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Commission permanente de la fonction publique
Etude des crédits du ministère de la
Fonction publique
Séance du mardi 8 mai 1973
M. GIASSON (président de la commission permanente de la fonction
publique): A l'ordre, messieurs!
La commission de la fonction publique entreprend l'étude des
crédits du ministère. Il va de soi qu'au début des travaux
de la commission, nous invitions le ministre de la Fonction publique à
nous faire des commentaires généraux qui précèdent
habituellement l'étude des crédits. M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. PARENT: M. le Président, messieurs, avant de procéder
à l'examen détaillé des crédits, je voudrais
profiter de cette occasion pour brosser un tableau des principales
activités réalisées par le ministère, au cours de
la dernière année financière, en regard des deux
programmes dont nous avons la responsabilité: l'aménagement des
conditions de travail dans le secteur public et l'amélioration de la
gestion du personnel.
Cette brève rétrospective m'apparaît
nécessaire pour mieux comprendre ces deux derniers programmes qui
visent, comme vous le constaterez, d'une part à assurer la
continuité requise dans les activités déjà
entreprises et, d'autre part, à mieux articuler un certain nombre de
politiques et pratiques en matière de gestion du personnel, afin
d'accroître l'efficacité de nos interventions.
Les conditions de travail des employés du secteur public ont
été, pour la grande partie, fixées au cours de la
dernière année. Cette phase intensive de négociations et
l'enjeu pécuniaire qui était impliqué ont
nécessité que des mécanismes de coordination soient mis en
place pour s'assurer qu'une cohérence existe dans les conditions de
travail des employés du secteur public. C'est ainsi qu'il a
été possible de réaliser un des mandats majeurs qui m'ont
été confiés par la Loi du ministère de la Fonction
publique, sanctionnée le 28 novembre 1969: "Le ministre a pour fonction
de conseiller le gouvernement sur les conditions de travail du personnel du
secteur public."
Ce travail a exigé que des études soient conduites, dont
l'objet consistait à préparer les données requises
à la définition des conditions de travail. De façon plus
précise, nous avons constitué des banques de données sur
les employés du secteur public, nous avons effectué des
relevés sur les conditions de travail, sur les marchés
québécois et extérieurs. A la lumière de ces
données et de ces études, nous avons défini une politique
générale de rémunération.
Nous avons également assisté à la mise sur pied
d'une structure unique de négociation des salaires et autres
bénéfices marginaux. Ce type de mécanisme de
négociations, qui était tout à fait nouveau dans le
contexte nord-américain, a remis en question les pratiques et structures
de négociations existantes. Nous allons d'ailleurs, au cours des
prochains mois, examiner en profondeur cette question, tout en s'assurant que
la coordination sera efficacement assumée.
La prochaine année financière sera davantage axée
sur la mise en application des dispositions contenues dans les diverses
conventions collectives de travail. C'est ainsi que nous nous proposons de
prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer une application
intégrale des clauses auxquelles le gouvernement s'est engagé. Ce
travail correspond, en d'autres termes, à un des éléments
de programme qu'on retrouve dans la structure de programme du ministère,
à savoir la négociation et l'application des conventions
collectives.
Déjà, des programmes d'information et de formation ont
été dispensés à l'intention des gestionnaires et
des spécialistes en relation de travail, en vue de les renseigner de
façon adéquate sur le contenu des nouveaux contrats de travail.
J'aimerais également souligner qu'un comité directeur a
été institué, ayant comme mandat de voir à
l'implantation des différents régimes de retraite et
d'assurance.
A l'intérieur de ces mêmes programmes portant sur
l'aménagement des conditions de travail dans le secteur public, des
études similaires à celles qui ont été
effectuées pour le personnel syndiqué seront conduites afin de
définir une politique de rémunération pour les cadres de
la fonction publique. En effet, la structure de rémunération de
ce personnel doit faire l'objet d'une nouvelle évaluation pour assurer
particulièrement une harmonisation des échelles de traitements
pour des emplois comparables entre les secteurs public et parapublic.
Ces quelques explications illustrent de quelle façon le
ministère de la Fonction publique se propose d'assurer la
continuité indispensable en matière de relations de travail.
L'ensemble de ces projets constitue le programme portant sur
l'aménagement des conditions de travail dans le secteur public. Un
second programme, compris dans notre structure de programmes, consiste en
l'amélioration de la gestion du personnel. Ce programme contient un
certain nombre d'éléments qui seront mis en oeuvre afin
d'accroître l'efficacité du personnel de la fonction publique,
tels la mobilité, le perfectionnement, le placement du personnel mis en
mobilité, l'opération intégration et la partie
informatique d'un système intégré de gestion du
personnel.
Rappelons, en premier lieu, que depuis le 1er avril 1971, le
ministère est responsable de la partie informatique d'un système
intégré de gestion du personnel. Depuis cette date, plusieurs
modifications et additions ont été apportées au
sous-système existant. Le système a comme objectif principal de
mettre à la disposi-
tion du ministère de la Fonction publique, de la direction des
ministères et organismes, des bureaux de personnel et des gestionnaires,
de banques centrales d'information sur le personnel de la Fonction publique. Ce
travail d'enregistrement et d'exploitation de données sur le personnel
se poursuivra, vu qu'il sous-tend les études qui doivent être
conduites pour améliorer la gestion du personnel.
A titre d'exemple, j'aimerais vous indiquer qu'un sous-système
des effectifs s'ajoutera à ceux déjà existants, lequel
permettra d'effectuer mécaniquement le contrôle des postes de
chaque ministère et organisme.
En plus de poursuivre nos activités dans le placement du
personnel mis en disponibilité, pour nous assurer qu'il soit
réaffecté convenablement en tenant compte des besoins du
gouvernement et des individus, nous avons l'intention d'intensifier notre
action dans le secteur de l'orientation et du placement, pour aider les
ministères et organismes à trouver les solutions adéquates
aux difficultés d'affectation ou de motivation qui peuvent se
présenter. Nous avons d'ailleurs déjà entrepris, à
la demande des directeurs des divers centres d'informatique du gouvernement,
une étude dont l'objectif est d'examiner les causes qui amenuisent le
rendement d'un certain nombre d'employés travaillant dans ces centres.
Cette étude, assez unique en son genre dans notre milieu, vu qu'elle
fait appel autant aux techniques d'analyse émanant des sciences du
comportement que du génie industriel, nous trace d'autres voies dans la
réalisation de notre mission reliée à
l'amélioration de la gestion du personnel.
A la suite de la mise en vigueur de nouveaux règlements de
classification régissant la carrière des fonctionnaires, agents
de la paix et ouvriers de la fonction pubique, le ministère a
été appelé à coordonner l'opération de
l'intégration au niveau central ou interministériel, de
façon à assurer l'homogénéité et
l'exécution dans les délais prévus. L'opération
intégration vise à déterminer la classe, le grade, le
coefficient d'expérience et l'échelon de chaque employé et
ce, dans les nouveaux règlements de classification. Ce travail, qui
s'accomplit depuis déjà assez longtemps, se poursuivra au cours
de la prochaine année financière, pour la catégorie du
personnel ouvrier. Une telle activité, qui en est une limitée
dans le temps, est le type de travail qu'on retrouve dans
l'élément de programme désigné sous le vocable:
études et recherches.
Afin de mieux articuler nos interventions, au cours de la prochaine
année, dans les secteurs du perfectionnement et de l'affectation, des
programmes particuliers seront élaborés et implantés. Dans
une première étape de travail, ces travaux porteront sur une
clientèle qui doit être privilégiée, celle des
cadres de la fonction publique, en raison de l'effet déterminant de
l'accroissement de leur efficacité chez les employés de niveau
inférieur.
Finalement, le programme de gestion interne et soutien a comme objectif
de servir de support ou d'appoint aux autres programmes du ministère. Ce
programme comprend les fonctions de planification et de direction des
ressources humaines, financières et matérielles
nécessaires à la bonne marche des activités du
ministère. La structure de programme du ministère de la Fonction
publique se subdivise ainsi en trois programmes: l'amélioration de la
gestion du personnel, l'aménagement des conditions de travail dans le
secteur public, la gestion interne et soutien. Nous estimons que les objectifs
des deux programmes dont nous assumons la responsabilité
s'insèrent dans nos efforts qui visent à relever le défi
de la modernisation de la fonction publique québécoise. C'est
bien entendu, dans un aspect de coopération avec tous les organismes
intéressés que nous entendons atteindre de telles
visées.
Les activités que la Commission de la fonction publique exerce de
façon autonome constituent un second volet de l'ensemble de la question
de la gestion du personnel, et ces activités sont regroupées dans
un même programme qui comprend les quatre éléments
suivants: a) Recrutement et sélection; b) Inspection et enquête;
c) Classification à l'énumération; d) Gestion interne. En
découvrant et en proposant aux différents ministères et
organismes les meilleurs candidats susceptibles de combler leurs postes
vacants, en constatant impartialement et objectivement les qualifications des
candidats en regard des exigences des postes à pourvoir, en
établissant la classification du personnel et, lorsque requis, les
conditions générales de travail et les échelles de
traitement approprié, en «'assurant de l'application des
dispositions de la Loi de la fonction publique et de ses règlements
d'exécution, la Commission de la fonction publique apporte une
contribution importante au gouvernement, dans sa recherche visant à
améliorer les services rendus à la population.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, veuillez prendre note des
remplacements suivants: M. Théberge remplace M. Bossé: M. Brown
remplace M. Cadieux et M. Lacroix remplace M. Garneau. Le rapporteur
suggéré à la commission est M. Théberge. Est-ce
accepté?
M. BURNS: II faut bien!
LE PRESIDENT (M. Giasson): Vous n'avez pas le choix! Est-ce que le
député de Dubuc a des commentaires? Le député de
Maisonneuve?
M. BOIVIN: II y aurait peut-être moyen de nous faire
connaître les effectifs du ministère, le sous-ministre... de nous
présenter l'organigramme avec les employés du ministère,
et aussi ceux de la fonction publique. Je ne vois pas le sous-ministre, M. Roch
Bolduc. Est-ce qu'il a été suspendu?
M. PARENT: M. Roch Bolduc est en congé depuis le 1er août
de l'an dernier.
M. BURNS: II est sur la tablette; comme tout le monde dans votre groupe,
dites-le donc carrément. Vous l'avez mis sur la tablette! C'est une
expression et c'est une des choses qu'il va falloir qu'on discute. Que fait-on
des gens qu'on met sur la tablette, M. le ministre? Dites-nous cela au
départ. Relisez votre texte, si vous le voulez, cela ne me fait rien;
mais en tout cas, c'est peut-être important qu'on en discute. Où
est rendu M. Roch Bolduc? Sur quelle tablette est-il?
M. PARENT: II est à Kingston depuis le 1er septembre de l'an
dernier. H est à suivre un cours donné par la Défense
nationale, à Kingston. Durant ce cours, il a fait des stages
d'étude à travers le monde. Il reviendra au Québec le 1er
août, pour reprendre des fonctions.
M. BURNS: C'est un des sous-ministres qu'on qualifiait comme les plus
compétents remarquez-le au Québec il y a quelques
années. Et là, on l'envoie suivre des sessions d'étude
à l'extérieur. Vous croyez que cela s'explique, M. le ministre,
avec les problèmes que vous aviez dans le temps où vous aviez un
ministère? Est-ce que cela s'explique?
M. BOIVIN : Est-il en congé sans solde ou avec solde?
M. PARENT: Avec solde.
M. BOIVIN : Est-ce une étude qui va porter sur le travail qu'il
aura à faire après?
M. PARENT: Sur le prochain travail qu'il aura à faire.
M. BOIVIN: Sera-t-il encore sous-ministre de la Fonction publique?
M. PARENT: Non.
M. GAUTHIER: Dans le moment, qui le remplace?
M. PARENT: La fonction de sous-ministre par intérim est remplie
par M. Raymond Conti qui, actuellement, est en vacances et c'est M. Raymond
Gérin qui est à ma droite, qui assume le poste de
sous-ministre.
M. BURNS: Et qu'allez-vous faire avec M. Bolduc?
M. PARENT: Ce n'est pas à moi d'annoncer...
M. BURNS: Vous êtes le ministre de la Fonction publique.
M. PARENT: Oui Mais le geste sera posé au cours des jours
prochains.
M. BURNS: Alors, que fait-il actuellement? Il est en état de
voltige !
M. PARENT: II est à Kingston, avec sa famille.
M. BURNS: D'accord; mais il est en état de voltige, au point de
vue de la Fonction publique?
M. PARENT: Non. Son emploi est déjà
déterminé.
M. BURNS: Qu'est-ce que c'est?
M. PARENT: C'est cela que je ne peux pas annoncer. C'est le premier
ministre qui l'annoncera.
M. BURNS: Ecoutez, nous sommes ici pour discuter des crédits de
votre ministère. Dites-nous cela, c'est votre ancien sous-ministre; pas
le vôtre, mais celui de M. Jean-Paul L'Allier.
M. PARENT: J'ai dit tout à l'heure qu'il était en
congé. Il suit présentement un cours à Kingston. Son stage
se terminera le 1er août, mais au moment où il reviendra, il
occupera d'autres fonctions.
M. BURNS: Voulez-vous dire, M. le ministre, que nous venons discuter de
crédits et qu'il y a des réponses que vous ne pouvez pas nous
donner ici? Est-ce cela?
M. PARENT: Je vous dis qu'il ne remplira plus la fonction de
sous-ministre de la Fonction publique.
M. BURNS: Je vous pose une autre question. Qu'est-ce qu'il va faire?
M. PARENT: C'est ce qui sera annoncé par le premier ministre, au
cours des prochains jours.
M. BURNS: Je vous repose la question: Etes-vous en train de nous dire
qu'il y a certaines questions que nous allons vous poser et auxquelles vous ne
pourrez pas répondre, parce que le premier ministre a
décidé de les annoncer? Est-ce cela? Si c'est cela, je vous le
dis tout de suite, cela ne m'intéresse pas du tout d'étudier les
crédits de la Fonction publique, pas du tout! Si vous commencez à
nous dire que peut-être vous allez nous dire des choses la semaine
prochaine par la bouche du premier ministre, à ce moment, je vais vous
dire: Qu'est-ce que je viens faire ici? C'est le problème.
M. PARENT: Je pense bien que ce que nous
avons à étudier du ministère de la Fonction
publique, ce n'est pas le cas d'un individu, ce sont les crédits d'un
ministère.
M. BURNS: Non, mais je pense que le député de Dubuc vous a
posé une question qui méritait d'être posée. On ne
doit pas l'écarter, tout simplement parce que vous nous dites: La
réponse vous viendra du premier ministre, plus tard.
M. PARENT: Je ne l'écarte pas. C'est M. Bolduc lui-même qui
a demandé d'être relevé de ses fonctions.
M. BURNS: Bon, alors...
M. BOIVIN: M. Bernard Angers?
M. BURNS: A quel sujet et pourquoi? Avez-vous une lettre à cet
effet?
M. PARENT: Les conversations se sont poursuivies entre le premier
ministre et M. Roch Bolduc.
M. BURNS: Avez-vous une lettre, vous, ministre de la Fonction
publique?
M. PARENT: Non, je n'ai pas de lettre.
M. BURNS: Vous n'avez pas de lettre. Normalement, n'est-ce pas à
vous que le sous-ministre aurait dû adresser une lettre?
M. PARENT: Non, parce que les nominations des sous-ministres sont de la
juridiction du premier ministre et non du ministre.
M. BURNS: M. le ministre de la Fonction publique, vous êtes en
train de poser un problème assez intéressant, c'est-à-dire
celui de savoir ce que devient votre ministère. Tantôt, cela
pouvait sembler une boutade, j'étais en train de dire que votre
ministère était en train de disparaître
complètement! Remarquez que je m'en doutais un peu, par le fait que
vous, vous soyez nommé comme ministre de ce ministère. En tout
cas, je n'insisterai pas.
M. PARENT: Ma nomination avait pour but de détruire un
ministère?
M. BURNS: Bien non! Simplement, c'est que votre nomination voulait dire
qu'il n'y avait plus de ministère. C'est ce que cela veut dire dans mon
esprit.
M. PARENT: C'est peut-être dans votre esprit.
M. BURNS: Dans mon esprit, c'est cela. Et c'est ce que nous allons faire
dans les crédits que nous allons étudier. Vous allez nous prouver
que vous avez encore un ministère. C'est cela que nous examinerons.
C'est seulement cela et pas autre chose que cela.
M. PARENT: II y a un ministère qui fonctionnera.
M. BURNS: Oui. C'est cela. Vous êtes ministre de la Fonction
publique et vous avez, aux dires, pas de moi, mais des gens qui s'y
connaissent, un des sous-ministres parmi ceux qui s'y connaissent dans la
fonction publique. D'accord? Roch Bolduc n'est pas un niaiseux. Ce n'est pas un
gars qui est rentré de la dernière neige. C'est cela? Vous
êtes d'accord là-dessus?
M. PARENT: C'est un excellent homme.
M. BURNS: Bon. Alors, il n'est plus là, et c'est le premier
ministre qui décidera à quel endroit il s'en va. C'est le premier
ministre, à part cela, qui reçoit les communications à cet
effet, et il y a un ministre de la Fonction publique qui s'appelle le
député de Hull et il n'est pas au courant de cela.
M. PARENT: La prérogative en vertu de la loi...
M. BURNS: Cela me surprend. Je vous avoue que cela me surprend.
M. PARENT: ...les nominations des sous-ministres sont de la
responsabilité du premier ministre.
M. BURNS: Bon. Vous êtes membre du Conseil du trésor, M. le
ministre, si je ne me trompe pas.
M. PARENT: Oui.
M. BURNS: Comme membre du Conseil du trésor, pouvez-vous nous
dire, au départ, quelle est la partie qui, normalement, relève de
la juridiction du ministère que vous détenez en titre dans
votre cas, c'est vraiment cela, en titre et quelle est la partie qui
relève du Conseil du trésor? Qu'est-ce que c'est que vous, vous
avez à dire, comme ministre? Et qu'est-ce que vous, vous avez à
dire comme membre du Conseil du trésor? C'est assez important que nous
sachions cela.
M. PARENT: En vertu de la loi, le ministère de la Fonction
publique avait charge des négociations des conventions collectives. Par
ailleurs, en vertu de la Loi de l'administration financière, le bill 55,
c'est le Conseil du trésor qui accorde les mandats pour la
négociation. Ce n'est pas depuis mon arrivée au ministère
de la Fonction publique que cela fonctionne ainsi. La Loi de l'administration
financière est entrée en vigueur le 1er avril 1972. Le Conseil du
trésor a été désigné en vertu de cette
nouvelle loi. Il est vrai que j'occupe le poste de vice-président du
Conseil du trésor, mais les mandats, dans la négociation,
qui se sont poursuivis au cours de l'exercice financier 72/73 ont
été, chaque fois, des mandats dont les recommandations venaient
du service de la rémunération et des conditions de travail du
ministère de la Fonction publique, mais accordés par le Conseil
du trésor. C'est en vertu de la Loi de l'administration
financière que les mandats doivent être donnés par le
Conseil du trésor qui est l'organisme qui contrôle tous les
engagements financiers du gouvernement. Il n'y a aucun changement dans cette
structure, et si on peut penser que le ministère est en voie de
disparition, qu'il y a eu des modifications profondes à cause de mon
arrivée, il n'en est nullement ainsi. Cela existait avant mon
arrivée.
M. BURNS: Ce n'est pas cela que je dis. Je dis que votre arrivée
signifie que le ministère est en voie de disparition. C'est cela que je
vous dis. C'est clair, cela? Je ne cache pas mes mots, je vous le dis
carrément. Je ne le dis pas dans le dos. Je vous le dis en pleine face.
Je dis que le fait que vous, Oswald Parent, vous deveniez ministre en titre
à la Fonction publique, cela confirme mes doutes que ce ministère
est en voie de disparition.
M. PARENT: II y a beaucoup de gens qui ont pensé cela.
M. BURNS: Je vais vous dire pourquoi. Parce que votre
prédécesseur, qui est actuellement ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, et qui a ses problèmes en batêche et c'est vrai, on
lui a dit l'année passée: Ecoutez, notre conception et
vous nous direz si on a tort dans notre conception est à l'effet
que le ministre de la Fonction publique, à toutes fins pratiques, a
été le gars qu'on a nommé là pour essayer de donner
un caractère objectif à cet aspect qu'on appelle la direction du
personnel, parce que, dans toute entreprise, la direction du personnel, M. le
ministre, vous le savez, sans doute, est partiale. Si j'étais directeur
du personnel d'une entreprise, je serais pour l'entreprise. Il n'y a pas de
doute là-dessus. Or, au gouvernement, c'était assez difficile
à faire, parce qu'il y avait une espèce de Commission de la
fonction publique qui se devait de donner un caractère
d'objectivité, à cause de tous les problèmes politiques
partisans, etc., que vous connaissez d'ailleurs, qui peuvent s'insérer
facilement dans la fonction publique.
On a dit, à un certain moment: II est nécessaire d'avoir,
non seulement une direction du personnel, mais une orientation en plus de cela,
absolument impartiale dans la fonction publique.
Actuellement c'est ce sur quoi j'aimerais que vous me
contredisiez je me demande jusqu'à quel point, cela se produira
dans les mois, dans les années qui viendront. Je me demande
jusqu'à quel point le ministère de la
Fonction publique et je ne parle pas du ministre de la Fonction
publique, comme membre du Conseil du trésor pour moi, ce sont
deux personnes et le ministre lui-même ont une certaine
possibilité de décider de politiques d'embauche, de politiques
qui concernent la fonction publique en général. C'est ce que
j'aimerais que vous nous disiez au début parce qu'à part cela,
à vous me dites que le premier ministre annoncera ce qu'il adviendra du
sous-ministre de la Fonction publique, qui n'est plus sous-ministre de la
Fonction publique, vous faites seulement renforcer mon idée à
l'effet que votre ministère est un ministère pour la "frime",
pour la forme. En ce qui me concerne, c'est cela. J'aimerais que vous me
convainquiez du contraire. Et je serai bien d'accord à faire amende
honorable, s'il y a lieu, et cela me fera plaisir à part cela. Mais
jusqu'à maintenant, vous ne m'avez rien dit qui pouvait me faire changer
d'idée là-dessus. Au contraire.
M. PARENT: Je pense que le député de Maisonneuve, d'abord,
aurait dû lire le texte, l'introduction que j'ai donnée, pour
qu'il se rende compte...
M. BURNS: Je l'ai lue.
M. PARENT: ... de l'orientation qui est en cours de progrès et de
réalisation à l'intérieur du ministère. J'ai
mentionné que l'année 1972 avait été
limitée, passablement, au secteur de la négociation des
conditions de travail des employés des secteurs public et parapublic.
J'ai bien souligné, dans l'exposé que j'ai fait, que
l'année 73/74 était en prévision de l'implantation des
décisions contenues dans les conventions collectives qui ont
été négociées au cours de 72/73. Une loi sera
présentée d'ici trois semaines pour implanter le régime de
retraite prévu dans les conventions collectives. Ici, je peux me
permettre de féliciter M. Raymond Gérin, qui a dirigé les
négociations avec le front commun pour réussir à en
arriver à un accord, qui a été paraphé vendredi,
sur les modalités d'un régime de retraite, pour les 300,000
travailleurs.
La convention collective nous disait que, si le 28 février il n'y
avait pas d'accord sur les modalités du régime de retraite, le
juge en chef du Tribunal du travail devait désigner un arbitre à
moins qu'il n'y ait eu entente entre les parties.
A mon arrivée au ministère, l'une des premières
choses dont j'avais chargé M. Gérin était d'obtenir un
délai parce qu'aucune des parties ne s'était prévalue de
son droit de s'asseoir à la table pour négocier les conditions du
régime de retraite.
Nous avons obtenu ce délai jusqu'au 28 avril; c'est le 2 mai que
nous nous sommes entendus et c'est le 4 mai que nous avons paraphé les
documents où il y a accord complet sur les modalités du
régime, qui feront l'objet d'une loi qui sera déposée en
Chambre et qui assureront
l'implantation du régime de retraite prévu dans les
conventions collectives pour les 300,000 travailleurs.
J'ai souligné également que nous avions un objectif
très précis pour l'année 73/74. C'était
l'amélioration de la gestion du personnel, les conditions de travail,
c'est-à-dire la poursuite ou l'interprétation des conventions
collectives que nous aurons à faire dans les trois secteurs de la
Fonction publique, de l'Education et des Affaires sociales.
J'ai peut-être oublié de souligner tout à l'heure
que, sur la question du sous-ministre, un sous-ministre sera nommé
à la Fonction publique jeudi soir et que nous comblerons les cadres du
ministère de la Fonction publique pour que nous puissions donner suite
à ce que je viens d'énumérer dans l'exposé, et de
l'amélioration que nous voulons apporter dans les conditions de travail
du personnel de la Fonction publique.
Notre intention, au cours de l'année, est d'améliorer
l'efficacité, comme je l'ai dit, du personnel de la fonction publique,
le programme de la mobilité à l'intérieur de la fonction
publique et le perfectionnement du personnel de la fonction publique.
J'ai peut-être manqué de souligner que, dans l'orientation
que nous sommes à donner au ministère, nous avons convenu, il y a
quelques semaines, en ce qui concerne les conditions de travail du personnel de
la fonction publique, que nous aurions trois secteurs clés. Et cela, je
pense que c'est aux deux titres que je puis le dire, comme ministre de la
Fonction publique et comme vice-président du Conseil du trésor.
Il y a des unités sectorielles "fonction publique", qui seront
assumées par le ministère de la Fonction publique; Education, qui
a déjà une direction des relations de travail; et Affaires
sociales, qui a déjà une direction des relations de travail.
Le Conseil du trésor aura des analystes à sa disposition
dans les trois secteurs, et un secrétaire adjoint sera nommé au
Conseil du trésor pour faire la coordination des relations de travail
des trois secteurs.
M. BURNS: Qui relèvera de votre ministère?
M. PARENT: Le secrétaire adjoint relèvera du Conseil du
trésor, pour la coordination des trois secteurs.
M. BURNS: II ne relève pas de votre ministère?
M. PARENT: Le ministère se préoccupera des employés
de la Fonction publique qui sont déjà au nombre, dans le budget
actuel...
M. BURNS: Qui décidera des politiques relativement aux
employés de la Fonction publique?
M. BOIVIN: Vous nous dites qu'il y a un bureau de relations de travail
aux Affaires sociales. Probablement qu'il y en aura un à
l'Education.
M. PARENT: II existe déjà à l'Education.
M. BOIVIN: A différents ministères, mais est-ce que cela
se rattachera à la Fonction publique pour déterminer les grandes
politiques?
M. BURNS: Pourquoi n'y en aurait-il pas un...
M. PARENT: Je viens de...
M. BURNS: ... aux Travaux publics, à la Voirie?
M. PARENT: Ceux-là relèvent de la fonction publique.
M. BURNS: Ah oui? Jusqu'à quand?
M. PARENT: Cela relève toujours. On n'a qu'à regarder la
loi constitutive pour savoir que cela relève de la fonction
publique.
M. BURNS: Oui mais écoutez. Si vous me dites que, actuellement,
vous en avez déjà, comme disait le Dr Boivin... Si vous me dites
qu'il y a déjà une couple de ministères qui ont leurs
petites patentes à eux autres...
M. PARENT: Vous ne semblez pas comprendre de quoi il s'agit.
M. BURNS: Je comprends très bien de quoi il s'agit...
M. PARENT: Je n'ai pas cette impression.
M. BURNS: ... au contraire.
M. PARENT: La fonction publique...
M. BURNS: C'est parce que je ne lis pas de texte. Je sais de quoi je
parle.
M. PARENT: ... couvre, comme je viens de le dire, 56,000 postes
prévus au budget, qui sont de la fonction publique gouvernementale.
M. BURNS: Oui. Bravo.
M. PARENT: Le secteur "éducation", parce que la convention
collective couvre les secteurs parapublics, s'occupe des employés
à l'intérieur des commissions scolaires, locales,
régionales, des CEGEP, des universités.
M. BURNS: Oui.
M. PARENT: Le secteur des Affaires sociales couvre les hôpitaux,
les foyers d'hébergement et les institutions de santé.
M. BURNS: Oui.
M. PARENT: Ce sont des secteurs...
M. BURNS: Je vous arrête juste là et je vous dis: Si, par
exemple, actuellement, le ministère de l'Education prend une
décision, dans le cas du CEGEP Saint-Laurent, qui influencera tout ce
qui se passe dans le domaine des CEGEP, actuellement, qu'est-ce que vous, comme
ministre de la Fonction publique, vous avez à dire contre cela?
M. PARENT: C'est le Conseil du trésor.
M. BURNS: A moins que je ne me trompe complètement, et il faudra
que vous me le prouviez que je me trompe, peut-être que c'est important
que le ministre de la Fonction publique ait quelque chose à dire. Sinon
le ministre, parce que ce n'est habituellement pas lui en tout cas,
surtout pas dans le cas présent qui sait ce qui se passe...
M. PARENT: C'est votre opinion.
M. BURNS: Oui, c'est mon opinion et je le dis clairement.
M. PARENT: Vous parlerez à vos membres du syndicat pour voir
s'ils ont gardé la même opinion au moment...
M. BURNS: Je n'ai pas de membre de syndicat. Malheureusement, je ne suis
pas membre d'un syndicat actuellement.
M. PARENT: Actuellement.
M. BURNS: D'accord? Est-ce que cela fait votre affaire? Bon. Si on veut
en discuter, cela ne me fait rien, mais je peux vous dire que, malheureusement,
je n'en suis pas membre actuellement.
M. PARENT: Vous pourrez leur demander leurs commentaires.
M. BURNS: Non. Je n'ai pas de commentaire à demander à
quelque membre de syndicat que ce soit.
M. PARENT: Cela pourrait vous donner de la
crédibilité.
M. BURNS: Non. Je n'ai qu'à vous demander, à vous, de nous
en donner une certaine crédibilité. Je n'ai qu'à vous
demander, à vous, ce que fera une décision, par exemple, du
ministère de l'Education dans le cas du CEGEP Saint-Laurent et ce que
ça fera comme logique de politique de relations
patronales-ouvrières au niveau gouvernemental le jour où cela
sera fait et que vous n'y aurez pas participé. Quand je dis vous, c'est
toujours votre ministère. Qu'est- ce que cela fera à
l'égard d'une prochaine négociation? C'est drôlement
important, cela. C'est ce pourquoi ce ministère est fait, à moins
que je ne me trompe complètement et, encore une fois, je suis d'accord
que vous me prouviez que j'ai tort.
M. BOIVIN: J'ai la même opinion que le député. Vous
nous dites que le ministère de la Fonction publique n'a aucune affaire
dans le secteur paragouvernemental. C'est cela que vous nous dites? Le
ministère de l'Education est exclu. Le ministère des Affaires
sociales est exclu? Dans la préparation des négociations, qui
dirigera?
M. PARENT: Le Conseil du trésor. M. BOIVIN: Le Conseil du
trésor dirigera... M. PARENT: Je l'ai souligné tout à
l'heure... M. BOIVIN: ... même la négociation.
M. PARENT: II s'agit d'engagements financiers.
M. BOIVIN: Le Conseil du trésor est toujours venu en consultation
avec le ministère de la Fonction publique. Ce n'est pas lui qui s'occupe
des gens; ce n'est pas lui qui s'occupe de toute la négociation.
M. PARENT: J'ai expliqué tout à l'heure que les
négociation 1972/73 avaient débuté sous l'égide du
ministère de la Fonction publique, qu'ils recevaient leur mandat du
Conseil du trésor et qu'ils négociaient dans ce cadre. On m'a
demandé de donner l'orientation et ce qu'on entendait faire avec le
ministère de la Fonction publique. J'ai dit qu'il y a trois secteurs
d'activité. Le ministère de la Fonction publique s'occupera des
relations de travail du secteur public. Le ministère de l'Education
s'occupera du secteur parapublic dans l'enseignement. Le ministère des
Affaires sociales s'occupera du secteur parapublic dans les domaines
hospitaliers et la coordination sera faite au niveau du Conseil du
trésor.
M. BOIVIN: Cela présuppose qu'il y aura tout un
déménagement de personnel de la Fonction publique qui va s'en
aller...
M. PARENT: Aucun déménagement... M. BOIVIN: ... au Conseil
du trésor.
M. PARENT: ... parce qu'à l'intérieur du ministère
de l'Education vous pouvez déjà avoir des postes autorisés
et ils sont comblés. Environ 250 personnes sont déjà aux
relations de travail à l'Education. Cela existait avant mon
arrivée, contrairement à ce que peut prétendre le
député de Maisonneuve. Aux Affaires sociales,
il y en a déjà 175, je pense, en poste pour s'occuper du
secteur parapublic. Le joint s'est fait jusqu'ici, c'est M. Gérin qui a
dirigé les discussions et qui participe aux différentes tables
sectorielles. Mais je dis que, sur l'orientation future, c'est le Conseil du
trésor qui fera la coordination et les trois ministères
sectoriels s'occuperont chacun de leur secteur, dans le domaine des relations
de travail. Mais la coordination sera faite à l'endroit
approprié, c'est-à-dire où il y a des engagements
possibles. Comme l'a soulevé le député de Maisonneuve, la
décision d'un CEGEP, qui sera prise incidemment...
M. BURNS: Justement, pas incidemment. Cette décision sera
très importante.
M. PARENT: ... relève, à ce moment, d'engagements
financiers. Justement pour éviter qu'il n'y ait ce
déséquilibre entre ces trois secteurs, c'est le Conseil du
trésor qui assume la responsabilité déjà, en vertu
de la Loi de l'administration financière. Que l'on veuille faire
actuellement un règlement pour le cas des CEGEP, dès qu'il y a un
engagement d'argent, cela relève du Conseil du trésor en vertu de
la Loi de l'administration financière, la loi 55. Ce n'est pas quelque
chose qui est enlevé au ministère. Cela existe déjà
depuis le 1er avril 1972.
M. BURNS : Mais qu'est-ce que le ministère donnera comme
orientation, comme philosophie, comme direction dans tout cela? C'est ce qui
est important. C'est ce que nous nous demandons. Je reviens à ce que je
vous disais tantôt. Si, pour moi, le ministère de la Fonction
publique est inexistant ou appelé à devenir inexistant, c'est
pour cela. C'est qu'il n'y a pas de direction qui sera donnée. Il n'y a
pas d'orientation qui sera donnée de la part de votre
ministère...
M. PARENT: Oui.
M. BURNS: ... de par ce que vous me dites.
M. PARENT: Je pense que...
M. BURNS: Dites-moi cela comment cela arrivera.
M. PARENT: Je ne sais pas si je ne suis pas assez clair dans mes
explications. La politique va être établie par chacun des secteurs
pour ces secteurs concernés. La Fonction publique, pour son secteur
public; l'Education, pour le secteur parapublic; les Affaires sociales, pour le
secteur parapublic des institutions hospitalières. Le ministère
conservera le secteur de recherche pour ce qui a trait à la
rémunération et agira de ce fait comme conseiller auprès
du Conseil du trésor comme il l'a fait jusqu'ici. Mais il continuera
à assumer cette responsabilité de la recherche sur la
rémunération. Son rôle continue, il n'a pas changé,
il va continuer ce rôle-là.
M. BURNS: C'est plus que cela son rôle.
M. LATULIPPE: M. le Président, dans le même ordre
d'idées, j'avoue que je comprends mal ce qui se passe. L'an dernier ou
dans les années précédentes, lorsqu'est arrivé le
moment d'établir la politique du gouvernement en ce qui concerne les
classes du secteur public et du secteur parapublic, on a dit qu'il fallait en
arriver à une politique intégrée justement pour que les
classes d'ouvriers dans tous les secteurs soient
rémunérées de la même façon. Aujourd'hui, on
nous annonce que chaque secteur va négocier de façon propre. Par
exemple, l'an passé lorsqu'est arrivé le problème de
reclassification des professeurs, c'est la Fonction publique qui s'en est
occupée; maintenant on a l'impression que cela relève beaucoup
plus de l'Education. Alors, le grand concept d'uniformiser les tâches
pour avoir une possibilité de mobilité de main-d'oeuvre, on
s'aperçoit qu'au lieu de cheminer vers le processus qui a
été amorcé aujourd'hui on semble revenir aux anciennes
méthodes qui étaient que chacun élaborait ses politiques
d'une façon qui semblait la plus adéquate au ministère.
Aussi je me demande si le ministère de la Fonction publique n'est plus
appelé à jouer ce rôle pour arriver à ce qu'il n'y
ait qu'une seule politique à la Fonction publique. A partir du moment
où vous acceptez que chaque ministère crée certains
précédents, nécessairement vous acceptez aussi qu'il y
ait, à un moment donné, une certaine divergence.
Dans le même ordre d'idées, je crois comprendre,
d'après ce que vous venez de dire, que le ministère de
l'Education décidera d'adopter une nouvelle restructuration face au
problème du reclassement des professeurs. Qu'est-ce qui va arriver?
J'imagine que dans d'autres secteurs on va vouloir faire pareil. De l'entente
ou de l'effort d'intégration que vous avez fait au début, je me
demande ce qui va rester dans quelques années.
M. PARENT: Vous parlez de deux problèmes qui sont
différents l'un de l'autre. Vous parlez du secteur de la
négociation, où le ministère de la Fonction publique a
fait, en somme, la coordination. Et, quand vous parlez de classification, vous
parlez d'application des règles d'une convention collective. Les
règles de convention collective ont toujours été à
l'intérieur du ministère de l'Education, en ce qui concerne le
secteur scolaire, comme elles l'ont été aux Affaires sociales en
ce qui concerne le secteur des Affaires sociales.
M. LATULIPPE: Mais justement lorsque...
M. BOIVIN: Coordonnées par la Fonction publique. Je comprends que
dans le secteur de l'éducation et dans le secteur social il y a beaucoup
d'employés et que c'est souvent un travail d'employés très
spécialisés, mais toujours
ils étaient soumis aux normes de la Fonction publique, même
si les bureaux...
M. PARENT: Oui. M. Gérin me fait mention que nous surveillons
l'application des conventions collectives pour ce qui concerne le secteur
public mais, quand vous parlez du secteur de l'éducation, vous
êtes dans le secteur parapublic.
M. BOIVIN: Je comprends, mais cela relevait pareil du ministère
de la Fonction publique. Il y a toute une négociation. A la
Santé, par exemple, dans le temps, on était obligé de se
soumettre aux normes de la Fonction publique et, à la fin, pour la
rémunération on avait affaire, c'est bien clair, au Conseil du
trésor. Là vous nous dites que le ministre va être tout
simplement patron des employés du gouvernement.
M. PARENT: Des 56,000.
M. BOIVIN : Oui, c'est cela que vous nous dites. Vous allez être
patron. Par exemple, le ministre de la Fonction publique, comme je le
comprends, va être patron des employés du ministère de
l'Education mais le secteur parapublic est totalement éliminé
dans la coordination. Vous allez avoir des complications sûrement aux
tables de négociation. Il va se créer des
précédents, il va se créer des clochers tel que cela s'est
fait au plan régional où chacun faisait ses négociations
sans coordination.
Cela arrivait sur le plan provincial et on avait toutes les
difficultés possibles et impossibles.
M. PARENT: Mais vous parlez du temps où le gouvernement
n'était pas impliqué directement aux tables de
négociation.
M. BOIVIN: Non, mais dans la dernière convention, cela a
été négocié sur le plan provincial.
M. PARENT: Le gouvernement était à la table, à ce
moment-là.
M. BOIVIN: Oui.
M. PARENT: Et il a été cosignataire des conventions
collectives, ce qui n'était pas le cas dans le passé.
M. BOIVIN : Non, mais la première négociation, c'est nous
autres qui l'avons faite.
M. PARENT: Oui.
M. BOIVIN: Vous avez fait la deuxième. Mais il y avait une
coordination au ministère de la Fonction publique.
M. PARENT: II y avait une coordination parce qu'alors, le gouvernement
n'était pas présent comme tel aux tables de négociation.
Il laissait la Fédération des commissions scolaires pour son
secteur, comme les hôpitaux avaient l'Association des hôpitaux qui
était assise à la table, mais il recevait, si on veut,
indirectement, certaines directives par en arrière.
M. BOIVIN: Alors, il est à craindre que le ministère
disparaisse suivant l'opinion du député de Maisonneuve et que
cela devienne une direction du ministère du Trésor.
M. PARENT: Je pense que, quand on parle de l'application, on pourrait
invoquer le même principe en ce qui regarde tous les ministères
parce qu'aucun ministère ne peut dépenser d'argent, ne peut
engager sans qu'il ait le consentement du Conseil du trésor. Or, vous
invoquez le fait que tous les ministères pourraient disparaître.
Mais il n'est pas question que le ministère de la Fonction publique
disparaisse.
M. BOIVIN: Mais, est-ce que le Conseil du trésor a
approuvé ces plans, les plans d'effectifs, et en vertu de quel CT tout
cela a-t-il été décidé, cette politique nouvelle
a-t-elle été décidée? Parce que j'ai parlé
de M. Bolduc, il y a Bernard Angers qui a été longtemps en
vacances, est-ce qu'il est encore en fonction?
M. PARENT: Bernard Angers est sur la liste...
M. BOIVIN: ...Marc Carrier, qui est rendu à la Justice, a-t-il
été remplacé? Quelle est la fonction exacte de M.
Gérin actuellement? Qui s'occupe des relations publiques au
ministère, qui dirige le service d'information? On dirait qu'il y a eu
des démissions en bloc dans ce ministère-là. Est-ce que le
ministre a gêné tellement les hauts fonctionnaires, le personnel
de cadre, que tout le monde s'en va? C'est l'impression qu'on a. Dites-nous, M.
Bernard Angers...
M. PARENT: M. Bernard Angers est sous-ministre adjoint aux Institutions
financières.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il a été remplacé?
M. PARENT: II y a un directeur par intérim, Louison Ross.
M. BURNS: Est-ce que c'est un critère que tout le monde qui
faisait partie de la dernière négociation de la fonction publique
est rendu dans un autre ministère? Il faudrait peut-être le dire
parce que vos sous-ministres actuels et vos sous-ministres associés
actuels, il faudrait peut-être qu'ils pensent que si cela ne marche pas
à la prochaine négociation de la fonction publique, il faudrait
peut-être que déjà ils pensent à un autre
ministère. C'est important que vous leur disiez cela. M. Angers, par
exemple. Je pense qu'il a pris une part active à la dernière
négociation M. Bolduc...
M. PARENT: Vous voudriez qu'on ouvre de nouveau la plaie des
dernières négociations?
M. BURNS: Je ne veux pas rouvrir de plaie, parce qu'en français
on dit rouvrir et réouverture. Mais je ne veux pas rouvrir la plaie, M.
le ministre. Je veux tout simplement vous dire ceci: Je trouve cela
étonnant que des gens comme M. Angers, qui ont pris une part quand
même assez active à la dernière négociation, M.
Bolduc aussi... M. Bolduc, on ne sait même pas où il est
actuellement? Il est en vacances?
M. PARENT: II est à Kingston avec sa famille.
M. BURNS: Oui, il est en vacances, mais on ne sait même pas
où il s'en va, parce que...
M. PARENT: II n'est pas en vacances.
M. BURNS: Non? Bon. Vous n'êtes même pas en mesure de nous
dire à quel ministère ou à quelle bebelle on va l'affecter
ou à quelle tablette on va l'affecter.
M. PARENT: II ne sera pas sur une tablette.
M. BURNS: Non? Bon. On parlera des tablettes tantôt. J'ai bien des
choses à vous dire là-dessus. M. Angers est rendu dans un autre
ministère.
M. PARENT: Sous-ministre associé aux Affaires...
M. BURNS: M. Bolduc, de toute façon, ne sera pas au
ministère de la Fonction publique. C'est cela?
M. PARENT: Non. Un nouveau sous-ministre sera nommé...
M. BURNS: C'est pour cela que je vous dis que c'est peut-être bon
que vous disiez à M. Gérin et aux autres qui actuellement
deviennent vos collaborateurs, M. Conti et tous les autres, on pourrait
peut-être leur dire à tous ces gens-là: Vous êtes ici
jusqu'à la prochaine négociation, si elle marche. Si elle ne
marche pas, on verra. Vous serez peut-être au ministère des Terres
et Forêts en train de compter les branches d'arbres que la compagnie ITT
est en train de couper sur la Côte-Nord.
C'est peut-être ça qu'il faut leur dire tranquillement, pas
vite. Qu'ils ne s'énervent pas, qu'ils sachent que ce sont des postes
suicidaires à la Fonction publique. Parce que, de toute façon, je
reviens à mon affaire, la Fonction publique, j'ai l'impression qu'il n'y
a plus de ministère.
M. PARENT: On sera peut-être surpris de constater dans quelques
mois que le ministère...
M. BURNS: Ce n'est pas dans quelques mois, je veux que vous me
disiez...
M. PARENT: ... aura repris...
M. BURNS: Cela fait combien de temps que vous êtes en fonction, M.
le ministre?
M. PARENT: Depuis le 14 février, pas tout à fait trois
mois.
M. BURNS: Le 14 février, cela veut dire qu'il y a un gars qui est
entré en fonction, en février, l'année passée. Il
s'appelle Jean Cour-noyer, qui a tassé Jean-Paul L'Allier. Dans ce court
espace, il avait même réussi à faire passer le bill 19,
imaginez-vous! Vous, au moins, vous n'avez même pas ça à
dire en votre faveur. Ne me dites pas dans quelques mois, je vous le dis,
actuellement. C'est à ce moment-ci qu'on étudie les
crédits. Il faut savoir ce que va devenir ce ministère. Si cela
n'a rien à faire, si vous pensez... C'est important aussi que les gens
de la Fonction publique, les employés de la Fonction publique, non
seulement les cadres de la Fonction publique, les sous-ministres et les
directeurs généraux, sachent qu'il n'y a plus rien à faire
là-dedans. Mais c'est important que les deux côtés le
sachent. C'est ça qu'il va falloir que vous disiez, M. le ministre, au
cours de ces crédits. Cela va servir à quoi dans votre
ministère? C'est ça qu'il faut savoir.
M. PARENT: Je dois dire que je ne peux pas partager le point de vue du
député de Maisonneuve...
M. BURNS: Je le savais d'avance, même si vous ne me l'aviez pas
dit. J'étais convaincu que vous me diriez ça.
M. PARENT: ... même sur ses propos concernant mes
prédécesseurs, Cournoyer et L'Allier.
La tâche qui m'a été confiée le 14
février, quand le premier ministre m'a demandé de prendre le
ministère de la Fonction publique, a été d'apporter une
réorganisation au ministère. J'ai exposé dans les grandes
lignes l'orientation que je veux donner au ministère de la Fonction
publique. Le premier ministre m'a donné libre cours pour
réorganiser la Fonction publique, de préparer le cadre de la
prochaine ronde de négociations, de voir à l'implantation des
régimes d'assurance-vie, d'assurance-salaire, d'assurance-maladie, de
régime de retraite pour tous les employés du secteur public et
parapublic. C'est la tâche à laquelle je me suis attaché,
depuis près de trois mois. Il est vrai que le ministère a subi de
durs coups. Il y avait un moral qui était presque anéanti au
ministère. Je l'ai senti à mon arrivée...
M. BURNS: Pourquoi donc? Est-ce que
vous avez déjà des conclusions sur ce moral
anéanti?
M. PARENT: Non, je n'ai pas de conclusions. Ce que j'essaie de
trouver...
M. BURNS: Depuis trois mois, vous ne vous êtes pas rendu compte de
ça, pourquoi le monde était écoeuré chez vous?
M. PARENT: Je pense avoir fait le tour du ministère, avoir
rencontré tous les employés, avoir recueilli les données.
La tâche qui m'était confiée était assez lourde, je
l'ai acceptée quand même. Je pense qu'aujourd'hui je puis dire
sans arrière-pensée que le climat dans le ministère a
été modifié d'une façon considérable...
M. BURNS: Si vous avez corrigé ce climat, vous devez savoir
pourquoi c'était comme ça quand vous êtes arrivé?
Qu'est-ce que vous avez fait pour le faire changer? Si vous avez fait quelque
chose, c'est parce que vous avez découvert des lacunes et ces lacunes,
c'était quoi?
M. PARENT: Cest parce qu'on s'apprête à apporter des
correctifs au malaise.
M. BURNS: Le monde est très heureux, parce que vous vous
apprêtez à faire quelque chose dans ce ministère en
particulier?
M. PARENT: Oui.
M. BURNS: Ne me contez pas de peurs, M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. BOIVIN: Quels services nouveaux ont été
créés?
M. PARENT: II n'y a pas encore de services nouveaux qui ont
été créés.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a des services qui sont disparus ou qui ont
été intégrés?
M. PARENT: II y en a eu un qui a été
intégré, l'organisation administrative qui a été
mutée au Conseil du trésor.
Mais nous sommes actuellement à prendre les moyens pour mettre en
place la structure qui correspond à l'orientation que j'ai
énoncée tout à l'heure. Il y a sûrement des
changements qui vont être apportés. Je l'ai souligné tout
à l'heure. Le sous-ministre sera désigné jeudi soir et,
à partir de là, le programme qui a été
déjà été préparé sera implanté
dans le ministère.
M. BOIVIN : Avez-vous un organigramme sur lequel on peut voir quels sont
ceux qui sont intégrés au ministère, avec les titres?
M. GAUTHIER: M. Conti, qui est en vacances, est-ce qu'il revient au
ministère?
M. PARENT: M. Conti m'a demandé d'être relevé de ses
fonctions.
M. BOIVIN : Encore un qui est parti ! M. BURNS : II ne savait pas,
lui.
M. PARENT: II n'est pas parti encore, mais il m'a demandé
d'être relevé de ses fonctions pour changer d'orientation.
M. BURNS: Pour s'en aller où?
M. PARENT: II n'est pas d'endroit précis où il exercera
ses fonctions, mais M. Conti m'a fait part personnellement qu'il voulait
réorienter sa carrière, qu'il voulait pénétrer dans
un autre domaine que celui des relations de travail.
M. BURNS: M. le ministre, M. Conti, comme M. Bolduc, c'était un
nouveau au ministère, je suppose, ça vient d'arriver, ce
monde-là? Cela fait quelques semaines qu'ils sont là?
M. PARENT: En 1969, quatre ans.
M. BURNS: Ah bon! Puis M. Bolduc, c'est récent, lui aussi?
M. PARENT: Le ministère existe depuis 1969.
M. BURNS: Mais dans la Fonction publique, comme dans les fonctions qu'un
gars comme Roch Bolduc occupait, il était depuis combien de temps au
ministère? Est-ce que je me trompe en disant...
M. PARENT: Au ministère?
M. BURNS: Bien, pas au ministère, puisqu'il existe depuis
1969.
M. PARENT: Dix-huit ans.
M. BURNS: Dix-huit ans, c'est ce que j'allais dire, une vingtaine
d'années. Ce n'est pas trop charrier en disant cela. 18 ans, d'accord.
J'aime mieux votre précision. Vous ne trouvez pas ça un peu
spécial que des gars de la trempe de M. Bolduc et de M. Conti, de M.
Angers...
M. BOIVIN: Carrier.
M. BURNS: Carrier, que ça se mette à partir, ce
monde-là, vous ne trouvez pas ça inquiétant?
M. PARENT: Non, du tout. Pas du tout. M. BURNS: Expliquez-nous
ça.
M. PARENT: Ce sont justement ces hommes, qui ont peut-être
l'esprit plus ouvert que le
député de Maisonneuve, qui m'ont fait accepter, dès
mon arrivée au ministère, de préconiser un programme de
mobilité de la main-d'oeuvre.
M. BURNS: Là, ils sont tellement mobiles qu'ils s'en vont dans un
autre ministère.
M. PARENT: Eux-mêmes mettent en application ce qu'ils
prêchent.
M. BURNS: Alors que ce sont des spécialistes du domaine que vous
devez représenter, M. le ministre. Ce ne sont pas des caves, ces
gars-là, Bolduc, Conti, Carrier, Angers!
M. PARENT: Ils ne sont pas congédiés, non plus.
M. BURNS: Non, mais écoutez, ça n'a aucun sens. C'est
ça qu'on est en train d'essayer de vous dire. Cela n'a aucun sens que
des gars de cette valeur... Cela me fait de la peine de parler comme ça
des hauts fonctionnaires. Je n'aime pas ça en discuter au niveau des
crédits. Mais ce ne sont pas les individus qu'on discute actuellement.
C'est ce que ça représente. Je trouve ça grave. Cela n'a
aucun sens que des gars de cette compétence, et Dieu sait que Roch
Bolduc, je n'ai pas souvent été d'accord avec lui sur le plan
individuel ! Ce n'est pas pour ça que je m'empêcherai d'en parler,
sauf que je suis obligé d'admettre, même ayant été
très souvent de l'autre côté de la table de Roch Bolduc, de
dire que c'était une compétence dans le domaine. Qu'un
dénommé Raymond Conti, c'est un gars qui connaît son
affaire, qu'un gars comme Angers connaît son affaire, que ces gars,
à un moment donné, font un exode total et s'en vont à
l'industrie et Commerce, aux Institutions financières, je ne sais pas
trop quoi, c'est de la farce! C'est vraiment une farce! Si vous ne trouvez pas
ça grave, moi, ça m'inquiète encore plus que quand j'ai
commencé à discuter de crédits avec vous. C'est encore
bien plus inquiétant!
M. PARENT: Cela pourrait peut-être vous inquiéter encore,
plus parce que le programme que nous sommes à préparer
actuellement de mobilité de main-d'oeuvre va s'appliquer à partir
des sous-ministres en descendant et c'est à la demande même
d'individus, comme vous le soulignez, qui sont compétents et qui ont cru
à la nécessité de me faire accepter ce programme que j'ai
d'ailleurs accepté parce que j'ai conçu moi-même que ce
qu'ils préconisaient était justement dans l'ordre d'apporter au
gouvernement une contribution encore plus considérable.
M. BURNS: Etes-vous prêt à convoquer ces gens pour qu'ils
viennent nous dire ça ici?
M. PARENT: Absolument. Raymond Conti, avant de partir en vacances, m'a
dit: II est urgent que vous puissiez approuver un programme de mobilité
de main-d'oeuvre.
M. BURNS: D'accord! Quand est-ce qu'on fait ça? Quand est-ce
qu'on demande à M. Bolduc, à M. Angers et à M. Conti de
venir nous jaser de ça?
M. PARENT: M. Bolduc va être de retour le 1er août; M. Conti
va être de retour le 21 mai. Il n'y a aucune difficulté. M. Conti
est vendu à l'idée...
M. BURNS: M. Bolduc aussi?
M. PARENT: Oui. De la mobilité de main-d'oeuvre...
M. BURNS: Même concernant les sous-ministres?
M. PARENT: ... et qu'on ne doit pas laisser dans un ministère,
à partir des sous-ministres; les personnes moisir dans les
ministères, qu'on doit s'en servir.
M. BURNS: II faudrait qu'il nous définisse "moisir" pour un
sous-ministre.
M. PARENT: Voici l'exemple que Raymond Conti m'a donné: Cela fait
douze ans que je fais des relations de travail; j'ai 39 ans, je suis
fatigué de ce domaine. A l'âge que j'ai, je pense que je pourrais
réorienter ma vie. C'est lui-même qui m'a préparé un
document sur la question de la mobilité de la main-d'oeuvre, à
savoir que l'individu dit: Si j'attends à 45 ans, je deviendrai un
rond-de-cuir; mais j'ai 39 ans, je pense qu'il est préférable
pour moi, pour le gouvernement, que je puisse me recycler pour aller dans un
autre secteur. C'est lui qui préconise le programme. Comme Roch Bolduc
préconise lui-même que nous ne devrions pas laisser Arthur
Tremblay aux Affaires intergouvernementales. C'est un autre sous-ministre qui
dit qu'un sous-ministre ne devrait pas rester plus de deux ou trois ans dans
son ministère, qu'il devrait être muté ailleurs parce
qu'à ce moment, ça permet de donner ce qu'on a dans le temps
où on est au ministère. Mais Arthur Tremblay en est un de ceux
qui pensent qu'après trois ans, si le gars, ce qu'il avait à
donner, ne l'a pas donné, bien, il est temps qu'il aille ailleurs.
M. BURNS: Est-ce que vous êtes d'accord pour qu'on rencontre ces
gens?
M. PARENT: Je n'ai aucune objection. J'y crois à la
mobilité de la main-d'oeuvre moi-même. Je crois que la
programmation que nous allons préparer va l'être justement par des
gens qui croient à cela.
M. BURNS: Comme cela, on va rencontrer ces gens dans les semaines
à venir.
M. PARENT: Je n'ai aucune objection. Nous sommes à travailler
je l'ai dit tout à l'heure
dans mon texte la mobilité de la main-d'oeuvre; on y
croit.
M. GAUTHIER: Depuis 1970 et depuis que vous êtes là,
combien avez-vous muté de main-d'oeuvre?
M. PARENT: II n'y a pas eu de programme de mobilité de
main-d'oeuvre, comme tel. Il y a eu des départs, il y a eu des mutations
mais il n'y a pas de programme comme tel. Mais si on prend l'exemple d'un agent
de gestion financière, c'est un corps d'emploi, il peut être
aujourd'hui à l'Agriculture, demain il peut être aux Affaires
culturelles; un agent de gestion financière, ce n'est pas un
spécialiste du métier du ministère.
M. BURNS: Ce n'est pas pareil!
M. PARENT: Les comptables, qui appartiennent au contrôleur des
finances, viennent de faire la roue, actuellement.
M. BURNS: Ce n'est pas pareil. Vous ne voyez pas de différence,
vous, par exemple, entre un spécialiste de relations
patronales-ouvrières et entre un gars qui s'occupe de gestion
financière, qui, à mon avis...
M. PARENT: Oui, oui.
M. BURNS: ... et je partage votre opinion là-dessus, peut aller
faire oeuvre utile dans n'importe quel ministère.
M. PARENT: Quand on parle de mobilité... M. BURNS: Moi, je suis
d'accord avec vous.
M. PARENT: ... il faut bien s'entendre; je suis d'accord avec vous, cela
ne peut pas s'appliquer à 55,000 fonctionnaires.
M. BURNS: On revient toujours au même problème. Qu'est-ce
que vous êtes en train de faire de ce ministère? Moi, je dis que
si je trouve des spécialistes, des gars qui s'y connaissent en
relations-patronales ouvrières, actuellement, si j'ai un
ministère qui s'appelle la Fonction publique et qui est supposée
de s'occuper, entre autres, de la gestion du personnel au gouvernement, je vais
aller chercher les meilleurs gars que je peux avoir et je ne leur parlerai pas
de mobilité de main-d'oeuvre, eux, s'il vous plaît; je ne les
enverrai pas aux Terres et Forêts.
M. PARENT: Qu'est-ce qui vous dit qu'on n'irait pas chercher les
meilleurs?
M. BURNS: Ecoutez, dites-nous ça, actuellement, ce que vous nous
amenez de mieux.
M. BOIVIN: Le sous-ministre pourrait être nommé jeudi.
M. BURNS: Qu'est-ce que vous nous amenez de mieux actuellement? Je n'ai
pas d'objection à ce qu'on discute de ça.
M. PARENT: Le ministère est à être
réorganisé. Il y a un point important à souligner...
M. BURNS: Encore une fois...
M. PARENT: ... il y a un directeur de service qui est encore en
fonction.
M. BURNS: Qu'il soit bien compris que je ne veux pas discuter des
fonctionnaires ad homi-nem, comme individus; ce n'est pas du tout ça.
Mais, malheureusement, on est obligé de parler de personnes dans un
ministère comme le vôtre.
Mais ce n'est pas comme fonctionnaire-personne que je veux en discuter.
C'est que vous êtes obligé d'en discuter cependant parce que ce
sont des spécialistes dont vous avez besoin. C'est aussi simple que
ça.
M. PARENT: Ils ne le sont pas seulement à la Fonction publique,
des spécialistes.
M. BURNS: Quand vous me dites... Ecoutez, ou bien vous êtes
là ou bien vous n'y êtes pas. Je sais bien qu'il y a des personnes
à part les gens de la Fonction publique qui sont censées
connaître ce qui se passe dans le domaine dans d'autres
ministères, entre autres au ministère du Travail. En tout cas,
ça on en parlera avec M. Cournoyer éventuellement.
M. PARENT: II ne s'occupe pas des mêmes questions.
M. BURNS: Pardon?
M. PARENT: Le ministère du Travail ne s'occupe pas des
mêmes questions que le ministère de la Fonction publique.
M. BURNS: II est bien évident que ce n'est pas la même
question, sauf que vous allez remarquer une chose: toutes les fois qu'il y a eu
des gestes à poser à l'égard de la Fonction publique,
avant que vous soyez là, depuis que vous êtes là, c'est le
ministre du Travail qui les a posés.
M. PARENT: Depuis que je suis là j'ai assumé mes
responsabilités complètes.
M. BURNS: Le bill 89, est-ce votre nom qui est là-dessus?
M. PARENT: C'est le ministère du Travail. Ce n'est pas le
ministère de la Fonction publique.
M. BURNS: Cela concerne quoi, le bill 89?
M. PARENT: Cela concerne les questions de grèves qui
relèvent du ministère du Travail.
M. BURNS: Entre autres quoi? Entre autres les grèves dans quels
domaines?
M. PARENT: Assurer les services essentiels.
M. BURNS: Entre autres dans quels domaines? Fonction publique,
peut-être?
M. PARENT: Pas seulement la Fonction publique.
M. BURNS: Justement.
M. PARENT: Cela concerne même l'entreprise privée, les
municipalités...
M. BURNS: Oui, justement.
M. PARENT: ... et les commissions scolaires.
M. BURNS: L'orientation est quoi? Est-ce à la Fonction
publique?
M. PARENT: Non.
M. BURNS : Vous avez dans le projet de loi une place où on voit
la nomination du secteur privé. Comment est-ce qu'il se fait que ce ne
soit pas vous qui présentiez ça, ce projet de loi?
M. PARENT: C'est le ministre du Travail, c'est sa responsabilité;
à ce moment, cela dépend de sa responsabilité. Ce n'est
pas la mienne.
M. BURNS: Et c'est normal? C'est lui qui fait ça.
M. PARENT: II va affecter en partie, si vous voulez...
M. BURNS: II va affecter 99 p.c. de la fonction publique.
M. PARENT: Bien non, parce qu'il y a le secteur public et le secteur
parapublic.
M. BURNS: Trouvez-m'en des cas du secteur privé qui vont
s'appliquer dans ces cas.
M. PARENT: Bien oui, les hôpitaux et les institutions scolaires
qui dépendent du ministère de l'Education et de celui des
Affaires sociales.
M. BURNS: Ce n'est pas le secteur privé, ça. M. PARENT:
C'est parapublic.
M. BURNS: Bien non! Il va falloir que vous relisiez le bill 46, vous,
monsieur.
M. PARENT: Les secteurs public et parapublic.
M. BURNS: II va falloir peut-être relire ça.
C'est une négociation sectorielle dans les hôpitaux et dans
l'éducation actuellement et sous la juridiction du gouvernement. Et le
gouvernement c'est qui au point de vue des relations de travail sinon le
ministre de la Fonction publique?
M. PARENT: Ce n'est pas le ministre de la Fonction publique.
M. BURNS: Bien voyons donc! Vous êtes le chef du personnel du
gouvernement. Saviez-vous ça? Il faudrait peut-être que vous
sachiez ça ! Vous êtes le "boss" du personnel.
M. PARENT: Je suis heureux que le député de Maisonneuve me
le renouvelle.
M. BURNS: C'est ce que dit le texte de loi. Il faudrait peut-être
que vous le sachiez ! C'est inquiétant en maudit que ce ne soit pas vous
qui, à un moment donné, attachiez votre nom au bill 89. Moi, cela
m'inquiète! C'est une autre raison pour laquelle je me demande ce qui se
passe à ce ministère. Moi, cela ne me fait rien de venir discuter
de crédits, mais il faudrait qu'on discute de quelque chose, surtout
quand on pose des vraies questions et on se fait dire: C'est le premier
ministre qui va décider ça. Que le premier ministre vienne et on
va discuter de ça avec lui.
M. PARENT: Mais les lois sont là. Elles sont là.
M. BURNS: Oui, le bill 46 est là. Vous le lirez, le bill 46.
M. PARENT: La juridiction...
M. BURNS: Le chapitre 12 des lois 1969, LQ 69 la Loi pour la
négociation dans le domaine de l'éducation et dans le domaine des
hôpitaux, le secteur hospitalier. Ce sont deux négociations
sectorielles par voie de législation au Québec. C'est votre
responsabilité ça, M. le ministre. Vous n'avez pas le droit de ne
pas vous occuper de ça. Vous n'avez surtout pas le droit de ne pas
savoir que c'est vous qui devez vous occuper de ça. Cela
m'inquiète beaucoup.
M. PARENT: Cela peut vous inquiéter mais j'ai signé les
conventions collectives depuis les derniers trois mois.
M. BURNS: Pas de problèmes. Si on n'est pas content on "crisse"
le sous-ministre dehors. C'est tout. Bonjour! Bye-bye, va-t-en!
M. PARENT: Non, ils n'ont pas été liquidés, les
sous-ministres.
M. BURNS: Pas de problèmes.
M. LATULIPPE: M. le Président...
M. GAUTHIER : A part les personnes dont
on a mentionné les noms, qui quittaient qui avaient quitté
ou qui devaient quitter le ministère, il doit y en avoir d'autres.
Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir la liste, sinon aujourd'hui du moins
à une prochaine séance? Au sein de votre ministère il doit
y en avoir d'autres qui ont quitté pour toutes sortes de raisons.
M. BOIVIN: Pourquoi elles ont quitté et où elles sont
allées, lesquelles et les nommer. Il faut voir réellement si ce
n'est pas un ministère qui en train de disparaître. Franchement,
je suis convaincu que cela s'en vient une direction du Conseil du
trésor, comme c'est parti là.
M. PARENT: C'est votre opinion. M. BOIVIN: C'est mon opinion.
M. GAUTHIER: Est-ce que vous pourriez nous donner cette liste?
M. PARENT: La liste de...
M.GAUTHIER: La liste de ceux qui ont quitté depuis que vous
êtes là.
M. PARENT: Depuis le 14 février? Il yena seulement deux ou trois
depuis que je suis arrivé.
M. BURNS: Pouvez-vous nous donner la liste?
M. PARENT: Oui, oui, c'est avant mon arrivée qu'il était
parti.
M. LATULIPPE: Avant quoi?
M. BURNS: Dites donc ça. Excusez, M. Latulippe. Depuis les
derniers crédits parce qu'on n'a pas eu la chance de poser des
questions sérieuses au ministre depuis ce temps
c'est-à-dire depuis environ les mois d'avril ou de mai 1972 c'est
en juin que ça s'est passé? depuis juin 1972, dites-nous
les cadres intermédiaires et supérieurs chez vous?
M. BOIVIN: Si c'est avant qu'ils sont partis, peut-être que c'est
le ministre du Travail j'ai toujours dit, moi, qu'être ministre du
Travail et ministre de la Fonction publique c'était incompatible
qui a sabordé le ministère; il faut le savoir.
M. PARENT: Je pense qu'au cours des négociations il y a eu un
climat de tension qui a prévalu. Il y a eu une décision du
gouvernement à l'effet de recourir à des représentants de
l'entreprise privée pour mener les négociations. Cela n'a
sûrement pas aidé le moral des troupes. Ce n'est pas une
décision, par ailleurs... Je ne peux pas laisser aller l'avancé
du député de Dubuc à l'effet que ce soit une
décision de mon prédécesseur. Ce fut une décision
du conseil des ministres de nommer Réjean Larouche comme
négociateur du gouvernement.
M. BOIVIN: Qui relèvera du Conseil du trésor, en
somme.
M. PARENT: Je l'ai expliqué tout à l'heure, tous les
mandats pécuniaires dans les questions de négociations
relèvent du Conseil du trésor. Le service de la recherche et de
la rémunération, au ministère de la Fonction publique
était, en somme, le conseiller du Conseil du trésor, pour donner
des mandats. Cette direction était assumée par M. Bernard Angers,
qui, je pense vers la fin de l'année 1972, a été
nommé sous-ministre adjoint aux Institutions financières.
M. BOIVIN: Et celui qui donne des mandats, c'est lui qui a la
responsabilité. Alors, la responsabilité du ministre...
M. PARENT: La responsabilité de l'engagement.
M. BOIVIN: ...de la Fonction publique, vous pourriez peut-être
nous la donner, actuellement.
M. PARENT: C'est d'exécuter; à ce moment-là il y a
une exécution à faire. Le mandat qui est préparé
par le service de la recherche et de la rémunération au
ministère de la Fonction publique, dès qu'il a obtenu la
lumière verte du Conseil du trésor, est exécuté.
Cela devient la responsabilité du ministre de la Fonction publique
d'exécuter le mandat qu'il a reçu.
M. BOIVIN: Alors même dans le paragouvernemental?
M. PARENT: Absolument, parce que ç'a une
répercussion...
M. BOIVIN : Alors le paragouvernemental va relever du ministre de la
Fonction publique comme ça?
M. PARENT: Le paragouvernemental, le ministre en a, surveille... Il est
chargé de négocier les conventions collectives auxquelles le
gouvernement est partie et d'en surveiller l'application. C'est la loi du
ministère. Mais, la loi du ministère n'empêche pas le
contrôle financier par la Loi de l'administration financière et
tout engagement qui doit être pris doit recevoir l'approbation par les
mécanismes réguliers, c'est-à-dire dans les circonstances,
le Conseil du trésor.
M. BOIVIN: Mais, M. Larouche va avoir le mandat du ministre de la
Fonction publique pour organiser les tables de négociation et tout
ça?
M. PARENT: Non, M. Larouche a terminé son mandat.
M. BOIVIN: Alors, il y aura une nouvelle nomination?
M. PARENT: La prochaine ronde de négociations... Les conventions
collectives actuellement sont signées et se terminent le 30 juin 1975.
Ce que nous sommes à préparer actuellement, ce sont les
données nécessaires: faire la cueillette, préparer les
études pour nous préparer pour la prochaine ronde de
négociations dont les discussions devraient débuter au
début de 1975. Pour justement favoriser cette prochaine ronde de
négociations, c'est là que nous avons mis de l'avant le plan que
j'ai souligné tout à l'heure, à l'effet que le
ministère de la Fonction publique va donner, à ce
moment-là, le point de vue de la Fonction publique, les Affaires
sociales, le point de vue des institutions hospitalières et de
l'Education, le point de vue des institutions scolaires.
Et de là, au Conseil du trésor, un secrétaire
adjoint va justement agir comme coordonna-teur, pour éviter que dans un
secteur donné, il existe des différences ou des choses qui sont
accordées à un secteur et refusées à l'autre.
De là, le gouvernement pourra décider s'il doit recourir
à un négociateur de l'entreprise privée, pour faire sa
prochaine ronde de négociations. Actuellement, le mandat de M. Larouche
est terminé. Ces négociations, faites en 1972-1973, par la
signature des conventions collectives ont terminé son travail.
M. BURNS: II est sous-ministre adjoint aux Affaires sociales.
M. PARENT: II est sous-ministre adjoint aux Affaires sociales,
responsable des relations de travail.
M. BURNS: Est-ce qu'il est question que M. Larouche revienne à
votre ministère, bientôt?
M. PARENT: Non.
M. BURNS: II n'en est pas question. Les rumeurs qu'on entend
actuellement, c'est faux, ce n'est pas fondé?
M. PARENT: Pour répondre à une question qui m'a
été posée, au sujet des cadres qui ont quitté le
ministère, Roch Bolduc est en congé sabbatique; Bernard Angers,
qui était directeur de la rémunération, a
été nommé sous-ministre adjoint aux Institutions
financières; Marc Carrier a été nommé sous-ministre
associé à la Justice; Jacques Noël a
démissionné de la Fonction publique et Marcel Picher a
été muté aux Affaires sociales.
M. GAUTHIER: Ces gens sont remplacés ou appelés à
être remplacés?
M. PARENT: Au sujet du poste de M. Roch Bolduc, je l'ai dit tout
à l'heure, le sous-ministre serait nommé jeudi soir. Quant
à M. Angers, il y a l'intérim; c'est Louison Ross qui assure
l'intérim. Jacques Rivard devient l'adjoint de Louison Ross, comme
directeur par intérim. Jean-Guy Montpetit est nommé par
intérim pour remplacer Jacques Noël et Marcel Picher, qui
était le directeur du service, a été muté au
Conseil du trésor.
M. GAUTHIER: II n'est pas remplacé?
M. BURNS: Vous n'avez pas répondu à ma question au sujet
de M. Larouche. Il y a une rumeur qui circule à l'effet qu'il serait
nommé bientôt au ministère quelque part, à votre
ministère, est-ce exact?
M. PARENT: II n'y a pas de discussion avec M. Larouche.
M. BURNS: Pas de discussion. Il va rester aux Affaires sociales,
actuellement, où il est?
M. PARENT: II est aux Affaires sociales.
M. BURNS: Oui, mais il n'est pas question qu'il s'en aille de
là?
M. PARENT: A ma connaissance, il n'en est pas question.
M. BURNS: Ni comme ministre de la Fonction publique, ni comme membre du
Conseil du trésor, vous n'êtes pas au courant de cela?
M. PARENT: Non, ce n'est pas dans les discussions.
M. BURNS: Non, très bien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, avez-vous d'autres questions?
M. BURNS: J'ai une autre question. En tout cas, vous ne m'avez pas
convaincu, en terminant, sur ce point.
M. PARENT: Je n'espère pas vous convaincre non plus.
M. BURNS: Vous ne m'avez pas convaincu que votre ministère
était autre chose qu'un ministère qui était près de
la sortie, dans le sens qu'il n'occupait pas du tout la place qu'il devait
éventuellement occuper.
M. PARENT: Le temps confirmera ce que j'ai avancé.
M. BURNS: Oui, mais entre-temps, avant le temps qui confirmera quoi que
ce soit, vous nous avez dit que votre ministère était en train de
préparer le cadre de la prochaine négocia-
tion. Cela m'intéresse beaucoup, parce qu'avec le bordel qu'on a
vécu au printemps 1972, c'est assez important de savoir que c'est votre
ministère qui est en train de préparer le cadre de la prochaine
négociation. Pouvez-vous nous dire quelque chose à ce sujet,
à savoir ce que vous faites pour préparer le cadre de la
prochaine négociation.
M. PARENT: Bien, je l'ai exposé tout à l'heure; je peux le
répéter.
M. BURNS : Non, mais là je veux des détails. Je ne veux
pas seulement des énoncés de principe.
M. PARENT: Non, je suis allé plus loin que ça tout
à l'heure...
M. BURNS: Ce n'est pas ça que j'ai compris, moi.
M. PARENT: ... en soulignant que le Conseil du trésor aura un
secrétaire adjoint qui agira comme coordonnateur des relations de
travail des trois unités sectorielles.
Le travail est déjà commencé aux Affaires sociales
par des études qui sont en cours pour nous fournir les données de
la prochaine ronde de négociations. Il y a des études au
ministère de l'Education qui sont en cours et qui ont été
autorisées par le Conseil du trésor. Il y a le secteur de la
Fonction publique dont le travail n'est pas commencé encore.
Il restera à déterminer, au moment où le Conseil du
trésor aura lui-même ses effectifs et son secrétaire
adjoint, ce qui sera fait incessament, l'ordre du travail de coordination
à être réalisé entre les trois unités
sectorielles. C'est de là que les études, qui seront requises
dans les trois secteurs, pourront être complétées.
M. BURNS: Le travail de coordination va se faire à partir du
Conseil du trésor ou à partir de votre ministère?
M. PARENT: Du Conseil du trésor.
M. BURNS: Donc, tout élément de coordination de ces trois
groupes-là que vous avez mentionnés va se faire sous la direction
et à partir du Conseil du trésor. C'est cela?
M. PARENT: Absolument.
M. BURNS: Bon. Maintenant, quand vous dites que vous préparez le
cadre de la prochaine négociation, il faut peut-être aller plus
loin que le nombre de personnes qui vont être affectées dans quel
coin à la préparation de ces négociations. Pour moi,
préparer des négociations, c'est savoir quoi penser à
l'égard des prochaines négociations; entre autres, il y a un des
problèmes qui se sont soulevés aux deux dernières rondes
de négociation et qui vont se soulever sans doute à la prochaine,
c'est: Est-ce que le gouvernement là, on n'est pas en situation
conflictuelle, c'est peut-être le bon moment d'en discuter va
envisager de négocier : a) la politique salariale; b) la masse
salariale?
M. PARENT: Vous me demandez de présumer, à ce
moment-ci.
M. BURNS: Non pas présumer, je vous demande si vous
préparez cela. Vous préparez le cadre des prochaines
négociations, mais le problème no 1 auquel vous allez avoir
à faire face, ça sera cela. Est-ce qu'on négocie d'avance
sur la politique salariale et sur la masse salariale? Cela a pris neuf mois, au
cours de la dernière négociation, de la troisième ronde,
cela a pris neuf mois pour se faire dire par le gouvernement, du
côté syndical, qu'il n'était pas intéressé
à négocier cela.
Je vous demande: Est-ce que cela va être la même attitude la
prochaine fois? Je peux émettre mon opinion personnelle. Ces neuf mois
ont contribué à une accumulation de frustrations qui ont
mené à la situation conflictuelle qu'on a connue. Je veux savoir
si vous êtes en train de préparer le cadre de la prochaine
négociation, ce que vous allez faire à ce sujet-là.
M. PARENT: Je pense qu'il serait d'abord, de ma part, une
considération que je ne pourrais donner au nom du gouvernement.
M. BURNS: C'est quoi?
M. PARENT: De ma part, ce serait une considération que je ne peux
donner puisque cette question, à savoir s'il y aura négociation
sur la politique salariale et s'il y aura une négociation sur la masse
salariale. Vous me demandez de présumer ou de préjuger de la
décision qui appartient en dernier recours au conseil des ministres.
C'est lui, le conseil des ministres, qui pourra faire valoir s'il permettra ou
s'il consentira à ce que la masse salariale soit négociable et
que la politique salariale soit négociable.
M. BURNS: Vu que votre ministère garde toute l'importance qu'il
avait comme vous le disiez tantôt, qu'il n'a pas diminué
d'importance depuis que vous y êtes; vu que votre ministère
s'apprête à préparer le cadre des prochaines
négociations, est-ce que...
M. PARENT: Je n'ai pas parlé du ministère, il faudrait
bien comprendre. J'ai parlé à l'autre titre de
vice-président du conseil où nous sommes à préparer
actuellement tout le travail.
M. BURNS: Oui, mais écoutez moi...
M. PARENT: J'ai parlé des unités sectorielles.
M. BURNS: ... je n'ai pas compris cela tantôt. Il faudrait
peut-être que vous nous disiez si vous êtes ici en tant que
vice-président du Conseil du trésor ou en tant que ministre de la
Fonction publique. J'ai compris tantôt que vous nous disiez que votre
ministère préparait le cadre je l'ai noté de
la prochaine négociation. Si ce n'est pas cela, si ce n'est pas vous qui
faites cela, là, il faudrait le savoir.
M. PARENT: Le ministère de la Fonction publique a le service de
la recherche pour la rémunération pour les trois secteurs.
M. BURNS: D'accord. Est-ce qu'il y a un comité de travail? Est-ce
qu'il y a un élément... D'ailleurs, vous nous avez dit
tantôt que l'élément de la coordination pour les secteurs
ne relevait pas de vous, relevait du Conseil du trésor. C'est bien cela
que vous nous avez dit tantôt?
M. PARENT: La coordination.
M. BURNS: Bon. Donc, vous préparez la recherche, vous? Votre
ministère prépare la recherche.
M. PARENT: Le ministère de la Fonction publique...
M. BURNS: C'est devenu le ministère recher-chiste en chef du
gouvernement du Québec.
M. PARENT: Pour la rémunération.
M. BURNS: C'est cela, bon. Pour la rémunération. C'est
assez important, entre autres, un phénomène qui s'appelle la
politique salariale, c'est assez important. Est-ce qu'il y a un comité
de travail au sein de votre ministère qui fonctionne actuellement pour
cela? Est-ce que, pour la masse salariale, il y a du monde qui se penche sur
cela ou bien si vous allez attendre que le Conseil du trésor, avec son
comité de coordination qui mène tout, vous dise quoi faire et
vous dise quel message aller porter aux syndicats la prochaine fois?
M. PARENT: Le service de la rémunération, actuellement,
est à compléter la dernière phase de la
négociation. Il y a encore des négociations qui sont en cours
parce que les conventions, il y en a encore qui ne sont pas signées.
M. BURNS: Lesquelles?
M. PARENT: II y a encore les professionnels qui n'ont pas signé,
il y a Radio-Québec.
M. BURNS: Cela occupe combien de votre temps par semaine, cela?
M. PARENT: Je pourrais comparer cela facilement peut-être avec le
député de Maisonneu- ve. Mes journées commencent à
sept heures et demie le matin et se terminent à onze heures et demie ou
une heure le matin.
M. BURNS: II n'y a pas de problème à comparer les miennes
non plus.
M. PARENT: Non, mais quel temps cela occupe-t-il?
M. BURNS: Cela occupe combien de votre temps? Quand je vous dis "votre
temps", je vous parle de vous comme ministre, c'est votre ministère.
Cela occupe combien de son temps, ces négociations, par semaine?
M. PARENT: Je ne peux pas évaluer cela en nombre d'heures, parce
que mon travail est varié.
M. BURNS: C'est parce que moi, je suis intéressé à
savoir cela. Vous me dites: Je n'avance pas, parce que j'ai cela à
faire. C'est cela que vous êtes en train de me dire? Vous ne pouvez pas
nous établir une politique salariale, un projet ou un comité de
travail à l'égard de la politique salariale, à
l'égard de la masse salariale, parce que vous avez deux grosses
négociations à régler actuellement. C'est cela?
M. PARENT: Non, je n'ai pas parlé de deux grosses
négociations.
M. BURNS: Bien, écoutez!
M. PARENT: J'ai dit que la négociation n'est pas terminée
encore...
M. BURNS: Dans les deux domaines que vous avez mentionnés.
M. PARENT: ... en ce qui concerne la dernière ronde.
L'implantation...
M. BURNS: Les professionnels du gouvernement.
M. PARENT: ... des régimes n'est pas encore
complétée. Il ne faudrait pas que le député de
Maisonneuve croie que je vais lui faire croire qu'actuellement le comité
est déjà en marche pour la prochaine ronde de la
négociation.
M. BURNS: Non.
M. PARENT: Le travail n'est pas commencé.
M. BURNS: Non, mais je voudrais avoir des détails et savoir
comment vous préparez la prochaine négociation; c'est cela qui
m'importe, celle qui a été "fuckée", la dernière.
Qu'est-ce que vous voulez? On ne pourra rien guérir là-dessus.
Vous avez manqué le bateau là-dessus, d'accord, tout le monde
l'admet. Vous autres mêmes, quand vous n'êtes pas sur des
tribunes,
vous le dites. Qu'est-ce que vous voulez? A ce moment-là,
qu'est-ce qu'on va faire avec la prochaine, au moins? C'est cela qu'il est
important de savoir.
M. PARENT: Si le député de Maisonneuve prétend
qu'on a manqué la dernière fois, nous allons toujours bien...
M. BURNS: C'est bien évident.
M. PARENT: ... tenter de ne pas manquer la prochaine fois.
M. BURNS: C'est drôle comme ce n'est pas une réponse qui me
satisfait. Quand je me fais dire, par le président de la Chambre...
M. PARENT: Je comprends...
M. BURNS: ... qu'une question que je dois poser n'est pas urgente et que
je la poserai aux crédits, c'est bien regrettable, mais je veux au moins
avoir une réponse aux crédits. C'est bien important que j'en aie
une. Si le ministre n'est pas capable de me la donner aux crédits, qu'il
me le dise: Je ne suis pas capable. Qu'il me le dise carrément.
M. PARENT: J'ai dit qu'actuellement ce n'est pas commencé.
M. BURNS: Que vous faites votre possible, M. le ministre, je ne le
prends pas. Je vous le dis bien honnêtement, je ne la prends pas, cette
réponse-là.
M. PARENT: Je vous dis qu'on n'a pas commencé.
M. BURNS: Vous ne l'avez pas commencé? M. PARENT: Non.
M. BURNS: Alors vous ne faites rien, actuellement, à
l'égard de la prochaine négociation.
M. PARENT: Non, tant que nous n'aurons pas terminé
celle-là.
M. BURNS: Pourquoi nous avez-vous dit tantôt que vous
prépariez le cadre de la prochaine négociation? C'est quoi,
préparer le cadre de la prochaine négociation? Vous savez, la
prochaine négociation ça va venir bien plus vite que vous
pensez.
M. PARENT: Cela, je le sais. M. BURNS: Bon.
M. PARENT: Je suis très conscient de ça. Mais il faut au
moins terminer ce qui est sur la table.
M. BURNS: Est-ce que ce sont les mêmes gars qui font
ça?
M. PARENT: Le groupe est assez restreint actuellement et ça doit
faire partie de la réorganisation qu'il faut apporter. Je n'ai pas
l'intention de dire à la commission que nous sommes prêts demain
matin à démarrer. Mais nous préparons quand même
cette politique pour déterminer le personnel qui nous sera requis et
dans quel secteur pour mettre en marche cette machine qui nous est
nécessaire.
M. BURNS: Vous savez pourquoi je vous pose ces questions, M. le
ministre? C'est parce que moi j'ai fait affaires, depuis que je suis membre de
l'Assemblée nationale, à deux autres ministres de la Fonction
publique. Le premier nous a dit: J'arrive et j'ai un gros problème qui
s'appelle les négociations qui s'en viennent. L'autre nous a dit:
J'arrive et les négociations sont en arrière de moi et je
remplace un autre ministre. Puis là, il y en a un autre qui nous dit :
Moi, je prépare quelque chose. Bien, on est tanné, nous autres,
dans l'opposition, je pense qu'on veut avoir des réponses. On veut
savoir, non pas pour moi, non pas pour que ce soir je puisse me coucher et
dire: Oswald est bien "smart", il m'a donné une bonne réponse cet
après-midi. Ce n'est pas pour ça que je veux avoir une
réponse. Ce n'est pas du tout pour ça.
M. PARENT: Vous allez faire de mauvais rêves.
M. BURNS: Non, ce n'est pas du tout pour ça que je veux avoir des
réponses, mais je le conçois tout simplement dans le sens qu'il y
a un tas de gens qui se posent ces questions. Ils disent: C'est bien beau de
passer des lois spéciales à la dernière minute quand le
bordel est poigné, c'est bien facile ça, c'est facile, tout le
monde est écoeuré à ce moment-là. Puis on passe une
loi, on dit: Envoie donc, puis tiens bien, puis le pauvre monde qui est malade,
qui ne peut pas rentrer dans les hôpitaux, puis le pauvre monde qui ne
peut pas avoir ses chèques d'assistance sociale, puis le pauvre monde
qui ne peut pas avoir ci, puis le pauvre monde qui ne peut pas avoir ça.
Cela est trop facile. C'est trop facile, il va falloir qu'une fois pour toutes
un gouvernement se penche, puis qu'un ministre se penche, s'il en a le pouvoir
encore. C'est ça aussi le sujet de la discussion. Il va falloir qu'un
ministre se penche sur ce problème et dise : Là, je vais
peut-être avoir un problème dans deux ans d'ici, mais c'est
peut-être mieux de le prévoir eu égard à
l'expérience passée, ce problème que j'aurai
peut-être dans deux ans.
M. PARENT: J'ai pensé à tout cela déjà.
M. BURNS: Alors dites-nous donc cela. Depuis tantôt que j'ai
hâte que vous me fassiez la
lumière sur vos pensées là-dessus. J'ai hâte
de savoir ça. J'ai hâte que vous nous disiez quelles solutions
vous envisagez pour éviter des conflits comme la dernière
fois.
M. PARENT: Si le député de Maisonneuve a des suggestions
à nous faire, on est ouvert, parce que je ne prétends pas...
M. BURNS: Ecoutez, j'ai bien des suggestions à vous faire, il n'y
a pas de problème, mais dans le moment, j'examine votre administration.
Puis ça, vous n'avez pas le droit de me dire que vous êtes en
fonction juste depuis deux mois-, en termes d'administration gouvernementale,
vous êtes un ministre qui satisfait à une continuité
gouvernementale exécutive et administrative. Moi, je n'accepterai pas
que vous me disiez que ça fait juste deux mois que vous êtes
là, puis que vous n'avez pas toutes les réponses, ce n'est pas
vrai, parce que c'est trop facile chaque année, au moment des
crédits de se faire changer le ministre, c'est trop facile.
M. PARENT: Ce n'est pas vrai. Je n'ai pas invoqué cela. Il ne
faudrait pas me faire invoquer ça, parce que je pense que je ne l'ai pas
invoqué depuis le commencement de l'étude des crédits.
M. BURNS : Non, vous ne l'invoquez pas, mais le genre de réponses
que vous me donnez, c'est pour ça que j'ai fait le parallèle avec
le ministre L'Allier et le ministre Cournoyer, qui successivement se sont
remplacés. Il y en a un, l'année passée, qui est l'actuel
ministre du Travail et qui m'a dit, tranquillement pas vite: Ecoutez,
donnez-moi le temps d'arriver là pour savoir de quoi il s'agit.
M. PARENT: Je n'ai pas invoqué ça.
M. BURNS: Vous n'avez pas invoqué ça, mais donnez-moi des
réponses d'abord. C'est tout, c'est seulement ça que je vous
demande.
M. PARENT: Je vous ai dit au chapitre de la rémunération,
que le comité n'est pas en marche, c'est simple.
M. BOIVIN: Mais les employés des cadres qui vont préparer
le prochain programme de négociation...
M. PARENT: On va finir celui-là d'abord puis on va faire le bilan
de celui-là avant de commencer les études pour l'autre.
M. BOIVIN: Je comprends, mais le premier ministre a fait une
déclaration à New York, il a affirmé la
nécessité d'accorder moins d'importance à la
sécurité d'emploi aux niveaux intermédiaire et
supérieur des cadres, mais par ailleurs accorder une meilleure
rémunération. Cela veut dire que ce qui se passe actuellement,
alors que les gens s'en vont du ministère, il va falloir les remplacer
pour préparer cette nouvelle négociation. Mais les gens que vous
avez engagés, est-ce qu'ils vont être soumis à la Fonction
publique? Est-ce qu'ils vont passer par la Fonction publique?
Quels seront les critères qui vont vous éclairer, que vous
allez exiger? Est-ce que ce seront simplement des critères politiques
pour l'engagement de ces nouveaux employés? Est-ce qu'ils vont passer
par la Fonction publique, ces employés des cadres?
M. PARENT: Ils passent tous par la Fonction publique. Il n'y a pas
d'engagement qui se fait au niveau du ministre sans que les règles aient
été suivies, que les examens aient été subis devant
la Commission de la fonction publique et qu'il y ait eu acte de nomination.
M. BOIVIN: Alors, on demandera à la Fonction publique s'il y a
des candidatures.
M. PARENT: Actuellement...
M. BOIVIN: S'D n'y a aucune candidature, on n'est pas prêt d'avoir
ces gens-là dans l'administration.
M. PARENT: Actuellement, nous n'avons pas demandé à la
commission de tenir des concours pour remplir les postes vacants. La demande
n'a pas été faite encore.
M. BOIVIN: Alors on n'a pas encore ces gens-là. Des gens qui vont
venir prendre ces sièges, on ne sait pas quels critères vous en
allez exiger, parce que ça prend des gens compétents.
M. PARENT: Ils sont déjà établis, les
critères. Si on parle d'un directeur de la rémunération,
il y en a déjà eu un directeur de la rémunération.
Il y a eu des critères utilisés. Il y a peut-être des
modifications. Le président de la Commission de la fonction publique
pourra nous dire ça tout à l'heure. Il y a des critères
déjà établis. Il y avait des gens en poste. Il reste que
le ministre doit demander à la Commission de la fonction publique de
tenir des concours dès qu'il a l'intention de combler les postes. Mais
actuellement, je n'ai pas jugé à propos de faire des demandes
à la Commission pour combler les postes.
M. BOIVIN: Parce que ça prend assez de temps, si vous voulez
préparer la prochaine ronde des négociations.
M. PARENT: Contrairement à ce qu'on peut prétendre de la
Commission de la fonction publique, je ne suis pas là depuis tellement
longtemps pour prendre le mot que le député de Maisonneuve vient
de dire, pour constater que la commission n'est pas toujours à
blâmer dans toutes les circonstances qu'on peut souligner.
M. BOIVIN: Je ne la blâme pas, mais seulement le ministre nous dit
qu'il n'a pas encore donné sa commande à la Fonction publique.
Alors, il faut penser que la Fonction publique, il y a des...
M. PARENT: Oui, mais il faut savoir comment on veut réorganiser
un ministère, avant de s'aventurer à faire faire des concours et
combler des postes. C'est la première préoccupation à mon
arrivée qui m'a été donnée, de regarder d'abord le
ministère, quelle était sa fonction, quelle fonction voulons-nous
demain qu'il accomplisse. Quand nous aurons terminé cette étape,
à partir de ce moment, nous saurons exactement les cadres qui nous
seront requis et nous donnerons une commande à la Commission de la
fonction publique de procéder aux concours pour combler les postes.
M. GAUTHIER: Mais quand le premier ministre a parlé de meilleure
rémunération, est-ce qu'il en a discuté avec le
ministre?
M. PARENT: Cela revient à répondre à ce que le
député de Maisonneuve a demandé tout à l'heure.
Qu'est-ce que fait le service de la recherche de la rémunération?
Actuellement, on est à compléter les cadres de la
négociation qui a été faite en 72/73, mais il reste un
secteur encore assez important je l'ai souligné dans mon
exposé j'ai l'impression que l'exposé a passé
par-dessus la tête de plusieurs des membres. J'ai dit: II y a les
conditions de travail et de rémunération des cadres. C'est
là que nous sommes pris actuellement. Nous sommes à terminer
cette étape. Les conventions collectives que nous avons
négociées, il en reste une ou deux qui ne sont pas
terminées, mais il reste encore les cadres et la gérance
intermédiaire, pas simplement dans le secteur public, il y a le secteur
parapublic. A ce moment-ci, le service de la rémunération
s'occupe actuellement de terminer ce travail pour que nous puissions donner
suite à ce que M. Bourassa a déjà déclaré.
Si nous voulons apporter des meilleures conditions de travail à nos
employés syndiqués, il faut penser également qu'il faut
apporter des meilleures conditions de travail à ceux qui ne sont pas
syndiqués. Pour ce qui est de la gérance intermédiaire,
les adjoints aux cadres et les cadres, actuellement notre service de la
recherche de la rémunération est affecté à ce
travail. C'est pour ça que j'ai dit, tout à l'heure: II faut
compléter d'abord l'étape de la négociation, la
rémunération des cadres, faire le bilan et après
ça, on va se lancer dans l'opération pour la prochaine ronde de
négociations selon les termes que j'ai exposés, à savoir
où, à ce moment-ci, les trois ministères clés, les
trois ministères principaux qui sont des unités sectorielles,
auront une coordination qui sera assurée par le Conseil du
trésor.
M. LATULIPPE: M. le Président, vous dites que vous êtes
à compléter. Si d'une part, vous êtes à terminer les
divers aspects de la convention collective, d'autre part, on a l'impression que
déjà on assiste à une certaine forme de morcellement dans
les politiques qui avaient déjà été
implantées.
Par exemple, on avait des plans d'effectifs. On nous a montré des
tableaux dans lesquels, sans parler de sécurité d'emploi, on
parlait de préférence d'emploi. On a l'impression que maintenant,
du moins dans ce que j'ai pu comprendre, on s'applique à vouloir
détacher surtout les secteurs public et parapublic, qui vont maintenant
s'occuper de leurs propres problèmes. Notamment, on a un comité
spécifique avec la classification des professeurs. Autrefois, il me
semble, du moins il y a quelques mois, avant la ronde des négociations,
il y avait eu un problème de classification des professeurs et c'est la
Fonction publique qui s'en était occupée.
Là, il y a un problème connexe qui relevait...
M. PARENT: Non, il ne faudrait pas se méprendre. M. Gérin,
qui est ici depuis huit ans, dans le domaine des relations de travail, me dit
vous parlez à ce moment-là de l'application de la
convention collective que cela a toujours été de la
juridiction du ministère de l'Education, comme cela l'est encore
actuellement. Le ministère de la Fonction publique n'a pas eu à
traiter cette question de classification dans le ministère de
l'Education.
M. LATULIPPE: Quand il arrive une situation d'impasse, pas une impasse
totale, mais comme actuellement, où le ministère de l'Education
est aux prises avec une situation où il devra déborder, si j'ose
dire, les structures mises en place lors des négociations, s'il veut,
à toutes fins pratiques, respecter, par exemple, certains droits acquis,
c'est entendu, le ministre nous l'avait dit à l'époque, qu'on ne
peut pas régler tous les problèmes. Dans certains secteurs, on va
faire un statu quo. Certains marqueront le pas. Maintenant, on arrive à
une situation un peu particulière dans le secteur de la classification,
qui touche un problème de rémunération. On dit que cela
relève exclusivement du ministère de l'Education. Arrange-toi
avec le cadre qu'on t'a donné alors que, dès le début, au
moins à la commission, on nous avait laissé entendre que la
politique serait beaucoup plus souple que celle-là et que, s'il fallait
revenir à la table, le ministre était disposé à le
faire.
Peut-être que je me trompe, c'est peut-être seulement un
leurre, mais c'est la préoccupation de fond qui semble se
dégager, du moins à la table ici. Si, d'une part, on veut
continuer la mise en place des diverses structures que nécessitait la
convention collective, d'autre part, on assiste déjà à une
nouvelle réorientation qui signifie presque le morcellement de la
politique du ministère.
M. PARENT: Non. C'est que la direction des relations du travail du
ministère de l'Education s'est toujours préoccupée de
l'application de la convention collective et c'est ce qu'elle continue à
faire. Le ministère de la Fonction publique a peut-être
participé aux négociations de la convention collective. Mais,
dans l'application, c'est le ministère de l'Education pour son secteur
comme le ministère des Affaires sociales pour son secteur.
M. LATULIPPE: Au chapitre de la préférence d'emploi,
disons qu'un employé, pour une raison ou pour une autre, verrait son
emploi disparaître dans le secteur de l'éducation, mais voudrait
rester dans son milieu et postuler un emploi au ministère de la Voirie
ou quelque chose comme ça. Est-ce qu'effectivement il y a un
débouché? Disons que c'est une question hypothétique que
je pose. Est-ce que ce problème va relever des deux ministères en
question ou si cela relève de vous?
M. PARENT: Dans la convention collective, on prévoit un bureau de
placement sectoriel et un bureau de placement intersectoriel.
M. LATULIPPE: Donc, il devra d'abord s'adresser au bureau de placement
sectoriel?
M. PARENT: Oui.
M. LATULIPPE: Si cela ne fonctionne pas,...
M. PARENT: Au bureau de placement intersectoriel.
M. LATULIPPE: ... au bureau de placement intersectoriel. Il y a un choix
d'appel. Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT: Monsieur...
M. BURNS: Le ministre a parlé tantôt d'un problème
de rémunération des cadres. Est-ce que le ministre est capable de
nous dire quelle est la politique de son ministère relativement au
syndicalisme des cadres?
M. PARENT: De droit, nous ne reconnaissons pas le syndicalisme des
cadres.
M. BURNS: Cela, on le sait.
M. PARENT: En pratique, cela fonctionne.
M. BURNS: Par exemple, le syndicalisme de cadres et des officiers de
prison, est-ce que cela relève de vous ou du ministère de la
Justice, d'abord?
M. PARENT: Est-ce que vous me permettez d'intervenir?
M. BURNS: Bien oui, justement.
M. PARENT: En somme,...
M. BURNS: J'aime autant parler au gars qui connaît quelque
chose!
M. PARENT: Vous ne blesserez pas mon orgueil. Je connais assez votre
philosophie politique pour ça.
M. BURNS: Non. Je veux dire que j'aime autant dire les choses
franchement.
M. PARENT: En somme, dans la Fonction publique,...
Vous allez continuer longuement à dire ça.
M. BURNS: Oui.
M. PARENT: ...il y a trois groupes de cadres qui se sont formés.
Une histoire est reliée à cela dans le sens que des groupes se
sont fusionnés. Enfin, il y a trois groupes que l'on retrouve. Il y a le
Syndicat de cadres du gouvernement du Québec. Effectivement, c'est un
syndicat qui groupe environ 1,200 personnes. Il s'étale du niveau du
contremaître jusqu'à l'adjoint aux cadres. Vous avez les
surveillants de prison qui sont groupés dans la Fraternité des
cadres intermédiaires du gouvernement du Québec. Vous avez les
agents de gestion du personnel qui ont formé une association.
Ils sont venus nous rencontrer à diverses reprises pour demander
au gouvernement de négocier une convention collective. Le gouvernement a
considéré qu'à, toutes fins pratiques ce serait une
reconnaissance de jure. Mais il a quand même voulu les reconnaître
de facto, c'est-à-dire reconnaître leur présence.
Effectivement, il a, sur deux points, accédé à leurs
demandes: premièrement, une procédure de plainte a
été entérinée par un arrêté en conseil
qui prévoit une procédure de plainte pour cette catégorie
d'employés, les non syndicables, à partir du niveau de
contremaître jusqu'aux cadres; deuxièmement, le droit de
prélever, s'ils le voulaient, soit l'autorisation personnelle de pouvoir
faire en sorte qu'on prélève et on remet à l'association
en question.
Alors, c'est le statut où se trouvent actuellement les syndicats
de cadres, reconnaissance de facto avec une possibilité de
procédure de plainte et une autorisation de
prélèvement.
M. BURNS: Est-ce qu'il y a des négociations qui se poursuivent
avec ces syndicats de cadres?
M. PARENT: II y a, dans leur cas, d'une façon institutionnelle,
des rencontres mensuelles, où se fait, de part et d'autre, un
échange de problèmes qui seraient soulevés par eux ou par
les ministères, en regard de leur représentation. Cela se fait de
façon informelle. Mais il n'y a rien qui pourrait se comparer, par
exemple, à une convention collective, puisqu'effectivement il n'y en a
pas.
M. BURNS: Mais est-ce que le ministère envisage d'en faire une,
à un moment donné, et d'ouvrir ça? Ce n'est pas seulement
pour les groupes en négociation actuelle que je vous pose la question,
c'est à l'égard d'autres groupes qui peuvent
éventuellement se poser la question, relativement à ça.
Est-ce que le ministère envisage d'ouvrir ça, de
considérer comme normal que des cadres, qui sont aussi des
salariés, peut-être pas au sens de la définition de la Loi
de la fonction publique, donc du code du travail, mais puissent être des
salariés, dans le fond, du gouvernement mais non pas des salariés
au sens des relations de travail? Ce serait peut-être un premier pas dans
ce domaine. Cela a l'air de plus en plus populaire au sein de notre
société que des cadres se sentent des salariés, même
s'ils ont des postes de direction intermédiaire ou de cadre
intermédiaire.
M. PARENT: De toute façon, la décision de passer de la
reconnaissance de facto à la reconnaissance de jure est une question
d'ordre politique.
Alors il faut se comprendre avec eux sur ce point.
M. BURNS: M. Gérin, je lève mon chapeau devant vous, vous
avez bien raison de ne pas répondre à cette question; je dirige
ma question au ministre: C'est quoi, la politique à cet effet? Je ne
blâme pas M. Gérin de ne pas me répondre là-dessus.
Loin de là.
M. PARENT: C'est un excellent fonctionnaire.
M. BURNS: Bien oui, c'est justement pour ça que je ne veux pas le
"maganer" non plus; j'aime bien mieux "maganer" le ministre parce que ce n'est
pas un excellent ministre.
M. PARENT: C'est l'opinion du député de Maisonneuve.
M. BURNS: J'ai droit à mon opinion, c'est ça qui est le
"fun"...
M. PARENT: Vous parlerez de ça à mes électeurs aux
prochaines élections.
M. BURNS: Ils ne vous ont pas élu comme ministre, Dieu sait!
M. PARENT: Vous leur direz ça.
M. BURNS: S'il fallait qu'ils vous élisent comme ministre, ils y
repenseraient peut-être.
M. PARENT: Non, ça va être beaucoup mieux.
M. BURNS: Moi, j'ai de la chance, ils ne m'ont pas élu comme
ministre.
M. PARENT: Non, mais un accident de parcours, ça arrive.
M. BURNS: Ouais!
M. PARENT: Le gouvernement n'a pas pris position à savoir s'il
accepterait éventuellement la syndicalisation de ses cadres; la
politique que nous poursuivons et que, pour ma part, j'entends poursuivre,
c'est la consultation. Il y a actuellement, si on veut, des
éléments de cadres avec lesquels nous poursuivons des
discussions, mais je ne pense pas que le gouvernement songe à modifier
cette structure actuelle qui, je pense, est une amélioration assez
grande en rapport avec ce qui avait existé antérieurement; c'est
que nous procédons actuellement par voie de consultations en ce qui
concerne les cadres.
M. BURNS: Votre consultation se fait comment actuellement et avec
qui?
M. PARENT: II y a, comme M. Gérin l'a souligné tout
à l'heure...
M. BURNS: II y a trois groupes actuellement.
M. PARENT: Oui, il y a trois groupes; nous sommes à organiser une
rencontre avec les sous-chefs, par exemple, pour discuter avec eux d'un
programme de congés, d'assurance, de retraite et nous procédons
à des consultations...
M. BURNS: Quand je parle de consultations, j'ai cru comprendre ce que le
ministre vient de nous dire. C'est qu'il fait une consultation, son
ministère fait une consultation à l'effet de savoir s'il est
utile, s'est est normal d'envisager, pour le gouvernement, la
possibilité d'ouvrir le syndicalisme aux cadres. Est-ce que j'ai mal
compris?
M. PARENT: J'ai dit que non.
M. BURNS: Bon.
M. PARENT: Que nous n'envisageons pas.
M. BURNS: Vous n'envisagez pas.
M. PARENT: Non.
M. BURNS: Mais votre consultation se fait pourquoi, avec qui et comment?
C'est ça que je veux savoir. Quelle est alors l'utilité de cette
consultation?
M. PARENT: Bien, je pense que ces consultations, jusqu'ici, ont
porté des fruits. Cela a permis, sans qu'il y ait de convention
collective comme telle, comme on l'a souligné, de pouvoir même
modifier notre attitude, de ne pas arriver, présenter un projet et dire:
Voici, c'est ça que
vous allez accepter. En somme, si on veut, c'est un peu le
système de la négociation, mais pas de plein droit. Nous
demandons l'opinion sur un projet donné.
M. BURNS: Mais pourquoi vous ne faites pas le pas de plus? Si,
véritablement, vous ne voulez pas imposer chose qui est tout
à fait louable pour vous autres des conditions aux cadres et que
vous les consultez, pourquoi ne pas faire le pas de plus et dire tout
simplement : On vous reconnaît comme groupement autorisé à
parler pour la catégorie de travailleurs que vous représentez,
qui sont des cadres? Pourquoi aussi ne pas ouvrir cela aux autres cadres
qu'à ceux avec lesquels vous êtes en discussion actuellement qui,
me semble-t-il, sont assez limités, si je ne me trompe pas
d'après ce que M. Gérin nous a dit tantôt qui se
limitent peut-être à trois groupes? C'est là-dessus que je
pose la question: Quelle est la politique du ministère? Est-ce que vous
vous êtes penchés là-dessus? Est-ce que vous envisagez un
changement de politique ou d'attitude à cet égard? Je me permets,
M. le ministre et sans vouloir péter de la broue, sans vouloir
être prétentieux de vous dire que n'importe qui qui s'y
connaît le moindrement dans le domaine des relations
patronales-ouvrières actuellement va vous dire que ça va
être la question des années qui viennent; le syndicalisme de
cadres. C'est déjà rendu un problème important dans le
secteur privé. C'est déjà rendu un problème qui a
causé des arrêts de travail, Dieu sait, malheureux dans certains
domaines.
C'est peut-être important que le gouvernement prévoie cette
situation parce que vous savez que tantôt vous allez avoir sur le dos les
principaux d'écoles, même si ce ne sont pas vos employés
comme tels; que voulez-vous ce sont des gens sur qui, au point de vue...
M. PARENT: C'en est un secteur qui a une association.
M. BURNS: II est en association, mais est-ce qu'il négocie?
M. PARENT: II y a des discussions qui se poursuivent avec eux.
M. BURNS: Est-ce qu'il y a une convention collective en vue ou quoi?
M. PARENT: Non, pas comme telle.
M. BURNS: C'est ça que je vous dis, ce n'est pas possible
qu'à un moment donné le ministère ait une politique
à l'égard de cela, claire, définie, que ces gens sachent
qu'à un moment donné l'attitude du ministère est de les
accepter comme gens syndiqués? Parce que, vous savez, c'est une vieille
notion à mon avis que de dire : Parce que c'est une personne qui est en
état de relation entre l'employeur et l'employé subal- terne,
elle ne doit pas être syndiquée. Je pense que c'est une vieille
notion qui est dépassée en 1973. C'est peut-être un nouveau
genre de syndicalisme, ce n'est peut-être pas le même genre de
syndicalisme qu'on a connu dans les usines de métallurgie, etc., au
cours d'un certain nombre d'années. C'est peut-être vrai, c'est
peut-être aussi un genre de syndicalisme beaucoup plus adapté au
domaine des cols blancs qu'il faudra envisager. Mais, bondance! ce que je vous
demande, moi, c'est, comme ministère, pourquoi ne pas prévoir ce
genre de problème qui va, de toute façon, vous arriver sur la
gueule d'ici quelques années, à vous ou à nous autres,
quand on sera au pouvoir, mais j'aimerais bien mieux que vous régliez
ça avant.
M. PARENT: Je ne pense pas voir ça de mon vivant.
M. BURNS: Vous n'avez pas espoir de vivre bien vieux, parce que vous
êtes un gars bien jeune encore, puis je pensais que vous nous verriez au
pouvoir; en tout cas, on verra, on n'a pas le don des prophéties, on a
assez la don d'essayer de corriger...
M. PARENT: On vieillit tellement vite en politique.
M. BURNS: ... nos erreurs passées, M. le ministre...
M. PARENT: On vieillit tellement vite en politique.
M. BURNS: On a assez le don d'essayer de cacher ce qu'on a fait de pas
correct dans le passé; on n'insistera pas là-dessus. Mais, de
façon très...
M. PARENT: Votre chef a de la misère avec ça,
dites-vous?
M. BURNS: Pardon?
M. PARENT: Votre chef a de la misère avec ça?
M. BURNS: Non, il n'a pas de problème là-dessus; vous
allez voir au comité sur les dépenses électorales comment
on va discuter de ça. Cela a l'air de vous fatiguer bien gros, on va
parler deça.
M. PARENT: Ah oui! ça me fatigue beaucoup.
M. BURNS: Ah oui! vous allez voir, on va avoir bien du plaisir.
UNE VOIX: On peut en témoigner... En tout cas...
M. BURNS: On va avoir bien du plaisir. Mais
ce n'est pas de ça que je veux parler, M. le ministre...
M. PARENT: Non, je suis d'accord avec le député de
Maisonneuve sur ce point qu'il y a sûrement à envisager une
formule nouvelle en ce qui concerne la question des cadres et de la
gérance intermédiaire. Il n'y a aucun doute que la politique
poursuivie actuellement va nous arriver inévitablement vers une
syndicalisation des cadres. Est-ce qu'il y a une mesure intermédiaire,
comme vous l'avez soulignée, parce que je pense que vous avez certaines
connaissances dans le domaine des relations de travail? A ce moment-là,
est-ce qu'il n'est pas préférable de trouver une formule
intermédiaire qui pourrait servir non pas sur le même principe que
les unités actuelles de négociations, pour trouver une formule
qui pourrait convenir pour ouvrir les discussions sur les points de la
rémunération, des relations, des conditions de travail, sur les
bénéfices marginaux? Il n'y a aucun doute qu'il y a des
changements qui s'imposent.
M. BURNS: Mais est-ce que vous avez un comité de travail qui se
penche là-dessus actuellement?
M. PARENT: Je ne pourrais pas dire qu'il y a un comité de
travail.
M. BURNS: II n'y en a pas?
M. PARENT: Non, je sais que nous en avons discuté, cela a fait le
sujet de rencontres, de discussions avec M. Conti et M. Gérin, mais nous
n'avons pas de comité de travail. Je n'ai pas de craintes de l'affirmer,
mais nous nous penchons quand même sur cette situation et il y a
sûrement lieu d'envisager qu'il y a des modifications qui doivent
être apportées. Je suis parfaitement d'accord et je le reconnais;
c'est de trouver. Actuellement, il y a, comme je dis, des consultations qui se
font, on se rend compte au cours de ces discussions qu'il y a sûrement
à gagner, même par les consultations, mais il y aurait à
gagner davantage à trouver une formule qui pourrait convenir pour
déterminer des conditions de travail, comme je l'ai dit, de la
rémunération des cadres. Je prends bonne note de la remarque que
vous avez faite et...
M. BURNS: Ecoutez, je sais qu'on dépasse six heures, je ne veux
pas insister sur ce point, mais si le ministre me permet, je reviendrai
à la reprise ce soir sur un des points; ça va être la
dernière question que j'ai à poser là-dessus.
M. PARENT: D'accord.
M. BURNS: Puis, à moins qu'on ne siège pas ce soir. Est-ce
qu'on siège ce soir?
M. BOIVIN: Nous pouvons siéger plus tard un peu.
M. BURNS: Non, moi j'ai encore un paquet d'affaires. Ne vous en faites
pas.
M. PARENT: Non, nous parlions de siéger jusqu'à sept
heures et demie au lieu de suspendre nos travaux.
M. BURNS: Ah! je n'ai pas d'objection. Je pensais que vous vouliez dire
que nous finissions... Je n'ai pas d'objection; comme vous voudrez, M le
ministre.
M. HOUDE (Fabre): Y en a-t-il qui sont retenus pour jouer au hockey?
UNE VOIX: C'est à la commission de décider.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Voici, il y a une proposition du
député de Dubuc à l'effet que la commission continue de
siéger jusqu'à sept heures trente, quitte à ne pas revenir
en soirée; on ajournerait à sept heures trente. Quelle est
l'opinion des membres?
M. BURNS : Sans faire une proposition, je suggérerais
peut-être que nous fassions un petit ajournement d'une demi-heure, que
nous allions nous mettre quelque chose sous la dent et que nous revenions
à six heures et demie.
M. TREMBLAY (Bourassa): Ecoutez, le hockey n'entre pas dans nos
obligations. Alors nous devons ajourner à six heures et recommencer
à huit heures. A mon opinion je ne fais pas partie de la
commission, mais je suis toujours député je me dis que le
hockey est une affaire sportive. Nous devons ajourner à six heures,
recommencer à huit heures et quinze et continuer les travaux.
M. BOIVIN: Je n'ai pas d'objection que nous revenions à huit
heures et quinze ou huit heures et demie.
M. BURNS: Le député de Bourassa n'est pas membre de la
commission.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je ne suis pas membre, mais je suis toujours
député.
M. BURNS: Le député de Bourassa, pour une fois, parle
sensément.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je n'en fais pas une proposition mais je
souligne seulement que les travaux de la commission devraient être
suspendus à six heures pour qu'on ait le temps de manger.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La séance est suspendue jusqu'à
huit heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
Reprise de la séance à 20 h 14
M. GIASSON (président de la commission permanente de la fonction
publique): A l'ordre, messieurs !
M. BOIVIN: M. le Président, je veux que vous notiez que celui qui
a engagé tout le monde ce soir n'est pas ici. On l'attend depuis vingt
minutes pour avoir le quorum.
UNE VOIX: Quinze minutes.
M. BOIVIN : Cela va sur vingt minutes.
M. BURNS: On peut le nommer, c'est M. Tremblay, Georges de son
prénom.
M. BOIVIN: Les autoroutes.
M. BURNS: Le ministre aux autoroutes. C'est lui qui nous a
empêchés d'ajourner, bon.
M. PARENT: Prolonger la séance plutôt que d'ajourner pour
revenir ensuite.
M. BURNS: Non, d'ajourner à sept heures et demie. On aurait fini,
actuellement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Au moment de suspendre les travaux, le
député de Maisonneuve nous affirmait qu'il avait encore quelques
questions à adresser au ministre de la Fonction publique. Je
présume qu'il est prêt à continuer dans la même
veine.
M. BURNS: Oui. On parlait, à ce moment-là, si je ne me
trompe pas, de syndicalisme de cadres. Je voulais simplement savoir ce qui
arrivait. Parce que, moi, j'ai ressenti une espèce de problème
soit par les journaux, soit par les informations que j'ai reçues
à gauche et à droite au ' niveau des représentants des
cadres dans le domaine des gardiens de prison. Qu'est-ce qui arrive
actuellement? Il semble que ce soit un point je m'excuse de l'expression
chaud actuellement. Qu'est-ce qui se passe, là?
M. PARENT: L'Opération fracas.
M. BURNS: Non, je ne parle pas d'opération de quoi que ce soit.
J'ai entendu dire que dans ce domaine-là les cadres étaient un
peu tannés de la situation et que cela risquait de venir à
l'état de conflit.
M. PARENT: Le problème sera à l'étude demain matin
au Conseil du trésor. Des négociations se poursuivaient encore
cet après-midi. Le dossier doit être acheminé demain matin
au Conseil du trésor. Nous anticipons qu'une décision doit
être prise au cours de la journée.
M. BURNS: Est-ce que vous pensez que ce sont des négociations qui
vont mener à une convention collective éventuelle?
M. PARENT: Pas dans la question des gardiens de la paix, c'est la
gérance, cela.
M. BURNS: C'est cela, je parle de la gérance.
M. PARENT: II y a des discussions qui se poursuivent, il y a un
président d'association, M. Legros. Les discussions se sont poursuivies,
j'ai eu le cas, mercredi dernier au Conseil du trésor, il doit revenir
demain. Les discussions se sont poursuivies depuis jeudi dernier et des
recommandations doivent être faites demain matin. J'espère qu'ils
en arriveront à des conclusions pratiques.
M. BURNS: Cela veut dire que vous êtes prêt à
négocier une convention collective avec ces gens ou pas?
M. PARENT: Ce n'est pas ce que j'ai dit. M. BURNS: C'est ça que
je veux savoir, moi.
M. PARENT: Non, j'ai parlé de discussions qui étaient
engagées pour en arriver à un consensus, mais non pas à
une signature de convention collective, puisqu'il s'agit de la gérance.
J'ai bien mentionné tout à l'heure, avant la suspension, que je
prenais bonne note de la suggestion qu'avait faite le député de
Maisonneuve, que je me servais de l'expérience qu'il avait dans le
syndicalisme pour dire que c'est une question que nous ne rejetions pas. Nous
la prenons pour nous permettre d'entreprendre des études et de
déterminer s'il y a lieu de regarder le syndicalisme de cadres. Mais je
ne me suis pas engagé à savoir qu'il y aurait des signatures de
conventions collectives au niveau de la gérance et de la direction des
ministères.
M. BURNS: Eu égard à tout ce qu'on a discuté avant
la suspension de six heures, là vous avez un syndicat de cadres bien
précis, bien identifié dans le domaine des cadres chez les agents
de la paix, vous ne pensez pas que vous devez compléter par autre chose
que des simples discussions avec ces gens? Parce que, sauf erreur et à
moins que le ministre ne me dise que j'ai tort là-dessus, je pense que
les gens qui, actuellement, discutent des problèmes des cadres chez les
agents de la paix veulent éventuellement en arriver à une
négociation qui va conclure une convention collective. Pourquoi ne leur
dites-vous pas carrément une fois pour toutes: Ou bien vous allez en
avoir une, ou bien vous n'en aurez pas? Ainsi les gens vont savoir exactement
à quoi s'en tenir. Ce que je ne veux pas, moi, c'est que vous
tergiversiez actuellement comme vous le faites.
M. PARENT: Le député de Maisonneuve, semble être au
courant de discussions qui se poursuivent; il pourrait savoir, d'abord, que le
groupe ne demande pas de convention collective. Ils veulent simplement savoir,
suite à un pro-je qui leur avait été soumis de
rémunération, quand ils auront la rétroactivité. Je
pense qu'il
ne faudrait pas aller aussi loin que la convention collective, parce
qu'eux, ils ne parlent pas de convention.
M. BURNS: M. le Ministre, vous savez que quand vous faites du
syndicalisme de cadres, les gens ne veulent pas aller bien bien plus loin,
qu'ils s'imaginent que les gens, avec qui ils discutent, sont prêts
à examiner.
M. PARENT: Ce qu'ils veulent surtout, ce sont des résultats.
M. BURNS: Sachant justement la position, que vous nous déclarez
depuis cet après-midi, à l'effet que le syndicalisme de cadres
n'est pas une de vos préoccupations, moi, je présume que ces
gens, intelligemment, disent: Bien, on va essayer d'avoir un certain nombre de
choses et c'est tout. Mais c'est peut-être bien important.
M. PARENT: Je ne peux pas accepter que vous disiez que je suis contre.
Ce n'est pas ce que j'ai souligné.
M. BURNS: Bien, dites que vous êtes pour, si vous n'êtes pas
contre.
M. PARENT: Je n'ai pas dit que j'étais contre, ni que
j'étais pour.
M. BURNS: C'est cela que je n'aime pas de votre position.
M. PARENT: J'ai dit qu'il fallait déterminer une formule et que
cette formule n'était pas trouvée encore. Mais je ne me suis pas
prononcé contre la formule.
M. BURNS : Mais on ne sait pas sur quoi vous vous prononcez, M. le
Ministre. C'est cela notre problème. Je veux savoir une chose.
M. PARENT: J'aimerais ça vous voir en administration pour savoir
si vous vous prononceriez sur tous les sujets.
M. BURNS: Moi, je vais vous dire que si j'étais ministre de la
Fonction publique, je dirais, une fois pour toutes: On va devancer un certain
nombre de choses et le syndicalisme de cadres va se réaliser, et vite.
On va le favoriser à part ça. C'est aussi simple que cela.
M. PARENT: Cela est pour attirer les électeurs vers votre
parti.
M. BURNS: Pas du tout.
M. PARENT: C'est le seul intérêt...
M. BURNS: Pas du tout. Cela ne m'intéresse pas du tout...
M. PARENT: ... qui conditionne...
M. BURNS: ... à ce moment-là.
M. PARENT: Non, vous êtes conditionné.
M. BURNS: Je sais. J'ai parfaitement conscience, à part
ça, M. le Ministre, contrairement à ce que vous pouvez penser,
avec toute l'expérience que vous avez, qu'il n'y a pas beaucoup de gens
qui lisent ce que l'on fait.
M. PARENT: Ce n'est pas ce que vous m'avez dit cet
après-midi.
M. BURNS: Ah! bien pas du tout. Je n'ai pas conscience que, ce qu'on dit
actuellement, il y a bien des gens qui lisent ça. Mais, cependant, ce
qui est bien important, c'est qu'à un moment donné, il y ait des
gens, certaines personnes, qui s'occupent de ça, sachent exactement.
C'est cela que je vous ai dit cet après-midi. Qu'est-ce que c'est que la
politique de ce ministère, de ce ministère qu'on ne sait plus du
tout...
M. PARENT: II y a une chose. Si le député de Maisonneuve
veut que je le renseigne, il pourrait savoir que s'il regardait la Loi du
ministère de la Fonction publique,...
M. BURNS: Vous êtes là pour me renseigner.
M. PARENT: Oui.
M. BURNS: Imaginez-vous donc!
M. PARENT: Bien, pour un homme qui a fait du syndicalisme, je suis
surpris. En tout cas...
M. BURNS : Non, non, je n'ai pas fait de politique avant de faire du
syndicalisme.
M. PARENT: Mais il existe...
M. BURNS: Puis? En tout cas, je n'irai pas plus loin.
M. PARENT: ... une loi, présentement... M. BURNS: Oui, oui.
M. PARENT: ... la Loi du ministère de la Fonction publique et la
Loi de la commission de la fonction publique.
M. BURNS: Imaginez-vous donc que je la connais tellement que je
l'enseigne. Imaginez-vous!
M. PARENT: Oui? Bien, vous sauriez, à l'intérieur de la
Loi de la commission de la fonction publique, que c'est la commission...
M. BURNS: Oui.
M. PARENT: ... qui, au niveau des cadres, la gérance, fait la
classification et détermine la rémunération.
M. BURNS: Oui.
M. PARENT: Or, donc, si nous suivons votre philosophie,...
M. BURNS: Ce n'est pas ce que je vous pose comme question, M. le
Ministre.
M. PARENT: OuL
M. BURNS: Ce n'est pas cela que je vous pose comme question. Je vous
arrête là. Vous êtes en train de forniquer à
côté du problème.
M. PARENT: Non.
M. BURNS: Je vous demande quelle est la politique de votre
ministère.
M. PARENT: La loi est là.
M. BURNS: Depuis tantôt que j'essaie de la savoir.
M. PARENT: La loi est là.
M. BURNS: Je me fous de la loi
M. PARENT: Cela, je le sais. Cela, je le sais.
M. BURNS: Bon, parce qu'elle n'a rien à faire pour régler
le problème.
M. PARENT: Vous vous foutez de toutes les règles.
M. BURNS: Non.
M. PARENT: Toutes les règles vous dépassent.
M. BURNS: Non, pas du tout. D'accord, vous voulez jouer à
ça, on va se parler, maintenant. On va jouer à ça. Moi, je
vais vous dire...
M. PARENT: La loi dit clairement que c'est la Commission de la fonction
publique qui détermine la classification et la
rémunération de la gérance et des cadres. Or, vous me
demandez de faire un énoncé de politiques. Je peux vous dire
immédiatement que le gouvernement n'a pas l'intention de modifier la
loi.
M. BURNS: Est-ce que votre énoncé est fini, si je peux
l'appeler ainsi?
M. PARENT: C'est assez.
M. BURNS: Oui, d'accord. Vous voulez jouer à ça, on va
jouer à ça. M. le ministre, je vous demande ceci. M. le
Président, je m'adresse au ministre car depuis tantôt le ministre
s'adresse au député de Maisonneuve, alors, vous savez, je me sens
tout à fait libre de dire M. le ministre, même Oswald. Je vais
vous dire ceci: Ce que je trouve extraordinaire et aberrant, aberrant, dans
votre cas, M. le ministre, c'est que je vous demande quelle est la politique de
votre ministère à l'égard de la syndicalisation des
cadres, et vous me répondez par la Loi de la fonction publique qui,
malheureusement, n'en tient pas compte.
Je répète ce que j'ai dit tantôt. Non seulement je
connais la Loi de la fonction publique mais je l'enseigne. Comprenez-vous? Je
suis bien prêt à entreprendre une discussion article par article
sur la loi, cela ne me dérange pas, mais vous allez me trouver et vous
allez me citer tout de suite, dans la loi, à quelle place on parle de la
politique du gouvernement relativement à la syndicalisation des cadres.
C'est ce que j'essaie d'avoir de vous et vous évitez de
répondre.
M. PARENT: Elle n'en parle pas.
M. BURNS: C'est sûr qu'elle n'en parle pas, c'est pour cela que je
vous pose la question. C'est à cela que vous évitez de
répondre, depuis à peu près deux heures.
M. PARENT: Si le député de Maisonneuve se rappelle
qu'à six heures...
M. BURNS: Laissez-moi finir. M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. PARENT: Je vais vous laisser la parole.
M. BURNS: Laissez-moi terminer. Si vous voulez, on va faire ça
dans les formes. M. le Président, je demande au ministre qu'enfin, une
fois pour toutes, il nous dise quelle est la politique du ministère de
la Fonction publique relativement à la syndicalisation des cadres. M. le
Président, j'invoque le règlement. J'ai la parole. Depuis qu'on
en discute...
M. PARENT: Vous posez une question, et je vous dis que la
politique...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. PARENT: ... du gouvernement n'est pas d'accepter la
syndicalisation.
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président.
D'accord, j'ai la parole?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Oui.
M. BURNS: Je ne demande pas mieux que le ministre réponde
à mes questions.
M. PARENT: Je viens de répondre.
M. BURNS: Le ministre me dit... Je ne l'ai pas entendu, parce qu'il
devait vous parler à vous. Je demande que le ministre réponde
à ma question qui est bien simple. Quelle est cette politique? Est-ce
qu'il a l'intention, ce ministère non pas le ministre de
reconnaître les efforts de syndicalisation de certains cadres?
M. PARENT: Non.
M. BURNS: Si oui, comment veut-il le faire? Sinon, comment peut-il oser
laisser croire à des gens actuellement qu'il négocie avec
eux?
M. PARENT: Je n'ai pas parlé de négociation; c'est le
député de Maisonneuve qui veut s'embarquer.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. PARENT: Invoquez-le, le règlement.
M. BURNS: Je vous demande de fermer votre gueule, tout simplement,
pendant que je parle; c'est aussi simple que ça.
M. PARENT: Franchement, c'est dégueulasse.
M. BURNS: Est-ce ça que vous avez compris? Bien oui, c'est
ça. Je vous demande de vous fermer la boîte. D'accord?
M. PARENT: Votre parti politique, je le connais. Vous ne me montrerez
pas à vivre.
M. BURNS: Oui, je vais vous montrer à vivre.
M. PARENT: Vous en avez à apprendre beaucoup plus qu'à
montrer.
M. BURNS: Je vais vous montrer à mener un ministère, en
tout cas. Vous n'en avez pas tellement à apprendre à d'autres,
vous. D'accord? A un moment donné, on va vous montrer comment vous en
avez des choses à apprendre, vous. D'accord?
UNE VOIX: Robert, tu charries.
M. PARENT: Moi, je le sais, mais il y en a d'autres qui ne le savent
pas.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, s'il vous plaît, je pense
qu'il doit y avoir moyen de discuter des crédits du ministère et
des politiques de la Fonction publique sans s'emballer et en se parlant
calmement. Je pense que c'est encore possible.
M. BURNS: Change ton comté encore une fois et on va être
bien content.
M. HOUDE (Fabre): C'est ça, le PQ: Ferme ta crisse de gueule
!
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre!
M. HOUDE (Fabre): On va parler comme vous autres, se traiter de chiens,
de baveux.
M. BURNS: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous voulez, on va se calmer tous
ensemble, tranquillement, et on va discuter comme des gens intelligents.
M. HOUDE (Fabre): Faire comme des pé-quistes.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le député de
Maisonneuve a fini son intervention?
M. BURNS: Non, je veux avoir une réponse tout simplement à
ça.
M. PARENT: J'ai dit non.
M. BURNS: Bon. Est-ce que vous savez à quelle question vous dites
non, M. le ministre?
M. PARENT: La syndicalisation.
M. BURNS: Vous n'êtes pas d'accord à ce que...
M. PARENT: Je l'ai dit cet après-midi; c'est de la
répétition que vous faites.
M. BURNS: Non, vous ne l'avez pas dit clairement.
M. PARENT: Si vous voulez faire de la répétition,
continuez, c'est tout. Je l'ai dit clairement. J'ai même exposé
à six heures, avant la suspension, que je retenais votre suggestion et
que je la porterais à l'étude du ministère.
M. BURNS: Ce n'est pas ça, la suggestion que vous avez retenue.
Je vous demande tout simplement ce que vous faites avec les gens
qu'actuellement vous rencontrez en négociation.
M. PARENT: Pas en négociation, en discussion. C'est bien
différent.
M. BURNS: Appelez ça comme vous voudrez. Voyez-vous, vous jouez
déjà sur les mots.
M. PARENT: Non, quand on négocie, c'est pour une convention. Or,
il n'y en a pas de convention. C'est vous qui jouez sur les mots.
M. BURNS: II n'y a pas de convention dans le cas des cadres du domaine
des agents de la paix.
II n'est pas question de négociations, donc il n'est pas question
de convention. C'est ça?
M. PARENT: Avez-vous déjà demandé aux cadres s'ils
voulaient la syndicalisation?
M. BURNS: Non, je n'ai pas demandé ça. M. PARENT:
Demandez-leur donc.
M. BURNS: Je n'ai pas d'affaire à leur demander.
M. PARENT: Ne posez donc pas de questions insignifiantes sans savoir ce
qu'ils veulent, ces gens-là.
M. BURNS: Tâchez donc de répondre aux questions
intelligentes qui vous sont posées...
M. PARENT: Essayez donc...
M. BURNS: ... et vous allez vous apercevoir que les questions qui vous
sont posées ne sont pas aussi insignifiantes que vous le pensez.
M. PARENT: Essayez donc...
M. BURNS: Pas aussi insignifiantes que la façon dont vous menez
ce ministère et mener c'est déjà un gros mot dans votre
cas, d'accord?
M. PARENT: C'est votre opinion.
M. BURNS: Oui, c'est mon opinion et je vous le dis clairement à
part ça.
M. PARENT: Franchement, ce n'est pas celle de la population.
M. BURNS: On verra bien ça.
M. PARENT: Ni du premier ministre.
M. BURNS: C'est ça, évidemment, que voulez-vous, le
patroneux officiel de la région de l'Outaouais; évidemment, il
mène bien ça, lui, la fonction publique.
M. PARENT: Cela vous inquiète énormément, vous ne
pénétrerez jamais dans ce coin du Québec.
M. BURNS: Bien, seigneur, c'est bien évident, le patroneux de
l'Outaouais, évidemment il n'y a pas de problème, il fallait lui
trouver un ministère.
M. PARENT: Parlez donc de ça à votre chef, René
Lévesque, du patronage.
M. BURNS : II fallait lui trouver un ministère à ce
gars-là.
M. PARENT: II l'a pratiqué et exercé.
M. BURNS: Puis Dasken, toutes ces affaires-là, bien oui, pas de
problèmes et D'Amours, son "chum", toute l'affaire, envoie donc. Envoie,
envoie, envoie, pas de problème.
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre, messieurs!
M. PARENT: Vous allez aller loin. M. BURNS: Oui, on va aller loin. M.
PARENT: Elu par accident, pensez-y! M. BURNS: Oui, c'est ça.
M. PARENT: Se faire réélire, ce n'est pas facile, vous
verrez.
M. BURNS: Oui, oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dubuc a
demandé la parole depuis quelques minutes.
M. BURNS: D'accord, on va laisser le député de Dubuc
parler.
M. BOIVIN: Combien y a-t-il de fonctionnaires de cadres non syndicables
dans la fonction publique? Et quel est le salaire moyen du 1er avril 1972 au
1er avril 1973?
M. LATULIPPE: On est encore dans les discussions
générales.
M. BOIVIN: Oui. La fonction publique et la fonction parapublique
séparées, si c'est possible.
M. LATULIPPE: Par secteur d'activités si possible.
M. PARENT: Les cadres et la gérance intermédiaire, c'est
5,000 cadres; le salaire moyen...
M. BOIVIN: Pour 1972 et 1973.
M. BURNS: Si vous pensez que c'est une farce cette affaire-là,
vous n'êtes pas à la bonne place, c'est bien de valeur.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, s'il vous plaît !
M. PARENT: Le député de Maisonneuve n'a pas de
leçon à donner à personne.
Je n'ai pas le chiffre exact, mais la moyenne serait d'environ $12,000
dans les cadres.
M. BOIVIN: En 1972? M. PARENT: Oui.
M. BOIVIN: Pour 1973, est-ce qu'il y a un pourcentage?
M. PARENT: Pour 1973, je sais qu'actuellement, c'est en voie
d'être complété pour les cadres. Le taux d'augmentation est
de 5.6 p.c. pour 73/74 et, pour 74/75, il est de 6 p.c. La moyenne serait
d'environ $12,000 pour ces cadres et les augmentations qui sont prévues
en 1973 seraient de 5.6 p.c. Nous suivons le même rythme de progression
que dans les syndiqués.
M. BOIVIN : Dans l'ensemble de la fonction publique, est-ce que tous les
fonctionnaires connaissent leur nouveau taux de salaire et leur classification?
Parce qu'on rencontre actuellement, je crois, des fonctionnaires qui ne sont
pas au courant de cela.
M. PARENT: Dans les conventions négociées, il y a encore
le secteur des ouvriers qui doit connaître l'intégration le 7
juin. Il faut tenir compte que, suite à la convention de 1968, il y
avait eu accord pour qu'il y ait une politique d'intégration. Cette
politique a été complétée avant les
négociations de 1972. Il y a encore une quantité de griefs qui,
suite à cette intégration, selon le mécanisme
établi, ont été interjetés par les personnes qui,
dans leur intégration, auraient été lésées
dans leurs droits.
Or, il y a sept catégories. Ceux qui ont des griefs actuellement,
je ne sais pas combien ils sont.
M. BOIVIN : Combien y a-t-il de griefs?
M. PARENT: II y a environ 5,000 griefs, plus les ouvriers qui se sont
intégrés le 7. Suite encore à cela, la procédure de
grief est prévue également. Vous avez les 5,000 environ sur
lesquels il y a des procédures de grief en cours et il y a cette
catégorie d'ouvriers, qui sont 12,000, qui peut ressortir
également, à la suite de l'intégration, des griefs.
M. LATULIPPE: Ces 5,000, M. le ministre, est-ce que cela comprend
également tout le secteur parapublic?
M. PARENT: Oh non!
M. LATULIPPE: Donc, c'est 5,000 griefs...
M. PARENT: C'est le secteur public.
M. LATULIPPE: ... sur à peu près une quarantaine de mille
syndiqués.
M. PARENT: 32,000 syndiqués.
M. BOIVIN: Alors, il n'y a pas de rétroactivité qui a
été payée pour ces gens-là.
M. PARENT: Oui, il y a eu des avances à toutes les
catégories, quels que soient les problèmes ou litiges en cause.
Il y a eu, je pense je l'ai déclaré en Chambre l'autre
jour pour la section des ouvriers, 3 p.c. et 5 p.c. qui ont
déjà été avancés. Dès que
l'intégration sera complétée, le 7 juin, nous allons payer
le résidu de la rétroactivité, dans la première
paie de juillet. Pour ce qui est des griefs, c'est la même
procédure qui est suivie; les avances ont été faites, de 3
p.c. et 5 p.c.
M. BOIVIN: Vous nous avez dit que le mandat de M. Larouche était
terminé.
M. PARENT: Oui.
M. BOIVIN: Qui continue la fin de la négociation, si vous voulez,
parce que tous ces cas-là ne sont pas réglés
actuellement?
M. PARENT: Ce sont des mécanismes prévus dans les
conventions collectives.
M. BOIVIN : Des mécanismes en dehors de la
négociation.
M. PARENT: II y a des comités paritaires, comme on les appelle,
qui siègent pour entendre chacun des griefs. Un représentant du
ministère de la Fonction publique, un représentant du syndicat et
un d'un ministère constituent le comité paritaire de trois qui
entend les griefs.
M. GAUTHIER: Le motif de ces griefs, est-ce toujours le même, une
question de classification?
M. PARENT: Oui, je parle du mécanisme prévu dans la
convention collective si on a des griefs à loger contre la
classification qui a été déterminée.
M. LATULIPPE: Sur la même question, M. le ministre, est-ce que
vous connaissez le nombre de griefs qui restent encore en litige dans le
secteur parapublic, suite à l'application de la convention? Quand
même, 5,000 sur 32,000, c'est un bon taux.
M. PARENT: Ce n'est pas un problème de même nature que dans
la fonction publique. Si on regarde le secteur parapublic, par exemple
l'éducation, vous avez la question de classification.
M. LATULIPPE: Je suis pleinement conscient qu'il ne s'agit pas
nécessairement du même type de griefs, niais il faut comprendre
que ce n'est pas tout à fait le même type d'activités, non
plus. Je me demandais combien il restait de griefs suite à
l'entrée en vigueur de la dernière ronde de négociations,
ce que les gens ont eu à vivre. Cela nous donnerait une idée
jusqu'à quel point le processus d'intégration est
avancé.
M. PARENT: Ce que le ministre a dit, c'est que, dans la fonction
publique, du côté des
fonctionnaires, des ouvriers et des agents de la paix, il avait
été convenu, lors de la dernière convention, qu'il y
aurait une révision des plans de classification au cours de la
dernière convention, et que ces plans de classification, lorsqu'ils ont
été adoptés par la commission, suite à une
consultation des parties, entreraient en vigueur la dernière
journée de la convention et feraient l'objet de négociations sur
ces nouveaux plans de classification. Or, ce sont ces plans de classification
dans lesquels il a fallu intégrer les fonctionnaires, les ouvriers
en somme ils vont être intégrés le 7 de juin
et les agents de la paix.
Il avait été également prévu, dans ces
règles, un dispositif à l'effet qu'il y aurait des griefs
possibles, c'est-à-dire d'abord une étude par un comité
paritaire et puis un grief possible qui pourrait aller jusqu'à
l'arbitrage, soit sur la classe, soit sur le corps. Un type dit: Moi, j'ai
été intégré dans le mauvais cadre, dans la mauvaise
classe, dans le mauvais grade. Ou encore: ils n'ont pas tenu compte de mon
expérience comme on aurait dû en tenir compte. C'est le genre de
griefs qui sont étudiés par un comité paritaire, sinon,
ils vont devant un tribunal d'arbitrage spécial prévu pour cette
catégorie de griefs, qui est indépendante de l'autre
catégorie de griefs qui découlent de l'interprétation de
la convention collective. C'est particulier à la fonction publique,
cette révision.
On va faire face à un problème qui est à peu
près semblable, c'est celui du soutien scolaire où on a
instauré une nouvelle classification, parce que c'était un
secteur qui était assez fragmenté, éparse,
c'est-à-dire il y avait des conventions dans chacune des commissions
scolaires, et là on a ramené cela à une seule convention.
Là, il va probablement y avoir un dispositif également
prévu. Mais ce dont le ministre parle ici c'est le secteur propre de la
fonction publique où il y avait une révision en profondeur des
plans de classification de ces trois catégories de fonctionnaires.
M. LATULIPPE: Dans le secteur propre de la fonction publique, est-ce que
tous ont reçu leur rétroactivité jusqu'à
présent? Tous les ouvriers, les manoeuvres, les manutentionnaires et
autres.
M. PARENT: Les ouvriers ne l'ont pas reçue. Ils ont reçu
deux versements, l'un de 3 p.c. et l'autre de 5 p.c. Dès que
l'intégration sera complétée, le 7 juin, le processus veut
qu'ils reçoivent leur chèque de rétroactivité,
selon leur nouvelle classification, à la première paye de
juillet.
M. BURNS: Les professionnels, eux?
M. PARENT: Pour les professionnels, nous avons prévu un
dispositif.
Si vous parlez toujours de la classification, il n'y a pas eu de
révision prévue dans leur cas, lors de la dernière
convention.
M. BURNS: Ils n'ont pas reçu leur rétroactivité
actuellement, non?
M. PARENT: C'est parce que vous parliez de la classification. La
convention est encore en négociation, cela n'est pas relié
directement à la question de la révision d'une classification,
parce qu'il n'y en a pas eu dans leur cas.
M. LATULIPPE: Prenons le cas, par exemple, des déménageurs
qui sont dans la fonction publique actuellement, est-ce qu'ils sont exactement
dans le même cas que les ouvriers?
M. PARENT: Qui ça?
M. LATULIPPE: Les déménageurs, les manutentionnaires?
M. PARENT: Oui.
M. LATULIPPE: Exactement dans le même cas. Donc, leur cas va
être réglé avant juillet.
M. PARENT: Le 7 juin. M. LATULIPPE Le 7 juin.
M. PARENT: Ils recevront les documents leur donnant leur classification
dans le plan d'intégration. Ils auront le même mécanisme
qui prévoiera les griefs, s'il y a lieu. Mais dès que le plan
sera déposé, à la première paie de juillet, ils
recevront la rétroactivité pour la classe à laquelle ils
ont été...
M. LATULIPPE: La rétroactivité en juillet, la
classification définitive en juin.
M. PARENT: C'est-à-dire le résidu parce qu'ils ont
déjà reçu deux parties déjà. Ils ont
reçu 3 p.c. et 5 p.c.
M. LATULIPPE: 3 p.c...
M. PARENT: Ils recevront le résidu de l'augmentation à
laquelle leur classification donne droit.
M. LATULIPPE: C'est parce que j'ai eu disons que c'est un peu
bénin deux cas particuliers où, après et avant,
cela donne exactement le même salaire. Je ne sais pas si c'est parce que
ces employés ont changé de classe. Mais, apparemment, dans les
cas que j'ai devant moi, ils n'ont certainement pas reçu de
rétroactivité en aucun temps parce que l'an dernier, avant
même...
M. PARENT: De quelle catégorie parlez-vous?
M. LATULIPPE: II s'agit de déménageurs.
Non? Disons que j'ai deux cas bien spécifiques et je pourrais
donner les noms et les numéros de matricules. Disons que je voulais
m'informer pour savoir si c'était généralisé. Les
deux bonshommes en question gagnaient, avant la convention collective et
l'annonce d'une hausse de 5.2 p.c, $197. Après, ils gagnent exactement
la même chose, $197 par deux semaines, quelque chose comme ça.
Est-ce que le ministre accepterait que je lui soumette, en privé,
les deux cas en question?
M. PARENT: Leur salaire, oui, vous avez raison. C'est qu'ils ont
reçu la rétroactivité de 3 p.c. et de 5 p.c. parce qu'ils
ne sont pas dans une nouvelle classe. Il s'agit d'ouvriers. J'ai dit, tout
à l'heure, et je l'ai déclaré en Chambre, je pense, il y a
une semaine et demie, que les ouvriers recevraient leur nouveau plan de
classification le 7 juin, où ils sont déterminés dans une
nouvelle catégorie d'emploi à l'intérieur du plan
d'intégration. En juillet, ils recevraient la différence de leur
nouvelle classification, mais en déduisant les 3 p.c. et 5 p.c. de
rétroactivité qu'ils ont reçus à ce jour. Or, cela
n'a pas changé leur montant de la paie bimensuelle, la
rétroactivité.
M. LATULIPPE: Mais est-ce qu'il...
M. PARENT: La nouvelle classification, n'étant pas faite, cela
veut dire que leur salaire n'est pas déterminé. Mais ils ont
bénéficié des 8 p.c., en somme, du salaire qu'ils avaient
actuellement.
M. LATULIPPE: Moi, j'avais cru comprendre, à la suite des
déclarations du premier ministre, que tout le monde recevrait une
augmentation minimale d'au moins 4.8 p.c, quelle que soit la situation que
certains occupent, que d'autres recevraient plus et d'autres marqueraient le
pas. Mais ils recevaient un minimum de 4.8 p.c, échelonné sur une
période de trois ans, ou quelque chose comme ça. Peut-être
que je me trompe. Ou est-ce 4.8 p.c. par année? Effectivement, chacun
devait s'attendre à une petite augmentation de salaire et effectivement
je me rends compte...
M. PARENT: Regardez, si la première période donnait 4.8
p.c, la deuxième donnait 5.3 p.c, cela fait exactement 10.1 p.c. Or, ils
ont reçu une avance de 8 p.c, ce qui leur donnerait une
différence de 2 p.c, en somme, 2.1 p.c.
Or, cela, normalement, j'entends; il peut y avoir des cas où il
peut y avoir des modifications, c'est cela que je ne comprends pas, c'est que
le 7 juin, ces gens vont être intégrés dans les nouvelles
classifications.
Dans la nouvelle classification, on tiendra compte â la fois de
l'augmentation annuelle et en même temps, peut-être, à cette
occasion, d'un nouveau reclassement par le fait que l'individu sera
classé dans une fonction qui sera différente de celle qu'il avait
avant. Ainsi il pourra y avoir également d'autres aspects, d'autres
dimensions qu'on ne peut pas prévoir, parce qu'il y en a, c'est
fantastique le nombre de possibilités qui peuvent se présenter.
Mais, en principe, c'est ça. En principe, c'est comme ça que
ça doit se dérouler.
Maintenant les cas, ici, si vous pouviez nous les remettre, on pourrait
probablement vous donner une réponse beaucoup plus adéquate.
M. LATULIPPE: Je vais vous les remettre avec un papier écrit
présentable parce que là il s'agit d'un brouillon. Alors, ce
n'est pas beaucoup présentable.
M. BOIVIN: Parmi les gens qui attendent leur classification, est-ce
qu'il y en a beaucoup qui ne sont pas à l'ouvrage actuellement, qui sont
chez eux et qui attendent la classification? Il y a une liste, à la
fonction publique, de ces gens qui sont chez eux et qui attendent la fonction
publique. Est-ce que vous en avez une longue liste de ces gens qui ne sont pas
à l'ouvrage actuellement?
M. PARENT : Cela n'a aucun rapport.
M. BOIVIN: II y en a pour qui ça peut être la
classification. On le renvoie et on lui dit... Prenez des employés, par
exemple, qui étaient à la Société des alcools et
qui n'ont pas été réintégrés à
d'autres postes, ils sont chez eux et ils attendent.
M. PARENT: II y a, je pense, la Société des alcools du
Québec.
M. BOIVIN : Oui. Il y en a ailleurs aussi. Il y a des services qui
ferment.
M. PARENT: J'ai vu le cas la semaine dernière. Je pense qu'il y a
66 employés qui suivent le programme de recyclage pour être
réintégrés ailleurs. Je ne sais pas s'ils sont à
l'ouvrage durant cette période mais je sais qu'à cause de la
convertion qui s'est produite à la Société des alcools il
y a un surplus d'employés qui n'ont pas été
intégrés.
M. BOIVIN: Qu'on ne peut pas renvoyer parce qu'ils avaient leur
permanence.
M. PARENT: A cause de la sécurité d'emploi.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y en a beaucoup à la fonction publique de
ces gens-là?
M. PARENT: Ce que je peux vous dire, c'est qu'effectivement il y a un
service, au ministère, découlant des dispositions de la Loi du
ministère de la Fonction publique qui doit voir, justement à
disposer des surplus qui sont versés
au ministère de la Fonction publique en vertu d'une des
dispositions de la loi qui prévoit que c'est une des
responsabilités du ministre, ces surplus. Il doit les replacer dans les
ministères. Effectivement, ce que vous dites est vrai. Il y a eu un
temps où, en particulier, c'étaient les gens qui avaient
été dans les CEGEP et qui revenaient, parce qu'il y avait une
possibilité de retour après un an ou deux. Alors, on me dit que
ce service en aurait 30, actuellement. Il en resterait 30 qui n'auraient pas
encore été replacés dans les différents
ministères. Le rôle de ce service, c'est justement
d'évaluer, de connaître les qualifications de l'individu et voir
s'il n'y a pas des demandes, dans les ministères, qui exigent ces
qualifications. Or, on me dit qu'actuellement il y aurait une trentaine de
personnes qui resteraient comparativement à un temps où il y en
avait plusieurs centaines.
M. BOIVIN: Merci. Maintenant, le budget fait mention d'une
réorganisation de l'administration générale de la
commission. En quoi consiste cette réorganisation et quelles seront ses
implications sur le plan de l'orientation, des effectifs, des
responsabilités? Une augmentation du budget de la Commission de la
fonction publique servira, dit-on, à mettre sur pied des bureaux
régionaux de recrutement.
Pourriez-vous nous dire ce qu'on veut faire avec ces bureaux
régionaux? Est-ce qu'on peut s'attendre à ce que les
négociations se feront sur un plan régional ou si on va continuer
de négocier sur le plan provincial dans les différents secteurs
de santé, etc? En quoi consistera cette régionalisation et dans
quel but? De quelle nature sera ce recrutement? Sera-t-il universitaire?
Viendra-t-il de l'immigration? Est-ce que ce seront des employés
saisonniers, occasionnels? Quels seront les dispositifs mis en place?
Présentement, quels sont les pouvoirs de la commission concernant
l'embauche et le mouvement de personnel, la rémunération, la
classification et autres?
M. PARENT: Dans la question de la Commission de la fonction publique, il
y a eu une décision de prise par la commission d'ouvrir quatre bureaux
régionaux pour faciliter le recrutement des candidats pour la fonction
publique.
Ces quatre bureaux régionaux n'auront chacun que deux
employés qui vont s'occuper de ces problèmes de recrutement,
puisque dans certaines régions du Québec on a de la
difficulté à faire du recrutement. Les bureaux régionaux
de la commission sont ouverts à Rimouski, Chicoutimi, Rouyn-Noranda et
Hull.
M. BOIVIN: Et vous avez déjà des bureaux de placement
provinciaux?
M. PARENT: Les centres de main-d'oeuvre. Ce ne sont pas des centres de
recrutement.
M. BOIVIN: Est-ce que ça va être greffé sur ces
bureaux de placement ?
M. PARENT: Oui, ce sera greffé.
M. BOIVIN: Avec les bureaux de placement provinciaux que vous avez
déjà. Est-ce que les examens vont se faire au régional ou
si les concours seront appelés...
M. PARENT: Les concours se font déjà sur une base
régionale, mais ils sont intensifiés par l'ouverture de ces
bureaux qui verront également à faire l'appréciation avec
le centre de main-d'oeuvre des candidatures qui seront proposées,
à savoir à quelle nature de poste un candidat possible peut
être classé.
S'il y a un manque, par exemple, je peux me permettre de mentionner la
région de Hull, la différence de la rémunération
entre la fonction fédérale et provinciale il y a un
écart assez considérable on peut dire que dans la
région de Hull il y a une difficulté actuellement de recruter du
personnel pour les bureaux régionaux des différents
ministères.
L'ouverture d'un bureau régional de la Commission de la fonction
publique va permettre, en collaboration avec le centre de main-d'oeuvre, de
pouvoir déterminer quelle est la nature des postes à être
comblés et selon les qualifications exigées pour remplir tel
poste, ils pourront permettre à des candidats de les diriger vers des
concours qui seront ouverts et permettront de combler des postes vacants dans
les différents ministères dans ces régions.
M. GAUTHIER: Mais quelle est l'idée? A l'heure actuelle vous
faites des offres d'emplois qui paraissent dans les journaux. Est-ce que les
gens ne répondent pas? Est-ce qu'ils ne sont pas sensibilisés
à ça? Quelle est l'idée d'ouvrir des bureaux
régionaux? Pour leur expliquer exactement ce que vous demandez?
M. PARENT: C'est d'être plus près de la population. Si vous
annoncez dans un journal, par exemple...
M. GAUTHIER: Poste vacant à Rouyn.
M. PARENT: ... poste vacant à Rouyn, que ce soit annoncé
dans le journal La Presse ou dans le journal Le Soleil, je n'ai pas
l'impression que vous allez recruter tellement de personnel dans la
région de Montréal, dans la région de Québec. Mais,
localement, il y a des journaux régionaux, nous annonçons dans
les journaux régionaux. Mais en étant sur place et tenant pour
acquis qu'il y a le centre de main-d'oeuvre, cela permet plutôt de
pouvoir diriger ces candidats vers l'accessibilité à ces postes
plutôt que de demander au candidat possible de s'inscrire et d'envoyer sa
formule de demande d'emploi à Montréal et à Québec.
Le candidat
résident de Rouyn ou de Rimouski pourrait dire: J'envoie
ça et ça n'ira pas plus loin. En étant sur place,
ça permettra à la commission de pouvoir faire une
appréciation des différentes candidatures, de pouvoir
également susciter, s'il y a lieu, des candidatures dans le milieu par
les demandes qui sont formulées au centre de main-d'oeuvre et de les
diriger vers des concours qui sont organisés peut-être souvent
à la méconnaissance du public. C'est une expérience que la
Commission de la fonction publique veut tenter. C'est pour cela que j'ai dit
qu'il y aura deux personnes par bureau; ce n'est pas un nombre
considérable mais cette expérience démontrera si le fait
d'être plus près de la population pourra permettre un plus grand
nombre de candidatures ou même, pas seulement un plus grand nombre de
candidatures, permettre également qu'il y ait des candidats qui se
présentent à des concours. Il arrive souvent dans des
régions limitrophes comme celle-là que vous ne retrouvez pas de
candidats pour un concours qui doit être tenu.
M. LATULIPPE: Est-ce qu'on doit comprendre que vous avez l'intention
d'ouvrir effectivement des bureaux spéciaux pour ça ou si vous
allez les intégrer à même d'autres ministères ou
encore, par exemple, avec les Services de placement du Québec?
M. PARENT: Physiquement, ils seront dans les centres de
main-d'oeuvre.
M. LATULIPPE: Les centres de main-d'oeuvre.
M.BOIVTN: En 1969, on a fondé une école dans les cadres de
la Loi de l'Université du Québec pour former des administrateurs
publics qui poursuivent des recherches en matière d'administration
publique. Depuis deux ans, quelles sont les représentations faites par
le ministère auprès de cette école pour parfaire
l'instruction et l'éducation, pour améliorer la fonction
publique? Vous parlez d'amélioration, il y a cette école; de
quelle façon le ministère a-t-il collaboré avec cette
école?
M. PARENT: On parle de l'Ecole nationale d'administration
publique...
M. BOIVIN: C'est ça.
M. PARENT: ... l'ENAP; La dernière session qui vient de se
terminer il y a quelques semaines a vu 20 fonctionnaires du gouvernement du
Québec être diplômés de cette école. Ces cours
sont d'une durée de seize mois; ils sont, d'une façon
générale, en regard du perfectionnement de l'administration de
l'appareil gouvernemental. Il est vrai que l'ENAP ouvre ses portes
également à d'autres gouvernements et à d'autres corps
publics puisque dans la dernière collation des diplômes, je pense,
il y en avait 26 ou 28; il y en avait du gouvernement fédéral, il
y avait même des représentants de l'extérieur qui ont fait
le dernier stage de seize mois.
L'Ecole nationale d'administration publique m'a demandé,
justement la semaine dernière, de la rencontrer pour discuter d'une
programmation qui pourrait permettre à cette institution de jouer un
rôle beaucoup plus grand dans le perfectionnement du personnel de la
fonction publique. Il y a présentement en cours un cours de sept
semaines qui est donné et certains fonctionnaires de différents
ministères étudient des données générales
d'administration. Nous avons demandé qu'une étude de ce cours
soit faite pour déterminer la nécessité qu'il y aurait
pour le gouvernement d'envoyer plus de candidats à l'Ecole nationale
d'administration publique.
Mais j'envisage sûrement, lors de cette rencontre qui aura lieu
dans les prochaines semaines avec l'Ecole nationale d'administration
même si elle est une unité de l'Université du Québec
de faire servir l'Ecole nationale d'administration, pour les
fonctionnaires du gouvernement du Québec, à un perfectionnement
qui sera en données avec la nouvelle programmation budgétaire du
gouvernement, c'est-à-dire le programme par budget, afin de permettre
à notre personnel de mieux s'identifier, mieux se préparer comme
gestionnaires à l'égard de chacun des ministères.
Egalement, . d'autres cours pourraient être donnés en vue de
permettre, par le moyen du perfectionnement, de l'avancement à des
personnes qui font carrière dans la fonction publique.
Je sais que jusqu'ici, selon ce que j'ai appris au ministère, on
s'est peut-être désintéressé de la question de
l'Ecole nationale d'administration. Je pense que M. Parenteau y a fait allusion
au moment où j'ai présidé à la remise des
diplômes, il y a quelques semaines. C'est à la suite de cette
rencontre avec M. Parenteau que nous avons convenu qu'il y avait
nécessité de se rencontrer pour convenir d'une programmation qui
pourrait tout autant servir l'ENAP et en même temps servir le
gouvernement dans l'élaboration de sa politique de perfectionnement du
personnel.
M. BOIVIN : Dans quel secteur surtout, secteur hospitalier, secteur...
Cela c'est seulement la fonction publique?
M. PARENT: Oui. Vous avez, par ailleurs, des cours qui ont
été donnés par l'ENAP, au cours de la dernière
année financière, aux administrateurs scolaires. Il y a eu des
sessions intensives qui ont été données, je pense,
à 180 administrateurs scolaires.
M. BOIVIN: Alors si on prend le secteurparapublic, là
il y en a plus que 28?
M. PARENT: Oui. Je parle de sessions intensives d'une durée de
trois semaines, quatre
semaines, cinq semaines. Mais, quand je parle du cours de l'ENAP
lui-même, c'est d'une durée de seize mois. Quand je parle de la
remise des diplômes d'il y a quelques semaines, où le gouvernement
avait une vingtaine de candidats diplômés, c'était le cours
de seize mois. L'ENAP fait d'autres cours.
M. BOIVIN: Le ministère participe au paiement des frais de
scolarité?
M. PARENT: C'est à l'intérieur du budget de
l'Université du Québec et, en plus, les candidats que le
gouvernement dirige vers cette école ont des congés avec solde
fournis aux employés qui poursuivent ces études.
M. BOIVIN: Le sous-ministre n'est pas compris dans...
M. PARENT: Les frais de scolarité sont payés par les
fonctionnaires.
M. BOIVIN : Les études du sous-ministre ne sont pas comprises
dans ça?
M. GAUTHIER: Qui est-ce qui décide que tel fonctionnaire peut
bénéficier d'un tel cours de telle condition?
M. PARENT: II y a un comité de sélection qui
détermine les candidats qui sont admissibles. Mais même
après que le comité de sélection a jugé acceptable
une candidature, le ministère concerné doit donner son
consentement pour que ce candidat puisse suivre les cours.
M. GAUTHIER : Est-ce que ces fonctionnaires, normalement, retournent
dans le même ministère d'où ils viennent?
M. PARENT: L'expérience que j'ai vécue, lors de cette
collation des grades, m'a appris que des vingt gradués que nous avions,
la plupart avaient changé Jeur cours, étaient, à la fin de
leur cours, mutés à d'autres endroits, pour, à la suite du
perfectionnement qu'ils ont reçu, remplir d'autres fonctions.
M. GAUTHIER: A l'heure actuelle, ces fonctionnaires étaient
à quel étage, à quel niveau, est-ce que c'étaient
des chefs, des cadres des directions générales ou quelque chose
comme ça?
M. PARENT: Ce sont des professionnels classe II et classe I. Ce sont de
futurs administrateurs.
M. BOIVIN: J'aurais des questions à poser sur les occasionnels,
ça change de propos, s'il y en a d'autres qui veulent prendre la
place.
M. LATULIPPE: C'est pour le perfectionnement, M. le Président.
Est-ce que ce program- me-là, déjà amorcé dans le
passé vous devez connaître cette brochure qui a
été publiée par votre ministère a suivi le
cheminement que vous pensiez et a commencé à donner des
résultats? Elle porte le titre: Le perfectionnement du personnel de la
fonction publique. Là-dedans, on décrit tout le processus de mise
en oeuvre d'un plan intégré de cheminement bien défini au
niveau du perfectionnement.
M. PARENT: Ce document a été un point de départ
pour déterminer la nature des cours et a été
déterminant pour conclure à la nécessité des cours.
On me fait rapport que jusqu'à maintenant cela a rapporté
progrès, mais ce que nous sommes en train d'examiner
présentement, c'est une expansion à celai
M. LATULIPPE: Quand vous dites que cela a rapporté
progrès, cela voudrait dire que le ministère, dans son
cheminement de pensée, a établi ou commandé certains cours
spéciaux en vue d'une formation bien spécifique pour certains
ministères et que cela va se faire d'une façon continue, comme un
programme d'entraînement de certaines compagnies.
M. PARENT: Oui, il y a eu des cours sur des techniques administratives
pour la gérance et les corps intermédiaires. Cela conduit
à ça.
M. LATULIPPE: Actuellement, il n'y a pas encore de processus
intégré, disons, d'un système de perfectionnement du
personnel à partir des échelons les plus inférieurs en
montant vers les échelons supérieurs.
M. PARENT: Cela existe présentement, mais sur une petite
échelle.
M. LATULIPPE: Bon, je vous remercie.
M. PARENT: Ce que nous envisageons, et c'est là que j'ai
souligné tout à l'heure les rencontres que nous devons avoir
incessamment avec M. Rolland Parenteau, c'est justement pour donner de
l'expansion. Le gouvernement a adopté la formule des budgets-programmes
et malgré les cours qui ont été donnés soit par
l'ENAP, soit par les groupes administratifs du gouvernement, nous pensons qu'il
y aurait lieu actuellement de préparer le personnel du gouvernement
à mieux s'adapter au budget par programmes. C'est là que nous
voyons une assez grande nécessité de pouvoir faire servir l'ENAP
pour permettre à notre personnel de se mieux préparer vers cette
évolution du système budgétaire par programmes.
M. LATULIPPE: Encore dans le cheminement de la pensée au niveau
du perfectionnement, est-ce que vous avez je suis certain que cela s'est
déjà fait des échanges avec certains autres
gouvernements au niveau justement des programmes d'entraînement, par
exemple, avec la France ou les Etats-Unis ou encore avec le gouvernement
fédéral?
M. PARENT: II y a certains programmes. Ce n'est pas sur une haute
échelle mais nous avons avec la France les coopérants. Il y a le
système CAP, avec le gouvernement fédéral, mais c'est
très relatif.
M. LATULIPPE: Dans le sens que dans le passé cela n'a pas
donné des résultats bien concrets et que ce n'est pas
nécessairement adapté à votre formule
d'administration.
M. PARENT: On me fait rapport qu'on est à évaluer
actuellement cet impact. Comme je l'ai souligné, c'est très
relatif à ce jour.
M. LATULIPPE: Donc, vous avez l'intention de conclure que le
ministère a l'intention d'oublier ces politiques-là pour former
son propre processus de formation.
M. PARENT: C'est-à-dire que nous n'avons pas l'intention de
l'oublier, cela fait partie d'un ensemble. Quand j'ai souligné, dans mes
remarques cet après-midi, ce perfectionnement, même si c'est
relatif dans certains cas, il y a lieu d'apporter peut-être une expansion
quelconque. Mais c'est l'ensemble du problème du perfectionnement qui
nous préoccupe et c'est de là que nous voulons préparer
notre programmation pour permettre une plus grande accessibilité. Encore
là, je pense qu'il faut être assez conscient pour constater que
les ministères qui sont appelés à fournir du personnel qui
ira se perfectionner, à l'occasion, sont assez hésitants
également, parce qu'ils ne peuvent se passer, par exemple, d'un
fonctionnaire, dans tel ministère, qui est un gestionnaire pour une
période de sept â douze semaines.
C'est un problème qui se pose et, dès lors, c'est toute la
question du perfectionnement. C'est ça qui, actuellement, fait le sujet
d'études pour nous permettre de déterminer une politique
réaliste de perfectionnement qui permettra à l'appareil
gouvernemental de mieux se diriger et se comporter.
M. GAUTHIER: Mais, à l'heure actuelle, est-ce le ministère
de la Fonction publique ou si ce sont les ministères d'où
viennent ces fonctionnaires, qui assument tous ces frais?
M. PARENT: Chacun des ministères. Si c'est un candidat pour
l'ENAP, le ministère assume la dépense, puisque ce sont des
congés avec solde. Le ministère continue à le payer et le
poste est occupé.
M. GAUTHIER: Les frais de séjour et les frais de
scolarité?
M. PARENT: Les frais de scolarité sont acquittés par les
élèves.
M. GAUTHIER: Les frais de séjour aussi? M. PARENT: Si on parle de
l'ENAP, c'est à
Québec; à ce moment-là, les frais de séjour,
il n'y en pas, puisque ce sont des résidents de Québec. S'ils
sont de Montréal, les frais sont assumés par les
ministères.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a des employés qui sont obligés
d'aller se recycler de cette façon? Est-ce qu'ils reçoivent la
menace, par exemple, qu'ils seront diminués de salaire s'ils n'y vont
pas ou si c'est sur une base de volontariat pour la promotion?
M. PARENT: C'est le volontariat. Dans d'autres cas, ça peut
être l'abolition du poste qui va demander que l'employé puisse
aller suivre un cours pour se recycler. Mais c'est le volontariat, pas
simplement de l'individu, mais du ministère. J'ai vu, à
l'occasion, quand il s'agissait d'accorder des congés avec solde, des
ministères dire qu'on ne pouvait pas se passer des services d'un
fonctionnaire pour une durée de seize mois et, à ce
moment-là, on refusait. Il y a l'autre système encore qui existe
sur une plus petite échelle maintenant, ce sont les études
à l'extérieur. Il y a des fonctionnaires qui sont avec traitement
dans des universités au Québec, en Ontario; il y en a aux
Etats-Unis qui sont à parfaire des études de
spécialisation et qui sont en congé avec solde.
M. BOIVIN: Maintenant, combien d'employés occasionnels ont
été donnés dans la fonction publique, du secteur public et
peut-être parapublic? Je pose la question parce qu'on entend dire, par
exemple, qu'il y a 300 agents de bien-être qui sont engagés tous
les quatre mois. C'est quatre mois que vous exigez pour la permanence?
M. PARENT: Six mois.
M. BOIVIN: Six mois ou quatre mois?
M. PARENT: Six mois.
M. BOIVIN: Six mois. Alors, combien y-a-t-il eu d'employés
occasionnels, puis à quel salaire sont-ils payés? Est-ce que vous
tenez compte du salaire des conventions collectives ou du salaire de base de la
Commission du salaire minimum?
M. PARENT: Vous avez deux volets à votre question. Vous parlez
des six mois pour la permanence; ça, c'est au moment où un
employé est retenu dans un emploi à la suite de l'émission
d'une liste d'éligibilité parce qu'il a subi un concours avec
succès. Six mois après son entrée en fonction, à la
suite de l'acte de nomination, il peut obtenir sa permanence. Vous parlez des
occasionnels tous les quatre mois; ce sont vraiment des emplois occasionnels,
où l'employé voit son emploi renouvelé tous les quatre
mois.
M. BOIVIN: Quand il a une fonction établie comme agent de
bien-être, par exemple...
M. PARENT: Oui, la même chose.
M. BOIVIN: ... et des tâches établies, pourquoi la fonction
publique ne procède-t-elle pas à des engagements permanents? On
entend dire, puis je pense que c'est vrai je l'ai vu dans certaines
régions qu'on fait des engagements tous les quatre mois, comme
ça, pour changer avec, comme seule norme, des facteurs politiques. Si on
change 300 agents de bien-être, par exemple, tous les quatre mois,
ça ne donne peut-être pas la qualité du personnel
nécessaire pour accomplir la tâche.
M. PARENT: C'est une autre question à plusieurs volets. Je vais
continuer dans la première veine pour compléter ce que j'ai
dit.
M. BOIVIN: D'accord.
M. PARENT: Quand il s'agit d'un emploi occasionnel, si on s'en tient au
strict mot occasionnel, cela devrait être, je dis bien cela devrait
être, un emploi d'une façon occasionnelle pour un travail
spécifique.
M. BOIVIN : La tâche est occasionnelle.
M. PARENT: Oui. Dans ces conditions, l'employé est payé
selon l'échelle de traitement déterminée plus 5 p.c. parce
qu'il n'a pas de bénéfice. S'il s'agit d'un contractuel, la marge
supplémentaire est de 15 p.c. Il n'y a aucune sécurité et
aucun bénéfice.
Ce qui arrive, c'est que des emplois de nature permanente sont
comblés par les ministères avec des occasionnels.
M. BOIVIN: C'est ça.
M. PARENT: C'est ce que vous venez de soulever dans votre
deuxième question. C'est une décision de chacun des
ministères pour quelque raison que ce soit. Je serais malvenu de dire
qu'il s'agit, à ce moment-là, de questions purement politiques.
Il arrive que le ministère, plutôt que de demander à la
Commission de la fonction publique une commandite pour tenir un examen et
qualifier des candidats pour combler des postes vacants, se sert de ce
procédé. Cela a été à cause, dans la
dernière année en particulier, de l'ouverture de bureaux
régionaux et locaux de bien-être à la suite des changements
qui ont été apportés aux lois du ministère des
Affaires sociales.
Il y a eu, à ce moment-là, une avalanche de demandes pour
combler des postes. Le ministère des Affaires sociales avait
demandé une dérogation au Conseil du trésor pour
procéder à l'engagement à la suite de la
détermination, par le directeur général de chacun des
bureaux, de candidats qui auraient les qualifications scolai- res. On demandait
le droit de pouvoir les retenir sur une base occasionnelle en attendant que le
ministère demande à la Commission de la fonction publique une
commandite pour tenir des examens.
Je pense que, d'ailleurs, des examens ont été tenus depuis
par la Commission de la fonction publique et la commandite a été
donnée. Ces emplois, à la suite des examens, ont
été comblés. Il reste encore des postes à combler.
D'autres concours sont en cours afin de compléter l'opération qui
a prévalu en 1972-1973 sur le nombre de bureaux locaux qui ont
été ouverts; d'autres concours sont en cours pour permettre de
compléter cette opération.
Le ministère de la Fonction publique ne peut pas, de son chef,
intervenir dans l'administration d'un ministère qui, plutôt que de
combler les postes par des voies naturelles, veut retenir des fonctionnaires
sur une base occasionnelle et renouveler leur engagement de quatre mois en
quatre mois.
M. BOIVIN: Vous dites que le ministre de la Fonction publique...
M. PARENT: Le ministre de la Fonction publique non plus.
M. BOIVIN: ... ne peut pas intervenir.
M. PARENT: Non. C'est une décision administrative de chaque
ministère.
M. HOUDE (Fabre): Mais est-ce qu'il n'y a pas un règlement qui
empêche de renouveler plus d'un certain nombre de fois?
M. PARENT: Oui, c'est ça, je suis à compléter.
M. BOIVIN: Alors, chaque ministère peut faire sa politique et la
Fonction publique doit faire pareil.
M. PARENT: Mais il doit faire demande au Conseil du trésor pour
le renouvellement.
Si on doit renouveler, après quatre mois, l'engagement
occasionnel, c'est le Conseil du trésor qui doit donner son accord sur
le réengagement, sur le prolongement d'un engagement. Dans la plupart
des cas, ce que je puis vous dire, depuis que je suis au Conseil du
trésor, c'est que nous travaillons en collaboration avec la Commission
de la fonction publique. Nous disons au ministère: Ce renouvellement,
c'est le dernier. Il s'agit d'un poste à vocation permanente. "Nous vous
demandons de prendre les procédures régulières pour
permettre à la Commission de la fonction publique de tenir un examen et
d'engager votre personnel, qui est dans une fonction permanente, plutôt
que de continuer à garder des employés sur une base
occasionnelle." C'est la directive générale, mais on com-
prendra facilement dans le cas présent, les effectifs
autorisés par le Conseil du trésor pour les différents
ministères sont de 55,900 environ, à la fin de l'exercice
financier 1973 que certains ministères continuent à
appliquer cette politique de retenir du personnel sur une base
occasionnelle.
M. BOIVIN: C'est un moyen d'éviter la Fonction publique.
M. PARENT: On ne peut pas éviter la Commission de la fonction
publique.
M. BOIVIN: On peut toujours retarder de quatre mois en quatre mois.
M. PARENT: On retarde l'échéance. M. BOIVIN: Oui, je
comprends.
M. PARENT: Mais je n'ai pas connaissance que, dans ces cas, le Conseil
du trésor ait toléré plus que deux renouvellements avant
que le ministère ne se prête à procéder selon les
voies régulières.
M. BURNS: Combien avez-vous, actuellement, de personnes qui sont des
employés occasionnels?
M. PARENT: 2,000 environ. M. BURNS: 2,000. Au total? M. PARENT: Oui.
M. BURNS: J'ai devant moi un article, du 24 février 1973, du
journal Le Soleil, qui dit ceci: "Les employés de la fonction publique
parallèle c'est de même qu'ils appellent les occasionnels
sont chaque année entre 30,000 et 70,000 à être
engagés, selon l'occasion". Est-ce que la journaliste, qui s'appelle
Ghislaine Rheault, se trompe ou bien si votre information doit être
pondérée autrement?
M. PARENT: Oui. Je parle de 2,000. M. BURNS: Au moment où on se
parle?
M. PARENT: D'une façon régulière, si on veut, il y
a 2,000 fonctionnaires sur une base occasionnelle. Quand on parle dans
l'article, d'une fonction publique parallèle là-dessus,
j'ai même une demande d'accréditation de la part des occasionnels
on fait allusion à la période où le
ministère des Transports, maintenant, qui était le
ministère de la Voirie antérieurement, retient des ouvriers sur
une base saisonnière.
On fait également allusion au ministère du Tourisme qui,
à l'occasion de l'opération de ses camps et chalets doit combler
des postes de nature occasionnelle; ou les Terres et Forêts qui, à
l'occasion des périodes d'été doit retenir du personnel
occasionnel pour les feux de forêt, le travail en forêt pour le
nettoyage; au ministère du Revenu, qui à l'occasion de la
rentrée des rapports d'impôt retient du personnel occasionnel. Ce
sont des emplois de nature occasionnelle, ceux-là. Or, si on veut
mentionner qu'il y en a de 30,000 à 50,000, je ne peux pas contredire
ça, c'est vrai. A certaines périodes, c'est vrai. Mais si on
parle d'emplois dans la fonction publique qui sont occupés d'une
façon occasionnelle à des postes de nature permanente, il y en a
2,000.
La différence qu'on apporte, ce sont pour des travaux
réellement de nature occasionnelle.
M. BURNS: II y a actuellement à peu près 2,000 et
plus?
M. PARENT: Oui.
M. BURNS: Aux environs de 2,000, comme vous dites. Ce sont des
employés occasionnels mais qui...
M. PARENT: A des postes permanents.
M. BURNS: ... remplissent des postes permanents. Quelle est la raison de
cette politique?
M. BOIVIN: La fonction publique était plus sévère
que ça. Il y a un relâchement.
M. PARENT: II y a des plans d'effectifs d'approuvés pour chaque
ministère et à l'intérieur du plan d'effectifs, le
ministère peut opérer. Mais s'il comble le poste par le moyen
d'une fonction occasionnelle, c'est que, dans certains secteurs, ils ont de la
difficulté à faire du recrutement, dans d'autres il s'agit de
projets pilotes et d'expérimentations. Et on se sert de ces postes
d'emplois occasionnels justement avant de déterminer s'il y a lieu de
procéder s'il s'agit d'un emploi permanent.
Mais dans l'ensemble, si on compare les emplois autorisés au 31
mars 1973, je pense qu'ils étaient de 55,961, si ma mémoire est
fidèle. C'est près de ça, 55,900. Cela, ce sont des
emplois permanents.
Sur ce nombre, vous en avez 2,000 qui sont occupés par des
occasionnels.
M. BURNS: La durée d'embauche de ces occasionnels varie entre
quoi?
M. PARENT: Elle ne peut pas être plus de quatre mois.
M. BURNS: Si je vous disais que j'en connais qui le sont depuis sept ou
huit ans? Qu'est-ce qui arrive?
M. PARENT: Je vous ai induit en erreur. M. BURNS: C'est correct.
M. PARENT: II y a 2,000 occasionnels. Mais il y a environ de 400
à 500 contractuels. C'est là que je vous ai induit en erreur. Les
contractuels peuvent être liés par des contrats d'un, deux ou
trois ans.
M. BURNS: Des gens à qui on a dit ça en arrivant.
M. PARENT: Ce n'est pas nouveau. Cela existe surtout à
l'Education, aux Communications et à l'OPDQ. C'est surtout là
qu'on a des contractuels.
M. BURNS: Quelle est la distinction que vous faites entre les
contractuels et...
M. PARENT: C'est un contrat d'une durée d'un an, renouvelable. Il
ne s'agit pas à ce moment-là...
M. BURNS: Ces gens sont classés dans le groupe des
occasionnels.
M. PARENT: ... d'emplois permanents ou de nature permanente.
Vous aviez, par exemple, SATRA qui s'occupait du développement du
territoire aéroportuaire de Montréal; c'étaient des
contractuels. SATRA vient de terminer ses activités le 31 mars; or,
pendant la durée de cette opération je pense que ça
a duré quatre ou cinq ans c'étaient des employés
contractuels; ils étaient à contrat. Or, nous ne sommes pas aux
prises, le lendemain où cette opération cesse, avec du personnel
à être intégré ailleurs dans d'autres
ministères. C'est une façon, je puis dire, que le gouvernement
envisage actuellement, soit de recourir peut-être davantage, dans la
fonction publique, à cette alternative de ceux qui recherchent la
sécurité d'emploi, d'avoir également, en contre-partie,
des emplois contractuels.
Vous avez souvent des professionnels, des hommes d'affaires qui sont
intéressés à venir faire un stage dans une administration
gouvernementale et, actuellement, il n'y a pas de mécanisme qui leur
permet de le faire. Nous envisageons sérieusement de pouvoir
établir ce parallèle ce n'est pas nouveau d'ailleurs,
ça existe aux Etats-Unis, ça existe à Ottawa, ça
existe à Toronto où un employé peut être
prêté au gouvernement. Nous en avons d'ailleurs déjà
de prêtés par l'entreprise privée, qui sont dans certains
ministères, qui sont prêtés par l'entreprise privée
pour certaines périodes. Nous entrevoyons la possibilité de cette
alternative, si quelqu'un veut venir travailler pendant deux ans, trois ans, de
lui offrir cette base contractuelle. Et pour l'Etat c'est assez avantageux,
tout autant que pour celui qui veut avoir la sécurité d'emploi,
mais il faut avoir les deux, à mon avis.
On ne peut pas, dans un système comme le nôtre, penser que,
du jour au lendemain, ce sera acquis. Même s'il n'y a pas de convention
collective pour les cadres, il y a quand même cette
sécurité d'emploi qui existe. On peut offrir, à l'individu
qui voudrait parce qu'il y a encore des gens qui sont
dévoués aux intérêts de l'Etat venir faire un
stage et s'en retourner, un emploi contractuel, un an, deux ans, trois ans.
Qu'il vienne servir le gouvernement et s'en retourner.
M. BOIVIN: Que ferait la fonction publique là-dedans? Prenez vos
agents de bien-être, le gouvernement peut bien dire qu'il y a certains
dangers, la Commission de la fonction publique a été faite pour
améliorer la qualité de la fonction publique; alors qu'est-ce qui
empêcherait le gouvernement de dire qu'il a besoin de trois agents de
bien-être, on va les emprunter pour trois ans?
M. PARENT: Bon, là je n'ai pas l'impression, quand je parle de
contractuels, que nous y allions à ce niveau.
M. BOIVIN: Ils passeraient par la fonction publique quand
même?
M. PARENT: Oui, je ne parle pas de ce niveau, je parle au niveau des
cadres.
M. BOIVIN: Des cadres.
M. PARENT: Des cadres et des adjoints aux cadres. Je pense que si on
regarde la politique qui est en vigueur aux Etats-Unis, tout ce qu'il y a, au
niveau des hauts fonctionnaires, ce sont des contractuels.
M. BURNS: C'est quoi, c'est 400 à 500 personnes à peu
près?
M. PARENT: Ce n'est pas un nombre considérable.
M. BURNS: Bon, c'est ça que vous dites, 400 à 500?
M. PARENT: Oui.
M. BURNS: Mais je ne parle pas de ceux-là, je parle des autres,
les occasionnels permanents.
M. PARENT: Oui.
M. BURNS; Parce qu'il y en a, apparemment, du moins on nous dit qu'il y
en a.
M. PARENT: A l'OPDQ, quelle serait la vocation éventuelle de
l'OPDQ? Est-ce qu'il est avantageux pour le gouvernement d'aller à
l'encontre de cette possibilité qu'il y a de pouvoir retenir, sur une
base contractuelle, ou de faire occuper un poste sur une base permanente
où, à ce moment-là, l'Etat doit pourvoir aux
bénéfices marginaux?
M. BURNS: C'est important de...
M. PARENT: C'est une formule, actuellement.
M. BURNS: C'est important si le gars est là depuis trois, quatre
ans et que...
M. PARENT: Cela dépend de l'individu aussi, je pense qu'il faut
tenir compte...
M. BURNS: Ecoutez, je vais vous poser une autre question, M. le
ministre: quand on les embauche, ces gens-là, est-ce qu'on les soumet
aux critères de la fonction publique au point de vue embauchage? Je vais
vous dire que non.
M. PARENT: Bien, on...
M. BURNS: Bien on ne s'occupe pas de ça, du tout. Il n'y a pas
d'examen d'entrée. Il n'y a rien...
M. PARENT: Est-ce que vous parlez de contractuels?
M. BURNS: Non, je parle des occasionnels. M. PARENT: Bien non.
M. BURNS: On les embarque point, puis "no questions is adked", comme dit
l'autre.
M. PARENT: Oui, ça je suis d'accord avec le député
de Maisonneuve, l'occasionnel c'est ça, mais l'emploi ne peut être
renouvelé tous les quatre mois.
M. BURNS: Bien oui, mais comment se fait-il que c'est renouvelé
peut-être de quatre mois en quatre mois pendant deux ans, quatre ans? Je
peux vous parler de gars qui sont là depuis huit ans au ministère
du Travail comme occasionnels. Je peux même vous dire le service à
part ça. Je ne le dirai pas parce que demain ils vont perdre leur
"job".
M. BOIVIN: Aux Affaires sociales aussi...
M. PARENT: Je suis surpris. Il peut y avoir des cas, je ne dis pas que
ce...
M. BURNS: Ce n'est pas nouveau ce que je dis là, j'ai
soulevé ce cas-là au ministre qui vous a
précédé, c'est-à-dire Jean Cournoyer, qui
était là l'année passé, à peu près
vers la même date, puis il m'a dit que ça n'avait pas de bon sens,
ces affaires-là. J'ai dit: Bien oui, ça n'a pas de bon sens,
c'est sûr. Puis il a dit: Je vais y voir. Au moment où je vous
parle, c'est encore pareil.
M. PARENT: Non, je ne vous dis pas que ça n'existe pas, qu'il n'y
a pas de cas d'exception. J'ai dit tout à l'heure qu'à ma
connaissance, depuis trois ans que je suis au Conseil du trésor, je ne
me rappelle pas qu'il y ait eu des cas qui aient dépassé deux
renouvellements. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas eu. Je n'ai pas fait
d'affirmation à savoir que c'était catégorique. J'ai dit
qu'il pouvait y en avoir des cas. Cela je ne le nie pas, mais qu'on parle de
sept, huit ans là,...
M. BURNS: Ah oui.
M. PARENT: Je suis surpris.
M. BURNS: Je peux vous parler de ça moi.
M. HOUDE (Fabre): Sur le même sujet, je dois lui donner raison. Il
faut dire d'autre part au député de Maisonneuve qu'il y a de ces
fonctionnaires qui tiennent à rester occasionnels surtout après
un certain nombre d'années, à cause de la différence dans
le salaire. C'est que comme occasionnel ils gagnent un peu plus cher que
très souvent ils gagneraient s'ils avaient leur permanence à
cause de la classification. Alors il y a une espèce de vice de
forme.
M. PARENT: Oui, dans la fonction publique...
M. BURNS: Mais ce n'est pas tout à fait exact.
M. HOUDE (Fabre): II a raison dans ce qu'il dit. Il y a des cas
où des gars sont engagés comme occasionnels; après quatre
mois on renouvelle, après quatre mois on renouvelle encore. Mais je dois
admettre que depuis quelque temps, un an environ, nous avons reçu dans
la plupart des ministères ou des services des directives très
sévères de la part de la fonction publique nous demandant
d'éviter ces situations ou nous disant carrément que
c'était impossible de renouveler de quatre mois en quatre mois et qu'il
fallait tenter de placer l'individu dans un poste régulier.
Il y a deux choses, et c'est là que je pose la même
question que lui; comment se fait-il qu'il y a des gars qui réussissent
à renouveler leur emploi occasionnel pour d'autres périodes de
quatre mois quand, très souvent, ces mêmes fonctionnaires ne
désirent pas avoir la permanence parce que très souvent ils sont
reclassés à un niveau plus bas? Exemple: J'ai eu un gars
récemment qui travaillait depuis quatre ou cinq ans au haut-commissariat
pour ne pas le nommer il gagnait, supposons, $14,000 comme
occasionnel, il s'était organisé son petit fonds de pension et
ses assurances, tout seul. En le prenant comme permanent, à cause de ses
diplômes, etc., il tombait à $11,000 par année. Lui, il
n'était pas intéressé, mais pas du tout, à
être permanent et son train de vie était organisé en
conséquence. Dans son cas, il a été obligé de
quitter parce qu'il n'était pas question, pour lui, de renouveler. A un
moment donné, on nous a
empêché de renouveler de quatre mois en quatre mois. C'est
vrai qu'il y a des exceptions car il y en a qui réussissent, je ne sais
pas comment ils font, mais ils réussissent à renou-veller leur
emploi occasionnel pendant quelque temps.
M. BURNS: C'est ça qu'il serait intéressant de savoir.
Comment font-ils?
M. HOUDE (Fabre): Je ne le sais pas.
M. BURNS: C'est, d'une part, pas tout à fait exact ce que le
député vient de dire en ce sens que ce n'est pas
nécessairement dans leur intérêt et ce n'est pas
nécessairement pour eux autres que ça arrive comme ça
parce qu'il y a un tas de choses dont ils ne bénéficient pas
quand ils sont occasionnels.
M. HOUDE (Fabre): Oui, mais, attendez...
M. BURNS: S'il arrive une fête, le gars n'est pas...
M. HOUDE (Fabre): ... le gars qui gagne $14,000.
M. PARENT: II gagne plus que le salaire régulier.
M. HOUDE (Fabre): II gagne plus que le salaire, bien souvent ça
dépend de sa classification.
M. PARENT: II reçoit ses bénéfices marginaux
immédiatement en argent.
M. BURNS: Bien oui, il reçoit ses bénéfices
marginaux en argent, mais à un moment donné, d'une part, il n'y a
aucune sécurité.
UNE VOIX: Non, non.
M. BURNS: Deuxièmement, il y a une journée de fête
qui arrive, le gars n'est pas payé.
M. PARENT: Il n'est pas payé.
M. BURNS: II arrive telle autre situation, il y a des vacances, il n'en
reçoit pas, etc. Et j'ai devant les yeux la séance du mercredi 7
juin, l'année passée, où on discutait le même
problème. J'avais posé le problème au ministre actuel du
Travail qui était à l'époque ministre de la Fonction
publique.
Je lui citais, à la page B-3193,144 de ces cas dans son propre
ministère, le ministère du Travail.
M. PARENT: La Commission du salaire minimum.
M. BURNS: Le salaire minimum, les accidents de travail et le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
UNE VOIX: Le comité paritaire. M. BURNS: La patente, en
général.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, si vous le permettez, au
début de la séance, j'avais fait un tour de table rapide et il
semblait que les députés étaient d'avis de terminer pour
neuf heures trente. Est-ce que cela tient toujours, ce désir?
DES VOIX : Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, la commission ajourne ses
débats sine die.
(Fin de la séance à 21 h 41 )