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(Onze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Chacun prend son siège. La commission de l'habitation et de la
protection du consommateur se réunit aujourd'hui afin d'étudier
les crédits budgétaires pour l'année 1981-1982.
Les membres de cette commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blank (Saint-Louis)
remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Ciaccia (Mont-Royal),
M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gravel (Limoilou), M. Guay (Taschereau),
Mme Harel (Maisonneuve) Mme Lachapelle (Dorion) M. Mathieu (Beauce-Sud), M.
Tardif (Crémazie).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Blais (Terrebonne), M.
Bordeleau (Abitibi-Est), M. Dean (Prévost), M. Lavigne (Beauharnois) Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Maciocia (Viger), M. Paré (Shefford), M.
Sirros (Laurier). Je voudrais un rapporteur, s'il vous plaît. M. Gravel
(Limoilou) est proposé.
Avant de commencer l'étude des programmes, est-ce que M. le
ministre a des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, très brièvement,
comme remarques préliminaires à cette commission, je dois dire
que c'est la première fois qu'une commission, pour revoir ce que les
archives ont révélé, se réunit pour étudier
les crédits d'un ministère qui n'existe pas et qui n'a pas de
dépenses, pas de budget comme tel et qui n'a comme employé
présentement que le ministre titulaire.
Il n'y a donc pas de crédits de ministère, l'effectif du
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur, c'est
zéro présentement; alors ne cherchez pas dans le livre des
crédits le budget du ministère, il n'y en a pas.
Le Président (M. Laplante): Vous le trouverez au Conseil
exécutif.
M. Tardif: Même au Conseil exécutif, il n'y en a pas
comme tel pour les fins du ministère. Ce que l'on retrouve,
regroupés pour la première fois, ce sont les crédits de
quatre organismes qui sont la Régie du logement, la
Société d'habitation du Québec, l'Office de la protection
du consommateur et la Régie des entreprises de construction. Ces quatre
organismes, qui existent en vertu de leur loi propre, qui ont leur conseil
d'administration, leur finalité propre, leur objet dans leur loi, sont
réunis pour la première fois à l'intérieur de ce
nouveau ministère.
Je ne doute pas que vous ayez des questions à poser aussi bien au
ministre qu'à ces organismes, nous avons quatre heures et demie devant
nous. Pour que cette commission puisse avoir une information la plus
complète possible, les présidents des différents
organismes et les autres personnes de leur service, le cas
échéant, viendront à la table et répondront
à nos questions. Je dois avouer, à plusieurs égards, M. le
Président, vis-à-vis de deux de ces organismes, l'Office de la
protection du consommateur et la Régie des entreprises de construction,
que je les connais moins bien que les deux autres, puisque je viens d'en
hériter. Alors, ils répondront à nos questions à
tous. (11 h 30)
Par ailleurs, il est normal que ces personnes responsables de ces
organismes, ces cadres, puissent nous informer, nous faire part, nous donner
leurs commentaires, leurs réponses à nos questions et,
véritablement, justifier leur administration. On peut toujours dire que
les hommes publics ont l'occasion de se faire entendre sur la place publique
pour répliquer, pour rétorquer à certains propos parfois
écorchants auxquels on se fait rarement une carapace.
Dans le cas de hauts fonctionnaires, ils n'ont pas toujours cette
occasion, même ils ne l'ont à peu près jamais puisque la
discrétion veut que... Je pense que la commission parlementaire est une
excellente occasion pour eux de répondre à nos questions, de
justifier leur administration, le cas échéant, et de donner aux
membres de cette commission tous les renseignements pertinents.
Voilà brièvement, M. le Président, ce
que j'avais à dire au début de cette commission. Le bureau
du leader nous a indiqué que nous devions fonctionner dans l'ordre
où j'ai mentionné les organismes, c'est-à-dire
Régie du logement, Société d'habitation du Québec,
Office de protection du consommateur et Régie des entreprises en
construction. Je vais proposer qu'on les appelle dans cet ordre-là, M.
le Président, à moins que cette commission décide ou pense
qu'il soit souhaitable de faire autrement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais prendre note des
propos du ministre. Premièrement, il a mentionné qu'effectivement
il n'y a pas vraiment de crédits de son ministère; c'est un
nouveau ministère. Je voudrais aussi rappeler les propos du premier
ministre suite aux questions qui ont été posées en Chambre
sur le rapport du Vérificateur général et, pour faire
suite aux propos du ministre, qu'il n'y a pas de crédits et qu'il
connaît moins certains organismes. C'est notre intention aujourd'hui de
commencer avec des questions sur la Société d'habitation du
Québec. Je pense que ça nous a été indiqué
à l'Assemblée nationale qu'ici était le lieu pour poser
ces questions. Nous proposons alors de commencer avec les questions sur la
Société d'habitation du Québec et le rapport du
Vérificateur général, quitte à continuer avec les
autres programmes du ministère. Nous sommes limités dans le temps
alors je crois bien que nous pourrions commencer par ce que nous
considérons un peu plus important dans l'ordre des travaux de la
commission.
M. Tardif: M. le Président, je n'ai aucune espèce
d'objection et je crois savoir qu'il y avait eu des pourparlers avant entre les
recherchistes de l'Opposition touchant mon cabinet et les...
M. Ciaccia: On coopère toujours, nous autres. Vous avez vu
ce matin avec le projet de loi 20. Consentement.
Une voix: C'est dans notre nature d'ailleurs.
M. Ciaccia: C'est un projet de loi qui a été
déposé à la suite de nos représentations et dont on
a appris le contenu par les journaux.
M. Tardif: Enfin, ce n'est pas tout à fait exact. Le
contenu...
M. Ciaccia: Mais, je n'ai pas blâmé le ministre.
M. Tardif: Le contenu vous l'avez appris de moi hier et il suffit
de lire l'article pour voir qu'il y a un écart entre l'article et le
contenu et, à tout événement, je n'ai pas à faire
état de ce qui a été dit lundi soir à cette
réunion où vous assistiez, où le député
d'Outremont - je m'excuse, vous - où le député de
Mont-Royal était ainsi que le député d'Outremont et le
député de Mercier. Je ne sais pas non plus quel journaliste
était présent et lequel n'y était pas, qu'est-ce qui est
un compte rendu de ce qui a été dit à cette soirée
et par qui ça été dit? On fait dire des choses au
député de Mont-Royal dans cet article, à l'Opposition
comme quoi elle s'engageait à faire ci et ça. Je ne veux pas ici
départager qui a dit quoi.
M. le Président, j'en arrive à la demande de l'Opposition,
avec votre permission, pour dire que je suis tout à fait d'accord pour
que l'on commence par la SHQ. On a déjà
téléphoné et ils doivent être en train de courir
jusqu'à nous.
Le Président (M. Laplante): Alors, très bien.
M. Bisaillon: En attendant, M. le député de
Mont-Royal...
M. Tardif: Vous vous organisez pour faire passer du temps...
M. Ciaccia: On peut faire un petit préambule. Alors, M. le
Président, le rapport du Vérificateur général a
confirmé les faits, et les accusations qui ont été
portées par l'Opposition officielle et les faits qui ont
été dévoilés par l'Opposition à
l'Assemblée nationale et ici à la commission parlementaire.
M. Tardif: Est-ce que je peux poser une question au
député de Mont-Royal? J'aimerais qu'il précise lorsqu'il
dit que le rapport du Vérificateur général a
corroboré, c'est son expression, les faits...
M. Ciaccia: Confirmé...
M. Tardif: ...confirmé les faits ou les
déclarations faites antérieurement à l'Assemblée
nationale par l'Opposition. Je m'excuse, M. le Président, mais je dis
que ce n'est pas exact dans ce cas-là dans la mesure où il y a eu
des choses énormes dites à l'Assemblée nationale...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, je vais vous
demander une faveur.
M. Tardif: Oui.
Le Président (M. Laplante): Je voudrais commencer la
commission sur le bon pied. Je voudrais que l'intervention du
député de
Mont-Royal se fasse sans interruption. Si vous avez des réponses
à donner à ces inquiétudes, je vous donnerai la
liberté de le faire.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président...
M. Tardif: Je m'excuse, M. le Président, auprès de
vous et auprès du député.
M. Ciaccia: Je ne veux pas aller dans tous les détails
à ce stade. C'est seulement pour dire que les faits qui ont
été portés à l'attention du gouvernement, sauf pour
les liens politiques, ont été confirmés dans le rapport du
Vérificateur général. Si nous comprenons le rôle du
Vérificateur général, c'est vraiment le chien de garde de
la population. C'est une institution absolument nécessaire dans le
système parlementaire. On ne peut pas mettre de côté tout
ce que le Vérificateur général a trouvé soit dans
la mauvaise administration de la Société d'habitation du
Québec, dans les conflits d'intérêts contenus dans certains
contrats, ou dans le manque de contrôle de cette
société.
Nous avons des faits nouveaux à porter à l'attention de la
commission, et tout particulièrement, à l'attention du ministre
qui, lui, a toujours affirmé qu'il apprenait par ces questions ce qui se
passait à la SHQ. Je ne veux pas refaire tout le débat au sujet
de ce qui s'est déjà produit l'année dernière,
parce que ce serait futile. C'est déjà dans le journal des
Débats, le contenu du débat est donc devenu public. Ce serait
inutile de le répéter.
Je voudrais apporter de nouveaux faits à l'attention de la
commission. Je voudrais poser certaines questions principalement au ministre.
Parce que le ministre a dit tantôt que c'est une occasion de poser des
questions aux fonctionnaires, à la commission parlementaire. Dans ce
cas, je crois que nous avons une situation pas mal particulière, une
situation dans laquelle le ministre est le responsable de la
Société d'habitation du Québec. On a porté à
l'attention... on a fait ressortir qu'il y avait certaines carences dans
l'administration, que certains employés ne faisaient pas ce qu'ils
devaient faire. Je voudrais poser mes questions plutôt au niveau de la
responsabilité du ministre, parce que si on avait trois semaines, on
pourrait faire le bilan au complet, mais nous n'avons que quatre heures et
demie, nous sommes très limités dans le temps.
Je voudrais être très spécifique sur certaines
questions, principalement quant à la responsabilité du ministre,
de la connaissance de certains faits qu'il y avait ou qu'il aurait dû y
avoir.
La première question que je veux poser: Est-ce que le
Vérificateur général vous a remis un rapport plus
détaillé que ce qui apparaît au rapport annuel?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, est-ce que cela voudrait dire que votre préambule est
terminé et que vous commencez l'étude du programme?
M. Ciaccia: Je commencerais par des questions que j'aurais
à poser sur la Société d'habitation du Québec. Oui,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous commenceriez le
programme? Avant de vous redonner la parole, je voudrais voir s'il y a d'autres
opinants ici qui ont des remarques préliminaires à faire. Dans ce
cas, on commence l'étude du programme... Vous avez des remarques
préliminaires?
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: J'ai de très courtes remarques
préliminaires. Il est évident que nous aurons à poser des
questions au ministre, parce que c'est lui qui est le responsable de la
Société d'habitation du Québec. Les faits qui ont
été mentionnés l'année dernière, dans le
sens que la Société d'habitation du Québec avait une
très mauvaise administration, sont confirmés. Ils sont non
seulement confirmés, mais on nous apporte même des choses dont
nous n'étions pas au courant en décembre dernier. Je le dis,
parce que c'est dans l'intérêt de tous les
Québécois. Je vois ici un prêt de 877 494 $ qui a
été consenti, alors qu'on ne sait même pas qui est le
propriétaire de l'immeuble. De quelle façon voulez-vous
récupérer un prêt hypothécaire si la description
légale n'est pas précise, enregistrée, etc.?
Il est évident que nous ne sommes pas ici à une commission
d'enquête, mais nous sommes ici pour faire ressortir le plus possible de
faits troublants. C'est dans ce sens-là que nous poserons des questions.
Il n'est pas question de guerre ouverte: il s'agit simplement de tenter de
jouer notre rôle d'Opposition, de jouer le rôle de 46% de la
population qui n'est pas prête à signer un chèque en blanc
au gouvernement actuel.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. M. le ministre, vous avez une réponse à
donner, des remarques préliminaires?
Réponse du ministre
M. Tardif: Comme remarques préliminaires, M. le
Président, je pense qu'ainsi que l'a démontré le ministre
des Finances hier, en Chambre, l'Opposition prend ses désirs pour des
réalités lorsqu'elle
dit que le Vérificateur général confirme tous ses
dires. Le ministre de Finances a indiqué hier - et le président
de la société aura l'occasion, à l'étude des
crédits de la société même, de le démontrer -
que selon que l'on fonctionne avec une comptabilité de caisse ou une
comptabilité d'exercice, eh bien, les résultats peuvent
être différents. Et la chicane va s'engager sur des
méthodes comptables. À ce moment-là, M. le
Président, on aura l'occasion d'en faire état.
De la même manière, l'Opposition dit: le
Vérificateur général a confirmé tout ce que nous
avons dit. Je m'excuse, c'est entièrement faux. Ce que le
Vérificateur général dit, c'est qu'à plusieurs
égards les directives du Conseil des ministres n'ont pas toujours
été suivies. Deuxièmement, l'Opposition dit qu'il y a un
contractuel, un coordonnateur qui a eu des contrats pour un montant de 8 000
000 $; or c'est infirmé par le Vérificateur général
qui établit effectivement que les honoraires du coordonnateur ont
été de 158 000 $.
Quant à ce que le député de Mégantic-Compton
appelle la très mauvaise administration de la société, M.
le Président, au lieu de faire ces affirmations gratuites, je
l'inviterais à poser des questions précises et il aura des
réponses précises. C'est trop facile de prendre un dossier comme
celui-là, qui n'était pas très reluisant quand on l'a pris
- on pourra en faire état à un moment donné - et d'aller
chercher la bête noire alors que la société, je pense,
d'une façon générale, a fait un bon travail. Si, encore
une fois, on a des questions précises, on va y répondre.
Là-dessus, M. le Président, je n'ai pas d'autres commentaires,
allons-y pour les questions.
La SHQ
Je m'excuse, étant donné que les gens de la
société sont arrivés, M. le Président, je vais les
présenter. À ma droite, M. Jean-Marie Couture, président
de la Société d'habitation, accompagné de M. Serge
Carreau, vice-président de la société, de M. Yvan Ferland,
commissaire à la société et de différents membres
des directions générales de l'administration des
propriétés, des opérations et d'autres services qui seront
là pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Laplante): Au tout début, je dois
vous avertir que si votre président a à répondre à
certaines questions, il faut que ce soit clair que lorsqu'il parle ses
réponses sont inscrites au nom du ministre.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, j'avais posé une
question au ministre, à savoir si le Vérificateur
général avait remis un rapport plus détaillé que ce
qui apparaît au rapport annuel déposé à
l'Assemblée nationale.
M. Tardif: Je n'ai jamais reçu du Vérificateur
général un rapport plus détaillé que ce qui
apparaît là. Le président de la Société
d'habitation du Québec m'a informé avoir reçu du
Vérificateur général une série de questions,
effectivement, mais j'ai fait sortir - justement afin de les avoir parce qu'il
est de coutume que le Vérificateur général envoie au
ministre responsable un extrait de son rapport qui touche les organismes
relevant de nous - ces documents que j'ai reçus du Vérificateur
général au cours de l'année 1980 et en aucun cas je n'ai
reçu de tels documents, non plus même... Enfin, ce que j'ai
reçu ne contenait même pas ce qui est dans le rapport. (11 h
451
M. Ciaccia: Très bien, M. le Président. Le ministre
peut-il nous dire le coût exact à ce jour des travaux
exécutés par la division des réparations majeures de la
SHQ? Je voudrais simplement rappeler au ministre que, le 5 décembre
1980, il avait fait une conférence de presse dans laquelle il
déclarait que le coût était de 9 300 000 $.
Subséquemment, à la commission parlementaire du 11
décembre, il a remis à cette commission le document no 16 dans
lequel le coût était démontré comme étant de
10 316 000 $ et, au mois de janvier 1981 et dans le rapport du
Vérificateur général, on dit que le coût de ces
travaux s'élève à 10 500 000 $, soit 1 200 000 $ de plus
que ce que le ministre avait affirmé le 5 décembre 1980. Et le
Vérificateur général ajoute que ce n'est pas encore
terminé, que les 10 500 000 $ ne sont pas encore le coût total. Le
ministre peut-il nous dire à ce jour quel est ce coût total?
M. Tardif: M. le Président, je vais poser cette question
au président de la Société d'habitation du Québec,
qui est beaucoup plus au fait que moi des factures qui peuvent entrer dans sa
société. M. Couture.
Naturellement, quand on fournit des chiffres, on les fournit à
des dates spécifiques. Le renseignement que vous avez mentionné,
qui a été fourni d'ailleurs par M. Tardif, lors de la commission
parlementaire du 11 décembre 1980, faisait état des chiffres au
31 octobre 1980.
M. Ciaccia: II faisait état des chiffres, mais sans le
coût total.
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia: Mais il ne disait pas qu'il y avait 2 000 000 $
à ajouter.
M. Tardif: Le coût réel à ce
moment-là
était de 10 316 324 $. C'est le rapport qui a été
déposé par M. Tardif à ce moment-là...
M. Ciaccïa: Au mois de décembre, le 11
décembre.
M. Tardif: ...le 11 décembre, et qui faisait état
des chiffres...
M. Ciaccia: Six jours avant, il avait dit que c'était 9
300 000 $ dans sa conférence de presse. Cela fait une différence,
juste là, dans six jours, de 1 000 000 $.
M. Tardif: Je me réfère, M. le Président,
aux documents officiels qui ont été déposés devant
la commission et aux rapports que nous avons produits à ce
moment-là.
M. Ciaccia: Mais la conférence a été
discutée en commission, vous étiez là, M. le
Président, et le ministre voulait se vanter que le coût final
était de 9 300 000 $ pour démontrer qu'il y avait une
économie de 900 000 $. Six jours après sa conférence de
presse, vous confirmez que ce n'était pas une économie de 900 000
$, mais que cela s'élevait à 10 300 000 $.
M. Tardif: Non, mais c'était une économie, M. le
Président, de 2 316 000 $. C'est le rapport que nous avons
présenté à la commission parlementaire le 11
décembre 1980.
Je voudrais préciser que tous ces chiffres sont toujours à
des dates déterminées. Quand on compare des choses, c'est
toujours difficile, parce que quand le Vérificateur
général a fait son rapport, il l'a fait à une date
spécifique et il a pris les chiffres à ce moment-là. Pour
pouvoir comparer, il faudrait prendre toujours les mêmes chiffres aux
mêmes dates.
M. Ciaccia: Mais quel est le coût aujourd'hui?
M. Tardif: Le coût total est de 12 000 000 $,
c'est-à-dire le montant total pour lequel nous étions
autorisés à financer les travaux, soit 8 000 000 $ dans la
première phase et 4 000 000 $ dans la deuxième phase.
M. Ciaccia: Vous nous dites qu'aujourd'hui, le coût total
des travaux exécutés par la division des réparations
majeures est de 12 000 000 $.
M. Tardif: Puis-je me permettre de préciser, M. le
Président, qu'il y avait 42 dossiers dans les réparations
majeures, dont 34 étaient sous la responsabilité de M. Cyr. Les
autres dossiers ont été effectués par mandat par les
propriétaires, mais...
M. Ciaccia: Je veux seulement vous interrompre, M. le
Président, car je ne veux pas répéter toute l'information
qu'on connaît. On sait qu'il y avait 42 dossiers ainsi que d'autres. Je
demande le coût exact. On parlait de 9 300 000 $, on vient de monter
à un autre chiffre, 12 000 000 $. Donnez-moi seulement le coût
exact aujourd'hui des travaux de réparation de cette division.
M. Tardif: Je répète, M. le Président, qu'au
31 octobre 1980, les dépenses à ce moment-là
étaient de 10 316 324 $ et, actuellement, nous avons
dépensé la somme de 12 000 000 $, ce qui représentait les
autorisations que nous avions pour réparer l'ensemble des projets.
Une petite question, M. le Président, si vous permettez, si
l'Opposition me permet. Est-ce que les 12 000 000 $ qui ont été
dépensés à ce jour, selon ce que vous venez de nous
apprendre, couvrent exactement les mêmes travaux que ceux qui avaient
été décrits à l'origine comme devant être
effectués, c'est-à-dire pour réparer les vices de
construction? Est-ce que ce sont les mêmes travaux, pour les mêmes
objets, ou s'il y a des nouveaux travaux qui se sont ajoutés?
M. Ciaccia: ...
M. Bélanger: Nous avons à peine quatre heures et
demie pour étudier les crédits. S'il faut que le ministre profite
de l'occasion pour se renseigner auprès de ses hauts fonctionnaires, je
proteste. On a des questions précises, on veut avancer, on ne veut pas
toujours être à la même place. Le premier ministre nous a
promis, en Chambre, qu'on aurait tout le loisir de poser des questions. S'il
faut que le ministre entrave la période de quatre heures et demie en
prenant une heure pour s'informer de quelle façon fonctionne la
société dont il est le responsable, je suis obligé de
protester, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, sur la question de règlement, j'ai vu la
question du ministre au président comme une question
complémentaire pour essayer de donner un éclairage encore plus
grand. Mais si cela débordait cet éclairage qu'on veut donner
à la commission, soyez sûr que je rappellerai le ministre ou un
membre de la commission à l'ordre.
M. Tardif: J'ai posé une question, et je veux avoir une
réponse. Est-ce qu'il s'agit des mêmes objets? C'est une question
complémentaire. Le montant de
12 000 000 $ qui a été dépensé à ce
jour était-il précisément pour les mêmes
réparations que celles qui avaient été prévues ou
si on a dû faire d'autres réparations? C'est tout ce que je veux
savoir, s'il y a des travaux supplémentaires, d'autres
réparations. C'est cela que je veux savoir.
Le Président (M. Laplante): La seule nuance que
j'apporterais, M. le ministre, c'est que vous vous posez des questions à
vous-même, à ce moment-là.
M. Tardif: Non, je pose la question précise
à...
Le Président (M. Laplante): Si vous avez une
réponse que vous connaissez déjà, je
préférerais que vous la donniez. Vous ne pouvez pas vous
questionner vous-même.
M. Tardif: Je ne me questionne pas, M. le Président.
L'Opposition connaît la réponse, mais elle ne veut pas l'entendre.
Je vais donc demander à un autre député de poser la
question au président, étant donné que je n'ai pas le
droit. C'est tout.
Le Président (M. Laplante): Un instant. On va s'entendre.
Je voudrais que la commission parte sur le bon pied et je voudrais que le
ministre suive les règles de la commission. Le président
répond en son nom comme si c'était lui qui parlait. Je pense que
cela activerait les travaux, si le ministre savait la réponse, de
répondre tout de suite, à la place du président.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, nous ne connaissons pas la
réponse à la question que le ministre vient de poser. Et je
dirais que même le Vérificateur général ne
connaît pas la réponse, parce que, dans son rapport, il a dit:
Quant aux travaux supplémentaires, c'est impossible de déterminer
quelle en était la nature et quels étaient ces travaux
supplémentaires.
Cela nous dit qu'il y a eu quelques lacunes à quelques endroits
pour en arriver à ce montant de 12 000 000 $, pour la question des
ajouts, des travaux supplémentaires. La question que je pose est
celle-ci: On est arrivé à 12 000 000 $. On avait commencé
à 9 300 000 $. Combien de dossiers sont encore en suspens et quel
montant ces dossiers représentent-ils?
M. Tardif: Si je comprends la question, je réponds qu'il
n'y a pas de dossier en suspens parce que l'ensemble des travaux ont
été exécutés tels que prévus au
départ.
M. Ciaccia: M. le Président, le Vérificateur
général fait référence à des dossiers qui ne
sont pas terminés. Comment puis-je comprendre cette réponse?
M. Tardif: Si je peux me permettre de répondre, je
précise que le Vérificateur général a fait son
rapport à une date donnée qui se situe aux alentours de juin
1979, si ma mémoire est fidèle. Et le mandat de M. Cyr s'est
terminé le 31 août 1980. Alors, ce n'est pas anormal qu'au moment
où le Vérificateur général a fait son
rapport...
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais souligner au
président de la société que le rapport du
Vérificateur général est de janvier 1981. On ne parle pas
de 1979. Et je peux citer la page 190, où il est dit: "Les
réparations majeures exécutées sous la
responsabilité du coordonnateur et enregistrées aux livres de la
société s'élevaient à environ 10 500 000 $ à
la fin de janvier 1981."
Je ne veux pas commencer à contredire le président, mais
vous devriez lire le rapport. L'avez-vous lu, le rapport du Vérificateur
général?
M. Tardif: Oui, j'ai lu le rapport du Vérificateur
général.
M. Ciaccia: II continue en disant: "Toutefois, à ce
moment, certains règlements finals restaient à intervenir." Quels
sont les règlements et quel est le coût de ces
règlements?
M. Tardif: II restait, à ce moment, dans quatre dossiers
qui concernaient un même constructeur... quatre dossiers à
régler, c'est-à-dire, de mémoire, Hauterive, Gaspé,
Chandler et un autre que j'oublie, mais je pourrai fournir ce renseignement de
façon précise. Il restait, dans ces quatre dossiers, au moment
où le vérificateur est passé, une réclamation
à régler avec le constructeur en question, mais c'est
réglé depuis ce temps-là.
M. Ciaccia: Quel est le montant de ces quatre dossiers?
M. Tardif: Le montant qui était en litige à ce
moment totalisait 170 000 $. La réclamation était plus importante
que cela, mais finalement nous avons...
M. Ciaccia: Dans les quatre dossiers?
M. Tardif: Oui, dans l'ensemble des quatre dossiers.
M. Ciaccia: Alors, ça veut dire qu'il faudrait ajouter
à 10,500 000 $...?
M. Tardif: Non, parce que nous avions quand même fait des
provisions pour les
montants. Je regrette là, on a un système de
comptabilité quand même qui se tient. Nos...
M. Ciaccia: Avec le Vérificateur général,
vous êtes sous contrôle...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît;
M. Tardif: Je respecte beaucoup le Vérificateur
général, mais je suis capable de démontrer que nous avons
un système de comptabilité adéquat et nous avions fait
à ce moment-là des provisions pour chacun des dossiers même
ceux qui n'étaient pas réglés de façon à ne
pas avoir de surprise quant aux dépassements possibles.
M. Ciaccia: M. le Président, il y a eu des poursuites
prises par la SHQ sur les listes de construction. Je crois que les montants
s'élevaient à 6 000 000 $ et même le ministre, à une
commission parlementaire, au mois de décembre, avait dit que
c'était -si je me souviens bien des mots - un lourd héritage, ces
6 000 000 $. Alors, qu'est-ce qui est arrivé à ces poursuites?
Comment ont été réglées ces poursuites de 6 000 000
$ qui ont été prises?
M. Tardif: Précisons d'abord, M. le Président, que
ce n'est pas la SHQ qui est propriétaire de ces dossiers, ce sont les
offices municipaux d'habitation, sauf dans quatre anciennes coopératives
que nous avons reprises par voie de dation en paiement. Ce sont les offices
municipaux qui sont propriétaires, donc nous sommes le créancier
hypothécaire et ce sont les offices municipaux qui ont intenté
des poursuites adéquates contre les constructeurs pour vices majeurs de
construction.
M. Ciaccia: M. le Président, je demanderais au ministre:
Combien avez-vous eu de ces poursuites de 6 000 000 $, que ce soit un office
d'habitation ou que ce soit la SHQ? Quels montants avez-vous retirés de
ces poursuites? Vous vous êtes plaint que...
M. Tardif: M. le Président, la plupart de ces poursuites,
faudra demander cela au président de la Société
d'habitation du Québec, sont encore pendantes devant les tribunaux.
Ainsi que l'a précisé le président de la
Société d'habitation du Québec, ces poursuites ont
été intentées par les offices municipaux d'habitation pour
des immeubles construits entre 1970-1971 et 1975, M. le Président. Le
député de Mont-Royal connaît les délais
d'inscription d'une cause devant les tribunaux. Or, imaginons un dossier de
vices de construction pour un immeuble bâti en 1972, 1973, 1974, et que
la municipalité fasse des démarches auprès de
l'entrepreneur pour qu'il répare l'immeuble, que celui-ci ne
réponde pas ou répare mal, et que l'Office municipal d'habitation
se décide, un ou deux ans plus tard, à intenter des poursuites,
il est tout à fait normal que ces causes, enfin dans le système
actuel malheureusement, soient encore pendantes.
M. le Président, je voudrais ajouter une précision quant
à l'évaluation de coûts de réparations faits par
l'ancien gouvernement, notamment, de l'ordre de 6 000 000 $ en 1975. On est en
1981. L'inflation, tout simplement, pourrait expliquer déjà une
bonne part de la différence des coûts, en présumant que le
chiffre d'évaluation des dégâts, à l'époque,
fait par l'ancien gouvernement, de l'ordre de 6 000 000 $ était bon, et
que cela coûte beaucoup plus cher pour les réparer cinq ou six ans
plus tard. C'est une donnée élémentaire qui ne devrait pas
avoir besoin de démonstration. C'est tout ce que je voulais dire. (12
heures)
M. Ciaccia: Si je comprends bien, les poursuites sont pendantes.
M. le Président, j'aurais une autre question au ministre. Dès le
mois de septembre 1979, le bureau du premier ministre était
prévenu de certaines irrégularités,
particulièrement dans le dossier Rivière-Bleue. Pour
rafraîchir la mémoire du ministre, dans les questions qui ont
été posées par le vérificateur, il y a une question
comme suit et je cite: "Dans une lettre que vous avez transmise le 28 septembre
1979 à M. Couture ainsi qu'à M. Boivin, chef de cabinet du
premier ministre, vous justifiez l'omission aux procédures d'appel
d'offres et au recours aux soumissions dans le cas de l'entrepreneur pour
diminuer les coûts. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi il aurait
été trop onéreux de suivre cette procédure et
comment peut-on affirmer cela sans qu'aucune soumission n'ait été
demandée et reçue". Alors, c'est une irrégularité
qui a été portée à l'attention du premier ministre.
Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a eu connaissance de cette
communication, est-ce qu'il est entré en communication avec le bureau du
premier ministre, est-ce que son bureau à lui en a discuté ou
pris connaissance de cet aspect-là, de ce problème?
M. Tardif: M. le Président, je ne sais plus à quel
moment précis un membre de mon cabinet a été
informé du cas de Rivière-Bleue. Ce membre de mon cabinet a
communiqué à ce moment avec le président de la
société, lui demandant de nous préciser et fournir les
détails, et ceci a été fait par une note de service qu'on
pourra certainement trouver au dossier.
M. Ciaccia: Qui aurait fait cette communication?
M. Tardif: C'est ou bien Jean Foisy ou
Martin Gauvreau, un des deux, qui m'a informé de cela, ils ont
demandé au président de la société des explications
et encore une fois il y a eu la réponse du président qu'on
devrait trouver au dossier, quelque part.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais discuter d'un
dossier en particulier avec le ministre: Le décret 3429-80 du 29 octobre
1980. Ce décret concerne l'abolition des poursuites pour défauts
et défaillances du système d'étanchéité des
toitures, c'est un décret qui prévoit que 30 000 000 $ de
poursuites sont abandonnées. C'est dans l'ensemble de toutes les
réparations; cela n'affecte pas seulement votre ministère. Dans
combien de cas et pour quel montant la Société d'habitation du
Québec est-elle touchée par ce décret?
M. Tardif: II s'agit d'un dossier global, d'ailleurs
commencé pour une bonne part sous l'ancien gouvernement, pour des
constructions diverses d'hôpitaux, de centres d'accueil et qui n'est pas
propre à la société. Néanmoins, je vais demander
pour la part de la société au président s'il a des
renseignements.
Je n'ai pas le décret dont vous parlez, si j'avais le
décret vous pourriez retrouver attaché au décret la liste
de tous les projets concernés. De mémoire, je pense que nous
sommes impliqués dans huit projets dont cinq concernant un seul et
même constructeur dans la région du Bas-du-Fleuve et de la
Gaspésie, c'est-à-dire Gaspé, Cap-des-Rosiers,
Rivière-aux-Renards, Sainte-Anne-des-Monts, Rivière-Bleue et
Moisie à Sept-Îles.
Le Président (M. Laplante): Avant de continuer j'aimerais
que les membres de la commission me donnent une permission. L'ordre du
président est, pour les commissions parlementaires, qu'il n'existe pas
du côté de l'Opposition des fonctionnaires assis autour de la
table, mais, vu l'importance du dossier, j'aimerais avoir votre autorisation
pour que le recherchiste soit là. D'accord? Pour me couvrir.
M. Guay: On entend qu'il souffle les questions plutôt que
de les poser lui-même.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le président, le rapport du
vérificateur mentionne certains travaux supplémentaires. Il
mentionne qu'il ne peut pas déterminer s'il y a eu des travaux
supplémentaires ni le montant. Le ministre nous a dit qu'il y avait eu
une économie quant au coût, quoique cela a monté de 9 300
000 $ dans une déclaration du 6 décembre à 10 500 000 $ la
semaine suivante. On apprend ce matin que cela a coûté 12 000 000
$. Dans cette supposée économie de coût, le ministre a-t-il
retenu comme ajout tout ce que le coordonnateur, M. Cyr, appelle travaux
supplémentaires, selon la page 184-14 du rapport du
vérificateur?
M. Tardif: M. le Président, je vais laisser M. Couture
répondre à cette question puisqu'il était responsable du
coordonnateur; il peut sans doute expliquer ce qui en est.
Nous avons clairement identifié le coût des travaux
à ajouter au supplémentaire qui ont été faits, non
seulement d'une façon globale, mais pour chacun des cas. J'ai ici la
liste complète. D'ailleurs, dans le rapport que nous avions fourni au
mois de décembre 1980, nous avions une colonne intitulée:
Coût réel estimé des travaux à ajouter pour 2 436
011 $ et vous avez pour chacun des projet le montant exact dans chacun des cas,
Grande-Rivière 15 000 $, 100 000 $ à Sainte-Croix de
Lotbinière. Et cela continue comme ça incidemment.
M. Ciaccia: Écoutez M. le président. C'est bien
beau de nous donner des chiffres, on nous prépare une liste de chiffres,
puis on nous dit voici les travaux supplémentaires. À la page 194
du rappport du Vérificateur général, je vais le citer:
"Dans la plupart des dossiers on mentionne "travaux supplémentaires"
comme explication à l'appui des avenants aux contrats sans qu'il n'y ait
de détails sur la nature de ces travaux. À cause de leur
importance, les avenants aux contrats auraient dû fournir une explication
des travaux supplémentaires et mentionner qu'il y avait approbation de
l'architecte en vertu d'un ordre de changement".
Vous pouvez comprendre, M. le Président, les abus possibles, si
ces procédures ne sont pas suivies et si on ne peut pas clairement
identifier les certains montants comme travaux supplémentaires. C'est
trop facile de dire que dans un dossier particulier on a octroyé un
contrat pour 500 000 $ et là, le coordonnateur commence à avoir
des problèmes, il voit qu'il ne peut pas le faire pour 500 000 $ et
alors, il arrive avec des supposés travaux supplémentaires quand
vraiment ce chiffre aurait dû être inclus dans son estimation
originale. Je pense que c'est cela que le Vérificateur
général porte à l'attention; il ne peut pas identifier si
vraiment ce sont des travaux supplémentaires ou non. On ne peut pas
prendre les chiffres qui ne sont pas justifiés par des documents qui ne
sont pas contrôlés, pour dire: On va prendre votre parole,
c'étaient des travaux supplémentaires. Même dans les
contrats de réparations, on affirme que le contrôleur n'avait en
fait aucun contrôle.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tardif: Je pourrais donner tous les détails, parce que
nous avons tous les détails dans chacun des cas où il y a des
travaux supplémentaires. A titre d'exemple, à Haute-rive, on
avait dans un premier temps évalué pouvoir conserver et
réparer tout simplement les fenêtres. Or, après des
demandes réitérées de la municipalité et des OMH,
on a été obligé de remplacer les 657 fenêtres du
projet, ce qui a coûté 114 000 $. Au début, cela devait
coûter 18 000 $ pour les réparer; cela veut dire qu'on a
dépensé 100 000 $ de plus qu'on ne devait pas dépenser au
départ.
À Trois-Rivières, il y a le cas de
Adélard-Dugré. Il avait été prévu au
départ de tout simplement réparer le revêtement
métallique qui était jusqu'à la hauteur du sol, et comme
c'étaient des logements pour famille avec des enfants, on peut imaginer
ce que les enfants font avec les bâtons de baseball et avec les cailloux.
Le revêtement métallique était à refaire au complet
dans ce projet. Or, quand on a vu cela - j'en ai discuté personnellement
à quelques reprises avec le coordonnateur - on s'est dit: Est-ce qu'on
va dépenser 90 000 $ pour réparer ce revêtement
métallique tout simplement pour reprendre le problème dans deux
ou trois ans ou si on remplace cela par de la brique? J'ai opté pour le
remplacement par la brique, ce qui nous a coûté 100 000 $ de plus,
mais c'est fini une fois pour toutes.
M. Ciaccia: M. le Président, on sait qu'il n'y a pas de
dépôt de document en commission, mais je voudrais demander au
ministre et au président de la SHQ s'il veut déposer le document
auquel il vient de faire référence pour qu'on puisse
l'examiner.
La question qui se pose vraiment, c'est que s'il a tous ces
détails, de la façon qu'il les décrit, qui semblent
référer à des points spécifiques, pourquoi n'a-t-il
pas fourni ces détails au Vérificateur général afin
qu'il puisse en prendre connaissance et en venir à la conclusion que
oui, les montants des travaux supplémentaires étaient d'un tel
montant. D'ailleurs, je pourrais même citer le contrôleur de votre
division, M. Yvan Giguère, qui a déjà affirmé qu'il
n'avait aucun contrôle et qu'il ne peut déterminer ce qui est un
ajout et ce qui ne l'est pas. De venir aujourd'hui essayer de justifier des
dépenses additionnelles en nous disant que ce sont des travaux
supplémentaires sans qu'il y ait des pièces justificatives, soit
pour le Vérificateur général, soit même à la
constatation de votre contrôleur, je pense que c'est difficile pour nous
de croire cela.
M. Tardif: M. le Président, je ne sais où on a pris
la prétendue déclaration de M.
Giguère, le contrôleur, mais de toute façon, ce que
je veux expliquer là-dessus, c'est que le premier...
M. Ciaccia: Est-ce que je peux vous répondre où
j'ai pris cette supposée déclaration? Il était sous
serment dans une cause à Québec et il a affirmé cela. Cela
se trouve dans les dossiers judiciaires. Ce n'est pas quelque chose que j'ai
inventé.
M. Tardif: Ce que je veux préciser là-dessus, c'est
que le premier responsable sur ce plan, c'était l'architecte au dossier.
C'était à l'architecte de déterminer dans un premier temps
un rapport qui établissait les travaux à exécuter.
C'était l'architecte qui approuvait et qui faisait les recommandations
au coordonnateur des travaux à ajouter ou à compléter.
M. Ciaccia: M. le Président, on ne veut pas entrer dans un
débat de disculpation de responsabilités. C'est bien facile pour
un président de dire: C'est la faute à l'architecte. En
attendant, le public regarde à la SHQ et regarde le président. Je
ne veux pas entrer dans cela. Etes-vous prêt à nous déposer
les détails auquels vous venez de vous référer?
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de
dépôt de document, mais il est libre au ministre, s'il y a des
documents à distribuer, de le faire.
M. Tardif: M. le Président, je vais faire tout en mon
pouvoir pour donner le plus tôt possible à l'Opposition la liste
des travaux supplémentaires que me fournira le président de la
société. Je lui demande de le faire. Quand je les aurai, je les
remettrai à l'Opposition volontiers.
M. Ciaccia: Très bien. Merci, M. le président. Sur
un autre sujet, à la page ZOO du rapport du vérificateur, dans le
dossier de Loto-Québec, on parle d'une différence de 51 407 $.
Est-ce que vous pourriez nous dire ce que ce montant représente
exactement? Est-ce les différences avec les avances de 337 000 $ les
coûts encourus, le prêt hypothécaire?
M. Tardif: J'ai cru comprendre que vous étiez à la
page 207?
M. Ciaccia: 200. Le paragraphe qui commence: "À la fin
d'octobre 1980", fait état des avances qui ont été faites
à la Société d'habitation du Québec et des
dépenses actuelles. Vous avez fait certaines avances et on laisse
certaines dépenses. Il y a une différence de 51 407 $ entre les
deux chiffres. Pouvez-vous me dire ce que ce chiffre représente?
(12 h 15)
M. Tardif: Voulez-vous dire la différence entre 337 407 $
et 381 000 $? C'est parce que, je vais dire comme l'autre, ça confirme
ce que j'ai dit tantôt. Au moment où le vérificateur a fait
sa vérification en octobre 1980, nous avions déboursé
à cette époque 337 407 $ sur un prêt hypothécaire
autorisé de 381 000 $. C'est ça que ça veut dire.
M. Ciaccia: Alors, vous nous dites que les 51 000 $ ont
été déboursés...
M. Tardif: Ultérieurement.
M. Ciaccia: ...ultérieurement; à la suite de quoi?
Est-ce que quelqu'un vous a présenté une facture?
M. Tardif: À la suite des réclamations qui ont
été faites et, comme c'était un prêt
hypothécaire, nous avons toujours suivi la procédure que nous
transmettions au notaire instrumentant le chèque avec instructions
d'utiliser le produit du chèque pour le prêt hypothécaire
en question.
M. Ciaccia: Les pièces justificatives ne totalisent pas
337 000 $, ils totalisent seulement 286 000 $.
M. Tardif: La différence...
M. Ciaccia: De 286 000 $ à 381 000 $, le prêt
hypothécaire, c'est 100 000 $ de différence. Ce n'est pas
ça que je dis.
M. Tardif: Si vous voulez répéter votre question
pour que je comprenne bien.
M. Ciaccia: La différence entre les pièces
justificatives, les montants déboursés et le prêt
hypothécaire est de 51 000 $ et on ne peut pas trouver la raison du
déboursé.
M. Tardif: Ah! Là je comprends. C'est-à-dire que
là, vous êtes à 286 000 $ par rapport à 337 407 $.
Nous avons, ce que j'ai d'ailleurs déjà expliqué dans le
cadre de la commission parlementaire au mois de décembre, payé
à même ces montants des dépenses qui sont normalement
capitalisées dans des projets semblables et nous avons suivi en cela la
même politique ou la même façon de procéder que celle
de la Société canadienne d'hypothèques et de logement qui
accepte que, pendant les travaux, on paie les taxes, on paie les assurances, on
paie les salaires, etc. Nous avons suivi exactement la même
procédure là-dedans.
M. Ciaccia: Un instant. Je ne veux pas faire un débat sur
la procédure de la société centrale. La
société centrale se fait donner des pièces justificatives,
des renonciations de privilèges, des "performance bond" sur le travail.
Cela, vous ne l'avez pas fait, alors ne nous faites pas accroire que vous
suivez la même procédure que celle de la société
centrale. Peut-être que vous avez fait vos déboursés selon
vos procédures. M. le ministre, je voudrais vous demander une chose: il
y a eu des salaires de 22 000 $ qui ont été versés. Ce
sont des salaires qui ont été payés après le mois
de décembre, après l'abandon des travaux, l'arrêt des
travaux. Pourquoi ces salaires ont-ils été payés et
qu'est-ce que ça représente?
M. Tardif: Je complète ce que j'ai déjà dit.
L'ensemble de ces dépenses représente, y compris des salaires,
des frais qui sont normalement acceptés et acceptables dans le cas de
projets semblables.
M. Ciaccia: Je trouve difficile à croire que c'est
accepté et acceptable. Il y a un abandon de travaux, on ne peut pas
compléter et on continue à payer des salaires. Bon, c'est votre
explication. Est-ce que vous pourriez nous dire à qui ces salaires ont
été payés?
M. Tardif: Ils ont été payés à des
employés de l'organisme qui s'appelle Société de logement
centre-ville.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pourriez déposer la liste des
personnes qui ont reçu les 22 000 $? Vous avez ces
pièces-là?
M. Tardif: M. le Président, j'obtiens ces pièces de
la société.
M. Ciaccia: Très bien. M. le Président, dans le
dossier Duroc et Saramac, est-ce que le ministre peut nous expliquer pourquoi
les dossiers de Duroc Construction et de Saramac ont été transmis
à M. Pierre Michaud, sous-ministre par intérim au
ministère des Transports, le 6 octobre 1980, par M. Jean Foisy, le
conseiller spécial du ministre?
M. Tardif: M. le Président, d'abord, je tiens à
préciser qu'il s'agit là de dossiers totalement étrangers
à celui des réparations majeures. Étant donné qu'il
s'agissait de dossiers reliés à la construction d'immeubles pour
lesquels un entrepreneur, Duroc, à certains égards affilié
à Saramac, faisait des réclamations pour un montant
d'au-delà de 1 000 000 $; 1 200 000 $, ou quelque chose comme
ça.
J'ai été saisi de ce dossier, M. le Président, et
j'ai demandé au président de la Société
d'habitation du Québec de me donner son appréciation de cette
réclamation, puisque je n'étais pas en mesure d'apprécier
si, effectivement, ces réclamations étaient
fondées. La Société d'habitation du Québec,
par son président, a évalué les réclamations de
Duroc-Saramac à quelque chose comme 60 000 $. Je me trouvais donc
confronté, d'une part, avec un entrepreneur qui prétendait que la
Société d'habitation du Québec lui devait 1 200 000 $ et,
d'autre part, la société elle-même qui évaluait ces
réclamations à 60 000 $.
Devant un tel écart - je ne suis pas juge des prétentions
de ces réclamants - la suggestion m'a été faite de m'en
remettre à un tiers et ce tiers, en l'occurrence, c'était le
ministère des Transports qui a de multiples occasions de se prononcer
sur des dossiers où il y a des contentieux semblables. C'est la raison
pour laquelle le dossier a été remis à un tiers
indépendant, notamment le ministère des Transports, pour avoir
son avis devant des disparités aussi flagrantes. C'est tout, M. le
Président.
M. Ciaccia: Par qui a été payée - vous
parlez d'une étude - l'étude précise faite par M. Yvan
Latouche, une étude qui, selon M. Foisy, a été "faite
à notre demande en mars dernier"?
M. Tardif: M. le Président, avant de remettre ce dossier
au ministère des Transports, j'ai demandé à un membre de
mon cabinet, à l'époque, de consulter des gens de la division des
réparations majeures, afin d'avoir une idée de ces
prétentions, de ces réclamations.
À ce moment-là, je crois savoir que M. Foisy, un membre de
mon cabinet, s'est adressé à M. Giguère pour dire:
Voilà, le ministre est saisi d'une réclamation d'un entrepreneur
et, d'autre part, la société nous dit que ça vaut tant,
quel est votre avis? Ce dossier aurait été remis par M.
Giguère ou par M. Foisy; à tout événement, il
aurait abouti entre les mains de M. Latouche qui a examiné le tout. Il a
fait, en quelque sorte, un rapport sur ces réclamations, pour lequel,
bien longtemps par la suite, j'ai appris qu'il avait présenté une
facture.
M. Ciaccia: Qui l'a payée?
M. Tardif: À ma connaissance, cette facture n'a pas
été payée, M. le Président.
M. Ciaccia: Cette personne travaille pour la DRM, alors, à
qui est allée la facture pour son temps?
M. Tardif: M. le Président, c'est là
l'ambiguïté.
M. Ciaccia: Cette personne travaillait pour la SHQ, division des
réparations majeures...
M. Tardif: ...Cette personne travaillait déjà pour
la société, dans ce dossier des réparations, elle
était donc déjà à l'emploi de la
société. C'est la raison pour laquelle, semble-t-il, il ne devait
pas y avoir de réclamation à cet égard. C'est pour
ça que c'est venu un peu comme une espèce...
M. Ciaccia: Effectivement, ce que vous nous dites, c'est que vous
avez fait faire une étude, mais c'est la société qui a
payé pour l'étude exigée, ce n'est pas le cabinet du
ministre.
M. Tardif: M. le Président, je répète ce que
j'ai dit, je demande à un membre de mon cabinet de me donner son
appréciation sur l'écart qui séparait les
prétentions de cet entrepreneur pour 1 200 000 $ et le point de vue de
la société. Ce membre de mon cabinet s'adresse à des gens
qui étaient par ailleurs engagés dans un autre dossier pour leur
demander un avis et ces personnes qui étaient, de toute façon,
payées par la société ont émis cet avis et,
ultérieurement, ont envoyé une facture.
M. Ciaccia: Oui, mais le contrat du coordonnateur
spécifiait que ce type devait prendre ses ordres du coordonnateur.
C'était inscrit dans le contrat. Comment se fait-il que c'est le
ministre qui a donné ses instructions pour cette étude?
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, je
répète que je n'ai pas donné instruction que l'on fasse un
étude ou que la division des réparations majeures fasse une
étude, j'ai demandé à un membre de mon cabinet d'examiner
ces documents que j'avais reçus de part et d'autre. Lui, de sa propre
initiative, s'est tourné de bord et a demandé conseil à
des gens qui étaient engagés dans le dossier des
réparations majeures.
M. Ciaccia: Non, mais je pense que, premièrement, le
salaire payé à M. Latouche, c'est un salaire imputé aux 42
dossiers. La conséquence de votre action, c'est vraiment que vous
demandez une étude ou que vous prenez certaines procédures et
c'est imputé au coût des 42 dossiers que vous appelez les dossiers
scabreux. Cela augmente le prix de ces 42 dossiers pour des études et
des travaux demandés par le cabinet du ministre.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, lorsque je
demande à un sous-ministre aux Transports ou que je demande à un
membre de mon cabinet, déjà payé par l'État, de me
donner des commentaires sur des documents que je reçois, je ne
considère pas que j'ai à payer pour ces services.
M. Ciaccia: Bien, c'est discutable, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton?
M. Bélanger: Non, cela va.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Ciaccia: Une autre question, brièvement, et je passerai
ensuite à un autre petit dossier, puis je laisserai la parole à
mon collègue, avec la permission du président.
Le ministre peut-il déposer toutes les études qu'il a en
sa possession, qui ont été commandées à M. Yvan
Latouche, qui représentent effectivement cinq volumes qui montrent
fidèlement l'administration de la SHQ et aussi la confusion qui y
règne et que, je pense, jusqu'ici, le ministre a tenté de
cacher?
M. Tardif: M. le Président, je m'oppose à cette
dernière remarque du député de Mont-Royal. J'ai
été celui qui a offert à l'Opposition la tenue d'une
commission parlementaire sur cette question du dossier des réparations
majeures. Dès lors que des faits ont été soulevés
par l'Opposition, j'ai proposé cette commission parlementaire; j'ai
déposé tous les documents que j'avais à ce moment et je
n'accepterai certainement pas de me faire dire que j'ai tenté de cacher
quoi que ce soit. Au contraire, j'ai tenté de faire la
lumière.
Cependant, si l'Opposition s'est désistée, n'est pas venue
en commission parlementaire le matin et l'après-midi et n'est venue
qu'en soirée et a utilisé une partie de la soirée pour des
débats de procédure, je n'y peux rien. J'étais
intéressé à faire la lumière, il semblerait que ce
n'était pas nécessairement le cas de l'Opposition, qui
poursuivait d'autres motifs.
M. Ciaccia: Pourquoi n'avez-vous pas rendu ces documents publics?
Êtes-vous prêt maintenant à le rendre publics? ( 12 h
30)
M. Tardif: Parce que, M. le Président, ces documents
n'avaient rien à faire avec le dossier des vices de construction. Un
entrepreneur prétend que la société lui doit 1 200 000 $.
C'est l'État, la société, c'est vous et moi, la
Société d'habitation, mais néanmoins que l'État,
les fonds publics, la société lui doivent...
La société, elle, évalue les prétentions de
cet entrepreneur au maximum à environ 60 000 $. Comme ministre, je me
tourne vers un membre de mon cabinet et je lui dis: Voulez-vous examiner cela
pour moi? Il prend conseil à droite et à gauche et,
ultérieurement, quelqu'un présente une facture. Mais, encore une
fois, cela n'a rien à faire avec le dossier comme tel des vices de
construction, M. le Président.
M. Ciaccia: Est-ce que ce sont des études que vous avez
commandées à M. Latouche?
M. Tardif: Non, je n'ai pas commandé d'études
à M. Latouche, M. le Président.
M. Ciaccia: Ce sont des études qui existent. Vous dites
que vous voulez protéger le contribuable. Nous avons le même
intérêt. Mais je ne pense pas qu'on protège le contribuable
en cachant des études. Si vraiment ce sont des études qui sont
mal fondées ou autres, la lumière se fera. Mais si, dans ces
études, il y a aussi des faits qu'il serait important de
connaître, concernant l'administration de la SHQ, je crois que vous avez
le devoir de les rendre publiques pour faire toute la lumière,
spécialement après les affirmations du Vérificateur
général. J'aurais cru, même avant que nous l'ayons
demandé, pour montrer que vous voulez vraiment vous décharger de
votre responsabilité, que vous auriez rendu ces études
publiques.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais juste
préciser une chose encore une fois. Je vais prendre avis de la question
du député de Mont-Royal et je vais voir auprès des avocats
de la société si, dans ce contentieux, l'intérêt de
la société et de l'État pourrait subir quelque
préjudice du fait du dévoilement de ces études. Je
voudrais quand même préciser que depuis lors on a mandaté
M. Cinq-Mars, ancien bâtonnier, de Martineau et Walker, d'examiner ce
dossier pour nous et de nous faire ses commentaires. Or les conclusions de ce
bureau, externe à l'administration, cette fois, confirment les
prétentions de la Société d'habitation du Québec,
à savoir que les réclamations de cet entrepreneur ne
s'élèvent pas à ce montant de 1 200 000 $, mais bien tout
au plus à un montant beaucoup moindre, beaucoup plus près de
celui évalué par la Société d'habitation du
Québec.
Néanmoins, M. le Président, je m'engage à consulter
le contentieux, les conseillers juridiques, et, s'il n'y a aucun
préjudice du fait de rendre publics ces documents, je le ferai.
M. Ciaccia: Très bien, M. le ministre.
Dans le dossier de Montmagny, il y a eu une poursuite de 300 000 $ qui a
été intentée par la Société d'habitation du
Québec contre Petitclerc et Darveau, les contracteurs du HLM à
Montmagny. Premier fait.
Deuxièmement, il y a eu une lettre de M. André Ouellet, le
conseiller-cadre du président de la SHQ, M. Couture, demandant à
l'Office municipal d'habitation de Montmagny d'abandonner les poursuites.
Premièrement, une poursuite a été intentée
et, deuxièmement, une lettre de M.
Ouellet demande d'abandonner les poursuites.
En date du 12 janvier 1981, un règlement hors cour est
signé où chacun paie ses frais. Une deuxième lettre de M.
Ouellet va à l'OMH pour dire que ce n'était pas un abandon, mais
un règlement hors cour avec récupération que la
Société d'habitation du Québec voulait. À ce
moment-là, il est trop tard, le règlement est
enregistré.
Est-ce que vous pouvez me confirmer si ces faits sont exacts?
M. Tardif: M. le Président.
J'ai des réponses à certains points, mais je n'ai pas des
réponses à tout. Je voudrais répéter que c'est
l'office municipal qui est propriétaire du projet à Montmagny, ce
n'est pas la SHQ. C'est l'Office municipal qui a intenté une poursuite
de 300 000 $ le 14 octobre 1975...
M. Ciaccia: La poursuite a été intentée?
M. Tardif: ...la poursuite a été intentée,
bien sûr, et comme cela arrive souvent en pareille circonstance, il y a
eu des pourparlers qui ont été continués et finalement
cela c'est réglé hors cours. C'est cette partie du dossier dont
je n'ai pas les détails mais je pourrai vous les fournir
ultérieurement.
M. Ciaccia: Vous avez la lettre devant vous, vous êtes au
courant d'une lettre de votre conseiller cadre, M. Ouellet, demandant à
l'Office municipal d'habitation d'abandonner les poursuites.
M. Tardif: Je n'ai pas cette lettre. Je n'ai pas apporté
tous les dossiers que j'avais chez moi.
M. Ciaccia: Vous êtes au courant de cette lettre, vous
savez que cette lettre a été écrite?
M. Tardif: J'ai l'impression que vous avez la lettre devant vous,
alors, elle a été écrite.
M. Ciaccia: Elle a été écrite. Alors vous
confirmez qu'elle a été écrite. Très bien. Et vous
confirmez qu'un règlement hors cours est signé. Chaque partie
payant ses frais le 12 janvier.
M. Tardif: Cela arrive souvent en pareille circonstance, c'est
probable, mais je n'ai pas ces détails, je ne peux pas répondre
d'une façon précise.
M. Ciaccia: On pourrait vous procurer le document il y a un
règlement en cours effectivement, mais vous confirmez ces faits.
Maintenant, est-il exact que M. André
Ouellet, conseiller cadre du président de la SHQ est aussi un
administrateur en relation avec Petitclerc et Darveau, la compagnie qui a
été poursuivie et qui a eu un règlement hors cours, chaque
partie payant ses frais.
M. Tardif: M. le Président, je ne suis pas capable de
répondre à cette question, sauf que je sais qu'avant que M.
Ouellet soit à l'emploi de la SHQ, ce qui remonte à plusieurs
années, il était lui-même dans la construction; il est
possible qu'il ait été associé d'une façon
quelconque à cette firme-là. Mais je l'ignore.
M. Ciaccia: Vous nous dites que c'est votre conseiller cadre et
vous ne savez pas où il travaillait avant. C'est ce que vous me dites?
Vous ne savez pas d'où il vient, ce qu'il faisait; vous employez du
monde sans prendre des renseiqnements?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Un instant, c'est important, c'est important, c'est
son conseiller cadre et il ne savait pas ce qu'il faisait.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal. Si vous voulez, nous sommes sur le point de poser ces questions au
ministre...
M. Tardif: On m'informe que l'employé en question est un
employé de la société qui est là depuis de
nombreuses années et je m'excuse si j'ai dit qu'il a été
engagé par la société depuis 1976 sous l'ancienne
administration. Il semblerait que cela remonte au temps de l'Union Nationale;
monsieur est un fonctionnaire de la société; c'est bien sûr
que dans une société d'État, des gens régis par la
loi de la fonction publique, on ne leur demande pas quel était leur
passé auparavant. Au-delà de cela, je ne vois pas le sens de
cette question ici. Je veux préciser que M. Ouellet a été
engagé comme tous les autres à cette époque suivant les
règlements de la fonction publique. Je n'étais pas là,
alors je ne sais pas pourquoi et comment il a été engagé.
Il faudrait préciser, parce qu'on me pose des questions qui ne sont pas
reliées au rapport du Vérificateur général. Je
voudrais préciser d'une façon formelle que d'après mon
renseignement et mon souvenir, la lettre dont on fait état, n'a jamais
été signée par M. Ouellet, mais par M. Paul Angers qui est
le directeur général de l'administration de nos
propriétés.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pourriez nous donner une copie de la
lettre?
M. Tardif: M. le vice-président, M.
Carreau, me précise que la communication qui a été
faite à Montmagny concernait le règlement des toitures et
l'abandon des poursuites pour la réclamation des toitures, et ce,
conformément à la décision du Conseil du trésor qui
avait globalement négocié un règlement hors cour pour
l'ensemble des poursuites qui totalisaient, comme vous l'avez mentionné
tantôt, plusieurs millions de dollars.
M. Ciaccia: Dans ces 30 000 000 $, les négociations de la
Société d'habitation du Québec n'étaient pas...
M. Tardif: Nous n'avons pas été impliqués,
pas plus que les commissions scolaires ou les hôpitaux. C'est le Conseil
du trésor qui a négocié globalement au nom de tout le
monde.
M. Ciaccia: Quand vous dites que ces faits là ne sont pas
dans le rapport du Vérificateur général, je voudrais
porter à votre attention que ça fait partie de l'administration
de la SHQ quand même. Alors, nous avons le droit, sinon la
responsabilité, de...
M. Tardif: Pas ce droit-là.
M. Ciaccia: La lettre dont vous avez parlé et qui
était signée par un M. Paul Angers, est-ce que vous pouvez nous
en fournir une copie?
M. Tardif: Non, parce que je n'ai pas apporté tous les
dossiers qui sont chez nous.
Une voix: Mais, on pourrait l'avoir? M. Tardif: C'est
sûr.
M. Ciaccia: Est-ce que vous vous y engagez?
M. Tardif: Oui, certainement.
M. Ciaccia: Maintenant, est-ce que vous pourriez nous confirmer
ou nous infirmer ceci. D'un côté vous avez un entrepreneur -qui
s'appelle Petitclerc et Darveau - du HLM de Montmagny; il y a abandon de
poursuites. M. le Président, je voudrais préciser ici que c'est
notre responsabilité, comme Opposition, de faire ressortir certains
faits et de protéger l'argent du contribuable. Même si, parfois,
ces choses ne sont pas des plus plaisantes, je crois qu'il y a une
responsabilité de la part du ministre de prendre les informations
lui-même et non pas attendre seulement que nous les soulevions, et il y a
une responsabilité de la part du président de la SHQ de savoir ce
que ses employés font et dans quel domaine ils oeuvrent.
Je voudrais demander s'il est exact que Petitclerc et Darveau ont eu ou
a eu des intérêts dans une compagnie qui s'appelle DAP Inc.? Que
M. André Ouellet, encore le conseiller cadre de M. Couture, a
déjà eu des intérêts dans DAP Inc.? Est-il exact
encore que M. Ouellet a ou a déjà eu des intérêts
conjoints avec Darveau dans une compagnie qui s'appelle Anno Inc.? Et encore
que votre M. Ouellet a ou a déjà eu des intérêts
avec Darveau dans Delta Inc., et dans une autre entreprise qui est le motel La
Diligence à Québec?
M. Tardif: M. le Président...
M. Ciaccia: Vous comprenez, M. le ministre, que c'est absolument
nécessaire que nous soulevions ces faits pour faire la lumière au
complet. Quand nous voyons que des poursuites de 300 000 $ sont prises,
qu'elles sont réglées, et qu'on nous informe qu'elles ont
été réglées sur la recommandation et par des
pourparlers où le conseiller cadre du président de la SHQ est
impliqué et que les mêmes personnes ont des intérêts
liés dans d'autres entreprises, le rapport du Vérificateur
général, lorsqu'il mentionne les conflits
d'intérêts, commence à avoir un peu plus de
signification.
M. Tardif: M. le Président, je reconnais que les questions
du député de Mont-Royal sont, encore une fois, très
intéressantes. Ce fonctionnaire a été engagé selon
la Loi sur la fonction publique en 19... enfin, du temps d'un autre
régime, en 1969 forcément puisque... Donc, il y a eu changement
de régime en mars 1970 et à ce moment-là... Très
bien. Cependant, le député de...
M. Ciaccia: Chomedey.
M. Tardif: ... la députée de Chomedey dit: Vous ne
pouvez pas nous blâmer. De ce fait là, non. Du fait cependant que
le rapport Gilbert, que votre administration avait commandé, n'ait pas
fait la lumière là-dessus, en effet, nous pourrions le faire, M.
le Président. Le rapport Gilbert avait justement été
créé pour dénoncer tous ces conflits
d'intérêts. Or, on a trouvé le moyen de publier un rapport
sur ces vices de construction qui tait tous les noms, y compris ceux-là.
On aurait peut-être appris des choses intéressantes. Ce qu'on
sait, c'est que ce rapport a été réécrit nuitamment
au ministère des Affaires municipales, à l'époque, et on a
enlevé tous les noms. (12 h 45)
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais bien qu'on fasse la
lumière sur l'administration présente. Je pense que des jugements
ont été portés, ça va faire plaisir au ministre que
je dise cela. Les ministres ont l'habitude de toujours blâmer
l'ancien
gouvernement et je pense qu'il va falloir qu'il l'oublie pour le moment
et donne des réponses aux questions que l'Opposition pose.
L'étude des crédits est une occasion privilégiée
pour l'Opposition de poser des questions. Quand on ne veut pas nous
répondre en Chambre, on nous envoie aux crédits et quand on ne
veut pas répondre aux crédits, on blâme l'ancien
gouvernement. Le ministre a quand même une responsabilité
ministérielle et il doit l'assumer. On est ici pour cela.
M. Tardif: M. le Président, je ne connais pas la
biographie et l'histoire personnelle de tous les employés de la
société, surtout lorsqu'ils ont été engagés
il y a plus de dix ans par un autre gouvernement.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais faire deux
commentaires sur les remarques du ministre. Premièrement,
peut-être pourrait-il vérifier auprès du bureau du premier
ministre Lévesque pour voir si les annexes du rapport Gilbert ne s'y
trouvent pas. II pourrait s'en enquérir lui-même.
Deuxièmement, le fait de nous dire qu'une personne a
été engagée selon les normes de la fonction publique, cela
ne dégage pas la responsabilité du ministre actuel, ni du
président de la SHQ de prendre les mesures nécessaires et de
donner une bonne administration et de s'assurer qu'il n'y ait pas de conflit
d'intérêts.
Vous n'avez pas répondu à ma question - je vous inviterais
à y répondre - à savoir si vous êtes au courant pour
confirmer ou infirmer que l'employé cadre qui est l'aviseur, le
conseiller cadre du président de la SHQ n'a pas aussi des
intérêts avec un des contractants contre qui une poursuite avait
été prise et qui a été réglée en
cours, chaque partie payant ses frais.
M. Tardif: M. le Président, je ne suis pas au courant si
la personne en question a, a eu ou aurait pu avoir des intérêts en
question. C'est quelque chose qu'on pourrait très certainement
vérifier pour voir si, effectivement, cette personne aurait dû
déclarer ses intérêts au moment où elle a eu
à intervenir dans le dossier. Cela me paraît, du strict point de
vue déontologique, la chose qu'il aurait été normal de
faire.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre pourrait confirmer ou infirmer
les faits que je viens de porter à votre attention?
M. Tardif: II y a deux choses que j'aimerais apporter comme
précision. Dans un premier temps, je ne me formalise pas du tout du
genre de question qui peut m'être posée. Je suis prêt
à répondre à toutes les questions.
Deuxièmement, M. Ouellet n'a jamais eu de mandat ni pour le
dossier de Montmagny, ni pour aucun dossier de réparations majeures,
parce que cela ne relevait pas de sa compétence. Je ne connais pas non
plus, cependant, les accointances que M. Ouellet peut avoir eues dans le
passé avant qu'il soit à l'emploi de la SHQ avec des
entrepreneurs ou des firmes quelconques.
M. Ciaccia: Je ne vous demande pas il y a dix ans, mais durant
son emploi...
M. Tardif: À ma connaissance, M. Ouellet n'a pas
d'association avec des constructeurs ou avec des firmes.
M. Ciaccia: Pour en revenir au ministre, vous allez vous
enquérir, mais pouvez-vous vous engager que s'il y a un conflit
d'intérêts, vous allez prendre les mesures nécessaires qui
s'imposent?
M. Tardif: Je peux vous l'assurer, M. le Président.
M. Ciaccia: Très bien. Avant que je ne cède la
parole au député de Mégantic-Compton, je voudrais signaler
au ministre qu'il y a une responsabilité de sa part. On ne peut pas s'en
dégager et dire: C'est le président de la SHQ. Vous n'êtes
pas censé être un "rubber stamp". Ce n'est pas votre autographe
que l'on vous demande quand il s'agit de signer un CT. Je voudrais aussi,
à la suite d'une remarque que le président de la SHQ a faite, que
M. Ouellet n'était pas mandaté, dire que je ne pense pas qu'en
soi, c'est une réponse. S'il y avait des conflits
d'intérêts, le fait qu'il était le conseiller cadre du
président de la SHQ et que ses poursuites ont été
abandonnées, je ne pense pas que ce pourrait être une
technicité; que ce soit lui qui ait signé la lettre ou non, c'est
lui qui était mandaté. Mais nous reviendrons sur les faits qui
ont été portés à notre attention et sur les
affirmations du président de la SHQ.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Tardif: M. le Président, puis-je me permettre
d'apporter une précision? Je répète que M. Ouellet est
conseiller cadre au cabinet du président, mais il n'est pas conseiller
cadre en ce qui concerne ni de près, ni de loin, tous les dossiers de
construction ou de réparations majeures. M. Ouellet n'a jamais agi ni
dans le passé, ni actuellement et n'agira pas dans l'avenir dans ce
dossier. Je répète que M. Ouellet, comme conseiller cadre au
cabinet du président, n'a rien eu à voir dans les
décisions qui ont pu être prises dans ce dossier de Montmaqny, pas
plus que dans les
autres.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. J'aimerais
savoir du ministre si M. Cyr, qui a été engagé comme
coordonnateur pour la division des travaux majeurs, était
propriétaire d'un appareil, d'un avion.
M. Tardif: On me dit en effet qu'il est pilote d'avion, quelque
chose comme cela.
M. Bélanger: Ma deuxième question au ministre, M.
le Président, c'est pour savoir si jamais il y a eu certaines
facturations qui auraient été faites à la
Société d'habitation du Québec par M. Cyr justement pour
son avion?
M. Tardif: Aucune idée, M. le Président, la
Société d'habitation du Québec et son président
étaient responsables de la surveillance du coordonnateur. On peut poser
cette question au président.
M. Bélanger: M. le Président, je n'ai aucune
objection à ce que ce soit le président qui réponde ou que
ce soit le ministre, parce que vous nous avez dit que M. Couture
répondait au nom du ministre. Je veux savoir si la Société
d'habitation du Québec a payé des frais à M. Cyr pour
l'utilisation de son appareil.
M. Tardif: En effet, j'ai autorisé personnellement M. Cyr
à utiliser son appareil pour visiter des projets, en particulier dans la
région de la Haute-Côte-Nord et de la Gaspésie, histoire
d'accélérer le processus et de sauver des frais, parce que cela
permettait à M. Cyr d'atterrir à Gaspé, de visiter les
projets de Gaspé, Sainte-Anne-des-Monts de Rivière-au-Renard en
particulier et de faire un saut par la suite à Sept-Îles pour
aller voir les projets de Sept-îles et de Hauterive. C'est moi
personnellement qui ai autorisé M. Cyr à procéder comme
cela, plutôt que de prendre l'avion régulier et de passer trois
semaines ou une semaine et demie à voyager à droite et à
gauche.
M. Bélanger: M. le Président, je ne veux aucunement
critiquer la facturation, les dépenses. On sait que, pour faire des
réparations de travaux majeurs, comme c'est le cas, effectivement, il y
a des dépenses. Je veux savoir, par exemple, quel genre d'appareil
possède M. Cyr.
M. Tardif: M. le Président, je n'ai pas ce détail
à la mémoire. Ce doit être un Cesna ou quelque chose de ce
genre, un appareil que les amateurs sur ce plan ont habituellement. J'ignore
les détails.
M. Bélanger: M. le Président, c'est inconcevable de
dire: J'ignore le détail, parce que vous pouvez avoir, un avion Cesna
152, qui loge deux passagers, et que vous pouvez louer pour environ 25 $
l'heure; vous pouvez également avoir un Citation, qui est un jet que
vous allez louer à 3500 $ l'heure. Je veux savoir du ministre, puisque
c'est lui qui est responsable de la Société d'habitation, sur
quelle norme la société s'est basée pour payer les
factures de transport, ne sachant même pas la grosseur de l'appareil, la
capacité de l'appareil, et je voudrais savoir en même temps, pour
sauver du temps, si c'était un avion amphibie ou si c'était un
avion sur roues pour atterrir sur des pistes régulières.
M. Tardif: Je répète, M. le Président, que,
sur le plan technique, je n'ai pas tous les détails, mais je voudrais
préciser que M. Cyr a été rémunéré
suivant les tarifs officiels de la Commission des transports, à partir
des feuilles de tableau de bord qu'il est obligé de tenir et de
soumettre au ministère des Transports.
Quant à savoir si c'est un avion amphibie ou sur roues ou les
deux, je ne le sais pas.
M. Bélanger: M. le Président, M. Couture vient
justement de répondre à ma question. On sait qu'en aviation, on
doit tenir un livre de bord, qui mentionne l'heure du départ, l'endroit,
le nombre de personnes à bord de l'appareil, la licence du pilote et la
destination. On me dit que c'était pour voyager en Gaspésie et au
Nouveau-Brunswick. De ce fait, il se doit obligatoirement de déposer un
plan de vol. Le ministre s'engage-t-il à nous déposer ces
factures? J'aimerais aussi avoir le carnet de bord, le "log-book".
M. Tardif: Je peux demander à la société de
produires les factures, ce qu'elle a payé, mais pas plus que cela; je me
demande si j'ai simplement la compétence d'exiger les carnets de bord
des transporteurs, mais certainement les factures qui ont été
payées par la société.
M. Bélanger: De mémoire, le ministre ou M. Couture
peut-il me donner au moins les lettres d'appel de l'appareil? On sait que, pour
un avion, au lieu d'avoir un numéro de plaque, ce sont des lettres
d'appel. Je vais vous aider. Elles commencent toutes par CF ou CG. Je voudrais
avoir les trois dernières lettres, si possible.
M. Guay: M. le Président, j'invoque le règlement.
Nous sommes ici en commission parlementaire pour étudier les
crédits de
l'Habitation et non pas ceux du ministère des Transports, encore
moins ceux du ministère fédéral des Transports, puisque
l'immatriculation des appareils relève de lui et demander des questions
commes celles-là... J'imagine que le président ne sait pas la
plaque d'immatriculation de la voiture de M. Cyr, à supposer que M. Cyr
ait une voiture. On commence à friser le ridicule à l'heure
actuelle.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau. Je pense que je n'ai pas à juger où veut en venir le
député de Mégantic-Compton avec ses questions. Je ne pense
pas que je sois habile à ce moment-ci à déterminer le
genre de question qu'il va poser ou le but de ses questions, mais je crois que
cela fait partie actuellement de l'étude des crédits pour aller
à fond dans des questions que l'Opposition se pose.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Effectivement,
il s'agit de frais qui sont entrés dans les coûts de
réparations majeures. Je tente de savoir quel genre d'appareil avant de
payer une facture. Je vous ai demandé si c'était un amphibie. Si
c'était un amphibie, l'on peut très facilement aller à la
pêche sur un lac et facturer la Société d'habitation du
Québec. Si, par contre, c'est un avion qui ne peut atterrir que sur des
pistes normales, à ce moment-là, on va atterrir sur une piste
normale. Alors, l'utilisation de l'appareil est totalement
différente.
Est-ce que le ministre s'engage à déposer le montant total
qui a été payé à M. Cyr pour ses frais de
déplacement avec son propre appareil?
M. Tardif: Certainement, M. le Président. Je vais demander
au président de la société de sortir les factures qui ont
été payées au titre du transport, et il me fera plaisir de
les communiquer à l'Opposition.
M. Bélanger: Je voudrais aussi avoir des détails,
à savoir à quelle date il a fait tel voyage. Je présume
que vous avez tout cela dans votre comptabilité, un voyage à
Rivière-Bleue, un voyage à un autre endroit. Vous avez cela en
détail. Au même moment, j'exige qu'on nous donne le type
d'appareil, parce que ce n'est pas une automobile, c'est un avion. Je voudrais
savoir quel genre d'appareil c'était. S'il peut transporter du
matériel à bord, les coûts sont différents, ou si
c'est un monomoteur à deux places. Je crois que c'est notre devoir de le
savoir. Encore une fois, je le répète, c'est dans le but de faire
le plus de lumière possible, pour savoir si vraiment le coordonnateur a
pris les intérêts des Québécois.
M. Tardif: M. le Président, je vais essayer d'obtenir
toutes les factures payées et je vais les remettre à
l'Opposition.
Le Président (M. Laplante): Sur ce,
MM. les membres de la commission, les travaux sont suspendus
jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise de la séance à 15 h 12)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Reprise des travaux de la commission de l'habitation et de la protection
du consommateur sur les programmes 10 et 11. Lorsque nous avons suspendu nos
travaux à 13 heures, le député de Mégantic-Compton
avait la parole. M. le député de Mégantic-Compton,
voulez-vous continuer s'il vous plaît?
M. Tardif: M. le Président, avec votre permission et celle
du député de Mégantic-Compton, puisque nous avons
employé au mieux l'heure du lunch pour faire certaines
vérifications et rechercher un certain nombre de documents
demandés par l'Opposition ce matin, j'aimerais demander au
président de faire état à tout le moins du résultat
de ses démarches au cours de l'heure du repas, s'il n'a pas d'objection,
à la suite des questions précises de l'Opposition.
Le Président (M. Laplante): M. le président, s'il
vous plaît.
M. Tardif: Dans le dossier de Montmagny, qui faisait partie du
décret adopté le 29 octobre 1980 pour le règlement hors
cour des réclamations concernant les toitures, j'ai
revérifié l'ensemble du dossier et Montmagny figure bien dans la
liste annexée au décret. Il y a eu trois lettres adressées
à l'office municipal, aucune de ces lettres n'émanait de M.
Ouellet. J'admets que ce matin cela m'a bien surpris qu'on relie M. Ouellet
à cela parce que, encore une fois, il n'a jamais été
mêlé ni de près ni de loin à ce dossier. La
première lettre a été adressée par M. Angers, le
directeur général, le 26 novembre 1980, soit un peu moins d'un
mois après le décret, et la dernière lettre est
datée du 3 juin 1981 où à nouveau on répète
à l'Office municipal d'habitation de Montmagny que notre demande pour
désistement ne concerne que la partie de la réclamation
concernant les toitures, soit 89 626 $ sur une réclamation totale de 300
000 $, de telle sorte que l'office municipal avait toute la liberté et
tout le loisir de continuer ses poursuites judiciaires sur les autres parties
de la réclamation.
Maintenant, je voudrais en profiter pour indiquer à cette
commission que M. Ouellet est en congé de maladie depuis le 24
février 1981, ayant fait deux infarctus. Comme il n'a jamais
été mêlé à ce dossier, je ne voudrais pas
qu'il soit traumatisé pour autant.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Loin de
vouloir traumatiser qui que ce soit, on est conscient...
M. Ciaccia: M. le Président, je ne veux pas interrompre,
je reviendrai après l'intervention du député de
Mégantic-Compton sur le dossier de Montmagny, pour clarifier certains
points.
M. Bélanger: Merci. On est quand même conscient
qu'il y a certains faits troublants qui peuvent peut-être, à la
lumière des choses, s'avérer tout à fait normaux. Mais
dans le moment, on a admis qu'on avait autorisé M. Cyr à se
déplacer à bord de son appareil, aux frais des contribuables,
puisque c'était la Société d'habitation du Québec
qui payait la facture, sans toutefois savoir quel genre d'appareil.
Je crois que dans le but d'éclairer tout le monde, je vais vous
le dire, quel genre d'appareil. C'est un Cesna 185 amphibie. Donc, il est
possible, dû au manque de contrôle, que M. Cyr soit allé
à la pêche aux frais des contribuables du Québec.
M. le ministre, j'aimerais savoir à combien
s'élèvent les frais de déplacement à bord de cet
appareil. 1000 $? 2000 $ 10 000 $? 20 000 $?
M. Tardif: Nous avons déjà indiqué dans des
rapports antérieurs que nous avions payé à M. Cyr, comme
frais de déplacement et de voyage, pour les premiers mois de son mandat
- je ne veux pas me fier à ma mémoire pour ne pas faire erreur 2
088,17 $ pour la période du 1er février 1978 au 31 juillet 1978;
un montant de 6 754,66 $ pour le deuxième volet de son mandat qui court
du 1er août 1978 au 31 décembre 1979; et un montant de 2 037,04 $
du 1er janvier 1980 au 31 août 1980, à la fin de son mandat. Ceci
fait un total approximatif de 12 000 $ de frais de déplacement et de
voyage. Mais je n'ai pas pour le moment le renseignement précis, quelle
proportion de ce montant a été payé pour la location de
son avion. Mais on pourra fournir ce renseignement ultérieurement.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Donc, on a
payé environ 12 000 $ de frais de déplacement, à bord de
l'appareil de M. Cyr.
M. Tardif: Non. Je m'excuse, M. le Président. J'ai dit
qu'on avait payé à peu près 12 000 $, en chiffres ronds,
pour l'ensemble du mandat de M. Cyr, pour toutes ses dépenses de voyage.
Je n'ai pas actuellement - et on comprendra que ce n'est pas anormal - quelle
proportion de ce montant de 12 000 $ - parce que M. Cyr ne s'est quand
même pas promené avec son avion tout le temps - représente
des frais pour ses déplacements en avion. Mais on pourra fournir ce
détail un peu plus tard, lorsque j'aurai vérifié.
Le montant total des dépenses couvre les frais de séjour,
d'hôtel, de repas, de voyage en utilisant les moyens ordinaires ainsi que
celui-là. C'est ce menu détail qu'on va tenter d'obtenir et de
fournir dès qu'on l'aura.
M. Bélanger: Si je comprends bien, M. le Président,
on ne peut pas donner de réponse à ma question, à savoir
combien d'argent M. Cyr aurait reçu pour ses déplacements avec
son propre appareil?
M. Tardif: Pour le moment, non, mais on s'engage à le
fournir à l'Opposition, M. le Président. On a donné du
moins l'enveloppe globale et on va donner les détails aussitôt
qu'on les aura, M. le Président.
M. Bélanger: Vous admettrez avec moi que c'est un peu
troublant qu'on puisse rémunérer quelqu'un à bord de son
appareil, sans toutefois connaître le genre d'appareil qu'il utilise,
sans non plus, je crois, être en mesure de contrôler ses
déplacements.
De quelle façon avez-vous endossé, avez-vous permis que M.
Cyr soit rémunéré en fonction de certains voyages avec son
avion, sans savoir vous non plus où il était allé, avec
qui il y était allé et quel genre d'appareil il avait
utilisé?
M. Tardif: M. le Président, je voudrais corriger
immédiatement. Je n'autorise aucun des comptes de voyage des
fonctionnaires. Il est tout à fait normal que le président d'une
société d'État ne puisse pas vous donner dans le menu
détail les dépenses de chacun des fonctionnaires de cette
société d'État, lorsqu'on les lui demande à
brûle-pourpoint, M. le Président, quand même.
M. Bélanger: M. le Président, vous admettrez quand
même, encore une fois, que c'est peu fréquent qu'un coordonnateur
voyage avec son propre appareil, c'est un cas, je crois, un peu spécial.
Je suis surpris de savoir qu'on ne sait pas le type d'appareil et, ne sachant
pas le type d'appareil, on ne peut pas savoir non plus où ils sont
allés avec l'appareil, jusqu'où ils ont voyagé.
M. Guay: J'invoque le règlement, M. le
Président. Le député de Mégantic-Compton
répète à satiété que la
société ignorait le type d'appareil. Le député de
Mégantic-Compton pose une guestion extrêmement
détaillée, précise. Il est évident qu'il faut aller
aux renseignements pour savoir quel était le type d'appareil et quelle a
été la facture pour l'appareil en question. Il est faux de dire,
a priori, qu'on ne sait pas, à la SHQ, au service de la paie ou à
je ne sais quel endroit, quel est le type d'appareil. Si vous demandez au
président de la SHQ, si vous me demandez à moi ou si vous
demandez à n'importe qui ici, quel est même la marque de voiture
de M. Cyr, personne ne le sait. Cela ne veut pas dire qu'à l'endroit,
à la SHQ, où on est chargé de payer les comptes de
dépenses de M. Cyr, on ne le sait pas, mais il faut quand même
avoir le temps d'aller aux renseignements.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une question de règlement.
Le Président (M. Laplante): ...vous preniez la parole sur
une question de règlement, parce qu'il n'y en avait pas. Si vous voulez
donner votre nom, je vais le prendre...
M. Guay: Je m'excuse, M. le Président, je suis confus
d'avoir...
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, ce que je tente de
démontrer ou, surtout, ce que je tente de savoir, c'est quel genre de
contrôle a la Société d'habitation du Québec,
à même mon argent, à même l'argent des contribuables
du Québec. Est-ce que, vraiment, on dépense à bonnes fins
les impôts qui coûtent si cher aux Québécois? Donc,
comment peut-on me dire ou me reprocher de trop m'intéresser au type
d'appareil, alors qu'on sait - je vous l'ai expliqué ce matin - qu'il y
a des appareils qui coûtent 30 $ l'heure à faire voler, d'autres
au-delà de 3000 $? Je voudrais savoir s'il y a quelqu'un qui a
décidé du montant de l'heure; est-ce que quelqu'un a
autorisé ça? Je veux savoir de quelle façon ça
s'est fait.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, est-ce que je peux
répéter à nouveau ce que j'ai déjà dit, je
pense? Nous avons payé le tarif autorisé en pareille circonstance
par le ministère des Transports. Il est bien évident que M. Cyr a
dû fournir des pièces justificatives concernant à la fois
le type d'avion, son numéro matricule, tous les renseignements voulus.
Le fait que je n'aie pas ce renseignement ici ne me paraît pas anormal,
nous avons tous ces renseignements, nous avons payé sur la foi de
documents officiels. J'ai dit tantôt, d'une façon globale, qu'on
avait payé environ 12 000 $, nous avons payé exactement 10 889,87
$ à M. Cyr pour frais de voyage. Puisqu'on me demande combien on a
payé pour l'utilisation de son avion, je pourrai fournir ce
détail, je ne peux pas avoir ce renseignement ici. Pas plus que si on me
demandait si M. Cyr a pris sa voiture ou un autre moyen de transport pour aller
à telle place, je ne peux pas répondre à une question
aussi précise que ça. Nous avons quand même tous les
renseignements, nous pourrons les fournir.
M. le Président, je ne voudrais pas mettre le
député de Mégantic-Compton dans l'embarras, si je lui
demandais, depuis son élection, quels sont les moyens de transport qu'il
a utilisés pour voyager de sa circonscription à Québec,
quel type d'avion il a pris, combien de fois il a voyagé à bord
de sa voiture ou avec les avions réguliers, est-ce que les membres de sa
famille ont loué une voiture, si oui, guelle marque de voiture, à
quel tarif, quel numéro d'immatriculation, toute chose qui pourrait
peut-être taxer indûment sa mémoire, il dirait: faut que je
vérifie. C'est ce qu'on demande tout simplement. Ce n'est pas qu'on ne
peut pas fournir les renseiqnements voulus, mais on doit vérifier ce
type de choses, on va les donner.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais revenir au
dossier de Montmagny que j'ai mentionné ce matin. Le président de
la SHQ a confirmé certains des propos que j'ai tenus ce matin.
Cependant, on voit ici le genre d'administration de la SHQ. Il vient
d'apprendre par une lettre qui a été signée par M. Angers
que seulement une partie de la poursuite était faite relativement au
toit. M. le Président, ce matin - vous pourrez vérifier dans le
journal des Débats, il m'a donné comme raison pour faire un
règlement hors cour que le dossier Montmagny était inclus dans le
décret du Conseil du trésor, alors c'était quelque chose
qui avait déjà été décidé par
l'ensemble du gouvernement de retirer la question des poursuites. C'est pour
cette raison qu'il a été réglé hors cour, pas pour
les raisons que j'avais invoquées.
Cependant, je voudrais porter à l'attention du ministre - et
c'est un autre exemple de l'administration de la SHQ - le document no 3 qu'il a
déposé en commission parlementaire, au mois de décembre,
où il est clairement indiqué que les poursuites pour le cas de
Montmagny ne portaient pas seulement sur le toit, mais il était
aussi
question de la structure, du terrain et c'était un montant de 300
000 $. Alors, ce matin quand le président de la SHQ a dit: Cela a
été retiré parce que c'était inclus dans le
décret du Conseil du trésor, c'était très inexact
et cela démontrait le genre de réponse...
On semble avoir les informations, de même que le président,
sur le fonctionnement de sa société au fur et à mesure que
nous posons les questions. Je veux apporter à l'attention du
président de la SHQ qu'il a confirmé deux faits très
importants que j'ai mentionnés ce matin à la commission. Il y a
eu deux lettres, qui n'ont pas été signées par M. Ouellet
mais par M. Angers qui est le directeur des services administratifs, à
l'effet d'abandonner les poursuites et la troisième lettre datée
du 3 juin 1981, que le président a porté à notre attention
a été envoyée aux OMH, seulement après que le
règlement hors cour a été fait et je suppose que quelqu'un
voulait se couvrir; c'était une semaine après le règlement
hors cour.
Je trouve étrange que dans une poursuite de 300 000 $, on
règle hors cour sans aucune raison l'ensemble de la réclamation
et on ne donne pas de justification pour cet abandon de poursuite. On ne nous a
pas encore confirmé s'il y avait en effet, parce que écoutez, M.
le Président, je veux faire comprendre une chose au ministre, ce n'est
pas personnel, d'une personne à une autre, mais on a des rapports, des
informations du Vérificateur général et nous avons le
devoir de nous informer, car c'est beaucoup d'argent 300 000 $, c'est l'argent
des contribuables. Pourquoi a-t-on abandonné ces poursuites? C'est pour
vérifier si la SHQ administre son affaire de façon responsable,
ou s'il y a des conflits d'intérêts. S'il y en a plus qui ont
été déclarés dans le rapport du Vérificateur
général et on ne m'a pas encore confirmé si un des
employés de la SHQ n'a pas des liens, des intérêts dans
d'autres compagnies avec les mêmes propriétaires de la compagnie
Petitclerc et Darveau, parce que si c'est le cas, comme nous le croyons, alors
cela peut expliquer, M. le Président, pourquoi les poursuites pour la
somme globale de 300 000 $ ont été abandonnées. Cela peut
soulever la question d'un conflit d'intérêts et cela incombe au
ministre dans ce cas de prendre les mesures qui s'imposent. (15 h 30)
M. Tardif: M. le Président, sur ce point précis, la
décision de régler hors cour le problème de
l'étanchéité des toitures n'a été prise ni
par M. Ouellet, qui était étranger au dossier, ni par M. Angers,
ni par la Société d'habitation du Québec, mais par le
Conseil du trésor, qui a établi un règlement final hors
cour sur l'ensemble des problèmes d'étanchéité des
toitures.
Deuxièmement, M. le Président, la lettre - je vais laisser
M. le président de la société en faire état - qui
informait l'Office municipal d'habitation de cette décision du Conseil
du trésor d'en venir à un règlement hors cour portait
précisément sur le retrait dans la poursuite de la question des
toitures. Je vous inviterais à faire état de ce fait M. le
président.
M. Ciaccia: Si vous me permettez, M. le ministre, je ne conteste
pas le décret du Conseil du trésor qui portait sur le fait de
retirer les poursuites pour la toiture; la SHQ a agi conformément au
décret. Mais l'abandon des poursuites n'était pas seulement pour
les toitures, c'était l'abandon de toutes les poursuites. C'est vrai que
c'est l'OMH, mais la lettre est partie de la société, du
directeur des services administratifs, il y a eu deux lettres. C'est avant le
règlement hors cour. Alors, on arrive au règlement hors cour,
à l'abandon de toute poursuite, non seulement pour les toitures. C'est
de cette façon que nous comprenons le dossier. La troisième
lettre, celle du 3 janvier, c'était trop tard, le règlement hors
cour avait déjà été effectué retirant toute
poursuite contre la compagnie Petitclerc et Darveau.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, je pense que
le député de Mont-Royal confond lorsqu'il dit qu'il y a eu
échange de correspondance sur cette question avant le règlement
hors cour, ce n'est pas exact. Le décret no 3429-80 est daté du
29 octobre 1980 et la lettre à l'OMH est datée du 26 novembre
1980. Elle n'est donc pas antérieure au règlement adopté
par le Conseil du trésor, mais bien postérieure.
M. le président, voulez-vous bien faire état, s'il vous
plaît, de cette lettre en citant son objet?
M. Ciaccia: ...j'ai seulement porté à votre
attention que le règlement hors cour est daté du 12 janvier 1981
et c'est un règlement hors cour abandonnant les poursuites totales, non
seulement pour la toiture, mais pour toute la réclamation.
M. Tardif: M. le Président, est-ce que je peux me
permettre de préciser à nouveau ce que j'ai dit ce matin, c'est
que le règlement concernant les toitures concernait un certain nombre
d'organismes, y compris des hôpitaux, des écoles, des commissions
scolaires, des centres d'accueil et quelques projets de la SHQ, de telle sorte
que, comme M. Tardif l'a mentionné tantôt, à la suite du
décret du 29 octobre 1980, nous avons écrit à tous les OMH
une lettre semblable à celle qui a été adressée
à l'OMH de Montmagny. Je vous demanderais l'autorisation de lire le
contenu de cette
lettre. "Objet: règlement hors cour, système
d'étanchéité des toitures. "M. le Président, par le
décret no 3429-80 du 29 octobre 1980 dont on a fait état, vous
trouverez copie ci-jointe, le gouvernement du Québec a approuvé
le principe d'un règlement hors cour des poursuites judiciaires
relatives au problème de défaut ou de défaillance du
système d'étanchéité des toitures. Votre Office
municipal d'habitation a entrepris des poursuites judiciaires contre les
responsables de la construction et de la préparation des plans et devis
de l'immeuble 15503141701 pour lequel une réfection de la toiture
était nécessaire. Ce projet étant considéré
comme faisant partie du règlement global, auriez-vous l'obligeance de
faire parvenir à la Direction générale de l'administration
des propriétés, le ou avant le 5 janvier 1981, une
déclaration de règlement hors cour ou de désistement
partiel dûment signifiée, accompagnée d'une
résolution l'autorisant tel que prévu à l'article 11 du
décret. Voir pièces ci-jointes en annexe. "La
Société d'habitation du Québec s'engage à
rembourser 100% des frais déjà encourus au titre de la correction
des vices pour lesquels un règlement hors cour sera signé. "Pour
toute information complémentaire..." Je vous fais grâce du
reste.
Nous avons reçu, d'autre part, une résolution du conseil
d'administration de l'Office municipal d'habitation de
Montmagny. La lettre est datée du 26 novembre, la
résolution est datée du 15 décembre. Je vous lis la partie
qui nous intéresse d'une façon particulière: "Que l'Office
municipal d'habitation de Montmagny consent à se désister ou
à régler hors cour, suivant les fins et objets de
l'arrêté en conseil 3429-80, la poursuite judiciaire no 300...
contre Petitclerc et Darveau, jusqu'à concurrence et pour la partie
seulement du coût relativement aux systèmes
d'étanchéité des toitures, lequel s'élève
à 189 626,39 $, tout en conservant son droit de poursuite et son action
pour la partie se référant aux vices de construction ou de
malfaçon autres que les systèmes
d'étanchéité des toitures."
Or, la lettre de M. Angers datée du mois de juin venait rappeler
au président en question que c'est leur avocat qui a outrepassé
le mandat qui lui avait été formulé, c'est-à-dire
de se désister seulement pour la partie de la réclamation des
travaux sur les toitures et non pas sur l'ensemble.
C'est l'avocat de l'Office municipal d'habitation qui a pris sur lui -
d'après ce que je peux comprendre - de régler hors cour
l'ensemble du dossier alors qu'on l'avait mandaté pour seulement la
partie du dossier.
M. le Président, ce sont les précisions que je voulais
fournir sur ce plan. J'ai des copies ici.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que vous pouvez alors
expliquer de quelle façon on se trouve dans la situation où il y
a un règlement hors cour pour l'ensemble des poursuites maintenant et
non seulement pour la partie du toit, tel que vous venez de le décrire
dans votre lettre?
M. Tardif: Comme je le dis, M. le Président,
j'interprète que c'est l'avocat au dossier de l'OMH qui a mal
interprété le mandat qu'on lui a donné et qui s'est
fourvoyé - ce n'est peut-être pas le terme -qui a pris sur lui de
régler hors cour l'ensemble du dossier plutôt que la partie pour
laquelle il était autorisé.
M. Ciaccia: C'est assez clair, ce mandat. Je ne vois pas comment
quelqu'un aurait pu mal interpréter ce mandat. Je pense qu'il doit y
avoir une autre explication. Et je soulève la question, M. le
Président. Il doit y avoir une autre explication pour retirer une
poursuite de cette envergure, plutôt que de dire que c'est l'avocat qui a
mal interprété la lettre. La lettre est assez claire.
M. Tardif: M. le Président, ce dossier est actuellement au
niveau de notre conseiller juridique pour en apprécier l'ensemble et
voir ce qu'il y a à faire.
M. Ciaccia: Vous nous dites que vous essayez de réviser le
règlement hors cour?
M. Tardif: Je dis que le dossier est actuellement au niveau des
avocats, qu'on examine l'ensemble de la situation.
M. Ciaccia: Quand vous l'aurez appris, on aimerait savoir
pourquoi les poursuites ont été abandonnées pour le reste
de la réclamation.
M. le Président, j'aimerais revenir au dossier Paul Martin. Selon
un document de Me Louise Caron, en date du 1er décembre 1980, document
15 qui avait été déposé à la commission
parlementaire, Paul Martin Inc. est poursuivi dans sept dossiers par la
Société d'habitation du Québec. Je vais vous donner la
liste des dossiers...
M. Tardif: Par les offices municipaux d'habitation, M. le
Président.
M. Ciaccia: C'est possible. Mais ce sont des dossiers a
Cap-des-Rosiers, Chicoutimi, Moisie, Rivière-Bleue,
Rivière-au-Renard, Sainte-Anne-des-Monts et Gaspé-York, pour un
total de 870 683 $. Les réclamations, pour aider le président de
la SHQ, ne se
réfèrent pas strictement aux questions de toiture qui
étaient couvertes par le décret. Je pense que, sur les sept
réclamations, deux, partiellement - et c'est tellement partiellement -
se réfèrent aux questions de vice des toitures.
Au même moment, à cette époque, Paul Martin poursuit
à son tour, je crois que c'est la SHQ, pour un montant de 454 000 $. Il
y a deux poursuites, n'est-ce pas? Paul Martin est poursuivi pour 870 000 $ et,
en contrepartie, il prend des poursuites contre la SHQ pour 454 000 $. Est-ce
que le ministre, ou le président, peut nous confirmer que pendant la
dernière campagne électorale un règlement hors cour est
intervenu et est-ce que le ministre, ou le président, pourrait nous
donner les détails de ce règlement?
M. Tardif: M. le Président, on a
énuméré un certain nombre de projets. Je n'ai pas, en ce
qui me concerne, le projet de Chicoutimi. Je ne sais pas ce que Chicoutimi
vient faire là-dedans. Effectivement, les offices municipaux
d'habitation de Gaspé-York, Cap-des-Rosiers, Rivière-au-Renard,
Sainte-Anne-des-Monts, Rivière-Bleue et Moisie pour Sept-Îles,
totalisant six projets, avaient intenté des poursuites contre le
constructeur Paul Martin Inc., de La Pocatière, puisque c'était
lui qui avait fait les projets à l'origine. Par ailleurs, la firme Paul
Martin Inc. avait poursuivi la SHQ dans trois dossiers: Sainte-Anne-des-Monts,
qui n'est pas le même projet que l'autre, Rimouski et Giffard.
On se souviendra sans doute qu'en 1975, alors que la commission Gilbert
siégait, M. Goldbloom, le ministre à ce moment-là, avait
suspendu la signature de tous les contrats au niveau de la SHQ. Cette
suspension a durée, si ma mémoire est bonne, du mois de mars 1975
jusque vers décembre 1975. C'est sûr que les constructeurs ont
subi des dommages de toutes sortes et la plupart d'entre eux, ayant
été obligés de réaliser leurs projets en hiver et
non en été, ont intenté des poursuites.
M. Paul Martin nous a approché parce que le premier dossier qui a
été plaidé à la cour de Rivière-du-Loup est
celui de Rivière-Bleue. Nous avons siégé en cour à
Rivière-Bleue en décembre et en janvier. Au début de
février, M. Martin nous a approché pour voir dans quelle mesure
il serait possible de faire un règlement hors cour. J'ai dit qu'en
principe, je n'avais pas d'objection à condition qu'on veuille
régler l'ensemble du dossier, à la fois les réclamations
des OMH contre Paul Martin et les réclamations de M. Martin contre la
SHQ. Dans ce dossier nous avons donc établi d'une façon aussi
précise que possible la proportion des travaux qui avaient
été exécutés dans chacun des dossiers pour les
toitures, puisque ce règlement faisait partie du règlement global
et devait être distrait de toute poursuite. Je voudrais en faire
état. Dans Gaspé-York, sur une réclamation totale de 214
000 $, il y avait 75 590 $ de travaux pour les toitures; à
Cap-des-Rosiers, 98 000 $ de travaux, rien pour les toitures; à
Rivière-au-Renard, 263 244,88 $ dont 116 303,66 $ pour les toitures;
à Sainte-Anne-des-Monts, 200 838 $ dont 118 202 $ pour les toitures;
à Rivière-Bleue, 362 393 $ dont 56 819,48 $ pour les toitures;
à Moisie pour Sept-îles, 232 600 $ de travaux dont 100 405 $ pour
les toitures. Pour un grand total de réclamations de 1 371 371,25 $, les
travaux effectués pour réparer les toitures, totalisant un
montant de 467 320,76 $, donnent une réclamation nette de 904 050,49 $.
(15 h 45)
Nous avons aussi soustrait de ces réclamations la proportion des
travaux qui pouvaient être considérés comme de
l'amélioration ou de l'entretien. J'ai les chiffres dans chacun des
dossiers. Cela totalisait 229 276,72 $. Il y avait aussi la proportion des
dépenses qui totalisaient 140 257,27 $, ce qui faisait une
réclamation nette globale de 530 616,50 $. Quant aux réclamations
de M. Paul Martin, pour Sainte-Anne-des-Monts, la réclamation avait
été de 110 995 $ Rimouski, 172 010 $ et Giffard, 147 199 $.
Toutes ces réclamations avaient été amendées et
portées respectivement à 253 559 $, 238 270 $, 234 487 $, pour un
grand total de 726 316,95 $. Donc, la réclamation initiale de 430 204 $
aurait été portée à 726 316,95 t.
Nous avons, pour chacun de ces dossiers, parce que je l'ai
mentionné tantôt... Comme la SHQ avait reçu des poursuites
pour un certain nombre de constructeurs impliqués dans l'arrêt des
contrats en 1975, nous avions reçu une autorisation par décret du
Conseil des ministres de régler ces problèmes ou ces
réclamations dans un règlement hors cour. Or, nous avons
appliqué dans ce cas comme dans les autres les critères qui nous
permettaient d'établir le nombre de jours de retard, le coût des
matériaux, l'augmentation; en d'autres termes, on avait établi un
certain nombre de critères qui nous permettaient de calculer les
montants qu'on pouvait accepter comme règlement au niveau de la
réclamation. Dans chacun des dossiers, nous avons fait cela, de telle
sorte que, pour Sainte-Anne-des-Monts, cela représentait 23 692 $, 54
657 $ pour Rimouski, et 78 498 $ pour Giffard. À cela, a
été ajouté dans chacun des dossiers 2500 $ de frais
"légaux", les intérêts ont été ajoutés
suivant le tarif accepté au niveau du gouvernement et des frais divers
pour un montant de 8000 $ de telle sorte que l'ensemble de la
réclamation s'est soldé par un règlement de 200 000 $ par
rapport à une réclamation initiale de 430 204 $ ou une
réclamation révisée à 726 000 $. C'est la
partie du dossier qui concernait les poursuites de Paul Martin contre la
SHQ.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, tous ces détails
résument que la SHQ doit à Paul Martin Inc. 200 000 $.
M. Tardif: Nous avons payé à M. Martin 200 000 $.
Par ailleurs, dans les dossiers de poursuite qui émanaient des OMH, Paul
Martin, après avoir négocié, a accepté de payer 95
000 $ à l'OMH de Rivière-Bleue sur une réclamation nette
de 195 000 $, 25 000 $ à Rivière-au-Renard pour une
réclamation de 56 000 $, 30 000 $ à Cap-des-Rosiers pour une
réclamation de 75 800 $, 25 000 $ à Gaspé pour 62 415 $ de
réclamations iniatiales et 20 000 $ à Sainte-Anne-des-Monts pour
une réclamation de 49 000 $, et 35 000 $ pour Moisie par rapport
à une réclamation de 90 200 $. Donc, la réclamation
globale de 530 514 $ s'est soldée par un paiement de Paul Martin aux
différents OMH au montant de 230 000 $, soit une proportion de 43,35% de
la réclamation initiale, alors que la réclamation de Paul Martin
contre la SHQ à 200 000 $ s'est soldée par un pourcentage de
27,53% par rapport à la déclaration ou à la
réclamation amendée. C'est l'ensemble du dossier.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, le montant net que Paul Martin
a payé, si on prend le montant que la SHQ a payé à Paul
Martin, 200 000 $, et si on déduit cela du montant que Paul Martin a
dû payer à la Société d'habitation du Québec,
on arrive avec un montant net de 30 000 $. Paul Martin a finalement payé
30 000 $ à la SHQ.
M. Tardif: Non pas à la SHQ, mais aux offices
municipaux.
M. Ciaccia: Oui, aux offices municipaux, 30 000 $ à la
suite de poursuites prises par Paul Martin...
M. Tardif: Non, à la suite de poursuites prises par les
offices municipaux contre Paul Martin.
M. Ciaccia: Paul Martin et aussi par l'inverse.
M. Tardif: C'est cela.
Pourrais-je préciser que M. Martin a effectivement fait des
chèques de 95 $, 25 $, 30 $, 25 $, 20 $, 35 $ pour un total de 230 $,
mais comme il s'agissait de propriétaires différents, chaque
propriétaire a reçu ce montant. Mais c'est sûr que M.
Martin, ayant reçu globalement 200 000 $ pour régler ses
réclamations de la SHQ, le net, comme vous dites avec raison, c'est 30
000 $, mais il reste que, dans les livres, il faut indiquer au niveau comptable
les montants comme tels.
M. Ciaccia: Oui, mais l'important pour celui qui doit payer,
c'est le déboursé net qu'il a à payer. M. Martin a
poursuivi pour 700 000 $, il s'est fait poursuivre pour 1 000 000 $ ou
l'inverse, mais au "bottom line", cela lui a coûté 30 000 $.
Pouvez-vous me confirmer que ce règlement a été fait
durant la campagne électorale, la date approximative du règlement
final?
M. Tardif: La date, c'est le 30 mars 1981, si ma mémoire
est fidèle. C'est à peu près cela.
M. le Président, si vous me permettez seulement un détail
là-dessus, je pense que le président de la Société
d'habitation du Québec a indiqué que la cause a été
appelée dans le cas de Rivière-Bleue, une des premières
causes dans lesquelles est impliqué M. Martin. Il y a eu des auditions
en décembre et en janvier et, finalement, l'approche pour régler
s'est faite par M. Martin quelque part au mois de février de sorte que
le rôle de la cour n'est pas fixé par la société ni
par le gouvernement là-dedans non plus que l'intention de l'entrepreneur
de vouloir régler quelque part au mois de février.
M. Ciaccia: Je comprends que vous vous référez
à des procédures antérieures parce que justement il y
avait un témoin qui devait être entendu sur ce dossier, M.
Cyr.
II avait refusé de témoigner. Curieusement, c'est à
la date où il a été obligé, par la cour, de
témoigner, que le règlement a eu lieu. Je trouve une
coïncidence dans la chose. Vous allez admettre avec moi qu'un des
témoins qui pouvait faire toute la lumière sur toutes les
réclamations qui pouvaient se facturer à 1 000 000 $ dans un cas,
à 700 000 $ dans un autre, a refusé systématiquement de
témoigner et, au moment où ce témoin, qui est aussi le
coordonnateur de la SHQ, fut appelé à témoigner pour faire
la lumière sur tous ces dossiers, on est arrivé à un
règlement et Paul Martin Inc. a payé 30 000 $ sur toutes ces
réclamations. Vous allez admettre avec moi que c'est une chose un peu
étrange et que cela nous porte à nous poser certaines questions.
Le règlement aurait pu avoir lieu après; les poursuites auraient
pu continuer, mais c'est justement à ce moment-là que le
règlement s'est fait. Également, on dit qu'il y a eu un
décret du Conseil des ministres de régler. Cela nous porte
à poser ces questions. Si vous avez des explications sur les raisons
pour lesquelles le règlement a eu lieu seulement au moment où M.
Cyr a été contraint de témoigner, peut-être
pourriez-
vous nous les donner; je serais très heureux de les entendre.
M. Tardif: M. le Président, comment expliquer cette
coïncidence, je ne le sais pas, parce que l'injonction prise par le
conseil juridique de M. Cyr a été prise, si ma mémoire est
bonne, en décembre et le juqe n'a rendu son jugement qu'au mois de
février. Je n'ai pas de contrôle sur les juges, que je sache.
Comme M. Tardif l'a mentionné tantôt, les négociations ont
été amorcées par M. Martin lui-même au début
du mois de février, à la suite de discussions qui avaient
commencé au mois de janvier. C'est vraiment M. Martin qui a entrepris le
processus et qui a essayé de régler le problème hors cour.
C'est tout ce que je peux faire parce que...
M. Ciaccia: C'est curieux que pendant trois mois, M. Cyr a
contesté le subpoena de paraître devant la cour et c'est seulement
quand il y a eu une ordonnance de la cour dans le litige entre Paul Martin et
la SHQ que le règlement a eu lieu. J'aimerais poser justement une
question à ce sujet pour tenter de clarifier le rôle des
différentes parties. Est-il exact que l'étude légale qui a
été retenue dans ce dossier pour la SHQ est l'étude
légale dont fait partie Me René Beaulac l'ex-associé de M.
Jean-Roch Boivin, chef de cabinet du premier ministre? Vous ne le connaissez
pas?
M. Tardif: Non. Je pense que ce n'est pas Geoffrion... Ce dossier
a été conduit par notre service juridique interne en
collaboration avec le ministère de la Justice. Nous avons retenu
effectivement les services d'un conseiller juridique externe, Me
François Aquin, du bureau de Geoffrion et Prud'Homme, de
Montréal. Mais nous avons retenu les service de Me François Aquin
non seulement pour le dossier de Rivière-Bleue, mais pour l'ensemble des
dossiers de réparations majeures, histoire d'épauler, d'appuyer
les procureurs de chacun des OMH.
M. Ciaccia: On a parlé tantôt de règlement
hors cour. Le vérificateur fait certaines affirmations quant à la
façon dont les dossiers ont été maintenus. Est-il exact
qu'à la suite de la mauvaise administration de Luc Cyr dont le contrat
exigeait la tenue de tout document susceptible de servir de preuve dans les
poursuites en réclamation, les dossiers de cour sont nettement
incomplets et sont un empêchement majeur au maintien de certaines
poursuites judiciaires? Le Vérificateur général en a fait
référence dans son rapport. Ce matin, j'ai demandé au
ministre si les 6 000 000 $ de réclamation de poursuite auraient
été réglés. Le ministre a indiqué qu'il y
avait des poursuites pendantes. Est-ce que le fait que M. Cyr n'ait pas
maintenu ses dossiers de la façon dont on y réfère dans le
rapport du Vérificateur général peut avoir un rapport avec
le fait que cela a été réglé dans le dossier de
Paul Martin?
M. Tardif: Non. Le dossier de Paul Martin, en ce qui concerne
Rivière-Bleue en particulier - encore une fois c'est la cour qui fixe
les rôles et l'appel des rôles, ce n'est pas nous - c'est le
premier qui est venu. On nous a informés que les autres dossiers ne
pourraient pas être plaidés avant l'automne 1981, probablement au
début de 1982, parce que les rôles sont complets. Je n'apprends
rien à cette commission.
M. Cyr avait un certain travail à faire, soit fournir des
renseignements complémentaires pour compléter ou étayer
les dossiers de cour, mais ce n'était pas sa responsabilité
première. Ce travail a été complété par
notre service juridique. Toutes les procédures pourront être
continuées avec l'accord, naturellement, des propriétaires qui
sont des Offices municipaux d'habitation.
M. Ciaccia: Je ne parlais pas de l'appel des rôles. Quant
à l'appel des rôles, si le rôle est surchargé, cela
n'a rien à voir avec la SHQ. Ce n'est pas cela à quoi
réfère le vérificateur. Le vérificateur
réfère aux dossiers qui vont être nécessaires une
fois que le rôle va être appelé. Une fois que la cause sera
appelée, il va falloir aller en cour la plaider cette cause. Et le
vérificateur nous dit que les dossiers sont incomplets pour les
poursuites judiciaires. J'ai demandé ce matin combien de ces poursuites
avaient été réglées hors cour? Est-ce que le
ministre peut nous donner une liste des poursuites -sur les 6 000 000 $ - qui
ont été réglées et celles qui sont pendantes, avec
une valeur approximative des poursuites qui restent encore à
régler hors cour ou par suite de procédures?
M. Tardif: M. le Président, à ma connaissance, le
seul bloc de dossier qui est réglé, c'est celui où on
voyait le même entrepreneur revenir six ou sept fois. Pourquoi
c'était celui-là d'abord? Parce que c'était la
première cause appelée devant les tribunaux. Pour ce qui est des
autres causes qui feraient possiblement l'objet de règlements, je vais
laisser le président vous donner les détails
là-dessus.
M. Ciaccia: Vous avez une valeur approximative sur les 6 000 000
$ de celles qui ont été réglées, de ce que
ça représente?
M. Tardif: Je pense que le président a fait état
tantôt, dans les six cas, de poursuites totalisant au-delà de 700
000 $
qui finalement ont été réglées pour 200 000
$. Ceci pour le bloc des six causes. Comme ce sont les seules qui, à ma
connaissance, sont réglées - à moins que le
président ait d'autres renseignements - il sera donc
défalqué du montant de 6 000 000 $ ce 700 et quelques milliers de
dollars.
M. Ciaccia: Sur les 42 dossiers dont vous parlez, combien sont
encore devant les tribunaux et combien ont été
réglés.
M. Tardif: Alors, M. le président, voulez-vous ajouter
à ça.
Si j'ai le choix, M. le Président, j'aimerais avoir ce texte pour
pouvoir le relire. J'ai eu beau relire souvent le rapport du
vérificateur, je ne retrouve pas la mention spécifique dont on
parle en ce qui concerne les dossiers de cour.
Deuxièmement, les seuls dossiers qui sont réglés
actuellement sont les six dossiers dont j'ai fait état par rapport
à Paul Martin. Tous les autres sont encore pendants et nous travaillons
en étroite collaboration avec les avocats des OMH pour préparer
les causes afin que lorsque les rôles seront entendus on puisse
procéder sans délai.
Maintenant, j'aimerais ajouter une précision encore qui
m'apparaît très importante. Il y a les causes qui concernent les
42 dossiers propriété des OMH et il y a toutes les causes qui ont
émané des constructeurs qui ont poursuivi la SHQ à la
suite du retard dans la signature des contrats en 1975. Ce sont deux choses
complètement différentes. Dans la deuxième partie, nous
avons un décret qui nous autorise à régler ces
réclamations hors cour et c'est notre service juridique qui conduit les
négociations actuellement.
M. Ciaccia: M. le Président, le ministre... excusez-moi,
le président de la SHQ a demandé de lui référer la
partie du rapport du vérificateur référant aux
pièces justificatives ou les pièces qui sont nécessaires
pour compléter un dossier. Je pourrais le référer à
la page 190 où on parle des commentaires du Vérificateur
général: Pour toute la durée des mandats M. Cyr et Transit
n'ont pas produit des pièces justificatives suffisamment
détaillées et normalement exigées de la part d'un
contractuel concernant l'emploi du temps du coordonnateur. Ce sont des
éléments nécessaires quand vous poursuivrez. À la
page 194, M. le Président, on dit: Dans un cas particulier,
l'entrepreneur a réclamé le montant du contrat en double, soit
deux fois 103 500 $; mais après discussions entre les procureurs des
parties, le litige pour le deuxième 103 000 $ a été
réglé pour environ 18 000 $.
C'est incroyable, M. le Président, j'envoie deux factures au
gouvernement, et pour la deuxième que je n'aurais pas dû envoyer
je dis: je vais régler ça pour 18 000 $. C'est ce que le
Vérificateur général me dit. C'est absolument
stupéfiant de lire ça! Il semble qu'avec des procédures
judiciaires, il n'y a pas de dossier. Je peux vous en lire d'autres: Certains
coûts excédentaires au contrat n'étaient pas
supportés par des avenants." Alors, si vous allez poursuivre quelqu'un
pour un coût excédentaire, vous voulez faire une
réclamation, il vous faut une pièce justificative, il vous faut
un contrat, un document. Si vous ne l'avez pas, je regrette mais vos dossiers
en cour, vous devrez les régler hors cour assez vite si vous n'avez pas
ces documents-là. C'est une chose de prendre des poursuites sur des
faits donnés, mais c'est une autre chose d'aller en cour avec les
pièces nécessaires, et le vérificateur nous dit qu'elles
ne sont pas là. Et puis, sur les questions de travaux
supplémentaires. Si vous allez actionner quelqu'un pour un vice de
construction sur des travaux supplémentaires; il nous dit ici qu'il n'y
a même pas de pièces justificatives pour savoir si
c'étaient des travaux supplémentaires ou non. Quand vous me dites
que vous ne trouvez pas dans le rapport du Vérificateur
général les affirmations que j'ai faites, la seule chose que je
peux vous dire, c'est soit que vous n'ayez pas lu le rapport du
Vérificateur général, soit que vous ne compreniez pas ce
que le Vérificateur général vous dit ou que vous essayiez
de porter de fausses accusations. Je ne le sais plus. Mais on lit des choses
ici, M. le Président, on va tirer certaines conclusions avant la fin de
la commission parlementaire.
M. Tardif: M. le Président, d'une façon
générale, je laisserai M. Couture faire état des points de
détail. Nulle part, le Vérificateur général
parle-t-il de l'absence de pièces qui sont à conviction et qui
pourraient, ultérieurement, servir lors de poursuites. Il parle de
pièces qui pourraient, disons, être conformes ou respecter les
règles de pratique et de gestion comptable de la Société
d'habitation du Québec ou du gouvernement et non pas, encore une fois,
les dossiers requis pour les poursuites. Mais cette remarque
générale étant faite, le député de
Mont-Royal dit: si les pièces manquent pour des fins administratives,
c'est donc dire qu'il manque des choses essentielles pour des fins judiciaires.
Je pense que c'est un lien qu'il fait de façon un peu trop rapide et un
peu gratuite, mais, néanmoins, je vais laisser le président de la
société faire état justement de la distinction entre les
pièces pour fins administratives et les autres pour fins de
poursuite.
M. Ciaccia: Avant que le président
fasse état de cela, je voudrais seulement porter à
l'attention du ministre que je comprends qu'il veuille défendre le
fonctionnement de la SHQ, parce que cela implique aussi la
responsabilité du ministre, mais comment expliquez-vous, à la
page 195 du rapport du Vérificateur général, qu'on dise:
"Nous avons relevé plusieurs cas où les avenants aux contrats
n'étaient pas signés par toutes les parties
concernées"?
Avez-vous déjà essayé de poursuivre quelqu'un pour
un contrat qui n'a pas été signé? Cela va être pas
mal difficile de faire la preuve en cour sur ce contrat qui n'a pas
été signé. C'est toute une série de carences, de
manques d'administration et vous pouvez même vérifier avec vos
conseillers juridiques. Si vous n'avez pas les documents, vous pourrez faire
les plus belles réclamations, les poursuites en cour, si les documents
ne sont pas là pour justifier et faire la preuve, ce n'est pas avec des
preuves verbales que vous allez aller chercher 6 000 000 $.
M. Tardif: M. le Président, deux ou trois choses. D'une
part, je suis content de constater que j'avais bien lu le rapport, parce que,
nulle part, dans le rapport, il n'est question de ça,
c'est-à-dire que les dossiers de cour n'étaient pas
adéquatement montés ou disponibles; dans un deuxième
temps, je voudrais dire que, lorsque le Vérificateur
général a fait sa vérification dans le temps, il a pu
constater ce qu'il marque là, qu'il y avait un certain nombre de
dossiers ou de pièces qui étaient absents; je signale que
plusieurs de ces documents faisaient partie des dossiers des architectes et on
retouve ces documents dans les dossiers des architectes. Nous avons tous les
documents voulus pour appuyer toutes nos réclamations
ultérieures, il n'y a pas de problème là.
Je voudrais revenir au chiffre de 103 500 $; effectivement, il y a eu
erreur typographique dans la rédaction du contrat, parce que, dans ce
cas-là, on a inscrit, pour le montant forfaitaire de gérance, 103
500 $ et, pour le montant des travaux, 103 500 $; c'est une erreur que nous
avons nous-même découverte. Nous n'avons pas réglé
une réclamation de cour de 103 500 $ et nous avons payé 18 000 $
comme forfait de gérance à l'entrepreneur en question, ce qu'on
lui devait. Parce que le montant qui aurait dû figurer au contrat
était 18 000 $ et pas un cent de plus.
Il y a un seul contrat qui n'est pas signé par l'entrepreneur et
c'est lui-même qui l'a refusé d'une façon
systématique; c'est ça qu'on a réglé la semaine
passée avec lui pour un montant global de 170 000 $, ce que j'ai
mentionné ce matin.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Toujours dans
le rapport du Vérificateur général, je vais vous donner un
exemple et j'aimerais que le ministre ou le président nous dise si c'est
possible ou non. On dit ici que, dans certains cas, l'entrepreneur a
reçu un pourcentage des profits sur des travaux de sous-traitance. C'est
donc dire que l'entrepreneur qui avait le contrat de refaire les murs
extérieurs et que le sous-traitant qui venait faire
l'électricité à l'intérieur du building recevaient
un profit. Est-ce que c'est possible ou si ce n'est pas possible? C'est
exactement la preuve qu'on nous donne dans le rapport du
vérificateur.
M. Tardif: À quelle page?
M. Bélanger: Je suis à la page 194. Il mentionne:
"Dans quelques cas, l'entrepreneur...
M. Tardif: Je m'excuse, M. le Président, je voudrais lire
le texte, si vous me permettez.
M. Bélanger: Allez-y!
M. Tardif: "Dans quelques cas, l'entrepreneur en gérance a
reçu un pourcentage de profit sur les travaux des sous-traitants alors
que ce n'était pas prévu à son contrat." J'ai posé
moi-même des questions là-dessus pour avoir des précisions.
On m'a dit chez le Vérificateur général qu'on n'en avait
pas. Je ne demande pas mieux que de savoir d'une façon précise de
quoi il retourne là-dedans. Si c'est vrai, on va vérifier. Pour
le moment, je ne peux pas le faire, parce que je ne peux pas dire: Dans
quelques cas... C'est dans quels cas? Je voudrais le savoir. J'ai
mentionné tantôt que dans un cas le contrat n'est pas signé
parce que l'entrepreneur s'est entêté à ne pas vouloir
signer son contrat. Si on me dit que c'est dans tel cas, dans tel dossier, on
va faire une vérification, mais je ne le sais pas.
M. Bélanger: Je veux tout simplement savoir si c'est
possible que cela se soit produit dans un cas. Un cas, c'est déjà
trop.
M. Tardif: Je répète que je ne peux pas donner
d'autres commentaires que ceux que j'ai fournis tant et aussi longtemps que je
ne saurai pas de façon plus précise à quoi on se
réfère d'une façon formelle.
M. Bélanger: D'accord. On va passer à autre chose.
Est-ce que le ministre ou le président de la SHQ peut nous dire si la
compagnie Ramyc Construction a, depuis 1976, transigé avec la
Société d'habitation du Québec, soit à titre de
contractuel, de
promoteur ou d'entrepreneur, de vendeur de terrains ou autre?
M. Tardif: M. le Président, je ne peux pas répondre
à cette question de mémoire. Je vais vérifier. M. Tardif
pourra fournir le renseignement, parce que la SHQ signe des contrats avec des
dizaines, pour ne pas dire des vingtaines, des trentaines d'entreprises
à tous les ans. Je ne peux pas savoir par coeur, à
brûle-pourpoint, si on a eu des contrats depuis 1976 avec une compagnie
qui s'appelle Ramyc.
On m'informe qu'à l'occasion des travaux de la commission
parlementaire, la même question avait été posée, que
la vérification avait été faite et on me dit de
mémoire qu'on n'avait rien relevé de tel.
M. Bélanger: II semblerait que lorsque vous nous avez
donné la réponse en commission parlementaire, il s'agissait de
l'ensemble des réparations majeures. Là, on veut savoir s'il y a
eu des transactions effectuées avec Ramyc au niveau global de la
province avec la SHQ.
M. Tardif: On me donne la même réponse: non, vous
l'avez vu comme moi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais revenir à
une affirmation que le président de la SHQ a faite à propos de
ces dossiers. Je voudrais porter à son attention les déclarations
de M. Giguère, le contrôleur de la SHQ, qui a dit qu'il n'avait
aucun contrôle - c'est dans une déclaration qu'il a faite sous
serment lors de poursuites judiciaires -sur le budget initial des chantiers,
lequel était approuvé par M. Cyr, ni sur les contrats
signés avec les architectes et les constructeurs. Son rôle
consistait essentiellement à vérifier a posteriori les demandes
de paiement du constructeur, signées par l'architecte, et à les
soumettre à M. Cyr, qui autorisait l'émission des chèques
par la Direction générale des finances de la SHQ, où un
autre contrôle était effectué. Comment le président
peut-il concilier ces affirmations, quant au dossier qu'il peut avoir bien
préparé et qui n'empêchera pas de continuer les poursuites
judiciaires, avec les affirmations de M. Giguère? En plus, il a dit
qu'il ne pouvait qu'assumer que les matériaux commandés
étaient effectivement livrés au chantier qui les facturait, la
signature de l'architecte faisant foi de tout. M. le Président,
vérifiez les opérations d'autres sociétés dans le
domaine de la construction; s'il fallait que ces sociétés
agissent de cette façon, ce ne serait pas long qu'elles feraient
faillite. Heureusement, la SHQ ne peut pas faire faillite, parce que ce sont
les taxes des contribuables qui vont toujours venir combler les sommes
nécessaires. Mais je concilie mal les déclarations de M.
Giguère avec les affirmations du président de la SHQ. (16 h
15)
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, j'ai des réponses a
fournir là-dessus, mais je voudrais, avec l'autorisation de la
commission, avoir le temps de le faire, parce que, lors de la commission
parlementaire du mois de décembre, j'avais commencé à
répondre à une question semblable et on ne m'a pas donné
le temps de terminer en me disant qu'on était trop pressé pour
entendre tout ce que j'avais à dire.
D'autre part, on a fait état ce matin d'une déclaration
sous serment et je vois devant moi une coupure de journal. De toute
façon, je voudrais expliquer comment le système fonctionnait au
niveau de la procédure de contrôle, chacun ayant sa tâche
spécifique et le tout faisant un ensemble qui se complétait.
Le premier responsable du contrôle était l'architecte ou le
surveillant de chantier. Sa responsabilité consistait à
contresigner les bons de commande, à vérifier les
matériaux et leur incorporation dans le projet, à contresigner ou
à approuver les "feuilles de temps", à réviser et à
autoriser les demandes de paiement des constructeurs. Une fois ces documents
complétés, ils étaient transmis au bureau du
contrôleur qui faisait une vérification détaillée
des réclamations reçues, corriqeait ces réclamations, s'il
y avait lieu, transmettait une copie révisée ou corrigée
à l'architecte et au réclamant et envoyait le tout à la
direction générale des finances et de l'administration chez
nous.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne veux pas interrompre le
président de la SHQ, mais je voudrais seulement porter à son
attention une phrase, une déclaration dans le rapport du
Vérificateur général. Il pourrait nous dire tout ce qu'il
a fait ou tous les contrôles de la SHQ, mais, à la page 197, le
Vérificateur général nous dit: "Nous devons conclure que
le contrôle avant paiement n'a pu être effectué
adéquatement et conformément aux pièces justificatives et
aux documents contractuels." Il parle d'un certain contrat, du rôle de la
direction générale des finances et de l'administration de la
société. Je voudrais bien écouter le président
détailler tout ce qu'il fait pour avoir un contrôle
adéquat, mais le Vérificateur général nous dit le
contraire. Comme parlementaire et même comme membre du public, je vais
prendre plutôt les déclarations du Vérificateur
général, parce que son rôle c'est d'examiner cela, il n'a
pas un intérêt à
protéger. Il est allé à la SHQ; il a regardé
cela et il a dit: Voici ce qui ne fonctionne pas. Je ne veux pas vous couper la
parole, M. le président, mais cela ne chanqera pas le rappport du
Vérificateur général et les impressions que j'ai sur les
contrôles que vous exercez de votre société.
M. Tardif: M. le Président, avant de demander à M.
Couture de continuer, il reste néanmoins, je pense, qu'il y a une
règle élémentaire de droit qui est la fameuse règle
audi alteram partem, c'est-à-dire celle qui exige au moins que l'on
entende les parties.
M. Ciaccia: Je ne voulais pas lui enlever son droit de parole,
mais je voulais seulement le situer dans le contexte.
M. Tardif: M. le président fait état des
contrôles qu'il avait mis en place. On pourrait peut-être le
laisser exposer et peut-être qu'on pourra le questionner et dire: Ce
n'était pas suffisant, ce n'était pas suivi. Néanmoins, il
fait état des contrôles qu'il avait mis en place pour justement
s'assurer que le mandat était bien exécuté. M. le
président.
Il y avait trois étapes, la première étape
étant l'architecte, la deuxième étape étant le
contrôleur et la troisième étape étant la direction
générale des finances et de l'administration chez nous qui, sur
réception des demandes de paiement, effectuait une vérification
finale et procédait à l'émission des chèques. C'est
le système et la procédure qui avaient été
établis et le Vérificateur général porte le
jugement qu'à son point de vue ce n'était pas suffisant. C'est
son jugement. Je n'ai pas à me prononcer là-dessus.
M. le Président, je voudrais ajouter un autre
élément. Je comprends que l'Opposition met en question ce dossier
des réparations majeures et c'est son droit normal. Je voudrais quand
même souligner que la SHQ fait des investissements, par les temps qui
courent, entre 125 000 000 $ et 150 000 000 $ par année. Il s'agit d'un
dossier pour lequel des déboursés de l'ordre d'une douzaine de
millions ont été faits pour réparer des
dégâts qui remontaient à une autre époque. Les gens
d'en face connaissent le problème. Le Vérificateur
général, en aucun endroit de son rapport, ne parle de ces autres
activités de la société, donc, on peut le présumer
elles étaient faites selon les règles de l'art. Ce que l'on dit
ici, c'est qu'il y aurait eu possiblement dans ce dossier des contrôles
qui auraient pu être plus adéquats. Le président dit qu'il
avait mis en place des contrôles. Je pense qu'il faudrait quand
même situer cela dans sa juste perspective. Plus de 2000 locataires
étaient affectés par des problèmes de vices de
construction surtout liés à des infiltrations d'eau - en fait, on
pourrait écrire une histoire et qualifier cela "Histoire d'eau" -par les
toitures et par les sous-sols.
M. le Président, des locataires, depuis parfois des mois et
même des années, se plaignent et demandent que des
réparations soit effectuées. Il était temps - ce dossier
qui remontait à un certain nombre d'années, 1972, 1973, 1974,
1975 - que ces réparations soient faites. Elles ont été
faites je crois, rapidement et efficacement, selon le mandat; des gaucheries
ont pu être commises, mais je pense qu'en aucun cas il n'est fait
état de malversation, il n'est fait état de fraude, il n'est fait
état de quelque fait autre que celui que certaines règles ou
procédures n'auraient pas été suivies.
Je pense qu'il faut situer encore une fois dans sa juste perspective ce
dossier des réparations majeures dans l'ensemble des activités de
la société.
M. Ciaccia: M. le Président, je crois que le ministre
essaie de minimiser la portée du rapport du Vérificateur
général et je dirais même qu'il oublie complètement
certaines affirmations que le Vérificateur général a
faites dans son rapport. Je vais les porter à son attention: c'est plus
qu'une gaucherie, c'est plus que le fait que certaines procédures
devraient être faites d'une façon ou d'une autre. Quand on dit que
la Société d'habitation du Québec avait 150 000 000 $ de
projets à gérer, ce n'est pas une excuse pour manquer de
contrôle, pour justifier une mauvaise administration. Je pense qu'on a
assez entendu dire que c'était l'administration précédente
qui était responsable des vices de construction. Cela non plus n'est pas
une excuse pour tout ce qui s'est produit dans l'administration ou dans la
réparation de ces bâtisses. Je veux seulement porter à
l'attention du ministre que c'est beaucoup plus sérieux le rapport du
Vérificateur qénéral, qu'il essaie de le laisser entendre.
Le Vérificateur général se réfère
expressément à des conflits d'intérêts. Remarquez
bien une chose, le Vérificateur général ne peut pas parler
du lien politique parce que ce n'est pas dans son mandat. Il regarde
strictement les documents qui sont devant lui du point de vue de la
vérification des livres et de la documentation de l'administration. Mais
je voudrais me référer au rapport où le
Vérificateur général souligne une clause spéciale
sur les conflits d'intérêts et la porte à l'attention. Je
vous le lis, c'est à la page 192: "II est expressément entendu
que le coordonnateur n'a et ne peut avoir aucun intérêt dans les
firmes, entreprises, commerces et autres participants aux travaux et
réparations touchés par le présent mandat." À la
page précédente, la page 191, il se réfère au fils
de M. Cyr et à ce conflit d'intérêts.
C'est seulement un exemple. On n'a
pas le temps de faire l'examen de tout le rapport. À 18 heures,
les travaux de cette commission se terminent malheureusement, mais je veux
donner seulement un autre exemple. La raison pour laquelle je donne ces
exemples, c'est que je ne veux pas que le ministre essaie de mettre de
côté le Vérificateur général, comme le
ministre des Finances qui avait dit: C'est une question de comptabilité.
Ou on comptabilise dans le ministère ou bien c'est au compte du
gouvernement. C'est beaucoup plus sérieux que cela. Ce n'est pas juste
un vice de forme.
À la page 193, il constate des lettres du coordonnateur
datées du 4 octobre, où le président de la
société demandait que certaines mesures soient prises. Le
Vérificateur général constate qu'à ce moment la
plupart des contrats avaient déjà été
octroyés. C'est plus sérieux que des petites gaucheries. Je ne
voudrais pas laisser l'impression que ce sont seulement des gaucheries.
M. Tardif: Moi non plus, je ne veux pas minimiser l'importance du
travail, du rôle et du rapport du Vérificateur
général. Tout ce que j'ai dit c'est que, dans le cours normal
d'une année, la Société d'habitation du Québec fait
des investissements et des projets pour au-delà de 125 000 000 $. Il
s'agit là d'un dossier qui totalise des travaux de l'ordre de 12 000 000
$ répartis sur deux ans à peu près. II s'agit d'un dossier
pour lequel un coordonnateur a reçu 158 000 000 $ et, lorsque je parle
de gaucheries et que le député de Mont-Royal parle de conflit
d'intérêts, effectivement, s'il choisit d'appeler conflit
d'intérêts le fait...
M. Ciaccia: C'est "some" gaucherie, un conflit
d'intérêts!
M. Tardif: Pour un entrepreneur d'engager son fils - et c'est
l'exemple qu'il nous a donné - c'est peut-être bête, ce
n'est pas correct, selon la liturgie gouvernementale, mais, je m'excuse, ce
n'est pas un crime de conflit d'intérêts au sens où le
laisse sous-entendre le député de Mont-Royal. C'est tout ce que
je voulais dire, M. le Président.
M. Ciaccia: M. le Président, si les propos du ministre et
ceux du président de la Société d'habitation du
Québec sont exacts, comment explique-t-il que la direction du
financement des programmes, la Direction générale des finances et
de l'administration se soit plainte auprès du directeur
général des finances et de l'administration? Et je cite le memo
qui a été écrit: "Comme le contrat de Transit expire le 31
décembre 1979 et qu'il est porté à notre connaissance que
cette firme tente d'obtenir un renouvellement ou un prolongement de mandat,
nous estimons de notre devoir de vous formuler les remarques et recommandations
suivantes. "Il apparaît, d'après ce rapport, que la
Société d'habitation du Québec n'a pas ou n'a pu exercer
auprès de Transit Inc. le contrôle qu'elle était en droit
d'exercer. Donc, s'il y a renouvellement de ce mandat et pour que notre
direction puisse jouer le rôle qui lui est dévolu, il faudrait,
à notre avis, que la société exerce un contrôle sur
le bien-fondé des dépenses encourues."
Le contrat a été renouvelé et il n'y a pas eu de
mesures prises pour exercer ce contrôle. M. le Président, je vois
mal comment on me donne cette explication sur les mesures de contrôle
exercées à la SHQ.
M. Tardif: M. le Président, si vous voulez...
Je voudrais ajouter deux choses. D'une part, les seuls conflits
possibles d'intérêts soulignés par le Vérificateur
général concernent les deux cas dont il avait été
question à la commission parlementaire du mois de décembre 1980,
soit un contrat à son beau-frère dans le dossier de
Rivière-Bleue pour 289 000 $ et divers contrats de services
accordés par des architectes au fils, à la fille, au cousin ou
à la cousine, pour un total de 48 000 $. Donc, sur des dépenses
totales de 12 000 000 $ - c'était 10 500 000$ à ce
moment-là - on a des montants de dépenses sur ce plan de 370 000
$ et j'affirme que le seul conflit d'intérêts possible
souligné par le Vérificateur général ne
réfère qu'à ces dossiers dont on avait déjà
fait état malheureusement dans le cadre de la commission parlementaire.
Il est bien sûr que, pour autant que le ministre est concerné, on
aurait souhaité qu'il n'y ait aucun contrat d'aucune sorte ni de
près, ni de loin, donné de cette façon. C'est
arrivé comme cela. Est-ce qu'il y a lieu de crier au scandale; je ne le
pense pas.
Deuxièmement ou troisièmement, pour revenir au dossier, au
document dont on parle, dont on fait état, cela aussi j'aurais voulu en
parler à la commission parlementaire, mais je n'ai pas eu la chance. Les
gens ont évalué la situation par rapport à leur propre
perception de la situation, et ne connaissaient pas le rôle qui
était dévolu à l'architecte et au contrôleur de
telle sorte que, dans la procédure normale de la SHQ, ces gens là
sont impliqués dans tout le procédé de contrôle,
alors qu'il y avait eu un système formel et spécifique
d'établi pour les réparations majeures. Au lieu d'être au
début du contrôle, ils étaient à la fin du
contrôle; c'est tout ce que nous avions modifié à ce point
de vue.
M. Ciaccia: Après que les déboursés aient
été faits. On ne fera pas le débat,
mais je veux seulement...
Le Président (M. Laplante): En toute équité,
il faut laisser aussi le ministre finir son intervention.
M. Tardif: Pour les fins de la commission, je refuse ce qui vient
d'être dit, que l'on faisait un contrôle après coup, je
refuse une affirmation aussi grossière que celle-là.
M. Ciaccia: Le Vérificateur général l'a
souligné dans plusieurs cas et même s'il y avait seulement un
conflit souligné par le Vérificateur général, c'est
un de trop, et je vous ai souligné d'autres conflits aujourd'hui au
sujet desquels vous pourriez peut-être obtenir des renseignements et les
fournir en temps et lieu; parce qu'il faut comprendre que le
Vérificateur général ne peut pas prendre tout.
M. Tardif: Lesquels? J'aimerais les connaître.
M. Ciaccia: Dans le dossier de Montmagny, vous allez
vérifier, il y a certaines informations encore que vous devez
vérifier. Je l'avais demandé au ministre. Il a dit qu'il
était prêt à le faire. On va attendre les informations que
nous avons demandées dans ce dossier.
M. Tardif: On se comprend que le seul cas mentionné dans
le rapport du Vérificateur général, au titre: conflit
d'intérêts et l'engagement du fils, portant sur cela.
Une voix: Et le contrat à son beau-frère.
M. Ciaccia: II n'a pas mentionné le beau-frère,
mais cela fait partie de la même chose. Le Vérificateur
général ne vérifie pas tous les dossiers. C'est là
le rôle...
Une voix: Mais nous l'avions fait.
M. Tardif: Tout ce que je voudrais ajouter, c'est que...
M. Ciaccia: Cela ne veut pas dire, s'il n'en a trouvé
qu'un, qu'il n'y en pas d'autres. Comprenez-vous?
M. Tardif: Mais dès la commission parlementaire du mois de
décembre, j'ai fait faire une liste de tous les membres, les ascendants,
les descendants, les latéraux de la famille au grand complet, et je l'ai
fait vérifier. Je n'en ai pas découvert d'autres. J'ai
déposé moi-même une liste ici, à cette commission,
de tout ce que j'ai trouvé. Je ne peux pas faire plus.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre a entendu parler d'une offre
au montant de 50 000 $ qui représentait ou qui devait représenter
un montant qui devait être remis à un M. Latouche?
M. Tardif: M. le Président, j'ai entendu des rumeurs,
toutes sortes de rumeurs, disant que l'intimé mentionné par le
député de Mont-Royal se serait fait offrir un tel montant. Dans
d'autres formes de rumeurs, c'est qu'il aurait exigé un tel montant, de
sorte que je n'ai pas d'autres détails que ceux-là; s'il en a
d'autres, je le prierais de m'en informer ou d'informer de façon
privilégiée le Procureur général pour qu'une
enquête soit faite. Mais je n'ai pas de faits, M. le Président,
autrement que ces rumeurs.
M. Ciaccia: Qu'avez-vous entendu dans ces rumeurs?
M. Tardif: Ces rumeurs généralement
circulent...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît. Une minute. Monsieur, je vous prie de vous en aller de l'autre
côté, s'il vous plaît.
M. Guay: M. le Président, c'est en fait M. Latouche. Il
est recherchiste officieux du Parti libéral, sans doute. Aussi bien le
laisser là.
M. Ciaccia: M. le Président, l'Opposition...
Le Président (M. Laplante): C'est un peu anormal. Depuis
à peu près une heure, il y a un va-et-vient avec le monsieur, de
l'autre bord. Je ne sais pas comment on peut interpréter cela,
même comme président d'une commission, j'aimerais que tout soit
dans l'ordre et que tout continue comme depuis ce matin, s'il vous
plaît.
M. Ciaccia: Je ne ferai pas une question de règlement
là-dessus parce que je ne veux pas changer le sujet qui est en
discussion maintenant. On pourra y revenir si on attend après. De qui
avez-vous entendu ces rumeurs, qui les a portées à votre
attention?
M. Tardif: C'est provenu de diverses sources, M. le
Président. Cela a même été colporté par
l'Opposition. Cela a été imprimé dans les journaux. Les
membres de mon cabinet en ont parlé.
M. Ciaccia: Qui, dans votre cabinet, en aurait parlé?
M. Tardif: Je pense que la première personne qui en a fait
état, c'est M. Foisy.
M. Ciaccia: Quand, approximativement, vous en aurait-il
parlé?
M. Tardif: Cela m'est difficile de préciser à quel
moment, M. le Président, puisque l'histoire a connu une drôle
d'évolution depuis deux ans. Il m'est difficile de préciser
à quel moment. Encore une fois, cette rumeur a été reprise
avec plus ou moins de persistance à diverses époques.
M. Ciaccia: Et quand M. Foisy vous en a parlé, quelle
était la nature des propos qu'il a portés à votre
attention?
M. Tardif: M. le Président, pour situer tout ceci dans son
contexte, je pense que c'était à peu près vers la fin du
contrat de M. Latouche avec la Société d'habitation. À ce
moment-là, on a commencé par me faire valoir - quand je dis on,
dans ce cas là, je pense que c'était M. Foisy - que M. Latouche
avait eu un contrat avec la Société d'habitation du
Québec, que ce contrat venait de prendre fin, que c'était
dommage. M. Latouche lui avait fait valoir que c'était dommage que son
travail ne soit pas terminé et que la Société d'habitation
n'aurait pas dû mettre un terme à son contrat. J'ai
communiqué avec le président de la Société
d'habitation du Québec pour lui dire: Est-ce que c'est vrai que nous
traitons injustement un employé de la société? Il m'a dit:
Bien non, le contrat prend fin. Le contrat de M. Cyr, de Transit, prend fin,
donc le contrat de l'autre prend fin également. Très bien
merci.
Quelque temps plus tard, à nouveau, ce membre de mon cabinet est
venu me dire que non seulement c'était dommage que le contrat de ce
monsieur ait pris fin - enfin, ce qu'il prétendait - et qu'il aurait
bien souhaité pouvoir continuer, mais qu'il estimait que la
société lui devait quelque chose, lui devait, à tout le
moins, de continuer son emploi. Une nouvelle fois, par acquit de conscience,
vérification auprès du président: Est-ce que c'est vrai
que nous sommes redevables envers cet employé? Nouvelle réponse
du président: Non, nous ne devons rien à cette personne.
Et une troisième fois, j'ai entendu parler du dossier, toujours
de la part de M. Foisy. En premier donc, c'était une histoire triste; la
deuxième fois, c'était que nous devions quelque chose, et la
troisième fois, c'était dans le genre suivant. On me donne 50 000
$ ou bien j'ai des renseignements. À partir de là, M. le
Président, j'ai informé les gens de mon cabinet que je ne me
soumettrais jamais à aucune forme de chantage que ce soit et j'ai
envoyé paître, par un membre de mon cabinet interposé, la
personne qui avait fait de telles prétentions, en disant: Si on a des
faits, si on a des choses, je veux les connaître et puis on va faire
enquête.
En gros, M. le Président, c'est l'histoire, encore une fois
reprise sous diverses versions, que j'ai entendue et qu'on aura vu dans les
journaux subséquemment.
M. Ciaccia: M. le Président, d'après les propos que
vous venez de nous dire, vous n'avez pas pensé porter plainte à
la justice? Quand quelqu'un, d'après vous, M. Foisy, membre de votre
cabinet, vous fait part du fait que quelqu'un veut se faire payer 50 000 $ "or
else", il ne vous est pas venu à l'idée de... je vais laisser le
député de Taschereau parler. Il y a une responsabilité de
la part... Vous avez un serment d'office; vous avez une responsabilité
comme ministre.
M. Tardif: M. le Président, qu'une personne liée
par contrat avec la société estime que son contrat n'était
pas terminé, que la société lui devait quelque chose,
c'était son droit de le croire.
M. Ciaccia: Ce n'est pas cet aspect que je mets en doute. Vous
êtes allé plus loin que cela.
M. Tardif: D'accord. Oui, M. le Président, ce que j'ai
perçu comme étant du chantage, j'ai demandé qu'on ait des
faits, sans quoi, encore une fois, je n'ai que faire des petits et grands
maîtres chanteurs ou pas.
M. le Président, n'ayant eu de tels faits, la preuve est
qu'à défaut d'avoir ce qu'il demandait, le maître chanteur
en question est allé vendre ses dossiers à l'Opposition. C'est
cela, M. le Président.
M. Ciaccia: M. le Président, je vais protester. C'est une
accusation qu'on vient de porter à l'endroit de l'Opposition. Je
proteste contre l'accusation qui n'est pas du tout fondée. Il n'y a pas
été question d'achat d'informations ou autres. Cette insinuation,
j'en ferais une question de privilège, si j'étais à
l'Assemblée nationale. C'est une tactique qu'on peut utiliser pour
essayer d'enlever le show et renverser le rôle. La meilleure
défense, c'est une bonne offense. Je proteste contre ce genre
d'accusation. Je n'ai pas porté d'accusation contre le ministre; j'ai
demandé des éclaircissements; j'ai demandé des
détails; je lui ai laissé exprimer à sa façon les
rumeurs. C'est lui qui a mentionné M. Foisy; c'est lui qui a
mentionné la question de chantage. La seule question que je lui ai
posée est celle-ci: Pourquoi n'avez-vous pas porté plainte en
justice, parce que c'est grave et c'est sérieux? Il a une
responsabilité comme ministre; il a prêté un serment
d'office. Je n'accepterai pas qu'il renverse les rôles pour porter des
accusations contre nous.
M. Tardif: M. le Président, des accusations se portent sur
des faits précis et non pas sur des rumeurs ou des
allégations.
Deuxièmement, de tout ce que j'ai dit, je retire les mots "est
allé vendre" pour dire "a donné".
Troisièmement, M. le Président j'appuie cela sur des faits
également -puisque, dans son travail de collecte de données au
sein de la division des réparations majeures, M. Latouche devait
recueillir des dossiers et des renseignements qui devaient
ultérieurement servir à la SHQ et aux offices municipaux dans
leur poursuite. Lorsque le dossier de Rivière-Bleue a été
appelé devant les tribunaux, le principal conseiller juridique de
l'entrepreneur contre qui des poursuites étaient intentées, dans
la salle même d'audience au palais de justice, était nul autre que
le M. Latouche en question qui, ayant travaillé à la
société, avait recueilli des renseignements qui devaient servir
à l'État afin d'étayer ses poursuites, alors que ces
renseignements servaient à l'avocat de la défense, en
l'occurrence. Cela pourrait être confirmé par des témoins
dans la salle à ce moment-là. (16 h 45)
M. Ciaccia: M. le Président, c'est sérieux ce que
le ministre vient de nous dire. Premièrement, il a dit qu'on a
porté à son attention qu'on voulait 50 000 $ et, maintenant, il
vient de nous dire qu'il y avait même un conflit d'intérêts
de la part de ce monsieur; je répète la question. Avec tous ces
faits, pourquoi le ministre n'a-t-il pas porté cela à l'attention
du ministre de la Justice ou aux autorités de la Sûreté du
Québec? Parce que les accusations sont assez sérieuses et on
n'attend pas, dans un cas comme celui-là, d'avoir tous les
écrits; le fait que cela a été dit et cela nous a
été dit par un membre de votre cabinet...
M. Tardif: II se véhicule toutes sortes de rumeurs.
M. Ciaccia: Véhiculer, vous pouvez le dire de cette
façon, mais je pense qu'il y avait une responsabilité et
là, vous ajoutez d'autres faits; je ne comprends pas pourquoi vous
n'avez pas pris d'autres mesures.
M. Tardif: Tant et aussi longtemps que cela a été
sous forme de rumeurs, M. le Président, je croyais qu'il était
parfaitement inutile de faire quoi que ce soit dans ce dossier; dès lors
qu'une seule pièce - cette pièce était reliée au
dossier d'évaluation dont on a fait état ce matin, dans le
dossier Duroc et Saramac - dès lors que j'ai eu un seul fait pertinent,
concret, tangible, je me suis adressé, dans les heures qui ont suivi, au
Procureur général pour son attention et pour enquête et je
pense que le ministre de la Justice a fait état des résultats de
cette enquête, cette semaine, en Chambre.
M. Ciaccia: M. le Président, si je comprends bien, le
ministre de la Justice a dit qu'il a fait enquête à la suite des
représentations du député de Marguerite-Bourgeoys. Le
ministre n'a pas dit qu'il a fait enquête à la suite de
représentations ou d'affirmations du ministre
délégué à l'Habitation.
M. Tardif: M. le Président, j'ai transmis par
écrit, dans les heures qui ont suivi, au ministre de la Justice, les
renseignements qui, je pense, pouvaient justifier à ce moment-là
une enquête, le priant de la faire.
M. Ciaccia: Quand vous dites par écrit, à quelle
époque, à quel temps?
M. Tardif: Enfin, au moment, peu de temps, au cours de la
commission au mois de décembre, quelque chose comme ça.
M. Ciaccia: C'est curieux que le ministre de la Justice se soit
référé seulement aux représentations du
député de Marguerite-Bourgeoys. Je pense que cela aurait
été tout à fait normal de sa part de parler aussi des
représentations faites par le ministre délégué
à l'Habitation. Est-ce que, dans ces discussions, d'autres noms ont
été mentionnés par M. Foisy, votre chef de cabinet?
M. Tardif: II y a eu une autre version de la rumeur selon
laquelle il y aurait eu une offre faite par M. Boivin.
M. Ciaccia: Par M. Boivin.
M. Tardif: C'est cela. Alors, cela aussi était au compte
des rumeurs, c'était une autre des versions. Il y en a même une
troisième, dit-on, où un entrepreneur circulait et offrait un
montant de cet ordre-là pour régler son dossier avec la SHQ.
Alors, on était rendu à la quatrième ou cinquième
version, c'est le propre des rumeurs de se déformer lorsqu'elles passent
d'une personne à l'autre.
M. Ciaccia: Alors, il y aurait plus d'une rumeur et cela
impliquait des gens comme M. Boivin du bureau du premier ministre, les
compagnies que vous avez mentionnées, les dossiers des
réparations qui pouvaient impliquer des dossiers de l'ordre de 10 000
000 $, c'était le coût.
M. Tardif: Surtout le principal informateur de l'Opposition.
M. Ciaccia: Cela impliquait M. Latouche. Il y a une série
de personnes qui étaient impliquées et même, je pense...
Est-
ce qu'il y avait d'autres noms, d'autres avocats, d'autres personnes qui
auraient été mentionnées au cours de ces rumeurs?
M. Tardif: À ma connaissance, non, selon mon souvenir; on
en est rendu, encore une fois, au moins à la quatrième
version...
M. Ciaccia: Vous avez apporté tous ces faits ou toutes ces
rumeurs à l'attention du ministre de la Justice. La raison pour laquelle
je pose ces questions, c'est que le ministre nous dit qu'il y avait une rumeur
-vous savez, des rumeurs, cela peut être important, cela peut être
sérieux, cela peut impliquer une personne ou une autre - qui vient de
s'élargir. Ce n'est pas seulement au sujet de M. Latouche, la rumeur,
c'est qu'il y avait d'autres personnes. Vous avez mentionné le nom de M.
Boivin. Est-ce que vous en avez discuté avec M. Boivin, parce que si
c'est une rumeur qui le touchait, vous en avez sûrement discuté
avec lui?
M. Tardif: C'était public, encore une fois. Je suis
convaincu que l'Opposition l'a entendue, a même contribué à
la répandre aussi. C'est ce qu'a fait le député de
Marguerite-Bourgeoys à plusieurs reprises, y compris dans mon propre
comté. À ce moment, il l'aura prise à son compte lui
aussi.
M. Ciaccia: Est-ce que, dans les discussions que vous avez eues,
soit avec M. Foisy, soit avec les autres personnes que vous avez
mentionnées - je vous ai peut-être posé la question - il y
avait d'autres noms d'indiqués, d'autres personnes?
M. Tardif: De mémoire, encore une fois, je ne vois pas. Il
y a peut-être eu à un moment donné M. Perreault, de Duroc
Construction.
M. Ciaccia: II faisait partie de la rumeur lui aussi? Il
était impliqué dans la rumeur?
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia: Quel était son rôle dans la rumeur?
M. Tardif: C'était la personne qui, semble-t-il,
était prête à offrir au premier venu un montant de cette
ampleur, sinon plus, pour régler son contentieux ou son dossier avec la
SHQ.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y avait d'autres personnes, parce que
d'après votre...
M. Tardif: Encore une fois, à partir du moment où
une rumeur circule publiquement, dire que d'autres personnes n'étaient
pas au courant! Cela a été imprimé à quelques
reprises dans les journaux. Allez-y voir! Personnellement, je n'ai jamais eu de
fait...
M. Ciaccia: J'ai lu les journaux, je les ai examinés avant
de vous poser des questions pour m'assurer que je n'allais pas trop loin, parce
que les noms que vous venez de citer n'étaient pas dans les journaux.
C'est vous qui venez de nous les donner. C'est pour cela que je voudrais
avoir...
M. Tardif: C'est la preuve que je n'ai rien à cacher.
M. Ciaccia: Non. J'espère que vous n'avez rien à
cacher. C'est le but, d'essayer d'obtenir autant de renseignements que
possible. Il y avait M. Boivin, M. Foisy, M. Latouche, M. Perreault. Est-ce
qu'il y avait d'autres personnes?
M. Guay: II y a sans doute des versions de rumeurs que
l'Opposition aussi avait des...
M. Tardif: J'aimerais que l'Opposition me fasse part de la part
des rumeurs qu'elle connaît, elle aussi.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne questionne pas le
député de Taschereau, je questionne le ministre. Est-ce qu'il y a
d'autres aspects... Est-ce que vous connaissez l'identité - une
soi-disant rumeur - des pseudonymes, le Soleil levant, le Soleil couchant?
M. Tardif: Voulez-vous répéter?
M. Ciaccia: Est-ce que vous connaissez ou avez-vous entendu dans
ces rumeurs, dans les discussions, dans ce qui s'est passé autour de
cela, les noms de Soleil levant et de Soleil couchant?
M. Tardif: Non, je m'excuse, je ne connais pas de personne sous
le nom de Soleil levant et de Soleil couchant.
M. Ciaccia: Ou de pseudonymes de Soleil levant...
M. Tardif: Non. Je sais que très souvent la GRC utilise
des noms de code, mais je ne sais pas si...
M. Ciaccia: C'est pour cela que je vous le demande. Vous
êtes au courant de ce genre de pratiques...
M. Tardif: Non, M. le Président, je m'excuse.
Est-ce que le député de Mont-Royal pourrait nous dire s'il
les connaît, ces personnes?
M. Ciaccia: M. le Président, on fait l'étude des
crédits du ministère de l'Habitation.
M. Tardif: On veut éclairer la question, M. le
Président, cela m'intéresse au plus haut point de faire toute la
lumière sur la question, de projeter tout l'éclairage, tout le
soleil possible. Cela m'intéresse.
M. Guay: C'est le devoir du député de Mont-Royal de
faire part de renseignements au Procureur général s'il en
connaît. Il semble en connaître.
M. Ciaccia: Je pose la question, si vous connaissiez le nom.
J'essaie...
M. Tardif: Vous semblez le connaître.
M. Ciaccia: N'allez pas à des conclusions qui ne sont pas
justifiées, d'après les déclarations que j'ai faites. Vous
avez sauté à une conclusion que je connaissais les noms. Je ne
sais pas sur quelle base vous faites cette conclusion.
M. Tardif: Je m'excuse. Est-ce que le député de
Mont-Royal, sachant qu'il y avait deux personnages cachés sous le nom de
Soleil levant?
M. Ciaccia: C'est vous qui avez dit deux personnages. Je n'ai pas
dit cela.
M. Tardif: C'est vous. M. Ciaccia: Non, non. M. Tardif:
D'accord. Deux noms...
M. Ciaccia: Ah, il y en avait deux? Moi, j'ai dit seulement qu'il
y avait des pseudonymes, Soleil levant et Soleil couchant. Vous venez de me
dire qu'il y avait deux personnages.
M. Tardif: Le député de Mont-Royal a fait
état à deux appellations d'abord, de Soleil levant et de Soleil
couchant.
M. Ciaccia: Pas deux personnages. C'est intéressant, on va
continuer.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais quand même
lui retourner la question qu'il me posait tantôt. Ayant appris
l'existence de Soleil levant et de Soleil couchant, en a-t-il informé le
Procureur général?
M. Ciaccia: M. le Président, je ne pense pas que c'est la
juridiction du Procureur général de faire la chasse dans le
firmament et les planètes du soleil. Ce n'est pas la même chose
que vous. Vous aviez des noms, Latouche, Perreault, Boivin,
Foisy. Ce sont des noms spécifiques. Moi, j'ai regardé
dans les journaux et j'ai vu les noms de Soleil levant et de Soleil couchant.
Je vous ai demandé si vous connaissiez ces pseudonymes et vous venez de
m'informer indirectement que c'étaient deux personnages. On va continuer
et peut-être qu'on peut en apprendre plus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je me demande une chose
à ce stade-ci, si je ne joue pas le rôle de grand juge de la Cour
suprême ou de la Cour supérieure. Cela prend presque l'allure d'un
procès actuellement. Et j'aimerais qu'il y ait des questions un peu plus
directes qui se posent pour la commission. Pour celui qui va regarder le
journal des Débats, cela ne ressemblera pas à l'Assemblée
nationale, pas du tout.
M. Ciaccia: Cela va être plus intéressant que
plusieurs autres interventions qu'on a faites et d'autres sujets qu'on a
discutés.
M. le Président, je veux seulement dire ceci au ministre, qu'il
m'a effectivement confirmé que d'après ce qu'il a entendu, soit
par rumeur, mais plus que rumeur, certaines choses se sont passées. Il
m'a dit que M. Foisy lui avait dit qu'un certain personnage avait
demandé 50 000 $. Il m'a dit qu'il y avait une autre personne
impliquée, du nom de M. Perreault, que c'était une rumeur, que
lui aussi était impliqué, je ne sais pas si c'est dans le
même 50 000 $ ou un autre 50 000 $ pour le règlement de certaines
poursuites. Vous ne pouvez pas me reprocher d'apporter ces
éléments qui, d'ailleurs, ont été fournis par vous
à la suite de certaines questions que je vous ai posées. Il y a
aussi des rumeurs, maintenant que vous le mentionnez, et je pense que vous y
avez fait allusion, qu'un autre montant de 50 000 $ avait effectivement
été demandé, comme vous le dites, par deux personnages qui
avaient été connus sous les noms de Soleil levant et de Soleil
couchant. (17 heures)
La question que je me pose, M. le Président, ce n'est pas la
gravité de cette situation, c'est plus qu'une rumeur qui flotte dans les
airs. Le ministre a confirmé certains faits. Et je dirais même
pour la saine administration et la confiance que le public pourrait avoir dans
nos institutions, ne croit-il pas qu'à la suite de ces affirmations et
à la suite de l'information qu'il vient de donner, il y aurait lieu de
faire une enquête publique pour clarifier une fois pour toutes cette
situation? Je ne pense pas que ce soit
une situation qui puisse être qualifiée de situation saine.
C'est très malsain quand ces choses-là flottent dans l'air, c'est
très malsain quand on nomme des personnes, comme vous venez de le faire,
M. le ministre, ça reste au journal des Débats, c'est une
épée de Damoclès, on ne sait jamais si c'est vrai ou
pas.
Je vous le demande, ne pensez-vous qu'avec votre responsabilité
de ministre, votre serment d'office, vous devriez aller plus loin que seulement
en parler ici, répondre à nos questions et voir si nous
réclamerons d'autres informations?
M. Tardif: M. le Président, mes responsabilités
ministérielles font justement qu'on ne déclenche pas des
enquêtes publiques sur des rumeurs. M. le Président, le
député de Mont-Royal pousse même, j'allais dire la
déformation jusqu'à dire que j'ai fait état d'une rumeur
impliquant deux personnages: Soleil levant, Soleil couchant, alors que c'est
lui-même qui en a fait état. C'est vraiment un peu fort, M. le
Président...
M. Ciaccia: Les personnages, c'est vous qui l'avez dit.
M. Tardif: M. le Président, c'est vraiment un peu fort.
Des rumeurs, des ouï-dire que certaines choses qui se seraient
passées ont été portées à mon attention. Le
ministre de la Justice a fait état, justement en Chambre cette semaine
que tout ce qui avait été entendu comme rumeurs a fait l'objet
d'une enquête et que ceci n'avait rien dévoilé.
M. le Président, je ne peux rien ajouter d'autre à
cela.
M. Ciaccia: Vous dites que la lumière a été
faite. Qui a été interrogé? C'est vrai que le ministre de
la Justice...
M. Tardif: Vous poserez la question au ministre de la Justice,
s'il veut y répondre, M. le Président...
M. Ciaccia: Avez-vous été interrogé par la
Sûreté du Québec?
M. Tardif: Non, M. le Président.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas été interrogé,
avec toutes les informations que vous avez. C'est plus qu'une rumeur, vous
venez de porter une accusation, parce que vous venez de dire que M. Foisy vous
avait dit que M. Latouche demandait 50 000 $. C'est plus qu'une rumeur, c'est
une affirmation.
Dans tous ces faits, vous ne voyez pas d'autre responsabilité que
de vous en dégager complètement et de ne rien faire? Est-ce que
c'est comme ça que vous voyez votre rôle?
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, aucun fait
n'a été porté à mon attention. Dans tous les cas,
cela a été du ouï-dire, cela a été par
personne interposée, M. le Président. Néanmoins, j'ai
demandé à mon collègue le ministre de la Justice de
s'assurer que l'enquête la plus complète soit faite, cette
enquête a été faite et elle n'a rien donné.
M. Ciaccia: Est-ce que ce serait possible pour le ministre de
déposer la demande qu'il a faite au ministre de la Justice?
M. Tardif: C'est une chose qu'il devrait être possible de
faire.
M. Ciaccia: Alors, on peut s'attendre à avoir une copie de
cette demande?
M. Tardif: En principe, oui, on devrait...
M. Ciaccia: En principe, oui ou non? Je ne pourrai pas la lire,
en principe, à moins que vous ne me la donniez.
M. Tardif: M. le Président, je dis en principe, parce que,
sous réserve du secret ministériel, il y a des choses qui ont
été transmises au ministre de la Justice. Néanmoins, M. le
Président, je vais m'assurer si c'est possible.
M. Ciaccia: C'est un autre sujet... Je dois dire que je trouve
difficile de comprendre l'attitude du ministre. C'est une chose de dire, qu'on
va déclencher une enquête ou qu'on va faire enquête sur
quelques rumeurs, mais je crois que, dans ce cas-ci, les faits que vous venez
de dévoiler sont assez graves, assez sérieux et impliquent que...
ce sont des principes qui sont importants aussi. Si le public croit que ces
choses peuvent se passer et que le gouvernement ne fera rien, vous n'êtes
pas pour le prendre sur le fait, en "delictu contractu", que vous le preniez
tout de suite sur le fait, avant de déclencher une...
Une voix: "Delictu" quoi?
M. Ciaccia: "Delictu", vous comprenez le latin.
Une voix: Oui, je voudrais...
M. Ciaccia: In flagrante delicto, en flagrant délit.
Une voix: Ah!
M. Ciaccia: Ce n'est pas en le prenant en flagrant délit,
nécessairement, c'est le seul temps où vous allez pouvoir faire
enquête ou porter le fait à l'attention de la Sûreté
du Québec. Vous me dites que la Sûreté ne vous a pas
questionné. Pourtant vous êtes au centre de toutes ces rumeurs,
vous l'avez entendu. Je trouve cela difficile à accepter que le ministre
ne fasse pas plus que ce qu'il dit qu'il vient de faire ou qu'il a fait. La
situation est sérieuse, et je pense que cela n'aidera pas
l'administration de nos institutions de laisser planer ce genre de situation.
Je demanderais au ministre d'aller plus loin que ce qu'il nous a
indiqué.
M. Tardif: M. le Président, je le répète
là-dessus, tout ce que j'avais, je l'ai transmis à mon
collègue; j'inviterais l'Opposition à faire de même.
M. Ciaccia: M. le Président, à ma connaissance, mon
collègue, le député de Marguerite-Bourgeoys, c'est lui qui
a commencé cela, qui l'a porté à votre attention. Ce n'est
pas nous qui sommes au gouvernement, ce n'est pas nous qui pouvons demander
à la Sûreté du Québec, ce n'est pas nous qui pouvons
faire une enquête publique; nous pouvons seulement soulever les questions
et c'est cela que nous faisons. Nous sommes limités dans les moyens que
nous pouvons prendre pour que justice soit faite. La seule chose qu'on peut
faire, c'est de vous demander de prendre vos responsabilités, et je ne
pense pas que ce soit une réponse que de nous dire: Faites ce que vous
voulez.
M. Tardif: Si l'Opposition a des faits nouveaux, M. le
Président, qu'elle les communique au ministre de la Justice, qu'elle
fasse son devoir.
M. Ciaccia; Les faits nouveaux, c'est vous qui nous les avez
donnés cet après-midi. Vous les avez portés à notre
attention, mais même avec ces faits qui sont assez sérieux, qui
sont assez flagrants, même avec ces faits-là, je crois que vous
n'avez pas besoin davantage pour agir en ce qui regarde la demande que nous
vous formulons.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, à la
lumière des déclarations du ministre, du président de la
Société d'habitation du Québec, certainement des faits
troublants sont venus s'ajouter à ce qui s'était dit à la
commission parlementaire qui avait eu lieu le 11 décembre 1980. Vous
l'avez dit vous-même, les notes de sténos vont ressembler beaucoup
plus, et je reprends vos paroles, M. le Président, à un
procès devant la Cour supérieure qu'à un débat
à l'Assemblée nationale. Je crois qu'il serait dans
l'intérêt du gouvernement même, de tous les
Québécois, qu'une enquête soit déclenchée,
non pas seulement sur les présumées rumeurs, qui ne sont pas des
rumeurs de ruelles; on a trois, quatre, cinq personnes, les journaux en font
état, etc., etc. Qu'une enquête générale soit
déclenchée sur les opérations de la SHQ; cela me fait de
la peine de dire cela devant le président de la Société
d'habitation du Québec, mais vous reconnaîtrez que j'ai un
certaine expérience dans le domaine de l'habitation. Une compagnie
privée qui fonctionnerait comme la Société d'habitation du
Québec serait en faillite depuis de nombreuses années. C'est
l'argent des contribuables. On s'apprête à donner davantage de
pouvoirs à la SHQ avec les projets de loi que M. le ministre
connaît. On a voté pour, on est d'accord à donner plus de
pouvoirs à la Société d'habitation du Québec, mais
je crois qu'à ce moment il serait dans l'intérêt public de
déclencher une enquête sur l'administration de la
société et sur les présumées rumeurs. C'est un
geste extrêmement grave, on est obligé d'en convenir, alors
j'insiste beaucoup, sinon on va devoir y revenir fréquemment. On va
exiger cette enquête, il n'y a pas d'erreur, on va exiger cette
enquête; je crois qu'elle s'impose.
M. Ciaccia: Nous avons demandé l'enquête publique
sur la SHQ et je crois qu'à la lumière du rapport du
Vérificateur général, si vous lisez les rapports
antérieurs du Vérificateur général sur le
fonctionnement du ministère, je ne crois pas que vous allez trouver
aucun autre rapport qui porte sur une administration avec des faits aussi
sérieux que ce rapport-ci. Je dirais que si le gouvernement n'a rien
à cacher, soit dans les dossiers qui sont portés à
l'attention du gouvernement par le Vérificateur général,
soit dans ceux que nous avons soulevés aujourd'hui, l'enquête
publique sera dans l'intérêt de tout le monde, incluant la
Société d'habitation du Québec. S'il n'y a vraiment rien
dans son administration qui puisse être critiqué à un point
où il y aurait des conflits d'intérêts ou un manque de
contrôle, cela va tout être dévoilé, le point sera
fait et la Société d'habitation du Québec pourra dire:
Vous voyez, nous sommes passés à travers cette enquête. Le
gouvernement pourra dire: Nous sommes passés à travers
l'enquête. Nous l'avons eue. On n'a pas eu peur, on a voulu faire la
lumière.
Ce n'est pas par une commission parlementaire qui va durer une
journée ou deux, ou une semaine qu'on peut faire ce genre d'examen car
on est limité par le temps et le règlement. Mais une
enquête publique objective, par des personnes que le
gouvernement va nommer - ce n'est pas nous qui allons nommer les
enquêteurs - cela s'est produit dans d'autres administrations. Je crois
que les conditions aujourd'hui l'exigent pour les activités de la
Société d'habitation du Québec. Je crois aussi qu'il
devrait y avoir une enquête publique sur les rumeurs que le ministre a
admises dans les questions que je lui ai posées. Je ne pense pas qu'on
puisse rester sur ce doute. Je crois que les gens que vous avez nommés
ont le droit de se faire entendre, de faire la lumière, de se justifier,
et si la rumeur est complètement mal fondée, l'enquête le
montrerait. Je crois que ceux qui n'ont rien à cacher n'ont pas peur de
l'enquête. Le refus de faire une enquête, selon mon
expérience, c'est parce que quelqu'un a des raisons, des motifs pour ne
pas en faire. On exige, on demande que cette enquête ait lieu,
premièrement, sur les activités de la Société
d'habitation du Québec et, deuxièmement, sur les supposées
rumeurs dont le ministre a discuté avec nous cet après-midi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Brièvement, M. le Président. J'ai
écouté nos amis de l'Opposition tout au cours de ces heures,
faisant tantôt allusion au rapport du Vérificateur
général, tantôt à toute autre chose qui semblait
inspirée d'une autre source, que l'on connaît par ailleurs et dont
il a été question tantôt. J'avoue ne pas avoir
trouvé grand-matière à justifier une demande
d'enquête publique, comme vient de le faire le député de
Mont-Royal. Il ne m'appartient pas de décider d'une telle question, mais
les sujets que l'on a évoqués tenaient davantage, dans bien des
cas, de pures insinuations. J'en veux à titre d'exemple tout le plat qui
a été fait autour du dossier de Montmagny où, pour essayer
d'établir un lien, on a mentionné le nom d'un fonctionnaire de la
SHQ et on lui a fait signer fictivement une lettre, parce que ce n'était
pas lui qui l'avait signée. Finalement, on se dit: Si l'Office municipal
de Montmagny ou si l'avocat de l'Office municipal de Montmagny s'est
désisté globalement du dossier, alors que ses instructions
étaient de se désister partiellement - ce sont les propres
paroles du député de Mont-Royal - il doit y avoir une autre
explication. On en arrive vraiment au scandale par allusion ou par insinuation
ou, comme on le dit en anglais, au "guilt by association". Cela n'a ni queue ni
tête de procéder comme cela. (17 h 15)
Le dossier de Montmagny - je prends celui-là, parce que c'est un
bel exemple -me paraît très clair. Il y a eu une décision
du Conseil du trésor qui englobait, entre autres, la SHQ. La
décision a été communiquée à l'Office
municipal d'habitation de Montmagny pour qu'il en arrive à un
règlement hors cour sur la question des toitures, l'Office municipal
d'habitation de Montmagny adopte une résolution en ce sens, son avocat
ne s'occupe pas adéquatement de la question et la SHQ rappelle l'Office
municipal d'habitation à l'ordre.
Pour établir un lien dans tout ça, pour essayer de trouver
quelque chose de croche, le député de Mont-Royal invente une
lettre signée par un fonctionnaire, André Ouellet, qui n'a jamais
été mêlé à ce dossier, ni de près ni
de loin. On ne se gêne pas beaucoup avec la réputation de certains
fonctionnaires de l'autre côté.
Comme l'ensemble des questions évoquées par l'Opposition
aujourd'hui tenait davantage de ces poux qu'on cherchait à soulever en
espérant qu'il y aurait quelque chose là alors que, plus souvent
qu'autrement, il n'y en avait pas, au-delà du rapport du
Vérificateur général qui comporte très certainement
des vérités - il n'y a pas de doute là-dessus - qui
indique qu'il y a encore une très nette amélioration à
apporter, tout le monde en est parfaitement conscient - il faut aussi mesurer
qu'une enquête publique sur la Société d'habitation du
Québec, à un moment donné, il y a une limite à la
capacité des organismes de subir des enquêtes, publiques ou
privées.
La société d'habitation a eu un parcours houleux depuis
son existence. Je pense que le rapport du Vérificateur
général est suffisamment complet et suffisamment clair, qu'il
étale tout ce qu'il y a d'étalable sur la place publique, qu'il
indique les améliorations à faire mais que la
Société d'habitation qui s'est, par ailleurs, beaucoup
améliorée ces dernières années - ça, on
oublie souvent de le dire: elle s'est considérablement
améliorée - a encore une tâche considérable dont
elle doit s'acquitter, et je ne vois pas en quoi une enquête publique
contribuerait à améliorer sa performance. Au contraire, je crains
fort que ça nuirait à sa performance qui s'est
améliorée, qui va continuer à s'améliorer, sans
aucun doute.
Le député de Mégantic-Compton disait qu'une
entreprise privée ne pourrait pas fonctionner comme la
Société d'habitation du Québec. Je signale tout simplement
au député de Mégantic-Compton que ce sont des entreprises
privées, ayant des contrats d'ancien gouvernement - j'inclus les deux,
libéral comme de l'Union Nationale, on ne fera pas de discrimination -
ce sont des entreprises privées qui ont été la cause des
vices de construction dont il a fallu s'assurer d'une réparation rapide
et aussi efficace que possible et qui a donné lieu peut-être
à certaines anomalies administratives, comme l'a souligné le
Vérificateur général.
Je veux bien croire que les compagnies
privées ne pourraient pas fonctionner comme la SHQ. Je dis qu'il
y a peut-être certaines compagnies privées qui auraient
intérêt à améliorer leur performance et que ce n'est
pas nécessairement la SHQ qui a à fonctionner comme une compagnie
privée. Elles pourraient peut-être se rejoindre à mi-chemin
parce que, de toute évidence, certaines compagnies privées ne
fonctionnent pas si bien que ça quand elles ne peuvent pas construire un
édifice sans faire des vices de construction, comme ceux qu'il a fallu
réparer.
Tout ça, M. le Président, me porte à vous dire que
je ne suis pas du tout convaincu de la nécessité d'une
enquête publique, j'en suis encore moins convaincu lorsqu'il s'agit de
rumeurs. S'il fallait, M. le Président, tenir des enquêtes
publiques chaque fois qu'il y a des rumeurs qui circulent dans cet
édifice, nous aurions une commission permanente d'enquête sur les
rumeurs au sein de l'Assemblée nationale qui siégerait à
longueur d'année et qui aurait même probablement besoin d'une
deuxième Chambre, tant les rumeurs sont nombreuses à
l'Assemblée nationale et dans cette bonne vieille ville de Québec
qui est, en grande partie, une boîte à rumeurs. Oui. Entre les
faits et les rumeurs, il y a une distinction, il me semble, qu'on doit faire.
Lorsqu'il y a eu des faits, il y a eu des enquêtes, il y a une
enquête du Vérificateur général, il y a une
enquête du Procureur général, cela me semble
réglé, et commencer à enquêter sur des rumeurs me
paraît relever de l'irresponsabilité pure et simple.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, sur la question des
enquêtes, je n'ai pas grand-chose à ajouter à ce que vient
de dire le député de Taschereau, mon adjoint parlementaire.
D'ailleurs, le premier ministre a répondu à cette question en
Chambre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, le
député de Taschereau a fait mention qu'une société
avait des limites à subir des enquêtes. J'en conviens avec lui. Et
le contribuable québécois a aussi des limites à payer et
constamment payer, de subir des coupures, comme on subit en ce moment, sans
savoir exactement pourquoi. Je peux vous affirmer que je suis demeuré
totalement sur mon appétit d'en apprendre.
M. Guay: Ce n'est pas aussi juteux que vous le souhaitiez.
M. Bélanger: Si vraiment il n'y a pas de scandale... Notre
but, je l'ai dit au départ, je peux le répéter, n'est pas
de faire état de scandale. Si on veut faire du scandale, il y a des
escouades spéciales pour cela. On est ici, on a un rôle à
remplir. On représente 46% de la population du Québec, comme je
l'ai dit au début, qui n'a pas signé un chèque en blanc au
gouvernement en place. On a un rôle de parlementaire à remplir.
C'est justement dans le but d'éviter un scandale qu'on désirerait
avoir une enquête publique. Le député a également
fait mention du cas de Montmagny. On n'a fait mention d'aucun cas en
particulier. Tout ce qu'on veut, c'est que la situation soit claire. On
retrouve des anomalies. On en retrouve dans le rapport du vérificateur.
On en a retrouvé en commission parlementaire au mois de décembre
dernier. On en retrouve également aujourd'hui. Viennent s'ajouter
à cela des rumeurs. Ce ne sont pas des rumeurs de ruelle. Ce sont des
rumeurs qui se discutent dans le cabinet du premier ministre du Québec,
la première personne au Québec, c'est son chef de cabinet qui
discute de cela. Je crois qu'il y a matière à faire la
lumière. Si vous ne voulez pas qu'on appelle cela une enquête, si
cela vous fait peur, une enquête, on va parler de faire la lumière
sur tous ces faits.
M. Guay: Je veux simplement dire une chose, c'est que jamais il
n'a été dit ici que la rumeur s'était discutée au
bureau du premier ministre. Ce qui a été dit, je me souviens
très bien de l'avoir entendu - vous vous faites un plaisir à
déformer assez facilement - c'est qu'une rumeur parmi tant d'autres a
circulé qui impliquait... cela ne veut pas dire que cela a
été discuté là-bas. Le député de
Mégantic-Compton dit que ce ne sont pas rumeurs de ruelle, je veux bien
convenir que ce sont des rumeurs de Grande-Allée, mais enfin, cela n'y
change pas grand-chose, ce sont des rumeurs. Je ne vois toujours pas, à
partir des faits évoqués, des bibites que l'Opposition a
cherché à soulever cet après-midi et qui n'ont rien
donné... Je reviens à cet exemple, on nous a reproché...
on s'est interrogé sur le fait suivant: Comment se faisait-il que la SHQ
avait réglé hors cour avec l'entreprise Paul Martin? C'est
l'entreprise elle-même qui a commencé ces discussions,
après avoir eu pendant un certain temps comme conseiller l'actuel
conseiller de l'Opposition en la matière, M. Latouche, mais l'entreprise
s'en est débarrassé, si je ne m'abuse; l'entreprise a
décidé que c'était dans son intérêt... c'est
elle qui a amorcé les pourparlers hors cour. Si la SHQ avait voulu
cacher quelque chose, peut-être qu'elle aurait amorcé,
elle-même les pourparlers. Ce n'est même pas le cas, c'est
l'entrepreneur. Le député de Mont-Royal doit savoir aussi bien
que moi que cet entrepreneur, Paul Martin, est à peu près ce
qu'il y a de plus écarlate comme libéral là
où il habite, sur la rive sud en allant vers Montmagny et
Rivière-du-Loup. On ne peut pas dire que le gouvernement a
réglé avec un de ses amis, au contraire. C'est la compagnie qui a
cru nécessaire d'amorcer des pourparlers avec la SHQ en vue de
régler. Donc, c'est une situation bien différente de celle qu'il
représente. Cela a été le cas systématiquement
aujourd'hui... Chaque cas que l'Opposition a soulevé donnait lieu
à une espèce de... cela n'aboutissait nulle part, une impasse.
À ce moment, au-delà de l'enquête du vérificateur,
au-delà de l'enquête du Procureur général, je ne
vois vraiment pas ce qu'une enquête publique donnerait de plus, n'en
déplaise à nos amis d'en face qui voudraient bien trouver
quelques croustilles juteuses que nos bons amis de la presse pourraient ensuite
couler dans l'encre et sur le papier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, dans le cas de Paul Martin,
je ne sais pas si le député de Taschereau écoutait les
questions que je posais...
M. Guay: Très bien.
M. Ciaccia: J'ai seulement demandé pourquoi le
règlement avait eu lieu durant la campagne électorale, et par
coïncidence, à la suite immédiatement du fait qu'un des
témoins qui avait résisté au témoignage pendant
trois mois, qui avait contesté et finalement qui avait été
obligé de comparaître, à ce moment, il y a eu
règlement. J'ai posé la question. Les conclusions, c'est encore
le député de Taschereau qui les tire. Alors, si vous tirez des
conclusions... Si le soulier... "If the shoe fits, wear it", comment
dit-on?...
M. Guay: Je rétablis les faits parce que vous faites des
insinuations.
M. Ciaccia: Dans le cas de Montmagny, on a porté à
l'attention du ministre... Premièrement, on nous a donné une
mauvaise information ce matin, soit que la seule raison pour laquelle elle
avait été retirée, c'était une question de toiture.
C'était une information partielle, on l'a vu après. Mais le point
principal dans le cas de Montmagny, c'est que nous avons demandé - et
personne ne nous a répondu - s'il y avait des conflits
d'intérêts. Et on a donné le nom spécifique de
certaines compagnies avec certaines personnes qui sont les conseillers ou les
employés. Alors, c'est à vous de nous confirmer si cela existe ou
non. M. le Président, la position que le gouvernement, que le ministre
prend, s'appelle "stonewalling". Le ministre comprend cette expression. On
apporte des faits, on vous demande une enquête, on vous demande de faire
la lumière sur certaines choses et vous interprétez cela comme
s'il n'y a rien là. Le ministre a admis qu'il en avait parlé
à M. Boivin. Ce n'est pas une rumeur de ruelle, il en a parlé
à un représentant du bureau du premier ministre. C'est
arrivé à des niveaux assez hauts.
M. Guay: ... rumeur de ruelle. Je vous ai donné la
Grande-Allée.
M. Ciaccia: Très bien. Je voudrais donner une autre raison
pour que le ministre fasse cette enquête. On a parlé
d'études ce matin, des études qui avaient été
faites en cinq volumes, certaines études. Le ministre a dit:
Peut-être que je vais consulter pour voir si on peut rendre publiques ces
études parce que cela peut concerner une réclamation possible de
la part d'un des contracteurs.
Mais cette étude avait été faite au mois de mars,
au printemps 1980, je crois. Je veux demander au ministre s'il a donné
une copie de cette étude qui portait sur tout le fonctionnement de la
Société d'habitation du Québec. Elle ne touchait pas
seulement la réclamation des entrepreneurs. Est-ce que vous avez
porté cette étude à l'attention du président?
Est-ce que vous lui avez donné copie de ces études? Et est-ce que
vous avez donné suite à certaines des recommandations et des
points qui ont été soulevés dans cette étude, quant
au fonctionnement de la Société d'habitation du
Québec?
M. Tardif: M. le Président, cette étude a
été remise non pas au président, mais au
vice-président de la société, M. Carreau, qui, de par ses
anciennes fonctions de directeur de l'École d'architecture à
l'Université de Montréal, me semblait pouvoir apprécier
certains des détails purement techniques qui étaient contenus,
enfin de nombreux détails techniques qui étaient contenus dans
ces études. En effet, cela a été transmis là.
M. Ciaccia: Est-ce que certaines mesures ont été
prises à la suite de cette étude par la Société
d'habitation du Québec? Si oui, quelles mesures ont été
prises pour rectifier certaines des carences qui ont été
soulignées dans l'étude?
M. Tardif: M. le Président, je pense avoir répondu
à cette question ce matin lorsque j'ai dit que la Société
d'habitation du Québec a décidé d'en référer
à un tiers qui était d'abord le ministère des Transports,
un autre ministère, et deuxièmement, subséquemment,
à une espèce de conseil d'arbitrage formé de Cinq-Mars,
Martineau et Walker, je pense.
M. Ciaccia: C'est seulement sur la réclamation, ce dont
vous parlez.
M. Tardif: C'est sur l'ensemble des dossiers qui ont
été référés de la manière dont je
l'ai indiqué, à deux groupes totalement indépendants.
M. Ciaccia: Est-ce que le président de la
Société d'habitation du Québec, qui avait demandé
une étude à M. Latouche sur le dossier de Loto-Québec, a
apporté cette étude? Est-ce qu'il a fait part de cette
étude au ministre?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Ciaccia: Non, je le demande au président.
Le Président (M. Laplante): Moi, je le demande au
ministre.
M. Ciaccia: Excusez-moi, vous avez raison.
M. Tardif: M. le Président, si vous voulez
répondre. (17 h 30)
Je vais répondre dans un premier temps à cette question,
M. le Président, mais je voudrais faire un commentaire additionnel sur
le dossier de Montmagny. La demande qui a été faite par moi
à M. Latouche sur le dossier de Saint-Denis et Ontario portait
exclusivement sur une évaluation des travaux à compléter
pour faire le projet. Après examen, cette étude s'est
révélée inadéquate, de sorte que le dossier a
été référé ailleurs. M. Tardif est
parfaitement au courant de l'évolution de tout ce dossier puisque,
conformément aux procédures, je l'ai tenu au courant de
l'évolution du dossier au fur et à mesure.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez donné une copie ou
communication de l'étude au ministre?
M. Tardif: Je ne peux pas répondre d'une façon
précise, il est probable que j'ai transmis ce rapport à M. Tardif
avec les commentaires appropriés sur l'état de la situation. J'ai
certainement transmis des commentaires au ministre mais je ne me souviens pas
d'une façon précise d'avoir transmis le texte complet du rapport
fourni par M. Latouche à ce moment-là.
M. Ciaccia: Parce que, si le ministre l'a reçu, la
question que je voudrais lui demander, c'est quel geste il a posé
à la suite à cette étude à propos de ce
dossier.
M. Tardif: M. le Président, j'ai eu à diverses
reprises des rapports du président de la Société
d'habitation du Québec sur l'évolution du dossier Saint-Denis et
Ontario et j'ai refusé d'acheminer au Conseil du trésor et au
Conseil des ministres le dossier qui m'avait été transmis,
dès lors qu'il m'a semblé que nous nous acheminions vers des
dépassements de coûts qui m'amenaient à me questionner sur
ce projet. C'est tout ce que j'ai à dire sur ce dossier.
M. Ciaccia: Juste une dernière question. Il y a un
document pour des crédits supplémentaires qui se
réfère à la Société La Grande Passe en date
du 6 juin et on se réfère à La Grande Passe comme
étant propriétaire de l'édifice en titre. C'est le 6 juin.
Or, d'après les documents que vous nous avez fournis à cette
date, La Grande Passe n'était pas titulaire de cette
propriété, c'était encore l'autre compagnie. À
cette date, le 6 juin, c'était la SHQ qui était
propriétaire de la bâtisse. Est-ce que vous pouvez nous expliquer
cela? C'est un crédit supplémentaire pour payer Transit
Construction.
M. Tardif: C'était le 6 juin de quelle année?
M. Ciaccia: Le 6 juin 1979. C'était signé par Serge
Carreau, vice-président de la Société d'habitation du
Québec. C'était un crédit supplémentaire de 3000 $
pour payer à Transit Construction un crédit n'excédant pas
3000 $ et pour payer les travaux exécutés par les employés
occasionnels de La Grande Passe et on y décrit La Grande Passe comme
étant propriétaire de l'édifice. Or, à cette date,
le propriétaire de l'édifice était la SHQ. La
Société de logement centre-ville de Montréal est devenue
propriétaire de l'édifice le 8 août 1979.
M. Tardif: Nous sommes devenus propriétaires de
l'édifice que nous avions acheté de Loto-Québec à
ce moment-là le 19 juin 1978. Nous avons été
autorisés à céder par bail emphytéotique à
la Société de logement centre-ville l'immeuble en question le 23
mai 1979. Le bail emphytéotique a été passé
ultérieurement mais effectivement à partir du 23 mai 1979, la
Société de logement centre-ville était
considérée propriétaire de l'édifice.
M. Ciaccia: Dans votre esprit, elle était
considérée comme propriétaire mais, le 23 mai, l'organisme
sans but lucratif n'existait pas légalement. Il a été
créé le 27 juillet et il est devenu propriétaire le 8
août. Le 23 mai, cette compagnie n'existait pas.
M. Tardif: J'aimerais, M. le Président, obtenir une
précision sur la démarche dont
on parle, sur l'obtention d'un crédit.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est le crédit
supplémentaire, sujet: nettoyage à l'édifice de
Loto-Québec, angle des rues Ontario et Saint-Denis. On dit: "Attendu que
la société sans but lucratif, la Grande Passe, est devenue
propriétaire de l'édifice en titre, etc; Attendu que les travaux
sont exécutés par les employés occasionnels de la Grande
Passe; II est donc convenu que Transit construction Ltée paie ses
dépenses sur présentation des factures, qu'à cette fin
elle nécessite un crédit supplémentaire ne devant pas
excéder 3000 $." C'est daté du 6 juin. C'est signé par la
Société d'habitation du Québec, M. Carreau.
M. Tardif: M. le Président, étant donné que
le vice-président de la société, M. Carreau, le signataire
de cette lettre est ici, peut-être qu'on pourrait lui demander de venir
donner les détails. Je m'excuse, mais...
M. Ciaccia: Oui, il n'y a pas de problème.
Une voix: À moins que vous ayez quelque chose à
nous dire.
M. Ciaccia: Non, du tout, absolument pas.
M. Tardif: Est-ce que vous avez objection, M. le
Président, parce qu'il n'a pas apporté... M. Carreau.
Si je me souviens bien, parce que c'est quand même une chose qui
date, le but de cela était de pouvoir nettoyer, faire le
"dégarnissage" du bâtiment afin qu'au moment où les
soumissions allaient être demandées - d'ailleurs on fait allusion
aux soumissions qui vont venir - on puisse dire aux soumissionnaires que ce qui
reste du bâtiment est à conserver et identifier clairement quels
sont les travaux à faire. C'est une procédure que l'on suit
régulièrement dans tous les cas de recyclage de bâtiments
et même de restauration.
M. Ciaccia: Je ne mets pas en doute le fait que vous ayez
nettoyé la bâtisse et que cela a coûté 3000 $ pour la
nettoyer. Ce n'est pas cela que je vous dis. Je ne conteste pas le fait de la
nettoyer avant d'effectuer d'autres travaux, mais je vous demande pourquoi,
à cette date, vous avez dit et vous avez écrit que la
société sans but lucratif, la Grande Passe, est devenue
propriétaire de l'édifice en titre, quand cette compagnie
n'existait pas le 23 mai. Elle a été créée
légalement, juridiquement seulement le 27 juillet 1979.
M. Tardif: II peut y avoir eu méprise sur la corporation
même mais, chose certaine, il faut se référer aux
décisions qui avaient été prises et aux
arrêtés en conseil. Cela se peut qu'il y ait eu cette chose, en
attendant l'incorporation ou le passage de l'acte même de transaction, au
moment où la Société de logement centre-ville est devenue
propriétaire.
M. Ciaccia: L'arrêté en conseil du 23 mai, no
1429-79, permet à la Société d'habitation du Québec
de faire un financement hypothécaire à un organisme sans but
lucratif au montant de 381 600 $. Cela permet de le faire éventuellement
à la société sans but lucratif, mais ce document-ci va
plus loin que cela, il spécifie que, le 6 juin, la Grande Passe est
devenue propriétaire, tandis que ce n'est pas cela que
l'arrêté en conseil disait.
M. Tardif: C'est possible qu'il y ait eu confusion quant au
passage des actes et que ce soi-disant attendu ne soit pas exact. C'est
possible. La Grande Passe n'a jamais été propriétaire de
cet édifice.
M. Ciaccia: M. le Président, que voulez-vous que je vous
dise? La Société d'habitation signe des crédits
supplémentaires de cette façon. La compagnie n'est pas
propriétaire, c'est la Société d'habitation du
Québec qui est propriétaire. Je ne suis pas pour faire le
procès du vice-président de la Société d'habitation
du Québec, mais je trouve cela étrange que la compagnie
n'existait pas et que c'est le 8 août seulement que la
Société d'habitation du Québec a cédé
l'immeuble pour 1$ et un bail emphytéotique de 35 ans avec un prêt
de 381 000 $. Tout cela, ce qu'ils ont inventé le 6 juin, je voudrais
avoir une belle imagination... Cela s'est produit le 8 août, deux mois
plus tard. Après cela, ils nous disent qu'ils n'ont pas besoin de faire
enquête sur les activités de la SHQ.
M. Tardif: Si le député me permettait de replacer
tout cela dans son véritable contexte et dans sa véritable
dimension, on parle d'un montant de 3000 $. Il n'y a rien là.
M. Ciaccia: La Grande Passe, il n'y a pas de propriétaire,
il n'y a rien là. Je ne sais pas ce qu'on fait ici.
M. Tardif: Si on me permet de compléter ma réponse,
M. le Président, on a tout simplement écrit à Transit pour
confirmer qu'on était d'accord pour payer jusqu'à concurrence de
3000 $ certains travaux de démolition intérieure, histoire de
préparer des soumissions, des appels d'offre publics qui ont
été faits à ce moment-là, au mois d'août
1979.
Que le contrat comme tel, le bail
emphytéotique ait été signé effectivement
quelques mois plus tard, cela ne change rien au problème puisque nous
avons procédé avec les documents que nous avions à ce
moment-là. En d'autres termes, comme on le fait habituellement dans une
entreprise, souvent, on confirme à une banque qu'on va faire un
prêt hypothécaire de tel montant et le bénéficiaire
va à la banque pour financer son projet temporairement.
Ce qu'on a fait effectivement, au lieu d'utiliser l'expression ou le nom
officiel de la Société de logement centre-ville - tout le monde
parlait de la Grande Passe - on a utilisé le nom la Grande Passe. Mais
ce n'est pas plus sérieux que cela.
Pour revenir - parce que cela fait quatre fois que je veux le faire et
que je n'en ai pas l'occasion - un peu sur le dossier de Montmagny, je veux
répéter que ce matin - et on vérifiera dans le compte
rendu - j'ai bien indiqué qu'à Montmagny comme ailleurs, le
désistement ne couvrait que les toitures. Je me suis
référé au décret concernant cela, qui confirmait ou
donnait le pouvoir de régler hors cour la question des toitures. Ce que
je n'avais pas ce matin, ce sont les lettres dont j'ai fait état cet
après-midi, lettres qui ont été envoyées à
l'OMH au mois de novembre 1980, résolution de décembre 1980 de
l'OMH de Montmagny qui nous confirme le mandat, disant qu'il se
désistera sur la question des toitures seulement.
Je sens le besoin de revenir sur cela et de faire les précisions
qui s'imposent parce que cela m'apparaît évident que, pour toutes
sortes de raisons, on n'a pas semblé comprendre tout le processus.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, la SHQ dit: II n'y a rien
là, il y a seulement 3000 $. Je voudrais que monsieur m'explique ce
qu'il vient de dire. Ils ont autorisé un paiement de 3000 $ à
Transit le 6 juin...
M. Tardif: Non, je regrette. On n'a pas payé ce montant
à ce moment-là. On a tout simplement averti Transit qu'on
était d'accord pour reconnaître jusqu'à concurrence de ce
montant-là.
M. Ciaccia: Comment expliquez-vous cela, après avoir dit
ici, dans une lettre à M. Tardif signée par vous-même le 8
septembre 1980 - c'est pour le 6 juin 1979 -que l'édifice de
Loto-Québec n'a jamais fait partie du mandat des réparations
majeures. Autrement dit, Transit n'était pas dans le portrait,
n'était pas autorisée en 1979; vous nous avez dit qu'elle ne
faisait pas partie du mandat des réparations majeures. Comment
conciliez-vous ça? Ce n'est pas ce que vous avez dit au ministre? (17 h
45)
M. Tardif: Je suis heureux, M. le Président, qu'on me pose
cette question parce que ça me permet, une fois de plus, de clarifier
des choses. Le mandat pour les réparations majeures n'a jamais compris
l'édifice au coin de Saint-Denis et Ontario, parce que le mandat des
réparations majeures ne comprenait que des projets d'habitations
construites, encore une fois, par les offices municipaux d'habitation et ou par
la défunte Fédération Coop-Habitat. Nous avons
reçu, à un moment donné, un décret qui nous aurait
permis de financer ce projet à même le budget des
réparations majeures et c'est moi-même qui ai refusé de
procéder comme ça, de telle sorte que nous sommes
retournés au Conseil du trésor et au cabinet pour situer le
problème et demander d'être autorisés à
procéder dans ce dossier d'une façon formelle.
M. Ciaccia: II y a une autre contradiction parce qu'au mois de
mars 1979, il y a eu un paiement pour un contrat avec Dupras et ça vient
contredire exactement ce que le...
M. Tardif: Non, M. le Président, ça ne vient
pas...
M. Ciaccia: ...même le Vérificateur
général a dit, à la page 201: "le contrat avec
l'architecte intervenu au moment où le projet faisait partie de
programmes de réparations majeures coordonnés par Transit.
L'architecte a été nommé par le coordonnateur et un
contrat a été signé avec la Société
d'habitation du Québec le 1er mars 1979." Ici, vous dites, en 1980, que
ça ne fait jamais partie du mandat.
M. Tardif: M. le Président, ça ne vient rien
contredire, ça vient seulement confirmer une chose. C'est qu'au
début, avant que nous ayons les autorisations complètes, nous
avons accepté de payer certains frais dans ce dossier, mais tous les
montants ont été transférés par la suite au dossier
en question. Cela ne vient rien contredire.
M. Ciaccia: C'est du "double talk".
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, c'est assez cocasse
quand même, de la part du président de la Société
d'habitation du Québec et de son vice-président, de nettoyer les
lieux en vue d'une soumission, alors qu'on sait très bien que, dans le
cas de la Grande Passe, le contrat de rénovation a été
accordé sans soumission. C'est confirmé par le
Vérificateur général. On prend le souci de dépenser
3000 $ pour qu'il puisse voir ça comme il faut; par contre, on ne
procède même pas à des soumissions.
M. le Président, je vais encore une fois faire une demande au
ministre: nous exigeons, la population du Québec exige qu'on fasse la
lumière sur tous ces faits troublants.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais rappeler à
nouveau un fait que j'ai mentionné. II y a eu effectivement des appels
d'offre par la Société de logement centre-ville qui ont
été publiés le 11 août 1979; il y a eu, à
cette époque, quatre soumissionnaires, le plus bas étant Bolduc
Construction pour 564 555 $; il a écrit à l'architecte au
dossier...
M. Bélanger: Question de règlement, M. le
Président. Étant donné que l'heure avance, il nous reste
dix minutes, peu importe que M. le président de la Société
d'habitation du Québec nous déclare tous les soumissionnaires,
c'est marqué en noir et blanc que Transit Construction a obtenu le
contrat sans être au nombre des soumissionnaires.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, il a droit à une réplique; je ne peux
pas me dérober, s'il y a des mises au point à faire, je pense que
c'est ce qui se fait...
M. Tardif: Alors, Bolduc Construction a écrit à
l'architecte ultérieurement pour modifier sa première soumission
à 604 555 $ et les dirigeants de l'organisme sans but lucratif ont,
à ce moment-là, refusé les soumissions; c'est à la
suite de ça qu'ils ont signé un contrat avec Transit Construction
pour 600 000 $.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, est-ce que les
membres sont prêts à adopter les programmes 10 et 11?
M. Ciaccia: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur division, je vous
remercie. Maintenant, par quel programme voulez-vous commencer? Je pense que
Madame... Quel programme, l'Office de protection du consommateur? Je n'ai pas
dit non. Programmes 9, 10, 11, 12. Programme 12.
Office de protection du consommateur
À l'ordre, s'il vous plaît! Mme la députée de
Chomedey, si vous voulez commencer, s'il vous plaît!
Mme Bacon: M. le Président, concernant la protection du
consommateur, on sait qu'il y a divers bureaux de la protection du consommateur
à travers le Québec. En faisant une projection vers l'avenir,
est-ce que le ministre a l'intention d'augmenter ces bureaux ou s'il croit que
le nombre de bureaux actuels est suffisant?
M. Tardif: M. le Président, je voudrais d'abord
présenter aux membres de cette commission le président de
l'Office de protection du consommateur, M. Pierre Meunier, ainsi que le
vice-président, M. Moreau, qui répondront aux questions des
membres de cette commission.
Pour revenir à la question de la députée de
Chomedey, je dois dire que l'Office de protection du consommateur a
présentement une douzaine de bureaux et qu'il est vraiment trop
tôt, au moment où je viens d'arriver à ce ministère
pour faire état de l'espèce de planification que je pourrais
envisager pour l'office. Néanmoins, peut-être son président
a-t-il sur cette question des choses dont il voudrait informer cette
commission?
Voici, Mme la député de Chomedey, nous avons, comme vous
le savez, treize bureaux régionaux à travers le Québec.
Nous avons aussi depuis quelques années, ce qu'on appelle dans certains
endroits, des bureaux volants, des bureaux itinérants ou des bureaux
satellites, suivant l'Office de la langue française. Nous en avons une
dizaine de ces bureaux satellites qui nous permettent, à partir des
bureaux régionaux, de couvrir des régions que nous ne couvrons
pas directement. Au sucroît, nous étudions la possibilité
de recevoir des appels à frais virés des régions
éloignées de façon à permettre à tous les
consommateurs d'avoir accès également au service de l'office.
Dans un premier temps, il n'y a qu'une seule région dont on
reçoit des appels à frais virés, il s'agit de la
région des Îles-de-la-Madeleine, dont les citoyens peuvent appeler
à frais virés, à Gaspé. Pour conclure, il nous
apparaît, à ce stade, important de consolider les bureaux
existants de l'Office de la protection du consommateur plutôt que
d'ouvrir des nouveaux bureaux où on aurait de la difficulté
à maintenir une permanence. Mais l'un n'exclut pas l'autre,
évidemment, compte tenu des disponibilités
budgétaires...
Mme Bacon: ... les compressions budgétaires, les coupures
dans les budgets et aussi au niveau de la permanence, parce qu'il y a des
entrées contractuelles. Mais on a quand même recours à de
la permanence dans de tels bureaux... C'est un peu pour
cela ma question, si on a prévu d'autres bureaux. Au niveau des
demandes d'information, dans le rapport du ministère qu'on nous remet,
on parle beaucoup de plaintes, il y a énormément de plaintes qui
sont dirigées vers ces bureaux, sur l'automobile, l'automobile neuve et
l'automobile en général. Est-ce qu'on a prévu, au cours
des mois qui viennent, une information spéciale, une information
typiquement adressée aux gens qui sont conscients de ces
problèmes et qui pourraient avoir besoin de cette information qui ne
reqarde que l'automobile, que ce soit l'automobile usaqée ou
l'automobile neuve en ayant à l'esprit ces plaintes qui sont quand
même beaucoup plus nombreuses que d'autres qenres de plaintes
adressées à l'office?
M. Tardif: Vous avez parfaitement raison. C'est un des sujets
majeurs de plainte à l'office. On a distribué, à
l'occasion de la campagne d'information sur la nouvelle loi sur la protection
du consommateur, une brochure qénérale sur la loi qui comportait
un chapitre sur la réparation et la vente d'automobiles d'occasion.
Cette brochure a été tirée à 1 600 000 exemplaires
en français et 400 000 en anqlais. De surcroît, on a
également publié une brochure spécialisée en
matière d'automobile: vente d'automobiles et de motocyclettes d'occasion
de même que réparation d'automobiles et de motocyclettes
d'occasion. Cette brochure spécialisée a été
tirée à 125 000 exemplaires. C'est intéressant de noter
également qu'elle a été traduite en cinq langues soit en
anglais, en espagnol, en italien, en grec et en portugais.
Mme Bacon: ... pour en demander. M. Tardif:
J'espère bien.
Mme Bacon: Si on revient aux groupes ethniques, par exemple, je
regarde dans les campagnes aux consommateurs, qu'il y a 30 000 $
destinés aux groupes ethniques. Est-ce que ce sont les cinq langues
encore là qu'on retrouve où on peut traduire les campagnes
publicitaires, ou si on ajoute... parce que 30 000 $, quand même, ce
n'est pas tellement élevé, mais est-ce qu'on peut quand
même faire des choses?
M. Tardif: Pas nécessairement parce que cela est un effort
distinct. On a embauché, depuis quelques mois, une conseillère
spécialisée dans les relations avec les groupes ethniques. On a
également, au sein du conseil d'administration de l'office, un
comité formé de membres du conseil d'administration de l'office
qui va se pencher sur les problèmes des consommateurs provenant des
groupes ethniques et qui va nous aider à établir une politique de
communication à l'endroit des gens des groupes ethniques. On peut
peut-être ajouter de surcroît que, dans les subventions aux
associations de consommateurs dans le passé, plus
particulièrement l'an passé, je pense qu'on a donné deux
ou trois subventions à des associations qui travaillaient principalement
avec nos concitoyens de différentes oriqines ethniques.
Mme Bacon: Au niveau de la revue Protéqez-vous, Protect
yourself, quel est le coût unitaire de chacune de ces revues, la revue
française et la revue anglaise? Est-ce que ce ne serait pas possible de
regarder dans le dossier? Ce n'est pas indiqué dans le dossier qu'on me
remet. Je revois pendant que vous cherchez le coût de
Protégez-vous et le coût de Protect yourself. Je sais quand
même que le nombre de revues qui sont distribuées, le tirage n'est
pas le même du tout quand on regarde le tirage des deux revues. C'est un
peu pour cela ma question. Quel serait le coût unitaire de l'une et de
l'autre?
M. Tardif: C'est assez difficile à établir, le
coût unitaire. Je pense qu'on peut essayer de vous donner un coût
unitaire que je n'ai pas actuellement en ma possession, mais je pourrai vous
communiquer des détails précis à ce sujet parce que la
structure d'abonnement varie constamment. Comme vous le savez, on a eu deux
types d'abonnement: un prix dit d'introduction et un prix réqulier. On a
des gens qui se sont abonnés pour une période d'un an, de deux
ans ou de trois ans. Alors, sur le prix d'introduction on avait 6 $, 10 $ et 12
$ pour un, deux et trois ans et maintenant c'est de 12 $, 16 $ et 22 $, je
pense. Contrairement à ce qu'on avait pensé et à ce que
nos experts nous avaient prédit, le gens se sont abonnés beaucoup
plus pour trois ans au prix introductif parce que cela revenait à 0,33 $
la copie. (18 heures)
Je peux vous dire qu'en date du 30 avril, on avait perçu quelque
chose aux environs de 1 300 000 $ en subventions; parce que là aussi il
y a une distinction, comme vous l'avez peut-être vu, entre les
expressions d'abonnement et les gens qui ont envoyé des chèques
avec leur coupon d'abonnement. On a reçu des expressions d'abonnement
d'à peu près 196 000 personnes, et il y en a 158 000 qui ont
envoyé leurs chèques. On a bon espoir de pouvoir combler la
différence, mais apparemment dans l'industrie, parce qu'on est
néophyte et comme vous le savez on n'est pas commerçant, le taux
de retour est très satisfaisant.
Mme Bacon: J'ai essayé de lire un peu et Protect yourself
et Protégez-vous. Souvent
le texte n'est pas le même dans Protect yourself. Est-ce que vous
distribuez "Protect yourself" seulement au Québec à la
communauté anglophone ou allophone, en fait aux gens qui veulent le
lire, ou si vous avez une exportation de la revue?
M. Tardif: Le texte est accessible à tous et maintenant
qu'il est vendu, vous le comprendrez, à quiconque veut l'acheter -avant
quiconque voulait l'avoir, il n'y avait pas de discrimination, mais il n'y en a
certainement pas plus maintenant que c'est vendu - je peux vous dire qu'on a un
certains nombre d'abonnés anglophones à l'extérieur du
Québec. Au moment de la mise en vente, on comptait, pour le Protect
yourself, à peu près 95% des abonnés à
l'intérieur du Québec.
À ce stade, on n'a pas de donnée précise, parce que
notre service des abonnements a été plus qu'occupé
à recevoir les abonnements qui entraient et on n'a pas encore
interrogé l'ordinateur pour en savoir la provenance. On pourra le faire
cependant; en se servant des codes postaux cela devrait être assez
facile. Pour le Québec, l'extérieur et les grandes régions
du Québec cela pourrait être très intéressant.
Le Président (M. Laplante): Une dernière question
madame la députée.
Mme Bacon: J'en avais plusieurs. Si vous m'en permettez une
autre, j'en aurais une au niveau d'une philosophie que j'aimerais voir
développer par le ministre.
Cela m'inquiète un peu de voir que les textes ne sont pas les
mêmes. Est-ce que cela n'augmente pas les coûts de production? Je
ne suis pas une spécialiste, mais au niveau des gens qui font la
rédaction et l'édition...
M. Tardif: On a fait un sondage que vous retrouvez au cahier et
qui est synthétisé, et on a appris que les consommateurs
anglophones se sentaient un peu frustrés de l'orientation du magazine en
ce sens que l'on donnait des exemples de choses qui se passaient à
Québec, à Sainte-Foy, et peut-être pas suffisamment
là où la population anglophone est concentrée. On
s'était rendu compte un peu auparavant aussi que cela ne coûte pas
tellement plus cher d'avoir de la production originale que de faire de la
traduction parce que, comme vous le savez, la traduction est très
dispendieuse.
On s'est fixé comme objectif cette année d'avoir 40% de
contenu autonome en anglais et aussi de faire de l'adaptation,
c'est-à-dire aussi d'insister, parce qu'on a maintenant deux
contractuels pour une période d'un an, d'insister sur ces aspects qui
intéressent plus la population anglophone.
On ne dit pas nécessairement deux vérités; il n'y a
pas deux lois, une pour les anglophones et une pour les francophones on donne
des exemples de choses qui leur parlent beaucoup plus, parce que si on leur
parle du CHUL ou de Sainte-Foy à tout bout de champ alors qu'il y en a
très peu qui y vivent, c'est différent que si l'on parle de
Pointe-Claire, mais il y a aussi un pourcentage de textes originaux et cela
nous permet d'avoir des textes intéressants en provenance de pigistes
d'origine anqlophone. On est même à traduire maintenant un texte
anglais pour l'édition française parce qu'il était
très bien écrit et très intéressant.
Mme Bacon: Juste une dernière petite question. Si on
regarde le comportement des consommateurs, l'endettement, par exemple, on sait
que les gens utilisent beaucoup les cartes de crédit. De plus en plus,
on tente de faire comprendre aux gens que c'est quand même une source
d'endettement, si je peux m'exprimer comme cela, et qu'il y a des impacts qu'on
peut créer par une campagne de publicité ou l'utilisation de la
carte de crédit. Le ministre, dans les mois qui viennent, une fois qu'il
aura fait le tour de son jardin, a-t-il l'intention de créer cet impact
dans la population pour qu'on paye comptant? Va-t-il, par exemple, rencontrer
les gens du milieu ou des différents secteurs avec lesquels il doit
transiqer pour voir de quelle façon - on a parlé de cartes, je ne
peux pas me rappeler du nom de ces cartes que les gens peuvent utiliser quand
ils paient comptant; ils ont un rabais sur les achats; il y a un nom à
cette carte - il pourrait chanqer le comportement des consommateurs? Je sais
que c'est lent et long, mais c'est guand même important dans
l'état actuel de l'économie.
M. Tardif: C'est sûr gue ce qui est important, ce n'est
peut-être pas tellement que les qens utilisent la monnaie de plastique,
comme on l'appelle, la carte de crédit, ou la monnaie imprimée,
comme le fait qu'ils n'encourent pas de frais de crédit. Ces charges de
crédit ne sont comptabilisées qu'à partir du moment
où on dépasse la date prévue du paiement. En fait, comme
telle, l'utilisation de la carte de crédit, pour peu qu'on honore ses
paiements à terme, ne comporte aucuns frais et peut même avoir
certains avantages à cet éqard. Ce qui est important, ce n'est
peut-être pas l'utilisation de la monnaie de plastique, mais le fait de
laisser courir les frais.
Cela dit, je pense que le président de l'Office de la protection
du consommateur a des choses à dire là-dessus.
Mme Bacon: On est tous pour la vertu et contre le vice, mais
c'est parce qu'à un moment donné il y a des gestes à
poser
quand on veut changer des comportements.
M. Tardif: Effectivement, à l'occasion d'une
émission sur le réseau TVA à laquelle j'avais
été invité on posait la question: je ne me souviens plus
du nom de l'émission, je pense que c'était La parole est à
vous - on posait la question: Est-ce que les qens sont trop endettés ou
abusent du crédit? J'avais fait la suggestion à ce
moment-là - ce n'est pas neuf, d'autres l'ont faite bien sûr - que
les consommateurs qui paient comptant puissent bénéficier d'un
escompte, parce que, quand on paie comptant, on paie le même prix que
ceux qui paient à crédit et on se trouve à payer.
Effectivement, pour l'utilisation de la carte de crédit, les marchands
paient éqalement un certain pourcentage. C'est quelque chose qu'on a
commencé à étudier à l'office, mais, comme vous
dites, ce sont des habitudes à changer en longue période.
À la suite de cette émission, un qroupe d'une vingtaine de
marchands avaient dit qu'ils étaient prêts à donner le
rabais en question. On en avait parlé dans Protégez-vous et,
finalement, cela n'a pas... Je pense que c'est peut-être une idée
qu'il faudrait creuser, mais là comme dans d'autres choses, quand il
s'agit de comportements fondamentaux comme ceux-là, on ne peut
malheureusement pas s'attendre à des changements du jour au
lendemain.
Mme Bacon: Je serais seulement tentée de dire, M. le
Président, que j'espère qu'un jour les consommateurs seront seuls
dans leur ministère pour qu'on puisse en parler longtemps. Autrefois,
ils étaient avec les institutions financières, compagnies et
coopératives, aujourd'hui, ils sont avec la SHQ. Le ministre a
été tellement accaparé qu'on n'a pas eu le temps de
développer de grandes philosophies, mais la prochaine fois on aura
peut-être l'occasion de le faire. On va lui souhaiter de n'avoir que cela
comme ministère.
M. Tardif: II m'aurait fait plaisir de le faire, madame,
croyez-moi.
Le Président (M. Laplante): Programme 12 avec ses
éléments, adopté?
M. Bisaillon: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): C'est parce que je n'ai pas
d'autorisation. Ma montre est brisée, elle indique 18 heures.
M. Bisaillon: M. le Président, si vous me permettez, je
pense que l'Opposition n'aurait pas d'objection à ce que je prenne cinq
minutes pour poser mes questions au président de l'office. Ces gens ont
quand même attendu toute la journée, cela fait un an que j'attends
pour poser des questions au président de l'office. Il me semble que cinq
minutes, après toute une journée de délibérations,
ce ne serait pas exagéré. Merci aux membres de l'Opposition de
leur collaboration...
Le Président (M. Laplante): Avez-vous des objections?
M. Bisaillon: ... en espérant, M. le Président,
qu'on aura aussi la vôtre.
Le Président (M. Laplante): On me dit: cinq minutes.
D'accord.
M. Bisaillon: Si vous me le permettez, je vais poser mes
questions en bloc en demandant au président de l'office d'en prendre
note et il pourra me répondre pour l'ensemble des questions que je vais
poser, ce qui nous permettra d'avoir deux minutes additionnelles.
Sur la question de l'immobilier, je sais qu'un comité de travail
avait été formé au niveau de l'Office de la protection, il
y a un certain temps. Est-ce que le rapport de ce comité est prêt
et si oui est-ce qu'il pourrait être disponible pour consultation pour
l'ensemble des députés?
Deuxième question, cela concerne les bureaux régionaux. Je
sais que l'office a actuellement treize bureaux réqionaux et je sais
aussi qu'un certain nombre de démarches ont été faites
pour que les bureaux de l'office se rapprochent davantage des consommateurs qui
sont le plus dans le besoin, particulièrement dans le bas de la ville de
Montréal, dans Sainte-Marie en particulier. Je me demandais si le
président de l'office avait déjà - compte tenu du
coût d'un bureau régional, on sait qu'on ne peut pas les
multiplier indéfiniment - envisagé la possibilité d'ouvrir
des comptoirs, un peu sur le même principe que les banques, les caisses.
Sans mettre sur pied une caisse avec tout le personnel et le matériel
que cela suppose, on ouvre, quand même, dans des institutions des
comptoirs où on donne, soit à temps plein ou à temps
partiel, des services qui peuvent devenir des services de
référence. L'idée d'un comptoir de l'office dans des coins
spécifiques, surtout défavorisés, permettrait de fournir
un plus grand nombre de renseignements à ceux qui en ont le plus besoin
et qui souvent sont ceux qui ne consultent pas les revues mises à la
disposition du public par l'Office de la protection du consommateur ou ne
lisent pas les journaux dans lesquels l'office renseigne les citoyens.
Troisième question, cela concerne la revue Protégez-nous.
Protégez-vous; protégez nous, c'est un vieux réflexe - je
suppose que c'est parce que l'office ne voulait pas être
considéré comme des commerçants qu'ils ont
donné un contrat de gérance. Est-ce que l'impact ou les
coûts d'un contrat de gérance par rapport à
l'administration faite par l'office même ont été
analysés? Si oui, quelle était la différence?
Deuxièmement, compte tenu des abonnements on voit tout de suite la
qualité de la revue et l'intérêt que le consommateur y
apporte. Auparavant les députés avaient un service
privilégié, c'est-à-dire qu'on fournissait aux
députés un certain nombre d'exemplaires de la revue
Protégez-vous mise à la disposition des citoyens qui venaient
visiter nos bureaux de comté. Afin d'éviter d'écrire
encore une lettre au président de l'office pourrait-il nous dire si,
malgré le fait que maintenant on vende la revue, ce service ne pourrait
pas continuer à se donner dans les 122 bureaux de comté des
députés?
Quatrième question, cela concerne l'analyse des plaintes. On
remarque à l'anaylse du rapport que 27% des plaintes reçues
à l'office sont régies par la loi actuelle et sur le 73% d'autres
plaintes, les points majeurs sont l'immobilier et l'assurance. Est-ce que
l'office compte présenter des suggestions de législation dans ces
deux domaines à court terme?
Deuxième guestion guant à l'analyse des plaintes par
rapport à l'automobile. Autrefois le domaine de l'automobile
n'était pas couvert par la loi de la protection du consommateur -
j'achève, M. le Président, il m'en reste deux...
Le Président (M. Laplante): Je n'aurai pas de
réponse, c'est ce qui arrivera.
M. Bisaillon: Le domaine de l'automobile n'était pas
couvert par la loi de la protection du consommateur. Est-ce qu'on peut faire
maintenant la différence entre les cas qui ont pu être
traités suite à la loi, par rapport à ceux auxquels on
avait à répondre autrefois? Et finalement, le droit de poursuivre
a-t-il été utilisé par l'Office de la protection du
consommateur? Si oui à quelle fréquence ou à tout le
moins, l'assistance aux associations des consommateurs, aux individus, pour
engager des poursuites contre des détaillants, des commerçants
a-t-elle été utilisée par l'office. (18 h 15)
M. Tardif: Je vais répondre, M. le député de
Sainte-Marie, à votre question sur le magazine et laisser à mon
collègue, le vice-président, le soin de vous dire quelques mots
sur vos autres questions.
Du magazine, on n'a pas une expérience assez longue encore pour
faire la comparaison entre ce qu'on assumait avant et ce que le gérant
assume comme frais techniques. Il faudra voir, laisser courir
l'expérience un peu plus longtemps, pour pouvoir répondre de
façon intelligente à votre question.
Quant à l'envoi aux députés, c'est une question
assez difficile à répondre. On peut bien sûr, envoyer une
revue par député; alors qu'elle était qratuite, j'avais
adressé une lettre à chacun des députés leur
demandant de s'abonner comme tout le monde et de mentionner leur
intérêt. Il n'y en a pas plus de la moitié qui a
mentionné son intérêt. Je ne dis pas qu'on a
été frustré de cette réponse, M. le
député de Sainte-Marie...
M. Bisaillon: ...
M. Tardif: Elle est disponible à coût modique et on
ne dispose que d'un très petit stock pour envois qratuits. Mais nous
allons considérer votre demande.
Je cède la parole à M. Moreau pour les autres
questions.
Dans le domaine de l'immobilier, l'office a créé un
comité d'étude sur la question. Ce comité a
travaillé le problème de l'immobilier en collaboration avec le
ministère de la Justice et l'Office de révision du Code
civil.
À la suite de l'analyse du dossier, les membres du comité
se sont interroqés sur la meilleure formule dans le domaine de
l'immobilier. Deux formules se présentaient à eux. La
première, c'était d'avoir, dans le domaine immobilier, un pendant
au domaine mobilier que l'on a déjà dans la loi 72, ou encore
intégrer dans la loi 72 les pratiques de commerce seulement. Quant aux
aspects contractuels, faire les modifications plutôt dans le Code civil
à l'occasion de la réforme de l'Office de révision du Code
civil. Ce sont deux formules qui sont présentement à
l'étude. Aucune décision n'a encore été prise
à ce sujet.
Quant aux bureaux régionaux, la suggestion que vous avez faite
tantôt, effectivement, a été pensée au cours de
l'année par la direction des bureaux régionaux qui comptait faire
une expérience pilote dans la région de Québec, afin que
les bureaux régionaux puissent desservir les consommateurs dans des
centres commerciaux et autres endroits semblables.
Nous sommes présentement à examiner plus à fond
cette guestion. En prévision de cette possibilité, nous avons,
pour le bureau régional de Québec, un bail qui a
été renouvelé et qui est beaucoup moins long que ce qu'il
était, justement, au cas où on déciderait d'adopter cette
formule qui est fort intéressante, celle de se rapprocher des
consommateurs.
Quant à votre question sur le droit de poursuite, effectivement,
l'office s'est prévalu de son droit de poursuite et, au cours de la
dernière année, elle a intenté 108 poursuites pour 454
chefs d'accusation.
Quant au domaine de l'automobile, puisque vous posiez la question
spécifiquement, nous avons, dans ce domaine, intenté 28
poursuites judiciaires. Il faut dire cependant - je pense que c'est bien
important - que nous avons employé la première année de
mise en viqueur de la loi pour informer les commerçants de la teneur du
texte de loi. Le président parlait tantôt de la campagne
d'information auprès des consommateurs. Mais auprès des
commerçants, elle a été aussi considérable puisque
uniquement dans le domaine de l'automobile, par exemple, nos enquêteurs
ont visité 1440 garages afin de les informer de la teneur de la loi,
leur donner des dépliants d'information et également leur
expliquer la loi en détail. Nous avons par la suite envoyé des
avis à ceux qui ne respectaient pas la loi. Le nombre d'avis a
dépassé 2000.
Donc, pour la première année, nous avons insisté
sur l'intervention administrative.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le programme 12,
avec ses éléments, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le programme 9,
avec ses éléments, est adopté?
M. Ciaccia: Quel est le sujet de 9? Une voix: On dirait
qu'on vous attend.
Le Président (M. Laplante): Le proqramme 9, c'est la
conciliation. Adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Le proqramme
13, qui consiste en la qualification professionnelle, avec
éléments, adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Je serais
presque tenté de dire que la première partie... Avant d'ajourner
sine die, je constate que les crédits de la commission de l'habitation
et de la protection du consommateur ont été adoptés sur
division.
M. Ciaccia: Sur division, M. le Président. Si vous le
permettez, j'aurais une question à poser au ministre en ce qui concerne
le programme d'accès à la propriété. Il y a en un
contrat de services pour l'élaboration d'un programme de stimulation et
d'aide à l'accès à la propriété pour les
besoins de la Régie du logement. La Réqie du loqement a fait une
étude qui se chiffre à 58 500 $. La question que je voulais poser
- je sais qu'on est en retard un peu - est celle-ci: Est-ce que c'est
l'étude sur laquelle le gouvernement s'est basée pour faire son
programme d'accès à la propriété? Si oui, est-ce
qu'on pourrait avoir une copie de cette étude afin qu'on puisse discuter
le projet de loi no 1 ce soir?
M. Tardif: M. le Président, lorsque j'ai assumé la
fonction de ministre d'État à l'Aménaqement et ministre
délégué à l'Habitation au mois de novembre dernier,
je n'avais pas comme tel de ministère - ce qui est encore le cas
jusqu'à ce que la loi no 7 soit adoptée - donc, aucun
fonctionnaire, ni personne. Nous avons effectivement demandé à la
régie de commander un certain nombre d'études qui, pour la
plupart, ont été exploratoires. Par exemple, une étude
comme: De quoi dispose-t-on comme données statistiques sur le logement?
Je vais vous donner un exemple seulement. Le député de Mont-Royal
a fait état, à un moment donné, des taux de vacance dans
certains secteurs. Il sait comme moi que ces taux de vacance sont basés
sur les statistiques de la SCHL qui ne couvrent que les immeubles de six
logements et plus.
Dans un premier temps, j'ai donc demandé de faire une
espèce d'inventaire, de ce dont on disposait comme données et
aussi d'établir des besoins en logement et tout cela. Il s'agit de
documents très préliminaires, de documents de travail qui, pour
la période en cause, visaient en quelque sorte à suppléer
le fait que je n'avais pas de ministère.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, je prie le rapporteur
de faire rapport à l'Assemblée nationale. Les travaux sont
ajournés sine die.
M. Ciaccia: Je voulais vous féliciter, M. le
Président, vous ne m'avez pas donné l'occasion...
Le Président (M. Laplante): On va prendre cela...
M. Ciaccia: Je voulais remercier les fonctionnaires qui ont eu la
patience de nous attendre.
(Suspension de la séance à 18 h 23)
(Reprise de la séance à 20 h 331
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît:
Étude du projet de loi no 1
La commission parlementaire de l'habitation et de la protection du
consommateur est réunie pour étudier le
projet de loi no l, Loi modifiant la Loi sur la Société
d'habitation du Québec.
Les membres de la commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blank (Saint-Louis),
M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gravel
(Limoilou), M. Guay (Taschereau), Mme Harel (Maisonneuve), Mme Lachapelle
(Dorion), M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Tardif (Crémazie).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Blais (Terrebonne), M.
Bordeleau (Abitibi-Est), M. Dean (Prévost), M. Lavigne (Beauharnois),
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Maciocia (Viger), M. Paré (Shefford), M.
Sirros (Laurier).
Il nous faudrait un rapporteur, s'il vous plaît.
M. Gravel: M. le Président, je proposerais M. le
député de Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Desbiens): M. Dupré
(Saint-Hyacinthe) sera le rapporteur.
J'inviterais maintenant un représentant de chacun des partis
à faire ses remarques préliminaires.
M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Tardif: Le projet de loi no 1, son objet a été
décrit en Chambre à l'occasion de la deuxième lecture.
Sans autre préambule, nous pouvons appeler l'étude article par
article de ce projet de loi.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous indiquer si les études qui ont été faites,
au sujet de l'accessibilité à la propriété et
auxquelles on s'est référé cet après-midi en
commission parlementaire lors de l'étude des crédits -mais on n'a
pas eu la possibilité de demander plus de détails parce que
c'était vers la fin - seront disponibles? Serait-il possible d'avoir
accès à ces études, d'avoir une copie de ces
études?
M. Tardif: M. le Président, je pense avoir dit au
député de Mont-Royal, cet après-midi, que certaines des
études qui ont été faites servent présentement de
documents de travail effectivement dans la mise au point du programme
d'accession à la propriété et débordaient, par
exemple, sur des questions comme les besoins en logements au Québec, sur
les sources statistiques et sur leur valeur. Je pense avoir même
cité le député de Mont-Royal là-dessus lorsqu'il
faisait état de taux de vacance basé sur les statistiques de la
SCHL sur des immeubles de six logements et plus. Donc, il y a un ensemble de
documents de travail, M. le Président, qui servent d'appui, et je vais
sûrement regarder ce qui dans ces documents est en quelque sorte dans une
forme assez achevée pour cela. Maintenant, attendu que nous travaillons
présentement à la mise au point du règlement sur
l'accession à la propriété, lorsqu'il sera au point, il
sera débattu par cette commission, M. le Président,
examiné par cette commission.
M. Ciaccia: M. le Président, des études ont
coûté 58 500 $, d'après les chiffres qui ont
été fournis. Ce sont seulement des données statistiques,
des données de la société centrale. Le ministre aurait pu
me demander des chiffres, cela aurait coûté bien moins cher que 58
000 $. Je pense bien que, pour 58 000 $, on a le droit à plus que des
statistiques pour des logements qui sont vacants et le taux de vacance. Je
pense bien qu'il doit y avoir une analyse des recommandations, une étude
dans le sens d'une étude d'accessibilité à la
propriété.
M. Tardif: Je pense que le député de Mont-Royal a
mal compris ce que j'ai dit. Je n'ai pas dit qu'on a examiné tout
simplement les rapports statistiques de la SCHL pour prendre ses
données. Je dis que nous avons entre autres choses un inventaire de
l'ensemble de la documentation et des sources qui peuvent nous
révéler l'état du logement au Québec. Cela n'est
pas uniquement... À tout événement, M. le
Président, je suis tout a fait d'accord pour inventorier les documents
de travail qui nous ont été produits et remettre à cette
commission les documents pertinents.
M. Ciaccia: Très bien, M. le Président, nous allons
attendre les documents auxquels le ministre se réfère.
J'espère que ce seront tous les documents qui font partie de cette
étude. Est-ce que le ministre pourrait nous donner les paramètres
de ce programme? Je sais que vous y avez référé un peu
lors de votre discours de deuxième lecture. Peut-être
pourriez-vous expliciter et nous donner les paramètres du programme,
dire à qui il s'applique, quelles sont les conditions pour y être
admissible, ainsi que les prévisions du nombre de loqements
additionnels, le nombre de logements existants et le nombre de nouveaux
loqements. (20 h 40)
Programme d'accession à la
propriété
M. Tardif: M. le Président, les paramètres du
programme sont connus. Ils ont été annoncés lors de la
campagne électorale, et c'est un engagement que nous avons l'intention
de tenir. Essentiellement, il comporte un prêt sans intérêt
de 10 000 $ la première année - donc, aucun intérêt
-
portant intérêt à 5% la deuxième
année, à 10% les trois années suivantes. Ceci est pour
l'acquisition d'un logement neuf dont le prix de plafond est fixé
à 60 000 $ dans le cas d'une maison unifamiliale, à 100 000 $
dans le cas d'un duplex et à 130 000 $ dans le cas d'un triplex. C'est
un programme qui prévoit également que ce prêt est
porté à 6000 $ dans le cas d'un logement ancien, mais qui,
néanmoins, peut être à nouveau ramené à 10
000 $ lorsqu'il s'agit d'un logement ancien substantiellement
rénové. On a défini la notion de "substantiellement
rénové" comme devant comporter des coûts de restauration
équivalant à 30% de sa valeur. Voilà en qros, M. le
Président, pour cette partie où la contribution gouvernementale
porte sur une bonification de l'intérêt sur le montant
indiqué.
Le deuxième volet de ce programme... Ah oui, je m'excuse, M. le
Président, ce programme on l'a dit, en plus de vouloir favoriser la
création de logements, d'activer l'industrie de la construction,
comporte aussi une préoccupation familiale et il sera accessible aux
familles ayant au moins un enfant de moins de douze ans. Subséquemment,
M. le Président, pendant la prise en charge des intérêts
jusqu'à concurrence des montants indiqués par le gouvernement,
pendant cette période, dis-je, la venue d'un autre enfant fera en sorte
qu'un montant de 2000 $ sera versé en déduction du prêt, la
venue d'un autre enfant, 4000 $, et ainsi pour le troisième
jusqu'à concurrence de 10 000 $ dans le cas d'un logement neuf et de
6000 $ dans le cas d'un ancien logement. En gros, je pense résumer
là l'essentiel, M. le Président, des paramètres du
programme. Il me reste à établir, par exemple, certaines normes
reliées probablement à la densité, selon qu'il s'agit d'un
immeuble bâti sur un terrain viabilisé ou pas.
M. Ciaccia: Vous avez parlé... M. le Président, le
ministre a dit que le programme serait applicable à des logements
nouveaux et aussi à des logements existants. Est-ce que la partie du
programme applicable aux logements existants le sera dès maintenant?
M. Tardif: Oui, M. le Président, s'il sont acquis en
propriété unigue.
M. Ciaccia: Non, pas les nouveaux logements mais les existants,
les anciens logements. Est-ce que quelqu'un qui veut acheter une
propriété qui est déjà construite peut venir au
gouvernement demander une subvention?
M. Tardif: S'il s'agit d'un logement neuf, M. le
Président, le programme sera rétroactif au 1er mai et s'il s'agit
d'un ancien logement, il sera applicable dès l'entrée en vigueur
du règlement.
M. Ciaccia: Alors, si je comprends bien, pour les logements
neufs, cela va commencer le 1er mai.
M. Tardif: C'est ça.
M. Ciaccia: Mais pour les logements existants, ca sera quand le
règlement entrera en vigueur.
M. Tardif: Oui, M. le Président.
M. Ciaccia: Et ce sera quand? Quand prévoyez-vous que le
règlement entrera en vigueur?
M. Tardif: Bien, j'ai déjà informé le
député de Mont-Royal et, en fait, toute la Chambre que je
comptais pouvoir soumettre un projet de règlement vers la
mi-juillet.
M. Ciaccia: Alors, cela veut dire que vers la mi-juillet, le
proqramme sera applicable... (20 h 45)
M. Tardif: Non, un projet de règlement sera soumis
à cette commission, c'est cela mon engagement, si on relit le journal
des Débats.
M. Ciaccia: Sera soumis à la commission au mois de
juillet. Si la commission accepte le règlement, cela veut dire que le
proqramme des logements existants sera applicable dès le mois de
juillet.
M. Tardif: Lors de l'entrée en vigueur du
règlement. Or, cette entrée en vigueur du règlement, M. le
Président...
M. Ciaccia: Pouvez-vous spécifier quand sera
l'entrée en vigueur?
M. Tardif: Non, non, je ne peux pas spécifier, M. le
Président; il y a des délais matériels, impression de
formulaires, négociations avec les institutions financières qui,
d'ailleurs, sont commencées, etc. Je ne peux pas spécifier ici de
délai, dire à partir de quel moment tous les fils seront
attachés. Mais j'espère que ce sera le plus tôt
possible.
M. Ciaccia: Ce seront des délais d'une ou deux semaines.
Est-ce que vous pouvez vous engager maintenant à ce que le
rèqlement ne prévoie pas qu'il entrera en vigueur le 15 janvier
1982, même si la commission, substantiellement, accepte les termes du
règlement? Quelle est votre intention quant à l'entrée en
vigueur du règlement?
M. Tardif: Mon intention, c'est le plus tôt possible.
M. Ciaccia: Le plus tôt possible pour vous peut être
en 1983, en 1982. Est-ce que c'est votre intention que, si la commission
accepte le règlement, il sera applicable la journée où la
commission l'acceptera?
M. Tardif: Non, M. le Président, j'ai dit au
député de Mont-Royal qu'il y avait à régler des
questions matérielles, ne serait-ce que l'impression des formulaires de
demandes, par exemple, de leur distribution dans les caisses populaires, dans
les banques et autres.
M. Ciaccia: Des technicités, un instant! Vous pouvez le
faire entrer en vigueur la journée où la commission l'accepte,
sujet aux modalités, si quelqu'un fait une demande après que cela
a été imprimé.
M. Tardif: Et aux négociations avec les institutions
financières, l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec, les municipalités et autres.
M. Ciaccia: Maintenant, ces négociations... Pourquoi
négocier des règlements pour les maisons existantes? Vous n'allez
pas négocier des règlements pour les maisons neuves, et cela va
s'appliquer dès le 1er mai.
M. Tardif: M. le Président, les négociations sont
déjà commencées avec les institutions financières.
Cependant, je pense que je n'apprendrai rien au député de
Mont-Royal en lui disant que les conditions de prêts, selon qu'il s'agit
d'habitations neuves ou d'habitations anciennes, ne sont pas les mêmes
avec les institutions financières. Et si l'on effectue beaucoup plus
volontiers des prêts hypothécaires sur du neuf, la situation n'est
pas la même sur de l'ancien.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, je voudrais rappeler
au ministre que c'est extrêmement urgent d'agir, je vais vous expliquer
pourquoi. Actuellement, beaucoup de constructeurs se réfèrent
à moi pour leur donner des renseignements au sujet du programme. Ce qui
se produit, c'est que personne ne veut acheter de maison, parce qu'ils
attendent tous de connaître le programme. En plus, certains programmes
d'accès à la propriété ont existé dans les
années 1971 à 1976. Lorsqu'on met un nouveau programme en
vigueur, on a toujours une période de boudage, ça prend quelques
mois avant que les gens embarquent, avant que les gens le comprennent. Donc, si
on n'agit pas immédiatement, on va manquer la saison d'automne, qui est
magnifique pour les constructeurs, je veux dire dès le début
septembre.
C'est donc dire qu'il faudrait le plus tôt possible
connaître les modalités, tout au moins dans le secteur de la
maison neuve, car je suis persuadé que les constructeurs vont innover
pour tenter d'avoir des maisons inférieures à 60 000 $, car il
n'est pas réaliste de parler d'une propriété de 60 000 $.
Il n'y a que les gens ayant un revenu familial entre 28 000 $ et 35 000 $ qui y
auront accès.
Il y a une autre chose que je voudrais demander au ministre. Vous savez
qu'actuellement il existe un proqramme de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement qui s'appelle HPP, hypothèque
à paiements progressifs. Est-ce que, si un acheteur se prévaut de
ces conditions de paiement, il sera quand même admissible au
programme?
M. Tardif: Absolument, M. le Président, puisque le HPP
n'apporte pas une réduction du coût total de l'immeuble. Il s'aqit
d'une hypothèque à paiements progressifs qui fait en sorte que,
durant les dix premières années, les mensualités sont
moindres, mais, par ailleurs, pour les 15 années, s'il s'agit d'un
prêt de 25 ans, ou les 20 années subséquentes, les montants
sont plus élevés que ce qu'ils auraient été
normalement, de sorte que l'un n'empêche pas l'autre, M. le
Président.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Maintenant, on
sait que, pour le prêt HPP, la Société canadienne
d'hypothèques ou des institutions prêteuses exigent un comptant de
10%, alors que, normalement, dans l'habitation, c'était un comptant de
5%, avec une hypothèque de 95%. Est-ce que le ministre envisage la
possibilité d'amorcer des négociations avec la
Société canadienne d'hypothèques et de logement, dans le
but d'essayer d'avoir sa coopération pour ramener les prêts
à 5%, plus le programme qu'offre le gouvernement du Québec? Je
suis persuadé qu'on pourrait en faire un succès dans les
prochaines années. C'est-à-dire, M. le ministre,
qu'actuellement...
M. Tardif: Je m'excuse, mais des représentations
auprès de...
M. Bélanger: Une négociation avec la
Société canadienne d'hypothèques et de logement pour
tenter de l'amener à réduire ses prêts à 5%
comptant, au lieu de 10% ferait que si on prend une propriété
dans les 45 000 $, qu'on se prévaut du paiement HPP et qu'en plus, on
prend celui du gouvernement du Québec, on peut être optimiste dans
le domaine de la construction.
Autrement, je n'y crois malheureusement pas tellement.
M. Tardif: M. le Président, on m'informe que des
pourparlers ont déjà été entamés avec la
SCHL et le MIC, Mortgage Insurance of Canada, pour qu'ils augmentent
précisément leur couverture de prêt admissible; donc, en
conséquence, réduire la part du comptant. C'est
déjà commencé.
M. Bélanger: Merci. Vous avez tenu compte du fait qu'il
faut aqir immédiatement dans le domaine de l'habitation parce que c'est
saisonnier. Cela ne nous donne rien de sortir un programme au mois de
décembre. Les gens ne visitent pas les maisons, ils ne visitent pas les
projets, ils n'achètent pas. Il faut absolument que tous les formulaires
soient distribués partout. Il faut surtout que le public soit
informé, et ce dès le premier dimanche après la fête
du travail.
M. Tardif: M. le Président, pour le loqement neuf, c'est
déjà commencé. Je pense qu'on peut se fier à
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec pour
faire valoir auprès des acquéreurs éventuels
qu'effectivement le programme aura un effet rétroactif au 1er mai.
D'ailleurs, c'est dans le projet de loi lui-même et, sur ce plan, je fais
confiance à l'Association provinciale des constructeurs d'habitation du
Québec pour faire valoir ce point-là. Je suis tout à fait
d'accord que nous devons agir le plus vite possible dans ce dossier.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: M. le Président, je voudrais savoir si la
définition de locataire a été définie, dans votre
idée, en ce sens qu'un propriétaire actuel pourrait profiter du
rabais, en vendant sa maison ces semaines-ci ou ces mois-ci. Est-ce qu'il y a
quelque chose à ce sujet?
M. Tardif: Non. M. le Président, si j'ai bien compris la
question du député de Saint-Hyacinthe concernant le programme qui
s'adresse aux familles locataires ayant un enfant de moins de douze ans, c'est
à savoir si, par exemple, une des conditions devrait être que ces
familles n'aient jamais été propriétaires ou ne l'aient
pas été depuis un certain temps. Nous sommes en train d'examiner
cette question, mais nous ne voulons certainement pas que le qenre de chose que
laisse entendre le député de Saint-Hyacinthe se produise, de
sorte qu'il y aura un délai prévu dans le règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Ma deuxième guestion, c'est à
savoir si la baisse ou la remise de 2000 $ pour le premier enfant additionnel
et de 4000 $ pour le troisième enfant, cela s'appligue de la même
manière lorsque c'est une maison usagée et que la subvention est
seulement de 6000 $.
M. Tardif: Je m'excuse. Comme je consultais...
M. Dupré: Si vous avez un prêt de 10 000 $ et que
vous avez un premier enfant... c'est-à-dire un deuxième parce que
ça en prend un premier, vous allez avoir une remise de 2000 $, de 4000 $
et encore de 4000 $, si jamais c'est un prêt de 10 000 $.
M. Tardif: C'est cela.
M. Dupré: Maintenant, si c'est un prêt de 6000 $,
est-ce que...
M. Tardif: Non, jusqu'à concurrence du montant
maximal...
M. Dupré: Naturellement, mais ce sont les mêmes,
2000 $ et 4000 $?
M. Tardif: 2000 $ et 4000 $, c'est ca.
M. Dupré: C'est ca. Ma troisième question est
celle-ci. J'ai cru entendre que ça prenait des services d'égout
et d'aqueduc.
M. Tardif: Oui.
M. Dupré: Ne croyez-vous pas que dans certaines
régions éloignées du Québec cela puisse porter
préjudice à certains villages ou à certaines
régions?
M. Tardif: Tout à fait, et c'est la raison pour laquelle
nous sommes en pourDarlers avec le ministère des Affaires municipales
sur cette question. On sait que la Société canadienne
d'hypothèques et de logement, avec le ministère des Affaires
municipales et la SHQ, avait établi un programme dit de prime à
la densité gui faisait en sorte que, lorsqu'une norme de densité
se situant entre 10 et 45 unités de logement à l'acre
était respectée, la municipalité pouvait se voir octroyer
une subvention de 1000 $ par logement, et ce, évidemment, de
façon à encourager la construction dans les interstices du tissu
urbain de façon à réduire les coûts pour la
collectivité, étant donné que le coût des
infrastructures croît à peu près selon une courbe
exponentielle. Donc, voilà pour ce que j'appelle la partie
urbanisée, la partie où il y a des services d'égout et
d'aqueduc, rues, trottoirs, etc.
Pour ce gui est de la partie rurale, ce gue vous avez appelé les
coins éloignés, là,
c'est une autre norme qui a cours, c'est celle que le ministère
de l'Environnement a établie pour les constructions dans les endroits
où il n'y a pas de services. On a constaté, lorsqu'il y avait des
constructions sur des lots traditionnels, disons, de 50 x 100 où il n'y
avait pas de réseau d'égout et d'aqueduc, qu'il arrivait parfois
que les fosses septiques des uns contaminent le puits de l'autre, juste
à côté. En raison de cela, le ministère de
l'Environnement a établi une norme qui implique que les
résidences bâties sur des lots qui n'avaient pas de services
devaient l'être, à l'origine, sur des lots d'une étendue,
je pense, d'une acre, qui, traduite maintenant selon le système
international de mesure, donnerait à peu près 3000 mètres
carrés, ce qui est à peu près la norme lorsqu'il s'agit de
bâtir dans des endroits non déjà viabilisés.
Or, entre ces deux-là, c'est-à-dire l'urbain
viabilisé et le rural sans aucun service, nous devrons, je pense, tenir
compte de la diversité des situations. Nous y sommes déjà
sensibles et nous y travaillons.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Si vous avez fait ce programme, vous devez avoir une
idée du nombre de nouveaux logements qui seraient contruits. Je
présume qu'un des objectifs, en plus d'essayer d'avoir plus de
bébés au Québec, ce serait d'avoir plus de maisons aussi
pour loger les bébés au Québec. Combien de nouvelles
constructions prévoyez-vous avec votre programme?
M. Tardif: M. le Président, je voudrais quand même
corriger une affirmation du député de Mont-Royal. Ce n'est pas
pour avoir plus de bébés, c'est pour aider ceux qui en ont.
M. Ciaccia: Je comprends. Pas ceux qui en auront le plus.
M. Tardif: Ceux qui en ont et qui en auront.
M. Ciaccia: Ce n'est pas la même chose.
M. Tardif: Deuxièmement, M. le Président, les
prévisions sont basées d'une part sur une analyse du volume
actuel de construction et ce qu'on appelle le rythme de formation des
ménages. On constate présentement au Québec qu'il se forme
annuellement à peu près 45 000 ménages, plus ou moins. Or,
l'industrie de la construction, cette année - et là
c'était au début de l'année - se faisait à un taux
d'intérêt voisinant 14%, 15%. Ces taux sont rendus à 18%.
La production de logements laissée à elle-même aurait
été dans les environs de 30 000 logements, laissant donc
possiblement un découvert, par rapport au nombre de ménages, de
15 000. À partir de là, M. le Président, nous avons fait
une prévision de la demande, qui pourrait osciller n'importe où
entre 20 000 et 25 000 demandes annuellement une fois que le programme aurait
pris sa vitesse de croisière. (21 heuresi
Or, M. le Président, ceci était encore une fois dans
l'hypothèse d'un taux d'intérêt voisin de 14% à 15%.
Lorsqu'on a des taux d'intérêt de 18% et même un petit peu
plus, la question qu'il faut se poser est dans quelle mesure la progression des
taux d'intérêt peut avoir un effet non incitatif sur un certain
nombre de ménages. Là-dessus, M. le Président, je n'ai pas
de boule de cristal. Sans doute les économistes pourront-ils calculer le
taux d'élasticité de la demande en fonction de ces
paramètres de progression du taux d'intérêt, entre autres.
Néanmoins, M. le Président, la prévision était
entre 20 000 et 25 000 logements ou demandes par année, et je tiens
à préciser encore une fois, cependant, que tout ceci
n'était pas dans le logement neuf. Nous avons émis
l'hypothèse que nous aurions à peu près la moitié
des demandes qui se porteraient vers le stock ancien et la moitié vers
le stock neuf, c'est-à-dire entre 10 000 et 12 000, possiblement, dans
le neuf et à peu près autant dans l'ancien. Je ne sais pas si
cela répond à la question du député.
M. Ciaccia: Partiellement. Je pourrais poser plusieurs questions
au sujet des affirmations que vous avez faites. Quand vous avez
mentionné le taux de 18%, je pense que vous avez repris mon discours de
deuxième lecture. À 18 1/4%, votre programme n'est franchement
pas une aide à beaucoup de personnes. C'est un programme, je vais
terminer, après cela, vous pourrez intervenir, qui a été
conçu durant une période électorale pour faire appel
à de jeunes familles, encourager la famille, encourager l'habitation.
Cela avait un certain éclat avant l'élection. Mais, soudainement,
vous vous voyez dans l'obligation d'appliquer ce programme et je pense que vous
vous rendez compte que les détails... C'est pour cela que vous n'avez
pas toute la réglementation. Faire un promesse, c'est une chose; essayer
d'accomplir cette promesse et d'atteindre ses objectifs, c'est autre chose.
Vous venez de vous rendre compte que 18 1/4% - vous l'avez admis
vous-même, vous ne savez pas combien de logements ça peut
créer - ce n'est pas vraiment incitateur à la construction de
logements, et cela cause quelques problèmes.
M. Tardif: Mais non, je n'ai jamais dit
cela, M. le Président.
M. Ciaccia: Un instant, je vais terminer. Le programme tel que
conçu comme programme électoraliste et le proqramme soumis pour
application, ce sont deux choses différentes. Vous avez mentionné
de 20 000 à 25 000 logements.
Premièrement, quand vous dites qu'on construit au rythme de 30
000 loqements par année, alors que la demande est de 45 000, et que vous
tentez d'aider les gens à combler cette différence, je voudrais
vous faire remarquer que les 15 000 logements additionnels, ce sont pour des
jeunes familles qui n'ont pas d'enfants de 12 ans, ce sont de nouvelles
familles. Immédiatement, votre proqramme n'est pas tout à fait
applicable pour les nouvelles demandes. Ces nouvelles familles qui n'ont pas
d'enfants ne sont pas admissibles d'après votre programme.
Deuxièmement, quand vous mentionnez qu'il y a 30 000
constructions par année et qu'il y aura de 20 000 à 25 000
demandes pour votre programme, dont la moitié seraient nouvelles, est-ce
que je peux comprendre, par là, qu'au lieu de construire 30 000
logements cette année ou l'an prochain, il y aura 42 000 logements de
construits parce que vous avez institué votre programme? Est-ce que
c'est cela que vous nous dites?
M. Tardif: M. le Président, je pense que le
député de Mont-Royal n'a pas tout à fait saisi ce que j'ai
dit. D'abord, je n'ai jamais dit que le programme ne serait pas incitateur;
j'ai dit que les taux d'intérêt qui augmentent créent en
eux-mêmes une "désincitation" à l'accession, et ce
indépendamment de la volonté du député de
Mont-Royal et de la mienne. Deuxièmement, le programme, avec les taux
d'intérêt actuels mettons-les à 18% - implique que sur 10
000 $, l'intérêt sera nul; à 18%, ça fait 1800 $ par
année, 150 $ par mois de réduction des mensualités pour la
première année. Je pense que ce n'est pas peu dire comme effort
pour ces ménages.
Lorsque nous parlons de nouveaux ménaqes, le rythme de formation
des ménages est à peu près de 45 000 par année; je
n'ai jamais parlé de 45 000 nouvelles familles. Il existe une chose
qu'on appelle les ménages hors famille, les ménages non familiaux
qui, également, décident de prendre maison, de former un
ménage, mais qui ne sont pas pour autant ce qu'on appelle des
ménages familiaux.
Le député de Mont-Royal dit: Vous avez pris un engagement
et, maintenant, vous vous rendez compte... Effectivement, nous sommes en train
de le formaliser. Ce n'est pas un engagement électoral, ce n'est pas une
chose sur laquelle nous pouvions demander à des fonctionnaires de faire
tout le travail préparatoire requis; deuxièmement, nous ne
pouvions certainement pas commencer à négocier avec des
institutions financières à ce moment-là. M. le
Président, ce programme aura, je pense, un effet d'aide aux jeunes
familles qui voudront s'installer, et que c'est la réponse, toutes
autres choses étant égales par ailleurs, qui viendra beaucoup
plus dire si le programme répond à un besoin ou pas.
M. Ciaccia: M. le Président, le ministre mentionne que 18%
sur 10 000 $ pour une année ça représente 1 800 $. C'est
vrai. Est-ce que le ministre a calculé ce que 18% sur le solde de
l'hypothèque de 30 000 $ par année représente? Ça
représente 5 400 $.
M. Tardif: Eh oui. C'est pour ca, M. le Président...
M. Ciaccia: Non, non. Je n'ai pas terminé, c'est juste une
constatation que je fais, que la réduction de 1800 $ n'aide pas pour les
18,25%, parce que vous figurez 18% et c'est 18,25%, et ça va en montant,
et les analystes ne prévoient pas une baisse dans les prochains mois.
Même avec cette subvention d'une année sur l'intérêt
de 10 000 $, ca va prendre des paiements mensuels assez élevés.
Voici la question que j'avais posée au ministre: Combien de nouveaux
logements seront contruits à la suite de votre programme?
M. Tardif: M. le Président...
M. Ciaccia: En plus des 30 000 que l'Association des
constructeurs du Québec et que les statistiques prévoient.
M. Tardif: Là aussi, M. le Président, j'ai
tenté d'indiquer - je pense que ca va être la troisième
fois - au député de Mont-Royal que la demande pour de nouveaux
loqements est fonction d'une foule de situations dont, notamment, les taux
d'intérêt qui jouent au plus haut point. Or, M. le
Président, quel sera d'une part l'effet incitatif du programme que nous
avons et d'autre part l'effet combiné de la "désincitation" due
au haut taux d'intérêt? J'ai dit au député de
Mont-Royal que nous avions établi ce proqramme sur une prévision
de - une fois la vitesse de croisière atteinte - 20 000 à 25 000
ménages annuellement, se partageant à peu près
équitablement et également entre l'ancien et le nouveau.
Si le député de Mont-Royal me demande quels sont les gens
- et c'est ça finalement sa question peut-être, je vais essayer de
préciser pour lui - qui sans le programme n'auraient pas du tout fait
l'acquisition d'une maison, je vous dirai qu'idéalement ce que nous
pouvons viser c'est un taux de corrélation de 1, c'est-à-
dire une corrélation parfaite entre le programme et le nombre de
personnes visées. Dans 100% des cas l'idéal qu'on voudrait viser
serait que 100% des gens qui vont bénéficier du programme
seraient des gens qui sans lui n'auraient pas fait le qeste. Or, je pense que
ce serait utopique, illusoire de s'imaginer que tout programme, quel qu'il
soit... On a déjà vu d'autres programmes, je pense, le programme
fédéral AHOP, notamment, Assisted Home Ownership Program, qui
avait, selon certaines estimations qui ont été faites, ce qu'on
appelle un taux de rendement qui pouvait être de l'ordre de 20%,
c'est-à-dire que, finalement, il y a peut-être un ménage
sur cinq qui, à cause du programme et du seul fait du programme, avait
décidé de faire le saut, les autres étant des gens qui
avaient pu ne pas... enfin, qui auraient de toute façon, à un
moment donné, décidé de se porter acquéreurs. Alors
entre un taux d'efficacité de cet ordre, c'est-à-dire de 20%,
à peu près, des programmes passés, et un taux
d'efficacité de 100%, je pense que nous devrions pouvoir viser un taux
qui se situerait n'importe où mieux que 20% et idéalement essayer
d'atteindre 100%, mais ne pas se faire d'illusion.
M. Ciaccia: Alors, si vous avez un taux d'efficacité de
20%, cela voudrait dire que pour l'année qui s'en vient, au lieu de
construire 30 000 logements nouveaux, il en faudrait au moins 36 000 à
la suite de votre programme. C'est 20%.
M. Tardif: Encore une fois je m'en remets à ce que j'ai
dit, et, là-dessus, il est d'ailleurs assez intéressant de voir
que l'APCHQ, l'Association provinciale des constructeurs d'habitations, croit,
elle, que le programme aura un effet incitatif. Cela a l'air, d'après le
volume d'appels qui arrivent à mon cabinet et ailleurs, qu'il y a un
paquet de Québécois et aussi de Québécoises qui le
croient.
M. Ciaccia: Vous ne pouvez pas nous donner des chiffres?
M. Tardif: Non, je n'ai pas de boule de cristal.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une question de boule de cristal. Vous
avez dépensé 58 000 $ pour faire des études. Vous avez un
programme qui devra avoir certains objectifs; vous devriez être en mesure
de nous donner vos objectifs, considérant les standards de ce programme,
considérant l'expérience - vous avez cité la
société centrale - considérant les incitatifs que nous
donnons, parce que les taux d'intérêt au mois d'avril
n'étaient pas à 7%, ils étaient pas mal
élevés quand vous avez lancé votre programme
électoral.
M. Tardif: Ils étaient à 15%.
M. Ciaccia: II devait y avoir quelques points de
différence.
Vous ne pouvez pas ou vous ne voulez pas nous donner des chiffres parce
que l'année prochaine on pourrait vous dire: "Vous nous aviez dit que
vous étiez pour avoir tant de nouvelles constructions". Il y a une
différence. Je fais une demande pour acheter. Si vous me donnez 1800 $
et que j'étais pour acheter, je vais prendre les 1800 $, mais ce n'est
pas parce que vous me donnez 1800 $ dans une année que je vais acheter
une maison. C'est cela la différence. Cela s'appelle du gaspillage de
fonds publics. Quelqu'un était pour acheter en tout cas, comprenez-vous?
Ce que vous devriez être en mesure de nous dire, c'est combien de
nouvelles constructions vous prévoyez; pas 100%, parce que cela serait
utopique. Personne ne peut concevoir un programme où l'effet serait que
100% des acheteurs n'auraient pas acheté sans le programme. Vous devez
avoir au moins un chiffre pour avoir un certain standard qu'on puisse
juger.
M. Tardif: Au-delà de ce que j'ai déjà dit
à cette commission et au député de Mont-Royal en
particulier, je n'ai pas d'autres données. Si j'en ai d'autres lorsque
nous soumettrons le projet de règlement à cette commission, donc
vers la mi-juillet, j'espère que je pourrai l'en informer. Il faudrait
quand même voir combien de gens, lorsque les taux d'intérêt
étaient à 15%, trouvaient intéressant ou voulaient se
porter acquéreurs d'une maison. Mais rendus à 18%, ils ont dit:
Non, c'est trop cher. Parmi ceux-ci, plusieurs, maintenant, avec le proqramme,
vont peut-être le faire. Il faudrait le voir.
Encore une fois, que le député de Mont-Royal me donne des
chiffres sur les taux d'intérêt sur une période
donnée; je pourrais peut-être le lui dire avec beaucoup plus de
précision. Les dix ministres de l'Habitation des provinces se sont
réunis la semaine dernière à Ottawa à ce sujet.
Tous, unanimement, on dit au gouvernement fédéral: Vous
détenez les leviers de la politique monétaire et bancaire,
dites-nous ce que vous allez faire sur les taux d'intérêt.
À ce moment, le gouvernement fédéral nous a dit: Nous
assistons impuissants à cette flambée des taux
d'intérêt. C'est la réponse que nous avons eue.
M. Ciaccia: Vous l'avez dit en deuxième lecture, mais
plutôt que de nous donner un programme bidon maintenant, puisque vous
savez que le problème c'est le taux d'intérêt et que toutes
les provinces... On n'a pas besoin des provinces pour nous dire cela, les
constructeurs vont vous le dire.
On n'a pas besoin des différents premiers ministres de toutes les
provinces pour constater que les taux d'intérêt sont hauts, on le
sait; même s'ils ne l'avaient pas dit, on le saurait pareil. Comme le
programme, si vraiment vous voulez stimuler la nouvelle construction, vous
auriez pu dire: C'est vrai, on ne sait pas si les taux d'intérêt
vont monter ou vont baisser. Si on veut vraiment avoir une incitation, on va
donner une subvention en haut d'un certain montant de taux
d'intérêt, 12%, 13%. Dans ce cas, cela aurait vraiment
été une incitation pour ceux qui voulaient acquérir une
nouvelle maison. Mais je voudrais demander ceci au ministre: Combien de
familles y a-t-il au Québec qui ont un enfant de moins de douze ans et
qui ne sont pas propriétaires actuellement? (21 h 15)
M. Tardif: Je cherche cette donnée pour le
député de Mont-Royal; si je l'ai tantôt, on la lui
donnera.
M. Ciaccia: Pendant que vous cherchez, il faudrait aussi chercher
le salaire moyen de ces familles.
M. Tardif: Le salaire moyen actuellement au Québec est
d'environ 26 000 $ par année, M. le Président.
M. Ciaccia: Non, je ne demande pas le salaire moyen au
Québec.
M. Tardif: Le salaire moyen des ménages au Québec
est présentement de cet ordre.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ça que je demande; je vous le
répète, ce n'est pas ça que je demande. Je demande le
salaire moyen des familles qui ont un enfant de moins de douze ans et qui ne
sont pas propriétaires.
M. Tardif: On va essayer de trouver cette donnée.
M. Ciaccia: Les locataires, avec un enfant de moins de douze ans,
quel est leur salaire moyen?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Taschereau, sur ce point précis? Autrement, il y en a d'autres qui ont
demandé la parole.
M. Ciaccia: Je n'avais pas terminé.
Le Président (M. Desbiens): Excusez-moi.
M. Ciaccia: Je voudrais porter à l'attention du ministre
un communiqué de presse qui a été émis aujourd'hui
par le Réseau d'action et d'information pour les femmes. Peut-être
le ministre en a-t-il déjà pris connaissance. Je voudrais porter
a son attention certaines déclarations qui ont été faites
et avoir sa réaction à ce sujet.
Premièrement, une des déclarations de ce communiqué
de presse est la suivante: "Ce programme est en outre très injuste pour
les familles qui ont déjà des enfants, en ne leur accordant pas
les mêmes avantages qu'aux familles qui décideront d'avoir des
enfants dans les cinq années réglementaires, condition pour
recevoir les sommes promises." Plus loin, on dit: "Enfin, le paiement de 2000 $
ou 4000 $, sur production d'un enfant, doit être oublié, cette
modalité est détestable; assortie d'une période limite de
cinq ans, elle devient du catapultage d'enfants. Tant que la
société et le gouvernement ne se seront pas
préoccupés sincèrement du sort de la femme,
lésée au nom de la famille, il est préférable de
laisser de côté les "baby booms"; gu'on s'attague plutôt aux
intérêts pour faciliter l'investissement dans une maison, mais
qu'on évite toute solution qui exploite les femmes ou qui les soumet aux
pressions du mari, tenté par des avantages marqués à son
endroit." Je voudrais avoir la réaction du ministre. Savez-vous, de
l'autre côté de la table... Les ministériels rient de
ça; mais ce sont des contribuables du Québec...
M. Bisaillon: Oui...
M. Ciaccia: Le député de Sainte-Marie me demande
qui a dit ça. Je vous le dis, c'est le Réseau d'action et
d'information pour les femmes, Sillery, Québec.
Répondez sur le fond; plutôt que d'essayer de ridiculiser
des déclarations, répondez sur le fond. Si vous avez...
M. Bisaillon: M. le Président, rappelez donc le
député à l'ordre. Tout ce que je lui avais demandé,
c'était qui; il vient de me répondre, il n'a pas besoin de faire
d'analyse là-dessus.
M. Ciaccia: ... une réponse... Je soulève ça
parce que c'est notre devoir, du côté de l'Opposition, de porter
cela à l'attention du ministre si lui ne se rend pas compte de ce que
les contribuables du Québec expriment. Je demande sa réaction.
Mais, avant d'avoir sa réaction, je dois aussi faire la constatation
suivante. C'est que, de la façon que le ministre a annoncé les
termes de son programme, les 2000 $ additionnels pour un enfant, après
que la personne a acquis la propriété, c'est vraiment 2000 $
échelonnés sur une période de 25 ans, la période de
l'hypothèque.
M. Tardif: Non, payés comptant, l'année de
l'hypothèque.
M. Ciaccia: Un instant, je vais m'expliquer, parce que j'ai
entendu l'explication du ministre. Une personne doit être en mesure de
répondre aux critères pour obtenir l'hypothèque initiale.
Alors, mettons que c'est une propriété de 50 000 $ - et ce n'est
pas exagéré, parce que, si vous allez à Lebourgneuf, c'est
très modeste, c'est très bien, mais, en bas de 45 000 $ ou 48 000
$, vous n'avez rien. Je parle de la propriété neuve. Je laisse de
côté les propos du député de Taschereau qui dit
qu'on peut acheter un logement pour 20 000 $. Je pense que tous les
entrepreneurs vont vous dire que c'est impossible, même dans la
région de Québec. Alors, la personne doit emprunter 47 500 $ si
la propriété est de 50 000 $, sur une période de 25
années, si vous lui donnez 2000 $, gu'est-ce que cela représente?
Cela veut dire que les 47 500 $ deviennent 45 500 $.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Hyacinthe, sur une question de règlement.
M. Dupré: Je veux savoir, comme nouveau
député, à combien de minutes consécutives un
député a droit. Ce n'est pas l'étude des
crédits.
Le Président (M. Desbiens): Un député a
droit à 20 minutes comme représentant.
M. Ciaccia: Je vais terminer. Je peux laisser le droit de parole
au député de Saint-Hyacinthe et revenir après.
Le Président (M. Desbiens): C'est cela.
M. Ciaccia: Mais je veux simplement compléter cela.
Le Président (M. Desbiens): À chaque
intervention.
M. Ciaccia: Je pense qu'il me reste encore quelques minutes. Mais
vous commencez mal votre carrière, vous.
M. Dupré: Je commence mal en m'occupant de mes affaires?
Je commence bien, je trouve.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal, si vous voulez terminer.
M. Ciaccia: Que vous donniez 2000 $ comptant à la famille
ou que vous réduisiez l'hypothèque, c'est la même chose.
C'est 2000 $ échelonnés sur 25 ans. Si vous donnez les 2000 $
comptant, cette famille sera encore obligée de payer les 47 500 $
pendant 25 ans. Si vous réduisez l'hypothèque ou que vous donnez
un montant comptant, je vous souligne, M. le ministre, que... M. Tardif:
Je pense que M. le...
M. Ciaccia: En tout cas, ce n'est pas le point principal.
M. Tardif: Ah bon!
M. Ciaccia: Le point principal serait votre réaction au
communiqué de presse émis aujourd'hui par le Réseau
d'action et d'information pour les femmes.
M. Tardif: Je vais quand même répondre à la
question...
Le Président (M. Desbiens): Je voudrais préciser
d'abord qu'on est encore à la période préliminaire. On est
assez large là-dessus; cela permet parfois d'avancer plus vite à
l'étude article par article.
M. Tardif: M. le Président, je vais quand même
répondre au député de Mont-Royal. Le programme
prévoit que la subvention à l'occasion de la naissance d'un
enfant sera versée comptant à la famille: 2000 $ pour le premier
enfant qui survient après l'acquisition du logement ou de la maison et
4000 $ pour chacun des enfants qui suivront. Cette subvention versée
comptant, nous sommes présentement en pourparlers avec les institutions
financières pour qu'elles aillent en réduction du prêt, de
sorte que le prêt initialement consenti de 47 500 $ tombe à 45 500
$; dans l'hypothèse d'un autre enfant, à 41 500 $ et, dans
l'hypothèse d'un autre, à 37 500 $. Or, c'est une subvention au
comptant et dont l'effet se répercute effectivement sur la durée
du prêt.
Concernant le deuxième élément, je voudrais quand
même apporter une précision qui peut répondre partiellement
à une des objections, ou un des commentaires contenus dans le
communiqué de presse auquel faisait référence le
député de Mont-Royal. En Chambre, lors du débat de
deuxième lecture sur le projet de loi, j'ai déclaré
qu'étant donné les problèmes liés à la
copropriété tant divise qu'indivise, le programme ne
s'adresserait au départ qu'aux acquéreurs en
propriété unique. Je pense que je dois corriqer cette
affirmation, du moins dans le cas des couples et des ménages qui se
porteraient conjointement acquéreurs de leur maison et auquel cas ils
seraient effectivement admissibles.
Voilà pour ce que j'ai à dire de façon
particulière sur ce communiqué. Pour le reste, je pense que ce
sont là des choix personnels que les qens peuvent faire d'avoir des
enfants. Ce que l'État peut faire, c'est de faire en sorte que les
conditions dans lesquelles vivront les ménages soient plus
supportables et plus tolérables.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Ciaccia: Excusez-moi, mais vous n'avez pas répondu.
Est-ce que c'est la totalité de vos commentaires sur le
communiqué de presse?
M. Tardif: Oui, pour l'instant, c'est la totalité de mes
commentaires.
M. Ciaccia: Vous ne commentez pas.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: À l'intérieur des critères qui
ont été énoncés, formulés par le ministre,
est-ce qu'on doit comprendre que cela pourrait couvrir les condominiums? Est-ce
que le proqramme couvrirait l'achat de condominiums?
M. Tardif: Effectivement, c'est en propriété unique
et ea pourrait couvrir l'achat de condominiums là où c'est
actuellement permis, c'est-à-dire dans le cas des immeubles neufs, ou
qui existent déjà.
M. Bisaillon: Ou qui existent déjà.
M. Tardif: Dont la conversion est déjà faite.
M. Bisaillon: Deuxième question - et j'en ai seulement
trois, M. le Président -pour ce qui est du vieux logement, est-ce que le
programme serait relié à des conditions de rénovation?
M. Tardif: Non, le programme n'est pas lié à des
conditions de rénovation autrement que celles que j'ai
mentionnées tantôt à savoir que, si le logement ou la
maison a fait l'objet d'une restauration majeure au cours des cinq
années qui ont précédé, le montant ou la
bonification d'intérêt porterait non pas sur 6000 $ mais bien sur
10 000 $, exactement comme sur du neuf.
M. Bisaillon: Comme si c'était un logement neuf.
Troisième et dernière question. Cela ne semblera
peut-être pas sérieux à cause de l'introduction, mais
ça l'est quand même. Le programme va s'appliquer aux couples qui
ont un enfant de moins de douze ans. On a déjà entendu parler, en
termes d'enqaqements électoraux, de la prime au foetus. C'était
une promesse ou un engagement qui avait moins de "sex appeal" que d'autres,
mais je voudrais savoir, dans le cas du programme, si cela s'appliquera aussi
à un couple dont la femme est enceinte, donc le considérant comme
ayant un enfant de moins de douze ans.
M. Tardif: Non, franchement, ceci risque de nous entraîner
dans des questions ontologiques reliées...
M. Bisaillon: Vous avez dû en entendre parler?
M. Tardif: ... à ce genre de questions: À partir de
quel moment la vie se manifeste-t-elle? Et autres choses semblables. Non, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: M. le Président, ma question...
M. Tardif: Si on me le permet, je voudrais ajouter un
élément. Lorsque j'ai dit que la bonification
d'intérêt passe de 6000 $ à 10 000 $ dans le cas d'un
immeuble ayant subi une restauration majeure et représentant 30% du
coût d'acquisition, ceci est déduction faite de toute subvention
fédérale, provinciale ou municipale.
M. Dupré: Ma question entrecoupe un peu celle du
député de Sainte-Marie sur les condominiums. Je voudrais savoir,
même si la réglementation sera déposée et sera
étudiée ultérieurement, si trois frères pourraient
acheter soit une propriété indivise ou divise, une maison
à trois logements et se voir attribuer chacun une subvention pour ces
logements?
M. Tardif: Lorsque la réglementation aura clarifié
cette situation, la réponse sera oui.
M. Dupré: Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal et M. le député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, j'ai demandé la parole
depuis déjà un bon moment.
M. Ciaccia: Allez-y.
Le Président (M. Desbiens): Allez-y, M. le
député de Taschereau.
M. Ciaccia: On ne veut pas bâillonner les
ministériels, de ce côté-ci.
Le Président (M. Desbiens): J'avais eu une demande du
côté de l'Opposition.
M. Guay: Cela tombe d'autant mieux que le cas que j'allais
illustrer de nouveau
pour le député de Mont-Royal répond, d'une certaine
manière, à la question soulevée par le
député de Saint-Hyacinthe.
Malheureusement, en commission parlementaire, on ne peut pas soulever de
question de privilège; je l'aurais fait tantôt, si ça avait
été possible. Le député de Mont-Royal m'attribuait
des propos, soit que j'aurais dit qu'on pouvait acheter un logement neuf pour
10 000 $.
M. Ciaccia: 20 000 $.
M. Guay: 20 000 $, disons. Je n'ai jamais prétendu, en
aucune manière, qu'on pouvait acheter un logement neuf pour 20 000 $.
L'exemple que j'ai donné l'autre jour en Chambre, en deuxième
lecture, je le répète parce que le député de
Mont-Royal, ou n'écoutait pas ou n'a pas compris. C'est
précisément le cas d'un triplex usagé que trois
copropriétaires indivis - encore une fois, je ne veux pas qu'on fasse
ici de débat sur la copropriété indivise, mais à
supposer que ce soit possible - achètent pour 60 000 $. Cela existe, des
triplex de 60 000 $.
M. Ciaccia: Dans la nouvelle construction?
M. Guay: L'usagée.
M. Ciaccia: Ce n'est pas le même programme, il vient de
dire que ça ne s'applique pas.
M. Guay: Les triplex.
M. Ciaccia: C'est 6000 $ pour les nouveaux, ce n'est pas 10 000
$.
M. Guay: M. le Président, j'ai dit que le programme va
s'appliquer aux maisons usagées. Est-on d'accord?
M. Ciaccia: Je ne le sais pas, je n'ai pas vu la
réglementation. Le ministre vient de dire que c'est 6000 $, ce n'est pas
10 000 $.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Taschereau, si vous voulez
poursuivre votre intervention.
M. Guay: Vous me disiez, M. le député de
Mont-Royal, si j'ai bien compris, que j'avais dit qu'un logement neuf pouvait
s'acheter pour 10 000 $.
M. Ciaccia: 20 000 $.
M. Guay: Le chiffre 10 000 $, c'est vous qui l'avez
mentionné...
M. Ciaccia: 20 000 $.
M. Guay: ... ou alors, c'est moi qui ai mal compris.
M. Ciaccia: 20 000 $.
(21 h 30)
M. Guay: Fort bien, 20 000 $. Il se peut fort bien que l'on
achète un triplex usagé ici, dans le centre-ville de
Québec ou dans le centre-ville de Montréal, sur le plateau de
Mont-Royal sinon à Ville Mont-Royal, pour 60 000 $.
M. Ciaccia: Même au plateau Mont-Royal qui ne se trouve pas
dans le comté de Mont-Royal, vous le savez bien, un triplex à 60
000 $, ça...
M. Guay: Si le plateau de Mont-Royal était dans le
comté de Mont-Royal, d'une part, il n'aurait pas le même
député et, d'autre part, le député de Mont-Royal
serait au courant qu'on peut acheter un triplex pour 60 000 $. On peut
l'acheter en copropriété indivise, ce qui fait donc trois
propriétés de 20 000 $. Ce qui fait, avec le programme, si on
tient compte des taxes et tout ça, des paiements mensuels réduits
de 295 $ à 205 $ par mois. Admettons que la famille en question n'y
consacre que 20% -on peut aller jusqu'à 25% ou 30%, mais mettons que
pour des familles à faible revenu il est plus important de consacrer
peut-être un pourcentage inférieur de son revenu au loyer dans la
mesure du possible -de son revenu, cela veut dire 200 $ par mois, et un revenu
de 12 000 $ par année est suffisant pour se porter acquéreur en
copropriété indivise d'un triplex de 60 000 $. Si le
député de Mont-Royal veut voir des triplex de 60 000 $, cela me
fera un plaisir de lui faire visiter le très beau comté de
Taschereau ici même, dans le centre-ville de Québec, où il
en trouvera abondamment.
Si bien que je n'ai jamais parlé de logements neufs à 20
000 $. J'ai toujours parlé de logements usagés, mais c'est une
question qui est fort importante, tant pour moi que pour le
député de Sainte-Marie et pour les autres députés
des centre-ville de Montréal, de Québec et d'ailleurs parce que
toute la restauration, tout le renouveau des centre-ville dépendent en
bonne partie de ce programme. Le député de Mont-Royal voudrait,
à la place, que nous ayons un programme de subsides, comme il a dit, ou
de subventions au-dessus d'un certain taux d'intérêt. Il nous
accusait tantôt, par le programme que nous voulons implanter, de
gaspiller les fonds publics. Ce serait là un joli gaspillage de fonds
publics parce qu'on ne saurait même pas où on s'en irait s'il
fallait subventionner au-dessus d'un taux d'intérêt qui, disons,
pourrait être de l'ordre de 10% ou 12%. Cela veut dire qu'à chaque
fois que le taux d'intérêt augmenterait hors de la volonté
du gouvernement du Québec,
par la volonté de la Banque du Canada, peut être à
la remorque du gouvernement des États-Unis, je n'en disconviens point,
enfin, c'est quand même hors de la volonté du gouvernement du
Québec, à chaque fois que le taux d'intérêt
augmenterait, dis-je, les fonds allouables ou alloués à ce
programme augmenteraient à peu près de la même façon
qu'à chaque fois que le gouvernement fédéral modifie les
règles de l'assurance-chômage, le budget de l'aide sociale monte
automatiquement, indépendamment de la volonté du gouvernement du
Québec.
En ce sens, ce serait un programme singulièrement irresponsable
et qui, plus est, s'appliquerait d'une manière universelle et ne
viserait pas cette partie de la population que le gouvernement a
décidé de viser parce que, selon lui, c'est cette partie de la
population qui a besoin d'une aide particulière pour l'inciter à
devenir propriétaire de son logement. On pourrait argumenter longuement
sur qui a la responsabilité des taux d'intérêt. Est-ce
Washington ou Ottawa? À coup sûr, on sait que ce n'est pas
Québec. Dans le régime fédératif dans lequel nos
amis d'en face se félicitent que nous vivions et dans lequel nous nous
désolons de nous voir vivre, nous n'avons pas la souveraineté,
nous n'avons pas le contrôle sur la monnaie, nous n'avons pas le
contrôle sur le crédit, nous n'avons pas le contrôle sur les
taux d'intérêt, si bien que si un niveau de gouvernement en
fédération bien comprise, bien sentie, bien vécue, a la
responsabilité d'abaisser les taux d'intérêt au sens
où l'entend le député de Mont-Royal, il me semble gu'en
bonne logique fédéraliste, selon l'ancienne logique
fédéraliste, on devrait s'intéresser du côté
du gouvernement d'Ottawa. Quand on dit qu'il est à la remorque du
gouvernement de Washington, j'invite le député de Mont-Royal
à lire le récent discours du président de la Banque
nationale sur la façon par laquelle on pourrait fort bien
reconsidérer les taux d'intérêt élevés au
Canada si on avait une politique énergétique qui tienne compte du
véritable prix de l'énergie dans le monde à l'heure
actuelle. Je ne veux pas faire de débat là-dessus ce soir. C'est
tout, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal et après cela on passera à l'article 1.
M. Ciaccia: M. le Président, j'ai essayé
d'éviter le plus possible de faire de la politique
fédéraliste, etc., sur ce projet de loi. Je pourrais en faire
longuement. Si vous n'avez pas le contrôle, parce qu'on fait partie du
fédéralisme, sur les taux d'intérêt, vous en aurez
encore moins avec votre projet de souveraineté-association. Je pense que
c'est mal comprendre le rôle de la monnaie, le contrôle des
échanges, ce qui n'a rien à voir avec le contrôle central,
mais on n'embarquera pas là-dedans. J'attaque strictement le programme
tel qu'il est conçu maintenant pour le contribuable
québécois.
M. Guay: Soumis à deux ordres de gouvernement.
M. Ciaccia: On aurait pu discuter d'autres aspects. Heureusement
qu'il y a d'autres programmes de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement qui aident les locataires parce que quand
on a une politique globale - peut-être pourra-t-on en discuter lors de
l'étude du projet de loi no 7 - on a des programmes pour l'accession
à la propriété, mais on ne néglige pas non plus les
autres aspects d'une politique globale. Il y a des gens qui ne peuvent pas se
permettre d'être propriétaires ou qui ne veulent pas l'être,
mais il ne faut pas les pénaliser avec un programme axé seulement
sur un aspect. On ne refera pas le débat du référendum. On
l'a déjà gagné le référendum.
Comprenez-vous?
M. Guay: Vous savez...
M. Ciaccia: J'essaie de m'en tenir strictement aux dispositions
du projet de loi. Quel effet cela aura-t-il pour celui qui aura accès
à la propriété? Des triplex à 60 000 $, M. le
Président, je peux vous assurer qu'il n'y en a pas beaucoup. Maintenant,
le programme s'applique rétroactivement aux nouvelles constructions,
même des duplex à 100 000 $ - ce sont ses chiffres au ministre -
et les triplex à 120 000 $. Si les gens pouvaient acheter des triplex
à 40 000 $, 50 000 $ ou 60 000 $, je pense bien que le ministre
lui-même n'aurait pas mis un paramètre de 100 000 $ à 120
000 $.
L'autre aspect du programme qui est inclus dans le communiqué de
presse, que j'ai mentionné tantôt et que j'avais moi-même
soulevé en deuxième lecture, c'est qu'il n'y a pas de plafond de
salaire. À moins que le ministre ait l'intention de changer la
réglementation, ça veut dire que quelqu'un qui aurait un salaire
de 60 000 $, 75 000 $ ou 100 000 $ par année pourra se prévaloir
du programme tel qu'énoncé par le ministre. Je n'appelle pas cela
de la discrimination parce que l'aide sociale, cela s'applique aux gens qui en
ont besoin. Ce n'est pas de la discrimination de dire que Charles Bronfman n'a
pas besoin de l'aide sociale et qu'il n'en aura pas. C'est justement cela.
M. Guay: Charles Bronfman ne s'achète pas une maison de 60
000 $.
M. Ciaccia: Les personnes qui ont un revenu assez
élevé n'ont pas besoin de l'aide sociale, ce n'est pas de la
discrimination.
C'est notre système qui veut aider les
désavantagés, ceux qui sont défavorisés, et je
crois que c'est un gaspillage des fonds publics le fait que le programme
s'applique aux gens qui n'en ont pas besoin, étant donné le
niveau de leur salaire. Je ne pense pas que ce serait de la discrimination de
dire que quelqu'un qui est capable de payer un logement parce qu'il a des
revenus adéquats ne sera pas admissible à une subvention. Je
pense que c'est élémentaire. J'inviterais le ministre à
réviser sa réglementation.
M. Tardif: M. le Président, je vous inviterais à
appeler l'étude article par article, attendu que lors du
dépôt du règlement comme tel, nous pourrons, en commission,
examiner le programme en soi.
Étude article par article
Le Président (M. Desbiens): En raison du temps qui a
été alloué pour les remarques générales sur
le projet de loi, j'appelle l'article 1. L'article 1 est-il adopté?
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: L'article 1 prévoit un amendement pour donner
certains pouvoirs à la Société d'habitation du
Québec afin de lui permettre de se conformer à ses objectifs. Je
pense que c'est le même article que celui qui est inclus dans le projet
de loi no 13. Une des critiques qu'on avait faites à ce
moment-là, c'était que les règlements prévus
étaient tellement complexes et difficiles d'application que les
mandataires nommés par le gouvernement pour l'application du programme
Loginove avaient refusé de faire partie de ce programme parce que cela
impliquait trop de complications. Ma question est la suivante: Est-ce qu'il y a
une nouvelle réglementation qui prévoit des mesures un peu plus
simples que celles qui avaient été dévoilées au
mois de décembre dernier, parce qu'il y avait une réglementation
assez complexe?
M. Tardif: M. le Président, l'article de loi comme tel est
identique, c'est-à-dire que le gouvernement peut, dans la mesure et aux
conditions qu'il détermine, autoriser la société à
préparer et mettre en oeuvre tout programme permettant à la
société de réaliser ses objets. Ces objets sont
définis à l'article 3 de sa loi. Il n'y a pas eu de
règlements déposés au mois de décembre, à
moins que le député ne se réfère au programme de
restauration résidentielle Loginove qui n'a pas été mis en
oeuvre pour différentes raisons: d'une part, de négociations avec
la Société canadienne d'hypothèques et de logement qui
avait un programme qui s'appelle programme d'aide à la remise en
état des logements, PAREL, et, d'autre part, de négociations avec
les institutions financières qui ont cheminé... et ont abouti sur
une base expérimentale dans la région de Québec, plus
précisément à Beauport, où nous avons convenu de
roder le programme avec les caisses populaires.
Sur ce plan-là, M. le Président, nous sommes tout à
fait ouverts aux suggestions qui viseraient à simplifier les choses;
mais, d'un autre côté, les tractations avec le
fédéral sur cette question n'ont pas été faciles,
pas tellement à cause de l'harmonisation des deux programmes que de
l'harmonisation du territoire qui devait être couvert par les deux
programmes. Étant donné que le PAREL ne s'appliquait que sur une
partie très restreinte du territoire québécois, à
savoir des zones de rénovation urbaines contenues dans 74
municipalités, pas tout le territoire de ces municipalités, mais
uniquement des parties de zones définies à l'intérieur de
ce qu'on appelle les programmes PAQ, programmes d'amélioration de
quartier, pour les municipalités de moins de 2500 de population avec du
PAREL rural...
Ce que nous avons tenté de faire auprès du
fédéral a été que les restrictions sur le plan de
l'application sur tout le territoire québécois,
l'universalité en quelque sorte soit modifiée. Je dois avouer que
cela n'a pas encore abouti comme tel. Nous sommes présentement à
tout le moins en train d'épauler les demandes des municipalités
du Québec qui veulent voir le programme s'étendre chez elles.
J'ai transmis au ministre fédéral responsable de la SCHL la
semaine dernière, à Ottawa, la liste de ces municipalités
- si on ne voulait pas une application universelle immédiatement - des
principales municipalités du Québec où il y a un vieux
stock de logements qui pourraient faire l'objet de restauration. Le document
est chez eux présentement.
M. le Président, de ce point de vue-là j'ai bon espoir que
le programme suive son cours.
M. Ciaccia: J'avais vu un projet, M. le Président, de
règlement qui imposait, je pense, 69 conditions pour obtenir une
subvention de 900 $. Les informations que j'avais eues c'était que les
institutions financières avaient refusé d'être les
mandataires pour l'application de ce programme parce qu'effectivement
c'était un peu trop complexe, ça exigeait trop de conditions, ce
n'était pas assez simple.
La question que je pose est celle-ci: Est-ce que vous avez l'intention,
est-ce que vous avez déjà simplifié les règlements
pour rendre l'application plus facile pour celui qui veut en profiter?
M. Tardif: Comme je l'ai dit au député de
Mont-Royal, nous travaillons présentement l'application et
l'applicabilité du règlement
sur une base expérimentale avec les caisses populaires dans la
région de Québec, dans la ville de Beauport plus
précisément.
M. Ciaccia: Voici mon autre commentaire, M. le Président,
si vous permettez. Le gouvernement propose d'accorder à la
Société d'habitation du Québec les pouvoirs pour
administrer le proqramme d'accessibilité à la
propriété. On lit à l'article 94.4: "Dans
l'exécution d'un programme mis en oeuvre par la société en
vertu de la présente loi, la société peut, dans la mesure
que détermine le gouvernement, accorder une subvention, garantir un
prêt ou un emprunt ou consentir un prêt et, le cas
échéant, en faire remise." (21 h 451
Nous nous opposons à ce que le gouvernement propose, dans le
contexte actuel, compte tenu du rapport du Vérificateur
général sur ce qui s'est produit quant à l'administration
de la SHQ, compte tenu des différents dossiers que nous contestons, que
nous avons portés à l'attention du ministre, qu'un tel proqramme
soit donné à la SHQ pour administration. Je ne dis pas cela pour
parler personnellement contre les individus impliqués à la SHQ -
il y a un ensemble de circonstances; peut-être que, dans le contexte
actuel, le qouvernement aurait été plus sage et plus prudent de
retenir au sein du ministère -parce que vous créez un
ministère, on va discuter du projet de loi tantôt l'application
d'un tel programme. Il y a d'autres proqrammes, non identiques, où on
donne des subventions, où on donne des sommes que le ministère
même administre parce que cela n'implique pas de construction, mais cela
implique un montant d'administration, de contrôle et de confiance de la
part de la population. Je crois qu'il aurait été plus saqe, plus
prudent de la part du gouvernement d'avoir prévu que ce serait le
ministère nouvellement créé qui administrerait le
programme. Vous avez vos critères, vos paramètres, je crois que
cela aurait pu être fait de cette façon.
Cependant, nous savons que l'aide à l'accessibilité
à la propriété est importante. Nous n'allons pas voter
contre le projet de loi pour des raisons que vous-même jugez à
propos. Vous donnez l'administration à la SHQ, quoique l'on soit contre
cela. Je crois que c'est plus important de dire: Malgré cette
volonté de la part du gouvernement et malgré l'imprudence gue le
gouvernement démontre, nous allons faire le nécessaire afin que
ce projet de loi soit adopté le plus tôt possible pour que le
qouvernement puisse sortir sa réglementation et mettre en oeuvre ce
programme. On ne veut pas pénaliser la population, ceux qui auront le
droit au programme, même si le programme est inadéquat, même
si le programme ne répond pas aux vrais besoins qui sont d'augmenter la
construction nouvelle ou l'accessibilité a la propriété.
Toute aide est mieux que rien. Nous n'allons pas pénaliser le
contribuable, celui qui veut prendre avantage du proqramme parce que le
gouvernement est imprudent et que, pour des raisons qu'il peut mieux juger, il
insiste pour gue ce soit la SHQ.
Nous trouvons vraiment que ce n'est pas la bonne façon de
procéder et que le gouvernement aurait été mieux
avisé d'avoir donné l'administration de ce programme au
ministère de l'Habitation qui sera nouvellement créé avec
le projet de loi no 7.
M. Tardif: Je prends note des propos du député de
Mont-Royal. Je veux simplement ajouter que ne voulant pas faire double emploi,
une des raisons notamment pour lesquelles il a été prévu
de confier l'administration de ce programme à la Société
d'habitation, c'est le fait que depuis son existence cette
société a administré, elle n'a pas fait que des
réparations majeures. Elle a fait pas mal de logements pour personnes
âgées et pour familles nombreuses. (21 h 50)
Également, M. le Président, cette société a
administré 110 000 dossiers de l'habitation familiale, qui était
la formule dite de ristourne, comme on l'appelait - les taux
d'intérêt - qui a bénéficié à 110 000
ménages québécois. Et elle continue; il y a une section,
au sein de la SHQ, qui continue d'administrer 24 000 dossiers de l'habitation
familiale. Il y a donc une petite équipe, il y a donc un proqramme
d'ordinateur, il y a donc un soutien technique et de personnel pour la gestion
d'un programme dit d'habitation familiale qui profite encore à 24 000
ménaqes québécois.
Reproduire une infrastructure similaire au sein du ministère
aurait été vraiment faire double emploi, en l'occurrence.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 2. Est-il
adopté?
M. Ciaccia: Si je comprends bien, l'article 2 peut rendre
rétroactif tout le programme commençant le 1er mai...
M. Tardif: Théoriquement.
M. Ciaccia: ... théoriquement. Le ministre nous dit que le
programme pour les habitations neuves sera rétroactif au 1er mai, mais
que le programme pour les habitations existantes commencera lors de
l'entrée en vigueur du règlement.
M. Tardif: C'est ça.
Le Président (M. Desbiens): L'article 2 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 3.
Est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le projet de loi no
1, Loi modifiant la Loi sur la Société d'habitation du
Québec, est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Je suspens les travaux pour
passer au projet de loi no 7.
Nous allons suspendre quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 531
(Reprise de la séance à 21 h 55)
Étude du projet de loi no 7
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'habitation et de la protection du
consommateur reprend ses travaux pour l'étude du projet de loi no 7, Loi
sur le ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur.
M. Tardif: L'article 1, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Sur les remarques
générales, est-ce qu'il y a des interventions, M. le
ministre?
M. Tardif: Non, M. le Président. Vous pouvez appeler
l'article 1.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
La Régie du logement
M. Ciaccia: M. le Président, j'avais déjà
porté à l'attention du ministre, lors de la discussion en
deuxième lecture du projet de loi, le problème de la
légalité constitutionnelle, le problème constitutionnel de
la Régie du logement qui avait été soulevé à
la suite d'une contestation en Ontario. J'avais fait remarquer au ministre que
l'obligation ou le droit de légiférer, quant aux obligations et
responsabilités locataire-locateur, demeure la responsabilité de
la province. Même en Ontario, cette décision de la Cour
suprême reconnaît que c'est le gouvernement de l'Ontario qui a le
droit de légiférer quant aux relations, obligations et
responsabilités entre locateur et locataire. Cependant, il semble y
avoir un problème d'application des droits. Si quelqu'un conteste une
certaine décision ou veut faire valoir ses droits, ce n'est pas devant
la régie gu'il peut le faire. Il doit aller en Cour supérieure.
Alors, il y a une claire distinction entre les droits des locataires et des
locateurs et l'application de ces droits qui doit se faire devant la Cour
supérieure, d'après l'article 96 de notre constitution.
À la suite de la décision de la Cour suprême, il y a
eu une inquiétude parmi les locataires et je pense que même les
propriétaires sont partis en peur en disant: On va contester tout, il
n'y a rien de légal. Cela peut causer certains problèmes parce
que les locataires croient qu'ils sont dans la position où ils ne seront
pas protéqés par la loi, et les propriétaires peuvent
croire qu'on n'a pas besoin de s'occuper des relations et des obligations entre
le propriétaire et le locataire parce que la régie n'est pas
légale.
Alors, j'avais demandé au ministre, à ce moment-là,
de rassurer la population en disant: Écoutez! Ce n'est pas de l'anarchie
qu'on veut. Les locataires, soyez assurés qu'on peut protéger vos
droits parce qu'il incombe encore au gouvernement du Québec la
responsabilité de légiférer sur ce qu'un
propriétaire peut faire et ce qu'un locataire peut faire. Alors, soyez
sécurisés; et en disant aux propriétaires: Ne partez pas
en peur contre cette loi; ne pensez pas que nous n'avons pas de droits en ce
domaine; c'est seulement l'application qui peut en être faite, c'est
vrai, par la Cour supérieure. C'est une façon de dire:
Écoutez! Calmez-vous, tout le monde. On est dans un système
fédéral flexible où on peut faire des changements et
où on peut être tous protégés.
M. Guay: 96 en est un bel exemple.
M. Ciaccia: Je voudrais savoir du ministre quelles mesures il
entend prendre dans ces circonstances pour, premièrement,
sécuriser les locataires et, aussi, donner un peu plus de
précisions aux propriétaires sur les vrais pouvoirs qui demeurent
au Québec malgré et même suivant la décision de la
Cour suprême. Quelles mesures le ministre va-t-il prendre concernant la
Régie du logement? (22 heures)
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Tardif: Le jugement de la Cour
suprême, relativement au Ontario Residential Tenancies Act,
portait sur deux questions qui lui ont été posées. La
première question est: Est-ce que la Cour ou la Régie du loqement
en Ontario - enfin, l'équivalent de la Régie du logement ici - a
compétence pour émettre des ordonnances d'éviction
à l'encontre des locataires? Deuxième question: La régie
ontarienne a-t-elle compétence pour enjoindre propriétaires et
locataires de respecter les obligations découlant du bail?
Évidemment, ce jugement, qui a été rendu dans une
cause qui recevait d'ailleurs l'appui, lorsqu'elle a été
plaidée, des provinces de la Nouvelle-Écosse, du Manitoba, de la
Saskatchewan, de l'Alberta, de la Colombie britannique et du Québec, en
plus, évidemment, de l'Ontario qui plaidait le dossier, ce jugement,
dis-je, repose tout entier sur cette question - sans être
constitutionnaliste ni même avocat - de l'interprétation de
l'article 96 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique qui fait en
sorte que les injonctions seraient ou sont de la compétence de la Cour
supérieure et qu'une ordonnance émise par un tribunal
administratif du type de la Réqie du logement serait donc assimilable
à une injonction.
Je n'ai pas du tout la compétence pour entrer dans ces questions
de droit et c'est au ministère de la Justice du Québec, qui a
déjà soumis un mémoire à la Cour suprême
à l'appui de la cause ontarienne, de suivre l'évolution de ce
dossier. Le député me demande ce que j'ai fait. Ainsi que je l'ai
dit formellement, je pense, en Chambre, à l'occasion du débat de
deuxième lecture, en ce qui nous concerne, la loi continue de
s'appliquer intégralement au Québec. Je l'ai
déclaré à chaque occasion que j'ai eue, lorsque les
médias d'information venaient s'enquérir, et la Régie du
logement a émis un communiqué diffusé sur Telbec à
l'effet que le fonctionnement de la Régie du logement au Québec
n'était nullement en cause.
Pour l'instant, nous diffusons aussi largement que possible cette
position. Pour le reste, encore une fois, c'est beaucoup plus au
ministère de la Justice qu'il revient de plaider ce dossier, si tant est
qu'une cause similaire était instruite au Québec.
M. Ciaccia: M. le Président, je pense que ce n'est pas
assez. Je ne suis pas satisfait de cette réponse, M. le ministre, parce
qu'il ne faut pas provoquer des confrontations entre propriétaires et
locataires. Si vous ne faites rien, si vous n'agissez pas, compte tenu de ce
juqement, c'est ce que vous allez faire, vous allez provoquer des
confrontations. Je crois qu'il est de votre responsabilité de faire des
recommandations au ministre de la Justice afin que les changements
nécessaires soient apportés à la Loi instituant la
Régie du logement. Si cette loi, la loi 107, est de la même
portée que la loi ontarienne - vous venez de dire que, grosso modo,
c'est un peu la même chose - je ne pense pas que vous puissiez dire: Le
jugement de la Cour suprême ne s'appligue pas à nous, et c'est
"business as usual", comme vous l'avez dit.
Cela peut être "business as usual" mais "up to a point". Je pense
qu'il est de votre responsabilité de iégaliser la situation pour
éviter des confrontations. Je vais vous citer le jugement de la Cour
suprême. Il dit clairement: "The general subject matter of land lord and
tenant rights and obligations is unquestionably within provincial legislate of
competence and no part of the residential tenancies Act 1979 either than those
sections empowering the commission the issue compliance orders and eviction
orders is in issue". Alors, la partie du projet de loi qui détermine les
obligations entre propriétaires et locataires est légale. Mais la
partie du projet de loi qui donne à la réqie, dans ce cas-ci la
commission, le droit de mettre en vigueur, le même droit que la Cour
supérieure aurait, est illégale. À moins que vous
n'agissiez, à moins gue vous ne fassiez des représentations au
ministre de la Justice, la Loi sur la Régie des loyers va être
contestée.
Je pense qu'on veut promouvoir la conciliation entre
propriétaires et locataires, pas le conflit. Ce serait bien facile, si
vous écoutez votre adjoint, le député de Taschereau, de
provoquer une confrontation avec le fédéral. Regardez ce que la
Cour suprême fait encore, nos lois sont illégales et on va entrer
dans tout le problème fédéral-provincial. Il y a des
locataires et des propriétaires qui doivent vivre au jour le jour avec
cette loi. Je crois que c'est votre responsabilité de ne pas attendre
que cette provocation se produise, que ce conflit se produise, mais
plutôt - même si vous avez dit: Ce n'est pas de ma
compétence, c'est de la compétence du ministre de la Justice -de
demander une étude de la Loi sur la Réqie de loyers et de faire
des recommandations au ministre de la Justice afin que vous puissiez
légaliser la loi existante.
M. Tardif: M. le Président, je ne veux pas embarquer dans
ce débat, légaliser la loi existante. Je n'ai jamais rien entendu
de tel. La loi actuelle du Québec est parfaitement léqale parce
que votée par l'Assemblée nationale du Québec dont fait
partie et dont faisait partie à l'époque d'ailleurs le
député de Mont-Royal.
Évidemment, sa conclusion c'est que s'il y a un problème
d'interprétation entre l'article 96 de l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique et la loi 107, sa conclusion immédiate, c'est la loi
107 qu'il faut
amender et non pas l'article 96 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique. C'est une question d'opinion, il a droit à son opinion et
je la respecte.
Je voudrais simplement lui soumettre que le contexte historique au
Québec et celui en Ontario n'est pas le même, puisque avant l'Acte
de l'Amérique du Nord britannique en 1867, les cours de recorder, les
cours de district du Québec détenaient des pouvoirs d'injonction
assimilables à ceux de la Cour supérieure. Il n'est pas du tout
acquis que l'adoption de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique ait eu
pour effet de supprimer ces pouvoirs antérieurs qui existaient dans les
cours en question. Voilà en gros un des facteurs qu'on a portés
à mon attention et qui pouvaient faire en sorte que la situation
historique du Québec pouvait amener possiblement une décision
tout à fait différente. Néanmoins, je pense qu'il s'agit
là d'un objet qui n'est pas contenu du tout dans la loi qui est devant
nous. Je veux bien répondre aux questions du député de
Mont-Royal, mais je voudrais aussi qu'on en reste à la pertinence de
l'objet de cette commission, qui est l'étude article par article du
projet de loi no 1.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 1.
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président.
M. Guay: M. le Président, j'avais demandé la
parole.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, je n'avais pas l'intention
d'intervenir d'autant plus que le ministre a été fort
éloquent à ce sujet, mais je ne sais trop quelle mouche pique le
député de Mont-Royal. Il a bien voulu me mettre en cause en
suggérant au ministre de ne pas m'écouter. À vrai dire, je
n'avais rien conseillé au ministre en la matière. Nous sommes sur
le même longueur d'onde, lui et moi, et j'aurais osé
espérer l'ensemble de l'Assemblée nationale là-dessus, une
loi votée par l'Assemblée nationale du Québec... Jamais,
l'Opposition officielle à l'époque, si ma mémoire est
bonne, n'avait mis en cause la constitutionnalité de cette loi 107. Elle
était contre pour toutes sortes d'autres raisons, mais on n'y reviendra
pas. À partir du moment où l'Assemblée nationale s'est
prononcée démocratiquement, présumant jusqu'à
preuve du contraire que c'est un pouvoir constitutionnel du Québec, et
j'attire l'attention du député de Mont-Royal sur d'autres cas
similaires qui se sont produits sous d'autres gouvernements, y inclus le
gouvernement précédant le nôtre. C'est le gouvernement
Bourassa qui a adopté un règlement sur la câblodistribution
au Québec, conférant à la Régie des services
publics le pouvoir de réglementer la câblodistribution pensant,
à l'époque, à juste titre, jusqu'à ce que la Cour
suprême décide que ce n'était pas le cas, que le
Québec était compétent en matière de
câblodistribution. À partir de là tout le monde,
normalement, à l'Assemblée nationale était solidaire du
règlement découlant de la loi et de la perception que nous avions
tous que le Québec était compétent en la matière.
Si d'autres avaient un autre point de vue -c'était le cas du
gouvernement fédéral - ils sont assez nombreux là-bas et
assez puissants pour le faire valoir devant les instances appropriées.
J'imagine bien qu'ils le feront en temps et lieu.
Je terminerai simplement en trouvant assez étonnante l'expression
utilisée par le député de Mont-Royal. Voilà une
constitution dont le gouvernement fédéral refuse de modifier les
parties essentielles, c'est-à-dire le rapport entre les deux ordres de
gouvernement contrairement à ce que les gouvernements successifs du
Québec, Lesage, Johnson, Bertrand, Bourassa et le nôtre,
revendiquent et qui s'obstine plutôt à la rapatrier en la
modifiant unilatéralement. Pourtant, M. le Président, cette
constitution faite il y a 113 ans, qui comporte un article, l'article 93,
l'article 96, je m'excuse qui pourrait - possiblement, on n'en sait rien
-rendre inopérantes des modalités d'application de la loi no 107
et qui vise à décréter qu'une loi analogue en Ontario dans
certaines de ses modalités, serait inconstitutionnelle, on vient nous
dire qu'il s'agit là d'un fédéralisme flexible. C'est se
moquer du monde. Je me demande à quel moment le député de
Mont-Royal trouvera le fédéralisme rigide si ce n'est pas le cas
dans la cause qui a été plaidée dans le cas de l'Ontario.
En tout état de cause, jusqu'à nouvel ordre, nous
prétendons que le Québec a juridiction. Si quelqu'un veut
contester cela, mon dieu, qu'il le fasse, et le Québec plaidera sa
juridiction. Il plaidera le fait qu'il pense avoir juridiction. J'espère
que nous aurons l'appui du député de Mont-Royal comme de tous les
députés de l'Opposition pour faire valoir les droits et pouvoirs
de l'Assemblée nationale en la matière.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1...
M. Ciaccia: Le seul but de mon intervention...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que je peux demander,
s'il vous plaît, de revenir le plus possible à l'étude
article par article du projet de loi?
M. Ciaccia: Oui.
M. Guay: Parfaitement d'accord. M. Ciaccia:
Brièvement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le seul but de mon intervention, M. le
Président, c'était d'essayer, pour une fois, de penser aux
intérêts des contribuables et de la population avant de penser
à quel ordre de gouvernement a juridiction... Cela devient tannant
après un bout de temps parce que celui qui est à l'autre bout de
vos politiques et de nos opinions veut savoir si, comme locataire, il a
certains droits ou si le propriétaire a certaines obligations. Le seul
but de mon intervention, c'était de prendre un peu de l'avance pour le
bien des locataires et des propriétaires dans la situation actuelle.
Cela n'empêche pas qu'il peut y avoir des négociations pour
amender l'article 96, des négociations pour amender la constitution, ou
nous ne devrions pas avoir ce droit, à l'article 96, de nommer les juges
de la Cour supérieure. Ce n'est pas cela qu'on dit. Actuellement, il
existe un problème. Jusqu'à ce que l'article 96 soit
amendé, plutôt que de faire une bataille politique et laisser les
locataires et les propriétaires ne pas savoir où cela va
aboutir... Écoutez! la loi existe. Quelles recommandations le ministre
est-il prêt à faire au ministre de la Justice pour s'assurer que
les obligations et les responsabilités seront respectées? Je ne
voulais pas commencer un débat constitutionnel. Pour une fois, j'aurais
pensé qu'on aurait pu limiter le débat. Avec le projet de loi sur
le ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur,
qu'est-ce qu'on peut faire? Oublions les querelles politiques entre les deux
côtés et les deux niveaux de gouvernement. Il y a une loi, il y a
un jugement. Qu'allez-vous faire pour s'assurer qu'il y aura une saine
administration? C'est tout.
M. Guay: M. le Président.
M. Ciaccia: Si vous voulez faire un débat politique, je ne
m'éterniserai pas, j'ai la réponse du ministre. Je passerai
à un autre article et on étudiera un autre article. Cela finit
là.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: J'apprécie vivement la sollicitude du
député de Mont-Royal et croyez bien que c'est celle qui nous
anime aussi. C'est précisément le sort des contribuables. S'il
fallait qu'effectivement les dizaines de mille cas devant la Régie du
logement devaient aboutir, d'une manière ou d'une autre, devant la Cour
supérieure, je laisse le soin au député de Mont-Royal de
s'imaginer quel chaos administratif l'appareil judiciaire... (22 h 15)
M. Ciaccia: Ce n'est peut-être pas la solution, mais on ne
s'éternisera pas là-dessus.
M. Guay: Non, mais enfin, cela risquerait d'être ça
et c'est précisément en faisant valoir notre juridiction pour la
Régie du logement telle qu'elle est à l'heure actuelle que nous
pouvons le mieux défendre les intérêts des contribuables
québécois.
Étude article par article
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 2 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 4 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 5 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 6 est adopté?
M. Ciaccia: Un instant, s'il vous plaît.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: L'article 6 se lit comme suit: Le ministre
détermine les devoirs du personnel du ministère non
expressément défini par la loi ou par le gouvernement. De la
façon que l'article est rédigé, cela peut créer
certains doutes, une certains ambiguïté. Par exemple, si c'est le
ministre qui va déterminer les devoirs du personnel est-ce que cela veut
dire que le ministn pourrait passer par-dessus une conventior collective?
Est-ce une matière sujette à la négociation? On pourrait
demander aussi: Ce article permet-il seulement au ministre de déterminer
les affectations du personnel ou
permet-il de lui imposer plus que cela? M. Tardif: Non, M. le
Président.
M. Ciaccia: Pourquoi l'article 6? Quelle est la
nécessité de cet article?
M. Tardif: C'est une clause standard qu'on retrouve dans toutes
les lois organiques des ministères.
M. Ciaccia: Dans quelques lois, pas dans toutes les lois.
M. Tardif: Dans les plus récentes, en tout cas. Lorsque le
député de Mont-Royal fait allusion aux conventions collectives,
le gouvernement, signataire des conventions collectives, est lié par
elles. Donc, le ministre également. Il s'agit d'affectations. On a vu,
à l'article 4 qu'on a adopté, que le sous-ministre a une
responsabilité également en ce qui concerne l'administration du
ministère, donc, de ce point de vue, lorsqu'il s'agit d'affectations,
à savoir quelle personne va s'occuper de tel dossier plutôt que de
tel autre, ou des choses comme cela.
M. Ciaccia: Je comprends que le gouvernement fait partie des
conventions collectives et il va les respecter. Quand il n'y a pas de
problèmes, cela ne suscite pas de difficultés, mais, si une
grève ou un point en litige survient dans la convention collective,
est-ce que le gouvernement va pouvoir dire: C'est vrai, nous avons une
convention collective, c'est un contrat entre le gouvernement et le syndicat X,
les personnes qui représentent le groupe affecté, mais la loi dit
que le ministre détermine; alors, la loi ne peut pas être
amendée par un contrat. C'est ouvert à cette
interprétation.
M. Tardif: Et soumis à la Loi sur la fonction
publique.
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: II n'a pas répondu à toutes les
questions que j'ai posées. À quel type de personnel, par exemple,
cet article s'applique-t-il?
M. Tardif: On pourrait très bien concevoir qu'un
sous-ministre adjoint, par exemple, à la planification, se voit confier
subséquemment par un ministre la responsabilité de
l'administration au lieu de la planification. Cela fait partie de ces pouvoirs
d'affectation du personnel qui ne sont contraires ni aux lois, ni aux
règlements définis par le gouvernement. Lorsqu'on dit, par
exemple, que tel sous-ministre adjoint sera responsable...
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a des membres du personnel autres que
les sous-ministres qui seront affectés par cet article? La question que
je me pose, c'est que vous avez le droit, même sans cet article, de
définir les pouvoirs. Vous avez certains pouvoirs comme ministre,
même si vous n'aviez pas l'article 6. Il y a des ministères qui
n'ont pas cet article 6. C'est le ministre qui détermine les pouvoirs de
son personnel. Il n'a pas besoin, expressément, de rédiger un
article si spécifique que ça. C'est un pouvoir ancillaire que le
ministre possède à titre de ministre, pourquoi inclure cet
article. Cela voudrait dire que cela va plus loin que le pouvoir normal d'un
ministre.
M. Tardif: M. le Président, on peut vérifier avec
les légistes du gouvernement qui ne sont pas très loin dans une
autre commission. Présentement, on peut suspendre la lecture de cet
article précis et vérifier.
Le Président (M. Desbiens): On peut peut-être
l'adopter puis avec prévision que...
M. Ciaccia: On pourrait l'adopter. On voulait justement avoir
l'information de la portée de l'article, quel personnel cela pourrait
affecter et la position légale entre les conventions collectives et le
pouvoir que le ministre se donne dans cet article.
M. Tardif: C'est à l'intérieur donc des lois et des
décrets gouvernementaux.
M. Ciaccia: Ce n'est pas forcément défini par la
loi. Une convention collective ce n'est pas défini, ce n'est pas un
contrat qui tombe sur la portée de l'article.
M. Tardif: Non, mais c'est signé par le gouvernement.
M. Ciaccia: Oui, mais ce n'est pas une loi.
M. Tardif: C'est un décret gouvernemental.
M. Ciaccia: Une convention ce n'est pas une loi, ce n'est pas un
décret, c'est un contrat.
On va vous laisser parler et ce sera comme si le ministre aurait
parlé.
M. Tardif: M. le Président, ce qui est dit ici c'est que
tout simplement le ministre détermine les devoirs du personnel du
ministère non expressément définis par la loi ou par le
gouvernement. Or, le gouvernement adopte un décret autorisant la
signature de telle convention collective avec les détails.
Donc il y a un décret qui couvre la signature des conventions
collectives en question. À ce moment, c'est effectivement
précisé par le gouvernement.
M. Ciaccia: Peut-être. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Article 6 adopté.
Adopté. Section 2, fonctions et pouvoirs du ministre, l'article 7 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 7 adopté.
Article 8 est-il adopté.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Nous avons ici une loi sur le ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur. À l'article 8, nous
voyons les fonctions et pouvoirs du ministre. On spécifie plus
particulièrement ses fonctions et ses pouvoirs. Dans les six
alinéas de l'article 8, on ne voit pas de fonctions et de pouvoirs qui
sont accordés au ministre concernant le secteur protection du
consommateur. Les six pouvoirs que le ministre se donne sont strictement du
domaine de l'habitation. Je n'ai aucune objection à accorder ces
pouvoirs au ministre dans le domaine de l'habitation, peut-être
même qu'il devrait en avoir plus, plus de responsabilité. Je n'ai
aucune objection à cela. Mais pourquoi le ministre n'inclut-il pas
certaines responsabilités, certains pouvoirs dans le domaine de la
protection du consommateur?
Je pense que si le ministère doit s'occuper des deux fonctions,
il serait logique d'avoir des pouvoirs dans les deux et pas strictement dans le
domaine de l'habitation. Autrement, je pense comme la députée de
Chomedey que le domaine de la protection du consommateur semble être un
enfant délaissé. On l'avait dans les institutions
financières, on s'en est débarrassé. On le donne au
ministre de l'Habitation, le ministère de l'Habitation n'en parle pas
dans sa loi.
Avant que nous suggérions des amendements, est-ce que le ministre
peut demander à ses légistes d'inclure dans l'article 8 les
responsabilités dans le domaine de la protection du consommateur?
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Tardif: Je conviens qu'à la première lecture
l'article ne fait état que des fonctions et pouvoirs du ministre en
matière d'habitation. La raison de ceci est très simple, c'est
que la Loi de la protection du consommateur fait état à l'article
292 des fonctions et pouvoirs de l'office comme tel...
M. Ciaccia: Ce n'est pas la même chose.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais quand même
terminer, si l'on me permet. ...et où il est dit que le ministre est
responsable de l'application de cette loi. Or, les légistes du
gouvernement nous ont fait valoir que ceci serait faire double emploi, donc, de
répéter dans la loi organique du ministère les pouvoirs
qui sont déjà décrits de façon très
explicite dans la Loi sur la protection du consommateur. À partir du
moment où le ministre est responsable de l'application de cette loi, il
a donc toutes les fonctions, devoirs et attributions contenus dans cette
loi.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Nous avons lu l'article 292 de la Loi sur la
protection du consommateur. Nous sommes conscients qu'il y a un Office de la
protection du consommateur qui tombe sous la responsabilité du ministre.
On le sait et je le savais avant que je fasse mes commentaires. Mais nous
jugeons que cela n'est pas suffisant de dire: Le ministre est responsable de
l'Office de la protection du consommateur et c'est tout ce que le ministre va
faire. Vous auriez pu dire, dans ce projet de loi, que le ministre est
responsable de la Société d'habitation du Québec, de la
Régie du logement, de l'Office de la construction du Québec, et
c'est tout. Vous auriez pu faire la même chose. Mais cela ne vous donne
pas les pouvoirs, les responsabilités nécessaires. Je crois que
vous devriez avoir plus de responsabilités dans le secteur de la
protection du consommateur que de dire: Je suis responsable de l'office. Vous
devrez formuler des programmes, vous devrez appliquer certaines mesures,
certains programmes, certaines initiatives, de la même façon que
vous vous donnez des pouvoirs dans le domaine de l'habitation.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, le
député de Mont-Royal dit: Si le ministre a des devoirs et
pouvoirs en matière de protection du consommateur définis
à la Loi sur la protection du consommateur et qu'on n'a pas jugé
bon de les répéter pourquoi a-t-on énuméré
dans le projet de loi no 7 que nous étudions présentement...
M. Ciaccia: Ajouter.
M. Tardif: ...les pouvoirs? On aurait pu se contenter de dire
qu'il a les pouvoirs de la Société d'habitation du Québec,
de la Régie du logement et autres. Précisément, VI. le
Président, dans ces lois constituant la Régie du logement,
constituant particulièrement la Société d'habitation du
Québec, on ne retrouve pas cette enumeration des pouvoirs qu'on retrouve
par ailleurs dans la Loi sur la protection du consommateur. C'est le jeu
combiné des articles 19 et autres. Par exemple, on dit que "l'article 1
de la Loi sur la protection du consommateur est modifié par le
remplacement du paragraphe i) par le suivant: "i) "ministre": le ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur". De même, à
l'article 25 du orojet de loi que nous avons devant nous, on dit: "Le ministre
exerce les fonctions et pouvoirs attribués au ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières dans
toute loi, règlement, décret, directive, contrat ou document
concernant la protection du consommateur." C'est donc dire, M. le
Président, encore une fois, que, par différents articles du
projet de loi no 7 que nous avons devant nous, il semblait redondant aux
légistes du gouvernement de répéter dans la loi organique
du ministère la série des attributions qui sont contenues dans la
Loi sur la protection du consommateur.
M. Ciaccia: M. le Président, on ne voudrait pas se faire
dire par le ministre, quand on demandera sa responsabilité dans le
domaine de la protection du consommateur, les mêmes réponses qu'il
nous donne quand on le questionne sur la Société d'habitation du
Québec. Il dit: Bon, c'est la responsabilité de la
Société d'habitation du Québec; demandez au
président. C'est trop facile de se dégager de sa
responsabilité en disant: On est responsable de la SHQ, c'est la
responsabilité du ministre, mais l'application des politiques, des
mesures administratives, etc, ce n'est pas ma responsabilité. Avec ce
projet de loi, dans le domaine de l'habitation, on va pouvoir tenir le ministre
responsable de certaines mesures qui sont arises ou non, suivant le cas. Dans
plusieurs cas, ce seront des choses qui n'auront pas été faites
par le ministre parce qu'il a les fonctions et les pouvoirs définis
à l'article 8. On ne voudrait pas se faire dire, quand on va le tenir
responsable de certaines actions dans le domaine de la protection du
consommateur: C'est la responsabilité de l'office et rejeter tout cela
sur le dos de l'office. 'XL h 30)
On sait que c'est plus difficile pour nous, dans l'Opposition, de
questionner les fonctionnaires individuellement. C'est toujours par l'entremise
du ministre et le ministre dit: Bien non, ce n'est pas moi, c'est l'office,
c'est la SHQ. Ce n'est pas la même chose, par exemple, au niveau
fédéral. Je le cite strictement comme exemple: la pratique est
qu'une fois ou deux fois par année, les fonctionnaires des
ministères doivent répondre à la commission pour
l'administration de leur ministère. C'est la responsabilité du
ministre, mais les députés peuvent questionner sur
différents proqrammes, sur différents aspects de
l'administration, un fonctionnaire dans le ministère impliqué. La
réponse n'est pas la réponse du ministre, c'est la réponse
du fonctionnaire.
C'est un certain moyen pour les députés,
spécialement dans l'Opposition, de demander un compte rendu de ce qui se
produit. Le ministre, dans ce cas-là, peut poser la question
directement, si c'est une question purement administrative, et le fonctionnaire
doit répondre. Mais ici, nous nous trouvons dans la position où
le fonctionnaire, lui, n'a pas à nous répondre parce que la loi
prévoit que c'est seulement le ministre qui répond en commission
parlementaire. Le ministre se dégage de cette responsabilité en
disant: Écoutez, c'est la Société d'habitation du
Québec, ce n'est pas moi qui l'administre. On semble avoir un
"no-man's-land" qui rend plus difficile la responsabilité du ministre,
les compte rendu qu'on doit donner à la commission. Pour cette raison,
on aurait préféré voir dans l'article 8 les pouvoirs
spécifiques, les fonctions du ministre dans le domaine de la protection
du consommateur pour ne pas qu'il dise: C'est l'office qui s'en charge,
demandez à l'office.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Tardif: Je prends note des remarques du député
de Mont-Royal en ce qui concerne la possibilité que devraient avoir les
députés de toutes les formations de poser des questions aux
fonctionnaires. Je vous ferai remarquer que c'est précisément ce
à quoi nous avons assisté partiellement aujourd'hui, alors que
les présidents des quatre organismes dont il sera question dans cette
loi étaient présents.
M. Ciaccia: Mais c'est vous qui répondiez.
M. Tardif: Le hasard a voulu...
M. Ciaccia: Dans le journal des Débats, les
réponses sont au nom du ministre. Peut-être allez-vous le
regretter!
M. Tardif: II est illusoire de s'attendre... Enfin, je pense
qu'il ne viendrait
même pas à l'esprit du député de Mont-Royal
de demander au ministre de l'Énergie et des Ressources comment ont
été branchés les compteurs par Hydro-Québec en tel
point du Québec.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ça.
M. Tardif: De la même manière, l'existence d'une
société d'État ayant sa loi constitutive, ayant ses
fonctions, ses pouvoirs, son conseil d'administration, a fait en sorte que,
traditionnellement - et c'est vrai tant à Ottawa qu'ici - a jugé
à propos de créer des sociétés d'État
distinctes des ministères pour justement leur donner une souplesse
d'action que n'avait pas le lourd appareil bureaucratique gouvernemental.
Évidemment, dans toute la gamme des sociétés
d'État, il y en a des plus autonomes jusqu'aux moins autonomes, mais je
prends bonne note de la suggestion du député de Mont-Royal que
nous devrions peut-être, dans le cadre d'une réforme
parlementaire, rendre disponibles les hauts fonctionnaires pour répondre
aux questions des députés.
M. Ciaccia: Non, ma suggestion, M. le ministre, n'était
pas nécessairement ça; je donnais ça comme exemple.
M. Tardif: Ahl je croyais...
M. Ciaccia: Ma suggestion était d'ajouter à
l'article 8 des pouvoirs par lesquels on vous rendrait responsable pour ce que
l'office fait et ce que le secteur de la protection du consommateur peut
faire.
M. Tardif: Pour l'instant, le gouvernement a
décidé...
M. Ciaccia: On veut vous rendre responsable de l'administration,
des politiques de ce ministère. Comme c'est là, on ne peut pas
parce que vous n'avez pas les fonctions et les pouvoirs. Vous êtes
seulement responsable pour l'office.
M. Tardif: Présentement, le gouvernement a
décidé que l'Office de la protection du consommateur faisait un
très bon boulot et que cet organisme allait continuer de fonctionner
comme un organisme répondant évidemment au ministre
délégué à l'Habitation et à la Protection du
consommateur et j'en suis le responsable, ce qu'on appelle habituellement le
ministre de tutelle.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Desbiens): Adopté.
M. Ciaccia: Le ministre va être mis en tutelle.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 9, adopté.
Est-ce que l'article 10 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 10, adopté.
Section III, Documents du ministère. L'article 11 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 12
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 12 est
adopté. Est-ce que l'article 13 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 13 est
adopté. Est-ce que l'article 14 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 14 est
adopté. Est-ce que l'article 15 est adopté?
M. Ciaccia: Question sur l'article 15.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pourquoi l'abolition de ce délai
légal?
M. Tardif: Pardon?
M. Ciaccia: Pourquoi l'abolition de ce délai
légal?
M. Tardif: Je pense, encore une fois, sujet à la
consultation avec les légistes, qu'il s'agit là d'un article
standard qu'on retrouve de plus en plus dans les diverses lois.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Ciaccia: Je ne ferai pas une argumentation, mais les
réponses qu'on nous donne, disant que c'est un article standard... Le
fait que c'est standard et qu'on l'a mis dans une autre loi, ce n'est pas
une
ustification. Je pense qu'on devrait avoir lus d'explication que
cela.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ninistre.
M. Tardif: Je pense que, pour comprendre, pour expliquer la
teneur de cet article, c'est que, de plus en plus, vu l'accumulation de
documents, de plans, de devis et tout ce que vous voudrez, il s'agit le
permettre la destruction de documents lès lors qu'on a un support
photographique table - c'est-à-dire que cela a été
microfilmé - c'est la raison pour laquelle nous retrouverons de plus en
plus, au fur et à mesure que le processus du microfilmage de documents
sera instauré, cet article standard; sans quoi nous serions ensevelis
sous la paperasse.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Ciaccia: Vous êtes contre cela, la paperasse. Regardez
votre règlement, vous allez voir que vous n'êtes pas tellement
contre la paperasse.
M. Tardif: On va le microfilmer pour l'envoyer au
député de Mont-Royal.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté,
Une voix: Microfilmé ou pas.
M. Ciaccia: Ce n'est pas moi qu'il faut convaincre, ce sont les
institutions financières.
Le Président (M. Desbiens): Section IV, Dispositions
transitoires et finales. Article 16.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 16, adopté.
L'article 17 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté, l'article 17
est adopté. L'article 18 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 18, adopté.
L'article 19 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 19 est
adopté. L'article 20 est-il adopté?
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
Qualification professionnelle des
entrepreneurs
M. Ciaccia: M. le Président, le ministre est sans doute au
courant que l'Association de la construction de Montréal et du
Québec s'oppose à ce que la loi 33 régissant la
qualification professionnelle des entrepreneurs soit placée sous la
responsabilité du nouveau ministère de l'Habitation. Je ne sais
pas s'il a quelque chose contre le ministère ou ... Je suis pas mal
certain que ce n'est rien de personnel avec le ministre, c'est juste qu'ils ne
veulent pas que ce soit placé sous la responsabilité du
ministère de l'Habitation. D'après eux, un grand nombre
d'entreprises de construction sont actives dans d'autres domaines que
l'habitation; je pense que c'est pour cette raison. Peut-être qu'ils
peuvent penser qu'en étant sous la juridiction de l'habitation, cela
peut contraindre leurs opérations, cela peut causer certains
problèmes qui ne sont pas reliés directement à
l'habitation et vous aurez principalement la question de l'habitation en vue
quand vous appliquerez votre loi et vos règlements.
M. Tardif: M. le Président, d'abord, je voudrais
présenter aux membres de cette commission M. Dufour, le président
de la Régie des entreprises de construction, qui était là
aujourd'hui toute la journée pour l'étude des crédits de
son organisme et qui a assisté à ces débats, de sorte que
s'il pouvait éclairer ultérieurement les membres de cette
commission, je suis convaincu qu'il se prêterait volontiers aux questions
qu'on voudrait lui poser.
Je voudrais tout simplement dire, en rapport avec cette question
précise, que, d'une part, le rattachement au ministère du Travail
de la Régie des entreprises en construction du Québec
était quelque chose qui, de toute façon, ne découlait pas
du rapport de la commission Cliche qui disait, à la page 121, paragraphe
44: "Que l'exécution de cette loi soit confiée au
ministère des Institutions financières" qui, à
l'époque, était le ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières. Le rattachement
au ministère du Travail a des raisons historiques que connaît
peut-être mieux que moi le député de Mont-Royal, mais je
pense que ce qui est important de souligner à cet égard, c'est
que le rattachement de cet organisme au ministère
du Travail, de la Main-d'Oeuvre et maintenant - de la
Sécurité du revenu se justifie peut-être encore beaucoup
moins qu'à celui des Consommateurs. Pourquoi cela? M. le
Président, sans nier le fait établi par la lettre que nous avons
eue de l'Association de la construction de Montréal et du Québec,
c'est qu'un certain nombre d'entreprises en construction font autre chose que
de la construction résidentielle, enfin de la construction industrielle,
commerciale et des grands travaux de chemins et autres. Je pense qu'il n'est
pas exagéré de dire - on pourra le faire confirmer par le
président -que la Régie des entreprises en construction du
Québec émet des licences présentement dans une proportion
de 80% à des entreprises groupant cinq employés ou moins.
Donc, 80% sont des entreprises groupant cinq employés ou moins et
qui, majoritairement et de façon fortement majoritaire, sont
reliées, d'une façon ou de l'autre, à la construction
domiciliaire, à la restauration, à l'isolation, etc. Il est donc
logique que l'organisme qui les qualifie, en l'occurrence la Régie des
entreprises en construction du Québec, soit sous l'autorité du
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur. Ce qui,
encore une fois, n'enlève rien à la faculté qu'ont les
organismes en question, les entrepreneurs, de faire autre chose que de la
construction domiciliaire ou de la restauration.
M. Ciaccia: Je comprends, M. le Président. Mais dans le
domaine de la construction, certains règlements qui s'appliquent
à l'habitation pourraient être très onéreux s'il
fallait que ces mêmes règlements s'appliquent à une
entreprise qui va construire le Palais des congrès. Quand vous nous
dites que 80% des permis...
M. Tardif: Des licences émises.
M. Ciaccia: ...des licences sont émises à des
entreprises de cinq employés ou moins, je ne pense pas que c'est le
nombre de permis qui, vraiment, est important. Ce sont les chiffres que cette
association a portés à votre attention, à savoir que le
secteur résidentiel - on a donné les chiffres pour 1980 - ne
représente que 3 200 000 000 $ sur les 9 800 000 000 $ investis dans des
travaux de construction au Québec. En termes de dépenses,
d'investissements ou d'argent qui sont dans ce secteur, il y en a beaucoup plus
dans les autres secteurs que dans celui de l'habitation. Cela pourrait
être très difficile pour le fonctionnement d'une telle entreprise
s'il fallait qu'elle se conforme à toute la réglementation du
domaine de l'habitation. Vous allez construire un petit bungalow, un duplex ou
un triplex et vous allez exiger certaines normes qui ne s'appliqueront
peut-être pas dans un autre secteur. Est-ce que c'est cela...
M. Tardif: En pratique, je pense que le problème
fondamental, c'est de savoir où un organisme comme le nôtre, qui
régit les entreprises de construction au niveau de leur
compétence technique, administrative et aussi de leur
solvabilité, doit être rattaché d'une façon la plus
naturelle possible. (22 h 45)
En dehors de ce que la régie fait, il y a toute une série
de réglementations qui émanent du Conseil du trésor, les
devis des travaux publics, les ententes entre l'Association des constructeurs
de routes et grands travaux et le ministère des Transports, les
relations entre la Corporation des maîtres électriciens et les
services d'inspection d'électricité, la même chose en
plomberie. Je comprends la préoccupation de l'Association de la
construction de Montréal qui dit: Le ministère de l'Habitation ne
sera pas un interlocuteur naturel, pas plus que ne l'est le ministère du
Travail, de toute façon, parce que les vrais interlocuteurs sont le
Conseil du trésor, les Travaux publics et le ministère des
Transports, car elle représente 20% des entreprises qui exécutent
80% -comme elle dit dans ses chiffres - des travaux de construction, mais dans
un domaine où on ne réglemente pas, sinon la solvabilité
de l'entreprise.
M. Ciaccia: Est-ce que les intéressés ont
indiqué à quel ministère ils préféreraient
que vous soyez attachés?
M. Tardif: J'ai l'impression que c'est une question...
M. Ciaccia: Ils ont dit être contre le ministère de
l'Habitation, mais est-ce qu'ils ont...
M. Tardif: Sur six associations, c'est la seule qui a
protesté, probablement parce que j'ai oublié de l'appeler avant
pour le lui dire. Si je le lui avais dit avant, probablement qu'il n'y aurait
pas eu de protestation.
Je comprendrais l'appréhension de l'association et du
député de Mont-Royal si, automatiquement, cela signifiait que les
règlements qui pourraient régir la construction d'une maison
unifamiliale, d'un bungalow, comme il dit, devaient être appliqués
automatiquement aux autres secteurs de la construction, mais ce n'est pas cela.
L'application du Code du bâtiment, qui régit des immeubles publics
et les immeubles même résidentiels de plus de deux étages
et de plus de huit logements, continue de relever du ministère du
Travail et des normes de construction des chemins du ministère des
Transports. Cela reste là. C'est l'entreprise qui vérifie
d'abord, la solvabilité, puis la qualification professionnelle et
enfin
la façon dont certaines de ces entreprises peuvent s'acquitter de
leurs tâches, de leurs fonctions. À cet égard, cela reste
inchangé.
On dit que 80% des entreprises, même si le volume de construction
n'est pas énorme, sont rattachées au secteur de l'habitation.
Qu'on le veuille ou non, c'est dans ce domaine qu'on inspecte, c'est dans ce
domaine que le consommateur fait appel à la régie pour concilier
les rapports entre l'entrepreneur et le consommateur. Par exemple, s'il y a une
maison qui est mal bâtie, on a quand même besoin d'un
ministère avec lequel on peut discuter parce qu'on travaille
inévitablement en collaboration, dans ce secteur qui nous
préoccupe le plus, en règle générale, avec l'Office
de la protection du consommateur. On a des programmes avec la
Société d'habitation, si on réalise un programme comme
Loginove...
M. Ciaccia: Dans ce cas, vous allez appliquer vos
règlements assez sévèrement, j'espère. Il n'y aura
pas de conflit d'intérêts avec le même ministre.
Je voudrais remercier le président de la régie, M. Dufour,
pour ses explications. Merci.
M. Tardif: Merci.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 20, adopté.
L'article 21 est-il adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 21, adopté.
Article 22?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 22, adopté.
Article 23?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 23, adopté.
Article 24?
M. Tardif: Adopté. M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 24, adopté.
Article 25?
M. Ciaccia: Adopté.
M. Tardif: À l'article 26...
Le Président (M. Desbiens): Article 25, adopté.
Article 26.
M. Tardif: L'amendement a-t-il été
distribué? Il l'est à l'instant même.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que vous avez un
papillon?
M. Tardif: Je voudrais d'abord expliquer la raison de cet
amendement. L'article 26 actuel est remplacé par les nouveaux articles
26 et 27. Tout ce que ces deux articles font, c'est de répéter
substantiellement la même chose qu'à l'article 26, mais en
scindant les dispositions relatives au personnel qui auparavant
émargeait au budget du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et qui était affecté au service de la Régie
des entreprises de construction et, deuxièmement, le personnel
chargé de l'application de la Loi sur les agences de voyage qui
émargeait au budget du ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme. La raison en est que le ministère que nous constituons par
loi, présentement, n'a pas d'infrastructure, de personnel, de
contrôleur, de ci, de ça; alors, tant et aussi longtemps que ceci
ne sera pas constituté, ils continueront d'émarger au budget des
ministères respectifs. De sorte qu'il se pourrait néanmoins qu'il
soit possible d'en rapatrier un avant l'autre. Donc, c'est la
possibilité de le faire de façon distincte dans le temps
plutôt que de prendre les deux en bloc.
Ce qu'on veut, c'est qu'il n'y ait pas interruption de services pour les
contribuables, pour les citoyens; c'est ce qui est important, donner cette
souplesse. C'est au même effet, mais en scindant dans le temps les deux
organismes.
Donc, M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Desbiens): Le député de
Mont-Royal. L'article 26 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens):
L'amendement est adopté. Pour le nouvel article 27, ce sont les
mêmes explications. Est-ce que le nouvel article 27 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article...
M. Tardif: L'article 27 actuel, M. le Président,
devenu...
Le Président (M. Desbiens): ...27 devenu article 28
maintenant.
M. Tardif: ... l'article 28 est modifié
par l'addition du deuxième alinéa suivant: "Les autres
sommes requises pour l'application de la présente loi au cours de
l'exercice financier 1981-1982 sont prises selon que le détermine le
gouvernement à même le fonds consolidé du revenu qui est
l'article habituel qu'on rencontre lors...
M. Ciaccia: Pour quelle raison...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ...allez-vous chercher de l'argent au fonds
consolidé?
M. Tardif: Parce qu'il n'y a pas de crédits au
ministère. Nous avons fait l'étude des crédits
aujourd'hui; nous nous sommes rendu compte qu'il y avait des crédits
d'organismes, mais il n'y en a pas au ministère.
M. Ciaccia: Vous les rapatriez des autres ministères, non?
Ce n'est pas cela que vous faites, les rapatrier des autres ministères
pour les retourner à de nouveaux ministères?
M. Tardif: Par exemple, le sous-ministre et le sous-ministre
adjoint, ou je ne sais qui...
M. Ciaccia: Ce sont les nouvelles fonctions.
M. Tardif: D'accord. M. Ciaccia: Très bien.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 28 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 29 qui
était l'article 28...
M. Tardif: L'article 28 devient l'article 29, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): ...est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 29 est
adopté. L'article 29 est modifié...
M. Tardif: ... et devient l'article 30.
Le Président (M. Desbiens): ... et devient l'article
30.
M. Tardif: II est modifié par le remplacement du 1er mai
1981 par l'insertion de la date de sanction du projet de loi no 7.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le nouvel article
30 tel que modifié est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 30...
M. Ciaccia: Les explications m'ont été
données. Adopté. Une bonne chance qu'on a des recherchistes.
M. Tardif: De part et d'autre.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 30 est
adopté tel que modifié. Le nouvel article 31, c'est l'article 30
remplacé par le suivant.
M. Tardif: II est remplacé par l'article 31 que je lis, M.
le Président. "La présente loi entre en vigueur le jour de sa
sanction à l'exception des articles 26 à 29 qui entreront en
vigueur, en tout ou en partie, par proclamation du gouvernement, à toute
date ultérieure fixée par ce dernier." Donc, c'est pour atteindre
l'objectif que je mentionnais tantôt.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 31 est-il
adopté? Le dernier amendement, l'article 31 du projet actuel est
rayé. Adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Le projet de loi no 7, Loi sur
le ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur, est-il
adopté avec les amendements proposés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Il me reste
à demander au rapporteur de faire rapport à l'Assemblée
nationale.
M. Tardif: M. le Président, juste un tout petit mot pour
remercier tous ceux qui ont été avec nous, contre nous ou envers
nous tout au long de la journée, ainsi que la présidence et tout
le personnel. Je voudrais tout simplement apporter une précision que
nous avons obtenue des légistes quant à la teneur de l'article 6
où, traditionnellement, il était dit dans les lois que le
ministre était le chef du ministère. On avait trouvé que
cette expression de chef du ministère faisait un peu
dépassé et on a plutôt parlé des
devoirs du ministre qui devaient s'exercer, alors que les droits sont
définis dans les lois, voilà la raison de ce changement
strictement au niveau du langage.
M. Ciaccia: Très bien. Au nom de Opposition officielle, je
voudrais moi aussi remercier tous ceux qui ont eu la patience de rester avec
nous durant toute la journée à la commission, ainsi que vous, M.
le résident. Cela prend de la patience.
M. Tardif: À qui le dites-vous?
M. Ciaccia: Je me le dis à moi-même.
Le Président (M. Desbiens): Je remercie tous les
participants à la commission. La commission de l'habitation et de la
protection du consommateur ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 55)