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Etude des crédits du ministère de la
Fonction publique
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Blank): La séance de la commission
permanente de la fonction publique pour étudier les crédits
budgétaires commence. Les membres de la commission sont: MM. Belle-mare
(Johnson), Bisaillon (Sainte-Marie), Chevrette (Joliette-Montcalm), de Belleval
(Charlesbourg), Gendron (Abitibi-Ouest), Gravel (Limoilou), Jolivet
(Laviolette), Mailloux (Charlevoix), Pagé (Portneuf).
Les intervenants sont: MM. Beauséjour (Iberville), Caron
(Verdun), Dussault (Châteauguay), Lacoste (Sainte-Anne), Le Moignan
(Gaspé), Martel (Richelieu), Ouellette (Hull), Roy (Beauce-Sud), Samson
(Rouyn-Noranda), Springate (Westmount), Le rapporteur M. Gravel (Limoilou).
M. le ministre, vous avez la parole pour finir votre réponse au
député.
M. de Belleval: Oui, mais, compte tenu des déclarations
d'hier, j'aimerais qu'on commence l'article 1, si...
M. Bellemare: Le ministre avait commencé...
M. Pagé: On pourrait revenir à la question du
référendum...
M. Bellemare: ... surtout sur la question des fonctionnaires
concernant les élections.
M. de Belleval: Ah oui! D'accord. M. Bellemare: Et le
référendum.
Participation des fonctionnaires à une campagne
électorale
M. de Belleval: Sur la capacité des fonctionnaires
d'intervenir soit dans une élection, soit à l'occasion d'un
référendum. En ce qui concerne d'abord les élections, la
loi 50 reconduit plus ou moins les dispositions de l'ancienne loi en les
clarifiant, c'est-à-dire en disant explicitement qu'un fonctionnaire
peut être membre d'un parti politique, peut contribuer à un parti
politique et peut assister à une assemblée politique durant une
campagne électorale. Toutefois, il doit s'abstenir de tout travail
partisan durant une telle campagne électorale, soit au Québec,
soit au niveau fédéral.
Dans le cas d'un fonctionnaire qui serait officier public
d'élection, c'est-à-dire, entre autres, scrutateur dans un bureau
de votation, les tâches assimilées, il s'agit bien sûr
d'activités permises. Ce sont les activités purement partisanes
qui ne sont pas permises et en particulier la tâche de
représentant d'un parti politique dans un bureau de scrutin est bien
sûr interdite.
En ce qui concerne les référendums, je pense que l'avis du
président-directeur général des élections est
clair. C'est aussi mon avis et c'est celui de l'ex-leader parlementaire du
gouvernement et ministre d'Etat à la réforme électorale.
De ce point de vue, il n'y a aucune restriction au travail des fonctionnaires,
à la participation des fonctionnaires durant une campagne
référendaire qui pourrait d'ailleurs porter sur toutes sortes de
sujets, certains fort peu politiques puisque la loi 92 est une loi-cadre qui
s'applique à tout type de référendum. Par exemple, on
pourrait faire un référendum sur l'opportunité d'avoir au
Québec davantage de centrales nucléaires ou sur toutes sortes de
sujets qui n'impliquent pas un engagement politique partisan très
précis.
Donc, la règle générale, c'est que les
fonctionnaires peuvent s'impliquer dans tout référendum, dans
toute campagne référendaire, sous réserve du Code
d'éthique dont vous avez d'ailleurs copie en main et qui dit qu'un
fonctionnaire doit, dans l'expression publique de ses opinions, faire preuve de
la réserve nécessaire conforme à son rang dans la fonction
publique. C'est une règle générale qui demande
d'être appliquée avec ouverture d'esprit et bon sens et je pense
que cette règle qui existe depuis de nombreuses années, qui
repose sur une tradition quasi séculaire dans les régimes
démocratiques modernes est appliquée sans problème chez
nous depuis de nombreuses années. C'est la règle qui s'appliquera
donc encore pour la campagne référendaire qui vient.
J'ai cependant moi-même indiqué que si les partis
politiques, les leaders des différentes formations sentaient le besoin
de préciser davantage ces règles, ce serait normal que les
leaders se rencontrent et en discutent librement pour voir s'il y a lieu de
clarifier davantage ces choses. De la même façon, d'ailleurs, pour
la règle qui veut que les fonctionnaires doivent s'abstenir de travail
partisan durant une campagne électorale, je pense que ce sont des
notions, des aspects de la loi qui relèvent beaucoup du consensus social
et du consensus politique et que, s'il faut modifier ces lois ou cette partie
de la loi, ça ne doit pas venir d'un certain consensus des partis
politiques à cet égard, ça ne doit pas être
imposé ni même proposé, de façon unilatérale,
par le ministre de la Fonction publique qui, au fond, intervient dans cette
question d'une façon incidente puisque, comme je l'ai dit, je pense que
ces règles de comportement relèvent davantage d'une espèce
de consensus social et d'une espèce de consensus politique.
M. Bellemare: Mais le référendum étant
tellement lié au Parti québécois, je pense que ce qu'a dit
Patrice Garant, dans son ouvrage "Essai sur le service public du
Québec", rencontre justement mon appréhension; je pense que M.
Garant a été assez clair quant à la confiance qui se
détériorerait s'il fallait que, après un
référendum, un gouvernement soit défait. (10 h 15)
Monsieur, je vous cite M. Garant: "Le problème de l'expression
des opinions politiques est beaucoup plus complexe, car si l'agent public est
un citoyen comme les autres, il est par ailleurs lié au service public
d'abord. Or, celui-ci est réputé placé au-dessus de tous
les partis, de toutes les idées partisanes des classes et des
intérêts particuliers des gens, et la confiance des
administrés repose sur la confiance en son impartialité, par voie
de conséquence en celle de ses agents. Si ceux-ci prennent publiquement
position, soit en faveur ou contre le gouvernement dans certaines questions qui
sont responsables de la bonne marche des services et particulièrement
vis-à-vis de la population face à un référendum,
comment, ne pas concevoir que la confiance des administrés ne soit pas
sérieusement ébranlée?
M. de Belleval: C'est la raison pour laquelle...
M. Bellemare: Parce que le parti lui-même a
été identifié au référendum sur la
souveraineté-association. Je fais une énorme différence
entre cela et un référendum ordinaire pour savoir si les heures
d'ouverture et de fermeture des magasins sont correctes ou si on a le droit
d'imposer une nouvelle taxe pour le tourisme, la chasse et la pêche, si
les membres doivent être protégés ou non à la
chasse. J'en fais une énorme différence parce que toute la
technique, toute la pensée politique, l'essence même du parti au
pouvoir, c'est ni plus ni moins que la séparation du Québec.
C'est dans ce but que nous disons aujourd'hui que dans ce
référendum en particulier, le président n'a pas
erré. Il a dit: La loi est là et je l'applique. En période
électorale, c'est vrai qu'il n'a pas le droit. Là, ce sera proche
de deux choses.
M. de Belleval: Le problème que vous soulevez, c'est le
problème normal qu'on retrouve en toute période, d'ailleurs,
puisque la loi est permissive en dehors des périodes électorales.
Un fonctionnaire peut faire de la politique active en dehors des
périodes électorales, toujours sous réserve du code
d'éthique qui dit qu'il doit cependant faire preuve de la
discrétion proportionnelle à son rang. Au fond, la campagne
référendaire, de ce côté-là, n'introduit pas
d'élément nouveau. Que penseriez-vous, par exemple, d'un haut
fonctionnaire du ministère des Transports qui est le conseiller du
sous-ministre ou du ministre qui irait faire une déclaration publique,
ou même une déclaration indélicate dans une
assemblée, sinon publique, du moins ouverte, contre les politiques du
ministre des Transports? Cela peut se faire, actuellement. Un tel
fonctionnaire, légalement, pourrait le faire, mais il serait
réprimandé en vertu du code d'éthique et il pourrait
même subir des sanctions.
Ce sera la même chose dans le cadre de la campagne
référendaire de ce point de vue. Les mêmes règles
s'appliqueront.
M. Bellemare: M. le Président...
M. de Belleval: Je n'ai pas besoin de vous dire que ça ne
m'est jamais arrivé.
M. Bellemare: Je reviendrai sur le sujet lorsqu'on
débattra la grande question du projet de loi 92 sur la question.
M. de Belleval: J'aimerais terminer en disant que c'est une
question, comme j'ai dit, de consensus social, de consensus politique et de
jugement personnel dans les comportements d'un certain esprit de
tolérance qui doit exister et qui existe, à mon avis, tant au
sein de l'administration publique que des partis politiques quant à
l'expression des opinions démocratiques par tous les citoyens, y compris
par les fonctionnaires.
J'ai été fonctionnaire dix ans. J'ai été
identifié à une option pendant que j'étais
étudiant, publiquement dès 1961, comme membre du RIN et comme
responsable de l'organisation de ce parti à l'Université Laval au
début des années soixante. Je suis entré dans la fonction
publique, j'ai servi sous plusieurs gouvernements différents. Mes
opinions politiques étaient connues de mes patrons. Mais je n'ai jamais
subi de pressions particulières contre ma personne, contre mon
cheminement de carrière de la part de ces différents patrons et
des deux partis politiques sous lesquels j'ai servi: l'Union Nationale et le
Parti libéral. On ne m'a pas demandé non plus de changer
d'opinion. Mais en même temps, aussi, je me suis abstenu, surtout comme
haut fonctionnaire d'en faire état publiquement et de critiquer
publiquement et, même en privé je donnais mon opinion seulement
entre amis, dans des cercles fermés sur des questions
générales, jamais, d'ailleurs, sur des questions qui touchaient
à mon travail proprement dit.
Je pense que l'exemple que je donne en est un qui s'applique à
beaucoup de fonctionnaires qui ont été dans des circonstances
semblables et qui sont de plusieurs origines politiques. Au fond, c'est un peu
le climat qui existe dans la fonction publique québécoise: un
climat de tolérance et de confiance, malgré les divergences qui
peuvent exister entre certaines personnes, un climat d'accommodement et, je
pense, un climat de liberté. Tant que chacun respectera ces
règles du jeu, parfois écrites, parfois non écrites, fera
preuve de la tolérance nécessaire, je pense que notre
société va être en santé et je ne vois pas pourquoi,
actuellement, on se ferait des problèmes avec cela.
Si tout le monde fait preuve de prudence et de tolérance, comme
on l'a fait dans le passé, les règles qui se sont
appliquées dans le passé et qui ont donné de bons
résultats devraient continuer de jouer.
M. Bellemare: M. le Président, on...
Le Président (M. Blank): Le député de
Joliette-Montcalm...
M. Bellemare: Ah oui.
M. Chevrette: Le député de Johnson a voulu
mêler un petit peu, d'une certaine façon peut-
être pas délibérément mais a voulu
mêler l'option politique du parti en place. Cela pourrait se
présenter pour n'importe quelle formation politique. Si l'Union
Nationale réussissait à définir un jour ce qu'est le
fédéralisme renouvelé là-dedans, cela place les
fonctionnaires vis-à-vis sa thèse exactement comme
vis-à-vis la thèse du Parti québécois. Ou si le
Parti libéral prônait la...
M. Bellemare: La seule différence, M. le Président,
c'est qu'ils ont le couperet, eux.
M. Chevrette: Est-ce que je peux continuer, M. le
Président? Je ne l'ai pas interrompu du tout.
M. Bellemare: Non, certainement pas.
M. Chevrette: Est-ce que le fait, par exemple, pour le grand chef
libéral de vouloir fusionner le Canada en cinq provinces, cela ne
crée pas des chambardements majeurs? Cela pourrait placer des
fonctionnaires, même du parti, devant des situations assez
embarrassantes. Il s'agit de respecter un code d'éthique, quelle que
soit l'option des partis politiques en présence. Je ne vois vraiment
pas, à part de vouloir démontrer une parti-sannerie
particulière, qu'est-ce que cela vient faire dans le débat de ce
matin.
M. Bellemare: M. le Président, après la bio-grahie
que nous avons entendue de l'honorable ministre qui nous a étalé
ses biens, ses hauts et ses bas, et l'intervention de l'honorable... je pense
qu'on devrait se mettre à l'ouvrage si on veut finir à 1 heure,
les crédits du ministère, parce qu'on est "booké" selon la
nouvelle entente des leaders sur un certain nombre d'heures par
ministère et je pense qu'on devrait procéder
immédiatement.
Le Président (M. Blank): ...
Questions générales
M. Pagé: M. le Président, devant les
déclarations préliminaires et les commentaires du ministre qui
ont suscité des questions pendant toute la séance d'hier et au
début de la séance d'aujourd'hui, ce que je propose ce matin
c'est qu'on y aille de façon générale, sur une
série de questions, quitte à ce que, par la suite on adopte les
éléments et les différents...
M. le Président, j'aurais quelques questions, si mon
collègue de Johnson me permet, je pourrais y aller tout de suite, quitte
à ce qu'on alterne.
Première question, c'est au sujet des cabinets de ministre. Vous
nous avez fait parvenir la liste des membres de votre cabinet vous y
avez fait référence hier, à l'égard de la loi 50
à savoir que ceux-ci étaient maintenant régis par
la loi 50. J'aimerais savoir, M. le ministre, comment expliquer qu'en novembre
1976, il y avait 132 personnes qui travaillaient au sein des différents
cabinets des membres du gouvernement, et en mars 1979, en me
référant à la liste de la direction des ministères
nous avons 238 personnes actuellement, ce qui implique une augmentation
de 81.2% des membres des cabinets.
Si on s'en réfère aux salaires qui sont versés, aux
traitements qui sont versés, cela implique des sommes assez
appréciables. J'aimerais que le ministre, de plus, revienne sur la
question qui a été soulevée par mon collègue de
Johnson et que je me proposais de soulever, ce matin, à savoir que dans
les cabinets, on aurait des agents de liaison. Vous n'êtes pas sans
savoir, non plus, que les gens qui ont été nommés dans les
cabinets de ministre au début du mandat du gouvernement, et qui depuis
ont été référés, ont été
mutés au cabinet du premier ministre; on est informé que ces gens
s'occupent en priorité de la question de la souveraineté, du
prochain référendum, de l'organisation référendaire
et tout cela. Dans un premier temps, nous soutenons que ces gens font un
travail qui est purement et simplement partisan, qui n'en est pas un...
à prime abord, il ne nous apparaît pas comme étant un
travail d'administration auprès du ministre, dans leur véritable
rôle d'assurer la liaison ou la relation entre le ministère et le
ministre.
Ce sont des questions que je vous lance comme ça. Est-ce que le
ministre de la Fonction publique considère cela comme acceptable que ces
gens soient affectés à des tâches uniquement partisanes,
parce que vous savez que les partis politiques ont quand même des
enveloppes qui leur sont votées par l'Assemblée nationale, ont
des sommes qui leur sont consenties chaque année pour la recherche et
pour un personnel qui est purement politique. Alors je dois vous exprimer non
seulement ma surprise mais mon désaccord avec cette façon de
procéder et je dois aussi vous exprimer ma surprise devant
l'augmentation aussi élevée et appréciable du nombre de
membres dans les cabinets.
M. de Belleval: M. le Président, la question du personnel
politique des cabinets ministériels est une question qui relève
davantage des crédits du Conseil exécutif que des crédits
du ministère de la Fonction publique, puisque justement, comme je l'ai
démontré hier, nous avons maintenant fait une distinction
très nette entre le personnel des cabinets ministériels et la
fonction publique. Il est désormais impossible de contourner la Loi de
la fonction publique et de faire entrer dans la fonction publique, sans
concours, des effectifs qui transitent via les cabinets ministériels et
qui obtiennent ainsi un statut de fonctionnaires permanents, qui obtenaient
autrefois, ainsi, avant la loi 50, un statut de fonctionnaires permanents.
Les politiques en matière de cabinets...
M. Pagé: Là-dessus, M. le Président, si le
ministre me le permet. Des membres de cabinets, les gens qui étaient
dans différents ministères, au sein des cabinets ou encore au
Conseil exécutif en date du 30 mars dernier, avant l'application de la
loi 50; combien y en a-t-il qui se sont prévalus des dispositions de
l'ancienne loi, c'est-à-dire de l'article 65 de l'ancienne loi, si ma
mémoire est fidèle?
M. de Belleval: Je n'ai pas ce chiffre; si l'Opposition
désire en faire une question, elle peut poser une question écrite
au feuilleton et, à ce moment-là...
M. Pagé: Vous ne pouvez pas me le donner ici.
M. de Belleval: Je n'ai pas ce renseignement pour la simple et
bonne raison que, en vertu de mes responsabilités ministérielles,
je ne suis pas responsable de ces questions. Chaque ministre est responsable de
son cabinet ministériel et les politiques en cette matière sont
établies, d'une part par la Commission de régie interne de
l'Assemblée nationale et, d'autre part par le premier ministre
lui-même, selon la tradition d'ailleurs en ce domaine qui n'a pas
été établie par le Parti québécois, mais qui
est la même qui a été suivie par les gouvernements
antérieurs, tant le gouvernement libéral que celui de l'Union
Nationale.
Alors, la question des cabinets ministériels malgré
tout j'aimerais faire quelques commentaires là-dessus se place de
la façon suivante et je pense que les membres des cabinets
ministériels ont un rôle très important qui est reconnu par
tous les partis politiques. D'ailleurs, les partis d'Opposition ont,
eux-mêmes, des gens qui sont ainsi...
M. Pagé: Mais dans notre temps on était 132; on
n'était pas 238.
M. de Belleval:... engagés par le chef de l'Opposition
officielle, le chef de l'Union Nationale, le leader parlementaire du Parti
libéral, le leader parlementaire de l'Union Nationale et par d'autres
chefs de partis reconnus comme le Parti démocrate, le Parti national
populaire.
M. Pagé: Jusqu'à demain.
M. de Belleval: Jusqu'à demain. Alors, ce n'est pas un
dossier qui touche seulement le parti au pouvoir. Ça touche tous les
partis, y compris les partis de l'Opposition qui bénéficient des
mêmes facilités de ce point de vue, des mêmes budgets et qui
ont été traités plus qu'équitablement par le parti
ministériel, lors du changement de gouvernement.
Nous avons d'ailleurs remplacé, dans la fonction publique
québécoise, une bonne centaine et plus d'anciens collaborateurs
politiques de l'ancien gouvernement, dans les différents
ministères; ils sont devenus des fonctionnaires permanents en vertu des
dispositions qui existaient avant l'adoption de la loi 50.
Il ne faudrait pas que, aujourd'hui, on joue au pharisien du
côté de l'Opposition. C'est une pratique...
M. Pagé: M. le Président, pas question de jouer au
pharisien; je conviens qu'il y a toujours eu des membres de cabinet...
M. de Belleval: Bon, alors!
M. Pagé: ... sauf que, en novembre 1976, il y avait 132
personnes qui étaient, soit chefs de cabinet, secrétaires
particuliers adjoints ou encore conseillers. Aujourd'hui on en a 238. (10 h
30)
M. de Belleval: En ce qui concerne les nombres, je ne suis pas en
mesure de commenter ces chiffres, puisque, comme je l'ai dit, les politiques en
cette matière ne sont pas établies par le ministre de la Fonction
publique.
M. Pagé: Cela veut donc dire...
M. de Belleval: Alors, vous poserez les questions sur ces
aspects-là, soit à la présidence du conseil de
l'Assemblée nationale, soit lors de l'étude des crédits du
Conseil exécutif. Maintenant, ces gens-là ont une fonction
très importante reconnue par tous les partis politiques. Une partie de
ces fonctions touche à des aspects partisans et politiques, ce qui est,
là encore, reconnu par tous les partis politiques. Ce sont des fonctions
nécessaires, d'autant plus nécessaires que, justement, il faut
faire la distinction entre la fonction publique qui doit faire preuve de
neutralité et les membres des cabinets qui, eux, ne sont pas tenus
à la neutralité. S'il n'y avait pas de ces membres de cabinet, la
tentation serait évidemment d'utiliser les services des fonctionnaires
à ces fins. Tous les partis politiques ont reconnu que ce ne serait pas
une solution correcte et c'est pour cette raison, d'ailleurs, que les cabinets
politiques ont fait leur apparition au milieu des années 60.
Donc, c'est un rôle légitime, reconnu par tout le monde.
Deuxièmement, une partie de ce rôle aussi est extrêmement
importante pour le public en général parce que et c'est le
cas, entre autres, des agents de liaison leur rôle est
d'établir des communications, de faciliter les communications entre le
public en général, entre les citoyens en général et
l'administration publique. Quand un citoyen se plaint que l'administration
publique n'a pas traité son cas correctement, qu'il y a des lenteurs
dans la machine administrative, que les réponses fournies sont
insatisfaisantes ou qu'il croit que le traitement qui est accordé
à une demande est insatisfaisant ou incorrect, c'est normal que les
citoyens aient dans les cabinets ministériels, des gens qui sont
disponibles pour justement traiter de ces questions, faciliter les
communications entre le citoyen et l'administration publique. C'est un
rôle extrêmement important et je pense qu'une des raisons pour
laquelle, d'ailleurs, le nombre des membres de cabinet a eu tendance à
augmenter au fil des années, c'est justement l'importance accrue
attachée aux relations entre les citoyens et l'administration, la
multiplication aussi des lois, des règlements, qui font que davantage de
demandes viennent des citoyens.
C'est un moyen très important de rapprocher le palier politique
et le palier administratif des citoyens à la base. C'est cela, au fond,
la deuxième de leurs principales fonctions.
J'ai ici une description des tâches des agents de liaison et il me
fera plaisir d'en donner une copie aux membres de la commission, mais je
voudrais tout simplement donner la description de ces tâches: "Les agents
de liaison sont responsables de la liaison avec tous les députés
de l'Assemblée nationale et leur bureau de comté". Je dois dire
que dans mon propre cabinet, j'ai des personnes qui sont en communication
constante avec des gens de l'Opposition qui ont des problèmes dans leur
propre comté et qui me posent des questions sur l'administration de la
Commission de la fonction publique ou du ministère. Cela prend quelqu'un
à mon cabinet pour s'occuper non seulement des députés du
parti ministériel, mais aussi des députés de l'Opposition
qui me posent des questions et auxquelles...
M. Pagé: Cela se faisait avant pareil avec 132 personnes,
aujourd'hui ça vous en prend 238.
M. de Belleval: Je vous ai expliqué qu'on accorde
davantage d'importance justement à donner des réponses rapides
aux questions qui nous viennent des députés et des citoyens dans
ce domaine-là. C'est la raison pour laquelle ça prend plus de
personnel. C'est une préoccupation justement du gouvernement actuel de
rapprocher les citoyens de l'administration publique. Essentiellement, c'est
pour ça que parfois, on est obligé d'engager du personnel
supplémentaire, on est souvent débordé de demandes de
questions de la part de citoyens et de députés des deux
côtés de la Chambre. "L'agent de liaison est aussi responsable de
la liaison avec toutes les instances du Parti québécois qui
communiquent avec le cabinet du ministre". C'est normal, ça aussi je
pense. "Responsable de la liaison avec le comté du ministre, assure la
préparation et le suivi de chaque tournée ministérielle".
Ça aussi c'est un travail important, les tournées
ministérielles. On ne les fait pas juste pour faire du tourisme. Quand
on rencontre des groupes de citoyens, on récolte à chacune de ces
visites-là des dizaines de cas particuliers, des problèmes
particuliers que les gens nous soumettent, auxquels il faut accorder une
attention. C'est justement très important ces tournées-là
pour rapprocher le ministre des réalités concrètes sur le
terrain, permettre aux citoyens d'avoir un accès plus facile à
l'administration publique, aux pouvoirs politiques et de formuler des griefs.
Mais, justement, on récolte des dossiers quand on se promène
comme ça et il faut avoir du monde pour s'occuper d'assurer le suivi des
demandes qu'on nous fait dans toutes ces tournées.
M. Pagé: Cela veut donc dire...
M. de Belleval: Je pense qu'il s'agit là d'un service
public, il ne s'agit pas d'un service partisan. L'agent de liaison est
responsable de la consultation auprès des députés lors des
commissions parlementaires, et là encore, de tous les
députés, de tous les partis politiques. Quand, hier, vous me
posiez des questions particulières, soit en Chambre, soit ici en
commission parlementaire, il y a des gens à mon cabinet qui ont dû
aller aux renseignements; il y a beaucoup de questions de ce point de vue et il
y a un travail à faire. "... responsable de communiquer les
décisions administratives, nominations, subventions, décisions du
Conseil du trésor aux députés intéressés."
Quand on parle des députés intéressés, vous le
savez très bien, cela comprend les députés de
l'Opposition.
Voilà, en gros, M. le Président, la tâche d'un agent
de liaison. Cela n'a donc rien à voir avec la campagne
référendaire comme telle. Il y a, bien sûr, dans les
cabinets actuels des gens qui s'occupent de ces questions, comme dans tous les
cabinets ministériels. J'ai été mêlé de
près aux travaux des cabinets ministériels dans ma
carrière, j'ai même été prêté, à
l'occasion, au cabinet d'un ministre, celui de M. Cardinal, à la fin des
années soixante. J'ai vu quel était ce travail, quel travail
faisaient les attachés de cabinet sous les autres gouvernements et une
partie de ce travail est un travail partisan et reconnu comme tel. De ce point
de vue, il n'y a pas de changement.
Quant au salaire des attachés de cabinet, contrairement à
ce qu'a déclaré le député de Johnson hier, le
salaire maximum n'est pas de $54 000, mais de $36 000 pour un chef de
cabinet...
M. Pagé: Et s'il est conseiller spécial?
M. de Belleval: II n'y a pas de conseillers spéciaux qui
reçoivent un salaire de plus de $36 000. Le salaire maximum d'un chef de
cabinet est de $36 000. Il y a, bien sûr, dans les ministères, des
gens qui, parfois, sont contractuels, des gens qui sont attachés
à des dossiers particuliers.
M. Pagé: Ils sont référés au
cabinet.
M. de Belleval: Ces gens ne sont pas recrutés pour faire
du travail politique, ils sont recrutés pour faire du travail technique
comme tous les autres fonctionnaires.
M. Pagé: Ce que vous voulez affirmer ce matin porte
spécifiquement là-dessus: il n'y a aucun membre...
M. de Belleval: Je vais vous donner un exemple.
M. Pagé: II n'y a aucun membre de cabinet qui travaille
comme secrétaire particulier, comme chef de cabinet ou comme conseiller
spécial auprès d'un ministre qui gagne plus de $36 000. C'est
cela que vous soutenez?
M. de Belleval: Les barèmes sont établis par la
commission de régie interne de l'Assemblée nationale. Ces
barèmes s'appliquent à tous les partis politiques, autant aux
chefs de cabinet des membres de l'Opposition qu'aux chefs de cabinet des
ministres. Ces règles sont établies par la
commission de régie interne, elles sont disponibles, elles sont
publiques et le maximum payé est autour de $36 000.
Je vais donner l'exemple du directeur de la recherche du Parti
Ibéral à l'Assemblée nationale. Le directeur de la
recherche du Parti libéral ne fait pas partie, au sens strict, du
cabinet du leader de l'Opposition, M. Gérard D. Levesque,
député de Bonaventure. Ce poste a été
créé directement au sein de la fonction publique et, lui, le
directeur de la recherche du Parti libéral, qui vient d'entrer en
fonction, gagne plus de $36 000 et c'est un fonctionnaire cadre, qui est
carrément politique.
M. Pagé: C'est la même chose dans certains cabinets,
aussi.
M. de Belleval: Est-ce que vous pourriez me donner des
exemples?
M. Pagé: C'est ce pourquoi je vous pose la question ce
matin. Je vous pose la question suivante, et vous n'y avez pas
répondu.
M. de Belleval: C'est au député de Portneuf de me
citer des exemples, s'il en a. Je viens de lui donner un exemple; est-ce qu'il
a des exemples à me donner?
M. Pagé: Est-ce que vous soutenez qu'il n'y a aucun membre
de cabinet, actuellement, qu'il soit secrétaire particulier,
secrétaire particulier adjoint, chef de cabinet ou conseiller
spécial, qui gagne plus de $36 000? Est-ce que vous soutenez cela?
M. de Belleval: Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je
me contredirais de donner une réponse parce que...
M. Pagé: Vous ne voulez pas répondre? Parfait,
merci.
M. de Belleval: Je ne connais pas la situation...
M. Pagé: Passons à autre chose.
M. de Belleval: Est-ce que je peux terminer?
M. Pagé: Vous venez de me dire que vous ne vouliez pas
répondre.
M. de Belleval: Je ne connais pas la situation qui existe dans
tous les cabinets puisque, comme je l'ai dit, il ne s'agit pas d'une question
qui relève des compétences du ministre de la Fonction publique.
J'ai donné un exemple au député de Portneuf; s'il a un
exemple précis à me donner, il pourra questionner le ministre en
cause lors de l'étude des crédits de ce ministère. Mais il
n'est pas normal d'aller à la pêche en posant des questions, alors
qu'on n'a aucun exemple à offrir.
M. Pagé: Vous me référerez au ministre
concerné, M. le ministre. Vous êtes ministre de la
Fonction publique. Je vous ai dit tout à l'heure, qu'en novembre
1976, il y avait 132 personnes dans le cabinet; il y en a 238 maintenant. La
source est de la direction d'un ministère. Ces personnes qui ont
été nommées avant le 31 mars et qui ont été
susceptibles de se prévaloir de l'article 65 de la Loi de la fonction
publique c'est vous qui êtes ministre de la Fonction publique
pouvez-vous me dire ce matin, sur les 238 personnes, combien de
celles-là se sont prévalues de l'article 65 pour être
nommées permanentes, premièrement.
Deuxièmement, comment pouvez-vous accepter comme ministre de la
Fonction publique c'est vous le ministre de la Fonction publique; ce
n'est pas Pierre, Jean, Jacques et Jos. Bleau. Je conviens que ces gens sont
affectés dans d'autres cabinets au sein des cabinets des membres du
gouvernement comment pouvez-vous accepter que, dans un premier temps, le
ministre des Finances vous dise: Le nombre de fonctionnaires au sein du
gouvernement du Québec et de la fonction publique devra être
réduit de 2,5% et chacun des ministères devra nous fournir sa
programmation pour en arriver à cette diminution de 2,5%, alors que les
membres du cabinet, que les ministres eux-mêmes ont augmenté de
81,2% depuis trois ans le personnel qui leur est affecté dans leur
cabinet respectif. Comment pouvez-vous accepter cela de la part du ministre des
Finances et ne pas dire un mot? C'est correct, c'est beau.
Vous autres, les ministres, vous êtes augmentés de 81,2% et
moi, le personnel, tous ceux qui sont de ma juridiction, 2,5% de moins d'ici un
an. Ce sont des gens qui ne sont pas assez productifs, etc. Comment pouvez-vous
accepter cela? Vous ne dites pas un mot.
M. de Belleval: Le député de Portneuf mêle
à dessein des pommes et des oranges. Quand on introduit des dispositions
pour réduire la fonction publique de 2,5% sur une période d'un
an, le député de Portneuf sait très bien que, dans
certains ministères, dans certains organismes, les fonctionnaires vont
augmenter au lieu de diminuer et par contre, dans d'autres ministères,
dans d'autres organismes, les fonctionnaires vont diminuer d'autant plus, pour
compenser ces augmentations par suite de nouveaux programmes ou de nouvelles
priorités. Il y a des places où il y a des diminutions de plus de
2,5% et il y a d'autres places où, au lieu d'avoir des diminutions, il
peut y avoir des augmentations.
Le résultat global c'est que, dans l'ensemble, il y aura une
diminution de 2,5% sur l'ensemble de l'année de l'exercice prochain.
Alors, cela se peut très bien, donc...
M. Pagé: ... je ne l'accepte pas...
M. de Belleval: ...qu'à des endroits, il y ait des
augmentations de fonctionnaires. Deuxièmement, le personnel politique
des cabinets n'est pas, justement, inclus dans la fonction publique. Si...
M. Pagé: M. le Président, j'ai une question tout de
suite. Le ministre va me le permettre.
M. de Belleval: ... et deuxièmement...
M. Pagé: Voulez-vous dire que sur les 238, aucune de ces
personnes ne s'est prévalue de l'article 65 de la Loi de la fonction
publique? C'est cela que vous voulez dire?
M. de Belleval: Je vais continuer. Deuxièmement...
M. Pagé: II n'y a personne qui est permanent dans
cela?
Une Voix: Donnez les réponses.
M. Chevrette: Cela va? Vous questionnez et vous ne donnez
même pas le temps... M. le Président, question de
règlement.
M. Pagé: Le ministre.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, question de
règlement.
M. Pagé: Le ministre veut...
M. de Belleval: Deuxièmement...
M. Bellemare: Le député de Joliette-Montcalm et le
député de... le ministre est capable de se défendre.
Laissez-le donc faire...
M. Chevrette: Ce n'est pas une question de défense, c'est
une question de bon sens.
M. Bellemare: Pourquoi "renchausser" votre ministre pour rien? Il
est capable de lui répondre.
M. Chevrette: Ce n'est pas une question de "renchausser", c'est
une question de déroulement.
M. Bellemare: Voyons donc.
M. Chevrette: Je demande au président d'appliquer
intégralement la réglementation.
M. Bellemare: Voyons donc, il n'y a pas de choix
là-dedans.
M. de Belleval: Est-ce que je peux continuer?
Le Président (M. Blank): II a le droit de poser des
questions. Si le ministre dit: II n'y a pas de réponse, il dit: II n'y a
pas de réponse. Il donne sa réponse, mais il a le droit de poser
des questions. C'est le but de toute l'affaire.
M. Chevrette: Oui mais il doit avoir le droit de laisser
répondre le ministre quand le ministre commence.
M. Pagé: Ecoutez le président.
M. Bellemare: Oui mais vous écoutez...
M. Pagé: Ecoutez le président; c'est tout ce que
vous avez à faire.
Le Président (M. Blank): Je pense que le ministre se
défend très bien.
M. de Belleval: Je pourrais peut-être vous donner des
exemples de circonstances analogues qui ne vous plairaient, M. le
député de Portneuf, et même le député de
Johnson.
M. Bellemare: Ho, ho, ho! Citez-moi un cas. Le
Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs. M. Bellemare:
C'est donc une méthode...
M. Pagé: M. le Président, vous voyez. Cela fait
l'affaire du ministère. Pendant ce temps, il prépare sa
réponse. C'est la méthode de direction... c'est la seule
direction utile du député de Joliette-Montcalm. C'est
publié comme cela.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs. Le ministre
de la Fonction publique.
M. de Belleval: Deuxièmement, tout fonctionnaire de
cabinet, tout membre de cabinet politique qui, en vertu de l'ancienne loi,
conserve ses droits acquis et retourne dans la fonction publique, doit occuper
un poste vacant dans cette fonction publique et sera automatiquement
versé dans le "pool" des fonctionnaires et donc, sera
comptabilisé dans les 2,5%. Si un fonctionnaire part d'un cabinet
politique et va dans un ministère, il faudra que ce ministère,
quand même, ou l'ensemble de la fonction publique, tienne compte de ces
nouvelles arrivées, pour diminuer d'autant la fonction publique
ailleurs, pour en arriver au résultat net d'une diminution d'effectifs
de 2,5%. (10 h 45)
Par conséquent, ce personnel ne vient pas contrecarrer la
politique de diminution générale des effectifs. Il est inclus
dans la politique générale de réduction des effectifs.
M. Bellemare: M. le Président, sur le même sujet,
est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il n'existe pas une espèce
de stratégie voulue, pensée et organisée pour que certains
membres du PQ ou d'allégeance péquiste puissent être
engagés dans un cabinet de ministre pendant un certain nombre de mois
pour, après cela, retomber dans la fonction publique comme
permanent.
M. de Belleval: Justement...
M. Bellemare: Est-ce que cela n'existe pas dans plusieurs
ministères?
M. de Belleval: Cela n'existe pas, puisqu'en vertu de la loi 50,
comme je l'ai indiqué, il est maintenant interdit à un membre de
cabinet d'accéder automatiquement, au bout d'un an, à la fonction
publique comme permanent. Désormais, il y aura une séparation
complète entre les deux types de fonction et les...
M. Bellemare: Depuis le 1er avril. M. de Belleval: Depuis le 1er
avril.
M. Bellemare: Bon! Alors, la question, M. le Président,
qui me brûle, c'est: Qu'est-ce que le programme de perfectionnement des
directives des communications a donné? A la page 63, je trouve: "A la
demande du ministère des communications, la DGRH...
M. de Belleval: La direction générale des
ressources humaines.
M. Bellemare: ... des ressources humaines, a
réalisé un diagnostic des besoins de perfectionnement des
directeurs des communications et une première série de sessions a
fonctionné. D'autres sessions pour 1980-1981 sont en voie de
préparation, ainsi qu'une série de rencontres thématiques
pour les agents d'information."
Alors, quand a-t-il débuté ce nouveau programme de la
DGRH? Est-ce qu'il y a eu véritablement des séances pour
établir un diagnostic? Quel est le diagnostic qui a été
formulé? Qui est président?
M. de Belleval: Si vous voulez, on pourra vous faire parvenir les
rapports sur le résultat de cette activité particulière de
la direction générale des ressources humaines, qui n'a rien
à voir avec les attachés de cabinet, avec des membres de cabinet.
Ce sont les directeurs de communication des ministères, des
fonctionnaires réguliers.
M. Bellemare: Oui, il y en a dans tous les cabinets de
ministre.
M. de Belleval: Mais non, ce sont les directeurs des
communications des ministères, ce sont des fonctionnaires non
politiques. Cela n'a rien à voir avec les attachés de presse ou
les directeurs de personnel qui s'occupent des communications dans les cabinets
de ministre. Ce programme s'applique aux fonctionnaires hors des cabinets de
ministre, le directeur général des communications du
ministère des Transports, par exemple.
M. Bellemare: Non, mais qui est directeur général
des services de communication qui ont été établis pour
faire des diagnostics? Qui est président de cela?
M. de Belleval: La direction générale des
ressources humaines du ministère de la Fonction publique tient
régulièrement des séances de perfectionnement pour
l'ensemble des fonctionnaires et elle signale dans son rapport qu'elle a fait
une expérience particulière de perfectionnement avec les
directeurs généraux des communications, les directeurs des
services de communication des différents ministères.
M. Bellemare: Le ministre...
M. de Belleval: Cela s'est fait dans les cadres normaux d'action
du ministère de la Fonction publique et de cette direction
générale du ministère de la Fonction publique.
M. Bellemare: Y a-t-il eu beaucoup de changements chez les
directeurs des communications dans les différents ministères
durant l'année 1978-1979?
M. de Belleval: Je pense qu'il faut placer votre question dans le
contexte des activités générales de perfectionnement. Les
activités de perfectionnement donnent des résultats et il y a
même l'évaluation de ces activités qui se fait
régulièrement.
M. Bellemare: Est-ce que le ministre peut nous donner les
rapports des diagnostics des besoins de perfectionnement qui ont
été réalisés...
M. de Belleval: On peut vous fournir des rapports.
M. Bellemare: ... et le nom de ceux qui sont actuellement en
charge, dans différents ministères...
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: Celui qui est en charge des autres chez vous.
M. de Belleval: Oui, c'est possible.
M. Bellemare: A la page 64, on parie de la langue de travail.
C'est le programme 1. Je pense qu'un total de 138 employés de la
fonction publique ont profité de ces cours de langue de travail en
1978-1979; 131 en anglais, 2 en portugais, 2 en espagnol, 1 en grec et 2 en
français seulement. L'entente fédérale-provinciale se
termine le 31 mars 1979 elle est terminée depuis le 1er avril
et elle permet au Québec de récupérer 50% des frais
encourus pour apprendre l'anglais et le français, $53 000 pour
1978-1979. Est-ce que cette entente avec le gouvernement fédéral
sera reconduite ou non?
M. de Belleval: Je ne saurais affirmer si ces ententes sont
reconduites ou pas, je n'ai pas de renseignements actuellement. Je ne vois pas
pourquoi ce ne serait pas reconduit, mais les négociations dans ce
domaine sont faites par le ministère des Affaires intergouvernementales.
Je peux me renseigner pour savoir ce qui en est.
M. Pagé: Pour quelle raison les gens apprennent-ils le
portugais et le grec? Cela peut être tout à fait justifié,
mais est-ce que c'est en raison du caractère de leurs fonctions?
M. de Belleval: C'est en raison du caractère de leurs
fonctions.
M. Pagé: Ils ont...
M. de Belleval: Ce sont des fonctionnaires qui ont à
entrer en communication avec des clientèles spécifiques...
M. Pagé: Les fonctionnaires de l'immigration?
M. de Belleval: Par exemple, les fonctionnaires de
l'immigration.
M. Bellemare: Dans des bureaux à travers le monde?
M. de Belleval: Cela peut être des bureaux à
l'étranger, ça peut aussi être des bureaux d'accueil ici au
Québec.
M. Bellemare: Compte tenu des demandes de participation en main,
534 jours/homme dans le plan annuel de vingt ministères, du fait, que de
nouvelles demandes seront exprimées pour répondre à des
besoins d'apprentissage du français pour des groupes ethniques de la
fonction publique, le ministre prévoit la nécessité de
reconduire ce programme en 1979 et en 1980. C'est vrai?
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: Quels sont les genres de cours que suivent ces gens
pour les besoins d'apprentissage du français?
M. de Belleval: Ce sont des cours de langue, en
général; je ne connais pas le curriculum de tous ces cours de
langue.
M. Bellemare: II reste un fait certain, c'est qu'enseigner le
français à des gars qui sont dans les cadres, je ne vois pas la
nécessité de dépenser beaucoup d'argent. Ces gens
doivent... surtout les cadres.
M. de Belleval: Vous vous rendez compte que c'est exactement la
situation. Il y a fort peu de cours pour ce type de clientèle. Il reste
que, pour faciliter l'intégration d'un anglophone dans la fonction
publique, je pense qu'on doit aussi avoir des cours à leur intention. On
se plaint justement qu'il n'y a pas assez d'anglophones dans la fonction
publique. C'est normal qu'on fasse un effort pour faciliter leur
intégration, en particulier en fournissant des cours de langue à
certains d'entre eux.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le
député de Johnson a terminé?
M. Bellemare: Oui, je reviendrai sur un autre sujet.
Négociations
M. Pagé: Hier, M. le ministre, vous avez fait
référence, très brièvement, à la
négociation avec le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec. Vous nous avez fait part de la possibilité d'un
règlement imminent, mais vous n'avez pas jugé opportun
d'élaborer davantage sur le sujet ce qui, selon moi, dans les
circonstances, se justifie. Concernant les négociations, par contre,
avec le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec,
j'aimerais que vous nous disiez comment ça va, jusqu'où
pourrait-on connaître la façon dont ça évolue
présentement. Est-ce que vous prévoyez en arriver à des
résultats aussi probants que ceux auxquels vous faisiez
référence hier? J'aurais une question, par la suite.
M. de Belleval: De toute évidence, les demandes du
Syndicat des professionnels sont très extensives, pour dire le moins, et
remettent en cause l'ensemble de la convention en cours et des processus de
gestion du personnel même qui s'appliquent aux professionnels ou les
conditions de travail, au sens très large, qui s'appliquent aux
professionnels. Alors, je suppose que si le syndicat veut vraiment aller au
fond de toutes ses demandes, il faudra prendre le temps qu'il faut pour
examiner cela. Plus les demandes sont extensives, des deux côtés,
d'ailleurs, dans une négociation, plus il faut prendre de temps pour les
étudier en profondeur.
Ceci étant dit, nous avons déjà eu quelques
rencontres avec le Syndicat des professionnels, nous en sommes au stage
préliminaire d'explication des demandes et des offres, de part et
d'autre, explications qui sont d'autant plus importantes que, justement, du
côté du Syndicat des professionnels, on remet en cause un certain
nombre de choses qui existaient auparavant. Cela demande donc une explication
plus complète de la part du syndicat, du pourquoi de ces demandes.
Je prévois qu'au fil des jours qui vont suivre, les
réunions se tiendront régulièrement. Nous sommes
déjà engagés dans la négociation.
M. Bellemare: Est-ce que c'est pour cela qu'il y a $1 100 000 de
plus pour le personnel d'encadrement en formation?
M. de Belleval: Non, ça n'a rien à voir avec
ça; C'est la formation du personnel d'encadrement dont il est question;
les professionnels ne sont pas cadres. Ils ont, bien sûr, des centres
réservés pour leur perfectionnement en général dans
la fonction publique...
M. Bellemare: Oui, mais ici, à l'élément
1...
M. de Belleval: ... y compris les professionnels, mais ça
n'a rien à voir avec le règlement de la convention collective et
des salaires des profes-
sionnels. Ce sont des activités de perfectionnement.
M. Bellemare: Dans le programme 1, à
l'élément 2, "personnel d'encadrement en formation": $2 710 500
contrairement à $1 600 000 en 1978/79; en 1979/80, il y a $1 115
000...
M. de Belleval: Oui, il y a eu une espèce de consolidation
des crédits qui étaient répartis ailleurs dans le
ministère pour l'ensemble des activités de perfectionnement des
cadres; il y a le programme de perfectionnement de longue durée,
Formacadre. Les fonctionnaires d'autres ministères participent à
ces activités de formation au sein de l'ENAP, par exemple, l'Ecole
nationale d'administration publique, et différents stages sont
regroupés maintenant sous cette rubrique. Alors, il semble y avoir une
augmentation importante, mais, en fait, c'est une augmentation minime, par
rapport aux crédits de l'an dernier, qui est allouée. D'ailleurs,
vous le voyez, l'ensemble du budget fait preuve d'austérité dans
tous les aspects de l'administration publique, y compris dans cet aspect.
M. Pagé: Toujours au sujet de la négociation avec
le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec. Abstraction
faite de la question des offres en termes d'augmentation pour la prochaine
année ou les autres années, abstraction faite aussi du
débat sur l'enrichissement national prévu ou prévisible
pour les prochaines années et de l'inflation prévue pour les
prochaines années, pouvez-vous affirmer, confirmer ou infirmer
l'information selon laquelle, suivant les offres que vous avez
présentées, compte tenu du nombre d'heures de travail la
semaine de 32 h 30 passera ou pourrait passer à 35 heures aucun
professionnel du gouvernement du Québec ne subira, compte tenu du nombre
d'heures de travail, de perte de revenu?
M. de Belleval: Je saisis mal votre question.
M. Pagé: Je vais vous donner un exemple; prenons le cas
d'un attaché d'administration classe 2, échelon 1, qui fait une
semaine de travail de 32 h 30. Il gagne $19 500 pour 1690 heures annuelles, ce
qui donne un taux horaire de $11.54. Selon vos offres, la nouvelle convention
impliquerait 35 heures de travail et le même attaché
d'administration, à la même classe et au même
échelon, gagnerait $20 183 pour 1820 heures. Cela veut dire que, selon
son ancienne convention, cet attaché d'administration recevait un taux
horaire de $11.54. Suivant les offres déposées, celui-ci
recevrait, si vos offres sont acceptées et la convention signée,
$11.09 l'heure seulement.
Comment pouvez-vous expliquer, abstraction faite de ce à quoi
j'ai fait référence au début, les prévisions de
l'inflation, ce que sera l'enrichissement national, ce que sera la
productivité ou l'augmentation de la productivité, vos offres
puissent contenir une perte de revenu réelle pour le travailleur qui est
membre du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec? Si on
scrutait toute la question de la négociation avec le Syndicat des
fonctionnaires, on retrouverait des cas analogues, vous savez, on pourrait en
trouver.
M. de Belleval: Je peux donner un certain nombre de
renseignements qui seront certainement d'intérêt pour les membres
de cette commission et pour la population en général. Les
fonctionnaires travaillent 35 heures par semaine, sauf les professionnels;
c'est le cas du secteur public proprement dit, comme du secteur parapublic,
bien que dans le secteur parapublic il y ait certains professionnels qui
travaillent déjà 35 heures. Les privilégiés du
système, dans ce domaine, sont donc les professionnels qui continuent de
ne travailler que 32 h 30 pour des salaires qui vont jusqu'à $35 000 ou
$36 000; 32 h 30, $36 000. La secrétaire du fonctionnaire professionnel
travaille 35 heures, mais lui travaille 32 h 30. Elle arrive avant lui le matin
et elle part après lui le soir, théoriquement. (11 heures)
M. Pagé: Je ne remets pas en cause la question du
trente-deux heures et demie, du trente-cinq heures...
M. de Belleval: Non, mais je donne un certain nombre de
paramètres qui permettront...
M. Pagé: Cela n'est pas du tout ce que je remets en cause,
mais...
M. de Belleval: Est-ce que je pourrais continuer?
M. Pagé: La seule question que je vous demande c'est:
est-ce que vous acceptez le postulat voulant que dans la négociation
avec le Syndicat des professionnels...
M. de Belleval: Est-ce que je peux continuer de répondre,
je veux détailler, je veux...
M. Pagé: Non, parce que vous allez bifurquer de ma
question. Je vous la réitère, très brièvement.
M. de Belleval: Vous allez voir que je vais me ramener à
votre...
M. Pagé: Est-ce que vous acceptez le postulat voulant que
le travailleur ne devrait pas subir de perte de revenu.
M. de Belleval: Je vais continuer mon explication et si vous ne
la trouvez pas satisfaisante, une fois que je l'aurai terminée, vous
pourrez toujours revenir, mais j'aimerais, M. le Président, pouvoir
donner des explications en toute quiétude, et à fort peu de pieds
d'altitude.
M. Bellemare: Voyons, voyons, on n'est pas devant le tribunal
ici.
M. de Belleval: Alors voici. Il faut apprécier la question
du député de Portneuf, dans un certain contexte. Si on n'a pas ce
contexte, on ne
comprend pas les résultats auxquels on peut en arriver. Donc, les
professionnels qui peuvent gagner jusqu'à $35 000 ou $36 000, par
année, selon les offres qui sont sur la table je ne me souviens
pas du chiffre exact, mais c'est autour de cela, à quelques centaines de
dollars près travaillent trente-deux heures et demie, alors que
leur secrétaire comme je l'ai dit tout à l'heure
travaille trente-cinq heures.
Deuxièmement, ces professionnels peuvent, effectivement,
travailler trente-cinq heures sans rémunération additionnelle, en
vertu des règles existantes.
M. Bellemare: Dans bien des cas, cela arrive.
M. de Belleval: C'est la convention collective actuelle qui est
en vigueur. Les deux premières heures et demie... en fait ils peuvent
travailler jusqu'à trente-sept heures et demie sans
rémunération additionnelle, puisqu'on peut requérir d'eux
une heure de travail supplémentaire par jour, sans
rémunération additionnelle.
M. Pagé: Vous n'avez pas d'étude... est-ce que vous
en avez des études sur le...
M. de Belleval: Mais comme il s'agit de professionnels
justement...
M. Pagé: ... pourcentage de cas où cela a
été utilisé?
M. de Belleval: Comme il s'agit de professionnels...
M. Pagé: J'imagine que lorsque vous êtes
arrivé à la table des négociations, vous aviez ces
données.
M. de Belleval: Ils ont aussi un régime particulier de
contrôle des présences qui donne beaucoup de latitude à
l'emploi du temps du professionnel, de sorte qu'on ne fait pas du
côté des professionnels un contrôle aussi strict. On
se fie justement à leur condition professionnelle, à leur
éthique professionnelle de ce côté. C'est ce qui explique,
d'ailleurs, qu'on peut exiger d'eux comme de tout bon professionnel
une certaine prestation de travail, sans être
rémunérés spécifiquement pour cette prestation
supplémentaire.
M. Pagé: Alors, si je comprends bien, vous exprimez ce
matin...
M. de Belleval: Et, finalement, M. le Président je
terminerai là-dessus en vertu des études que nous avons
faites sur le marché privé, pour des emplois comparables, les
professionnels du gouvernement, de la fonction publique, gagnent, en moyenne,
25% de plus que leurs confrères du secteur privé, pour des
emplois comparables, incluant bien sûr ce qu'on appelle les avantages
sociaux, comme les fonds de pension, etc.. Alors je pense que les
professionnels sont traités de façon fort avantageuse dans la
fonction publique.
M. Pagé: Est-ce que vous avez terminé?
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Oui?
M. de Belleval: Pour l'instant.
M. Pagé: Pour l'instant. Je vais réitérer
une dernière question, M. le Président, je suis convaincu que mes
collègues ont d'autres questions. Alors, vous ne pouvez, ce matin,
garantir aux travailleurs membres du Syndicat des professionnels du
gouvernement du Québec que ceux-ci n'auront pas à subir de perte
de revenu?
M. de Belleval: Cela, M. le Président, cela va
dépendre des résultats de la négociation.
M. Pagé: Ah!
M. de Belleval: II y a une négociation qui est en cours,
et Dieu sait comment cela peut se terminer. Cela va dépendre de l'accord
des deux parties à ce sujet.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: M. le Président, ma question va commencer un
peu bêtement, mais elle va se ramollir d'après la réponse
du ministre. Combien y a-t-il de personnes à haut salaire sur les
tablettes, présentement? On en a compté, nous, pratiquement 100,
98 actuellement qui sont sur vos tablettes et qui ont des salaires qui
dépassent $25 000 en montant ou qui sont attachés au conseil
exécutif pour information ou bien...
M. Pagé: Des choses vagues.
M. Bellemare: Des sommités. Pardon?
M. Chevrette: Dans le temps, c'était pour appeler
Bourassa.
M. Bellemare: Qui ça, Bourassa? C'est M. Bourassa.
M. Chevrette: Excusez-moi! M. Bellemare: S'il vous
plaît!
M. Pagé: D'ailleurs, c'est lui qui vous a mis sur la
carte, vous devriez le respecter.
M. Chevrette: II l'a assez regretté. Gestion des
cadres
M. Bellemare: M. le Président, le ministre ne pourra
peut-être pas répondre à la première
question parce qu'elle est pas mal politique. On a dégommé
dans plusieurs ministères plusieurs personnes qu'on a mises sur les
tablettes. Si on compte 100 personnes en moyenne à $30 000, ça
commence à être un montant joliment considérable pour la
province, pour des gens qui sont parfaitement qualifiés, mais dont on
n'a pas aimé le visage ou les idées qu'ils avaient avant
l'arrivée du ministre. Le ministre va me répondre, c'est
sûr et certain: Vous avez fait ça vous autres. Le Parti
libéral a fait ça, l'Union Nationale dans le temps... Dans le
temps qu'on était là, M. le Président, on n'avait pas le
système extraordinairement développé qu'on a aujourd'hui.
On a retrouvé dans les cendres quelques employés qui avaient
été détrônés par le Parti libéral, on
les a récupérés. A l'arrivée du Parti
libéral, en 1970, on les a encore décapités.
Une Voix: Ah oui?
M. Bellemare: Oui. Je pourrais vous en nommer plusieurs, un en
particulier que vous connaissez bien, qui demeure à Sillery. Il est
actuellement au Conseil exécutif, il ne se présente jamais, pas
même au conseil...
M. Pagé: Alors, cela a été maintenu.
M. Bellemare: Cela a été envoyé là.
Est-ce 100, 98 ou 200? Le ministre peut nous le dire parce qu'on a des chiffres
approximatifs, recueillis d'après le relevé qu'on a fait des
différents officiers, des cadres de tous les ministères. On
arrive à un total de 98. Je trouve ça d'abord extraordinairement
contraire à la grande propagande qu'a faite le gouvernement dans son
programme. Il n'y aura aucune discrimination et aucun poste ne sera
créé s'il est déjà occupé par une
compétence. C'est dans votre programme, votre bible que vous respectez
pas mal moins maintenant parce que vos pouvoirs, vous savez... Ce qui est
écrit, mon cher...
M. Pagé: Vous avez déchiré la page.
M. Bellemare: On lit entre les lignes quand on est au pouvoir. On
en supprime quelques passages.
Deuxièmement, si le ministre veut me répondre sur cela,
très bien, mais je voudrais revenir sur le programme de renouvellement
des carrières. Je suis surpris de voir que de $3 024 800 qu'il y avait
en 1978/79, il n'est aujourd'hui que de $2 757 000. Quand je vois: "information
de gestion et soutien au personnel professionnel"... Bonjour, M. le leader.
M. Charron: Bonjour.
M. Bellemare: Avez-vous changé de bord?
M. Charron: Non, je vous écoute.
M. Bellemare: Ce serait une acquisition pour nous autres. Cela
continuerait votre enjambée d'avant les élections quand vous avez
eu des difficultés avec votre chef.
M. Jolivet: II n'est pas sur les tablettes.
M. Bellemare: II est venu près. Il a eu la chance de
gagner.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! M. le ministre veut
répondre à la question.
M. Bellemare: Non, je veux être poli pour notre
invité d'honneur.
Le Président (M. Blank): Tout est consigné au
journal des Débats.
M. Bellemare: M. le Président, l'élément
"information de gestion et soutien professionnel" a diminué de $300 000
à peu près. Je ne comprends pas pourquoi...
M. de Belleval: Donnez-nous donc la référence
exacte.
M. Bellemare: A la page 65. A partir de 1978/79, il y a eu 25...
Le ministère a acquis pour la première fois un bassin de quinze
postes...
M. de Belleval: Le chiffre que vous citez, où est-il?
M. Bellemare: A l'élément no 5, "information de
gestion et soutien professionnel".
M. de Belleval: Où ça?
M. Bellemare: Dans le programme 1.
M. de Belleval: Quelle page de votre document?
M. Bellemare: A la page 13-5. Y a-t-il autre chose?
M. de Belleval: Je vais voir.
M. Bellemare: Ah! vous allez voir.
M. de Belleval: S'il le faut, j'y reviendrai.
M. Bellemare: Alors, écoutez bien ça. A partir de
1978-1979, la DGRS a mis sur pied un seul processus de sélection pour
les programmes de longue durée, notamment celui de la maîtrise en
administration publique de l'ENAP et Formacadre visant la formation de la
relève des cadres supérieurs. Aussi pour mieux gérer la
formation de la relève, le ministère a-t-il acquis pour la
première fois un bassin de quinze postes, auxquels seront
affectés les fonctionnaires péquistes sélectionnés
pour le programme de la maîtrise.
M. de Belleval: ...
M. Bellemare: C'est entre guillemets... Il y aura plus de 55
postes pour la formation Formacadre, dont 10 sont à combler par le PQ.
Alors, M. le Président, je dis, avec ce qui est écrit dans votre
page...
M. de Belleval: ...
M. Bellemare: Comment cela, donc?
M. de Belleval: Vous dites que ce sont des adversaires politiques
qu'on reclasse et là, vous dites que les postes qui servent au
reclassement sont pour des fonctionnaires péquistes.
M. Bellemare: Cela ne pourrait pas être autre chose. Voyons
donc, M. le ministre.
M. Pagé: Les péquistes sont reclassés par
préférence possiblement. Ce n'est pas cela?
M. Bellemare: Une chose certaine c'est que ma question à
ce qu'il y a, premièrement, beaucoup d'employés qui sont sur les
tablettes présentement, le nombre, si possible. Il manquerait les noms.
Vous fournirez la liste...
M. de Belleval: D'accord. Là, encore, la loi 50
amène une innovation importante...
M. Bellemare: Oui, c'est...
M. de Belleval: ... à deux points de vue.
M. Bellemare: Oui, au sujet des anciens fonctionnaires.
M. de Belleval: Au sujet, d'abord, de la possibilité de
rétrograder un fonctionnaire cadre. L'ancienne loi ne permettait pas la
rétrogradation pour un fonctionnaire cadre, à moins qu'il n'y
consente par écrit. Vous admettrez que cela suppose un processus
difficile. En vertu de la nouvelle loi, la loi 50, désormais, il sera
possible aux gestionnaires de rétrograder un fonctionnaire cadre qui est
devenu incompétent pour différentes raisons.
Cela introduit, donc, dans le système de gestion des cadres, un
élément neuf et il va falloir que les gestionnaires prennent
leurs responsabilités de ce point de vue.
Deuxièmement, nous avons pris des dispositions pour faire en
sorte qu'au niveau des cadres, les gens qui ont des difficultés de
carrière, soient réorientés dans d'autres secteurs
d'activités, à d'autres niveaux.
Il est évident que toute grande organisation secrète
normalement a un certain nombre, un pourcentage d'effectifs de haut niveau, qui
possèdent des difficultés ou qui éprouvent des
difficultés dans son cheminement de carrière. On ne retrouve pas
cela que dans les entreprises gouvernementales ou dans la fonction publique. On
retrouve cela aussi dans l'entreprise privée. Ce n'est pas un
phénomène propre à la fonction publique du Québec.
Mais au lieu de se contenter de le déplorer tout simplement, on a pris
des dispositions pour régler le problème. J'ai mentionné,
d'abord, l'amendement à la loi, la nouvelle disposition de la loi 50,
qui permet de rétrograder, et aussi, la création de ce centre
spécifique au ministère de la Fonction publique qui accueille des
fonctionnaires qui ont des difficultés de carrière, qui
procèdent à des entrevues, des consultations et qui trouvent
d'autres champs d'activités productifs pour les personnes en cause. Avec
les dispositions de la nouvelle loi, je pense qu'aussi, on aura davantage de
facilités pour utiliser cet instrument de façon plus efficace,
parce que, désormais, c'est le ministre de la Fonction publique qui est
responsable du système de gestion des cadres et cela fera partie
intégralement de notre système de gestion des cadres, non
seulement de régler les problèmes, une fois qu'ils arrivent, mais
de les prévenir. En particulier, j'ai mentionné, de ce point de
vue, que nous allons mettre sur pied un système de carrières, un
véritable système de carrières pour les cadres avec des
programmes d'évaluation périodiques. En particulier, nous
introduisons aussi la notion de stage probatoire pour les nouveaux cadres et
les écoles de formation pour les cadres, avec, comme je l'ai
expliqué hier, une basée sur une meilleure définition de
ce que c'est qu'un cadre. Quelle est la différence entre un
gestionnaire, par exemple, et un concepteur de haut niveau? Quelles sont les
habiletés qu'on doit exiger de ces gens? Un programme de mobilité
horizontal des cadres, pas simplement vertical. Toute une série de
mesures, donc, préventives qui vont faire en sorte que les
problèmes naturels dont on parle vont se résorber avant qu'ils ne
se produisent, d'une façon trop grave pour un individu ou l'autre. Le
centre de...
M. Bellemare: J'ai une question. Est-ce qu'il y a un droit
d'appel après la rétrogradation?
M. de Belleval: Un fonctionnaire qui s'estime lésé
dans un processus de rétrogradation, peut faire appel, bien sûr.
On a vu, d'ailleurs, vous avez les règlements qui permettent de faire
appel à la...
M. Bellemare: On a pris cette décision à la
commission, dans les 30 jours de l'expédition écrit...
M. de Belleval: ... commission de la fonction publique, c'est
cela. Donc, le fonctionnaire est protégé aussi, pour que cet
outil qui est un outil de gestion efficace ne soit pas
utilisé au détriment des fonctionnaires eux-mêmes.
M. Bellemare: Je pose une question. Combien y en a-t-il? (11 h
15)
M. de Belleval: Combien y en a-t-il? Dans le cours d'existence du
centre, nous avons traité une centaine de cas et nous avons
réussi à replacer ailleurs, dans la Fonction publique, ou
même
parfois dans le secteur privé ou dans le secteur parapublic,
entre 70% et 80% des individus en cause. Comme le système semble
fonctionner assez bien, d'autres fonctionnaires, d'eux-mêmes, viennent
s'inscrire au programme, pour bénéficier des services et
retrouver de nouveaux emplois ailleurs dans la Fonction publique, ou à
l'extérieur même de la Fonction publique.
On n'a pas de chiffres exacts là-dessus, mais je pense qu'il
n'est pas déraisonnable de penser que régulièrement, on
aura peut-être une dizaine ou une vingtaine de cadres qui devront
être réaffectés annuellement, compte tenu du nombre de
cadres que nous avons, qui dépasse les 2000, ce qui est un roulement
normal du personnel, qui peuvent éprouver des difficultés de
carrière dans ce domaine.
Comme il ne s'était rien fait dans le passé à ce
sujet, et compte tenu des nouvelles possibilités que la Loi de la
fonction publique nous donne maintenant, il est évident qu'on a une
espèce d'accumulation de cas des années
précédentes. Je pense que dans un an ou deux, nous aurons
traité les cas qui s'étaient accumulés, et après
cela, le centre gardera son rythme de croisière pour les quelques cas
qui peuvent se présenter régulièrement, annuellement.
M. Bellemare: C'est certainement dans la note qui veut que ce
soit clair, surtout que cette trainerie qu'on a depuis des années de
fonctionnaires sur les tablettes, cela disparaisse et dans la mentalité
de la population et dans la mentalité du ministre...
M. de Belleval: Et du fonctionnaire.
M. Bellemare: ... et du fonctionnaire, particulièrement.
C'est pour cette raison que, je pense, le ministre devra prendre par les cornes
ce taureau qui traîne depuis des années, comme il dit, et nous
dire...
M. de Belleval: C'est ce que je fais.
M. Bellemare: Non, mais nous donner les noms...
M. de Belleval: C'est ce que je vous explique. M. Pagé:
Le nombre de cas.
M. Bellemare:... le nombre de cas et les noms de ceux qui sont
rétrogrades ou...
M. de Belleval: Vous voudriez que sur la place publique, je
donne...
M. Bellemare: On les a quand même, parce qu'on les a
fouillés. On n'est pas sûrs...
M. de Belleval: J'attends vos noms, si c'est cela la façon
de procéder, on va jeter des noms en pâture à la
population.
M. Bellemare: Non, le ministre est plus fin que cela, il est plus
gentil que cela.
M. de Belleval: Le député de Johnson aussi est plus
fin que cela. Il ne devrait pas me poser la question comme il l'a
posée.
M. Bellemare: Je vous la pose parce que j'ai eu assez de
difficultés à trouver les 98 que j'ai trouvés. Le ministre
pourrait nous dire que s'il veut que ce soit un document confidentiel, on va le
garder confidentiel. Il se fait quelque chose vis-à-vis du fonctionnaire
pour que cela arrête dans l'opinion publique, il y a des fonctionnaires
sur les tablettes à $35 000 par année et le gouvernement ne fait
rien pour s'en départir.
M. de Belleval: Les fonctionnaires qui s'inscrivent au centre de
réorientation des carrières ou de renouvellement des
carrières ou au programme en question, le font en toute confiance. Il y
a des gens parmi eux qui ont toutes sortes de problèmes. Il y en a qui
ont des problèmes personnels, des problèmes de caractère,
des problèmes psychologiques, parfois des problèmes de
compétence, des problèmes de santé aussi; il y en a
parfois qui ont des problèmes d'invalidité. Un haut
fonctionnaire, par exemple, qui fait une crise cardiaque grave... Il y a toutes
sortes de problèmes de ce genre.
M. Bellemare: II y en a de politiques aussi.
M. de Belleval: Quant à ce que vous appelez des
problèmes politiques, à mon avis, il y en a fort peu, c'est
l'infime partie des fonctionnaires en question. Par conséquent, quoi
qu'il en soit, compte tenu de ce que je viens de dire, ces fonctionnaires
viennent pour de multiples raisons. Qu'ils viennent en toute confiance, je
pense que ce serait profondément injuste, ce serait improductif, cela
éteindrait, à toutes fins utiles, l'utilité de ce centre,
si je déposais ici, ce matin, la liste des fonctionnaires qui ont
participé à ce programme de renouvellement des carrières.
Je pense que les fonctionnaires...
M. Bellemare: Je suis prêt à comparer la mienne
à celle du ministre...
M. de Belleval: ... ont le droit à l'anonymat.
M. Bellemare: Ce matin, le ministre saisit l'occasion pour dire
aux fonctionnaires que les tablettes vont disparaître. C'est ce que je
veux que le ministre dise...
M. de Belleval: Oui, elles vont disparaître. M.
Bellemare: ... qu'elles vont disparaître.
M. de Belleval: C'est en voie de disparaître, mais cela
étant dit j'ai pris des dispositions justement pour que le
problème se résorbe il
faut admettre que c'est un phénomène récurrent,
mais il s'agit de prendre des moyens permanents pour le régler et ne pas
laisser accumuler des strates continues comme on a fait dans le passé.
C'est ce qu'on est en train de faire. Maintenant, si le député a
des cas particuliers à soumettre, il pourra toujours les soumettre. Cela
me fera plaisir de répondre.
M. Bellemare: Je ne refuse pas de vous dire d'où viennent
mes sources. Vous, vous ne me les donnez pas.
M. de Belleval: II y a un certain nombre de renseignements que
j'aimerais donner en complément de réponse sur la mobilité
de ce qu'on appelle les très hauts fonctionnaires, les sous-ministres et
les sous-ministres adjoints, depuis le 15 novembre 1976.
Au 1er novembre 1976, on avait 103 hauts fonctionnaires de ce type,
c'est-à-dire sous-ministres, sous-ministres adjoints, sous-ministres
associés, secrétaires généraux au Conseil
exécutif, etc. Nous en avons maintenant 113.
M. Bellemare: 100?
M. de Belleval: 113. De 103 à 113, sur une période
du 1er novembre 1976 au 1er avril 1979.
M. Bellemare: Ce ne sont pas tous les mêmes.
M. de Belleval: On va y aller. On va vous donner les...
M. Bellemare: Ah! J'ai peur que vous ne le disiez pas.
M. de Belleval: Ce n'est pas une augmentation
considérable, compte tenu du fait qu'il y a eu, entre autres, la
création des ministres d'Etat.
Deuxièmement, sur ces 103 très hauts fonctionnaires,
sous-ministres, sous-ministres adjoints, 57 sont toujours en fonction,
c'est-à-dire environ 55% sont toujours en fonction.
M. Bellemare: Pour les autres, on va procéder par
concours.
M. de Belleval: Certains ont été... Pardon?
M. Bellemare: Tous les autres sont passés par la Fonction
publique, il y a eu des concours.
M. de Belleval: Si on regarde maintenant les nouvelles
nominations...
M. Bellemare: Réponse: Non.
M. de Belleval: ... sur les 56 nouveaux qui sont venus...
M. Pagé: Les 46 anciens sont partis.
M. de Belleval: Oui. Les 46 anciens sont partis. Par exemple, il
y en a neuf qui ont pris leur retraite. Il y en a treize qui ont quitté,
mais pour demeurer dans le secteur public québécois, le secteur
parapublic, sociétés d'Etat. Il y en a onze qui ont quitté
pour l'entreprise privée. Il y en a treize qui ont quitté pour
d'autres destinations, par exemple, pour siéger comme juges ou pour
devenir hauts fonctionnaires au gouvernement fédéral. Cela a
été le cas de quelques-uns d'entre eux. Comme vous voyez, il n'y
a pas de résidu de ce côté.
Quand on regarde maintenant les nouveaux, c'est ça qui est
intéressant. 34 viennent de l'intérieur de la Fonction publique,
au sens strict, et il y en a 22 seulement qui viennent de l'extérieur
et, là-dessus, il y en a un bon nombre qui viennent du secteur
parapublic comme, par exemple, le sous-ministre des Affaires sociales qui
était directeur général d'un centre hospitalier. J'ai ici
la liste de toutes les personnes en question. On va se rendre compte, en
étudiant cette liste, en prenant les noms un par un, si vous voulez,
qu'il y a d'abord le soi-disant chambardement qui, paraît-il, a eu lieu,
la politisation de la haute fonction publique. Quand on voit que 34 des
nouvelles nominations viennent de l'intérieur, et c'est un peu plus que
ça, puisque, de ceux qui viennent de l'extérieur, un bon nombre
vient du secteur public tout simplement...
M. Pagé: Mais ça, c'est seulement pour les
sous-ministres. Cela n'inclut pas...
M. de Belleval: Les sous-ministres et sous-ministres adjoints.
Tous les autres sont recrutés par la Commission de la fonction publique
en vertu de concours publics. Il s'agit de nominations discrétionnaires
qu'on retrouve dans tous les gouvernements. Il est normal que la très
haute strate soit recrutée directement par le palier politique, par le
gouvernement. C'est ce qu'on retrouve aux Etats-Unis sur une échelle
beaucoup plus grande. C'est ce qu'on retrouve aussi au gouvernement
fédéral sur une échelle beaucoup plus grande. On le voit,
d'ailleurs, à l'occasion des élections fédérales.
C'est par pochetées que ça rentre dans les commissions,
Commission des grains de provende, la Commission des Transports, etc. On va
même recruter des députés créditistes pour s'en
débarrasser pour essayer de gagner des élections au niveau
fédéral.
M. Pagé: Bien, voyons-donc! Ce n'est pas parce qu'ils sont
Créditistes qu'ils sont incompétents, vous savez, voyons
donc!
M. de Belleval: Non, je n'ai pas dit ça. Au
contraire...
M. Bellemare: Ce n'est pas parce qu'ils viennent de la Beauce
qu'ils ne sont pas sympathiques, non plus.
M. Pagé: Est-ce que votre relevé...
M. de Belleval: On n'a pas ces phénomènes au sein
de la Fonction publique québécoise.
M. Pagé: Avez-vous étendu votre relevé des
directeurs généraux de services à des organismes, par
exemple, comme la Société d'habitation du Québec, les
commissaires et tout ça?
M. de Belleval: Cela comprend les sous-ministres, les
sous-ministres adjoints et associés et les secrétaires
généraux.
M. Pagé: Cela n'inclut pas les commissaires dans les
différentes commissions, sociétés ou autres.
M. de Belleval: Cela ne comprend pas les dirigeants
d'organismes.
M. Bellemare: Est-ce que c'est un document privé?
M. de Belleval: Non, ça nous fait plaisir de vous en
donner des copies.
M. Bellemare: Je serais content de comparer, moi.
M. de Belleval: Bon!
M. Bellemare: En partie. Je l'ai dit que vous étiez
charmant, ce matin.
M. Pagé: Vous êtes charmé, vous? Pas moi!
M. Bellemare: Ecoutez! J'ai le droit de le dire.
M. de Belleval: Dans ces cas, on pourrait donner tous les noms
d'ailleurs, on voit que... Je vais vous donner seulement un exemple. Prenons un
cas qui est quand même assez intéressant. Prenons le cas du
sous-ministre des Travaux publics. S'il y a un poste, dans le passé, qui
était soi-disant politisé, un ministère qui était
soi-disant politisé, c'était bien le ministère des Travaux
publics. Vous vous souvenez, de ce côté-là, on en a
discuté pas mal aux engagements financiers, de la nouvelle
procédure d'abord qu'on a mise sur pied au sein du ministère de
la Fonction publique pour l'engagement d'un tas de personnes qui, autrefois,
étaient engagées par patronage, on pense aux
ingénieurs-conseils, etc.
On a d'abord réglé ce problème et qui a-t-on mis
comme sous-ministre aux Travaux publics? M. Bernard Ranger.
M. Bellemare: En le nommant.
M. de Belleval: Un haut fonctionnaire de carrière...
M. Bellemare: Vous ne l'avez pas mis, vous l'avez
nommé.
M. de Belleval: ... qui a été sous-ministre adjoint
dans plusieurs ministères, qui a tout le temps fait carrière dans
la Fonction publique et qui est maintenant sous-ministre des Travaux publics
alors qu'autrefois, on savait très bien de quelle façon, par
exemple, le sous-ministre des Transports, parfois, était recruté
ou le sous-ministre des Travaux publics. Si on regarde tout cela, c'est
à l'avenant.
M. Bellemare: Parlez-nous donc de M. Rouleau, votre ancien
patron.
M. de Belleval: M. Rouleau était bien identifié
politiquement, ce qui n'en faisait pas un personnage incompétent, loin
de là.
M. Bellemare: Pas pour vous, toujours.
M. de Belleval: Non, mais ce n'était pas un fonctionnaire
de carrière.
M. Bellemare: Quand vous parlez de 34 qui ont été
pris dans la boîte, c'est sûr et certain qu'ils pouvaient
être dans la boîte, mais très sympathiques au PQ.
M. de Belleval: Je vous laisse juger cela, vous les connaissez;
vous dites que vous avez la liste, etc. Vous êtes en mesure de porter des
accusations, si vous en avez.
M. Bellemare: J'en ai et je suis content que le ministre me donne
la sienne sur les sous-ministres. Il reste une chose certaine, c'est que, dans
ces hauts gradés, il y a sûrement d'anciens amis de l'honorable
ministre de la Fonction publique ou du parti qu'il représene si
vaillamment en Chambre.
M. de Belleval: Et là-dessus, je pense que...
M. Bellemare: C'est sûr et certain qu'on ne peut pas
l'empêcher d'être tenté lui aussi. La pomme, c'est fait pour
tout le monde. Il a dû certainement succomber avec un morceau.
M. Pagé: Ce n'est peut-être pas démontrable
mais c'est vérifiable.
M. Bellemare: Mais mon intervention de ce matin, M. le
Président...
M. de Belleval: Est-ce que je pourrais terminer
là-dessus?
M. Bellemare: Je terminerai d'abord et vous ensuite.
M. de Belleval: D'accord.
M. Bellemare: Mon intervention, ce matin, pour le public en
général, pour le fonctionnaire, pour le gouvernement, pour tout
le monde, est que les tablettes, c'est fini. Le ministre nous a dit qu'il n'y
aurait plus de tablettes et que, s'il y en a
eu, on a pris les moyens pour régler le cas et que cela
disparaisse pour que des salaires de $30 000 et $35 000 ne soient pas
payés à d'anciens directeurs généraux dans la
fonction qu'ils occupaient, qui ont été dégommés et
envoyés au Conseil des ministres comme experts, imaginez-vous donc.
M. Pagé: Comme conseillers spéciaux.
M. Bellemare: Oui, il y en a une liste très longue. Alors,
ce matin, que le ministre nous dise que cela est fini. Dans l'opinion publique,
on a besoin de cette déclaration, il faut dire que des millions qui sont
payés actuellement ont été remplacés par une
sélection nouvelle. C'est cela, j'ai fini, vous pouvez me
répondre.
M. Pagé: Pour ajouter... M. Bellemare: Ah, bon!
M. Pagé:... vous n'avez pas voulu répondre à
la question du député de Johnson sur le nombre de fonctionnaires
tablettés.
M. Bellemare: II dit qu'il y en avait eu 103.
M. de Belleval: J'ai...
M. Pagé: 103 sous-ministres.
M. Bellemare: II y en a 56.
M. Pagé: M. Mérineau affirme qu'il y en a 200 dans
un article de février; combien y en a-t-il exactement?
M. de Belleval: J'ai répondu là-dessus que... M.
Pagé: Vous ne savez pas.
M. de Belleval: II n'est pas possible de faire... On peut lancer
toutes sortes de chiffres en l'air, mais, comme je...
M. Bellemare: Ce n'est pas en l'air, écoutez, un
instant!
M. de Belleval: Ecoutez, soyons sérieux et revenons
à...
M. Bellemare: Soyons sérieux, commencez par vous.
M. de Belleval: Laissons faire le sensationnalisme de la question
et revenons à des problèmes réels et concrets. Je pense
que les déclarations que je viens de faire font pas mal le tour de la
question à ce sujet. Mais, pour terminer sur les remarques du
député de Johnson qui veut me faire faire toutes sortes de
déclarations de ce temps-ci, hier, c'était en Chambre, il a fallu
que...
M. Bellemare: Oui, mais mon information de ce matin est encore
meilleure.
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: Oui, on verra cela.
M. de Belleval: Allez-vous me poser une question en Chambre cet
après-midi?
M. Bellemare: C'est ma stratégie, cela.
M. de Belleval: Je pense que, pour résumer, M. le
Président, la question est sérieuse; l'important est de prendre
des dispositions pour s'attaquer à ce problème, des dispositions
qui sont, comme je l'ai dit tantôt, de nature préventive, avec un
bon système de gestion des cadres, un bon système de formation,
un bon système de probation, un système de mobilité
régulière et d'évaluation régulière, c'est
l'aspect préventif, et un aspect curatif, c'est-à-dire ce qui se
fait au programme de renouvellement de carrière du ministère de
la Fonction publique, où des gens qui sont en difficulté viennent
nous voir. (11 h 30)
Je peux assurer le député de Johnson là-dessus
qu'évidemment il va continuer à y avoir des hauts fonctionnaires
qui vont avoir des difficultés de carrière, mais justement au
lieu de les mettre dans des sinécures le ministère va prendre des
dispositions pour leur trouver d'autres champs d'activités.
M. Bellemare: M. le Président, dans un autre domaine,
l'égalité des chances pour les femmes aux pages 67 et 68, le
correctif à apporter: Les femmes à la fonction publique. Je lis
ceci: L'objectif est de forcer le gouvernement à donner suite aux
recommandations du Conseil du statut de la femme dans le rapport:
Egalité et indépendance. Je lis ceci: Les correctifs
apportés en voie de réalisation sont les suivants: a) La
publicité indiquant que les emplois de tous les niveaux sont ouverts aux
femmes, b) La présence des femmes compétentes dans les
équipes de recrutement en milieu universitaire; une révision
approfondie du plan de classification des employés de secrétariat
permettant à ces derniers des salaires et des possibilités
d'avancement comparables au corps d'emploi dans la catégorie des
fonctionnaires; la disponibilité des renseignements sur la nature des
postes de la fonction publique; recueil de données sur les finissants de
l'Université du Québec par discipline et par niveau;
présence d'une femme dans les jurys de concours de promotion, de
recrutement; la création au ministère de la Justice d'une banque
de femmes pouvant devenir candidates aux emplois et un service de consultation
et d'orientation de la carrière. Est-ce que c'est en voie de
réalisation tout ce long...
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: C'est en voie de réalisation.
M. de Belleval: Oui, il y en a qui sont réalisés.
Il y a des choses qui sont réalisées.
M. Bellemare: Est-ce qu'on peut avoir des copies de ce qui a
été complété jusqu'à maintenant selon les
résultats que cela a donné, bons ou mauvais, dans les
différentes choses que j'ai mentionnées? Est-ce qu'on pourrait
avoir une certaine appréciation, parce que dans le livre il est dit
qu'on a même entrepris des démarches en vue d'établir des
garderies sur les lieux de travail à Québec et à
Montréal, une étude sur les possibilités d'implantation
d'un demi-horaire de travail dans certaines unités administratives.
Où en sommes-nous à l'heure actuelle sur la question des
garderies et sur le lieu du travail pour les femmes dans cette programmation
qui est faite dans votre livre que vous nous avez remis sur l'examen des
crédits budgétaires.
M. de Belleval: Comme meilleure preuve des résultats qui
sont en train de se produire dans certains domaines, je pense que je pourrais
donner au député de Johnson un certain nombre de courtes
statistiques qui illustrent bien de quoi il s'agit. Prenons, par exemple, les
emplois comme technicien en administration qui est un poste de fonctionnaire
d'un bon niveau. En 1973, 21% de ces emplois étaient occupés par
des femmes; en 1978, 44% sont occupés par des femmes. Parmi les agents
vérificateurs, un poste aussi intéressant au niveau des
fonctionnaires, 8% en 1973 étaient des postes occupés par des
femmes, 28% en 1978. Si on prend technicien en informatique, une autre
série de postes aussi de haut niveau, sur le plan des techniciens, qui
étaient occupés par 20% des femmes seulement en 1973 sont
maintenant occupés par des femmes dans une proportion de 34%. Je
pourrais donner d'autres statistiques, mais pour démontrer que dans
beaucoup de domaines...
M. Bellemare: Est-ce que c'est un document qu'on pourrait
obtenir?
M. de Belleval: Oui, on pourrait vous donner copie de cela. Pour
vous donner des preuves que dans...
M. Bellemare: II reste une chose certaine, c'est que les CEGEP
aujourd'hui ont établi un certain critère de formation dans bien
des professions nouvelles. C'est ce qui produit aujourd'hui probablement un
résultat que nous donne le ministre présentement.
M. de Belleval: II y a le fait aussi que lentement les femmes
maintenant s'intéressent à des postes qui, peut-être,
traditionnellement, étaient perçus comme des postes masculins,
à tort, mais qui maintenant, par de bons programmes d'information aussi
et par une espèce d'entraînement et aussi à cause du
système d'éducation, bien sûr, l'évolution de notre
système d'éducation, on se rend compte que les femmes entrent
dans tous les secteurs de la fonction publique et je suppose que d'ici quelques
années, elles vont occuper le pourcentage qui leur revient normalement
dans les différentes fonctions.
M. Bellemare: Est-ce que dans les postes supérieurs vous
avez une certaine gradation aussi?
M. de Belleval: II reste des problèmes qui, à mon
avis, sont encore très aigus du côté des postes de cadres
et aussi dans plusieurs domaines, des postes professionnels. Par contre, dans
certaines professions, les avocats ou notaires, par exemple, les
médecins, les femmes prennent une proportion de plus en plus grande des
postes. Mais il y a encore trop de domaines où il n'y a pas assez de
femmes qui sont représentées.
Maintenant, pour améliorer des processus de sélection qui
pourraient être antiféministes involontairement, d'une certaine
façon, on a pris un certain nombre de mesures, c'est la Commission de la
fonction publique qui a pris ces mesures, dans le passé, en particulier
pour faire en sorte que les jurys soient formés adéquatement pour
tenir compte de cette dimension dans le processus de sélection. On s'est
assuré qu'il y ait des femmes, autant que possible, sur les jurys de
sélection...
M. Bellemare: Oui, c'est correct, je l'ai admis.
M. de Belleval:... pour procédera la sélection de
nouveaux concurrents.
M. Bellemare: Dans les cadres supérieurs, comme les
sous-ministres, les sous-ministres adjoints, il n'y en a pas un chez vous.
M. de Belleval: II y en a quelques-uns, mais il n'y en a pas
beaucoup, je suis d'accord avec vous, il n'y en a pas assez. C'est une
lacune.
M. Bellemare: Pour vous, dans votre ministère, je n'en
vois aucun qui soit une femme.
M. de Belleval: II y en a dans les cadres.
M. Bellemare: Non, parmi les sous-ministres ou les sous-ministres
adjoints, il n'y en a pas.
M. de Belleval: Parmi les sous-ministres et les sous-ministres
adjoints, il n'y en a pas.
M. Bellemare: Est-ce qu'il y en a dans la province?
M. de Belleval: Par exemple...
M. Bellemare: Est-ce qu'il y en a dans la province?
M. de Belleval: A l'office de sélection, il y a une
femme.
M. Bellemare: Oui, d'accord, mais parmi les sous-ministres et
sous-ministres adjoints, dans la province.
M. de Belleval: Bientôt, à la nouvelle Commission de
la fonction publique, il y aura aussi une femme.
M. Bellemare: Ne vous en allez pas sur le "side line".
M. de Belleval: Ce n'est pas un "side line", vous me demandez
dans mon secteur, je vous réponds dans mon secteur.
M. Bellemare: Oui, mais dans votre secteur, comme ministre de la
Fonction publique, vous savez s'il y a ou non des sous-ministres ou des
sous-ministres adjoints qui sont du sexe féminin, qui ont
été nommés.
M. de Belleval: Au ministère de la Fonction publique, vous
voulez dire?
M. Bellemare: Non, je parle en général, pour tous
les ministères.
M. de Belleval: Là encore, il faudrait que vous posiez la
question au premier ministre, c'est le premier ministre qui est responsable de
la nomination des sous-ministres et sous-ministres adjoints. Ce n'est pas le
ministre de la Fonction publique.
M. Bellemare: Avec M. Martin.
M. de Belleval: Avec M. Martin.
M. Bellemare: Et vous, en sandwich.
M. de Belleval: Si vous voulez. C'est ce qui est au milieu de la
sandwich qui fait la saveur de la sandwich.
M. Bellemare: Cela dépend de l'âge de l'aliment.
M. de Belleval: Au point de vue de l'âge, vous savez qu'on
s'engage sur un terrain glissant.
M. Bellemare: Je ne vous parle pas du mien, je suis bien
réaliste quant à ça. Je suis... j'en ai peut-être
plus dans la tête qu'ailleurs. Une chose certaine qui reste vraie, dans
votre cas, vous ne pouvez pas dire s'il y a des sous-ministres adjoints ou
sous-ministres qui sont du sexe féminin, à travers la province,
dans tous les ministères de la province, dans un seul cas, j'en demande
un seul.
M. de Belleval: De sous-ministre ou de sous-ministre adjoint
féminin?
M. Bellemare: Oui.
M. de Belleval: Je vais vous donner Paule Leduc, la
présidente du Conseil des universités, c'est une nomination que
nous avons faite...
M. Bellemare: Oui.
M. de Belleval: ... c'est au niveau de sous-ministre.
M. Bellemare: Là, vous allez me chercher une autre
réponse. Mme le ministre des Consommateurs, il n'y en a pas une qui est
sous-ministre?
M. de Belleval: II y a Mme Rémillard qui a
été nommée présidente de l'Office des
handicapés.
M. Bellemare: Présidente, oui, mais je parle des
sous-ministres adjoints ou des sous-ministres en titre. Il n'en sortira pas de
sa ténacité, de me donner des réponses à
côté. Essayez de nous envoyer...
M. de Belleval: II y a Thérèse Baron, au
ministère de l'Education, qui est au niveau de sous-ministre
adjoint.
M. Pagé: Ce n'est pas vous qui l'avez nommée.
M. de Belleval: Non, elle a été nommée par
l'Union Nationale.
M. Bellemare: On a fait un bon coup, vous l'avez gardée,
parce qu'elle est compétente. Alors, je me contenterai de continuer mes
recherches avec une loupe pour voir s'il y en a, mais ce serait peut-être
bon d'y penser.
M. de Belleval: II n'y en a pas assez, je l'ai dit
tantôt.
M. Bellemare: Justement, dans l'examen des crédits
budgétaires de votre ministère, vous avez tout ça.
M. de Belleval: Posez la question au premier ministre. Vous savez
que c'est un grand amateur de ces questions, lorsque vous examinerez ses
crédits, posez-lui la question, c'est lui qui nomme les sous-ministres
et les sous-ministres adjoints.
M. Bellemare: Vous venez de dire quelque chose qui pourra
peut-être déranger votre avenir. Il y a assez du
député de Vanier qui s'est fait dire ça.
M. de Belleval: Un bon premier ministre sait prendre la
taquinerie.
M. Bellemare: La taquinerie? L'humour noir aussi.
Le Président (M. Blank): A l'ordre. Le
député de Portneuf.
M. Pagé: Est-ce que le député a d'autres
questions?
M. Bellemare: Oui, je continue ce que vous aviez commencé.
Je pense qu'on est bien d'accord pour continuer.
Fonctionnaires fédéraux
M. Pagé: A la fin de février dernier, votre
collègue le ministre des Travaux publics a confirmé l'existence
d'une série d'études sur l'éventuel recyclage des
fonctionnaires fédéraux oeuvrant au Québec. J'aimerais
savoir, ce matin, si vous êtes
dans le dossier, premièrement, qui a fait ces études et
combien cela a coûté ou bien on prévoit que ça va
coûter, à quel moment vous prévoyez les publier.
M. de Belleval: Je participe, bien sûr, à ces
travaux qui ne sont pas terminés, qui sont à un stade très
préliminaire au moment où on se parle. Mais vous connaissez le
programme du Parti québécois de ce côté. Ce
programme est réaffirmé, d'ailleurs...
M. Pagé: Je ne suis pas certain. M. de Belleval:
Vous devriez.
M. Pagé: Votre programme change
régulièrement, vous savez. Au début, c'était
l'indépendance; là, c'est la souveraineté-association, un
trait d'union complémentaire, pas complémentaire, un
nécessaire, l'autre souhaitable. Vous savez...
M. de Belleval: Parlez-nous du fédéralisme
renouvelé. J'ai trouvé d'ailleurs suave cette déclaration
du chef libéral qui disait, faisant encore des comparaisons dangereuses,
qu'il avait sur le dos le poids du Québec et du Canada.
M. Pagé: Votre prochain collègue d'Argenteuil. On
est capable d'en supporter. Ne soyez pas inquiet.
M. de Belleval: On croirait saint Christophe traversant le fleuve
avec vous savez qui sur le dos. Et qui disait en plus, d'une façon toute
modeste d'ailleurs, que lui pouvait, bien sûr, se mettre à son
bureau et rédiger un programme politique en quelques minutes, mais qu'il
ne fait pas cela, parce qu'il est très démocrate et qu'il va
laisser les autres le faire à sa place. Mais il pourrait le faire
lui-même. Là où cela en prend dix dans un comité,
lui tout seul va faire cela sur sa table, dans sa résidence d'Outremont,
parce que, comme vous le savez, il ne réside pas dans le comté
de...
M. Pagé: Non, effectivement, il ne réside pas dans
le comté d'Argenteuil, comme plusieurs de vos collègues
d'ailleurs.
M. de Belleval: Je n'ai pas dit le comté d'Argenteuil.
M. Pagé: Je crois que c'est le cas de plusieurs membres du
gouvernement, c'est le cas du ministre délégué à
l'Energie, c'est le cas du ministre...
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre!
M. Pagé: Est-ce que le premier ministre demeure dans son
comté?
M. Bisaillon: ... souffler des noms!
M. de Belleval: II y a une grande différence entre
résider dans l'agglomération urbaine et être obligé
de faire la banlieue sur 40 milles de long, une heure et demie de temps, pour
rejoindre son comté.
M. Pagé: Vous croyez?
M. de Belleval: C'est très différent. Vous le savez
très bien. Il serait inadmissible que le député de
Portneuf ne réside pas dans Portneuf.
M. Pagé: Je réside dans mon comté, cela va
de soi.
M. de Belleval: Mais quelqu'un peut résider dans Limoilou
et être député de Vanier. C'est dans la même
ville.
M. Pagé: Vous prenez ce qui fait votre affaire.
M. de Belleval: Je pense que oui. C'est normal. Je pense que
c'est ce que vous faites habituellement.
M. Pagé: Si on revient au programme du Parti
québécois.
M. de Belleval: Ce programme a été
réaffirmé...
M. Pagé: Est-ce qu'il y aura un trait d'union, oui ou non?
Est-ce que vous êtes rendus à ce stade-là?
M. de Belleval: Revenons aux fonctionnaires
fédéraux.
M. Pagé: Vous étiez parti sur le programme. Je suis
prêt à passer une heure sur le programme du...
M. de Belleval: Dans le programme actuel du Parti
québécois, tel que réaffirmé dans le manifeste Egal
à Egal, qui sera discuté au prochain congrès national du
Parti québécois, il est clairement indiqué que, dans le
cadre de la souveraineté-association, un gouvernement du Québec
s'engage à intégrer, dans la fonction publique
québécoise, les fonctionnaires fédéraux qui
oeuvrent sur le territoire du Québec, ou dont les ministères, les
responsabilités, les services, seront rapatriés au sein de la
fonction publique québécoise, et de conserver à ces gens
leurs droits acquis. C'est un engagement ferme de notre part.
M. Pagé: En termes de fonds de pension, de
sécurité... C'est dans votre projet.
M. de Belleval: En termes de fonds de pension, etc.
M. Pagé: C'est étudié.
M. de Belleval: II ne s'agit pas, de ce point de vue, de quelque
chose de neuf. Régulièrement,
d'une année à l'autre, le gouvernement
québécois, la fonction publique québécoise
accueille des fonctionnaires fédéraux, soit sur une base
individuelle, soit sur une base collective, à la suite de transferts de
responsabilités. Par exemple, quand un hôpital des anciens
combattants est transféré dans le réseau public
québécois, il y a une entente entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec qui protège
les droits acquis des personnes en cause et qui en fait des fonctionnaires de
l'administration publique québécoise.
M. Pagé: Tout cela sera négociable.
M. de Belleval: II ne s'agit pas de quelque chose de neuf.
M. Pagé: Dans votre esprit, cela devrait être
négocié.
M. de Belleval: C'est négocié. Cela se fait
déjà. On le fait régulièrement, bon an, mal an. La
seule chose, c'est que, dans le cadre de la souveraineté-association,
cela sera sur une base beaucoup plus large.
M. Pagé: Dans votre projet, l'intégration
dépendrait de la négociation.
M. de Belleval: II y a un engagement, de notre part, de les
intégrer. Et cette intégration se fera conformément
à la négociation qui sera faite; oui.
M. Pagé: Vous ne pouvez pas affirmer que
l'intégration se ferait du jour au lendemain, comme cela.
M. de Belleval: On n'a pas besoin d'envisager une
intégration du jour au lendemain, comme cela.
M. Pagé: Le tout serait susceptible de
négociation.
M. de Belleval: C'est cela. Et cela se fera d'une façon
graduelle, ordonnée, pour ne pas perturber les processus administratifs
en vigueur. (11 h 45)
M. Pagé: Sans connaître la teneur de la
négociation, vous pouvez d'ores et déjà confirmer que
personne ne perdra des droits acquis en termes de sécurité,
d'avancement, de fonds de pension et tout cela.
M. de Belleval: Exactement.
M. Pagé: Si vous pouvez garantir cela, c'est que vous avez
mesuré le coût?
M. de Belleval: C'est évident, on mesure le
coût.
M. Pagé: Bon. Si vous l'avez mesuré, l'étude
est faite.
M. de Belleval: On a eu des réponses.
M. Pagé: Pourquoi ne la déposez-vous pas?
M. de Belleval: Je vais vous répondre. Depuis une
quinzaine d'années, les comptes économiques du Québec le
révèlent clairement, le Québec reçoit moins
d'argent sous forme de services que ce qu'il donne au gouvernement
fédéral sous forme...
M. Pagé: Ce n'est pas ce que votre collègue de
l'Industrie et du Commerce soutenait dans sa dernière conférence
de presse.
M. de Belleval: C'est exactement ce qu'il soutenait... sous forme
d'impôt...
M. Pagé: Non, écoutez, il faudrait que vous vous
entendiez.
M. de Belleval: ... de sorte qu'en récupérant les
responsabilités, nous récupérons aussi les impôts.
C'est cela l'essentiel d'ailleurs de la souveraineté. C'est au fond
faire ce que Duplessis, dans le temps, avait essayé de faire à la
suite du geste malencontreux de M. Godbout.
M. Bellemare: Monsieur...
M. de Belleval: M. Duplessis. Dans son cas, M. Bellemare, il
s'agit d'un monument, d'une institution. A ce moment-là, on peut se
dispenser de...
M. Bellemare: Je calcule que, comme parlementaires, on devrait...
Je ne dis pas de Belleval, je dis M. de Belleval.
M. de Belleval: D'accord, je vous comprends, compte tenu de...
Oui, mais je ne suis pas encore un monument.
M. Bellemare: Cela va prendre du temps avant de l'être.
M. de Belleval: Ce n'est pas mon ambition.
M. Bellemare: II pourrait être en neige ou en glace.
M. de Belleval: M. Duplessis, pour vous faire plaisir, M.
Bellemare...
M. Bellemare: Merci. M. Pagé: La parole...
M. de Belleval: ... M. le député de Johnson, oui,
c'est ce que faisait M. Duplessis pour essayer de récupérer ce
que M. Godbout avait malencontreusement décidé de laisser aller
à l'occasion de la guerre. C'est là qu'on a perdu une bonne
partie de notre pouvoir.
M. Bellemare: En 1918 aussi, avec Borden, c'était la
même chose. Les premiers fracas ont commencé à la guerre de
1918 par un gouvernement libéral.
M. Pagé: Cela a commencé avant...
M. de Belleval: On ne passera pas au déluge. D'accord.
C'est cela l'essentiel de la souveraineté, c'est aller récuper au
fond, dans la coulée de tous les gouvernements qui nous ont
précédés, cette fois-là, l'ensemble de nos
impôts et l'ensemble des pouvoirs pour faire les lois. On va
récupérer ce qu'il faut pour s'occuper de ces
responsabilités-là.
M. Pagé: Je conviens que ma question peut vous inviter au
cours d'histoire dans lequel vous voulez vous embarquer. Vous nous dites que
vous avez fait une étude. Vous ne pouvez pas garantir
l'intégration à des personnes, leur confirmer ou leur garantir
des droits acquis sans avoir étudié l'impact de tels
engagements.
M. de Belleval: On a étudié l'impact de tels
engagements; vous connaissez d'ailleurs cet impact.
M. Pagé: Cela a été étudié.
Laissez-moi terminer ma question. Mme Ouellette l'a confirmé dans une
déclaration en février dernier. Je vous demande qui a fait ces
études, combien cela a coûté, pourquoi elles ne sont pas
publiées.
M. de Belleval: Ces études-là sont
déjà publiques. Elles font partie, entre autres, des documents du
gouvernement fédéral sur la répartition des
fonctionnaires.
M. Pagé: Je parle de votre étude, je ne parle pas
des données publiques du gouvernement fédéral. On le
sait.
M. de Belleval: Oui, mais je vous dis...
M. Pagé: Le gouvernement fédéral le sait,
c'est public, c'est su et c'est connu. Cela va vous coûter combien?
M. de Belleval: Vous me demandez à partir de quoi on prend
un tel engagement. On prend cet engagement à la lecture même des
documents fédéraux qui démontrent...
M. Pagé: C'est un engagement moral purement et
simplement.
M. de Belleval: Non, ce n'est pas un engagement moral, c'est un
engagement ferme.
M. Pagé: Vous n'avez pas étudié l'impact
pour le Québec comme tel.
M. de Belleval: Ecoutez, c'est...
M. Bellemare: C'est combien d'employés?
M. de Belleval: M. le Président, est-ce que je peux
répondre?
M. Bellemare: Oui, mais c'est une bonne question.
M. de Belleval: A la lecture même des documents
fédéraux sur la répartition des fonctionnaires
fédéraux entre les différentes provinces, entre les
groupes linguistiques, au Canada, il apparaît, à la lecture de ces
statistiques fédérales que vous connaissez d'ailleurs, qui ont
été reprises à de multiples occasions dans les journaux
depuis une dizaine d'années, probablement depuis plus longtemps que
cela, vous connaissez fort bien ce phénomène qui fait que les
fonctionnaires francophones québécois sont
sous-représentés dans la haute fonction publique
québécoise, fédérale, dis-je, et que les
fonctionnaires francophones en général aussi sont
sous-représentés et que, même au niveau des échelons
inférieurs...
M. Pagé: ... les fonctionnaires anglophones.
M. de Belleval: ... de la fonction publique
fédérale, dans beaucoup de domaines, on est même là
encore sous-représenté, de sorte que la vraisemblance qui sort de
toutes ces statistiques, c'est qu'il va nous manquer des fonctionnaires. On
n'en aura pas de trop, il va nous en manquer pour utiliser toutes les
compétences qui seront les nôtres quand nous aurons
rapatrié l'ensemble des pouvoirs et l'ensemble des impôts. En
particulier, nous allons pouvoir donner à des dizaines de personnes des
chances d'avancement et de mobilité qu'elles n'ont jamais eues dans le
passé au sein de la fonction publique fédérale.
M. Pagé: Vous confirmez, seulement sur cet aspect, parce
que j'ai d'autres questions là-dessus, que cela prendra plus de
fonctionnaires au Québec...
M. de Belleval: Selon toute vraisemblance, on est
sous-représenté.
M. Pagé: Cela prendra plus de fonctionnaires que le nombre
de fonctionnaires nécessaires actuellement au fédéral pour
assumer la responsabilité à l'égard du Québec.
M. de Belleval: Oui, parce que les postes en question sont
occupés par des anglophones des autres provinces.
M. Pagé: Cela serait une augmentation de fonctionnaires au
Québec?
M. de Belleval: Exactement, parce qu'actuellement on perd des
ressources matérielles et humaines.
M. Pagé: Par rapport au nombre total de fonctionnaires
fédéraux, qu'est-ce que ce serait?
M. de Belleval: Cela va être en proportion.
M. Pagé: En incluant ceux...
M. de Belleval: Je vais vous donner un...
M. Pagé: ... laissez-moi terminer. Si votre argument est
bon, si vous faites ce que vous dites, c'est à peu près ceci: On
a des fonctionnaires fédéraux qui ne sont pas
nécessairement du Québec, qui sont affectés aux dossiers
relatifs au Québec ou aux questions relatives au Québec. On
s'engage déjà, si le projet est accepté ce qu'on ne
croit pas, quant à nous on s'engage déjà à
introduire tous les fonctionnaires fédéraux dans nos rangs. Il en
faudra davantage. Ma question est la suivante: Est-ce qu'il en faudra plus que
le nombre qui est actuellement affecté aux dossiers relatifs au
Québec?
M. de Belleval: II va falloir plus de fonctionnaires
québécois, francophones, en général, que ce qu'il y
a actuellement, parce que les francophones sont sous-représentés
dans la haute structure et même dans la moyenne et la basse
structure.
M. Pagé: Ce n'est pas ma question. Ma question est...
M. de Belleval: On perd des emplois actuellement au profit des
Ontariens pour administrer le Canada.
M. Pagé: On en discutera au référendum. Ne
soyez pas inquiet, on va être là pour en discuter.
M. de Belleval: On en discute, là.
M. Pagé: Ce que je vous demande, c'est: Est-ce qu'il en
faudra plus qu'il y en a actuellement?
M. Bellemare: Est-ce que le ministre peut nous dire si c'est 20
000 ou 15 000?
M. de Belleval: Je vais vous donner un exemple...
M. Pagé: Non, mais Mme Ouellette parle de 53 000.
M. Bellemare: Alors, on va se rendre à 100 000 avec cela,
100 000 employés. On en a 77 000 et plus...
M. Pagé: Cela coûterait plus cher en termes
d'administration un Québec indépendant, comme vous voulez qu'il
le soit, que la présente structure administrative et politique.
M. de Belleval: Je vais vous donner des exemples précis.
Prenons le ministère de l'Industrie et du Commerce
fédéral. Il n'y a à peu près aucun
Québécois de langue française dans la haute structure de
ce ministère. Il n'y a à peu près personne
même...
M. Pagé: Cela fait longtemps que vous n'y êtes pas
allé, parce que j'y suis allé le premier décembre 1978 et
il y avait pas mal de monde.
M. de Belleval: II n'y a presque personne. Sur l'ensemble des
postes, on est absolument sous-représentés dans un
ministère comme celui de l'Industrie et du Commerce. Prenons le
Commissariat canadien à l'énergie atomique. Là encore, il
y avait des chiffres récemment dans les journaux là-dessus, dans
le Devoir, en particulier, il n'y a à peu près pas de
Québécois de langue française qui travaillent au
Commissariat canadien à l'énergie atomique. Alors, c'est
évident qu'en rapatriant ces responsabilités, sur le commerce
extérieur, par exemple on n'a pas juridiction sur le commerce
extérieur, actuellement; c'est le gouvernement fédéral
qu'il l'a... Il n'y a pas de Québécois de langue française
ou à peu près pas dans les hauts postes dans ce domaine et
même pas, souvent, dans les postes intermédiaires. Au
ministère fédéral des Transports, même Jean Marchand
n'a pas été capable de franciser ce ministère. On a vu ce
que cela a donné.
Alors, ce sont tous des champs d'activité qu'on va rapatrier, qui
vont donner des chances nouvelles aux Québécois de langue
française d'exercer enfin leur compétence et dans un milieu
francophone.
M. Pagé: Ceux qui sont là...
M. de Belleval: ... Et, comme on est
sous-représentés, on aura les quelques fonctionnaires
francophones qu'on va récupérer du gouvernement
fédéral. Il n'y en n'aura pas assez pour prendre toutes les
nouvelles responsabilités qu'on va avoir, parce que ces
responsabilités, actuellement, au lieu d'être exercées par
des Québécois francophones, sont exercées par des
Ontariens anglophones.
M. Pagé: Quelle est votre évaluation du nombre de
postes nouveaux ainsi ouverts aux Québécois dans votre
projet?
M. de Belleval: Comme je l'ai dit, les évaluations qui
proviennent des chiffres mêmes du gouvernement fédéral
démontrent qu'on est sous-représenté.
M. Pagé: Selon votre évaluation, quel est le nombre
de postes nouveaux qui seraient ouverts dans votre projet?
M. de Belleval: On n'a pas à faire d'évaluation
nous-mêmes. On est obligé de prendre les chiffres
fédéraux. Ce sont des chiffres qui sont publics, qui sont
connus.
M. Pagé: Vous ne faites pas d'évaluation
vous-mêmes.
M. de Belleval: Que voulez-vous? Il faut bien se baser sur les
chiffres que le gouvernement
fédéral nous donne. On n'est tout de même pas pour
envoyer des agents de la Sûreté du Québec espionner et
prendre contact pour savoir combien il y a de francophones dans tel
ministère. On prend les statistiques fédérales.
M. Pagé: Alors, vous avez fait des études, mais
vous ne savez pas combien cela coûterait.
M. de Belleval: Vous pouvez le faire vous-même.
M. Pagé: Vos études ne sont pas terminées.
Vous ne connaissez pas les impacts du projet, mais déjà, vous
pouvez garantir l'intégration de tous les fonctionnaires.
M. de Belleval: Oui, pour une simple et bonne raison...
M. Pagé: Avec leurs droits acquis?
M. de Belleval: Pour une simple et bonne raison...
M. Pagé: Laissez-moi terminer. La question de l'ajustement
des classes, de l'ajustement des participations aux fonds de
sécurité, aux fonds de pension, c'est tout réglé
dans votre esprit. L'étude contient cela.
M. de Belleval: C'est...
M. Pagé: Mais comment pouvez-vous garantir les droits
acquis, si vous ne pouvez pas garantir ces droits et si cela n'a pas
été étudié?
M. de Belleval: M. le Président, est-ce que je peux
répondre à cela?
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Est-ce que le député de Portneuf
est au courant il ne semble pas conscient de ça
qu'actuellement la part des Québécois dans la fonction publique
fédérale est déficitaire et largement déficitaire,
de sorte que le simple bon sens démontre qu'en récupérant
les responsabilités, comme en récupérant les fonds
là-dessus, les comptes publics sont très clairs on est
déficitaire actuellement. En récupérant, on va
redevenir...
M. Pagé: Vous croyez ça, vous? On en parlera aux
comptes publics, pour savoir.
M. de Belleval: C'est là le problème.
M. Pagé: Mme Ouellette parle de 53 000 fonctionnaires
fédéraux qui pourraient être intégrés selon
son projet, votre projet et le projet du gouvernement dans la fonction publique
du Québec. Si elle est capable d'en arriver à un chiffre de 53
000 employés, c'est que cela a été étudié.
Combien tout ça va-t-il coûter? Vous garantissez les droits acquis
de ces gens et vous vous référez aux données et aux
statistiques du gouvernement fédéral.
M. de Belleval: On paie déjà ces gens avec les
impôts du Québec; ces gens sont déjà payés
avec les impôts du Québec.
M. Pagé: Ce que je vous demande c'est qui a fait cette
étude, combien elle a coûté, et pourquoi n'est-elle pas
publique si elle a été faite? C'était ma première
question.
M. de Belleval: On paie déjà ces fonctionnaires, on
paie déjà les fonds de pension de tous ces gens à
même nos impôts. Non seulement ça, à même nos
impôts...
M. Pagé: Ce n'est pas ça qui est la question.
M. de Belleval: ... on paie le fonds de pension et on paie le
salaire de fonctionnaires ontariens ou au Nouveau-Brunswick. Vous ne comprenez
pas ça?
M. Pagé: Ce n'est pas là qu'est ma question. Vous
leur garantissez leurs droits acquis?
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Vous avez des programmes, vous avez, ici au
Québec, des conventions collectives, vous avez des programmes de
sécurité qui ne sont pas nécessairement les mêmes
que ceux à l'intérieur de la fonction publique du Canada. Si vous
êtes en mesure ce matin d'affirmer comme Mme Ouellette l'affirmait
qu'on va garantir les droits acquis, parce que vous avez
étudié la parité et l'ajustement de ces programmes...
M. de Belleval: De la même façon que, quand on
absorbe un hôpital fédéral, on garantit les droits acquis
des gens qui sont là et on fait l'intégration graduelle entre
leurs conventions collectives et les nouvelles conventions collectives des gens
du même secteur. Ce ne sont pas des choses compliquées à
faire.
M. Pagé: Ce n'est pas compliqué!
M. de Belleval: Non, ce n'est pas compliqué.
M. Pagé: Ce n'est pas étudié, mais ça
va se faire, c'est garanti et on ne sait pas combien ça va coûter;
ça c'est le PQ tout pur!
M. de Belleval: Comme on l'a expliqué tout à
l'heure vous-même y avez fait allusion, vous avez fait allusion
à une déclaration du ministre des Travaux publics ce sont
effectivement des questions qui sont à l'étude actuellement, ces
études ne sont pas complétées, ce sont des études
préliminaires. Elles vont être complétées en temps
et lieu. Deuxièmement, je pense que le simple bon sens... On n'a pas
besoin de faire des études
fantastiques pour démontrer qu'a même leurs propres
impôts les Québécois actuellement paient...
M. Pagé: Cela est votre programme politique. Ce que je
vous demande c'est votre responsabilité comme ministre de la Fonction
publique.
M. de Belleval: A même nos propres impôts
actuellement qu'on veut rapatrier les Québécois
paient les salaires, non seulement des fonctionnaires québécois
qui travaillent pour le gouvernement fédéral comme les postiers,
les agents de main-d'oeuvre du bureau du Canada, non seulement on paie,
à même nos propres impôts, les salaires de ces gens, mais on
paie en plus le salaire de milliers de travailleurs onta-riens...
M. Pagé: Cela est l'effet politique de la question et on
le débattra au référendum et on pourra alors en
parler.
M. de Belleval: Ce n'est pas de la politique, ce sont des
mathématiques.
M. Pagé: Ce que je vous demande bien concrètement
vous êtes ministre de la Fonction publique, vous avez une
responsabilité à l'égard des employés civils
vous avez un collègue qui a déclaré que ces 53 000
fonctionnaires seraient intégrés à la fonction publique du
Québec. Je vous demande s'il y a une étude; vous me dites oui. Je
vous demande: Qui l'a faite? Vous ne me répondez pas. Je vous demande:
Combien elle va coûter? Vous ne me répondez pas. Je vous demande:
Quand sera-t-elle déposée? Vous ne me répondez pas. Je
vous demande: Si c'est établi dans une étude ou encore si ce sera
négociable? Vous me dites: Ce sera négociable, mais on
étudie. Je vous demande: Comment pouvez-vous garantir à ces gens
la parité et l'intégration dans les programmes et la politique
des conventions collectives québécoises sans que ces gens y
perdent au chapitre des droits acquis? Vous me dites: Aucun problème.
Mais par contre vous me dites: On n'a pas d'étude de faite.
M. de Belleval: On le sait déjà.
M. Pagé: Voyons, soyez plus responsable que ça!
Le Président (M. Blank): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Si mon collègue en a fini avec cet aspect
là...
M. Pagé: Oui.
M. Bellemare: Je voudrais demander, parmi la liste du personnel
que nous avons ici, qui est l'agent de liaison à votre ministère?
Est-ce Madeleine Quesnel, Raymonde Bolduc, Gilles Cadoret- te, Carmen
Chatelain, Michel Gascon ou Jean-Luc Henry? Qui est l'agent de liaison?
M. de Belleval: Au cabinet du ministre de la Fonction publique
les tâches, dont j'ai parlé tout à l'heure, ne sont pas
allouées à une seule personne, mais plusieurs membres des
cabinets, selon les dossiers, font ce travail. (12 heures)
M. Bellemare: Mais dans votre déclaration...
M. de Belleval: Je vais vous donner un exemple.
M. Bellemare: Est-ce qu'il y a un nom spécifique chez
vous...
M. de Belleval: Mme Bolduc, par exemple, mon attachée de
presse, lors des tournées ministérielles...
M. Bellemare: Mme Raymonde? M. de Belleval: Oui... M.
Bellemare: Bon.
M. de Belleval: ... s'occupe du travail de liaison
nécessaire.
M. Bellemare: M. le Président, il y a dans le budget du
service des communications du ministère de la Fonction publique des
augmentations qui me semblent assez considérables. Je ne sais pas si le
ministre pourrait nous répondre. Il y a des dépenses
projetées pour 1979/80, au point de vue des traitements, dans le budget
du service des communications, de $196 millions. Il y a $6 millions pour les
autres rémunérations. Est-ce qu'on pourrait avoir un
échantillonnage de ce que sont les autres
rémunérations?
Il y a aussi, par exemple, au service des dépenses
projetées, $2 millions pour les communications. Qu'est-ce que ce
montant? D'ailleurs, on est ici pour ça ce matin.
M. de Belleval: Ce n'est pas $2 millions, c'est $2000. Vous
parlez du budget du service des communications?
M. Bellemare: C'est ça.
M. de Belleval: Bon, c'est $2000. Ce sont des dépenses de
voyage, etc.
M. Bellemare: Oui. A propos des loyers, $50 000. Ce sont des
loyers que vous payez pour l'administration...
M. de Belleval: C'est le loyer pour les photocopieuses du
ministère.
M. Bellemare: Ah bon!
M. de Belleval: Et d'autres équipements de ce type.
M. Bellemare: M. le Président, quand je regarde les
dépenses de publicité qui sont projetées pour 1978/79, je
trouve qu'il y a: Programme égalité des chances; macarons: "Une
place pour moi"; Pour Gérard Basilières, un montant de $2035. Un
autre macaron "Une place pour moi", $130.80, Gérard Basilières.
Une autre affiche "Une place pour moi", Imprimerie du Canada, $1171 et une
autre "Une place pour moi". Pourquoi ne pas avoir donné cela par
soumission publique au même? Pourquoi est-ce entre deux mains? D'abord,
par les numéros de réquisition, on voit que ça se suit. Si
vous prenez, par exemple, le macaron "Une place pour moi", le premier,
15-3300-A, et la même chose pour l'affiche de l'Imprimerie du Canada
Ltée.
M. de Belleval: II y a des soumissions dans tous les cas. Tout
ça est effectué par le service général des achats
selon la procédure en vigueur. S'il y a eu deux réquisitions,
c'est que le programme a eu plus de succès qu'on pensait et qu'on a
manqué effectivement de matériel.
M. Bellemare: Aux engagements financiers, on voit souvent des
contrats négociés aussi.
M. de Belleval: II n'y en a pas là.
M. Bellemare: On ne les voit pas ici, on va les voir quand on
fera les engagements financiers. On les verra peut-être là. On
rapportera ça.
D'accord, je n'ai pas d'autres questions sur le programme 1.
Une Voix: Adopté. Le Président (M. Blank):
Adopté? Gestion du personnel
M. Pagé: Au lendemain des élections, le
gouvernement s'est targué de mettre fin à la pratique voulant que
les ministères rappellent des services à l'extérieur, que
différents ministères puissent procéder à
l'embauche de professionnels ou autres qui n'évoluaient pas au sein de
la fonction publique du Québec. Evidemment, cela a été,
comme pour beaucoup de choses, des voeux pieux et cela n'implique pas pour
autant que cela s'est effectivement réalisé dans les faits.
Qu'est-ce qui arrive avec les contrats qui sont actuellement
donnés à des contractuels dans plusieurs ministères, pour
des études, des analyses qui sont faites? Vous n'êtes pas sans
savoir que le syndicat des professionnels du gouvernement du Québec,
dans un article paru dans la Presse du 13 mars dernier, demandait plus
d'autonomie, demandait que cette pratique cesse, et je ne sais pas si le
ministre a lu l'article. Je me réfère, ici, aux contrats à
l'extérieur, et je cite: "A ce sujet, les dirigeants du syndicat ont
affirmé, en conférence de presse, que les contrats
accordés à l'extérieur étaient plus nombreux sous
l'actuel gouvernement et qu'il se produisait des cas de dédoublement,
même. Selon eux, toutefois, le ministère des Affaires municipales
aurait eu trop largement recours à des professionnels de
l'extérieur et le ministère du Travail aurait retenu les services
d'un professeur de Laval, sur la question du salaire minimum, même si le
dossier était à l'étude au ministère."
On a d'ailleurs des documents sessionnels qui ont été
déposés, plusieurs documents sessionnels; entre autres on a deux
autres documents qui mettent, aussi, en évidence la politique du
gouvernement de recourir aux services de professeurs universitaires pour divers
travaux. Dans les documents no 580 et 595 de la session 1978, seulement deux
ministères ont daigné fournir les informations demandées,
c'est-à-dire ceux du Conseil exécutif et des Transports. On voit
que pour ces deux ministères seulement, il y avait 40 professeurs, entre
autres, qui avaient obtenu des contrats pour étudier certains aspects
relevant de ces ministères, et cela sans compter les 22 autres
ministères qui ont pu, comme le signale le Syndicat des professionnels
du gouvernement, recourir à des services de contractuels.
La position du ministre de la Fonction publique à cet
égard, c'est quoi?
M. de Belleval: Ma position c'est que chaque ministère
doit utiliser ses effectifs, à plein avant d'utiliser des effectifs
extérieurs.
M. Pagé: Qu'est-ce que vous avez fait, comme ministre de
la Fonction publique, pour vous en assurer?
M. de Belleval: Là encore, dans ce domaine, quand une
demande d'engagement de personnel extérieur provient d'un
ministère, c'est acheminé au Conseil du trésor. C'est la
responsabilité du Conseil du trésor de poser des questions et de
faire les critiques qui s'imposent en cette matière, ce n'est pas celle
du ministre de la Fonction publique.
M. Pagé: Le nombre de contractuels a augmenté, le
nombre de contrats accordés a augmenté. Cela n'est pas grave, et
on maintient nos voeux pieux de décembre 1976 et de janvier 1977, et
vous, comme ministre de la Fonction publique, vous souhaiteriez que cela
diminue.
M. de Belleval: Je ne pense pas qu'il faille prendre au pied de
la lettre et sans vérification les affirmations du syndicat des
professionnels et les affirmations du député de Portneuf à
ce sujet. Si vous voulez faire vérifier ces affirmations que
personnellement...
M. Pagé: Vous avez dû sursauter, vous avez dû
les vérifier. S j'avais été ministre de la Fonction
publique, j'aurais sursauté à cela.
M. de Belleval: Le ministre de la Fonction publique n'est pas la
bonne à tout faire du gouvernement...
M. Pagé: Cela n'est que le concierge.
M. de Belleval: II a des responsabilités qui sont claires
dans ce domaine...
M. Pagé: Cela n'est que le concierge.
M. de Belleval: Le Conseil du trésor approuve les
engagements de personnel extérieur. Il y a une commission des
engagements financiers. Si vous avez des questions précises à
poser ou si tout ce que vous avez à faire c'est de prendre des coupures
de presse et de nous les renvoyer dans la figure, les renvoyer dans la figure
du gouvernement...
M. Pagé: Cela n'est pas la question...
M. de Belleval: Je pense que cela n'est pas un travail
sérieux. Si vous pensez...
M. Pagé: Ecoutez, M. le Président, j'invoque le
règlement, c'est la première référence que je fais
à une coupure de presse. J'étais en droit de poser cette
question. D'ailleurs le ministre de la Fonction publique lui-même a
répondu qu'il souhaitait que cette pratique puisse cesser, ou tout au
moins diminuer. Je vous demande comment vous réagissez à cela,
vous me dites: C'est le Conseil du trésor. Je vous pose des questions
aux engagements financiers. Si vous ne voulez pas répondre, dites-le.
Cela va être bien moins long et bien moins compliqué.
M. de Belleval: Posez la question au président du Conseil
du trésor, lors de l'étude de ses crédits. C'est lui qui
est responsable, comme président du Conseil du trésor, de
l'approbation des demandes d'autorisation pour l'engagement du personnel
extérieur.
M. Pagé: Comme ministre de la Fonction publique, vous
n'avez pas votre mot à dire dans cela et cela ne vous concerne pas!
M. de Belleval: Je ne suis pas président du Conseil du
trésor; je suis le ministre de la Fonction publique.
M. Pagé: Cela ne vous concerne pas comme ministre de la
Fonction publique!
M. de Belleval: Les ministères sont responsables de la
gestion courante de leurs effectifs, de leurs budgets. C'est eux qui ont des
jugements d'opportunité à poser dans ce domaine. Ils doivent
obtenir l'approbation d'un organisme qui s'appelle le Conseil du trésor;
c'est lui qui est chargé de porter des jugements d'opportunité,
d'autoriser ce qu'il en est de la part des différents ministères
à ce sujet, et c'est à lui que vous devez poser la question. Ma
position est claire...
M. Pagé: Je comprends qu'elle est claire, vous ne voulez
pas répondre.
M. de Belleval: ... et elle est connue du Conseil du
trésor.
M. Pagé: La politique de décentralisation
administrative des services gouvernementaux, cela se poursuit. Qu'est-ce qu'il
y a de fait en termes d'études, quelles sont les prochaines
étapes qu'on est en droit de s'attendre et j'aimerais que vous
élaboriez un peu, ce matin, sur les projets du gouvernement à cet
égard.
M. de Belleval: La politique de décentralisation, comme
telle, là encore, ne relève pas du ministre de la Fonction
publique. Ce dont je suis chargé, à cet égard, c'est
d'élaborer des règles de gestion du personnel qui vont permettre
que cette décentralisation se fasse de la façon la plus
ordonnée possible pour les fonctionnaires. Dans le cadre de la
négociation collective, de la négociation de la convention
collective qui est en cours avec les fonctionnaires, nous avons introduit, nous
avons proposé d'introduire de nouvelles dispositions qui
protègent les employés dans le cas de déménagement
d'unités administratives.
Nous ferons la même chose avec les autres syndicats de
fonctionnaires. J'ai déjà déclaré, à ce
sujet, qu'il faut respecter les nécessités normales des
fonctionnaires dans ce domaine, il n'est pas question de
déménager à brûle-pourpoint des fonctionnaires
à gauche et à droite au Québec sans tenir compte des
facteurs humains qui sont en cause. Nous avons l'intention de procéder
sur une base volontaire, dans la plupart des cas. Il est entendu, bien
sûr, que dans le cas des fonctions essentielles et dans le cas, aussi, du
déroulement normal de la carrière des fonctionnaires, ce dont ils
doivent être prévenus d'avance, d'ailleurs, quand ils s'engagent
dans un profil de carrière, il est normal, aussi, que les fonctionnaires
soient appelés à oeuvrer dans d'autres endroits du Québec
qu'à Québec ou à Montréal même.
Cette politique est en voie d'être rodée, d'être
négociée, d'ailleurs, avec les associations de fonctionnaires et
d'être mise en place graduellement. On le fait, d'ailleurs, à
l'occasion d'un dossier particulier qui est celui de l'aménagement de la
Direction générale des pêcheries, en Gaspésie. Il y
a un groupe de travail qui fonctionne; le ministère de la Fonction
publique y est, bien sûr, impliqué au premier chef. Nous sommes en
voie de procéder.
M. Pagé: Vous avez créé une banque de
mutations, il y a quelques mois, et...
M. de Belleval: C'est-à-dire que dans le cadre de
l'application de la loi 50, avec la nouvelle procédure de dotation qui
s'en vient, cette banque n'a pas été créée, elle
sera créée dans le cadre de l'application de la loi 50, entre
autres pour permettre la mobilité des fonctionnaires d'un
ministère à l'autre dans le courant normal du cheminement de leur
carrière, et pour permettre aussi de relocaliser dans les meilleures
conditions des fonctionnaires qui pourraient être affectés par une
relocalisation d'organisme.
M. Bellemare: J'aurais une question à poser concernant
l'élément 2.
M. Pagé: Vous pouvez y aller. M. Bellemare: A
l'élément 2?
M. Pagé: De toute façon, on a convenu, M. le
député de Johnson, que d'une façon
générale...
M. Bellemare: A la page 47, on retrouve une augmentation assez
considérable au régime d'assurance-maladie en 1979/80. Cela passe
de $13 446 000 à $17 millions; il y a $2 628 000 de plus sous la
rubrique "Régime d'assurance-maladie". Il y a une différence
assez considérable entre les dépenses de 1978/79 et celles de
1979/80 de $14 800 000 à $17 428 000. Il doit y avoir une raison
particulière?
M. de Belleval: L'augmentation pour les dépenses de
1978/79 va, par rapport à 1979/80, de $14 800 000 à $17 428
000.
M. Bellemare: C'est cela, $2 600 000. Pourquoi cette
augmentation?
M. de Belleval: Cela fait $2 millions...
M. Bellemare: II n'y avait pas d'augmentation aussi draconienne
au cours des années précédentes, de $13 846 000 à
$13 894 000.
M. de Belleval: Ce sont des calculs, en règle
générale, purement automatiques, compte tenu des...
M. Bellemare: D'où vient l'augmentation de $2 600 000
à un seul article?
M. de Belleval: C'est une bonne question, on va essayer de
trouver la réponse; j'avoue qu'on ne l'a pas sous la main.
M. Bellemare: Est-ce que c'est uniquement à cause du
nouveau mode de calcul imposé par le budget de l'année
dernière?
M. de Belleval: II n'y a plus de plafond pour l'employé ou
pour l'employeur. C'est en fonction...
M. Bellemare: C'est en fonction du calcul...
M. de Belleval: ... des salaires véritablement
gagnés.
M. Bellemare:... imposé par le budget de l'an dernier.
C'est ça qui est la réponse.
M. de Belleval: C'est cela, c'est ce qui explique
l'augmentation.
(12 h 15)
M. Bellemare: II y a une autre question que je voudrais poser
aussi. Elle touche au budget la catégorie 3 du programme 3, les
communications.
Il y a là $54 millions de crédits, comparativement
à $130 millions à la page 13-8, aux super catégories et
catégories. Il y a une baisse de l'ordre de $80 millions aux
communications.
M. de Belleval: C'est cela. L'année passée, il
s'agissait des dépenses de la Commission de la fonction publique, dans
son ensemble, et une partie de ces dépenses seront maintenant
comptabilisées à l'office de sélection. C'est un
réaménagement budgétaire tout simplement.
M. Bellemare: Je saisis. Est-ce qu'on pourrait aller au dernier
sujet, celui des employés permanents, pour 1979/80, $41000 et $320 000
pour 1978/79?
M. de Belleval: C'est la même explication.
M. Bellemare: La même explication est que le personnel, au
lieu d'être comptabilisé seulement à la commission,
est...
M. de Belleval: Comptabilisé maintenant soit au
ministère, à l'office ou à la commission.
M. Bellemare: C'est ce qui fait la marge entre $41 000 et $320
000.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Bellemare: Ce ne sont pas de nouvelles nominations?
M. de Belleval: Non.
M. Bellemare: Et chez les employés à temps partiel,
la marge est de $3000 à $9000?
M. de Belleval: C'est cela.
M. Bellemare: Mais est-ce qu'en vertu de la loi, après six
mois...
M. de Belleval: C'est cela, ce sont les employés
occasionnels, mais c'est un total d'hommes-année. Ce n'est pas trois
têtes de pipe.
M. Bellemare: Cela me va. Cela ne sera pas long.
M. Pagé: Toujours aux communications, en juin 1978, vous
avez négocié un contrat pour l'allocation et l'entretien d'un
terminal de télécommunications pour une période de 36
mois. Le fournisseur était Data Canada Ltée. Le montant de
l'engagement, si on se réfère aux engagements financiers de juin
1978, c'était $50 446.80. C'était un autre contrat
négocié qui venait s'ajouter à la foule d'autres auxquels
on a pu faire référence à la commission des engagements
financiers. On avait posé certaines questions à l'époque
au vice-président du Conseil du trésor, lequel nous avait
référé au ministre de la Fonction publique. Est-ce qu'il
s'agit d'un nouvel équipement ou est-ce que
c'est un nouveau système ou est-ce que cela remplace un autre
système qui était là avant? Est-ce qu'il y avait d'autres
fonctionnaires que le gouvernement a contactés? Est-ce que le
gouvernement a contacté d'autres fournisseurs dans ce cas?
M. de Belleval: Là, encore, il s'agit d'achats faits par
le Service général des achats, conformément à la
procédure en vigueur.
M. Pagé: Combien y avait-il de fournisseurs possibles?
M. de Belleval: Là encore, il me semble que c'est une
question qui relève des engagements financiers.
M. Pagé: Je regrette, on nous réfère au
ministre de la Fonction publique, M. le ministre.
M. de Belleval: Non, pas du tout. Aux engagements financiers,
vous avez toute capacité pour faire comparaître un ministre,
d'ailleurs, sur une question particulière et, en particulier, justement,
sur des questions semblables. Alors, si vous voulez poser la question aux
engagements financiers, cela me fera plaisir d'aller aux engagements financiers
pour l'expliquer, s'il le faut. Mais, à mon avis...
M. Pagé: On ne l'a pas ici.
M. de Belleval: ... le représentant du gouvernement aux
engagements financiers, d'ailleurs, a toute facilité pour obtenir les
renseignements et vous les fournir.
M. Pagé: Alors, vous ne voulez pas répondre
à cela?
M. de Belleval: Je n'ai pas la réponse à
brûle-pourpoint sur cette question. Si vous voulez, cependant, pour la
prochaine séance parce que j'ai l'impression qu'il va y avoir une
prochaine séance je pourrais obtenir le renseignement.
M. Bellemare: La prochaine séance des comptes publics sur
le ministère?
M. de Belleval: La commission permanente de la fonction
publique.
M. Bellemare: Ah oui.
M. de Belleval: Est-ce qu'on aura une autre séance?
M. Bellemare: Non, je ne crois pas. On finit à midi.
M. de Belleval: On va pouvoir terminer aujourd'hui?
M. Pagé: Fini. On finit à midi.
Le Président (M. Blank): Oui.
M. de Belleval: Ah bon! D'accord!
M. Bellemare: La question...
M. Pagé: Quand allez-vous donner les informations?
M. de Belleval: Je vais vous les envoyer dans les meilleurs
délais.
M. Pagé: D'accord. Je veux savoir...
M. de Belleval: Vous voudriez savoir donc...
M. Pagé: Les entreprises avec lesquelles vous avez
négocié? Est-ce que vous avez négocié avec une
seule entreprise?
M. de Belleval: D'accord, le mode de soumissions retenu, etc.
M. Pagé: A quoi sert l'équipement? Est-ce que cela
remplace un ancien équipement?
M. de Belleval: D'accord, je vais vous répondre par
écrit.
Le Président (M. Blank): Le député de
Johnson.
M. Bellemare: II y a deux questions à la page 13-13,
programme 5, Régimes de retraite et assurance collective sur la vie des
fonctionnaires ou employés publics. D'abord, il y a du nouveau à
l'article 2: Protection à la retraite de certains enseignants,
ex-religieux, $2 millions. C'est nouveau...
M. de Belleval: C'est le projet de loi 60. M. Bellemare:
En vertu de la loi 60? M. de Belleval: C'est cela.
M. Bellemare: L'autre question, c'est le budget de
l'administration de la CARR, qui passe de $8 365 000 pour tomber à $7
850 000. Pourquoi cette différence?
M. de Belleval: Réduction du personnel, meilleure
productivité de la CARR.
M. Bellemare: Diminution de combien d'employés à
peu près?
M. de Belleval: La commission a diminué de 40 personnes
sur une période de deux ans.
M. Bellemare: C'est dans les salaires de $10 000 à $15
000, $15 000 à $20 000, $20 000 à $22 000 pour faire un total de
$500 000 de réduction... Il ne doit pas y avoir seulement la
réduction du personnel.
M. de Belleval: Sur les traitements, il y a $380 000...
M. Bellemare: $380 000.
M. de Belleval: Les autres dépenses, $117 000.
M. Bellemare: Les autres dépenses, $117 000.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Portneuf.
Recrutement chez les minorités
ethniques
M. Pagé: M. le Président, au début de 1978
la Commission de la fonction publique est supposée avoir lancé
une campagne de recrutement chez les anglophones et les membres d'autres
minorités au Québec. Il y avait des objectifs qui semblaient
être visés à ce moment-là. D'ailleurs, mon
collègue de Westmount a inscrit une question au feuilleton le 15
novembre 1978, pour savoir comment la campagne fonctionne, etc. Vous avez
déposé une réponse qui était
particulièrement vague, évasive et laconique le 14 février
dernier et je vais me permettre de référer à votre
réponse et à la question.
La question de M. Springate était la suivante: "Quels sont les
résultats de la campagne de recrutement qui a été
lancée par le ministre de la Fonction publique au début de 1978
chez les anglophones et autres minorités? Le ministre vise-t-il toujours
à obtenir une proportion d'environ 20% de fonctionnaires non
francophones, soit un pourcentage à peu près équivalent
à la répartition de la population?"
D'ailleurs vous sembliez tout à l'heure très sensible et
très sensibilisé et même préoccupé par
l'aspect de la fonction publique fédérale. On peut donc
présumer qu'il en va de même pour une saine
représentativité et une représentativité juste et
équitable au sein de la fonction publique du Québec.
Le troisième volet de la question était: Est-ce que des
mesures particulières ont été prises depuis cette campagne
de recrutement pour faciliter l'accès aux anglophones dans la fonction
publique? Par exemple, des examens en langue anglaise ou d'autres
accommodements? Votre réponse: Je ne sais pas si vous vous en
rappelez, c'était tellement laconique C'est M. de Belleval qui
parle, ministre de la Fonction publique: "1°) C'est la Commission de la
fonction publique et non le ministre de la Fonction publique qui est
responsable des activités d'attraction en vue du recrutement du
personnel de la fonction publique ". "2°) Le ministre de la Fonction
publique souhaite que les minorités ethniques soient
représentées le mieux possible dans la fonction publique".
"3°) La Commission de la fonction publique dirige
régulièrement certaines activités d'attraction dans les
milieux anglophones spécifiquement".
Le moins qu'on puisse dire, c'était assez laconique. Qu'est-ce
qui a été fait? Tout à l'heure, M. le ministre, vous
sembliez préoccupé, cela semblait non seulement vous
préoccuper mais aussi vous traumatiser ce qui arrive dans la fonction
publique fédérale. Alors, on peut présumer que vous
êtes tout aussi préoccupé par ce qui peut advenir dans la
fonction publique du Québec. Qu'est-ce qui a été fait?
Qu'est-ce qui a été fait à ce jour? L'objectif
visé, c'est quoi? Où en est-on dans cet objectif visé?
M. de Belleval: Je pense qu'il y a de quoi être
traumatisé quand ce sont des milliers d'emplois qu'on perd aux mains de
la fonction publique anglophone ontarienne fédérale.
M. Pagé: C'est le "sidetrack ".
M. de Belleval: II y a de quoi être traumatisé, je
pense.
M. Pagé: A l'égard de la fonction publique du
Québec, c'est vous qui êtes ministre de la Fonction publique,
c'est vous qui êtes responsable, vous êtes aux crédits ce
matin, dites-nous comment ça va, ce qui a été fait.
M. de Belleval: Savez-vous, par exemple, que dans la fonction
publique fédérale, les postes de recherche, il y en a à
peine 7% qui sont occupés par des Québécois, alors qu'il y
en a 16% occupés par des gens des Maritimes et plus de 60% par des gens
de l'Ontario? Vous savez, les postes de recherche scientifique, c'est parmi les
postes les mieux payés, les plus productifs sur le plan du
développement économique.
M. Pagé: Vous savez aussi qu'au Québec on a
été longtemps à former plus d'avocats, notaires,
médecins et curés que de spécialistes en recherche
scientifique. Vous le savez.
M. de Belleval: Vous comprenez pourquoi je suis
traumatisé. C'est la vieille rengaine mais il y a de quoi être
traumatisé... Et je ne comprends pas...
M. Bisaillon: C'est dans le passé.
M. Pagé: D'ailleurs, M. le Président, si on veut
aborder la question des avocats avec des dossiers comme l'assurance automobile,
l'augmentation des petites créances jusqu'à $500, vous avez
causé une brèche assez sérieuse à la profession du
droit.
M. de Belleval: Là vous êtes en conflit
d'intérêts.
M. Pagé: Non, c'est le député qui m'invite
là-dessus, c'est le député de Joliette qui m'y invite.
M. Bisaillon: On ne vous a pas invité, on vous a juste dit
qu'on en avait de trop.
M. Chevrette: Vous aviez dit qu'on en avait de trop.
M. de Belleval: Revenons...
M. Chevrette: Vous n'avez qu'à démissionner.
Le Président (M. Blank): ... préjugé...
M. Chevrette: Vous êtes en conflit d'intérêts
vous aussi, M. le Président.
M. Pagé: Chose certaine, il va vous manquer des
péquistes aux prochaines élections. Ne soyez pas inquiets
là-dessus.
M. Chevrette: Faites bien attention, parce que...
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. Chevrette: L'inspiration divine ne sera pas forte ce
printemps!
M. de Belleval: En ce qui concerne la représentation des
minorités au sein de la Fonction publique du Québec, en
particulier de la minorité anglophone, il est certain que nous avons des
problèmes; même si on a augmenté considérablement
nos efforts d'attraction sur les campus anglophones, tant des CEGEP que des
universités, on n'obtient pas les résultats qu'on voudrait. Ce
n'est pas tellement une question d'intérêt de notre part je pense,
mais il y a des facteurs objectifs qui rendent d'ailleurs le recrutement
difficile, simplement la localisation géographique du gouvernement
à Québec, alors que le gros bassin de clientèle est
à Montréal, pose un problème.
Notre intention, quoi qu'il en soit, est de continuer à faire des
efforts pour recruter des gens sur des campus anglophones, de continuer
à diriger des opérations d'attraction, de mettre en place tous
les moyens nécessaires pour faciliter l'intégration; d'ailleurs
on le fait déjà. Entre autres au niveau de la langue de travail,
on l'a vu tantôt, il y a des activités de perfectionnement. On
permet aux candidats anglophones de rédiger des examens en anglais et on
leur demande une capacité en langue française qui est
proportionnelle au poste qu'ils veulent occuper; on ne demande pas de
maîtriser la langue française de la même façon pour
tous les postes, ni de la maîtriser parfaitement, on facilite leur
intégration.
Bientôt, mon collègue, le ministre d'Etat au
développement culturel va tenir un colloque sur ces questions et on va
voir, en collaboration avec des représentants des minorités,
quels sont les moyens supplémentaires qu'on peut mettre en application
pour améliorer les choses de ce côté. Mais je pense que le
député de Portneuf est d'accord que le problème existe et
qu'il n'est pas facile à résoudre, ce n'est d'ailleurs pas un
problème nouveau.
M. Pagé: Cela demeure encore des intentions, des projets
de colloques, des projets de sensibilisation.
M. de Belleval: Ce sont plus que des intentions; on pose des
gestes.
M. Pagé: Concrètement, quelle amélioration
peut-on constater depuis l'année dernière par exemple?
M. de Belleval: J'avoue que la situation, de toute façon,
ne peut changer rapidement d'une année à l'autre et que,
malgré nos efforts pour attirer des candidats on annonce dans les
journaux anglophones, on va sur les campus, on fait des entrevues mais
si les gens ne veulent pas poser leur candidature, ce n'est pas notre faute.
Les résultats ne sont pas brillants, c'est sûr.
M. Pagé: On retient donc que les résultats ne sont
pas brillants!
M. de Belleval: Cela me fera plaisir d'avoir des suggestions du
député de Portneuf de ce côté. Je peux vous donner,
par exemple, des...
M. Pagé: Pour donner suite à votre réponse
à l'Assemblée nationale, je ferai mes suggestions à la
Commission de la fonction publique, parce que vous ne semblez pas être
responsable dans ce dossier.
M. de Belleval: Je vais vous donner un exemple: on cherchait
à combler un poste de directeur des hydrocarbures. On a fait une annonce
dans le Montreal Star, directeur du service du gaz et du pétrole,
directeur d'analyse et de la planification, directeur de
l'électricité, responsable du développement industriel,
économètre; des postes dans toutes sortes de domaines; on a
annoncé dans le Financial Post, dans l'Albertan, on annonce même
dans des journaux à l'extérieur du Québec pour essayer
d'obtenir des candidats, on le fait régulièrement, la Gazette, le
Citizen à Ottawa...
M. Chevrette: Ils vont dire qu'on annonce trop!
M. de Belleval: Le Globe & Mail, le Toronto Star, le Northern
Miner. Notre budget, pour la clientèle anglophone, a été
considérablement augmenté, alors qu'on ne vienne pas dire qu'on
ne fait pas d'effort. On fait des efforts.
M. Pagé: Ces annonces sont publiées dans les deux
langues?
M. de Belleval: Elles sont faites en anglais, oui.
M. Pagé: Vous avez le même problème de
recrutement que le fédéral a au Québec.
M. de Belleval: Qu'est-ce que vous voulez?
M. Pagé: Beaucoup d'efforts de déployés,
mais un problème de résultat.
M. de Belleval: C'est ça, pour peu de résultats,
mais, au fond, il y a un moyen pour régler ça, c'est la
souveraineté-association.
M. Pagé: La solution à tous les maux imaginables et
inimaginables! Vous ne m'avez pas dit s'il y aurait un trait d'union? Où
en est-on rendu là-dessus?
Le Président (M. Blank): A l'ordre! La prochaine question
s'il vous plaît!
M. Chevrette: On va faire des guillemets pour vous autres.
M. Pagé: Les négociations à la
Société des alcools, comment ça va? Sont-elles
rompues?
M. de Belleval: A la suite de l'adoption du projet de loi 55,
maintenant les négociations à la Société des
alcools sont passées sous la compétence du Conseil du
trésor. (12 h 30)
M. Pagé: Est-ce que vous avez transmis, comme ministre de
la Fonction publique, l'information de la part des représentants
syndicaux au ministre de la Justice, à savoir que les policiers de la
Sûreté du Québec étaient invités à
venir publiquement? Vous lui avez transmis l'information?
M. de Belleval: Je n'ai pas d'information à cet
égard.
M. Pagé: Enfin, on ne sait pas s'ils vont continuer
à y aller publiquement ou privément; c'est cela?
M. de Belleval: Vous poserez la question au ministre de la
Justice en Chambre, si vous voulez, ou à l'occasion de l'étude de
ses crédits.
Concours de la Commission de la fonction
publique
M. Pagé: Une question bien particulière et bien
spécifique avant de terminer. Au sujet des concours, j'ai
déjà eu l'occasion de sensibiliser les membres de la Commission
de la fonction publique à ce problème. Vous invitez des gens
à s'inscrire à un examen, qu'on prenne le cas d'un agent
d'administration ou même d'une secrétaire, peu importe à
quel niveau. Cette personne est conviée à un examen écrit.
Bien souvent, des personnes... Dieu sait si, avec un taux de chômage de
10,9% au Québec actuellement, un taux de chômage qui, dans
certaines régions, va jusqu'à 14%, un chômage qui se pose
avec beaucoup d'acuité auprès des finissants, des jeunes...
Vous-même, hier, vous vous êtes référé, vous
avez passé la balle au ministre du Tourisme pour la question
spécifique des agents de conservation. On sait que le gouvernement du
Québec, par ses politiques, par le ministère de l'Education,
incite des jeunes à suivre, à s'engager dans certains plans de
carrière. Le gouvernement du Québec est le seul susceptible de
procéder, par exemple, à l'embauche d'agents de conservation de
la faune. A la promotion, le cadeau qui est attribué à ces
étudiants, c'est de leur dire: Ecoutez, il n'y a pas de postes d'ouverts
cette année. Je suis convaincu que vous êtes en mesure de
comprendre et de saisir toute la dimension et l'importance que la fonction
publique a, entre autres, pour les finissants. Il y a ce premier aspect de la
question qu'on pourra discuter.
L'autre aspect, c'est le suivant, et j'y reviens: Prenez le jeune qui
termine, qui postule comme agent d'administration; celui-ci, bien souvent, doit
se présenter à deux ou trois examens. Une fois qu'il est
accepté, qu'il a réussi son examen écrit, il est
référé à un jury. Le jeune est convié,
rencontre le jury, celui-ci fait une sélection de deux ou trois
personnes; même s'il y a peut-être vingt personnes qui ont
réussi l'examen écrit, il en choisit trois; il y en a donc
dix-sept auxquels on répond: C'est regrettable, votre candidature n'a
pas été retenue par le jury. Là où je ne suis pas
d'accord, c'est que cette personne se voie dans l'obligation de recommencer
complètement la procédure, de s'inscrire à un nouvel
examen écrit. Pourquoi la Commission de la fonction publique, une fois
qu'une personne a réussi, a obtenu des résultats suffisants pour
passer l'étape de l'examen écrit, pourquoi n'y a-t-il pas une
banque de candidats qui est faite ou qui est constituée à partir
de ce nombre de personnes, plutôt que de les obliger à retourner
et à se présenter à nouveau à un concours pour
subir encore une fois l'examen écrit? Vous savez, M. le ministre, il y a
des personnes qui ont peut-être passé avec satisfaction
l'étape de l'examen écrit à sept, huit ou dix reprises,
qui se sont toujours fait bloquer au jury et qui sont obligées de
recommencer?
M. de Belleval: II y a ce qu'on appelle les concours
généraux et les concours spécifiques. Pour les concours
généraux, on décide de tenir un concours...
M. Pagé: D'agents de bureau, par exemple.
M. de Belleval: ... d'agents de bureau pour différents
ministères. Pour les concours spécifiques, on décide de
tenir un concours pour un poste d'agent de conservation de la faune à
Chibougamau. Ma conviction, c'est que, trop souvent, on abuse des concours
spécifiques, c'est-à-dire qu'au lieu de faire de la gestion du
personnel sur une base interministérielle en matière de dotation,
chaque ministère veut tenir son concours pour un poste en particulier.
Parfois, c'est inévitable. Si vous cherchez un directeur
général des hydrocarbures à la Direction
générale de l'énergie, cela prend un concours
spécifiquement pour cela.
M. Pagé: Oui, j'en conviens, en raison du caractère
de spécialité.
M. de Belleval: C'est cela. Je vais vous donner un exemple: le
directeur général des communica-
tions d'un niveau X, et vous avez quatre concours dans le courant de
l'année...
M. Pagé: Oui, mais ce n'est pas là où j'en
suis, c'est au niveau des secrétaires, des agents de bureau et des
postes comme cela.
M. de Belleval: Peut-être même aussi qu'on abuse des
concours spécifiques au niveau des agents de bureau, etc. En vertu de la
loi 50, à l'avenir, c'est le ministre de la Fonction publique qui sera
responsable d'élaborer les politiques de dotation dans ce domaine. C'est
notre intention, en collaboration avec les ministères, de faire en sorte
que le genre de situations dont vous parlez ne se produisent plus, que,
d'abord, on puisse utiliser de façon régulière la
procédure des concours généraux pour des types de postes,
et avec une banque de candidats qui sera de la dimension nécessaire pour
fonctionner pendant une période, disons, de cinq, six mois ou un an,
pour avoir une banque, et vous savez qu'en vertu de la loi, maintenant, on
serait obligé de nommer les candidats par ordre de mérite dans
cette banque de sorte que, là encore, on va éliminer un autre
inconvénient du système actuel où quelqu'un peut avoir
passé un concours avec succès et ne pas être sûr
d'être engagé par un ministère.
Les objections ou les critiques du député de Portneuf sont
valables et c'est justement notre objectif de les...
M. Pagé: Je vous demande bien respectueusement de tenir
compte de ma suggestion; cela décourage du monde, cela crée des
embêtements à un paquet de gens.
M. de Belleval: C'est cela. Cela entre dans nos objectifs
d'éliminer ce genre de choses.
M. Pagé: D'accord.
M. de Belleval: Les concours pourraient être plus
généraux au lieu de...
M. Pagé: C'est cela. Je ne le demande pas dans le cas d'un
spécialiste bien particulier. Combien prévoyez-vous de nouveaux
postes? Je conviens que vous avez des objectifs de 2,5% de diminution; c'est
l'objectif du gouvernement d'ici un an. Vous nous avez dit tantôt, au
début des travaux de la séance de ce matin, que les 2,5%
étaient une chose, mais que, dans certains services, certains
ministères, il y aurait des augmentations assez sensibles de personnel.
Combien de nouveaux postes pourront être ouverts pendant l'année
1979/80, parce qu'on peut présumer que le budget ne se fait pas au
pif?
M. de Belleval: De 3000 à 4000 postes, ce qui constitue le
roulement normal du personnel dans la fonction publique, mais ce ne sont pas
des postes nouveaux nets.
M. Pagé: Combien nets?
M. de Belleval: Aucun poste.
M. Pagé: Aucun poste net. 3000 postes résultant du
roulement...
M. de Belleval: 0,1%; je ne m'en souviens plus, mais c'est
l'équivalent de 0%. C'est croissance 0 pour la fonction publique en
1979/80!
M. Pagé: Cela veut dire que les milliers de finissants
d'universités et de CEGEP sont conviés à 3000 postes
possibles au sein de la fonction publique du Québec.
M. de Belleval: Le roulement normal du personnel.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Mais, maintenant, peut-être un peu plus que
cela parce que, outre le roulement normal, il y a les... Non, c'est cela; c'est
à peu près le nombre.
M. Pagé: Est-ce qu'il va y avoir des agents de la
conservation de la faune ou s'il n'y en aura pas?
M. de Belleval: On aura la réponse du ministre responsable
du secteur au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
cet après-midi.
M. Pagé: Les occasionnels, maintenant; combien
prévoyez-vous en embaucher?
M. de Belleval: Comme vous le voyez, je pense que les
statistiques vous ont été données dans les documents que
vous avez. Le nombre d'équivalents hommes-année occasionnels a
diminué considérablement durant les dernières
années parce que, justement, il y avait un abus de ce côté;
il y avait des centaines d'employés qui étaient engagés
comme occasionnels permanents et qui travaillaient depuis quatre ou cinq ans
dans certains ministères. Nous avons converti ces postes en postes
permanents là où, au fond, il s'agissait de postes permanents et,
pour le reste, nous réduisons la banque des employés
occasionnels.
M. Pagé: Par une mesure qui a été
adoptée si ma mémoire est fidèle au
printemps 1977.
M. de Belleval: Le nombre de postes équivalents à
hommes-année occasionnels sera de 10 746 en 1979/80 alors qu'il
était de 10 745 en 1976/77.
M. Pagé: 10 000 hommes-année.
M. de Belleval: Donc, il n'y a pas de croissance sur quatre
ans.
M. Pagé: Cela veut dire qu'il y a 40 000 personnes qui
sont susceptibles d'y travailler parce que vous ne les gardez pas plus que
trois mois.
M. de Belleval: Sur quatre ans, on revient au niveau de 1976/77
dans ce domaine.
M. Pagé: D'accord. La politique à l'égard
des occasionnels et le privilège d'embauche... Qu'on prenne le cas de la
voirie, par exemple, il y a des mesures qui ont été
adoptées...
M. de Belleval: C'est cela.
M. Pagé: ... au printemps 1977 ou au printemps 1978.
M. de Belleval: Pour protéger, si on peut dire, les
occasionnels réguliers.
M. Pagé: C'est cela. Comment expliquer que des directives
semblent avoir été données aux chefs de district ou aux
directeurs de personnel des districts de voirie selon lesquelles, lorsqu'une
personne avait travaillé pendant deux mois, à un ou deux jours de
son arrivée à trois mois, on demandait la mise à pied de
la personne en question.
M. de Belleval: Je ne suis pas au courant d'une pareille
politique. Je pense que, si c'est fait de la façon que vous le dites,
pour éluder l'application de la directive, cela serait
repréhensible; il faudrait poser la question au ministre des Transports
quand vous étudierez ses crédits.
M. Pagé: Cela ne vous regarde pas, encore une fois.
M. de Belleval: La gestion...
M. Pagé: L'année prochaine, M. le ministre,
savez-vous ce qu'on va faire?
M. de Belleval: Je fais des politiques...
M. Pagé: Au lieu de nous envoyer des tableaux, vous allez
nous envoyer la liste de choses qui vous regardent; cela va être moins
compliqué.
M. de Belleval: Je fais des politiques d'ensemble sur la gestion
du personnel...
M. Pagé: C'est pas mal moins long.
M. de Belleval:... des programmes, des politiques d'ensemble, des
directives, des règlements. Les ministères et chaque ministre
continuent à être responsables de la gestion courante de leurs
effectifs. Vous m'accuseriez de devenir véritablement un tsar de la
fonction publique, comme cela a été le cas lors de l'étude
de la loi 50, de vouloir bâtir un empire et de devenir un
surcentralisateur, si c'était le contraire qui se produisait. Je pense
que cela ne serait pas favorable à l'efficacité de la fonction
publique si le ministre de la Fonction publique allait se mêler de toutes
les questions dont vous me parlez.
M. Pagé: Vous me référez au ministère
des Transports.
M. de Belleval: C'est à lui à dire ce qu'il fait
dans cette politique. C'est lui qui est responsable d'administrer cela. C'est
conforme à la responsabilité ministérielle,
d'ailleurs.
M. Pagé: Selon les déclarations que je
reçois dans mon propre bureau de comté, on a tous les motifs
raisonnables de croire que cette pratique s'applique actuellement et qu'une
personne, dès qu'elle est sur le point de devenir admissible ou
susceptible d'être réembauchée, suivant la norme qui a
été édictée, est congédiée purement
et simplement la veille.
M. de Belleval: Je vais vous dire qu'en vertu de...
M. Pagé: A quoi bon mettre sur pied des normes et...
M. de Belleval: Là-dessus...
M. Pagé: ... mettre sur pied de beaux programmes, si ce
n'est pas respecté.
M. de Belleval: Dans le cadre de l'application de la loi 50,
d'abord, la Commission de la fonction publique a des pouvoirs d'enquête
générale sur l'application de la loi et de ses règlements.
S'il y a des plaintes là-dessus, la commission pourra faire des
enquêtes et, au sein même du ministère de la Fonction
publique, nous aurons aussi une vérification interne. S'il y a des
plaintes qui nous sont soumises sur des cas semblables, à l'avenir, on
pourra faire enquête là-dessus et vérifier si on respecte
véritablement la réglementation en vigueur. Mais, là
encore, fallait-il qu'il y ait un ministère de la Fonction publique qui
ait ses responsabilités et on les a seulement depuis deux jours. C'est
ça, tous les bénéfices aussi de la loi, que le
député de Portneuf, malheureusement, n'avait pas vus
complètement il y a quelques mois, mais qu'il commence à saisir
maintenant.
M. Pagé: On en reparlera après un an de la...
Une Voix: ... d'autres questions?
M. de Belleval: Bien sûr. Une Voix: ...
crédits adoptés?
M. Pagé: Dans ce cas-là, vous me répondrez
peut-être que c'est sectoriel, la nomination des négociateurs pour
le renouvellement de la convention collective, qu'on prenne le cas de
Matane-Godbout...
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: ... cela s'est fait comment, M. le ministre,
cette année, comparativement aux autres années? Est-ce que c'est
le cas...
M. de Belleval: C'est le conseil d'administration qui propose les
négociateurs qu'il veut retenir pour sa convention collective.
M. Pagé: Je vous avais demandé copie de la lettre
que vous aviez fait parvenir au ministre Lessard et dans laquelle des
informations voulaient que vous lui parliez assez vertement...
M. de Belleval: On a fait les vérifications...
M. Pagé:... vous vous étiez engagé à
déposer la lettre que vous aviez envoyée au ministre
Lessard...
M. de Belleval: C'est ça.
M. Pagé: Est-ce que...
M. de Belleval: On a fait les vérifications et je n'ai pas
envoyé de lettre à M. Lessard.
M. Pagé: II y a eu un problème d'ajustement au
niveau de la responsabilité de savoir qui désignerait le
négociateur patronal, entre autres aussi, vous n'êtes pas sans
savoir qu'un des éléments problèmes dans ce dossier a
été le fait que le négociateur patronal ne
possédait pas un dossier maritime comme il se devait pour
négocier ce dossier. Vous n'êtes pas sans savoir ça; vous
ne le direz peut-être pas, mais vous le savez. J'aimerais savoir ce qui
s'est passé dans ce dossier...
M. de Belleval: On a vérifié s'il y avait
effectivement eu un échange...
M. Pagé: Pouvez-vous me répondre ou si vous
préférez...
M. de Belleval: ... de lettres entre M. Lessard et moi à
ce sujet; il n'y en a pas eu.
M. Pagé: Est-ce que le mot "lettres", dans votre esprit,
inclut les mémos?
M. de Belleval: Ah oui, toute pièce de correspondance,
même informelle, même sur un calepin comme celui-ci.
M. Pagé: II n'y a eu aucune communication entre M. Lessard
et vous sur le sujet?
M. de Belleval: Des communications verbales, bien sûr.
M. Pagé: D'accord.
M. de Belleval: On était en contact...
M. Pagé: II n'y en a pas eu concernant... Est-ce qu'il y a
eu des communications concernant la nomination de ce négociateur?
M. de Belleval: Du négociateur? Oui, il y en a eu. Je me
souviens qu'on avait retenu, tout d'abord, M. Bruno Leclerc; or, il y a eu
mésentente avec le Conseil du trésor sur le tarif des honoraires.
On a dû procéder à la nomination d'un deuxième
négociateur.
M. Pagé: Et le retard dans le règlement du dossier,
dans la signature de la convention collective, n'a pas du tout
été imputable...
M. de Belleval: Causé par ça? Non, pas du tout.
M. Pagé: Pas du tout.
M. de Belleval: Cela a été le contenu même de
la convention qui a posé des difficultés, bien sûr, mais
ça, je pense que ça fait partie...
M. Bisaillon: Elément 1 adopté?
M. de Belleval: Adopté.
M. Pagé: Elément 1, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): Elément 1, adopté;
élément 2, adopté; élément 3, adopté;
éléments 4, 5 et 6. Avant l'élément 6...
M. Bisaillon: C'est adopté.
M. Pagé: J'avais une dernière question, M. le
Président. Vous avez dit ce matin que vous ne saviez pas si les membres
des cabinets, dont le nombre a augmenté de plus de 80%, avaient
maintenant le statut de permanents. Vous n'êtes pas sans savoir que
l'agent officiel du ministre des Finances aux dernières
élections, qui a été nommé secrétaire
particulier adjoint du ministre et qui, à la suite d'une entrevue, a
obtenu sa permanence le 9 décembre 1977. Or, c'est une entrevue qui
s'est effectuée le 9 décembre. Cette personne a maintenant le
statut d'employé permanent de l'Etat à un traitement de plus de
$22 000 par année. Est-ce que c'est une procédure courante que
les secrétaires particuliers adjoints nommés par le nouveau
gouvernement en novembre ou décembre 1976, accèdent à
l'acquisition d'un statut de permanent à la suite d'entrevues
précédentes? (12 h 45)
M. de Belleval: Les acquisitions de permanence se font
conformément à la loi. Au bout d'un an, un membre d'un cabinet,
en vertu de l'ancienne loi, obtient sa permanence par un écrit du
ministre. S'il veut ensuite prendre un poste dans la fonction publique, la
Commission de la fonction publique lui donne une classification, et
conformément à cette classification, il peut trouver un poste
dans la fonction publique.
M. Pagé: Mais en vertu de...
M. de Belleval: C'est toujours une classification de
non-cadre.
M. Pagé: Mais en vertu de la loi 50...
M. de Belleval: Oui. Cela ne sera plus possible.
M. Pagé: Non, mais le secrétaire particulier
adjoint devra se soumettre à un examen.
M. de Belleval: A un concours, non pas à un examen.
M. Pagé: Est-ce que, en vertu de la loi 50, le ministre
peut me donner l'assurance que ce sera des examens écrits ou si cela se
résumera seulement...
M. de Belleval: Dans le cas de...
M. Pagé: ... à des entrevues ad hoc... M. de
Belleval: Dans le cas de...
M. Pagé: ... comme cela a été le cas, entre
autres, pour l'agent officiel du député de Vanier...
M. de Belleval: Non, ce sera des concours...
M. Pagé: ... qui est à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec?
M. de Belleval: Ce seront des concours. Certains concours se font
par examen écrit, et certains concours ne comportent pas d'examen
écrit. Régulièrement, pour l'ensemble des employés,
en particulier les cadres, ne passent pas d'examen écrit. Ce qui ne veut
pas dire qu'on ne changera pas cela à l'avenir dans...
M. Pagé: Alors un attaché d'administration, classe
1, ne passe pas d'examen écrit.
M. de Belleval: Oui, il passe un examen écrit.
M. Pagé: Pourquoi l'agent officiel du député
de Vanier n'a-t-il pas passé d'examen écrit?
M. de Belleval: En vertu de l'ancienne loi, il n'y a pas de
concours, c'est ce que nous allons changer par la nouvelle loi.
M. Pagé: Ce sera des examens écrits selon le poste
pour lequel...
M. de Belleval: Ils vont être soumis...
M. Pagé: ... une personne postulera.
M. de Belleval: ... à la même procédure que
n'importe quelle personne de l'extérieur. Les intéressés
devront s'inscrire à un concours et passer devant un jury, etc.
M. Pagé: On va surveiller cela
M. de Belleval: Je n'en doute pas.
Le Président (M. Blank): Le programme 1 à 6
inclusivement est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
M. de Belleval: Merci beaucoup.
Le Président (M. Blank): Les crédits sont
adoptés.
Fin de la séance à 12 h 47