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Commission permanente de la fonction publique
Etude des crédits du ministère de la
Fonction publique
Séance du mardi 22 avril 1975
(Dix heures trente et une minutes)
M. Gratton (président de la commission permanente de la
fonction publique): A l'ordre, messieurs! La commission de la fonction
publique entreprend ce matin l'étude des crédits du
ministère. Si vous me permettez, j'aimerais aviser la commission de
certains changements, soit que M. Brown remplace M. Cloutier, M. Pelletier
remplace M. Garneau, M. Déziel remplace M. Pépin.
Avant de céder la parole au ministre, je pense qu'il serait de
mise que nous nommions un rapporteur à cette commission. Si la
commission est d'accord, j'aimerais suggérer M. Boudreault,
député de Bourget.
M. Burns: Je suis bien d'accord. De toute façon, je prends
la moitié de son comté avec la réforme de la carte.
Le Président (M. Gratton): Alors, qu'il en soit ainsi.
Une Voix: Pour autant que vous ne lui prenez pas sa
moitié.
M. Burns: Non, c'est la bonne moitié que je prends.
Le Président (M. Gratton): L'honorable ministre de la
Fonction publique.
Exposé préliminaire du ministre M.
Oswald Parent
M. Parent (Hull): M. le Président, avant de faire part aux
membres de cette commission de la structure et des programmes de la fonction
publique, j'aimerais, en premier lieu, fournir quelques indications sur
l'organisation et le partage des responsabilités du ministère de
la Fonction publique, tracer un bilan des principales activités qui ont
marqué l'année 1974/75 et donner un aperçu des
orientations pour la prochaine année financière.
Les structures administratives supérieures du ministère
n'ayant pas été modifiées au cours de la dernière
année, on y retrouve ainsi les directions générales de la
mise en valeur des ressources humaines, des relations de travail, des
systèmes ainsi que celle de l'organisation administrative. M.Claude
Bélanger agit, depuis le mois d'avril 1974, à titre de
sous-ministre de la Fonction publique. Il est secondé par deux
sous-ministres adjoints: M. Gaston Lefebvre, responsable des relations de
travail, et M. Fer-nand Mousseau, qui a la responsabilité des directions
générales de la mise en valeur des ressources humaines, des
systèmes et de l'organisation administrative.
Mme Dorothy Pertuiset a été nommée à titre
de directeur général de la mise en valeur des ressources
humaines, M. Roland Vandal à titre de directeur général
des systèmes et M. Fernand Mousseau supervise, à l'heure
actuelle, les activités de la Direction générale de
l'organisation administrative vu que le titulaire de cette direction
générale n'a pas encore été nommé.
La nomination de ces nouveaux titulaires a permis non seulement
d'identifier les activitésdu ministère mais également de
réaliser de nouveaux programmes d'importance dans le secteur de la
gestion du personnel. Je profite d'ailleurs de cette occasion pour remercier
mes hauts fonctionnaires et tout le personnel de la précieuse
collaboration qu'ils m'ont apportée au cours de la dernière
année.
Nos principales préoccupations, au cours de la dernière
année financière, ont été les suivantes:
l'amélioration de la qualité de la main-d'oeuvre de la fonction
publique et de son organisation, l'introduction de nouvelles mesures
régissant l'éthique et la discipline des fonctionnaires;
l'amélioration de la situation de la femme au sein de la fonction
publique québécoise; l'amélioration de certaines
règles en matière de gestion de personnel ; le renouvellement des
conventions collectives de travail.
En raison de l'importance de l'intégration des nouveaux
fonctionnaires dans leur milieu de travail, les programmes existantsen
matière d'accueil, dans 21 ministères et organismes, ont
été analysés en vue de proposer un programme-cadre
axé sur l'information diffusée au moment de l'entrée en
fonction d'un nouvel employé. Un manuel d'accueil et un document
audio-visuel portant sur les structures gouvernementales et les organismes
centraux seront bientôt accessibles à tous les organismes
gouvernementaux.
D'ailleurs, au cours de l'année I975/76, ces programmes
s'inscriront à l'intérieur d'une politique générale
d'accueil dont le contenu pourra varier selon les clientèles.
Déplus, plusieurs fonctionnaires ont participé à de
nombreuses séances de perfectionnement, en vue d'améliorer leurs
connaissances et leur comportement en milieu de travail. Dans l'accomplissement
de cette tâche, le ministère de la Fonction publique a joué
un double rôle à savoir: un rôle d'initiateur dans la
réalisation des programmes à caractère
interministériel et un rôle d'assistance aux ministères et
organismes pour assurer la meilleure utilisation possible de leurs ressources
humaines.
La mobilité du personnel étant un des aspects les plus
importants pour une saine gestion des ressources humaines, une étude
approfondie a été complétée, en vue d'inventorier
les pratiques existantes en cette matière au sein de plusieurs
administrations publiques. A la lumière de ces données, une
politique et des pratiques applicables à la fonction publique du
Québec seront proposées au gouvernement, au cours de la prochaine
année, de façon que la mobilité du personnel devienne un
véritable outil de gestion et un moyen de perfectionnement dans les
faits.
En vue de faciliter nos activités ayant trait à la
réaffectation du personnel, le ministère se propose, tout en
poursuivant, en vertu des prérogatives q ue sa
loi lui confère, le placement d'employés mis en
disponibilité, de mettre en vigueur un nouveau pro-grammedont l'objectif
consiste à mieux résoudre les problèmes d'affectation d'un
certain nombre de cadres. A cette fin, une banque de postes a été
prévue au budget du ministère, ce qui devrait faciliter de
beaucoup les démarches de placement de ces cadres.
Un autre projet important dont j'aimerais vous fai re part, et qui vise
également à l'amélioration de la fonction publique,
consiste en l'examen des pratiques actuelles en matière de gestion des
cadres supérieurs de la fonction publique. A cette fin, on a
créé un comité qui a reçu le mandat suivant:
Etudier lesf acteurs et les conditions q ui seraient susceptibles
d'améliorer le rendement, la stabilité et la motivation des cad
res de la fonction publique ainsi que les moyens qui favoriseraient
l'utilisation optimale de ces ressources;
Vérifier si les conditions de travail et
rémunération des cadres supérieurs de la fonction publiq
ue se comparent à celles offertes aux cadres supérieurs des
grandes entreprises;
Arrêter un ensemble de politiques et de pratiques de gestion des
cadres permettant au gouvernement d'atteindre ses objectifs.
Les travaux de ce comité ont débuté, notamment, en
procédant à une consultation systématique avec tous les
sous-chefs du gouvernement. Les recommandations de ce comité me seront
remises au cours de l'automne.
De plus, un nouveau programme de formation
accélérée de futurs cadres a dernièrement
été approuvé afin de permettre à de jeunes
employés du gouvernement du Québec de se préparer, dans le
cadre d'un cheminement de carrière accéléré,
à accéder à des postes de cadres supérieurs dans la
fonction publique. Ce programme s'ajoute aux autres programmes de
perfectionnement déjà existants, dont celui de l'ENAP. Ce
programme accéléré de carrière, qui
s'étendra sur une période de quatre ou cinq ans, comportera
diverses étapes portant sur des affectations précises au sein des
différentes administrations publiques ou privées, ainsi que des
stages dans des organismes d'enseignement.
A ces initiatives s'ajoute l'entreprise de certains travaux qui, tout en
ayant un objectif similaire à celui dont je viens de faire mention, font
appel à des techniques de travail différentes, à savoir
celles reliées à l'organisation du travail. Des études de
structures, d'effectifs et d'organisation et méthodes sont
présentement conduites par mon ministère en vue, d'une part, de
corriger les lacunes administratives qui pourraient être
constatées et, d'autre part, de bien préciser le rôle du
ministère en tant qu'organisme-conseil en matière d'organisation.
Dans une optique à plus long terme, la réalisation de ces travaux
devrait permettre d'établir un lien bien défini entre la
Direction générale de l'organisation administrative et les
différents services d'organisation des ministères et
organismes.
La dernière année a aussi été marquée
par l'adoption et l'application d'un règlement sur l'éthique et
la discipline dans la fonction publiq ue. Je n'ai pas à insister sur
l'importance de l'introduction d'une telle réglementation qui
prévoit un ensemble de normes qui sont dictées par les
impératifs de service rattachés au statut du fonctionnaire. Ce
règlement a été le résultat de nombreuses
études qui ont été menées par plusieurs
responsables de la gestion du personnel et le gouvernement d u Québec
est ainsi devenu un des premiers gouvernements à se doter d'une telle
réglementation applicable à tout son personnel.
Le ministère de la Fonction publique a également
élaboré, au cours de la dernière année, un
programme d'action concernant l'égalité des chances à la
fonction publique- du Québec. La Direction générale de la
mise en valeur des ressources humaines, responsable de la réalisation de
ce programme, s'est donné comme objectif de promouvoir dans les
ministères et organismes un meilleur équilibre entre les
employés masculins et féminins dans les postes se situant au
niveau des professionnels et des cadres. Un plan préliminaire de travail
a déjà été préparé en ce sens et un
comité ad hoc sur l'emploi de la femme dans la fonction publique du
Québec a été constitué en vue d'atteindre, le plus
tôt possible, l'objectif recherché.
Des inventaires sur les personnels et les postes sont
présentement effectués et des programmes de sensibilisation ont
également été préparés à l'intention
des gestionnaires. Au cours de la prochaine année, des sessions
intensives de travail seront tenues, principalement avec les directeurs de
personnel, en vue de déceler et d'aplanir les principales
difficultés de mise en application d'un tel programme.
Au chapitre de l'amélioration de la gestion du personnel,
plusieurs règlements visant à améliorer les normes
actuelles en matière de classification ont été
adoptés.
Qu'il me suffise de mentionner que les règlements de
classification du personnel de maîtrise ont été
complétés, ce qui touche le personnel de direction des bureaux
d'enregistrement et des greffes ainsi que les agents de maîtrise du
personnel de bureau, techniciens et assimilés. De plus, on
aeffec-tué une révision presque complète de la
classification et de la rémunération du personnel de
maîtrise des ouvriers.
Une des réglementations qui visaient à apporter une
réforme importante dans la gestion du personnel est celle adoptée
récemment relative aux normes auxquelles sont assujettis les
employés occasionnels.
Ce nouveau règlement, que j'ai d'ailleurs déposé
à l'Assemblée nationale, contient des stipulations visant
à améliorer et à uniformiser les conditions de travail
desemployés occasionnels; de plus, il clarifie la définition d'un
emploi ou d'une fonction de caractère occasionnel. Je n'ai pas
l'intention d'élaborer davantage sur les correctifsque ces importantes
mesures apportent, mais il me fera plaisir de répondre à toute
question à ce sujet lorsqu'on examinera en détail le programme de
la Commission de la fonction publique.
Parmi d'autres révisions qui ont été
apportées aux législations au coursde la récente
année, j'aimerais également mentionner celles ayant trait aux
différents régimes de retraite. Par l'adoption des lois 61, 62 et
63, certaines ambiguïtés dans les lois ont été
éliminées afin de respecter les engagements pris envers
les employés à l'occasion de la signature des conventions
collectives, à l'automne I972. De plus, ces lois ont accordé aux
employés un certain nombre de bénéfices. Je me permettrai
simplement de souligner ici celui qui touche l'élimination de la
discrimination dont souffraient les conjoints des employés de sexe
féminin.
Enfin, toujours au chapitre des améliorations apportées
dans le secteur de la gestion du personnel, deux projets ont été
entrepris.
Le premier, ayant trait à l'octroi de primes à
l'initiative, vise à récompenser les employés qui feront
au gouvernement des recommandations susceptibles d'améliorer
l'efficacité de l'appareil gouvernemental ou de réaliser des
économies budgétaires sensibles. Inutile d'ajouter que la mise en
vigueur d'un tel programme devrait comporter des effets
bénéfiques sur la productivité des employés de
l'Etat.
Un second projet concerne la préparation à la retraite de
nos employés. La difficulté que comporte pour plusieurs le fait
de passer brusquement du monde du travail à celui de la retraite
nécessite la mise en place d'un programme d'information sur les
principaux problèmes qu'occasionne une telle transition. Ce programme,
qui a une dimension sociale, sera expérimentés au cours de la
prochaine année, dans quelques ministères.
En ce qui concerne le secteur des relations de travail, on peut
soulignerqu'au cours de la dernière année, une convention
collective de travail a été signée, le 14 novembre I974,
avec le Syndicat des agents de la paix. Cette nouvelle convention, qui expirera
le 30 juin I977, s'applique aux quelque 2,500 agents de la paix de la fonction
publique.
Un protocole d'entente entre le gouvernement du Québec et le
Syndicat des professeurs de l'Etat du Québec concernant certaines
conditions de travail particulières au personnel enseignant des centres
d'orientation et de formation des immigrants, les COFI, administrés
parle ministère de l'Immigration du Québec, est intervenu le 6
mars I975, permettant ainsi l'ouverture de ces centres.
Un autre protocole d'entente est également intervenu, par le
biais de la Direction générale des relations de travail, entre le
gouvernement et le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec
concernant l'inclusion dans la fonction publique d'employés de la
Consolidated-Bathurst à l'Ile d'Anticosti. Cette entente a
été conclue le 25 mars I975.
Les négociations avec le Syndicat des fonctionnaires provinciaux
du Québec pour le renouvellement des conventions collectives de travail
des unités de la fonction publique, qui expirent le 30 juin I975, ont
débuté le 22 janvier I975. Depuis cette date, les
négociations se poursuivent et je suis particulièrement satisfait
d'avoir pu entamer une ronde aussi importante de négociations bien avant
l'expiration des conventions collectives actuelles.
Dans le secteur communément appelé péripu-blic, mon
ministère a participé au règlement des conventions
collectives suivantes:
Régie de la Place des Arts, pour la section de la
sécurité, signée le 17 juin I974;
Régie de la Place des Arts, en ce qui concerne les habilleuses,
signée le 29 août I974;
La Raffinerie de sucre de Québec et le Syndicat national des
employés de la Raffinerie de sucre, signée le 6 novembre
I974.
Les négociations sont également amorcées entre:
La Société des traversiers du Québec et le CMOU,
visant les ingénieurs maritimes de la société;
La Société de conservation de la Gaspésie et
l'Union des bûcherons et employés de scieries;
La Société de conservation de la Côte-Nord et
l'Union des bûcherons et employés de scieries.
Finalement, mon ministère a participé de façon
intensive au renouvellement du contrat de travail des agents de la
Sûreté du Québec; cette entente a été
signée le 3 septembre I974.
Au mois de décembre dernier, l'Assemblée nationale
approuvait une loi importante, la loi 95, portant sur les négociations
collectives dans les secteurs de l'Education, des Affaires sociales et des
organismes gouvernementaux. Cette loi détermine les règles
régissant des négociations ces conventions collectives entrant en
vigueur le 1er juillet 1975 ou après dans les secteurs ci-devant
mentionnés.
D'autre part, je recevais du conseil des ministres le mandat de la
coordination de la prochaine ronde de négociations dans les secteurs
public et parapublic. Une structure administrative de coordination a
été mise sur pied consistant en la création de deux
comités que je préside: le premier regroupant les hauts
fonctionnaires des ministères directement impliqués dans la
négociation, et le second, composé des ministres responsables de
ces mêmes ministères.
Il convient également de souligner le rôle que joue le
bureau de recherche sur la rémunération dans la cueillette des
renseignements statistiques reliés aux traitements, aux avantages
sociaux et autres conditions de travail des secteurs de l'économie.
Au-delà d'une dizaine d'enquêtes salariales ont
été conduites en vue d'inventorier une centaine d'occupations
qu'on retrouve dans les réseaux de l'éducation, des affaires
sociales et de la fonction publique. Les clientèles sur lesquelles ont
porté les études du bureau de recherche sur la
rémunération se situent au niveau des cadres, des professionnels,
des techniciens et des employés de bureau.
Enfin, même si la négociation qui s'amorce demeure une
tâche des plus complexe, je suis confiant, et c'est le désir du
gouvernement d'ailleurs, de conclure avec tous les syndicats des ententes
négociées.
J'ai cru bon d'insistersur les principales réalisations qui ont
été effectuées dans les organismes qui sont sous ma
juridiction, car elles mettent bien en relief le dynamisme qui a animé
mes fonctionnaires au cours de la dernière année. Je puis
même ajouter que le ministère de la Fonction publique a
relevé un défi de taille dans tous les secteurs.
Il est évident, M. le Président, que je n'ai pu
m'étendre sur les activités quotidiennes mais j'aurai
peut-être, au moment de la période des questions, l'occasion
d'apporter d'autres précisions.
Je terminerai en faisant brièvement état de la
structure des programmes de la Fonction publique. Cette structure a
été ventilée en quatre programmes qui sont les suivants:
gestion du personnel et aménagement des conditionsde travail dans les
secteurs de la fonction publique et du péri-public; recherche sur la
rémunération; régimes de retraite et autres contributions
à titre d'employeur et de mandataire; Commission de la fonction
publique.
Avant l'étude détaillée des crédits,
voilà, M. le Président, le bilan et les principales observations
que j'ai voulu faire sur les perspectives de développement des
organismes dont je suis responsable.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, mes brèves remarques
d'introduction ne seront sans doute pas aussi optimistes que celles du
ministre; je ne pense pas qu'il s'y attende, d'ailleurs. Un peu comme le disait
mon collègue Charron, le député de Saint-Jacques,
l'année dernière, chaque année lorsque nous abordons
l'étude des crédits du ministère de la Fonction publique
et ceci dans mon cas c'est vrai depuis I970 c'est toujours une
espèce d'inquiétude qui nous anime et c'est toujours une
inquiétude basée sur une sorte d'atmosphère qui existe
dans la fonction publique. Je pense que le ministre je le vois sourire
comprend ce que je veux di re et il en avait discuté en long et
en large avec le député de Saint-Jacques l'année
dernière. Cette atmosphère est particulièrement importante
et particulièrement inquiétante dans une année où
vous avez une ronde de négociations qui débute. Connaissant les
problèmes que l'autre ronde de négociations avait
engendrés, je ne peux pas, eu égard à certaines
circonstances que je décrirai tout à l'heure, avoir le même
optimisme que le ministre vis-à-vis de la situation actuelle.
Ce que je décris comme atmosphère, M. le Président,
dans le fond, on peut le noter à certains endroits. Le premier, et
peut-être le plus frappant, le plus évident, c'est cette
espèce de méfiance que le gouvernement et particulièrement
le parti ministériel, en général, semble entretenir
à l'endroit des fonctionnaires en général.
Je n'ai qu'à vous citer, par exemple, les réactions des
jeunes libéraux, à Magog, qui faisaient le procès en
règle de la fonction publique. On est porté à se demander
si, dans le fond, ce n'est pas une réaction de défense pour faire
porter à la fonction publique le poids c'est une question que je
me pose tout haut d'une certaine incompétence du gouvernement.
C'est une réaction de défense, à mon avis. On le voit chez
les jeunes libéraux, on le voit chez M. Paul Desrochers devant la
commission Cliche, qui met tout le fardeau sur les fonctionnaires, qui ose
même dire, par exemple, que Robert ne peut pas agir avec ses
fonctionnaires péquistes et autres qui l'empêchent de fonctionner.
Le nombre effarant de personnel politique, M. le Président, je pense que
c'est un autre élément qui nous manifeste la méfiance que
le parti ministériel a à l'endroit de la fonction publique.
Quand je dis le nombre effarant, c'est surtout l'importance qu'ils
prennent dans les différents cabinets. On a vu des chefs de cabinet
répondre à des lettres qui étaient adressées, dans
le fond, au ministre, mais qui demandaient une réponse de la part du
sous-ministre qui en soi n'est pas considéré comme du personnel
politique, mais beaucoup plus comme du personnel technique ou
administratif.
L'engagement de nombreux contractuels, et cela nous l'avons
dénoncé d'année en année, à chacun des
ministères, à l'extérieur de la fonction publique, est un
autre indice, à mon avis, qu'on se méfie du personnel permanent
de la fonction publique. C'est de cela que je parle, q uand je vous signale une
certaine atmosphère.
Finalement, simplement à titre d'exemple, le ministre en a
parlé, dans le code d'éthique qui a été émis
au milieu de 1974, je pense, cette espèce de régime dans lequel
on tient les fonctionnaires dans l'impossibilité de communiquer avec les
journalistes, sans qu'il y ait eu, au préalable, une espèce de
filtrage de leurs déclarations ou de leurs discussions.
Ce premier élément me semble très apparent,
c'est-à-dire celui d'une méfiance constante du parti
ministériel à l'endroit des fonctionnaires.
En second lieu, et c'est un autre élément
d'inquiétude pour moi, à la veille d'aborder et, dans certains
cas, après avoir commencé la ronde de négociations avec
l'ensemble de la fonction publique, on a l'impression qu'il y a un
désir, du côté gouvernemental, de provoquer une
confrontation. Je ne prends pour exemple que l'attitude de certains
ministériels attitude, à mon avis, excessive dans les
circonstances à l'endroit de la critique qu'on fait du document de
la CEQ relativement au 1er mai. Bien sûr, je ne l'endosse pas totalement
et je ne fais pas mien ce document d'ailleurs, je pense que cela a
été assez clair dans nos remarques à quelques reprises
mais l'attitude même du gouvernement à l'endroit de ce
document est, à mon avis, un élément de provocation. Je
pense simplement au langage excessif utilisé par le ministre de
l'Education qui, lui-même, du même souffle admet qu'il s'agit
là tout simplement de l'expression de la volonté d'une
minorité. S'il était parfaitement convaincu de cela, je vois mal
la justification d'utiliser une critique aussi excessive à l'endroit de
ce document.
Egalement, dès l'étude des crédits de 1974/75, le
gouvernement maintenait et annonçait sa ferme intention de ne pas
négocier la masse salariale, de ne pas tenir, comme nous l'avons
demandé avant la ronde de négociations de 1972, une
prénégociation sur la masse salariale sinon sur la politique
salariale. Nous avons toujours été et nous sommes encore, de
l'Opposition officielle, des tenants de la croyance qu'un budget gouvernemental
n'est pas une vache sacrée. Ce n'est pas quelque chose qu'on doit cacher
et décider en catimini, c'est quelque chose qu'on doit ouvrir. Si on
doit l'ouvrir, on doit en discuter au préalable avec les parties
concernées. Les parties concernées se doivent, je pense, de
prendre une responsabilité plus grande que celle qu'elles prennent
actuellement, évidemment, si le gouver-
nement est d'accord pour discuter de politiques salariales avant
d'entrer dans ce qu'on appelle l'ensemble de la négociation.
De plus, certains fonctionnaires sont placés dans une position
où ils ne peuvent que penser que le gouvernement entretient à
leur end roit une politique antisyndicale. Cela peut peut-être ne viser
qu'une partie du personnel, dans l'ensemble du gouvernement, mais le refus
constant du gouvernement d'intégrer, dans un cadre syndical, les
employés occasionnels, à mon avis, ne peut que refléter
sur l'ensemble des autres syndicats et laisser croire on reviendra
à l'aspect des occasionnels, mais je le souligne en passant et
perpétuer un peu cette atmosphère qui, à mon avis, n'est
pas propice à des négociations saines, à des
négociations de partenaires qui veulent, éventuellement, faire de
la fonction publique quelque chose qui est extraordinairement efficace dans
l'intérêt de l'ensemble de la population.
Finalement, il n'est pas exagéré de dire que le
gouvernement lui-même contribue à une certaine politisation de la
fonction publique, du moins ne fait rien pour l'empêcher. J'effleure
simplement un cas actuel qui est devant la commission de l'Assemblée
nationale, l'affaire Saindon, à mon avis; on en a discuté la
semaine dernière, on en rediscutera mercredi, de sorte que je passe
rapidement, je le cite uniquement à titre d'exemple. J'ai cité
également, mercredi dernier, et je le répète, la
vérification de l'allégeance politique des fonctionnaires.
J'imagine bien que le ministre de la Justice... de la Fonction publique nous
dise...
M. Parent (Hull): Je ne serai jamais ministre de la Justice, je
ne suis pas avocat.
M. Burns: Dieu merci!
M. Parent (Hull): Ce serait peut-être une bonne chose qu'il
y ait un administrateur...
M. Burns: Mais j'aimerais bien que le ministre de la Fonction
publique nous parle de cet aspect, et j'aimerais bien, cette année, en
avoir le coeur net, si le ministre de la Fonction publique est, dans le fond,
le grand directeur du personnel gouvernemental. Il me semble qu'il se devrait
de clarifier cette ambiguïté.
Nous avons souligné, entre autres, le cas du ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, qui admettait ouvertement, dans un
cas qu'on avait relevé, l'année dernière, que cela se
faisait et qu'il ne voyait rien d'anormal dans le fait de vérifier
l'allégeance politique. Ce qui plus est, le premier ministre
lui-même, cette année, commente qu'il est tout à fait
normal de vérifier l'allégeance politique, avant l'embauchage,
avant la promotion.
Et finalement, M. le Président, on peut citer le cas Joyal, les
hauts fonctionnaires qui sont choisis selon le seul critère politique.
Je vous réfère au témoignage de M. Gagnon, devant la
commission Cliche, qui est très explicite là-dessus. On pourrait
allonger la liste qui, justement, contribue à vicier l'ensemble de
l'atmosphère de la fonction publique.
Finalement, M. le Président, j'y ai fait référence
tout à l'heure, autre élément qui, selon moi, contribue
à détériorer l'atmosphère dans la fonction
publique, à perpétuer, selon les mots mêmes du ministre,
l'année dernière, le désarroi et la monotonie dans la
fonction publique, c'est cette politique décourageante et
démoralisante à laquelle j'ai fait allusion, tout à
l'heure, du gouvernement, de plus en plus de faire affaires avec des gens
à qui on donne des contrats à l'extérieur de la fonction
publique, surtout dans le domaine des professionnels.
Je n'accepterai pas, encore cette année, qu'on vienne me dire,
à chaque ministère où on pose ce problème, que ce
soit au ministère de la Justice, que ce soit au ministère du
Travail ou que ce soit encore au ministère de la Fonction publique,
qu'on ne peut pas payer des salaires décents à des professionnels
pour faire carrière dans la fonction publique. M. le Président,
je pense que c'est drôlement décourageant pour ceux qui y sont
actuellement dans la fonction publique; je pense aux nombreux avocats, aux
nombreux architectes, aux ingénieurs qui sont dans la fonction publique.
Je fais exception, évidemment, de ceux qui sont sous-ministres, ils sont
grassement payés, pas tous les sous-ministres, mais je pense à
certains sous-ministres qui sont assez bien payés, qui sont
ingénieurs. Je me demande simplement s'il n'est pas temps qu'on se pose
la question franchement: Si on n'est pas capable de recruter à
l'extérieur, à cause des bas niveaux de salaires qu'on paie
à la fonction publique aux professionnels, cela veut dire qu'on ne paie
pas décemment les professionnels de la fonction publique. C'est
parfaitement logique, c'est tout à fait normal d'en arriver à
cette conclusion.
Mais pendant qu'on maintient cette situation, c'est, à mon avis,
un des éléments qui découragent, démoralisent les
gens qui ont décidé de faire carrière dans la fonction
publique. En somme, ce n'est pas un portrait très optimiste que je fais.
Je me sentais le devoir de le faire à ce stade-ci, même de
contredire le ministre dans son évaluation très souriante de la
situation.
Je ne pense pas que, dans les faits, cela se traduise par
l'atmosphère que le ministre voudrait bien qu'on croie qui existe dans
la fonction publique. Je pense que c'est, bien au contraire, une
atmosphère qui ne favorise pas, d'une part, un mieux-être de
l'ensemble des fonctionnaires, d'autre part et par ce ricochet, un meilleur
service à l'ensemble de la population.
Effectivement, tout ce que nous avons vu durant l'année
dernière, cela a été de nombreux projets de la part de la
Fonction publique, à part quelques réglementations
particulières comme celle sur les occasionnels ou celle sur le code
d'éthique. Il n'y a pas eu de législation majeure au cours de la
dernière année, comme semblait nous le promettre, l'année
dernière, à l'étude de ses crédits, le ministre de
la Fonction publique. Il n'y a pas eu, à part évidemment
je lui rends justice là-dessus celle qu'il a mentionnée,
c'est-à-dire celle concernant les fonds de pension, de nouvelle
législation concernant soit la Commission de la fonction publique, tel
qu'il l'avait promis, ou encore concernant son ministère.
C'étaient les quelques brèves remarques que j'avais
à faire au début de nos travaux. Peut-être le ministre
voudrait-il corriger certaines impressions que j'ai. S'il réussit
à me faire changer d'idée, je suis bien prêt à le
dire, bien haut, bien ouvertement. Mais je vous avoue qu'il y a un gros dossier
à relever avant de me faire changer d'opinion là-dessus.
Le Président (M. Gratton): L'honorable ministre de la
Fonction publique.
M. Parent (Hull): M. le Président, je suis un peu surpris
de l'attitude du député de Maisonneuve en regard de la fonction
publique. Il est vrai qu'à la fonction publique, comme telle, ce n'est
peut-être pas le paradis terrestre. Mais je pense que le
député de Maisonneuve a bien pris la précaution de dire
qu'il y avait eu une certaine législation en matière de fonds de
retraite. Peut-être qu'à ses yeux ce n'est pas d'une importance
vitale mais cela fait partie d'un ensemble.
Ce n'est pas également par voie de législation qu'on
pourra sûrement corriger ou améliorer la tendance pessimiste du
député de Maisonneuve. Si on juge la valeur d'un ministère
ou l'évolution de la réglementation ou de la politique
d'orientation d'un ministère par la législation qui est
présentée, je pense qu'à ce stade-ci, je suis d'accord
avec le député de Maisonneuve, nous n'avons pas un gros
dossier.
Mais tel n'est pas le cas, à mon avis, dans la fonction publique.
C'est un secteur où j'ai appris, je l'ai déjà dit. Je ne
m'attendais jamais à être un jour le titulaire du ministère
de la Fonction publique. Je l'ai accepté comme responsabilité,
à la demande du premier ministre. Je suis d'autant plus heureux de le
dire que, malgré ces déficiences peut-être personnelles que
j'aurais pu avoir, il n'en demeure pas moins que la fonction publique a
évolué puis a relevé un défi. Ce n'est pas
simplement celui qui vous parle qui est responsable de l'attitude je
l'ai dit, je pense bien, dans mon exposé c'est le personnel
cadre, à partir de mes sous-ministres et de mes fonctionnaires, qui ont
aidé à améliorer la situation.
Mais on comprendra que j'ai accepté cette responsabilité
du ministère comme ministre d'Etat d'abord, avant même que la
dernière ronde des négociations ne soit terminée. Si la
dernière ronde de négociations a laissé des marques et
certains vestiges, il n'en demeure pas moins que, sans blâmer mes
prédécesseurs, nous avions exposé, peut-être
jusqu'à un certain point, au ridicule, nos fonctionnaires en les
laissant à la table des négociations comme porte-parole.
Nous avons c'est peut-être une expression qui peut
être employée tué quelques-uns de nos meilleurs
fonctionnaires à une table de négociations. De là, je suis
d'accord avec le député de Maisonneuve, en disant qu'à la
fin de 1972, au moment où je suis arrivé comme ministre d'Etat,
avant d'être titulaire en février 1973, il y avait une
atmosphère au ministère même, qui n'était pas des
plus encourageantes, qui ne pouvait que traduire l'inquiétude
énorme vis-à-vis de la fonction publique en général
à cause de l'expérience que nous venions de traverser.
Mais telle n'est pas la situation depuis les deux ans que j'assume la
responsabilité du ministère et maintenant que nous engageons le
processus des négociations collectives. Il a été convenu
qu'aux tables de négociations nos fonctionnaires, tant du
ministère de la Fonction publique que des autres ministères
concernés, agiront comme conseils. Ils ne seront plus, en tout cas en ce
qui concerne cette ronde de négociations, les porte-parole aux tables de
négociations. Je n'ai pas I'intention d'aller brûler d'autres
fonctionnaires qui, par la suite, auront à payer, leur vie durant, des
gestes qu'ils auraient pu poser...
M. Burns: Excusez-moi, M. le ministre. Voulez-vous dire
brûlés physiquement ou brûlés moralement...
M. Parent (Hull): Physiquement et moralement. Nous en avons
brûlé, des gens.
M. Burns:... ou tout simplement brûlés
vis-à-vis du travail qu'ils sont appelés à faire?
M. Parent (Hull): Non. Nous avons brûlé des gens
qui, dans leur sens des responsabilités, ont apporté tout ce
qu'ils avaient, ont donné tout ce qu'ils pouvaient, mais ils ont
été les victimes. C'est cela que je ne veux pas qui se
répète dans la fonction publique. Je pense, à ce
moment-là, que c'est créer une atmosphère intenable
à l'intérieur non pas simplement du ministère de la
Fonction publique, mais à l'intérieur des autres
ministères qui sont appelés aux tables de
négociations.
Mais je n'ai pas l'allure pessimiste qu'a le député de
Maisonneuve. J'ai plutôt l'allure optimiste, en ce qui me concerne, parce
que je sais que nous avons fait des pas considérables, des pas en avant,
pour permettre de revaloriser le fonctionnarisme et de le placer au diapason.
Je pense qu'il s'agit de se rendre compte de l'évolution de la fonction
publique dans les dernières années. La fonction publique joue un
rôle de plus en plus évident, un rôle de soutien
auprès des chefs et des sous-chefs des différents
ministères. Nous avons prévu des programmes d'amélioration
de la gestion, du perfectionnement, même des programmes
accélérés justement pour donner l'encouragement et
créerl'atmosphère nécessaire à cette revalorisation
de la fonction publique.
Je pense qu'il n'est pas nécessaire de le dire ou de le
répéter continuellement, mais on n'a qu'à consulter les
media d'information pour s'apercevoir de plus en plus que le rôle que
jouent nos fonctionnaires, souvent, il est monté en épingle en
disant: C'est le fonctionnarisme qui dirige le gouvernement. Dans certains cas,
cela peut être vrai, mais il reste qu'en vertu des lois constitutives les
ministres demeurent les chefs des ministères, mais le fonctionnarisme
joue un rôle de plus en plus évident et de plus en plus conforme
à l'administration quotidienne qu'exigent les différents
ministères.
Pour ma part, je n'irai pas jusqu'à prétendre, comme l'a
fait le député de Maisonneuve, qu'il y a incompétence du
gouvernement.
M. Burns: Je ne m'attendais pas à cela, non plus.
M. Parent (Hull): Non.
M. Burns: Je ne m'attendais pas à ce que vous me donniez
raison.
M. Parent (Hull): Je pense plutôt que le gouvernement a
invoqué et implanté des mesures. Même si elles ne sont pas
législatives, il n'en demeure pas moins que ce sont des politiques qui
permettent justement d'arriver aux objectifs que nous nous sommes
déterminés.
Le code d'éthique a été élaboré, je
l'ai dit tout à l'heure. Nous aurons probablement l'occasion d'y
revenir. Nous avons mis de l'avant des plans de perfectionnement, d'accueil,
pour permettre aux nouveaux employés ou aux employés actuels de
gravir les échelons d'avancement à l'intérieur de la
fonction publique. Il y a d'autres modifications qui s'imposent, j'en suis
conscient, qui doivent venir au fur et à mesure. Face à une
négociation, je pense que le député de Maisonneuve
comprendra que je n'ai pas l'intention d'élaborer, à ce stade-ci,
sur les mesures que nous entendons prendre.
Il est évident que dans tout ce climat que nous voulons le plus
serein possible pour la prochaine négociation, loin de vouloir
créer des affrontements, nous avons recherché et nous recherchons
encore les moyens d'éviter qu'il y ait des affrontements.
Mais le député de Maisonneuve admettra que pour qu'il y
ait affrontement, il faut qu'il y ait deux parties, et si le
député de Maisonneuve veut dire que c'est le gouvernement qui
prend des mesures ou des moyens pour en arriver à créer un
affrontement, je pense que ce n'est pas là l'attitude que j'ai
adoptée depuis le début des négociations. Jusqu'ici...
M. Burns: Je n'ai pas dit, M. le ministre, que vous étiez
le seul responsable...
M. Parent (Hull): Non.
M. Burns: J'ai été bien juste à votre
égard. Même les cas que j'ai cités étaient
peut-être des cas qui étaient extérieurs à vous mais
des cas que je suis obligé de vous attribuer parce que vous êtes
le grand patron de la fonction publique. C'est dans ce sens-là que je le
faisais.
Si vous me dites que vous, vous n'avez fait aucune provocation, je vais
tout de suite vous dire qu'il ne me semble pas que vous en ayez faite, sauf
peut-être par des politiques de votre ministère. Mais des
provocations du style de celles que je mentionnais, les Jeunes libéraux
à leur congrès de Magog ou des attitudes comme celle du
député des Iles-de-la-Madeleine ou même comme celle du
premier ministre, ce n'est pas à vous que je les imputais. Je suis bien
d'accord, je suis prêt à faire la rectification, si c'est ce que
vous pensez.
Mais...
M. Parent (Hull): Je pense que...
M. Burns: ... je vous parlais de l'ensemble du gouvernement et du
parti ministériel.
M. Parent (Hull): Je pense que le gouvernement comme tel... J'ai
eu un mandat, non pas que je l'aie demandé, parce que j'aurais bien
aimé qu'un autre que moi dirige les négociations, mais le premier
ministre a voulu, avec le conseil des ministres, que j'assume la coordination
de cette prochaine ronde de négociations. Ce n'est sûrement pas
une sinécure: c'est un travail des plus complexes qui demande
énormément de diplomatie et de doigté. Je ne sais pas si
j'avais toutes les qualifications de toute façon, j'ai quand même
hérité de la responsabilité. Je vais tenter de m'en tenir
à cette responsabilité et de mener à bien, comme je l'ai
exposé tout à l'heure, les négociations pourque nous
puissions signer les conventions collectives.
C'est là le but ultime que je poursuis et je pense, comme
représentant du gouvernement, qu'à l'intérieur de ce
cadre, même si nous avons des partenaires et que j'ai des
collègues qui sont impliqués également, en vertu du bill
95, dans les négociations, tels le ministre de l'Education et celui des
Affaires sociales, je pense, dis-je, qu'il n'en demeure pas moins que chacun
d'eux a le droit d'exprimer, à l'occasion, ses sentiments ou les
idées auxquelles il peut croire.
Mais il reste que la coordination s'assume quand même par celui
qui est désigné par le gouvernement pour agir ainsi. Qu'on
prétende, à l'occasion, qu'il y ait un climat créé
pour inviter à la provocation, comme la dispute entre le ministre de
l'Education et la CEQ, pour ma part, étant celui qui est responsable de
la conduite de la coordination des négociations, je n'ai fait aucun
commentaire. Je n'ai pas tenté, moi-même, d'intervenir dans le
débat pour...
M. Burns: Vous n'avez pas jeté d'huile sur le feu.
M. Parent (Hull): ... donner mon appui ou dire qu'il n'y avait
pas matière à discussion sur le sujet. Je pense qu'il s'agissait
là d'une matière plus grande que la négociation. Il s'agit
d'un problème qui relève, à mon avis, du ministre de
l'Education dans sa gestion quotidienne du ministère et des commissions
scolaires. Je n'ai pas jugé opportun d'intervenir, comme je ne jugerai
pas opportun, à d'autres occasions, d'intervenir dans les débats
qui pourraient avoir comme conséquence de créer un climat malsain
dans le cadre des négociations, étant donné que j'assume
une responsabilité au nom du gouvernement.
Je n'ai pas l'intention de provoquer. J'ai plutôt tenté,
par des démarches que j'ai faites auprès de différentes
parties syndicales et même patronales, de les inviter à être
dans l'harmonie, et, par le moyen de discussions plausibles, dans un climat
serein c'est là, à mon avis, la seule façon de
régler des conventions collectives à s'asseoir à
une table pour discuter des sujets qui sont à négocier et qui
peuvent être négociés.
Je pense que nous avons pris et que nous tentons encore de prendre tous
les moyens je me
suis assuré que mon entourage, qui est très limité,
soit dans le même climat, ait le même esprit qui m'anime
d'en arriver à des conclusions concrètes.
Dans le cadre des négociations il y a M. Roger Samson, qui est
mon conseiller immédiat pour me faire les synthèses, me donner le
point de vue des deux parties qui sont en cause. Egalement m'est attaché
Richard Drouin, qui agit comme mon conseiller spécial dans le cadre de
l'ensemble des négociations des trois réseaux et du parapublic.
Je pense bien qu'il n'y a pas d'éléments, dans ceux qui
m'entourent, qui peuvent donner l'impression ou laisser croire que nous
cherchons la provocation. Nous voulons négocier, nous négocions
présentement; nous avons déjà plusieurs tables qui
fonctionnent quant aux négociations, telles que nous les avons
amorcées actuellement, selon le même critère,
c'est-à-dire la négociation des clauses normatives pour ensuite
s'attaquer aux clauses pécuniaires. Nous avonseu l'accord, jusqu'ici, de
toutes les tab les de négociations. On n'a qu'à se rendre compte,
comme je l'ai dit dans mon exposé, de toutes les conventions collectives
que nous avons signées déjà au cours de l'année
1974. Je pense que le député de Maisonneuve conviend ra que,
même s'il n'y a pas eu de lois pour établir un dossier qui
pourrait être législatif, nous avons fait quand même des pas
en avant en signant au-delà d'une douzaine de conventions,
réglant le conflit, par exemple, des COFI qui traînait en longueur
depuis un an; nous l'avons résolu et, avec l'appui de mes fonctionnaires
du ministère de la Fonction publique, nous en sommes arrivés
à un règlement.
Qu'il y ait certaines difficultés à l'intérieur,
j'en suis. Nous tentons, dès que nous nous en apercevons, de corriger la
trajectoire pour rester à l'intérieur des normes et
critères que j'ai établis dès le départ,
àsavoirlacréationd'unclimatquipuisseêtre conforme pour en
arriver à des conventions négociées.
Il y a, d'autre part, la discussion, comme on l'a fait en Chambre et
comme elle se continuera demain, je l'espère, sur le cas Saindon, sur le
cas Joyal ; je n'ai pas objection même à l'approfondir ici, si on
le veut, au cours de l'étude des crédits au cas où on ne
pourrait pas le faire en Chambre. Je pense que c'est simplement tenter
d'établir certains critères d'incompétence du
gouvernement, d'incrédibilité à l'endroit de la population
sur des organismes qui existent; je n'en suis pas. J'aurai l'occasion de le
démontrer, si je peux finir mon discours en Chambre sur la motion.
M. Burns: Vous n'avez qu'à dire à votre
collègue de l'Immigration de retirer son objection de règlement
et vous allez continuer votre discours.
M. Parent (Hull): Quant à...
M. Burns: Je n'ai pas d'objection, vous avez remarqué.
M. Parent (Hull): Oui, oui. Quant à la vérification
de l'allégeance politique qu'on a soulignée tout à
l'heure, pour ma part je ne suis pas en mesure de dire qu'il s'agit d'une
pratique générale; je ne dis pas que peut-être certains la
pratiquent mais il n'est aucune directive de donnée de pratiquer une
telle politique à l'intérieur du gouvernement. Pour ma part,
qu'il y ait des mesures semblables, je pense qu'elles sont
ré-préhensibles; on doit à ce moment-là le faire
savoir. J'ai eu l'occasion de discuter avec mon collègue, le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, vendredi dernier, s'il y a des
mesures correctives; cela a déjà été corrigé
à ce qu'il m'a confirmé.
Par ailleurs, le député de Maisonneuve a dit tout à
l'heure, du cabinet des ministres, qu'il s'agit d'un personnel politique...
M. Burns: Sur ce point, M. le ministre, si vous me permettez.
Excusez-moi de vous interrompre. Il y a plus que le ministreduTourisme, de la
Chasse et de la Pêche, il y a son beau-frère, le premier ministre;
voici une réponse à une de mes questions en Chambre, vers la fin
de juin, et il a récidivé récemment. J'ai un extrait du
journal Le Soleil, 21 juin 1974, qui se lit comme suit: "Interrogé
à cet effet par le député péquistede Maisonneuve,
Me Robert Burns, lorsdes crédits du Conseil exécutif, hier, M.
Bourassa a expliqué qu'il n'y avait rien d'anormal à ce qu'une
enquête soit faite avant d'octroyer certains postes importants dans la
hiérarchie du ministère".
Tout cela, cette discussion aux crédits du Conseil
exécutif avec le premier ministre se faisait dans le cadre de ce que le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche m'avait répondu,
lors de l'étude de ses crédits à lui, concernant
l'allégeance d'un certain monsieur qu'on voulait embaucher au parc des
Voltigeurs. Alors c'est plus qu'un simple ministre. Je vous cite textuellement
le premier ministre: "C'est une décision qui relève de chaque
ministre et je leur fais confiance."
Ace moment-là, c'est plusqu'un accroc temporaire et passager d'un
ministre, cette vérification d'allégeance.
M. Parent (Hull): M. le Président, je pense que l'exemple
que vient de prendre le député de Maisonneuve n'implique pas
qu'il s'agit d'une pratique courante. Qu'il y ait, sur la question du cabinet
des ministres, vérification pour le personnel politique, je pense que
c'est normal.
M. Burns: Je suis entièrement d'accord.
M. Parent (Hull): L'exemple que vient de prendre le
député de Maisonneuve, à savoir le Conseil
exécutif, je pense que si le premier ministre dit qu'il fait certaines
vérifications d'allégeance pour le ministère du Conseil
exécutif, il s'agit bien...
M. Burns: Ce n'est pas cela qu'il a dit.
M. Parent (Hull): ... de l'administration gouvernementale au plus
haut niveau: le chef du gouvernement. S'il fait une vérification
d'allégeance des employés qui l'entourent, je pense que
même, si ce n'est pas du personnel politique comme tel...
M. Burns: Non, non, qu'il soit bien clair, et j'ai toujours
maintenu cette position, que le personnel de cabient est en soi un personnel
à caractère politique, cela je ne le nie pas. Je vous dis tout de
suite, que mon chef de cabinet, en principe, c'est un sympathisant, tout au
moins, du Parti québécois. Et c'est normal parce que là,
il y a des décisions politiques qui se prennent. Je pense qu'on a
été constant, on n'a jamais fait de chicane à personne
là-dessus. Mais quand c'est rendu qu'un administrateur de je ne sais pas
quelle classe, ou un chef de bureau, au parc des Voltigeurs, se voit
vérifier son allégeance politique, là on ne parle plus de
personnel politique, on parle du personnel administratif d'un
ministère.
M. Parent (Hull): Ce que je veux dire au député de
Maisonneuve, c'est que je lui ai dit qu'il ne s'agit pas d'une pratique
courante. Qu'il y ait eu certains...
M. Burns: Ce n'est pas ce que le premier ministre nous laissait
entendre, au Conseil exécutif.
M. Parent (Hull): ... qu'il y ait certains accrocs, j'ai dit
qu'il ne s'agit pas d'une pratique courante. Nous tentons, au fur et à
mesure que je suis informé, de prendre les mesures nécessaires
pour qu'on suive les pratiques émises par la Commission de la fonction
publique et par le ministère. S'il y a des anicroches, je suis bien
prêt à faire le nécessaire pour corriger les situations,
mais qu'on prenne l'exemple du Conseil exécutif et de la
déclaration du premier ministre qui parle du ministère du Conseil
exécutif...
M. Burns: Non, non.
M. Parent (Hull):... je pense que ce n'est pas tout à fait
la même chose.
M. Burns: Non, non, entendons-nous, M. le ministre. Quand j'ai
posé la question au premier ministre, ce n'était pas pour le
Conseil exécutif, ce n'était pas pour le secrétaire du
Conseil exécutif, ce n'était pas pour des hauts fonctionnaires du
Conseil exécutif, c'était pour l'ensemble des ministères.
C'était en tant que premier ministre que je lui posais la question, en
tant que chef de ce cabinet que constitue l'ensemble des titulaires des
ministères. Sa réponse, je ne l'ai pas comprise comme touchant
uniquement son ministère. Il dit bien: Cette décision de
vérifier l'allégeance politique relève de chaque ministre,
je leur fais confiance.
Donc il permet que l'allégeance politique des fonctionnaires soit
vérifiée.
M. Parent (Hull): Je dis au député de Maisonneuve
que ce n'est pas une pratique courante. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas qui
l'ont pratiquée ou qui la pratiquent, je dis qu'au fur et à
mesure où des cas semblables sont portés à mon
attentionné prends les mesures nécessaires pour intervenir.
Qu'est-ce qu'il y a à faire d'autre?
M. Burns: Est-ce qu'il y a eu d'autres cas que celui du ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui ont été
portés à votre connaissance?
M. Parent (Hull): Non, mais je puis dire au député
de Maisonneuve, s'il veut avoir plus confiance en ce que je dis, que celui
même qui vous parle n'a pas de chef de cabinet ni de secrétaire
particulier adjoint dans son bureau.
M. Burns: Cela ne fait pas longtemps.
M. Parent (Hull): M. Samson a été mon chef de
cabinet jusqu'en septembre, et depuis le mois de septembre dernier, je n'ai pas
de chef de cabinet...
M. Burns: C'est cela que je vous dis, ça ne fait pas
longtemps, vous aviez un chef de cabinet il n'y a pas longtemps.
M. Parent (Hull):... je n'ai jamais eu, je n'avais pas de
secrétaire particulier. Le seul fonctionnaire que j'ai, c'est un
secrétaire particulier adjoint qui est à mon bureau de Hull. A
Québec je n'en ai plus et mon effectif, comme ministre est de un, comme
dans mon cabinet de ministre.
Alors, je pense qu'à ce moment-là on ne pourra pas
invoquer, de ma part, que j'ai fait de la politique...
M. Burns: M. le ministre, depuis tout à l'heure, vous me
dites: Ne me dites pas cela concernant l'ensemble du gouvernement; moi, je suis
pur, moi, je suis...
M. Parent (Hull): J'ai moins de personnel politique que vous n'en
avez.
M. Burns: Que moi j'en ai?
M. Parent (Hull): Oui, j'ai moins de personnel que vous.
M. Burns: J'en ai deux, moi. M. Parent (Hull): J'en ai
un.
M. Burns: Bon, d'accord, j'en ai un de plus que vous.
Une Voix: Deux fois plus.
M. Parent (Hull): Mais, selon les règles, j'ai droit
à quinze.
M. Burns: M. le ministre, entendons-nous. Depuis tout à
l'heure...
M. Parent (Hull): C'est pour vous démontrer qu'on ne fait
pas de politique chez nous...
M. Burns: ...je vous ai parlé... M. Parent (Hull):
... partisane.
NI. Burns: ... de la vérification... Vous ne faites pas de
politique partisane, oui.
M. Parent (Hull): A l'intérieur du ministère. M.
Burns: Remarquez que c'est inquiétant,
quand je vois le nombre de personnel politique dans d'autres
ministères, que vous en ayez si peu. Cela m'inquiète
beaucoup.
M. Parent (Hull): Cela dépend de la méthode de
travailler de chacun. Moi, je me sers de mes fonctionnaires parce que j'ai
confiance en mes fonctionnaires.
M. Burns: Ah! bon! vous vous servez de vos fonctionnaires,
vous.
M. Parent (Hull): Oui. Je reçois du courrier en
quantité, comme ministre de la Fonction publique, et je demande à
mes fonctionnaires, soit M. Bélanger soit M. Lefebvre soit les autres,
de me préparer les réponses. Je n'ai pas besoin, à ce
moment-là, d'avoir du personnel politique pour faire cela; j'ai des
fonctionnaires en qui j'ai confiance.
M. Burns: En somme, vous dites que, parce que cela n'existe pas
chez vous, cela n'existe nulle part actuellement, cette vérification de
l'allégeance.
M. Parent (Hull): Dans la pratique et selon les règles
établies, il ne doit pas y avoir de vérification
d'allégeance parce que les règles régissant la fonction
publique sont déjà déterminantes, à savoir la
compétence.
M. Burns: Je suis entièrement de votre avis, M. le
ministre. Si vous me dites que c'est comme cela que cela doit se passer, je
peux vous dire que je vous endosse complètement dans votre affirmation.
Ce que je veux savoir, c'est si, effectivement, c'est comme cela que cela se
passe.
M. Parent (Hull): C'est ce que j'ai dit audéputéde
Maisonneuve. Quand il est porté à ma connaissance que c'est
autrement que cela se fait ailleurs...
M. Burns: Je vous ai cité, au cours du débat de la
semaine dernière relativement à ma motion sur M. Saindon, un
extrait du témoignage de René Gagnon, que j'ai sous les yeux,
à la page 58, devant la commission Cliche. A une réponse ou
à une réaction du président de la commission, le juge
Cliche, il dit: "J'ai évidemment pris soin de demander si M. Joyal
était de bonne allégeance; d'ailleurs, c'était une
directive, à l'époque, chez les chefs de cabinet je dis
bien à l'époque de s'enquérir des gens qu'on
recommandait et j'ai donc dû m'enquérir, à savoir s'il
était un bon libéral ou non."
M. Parent (Hull) : Oui, mais là, on ne parle pas de la
fonction publique. Je vous l'ai dit en Chambre, en réponse à
votre discours: M. Joyal, c'est une nomination du lieutenant-gouverneur en
conseil à la Commission du salaire minimum et cela ne prend pas de liste
d'éligibilité.
M. Burns: Non, je sais que cela ne prend pas de liste.
M. Parent (Hull): C'est une nomination du conseil des
ministres.
M. Burns: Je sais que cela ne prend pas de liste
d'éligibilité, mais...
M. Parent (Hull): Oui, c'est cela, je ne voudrais pas que vous
mélangiez quand vous parlez de la fonction publique...
M. Burns: ... là, vous avez un gars, qui a
été proche des décisions de cette nature, qui vient nous
dire sous serment que cela se faisait, en tout cas, au temps où il y
était. Cela ne fait pas tellement longtemps qu'il a quitté ces
fonctions-là, M. Gagnon.
M. Parent (Hull): Officiellement, depuis septembre 1973;
officieusement, c'est avant. Il a été en disponibilité
pendant au-delà d'un an. Il était en congé sans solde,
d'ailleurs, pendant un an, mais il avait été en
disponibilité antérieurement. Cela fait au moins depuis 1972
qu'il n'est plus effectivement au gouvernement.
M. Burns: Et vous avez un ministre qui vient nous laisser croire,
un an plus tard, que cela sefait encore.
M. Parent (Hull): J'ai dit que j'ai vu le ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche vendredi dernier et il m'a dit que la
situation était redevenue normale.
M. Burns: Que la vérification ne se faisait plus. M.
Boudreault: C'était un cas particulier. M. Burns: Pardon?
M. Boudreault: Elle devrait peut-être se faire sur certains
cas.
M. Burns: Ah, voyez-vous, M. le ministre, vous n'avez pas l'avis
unanime de vos collègues. Le député de Bourget dit que
cela devrait se faire sur certains cas. Heureusement, je ne peux pas le
questionner, M. le Président; ce n'est pas lui, le ministre.
Excusez-moi, je vous ai interrompu. Continuez, M. le ministre.
M. Parent (Hull): M. le Président, simplement, je voudrais
souligner comme dernier commentaire q ue, contrairement à l'opinion
émise par le député de Maisonneuve, nous essayons de
garder ce climat serein pour les négociations; nous ne tentons pas de
vicier l'atmosphère pour permettre qu'il y ait des affrontements. Nous
voulons en arriver à des conclusions saines, c'est-à-dire
à la signature de conventions collectives particulièrement dans
ce secteur. J'ai également souligné, dans mon exposé, les
mesures que nous sommes actuellement, à mettre en place pour
améliorer la gestion de la fonction publique.
Je pense que, dans l'ensemble, nous avons fait des progrès
considérables, non pas pour tenter de réduire l'impact, mais,
quand même, d'apporter d'autres modifications qui seront
nécessaires au cours de la présente année, à la
suite des rapports des comités qui sont en place actuellement et qui
nous permettront d'apporter, justement, des correctifs dans les
différentes sphères.
Le Président (M. Gratton): Puis-je vous inviter à
discuter de l'élément I.
M. Burns: J'ai une suggestion à vous faire, M. le
Président. Si les membres de la commission sont d'accord, cela pourra,
d'après l'expérience passée, hâter
énormément l'étude des différents programmes, en ce
qui me concerne, en tout cas.
J'ai certains points qui peuvent être considérés
comme des points à caractère général, telle la
négociation, par exemple, à laquelle a fait
référence la ministre. J'ai l'impression qu'une fois qu'on aura
discuté de ces points-là, cela évitera d'entrer dans le
détail de chacun des programmes et permettra peut-être de les
adoptertrès rapidement, par la suite, sauf quelques questions que les
autres collègues auront aussi.
Mais en ce qui me concerne, c'est une suggestion que je vous fais. Je
sais que lesfois où on l'a fait, cela avait hâté les
travaux. C'est uniquement dans ce but.
Le Président (M. Gratton): Le ministre et les membres de
la commission me font signe que cela leur convient. D'accord.
M. Burns: Restant sur ce point général que nous
discutons, depuis tout à l'heure, c'est-à-dire et l'optimisme du
ministre et ma réaction pessimiste, je voyais dans le journal des
Débats, à la page B/590, l'année dernière, lors de
l'examen de vos crédits, un échange entre le député
de Saint-Jacques et vous-même, auquel j'ai fait référence
dans mon exposé d u début. On vous lit, à la page 590,
comme disant: "La question primordiale ou prioritaire, si on veut, c'est la
monotonie," parlant de l'atmosphère qu'il y a dans la fonction publique.
"Ce qu'on recherche actuellement, c'est de créer une atmosphère
propice à l'enrichissement du personnel qui puisse lui permettre de
sortir de ce qu'on semble déceler, actuellement, cette monotonie qui
existe." Un peu plus loin, vous ajoutez: "Actuellement, nous attendons les
recommandations pour nous permettre d'agir, mais il faut bien comprendre que
chacun des ministères a encore sa liberté d'agir, à
l'intérieur de son propre ministère, etc.."
J'aimerais savoir ce qui s'est fait depuis les crédits de
l'année dernière, pour corriger cette monotonie qu'ailleurs vous
qualifiez de désarroi. Je pourrais vous citer l'endroit exact. A la page
B/59I, vous nous dites ceci : "Ce que je puis dire, c'est que vous avons connu
des difficultés assez sérieuses au ministère de la
Fonction publique, suite aux négociations de I972; ce n'est pas de la
monotonie que nous avons connue au ministère de la Fonction publique,
cela a été plutôt le désarroi. Nous sommes
maintenant à reconstruire, si on veut, une façon de travail qui
puisse répondre aux aspirations des employés."
Vous nous parlez de monotonie, de désarroi, de recommandations
également que vous attendez pour corriger la situation. Or, cela touche
justement mes remarques préliminaires, cette atmosphère qui
existe à la fonction publique. Qu'est-ce qui a été fait,
depuis un an, pour corriger cette situation?
M. Parent (Hull): II s'agissait, à ce moment, d'un cas
particulier, je pense, au ministère. Il ne s'agissait pas de l'ensemble
de la fonction publique, il s'agissait du ministère...
M. Burns: Vous avez touché aux deux, le
député de Saint-Jacques et vous.
M. Parent (Hull): II s'agissait du centre de données
où nos employés trouvaient le travail très monotone.
C'était vrai, nous avons fait faire une expertise, par le Centre
de...
Il y avait des problèmes qui se posaient, chez nous et à
la Régie des rentes, pour ces employés qui sont au centre de
l'informatique. Il a fallu apporter des correctifs, d'abord par
l'amélioration des conditions de travail, des locaux. Il a fallu
modifier la structure pour y amener de nouveaux chefs d'équipe. Il a
fallu y apporter d'autres modifications; l'enrichissement des tâches, une
nouvelle classification pour créer ce climat qui nous était
nécessaire pour remplacer cette monotonie qu'on semblait retenir dans
ces deux centres eux-mêmes.
Il s'agissait à ce moment-là de notre centre, au
ministère, et celui de la Régie des rentes. Et c'est par ces
méthodes que nous avons amélioré, au cours de
l'année, les tâcheset l'enrichissement de la tâche de chacun
pour revaloriser ces secteurs d'activité.
M. Burns: Et cela a été effectivement fait, au
cours de l'année.
M. Parent (Hull): Cela a été fait.
M. Burns: Maintenant, toujours relativement aux remarques
à caractère général que je vous ai faites tout
à l'heure, vous ne m'avez pas répondu, me semble-t-il, dans votre
exposé en réponse, relativement à cette politique qui est
d'avoir recours à l'extérieur pour particulièrement les
professionnels. C'était le cas des avocats et des architectes.
Est-ce qu'il y a quelque chose qui a été fait pour
corriger cette situation dans l'année qui vient de se terminer? Ou
encore, est-ce qu'il y a quelque chose qui est envisagé pour corriger la
situation?
M. Parent (Hull): Des avocats particulièrement?
M. Burns: Je parle en particulier des avocats. Je vous parle des
architectes, je vous parle des ingénieurs...
M. Parent (Hull): Ah!
M. Burns: Je vous parle des professionnels en
général.
M. Parent (Hull) : Cela est une situation pas aussi claire.
D'abord, en ce qui concerne les avocats, les conseillers juridiques du
gouvernement, ce n'est pas une nouvelle pour le député de
Maisonneuve, nous avons de grandes difficultés actuellement dans le
recrutement à cause des salaires qui sont offerts. Il s'agit là
de matière à négociations.
Nous avons eu de la difficulté sur la question des locaux, de
l'aménagement paysager, sur lequel nous sommes encore devant les
tribunaux, sur la ques-
tion du lieu de travail, qui a fait le sujet même, pas de
grève mais de ralentissement de travail, de rendement.
La difficulté est assez grande et le correctif comme tel n'a pas
été apporté encore. Je pense qu'il n'y a pas de
réticence à le dire. Nous attendons un jugement, je pense, ces
jours prochains sur la question de l'aménagement des locaux, Il y en a
eu un de rendu pour les conseillers juridiques du ministère de
l'Education. Mais comme les autres avocats avaient perdu leur droit de recours,
le syndicat des avocats est retourné devant le tribunal. La
décision, qui doit être rendue, je pense, au cours de la semaine
ou de la semaine prochaine, pourra amener un correctif. Mais on comprendra
qu'il s'agit, à ce moment-là, si le jugement donnait gain de
cause aux avocats, non pas pour le ministère de la Fonction publique
mais bien pour le ministère des Travaux publics de faire des changements
assez majeurs dans sa décision qu'il avait déjà prise
à l'affet de faire l'aménagement paysager dans tous les nouveaux
locaux que nous occuperions à l'avenir. Cela implique également
des changements assez profonds dans les aménagements de locaux actuels
qui sont déjà en aménagement paysager, advenant que
jugement leur soit accordé comme gain.
Il y a un autre effet. La Commission de l'aide juridique paie des
salaires supérieurs à ceux de la fonction publique. Mais,
prétendre que le gouvernement a recours à des bureaux de
l'extérieur pour s'assurer des expertises, je pense que, en principe, ce
n'est pas tout à fait la vérité. La Commission de l'aide
juridique, en somme, ce sont presque des fonctionnaires, c'est du parapublic.
D'ailleurs, ils sont incorporés dans le bil l95. ll ya eu une
augmentation considérable du nombre d'avocats au service du gouvernement
ou, par le parapublic, à la Commission de l'aide juridique.
A l'intérieur du gouvernement, il est vrai, je pense que le
nombre n'a pas fluctué tellement. Si on s'en tient à l'ensemble
du réseau des avocats, nous avons d'abord une loi spéciale des
procureurs de la couronne. Je pense que, à l'intérieur de
ça, il y a I40 procureurs de la couronne.
M. Burns: Permanents?
M. Parent (Hull): Permanents. Mais ils sont régis par une
loi spéciale et non pas par la Commission de la fonction publique. Des
conseillers juridiques, dans le service gouvernemental au ministère de
la Justice et dans les organismes paragouvernementaux, il y en a environ I50;
à la Commission de l'aide juridique, au-delà de 200.
Cela, c'est pour la profession idéale de l'avocat.
M. Burns: Je ne dirais pas idéale.
M. Parent (Hull): Ou la profession la plus
privilégiée.
M. Burns: C'est censé être la plus vieille
profession.
M. Parent (Hull): Oui. La plus privilégiée.
Sur le recours à des avocats de l'entreprise privée, c'est
assez restreint. Je n'ai pas l'impression, puisque nous approuvons les mandats
au Conseil du trésor, qu'il y a abus, de ce côté, à
retenir des bureaux privés, à moins d'exceptions su rdes cas
particuliers, comme à la Commission des valeurs mobilières. A ce
moment-là, il s'agit de causes particulières. Je sais que la
Commission des valeurs mobilières retient, sur des cas
spécifiques, des avocats spécialistes dans les secteurs en
cause.
Il y a des causes particulières, peut-être, dans
l'administration quotidienne de la justice mais je n'ai pas l'impression qu'il
y a des abus de ce côté, si on parle des avocats.
M. Burns: Ecoutez, je ne parlais pas uniquement des avocats.
M. Parent (Hull): Non, non.
M. Burns: Je parlais de l'ensemble des professionnels...
M. Parent (Hull): Oui, oui mais, si vous voulez, on va parler des
autres après.
M. Burns: ... ou semi-professionnels.
M. Parent (Hull): Je voulais vider cette question.
M. Burns: Si vous regardez, M. le ministre, l'ensemble des
crédits de chaque ministère, vous allez voir une part importante,
à chaque ministère, accordée aux honoraires qui sont
payés à l'extérieur.
M. Parent (Hull): C'est inévitable. Je pense que quelle
que soit l'administration gouvernementale, il ne s'agit pas simplement de
considérer ses effectifs seulement pour la gestion. Je pense bien qu'il
n'y a aucune administration gouvernementale qui n'a pas recours, à
l'occasion, à des expertises de l'extérieur. On comprendra, si on
parle de la Commission des valeurs mobilières, qu'on ne peut pas
s'attendre qu'à l'intérieur du gouvernement, on va avoir des
avocats spécialistes en matière de valeurs mobilières.
Cela ne se bâtit pas du jour au lendemain.
M. Burns: Je conçois que, pour certains domaines
très spécialisés, il soit nécessaire d'avoir
recours à l'extérieur. Mais quand vous voyez, M. le ministre, par
exemple, un architecte qui serait à l'emploi du ministère des
Affaires sociales, qui a une bien meilleure connaissance de ce que peuvent
exiger des maisons pour personnes âgées et qu'après cela,
on recourt à l'extérieur pour la conception et tout ceque vous
voulez, je dis qu'il y a quelque chose d'illogique là-dedans.
M. Parent (Hull): Non.
M. Burns: II y a quelque chose de pas normal.
M. Parent (Hull): A mon sens, il n'y a pas d'illogisme.
M. Burns: Quand vous voyez un avocat, dans un
ministère, préparer un dossier du début à la
fin et quand vient le temps de poser le geste final, on a recours à
l'extérieur, je dis qu'il y a quelque chose d'illogique
là-dedans. Quelle en est la cause?
M. Parent (Hull): A mon avis, il n'y a pas d'illogisme dans toute
cette question. Si on parle de l'emploi de professionnels, si on veut arriver
àa la question des architectes, des architectes, il yen aau
ministère des Travaux publics, il y en a à l'Education, il yen a
aux Affaires sociales. Ces architectes, qui ne sont pas nombreux, sont quand
même attachés à la section de l'équipement des
différents ministères pour préparer les programmes. Quand
il s'agitde confectionner des plans et devis pour aller en soumission, ce n'est
pas la tâche que s'est donnée actuellement le ministère des
Affaires sociales. Autrement, il faudrait monter un bureau d'architectes
à l'intérieur du ministère et je ne suis pas sûr que
la Corporation des architectes serait d'accord. En tout cas.
La préparation du programme, d'abord, se fait, au niveau
technique, par les fonctionnaires. Elle a une deuxième phase au niveau
du professionnel architecte pour la préparation des données qui
sont nécessaires à la confection des plans, et, dans la pi upart
des cas, mandat est donné à un architecte de l'extérieur
de préparer les plans et devis.
Mais à chaque phase: esquisses préliminaires, plans de
première phase, plans d'exécution de deuxième phase, ces
plans doivent revenir au ministère pour être
vérifiés par ces professionnels, architectes et
ingénieurs.
Mais on parle d'exécution. Quand il s'agit d'exécution, je
pense que moi-même j'aurais des réticences à ce que nous
comblions des postes additionnels dans les ministères pour voir à
l'exécution même du projet qui nécessite, comme le sait le
député, le recours à la surveillance du projet
également. Il faut qu'il y ait une surveillance au moment où la
construction se fait. Il s'agit de l'usage qu'on veut faire de ces
professionnels-là. Qu'on ait recours, pour des plans d'exécution,
au point de vue des architectes et ingénieurs, à des mandataires
de l'extérieur, je ne vois rien qui soit incompatible avec la fonction
publique, puisqu'à l'intérieur de la fonction publique on se doit
également d'avoir les mêmes professions pour la préparation
des données, la préparation du programme, le mandat à
être confié aux ingénieurs ou aux architectes et, par la
suite, la vérification de chacun des programmes ou de la
réalisation soit de construction d'écoles, de CEGEP,
d'universités, de maisons pour personnes âgées, de
logements ou d'habitations subventionnées.
A ce moment-là, on parle de réalisations qui vont
nécessiter une surveillance. On a le cas qui vient de nous arriver
où il n'y avait pas de surveillance sur des projets de la
Société d'habitation du Québec. On voit où
ça nous a conduit; on aura les conclusions d'un rapport qui est en voie
d'être préparé, pour qu'il y ait une surveillance sur
l'exécution du programme.
A ce moment-là, moi, je n'ai pas, l'impression qu'on parle de
fonctionnarisme ou bien qu'on veut devenir un Etat socialiste; ça, c'est
différent. Deu- xièmement, s'il fallait avoir tous les
professionnels, comme le souligne le député de Maisonneuve, tous
ces effectifs-là à l'intérieur du gouvernement, j'ai
l'impression qu'en pratique privée il ne resterait plus grand monde. Il
suffit de voir la construction comme elle se fait de nos jours, construction de
maisons d'habitation pour personnes à faible revenu, construction
d'écoles, d'hôpitaux, de foyers de personnes âgées,
de CEGEP, ainsi de suite. C'est accaparer le marché à
l'intérieur du gouvernement, ce que voudrait le député de
Maisonneuve. Je pense que ce n'est pas là le but du gouvernement.
M. Bums: Non, je m'attachais simplement à votre
énoncé de départ, en réponse à ma question,
qui disait que vous ne pouvez pas, à cause des taux de salaire, avoirvos
propres professionnelsen quantité suffisante. C'est bien ça que
vous m'avez dit tout à l'heure.
M. Parent (Hull): Oui, ça c'est une difficulté.
M. Burns: J'admets tout de suite qu'il ya des cas particuliers
où vous allez devoir référer à
l'extérieur.
M. Parent (Hull): C'est une difficulté que l'on rencontre,
mais le député de Maisonneuve disait tout à l'heure que
certains ingénieurs étaient trop payés...
M. Burns: Je n'ai pas dit ça.
M. Parent (Hull): ... à l'intérieur du
gouvernement.
M. Burns: Je n'ai pas dit ça.
M. Parent (Hull): Vous avez dit tout à l'heure que
certains sous-ministres sont trop payés, des ingénieurs...
M. Burns: Vous lirez ça. Je n'ai pas dit trop
payés; j'ai dit bien payés.
M. Cadieux: Grassement payés. M. Parent (Hull):
Grassement. M. Burns: Grassement payés.
M. Parent (Hull): Si c'est grassement, ils sont trop bien
payés, parce qu'ordinairement on dirait: Ils ont un salaire...
M. Burns: Cela veut dire bien payés.
M. Parent (Hull):... selon la moyenne généralement
observée.
On sait qu'entre l'entreprise gouvernementale et l'entreprise
privée, il y a une différence. L'architecte qui réalise un
projet, qui reçoit 3% pour la fabrication des plans, 2% pour la
surveillance, si on entre ça à l'intérieur du
gouvernement, toutes les phases par lesquelles il faut passer et qu'en plus on
voit à l'exécution des plans et à la surveillance,
à ce moment-là, il y a sûrement un problème qui va
se
poser avec la Corporation des architectes, d'un côté, les
ingénieurs et le gouvernement, puis l'entreprise privée.
D'autre part, il est vrai que, les salaires que nous payons actuellement
à nos professionnels, sont peut-être en bas du marché. Le
syndicat des professionnels du gouvernement doit nous présenter son
projet de convention collective incessamment. Je pense bien qu'on va nous
demander un relèvement probablement de 40% ou de 50% des salaires
payés actuellement. Le maximum est quoi? $20,800, pour un professionnel.
Alors, on va nous demander probablement de remonter ça à $30,000,
$35,000. Là, vous pourrez dire ce que vous avez dit tout à
l'heure qu'ils sont grassement payés, pour ceux qui sont payés
actuellement ce prix-là, malgré qu'ils varieront, eux aussi, si
les autres montent.
M. Burns: Je dirai qu'ils sont mieux payés
qu'actuellement.
M. Parent (Hull): Deuxièmement, si nous entrons à
l'intérieur de la fonction publique toutes les phases, comme le
député de Maisonneuve semblait vouloir le dire tout à
l'heure, à partir de ce moment-là, c'est la disparition des
classes.
Après l'entrée à l'intérieur de la fonction
publique, ce n'est pas seulement le salaire qui coûte de l'argent
à la fonction publique; il y a cette fameuse sécurité
d'emploi qui fait qu'au moment où on pénètre à
l'intérieur, à 25 ans, on peut rester là pour 35 ans. On
est à l'intérieur. Mais ce n'est pas le salaire qui coûte;
le salaire a un prix, l'employé peut s'en aller demain matin, mais il y
a les bénéfices marginaux, qui sont rendus presque à 30%,
qu'il faut également considérer. C'est un coût qui ne
paraît peut-être pas comme tel à l'élément
salaire lui-même, mais quand on regarde ce que le gouvernement a
payé, c'est dans le ministère des Finances, les contributions de
l'employeur au titre des bénéfices de l'employé, ces
choses doivent être incluses également.
Je pense que c'est une politique du gouvernement, à savoir si
nous nous limitons à la préparation des données, à
la préparation des programmes pour confier des mandats à des
architectes, des ingénieurs et, par la suite faire faire la
vérification des plans et devis par les architectes et ingénieurs
des différents ministères qui sont intéressés dans
la construction, la surveillance étant confiée également
à l'entreprise privée. C'est la politique elle-même qui est
en cause à ce moment-là, la politique du gouvernement.
Que nous ayons des difficultés de recrutement, je pense que nous
ne sommes pas les seuls à en avoir. Il y a des bureaux de l'entreprise
privée qui ont également des difficultés de recrutement;
le gouvernement fédéral a des difficultés de recrutement;
le gouvernement ontarien a des difficultés de recrutement quant il
s'agit de personnes aptes à remplir les postes en question. Ce n'est pas
toujours le seul sujet du salaire qui entre en ligne de compte, c'est le fait
que, pour certains, être un fonctionnaire, on n'aime pas cela. D'autres,
par ailleurs, recherchent cela. Je pense que c'est une matière de
goût qui, à ce moment-là, ne peut pas être
discutée par un moyen intrinsèque en disant: C'est dans la
fonction publique que tu t'en viens, autrement tu n'auras pas de contrat.
Il y a peut-être l'aspect que le député voudrait
souligner, celui de la voirie où, je pense, il y a le plus de contrats
confiés à l'entreprise privée. Encore là, la
voirie...
M. Burns: La justice aussi.
M. Parent (Hull): Encore là, la voirie...
M. Burns: On peut parler du ministère de la Justice aussi.
Toutes les plaintes en vertu du code de la route et les plaintes en vertu des
différentes lois qui demandent des poursuites sommaires...
M. Parent (Hull): Bien, cela c'est...
M. Burns: ...sont confiées à des avocats de
pratique privée.
M. Parent (Hull): Oui, mais c'est un changement de politique
gouvernementale. Je pense que le gouvernement fédéral vient de
décider, il n'y a pas tellement longtemps, que devant les tribunaux, il
serait maintenant représenté par ses conseillers juridiques. Dans
les cas particuliers du ministère du Revenu national, il se fait
représenter par ses avocats, mais concurremment avec quelqu'un de
l'extérieur.
Est-ce que le gouvernement du Québec acceptera
éventuellement de modifier sa formule, à savoir que ses
fonctionnaires iront devant les tribunaux? Je pense que le député
de Maisonneuve est plus en mesure que moi de savoir comment va réagir le
Barreau de la province de Québec si le gouvernement envoie ses propres
conseillers juridiques devant les tribunaux. Le Barreau ne négocie pas
facilement parfois.
M. Burns: Tous les avocats disent que, de toute façon, ce
n'est pas payant, ces choses-là.
M. Parent (Hull): C'est cela.
M. Burns: C'est ce qu'ils disent, je ne sais pas.
M. Parent (Hull): Quand on parle du code de la route, je pense
que c'est rendu à $15 la comparution...
M. Burns: Bien, si ce n'est pas plus payant que cela...
M. Parent (Hull):... et les avocats disent... M. Burns:...
le Barreau ne "chialera" pas.
M. Parent (Hull): ... que ce n'est pas payant, cette
affaire-là.
M. Burns: Oui, ils disent cela.
M. Parent (Hull): Puis le député de
Maisonneuve...
M. Burns: Pourtant ils se fendent le derrière pour avoir
de ces causes-là.
M. Parent (Hull): ... selon son optique, veut qu'on pousse cela
à des fonctionnaires du gouvernement pour qu'ils puissent
réaliser qu'ils sont encore plus bas que s'ils étaient en
pratique privée.
M. Burns: Je n'ai pas compris cette dernière phrase.
Excusez-moi, répétez, je n'ai pas compris.
M. Parent (Hull): Vous ne revaloriserez pas le rôle de
l'avocat en l'envoyant plaider des causes dont les avocats de pratique
privée prétendent que ce n'est pas payant.
M. Burns: Ce n'est pas payant; ce n'est peut-être pas
payant pour les avocats, mais c'est drôlement payant pour l'Etat.
M. Parent (Hull): II s'agit d'une question...
M. Burns: Et c'est drôlement essentiel à part
cela.
M. Parent (Hull): ...de politique gouvernementale. C'est une
question de politique gouvernementale, à savoir si on change
d'optique.
M. Burns: Et il n'est pas question de changer d'optique, si je
comprends bien?
M. Parent (Hull): Dans ce secteur, je ne m'aventurerai pas sans
avoir consulté mon collègue de la Justice.
M. Burns: Bon. Parce que, vous savez, chaque année on pose
au ministre de la Justice cette question, à ses crédits, et il
nous réfère toujours au ministre de la Fonction publique.
Là, le ministre de la Fonction publique, je lui pose la question et il
me réfère au ministre de la Justice. Je vais me retrouver entre
les deux à un moment donné, c'est sûr.
M. Parent (Hull): Je pourrais peut-être vous
répondre sous mon autre volet du Conseil du trésor en disant: Si
le Conseil du trésor accepte qu'il y ait des effectifs additionnels.
M. Burns: Mais le ministre de la Fonction publique, lui, est-ce
qu'il croit que c'est souhaitable? C'est une question de politique de la
fonction publique.
M. Parent (Hull): Qu'il y ait des révisions
périodiques, à savoir sur le cadre de travail, je pense que cela
s'impose. Quant à m'aventurer jusqu'à dire que cela doit se fai
re, je ne suis pas prêt à me prononcer.
M. Burns: Vous allez faire faire des études encore.
M. Cadieux: Par des avocats de l'extérieur.
Négociations des conventions collectives
M. Burns: Par des avocats de l'extérieur. Je ne sais pas
s'il y a des gens qui ont des questions sur les aspects généraux.
On y a touché d'ailleurs un petit peu. C'est un autre aspect
général que je voudrais toucher. Le ministre nous a parlé,
dans son exposé de base, et je pense que c'est quelque chose qui
préoccupe énormément de gens de la
négociation qui s'en vient. Est-ce qu'il pourrait quand même faire
le point de façon plus extensive sur l'état de la situation quant
aux négociations qu'on entreprend actuellement? C'est-à-dire qui,
actuellement, est en négociation? D'abord, question préliminaire
à cela, est-ce que tous les problèmes qui ont été
soulevés par la mise en vigueur de la Loi no 95, qui a été
adoptée en fin de session, en I974, sont réglés,
c'est-à-dire les aspects qui doivent être négociés
à la table centrale, aux différentes tables régionales,
locales, etc.? Est-ce que cela a été définitivement
réglé?
M. Parent (Hull): L'arrêté en conseil a
été adopté mercredi dernier, il a été rendu
public jeudi par le ministre de l'Education. A l'intérieur du bill 95,
cette question des matières à être négociées
au niveau provincial ou autre que provincial, il n'y a pas eu d'entente
générale. En vertu de la loi, il y avait trois mois pour la
partie patronale et syndicale pour s'entendre. S'il n'y avait pas entente,
c'est le gouvernement qui décidait. Or il y a eu entente pour les
matières à être négociées et
agréées à l'échelle provinciale, pour le personnel
professionnel non enseignant des commissions scolaires.
Il y a eu entente pour négocier à l'échelle
provinciale pour le personnel de soutien des collèges d'enseignement
général et professionnel. Quand je dis qu'il y a eu entente, je
prends le cas des collèges d'enseignement général et
professionnel. Je pense qu'il y a eu l'accord de 32 collèges sur 37 et
de la partie syndicale et de la partie patronale.
C'est pour cela que je dis, quand il y a eu accord, que cela a
été, dans la plupart des cas, majoritaire.
M. Burns: C'est un accord majoritaire.
M. Parent (Hull): Oui. Où il n'y en a pas eu, tout
à l'heure je vais y arriver. Il y a eu entente pour négocier
à l'échelle provinciale pour le personnel de soutien des
commissions scolaires. Pour ce qui concerne les matières à
être négociées et agréées à
l'échelle provinciale, et une échelle autre que provinciale pour
les enseignants des commissions scolaires représentés par la
centrale d'enseignement, il n'y a pas eu entente. Et il a été
déterminé par l'arrêté en conseil que ce qui serait
négocié à l'échelle autre que provinciale seraient
les 18 sujets suivants...
M. Burns: Excusez, M. le ministre, est-ce qu'on pourrait avoir
une copie de cet arrêté en conseil?
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: Cela pourrait être utile dans les mois qui
viennent.
M. Parent (Hull): Je pourrai vous en remettre cet
après-midi.
M. Burns: D'accord.
M. Parent (Hull): Les articles qui peuvent être
discutés à la table autre que provinciale, c'est-à-dire
à la table locale, sont les arrangements, la déduction des
cotisations syndicales ou de leur équivalent, la documentation à
fournir aux syndicats, l'utilisation des locaux de la commission scolaire pour
les fins de réunions syndicales, l'affichage des avis syndicaux, les
objets et les mécanismes de consultation, les procédures et
critères d'engagement, les procédure de non réengagement
et de renvoi, la démission et le bris de contrat, la promotion, le
dossier personnel de l'enseignant, la répartition des congés
fériés, la répartition des congés sociaux, les
congés sans traitement, la réglementation des absences, les plans
complémentaires d'assurance collective auxquels la commission scolaire
ne contribue pas, l'aménagement de l'année de travail, la
distribution des tâches, les mutations et les affectations, les
modalités du versement de la rémunération. Je pense qu'on
a vu, après la publication de ces articles de l'arrêté en
conseil, que la CEQ s'est montrée favorable.
Il y a certaines difficultés, je pense, d'acceptation par la
Fédération des commissions scolaires et la
Fédération des commissions scolaires protestantes.
Il y a une différence. Les protestants et les anglophones
voulaient que tout soit négocié à l'échelle
provinciale. Il y a eu un certain compromis entre les demandes de part et
d'autre, mais cela semble s'acheminer vers...
M. Burns: Et l'arrêté en conseil, si je comprends
bien, ne visait que les matières à être discutées
localement pour les commissions scolaires.
M. Parent (Hull): Tout le reste, c'est à l'échelle
provinciale.
M. Burns: Tout le reste est à l'échelle
provinciale. Y avait-il entente sur tout le reste du côté
provincial? C'est-à-dire qu'il peut ne pas y avoir eu entente sur ce qui
devait se négocier localement, mais il pouvait y avoir entente,
possiblement...
M. Parent (Hull): La difficulté était que la
Fédération des commissions scolaires aurait voulu qu'il y ait
matière à négociations au niveau local pour plus que cela,
même dans les questions salariales aussi. J'ai dit tout à I'heure
que les protestants et les catho-liques, eux, voulaient tout à
l'échelle provinciale.
La CEQ, selon sa réaction à l'adoption à
l'arrêté en conseil, a semblé se montrer favorable en
disant qu'elle avait gagné contre la Fédération des
commissions scolaires. Il y a eu des négociations qui ont duré
trois mois, mais en tout cas le consensus semble être fait. Je pense que
la Fédération des commissions scolaires, tant francophones
qu'anglophones et protestantes, n'a pas fait de commentaires jusqu'à
présent, depuis jeudi, depuis l'annonce, à l'effet qu'elle
s'opposait ou qu'elle apportait une fin de non-recevoir.
M. Burns: Maintenant, je reviens à ma première
question. Le ministre pourrait-il nous faire l'état de la situation
quant aux différentes tables, actuellement? Est-ce différentes
juridictions?
M. Parent (Hull): Actuellement, nous avons le Syndicat des
fonctionnaires du Québec, qui a été le premier à
nous présenter son projet de convention collective le 12 décembre
I974. Nous avons entamé les séances de négociation depuis
le 22 janvier I975. Demain, encore, nous siégeons avec le Syndicat des
fonctionnaires. Le syndicat des professeurs de l'Etat du Québec m'a
remis son projet de convention collective le 10 avril. Nous avons pris
l'engagement de siéger, à une première séance, le
1er mai. Les professionnels, comme je l'ai dit tout à l'heure, ne nous
ont pas déposé encore leur projet de convention collective. Il y
a les médecins qui sont encore à venir, les dentistes, les
avocats, les notaires.
M. Burns: Pourquoi me regardez-vous tout croche, comme cela?
M. Parent (Hull): Cette fameuse profession! Cela, c'est dans le
secteur de la fonction publique. Dans le péripublic, il y a actuellement
en négociation je l'ai dit tout à l'heure dans mon
exposé la Société des traversiers du Québec,
nous sommes à la table, la Société de conservation de la
Gaspésie, la Société de conservation de la
Côte-Nord. A venir, il nous reste la Société des alcools,
Radio-Québec, la Traverse de Lévis, pour l'autre groupe que les
ingénieurs, les sociétés de conservation, les huit autres.
Il y en a neuf et nous en avons déjà deux à la table. Il y
a Rexfor, dont nous avons été avisés, en vertu du bill 95,
qu'ils acceptaient d'être à l'intérieur et nous allons
commencer incessamment. C'est pour le secteur de la fonction publique et
péripubli-que.
En ce qui concerne le secteur des affai res sociales, il y a eu une
première rencontre. Il n'y a paseu de dépôt de projet de
convention collective; il y a eu des rencontres depuis les trois derniers mois
sur les tables de l'éducation. Là, également, il n'y a pas
eu de dépôt de projet de convention collective, mais les
discussions sont amorcées.
M. Burns: Est-ce qu'on vous a indiqué, dans l'un et
l'autre cas, à quel moment on avait l'intention de déposer des
projets?
M. Parent (Hull): C'est ce que j'ai voulu exprimer tout à
l'heure.
Depuis que j'ai été désigné à cette
responsabilité, j'ai tenté de faire les approches auprès
de la partie syndicale pour avoir le dépôt dans les plus brefs
délais des projets de convention collective. J'ai souligné, tout
à l'heure, celle de la fonction publique. Pour ce qui est du secteur de
l'éducation, je pense qu'on nous a dit que ce sera au mois de mai; quant
au secteur des affaires sociales, on devait le faire à la fin de mars ou
au début d'avril, mais ce n'est pas arrivé encore, même
s'il y a eu première séance de négociation. Même
s'il y a eu séance de négociation, à l'éducation,
par ailleurs, on nous a fait connaître les grandes lignes.
Par la suite, comme les professionnels l'ont fait
d'ailleurs, il y a eu des consultations, à l'intérieur des
régions administratives du Québec, par la partie syndicale pour
rencontrer ses membres de la base. Nous savons déjà que, dans
l'ensemble, excepté le Syndicat de la fonction publique qui ne demande
pas la même chose, on demande l'intégration dans les
échelles du coût de la vie, environ 27%, on demande un rattrapage
de 8% pour le manque à gagner et on demande 5% pour un apport à
la richesse naturelle. C'est un peu les clauses salariales des secteurs de
l'éducation et des affaires sociales. C'est 39.7% ou 39.8% qu'on
demande, sans nous indiquer le rythme de croisière annuelle
d'augmentation pour maintenir le pouvoir d'achat. En plus des 39.7% ou 39.8%,
on demande la poursuite de l'indexation trimestrielle.
En ce qui concerne le Syndicat des fonctionnaires du Québec, la
demande est un peu différente. On se base un peu sur la convention
collective de la Sûreté du Québec et des agents de la paix
et on voudrait avoir la moyenne des quatre meilleurs employeurs: le
gouvernement fédéral, la ville de Montréal, le
gouvernement de l'Ontario et le gouvernement de la Colombie-Britannique. La
moyenne des quatre, plus l'indexation. Et, dans le secteur de
l'éducation en particulier, un des pré requis qui nous a
été soumis, c'est la sécurité d'emploi sectorielle,
ce qui, je pense, n'est pas acceptable par le gouvernement.
M. Burns: Ce qui n'est pas acceptable? Est-ce que la
réponse a été faite aux associations?
M. Parent (Hull): Non, non. C'est un prérequis qui a
été proposé après la dernière réunion
du conseil d'administration de la CEQ à l'effet que le pré requis
pour entamer les négociations serait qu'il y ait engagement de part et
d'autre sur la sécurité d'emploi sectorielle.
M. Burns: Mais le ministre se souvient que cela avait
été l'objet d'un des points en litige, lors de la dernière
ronde de négociation, cette sécurité d'emploi pour les
enseignants.
M. Parent (Hull): Oui, c'est ce qui a valu...
M. Burns: C'est-à-dire que le gouvernement n'a pas
bougé de son attitude, depuis ce temps?
M. Parent (Hull): Je n'ai pas dit que le gouvernement n'avait pas
bougé. J'ai souligné la demande de la CEQ à l'effet que le
prérequis pour entamer les négociations serait la
sécurité d'emploi sectorielle, ce que, je crois, le gouvernement
ne peut accepter.
M. Burns: C'est sur l'aspect prérequis que vous vous
opposez et non pas sur le fond ou le mérite de la demande proprement
dite?
M. Parent (Hull): Je pense que nous sommes assez conscients qu'il
va falloir la négocier à la table, avec une ouverture d'esprit,
mais, comme prérequis, je pense que ce n'est pas acceptable.
M. Burns: Le ministre nous disait tout à l'heure,
relativement à la ronde de négociation que, cette année,
il n'avait pas l'intention de brûler des fonctionnaires à la table
de négociation. Qui va négocier, qui vont être les
porte-parole? Est-ce que vous allez avoir recours à des gens de
l'extérieur?
M. Parent (Hull): Cela va peut-être à l'encontre des
idées du député de Maisonneuve, mais nous allons recourir
à des contractuels.
M. Burns: Des contractuels, assistés de vos
fonctionnaires, évidemment.
M. Parent (Hull): Comme personnel de soutien. Ces porte-parole
devront obtenir au préalable un mandat du Conseil du trésor pour
la table de négociation.
M. Burns: Est-ce que ces porte-parole sont déjà
désignés?
M. Parent (Hull): II y en a certains qui sont déjà
désignés. Le chef coordonnateur, je l'ai souligné tout
à l'heure, est Me Richard Drouin. A la table du Syndicat des
fonctionnaires du Québec, c'est Me Ross Goodwin.
M. Burns: Est-ce que vous avez vérifié son
allégeance politique, lui? Non?
M. Parent (Hull): Non, la compétence.
M. Burns: II est compétent, il n'y a pas de doute, je le
connais bien.
M. Cadieux: II est libéral. Cela ajoute à sa
compétence.
M. Burns: Merci. C'est ce que je pensais. Je ne dis pas que cela
a ajouté à sa compétence!
M. Parent (Hull): Paul Curzi est à la table des
professeurs, le Syndicat des professeurs de l'Etat du Québec, et aux
commissions de formation professionnelle. Il est aux deux. Il est à la
table du Syndicat des professeurs de l'Etat du Québec, un groupe
d'environ 300 ou 400, et à la table des commissions de formation
professionnelle. Il a déjà été
désigné, Paul Curzi.
Nous avons, à la Traverse de Lévis, Me Raynold Langlois,
qui est déjà désigné, qui est à la
table.
Chez les autres où les négociations ne sont pas
entamées, il n'y a pas eu de désignations. A l'Education, une
partie des porte-parole seront désignés demain après que
le Conseil du trésor aura approuvé la recommandation que je fais.
Le Grand Théâtre de Québec, je l'avais oublié, Me
Jean Gau-vin.
Les autres seront désignés au fur et à mesure que
les tables commenceront.
M. Burns: Est-ce que, jusqu'à maintenant, il y a eu des
propositions gouvernementales qui ont été soumises à l'une
ou l'autre des tables de négociations? Peut-être pas dans les cas
où les projets de convention collective n'ont pas été
déposés, mais je
pense, par exemple, à la table des fonctionnaires; est-ce qu'il y
a des propositions qui ont été formulées par le
gouvernement jusqu'à maintenant? Si oui, quels domaines visent ces
propositions?
M. Parent (Hull): Nous avons déjà
déposé une trentaine de propositions sur les clauses normatives
au Syndicat des fonctionnaires. Même si les clauses ne sont pas
paraphées, je pense qu'on peut dire que, dans une proportion d'environ
30% à 40%, il y a des clauses d'approuvées. Il y a des
propositions qui seront négociées demain; nous déposerons
une trentaine de propositions sur des clauses normatives.
Nous avançons assez bien dans ce dossier.
M. Burns: Un des points...
M. Parent (Hull): Les clauses normatives sont terminées
également à la Traverse de Lévis. Elles sont
complétées. Nous sommes à l'élément des
clauses salariales.
M. Burns: ... qui vont sans doute faire l'objet d'une discussion
assez importante, je pense, cette année, surtout étant
donné l'incidence de l'Année internationale de la femme, c'est
justement le problème des congés de maternité, où,
je pense, le gouvernement sera peut-être un leader dans le domaine des
négociations ou sera peut-être appelé à le
devenir.
Je pense, par exemple, à des attitudes qui ont été
prises déjà par certains membres du cabinet, dont le ministre
d'Etat aux Affaires sociales, Mme Lise Bacon. Je cite un extrait lorsqu'elle
parlait des contraceptifs gratuits pour les Québécoises.
Pardon?
M. Cadieux: Est-ce qu'elle parle de se marier?
M. Burns: Ah! Ce n'est pas mon problème. Je cite un
extrait du Devoir du 4 mars où elle estime que "la natalité a
atteint le creux de la vague et que le taux de fécondité des
femmes en âge de procréer augmentera au cours des prochaines
années. Ce taux est actuellement de moins de deux, c'est-à-dire
que les couples québécois comptent, en moyenne, moins de deux
enfants chacun. Le ministre a souligné qu'il faudrait que les
congés de maternité soient de plus en plus autorisés dans
le secteur privé." Elle se prononçait pour le secteur
privé.
Cependant, j'aimerais bien que le ministre nous dise, d'une part, si la
politique gouvernementale dans ce domaine est arrêtée
définitivement. Je me réfère à un article, paru
dans la Presse du 17 septembre I974, où un certain nombre de faits
étaient soumis, par un comité du groupe d'étude sur le
statut de la femme.
Entre autres, ce comité qui a examiné plus
particulièrement le problème de la fonction publique se rendait
compte que 30.6% des employés sont des femmes je ne sais pas si
les chiffres sont vérifiables par le ministre ou sont contestables
que 90.1% des femmes sont dans les catégories de fonctionnaires
et 42.07%, des hommes; 2.16% des cadres seulement sont féminins, donc
97.84% sont des hommes; 8.63% des professionnels sont féminins; 48.68%,
en général, des fonctionnaires sont féminins, 76.37%
gagnent moins de $7,000 par année et 4.84% des femmes gagnent plus de
$10,000.
Tout à l'heure, j'ai été intéressé de
lire, dans l'exposé du ministre, le fait qu'il semblait vouloir s'en
préoccuper cette année. Le ministre nous disait que le
ministère a élaboré, au cours de la dernière
année, un programme d'action concernant l'égalité des
chances dans la fonction publique au Québec. J'imagine que
déjà la politique du ministère est arrêtée.
Mais j'aimerais savoir si elle est arrêtée concernant un certain
nombre de points que ce comité d'étude organisé par le
Conseil du statut de la femme avait trouvés comme devant être
réglés de façon urgente. Par exemple, l'avancement
à l'intérieur des corps d'emplois doit dépendre de la
valeur et du travail de l'individu et non du niveau du poste de son patron. Les
définitions de tâches devront être révisés en
fonction des tâches réelles et non du niveau du poste du patron.
Des mécanismes permettant le décloisonnement de ces corps
d'emploi et favorisant l'accès de ces employés à d'autres
postes devront être mis sur pied, plus, évidemment, le grand
problème q ui englobe tout cela, les congés de maternité
payés. Est-ce que le ministère a arrêté sa politique
là-dessus? Si oui, est-ce qu'il peut nous en livrer les grandes lignes
tout au moins?
M. Parent (Hull): Je pense que le député de
Maisonneuve a fait un peu une salade.
M. Burns: Je fais une salade de deux choses, mais qui sont bien
importantes: Une salade dont le premier ingrédient est le congé
de maternité, l'autre ingrédient étant celui qui concerne
les possibilités d'avancement des femmes dans la fonction publique. Je
pense que ce sont deux points dont le ministre va entendre parler, j'imagine,
au cours de ces négociations.
M. Parent (Hull): Je pourrais dire que, chaque jour que la
Chambre siège, j'ai l'impression d'entendre parler de la question des
femmes par mon collègue, le ministre d'Etat aux Affaires sociales,
puisqu'elle est assise juste en arrière de moi, en Chambre. Elle est une
grande revendicatrice pour la femme. Le problème actuel, je l'ai
souligné dans mon exposé ce matin, c'est la question de
l'accessibilité de la femme à des fonctions de cadres.
Des femmes, au niveau de la direction du gouvernement, comme l'a
souligné tout à l'heure le député de Maisonneuve,
suivant des statistiques que j'ai déjà fournies, il n'y en a que
2.7% L'accessibilité n'est pas due au fait que le gouvernement se refuse
à ce qu'il y ait des femmes de carrière qui postulent des postes
de direction. C'est la raison pour laquelle j'ai souligné dans mon
exposé, tout à l'heure, que la Direction générale
des ressources humaines, dont Mme Dorothy Pertuiset, à mon
ministère, occupe le poste de directeur général, a
formé un comité ad hoc pour lui permettre d'entreprendre
l'étude de tous les dossiers, de faire l'inventaire des dossiers des
femmes qui sont déjà dans le fonctionnarisme. Il
va étudier l'opportunité, pour ce comité ad hoc, de
considérer si des cours pourraient être suivis par ces femmes pour
leur donner l'accès à des fonctions autres que celles que l'on
retrouve dans le plus gros secteur: le secrétariat.
Le comité ad hoc a même réussi à sensibiliser
la Commission de la fonction publique pour la formation des jurys où
nous avons maintenant, dans beaucoup de cas, dans beaucoup de formation de
comités, une femme qui siège au jury pour le recrutement et la
sélection du personnel.
M. Burns: Depuis quand cela se fait-il?
M. Parent (Hull): Cela se fait depuis près de trois
mois.
Ce comité ad hoc que nous avons mis sur pied a justement pour
effet d'attirer de plus en plus de femmes et, comme je l'ai souligné, de
tenter de percevoir à l'intérieur déjà de la
fonction publique, quelles pourraient être, par des cours, celles qui
pourraient avoir des avancements accélérés pour leur
permettre l'accessibilité aux cadres.
Il y a une difficulté que nous rencontrons, c'est que pour passer
aux cadres, en vertu des règlements actuels de la Commission de la
fonction publique, il faut se trouver dans les corps professionnels. On
admettra facilement que dans les corps professionnels, même si, au niveau
du fonctionnarisme, il y a 7,000 professionnels, on ne retrouve pas beaucoup de
femmes, ce qui est un obstacle actuel, si l'on veut, à l'accession de la
femme aux postes de direction. C'est pour cela qu'il nous faut, par le
comité ad hoc, faire d'abord l'inventaire de celles que l'on trouve dans
la fonction publique, voir leur dossier académique, leur
expérience, anticiper sur les mesures qui peuvent être prises
pour, par le suivi de cours, leur permettre l'accession.
On pourra toujours concevoir qu'à l'intérieur des corps
professionnels, ce n'est que très récemment que l'on voit
maintenant, dans la formation du personnel professionnel, des femmes au niveau
des professions d'architectes, d'ingénieurs civils, d'ingénieurs
forestiers, d'arpenteurs, même d'avocates. Ce n'est que dans la
dernière décennie que l'on a vu apparaître des femmes qui
ont convenu d'entrer à l'intérieur des professions. Cela cause
certaines difficultés, il n'y a aucun doute, et c'est la raison pour
laquelle nous faisons un effort considérable pour amener des femmes
à pénétrer à l'intérieur de la direction des
cadres.
L'autre aspect du problème c'est-à-dire les congés
de maternité, sans me prononcer actuellement sur une matière qui
est à négocier, il n'en demeure pas moins que la femme qui est
à l'intérieur du gouvernement peut tout aussi bien
présentement utiliser sa banque de congés accumulés pour
sa période de grossesse. Il est vrai qu'en vertu de l'assurance-salaire,
qui est un avantage accordé lors de la dernière ronde de
négociations, le congé de maternité n'est pas
prévu. Il est évident que la question de congés de
maternité va de pair, si nous voulons attirer dans la fonction publique
des femmes de carrière.
M. Burns: C'est pour cela que je les ai mis dans la même
salade, les deux ingrédients.
M. Parent (Hull): Nous allons sûrement, à la table
de négociations, tenter d'améliorer cette situation. Mais
annoncer aujourd'hui que nous allons accorder des congés de
maternité, je pense que c'est plutôt une autre affaire, ça
va dans le cadre général de la politique gouvernementale en
regard de la ronde de négociations qui est amorcée.
Mais, nous sommes conscients que la femme peut jouer un rôle plus
considérable dans la fonction publique. C'est pourquoi, quand nous
regardons les statistiques, on est porté à croire que la femme
est utilisée plutôt dans un secteur défini du
secrétariat où, je pense, nous avons 13,000 employés de
sexe féminin, à l'intérieur du secrétariat.
M. Burns: C'est là que se trouve la majorité.
M. Parent (Hull): Mais ce n'est pas simplement le gouvernement
qui est à blâmer. Je pense que c'est la société
elle-même qui a voulu, jusqu'à cette dernière
décennie, restreindre l'accessibilité des cours supérieurs
aux femmes, prétendant que la femme n'avait pas besoin d'un cours
universitaire pour entreprendre, dans la vingtaine, la carrière de femme
de ménage ou d'épouse. Je pense que c'est un peu la
société qui a été astreignante à un certain
moment.
On remarque que, depuis 1960, en particulier, l'évolution a voulu
que la femme, de plus en plus, s'incorpore, selon les besoins, dans des
études plus avancées. Aujourd'hui où on veut implanter des
programmes, on comprendra qu'il devient difficile pour un gouvernement, quel
qu'il soit, même s'il a de bonnes intentions et qu'il tient à ce
qu'il y ait une participation de la femme à un niveau égal
à l'homme, de les concevoir. On se sert souvent des statistiques pour
dire: La femme, à travail égal, n'a pas le salaire égal,
alors qu'il est faux de soutenir cette philosophie qu'à travail
égal il n'y a pas salaire égal.
Si on regarde les comparaisons dont j'ai eu à me servir dans une
émission récente, on voit qu'au niveau des professionnels la
femme reçoit moins en salaire moyen que l'homme et, également, au
niveau du secrétariat. Mais il y a des raisons pour lesquelles leur
salaire moyen, même si elles sont dans la même échelle,
n'est pas aussi élevé que celui de l'homme. C'est que l'homme
persiste et la femme se désiste. Pour établir le salaire moyen,
il y a la durée de l'emploi. Si la femme pénètre dans le
secteur et qu'au bout d'un an elle s'en va le congé de
maternité, c'est un des effets qu'il a, mais il n'y a pas que cette
raison, il y en a d'autres elle recommence à l'intérieur
d'une fonction. A ce moment-là, elle recommence au bas de
l'échelle, à l'intérieurd'une classification comme
professionnelle ou comme employée de secrétariat. C'est ce qui
fait que, dans la moyenne de salaire pour un employé de
secrétariat ou la moyenne de salaire pour un employé au niveau
professionnel, il semble y avoir un écart entre le salaire versé
à la femme et le salaire versé à
l'homme, alors qu'il n'y a pas d'écart. Mais c'est la
durée de l'emploi; parce qu'à cause de l'avancement...
M. Burns: C'est concevable qu'à des échelons
diféférents ils soient payés différemment,
mais...
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns:... il y a des fonctions où ce n'est pas le
cas.
M. Parent (Hull): Le fait de persister dans l'emploi donne lieu
à l'avancement annuel. Si la femme quitte après un an, soit pour
une raison de grossesse, soit pour d'autres raisons, la remplaçante
entre au premier échelon, alors que l'homme, en parallèle, est
rendu à un échelon supérieur, mais ils ont la même
échelle de traitement. C'est pour cela que je pense qu'il y a une
distinction à faire quand on dit que la femme ne reçoit pas le
salaire équivalent à l'homme, pour travail égal, salaire
égal. C'est faux de prétendre une chose semblable, parce
qu'à l'intérieur de la fonction publique les normes et
critères sont déterminés, les règles sont suivies.
Il reste la durée de l'emploi qui n'est pas la même. C'est ce qui
fait la différence et c'est ce qui fait l'écart entre des
employés d'une même catégorie.
M. Burns: Concernant les congés de maternité,
est-ce que le gouvernement ou votre ministère en particulier ont fait
uneévaluation, une estimation du coût que cela impliquerait?
M. Parent (Hull): Le calcul est en voie de préparation,
actuellement. Il s'agit de savoir quelles normes on prend, si on est pour
donner des congés de maternité.
M. Burns: Vous avez, j'imagine, une expérience
passée à même, soit les congésde maladie
accumulés ou encore, tout simplement, à même des
congés sans solde.
M. Parent (Hull): Oui, mais, dans la plupart des cas je
pense, 75% des cas il y a eu démission. Vous avez
également la loi fédérale, l'assurance- chômage, qui
paie des indemnités pendant quatorze semaines. A ce moment-là, on
démissionne et on retire de l'assurance-chômage. C'est difficile
de faire le calcul, mais, actuellement, nous avons demandé aux actuaires
de faire les recherches pour déterminer quel pourrait être le
coût d'un tel programme. Nous avons confié le mandat, je pense,
à M. André Dionne, un actuaire, de nous préparer les
coûts, si nous envisagions un tel programme. Mais il faut comprendre que,
là encore, je pense que mon collègue, le ministre d'Etat aux
Affaires sociales, est peut-être plus exigeant que le
député de Maisonneuve sous ce rapport.
M. Burns: Elle est plus exigeante? M. Parent (Hull): II
semblerait. M. Burns: Oui? M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: II faudrait que vous m'indiquiez cela: plus exigeante
que moi là-dessus...
Le Président (M. Gratton): Messieurs, puis-je
suggérer que nous suspendions nos travaux, étant donné
qu'il est midi trente? Alors, la commission...
M. Burns: II semble qu'il n'y a pas de difficulté à
ce que nous suspendions nos travaux à ce soir, mais cela va nous
être, j'imagine, confirmé en Chambre cet après-midi. En ce
qui me concerne, je suis disponible ce soir.
Le Président (M. Gratton): Je pense qu'en l'occurrence, je
suspendrai la commission sine die, mais avec l'intention d'indiquer de
reprendre à huit heures.
M. Parent (Hull): A huit heures et quart.
Le Président (M. Gratton): La commission suspend ses
travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. Gratton (président de la commission permanente de la
fonction publique): A l'ordre, messieurs!
La commission reprend ce soir l'étude des crédits. Au
moment de l'ajournement, ce matin, nous en étions encore aux remarques
d'ordre général. J'aimerais demander s'il y a des membres de la
commission qui ont d'autres questions à poser sur le sujet
général, avant que nous passions au programme 1.
M. Parent (Hull): M. le Président, je pense que nous
avions convenu que nous procéderions probablement sur l'ensemble...
M. Burns: Que nous essaierions de vider l'ensemble des
problèmes généraux, sans nous référer
à divers programmes.
Le Président (M. Gratton): C'est pourquoi j'invite les
membres qui auraient des questions d'ordre général à
poser...
M. Burns: M. le Président, je ne veux pas prêter
flanc...
M. Lachance: S'il brûle nos questions!
M. Burns:... à des critiques du whip en chef du Parti
libéral et me faire dire que je nolise la commission. S'il y a des
membres du parti ministériel qui ont des questions, il ne faudrait pas
qu'ils se gênent pour les poser, sur les sujets discutés
jusqu'à maintenant. Je n'ai pas d'objection qu'on intervienne du
côté ministériel. S'il n'y en a pas, je vais continuer.
M. Lachance: Continue.
Le Président (M. Gratton): J'ai cru comprendre que
les...
M. Burns: Vous savez qu'en commission, vous devez me tutoyer, M.
Lachance.
M. Lachance: Oui, M. Burns.
Le Président (M. Gratton): Si cela peut aider, j'allais
dire que j'avais compris que les députés ministériels
semblaient d'accord sur la direction de la discussion ce matin.
M. Burns: Bravo!
Le Président (M. Gratton): Et qu'ils étaient
même d'accord avec le député de Maisonneuve sur certains
des points qu'il soulevait.
Congé de maternité
M. Burns: J'ai cru comprendre cela, M. le Président.
Je voudrais tout simplement, en terminant le point que nous avons
discuté ce matin, M. le minis- tre, sans vous demander d'avance, c'est
évident que je ne peux pas vous le demander... vous m'avez
indiqué que d'avance vous ne vouliez pas mettre sur la table de la
commission des réponses que vous auriez éventuellement à
donner à la table de négociation. C'est bien évident, et,
là-dessus, je vais être le dernier à vous critiquer
à ce sujet. Vous dites, dans votre texte d'introduction, ce matin, que
vous voulez établir des chances égales pour quelque
catégorie que ce soit. Par la suite, vous parlez des employés
féminins. Relativement aux employés féminins et on
ne se le cachera pas ce qui va être, nous le savons, un des
éléments de la négociation relativement à ce
groupe, est-ce que votre politique est établie là-dessus? Je vous
réfère simplement aux mots que vous citez dans votre intervention
de ce matin: "Le ministère de la Fonction publique a également
élaboré, au cours de la dernière année, un
programme d'action concernant l'égalité des chances à la
fonction publique du Québec. La direction générale de la
mise en valeur des ressources humaines responsables de la réalisation de
ce programme s'est donné comme objectif de promouvoir, dans les
ministères et organismes, un meilleur équilibre entre les
employés masculins et féminins dans les postes se situant au
niveau des professionnels et des cadres".
Ce matin, on en a parlé sous l'angle des congés de
maternité qui pouvaient avoir une incidence sur ce facteur. Je vous ai
demandé des chiffres qui, m'avez-vous dit, n'étaient pas tout
à fait à votre disposition. Je le comprends. La recherche se
fait. Mais, vous savez, tout au long de votre exposé de ce matin, on
entend parler de programmes que vous élaborez, d'études que vous
faites, de recommandations que vous attendez. Je veux simplement savoir si le
ministère de la Fonction publique, à l'approche des
négociations, s'est fixé d'une façon définitive,
relativement à ce phénomène d'égalité de
chances pour les femmes et les hommes, dans la fonction publique, et à
l'incidence drôlement importante que veut dire le congé de
maternité payé, en l'occurrence.
M. Parent (Hull): Je pense que la question du
député de Maisonneuve a deux volets. Il parle, d'un
côté, de la prochaine ronde de négociations et du programme
d'accessibilité aux fonctions-cadres du ministère. Je pense que
ces deux volets sont différents l'un de l'autre. Si on parle de la
négociation, j'ai dit tout à l'heure que j'avais des demandes
assez pressantes et constantes de mon collègue, le ministre d'Etat aux
Affaires sociales, en ce qui concerne les congés de maternité.
J'ai dit que cela serait un des éléments qui feraient partie de
la prochaine ronde de négociations avec les syndicats.
Si on parle du programme de chances égales dans la fonction
publique, ce n'est pas une question négociable parce que j'ai admis,
tacitement, qu'il existe dans la fonction publique, l'accessibilité aux
postes, tant dans les cadres que dans les rangs professionnels, pour la femme
et pour l'homme.
Ce qui est difficile actuellement, c'est la situation que l'on retrouve
à l'intérieur de la fonction publique, et qui n'est pas
matière à négociation,
parce que la décision du gouvernement est là, elle existe,
elle fait partie de sa politique, à savoir l'accessibilité aux
postes de la fonction publique à la femme.
Il reste sa disponibilité et il reste son accessibilité et
je pense que ce ne sont pas... C'est pour cela que je ne voudrais pas
mélanger les deux volets de la question du député de
Maisonneuve, à savoir qu'il n'y a pas de raison de négocier ce
qui est accessible. Il y a peut-être raison de négocier des
conditions qui pourraient rendre l'accessibilité plus facile ou plus
simple; mais j'ai souligné, je pense, tout à l'heure cet
après-midi ou ce matin le fait que nous retrouvons, actuellement,
dans la fonction publique, le plus grand nombre de personnel féminin
à l'intérieur des employés de secrétariat. Je pense
que c'est 13,000.
Au niveau des cadres je pense que le député de
Maisonneuve lui-même l'a souligné et moi-même je l'ai
souligné dans une émission de radio que j'ai faite il n'y a pas
tellement longtemps nous n'avons que 2.7% qui en sont.
Au niveau des professionnels, si je me rappelle bien, il y a 504
employés féminins. J'ai dit que dans la fonction publique, en ce
qui concerne l'homme et la femme, la chance est égale. Ce sont les
mêmes échelles de salaires. Travail égal, salaire
égal. La moyenne n'est peut-être pas la même et j'ai
expliqué pourquoi il y avait un différentiel dans les cadres.
Mais ce dont il s'agit actuellement, dans le comité ad hoc que
préside Mme Dorothée Pertuiset qui est directeur
général des ressources humaines au ministère de la
Fonction publique, d'inventorier, à l'intérieur du personnel
féminin existant dans la fonction publique, quelles sont celles qui
auraient le potentiel de gravir des échelons par leur simple formation
actuelle ou par des cours additionnels qui leur permettraient une
accessibilité à d'autres cadres que ceux d'employés de
secrétariat.
J'ai souligné également que pour avoir le droit de passer,
selon les règlements de la Commission de la fonction publiq ue, au
niveau d'adjoint au cad re ou de cadre supérieur, il faut être
dans la catégorie des professionnels.
Je pense que là, nous retrouvons environ 504 je pense, si
je me rappelle les derniers chiffres que j'ai vus employés
féminins qui sont au niveau professionnel. C'est donc làqu'est la
lacune, si on voulait en arriver demain matin, par exemple, et dire que 50% des
cadres au gouvernement provincial seront des employés masculins et 50%
seront des employés féminins.
Même si nous en avions le désir et si nous voulions en
faire une politique générale et dire carrément: Cela sera
50%-50%. Il reste que la disponibilité de la femme n'est pas
là.
Or, c'est la raison pour laquelle je dis qu'il y a deux volets à
votre question, à savoir si l'accessibilité est là. Ce
n'est pas seulement un programme qui est en voie d'être mis en place,
mais le programme est pour avoir effet de permettre à un plus grand
nombre l'accessibilité à des postes-cadres.
Un des volets qui fera sûrement le sujet de la négociation
est celui des congés de maternité qui peuvent être,
à l'occasion, un empêchement à la femme de continuer son
accession dans la fonction publique.
M. Burns: Si vous les leur accordez, ça peut être
une incitation à les faire continuer.
M. Parent (Hull): Cela peut être une incitation, ça
dépend des engagements familiaux. Il y a deux aspects. J'ai dit que nous
étions ouvert à cet aspect; j'ai bien compris le message du
député de Maisonneuve à savoir l'opportunité pour
le gouvernement d'accorder les congés de maternité, c'est
à ce moment que j'ai fait part des pressions assez constantes que
j'avais de mon collègue, le ministre d'Etat aux Affaires sociales, pour
en arriver à définir une politique, ou à
prévoirdans la convention collective, que nous avons commencé
à négocier, des situations de fait, à savoir que le
gouvernement accorderait le congé de maternité pour une
incitation, comme on le veut, ou permettre la conservation d'un emploi à
l'intérieur de la fonction publique.
C'est une matière à négocier. Je suis très
réceptif à la suggestion; j'ai déjà souligné
également, ce matin, ce qui peut être fait actuellement, parce que
ce n'est pas reconnu comme une maladie. Or, ça ne peut pas tomber sous
l'assurance-salaire qui est en vigueur à l'intérieur des
conventions collectives. Il y a d'autre part la loi
fédérale...
M. Burns: Ce n'est surtout pas une maladie.
M. Parent (Hull): ... qui prévoit
l'assurance-chômage.
M. Burns: C'est surtout une affaire bien, bien correcte et bien
naturelle.
M. Parent (Hull): C'est peut-être naturel, mais il reste
que c'est assez nouveau.
M. Burns: Si vous commencez à considérer ça
comme une maladie, le taux de natalité va baisser encore plus.
M. Parent (Hull): Cela n'a pas pris ça pour arriver...
M. Burns: Non, c'est un autre problème, c'est de
l'embarquer dedans, c'est un problème économique, on pourrait en
parler aussi, je n'ai pas d'objection.
M. Parent (Hull): Je ne sais pas si le député de
Maisonneuve est encore à l'âge d'en faire, moi, je sais...
M. Burns: Ah oui, oui, oui! Je suis encore à l'âge
d'en faire, sûrement. Je n'ai pas expérimenté
récemment. Mais je présume... Pardon?
M. Boudreault:... député de Maisonneuve
d'arrêter de se vanter.
M. Burns: Voulez-vous des exhibits?
Le Président (M. Gratton): Dépôt de
documents.
M. Cadieux: Mettez-les sur la table.
M. Burns: II y avait notre collègue de Johnson qui disait:
II ne faut pas confondre les tentations et les tentatives.
M. Parent (Hull): C'est bien différent.
M. Burns: Oui, c'est bien différent. D'ailleurs, je pense
que c'est à vous, M. le ministre, qu'il disait ça.
M. Parent (Hull): Oui, c'était à moi qu'il disait
ça. Mais les tentatives, c'était lui.
M. Cadieux: Mais il faut succomber.
M. Parent (Hull): M. le Président, je dis que nous sommes
très disponibles. Quant à la politique du gouvernement, mon
président par intérim de la fonction publique me fait part que
nous avons amendé nos règlements au cours de l'année 1974
pour donner l'accessibilité aux cadres féminins, mais que les
résultats que nous avons eus jusqu'ici leur permettant l'accession, ont
été très minimes. La participation n'a presque pas
compté. Il reste une question de disponibilité, comme je l'ai dit
ce matin encore, la disponibilité de la femme, la préparation de
la femme à une carrière et souvent la crainte d'assumer une plus
grande responsabilité. C'est une évolution qui est
nécessaire, mais une évolution à mon sens, qui va prendre
encore quelques années avant qu'elle ne se concrétise dans les
faits.
M. Burns: Ce que je veux, dans le fond, en soulevant ce
problème, le ministre pense peut-être que je mêle deux
problèmes, mais c'est véritablement de propos
délibéré.
M. Parent (Hull): Deux volets.
M. Burns: Oui, je suis bien content, ce matin, vous m'avez
parlé de salade, j'aime mieux que vous me parliez...
M. Parent (Hull): Vous m'avez parlé
d'ingrédients.
M. Burns: II fallait rester dans l'image que vous m'aviez
fixée. C'est vraiment de propos délibéré que j'ai
amené les deux problèmes, parce qu'il y en a un qui va avoir une
consonnance importante au niveau de la négociation.
M. Parent (Hull): II aurait pu arriver que nos règlements
soient un empêchement également. C'est pour ça que j'ai
pris votre question à deux volets pour vous donner les renseignements
requis à savoir qu'il n'y a pas de discrimination dans la fonction
publique, elle est disparue complètement. C'est pour ça
que...
M. Burns: Entre vous et moi, M. le ministre, ça ne fait
pas longtemps que vous inscrivez...
M. Parent (Hull): Non.
M. Burns:... dans vos offres d'emploi: Disponible...
M. Parent (Hull): Depuis 1974.
M. Burns: J'ai bien raison de dire que ça ne fait pas
longtemps.
M. Parent (Hull): Vous voyez que mon arrivée au
ministère a permis au moins une évolution pour la femme.
M. Burns:... disponible pour les hommes et les femmes.
Pardon?
M. Parent (Hull): Vous voyez que mon arrivée au
ministère, au moins, a valu une évolution de la fonction
publique.
M. Cadieux: II n'a pas été nommé là
pour rien.
M. Burns: En tout cas, on ne parlera pas de ça. Quand
même, cela aurait pu se faire bien avant, surtout que je pense que le
service du personnel, qui est le ministère de la Fonction publique et
tout ce qui l'entoure, devrait être à l'avant-garde, si vous
voulez, de ces choses. En tout cas, je ne vous critiquerai pas de l'avoir fait,
loin de là, mais quand même, on est obligé d'admettre entre
nous, que ça ne fait pas longtemps que ça se fait.
M. Parent (Hull): On l'a fait avant l'année internationale
de la femme.
M. Burns: Oui, cela aurait pu se faire avant et il n'y aurait
personne qui aurait crié là-dessus.
M. Cadieux: Avec l'appui du député de
Beauharnois.
M. Burns: En somme, sur ce point, je voulais tout simplement
soulever le problème, parcequej'ai nettement l'impression que dans les
grandes visées du ministère, si c'est sérieux de vouloir
rétablir la situation d'égalité à
l'intérieur de la fonction publique des employés masculins et des
employés féminins, il va falloir aussi tenir compte de l'aspect
immédiatement "factuel" qui s'appelle les congés de
maternité. J'espère que la politique du ministère va
être établie le plus rapidement possible. D'ailleurs, je me fais
fort de vous poser des questions en Chambre à la période de
questions, éventuellement, quand vous aurez eu le temps de faire ces
études, pour obtenir véritablement des détails, à
savoir ce que ça va impliquer au point de vue de la négociation.
On pourra juger alors du désir véritable du gouvernement de
mettre à la disposition des employés féminins de la
fonction publique tout ce qui est nécessaire pour faire carrière
à l'intérieur de la fonction publique. Entre autres, le
congé de maternité, à mon humble avis, est un
élément important.
M. Cadieux: M. le Président, est-ce qu'il n'y a
pas déjà une politique établie de quatre mois pour
ce dont on discute?
M. Burns: Ce sont des congés sans solde.
M. Cadieux: Non, avec solde.
M. Parent (Hull): Oui, mais il s'agit...
M. Burns: S'il y a des congés de maladie.
M. Parent (Hull): Quand ce sont des congés avec solde, il
s'agit de l'utilisation de la banque de congés de maladie
accumulés par l'employé qui alors, pour la période de
grossesse, peut utiliser sa banque de congés de maladie, mais qui,
à mon sens, vient justement à rencontre de la convention
collective qui ne prévoit pas le congé de maternité comme
tel. Par l'introduction de l'assurance-salaire dans la dernière
convention collective, où la grossesse n'a pas été incluse
comme un des éléments des maladies reconnues, je suis bien
d'accord pour dire que la femme, dans une convention comme celle existante, n'a
pas comme tel le congé de maternité.
Ce qu'on demande actuellement, c'est qu'il y ait une période...
je pense que le ministre d'Etat aux Affaires sociales me demande une
période de seize semaines, si mon souvenir est exact, de ce qu'il m'a
dit la semaine dernière.
M. Cadieux: M. le ministre, je ne voudrais pas vous
embêter, mais...
M. Parent (Hull): II n'y a pas de danger.
M. Burns: Pas de danger, s'il est embêté il ne
répondra pas.
M. Cadieux: Est-ce que ce ne serait pas prévu à
l'intérieur de certains ministères, qui seraient peut-être
pi us avancés que d'autres, qui auraient accepté un congé
avec solde de quatre mois? J'ai vécu l'expérience des
congés de maternité avec solde.
M. Burns: A quel endroit?
M. Cadieux: Vous savez d'où je viens?
M. Parent (Hull): Ce sont les mêmes dispositions qui
s'appliquent à tous les ministères. Il y a une convention
collective signée entre le gouvernement et ses fonctionnaires. Je ne
vois pas comment un ministère peut appliquer une règle qui est
dérogatoire à la convention collective signée et qu'un
autre n'a pas le droit d'y déroger. La pratique courante a voulu, depuis
la signature de la dernière entente sur les congés de
maternité, qu'on en arrive à des congés sans solde.
D'autres ont pu bénéficier de congés avec solde pour
autant qu'elles avaient une banque de congés de maladie
accumulés, ce qui a servi spécifiquement à cette fin. Mais
telle n'est pas une pratique générale à l'intérieur
des différents ministères.
M. Cadieux: Ce serait une pratique favorisée.
M. Parent (Hull): Ce qu'on me fait remarquer, c'est qu'à
moins que ce soit relatif à une maladie qui soit relative
à...
Une Voix: Ce n'est pas une maladie, c'est une complication.
M. Parent (Hull): II y a des maladies. C'est une
complication.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je me permets de demander
au ministre s'il y a eu une évaluation à l'intérieur de
son ministère sur ce qu'il en coûterait, éventuellement si
le gouvernement du Québec donnait suite à une telle
requête?
M. Parent (Hull): Je pense que je l'ai souligné ce matin.
Nous avons confié l'étude à André Dionne, actuaire,
afin de faire le relevé de ce qui pourrait en coûter. Mais je
voudrais bien que nous soyons conscients d'une chose, ici nous discutons les
crédits du ministère de la Fonction publique, c'est un
ministère qui a quelques centaines d'employés. Quand je parle de
la fonction publique, il s'agit des 60,000 fonctionnaires, soit le
réseau complet. Parce que, si nous appliquons le congé de
maladie, le congé de maternité aux fonctionnaires, il faut
l'étendre au réseau de l'éducation, des affaires sociales,
des organismes paragouvernementaux, et là on parle de 300,000 personnes.
Ce sont les effectifs des trois réseaux. On ne peut pas accorder dans un
réseau, à mon point de vue, le congé de maternité
hors que dans la fonction publique, hors que dans le système de
l'enseignement. Nous retrouvons en grande partie le sexe féminin qui est
à l'oeuvre dans le secteur de l'éducation.
Le Président (M. Gratton): Est-ce qu'il y a d'autres
questions d'ordre général?
M. Cadieux: Dans la maternité?
Le Président (M. Gratton): Non. J'inviterais la
commission... L'honorable député de Maisonneuve.
Employés occasionnels
M. Burns: Je pensais que vous vouliez dire à ce sujet.
J'aimerais, M. le ministre, si vous le voulez bien, qu'on aborde le
problème des occasionnels dans la fonction publique. Je pense que c'est
quelque chose qui concerne beaucoup plus de personnes qu'on ne le croit. Je
veux tout simplement vous référer à un certain nombre de
documents.
Au départ, ce qu'il m'intéresserait de savoir, c'est le
nombre d'occasionnels qu'il y a actuellement dans la fonction publiq ue. Pour
vous donner le temps de trouver la réponse, M. le ministre, je vais vous
faire un certain nombre de citations. Cela va vous permettre de consulter
certains de vos collaborateurs. Je vais d'abord vous référer
à l'examen des crédits de 1974/75, l'année
dernière, à la page
B-639 où vous disiez vous-même, M. le ministre: "Nous
sommes à faire la vérification présentement avec la
Commission de la fonction publique auprès des ministères pour
nous assurer du nombre d'occasionnels réellement en fonction pour
connaître le nombre d'occasionnels qui occupent des postes permanents,
pour déterminer la réglementation que nous pourrions apporter
à la législation qui pourrait être apportée afin de
corriger l'ensemble de la situation et cesser de croire qu'il y a une fonction
publique parallèle".
M. le Président, le 9 janvier dernier, je vous ai écrit,
en fait, j'ai écrit à votre sous-ministre, M. Réal
Châtelain, et je cite la lettre que j'écrivais à ce
moment-là: "M. le sous-ministre, lors de l'étude des
crédits du ministère de la Fonction publique, le ministre, M.
Oswald Parent, nous informait qu'une étude était en cours afin de
déterminer le nombre d'employés occasionnels qui occupent des
postes permanents dans la fonction publique. Le problème des
employés occasionnels m'intéresse particulièrement et
j'aimerais être informé des résultats complets de cette
étude afin d'avoir une idée plus exacte de la
réalité. Convaincu à l'avance de l'attention que vous
porterez à ma demande, je vous remercie, etc.".
Je ne peux pas me plaindre du délai qu'on a mis à me
répondre. Je vais plutôt me plaindre du contenu de la
réponse, parce qu'à la suite de ma lettre du 9 janvier, le 13
janvier, on m'adresse la lettre suivante: "Cher monsieur, et c'est vous,
M. le ministre, qui me dites ceci la présente fait suite à
votre lettre du 9 janvier adressée à M. Réal
Châtelain, ancien sous-ministre du ministère de la Fonction
publique. Pour votre information, le nouveau sous-ministre est M. Claude
Bélanger bravo, bien content d'apprendre cela. Jusqu'à
maintenant, je n'avais pas demandé cela dans ma lettre Comme je
l'avais précisé à l'occasion de l'étude des
crédits du ministère de la Fonction publique l'an dernier, le
dossier des employés occasionnels a fait l'objet d'une étude et
d'une nouvelle réglementation qui devrait être
présentée aux autorités gouvernementales au cours des
prochaines semaines.
Ces nouvelles dispositions visent, d'une part, à définir
la nouvelle norme budgétaire relativement à l'engagement de cette
catégorie d'employés et, d'autre part, à prévoir un
nouveau régime d'emploi applicable à ce personnel."
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas de réponse à ma
lettre. Le dernier paragraphe: "Espérant que ces renseignements vous
seront utiles... Je peux vous dire, M. le ministre qu'ils ne m'ont pas
été utiles du tout, parce que vos sous-ministres... Je suis bien
content...
M. Parent (Hull): Votre curiosité n'a pas
été contentée.
M. Burns: Non. Je n'ai pas été satisfait du tout.
Vous dites: "Espérant que ces renseignements vous seront utiles, je vous
prie d'agréer, cher monsieur, l'expression de mes sentiments les
meilleurs". J'ai agréé vos sentiments les meilleurs et c'est tout
ce que j'ai agréé par cette lettre. Je voudrais savoir, une fois
pour toutes, combien vous avez actuellement d'occasionnels dans la fonction
publique avant le règlement, après le règlement, à
cause du règlement, sans cause avec le règlement, sans
référence au règlement. J'aimerais que vous me donniez
enfin une réponse précise autre que de me présenter votre
nouveau sous-ministre, M. Bélanger.
M. Parent (Hull): Je vais tenter d'être plus clair que la
lettre que je vous ai adressée, en disant que, suite à toutes ces
pérégrinations, nous en sommes arrivés à la
conclusion qu'il y avait un ménage, à faire et nous l'avons fait.
Il est arrivé je pense que ce seront peut-être des
renseignements que le député de Maisonneuve va savourer
à certaines périodes de l'année dans la fonction publique,
que nous pouvions retrouver jusqu'à 30,000, 35,000 occasionnels et
ouvriers. C'est de là que celui qui vous parle a pris la question
très au sérieux et a convenu et même dit, lors de
l'étude des crédits de l'année dernière, que
j'envisageais une réforme en profondeur, que la commission était
à faire un relevé d'expertise dans trois ministères pour
que nous puissions convenir d'abord du nombre, de l'emploi qui était
exercé par chacun des occasionnels dans les trois ministères dont
nous nous sommes servis comme expertise et de là, convenir d'une
réglementation, comme je l'avais dit aux crédits, pour
contrecarrer les emplois occasionnels qui remplissaient des fonctions à
caractère permanent.
Le résultat de l'enquête a été, dans les
trois ministères, Education, Justice et Affaires sociales où il
semblait y avoir le plus d'abus, si on veut, la commission a trouvé dans
son relevé dans ces trois ministères 2,100 employés de
nature occasionnelle. La commission elle-même avait déjà
présenté, au moment de l'étude des crédits de
l'année dernière, un projet de règlement que je n'ai pas
accepté. Sans que nous sachions exactement vers quoi nous nous
aventurions en voulant régulariser une situation comme celle-là,
je voulais connaître, avant de m'aventurer dans un règlement pour
mettre fin à des abus qui pouvaient s'être
présentés, tous les éléments, savoir le nombre, les
emplois occupés, la rémunération reçue, sur quoi on
se basait pour faire la rémunération, pourquoi un nombre aussi
considérable quand on sait, par exemple, qu'à l'Education il y a
peut-être 700 à 800 postes vacants, autorisés dans le
budget et qui ne sont pas comblés.
Il y avait d'autres éléments qui entraient en ligne de
compte à savoir, s'il y avait des moyens de résoudre le
problème en lui-même, s'assurer d'y avoir un contrôle parce
que l'on sait que même si celui qui parle est le ministre de la Fonction
publique, il n'a aucun pouvoir de décision à l'intérieur
des autres ministères quand il s'agit d'engagement d'occasionnels parce
que le budget de salaires était là. Le chef du ministère
ou le sous-chef pouvait engager des crédits à l'intérieur
de l'élément Traitements. On procédait sans qu'il y ait de
vérification comme telle, sans qu'il y ait de contrôle comme tel,
parce qu'il s'agissait d'engagements prévus par le règlement
d'octobre 1966 qui permettait des engagements pour une période de quatre
mois renouvelables
sans qu'il y ait l'assentiment du Conseil du trésor.
Or il s'agissait, à ce moment-là, selon une expression
canadien ne, de bloquer beaucoup de trous en même temps pour
éviter la répétition d'abus. C'est un travail très
ardu. Suite à l'enquête qui a été menée par
la Commission de la fonction publique, nous avons entrepris une discussion,
d'abord au niveau du cabinet, pour obtenir l'autorisation, l'accord de principe
sur la réglementation que je voulais mettre en vigueur. Il s'en est
suivi la rédaction d'un texte que nous avons soumis à l'attention
de tous les sous-chefs de l'administration provinciale; il y a eu des
consultations pour s'assurer que le règlement pouvait non pas
empêcher la gestion quotidienne des affaires d'un ministère ni les
gêner, mais bien en arriver à un consensus sur l'utilisation de ce
que nous appelions et que j'ai vu souvent dans les journaux, la fonction
publique parallèle.
Procéder en vitesse, je pense, aurait été
néfaste. Il a fallu passer toutes ces étapes pour enfin en
arriver à une période critique, c'est-à-dire une prise de
décision, même si elle va à l'encontre des vues de
plusieurs ministères qui ont été exprimées au cours
des consultations. Cela fait, je suis allé plus loin, même avant
de faire approuver le règlement qui, d'ailleurs, devait être
approuvé par la Commission de la fonction publique, mais
sanctionné par le Conseil du trésor en vertu de la Loi de
l'administration financière, et j'ai demandé au Conseil du
trésor de faire une étude approfondie des moyens de
contrôle que nous pourrions utiliser au point de vue budgétaire.
Nous en sommes arrivés à la conclusion, dès le mois de
juillet ou d'août, avant même la rédaction du texte au
Conseil du trésor, que nous introduirions dans les prochaines
estimations budgétaires un article couvrant les occasionnels et les
contractuels dont un virement serait prohibé. C'est-à-dire qu'un
ministère n'aurait pas le droit de virer de traitements de l'article 1
à l'article 1 -2: Salaires. C'est la règle que le Conseil du
trésor a approuvée, et quand nous avons déposé les
crédits des ministères, nous savons aujourd'hui que chaque
ministère a une autorisation, pour la période transitoire
hommes-années pour occasionnels. Il ne peut pas y avoir de
dépassement sans qu'il y ait approbation du Conseil du trésor.
C'est donc dire que le premier contrôle à exercer était
celui du budget et la détermination années-hommes...
M. Burns: Quant au nombre d'occasionnels si on veut mettre
cela... Pas vraiment...
M. Parent (Hull): Oui. C'était budgétaire, mais il
restait, par le règlement que j'ai rendu public je parle des
contrôles budgétaires des règles qui permettent
l'engagement d'occasionnels selon le budget autorisé pour des fins
spécifiques et pour des périodes non renouvelables, que, pour le
personnel ouvrier, c'est entre le 1er avril et le 30 novembre, période,
d'après ce que nous savons à l'intérieur du
ministère des Transports, l'un des plus gros clients, où l'on a
des employés que l'on appelle saisonniers ou ouvriers, selon le terme
employé.
Il y avait donc une opération qui a nécessité
énormément de consultations pour tenter d'avoir au moins un
certain consensus, même s'il n'y avait pas l'approbation
générale, sur le mode de réglementation des occasionnels
à l'intérieur de la fonction publique.
Par le règlement, nous pouvons donc, maintenant, et nous pourrons
maintenant déterminer en tout temps combien il y a d'occasionnels dans
le gouvernement, ce qui était difficile à établir
antérieurement. Je n'ai pas de difficulté à admettre cela,
parce que, chaque ministère faisait ses opérations et il n'y
avait aucun contrôle, si on veut, exercé par quelque organisme
central que ce soit, parceque la juridiction appartenait au ministère,
à l'intérieur du budget qui lui était accordé.
Or, maintenant, par cette formule, nous en arrivons à une
solution, à savoir ce que sont les occasionnels, quel travail peut
être fait par un occasionnel. Ce n'est pas pour remplacer des
employés ou des emplois à caractère permanent. C'est
maintenant définitif.
S'il y a surplus de travail, s'il y a des périodes de pointe dans
des ministères, tel le ministère du Revenu durant la
période de l'impôt sur le revenu, parfait. S'il y a des
périodes de pointe comme cela existe au ministère des Transports
pour les bureaux des véhicules-automobiles, c'est prévu. Mais il
s'agissait d'établir une formule qui permette véritablement
d'exercer le contrôle que nous n'avions pas, ni au ministère de la
Fonction publique, ni à la Commission de la fonction publique, ni au
Conseil du trésor, qui était disparate.
Maintenant, par les règlements et par le contrôle
budgétaire, nous avons les contrôles rigides qui vont nous
permettre de pouvoir, en tout temps, déterminer combien il y a
d'employés occasionnels à la fonction publique. A la fonction
publique, le personnel peut varier. Tout à l'heure, j'ai dit que cela
peut aller jusqu'à 35,000 employés ouvriers. Mais, dans la
fonction publique, on retrouve, selon les derniers renseignements qu'on a
obtenus, entre 3,000 et 4,000 occasionnels, peut-être, dans certains
secteurs, d'une façon permanente, qui se sont renouvelés
d'année en année, mais qui, maintenant, en vertu des nouvelles
règles, seront réglementés. C'est cela que nous voulons
faire disparaître. Il n'y a aucun doute là-dessus. Mais sur des
emplois qui sont à caractère occasionnel, il est
inévitable qu'on ne peut pas les faire disparaître.
La période de pointe de l'impôt sur le revenu, je ne peux
pas la faire disparaître. Cela me prend tant d'hommes-années pour
remplir cette fonction durant la période de pointe, comme pour le Bureau
des véhicules automobiles, comme cela peut arriver dans le secteur de
l'éducation également, où ils ont des périodes de
pointe, comme la correction des examens de fin d'année. C'est une
période de deux ou trois mois. C'est du travail à
caractère occasionnel.
A ce moment, c'est admis en vertu du règlement. Mais ces
employés qui remplissent la fonction sur une base occasionnelle
n'empêchent pas ou ne prennent pas la place d'un employé
régulier. C'est que nous avons voulu cerner le problème dans son
ensemble et lui apporter une solution globale plutôt que d'intervenir
d'une façon partielle, d'une façon
qui n'aurait pas donné de résultat. Les critiques auraient
continué à déferler sur le ministère et sur la
fonction publique en général, en disant qu'il y avait une
fonction publique parallèle.
Par la venue du nouveau règlement, par le contrôle
budgétaire, il ne pourra plus être dit qu'il y a une fonction
publique parallèle.
M. Burns: M. le ministre, votre règlement, vous
l'annonciez le 21 mars.
M. Parent (Hull): II a été sanctionné le
18.
M. Burns: Oui, c'est cela. Je cherchais la date. Vous me dites
que c'est le 18. En tout cas, je me disais que c'était aux alentours du
18.
M. Parent (Hull): C'est que le député de
Maisonneuve comprendra la raison pour laquelle je l'ai annoncé à
cette période. Nous avons peut-être retardé de quelques
semaines.
M. Burns: Ce n'est pas là-dessus que je vous fais
grief.
M. Parent (Hull): C'est que le budget n'était
présenté que la semaine suivante.
M. Burns: Pas de problème. Si cela avait été
annoncé le 21 mars 1975 et que le règlement avait
été adopté le 18 mars 1974, je vous engueulerais, mais je
n'ai vraiment pas à vous faire un grief là-dessus; trois jours,
il n'y a pas de problème.
Ce que je voudrais savoir je reviens à cette même
question c'est de connaître l'ampleur de cette situation que nous
n'avons jamais véritablement connue, sauf par votre affirmation qui date
d'il y a quelques minutes, qui, en ce qui me concerne, me renverse, qu'il
puisse y avoir à un moment donné 35,000 employés
occasionnels au gouvernement quand on connaît...
M. Parent (Hull): Oui, mais il faut comprendre qu'à ce
moment, je parle de 20,000 employés, ouvriers seulement, dans les
transports.
M. Burns: D'accord. C'est justement pourquoi je poursuis ma
question et je vous demande de me dire s'il n'y aurait pas moyen de
déposer pour la commission, non pas la liste, je ne veux pas les
connaître nommément, ces employés occasionnels, mais la
répartition, d'un ministère à l'autre, de ces
employés occasionnels.
M. Parent (Hull): Nous ne les avons pas. Chaque ministère
considère son réengagement tous les quatre mois...
M. Burns: Est-ce que d'ici à la fin de l'examen de vos
crédits, il n'y aurait pas moyen que vous fassiez parvenir un document
comme celui-là. Je veux dire, c'est quand même aberrant quand on
sait qu'une partie importante de la fonction publique, c'est-à-dire que
35,000 soient des employés occasionnels. Il me semble que, pour
éviter surtout des abus éventuels, pour juger...
M. Parent (Hull): On considère que...
M. Burns: Non, laissez-moi finir. Attendez-moi. Je vous ai
attendu longtemps.
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: Pour véritablement juger de l'efficacité,
je ne pense pas en termes de cette année, je pense, si on est encore
dans ce même Parlement l'année prochaine, à l'étude
des crédits qu'on aura à faire l'année prochaine.
M. Parent (Hull): Je ne sais si vous serez là et si je
serai encore là.
M. Burns: Je ne sais pas si je serai là et je ne sais pas
si vous le serez, mais il y aura d'autres gens, si on n'est pas là, qui
vont s'occuper de faire nos boulots respectifs, j'imagine. La preuve, c'est que
l'année passée, ce n'est pas moi qui étais là. Le
député de Sai nt-Jacq ues a très bien fait cela et le
dép uté de Sauvé, le chef de l'Opposition, a très
bien fait cela. Je ne me sentais pas du tout lésé de ne pas avoir
été là. Je pense que et c'est cela qui est
important dans l'examen des crédits budgétaires d'un
ministère il s'agit de vérifier une certaine
continuité d'attitude. Vous nous dites cette année: Nous amenons
une solution miracle. Cette solution miracle est, selon vous, votre
règlement adopté le 18 mars dernier, annoncé le 21 mars.
Je dis que, jusqu'à maintenant, je suis prêt à prendre
votre parole, je suis prêt à examiner la situation de façon
tout à fait objective et détendue. J'essaie de m'éloigner
du problème. Pour juger des résultats, il me semble que vous
devriez, d'une part, être en mesure de nous dire avant la mise en
application de ce règlement, je ne sais pas quel numéro
vous connaissez peut-être les numéros mieux que moi mais le
règlement concernant les occasionnels... J'aimerais sa-Voir quelle
était la situation, ministère par ministère, avant la mise
en application de ce règlement. Vous nous donnez un chiffre qui, je vous
avoue et je vous en remercie, m'étonne parce que je ne pensais jamais
que c'était de cet ordre, malgré que je croyais que
c'était bien important, le nombre d'occasionnels à
l'intérieur de l'administration publique.
J'aimerais savoir où se situaient, ministère par
ministère, ces occasionnels. Là-dessus, M. le ministre, vous ne
pouvez pas me dire que vous n'avez pas fait des recherches. Lors de vos
crédits l'année passée, vous nous disiez que vous faisiez
une vérification, que vos gens tentaient de s'assurer du nombre
d'occasionnels réellement en fonction pour connaître le nombre
d'occasionnels qui occupent des postes permanents, pour déterminer la
réglementation que nous pourrions apporter. Si le ministre n'a pas fait
cette vérification à fond, je vois mal comment il a pu arriver
à suggérer, à ses collègues du ministère,
une réglementation qui puisse normalement prévoir un
règlement de la situation. C'est cela que je veux. Je voudrais savoir,
d'abord, combien il y en avait
avant la réglementation et peut-être combien il y en a,
maintenant, dès la mise en application.
On pourra vérifier l'année prochaine, je vous le dis
d'avance, combien il y en aura à ce moment, ce qu'on aura fait,
ministère par ministère, de ces différents employés
occasionnels. Il me semble que c'est bien logique, ma demande, cela n'a rien
d'exagéré, surtout quand on voit l'importance que cela pouvait
avoir, ces 35,000 employés occasionnels à l'intérieur de
la fonction publique.
M. Parent (Hull): M. le Président, si on veut refaire
l'ensemble du problème, je ne peux d'abord pas m'engager à
déposer des documents que je n'ai pas, qui ne sont pas de ma
juridiction. Ce qui est de ma juridiction, c'est le contrôle qui devait
exister par le fait que je suis le ministre responsable en Chambre de la
Commission de la fonction publique.
La Commission de la fonction publique, en vertu de son règlement,
avait le pouvoir de réglementer d'abord, et avait aussi le pouvoir de
faire des enquêtes. Si nous avons jugé à propos, à
l'occasion, de faire faire une enquête-expertise pour nous permettre de
connaître l'ampleur, nous avons choisi trois ministères:
l'Education, la Justice et les Affaires sociales, où cela nous semblait
exagéré. Nous avonsfait enquête, j'ai demandé
à la Commission de la fonction publique d'exercer ses
prérogatives et de faire enquête. Il n'est pas de ma juridiction
de le faire comme tel, et comme ministre de la Fonction publique...
M. Burns: Je ne comprends pas, moi, que ce ne soit pas de votre
juridiction de le faire.
M. Parent (Hull): Non. Le député de Maisonneuve
aurait avantage à lire la Loi de la fonction publique. Le ministre de la
Fonction publique a juridiction...
M. Burns: Je la connais, imaginez-vous, très bien, la Loi
de la...
M. Parent (Hull): ...en ce qui concerne les négociations
des conventions collectives dans la fonction publique, mais il n'intervient, ni
dans l'engagement dans les différents ministères, c'est le chef
du ministère qui engage, c'est la commission...
M. Burns: Mais oui...
M. Parent (Hull): ...qui qualifie, mais le ministre de la
Fonction publique n'est pas présent...
M. Burns: J'admets tout cela, M. le ministre...
M. Parent (Hull): ...et ce n'est pas sa
responsabilité.
M. Burns: Mais comment voulez-vous pouvoir prendre des
décisions intelligentes, pondérées, mesurées,
adaptées à des situations, si vous n'êtes pas capable
d'avoir des données de base? Comment voulez-vous...
M. Parent (Hull): Si le député de Maisonneuve
veut...
M. Burns: ...administrer de cette façon un service du
personnel? C'est cela que vous faites, M. le ministre.
M. Parent (Hull):... attendre la fin de ma réponse, il
verra qu'à ce moment ce n'est pas simplement au titre de ministre de la
Fonction publique que j'ai agi, mais bien à cause des autres
responsabilités que j'exerce dans le gouvernement.
Si le député de Maisonneuve...
M. Burns: Oui, mais moi, c'est au ministre de la Fonction
publique...
M. Parent (Hull): ...veut monter en épingle le
problème...
M. Burns: Non. Je m'adresse au ministre de la Fonction publique.
Je veux avoir une réponse quelque part.
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: Si je n'ai pas d'affaire à en avoir, dites-le
moi tout de suite. Je vais "sacrer mon camp". On va aller regarder le hockey,
toute la "gang" ensemble.
M. Parent (Hull): Non.
M. Burns: Qu'est-ce que vous voulez...
M. Parent (Hull): Je ne peux pas donner...
M. Burns: ...je ne me casserai pas la tête avec
ça.
M. Parent (Hull): ...ce qui n'est pas de ma juridiction. Je pense
bien que le député de Maisonneuve va comprendre une chose. C'est
qu'il veut monter en épingle le fait que je lui ai dit qu'à
certaines périodes de pointe, cela pouvait aller jusqu'à 35,000.
Il y a des employés je l'ai dit tout à l'heure
seulement au ministère des Transports, où l'effectif, durant la
période de pointe, est à 20,000. Je n'ai pas parlé d'une
période continue. Cela varie de trois, cinq à quinze jours. Je
dis qu'à la période de pointe, cela peut se rendre jusqu'à
35,000. Est-ce que cela s'est rendu là? Je ne sais pas. Mais c'est le
maximum où cela s'est rendu. Mais là, on parle de 20,000
employés dans un bloc, dans un ministère. J'ai dit tout à
l'heure que l'enquête-expertise que nous avons fait faire par la
commission nous a révélé qu'à une certaine date il
y avait 2,100 employés occasionnels dans trois ministères. Cela
nous a démontré l'importance qu'il y avait d'intervenir. Mais, je
l'ai dit tout à l'heure, je le répète encore, à
l'intérieur des budgets de chaque ministère, chaque
ministère avait un élément "traitements". A
l'intérieur de l'élément "traitements", on
retrouvait les employés réguliers, on retrouvait les
employés occasionnels, on retrouvait les employés contractuels,
on retrouvait le paiement du surtemps payé à chaque
employé.
Si le député de Maisonneuve veut faire la
comptabilité, il n'aura qu'à aller à chaque
ministère pour demander le décompte, quels sont les effectifs
réguliers qu'ils ont, quels sont les effectifs qu'ils ont eus
jusqu'à un moment donné dans la période ou à un
période de pointe, combien il y avait d'occasionnels dans le cadre de
leur ministère?
Mais le ministre de la Fonction publique a pour responsabilité,
à l'intérieur de la loi, de négocier les conditions de
travail et de voir à l'application des conventions collectives, non pas
de voir à l'engagement des employés à l'intérieur
des ministères...
M. Burns: Je n'ai jamais dit cela.
M. Parent (Hull): Mais vous me demandez de rendre compte pour les
autres ministères. Voyons donc! Vous n'avez pas dit cela?
M. Burns: Ecoutez! Vous êtes le ministre de la Fonction
publique ou vous ne l'êtes pas?
M. Parent (Hull): Dans le cadre des responsabilités qui me
sont dévolues par la loi.
M. Burns: Bien oui, mais...
M. Parent (Hull): Mais je n'ai pas à dire au
ministère des Transports qui il va engager...
M. Burns: ...qu'est-ce que vous faites là, vous?
M. Parent (Hull): ... combien d'employés il va engager.
C'est le Conseil du trésor qui autorise les effectifs de chacun des
ministères. Par le fait que je suis au Conseil du trésor...
M. Burns: Mon Dieu Seigneur!
M. Parent (Hull): ... je suis conscient du problème qui
s'est posé dans différents ministères, et c'est par ces
responsabilités que j'assume que je suis intervenu dans le dossier pour
faire modifier le règlement des occasionnels, et je suis intervenu pour
qu'il existe un contrôle qui n'existait pas antérieurement.
M. Burns: M. le ministre, on va parler calmement...
M. Parent (Hull): J'ai dit tout simplement: La question
desemployés occasionnels, ce n'estqu'un nombre de 3,000 à 4,000,
qui va être réduit avec la mise en application du
règlement, mais j'ai donné l'indication tout à l'heure
qu'avec les ouvriers, parce qu'on couvre les ouvriers également, le
ministère du Tourisme, à l'occasion, je pense, du mois
d'août, a environ 5,000 ou 6,000 employés occasionnels pour
desservir ses chalets de chasse, de pêche, des kiosques touristiques,
ainsi de suite. Je pense qu'à ce moment-là, il ne faut pas
exagérer, non plus, le chif- fre de 35,000. Si, d'une part, vous avez le
ministère des Transports avec 5,000...
M. Burns: Ce n'est pas moi qui ai dit le chiffre de 35,000, c'est
vous qui l'avez dit.
M. Parent (Hull): Non. Vous avez voulu tenter de...
M. Burns: Bien non!
M. Parent (Hull): ... l'introduire en disant...
M. Burns: Cela m'étonne.
M. Parent (Hull): ... le chiffre de 35,000...
M. Burns: Bien oui, ça m'étonne.
M. Parent (Hull): Soyons conscients de ce qui se passe dans
l'appareil gouvernemental. Quand on parle de 20,000 à un moment de
pointe au ministère des Transports, on parle de 5,000 ou 6,000 au min
is-tère du Tourisme, il ne reste plus grand monde pour les autres
ministères. C'est simple. Ce que le député de Maisonneuve
voudrait avoir, c'est un relevé de chacun des ministères...
M. Burns: Oui.
M. Parent (Hull): Je l'ai dit avant...
M. Burns: Je suis en droit de demander cela.
M. Parent (Hull): ... que je n'ai pas les renseignements. J'ai
été obligé de faire faire une enquête par la
Commission de la fonction publique pour savoircombien il yen avait, parce que
chaque ministère est maître de sa destinée.
M. Burns: Oui, mais moi, comme interlocuteur en matière de
fonction publique, je vous demande simplement de me donner cela. Ne me demandez
pas d'aller faire le tour de tous les ministères...
M. Parent (Hull): Je vous dis que je ne le sais pas. Si vous les
voulez, allez dans chaque ministère, au moment de l'étude des
crédits, et demandez-les.
M. Burns: C'est de la folie furieuse que vous me suggérez
là.
M. Parent (Hull): De la folie furieuse, je comprends.
M. Burns: Voyons donc!
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Burns: C'est absolument furieux comme folie.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! Pourrais-je inviter
les protagonistes de ce débat quand même assez
intéressant...
M. Burns: Je n'ai pas interrompu le ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Gratton): Non, mais j'ai l'impression que
vous devriez vous adresser à la présidence, cela
tempérerait peut-être les propos.
M. Burns: C'est vrai, M. le Président, que vous avez un
visage tempérant.
M. le Président, je dis tout simplement ceci, et vraiment, je ne
cherche pas des poux, je n'essaie pas de trouver quelque chose: Moi, je suis
étonné par le chiffre de 35,000. Le ministre a le droit de
circonstancier, M. le Président, son chiffre de...
M. Parent (Hull): Je comprends......souvent le matin...
M. Burns: M. le Président, je vous parle à vous.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Burns: Je suis votre directive.
Le ministre a le droit de tempérer son chiffre de 35,000 et je ne
peux pas le blâmer. Il pourra me dire que c'est à une
époque particulière, qu'il y a tel et tel élément
saisonnier, qu'il y a tel et tel facteur dans tel et tel ministère. Je
suis prêt à tout recevoir cela comme information. Mais, M. le
Président, vous ne pouvez pas, je pense, me blâmer de demander des
chiffres au ministre de la Fonction publique, celui qui est responsable de
l'ensemble de la fonction publique. Autrement, qu'est-ce que veut dire son
ministère? Il faudra peut-être qu'on révise même
l'existence de ce ministère, si je ne suis pas capable de m'adresser
à une tête du cabinet, qui a charge, en particulier, de I'ensemble
de la fonction publique, du chapeau de la fonction publique, si je ne peux pas
obtenir un renseignement comme celui-là. Peut-être que le
ministre, M. le Président, n'est pas en mesure de me donner ce soir ce
renseignement, ce que j'accepterai de bon gré. Il est possible qu'il
doive faire une certaine recherche auprès de ses collègues des
autres ministères ou des officiers des autres ministères.
Mais je suis, M. le Président, en droit, comme membre de
l'Opposition Dieu sait qu'on n'est pas nombreux ici, ce soir de
poser une question comme celle-là. Je veux savoir non seulement combien
il y a de membres de la fonction publique qui sont considérés
comme des occasionnels, qu'on me donne cela à une date précise,
et je pourrai poser d'autres questions à ce moment. Je veux savoir, par
ministère, également, M. le Président, quelle a
été la durée, quels a été le nombre de
renouvellements de ces occasionnels. Ce sont des questions que je suis en droit
de me poser. Autrement, M. le Président, je vais dire au
ministère qu'il légifère sans connaître la
situation. C'est ça qui est fantastique. Il adopte un règlement
concernant les emplois ou fonctions d'un caractère occasionnel et leurs
titulaires, il nous annonce avec grande pompe, le 21 mars, en Chambre, et il le
fait je suis obligé de constater cela sans connaître
les données de base, sans connaître les conséquences, sans
connaître l'origine d'une telle mesure. C'est ça que je demande,
tout simplement, et je veux aussi, pour l'avenir, parce que ce sera aussi
très important parce que c'est notre rôle, je pense, dans
l'Opposition, de vérifier l'administration gouvernementale, savoir
comment ce règlement aura pu donner des résultats valables,
comment ce règlement aura pu corriger la situation.
S'il ne corrige pas la situation, ce sera mon devoir, l'année
prochaine, ou le devoir de celui qui sera ici ou de ceux qui seront ici, au nom
de l'Opposition de dire: Vous pensiez trouver une solution dans votre
règlement? Vous ne l'avez pas trouvée. C'est bien dommage, mais
je ne suis pas jusqu'à nouvel ordre ministre de la Fonction publique. Je
n'ai pas ces données. Je ne suis pas en mesure de dire...
M. Parent (Hull): J'espère que vous n'avez pas
d'espérance.
M. Burns: Je n'ai aucune espérance. Vous pouvez en
être assuré. Surtout pas dans ce gouvernement, c'est sûr,
mais il me semble que c'est normal pour nous autres de connaître ces
données pour pouvoir juger de la situation avant, pendant et
après.
Ce n'est que cela mon point de vue. Cela ne va pas plus loin que cela.
Je n'essaie pas d'amener le ministre dans un traquenard. Je veux
connaître la situation. Je veux surtout que le ministre prenne conscience
que ces données doivent être publiques. Bondance, cela concerne
les taxes des citoyens du Québec! Ce sont des données qui doivent
être publiques et comment puis-je obtenir la publicité, vue le
sens très intime du mot...
M. Parent (Hull): Pas dans le Jour.
M. Burns: ...si vous ne voulez pas me comprendre? Comment puis-je
faire rendre ces données publiques, sinon par l'entremise du ministre de
la Fonction publique, à moins que je ne fasse le stupide et que je passe
les uns après les autres tous les crédits de tous les
ministères et que j'arrive à chaque place en disant: J'ai une
question à vous poser, M. le ministre? Combien avez-vous
d'occasionnels?... Que faisaient-ils? Combien de temps a duré leur
contrat? Combien de fois leurs contrats ont-ils été
renouvelés? Et je vais aller faire cela? Je vais aller faire le pitre
à chacune des commissions parlementaires qui examinent les
crédits de chaque ministère?
Franchement, vous avez une piètre vue du rôle que
l'Opposition veut jouer. Je pense que je m'adresse à la personne, au
gars qui est censé connaître cela. S'il ne les a pas en main, je
l'admets. Je respecte cela et, jamais on n'a fait grief à un ministre
qui nous a dit: On va examiner cela et on va vous donner les détails,
éventuellement. Si vous ne les avez pas, ces détails je l'admets
que vous ne les ayez pas, mais je veux que vous vous engagiez à nous
donner cela parce que la réponse que vous venez de donner est tout
à fait dans le style de celle que je vous ai lue tout à l'heure,
qui est une réponse à ma lettre à M. Châtelain
datée du 9 janvier.
Vous me racontez bien des histoires, c'est bien le "fun" dans un autre
cadre, mais elles n'ont rien à faire avec la question de base que je
vous pose dans ma lettre du 9 janvier, c'est-à-dire combien y a-t-il
d'occasionnels et où sont-ils répartis? C'est ce que je veux
savoir. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
Le Président (M. Gratton): Le ministre.
M. Parent (Hull): Point n'est besoin de dire qu'en vertu de la
Loi de la fonction publique, je n'ai aucun pouvoir en ce qui concerne cette
matière et comme je n'avais aucun pouvoir et qu'elle était
détenue individuellement dans les différents ministères et
organismes, c'est la raison pour laquelle je me suis servi des organismes dont
je suis responsable et de l'organisme central qui est le Conseil du
trésor pour en arriver à avoir les données dont parle le
député de Maisonneuve.
Si j'avais à répondre ou si je m'engageais à donner
suite à la suggestion du député de Maisonneuve de lui
fournir une date donnée des effectifs occasionnels dans les
différents ministères, je n'ai pas à songer pour un
instant qu'il s'agit là d'un travail de bénédictin qu'il
faudrait accomplir, mais cela serait peut-être là une excellente
question pour le feuilleton de la Chambre si jamais le député de
Maisonneuve ne voulait pas faire un recours dans les différentes
commissions parlementaires.
M. Burns: Arrêtez de rire de moi, M. le ministre. Quand on
vous pose une question en Chambre, on nous dit: Dépêchez-vous. Les
crédits s'en viennent. Posez ces questions lors de l'étude des
crédits.
M. Parent (Hull): M. le Président, j'ai laissé
parler le député de Maisonneuve.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Burns: Qu'est-ce que vous voulez que je fasse? Me transformer
en queue de veau? Est-ce que c'est cela que vous voulez?
M. Parent (Hull): Non. J'ai dit qu'il y avait d'autres
moyens...
NI. Burns: Bien, voyons donc!
M. Parent (Hull):... que ceux de regarder de ce
côté. Deuxièmement, le député de Maisonneuve
a demandé, si je ne possédais pas ces renseignements, comment je
pouvais en arriver à présenter un règlement comme celui
qui a été présenté et adopté par le Conseil
du trésor.
Je pense que j'ai souligné avec à propos que nous avons
fait faire des expertises en vertu de la Loi de la Commission de la fonction
publique qui permettaient de faire les enquêtes nécessaires. C'est
à ce titre que le député de Maisonneuve voudrait que je
procède par la Commission de la fonction publique, c'est-à-dire
donner une directive à la commission, à savoir: Faites donc
enquête dans chacun des ministères à telle date
donnée pour savoir combien il y avait d'employés occasionnels,
pour quelle durée était l'emploi et quel salaire recevait chacun
de ces employés. C'est aussi tacite de poser une question semblable que,
pour celui, prétend le député de Maisonneuve, qui est
responsable...
M. Burns: Ce n'est pas tacite. C'est, au contraire, très
explicite, ce que je vous pose comme question.
M. Parent (Hull): ... de la fonction publique, mais qui a un
rôle très restrictif de par la loi qui a établi le
ministère de la Fonction publique, à savoir qu'elle ne lui a pas
donné de contrôle sur la gestion du personnel de la fonction
publique, mais elle lui a donné des pérogatives en matière
de négociation, de conditions de travail des fonctionnaires de la
fonction publique. C'est bien différent de voir à la
négociation des conditions salariales, à l'interprétation
des conventions collectives et, d'autre part, à la gestion de la
fonction publique comme telle à l'intérieur de l'ensemble du
gouvernement et des organismes gouvernementaux. Le ministre n'a pas les
pouvoirs. Je n'ai même pas les pouvoirs de le dire au
député de Maisonneuve, je n'ai même pas les pouvoirs de
demander à un ministère de me dire combien il y a d'effectifs
dans son ministère, et, cela, comme ministre de la Fonction
publique.
M. Burns: Pourtant vous réglez les problèmes des
conditions de travail des employés de ce ministère?
M. Parent (Hull): Oui, et je peux vous dire que, même dans
l'interprétation des conventions collectives...
M. Burns: Cela va bien votre affaire, cela va très
bien...
M. Parent (Hull): ...nous avons même de la
difficulté, par la direction générale des relations de
travail du ministère de la Fonction publique, à faire accepter,
dans certains ministères, l'interprétation de la convention que
nous lui donnons. C'est aussi difficile de faire accepter, dans un
ministère, l'interprétation pour qu'elle soit uniforme à
l'intérieur du gouvernement, parce que le ministre de la Fonction
publique, d'après sa loi, a le pouvoir de négocier, a le pouvoir
d'interpréter la convention collective, mais nous avons de la
difficulté, au point de vue de la gestion, à faire accepter par
les différents ministères l'interprétation que nous lui
donnons.
M. Burns: M. le ministre, vous n'avez pas 52 choix, vous en avez
2. Vous avez une alternative, je vous le souligne bien humblement, vous avez
l'alternative, si c'est le cas, si, dans les faits, ce que vous me dites
et je vous crois sur parole c'est ce qui existe, vous avez une
alternative; ou bien vous faites amender votre loi, ou bien vous disparaissez.
Faites-vous hara-kiri, vous n'avez plus d'autre chose à faire.
Autrement, ne nous chantez
plus la pomme sur le fait qu'on a un ministère de la Fonction
publique qui règle, qui coordonne, qui organise, qui conseille les
autres ministères.
M. Parent (Hull): Non, je n'ai pas dit cela.
M. Burns: Voulez-vous que je vous lise votre texte de ce
matin?
M. Parent (Hull): Je n'ai pas dit qu'il coordonnait, j'ai dit que
j'avais eu la responsabilité de conseiller...
M. Burns: Vous êtes un conseiller, un coor-donnateur. Vous
êtes la coordination, vous êtes le chef du personnel. C'est cela
que je vous dis.
M. Parent (Hull): La coordination, c'est un mandat spécial
que j'ai eu et non comme ministre de la Fonction publique.
M. Burns: A ce moment, il est temps que vous révisiez
très sérieusement votre loi ou bien que vous disiez, bien
honnêtement, si vos autres collègues du cabinet ne sont pas
prêts à réviser votre loi, dites-leur de vous faire
hara-kiri, qu'ils vous envoient remplacer... D'ailleurs, il y a quelques
ministères, vraiment, où on cherche des remplaçants. Ce
serait le temps que vous fassiez des suggestions, par exemple, avant que le
ministre des Affaires culturelles gâte la sauce complètement; ce
serait peut-être le temps que vous alliez là. Ce serait
peut-être une bonne place que vous pourriez...
M. Parent (Hull): Je ne me sens pas la vocation.
M. Burns: Vous pourriez peut-être aller remplacer votre
collègue du ministère du Travail. Seulement, au ministère
du Travail, il ne faudra pas que vous me disiez que vos lois, parce qu'à
ce moment, il y en a pas mal plus, vous empêchent d'agir. Je veux dire
que c'est quand même aberrant, M. le ministre, laissez-moi vous
dire...
M. Parent (Hull): Le député de Maisonneuve sait
bien que je n'ai pas ces ambitions.
M. Burns: Ecoutez, si vous êtes honnête, ce que je
pense que vous êtes, je suis obligé de croire, en tout cas, que
vous l'êtes, si vous êtes honnête...
M. Parent (Hull): C'est un changement avec votre collègue
de l'an dernier.
M. Burns: Pardon?
M. Parent (Hull): C'est un changement radical avec votre
collègue de l'an dernier.
M. Burns: Je suis obligé de croire, mais je vous dis que
la procédure parlementaire...
M. Parent (Hull): Lui ne le croyait pas.
M. Burns: J'ai déjà dit, M. le ministre... C'est
une affaire que je dis souvent. Je ne veux pas dire de méchantes choses,
mais j'ai le droit d'en penser. Mais je suis obligé de croire et je vous
dis que je suis obligé de croire, selon la procédure
parlementaire, que vous me dites la vérité. Mais, je vous avoue
que je trouve la situation absolument aberrante quand, d'une part, vous me
dites que vous avez fait enquête auprès de trois
ministères. l'Education, la Justice et les Affaires sociales...
M. Parent (Hull): J'ai dit, la Commission de la fonction
publique.
M. Burns: Oui. Comment se fait-il que vous avez réussi
à obtenir les données concernant ces trois ministères?
Vous me dites que vous n'avez pas le pouvoir de le faire. Combien y a-t-il
d'autres ministères? Il y en a une...
M. Parent (Hull): Une vingtaine. M. Burns: ...vingtaine
encore. M. Parent (Hull): Une vingtaine.
M. Burns: Ce que je vous demande, ce sont des données
semblables à celles que vous nous avez données tout à
l'heure, relativement à l'Education, à la Justice et aux Affaires
sociales. Je vous demande tout simplement de nous donner, également, ces
mêmes données, relativement aux 20 ou 21 autres
ministères.
Je vous dis que la chose peut-être qui me jette le plus à
terre, parce que j'ai toujours conçu, en tout cas,
considéré... Je me tiens sur l'autre chaise. Ne vous en faites
pas, je ne tomberai pas à terre. Mais, ce qui me renverse le plus quand
même c'est de voir que le ministère qui se prétend le
coordonnateur, le conseiller en matière des relations de travail, qui,
en somme, disons-le, est le département du personnel du gouvernement,
dise qu'il n'a aucun pouvoir sur les autres ministères et que, ce
ministère, en même temps, se prétende en mesure de dicter,
de conseiller, en matière de relations industrielles, les autres
ministères de faire des règlements comme celui qui concerne les
emplois occasionnels.
Je vais vous donner un exemple bien simple: Dans le temps où je
négociais avec un employeur, il y a une chose qui m'aurait vraiment
renversé, si l'employeur m'avait dit, au cours des négociations;
Voici ce que je pense qui devrait s'appliquer comme convention collective,
mais, par contre, ne me demandez pas combien j'ai d'employés, je ne le
sais pas. Un employeur qui m'aurait dit cela, j'aurais dit: C'est un fou; je
suis en train de parler à un fou, complètement. Ce n'est pas le
cas, en l'occurence. Le ministre me met toutes sortes de barrières
administratives devant les yeux, qui l'empêchent de régler la
situation de façon définitive. Mais, bondance!, il est absolument
anormal que le ministre ne soit pas en mesure de me donner ces chiffres.
M. Parent (Hull): M. le Président, je voudrais
bien être agréable au député de Maisonneuve,
mais...
M. Burns: Ce n'est pas une question de m'être
agréable, c'est tout simplement de me permettre de jouer mon rôle
complètement.
M. Parent (Hull): Oui, je suis d'accord.
M. Burns: C'est cela que je vous demande.
M. Parent (Hull): Je ne veux pas faire d'obstruction au
rôle que doit jouer le député de Maisonneuve, loin de
là. Je veux simplement lui souligner que la demande qu'il fait, d'abord,
elle n'est pas en ma possession...
M. Burns: J'admets cela. Je vous dis: D'accord, pas ce soir, plus
tard.
M. Parent (Hull): La commission, pour en arriver à
déterminer un règlement avait besoin d'une expertise. Le
député de Maisonneuve serait-il surpris de savoir que, pour faire
un ministère, la Justice, par exemple, l'Education et les Affaires
sociales, chacun a nécessité six semaines de travail à dix
employés-ressources de la commission pour faire un ministère. Ce
qu'il me demande aujourd'hui, parce que les chiffres ne sont pas disponibles,
au ministère des Transports, cela prendrait, à mon avis, à
peu près trois mois pour seulement répondre à la demande
que le député de Maisonneuve me fait.
Pour préparer le règlement, je n'avais pas besoin de
l'échantillonnage des Transports, parce que c'est reconnu pour la
période qu'ils ont à servir ; je n'avais pas besoin du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, c'est reconnu; je n'avais pas besoin des
Terres et Forêts c'est reconnu. Les travaux de sylviculture qu'on fait
à l'été, nous nous sommes apprêtés à
constater, dans des ministères-repères, ce qui pouvait
représenter d'abus au point de vue des occasionnels. Se basant sur ces
expertises, nous avons rédigé un règlement qui va nous
permettre, à l'avenir, de ne pas prendre six semaines pour savoir ce qui
se passe, exactement, dans un ministère avec dix employés, de le
savoir au fur et à mesure, par le contrôle budgétaire et
par le règlement pour l'emploi.
Cette réglementation devra nous permettre de savoir,
mensuellement, combien il y a d'occasionnels en fonction. C'est cela. Combien,
également, il y a de budget utilisé, puisqu'il y a le
contrôle budgétaire. Mais nous ne le savions pas
antérieurement. C'est ce que le député de Maisonneuve ne
semble pas vouloir comprendre. Les données n'étaient pas
disponibles. Pour faire la cueillette des données, je lui donne
l'expérience que nous avons vécue l'été dernier: II
aura pris, pour chacun des ministères, six semaines à dix
employés, pour sortir les renseignements.
Le rapport qu'il me demande pour les différents
ministères, combien de temps, pense-t-il, cela va prendre? Au minimum, 6
mois, avant que nous sortions les renseignements à une date
donnée. Cela va donner quoi?
Nous, pour faire la réglementation, nous avions besoin d'une
expertise, d'un échantillonnage. Nous sommes allés cueillir les
données dont nous avions besoin et, concurremment à la fonction
de ministre de la Fonction publique siégeant au Conseil du
trésor, j'ai demandé qu'il y ait des contrôles
budgétaires à l'avenir. La Commission de la fonction publique,
sur l'autre angle, a concouru dans la préparation d'un règlement
pour permettre que, chaque fois qu'il y a l'engagement d'un occasionnel, la
commission reçoive une copie de l'engagement, ce qui ne se faisait pas
antérieurement.
Nous avons pris les moyens pour corriger une situation qui, à
notre avis, était abusive. Mais qu'on veuille répondre pour lui
permettre, comme le dit le député de Maisonneuve, de surseoir
à son travail comme membre de l'Opposition, j'en conviens.
Moi-même, je n'ai pas toutes les données dans tous les
ministères. Que le député de Maisonneuve le veuille ou
non, je ne les ai pas.
M. Burns: Je pense que vous avez été très
clair là-dessus, vous ne les avez pas. Mais, M. le ministre, vous
réagissez comme si je vous prenais par surprise. C'est un
problème qu'on discute à vos crédits depuis des
années. A ma connaissance, cela fait la cinquième année
d'étude de crédits que je fais, cela fait la cinquième
année...
M. Parent (Hull): C'est la première fois qu'un ministre
prend ses responsabilités et voit à coordonner, avec la
commission et avec le Conseil du trésor, pour mettre de l'ordre dans un
secteur où il y avait du désordre.
M. Burns: M. le ministre, nous ne sommes pas venus ici pour nous
encenser mutuellement; même si, dans deux phrases, vous me dites que je
suis bien fin et bien bon, cela ne me touchera pas. Même si je vous dis
que vous êtes bien fin et bien bon, cela ne réglera pas le
problème de l'examen de vos crédits.
M. Parent (Hull): ... ma pensée.
M. Burns: Je sais que vous ne le direz pas...
M. Cadieux: Moi, je ne le dirais pas.
M. Burns: Cela ne m'intéresse aucunement que vous le
disiez. Ce n'est pas ce pour quoi on est ici. On est ici pour examiner comment
ils sont utilisés, ces crédits.
Quand vous avez l'air d'être pris par surprise parce que cela vous
prendrait encore six mois pour faire cela, je suis obligé, M. le
ministre, de vous citer à nouveau ce que vous disiez l'année
passée, à la même date. Nous sommes à faire la
vérification, présentement, avec la Commission de la fonction
publique, auprès des ministè-
res vous ne dites pas "de certains ministères"
auprès des ministères, pour nous assurer du nombre d'occasionnels
réellement en fonction, pour connaître le nombre d'occasionnels
qui occupent des postes permanents, pour déterminer la
réglementation que nous pourrions apporter et la législation qui
pourrait être apportée afin de corriger l'ensemble de la situation
et cesser de croire qu'il y a une fonction publique parallèle.
M. le ministre, je ne sais pas si c'est cela votre méthode de
travail, mais moi, il y a une chose que j'ai toujours pensé être
la méthode de travail normale. Il y a un problème, il faut
d'abord évaluer le problème avant d'y trouver une solution; non
pas faire l'inverse et dire: J'ai des solutions, as-tu un problème?
Je pense que c'est cela que vous avez fait. Vous avez dit: J'ai des
solutions. J'ai un règlement. As-tu des problèmes? C'est à
peu près ce que vous avez fait, M. le ministre, vous ne savez vraiment
pas ce que veut dire votre réglementation au point de vue de
l'application. C'est cela, dans le fond, qui m'étonne.
Je pourrais parler longtemps des jeunes administrateurs efficaces du
gouvernement Bourassa, dans un de ces domaines, celui de la Fonction publique,
qui vise quand même une partie vous allez l'admettre, M. le
Président très importante du budget. C'est cela qui
m'étonne, c'est qu'à ce stade-ci, vous vous sentiez vraiment
attaqué, parce que je vous pose une question aussi simple que
celle-là, alors que vous l'aviez promise, M. le ministre, il y a un an,
cette chose-là.
Si cela prenait six mois pour faire cette étude, si vous l'aviez
effectivement faite, l'année passée, quand vous nous disiez: Nous
sommes à faire la vérification, on l'aurait en main,
actuellement.
Vous seriez en mesure de me donner les éléments pour
comprendre exactement pourquoi vous avez suggéré au conseil des
ministres la réglementation du 18 mars. Ce n'est pas plus et ce n'est
pas moins que cela, mais je ne vois pas comment je ne dois pas être
complètement étonné de voir leministre de la Fonction
publique incapable, avouer son impuissance à me donner des
renseignements aussi minimaux que ceux que je demande, c'est-à-dire
combien, avant la mise en application de la réglementation, il y avait
d'employés occasionnels par ministère.
M. Cadieux: Je pense bien que demain, on pourra admettre que le
ministre avouera son incompétence. Même celui qui
représente l'Opposition avoue sa compétence. Il n'avouera pas son
incompétence à pouvoir fournir certains renseignements, j'en suis
sûr. Tout le monde reconnaît qu'on a le meilleur ministre de la
Fonction publique, dans le moment.
Même l'Opposition l'admet aussi. Je ne vois pas pourquoi ces
paroles sortiraient de la bouche de l'Opposition, d'avouer son
incompétence, c'est impossible. Il fait tellement d'efforts je
suis un parlementaire depuis X années pour essayer de revaloriser
le rôle de la fonction publique, je pense que, d'un commun accord, on est
prêt même à le louanger pour tous ces efforts.
Mais ce n'est pas une question de six mois, ce n'est pas une question
d'un an, ce n'est pas une question d'un an et demi. Il ne faut pas
"s'enfar-ger" dans les fleurs du tapis. Le ministre reconnaît qu'il y
avait quelque chose à faire dans la fonction publique, il y avait
quelque chose à faire dans le domaine que vous soulignez. Ce n'est pas
une question de mois. Pour trouver la solution, ce n'est pas une question de
mois. Cela peut être plus que cela. Il faut reconnaître, tout de
même, que le ministre fait des efforts avec les gens qui l'entourent.
M. Parent (Hull): M. le Président, je pense bien qu'il ne
s'agit pas d'avouer l'impuissance du ministre de la Fonction publique
vis-à-vis un problème. Il s'agit de constater les faits pour se
rendre à l'évidence qu'il y avait des abus, qu'il n'y avait aucun
contrôle exercé et, même si, à la fonction publique,
nous avons le système de paye intégré, pour la fonction
publique non pour le ministère il n'en demeure pas moins
que nous n'en avons que quelques milles sur ce système, mais que la
plupart sont payés par le système de paye variable dans les
ministères et c'est un système de paye
décentralisé.
A partir de là, comment un ministre de la Fonction publique
peut-il exercer des contrôles, d'abord que la loi ne lui permet pas?
Comment peut-il faire des enquêtes à l'intérieur d'un
ministère, quand la loi ne lui permet pas de faire des enquêtes?
La loi permet à la Commission de la fonction publique de faire des
enquêtes, non pas au ministre de la fonction publique.
Il arrive, M. le Président, que ce que j'ai dit l'an dernier,
lors de l'étude des crédits, nous avions déjà pris,
contrairement à ce que dit le député de Maisonneuve,
l'entente avec la Commission de la fonction publique pour entreprendre
l'expertise à l'intérieur de trois ministères pilotes,
pour nous permettre...
M. Burns: Ce n'est pas ce que vous avez dit, M. le ministre, je
m'excuse.
M. Parent (Hull): ... de rédiger un règlement. Le
règlement n'a pas été rédigé
antérieurement à l'enquête d'expertise et
échantillonnage qu'a fait la commission publique, mais bien
ultérieurement et j'ai souligné tout à l'heure, dans une
réponse que j'ai donnée au député de Maisonneuve...
Nous avons fait j'ai expliqué le processus la consultation
après que nous avons eu les données, avec tous les sous-chefs des
différents ministères.
J'ai fait les démarches auprès du Conseil du trésor
pour m'assurer d'un contrôle budgétaire, si c'était
possible. Ce n'est qu'à la suite, qu'il y a eu rédaction du texte
pour être soumis à nouveau à tous les sous-chefs à
l'emploi du gouvernement. C'est de là que le règlement a
été adopté par la Commission de la fonction publique,
entériné par le Conseil du trésor.
M. le Président, qu'on le veuille ou non, si le ministre de la
Fonction publique, de par la loi, je ne puis dire qu'il était
impuissant, même s'il a des pouvoirs de négociation,
d'interprétation de conven-
tions collectives et d'application des conventions collectives, il n'en
demeure pas moins que nous avons trouvé le moyen, par les ressources que
nous avions, de faire, d'une part, par la commission, la réglementation,
d'en assurer le contrôle, puisque le contrôleur des finances, dans
tous les cas, reçoit une copie de l'engagement occasionnel, la
commission peut en recevoir sur demande et, l'autre volet de la situation, nous
avons convenu, au Conseil du trésor, en accord avec le ministre des
Finances, d'exercer un contrôle budgétaire. Si le
député de Maisonneuve veut satisfaire son appétit,
à savoir combien il yen avait antérieurement, je lui dis tout
simplement, et ce n'est pas pour m'éviter de répondre ou de
fournir des documents, je dis que c'est une question qu'il pourrait poser
facilement au feuilleton. A ce moment, chaque ministère va
préparer ses données à la date qu'il demandera. Mais je
n'ai pas le pouvoir de le faire. Je pense l'avoir expliqué suffisamment
en disant, dans trois ministères, quelle période de temps il a
fallu pour faire l'échantillonnage, pour nous donner l'expertise
nécessaire à la préparation du règlement.
Or, le but de l'opération n'était pas de faire une
enquête dans tous les ministères du gouvernement. Nous savions
approximativement où étaient les inconvénients que nous
pouvions déceler dans le système. L'engagement que j'avais pris,
c'était d'apporter les correctifs, si je me rappelle les mots que
j'avais employés lors des derniers crédits, soit par loi, soit
par réglementation. C'est ce que nous avons fait. Quant au
règlement, contrairement à celui qui avait déjà
été adopté en octobre 1966, on comprendra qu'il a beaucoup
plus de contenu pour permettre de concrétiser l'opération que
nous recherchons, c'est-à-di re exercer un contrôle qui n'existait
pas antérieurement et qui était entre les mains de chacun des
ministères. Nous avons réussi, non pas parce qu'il s'agit du
ministre de la Fonction publique, mais bien parce que celui qui vous parle fait
partie d'un organisme central où il est appelé, comme ministre,
à participer aux décisions de cet organisme qui exerce un
contrôle en vertu d'une loi, l'administration financière, la loi
55 de 1971. C'est ce qui a permis, l'ensemble de tout cela, avec la
collaboration de mon collègue, le ministre des Finances, et la
Commission de la fonction publique, d'en arriver à fournir et à
implanter une politique de personnel sur la question des occasionnels. C'est ce
que nous avons fait.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, je pense que...
M. Burns: M. le Président, je ne veux pas
m'éterniser là-dessus, mais je ne peux pas faire autrement que de
rappeler au ministre deux interventions du mardi, 9 avril 1974, lors de
l'examen des crédits du ministère de la Fonction publique. M.
Morin, député de Sauvé, chef de l'Opposition, disait ceci,
et c'était le début de la séance. En guise de conclusion,
ce n'est que cela que je peux vous citer; autrement, il me reste à
m'asseoir en plein milieu et à m'allumer comme un bonze, c'est tout. Je
trouve cela étonnant, toutes ces réponses ou cette absence de
réponse du ministre devant l'échange que je vais vous citer. Ce
ne sera pas long, je vais vous le citer, c'est bien court. Le chef de
l'Opposition, au début de la séance, dit: "Nous en étions
à tenter de déterminer le nombre d'employés que cela
représente." Il parle des employés occasionnels. "Le ministre
nous a dit hier soir qu'il n'en avait pas la moindre idée. Pourtant, des
journaux ont mentionné ces articles semblaient fondés sur
des sources de renseignements fiables des chiffres allant jusqu'à
70,000. Un autre journal a mentionné 50,000. Le Protecteur du citoyen,
dans son rapport sur lequel j'aurai l'occasion de revenir plus tard, ce matin,
parle d'une multitude d'employés non permanents auxquels les
ministères font appel régulièrement. C'est une question
sur laquelle, vous vous en souviendrez, le Protecteur du citoyen revient depuis
trois ans. Si le ministre n'a pas de données d'ensemble...
M. Parent (Hull): Sur la question de la période des
vacances, je sais que cela va...
M. Burns:... sur le phénomène, ce que je
considère, pour ma part, comme fort étonnant, puisque le ministre
nous a annoncé qu'il préparait une réglementation sur la
question, je me demande comment il peut faire une réglementation
intelligente. Mais, enfin, passons et faisons confiance au ministre. Vous savez
que je ne suis pas le seul à faire confiance au ministre. Il n'a pas de
données d'ensemble. A-t-il , à tout le moins, des données
partielles par ministère? Peut-être que si on additionnait les
ministères, on arriverait à avoir des données
d'ensemble.
Vous avez la réponse du ministre actuel de la Fonction publique
qui est calquée, absolument calquée on dirait qu'elle a
été donnée cette année sur la réponse
que le ministre vient de nous donner. Juste pour le "fun", je vais vous la
citer.
M. Parent (Hull): Je n'ai pas de texte devant moi.
M. Burns: C'est à ce point que vous êtes capable de
ne pas répondre en donnant la même réponse d'année
en année.
M. Parent (Hull): Je suis constant.
M. Burns: Je vais vous la citer, M. le ministre.
M. Cadieux: M. le Président, qui a lancé le chiffre
de 70,000?
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Cadieux: C'est complètement ridicule.
M. Burns: M. le Président, je continue ma citation. M.
Parent (Hull), c'est là-dessus que je pense que je dois souligner que
chaque ministère est autonome quand il s'agit des premiers engagements,
comme je l'ai mentionné hier soir. Quand il s'agit de renouvellement,
à ce moment, la demande doit être formulée au Conseil du
trésor. Ce que nous pouvons déceler, jusqu'ici, dans le domaine
des occasionnels, c'est qu'environ, d'une façon régulière,
2,000
personnes seraient sur la liste de paie des occasionnels.
Il arrive à des périodes de pointe, en été,
en particulier, que le nombre puisse se rendre jusqu'à 35,000, mais ce
sont des employés de nature occasionnelle, particulièrement
dans...
M. Parert (Hull): On vadire qu'il sont constants.
M. Burns: Ecoutez-moi. Le ministère des transports, et le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, sont les deux
gros ministères pourvoyeurs en ce qui concerne les emplois occasionnels
ou saisonniers. Vient par la suite le texte que je vous ai cité tout
à l'heure: "Nous sommes à faire la vérification
présentement avec la Commission de la fonction publique auprès
des ministères pour nous assurer du nombre d'occasionnels
réellement en fonction pour connaître... le nombre."
Mais, je veux dire, d'une année à l'autre, M. le
Président, qu'on se fait répondre exactement la même chose;
on est dans le vague; on est tout à fait incapable de saisir l'ampleur
du problème. Ce qui m'étonne je dois y revenir je
pense que je ne peux pas m'empêcher de dire à nouveau que, pour
moi, c'est un signe absolu d'incompétence que de légiférer
sans avoir en main toutes les véritables données, lorsque la
législation en question ou la réglementation, en l'occurrence, en
est une qui se veut un correctif à une situation.
Comment voulez-vous corriger une situation quand vous ne connaissez pas
véritablement l'ampleur de la situation? Ce que le chef de l'Opposition
citait comme chiffres, ce n'étaient pas des chiffres que lui-même
avait décidés, il parlait de chiffres qu'on amenait dans les
journaux, dans certains cas, à 50,000, dans d'autres cas, à
70,000. Ce qu'il voulait effectivement, le chef de l'Opposition, l'année
passée, ce que veut le leader de l'Opposition, cette année, c'est
tout simplement dissiper ces doutes, savoir une fois pour toutes quelle
importance a actuellement, avant la mise en application du règlement des
occasionnels, la partie de la Fonction publique qui s'appelle les
employés occasionnels. C'est seulement cela; ce n'est pas plus que
cela.
Si vous n'êtes pas en mesure de nous donner, M. le ministre, une
réponse sérieuse à cette question, deux années
d'affilée, c'en est un des éléments qui me permettent de
qualifier tout simplement d'incompétente la façon du
ministère de diriger sa législation. Dieu sait que cela
m'inquiète beaucoup de voir toute éventuelle législation
qui puisse émaner de ce ministère.
On l'a vu dans le cas du projet de loi no 95, projet de loi qui a
été une improvisation de dernière minute sans aucune
consultation avec les parties. On en a vu le résultat. Ce matin, le
ministre m'a bien dit qu'il avait été obligé, dans
plusieurs cas, de faire agir le conseil des ministres comme arbitre des
problèmes qui devaient se négocier à la table centrale ou
à la table locale.
C'était d'ailleurs je me permets de le signaler une
de nos réticences à ce projet de loi no 95, de voir celui qui est
dans le siège d'employeur, changer à un moment donné de
siège et décider ce qui serait de négociation au
provincial, ce qui serait de négociation à caractère
local.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de revenir
là-dessus, mais vous savez, ce matin, je parlais d'atmosphère
beaucoup moins optimiste que celle que semblait décrire le ministre dans
ses remarques préliminaires, et on a une autre occasion de prouver qu'on
faitdu "patchage " littéralement en matière de fonction publique
dans un domaine qui, à mon avis, est essentiel au fonctionnement de
quelque Etat que ce soit; que ce soit un Etat socialiste, capitaliste,
social-démocrate ou non, cela n'a rien à faire avec l'orientation
de quelque Etat que ce soit. Comme le disait le ministre ce matin, cela n'a
rien à voir avec cela. Ce qui est important, c'est que vous avez des
citoyens qui ont des services à recevoir et ces services doivent
principalement d'abord et avant tout, et par l'entremise de ce véhicule,
être dispensés par une fonction publique compétente, une
fonction publique qui est à la lumière, à la hauteur et
dans, si vous voulez, le rythme des années soixante-quinze.
Je n'ai pas l'impression qu'avec des attitudes comme celles-là,
on va contribuer à améliorer le moral, à améliorer
la compétence de la fonction publique et cela même si on dit que
c'est la faute des fonctionnaires dans les milieux politiques. Je pense que
vous venez justement de me donner une fois de plus raison par rapport à
ce que je disais ce matin. Dans le fond, on essaie de faire subir à
l'ensemble de la fonction publique une incompétence
généralisée du gouvernement et elle se constate dans la
façon dont le ministère de la Fonction publique est
mené.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Beauharnois.
M. Cadieux: M. le Président, je veux seulement relever une
citation du député de Maisonneuve. Il parle de la
compétence du ministère de la Fonction publique. Il a quasiment
avoué que le chiffre de 70,000 qui avait été lancé
par l'Opposition l'an dernier était faux. C'est justement ce genre
d'intervention que je ne peux pas accepter. On lance des chiffres comme cela,
70,000 occasionnels. Cela peut faire une belle manchette. Le ministre vous
répond : C'est peut-être 30,000 et cela peut être ceci, cela
peut-être cela, je n'ai pas tous les chiffres en mémoire. Mais
vous lancez et vous répétez la même chose que vous avez
dite l'an dernier, 70,000, et on vous a dit que c'était faux. C'est
faux, il n'y a pas 70,000 occasionnels. Vous répétez cela et il y
a des gens qui vont croire que c'est vrai, qu'il peut y avoir 70,000
occasionnels. Même si vous dites le chiffre de 70,000 qui a
été mentionné l'an dernier et que vous laissez
sous-entendre que cela peut être encore vrai, et malgré les
réponses du ministre, malgré les réponses de tous ceux qui
sont en place pour vous dire que c'est faux, le chiffre de 70,000 est encore
mentionné cette année, je dis: Est-ce que c'est de la
démagogie que vous voulez faire? Est-ce que vous voulez absolument
revenir à la charge avec ce chiffre? Il n'y en a pas. Le ministre vous a
répondu que c'était faux. Alors, ne revenez pas à la
charge encore avec ce chiffre de 70,000.
Je me demande si on ne veut pas essayer de charrier un peu avec le
problème des occasionnels. Quand on vous parle de 2,000, on peut aller
jusqu'à 30,000, je ne sais pas les réponses que le ministre a
données, je comprends difficilement que l'Opposition puisse vouloir
revenir avec cela. Je ne comprends pas le député de Maisonneuve
qui répète ce même chiffre. J'étais ici à
cette même commission l'an dernier et c'est encore le même chiffre
qu'il nous donne, 70,000. On vous a dit que c'était faux, on a
prouvé que c'était faux. Pourquoi revenir à la charge
encore avec le même chiffre?
M. Burns: Vous ne comprenez pas.
M. Cadieux: Je vous comprends très bien. Je comprends
là où vous voulez en venir. Je comprends que vous voulez
influencer une certaine partie de la population. Je comprends que vous voulez
faire un peu de politique à même ces chiffres, mais, je ne
comprends pas que, puisqu'on vous a prouvé que ce n'était pas
vrai, vous reveniez encore avec ces chiffres.
M. Burns: Vous ne me comprenez pas.
M. Cadieux: Oui, je vous comprends.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Cadieux: Politiquement, je vous comprends, mais je ne
comprends pas que vous reveniez, puisque cela a été prouvé
que ce n'était pas vrai.
M. Burns: Alors, vous ne me comprenez pas. Le Président
(M. Gratton): A l'ordre!
M. Cadieux: Je ne vous comprends pas parce que j'ai l'impression
que vous ne comprenez rien.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs! Je pense que, compte tenu de nos règlements, je
suis sûr que tous les membres de la commission conviendront que nous
avons déjà dépassé largement la période
prévue pour un sujet donné, soit même pas les
employés occasionnels, mais la divulgation du nombre ou le rapport du
nombre des employés occasionnels. Je pense bien que le
député de Maisonneuve a très clairement indiqué sa
question. Je pense que le ministre y a répondu. Je vous inviterais, si
nous avons maintenant terminé la discussion sur les questions d'ordre
général, à nous diriger au programme 1, à moins
qu'il n'y ait encore d'autres questions. Le député de
Maisonneuve.
M. Parent (Hull): M. le Président...
Le Président (M. Gratton): Oui, M. le ministre.
M. Parent (Hull): ... je voudrais respecter votre point de vue,
mais le député de Maisonneuve a fait des avancés auxquels
j'aimerais répondre. Le député de Maisonneuve cite, en
somme, la constance que j'ai manifestée comme ministre de la Fonction
publique, avec l'exposé que j'ai fait ce soir et celui de l'an dernier,
sans que j'aie de texte devant moi, ou sans que j'aie pris connaissance du
texte...
M. Burns: J'ai bien dit que c'était une constance à
ne pas répondre.
M. Parent (Hull): ... de l'an dernier.
M. Cadieux: Laissez parler les gens intelligents.
M. Parent (Hull): Si on se reporte au texte que vient de lire le
député de Maisonneuve, quand il dit que même l'Ombudsman se
pose des questions sur la multitude des employés occasionnels, je
voudrais bien qu'on situe le débat là où il se situe.
L'Ombudsman a rapporté à plusieurs reprises que les demandes
qu'il recevait de la part des employés occasionnels ne concernaient pas
simplement l'engagement des occasionnels ou la permanence pour ceux qui
exerçaient un emploi occasionnel permanent. Les plus grandes
revendications de l'Ombudsman étaient q ue le gouvernement refusait
systématiquement de payer les 4% de congés et de vacances
à ces employés occasionnels. Le député de
Maisonneuve voudra bien admettre que, dans le règlement, nous avons plus
que régularisé cette situation. Nous avons même
prévu que les employés occasionnels seraient payés au
même tarif que les employés réguliers dans la fonction
publique, plus 10%, plus les vacances annuelles au taux de 4%. Nous avons donc
régularisé ce que l'Ombudsman nous avait demandé à
plusieurs reprises d'exécuter.
Il a également souligné l'incompétence du ministre
de la Fonction publique. Le député de Maisonneuve a son point de
vue sur l'incompétence du ministre de la Fonction publique et je pense
que c'est son droit. En ce qui me concerne, je n'ai l'intention de justifier ni
mon incompétence, ni ma compétence, s'il peut en exister.
M. Burns: La première serait plus facile, M. le
ministre.
M. Parent (Hull): Je dirai tout simplement que j'ai au moins la
satisfaction du travail accompli et la satisfaction d'assumer mes
responsabilités à l'égard du premier ministre qui m'a
demandé d'assumer cette fonction de ministre de la Fonction publique. Je
dirai également qu'en ce qui concerne la loi 95, je pense que le
député de Maisonneuve n'a pas de reproche à nous faire sur
la question, même s'il prétend que cette loi a été
votée sans consultation préalable. Il n'en demeure pas moins que
ceux qui font des reproches actuellement à la loi 95 et ceux qui lui
font les plus grands reproches, ce n'est pas la partie syndicale, mais bien la
partie patronale à l'intérieur de nos réseaux. Ce n'est
pas la partie syndicale qui s'oppose parce que, dans l'ensemble, et si on avait
suivi la recommandation...
M. Burns: M. le ministre, attention, je ne suis pas ici comme
porte-parole syndical non plus.
M. Parent (Hull): ... que j'ai faite...
M. Cadieux: Ecoutez, c'est très intéressant ce que
le ministre dit.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Parent (Hull):... aux autorités compétentes,
j'avais recommandé que tout soit de matière à
négociation au niveau provincial. Je ne croyais pas qu'il était
nécessaire de revenir à des négociations sectorielles ou
sur une base régionale dans des secteurs où nous sommes
intervenus depuis 1972et à la demande des parties en cause, à ce
que tout soit porté au niveau provincial.
Nous avons gardé la porte ouverte, au cas où il n'y aurait
pas d'entente entre la partie patronale et la partie syndicale. Or, quand nous
parlons de la partie patronale, il ne s'agit pas exclusivement du gouvernement,
mais bien des parties qui sont représentées par des commissions
scolaires, des corporations de CEGEP ou des corporations d'hôpitaux ou de
foyers ou des organismes régionaux.
Je pense que, là-dessus, le député de Maisonneuve
n'a pas à nous manifester peut-être sa désapprobation du
bill 95. Je pense qu'il devrait plutôt être optimiste et non
pessimiste devant l'atmosphère qui règne présentement. Il
devrait partager l'optimisme que j'ai à l'intérieur du cadre de
la ronde de négociations pour ces 300,000 employés du
gouvernement dans le système public et parapublic, plutôt que de
tenter de semer cette confusion selon laquelle il y a une atmosphère
irrespirable, qu'il y a, de la part de la partie patronale, une négation
dès le départ sur la négociation, quand nous avons
montré jusqu'ici, je pense bien, que c'est l'intention du gouvernement
et la mienne de montrer une ouverture d'esprit pourtenterd'en arriver, comme je
l'ai dit ce matin, à des conventions signées.
Dans l'ensemble, qu'on ait des reproches à faire au ministre de
la Fonction publique comme tel, je suis bien conscient, M. le Président,
que je ne suis pas exempt de tout reproche. Mais je répète que
j'ai la satisfaction du devoir accompli et je pense assumer mes
responsabilités, même s'il y a des inconvénients que je
dois subir ou des responsabilités que, selon la loi ou selon les
règles, je dois assumer et qu'elles ne semblent pas assumées,
j'en suis conscient, M. le Président. C'est pourquoi je pense que nous
essayons, dans la mesure du possible, dans les délais les plus courts
possible, d'apporter des éléments de solution à des
problèmes qui traînent depuis une longue période de temps,
tels que celui des occasionnels. Si nous avons réussi et si nous
réussissons à relever le défi que nous nous sommes
imposé, je pense qu'à ce moment, M. le Président, je
pourrai donner l'assurance à cette commission que, l'an prochain, nous
pourrons revenir devant cette commission pour discuter des crédits du
ministère de la Fonction publique et, à ce moment, donner au
député de Maisonneuve, s'il est encore ici, les renseignements
qu'il demande, cette année, à l'intérieur de chacun des
ministères. Je serai alors en mesure de les lui fournir, parce que nous
avons pris des moyens de les obtenir, non pas par des contraintes qui nous sont
imposées présentement, mais par l'envoi d'équipes de
fonctionnai- res à l'intérieur des ministères pour faire
des vérifications. Nous avons établi les mécanismes qui
vont nous permettre d'avoir les données à un endroit et, à
ce moment, il sera beaucoup plus simple et plus facile de répondre.
J'aurais aimé aussi être en mesure de pouvoir donner les
renseignements que le député de Maisonneuve voulait avoir.
J'aurais été moi-même heureux de posséder ces
mêmes renseignements. Mais, au moment où nous nous sommes
aventurés dans cette entreprise, avec la Commission de la fonction
publique et le Conseil du trésor, nous avons réalisé qu'il
s'agissait d'un travail d'envergure, beaucoup plus élaboré que
celui auquel nous avions pensé au préalable. Qu'il y ait des
inconvénients que nous avons eu à subir, je pense que, dans
l'ensemble, il ne s'agit pas de vouloir refuser de fournir des données,
ce n'est pas la question qui se pose. Il y avait un problème. Nous avons
fait les expertises, nous avons préparé la réglementation.
Nous avons fait des consultations, et nous avons mis le programme en vigueur,
avec les contraintes, pour nous permettre d'en arriver à des
résultats concrets et ainsi, nous-mêmes, être en possession
des données qui nous sont nécessaires dans l'élaboration
des politiques des personnels.
C'est l'ensemble que nous avons fait. Qu'on ait des reproches à
nous faire parce que nous ne possédons pas les renseignements, parce que
le ministre n'avait pas les pouvoirs nécessaires, nous avons
contourné ces difficultés pour en arriver à un
résultat. Je pense que c'est l'an prochain, lors de l'étude des
crédits, que le député de Maisonneuve pourra dire si on
avait raison ou non.
M. Burns: Sans être prophète, M. le ministre, est-ce
que je peux vous faire une prédiction? L'année prochaine, je vais
vous poser la même question et...
M. Malouin: Vous l'avez fait l'autre jour, et cela n'a pas
porté fruit.
M. Burns:... vous allez être obligé, je pense, de me
dire: L'année passée, j'avais mentionné qu'il y en avait
35,000, et peut-être que, l'année prochaine, vous me direz qu'il y
en avait au plus un maximum de le chiffre importe peu 15,000,
10,000, 20,000, même si c'était 35,000.
Mais vous serez toujours dans l'incapacité de me comparer la
situation actuelle avec la situation de l'année prochaine.
M. Parent (Hull): Je l'ai admis tout à l'heure.
M. Burns: C'est cela, mon point, M. le Président. C'est
là-dessus que je veux être en mesure, l'année prochaine
ou le collègue qui sera ici l'année prochaine à ma
place je veux qu'on soit en mesure de vérifier
l'efficacité de l'application de ce règlement, chose que nous ne
serons pas en mesure de faire, parce que vous savez, si, l'année
prochaine, vous nous dites: L'année passée, je vous ai dit
35,000. Cette année, il y en a 20,000, mais que les 20,000 se retrouvent
dans le même ministère, je n'ai aucun
barème, je n'ai aucun critère de comparaison. C'est rien
que cela que j'ai essayé de vous faire comprendre. J'espère que
je vous l'ai fait comprendre. En tout cas, j'en doute, mais je vous avoue que
ce n'est pas ma conception non pas d'un travail qui essaie de trouver les
péchés mignons d'un ministre, mais du travail d'une opposition
constructive qui veut que le ministre apparemment, nous n'avons pas
réussi encore d'une année à l'autre, se rajuste,
que, au cours de l'examen des crédits 74/75, on pose une question, qu'on
repose exactement la même question l'année suivante et qu'on ait
exactement la même réponse, c'est-à-dire l'absence de
réponse. A ce moment, je me dis: Mon travail de membre de l'Opposition,
de façon constructive, comme je le conçois, n'a pas
été rempli, et c'est, dans le fond, le ministre qui
m'empêche de remplir parfaitement ce travail. C'est dans ce sens que mes
remarques ont été faites.
M. Parent (Hull): Vous avez, tout au moins, un changement. C'est
qu'il y a des mesures qui sont prises...
M. Burns: Sur quoi?
M. Parent (Hull): ... et qui sont en effet...
M. Burns: Parlons-en, du changement, M. le Président.
Parlons du règlement.
M. Cadieux: Je veux relever une phrase du député de
Maisonneuve. C'est l'absence de réponse. Je pense bien que le
ministre...
M. Burns: II est assez grand pour répondre
lui-même.
M. Cadieux: ... se complaît à toutes vos questions
et répond à toutes vos questions. Il n'y a pas d'absence de
réponse. Vous venez d'envoyer ce mot "absence de réponse". Il n'y
a pas d'absence de réponse. Je pense bien que vous êtes d'accord
là-dessus, M. le député de Maisonneuve.
M. Burns: Je ne suis pas du tout d'accord là-dessus.
Voyons donc! Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Je ne suis pas du tout
d'accord...
M. Cadieux: C'est vous qui avez dit: Absence de
réponse.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! M.
Burns: C'est exactement ce que j'ai dit.
M. Cadieux: II n'y avait pas d'absence de réponse. Il
répond à...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! M.
Cadieux: ...toutes vos questions. Il répond...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! Pourrais-je demander la collaboration de tous les membres de la
commission? Je pense qu'on a dépassé, depuis longtemps, le temps
alloué pour discuter d'un sujet. Je me répète, moi aussi.
J'inviterais les membres de la commission... Je pense que les points de vue
divergeants de l'Opposition et du Parti ministériel sont très
clairs pour tous ceux qui ont suivi le débat. J'ose espérer qu'on
pourra enfin passer à un autre sujet, sans que j'aie à sortir le
chronomètre pour indiquer à chacun des intervenants qu'il a
dépassé la limite allouée de 20 minutes pour un sujet
donné.
Est-ce qu'on peut maintenant discuter d'un autre sujet que des...
M. Burns: M. le Président, on va parler de la
réglementation concernant les employés occasionnels.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président... A moins qu'il y ait un
député qui aurait autre chose à dire. Encore une
fois...
Le Président (M. Gratton): Je vous ai reconnu.
M. Burns: Je vais me protéger. Je vais vous dire que je ne
veux pas brimer le droit des députés ministériels de
parler.
M. Cadieux: Gardez votre sourire.
Le Président (M. Gratton): C'est d'autant plus vrai que je
vérifie toujours à ma droite pour voir si un député
ministériel demande la parole.
M. Burns: Parce que, quand vous vérifiez à votre
gauche, vous ne vérifiez pas longtemps.
Le Président (M. Gratton): Cela prend moins de temps.
M. Cadieux: On s'imagine qu'il est gauchiste, lui, depuis quelque
temps.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je pense que le sujet que je
voudrais maintenant discuter avait, jusqu'à un certain point, une
connotation avec la question que nous venons de terminer, et sans expliciter,
je ne veux pas revenir sur tout cela. Vous nous avez indiqué qu'on avait
à peu près fait le tour du problème. J'en suis, M. le
Président. Je suis d'accord là-dessus.
Mais la principale argumentation à l'encontre de la situation,
avant la réglementation, était le fait qu'on avait
peut-être une fonction publique parallèle. L'année
passée, mes collègues de Sauvé et de Saint-Jacques l'avait
mentionné.
Malheureusement sans avoir des données précises. Il est
assez difficile de parler d'employés qui sont des occasionnels, qui
sont, à toutes fins prati-
ques, des permanents camouflés. Je pourrais vous citer le cas,
dans certains coins de l'administration publique où vous avez encore,
aujourd'hui je ne sais pas ce qui va leur arriver après la mise
en application de la réglementation des permanents ou si vous
voulez des occasionnels permanents ou permanents occasionnels, depuis deux,
trois, quatre et même dans certains cas, six ans. Avec la nouvelle
réglementation, on nous impose des critères qui, en soi, se
veulent une concrétisation de la situation d'occasionnel,
c'est-à-dire six mois au moins, dans des cas de surcroît de
travail ou de travail spécifique se situant à l'intérieur
d'une activité nouvelle ou provisoire de l'administration, huit mois
pour les employés manuels du 1er avril au 30 novembre, et, dans des cas
où c'est un projet spécifique qui a une durée
déterminée, pour une durée qui concorde avec tout cela. On
ajoute également dans la réglementation qu'aucune prolongation ne
sera accordée. Auparavant, il me semble que la règle était
de quatre mois et avec une possibilité de réengager après
six mois. Dans le passé, malgré que le principe fût
exactement le même, on continuait à réengager de six mois
en quatre mois, en six mois, etc., une série de gens.
Je veux tout simplement savoir si la procédure normale à
envisager pour régler définitivement le problème des
occasionnels ce ne serait pas de trouver une formule je ne l'ai pas, je
ne suis pas un magicien et je pose la question simplement, je n'ai pas de
solution à proposer au ministre en vertu de laquelle on
intégrerait d'une façon ou de l'autre, à la fonction
publique permanente, les employés occasionnels. Je m'explique.
D'une part, si les employés occasionnels sont utiles pour un
travail spécifique ou pour un travail d'une durée de six mois, ou
moins, dans les cas de surcroît de travail, ou dans les cas des
employés manuels durant la période du 1er avril au 30 novembre,
une période de huit mois, si ces gens sont suffisamment utiles pour
qu'on aille les chercher pour des périodes... Ce n'est quand même
pas pour un ou deux jours, c'est justement là où les statistiques
auraient pu nous aider à savoir quelle est la durée moyenne d'un
occasionnel à l'emploi du gouvernement; mais je suis porté
à croire que c'est beaucoup plus proche du maximum permissible que du
minimum, c'est-à-dire une journée de travail.
Si on avait eu ces données, on pourrait peut-être se
demander si un employé qui travaille durant six mois pour le
gouvernement, durant huit mois, ou durant une période encore plus
longue, lorsque c'est un projet spécifique qui a une durée plus
longue, si on ne se dessert pas dans la fonction publique pour dire à
cet employé, du jour au lendemain: Merci, le travail est terminé,
bonjour, va-t'en chez vous. C'est une attitude qui règle, dans
l'immédiat, le problème de l'occasionnel, c'est-à-dire
qu'on ne perpétue pas de situations d'occasionnels. Par contre,
qu'est-ce qu'on fait durant l'emploi pour intégrer l'employé
occasionnel dans la fonction publique? Là se posent des questions,
même au niveau de l'embauchage, du type d'embauchage qu'on va faire
d'employés occasionnels. Il me semble que cela complique peut-être
le problème, cela peut peut-être donner des maux de tête aux
gens qui veulent régler le problème rapidement et dire: II faut
embaucher 25 personnes aujourd'hui. Descends dans la rue, mon chef de cabinet,
et ramasse-moi 25 personnes qui sont en train de fumer une cigarette au coin et
embarque-les. Je caricature, je suis d'accord.
M. Parent: C'est bien une caricature.
M. Burns: Je suis bien prêt à caricaturer. Mais, si
on en arrive à faire cela, c'est-à-dire à prendre à
peu près n'importe qui comme employé occasionnel, à ce
moment, on empêche un phénomène d'intégration
éventuel. Si on me dit, d'autre part, que l'employé qu'on engage
comme occasionnel est un employé qui est utile, qui mérite son
salaire pendant la période où il l'occupe, je me dis: Prenons les
précautions, lors de l'embauchage, en vue de voir à son
intégration éventuelle, sinon de façon certaine, du moins
qu'on essaie de le faire.
Est-ce que c'est impensable de raisonner comme cela, M. le ministre?
Est-il impensable de croire que cette fonction publique, que je n'appelle pas
parallèle, si, effectivement, elle est parfaitement utile et que ce
n'est pas pour contourner les règles de la fonction publique qu'on y
embauche, mais que j'appelle supplémentaire, que cette fonction publique
supplémentaire, tant dans l'intérêt de l'individu qu'on
engage que dans l'intérêt de celui qui embauche,
c'est-à-dire l'Etat, de trouver un moyen de faire la jonction entre les
deux fonctions?
Là, M. le Président, se pose une série d'autres
problèmes que je suis prêt à toucher par la suite, mais que
vous voyez venir rapidement. C'est, entre autres, la syndicalisation des
employés occasionnels, leur intégration dans des cadres
syndicaux, la permission que ces employés occasionnels ou, si vous
voulez, le fait que ces employés occasionnels puissent recevoir autant
de bénéfices à la base, sauf la permanence, que des
employés permanents. C'est peut-être une question de philosophie
de l'embauche, de philosophie de la permanence et de conception même du
poste d'occasionnel qui, à mon avis, n'est pas réglé par
votre réglementation. C'est pour cela que je voudrais savoir si le
ministre conçoit que j'erre totalement en faisant ces quelques
énoncés ou si c'est dans ses conceptions ou si c'est, d'une
façon ou d'une autre, quelque chose qu'il envisage intégrer dans
sa réglementation, éventuellement?
M. Cadieux: M. le Président, sur le même sujet.
Le Président (M. Gratton): Je comprends que c'est sur le
même sujet, mais j'aimerais demander au ministre s'il a l'intention de
répondre. L'honorable député de Beauharnois.
M. Cadieux: On parle de philosophie d'embauchage là-dedans
et on parle d'occasionnels. Je pense bien que le député de
Maisonneuve, parce qu'il est député d'un comté de
Montréal où il y a peut-être très peu d'occasionnels
à engager, ne comprend pas exactement tout le problème de
l'engagement des occasionnels. On peut parler du ministère des Travaux
publics, on peut parler du minis-
tère des Transports et de la philosophie dont vient de parler le
député. Cela pourrait s'appliquer si on voulait en arriver
à quelque chose de parfait, mais c'est impossible dans des comtés
mixtes, dans des comtés semi-ruraux et semi-urbains. Il est
assuré qu'il y aura toujours des occasionnels engagés dans les
comtés semi-ruraux et semi-urbains. Ce que je ne comprends pas, dans
toute cette philosophie que vient de développer le député
de Maisonneuve, c'est qu'on puisse en vouloir au ministère de la
Fonction publique d'accepter que différents ministères engagent
des occasionnels. Le député de Maisonneuve devrait écouter
tout de même ce que je lui dis parce que je l'ai très bien
écouté lorsqu'il s'adressait au ministrede la Fonction
publique.
Le député de Maisonneuve ne comprend pas le
problème du système d'occasionnels dans différents
ministères et pour différents comtés. Je comprends
très bien l'Opposition, que l'on parle seulement de comtés de
Montréal, c'est peut-être leur force et ce sera leur faiblesse. Je
comprends très bien qu'on puisse en parler, mais vous ne comprenez pas
le problème d'autres comtés où, obligatoirement, on sera
appelé à engager des occasionnels, à cause de
l'année, à cause des problèmes qui se présentent au
ministère des Transports. Ce seront toujours des occasionnels.
M. Burns: A cause du député?
M. Cadieux: Peut-être... puis, "so what"?
M. Burns: C'est vrai.
M. Cadieux: J'espère que le député de
Maisonneuve peut comprendre qu'il y aura toujours des occasionnels dans
certains comtés. Vous vous basez sur des chiffres qui sont
faussés à la base. Vous dites que tel ministère ne pourra
pas engager d'occasionnels. Il y aura toujours des occasionnels. C'est
peut-être à cause de notre climat; c'est à cause de tout ce
qui touche au ministère desTransports. Il y aura toujours des
occasionnels, M. le député de Maisonneuve.
Vous êtes dans un comté très restreint,
peut-être privilégié, à votre point de vue, pour
avoir des votes là-bas, mais, je voudrais bien vous voir sortir de votre
comté et avoir la même discussion que vous avez ce soir, et venir
parler chez moi, dans mon comté, et parler d'occasionnels qui seront
engagés parle ministère desTransports. Il y en aura toujours et
on ne pourra pas... Le ministre de la Fonction publique ne pourra pas
légiférer là-dessus, parce que, c'est pour quatre mois,
c'est pour cinq mois, c'est pour six mois. On a besoin de ces gens, Ils sont
très satisfaits de pouvoir venir travailler, surtout depuis qu'ils
contribuent au système d'assurance-chômage, pour ce qu'on appelle
la voirie.
Mais, vous prenez ces chiffres, vous les répétez et vous
les répétez... Vous avez parlé de 70,000; on était
rendu à 37,000; on va peut-être diminuer encore très
bientôt, mais vous ne pourrez pas changer ceci: C'est que, de mai
à novembre, on a besoin d'occasionnels. On en a besoin au
ministère des Transports; on a besoin d'occasionnels au ministère
des Travaux publics; on peut avoir besoin d'occa- sionnels au ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, parce que, en hiver, on n'en a
pas besoin chez nous, mais, en été, on peut peut-être avoir
besoin d'occasionnels. On a besoin d'occasionnels pour une période
donnée. Je ne sais pas si vous êtes capable de mettre cela dans
votre petite tête, que c'est nécessaire, qu'on ait besoin d'avoir
ces occasionnels, M. le député de Maisonneuve.
Cela ne change rien à votre principe; cela ne change rien au
principe de dire qu'on voudrait peut-être que ces gens soient plus
favorisés, aient peut-être un statut meilleur, mais ce sera
toujours comme cela.
Le Président: L'honorable...
M. Cadieux: Non, je n'ai pas fini. Je regarde le
député de Maisonneuve et je le vois faire ses simagrées.
Je n'ai pas fini.
M. Burns: J'ai tout simplement indiqué au
président, quand j'aurais l'occasion d'avoir la parole...
M. Cadieux: D'accord.
Ce que je voudrais demander au député de Maisonneuve,
c'est que, peut-être, s'il sortait de sa tour d'ivoire, et s'il voulait
venir dans des comtés mixtes, il s'apercevrait que les occasionnels, on
en aura toujours besoin. Ce n'est pas parce qu'il voudrait soulever des
débats là-dessus il peut penser ce qu'il voudra que
cela va changerquoi que ce soit au problème.
En mai, chez moi, dans le comté de Beauharnois, on aura besoin
d'occasionnels pour le ministère des Transports; en mai, chez moi, on
aura besoin d'occasionnels pour peut-être le Tourisme, la Chasse et la
Pêche; en mai, chez moi, on aura peut-être besoin d'occasionnels
pour le ministère des Travaux publics. Ce sera toujours cela.
Les gens qui seront engagés en seront très satisfaits. Ils
ne s'attendent pas à être engagés douze mois par
année. Ils sont satisfaits de ce statut. Qu'est-ce qu'on ferait s'il
fallait dire à ces gens qu'on va les engager pour quatre, cinq ou six
mois, qu'est-ce que pourrait faire le gouvernement ou le ministre de la
Fonction publique, s'il disait: Les six autres mois, on vous garde, on vous
garde à ne rien faire et vous devenez des permanents? Il n'y a
absolument rien à faire là.
Je voudrais me faire le porte-parole de certains députés
qui vivent la même expérience que je vis, qui ont les mêmes
problèmes et qui sont obligés de demander d'engager des
occasionnels. Je pense qu'on ne pourra pas en sortir. Le ministre des Finances
n'accepterait pas de les engager douze mois par année lorsqu'il y a de
l'ouvrage seulement que pour quatre, cinq ou six mois par année. Je ne
sais pas si je reviens sur votre idée, M. le député de
Maisonneuve. C'est que vous voudriez peut-être que ces gens deviennent
des permanents. C'est impossible, il y a du travail pour cinq mois. Qu'est-ce
qu'on va faire pendant les sept autres mois, avec ces gens?
Selon le mouvement de la moustache d u député de
Maisonneuve, je vois qu'il n'a pas compris ma question. Ah! il vient de
comprendre, il sourit. C'est ce que je voulais dire. C'est que c'est
impossible,
complètement impossible de vouloirqu'il n'y ait pas
d'occasionnels et que ce soit continuellement des permanents. C'est impossible
à cause de notre climat, à cause de notre contexte et à
cause de tout ce qui s'ensuit. C'est impossible de pouvoir dire à
quelqu'un qui est engagé pourquatre ou cinq mois: On va rengager pour
douze mois, parce qu'il n'aurait plus rien à faire pendant les cinq,
six, sept ou huit mois après.
Le Président (M. Gratton): Le ministre de la Fonction
publique.
M. Parent (Hull): M. le Président, je voudrais simplement,
parce que je viens de convenir avec le député de Maisonneuve que
je proposerai, à la suite de ce bref exposé, l'ajournement sine
die de la commission, souligner, noter quelques propos qu'a eus le
député de Maisonneuve en regard des occasionnels.
Disons d'abord que le problème n'est pas aussi facile ou ce n'est
peut-être pas la solution à envisager dans les mêmes
conditions qu'a pu l'expliquer le député de Maisonneuve. Cela est
relatif au système budgétaire.
On sait fort bien que, depuis trois ans, le gouvernement du
Québec a adopté le système de budget par programme. Il est
donc défini dès le départ quel va être la coût
d'un programme et le budget lui est relatif à ce moment
que le ministère est autorisé à effectuer au cours de
l'année financière. Cela entre donc dans la question de la
philosophie d'engagement de personnel régulier ou occasionnel, dans la
définition des budgets-programmes. On constate d'ailleurs que, dans le
budget des dépenses qui a été déposé, chaque
ministère a des effectifs autorisés et ces effectifs
autorisés sont des effectifs permanents auquels le ministère a le
droit de recourir au cours de l'exercice financier.
Comment pourrait-on, dans une telle circonstance, songer à cette
politique d'intégration des occasionnels si, dans un ministère
donné, on a recours à des occasionnels pour un travail
occasionnel, comme le dit le règlement, comment peut-on songer à
intégrer les occasionnels s'il n'y a pas de poste pour les recevoir?
C'est une des contraintes qu'on trouve dans la philosophie exposée par
le député de Maisonneuve. Si on lit le règlement, on
constatera que, pour l'emploi des occasionnels, l'emploi est bien défini
dans sa consistance.
Pour le recrutement et la sélection, on remarquera, par le
règlement, que ce sont les mêmes règles qui sont en
vigueur, contrôlées par la Commission de la fonction publique,
pour l'engagement d'un occasionnel. C'est nouveau dans le règlement des
occasionnels, mais ce sont les règles établies par cette
réglementation; même pour les occasionnels, on doit suivre les
règles établies par la Commission de la fonction publique pour le
recrutement et la sélection.
Il reste donc, M. le Président, que, sur le système
antérieur que nous avions à la Fonction publique... Si le
député de Maisonneuve a des cas particuliers à soumettre,
à savoir les occasionnels permanents, je suis prêt à en
discuter, je pense bien qu'on ne videra pas le sujet ce soir. Il reste que,
dans le passé, l'ancien règlement prévoyait qu'il n'y
avait aucun contrôle effectué, l'employé était
engagé pourquatre mois, le ministère avait la possibilité
de renouveler l'emploi pour deux mois additionnels et, s'il devait y avoir
renouvellement subséquent, il devait y avoir autorisation du Conseil du
trésor. Cette procédure est maintenant abolie puisque l'emploi
des occasionnels est bien déterminé. Mais, si on parle de
conserver les occasionnels, comme on l'a souligné, disons pour ceux qui
travaillent au ministère des Transports pour la période de huit
mois, le budget-programme ne contiendrait pas les ressources financières
pour acquitter le service des quatre mois additionnels. On comprendra, quand
j'ai souligné tout à l'heure le nombre assez imposant
d'occasionnels à un certain moment, qu'il s'agit, dans bien des cas,
pour en arriver à ce nombre, de renouvellement d'occasionnels qui ont
travaillé pendant un mois, ont été un mois chez eux, sont
revenus le mois suivant, mais il s'agit de la même personne. Quand on
parle d'un chiffre de pointe, c'est le chiffre maximum que peut atteindre, dans
une année, le nombre d'employés occasionnels. Ce n'est pas un
chiffre stable, c'est un chiffre accumulé.
M. Burns: De toute façon, M. le ministre, je ne suis pasen
mesure de poursuivre le débat avec vous ce soir. D'ailleurs, vous vous
apprêtez, je pense, à faire une proposition d'ajournement. J'ai
l'impression qu'on va continuer cette discussion dès la prochaine
séance.
M. Parent (Hull): C'est parce que je ne voulais pas
compléter cette séance sans avoir au moins...
M. Burns: Vous ne vouliez pas laisser cela sur les remarques du
député de Beauharnois; je ne vous blâme pas.
M. Parent (Hull): Non, ce sont les remarques du
député de Maisonneuve qui m'ont le plus
inquiété.
M. Burns: Ah bon, ce sont les miennes!
M. Cadieux: M. le Président, les remarques du
député de Beauharnois ont été pour dire que le
député de Maisonneuve ne connaissait rien aux occasionnels.
M. Burns: Moi et ma grande...
Le Président (M. Gratton): L'honorable ministre.
M. Parent (Hull): Nous pourrons aborder encore, je pense, lors
d'une prochaine séance, la question des occasionnels, pour vider cette
question et la question de la syndicalisation.
M. Burns: D'accord!
Le Président (M. Gratton): Est-ce que la motion
d'ajournement du ministre est adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Gratton): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 29)