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Objectifs et orientation de la
Société générale de
financement
Audition des responsables
(Dix heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, messieurs!
Si vous voulez vous asseoir. La commission permanente de l'industrie, du
commerce et du tourisme se réunit, suivant un ordre de
l'Assemblée nationale, pour entendre les responsables de la
Société générale de financement sur les objectifs
et l'orientation de la société.
Les membres de cette commission sont: M. Dubois (Huntingdon)
remplacé par M. Goulet (Bellechasse); M. Gosselin (Sherbrooke)
remplacé par M. Godin (Mercier); M. Grégoire (Frontenac)
remplacé par M. Perron (Duplessis); Mme Le-Blanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord),
M. Raynauld (Outremont), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce)...
M. Lavoie: M. Raynauld remplacé par M. Lavoie.
Le Président (M. Laplante): M. Raynauld (Outremont)
remplacé par M. Lavoie (Laval); M. Shaw (Pointe-Claire), M. Tremblay
(Gouin) remplacé par M. Duhaime (Saint-Maurice).
Les intervenants sont: M. Gagnon (Champlain), M. Godin (Mercier), M.
Goulet (Bellechasse)...
M. Scowen: Vous avez remplacé M. Tremblay?
Le Président (M. Laplante): Oui, il est remplacé.
M. Goulet (Bellechasse) remplacé par M. Biron (Lotbinière); M.
Landry (Fabre), M. Marchand (Laurier), M. Michaud (Laprairie), M. Perron
(Duplessis), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
M. Scowen: II est remplacé par M. Lalande
(Maisonneuve).
Le Président (M. Laplante): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier) remplacé par M. Lalande (Maisonneuve).
Je ne sais pas si M. le ministre pourra me répondre. La
commission est-elle convoquée pour aujourd'hui seulement, parce qu'il y
aura la répartition du temps? Si vous voulez me laisser cela en main,
j'essaierai de distribuer le...
M. Duhaime: Je ne crois pas qu'il y ait un ordre de la Chambre,
voulant que nous commencions à 10 heures pour terminer à une
heure prévue. Je tiens pour acquis que, dans une heure, on devrait
passer à travers le dossier de la pétrochimie, et si on n'avait
pas terminé, on fera rapport à la Chambre et le leader du
gouvernement pourra nous condamner à siéger à nouveau.
Quant à moi, cela m'est bien égal.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le ministre,
c'est vous le premier qui avez la parole.
M. Scowen: Avant de commencer, si je peux poser une question. Au
début, vous avez décrit l'objectif de cette commission...
Le Président (M. Laplante): Avant de décrire
ça, monsieur, j'ai fait un petit oubli. Est-ce que vous pourriez me
proposer un rapporteur? M. Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Duhaime: Adopté.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Objet de la réunion
M. Scowen: Vous avez, tout au début de votre
déclaration, résumé l'objectif, le but.
Le Président (M. Laplante): C'est ça.
M. Scowen: Pourriez-vous le répéter pour moi pour
que ce soit clair?
Le Président (M. Laplante): Les objectifs et l'orientation
de la Société générale de financement. Aujourd'hui
on sait que ça fait partie de la loi de l'Assemblée
nationale, du gouvernement ce serait pour étudier le projet de
consortium pétrochimique.
M. Scowen: Alors, c'est très bien. Puis-je faire une
suggestion ici? Comme vous le savez, M. le Président, lors de l'adoption
de la loi 66 sur la SGF au mois de décembre l'année
passée, le gouvernement a accepté d'ajouter un article à
cette loi qui oblige le gouvernement, et je cite l'article pertinent pour que
ce soit clair: "Une directive autorisant la société à
investir dans un domaine visé dans l'article 4a ainsi que les documents
pertinents doivent faire l'objet d'un débat à la commission
élue de l'industrie et du commerce convoquée à cet
effet."
J'avais l'impression que la commission parlementaire convoquée
pour aujourd'hui était probablement, en effet, la commission
parlementaire visée dans cet article de la Loi de la SGF. Si c'est le
cas, je veux suggérer qu'on le fasse en deux parties. C'est clair que...
Je pense que ce n'est pas nécessaire que je répète les
raisons qui nous avaient tous persuadés d'ajouter cet article à
la Loi de la SGF. Comme vous le savez, M. le Président, les documents
pertinents ont été envoyés aux députés de
l'Assemblée nationale seulement hier soir à 18 heures. Le
document même est très mince. Cela ne contient même pas le
minimum d'information qui est requis pour permettre aux députés
de faire une évaluation intelligente de la proposition.
Comme solution au problème, ce que je propose, c'est
qu'aujourd'hui, nous ayons une
session d'information, nous profitions de cette occasion pour
écouter les experts qui sont venus nous voir et que, dans une
deuxième étape, soit la semaine prochaine ou quand le
gouvernement voudra l'appeler, nous ayons le débat prévu à
l'article 16. Je me demande si ce sera acceptable pour le gouvernement. (10 h
30)
M. Duhaime: Je vais répondre tout de suite, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Maurice.
M. Duhaime: Je ne vois vraiment pas où...
Le Président (M. Laplante): Avant que vous ne
répondiez, je voudrais aussi... Les préoccupations du
député de Notre-Dame-de-Grâce, c'est exactement le but de
la convocation de la commission aujourd'hui, c'est suivant la Loi de la
Société générale de financement. Il n'y a aucune
dérogation, je ne voudrais pas que quelqu'un pense qu'il y a une
dérogation, c'est exactement ce qu'on fait ce matin. D'accord?
M. Scowen: Non, je ne savais pas si c'était
celle-là ou une autre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Maurice.
M. Duhaime: D'abord, M. le Président, je voudrais
préciser, dans un premier temps, puisqu'on l'a évoqué,
qu'il ne s'agit pas de la loi 66. C'est sûrement un lapsus involontaire.
Il s'agit du chapitre 66, 1978, mais c'est la loi no 108, qui a
été adoptée l'année dernière, et c'est
à l'article 16 qu'on retrouve cette problématique que le
gouvernement avait proposée dans le but d'informer à la fois
l'Opposition et la population que, lorsqu'une nouvelle directive était
donnée dans un secteur où la SGF n'avait pas le mandat d'oeuvrer,
la directive était mise sur la table à l'Assemblée
nationale et on allait automatiquement devant une commission parlementaire pour
en débattre.
Ce matin, nous sommes en commission parlementaire à
débattre la directive no 2, qui a été remise aux
députés de l'Opposition il y a déjà plusieurs
semaines, à la suite de l'arrêté en conseil 3099-79,
donnant un mandat général à la SGF de conclure
éventuellement et à certaines conditions des ententes finales
avec des partenaires en vue de la formation d'un consortium
québécois de production d'oléfines et autres produits
connexes.
Ce que je voudrais bien expliquer à mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est que, suivant l'article 16 de la loi, lorsque
nous parlons de documents pertinents, ça pourrait être n'importe
quoi qui entre dans cette définition. Je ne pense pas que le
gouvernement soit lié, en fournissant, par exemple, la banque des
données dans le secteur de la pétrochimie; je ne pense pas non
plus qu'il appartienne au gouvernement de faire le travail de recherche qu'il
appartient de faire aux députés de l'Opposition avec leurs
équipes.
Je pense que le domaine de la pétrochimie, tout en étant
complexe, est quand même un domaine connu. Je ne vois pas comment je
pourrais accepter la proposition que nous allons prendre deux heures et demie
ou trois heures à faire l'a b c du dossier de la pétrochimie et
ensuite, la semaine prochaine, pendant une autre séance, parler de je ne
sais quoi encore. Je pense que l'ordre de l'Assemblée nationale est
très clair, M. le Président, et ne vous laisse aucun choix. Nous
sommes convoqués ici et condamnés, en quelque sorte, à
discuter de la directive no 2 et de la pétrochimie, et je suis
prêt à commencer. Aussitôt qu'on aura terminé ce
mini-débat, je vous présenterai les gens de la SGF qui sont ici
et qui sont tout à fait disposés à répondre
à toutes les questions du député de
Notre-Dame-de-Grâce, du député de Bellechasse et de mes
collègues ministériels.
Je pense que nous avons fait un effort particulier à la SGF en
convoquant ici toute l'équipe qui s'occupe du dossier de la
pétrochimie dans la problématique de ce mandat et je pense qu'il
ne devrait normalement pas y avoir de question laissée sans
réponse.
M. Scowen: M. le Président, il faut que je
répète d'une autre façon ce que je viens de dire et
peut-être avec une voix un peu plus haute. Nous avons, lors de
l'étude de l'an passé dans les industries maritimes, fait
l'observation, qui avait déjà été faite par
beaucoup de monde, que le gouvernement, dans les années passées,
s'est lancé dans des secteurs de l'industrie qui avaient des effets
sérieux sur la population. On a déjà perdu $300 millions
dans la sidérurgie, à peu près, on en a perdu un autre
paquet dans la construction des bateaux de Marine et on était tous
d'accord à cette époque pour dire que, dans l'avenir et je
pense que M. Coulombe était là avant que la SGF se lance
dans un nouveau secteur, nous devions avoir un débat ici et le
gouvernement devait être obligé de soumettre à
l'Assemblée nationale les raisons et les programmes qui le persuadaient
de s'impliquer dans ce secteur. On a écrit l'article et on a dit: Les
documents pertinents... Le ministre vient de dire: N'importe quoi peut entrer
dans cette définition. C'est bien sûr. N'importe quoi peut entrer
dans cette définition si le gouvernement veut être arrogant et
irresponsable devant la population, mais le principe, l'objectif de cet article
était d'essayer d'éviter qu'on répète les erreurs
du passé et d'obliger le gouvernement, soit le gouvernement du Parti
québécois, soit un autre parti politique qui formera le
gouvernement, à présenter à la population et aux
députés une explication approfondie.
Dans le cas de Marine, on avait obligé les responsables à
faire un plan de relancement. La SGF, avec beaucoup de courtoisie et beaucoup
de soin, a préparé pour nous, pour la commission parlementaire de
l'an passé, les documents pertinents. Je les ai ici. Il s'agit de
documents, si je me rappelle bien, de 50 pages avec assez de détails,
accompagnés d'une annexe qui touchait le sujet
clé: les navires panaméens. L'annexe contient 14 pages,
avec les détails.
On a eu aussi à notre disposition le rapport du comité
d'étude sur l'avenir des grands chantiers maritimes au Québec.
Tout a été déposé. D'après moi, dans
certains cas, c'était un apport sérieux et c'était
possible, d'après ces données, de poser des questions
intelligentes aux témoins.
Hier soir, à 18 heures, on a reçu un document de 12 pages,
du gouvernement, qui est plus pratique, plus applicable à une
école secondaire. Il n'y a rien là-dedans. Le ministre a dit
qu'il provenait de la SGF. Je pense que M. Coulombe est tout à fait au
courant que le contenu, le sérieux de ce document n'est pas du tout
comparable avec le précédent, très clair, que nous avons
reçu lors de la commission au mois de mai ou juin sur Marine.
On nous demande aujourd'hui de participer à un débat du
gouvernement du Québec dans un secteur qui est un des plus importants
dans le monde, celui de la pétrochimie. C'est même plus que
ça, en effet. On nous a remis ce document 18 heures à peine avant
qu'on commence le débat. Quand j'ai demandé poliment au ministre
de nous permettre de poser des questions et de nous donner un peu plus
l'information, il a dit: L'article de la loi permet qu'on vous donne n'importe
quoi, qu'on fasse notre mini-débat et qu'on continue nos programmes.
Alors, M. le Président, c'est insultant, c'est arrogant. Si le
gouvernement veut comprendre pourquoi la population commence a en avoir assez
de ce gouvernement, vous en avez un exemple bien clair. Je
répète. Je demande au ministre de nous permettre de parler de
l'information et, ensuite, quand on aura eu l'occasion d'étudier
l'affaire un peu, on pourra entamer le débat. Ce n'est pas une question
de chercher les informations nous-mêmes, c'est très clair que nous
pouvons obtenir n'importe où des informations sur la pétrochimie
en général. Ce n'est pas ça. Nous voulons voir vos plans,
vos programmes et nous voulons avoir l'occasion de les étudier et
d'apporter des commentaires à ce sujet.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président...
M. Duhaime: Je vous demande pardon, M. le Président, mais
je vais vous demander de répliquer tout de suite à cette
magistrale intervention.
Le Président (M. Laplante): Vous avez la
préséance, M. le ministre.
M. Duhaime: Je voudrais dire, M. le Président,
qu'aussitôt que le baroud d'honneur sera terminé, cela fait
déjà vingt minutes qu'on perd... Le député de
Notre-Dame-de-Grâce aurait pu prendre ces vingt minutes pour commencer
à poser des questions tout de suite aux gens de la SGF qui sont ici, qui
sont prêts à répondre à toutes les questions.
C'est moi-même qui ai demandé un document à la SGF,
document qui n'en est pas un pour des étudiants du secondaire. C'est
peut-être trop fort pour vous, remarquez bien. C'est le schéma
autour duquel tout le raisonnement du gouvernement et de la SGF a
été axé pour proposer de se diriger dans le secteur de la
pétrochimie.
Je comprends que vous puissiez avoir l'insulte facile, car je ne suis
pas au courant des heures de sommeil que vous accumulez, mais ce que je veux
vous dire tout simplement, c'est qu'il n'y a aucune commune mesure entre ce
document et ceux préparés dont vous avez fait grand état
tout à l'heure au sujet d'un plan de redressement de Marine Industrie.
Il faut bien comprendre que Marine Industrie, que je sache, est une entreprise
qui existe et qui a un passé. Et on était en mesure de chiffrer
des bilans, des actifs, des passifs, des comptes d'opération, comparer
des comptes de revenus avec ceux des dépenses et proposer un plan de
redressement. Mais ne venez pas me parler d'un complexe qui n'existe pas
encore.
M. Scowen: Est-ce que je peux présumer, M. le ministre,
que ces données sont tout ce que vous avez à l'intérieur
de votre groupe pour prendre vos décisions?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous avez terminé votre intervention.
M. Duhaime: Aussitôt que vous aurez terminé votre
parade, nous pourrons commencer. J'avais l'intention de vous faire un
exposé d'à peu près dix minutes et ensuite, vous poserez
les questions à tout ce monde. J'ai hâte de vous les
présenter, au surplus, mais si cela ne vous intéresse pas de
participer au débat sur la pétrochimie, demandez à votre
leader de vous faire remplacer par quelqu'un d'autre. C'est aussi simple que
cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je ne veux pas être
désagréable à mon tour, mais c'est au niveau du principe
que je veux intervenir. Là-dessus, je pense que le député
de Notre-Dame-de-Grâce a raison.
Nous avons eu un avis que je vous lis, qui est le même que l'avis
au feuilleton: "Aux membres et intervenants de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, en date du 22 novembre. À la demande du
leader du gouvernement, veuillez prendre avis que la commission permanente de
l'industrie, du commerce et du tourisme se réunira le jeudi 29 novembre
1979 c'est ce qu'on fait à compter de dix heures, au salon
rouge, pour entendre les responsables de la Société
générale de financement du Québec sur les objectifs et
orientations de la société."
Il n'est pas question là-dedans que nous discutions seulement de
Pétromont ce matin.
Suite à cela, M. le Président, suivait cette
invitation...
M. Duhaime: Le député de Bellechasse me permet-il
une question? Me permettez-vous de préciser une chose?
M. Goulet: Oui.
M. Duhaime: La directive no 2 a été
déposée à l'Assemblée nationale. Il a toujours
été très clair pour tout le monde que la commission
permanente se réunissait pour débattre d'une directive. Si vous
voulez qu'on ait un ordre de la Chambre plus précis, on va aller le
chercher à l'Assemblée nationale.
M. Goulet: Non, c'est cela que je veux vous dire, M. le
Président. Si le ministre veut me laisser conclure, je l'ai
laissé parler tout à l'heure!
À la suite de cette invitation, il y a deux directives qui ont
été déposées, M. le Président, la directive
no 1 et la directive no 2. La directive no 1 traitait de trois orientations, si
vous voulez, de la société et la directive no 2 traitait
précisément de la pétrochimie. Ce n'est que ce matin, il y
a quelques minutes, qu'on vient d'apprendre que, lors de la commission
parlementaire de cette journée, on discuterait seulement de
pétrochimie alors que, depuis une semaine, on se prépare d'abord
sur la directive no 1, parce qu'on pensait que ce serait la directive no 1
qu'on étudierait ce matin. Il n'a jamais été question,
à mon avis, que ce serait ce matin la directive no 2 et seulement cela.
À plusieurs reprises, c'est-à-dire au moins à deux
reprises en Chambre, on a demandé au ministre si les documents seraient
déposés. Je suis d'accord, les documents ont été
déposés conformément à la loi, qui dit que les
documents doivent être déposés dans les quinze jours, mais,
M. le Président, il est vrai que nous avons eu ce document-là
hier soir à 18 h 15 à notre bureau, pour ce qui concerne les
membres de l'Union Nationale.
Premièrement, si on attendait à 18 h 15 le mercredi soir
pour organiser notre soirée, je pense qu'on pourrait accuser les
députés d'être de mauvais administrateurs.
Deuxièmement, comment voulez-vous... Je vous pose la question, M.
le Président. Cela fait possiblement peut-être trois mois, six
mois, un an depuis 1975 qu'on parle de cela qu'il y a des experts
en la matière qui travaillent dans ce domaine et on demande à des
députés de faire un travail objectif et de prendre quelques
minutes pour prendre connaissance d'un document et, ensuite, de poser des
questions pertinentes sur ce document? Je veux bien croire qu'on veut nous
faire voir comme des gens intelligents, mais on connaît nos
capacités. Je pense qu'on n'a pas de prétention de ce
côté-là. Comment peut-on espérer qu'on fasse un
travail objectif si on n'a que quelques minutes ou quelques heures pour
étudier un document et ensuite demander aux gens de la SGF si ces
données-là sont exactes? Vous voyez que cela ne tient pas
debout!
C'est sur ce principe-là... Je ne veux pas dire que ce qu'il y a
dans ce document-là est bon ou mauvais. Justement, c'est qu'on n'a pas
eu de temps, on n'a vraiment pas eu le temps de vérifier si ce qu'il y a
là-dedans est bon ou mauvais. Je ne mets pas en doute ce qu'il y a
là-dedans, mais j'aimerais, à un moment donné, qu'on nous
permette de faire un travail objectif. Si les gens du gouvernement
peut-être le ministre, mais je m'adresse aux autres députés
ont reçu ce document-là hier soir, peuvent-ils nous dire:
Oui, ce qu'il y a là-dedans, c'est vrai, j'ai eu le temps de le
vérifier, c'est parfait, on s'en va dans la bonne orientation. (10 h
45)
M. le Président, cela mériterait qu'on reporte cette
journée, d'abord parce que ce qu'on fait ce matin n'est pas conforme
à l'avis, à la convocation qu'on a eue. Ce n'est pas du tout ce
à quoi on s'attendait. On s'attendait de discuter surtout de la
directive no 1 et, dans le sens de la directive no 2, on parle seulement de
Pétromont. On nous dépose un document qui est surtout sous forme
de schéma, qui est très bien fait, je l'admets. Maintenant, ne
nous demandez pas si ce qu'il y a là-dedans est bon ou mauvais. On n'a
pas eu le temps de le vérifier.
Justement, on n'a même pas eu le temps de faire de recherche pour
préparer des questions pertinentes et des questions sensées.
C'est vrai qu'on peut dire n'importe quoi à une commission parlementaire
pour passer le temps, mais, ce matin, je défie qui que ce soit ici, sauf
le ministre peut-être, il a peut-être eu des ficelles qu'on n'a pas
eues, de poser vraiment des questions objectives et pertinentes à ces
gens sur la pétrochimie. Je défie qui que ce soit dans cette
assemblée de le faire, à moins d'être un ingénieur
chimiste qui travaille dans le domaine de la pétrochimie depuis quelques
années. Ensuite de cela, on arrive devant le public et on dit aux gens:
Écoutez, les députés, vous avez eu une commission
parlementaire, vous avez eu le temps de vous prononcer, vous avez dit oui ou
non et, après cela, faites votre travail. Ce n'est pas un travail
objectif.
Là-dessus, le député de Notre-Dame-de-Grâce a
raison. Je ne dis pas que ce qu'il y a là-dedans n'est pas bon. Vous
avez peut-être des renseignements qu'on n'a pas, mais permettez-nous donc
de faire un travail objectif. Permettez-nous donc de nous préparer pour
venir en commission parlementaire. Si c'est vrai qu'on a besoin de deux heures,
on prendra deux heures. On a, nous aussi, des recherchistes, mais ce n'est pas
en déposant cela à 18 h 30 hier soir et en nous permettant
d'arriver à 10 heures ce matin... Voyons donc! Pétrochimie, comme
la plupart des compagnies, ferme à 18 heures comme toutes les autres et
elle ouvre ses portes à 9 heures. Je vous laisse le soin de penser
combien de temps on a eu pour se préparer. C'est ce que je voulais
dire.
M. Scowen: M. le Président, si je peux ajouter seulement
un élément aux paroles de mon collègue. Quand j'ai dit que
ce document est un document qui serait intéressant pour une école
secondaire, le ministre me l'a un peu reproché; je me demande si le
ministre peut me permettre de poser une question à M. Coulombe. La
question
que je lui poserai, c'est simplement pour savoir s'il trouvera...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, les témoins ne sont pas encore
appelés. Je ne vous permettrai pas de poser de questions...
M. Scowen: Dans ce cas, je la poserai au ministre. Est-ce qu'il
pense que les actionnaires de Gulf, de Union Carbide accepteront de prendre une
décision sur une telle affaire avec ce document seulement? Je pense que
c'est clair que les actionnaires, les dirigeants ne l'accepteront jamais. Vous
êtes aujourd'hui devant les actionnaires, si vous voulez, de la
société d'Etat qui s'appelle la SGF. Je pense que nous avons
droit à une information, peut-être pas nécessairement
savoir tout ce qui existe entre les trois groupes, comme information de base,
mais au moins tout ce qui est disponible et qui n'est pas confidentiel. Je suis
persuadé que chaque personne qui regarde ce document soigneusement va
s'apercevoir très vite que ce n'est pas un document pour des hommes
d'affaires, pour des gens qui ont l'obligation d'étudier
sérieusement un dossier. C'est un document de résumés pour
peut-être une émission de télévision ou quelque
chose de semblable. Je demande tout simplement on est prêt
à attendre l'information qui n'est pas confidentielle, qui touche
le fond de cette question, le fond de ces propositions. Je trouve, par exemple,
que celles qui étaient envoyées par votre
prédécesseur...
M. Perron: Ce sont deux dossiers différents.
M. Scowen: C'est sûr que c'est différent. La seule
chose qui est différente pour moi, c'est que...
M. Perron: C'est sûr que c'est différent.
M. Scowen: ... celui-ci est beaucoup plus important.
Le Président (M. Laplante): À ce moment, je crois
que je suis en mesure de...
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais donner la
réplique au député de Bellechasse, si vous me
permettez.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Duhaime: Je voudrais qu'on relise peut-être, sans le
faire mot à mot, l'article 16 du projet de loi no 108. ... oui...
M. Goulet: Ou le respecter, justement.
M. Duhaime: Je vais simplement relire, pour les fins de notre
procès-verbal, le quatrième alinéa de l'article 16: "Une
directive autorisant la société à investir dans un domaine
visé dans l'article 4a, ainsi que les documents pertinents doivent faire
l'objet d'un débat à la commission élue de l'industrie et
du commerce convoquée à cet effet dans les 30 jours de leur
dépôt."
Quant à moi, quand je lis ce texte de loi je vous prie de
ne pas me prêter d'intention, comme vous l'avez fait manifestement tout
à l'heure, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce
quand on parle de documents pertinents, ce sont des documents pertinents
à la directive, et non pas des documents qui seraient pertinents au
dossier de la pétrochimie.
Vous nous avez demandé, par une question posée au leader
du gouvernement à l'Assemblée nationale il y a deux jours, de
vous fournir des documents afin de faciliter votre travail comme
députés de l'Opposition. Ce que nous avons pensé faire,
c'était de vous préparer un sommaire qui est beaucoup plus, je
dirais, un schéma. Ce n'est pas le député de
Notre-Dame-de-Grâce qui va apprendre à qui que ce soit ce matin
qu'il n'y a pas un actionnaire qui va prendre une décision
d'investissement sur la foi de ce document. Cela, c'est évident. Je
pense que quand vous répétez ça, je me demande si vous ne
dites pas des balivernes. Ce dont il s'agit tout simplement, c'est de vous
proposer un schéma qui va s'étoffer aussitôt qu'on va
pouvoir commencer à entendre les explications et toute l'information que
les gens de la SGF sont en mesure de vous fournir ce matin.
Je voudrais peut-être rappeler également au
député de Bellechasse qu'il n'a pas à donner son accord
comme tel sur la directive. Ce que je comprends bien de la loi, moi, c'est que
c'est une décision du gouvernement. Il y a une directive qui est
donnée à sa société d'Etat. Les documents
pertinents à la directive sont déposés devant
l'Assemblée nationale et déférés en commission
élue pour un débat. C'est ce que la loi dit. Si vous refusez le
débat, ça, c'est une autre question. Mais c'est exactement le
sens de la loi. Je me demande quelle interprétation vous pouvez y faire
autre que celle que j'ai devant les yeux.
Le document qu'on vous a transmis, hier, est un document
d'accompagnement tout simplement pour aider à la compréhension du
dossier. C'est essentiellement ça. Ce n'est pas un document qui forme la
base de la réflexion de partenaires éventuels pour s'engager dans
un consortium pétrochimique. Je voudrais être bien clair
là-dessus, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, et
je pense que vous le comprenez très bien également. S'il y avait
des documents qui étaient interreliés ou directement
reliés à la directive, il est évident que je les aurais
déposés. Cela aurait été également mon
devoir de les déposer et je l'aurais fait avec grand plaisir. Mais le
document qu'on vous a fourni est un document de travail pour les fins du
débat en commission. C'est exactement ainsi qu'il faut le comprendre, et
vous donnez beaucoup plus d'extension à ce que vous retrouvez à
l'article 16...
Je m'excuse, M. le Président, mais je ne peux pas être
d'accord avec ce qui a été dit et je rappellerais tout simplement
peut-être une des
remarques de votre collègue, le député de
Saint-Laurent, devant cette même commission le 21 décembre 1978,
lors du débat sur le projet de loi no 108. Ceci est rapporté
à la page B-10587 du journal des Débats. Je vous prie de prendre
ma parole que je vais citer une phrase, mais elle n'est pas hors contexte,
c'est exactement dans le sens de la discussion que nous reprenons ce matin et
qui est suscitée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce: "II est plutôt question de connaître les
raisons, au moment où le gouvernement prend la décision de
créer une priorité nouvelle dans le domaine des investissements
de l'État et des activités de la SGF, les motifs qui le poussent
à juger prioritaire et important un secteur par opposition à un
autre. Pourquoi la pétrochimie est-elle plus importante pour
reprendre l'exemple de tout à l'heure que le transport
aérien ou que la constitution d'une marine marchande ou de n'importe
quoi d'autre? Etc."
C'est exactement dans ce sens-là et je pense que le
député de Saint-Laurent avait bien compris quelle était la
démarche du gouvernement lorsque nous avons introduit cet article 16
dans le projet de loi 108. Ce qu'il faut bien comprendre, et on est
parfaitement d'accord avec ça, la directive est déposée
à l'Assemblée nationale, elle est déférée
à la commission parlementaire et nous sommes prêts à en
faire l'étude pendant toute la journée si vous voulez, mais c'est
un débat que nous faisons et l'Opposition n'est pas dans la situation
où elle examine toute la problématique de ce nouveau champ
d'activité et est appelée à donner son accord ou non.
C'est entendu qu'on pourrait prendre théoriquement un vote ici, c'est
certain, mais c'est beaucoup plus un débat dans le sens que nous sommes
disposés à vous fournir toute l'information, tout
l'éclairage possible. Je vous prie de me croire, ça fait une
demi-heure ou 35 minutes exactement et déjà nous aurions pu
avancer passablement les choses au fur et à mesure que les explications
pourraient nous être fournies par l'équipe de la SGF qui est
présente ce matin; peut-être qu'il y a beaucoup des interrogations
que vous vous posez maintenant qui vont recevoir une réponse.
Le Président (M. Laplante): Je me sens assez
informé en ce moment. Si on veut débuter les travaux... J'ai une
directive à donner suivant l'information que chaque membre peut
exprimer. Je crois que l'avis est conforme à la loi 108, article 16
telle que présentée à l'Assemblée nationale, tenant
compte aussi de certaines questions qui ont été posées
à l'Assemblée nationale, à savoir justement si le
gouvernement respectera la loi 108 sur la pétrochimie par la
Société générale de financement. Sur ce,
j'appelle...
M. Goulet: M. le Président... directive, est-ce que vous
me permettez une question.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Goulet: Bon! Vous dites que la directive est conforme et j'en
conviens. C'est ce matin qu'on apprend qu'on parle de Pétromont et de
pétrochimie seulement à la directive no 2, parce que l'avis que
nous avons reçu et le feuilleton parlent bien des quatre nouvelles
orientations de la SGF; en plus, on devait parler de Marine ce matin et c'est
là-dessus qu'on s'est préparé en plus, d'accord, de ce
qu'on a eu hier soir.
Pourquoi l'avis ne nous a-t-il pas dit que lorsqu'on viendrait en
commission parlementaire jeudi, il serait question de pétrochimie
seulement? On aurait laissé les quatre autres domaines de
côté.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous
référer, M. le député de Bellechasse, aux questions
qui ont été posées avant que l'avis ne soit donné
à l'Assemblée nationale. Vous allez voir que c'est très
clair. Tout traitait chaque question de la pétrochimie. Je
vous réfère à ça.
J'appelle maintenant les membres de la Société
générale de financement. M. le Président, si vous voulez
vous identifier et identifier les membres qui vous accompagnent, s'il vous
plaît.
M. Scowen: J'aurais une question, si vous permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, tout de suite
après. L'invitation est faite. Après cela, je vous permettrai une
question. M. le Président.
M. Coulombe (Guy): Je suis Guy Coulombe, président de la
SGF. À ma droite, il y a M. Pierre Dupuis, vice-président de la
SGF pour le secteur pétrochimique, et M. Jean Houde, secrétaire
de la SGF; à ma gauche, M. Gilles Gagnon, vice-président aux
affaires juridiques de la SGF.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. Vous avez une
question, M. le député?
M. Scowen: Oui, cela touche une question de directive, M. le
Président. Je pense que c'est en effet la première fois que
l'Assemblée nationale est convoquée pour discuter cette question
des activités de la SGF. C'est très important de faire le point
sur la nature de ces commissions. Alors, je veux soulever un point. Le ministre
vient de dire, et il lisait l'article touché, le quatrième
alinéa, que, d'après lui, les documents pertinents qui doivent
faire l'objet d'un débat ne sont pas des documents pertinents à
la pétrochimie dans ce cas, mais à la directive. C'était
son raisonnement pour justifier ce que nous avons critiqué. Alors,
même si, pour le moment, j'accepte qu'on soit à l'article no 2, je
pense que mon collègue a un autre point très valable. Mais
même si on commence par accepter que les documents pertinents doivent
toucher la directive, vous voyez très vite que le document pertinent
n'est pas "relevant". Je pense qu'il faut que je cite tout d'abord, M. le
Président, et je veux que vous écoutiez soigneusement, parce que
c'est très important, le premier paragraphe de la directive. J'imagine
qu'on va les étudier une à la fois. On donne l'approbation...
Le Président (M. Laplante): Je voudrais savoir, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, si
vous contestez ma décision, parce que c'est tout comme,
actuellement.
M. Scowen: Je veux soulever un point que vous n'avez
peut-être pas réalisé.
Le Président (M. Laplante): Si c'est une directive que
vous me demandez, d'accord. Si c'est pour contester la décision...
M. Scowen: C'est une directive que je vous demande, M. le
Président. Dans le premier paragraphe, on nous demande de donner notre
approbation pour que la SGF puisse avoir des activités dans la
fabrication de produits qui sont du groupe no 18 des 20 grands groupes
d'industries manufacturières. (11 heures)
Quand je regarde cette liste, je vais vous la montrer très vite,
le groupe no 18, c'est pour la fabrication de produits de pétrole et de
charbon. Il y a deux sous-groupes, un qui s'appelle les raffineries de
pétrole et la fabrication d'huiles et de graisses lubrifiantes et un
deuxième, qui concerne les fabricants des dérivés divers
du pétrole et du charbon. En effet, tout le raisonnement et c'est
même très mince qui se trouve dans ce document, touche
seulement la pétrochimie et la pétrochimie est très bien
incluse dans le sous-article 369, fabricants de dérivés de
l'huile, du pétrole et du charbon. Je pense que le gouvernement n'a pas
l'intention de se lancer dans le raffinage du pétrole si je
comprends bien, ce n'est pas votre intention ni dans la fabrication
d'huiles et de graisses lubrifiantes. Vous donner la permission d'aller dans ce
sens aura des implications beaucoup plus grandes, si ce n'est même pas
l'intention du gouvernement de vous donner cette autorité. Mais
l'article 1 de cette directive vous donne ce droit.
Alors, une fois que c'est adopté, d'ici l'éternité,
la Société générale de financement a le droit de
faire de la concurrence à Shell, BP, n'importe qui, dans le domaine des
raffineries, sans demander l'autorisation de cette commission. Un trou
énorme est ouvert, sur la base d'un raisonnement pour une
sous-catégorie. C'est pourquoi on a critiqué, c'est un exemple
seulement. On a l'intention de revenir à cette question, mais je pense
que c'est très important qu'on comprenne qu'aujourd'hui, on essaie de
s'organiser pour que non seulement la loi comme telle soit respectée
dans le sens très étroit, mais que la population, les
journalistes, les députés, puissent avoir l'occasion de voir le
raisonnement dans un détail raisonnable, derrière une
décision de s'occuper d'une certaine activité.
Je répète, je pense que la solution que j'ai
proposée deux fois n'est pas quelque chose qui va faire de la peine au
gouvernement, mais elle va nous donner l'occasion aujourd'hui d'avoir une
conversation avec les experts et, après que nous aurons eu plus
d'information les députés de l'Union Nationale et nous
autres, séparément nous comprendrons mieux les
implications de vos programmes et les limites. Nous vous donnons l'occasion de
faire le débat qui était visé, qui était
demandé dans le principe, dans l'esprit de la loi que nous avons
adoptée l'an passé.
Je répète, je pense que c'est une demande très
raisonnable et je ne vois pas comment le ministre ne peut pas accorder cette
étude en deux tranches.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce m'inquiète un peu parce que, si son
interprétation était vraie, je ne serais pas d'accord que la
seule directive se résume au paragraphe premier qu'il vient de nous
lire, parce que ce n'est pas du tout l'intention du gouvernement de donner
pareil mandat à la SGF. Je pense que même les gens de la SGF ici
présents vont le comprendre. Il faut lire le paragraphe 2 de la
directive: "Cette directive vise à permettre à la
société, ses filiales ou sociétés affiliées,
de conclure éventuellement et à certaines conditions des ententes
finales avec des partenaires en vue de la formation d'un consortium
québécois de production d'oléfines et autres produits
connexes."
C'est ça qu'est la directive. Le premier paragraphe...
M. Scowen: Très bien, on peut rayer le premier
paragraphe.
M. Duhaime: ... c'est un paragraphe générique, si
vous me passez cette expression, et c'est le deuxième paragraphe qui est
le coeur de la directive no 2.
M. Scowen: Vous accepteriez de rayer le premier paragraphe?
M. Duhaime: Le paragraphe 2 cerne une activité
précise, une activité qui est indiquée à 1 et je
n'ai pas l'autorité de changer les décisions du Conseil des
ministres, du moins jusqu'à maintenant. Je pense qu'il n'y a pas de
raison non plus de les changer.
M. Scowen: M. le ministre, dans le premier paragraphe, vous
dites: II peut faire la fabrication de produits de pétrole et de charbon
et, dans le deuxième paragraphe, vous dites: Entre autres, il peut,
mais, si je comprends bien, si vous décidez un jour de construire une
raffinerie ça pourrait même être un gouvernement de
l'Union nationale je pense que vous auriez le droit, sur la base du
premier paragraphe, de le faire.
Le Président (M. Laplante): Si on procédait...
M. Scowen: Écoutez... M. Duhaime: Non...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, à l'ordre s'il vous plaît! Si on
procédait à l'audition des témoins, peut-être
que vous auriez des réponses aux questions que vous vous posez
actuellement. On n'a pu interroger personne, car l'industrie
pétrochimique, dans ma tête à moi, c'est très large.
De là, vous pourriez avoir le point réel d'identification,
où ils veulent s'en aller.
M. Goulet: M. le Président, est-ce que vous me permettez
une question au ministre et à vous-même, avant de commencer?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Goulet: Si je comprends bien, M. le Président, le
deuxième paragraphe de la directive et les explications données
par le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, c'est
qu'aujourd'hui, nous allons parler seulement de la participation de la SGF
à un consortium pétrochimique dans le domaine des oléfines
ou des produits connexes. Vous venez de dire que les hydrocarbures, c'est
beaucoup, c'est vrai. L'oléfine, c'est un hydrocarbure fait à
base d'éthylène, je ne sais pas trop. Mais c'est cela.
Si je veux parler ce matin de méthanol, de
méthylène ou autres, est-ce que je vais être à l'en-
contre du règlement?
Le Président (M. Laplante): Cela dépend de la
façon dont vous allez aborder le sujet. Je ne peux pas déclarer
des choses à l'encontre du règlement, sans savoir dans quel
contexte vous allez en parler. C'est difficile pour la présidence de se
prononcer maintenant, sans avoir entamé la discussion. Je ne peux pas
présumer.
M. Goulet: Ma demande fait suite à ce que le ministre a
dit. On pourrait poursuivre par la suite. Le paragraphe numéro un nous
permettrait de parler de toutes sortes de choses en ce qui touche la
pétrochimie et les hydrocarbures, tandis que le paragraphe numéro
deux nous permet on nous dit que c'est le coeur même de
discuter de la participation de la SGF à un consortium avec Gulf et
Union Carbide, dans le domaine des oléfines ou des produits connexes.
C'est ce que je veux savoir. Entre la pétrochimie et les
oléfines, il y a une différence. Les oléfines font partie
de la pétrochimie, mais on peut parler de bien d'autres choses. C'est ce
que je veux savoir. Si on ne parle que de cela, on va diviser nos notes, M. le
Président, et on va essayer d'en parler le plus objectivement possible.
Mais on n'ira pas parler d'autre chose. On aurait peut-être eu d'autres
questions dans d'autres domaines de la pétrochimie.
M. Duhaime: Oui.
M. Goulet: On fait une relation entre la directive numéro
un et la directive numéro deux, soit les pâtes et papiers et
autres avec la pétrochimie. Je fais une relation entre les deux.
J'aurais aimé en parler, mais cela fait partie de la directive
numéro un. Et vous allez me dire que je suis à l'encontre du
règlement. C'est ce que je veux savoir avant de commencer nos
travaux.
M. Duhaime: Si vous me le permettez, M. le Président, il
me fait plaisir de répondre au député de Bellechasse. Je
n'ai aucune espèce d'objection à ce que l'on discute de chacun
des quatre points de la directive numéro deux. C'est clair et entendu.
Ce que je veux apporter comme précision, c'est que dans la
classification internationale, il y a vingt grands groupes industriels. Et nous
allons traiter du groupe numéro 18, dont la pétrochimie fait
partie avec les oléfines et autres produits connexes. Je n'ai aucune
espèce d'objection et je pense que nous avons les gens qui sont en
mesure de vous répondre sur le groupe numéro 18 des 20 grands
groupes des industries manufacturières. Je n'ai aucune espèce
d'objection à ce que vous nous parliez du méthanol. Quelqu'un
nous suggérait même de demander l'aide du député de
Beauce-Sud, le nouvel arrivé. C'est un spécialiste des questions
du méthanol.
M. Goulet: Nous sommes assez mêlés ainsi, M. le
Président, je vous en prie.
M. Duhaime: Quant à moi, je suis très ouvert
à cela. Ce n'est pas moi qui suis le spécialiste, ni de la
pétrochimie, ni des oléfines, ni des hydrocarbures. Mais je pense
qu'on a des gens ici qui sont tout à fait disposés à
répondre à toutes vos questions à ce sujet. Mais si vous
le permettez, est-ce qu'on pourrait commencer?
M. Goulet: Quand allons-nous discuter de la directive
numéro un?
M. Duhaime: La directive numéro un, je me suis
informé, elle a été discutée de long en large. Pour
l'information du député de Notre-Dame-de-Grâce, ce n'est
pas la première fois qu'on discute des activités de la
Société générale de financement; si mes
informations sont justes, c'est la quatrième fois cette année.
C'est en juin dernier qu'on a discuté de long en large du plan de
conversion de la SGF, plus particulièrement dans le secteur des
chantiers navals.
M. Goulet: M. le Président, c'est parce qu'il y a un
arrêté en conseil...
M. Scowen: ...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît! M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je vais terminer ma question, si vous le permettez. Le
ministre dit que c'est la quatrième fois; or l'arrêté en
conseil pour les deux nouveaux secteurs, soit ceux de
l'électromécanique et de produits forestiers, a été
émis en date du 21 novembre. On n'a toujours pas discuté de ces
deux nouveaux secteurs ici, au mois de juin.
M. Duhaime: Ce n'est pas ce que je dis. C'est la première
fois que nous débattons je n'ai pas l'impression qu'on ait encore
commencé une directive découlant de l'application de
l'article 16 de la loi 108. Je suis d'accord là-dessus. Quand je donne
comme information que c'est la quatrième fois que nous discutons des
activités de la SGF cette année, je pense que c'est exact. C'est
la quatrième fois que nous convoquons la commission permanente...
M. Goulet: Ma question était: Quand discuterons-nous de la
directive no 1 ? C'est cela que je veux savoir. Là où on parle de
la nouvelle orientation de l'électromécanique et des produits
forestiers. Quand allons-nous discuter de cela en commission parlementaire?
M. Duhaime: Sur la directive no 1, ce sont des champs
d'activités où évolue déjà la SGF.
L'information que j'ai eue, c'est que mon prédécesseur et les
membres de la commission permanente ont discuté de cette directive au
cours de l'année 1979. Lorsque nous ouvrirons un champ nouveau, il y
aura une directive no 3 ou une directive no 4 et on suivra le cours normal de
la loi 108, on déposera cela devant l'Assemblée nationale et,
ensuite, on viendra en commission.
M. Goulet: M. le Président, c'est parce qu'il y a trois
secteurs jugés prioritaires pour l'instant, selon les nouvelles
directives, trois secteurs jugés prioritaires par la SGF et par le
ministère. Il y a deux secteurs qui font partie de la directive no 1 et
il y a un secteur qui fait partie de la directive no 3, mais vous dites bien
dans vos deux directives: II y a trois secteurs prioritaires. Ce matin, on
discute du troisième qui est la pétrochimie. Quand va-t-on
discuter des deux autres? Il y a trois secteurs. Normalement, vous auriez
dû avoir une directive et mettre les trois secteurs dessus, plus
l'objectif prioritaire qui est le plan de conversion de Marine Industrie. Il y
avait quatre choses dans ces directives-là. Il y a trois choses sur la
première directive et une sur la deuxième. Les deux directives
ont été émises la même journée. C'est cela
que je veux savoir. Il y a deux secteurs jugés prioritaires. On dit
bien: Les secteurs jugés prioritaires au sens de l'article 4 de la
charte de la société sont l'électromécanique et les
produits forestiers.
Dans votre deuxième directive, vous dites dans les mêmes
mots: "Le secteur de la pétrochimie devient ici un des secteurs
jugés prioritaires au sens de l'article 4. Cela aurait pu être sur
la même directive, entre vous et moi, M. le ministre. Je veux savoir
quand on va discuter des deux autres.
M. Scowen: Je pourrais simplement ajouter un mot, parce que le
ministre m'avait mal compris. Je n'ai pas dit que c'est la première fois
qu'on a un débat sur la SGF ici. Je sais très bien que c'est la
quatrième fois. J'y étais présent. C'est la
première fois qu'on fait le débat sur les champs
d'activité de la SGF, basé sur l'article 16 de la loi qu'on a
adoptée. C'est un nouveau départ. On a tous accepté de
surveiller l'entrée de la SGF dans de nouveaux champs d'activité
et, aujourd'hui, c'est la première fois.
Je répète le problème que j'ai soulevé,
parce que c'est un moment important. On crée des
précédents. Vous nous avez donné ce document de douze
pages. Je vous demande si le Conseil des ministres a pris la décision de
se lancer dans cette affaire uniquement sur la base des données dans ce
document ou si le ministre de l'Industrie et du Commerce, par exemple, avait un
peu plus d'informations que ce que l'on trouve dans ce document-ci. Si vous
avez fait cela seulement sur la base de ces douze pages, j'imagine que vous
n'avez pas pris une décision très pondérée.
Avez-vous eu d'autres informations, M. Descôteaux? Y avait-il d'autres
informations dont vous avez pris connaissance pour prendre la décision,
oui ou non?
M. Duhaime: M. le Président, est-ce que je peux
répondre? Je pense que la formulation de votre question amène la
réponse. C'est très carrément non. Il est évident
que le Conseil des ministres n'a pas pris cette décision sur la base
d'un document qui a été préparé à votre
intention et pour les fins de la commission, qui est un schéma en
quelque sorte du dossier de la pétrochimie et qui donne des points de
repère sur le projet. Mon Dieu! il me semble que la définition
d'un débat en soi, c'est de s'en venir autour d'une table comme ce matin
pour que je puisse vous donner une explication, pour que les gens de la SGF
puissent vous donner également une explication et ensuite, vous poserez
toutes les questions que vous pourrez imaginer.
Deuxièmement, je voudrais répondre au député
de Bellechasse qui posait une question tout à l'heure. Si vous allez
à la directive no 1, au quatrième paragraphe: "Les secteurs
jugés prioritaires au sens de l'article 4, paragraphe a), de la charte
de la société sont l'électromécanique et les
produits forestiers." Ce ne sont pas des champs d'activité nouveaux pour
la SGF. Nous y sommes déjà dans Marine Industrie, Cegelec, Forano
et maintenant avec Tanguay. L'article 16 de la loi oblige le gouvernement,
c'est-à-dire contraint la SGF à ne pas agir dans un champ
d'activité autre que ceux déjà autorisés. Si elle
veut aller dans un nouveau secteur, il faut qu'elle obtienne une directive du
gouvernement qui, lui, s'engage à déposer cette directive devant
l'Assemblée nationale et à faire ensuite le débat en
commission. Mais ce ne sont pas des secteurs nouveaux.
(11 h 15)
M. Goulet: M. le Président, je m'excuse, mais la loi ne
parle jamais de secteurs nouveaux. Je vais vous lire le paragraphe: "Une
directive autorisant la société à investir dans un domaine
visé dans l'article 4a l'article 4a ne parle pas de secteurs
nouveaux ainsi que les documents pertinents doivent faire l'objet d'un
débat à la commission élue de l'industrie et du commerce,
convoquée à cet effet dans les trente jours de leur
dépôt." Donc, pour ce qui est de la directive no 2, on respecte la
loi. La directive a été émise le
21 novembre. On est dans le délai de trente jours. Pour la
directive no 2, il va falloir qu'on en discute avant le 21 décembre, si
on veut être dans les trente jours. Pour la directive no 1, je le demande
au ministre, quand, d'ici le 21 décembre, allons-nous discuter de la
directive no 1? Il n'est pas question de champs nouveaux, il est question de
directives. Il y a eu une directive émise le 21 novembre, et,
d'après la loi, il faut en discuter en commission parlementaire avant le
21 décembre. C'est ma question. Quand? Ce n'est pas
nécessairement aujourd'hui, mais, pour être dans le délai
de trente jours, ce sera quand, d'ici le 21 décembre?
M. Duhaime: Si je comprends bien la question du
député de Bellechasse, la directive no 1, c'est en fait le
portrait des activités de la SGF. Nous avons, par cette directive no 1,
résumé en quelque sorte les champs d'activités dans
lesquels la SGF oeuvrait déjà. C'est le portrait de la situation.
Maintenant, votre question est de savoir à quel moment il y aura une
nouvelle convocation de cette commission pour étudier toute la directive
no 1. Ce que je vais faire, je vais retenir ma réponse et possiblement
vous la fournir à la période des questions cet
après-midi.
M. Goulet: Voilà. C'est simple, mais c'est ce que je
voulais savoir.
M. Scowen: Je voudrais poser une dernière question au
ministre. M. le ministre, tenant compte de votre réponse tantôt,
en ce qui concerne les informations, est-ce que vous pouvez accepter de faire
cette commission en deux tranches et, entre-temps, de retourner regarder ce que
vous avez eu dans votre ministère comme documentation pour justifier ce
projet, sortir ce qui est confidentiel, on ne le demande pas, et
préparer un dossier qui va démontrer un certain respect pour les
députés, qu'on ne les traite pas comme des enfants, qu'on nous
donne l'information essentielle et un délai raisonnable, de trois ou
quatre jours au moins, pour étudier avant qu'on ne tienne la
deuxième tranche, le deuxième volet de cette commission
parlementaire prévue dans la loi. Comme cela, vous démontrez un
certain respect minimal de l'intelligence des députés, vous ne
trahirez rien de confidentiel; on ne vous demande pas de reporter cela aux
calendes grecques, on est prêt à le faire d'ici une ou deux
semaines. Vous aurez répondu à l'esprit de cet article, qui a
été de donner à la population et aux députés
l'occasion de réfléchir un peu avant qu'on se lance dans de
nouveaux secteurs avec les fonds publics.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous une réponse,
M. le ministre?
M. Duhaime: Je comprends que le député de
Notre-Dame-de-Grâce ait fait son "test case" ce matin, en quelque sorte;
on veut créer un précédent. Je suis passablement d'accord
pour dire que vous allez très loin dans l'interprétation que vous
faites de l'article 16. "Documents pertinents", dans mon esprit, et je suis
lié moi aussi par la loi de l'Assemblée nationale, ce sont des
documents pertinents à la directive. C'est très clair. Ce que
vous me demandez maintenant, c'est de vous préparer un document, un
dossier sur la problématique de la pétrochimie, sur la
problématique des ententes qui sont projetées, de vous
préparer une brique en quelque sorte et de revenir ici devant la
commission. Si j'acceptais cette problématique, il est évident
que je pourrais lier toutes les autres commissions parlementaires qui
viendraient. Je n'ai pas l'intention de le faire.
Je suis prêt à déposer devant l'Assemblée
nationale tout document relié directement ou indirectement à la
directive. Je suis parfaitement d'accord avec ça. Je serais prêt
également, et nous l'avons fait... Je pense que vous charriez un peu
quand vous avancez que le gouvernement aurait pu, avec des partenaires
sérieux, prendre la décision d'investir dans la
pétrochimie à la lumière d'un document comme celui-ci. En
termes de ridicule, c'est passablement excessif.
Il est évident que ce n'est pas le but de ce document. Nous
l'avons fait préparer aussitôt que vous avez posé votre
première question à l'Assemblée nationale, il y a de
ça quelques jours. J'ai demandé que l'on prépare un
document pour le cheminement de nos discussions en commission. Ce n'est le
document de travail ni de la SGF, ni du gouvernement, ni de partenaires. Cela,
c'est très clair.
Ce que je serais prêt à faire, par ailleurs, c'est qu'on
pourrait commencer nos travaux et on pourrait le faire en deux étapes.
On pourrait commencer la première étape ce matin, qui serait
essentiellement une séance d'information informelle, si vous voulez,
mais d'information, et je n'ai aucune espèce d'objection à ce
que, à votre convenance, nous nous entendions pour fixer une autre date
pour tenir une autre séance de la commission. La semaine est
déjà très avancée; ça pourrait être la
semaine prochaine. Cela pourrait être même dans deux semaines.
C'est à votre goût. Vous pourriez, ce matin, avoir une
première série d'informations sur l'ensemble du dossier et
ensuite, ça vous donnerait un peu une idée des orientations. Je
m'engage à convoquer à nouveau la commission. Je le dis ici et je
sais que mes propos sont enregistrés. Nous tiendrons une nouvelle
séance la semaine prochaine ou dans deux semaines, à votre
convenance. Ce que je n'aime pas de vos propos, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je vais vous le dire très clairement.
Je ne voudrais pas que vous laissiez croire que nous avons l'intention
de vous passer un Québec dans la pétrochimie. Je ne voudrais pas
non plus que vous laissiez croire que nous allons refuser de donner de
l'information. C'est exactement le contraire que je veux faire depuis une
heure. Je vous offre deux séances. Si vous en voulez trois, on va en
faire trois. Si vous voulez qu'on aille visiter les lieux, on va y aller. Je
n'ai aucune espèce d'objection à faire ça. Mais je
n'accepterai pas, cependant, que vous fassiez une
interprétation de la loi qui va non seulement au-delà de
sa lettre, mais qui va également au-delà de l'esprit même
de la loi. Si cela vous convient, on va commencer.
M. Scowen: Je trouve qu'on est avancé un peu et, M. le
Président, je vous promets que ce sera ma dernière intervention
à ce sujet. Mais je pense qu'il y a un seul point que je veux expliciter
un peu.
Vous avez dit que dans votre esprit, les documents pertinents doivent
être reliés à la directive, et on est parfaitement
d'accord. Dans la directive, je prends, à titre d'exemple seulement, le
paragraphe 2; on dit: "Cette directive vise à permettre à la
société de conclure, éventuellement et à certaines
conditions, des ententes finales avec des partenaires en vue de la formation
d'un consortium québécois de production d'oléfines et
d'autres produits connexes."
J'ai cité la directive. Dans mon esprit c'était
clairement l'intention de nous tous, il y a un an vous avez l'obligation
de nous donner les documents pertinents à cette proposition, à
cette permission que vous voulez donner à la société de
conclure ces ententes avec ses partenaires. C'est la directive. C'est une
activité dans la directive et je pense que nous avons le droit d'avoir
des documents pertinents.
Vous m'avez dit tantôt que vous avez préparé ce
document-ci à la suite de ma demande en Chambre. Mais je vous dis que ce
n'est pas acceptable. L'obligation de préparer ces documents pertinents
n'existe pas parce que je me suis levé il y a deux jours. L'obligation
existe dans la loi. Et, pour moi, avant que vous convoquiez la commission
parlementaire, vous aviez la responsabilité de préparer ces
documents pertinents.
L'idée au complet M. Coulombe était là
c'était de s'assurer qu'avant que les contribuables se lancent
dans un nouveau secteur de l'industrie comme l'aciérie, comme
l'industrie navale, comme tout ce que nous avons vécu ces
dernières années, nous avions tous un droit de regard, dans un
certain détail, sur les intentions et sur les probabilités et les
problèmes pour l'avenir.
Cette affaire est très sérieuse, et je n'accepte pas que
ce document soit en réponse à une question en vertu de l'article
34 en Chambre. C'est dans la loi, cela a été débattu et
accepté par toute l'Assemblée nationale. J'ai fait le point
là-dessus.
Je vais terminer, M. le Président, mais pour l'avenir, je pense
que ce principe doit être accepté. Oui, des documents pertinents
doivent être étroitement reliés à la directive. Si
la directive propose qu'on se lance dans un secteur nouveau ou faire un nouveau
consortium, on a droit aux documents qui ne sont pas confidentiels, qui donnent
des détails sur cette proposition. Je pense que ça va de soi.
M. Goulet: Pour renchérir sur ce que dit le
député de Notre-Dame-de-Grâce, très
brièvement, je vois une différence d'attitude très grande.
Le ministre pourra répondre ensuite. L'an passé en juin, on avait
besoin d'argent pour une société qui était en
difficulté, Marine Industrie. On a pris la peine de prendre rendez-vous
avec les députés de l'Opposition. On a envoyé des
mandataires de la SGF et de Marine Industrie nous rencontrer avec un paquet de
documents. Ils ont pris rendez-vous une semaine à l'avance pour venir
nous convaincre que ça prenait de l'argent. Ce matin, parce que c'est
pour se diriger dans un nouveau secteur, on nous dépose un document
quelques minutes ou quelques heures à l'avance et on nous dit:
Prononcez-vous là-dessus et dites-nous ce que vous en pensez.
D'accord, on peut répondre à des questions. Mais pourquoi
n'a-t-on pas pris la même attitude que celle qu'on a prise quand
c'était le temps d'avoir de l'argent? On est venu nous rencontrer une
semaine à l'avance et nous déposer un paquet de documents et de
l'information pour essayer de nous convaincre. Pourquoi deux attitudes
différentes en dedans de six mois? Écoutez, je pense que c'est
important.
M. Duhaime: Other days other ways.
Le Président (M. Laplante): On commence. M. le ministre,
les préliminaires.
M. Duhaime: Ce n'est pas enregistré, mais je le dis avec
un sourire, M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: Vous vous préparez déjà pour
l'avenir.
M. Duhaime: Non, pas du tout.
Le Président (M. Laplante): Vous avez des remarques
à faire avant de commercer.
M. Duhaime: Je voudrais avoir une réponse à la
proposition que j'ai faite à mes collègues de l'Opposition sur
les deux ou trois étapes. Cela voudrait dire que vous acceptez cette
problématique que, ce matin, on fasse une ronde d'information, si je
puis dire. Cela vous donne ensuite le temps de décanter cette
information et, quand vous serez prêts à me faire une proposition,
j'aimerais qu'on le fasse. Quant à fixer le jour de notre prochaine
séance, on pourrait peut-être s'entendre dès maintenant
pour fixer une date, soit dans le courant de la journée, pour organiser
nos horaires en conséquence et également pour les gens de la SGF,
parce qu'il y aura une deuxième convocation.
M. Scowen: Entre-temps, est-ce que vous voulez accepter de
réfléchir et discuter avec vos collègues de la
possibilité d'enrichir un peu les renseignements disponibles aux
députés?
M. Duhaime: J'accepte de réfléchir très
certainement.
M. Scowen: Très bien. Après cette période de
réflexion, quand vous aurez pris votre décision, on
peut peut-être ensuite fixer une date pour une commission
parlementaire; parce que si votre réflexion porte à nous donner
quelque chose d'un peu plus consistant, nous allons vous demander
respectueusement de nous donner un délai de trois ou quatre jours entre
le dépôt de ces informations et la convocation de la commission
parlementaire.
M. Duhaime: Ce n'est pas ce que j'ai dit. M. Scowen:
Non?
M. Duhaime: Non. Ce que je vous ai proposé tout à
l'heure, et je pense que c'est fair play, c'est de vous dire que je suis
prêt à tenir une séance ce matin, à en tenir deux,
trois ou dix, si vous voulez. Je n'ai aucune espèce d'objection
là-dessus. De toute façon, ce n'est pas moi qui vais
décider du nombre de séances qu'on va tenir, c'est beaucoup plus
des ordres qui nous viendront de l'Assemblée nationale. Ce que je vous
dis essentiellement, c'est que, ce matin, je vous fais la proposition qu'avec
les gens de la SGF qui sont ici, on fasse une ronde d'information et qu'on
fasse ensuite un rapport à la Chambre que nous avons commencé nos
travaux. Je suis tout à fait d'accord que l'on reporte ensuite les
travaux de notre commission d'une semaine, ce qui vous donnera le temps de
réexaminer votre dossier vous aussi, j'imagine. Tout ce que je vous
demande, c'est qu'on puisse s'entendre rapidement. Plutôt que de demander
un ordre à la Chambre, carrément, je vous propose que nous nous
entendions sur une date qui conviendra à tout le monde pour qu'on
continue les travaux de cette commission la semaine prochaine ou dans l'autre
semaine. Mais vous avez des horaires, tout comme moi, et si on pouvait
s'entendre dans le courant de la journée sur le jour de la prochaine
séance, on organiserait nos horaires en conséquence. Je le dis
pour vous autant que pour les gens du côté ministériel et
aussi pour les officiers de la SGF qui, eux aussi, ont du boulot à
faire. Il s'agit simplement d'une question d'horaires et de convenances. Je
voudrais être bien compris. (11 h 30)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: M. le Président, sur ce point, je crois que
j'appuie la demande de mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce
auprès du ministre, parce que cela pourrait accélérer et
de beaucoup les travaux de la commission. Autrement, les membres de
l'Opposition devront arracher la vérité morceau par morceau au
ministre ou aux représentants de la SGF, ce que nous ne voudrions pas
faire. On voudrait, s'il y avait possibilité, avoir les documents
pertinents au début, passer à travers cela dans quelques jours et
possiblement que dans une séance de la commission, le problème
sera réglé, je pense bien. À l'heure actuelle, on n'a pas
d'information, on est obligé d'avoir les informations bribe par bribe et
c'est ce qu'on a repro- ché historiquement aux sociétés
d'Etat, de cacher la vérité aux représentants de la
population et à la population du Québec qui, en fin de compte,
est obligée de payer les taxes pour cela. M. le ministre, votre
prédécesseur avait l'air plus ouvert que vous. Alors, je vous
invite à vous ouvrir davantage et à donner les informations
à la population du Québec et aux représentants élus
de la population du Québec. Je pense bien que cela pourrait
accélérer énormément le travail de la commission
après cela. J'appuie fortement la demande de mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce et je vous demande d'y réfléchir
sérieusement cette fois-là.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on
débute?
M. Duhaime: M. le Président, j'avais pensé faire un
bref exposé aux membres de la commission sur le coeur de cette directive
et ensuite inviter M. Coulombe et ses adjoints, possiblement dans un premier
temps, à compléter ce premier exposé et ensuite commencer
à débattre de cette question. Même si ce document
d'accompagnement vous paraît très maigre, je vais m'y
référer tout au long de mon exposé
préliminaire.
M. Scowen: C'est tout ce que vous avez.
M. Duhaime: Je vous inviterais à vous rendre à la
page 2, par exemple, où on a mis des chiffres qui pourront être
complétés tout à l'heure, j'imagine bien, et simplement
rappeler l'ampleur de ce marché et le sérieux de la proposition
que nous entreprenons. D'abord, sur le plan canadien, il s'agit d'un
marché de $2 500 000 000 de ventes projetées pour 1980 et ce qui
nous frappe dans ce dossier, c'est que notre balance commerciale en prend un
coup, en quelque sorte, puisque nous importons 45% de notre consommation dans
ce secteur et les importations nous viennent, en 1979, par exemple, à
100% des Etats-Unis.
M. Scowen: Les ventes et les balances commerciales, ce n'est pas
clair. Est-ce que c'est canadien ou québécois?
M. Duhaime: C'est canadien. Si vous me permettez, est-ce que je
pourrais vous faire une suggestion, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce? Je comprends que vous allez avoir beaucoup de
questions, si vous pouviez les noter en chemin et si vous me donniez simplement
quelques minutes pour faire un bref topo que je vais essayer de faire le plus
court possible et ensuite, vous pourriez revenir avec vos questions.
Exposé préliminaire du ministre M. Yves
Duhaime
Quand on essaie de voir la place du Québec dans la
pétrochimie canadienne, il y a des chiffres qui sautent aux yeux. Nous
tenons pour acquis qu'en 1975, nous avions dans l'éthylène 51%
du
marché, le propylène 49%, le benzène 66% et qu'en
1980, nous sommes tombés dans l'éthylène à 22%, le
propylène à 24% et le benzène à 40%. Nous tenons
pour acquis également que nous ne faisons aucune intervention dans ce
secteur de la pétrochimie. Donc, la projection pour 1985 sans expansion,
nous allons passer de 75% à 85%, dans l'éthylène de 51%
à 15%, le propylène de 49% à 16%, le benzène de 66%
à 21%, c'est-à-dire que nous sommes en train
systématiquement d'évacuer le marché. Si nous faisons
l'expansion projetée, vous avez le chiffre en dernière colonne,
nous amortissons en quelque sorte la chute et nous allons nous retrouver avec
l'éthylène à 29%, le propylène à 30% et le
benzène à 26%. Cela nous donne tout de suite au départ une
indication de l'ampleur de ce dossier et, quant à la dernière
ligne, on dit que la taille de nos installations pétrochimiques au
Québec est de moitié inférieure à la taille
mondiale.
Ce que je voudrais vous dire, c'est simplement ceci. À
Montréal-Est, par exemple, à l'heure actuelle, à l'usine
d'oléfines de Union Carbide, nous produisons 130 millions de livres
d'éthylène et à l'usine d'oléfines de Varennes, il
se produit actuellement, par la compagnie Gulf, 450 millions de livres. Or, la
taille mondiale, suivant ce dont tout le monde convient, dans ce domaine, est
d'un milliard de livres.
Donc, notre proposition, lorsqu'on dit qu'on voudrait que nos
installations pétrochimiques se transforment, prennent de l'expansion
pour atteindre la taille mondiale, signifie que, mathématiquement,
à l'heure actuelle, nous produisons approximativement 580 millions de
livres; pour nous rendre à 1 milliard, cela signifie que nous
envisageons de doubler la capacité de production.
Sur le plan des marchés, je crois que vous aurez, bien sûr,
beaucoup de questions tout à l'heure, mais on pourra donner davantage de
détails. Ce qu'il faut comprendre, je le rappelle, c'est que nous
importons 45% de notre consommation, à peu près à 100% en
1979, des Etats-Unis. Nous aurons très certainement, tout à
l'heure, les chiffres sur les importations pour l'année 1978, où
une partie des importations nous venaient d'Europe.
Maintenant, à la page 3, on a essayé de schématiser
en quoi consistait l'opération que nous envisagions, en
réalité, ce qui se passe quand on fait du vapocraquage; on a
enlevé la problématique chimique sur le déplacement des
molécules lorsque ça se produit à l'intérieur du
vapocraquage, je pense bien que ça va tous nous rappeler nos souvenirs
de chimie d'il y a une bonne vingtaine d'années et, pour d'autres, un
peu plus. Je laisserai mes gens de la SGF vous expliquer, dans le
détail, si besoin est, l'opération qui se fait lors du
vapocraquage.
La page 4 de ce document, je voudrais tenter de vous l'expliquer le plus
simplement du monde. C'est le schéma du complexe pétrochimique de
Montréal, à partir du pétrole brut. D'abord, une
donnée de fond, en partant dans le dossier, les approvisionnements pour
le Québec en pétrole brut sont de l'ordre de 600 000 barils de
pétrole brut par jour. Pour éviter une longue discussion, lorsque
je vous parlerai d'un baril je vais retrouver ma note lorsqu'on
parle d'un baril, on ne parle pas de notre traditionnel baril de 45 gallons
qu'on a tous en tête au Québec, on parle du baril international.
Dans le jargon des pétroliers, c'est 35 gallons canadiens ou encore 42
gallons américains. Moi-même, je dois faire l'effort, parce qu'on
a tous été élevés en disant qu'un baril contient 45
gallons.
Donc, 600 000 barils de pétrole brut par jour, et la question
qu'on se pose, c'est: Quel est l'approvisionnement requis pour les fins de la
pétrochimie au complexe de Montréal? Pour les deux vapocraqueurs
qui existent, c'est 17 000 barils par jour, c'est-à-dire 2,8% de la
consommation quotidienne.
Si on retourne à la page 4, je voudrais vous donner l'explication
en deux blocs, ce qui se passe, par exemple, dans la colonne du centre à
l'usine d'oléfines d'Union Carbide. C'est une usine qui a
été construite dans les années cinquante et je disais tout
à l'heure qu'il y a une capacité de production de 130 millions de
livres d'éthylène qui s'en va ensuite dans ses
dérivés; l'éthylène glycol, le
polyéthylène, l'acéthylène, tout ça est
à Montréal-Est.
Deuxièmement, vous allez à gauche, après le
vapocraqueur, on en tire du polypropylène, qui s'en va à Laval,
à la compagnie BASF, pour les alcools et le polystyrène, dans les
mots qu'on connaît un peu plus, peinture et solvant pour les alcools et
styrofoam pour les polystyrants.
En troisième lieu, éthylène et propylène, ce
sont les gazoducs ou les pipe-lines souterrains, tandis que le butadiène
est transporté par wagons-citernes à l'usine Polysar de Sarnia,
pour du caoutchouc synthétique.
À droite, à l'usine d'oléfines Gulf, ce
vapocraqueur a été construit et toute l'installation a
été construite entre 1968 et 1975. Je rappelle la capacité
de production qui est de 450 millions de livres. Nous expédions à
CAL; il s'agit de Commercial Alcohol Limited et son nom français, c'est
Alcool de commerce Limitée. Ensuite, l'éthylène retourne
à Union Carbide, du butadiène à Polysar à Sarnia et
également du propylène à l'usine Hercules.
Projet Pétromont
L'opération que nous voulons faire consiste à nous
associer avec deux partenaires, Union Carbide et Gulf, à parts
égales et, dans un premier temps, faire l'acquisition, par le biais
d'une compagnie qui s'appellera, lorsque formée et constituée,
Pétromont, où chacun des trois partenaires, Union Carbide, Gulf
et la SGF seront à parts égales, c'est-à-dire un tiers, un
tiers, un tiers, faire l'acquisition, ensemble, de ces deux vapocraqueurs, de
les opérer et ensuite d'envisager une phase d'expansion, phase II.
Vous aviez raison tout à l'heure de mentionner, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, que le
dossier de la pétrochimie au Québec est un dossier
très important. Je pense que nous serions négligents si, comme
gouvernement, nous nous désintéressions de ce dossier à
cause de son importance, à cause des retombées indirectes en
termes d'investissements et de créations d'emplois.
Je vous rappelle par exemple que, parallèlement à la
situation décroissante qu'a connue le Québec dans le domaine de
la pétrochimie, de 1975 à ce jour et, si nous n'y faisons
rien, la chute va continuer jusqu'en 1985 durant le même temps, de
1973 à 1977, le gouvernement fédéral, par le biais d'une
corporation d'Etat, a monté le complexe de Sarnia qui a une
capacité de production d'un milliard de livres. Dans le même temps
également, c'est-à-dire entre 1976 et 1979, en Alberta, à
Joffre, un complexe pétrochimique, de taille mondiale celui-là, a
été mis en route et a une capacité de production de 1 000
200 000 livres.
Est-ce que ce document a été distribué?
J'ai ici un document qui nous résume un peu la participation des
divers gouvernements dans l'industrie pétrochimique au Canada, en
Europe, au Japon, au Mexique, au Brésil et aux Etats-Unis. Je vais en
faire tirer des copies et vous les faire distribuer, cela pourra certainement
garnir votre dossier.
Je voudrais dire qu'il s'agit et je me réfère
à la page cinq d'un dossier qui comporte une valeur
ajoutée de $1 milliard, dans vingt-cinq entreprises majeures, dont six
de ces grandes entreprises, usines essentiellement, sont concentrées
dans la région de Montréal, qui comporte 5000 emplois et 400
autres entreprises qui sont associées à la transformation des
plastiques.
Il ne nous est pas possible de vous donner avec précision, si ce
n'est un ordre de grandeur qui est très variable, le nombre d'emplois
directement reliés. Je pense aux 400 entreprises associées. Je
vous donne un exemple. Une entreprise qui fabrique de la peinture est
associée directement à ce complexe pétrochimique. (11 h
45)
Par ailleurs, pour une autre entreprise qui consommerait très peu
de matières plastiques à l'intérieur de son produit par
exemple, ce n'est pas facile de mettre un chiffre, ou un ratio, ou un
pourcentage pour la rattacher, de sorte que la variable est très grande.
Je donne un ordre de grandeur; peut-être que tantôt on pourra vous
le préciser davantage, mais la variable, c'est quelque part entre 50 000
et 75 000 emplois.
À la page 6, c'est vraiment une page pour les non-initiés
à la pétrochimie, dont je suis, qui consiste essentiellement
à nous dire quels sont les dérivés de tout cela,
plastiques, fibres, vinyles, etc.
À la page 7, vous avez un petit tableau fort intéressant.
Il explique peut-être pourquoi le dossier de la pétrochimie a une
telle importance. Les chiffres 1, 3, 7, 11 et 27 sont des coefficients
multiplicateurs, ce qui signifie qu'à partir de $1 de pétrole
brut on a retenu à la fin l'exemple d'un sac à ordure
il se multiplie par 27 en cours de route, ce qui signifie que $1 million
dans ce secteur en termes de pétrole brut correspond, dans les produits
finis, à $27 millions. On pourrait reprendre le même exemple avec
d'autres produits finis et faire la même multiplication. On voit les
différentes étapes de la valeur ajoutée en quatre
séances. Notre ambition, bien sûr, est d'intervenir à la
première étape qui consiste à vapocraquer, en quelque
sorte, le pétrole brut pour produire de l'éthylène et
ensuite tous les dérivés qui s'ensuivent.
À la page 9, j'ai dit tout à l'heure brièvement que
la phase 1 consistait essentiellement à faire l'acquisition des deux
vapocraqueurs par le biais de Pétromont. Ce que je voudrais vous donner
comme information, c'est qu'il s'agit d'une transaction qui va porter sur un
montant de $134 millions dont $102 millions seront investis à parts
égales, c'est-à-dire, pour chacun, $34 millions entre
partenaires, le reste étant du financement bancaire.
J'ajoute également que personne n'a demandé la garantie du
gouvernement sur cette transaction et nous n'avons pas l'intention de l'offrir
non plus. Je pense que la transaction est suffisamment bien solide et
établie pour qu'on puisse s'en passer.
La question qui nous vient à l'esprit: Qui a établi que
ces deux installations valaient la somme de $134 millions? Nous avons fait
appel avec nos partenaires éventuels dans ce dossier à la firme
SNC et l'évaluation a été faite. De part et d'autre, tout
le monde s'entend pour en arriver à ce montant de $134 millions.
Il y a un point fondamental dans le dossier que vous avez à la
page 9. Nous faisons ensemble la phase I et nous avons l'intention daller sur
une phase II qui consisterait à ajouter un vapocraqueur pour
approximativement doubler la capacité actuelle. Le point qui est
important, c'est que nous avons obtenu de nos partenaires, au cas où,
une fois rendus à la phase II, nos partenaires décidaient de ne
pas continuer dans la phase II, nous aurons le choix ou bien de rester avec eux
avec une capacité installée constante, ou encore de nous retirer
et de demander le remboursement de notre mise de fonds.
Je pense que c'est une note fondamentale dans le dossier. Nous aurons le
choix ou de rester ou de nous retirer du consortium dans
l'éventualité où l'un ou l'autre, ou les deux, de nos
partenaires dirait: Nous, on ne continue pas dans la phase II.
Je voudrais vous référer à la page 10, qui parle
par elle-même en quelque sorte. Il est évident que cette
opération va nous permettre d'intégrer et d'optimiser la
production actuelle. La compagnie Gulf est une source importante de
matières premières; vous l'avez à la page 4, où
vous voyez qu'en termes d'approvisionnement, à partir du pétrole
brut, c'est par l'entremise de Gulf que l'usine d'oléfines Gulf de
Varennes fonctionne. Union Carbide est le plus grand manufacturier de
dérivés de l'éthylène au Québec. Nos deux
partenaires apportent une solide expérience et un
accès à la technologie de pointe. Je pense que nous
n'avons pas à faire la preuve de la technologie de ces deux partenaires.
C'est déjà reconnu. En ce qui concerne les risques
inhérents à ce genre d'entreprise, il est évident qu'avec
deux partenaires qui sont déjà dans ce secteur depuis nombre
d'années, qui ont développé une expertise, nos assises
sont beaucoup plus solides.
Enfin, j'ajouterais tout simplement ce sera une redite que
la participation du gouvernement, par le biais de la Société
générale de financement, témoigne de
l'intérêt du gouvernement et va très certainement
contribuer à faciliter la coordination de nos politiques
énergétiques.
Maintenant, les projections. Voici quelques données
financières: À production constante, en termes de livres
d'éthylène produites, le chiffre d'affaires de 1980 est de
l'ordre de $220 millions, pour atteindre $365 millions en 1983. L'augmentation
n'est pas attribuable à une hausse ou à une augmentation de la
capacité de production, mais essentiellement en termes de dollars, 1980
qu'on retrouve en 1983. Les bénéfices nets passeront de $12
millions à $31 millions, bien sûr, avant impôt, et cela
comporte une dépréciation faible.
Les actifs utilisés: 1980, $163 millions; 1983, $252 millions.
C'est essentiellement attribuable au fonds de roulement et aux profits
accumulés. Nous nous figurons que le rendement sur les actifs va
être de l'ordre de 7,4% en 1980 et de 12,2% en 1983 ce qui, dans
l'analyse financière, paraît très acceptable à la
SGF et au gouvernement également.
La phase II maintenant, pour ce qui est de l'expansion future, nous
voulons porter le complexe pétrochimique du Québec à une
taille mondiale, c'est-à-dire à peu près à 1
milliard de livres. Nous voudrions que cette production soit destinée
à la transformation au Québec pour avoir le maximum d'impact, en
termes de retombées, tant pour les investissements que pour la
création d'emplois. Nous prévoyons que la phase II pourrait voir
en opération un autre vapocraqueur à Va-rennes en 1985, ce qui
signifie que nous allons commencer les travaux avant. Le coût
approximatif de la phase II pour doubler la production est de l'ordre de $500
millions. C'est, bien sûr, une technologie de pointe.
Comment envisageons-nous maintenant le financement de la phase II?
Premièrement, à même les bénéfices
accumulés en phase I; deuxièmement, sur une capitalisation, donc,
un investissement par les partenaires et, troisièmement, par les
emprunts à long terme.
Il nous apparaît donc plus urgent de procéder à une
restructuration substantielle de l'industrie des oléfines à
Montréal, et cette formule de consortium regroupant des entreprises
déjà existantes, qui ont fait leurs preuves dans ce secteur d'une
technologie avancée, va permettre également à l'industrie
de procéder à une expansion qui est nécessaire.
Nous avons confiance en la rentabilité de cette entreprise. Nous
avons confiance également parce que nous avons cette garantie de base
qui a déjà été acceptée par nos partenaires.
Je vois le député de Laval qui a déjà des
réserves, parce que j'ai mentionné $500 millions à la
phase II. Je répète ce que je disais tantôt. Vous pourrez
peut-être passer l'information au député de
Notre-Dame-de-Grâce, qui n'a pas entendu mon intervention tantôt
sur ce bout-là et qui ne l'entendra pas encore maintenant, mais je vais
la répéter à son intention.
M. Scowen: Merci.
M. Duhaime: À la phase II, qui pourrait engager un
investissement de $500 millions entre trois partenaires, nous avons fait
accepter par nos partenaires que s'ils décidaient de ne pas aller en
phase II, nous pouvons nous retirer de tout le dossier. On se comprend bien
là-dessus? Cela m'apparaît être un des points majeurs du
dossier. Il nous apparaît également évident que, dans un
domaine comme celui-là, et en formulant à long terme nos
politiques énergétiques, nous allons être, de toute
nécessité, entraînés à reconnaître
qu'il nous faut développer absolument le secteur de la
pétrochimie.
Je vous ai fait distribuer un document qui fait état de la
participation de divers gouvernements autour de la planète au domaine de
la pétrochimie. Je vais vous faire grâce de cette lecture,
étant convaincu que vous le ferez avec beaucoup de soin, mais vous allez
me permettre de vous parler du Canada essentiellement en disant ceci je
terminerai là-dessus, M. le Président que la Corporation
de développement du Canada possède la compagnie Polysar, de
Sarnia, et je rappelle que Sarnia, c'est ce complexe pétrochimique qui a
été construit de 1973 à 1977 et qui a une capacité
d'un milliard de livres à l'heure où je vous parle; que le
gouvernement de l'Alberta contrôle effectivement 50% du nouveau complexe
pétrochimique AGE-Dow de Joffre, en Alberta, qui vient tout juste
d'être inauguré, les travaux ont été
commencés en 1976 et viennent d'être complétés en
1979. Vous avez, sur ce document, la participation de pays européens.
L'Allemagne fédérale s'est occupée de ces affaires aussi.
Les gouvernements de France, d'Italie, de la Hollande et de l'Espagne ont
également formé des entreprises d'Etat et investi dans la
pétrochimie; c'est le cas au Japon également, au Mexique et au
Brésil. Le seul phénomène que nous retrouvons, c'est
qu'aux Etats-Unis, le développement phénoménal de la
pétrochimie s'est effectué sans la présence de capitaux
gouvernementaux. Par contre, il a longtemps reposé sur le contrôle
des prix du gaz naturel comme matière première. C'est la seule
exception que nous connaissions dans les pays industriels d'Occident. C'est
seulement aux Etats-Unis que le gouvernement n'a pas encore investi.
Peut-être le fera-t-il? Je ne le sais pas, mais ça peut
paraître paradoxal parfois, puisque le gouvernement américain se
prépare, semble-t-il, à donner un coup de main à un
manufacturier d'automobiles. Ce n'est pas impossible qu'un jour on aille dans
la pétrochimie.
Je termine là, M. le Président. Je demanderais
peut-être à M. Coulombe de donner des informations additionnelles
sur la phase I du consortium comme tel, et ensuite on laissera les membres de
la commission poser toutes les questions qu'ils voudront bien.
Le Président (M. Laplante): Je préférerais
savoir si le député de Notre-Dame-de-Grâce a des... (12
heures)
Remarques de l'Opposition
M. Reed Scowen
M. Scowen: Je pense que ça peut avancer
légèrement les choses si je vous donne un petit aperçu de
nos préoccupations majeures.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Scowen: Comme ça, ça peut peut-être
réduire la portée des commentaires de M. Coulombe. Franchement,
on en a plusieurs, mais, si vous permettez, je pense que ça pourrait
être utile... Je ne sais pas si mes collègues sont d'accord.
Nous avons à peu près neuf ou dix points sur lesquels on
veut avoir un peu plus d'information. Ce n'est pas nécessairement dans
un ordre d'importance que j'en fais la liste ici. Premièrement, il y a
la structure organisée de l'affaire. On a entendu parler
d'investissements de $34 millions, on a entendu parler d'investissements de $2
millions. On a entendu parler d'un Pétromont, de deux
Pétromont... Exactement, comment prévoyez-vous organiser
l'affaire?
Deuxièmement, un peu plus de précisions sur l'obligation
financière du gouvernement. Le ministre nous a dit tantôt que nous
aurons le droit de sortir. Il serait intéressant de savoir exactement
comment et sur quelle base. Est-ce qu'en sortant, on sort effectivement du
secteur de la pétrochimie? De quelle façon est-ce que ce sera
effectué?
Troisièmement, il y a la question du choix des partenaires. Je
sais très bien que, depuis quelques années, on a beaucoup
parlé de plusieurs façons possibles pour le gouvernement du
Québec de se lancer dans le domaine de la pétrochimie. Vous avez
finalement fait le choix. Vous avez finalement choisi Union Carbide et Gulf,
vous n'avez pas choisi Aigle d'Or et Pétrofina. Un choix a
été fait et ce serait intéressant de savoir pourquoi
et...
Une voix: ...
M. Scowen: Oui, d'accord. Quatrièmement, on
s'intéresse beaucoup aux questions de coûts et d'approvisionnement
de matières brutes. Est-ce que c'est assuré? Quels sont les choix
pour notre production actuelle, qui semble être réglée par
les installations sur place à Montréal-Est, et pour l'avenir?
Dans l'éventualité de ce consortium que vous proposez, même
pour les fins de l'opération de l'an prochain, par exemple, comment
avez-vous réglé la question du prix qui sera payé à
Gulf pour les matières premières et le prix qui sera exigé
d'Union Carbide et des autres pour vos produits? Parce que, maintenant, tout ce
qui est actuellement des transactions de "arm's length" deviendront des
affaires de famille.
De plus, on veut vous entendre parler non seulement du coût
à long terme de ces matières dont on a besoin, mais de la
possibilité d'approvisionnement. Il y a la question de transport du gaz
naturel de l'Ouest, la question de l'approvisionnement des pays de l'OPEC
où il y a certainement beaucoup de questions aujourd'hui... Toute cette
question.
M. Duhaime: Vous n'avez pas envie de nous proposer l'Iran ce
matin?
M. Scowen: Non! Il y a aussi la question du coût
d'opération et le coût du capital pour la construction d'une
nouvelle usine. Dans ce domaine, nous sommes aussi
intéressés.
Il y a aussi la question du marché pour nos produits et les
alternatives pour nos vapocraqueurs. Si le marché prévu ne se
réalise pas, je sais très bien qu'il existe des alternatives et
il serait intéressant de les connaître.
On veut simplement vous entendre parler du projet d'expansion; à
peu près où vous en êtes rendus. On aimerait parler un peu
de l'industrie de transformation au Québec. Vous avez des chiffres
impressionnants sur la création de l'emploi en aval qui est
créé par cette industrie. Est-ce que c'est important pour le
Québec? Nous aimerions avoir un peu plus de précisions et
connaître les possibilités pour l'avenir, surtout sur la
concurrence. Est-ce que le marché de ces compagnies de transformation se
trouve au Québec ou à l'extérieur du Québec, soit
au Canada?
Et bien sûr est-ce qu'une douane entre le Québec et le
Canada aurait pour effet de créer des problèmes pour cette
industrie? Il y a deux autres questions sur lesquelles on aimerait avoir une
certaine information. Premièrement, le rôle du
fédéral là-dedans. J'imagine qu'en ce qui concerne
l'approvisionnement, les coûts et toutes les politiques
énergétiques et pétrolières du Canada, il y en a
beaucoup qui relèvent du fédéral. Est-ce que le
fédéral a été consulté dans ce projet?
Est-ce qu'il est sur la même longueur d'ondes que vous ou s'il n'a pas du
tout été consulté? Est-il contre? Quelle est l'importance
du gouvernement fédéral dans ce projet, à long terme?
Finalement, j'ai deux questions très précises. J'aimerais
poser la première au représentant de la compagnie Gulf, s'il
était ici aujourd'hui: Pourquoi, sincèrement, voulez-vous la
présence du gouvernement dans vos projets? Normalement, les compagnies
privées ne cherchent pas à être à moitié
nationalisées. Pourquoi, à long terme, voulez-vous avoir un
consortium avec la participation du gouvernement, et qu'est-ce qui va arriver
si cela ne se réalise pas?
Voici l'autre question que je veux poser, probablement au ministre ou
à M. Coulombe:
Pourquoi la présence du gouvernement est-elle essentielle dans ce
domaine? Est-ce que vous pouvez nous expliquer, aussi clairement que possible,
ce qui va arriver si cette participation n'a pas lieu? On est tous d'accord sur
l'importance de l'industrie pétrochimique. Ce qui n'est pas
prouvé, c'est que, pour l'avenir sain et prospère de cette
industrie, il soit essentiel que les contribuables du Québec deviennent
actionnaires. C'est ce qui reste à prouver.
Un dernier mot, M. le Président, je l'adresse au ministre. Il
était clair dans sa réponse à mes commentaires ce matin
sur le premier paragraphe de la directive, que ni lui, ni son ministère,
ni le gouvernement n'ont l'intention de permettre à la
Société générale de financement, par l'entremise de
cette directive, de se lancer dans le domaine du raffinage de l'huile et des
lubrifiants. Je lui demande, si c'est le cas, d'accepter de retourner cette
directive aux responsables de son groupe juridique pour qu'ils puissent nous
assurer que le premier paragraphe de cette directive n'aurait pas pour effet de
donner ce droit à la société. Ce sont mes
préoccupations principales. Je ne sais pas si cela peut vous aider
à préciser davantage vos réponses.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: M. le Président, très rapidement,
d'abord, en ce qui a trait au principe, je pense que tout le monde semble
unanime pour dire qu'il y a un pas à faire en avant. Naturellement,
à la suite des propos que le ministre a tenus, quant aux informations
qu'il a données, il survient plusieurs questions quant à moi. On
parle entre autres des deux usines d'un coût total de $134 millions. On
sait, par exemple, que l'usine de Gulf est beaucoup plus importante que celle
de Union Carbide, je pense que ce sont les chiffres du ministre. Je pense que
les chiffres sont trois fois plus importants, 450 000 livres comparativement
à 130 000 livres pour...
M. Duhaime: Millions de livres.
M. Goulet: Millions de livres, oui. ... Union Carbide. Est-ce que
les investissements de Gulf devraient être, normalement, trois fois plus
importants que Union Carbide, mais les trois investissent également?
Dans les $134 millions, quelle partie va à Gulf et quelle partie ira
à Union Carbide? Pourquoi les usines, précisément de
Varennes et l'autre, de Union Carbide, à Montréal-Est... L'usine
de Varennes, entre autres, en ce qui touche Gulf, un des représentants
de cette compagnie comment s'appelle-t-il déjà, je vais
vous dire cela, M. le Président M. Robert Valence, avait
confirmé que les profits de l'usine de Varennes ont toujours
été "marginaux". Il a dit cela au journal Le Soleil, le 28
août précisément.
Est-ce que ce serait une raison majeure pour laquelle on voit
apparaître le nom de Gulf plutôt que celui d'une autre compagnie?
Même si l'usine de Gulf est trois fois plus importante, au niveau de la
production, que celle d'Union Carbide, est-ce que c'est une des raisons pour
lesquelles on y va au tiers, parce que cette usine n'est pas rentable? Si un
des directeurs dit que les profits sont marginaux, ça peut laisser
croire que ce n'est pas tellement rentable.
Egalement, M. le ministre, dans un autre ordre d'idées, vous
dites, vous l'avez répété et vous avez même dit que
c'est le point ou un des points majeurs: Le gouvernement, quand je dis
le gouvernement, je m'excuse, c'est la SGF pourra se retirer
éventuellement s'il n'y a pas expansion en récupérant sa
mise de fonds. Je suis d'accord je ne veux blesser personne en disant
ça mais est-ce qu'il va en rester? S'il y avait des
déficits à ce moment-là, est-ce qu'on se retire en
enlevant notre part de déficit, ce qui serait normal? Vous
prévoyez, vous présumez qu'il va y avoir des profits, mais on a
vu d'autres sociétés où il n'y avait pas de profit et si
on avait décidé de se retirer à ce moment-là, on
doit conclure qu'on irait également en proportion dans les pertes, ce
qui est normal.
Vous avez également insisté, M. le ministre, sur les
bénéfices avant impôt. Je suis bien d'accord, vous parlez
de ce qui est prévu, $12 millions; ça veut dire qu'après
impôt, ce sera à peu près la moitié, soit $6
millions, si on s'entend bien? On parle également de ce consortium de
$102 millions, $34 millions chacun, $102 millions investis à 10%. On
sait qu'actuellement la valeur de l'argent est beaucoup plus
élevée que ça, les taux préférentiels sont
quasiment à 15% pour les individus; pour les compagnies, on peut les
mettre à 10%. Je pense qu'on ne se trompe pas. Alors, 10% de $102
millions, ça fait $10 millions. Si on a $6 millions et que
l'intérêt est à $10 millions, on ne doit pas se vanter trop
vite de faire des profits, ça dépend où on fait les
profits. D'accord, ce n'est peut-être pas la société, mais
les Québécois qui vont emprunter demain matin vont être
obligés de payer cet intérêt quelque part, parce que
l'argent, si on ne l'investit pas, peut valoir quelque chose ailleurs. C'est un
autre point. Je pose toutes mes questions immédiatement, vous pourrez y
répondre par la suite.
Au niveau des profits, j'aimerais que vous y reveniez dans vos
prévisions. Vous parlez aussi de 5000 emplois dans le document qui nous
a été déposé hier soir, vous parlez de tout
près de 400 usines qui touchent directement à la fabrication ou
à la modification. Combien y aura-t-il d'emplois nouveaux parmi ces
5000? Est-ce que ce sont des emplois maintenus ou est-ce que ce sont, en
partie, des nouveaux emplois? Dans ces 400 usines touchées, si on
n'avait pas ce consortium, ou si la SGF ne se lançait pas dans ce
projet, est-ce que ces usines auraient de la difficulté à
s'approvisionner? Est-ce que ces usines vont sauver de l'argent au niveau du
coût de l'approvisionnement? Est-ce que ces 5000 emplois sont
soutenus ou nouveaux et dans quelle proportion? Je pense que c'est
important de le savoir.
Vous parlez aussi on va le laisser passer pour l'immédiat,
mais je voulais quand même le souligner - du vapocraqueur prévu en
1985, si ça va bien, mais quand vous parlez de chiffres de $500
millions, encore là, l'investissement, quand on sait ce que l'argent
vaut aujourd'hui, est-ce que cela sera toujours une priorité pour le
gouvernement?
Une dernière question également. On parle de cet
éventuel vapocraqueur dans cinq ans. D'accord, ce n'est pas pour
l'immédiat, est-ce qu'il y a eu des études qui ont
été faites et peut-être que les gens de la SGF
pourront nous répondre concernant l'usine de LaPrade, qui sera
bientôt mise dans les boules à mites?
Au niveau d'un lien, on s'est fait dire qu'avec certaines modifications
je dis bien on s'est fait dire, je n'ai pas pu vérifier
cette usine qui sera éventuellement dans les boules à mites...
Est-ce qu'il y a eu des discussions avec le gouvernement fédéral
pour savoir si on ne pourrait pas modifier ou s'approprier cette usine à
bon coût, ou se la faire donner, et peut-être y mettre un
quatrième partenaire ou encore s'assurer que le Québec pourrait
gérer cette usine qui viendrait à l'intérieur de ce
projet? (12 h 15)
Est-ce que c'est possible? Est-ce qu'il y a des études qui ont
été faites? On en a entendu parler dernièrement. Je ne
peux pas avancer si ce sont des modifications majeures ou mineures... Ce sera
à nos invités de qualifier si étude il y a eu et si les
modifications seraient mineures ou majeures, et dans quel ordre. Et est-ce
qu'il y a eu des discussions avec le gouvernement fédéral
concernant cette usine de LaPrade qui ne servira plus ou qui ne sert à
peu près plus?
M. le Président, j'aurais bien sûr beaucoup d'autres
questions, mais je vais y aller avec celles-ci et on reviendra dans le courant
de la journée, si vous le permettez.
M. Duhaime: M. le Président, est-ce que le
député de Laval a des questions?
M. Lavoie: Peut-être deux questions.
M. Duhaime: Je regarde l'heure. Habituellement, m'informe-t-on,
on ajourne la commission à 12 h 30. Pour donner une chance à M.
Coulombe de donner des réponses aux questions qui ont été
abordées, on pourrait permettre au député de Laval de
poser ses questions, et aussi aux ministériels, s'il y en a. Et
même si on dépassait 12 h 30, si M. Coulombe avait quelques
minutes à sa disposition pour répondre brièvement aux
questions, j'en ai noté treize du député de
Notre-Dame-de-Grâce et cinq du député de Bellechasse, M.
Coulombe, ou l'un ou l'autre de ses adjoints, pourrait faire une
première ronde et répondre à ces questions. Ensuite, on
pourrait se reparler afin de savoir à quel moment vous souhaiteriez
convoquer à nouveau la commission. Cela nous donne- rait quand
même un premier éclairage. Mais je vais le faire à votre
convenance.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: J'aurais deux ou trois questions qui sont un peu
complémentaires aux questions qui ont été posées
par les députés de Notre-Dame-de-Grâce et de Bellechasse.
Les réponses qu'on nous apportera pourraient correspondre à nos
préoccupations.
Il y a l'achat de deux usines au montant de $134 millions. Combien
coûte l'une et combien coûte l'autre?
Dans les mises de fonds, on parle de $34 millions pour les trois
partenaires, ce qui fait $102 millions. L'achat est de $134 millions. Il manque
$32 millions, qui vont être obtenus par des emprunts bancaires,
j'imagine?
Par contre, on mentionne également à la page 11, dans une
projection, que les actifs utilisés en 1980, soit l'an prochain, seront
de $163 millions. Entre $134 millions et $163 millions, il y a une
différence de $29 millions. Est-ce que cela veut dire que les emprunts
bancaires seront de $32 millions plus $21 millions, ce qui fait 53 millions?
Vous pourrez répondre à cela.
L'engagement du gouvernement serait la mise de fonds de $34 millions,
j'imagine, plus ces obligations d'un tiers aux emprunts bancaires qui seraient
de $20 millions. Cela voudrait dire que les engagements du gouvernement ne
seraient pas de $34 millions, mais plutôt de $54 millions. Je pense que
c'est assez clair. Vous pouvez répondre...
Vous aurez sans doute un contrat entre actionnaires, un contrat de
"partnership" entre sociétaires prévoyant le retrait possible,
s'il n'y a pas de deuxième phase, des différentes obligations de
chacun des blocs d'actionnaires. Je ne sais pas. Pour ce contrat-là,
vous devez avoir déjà un projet d'amorcé, parce que vos
pourparlers sont assez avancés. Cette entente entre les partenaires,
entre les actionnaires, est-ce que ce serait possible d'avoir ce
document-là? Je pense que c'est là qu'on voit les obligations du
gouvernement et des parties. Vous pourrez répondre à cette
demande.
Je pense que la préoccupation qui m'envahit un peu est la
même que celle exprimée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce. La présence gouvernementale est-elle
essentielle? Pourquoi cette participation du gouvernement? Est-ce uniquement la
liquidité qu'il apporte, l'argent frais qu'il apporte ou y a-t-il
d'autres raisons à cela? S'il n'y a pas participation du gouvernement,
le projet tombe-t-il à l'eau?
Dernière chose, c'est une petite correction en même temps
que je voudrais faire aux propos du ministre. Lorsqu'il dit, dans le document
qu'il nous a déposé, qu'uniquement les Etats-Unis, dans le monde
occidental, dans les économies occidentales, n'ont pas voulu participer
directement, il ne faudrait pas oublier qu'à la première page, il
y a
également l'Allemagne de l'Ouest, au dernier paragraphe. Si l'on
excepte l'Allemagne fédérale, l'intervention gouvernementale a
été prédominante en Europe, en France, en Italie, en
Hollande, en Espagne, mais il faudrait dire que...
M. Duhaime: Oui.
M. Lavoie: Ce qui me frappe un peu, c'est que, quand même,
dans les économies peut-être les plus dynamiques, les plus saines
actuellement qui sont l'Allemagne de l'Ouest, le Japon, peut-être en
troisième lieu les Etats-Unis sans doute ou en quatrième, s'il y
en a d'autres, oui, actuellement dans... C'est bizarre que, dans ces trois
grosses-là, les grosses économies occidentales, il n'y a pas de
participation directe du gouvernement. Il n'y en a pas dans ces grandes
économies-là. Au Japon, on dit que cela a été
très minime. En Allemagne de l'Ouest, il n'y a aucune participation
étatique et aux Etats-Unis non plus. On sait qu'en Allemagne, il y a
même un gouvernement assez social-démocrate. En
général, dans la philosophie de ces partis-là, il y a une
participation gouvernementale, mais on s'est bien réservé de le
faire.
M. Scowen: Est-ce qu'elle a fait cela, parce qu'elle n'a pas de
société d'Etat ou est-ce qu'elle n'a pas de société
d'Etat, parce qu'elle est puissante?
M. Lavoie: Cela complète mes...
M. Duhaime: Est-ce que cela vous convient qu'on puisse
dépasser 12 h 30? Si vous étiez d'accord, nous pourrions faire
une première ronde dans les réponses et, quand on reprendra, on
ne sera pas dans des morceaux de dossiers.
M. Scowen: Je regrette que, personnellement, je sois
obligé de terminer pour me rendre à un rendez-vous à 12 h
45. On peut dépasser de sept minutes, quelque chose comme cela, mais,
à 12 h 37, quant à moi...
M. Duhaime: Cela va. D'accord.
M. Goulet: De toute façon, M. le Président, il faut
revenir cet après-midi.
M. Duhaime: En principe, cet après-midi, si cela vous
convient, on va revenir. Je dois rencontrer le leader du gouvernement tout
à l'heure, qui m'a fait parvenir une petite note. Je ne sais pas si cela
implique les travaux de notre commission. J'espère que non. Nous
pourrions siéger à nouveau cet après-midi tout de suite
après la période des questions. On s'entendra afin d'ajuster nos
horaires pour la semaine prochaine ou dans l'autre semaine pour une
deuxième séance, à moins qu'à 18 heures ce soir,
vous vous sentiez suffisamment informés.
Le Président (M. Laplante): M. Coulombe.
Historique du projet
M. Coulombe: M. le Président, avant de répondre de
façon précise à chacune des questions, je me demande s'il
ne serait pas bon d'avoir un minimum d'historique sur le projet en tant que
tel. Il faut se rappeler que ce projet est à l'étude depuis 1975.
Il y a deux phases, en fait, dans l'étude. La première s'est
faite exclusivement entre le gouvernement du Québec, Gulf et Union
Carbide. Des comités de travail ont été
créés. Entre 1975/76 et 1978, un comité de direction
était composé du vice-président de Union Carbide, du
vice-président de Gulf et d'un sous-ministre adjoint à
l'Industrie et Commerce. Ils se sont réunis fréquemment, ils ont
déterminé la structure générale du projet, ils ont
commandité des études dont, entres autres, l'évaluation
des "assets" ou des propriétés physiques qui préoccupaient
le comité, dont on pourra reparler tantôt, la méthode
d'évaluation de ces "assets ", pour en arriver finalement à une
décision de principe sur l'orientation générale par les
trois partenaires qui, à ce moment, étaient le gouvernement
directement et les deux compagnies, vers la fin de 1978. À cette
étape, le gouvernement a demandé à la
Société générale de financement, vu que le dossier
entrait dans une phase plus opérationnelle, de prendre le dossier en
main comme partenaire avec les deux autres compagnies. Le vice-président
de Gulf, M. Beal, le vice-président exécutif de Union Carbide, M.
Kissick la SGF a engagé un vice-président pour le secteur
pétrochimique et M. Dupuis, qui répondra tantôt aux
questions plus précises que vous avez posées, ont formé ce
comité qui a continué à se réunir
fréquemment avec des sous-comités composés de chacun des
partenaires pour étudier chacun des aspects. Le conseil d'administration
de la SGF a étudié le dossier fréquemment, à
plusieurs réunions.
Tous les documents ont été présentés au
conseil d'administration de la SGF et la préoccupation de la SGF, entre
la fin de 1978 et l'été 1979, s'est surtout concentrée sur
les aspects financiers, la structure de financement et surtout la fameuse
clause de retrait qu'on pourra expliquer en quelques minutes. Tout ça a
abouti à un protocole d'entente, qui a été signé
entre les trois parties, un protocole d'entente qui définit les
objectifs du projet et les conditions pour en arriver à une conclusion
finale. Ce protocole formalisait le comité de direction dont on a
parlé et, aussi, donnait les étapes précises. Ces
étapes, nous sommes en plein dedans et une des conditions de
réalisation je dis bien une, parce qu'il y en avait cinq ou six
qui étaient présentées dans le protocole
c'était l'accord, selon les termes de la loi 108, puisque l'étape
aujourd'hui est franchie, étape qui était
précédée d'une décision formelle du gouvernement du
Québec d'autoriser la SGF à investir dans ce dossier, toutes
choses étant égales, c'est-à-dire si toutes les conditions
sont réalisées.
Dans le proche avenir, les négociations se poursuivent. M.
Gagnon, qui est vice-président
juridique, fait partie du comité juridique de ce projet et pourra
expliquer un peu plus les étapes qui sont assez nombreuses à
franchir pour l'ensemble des documents qui sont à bâtir. Nous
espérons encore une fois, toutes choses étant
égales, si toutes les négociations se poursuivent tel que
ça se passe actuellement et je dois dire que ça se passe
très bien; l'accord entre les partenaires va très bien
dans quelques mois, compléter la constitution du consortium, faire le
"closing", en bon français, de cette transaction. Notre horizon se situe
entre fin de janvier et fin de mars pour compléter ce dossier,
c'est-à-dire la mise en marche effective du dossier. Donc, c'est un peu
l'historique et la structure organisationnelle qui existent à l'heure
actuelle.
Avant de répondre aux questions précises, je pense que ce
serait intéressant aussi qu'on dise quelques mots sur la compagnie qui
serait formée, Pétromont, qui, entre parenthèses, va
être juridiquement formée dans à peu près trois
semaines. La structure d'accueil du consortium lui-même en est une un peu
particulière dans les structures corporatives au Québec. Je pense
que pour mieux comprendre ce que cette structure va faire, il faudrait dire
quelques mots au début pour situer un peu cette compagnie dans les
corporations qui existent.
Je demanderais peut-être à M. Gagnon de définir
exactement ce que sera Pétromont, et on pourra ensuite passer aux
structures financières et à toutes les questions qui ont
été posées.
Structures financières
M. Gagnon (Louis-Gilles): M. le Président la structure qui
a été retenue par les trois parties et qui faisait l'objet de
l'entente préliminaire, dans la lettre d'intention signée au mois
de juillet par les trois partenaires, était la structure qu'on appelle
société en commandite. Ce n'est quand même pas une nouvelle
invention, c'est une institution juridique qui existe depuis de nombreuses
années dans notre Code civil.
Brièvement, la société en commandite est
composée de deux sortes d'associés, les associés
commanditaires et les associés commandités. Les associés
commanditaires sont ceux qui, normalement, apportent les fonds à une
entreprise, à un nouveau projet, qui est réalisé par
l'associé commandité.
La principale distinction aussi entre les associés
commandités et les associés commanditaires réside dans le
fait que les associés commanditaires n'encourent aucune
responsabilité au-delà de leur mise de fonds, au-delà de
l'apport qu'ils ont convenu d'apporter dans le projet, alors que
l'associé commandité assume toutes les responsabilités de
la société en commandite en général. (12 h 30)
Dans ce cas-ci, l'associé commandité, qui portera le nom
de Pétromont, sera une corporation, une compagnie qui, d'autre part,
aura elle-même une responsabilité limitée, puisqu'elle sera
constituée en vertu des dispositions de la Loi des compagnies du
Québec, qui sera possédée à parts égales,
c'est-à-dire un tiers, un tiers, un tiers, par chacun des trois
associés commanditaires qui sont Gulf, Carbide et SGF.
Cette société sera effectivement l'entité
opérante ou celle qui fera la réalisation du projet. Elle recevra
ses fonds d'une part des associés commanditaires en tant qu'actionnaires
à ce moment-là, elle recevra les fonds suffisants pour agir comme
gérant de tout ce projet-là et les associés commanditaires
feront effectivement leur investissement dans la société comme
telle par voie d'apport ou ce qu'on appellerait autrement participation dans
l'équité ou le capital-actions de la société en
question.
Alors, il faut retenir l'aspect de non-responsabilité des
associés commanditaires, l'aspect de responsabilité
illimitée de l'associé commandité ou gérant
exploitant de l'entreprise et on peut probablement expliquer le choix de cette
structure essentiellement sur une base fiscale. Les sociétés ne
sont pas, comme la plupart d'entre vous le savez sûrement, assujetties
à l'impôt directement. Ce sont les associés qui, recevant
les bénéfices annuellement, doivent comptabiliser ces
bénéfices dans leurs propres revenus et payer l'impôt en
conséquence. Alors, chacun des trois associés commanditaires qui
recevra une part des profits sur une base annuelle devra effectivement
rapporter ces revenus dans ses déclarations d'impôt.
Quant à la SGF, ce n'est pas un élément essentiel
du choix de cette structure puisque, pour le moment du moins, nous ne sommes
pas assujettis à l'impôt. Quant aux deux autres corporations,
c'était un choix qui était justifié pour des raisons
internes, effectivement, qui pourraient peut-être être
expliquées par d'autres personnes ici.
M. Coulombe: Cette structure juridique, avant d'entrer dans le
détail, je pense qu'il faudrait clarifier tout l'aspect financier de
cette structure juridique. Peut-être que les $134 millions devraient
être très clairement expliqués et aussi l'aspect actifs et
dettes impliqués dans cette transaction.
M. Dupuis: Je pense qu'il s'agit, au départ, de partir de
l'explication que M. Gagnon vient de donner sur la société en
commandite et sur le nouveau consortium créé et expliquer cela en
deux temps, pour bien comprendre ce qui se passe.
Dans un premier temps, la compagnie Gulf et la compagnie Union Carbide
vendront leurs usines à la nouvelle entreprise créée qui
s'appellera Pétromont. Cette transaction sera suivie
immédiatement d'une autre transaction par laquelle la SGF, Gulf et Union
Carbide acquerront une part égale du capital de la nouvelle entreprise.
La SGF, comme on l'a mentionné dans le document, investira $34 millions,
qui sera la part d'argent frais, pour employer une expression qui a
été utilisée tout à l'heure; la compagnie Union
Carbide investira essentiellement son usine qui a été
évaluée à $34 millions et qui a été
utilisée
comme dénominateur commun pour établir les parts relatives
des participants, et la compagnie Gulf vendra son usine au consortium pour la
somme d'environ $94 millions.
Aux termes de cette entreprise, Gulf, Carbide et la SGF seront
propriétaires d'un tiers chacun, des actifs de la nouvelle entreprise.
Pour ce qui est de la SGF, la formule d'investissement ou le véhicule
d'investissement sera double, d'une part, $2 millions en capital-actions
cela rejoint un commentaire qui a été fait tout à l'heure
et le reste des $34 millions, c'est-à-dire $32 millions, sous
forme de dette subordonnée vis-à-vis du consortium.
La raison est simple. Etant donné le droit de retrait que nous
avons à compter de 1984, il serait difficile de retirer nos fonds, si
l'expansion n'avait pas lieu, si notre participation avait uniquement pris la
forme de capital-actions. Alors, ce serait une dette remboursable, à ce
moment-là, selon l'écart entre les actionnaires. Par contre,
cette dette subordonnée, en vertu de l'accord entre les actionnaires,
donne plein droit à la participation au profit et donne à peu
près à la SGF les mêmes privilèges, les mêmes
responsabilités que si c'était effectivement le
capital-actions.
C'est un véhicule d'investissement pour protéger
essentiellement notre droit de retrait à la fin de la phase I, comme on
la désigne. Une question qui se pose ici, on a parlé de $134
millions, les investissements des trois partenaires se chiffrent par $102
millions, comme on l'a justement noté, la différence sera un
financement bancaire constitué à la nouvelle
société par des institutions financières et cette partie
est en négociation, à ce stade-ci.
Il est évident, je pense que cela a été
souligné, que de cette opération, Carbide ne retirera aucun
capital au départ de l'opération et que Gulf retirera un certain
montant à la suite de la vente d'une partie de sa
propriété de l'usine de Varennes. Cela est l'effet d'une
décision qui a été prise il y a très longtemps,
à savoir qu'un tel consortium serait basé sur
l'égalité des parts des trois partenaires. C'est donc dire que la
SGF, en investissant dans la phase I, se porte acquéreur de quelque
chose qu'elle n'avait pas avant et il est évident qu'un des autres
partenaires est moins propriétaire qu'il ne l'était avant. Je
dois souligner, par contre, que Gulf, il y a quelques mois, pour faciliter la
mise en route du consortium, pour un tas de raisons d'ordre technique et
financier, entre autres, a fait l'acquisition d'une compagnie sur la rive sud
qu'on appelle les Alcools de commerce qui sera un des clients importants du
consortium.
Donc, la structure financière est qu'après les 24 premiers
mois, les trois partenaires seront partenaires égaux. Je mentionne au
passage 24 mois, c'est qu'on a obtenu de nos partenaires la possibilité
d'investir sur une base échelonnée et la participation se fera
comme suit: environ $18 millions lors de la signature des ententes, $8 millions
douze mois plus tard et les autres $8 millions douze mois plus tard, donc sur
une période de 24 mois.
Au terme des deux premières années, participation
égale dans la propriété des entreprises pour $102
millions.
M. Coulombe: $34 millions de la SGF sont déjà
prévus dans les fonds de la loi 108. Il ne s'agit pas d'argent nouveau
à demander au gouvernement. C'est déjà prévu dans
les fonds généraux de la loi 108, votée en décembre
1978.
M. Dupuis: J'aimerais peut-être ajouter un commentaire sur
le point soulevé par M. Lavoie tout à l'heure, concernant les
actifs à la fin de la première année. On commence la
première année avec $134 millions ou quelque chose comme cela et
cela se termine avec un chiffre plus élevé pour essentiellement
trois raisons.
Premièrement, les bénéfices retenus et l'entente
entre les actionnaires est que les actionnaires ne retireront pas de
bénéfices, ne retireront pas de comptant des
bénéfices dans la première phase, mais les laisseront dans
l'entreprise en vue de l'expansion. Les bénéfices retenus, la
dépréciation retenue et l'augmentation dans le fonds de roulement
attribuables aux hausses des coûts de pétrole qu'on s'attend
d'avoir d'ici quelques mois, la valeur des comptes recevables, par exemple, la
valeur des inventaires, cela augmentera en fonction des prix.
Il y a un tout petit investissement physique qui peut être fait,
vu qu'il faut toujours maintenir et entretenir nos installations, mais c'est
essentiellement une impression sur le fonds de roulement et l'effet des
bénéfices et de la dépréciation ou de
l'amortissement retenu durant la première année, ce qui fait
qu'à la fin de 1980, les chiffres qui sont ici ne sont pas les chiffres
à l'ouverture des affaires la première journée du
consortium, mais après sa première année
d'opération. J'espère que cela répond...
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Scowen: M. le Président, je regrette, mais il faut que
je termine. Je veux simplement dire au ministre que les trois
présentations qu'on vient d'écouter sont pour moi les exemples
parfaits du type de présentation qui pourrait être donné
à l'avance. C'est très clair, très intéressant,
mais il est pas mal difficile de saisir le contenu de la structure
financière, ou l'historique, ou la structure judiciaire, à moins
qu'on n'ait les documents. Il n'y a rien de secret là-dedans. Si le
contenu du document que vous nous avez livré nous avait
été remis il y a deux jours, on serait en mesure ce matin de vous
poser des questions intelligentes à ce sujet. C'est simplement à
titre d'exemple.
M. Duhaime: Je ne vous demanderai pas de faire une
conclusion.
Le Président (M. Laplante): On va ajourner nos travaux
sine die. Et vous vous tenez en disponibilité, au cas où
l'Assemblée nationale vous convoquerait à nouveau cet
après-midi. Merci.
Suspension de la séance à 12 h 40
Reprise de la séance à 16 h 22
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise de la séance de la commission de l'industrie, du commerce
et du tourisme pour entendre la Société générale de
financement du Québec sur le projet de consortium
pétrochimique.
Sont membres de cette commission: M. Dubois (Huntingdon),
remplacé par M. Goulet (Bellechasse); M. Gosselin (Sherbrooke),
remplacé par M. Desbiens (Dubuc); et, dans la soirée, ce sera M.
Perron (Duplessis). M. Grégoire (Frontenac), remplacé par M.
Godin (Mercier); Mme LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine); M. Lefebvre
(Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Raynauld (Outremont), remplacé
par M. Lavoie (Laval); M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Tremblay (Gouin), remplacé par M. Duhaime
(Saint-Maurice).
Les intervenants: M. Gagnon (Champlain), M. Godin (Mercier), qui n'est
pas là. M. Goulet (Bellechasse), remplacé par M. Biron
(Lotbinière); M. Landry (Fabre), M. Marchand (Laurier), M. Michaud
(Laprairie), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier),
remplacé par M. Lalande (Maisonneuve).
La parole était à M. le Président de la
société, je crois, lorsque nous avons suspendu la
séance.
M. Scowen: M. le Président, un petit mot que j'ai
oublié de dire ce matin au nom de mon collègue, le
député d'Outremont.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous vous appelez
M. le Président de la société?
M. Scowen: Est-ce que je peux simplement...
Le Président (M. Laplante): Ah! oui, d'accord...
M. Scowen: Je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): C'est pour les fins du journal
des Débats, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Excusez-moi...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez des
questions? D'accord.
M. Scowen: Je m'excuse auprès de vous, M. le
Président, et j'espère que vous allez continuer de maintenir
l'ordre...
Le Président (M. Laplante): Cela va bien.
M. Scowen:... de cette façon, d'ici la fin de la
commission, envers tout le monde. Je voulais simplement, au nom du
député d'Outremont, qui est membre de cette commission, exprimer
ses regrets de ne pouvoir assister à la commission aujourd'hui à
cause d'une maladie qui l'a obligé à retourner à
Montréal. Mais il voulait que je dise au ministre et aux invités
qu'il regrette d'être absent. Merci.
Le Président (M. Laplante): Très bien,
monsieur.
M. Duhaime: M. le Président de la commission, si vous me
permettez, j'avais dit à mon collègue, le député de
Bellechasse, que j'aurais une réponse à lui fournir cet
après-midi au sujet des travaux de la commission découlant du
dépôt de la directive no 1.
Depuis la suspension des travaux, j'ai eu l'occasion de discuter avec le
leader du gouvernement et de prendre également des informations. Je vous
prierais de reprendre le projet de loi no 108 à l'article 16, le
quatrième alinéa. Je vais le lire, le début en tout cas.
"Une directive autorisant la société à investir dans un
domaine visé dans l'article 4a ainsi que des documents pertinents
doivent faire l'objet d'un débat à la commission, etc."
Cela signifie que lorsque la directive porte sur autre chose qu'une
autorisation à investir, la mécanique de l'article 16 ne
reçoit pas d'application, donc, il n'y a pas lieu de tenir une
commission, une séance ou les travaux de la commission permanente sur la
directive no 1 qui ne comporte aucune autorisation d'investissement à la
SGF.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse, je ne voudrais pas que ce soit un débat par exemple.
M. Goulet: Non. Une très courte question, M. le
Président. Si on comprend bien, les deux secteurs prioritaires qui sont
identifiés dans...
M. Duhaime: La directive.
M. Goulet: ... la directive no 1, il n'est pas question
d'investir, c'est seulement une orientation que vous voulez donner à la
société; au moment où elle devra investir, il faudra
revenir devant cette commission.
M. Duhaime: Tout à fait exact.
M. Goulet: Parfait! Je prends l'interprétation du
ministre, mais, quand même, nous avons jusqu'au 21 décembre pour
analyser si cela est exact ou non. Je prends cependant la parole du ministre
à ce sujet.
Je voudrais faire une demande de directive à titre personnel.
Cela peut aussi intéresser les autres membres. À cause de
certains moyens de transport quand on veut aller à l'extérieur,
je voudrais savoir si, vers 17 h 45 on s'aperçoit je ne veux pas
du tout couper les travaux de la commission, s'il faut être ici
jusqu'à minuit on le sera, je veux un renseignement qu'on peut
terminer et prendre quinze, vingt minutes ou une demi-heure, on aurait le
consentement des mem-
bres de la commission pour prolonger jusqu'à 18 h 30 de
façon à ne pas revenir ce soir. Si c'est accepté
j'aurais... Au niveau du transport, vous savez ce que je veux dire, je pense
que c'est important de le savoir tout de suite, sinon, ça nous met
à demain soir.
Le Président (M. Laplante): J'ai posé la question
au député de Notre-Dame-de-Grâce, tout à l'heure, et
il m'a répondu qu'il pourrait donner sa réponse à ce
moment-là.
M. Scowen: En ce qui me concerne, M. le Président, je
désire autant que le député de Bellechasse terminer cette
commission parlementaire. Nous avons des questions à poser au sujet de
l'activité du gouvernement dans le domaine de la pétrochimie.
J'espère donc que nous aurons l'occasion de les poser de façon
spécifique et avoir des réponses ou que le ministre va accepter
de convoquer une autre séance de la commission parlementaire à
une date ultérieure, avant qu'on termine nos travaux. Si c'est le cas,
je serai très heureux de continuer après 18 heures. S'il semble
à 17 h 45 qu'il reste au moins deux ou trois heures de travail devant
nous, je pense qu'il faut accepter de revenir ce soir, mais je vais faire tout
mon possible pour ne pas retarder cette séance, je vous l'assure.
M. Duhaime: II n'y a aucun problème quant à moi, M.
le Président.
Je voudrais seulement clarifier un dernier point avec mon
collègue de Bellechasse, parce que ce que nous disons reste et je
voudrais être certain de m'être bien exprimé en tout
cas.
M. Goulet: Oui.
M. Duhaime: L'article 4a du projet de loi no 108 nous indique que
lorsque la SGF veut investir dans des secteurs industriels autres que ceux dans
lesquels elle est présente le 31 décembre 1978, il faut une
directive et si cette directive porte sur une demande d'autorisation
d'investissements, il y a dépôt à l'Assemblée
nationale et la commission siège. La directive no 1 fait simplement
rappeler les secteurs industriels dans lesquels la société oeuvre
déjà. C'est le portrait au 31 décembre 1978. La
pétrochimie étant un secteur non inclus dans la liste de la
directive no 1, impliquant une demande ou une autorisation à investir,
nous faisons le dépôt de la directive et nous tenons les travaux
de la commission ensuite. Est-ce que c'est bien clair quant à vous?
M. Goulet: C'est parfait.
Le Président (M. Laplante): M. le Président, si
vous voulez continuer, s'il vous plaît.
M. Coulombe: M. le Président, entre les deux
séances, on a essayé de regrouper les questions sous des titres
semblables. J'aimerais, premièrement, régler deux ou trois
questions qui apportent moins de discussions, ensuite les deux questions
fondamentales qui ont été posées, à savoir:
Pourquoi l'intervention du gouvernement? Ce serait dans le cadre de
compléter la réponse du ministre, ce matin. Deuxièmement,
le pourquoi de l'intervention de Gulf. Je demanderai peut-être à
M. George Norton, qui est de Gulf Canada et qui est directeur du
développement de l'entreprise, tout à l'heure d'expliquer la
position de Gulf. Je le lui demanderai assez de bonne heure, parce que
lui-même a un avion à prendre pour d'autres réunions. Par
la suite, on regrouperait trois ou quatre titres: la question des
marchés, la question de la structure organisationnelle et les
problèmes d'exploitation de Pétromont. (16 h 30)
Alors, pour les premières questions, une portait sur le choix des
partenaires. Pourquoi Gulf et Union Carbide plutôt que Pétrofina,
Golden Eagle et ainsi de suite? Il y a trois raisons très
précises. Premièrement, lorsque j'ai fait l'historique, j'ai
mentionné que depuis 1975-1976, il y avait des discussions avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce, c'est en très grande
partie Gulf et Union Carbide qui ont amorcé ces discussions. Donc, il y
avait une espèce de volonté initiale de la part de ces deux
organismes. Deuxièmement, et c'est peut-être une raison plus
importante, comme il s'agissait d'un complexe pétrochimique axé
sur la production d'éthylène, il faut se rappeler que Gulf et
Union Carbide sont les deux seuls producteurs d'éthylène au
Québec. Troisièmement, dans l'évolution du dossier, les
trois partenaires se sont entendus pour dire que la porte n'était pas
fermée sur d'éventuels partenaires pétrochimiques ou
pétroliers pour la deuxième phase.
Il n'y a pas de négociation en cours, mais, en principe, la porte
n'est pas fermée à l'arrivée de nouveaux partenaires dans
ce projet. Une autre question portait sur l'usine de LaPrade. Je dois dire que
nous n'avons pas de dossier, le comité directeur du projet n'a pas
étudié cet aspect. Je ne dis pas que ça ne pourrait pas
être étudié, mais on n'a actuellement rien
là-dessus.
Toutefois, je voudrais souligner qu'évidemment, un des
intérêts du consortium sera de minimiser les coûts pour
maximiser la rentabilité et, dans cette perspective, probablement que la
possibilité des installations actuelles avec les installations
éventuelles pourrait être un bon facteur de rentabilité.
Maintenant, il n'y a rien de décidé là-dessus et l'usine
de LaPrade pourrait être éventuellement étudiée,
mais, actuellement, il n'y a pas de dossier là-dessus.
Troisièmement, quant au rôle, à l'intervention ou
à la connaissance du gouvernement fédéral dans le dossier,
le gouvernement fédéral est parfaitement au courant de ce
dossier, plusieurs agences gouvernementales fédérales, à
un moment ou l'autre, ont eu ou auront à intervenir dans le dossier.
Donc, la connaissance existe, plusieurs agences gouvernementales vont
intervenir à un titre ou à l'autre. Je tiens à souligner
quand même que, dans le cas du ministère de l'Expansion
économique régionale, pour la première phase, c'est-
à-dire la phase dont on discute à l'heure actuelle, il n'y
a pas de demande de la part de la SGF, du consortium ou de Pétromont, il
n'y a pas, dis-je, de demande précise de subvention dans ce projet, dans
sa première phase.
Maintenant, dans la question de l'intervention gouvernementale, je ne
peux pas, vous le comprendrez, parler au nom du gouvernement. D'ailleurs, le
ministre, ce matin, a fait allusion au rôle du gouvernement dans ce
consortium, en exposant les raisons fondamentales, mais la SGF comprend son
intervention dans le consortium, à partir des paramètres
suivants. D'abord, la participation d'un organisme gouvernemental à ce
genre de consortium est une chose le ministre a déposé un
texte ce matin courante dans certaines économies, même si
cela ne l'est pas dans toutes les économies occidentales, une chose de
plus en plus acceptée, souhaitée et normale. La deuxième
raison, c'est probablement parce que la politique ou les investissements dans
la pétrochimie sont intimement et seront de plus en plus intimement
liés aux problèmes de politique énergétique et, de
plus en plus, les politiques énergétiques vont se décider
et se négocier au niveau des gouvernements. C'est même reconnu,
sinon par toutes les multinationales, du moins par une certaine partie d'entre
elles.
Et, troisièmement et je le dis sans forfanterie
nous pensons qu'un partenaire comme la SGF peut être un partenaire
valable, même lorsqu'il s'agit d'organismes aussi considérables et
aussi gigantesques que Gulf et Union Carbide, surtout quand on pense à
certains éléments de financement qui devront être mis enplace dans quelques années. Espérons que, si tous les
objectifs de la SGF réussissent et si certains problèmes sont
réglés d'ici ce temps-là, la SGF va être un
partenaire de qualité, un partenaire valable, au niveau du financement
d'un tel projet. C'est le cadre de référence de la SGF pour
l'intervention gouvernementale.
En ce qui concerne la question spécifiquement posée
à Gulf, je me demande si M. Norton qui est ici ne pourrait pas vous
expliquer, dans ses propres mots, en tant que représentant de Gulf,
comment cette compagnie perçoit son insertion dans le consortium.
M. Norton (George): Mr Chairman, my name is George Norton of Gulf
Canada. I have been associated with the development and evaluation of the
project you have under discussion since early 1977, in collaboration with
representatives of the Quebec Ministry of Industry and Commerce and more
recently with SGF. I think I can respond to the question as I understand it,
that has just been raised, possibly by looking at the government's role in
three ways. First of all, why will the government of Quebec participate?
Secondly, is its presence essential or necessary? And thirdly, what would
happen if the government would not participate?
I speak, of course, primarily, for Gulf. I am not able to speak for
Union Carbide, although, I think I can comment on what I believe to be their
perspective on this particular issue.
I think, first of all, the government will make its decision to
participate as we would in industry and that is to the extent to which its
participation will meet the government objectives of (a) a satisfactory
economic return on its investment and (b) the extent to which the public
interest is served by the government insuring that this important part of the
Quebec economy will continue to survive and grow. In making that decision, I
believe the government will act on the advice of SGF and those people in
Industry and Commerce that I have had the privilege of working with since 1977
and I would like to comment that I believe those people have had from Union
Carbide and Gulf all of the necessary information and data pertaining to the
facilities that it requires, that it has participated in the evaluation in
every respect as a full potential partner and that the advice they give will be
objective, as objective as the government could possibly have.
I would like to add that I personally have been impressed with the
professionalism and competence of those individuals that I have worked with
and, addressing the second part of the question: Why is the government's
presence in this project essential? I think I would like to point to the
evolution of the chemical industry in Canada, in recent years and take you back
a few years to when Montréal-based industry along with Sarnia were the
predominant chemical complexes in Canada. In recent years, we have seen the
evolution of much larger world-scale technologies and derivative plants
primarily in Sarnia and in the rapidly emerging new centre in Alberta.
When one looks at how the successful efforts to promote petrochemical
development have been achieved, I think one sees a very clear pattern of active
participation and collaboration between the governments involved, the
manufacturers of the primary building-block chemicals and the customers of
those plants who produced the derivative chemicals. It seems to me that this is
a successful pattern that could well be emulated in Quebec. I think that as
governments become increasingly involved, as they are doing provincially,
federally and throughout the world in the decision-making processes with regard
to the supply of raw materials for petrochemical complexes and the energy
requirements and in the pricing of those raw materials, I think the government
collaboration and association as a partner in such ventures becomes
increasingly important.
The third part of the question, as I see it; what would happen if
governments were not involved, follows, Mr Chairman, from my last point, that I
think both Gulf and Union Carbide would see the lack of the Quebec government's
presence in this venture to be a serious weakness. We would see it, I think, as
not being able to play the game competitively according to the same rules, that
are being played elsewhere and I believe, as far as Gulf is concerned, we
would, under those
circumstances, have to seriously reconsider our willingness to
participate in this particular venture.
Under circumstances where we did not have a partnership, I believe that
Gulf would not be acting responsibly to, as a single company, make the very
large investment that would be required for the expansion of these facilities.
Under those circumstances, where our customers and there are numerous
customers and derivative industries dependent upon this source of supply in
Québec I think that under those circumstances, what we could
predict is a gradual erosion over a period of such customer industries in view
of the fact that they would see no prospect of the increasing of availability
of the raw materials they need, and a gradual withdrawal to other locations
where such raw materials will be produced.
Under those circumstances, I feel that Gulf would continue to operate
its existing facility, but would make no further investment for expansion as
long as it were economically viable to do so. This would however have, I think,
a finite life. I hope that responds accurately to the questions that were
asked.
Le Président (M. Laplante): Thank you. Monsieur...
M. Coulombe: M. le Président, je voudrais mentionner que
le représentant de la Union Carbide, M. Lapalme, devait être ici
avec nous aujourd'hui. Malheureusement, il y a un petit malentendu, parce que,
dans l'horaire, on lui avait dit que c'était mardi, la commission
parlementaire, et il avait des engagements ailleurs au pays pour aujourd'hui.
Alors, je m'excuse en son nom de son absence.
Le Président (M. Laplante): Bien, monsieur. M. le
ministre? M. le député de Notre-Dame-de-Grâce?
Discussion
M. Scowen: Yes, I have a few questions. First of all, Mr Norton
and the others members of the commission, thank you very much for your presence
here today. We appreciate it.
Mr Norton, I wonder if you would tell me exactly what you mean when you
say that you need the presence of the Quebec government, because, otherwise,
you would not be able to play the game competitively. Exactly, what is it that
you expect the Quebec government to contribute to this project that could not
be contributed by let us say another private sector partner? (16 h 45)
M. Norton: Sir, I would expect them to contribute their
presence and status within our country as a government able to speak as a
government in those decision-making arenas where government decisions are
necessary, and I suggested to you that an increasingly important arena, as far
as the chemical industry is concerned, is that of future supplies of raw
materials, process energy and the pricing. I think you would accept that these
are becoming increasingly political decisions.
M. Scowen: Could I take it then that what you are telling us is
that it is probably the policy of Gulf worldwide, perhaps, even, to not get
involved in major capital investments in your own field in the future, unless
you have a significant participation from some or other government?
M. Norton: No, Sir, I cannot speak for Gulf Oil worldwide.
I can only speak for Gulf Canada. That is not our policy in general. I am
suggesting that, in specific circumstances, and, I believe the Varennes plant
and the maintenance of the chemical industry in Montreal is a specific
circumstance where we believe the common objectives of government and of Gulf
could be better pursued in the kind of collaboration that is outlined in this
concept.
You are, of course, aware of a similar circumstance that Gulf has
participated in the development of Syncrude, the heavy oil reserves, where
obviously this was a specific situation where the objectives, both of
governments and of the oil industry and of Gulf could better be achieved that
kind of collaboration, I would not state that this is a general modus operandi
or policy of the company.
M. Scowen: Just so we can be absolutely clear on this, as I
understand, it is not necessarily a general policy even of Gulf Canada that in
future major capital investments will include participation from some order of
government, it is in this case in particular, and I guess what I would ask you
to do, if you could...
M. Norton: No, I have to correct you on first point, Sir.
M. Scowen: No, probably I did not understand...
M. Norton: I was trying to state that it is not a general
policy.
M. Scowen: That is what I said. M. Norton: Yes, I am
sorry.
M. Scowen: It is not a general policy, it is a policy for this
particular case, the Varennes plant, and I guess what I would like to know from
you is some examples or some specific things that you feel that in the case of
an ethylene plant in Quebec, the Quebec government will be able to make you
decide that in this case, let us say, government participation is important.
When I asked you the question the first time, you gave a general answer saying
that, generally speaking, governments provide their presence which lead me to
believe that you are going to make a general rule for all investments. Now I
understand that it is really a special case and I guess I am trying to find out
from you what are the special
things that you feel the Quebec government and the SGF will bring to
this particular investment. Precisely what are the... Is it money, is it clout
in negotiating prices of feed stocks with the other suppliers in Quebec? What
is it?
M. Norton: It is not money, Sir. Although we would expect SGF, as
we have indicated here, to wish to be an equal participant and achieve that
participation in the conventional way of making an equity investment, but it is
not money. It is clout, as you put it, in respect of the way, present and
future customer industries will see the potential for the growth of these
primary raw materials that they will need. I think that their belief in the
ability of these materials to continue to be produced in Quebec in competition
with emerging competitive products would be very much enhanced by the knowledge
that the Quebec government is an active party to the venture.
M. Scowen: Whose belief?
M. Norton: That of the customer industries.
M. Scowen: The customers. Could I just ask you another series of
questions or perhaps it will only be one? Does Gulf make ethylene in other
places in North America?
M. Norton: Yes, North America Gulf Oil Corporation, Gulf Canada,
as you know is represented in Canada by its own management board to produce
ethylene but all of its chemical operations are based in Quebec.
M. Scowen: What I would like to know is essentially, in general,
if your ethylene operation in Varennes is competitive, costwise, with other
ethylene operations in Canada. To be more precise on it, can you supply, with
the present plant, at the present capacity, at the present cost, a manufacturer
of the second... Can you supply Union Carbide, if you like, which is a
potential customer, with ethylene at a cost that is competitive with the cost
it could buy the product near Sarnia or in Alberta, from the other
manufacturers, at a price at which you can make a satisfactory profit today?
Are you competitive?
M. Norton: I cannot tell you at what prices Union Carbide, and
other customers, buy from other sources of supply. I can tell you that we have
enjoyed Hercules, Union Carbide and others as customers for many years. We
intend, under this concept, to continue to supply them. The economics that I
believe you have been presented with today or that have been discussed today
indicate that we believe that in the future, we can continue to supply at
competitive prices. In fact, it is a part of the charter of Pétromont.
It is one of the basic principles spelled out in the letter of intent between
SGF, Union Carbide and Gulf, that the enterprise produce products at
competitive prices and the prices which will allow those customer industries to
compete in their markets. Naturally, our ability to achieve those things that
we think we will be able to achieve will be highly dependant upon the issues
that I raised earlier, our ability to obtain feed stocks at competitive
prices.
M. Scowen: I guess, in a word, taking into consideration the
current feed stocks situation, is that plant at Varennes, today, at its present
capacity, competitive with other plants making the same product in Canada?
M. Norton: Yes sir, we produce and make available to customers
products at competitive prices.
M. Scowen: If the plant was doubled in size to what is called, in
this document we were given today, a world scale size, what is the approximate
order of, let us say, reduction in cost, feed stocks assumed being the same,
what is the approximate efficiency that results from going from a 500 000 ton
to a million ton plant?
M. Norton: The efficiencies are achieved in two ways in this
particular case. It is not as efficient to build two 500 million pound units as
it is to build one one million pound unit. However, the situation we have today
is that we have an existing depreciated plant. The assets will be sold to the
new venture on a depreciated basis.
The investment cost, the depreciated investment cost per pound of
ethylene produced is of a considerable order of magnitude. I do not have the
figures in mind. It is a considerable amount of magnitude less than the cost of
producing from a plant that would be built today. That is a major one billion
pound plant. So we have 50% of our capacity already producing at very, very low
cost, compared to attempting to reproduce that capacity today, anywhere else in
the world.
The new capacity will achieve efficiency in two ways, it will only have
to be of the order of 500 000 000 pounds. It can be in order to bring the
entire complex y to world scale. Therefore, that capacity could be built as
markets develop, and avoid the horrendous expense of surplus capacity which is
normally created when a world scale one billion pound unity is built.
Secondly, the efficiencies will be achieved by integrating this plant
technically into the existing plant and we have had outside consultants study
the implications of this and, again, it amounts to many million of dollars of
savings.
M. Scowen: Would anybody build a 500 000 ton plant today from
scratch... would anybody build a plant of 500 000...
M. Norton: À 500 000 000 pound plant... or of a smaller
scale...
M. Scowen: Yes. I was just trying to get an idea of what
this term world scale you have got
to have world scale plants really means. Is it the difference
between red ink and black ink or is it really just a question of degree where
other considerations like feed stocks and other situations can have...
M. Norton: It is basically, that if you build a billion pound
plant, and that is typical of what we would call world scale today, a 1 000 000
000 to a 1 200 000 000 pound plant, you obtain normal type efficiencies of
scale, which is energy efficiency, construction cost and various that you are
probably familiar with; therefore, you would not build a 500 000 000 pound
plant today, as a stand alone unit. The problem of building a billion pound
unit to achieve efficiencies of scale is one that can ruin you, if you have not
been able to develop an adequate market. Now, the growth of markets in
Québec, for many years, will not support another billion pound plant,
but it certainly will support a 500 000 000 pound plant.
M. Scowen: Last question. If this project with the government
does not go through, do yob feel that Gulf has already made a decision that it
would be the end of their future investment in ethylene facilities in
Quebec?
M. Norton: I take you back, Sir, to about 1976 and the initiation
of the present collaboration between government, Union Carbide and Canada. The
initiation was by Mr Rodrigue Tremblay, who was concerned that, because of the
apparent lack of Gulf and other members of industry to commit to further
expansion of these primary building block chemicals, the potential for further
expansion of the petrochemical industry and the derivate industry in Quebec
would be aborted and inevitably lead to its ultimate. We pointed out, or the
reason why Mr Tremblay was concerned is because we had already advised ministry
of Industry and Commerce that we believed as a consequence of our planning
process that our aspirations for further expansion in Quebec would have to be
limited to that of maintaining all existing facilities and the appropriate
economics and rational for that was discussed at that time with the ministry.
(17 heures)
This project therefore emerged from that kind of environment that
existed, not particularly a Gulf situation. This was an environmental situation
to which we had to respond and we responded to it in the most efficient way
that we could.
So this was an attempt therefore to try to turn that whole situation
around and put together, as three interested parties, a major customer, whose
ability to continue to play its part in a Quebec role was dependent upon
getting more raw materials, a major supplier who naturally was interested in
continuing the long industry involvement we have had in Québec and the
government who was concerned that there would be a considerable decline in the
economy. It is an example of the three of us getting together and coming up
with what quite frankly is an excellent concept designed to meet the triple
objectives of these three interested parties.
M. Scowen: If I understand you correctly, if you were to
summarize one essential thing that you want the Quebec government involved for,
it is to have someone who has some clout in helping you to obtain adequate feed
stocks at adequate prices. That is the single most important reason, as far as
you are concerned, for wanting to have that government partner. Would that be
correct?
M. Norton: If you wish to identify one specific issue, I would
say that would be the issue that I would identify, but I hasten to add that I
believe government presence, in this venture, will have an external
manifestation which will enhance the credibility of this venture with the
various customer industries that we must attract to build plants here, rather
than going elsewhere.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je m'en excuse auprès
de notre invité, le représentant de la compagnie Gulf, parce que,
comme vous le savez, I am sorry, I do not speak English. Mlle Ruvinsky m'a
traduit la conversation entre le représentant de la compagnie Gulf et M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce. J'aurais une petite
question que je poserai en français et au besoin, Mlle Ruvinsky pourrait
la poser au représentant de Gulf ou à ses collègues.
On a l'impression que la compagnie Gulf, dans ce marché, peut
récupérer un minimum de $60 millions qu'elle pourra investir
ailleurs. C'est très peu, $60 millions, pour la compagnie Gulf, j'en
conviens, mais j'aimerais savoir ce que son représentant en pense.
Quand il a dit tout à l'heure que les bénéfices de
l'usine de Varennes se comparaient maintenant à ceux des autres usines,
je voudrais savoir pourquoi un des dirigeants de Gulf je ne connais pas
sa place dans la hiérarchie de la direction M. Robert Valence,
aurait confirmé au journal Le Soleil, au mois d'août de cette
année, que les profits de l'usine de Varennes ont toujours
été marginaux. Ce sont ses propres propos.
On a parlé de garanties d'approvisionnement, on a parlé
qu'il fallait que le gouvernement puisse investir, la garantie du gouvernement,
que si le gouvernement n'investissait pas, on pourrait se retirer. Mais je me
demande si celui qui fait un bon marché là-dedans, pour employer
l'expression "un bon bargain", ce n'est pas justement la compagnie Gulf
elle-même. J'ai cette impression. Je voudrais savoir ce que le
représentant en pense.
M. Norton: There is, I believe, a question, Mr Chairman, that
Gulf is making a bargain in selling its assets. Gulf is selling its assets to
the venture for approximately $95 million. Union Carbide is selling its assets
to the venture at approximately
$34 million. Gulf is then reinvesting, initially, $50 million for one
third participation in the venture, I am sorry, for 50% participation in the
venture and, over a period of two years, is releasing its interests down to one
third which is being picked up by SGF so that eventually all three finish up
with and investment of approximately $34 million of equity. Therefore, Gulf is
taking out, one might say, $60 million before tax.
The method of evaluation of the assets was that of determining, as I
indicated earlier, a depreciated value of those assets, depreciated
reproduction cost and this was handled, this evaluation of both the Varennes
assets and for the Union Carbide plant was handled, at Gulf and Carbide's
request, by an outside consultant selected by the Québec Government.
That outside consultant was SNC Corporation. They, I feel, would put their
professional reputation behind the fact that the evaluation of the assets, for
which they have been sold to this venture, is objective, professional and
represents their real market value.
Therefore, sir, I suggest that Gulf is not making a bargain, but is
selling assets at a legitimate fair market price as established by external
consultants selected by the Québec government.
I would also suggest to you that if I were to present to you the
economics of Gulf continuing to operate this facility without participation in
a partnership, I would be able to demonstrate that the net present value of the
cash flows from that continued operation will be somewhat greater than the net
present values of the cash flows that we will take out as a one third
participant over the life, expected life of this project, prior to expansion,
including the $60 million of cash withdrawn at the onset.
I would also like to point out that in order to create those kind of
cash flows and to create, in fact, a willingness on the part of the
Québec Government and Union Carbide to consider the acquisition of the
branch plant, it was necessary for Gulf about a year ago to invest
approximately $21 million in the acquisition of Commercial Alcohols Limited, a
business, the production of ethyl alcohol, which Gulf Canada had no strategic
interest in, a move that was made purely in order to provide the necessary
foundation for the project that we are talking about today. So, I again submit
that a continued operation of Gulf, for a limited period of time that we
anticipated would be possible with the customer industries gradually pulling
out, would have given us at least equal and somewhat higher revenues than we
anticipate to obtain in this way.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je remercie le
représentant de Gulf. Il y avait seulement ma petite dernière
question, concernant la déclaration de M. Valence, lorsqu'il parle des
profits marginaux. Je ne veux pas avoir de chiffres, mais quel est le
pourcentage? Pour qu'il appelle cela marginal et que l'autre monsieur nous dise
que c'était plus intéressant que la recette de la vente sur quoi
se base-t-on? Qu'est-ce que c'était, "marginal", pour lui? Est-ce que
c'était 5% ou 3%?
M. Norton: Your observation is correct, sir, but Mr Robert
Valence, who is a member of our Public Affairs Department, attempts to be as
knowledgeable as he can about our various areas of business in order to
respond, as he is frequently called upon to respond in his role as a Public
Affairs representative, to frequent questions that are addressed to him. I
think you will appreciate that that degree of expertise is not necessarily
either of the highest order or necessarily correct. The statement that Mr
Valence made was correct in the context that our internal accounting for one
unit, which this represents amongst our many operations, where products from
other parts of our operations move into it, and products from this operation
move out to other operations, our internal accounting system is based on cost
transfers. It has absolutely nothing to do with the profitability of anyone of
those units. The only way in which profitability can be established is by
reconstructing such accounts, giving a deemed value to approximate market
conditions for the feed stock and the products.
Therefore, Mr Valence's statement was correct that on the basis of our
internal accounting system, there was a low level of profitability associated
with this operation, but that accounting system did not reflect the conditions
of operating at arm's length in the marketplace. Furthermore, it did
incorporate the adverse effects of the sale outside the company to Commercial
Alcohols of a substantial volume of ethylene at considerably less than market
prices, because we were bound by a long-term contract so to do. That is the
contract that we terminated by purchasing the facilities.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je ne sais pas
où monsieur se situe dans le bureau de direction, s'il est en dessus ou
en dessous de M. Valence, mais si c'était dans mon commerce, je pense
que mon agent de relations publiques, je lui recommanderais de se taire,
surtout lorsqu'on parle de négocier notre compagnie ou la vente de notre
usine. M. Valence avait dit cela au début de l'été. Je ne
sais pas si monsieur est au-dessus ou au-dessous de M. Valence, mais je pense
que le bureau de direction de Gulf aurait avantage à demander à
son agent de relations publiques de parler de choses qu'il connaît. (17 h
15)
Le Président (M. Laplante): Autre chose, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce? Une petite question?
M. Scowen: Just a question, yes. It just follows what was being
said. If I understand the essence of your reply to my colleague, it would
appear that the present transfer price of feed stock
from your refinery in Montreal-East to Varennes is somewhat higher than
the price at which you proposed to supply the new Pétromont facility. If
I understand it correctly, if the thing was marginal because of transfer
price...
M. Norton: ... I hope I did not say it...
M. Scowen: No, I am just assuming that if the thing is marginally
profitable on an interior transfer price basis, what I would like to know is
what is the current transfer price of feed stock and have you established what
the price of feed stock to the new company will be? Will it be higher or lower
or the same? What basis is going to be used to calculate it, if it has not
already been determined that it would be the same? And, I guess, an equally
important question, are you guaranteeing the new company that you will supply
the plant at Varennes with the quantities they require at whatever prices you
agree on for the lifetime of the operation? What guarantees, price and supply
are you giving and what is the price going to be?
Le Président (M. Laplante): M. le président...
M. Coulombe: Je voudrais simplement faire une petite intervention
sur cette question. Tout ce que je voudrais dire, c'est qu'au moment où
on se parle, on est en plein coeur des négociations commerciales, au
sens strict où vous posez ces questions...
M. Scowen: Je ne sais pas si mon intervention vous a aidés
ou non.
M. Coulombe: ... et c'est exactement le coeur de toutes les
négociations qu'on a actuellement. Il me semble qu'on
apprécierait, si c'était possible, que ce genre de points soit
peut-être mis de côté pour le moment, parce que...
M. Scowen: Puis-je dire simplement que j'espère que
ça va de soi qu'il y a une garantie d'approvisionnement de la raffinerie
de Gulf dans les quantités et à des prix convenables, c'est un
élément plus ou moins essentiel.
Le Président (M. Laplante): D'accord...
M. Dupuis (Pierre): Si vous me permettez, M. le Président,
j'aimerais peut-être ajouter un point sur la question de M. Scowen ici.
Du côté de la SGF, la signature finale des ententes ou
l'investissement de la SGF dans le consortium ne se fera qu'après la
conclusion des ententes commerciales, qui sont, comme M. Coulombe vient de le
mentionner, en train de se négocier. On est dans le milieu de cette
négociation. Le mandat que nous avons eu de notre conseil
d'administration, le mandat que nous avons eu du gouvernement consiste à
aller dans ce domaine seulement si les contrats commerciaux répondent
essentiellement aux questions que vous venez de poser. C'est le coeur du
problème, c'est très pertinent et, d'ici la fin de
février, comme M. Coulombe le disait ce matin, ces contrats commerciaux,
qui touchent la fourniture des "feed stocks" et aussi la vente de
l'éthylène à notre partenaire principal, la Carbide,
devront être signés, ratifiés et à notre
satisfaction. Ce sont les choses qui vont déterminer les conditions
exactes de rentabilité, les conditions exactes d'opération du
consortium.
Le Président (M. Laplante): D'accord? M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais rassurer M.
Norton tout de suite en lui disant que je n'aurai pas de questions pour lui. Je
voudrais simplement vous signaler, M. le Président, et le faire pour
tous les membres de la commission et ceux qui y participent, que la
contribution de M. Norton, que nous venons d'entendre à nos travaux,
explique très clairement que l'approche que nous avons prise
était certainement la meilleure, à mon point de vue, celle
d'avoir un papier très court et que la meilleure preuve puisse
être entendue "and even cross-examined".
I would like to thank you, Mr Norton, for your clear answers to the
questions, even if one or two were not within the range of our commission
I did not object and I just hope that your venture with
Pétromont will be hopefully successful.
Le Président (M. Laplante): C'est tout? Vous aviez
d'autres questions auxquelles vous vouliez répondre?
Approvisionnement, exploitation et
marchés
M. Coulombe: Oui, actuellement, l'ensemble des autres questions
qui, sous une forme ou sous une autre, se rejoignaient, regroupait, en fait,
trois problèmes majeurs: le problème des approvisionnements, dans
le sens qui vient d'être discuté, mais d'une façon plus
générale, l'exploitation elle-même de l'entreprise, toute
l'organisation et l'exploitation de l'entreprise, et le problème des
débouchés ou des marchés.
J'aimerais que M. Dupuis prenne brièvement chacun de ces trois
points pour faire le résumé des principales questions qui sont
encore en suspens.
M. Dupuis: La première série de questions... Il y a
des regroupements de questions qu'on a effectués ici, mais je crois que
ça va répondre à peu près aux deux ou trois
interventions qui ont eu lieu ce matin concernant évidemment les
approvisionnements, tant en termes de la disponibilité de ces
approvisionnements qu'en termes des prix des produits pétroliers qui
seront traités dans le Centre pétrochimique de
Montréal.
J'aimerais répéter un commentaire qui a été
fait ce matin par le ministre, parlant de la faible consommation de produits
pétroliers pour les fins pétrochimiques. On parle actuellement
d'un ordre
de 17 000 barils par jour, ce qui représente moins de 3% de la
consommation de pétrole au Québec et en soi, cela nous rend assez
optimistes sur la disponibilité de ces quantités-là. On
n'est évidemment pas à l'abri de crise majeure, mais
l'activité comme telle n'est pas une grande consommatrice de produits
pétroliers, certainement moins que d'autres formes de consommation, si
on considère la valeur ajoutée qui est ajoutée à
cette activité.
L'approvisionnement pour la phase 1 tout le monde lit les
journaux et voit ce qui se passe du côté énergétique
ne semble pas actuellement poser de problème majeur. On en saura
plus long évidemment aux termes des négociations commerciales
auxquelles je faisais référence tout à l'heure et on
fonctionne à peu près comme dans le passé et par
l'entremise de notre partenaire Gulf Canada qui a un gros système de
raffinage dans l'Est du Canada, non pas uniquement au Québec mais en
Ontario et dans les Maritimes, nous sommes raisonnablement assurés que
les problèmes seront minimes.
Par contre, une chose que j'aimerais ramener ici, c'est que cela
regroupe encore une fois un peu les réponses de M. Norton la
formation d'un consortium, la formation d'une voie unifiée dans
l'industrie de la pétrochimie à Montréal, qui n'existe pas
actuellement, va certainement favoriser ou aider c'est notre espoir
le dialogue pour faire en sorte que les politiques
énergétiques qui seront requises pour approvisionner le
consortium seront adéquates et seront suffisantes pour faire fonctionner
les usines.
Il n'y a pas de certitude, il n'y en a aucune dans ce domaine-là,
mais il y a quand même un certain nombre de choses que l'on sait. La
moitié ou un peu plus de la moitié du pétrole
montréalais vient des provinces de l'Ouest, donc, semble être plus
assuré, en termes d'approvisionnement actuellement et de plus, on semble
constater, à plus ou moins long terme, un ralentissement de la demande
de produits pétroliers pour des fins traditionnelles. Ce ralentissement
prendra une forme encore plus accélérée à mesure
que le gaz naturel pénétrera au Québec, libérant,
par là, d'assez fortes quantités d'hydrocarbure liquide, type
huile à chauffage, distillé et huile lourde, etc., qui ne seront
plus utilisées pour les fins de chauffage domestique, et qui pourront,
si on a la technologie nécessaire et si on modifie
légèrement les usines en conséquence, être
utilisées à l'avenir pour des fins d'ordre
pétrochimique.
On sait que le brut importé est disponible et on s'en
approvisionne encore, sans compter sur l'apport du brut canadien. Même
avec le brut importé au prix mondial tel qu'on le désigne
généralement, il est encore très plausible, très
intéressant de faire de la pétrochimie à Montréal,
étant donné la valeur ajoutée, l'impact industriel que
cette chose-là apporte, comme on le mentionnait ce matin.
Je vous ferai remarquer encore une fois qu'au Japon, en Europe, pour ne
citer que ces deux endroits, il n'existe pas de source indigène de
pétrole et certains pays ont développé des industries
pétrochimiques très prospères, très
diversifiées, à partir de "feed stock" importé, dans le
but essentiellement d'apporter une valeur ajoutée à ces
produits.
Donc, à court terme, les approvisionnements ne nous causent pas
de problème majeur et on verra aux termes de la négociation.
À long terme, je ne pense pas que je serai en mesure de façon
fiable, cet après-midi, de faire des prévisions sur la situation
de l'énergie et du pétrole en 1985 ou en 1990. Je suis sûr
qu'on ne veut pas entrer dans cette discussion tout de suite. On lit beaucoup
de choses, souvent les indications qu'on retrouve dans les journaux sont
contradictoires. Par contre, je reviens sur le point central: le consortium,
manifestant publiquement les intérêts du groupe montréalais
dans la pétrochimie, pourra faire valoir sa voix. Déjà on
a amorcé, de façon non officielle, certaines conversations avec
un tas de gens qui pourront, d'une façon ou d'une autre, être
impliqués dans le dossier énergétique pour le consortium.
La technologie fait des bonds majeurs dans ce domaine-là actuellement et
il est possible de concevoir que dans trois ou cinq ans, suite à
certains travaux qui sont faits par Gulf et Carbide, les usines de
pétrochimie puissent traiter des types de pétrole ou des types de
coupe pétrolière qu'on n'avait aucunement l'intention d'utiliser
pour fins pétrochimiques.
Toute la tendance technologique actuellement va vers le traitement de
types d'huiles de plus en plus lourdes jusque, par exemple, aux mazouts
très lourds, les "bunkers", pour fins pétrochimiques, ce qui est
impossible actuellement avec la technologie actuelle. On croit que, d'ici au
milieu de l'année quatre-vingt-cinq, la technologie aura
été développée, que des politiques
énergétiques auront peut-être été assises et
développées et pourront justifier cette expansion-là.
Sarnia n'a pas de sources indigènes, si on veut les appeler de cette
façon-là, de pétrole le pétrole vient de
l'ouest et elle peut se développer très bien. On croit
qu'on a autant la capacité qu'eux de le faire. On croit fortement qu'il
y a de la place pour trois centres pétrochimiques au Canada, trois
centres complémentaires. Montréal devra reprendre sa place et
travailler pour développer le contentieux énergétique en
sa faveur. Du côté de l'approvisionnement, ceci semble
répondre aux principales questions qui avaient été
mentionnées ce matin.
J'aimerais peut-être parler maintenant des
débouchés, de ce qu'on fait avec la production. Encore une fois,
il faut distinguer entre la phase I et la phase II. Dans la phase I, comme on
l'a mentionné à quelques reprises ce matin et M. Norton le
faisait encore nous avons actuellement un réseau
intégré de clients. L'éthylène n'est pas un produit
que l'on fabrique pour ensuite aller le vendre sur un marché libre.
L'éthylène se fabrique pour des buts bien précis, pour des
clients très précis qui sont généralement
reliés à l'usine de production par pipe-line et qui
s'approvisionnent directement à cette usine pour la fabrication de
dérivés.
Je dois mentionner que cette année - et cela a commencé un
peu à la fin de l'année passée la conjoncture dans
l'industrie pétrochimique est
extrêmement bonne, peut-être meilleure qu'elle ne l'a
été depuis les quatre ou cinq dernières années. La
demande d'éthylène et de ses dérivés
s'accroît annuellement d'environ 8% par année et cela est
déterminé beaucoup par la pénétration des
plastiques dans toute forme d'industries, dans toute forme de biens de
consommation. Alors, la demande est très forte. Nos clients importants
on a mentionné ce matin Hercules du côté du
propylène sont très dynamiques. Ils investissent,
d'ailleurs, certaines sommes assez importantes actuellement vers une autre
expansion de leur capacité de production. Des clients, comme BASF
à Laval, sont également très dynamiques; ce sont des
entreprises très solides, récentes qui semblent avoir des sources
de débouchés pour leurs produits.
Pour ce qui est d'Union Carbide, qui est le plus gros producteur de
produits à base d'éthylène au Québec, sa demande ne
fait que s'accroître actuellement et je citerai quelques mots,
peut-être, d'un discours que prononçait récemment le
président d'Union Carbide à Montréal. On parle de
santé financière. Les profits d'Union Carbide dans les neuf
premiers mois de l'année, cette année, ont été de
$37 400 000 à peu près le triple de ce qu'ils avaient
été dans la période similaire l'année
dernière. L'industrie pétrochimique est en pleine expansion et on
croit qu'on entre dans une période absolument privilégiée
dans ce domaine-là. Il est évident qu'Union Carbide a comme
opération très importante le complexe de Montréal.
Donc, pour la phase I, les débouchés semblent être
là. La demande de plastiques est très bonne et, dans l'industrie,
on semble être unanime à dire que ceux qui ont accès aux
matières premières auront des opportunités très
bonnes de marché d'ici les quelque trois ou quatre prochaines
années. L'importation européenne est arrêtée
virtuellement à cause, encore une fois, des difficultés
d'approvisionnement en matières premières des usines
européennes. Le dollar canadien, étant ce qu'il est relativement
à la devise américaine, a puissamment favorisé l'industrie
en déplaçant certaines importations et en favorisant même
certaines exportations.
L'industrie dynamique. À ce stade-ci, je donnerai comme exemple
l'usine de Dupont à Coteau-du-Lac pour les fibres de polyester qui
entrera en opération très bientôt et qui ajoutera une
nouvelle demande d'éthylène glycol d'Union Carbide, produit qui
est fait à partir de l'éthylène de Varennes.
Pour ce qui est de la phase II, au point de vue des
débouchés, encore une fois, je ne peux être prophète
jusqu'au point de vous déterminer les débouchés exacts.
Par contre, il est un prérequis dans l'expansion que l'expansion ne se
fera qu'après que des contrats à long terme, des contrats de
vente avec de nouveaux clients ou avec les clients existants, auront
été conclus. Ce genre de projet pétrochimique ne se
finance pas, ne se construit pas s'il n'a pas été
préalablement basé sur la certitude ou la quasi-certitude de
construction majeure d'usines en aval. Qu'est-ce que ces
débouchés pourraient être? On peut faire plusieurs
scénarios, on peut regarder l'avenir d'une façon assez optimiste
et je crois qu'on peut l'être. Premièrement, la demande normale du
marché, qui croît à 8% par année, ajoutera beaucoup
de demandes d'ici les quatre ou cinq prochaines années. On peut
également penser au Québec à une autre implication
industrielle en matière de pétrochimie; c'est toute l'industrie
de ce qu'on appelle dans le jargon du métier des VCN ou des
polychlorures de vinyle, ce qu'on appelle communément le PVC. (17 h
30)
Je crois que c'est de notoriété publique qu'avec la
fabrication de soude caustique dans une très grande usine à
Bécancour, cette fabrication entraîne une très forte
production de chlore qui n'a pas de débouché ou qui se vend
très mal; la combinaison du chlore avec l'éthylène, c'est
essentiellement la résine de PVC, qui trouve des usages multiples dans
le domaine des plastiques.
Il est donc possible de penser et même... Lors des discussions
initiales, l'entreprise de Bécancour a indiqué un
intérêt de principe dans une source additionnelle
d'éthylène pour travailler dans le domaine du polychorure de
vinyle. C'est une très grosse industrie, et on peut très
facilement envisager à ce stade-ci une usine de taille mondiale de VCN
dans l'axe Varennes-Bécancour, comme complément à l'usine
de Bécancour.
Je ne cite celle-là que comme un exemple de tant d'autres projets
qui pourraient être développés d'ici ce temps-là,
mais qui ne pourront pas être développés, si ces gens, si
les industries en aval n'ont pas l'assurance d'une source
d'éthylène et d'une source d'oléfines importante
disponibles au Québec. La formation de Pétromont, sa mise en
place va être, dans une large mesure, une façon de rassurer ces
gens-là et de leur promettre peut-être un avenir plus solide du
côté pétrochimique, comme fabricants de matière
première.
À ce stade-ci, dès l'instant que Pétromont sera
formée et qu'elle sera en exploitation, nous pourrons concerter nos
efforts pour travailler immédiatement aux études requises, pour
développer des contacts et des ententes avec des manufacturiers
éventuels pour placer graduellement cette production qui serait
disponible et pour la construction d'une deuxième unité à
Varennes.
Nous avons mentionné ce matin que le scénario
n'était pas basé sur la disponibilité d'un marché
d'exportation, nous ne voulons pas orienter la planification sur des choses qui
sont plus ou moins incertaines. Il est évident que, par contre, selon
les conditions du dollar, selon les conditions de l'industrie ailleurs, en
Amérique du Nord et peut-être même en Amérique du
Sud, il pourrait y avoir, en plus de ça, des possibilités
d'exporter des produits semi-finis ou finis vers les pays qui n'ont pas une
pétrochimie aussi développée.
Nous croyons fermement qu'il peut y avoir un potentiel
intéressant du côté de l'Amérique du Sud et du
côté de l'Afrique, d'ici les cinq ou sept prochaines
années.
Quelques commentaires sur la rentabilité de toute
l'opération, et certains de ces commentaires ont déjà
été faits par M. Norton. J'ai parlé du chan-
gement de conjoncture dans l'industrie. Nos partenaires, nos deux
partenaires, dans le rapport public qu'ils ont fait cette année à
leurs actionnaires, ont indiqué que la performance de leur secteur
chimique ou pétrochimique avait contribué positivement à
leur performance globale. L'industrie, dans son ensemble, connaît une
période de prospérité qu'on n'a pas vue depuis longtemps,
et nous croyons que, dans les prévisions financières que nous
avons faites, qui ont été reflétées d'une
façon sommaire dans le document que vous avez eu ce matin, il y aurait
peut-être, par contre, des attentes très réalistes.
J'en souligne une ou deux. Nous avons basé nos chiffres, à
ce stade-ci, sur le volume existant et sans aucune augmentation de volume de
ventes d'ici 1983. Deuxièmement, nous avons maintenu les prix des
produits des vapocraqueurs, les prix des produits du consortium, à un
niveau inférieur au prix escompté aux Etats-Unis. Ceci pour
plusieurs raisons, notamment pour favoriser la "concurrentialité" du
centre et aussi un peu pour ajouter une note de réalisme à des
prévisions qui sont très optimistes actuellement. Quant à
maintenir nos prix bas, pour ce qui est des coûts d'opération, la
question a été posée ce matin, nous avons basé nos
prévisions sur les coûts réels, tels que soumis à
nous par Gulf et Union Carbide et nous croyons que les prévisions que
nous avons indiquées constituent un scénario réaliste, une
espèce de base avec laquelle nous entrons dans la période de
négociation.
Je reviens à ce que je disais tout à l'heure, il est
évident que si, aux termes de la négociation commerciale, nous
nous apercevions que la rentabilité du consortium était de
beaucoup inférieure à ces chiffres, ou nulle ou négative,
nous avons le droit, je dirais même le devoir, de ne pas entrer dans le
consortium, de renégocier, de rouvrir les négociations avant
d'engager les fonds de la SGF et avant de participer à ce domaine. Les
contrats commerciaux seront donc la clé de voûte ou la base de la
rentabilité de cette entreprise.
Finalement, en termes de rentabilité, une note sur les chiffres
que j'ai mentionnés. Il s'agit d'un scénario de travail, à
l'intérieur de la SGF, pour nos travaux avec le gouvernement. Il est
évident qu'à la fin des négociations, nous pourrons
reproduire des chiffres beaucoup plus précis, basés sur une
réalité commerciale. Je crois que la réponse de M. Norton
aux déclarations de M. Valence a été claire. Et,
malgré tout ce qu'il a dit, le changement de conjoncture dans
l'industrie vient ajouter beaucoup à la rentabilité de
l'entreprise.
M. le Président, ceci conclut certains commentaires que j'avais
à faire sur les questions principales qui ont été
posées ce matin. Je suis sûr qu'il y aura peut-être d'autres
questions, alors...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez d'autres
réponses à nous fournir, M. Coulombe?
M. Coulombe: Non. Je pense que cela couvre, à notre avis,
l'ensemble des questions qui ont été posées.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Duhaime: Je ne sais pas si on peut fournir l'information.
J'avais noté une question du député de Laval, qui n'est
pas présent, à moins que la réponse ne m'ait
échappé. Il avait demandé comment se décomposait,
sur les deux blocs, l'évaluation faite, combien pour un vapocraqueur et
combien pour l'autre.
M. Dupuis: M. Norton a répondu, je crois, tout à
l'heure. $34 millions pour Union Carbide et $94 millions pour Gulf. À
cela, il faut ajouter environ $6 millions d'inventaire et de pièces de
rechange, pour un total de $134 millions.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous autre chose, M. le
Ministre? M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Goulet: Monsieur... M. Scowen: Allez-y.
M. Goulet: Une petite question au sujet de ce que je n'ai pas
entendu ce matin. Concernant les 5000 emplois dont on parle, est-ce que vous
prévoyez que ce seraient de nouveaux emplois ou des emplois maintenus?
Si cela ne vous regarde pas, ce sera au ministre à répondre.
Vous, que pensez-vous de ces 5000 emplois?
M. Dupuis: Les 5000 emplois qui ont été
mentionnés dans le dossier ce matin ne se relient pas aux 400 petites
entreprises de fabrication de plastique. Ce sont les 5000 emplois qu'on
pourrait relier aux 25 entreprises majeures qui existent au Québec, dans
la pétrochimie. Il ne s'agit pas de création d'emplois. Ce sont
des emplois qui existent aujourd'hui.
Il faut se rappeler que le Québec a été longtemps
et ce, jusqu'à tout récemment le centre
pétrochimique important au Canada. Il y a quand même beaucoup
d'emplois dans le domaine. Il y a quand même une industrie qui a beaucoup
de maturité qui existe et il y a beaucoup d'infrastructures.
Pour ces 5000 emplois dans les 25 entreprises, à long terme, on
peut faire des prévisions. Si le centre pétrochimique primaire
régressait davantage ou disparaissait, on peut tirer des conclusions
assez faciles.
Pour ce qui est de nouveaux emplois créés, à la
suite d'une intervention telle que celle qu'on décrit ici, par le
consortium, j'avoue que des études précises n'ont pas
été faites par la SGF sur le facteur de multiplication d'emplois
dans ce domaine. Par contre, il est admis que la disponibilité de base
pétrochimique dans tout pays est un des plus
puissants moteurs de développement pour des emplois nouveaux dans
les industries en aval.
Et si on prend le produit que je mentionnais tout à l'heure, la
fabrication de PVC, le PVC est un des plastiques le plus fréquemment
utilisé qui permet la fabrication d'un tas de débouchés au
niveau final, qui entraîne un tas d'emplois dans des petites entreprises,
généralement. Les fabricants de plastique ou les transformateurs
de plastique, les gens qui travaillent dans ce domaine, sont
généralement de petites entreprises qui s'approvisionnent en
résine d'un grand fournisseur et qui font une variété de
choses.
Il est très difficile d'indiquer le nombre d'emplois qui seront
créés et je n'oserais pas faire cela présentement. Par
contre, les chiffres que j'ai indiqués dans le petit document indiquent,
si on décrit l'industrie telle qu'elle est aujourd'hui, le nombre
d'emplois qui existent dans le domaine quand on utilise ces
multiplicateurs.
M. Goulet: M. le Président, précisément sur
ce point, ce que je voudrais savoir, c'est une question hypothétique,
j'en conviens, mais, s'il n'y avait pas la création de Pétromont,
par exemple, de ces 5000 emplois, d'ici 1985, est-ce que vous avez des chiffres
pour dire qu'il en resterait encore 5000 ou qu'il en resterait 2000? Vous ne le
savez pas?
M. Dupuis: D'ici 1985, il reste que Gulf et Union Carbide ont
deux bonnes usines, deux usines qui fonctionnent et une qui est relativement
récente. Je ne veux pas donner l'impression à la commission que,
d'ici 1985, si on ne fait rien, tout va être fermé et qu'il y a
5000 emplois qui vont disparaître dans le domaine de la
pétrochimie, à Montréal. Notre préoccupation est
peut-être à plus long terme que cela. C'est une question de
régression.
C'est très insidieux ce processus-là. C'est que les
manufacturiers de dérivés, lorsqu'ils ont une incertitude face
à la disponibilité de matières premières, vont
avoir tendance à localiser leur expansion, à localiser de
nouvelles installations ou les manufacturiers auront la même tendance
plus près de centres qui offrent la disponibilité de
matières premières. Au Canada, il y en a deux autres, comme vous
le savez. C'est plus tentant à ce moment-là de s'installer dans
la vallée de Sarnia ou dans la région de Joffre ou de Red Deer en
Alberta. Si on ne donne pas à ces clients existants actuels et futurs
une assurance qu'on veut faire quelque chose, on les verra graduellement
installer leur expansion ailleurs.
M. Coulombe: C'est important de souligner que cette
démarche qui est entreprise avec la création de Pétromont,
c'est une action sur la structure industrielle de ce secteur-là. Le pari
qui est pris, avec tous les objectifs qui ont été
déterminés, c'est que ce soit non seulement rentable à
court terme, ce qui semble assuré à l'heure actuelle, mais que ce
soit un placement pour l'avenir, empêcher l'industrie de
régresser, donc non seulement le maintien de l'emploi, mais en plus la
création d'emplois futurs. Tout cela ne se passera pas à
très court terme, parce que, comme M. Norton l'a dit, la décision
des investisseurs là-dedans sera tout simplement d'attendre la vie utile
des équipements et, tranquillement pas vite, de se retirer sur la pointe
des pieds, comme cela peut se passer dans plusieurs secteurs.
C'est donc une action sur la structure de l'industrie et non pas un
investissement qui crée X emplois demain matin, ce qui est très
différent et ce qui est peut-être un investissement qui est
beaucoup plus important pour le Québec que de bâtir une usine avec
200 emplois dedans ou 500 emplois dedans. Là, c'est une action à
long terme qui peut avoir des ramifications sur un ensemble d'entreprises au
lieu d'une entreprise.
M. Duhaime: Me permettez-vous de me référer au
document d'accompagnement dont on a fort parlé ce matin et qui
s'avère pourtant fort utile, et de revenir sur le point soulevé
par le député de Bellechasse? La page 5 de ce document où
on parle de valeur ajoutée, du nombre d'entreprises et du nombre
d'emplois, c'est le portrait de la situation à l'heure actuelle. Si vous
allez plus loin, à la page 8, vous allez retrouver que, pour un emploi
primaire, 17 emplois sont créés dans la fabrication des produits
intermédiaires et 250 personnes travaillent à la fabrication de
produits finis. Ce qui veut dire qu'un complexe pétrochimique de la
taille visée est un projet moteur très hautement créateur
d'emplois au stade intermédiaire et au stade du produit fini.
Je voudrais cependant, si vous me le permettez, M. le Président,
poser une question à M. Dupuis, ayant en tête l'effet
multiplicateur qui est exposé à la page 8, êtes-vous en
mesure de nous dire combien d'emplois pourraient être créés
à la phase II au niveau primaire?
M. Dupuis: Si j'applique le ratio de 250 emplois par emploi
primaire, j'arrive à un chiffre ici qui évidemment, c'est
sous toute réserve, en appliquant strictement, mathématiquement
ce ratio-là pourrait être n'importe où entre 12 000
et 25 000. Si j'applique ce ratio-là, en supposant que l'industrie se
développe d'une façon complète, c'est-à-dire avec
les dérivés dans les industries en aval, entre cinquante et cent
emplois primaires dans le consortium créeraient entre 12 000 et 25 000
emplois secondaires ou tertiaires, si vous voulez.
Par contre, il n'est pas dit que ce multiplicateur s'applique lors de
toutes les nouvelles expansions. Il est évident que, chez les
manufacturiers en aval qui existent déjà, il y a des
possibilités d'expansion à des coûts marginaux beaucoup
plus faibles sans utiliser le même ratio. J'ai souligné ces
chiffres uniquement pour illustrer un ordre de grandeur qui est assez important
et qui indique un peu à la commission le genre d'effets possibles dans
une opération comme celle-ci. Je ne veux pas que mes chiffres soient
utilisés comme étant une promesse scientifique de
résultat. C'est un ordre de grandeur.
M. Duhaime: On ne vous en portera pas grief si cela ne se
réalise pas. Je peux vous dire, en tout cas, que je serais prêt
à régler pour la moitié du coefficient multiplicateur. (17
h 45)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'aurais une question ainsi qu'un commentaire à
faire. Est-ce qu'il y a une raison qui vous empêche de déposer,
comme l'a suggéré le député de Laval ce matin, le
projet d'accord qui a été signé?
M. Coulombe: En toute honnêteté... Je pense que le
vice-président juridique...
M. Gagnon (Louis-Gilles): En fait, les discussions et les
négociations ne sont pas terminées sur ce que le ministre, ou M.
Lavoie plutôt, ce matin, a appelé l'entente entre actionnaires.
Nous sommes encore en train d'expliciter et de discuter cet aspect-là.
Ce que nous avons aujourd'hui comme projet ne comporte pas de dispositions
particulières par rapport à ce qu'on pourrait retrouver dans un
document similaire dans d'autres cas. Le point principal qui a fait l'objet de
nos négociations dans tout cela, comme on le disait tout à
l'heure, c'est effectivement le droit de retrait de la SGF au cas où on
n'atteindrait pas la phase d'expansion.
M. Scowen: Je m'excuse, mais j'espère que vous allez
signaler un point, puisque nous sommes tous en famille, exception faite des
deux tiers de M. Dinsmore, je veux simplement retourner au point que j'ai
soulevé avec M. Norton. La contradiction soulevée par le
député de Bellechasse dans les déclarations de M. Valence
et de M. Norton en ce qui concerne la rentabilité a été
expliquée par M. Norton comme étant causée par les prix de
transfert. Alors, pour moi, il va de soi que le prix du transfert des
matières brutes est anormalement élevé, ou le prix de
transfert sur le fleuve vers la raffinerie de Gulf dans l'autre direction est
anormalement bas. J'espère que vous allez tenir compte de cette
déclaration intéressante au cours de vos négociations,
parce que c'est un élément...
M. Coulombe: On doit vous dire que la SGF s'est adjoint les
services d'une firme de réputation mondiale dans ce domaine et qui agit
comme notre propre conseiller dans ces négociations commerciales. Le
dépôt de document, je pense, ferait énormément de
tort à l'accord de confidentialité qu'on a avec elle parce que,
dans la mesure où, à un moment donné, on se retirerait, ce
seraient des documents publics à tous les concurrents et ainsi de suite.
Alors là, vraiment, les deux autres partenaires diraient: Nous, on ne
joue pas le jeu là-dedans. C'est pour cela qu'on attache tellement
d'importance aux accords commerciaux et c'est pour cela qu'on a retardé
quelque peu la finition du projet pour mieux creuser ces aspects-là.
C'est la raison pour laquelle on s'est adjoint cette firme de New York qui est
une autorité mondiale dans ce domaine-là et qui est notre
conseiller dans les négociations commerciales strictes.
M. Gagnon (Louis-Gilles): D'ailleurs, encore une fois, les
ententes d'association avec les trois partenaires ne seront pas signées,
aucune d'entre elles ne va être signée tant et aussi longtemps que
les accords commerciaux ne feront pas le consensus effectivement de toutes les
parties concernées.
M. Coulombe: D'ailleurs, notre conseil d'administration à
la SGF nous a signifié que la position finale sur la rentabilité
sera prise à la lumière de ces accords commerciaux sur lesquels
on se sera entendu.
M. Scowen: Cela, c'est tout entendu dans le protocole
d'entente...
M. Gagnon (Louis-Gilles): Ah! c'est tout entendu.
M. Coulombe: Même les principes...
M. Scowen: ... que, pour des raisons spécifiques, vous ne
voulez pas déposer...
M. Coulombe: C'est clairement inscrit dans le protocole
d'entente.
M. Scowen: M. le Président, je ne sais pas s'il y en a
d'autres qui ont des questions à poser à nos témoins
aujourd'hui. Sinon, j'ai une proposition à faire au ministre. Mais s'il
y en a d'autres qui...
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions,
M. le député de Bellechasse?
M. Goulet: Juste une seconde. Je m'excuse, M. le
Président, c'est parce que mon whip...
Le Président (M. Laplante): C'est votre droit,
monsieur.
M. Grenier: ... à sa droite, je pense.
M. Goulet: ... était en train de me distraire. Non... Il y
avait juste, très brièvement... Je reviens sur un premier point.
M. le président de la SGF va peut-être me trouver tannant, mais je
donne un exemple précis. Une industrie de plastique, par exemple, dans
mon comté, a 500 emplois. Si on ne crée pas Pétromont,
est-ce que ça peut résulter, dans quelques années
je comprends que vous n'ayez pas de chiffres précis dans le fait
que cette compagnie pourrait être vulnérable au niveau des
approvisionnements et être à la merci des marchés
extérieurs du Québec ou du Canada, et faire en sorte que son
produit d'approvisionnement de base soit tellement dispendieux que cette
compagnie ne serait plus concurrentielle sur le marché international ou
national? Est-ce que ça
pourrait donner ce résultat ou si ça n'a aucun
rapport?
M. Dupuis: Je pense que l'entreprise à laquelle vous
référez dans votre comté est très typique du genre
d'entreprise que Pétromont, en tant qu'entreprise commerciale, a en vue
à long terme, si on veut. Comme vous savez, cette entreprise s'est
implantée chez vous, mais elle est aussi implantée ailleurs au
Canada. Elle a maintenant des activités partout au Canada, dans trois
provinces, dont une récente en Alberta. Il est évident que cette
entreprise fonctionne là où il y a une source de matières
premières disponibles et où il y a une disponibilité de
marché.
Si, à long terme, cette entreprise n'est pas assurée qu'il
y a du sérieux et une vitalité, c'est l'industrie du
polyéthylène dans son cas je crois que c'est du
polyéthylène à peu près uniquement ou ce
produit-là cette entreprise, avant de procéder à
des expansions majeures au Québec, chez vous ou ailleurs, va y penser
à deux fois. Elle aura peut-être tendance à aller
s'établir non pas de déménager ou de fermer
ou à accroître son opération plus près, dans la
vallée de Sarnia, ou dans la vallée de Joffre, en Alberta. C'est
exactement ce qu'on a en tête. C'est que si ces entreprises, qui sont
fortement génératrices d'emploi vous parlez de 500 emplois
dans cette entreprise à Saint-Damien ne sont pas assurées,
à long terme, d'une source de matières premières, elles
vont péricliter à long terme et auront beaucoup de
difficulté à survivre.
Pour ce qui est du prix, je ne crois pas que ce soit essentiellement une
question de prix ou de coût de l'éthylène. Par contre,
à mesure que les installations vieilliront, à mesure que les
coûts de production augmenteront avec la vétusté des
installations, à mesure que les concurrents arriveront avec des
technologies plus poussées, plus développées, il est
évident que nous serons moins concurrentiels pour servir ces
gens-là et ceux-ci prendront les décisions qu'ils prennent
normalement dans de telles conditions. C'est un très bon exemple, je
crois.
M. Goulet: D'accord, la première phase, c'est $34 millions
pour la SGF plus un petit montant, mais la deuxième phase
représentera entre $160 millions à $200 millions ou $500 millions
approximativement divisé par trois, environ $175 millions. Une fois
embarqués, justement, s'il y a des profits, d'accord, mais, s'il n'y en
a pas, ne pensez-vous pas que ça peut faire, peut-être, je ne sais
pas... Donnons un exemple je n'aime pas ça SIDBEC
où, chaque année, on vient nous chercher, on vient chercher, pas
à moi personnellement, mais à tout le monde, encore prochainement
$150 millions... Alors, la deuxième phase sera beaucoup plus importante
et, au niveau des projections de cette deuxième phase également,
si vous permettez... Dans un deuxième volet, vous parlez du financement,
vous dites: bénéfices accumulés, capitalisation
additionnelle, emprunts à long terme, mais j'aurais aimé que vous
nous fas- siez des projections, vous avez certainement des projections au
niveau de ces investissements et de ces modes de financement. Alors les
projections et, également, les proportions entre ça, au niveau
des bénéfices accumulés ou, par exemple, des emprunts
à long terme. Est-ce que vous avez des chiffres pour dire: On s'attend
que ce soit à peu près telle chose?
M. Dupuis: Vous avez parlé de $500 millions divisé
par trois et il n'est dans l'intention d'aucun des partenaires d'investir
l'équité ou du capital-actions pour financer l'expansion dans sa
totalité. Ce genre de projet, s'il est bien assis sur des
débouchés, comme je vous le mentionnais tout à l'heure, se
finance par ce qu'on appelle le biais du financement de projets, basé
généralement sur l'existence de contrats avec les clients de
nature "take or pay" ou prend ou paie. C'est-à-dire que le client
s'engage à indemniser l'entreprise s'il ne peut acheter les produits et
il est censé être assez solide et assez solvable pour le
faire.
Donc, une large partie du capital requis pour l'expansion proviendra des
institutions financières sur la base de financement de projets, le
financement de projets étant basé essentiellement sur l'existence
de ventes assurées par contrats. Une large partie, la plus large
possible, proviendra des bénéfices accumulés dans la phase
I, plus des fonds produits, la dépréciation et, dans le
scénario de la SGF à ce stade-ci, on dit qu'environ $97 millions
seraient disponibles, si les choses vont tel que prévu à la fin
de la première phase, pour financer une partie de l'expansion.
Pour ce qui est de la capitalisation additionnelle, il est
évident que ce sera la différence. À ce stade-ci, nous
n'avons pas de chiffres, ni officiels ni officieux, pour dire que la
participation additionnelle en termes de capital-actions devrait être de
X ou de Y. Cela dépendra, d'une part, de la santé de la phase I;
ça dépendra, d'autre part, de l'existence de ces contrats
à long terme dont je parlais, de leur sérieux et de leur
solidité. On peut très bien parler d'un scénario où
la participation de capital additionnel de la part des trois actionnaires
serait très minime, relativement à l'ensemble des
immobilisations.
On peut parler d'autres scénarios également où les
partenaires, s'ils voulaient vraiment faire démarrer le projet, auraient
à investir un peu plus. Mais c'est justement par la formation de cette
nouvelle entreprise, qui s'appellera Pétromont, que l'on va pouvoir
mettre en place des structures, la structure de gestion, la structure de
planification, pour répondre adéquatement à ce genre de
question.
M. Coulombe: II y a aussi un autre argument qui n'est
peut-être pas fondamental, mais qui a une relative importance. Les
décisions qui vont être prises dans deux ou trois ans sont quand
même partagées par trois centres de décision. Je pense que
ni Gulf, ni Union Carbide, et nous non plus, je l'espère, n'allons nous
laisser emporter par l'enthousiasme du projet si la rentabilité
n'existe pas. Donc, il va y avoir trois preuves plutôt qu'une.
J'ai l'impression que les deux autres conseils d'administration, de même
que le nôtre, vont vérifier très attentivement tous les
faits. Cela n'est pas une assurance, en aucune espèce de façon,
contre une conjoncture mondiale ou autre qui puisse détériorer
des perspectives que personne ne connaît à l'heure actuelle. Il
n'y a aucune assurance contre cela.
M. Goulet: M. le Président, ce sera ma dernière
question. Dans le résumé, à la page 13, on dit: II est
urgent de procéder à une restructuration substantielle de
l'industrie des oléfines à Montréal.
Est-ce que la restructuration se limite à Pétromont, ou si
c'est un début du maillon, ou si pour vous c'est l'essentiel même
de Pétromont?
M. Coulombe: Pour le moment, dans un avenir prévisible,
l'étape essentielle, c'est la restructuration.
M. Goulet: Mais vous parlez pour la région de
Montréal, des "oléofines". Je suis toujours mêlé
avec ce mot. Je vais le vérifier. C'est oléfines. On a dit ce
matin que c'était à base d'éthylène. Je ne suis pas
chimiste, peut-être que monsieur pourra nous le dire. Il y a de
l'éthylène et du méthylène également dans la
pétrochimie. Ce n'est pas la même chose je ne sais trop
au niveau des CH et ainsi de suite. Vous pourrez nous l'expliquer.
Est-ce que vous avez des buts là-dessus? Vous avez certainement compris
que je voulais parler de l'usine de méthanol, dont j'ai parlé
avec vous d'ailleurs cet après-midi. Est-ce que vous avez des projets?
Ne croyez-vous pas que ce serait un défi très grand pour la SGF,
en s'embarquant dans la pétrochimie, d'en venir à ce
procédé et également, peut-être, aller
récupérer 15% de l'essence qui est consommée au
Québec? Est-ce que cela ne pourrait pas être une deuxième
phase? Est-ce que vous y avez pensé? Ne croyez-vous pas que ce serait un
défi très grand pour la SGF?
M. Dupuis: La production d'alcool synthétique, d'alcool
méthylique, ou quelle que soit la sorte, à partir de cellulose,
de bois, n'entre pas dans les objectifs et les plans de Pétromont.
Pétromont est une entreprise pétrochimique, c'est-à-dire
qui produira des bases chimiques à partir des hydrocarbures,
pétrole en particulier.
M. Coulombe: L'angle sous lequel nous voulons envisager le projet
spécifique auquel vous faites allusion ne sera pas celui de la
pétrochimie, mais celui d'un des deux secteurs dans lequel on est
intéressé, avec notre directive no 1, tout ce qui touche
l'équipement relié à la production
d'électricité et d'énergie en général.
M. Goulet: Voilà, M. le Président, j'avais bien
dit, pas un défi seulement pour Pétromont, mais j'avais
adressé la question à la SGF précisément. Parfait,
c'est ce que je voulais entendre de la bouche du président de la
SGF.
Le Président (M. Laplante): II est 18 heures, est-ce que
vous êtes d'accord pour continuer quelques minutes encore? M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: En ce qui me concerne, M. le Président, je suis
prêt à continuer, j'ai une proposition à faire au ministre
qui va prendre cinq minutes à expliquer. Si le ministre l'accepte, je
pense que quant à moi, on peut terminer les travaux dans un délai
raisonnable. Je ne sais pas si d'autres ont des questions; je veux simplement
m'assurer qu'il n'y en a pas d'autres qui veulent poser des questions.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas d'autres
personnes? M. le député de Bellechasse a terminé.
M. Duhaime: Vous allez comprendre facilement que j'ai moins de
questions que vous à poser. (18 heures)
M. Scowen: Oui, je comprends bien. Simplement, je veux revenir
à la directive et à la documentation pertinente. Je veux aller un
peu en arrière, alors que la loi a été adoptée, il
y a un an. Le ministre n'était pas ministre en titre à ce moment,
mais aujourd'hui, nous avons abordé deux sujets...
M. Duhaime: Je m'excuse, est-ce qu'on peut libérer... si
on n'a pas d'autres questions, ça veut donc dire qu'on peut
libérer les gens de la SGF?
M. Scowen: Quant à moi, oui.
M. Duhaime: Messieurs, ça va? On vous remercie
infiniment.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, les membres de
cette commission vous remercient de votre participation, c'était fort
agréable; bonsoir.
M. Coulombe: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Procédure
M. Scowen: L'objectif de l'article 16 dans le projet de loi
était d'essayer d'éviter de grandes erreurs dans les
interventions de l'État dans le domaine de l'économie, sans que
toute la population ait été, dès le début,
consciente des implications. L'idée, c'était de préciser,
d'une façon assez claire, le champ d'action, le secteur dans lequel la
Société générale de financement voulait aller et de
donner un raisonnement à cette intervention.
Aujourd'hui, on a abordé deux sujets différents,
d'après moi. Premièrement, on a touché la question: Est-ce
que le gouvernement doit s'impliquer dans le secteur pétrochimique? En
deuxiè-
me lieu, on a parlé du projet de Pétromont et du
consortium.
Quant à moi, je pense que l'objectif de cette commission
n'était pas de poser des questions très précises sur le
fonctionnement de cette opération. Je pense que je vais aussi loin en
disant que l'idée et c'est probablement la vôtre aussi
est que si, d'ici deux ou trois ans, le projet Union Carbide-Gulf ne
marche pas, vous aurez le droit de chercher d'autres partenaires, même
avec Union Carbide, de faire de nouvelles initiatives, dans le cadre des
directives qui sont émises aujourd'hui, sans que vous soyez
obligés de revenir ici et avoir un débat de fond sur
l'idée d'amener Hercules ou une autre compagnie dans un tel
consortium.
En effet, l'objectif des directives, c'est de définir un champ
d'action, de le justifier, de justifier l'intervention devant la population. Je
trouve que, parce que c'est la première fois qu'on a une commission
parlementaire dans le cadre de cet article, c'est très important pour
l'avenir cela pourrait être n'importe quel gouvernement que
nous ayons une espèce de modèle qui peut servir de base pour les
autres interventions.
Je trouve qu'il y a des choses dans les directives qui ne sont pas tout
à fait acceptables et, comme je l'avais dit plus tôt ce matin, la
documentation pertinente est aussi un peu faible.
Par exemple, le premier article de la directive, quant à moi, a
pour effet de donner le droit au gouvernement, à la SGF "d'avoir des
activités industrielles dans la fabrication de produits de
pétrole et de charbon". C'est très vaste et ce n'est pas votre
intention. Ce n'est pas la nôtre et ce n'est pas celle de la SGF, mais
j'ai l'impression, comme j'ai dit ce matin, qu'avec cette directive no 2 vous
aurez, et la SGF, le droit pour l'avenir de vous lancer, si vous voulez, dans
le raffinage du pétrole sans être obligé de retourner ici
pour cette espèce de débat. C'est possible que je me trompe, mais
quand on prend l'article 1, comme il est écrit, pour ma part, je crois
que c'est assez clair, on peut le faire.
Deuxièmement, on peut aussi, entre autres, conclure
éventuellement et à certaines conditions des ententes finales
avec des partenaires, pas nécessairement celui-ci, mais d'autres. Comme
j'ai dit, la porte est ouverte pour toutes sortes d'initiatives dans la
pétrochimie ou même, si je retourne au premier article, dans le
domaine du pétrole et du charbon.
Ce que je suggère, M. le ministre, c'est que vous acceptiez
d'étudier, premièrement, la directive et que le champ d'action
que vous vous proposez de donner à la SGF pour l'occuper soit bien
clairement défini et, deuxièmement, que vous prépariez un
document pertinent qui explique le raisonnement pour une intervention de
l'État dans ce domaine. Quant à moi je pense que je parle
au nom de ma formation aussi je suis pour ce projet, parce que je pense
qu'il y a de bonne raisons, mais quand on regarde le document que vous avez
fourni ce matin, le seul raisonnement se trouve à la page 10 et à
la page 13. Les autres pages sont plutôt une explication du
système pétrolier de l'est de Montréal. C'est une liste
des aspects importants de ce secteur industriel, mais c'est clair qu'on n'entre
pas dans un secteur industriel parce que c'est important ou parce que le
secteur a des aspects intéressants de création d'emplois. Il y a
beaucoup de secteurs industriels et commerciaux du Québec dans lesquels
le gouvernement peut stimuler l'emploi et l'investissement sans qu'il en
devienne actionnaire.
Il me semble que, pour ce premier effort, il faut qu'on précise
dans un document, dans l'esprit de l'article 16 et de l'article 4a de la loi,
les raisons qui nous amènent à croire que le gouvernement doit
s'impliquer dans ce secteur. Ce n'est pas nécessaire que ce soit un
document de 200 pages. Cela pourrait être un document de quinze ou vingt
pages, je ne sais pas, mais avec un raisonnement qui pourrait être
compris par tout le monde. Je ne vous demande même pas de parler de
Pétromont. Je ne vous demande pas de parler de Gulf ou de Union Carbide
dans ce document, parce que ce sont simplement les projets immédiats qui
pourraient être changés demain ou après-demain. Comme j'ai
dit, on ne doit pas demander à la SGF, chaque fois qu'elle cherche un
nouveau partenaire dans un consortium, de revenir ici et de faire un
débat quand les grandes lignes sont établies, que le raisonnement
est bien défini pour la présence du gouvernement dans ce secteur
et que le secteur même est bien défini.
M. le ministre, vous avez déjà dit, plus tôt ce
matin, que vous seriez ouvert à poursuivre nos études dans cette
commission parlementaire, dans une deuxième étape. Vous avez
aussi confirmé, si ce n'est pas exact, vous pourrez toujours le nier,
mais, quant à moi, vous avez confirmé ce matin qu'il n'est
aucunement question de donner le droit à la SGF de s'impliquer dans le
grand groupe pétrole et charbon en général, mais seulement
dans le secteur pétrochimique. Ce que je vous suggère, c'est que
vous acceptiez de regarder de nouveau la directive et le document pertinent, et
de le refaire avec ces deux objectifs: une définition précise du
secteur et un raisonnement appuyant la présence du gouvernement dans ce
secteur.
D'ici la fin de session à la fin de décembre
nous reprendrions nos travaux avec une deuxième commission qui
peut ne pas prendre plus d'une journée, j'en suis certain alors
que nous obtiendrons la documentation et les précisions dont on a
besoin.
À ce moment, nous pourrons vous poser des questions sur
l'idée de vous lancer, on verra les raisonnements que vous allez
développer, et on pourra passer aux autres problèmes et aux
autres sujets.
Je pense que la proposition que j'ai faite est non seulement bonne en
soi, mais je suis persuadé qu'il est très important que cette
première commission parlementaire basée sur l'article 16 devienne
un peu un modèle pour celles qui vont certainement suivre d'une
année à l'autre, sous n'importe quel gouvernement, comme je l'ai
dit. Je pense que tous les gouvernements doivent être
tenus de respecter le principe et l'esprit de ces articles.
Quant à moi je ne peux pas parler pour mon collègue
de Bellechasse si vous êtes prêt à accepter de
regarder à nouveau cette documentation, je suis bien prêt à
m'arrêter maintenant et à attendre votre tour.
M. Duhaime: M. le Président, je pensais que nous avions
disposé de ce débat ce matin, au début de nos travaux,
mais si le député de Notre-Dame-de-Grâce me permet de
faire, une troisième fois, l'explication, je veux bien essayer de
clarifier, de façon qu'il n'y ait aucune équivoque, la
portée de la directive no 2.
Avant de parler de la directive no 2, je pense qu'il est important de
bien lire la directive no 1; son paragraphe 1 nous indique les activités
industrielles de la SGF au 31 décembre 1978, et elles sont
énumérées, de même que le numéro du groupe.
Je lis le paragraphe 2, directive no 1: "La société n'avait pas
d'activité industrielle au 31 décembre 1978, selon la même
classification dans les groupes suivants...", à l'avant-dernière
ligne: "fabrication de produits du pétrole et du charbon, groupe 18". Je
pense que tout le monde va s'entendre pour reconnaître que ce secteur de
la fabrication de produits du pétrole et du charbon est un terme
générique.
Si nous allons ensuite à la directive no 2, en lisant bien
l'article 16 de la loi, en même temps qu'on lit l'article 3 de la loi qui
remplace l'article 4 de l'ancienne loi, et au paragraphe 4a, en particulier, le
premier paragraphe de la directive no 2 indique dans quel groupe la directive
autorisant la société à investir va s'appliquer. Le
paragraphe 2, c'est vraiment le coeur de la directive no 2, on dit: "En vue de
la formation d'un consortium québécois de production
d'oléfines et autres produits connexes", et si on lit bien le sens des
mots, je n'ai aucune espèce d'hésitation à confirmer
qu'à l'intérieur du groupe 18, fabrication de produits du
pétrole et du charbon, dans des domaines autres qu'un consortium
québécois de production d'oléfines et autres produits
connexes, il est évident, à sa face même, que la SGF, avant
de pouvoir agir dans un tel secteur, devra d'abord obtenir une directive du
gouvernement. Cette directive fera l'objet d'un débat en commission, de
la même façon qu'on a notre réunion aujourd'hui sur la
directive no 2, après son dépôt devant l'Assemblée
nationale.
Sur votre deuxième point, si je vous ai bien suivi, je pense que
si vous relisez la transcription des interventions que vous avez entendues ici,
ce matin, à partir du moment où nous avons commencé sur le
fond du dossier, vous allez y retrouver à peu près tout ce que
vous espérez voir dans un document. Je ne vois pas quoi d'autre nous
pourrions y introduire et je maintiens l'offre que j'ai formulée ce
matin: Si vous ne vous sentez pas suffisamment informés de la
problématique et de l'approche du gouvernement dans ce dossier, on peut,
ou bien continuer nos travaux maintenant, ou encore ajourner et on attendra un
ordre de l'Assemblée nationale ensuite, mais l'ordre de la Chambre est
que nous siégions jusqu'à 18 heures.
Le Président (M. Laplante): Je vous ferai remarquer que
l'ordre de la Chambre était d'entendre la Société
générale de financement du Québec; c'était cela,
l'ordre de la Chambre. Actuellement, on a entendu ses représentants, on
leur a donné congé et c'est un luxe qu'on se paie de continuer
après 18 heures pour essayer d'avoir des éclaircissements de la
part du ministre. (18 h 15)
M. Duhaime: Je vais être plus précis, M. le
Président. Nonobstant l'ordre de la Chambre, je maintiens ce que je
disais ce matin, je suis prêt à parler avec le leader du
gouvernement et je m'engage à le faire, pour donner suite, si
vous le jugez utile, les députés de l'Opposition pour
avoir une seconde séance. Je suis prêt à tenir cette
seconde séance et à convoquer à nouveau les gens de la SGF
pour répondre à vos questions. Ce qu'il faut bien comprendre,
c'est que le débat... Je suis très heureux que vous souleviez la
question parce que c'est vraiment le test qu'on fait de l'application de
l'article 16, en autant que la SGF est concernée. Il y aura d'autres
commissions parlementaires qui s'appliqueront, bien sûr, à
d'autres sociétés d'Etat, en vertu d'autres lois, et c'est
important qu'on clarifie les choses au départ de cette série
d'auditions de nos commissions permanentes élues. Il m'apparaît en
dehors du ressort de la commission et bien au-delà de la loi qu'en
étirant en quelque sorte et en faisant une interprétation
erronée, à mon sens, de l'article 16, des documents pertinents
à une directive pourraient vouloir signifier que le gouvernement et
chacun de ses ministres, lorsqu'ils sont dans un dossier semblable à
celui-ci, aient à déposer des dossiers d'étude qui font
des portraits de situations et qui font des problématiques.
Je pense que le portrait de la pétrochimie, à
Montréal, on l'a débordé, on a essayé de donner le
portrait au Canada, on a même ajouté des éléments
d'information sur ce qui se passe à l'étranger. Je vous le
soumets en toute déférence, cela reviendrait peut-être
davantage à vos services de recherche de s'occuper de ces choses. Je
crois honnêtement, en tout cas, que, depuis le matin, on vous a
exposé de À jusqu'à Z quelle était notre approche.
Je ne crois pas avoir refusé de répondre à aucune des
questions qui ont été posées. La seule réserve qui
a été formulée par le président de la SGF
était à la suite d'une question du député de Laval,
que vous avez reprise vous-même, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, laquelle portait sur le dépôt des
projets d'entente. Je pense que tout le monde, autour de la table, est
parfaitement d'accord pour constater que, si on fait une telle chose, à
ce moment-ci des négociations, on risque de compromettre
carrément les négociations qui sont en cours, d'abord parce que
nous avons des accords de "confidentialité" avec des partenaires et,
deuxièmement, parce qu'il y a des entreprises
concurrentes, et j'imagine leur joie et leur délire, si elles
pouvaient mettre la main sur des projets d'entente en ce sens.
Je ne puis pas me rendre à votre argumentation, mais, je vous le
dis à nouveau, si vous ne vous sentez pas suffisamment informés,
je suis prêt à reparler avec le leader du gouvernement pour qu'on
organise une autre séance de travail. Cependant, je n'accepte pas du
tout l'interprétation que vous faites de l'article 16, dans le sens que
je serais tenu de vous préparer un document.
Dans mon interprétation de la loi, lorsqu'on parle dans l'article
16 de documents pertinents, ce sont des documents pertinents à la
directive. Il peut fort bien arriver que, dans un autre dossier, par exemple,
nous ayons besoin de déposer des annexes à une directive: ce
seraient alors des documents pertinents à la directive. Mais
l'état du dossier de la pétrochimie, comme tel, ce document de
travail est un document d'accompagnement, si je puis dire, avec la directive,
et n'est pas un document pertinent à la directive.
M. Scowen: Je remercie le ministre de sa réponse. Tenant
compte de sa réponse, je propose qu'on ajourne nos travaux
jusqu'à 20 heures, alors qu'on va reprendre les questions.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, c'est regrettable,
mais je ne suis plus capable. D'après l'ordre de la Chambre,
actuellement, on doit entendre la Société générale
de financement du Québec. Pour moi, qui l'ai entendue, j'ai accompli le
devoir que j'avais à accomplir et on a même donné
congé unanimement aux membres. Sur ce, j'ajourne nos travaux sine
die.
M. Scowen: M. le Président, excusez-moi, il y a un point
très important. Vous avez dit, ce matin, que la commission
parlementaire, aujourd'hui, c'est la commission parlementaire visée par
l'article 16 de la Loi de la SGF et je cite cet article: "Une directive
autorisant la société à investir dans un domaine, etc.,
doit faire l'objet d'un débat à la commission élue de
l'industrie et du commerce convoquée à cet effet". Si,
aujourd'hui, c'était simplement une commission parlementaire pour
écouter la SGF, c'est cela que j'ai suggéré ce matin, vous
avez bien raison de dire que la commission est terminée. Mais si c'est
une commission parlementaire visée par l'article 16, à mon avis,
c'est très clair, cela n'a rien à faire avec la SGF et nous
pouvons continuer. Si ce n'est pas la condition visée par l'article 16,
quant à moi...
Le Président (M. Laplante): Je vais vous relire maintenant
l'avis de la Chambre: "À la demande du leader du gouvernement, veuillez
prendre avis que la commission permanente de l'industrie et du commerce se
réunira le jeudi 29 novembre 1979 à compter de 10 heures au salon
rouge pour entendre les responsables de la Société
générale de financement du Québec sur les objectifs et
orientations de la société." Je veux que cela soit très
clair.
M. Scowen: Quant à vous, en ce cas, M. le
Président, j'imagine qu'il va de soi que cette commission parlementaire
n'est pas la commission parlementaire visée par l'article 16 de la loi
de la SGF qui oblige la société, avant qu'elle investisse dans un
domaine visé dans l'article 4a, qui n'est pas sous la directive no 1, de
faire l'objet d'un débat à la commission élue de
l'industrie et du commerce.
Le Président (M. Laplante): C'est ce qui a
été fait, M. le député.
M. Scowen: Celle-ci ne peut pas se terminer simplement parce que
les responsables de la SGF ne sont pas ici.
Le Président (M. Laplante): Moi, comme président de
la commission, on m'a donné l'ordre, à l'Assemblée
nationale, de venir présider sur un avis du leader qui a
été adopté à midi, à l'unanimité.
Moi, je considère que mon rôle comme président est fini,
est clos.
M. Duhaime: Je veux faire la suggestion au député
de Notre-Dame-de-Grâce de se prévaloir des dispositions de
l'article 34 à la prochaine séance de l'Assemblée
nationale et d'adresser une question au leader du gouvernement. Je prends,
envers le député de Notre-Dame-de-Grâce, l'engagement de
parler à mon collègue. Si c'est nécessaire, j'imagine
qu'on ne fera pas venir à nouveau les officiers de la SGF et tous ces
gens pour le simple plaisir. J'imagine que vous avez d'autres questions de fond
à soulever, à moins que vous me disiez que vous n'avez pas besoin
de les entendre à nouveau, mais, moi, je vous suggérerais de vous
prévaloir des dispositions de l'article 34 de notre règlement et
on pourra disposer de cette question mardi. Moi, je n'ai aucune espèce
d'objection à me soumettre aux directives du président de la
commission.
M. Scowen: Pour moi, M. le Président, la question
d'inviter ou de ne pas inviter les témoins, les experts de la SGF, aux
fins d'une commission parlementaire visée par l'article 16, c'est une
décision du ministre. La loi oblige qu'on tienne un débat
à la commission élue de l'industrie et du commerce. Elle ne dit
rien sur la présence des témoins ou leur absence.
Le Président (M. Laplante): Je ne veux pas...
M. Scowen: Je vous ai demandé ce matin de bonne heure, M.
le Président, si cette commission est en effet celle qui est
visée par l'article 16 et je pense, si je ne me trompe pas...
Le Président (M. Laplante): Mon
interprétation...
M. Scowen: ... que vous avez dit oui.
Le Président (M. Laplante): Oui. Mon
interprétation, c'est que l'avis de la Chambre corres-
pondait justement à l'article 16. Pour l'article 16, on nous a
donné le matériel et le matériel qu'on a reçu, ce
sont les membres de la Société générale de
financement, ce qui correspond exactement, pour moi, à l'article 16.
Mais si vous avez d'autres interprétations, vous avez un moyen, par
l'Assemblée nationale, actuellement, de faire donner une autre
interprétation à l'article 16. Moi, je ne peux pas
déborder le mandat que j'ai reçu de l'Assemblée nationale.
Je voudrais que ce soit très clair.
M. Scowen: Permettez-moi de vous poser une question. Si vous
lisez l'article 16, et vous me dites que cette commission est une commission
créée en vertu de l'article 16, comment pouvez-vous terminer la
commission avec le départ des représentants de la SGF quand la
présence de témoins de n'importe où n'est même pas
mentionnée dans le paragraphe pertinent?
Le Président (M. Laplante): C'est pourquoi, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, j'ajourne toujours les
travaux d'une commission sine die. Lorsque je dis que j'ajourne sine die, cela
veut dire qu'elle peut être rappelée n'importe quand. J'y mets fin
pour aujourd'hui, mais c'est sine die. Vous savez ce que ça veut dire?
La commission peut être rappelée n'importe quand,
l'Assemblée nationale peut lui donner l'ordre de revenir; à la
suite de l'ajournement sine die, vous êtes couvert par cela,
automatiquement.
Actuellement, je considère que mon rôle a été
joué, comme président, et c'est pourquoi j'ajourne cette
commission...
M. Fontaine: Très brièvement, M. le
Président, je pense que tout le monde a raison, effectivement. Le
travail qu'on avait à faire, aujourd'hui, concernant l'avis au
feuilleton, tel que libellé, il est fait. On aurait dû intervenir
avant le départ des représentants de la SGF. Par contre, si on
s'en tient à l'article 16, naturellement, rien n'empêche le leader
du gouvernement de convoquer, demain ou avant le 21 décembre, cette
commission parlementaire pour discuter. L'article 16 et l'audition de
témoins, ça n'a rien à voir. Aujourd'hui, on était
convoqué ici pour entendre les témoins, la SGF, et leur poser des
questions.
Lorsque vous dites "sine die", vous avez touché le point
précis, c'est que le leader pourra, demain, reconvoquer la commission,
il pourra le faire n'importe quand d'ici le 21 décembre et il pourra
respecter la loi. Je suis d'accord.
M. Scowen: C'est clair sur un point, M. le Président. Cet
après-midi, le leader a annoncé que cette commission
parlementaire siégerait cet après-midi et ce soir. Si je
comprends bien, vous avez refusé qu'on siège ce soir, parce que
les porte-parole de la SGF ne sont plus ici. Est-ce bien là, votre
raisonnement?
Le Président (M. Laplante): Non, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je crois que vous êtes
capable de comprendre cela, c'est très clair. En ce qui me concerne,
selon l'avis de la Chambre, j'ai fait mon travail, on a entendu les
témoins de la Société générale de
financement, mon travail est terminé et je dois ajourner les travaux
sine die, parce que je n'ai plus de travail.
M. Scowen: Parce qu'ils sont partis.
Le Président (M. Laplante): Ils sont partis, c'est
nous-mêmes qui les avons congédiés, on leur a dit que
c'était fini.
M. Scowen: En effet, vous répondez oui à ma
question. La raison pour laquelle on ne continue pas ce soir, c'est parce que
nous avons congédié les représentants.
Le Président (M. Laplante): Justement, je n'ai plus de
travail.
M. Scowen: D'après vous, s'il n'y a pas de
représentant de la SGF, il n'y a plus de commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Suivant l'avis de
l'Assemblée, pour moi, il n'y en a plus, il faut que j'ajourne.
M. Laberge: L'avis de la Chambre est là, M. le
Président, ça l'indique clairement.
Le Président (M. Laplante): C'est là-dessus que je
me base, je ne discuterai pas d'autre chose que de l'avis de la Chambre.
Sur ce, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, les
travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 18 h 27)