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Etude des crédits du ministère de la
Fonction publique
(Seize heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la fonction publique se réunit pour
étudier les crédits budgétaires de ce
ministère.
Les membres de cette commission sont M. Bi-saillon (Sainte-Marie), M.
Brochu (Richmond) remplacé par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe); M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Gosselin (Sherbrooke); M. Jolivet (Laviolette)
remplacé par M. Chrvrette (Joliette-Montcalm); Mme Denise LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), M. Mailloux (Charlevoix)...
M. Pagé: Remplacé par M. Lalande (Maisonneuve).
Le Président (M. Jolivet): M. Lalande (Maisonneuve), M.
Marcoux (Rimouski), M. Pagé (Portneuf).
Il faudrait un rapporteur à cette commission.
M. Pagé: Les intervenants.
Le Président (M. Jolivet): Les intervenants, nous allons
remplacer M. Springate par M. Dubois (Huntingdon).
M. Pagé: Deux bonnes recrues.
Le Président (M. Jolivet): Le rapporteur de cette
commission, M. Gosselin.
Nous allons débuter, comme la pratique le veut, par une
intervention de chacun des partis. D'abord, le ministre, ensuite le Parti
libéral et le Parti de l'Union Nationale.
M. le ministre, vous avez la parole.
Remarques préliminaires M. François
Gendron
M. Gendron: M. le Président, je suis membre de la
Commission de la fonction publique. J'aimerais d'abord, comme il en est
coutume, présenter quelques fonctionnaires qui m'accompagnent et je vais
le faire, bien sûr, en mentionnant ceux qui relèvent directement
du ministère de la Fonction publique ainsi que des organismes centraux,
en sachant très bien qu'ils sont accompagnés de leurs
collaborateurs ou de leurs collaboratrices. Je tiens à signaler,
également, en ce début des crédits, que M. Lefebvre,
sous-ministre, n'a pu être présent et qu'il est remplacé
par M. Raymond Conti, sous-ministre intérimaire. Il y a également
M. Jean-Marie Lalande, sous-ministre adjoint. M. Lalande, ça me fait
plaisir de vous présenter. Il y a M. Marc Carrier, également
sous-ministre adjoint et, au niveau des organismes centraux, M. Roch Bolduc,
président de la Commission de la fonction publique, M. Claude
Bélanger, président de l'Office de recrutement et de la
sélection du personnel ainsi que M. Guy Moffat qui est président
et directeur général de la commission administrative du
régime de retraite. Comme je l'ai mentionné, je suis heureux de
voir que leurs collaborateurs et collaboratrices ont accompagné ces
gens-là pour permettre, tantôt dans les discussions, de travailler
peut-être mieux.
C'est la première occasion qui m'est donnée, quant
à moi, de présenter mon ministère à cette
commission convoquée pour l'étude des crédits. Je voudrais
d'abord rappeler que, lors de la présentation des crédits pour la
période 1979-1980 par mon prédécesseur, M. Denis de
Belleval, une nouvelle loi venait d'entrer en vigueur. Je veux, bien sûr,
parler de la Loi sur la fonction publique qu'on a tous communément
appelée la loi no 50. Depuis, une année s'est
écoulée. A l'origine, cette loi avait un grand objectif, à
savoir redonner au pouvoir politique responsable les véritables
responsabilités en matière de gestion du personnel.
Je vous ferai grâce des objectifs particuliers de même que
des modifications apportées aux structures administratives alors en
place. Je pense qu'on vous a déjà suffisamment entretenus sur le
sujet.
Comme vous le savez, la fonction publique est un monde en soi, un monde,
qui, historiquement, a pris beaucoup d'ampleur, est devenu un univers complexe,
avec ses labyrinthes de structures, de règlements, de normes et de
procédures. Plusieurs gouvernements, auparavant, ont essayé de
s'attaquer à la lourdeur de cet appareil, sans succès
réel. Même notre première tentative, quant à nous,
dans ce sens a été assez vertement critiquée. Nous
étions conscients, à l'époque, de l'ampleur d'une telle
entreprise. Le processus mis en branle en est un de longue haleine et de
persévérance constante.
L'amélioration de l'efficacité, de la productivité
de la fonction publique, est une tâche qui, en soi, n'est jamais
terminée. Mais, c'est justement parce qu'elle n'est jamais
terminée qu'il faut faire preuve d'une vigilance constante, la baliser
et lui donner du ressourcement.
Je pense que nous nous sommes donné les moyens de réaliser
cette tâche, mieux que toute autre fonction publique, en rapatriant au
sein des mêmes organismes les responsabilités véritables en
matière de gestion du personnel.
L'année qui vient de s'écouler nous a permis de mettre en
branle des mécanismes de fonctionnement, conformément à
l'esprit que l'on voulait insuffler à la gestion des ressources humaines
dans la fonction publique.
Les organismes impliqués dans cette réforme ont eu
à s'apprivoiser au cours des derniers mois. Bien sûr, le
ministère de la Fonction publique de même que la Commission de la
fonction publique existaient avant. Mais, comme vous le savez, le premier a
pris passablement d'ampleur, tandis que
la seconde se concentre maintenant strictement dans les activités
d'appel et d'enquête.
De plus, l'Office de recrutement et de sélection du personnel
voyait le jour et comme petit nouveau, il avait à faire ses preuves.
Notre philosophie de départ était, et est encore, que le
ministère de la Fonction publique fonctionne non pas comme un organisme
de contrôle, mais bien comme un organisme qui élabore des
politiques, de nouveaux critères d'efficacité et de nouveaux
modes de gestion, et ce, de concert avec les gestionnaires de tous les autres
ministères ainsi que les organismes collaborateurs.
Cette philosophie de gestion, pierre d'assise de la
décentralisation administrative, a été à mon avis
très bien comprise et assumée par les gestionnaires
impliqués dans le processus.
Les commentaires que j'ai reçus de nos principaux collaborateurs,
lors d'une consultation interne des différents ministères et
organismes, sont assez satisfaisants dans l'ensemble. On semble
particulièrement heureux d'une plus grande autonomie au niveau de la
détermination du niveau des emplois. On sait qu'auparavant
c'était une activité de gestion qui était
centralisée à la Commission de la fonction publique.
Dans le cadre de sa politique de délégation, l'Office du
recrutement et de sélection consulte actuellement ses répondants
dans les ministères, afin de transférer à plus ou moins
brève échéance certains pouvoirs reliés au
recrutement et à la sélection du personnel. On semble
également satisfait de l'information reçue au niveau des
directions de personnel et des gestionnaires. (16 h 45)
Comme appréciation globale sur le vécu de la loi 50, je
dirai simplement que les premiers pas sont encourageants. Bien sûr, il y
a certes des points obscurs qu'il faudra éclaircir au cours de
l'année qui vient, mais le fond, le principe même de cette
réforme est vigoureux et il faudra continuer de l'animer. Le Conseil des
ministres adoptait, en février dernier, une nouvelle politique
gouvernementale intitulée "Egalité en emploi". Cette politique
s'adresse à tous les employés de la fonction publique,
particulièrement aux femmes. On sait qu'il existe actuellement un
sérieux problème de représentation au niveau des emplois
féminins dans la fonction publique.
Notre politique vise à corriger la situation traditionnelle
d'inégalité des chances entre les femmes et les hommes de la
fonction publique québécoise, particulièrement au niveau
de certains corps d'emploi. Afin d'aboutir à des résultats
concrets, les ministères et organismes ont été
appelés à collaborer. Ils devront, et ce, pour le 1er octobre
1980, élaborer un plan d'action qui tienne compte de leurs mandats
respectifs et de leurs besoins particuliers.
Un comité de surveillance sera établi pour la durée
de l'implantation et aura comme mandat de surveiller l'évolution des
plans d'action et de conseiller le ministère de la Fonction publique sur
toute modification jugée nécessaire pour le succès de
cette politique. Plus particulièrement, le ministère de la
Fonction publique mettra au point, d'ici le 30 octobre 1980, ses
recommandations relatives aux règlements de la classification des
employés de secrétariat, pour en corriger le principe de base,
soit le classement moquette, c'est-à-dire le classement selon le statut
du supérieur immédiat.
En collaboration avec les instances gouvernementales à la
Condition féminine, j'ai voulu, par cette politique, jeter les bases
d'une démarche visant à corriger une situation qui, à mon
avis, n'avait que trop duré. J'interviendrai également au cours
de l'année qui vient afin de permettre aux personnes handicapées
un meilleur accès à la fonction publique, de même qu'une
représentation plus juste en son sein. D'ailleurs, notre programme
concernant ces personnes est en bonne voie de réalisation au moment
où je vous parle.
L'année écoulée a été
particulièrement marquée par le renouvellement des contrats
collectifs des employés de la fonction publique et parapu-blique. Depuis
ma nomination comme ministre de la Fonction publique, j'ai été
appelé à procéder à la signature d'un certain
nombre de conventions collectives. Le 16 janvier dernier, je paraphais celle
des médecins et, le 30 du même mois, celle des chirurgiens
dentistes.
Le 31 janvier dernier, j'avais l'honneur d'apposer ma signature au
contrat liant le gouvernement aux 45 000 employés
représentés par le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec. Tout en admettant que les négociations ont
été longues avec ce dernier groupe, j'estime que le jeu en valait
la chandelle. La nouvelle convention, qui a une portée de quatre ans et
demi, a été entérinée par plus de 90% des membres
du Syndicat des fonctionnaires provinciaux. Un tel vote démontre de
façon non équivoque le degré de satisfaction des
syndiqués par rapport aux offres gouvernementales.
Je tiens également à souligner qu'un accord est intervenu
entre le gouvernement et le Syndicat des professeurs de l'Etat du Québec
qui relèvent du ministère de la Fonction Publique. J'aurai, dans
les jours qui viennent, l'occasion de parapher cette entente.
L'autre syndicat encore en négociation est le Syndicat des
professionnels du gouvernement du Québec. Les syndiqués de ce
syndicat ont à se prononcer actuellement sur nos dernières
offres.
A l'instar des fonctionnaires avec qui nous avons eu finalement un
excellent règlement, j'ose espérer que nous réussirons
à nous entendre très bientôt, à la satisfaction de
tous, avec le Syndicat des professionnels.
Les dernières offres du gouvernement constituent un effort
sérieux en vue d'obtenir un règlement, relativement surtout aux
deux points majeurs, tout en reconnaissant et j'en profite pour le
souligner que, bien sûr, dans une négociation, il reste
toujours des points qu'on peut qualifier autres que majeurs mais, dans cette
négociation-ci, je pense qu'on avait tous reconnu que les deux points
majeurs étaient la carrière et la sécurité
d'emploi.
J'en profiterais pour ceux qui ont le texte qu'en ce qui a trait non pas
à la carrière, mais en
ce qui a trait à l'avancement de classe c'est important de
faire la correction nous proposons le maintien intégral des
pratiques en vigueur depuis 1968 ainsi que la concordance entre ces pratiques
et les règlements du ministre.
En ce qui concerne la sécurité d'emploi, le gouvernement
du Québec garantit la sécurité d'emploi absolue: un
professionnel ne sera jamais mis à pied à cause d'un manque de
travail, cette garantie étant même inscrite dans la loi.
Le gouvernement garantit également aux professionnels que tout
déplacement est fait sur la base du volontariat. Le professionnel est
libre de suivre ou de ne pas suivre l'unité déplacée.
Ces offres sont des plus satisfaisantes et je formule le souhait que les
syndiqués les étudient à leur juste mérite, ce
qu'ils sont en train de faire dans la consultation en cours.
Le ministère de la Fonction Publique estime que les ententes
intervenues ou à intervenir avec les syndicats relevant de notre
juridiction représentent, considérant les conditions de travail
existant dans le secteur privé, un acquis sérieux qui se compare
très avantageusement à ce qui existe dans d'autres secteurs
d'activités, notamment le secteur privé.
Un autre de mes objectifs pour l'année écoulée
était de compresser les effectifs de la fonction publique. Je voudrais
ici souligner le succès de cette opération. On se rappellera que,
l'an dernier, le gouvernement s'était fixé comme objectif une
croissance zéro des effectifs de la fonction publique. La
réduction visée était de 2,5% au 31 mars 1980, tel que
mentionné dans le discours du budget. On y est arrivé en ne
remplaçant pas le personnel qui démissionnait, prenait sa
retraite ou décédait. Les postes vacants étaient
annulés, si ces trois derniers facteurs ne suffisaient pas pour
satisfaire l'objectif.
Comme l'a mentionné le ministre des Finances, lors de son
allocution sur le budget, cette opération nous permettra de payer en
salaire $80 000 000 de moins par année, par rapport à ce qui se
serait produit si les objectifs avaient poursuivi leur envolée dans
l'allégresse.
Une opération de ce genre démontre bien
l'intérêt que porte le gouvernement actuel à une
utilisation optimale des ressources en place. Je crois que nous avons, dans la
fonction publique du Québec, des ressources humaines compétentes
et que leur productivité est intimement liée à une
utilisation efficiente de leurs talents.
Cette remarque concerne particulièrement les cadres
supérieurs. Mon prédécesseur a eu l'occasion
d'intégrer, à l'intérieur de cette grande réforme,
celle de la gestion des cadres.
La gestion courante, au jour le jour, de la fonction publique, repose
sur un certain nombre de hauts fonctionnaires sous direction
générale du pouvoir politique. Ils sont les premiers responsables
de l'efficacité des ressources humaines et physiques dont ils ont la
charge. En ce sens, il nous faut maintenant privilégier les
capacités d'administrateurs, de gestionnaires compétents et
efficaces dans un contexte de fonction publique, c'est-à-dire dans un
contexte où il faut toujours avoir en tête la notion de service
public dont nous sommes responsables.
Sans perdre de vue la productivité des ressources en
général, il est important de favoriser une plus grande
mobilité, une polyvalence au niveau de la gestion supérieure des
ministères et organismes.
A cet effet, mon ministère déposait en décembre
dernier un document de travail intitulé "Plan de gestion des cadres
supérieurs". Ce document a été conçu de
façon à dégager une vue d'ensemble de ce que sera la
situation en matière d'encadrement supérieur et servira dans le
processus de consultation sur les propositions de nouvelles politiques.
Je vous souligne également que dans le but de préparer la
relève des cadres supérieurs le gouvernement du Québec
offre aux professionnels de la fonction publique l'occasion de participer
à "Forma-Cadre". "Forma-Cadre" réunit, de façon
principale, deux formules d'apprentissage, soit la formule des stages pratiques
et la formation académique telle que la maîtrise en administration
publique de l'ENAP. Actuellement, 40 participants sont inscrits à ce
programme de formation et de perfectionnement.
Nous vivons actuellement une nouvelle expérience au
ministère de la Fonction publique, soit l'implantation d'un
système de gestion automatisé, des informations sur le personnel
et pour ceux qui y sont familiers on parle de l'opération
SAGIP. En effet, les exigences nouvelles de la gestion du personnel dans une
fonction publique devenue plus grande et plus complexe, combinées avec
les possibilités offertes par les techniques informatiques et de
télétraitement, dictaient le développement d'un
système plus élaboré et plus complet d'information pour la
gestion de notre personnel.
Le développement de ce système a été
conçu par phases dont la première, mise en oeuvre en
février 1980, est un nouveau système de paie. Les phases
ultérieures toucheront aux informations reliées à la
gestion des postes et des effectifs, au plan de mobilité du personnel,
aux banques de mutation, aux activités de perfectionnement et au plan de
gestion des cadres supérieurs.
Je voudrais ici dire quelques mots au sujet de l'Office du recrutement
et de la sélection du personnel. L'article 50 de la Loi sur la fonction
publique fait état des fonctions et pouvoirs de l'office. Depuis
l'entrée en vigueur de ces pouvoirs, le premier avril 1979, l'office a
adopté un règlement concernant la durée d'une liste de
déclaration d'aptitudes et la présentation des can-dicats, lequel
règlement est entré en vigueur le 29 août 1979. Depuis sa
naissance, l'office a lancé 303 concours de recrutement et de promotion.
721 personnes ont été déclarées aptes par l'office.
Des cours de formation ont été dispensés par l'office
à 350 personnes en vue de faire partie de comités de
sélection. Les objectifs de l'office pour 1980 sont d'abord, dans un
premier temps, d'améliorer la qualité de la sélection du
personnel dans la fonc-
tion publique et, dans un second temps, d'améliorer
l'efficacité des opérations de sélection. Ce dernier
objectif revêt une importance particulière quand on connaît
actuellement les délais occasionnés dans le passé lors de
la tenue de concours.
Le démarrage de l'office est bien amorcé; la
procédure de sélection est encore longue, mais je ne doute pas
qu'on puisse la raccourcir selon les objectifs visés par l'office pour
l'année à venir.
Quelques mots également concernant la Commission de la fonction
publique. Vous savez sans doute que cette commission a un pouvoir
d'enquête sur l'application de la loi et qu'elle sert de tribunal d'appel
pour les fonctionnaires qui s'estiment lésés sous certains
rapports, dans l'application de la loi. C'est en sorte le chien de garde du
ministre et du gouvernement dans le processus de gestion du personnel.
Personnellement, je suis très satisfait de constater que la philosophie
même à l'origine de la loi se retrouve encore aujourd'hui. On
découvre un processus plus ouvert, plus transparent, plus public, plus
critiquable, qui permet à tous les citoyens de s'assurer que ce sont des
critères d'efficacité qui président à la gestion du
personnel dans la fonction publique et non des critères de favoritisme
ou autres.
Je ne peux terminer cet exposé sans vous mentionner que le
gouvernement actuel injecte, dans les régimes de retraite, pour
l'année à venir, la somme de $919 000 000. Une bonne partie de ce
montant est hors régime de la fonction publique, soit $482 000 000. Le
gouvernement continue ainsi sa politique de financement des coûts pour
les services courants et d'amortissement du passif pour les services
antérieurs.
Je vous fais remarquer, en passant, que le gouvernement antérieur
n'avait rien fait de ce côté.
En guise de conclusion, je souhaite que la réforme de la gestion
du personnel de la fonction publique, entreprise depuis l'entrée en
vigueur de la loi no 50, maintienne son rythme de croisière actuel et
que les intervenants rattachés aux différents ministères
et organismes s'impliquent dans la démarche, comme ils l'ont fait
jusqu'à maintenant, dans le but de maintenir une saine gestion du
personnel dans la fonction publique québécoise.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je voudrais, tout
d'abord, saluer les fonctionnaires et les collaborateurs immédiats du
ministère de la Fonction publique, au niveau du bureau du sous-ministre,
au niveau de l'office de recrutement et au niveau de la Commission de la
fonction publique. Je voudrais aussi saluer particulièrement le ministre
de la Fonction publique qui en est à ses premiers crédits.
C'est la première fois, la première occasion qu'il a de
venir défendre, devant une commission parlementaire ou devant la
Chambre, les crédits du ministère de la Fonction publique.
Le ministre nous a fait une déclaration, brève, succincte,
qui vient résumer ou qui fait allusion aux activités de son
ministère depuis sa nomination comme ministre par le premier ministre.
Je voudrais, immédiatement, rassurer le ministre. Evidemment, nous avons
une coutume, de notre côté, d'être un peu plus souple
à l'égard d'un nouveau ministre qui se présente pour
étudier ses crédits, d'autant plus que celui-ci n'est
nommé que depuis quelques mois. Le ministre comprendra que l'on se doit,
à ce moment-ci, particulièrement au moment de la
déclaration, d'émettre nos commentaires, nos
considérations et, à l'occasion, certaines réserves sur
les politiques gouvernementales et, particulièrement, sur ses
politiques.
M. le Président, la fonction publique, c'est beaucoup au
Québec. Le ministère de la Fonction publique est un
ministère important. Important, non seulement pour le gouvernement, mais
important pour la société du Québec. Nous n'avons
qu'à nous rappeler l'effort qu'a déployé le gouvernement
du Québec pour faire de la fonction publique, des politiques
gouvernementales, un genre de secteur témoin permettant de comparer avec
ce qui se passait dans l'entreprise privée.
Bien souvent, des normes, des conditions de travail, des
problèmes bien spécifiques, dans la fonction publique, ont leurs
répercussions dans l'entreprise privée. La fonction publique
québécoise est devenue, en quelque sorte, le moteur ou l'exemple
à regarder dans les relations de travail et dans les normes de travail
dans l'entreprise privée, dans plusieurs cas.
La fonction publique a évolué depuis trois ans. Les lois
de la fonction publique ont évolué, de façon très
sensible, par la présentation, entre autres, de la loi no 53 loi
qui a été retirée de la loi 50 qui est revenue. On
se rappellera que cette loi vient établir de nouveaux mécanismes
de gestion du personnel de la fonction publique. Des mécanismes jeunes,
une structure nouvelle, mais il semblait se dégager, au-delà de
ces structures et mécanismes, une volonté qui était tout
à fait justifiée, de la part du gouvernement, d'en arriver
à une nouvelle démarche, d'obliger la fonction publique à
de nouveaux défis. C'est dans ce sens que va ma première mise en
garde auprès du ministre.
Je conviens qu'un ministre, même s'il est à son
ministère depuis quelques années, profite toujours de sa
déclaration d'ouverture aux crédits pour nous dire que cela va
bien. Vous pouvez dire que cela va bien. Vous pouvez vous satisfaire de dire
que cela va bien. Vous pouvez le faire. Mais vous ne devez pas vous satisfaire
de dire que cela va bien, comme vous ne devez pas vous satisfaire non plus de
dire et de conclure que la loi no 50, ayant été adoptée
récemment, que le fonctionnement des nouveaux mécanismes semble
être concluant jusqu'à maintenant, vous ne devez pas vous asseoir
là-dessus, M. le ministre. (17 heures)
Au lendemain de l'adoption de la loi 50, le défi était
grand, il est grand et il demeurera assez grand, selon moi. Vous avez
touché quelques notions tantôt, par la bande. Vous avez
parlé de négociations. On se rappellera que les
négociations ont été difficiles, qu'elles ont
été ardues. C'est explicable. C'est explicable jusque dans une
certaine mesure, notamment pour les secteurs public et parapublic. Je ne veux
pas ici revenir à ce que j'ai déjà énoncé
à l'Assemblée. La situation que vous avez connue, somme toute,
est que vous avez récolté ce que vous avez semé en 1976 et
avant 1976.
Quant à moi, j'ai été surpris,
particulièrement en ce qui regarde la fonction publique comme telle,
particulièrement en ce qui concerne le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec et le Syndicat des professionnels du gouvernement
du Québec, de voir toute la teinte d'agressivité qu'on pouvait
facilement percevoir chez votre gouvernement. Vous me direz que mon
expérience est brève, mais elle est un peu plus longue que la
vôtre, M. le ministre. Je n'ai jamais vu un gouvernement négocier
avec autant d'agressivité avec le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux comme le gouvernement du Parti québécois l'a fait. Je
n'ai pas besoin de remonter ou de mettre en relief certains points particuliers
de la négociation. Il y en a eu des croc-en-jambes de part et d'autre.
C'était peut-être explicable; même si certains des gestes
posés tant par le syndicat que le gouvernement n'étaient pas
justifiables, certains de ces gestes étaient explicables. Les parties
semblent s'être promis, au lendemain de la loi 50, comme résultat
de la bagarre qu'elles avaient conduite lors de l'étude de la loi 50, de
se reprendre aux négociations.
J'aimerais que le ministre profite, soit dans sa réplique, ou
soit dans les réponses qu'il aura à nous donner sur les
crédits, des lendemains de la loi 50 et des lendemains de la
période de négociations que vous avez connue avec le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec. Quant à moi,
j'espère que les relations redeviendront des plus sereines, parce que,
autant vous êtes conviés de part et d'autre à des
idéaux, à des défis qui sont assez grands, autant il
faudra une collaboration étroite, autant il faudra une volonté
ferme des deux parties de s'associer pour faire en sorte que pour la loi 50 et
les autres dispositions cela aille mieux et que pour plusieurs des
éléments que vous avez soulevés, on en arrive à une
conclusion de résultats nettement améliorés lors des
prochains crédits ou dans les années subséquentes.
Vous avez parlé de productivité. C'est un
élément sur lequel on reviendra au cours de l'étude de ces
crédits, où le temps malheureusement est trop bref. C'est un
élément important. Vous pourriez évidemment regarder ces
questions, les grands défis, dont la productivité, et être
le directeur du personnel de la fonction publique. Je comprends que vous avez
des attributions administratives. Je comprends que vous avez des attributions
administratives au jour le jour, mais vous devez voir au-delà de votre
responsabilité au jour le jour. L'élément de
productivité de la fonction publique en est un. On a des
problèmes au niveau de la productivité dans certains
secteurs.
Vous devez, vous avez l'obligation de mettre en branle non pas des
études on a assez fait d'études selon moi mais les
processus et le système d'enclenchement qu'il faudra y mettre. Et ce
sera à partir d'une décision qui sera politique de votre part,
une décision gouvernementale, afin de savoir la façon de le
faire, pour améliorer la productivité dans la fonction
publique.
Mais je tiens à vous le dire tout de suite, M. le ministre,
l'amélioration de la productivité dans la fonction publique ne se
fera pas à partir de programmes comme ceux auxquels j'ai fait allusion
récemment, et auxquels vous avez fait allusion cet après-midi.
Cela se fera autrement, et vous aurez à répondre à des
gestes administratifs aussi, en plus d'avoir à élaborer des
grandes politiques.
Quand on parle, c'est bien d'un côté de dire: On va
améliorer la productivité, il faut faire en sorte que le climat
des relations de travail ou le degré de satisfaction au travail des
employés de la fonction publique soit plus grand. Cela, c'est
très bien. Puis, de l'autre côté, vous arrivez et vous nous
parlez de réduction des effectifs et vous dites: C'est beau, le ministre
des Finances nous convie à une réduction de 2% net, etc. Vous
oubliez du monde, vous savez. Vous oubliez des gens qui oeuvrent dans la
fonction publique depuis des années et qui attendent leur permanence.
Vous oubliez ça. Vous oubliez l'obligation qu'a le gouvernement et
particulièrement le ministère de la Fonction publique, de
s'associer à d'autres ministères du gouvernement du Québec
pour qu'on ait enfin au Québec une véritable politique de
main-d'oeuvre. On n'en a pas de politique de main-d'oeuvre, M. le
Président, au Québec, ou ce qu'on a ça fait
pitié.
Il faudra que le ministre de la Fonction publique prenne de son chef,
qu'il décide lui-même, non pas qu'il consulte le comité des
priorités du nième comité du Conseil des ministres qui est
là pour rédiger des rapports. Il faudra une attitude agressive et
déterminée de votre part pour concilier des politiques de
main-d'oeuvre à l'intérieur de la fonction publique. Un exemple
très bref. Vous me direz si j'ai tort, mais c'est la perception que j'en
ai. La fonction publique, ce sont selon moi les gens qui sont appelés,
soit sur une base permanente, peu importe à quel titre, qu'ils soient
cadres, qu'ils soient professionnels, qu'ils soient cols bleus peu importe.
L'employé est là pour faire un travail selon une
définition de tâches qui est prévue dans un contrat de
travail. L'important, c'est qu'il le fasse et, ce qui est aussi important,
c'est si possible qu'il le fasse tout en étant le plus heureux. Ce sont
aussi des employés temporaires, ce sont aussi des employés qui
sont ce qu'on appelle selon le vieux vocable et vous pourrez me corriger
saisonniers. Ce sont aussi des gens qui viennent à contrat pour
des périodes bien déterminées. On a eu l'expérience
des pro-
grammes OSE l'année dernière. Vous me direz: Qu'est-ce que
ça vient faire dans les crédits de la fonction publique? Je vais
m'expliquer. On a vu des sommes importantes qui ont été
versées à plusieurs ministères pour faire travailler du
monde. Ce sont des gens qui ont mis l'épaule à la roue et qui ont
mis du capital humain, en retour d'un capital financier pendant quelques mois,
mais ce qui totalise quand même plusieurs années-hommes-travail.
Je ne conçois pas qu'aujourd'hui le gouvernement du Québec ait
renouvelé l'expérience que je considère plus ou moins
positive pour ne pas dire autre chose du gouvernement
fédéral.
Les deux paliers de gouvernement, vous avez de l'argent, mais vous
n'avez pas d'idées. C'est ça le problème. Vous votez des
crédits au début d'une année et là, vous nous
dites: Bien écoutez, nous, nous n'avons pas d'idées. On n'a pas
de politique de main-d'oeuvre. Et, là, on voit arriver la ribambelle de
projets OSE et on verse tant d'argent à un ministère puis, on
dit: Bon, voilà une enveloppe budgétaire et faites donc
travailler quelques gars pendant quelques mois là-dessus, de
préférence des assistés sociaux, entre autres. Ce n'est
pas compliqué, vous le savez, M. le ministre. C'est strictement pour les
enlever de l'aide sociale, les faire travailler environ quinze semaines et,
comme on le dit dans le jargon, les "refouter" au fédéral pour
qu'ils aillent chercher de l'assurance-chômage. C'est ça la
politique de main-d'oeuvre du gouvernement du Québec dans le moment.
C'est inadmissible; c'est peut-être admissible, mais il faudra que vous
le disiez si ça l'est, et vous serez jugé à partir des
actes que vous ferez.
Qu'est-ce qui arrive, pour qu'on vienne aujourd'hui nous dire: On a
adopté des lois, on peut prévoir des mécanismes pour
améliorer le degré et la satisfaction au travail. Ceci qui est
tout à fait légitime. Vous devrez intervenir sur la question des
employés temporaires. D'ailleurs, j'aurai des questions bien
spécifiques là-dessus, sur le nombre d'employés. Vous en
avez probablement dans votre comté qui vont vous voir comme
député et qui disent: Écoute, moi, ça fait six ans,
sept ans que je travaille pour le gouvernement du Québec au rythme de
cinq ou six mois par année et je n'ai aucune chance de permanence, il
n'y a pas de poste ouvert. N'allez pas croire que des déclarations comme
celles qu'a faites le ministre des Finances l'année dernière,
qu'il a réitérées cette année... Même si vous
arrivez avec des beaux programmes et des belles grandes déclarations, ce
n'est pas ce qui va augmenter la productivité chez ce type et ce n'est
pas ce qui va améliorer le degré de satisfaction de ce
travailleur. En tout cas, nous reviendrons là-dessus. Même chose
pour la décentralisation.
Vous conviendrez avec moi que la décentralisation a
été une politique vous êtes allés un peu
à la pêche avec cela quand elle a été
annoncée cette grande politique de décentralisation vous
avez testé. Vous avez voulu prendre la température de vos
employés pour connaître leurs réactions. Vous vous
êtes ressaisis un peu. Vous l'avez amorcée tranquillement, mais il
semble que ce soit l'intention ferme de votre gouvernement. Il faudra que vous
profitiez de l'opportunité que nous avons cet après-midi
d'énoncer clairement quelle est la politique du gouvernement du
Québec en matière de décentralisation. D'où
part-elle? Jusqu'où va-t-elle? Dans quelle démarche
s'inscrit-elle? Est-ce une démarche sociologique, administrative? Quelle
est cette démarche?
Vous aurez aussi à nous donner les résultats des
expériences menées jusqu'à maintenant. Nous savons qu'il y
a des organismes gouvernementaux où la décentralisation s'est
effectuée. Lors de l'étude des crédits du ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre, j'aurai l'occasion, notamment, d'interroger
mon bon ami le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre sur la question de la
Commission des accidents du travail. Cela revient à ce que je vous
disais au début. Si vous vous considérez strictement comme le
premier directeur du personnel de la fonction publique du Québec, vous
ne vous tracasserez pas de questions comme celles-là, puisqu'elles
relèvent du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Selon moi, votre
fonction déborde cela et vous avez une obligation qui va au-delà
de cela.
Nous aurons, évidemment, à dialoguer sur
l'égalité des chances dans l'emploi. Vous avez
déposé un document, en février si ma mémoire est
fidèle, où vous avez rendu publique une politique. C'est bien,
nous y souscrivons. Mais nous ne souscrivons pas à n'importe quoi. Nous
souscrivons au principe. Vous devrez nous dire, dans les faits, ce qui sera
fait exactement. Je ne veux pas moraliser je vous donne mon opinion bien
personnelle et celle de mon caucus c'est très bien
d'énoncer une politique d'égalité des chances dans
l'emploi, mais il ne faudra pas que vous rameniez ce débat et ces
actions à des déclarations du type de celle qu'a faite le premier
ministre, jeudi dernier.
L'égalité des chances dans l'emploi, dans la fonction
publique, ce n'est pas quand le premier ministre arrive, en conférence
de presse, tout gonflé, et qu'il vient dire: Regardez combien il y a de
femmes dans l'administration. Une telle dame est sous-ministre, etc. Il nous
donne une énumération d'une douzaine de personnes. Si c'est cela,
nous ne nous associons pas à votre politique. Il faudra qu'elle aille
au-delà. Il faudra qu'elle dépasse cela. Cela nous permettra
peut-être de revenir sur les dernières négociations et les
ententes qui ont été parafées à cet
égard.
Je reviens là-dessus, vous aurez évidemment à nous
expliquer votre démarche concernant la politique de la main-d'oeuvre au
Québec. Vous êtes le plus gros employeur du Québec. Vous
êtes intimement lié, comme ministre de la Fonction publique,
à toute politique de main-d'oeuvre.
Nous aurons donc à parler des mécanismes de
négociation dans la fonction publique. Je vais terminer
là-dessus. C'est un élément qui a retenu plusieurs heures,
plusieurs échanges à l'Assemblée nationale depuis un an.
Vous n'avez pas fait mieux que vos prédécesseurs, ce n'est pas
compliqué. C'est pourquoi nous sommes intervenus
souvent, compte tenu des préjudices, des torts qu'ont eu à
subir les citoyens du Québec pendant ces périodes de
négociation.
On sait que le gouvernement, donnant suite à une motion qui a
été déposée récemment par l'Union Nationale,
a accepté de convoquer une commission parlementaire. Vous devrez y
participer, non pas comme le troisième sur la banquette pour
écouter ce que le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, dans sa
grande sagesse et dans sa grande suffisance, aura à nous dire. Vous
devrez y participer comme ministre de la Fonction publique. Ce sera votre
responsabilité. J'anticipe parce que je vous crois je ne veux pas
faire de comparaison en tout cas, dans le jargon, je pourrais dire que
je vous "trust" plus que M. Johnson. C'est bien clair et c'est bien franc. Vous
devrez avoir une participation ferme à titre de responsable de la
Fonction publique du Québec. Je n'en attends pas moins de vous et
j'attends beaucoup de votre participation personnelle, lors des travaux de
cette commission. (17 h 15)
M. le Président, c'est évident que ces grands
thèmes, ces grands éléments je m'excuse, je ne
prépare jamais de notes pour ces déclarations ce sont mes
opinions à la lumière des obligations qu'a le ministre de la
Fonction publique. Notre rôle, ici, de l'Opposition officielle et de
l'Opposition en général, c'est d'inciter le gouvernement, c'est
d'obliger et c'est, à l'occasion, s'assurer qu'un ministre, comme le
ministre de la Fonction publique, ne s'asseoit pas sur ce qui est fait, qu'il
regarde demain.
C'est évident que tout cela sera accompagné de questions
assez spécifiques et je ne voudrais pas que le ministre
interprète les questions bien spécifiques, très
concrètes, qui touchent peut-être seulement quelques
employés, que je lui poserai comme étant une volonté pour
moi de lui donner des crocs-en-jambe, pas du tout. Il y a des problèmes
particuliers ou, bien souvent, on doit profiter de l'étude des
crédits de la fonction publique pour les mettre en relief, pour tenter
de trouver des solutions.
C'est cela l'essentiel, M. le Président, et j'ose croire
qu'à la lumière des quelques heures qu'on aura pour
débattre ces questions-là on aura réponse à nos
questions.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Merci, M. le Président.
A mon tour, il me fait plaisir de saluer tout votre personnel venu pour
nous aider. Réellement, M. le ministre, avec une couronne semblable,
vous devez être grandement apprécié à votre
ministère ou bien vous avez une main de fer et vous leur avez
demandé de venir vous aider afin de pouvoir répondre
adéquatement à toutes les questions que l'Opposition vous
posera.
M. Marcoux: C'est leur calvaire.
M. Cordeau: J'ai quarante-huit heures, ne vous découragez
pas.
M. Marcoux: Les crédits permanents ne sont pas
votés?
M. Cordeau: Je veux aussi remercier M. le ministre pour avoir
répondu aux questions que nous lui avons posées, il y a quelques
semaines.
Au cours des derniers mois, nui doute que le dossier clé du
ministère de la Fonction publique a été la
négociation avec les fonctionnaires et le règlement de la
grève l'automne dernier.
Sous le régime de l'ancien gouvernement, comme sous le
régime du gouvernement actuel, ce sujet n'a rien perdu de son
actualité. Bien au contraire, la semaine dernière, jour pour
jour, l'Assemblée nationale était convoquée d'urgence pour
voter la troisième loi spéciale depuis l'automne, pour forcer les
travailleurs, les cols bleus de la ville de Montréal, à rentrer
au travail. Le ministre me dira que les cols bleus de la ville de
Montréal ne font pas partie de la fonction publique. C'est exact, mais
si j'en parle, c'est pour mieux définir le malaise qui mine la
société québécoise depuis trop d'années
déjà. Pour cerner le malaise et pour trouver une solution
globale, il nous faut parler des secteurs public et parapublic. On n'a pas le
choix, oui ou non, veut-on soulager la société
québécoise de ce fléau qui revient de façon
périodique, à chaque ronde de négociations.
M. le ministre, à cette question, nous devons répondre par
un oui ou par un non. Vous connaissez le jeu. Donc je vous laisse
répondre: oui ou non voulez-vous, une fois pour toutes, régler le
problème des grèves dans les secteurs public et parapublic?
M. le Président, c'est un fait que l'existence du droit de
grève dans les secteurs public et parapublic, cela dérange et
cela fait mal. Voilà maintenant plus de quinze ans que ce droit existe,
qu'il jouit d'une reconnaissance juridique, à la suite d'une loi
adoptée par le gouvernement Lesage en 1964. Depuis ce temps, nous avons
connu plusieurs grèves et ce, dans tous les secteurs de la vie publique:
hôpitaux, foyers d'accueil pour personnes âgées, transport
en commun, Hydro-Québec, la SAQ, Fonction publique, collets bleus de la
ville de Montréal et bien d'autres encore. Chaque fois, M. le
Président, soit les citoyens, soit les malades soit les étudiants
ont été pris en otage et toutes ces grèves se sont faites
sur le dos des citoyens qui ne le méritaient pas. Que ce soient des
grèves de zèle, des grèves perlées ou des
grèves générales illimitées, on y a tous
goûté plus d'une fois et chacun peut se rappeler un ou deux
événements fâcheux qu'il a vécus personnellement ou
qu'un être proche a vécus.
Triste bilan, me direz-vous. C'est vrai. Faut-il en rire ou en pleurer?
D'une part, c'est beaucoup trop grave pour en rire. Il n'y a vraiment rien de
drôle là-dedans et, d'autre part, se complaire dans
sa propre désolation ou pleurer sur le sort de ceux qui en sont
forcément les victimes innocentes, cela n'arrange rien en dehors du fait
de nous procurer un échappement commode pour exprimer notre
frustration.
Je voudrais maintenant vous rappeler certains faits historiques qui vous
permettront de mieux comprendre les prises de position actuelles de l'Union
Nationale sur ce sujet très controversé qu'est l'utilisation du
droit de grève dans les secteurs public et parapublic du
Québec.
Premièrement, lors de la course au leadership, en mai 1976, on
disait: Au conflit permanent il faut opposer la négociation permanente.
En second lieu, lors de l'élection de novembre 1976, dans le programme
de notre parti, nous disions: C'est le temps de mettre de l'ordre dans les
relations de travail, c'est le temps de remplacer le droit de grève dans
le secteur public par des négociations permanentes.
Troisièmement, lors du congrès d'orientation de février
1979, nous avons réitéré la position du parti. Dès
l'ouverture de la session, l'année passée, en mars 1979, le chef
de l'Union Nationale déclarait, en conférence de presse, que l'un
des principaux chevaux de bataille de l'Union Nationale serait le dossier des
négociations des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic.
Quelques mois plus tard, alors que les conflits de travail avec les
infirmières paralysaient plusieurs hôpitaux dans toutes les
régions du Québec, l'Union Nationale, après une tentative
infructueuse quelques jours plus tôt, obtenait, le 6 juin 1979, avec
l'aide du Parti libéral du Québec, la permission du
président de l'Assemblée nationale de tenir un débat
d'urgence pour discuter de la situation critique dans plusieurs hôpitaux
du Québec.
Ce débat fut le premier au cours de la présente session
où l'Union Nationale a pu réitérer ses positions et
exposer ses demandes au gouvernement. C'est surtout au cours de l'automne 1979,
au moment où les relations entre les syndicats et le gouvernement se
sont détériorées, qu'elles ont donné lieu
rapidement à des affrontements majeurs, en particulier dans les
hôpitaux ainsi que dans divers ministères clés, que les
débats de l'Assemblée nationale se sont multipliés.
Dès le 16 octobre, le chef de l'Union Nationale allait directement au
coeur du problème. Il a alors dit tout haut ce que plusieurs d'entre
nous se disaient face à une situation devenue incontrôlable.
A l'occasion d'une période de questions, le chef de l'Union
Nationale questionna le premier ministre et lui posa la question suivante: Le
droit de grève est-il un moyen d'action dépassé dans les
secteurs hospitalier et scolaire? Le premier ministre a répondu que
c'est possible, mais que ce droit existe et qu'il faut vivre avec, que ce soit
agréable ou non. Et il ajouta que seul un consensus, c'est-à-dire
une espèce de contrat social d'accord avec les parties
intéressées, pourrait nous permettre d'abolir le droit de
grève et cette possibilté n'est strictement pas à
l'horizon.
Une autre question du chef de notre parti. celui que vous admirez
tellement aujourd'hui, était la suivante: Entre le droit de faire la
grève et le droit des malades à recevoir des soins hospitaliers
normaux, ou des étudiants à recevoir une instruction publique
gratuite, lequel doit l'emporter? Lequel doit primer lorsque les deux
s'affrontent dans un conflit de travail? A cette question, le premier ministre
n'a trouvé autre chose à dire que de déplorer la situation
et d'annoncer qu'elle ne pouvait pas durer indéfiniment. Il est
évident, pour quiconque s'intéresse à la vie politique et
au sort de ses concitoyens, que cet état de fait ne peut pas durer
indéfiniment.
Quelques jours plus tard, soit le 24 octobre 1979, dans le cadre des
débats du mercredi après-midi, l'Union Nationale avait inscrit au
feuilleton de l'Assemblée nationale une motion au nom du chef de l'Union
Nationale. Cette motion se lisait comme suit: toujours la même,
madame Que cette Assemblée est d'avis que la commission
permanente du travail et de la main-d'oeuvre soit convoquée d'urgence
afin d'étudier la nécessité de remplacer le droit de
grève dans les secteurs public et parapublic par une formule de
négociation permanente comprenant l'arbitrage obligatoire pour le
règlement des clauses normatives et l'élaboration d'une politique
salariale basée sur la moyenne payée dans le secteur
privé. M. le Président, après le débat, la motion
fut amendée et a été adoptée par les parlementaires
de I Assemblée nationale presque à l'unanimité. 66
députés avaient voté pour et seul le député
de Sainte-Marie s'était prononcé contre.
Deux semaines plus tard, soit le 6 novembre, le chef de l'Union
Nationale revenait à la charge auprès du premier ministre qui a
alors répondu que la grève contre l'Etat est devenue,
premièrement, un instrument de harcèlement dont on use à
tout propos, sans aucun égard pour I ensemble des citoyens;
deuxièmement, un instrument de facilité.
M. le Président, l'Union Nationale partage entièrement ce
point de vue sévère mais non moins réaliste du premier
ministre. Mais, contrairement au gouvernement du Parti québécois
qui n'ose pas aller au bout de son raisonnement, l'Union Nationale demande de
remplacer ce droit devenu instrument de harcèlement et instrument de
facilité par des mécanismes nouveaux adaptés à la
situation actuelle et aux besoins particuliers de notre société
moderne. Et quelques jours plus tard, plus précisément le
dix-huit décembre dernier, le député de Nicolet-Yamaska,
Me Serge Fontaine, déclarait à l'Assemblée nationale et je
cite: "Ce dont les citoyens du Québec ont besoin, c'est d'une loi-cadre
en ce domaine qui remplace le droit de grève par la négociation
permanente et l'application forcée des conventions collectives par voie
d'arbitrage obligatoire. C'est ce que l'Union Nationale a demandé depuis
au-delà d'un an et demi, si ce n'est pas plus. C'est ce à quoi
tous les parlementaires de l'Assemblée nationale se sont engagés
à la suite d'une motion qui a été présentée
par l'Union Nationale en date du 24 octobre de l'an passé ".
Plus près de nous maintenant, il y a une semaine jour pour jour,
à l'occasion du discours de deuxième lecture de la
troisième loi spéciale du gouvernement actuel, le chef de l'Union
Nationale, M. Michel Le Moignan déclarait, et je cite: "L'Union
Nationale le répète depuis longtemps, non pas qu'il faille abolir
le droit de grève, mais nous devons remplacer ce droit de grève
dans les secteurs public et parapublic puisque les syndicats s'en servent trop
souvent, pour reprendre les mots mêmes du premier ministre, comme un
instrument de harcèlement, un instrument de facilité. Maintenant
on a la preuve que ces grèves ne donnent pas les résultats
escomptés. Plus que jamais il faudrait que le gouvernement,
c'est-à-dire tous les membres qui constituent cette Assemblée
nationale prennent leurs responsabilités et essaient de trouver un
mécanisme pour remplacer le droit de grève par des dispositions
plus efficaces".
M. le Président, je tiens à souligner que l'Union
Nationale n'est plus la seule à revendiquer le remplacement du droit de
grève. En effet, le président du Congrès du travail du
Canada, devant les délégués au congrès du Syndicat
des fonctionnaires provinciaux de la Colombie Britannique a
déclaré, il y a dix jours, que le mouvement ouvrier devrait
commencer à remplacer le recours à la grève par des formes
nouvelles, intelligentes d'action collective. C'est bon signe. Voilà
maintenant que le mouvement syndical vient donner raison à nos
revendications. Mais, en plus du mouvement syndical, voici maintenant un
représentant du patronat qui est sur la même longueur d'onde que
l'Union Nationale, le mouvement syndical et la majorité silencieuse de
la population: il s'agit de M. Roger Phillips, président de la
Société d'électrolyse et de chimie. M. Phillips devait
déclarer, au cours d'un déjeuner-causerie hebdomadaire de la
Chambre de Commerce du district de Montréal, à la fin de janvier
dernier, que l'octroi du droit de grève aux employés de
l'État québécois s'est soldé par une faillite,
comme en témoignent les mesures d'urgence utilisées tout
particulièrement au cours des années 1970 et encore tout
récemment, pour régler les conflits dans les secteurs public et
parapublic.
A mon sens, il faut mettre fin à ce genre d'affrontement
stérile, a-t-il ajouté. Il est inacceptable de tenir ainsi les
citoyens en otages.
Avant de terminer, M. le Président, dans un journal de
Québec au début de février dernier on pouvait lire en gros
titres: "Secteurs public et parapublic, le ministre Gendron suggère de
retirer le droit de grève".
Bien sûr, ceci fut démenti aussitôt. Mais je
rappellerai au ministre qu'il n'y a pas de fumée sans feu. J'ai ici, M.
le Président, l'article en question.
Dans le communiqué émanant du bureau du ministre à
cette occasion, on a précisé que et je cite: "M. Gendron a tout
au plus proposé la tenue d'un sommet pouvant porter sur les
mécanismes de renouvellement des contrats collectifs où toutes
les parties intéressées pourraient étudier et, au besoin
si elles le désirent, remettre en cause les règles du jeu
prévalant actuellement dans le mouvement des conventions
collectives".
J'aimerais maintenant savoir si le ministre a l'intention ferme de tenir
un tel sommet sur le remplacement du droit de grève dans les secteurs
public et parapublic, avant la prochaine élection
générale. (17 h 30)
Juste avant de terminer, j'aimerais que le ministre nous explique son
point de vue concernant le remplacement éventuel du droit de
grève dans ces secteurs. Je suis certain que le ministre, depuis ce
temps, s'est fait une idée claire sur le sujet et qu'il nous en fera
part.
Tantôt, vous avez mentionné dans votre message que vous
aviez trouvé certains points obscurs dans la loi 50. J'aimerais que vous
nous fassiez part de ces points obscurs, car vous avez dit qu'il y aurait
probablement des correctifs à y apporter, au cours de la présente
année.
Également, vous mentionnez dans votre texte l'autre syndicat
encore en négociation, le syndicat des professionnels du gouvernement du
Québec. J'aimerais connaître ce sur quoi achoppent les
négociations. Quand le contrat sera-t-il signé?
Je tiens aussi à attirer votre attention sur un fait bien
particulier, c'est le ralentissement du travail à l'Office du
crédit agricole du Québec. Actuellement, de très nombreux
cas sont devant cet office. Etant donné que les contrats ne sont pas
signés, ou certaines revendications des employés n'ont pas
reçu de réponse, entre autres les montants d'argent
accordés pour le millage, il y a presque une grève perlée
et ce sont actuellement les cultivateurs qui paient pour la négligence
du gouvernement.
Vous savez qu'il y a plusieurs cultivateurs qui ont besoin de savoir
présentement s'ils pourront faire certains travaux au printemps. Ils ont
besoin de leurs prêts agricoles, surtout ceux qui ont acheté des
fermes et qui doivent payer les taux d'intérêt que vous connaissez
aux institutions financières, en attendant leur prêt agricole. Il
y a des jeunes cultivateurs qui m'ont appelé pour me faire part de leurs
inquiétudes. Ils sont réellement dans des situations très
pénibles, présentement, face aux obligations financières
qu'ils doivent rencontrer.
Je vous invite à nous donner certaines informations concernant
surtout l'Office du crédit agricole. Nous aurons certainement, M. le
ministre, de nombreuses questions à poser concernant le présent
budget. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M.
François Gendron
M. Gendron: Je remercie les représentants de l'Opposition
officielle, tant le député de Portneuf que le
député de Saint-Hyacinthe.
Je voudrais, dans un premier temps, essayer le plus honnêtement
possible de faire le tour de certaines questions qui ont été
soulevées, en sachant très bien que de toute façon nous
aurons
l'occasion de revenir sur des points plus spécifiques, lors de
l'étude des crédits.
Les premiers commentaires du député de Portneuf,
représentant de l'Opposition officielle, étaient une
espèce de mise en garde il l'a répété
à quelques reprises en disant que pour un nouveau ministre, il
fallait lui accorder une certaine chance, qu'il était normal qu'il soit
porté peut-être à analyser le fonctionnement de son
ministère comme étant quelque chose qui va passablement bien.
Règle générale, c'étaient ses remarques au tout
début.
Je voudrais quand même insister sur le fait que dans les mots
d'introduction de l'étude des crédits d'aujourd'hui, je pense que
j'ai fait la démarcation à deux ou trois reprises qu'il est
important de signaler qu'il est tout à fait exact que nous sommes
à vivre avec une nouvelle loi de la fonction publique elle
s'appelle la loi 50 et quand on a à vivre avec une nouvelle loi,
il faut nous donner, je pense, une certaine chance de nous permettre de
dégager les correctifs d'usage qu'il y aurait lieu d'y apporter.
Lorsque j'ai mentionné que l'amélioration de
l'efficacité, entre autres, de la productivité de la fonction
publique, c'est une tâche qui n'est jamais terminée, qu'il fallait
constamment faire preuve de vigilance. Constamment, il faut revoir toutes ces
choses pour donner les balises nécessaires qui vont nous permettre de
maximiser les objectifs. Je pense que cela voulait témoigner de cette
réserve qui est nécessaire dans l'appréciation du
vécu, à la suite de la loi 50.
Honnêtement, comme nouveau ministre, je pense que cela correspond
vraiment à ce que j'aimerais dire sur la loi 50. Il est clair que nous
avons fait assez d'essais véritables, avec la loi 50, pour
dégager quelques perspectives qui nous permettraient tout de suite de
suggérer des correctifs.
Je ne pense pas, honnêtement, que dans une loi aussi importante,
dans une loi qui a repris, je pense, tout le fonctionnement global du
ministère de la Fonction publique et tout son rôle de
suggérer des politiques de gestion à l'ensemble de la fonction
publique, qu'il se dégage assez de vécu honnête pour
être en mesure d'aborder tout de suite et de prendre au sérieux
des correctifs de fond. Ce qui est observable pour le moment, c'est que, oui,
il y a des choses, et le député de Saint-Hyacinthe m'a
demandé d'y revenir, ce que je vais faire tantôt. Je vais revenir
bien concrètement sur les points qui nous apparaissent parce que
vous avez mentionné quelques points obscurs dans votre question
pour moi, pas tellement des points obscurs, mais des choses qui nous
permettent, tout de suite, d'indiquer aux membres de la commission et aux gens
qui peuvent être intéressés de le savoir que
déjà il y a des choses à améliorer et à
modifier. J'y reviendrai tantôt.
Mais, dans l'ensemble de la loi 50, je pense qu'actuellement nos
gestionnaires ont le goût d'en faire une appréciation
honnête, ont le goût de l'essayer véritablement et, comme
ministre de la Fonction publique, j'ai demandé, à la suite d'une
consultation qui a été faite à l'intérieur de tout
le réseau, d'essayer de dégager les observations de nos
gestionnaires pour que, très prochainement, nous nous penchions
là-dessus pour être en mesure d'évaluer quel type de
correctif il nous faudra suggérer pour éventuellement entrevoir,
par voie législative, des correctifs concernant la loi no 50.
Un autre commentaire a été fait aussi par le
député de Portneuf concernant l'agressivité pour les
groupes de négociation, particulièrement pour ce qui est des
syndicats des fonctionnaires du gouvernement du Québec, à deux
égards et j'aurai l'occasion de revenir sur toute la question de
négociation mais, dans un premier temps, je voudrais traiter deux
choses. On m'a dit: Est-ce que vous avez pris certaines mesures, comme ministre
de la Fonction publique, avec tous vos collaborateurs, pour vous assurer que
les lendemains, d'une part, de la loi 50 et ceux de la négociation,
n'aient pas d'effet très désastreux par rapport à la
relation qu'il est normal de faire entre un minimum normal de
productivité et se sentir quand même apprécié dans
une fonction dite nécessaire. Moi, je ne peux quand même pas,
comme nouveau ministre de la Fonction publique, faire le point à partir
du début de l'application de la nouvelle loi 50 puisque, de toute
façon, lorsque j'ai pris le ministère en septembre dernier
j'étais membre de la Commissin de la fonction publique, comme
député de mon comté, et je sais qu'il est exact que la loi
53 a été très mal acceptée et mal reçue, que
la loi 50 a donné lieu à de très longues discussions, un
très long échange, mais je pense honnêtement que je suis en
mesure de dégager, même si ça ne fait pas tellement
longtemps que je suis au ministère de la Fonction publique, cette
reconnaissance des objectifs de fond de la loi 50 par l'ensemble des
collaborateurs, y compris le personnel-cadre, y compris les fonctionnaires, y
compris les professionnels. Tous nos employés qui oeuvrent à la
fonction publique, je pense, ont reconnu cette nécessité d'une
nouvelle loi qui permettrait d'avoir plus de balises concernant des objectifs
de productivité, des objectifs d'un meilleur contrôle de la
fonction publique et surtout des objectifs d'une meilleure façon
d'entrer dans la fonction publique, avec des règles connues, publiques
qu'on appelle le principe du mérite. Fondamentalement, je pense que la
pierre d'assise de toute la loi 50, c'était de permettre que les gens
puissent accéder à la fonction publique sur des critères
qui sont beaucoup plus objectifs comme celui du mérite, même si je
reconnais qu'il est difficile d'en évaluer toute la portée.
Ayant compris ces choses, je ne peux pas aujourd'hui être en
mesure de dégager des choses concrètes qui me permettraient de
dire qu'on est encore au lendemain de situations vraiment difficiles au niveau
du vécu de la loi 50 de même que celui des négociations.
C'est sûr que, dans une négociation... Vous avez raison, je pense,
M. le député de Portneuf de dire que, particulièrement,
pour ce qui est des fonctionnaires, la négociation, quant à moi,
a été beaucoup trop longue et qu'il est tout à fait normal
qu'il puisse s'être dégagé
une certaine amertume quant à sa longueur. Mais, puisque vous
avez mentionné qu'il serait intéressant de toucher
particulièrement ce secteur, je vais y revenir, mais dans le commentaire
général que je voulais faire, en réplique à ce que
vous avez mentionné, il ne m'est pas apparu que cette
négociation, en conclusion de la négociation, ait laissé
des séquelles difficiles sur le plan de la productivité et du
goût au travail pour nos fonctionnaires, puisque, de toute façon,
c'est une convention qui a été ratifiée à un
très fort pourcentage. Comme je l'ai mentionné, 90% des membres
ont ratifié le résultat final.
Je pense que, pour ce qui est de nos fonctionnaires, on a corrigé
des écarts de salaire qui étaient assez disgracieux par rapport
à des comparaisons du secteur privé pour, spécifiquement,
des gens qui étaient vraiment en situation de rattrapage.
Fondamentalement, nos fonctionnaires, je pense, sont satisfaits de la
convention qui est leur contrat de travail aujourd'hui, mises à part,
bien sûr, les longueurs, les traînées et les
difficultés que cela a occasionnées. Je ne suis pas capable de me
baser sur des choses qui pourraient être observables pour dégager
un ralentissement de travail ou une relation de non-efficience par rapport
à certaines séquelles qui existaient, quand on connaît le
professionnalisme et de nos fonctionnaires, et de nos professionnels, et de
tout notre personnel-cadre qui travaillent à la fonction publique. Je
pense que, dans l'ensemble, il faut apprécier le professionnalisme de
ces gens-là. Ils sont conscients que, fondamentalement, leurs
responsabilités, c'est de maximiser les services à offrir
à la population et, en ce sens, je pense qu'ils font tout leur possible
pour que ça se traduise comme tel.
Vous m'avez dit également, dans une question de
productivité, qu'il n'était pas tout de mettre en branle des
processus, mais qu'il fallait aller plus loin pour s'assurer que, vraiment,
dans la fonction publique, on puisse porter des jugements d'appréciation
ou des jugements de valeur sur la productivité. Cela, je pense que vous
avez raison, mais j'aimerais bien tantôt, éventuellement, revenir
là-dessus et faire l'analyse avec vous de quel genre de mécanisme
on pourrait inventorier pour s'assurer d'être mieux en mesure
d'évaluer le rendement de nos fonctionnaires ou la productivité
de nos fonctionnaires.
Vous avez relié cela au fait qu'on ne peut pas prétendre
à une productivité maintenue si, constamment, on se targue
d'avoir réduit les effectifs et couper les effectifs d'une fonction
publique. Je pense que vous avez raison honnêtement de faire un lien
entre ces deux éléments. Mais, ça ne traduit pas la
situation réelle de la fonction publique d'aujourd'hui parce que
sans être un expert en analyse il n'en demeure pas moins qu'on a
pu dégager qu'on avait peut-être, par comparaison avec d'autres
fonctions publiques, une fonction publique qui était assez lourdement
chargée d'effectifs à certains postes et qu'il y avait lieu de
faire, ce que je pense, des réorganisations. En ce sens, ça ne
veut pas dire qu'à chaque fois qu'on réorganise des services dans
une fonction publique on met en cause la productivité, ou l'efficience,
ou le degré normal de rentabilité des services. On a quand
même essayé d'être très vigilants dans la
réorganisation, de s'assurer que la qualité des services à
offrir à la population parce que, fondamentalement, c'est
là l'objectif de nos fonctionnaires ne soit pas minimisée,
le soit le moins possible et, en ce sens, je ne peux pas également
être... A moins qu'on l'apprécie sur des exemples précis,
dans des ministères donnés, mais, globalement, je ne pense pas
qu'on puisse conclure que, parce qu'on a réussi dans le gel des
effectifs qui, en passant, de toute façon, n'a jamais été
en terme de couper des postes permanents, mais de ne pas remplacer, ce qu'on
appelle le phénomène d'attrition dans la fonction publique: les
départs, les mutations, les décès et,
éventuellement, de ne pas combler, à un rythme qu'on a
peut-être connu dans le passé, certains postes dits vacants, en
constatant qu'en se réorganisant on pouvait arriver à un
degré de résultat assez satisfaisant.
Quand vous reliez, par exemple, toute la question de la
productivité, du degré de satisfaction de ces gens-là au
programme OSE et que vous reliez ça à la fonction publique,
j'aimerais, pour l'instant, faire uniquement un commentaire: Contrairement
à l'image que vous avez donnée, quant à moi, je pense que,
lorsqu'on a comme objectif d'un programme OSE que, dans des meilleurs
délais, les organismes qui ont reçu de l'aide gouvernementale
pour concevoir des projets et qu'on exige comme premier critère qu'ils
nous fassent la démonstration qu'ils seront rentables à court
terme, je pense qu'à ce moment, si on demande qu'ils nous fassent la
démonstration d'une rentabilité à court terme, par voie de
conséquence on vient de parler également de stabilité. Je
sais bien que vous avez parlé des montants que OSE a obtenus à
l'intérieur de la fonction publique pour créer davantage de
travail ou d'activité économique, au sens large du terme,
à l'intérieur des ministères, j'en suis, mais je tenais
à faire la correction parce que ça pouvait être
interprété chez certains comme si la volonté politique du
gouvernement actuel dans le programme OSE était d'avoir des programmes
genre "bidons" temporaires qui ne créent rien d'autre que de
l'insatisfaction dans le paysage. Je ne peux pas du tout avoir ce niveau
d'appréciation et on aura l'occasion de revenir là-dessus.
Pour ce qui est de la décentralisation, vous m'avez posé
différentes questions en disant: C'est quoi exactement votre politique
de décentralisation, comme ministre de la Fonction publique? Le ministre
de la Fonction publique, pour ce qui est de la politique de la
décentralisation, ne peut pas se contenter de regarder le train. Il faut
que ce soit quelqu'un qui soit en mesure de donner ses orientations, d'investir
dans l'appareil, comme étant un des grands employeurs importants. (17 h
45)
Je pense que vous avez raison, sauf que, en même temps que vous
avez raison sur une certaine partie, il ne faut pas, parce qu'il y a un
nouveau ministre de la Fonction publique ou qu'une opposition pense que
nous avons un rôle différent, prétendre que, demain matin,
le ministère de la Fonction publique va devenir un ministère de
politiques à concevoir et à préconiser pour l'ensemble
d'une philosophie d'un gouvernement, vis-à-vis des orientations comme la
décentralisation.
Vous le savez très bien, M. le député de Portneuf.
Le ministère de la Fonction publique est, d'abord et avant tout, un
ministère de politique de gestion de personnel. Il doit concevoir les
politiques concernant la gestion de l'ensemble de notre personnel avec toujours
les mêmes objectifs d'augmenter la productivité,
d'améliorer la qualité de l'excellence, etc. Mais je ne pense pas
qu'il appartienne au ministre de la Fonction publique, comme tel, à
l'intérieur du ministère de la Fonction publique, de
dégager, pour ses collègues, comme membre du gouvernement, de
l'exécutif, la politique de décentralisation d'un
gouvernement.
Bien sûr, je pense, à ce niveau, qu'il est important qu'il
donne son point de vue, qu'il fasse la discussion là où elle doit
se faire. A ma connaissance, la discussion sur une politique de
décentralisation doit se faire à l'exécutif, au Conseil
des ministres. A ce niveau, il est bien sûr que j'aurai des points de vue
à véhiculer, à donner, comme ministre de la Fonction
publique, lorsqu'il sera question de décentralisaion administrative,
justement parce que cela a des incidences directes, concrètes sur la
gestion de mon personnel, comme ministre de la Fonction publique.
En ce sens, je pense qu'il est tout à fait requis et important
que le ministre de la Fonction publique soit associé de très
près à toute discussion qui aura libre cours à cet
égard.
Je reconnais que je touche succinctement, parce que vous en avez
touché plusieurs... Je ne veux pas que ma réplique dure une
heure. Nous aurons l'occasion d'y revenir point par point, en terme de
questions précises. Vous avez parlé également du programme
de l'égalité des chances en emploi, en disant, en gros, nous ne
nous contenterons pas de voeux pieux. Il va falloir nous démontrer
où cela déborde et comment, concrètement, tout cela
s'articule. C'est très intéressant d'entendre cela, sauf que vous
avez eu, pendant longtemps, une maudite belle chance, en fin de compte, de
concrétiser cela et de nous montrer comment cela pourrait
déborder réellement, quand vous avez été au
gouvernement pendant six ans. Cela aurait été aussi facile pour
vous de concevoir une politique d'égalité des chances dans
l'emploi.
M. Pagé: Ce débat-là, il va se faire
à deux, au point de vue politique.
M. Gendron: Cela me fera plaisir de le faire, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, pourriez-vous demander au
député de Joliette...
Le Président (M. Jolivet): Non, je vais demander au
ministre de continuer...
M. Pagé: C'est parce qu'il y a de meilleures chances qu'on
s'entende bien, lui et moi...
Le Président (M. Jolivet): Non, je vais lui demander de
continuer...
M. Gendron: il n'y aura pas de problème, M. le
député de Portneuf. Je ne vois pas pourquoi, parce que je dis
que, de toute façon, la problématique que nous avons tenté
de corriger, en annonçant un programme d'égalité des
chances en emploi, vous êtes quand même conscient que cela fait
plusieurs années que, dans la fonction publique
québécoise, le problème est réel et existe.
De nous dire, aujourd'hui: Nous ne nous contenterons pas de voeux pieux,
etc., cela dénote deux choses: je pense que vous n'avez peut-être
pas pu apprécier à sa juste valeur le contenu de la politique de
l'égalité des chances en emploi. Lorsqu'on a pris la peine
d'annoncer la politique de l'égalité des chances en emploi, tout
en reconnaissant que c'était un premier départ, que
c'était vraiment quelque chose, de toute urgence, d'enfin
démarrer, mais qui n'aurait pas comme conséquence, que le
lendemain, tout est dit, tout est fait, parce qu'on a lancé cette
politique, mais qui avait le mérite, au moins pour la première
fois, d'exiger de chacun de nos ministères collaborateurs de cerner et
de préciser, d'une façon concrète, je veux le
traiter d'une façon générale, nous le traiterons d'une
façon spécifique tout à l'heure un plan d'action
où on les invite, dans notre politique d'égalité des
chances, à ce qu'ils nous disent, dans certains délais
précis, quelles sont leurs intentions pour faciliter, pour permettre de
corriger le plus rapidement possible ces écarts qui sont tout à
fait inacceptables. Nous pourrons, tantôt ou dans les heures qui
suivront, citer des chiffres et en parler plus longuement.
Je pense que, dans notre politique d'égalité des chances,
on a démontré où cela va déborder. Cela va
déborder dans toute la fonction publique. On a démontré
exactement où on s'en va là-dedans. On a des délais
précis à exiger. On a créé un comité de
surveillance qui aura la responsabilité de voir à cela. Nous
avons invité des partenaires vigilants à venir avec nous, pour
suivre cela.
Dans chacun des ministères, il y aura également une
ressource spécifique qui sera particulièrement attachée
à la responsabilité du suivi continu de l'articulation
concrète du programme d'égalité des chances. Il me semble
que ce sont quand même des indications qui laissent voir qu'on a plus
qu'une volonté de sortir strictement du nouveau programme en souhaitant,
comme vous l'avez laissé voir un peu, qu'il ne se passe pas grand-chose
et qu'entre-temps cela calme les pressions qui nous étaient faites
depuis de nombreuses années pour améliorer un secteur que tout le
monde reconnaissait qu'il était urgent d'améliorer.
Vous avez également touché à un point qui est
important, le mécanisme des négociations en disant globalement:
Mon appréciation sur les négociations est que vous n'avez pas
fait mieux que les autres et vous, M. le ministre de la Fonction publique, vous
avez un rôle important dans ce débat quand on discute de toute la
question du mécanisme des négociations. Comme j'ai l'impression
que cela a été un point qui a été touché
énormément par le contenu de la présentation du
député de Saint-Hyacinthe, M. Cordeau, j'aimerais revenir
spécifiquement là-dessus, toute la question des
négociations, mes intentions comme ministre de la Fonction publique, ma
conception sur certaines choses qu'il y a lieu d'améliorer
rapidement.
Pour l'instant, c'étaient les quelques commentaires que je
voulais faire à la suite des propos qu'a tenus le député
de Portneuf en étant conscient qu'il y a lieu de revenir
spécifiquement sur des choses qui ont été
mentionnées de part et d'autre. J'aimerais également dire
quelques mots concernant ce qui a été mentionné par
l'Union Nationale. Ce sera, bien sûr, plus court parce que,
fondamentalement, le député de Saint-Hyacinthe a surtout
insisté sur la conception qu'ils ont, comme formation politique, de ce
qu'il a appelé le problème des grèves dans les secteurs
public et parapublic et là, il m'a parlé de son utilisation, de
ses effets, de certains mécanismes de remplacement en invoquant toutes
les situations où sa formation politique, effectivement je le
reconnais a affiché ses couleurs, a laissé voir son
intention concrète dans ce secteur en parlant de loi-cadre qui
remplacerait le droit de grève, en portant également le jugement
que les grèves ne donnent à peu près jamais les
résultats escomptés ou les résultats visés et on
est arrivé, dans le commentaire du député de
Saint-Hyacinthe, à dire que moi-même, comme ministre, j'avais
suggéré de retirer le droit de grève dans les secteurs
public et parapublic et on me demandait de donner mon point de vue sur cette
question.
Succinctement, je voudrais juste ramasser ces éléments
autour du droit de grève qui a été mentionné par le
député de Saint-Hyacinthe en disant que quant à moi, comme
membre d'une formation politique qui, effectivement, elle aussi, je pense, a
affiché bien honnêtement ses couleurs, il n'est nullement
question, quant au ministre de la Fonction publique, comme membre de la
formation gouvernementale actuellement, de remettre en cause le principe du
droit de grève dans les secteurs public et parapublic. Lorsque j'ai eu
à parler de cela, j'en ai toujours parlé comme moyen dont on se
sert pour permettre de renouveler les contrats de travail. Je pense que oui,
cela devrait faire partie d'une discussion où tous les intervenants
devraient y être pour réévaluer la pertinence de ce moyen
dans le but éventuellement d'en arriver à l'objectif, que la
plupart des personnes visent quand elles l'utilisent, celui
d'accélérer le renouvellement de leur contrat de travail dans la
convention collective X, Y, Z ou W.
En ce sens, oui, je suis toujours d'accord et je m'associerai à
tout groupe, toute formation politique qui voudra reprendre cela de
façon concrète, en profondeur, et évaluer si,
effectivement, ce mécanisme utilisé comme moyen, c'est quand
même encore un mécanisme qu'on doit conserver dans nos relations
de travail prétendant qu'il favorise la question de renouveler les
contrats de travail comme moyen de pression. Je suis prêt à revoir
cela et je suis prêt à revoir également dans une discussion
toute la problématique qui entoure ceci en termes de nouveaux
mécanismes à instaurer.
Certains m'ont parlé, par exemple, d'instaurer une
négociation permanente. Quant à moi, je ne détesterais pas
du tout, dans une discussion, d'évaluer quelles pourraient être
les conséquences d'une espèce d'arbitrage obligatoire,
statutaire, après certaines périodes balisées. Tout cela
pour dire que c'est l'ensemble, je pense, des relations de travail qui
entourent la question du droit de grève qu'il va falloir discuter. Mais,
comme tel, le principe même du droit de grève dans les secteurs
public et parapublic, il est nécessaire qu'il soit mieux balisé,
mieux défini, que les délais, entre autres, dans le Code du
travail pour prendre des décisions de grève en termes de
pourcentage de votes aux assemblées et ainsi de suite, que tout cela
doit être revu quant à moi.
Je ne pense pas qu'il faille à ce moment-ci reposer le principe
même du droit de grève. On me fait signe qu'il est 18 heures. Je
ne sais pas, M. le Président, si vous aviez eu l'information qu'on
siégeait jusqu'à 18 h 15?
Une Voix: Pardon?
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, quant à nous, cela n'a pas d'importance. La commission termine
ses travaux à 18 heures. On peut reprendre à 20 heures. C'est que
probablement il doit y avoir un vote à l'Assemblée nationale
avant 18 heures. Il a changé d'idée? D'accord. Normalement, on
termine à 18 heures. On pourrait reprendre à 20 heures.
M. Cordeau: On pourrait accorder cinq ou six minutes au ministre
s'il veut terminer.
M. Gendron: En trois ou quatre minutes, je pourrais terminer les
quelques points...
M. Cordeau: ...
M. Gendron: J'arrivais là-dessus parce que votre autre
question c'était: Est-ce que vous étiez sérieux dans votre
proposition du sommet? Je peux vous dire que j'étais très
sérieux et j'ai déjà du personnel de mon cabinet qui
travaille sérieusement à l'élaboration du document requis,
qu'il y aura lieu de discuter avec mes collègues ministériels.
Mais, lorsque j'ai lancé cette idée, c'est que je suis convaincu,
on en a parlé beaucoup, c'est exact. Je n'ai pas pensé faire une
innovation majeure en disant: Parce qu'on va discuter cela entre nous que
là on va arriver à la solution miracle. Mais, puisqu'on a tenu
des sommets qui,
de l'avis de l'ensemble des participants, ont donné des
résultats concrets, intéressants, que ce soient nos sommets
économiques sur certains sujets spécifiques, comme la
coopération ou toute la question des produits agricoles, ainsi de suite,
je ne verrais pas pourquoi dans le monde des relations de travail on ne
pourrait pas avoir un sommet important avec ces intervenants et qu'il se
dégage certaines perspectives autres, différentes, puisqu'il y a
quand même une constante et je voudrais peut-être rappeler juste
cela là-dessus, c'est une constante qui s'est dégagée.
De plus en plus, il y a une espèce d'unanimité que comme
moyen de pression, comme moyen de renouvellement des contrats de travail, c'est
loin d'être sûr, y compris par ceux qui l'utilisent, que la
grève est le meilleur moyen. Moi je dis: S'il y a une espèce de
sentiment qui se dégage au moins à ce niveau, on serait
peut-être mûrs, qui que nous soyons, membres de formations
politiques, membres d'un gouvernement ou membres des syndicats, pour
réévaluer l'utilisation de ce droit de grève et le sommet,
quant à moi, vous me demandiez des indications quant à sa tenue.
Jusqu'à maintenant, lorsque j'ai lancé l'idée,
personnellement j'y travaille pour être prêt et démontrer le
sérieux de cette orientation. C'est bien sûr qu'il va falloir que
je fasse la discussion avec mes collègues. Je suis moi aussi, comme
ministre de la Fonction publique, à la merci de certains
événements dans le temps qui peuvent se produire.
M. Pagé: C'est peut-être nous qui allons le
tenir.
M. Gendron: Ce n'est pas tellement dangereux. Vous avez
été pendant six ans et pas tellement actifs dans bien des
secteurs. Il n'y a pas de presse. Vous n'étiez pas un gouvernement bien
décidé.
M. Pagé: On tire de grandes leçons d'une
défaite.
Cela se renouvelle.
M. Gendron: Rapidement, sur quelques autres points, "sur les
points obscurs de la loi 50", parce que c'était votre expression, M. le
député de Saint-Hyacinthe...
M. Cordeau: J'ai répété la vôtre.
M. Gendron: Oui, je sais. Je veux juste dire qu'effectivement,
dans la loi 50, il se dégage certaines choses sur lesquelles il est
important de re-venjr et ce sont les notions, par exemple, tout ce qui entoure
les notions autour du reclassement, tout ce qui entoure les conditions de
promotion. C'est toute la politique en matière de dotation. En
matière de dotation, il y a certaines choses qui nous permettent de
savoir qu'au niveau de la loi 50, il va falloir réévaluer cela.
Il y a également une discussion importante qu'il faudrait faire au
niveau de la détermination des niveaux d'emplois parce que même si
c'est important de le faire, il y a des gestionnaires qui trouvent
qu'actuellement c'est assez compliqué au niveau de ce que j'appelle
l'administratif, la partie administrative de ces choses. Ce sont à peu
près les points sur lesquels on pourra revenir tantôt d'une
façon plus précise pour dire que, déjà, je pense,
il se dégage assez de vécu avec la loi 50 pour dire qu'il y
aurait lieu d'apporter certains correctifs pour améliorer cela. Vous
m'avez mentionné et ce seraient deux points qui me restent: Qu'est-ce
qui ne marche pas avec les négociations des professionnels? C'est
difficile en une minute de vous le dire, sauf qu'en gros, à part les
deux points fondamentaux dont je vous ai parlé, je pense que dans toute
la publicité qu'ils ont faite dans les journaux, vous avez
sûrement eu l'occasion de prendre connaissance, que quant à eux il
reste cinq ou six autres points majeurs, importants, comme la question des
occasionnels, comme la question de la rémunération pour le taux
de millage, comme la question de la sécurité d'emploi où
ils indiquent eux qu'ils voudraient avoir exactement ce qu'on a donné
aux secteurs public et parapublic et j'aurai l'occasion de revenir et de dire
pourquoi je pense qu'à certains égards on ne peut pas donner
suite.
A d'autres, on pourrait, également, donner suite. Quant à
votre dernier point, c'était le ralentissement de travail à
l'Office du crédit agricole. Vous m'avez parlé d'une grève
presque perlée. (18 heures)
Effectivement, je n'ai pas l'information particulière qu'à
l'Office du crédit agricole, on serait presqu'en grève
perlée. Sauf que je reconnais que, actuellement, certains
professionnels, par mesure de pression, compte tenu qu'ils sont en
négociation, ne sont peut-être pas au même rythme qu'ils
l'étaient auparavant. Je reconnais cela en même temps que je le
déplore parce que, lorsqu'on est en discussion pour un renouvellement de
contrat de travail, il y a des choses qui sont requises, qui sont
déterminées au Code du travail. Il y a des moyens d'action qui
sont prévus. S'ils veulent les exercer, qu'ils les exercent d'une
façon ouverte, publique, afin qu'on sache exactement à quoi s'en
tenir.
De toute façon, je ne peux vraiment pas leur donner raison, si
c'est une négligence fondamentale, mais il est sûr qu'il ne faut
pas avoir d'ornières dans ce dossier et reconnaître que,
actuellement, il y a des professionnels qui sont en renouvellement de contrat
de travail. Ils utilisent certains moyens de pression pour nous faire penser
qu'ils ont bien hâte que leur contrat se renouvelle. Quant à nous,
c'est la même chose. Comme ministre de la Fonction publique, je souhaite
que cela se règle le plus rapidement possible.
Je ne suis pas d'accord avec vous, quand vous dites... C'est être
accusé de négligence lorsqu'on n'a pas tout donné à
un syndicat qui revendique des choses. Je ne peux pas être d'accord avec
votre appréciation. Je ne pense pas que dans ce dossier le gouvernement
puisse être accusé de négligence, parce qu'il n'a pu
combler
tous les désirs de nos amis professionnels de la fonction
publique. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Donc, en suspendant les travaux
jusqu'à 20 heures. J'appelle déjà le programme 1,
élément 1.
Suspension de la séance à 18 h 2
Reprise de la séance à 20 h 11
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons nos travaux de la commission de la fonction publique
à l'étude des crédits. Au moment où nous nous
sommes quittés, à 18 h 5, nous étions au programme 1,
élément 1. La proposition qu'on avait à faire au niveau de
ça: si on accepte la formule habituelle de procéder, c'est qu'on
prenne l'ensemble du programme, qu'on pose des questions au point de vue
général et qu'on revienne ensuite à chacun des
éléments pour adoption. Est-ce que ça fonctionne? Cela va,
d'accord.
La parole est à M. le ministre.
Gestion du personnel de la fonction publique
M. Gendron: Sur l'ensemble du programme, une observation... Juste
une minute, M. le Président. Moi, je n'ai pas de remarque
particulière sur la gestion du personnel, si ce n'est que dire: Au
programme 1, la gestion du personnel à la fonction publique, en
1979-1980, on avait $11 309 000 et des crédits budgétaires pour
$13 665 000. On pourrait en faire le détail, l'appréciation sur
la base de calcul. Je voudrais vérifier avec l'Opposition. Est-ce que ce
sont des renseignements qu'on vous a fournis?
M. Pagé: Pardon, je m'excuse. M. Gendron: Le
détail, parce que...
M. Pagé: J'étais en train de lire les
déclarations de M. Parizeau.
M. Gendron: Ouais, il me semble qu'on est en train...
M. Pagé: Sur un tout autre ordre que les crédits de
la fonction publique.
M. Gendron: Je m'excuse, M. le député de Portneuf,
il me semble qu'on est en train d'aborder directement programme par programme
au niveau des crédits et je dis tout simplement qu'au niveau de la
gestion du personnel de la fonction publique, je voulais m'informer si vous
aviez reçu, comme information, la ventilation détaillée du
montant. Moi, je n'ai pas de commentaire particulier si ce n'est qu'être
en mesure de répondre aux questions que vous pourriez poser
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Saint-Hyacinthe, allez-y.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je veux revenir un peu
sur les employés occasionnels.
A une question qu'on vous posait et à laquelle vous avez
répondu par écrit: Existe-t-il un fichier pour votre
ministère, dans lequel sont contenus les renseignements sur les
citoyens? Vous avez répondu... Je ne sais pas si vous aimeriez, pour le
renseignement de la commission, expliquer comment fonctionnent vos fichiers,
dans votre ministère et depuis quand ces fichiers existent.
M. Gendron: Un instant, je n'ai pas cette information. On va
vérifier si quelqu'un dispose de cette information immédiatement
pour vous donner l'information. Je ne l'ai pas ici. De toute façon,
c'est à la suite d'une question au feuilleton, Monsieur...
M. Cordeau: Oui, c'est-à-dire à une question
posée avant l'étude des crédits à votre
ministère.
M. Gendron: D'accord.
M. Cordeau: Parce que je voulais en revenir aux occasionnels.
M. Gendron: Oui, ce ne sera pas long. Voici ce que j'ai comme
information, pour le bénéfice des membres de la commission. On
dit: Oui, en effet, il existe deux fichiers qui contiennent des informations
servant à identifier les employés et les données pour
calculer la paie de 62 000 fonctionnaires réguliers
rémunérés par le système automatisé de
gestion des informations sur le personnel, et entre 5000 et 26 000 autres
occasionnels rémunérés d'après un fichier distinct.
C'est un fichier différent pour les occasionnels de celui des
fonctionnaires réguliers. (20 h 15)
M. Pagé: ...
M. Gendron: C'est cela. Vous avez les réponses, de toute
façon.
M. Pagé: Vous savez, c'est assez rare qu'on pose une
question sans savoir la réponse.
M. Gendron: Je m'en doute.
M. Cordeau: Je peux répondre à la question sans la
présumer.
M. Gendron: Ce sont des informations qu'on vous a transmises, de
toute façon. Continuez, M. Cordeau.
M. Cordeau: Vous dites, dans votre réponse: De 5000
à 26 000 autres occasionnels rémunérés
d'après un fichier distinct. Comment se fait-il que la
différence soit si forte entre 5000 et 26 000 autres?
M. Gendron: Je peux expliquer cela très simplement. Si ce
n'est pas assez précis, vous me poserez les questions que vous
désirez, parce que je pense que, effectivement, c'est important de vous
donner l'occasion d'avoir les informations.
D'abord, ici, 5000 et 26 000 autres occasionnels
rémunérés, ce sont vraiment des individus. Pourquoi la
différence? C'est bien sûr que c'est le plafond et le plancher.
Quand on parle de 26 000 en termes de plafond, c'est qu'il y a certaines
périodes bien spécifiques durant l'année où on fait
véritablement face à une multiplicité de postes
d'occasionnels, particulièrement la situation que nous vivons
présentement. Si, en même temps, on faisait l'hypothèse que
nous avions et la question de remplir les rapports d'impôt au niveau du
ministère du Revenu, il y a une augmentation de postes d'occasionnels.
En même temps, les ouvriers de la Voirie l'été, il se peut
qu'une certaine période de pointe dans une année nous ait
conduits jusqu'à 26 000 occasionnels dans l'ensemble de la fonction
publique.
On me dit que sur le papier que vous avez il y aurait une erreur, une
correction à faire tout de suite, ce sont 5000 et 20 000 autres
occasionnels, au lieu de lire 26 000 occasionnels. On me fait la remarque qu'il
serait plus exact de parler de 5000 et 20 000 occasionnels.
M. Cordeau: Concernant les occasionnels, je crois qu'il existe
une nouvelle directive, depuis le début de l'an passé, qu'un
occasionnel, c'est-à-dire une personne qui signe un contrat de six mois,
que les contrats ne sont pas renouvelés pour la même fonction, et
la personne ne remplit son contrat que pour six mois et elle n'a pas le droit
d'être réengagée dans d'autres ministères de la
fonction publique. Il faut qu'elle retire son assurance-chômage.
M. Gendron: Un instant. Voici, pour les employés
occasionnels, vous n'êtes pas sans savoir qu'il existe une
réglementation du ministre, une politique pour les employés
occasionnels.
Quand vous me posez la question à savoir s'il est exact,
actuellement, qu'on ne renouvelle pas certains contrats d'employés
occasionnels et que le seul choix qui leur reste, est
l'assurance-chômage...
M. Cordeau: En attendant de se trouver un autre emploi...
M. Gendron: Oui, j'ai bien compris cela. Il est certain que nous
sommes obligés et je voudrais bien donner l'information
précise de s'en tenir à l'espèce de volonté
d'une non-prolongation automatique, régulière, pour des postes
d'employés occasionnels. Pour ma part, comme ministre de la Fonction
publique, il est certain qu'il est important d'indiquer à tous nos
collègues d'autres ministè- res, d'avoir une volonté de
réduire cette tendance trop facile de combler les postes par des
employés occasionnels. Le moins possible, je pense, il faut ouvrir la
porte de ce côté.
A partir du moment où la règle fondamentale de la loi 50,
est le principe du mérite, on ne peut pas, sous toutes sortes de
prétextes, dire que parce que ces gens ont été à
notre emploi, ont fait le travail pour nous, avec un contrat spécifique
d'employés occasionnels et ils le savaient au moment de leur
emploi, qu'ils étaient sur des postes d'employés occasionnels
les intégrer d'une façon régulière à
la fonction publique à des postes d'employés permanents.
D'une part, ce serait contrevenir au principe de la règle du
mérite. Également, cela ouvrirait la porte à ce qu'on a
connu un peu plus dans le passé, de permettre à des gens d'entrer
par la porte arrière, pour des postes d'employés permanents un
peu plus tard dans la fonction publique, en convertissant presque
automatiquement des postes d'employés occasionnels en postes
d'employés permanents.
M. Cordeau: Je vais vous donner un cas concret. Au Centre de
l'insémination artificielle de Saint-Hyacinthe, il y a un certain nombre
d'employés occasionnels qui sont là. Le service demande des
employés permanents. A un moment donné, des employés
depuis deux ans, trois ans, trois ans et demi, ont reçu par directive
leur mise à pied. Ensuite, on a engagé d'autres personnes pour un
autre contrat de six mois. Maintenant, ils sont à faire la roue. Six
mois engagés, six mois à l'assurance-chômage, ou ailleurs
et d'autres prennent un nouveau contrat de six mois. C'est la roulette. De
plus, ce sont des emplois assez spécialisés, lorsqu'ils
travaillent avec de gros taureaux. Cela prend quelqu'un qui connaît cela
et il n'y a pas de poste.
M. Lalande: II faut prendre les taureaux par les cornes...
M. Cordeau: Souvent, ils n'ont pas de corne. Vous restez en
ville, je le sais, et très souvent, ils n'ont pas de corne, vos
taureaux.
M. Pagé: Cela leur permet...
M. Gendron: Là-dessus, M. le député de
Saint-Hyacinthe, je me permettrais une seule remarque, on ne peut pas, comme
ministre de la Fonction publique, aller faire la gestion interne de chacun des
ministères sur ce que vous relatez comme poste occasionnel.
Effectivement, on a comme information qu'il y a des ministères qui,
ayant engagé un employé occasionnel, qui a terminé son
mandat de six mois, qui a été engagé comme tel,
préfèrent le retourner au centre de main-d'oeuvre dont il
relève. Vous êtes au courant que les postes occasionnels
relèvent directement des centres de main-d'oeuvre du Québec et du
Canada, mais sûrement pas de l'Office de recrutement et de
sélection, pour occuper à nouveau un emploi dans une autre
période de temps.
Je veux seulement vous indiquer que mise à part la directive dont
on parlait tantôt d'inciter l'ensemble des ministères à ne
pas abuser de cette situation, le ministère de la Fonction publique,
actuellement avec la loi et la réglementation qui le régissent,
n'a pas d'autre choix.
M. Cordeau: C'est bien sûr que si on veut l'administrer
comme ça directement... Par contre, vous avez l'efficacité et la
productivité. Vous allez prendre comme exemple le ministère de
l'Environnement, ils ont engagé des personnes pour six mois et
après les avoir formées, dehors, on en forme encore d'autres. Si,
c'est au point de vue de productivité et de rentabilité, je vous
assure que c'est loin d'être productif, cette politique, dans
différents ministères.
Je vous ai donné un exemple tantôt, au Centre
d'insémination artificielle, je vous en donne un autre à
l'Environnement, c'est tout à fait, au point de vue du rendement et de
la productivité, si les ministères sont obligés d'engager
quelqu'un et de les reformer à tous les six mois, avoir de nouveaux
employés. Il y a même des secrétaires au ministère
de l'Environnement qui, après avoir été formées
pour remplir des formulaires, ainsi de suite, au bout de six mois, on en engage
une autre et le poste est permanent.
J'attire votre attention sur ce point. On a parlé de
productivité tantôt, mais ce n'est pas en remplaçant des
employés... le poste est ouvert, le poste n'est pas permanent... engager
quelqu'un à tous les six mois, que ça avance les choses et que
ça donne des services aux citoyens qui ont besoin de renseignements
adéquats. Si vous remplacez la téléphoniste, que vous
donnez les renseignements en même temps à tous les six mois...
bien.
C'est un exemple. Vous savez, chez Bell Canada, j'ai appelé
souvent, c'étaient des hommes et on me disait: Opératrice!
M. Gendron: M. le député de Joliette-Montcalm veut
prendre la parole, mais avant de terminer, je répondrais
là-dessus qu'il appartient à chaque ministère de faire la
preuve que des situations comme celles que vous décrivez, quant à
moi, je pense que, lorsque quelqu'un est en situation de poste occasionnel,
c'est pour exercer une fonction qui ne requiert pas nécessairement la
même préparation, en termes de formation, que les postes
permanents.
Si, effectivement, ce sont les postes d'occasionnels que nous
renouvelons constamment, par périodes de six mois en six mois, il est
certain qu'il va falloir que les ministères collaborent et
éventuellement qu'ils soient en mesure de justifier la conversion de
leurs postes d'occasionnels en postes de permanents, si c'est ça qui se
produit comme situation renouvelée d'année en année. Parce
qu'en principe, lorsqu'on parle d'un poste d'occasionnel, c'est pour un temps
limité, c'est pour une fonction précise dans le temps, qu'on se
réfère aux occasionnels, par exemple, de la Voirie, du
ministère du Revenu, durant la période d'impôt et c'est
censé être ça, les types d'emplois occupés par nos
occasionnels de la fonction publique.
M. Cordeau: Je suis bien heureux d'avoir entendu vos paroles, M.
le ministre, je vais les transmettre à qui de droit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, sur cette question,
très brièvement, je voudrais ajouter ma voix à celle du
député de Saint-Hyacinthe, surtout sur la productivité et
la rentabilité. Est-ce que vous avez déjà fait une
étude, à la Fonction publique du Québec, sur le temps
qu'il fallait à une personne pour être vraiment au fait de ses
responsabilités dans sa fonction? Dans l'entreprise privée, on en
fait à l'occasion et il faut bien souvent plusieurs mois pour qu'une
personne attitrée ou appointée à une fonction
donnée soit considérée comme rentable. La politique que
vous avez dans le moment, qui vise je ne sais pas trop quoi, si ce n'est de
pouvoir déclarer par un ministre d'Etat au Développement
économique, gonflé à bloc bien souvent, qu'il y a tant de
milliers d'emplois créés dans une année.
Écoutez, je ne suis pas convaincu que votre politique d'embauche
soit rentable et concluante. Vous avez au gouvernement des gens qui travaillent
dans des fonctions à caractère permanent, mais ayant un statut de
temporaire ou de saisonnier ou d'occasionnel depuis sept, huit et neuf ans.
Vous en avez de cela, monsieur. Par surcroît, cette année, depuis
deux ans, certains de ces travailleurs qui occupaient une fonction depuis huit
ou neuf ans se sont fait dire: Cette année, ce n'est pas huit mois par
année, ce n'est pas neuf mois par année, c'est quinze ou seize
semaines. D'ailleurs, on pousse même l'audace jusqu'à leur dire:
Selon le nombre de semaines qu'il vous faut pour que vous soyez admissible
à l'assurance-chômage, dès que vous aurez le nombre de
semaines pour être admissible à l'assurance-chômage, allez
vous faire payer par le fédéral. C'est cela. Si c'est admissible,
si vous cautionnez cela, dites-le. Si vous ne le cautionnez pas, dites-nous ce
que vous allez faire pour y remédier. Les exemples, le
député de Saint-Hyacinthe en a donné concernant le Centre
d'insémination à Saint-Hyacinthe. Je pourrais vous donner
l'exemple de la réserve de Portneuf dans mon comté. Je pourrais
vous donner l'exemple du ministère des Transports, à
Cap-Santé. C'est la même chose. Vous en avez probablement dans
votre comté.
J'aimerais que le gouvernement dise une fois pour toutes à ces
gens-là: II n'y a aucun espoir possible pour vous pour un poste
permanent éventuellement ou il y a de l'espoir, mais dites-leur.
M. Gendron: Je voudrais d'abord faire une remarque. Il n'existe
plus, au moment où on se parle, au ministère de la Fonction
publique, de statut de saisonnier. Vous avez parlé de trois niveaux de
statut. Il n'existe qu'un niveau de poste autre que celui dont on parle, de
permanent, celui d'occasionnel.
M. Pagé: Avec un droit de rappel.
M. Gendron: C'est cela, tel que cela a été
défini. On en a parlé l'an passé, entre autres, au
ministère du Travail particulièrement lors de la nouvelle
politique d'embauche des occasionnels avec un droit de rappel et, en principe,
les gens qui ont le statut d'occasionnel dans les ministères qui en
engagent ou qui en embauchent le plus, le ministère de la Voirie et le
ministère du Revenu, ces gens-là font toujours en moyenne des
périodes d'emploi de beaucoup supérieures à quinze ou
seize semaines.
M. Pagé: Non, je m'excuse, M. le Président. M.
Gendron: Juste une seconde. M. Pagé: Je m'excuse.
M. Gendron: Je ne dis pas, M. le député de
Portneuf, que cela n'existe pas des situations de quinze, douze ou seize
semaines, mais, règle générale, les emplois
d'occasionnels, particulièrement dans les ministères où
l'on en emploie le plus, particulièrement aux Transports ou à la
Voirie, les gens qui sont sur la liste de rappel et qui sont rappelés
lors des périodes estivales ont une période d'emploi qui varie de
cinq à huit mois. Je dis que c'est pour la grosse majorité de nos
employés occasionnels. En tout cas, ce sont les statistiques qu'on a. Si
on avait le temps de les sortir une par une ou par région, on a tous ces
chiffres-là où on pourrait vous sortir des emplois pour à
peu près cinq à huit mois.
M. Pagé: Vous pourriez aller faire un tour dans
Portneuf.
M. Gendron: Vous avez raison de dire qu'il y a des situations
où la durée d'emploi est plus courte que cela. Votre question
était, à un moment donné: Est-ce que vous cautionnez une
telle politique de favoriser cela et même peut-être d'intensifier
ce haut roulement dans des postes d'occasionnels? Je vous dis: Non. Comme
ministre de la Fonction publique, je vous dis carrément non, sauf qu'il
faut quand même être conscient que c'est chacun des
ministères qui doit faire l'évaluation de ces postes
d'occasionnels et jusqu'à quel point il est important pour eux de les
remplacer. Mais, comme tel, je ne pense pas que ce soit
bénéfique, surtout lorsqu'on associe cela à une
rentabilité ou à un degré d'efficience le plus valable
possible, d'avoir cela comme politique.
M. Pagé: D'accord.
M. Gendron: Où constamment on fait la rotation.
M. Pagé: Vous allez faire quoi pour y remédier
maintenant? Deuxième partie de la question.
M. Gendron: A la deuxième partie de la question, il y a
lieu, je pense, d'évaluer très sérieusement avec
d'ailleurs les demandes que le personnel syndiqué nous fait de plus en
plus de voir s'il n'y aurait pas moyen de penser davantage à de
l'embauche à temps partiel, mais nommément des postes à
temps partiel dans le temps, avec une permanence, deux jours-semaine, trois
jours-semaine. Je vous donne des exemples. Il me semble que c'est vraiment
quelque chose qu'il va falloir analyser en profondeur pour
éventuellement planifier mieux peut-être le travail fait par ces
gens-là, tout en exigeant quand même qu'ils soient admis à
la fonction publique, à la suite de déclarations d'aptitude,
même pour un temps partiel parce que là, on serait absolument
injustifié de le faire pour les postes permanents et de ne pas le faire
pour les temps partiels.
C'est quelque chose qu'on va devoir regarder. En même temps, je
vous l'ai indiqué tantôt, le député de
Saint-Hyacinthe a mentionné tantôt que c'est plus
particulièrement cette année qu'il y aurait eu une directive
à l'effet de ne pas continuer d'une façon automatique cette
initiative d'embauche occasionnelle sans avoir la préoccupation de
convertir des postes en postes permanents. Ce seront à peu près
les deux mesures qu'on va devoir adopter...
M. Pagé: D'accord. (20 h 30)
M. Gendron:... soit l'incitation de nos collègues d'autres
ministères à transposer les postes d'occasionnels à
permanents, si c'est possible, et éventuellement inventorier les
possibilités d'utilisation du temps partiel.
M. Pagé: Et l'opération avec le Centre de
main-d'oeuvre. Est-ce que le Centre de main-d'oeuvre réfère,
recommande ou nomme?
M. Gendron: Le Centre de main-d'oeuvre réfère.
M. Pagé: Qui nomme, le ministère?
M. Gendron: Non, c'est le ministère qui embauche, qui fait
la nomination.
M. Pagé: Qui décide. M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Pour un poste donné, combien de personnes
sont référées par le Centre de main-d'oeuvre?
M. Gendron: Une seconde. Je ne le sais pas. on me dit que la
pratique, c'est trois.
M. Pagé: Alors, ce n'est pas le Centre de main-d'oeuvre
qui décide.
M. Gendron: Le gestionnaire... Oui, c'est exactement ce que j'ai
dit.
M. Pagé: Cela marche selon le même principe, comme
Rosalie, dans le choix des contrats, plusieurs noms. Comme c'est un ordinateur
ou un groupe qui est à l'extérieur du ministère ou autre,
qui choisit ou qui réfère trois ou quatre noms, selon vous, il
n'y a plus de patronage. C'est fini, c'est beau, c'est propre, c'est pur, mais
c'est quand même un bonhomme, dans la boîte, qui décide.
M. Gendron: Oui, vous avez tout à fait raison, mais par
rapport...
M. Pagé: Ce n'est pas le Centre de main-d'oeuvre du
Québec qui décide de cela. Le Centre de main-d'oeuvre se limite
à référer et c'est décidé par une personne
à l'intérieur de la boîte du ministère
concerné.
M. Gendron: C'est exact. Par rapport à la situation qui
existait dans le passé, je trouve que c'est une nette
amélioration, parce que de toute façon toute personne qui
désire un poste quelque part, dans un ministère, à titre
d'occasionnel, donc ne passant pas par l'Office de recrutement et de
sélection du personnel, fait sa demande d'emploi au Centre de
main-d'oeuvre du Québec, à la suite d'une demande de X postes
pour, par exemple, le ministère des Transports. Chaque fois qu'il y a
une demande de personnes, par exemple, dans votre comté, s'il y a une
demande de six postes au ministère des Transports, il y aura
éventuellement six fois trois blocs de personnes qui sont
référées et effectivement c'est du monde qui doit faire la
retenue des personnes suggérées.
M. Pagé: D'accord. Une dernière petite question. On
va rester dans la voirie. La différence entre un ouvrier de voirie et un
journalier, quelle est-elle?
M. Gendron: Vous voulez parler du niveau de la
détermination du niveau d'emploi, de la qualification d'emploi?
M. Pagé: Dans la définition de tâche,
qu'est-ce que cela peut être dans les faits comme tels?
M. Gendron: Un instant. Ce qu'on me donne comme nuance est
important. Cela correspond au travail qui est fait. Un ouvrier de voirie est un
ouvrier spécialisé alors qu'un journalier de voirie c'est le type
qui peut être affecté à peu près à n'importe
quels travaux de voirie, sans spécialité.
M. Pagé: Etes-vous au fait, M. le ministre, qu'à la
façon dont certains s'y sont pris pour enlever aux journaliers de voirie
qui travaillaient au ministère des Transports, dans plusieurs districts
du Québec depuis plusieurs années, dont les noms étaient
sur des listes de rappel, la façon dont certains s'y sont pris pour
s'assurer qu'ils ne soient pas réembauchés et substituer leur
nomination par des nominations d'amis, cela s'est fait par la définition
d'ouvrier de voirie et de journalier. Je vais vous expliquer et vous
vérifierez. Dans la très grande majorité des divisions des
districts c'étaient ceux qui étaient embauchés
l'été pour faire le travail régulier de la pose de
garde-fous, couper des herbes, etc., étendre du gravier, de l'asphalte.
C'étaient des journaliers. Ces gens étaient inscrits sur la liste
de rappel comme journaliers. Evidemment, ils ont fait de nouveau leur demande
d'emploi comme journaliers. Quelqu'un disait à leurs amis: Ne faites pas
votre demande comme journaliers cette année, faites-la, si vous voulez
passer, comme ouvriers de voirie.
D'accord? Alors ceux qui avaient eu la chance de connaître le truc
avant s'inscrivaient comme ouvriers de voirie, mais c'était
limité et ceux qui s'inscrivaient comme ouvriers de voirie avaient la
chance de passer et ceux qui étaient journaliers sur une liste de rappel
depuis cinq ou six ans, sont restés chez eux.
Cela s'est passé l'année dernière et il y a
plusieurs députés qui en ont été conscients,
d'ailleurs moi-même j'ai assisté à une réunion des
chefs de district et d'autres de mes collègues autour de la table
étaient là, M. le Président était là, c'est
arrivé. Selon eux, ce n'est pas du patronage, selon eux c'est correct.
Il y a des gens qui étaient au ministère des Transports depuis
six ans et sept ans et vous allez comprendre qu'avec un taux de chômage
de 10% et, dans certaines régions, de 14% et de 15%, quand tu as 47 ou
48 ans et que ça fait sept, huit ou neuf ans que tu travailles à
la voirie, c'est particulièrement difficile d'aller te placer ailleurs.
Mais ça, ce n'est pas grave. Le nouveau, c'est un système qui est
pur, qui est parfait, le nouveau, lui, il a passé et c'est avec des
choses comme ça qu'il a passé. Je ne vous jette pas de
blâme à vous, non, comme je n'en jetterai pas au ministre des
Transports, mais il y a des faiblesses dans votre système. Vous jouez la
carte et trop souvent malheureusement elle porte à faux, vous vous
gargarisez d'avoir mis sur pied un système qui présentait toutes
les garanties, mais ce n'est pas le cas.
Je vous demande, aujourd'hui, si c'est possible d'enquêter
là-dessus et de vérifier ce qui s'est passé pour que
ça ne se reproduise pas.
Vous avez blâmé bien souvent l'ancien système
où le Centre de main-d'oeuvre du Québec n'avait pas à
jouer le rôle qu'il joue aujourd'hui. Dans ce temps-là, M. le
ministre, les gens qui étaient au ministère des Transports ou
dans tout autre ministère depuis huit ou neuf ans et qui y travaillaient
six, sept, huit ou neuf mois par année, ils n'étaient pas
excusez le terme "bumpés" comme ils le sont depuis les petites
manigances technocratiques ou techniques raffinées de certains groupes
qui sont très près de vous.
M. Gendron: Je ne peux pas évidemment rester insensible
à ce que vous nous communiquez, d'autant plus que, comme
député, l'été dernier, j'ai eu également
vent de ce que vous soulignez. Je n'endosse pas du tout, par exemple, le
jugement que ces manoeuvres dites "technocratiques raffinées" sont dues
à la présence de
certains amis qui sont près de nous; je ne pense pas que je
puisse porter ce jugement d'appréciation, sauf que, à votre
demande de vérifier s'il n'y aurait pas lieu nous, comme
ministère qui en a plus particulièrement la vocation, de
s'assurer que les politiques de gestion des ressources soient
équitables, là je peux vous en donner la garantie. Mais il ne
faut pas oublier que, tout en ayant la responsabilité d'un
ministère qui doit concevoir des politiques de gestion efficaces,
l'autonomie des ministères demeure et il y a lieu de vérifier ce
qui s'est passé, tout en étant conscient qu'il n'y a pas de
système parfait, contrairement à ce que vous avez dit. Je ne
pense pas qu'on ait toujours prétendu que notre système
était infaillible, qu'il n'avait pas de faille, tout ce qu'on a
prétendu c'est qu'on corrigeait quelque chose d'évident pour tout
le monde, alors que là vous êtes obligé de nous signaler
des failles qui se sont passées, selon votre affirmation, dans divers
comtés ou régions du Québec. Effectivement je suis en
mesure de le corroborer, puisque ça nous a été
manifesté, mais sûrement pas sur une vaste échelle
où tout le système était comme ça. Là, tout
ce qu'on me dit c'est qu'il y a des journaliers de voirie qui ont
été pénalisés parce qu'ils n'ont pas su que
c'aurait été mieux de s'inscrire sous l'appellation ouvriers de
voirie et en faisant l'affirmation que ça peut être tout à
fait vrai. Il n'en demeure pas moins que c'est un corps d'emploi parmi moult
autres et je ne peux pas accepter...
M. Pagé: Vous reconnaîtrez que la grosse masse
d'emplois de voirie, pendant l'été, c'est là parmi ces
deux corps d'emploi?
M. Gendron: Oui, je reconnais que ce sont deux corps d'emploi
importants, mais je ne peux pas accepter que parce qu'il y a eu une situation
difficile à ce niveau, que ça met en doute toute notre politique
d'appréciation ou d'embauche du personnel des occasionnels et c'est
à ça que je voulais revenir.
M. Pagé: Vous excuserez mon terme "patronage", j'aurais
dû dire du placement technique préférentiel.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais tout d'abord
demander une question au ministre, et après cela j'aurai quelques
commentaires. Est-ce que c'est en vertu d'un règlement ou si c'est en
vertu du contrat collectif de travail qu'il y a une distinction entre ouvriers
et journaliers de voirie?
M. Gendron: Oui, oui, c'est en vertu du règlement de
classification des corps d'emploi.
M. Chevrette: En tout cas, je ne sais pas si vous ne pourriez pas
revoir cette définition pour placer les individus sur un même pied
parce que dans bien des cas, ouvrier de voirie, par exemple, imaginez-vous
celui qui tient le drapeau, c'est un ouvrier spécialisé de voirie
au sens du paiement à je ne sais combien de sous de plus l'heure, alors
que celui qui bûche comme un forcené, lui, s'appelle journalier de
voirie. Personnellement, je trouve que c'est une aberration la distinction
subtile qu'il y a entre ouvrier et journalier; même des
contremaîtres et certains divisionnaires de voirie nous disent
carrément qu'il y aurait de meilleurs hommes, bien souvent, au niveau
des journaliers. Mais comme ils se doivent d'engager des ouvriers, parce que la
définition de tâches est ainsi faite, ils sont obligés,
parce qu'il y a eu une classification en vertu de la liste de rappel, de
prendre l'ouvrier alors que, selon leurs normes, ce serait peut-être le
journalier qui correspondrait le mieux. Ceci est un commentaire.
M. Gendron: Juste une seconde, M. le député de
Joliette-Montcalm. Est-ce que vous me permettez d'en faire un et vous
continuerez après?
M. Chevrette: Oui, pas de problème. On ne se chicanera pas
de ce côté-ci.
M. Gendron: Non. Effectivement...
M. Pagé: Le contraire me surprendrait.
M. Chevrette: On ne se sectionnera pas entre nous autres.
M. Pagé: Asinus asinum fricat. Te rappelles-tu de cela?
Asinus asinum fricat.
Le Président (M. Jolivet): Laissez le ministre
répondre.
M. Gendron: M. le député de Portneuf, si vous
voulez qu'on termine ce soir... Je veux juste ajouter, et je pense que ce
serait quand même important quant à nous de vérifier s'il
est toujours d'actualité, comme volonté du ministère des
Transports, de maintenir cette différence. Il n'y aura de cachette pour
personne... ne pensez pas que c'est le ministre de la Fonction publique qui
tient à ce qu'il y ait une appellation ou un corps d'emploi ouvrier de
voirie par rapport à journalier de voirie. Sauf que le ministère
gestionnaire, responsable, a toujours allégué qu'il fallait avoir
une spécification différente pour l'un par rapport à
l'autre parce que, comme vous avez mentionné je pense, celui qui tient
le drapeau, le porte-étendard ou le signa-leur, cela requiert de
l'expérience.
Tout ce que je veux dire en terminant c'est qu'il serait peut-être
important de vérifier avec le ministère des Transports si cette
nuance est toujours légitime par rapport aux fonctions directement
exercées aujourd'hui.
M. Chevrette: M. le Président, je suis heureux que le
ministre dise qu'il y a des pourparlers, tout au moins, en fonction de
l'embauche de temporaires d'une façon partielle mais permanente. Cela me
sourit énormément comme perspective d'ave-
nir parce que dans les palais de justice, entre autres, la fameuse
application du six mois c'est le cas chez nous, c'est le cas à
Sherbrooke, c'est le cas un peu partout dans les palais de justice les
fameux greffiers audienciers se voient maintenant appliquer la formule...
M. Lalande: Pas greffier, huissier audiencier, ce n'est pas
pareil.
M. Chevrette: Ah! c'est vrai, vous venez de ce milieu. Je
m'excuse. Je ne voulais pas chatouiller vos chastes oreilles.
M. Lalande: Ce ne sont pas les miennes; ce sont celles des
greffiers qui auraient été chatouillées par celles des
huissiers.
M. Chevrette: II y en a de même qui se "gra-fignent"
à rien... Vous m'avez fait perdre le fil. Ces gens, huissiers
audienciers, se voient appliquer la formule du six mois et, dans bien des cas,
je vous avoue que cela crée vraiment le problème que soulignait
le député de Saint-Hyacinthe d'initier de nouveau des individus.
D'autre part, pour la liste de rappel, contrairement à ce qu'a dit le
député de Portneuf, je suis content que ce système soit
instauré et ce n'est pas du tout au niveau contrairement à
ce que dit le député qui a parlé du placement
préférentiel pour adoucir ce système de patronage
je pourrais aller plus loin et dire que le patronage, à ce
moment-là, s'il parle d'amis du régime ou du gouvernement, je
pourrais lui retourner la balle. Il n'y a pas beaucoup de divisionnaires qui
ont été élus par le PQ et il n'y a pas beaucoup de
fonctionnaires à la tête de centres de main-d'oeuvre qui sont
nommés par le PQ.
M. Pagé: M. le Président, j'invoque le
règlement. On ne parle pas de la même chose.
M. Chevrette: Laissez-moi finir et vous allez comprendre.
M. Pagé: On parle du placement des occasionnels.
M. Chevrette: C'est ce que je veux dire.
M. Pagé: Les divisionnaires, les cadres et les
professionnels, ils entrent par les concours et vous le savez.
M. Chevrette: C'est exactement ce que je dis. M. Pagé:
Vous le savez.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf, il ne vous a pas interrompu tout à l'heure.
M. Chevrette: Je dis que c'est impossible pour un
député dans un comté de faire placer un individu qui est
sur une liste de rappel. Le gars... le centre de main-d'oeuvre a même des
directives à ce qu'on m'a dit pour placer les gens à partir de la
liste de rappel. Les centres de main-d'oeuvre eux-mêmes ne peuvent pas y
déroger. S'il y a des nuances quant au journalier et à l'ouvrier
de voirie, la nuance n'est pas au niveau des amis. Ce sont des gens qui font
partie d'une liste de rappel et qui ont une protection en vertu de la liste de
rappel. (20 h 45)
Ce que je donnerais davantage, cependant, si on accorde le droit
à un individu de s'inscrire sur une liste de rappel, c'est le droit de
contester à un moment donné sa fiche de notation qui peut le
balayer, sans même de droits de grief, d'une liste de rappel. Je pense
qu'on pourrait éviter des abus comme cela. Ce ne sont pas des abus de
politiciens, absolument pas. Quand on essaie d'introduire au niveau de la
discussion autour de la table une manigance possible pour placer des individus
occasionnels, je trouve cela personnellement très malhonnête,
parce qu'au contraire, on pourrait se tourner de bord tous les
politiciens ici et dire: Le patronage est loin de se faire par les
politiciens. Il peut se faire par des technocrates. Tu peux t'en aller au
centre de main-d'oeuvre et si tu es bien "coaché", cela peut être
un "chum" du centre de main-d'oeuvre qui te conseille de poser ta candidature
à tel poste avec la bonne définition de tâches. Et
là, on va se mettre à semer le doute chez les fonctionnaires du
centre de main-d'oeuvre. On va se mettre à semer le doute chez les
fonctionnaires des divisions de voirie. Je pense qu'il faut être
très prudent. Cela n'existe plus, le vieux régime; quand les
bleus entraient, les rouges sortaient et quand les rouges entrent, les bleus
sortent. Avec les listes de rappel, il n'y a pas d'amis. Cela peut être
des rouges. Cela peut être des bleus et cela peut être des PQ qui
sont là. Soyez assez honnêtes pour reconnaître cela. C'est
une forme de question de privilège que je voulais faire, à toutes
fins pratiques, parce que je trouvais cela tendancieux, fallacieux,
perni-cieux, tout ce que vous voulez.
Une Voix: Bon! Est-ce fini?
M. Chevrette: M. le Président, il y a un autre petit point
que je voudrais demander.
M. Pagé: C'est fini, le venin? Fini, le venin? Non?
Continuez.
M. Chevrette: C'était pour correspondre à votre
arrogance pontificale.
M. Pagé: Non, non! Votre ministre était d'accord
avec moi, parce que c'est arrivé dans son comté, lui aussi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf, s'il vous plaît!
M. Pagé: C'est arrivé dans son comté.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf!
M. Pagé: Si vous étiez plus souvent dans le
vôtre...
M. Chevrette: II a parlé uniquement des définitions
d'ouvrier et de journalier.
M. Pagé:... vous constateriez cela vous aussi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf...
M. Pagé: Oui?
Le Président (M. Jolivet):... s'il vous plaît! M. le
député de Joliette-Montcalm, la parole est à vous.
M. Chevrette: II y a une chose que je voudrais savoir aussi, une
question à poser. C'est la rétrogradation dans la fonction
publique.
Une Voix: Oui.
M. Chevrette: Est-ce à partir d'un règlement
précis du ministère? Je ne fais pas de chantage, moi. Je vais
dire ce que j'ai à dire. La rétrogradation, cela
relève-t-il d'un règlement de la fonction publique ou non, ou si
cela relève d'une convention collective comme telle? Est-ce qu'il y a
les deux?
M. Gendron: Non. La rétrogradation, c'est directement dans
la Loi de la fonction publique, et la seule rétrogradation qui est
acceptée, c'est une rétrogradation pour incapacité
professionnelle. C'est dans la loi même de la fonction publique.
M. Chevrette: Est-ce qu'ils ont des mécanismes au
niveau... Est-ce que ce sont des mécanismes vis-à-vis de la
commission ou si c'est au niveau de la convention collective qu'un individu
peut se défendre face à une rétrogradation?
M. Gendron: Juste une seconde!
M. Pagé: C'est dans la Loi de la fonction publique.
M. Chevrette: Oui, mais il y a peut-être des
mécanismes dans la convention aussi qui complètent... On n'est
pas tous bons comme toi, fins comme toi.
M. Gendron: La clause de la rétrogradation ou
révocation pour insuffisance professionnelle comme on l'a
mentionné c'est spécifiquement dans la loi no 50, à
l'article 87. "Un fonctionnaire permanent qui est rétrogradé ou
révoqué peut en appeler de cette décision et son
mécanisme de recours est à la commission dans les 30 jours de
l'expédition de l'écrit visé à l'article 86 et la
commission peut maintenir ou annuler la décision rendue."
M. Pagé: M. le Président, on peut suspendre une
demi-heure pour que le député prenne connaissance de la loi pour
laquelle il a lui-même voté.
M. Chevrette: M. le Président, c'est parce qu'il ne
comprend pas où je m'en vais.
M. Pagé: Non, non. C'est dans la loi, cela! Ecoutez, on a
autre chose à faire que de perdre notre temps à vous apprendre la
loi pour laquelle vous avez voté! Voyons donc!
M. Chevrette: Voyons, duchesse de Portneuf! Ne vous fâchez
pas!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf, s'il vous plaît!
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf!
M. Pagé: ... je soulève une question de
règlement. Si nous passons la soirée, avec le nombre d'heures
limitées qu'on a pour adopter les crédits cette année,
à apprendre et à se faire des lectures de lois du
côté du PQ parce qu'ils ne connaissent pas leurs lois, dites-le et
on va lever le "flag" tout de suite! C'est ce qu'on va faire.
M. Chevrette: Levez-le! On va avoir la paix!
M. Pagé: Non, mais vous ne finirez pas vos crédits
pour le 2 mai, vous savez!
M. Chevrette: Je veux parler à M. le Président.
Ai-je le droit? M. le Président, le ministre vient de citer la loi sur
les permanents. Quand vous arrivez aux occasionnels, l'individu qui occupe un
poste en fonction d'une liste de rappel n'est pas protégé par la
loi. Quels mécanismes a-t-il?
M. Gendron: Pour un employé qui a un statut d'occasionnel
sur une liste de rappel, il ne peut pas être
rétrogradé.
M. Chevrette: Oui, donnez un exemple.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai un cas honteux où certains
ouvriers de voirie sont devenus journaliers cette année.
M. Gendron: Juste une vérification, mais je pense que cela
correspond à ce qu'on a dit tantôt à cause du jeu de la
classification du corps d'emploi, mais ce n'est pas une rétrogradation.
Un instant.
M. Cordeau: Je pense que le malaise est provincial. C'est rendu
aux Îles.
Mme LeBlanc-Bantey: Question de privilège. Une Voix:
Cela a dû partir de là.
M. Chevrette: Cela a franchi la rivière...
Mme LeBlanc-Bantey: On est très souvent à
l'avant-garde du reste du Québec.
M. Pagé: Oui, cela est parti de chez vous.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que vous pourriez expliquer, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Cela est parti de chez vous.
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne comprends pas votre jugement.
M. Chevrette: II ne le sait pas lui non plus.
M. Gendron: Ce qu'on me donne comme information, c'est que c'est
un nouvel engagement. Dans un cas comme celui que le député des
Îles-de-la-Madeleine mentionne, passer du statut d'ouvrier de voirie ou
l'inverse, journalier de voirie, c'est parce qu'on interprète que c'est
un nouvel engagement et non pas une rétrogradation. L'employé
occasionnel comme tel ne peut pas subir de rétrogradation.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Je n'avais pas cette question-là, mais elle
m'est venue tout à l'heure concernant justement la politique
d'incitation au respect du principe de non-renouvellement, après six
mois, des occasionnels. Je ne parle pas nécessairement des occasionnels
avec un droit de rappel, mais des autres occasionnels.
Une Voix: Oui.
M. Lalande: Est-ce qu'il y a eu des cas de dérogation
où vous avez réengagé quelqu'un après six mois? Si
oui, quels critères de dérogation observez-vous dans ces
cas-là?
M. Gendron: Cela correspond un peu à ce que j'ai
mentionné tantôt. N'étant pas le ministère qui peut
contrôler l'engagement des occasionnels, votre question, à savoir
s'il y a eu dérogation, au moment où on se parle, on ne le sait
pas au ministère de la Fonction publique. Il faudrait voir les cas et
vérifier chez le ministère titulaire qui peut avoir
dérogé au niveau des occasionnels. Mais nous, comme tels, on ne
peut pas répondre à la question, à savoir s'il y a eu
dérogation ou non. Ce sont des données que nous n'avons pas
étant donné que nous ne sommes pas le ministère employeur.
Chez les occasionnels, on peut discuter un peu de la politique et
préciser des choses. Mais à partir du moment où on
convient que notre rôle, notre fonction, c'est un peu dans le sens que
j'ai mentionné, limiter justement cette porte ouverte à
l'utilisation abusive du poste d'occasionnel et un peu pour permettre d'aller
dans le sens que le député de Portneuf mentionnait,
éventuellement via des postes permanents, mais à temps partiel,
qui permettraient de restreindre le volume d'occasionnels. Mises à part
ces orientations de politiques, on n'est pas en mesure de suivre
concrètement ce qui peut se passer pour les occasionnels dans chacun de
nos ministères. Alors, à votre question, je ne peux pas vous dire
autre chose, M. le député de Maisonneuve.
M. Lalande: Mais je voudrais vous rappeler une mise en garde de
mon collègue de Portneuf, en réponse à votre
déclaration tout à l'heure, à savoir que vous
n'étiez pas là pour faire des voeux pieux. Alors, à quoi
riment les déclarations du ministère de la Fonction publique de
vouloir mettre de l'ordre à l'intérieur des occasionnels, de leur
réengagement, si vous n'avez aucun pouvoir de contrôle à ce
sujet? Finalement, après le ministre du beau temps on sait qu'on
appelle le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre le ministre du beau temps
il ne faudrait tout de même pas avoir un ministre des meilleurs
voeux maintenant.
M. Gendron: Cela rime concrètement à la
première question du député de Saint-Hyacinthe alors qu'il
disait que, pour la première fois cette année, on est en mesure
d'observer qu'il y avait un changement de politique concernant le
renouvellement presque automatique et statutaire des occasionnels. Il me semble
que, par vos questions mêmes, vous m'avez démontré qu'il
n'y avait pas, à ce niveau-là, la même constante. Alors,
c'est plus que des voeux pieux que le fait de modifier la façon
d'engager les occasionnels. Il y a eu concrètement des choses qui
permettent de voir qu'à court terme, il y aura des correctifs
apportés à cette politique d'embauche sans contrôle.
M. Lalande: M. le ministre, ce que je voudrais porter à
votre attention, c'est que, je pense, il y a des principes d'administration et
il y a assez de hauts fonctionnaires et de cadres ici qui vont vous rappeler
qu'administrer, c'est planifier, organiser, diriger et contrôler. Or,
vous ne contrôlez pas. Donc, vous n'administrez pas. Alors, inutile d'en
parler à ce moment-là. Remettez cela plutôt aux
ministères et qu'ils fassent leur politique. Je vois très mal le
ministère de la Fonction publique en parler s'il n'a aucun pouvoir de
contrôle. C'est une observation que je voulais faire à ce
niveau-là.
Je voudrais aussi, en prenant connaissance... Vous avez un autre
point?
M. Cordeau: Je demande le droit de parole.
M. Lalande: J'ai bien écouté votre
déclaration et à la page 6, je crois, vous avez dit qu'il y avait
un effort sensible et important qui avait été fait au niveau de
la réduction. On se rappelle qu'en juillet 1979, je crois, et prenant
fin le 31 mars 1980, l'objectif que poursuivait le ministère de la
Fonction publique était une réduction de 2,5% des postes. Ce que
je voudrais savoir à ce stade-ci: Où en êtes-vous? Quelle a
été la réduction en pour-
centage? Est-ce que l'objectif a été atteint? Je voudrais
immédiatement relier à cela ce qui suit pour que vous y
répondiez en même temps. A la lecture des crédits,
j'observe que le ministère de la Fonction publique qui se veut un chef
de file à l'intérieur de cela ne s'est guère
conformé à ses propres directives en ce sens qu'au lieu
d'opérer des coupures de 30 postes à l'intérieur de votre
ministère, vous les avez plutôt augmentés de 18, ce qui
fait que vous êtes de 48 postes dans le rouge si je compte bien. Je
voudrais simplement connaître le pourcentage de réduction de ces
postes dans la fonction publique.
M. Gendron: Pour ce qui est des coupures de postes, nous en avons
été dispensés au ministère de la Fonction publique
pour une raison bien simple: On est un ministère tout neuf qui assume de
nouvelles responsabilités grandissantes de part et d'autre et on le
verra tantôt à chacun des organismes centraux pour ce qui est,
entre autres, de la Commission de la fonction publique et de l'Office de
recrutement et de sélection du personnel. Quant au pourcentage de
réussite parce que c'est cela que vous me demandez pour
les objectifs qu'on visait l'an passé, ce n'est pas le ministère
de la Fonction publique qui détermine les effectifs, c'est le Conseil du
trésor. Alors, le Conseil du trésor nous dit que, globalement,
dans l'ensemble de la fonction publique, nous avons réussi à ne
pas augmenter les postes tel que M. Parizeau a pu l'annoncer dans son discours
du budget. On a atteint exactement l'objectif visé dans le discours du
budget du 31 mars 1979.
M. Lalande: Vous n'avez pas dit qu'il n'y aurait rien; ce qui a
été annoncé, c'était une coupure de 2,5% des postes
et vous me dites que le gouvernement a atteint ses objectifs en ayant une
croissance zéro. Si vous me dites que c'est le Conseil du trésor
qui gère tout cela, je voudrais vous demander qu'est-ce que le
ministère de la Fonction publique fait à l'intérieur de
cela?
M. Gendron: En vertu de la loi, contrairement à la finale
de votre question où vous mentionnez: De toute façon, au niveau
des effectifs et coupures de postes, je veux savoir ce que le ministère
de la Fonction publique contrôle là-dedans. Il ne contrôle
rien parce qu'en vertu de la loi, la détermination des effectifs
relève du Conseil du trésor et c'est le Conseil du trésor
qui, après analyse pour chacun des ministères, détermine
le nombre de postes qu'il y aura au niveau des permanents et au niveau des
occasionnels. Le ministère de la Fonction publique n'a aucun
contrôle comme tel sur l'observance de la réglementation du
Conseil du trésor versus la réduction des effectifs.
M. Lalande: Plus cela va, plus on est dans les voeux pieux. Pour
parler un peu de votre déclaration...
M. Gendron: Un instantl Juste une correction, ce n'est pas un
voeu pieux. Aujourd'hui, on étudie les crédits du
ministère de la Fonction publique. Effectivement, on vous a fait, je
pense, la démonstration, dans le discours du budget, que les effectifs
de l'ensemble de la fonction publique, par l'organisme qui en a la
responsabilité, avaient été atteints comme objectif. Qu'on
ne vienne pas me parler de voeu pieux. Ce n'est pas un voeu pieux, c'est une
réalité que, effectivement, les effectifs ont été
réduits sauf que la personne que vous avez en face de vous, ce n'est pas
la personne qui a la responsabilité de dire, le Conseil du trésor
ayant la responsabilité des effectifs, comme ministre de la Fonction
publique: Oui, le Conseil du trésor a réalisé ou non ses
objectifs de réduction.
M. Lalande: Je voudrais d'abord vous ramener à une autre
question qui sera difficile d'éviter, j'en ai l'impression. Dans le
programme pluriministériel de renouvellement de la carrière, je
voudrais vous demander combien il y a de cadres supérieurs ou d'adjoints
aux cadres supérieurs qui se sont prévalus de ce programme au
cours de l'exercice. (21 heures)
M. Gendron: Juste un instant! On a cela.
M. Lalande: En d'autres mots, est-ce un succès ou est-ce
plus ou moins mitigé?
M. Gendron: Le chiffre que nous avons, c'est 49 cadres
supérieurs qui se sont prévalus du programme de renouvellement de
carrière. On a tous les détails, mais vous me posez seulement la
question sur le nombre. C'est 49.
M. Lalande: Considérez-vous que c'est un
succès?
M. Gendron: Oui. Sérieusement, je pense que le programme
de renouvellement de carrière a connu passablement de succès,
compte tenu d'où on partait et de tous les préjugés que
nous avons tenté d'atténuer, en tout cas, depuis un an,
strictement au niveau de la compréhension qu'on en avait. Je vous
félicite d'utiliser l'expression qu'on utilise au ministère de la
Fonction publique; c'est vraiment un programme de renouvellement de
carrière. Pour le peu d'historique qu'il a, ce programme, oui, nous
sommes satisfaits du succès qu'il remporte.
M. Lalande: Je vais le relier à un autre programme qui est
Formacadres, celui-là, l'occasion pour les professionnels, dites-vous,
à la page 8 de votre déclaration, de devenir cadre par le
truchement de Formacadres. Croyez-vous qu'à l'heure actuelle, avec les
politiques salariales que vous avez au niveau des ACS, vous allez attirer
beaucoup de professionnels à l'intérieur des cadres
supérieurs ou des adjoints aux cadres supérieurs? En d'autres
mots, ce que je veux vous dire, c'est que depuis 1978, la Loi sur la fonction
publique qui fixe le fameux point milieu...
M. Gendron: Oui.
M. Lalande: ... je pense qu'on peut dire que les adjoints aux
cadres supérieurs, en tout cas, selon mes renseignements, il y en a plus
ou moins 1000 comme cela dans la fonction publique. A peu près les
deux-tiers de ces ACS ont un traitement inférieur aux professionnels.
Croyez-vous, encore une fois, que votre politique de Formacadres peut inciter
les professionnels?
M. Gendron: J'ai l'impression que si nous... M. Lalande:
Voulez-vous préciser davantage? M. Gendron: Non, c'est de
plus en plus clair. M. Lalande: Ah! oui. Allez-y!
M. Gendron: Si nous en étions est-ce qu'on pourra
continuer? restés à ce que vous relatez, ce qui, à
ma connaissance était exact, nous étions en train de
développer une tendance où le salaire des ACS, des cadres
intermédiaires ou des cadres supérieurs se collait à la
réalité des professionnels, ce qui a eu comme conséquence
qu'avec l'augmentation des professionnels qui ont atteint la classe 1, vous
relatez une situation exacte. Il y a un bon pourcentage de professionnels
classe 1 qui se trouvaient à avoir un salaire supérieur à
certains ACS. D'accord? On est en mesure, aujourd'hui, non pas de vous donner
tous les détails de la politique de révision des traitements des
cadres supérieurs et de certains autres cadres, mais on peut vous dire
que, tout récemment, le ministère de la Fonction publique, je
pense, a innové dans ce secteur en allant défendre au Conseil du
trésor une politique de rémunération qui permet,
justement, de se détacher un peu du point milieu avec un compas-ratio
qui est de l'autre côté du centre si vous me passez
l'expression pour permettre effectivement qu'il y ait un écart
sans être un écart exagéré, mais un
écart plus prononcé entre le point milieu et la
rémunération de notre personnel cadre pour qu'effectivement, le
fait d'assumer des responsabilités additionnelles ait un certain
intérêt. Vous aviez, je pense, avec raison, rattaché
ça au programme de Formacadres. Il sera d'autant intéressant de
s'inscrire à notre programme de Formacadres qui est un programme de
perfectionnement et d'avancement pour autant que le professionnel a le
goût d'aller assumer des responsabilités additionnelles en sachant
qu'il ne se retrouvera pas, dès qu'il sera nommé cadre ou cadre
intermédiaire, avec un salaire inférieur à ce qu'il aurait
eu s'il était resté professionnel classe 1.
Je ne peux pas, à ce moment-ci, vous donner tous les
détails de la politique de rémunération parce que, d'une
part, on s'est entendu tout dernièrement avec le Conseil du
trésor. On aurait pu relater tel que cela l'a été dans les
journaux, toutes les difficultés que nous avons eues, ce qui est normal
dans une négociation, même avec notre collègue qui
s'appelle le Conseil du trésor, mais je pense qu'on a atteint tout
dernièrement un résultat qui, effectivement en tout cas,
d'après moi permettra de corriger la situation que vous avez
exposée tantôt avec passablement de raison et d'exactitude.
M. Lalande: Pour le moment, ma préoccupation ne se situe
pas en tout cas, pour le moment, je le dis bien au niveau des
professionnels. C'est plutôt au niveau des cadres supérieurs et
des adjoints aux cadres supérieurs. Je pense que le ministre doit
être à même de constater que les cadres supérieurs,
les administrateurs, les ACS, c'est vraiment l'épine dorsale de toute
l'organisation gouvernementale. C'est l'état-major. Donc, sans
état-major, je pense que le gouvernement ne peut pas aller très
loin et c'est drôlement important au niveau de la gestion de l'Etat qu'on
leur attache l'importance qui leur revient.
A ce titre, vous savez là je vais reprendre l'une des
critiques que l'Association des cadres supérieurs vous a sûrement
faite que pour les cadres supérieurs de même que les ACS,
leur augmentation de chaque année ou la rémunération
additionnelle est soumise exclusivement à l'arbitraire du sous-ministre
en titre. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de concilier ça un peu avec
la situation des professionnels qui eux connaissent un principe d'avancement
automatique à chaque année? En d'autres mots, ce que j'essaie de
dire, de façon très constructive en plus de ça, c'est que
vous avez, d'une part, en tout cas vue par les ACS sûrement, une
situation pour les professionnels qui est drôlement mieux que celles des
adjoints aux cadres supérieurs et même que des cadres-4. Dans ces
conditions, pensez-vous être capables de promouvoir quelque chose de
sérieux au niveau des cadres supérieurs, sans corriger au moins
cette lacune qui semble être assez pénible pour certains ACS
à l'heure actuelle?
M. Gendron: Je dis deux choses à vos remarques, M. le
député de Maisonneuve, la première, il ne faut quand
même pas oublier, tout en étant d'accord avec ce que j'ai dit dans
ma première question tantôt, que les ACS, il n'en demeure pas
moins que c'est du personnel-cadre en voie de formation pour la plupart, ce que
je veux dire c'est qu'il y a quand même dans le personnel des ACS des
cadres qui débutent, alors que souvent les professionnels classe-1 ce
sont quand même des professionnels de carrière, ce sont des gens
qui sont là depuis un bon bout de temps. C'était seulement pour
replacer dans sa perspective exacte l'écart de salaire qui peut exister
parfois quand même.
A votre question précise, vous dites: La politique de
rémunération, pour ce qui est des ACS, est basée
passablement sur l'arbitraire du sous-ministre en titre, dans le sens que c'est
lui qui détermine le salaire. Effectivement, je pense qu'il y a une
partie d'appréciation sur le rapport d'évaluation qui peut avoir
une incidence salariale, mais à partir du moment où, dans ce que
j'ai dit tantôt, on s'est entendu avec le Conseil du trésor pour
d'abord avoir quelque chose étalé sur deux ans
plutôt que seulement sur une année, avoir une politique
salariale qui peut être connue immédiatement sur deux ans,
ça va être plus facile, je pense, pour notre personnel-cadre
d'avoir des choses qui sont connues, qui sont précisées, pas
nécessairement sur échelles, genre convention collective des
professionnels, mais qui situeraient avec un peu plus de précision le
type d'augmentation salariale ou le type de salaire tout court qu'un cadre
intermédiaire ou supérieur peut avoir. Comme vous le mentionnez
les professionnels ont cette chance de savoir exactement quelle sera leur
rémunération.
Mais, si vous me permettez, j'aimerais juste vérifier la partie
pour ce qui est de l'arbitraire du sous-ministre, comment ça
fonctionne.
Effectivement, la principale caractéristique dans notre
système d'évaluation qui soit mise de l'avant c'est que les ACS
sont évalués par leur supérieur immédiat et l'ACS
peut également avoir la chance de faire réviser son
évaluation par le supérieur hiérarchique, s'il
prétend que l'évaluation du rendement n'est pas
satisfaisante.
M. Lalande: II ne faudrait pas tourner autour du pot, on sait que
c'est le sous-ministre en titre qui octroie cette augmentation ou pas...
M. Gendron: Oui.
M. Lalande: ... mais vous convenez avec moi que c'est laisser
entièrement et uniquement la décision au sous-ministre, à
savoir... parce que vous savez l'augmentation au mérite, le principe du
mérite, on y souscrit tous, mais c'est quand même... est-ce qu'il
y a d'autres balises que l'arbitraire pur et simple du sous-ministre?
M. Gendron: Vous avez raison de mentionner que
l'évaluation du sous-ministre ou de son supérieur immédiat
joue un rôle important dans la détermination de son revenu, mais
il y a également d'autres règles qui tiennent compte de la
politique salariale, qui servent de balises ou d'éléments et dont
le supérieur immédiat doit tenir compte pour déterminer le
niveau de revenu du cadre supérieur.
M. Lalande: On nous avait un peu parlé tout à
l'heure des professionnels, des négociations qui sont en cours, sans
aller au fond des choses vous me corrigerez si je suis mal
renseigné. Est-ce qu'il est question dans les négociations que
vous avez avec les professionnels, à l'heure actuelle, de créer
une espèce de classe supérieure en haut de la classe 1 qui
réglerait beaucoup de problèmes? Pour déterminer ou pour
donner, dans certains cas, à certains professionnels un salaire
acceptable, on est obligé d'aller au niveau des cadres
supérieurs: un "staff", par définition. Bien souvent un
professionnel qui a un travail qui n'est pas en ligne d'autorité ne
devrait pas, à mon avis, faire partie d'une classification qui soit
celle d'un cadre supérieur. Est-ce que vous avez essayé de
corriger cette situation en donnant une juste rémunération
à certains professionnels sans avoir à les amener dans un cadre
qui soit celui des cadres supérieurs?
M. Gendron: Pour ma part, c'est la première fois qu'on
aborde ce sujet dans ce sens-là. Au-dessus de la classe 1 pour les
professionnels, il n'y a pas d'autre classe. Cela ne fait aucun doute. Il y a
des classes de professionnels: la classe 1, la classe 2 et la classe 3. Mais
passé la classe 1, il n'y a pas d'autre statut pour le professionnel. Il
est possible que, dans un avenir quand même raproché, il y ait une
espèce de poste de conseiller-cadre professionnel qui soit
créé, mais on n'a pas fait de discussion au niveau de la
négociation avec les professionnels dans cette perspective. Il est faux
de prétendre qu'il y a une espèce de classe spécifique ou
spéciale au-dessus de la classe 1.
M. Lalande: Je ne vous dis pas qu'il y en a une au-dessus de la
classe 1, mais il y a certains cas bien précis. Je pense au rôle
qui me vient, évidemment, le plus à l'esprit: c'est celui de
protonotaire spécial dans les palais de justice. Vous avez quelqu'un qui
rend jugement à peu près au même titre qu'un juge...
M. Gendron: Oui.
M. Lalande:... et qui est, dans sa classe d'emploi, je pense,
plafonné à $29 000 ou quelque chose comme cela, alors qu'un juge
roule autour de $45 000 en commençant et va jusqu'à $60 000.
C'est un rôle qui est essentiellement "staff", c'est du professionnel qui
n'est pas en ligne d'autorité. Il faut lui donner un salaire plus
acceptable. Dans certains cas c'est un exemple qui me vient à
l'esprit, mais il y en a d'autres aussi on le fait accéder
à un poste de cadre 4, de cadre 3 ou quelque chose comme cela pour lui
donner une rémunération additionnelle. Alors, cela ne correspond
absolument pas à ce que veut dire, au fond, un cadre ou un
administrateur de la fonction publique qui devrait être en ligne
d'autorité. Est-ce que vous avez pensé à corriger ce
problème au niveau des professionnels?
M. Gendron: Oui, effectivement, il y a des conseillers-cadres,
mais avec la différence qu'ils ne sont pas au niveau des professionnels.
Ils sont au niveau des cadres. Ils jouent des fonctions "line" ou "staff", si
vous me passez l'expression.
M. Lalande: II y a un cas que je voudrais vous soumettre.
J'imagine et je suis à peu près convaincu que comme nouveau
ministre, vous n'êtes pas au courant. Sûrement, vos sous-ministres
le sont. C'est le cas bien précis des directeurs des greffes dans les
palais de justice, selon le plan de classification, qui sont directeurs des
greffes ou directeurs des bureaux d'enregistrement. Vous savez qu'au
ministère de la Justice, vous avez onze régions administratives.
A l'exception de Montréal et de Québec, dans toutes les autres
régions, vous avez des directeurs régionaux qui sont
classifiés
ACS, donc soumis, à l'heure actuelle, au point milieu. Sans
exagérer vous me corrigerez un peu s'il y a lieu autour de
$32 000 par année, c'est à peu près là où se
place ie point milieu. Vous avez de ces directeurs régionaux qui, en
plus d'être directeurs régionaux, sont également directeurs
locaux des palais de justice et qui ont à superviser d'autres directeurs
locaux. (21 h 15)
Selon le plan de classification des directeurs des greffes, vous avez de
ces directeurs locaux, directeurs de classe 1 de la direction des greffes qui,
à l'heure actuelle, sauf erreur, sont rendus à $38 000 ou $39
000. Eux n'ont pas de point milieu. Donc, vous avez la situation aberrante qui
est de plus en plus grave depuis le point milieu, vous avez un directeur local
qui gagne $38 000 par année et vous avez le directeur régional
qui est au-dessus de lui et qui cumule aussi une "job" de directeur local dans
la localité où il est et qui, lui, en gagne $32 000. Pensez-vous
que c'est avec cela que vous allez attirer les gens au niveau des cadres
supérieurs?
M. Gendron: Si vous me permettez de répondre tout de suite
à un aspect. Le point milieu: Vous m'avez invité à
corriger si ce n'était pas le cas. Il est à $34 870 au lieu de
$32 000.
M. Lalande: $34 390.
M. Gendron: D'accord. C'est quand même presque $3000 de
plus. Maintenant, à votre question telle qu'elle, vous m'avez dit: Je
vais vous exposer une situation.
M. Lalande: Oui.
M. Gendron: Probablement que vous n'êtes pas au courant.
C'est le cas. Je ne suis pas au courant de cette situation. Effectivement, la
question que vous me posez, si c'est exactement le cas, c'est sûr que je
suis obligé de répondre non. Je ne pense pas attirer des gens qui
ont des responsabilités additionnelles s'il y a une différence
salariale inférieure de $4000 ou $5000. Sauf que je peux prendre
connaissance du cas. On m'indique qu'il y aurait lieu de faire une
réévaluation des niveaux d'emploi et, éventuellement, en
faisant une réévaluation des niveaux d'emploi, peut-être
constater qu'il y a des emplois de niveaux de maîtrise qui devraient
être cadres ou inversement. Cela expliquerait peut-être la
situation que vous exposez.
M. Lalande: Ce que je voudrais savoir de façon plus
précise parce que j'ai vérifié, avec l'exception
peut-être des salaires. Est-ce qu'à partir de ce soir le ministre
peut quand même regarder ce problème de façon
sérieuse et en donner réponse à un moment
donné?
M. Gendron: Je pense que c'est quelque chose pour laquelle il
faut absolument... D'abord, je ne connais pas le volume de gens
concernés dans cette catégorie, mais indépendamment de
cela, s'il y a une situation telle que vous avez décrite tantôt,
je pense que oui, le ministre peut prendre acte et vérifier ce qu'il y a
lieu de faire d'une façon très formelle, très
précise.
M. Lalande: J'y reviens à dessein parce que ceci, pour le
savoir de près, a été porté à l'attention de
votre prédécesseur de la fonction publique et c'est devenu
beaucoup plus crucial parce qu'avant cela quand même vous aviez, ou on
était à peu près à la même chose parce qu'il
n'y avait pas de point milieu. Il faudrait, je pense, s'y intéresser de
façon beaucoup plus précise à ce niveau. Je voudrais
simplement terminer, en vous demandant, notre collègue de l'autre
côté a parlé tout à l'heure des huissiers
audienciers, il faut clarifier un petit peu, ce sont des crieurs comme on
appelle. Ces crieurs qui depuis...
M. Gendron: J'ai une note sur vos crieurs.
M. Lalande: Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire pour
régler ce problème parce que, vous savez, mon collègue de
Portneuf y est revenu. Il y a une certaine formation que ces gens peuvent avoir
qui est assez longue à acquérir parce que c'est un poste avec le
public, etc. Ceci cause des problèmes sérieux à
l'administration de la justice à l'heure actuelle. Est-ce que vous avez
l'intention de regarder cela de façon précise? S'il y a des
dérogations, j'aimerais bien que, s'il y a des dérogations
quelque part, qu'au moins on établisse des critères.
M. Gendron: Les informations que nous avons parce qu'à ce
niveau on avait fait une vérification précise, vous dites:
Quelles sont mes intentions? On m'a transmis comme information que les
huissiers audienciers étaient des personnes et là,
d'aucune façon je ne porte pas de jugement de valeur sur les personnes
qui de par leur fonction, à la suite d'une analyse
peut-être plus rigoureuse de la nécessité de ces personnes
ou strictement en termes d'emploi concret, dans certains palais de justice, il
fallait se reposer la question si on pouvait conserver, à
caractère permanent, autant d'huissiers audienciers dans chacun des
palais de justice du Québec. L'information qu'on me donne, à
prime abord c'est non. Ce n'était pas nécessaire de maintenir le
même nombre d'huissiers audienciers dans des postes permanents.
Donc, je pense que notre responsabilité au ministère de la
Fonction publique, ce serait de faire une évaluation du ministère
concerné parce qu'à ce que je sache, ces gens relèvent du
ministère de la Justice et il va falloir évaluer avec le
ministère de la Justice si, effectivement, c'est une coupure qui aurait
sa place ou si c'est vraiment injustifié d'avoir à exercer ces
coupures au niveau des huissiers audienciers. Parce qu'on me dit et je
ne dis pas que c'est vous qui l'avez dit, mais il y a des personnes qui m'ont
dit: De toute façon, on les remplace intégralement de six mois en
six mois.
Je regrette, ce n'est pas l'information que nous avons pour l'ensemble
des huissiers audien-ciers du Québec. Il y en a quelques-uns qui ont
été remplacés, à des postes d'occasionnels, parce
qu'ils avaient été engagés comme tel, mais cette roue ne
tourne pas exactement toujours avec le même nombre d'huissiers
audienciers qu'il y avait et qu'on remplace. En tout cas, ce n'est pas les
informations que j'ai. Je vais vérifier avec le ministère de la
Justice.
M. Lalande: II est évident que le ministre de la Justice,
au moment de la défense des crédits, on lui posera sûrement
la question et avec un peu plus de raffinement, parce que lui, ça fait
plus longtemps que vous qu'il est là.
M. Gendron: Oui, plus que ça, c'est son ministère.
Ces décisions relèvent de son ministère.
M. Lalande: Cependant, il faudrait quand même porter
à votre attention comme l'ont fait le député de
Saint-Hyacinthe et mon collègue de Portneuf tout à l'heure
que, autour de ceci, il y a quand même une espèce
d'insécurité qui fait qu'on se dit: Est-ce que je vais y aller ou
si je n'irai pas? Est-ce que je vais être renouvelé? Est-ce que je
vais être reconduit dans mes fonctions? Là, il y a une
espèce de mouvement qui fait qu'on n'est absolument pas dans la
sécurité et qui n'aide pas à l'administration de la
justice et qui n'aide sûrement pas à l'efficacité du
travail qu'il y a à faire.
M. Gendron: Cela va.
M. Lalande: Alors, on peut compter qu'une fois que ce sera
évalué, il y aura quand même une politique claire qui
sortira des déclarations à ce niveau-là.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Sur le même
sujet, les négociations avec les professionnels, avant l'ajournement
tantôt, la suspension des débats, vous avez mentionné que
bien sûr vous ne pouviez pas accorder à tous les membres de ce
syndicat, accéder à toutes leurs demandes. Par contre, je pense
qu'au Crédit agricole, actuellement, on réclame pour le millage
une augmentation, étant donné que les individus emploient leur
propre voiture pour aller visiter les fermes en vue du prêt agricole. Je
pense bien que ce ne doit pas être une affaire énorme,
étant donné que ces gens demandent à peu près ce
que les autres fonctionnaires reçoivent lorsqu'ils emploient leur
voiture. Je pense que vous pourriez apporter une attention un peu
spéciale à ce cas. Je ne veux pas analyser toutes les autres
demandes de ces syndicats, mais en ce qui regarde surtout les employés
au crédit agricole, c'est cette demande bien spécifique qui,
actuellement, retarde sensiblement l'efficacité de cette commission.
M. Gendron: D'accord.
M. Cordeau: J'ai apporté ce point.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions sur le
programme 1, dans son ensemble? M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'ai vu... C'est au
programme 1, les sommes qui sont affectées à la
négociation?
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Cela a coûté combien à ce
jour?
M. Gendron: Si vous me laissez trente secondes, on va vous dire
ça. On a tout ça ici. On a même ça par comparaison.
Alors, les dépenses payées dans le cadre des négociations
vous me comprenez bien au ministère de la Fonction
publique. Actuellement, ça aurait coûté un instant,
l'addition n'est pas faite en 1979-1980: $557 000.
M. Pagé: Comment s'effectue la sélection des
personnes qui négocient pour et au nom du gouvernement?
M. Gendron: Là, vous voulez parler de nos
négociateurs?
M. Pagé: Oui.
M. Gendron: Pour la plupart, en posant votre question, vous avez
déjà la réponse puisque ce sont des gens que vous avez
vous-mêmes engagés.
M. Pagé: En raison de leur compétence, c'est
normal, mais vous les avez gardés, très bien. Les autres?
M. Gendron: Oui, c'est pour ça. Les autres, je ne verrais
pas pourquoi on présumerait, parce qu'on en a changé
quelques-uns, que c'est parce que, eux, ils sont incompétents.
Honnêtement, les critères qui nous guident dans le choix de nos
négociateurs, mises à part quelques vérifications
d'administration courante que je pourrai faire après ma réponse.
Je peux vous dire, M. le député de Portneuf, qu'on le fait sur
leur compétence, à partir de la connaissance de dossiers de
négociation qu'ils ont et du groupe particulier avec qui ils traitent.
Nous avons recruté certains professionnels, comme négociateurs,
qui avaient des expériences plus particulières en
éducation, on les a affectés au syndicat des professeurs de
l'État du Québec. D'autres qui avaient des expériences
plus larges au niveau des fonctionnaires, soit parce qu'ils ont
été des fonctionnaires qui ont oeuvré longtemps à
la fonction publique et qui connaissaient l'ensemble de la fonction publique.
Mis à part ces critères de compétence, je pense qu'on
essaie, le plus honnêtement possible, de trouver les négociateurs
qui vont permettre de réaliser, le
plus rapidement possible, les objectifs d'une négociation, qui
sont ceux d'entendre les offres et d'en arriver à une conclusion le plus
rapidement possible.
Je n'ai pas d'autres indications, à moins que vous n'ayez des
choses précises à poser.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions?
M. Gendron: De toute façon, juste une seconde... Une
vérification sur les salaires... On me dit qu'en 1975, cela avait
coûté $567 282 et que cette année, cela a
coûté $263 000. Je rectifie les chiffres que j'ai mentionés
tout à l'heure, strictement parce que je n'ai pas regardé le bon
tableau. D'accord?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce que nous pouvons voir le programme 3
globalement?
Le Président (M. Jolivet): Le programme 3 ou
l'élément 3?
M. Cordeau: Le programme 3.
Le Président (M. Jolivet): Non, nous y reviendrons...
M. Gendron: Nous y reviendrons. Si vous permettez, nous pourrions
finir le ministère. Après, nous pourrons passer à la
commission... à l'office...
Le Président (M. Jolivet): Nous finirons le programme 1.
M. le député de Maisonneuve, sur le programme 1.
M. Lalande: Oui, sur le programme 1, je voudrais, en
présence de mon collègue des les-de-la-Madeleine, parler de la
promotion de la femme au sein de la fonction publique et des congés de
maternité de façon spécifique.
Vous vous rappelez du grand panneau-réclame qui nous disait:
"Maman, prends ton temps". Cela concerne les congés de maternité.
Je voudrais demander au ministre s'il croit sérieusement que la
politique qui a été mise de l'avant, sur les neuf mois d'absence,
si ces mesures sont propices à attirer les femmes dans la fonction
publique et surtout les femmes gestionnaires. C'est ce que nous voulons
finalement. La promotion n'est pas seulement pour les agents de bureau et les
sténos-dactylos. Ce que nous voulons, ce sont des femmes qui aient des
postes de direction.
Est-ce que vous pensez qu'avec ces congés de maternité qui
peuvent être obtenus, c'est de nature à attirer les femmes
gestionnaires dans la fonction publique?
M. Gendron: Moi, je le pense et je le dis le plus
sincèrement possible. Ce n'est pas parce que certaines personnes
feraient ce choix qu'elles font éventuellement lorsqu'elles
décident d'avoir des enfants qu'il y aurait une
conséquence directe sur l'accessibilité au niveau de postes
comme vous le dites d'ACS, de professionnels ou
immédiatement supérieurs.
Il est clair que si nous en étions aujourd'hui même
à la situation dont on discute ce soir, une situation factuelle de 50-50
seulement pour s'exprimer je serais beaucoup plus porté
à accorder de l'attention à votre question, mais nous avons
à corriger une situation du passé, dont on hérite, ce qui
fait que nous sommes loin de cela. Aujourd'hui, au moment où on se
parle, il y a 50% d'hommes et 50% de femmes qui occupent des postes de
gestionnaires, d'ACS, de sous-ministres adjoints et de sous-ministres en titre.
Il est sûr qu'il faudrait regarder plus attentivement cette politique du
congé de maternité de neuf mois qui pourrait les placer dans une
situation par rapport à d'autres... Elles ne seraient pas toujours en
situation compétitive sur le plan de l'appréciation et du suivi
d'une gestion publique.
Au moment où on se parle, je pense qu'on peut très bien
parler honnêtement de l'égalité des chances parce que le
problème ne se pose pas en ces termes. Il n'y a pas
d'incompatibilité à ce que des femmes occupent des postes de
haute gestion tout en bénéficiant des avantages des congés
de maternité.
M. Lalande: Je voudrais attirer votre attention sur le fait
qu'une femme qui occupe un poste de gestion et à qui on permet, en vertu
des règlements, de s'absenter pendant neuf mois ceci est
très bien comme politique et je suis tout à fait d'accord
là-dessus sauf que vous oubliez de compenser la coupure de postes
occasionnels et de non-renouvellement d'employés occasionnels au bout de
six mois. Vous vous imaginez l'employeur qui doit décider entre un homme
et une femme qu'il veut engager. S'il décide d'engager une femme qui est
à l'âge d'avoir des enfants, il se dit qu'il est possible que,
l'année prochaine, cette femme soit absente de son travail pendant neuf
mois. Il ne pourra pas la remplacer par un ou une employé(e)
occasionnel(le), parce qu'on coupe les crédits d'abord, et
deuxièmement, parce qu'il lui faudra engager deux employés
occasionnels pour faire plus que six mois. (21 h 30)
Ce que je veux dire, c'est un programme qui, au niveau des principes,
c'est que votre gestionnaire, votre patron, votre cadre supérieur qui
est au-dessus ce n'est plus un préjugé qui est favorable
à la femme, c'est un préjugé qui ne lui est pas favorable
du tout c'est qu'on va choisir l'homme comme gestionnaire plutôt
que la femme en se disant: Si je l'engage, j'aurai des problèmes de
gestion pendant neuf mois. En tout cas, il y a une possibilité.
M. Gendron: Au niveau des postes permanents, ça ne se pose
sûrement pas parce qu'à partir du moment où on a le
principe du mérite, la
déclaration d'aptitudes oblige à prendre celui qui s'est
rangé au premier rang c'est une expression. Cela veut dire que la
règle du mérite permet quand même d'éviter cette
situation du jugement anticipé... que c'est une personne qui,
éventuellement, pourrait bénéficier d'un congé de
maternité de neuf mois, donc, que je ne l'emploie pas, au moins pour les
postes permanents. En convenez-vous, pour cette partie-là?
Pour les employés occasionnels, vous ne faites qu'illustrer ce
que je mentionnais tantôt, c'est-à-dire qu'il est important de
reserrer, au niveau des autres ministères, la trop grande porte ouverte
sur l'utilisation de postes occasionnels. Ceci a une certaine
conséquence, à un moment donné, pour des employés
occasionnels qui, éventuellement, pourraient être
préférés dans l'engagement. De toute façon, on l'a
illustré tantôt. Mis à part le règlement qui
relève du ministre, quand on engage des occasionnels, il faut respecter
certains critères. L'engagement des occasionnels se fait ailleurs qu'au
ministère de la Fonction publique.
M. Lalande: Oui, mais laissez-moi préciser ma question un
peu. Je ne sais pas si vous avez compris tout à fait ce que je veux
dire. Je parle évidemment des postes permanents, des postes qui sont
octroyés. Vous avez une boîte où il y a dix personnes
à l'intérieur; vous avez besoin d'un gestionnaire; il vous
apparaît que c'est peut-être une femme qui serait le meilleur
gestionnaire à l'intérieur de ça. Si vous la mettez en
poste pour diriger les neuf autres, vous vous exposez à ce que,
l'année suivante, évidemment, elle ne soit pas là parce
qu'elle sera en congé de maternité pendant neuf mois. Ce que je
veux vous dire, à partir de là, c'est très bien, on y va,
pour autant que, comme patron, cette gestionnaire, je puisse la remplacer
pendant neuf mois pour lui redonner son poste quand elle reviendra. Mais
à chaque fois c'est le cas, je pense, vous vérifierez avec
le Conseil du trésor au sujet des postes si vous n'êtes pas
capable de garantir cette politique par des postes occasionnels en attendant,
c'est une politique qui ne se tient pas debout. C'est ça que je veux
dire. En d'autres mots, ce sont des beaux voeux, mais en pratique, il n'y a pas
de résonance. Je voudrais que vous le compreniez comme il faut.
M. Gendron: Moi, je pense le comprendre comme il faut. A partir
du moment où l'obligation de déclaration d'aptitudes nous oblige
à reconnaître, en situation de poste permanent, la personne la
plus compétente... Je suis loin d'être d'accord avec vous qu'il
faille dégager un volume de postes occasionnels pendant neuf mois pour
un poste de cadre ou de gestionnaire assez élevé, ou
dégager des employés occasionnels qui vont venir remplacer une
femme temporairement. J'ai l'impression que ce n'est vraiment pas un
employé occasionnel qui va remplacer un cadre. Il vaut mieux, je pense,
revoir l'attribution du travail pour la période que ça peut durer
parce que vous me parlez toujours d'un poste de gestionnaire
plutôt que d'avoir une banque d'employés occasionnels qui vont
combler le poste durant la période d'absence. Je ne pense pas qu'il y
ait discrimination et que cela empêche la possibilité de donner ce
bénéfice social nécessaire, en 1980, d'un congé de
maternité.
M. Lalande: Je vous inviterais à aller faire un tour dans
le champ. Surveillez ça de plus près.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est que le sort des femmes a l'air de tenir
tellement à coeur le député de Maisonneuve.
M. Lalande: Eventuellement, sûrement.
Mme LeBlanc-Bantey: ... et du Parti libéral, ces temps-ci.
Ils nous donnent l'impression que toutes les femmes sont venues au monde depuis
trois ans. Je me permettrai de lui demander si, pour éviter de telles
situations que tout le monde conçoit qui peuvent être
possibles il aurait des suggestions à nous faire.
M. Lalande: Oui, la suggetion que j'ai à faire est bien
claire: si on veut sérieusement maintenir une telle politique à
l'égard des femmes qui est louable en tout point et j'y souscris
en tout point il faudra l'accompagner des crédits
nécessaires. C'est ça le problème à l'heure
actuelle. C'est que là, il y a une discordance entre les deux. On vous
dit: C'est un programme que l'on peut mettre sur pied. Tout à l'heure,
je parlais d'une boîte où il y a un gestionnaire sur dix. Il
pourrait y en avoir trois gestionnaires, à l'intérieur des dix,
dans un haut taux d'encadrement, dans certaines fonctions. Je me dis: Si on
n'est pas capable de combler le temps où la femme sera absente,
ça veut dire qu'il ne faut pas en parler de cette politique, de
façon générale. Ce que je veux dire, c'est que si on met
ce programme sur pied, il faut l'accompagner de crédits.
C'est la suggestion qui est bien claire, bien simple. S'il y a quelqu'un
à l'intérieur de la même boîte qui peut prendre le
travail de gestionnaire, par intérim pendant les neuf mois, bien, il
faudrait aussi être capable de combler le poste de celui qui effectue le
travail, par un employé occasionnel ou autrement. C'est simplement ce
que je veux dire. Vous comprenez?
Une Voix: Je comprends, merci.
M. Gendron: Un instant, M. le député de
Maisonneuve. On me dit que le Conseil du trésor a adopté une
directive qui va dans le sens dont vous avez parlé, soit de remplacer
les personnes en congé de maternité, en octroyant les
crédits nécessaires pour le faire, mais non en croyant qu'on
puisse faire cela en utilisant des employés occasionnels au niveau des
cadres. C'est impossible.
Au niveau de la catégorie professionnelle, nous pouvons faire ces
remplacements, pendant
un congé de maternité, par des crédits
autorisés par le Conseil du trésor, avec des employés
occasionnels pour toute la durée du congé de maternité. Ce
n'est pas possible au niveau des cadres. Mais nous avons les crédits,
pour substituer des personnes temporairement, sans être des
employés occasionnels au niveau des cadres. Je pense que cela donne foi
à votre suggestion.
M. Lalande: Évidemment, ma question ne concernait pas
uniquement le niveau des cadres. Je pensais à tout le personnel de
maîtrise, les gestionnaires de façon générale...
M. Gendron: Oui, oui.
M. Lalande: Question de curiosité. Est-ce que ces
crédits sont à même le déficit de $2 300 000 000? Ou
sont-ils à part?
M. Gendron: Je suis convaincu qu'ils sont à même le
déficit, de 12%, à ce que je sache. M. Garneau nous en avait
tapé un, en 1976, de 14%.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Tout est correct. D'autres
questions sur le programme 1?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Nous reviendrons sur le budget de 12% et de 14%,
vous savez. Nous aurons l'occasion d'y revenir...
M. Gendron: Oui, oui, nous aurons plusieurs autres occasions de
revenir là-dessus...
M. Pagé: Vous savez que le financement de votre
déficit et du déficit accumulé est une olympique par
année. Vous savez que c'est cela.
M. Gendron: Est-ce que vous voulez revenir à
l'en-tête du programme?
M. Pagé: Non, M. le Président, je suis dans le
volet que le ministre a ouvert, dans la porte que le ministre a ouverte.
M. Gendron: II est fermé.
M. Pagé: C'est une olympique par année que les
citoyens du Québec se paient avec votre déficit. Vous savez que
la corde olympique, vous avez aimé la faire vibrer...
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'on pourrait revenir
au programme, M. le député?
M. Pagé: Vous avez aimé cela, la faire vibrer...
Une olympique par année.
M. Lalande: Vous ne voyez pas la pertinence, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Je ne fais que demander de
revenir au programme 1.
M. Pagé: Oui, M. le Président, c'était ce
à quoi le ministre faisait allusion. Parce qu'on fait allusion au
déficit.
Le Président (M. Jolivet): Je ne vous demande pas de
répéter. J'ai bien compris. Je vous demande de revenir au
programme 1.
M. Pagé: Non, mais à votre connaissance, M. le
Président, est-ce que nous sommes ici pour étudier les
crédits? Oui? Disons que je ne connais pas le niveau de vos
connaissances à ce chapitre, mais est-ce que nous sommes ici pour
étudier les crédits? Oui?
Le Président (M. Jolivet): Allez au programme 1.
M. Pagé: J'ai le droit de parler du déficit...
Le Président (M. Jolivet): Allez au programme 1.
M. Pagé:... d'autant plus que le ministre m'y a
invité.
M. Gendron: Non, non... Le ministre n'a pas invité... Le
ministre a répondu à un de vos collègues qui vous a mis
sur cette piste, M. le député de Portneuf.
Le Président (M. Jolivet): Bon, le programme 1.
M. Pagé: C'est ça. M. le Président,
j'aimerais revenir sur la question de la réduction des effectifs. Je
voudrais savoir combien de personnes ont été
référées à l'office de recrutement, soit à
la suite de modifications de structures à l'intérieur des
services dans lesquels ils oeuvraient antérieurement. Soit des personnes
qui ont été référées purement et simplement.
J'aimerais connaître le nombre cette année depuis le début
des activités de l'office évidemment.
M. Gendron: Si vous n'avez pas d'objection, M. le
député de Portneuf, il ne me ferait rien de répondre
à cela lorsque nous serons au programme 4.
M. Pagé: C'est parce que je n'y serai pas, lors de
l'étude du programme 4, M. le Président.
M. Gendron: Ah bon! D'accord. Nous irons. Cela prendra seulement
quelques minutes de plus avant de s'y rendre.
A votre question, la réponse serait 1958 personnes.
M. Pagé: II y a 1958 personnes qui ont été
référées à l'office.
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Combien ont été
référées par la suite?
M. Gendron: Un instant! J'avais cru comprendre que vous me
demandiez combien de personnes l'office avait placées, au niveau
professionnel et autres, ouvriers et techniciens assimilés, comme nous
les appelons.
M. Pagé: Oui, d'accord.
M. Gendron: Si vous me parlez des candidatures reçues,
est-ce cela dont vous voulez parler?
M. Pagé: Non, non...
M. Gendron: Ah bon! D'accord.
M. Pagé: Je vous remercie d'être allé
au-delà de ce que je demandais. Je parle du nombre de personnes qui
n'ont plus de poste dans un ministère donné et qui sont
référées à l'office. Combien y en a-t-il?
M. Gendron: Ah ça! Un instant.
Au ministère de la Fonction publique, M. le député
de Portneuf, il n'y en a aucune. Ce à quoi vous faites allusion, c'est
ce qu'on appelle les surnuméraires des autres ministères. Il n'y
a aucun surnuméraire de la fonction publique qui ait été
référé au ministère de la Fonction publique. Je ne
sais pas si vous comprenez. Nous n'en avons aucun qui nous a été
retourné d'ailleurs pour le ministère de la Fonction
publique.
M. Pagé: Lorsque, dans un ministère donné,
en raison d'une nouvelle loi, d'un nouveau règlement, d'une
restructuration d'un service donné, on avait avant l'adoption de la
mesure 20 personnes qui oeuvraient à un titre donné, on en a
besoin de dix maintenant. Ces personnes sont référées
à l'office, au ministère...
M. Gendron: Ces personnes sont référées au
ministère de la Fonction publique.
M. Pagé: D'accord.
M. Gendron: C'est ça. Je vous rappellerais ce que vous
aimeriez rappeler au député de Joliette-Montcalm: l'article
60...
M. Pagé: Oui, mais je ne vous demandais pas de lire la
loi, M. le ministre.
M. Gendron: D'accord, je ne vous la lirai pas, mais c'est
à l'article 60 de la loi 50.
M. Pagé: Non, parce qu'il est présumé qu'on
connaît la loi comme les juges lorsqu'ils délibèrent, de
toute façon.
M. Gendron: Les avocats aussi?
M. Pagé: Oui, mais le législateur est
présumé connaître la loi; c'est normal. A ce moment,
combien avez-vous eu de cas référés au ministère,
comme tel?
M. Gendron: Aucun.
M. Pagé: C'est donc dire que dans les ministères
où il y a eu de la restructuration de services, ils ont gardé les
personnes qui autrement auraient pu être référées au
ministère?
M. Gendron: C'est exact, et on a possiblement
procédé par ce qu'on appelle souvent le phénomène
de l'attribution: départs, décès et ainsi de suite.
Peut-être qu'à même le volume de postes vacants qu'ils
détenaient, on en a comblé quelques-uns. Ces situations peuvent
se produire.
M. Pagé: D'accord. Je vais vous donner un exemple: au
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, par le règlement no 34 qui a modifié la Loi
sur les compagnies, on a modifié certains postes à
l'intérieur. Avant, entre autres, on avait onze postes d'agent de bureau
principal. Avec la nouvelle réglementation, on a sept postes et ce ne
sont pas des agents de bureaux principaux. Les sept individus continuent
à être payés en fonction de leur ancien corps d'emploi
comme agents de bureaux principaux. Combien en a-t-on de cas comme ça
à la Fonction publique du Québec? On en a plusieurs. Est-ce que
vous vous êtes déjà penché sur le nombre de
personnes qui occupent un poste donné qui sont
rémunérées suivant un autre poste à
l'intérieur des échelles?
M. Gendron: Juste une seconde. On ne peut pas vous donner le
chiffre exact. Tout ce qu'on sait, c'est qu'effectivement il y a lieu, au
ministère de la Fonction publique, de mettre sur place un programme qui
fera la jonction entre le classement des individus versus la
détermination de leur niveau d'emploi, par rapport à ce qu'il
font actuellement. Il se peut, comme vous l'avez noté, qu'ils aient un
classement qui corresponde à leur ancien poste qu'ils détenaient
qui n'est plus celui qu'ils font. Donc, il y a un écart de
rémunération à considérer et le ministère de
la Fonction publique se doit de créer un programme qui va permettre de
faire cette détermination du niveau d'emploi.
M. Pagé: Mais dans le moment, vous n'avez pas le
contrôle du nombre ni rien de ça?
M. Gendron: Je ne peux pas dire qu'on n'a pas le contrôle
du nombre; on n'est pas en mesure de vous fournir, selon les
vérifications que je viens de faire, le nombre exact de gens qui
seraient dans cette situation que vous décrivez.
M. Pagé: On se rappellera que, l'année
dernière, des fonctionnaires ont fait des déclarations sur le
nombre de tablettés dans la fonction publique, de personnes qui, pour un
motif ou pour un autre, étaient affectées à des fonctions
sans trop de responsabilités ou tout au moins des fonctions qui ne
collaient pas soit à leur champ d'activité antérieur,
à leur compétence ou autrement. (21 h 45)
C'est malheureux, si ça existe encore, M. le ministre, qu'il y
ait des personnes qui ont de la formation, qui ont des compétences, ne
soient pas affectées à des tâches de responsabilité,
à des tâches où elles pourraient certainement rendre de
meilleurs services à l'État et, par le fait même, au
contribuable qui lui, pourrait, en même temps être un peu plus
heureux. Qu'est-ce qui est fait là-dessus et comment a
évolué la situation depuis? On avait reçu de belles
assurances de M. de Belleval, l'année dernière et on aimerait
savoir jusqu'où la marchandise peut être livrée.
M. Gendron: On va vérifier ça, M. le
député de Portneuf, immédiatement. On est en mesure de le
faire. Chez nous, au ministère de la Fonction publique, contrairement
à l'appellation, il n'existe pas de "tablettés", il existe des
gens en renouvellement de carrière. Les gens en renouvellement de
carrière, nous savons exactement qui ils sont, avec une série de
statistiques et de caractéristiques propres à eux. Votre question
concrète, c'est: Est-ce que la situation a évolué et, si
elle a évolué, c'est dans quel sens? Actuellement, le nombre de
ces gens qui sont en renouvellement de carrière, c'est 49. Tel que je
l'ai mentionné, c'est ça: nombre de participants actuels au
premier avril: 49. J'aimerais peut-être vous donner les indications quant
aux endroits qu'ils occupent à la fonction publique. Il y en a 17 qui
sont adjoints aux cadres supérieurs; 21 administrateurs, classe 4; 6
administrateurs, classe 3; 4 administrateurs, classe 2 et 1 administrateur,
classe 1. La plupart de ces gens, il y en a actuellement 18 qui sont dans des
postes de même niveau que leur classification. Il y en a 8 qui sont dans
des postes de nature professionnelle, suite à une réorientation
de carrière volontaire. Je répète, qui sont dans des
postes de nature professionnelle différente, bien sûr, à
leur classement que j'ai défini tantôt. Il y en a trois,
actuellement, qui sont à l'extérieur de la fonction publique. On
est rendu à 29 un instant.
M. le député de Portneuf, je continue ce que je vous
donnais comme illustration. Il y en a 30, actuellement. Quand j'ai parlé
de 18 dans des postes de même niveau, 8 dans des postes de même
nature et 3 à l'extérieur de la fonction publique, ça va.
On totalise ça. Cela fait 30, actuellement, qui ont quitté le
programme de renouvellement de carrière, d'accord? Qui ne sont plus dans
le programme de renouvellement de carrière. Il y en a encore 49,
actuellement, qui sont dans le programme de renouvellement de carrière
et pour qui on regarde ce qu'on a fait pour les 18 autres que nous avons
casés dans des postes de même niveau à l'intérieur
de la fonction publique; même chose pour les 8 à des postes
autres.
M. Lalande: Vous en avez combien qui ont
démissionné pendant ce temps?
M. Gendron: Démissionné?
M. Lalande: Avez-vous eu des démissions?
M. Gendron: A ma connaissance, selon les chiffres qu'on a ici, on
n'a personne qui est sorti. Il n'y a pas de démission comme telle. Je
m'excuse, les trois qu'on a placés à l'extérieur de la
fonction publique, le placement peut vouloir dire une démission. Ils ne
sont plus en situation d'emploi chez nous, je ne sais pas ce qu'ils font
ailleurs. Il y en aurait trois sur les 49. Est-ce que ça va, M. le
député de Portneuf?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Je voudrais changer de niveau. Pas au niveau des
cadres, mais au niveau des... Si j'ai bien compris ce que vous avez dit au
député de Portneuf, je vais l'illustrer avec un autre exemple. A
l'heure actuelle, il y a eu un transfert de responsabilité entre le
ministère de la Justice et le ministère des Affaires sociales
concernant le Tribunal de la jeunesse.
Si mes renseignements sont bons, il y a environ 150 postes qui
existaient outre l'ancienne Cour de bien-être social. En
transférant cette responsabilité et en réduisant... Je ne
veux pas aller dans les détails, mais en replaçant les juges par
des DPJ appelez ça comme vous voudrez ou des PDMJ et tout
ça, on a réduit les responsabilités de travail au niveau
de 75%. Il y a 25% du travail. Si j'ai bien compris votre question, sur 150
postes, à l'heure actuelle, d'après ce qu'a
décrété le Conseil du trésor, seulement 40 sont
nécessaires. Cela veut dire qu'on a 110 personnes dans le décor
qui ne servent à rien. Est-ce que c'est ça que j'ai bien
compris?
M. Gendron: Juste une seconde. On m'indique qu'on ne sait pas
exactement si votre référence est par rapport à des gens
ou à des postes, parce qu'il se peut qu'ils aient 150 postes
autorisés et qu'il y a eu une coupure qui nous permettrait de
prétendre que 110 postes se promènent dans le décor et si
c'était ça, et non des personnes, c'est à l'endroit
même où le Conseil du trésor fait certaines coupures des
effectifs. Donc, il faudrait nous donner plus de précisions sur le cas
que vous soulevez pour voir si ce sont des personnes physiques.
M. Lalande: Je vais le préciser: il y a 110 postes et il y
en a 8 qui sont partis à cause de non-renouvellement, qui prennent leur
pension. Il y en aurait 102 qui sont des personnes.
M. Gendron: Donc, c'était 110 personnes; il y en a 8 de
parties. Il reste 102 personnes.
M. Lalande: C'est ça, il y aurait 102 personnes
physiques...
M. Gendron: Où ça?
M. Lalande: ... qui seraient dans le décor à
l'heure actuelle, qui seraient au ministère de la Justice quelque part,
qui n'ont rien à faire.
M. Gendron: Juste une seconde. Ces 102 personnes proviendraient
d'où, M. le député de Maisonneuve?
M. Lalande: II y avait 150 personnes en poste. M. Gendron:
Oui.
M. Lalande: Avec la réduction des activités au
changement de la loi, on les a réduites à 40. Il y a du travail
pour 40 personnes; il y en avait pour 110 avant. Il y en a 8 parmi celles qui
n'ont pas été renouvelées. Donc, il reste 102 personnes
qui devraient normalement être transférées à un
autre ministère ou s'en aller je ne sais où. Si j'ai bien compris
ce que vous avez dit j'avais l'impression que le ministère de la
Fonction publique les récupérait pour les replacer
à l'heure actuelle...
M. Gendron: C'est bien ça. Le ministère de la
Fonction publique les récupère normalement, parce que la question
que je vous poserais, c'est: Parmi ces 102, si la situation est telle que vous
la décrivez, est-ce que d'après vous, il devrait y avoir des
postes de cadres là-dedans?
M. Lalande: Non, je l'ai dit tout à l'heure; ce
n'était pas au niveau des cadres. C'étaient des agents de bureau
ou quelque chose comme ça.
M. Gendron: II n'y avait pas de personnel de cadre
là-dedans, parce qu'habituellement les surnuméraires sont sous la
responsabilité du ministère de la Fonction publique qui les
reçoit et qui doit faire l'affectation ailleurs. Comme ministre de la
Fonction publique je ne suis pas au fait qu'on aurait reçu une bande de
102 personnes disponibles à attribuer.
De toute façon, ça fait deux fois que vous faites
référence, en disant: Je ne sais pas si j'ai bien compris, en
parlant de ma réponse au député de Portneuf. Je tiens
à vous dire que ce que vous me dites, je n'en ai jamais
parlé.
M. Lalande: Tout à l'heure, il nous a dit: Qu'est-ce que
vous faites avec les gens? Vous avez dit: A la fonction publique, on ne les
récupère pas.
M. Gendron: C'est ça; il y a un programme de
surnuméraires.
M. Lalande: Alors, votre réponse, c'est que vous les
réaffectez ailleurs?
M. Gendron: Oui.
M. Lalande: C'est votre travail; c'est ce que vous me
précisez?
M. Gendron: C'est ça.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu qu'il est...
M. Pagé: J'aurais une très brève
question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, allez-y.
M. Pagé: M. le Président, je vais m'excuser
auprès du ministre; je ne pourrai pas être ici demain.
M. Gendron: Cela me fait de la peine.
M. Pagé: Pardon?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est bien triste.
M. Gendron: Cela me fait beaucoup de peine, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Vous savez, une chose certaine, M. le
Président...
M. Gendron: C'est pour ça que vous m'avez laissé
savoir qu'on avait des chances de finir ce soir avec vous?
M. Pagé: Oui, avec moi. M. Gendron: Ah bon!
M. Pagé: Mais vous ne finirez pas demain midi. Je tiens
à vous dire que vous pouvez d'ores et déjà aviser votre
leader. Entre autres, si on avait passé moins de temps sur les questions
du député de Joliette-Montcalm.
M. Gendron: Soyez honnête. Il a à peine pris cinq
minutes...
M. Pagé: Quand même. J'avais une dernière
petite question à vous poser...
M. Gendron:... si on n'avait pas eu à...
M. Pagé: ... concernant les remarques que nous a faites le
ministre de la Justice l'année dernière et qui vous concernent.
Ce sont des remarques très spécifiques et elles concernent les
chauffeurs de ministres.
Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a deux catégories de
chauffeurs de ministres. Un qui est classifié chauffeur et l'autre,
chauffeur garde-du-corps. Les deux catégories font le même
travail. L'année dernière, nous avons soulevé ces
questions au ministre de la Justice et je vais me permettre de les citer ici.
Les questions étaient posées par M. le député de
Nicolet-Yamaska, M.
Fontaine et à sa réponse c'était M. Jolivet
qui présidait vous devez certainement vous le rappeler.
M. Gendron: On verra.
M. Pagé: M. Bédard nous disait qu'en ce qui a trait
aux démarches avec la fonction publique, que les représentations
qui sont faites par les chauffeurs, reprises par l'Opposition d'alors et encore
aujourd'hui, qui sont tout à fait légitimes parce que ces gens
font le même travail, la même fonction et tout, M. Bédard
disait, et je cite: "Ces démarches ont été faites
auprès de la fonction publique et cela n'a pas encore
débouché jusqu'à maintenant. Quand cela débouchera,
j'en informerai le député de Nicolet-Yamaska qui se dit
préoccupé par cette question. "M. Fontaine: On me dit que ces
démarches sont entreprises depuis décembre 1976. "M.
Bédard: En ce qui a trait aux démarches avec la fonction
publique, je suis à même de constater que cela prend toujours un
certain temps."
Le ministre s'engageait à ce que, dans les meilleurs
délais, cette situation soit rectifiée tant et si bien
qu'aujourd'hui, malheureusement, on est encore en face de la même
situation de sorte que le salaire brut d'un chauffeur est de $549.44 par deux
semaines, alors que le salaire de l'autre catégorie, chauffeur
garde-du-corps, est de $991.99 pour la même période et ce, pour le
même travail. J'aimerais que vous vérifiiez le dossier et que vous
vérifiiez si possible les représentations qui vous ont
été faites par le ministère de la Justice et que vous
puissiez nous donner les réponses, nous dire pourquoi cela n'a pas
été corrigé pendant l'année, nous dire aussi dans
quel délai ce le sera et si on peut prévoir que ce le sera
éventuellement.
M. Gendron: Sur la partie où vous demandez des
informations, je pense que je me dois de les fournir après
vérification si c'est un sujet qui a été traité
l'an dernier par le ministre de la Justice en particulier, disant qu'il y avait
des représentations qui étaient faites au ministre de la Fonction
publique. Quant à ces représentations, étant en poste
depuis le 25 septembre, je n'en ai jamais entendu parler. Cela ne veut pas dire
qu'elles n'ont pas été faites. Je m'engage à
vérifier cela. Quant à la question si je serais en mesure de vous
dire dans quel délai on pourra vous donner une réponse quant aux
modifications aux classifications, il est important de savoir qu'il y aura lieu
de faire une vérification parce qu'on me dit qu'il est fort possible
que, tout en disant que le ministère de la Justice fait des
représentations au ministère de la Fonction publique, le
ministère même fasse une distinction dans la définition des
tâches exécutées par les chauffeurs versus les chauffeurs
gardes-du-corps. Je ne dis pas que c'est cela. Je dis qu'il se peut que la
distinction soit là. Donc, il va falloir vérifier si la
définition des fonctions exercées par ces deux groupes de
personnes, puisque vous me dites qu'elles ont exactement les mêmes
fonctions et qu'elles ont deux niveaux de classification différents, ce
qui a une incidence salariale. On va devoir vérifier cela.
M. Pagé: Seulement pour vérifier, est-ce que vous,
vous avez un chauffeur ou un chauffeur garde-du-corps?
M. Gendron: J'ai un compagnon de voyage. Je ne sais pas quel
titre il porte...
M. Pagé: Ah!
M. Gendron: ... si c'est un chauffeur ou un chauffeur
garde-du-corps.
M. Pagé: Voys voyez? C'est tellement la même
fonction que vous pouvez avoir un chauffeur ou un chauffeur garde-du-corps.
Voyons!
M. Gendron: Ah! Ce n'est pas ce que j'ai dit. Vous m'avez
posé la question à savoir si c'est l'un ou l'autre. Ce que je
sais, c'est que c'est un compagnon, un gars qui m'accompagne, mais je ne sais
pas si...
M. Pagé: Non, non, mais la classification du type qui vous
accompagne, c'est quoi, d'abord?
M. Gendron: II trouve son patron tellement gentil qu'il ne m'a
même pas parlé de classification. Non, sérieusement, je ne
le sais pas.
M. Pagé: Sérieusement, c'est quoi? M. Gendron:
Je ne le sais pas.
M. Pagé: Vous ne le savez pas. C'est tellement la
même fonction que même les ministres ne le savent pas.
Demandez-le-lui par curiosité, ce soir, et j'apprécierais que
vous donniez la réponse demain à mon collègue, M. le
député de Maisonneuve...
M. Gendron: Cela me fait plaisir.
M. Pagé: ... qui me remplace demain. Je serai à
l'extérieur et...
M. Gendron: Je vais poser la question ce soir à mon
chauffeur.
M. Pagé:... je suis un peu peiné parce qu'il y a
plusieurs éléments que j'aurais aimé discuter avec vous,
entre autres, la décentralisation, ce que j'ai mis en relief cet
après-midi et particulièrement, au chapitre des fonctionnaires
fédéraux. J'escompte bien, M. le Président, que le
ministre va déposer et qu'il va être un peu plus
transparent que le premier ministre avant la fin des travaux de la
commission l'étude qu'il a en main et qui est relative à
l'intégration des fonctionnaires fédéraux, au lendemain de
la déclaration de l'indépendance du Québec, au sein de la
fonction publique québécoise. Vous l'avez cette étude.
M. Marcoux: On pourrait peut-être vous la donner
dans...
M. Pagé: ... et vous avez...
Mme LeBlanc-Bantey: Cela veut dire que vous tenez cela pour
acquis. Bravo! Vous commencez à comprendre.
M. Pagé: ... l'obligation... Une Voix: ...
M. Pagé: M. le Président, pourriez-vous demander
à la députée des Îles-de-la-Madeleine... Je conviens
qu'elle veuille-Le Président (M. Jolivet): Allez, allez!
M. Pagé: Pour les quelques mois qui lui restent ici
à être présente à l'Assemblée, de toute
façon... Pourriez-vous déposer cette étude? Selon moi,
vous êtes obligé de la déposer. C'est fait à
même les fonds publics. Le premier ministre nous a dit que ce serait
déposé seulement après le référendum pour ne
mêler personne. Aïe! Allô, camouflage, hein? Avec des lettres
majuscules, à part cela! Pourriez-vous la déposer dans les
meilleurs délais? J'espère que ce sera fait avant la fin des
travaux qui sont prévus pour demain soir 22 heures.
M. Gendron: Vous m'invitez à transmettre ces
réponses à votre collègue de Maisonneuve, vous me
dites?
M. Pagé: Oui, s'il vous plaît, demain.
M. Gendron: II me fera plaisir de transmettre à votre
collègue les réponses aux questions que vous posez.
Le Président (M. Jolivet): Entre-temps, je me permets
d'ajourner les débats à 10 heures demain matin, à la salle
91-A, m'a-t-on dit.
Fin de la séance à 22 h 1