Journal des débats (Hansard) of the Committee on Institutions
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Tuesday, March 9, 2021
-
Vol. 45 N° 122
Clause-by-clause consideration on Bill 84, An Act to assist persons who are victims of criminal offences and to facilitate their recovery
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
-
-
Bachand, André
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Tanguay, Marc
-
Weil, Kathleen
-
Labrie, Christine
-
Lemieux, Louis
-
Hivon, Véronique
-
-
Tanguay, Marc
-
Bachand, André
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Lemieux, Louis
-
Labrie, Christine
-
Hivon, Véronique
-
Weil, Kathleen
-
-
Bachand, André
-
Tanguay, Marc
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Weil, Kathleen
-
Lemieux, Louis
-
Hivon, Véronique
-
-
Weil, Kathleen
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Bachand, André
-
Hivon, Véronique
-
Tanguay, Marc
-
-
Tanguay, Marc
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Bachand, André
-
Lemieux, Louis
-
Hivon, Véronique
-
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Bachand, André
-
-
Bachand, André
-
Tanguay, Marc
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Labrie, Christine
-
Lemieux, Louis
-
Hivon, Véronique
-
Weil, Kathleen
-
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Weil, Kathleen
-
Bachand, André
-
Lemieux, Louis
-
Tanguay, Marc
-
Labrie, Christine
-
Hivon, Véronique
-
-
Labrie, Christine
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Bachand, André
-
Tanguay, Marc
-
Lemieux, Louis
-
Hivon, Véronique
-
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Labrie, Christine
-
Bachand, André
-
Weil, Kathleen
-
Tanguay, Marc
-
Lemieux, Louis
-
Hivon, Véronique
-
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Labrie, Christine
-
Bachand, André
-
Tanguay, Marc
-
Lemieux, Louis
-
Hivon, Véronique
-
-
Labrie, Christine
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Bachand, André
-
Hivon, Véronique
-
Tanguay, Marc
-
Weil, Kathleen
-
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Tanguay, Marc
-
Bachand, André
-
Lemieux, Louis
-
Labrie, Christine
-
Hivon, Véronique
-
Weil, Kathleen
-
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Bachand, André
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures trente-quatre minutes)
Le Président (M.
Bachand) : Bonjour. À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte. La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et
à favoriser leur rétablissement.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par Mme Labrie
(Sherbrooke).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je vous
rappelle qu'en fonction des mesures de distanciation physique énoncées par la
Santé publique vous devez conserver votre place assise en commission. De plus,
le port du masque de procédure est obligatoire en tout temps, hormis au moment
de prendre la parole dans le cadre de nos travaux. Avant de débuter
formellement, je vous informe que les votes pour ce mandat devront se tenir par
appel nominal, et ce, jusqu'au 2 avril 2021.
Lors de la suspension de nos travaux le
jeudi 18 février 2021, il a été convenu de suspendre l'étude des
articles 3 à 9, de l'article 16, de même que l'amendement proposé par
le ministre visant à remplacer l'article 16. Nos discussions portaient sur
l'article 20 amendé du projet de loi. Interventions? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bonjour, M. le Président. Un plaisir de vous retrouver depuis ces deux
dernières semaines. D'entrée de jeu, je souhaite informer les collègues que,
sur le site Greffier, il y aura un amendement. En fait, on va retirer
l'amendement à l'article 16 pour le remplacer par un nouvel amendement.
C'est une modification qui est mineure, suite aux commentaires de certains
groupes que nous avons eus. Donc, on va enlever «menace de violence réelle», on
va supprimer «réelle», ça sera le seul changement, mais
on le fera, un dépôt officiel tout à l'heure à l'article 16.
Également, M. le Président... C'est ça.
Donc, ce que je vous propose, pour les membres de la commission, c'est de
terminer l'article 20 et ensuite de revenir à l'article 16 pour
pouvoir étudier l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait.
M. Jolin-Barrette : On
est rendus à l'article 20, M. le Président, avec un amendement qui a été
adopté, <je crois...
M. Jolin-Barrette :
…
mais on le fera, un dépôt officiel tout à l'heure à l'article 16.
Également, M. le Président... C'est ça.
Donc, ce que je vous propose, pour les membres de la commission, c'est de
terminer l'article 20 et ensuite de revenir à l'article 16 pour
pouvoir étudier l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) :
Parfait.
M. Jolin-Barrette :
On est rendus à l'article 20, M. le Président, avec un amendement qui a
été adopté, >je crois.
Le Président (M.
Bachand) : Effectivement. Interventions? M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, M. le
Président. Alors, j'aimerais savoir où est rendu le ministre dans sa collecte
de données. Je ne lui ai pas envoyé un subpoena duces tecum, mais juste lui
rappeler rapidement, 30 secondes, nous attendons toujours, s'il vous plaît,
s'il vous plaît, les statistiques sur les rentes viagères, le nombre de
victimes, le coût des rentes, l'évaluation, si le viager était resté dans 84,
de un. De deux, réitérer la demande à l'IVAC, et vous avez eu copie de la
lettre du 25 février, que nous avons envoyée, que j'ai signée et envoyée à
vous, M. le Président, en copie, et aux collègues de l'opposition, donc les
demandes à l'IVAC. Le pourcentage des contre-expertises demandé par l'IVAC, la
ventilation du 193 millions, au niveau des années, et l'aide sociale...
l'exonération, quant à l'aide sociale, à savoir où en est la réflexion du ministre.
Alors, je voulais juste rappeler ça, en
début de nos travaux, rapidement, M. le Président. Je ne sais pas si le
ministre a déjà toute partie de ça.
M. Jolin-Barrette : Mais, en
fait, pour la question des calculs, on est encore en train de travailler sur
les hypothèses, parce que, dans le fond, ce que le député de LaFontaine
demande, c'est d'avoir des hypothèses, des comparatifs, donc on va pouvoir lui
revenir.
Pour ce qui est de l'exonération au niveau
de l'aide sociale, il y a des travaux qui sont faits actuellement. Donc, on
regarde pour... comme la discussion qu'on a eue. Ce que je peux vous donner
d'entrée de jeu, c'est vous avez demandé, dans le fond, les aides financières
qui allaient être données. Donc, on a préparé un tableau pour chacune des
catégories des personnes victimes. Ça, on va pouvoir le faire parvenir au
secrétariat de la commission où est-ce que, pour chacune des catégories des
personnes, dans le fond, ce qu'on prévoit, ce qui va être prévu par règlement,
ce qu'on va donner comme aide financière, notamment aide psychologique,
remplacement de revenu, tout ça, ça, ça va nous aider pour la prochaine section
pour qu'on ait en main... on sache de quoi on parle.
Mais donc, pour la suite des demandes, on
vous revient, là, parce que, dans le fond, ce qui est demandé par le député de
LaFontaine, c'est de la création de scénarios, entre autres. Donc, on va vous
revenir avec la différence avec la rente viagère versus le montant forfaitaire.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député LaFontaine, oui.
M. Tanguay
: Bien, moi,
j'étais sur l'impression que ce n'était pas la création qui était déjà
existante. Les scénarios, notamment, quant à la rente viagère et à son impact
avant et post-84, puis, la ventilation de 193, ça doit exister. Et les
pourcentages de contre-expertise demandés par l'IVAC, ça, si le ministre peut
mettre la main là-dessus, ça serait intéressant.
M. Jolin-Barrette : Ça, on va
vérifier, mais, dans le fond, la différence entre rente viagère, montant
forfaitaire, il faut créer des scénarios parce que ce n'est pas quelque chose
qui existe, là. <Dans le fond, là... >La fin des rentes viagères,
dans le fond, c'est un remplacement par l'indemnité forfaitaire, donc ça
demande d'évaluer les différents scénarios. Donc, comme je vous le disais, lors
des séances précédentes, c'est vraiment propre <à chaque personne…
M. Jolin-Barrette :
...
parce que ce n'est pas quelque chose qui existe, là. Dans le fond,
là... La fin des rentes viagères, dans le fond, c'est un remplacement par
l'indemnité forfaitaire, donc ça demande d'évaluer les différents scénarios.
Donc, comme je vous le disais lors des séances précédentes, c'est vraiment
propre >à chaque personne. Dans le fond, chacune des situations de
chacune des personnes qui peut présenter sa demande à l'IVAC, ça change en
fonction de chacun des paramètres. Parce que vous comprendrez qu'il y a
l'incapacité permanente de la personne, son pourcentage, l'âge auquel elle a. Ça
fait que c'est pratiquement impossible d'avoir un seul... bien, en fait, ce
n'est pas possible d'avoir un seul scénario qui dit : Voici la distinction
entre les rentes viagères versus les sommes forfaitaires.
Donc, à certains moments, tout
dépendamment de l'âge de la personne, tout dépendamment de la durée de
l'incapacité, et tout ça, il y a plein de cas d'espèce. Alors, on est en train
de travailler sur vous présenter quel est... en gros, les distinctions, mais ce
n'est pas quelque chose qui est applicable à toutes les personnes victimes.
• (9 h 40) •
M. Tanguay
: M. le
Président, vous connaissez déjà, détrompez-moi si j'ai tort, le nombre de personnes
bénéficiant de rentes viagères et le coût que ça représente annuellement.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: O.K. Donc,
ça, ce tableau-là, cette information-là, on pourrait l'avoir.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui.
M. Tanguay
: J'étais
sous l'impression que vous aviez affirmé que l'hypothèse avait été également
demandée, vous aviez eu l'information quant à la poursuite de ces rentes
viagères là sous l'égide du 84.
M. Jolin-Barrette : Bien, pas
sous l'égide du 84, sous l'égide de l'ancien régime.
M. Tanguay
: O.K. Ça
fait que vous n'avez pas d'évaluation de ce que ça coûterait si on gardait les
rentes viagères possibles sous 84.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est parce qu'il faudrait le calculer en fonction de toutes les nouvelles
personnes victimes, entre autres, aussi. Donc, c'est exponentiel, donc c'est
difficile d'évaluer tout ça. Mais on va travailler sur quelque chose puis on
est en train de regarder ça.
M. Tanguay
: O.K. Puis
juste compréhension, donc, vous aviez dit, de façon plus globale, il était en
rédaction un tableau sur les différents aspects, puis je ne sais pas si je peux
avoir plus d'information.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, ça, on va la transmettre au secrétariat.
M. Tanguay
: Vous
l'avez déjà. O.K.
M. Jolin-Barrette : On l'a déjà.
Dans le fond, pour chacune des catégories de personnes victimes, vous allez
avoir les aides qui sont envisagées, qu'on va donner à chacune des catégories
de personnes victimes.
M. Tanguay
: Puis on
peut avoir ça ce matin, oui?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: O.K.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Excusez-moi,
je me demande si c'était... On avait parlé d'un napperon ou d'un genre de
schéma. Ce serait ça.
M. Jolin-Barrette : Oui. Ça
va être un tableau, exactement.
Mme Weil
: O.K.
Excellent.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Donc, l'article 20, interventions? M. le
député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. À
l'article 20, j'avais une discussion avec le ministre, et je vais remettre
la main sur l'article 20. Vous savez, par rapport à la date de mars 1972, il
y avait la possibilité pour nous de déposer un amendement qui ferait en sorte
d'ajouter, dans le troisième alinéa de l'article 20, après les mots «en
tout temps», «nonobstant la définition d'infraction criminelle à l'article 13».
Parce qu'on sait qu'à la définition de
l'infraction criminelle, à l'article 13, il y a ce mur, «toute infraction
prévue au code perpétrée avant le 1er mars 1972». <Alors...
M. Tanguay
: ...«en
tout temps», «
nonobstant la définition d'
infraction criminelle à
l'article 13».
Parce qu'on sait qu'à la définition de
l'infraction criminelle, à l'article 13, il y a ce mur, «toute infraction
prévue au code perpétrée avant le 1er mars 1972». >Alors,
ce qu'on dit, à l'article 20, fait en sorte d'instaurer une
imprescriptibilité qui fait écho de l'article 2926.1 du Code civil du
Québec, quant à trois types d'infraction : violence subie pendant
l'enfance, agression à caractère sexuel ou violence conjugale, et ça, c'est
imprescriptible, ça veut dire indépendamment du moment de la perpétration.
Donc, ce qu'on dit, c'est qu'on fait écho
de 2926.1 du Code civil du Québec qui fait en sorte qu'il n'y a pas de mur au
1er mars 1972 dans le contexte du Code civil du Québec si vous voulez
poursuivre au civil. Mais dans... Puis on fait copier-coller, on fait miroir
dans l'IVAC, dans le régime de l'IVAC proposé, mais on conserve, par l'action
de l'article 13, la définition de l'acte criminel, le mur du 1er mars
1972. Puis le ministre avait répondu par l'affirmative lorsque je lui avais
posé la question : Donc, vous réalisez qu'il serait possible pour une
personne, dont les faits reprochés datent du 1er mars 1971, de poursuivre
au civil, oui, mais qu'il n'y aurait pas, le cas échéant, d'indemnisation en
vertu de l'IVAC. Non, il n'y en aurait pas, effectivement.
Alors, si vous le permettez, M. le
Président, j'aimerais déposer l'amendement. Puis la discussion... J'ai pas mal
résumé mon intervention là-dessus, mais j'aimerais qu'on puisse statuer sur ça.
Alors, je... Il est rédigé. Je pense qu'il est en route.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait.
M. Tanguay
: On peut peut-être
suspendre, je ne le sais pas.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions sur... M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, faisons le débat tout de suite, en attendant que l'amendement
soit...
M. Tanguay
: Bien, je
peux peut-être vous le lire formellement, comme ça, ça serait fait.
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît, oui. S'il vous
plaît.
M. Tanguay
: Alors, le
dépôt en a été fait formellement. Alors, amendement article 20 :
Ajouter, dans le troisième alinéa de
l'article 20, après les mots «en tout temps», «nonobstant la définition
d'infraction criminelle de l'article 13». Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Donc, peut-être sur l'amendement, je comprends le souhait du député de LaFontaine,
dans le fond, de rendre imprescriptible au-delà de 1972. Il faut comprendre que
le fait de rendre imprescriptible, comme nous le faisons, à partir de 1972,
c'est la date de création du régime, M. le Président. Donc, incidemment, le
facteur de rattachement que nous avons pour l'imprescription rétroactive, c'est
qu'on retourne jusqu'à 1972. Et ça, c'est important, M. le Président, parce qu'actuellement...
En fait, jusqu'en 2013, le délai de prescription, c'était un an. Le ministre
St-Arnaud a changé ça à deux ans en 2013. Et nous, ce que nous faisons, c'est
que nous disons : Il n'y a plus de limite pour la prescription dans les
cas d'agression sexuelle... bien, en fait, dans les cas de violence sexuelle,
dans les cas de violence conjugale et de violence subie pendant l'enfance.
Donc, peu importe, à partir de la sanction
de la loi, à quel moment vous allez... il y aura survenance de l'infraction
criminelle, il n'y aura plus de délai de prescription, plus jamais, dans ces <trois
catégories-là...
M. Jolin-Barrette :
...violence conjugale et de violence subie pendant l'enfance.
Donc, peu importe, à partir de la
sanction de la loi, à quel moment vous allez... il y aura survenance de
l'infraction criminelle, il n'y aura plus de délai de prescription, plus
jamais, dans ces >trois catégories-là. Également, ce qu'on fait, c'est
qu'on amène une rétroactivité, M. le Président, jusqu'en 1972. Ça veut dire,
une victime qui a été agressée sexuellement en 1975, en 1980, en 1985, 1990, en
2005, elle pourra présenter sa demande à n'importe quel moment pour le futur.
Alors, pourquoi la date de 1972? C'est la date de la création du régime par
l'État québécois. Alors, c'est là que le choix a été fait, à l'époque, de
dire : À partir de ce moment-là, on indemnise les personnes victimes.
Alors, c'est cette date-là, on rétroagit à cette date-là, M. le Président, ce
qui est une avancée significative.
Et le fait de rendre imprescriptible, M.
le Président, ces trois catégories, violence sexuelle, violence conjugale,
violence subie pendant l'enfance, ça représente la plus grande partie de
l'investissement que le gouvernement du Québec fait, parce que ça représente
une grande partie, violence conjugale, violence sexuelle, des infractions qui
sont demandées, l'indemnisation qui est demandée à l'IVAC. Alors, c'est le plus
gros des demandes qu'on a à l'IVAC, alors c'est pour ça que j'ai voulu les
rendre, et c'est majeur et significatif, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Mme la députée de Sherbrooke,
s'il vous plaît.
Mme Labrie : Est-ce que ça a
été évalué, ce que ça représenterait comme dépense de mettre de côté la limite
de 1972? Parce que, selon ma compréhension, les victimes d'avant 1972, qui
demanderaient d'être indemnisées devraient encore vivre les conséquences, là,
de l'agression qu'elles ont subie avant 1972, pour être indemnisées
aujourd'hui. Donc, j'imagine que ça ne représente pas un nombre si grand que ça
de victimes. Est-ce qu'il y a eu une évaluation de ça?
M. Jolin-Barrette : Je ne
peux pas vous dire combien, effectivement, ça coûterait, mais ce sont des
sommes considérables avant 1972.
Mme Labrie : Donc, ça l'a été
évalué?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
crois que oui. Me Grenier, ça a été évalué? Ça a été évalué, oui, puis ça
constitue des sommes considérables.
Mme Labrie : Est-ce que c'est
possible de nous dire le montant puisque l'étude a été faite? Je serais
curieuse de voir, tu sais, ça nous permettrait de prendre une décision...
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est toujours des chiffres hypothétiques, mais ça représente des millions de
dollars.
Mme Labrie : Des millions,
comme 5 ou comme 800? Ce n'est pas la même chose. Si ça a été évalué, est-ce
que vous pouvez juste nous le dire, là, le montant?
M. Jolin-Barrette : Des
millions avec un «s», mais je ne peux pas précisément dire combien ça coûte,
parce qu'il n'y a pas de facteur qui me permette de dire : Il va y avoir x
nombres de victimes qui vont faire x nombres de réclamations. Ça fait que je ne
voudrais pas m'avancer pour dire : Ça va être 15, ça va être 20, ça va
être 30, ça va être 40 millions. Je ne peux pas
vous le dire, cette information-là, ça dépend du nombre de victimes qui
s'adresserait, mais ça représente des sommes considérables. Puis, pour l'État
québécois, le fait de retourner à 1970, à la date de la création du régime, ça
m'apparaît être une date <qui est importante...
M. Jolin-Barrette :
...j
e ne peux pas vous le dire, cette information-là, ça dépend du
nombre de victimes qui s'adresserait, mais ça représente des sommes
considérables. Puis, pour l'État québécois, le fait de retourner à 1970, à la
date de la création du régime, ça m'apparaît être une date >qui est
importante.
Et, bien entendu, je voudrais pouvoir
indemniser rétroactivement l'ensemble des personnes victimes agressées
sexuellement, qui ont subi de la violence conjugale ou de la violence subie
pendant l'enfance. Ça serait mon désir, mais on travaille avec des paramètres, notamment,
qui sont financiers. Et l'effort collectif de l'État québécois, avec la réforme
que nous faisons actuellement, il est majeur, 193 millions de plus sur
cinq ans.
Puis, dans le fond, le plus gros investissement
du gouvernement du Québec est rattaché à ça, au fait qu'on rend ça rétroactif. Et
surtout, puis là je ne l'ai pas mentionné tout à l'heure, mais, pour les
personnes <qui se sont fait dire> — supposons qu'elles
ont été agressées sexuellement, qui se sont adressées à l'IVAC entre 1972 puis aujourd'hui...
bien, aujourd'hui, date de la sanction du projet de loi — qui se sont
fait dire, juste par le seul écoulement du temps : Bien oui, on reconnaît
que vous avez été victimes d'agression sexuelle, mais je suis désolé, vous
n'avez pas présenté votre demande dans l'année que vous deviez le faire, donc
on ne vous aide pas. Ça, je dis : On revient sur cette décision-là, ce qui
est une chose très rare en droit, très, très rare. Puis on dit : On vous
permet de réactiver votre dossier, pour les trois prochaines années, pour
représenter une demande. Ça aussi, ça représente des sommes qui sont
importantes, qui sont considérables.
Mais j'ai bien entendu notamment le
CRIPHASE, qui disait : Écoutez, on a beaucoup d'hommes qui ont été
agressés sexuellement avant 1972. Je le sais, j'en suis conscient. Je fais le
plus possible, le plus loin que je peux aller, c'est jusqu'à la création du
régime en 1972.
Mme Labrie : Je comprends
ça, c'est juste que c'est un peu contradictoire, parce que moi, j'ai demandé s'il
y a une évaluation qui avait été faite. Le ministre m'a dit oui. Son collègue
juste à côté a hoché la tête. Puis après ça je demande c'est quoi, l'évaluation...
Puis je le sais que c'est une estimation. C'est sûr que personne ne peut savoir
exactement combien de personnes puis combien ça va coûter. Mais là on me dit
oui puis en même temps on refuse de me donner ce chiffre-là.
Je demande juste le chiffre, en fait, là.
Je veux dire, je serais surprise que l'évaluation soit on pense que ça va
coûter trop cher. J'imagine qu'il y a eu une évaluation quand même avec des
montants. Est-ce que c'est seulement possible de nous en faire part, à combien
ça a été chiffré, ce que ça représentait avant 1972? J'aimerais ça me donner un
ordre de grandeur, là, de la raison... Je comprends que c'est des raisons
financières pourquoi vous ne voulez pas aller là, mais c'est de quel ordre? Si
vous l'avez évalué, pourquoi vous ne nous dites pas c'est combien?
• (9 h 50) •
M. Jolin-Barrette :
Bien, parce que les chiffres, ce sont des hypothèses. Moi, je vous dis que
c'est des sommes qui sont importantes. Puis, dans ce contexte-là, je ne les
rendrai pas publiques, parce que ce sont des hypothèses qui ont cours, alors...
Mais je peux vous dire que ce sont des sommes importantes. Juste le montant
qu'on ajoute du 193 millions pour l'imprescriptibilité pour le futur, pour
le passé aussi, ça témoigne de ce fait-là. Mais...
Mme Labrie : C'est juste
que des sommes importantes, ça ne veut pas dire la même chose pour le ministre
puis pour moi, là. Par exemple, <hier...
M. Jolin-Barrette :
…qui ont cours, alors... Mais je peux vous dire que ce sont des sommes
importantes. Juste le montant qu'on ajoute du 193
millions pour
l'imprescriptibilité pour le futur, pour le passé aussi, ça témoigne de ce
fait-là. Mais...
Mme Labrie : C'est
juste que des sommes importantes, ça ne veut pas dire la même chose pour le
ministre
puis pour moi, là.
Par exemple, >hier, il pensait avoir annoncé
des sommes importantes, là, pour l'impact de la pandémie sur les femmes, puis,
à mon avis, ce n'était pas des sommes importantes. Donc, j'aimerais quand même
avoir le chiffre. On le sait, que c'est une estimation, puis que ce sont des hypothèses,
mais pourquoi on ne rendrait pas publique cette estimation-là en la présentant
comme telle? Il y a des documents qui sont rendus publics, par exemple, sur les
prévisions budgétaires, qui sont des estimations aussi, de croissance, je veux
dire, on… Ça arrive régulièrement qu'il y a des documents qui sont rendus
publics, qui reposent sur des estimations, puis pour lesquels on n'a aucun
moyen de vérifier si ça va s'avérer comme données, mais on peut quand même les
rendre publics, par transparence.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, je comprends le désir de la députée de Sherbrooke, mais comme je
vous dis, à ce stade-ci, ce sont des hypothèses sur lesquelles je ne souhaite
pas divulguer les chiffres, considérant le fait que ça constitue des hypothèses
qui sont, en soi, élevées, mais je pense que le facteur de rattachement à 1972
est un bon facteur de rattachement. Puis l'autre élément aussi, c'est que, vous
savez, on ignore le nombre de personnes qui ont été agressées sexuellement
avant 1972 aussi.
Vous savez, déjà, actuellement, il y a des
difficultés pour certaines personnes de dénoncer, alors qu'on fait tout en
notre pouvoir pour transformer la façon dont ça se passe, pour améliorer
l'accompagnement avec les personnes victimes. Alors, pré-1972 aussi, ce n'était
pas la même dynamique du tout, du tout, du tout.
Le Président (M.
Bachand) : …de Sherbrooke.
Mme Labrie : C'est précisément
la raison pour laquelle on devrait aussi aider ces gens-là, qui étaient dans un
climat social, avant 1972, dans lequel c'était pratiquement impossible de
dénoncer des violences sexuelles. Je ne m'explique vraiment pas, là, les
arguments du ministre pour ne pas rendre public un chiffre, si le travail a été
fait. Puis on nous confirme avec des hochements de tête qu'il a été fait, le
travail, de l'évaluer. À ce moment-là, montrez-nous le travail qui a été fait,
puis on pourra en juger, de ce que ça représente comme somme.
M. Jolin-Barrette : Moi, M.
le Président, je ne peux pas communiquer un chiffre, alors que, sur ce
chiffre-là, ça comprend potentiellement beaucoup de victimes qu'on n'a aucune
idée. Alors, ça ne rendrait pas service de dire : Voici le montant, ou
voici l'estimé, ou voici l'hypothèse.
Mme Labrie : …plus aucune idée
du nombre de victimes après 1972, puis ça ne nous empêche pas de prendre une
décision quand même en choisissant 1972. Le ministre est assurément incapable,
puis moi non plus, je suis incapable de dire ce chiffre-là, combien il y aura
de victimes depuis 1972, qui vont, tout d'un coup, démontrer de l'intérêt pour
le nouveau régime, puis ça ne nous empêche pas d'agir quand même. Donc, ce
n'est pas un argument valable de dire : On ne sait pas combien il y en
aurait <avant 1972, là…
Mme Labrie : ...1972.
Le ministre est assurément incapable, puis moi non plus, je suis incapable de
dire ce chiffre-là, combien il y aura de victimes depuis 1972, qui vont, tout
d'un coup, démontrer de l'intérêt pour le nouveau régime, puis ça ne nous
empêche pas d'agir quand même. Donc, ce n'est pas un argument valable de
dire : On ne sait pas combien il y en aurait >avant 1972, là.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Interventions?
M. Jolin-Barrette : Je
comprends l'argument de la députée de Sherbrooke. Je le comprends.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, c'est
un manque de transparence déplorable, d'autant plus que le travail a été fait,
on nous le dit. À limite, s'ils ne l'avaient pas fait, l'exercice, on pourrait
leur demander de le faire. Ils pourraient décider de ne pas le faire. Mais je
veux dire, le calcul a été fait, il y en a eu une, une évaluation. Il y a des
fonctionnaires qui ont travaillé là-dessus, qui se sont affairés à chiffrer ce
que ça pouvait représenter, puis là on refuse de nous rendre compte du fruit de
ce travail-là. Ça a été quand même payé avec des fonds publics, cette
évaluation-là. Comment ça se fait qu'on n'est pas capable de savoir à combien
les fonctionnaires ont chiffré ce que ça coûterait pour rendre le régime
accessible pour les personnes qui ont subi le crime avant 1972? Comment ça se
fait qu'on n'a pas cette transparence-là de rendre public le travail qui a été
fait par nos fonctionnaires avec des fonds publics? C'est quand même une
information pertinente.
Le Président
(M. Bachand) : Interventions?
M. Jolin-Barrette :
Mais, M. le Président, je comprends les prétentions de la députée de
Sherbrooke. Cela étant dit, considérant que ça amène plusieurs hypothèses,
considérant que l'évaluation que nous pouvons faire en fonction de l'absence de
victimes connues, on se retrouve avec certaines difficultés. Donc, c'est pour
ça qu'on a fixé au 1er mars 1972, la date, la date que le
législateur québécois, à l'époque, a décidé de mettre en place le régime.
Mme Labrie : C'est très
insatisfaisant.
Le Président
(M. Bachand) : Merci, Mme la députée. M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
: Non,
ça va, M. le Président. J'ai eu l'occasion de faire mon argumentaire par
rapport à cet amendement-là. Le fait de l'avoir déposé formellement va nous...
va forcer tout le monde autour de la table à statuer formellement. On sait où
loge le ministre. Moi, je pense que le fait d'expliquer pourquoi c'est ça, la
date, on le sait, l'historique, le régime a commencé à cette date-là. Mais on
peut voir les choses telles quelles sont et se demander pourquoi, puis on peut
les imaginer comme elles le seraient ou pourraient l'être, puis se dire :
Pourquoi pas? Ça, c'est George Bernard Shaw dans une traduction
libre.
Alors, j'aurais invité le ministre à
suivre cet exemple-là, surtout que résonne encore, puis je terminerais
là-dessus, M. le Président, résonne encore à nos oreilles le témoignage de
cette dame qui, au nom de la CRIPHASE, Centre de ressources et d'intervention
pour hommes abusés sexuellement dans l'enfance, est venue nous dire... Puis on
ne parle pas de milliers, mais on parlait quand même de quelques centaines.
C'est la seule évaluation que l'on a. On n'aura pas les chiffres
malheureusement. Mais je pense que ça vaut réellement la peine de faire sauter
cette date-là, ce mur historique là, justement faire sauter ce mur historique
là, pour donner pleine application de l'expression «imprescriptibilité». Voilà,
M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) : Interventions sur l'amendement du député de
LaFontaine? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise
aux voix. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, <M. Tanguay
(LaFontaine)...
M. Tanguay
: ...ce
mur
historique là, pour donner pleine application de l'expression
«imprescriptibilité». Voilà, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) : Interventions sur l'amendement du député de
LaFontaine? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise
aux voix. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
:
Pour, contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, >M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. On
retourne maintenant à l'étude de l'article 20 tel qu'amendé. M. le député
de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui.
J'ai envoyé, M. le Président, puis vous voyez qu'il s'agit ici, donc de faire
suite aux discussions que nous avons eues, et là je le dépose de façon plus
formelle, un amendement à l'article 20. Je crois qu'il est déjà rendu sur
Greffier. Je peux déjà, M. le Président, vous informer qu'il s'agit d'un amendement
au début de l'article 20, qui fait lui aussi écho à la logique, aux
avancées sociales qui ont été réalisées à l'intérieur de l'article 2926.1.
C'est le 10 ans du début de 2926.1.
Alors, l'amendement ferait en sorte de
faire passer de trois ans à 10 ans. La demande que qualification doit être
présentée dans les trois ans qui suivent la connaissance. L'article, je l'ai
ici... Ah! je ne l'ai pas encore. En tout cas, on pourrait peut-être suspendre,
M. le Président. Je pourrais en faire la lecture puis après...
Le Président (M.
Bachand) : Si vous pouvez en faire la lecture, oui.
M. Tanguay
:
Pardon?
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce que vous l'avez devant
vous?
M. Tanguay
: Je ne
l'ai pas devant moi.
Une voix
: ...
M. Tanguay
: Ah! Attendez. Je l'ai peut-être ici. Ne bougez pas. Oui.
Alors, M. le Président, l'amendement se lit comme suit : Article 20.
Dans le premier alinéa de l'article 20, modifier «trois» par «10».
Donc, M. le Président, l'article se lirait
comme suit :
«La demande de qualification doit être
présentée dans les 10 ans qui suivent la connaissance par la personne
victime.»
Je finis là ma citation du premier alinéa
de l'article 20. Pourquoi? Quelle est la logique derrière ça? 2926 fait en
sorte que l'action en réparation — ça, c'est le Code civil du Québec,
2926.1 — l'action en réparation du préjudice corporel résultant d'un
acte pouvant constituer, constituer une infraction criminelle se prescrit par
10 ans. Autrement dit, les recours civils, vous avez une prescription de
10 ans, si vous poursuivez en réparation d'un préjudice corporel suite à
un acte qui pourrait constituer une infraction criminelle. Là, on est en plein,
en plein, en plein dans le projet de loi n° 84, l'indemnisation des
victimes d'actes criminels.
Donc, ce sont des gestes... ce sont
exclusivement des actes criminels contre la personne qui, évidemment, ont
résulté en des dommages. Ici, on parle de dommages corporels et
psychologiques... psychiques, le nouveau terme. Alors, Code civil qu'on a amendé
collectivement, puis on a déjà fait l'évolution historique, ça fait en sorte
que vous avez un droit de poursuite civile de 10 ans. Là, au niveau de
l'indemnisation, c'est trois ans. On pense qu'en toute cohérence, en toute
logique, si c'est...
10 h (version révisée)
M. Tanguay
: ...nouveau
terme. Alors, Code civil qu'on a amendé collectivement, puis on a déjà fait l'évolution
historique, ça fait en sorte que c'est... vous avez un droit de poursuite
civile de 10 ans. Là, au niveau de l'indemnisation, c'est trois ans, on
pense qu'en toute cohérence, en toute logique, si c'est justifiable de pouvoir
permettre une poursuite au civil selon un mode de prescription de 10 ans,
nous croyons qu'il est tout aussi justifiable de permettre le dépôt d'une
demande d'indemnisation dans la même période de 10 ans. Alors, voilà, M.
le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci, M. le député de LaFontaine. Interventions? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui,
laissez-moi juste une seconde, j'essaie de... Donc : Dans le premier
alinéa de l'article 20, modifier «trois» par «dix».
Donc, la demande de qualification doit
être présentée dans les... ce serait dans les 10 ans qui suivent la connaissance,
par la personne victime, du préjudice qu'elle subit en raison de la
perpétration de l'infraction criminelle, ou dans les trois ans d'un décès dû à
la perpétration d'une infraction criminelle, selon le cas. Alors, je vais vous
demander de suspendre juste une seconde, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Alors, nous allons suspendre les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 1)
(Reprise à 10 h 2)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux.
C'était vraiment quelques instants. Alors, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président. Je comprends ce qui est souhaité par le député de LaFontaine
d'amener de trois ans à 10 ans le délai pour présenter une demande lorsque
ce n'est pas imprescriptible, et le député de LaFontaine, à juste titre, fait
la comparaison avec le Code civil du Québec, où, dans le cadre de 29.26, le
délai est à 10 ans.
Il faut comprendre que, dans un premier
temps, dans le Code civil du Québec, la demande, elle est faite à l'encontre de
deux parties privées généralement, ou de l'État, mais, en tant que partie
privée, pour une faute qui a été commise, et donc ça fait en sorte que les
parties privées… dans le fond, on donne un droit au citoyen de poursuivre la
personne auteure du préjudice qui lui a été soumis.
Dans le cas du régime de l'IVAC, on est
passé, historiquement, jusque... de 1972 à 2013, d'un délai d'une année, donc
c'était une année, le délai, pour faire la demande. Ensuite, en 2013, le
ministre St-Arnaud a fait passer d'un an à deux ans le délai, donc d'une année
à deux ans. Et nous, ce que nous proposons avec l'article, c'est d'aller encore
plus loin pour que les gens qui ont été victimes d'infractions criminelles
aient trois ans pour présenter leur demande à l'IVAC. Le tout, et il ne faut
pas l'oublier… et on l'a modifié en fonction... Avant, on parlait de
l'incapacité, en fait, d'agir, maintenant, on va parler de moyens... bien, de
moyens raisonnables, l'incapacité, en termes de… pour des motifs raisonnables,
des motifs raisonnables, et donc on assouplit le critère de l'incapacité, en
fait, d'agir, mais sur le <délai...
M. Jolin-Barrette :
…
d'agir, maintenant, on va parler de moyens... bien, de moyens
raisonnables, l'incapacité,
en termes de… pour des motifs raisonnables,
des motifs raisonnables, et donc on assouplit le critère de l'incapacité, en
fait, d'agir, mais sur le >délai de 10 ans, M. le Président, effectivement,
nous maintenons une distinction avec le Code civil du Québec, c'est un régime
d'indemnisation, l'IVAC, avec des fonds publics, donc à l'intérieur de trois
ans, nous amenons ce délai.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Ce que
j'avais trouvé intéressant, puis, des fois, en droit, on essaie de trouver une
logique d'une règle de droit puis on réinvente souvent la roue dans son coin,
mais, finalement, à un moment donné, on tombe sur une source, que ce soit une
doctrine, que ce soit… évidemment, on prend pour acquis que ce n'était pas
prévu dans la loi, que ce soit une jurisprudence, puis là le droit se
développe, mais les concepts sont importants à définir.
Pourquoi la prescription? Et je le dis
bien maintenant, c'est Michaël Lessard, Me Michaël Lessard est venu nous dire ça
sert à quoi, la prescription. Essentiellement à trois choses : la
stabilité des patrimoines et des relations juridiques, de un, de deux, éviter
le dépérissement de la preuve et, trois, sanctionner la négligence des
créanciers. Donc, le troisième, «sanctionner la négligence des créanciers», M.
le Président, c'est que, c'est bien de valeur, mais si vous aviez une dette
puis vous dites à tout le monde que vous avez une dette, vous avez une dette
puis que vous ne poursuivez pas, bien, dans trois ans, on va dire : Ça
suffit, vous aviez trois ans pour le faire, arrêtez de dire à tout le monde que
vous avez une dette, puis vous aviez, en temps et lieu, l'occasion de déposer
un recours puis de faire valoir vos droits, vous ne l'avez pas fait, bien, on
va, socialement, s'attribuer une paix puis faire en sorte que votre recours va
être prescrit après trois ans. Ça, ça participe également de la première
justification qui est la stabilité des patrimoines et des relations juridiques.
Être dans le limbo, M. le Président, parce qu'il n'y a pas de droits, de
système de droits sans être humain, le droit, c'est très humain, alors la
stabilité des rapports sociaux, souvent, des rapports familiaux, fait en sorte
que l'épée de Damoclès d'une poursuite, à un moment donné, elle n'existe plus,
vous n'êtes pas dans l'impossibilité, en fait, d'agir, vous pouvez poursuivre,
bien, faites-le, puis si vous ne le faites pas après un certain délai, c'est
parfait, on a compris, vous ne poursuivez pas, en tout cas, par fiction de
droit, vous n'avez plus de recours. Alors, ce premier argument-là et le troisième,
Michaël Lessard nous dit : «Dans le contexte des demandes relatives à une
infraction criminelle, les premier et troisième arguments diminuent en
importance, alors que le deuxième argument — le deuxième, c'est le
dépérissement de la preuve — ne peut pas justifier que ce délai se
limite à trois ans.»
Alors, la prescription, la logique de la
prescription de trois ans, dans le contexte de 29.26.1, dans les rapports
sociaux, puis c'est ce à quoi le ministre faisait référence, les rapports
privés, ça peut justifier, dans une poursuite en civil, mais dans un régime
d'indemnisation, si l'on permet une plus grande ouverture, je vais le dire de
même, dans les poursuites privées, a fortiori, on devrait avoir une plus grande
ouverture ou minimalement un écho pour du un pour un dans un régime
d'indemnisation des victimes. Puis souvent, le ministre, par rapport au
dépérissement de la preuve, souvent, le ministre dit : Bien, on vous croit.
Mais je le paraphrase, il ne dit pas ça de même, mais qu'il n'y a pas <d'enquête…
M. Tanguay
: …
privées,
a fortiori, on devrait avoir une plus grande ouverture ou minimalement un écho
pour du un pour un dans un régime d'indemnisation des victimes. Puis souvent,
le ministre, par rapport au dépérissement de la preuve, souvent, le ministre
dit : Bien, on vous croit. Mais je le paraphrase, il ne dit pas ça de
même, mais qu'il n'y a pas >d'enquête, là, Gomery, là, sur la personne
qui vient faire une indemnisation, il n'y a pas d'élément si juridique, si
important de dépérissement de la preuve dans le contexte d'indemnisation de
l'IVAC.
Alors, voilà pourquoi, M. le Président,
nous croyons, comme Me Michael Lessard, sur les fondements philosophiques du
droit, <mais, également, >puis il participait également du
rapport lui-même, mais, également, l'Association des juristes progressistes le
demandait également, celles et ceux qui oeuvrent avec des victimes, puis ça
tient la route, je pense, M. le Président. Voilà.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions? M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Me
Michaël Lessard.
M. Tanguay
: J'ai dit «Michael»
la dernière fois?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: O.K.
M. Jolin-Barrette : Vous le
rebaptisez, M. le député de LaFontaine. J'entends très bien le député de
LaFontaine, son argumentaire, je tiens juste à lui souligner que, pendant que
sa formation politique était au pouvoir, ils ont laissé survivre également ce
régime-là à l'effet que la prescription générale dans le code est de trois ans,
dans le Code civil, mais que le régime de l'IVAC était d'une année à l'époque
et, par la suite, de deux ans. Et, dans la période 2014‑2018, ils auraient
eu l'occasion, par le biais de ma prédécesseure, d'augmenter ce délai-là, ce
qui n'a pas été fait. Nous, on rajoute une année.
Donc, oui, il existe encore une dichotomie
entre le 10 ans et le trois ans, mais il s'agit tout de même d'une avancée
significative en ajoutant une année supplémentaire, mais je retiens des
arguments du député de LaFontaine, il y a une dichotomie entre les deux, mais
il faut comprendre que c'est un régime d'indemnisation, c'est distinct, c'est
l'ensemble des Québécois qui paient, et, surtout, on assouplit le critère de
l'impossibilité en fait d'agir aussi, et là, la majorité des infractions, que
ce soit en violence conjugale et en matière de violence sexuelle, celles-ci ne
seront pas prescriptibles, ça, c'est important de le dire. Donc,
essentiellement, on parle d'infractions, supposons, de voies de fait dans un
événement x qui serait assujetti à un délai de trois ans.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Tanguay
: Oui. Oui,
oui.
Le Président (M. Bachand) :
Ah! monsieur… Ça va?
M. Tanguay
: Oui, tout
à fait.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de LaFontaine, pardon.
M. Tanguay
: Rapidement,
le ministre dit : Sous les libéraux, ça se faisait de même. Il dit : Aujourd'hui,
comme ministre, je fais la même chose. Ma question : Pourquoi il n'a pas
été candidat libéral en 2018?
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, pour plusieurs raisons, pourquoi je n'ai pas été candidat à…
M. Tanguay
: Mais
assurément pas celle-là.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, plusieurs, plusieurs, plusieurs. Avez-vous l'avant-midi, M. le
Président?
M. Tanguay
: Oui, puis,
moi, je vais prendre le reste de la journée.
M. Jolin-Barrette : Pourquoi
je ne veux pas être candidat libéral, il y en a plusieurs, mais, honnêtement,
M. le Président, je ne voudrais pas blesser mes collègues de l'opposition
officielle, que j'apprécie particulièrement. Cela étant, je n'ai pas, M. le
Président, la versatilité des convictions de la cheffe de l'opposition officielle,
alors c'est pour ça que je ne souhaite pas aller avec le Parti libéral.
Le Président (M. Bachand) :
Merci, puis je vous <rappelle…
M. Jolin-Barrette :
…
honnêtement, M. le Président, je ne voudrais pas blesser mes collègues
de
l'opposition officielle, que j'apprécie
particulièrement. Cela
étant, je n'ai pas, M. le Président, la versatilité des convictions de la
cheffe
de l'opposition officielle, alors c'est pour ça que je ne souhaite pas aller
avec le
Parti libéral.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, puis je vous >rappelle qu'on est sur
l'article 20. M. le député de LaFontaine, rapidement.
M. Tanguay
: Oui,
M. le Président, il faut faire attention de ne pas lancer de pierres dans
une boutique de porcelaine parce que, côté versatilité, notre premier ministre
a contribué largement.
• (10 h 10) •
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Merci, M. le député de LaFontaine.
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, entre quitter une formation politique existante et…
Le Président (M. Bachand) :
Il n'y a pas un règlement sur la pertinence. Il n'y a pas personne qui veut en
parler, présentement. O.K., rapidement, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Et s'en
aller, M. le Président, vers une nouvelle formation politique créée de
toute part pour moderniser le Québec, changer le Québec, ce n'est pas
comparable, du tout. Donc, la règle du latin, que mon collègue dit si bien,
mutatis mutandis, ne s'applique pas dans ce cas-là, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Donc, est-ce qu'il y a interventions sur l'amendement du député de
LaFontaine? S'il n'y a pas d'autres interventions, nous allons procéder à sa
mise aux voix. Merci. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke), pouvez-vous répéter?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Pardon.
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Merci. Interventions sur
l'article 20 tel qu'amendé? M. le député de LaFontaine, s'il vous
plaît.
M. Tanguay
: Oui, M. le
Président, dans le contexte de nos débats sur le projet de loi n° 84, on
parle beaucoup d'impacts financiers puis de budget, j'aimerais savoir, question
de directives, si vous croyez pertinent, pour moi, de poser la question au
ministre s'il a fait l'évaluation de l'impact du projet de loi n° 84 dans
le contexte du budget de l'an 1 parce que le premier ministre pourrait
facilement nous en parler. Merci.
Le Président (M. Bachand) :
Interventions sur l'article 20 tel qu'amendé? Sur l'article 20 tel
qu'amendé, M. le ministre.
M. Tanguay
: Oui,
l'article 20.
Une voix
: …
Le Président (M. Bachand) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Juste
être sûr, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
C'est l'article 20 tel qu'amendé.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Est-ce que le député de LaFontaine pense, lui aussi, faire une conversion vers
ses anciens amours?
Le Président (M. Bachand) :
Bon. Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 20 tel
qu'amendé? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît. Merci.
Mme Weil
: Oui. Je n'ai
pas pu participer, il y a deux semaines, le jeudi, parce que j'ai été
appelée ailleurs… Toute la définition de ce qu'on appelle maintenant violence
sexuelle, et j'ai compris que le ministre s'est prononcé mais… clairement, j'aimerais
l'entendre parce que j'étais membre de la Commission sur l'exploitation
sexuelle et, par rapport à la cohérence de la terminologie qu'on choisit, et de
faire en sorte que ça soit bien connu, alors j'aimerais entendre le ministre,
les vérifications qui ont été faites, peut-être, aussi, par rapport à cette
notion d'exploitation sexuelle et je rajouterais la traite des personnes pour
des objectifs sexuels, qui sont reconnus dans le Code criminel, évidemment, puis
on a beaucoup parlé de cette cohérence avec le Code <criminel…
Mme Weil
: …alors
j'aimerais entendre le ministre, les vérifications qui ont été faites,
peut-être,
aussi, par rapport à cette notion d'exploitation sexuelle et je rajouterais la
traite des personnes pour des objectifs sexuels, qui sont reconnus dans le
Code
criminel, évidemment, puis on a beaucoup parlé de cette cohérence avec le Code >criminel,
et là on utilise un langage, la violence sexuelle, je ne sais pas si c'est reconnu,
en tant que tel, dans le Code criminel, et si on spécifie, dans le Code
criminel, que ça inclut l'exploitation sexuelle et la traite. Alors, c'est
juste pour être sûre que… j'entends bien les paroles et que ça se comprend que
ça inclut l'exploitation…
M. Jolin-Barrette : …M. le
Président, je l'avais expliqué lors de la dernière séance, et c'est le sens de
notre amendement, on a entendu les groupes de victimes qui sont venus nous dire :
Bien, écoutez, le caractère… infractions à caractère sexuel, d'agressions à
caractère sexuel, ça impliquait, selon certaines prétentions, le fait qu'il
devait y avoir un geste d'agression, O.K. Pour être très, très clair et pour
utiliser le vocable québécois, on a fait «violences sexuelles» pour être
certain qu'il n'y a pas d'ambiguïté puis que les infractions, telles que
décrites par la députée de Notre-Dame-de-Grâce, comme l'exploitation sexuelle,
comme la traite de personnes, rentrent dans violences sexuelles. Donc, on
utilise un terme plus englobant, plus large, pour ne pas qu'il n'y ait pas
d'ambiguïtés.
Donc, tout ce qui se rapporte aux
violences sexuelles, même s'il n'y a pas d'agression sexuelle, ça va être
couvert. Donc, exemple, le leurre d'enfants, ça constituerait une violence
sexuelle même s'il n'y a pas d'agression physique au sens d'un touché, bien, on
va le considérer comme une violence sexuelle qui va être imprescriptible et,
surtout, à l'heure des nouvelles technologies, le leurre d'enfants se fait par
ordinateur, supposons, on a tous vu des reportages où est-ce que ça dévaste les
familles, alors, ça, c'est une nouvelle infraction, également, qu'on ajoute,
hein, et ça veut dire que… Je pense, j'ai en tête l'hiver
dernier — bien, pas l'hiver dernier — je pense, avant Noël,
on avait un cas, là, d'une petite fille qui avait été victime de leurre
d'enfants et ça avait eu des impacts sur les parents, la famille, tout ça. Alors,
avec la réforme qu'on fait aujourd'hui, un, la petite fille, elle, va être
indemnisée comme personne victime, ensuite, ses parents vont être indemnisés
également, vont être considérés comme des personnes victimes, je crois qu'il y
avait une fratrie aussi dans ce dossier-là. Alors, voici un bel exemple de ce
que change le projet de loi n° 84. Un, violence sexuelle, on couvre ça, deux,
c'est ajouté sur la liste, trois, ça devient imprescriptible et, quatre,
l'entourage, la famille, va bénéficier du soutien de l'État relativement à ce
type d'infraction là, ce qui n'était pas le cas.
Mme Weil
: Juste par
rapport à l'évolution du vocabulaire, hein, dans ce domaine qui évolue quand
même assez rapidement, puis de moins en moins… en tout cas, c'est comment
chaque juridiction s'adapte à ce langage, à l'international, on comprend l'exploitation
sexuelle et la traite, c'est vraiment le langage, le vocabulaire qui est
utilisé. Ici, au Québec, là, je pense que c'est peut-être dans le cadre de ce
qui s'est passé dans les <universités…
Mme Weil
: …
de
moins en moins… en tout cas, c'est comment chaque juridiction s'adapte à ce
langage, à l'international, on comprend l'exploitation sexuelle et la traite, c'est
vraiment le langage, le vocabulaire qui est utilisé. Ici, au Québec, là, je
pense que c'est peut-être dans le cadre de ce qui s'est passé dans les >universités
avec la députée, qui n'est plus députée d'Outremont, là, mais notre collègue
qui était ministre à l'époque, et il y avait beaucoup de travaux, puis je pense
que c'est là que vient peut-être le début de cette expression «violences
sexuelles» qui était plus englobante.
Je voulais savoir si vous aviez vérifié,
par rapport au vocabulaire, et s'il y aura quelque chose qui va éclairer un peu
le langage, parce qu'on est passés à une époque, il n'y a pas si longtemps, de viol,
agression sexuelle, etc., et là je voudrais vraiment être sûre que tout le
monde puisse comprendre. Vous, vous le dites ici, mais est-ce qu'il y a endroit
ou quelque part où on peut… ou est-ce que… Moi, dans les mémoires, je n'ai… je
pense qu'on parlait plus de proxénétisme et on parlait… dans tous les mémoires
que j'ai vus, je ne sais pas s'il y a un certain courant… ou on a bien expliqué
que la violence sexuelle inclut l'exploitation ou est-ce que vous êtes le
premier ministre à le dire clairement de cette façon dans le cadre de ce projet
de loi?
M. Jolin-Barrette : Bien, si
je ne m'abuse, je suis le premier à le dire clairement que ça inclut ce type d'infractions
là parce que ces infractions-là n'étaient pas à la liste, alors c'est ça qu'on change,
et ça, c'est extrêmement important, l'exploitation sexuelle, la traite de
personnes, toutes les nouvelles infractions criminelles contre la personne,
celles-ci qui ont un lien avec… de nature sexuelle… des violences sexuelles,
donc elles sont couvertes. Donc, ça, c'est important de le dire pour les
victimes.
Donc, à partir du moment de la sanction de
la loi, là, voici, on élargit vraiment de beaucoup, et vous savez à quel point
ça touche beaucoup, beaucoup, beaucoup de victimes qui sont des femmes. Et la
réforme que nous faisons actuellement va faire en sorte de venir répondre, en
grande partie, à des victimes de sexe féminin qui se retrouvaient, avec l'ancien
régime… qui n'étaient pas indemnisées, qui n'avaient pas de soutien, et là
elles vont être indemnisées, elles vont avoir du soutien, elles pourront
demander à l'IVAC. Et surtout on… à 20, on en parlait tout à l'heure, de l'abolition
de la prescription, c'est significatif. Et, comme société, c'est une avancée
sociale importante de dire : On abolit la prescription.
Écoutez, j'étais en discussion avec mon
collègue le ministre de la Justice française, la semaine dernière, et, pour
faire suite à ce que le député de LaFontaine disait, en termes de prescription,
là-bas, là, il y a des prescriptions de 10, de 20, de 30 ans en matière
pénale, en matière criminelle, on n'est même pas en matière civile, on n'est
même pas en matière d'indemnisation, là, c'est complètement autre chose, là.
Les infractions criminelles, ici, là, il n'y a pas de délai, là, vous pouvez
poursuivre votre agresseur... bien, la couronne peut poursuivre, il n'y a pas
de délai, puis là on vient <arrimer…
M. Jolin-Barrette :
...de 30 ans en matière pénale, en matière criminelle, on n'est même pas
en matière civile, on n'est même pas en matière d'indemnisation, là, c'est
complètement autre chose, là. Les infractions criminelles, ici, là, il n'y a
pas de délai, là, vous pouvez poursuivre votre agresseur... bien, la couronne
peut poursuivre, il n'y a pas de délai, puis là on vient >arrimer le
volet indemnisation avec ça, puis le volet civil aussi, on l'a arrimé, mais la
France, et ce n'est pas un jugement, ce n'est pas une critique, rien de tout
ça, mais ce que je veux dire, voyez-vous la différence entre les deux États-nations?
C'est le jour et la nuit, là.
Mme Weil
: Mais la
rétroactivité, on en parlera. Donc, ça, c'est à partir du moment où le projet
de loi sera adopté.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Weil
: L'imprescriptibilité,
on aura l'occasion d'en parler. En tout cas, je pense, c'était important que ce
message soit bien circulé une fois que la loi est adoptée, et parmi les collègues
aussi, parce qu'il y a plusieurs collègues qui sont... collègues du ministre
membres du gouvernement qui sont impliqués dans la lutte contre l'exploitation
sexuelle, la traite des personnes, notamment les corps policiers, donc la
Sécurité publique. Merci.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Oui, mais c'est
juste pour clarifier aussi que... parce que le ministre a utilisé un exemple,
tout à l'heure, l'exemple du leurre d'enfants, donc il y a une situation qui a
été médiatisée, ma compréhension du projet de loi, c'est que, même si le
ministre vient abolir la prescription pour tout ce qui est violences sexuelles,
là, qui déborde d'agression sexuelle, ce qui est très bien, ceci n'est pas
rétroactif. Donc, un enfant qui, aujourd'hui même, est victime de leurre
d'enfants, bien, il ne sera pas admissible parce que ça va s'être passé avant
l'adoption de la loi, c'est bien ça?
M. Jolin-Barrette : C'est à
partir de la date de la sanction de la loi, donc à partir du moment où les
nouvelles infractions seront entérinées par le Parlement, effectivement, ça
sera admissible. Donc, à juste titre, ce que la députée de Sherbrooke nous dit,
il est vrai, donc, d'où l'importance d'adopter le projet de loi dans les
meilleurs délais pour faire en sorte que ça s'applique aux victimes. Et j'entends
déjà me dire : Bien, c'est simple, faites une disposition rétroactive à
l'entrée en vigueur. Ce n'est pas si simple que ça, il y a plusieurs éléments
qui rentrent en ligne de compte, mais on aura ce débat-là au moment des
dispositions transitoires.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je trouvais ça
important de le préciser parce que, dans l'exemple que le ministre a donné, il
a dit : Cet enfant-là, ses parents seraient indemnisés.
M. Jolin-Barrette : ...en
vigueur.
• (10 h 20) •
Mme Labrie : Ils ne le seront
pas, ils l'auraient été si ça c'était produit après l'adoption de la loi, mais
ils ne le seront pas. Je trouve ça dommage, parce que c'est un excellent geste
qui est posé d'abolir la prescription pour tout ce qui est violences sexuelles,
d'élargir, finalement, la compréhension de ce qui... De considérer autre chose
que les agressions physiques dans la notion de violence sexuelle, c'est un
excellent pas, mais c'est quand même regrettable de se limiter à le faire pour
l'avenir, alors qu'on sait que les impacts sur les victimes peuvent être aussi
grands. Il y a des victimes qui témoignent avec beaucoup d'éloquence d'impacts
de certaines violences qu'elles ont subies qui, même s'il n'y a pas eu de
contact, ça peut avoir des conséquences graves pour elles, je pense entre
autres aux victimes d'un exhibitionniste, tu sais, qui <allait...
Mme Labrie : ...
Il y
a des victimes qui témoignent avec
beaucoup d'éloquence d'impacts de
certaines violences qu'elles ont subies qui, même s'il n'y a pas eu de contact,
ça peut avoir des conséquences graves pour elles, je pense entre autres aux
victimes d'un exhibitionniste, tu sais, qui >allait poser des gestes
devant une cour d'école, des victimes qui ont été témoins de ça, même s'il n'y
a pas eu de contact physique, elles en subissent des préjudices. L'exemple du
leurre d'enfants qui a été donné, c'est malheureusement trop courant, même s'il
n'y a pas eu de contact, il y a des préjudices psychologiques importants. Donc,
ce serait un geste d'autant plus beau si on était en mesure de reconnaître de
manière rétroactive aussi cet…
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Donc, si on
regarde la... c'est, un, deux, trois... le quatrième paragraphe de 20, donc :
«La connaissance du préjudice correspond au moment où la personne victime prend
conscience du lien probable entre son préjudice et la perpétration...». Donc, beaucoup
va se jouer là, hein, j'imagine, surtout quand on parle d'exploitation sexuelle,
et de traite, moins, mais l'exploitation sexuelle, souvent, ça arrive dans sa
jeunesse. Et les témoins qui sont venus en commission, notre commission
spéciale sur l'exploitation, des fois, ça pouvait prendre des années avant
qu'ils comprennent l'impact, le préjudice. Elles pouvaient penser que c'était
fait pour l'amour de son proxénète, parce que ces proxénètes peuvent passer
deux, trois ans pour vraiment la séduire et l'emprisonner, mais, bon... Donc,
cette personne-là... Il se peut qu'il y ait des victimes actuelles puis qui ne
seraient pas admissibles à l'IVAC actuellement, même si elles sont victimes
d'exploitation sexuelle, mais, lorsque la loi sera adoptée, elles prennent
conscience du préjudice. Comment vous avez... Quand vous avez mis cet
article-là, vous étiez au courant qu'il y a beaucoup de personnes qui
peuvent... ça peut prendre des années avant de bien comprendre qu'est-ce qui s'est
passé, ou ceux qui sont victimes à l'enfance d'agressions sexuelles évidemment,
hein, des fois ça peut prendre vraiment des années qu'ils comprennent qu'est-ce
qui s'est passé dans leur...
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est
pour cette raison qu'on abolit la prescription pour les violences sexuelles,
les violences subies pendant l'enfance et les violences conjugales. Donc, d'où
mon désir de faire en sorte que l'horloge ne roule pas contre ces personnes
victimes là.
Mme Weil
: Et est-ce
que c'est le fait... oui, c'est évident pour les enfants victimes, donc, de
violences sexuelles, mais aussi de ces jeunes femmes — je vais
enlever mon masque — ces jeunes femmes qui peuvent avoir 12... ou
jeunes filles, 12, 13, 14 ans, c'est souvent des années plus tard qu'elles
se rendent compte que c'était vraiment, ce qu'elles ont vécu, un crime, une
agression. Donc, on reviendra sur la question rétroactivité éventuellement,
mais je voulais juste que le ministre comprenne <clairement...
Mme Weil
: …avoir
12... ou jeunes filles, 12, 13, 14 ans, c'est souvent des années plus tard
qu'elles se rendent compte que c'était vraiment, ce qu'elles ont vécu, un
crime, une agression. Donc, on reviendra sur la question rétroactivité
éventuellement, mais je voulais juste que le ministre comprenne >clairement
qu'il y a beaucoup de gens qui sont dans cette catégorie, qui peuvent l'être en
tout cas.
M. Jolin-Barrette : Il y a beaucoup
de gens qui sont dans cette catégorie, et c'est pour ça que j'ai souhaité qu'il
y ait une commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs à titre
de leader du gouvernement en 2019, puis c'est pour ça que j'ai souhaité qu'on
abolisse le délai de prescription avec le projet de loi n° 55, puis c'est
pour ça que je rends imprescriptibles les violences sexuelles. Donc, je suis
très conscient, et c'est pour ça que j'ai fait ce choix-là, puis que le
gouvernement a fait ce choix-là, de faire en sorte d'abolir la prescription
pour les infractions à caractère sexuel, bien, les violences sexuelles, les
violences subies pendant l'enfance et la violence conjugale, mais, pour le
reste du débat, on aura le débat sur la rétroactivité aux dispositions
transitoires.
Mme Weil
: Merci.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui.
Merci, M. le Président. Il est clair qu'à la fin de l'article 20, le
dernier alinéa se lit comme suit : «Une demande de qualification vaut pour
tout préjudice subséquent lié au même événement, tel que défini au troisième
alinéa de l'article 42.» Oui, à 42, on va avoir un débat parce qu'il
est très substantiel, soit dit en passant, l'article 42, puis on
réfère ici au troisième alinéa qui définit un même événement, puis
essentiellement il y a quatre facteurs : il y a l'infraction, qui peut
être au singulier ou elle peut être au pluriel, il peut en avoir plus
d'infractions, il y a le ou les auteurs, donc il y a l'infraction ou les
infractions, le ou les auteurs, le concept de la même journée, puis le concept
de manière continue pouvant être sur plus d'une journée. O.K., comme quatre
concepts. On fera le débat à 42, mais à 20, ici, quand on dit : «Une
demande de qualification vaut pour tout préjudice subséquent lié au même
événement…». J'aimerais ça que le ministre nous donne… Moi, ce que j'ai en
tête, c'est le cas où une personne a subi une infraction par un auteur x, une
journée y, et qui, la même journée y, par un auteur z, subit une autre
infraction. Mon point, c'est… parce que ce n'est pas simple à comprendre puis,
à la fin de la journée, j'aimerais savoir si le ministre est d'accord avec moi
sur l'affirmation suivante, c'est que… Puis on fera le débat sur 42 puis on va
s'assurer, selon ce que le ministre va me dire là, d'orienter le débat sur 42,
mais, à la fin de la journée, tout type de dommage, quelle que soit la source,
tout type de dommage qui résulte d'une infraction criminelle sera compensé.
Le Président (M. Bachand) :
M. le <ministre…
M. Tanguay
: …
puis
on va s'assurer, selon ce que le ministre va me dire là, d'orienter le débat
sur 42, mais, à la fin de la journée, tout type de dommage, quelle que soit la
source, tout type de dommage qui résulte d'une infraction criminelle sera
compensé.
Le Président (M.
Bachand) :
M. le >ministre.
M. Jolin-Barrette : …au
dernier alinéa de 20, là, c'est pour faire en sorte qu'en lien avec cet événement-là
elle ne fasse qu'une seule demande, mais ça ne fait pas en sorte que, s'il y a
d'autres événements, elle ne sera pas indemnisée, il arrive un autre événement
x, elle pourra être indemnisée pour un autre événement. Dans le fond, on
regarde sa situation par rapport à l'événement.
M. Tanguay
: Autrement
dit, mon point, je trouve superfétatoire ce dernier alinéa-là à 20 parce que je
me dis, il y a un acte criminel, indépendamment des auteurs, au singulier, au
pluriel, indépendamment de la journée, de la continuité, indépendamment du type
d'infraction qui, par ailleurs, se qualifie parce que c'est une infraction à la
personne. Moi, je le trouve superfétatoire parce que je me dis, les
conséquences, les préjudices, peu importe la source, sous les vocables que je
viens d'énumérer, vont être évalués, puis il va être compensé, puis c'est ça,
le principe. On ne dira pas à la personne : Bien, ça, ce dommage-là ne
résulte pas du même événement, c'est un dossier différent ou ça… Vous
comprenez? Parce que, si on commence à s'enfarger dans ces concepts-là, on
risque d'être pris longtemps, là. Et je crois que la valeur de cet alinéa-là,
c'est de créer des enfarges.
Le Président (M. Bachand) :
…député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est en lien avec ce que le député de LaFontaine dit, c'est pour dire
que la personne victime n'a pas à faire plusieurs démarches, donc on pourrait
l'enlever. Dans le fond, c'est pour expliciter, c'est un volet pédagogique dans
l'article, mais on peut le supprimer.
M. Tanguay
: Parce que
moi, M. le Président, je ne sais pas ce qu'en pensent mes collègues, mais,
honnêtement, je trouve que ça amène un… Nos bonnes personnes qui vont
administrer l'IVAC, là, je trouve que ça les met dans une disposition de dire :
Ah! est-ce que ça découle ou pas de tel événement? Puis, si ça ne découle pas
de tel événement, on va ouvrir un autre dossier, c'est ça que je lis.
M. Jolin-Barrette : C'est
pour faire en sorte que les démarches de la personne soient limitées, que la
personne n'ait pas à faire plusieurs demandes à l'IVAC.
M. Tanguay
: Parce
qu'il y a comme un facteur causal ici, puis je ne voudrais pas qu'on ait une
analyse causale.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, comme je vous le dis, ça avait un volet pédagogique pour indiquer à la
victime qu'elle n'avait pas besoin de faire plusieurs démarches, mais si vous
me dites : Nous, on préfère qu'il soit retiré. Moi, je n'ai pas d'enjeu,
là, parce qu'on était au même endroit, là, là-dessus, là.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Moi, je… À
moins qu'on me dise la valeur pédagogique… à moins qu'on me dise la valeur de
clarification additionnelle, on fera le débat sur 42, mais je l'enlèverais,
effectivement.
M. Jolin-Barrette : La
personne, il faut qu'elle soit qualifiée, elle n'est qualifiée qu'une seule
fois, on ne la requalifie…
10 h 30 (version révisée)
Le Président (M.
Bachand) : ...M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: ...à moins
qu'on me dise «la valeur pédagogique»... <à moins qu'on me dise >«la
valeur de clarification additionnelle» — on fera le débat sur 42 — mais
je l'enlèverais, effectivement...
M. Jolin-Barrette : La personne,
il faut qu'elle soit qualifiée. Elle n'est qualifiée qu'une seule fois, on ne
la requalifie pas. Mais par la suite, au niveau des aides, c'est là qu'est
évaluée son admissibilité aux aides, là.
M. Tanguay
: Parce que
c'est le concept...
M. Jolin-Barrette : Parce que
vous comprenez, là, la différence entre qualification puis admissibilité aux
aides, là. Qualification, vous êtes qualifié à titre de personne victime. Puis
ensuite on regarde en fonction de quels sont les préjudices que vous avez
subis, voici les aides que vous allez avoir.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Dans le sens
de mon collègue de LaFontaine, ça pourrait être, en fait, un phénomène et non
pas un événement. Quand on parle d'exploitation sexuelle d'un mineur, c'est
plus un phénomène. Donc, la personne n'aurait pas à expliquer tous les événements
qui auraient eu lieu dans sa vie, mais le phénomène... mais d'être victime d'un
phénomène. Donc, ça arrive dans le sens d'enlever, parce que ce n'est pas vraiment
un événement dans le cas d'exploitation sexuelle, c'est plusieurs événements
avec plusieurs personnes.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous confirme, M. le Président, qu'on peut le retirer, puis il n'y a pas
d'enjeu. L'objectif, c'est qu'il n'y ait qu'une seule qualification. Ça fait
que, si vous voulez, on prépare ça puis on le retire.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va? Alors, il va y avoir un amendement en
préparation?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le Président (M.
Bachand) : On va continuer l'étude de l'article 20 tel
qu'amendé. Interventions? Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 20 tel qu'amendé? Sinon... Oui, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...mais,
dans le fond, l'amendement va se lire, j'imagine, ainsi : Retirer le
dernier alinéa...
Le Président (M.
Bachand) : O.K. Alors, on va suspendre...
M. Jolin-Barrette : Retirer
le sixième alinéa de l'article 20 tel qu'amendé, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait.
Alors, on va suspendre quelques instants,
M. le ministre.
(Suspension de la séance à 10 h 32)
(Reprise à 10 h 36)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, M. le Président, je vais vous lire ça. Comme le disait le député de LaFontaine,
je rafraîchis ma page et je vais pouvoir vous le lire dans quelques instants.
Et voici, M. le Président. Alors, l'article 20 : Retirer le sixième
alinéa <de l'article 20...
Le Président (M.
Bachand) : ...
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Alors,
M. le Président, je vais vous lire ça. Comme le disait le
député
de
LaFontaine, je rafraîchis ma page et je vais pouvoir vous le lire
dans
quelques instants. Et voici,
M. le Président. Alors,
l'article 20 : Retirer le sixième alinéa >de
l'article 20.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions sur l'amendement du ministre? M. le
député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Ça
va. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va? Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Sinon, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous
plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article 20 tel qu'amendé? Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
:
Abstention.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Abstention.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 20, tel qu'amendé,
est adopté. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Avec
votre permission, M. le Président, je reviendrais à l'article 16. Donc,
j'avais déposé un amendement avant qu'on quitte pour les deux semaines. Et, à
la demande des collègues des oppositions, on avait suspendu.
Et donc, avec votre permission, M. le
Président, également, je retirerais l'amendement et je déposerais le nouvel amendement
de l'article 16, qui vient faire en sorte de retirer «violence réelle»
suite aux commentaires des différents groupes.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Donc, on va y aller par étapes. Consentement
pour suspendre l'article 20?
M. Jolin-Barrette : Ah!
il est adopté.
Le Président (M.
Bachand) :Consentement pour revenir à l'article 16?
M. Tanguay
: Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :Consentement pour réouvrir l'amendement
à l'article 16?
M. Tanguay
: Consentement.
Le Président (M. Bachand) :Consentement pour réouvrir l'article 16?
M. Tanguay
: Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Et consentement pour
retirer l'article... l'amendement dans l'article 16?
M. Tanguay
: Consentement.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
Merci.
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, amendement à l'article 16 : Remplacer l'article 16
du projet de loi par le suivant :
«Aucune personne victime n'a droit à une
aide financière en vertu du présent titre si elle a été partie à la
perpétration de l'infraction criminelle dont elle est victime ou dont une
personne visée au paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 10 est
victime ou si elle a contribué, par sa faute lourde, à l'atteinte de son
intégrité ou au décès ou à l'atteinte à l'intégrité de cette personne,
sauf :
«1° si la personne victime a été partie à
la perpétration de l'infraction ou a contribué, par sa faute lourde, à son
atteinte ou à l'atteinte ou au décès d'une autre personne parce qu'elle
subissait de la violence ou une menace de violence;
«2° il s'agit d'un enfant de moins de
12 ans, d'un enfant inapte ou d'une personne inapte à la charge d'une
personne victime décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de
la perpétration de l'infraction criminelle contre cette dernière.
«Le conjoint, le proche d'une personne victime
ou le parent d'une personne victime majeure n'a droit à aucune aide financière <prévue...
M. Jolin-Barrette :
…
de violence;
«2° il s'agit d'un enfant de moins de
12 ans, d'un enfant inapte ou d'une personne inapte à la charge d'une
personne victime décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de
la perpétration de l'infraction criminelle contre cette dernière.
«Le conjoint, le proche d'une personne
victime ou le parent d'une personne victime majeure n'a droit à aucune aide
financière >prévue au présent titre si la personne victime décédée ou
qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la perpétration de l'infraction
criminelle a été partie à la perpétration de cette infraction ou a contribué,
par sa faute lourde, à l'atteinte à son intégrité ou à son décès. Toutefois, un
tel conjoint, proche ou parent demeure admissible à une aide financière s'il
subissait de la violence ou une menace de violence.
«Le présent article ne s'applique pas à
une personne qui présente une demande en raison de la violence conjugale ou de
la violence sexuelle dont elle est victime.»
• (10 h 40) •
Donc, l'amendement propose une réécriture
de l'article 16 afin d'en faciliter la compréhension et d'apporter
certaines précisions. Ainsi, toute personne victime partie à l'infraction
criminelle ou qui contribue à son atteinte ou à l'atteinte d'une autre personne
ne pourrait bénéficier des aides financières prévues à la loi, sauf si elle a
agi ainsi parce qu'elle subissait de la violence ou une menace de violence ou
sauf si elle est un mineur de moins de 12 ans, un enfant inapte ou une
personne inapte à charge.
Le parent d'une personne victime majeure
décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité n'aura pas droit aux aides
financières si cette personne a été partie à la perpétration de cette
infraction ou a contribué sa propre atteinte ou à son décès. Le conjoint ou le
proche d'une personne victime n'aurait pas droit aux aides financières si la
personne victime décédée ou qui subit l'atteinte a été partie à l'infraction
criminelle ou a contribué à sa propre atteinte ou à son décès.
Le présent article ne s'applique jamais
dans les cas de violence sexuelle ou de violence conjugale. À cet effet,
l'amendement propose de remplacer l'expression «agression à caractère sexuel»
par «violence sexuelle». Certains groupes et experts entendus, lors des
consultations particulières, ont souligné la nécessité de remplacer
l'expression «agression à caractère sexuel» afin de tenir compte de l'évolution
du concept.
Et, depuis 2016, le Gouvernement préconise
une référence à la violence sexuelle, notamment dans le cadre de sa stratégie
gouvernementale, afin d'y inclure la notion d'exploitation sexuelle. De
plus, cette notion d'agression sexuelle en matière criminelle implique
nécessairement un contact physique. Or, dans le cadre du présent projet de loi,
les infractions qui seraient visées incluraient aussi celles qui, bien que de
nature sexuelle, n'impliqueraient pas un contact physique à caractère sexuel
comme la traite de personne, le leurre d'enfant, ou les infractions relatives à
la pornographie juvénile.
L'ensemble des modifications proposées par
l'amendement visent à répondre aux commentaires reçus par plusieurs
intervenants lors des consultations particulières.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay
: Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, on… je pense que, sur le fond, c'est un bon amendement.
Question de compréhension, je comprends la logique du premier paragraphe, là, c'est-à-dire
le premier paragraphe au premier alinéa : «Si la personne victime a été,
pendant la perpétration de l'infraction, ou a contribué, par sa faute lourde, à
son atteinte ou à l'atteinte ou au décès d'une autre personne parce qu'elle
subissait de la violence ou une menace de violence.»
J'aimerais savoir, j'aimerais que le
ministre puisse commenter l'importance, pour lui, et qu'est-ce que ça veut
dire, dans des cas d'espèce, de retirer «réelle» à «menace de violence»,
«menace réelle de violence». <Dans l'interprétation…
M. Tanguay
: ...j'aimerais
que le ministre puisse commenter l'importance, pour lui, et qu'est-ce que ça
veut dire, dans des cas d'espèce, de retirer «réelle» à «menace de violence»,
«menace réelle de violence». >Dans l'interprétation — puis on
est législateur — là, on a enlevé «réelle», ça réfère à quoi, le fait
de retirer ce «réelle» là?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, certains groupes nous ont dit : Le fait d'avoir une menace réelle,
c'était comme un fardeau supplémentaire. Mais pour nous, c'est la même chose,
c'est la menace de violence qui est admissible. Donc, certains groupes
pouvaient prétendre qu'avec «menace de violence réelle», il fallait qu'il y ait
un facteur de réalisation de la violence donc. Mais, lorsqu'on est en situation
de menace, dans le fond, la menace n'est pas réalisée. Bien, en fait...
M. Tanguay
: Imminente,
peut-être.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est parce qu'on ne veut pas mettre un fardeau supplémentaire, c'est la menace
qui est là, tu sais. Donc, dans le fond, pour des questions de clarification,
on retire le terme pour l'élargir. Donc, lorsqu'il est question de menace de
violence, ça va être couvert. L'utilisation du terme «menace de violence
réelle» pouvait porter à croire, pour certaines personnes, que le fardeau, il
était plus exigeant. Alors, c'est pour ça qu'on le retire.
M. Tanguay
: Et puis je
salue le fait de le retirer, parce qu'effectivement il aurait pu... il aurait
été interprété, pas il aurait pu, <il aurait été interprété >de
façon plus restrictive. Je soumets au ministre deux affirmations. On enlève — puis
c'est lui-même qui me l'a inspiré — une menace réelle de violence, ça
pourrait justifier pour un administrateur de l'IVAC : Bien, il n'y avait
pas de menace imminente. Donc, on l'enlève l'imminence de la menace, ça, c'est
un élément. Je ne sais pas si le ministre est d'accord avec ça.
M. Jolin-Barrette : Mais oui,
puis, en fait, le caractère réel aurait été difficile, peut-être, à établir
également. Parce que, vous savez, dans le fond, juste pour être indemnisé, <on
peut se baser... >à l'IVAC, là, on peut se baser — puis on a
déjà eu ces discussions-là — juste sur le témoignage des victimes,
hein? Tu sais, la demande, elle n'a pas besoin d'être corroborée. Alors, pour
l'agent de l'IVAC, le fait de dire : C'était-tu réel, ou tout ça? Il n'y a
pas nécessité pour lui de faire cette évaluation-là. Donc, c'est pour ça qu'on
le retire. Mais oui, ça n'a pas besoin d'être imminent. Le fardeau de preuve
pour être indemnisé, il n'est pas là. On veut juste la menace de violence.
Donc, on assouplit.
M. Tanguay
: Autre
élément important, on enlève un caractère d'analyse, d'objectivité de la menace
aussi en enlevant «réelle». On aurait pu se dire... Moi, si j'étais administrateur
de l'IVAC, j'aurais pu dire : Bien, voyons donc, vous avez pris ça pour
une menace? Ce n'était pas réel. Non accordé, rejeté. Alors, en enlevant
«réelle», j'aimerais que le ministre puisse peut-être me confirmer que c'est la
menace, telle que perçue par la victime in concreto, et non pas telle qu'une
personne normalement prudente, et diligente, et raisonnable, aurait pu la
percevoir. C'est in concreto à la personne, si elle s'est sentie menacée, c'est
ça qui va tenir la route.
M. Jolin-Barrette :
<Oui...
M. Tanguay
: ...
j'aimerais
que le ministre puisse peut-être me confirmer que c'est la menace, telle que
perçue par la victime in concreto, et non pas telle qu'une personne normalement
prudente, et diligente, et raisonnable, aurait pu la percevoir. C'est in
concreto à la personne, si elle s'est sentie menacée, c'est ça qui va tenir la
route.
M. Jolin-Barrette :
>Oui, sous réserve du fardeau de démonstration de 50 plus un. Dans le
fond, là, pour l'infraction criminelle, là, tel qu'elle est... Lorsqu'on est
indemnisé par l'IVAC, c'est la balance des probabilités, là. Donc, c'est le
même régime qui s'applique, là.
M. Tanguay
: Autrement
dit, M. le Président, est-ce que le ministre peut nous affirmer et nous
confirmer que ce sera des critères d'analyse subjectifs et non objectifs ici?
M. Jolin-Barrette : En
fonction de la personne?
M. Tanguay
: Oui.
M. Jolin-Barrette : La
réponse est oui...
M. Tanguay
:
Parfait.
M. Jolin-Barrette : ...ça
sera des critères subjectifs.
M. Tanguay
:
Parfait. Oui.
Mme
Hivon
:
Juste une petite question de compréhension, parce que mon collègue parle qu'on
a retiré «menace réelle» au 1°, «menace réelle», moi, je ne sais pas si je n'ai
pas le bon amendement, mais il est encore là.
Le Président (M.
Bachand) :Parce qu'on a retiré
l'amendement qui avait été déposé avant la suspension, alors on l'a retiré. Le
ministre a déposé un nouvel amendement en enlevant le mot «réelle».
Mme
Hivon
:
L'amendement, en cours sur Greffier, il est toujours là, mais je veux juste
être sûre que je suis sur le bon.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, pour nous, juste faire...
Mme
Hivon
:
Mais si le ministre me dit que, dans sa version, il n'y a plus ça...
M. Jolin-Barrette :
C'est vrai, la version qui est sur Greffier, il y a «réelle».
Le Président (M.
Bachand) : On va juste vérifier pour avoir la bonne version
parce que ça veut dire qu'on a gardé la vieille version.
M. Jolin-Barrette : ...le
premier paragraphe, là, donc devrait se lire... À la fin, là, ça ne devrait
plus être qu'«elle subissait de la violence ou une menace de violence;» donc il n'y a plus une
menace... Il n'y a plus «réelle».
Mme
Hivon
:
Je veux juste être sûre que... C'est très clair. C'est dit dans le micro. <Je
peux recéder... >Je peux recéder la parole à mon collègue. Je voulais
juste être sûre qu'on...
M. Jolin-Barrette : ...à
la fin du deuxième alinéa...
Le Président (M.
Bachand) : O.K. Il y a...
M. Jolin-Barrette : ...aussi,
effectivement.
Le Président (M.
Bachand) :...<O.K. Il y a >eu
une petite erreur dans le dépôt dans le Greffier, mais la résolution...
L'amendement est celui que le ministre a lu, alors fait foi. Oui.
M. Tanguay
:
Question de compréhension. Donc, le cas du proxénétisme, là, vous savez, là on
vient couvrir la victime de proxénétisme. Est-ce que c'est par le truchement du
paragraphe, dont on vient de parler, le premier paragraphe de l'alinéa premier,
ou par le truchement du dernier alinéa que la victime de proxénétisme, elle ne
se fera pas reprocher une faute lourde? Ça, je pense que c'est clair. C'est ça
qu'on veut. On veut que la victime de proxénétisme puisse ne pas se faire
dire : Bien là, vous avez participé à de la prostitution, puis tout ça, faute
lourde, vous n'êtes pas indemnisée. Non, non, non. Est-ce que c'est par le
truchement du premier paragraphe, ou du dernier alinéa, <ou les...
M. Tanguay
: ...
que
la victime de proxénétisme, elle ne se fera pas reprocher une faute lourde? Ça,
je pense que c'est clair. C'est ça qu'on veut. On veut que la victime de
proxénétisme puisse ne pas se faire dire : Bien là, vous avez participé à
de la prostitution, puis tout ça, faute lourde, vous n'êtes pas indemnisée.
Non, non, non. Est-ce que c'est par le truchement du premier paragraphe, ou du
dernier alinéa, >ou les deux? Mais je douterais que la rédaction, là,
vous vouliez dire deux fois la même chose, là.
M. Jolin-Barrette : C'est le
dernier alinéa. Donc : «Le présent article ne s'applique pas à une
personne qui présente une demande en raison de la violence conjugale ou de la
violence sexuelle dont elle est victime.» Donc, ça constitue de la violence
sexuelle.
Mais, écoutez, elle pourrait le présenter
aussi en vertu du premier alinéa de l'article 16, là : «Aucune
personne victime n'a droit à une aide financière en vertu du présent titre si
elle a été partie à la perpétration de l'infraction criminelle dont elle est
victime ou dont une personne visée au paragraphe 1° du premier alinéa de
l'article 10 est victime ou si elle a contribué, par sa faute lourde, à
l'atteinte à son intégrité ou au décès ou à l'atteinte à l'intégrité physique
de cette personne, sauf si la personne victime a été partie à la perpétration
de l'infraction ou a contribué, par sa faute lourde, à son atteinte ou à
l'atteinte ou au décès d'une autre personne parce qu'elle subissait de la
violence ou une menace de violence.»
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Oui, ça
peut être les deux. Exemple, en cas d'agression sexuelle dans un contexte de
prostitution, même si la personne faisait de la prostitution, elle serait
exonérée.
M. Tanguay
: Oui. Question
de compréhension. Puis on a déjà joué... on n'a déjà pas joué, on a déjà
discuté de ces concepts-là, de proxénétisme et de violence sexuelle. Le ministre
pourra peut-être, s'il vous plaît, rafraîchir ma mémoire. Le concept de
violence sexuelle, c'est tel que rédigé à 2926.1, hein? C'est ça, c'est «violence
sexuelle»?
M. Jolin-Barrette : Non. À
2926, c'est agression à caractère sexuel.
M. Tanguay
: O.K. Qui
est moins large que violence sexuelle.
M. Jolin-Barrette : Bien, dans
le fond, pour des questions d'interprétation et de clarification, on va
désormais utiliser le terme «violence sexuelle».
M. Tanguay
: Partout
dans la loi?
M. Jolin-Barrette : Partout
dans la Loi sur l'indemnisation.
M. Tanguay
: Même quand
on fait référence à l'imprescriptibilité...
M. Jolin-Barrette : C'est «violence
sexuelle».
• (10 h 50) •
M. Tanguay
: ...on
change «agression» par «violence sexuelle». Puis on a déjà adopté un amendement,
à cet effet-là, jusqu'à maintenant, puis il y en aura peut-être d'autres. O.K.
«Violence sexuelle», le ministre est d'accord avec moi, c'est plus large qu'«agression
à caractère sexuel», n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est le sens qu'on souhaite lui donner relativement aux commentaires des
groupes, relativement également à la stratégie gouvernementale qui est en place
depuis 2016. Alors, oui, pour éviter que la victime se fasse dire : Bien, écoutez,
vous avez été victime de pornographie juvénile. Alors, on ne veut pas que la personne
victime se fasse opposer, dire : Bien, ce n'était pas une agression à
caractère sexuel, à cause que le terme «agression» pourrait impliquer un
contact, supposons, physique. <On veut...
M. Jolin-Barrette :
...la victime se fasse dire : Bien,
écoutez, vous avez été victime
de pornographie juvénile. Alors, on ne veut pas que la
personne victime
se fasse opposer, dire : Bien, ce n'était pas une agression à caractère
sexuel, à cause que le terme «agression» pourrait impliquer un contact,
supposons, physique. >On veut sortir de ça, alors c'est pour ça qu'on
utilise «violence sexuelle», plus large.
M. Tanguay
: O.K. On
est lié, par définition, avec les expressions utilisées dans le Code criminel.
Il y a «agression» dans le Code criminel. Y a-t-il... Puis je sais qu'on en a
déjà parlé, mais on se remet dans le bain, là, il n'y a pas le concept de
violence sexuelle, je crois, puis le ministre me détrompera si j'ai tort,
n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Pas à ma
connaissance, non.
M. Tanguay
: Donc, ça,
c'est québécois.
M. Jolin-Barrette : C'est
québécois, notre façon d'être Canadien.
M. Tanguay
: Oui, c'est
ça, tout à fait, parce qu'aussi le ministre est un peu réfractaire à aller
jouer dans les infractions criminelles, parce que... Mais là on se permet, on
se permet une marge de manoeuvre qu'il faut saluer, «violence sexuelle». La
question qui découle de cela, M. le Président : Est-ce que l'on peut... Où
avons-nous une définition complète et où est-ce qu'on se ramasse, à quelque part,
dans une loi, pour violence, là, sexuelle? Parce que moi, à ma première ligne
de questions sur le proxénétisme, si ça, c'est québécois, «violence sexuelle»,
est-ce qu'à quelque part on a une définition de «violence sexuelle» à la
québécoise, disant notamment que ça inclut le proxénétisme, ça inclut l'exemple
qu'a donné le ministre, là, de la pornographie juvénile, et ainsi de suite, là?
M. Jolin-Barrette : Non, il
n'y a pas de définition, dans la loi, sur «violence sexuelle», parce que ça
fait état de trois concepts, hein, le premier concept étant la violence
sexuelle, le deuxième concept étant la violence subie pendant l'enfance, puis
le troisième concept, c'est de la violence conjugale. Donc, on couvre le plus
large possible. Donc, une infraction criminelle de nature sexuelle va être
considérée comme une violence sexuelle au sens de la Loi sur l'indemnisation
des victimes d'actes criminels...
M. Tanguay
: Donc...
M. Jolin-Barrette : ...mais, — excusez-moi — au
sens de la Loi visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles
et à favoriser leur rétablissement, la nouvelle loi.
M. Tanguay
: O.K. Là on
arrive précisément... Puis je pense que le ministre, là, on a marché ensemble
main dans la main, pas à pas, on revient à un débat qu'on a eu, la
justification de définir «violences sexuelles» notamment, et là de les nommer.
Le ministre a dit : Non, non, non, parce que, là, on joue dans le Code
criminel, puis ce n'est pas notre vocation. Je le sais que ce n'est pas notre
vocation jouer dans le Code criminel, mais c'est notre vocation d'écrire le projet
de loi n° 84, et là, pas à pas, on y est arrivé. Puis
je reviens à la même belle case où on dirait : Bien, avec une définition
pas exclusive, mais inclusive notamment, puis là on nomme les choses,
pornographie juvénile... Il y a des rapports de collègues qui ont participé, de
façon non partisane, et qui nommaient, dans la sphère législative québécoise,
des réalités du XXIe siècle, avec les réseaux sociaux, <et ainsi de
suite...
M. Tanguay
: …pas
exclusive, mais inclusive
notamment, puis là on nomme les choses,
pornographie juvénile... Il y a des rapports de collègues qui ont participé, de
façon non partisane, et qui nommaient, dans la sphère législative québécoise,
des réalités du XXIe siècle, avec les réseaux sociaux, >et ainsi de
suite, et de l'ouverture d'indemniser ces victimes-là.
Alors, j'invite le ministre, peut-être, à
parfaire sa réflexion, et je le sais que ce débat-là, on l'avait notamment eu à
l'article 13 des définitions. Il me semble que ça serait pleinement
justifié puis là on ne serait pas… Moi, honnêtement, comme législateur, il y a
10 minutes, je me disais : O.K. Proxénétisme, c'est-tu dans violence
sexuelle? Si c'était nommé, ce serait tellement plus simple.
M. Jolin-Barrette : La
réponse à ça, c'est non, ce n'est pas plus simple. Puis, je suis convaincu que
le député de LaFontaine ne veut pas aller dans cette direction-là, parce que,
sur le long terme, O.K., le choix du législateur québécois, c'est toutes les
infractions contre la personne. On sort de l'ancienne liste et on s'assure... Avec
la liste restrictive des infractions criminelles, on arrive avec une nouvelle
liste qui, dans le fond, n'est pas une liste en soi, qui est toutes les
infractions contre la personne, qui sont couvertes par le régime d'indemnisation
québécois d'infractions criminelles.
Et ce qu'on dit, parallèlement à ça, <on
dit >: Écoutez, en matière de faute lourde, tout ce qui se rattache
à violence conjugale ou tout ce qui se rattache à violence sexuelle, ça ne peut
pas vous être opposé. En matière de prescription également, ce qui est une
violence sexuelle ou ce qui est une violence conjugale, une violence subie
pendant l'enfance, toutes ces infractions-là, il n'y aura plus de prescription.
Ça fait que le concept, il est large. Pourquoi il est large comme ça? C'est
pour faire en sorte que ça va rentrer les infractions criminelles.
Si on fait une énumération de ces
infractions-là, comme le propose le député de LaFontaine, ça signifie que,
lorsque le Code criminel, supposons, serait modifié pour ajouter des
infractions criminelles, si elles sont déjà identifiées précisément, il faudrait
faire en sorte de venir modifier le corpus législatif québécois. Et ce que ça a
pour effet, on pourrait se retrouver dans la même situation qu'on l'a été,
durant les dernières années, par rapport à l'exploitation sexuelle et par
rapport à la traite de personnes, où les gouvernements successifs n'ont pas réouvert
la loi pour dire : C'est dans la liste. Et là le député de LaFontaine
pourrait me dire : Non, mais vous pourriez mettre un «notamment».
M. Tanguay
: Mais oui.
M. Jolin-Barrette : Mais je
ne veux pas que ça soit interprété restrictivement, alors je veux le laisser
d'une façon le plus large possible.
M. Tanguay
: Là-dessus,
M. le Président, l'article 10 de notre charte québécoise des droits et
libertés utilise le «notamment» pour dire : Il n'y aura pas de
discrimination. Puis c'est interprété de façon très large. Et le ministre l'a
déjà dit : Cette loi-là a vocation d'être interprétée de façon large et
libérale. Alors, le même usage de «notamment» à l'article 10 de la charte
québécoise des droits et libertés, qui dit : Vous ne pourrez pas,
notamment, discriminer basé sur le sexe, l'âge, la grossesse, et ainsi de
suite. Est interprété de façon très, très large, et n'est pas limitatif, et
pourrait même, pris et adapté dans le contexte du projet de loi n° 84, <pourrait
>très bien faire place à d'éventuels amendements du Code criminel, et il
coulerait de source, puisque que c'est déjà, tel que défini <à
l'article 13…
M. Tanguay
: ...
notamment,
discriminer basé sur le sexe, l'âge, la grossesse, et ainsi de suite. Est
interprété de façon très, très large, et n'est pas limitatif, et pourrait même,
pris et adapté dans le contexte du projet de loi n° 84, pourrait très bien
faire place à d'éventuels amendements du Code criminel, et il coulerait de
source, puisque que c'est déjà, tel que défini >à l'article 13,
qu'on est copié-collé avec le Code criminel, et que cette interprétation d'un
«notamment», large et libérale, viendrait… aurait l'avantage et la valeur
ajoutée de dire : Bon. On a mis «pornographie juvénile» là-dedans, c'est
inclus, posez-vous plus la question.
Une fois que j'ai dit ça, je ne vois pas
comment le ministre pourrait me dédire dans ce que je viens de dire, là, ça
tient la route, là. Qu'il me dise : Il y a un défaut à votre structure là,
ça tient la route, ce que je viens de dire là. Je veux dire, les amendements au
Code criminel seraient de facto, par le truchement de l'article 13, et ne
seraient pas exclus par le «notamment» d'un article, en quelque part,
définissant la violence sexuelle.
M. Jolin-Barrette : Bien,
M. le Président, c'est distinct, notamment dans le mode d'application, par
la Direction d'indemnisation des victimes d'actes criminels. Alors, je veux
qu'il y ait le plus de souplesse et je veux que ça soit large. Alors, je le
dis, et les propos du ministre sont clairs, toutes les infractions de nature
sexuelle, de violence sexuelle, celles qui sont présentes et celles qui le seront
dans le futur, vont entrer dans la définition de violence sexuelle. C'est pour
ça que je ne veux pas faire une énumération.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette, s'il vous plaît.
Mme
Hivon
: Oui.
Je veux juste être certaine de bien suivre, là. Donc, «exploitation sexuelle»,
est-ce que ça fait partie des violences sexuelles?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
Hivon
:
Pornographie juvénile?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
Hivon
:
Traite de personnes?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
Hivon
:
Donc, il n'y aura pas de prescription pour ça, non plus.
M. Jolin-Barrette : Il n'y
aura pas de prescription.
Mme
Hivon
:
Donc, toute cette nouvelle catégorie d'infractions, il n'y aura aucune
prescription pour ça.
M. Jolin-Barrette : Pour les
infractions de violence sexuelle, il n'y aura pas de prescription.
Mme
Hivon
:
Parfait. Donc, partout, dans la loi, on va passer au vocabulaire de violence
sexuelle.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
Hivon
: O.K.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée…
Mme
Hivon
: Moi
j'avais une autre question sur un autre sujet...
Le Président (M. Bachand) :
Oh! Allez-y, Mme la députée.
Mme
Hivon
: ...ça
fait que, si on veut… Je ne sais pas si ma collègue voulait continuer.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, si vous êtes d'accord, peut-être… Mme la
députée, est-ce qu'on est encore sur le même sujet?
Mme Weil
: Oui,
globalement. Donc, «violence conjugale», parce qu'on avait eu beaucoup de
débats au tout début de… du projet de loi, quand on parlait, donc, de… je pense
que c'était l'article 10 notamment, mais les infractions, en tout cas…
mentionnées. Et le ministre a dit… Donc, mes collègues, d'ailleurs, de
Sherbrooke et de Joliette, avaient plaidé pour une reconnaissance de la
violence conjugale. Mais là on reconnaît la violence conjugale ici, dans cet
article, puis évidemment le projet de loi va se lire dans son entièreté.
Et <j'ai>, en faisant des
recherches, j'ai trouvé un document de l'INSPQ, et le ministre nous avait
répondu que… Il avait donné quelques exemples d'infractions. Et ça, c'est un
document, bon, gouvernemental, en quelque sorte, qui mentionne que les
infractions criminelles en contexte de violence conjugale, que ce n'est pas
reconnu officiellement et…
11 h (version révisée)
Mme Weil
: ...le ministre
nous avait répondu... il avait donné quelques exemples d'infractions. Et ça,
c'est un document, bon, gouvernemental en quelque sorte qui mentionne que les infractions
criminelles en contexte de violence conjugale, que ce n'est pas reconnu
officiellement.
Et ils mettent une liste d'infraction qui
est très utile : intrusion de nuit dans le contexte de violence conjugale;
négligence criminelle causant des lésions corporelles et la mort; l'homicide;
le harcèlement criminel; profération des menaces; les voies de fait causant des
lésions corporelles, agressions armées et voies de fait graves; les agressions
sexuelles causant des lésions corporelles, armées et agressions sexuelles graves;
l'enlèvement, la séquestration; tenue des propos indécents au téléphone ou de
faire des appels téléphoniques harassants; les méfaits, dans les méfaits, ils
incluent justement le fait de détruire un bien, parce qu'on avait parlé des
meubles dans le contexte de violence conjugale; l'intimidation; et la violation
d'une ordonnance judiciaire, d'un engagement de ne pas troubler l'ordre public
ou d'une ordonnance de probation. Et ils ont mis un «notamment» dans cette
liste parce qu'il pourrait y en avoir d'autres, mais c'est quand même une liste
complète.
Je mentionne ça parce que c'est quand même
un document qui existe dans le giron gouvernemental, globalement, pour
reconnaître... qui ne donne pas nécessairement plus... bien, qui donne une
certaine précision à la violence conjugale quand on cherche un remède.
Donc, l'IVAC, j'imagine, s'inspire peut-être
déjà de cette liste-là ou va s'inspirer de cette liste-là dorénavant. Mais, les
dommages, il y a certains éléments ici où ils auraient déjà été, comment dire,
reconnus victimes. Le ministre l'élargit pour inclure violence conjugale, mais
victime d'homicide, c'est-à-dire… ou de lésions corporelles graves, c'est déjà
reconnu par l'IVAC.
M. Jolin-Barrette : Mais
la réponse à ça, c'est oui. Oui, les personnes sont déjà reconnues. Mais ce que
nous faisons, c'est en termes d'imprescriptibilité. Donc, tout ce qui... ce
qu'on...
Mme Weil
: Oui,
oui, tout à fait.
M. Jolin-Barrette : …tout
type d'infraction dans un contexte de violence conjugale seront imprescriptibles.
Alors, le débat qu'on a eu, l'autre fois, avec la députée de Joliette, la
députée de Sherbrooke, c'est relativement à<… d'> ajouter des
éléments qui ne sont pas comme reconnus comme des infractions criminelles.
O.K.? C'est la distinction que nous avons. Ce que j'avais expliqué, c'est que
ce qui se retrouve dans la notion de violence conjugale, ce sont les
infractions criminelles qui se déroulent dans le cadre de la violence
conjugale, et donc tout ça devient imprescriptible. Donc, exemple...
Mme Weil
: Je
comprends.
M. Jolin-Barrette : Je
vous donne un exemple concret, là, O.K.? Moi et M. Ferland, on n'est pas
en couple. M. Ferland me frappe, l'infraction est prescriptible à l'IVAC
par trois ans, trois ans après l'adoption de notre projet de loi.
M. Ferland et moi, on est en couple. On est en situation de violence
conjugale, il me <frappe...
M. Jolin-Barrette :
...M. Ferland me frappe. L'infraction est prescriptible à l'IVAC par trois ans,
trois ans après
l'adoption de notre
projet de loi. M.
Ferland et moi, on est en couple. On est en
situation de
violence
conjugale, il me >frappe. Cette infraction-là devient imprescriptible parce
qu'on est dans un contexte de violence conjugale, d'où la nuance. Donc, c'est
cette distinction-là qu'on amène, même chose en matière d'infraction à
caractère sexuel.
Mme Weil
: Mon point,
c'est surtout que... par rapport à la discussion qu'on a eue et l'ouverture de
reconnaître la violence conjugale. Le ministre a répondu que... une infraction
qui est reconnue en tant que tel dans le code, mais il y a quand même des
articles. La liste ici, qui est déjà reconnue par l'INSPQ, je... Et il faudrait
voir si l'IVAC s'inspire déjà de cette liste-là. Par exemple, intimidation,
parce qu'on avait beaucoup... les collègues avaient donné l'exemple
d'intimidation. Et ce n'est pas une question de preuve. En termes d'évaluation
par l'IVAC, ils ne vont pas jusqu'à exiger la preuve qu'exige un tribunal. Le
ministre l'a bien dit.
Je dis ça parce qu'il faut interpréter, il
faudra interpréter le projet de loi du ministre largement, et il y avait une
préoccupation qu'<on allait se... >on n'allait peut-être pas
l'interpréter de façon assez large pour inclure la violence conjugale. Mais là
moi, je trouve qu'on vient de, comment dire, élargir de façon... Supposons que
je voudrais entendre le ministre se prononcer, parce que toutes les
affirmations du ministre seront utilisées pour interprétation, éventuellement,
dans des cas qui seraient contestés ou pas acceptés par l'IVAC.
Mais, si on regarde cette liste-là, elle
est très large. L'intimidation, par exemple, très, très large. Et que le ministre
reconnaît dans l'article 16... C'est la première fois qu'on voit le
concept de violence conjugale. Quand on lit, donc, le projet de loi et quand on
lira le projet de loi… je ne parle pas de prescription ici, mais vraiment de
reconnaître le phénomène de violence conjugale, on vient, par cet article,
reconnaître le phénomène de violence conjugale. Donc, il va se... Cet article<
sera... >, en quelque sorte, viendra renforcer tous les articles
d'indemnité, où on demande... au-delà de la prescription, pour évaluer la
situation.
Alors, j'aimerais une confirmation du
ministre, si c'est possible, parce que ce serait vraiment un pas en avant, je
trouve. Parce que c'est la première fois, je pense bien, qu'on voit
l'expression «violence conjugale» jusqu'ici dans le projet de loi. Est-ce que
je me trompe?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est sûr que ce qu'on fait, là, ensemble, là… malgré les critiques, là, qui,
parfois, peuvent être fondées ou non fondées, ça dépend de comment on veut
travailler, là, ce sont des avancées significatives qu'on fait dans le projet
de loi n° 84, et notamment le fait de venir dire : La violence
conjugale, on vient la nommer, on vient la rendre imprescriptible relativement
aux infractions qui constituent de la violence <conjugale. Donc, les...
M. Jolin-Barrette :
...ce sont des avancées significatives qu'on fait dans le
projet de loi
n° 84, et
notamment le fait de venir dire : La
violence
conjugale, on vient la nommer, on vient la rendre
imprescriptible
relativement aux infractions qui constituent de la violence >conjugale.
Donc, les infractions criminelles qui sont dans un contexte de violence conjugale
seront imprescriptibles. Ça, c'est important de le dire. Donc, pour ça, c'est
très clair, c'est une avancée significative. Là où on avait la discussion,
l'autre fois, c'était relativement au fait de venir définir ce que constitue la
violence conjugale.
On souhaitait, du côté de ma collègue de
Joliette et du côté de la collègue de Sherbrooke, ajouter le fait qu'on peut
être indemnisé pour de la violence conjugale qui ne constitue pas une
infraction criminelle. Et c'était là le point de désaccord, parce que, dans le
cadre du projet de loi n° 84, ce sont des infractions
criminelles qui sont indemnisables. C'était la distinction.
Mais, oui, je suis d'accord avec vous,
c'est une avancée significative, le fait que le législateur québécois vienne
dire : Lorsqu'une infraction criminelle rentre dans le chapeau de la
violence conjugale, c'est imprescriptible, et surtout ça ne peut pas vous être
opposé, comme faute lourde, si vous étiez dans ce contexte-là. Pour les femmes,
ça constitue une avancée significative.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, peut-être,
oui.
Mme Weil
: Juste pour
finir, c'est le mot, donc, c'est l'expression qui est utilisée ici par le
législateur qui doit avoir tout son sens, «qui présente une demande en raison
de la violence conjugale». Et je pense que c'est ça, l'avancée. Et je le dis
parce que je pense qu'il faudra interpréter ce projet de loi de cette façon,
surtout suite... J'ai été très émue par le débat de mes collègues, je n'ai pas
participé à cette commission spéciale, mais je plaide donc pour ça, et le
ministre le confirme. Alors, c'est bien. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette, s'il vous plaît.
Mme
Hivon
: Oui.
Bien, M. le Président, j'aimerais ça partager l'enthousiasme de ma collègue,
mais, justement, ce qui est peut-être un peu trompeur, c'est que, là, le mot
«violence conjugale» apparaît, mais on ne reconnaît pas la réalité, l'entièreté
de la réalité de la violence conjugale. Donc, je ne referai pas le débat que
nous avons eu de manière assez importante il y a trois semaines, mais je
veux juste que ce soit bien clair dans nos débats que, s'il y a un méfait sur
un bien à l'occasion d'un contexte de violence conjugale, on n'a toujours pas
la réponse du ministre, à savoir qu'il va y avoir une indemnisation, donc.
Parce qu'on a eu des témoignages de plaignantes qui sont allées au poste de
police, on leur a dit : Non, malheureusement, ça ne représente pas ce que
c'est.
Et, dans le projet de loi, ce sont les
infractions contre la personne. Donc, je me souviens très bien de Julie Desrosiers
qui nous a dit : Il faudrait préciser. Si vous donnez un coup dans une
porte puis que vous cassez une porte dans un contexte de violence conjugale,
est-ce que cela va donner lieu à une possible demande? Parce qu'il y a une
pression qui est mise, il y a un contexte de terreur qui est <instauré...
Mme
Hivon
:
…donc, je me souviens très bien de Julie Desrosiers qui nous a dit : Il
faudrait préciser. Si vous donnez un coup dans une porte puis que vous cassez
une porte dans un contexte de violence conjugale,
est-ce que cela va
donner lieu à une possible demande?
Parce qu'il y a une pression qui est
mise, il y a un contexte de terreur qui est >instauré. <On a… >Moi,
selon moi, la réponse est non parce que le ministre nous a dit que c'étaient
les infractions contre la personne et qu'il n'ouvrait pas aux biens. Il a rejeté
des demandes à cet égard-là.
L'autre élément sur lequel on a eu un
grand débat, c'est la coercition psychologique, le fait donc d'empêcher
quelqu'un de voir ses proches, le fait d'instaurer un climat de peur, le fait
de confisquer des biens d'une personne, de contrôler ses clés, son téléphone.
Tout ça, qui, en ce moment, selon le ministre, ne constitue pas, donc, une
infraction, au sens du Code criminel, ne peut pas être reconnue et donner droit
à une ouverture d'un dossier à l'IVAC. Donc, je veux juste qu'on soit clair,
parce que, dans la compréhension des gens, des gens qui oeuvrent dans le
domaine de la violence conjugale, ces réalités-là sont intrinsèques au contexte
de violence conjugale.
• (11 h 10) •
Or, c'est bien qu'on écrive «violence conjugale»
dans la loi, mais on est pris avec les autres restrictions qui apparaissent
ailleurs dans la loi, qui parlent d'infraction criminelle contre la personne, donc,
ça m'apparaît… c'est juste important de ramener cette précision-là, parce que,
je le répète, on aurait pu franchir ce pas-là, et être des précurseurs au
Québec, et reconnaître, donc, l'entièreté de la réalité de la violence
conjugale. Et je pense que, s'il y a un moment où on devrait l'être, après tout
ce qu'on voit dans les dernières semaines de féminicides, c'est bien
maintenant. Parce que, vous savez, M. le Président, le meurtre d'une conjointe
ou d'une ex-conjointe, ça n'arrive pas du jour au lendemain, aussi, il y a
souvent eu tout un climat de terreur instauré avant. Et il me semble que ce
serait grand temps qu'on reconnaisse.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. Peut-être
juste une nuance avec ce que vient de dire la députée de Joliette aussi, et on
a eu cette discussion-là précédemment aussi. Il faut se rappeler aussi que
maintenant les infractions criminelles en matière de harcèlement et de menaces
deviennent admissibles aussi. Alors, ça, c'est important de le dire, M. le
Président. Donc, dans un contexte de violence conjugale aussi, ce sont les
infractions qui sont ajoutées, alors, ça, je pense que c'est important de le
dire aussi, et qui, par le fait même, vont permettre de rattraper certaines
situations. Je tenais juste à le souligner aussi que c'est un ajout aussi en
termes de harcèlement et de menace.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Oui. Évidemment,
la proposition et la solution qui est proposée par ma collègue serait la
meilleure, et dans le sens de le reconnaître de façon très transparente sans
être obligé de faire le jeu des articles, un entre l'autre, un contre l'autre,
Code criminel, la loi sur l'indemnisation, et la jurisprudence, et l'INSPQ.
Mais, ceci étant dit… Parce que je veux que ça fasse partie, justement, de la
transcription et que les déclarations du ministre… parce que ça serait… je
plaide< pour… >, c'est sur ce que plaide <la ministre… >la
<députée de…
Mme Weil
: …et
l'INSPQ. Mais, ceci étant dit… Parce que je veux que ça fasse partie,
justement, de la transcription et que les déclarations du ministre… parce que
ça serait… je plaide pour, c'est sur ce que plaide la ministre… la >députée
de Joliette, pour le reconnaître.
Mais, ceci étant dit, l'article 430,
là, du Code criminel, sur les méfaits, donc «quiconque… détruit ou détériore un
bien»... Et là on vient de reconnaître, donc, cet acte criminel dans un
contexte de violence conjugale parce qu'on l'inclut dans cet article 16.
Donc, par l'interprétation de la loi qu'on étudie, l'interprétation qui existe
déjà dans des documents… Donc, «méfait», là, va loin et s'interprète dans un
contexte de violence conjugale dans le cadre du Code criminel, en fait. Donc,
quelqu'un qui mettrait justement… Moi, j'essaie de voir comment tout s'imbrique.
Donc, un mari violent qui viendrait détruire un meuble quelconque, ça serait
reconnu, donc ça serait indemnisable, ou tout autre acte, et qui soit… Ça a
bien été décrit il y a trois semaines, quand on a discuté, ce régime de
terreur là.
M. Jolin-Barrette :
<Les
infractions criminelles qui sont couvertes, o>On a déjà eu la
discussion, là<… >, les infractions criminelles qui sont
couvertes, ce sont les infractions criminelles contre la personne, O.K.? Si,
dans le cas d'une situation où il y a du harcèlement ou il y a des menaces… Chaque
situation est une situation dans un cas d'espèce, et il y a deux choses,
là. Le document de la collègue de Notre-Dame-de-Grâce, je ne l'ai pas vu, mais,
entre un document de l'INSPQ puis, dans le fond, la réalité de la loi… Moi, mon
souhait, c'est de faire en sorte, là, que, lorsqu'il y a une infraction
criminelle contre la personne qui est perpétrée et qui… je vous donnais
l'exemple de harcèlement et de menaces, parce qu'il y a plusieurs choses qui
peuvent survenir dans cet événement-là, mais, dans le fond, la personne, dans
un contexte de violence conjugale, cela sera imprescriptible.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette, s'il vous
plaît.
Mme
Hivon
: Donc,
c'est un débat vraiment intéressant, et puis justement il faut aller au fond
des choses, parce que la réponse à la question de la collègue, c'est non. C'est-à-dire
que le méfait qui est mis dans la liste qui est faite là, à bon droit… parce
que, oui, dans un contexte de violence conjugale, il peut y avoir des méfaits
de produits sur des objets, mais ce n'est pas inclus, même si c'est, oui,
quelque chose relatif à la violence conjugale dans le projet de loi pour
l'IVAC.
Donc, ça pourrait être reconnu comme une
infraction criminelle, mais, puisqu'on est limité et que le ministre refuse
d'inclure la notion de violence conjugale dans toute sa complexité aux
infractions contre la personne, la réponse à la question, c'est que, si je me
présente à l'IVAC pour un méfait dans un contexte de violence conjugale, vu que
c'est reconnu comme une infraction contre les biens et non pas contre la <personne…
Mme
Hivon
:
…et que le ministre refuse d'inclure la notion de violence conjugale dans toute
sa complexité aux infractions contre la
personne. La réponse à la
question, c'est que, si je me présente à l'IVAC pour un méfait dans un contexte
de violence conjugale, vu que c'est reconnu comme une infraction contre les
biens et non pas contre la >personne, je ne pourrai pas avoir une
indemnisation, je ne pourrai pas être soutenue et avoir de l'aide. Et je veux
savoir si le ministre… Puis là, il va nous dire que, si, par ailleurs<… >,
je comprends toutes les nuances qu'il fait, <si, par ailleurs, >c'est
joint à d'autres éléments et qu'on peut plaider que ça équivaut à du
harcèlement, là, ça pourrait. Mais vous imaginez la complexité des choses pour
la personne qui se présente et l'agent qui va devoir interpréter ça.
Alors, je réitère que je ne comprends pas pourquoi
on n'accepte pas de reconnaître la violence conjugale, dans tout ce qu'elle
implique, et où il y a parfois un mélange d'infractions contre la personne et
contre les biens, mais dans un contexte où le but est d'instaurer un climat
difficile. Et pourquoi on a eu tout ce débat-là l'autre fois et pourquoi Julie
Desrosiers, qui est coprésidente du comité d'experts, est venue le dire
clairement, qu'il faudrait considérer ça même si ce n'est pas vu comme une
infraction contre la personne? C'est parce que, oui, ça fait intrinsèquement
partie d'un contexte de violence conjugale.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, je
comprends, M. le Président, on a déjà eu toute la discussion relativement au
harcèlement, <relativement… >également<,> à menace.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: À l'article 2,
on parle de perte matérielle comme… Donc : «Aux fins du présent titre, est
une personne victime toute personne physique qui, en raison de la perpétration
d'une infraction criminelle, subit une atteinte à son intégrité ou une perte
matérielle». Donc, c'est reconnu comme acte qui serait indemnisable dans un
contexte de violence conjugale, dans le contexte de méfait, par exemple?
M. Jolin-Barrette : Vous
voulez avoir la définition de «perte matérielle»?
Mme Weil
: Bien, «toute
perte matérielle». Je ne sais pas s'il y a une définition, mais…
Mme
Hivon
: …de
la personne. Puis, vu que c'est un méfait, ce n'est pas vu contre l'intégrité
de la personne, c'est vu contre un bien. Ça fait que, <ça… M>même
s'il y a une perte matérielle, ça ne s'appliquera pas.
M. Jolin-Barrette : Alors,
«perte matérielle», M. le Président, est dans le titre II, donc dans la
première section de la loi. Donc, ça, c'est relativement à l'aide aux victimes,
pas au niveau de l'indemnisation, donc c'est séparé. Donc, ça signifie qu'une personne
qui subit une perte matérielle va pouvoir bénéficier de l'accompagnement, du
soutien psychologique, tout ça, <mais… >de la part des CAVAC notamment,
de l'accompagnement à la cour, mais ne bénéficie pas de l'indemnisation du
régime d'indemnisation. Donc, c'est la première section.
Mme Weil
: En tout cas,
je pense qu'il y a beaucoup de clarifications à aller chercher, peut-être,
entre... Parce que le fait d'invoquer la violence conjugale... Le législateur
ne parle pas pour ne rien dire. Donc, on a reconnu la violence conjugale dans
une loi qui concerne l'indemnisation des victimes d'actes criminels. Il faut
que les gens <comprennent bien le…
Mme Weil
: ...
peut-être,
entre...
Parce que le fait d'invoquer la violence conjugale... Le
législateur
ne parle pas pour rien dire. Donc, on a reconnu la violence conjugale dans une
loi qui concerne
l'indemnisation des victimes d'actes criminels.
Il
faut que les gens >comprennent bien le sens de cette terminologie puis il
faut aussi que ça soit interprété largement.
En tout cas, je... pour l'instant... On
verra s'il y a d'autres articles qui vont dans l'étude du projet de loi où
cette notion de violence conjugale... Et je pense qu'on est tous très sensibilisés
actuellement. Le moment est fort, d'ailleurs, pour avoir une bonne
compréhension de ce que va et ne va pas faire le projet de loi et que, si on
utilise l'expression «violence conjugale», il faut qu'il y ait un sens à cette
expression qui serait cohérent avec la totalité du projet de loi. Merci, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay
: Oui. Merci,
M. le Président. Merci, M. le Président. On ne refera pas le débat, mais force
est de constater que «harcèlement»... Je prends cet exemple-là, je prends cet exemple-là
de «harcèlement» en vertu du Code criminel, article 264. Et, en 2021,
après tous les rapports, les études, les analyses, les discussions qui ont eu
lieu et les révélations, «harcèlement», 264 du Code criminel, dans son application,
est beaucoup plus restrictif que le «harcèlement sexuel».
Et j'inviterais le ministre à aller
consulter, si ce n'est pas déjà fait, là, l'Institut national de santé publique
du Québec, l'INSPQ, qui a fait une trousse média sur les agressions sexuelles
et en a une définition, qu'est-ce que le harcèlement sexuel, et ainsi de
suite : «Un comportement à caractère sexuel non désiré, qui se manifeste
de façon répétée, et qui a des conséquences néfastes sur la victime.»
Cette façon d'aborder de façon spécifique
le harcèlement sexuel dans des contextes qui peut être, notamment, le lieu de
travail, M. le Président, est beaucoup plus collée à la réalité et adaptée à ce
qui constitue nos vies en 2021 que ne l'est l'article 264 du Code
criminel, qui est très, très large, couvre toute forme de harcèlement criminel en
vertu de 264 et qui a, dans son application — puis on avait eu des
témoignages, notamment, auprès de personnes qui ont dû faire des déclarations à
la police, et ainsi de suite — une interprétation qui est, somme
toute, lourde et restrictive.
Alors, une fois qu'on a dit ça, de se
coller à 264 pour ce qui est du harcèlement criminel et de l'appliquer à l'IVAC
quand on parle de harcèlement sexuel, je pense, et je le dis en tout respect,
que c'est réducteur d'une réalité nouvelle que l'on doit traduire, notamment
dans le contexte de l'IVAC. Voilà.
• (11 h 20) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement?
M. Tanguay
: Sur l'amendement?
Non.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, s'il n'y a pas...
Mme
Hivon
:
...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Oui. Enfin, vous allez me permettre juste de redire que je pense que le ministre
<passe...
M. Tanguay
: ...d'une
réalité nouvelle que l'on doit traduire, notamment dans le contexte de l'IVAC.
Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions?
Est-ce qu'il y a
d'autres
interventions sur
l'amendement?
M. Tanguay
: Sur
l'amendement?
Non.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, s'il n'y a pas... Oui,
Mme la députée
de
Joliette.
Mme
Hivon
:
Oui. Enfin, vous allez me permettre juste de redire que je pense que le
ministre
>passe à côté d'une avancée qui pourrait être vraiment très importante
pour les femmes du Québec qui sont victimes de violence conjugale, et ça
enverrait un signal très fort qu'au Québec on a pris acte que la violence
conjugale, ce n'est pas juste quand il y a des bleus sur le corps, mais que
c'est toute une escalade de tension, de coercition dans un contexte conjugal.
Alors, si le ministre peut continuer à réfléchir avec ses collègues puis à
avancer sur cette question-là, on a encore des jours devant nous. Je ne doute
pas que ces questions-là le touchent et, bien franchement, je pense qu'il y
aurait matière à envoyer un réel signe d'espoir aux victimes de violence
conjugale.
Ceci dit, je voulais juste comprendre.
Dans les exceptions, donc, dans l'amendement de l'article 16, on parle, au
premier alinéa : «Si la personne victime a été partie à la perpétration de
l'infraction ou a contribué, par sa faute lourde, à son atteinte ou à
l'atteinte ou au décès d'une autre personne parce qu'elle subissait de la
violence ou une menace de violence». Donc, elle va être exclue, mais je me
demandais juste pourquoi on réitère «par sa faute lourde». C'est-à-dire, c'est peut-être
très juridique, mais c'est comme si on qualifiait quand même, malgré le
contexte, qu'elle commet une faute lourde. Pourquoi on réitère ça alors que, dans
le fond, elle est dans un contexte de violence ou de menace de violence? Est-ce
qu'il faut vraiment dire qu'elle commet une faute lourde ou est-ce que ça ne
remet même pas en cause le fait même qu'elle commette une faute lourde
puisqu'elle est dans un contexte où elle n'a comme pas le choix de contribuer à
la faute qui est perpétrée? Je ne sais pas si le ministre comprend où je veux
en venir, là.
C'est que je me demande pourquoi on
rajoute «par sa faute lourde». «Si la personne victime a été partie à la
perpétration de l'infraction ou a contribué à son atteinte», il me semble que
c'est suffisant. Parce que, là, je trouve que c'est comme si on est un peu en
train de dire une chose et son contraire. Dans le fond, c'est comme si on
continue à dire qu'elle a fait une faute lourde, mais que, dans tel contexte,
donc dans le contexte où elle subissait de la violence ou une menace de
violence, on va l'exonérer du fait de l'application de la faute lourde. Mais est-ce
qu'en soi c'est même une faute lourde quand tu es dans un contexte ou tu n'as
pas le choix d'être partie à la perpétration de l'infraction? Ça fait que je me
demande juste la pertinence de garder la référence, dans le premièrement, à
faute lourde.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est nécessaire parce qu'on veut être très clair. Tu sais, même s'il y
une... parce qu'une faute lourde, c'est plus grave qu'une simple faute, là,
c'est vraiment, là, un geste significatif. Alors, on veut être très clair, là,
avec le libellé de l'article que, même s'il y a une faute lourde, là, même s'il
y a un facteur contributif très, très important, même si la personne est
responsable, bien, elle va quand même pouvoir être <indemnisée...
M. Jolin-Barrette :
...faute, là, c'est
vraiment, là, un geste significatif. Alors, on veut
être très clair, là, avec le libellé de l'
article que, même s'il y a une
faute lourde, là, même
s'il y a un facteur contributif
très, très
important, même si la
personne est responsable, bien, elle va
quand
même pouvoir être >indemnisée.
Mme
Hivon
: O.K.
Mais moi, je trouve que ça envoie un drôle de message parce que c'est comme si
on va dire que la personne a commis une faute lourde. Puis moi, je ne suis pas
convaincue qu'il y a même une... parce qu'il n'y a pas l'intention, il n'y a
pas... je veux dire, la personne n'a pas le choix. Donc, est-ce que c'est même
vraiment une faute lourde?
M. Jolin-Barrette : Bien,
nous, on veut s'assurer de capter toutes les situations potentielles puis que
ça soit très clair. Donc, même si c'était une faute lourde au moment de
l'analyse du dossier, là, on veut être sûr qu'elle puisse être exonérée puis on
peut être sûr que la personne, elle ne se fasse pas opposer la faute lourde.
Parce que le concept de base, là, de
l'article, dans le fond, là, c'est, dans le fond, quand vous... Dans le fond,
le régime d'indemnisation, c'est : On indemnise les victimes d'infraction
criminelle. Ça, c'est la prémisse de base. Après ça, on dit, deuxième
prémisse : Mais non, mais, si vous avez commis une faute lourde, par
exemple, vous n'aurez pas droit au régime. Puis, on vient amener une exception,
qu'on veut la plus claire possible, pour dire : Si vous avez commis une
infraction criminelle ou si vous avez contribué par votre faute lourde, mais
que vous étiez en circonstance de violence sexuelle ou de violence conjugale,
ça ne s'oppose pas à vous, puis vous allez pouvoir être indemnisé. Donc, c'est
pour ça qu'on le met clairement comme ça, qu'on vient nommer la faute lourde
pour la personne.
Ça fait que, là, le principe de base,
c'est : Vous êtes indemnisé. Sous principe, si vous faites une faute
lourde, vous n'êtes pas indemnisé. Sauf qu'attention, si vous avez quand même
commis une faute lourde, mais vous êtes en situation violence conjugale,
violence sexuelle, vous allez tout de même pouvoir être indemnisé.
Mme
Hivon
: Ça
va.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur l'amendement? M. le député
de LaFontaine.
M. Tanguay
: ...dans le
fond, on est sur l'amendement qui remplace complètement l'article 16, puis
après ça on va revenir sur l'article 16 tel qu'amendé. Alors, je suis
au-delà du réel.
M. Jolin-Barrette : Restez
avec nous.
M. Tanguay
: Pardon?
M. Jolin-Barrette : Restez
avec nous.
M. Tanguay
: Oui, c'est
ça. Inquiétez-vous pas, mon oeuvre ne fait que commencer.
M. Jolin-Barrette : Ah bien!
M. Tanguay
: Ah bien!
Qu'est-ce que tu veux répondre à ça?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, il faut le dire d'abord, ça pourrait devenir le prochain slogan de
campagne du député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Dans
LaFontaine.
M. Jolin-Barrette : Dans
LaFontaine. Laissez le député de LaFontaine poursuivre son oeuvre. Il
paraît que ça permet de gagner des élections, ça. Ou Le député de LaFontaine
donne à sa circonscription.
Le Président (M.
Bachand) : Oui. Maurice Duplessis. Oui, monsieur...
M. Tanguay
: Maurice
Duplessis. Alors, on a tous écouté la magnifique série Maurice donne à sa
province.
Alors, M. le Président, on parlait
tantôt... puis je veux juste qu'on fasse le lien, je présume de la réponse,
mais que le ministre le dise, ce serait d'autant plus clair, là, on parle...
Bon, je reviens aux trois éléments imprescriptibles, il y a la violence
conjugale, violence sexuelle et violence subie durant l'enfance. Il n'est pas
nommé spécifiquement dans le dernier alinéa, mais l'exclusion du deuxième
paragraphe, alinéa premier fait office de «violence subie durant l'enfance».
Autrement dit, c'est là que je le vois, là.
M. Jolin-Barrette : Donc,
dans le premier alinéa...
M. Tanguay
: Premier
alinéa, deuxième paragraphe. Donc, la <personne...
M. Tanguay
: …dans le
dernier alinéa, mais l'exclusion du deuxième
paragraphe, alinéa premier
fait office de «violence subie durant l'enfance».
Autrement dit, c'est
là que je le vois, là.
M. Jolin-Barrette :
Donc, dans le premier alinéa…
M. Tanguay
: Premier
alinéa, deuxième
paragraphe. Donc, la >personne n'est pas
indemnisée, «faute lourde», sauf, deuxième paragraphe, s'il s'agit d'un enfant de
moins de 12 ans, d'un enfant inapte ou d'une personne inapte à la charge
d'une personne victime décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité en
raison de la perpétration d'une infraction criminelle contre cette dernière.
J'aimerais savoir : Est-ce que, ça, ça fait office de l'expression
«violence subie durant l'enfance»? Parce que je ne le retrouve pas à la fin.
Les trois vont toujours de pair, hein, violence conjugale, violence <conjugale…
>sexuelle et violence subie durant l'enfance. Si le ministre me dit par
contre : Oui, «violence subie durant l'enfance» est couvert par ça,
j'aurais peut-être des questions de compréhension pour savoir jusqu'à quel
point c'est couvert pour le passé, là, tel que rédigé.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre, est-ce que vous avez besoin
de plus de temps? Ça va?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, on est en train de faire la vérification, là, pourquoi ce n'était
pas là, mais c'était l'intention, dans le fond, que la violence subie pendant
l'enfance, elle ne soit pas… on ne puisse pas invoquer la faute lourde là-dessus.
Alors, peut-être que, si le député de LaFontaine a d'autres questions, on va
faire les vérifications puis…
M. Tanguay
: Oui. Puis,
là-dessus, je le rajouterais pour ne pas qu'il y ait d'ambiguïté, puis surtout
que je ne suis pas sûr que «violence subie durant l'enfance», qui réfère évidemment
au passé, à un passé imprescriptible, et ainsi de suite, est suffisamment
couvert tel que défini. Ou, revirez ça de bord, si on le définit, des fois, on
dit souvent… on se fait refuser des amendements en disant : Bien non, il
ne faut pas le définir, parce que ça serait beaucoup plus ségrégué puis ça
pourrait être interprété de façon limitative, ce que l'on ne veut pas. Je
reprendrais cet argument-là, là, comme risque potentiel et je le nommerais; même
si certains pourraient dire : Bien, c'est redondant, bien, je le nommerais
pareil à la fin.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le député. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, comme je vous disais, là, on est en train de faire des vérifications, là,
relativement à tout ça. Donc, je pourrais prendre les autres questions en
attendant.
Le Président (M.
Bachand) :Ça va? Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'amendement? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Je reviens sur le concept de faute lourde puis je
lis les pages 6 et 7, là, du mémoire de Michaël Lessard par rapport à la
faute lourde. Le concept de faute lourde existait déjà à l'article 20 sur
la loi sur l'aide ou de l'indemnisation… de la loi sur l'indemnisation. Le
concept de faute lourde, ici, si on exclut... Parce qu'on l'exclut nommément de
l'interprétation à donner à «faute lourde», le fait de dire «d'avoir participé
à l'infraction», on l'exclut. Donc, «faute lourde»…
11 h 30 (version révisée)
M. Tanguay
: …de la Loi
sur l'indemnisation. Le concept de faute lourde, ici, si on exclut… parce qu'on
l'exclut nommément de l'interprétation à donner à faute lourde, le fait de
dire, d'avoir participé à l'infraction, on l'exclut, donc «faute lourde», ça
référerait, puis j'aimerais entendre le ministre là-dessus, par exemple, à une
insouciante telle ou à une mauvaise foi. Quel est le corpus jurisprudentiel
qu'on conserve ici, «faute lourde», on réfère à quoi? Je ne sais pas si le ministre
a deux, trois exemples, parce que quand vous me dites, normalement, en matière
civile «faute lourde», parce que c'est un concept surtout de… c'est l'application
du principe, dans nos cours de droit civil, la théorie des mains propres. La
théorie des mains propres fait en sorte que vous ne pouvez pas aller demander
justice si vous avez participé à un méfait pour lequel vous demandez justice.
Si vous avez été de mauvaise foi puis vous avez créé la faute reprochée à la
partie adverse de mauvaise foi, ne venez pas dire que vous en avez subi un
dommage, vous êtes la source initiale de cette faute-là. Donc, la faute lourde,
en matière d'indemnisation des victimes d'actes criminels, je reprends
l'exemple d'un contexte civil, lorsque vous avez une insouciance telle… ça,
c'est la personne qui fait du ski, M. le Président, puis qui dévale les pistes
de ski alpin puis qui ne respecte pas les règles de sécurité élémentaires, s'en
va dans le bois de reculons, est en état d'ébriété, ainsi de suite, se frappe,
bien, il n'y aura pas de responsabilité, c'est une insouciance, c'est une… Mais,
dans le contexte d'indemnisation, est-ce qu'on voudrait faire grief, je le dis
de même, à une personne qui aurait été insouciante? J'aimerais comprendre.
M. Jolin-Barrette : Mais les
critères, c'est les critères de l'article 1474 du Code civil du Québec.
Donc, il y a une faute lourde de la part d'une victime, lorsque cette dernière
a «un comportement qui dénote [...] une insouciance grossière et complète de la
conséquence des actes qu'elle pose, [laquelle] est à ce point probable et
prévisible — et non seulement possible — qu'il [est] à
peine croyable que la victime n'ait pas accepté, en agissant, le dommage qui
s'est réalisé.»
Donc, en termes jurisprudentiels, là, sur
la faute lourde avec l'IVAC, là, ils ont précisé la portée et la signification
à donner à l'expression «faute lourde» au fil des ans. Ainsi, pour être
indemnisé, il faut être une victime innocente, ne pas avoir contribué à son
propre malheur, ne pas avoir démontré une insouciance ou des conséquences de
ses gestes. Le comportement de la personne qui réclame ne doit pas dénoter une
attitude irresponsable ou téméraire compte tenu de la situation, et l'analyse
doit être faite, à partir de l'examen du comportement de l'individu, prise dans
son contexte d'ensemble. Chaque cas doit être analysé selon les circonstances
propres à chacune des demandes de prestation.
Donc, on se rattache aux critères du Code
civil, plus la jurisprudence qui a eu cours, au cours des dernières années, sur
la notion de faute lourde qui se retrouvait déjà dans l'ancienne loi sur
l'IVAC.
M. Tanguay
: Puis c'est
juste dans le contexte, puis le ministre me comprend, dans le contexte civil,
je comprends, théorie des mains propres, le ski de reculons, le soir, dans une
piste pas balisée, puis c'est… puis là vous vous blessez, puis vous dites :
Aïe! la montagne est responsable. Non. Mais dans le contexte d'indemnisation,
je ne suis pas sûr que le concept de 1474 puis d'insouciance… puis, encore une
fois, le ministre pourrait me dire… il pourrait peut-être me parler davantage
du corpus jurisprudentiel <justement…
M. Tanguay
: ...
dans
une piste pas balisée, puis c'est… puis là vous vous blessez, puis vous dites :
Aïe! la montagne est responsable. Non. Mais dans le contexte d'indemnisation,
je ne suis pas sûr que le concept de 1474 puis d'insouciance… puis, encore une
fois, le ministre pourrait me dire… il pourrait peut-être me parler davantage
du corpus jurisprudentiel >justement dans l'application de l'IVAC de
faute lourde parce que ce soit une personne… on va dire : Bien, comment ça
tu es allée à tel endroit, sachant tous les signaux, et ainsi de suite, puis tu
as été agressée sexuellement, par exemple. La personne aurait pu avoir fait preuve
de... Là, on l'exclut avec violence sexuelle, oui, le ministre a raison de le
dire, mais, même là, dans un contexte où tu as été réellement tête folle,
insouciante de faire ça, dans le langage commun, on entend ça, on ne va pas
indemniser, oui, mais, à la fin de la journée, elle est victime d'un acte
criminel, c'est juste ce concept-là, je l'applique… je vis très bien avec en
contexte civil, mais contexte criminel...
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, un membre d'un groupe criminalisé, c'est dangereux, il sait que ses
amis, collègues de travail, membres de ce groupe criminalisé là, ils ne vont
pas à l'église le dimanche chanter la messe, M. le Président, comme on dit, ce
n'est pas des enfants de choeur, donc ils ne seront pas admissibles, M. le
Président, parce que, nécessairement, si une infraction criminelle survient, on
s'attend qu'avec ce groupe criminalisé là, une infraction criminelle survienne,
alors ça ne sera pas couvert.
En réponse à la question du député de LaFontaine,
dans le fond, le concept de base, c'est 1474, la faute lourde, c'est le volet
civil qui a toujours été utilisé. Et la jurisprudence, ce qu'elle est venue
nous dire, là, c'est que pour être indemnisé, il faut être une victime
innocente, ne pas avoir contribué à son propre malheur, ne pas avoir montré une
insouciance des conséquences de ses gestes, le comportement de la personne qui
réclame ne doit pas dénoter une attitude irresponsable ou téméraire, compte
tenu de la situation, et l'analyse doit être faite à partir de l'examen du
comportement de l'individu. Donc, comme dirait le député de LaFontaine, c'est
in concreto, prise dans son contexte, et chaque cas doit être analysé selon les
circonstances des demandes de prestations. Donc, c'est une analyse
individualisée.
M. Tanguay
: Oui, effectivement,
l'exemple, là, du groupe criminalisé, c'est l'exemple classique qu'on reprend
souvent, mais il n'en demeure pas moins que «faute lourde», au-delà de ce
contexte-là que tout le monde comprend, demeurerait une potentielle épée de
Damoclès.
Alors, c'était mes préoccupations par
rapport à ça. On verra comment… jusqu'à maintenant, l'exemple classique, c'est
les groupes criminalisés, de motards criminalisés, mais on sait que ça peut
arriver à une personne qui ne participe pas dans un groupe de motards
criminalisés puis qui pourrait se voir fermer la porte. Je veux juste m'assurer
que la personne ne se fera pas reprocher un comportement qui l'empêcherait d'être
indemnisée, même si ça faisait preuve d'une insouciance qui se qualifierait de
faute lourde en matière de 1474, je ne me réconcilierais pas bien avec cette
réalité-là si on fermait la porte à une personne… Oui, elle a été gravement
insouciante, mais on va l'indemniser pareil, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
comprends, mais on ne va pas à l'encontre de ce que les <tribunaux...
M. Tanguay
: …insouciance
qui se qualifierait de faute lourde en matière de 1474, je ne me réconcilierais
pas bien avec cette réalité-là si on fermait la porte à une personne… Oui, elle
a été gravement insouciante, mais on va l'indemniser pareil, là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, je comprends, mais on ne va pas à l'encontre de ce que les >tribunaux
ont décidé et de l'ancienne disposition dans l'ancienne loi. Je pense que ça
fonctionne bien dans la situation actuelle, d'autant plus qu'on vient notamment
exclure, là, la violence sexuelle puis la violence conjugale.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions sur l'amendement?
M. Tanguay
: …réponse, M.
le Président. On peut suspendre une minute, le temps qu'ils se parlent.
Le Président (M. Bachand) :
On va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 37)
>
(Reprise à 11 h 40)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. M.
le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, pourquoi «violences subies pendant l'enfance» ne s'applique pas? Dans un
premier temps, il faut dire que les enfants de moins de 12 ans, ça ne
s'applique pas au concept de faute lourde. On vient raccrocher un mineur qui
serait victime de menaces, O.K., ça, c'est déjà exclu, quand il est susceptible
d'avoir des... quand il fait quelque chose sous la contrainte ou sous une
menace, il est déjà exclu. Par contre, on ne vient pas dire «violences subies
pendant l'enfance» pour couvrir tous les cas de figure. Exemple, un jeune de
16 ans qui commettrait une infraction criminelle, qui est passible de
poursuites criminelles, on n'exonère pas l'ensemble de la violence subie
pendant l'enfance pour faire en sorte qu'il ne puisse pas être... sa faute
lourde par rapport à une infraction propre, là, sur laquelle il n'est pas
menacé, pour laquelle il n'est pas contraint, bien, il ne pourra pas invoquer
la faute lourde. Donc, un jeune de 16 ans qui décide d'aller faire un vol,
supposons, lui, il ne pourra pas invoquer la faute lourde.
M. Tanguay
: Pourquoi, monsieur…
Oui. Pourquoi le 12 ans? Pourquoi pas le 14 ans, par exemple?
M. Jolin-Barrette : Le
12 ans, c'est parce que...
Une voix
:
M. Jolin-Barrette : Ah! à
partir de 12 ans, ils sont poursuivis pour des infractions criminelles.
M. Tanguay
: O.K. Il y
a-tu... Il y a la Loi sur les jeunes contrevenants.
M. Jolin-Barrette : ...sur
les jeunes contrevenants.
M. Tanguay
: C'est ça,
c'est la Loi sur les jeunes contrevenants, et jeunes contrevenants de 12 à
17 ans inclus.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
exactement, 12 à 17.
M. Tanguay
: O.K. Donc,
on voit que nos trois qui vont toujours de pair, toujours en ayant en tête
2926.1, il y a, là aussi, un atermoiement, là. Violences subies dans l'enfance,
mais en matière criminelle, Loi sur les jeunes contrevenants de 12 à
17 ans inclusivement, oui, vous êtes un enfant, vous n'êtes pas un <adulte...
M. Tanguay
: ...on
voit que nos trois qui vont
toujours de pair,
toujours en ayant
en tête 2926.1, il y a, là aussi, un atermoiement, là. Violences subies dans
l'enfance, mais en matière criminelle, Loi sur les jeunes contrevenants de 12 à
17 ans inclusivement, oui, vous êtes un enfant, vous n'êtes pas un >adulte,
mais vous n'aurez pas, entre guillemets, de passe-droit si vous avez commis un acte
criminel. O.K. Maintenant, comment les deux régimes vont se marier? La Loi sur
les jeunes contrevenants, comme telle, il y a des... Une infraction criminelle,
lorsque vous participez à l'infraction criminelle, mais il y a différents
qualificatifs aussi puis il n'y a pas de traitement criminel comme tel par des
procédures, le but, c'est de réhabiliter l'enfant. Est-ce qu'on veut... Est-ce
que tout geste... Parce que, là, il faudrait que j'aie relu, M. le Président,
la Loi sur les jeunes contrevenants, là, mais mon point, c'est que ce n'est pas
parce que vous vous qualifiez sur la Loi des jeunes contrevenants que l'on
doit, de facto, fermer la porte à une indemnisation, parce qu'il y a toute une
gradation. Alors, je ne voudrais pas qu'on fasse l'économie de cette
réflexion-là, je ne sais pas si le ministre me suit, là.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais si la personne commet une infraction criminelle... O.K. Si le jeune
contrevenant commet une infraction criminelle, il ne peut pas bénéficier du
régime, là.
M. Tanguay
: Et la
Loi sur les jeunes contrevenants trouve application uniquement lorsqu'il y a un
acte criminel comme tel de commis.
M. Jolin-Barrette : Je
ne suis pas un spécialiste, mais on va vérifier.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député.
M. Tanguay
: Oui,
c'est ça. Bien, on vérifie. Parce que le ministre comprend mon point, si la Loi
sur les jeunes contrevenants est d'application plus large que lorsque vous
commettez un acte criminel, à ce moment-là, le fait de vous exclure de l'article 16
parce que vous êtes sous l'égide de la Loi sur les jeunes contrevenants, on
élargit l'exclusion du jeune, là.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais il faut que ça constitue une infraction criminelle.
M. Tanguay
: Exact,
mais la Loi sur les jeunes contrevenants, est-ce qu'elle est plus large que les
infractions criminelles?
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais, la base de tout ça, là, pour être indemnisé, là, ce n'est pas que vous
êtes poursuivi en matière pénale, là, supposons, là, c'est le fait que vous
subissez une infraction criminelle pour être indemnisé.
M. Tanguay
: Oui,
mais où c'est écrit, dans l'article 16, qu'il faut que ce soit un acte
criminel...
M. Jolin-Barrette :
Bien, parce que...
M. Tanguay
: ...en
vertu de l'article… du deuxième alinéa... du deuxième paragraphe de l'alinéa
premier?
M. Jolin-Barrette : Non,
mais pour être indemnisé, là, votre demande d'indemnisation, vous êtes une
personne victime en raison de la commission d'une infraction criminelle, là,
l'article 16 vient dire : Bien, vous êtes... Dans le fond, vous ne
pouvez pas être indemnisé parce que vous avez commis une faute lourde. C'est
ça, le régime d'exception, là, de l'article 16, là. Dans le fond, si vous
commettez... Le principe de base de la loi, c'est on vous indemnise si vous
êtes une personne victime d'infraction criminelle. À 16 on vient dire : Si
vous avez commis une infraction... Si vous avez commis une faute lourde, vous
ne pouvez pas bénéficier du <régime...
M. Jolin-Barrette :
…
vous ne pouvez pas être indemnisé parce que vous avez commis une faute
lourde. C'est ça, le régime d'exception, là, de l'article 16, là. Dans le
fond, si vous commettez... Le principe de base de la loi, c'est on vous
indemnise si vous êtes une personne victime d'infraction criminelle. À 16 on
vient dire : Si vous avez commis une infraction... Si vous avez commis une
faute lourde, vous ne pouvez pas bénéficier du >régime d'indemnisation
relativement à une infraction criminelle sous réserve des exceptions qu'il y a
à 1, 2, puis, par la suite, là, violence sexuelle, violence conjugale.
M. Tanguay
: Ça, je
peux comprendre le un pour un. Autrement dit, vous… à partir de 12 ans, si
vous avez parti pris à l'infraction criminelle, vous êtes exclus, ça, c'est
clair, à partir de 12 ans, si vous avez parti pris à l'infraction
criminelle, vous êtes exclus.
M. Jolin-Barrette : Si vous
faites une faute lourde, vous êtes exclus à moins qu'elle ait été commise en
raison de la contrainte ou des menaces.
Le Président (M. Bachand) :M. le député
M. Tanguay
: Des
contraintes ou menaces pour les 12 ans, je ne le vois pas par contre.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond…
M. Tanguay
: Violences
ou menaces, là, je ne le vois pas pour les 12 ans par contre.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Donc, à
l'alinéa : «16. Aucune personne victime n'a droit à une aide financière en
vertu du présent titre si elle a été partie à la perpétration de l'infraction
criminelle dont elle est victime ou dont une personne visée au
paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 10 est victime ou si
elle a contribué, par sa faute lourde, à l'atteinte à son intégrité ou au décès
ou à l'atteinte à l'intégrité de cette personne, sauf :
«1° si la personne victime a été partie à
la perpétration de l'infraction ou a contribué, par sa faute lourde, à son
atteinte ou à l'atteinte ou au décès d'une autre personne parce qu'elle
subissait de violence ou une menace de violence;
«2° s'il s'agit d'un enfant de moins de
12 ans, d'un enfant inapte ou d'une personne inapte à la charge de la
personne victime décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de
la perpétration d'une infraction criminelle contre cette dernière.» O.K., juste
si on revient, là, la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents
vise les infractions criminelles, ça, c'est le principe de base.
M. Tanguay
:
exclusivement
M. Jolin-Barrette : Ce qu'on
me dit, c'est exclusivement. Ensuite, si l'enfant a plus que 12 ans, c'est
le paragraphe 1° qui s'applique, donc : «…parce qu'elle subissait de
la violence ou une menace de violence;». Si la… O.K., suivez-moi, là, 16,
paragraphe 1°, O.K., la personne victime a plus que 12 ans, O.K.,
elle a commis une faute lourde, donc un jeune de 14 ans a commis une faute
lourde, mais il se retrouve dans la… puis, lui, il est victime aussi, là, dans
le fond, il a commis une infraction criminelle, il l'a faite, faute lourde, là,
il se retrouve comme <personne…
M. Jolin-Barrette :
…
12 ans, O.K., elle a commis une faute lourde, donc un jeune de
14 ans a commis une faute lourde, mais il se retrouve dans la… puis, lui,
il est victime aussi, là, dans le fond, il a commis une infraction criminelle,
il l'a faite, faute lourde, là, il se retrouve comme >personne victime
aussi parce qu'il réclame à l'IVAC parce que c'est une personne victime. «1° si
la personne victime a été partie à la perpétration de l'infraction ou a
contribué, par sa faute lourde, à son atteinte ou à l'atteinte ou au décès
d'une autre personne parce qu'elle subissait de la violence ou [une] menace de
violence;», donc elle est là, son exclusion.
Donc, si tu subis de la violence ou menace
de la violence, tu avais 14 ans, puis l'adulte qui était avec toi, il dit :
Viens, on va aller faire un dépanneur sinon je te frappe ou je te bats pour que
t'ailles chercher l'argent au dépanneur. Faire un hold-up, supposons, à ce
moment-là, le mineur de 14 ans, même s'il a commis une infraction
criminelle, sa faute lourde, c'est lui qui a commis le crime, il avait l'arme,
puis tout ça, à ce moment-là, il va être exclu parce qu'il y avait une menace
contre lui ou il subissait de la violence.
M. Tanguay
: O.K. Ça
fait que ça, c'est une précision importante. Le 12 à 17 ans inclusivement
est couvert par le premier paragraphe du premier alinéa.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
M. Tanguay
: Bon.
Maintenant, puis il est là mon seul écueil, mon seul défi de compréhension, en
ce qui me concerne, qui demeure, il y a toujours deux vocables, il y a parti
pris à l'infraction criminelle, je participe au hold-up, je suis… bon, et faute
lourde qui est autre chose qu'être partie à l'infraction criminelle, faute
lourde, c'est deux concepts différents. Ma compréhension, c'est qu'on ne fait
pas bénéficier au jeune de 12 à 17 ans, exclus par notre compréhension du
deuxième paragraphe, on ne lui fait pas bénéficier du concept de faute lourde.
Je comprends qu'on ne lui fasse pas bénéficier du concept, Loi sur le système
de justice pénale pour adolescent, de la participation à l'infraction
criminelle, mais je ne vois pas, en application du principe «violence subie
pendant l'enfance», pourquoi on ne lui permettrait pas, à mon jeune de 12 à
17 ans qui aurait commis une faute lourde, d'être couvert pareil?
• (11 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Non, c'est
couvert par un, par paragraphe 1° : «si la personne victime a été
partie à la perpétration de l'infraction — donc, qui commet le crime,
O.K. — ou a contribué, par sa faute lourde — O.K. — à
son atteinte ou à l'atteinte ou au décès d'une autre personne parce qu'elle
subissait de la violence ou une menace de violence;», vous l'avez là, votre
violence. Dans le fond, là, les deux cas d'espèce, là, que le député de
LaFontaine illustre, là, je participe à l'infraction ou j'ai commis une faute
lourde qui a contribué à la perpétration de l'infraction, les deux cas d'espèce
sont là, sauf que je vais pouvoir exonérer tout ça puis bénéficier du régime
parce que je subissais de la violence ou menace de la violence.
M. Tanguay
: Je suis
d'accord avec le ministre. Il y a… je suis d'accord avec sa <lecture…
M. Jolin-Barrette :
…
lourde qui a contribué à la perpétration de l'infraction, les deux cas
d'espèce sont là, sauf que je vais pouvoir exonérer tout ça puis bénéficier du
régime parce que je subissais de la violence ou menace de la violence.
M. Tanguay
: Je suis
d'accord avec le ministre. Il y a… je suis d'accord avec sa >lecture,
tout à fait, par contre, je reviens au concept «violence subie pendant
l'enfance», ce n'est pas violence subie pendant que vous étiez adulte, c'est vous
étiez mineur, violence subie pendant l'enfance, il y a un régime particulier,
violence subie pendant l'enfance. Je suis prêt à vivre avec le fait qu'on
exclut le jeune de 12 à 17 ans parce qu'il y a parti pris à une
infraction criminelle, la loi fédérale, mais je ne lui aurais pas, au jeune
de 12 à 17 ans… parce que violence subie pendant l'enfance,
c'est un régime particulier, le jeune de 12 à 17 ans, je
lui aurais permis, indépendamment d'une analyse menace ou violence, qui est une
analyse chez les adultes, je lui aurais permis de s'exonérer, le cas échéant,
de sa faute lourde, indépendamment de menace ou violence, puis d'être
indemnisé.
M. Jolin-Barrette : Non, c'est
parce que le critère, là, de «violence subie pendant l'enfance», là, c'est pour
que, lui, il n'ait pas de délai de prescription. Dans le fond, l'enfant se fait
battre, se fait agresser sexuellement…
M. Tanguay
: Parce
qu'il est mineur.
M. Jolin-Barrette : Oui, dans
ce contexte-là, mais il faut comprendre qu'actuellement, là, la loi de
l'IVAC<V, <actuellement, là, >elle faisait en sorte, là, que,
dès que le parent, là, faisait une faute lourde, là, il venait disqualifier ses
enfants pour bénéficier du régime de l'IVAC. Là, nous, on va venir amener une
nuance entre ça, même si le parent subit… fait une faute lourde, ça ne va pas
venir disqualifier ses proches parce qu'ils vont pouvoir être indemnisés, parce
qu'eux aussi, tu sais, leur père, il décède, ou leur père est blessé, tout ça,
les enfants de la personne qui a commis la faute lourde, ils vont venir subir
un préjudice. Ici, ils vont être considérés comme des personnes victimes,
désormais, parce que ce n'est pas parce que votre père est un tout croche mais
que ça a des impacts sur vous, sur votre famille, mais vous devez être exonéré…
bien, ne pas être indemnisé complètement du fait de la faute lourde de votre
aïeul, ça, c'est une première chose.
Donc, là, on devient plus généreux, dans
le nouveau régime de l'IVAC, pour les enfants de la personne qui commet une faute
lourde ou qui prend part à la perpétration d'une infraction, mais, pour
l'enfant lui-même, là, dans le fond, en bas de 12 ans, il n'y a pas
d'enjeux, en haut de 12 ans, s'il y a une menace ou s'il y a de la
violence, s'il subissait de la violence, il va pouvoir tasser la faute lourde
puis il va pouvoir tasser le fait qu'il a participé à l'infraction.
M. Tanguay
: S'il y a
menace, mais…
M. Jolin-Barrette : S'il y a
violence ou s'il y a menace de violence.
M. Tanguay
: Est-ce que
l'on veut… puis là je comprends que le ministre, sa réponse, c'est non, est-ce
que l'on veut qu'un enfant de 14 ans qui a commis une faute lourde,
mais qui a été victime d'un acte criminel, lui, s'il n'y a pas présence de
menace ou violence, on l'exclue de l'indemnisation. La réponse, ça va être <oui…
M. Tanguay
: ...Est-ce
que l'on veut… puis là je comprends que le ministre, sa réponse, c'est non,
est-ce que l'on veut qu'un enfant de 14 ans qui a commis une faute
lourde, mais qui a été victime d'un acte criminel, lui, s'il n'y a pas présence
de menace ou violence, on l'exclue de l'indemnisation. La réponse, ça va être
>oui, hein, on l'exclut.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
on l'exclut de l'indemnisation.
M. Tanguay
: Moi,
ma philosophie, d'appliquer violence subie pendant l'enfance, parce que ça peut
être autre chose qu'une violence à la maison, ça peut être violence...
l'exemple du dépanneur, puis tout ça, ma façon d'appliquer violence subie
pendant l'enfance, c'est un régime particulier parce que tu as moins de
18 ans, puis tout ça, puis le jugement, puis, ainsi de suite, je l'aurais
exclu.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je ne partage pas ça parce que vous commettez une infraction criminelle à
17 ans, ce n'est pas vrai que vous allez avoir...
M. Tanguay
: Non,
pas l'infraction criminelle, la faute lourde, il faut dissocier les deux, là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, vous participez avec une faute lourde...
M. Tanguay
: Non,
l'insouciance, oubliez... parce que c'est deux choses distinctes, je ne suis
pas sûr, en tout respect, que le ministre voit la distinction.
M. Jolin-Barrette : Oui,
oui.
M. Tanguay
: C'est
qu'il y a un mur de Chine entre «vous n'êtes pas couvert si vous participez à
l'infraction», mur de Chine, ou si vous êtes tellement insouciant, 1474. Un
jeune insouciant de 14 ans, j'aurais dit : Tu es couvert pareil même
si tu as été insouciant. Puis, même s'il n'y a pas présence de menaces ou de
violence parce que «violence subie pendant l'enfance», ça veut dire que tu as
un régime particulier, puis on te laisse passer.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais l'insouciance devrait être démesurée<. L'insouciance devrait être
démesurée>, puis ce n'est pas des règles différentes qui s'appliquent
relativement au régime. Tu sais, dans le fond, l'adolescent va être poursuivi,
là, en matière criminelle, là, puis c'est analysé vraiment in concreto par
rapport au cas de la personne aussi. Donc, il n'y a pas d'enjeu, là, là-dessus.
M. Tanguay
: Puis
dernier élément, je comprends le... le dernier élément, je vais le dire de
même, là aussi, puis il n'y aura pas de rappel au règlement, on est à la
remorque du fédéral, je veux dire, c'est une loi fédérale, la Loi sur le
système de justice pénale pour les adolescents, ils ont mis ça à 12 ans, mais,
au Québec, notamment, on sait qu'en vertu du Code civil, vous pouvez consentir
à des soins à 14 ans, vous pouvez faire plein de choses à 14 ans,
plein de choses à 16 ans également, permis temporaire de conduite, et
ainsi de suite.
M. Jolin-Barrette : 16.
M. Tanguay
: 16, c'était
ça, 16. Là, on est à 12 ans parce qu'on fait copier-coller, on fait miroir
avec la loi fédérale, tu sais, alors qu'on aurait pu dire 14 ans qui semble,
au Québec, être la norme, là. En tout cas, je lance la réflexion à cet
effet-là.
Le Président (M. Bachand) :
Interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention, M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Nous sommes maintenant à l'article 16
tel qu'amendé. Interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention, M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe <parlementaire...
M. Tanguay :
Pour.
La Secrétaire
: Mme
Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Nous
sommes
maintenant à l'article 16 tel qu'amendé. Interventions? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la
secrétaire,
s'il vous plaît.
La Secrétaire
:
Pour, contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe >parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme
Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'article 16 tel qu'amendé est adopté. Merci. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Article 21, avec votre permission, je pense qu'on est rendus là, M. le
Président : «Un enfant victime âgé de 14 ans ou plus peut présenter
seul une demande de qualification.
«Lorsque le parent d'un enfant victime âgé
de moins de 14 ans ou le titulaire de l'autorité parentale d'un tel enfant
refuse ou néglige de faire la demande de qualification ou qu'il est l'auteur de
l'infraction criminelle qui est à l'origine de la demande de qualification, une
autre personne majeure peut présenter la demande pour cet enfant.»
L'article 21 prescrit que l'enfant
victime âgé de 14 ans ou plus pourrait présenter seul sa demande de
qualification. La demande d'un enfant de moins de 14 ans serait
généralement présentée par son parent ou par le titulaire de l'autorité
parentale. L'article 21 prescrit toutefois que lorsque ce parent ou ce
titulaire de l'autorité parentale refuserait ou négligerait de faire la demande
de qualification ou encore lorsqu'il serait l'agresseur de l'enfant, une autre
personne majeure pourrait faire la démarche au nom de l'enfant.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. M. le
Président<, on avait justement>, quelle ironie, là, à l'article 21,
on avait justement ce débat-là par rapport à 12 ans, 14 ans, 16 ans,
puis là on voit une autre application au Québec de… Je comprends la loi
fédérale, telle que faite, puis, à un moment donné, il faut être raccord avec
le traitement des infractions criminelles. Au fédéral, ils ont mis ça à 12 ans,
de 12 ans à 17 ans, pour être soulagés de la Loi sur le système de
justice pénale pour les adolescents, mais, au Québec, si on avait besoin d'une
preuve supplémentaire ou d'un exemple supplémentaire qu'au Québec, il y a quand
même une protection pour les 12-13 ans qui fait en sorte qu'à 14 ans,
vous avez un régime qui vous permet d'être un peu plus émancipé, ce qui veut
dire, à l'inverse, puis le corollaire de ça, ça veut dire qu'on va vous
protéger davantage, ayant 12 ans et 13 ans. Là, on voit que c'est un
élément, de façon très, très tangible, là-dessus.
«Lorsque le parent — deuxième
alinéa — d'un enfant victime âgé de moins de 14 ans ou le
titulaire de l'autorité parentale d'un tel enfant refuse ou néglige de [le]
faire [...] qui est à l'origine de la demande [...] une autre personne majeure
peut présenter la demande pour cet enfant. Ici, on parle de qui, «une autre
personne majeure»? J'imagine qu'il y a un lien particulier avec l'enfant, qui
participe du conseil de famille ou…
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, on ne voulait pas faire en sorte de…
M. Tanguay
: Pas un
majeur significatif, autrement dit.
M. Jolin-Barrette : Bien, on
ne voulait pas absolument que ce soit quelqu'un qui a la tutelle ou qui est
l'autre parent, tout ça, on voulait faire en sorte qu'un majeur près de
l'enfant puisse faire la demande pour lui. Donc, on ne voulait pas… on voulait
avoir davantage de flexibilité.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Compte tenu de l'heure, on suspend les travaux. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 heures)
12 h (version révisée)
M. Jolin-Barrette : ...on
voulait faire en sorte qu'un majeur près de l'enfant puisse faire la demande
pour lui. Donc, o<n ne voulait pas... O>n voulait avoir davantage
de flexibilité.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
Compte tenu de l'heure, on suspend les
travaux. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 heures)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 42)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi. La Commission des institutions reprend ses travaux. Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi
visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser
leur rétablissement.
Lors de la suspension de nos travaux, ce
matin, nous étions rendus à l'étude de l'article 21. Interventions?
M. Tanguay
: Oui.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Alors, on en était à discuter, avec le ministre, de
la dernière portion où : «<Lorsqu'un parent d'un enfant victime... >Lorsque
le parent d'un enfant victime âgé de moins de 14 ans ou le titulaire de
l'autorité parentale d'un tel enfant refuse ou néglige de faire la demande de
qualification ou qu'il est l'auteur de l'infraction criminelle qui est à
l'origine de la demande de qualification, une autre personne majeure peut
présenter la demande pour cet enfant.»
Alors, je comprends, pour garder ça dans
les intérêts de l'enfant, pour garder ça le plus large possible, que l'on ne
limite pas trop la qualification de la personne qui peut faire cette
demande-là, peut présenter une telle demande. Donc, une personne majeure... Puis
il n'y a pas lieu de dire : Bon, bien, il faut que ça soit une personne
significative. Puis on donnait l'exemple peut-être, là, d'une voisine ou d'un
voisin à la limite. C'est ma compréhension, puis le ministre pourra peut-être
la confirmer, que c'est très, très large, ça pourrait être le voisin ou quoi
que ce soit.
Ma question, puis c'est important que ça
soit dit à ces micros-ci, c'est qu'il n'y aurait pas lieu d'avoir, pour les administrateurs,
administratrices de l'IVAC, une sorte de questionnement sur : Est-ce que
c'est une personne significative? Non, non, non. Si cette personne-là agit de
bonne foi à sa face même, une personne qui est apte, évidemment, et qui le fait
au nom de l'enfant dans ce contexte-là, bien, ça serait accepté, sans qu'il y
ait un débat sur c'est-tu une personne significative, un parent, ou peu importe.
Le Président (M.
Bachand) :...M. le ministre, si vous
permettez, rappeler à la commission que, sur Greffier, vous allez trouver, sur
«documents distribués», le tableau des aides financières que le ministre nous a
fait parvenir. Donc, c'est sur Greffier, juste un élément d'information. Merci.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Bien,
effectivement, le critère, c'est une personne majeure qui peut faire la demande
au nom de l'enfant. Donc, on souhaitait avoir de la flexibilité, et que ça ne
soit pas nécessairement le tuteur ou le parent qui le fasse. Mais c'est
rattaché... Quand on regarde l'alinéa 2°, là : «Lorsque le parent
d'un enfant victime âgé de moins de 14 ans ou le titulaire de l'autorité
parentale d'un tel enfant refuse ou néglige de faire la demande de
qualification», donc ça veut dire, dans un premier temps, c'est le parent ou le
tuteur de l'enfant, O.K., le titulaire de l'autorité parentale.
Donc, la première étape, ceux qui doivent
faire la demande, c'est ces deux personnes-là... bien, ces trois personnes-là.
Si elles ne le font pas, là, à ce moment-là, c'est une personne majeure qui
peut le faire ou qui est l'auteur de l'infraction criminelle qui est à
l'origine de la demande de qualification. Donc, c'est en deux étapes. S'il a
moins de 14 ans, <c'est le parent...
M. Jolin-Barrette :
...
personnes-là... bien, ces trois personnes-là. Si elles ne le font
pas, là, à ce moment-là, c'est une personne majeure qui peut le faire ou qui
est l'auteur de l'infraction criminelle qui est à l'origine de la demande de
qualification. Donc, c'est en deux étapes. S'il a moins de 14 ans, >c'est
le parent, le tuteur. Puis, s'il y a refus ou négligence, là, à ce moment-là,
on passe à la personne majeure.
M. Tanguay
: Puis,
dans les aspects concrets, là, de la réalité triste que ça représenterait, là,
autrement dit, qu'un enfant de moins de 14 ans est victime d'un acte
criminel et que le tuteur ou le parent néglige de faire la demande ou est elle-même,
cette personne-là, auteur de l'acte criminel, évidemment va s'ensuivre... On conçoit
que ça va se faire dans un contexte beaucoup plus large où là on va probablement
remettre en question l'autorité parentale, on va peut-être déchoir une personne
de l'autorité parentale. Il y aura des débats qui seront faits là-dessus.
Mon point, c'est que l'enfant qui se
verrait octroyer, par exemple, des sommes d'argent, bien, ça va prendre un
administrateur ou une administratrice. Alors, on s'entend qu'ici...
article 21 ne pourra pas jamais vivre tout seul. Il y aura toujours un
autre contexte où, probablement, la cour va être saisie. Parce que là,
l'enfant, je veux dire, il est mal barré, là. Je veux dire, son tuteur, son
parent néglige... Il y aura un contexte plus large. O.K. C'est quoi, l'intérêt
de l'enfant? Puis, s'il n'y a pas de régime, on va lui en donner un spécifique,
puis on pourra, le cas échéant, gérer des sommes d'argent en son nom, et ainsi
de suite, là.
M. Jolin-Barrette : À
titre d'exemple, supposons que la DPJ est impliquée, donc, à ce moment-là, la
DPJ pourrait faire la demande pour l'enfant.
M. Tanguay
: C'est
bon.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur 21? S'il n'y a pas d'autre
intervention... Oui, Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Oui. On a
porté à mon attention, dans un cas de demande d'IVAC, qu'une mère qui faisait
une demande, pour son enfant de moins de 14 ans, devait fournir un rapport
d'évaluation psychologique. Son enfant avait été victime, et le responsable de
l'infraction criminelle était le père. Et le rapport qui était demandé par
l'IVAC devait être signé par le père. Et donc ça posait problème. Ça posait
problème à la mère de faire signer ce document-là d'expertise professionnelle
par le père parce que c'était lui qui était à l'origine de l'infraction.
Donc, je me demande s'il n'y a pas une
façon de prévoir que ça ne soit pas nécessaire, dans les cas où un des parents
serait l'agresseur ou le responsable de l'acte criminel,que seulement la
signature de l'autre parent puisse être demandée.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, effectivement, le cas que vous me relatez est préoccupant, là. Il
faudrait vérifier véritablement la nature de la situation, là. Mais, bien
entendu, lorsqu'il y a une demande qui est effectuée, elle est effectuée par le
parent, donc ça n'a pas besoin d'être les deux parents conjointement, là, <ou
par le tuteur...
M. Jolin-Barrette :
…le cas que vous me relatez est préoccupant, là. Il faudrait vérifier
véritablement la nature de la situation, là. Mais, bien entendu, lorsqu'il y a
une demande qui est effectuée, elle est effectuée par le parent, donc ça n'a
pas besoin d'être les deux parents conjointement, là, >ou par le tuteur,
ou par une autre personne majeure. Donc, il n'y a pas de processus de
validation du rapport d'expertise, là, dans le fond, à partir du moment où la
demande, elle est faite, elle est reçue.
Donc, c'est sûr que si la députée de Sherbrooke
a un cas concret à me soumettre qu'on peut regarder avec l'administration, je
vais le regarder s'il y a un enjeu, là, mais ce n'est pas supposé être la
norme.
Mme Labrie : Donc, j'entends
que, d'après le ministre, ça ne devrait pas être une demande qu'un membre du
personnel qui administre l'IVAC de demander à un parent que l'autre parent
signe aussi des documents, là, ça ne devrait déjà pas être une pratique qui a
cours. Ça fait qu'on pourrait lui soumettre ce cas-là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
effectivement, vous pouvez me soumettre le cas. Bien entendu, si le parent est
l'agresseur, ça n'a pas de bon sens, là, on s'entend.
Mme Labrie : Parfait.
M. Jolin-Barrette : Mais je
vous invite à me soumettre le dossier.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci
beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 21? S'il
n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 21 est adopté.
Merci beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
article 22, M. le Président. Et juste un complément d'information pour la
députée de Sherbrooke, on me dit que la signature d'un seul parent suffit.
Donc, je vous invite à…
Mme Labrie : Y compris pour
d'autres documents que la demande officielle, là? Parce que, là, ce n'était pas
pour la demande… ce n'était pas pour le formulaire de l'IVAC qu'on leur
demandait ça, mais bien pour d'autres documents pour compléter la demande.
M. Jolin-Barrette :
Théoriquement, ça devrait juste être un parent, mais je vous invite, encore une
fois, à me faire suivre le dossier.
Mme Labrie : Parfait. Merci.
M. Jolin-Barrette : 22, M. le
Président : «La qualification de la personne victime permet à cette
dernière de demander l'une ou l'autre des aides financières à laquelle elle est
admissible en vertu du présent titre.
«La personne victime qualifiée bénéficie
d'une aide financière en vertu du présent titre dès qu'elle remplit les
conditions pour être admissible à celle-ci.»
Cette disposition établit que la
qualification d'une personne victime lui permet de demander les aides
financières auxquelles elle a droit sous réserve qu'elle remplisse les
conditions prévues pour obtenir ces aides.
Donc, on a vu, c'est un processus en deux
étapes, M. le Président, où vous êtes qualifié, dans le fond, relativement à
l'infraction criminelle, et, par la suite, il y a les aides financières.
• (15 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre. M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Dans le
langage courant, ne pourrions-nous pas plutôt de lire «de demander», de dire «se
voir offrir»? Parce que j'ai comme l'impression que, si elle ne le demande pas,
elle ne l'aura pas. Si elle dit : Bien non, ça ne se passera pas de même.
Mais ne pourrions-nous pas, tout simplement, un petit amendement : «La
qualification de la personne victime permet à cette dernière de se voir offrir
l'une ou l'autre des aides financières à laquelle elle est admissible», plutôt
que «de demander»?
<(Consultation)
M. Tanguay
: ...qualification
de la personne victime permet à cette dernière de se voir offrir l'une ou
l'autre des aides financières à laquelle elle est admissible», plutôt que «de demander»?
>(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, ce n'est pas une offre, tu sais, ce n'est pas... on n'offre pas quelque
chose. Mais ce qu'on me dit, c'est qu'on pourrait utiliser, au lieu de
«demander», «de bénéficier». On pourrait utiliser «bénéficier».
M. Tanguay
: Oui.
Le Président (M.
Bachand) :Donc, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, on
va procéder à la rédaction de l'amendement. Merci. Et entre-temps, s'il y a
d'autres questions, je peux y répondre.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur l'article
22?
M. Tanguay
: Puis, ceci
dit, c'est correct, on va le laisser de même, l'article, mais je pense qu'on
dit deux fois la même chose dans les deux alinéas, là. Donc : «La
qualification de la personne victime permet à cette dernière de bénéficier de
l'une ou de l'autre des aides à laquelle elle est admissible», donc «la qualification
permet de bénéficier, puis l'alinéa 2° : «La personne victime
qualifiée bénéficie d'une aide en vertu du présent titre dès qu'elle remplit.»
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est un synonyme, là, les deux, là, «demander», «bénéficier».
M. Tanguay
: Oui, oui,
oui. Non, mais ce n'est pas... je n'en suis pas sur... Puis je vais prendre «bénéficier»,
c'est parfait, là, je vais le prendre à l'alinéa 1°. Mais j'aurais cru
qu'un seul des deux alinéas aurait pu faire le travail pour l'article 22.
Mais c'est correct, on va le laisser de même. J'ai comme l'impression qu'on se
répète, mais... puis pas par rapport à «demander» et «bénéficier». Mais,
autrement dit, la qualification fait en sorte que tu as accès, je pense que
c'est ça qu'on dit dans les deux. Mais c'est correct, on va le laisser de même,
si ce n'est pas...
M. Jolin-Barrette : On va
vous revenir avec une proposition, M. le député de LaFontaine, qui saura
répondre à votre demande.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, s'il
vous plaît.
Mme Weil
: Juste une
question. J'essaie de comprendre la différence entre le premier alinéa et le
deuxième. Dans les deux cas, bon, la personne se qualifie, pourra bénéficier
des aides, et c'est un peu ce qu'on dit dans l'autre aussi. Quelle est la
différence entre les deux? Qu'est-ce qu'il y a de différent dans la proposition
du deuxième alinéa?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, c'est descriptif, là. À l'alinéa 1°, ça dit la qualification, le
processus de qualification de la personne victime. Donc, un coup qu'elle est
qualifiée, ça lui permet, à cette dernière, de demander, ou de bénéficier, ou
de se voir offrir l'une des aides financières à laquelle elle est admissible en
vertu du présent titre. Ensuite, on dit : La personne victime qualifiée,
donc celle qui a été victime, bénéficie d'une aide financière en vertu du
présent titre dès qu'elle a rempli les conditions pour être admissible à
celle-ci. Donc, il y a des conditions à respecter pour être admissible en
fonction des différentes aides financières.
Je donne un exemple, le montant
forfaitaire. On va voir que, dans le fond, la qualification fait en sorte que
vous devenez... La première étape dans le processus, là, c'est : On vous
qualifie comme personne victime. O.K. Ce ne sont pas toutes les personnes
victimes qui vont bénéficier d'un montant forfaitaire. <À titre
d'exemple...
M. Jolin-Barrette :
...o
n va voir que, dans le fond, la qualification fait en sorte que vous
devenez... La première étape dans le processus, là, c'est : On vous
qualifie comme personne victime. O.K. Ce ne sont pas toutes les personnes
victimes qui vont bénéficier d'un montant forfaitaire. >À titre
d'exemple la victime qui subit l'infraction, donc la victime directe, si on
peut l'appeler, elle va bénéficier d'une indemnité forfaitaire. Par contre, un
autre type de victime ne va pas nécessairement bénéficier d'aide financière,
mais va bénéficier d'aide psychologique, donc c'est ça que ça signifie. Dans le
fond, chacune des aides est qualifiée... <Dans le fond, >chacune
des aides décrit quelles personnes victimes bénéficient de cette aide-là.
Donc, le forfaitaire, il n'est pas offert
à toutes les victimes. Exemple. Le forfaitaire, il n'est pas offert à la personne
significative. La personne significative va obtenir de l'aide psychologique, de
l'aide financière psychologique, mais elle ne bénéficiera pas de l'aide...
d'une somme forfaitaire. C'est ça, la distinction.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions? M.
le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Là, on
fait de la légistique. C'est le fun, on fait des beaux liens. Est-ce qu'on ne
pourrait pas ajouter «sous réserve de l'article 71 de la présente loi»,
qui permet au ministre d'octroyer un versement préalable?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Non, ce n'est
pas nécessaire. Ce n'est pas nécessaire parce que c'est au moment de la demande
de qualification. Donc, on n'a même pas besoin d'attendre.
M. Tanguay
: Mais c'est
parce qu'ici ça dit : «La personne victime qualifiée bénéficie d'une aide
financière en vertu... dès qu'elle remplit les conditions.» Alors, 71 fait un
régime particulier, elle ne remplit pas nécessairement les conditions, parce
que son dossier est en traitement, mais on va lui verser, en vertu de 71, un
versement préalable. Alors, si c'est dit que 22 ne fait pas échec au versement
préalable de 71, ce sera dit en ces micros, mais...
M. Jolin-Barrette : Non,
parce que la personne, elle n'est même pas qualifiée quand vous êtes à 71.
M. Tanguay
: C'est ça.
Et elle n'est pas qualifiée, elle ne remplit pas les conditions, et elle peut
recevoir un versement préalable. Or, 22 dit : Pour avoir un versement, tu
dois te qualifier. Alors, ça aurait été juste le lien, là.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
je comprends ce que le député de LaFontaine dit, mais, dans le fond, le régime
de 22, c'est quand qu'il y a une qualification. Là, le régime de 71, c'est
quand il n'y a même pas de qualification.
M. Tanguay
: Oui, mais
22, deuxième alinéa, une aide financière englobe nécessairement une aide
financière versée à titre de versement préalable. Alors, 22 dit : Pour
avoir une aide financière, ça, c'est assimilable à versement préalable, elle
doit remplir les conditions. 71, c'est un régime, tu n'as pas besoin de remplir
les conditions, tu as une aide financière sous le titre de versement préalable.
Donc, il y a l'existence du principe puis de l'exception. J'aurais juste fait
un lien avec «sous réserve de l'application de l'article 71», tout
simplement.
M. Jolin-Barrette : Non,
parce que c'est avant, ce n'est pas une exception <au principe général...
M. Tanguay
: ...
elle
doit remplir les conditions. 71, c'est un régime, tu n'as pas besoin de remplir
les conditions, tu as une aide financière
sous le titre de versement
préalable. Donc, il y a l'existence du principe puis de l'exception. J'aurais
juste fait un lien avec «sous réserve de l'application de l'article 71»,
tout simplement.
M. Jolin-Barrette :
Non, parce que c'est avant, ce n'est pas une exception >au principe
général, c'est avant même la qualification. C'est un régime qui est distinct.
M. Tanguay
: Parce que
l'article 70 et suivant, «la décision du ministre», quand on dit «décision
du ministre», c'est des décisions quant à la qualification de la personne
victime.
M. Jolin-Barrette : Oui, sauf
que dans le cadre de l'article 71, dans le fond, vous n'avez pas besoin de
la décision du ministre sur la qualification de la personne.
M. Tanguay
: C'est-à-dire
que la personne, en vertu de 71, n'a pas à être qualifiée.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Tanguay
: Bon. Et
ça, c'est une exception à 22, 71.
M. Jolin-Barrette : C'est un
régime distinct pour 71.
M. Tanguay
: Bon. O.K.,
ça fait que j'aurais juste fait le lien. Si le ministre ne veut pas le faire,
il n'y a pas de problème, mais j'aurais mis «sous réserve de l'article 71»,
parce que force est de constater que le dossier n'aura pas permis de qualifier
la personne, et, contrairement à ce que dit 22, elle aura accès à une aide
financière à titre de versement préalable.
M. Jolin-Barrette : Je comprends.
M. Tanguay
: Ça aurait
été bien écrit. Ça aurait été bon. Ça aurait été beau.
M. Jolin-Barrette : Mais je
suis à l'aise avec la version qu'on a, M. le Président. Des fois, j'accepte,
dans la majorité des cas, les suggestions du collègue de LaFontaine, mais, dans
ce cas-ci, je suis à l'aise avec le libellé.
M. Tanguay
: Puis peut-être
qu'à 71 je pourrais dire «nonobstant l'article 22».
M. Jolin-Barrette : Bien,
j'invite le collègue de LaFontaine à voir ma réceptivité, rendu à l'article 71.
M. Tanguay
: Ça serait
bien. Je ne sais pas si l'amendement est prêt, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Je ne sais pas.
M. Jolin-Barrette : Donc, on
va le déposer. Pour faire le... pour accéder à la demande du député de LaFontaine,
nos juristes ont réécrit l'amendement... bien, en fait, l'article, et ça se
lirait ainsi : Remplacer l'article 22 du projet de loi par le
suivant :
«La qualification de la personne victime
permet à cette dernière de bénéficier de l'une ou l'autre des aides financières
à laquelle elle est admissible en vertu du présent titre dès qu'elle remplit
les conditions prescrites.»
M. Tanguay
: C'est bon.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. C'est sur Greffier. Merci. Interventions? Mme la députée... de Notre-Dame-de-Grâce,
pardon.
Mme Weil
: Oui. La question
est pour le ministre. Donc, je sais qu'on ne fait pas avec 71, mais c'est deux
articles qui se... il y a un certain lien. Est-ce que 71, c'est plus comme une situation
d'urgence préalable, tout de suite, il faut accorder une aide quelconque, une
aide financière, mais que, par la suite, il y aura quand même l'analyse de la qualification?
M. Jolin-Barrette : Oui. Dans
le fond...
Mme Weil
: O.K. Donc,
c'est comme une étape qui vient avant la qualification.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme Weil
: Donc, c'est sûrement
d'urgence, c'est une situation d'urgence.
M. Jolin-Barrette : C'est
pour sortir la personne de son milieu toxique.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions sur l'amendement
du ministre? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa
mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention...
16 h (version révisée)
M. Jolin-Barrette :
...Oui. Dans le fond...
Mme Weil
: O.K.
Donc, c'est comme une étape qui vient avant la qualification, mais il faut...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme Weil
: Donc, c'est
sûrement d'urgence, une situation d'urgence.
M. Jolin-Barrette : C'est
pour sortir la personne de son milieu toxique.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions sur l'amendement
du ministre? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise
aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté.
On revient maintenant à l'article 22 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 22, tel qu'amendé,
est adopté. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Article 23,
M. le Président :
«Rien, dans la présente loi, n'affecte le
droit de la personne victime qui a choisi de présenter une demande de
qualification en vertu du présent titre de recouvrer de toute personne
responsable du préjudice subi les montants requis pour équivaloir, avec l'aide
financière reçue, à la perte réellement subie.»
Cette disposition réitère la possibilité
pour la personne victime qui a bénéficié de la présente loi de poursuivre
l'auteur de l'infraction criminelle pour obtenir la différence entre le montant
qu'elle obtiendrait au terme de la poursuite et les montants qui pourraient lui
être octroyés en vertu de la présente loi.
Cet article combiné à l'article 28,
qui sera proposé prochainement, précise que la personne victime qui choisirait
la poursuite de son agresseur pourrait bénéficier des aides financières
proposées par la présente loi pour les mêmes objets pour que la différence
entre le montant qu'elle obtiendrait au terme de la poursuite et les montants
qui pourraient lui être octroyés en vertu de la présente loi.
Donc, c'est la reprise de l'article 10
de la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui.
J'essaie de... Donc, la personne qui reçoit une indemnisation en vertu de l'IVAC...
«De recouvrer de toute personne responsable du préjudice subi les montants
requis pour équivaloir, avec l'aide financière reçue, à la perte réellement
subie.» Que c'est ça? Dans le fond, ce qu'on veut dire, là, c'est qu'elle peut
poursuivre pour le plein montant puis qu'on ne va pas lui déduire ce qu'elle a
reçu de l'IVAC. C'est ça qu'on dit.
M. Jolin-Barrette :
<
Dans
le fond, c'est pour la... >Dans le fond, si votre perte réelle,
supposons, était à 100 000 $, puis que l'IVAC, supposons, vous
indemnise à hauteur de 75 000 $, dans le fond, la personne peut
poursuivre pour le 25 000 $ qui reste.
M. Tanguay
: Et
pas pour le 100 000 $.
M. Jolin-Barrette :
Bien, si elle est poursuivie <par le... >pour la perte totale,
elle n'aura pas une double indemnisation, elle n'aura pas l'indemnisation de
l'État plus la totalité. Vous ne pouvez pas aller chercher, supposons,
75 000 $ de l'État plus un 100 000 $, ce qui ferait en
sorte 175 000 $. Tu sais, supposons que votre perte <réelle...
M. Jolin-Barrette :
…elle n'aura pas une double
indemnisation, elle n'aura pas l'
indemnisation
de l'État plus la totalité. Vous ne pouvez pas aller chercher, supposons, le
75 000 de l'État plus un 100 000, ce qui ferait en sorte, 175 000 $.
Tu sais, supposons que votre perte >réelle, c'est 100 000, là…
M. Tanguay
: Je comprends.
M. Jolin-Barrette : …ou
prenons-le sur l'aide financière palliant la perte de revenus, O.K.? Une personne,
là, qui travaille, là, nous, on vient pallier 90 % du revenu gagné, O.K.?
Il lui manque 10 %, elle va se retourner contre l'auteur de l'infraction
pour aller chercher le 10 %. Donc, ça… L'article 23 dit : Elle
peut aller chercher le 10 %. Mais, par contre, si elle va chercher la
totalité du remplacement, supposons qu'elle va chercher 100 % du
remplacement de revenu, l'État ne l'indemnisera pas. Par contre, elle n'aura
pas à être indemnisée par son 100 % plus un autre 100 %, là.
M. Tanguay
: O.K. Là,
il y a deux cas de figure. Normalement, l'IVAC va indemniser avant, selon
les délais, là.
M. Jolin-Barrette : Oui, parce
qu'on veut éviter que la victime, nécessairement, poursuive son… lui mettre le
fardeau de poursuivre son agresseur.
M. Tanguay
: C'est ça.
Mais, si d'aventure elle le fait, l'IVAC ne pourra pas revenir, là, pour se
faire rembourser, là?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: Ouch!
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est un peu la même chose avec les autres régimes d'indemnisation. Exemple,
supposons, en matière du… le «no fault», là, si vous choisissez une poursuite
privée, vous n'avez pas une double indemnisation, là, c'est des fonds publics,
là. L'État est là, et c'est pour ça qu'il y a un recours subrogatoire dans la
loi, entre autres, pour faire en sorte que l'IVAC puisse aller poursuivre le
fautif, la personne qui a commis l'infraction criminelle en lien avec
l'indemnisation.
M. Tanguay
: Oui. Le recours
subrogatoire de l'article 27. Est-ce que la victime<
peut — >, on va faire de la procédure civile< —>,
peut se joindre à ce recours-là, pour l'excédent?
M. Jolin-Barrette : Bonne
question. On va faire les vérifications.
M. Tanguay
: Ça serait
bon, ça serait bon. Parce que, si on parle, exemple, de perte de revenus, qui
serait substantielle… Puis les pertes de revenus, par contre, ça va être selon
des barèmes… Est-ce que la perte de revenus, ce n'est plus… Est-ce que c'est in
concreto ou c'est selon des barèmes, les pertes de revenus?
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est 90 %…
M. Tanguay
: Du revenu
réel.
M. Jolin-Barrette : …du
revenu réel de la personne.
M. Tanguay
: O.K. Il
pourrait y avoir, dans certains cas… Et ça, c'est-u trois ans ou cinq ans?
Je sais qu'il y a un deux ans…
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, c'est trois ans plus possibilité de renouveler pendant deux ans.
M. Tanguay
: O.K. Puis
ça, on le verra, la possibilité de renouveler, et le deux ans a toujours été… parce
que… Puis donc, dans certains cas, ça pourrait être des sommes très
substantielles. L'IVAC…
M. Jolin-Barrette : Vous
comprenez, le principe, c'est, pour la victime, on dit : Ce n'est pas
parce que vous êtes... Dans le fond, là, l'agresseur, là, on ne veut pas que
lui puisse opposer le fait que... vous ne pouvez pas prendre un recours contre
moi parce que vous avez déjà été indemnisé partiellement par <l'IVAC…
M. Jolin-Barrette :
...vous comprenez le principe, c'est, pour la victime, on dit : Ce n'est
pas parce que vous êtes...
Dans le fond, là, l'agresseur, là, on ne veut
pas que lui puisse opposer le fait que... vous ne pouvez pas prendre un recours
contre moi parce que vous avez
déjà été indemnisé partiellement par >l'IVAC.
On dit à la victime : Vous pouvez aller chercher la balance qu'il y a là.
Si vous allez chercher plus que la balance qui n'est pas indemnisée de votre
perte réelle, à ce moment-là, bien entendu, la somme excédentaire que vous avez
utilisée, que vous avez obtenue de la part de la cour contre la personne qui a
commis l'infraction, à ce moment-là, oui, vous la remboursez à l'IVAC parce que
vous avez déjà été indemnisé pour ce préjudice-là.
M. Tanguay
: Et ça, c'est
tous les chapitres pour lesquels on peut demander une responsabilité civile.
Donc, perte de revenus, également, le remboursement de certains frais médicaux,
et ainsi de suite. Alors, ça, ça s'ajoute. Si l'IVAC a payé tout ou partie de
ces frais-là, ça pourra être déduit.
M. Jolin-Barrette : Parce
que, dans le fond, là, supposons, si on parle de perte de revenus, là, la personne
actuellement va avoir 90 % du salaire maximum assurable qui est à
83 500 $. Donc, le maximum que vous allez avoir, c'est
75 000 $, 78 000 $, là, à peu près, là, de revenus. Parce
que supposons, là, que vous gagnez, là, 200 000 $ par année, O.K.? Le
régime de l'IVAC, ce qu'il indemnise, son montant total, là, de revenu gagné, c'est
83 500 $, donc 90 % de 83 500 $. Mais, si vous, vous
êtes...
M. Tanguay
: Non,
«don't go there».
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Jolin-Barrette : Vous
êtes...
M. Tanguay
: Employé.
M. Jolin-Barrette : …employé
d'une grande firme d'avocats et que vous gagnez plusieurs centaines de milliers
de dollars, à ce moment-là, vous allez bénéficier... votre maximum, là, c'est 83 500 $.
Mais, par contre, vous subissez une perte réelle sur votre salaire, là, sur le
reste, ça fait que ça se peut que vous vous retourniez au civil pour le
100 000 $ qui manque de l'autre côté. À ce moment-là, l'article 23
dit que vous pouvez aller chercher la balance qui est là.
M. Tanguay
: Et ça, c'est
intéressant. Puis aussi on peut aller au-delà du trois ans à cinq ans, je
veux dire, on peut faire la preuve devant la cour en droit civil que moi, je
suis justifié d'obtenir une indemnisation, perte de revenus sur 10 ans, 15 ans.
Ça va être un débat très particulier. Et là les années seront différenciées, je
veux dire, vous serez subrogé pour les années que vous avez couvertes, l'année 1,
l'année 2, l'année 3, peut-être jusqu'à 4, 5, mais, si la cour vous
indemnise le 10 % que vous n'avez pas indemnisé plus le 100 % de
l'année 6, 7, 8, bien ça, c'est des choses qui vont être différenciées.
Et, si, lorsque vous donnerez la
réponse... je trouve ça intéressant, puis on pourra peut-être se poser la question,
si le Code de procédure civile... parce que des fois, lorsqu'il y a le terme
utilisé... Lorsqu'on veut se joindre à une action, il y a une demande qui est
faite à la cour. Si vous, vous décidez, comme ministre, de dire : Bien,
j'ai indemnisé monsieur 90 % du salaire, ça représente donc, je ne sais
pas, je dis n'importe quoi, 150 000 $, on poursuit, bien, que l'on
s'assure qu'au Code de procédure civile il y ait une facilité pour la personne
de faire une sorte de jonction d'instance ou d'être plus que mise en cause,
d'être une partie demanderesse, de <s'ajouter...
M. Tanguay
:
…90 % du salaire, ça représente donc, je ne sais pas, je dis n'importe
quoi, 150 000 $, on poursuit, bien, que l'on s'assure qu'au
Code
de procédure civile il y ait une facilité pour la personne de faire une sorte
de jonction d'instance ou d'être plus que mise en cause, d'être une partie
demanderesse, de >s'ajouter puis que les critères ne viennent pas
réfréner la capacité pour une personne de demander une indemnisation qui
pourrait, à la limite, être en vertu de la charte québécoise des droits et
libertés, là, les… en matière de droits moraux… C'est-u ça, ce qu'on peut
réclamer, là, par rapport à la charte québécoise des droits et libertés?
Alors, qu'il y ait une analyse qui ne soit
pas limitative puis qui ne peut pas dire : Bien, vous, victime, vous avez
été indemnisée. J'ai un recours du Procureur général qui est subrogeant en
vertu de 27. Vous voulez poursuivre en plus pour des dommages punitifs en vertu
de la charte québécoise. Là, c'est plus ou moins le même débat, je vous refuse…
Qu'il y ait une certaine facilité pour que la victime se greffe.
• (16 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Alors,
j'ai la réponse, M. le Président. Oui, la personne victime peut faire une
intervention et déposer une procédure avec des allégations supplémentaires pour
l'excédent. Donc, elle pourrait se joindre au véhicule.
M. Tanguay
: Et en
vertu de quel article du code de procédure?
M. Jolin-Barrette : Bonne question.
Moi, vous savez, <j'ai fait… >j'ai appris avec l'ancien code. Je
vous aurais donné l'article de l'ancien code, là, mais…
M. Tanguay
: Ah oui?
Puis quel était-il?
M. Jolin-Barrette : Au
conditionnel. Je vous aurais donné.
M. Tanguay
: Moi, je
vous essaierais 67 de l'ancien code.
M. Jolin-Barrette : 67? On va
aller vérifier.
M. Tanguay
: Plus ou
moins 500 articles. Je dirais 67.
Le Président (M.
Bachand) : Je vais passer la parole à la députée de Sherbrooke
en attendant, s'il vous plaît. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : …vous cherchez la
réponse à cette question technique, je vous pose une question de néophyte en
matière de droit, mais, quand on dit «de recouvrer… toute personne responsable
du préjudice», est-ce qu'on inclut là-dedans, par exemple, une organisation, je
donne un exemple, une communauté religieuse, par exemple? Parce qu'on sait que
les victimes peuvent poursuivre au civil l'agresseur directement, mais
également une institution qui aurait été impliquée là-dedans aussi, par
exemple, en permettant à l'infraction de se perpétuer.
M. Jolin-Barrette : Oui, dans
le fond, en utilisant le terme «toute personne», «personne» comprend personne
physique ou une personne morale. Donc, ça couvre…
Mme Labrie : Toutes les
situations sont couvertes.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, s'il
vous plaît.
Mme Weil
: J'aurais une
question en lien. Justement, je me demandais si je devais le soulever
maintenant, mais à la lumière de la question de ma collègue de Sherbrooke… Dans
les recommandations de la commission sur l'exploitation sexuelle, une des
recommandations… et c'est suite à des recherches que j'ai faites aux
États-Unis, puis là je vois que l'Ontario vient d'adopter quelque chose de
semblable.
Pour les victimes d'exploitation sexuelle,
ça peut prendre des années avant qu'elles se rendent compte, mais il y a eu
surtout des plateformes d'hôtellerie, si on veut, où les gens ont témoigné de
ce qu'il se passait, donc l'hôtel même. Maintenant, dans… beaucoup d'États,
plusieurs États aux États-Unis sont responsables, mais ils ont vraiment établi
une collaboration avec les hôtels et toutes plateformes comme <Airbnb,
etc...
Mme Weil
: …surtout
des plateformes d'hôtellerie, si on veut, où les gens ont témoigné de ce qui se
passait, donc l'hôtel même. M
aintenant, dans certains…
beaucoup
d'États,
plusieurs États aux
États-Unis sont responsables, mais
ils ont
vraiment établi une
collaboration avec les hôtels et
toutes plateformes comme >Airbnb, etc., les motels aussi. Et donc ils
leur ont donné l'obligation, premièrement, d'avoir un numéro d'urgence, un
téléphone d'urgence si jamais… Et, s'ils voient qu'il y a 10 hommes — c'est
vraiment comme ça que c'est expliqué — dans le couloir qui attendent,
c'est sûr que les personnes à l'hôtel savaient ce qui se passait, donc, on
présume donc qu'ils sont de concours avec ça, ils ont fermé les yeux. Et les
hôtels sont obligés de donner une formation. Ils disent que 90 % de ces
activités se passent là et que finalement, dans ces États, Washington, l'Oregon
et d'autres aussi, il y a un recours civil imprescriptible, parce que ça peut
prendre longtemps avant que la femme… la jeune femme se rende compte de ce qui
s'est passé. L'Ontario vient d'annoncer une réforme qui va dans ce sens-là,
mais ils ont vraiment l'adhésion des hôtels de faire la promotion de la
sécurité, la formation, etc., et peut-être un recours, je ne me rappelle plus.
Alors, nous, ce qu'on a fait, j'avise le
ministre, parce que les gens ne voulaient pas aller… la commission, essentiellement,
c'est une recommandation au ministère de la Justice, d'explorer cette
possibilité-là. On se disait, on ne voulait pas se substituer au ministère de
la Justice, au ministre de la Justice pour faire l'analyse. Mais je vous le dis
parce qu'on est en train de parler justement de ces recours civils, et, pour l'exploitation
sexuelle, ça serait vraiment un outil extraordinaire.
Et, depuis ce temps-là, dans ces États où
ils le font, les hôtels font vraiment attention. Et là il y a même les
camionneurs qui embarquent dans cette lutte contre l'exploitation, parce qu'eux
sont souvent les premiers à le voir devant eux, et il y avait une série
d'articles qu'on a vus dans le Globe and Mail la semaine dernière sur
les camionneurs, etc., les routes où les jeunes filles du Québec font le trajet
jusqu'en Alberta, parce que c'est là où le proxénète peut faire le plus
d'argent. Donc, il y a beaucoup de gens qui, dans ce trajet, observent ces choses.
Alors, je voulais sensibiliser le
ministre, parce que c'est un recours civil. <Est-ce que… >Est-ce
qu'il y a une substitution? Je ne crois pas, dans ce cas-là, mais ce serait au
ministère de la Justice d'analyser dans le cadre de cette lutte contre l'exploitation
sexuelle. Alors, ça pourrait être intéressant comme…
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, certainement, on va étudier la recommandation et ce qui se fait à
l'étranger, et d'ailleurs il y a des travaux qui ont cours, là, avec ma
collègue au Tourisme, parce qu'elle est responsable des hôtels. Alors, oui, je
sais que c'est une des recommandations, puis on va l'étudier très certainement.
Mme Weil
: O.K.
Excellent.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. Il y
a différentes écoles… puis je ne sais pas, du côté des gens qui accompagnent le
ministre… Il y a l'intervention, 184 et suivantes, trouvées par Sophie
Chateauvert, du Code de procédure civile actuel, L'intervention de tiers à
l'instance : «L'intervention est volontaire ou <forcée». Puis là il
y a…
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions?
M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
:
Oui.
Il y a différentes écoles… puis je ne sais pas, du côté des gens
qui accompagnent le
ministre… I
l y a l'
intervention, 184
et suivantes, trouvée par Sophie Chateauvert, du
Code de procédure
civile actuel, L'
intervention de tiers à l'instance : «L'
intervention
est volontaire ou >forcée.» Puis là il y a des critères, L'intervention
volontaire, 185 et suivants.
L'ancien 67, moi, je trouve
que ça serait... <Plusieurs personnes… >Ancien 67 — je
ne sais pas c'est rendu quoi, le nouveau : «Plusieurs personnes, dont les
recours ont le même fondement juridique ou soulèvent les mêmes points de droit
et de fait, peuvent se joindre dans une même demande en justice. Cette demande
doit être portée en Cour du Québec…», si elle est compétente; sinon, en Cour
supérieure, si c'est elle qui est compétente.
Est-ce qu'il y aurait moyen d'imaginer, puis
ça, je trouve ça réellement intéressant, là, d'imaginer... D'abord,
question : La personne... Par subrogation, je suis la victime, vous m'avez
indemnisé trois ans de salaire. C'est 150 000 $. Moi, je
prétends que j'ai des dommages au-delà de cela pour un 250 000 $
additionnel. Est-ce qu'il est déjà prévu que, si le ministre, en vertu du 27,
est subrogé, je serai notifié pour dire : J'ai l'intention de poursuivre,
parce qu'à quelque part... ou je vais juste le savoir quand vous allez
m'envoyer un subpoena parce que vous allez vouloir que je témoigne à votre
cause? Comment ça fonctionne?
M. Jolin-Barrette : Non,
il faut juste faire attention, là. Exemple, dans les cas d'agression sexuelle,
là, les groupes nous l'ont dit, il y a une sensibilité aussi, là, à savoir,
dans les choix que nous allons faire d'intenter des recours subrogatoires, là,
ça ne sera pas tous les dossiers qui vont faire l'objet de recours
subrogatoires.
D'ailleurs, déjà, ce qu'on doit dire, c'est
que l'IVAC ne fait presque pas de recours subrogatoires actuellement. Moi, je
crois que les auteurs des infractions criminelles, à cause qu'ils ont soumis un
préjudice, ils doivent être poursuivis, puis ce n'est pas uniquement à la
collectivité à payer pour des gestes répréhensibles qui ont été posés. Ça, c'est
le principe général.
Après ça, moi, j'ai le souci aussi de
faire en sorte que, supposons, les victimes d'agression sexuelle, un, n'aient
pas à témoigner en cour pour... Si elles choisissent de ne pas témoigner en
cour, on ne veut pas les forcer à venir témoigner en cour. Je pense qu'il faut
avoir beaucoup de considération pour la démarche de la victime d'agression
sexuelle. Et donc, dans ce que vous dites, on ne fera pas venir témoigner une
victime à la cour qui ne souhaiterait pas faire cela.
Puis je vous soumets l'exemple
suivant : une personne victime d'agression sexuelle qui n'aurait pas fait
de dénonciation à la police, qui vient chercher de l'aide à l'IVAC, qui
viendrait indemniser à l'IVAC et qui fait le choix de ne pas faire une
dénonciation à la police, bien, elle sera indemnisée, elle sera soutenue par
l'IVAC, bénéficiera des différentes aides, soutien psychologique, tout ça, mais
il ne faudrait pas, par la suite, dans son cas, alors qu'elle ne souhaite pas
vivre l'expérience du système de justice, l'obliger à venir témoigner en cour
dans le cadre d'un recours <civil...
M. Jolin-Barrette :
…de ne pas faire une dénonciation à la police, bien, elle sera indemnisée, elle
sera soutenue par l'IVAC, bénéficiera des différentes aides, soutien
psychologique, tout ça, mais il ne faudrait pas, par la suite, dans son cas,
alors qu'elle ne souhaite pas vivre l'expérience du
système de justice,
l'obliger à venir témoigner en cour dans le cadre d'un recours >civil
parce que l'État se retourne contre l'agresseur. Vous comprenez? Donc, l'utilisation
du recours subrogatoire est vraiment à utiliser< avec>, je vous
dirais, avec doigté, propre à chacune des situations des personnes victimes
aussi. Donc, il ne faut pas que ce soit du mur-à-mur.
M. Tanguay
: C'est sûr.
M. le Président, le ministre, j'ose espérer que le ministre se rappelle toutes
les interventions que j'ai faites lors des auditions puis, jusqu'à maintenant, l'article
par article. Puis justement, sur le beau débat qu'on va avoir sur l'article 7,
puis le devoir de coopération, j'espère qu'il se rappelle tout ce que j'ai dit,
que c'est dangereux, c'est excessivement délicat. Il va avoir un long débat sur
l'article 7, débat pertinent sur ce que ça implique dans les cas, notamment,
d'agression sexuelle. Ici, évidemment, une fois qu'on a dit ça…
M. Jolin-Barrette : Juste, M.
le Président, je… Voilà, pour éviter que le député de LaFontaine perte du
temps, j'ai l'intention de retirer l'article qui a l'obligation de coopération…
M. Tanguay
: L'article 7.
M. Jolin-Barrette : L'article 7,
de l'amender.
M. Tanguay
: Oui, mais…
D'accord.
M. Jolin-Barrette : Ça fait
que je tiens juste à le dire à la commission, j'ai entendu les gens en
commission parlementaire. Puis, dans le fond, même s'il était là… pardon?
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : Même s'il
était là, dans l'ancienne loi… dans le fond, en consultation, on a entendu les
groupes puis, à juste titre, pour assurer que les groupes puis que les
personnes victimes… en fonction de leur volonté, on va s'assurer de le retirer
pour ne pas qu'il y ait d'ambiguïté.
M. Tanguay
: Quand on
sera rendu là, on pourra constater ça, M. le Président. Alors, mon point, ce n'est
pas… Puis le ministre le dit, il y a lieu de pouvoir, dans certains cas, exemple…
On n'est pas dans les cas d'agression sexuelle. Tout a été dit là-dessus, je
veux dire, tout a été dit, là, on ne va pas obliger une personne puis, je veux
dire, il n'y aura pas de subrogation pour obliger la personne à venir témoigner
pour agression sexuelle. Je les exclus, ces cas-là, parce que c'est
particulier. Puis préjudice subit dans l'enfance puis violence conjugale,
exactement dans… Attention! Mais le cas d'une personne qui a mangé un coup de
poing dans la face, une bataille de taverne, puis qui a perdu des revenus, puis
qui est compensé, le ministre a tout à fait raison, puis je l'invite
effectivement à ce qu'il peut y avoir des recours subrogatoires.
• (16 h 20) •
Puis ce n'est parce que ce n'est pas une
agression sexuelle, ce n'est pas parce que ce n'est pas un préjudice subit à
l'enfance ou violence conjugale que la personne aussi, ceci dit, M. le
Président, pourrait dire : Bien, moi, je ne suis pas à l'aise pour être un
témoin, ce serait parfaitement compréhensible. Mais, dans un cas où ça
s'applique… et j'imagine qu'il y aura un doigté nécessaire à ça, mon point est
encore bien plus technique que ça, lorsque le ministre, lorsque le Procureur
général, avec les administrateurs de l'IVAC, vont dire : O.K. Dans ce
dossier-là, là, ça, c'est un cas type où on va aller en recours subrogatoire,
que la victime soit notifiée en amont pour qu'elle puisse, en vertu de l'ancien 67
ou du nouveau 143, Code de procédure civile, se joindre à l'action dès le
jour 1, sans qu'elle ait à payer un avocat pour faire une requête en
intervention volontaire. C'est juste ça, qu'elle soit <notifiée…
M. Tanguay
: ...en
recours subrogatoire que la victime soit notifiée en amont pour qu'elle puisse,
en vertu de l'ancien 67 ou du nouveau 143,
Code de procédure
civile, se joindre à l'action dès le jour 1, sans qu'elle ait à payer un
avocat pour faire une requête en intervention volontaire. C'est juste ça,
qu'elle soit >notifiée. Parce que vous, par la suite, vous allez avoir
besoin du témoignage de la victime, fort probablement, fort probablement. Ce ne
sera pas... En tout cas, <le procureur, >je peux vous le dire, le
procureur, ça va être son premier témoin, s'il est capable de l'avoir, là, en
cour de justice civile, là. Son premier témoin, ça va être la victime.
Alors, dans ce contexte-là, où ça se fait,
selon la nature de l'infraction et tout ça, ça se fait très bien, tout le monde
est à l'aise, parfait, on y va. Je voudrais juste m'assurer qu'on ait une
boucle pour que la personne, en vertu de l'ancien 67 ou du
nouveau 143, puisse se joindre et puisse, elle, parfaire, en collaborant
avec... parce qu'elles sont codemanderesses, corequérantes, avec le PG,
parfaire... donc rembourser l'État pour l'indemnisation donnée puis compléter
son indemnisation pour l'extra qui n'a pas été compensé.
Mais ma question, M. le Président, si je
peux me permettre...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y, monsieur.
M. Tanguay
: ...parce que,
si ce n'est pas ça, quand sera notifiée la personne indemnisée? Si ce n'est pas
ça, quand sera notifiée, et comment, la personne indemnisée que le ministre
fait un recours subrogatoire?
M. Jolin-Barrette : On est en
train de faire les vérifications, là, pour vous répondre.
M. Tanguay
: O.K. Parce
que moi, je doute... La première nouvelle que je vais en avoir, si ce n'est pas
écrit à nulle part, ça va être : Vous êtes invité... un subpoena, on
aimerait ça vous interroger dans le cadre de tel procès. Il est clair que, peut-être,
une administratrice ou un administrateur de l'IVAC va vous dire : Vous
savez, dans votre dossier, je dois vous informer d'une chose — est-ce
qu'elle est autorisée à le dire, probablement que oui — je vous informe
qu'on est sur le projet puis on va poursuivre votre agresseur. O.K. Puis
qu'est-ce que ça implique pour moi? Bien, on va vous demander si vous voulez
témoigner. Vous ne serez pas obligé, mais vous allez recevoir un subpoena. Ah!
O.K. Donc, le train est déjà parti. Peut-être que j'aurais aimé ça… pas dans
tous les cas, mais peut-être que j'aurais aimé ça me joindre parce que j'ai
d'autres dommages, moi, là, là, surtout que, là, on enlève la rente viagère.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mais,
comme je vous disais, on fait des vérifications avec les spécialistes de la
procédure du ministère de la Justice. Actuellement, il faut dire qu'il n'y a
pas de recours subrogatoires qui sont entrepris dans l'ancienne loi.
M. Tanguay
: Mais,
quand même, ça existe. Puis je salue l'intention du ministre puis je pense que
je ne le cite pas mal que dans... je pense que c'est plus qu'hier moins que
demain, là, la subrogation, là. Parce qu'effectivement le régime va être plus
large, 4 000 nouvelles personnes indemnisées. Ce n'est pas tous des
cas d'agressions sexuelles, et, même s'il y en a beaucoup, c'est la très grande
majorité, c'est des cas qui concernent des violences sexuelles, conjugales ou à
l'enfance. On les exclut. Mais, dans les cas... j'imagine que le ministre, s'il
le met là... puis je trouve que c'est bien fondé aussi. Puis, dans l'économie
de nos tribunaux, tant mieux si le Procureur général apporte son expertise puis
sa compétence à un justiciable qui dit : Bien, moi, j'embarque,
effectivement, parce que je sais que le ministre était bien, bien, bien
généreux, mais il n'a pas été trop, trop généreux dans mon cas, ça fait que je
veux... tu sais, faire le lien.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
on fait le <maximum.
M. Tanguay
: O.K...
M. Tanguay
:
…apporte son expertise puis sa compétence à un justiciable qui dit : Bien,
moi, j'embarque,
effectivement,
parce que je sais que le
ministre
était bien, bien, bien généreux, mais il n'a pas été trop, trop généreux dans
mon cas,
ça fait que je veux… tu sais, faire le lien.
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais on fait le >maximum.
M. Tanguay
: O.K.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
M. Tanguay
: En
attendant la réponse, on peut-u suspendre?
M. Jolin-Barrette : Bien…
M. Tanguay
: Ça, c'est
quoi? C'est l'article 23, c'est ça? Parce que, s'il faut l'ajouter, peut-être,
<qu'>on pourrait l'ajouter là.
M. Jolin-Barrette : Oui, on
peut passer à 24 en attendant. C'est bon.
Le Président (M.
Bachand) : C'est bon. Est-ce qu'il y a consentement pour
suspendre l'article 23? Consentement. Merci. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : O.K.
«24. Une demande présentée en vertu de la Loi
sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, de la Loi sur
l'assurance automobile ou de la Loi visant à favoriser le civisme, refusée au
motif qu'elle aurait dû être présentée en vertu du présent titre, est néanmoins
réputée avoir été valablement présentée en vertu de celui-ci.»
Cette disposition assure qu'une demande
présentée erronément en vertu d'un autre régime public prévu dans la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles, la Loi sur
l'assurance automobile ou la Loi visant à favoriser le civisme ne constitue pas
un motif pour refuser la demande en vertu de la présente loi. La disposition
crée donc une présomption qu'une demande présentée erronément en vertu de l'une
de ces lois serait réputée pour avoir été valablement présentée en vertu de la
présente.
Donc, c'est la reprise de l'article 22,
actuellement, de la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Et
j'imagine, M. le Président, que, dans… parce que, par règlement, le ministre… Hier,
on a eu un débat là-dessus, là, par rapport au langage simple et clair du
formulaire. Je ne sais pas s'il s'en rappelle. C'est un débat…
M. Jolin-Barrette :
Passionant.
M. Tanguay
:
…passionnant. On a fait avancer le Québec, puis l'amendement a été refusé. On
va s'assurer que le formulaire de l'un soit compatible et par rapport au
formulaire de l'autre. Parce qu'on parle de l'harmonisation <des deux… >des
trois régimes, dans le fond, là, s'assurer que, dans la rédaction, <ça
puisse faire… >ça puisse être suffisamment complet pour justement
transiter vers d'autres régimes, <sans qu'on ait à… >parce que,
sinon, on passe à côté, sans qu'on ait à bonifier ou à compléter parce que, là,
je me suis trompé de régime, là, par le formulaire.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
mais l'objectif de l'article est de dire, dans le fond, si vous avez présenté
votre demande à la SAAQ au lieu de le présenter à l'IVAC, c'est compté comme si
vous l'aviez présentée à l'IVAC.
M. Tanguay
: C'est ça,
mais mon point, c'est que, dans la rédaction du formulaire, pour que ce soit,
considérant en vertu de 24, valablement présenté, il ne faudra pas qu'on me
redemande : Vous vous êtes trompé de régime, on vous change, puis voici le
formulaire dudit régime. Que ce soit un formulaire unifié pour les
trois régimes, comme ça, on évite… bien, parce que c'est ça, c'est ça, la
promesse de l'article 24. C'est la promesse de l'article 24.
M. Jolin-Barrette : Non, ce n'est
pas ça.
M. Tanguay
: Non, il n'y
a pas de promesse?
M. Jolin-Barrette : 24, ça
dit : Si vous l'avez présenté à la SAAQ par erreur, bien, c'est considéré
comme si vous l'avez présenté à l'IVAC. Vous n'êtes pas pénalisé pour ça. Pour
les formulaires associés, il faut que les formulaires soient simples. Mais ça
se peut qu'il y ait des données qui soient demandées à la CNESST, à la <SAAQ…
M. Jolin-Barrette :
…ça dit : Si vous l'avez présenté à la SAAQ par erreur, bien, c'est
considéré comme si vous l'aviez présenté à l'IVAC. Vous n'êtes pas pénalisé
pour ça. Pour les formulaires associés, il faut que les formulaires soient
simples. Mais ça se peut qu'il y ait des données qui soient demandées à la
CNESST, à la >SAAQ qui sont des renseignements différents de l'IVAC. Là,
j'imagine que les formulaires doivent être similaires, mais il peut y avoir des
particularités en fonction de chacun des régimes. Ça se peut que les
renseignements à fournir ne soient pas les mêmes, là.
M. Tanguay
: Donc, la
promesse de 24, mais uniquement, le ministre pourra me dire : Non, il n'y
a pas juste ça, <mais uniquement >pour la computation des délais.
M. Jolin-Barrette : Bien, ultimement,
ça revient à une computation des délais à l'avantage de la personne.
M. Tanguay
: Oui, je le
sais.
M. Jolin-Barrette : C'est
juste pour dire, si vous vous êtes trompé de porte, vous avez ouvert la
mauvaise porte, vous avez cogné à la mauvaise porte, ce n'est pas grave, vous
n'allez pas être pénalisé à cause de ça.
M. Tanguay
: Ce n'est
pas grave, uniquement en matière de computation de délais, mais ce n'est pas
grave, mais vous allez remplir le bon formulaire, par exemple. Il y a une autre
étape.
M. Jolin-Barrette : Bien oui,
mais ce qui est normal aussi.
M. Tanguay
: Bien, tel
que je le lisais, «…est néanmoins réputée avoir été valablement présentée», selon
moi, c'est qu'il y avait également un dossier complet.
M. Jolin-Barrette : Non, mais,
si l'IVAC… Oui, mais, si, à la SAAQ, ils ne demandent pas certains
renseignements puis ils demandent d'autres renseignements qui sont nécessaires
à l'indemnisation du régime, qu'à l'IVAC ils ont besoin de savoir autre chose,
là, ce n'est pas la même chose, il y en a que c'est un accident d'automobile,
l'autre c'est une infraction criminelle, ça se peut qu'il y ait des
renseignements différents qui soient demandés. Ça fait que vous ne pouvez pas
dire : Bien, écoutez, la demande que vous avez faite à la SAAQ, bien, elle
est finale et complète, puis l'IVAC ne peut pas vous demander les
renseignements qui vont, justement, vous permettre de vous indemniser
adéquatement, là.
Le Président (M.
Bachand) : J'aurais la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : J'aimerais ça… j'essaie
de visualiser des exemples, là, où ça se produire que quelqu'un se trompe
d'endroit pour adresser sa demande. Je ne sais pas si le ministre peut nous en
donner puis nous dire à quel point ça arrive souvent, là, que des gens se
trompent à ce point-là. Puis, si oui, il me semble que ça veut dire que
l'information n'est peut-être pas claire, là, parce que… effectivement, on veut
éviter que des gens remplissent tout un formulaire, puis ensuite se fassent
dire : Bon, bien, vous vous êtes trompé de porte, on ne tiendra pas compte
de cette erreur-là pour le calcul du délai, mais voici le nouveau formulaire
que vous devez remplir, qui est à peu près aussi long, là. Tu sais, c'est quand
même… C'est bien qu'on ne tienne pas compte du délai, mais à quel point ça
arrive souvent que les gens se trompent de porte? C'est quoi, les genres
d'exemples où ça peut se produire?
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
ne doit pas arriver très, très, souvent… j'essaie de penser… tu sais, il y a
peut-être des cas où des personnes se sont adressées à… bien…
Mme Labrie : Parce qu'on nous
a donné en audition des exemples de gens qui pourraient préférer, par exemple,
faire une demande à l'IVAC plutôt qu'à la CNESST parce qu'ils ne veulent pas
que leur employeur soit informé, par exemple, de ce qui se serait passé sur le
lieu de travail. C'est bon. Je vois des exemples comme ça, mais à ce moment-là
c'est…
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
prenons le cas d'une infraction criminelle survenue en automobile…
16 h 30 (version révisée)
Mme Labrie : ...des
exemples de gens qui pourraient préférer, par exemple, faire une demande à
l'IVAC plutôt qu'à la CNESST, parce qu'ils ne veulent pas que leur employeur
soit informé, par exemple, de ce qu'il se serait passé sur le lieu de travail.
C'est bon. Je vois des exemples comme ça, mais à ce moment-là...
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais prenons le cas d'une infraction criminelle survenue en automobile. Là, à
ce moment-là, c'est le régime de la SAAQ <qui va... >qui va
couvrir.
Mme Labrie : Bien, à ce
moment-là, la personne, elle ne s'est pas trompée.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais supposons qu'elle s'est adressée... Bien, le cas de l'infraction
criminelle au travail, effectivement, c'est un bon régime... c'est un bon
exemple. Donc, la demande doit être présentée à la CNESST. Je vous dirais...
Mme Labrie : Si on nous
disait, par exemple, que certaines victimes préféraient que la demande soit à
l'IVAC, même si ça pouvait être moins généreux, parce que ça n'impliquait pas
de le déclarer à l'employeur, ce que certaines victimes préféraient. Mais, en
tout cas, je... Moi, je n'en trouve pas non plus, des exemples, là. C'est ça.
J'imagine que cette disposition-là existe parce que ça répond à un besoin, mais...
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bon.
Prenons un cas d'exemple. Supposons, un livreur, O.K., qui se retrouve en
pause, <O.K., >puis qui va acheter, supposons, un billet
de... il va acheter un produit quelconque au dépanneur. Il se fait agresser,
subit une infraction criminelle à ce moment-là. Alors, il n'est pas au travail.
Il est dans une période de temps où il n'est pas en fonction, si je peux dire. À
ce moment-là, lui, il aurait pu penser qu'il était au travail, il aurait
présenté sa demande à la CNESST. Or, il aurait dû la présenter à l'IVAC parce
qu'il n'était pas dans le cadre de ses fonctions.
Mme Labrie : O.K.
Parfait. Donc... Mais ça doit être plutôt rare. Dans ce temps-là, on demande à
la personne de recommencer le processus.
M. Jolin-Barrette : Bien
là... Mais, en fait, là, ce qu'on dit... <On dit... >On lui
dit : C'est à l'IVAC que vous devez aller, mais par contre votre délai,
là, il n'est pas expiré. Dans le fond, c'est comme quand vous l'avez demandé à
la CNESST, ça a mis fin au chrono de l'horloge, là. Donc, vous le présentez à
l'IVAC. Exemple, là, vous le présentez, là, à deux ans, 11 mois. Votre
dossier est reçu... traité après trois ans. Puis là on vous dit : Aïe! Ce
n'est pas à la bonne place, c'était à l'IVAC. Donc là, ce qu'on va dire... on
va prendre la demande. On va demander sûrement des renseignements
supplémentaires pour compléter avec le bon formulaire, mais la personne <ne
se fera pas...
M. Jolin-Barrette :
...présentez, là, à deux ans, 11 mois. Votre dossier est reçu... traité
après trois ans. Puis là on vous dit : Aïe! Ce n'est pas à la bonne place,
c'était à l'IVAC. Donc là, ce qu'on va dire... on va prendre la demande. On va
demander
sûrement des
renseignements supplémentaires pour
compléter avec le bon formulaire, mais la personne >ne se fera pas... par
l'IVAC, le fait de dire : Vous n'étiez pas au bon endroit.
Mme Labrie : Ça, c'est très
bien. Je fais juste me demander comment on pourrait mieux accompagner les gens
en amont pour leur éviter ça, tu sais. Même si on ne tiendra pas compte, là, de
ce délai-là, c'est quand même un stress supplémentaire, un délai
supplémentaire, au final, avant d'en avoir, de l'aide pour la personne qui n'a
pas frappé à la bonne porte. Comment on peut s'assurer que les gens vont bien
savoir à quelle porte frapper?
M. Jolin-Barrette : Mais c'est
sûr qu'il y a la publicité, il y a le renseignement aussi, mais, dans le projet
de loi, on met une disposition maintenant qui va faire en sorte que, exemple,
avec Montréal, on avait cet enjeu-là, avec le SPVM, à l'effet que, maintenant,
toutes les victimes d'infractions criminelles vont recevoir, suite à la
dénonciation, tu sais, à la police, supposons, dans le cas du dépanneur, ils
vont recevoir une enveloppe qui dit : Vous avez été victime d'infractions
criminelles, voici les services du CAVAC, voici les services de l'IVAC. On va
pouvoir les rattacher comme ça.
Mme Labrie : Parfait. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va? Interventions sur 24? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Par
rapport à la Loi visant à favoriser le civisme, est-ce que c'était déjà prévu
dans la Loi sur l'indemnisation, ça, cette loi-là... ce régime-là?
M. Jolin-Barrette : Oui. L'article 22
se lisait ainsi : «Une demande valablement formulée en vertu de la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles ou en vertu de la Loi
visant à favoriser le civisme et refusée par la commission au motif qu'elle
aurait dû être formulée en vertu de la présente loi est néanmoins réputée avoir
été valablement formulée suivant celle-ci.» Donc, c'était l'article 22 de
l'ancienne loi.
M. Tanguay
: O.K. Et le
civisme, la loi sur le civisme, ça, permet donc une indemnisation. Puis là, en
lisant ça, puis je regarde la Loi visant à favoriser le civisme, c'est une
personne... un sauveteur qui a subi, exemple, article 2, un préjudice ou,
s'il en décède. C'est tout ce qui n'est pas du régime, hors de l'article 11
du 84, qui est le civisme dans un contexte d'acte criminel. Là, on parle du
civisme dans un contexte qui n'est pas d'acte criminel. J'imagine que c'est là
où les deux régimes se complètent.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mais oui,
les deux régimes se complètent. Donc, si vous avez fait un acte sur le civisme...
Puis vous avez droit d'être indemnisé en vertu de cette loi-là, parce que c'est
les mêmes aides, hein, qui sont formulées. Donc, à ce moment-là, vous allez
pouvoir bénéficier du régime de l'IVAC. Supposons que vous étiez un sauveteur,
vous allez pouvoir bénéficier de la bonne loi, là. Dans le fond, c'est un
régime d'indemnisation aussi qu'il y a à la loi sur le civisme.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député.
M. Tanguay
: J'ai, ici,
copie du mémoire — donc, merci pour la réponse — mémoire du
Groupe d'aide et d'information sur le harcèlement sexuel au travail de la <province
de Québec inc...
M. Jolin-Barrette :
…d
ans le fond, c'est un régime d'indemnisation aussi qu'il y a à la loi
sur le civisme.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député.
M. Tanguay
: J'ai,
ici, copie du mémoire — donc, merci pour la
réponse — mémoire du Groupe d'aide et d'information sur le
harcèlement sexuel au travail de la >province de Québec inc., mémoire
qui a été déposé à la commission. Et à la page 6 de leur mémoire : «Les
infractions criminelles, l'aide financière et la CNESST; et
«En ce sens, nous croyons que les
personnes victimes d'une infraction criminelle à l'emploi devraient avoir le
choix d'utiliser <le recours… >les recours qui s'ouvrent à elles
selon la LATMP ou selon <la… >l'IVAC.» Et eux, là.. Puis le reste
du mémoire faisait en sorte… «démontrer qu'elle a subi un événement imprévu et
soudain», et ainsi de suite.
Il pourrait y arriver certains cas,
notamment au niveau de la générosité, «d'un régime ou de l'autre où»... et eux
le soumettent. J'aimerais savoir où le ministre loge-t-il par rapport à ça, où
on offre le choix, toujours dans un contexte où une personne pourrait opter «pour
le système le plus généreux», comme on a déjà, dans un autre amendement, fait
écho à cela, par rapport aux aides financières qui se cumulaient, là. Est-ce
que la porte est fermée en ce sens-là?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Votre
question précise, la porte est fermée par rapport…
M. Tanguay
: À ce
qu'une personne puisse opter pour un régime ou l'autre si, d'aventure, elle
pourrait se qualifier? Exemple, un acte criminel sur le lieu du travail.
M. Jolin-Barrette : Oui. Dans
le fond, la LATMP a priorité. La Loi sur les accidents de travail et les
maladies professionnelles a priorité. C'est un régime contributoire,
contrairement à celui de l'IVAC.
M. Tanguay
: O.K. Et
ça, c'est… À quel endroit c'est inscrit, ça, qu'elle a priorité?
M. Jolin-Barrette : À
l'article 59.
M. Tanguay
: Du projet
de loi n° 84. On va y aller. O.K. Ça fait qu'on pourra faire ce débat-là.
Je faisais écho ici, M. le Président, donc, de ce regroupement, groupe
d'aide, qui demandait la possibilité d'opter pour le régime le plus généreux,
le cas échéant, mais on pourra faire le débat à 59, M. le Président. Mais
j'entends qu'à ce stade-ci le ministre n'a pas l'intention d'aller en ce
sens-là ou même d'amender 59, là.
M. Jolin-Barrette : Non.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur l'article 24? S'il n'y
a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 24 est adopté.
Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 25 : «La demande de qualification interrompt la
prescription, prévue au Code civil, de l'action de la personne victime en
réparation de son préjudice jusqu'au jour où le ministre ou, selon le cas, le
Tribunal administratif du Québec rend sa décision sur la demande.»
Cette disposition prescrit une
interruption de prescription au Code civil dès que la demande <de
qualification…
Le Président
(M. Bachand) : ...M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Oui. L'article 25 : «La demande de qualification interrompt la
prescription, prévue au Code civil, de l'action de la personne victime en
réparation de son préjudice jusqu'au jour où le ministre ou, selon le cas, le
Tribunal administratif du Québec rend sa décision sur la demande.»
Cette disposition prescrit une
interruption de prescription au
Code civil dès que la demande >de
qualification serait présentée, et ce, jusqu'au jour où la décision définitive
serait rendue relativement l'admissibilité de la personne à une aide financière.
Donc, c'est la reprise de l'article 2
<de la loi sur... >pardon, de l'article 12 de la Loi sur l'indemnisation
des victimes d'actes criminels. Donc, c'est ça, c'est des délais qui sont
prévus au Code civil, donc c'est l'interruption de la prescription.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de
LaFontaine.
• (16 h 40) •
M. Tanguay
: Oui.
Donc, c'est... Le simple fait de déposer le formulaire interrompt la
prescription...
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
M. Tanguay
: ...indépendamment
de sa recevabilité ou quoi que ce soit d'autre. Parfait. Et, en aucun cas, on
pourra faire grief à une personne de l'avoir déposé hors prescription dans le
cas de l'imprescriptibilité, là.
M. Jolin-Barrette : Dans
les cas de violence sexuelle, de violence conjugale, et de violence subie
durant l'enfance.
M. Tanguay
: Puis
là vous allez dire...
M. Jolin-Barrette : Dans
le fond, il n'y a plus de délai.
M. Tanguay
: Il
n'y a plus de délai. Dans le fond, il n'y a plus de délai. Dans le fond, on ne
pourrait jamais, dans aucun cas d'espèce, <on ne pourrait jamais >faire
grief, si on voulait être de mauvaise foi, d'une personne d'avoir déposé une
demande d'indemnisation ayant fait perdre, exemple, le recours à une
subrogation, là. Parce que, deux choses l'une, c'est soit imprescriptible en
vertu de 2926.1, on fait miroir, jusqu'à un certain point, dans la loi n° 84. Et le délai de trois ans, pour déposer la demande,
est-ce qu'il y a un miroir parfait entre cette prescription-là des recours
civils qui est de trois ans et le trois ans pour déposer une demande? Est-ce
que c'est le même... la même analyse, les mêmes critères?
M. Jolin-Barrette :
C'est la même chose.
M. Tanguay
: C'est
la même chose.
M. Jolin-Barrette :
C'est un délai de trois ans de prescription, sous réserve que l'incapacité, en
fait, d'agir a été élargie. Et, dans le fond, votre délai de trois ans, ça
devient une...
M. Tanguay
:
Motifs raisonnables.
M. Jolin-Barrette :
...des motifs raisonnables. Ça veut dire que le délai, il est plus flexible,
donc vous pouvez excéder le délai de trois ans si vous avez des motifs
raisonnables. On se souvient, on est parti de l'incapacité, en fait, d'agir. On
est parti de deux ans incapacité, en fait, d'agir, et là on se retrouve à trois
ans, plus motifs raisonnables, ce qui est un critère beaucoup plus bas pour
bénéficier du régime d'indemnisation.
M. Tanguay
: Et,
dans le Code civil du Québec, pour être relevé du défaut d'avoir déposé un
recours dans le délai prescrit, dans la prescription, c'est impossibilité, en
fait, d'agir. Dans le Code civil, c'est ça.
O.K. Et donc ça veut dire, M. le Président — on
sait que c'est l'ancien 12 — <ça veut dire >que, moi, je
suis victime d'un acte criminel, il y a deux ans et demi. Je dépose une demande
d'indemnisation à l'IVAC <pour la personne... >pour la
personne qui est, selon mon témoignage, l'auteur de l'acte criminel, que je
pourrais éventuellement poursuivre. Pour cette personne-là, si, mettons, à
trois ans moins une semaine, je dépose ma demande à l'IVAC, lui, <il n'est
pas sorti...
M. Tanguay
: ...pour
la personne... pour la personne qui est, selon mon témoignage, l'auteur de
l'acte criminel, que je pourrais éventuellement poursuivre. Pour cette
personne-là, si, mettons, à trois ans moins une semaine, je dépose ma demande à
l'IVAC, lui, >il n'est pas sorti de l'auberge, là, la prescription est
interrompue pour pouvoir le poursuivre au civil. C'est ça qu'il faut
comprendre.
M. Jolin-Barrette : Qui
poursuivez-vous, là?
M. Tanguay
: Moi, je
suis victime d'acte criminel, il y a trois ans moins une semaine<, je
suis victime d'acte criminel>. Je dépose ma demande d'indemnisation à
l'IVAC, puis j'ai l'intention, à un moment donné, de poursuivre. Mais ma
prescription de trois ans pour mon litige civil, elle est interrompue, ma
prescription, à ce niveau-là.
M. Jolin-Barrette : Ça
suspend tant que la Direction de l'indemnisation des victimes d'actes criminels
n'a pas déposé de demande... a statué sur votre demande. Mais au-delà de ça, la
disposition, pour votre recours civil, est de 10 ans, à 2926.1.
M. Tanguay
: Oui. O.K.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, là, pour le régime public, là, il y a interruption de la prescription à
partir du moment où vous déposez votre demande. Donc, c'est trois ans, votre
délai pour l'IVAC, O.K.? Puis à partir du moment où vous déposez, ça interrompt
la prescription. Mais votre autre prescription, là, contre l'auteur de
l'infraction, si vous prenez un recours, une demande civile à l'encontre de
l'auteur de l'infraction, là vous tombez dans le régime de 10 ans, là.
Votre délai de prescription, il est plus long en matière civile.
M. Tanguay
: «En
réparation de son préjudice jusqu'au jour...» Donc, l'interruption de 25
s'interrompt au jour où le ministre ou, selon le cas, le TAQ rend sa décision
sur la demande...
M. Jolin-Barrette : Finale.C'est
ça.
M. Tanguay
:
...indépendamment de la nature de la décision, que ce soit accepté ou indemnisé...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Tanguay
: ...il y a
fin de l'interruption.
M. Jolin-Barrette : Ça
suspend la prescription de nature civile.
M. Tanguay
: O.K.
M. Jolin-Barrette : Donc, exemple,
si vous présentez votre demande à l'IVAC, O.K., ça s'en va au tribunal, ça
prend cinq ans, bien, votre prescription a été interrompue, sur votre recours
civil aussi.
M. Tanguay
: C'est-à-dire
la prescription est de 10 ans. Mais là, dans le cas d'espèce où ma
prescription est de 10 ans... Puis à 10 ans moins une semaine, je
dépose à l'IVAC...
M. Jolin-Barrette : Non, pas
à l'IVAC.
M. Tanguay
: ...là, je
suis hors délai...
M. Jolin-Barrette : Vous êtes
hors délai.
M. Tanguay
:
...pour l'IVAC, mais je suis toujours dans mon délai pour le civil.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
sous réserve que ce n'est pas une infraction imprescriptible.
M. Tanguay
: Oui, les
trois cas d'espèce, là, plus bas, de 2926.1. C'est là où un voit un petit peu
qu'on voit la générosité, entre guillemets... c'est-à-dire, pas la générosité,
mais la... Un peu plus facile d'étirer le délai, dans le contexte de l'IVAC, par
rapport aux trois ans, parce que c'est motif raisonnable. Puis le trois ans du
Code civil, ou le 10 ans du Code civil, c'est impossibilité, en fait,
d'agir. Là, on a une certaine malléabilité plus grande pour l'IVAC. Mais, dans
le contexte du 10 ans moins une semaine, je ne suis pas prescrit au civil,
mais je suis prescrit à l'IVAC. Il y a comme un retour <du balancier,
là...
M. Tanguay
: ...le
10 ans du Code civil, c'est impossibilité, en fait, d'agir. Là, on a une
certaine malléabilité plus grande pour l'IVAC. Mais, dans le contexte du
10 ans moins une semaine, je ne suis pas prescrit au civil, mais je suis
prescrit à l'IVAC. Il y a comme un retour >du balancier, là, et... O.K. C'est
bon.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur l'article 25? S'il n'y
a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 25 est adopté.
Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président, pour l'article 26. Donc, l'article 26 : «Une
personne victime qui fait une demande de qualification doit, sans délai, aviser
le ministre de tout changement de situation qui affecte sa qualification ou son
droit à une aide financière ou qui peut influencer sur le montant d'une telle
aide.
«La personne victime avise le ministre selon
les conditions, les normes et les modalités prescrites par règlement du
gouvernement.»
Cette disposition assure qu'après le dépôt
d'une demande de qualification le ministre soit avisé de tout changement dans
la situation d'une personne victime qui serait susceptible d'avoir un impact
quant à sa qualification ou à son droit à une aide financière.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Est-ce
qu'il y a un article, dans la loi actuelle, sur l'indemnisation à cet effet-là,
ou c'est nouveau?
M. Jolin-Barrette : Dans la Loi
sur l'indemnisation?
M. Tanguay
: Oui,
actuellement.
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
pas de référence.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Pas dans
la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels, mais dans la Loi sur
les accidents de travail et maladies professionnelles, il y a cette disposition-là.
M. Tanguay
: O.K. Là,
on harmonise les régimes dans ce contexte-là. Et, quand on dit «sans délai»,
c'est la même formulation, j'imagine, c'est «sans délai». «Sans délai», c'est
dans les meilleurs délais, là, je veux dire. À partir de quand on peut faire
grief à une personne de n'avoir pas agi suffisamment tôt, quand on dit «sans délai»?
Parce qu'il va y en avoir, des délais.
M. Jolin-Barrette : Bien, «sans
délai», c'est dans les meilleurs délais, là.
M. Tanguay
: C'est ça.
M. Jolin-Barrette : C'est de
façon contemporaine.
M. Tanguay
: Et «de
tout changement de situation qui affecte sa qualification ou son droit à une
aide financière ou qui peut influencer sur le montant d'une telle aide». Je ne
sais pas si vous avez, en matière d'indemnisation, des exemples de ça.
M. Jolin-Barrette : Bonne
question.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) :Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Prenons
l'exemple d'une personne qui subit une atteinte, et elle fournit un rapport
médical, et il y a un changement dans sa situation personnelle. On souhaite
qu'elle avise l'IVAC relativement au <rapport médical...
Le Président (M.
Bachand) : …m
erci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Prenons l'exemple d'une
personne qui subit une atteinte, et elle
fournit un rapport médical, et il y a un changement dans sa
situation
personnelle.
On souhaite qu'elle avise l'IVAC relativement au >rapport médical. Exemple,
là : Vous avez une évaluation, puis vous avez une incapacité temporaire de
travailler, puis qui… Finalement, elle se réhabilite, elle devient consolidée,
là. Bien, on lui demande de dire au ministre... bien, de dire au ministre, de
dire au régime — on utilise le terme «ministre», là, mais on demande
au régime de le dire à l'administrateur du régime — que vous n'avez
plus besoin de remplacement de revenu, là, vous êtes consolidé. Donc, on veut
que, quand qu'il y a un changement, il faut qu'elle transmette l'information.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. J'aurais… O.K. La députée de Joliette, s'il
vous plaît.
Mme
Hivon
:
Merci. Je comprends pour la question de l'aide financière, ou ce que le
ministre vient de dire, mais la qualification elle-même, est-ce qu'il y a des
exemples de situation qui affecteraient sa qualification? Donc, tu te qualifies
comme victime, puis après tu ne te qualifies plus.
M. Jolin-Barrette : Bien,
supposons qu'il y avait des éléments par rapport à la faute lourde, tu sais,
que la personne, elle n'a pas déclaré qu'elle a participé à l'infraction, ou
qu'elle a commis l'infraction comme telle, puis que, là, je ne sais pas, là,
elle est poursuivie, finalement, par la police. Puis que, dans le fond, ça ne
peut pas être une victime, c'est l'auteure de l'infraction, puis elle ne rentre
pas dans les exceptions, elle devrait aviser le régime.
Mme
Hivon
:
Donc, c'est elle qui doit aviser le régime dans ce cas qui, selon moi, est
plutôt exceptionnel, là. J'essayais de voir s'il y avait des cas, peut-être,
plus…
M. Jolin-Barrette : Il doit y
avoir d'autres cas, c'est le premier cas que j'ai pensé.
Mme
Hivon
:
…parce que je le trouve un peu compliqué. Je ne suis pas sûre que la personne
aviserait l'IVAC.
M. Jolin-Barrette :
Supposons… Prenez un criminel honnête, là.
Mme
Hivon
: Dans
l'hypothèse du criminel honnête qui se fait poursuivre par la police, mais qui
va aller le dire à l'IVAC, oui. Mais mettons que vous auriez une hypothèse
moins…
M. Jolin-Barrette : Non, mais
ça doit exister. Ça doit exister, un criminel honnête, là, ce n'est pas tout le
temps des cas de fraude, là.
Mme
Hivon
: Mais
c'est que je me demande vraiment, si ce n'est pas une vue de l'esprit, là, la
question d'affecter sa qualification.
(Consultation)
8
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
• (16 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Bon.
Effectivement, l'exemple que j'ai donné est un exemple particulier. C'est sûr
qu'il n'y a pas beaucoup d'exemples sur la qualification, mais c'est un exemple
applicable.
Mme
Hivon
: Vous
avez des preuves, il y a des gens qui vous ont dit que c'était un exemple
applicable?
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je vous le dis. Dans le fond, si la personne demande de l'aide, à titre de
victime, puis que ce n'en est pas une, finalement, parce que c'est elle,
l'auteure de l'infraction, si elle est honnête, elle devrait le dire. Bon. <Vous
me direz…
M. Jolin-Barrette :
...c'est un exemple applicable.
Mme
Hivon
:
Vous avez des preuves, il y a des gens qui vous ont dit que c'était un exemple
applicable?
M. Jolin-Barrette :
Bien, moi, je vous le dis. Dans le fond, si la personne demande de l'aide, à
titre de victime, puis que ce n'en est pas une, finalement, parce que c'est
elle, l'auteure de l'infraction, si elle est honnête, elle devrait le dire.
Bon. >Vous me direz...
Mme
Hivon
: Je
pense que c'est plus l'État, <c'est plus... >qui va dire qu'il y a
eu une intervention puis une faute lourde. Je ne pense pas que la personne qui
demande de l'aide...
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
je suis d'accord avec vous que, sur la qualification, il y a moins de cas
d'espèce, il y a moins de cas d'espèce. Par contre, quand il y a un changement
de situation, des renseignements supplémentaires, exemple, finalement, la
personne victime, supposons, sur une voie de fait, au moment de la demande de qualification,
elle ne connaissait pas l'auteur de l'infraction. Supposons, là, une bataille
de taverne, comme le relatait le député de LaFontaine, mais que, finalement, la
victime apprend qui est l'auteur de l'infraction, bien, on souhaite que la
personne victime indique et transmette ces renseignements-là à l'IVAC, notamment
en prévision du recours subrogatoire. Donc, ça, ça serait un cas où on divulgue
l'information au régime, à l'IVAC.
Mme
Hivon
:
Bien, je comprends qu'il peut avoir une demande de divulguer des changements
dans la situation, un préjudice qui, finalement, est peut-être moins grand que
ce qui avait été évalué au départ. Ça, je comprends tout ça. Mais pour la qualification,
vraiment, je trouve que de laisser ça inscrit comme ça, c'est particulier,
parce que ça donne l'impression qu'on pourrait te retirer ton statut de
personne qualifiée et que tu aurais l'obligation, toi, de dévoiler des informations.
En tout cas, je trouve que c'est un peu... c'est une vue de l'esprit, je ne
sais pas trop comment...
M. Jolin-Barrette : Mais, à
la base, il pourrait y arriver des situations où la personne n'est pas
considérée comme une personne victime, finalement.
Mme
Hivon
: Mais
ce n'est pas elle qui va, je veux dire, aller à l'IVAC pour dire :
Considérez-moi plus comme victime. Je veux dire, je comprends qu'on se fie à la
bonne foi des gens, là, mais c'est l'IVAC qui, dans son enquête, en viendrait à
une conclusion différente.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
prenons le cas où finalement la personne aurait fait une demande à l'IVAC, mais
finalement c'est une victime de la route, elle pourrait aviser le régime de...
dire : Je suis indemnisée par la SAAQ.
Mme
Hivon
:
Parce que les régimes ne se parlent pas.
M. Jolin-Barrette : Parce que
le régime applicable, c'est celui de la SAAQ.
Mme
Hivon
: Oui,
mais il aurait fallu qu'elle soit qualifiée, dans un premier temps, donc jugée
admissible, on se comprend, là, parce que là, on est dans un cas où, en cours
de route, il faut qu'elle avise.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
pas nécessairement, elle n'est pas qualifiée encore. «Une personne victime qui
fait une demande de qualification doit, sans délai, aviser le ministre de tout
changement dans sa situation qui affecte sa qualification.» Donc, elle pourrait
être dans la demande de qualification.
Mme
Hivon
: O.K.
Mais on se comprend qu'à partir du moment... Enfin, c'est peut-être théorique,
là, mais je trouve ça bizarre de faire référence à ça, parce qu'à partir du
moment où elle fait sa demande, on va lui demander les circonstances. Et donc,
si c'est arrivé dans un accident d'auto, elle ne pourra pas dire autre chose,
initialement, que c'est arrivé dans un accident d'auto, là. Elle ne se
réveillera pas trois mois plus tard, en disant : Ah! c'est vrai, je ne
l'ai pas dit, c'était dans un accident d'auto. C'est peut-être <juste...
Mme
Hivon
: …de
faire référence à ça, parce qu'à partir du moment où elle fait sa demande, on
va lui demander les
circonstances. Et donc, si c'est arrivé dans un
accident d'auto, elle ne pourra pas dire autre chose, initialement, que c'est
arrivé dans un accident d'auto, là. Elle ne se réveillera pas trois mois plus
tard, en disant : Ah! c'est vrai, je ne l'ai pas dit, c'était dans un
accident d'auto. C'est peut-être >juste que le ministre n'a pas
d'exemples qui se sont déjà produits, là.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais… Oui, bien, en fait, cette disposition-là n'existe pas présentement à
l'IVAC, elle existe dans LATMP. Mais le sens de l'article aussi, c'est pour
qu'on puisse lui offrir les meilleurs éléments aussi par rapport à sa situation
aussi, donc le fait qu'elle informe un changement en fonction de sa situation.
Mme
Hivon
: Je
comprends pour les autres éléments, mais pour la qualification,
malheureusement… Je comprends, en théorie, ce que le ministre dit, mais je
trouve que ça ne trouve pas application dans la pratique. Donc, j'enlèverais ce
bout-là, humblement, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Sherbrooke, s'il
vous plaît.
Mme Labrie : Oui, je suis
juste un petit peu confuse avec ce qui a été dit sur la faute lourde, là, parce
qu'à mon sens c'est la responsabilité des administrateurs du régime de dire…
d'évaluer, s'il y a eu faute lourde, là, ça ne sera pas, dans aucune
circonstance, à la victime d'évaluer elle-même s'il y avait faute lourde.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
prenons l'exemple où la personne est l'auteure de l'infraction.
Mme Labrie : Mais elle le
sait.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
supposons qu'elle ne le divulgue pas à la première occasion.
Mme Labrie : Oui.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, supposons qu'elle ne sait pas qu'elle ne peut pas être indemnisée parce
qu'elle est l'auteure de l'infraction. Elle fait...
Mme Labrie : Disons, par
exemple, un auteur de violence conjugale qui aurait subi une voie de fait par
légitime défense, qui fait une demande pour avoir subi une voie de fait, puis
qui ne déclare pas que c'était dans un contexte de violence conjugale, n'est-ce
pas la responsabilité, quand même, du régime de vérifier ça avant?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est parce que, tu sais, nous, on est dans un contexte où on veut indemniser
le plus de personnes victimes possible, ça, c'est le principe de base. On veut
aussi faire en sorte qu'il y ait une certaine responsabilisation des citoyens
aussi, tu sais. L'État, les citoyens donnent de l'aide à d'autres citoyens,
mais on demande aussi aux citoyens de renseigner adéquatement. Donc,
théoriquement, il faudrait porter ces informations-là à la connaissance du
régime, c'est le sens de l'article. Il faut pouvoir indemniser les bonnes… les
personnes réellement victimes qui sont admissibles au régime.
Mme Labrie : Oui. Puis
j'essaie, comme ma collègue, là, de réfléchir à des situations un peu
particulières où la qualification changerait, là. Puis, disons, un scénario
probablement rare, mais, tu sais, qui peut se produire où quelqu'un fait la
demande, en tant que père d'une victime, puis découvre que, finalement, bien,
ce n'était pas lui, le père biologique, disons, là, de la victime, par exemple.
Bon. Là, il devrait aviser le régime que, finalement, il n'était pas tant le
père, qu'il se qualifie plus comme proche, ou, tu sais, je veux dire... J'essaie
de voir à quel point c'est pertinent, puis aussi, tu sais, c'est quoi qui va
arriver si la personne ne le fait pas, tu sais, qu'est-ce qui est prévu si la
personne ne le fait pas.
M. Jolin-Barrette : Bien, <ultimement…
Mme Labrie : ...tu sais, je
veux dire... J'essaie de voir à quel point c'est pertinent, puis aussi, tu
sais, c'est quoi qui va arriver si la personne ne le fait pas, tu sais,
qu'est-ce qui est prévu si la personne ne le fait pas.
M. Jolin-Barrette :
Bien, >ultimement, l'idée, c'est de faire en sorte de renseigner le
mieux possible le régime pour être indemnisé adéquatement aussi. Tu sais, c'est
à l'avantage de la victime de donner un suivi en continu, tout ça, puis c'est à
l'avantage aussi du régime. Supposons que... Je reviens à l'histoire de taverne
du député de LaFontaine. Bien, peut-être que le député de LaFontaine ne voyait
pas son agresseur, mais <par la suite >il a reparlé à des
témoins par la suite, puis il a su qui était l'agresseur, finalement. Donc, dans
ce cas-là, on renseigne le régime sur qui était l'auteur de l'infraction.
Mme Labrie : Mais ça ne
devrait rien changer au type d'aide qu'il reçoit, le fait qu'il sache c'était qui,
l'auteur de l'agression, ou pas.
M. Jolin-Barrette : Bien, dans
ce cas-ci, non, mais par contre ça peut avoir un impact subrogatoire.
Mme Labrie : Puis qu'est-ce
qui va arriver si la victime ne le fait pas? Qui va lui reprocher ça? Puis
est-ce qu'elle va être accusée de fraude, par exemple?
M. Jolin-Barrette : Non, non.
Mme Labrie : C'est ça que je
veux savoir, c'est quoi, l'impact. On le dit, la personne l'avise. Bon. Si la
personne ne l'avise pas, qu'est-ce qui arrive?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est dans son intérêt, c'est dans son intérêt d'aviser.
Mme Labrie : Mais si c'est
dans son intérêt de ne pas aviser? Par exemple, quelqu'un découvre qu'il
n'était pas vraiment le père biologique de la personne. Donc, il ne se qualifie
plus vraiment comme père. Il se qualifierait peut-être comme proche, mais là,
peut-être, que l'aide est moins intéressante comme proche que comme père. Puis
là il ne le dit pas, disons qu'il ne le dit pas donc...
M. Jolin-Barrette : Non,
mais, attendez, là.
Mme Labrie : ...parce que ce
n'est pas à son avantage. Bien, qu'est-ce qui va lui arriver si quelqu'un
découvre qu'il n'a pas dit ça au régime?
M. Jolin-Barrette : Non, mais
dans l'exemple que vous donnez, la filiation, elle est établie, là, comme... Ce
que je veux dire, là, il y a un verrou de filiation, là. Quand vous êtes le
père d'un enfant, là, le verrou de filiation s'applique après 24 mois, là.
Donc, même si vous n'êtes pas le père biologique de l'enfant, vous demeurez son
père au sens du Code civil quand même, là. Vous êtes le père avec l'autorité
parentale, là.
Mme Labrie : Bon. Bien, moi,
c'était le seul exemple de changement de qualification que je pouvais imaginer,
là.
M. Jolin-Barrette : Il n'y a pas
de lever de rideau, puis là votre situation change unilatéralement, tout ça,
là. L'enfant, là, son père est son père.
Mme Labrie : Bon. Ça fait
que.... Disons qu'il n'y a pratiquement aucun exemple qu'on est capable
d'imaginer, autour de la table, de changement de qualification. Mais, dans tous
les cas, il y aura des circonstances où la personne, il va y avoir un
changement qui affecte, disons, son droit à une aide financière, qui peut
influencer le montant. Puis, dans certains cas, ça va être avantageux pour elle
de le dire, puis je suis certaine que, dans ce temps-là, ils vont le faire.
Puis, dans certains cas, peut-être que ce ne sera pas avantageux de le dire, mais
je veux savoir qu'est-ce qui va lui arriver si elle ne le dit pas.
M. Jolin-Barrette : Mais
votre exemple, on a un bon point, par exemple, où... Supposons qu'il est déchu
de l'autorité parentale.
Mme Labrie : Après la...
M. Jolin-Barrette : Il arrive
l'infraction, puis là la personne est déchue de l'autorité parentale. Donc, il
a présenté sa demande. Donc, il ne peut pas être une personne victime, même
s'il pouvait l'être. Donc, il ne devient plus qualifié. Donc là, ça affecte la
demande de qualification.
Mme Labrie : Bon. Puis mettons
qu'il ne le dit pas?
M. Jolin-Barrette : Bien là,
il n'a pas droit au régime, relativement à ça, parce qu'il n'est plus
admissible au régime...
17 h (version révisée)
M. Jolin-Barrette : ...donc,
il ne peut pas être une personne victime, même s'il pouvait l'être, donc il ne
devient plus qualifié. Donc là, ça affecte la demande de qualification.
Mme Labrie : Bon. Puis mettons
qu'il ne le dit pas?
M. Jolin-Barrette : Bien là,
il n'a pas droit au régime relativement à ça parce qu'il n'est plus admissible
au régime.
Mme Labrie : Mais, s'il ne le
dit pas?
M. Jolin-Barrette : Bien,
s'il ne le dit pas, s'il ne le dit pas...
Mme Labrie : Non, mais il ne
se passe rien, c'est ça que je comprends. Dans le fond, moi, je veux
savoir est-ce qu'il s'expose à une... pas une poursuite, mais, disons,
à...
M. Jolin-Barrette : Bien,
l'IVAC va pouvoir lui réclamer les sommes.
Mme Labrie : O.K. donc, il
s'expose à une accusation de fraude du régime, par exemple, ou quelque chose comme
ça, est-ce que c'est ça, là?
M. Jolin-Barrette : Oui, bien
là, il va pouvoir... l'IVAC va pouvoir se retourner contre lui pour avoir les
sommes, mais là, la fraude, en matière criminelle, c'est élevé aussi, là, le
critère de fraude.
Mme Labrie : Pas nécessairement
en matière criminelle, mais je veux dire, à ma connaissance...
M. Jolin-Barrette : En
matière civile, l'IVAC va pouvoir se retourner pour lui réclamer les sommes.
Mme Labrie : O.K., ça fait que
c'est ça, c'est ça, la conséquence finalement, c'est que...
M. Jolin-Barrette : Ça
pourrait être ça.
Mme Labrie : Ça pourrait être
ça, d'accord. Merci.
M. Jolin-Barrette : Mais on
ne voudrait pas indemniser quelqu'un qui est déchu de l'autorité parentale.
Mme Labrie : Je comprends, là,
je cherche juste savoir, puis ça a pris quand même plusieurs minutes avant
qu'on finisse par me dire : Oui, ce qui va lui arriver, c'est ceci, on va
demander le remboursement des sommes, puis éventuellement alléguer que c'est
une fraude. C'est la réponse que je voulais entendre, mais ça n'avait pas l'air,
d'emblée, si clair que ça parce que...
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas nécessairement une fraude, par exemple.
Mme Labrie : Non, non, bien,
pas nécessairement, mais si elle ne l'a pas dit?
M. Jolin-Barrette : Mais, si
elle ne l'a pas dit, elle n'était pas admissible au régime.
Mme Labrie : Mais, si elle a
touché de l'aide et qu'elle n'a pas dit qu'elle n'était pas... qu'il y avait quelque
chose qui la rendait inadmissible au régime?
M. Jolin-Barrette : Bien,
encore faut-il qu'elle le sache.
Mme Labrie : O.K. Ça fait qu'à
ce moment-là, il n'y aurait pas d'accusation de fraude qui pourrait être déposée
contre la personne si elle ne... Elle pourrait prétendre ne pas avoir su que ça
pouvait influencer son aide ou quoi que ce soit.
M. Jolin-Barrette : Oui, bien
là, on revient à toute notre discussion qu'on avait eu sur l'actus reus, la
mens rea, tout ça. Dans le fond, pour que ça constitue une infraction
criminelle, ça prend l'actus reus, la mens rea, en matière de fraude, là, là,
on n'est pas dans l'IVAC, là, on est vraiment juste dans le Code criminel, là,
mais, ce que je veux dire, l'IVAC pourrait demander la réclamation des sommes.
Si, manifestement, il y avait un individu qui commettait une fraude organisée par
rapport à l'IVAC pour être indemnisé, bien entendu, l'IVAC pourrait porter
plainte à un corps de police puis enquêter sur un stratagème frauduleux, mais
là on est rendus pas mal plus loin, là.
Mme Labrie : O.K.
M. Jolin-Barrette : Comme ça
se fait en matière d'aide sociale.
Mme Labrie : Je n'en parle pas
nécessairement de cette manière-là, mais c'est juste que, tu sais, il y a des
gens qui nous ont témoigné, par exemple, qu'en ce moment, quand ils déposent
une demande, puis que le régime considère qu'ils ne sont admissibles, puis là
qu'ils vont au tribunal pour discuter de cette question-là, ils se sentent
comme s'ils étaient accusés d'essayer de frauder le système, quand ils sont
devant le tribunal pour essayer de demander d'être indemnisés, puis que l'État
plaide qu'ils ne devraient pas être <indemnisés...
Mme Labrie : …puis que le
régime considère qu'ils ne sont admissibles,
puis là qu'ils vont au
tribunal pour discuter de cette question-là, ils se sentent comme s'ils étaient
accusés d'essayer de frauder le système, quand ils sont devant le tribunal pour
essayer de demander d'être indemnisés, puis que l'État plaide qu'ils ne devraient
pas être >indemnisés, puis que ce n'est pas vrai qu'ils ont été victimes,
puis tout ça, eux, ils se sentent comme si on les accusait de fraude. Donc,
moi, je ne parle pas nécessairement d'accusations formelles au criminel, de
fraude, là, tout ça, ce n'est pas de ça que je parle, mais je veux plutôt dire,
tu sais, devant le tribunal qui décide qui est admissible ou pas, puis combien
d'aide ils reçoivent, ces gens-là se sentent accusés de fraude par l'État même
si ce n'est pas techniquement ça qui est sur papier, là, c'est comme ça qu'ils
se sentent.
M. Jolin-Barrette : Bien, deux
choses, là, dans le fond, avec le projet de loi n° 84, là, il y a beaucoup
de gens qui… Dans le fond, l'IVAC disait : Vous n'êtes pas admissible
parce que vous n'êtes pas une personne victime. Beaucoup de cas, c'est ça. Là,
maintenant, on change complètement le régime pour dire : On élargit la
notion de personne victime. Donc, il y a beaucoup de gens maintenant qui vont être
qualifiés comme personne victime parce qu'on a vu plus tôt dans la loi, on
élargit vraiment beaucoup.
Après ça… Parce qu'avant vous aviez
victime directe ou rien pantoute, donc c'est pour ça que les gens contestaient
puis c'est pour ça, notamment, ça fâchait les gens, pour dire : Bien, moi,
j'ai subi une atteinte, j'ai subi un préjudice, donc je suis une personne
victime. Donc, c'est pour ça qu'elles contestaient la décision de l'IVAC, pour
dire : Bien, moi, je ne suis pas une... Pourquoi vous dites que je ne suis
pas une victime? J'ai subi une atteinte. Ça fait que c'est pour ça qu'ils
allaient à la cour, puis c'est sûr que, dans le cadre de l'application de
l'ancienne loi, bien, la définition, elle était beaucoup plus stricte que ce
que nous avons aujourd'hui, puis le régime n'était pas pensé pour dire :
Bien, il y a la personne victime au centre qui est victime d'une infraction,
mais toute sa cellule familiale autour aussi sont des personnes victimes à
cause de la conséquence de l'infraction criminelle qui est commise à l'endroit
de la personne victime, directement, mais ça a des conséquences sur le
conjoint, ça a des conséquences sur les parents, ça a des conséquences sur les
enfants, ça a des conséquences sur les proches, sur la personne significative.
Alors, tout ce noyau familial là, maintenant, va être considéré comme personne
victime.
Donc, moi, j'entrevois beaucoup moins de
contestations parce que, dans le fond, les gens vont être... justement, on
adapte le régime à eux, ils vont être considérés comme des personnes victimes,
puis, après ça, on va leur apporter des aides en fonction de la catégorie de
victimes de laquelle elles sont. Avant, c'était noir ou blanc, vous étiez
personne victime ou rien pantoute, c'est pour ça qu'il y avait des contestations,
puis c'est sûr que ce n'était pas agréable, pour les personnes victimes, de
dire : Bien, il faut que je me batte contre l'IVAC, tout ça. Mais il faut
comprendre la difficulté de l'ancienne loi, où la loi, c'était ça, puis c'est
pour ça aussi qu'il y a des jugements en équité aussi, où est-ce que le juge,
même si la loi disait x, il rendait une décision en équité parce qu'il disait :
Bien, je vois bien que la personne a souffert, je vois bien que la personne,
c'est une personne victime, alors je la déclare personne victime. Mais, au sens
de la loi, au sens strict de la loi, ce n'était pas ça qui était visé par le
législateur à l'époque, ça fait que c'est pour ça qu'ils ont, comme on dit, ils
ont tordu la loi pour faire rentrer des personnes victimes dans la définition,
alors qu'elles n'en étaient pas. Pas qu'elles n'en étaient pas, des vraies
personnes victimes, elles n'en <étaient...
M. Jolin-Barrette :
...
de la loi, au sens strict de la loi, ce n'était pas ça qui était visé
par le législateur à l'époque, ça fait que c'est pour ça qu'ils ont, comme on
dit, ils ont tordu la loi pour faire rentrer des personnes victimes dans la
définition, alors qu'elles n'en étaient pas. Pas qu'elles n'en étaient pas, des
vraies personnes victimes, elles n'en >étaient pas au sens de l'ancienne
loi. Alors, c'est pour ça qu'avec le nouveau régime on change la mentalité, on
donne de l'accompagnement dès le départ, on qualifie les personnes qui ont été
victimes avec des aides pour chacun, puis c'est pour ça qu'on élargit le bassin
de personnes victimes.
Mme Labrie : Mais, ça, je
le comprends très bien, puis probablement qu'il va y avoir effectivement moins
de contestations, même s'il risque d'y en avoir encore, là, mais, dans le fond,
moi, l'esprit de ma question, c'est ça, tu sais, une personne victime qui fait
une demande de qualification, disons qu'elle est qualifiée, parce qu'on n'a pas
beaucoup d'exemples où ça pourrait influencer la qualification, mais elle est
qualifiée, elle a droit à de l'aide, puis, finalement, il se passe quelque
chose, soit dans son dossier médical, ou dans je ne sais pas quoi d'autre du
dossier qui change, et elle omet de le signaler aux administrateurs du régime.
Là, tu sais, je me suis fait répondre tout à l'heure que cette personne-là
s'expose à se faire demander de rembourser les sommes, est-ce que c'est
vraiment ça qui va se passer ou elle va plutôt s'exposer à ce que ce soit
contesté devant les tribunaux qu'elle n'a pas reçu les bonnes sommes? <Est-ce
que, >Si on lui demande unilatéralement par une lettre «Ah! bien, on s'est
rendu compte que vous ne nous avez pas avisés de ceci, cela, on vous demande de
rembourser les sommes», est-ce que cette personne-là va pouvoir contester?
M. Jolin-Barrette : Le
régime, dans le fond... Lorsque l'État rend une décision, c'est couvert par la
Loi sur la justice administrative. Donc, il y a un préavis de la décision, il y
a la décision qui est rendue, on informe la personne... on appelle ça
l'«administré», là, le citoyen, l'administré est informé des recours qu'il a à
sa portée, le nombre de jours, tout est bien balisé, là, tous les régimes
fonctionnent comme ça quand l'État rend une décision à l'encontre d'un
individu.
Mme Labrie : Parfait.
Donc, c'est ça qui va s'enclencher s'il advenait que quelqu'un, dans le régime,
se rende compte qu'une personne a omis de signaler quelque chose alors que
l'article 26 dit qu'il aurait fallu, ils vont l'aviser par écrit,
l'informer de ses droits pour contester.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Puis, dans l'éventualité où, supposons, il y aurait l'article 106 aussi,
qui est une disposition pénale... Et là ça dépend, parce qu'on n'est pas dans
le cas d'une demande de qualification où est-ce que la situation de la personne
change, puis c'est de bonne foi, tout ça, là... on est dans le cas de : «106.
Commet une infraction et est passible d'une amende d'au moins 1 000 $
et d'au plus 5 000 $ quiconque, dans le cadre de la présente loi ou
de l'un de ses règlements, fait une déclaration ou transmet un document alors
qu'il sait ou aurait dû savoir que la déclaration ou le document contient un
renseignement faux ou trompeur.»
Donc, quelqu'un qui abuse du régime
volontairement, là, il y a une disposition pénale qui permet de le poursuivre.
Mme Labrie : Au civil.
M. Jolin-Barrette : Non,
en matière pénale.
Mme Labrie : Ah!
criminel. O.K., pénal...
M. Jolin-Barrette : Non,
pas criminel, en matière pénale.
Mme Labrie : Excusez-moi,
je...
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais, dans le fond, le criminel, c'est une infraction qui est prévue au Code
criminel, qui est adopté par le Parlement canadien. En matière pénale… Dans le <fond...
Mme Labrie : …
Au
civil.
M. Jolin-Barrette :
Non, en matière pénale.
Mme Labrie : Ah!
criminel. O.K., pénal...
M. Jolin-Barrette :
Non, pas criminel, en matière pénale.
Mme Labrie :
Excusez-moi, je...
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais, dans le fond, le criminel, c'est une infraction qui est prévue au
Code criminel, qui est adopté par le Parlement canadien. En matière pénale…
Dans le >fond, le criminel est ici, le droit criminel est ici, ça fait
partie du droit pénal, O.K., puis le droit pénal est par-dessus, englobe le droit
criminel. Donc, nous au Québec…
Mme Labrie : Puis le civil, il
est où dans le schéma?
• (17 h 10) •
M. Jolin-Barrette : C'est
séparé puis c'est un autre volet.
Mme Labrie : Toutes les infractions
pénales ne sont pas criminelles.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme Labrie : Merci, c'est
beau.
M. Jolin-Barrette : Mais
toutes les infractions criminelles sont pénales.
Mme Labrie : C'est beau.
M. Jolin-Barrette : Donc, c'est
pour ça que le législateur québécois, pour faire respecter ses lois, peut
insérer des dispositions de nature pénale. À la fin de pratiquement chacune des
lois, il y a des dispositions pénales pour dire : Bien, si vous faites une
fausse déclaration, si vous faites un renseignement trompeur ou vous avez… vous
êtes passible de…
Mme Labrie : Je comprends.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Je reviens
un peu juste sur les codes, les types de codes, dont l'échéance de l'autorité
parentale, c'en serait un, c'est de voir, dans cette disposition, le sens des
mots, donc… Oups! excusez-moi. Est-ce qu'il y a une différence entre… Donc, il
y a sa qualification, «…qui affecte sa qualification ou son droit à une aide
financière ou qui peut influencer sur le montant d'une telle aide», donc c'est
trois situations différentes.
M. Jolin-Barrette : Hum-hum.
Mme Weil
: Donc, c'est
son statut, qualification, statut quelconque, donc parent ou pas parent,
d'échéance… je ne sais pas, est-ce qu'il y a quelque chose qui aurait changé?
M. Jolin-Barrette : Son
statut de victime.
Mme Weil
: Son statut
de victime. Le droit, qu'est-ce qui pourrait influencer le droit à une aide
financière qui serait distincte de sa qualification?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est,
exemple, il n'est pas un parent, il est un proche. Il n'est pas un témoin, il
est un proche.
Mme Weil
: O.K. Il n'aurait
pas dit la vérité ou il aurait été confus par rapport à l'information qu'il
aurait donnée dans la première… en première instance.
M. Jolin-Barrette : Ça
pourrait arriver.
Mme Weil
: Puis là il
décide de dire la vérité, c'est un peu ça «qui peut influer sur le montant d'une
telle aide», donc son état de santé, notamment.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme Weil
: Et le
règlement viendra vraiment juste précisément sur «avise le ministre selon les
conditions, les normes et les modalités prescrites», donc c'est comment il
devra aviser, sur le comment il devra aviser le gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme Weil
: O.K.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: …donc, à
la fin de l'intervention du ministre, il a fait référence à <l'article…
Mme Weil
: ...
devra
aviser le gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme Weil
: O.K.
Le Président (M.
Bachand) :
M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: …donc,
à la fin de l'intervention du ministre, il a fait référence à >l'article 106
et 107, c'est nouveau, ça, en matière d'IVAC, hein?
M. Jolin-Barrette : 106, 107?
M. Tanguay
: Oui. Je ne
le voyais pas, moi, en toute transparence, M. le Président, je ne voyais pas de
clause de nature pénale pour tant dans la loi de l'indemnisation que dans la
loi de l'aide, puis on détrompera si j'ai tort, mais c'est nouveau, ça :
«Commet une infraction et est passible d'une amende d'au moins
1 000 $ et d'au plus 5 000 $ quiconque, dans le cadre de la
présente loi...» Parce que tantôt avec l'échange avec la collègue de
Sherbrooke, quels pourraient être les conséquences à 26? Mais les conséquences
à 26, c'est 106, il pourrait y avoir entre 1 000 $ et
5 000 $, «quiconque, dans le cadre de la présente loi ou d'un de ses
règlements, fait une déclaration ou transmet un document alors qu'il sait ou
aurait dû savoir que la déclaration ou le document contient un renseignement
faux ou trompeur».
Évidemment, ça pourra s'appliquer, puis le
ministre, je pense, l'a confirmé, ça pourra s'appliquer à 26, ça, autrement
dit, si vous ne corrigez pas le tir, vous savez que le document déposé il y a
un mois, il n'est plus bon, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
pourrait s'appliquer là ou à d'autres articles aussi.
M. Tanguay
: Non, tout
à fait, oui, oui, mais là ça pourrait s'appliquer. Pourquoi introduire ça?
Pourquoi on a besoin? On va le faire, là, à 106, 107, là. Pourquoi on a besoin
de ça? On n'avait pas ça avant.
M. Jolin-Barrette : D'avoir
une disposition pénale? Bien, il faut, entre autres, éviter... Dans le fond,
pour assurer l'intégrité du régime, il faut s'assurer aussi d'avoir un levier,
il faut s'assurer d'éviter des cas où il pourrait y avoir des individus qui
soumettraient des demandes sachant qu'elles sont fausses et inavérées, ou
inexactes.
M. Tanguay
: Est-ce
qu'on règle un réel problème, là? Est-ce que le ministre a des cas où il y
avait des statistiques qui disaient : Là, là, il y a pas mal plus de
fraudes dans les dernières années, il faut 106, 107, là? On essaie-tu de régler
un problème ou...
M. Jolin-Barrette : On va
vérifier si on a des données là-dessus.
M. Tanguay
: Vous allez
vérifier… excusez-moi...
M. Jolin-Barrette : Si on a
des données sur le nombre... Bien, c'est difficile parce que la disposition
n'était pas là, ça fait que...
M. Tanguay
: Non, c'est
ça. Ça fait que je me dis : On règle-tu un problème, ou on en invente un
puis on essaie de le régler?
M. Jolin-Barrette : Bien, dans
tout régime public, hein, par rapport à l'État, c'est de l'argent public, donc
il faut avoir les outils pour s'assurer que, s'il y a de l'abus dans un régime
qui est l'argent des Québécois, bien, on ait des mécanismes pour faire en sorte
d'éviter qu'il n'y ait pas de conséquences à commettre des gestes, des actions
qui ne sont pas honnêtes.
M. Tanguay
: En tout
cas, on s'entend, mais on fera le débat à 106, 107, M. le Président, mais si
les données... puis j'ai hâte de voir les statistiques et les données du
ministère par rapport aux cas de fraude, «…ou aurait dû savoir que la
déclaration ou le document contient un renseignement faux ou trompeur». Il faut
toujours s'assurer aussi que la mise en application, en tout cas, ce qui sera <fait...
M. Tanguay
: ...
on
s'entend, mais on fera le débat à 106, 107, M. le Président, mais si les
données... puis j'ai hâte de voir les statistiques et les données du ministère
par rapport aux cas de fraude, «…ou aurait dû savoir que la déclaration ou le
document contient un renseignement faux ou trompeur». Il faut toujours
s'assurer aussi que la mise en application, en tout cas, ce qui sera >fait
de cela va tenir compte d'une, je dirais ça de même, de citoyens et de citoyennes
qui sont dans des situations qui, dans bien des cas, <pourraient... >pour
eux, pourraient être difficiles de savoir si… auraient dû savoir que la déclaration
avait un renseignement trompeur, là, ou inexact, là, dans ces eaux-là. Alors, on
fera le débat à 106, 107, mais, dans l'intervalle, avant qu'on se rende à 106,
107, si on peut avoir les statistiques qui justifieraient cette nouvelle
approche-là.
(Consultation)
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Alors, en vertu de 119.9 de la loi sur l'indemnisation, on prévoit déjà des dispositions
qui visent à faire en sorte : «Quiconque omet de produire une déclaration
requise par la commission ou fait ou produit une déclaration fausse ou inexacte
à la commission, ou est partie à une convention contraire à la présente loi ou
viole une prescription de la présente loi ou d'un règlement, pour la violation
desquels aucune peine n'est spécialement prévue, commet une infraction et est
passible
«a)dans le cas d'un
individu, d'une amende d'au moins 100 $;
«b)dans le cas d'une
personne morale, d'une amende d'au moins 300 $.»
Donc, c'est un recours à la disposition
pénale. Donc, c'est la Loi sur les accidents du travail. Et dans le cadre de la
Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels, donc, le régime actuel,
il y a une mesure de renvoi qui fait référence à cette disposition-là.
M. Tanguay
: Là,
le ministre m'a cité 119.9. Qu'il me rassure, il ne parle de la loi de 1993 qui
n'est pas en vigueur.
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est l'ancienne loi...
M. Tanguay
: Parce
qu'il n'y a pas 119 articles, là, à la loi d'indemnisation, il y en a 25.
Une voix
: ...sur les
accidents du travail.
M. Jolin-Barrette : C'est
ça. Donc, la Loi sur les accidents du travail qui date de 1930, c'est ça? C'est-u
1930?
Une voix
: ...
M. Jolin-Barrette : De
1931.
M. Tanguay
: O.K.
Bien, plus simplement, et ça, je le sais que ça indique...
Une voix
: ...
M. Jolin-Barrette :
Donc, le régime de l'IVAC, O.K. la loi sur l'IVAC, c'est l'article 15 :
«Les dispositions de la Loi sur les accidents du travail (chapitre A-3), à
l'exception du paragraphe 1° de <l'article...
M. Jolin-Barrette :
…
Donc, le régime de l'IVAC, O.K. la loi sur l'IVAC, c'est
l'article 15 : «Les dispositions de la Loi sur les accidents du
travail (chapitre A-3), à l'exception du paragraphe 1° de >l'article 3
qui ne sont pas incompatibles avec la présente loi s'appliquent, compte tenu
des adaptations nécessaires.»
Donc ça, c'est dans la Loi sur
l'indemnisation des victimes d'actes criminels, ça fait référence à la Loi sur
les accidents du travail qui date de 1931. Donc, l'infraction pénale se
retrouvait là-bas, 15.
M. Tanguay
: C'est
parce que là...
M. Jolin-Barrette : À
l'article 119.9 de la Loi sur les accidents du travail. Donc, c'est un
mécanisme de renvoi. Donc, il y avait une disposition pénale, mais vous
conviendrez avec moi que les montants étaient peu élevés à l'époque.
M. Tanguay
: Puis
là j'essaie de trouver, j'ai le...
Le Président (M. Bachand) :
Juste en attendant, Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Oui. Mais, en
fait, c'est... comme on vient de nous mentionner que la disposition existait
déjà en lien avec l'autre loi, est-ce qu'on sait...
M. Jolin-Barrette : On fait
de l'historiographie législative.
Mme Labrie : D'ailleurs, ça ne
devrait pas être possible qu'il y ait des lois qui n'aient pas... qui datent
d'aussi longtemps sans...
M. Jolin-Barrette : Ah! mais
il y en a plein.
Mme Labrie : Oui, je sais, ça
me dérange.
M. Jolin-Barrette : Il y en a
plein, écoutez, juste vous dire, puis je fais juste un aparté là-dessus, la loi
préférée du député de LaFontaine, c'est la Loi constitutionnelle de 1867, puis
elle date de plus longtemps que ça.
Mme Labrie : Oui, ça vaudrait
la peine de la mettre à jour.
M. Jolin-Barrette : Ah! bien
là, on part. Ça, on ne pensait pas avoir un beau mardi après-midi comme ça.
M. Tanguay
: Il y a
mise à jour puis il y a abrogation.
Mme Labrie : Un beau mandat
pour vous. Je voulais juste savoir si on en a des... Est-ce qu'il y en a eu des
cas où ça a été appliqué, là? Des dispositions pénales, est-ce que ça arrive
souvent? Est-ce qu'on a des données là-dessus? C'est un peu ça que mon collègue
demandait, là, mais puisqu'on vient de nous dire que ça existe, tu sais.
M. Tanguay
: O.K.
Alors, la DGIVAC nous dit qu'il n'applique pas la disposition pénale.
Mme Labrie : Il ne l'applique
pas, mais là il la... on vient en créer ici, donc l'intention, c'est maintenant
de l'appliquer.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est d'avoir l'outil pour l'appliquer. Ça ne veut pas dire qu'on va
l'appliquer, mais, comme dans toute loi, c'est important d'avoir une
disposition pénale parce que, si à un moment donné arrive une circonstance où
il y a des cas qui n'ont pas d'allure, il faudrait l'appliquer.
Mme Labrie : Mais là il n'y
avait jamais ça des cas qui n'avaient pas d'allure parce qu'on nous dit qu'il
ne l'appliquait pas.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, les montants d'amende, c'était 100 $ puis 300 $.
Mme Labrie : Donc, il y avait
une estimation que ça ne valait pas la peine de faire des démarches pour ces
montants-là, c'est ça? O.K.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine.
• (17 h 20) •
M. Tanguay
: Oui, c'est
ça, alors on pourra demander au ministre, c'est ça, les statistiques par
rapport à...
M. Jolin-Barrette : Il y a...
Il ne l'appliquait pas.
M. Tanguay
: Il ne
l'appliquait pas, mais les... O.K. Donc, il ne «computait» aucune statistique à
cet effet-là, on est dans le noir total, là. S'il ne l'appliquait pas, mais,
aujourd'hui, on veut l'appliquer, est-ce qu'on légifère sans avoir aucune
statistique?
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais, ce que je veux dire, on utilise un nouveau régime, donc on remplace un
nouveau régime, il faut avoir une disposition pénale que, s'il y a des
circonstances qui font en sorte que... s'il y a des circonstances qui font en <sorte...
M. Tanguay
: ...
on
est dans le noir total, là. S'il ne l'appliquait pas, mais, aujourd'hui, on
veut l'appliquer, est-ce qu'on légifère sans avoir aucune statistique?
M. Jolin-Barrette :
Bien non, mais, ce que je veux dire, on utilise un nouveau régime, donc on
remplace un nouveau régime, il faut avoir une disposition pénale que, s'il y a
des circonstances qui font en sorte que... s'il y a des circonstances qui font
en >sorte... ou il y a des événements qui nécessiteraient une
disposition pénale, on puisse l'utiliser, c'est un outil à la portée du régime.
M. Tanguay
: Donc, on
l'appliquait puis ça existait en vertu de la loi. Là, ça va exister en vertu de
la loi, mais, contrairement au régime actuel, le nouveau régime, le ministre
annonce qu'on va l'appliquer, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, ce
n'est pas ça que je dis, je dis que, dans tout régime, notamment public, où il
y a des fonds publics, c'est important d'avoir des dispositions de nature
pénale qui, si les circonstances s'y prêtent... Parce que, vous savez, il y a
toujours... Le choix d'entamer une poursuite pénale appartient au Directeur des
poursuites criminelles et pénales, là, alors il faut évaluer au cas par cas, là,
ce n'est pas parce qu'on fait une dénonciation qu'automatiquement ça entraîne
une poursuite pénale, mais, moi, je pense que, comme responsable d'un régime, c'est
important d'avoir des outils, de... si jamais il y a de la fraude ou si jamais
il y a quoi que ce soit de problématique, bien, qu'il y ait une disposition
pénale associée à ça.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Oui. Je veux
juste revenir sur un commentaire que le ministre a fait concernant les montants
qui étaient très faibles, là, à l'époque, dans les dispositions pénales qui
n'étaient pas appliquées, justement, parce que les montants étaient trop
faibles. Ça serait dommage pour lui que, dans quelques dizaines d'années,
quelqu'un passe le même commentaire sur sa propre loi parce qu'il n'y a pas, à
l'article 106, rien qui prévoit que ça va être indexé, ces montants-là.
Donc, peut-être, d'ici à ce qu'on soit rendu à l'article 106, on pourrait
réfléchir à un amendement pour prévoir que ce sera indexé.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions sur l'article 26? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Non, c'est
ça, on fera le débat à 106, 107. Je suis certain qu'on va avoir de bons débats
à 106, 107. Merci.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: pour.
La Secrétaire
:
Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'article 26 est adopté. Merci beaucoup. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. 27,
M. le Président. Donc, 27 : «Dès la présentation d'une demande de
qualification, le ministre est de plein droit subrogé aux droits de la personne
victime jusqu'à concurrence du montant qu'il pourra être appelé à lui verser.
Il peut, en son nom ou en celui de la personne victime, continuer ou exercer
une poursuite civile.
«Si la personne victime choisit de se
prévaloir d'une aide financière prévue au présent titre, les ententes ou les
compromis qui peuvent intervenir entre les parties relativement à la poursuite
civile ou au droit à une telle poursuite sont sans effet jusqu'à ce qu'ils
aient été ratifiés par le ministre; le paiement du montant convenu ou adjugé ne
peut être fait que de la manière que le ministre indique.
«La personne qui prive volontairement le
ministre de son recours subrogatoire doit <rembourser...
M. Jolin-Barrette :
…
les compromis qui peuvent intervenir entre les parties relativement à
la poursuite civile ou au droit à une telle poursuite sont sans effet jusqu'à
ce qu'ils aient été ratifiés par le ministre; le paiement du montant convenu ou
adjugé ne peut être fait que de la manière que le ministre indique.
«La personne qui prive volontairement
le ministre de son recours subrogatoire doit >rembourser le montant de
l'aide financière reçue du ministre. Ce dernier peut recouvrer cette dette dans
les trois ans de la privation du recours.
«Un montant recouvré en vertu du présent
article est versé au fonds consolidé du revenu.»
Donc, cette disposition prescrit une
subrogation en faveur du ministre pour lui permettre de récupérer, auprès de
l'auteur de l'infraction criminelle, toute somme qu'il paierait à une personne
victime en vertu de la présente loi.
Et je crois que j'ai un amendement à
déposer, et il se lit ainsi, M. le Président... Je crois qu'il vous sera
communiqué par les Internet, M. le Président. Alors, l'amendement à l'article 27 :
À l'article 27 du projet de loi :
1° remplacer, dans le premier alinéa,
«poursuite civile» par «demande en justice»;
2° remplacer, dans le deuxième
alinéa, «la poursuite civile ou au droit à telle poursuite» par «une demande en
justice ou au droit à telle demande».
Commentaire. L'amendement remplace
l'expression «poursuite civile» par «demande en justice» afin de se conformer à
la terminologie du Code civil.
Donc, l'amendement tel qu'intégré se
lirait ainsi :
«27. Dès la présentation d'une demande de
qualification, le ministre est de plein droit subrogé aux droits de la personne
victime jusqu'à concurrence du montant qu'il pourra être appelé à lui verser.
Il peut, en son nom ou en celui de la personne victime, continuer ou exercer
une demande en justice.
«Si la personne victime choisit de se
prévaloir d'une aide financière prévue au présent titre, les ententes ou les
compromis qui peuvent intervenir entre les parties relativement à une demande
en justice ou au droit à une telle demande sont sans effet jusqu'à ce qu'ils
aient été ratifiés par le ministre; le paiement du montant convenu ou adjugé ne
peut être fait que de la manière que le ministre indique.
«La personne qui prive volontairement le
ministre de son recours subrogatoire doit rembourser le montant de l'aide
financière reçue du ministre. Ce dernier peut recouvrer cette dette dans les
trois ans de la privation du recours.
«Un montant recouvré en vertu du présent
article est versé au fonds consolidé du revenu.»
Le Président (M. Bachand) :
Merci. L'amendement est sur Greffier. Interventions? Mme la députée de Sherbrooke,
oui.
Mme Labrie : Oui. Si je me
souviens bien, ça, c'est un article pour lequel on a des gens qui nous ont dit,
en commission, que ça pouvait inciter les victimes, notamment de violence
conjugale, à ne pas se prévaloir du régime, parce que l'idée que l'agresseur
pourrait être poursuivi, ça les... ça leur fait craindre d'en subir des représailles,
donc j'aimerais savoir ce que le ministre a à dire là-dessus. Moi,
personnellement, ça me préoccupe, là, de voir qu'on ne prévoit rien par rapport
à ça, surtout que je me souviens que le ministre a dit que c'était très rare
qu'il se prévalait de ce droit-là, ou même que ça n'arrivait pratiquement
jamais, si j'ai bien compris. Est-ce que c'est peut-être possible de <prévoir...
Mme Labrie : ...
j'aimerais
savoir ce que le ministre a à dire là-dessus. Moi, personnellement, ça me
préoccupe, là, de voir qu'on ne prévoit rien par rapport à ça, surtout que je
me souviens que le ministre a dit que c'était très rare qu'il se prévalait de
ce droit-là, ou même que ça n'arrivait pratiquement jamais, si j'ai bien
compris. Est-ce que c'est peut-être possible de >prévoir une exception
pour les situations de violence conjugale, pour s'assurer qu'on ne mettra pas
les victimes dans une situation où elles pourraient craindre que, si elles
demandent de l'aide au régime, leur ancien conjoint en sera avisé et que leur
sécurité pourrait être compromise?
M. Jolin-Barrette : Oui. La
réponse à cette question-là, c'est : Je comprends l'insécurité des
victimes relativement au recours subrogatoire. Et le recours va être utilisé
avec la plus grande sensibilité et je n'ai pas l'intention d'autoriser les
recours subrogatoires qui vont impliquer les cas de violence conjugale et dans
les cas d'agressions sexuelles non plus, dans les cas les plus limités.
Cela étant, je souhaite que la disposition
soit là et autorise le ministre tout de même à avoir cet outil-là parce qu'il
pourrait d'aventure y avoir des situations particulières où des personnes
victimes nous diraient : Allez-y. Tu sais, ça pourrait arriver.
Puis l'autre élément aussi, à partir du
moment où l'État indemnise les personnes victimes, le recours subrogatoire est
là pour faire en sorte que le régime est supporté par l'ensemble des citoyens
québécois aussi, donc c'est normal que l'État puisse utiliser le recours
subrogatoire. Il était très, très peu utilisé, là, je pense que c'est
23 fois qu'il avait été utilisé depuis l'entrée en vigueur de la loi, le
recours subrogatoire, puis, dans le fond, l'IVAC ne l'utilisait pas.
Alors, moi, j'ai l'intention de donner des
lignes directrices sur dans quel cas est-ce qu'on va utiliser le recours subrogatoire,
puis soyez certain, M. le Président, que, dans les cas d'agressions sexuelles,
puis dans les cas de violence conjugale, il y aura des lignes directrices très
particulières pour ne pas faire en sorte, justement, de créer une situation
d'insécurité pour les victimes, mais je souhaite avoir la disposition dans le
projet de loi pour pallier à toutes les circonstances éventuelles... Donc, c'est
pour ça que je ne veux pas exclure d'emblée, dans la loi, les cas de violence
conjugale et de violence sexuelle.
Le Président (M. Bachand) :
Allez-y.
Mme Labrie : J'entends bien
l'intention du ministre, est-ce qu'à ce moment-là on peut prévoir dans la loi
que, dans les cas de ces types de violences là, qui sont des violences intimes
particulières, que ça prend l'autorisation de la victime pour intenter le
recours? Donc, ça permettrait que la volonté du ministre soit respectée, que ça
puisse toujours être possible, même pour des exceptions de ce genre de cas là,
mais, avec l'autorisation de la personne, ça pourrait tout à fait arriver que
quelqu'un dise : Allez-y, ça ne me dérange pas.
M. Jolin-Barrette : On va
vérifier avec les équipes relativement à votre suggestion.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions? M. le... Ça va?
M. Tanguay
: Sur
l'amendement, non. Après, il y en aura d'autres.
Le Président (M. Bachand) :
O.K. Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention...
17 h 30 (version révisée)
M. Jolin-Barrette : …avec les
équipes relativement à votre suggestion.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Monsieur... Ça va?
M. Tanguay
: Sur
l'amendement, non. Après, il y en aura d'autres.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Donc, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement à l'article 27
est adopté. Donc, retour à l'article 27 tel qu'amendé. M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui. M. le
Président. Dans le cas des demandes en justice, bien, on aurait un amendement
qui allait dans le sens du souhait qui a été exprimé. On pourrait l'envoyer par
Greffier, si vous pouvez suspendre une minute, là.
Le Président (M. Bachand) :
Parfait. Voulez-vous en faire la lecture? Vous allez…
M. Tanguay
: Je ne l'ai
pas, là. Vous allez l'avoir sur Greffier, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Alors, on va suspendre
quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 31)
(Reprise à 17 h 39)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, M. le
Président. Alors, amendements en cours. Lorsque vous cliquez sur le lien, il y
a une fenêtre qui s'ouvre, et vous pouvez lire ce qui suit, l'amendement. Article 27 :
Ajouter, à la fin de l'article 27 du projet de loi, l'alinéa
suivant :
«Le ministre doit obtenir le consentement
de la personne victime si la subrogation concerne des cas de violence à
caractère sexuel non consensuel, de violence subie <dans l'enfance et…
M. Tanguay
: ...sur
le lien, il y a une fenêtre qui s'ouvre, et vous pouvez lire ce qui suit, l'amendement.
Article 27 : Ajouter, à la fin de l'article 27 du projet de loi,
l'alinéa suivant :
«Le ministre doit obtenir le
consentement de la personne victime si la subrogation concerne des cas de
violence à caractère sexuel non consensuel, de violence subie >dans l'enfance
et de violence conjugale.»
Ça, ça fait écho à ce qu'est venue dire
l'Association des juristes progressistes. Et c'est d'ailleurs la rédaction des
juristes progressistes qui nous soumettaient cet amendement-là. Ça fait écho également
aux préoccupations de Me Michaël Lessard qui, lui, demandait à ce qu'il y
ait une subrogation possible sans consentement... pas qu'il disait sans consentement,
mais il ne proposait pas sans consentement, mais lui disait : Il faudrait
tenir compte du processus de guérison de la personne victime.
• (17 h 40) •
Alors, entre les deux préoccupations et
les deux solutions, celle... la même préoccupation de Me Lessard qui
disait : Bien, ajoutez le critère de guérison, processus de guérison de la
personne victime, on préférerait la proposition, même préoccupation, mais proposition
autre d'amendement de l'Association des juristes progressistes, et là, qui
demandait carrément — puis c'est leur amendement, là, ce n'est pas le
mien, <c'est leur amendement> — d'obtenir le consentement
pour ces trois éléments-là. Ça a été également une préoccupation exprimée par
le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale et les
RQCALACS qui recommandaient également de faire en sorte que le droit de
subrogation puisse être limité par rapport aux victimes en lien avec les
victimes de violence sexuelle et de violence conjugale.
Alors, la rédaction, M. le Président,
pourrait être autre également. On a considéré, mais ça, c'est la rédaction de
l'Association des juristes progressistes, on aurait pu considérer, puis le
ministre pourrait le sous-amender : «Le ministre doit obtenir le consentement
de la personne victime si la subrogation concerne des cas <de violence...
>de violence sexuelle», qui pourrait être encore plus large et faire...
ne pas faire écho nécessairement à «non consensuel». Donc, ça pourrait être
encore plus large.
Alors, l'amendement de l'Association des
juristes progressistes est sur la table. Et je sais que le ministre, suite à l'intervention
de la collègue de Sherbrooke, devait faire des vérifications. On aimerait ça
savoir s'il y a possibilité dans ces cas très précis là. Puis je sais qu'un peu
plus tôt dans nos débats, il a fait écho de la subrogation puis dire :
Bien, écoutez, par rapport aux violences à caractère sexuel, il va falloir être
excessivement prudent, si c'est de l'intention du ministre à ce que cette
prudence-là soit systématique. Mais si ce n'est pas dit dans la loi, on ne
pourra pas prétendre à une application, à une prudence systématique. En le
mettant là, je pense que... Honnêtement, M. le Président, on a entendu
les préoccupations des victimes, et des femmes, et des hommes qui représentent
les victimes. Ça, c'est une épée de Damoclès. Puis, si ce n'est pas dans la
loi, ça va demeurer une épée de Damoclès, une possibilité. Au-delà de
l'application bienveillante qui en sera faite, ce sera une épée de Damoclès. Si
c'est dit dans la loi, ouf! Parfait. Ça pourra m'aider à dénoncer, mais si je
ne dénonce pas, au moins, ça pourra m'aider à aller au niveau de l'IVAC et
avoir cette assurance-là que je ne serai pas, par exemple, obligé d'aller
témoigner, là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
<Oui...
M. Tanguay
: ...p
arfait.
Ça pourra m'aider à dénoncer, mais si je ne dénonce pas, au moins, ça pourra
m'aider à aller au niveau de l'IVAC et avoir cette assurance-là que je ne serai
pas, par exemple, obligé d'aller témoigner, là.
Le Président (M.
Bachand) :
Merci beaucoup. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette :
>Oui. J'ai réfléchi à tout ça, j'ai consulté les équipes du ministère de
la Justice également. Alors, en lien avec l'article 23, puis avec
l'article 27, puis l'amendement qui est proposé par le député de LaFontaine,
je ne l'inscrirai pas dans la loi. Par contre, ce qu'on va faire, c'est qu'on
va mettre une directive de la part du Procureur général relativement au... des
directives administratives relativement à ce qui doit être intenté ou non. Et
également on va mettre une pratique pour que tous les cas... Dans le fond,
avant d'entamer un recours subrogatoire, on va consulter la personne victime, donc
pas juste en matière d'agression sexuelle, pas juste en matière de violence
conjugale, mais pour tous les types de dossiers relativement aux infractions
dans le cas d'un combat exercé en recours subrogatoire. Là, on va y aller par
voie administrative.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député.
M. Tanguay
: Mais
pourquoi ne pas le mettre dans la loi?
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'on pourrait se retrouver face à des situations où, exemple, dans un cas
d'homicide, à qui est-ce qu'on demande l'autorisation d'entamer le recours
subrogatoire ou non? Un homicide en cas de violence conjugale, à ce moment-là,
il y a plusieurs personnes victimes. Il y a la victime directe qui est décédée,
ça fait qu'elle, elle ne peut plus émettre de consentement, mais après ça, il y
a plusieurs proches, il y a plusieurs personnes victimes.
Avec la nouvelle loi, ça fait en sorte que
vous allez avoir les enfants, les parents, qui vont être indemnisés, le proche
significatif, le proche, les personnes significatives, donc l'ensemble du noyau
aussi. Donc, ça amène ces questions-là aussi.
M. Tanguay
: Mais
comment ça serait plus facile de rédaction dans une directive que ce n'est pas
facile ou suffisamment facile de rédaction dans la loi? Ça va être le même
défi.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais parce qu'on va être face à des situations différentes où... dans le cadre
où je souhaite avoir une certaine souplesse en tant qu'administrateur du régime,
puis pour pouvoir s'ajuster également. Puis il va y arriver certains cas où, si
la victime n'est plus là, ou elle est disparue, ou quoi que ce soit, il faut
avoir une certaine souplesse. Puis, dans le fond, ça ne se fait pas
actuellement dans l'État québécois, mais je vais le faire par ligne directrice.
M. Tanguay
: O.K. Le ministre
a déjà annoncé son intention d'abolir, d'abroger l'article 7 du projet de
loi n° 84. Ça veut donc dire que, <dans tous
les cas d'espèce... >jamais, dans tous les cas d'espèce, puis le ministre
pourra me détromper si j'ai tort ou confirmer, <dans tous les cas
d'espèce, jamais >il ne sera exigé d'une victime, lorsque le
procureur général utilise son pouvoir de subrogation, que la victime <,
dans tous les cas d'espèce,>ne sera jamais obligée de témoigner dans le
contexte de l'exercice d'une subrogation. J'ai essayé d'étirer autant que je
pouvais, là. Le texto était trop long.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Excusez-moi, pouvez-vous répéter?
M. Tanguay
: Alors,
est-ce que vous… Le ministre a annoncé, M. le Président, que l'article 7
va être abrogé...
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: ...«devoir
de coopération», tout ça. Donc, il n'y a plus d'interprétation. Or, «coopération»,
ça veut-tu dire… Parce qu'à un moment donné le ministre... Bien, ça ne voudra
pas dire... <ou il avait dit...
Le Président (M.
Bachand) : …
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Excusez-moi, pouvez-vous répéter?
M. Tanguay
: Alors,
est-ce que vous… Le ministre a annoncé, M. le Président, que l'article 7
va être abrogé...
M. Jolin-Barrette :
Oui.
M. Tanguay
:
...«devoir de coopération», tout ça. Donc, il n'y a plus d'interprétation. Or,
«coopération», ça veut-tu dire… Parce qu'à un moment donné le ministre... Bien,
ça ne voudra pas dire... >ou il avait dit : C'est clair que «coopération»,
ça ne veut pas dire que vous devez aller dénoncer à la police, mais là... Bon. Alors,
«coopération», ça voudra assurément… n'existera plus.
Mais est-ce que ça veut dire, si on enlève
le 7, et, à l'article 27, si ce n'est pas marqué, est-ce que le ministre
est d'accord, puis de l'affirmer en nos débats présentement, que, dans tous les
cas d'espèce, jamais une victime ne sera obligée de témoigner dans le contexte
de l'utilisation par le Procureur général de son droit de subrogation?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, <dans
le fond, >notre droit de subrogation, dans le fond, on va l'exercer, il
n'y a pas d'obligation avec la personne de collaborer. Par contre, on va lui
demander, avant d'entamer la poursuite : Voici, nous avons l'intention
d'entamer une poursuite subrogatoire, quel est votre avis? On va vérifier avec
la personne victime.
M. Tanguay
: O.K. Et la
personne pourrait, M. le Président… Parce qu'en matière civile, pas comme en
matière criminelle… en matière criminelle, vous pouvez décider de ne pas
témoigner si vous êtes la victime. Vous n'êtes pas obligé de témoigner au
procès. Mais, en matière civile, si vous avez un subpoena, vous devez répondre
aux questions, vous êtes obligé, sinon c'est «contempt of court», <c'est >outrage
au tribunal.
Alors, quelle assurance avons-nous, <dans
tous les cas d'espèce, >à part ce que dit le ministre, puis je suis prêt
à prendre sa parole, là, mais, dans tous les cas d'espèce, une personne ne sera
jamais obligée de témoigner dans un recours civil subrogatoire?
M. Jolin-Barrette : Bien, si
la personne victime ne veut pas collaborer, on va évaluer les différentes
options, parce que faire la preuve sans le témoin ou avec un témoin hostile, ce
n'est pas très bonne idée.
M. Tanguay
: O.K. Sans
dire… O.K. Là, on peut mettre, on peut mettre l'endiguement à deux niveaux. Je
ne pense que l'on doive… Puis le ministre dit : Il y a des cas, au-delà de
violence à caractère sexuel, conjugale, puis dans la jeunesse. Il y a des cas
de meurtre où ça peut être délicat, puis effectivement c'est plus large que ces
trois aspects-là, plus large que l'amendement. Je ne pense pas que l'on puisse
dire, puis mettre l'endiguement là, que l'on puisse dire : Bien, dans tous
les cas d'espèce, ça va prendre le consentement, parce que, dans certains
éléments, les gens pourraient donner pas de consentement, puis finalement ça ne
serait absolument pas justifié à sa face même.
Mais est-ce que l'on peut mettre dans la
loi, c'est là où on pourrait mettre l'endiguement, que dans l'exercice… Puis
l'amendement pourrait être rédigé de même : «Dans un contexte d'exercice
d'un pouvoir subrogatoire, en aucun cas, la victime ne sera obligée de
témoigner. Est-ce qu'on pourrait le mettre dans la loi? Et là on est en aval du
consentement, on est en aval, on est plus bas <que le consentement…
M. Tanguay
: ...d'un
pouvoir subrogatoire, en aucun cas, la victime ne sera obligée de témoigner.
Est-ce qu'on pourrait le mettre dans la loi? Et là on est en aval du
consentement, on est en aval, on est plus bas >que le consentement.
M. Jolin-Barrette : Non.
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
à juste titre, on me rappelle qu'elle peut être assignée par l'autre partie.
Donc, lorsqu'on va évaluer tout ça, pour aller récupérer les sommes, on va
évaluer l'ensemble du dossier à la lumière de la personne victime.
M. Tanguay
: Mais la
loi pourrait pourrait faire en sorte que, dans ce contexte-là d'exercice de
recours subrogatoire, l'autre partie ne puisse pas le convoquer.
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est la défense pleine et entière de la personne.
M. Tanguay
: Parce qu'à
un moment donné, il faut le mettre dans la loi.
M. Jolin-Barrette :
<On
se retrouve... >On se retrouve dans un recours civil où <la
personne... >on empêcherait la personne de faire sa preuve, l'autre
partie de faire sa preuve.
M. Tanguay
: Oui. Alors,
c'est pour ça...
M. Jolin-Barrette : Le
recours subrogatoire, là, c'est pour ça que je vous dis qu'il faut l'utiliser
avec parcimonie et dans des circonstances très particulières relativement à
l'impact de la victime. Donc, on va analyser chacun des cas, il va y avoir des
lignes directrices, puis on va analyser chacune des situations.
Le Président (M.
Bachand) :J'aurais la députée de Sherbrooke,
s'il vous plaît.
Mme Labrie : Bon, je vais
revenir sur la question de l'exercice... du pouvoir subrogatoire, parce que,
pour moi, le fait de témoigner, c'est autre chose, là. Je ne dis pas que c'est
moins important, mais, je veux dire, c'est deux choses différentes, là. Une
victime, en ce moment, on le sait, peut décider de ne pas porter plainte parce
qu'elle ne veut pas que l'autre soit au courant qu'elle a porté plainte. C'est
quelque chose qui arrive probablement tous les jours, là. Il y a des victimes
qui ne portent pas plainte, parce qu'elles ne veulent pas que l'autre sache
qu'elles ont porté plainte. Elles ont peur pour leur vie sinon, pour leur vie
ou pour toutes sortes d'autres types de représailles, dont on a déjà discuté
ici, notamment l'atteinte aux biens.
• (17 h 50) •
Mais j'ai un problème avec ce que le
ministre a dit, parce que même si j'entends son intention, ce qu'il dit qu'il
veut faire dans sa directive, c'est de consulter les personnes victimes. Et
consultation, c'est mieux que rien, là, mais on sait ce que ça vaut, là. Ça ne
donne pas non plus le pouvoir à la personne victime de dire : Non, je ne
veux pas que vous le fassiez. Est-ce que c'est possible d'avoir plutôt une
directive qui va nécessiter l'autorisation de la personne victime? Parce que
là, le ministre dit qu'il va envoyer la directive de consulter, mais une
personne victime pourrait tout à fait dire : Je ne suis vraiment pas à
l'aise, j'ai peur. Puis quelqu'un pourrait quand même décider d'aller de
l'avant, là, si c'est juste une consultation de la personne victime, moi, je
trouve ça problématique. Le simple fait que ça ne soit pas écrit puis que la
possibilité existe que ce pouvoir-là soit exercé, on le sait qu'en ce moment,
les groupes nous l'ont dit, ça empêche des victimes d'aller chercher de l'aide.
Ça fait que, <si on ne l'inscrit
pas...
Mme Labrie : ...
quelqu'un
pourrait quand même décider d'aller de l'avant, là, si c'est juste une
consultation de la personne victime, moi, je trouve ça problématique. Le simple
fait que ça ne soit pas écrit puis que la possibilité existe que ce pouvoir-là
soit exercé, on le sait qu'en ce moment, les groupes nous l'ont dit, ça empêche
des victimes d'aller chercher de l'aide.
Ça fait que, >si on ne l'inscrit
pas dans la loi, puis si on fait juste dire, s'engager verbalement à ce qu'il y
ait éventuellement une directive, dans laquelle on va prévoir consulter, la possibilité
théorique va toujours exister que le recours puisse être intenté sans que la
victime y ait consenti. Puis ça, dans la mesure où on sait déjà que ça empêche
des victimes de porter plainte, moi, je crains que ça va les empêcher d'aller
chercher de l'aide aussi, puis ça ne favorisera pas leur rétablissement, alors qu'on
partage tous ici cette intention-là.
Ça fait que moi, je m'inquiète quand même,
même si je vois que le ministre est sensible à cet enjeu-là, là. Le problème va
rester entier. Même avec l'engagement verbal qu'il prenait tout à l'heure, il
va quand même y avoir des victimes qui vont craindre que ce recours-là soit
exercé. Puis, en mon sens, c'est des craintes vraiment légitimes, là. On peut
imaginer très facilement qu'une personne qui a commis de la violence envers une
autre, qui se fait tout d'un coup poursuivre par l'État pour recouvrir des
sommes en lien avec ça, pourrait tout à fait décider de se venger contre la personne
qui est allée chercher... soit porter plainte ou soit chercher de l'aide au
régime.
Ça fait que moi, je trouve que c'est des
craintes très légitimes, je veux qu'on réponde à ces craintes-là. Puis je ne
suis pas convaincue que la réponse du ministre va permettre d'éviter ces situations-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, comme je le dis, j'entends très bien. Et c'est pour ça que les lignes
directrices que je vais donner relativement au procureur, puis en plus dans le
cadre du rôle de Procureur général, dans le concile de l'État, donc c'est en
lien avec le ministre de la Justice, ça va être très clair relativement aux
modalités d'encadrement qu'il va y avoir relativement aux recours.
Et la démonstration, c'est que, depuis le
début, il y a eu 23 cas, là, de recours subrogatoire, donc ce n'est pas quelque
chose qui est toujours utilisé. Même rarement, je vous dirais, parce qu'on
indemnise des milliers de personnes aussi. Donc, on va s'assurer de faire en
sorte que ça soit bien balisé et bien encadré, comme c'est le cas pour tous les
autres recours de l'État.
Mme Labrie : Mais c'est que
c'est déjà rarement, puis je le crois, là, le ministre quand il me dit ça. Mais
l'état actuel des choses, c'est qu'en ce moment même. ça empêche des victimes
de réclamer justement à cause de ça. Donc, le problème, il existe déjà, tu
sais, je ne suis pas en train d'avoir peur d'un nouveau problème qui va se
créer. On nous a dit que ça existait déjà des victimes qui disent : Ah!
ça, j'ai trop peur de ça. Même si c'est extrêmement rare que c'est utilisé, il
y a une crainte qui existe. Donc, le fait qu'on va seulement consulter les
victimes, c'est un bel engagement, c'est mieux que rien. Mais, pour moi, ça ne
va pas effacer toutes les craintes.
Puis là, je veux dire, moi, je ne suis pas
dans cette situation-là en ce moment, je présume, parce que je souhaite le
mieux pour le ministre que ce n'est pas son cas non plus. Mais, je veux dire,
une personne qui a vécu de la violence conjugale, vit dans un état de terreur
constante. Cette personne-là, la moindre possibilité que l'autre personne soit
informée <qu'elle a été...
Mme Labrie : …je veux dire,
moi, je ne suis pas dans cette
situation-là
en ce moment, je
présume,
parce que je souhaite le mieux pour le
ministre que ce
n'est
pas son cas non plus. Mais, je veux dire, une
personne qui a vécu de la
violence conjugale, vit dans un état de terreur constante. Cette
personne-là,
la moindre
possibilité que l'autre
personne soit informée >qu'elle
a été chercher de l'aide puis qu'elle a dit avoir été victime de violence
conjugale, cette personne-là vit dans un état de terreur qui fait que le simple
fait que la possibilité existe, même si elle est infime, ça va lui faire
craindre le pire, puis elle pourrait s'abstenir d'aller chercher de l'aide.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Je
suis très sensible à ce que la députée de Sherbrooke, elle dit, mais la
réalité, là, c'est qu'avec le régime, là, dans le fond, il y a… La députée de Sherbrooke
parle beaucoup de la personne victime, supposons, la victime directe, mais il
n'y a pas juste elle, là, dans le fond, maintenant, il y a toutes les autres
personnes victimes aussi, donc qui vont amener des sommes importantes <aussi
>pour l'État aussi. Donc, ce qui m'est proposé, dans le fond, par voie
légale, ça devient difficile aussi. Donc, par les lignes directrices, on va
pouvoir avoir cette souplesse-là de bien encadrer en fonction aussi de ce que
les gens, sur le terrain, vont nous dire, les organismes, tout ça.
Donc, mon message, c'est que, je dirais, dans
le fond, on va bien encadrer par le biais des lignes directrices. Puis ultimement,
là, ultimement, les recours subrogatoires seront exercés par le ministre. Donc,
c'est moi qui vais déterminer les modalités lorsqu'un tel recours va être pris,
puis je peux vous assurer que je vais mettre en place des balises très claires.
Mme Labrie : Moi, je ne doute
pas du tout du jugement là-dessus du ministre, puis d'ailleurs on le voit, ça
été appliqué très rarement, là. Ce n'est pas ça, ma crainte, ce n'est pas que
le ministre, éventuellement, ou un autre ministre parte, là, puis enclenche ce
recours-là trop souvent dans des circonstances qui pourraient être
préjudiciables aux victimes. Mais ma préoccupation, c'est que les victimes,
elles, elles sont dans un état de terreur, ça fait qu'elles craignent ça. Elles
ne sont pas en train de se demander si le ministre va avoir un bon jugement,
là, elles ont peur de tout, elles ont peur d'être tuées constamment. Donc,
c'est au-delà du bon jugement que pourrait avoir le ministre, puis ce n'est pas
ça que je mets en doute ici, là, mais c'est vraiment… La possibilité théorique
est problématique.
Puis j'entends quand le ministre dit,
là : Il y a d'autres catégories de victime. C'est vrai que c'est un enjeu.
Moi, à mon sens, quand je demande ça, le consentement de la victime, avant
d'entreprendre le recours, j'ai en tête la victime directe. Je ne sais pas si…
Je sais que là, la notion de victime directe, indirecte, elle n'existe plus,
mais peut-être que, dans ce cas particulier, on pourrait la ramener. Je
comprends que ça ne demandera pas nécessairement le consentement de toutes les
victimes, des proches, tout ça. Ce n'est pas ça que je souhaite nécessairement,
mais, moi, j'ai en tête la victime directe quand je fais cette demande-là. Ça
fait que peut-être qu'on peut ramener la notion juste pour cette question-là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Mais je
cherche une voie de passage, là, M. le Président. Je ne peux pas venir, dans la
loi, précisément, tu sais<, venir >: Ça prend le consentement
de X, Y, Z, parce que ça demande <un niveau…
Mme Labrie : ...
la
notion juste pour cette question-là.
Le Président (M.
Bachand) :
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Mais je cherche une voie de passage, là, M. le Président. Je ne peux pas venir,
dans la loi, précisément, tu sais, venir : Ça prend le consentement de X,
Y, Z, parce que ça demande >un niveau de détail très important, là. Dans
les lignes directrices qu'on va mettre en place, il y a plusieurs
sous-modalités, plusieurs éléments. Je ne peux pas venir le mettre clairement
comme ça, aussi simple que ça, dans la loi.
Ce qu'on pourrait faire, par contre, c'est
mettre un amendement à l'article 27, qui dirait, dans le fond : «Le ministre
adopte des lignes directrices et les rend publiques», donc, avec le niveau de
détail requis. Ça, on pourrait faire un amendement là-dessus pour dire que, un,
mon engagement de publier<des lignes directrices>... de
prendre des lignes directrices, il est là. Les victimes vont savoir quelles
sont les modalités associées aux lignes directrices, puis ça va venir à être
détaillé, puis on va les rendre publiques.
Mme Labrie : C'est déjà un bon
pas. Je dois dire que je pensais d'emblée que les lignes directrices seraient
publiques, mais si on vient les inscrire dans la loi, c'est encore mieux.
Puis sur la question de se limiter à
consulter les victimes, comme les lignes directrices, là, ça va être en dehors
du projet de loi, est-ce qu'on peut mettre une notion, au niveau des lignes
directrices, pour que la victime directe, ce ne soit pas juste la consulter,
mais que ça prenne son autorisation? Quand ce sera des proches, par exemple,
les parents, les enfants de la victime, on pourrait se contenter de la consultation,
là, moi, je n'aurais pas de problème, mais quand il y a une victime directe...
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est parce qu'il y a...
Mme Labrie : ...qui est toujours
en vie.
M. Jolin-Barrette : ...<il
y a >plusieurs cas de figure, qu'on doit réfléchir à tout ça, sur les
différentes modalités. Parce que, vous comprenez, on se retrouve dans un cas où
la personne victime, elle est indemnisée avec l'argent de l'État, puis il y a
une personne qui a commis une infraction criminelle qu'on veut aller chercher. O.K.
Pas dans toutes les circonstances, là, notamment en matière de violence
conjugale, violence sexuelle, il y a des enjeux, ais il faut garder les
modalités ouvertes. On va venir refermer ça par les différentes lignes
directrices.
Mme Labrie : Je ne suis pas
sûre de comprendre ce que la réponse veut dire. Dans le fond, moi, je... Ma question
précise, c'est...
M. Jolin-Barrette : Oui, en
fait, à la réponse précise, dans le fond, non, je ne souhaite pas dire : Ça
prend absolument l'autorisation de la victime dans toutes les circonstances. On
va peut-être venir dire dans les lignes directrices : Ça prend
l'autorisation de la victime. Je ne ferme pas la porte à ça dans les lignes
directrices, mais ça se peut qu'il y ait des situations d'exception, auxquelles
je ne pense pas présentement, en lien avec le recours subrogatoire.
Mme Labrie : Donc, le
ministre, il est prêt à ajouter un amendement, dans l'article 27, pour
s'engager à rendre publiques des lignes directrices. Et il est prêt à envisager
que, dans ces lignes directrices là, on puisse demander, dans certaines
circonstances, l'autorisation de la victime. Mais assurément, dans tous les
cas, il prévoit demander la consultation de la victime. Est-ce que je résume
bien?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Labrie : Parfait.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette, s'il vous plaît.
Mme
Hivon
: Est-ce
qu'à l'occasion du dépôt de cet amendement le ministre pourrait continuer à
réfléchir pour mettre carrément dans la loi...
18 h (version révisée)
Mme Labrie : ...l'autorisation
de la victime. Mais assurément, dans tous les cas, il prévoit demander la consultation
de la victime. Est-ce que je résume bien?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Labrie : Parfait.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de Joliette,
s'il vous plaît.
Mme
Hivon
: Est-ce
qu'à l'occasion du dépôt de cet amendement le ministre pourrait continuer à
réfléchir pour mettre carrément dans la loi que, dans les cas de violence
sexuelle et conjugale, c'est exclu, donc il n'y en aura pas, de subrogation?
Parce que, si c'est ça, sa volonté, je ne vois pas pourquoi on attendrait des
lignes directrices, parce que ça enverrait un message clair. Encore une fois,
je pense qu'on a un gros travail à faire auprès des victimes de violence
sexuelle et conjugale. Puis on le mettrait clairement, qu'il n'y a aucune
ambiguïté par rapport à ça, puis ça serait écrit noir sur blanc dans la loi.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
peux continuer d'y réfléchir. Déjà, je cherche une voie de passage pour qu'on
fasse des modalités... une piste de solution. Mais l'enjeu que je vous relate,
c'est parce qu'il peut y avoir différentes circonstances. Ce n'est pas mon
intention à la base qu'on prenne des recours subrogatoires pour la violence
conjugale, violence sexuelle. Ça, c'est le premier élément. Mais il pourrait
arriver certaines situations qu'à ce stade-ci je n'ai pas en tête, là, mais qui
feraient en sorte qu'on devrait exercer un recours subrogatoire. Ça fait que
vous comprenez, là, j'essaie, tu sais, mais je...
Mme
Hivon
: Je
sais puis... On travaille ensemble. Je veux juste soumettre mes arguments au ministre.
S'il y en a eu 23 depuis que ça existe, c'est très peu, donc je ne vois pas
quel serait le risque d'exclure d'emblée que, dans ces cas-là, il n'y en aura
pas, de recours subrogatoire. Dans le sens où, je veux dire, même s'il y avait
un cas hypothétique où ça pourrait peut-être être une bonne idée de le faire en
matière de violence sexuelle et conjugale, même si je ne le vois pas, il me
semble que ça ne serait pas la fin du monde que ce soit exclut d'emblée.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, ce qu'on me disait aussi, c'est possible aussi qu'il y ait des victimes
qui souhaitent... un, il ne faut pas exclure le recours subrogatoire d'emblée
parce que ça se pourrait que des victimes souhaitent aussi faire le recours
subrogatoire pour se joindre à l'action aussi puis obtenir la compensation
manquante de leur indemnité, comme le député de LaFontaine proposait, là,
tantôt à 23. Puis, dans le fond, les commentaires que je fais là, je vais les
verser à 23 aussi. Dans le fond, ce qu'on va faire, c'est qu'on va... le procureur,
lorsqu'il va le prendre, le recours subrogatoire, il va consulter en vertu des
lignes directrices, mais il va aussi informer la victime à savoir si elle veut
se joindre à un tel recours aussi.
M. Tanguay
: ...
M. Jolin-Barrette : Non, pas
dans la loi, ça va être dans les lignes directrices. Parce que, sinon, si c'est
dans la loi, ça va devenir une intervention forcée. Donc, c'est ça, ça fait que
la personne, tu sais, qu'il lui manque son 10 % sur le 90 % de
revenus, elle pourrait vouloir se joindre aussi, même si c'est en matière
d'agression sexuelle. Puis ça pourrait aussi participer au processus de
guérison de la personne aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je vais encore
poser une question de personne néophyte en droit. Ça, le recours subrogatoire,
c'est au <civil...
M. Jolin-Barrette :
…elle pourrait vouloir se joindre aussi, même si c'est en matière d'agression
sexuelle. Puis ça pourrait aussi participer au processus de guérison de la
personne aussi.
Le Président (M.
Bachand) :
Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : Je vais encore
poser une question de personne néophyte en droit. Ça, le recours subrogatoire,
c'est au >civil?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Labrie : Donc, si la
personne décide de se joindre au recours, elle est informée que le ministre
veut exercer ce recours-là et on lui offre de se joindre, elle, est-ce qu'elle
va le faire sans frais? Est-ce qu'elle va devoir payer des frais d'avocat pour
se joindre à cette démarche-là ou ça va lui permettre d'avoir un recours civil
qui s'exerce sans avoir aucune dépense à payer?
M. Jolin-Barrette : Non, les
dépenses sont à sa charge.
Mme Labrie : Donc, si elle
décide de se joindre au recours, les dépenses sont à sa charge.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Labrie : O.K.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, l'État, là, avec l'IVAC, là, l'État vient offrir un soutien aux personnes
victimes, vient offrir une indemnisation. L'État ne prend pas fait et cause à
la cour pour le manque à gagner de la personne dans le cadre de son recours. Dans
le fond, là, l'avocat de l'État, là, du PG, là, dans le fond, supposons, dans
le cadre d'un recours subrogatoire, il va aller réclamer le 90 % du
salaire, mais, si la victime veut avoir 10 %, parce qu'elle a subi son
autre perte de 10 %, ça peut être à même ses propres avocats ou elle-même.
Mme Labrie : O.K. J'essaie de
concevoir parce que… Comment ça va se passer, par exemple, l'exercice de tout
ça, là, concrètement? Peut-être que le ministre peut m'éclairer, là.
Disons, moi, je suis victime. Là, l'État
décide d'aller chercher le 90 % du salaire <qui m'est… >qu'il
me verse. Il m'informe de ce recours-là, il me dit : Est-ce que, madame,
vous voulez participer vous aussi en même temps pour aller chercher votre
10 % qu'il vous manque? Là, moi, je pense à ça. Je décide d'y aller. Je
vais devoir m'embaucher un avocat pour aller faire une démarche.
Dans le fond, ce que je ne comprends pas,
c'est que j'avais compris qu'on allait offrir à la personne de se joindre au
même recours. Pourquoi ça prend un avocat de plus pour aller chercher le 10 %
de plus? Pourquoi ça ne peut pas juste< être… >, tu sais, faire
partie de la demande?
M. Jolin-Barrette : Parce que
l'avocat de l'État représente l'État, puis la personne victime, c'est à titre
personnel qu'elle fait sa demande.
Mme Labrie : Ça fait que ça va
se passer quand même dans… Est-ce que ça va se passer dans le cadre d'un autre
procès?
M. Jolin-Barrette : Non, dans
le fond, quand qu'on dit l'intervention, là, dans le fond, le Procureur général,
dans le fond, va dire… Supposons, la personne, elle a reçu 50 000 $
en salaire. Le Procureur général va dire : Bien, je poursuis monsieur pour
50 000 $ parce que j'ai payé 50 000 $ à madame en
indemnités de remplacement de revenu. Là, on va aviser madame pour prendre la
demande devant la cour, dans le véhicule, là, la procédure. On va dire :
Voici, on a l'intention de prendre procédure contre monsieur. On vous informe
qu'on va exercer un recours subrogatoire. Voulez-vous vous joindre à l'action,
à la poursuite? Et là madame, par elle-même ou par le biais de son avocat, va
dire : Je joins le recours. Donc, elle devient intervenante et
codemanderesse dans la même procédure <judiciaire. Donc, ça va être
joint…
M. Jolin-Barrette :
...procédure contre monsieur. On vous informe qu'on va exercer un recours
subrogatoire. Voulez-vous joindre à l'action, à la poursuite? Et là madame, par
elle-même ou par le biais de son avocat, va dire : Je joins le recours.
Donc, elle devient
intervenante et codemanderesse dans la même procédure
>judiciaire. Donc, ça va être joint dans la même demande. Donc, il va y
avoir deux parties demanderesses dans le litige, dans cette procédure-ci. Donc,
ça ne sera pas deux procès différents, ça va être le même dossier.
Mme Labrie : C'est quoi,
l'intérêt de la victime de faire ça?
M. Jolin-Barrette : De
joindre au recours?
Mme Labrie : De se
joindre au recours plutôt que d'y aller sur ses propres bases.
M. Jolin-Barrette :
Bien, ça facilite la preuve, dans un premier temps. Tu sais, dans le fond, tout
se déroule dans la même instance. Donc, un, c'est le même juge. Ça évite de
multiplier les différentes procédures. Puis, dans le fond, la preuve qui est
entendue, elle est entendue une fois par le juge. Donc, ça facilite le
recours.
Puis on s'entend que le fait que le
Procureur général, supposons, supporte... bien, prenne action, le gros de la
demande, ça va être le Procureur général. Nous-mêmes, on va présenter les faits
à la cour, on va présenter les allégués. Donc, la victime va dire : Bien,
je suis d'accord avec ces allégués-là. Puis, tu sais, si le Procureur général
fait la preuve, bien, c'est une démonstration que les événements sont survenus,
<que… >la preuve qu'il y a lien de causalité.
Et donc, pour la victime, à partir du
moment où la preuve est démontrée puis qu'il y a un préjudice, que les faits
sont allégués puis qu'ils sont démontrés, ils sont prouvés à la cour, bien là,
elle, ce qu'elle a à prouver, c'est la portion de son préjudice.
Mme Labrie : Puis,
disons, dans le cas d'un agresseur qui aurait quelques moyens financiers, mais
peu, quand même, est-ce que ça va nuire à la victime, le fait que l'État lui
demande 50 000 $, puis elle, elle demande 5 000 $, si la
capacité de payer de l'agresseur n'atteint pas ces montants-là? Est-ce que ça
va nuire à la victime de faire sa demande en même temps dans la même procédure?
M. Jolin-Barrette : Bien
non. Mais, dans le fond, c'est mieux qu'ils obtiennent le jugement en même
temps qu'après parce que, dans le fond, quand les créanciers saisissent la
personne, ils paient ceux qui ont une créance envers lui.
Mme Labrie : Il doit
payer qui en premier?
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fonction de l'ordre des créanciers. Dans le fond, supposons, une
personne qui saisit une autre personne, ça se fait selon l'ordre des créances.
D'habitude, l'État passe pas mal avant, là.
Mme Labrie : Donc là,
l'État va passer avant la victime.
M. Jolin-Barrette :
Bien, si l'État décide d'exercer son jugement aussi.
Mme Labrie : Bien là,
s'il a intenté le recours, il avait l'intention, j'imagine, d'aller chercher
l'argent.
M. Jolin-Barrette :
Bien, généralement, oui.
Mme Labrie : O.K. Ça fait
que ça pourrait arriver quand même, là, que l'État fasse ça, que la victime
paie un avocat pour se joindre. Finalement, le jugement est favorable. Puis là
l'État passe en premier pour aller chercher l'argent disponible, puis
finalement la victime...
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais le jugement de la victime demeure toujours là. Si jamais il n'y avait pas
assez d'argent pour assez de monde, là, à ce moment-là, la personne va se
mettre sur la protection, puis là les créanciers sont payés à x montant
avec un arrangement, puis tout ça, là. Tu sais, c'est tellement de cas d'espèce
différents que...
Mme Labrie : Je
comprends, là, tu sais. Moi, je le vois, le <scénario où il y a des...
M. Jolin-Barrette :
…Si jamais il n'y avait pas assez d'argent pour assez de monde, là, à ce
moment-là, la personne va se mettre sur la protection, puis là les créanciers
sont payés à x montant avec un arrangement, puis tout ça, là. Tu sais,
c'est tellement de cas d'espèce différents que…
Mme Labrie : Je comprends,
là, tu sais. Moi, je le vois, le >scénario où il y a des victimes qui
pourraient dire : Je suis à l'aise que l'État exerce le pouvoir
subrogatoire, là, même dans des cas de violence conjugale. Puis probablement
que c'est possible, là, mais j'ai de la misère à voir à quel point il y a des
avantages là-dedans pour la victime pour justifier de ne pas le mettre dans le projet
de loi, qu'on exclut… Minimalement, là, moi, je… En fait, moi, ce que je veux,
ce n'est pas d'exclure nécessairement ces situations-là, mais c'est d'exiger le
consentement, c'est d'exiger absolument le consentement de ces victimes-là. Je
ne suis pas convaincue des avantages, là, de ne pas le faire.
• (18 h 10) •
Le Président (M. Bachand) :
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Sur ce
point-là, M. le Président, le cas de figure qui est donné par le Regroupement
des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. C'est vraiment ça qui
est l'enjeu. Je vais attendre que…
(Consultation)
Mme
Weil
: C'est important, là, parce que c'est vraiment le cas de
figure. Et <il n'y a… >il n'y a pas un sou qui va… mais <il
n'y a pas… I>il y a des millions de dollars de… ne valeraient pas la
peine d'aller prendre des risques s'il n'y a pas de consentement de la femme.
Je
vais vous donner l'exemple qui est donné par le Regroupement des maisons pour
femmes victimes de violence conjugale : «Bien des victimes de violence
conjugale, particulièrement celles qui n'ont pas dénoncé leur conjoint violent
à la police, craindront les représailles de celui-ci si le Procureur général
les poursuit pour obtenir le remboursement des indemnités versées.» Ça, c'est
le cas de la femme victime de violence conjugale qui n'aurait pas… Donc, l'IVAC
l'indemnise, mais le mari, selon la preuve qui a été soumise à l'IVAC… mais
elle n'aurait pas dénoncé le conjoint violent à la police. Ça, c'est le cas de
figure qu'ils donnent.
L'autre :
«En ce qui concerne les victimes d'agressions sexuelles, plus particulièrement
d'inceste, plusieurs ont besoin de soins, de support, voient leurs capacités
affectées, mais ne veulent pas remuer publiquement les éléments de leur passé.»
Leur
conclusion : «Devant la probabilité de subrogation, ces femmes risquent de
ne pas déposer de demande à l'IVAC. Comme nous l'avons dit, cela aurait, tout
comme dans l'obligation de signaler le crime à la police et de collaborer avec
les autorités, un effet discriminatoire certain pour ces femmes.»
Donc,
face à ça, on ne peut pas prendre le risque. Un État ne pourrait prendre le
risque de danger que ça peut représenter pour un mari violent qui voudrait s'en
prendre… C'est justement le cas de figure que la députée de Sherbrooke a
présenté. Je ne vois pas comment un État, en toute connaissance de cause, avec
tout ce qu'on connaît, avec tout ce qu'on vient de vivre ces dernières
semaines, le nombre de décès, de victimes de violence conjugale, avec le
discours du premier ministre qu'on a entendu aujourd'hui… C'était passionné, il
a dit : Plus jamais, plus jamais on ne prendra de chance ou de <risques…
Mme Weil
: …je ne
vois comment un état, en toute connaissance de cause, avec tout ce qu'on
connaît, avec tout ce qu'on vient de vivre ces dernières semaines, le nombre de
décès, de victimes de violence conjugale, avec le discours du premier ministre
qu'on a entendu aujourd'hui… C'était passionné, il a dit : Plus jamais,
plus jamais on ne prendra de chance ou de >risques. Et voilà, on fait
face, justement, à une situation de risque qui a été présentée en commission
parlementaire. Je pense qu'il faut être bien conscient de ça, puis soit
qu'avant d'aller plus loin le ministre puisse y réfléchir, parce que moi, ça
m'inquiète beaucoup. Ça m'inquiète beaucoup qu'on aille de l'avant et d'attendre
tout simplement, éventuellement, une directive qui ne serait pas suffisamment
solide, selon moi, pour protéger une victime éventuelle.
Et il faut savoir que ces lois-là, elles
doivent durer dans le temps. Les ministres vont changer, les gouvernements vont
changer, mais la loi devrait rester permanente pour un certain temps.
Le Président (M.
Bachand) : Juste un petit moment.
Une voix : …
Le Président (M.
Bachand) : Oui, mais vous devez prendre votre siège.
On va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 13)
>
(Reprise à 18 h 26)
Le Président
(M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, M. le Président, je vous suggère de revenir à l'article 23, de
suspendre l'article 27, et pour qu'on puisse terminer l'étude de 23, puis
par la suite on va revenir à 27 avec un amendement.
Le Président
(M. Bachand) : Parfait. Donc, on va d'abord suspendre
l'amendement. Consentement?
M. Jolin-Barrette :
Consentement.
Le Président
(M. Bachand) : Consentement pour suspendre l'article?
M. Tanguay
:
Consentement.
Le Président
(M. Bachand) :Consentement pour
revenir à 23?
M. Tanguay
:
Consentement.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Donc, à 23, c'était : «Rien, dans la présente loi, n'affecte le droit de
la personne victime qui a choisi de présenter une demande de qualification en
vertu du présent titre de recouvrer de toute personne responsable du préjudice
subi les montants requis pour équivaloir, avec l'aide financière <reçue,
à la...
M. Tanguay
:
…Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Consentement pour revenir à 23?
M. Tanguay
:
Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Donc, à 23, c'était : «Rien, dans la présente loi, n'affecte le droit
de la personne victime qui a choisi de présenter une demande de qualification
en vertu du présent titre de recouvrer de toute personne responsable du
préjudice subi les montants requis pour équivaloir, avec l'aide financière >reçue,
à la perte réellement subie.»
Donc, essentiellement, le député de
LaFontaine me disait… Qu'est-ce que vous me disiez, là?
M. Tanguay
: J<e
disais… j>e vous disais que, de façon initiale, avant même que le
recours soit signifié, qu'il soit notifié à la personne victime en… de
laquelle, là, situation découle, là, le droit de subrogation, soit notifiée et
de lui permettre de se joindre ab initio, dès le départ, à l'action, ce qui
pourrait donc… de mettre son nom sur la procédure et… Voilà.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Donc, ce qu'on va faire, c'est que le procureur va aviser la personne victime
du recours qu'on va prendre. Mais, dans tous les cas, notamment de violence
sexuelle et violence conjugale, ça va prendre son consentement pour entamer…
M. Tanguay
: Ça, c'est
d'autre chose, on va le régler à 27.
M. Jolin-Barrette :
À 27, c'est ça. Mais là, au niveau de l'intervention, on va y aller par
voie administrative. On va aviser la personne qu'on a l'intention de prendre un
recours et qu'elle pourra se joindre.
M. Tanguay
: O.K. <Est-ce
que… q>Qu'on n'a pas dans la loi, c'est correct, mais, dans la
directive, évidemment, qui va être publique, cette directive-là, est-ce qu'on
va laisser le temps à la personne de pouvoir se joindre? On ne va pas juste lui
dire : En passant, on va signifier puis déposer telle procédure lundi
prochain, puis c'est vendredi, on va… Est-ce qu'on pourra prévoir un délai
raisonnable? Ça peut être un 10 jours ou un 30 jours, pour que la
personne puisse dire : O.K., dans votre rédaction de procédure, que vous
allez signifier…
Parce que, de façon bien, bien, bien
pratique, j'imagine qu'il va y avoir une seule signification parce qu'il y a
union, en vertu de l'ancien 67, des recours. Il y a deux codemandeurs.
Ça ne sera pas le Procureur général qui dit : Je poursuis pour ce que je
vous ai payé, c'est mon intérêt juridique, vous, vous avez un intérêt juridique
sur ce qui excède, ce que je vous ai payé. Intérêt juridique distinct,
ancien 67. Il y a deux codemandeurs. Mais que la directive fasse en
sorte, deux choses, qu'il y ait un délai pour la personne <d'élire…
de >dire : Oui, je veux <faire… >être codemandeur avec
vous, corequérant, mais également< que la… >, par exemple la
signification, là, vous allez dire : Vous êtes pointu, mais c'est bien
tangible, qu'il va y avoir une seule signification faite par le Procureur
général à la partie défenderesse qui va être valide pour le codemandeur, qui
est la victime, là.
M. Jolin-Barrette : Mais là
on va regarder les modalités dans les lignes directrices. Non, non, on va
regarder les modalités dans les lignes directrices de tout ça parce qu'il y a
des enjeux aussi en termes de délai, supposons, pour la prescription. Tu sais,
si jamais il arrivait qu'on était à la limite de la date de la prescription, le
Procureur général va signifier, même si l'autre personne <n'était pas… >n'est
pas encore intervenue dans le dossier, là.
Mais on va mettre en place des mécanismes
pour rassurer tout le monde, pour qu'il y ait une bonne marche dans le cadre
des recours subrogatoires.
M. Tanguay
:
<Mais
il y avait… >Puis il y a un article, là, obscur du Code civil du Québec,
puis je n'ai pas le bon numéro, mais ça ressemble à quelque chose
comme 2468 ou 2460, qui fait en sorte que… puis ça, je l'avais
découvert en pratique…
18 h 30 (version révisée)
M. Jolin-Barrette : …n'est pas
encore intervenu dans le dossier, là, mais on va mettre en place des mécanismes
pour rassurer tout le monde, pour qu'il y ait une bonne marge dans le cadre des
recours subrogatoires.
M. Tanguay
: Mais il y
avait… Puis il y a un article, là, obscur, du Code civil du Québec, puis je
n'ai pas le bon numéro, mais ça ressemble à quelque chose comme 2468 ou 2460,
qui fait en sorte que — puis ça je l'avais découvert en pratique — si
votre délai de prescription c'est demain matin, courrez à la cour, faites
timbrer votre procédure, et vous avez un 60 jours additionnel pour
signifier la personne.
Alors, dans le fond, l'important, c'est de
faire timbrer votre procédure, puis vous avez, je pense que c'est 2468, Code
civil de Québec, dans ces eaux-là. Mais effectivement... Alors, on n'ira pas
dans ce niveau, mais l'objectif, c'est de faire en sorte de faciliter. Puis sur
l'échange, puis je voulais intervenir, mais ça n'a pas adonné, avec la collègue
de Sherbrooke, après ça la personne a son intérêt juridique, mais la personne
pourrait décider de se représenter seule donc... ou d'être avec... de nager
avec le codemandeur, qui est procureur, une avocate ou un avocat qui va déposer
la jurisprudence, et ainsi de suite. La personne pourrait se représenter seule
et pourrait parfaire sa preuve de perte de revenus de ci, de ça.
Donc, ça peut très bien se vivre comme
n'étant pas une épée de Damoclès, c'est-à-dire : Bien là, il faut que
j'engage un avocat, et ainsi de suite, première des choses. Et, deuxième des
choses, est-ce qu'il y aurait possibilité, dans ce cas-là, de couvrir la
personne par l'aide juridique, le cas échéant, en gardant les mêmes critères?
Parce que je ne pense pas que ce soit couvert par l'aide juridique, ça, hein?
Si la personne voulait avoir un… en demande de dommages et intérêts, est-ce que
même c'est exclu spécifiquement? Mais on ne réglera pas, ça, là, mais ça
pourrait être intéressant si, en vertu du seuil, la personne peut se qualifier,
que ce soit couvert.
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, à l'aide juridique, je me rappelle mes jeunes années, il y a
plusieurs critères, là, pour être admis. Donc, il faut que ça rentre dans les…
je pense qu'il y a 9 ou 11 alinéas d'un article, pour être couvert. Donc,
il faudrait que je vérifie. Je vais vérifier.
M. Tanguay
: Donc, dans
le fond…
M. Jolin-Barrette : Mais,
dans le cadre du projet de loi n° 84, là, on ne change pas la Loi sur
l'aide juridique, là.
M. Tanguay
: Donc, dans
le fond…
M. Jolin-Barrette : Bien que,
bien que, et je l'ai bien noté dans le rapport sur la… comité d'experts sur
l'accompagnement des victimes, on recommande de l'assistance juridique. Et je
réfléchis…
M. Tanguay
: Oui.
M. Jolin-Barrette : …à la
mise en vigueur de tout ça.
M. Tanguay
: O.K. Donc,
«directives vont être données pour permettre à la personne — juste
pour qu'on — directives vont être données. Évidemment, ces
directives-là vont être publiées sur le site, donc ça va être des directives, évidemment,
publiques et vont donner les délais nécessaires à la personne de se joindre
pour pouvoir… O.K.
Est-ce que le ministre va, quand on va
revenir à 27, <va >le préciser qu'il va émettre des directives?
Est-ce qu'on pourrait le préciser également ici? Je pense que oui, à 23, que de
telles directives seront écrites, le cas échéant, pour permettre cela?
M. Jolin-Barrette : Si les
directives vont être écrites?
M. Tanguay
:
C'est-à-dire, à 27, le ministre… je pense qu'on s'enligne à 27 pour un amendement
qui va dire qu'il va y avoir des directives.
M. Jolin-Barrette : Bien là,
on va faire un amendement qui dit que ça prend <le consentement…
M. Tanguay
: …que de
telles directives seront écrites, le cas échéant, pour permettre cela?
M. Jolin-Barrette :
Si les directives vont être écrites?
M. Tanguay
:
C'est-à-dire, à 27, le ministre… je pense qu'on s'enligne à 27 pour un
amendement
qui va dire qu'il va y avoir des directives.
M. Jolin-Barrette :
Bien là, on va faire un
amendement qui dit que ça prend >le
consentement pour les victimes de violence sexuelle et de violence conjugale
pour entamer un recours subrogatoire. Les lignes directrices, je vais les
mettre par voie administrative.
M. Tanguay
: O.K. Mais
ce ne sera pas dit, à 27, qu'il y aura des lignes directrices qui seront
écrites.
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Tanguay
: O.K. J'aurais
fait miroir à ce niveau-là. Donc, c'est dans nos transcriptions, M. le
Président, ça me va à ce moment-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Autres interventions sur l'article 23?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 23 est adopté.
Merci. Consentement pour retourner à l'article 27 et à son amendement,
bien sûr? Merci.
M. Jolin-Barrette : Article 27,
M. le Président, suite aux discussions que nous avons eues hors et dans le
micro, je ne sais pas si on est dedans, là.
Le Président (M.
Bachand) : Juste pour… Je sais que vous parlez d'amendement, M.
le ministre, mais on a déjà un amendement qu'on doit prendre une décision.
M. Jolin-Barrette : Ah! c'est
quoi, cet amendement-là?
Le Président (M.
Bachand) : L'amendement du député de LaFontaine.
M. Jolin-Barrette : Ah! bien,
ça, c'est sûr, qu'on vote contre, M. le Président.
Mme
Hivon
: Un
peu d'égard, un peu d'égard.
Le Président (M.
Bachand) : Alors donc…
M. Jolin-Barrette : Mais non,
mais pour celui-là.
Le Président (M.
Bachand) :Alors donc, vous pouvez quand
même faire une intervention, M. le ministre, mais faire votre intervention, si
vous voulez, mais il faudra d'abord régler la question de l'amendement.
M. Jolin-Barrette : Soit que le
député de LaFontaine le retire ou on vote dessus.
M. Tanguay
: Oui,
alors… Donc, vous avez un amendement après, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: O.K. Je
demande le consentement, M. le Président, pour retirer mon amendement.
Le Président (M.
Bachand) :Consentement? Le consentement
est donné. Merci beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Donc,
l'amendement que je vous propose, c'est : <d'ajouter, à la fin de
l'article 27 du projet de loi… >Ajouter, à la fin de l'article 27
du projet de loi, l'alinéa suivant :
«Avant d'exercer le recours subrogatoire
du présent article pour récupérer un montant qu'il a versé à une personne
victime visée au paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 10 qui
a été victime de violence conjugale ou de violence sexuelle, le ministre doit
obtenir le consentement de cette personne victime, sauf si cette personne est
décédée.»
Donc là, on a les éléments sur le
consentement de la personne victime. Donc, 10.1, c'est la personne qui a subi
l'infraction, donc c'est le consentement de cette personne-là. Et c'est ça,
donc c'est la personne qui est toujours en vie. Et, si la personne est décédée,
là, à ce moment-là, on n'a pas besoin d'avoir son consentement. Donc, ça
reprend substantiellement ce qu'on a discuté.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce que <l'amendement…
M. Jolin-Barrette :
…
donc c'est le consentement de cette personne-là. Et c'est ça, donc
c'est la personne qui est toujours en vie. Et, si la personne est décédée, là,
à ce moment-là, on n'a pas besoin d'avoir son consentement. Donc, ça reprend
substantiellement ce qu'on a discuté.
Le Président (M.
Bachand) :
Merci. >Est-ce que l'amendement est
sur Greffier? Oui, il est sur Greffier.
Des voix
: …
Le Président (M.
Bachand) : O.K. Il vient juste d'arriver, M. le député de
LaFontaine. O.K., M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: …ici, «le montant
qu'il a versé à une personne — donc c'est la victime elle-même,
évidemment — qui a été victime de violence conjugale, de violence
sexuelle». Je pense que l'on devrait ajouter «violence subie pendant l'enfance»
parce que les trois vont toujours de pair, les trois font écho à des
traumatismes et des personnes dans une vulnérabilité très certaine. Puis je ne
vois pas comment on pourrait exclure les violences commises durant l'enfance
dans cette nécessité de demander le consentement, surtout qu'on en a eu, de
nombreux témoignages, où c'était extrêmement difficile pour les personnes de
sortir et de demander, dans ce contexte-ci, une indemnisation, là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, dans le contexte de la violence subie pendant l'enfance, c'est une
situation qui est différente, là. Ça n'empêchera pas un enfant de réclamer, à
l'IVAC, la demande, là. Donc, on se retrouve plus… Ce qui était demandé par les
groupes, c'était vraiment violence conjugale et violence sexuelle pour éviter
de dénoncer.
Le Président (M.
Bachand) :...
M. Tanguay
: Écoutez,
M. le Président, le ministre, comme nous, a entendu tous les témoignages de
victimes de violence pendant l'enfance. Je pense que ça participe de la même
nature. Le consentement devrait être requis. Moi, M. le Président, je pense que
c'est clair comme de l'eau de roche, je n'ai pas l'intention de faire plus de
temps que ça. Je vais, par contre, déposer un sous-amendement, puis on va le
voter. Ça peut… Puis le ministre peut voter en faveur, mais je l'ajouterais. Je
ne veux pas faire du temps pour faire du temps, là, mais je l'ajouterais parce
que je n'ai pas d'argument pour faire en sorte qu'on les exclut. Encore une
fois, 2926.1, c'est imprescriptible, puis ça va de pair, c'est toujours les
trois. Puis, même dans la loi, M. le Président, on ne les exclut pas. Puis le
seul endroit où on semblait les exclure, bien, on ne les excluait pas, c'est le
débat qu'on a eu par rapport aux jeunes contrevenants de 12 à 17 ans, puis
ça s'expliquait. Mais là je ne vois pas comment on pourrait expliquer de les
exclure.
Alors, je ne veux pas du temps pour faire
du temps. J'ai dit ce que j'avais à dire. Je vais déposer un sous-amendement.
On peut faire le débat sur l'amendement, mais j'aimerais avoir l'occasion de
déposer l'amendement, puis qu'on le vote, le cas échéant, là-dessus.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien,
écoutez, je comprends M. le député de LaFontaine. C'est sûr que le critère, là,
de dangerosité pour violence sexuelle, violence conjugale, il est davantage là.
Violence subie pendant l'enfance, c'est le caractère... Dans le fond, la
personne va réclamer beaucoup plus tard pour des violences envers, supposons,
un tiers où, même là, on a la notion par rapport aux parents. <Dans le
fond…
M. Jolin-Barrette :
...c
'est sûr que le critère, là, de dangerosité pour violence sexuelle,
violence conjugale, il est davantage là. Violence subie pendant l'enfance,
c'est le caractère... Dans le fond, la personne va réclamer beaucoup plus tard
pour des violences envers, supposons, un tiers où, même là, on a la notion par
rapport aux parents. >Dans le fond, avec l'exercice du consentement,
c'est une situation qui est différente par rapport à la situation qu'on a
présentement.
M. Tanguay
: Mais,
dans ce que l'on veut protéger ou prévenir, M. le Président, c'est qu'une
victime doive participer, témoigner, se remémorer une facette, une violence qui
l'a affectée au plus profond de son être, tant en matière... Donc, ce n'est pas
uniquement l'aspect de dangerosité, de représailles, parce qu'il y a un
recours, oui, dans un contexte conjugal, violence sexuelle que l'on n'aurait
potentiellement pas, mais ce n'est pas exclusif, systématiquement dans la
violence pendant l'enfance. Mais c'est la difficulté de se remémorer ça et de
devoir faire face à ce... ou savoir, ne serait-ce que de savoir qu'un tel
processus a lieu. Vous n'êtes pas là, mais on parle de vous.
On parlait, et les commentaires, je
reviens là-dessus, tous les commentaires qui étaient faits, processus de
guérison de la personne victime, je pense que ça participe également de la
personne victime pendant l'enfance. Puis ça peut être victime pendant l'enfance
il y a 20 ans, il y a 30 ans, il y a 40 ans, M. le Président.
• (18 h 40) •
Le Président
(M. Bachand) : Merci. J'aurais la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît.
Mme Weil
:
...c'est le point que je faisais au ministre tantôt, et c'est exactement dans
le sens de mon collègue de LaFontaine, c'est qu'ils disent : Pour les cas
d'inceste, quand on pense à un enfant qui a vécu l'inceste pendant plusieurs
années, c'est d'être obligé de remuer publiquement. C'est comme ça que c'est
exprimé. Plusieurs ont besoin de soins, de support, voient leurs capacités
affectées, mais ne veulent pas remuer publiquement les éléments de leur passé.
C'est...
M. Jolin-Barrette : Ça,
c'est violence sexuelle aussi, là.
Mme Weil
: C'est
ça, mais dans son enfance, donc...
M. Jolin-Barrette : Mais
une violence sexuelle, ça reste.
Mme Weil
: Non,
mais ce n'est pas la peur. Non, mais juste pour expliquer. Non, M. le
ministre... M. le ministre, je l'ai dit tantôt, mais vous parliez avec d'autre
monde. C'est qu'il y a deux cas de figure : la peur pour leur sécurité à
cause d'un homme violent. Mais ce n'est pas l'argument qui est donné dans ceux
qui ont exprimé cette violence à l'enfance, là, c'est plus des cas comme
l'inceste, et c'est comme ça que c'est exprimé. Et ce n'est pas la peur de
quelqu'un qui pourrait les affecter, c'est que, pour leur guérison, ils ne
veulent pas remuer publiquement ces souvenirs du passé. Donc, c'est deux cas de
figure, mais qui ont été mis ensemble dans la plaidoirie des groupes qui sont
venus en commission.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Dans
tous les cas, M. le Président, on va avoir des lignes directrices qui vont
venir encadrer le pouvoir de poursuite. Là, <M. le Président...
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Dans tous les cas, M. le Président, on va avoir des lignes directrices qui vont
venir encadrer le pouvoir de poursuite. >Là, M. le Président, avec l'amendement
que j'ai déposé, on amène une limitation du pouvoir de l'État d'entreprendre
des recours subrogatoires. C'est une situation exceptionnelle, parce que je
suis très sensible à la réalité violence sexuelle, violence conjugale, on fait
une exception relativement à ça. Pour les lignes directrices, dans tous les
cas, on va contacter, mais ça amène les autres cas d'exemple, M. le Président,
aussi, où c'est pour ça qu'on ne va pas avec violence subie pendant l'enfance.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: ...
Le Président (M.
Bachand) : Le sous-amendement est sur Greffier.
M. Tanguay
: Le sous-amendement
est sur Greffier. Je pourrais vous en faire lecture. Je suis en train de rafraîchir.
Ah! donc amendements en cours. Je comprends... J'ai compris. Alors, M. le
Président, on va... Vous allez voir qu'on est... Je vais ajouter un mot qui
n'est pas formellement dans le sous-amendement, puis je pense que ça peut faire
office de... Il faut... «subie».
Alors,< l'amendement... >le
sous-amendement : L'amendement, à l'article 27, est modifié par
l'ajout, après les mots «du premier alinéa de l'article 10 qui a été
victime», les mots «de violence — j'aimerais qu'on puisse ajouter
manuellement, M. le Président — subie pendant l'enfance». Vous
avez : «de violence pendant l'enfance». Il s'agit juste... Puis on peut le
faire, là, vous avez les pouvoirs en vertu de l'article 2 du règlement,
ajoutons manuellement : «de violence subie pendant l'enfance». Puis même
Sophie va nous envoyer la version.
Alors, l'article se lirait de la façon
suivante : «Avant d'exercer le recours subrogatoire du présent article
pour récupérer un montant qu'il a versé à une personne victime visée au
paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 10 qui a été victime de
violence subie pendant l'enfance, de violence conjugale ou de violence
sexuelle, le ministre doit obtenir le consentement de cette personne victime, sauf
si cette personne est décédée.»
Alors, c'est le sous-amendement, je n'ai
pas à me répéter. Et voilà, M. le Président, c'est notre sous-amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le député. Interventions sur le sous-amendement?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme
la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. On
revient donc à l'étude de l'amendement proposé par le ministre. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'amendement. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement, à l'article 27,
<est adopté...
La Secrétaire
: …pour,
contre, abstention.
M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du
groupe parlementaire formant le gouvernement,
M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'
opposition officielle,
M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc,
l'amendement, à
l'article 27,
>est adopté. Donc, on revient maintenant à l'étude de l'article 27
tel qu'amendé. Interventions? M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Vous allez
m'excuser. Tout à l'heure je devrai quitter, j'ai un débat de fin de séance.
Alors que le ministre ne le prenne pas personnel, parce qu'il a voté contre le
sous-amendement.
M. Jolin-Barrette : Ça aurait
pu être une question en justice, puis le député de LaFontaine a choisi famille.
M. Tanguay
: Oui, c'est
ça.
Mme
Hivon
: On
peut...
M. Tanguay
: C'est ça,
c'est ça, c'est ça. Parce qu'on a suffisamment de questions ici, M. le
Président, puis tant qu'à ne pas avoir réponse au salon bleu, on aime autant ne
pas avoir réponse ici, au salon... Non, ce n'est pas gentil.
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est vrai, ce n'est pas gentil.
M. Tanguay
: J'aimerais
savoir, le ministre avait parlé de directives, puis je croyais, je reviens là-dessus,
là, <je croyais >qu'on pouvait le mettre, dans la loi, que des
directives allaient nécessairement être publiées quant à, par ailleurs, tous
les autres cas. Parce qu'il y avait l'exemple du cas de l'homicide, où là ça
pourrait effectivement être un facteur humain excessivement préoccupant et
délicat. Et il est possible, selon certaines balises et directives qui vont
venir, que le consentement soit, dans la pratique, dans les faits, demandé. Il
y aurait lieu, il y aurait loisir de le mettre dans cet article-là.
Pourrions-nous l'envisager?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, on a déjà mis l'autorisation. Dans ce cas-ci, on va encore plus loin que
les lignes directrices. Les lignes directrices, dans le fond, je vais les
publier. Je vais faire les directives, la même chose que… Il y a des lignes
directrices relativement au procureur. Alors, on va le faire d'une façon
administrative, elle n'est pas dans la loi.
M. Tanguay
: Et les
lignes directrices seraient davantage… pas de l'effet de demander le
consentement, mais les lignes directrices seraient davantage de dire...
d'informer la personne que le Procureur général a l'intention d'exercer son
droit de subrogation, de un; de deux, et d'évaluer avec la personne victime
l'à-propos, pour elle, de participer, le cas échéant. Et elle pourrait décider
de dire : Écoutez, moi, je suis bouleversée encore, je ne participerai pas
à des lignes directrices qui vont tenir compte de ce témoignage-là à huis clos.
Le ministre peut-il nous confirmer que les lignes directrices seraient en ce
sens-là?
M. Jolin-Barrette : Oui, les
lignes directrices vont être en ce sens-là, qui vont prévoir les différentes
modalités : quand est-ce qu'on exerce un recours subrogatoire, ce dont on
doit prendre en compte l'opinion de la victime, la personne victime, les
circonstances dans lesquelles… les différentes modalités aussi de la façon de
joindre un recours, et puis l'ensemble des différents éléments.
M. Tanguay
: ...
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
Une voix : Pour.
La Secrétaire
: Non. M.
Lemieux (Saint-Jean)? Pardon.
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les <membres de l'opposition…
Le Président (M.
Bachand) : ...mise aux voix. Mme la secrétaire,
s'il
vous plaît.
La Secrétaire
:
Pour, contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (
Chapleau)?
Une voix : Pour.
La Secrétaire
: Non.
M. Lemieux (Saint-Jean)? Pardon.
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les >membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 27, tel qu'amendé,
est adopté. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, à l'article 28, M. le Président. Et je vous annonce que j'aurai un amendement.
Alors, l'article 28 :
«La personne victime peut bénéficier de
l'aide offerte au présent titre ou exercer une action civile contre toute personne
responsable du préjudice qu'elle subit. Elle ne peut pas cumuler une aide en
vertu du présent titre ou une somme adjugée ou perçue pour les mêmes objets,
les mêmes séquelles ou les mêmes préjudices. Toute somme ainsi adjugée et
perdue, soustraction faite des montants engagés pour obtenir celle-ci, est
déduite de l'aide versée en vertu du présent titre ou est remboursée au ministre.
«La personne victime avise le ministre de
toute somme adjugée, de toute somme perçue et de tout montant engagé visé au
premier alinéa, à la suite de l'exercice d'une action civile.
«Cependant, si la somme ainsi adjugée ou
ainsi perçue est inférieure au montant d'aide que la personne victime aurait pu
obtenir en vertu du présent titre, cette dernière peut bénéficier, pour la
différence, des aides prévues au présent titre en formulant au ministre une
demande en ce sens dans l'année suivant la date du jugement; si l'infraction
criminelle concernée en est une qui implique de la violence subie pendant
l'enfance, une agression à caractère sexuel ou de la violence conjugale, cette
demande peut être présentée à tout moment.
«La personne victime avise le ministre en
vertu du deuxième alinéa ou formule la demande prévue au troisième alinéa selon
les conditions, les normes et les modalités prescrites par règlement du gouvernement.
«En outre, la personne victime qui, après
avoir présenté sa demande de qualification, exerce une action civile contre
toute personne responsable du préjudice qu'elle subit doit en aviser le ministre.
Cet avis doit être donné au ministre par huissier aussitôt que possible dans
l'instance, mais au plus tard 30 jours avant la mise en état de l'affaire;
il doit être accompagné de tous les actes de procédure déjà versés au dossier.
Le ministre devient alors, sans formalités, partie à l'instance et, s'il y a
lieu, il peut soumettre ses conclusions sur lesquelles le tribunal doit se
prononcer.»
Alors, l'article 28 réitère l'option,
pour la personne victime, de bénéficier de la présente loi ou de poursuivre
l'auteur de l'infraction criminelle dont elle est victime. Dans le cas où elle
choisirait la poursuite, elle ne pourrait bénéficier des aides financières
proposées par la présente loi, sauf pour la différence entre le montant qu'elle
obtiendrait et les montants qui pourraient lui être octroyés en vertu de la
présente loi. En corollaire, le présent article prévoit l'obligation d'informer
le ministre du choix de la personne victime, de même que tout montant qu'elle
reçoit à la suite d'une poursuite.
Donc, on va ajouter, M. le Président...
• (18 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :Amendement.
M. Jolin-Barrette :
...un amendement. À l'article 28 du projet de loi, remplacer :
1° dans le premier et deuxième alinéa,
«action civile» par «demande en justice»;
2° dans le troisième alinéa, «une
agression à caractère sexuel» par «de la violence sexuelle»; et
3° dans le cinquième alinéa, «action
civile» par «demande en justice».
Donc, l'amendement remplace l'expression
«action civile» par «demande en justice» afin de se conformer à la terminologie
du Code civil. <L'amendement remplace...
M. Jolin-Barrette :
…remplacer :
1
° dans le premier et deuxième
alinéa, «action civile» par «demande en justice»;
2° dans le troisième alinéa, «une
agression à caractère sexuel» par «de la violence sexuelle»; et
3° dans le cinquième alinéa, «action
civile» par «demande en justice».
Donc, l'amendement remplace
l'expression «action civile» par «demande en justice» afin de se conformer à la
terminologie du Code civil. >L'amendement remplace également
l'expression «agression à caractère sexuel» par «violence sexuelle» par
concordance avec l'amendement proposé pour l'article 16. Donc,
essentiellement, M. le Président, c'est de la concordance pour l'amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions sur l'amendement? Il
n'y a pas d'intervention sur l'amendement. Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil
: Pour
La Secrétaire
:
Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
: Pour
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. On
revient à l'article 28 tel qu'amendé, s'il vous plaît. Interventions? S'il
n'y a pas d'autre intervention…
Mme Weil
: …l'analyse
du projet de loi, là, on a fini pour les amendements.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, là, maintenant, on est sur l'article…
Mme Weil
: Sur
l'article 28.
Le Président (M.
Bachand) :Amendé. Exactement.
Mme Weil
: Amendé, oui.
Donc, paragraphe... peut-être y aller paragraphe par paragraphe, là. Pendant
les consultations, je pense qu'il n'y avait vraiment rien de particulier pour
l'article 28. Donc, le premier alinéa, c'est vraiment d'assurer qu'il n'y
a pas de cumul de type d'aide.
M. Jolin-Barrette : Bien, ma
question, M. le Président, c'est est-ce que la députée de Notre-Dame-de-Grâce <comme…
>veut vraiment poser des questions sur l'article 28, ou comme...
parce que je viens de donner des explications.
Mme Weil
: Vous voulez
l'adopter sans en parler?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est vous, si vous avez des questions, parce qu'on dirait que vous cherchez
des questions, là.
Mme Weil
: Bien, c'est
toujours intéressant… Bien, non, c'est que moi, je trouve que c'est toujours
important d'avoir la vision. Donc, c'est sûr que le ministre a comme résumé, là,
mais je ne sais pas si vous avez fait vos commentaires.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Weil
: Oui.
M. Jolin-Barrette : Alors,
l'objectif de l'article 28 est de faire en sorte, dans un premier temps,
de donner…
Mme Weil
: Bien,
excusez-moi, M. le Président, là, M. le Président...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, je vous écoute.
Mme Weil
: ...on a
discuté de ce sujet bien important, là, aujourd'hui. Les interventions étaient
très pertinentes au point où le ministre a apporté des amendements. Donc, là,
mon collègue a quitté, donc je m'assure qu'on fait le même travail, que le
ministre puisse s'exprimer. J'espère que ce n'était pas un commentaire sexiste
quand même, oui.
M. Jolin-Barrette : Pardon,
pardon, pardon.
Mme Weil
: Bien,
pourquoi moi? Pourquoi on m'attaque?
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je suis désolé… Je pense, je pense, M. le Président...
Le Président (M.
Bachand) :Non, Mme la députée…
Mme Weil
: Non, mais
pourquoi? Non, mais j'essaie de comprendre. Pourquoi est-ce que le ministre…
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît, s'il vous plaît.
C'est moi qui ai la parole, là. Mme la députée, juste faire…
M. Jolin-Barrette : Je pense,
M. le Président, que vous devez rappeler à l'ordre...
Mme Weil
: Bien, moi,
je rappellerais à l'ordre le ministre.
Le Président (M. Bachand) :
Mme la députée, juste faire...
M. Jolin-Barrette : …puis
demander à la députée de Notre-Dame-de-Grâce de s'excuser, de s'excuser.
Mme Weil
: Je ne
comprends pas pourquoi il remet en question le fait que…
Le Président (M. Bachand) :Mme la députée, je veux juste vous dire que j'ai entendu le
ministre, et je vais être honnête avec vous, malheureusement, je ne peux pas
concorder avec ce que vous venez de dire. Donc, je…
Mme Weil
: Alors,
pourquoi, soudainement... <Alors, donc... >Alors, je demande au
ministre <de ne pas présumer que…
M. Jolin-Barrette :
…
de s'excuser.
Mme Weil
: Je ne
comprends pas pourquoi il remet en question le fait que…
Le Président (M.
Bachand) :
Mme la députée, je veux juste vous dire que
j'ai entendu le ministre, et je vais être honnête avec vous, malheureusement,
je ne peux pas concorder avec ce que vous venez de dire. Donc, je…
Mme Weil
: Alors,
pourquoi, soudainement... Alors, donc... Alors, je demande au ministre >de
ne pas présumer que j'essaie de faire du temps.
Le Président (M.
Bachand) : Mais ce que je veux vous dire…
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
pas dit ça.
Mme Weil
: Bien, c'est
comme ça que je l'ai interprété.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée, s'il vous plaît!
Ce que je vous dis…
Mme Weil
: Un peu de
respect de la part du ministre, là.
Le Président (M.
Bachand) : …la question du sexisme, là, je ne peux pas
concorder avec vous sur cette question-là…
Mme Weil
: D'accord. Je
comprends, là, mais…
Le Président (M.
Bachand) : …après ça, sur l'argumentaire des stratégies
parlementaires, ça, c'est une autre chose. Alors, je vous cède la parole, Mme
la députée.
Mme Weil
: D'accord.
Donc, ce n'était pas sexiste, mais il n'y a pas de stratégie parlementaire, là.
M. Jolin-Barrette : Moi, je
pense que la députée de Notre-Dame-de-Grâce, là, devrait retirer son terme et
s'excuser.
Le Président (M.
Bachand) : Oui. Je vais écouter Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Je
veux juste dire que la collègue n'a pas accusé — je pense que c'est
important de le dire — le ministre d'être sexiste, elle a soulevé une
question. Et là je ne pense pas qu'il y a de nature, là, à demander des
retraits de propos, et tout ça. Elle a posé la question, elle n'a pas
dit : Le ministre est sexiste, là, à ce que j'ai compris.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais Véronique, c'est facile…
Mme
Hivon
:
Pardon?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Non,
non, mais je veux juste dire, revenons à nos discussions.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette…
M. Jolin-Barrette : Moi, M.
le Président, je vais vous dire une chose, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Rapidement.
M. Jolin-Barrette : Je
réponds à toutes les questions. J'ai lu l'article, j'ai lu les commentaires, et
je tentais de trouver la question de la députée de Notre-Dame-de-Grâce, parce
qu'il m'apparaissait qu'elle voulait que je relise l'article 28, et là, je
ne voyais pas de question. Mais ça va me faire plaisir de répondre à toutes les
questions. Par contre, ce que je n'accepte pas, M. le Président, c'est affubler
des allégations de sexisme, alors que, un, je réfute complètement ça, je donne
le même traitement à tous mes collègues. Avec le député de LaFontaine, ça
arrive qu'on a des passes d'armes, M. le Président, mais je respecte tous mes
collègues hommes et femmes.
Et je trouve ça très bas ce que le Parti
libéral fait depuis les derniers jours, et notamment la position de la députée
de Notre-Dame-de-Grâce, qui, par ailleurs, qui, par ailleurs, a déjà été dans
ma position. Et je trouve qu'entre collègues on se doit respect, puis je
n'accepte aucunement ça, M. le Président. Alors, je peux réexpliquer l'article 28,
si c'est le souhait de mes collègues, ça va me faire plaisir.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Alors, je vous demande de la grande
prudence surtout avec tout ce qu'on discute depuis plusieurs jours, plusieurs
semaines, et ce qu'on vit… faire très attention aux commentaires. Alors,
revenons, si vous êtes d'accord, avec le temps qu'il nous reste, à l'étude de
l'article 28 tel qu'amendé, s'il vous plaît.
Mme Weil
: Bien, je
veux vraiment dire au ministre que je ne pense pas qu'il est sexiste...
Le Président (M. Bachand) :
Parfait. C'est très apprécié.
Mme Weil
: …ça, je peux
vous l'assurer. On vient de faire toutes sortes d'amendements, puis le ministre
s'est montré très, très sensible à l'enjeu. J'étais choquée que, soudainement,
on m'accuse de vouloir faire du temps ou... C'est comme ça que je l'ai compris,
que j'ai essayé d'inventer des questions. Ma réaction, c'est que c'est un
article qui est long et dense. On vient d'avoir un débat intense sur autre
chose, et ce n'est pas évident, en quelques secondes, de soudainement, bon,
changer d'esprit, là. Bon.
Alors donc, j'y vais paragraphe par
paragraphe, ça ne prendra pas longtemps, là, je voulais juste voir... <Donc
là…
Mme Weil
: …
c'est
que c'est un article qui est long et dense. On vient d'avoir un débat intense
sur autre chose, et ce n'est pas évident, en quelques secondes, de
soudainement, bon, changer d'esprit, là. Bon.
Alors donc, j'y vais paragraphe par
paragraphe, ça ne prendra pas longtemps, là, je voulais juste voir... >Donc
là, on est dans un article qui traite de cumul, hein, de cumul de recours.
Donc…
M. Jolin-Barrette : L'objectif
général de l'article est de faire en sorte de laisser le choix à la victime, dans
le fond, si elle-même, elle choisit de s'adresser à la cour… de poursuivre au
civil son agresseur. Dans le fond, on lui dit : Si jamais vous aviez
droit, avec l'indemnité de la somme forfaitaire, à hauteur, supposons, de
50 000 $, O.K., mais que son préjudice réel, il est… bien, en fait,
non, son préjudice, il est plus élevé. Dans le fond, elle aurait droit à 50 000 $
avec l'IVAC sauf qu'elle obtient de la cour, supposons, 40 000 $.
Donc, pour le 10 000 $ qui reste, elle va pouvoir présenter une
demande à l'IVAC puis se faire indemniser par l'IVAC.
Donc, au civil, elle va avoir ramassé son
40 000 $, mais l'IVAC lui donnait 50 000 $, donc il va y
avoir compensation, puis elle va bénéficier du 10 000 $ suivant,
relativement à ce montant-là.
Mme Weil
: Ça, c'est
le… pour le premier paragraphe, là?
M. Jolin-Barrette :
Bien : «La personne peut bénéficier de l'aide offerte au présent titre ou
exercer une action civile», donc là on lui laisse le choix, soit que vous
présentez votre demande à l'IVAC, soit que vous allez au civil. Ça, c'est le
principe de base, on laisse à la personne victime le choix. Ensuite, «...contre
toute personne responsable du préjudice qu'elle subit. Elle ne peut pas cumuler
une aide en vertu du présent titre et une somme adjugée ou perçue pour les
mêmes objets, les mêmes séquelles ou les mêmes préjudices», donc la deuxième
phrase, ça signifie qu'elle ne peut pas être payée des deux côtés. Donc, elle
ne pourrait pas avoir le 50 000 $ de l'IVAC, plus le 50 000 $
de la personne… son agresseur.
«Toute somme ainsi adjugée et perçue,
soustraction faite des montants engagés pour obtenir celle-ci, est déduite de
l'aide versée en vertu du présent titre ou est remboursée au ministre.» Donc
là, on dit : Quand vous obtenez le montant de la cour, bien, c'est réduit
de l'aide versée au niveau de la somme de l'IVAC, mais, par contre, vous
réduisez les montants engagés pour obtenir celle-ci, donc les frais d'avocat,
je présume.
Ensuite, le deuxième alinéa : «La
personne victime avise le ministre de toute somme adjugée, de toute somme
perçue ou de tout montant engagé visé au premier alinéa, à la suite de
l'exercice d'une action civile.» Donc, ça, c'est l'obligation, pour la personne
victime, de dire à l'administrateur du régime : Écoutez, moi, j'ai reçu
tel montant. On l'oblige à le dire pour ne pas justement que l'IVAC ait
indemnisé la personne, puis que, d'un autre côté, elle se retourne puis elle
prend l'action civile, puis, dans le fond, elle se retrouve avec les deux
montants. Il faut le divulguer à l'IVAC, le fait que vous avez été indemnisé à
ce niveau-là.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Désolé, désolé. Compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die. Bonne soirée dans le
calme. Merci.
(Fin de la séance à 19 heures)
19 h (version révisée)
M. Jolin-Barrette : ...que
vous avez été indemnisé à ce niveau-là.
Une voix :...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Désolé, désolé.
Compte tenu de l'heure, ajourne ses travaux sine die. Bonne soirée dans
le calme. Merci.
(Fin de la séance à 19 heures)