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Projet de loi no 73 Etude après la
deuxième lecture
(Dix heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'industrie, du commerce et du tourisme reprend ses
travaux concernant le projet de loi no 73, Loi modifiant la Loi sur
l'établissement par SIDBEC d'un complexe sidérurgique
intégré.
Les membres de cette commission pour la séance courante sont: M.
Dubois (Huntingdon) remplacé par M. Goulet (Bellechasse), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Grégoire (Frontenac) remplacé par M. Michaud
(Laprairie), Mme LeBlanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine) remplacée par M.
Perron (Duplessis), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord)
remplacé par M. Mercier (Berthier), M. Raynauld (Outremont), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Shaw (Pointe-Claire), M. Tremblay (Gouin)
remplacé par M. Duhaime (Saint-Maurice).
Peuvent aussi intervenir: M. Gagnon (Champlain), M. Godin (Mercier), M.
Goulet (Bellechasse), M. Landry (Fabre), M. Marchand (Laurier), M. Samson
(Rouyn-Noranda) et M. Saint-Germain (Jacques-Cartier). Excusez, j'ai
nommé M. Goulet à deux endroits.
M. Raynauld: Pourriez-vous mettre le député de
Saint-Laurent à la place de M. Marchand, comme intervenant, je
suppose?
Le Président (M. Laberge): Comme intervenant, à la
place de M. Marchand (Laurier), M. Forget (Saint-Laurent). M. Goulet
(Bellechasse), évidemment, étant membre, est rayé à
titre d'intervenant.
Capital-actions autorisé (suite)
Le rapporteur de cette commission a été
désigné hier comme étant M. Lefebvre (Viau). Avant la
suspension de nos travaux hier, nous avions entamé la discussion sur
l'article 2 et le député d'Outremont avait pris la parole pendant
quinze minutes.
M. Raynauld: M. le Président, en fait, j'avais
terminé au moment de la suspension. Je demanderais peut-être au
ministre s'il a des commentaires sur cette présentation que j'ai
faite.
M. Duhaime: A moins que mon collègue de Bellechasse
veuille parler immédiatement sur l'article 2.
M. Goulet: Non, M. le Président. L'amendement a-t-il
été déposé officiellement, ou si c'était
seulement pour discussion?
Le Président (M. Laberge): Non.
M. Duhaime: M. le Président, j'ai pris quelques notes
durant l'intervention du député d'Outremont hier. Je vais essayer
de les replacer. Il n'est pas facile à suivre.
Ce n'est pas tellement de le suivre qui m'inquiète, c'est de m'en
revenir tout seul! La première chose que je voudrais indiquer c'est que
je me demande essentiellement, même si l'amendement n'est pas
formellement déposé, si cet amendement est recevable. Il me
paraît irrecevable à sa face même.
Le Président (M. Laberge): N'ayant pas été
déposé, je pense...
M. Duhaime: Je vous demanderai, en conséquence, de vous
prononcer sur la recevabilité, sans que j'aie pour autant... (10 h
30)
M. Raynauld: II n'a pas été
déposé.
M. Duhaime: ... l'intention d'argumenter sur la
recevabilité.
M. Goulet: II n'est pas déposé.
Le Président (M. Laberge): Je n'ai pas d'amendement devant
moi.
M. Raynauld: II n'a pas été
déposé.
Le Président (M. Laberge): Non. Il y a eu une discussion
concernant une suggestion, mais n'ayant pas eu d'amendement
déposé formellement, je n'ai pas à rendre de
décision.
M. Duhaime: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Vous pouvez faire vos
commentaires.
M. Duhaime: Je retire tout ce que je viens de vous dire depuis le
début de mon intervention.
Le Président (M. Laberge): Ce n'est pas grave, vous pouvez
faire tout autre commentaire.
M. Duhaime: Je comprends donc de l'intervention du
député d'Outremont, que néanmoins il consentirait, lui et
sa formation politique, à $60 millions, chiffres arrondis, pour SIDBEC,
si l'on ferme les chantepleures en attendant Dieu sait quoi.
Je voudrais revenir de façon précise sur une des
dernières affirmations qui ont été faites par le
député d'Outremont. Je ne sais pas s'il l'a laissé
échapper, mais en tout cas, je l'ai entendue. Il disait à peu
près ceci: Le gouvernement ne sait pas où il va avec SIDBEC. Je
voudrais simplement inverser les choses et dire que le gouvernement sait
exactement où il va avec SIDBEC. C'est la raison pour laquelle,
premièrement, nous avons demandé un plan de redressement pour le
30 juin 1980; deuxièmement, les amendements que nous
proposons dans la loi 73 démontrent très bien que nous
savons où nous allons et nous savons ce que nous demandons à
SIDBEC. Trois choses d'abord, de laisser tomber le mot intégré,
qui qualifiait jusqu'à présent le complexe sidérurgique;
j'en ai expliqué les raisons hier. Deuxièmement, nous
introduisons la notion de rentabilité qui n'a jamais existé dans
la loi constitutive de SIDBEC. Et troisièmement, nous allons permettre,
par un amendement qui sera discuté tout à l'heure, j'imagine, que
SIDBEC, désormais, puisse travailler seule ou avec des partenaires.
Je pense, M. le Président, que s'asseoir essentiellement sur une
déclaration et dire: Nous, on met $60 millions répartis à
peu près comme ceci: Quésteel, on n'a pas le choix, ça
coûte $33 millions, on va le payer et bon an mal an, $12 millions par
année d'entretien, deux fois, ça fait $24 millions, plus $33
millions, ça fait $57 millions, on va être de bon compte, on va se
rendre à $60 millions. J'ai essayé de comprendre ce raisonnement
et je n'arrive pas, M. le Président, à le saisir, parce
qu'à partir du moment où on accepte qu'il nous faille payer
Quésteel, je pense qu'en même temps on accepte de le faire
marcher. C'est exactement le sens de mon raisonnement qui a été
de nous avancer dans Quésteel, d'y débourser $32 millions ou $33
millions. Je pense que là-dessus, on s'entend sur le chiffre,
c'est-à-dire le montant de l'acquisition, plus les intérêts
sur la vente.
Mais à partir du moment où nous en avons fait
l'acquisition, je pense que ce serait, comme j'appelle ça, irresponsable
que de laisser dormir une trentaine de millions pendant un an, alors qu'on a
une capacité de production installée de 300 000 tonnes, aussi
bien en aciérie qu'en laminoir, et que c'est en faisant un
investissement additionnel qu'on va aller chercher cette production
d'acier.
C'est avec cette production d'acier également qu'on va être
capable d'améliorer la performance de SIDBEC dans ses opérations
manufacturières. Il faut bien comprendre le rapport du troisième
semestre de SIDBEC qui nous indique qu'en septembre 1979, nous avons un surplus
au compte d'opérations, autrement dit bénéfices nets,
d'au-delà de $3 millions.
Pour être précis, M. le Président, il y a eu deux
mois de profits dans les opérations manufacturières; juillet,
$560 000, septembre, $3 503 000. La perte du mois d'août a
été occasionnée par les arrêts annuels pour fins
d'entretien qui se sont avérés plus coûteux que
d'habitude.
Je pense que la preuve est faite, M. le Président, que les
opérations manufacturières de SIDBEC peuvent être rentables
et que les investissements que nous faisons à l'intérieur de ce
plan de consolidation qui porte sur $150 millions vont directement affecter
à la hausse la rentabilité de SIDBEC. Si vous me permettez, je
vais prendre quelques instants pour bien démontrer ce que nous avons
l'intention de faire avec ces $150 millions.
Tout le monde s'est dit, d'abord: il y a $102 millions pour les avances
et $48 millions, qui est la programmation de 1980, dans les
immobilisations.
Je renvoie au tableau 2, à la page 1, que j'ai eu l'occasion de
distribuer lors du discours de deuxième lecture et que nous avons
largement discuté en commission parlementaire, avant le débat de
deuxième lecture.
Il faut bien considérer que les actifs actuels de SIDBEC sont de
l'ordre de $1 milliard, rendu en novembre 1979. Fin 1978, c'était de
l'ordre de $934 millions. Je pense qu'en chiffres arrondis, après 11
mois de 1979, on peut facilement parler de $1 milliard, si on tient compte que
l'inflation marque également un coup de reconstruction qu'on pourrait
chiffrer. Pour ma part et dans ma tête, en tout cas, ajouter $48 millions
sur un actif consolidé de $1 milliard, si vous appelez cela de
l'expansion, moi j'appelle cela de la consolidation.
La preuve en est que si vous regardez le premier bloc, M. le
Président, vous allez voir qu'à Contrecoeur, pour 1980, nous
allons y investir $13 millions, répartis comme suit et j'arrondis les
chiffres: $5 millions à l'usine de réduction; $7 millions au
laminoir à chaud; $1 million au laminoir à froid.
Aux aciéries de Longueuil, $9 millions à l'aciérie,
essentiellement pour le démarrage du four no 1, en espérant
qu'avec ce four no 1, on n'ait pas le même problème qu'avec la
buvette du four no 2. Et dans le laminoir, nous allons ajouter $8 millions qui
va consister essentiellement à permettre à ce laminoir d'absorber
les 300 000 tonnes produites par les deux fours qui ont une capacité de
production de 150 000 chacun, $17 millions au total à Longueuil en
1980.
A Montréal, dans le département de la tréfile-rie,
$3 700 000. Essentiellement les investissements vont porter sur la ligne de
décapage et cela va nous permettre de régler un problème
que vous avez vu de vos deux yeux vu, de toute façon, mes
collègues de l'Opposition, où nous avons un goulot
d'étranglement à cet endroit.
Ceci signifie qu'au total, dans ce qu'on a appelé, pour les fins
de la discussion, projet majeur, $35 millions sont engagés, le reste
étant des dépenses d'entretien. C'est le bloc le plus important,
M. le Président, à l'intérieur des $48 millions.
Pour ce qui est des $102 millions maintenant, je pense que pour ce qui
est de Quésteel, on n'a pas le choix. Nous devons rembourser nos avan
ces ou autrement nous augmentons la charge d'intérêts. C'est ce
que je n'arrive pas à comprendre dans le raisonnement du
député d'Outremont qui, lui-même, est d'accord que la
charge d'intérêts est trop lourde dans la structure
financière de SIDBEC. Ce que nous faisons exactement consiste à
faire une avance à SIDBEC-Normines, pour réduire son emprunt de
banque, $13 200 000. Il faut bien comprendre que nos partenaires en mettent
autant sur la table et que nous allons réduire l'emprunt de banque de
$26 400 000, de sorte que nous allons alléger la charge
financière.
Nous remboursons également $11,5 millions d'intérêts
sur les avances. Nous diminuons la dette à long terme de $12,4 millions.
Vous avez, sur le tableau 3 que je vous ai fait distribuer, le
détail des $12,4 millions. Pour SIDBEC, la maison-mère,
$6,3 millions. Pour SIDBEC-DOSCO, un rachat de débentures de $4,2
millions. Et dans SIDBEC-Feruni, $1,9 million pour rembourser une marge de
banque.
M. le Président, j'ai beau regarder à nouveau ces
chiffres-là, je vais prendre enfin le dernier bloc, à
l'intérieur des $102 millions toujours, des immobilisations diverses,
faites en 1978 et en 1979, il y en a pour $11,4 millions. Trois blocs. $8
millions SIDBEC, $3 millions SIDBEC-DOSCO, $365 millions SIDBEC-Feruni.
Quand on regarde le tableau 1-A et qu'on voit le détail des $8
millions... Je pourrais vous le donner en détail, mais je pense que nous
avons sorti les chiffres les plus détaillés que nous avions. Je
prend simplement à l'aciérie 1 de SIDBEC-Contrecoeur, $1 094 200
répartis comme suit: panneaux refroidisseurs à l'eau, four C,
$146 300; ponts roulants no 307, $319 400; 51, projets, $486 400, et la hotte
de poche au four A, $142 100; total, $1 094 000. Je pourrais également
donner tout le détail. Quand j'entends le député de
Notre-Dame-de-Grâce dire qu'il n'y a pas suffisamment de documents et
qu'il n'y a pas suffisamment de détails, il y a seulement le compte de
la petite caisse qu'on ne vous a pas fourni. Vous avez tout en détail,
les dépenses minimes comme, dans SIDBEC-Dosco, $44 000 dans la
boulonnerie; $71 500 dans la tuberie. Je pense que vous avez aussi toute
l'explication et le détail exhaustif des immobilisations que nous
faisons.
M. le Président, je termine là-dessus. Je trouve un peu
curieuse l'attitude du Parti libéral dans ce dossier qui consiste
à asseoir SIDBEC littéralement entre deux chaises. C'est
exactement l'attitude qu'on a eue dans le passé, alors que ce parti
était au gouvernement, d'asseoir SIDBEC entre deux chaises, et je
m'explique. Je l'ai dit en deuxième lecture dans ma réplique, ce
qui s'est produit, essentiellement... C'est pour cela que nous avons ce
problème à SIDBEC aujourd'hui. Le gouvernement est toujours
responsable de sa décision ultime comme actionnaire. On aura beau dire
ce qu'on voudra des conseils d'administration qui ont
précédé, on aura beau vouloir faire porter son "packsack"
par qui on voudra, il reste que le gouvernement du Québec a toujours pu
dire ou bien oui ou bien non sur un plan quinquennal, qu'il soit à la
phase I ou à la phase II.
On a bien sûr suivi très certainement la recommandation du
conseil d'administration de SIDBEC à l'époque, mais est-ce qu'on
a suivi toute la recommandation du conseil d'administration de SIDBEC à
l'époque? Je n'en sais rien, je n'y étais pas. Je me permets d'en
douter, parce qu'il a toujours été perçu... On le lit
aussi à travers les débats des commissions parlementaires. Je
pense à celles de 1974, en particulier celle d'avril, où il
apparaissait assez clair, dans l'esprit du PDG de SIDBEC, à ce
moment-là, que, si elle s'en allait vers une usine de bouletage de 6
millions de tonnes, il tenait à peu près pour acquis qu'il aurait
les investissements en aval pour absorber 3 mil- lions de tonnes de boulettes.
Il se disait: Si jamais on n'y allait pas, on aura ensuite la
possibilité de vendre le surplus sur le marché mondial. Il a
même parlé de "gravy" à ce moment-là. Il
était évident que ce qu'il n'avait pas prévu,
c'était que le cours mondial du prix de la boulette à la tonne
était pour s'effondrer.
Quand on parle d'une chute de 25% ou 30%, cela commence à
ressembler à un effondrement. Ce que je dis, essentiellement, c'est
autant pour les années 1972, 1973, lorsqu'est arrivé le moment de
prendre la décision en phase II. De deux choses l'une: ou bien on a mis
trop d'argent en amont, sans mettre l'équivalence pour avoir un
développement ordonné dans SIDBEC, ou bien on aurait pu, dans les
années immédiates qui ont suivi, alors qu'on savait que la
production était pour arriver, faire les investissements
nécessaires en aval.
Les hypothèses de travail que j'ai ébauchées hier
lors des discussions sur l'article 1 nous ouvrent deux perspectives. Ou bien
nous allons nous départir d'un surplus possible en amont, ou bien nous
allons prendre les dispositions pour en disposer en aval, pour autant qu'on
aura une problématique de marché, pour autant qu'on aura aussi
une perspective de rentabilité, ce qui veut dire le contrôle de
nos coûts de production. Je pense avoir été très
clair là-dessus, M. le Président. Je me dis bien franchement que
j'ai beau écouter mes collègues libéraux à
l'Assemblée nationale, j'ai beau relire également leurs
interventions à l'Assemblée et en commission, je n'arrive pas
à comprendre leur raisonnement. (10 h 45)
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, le ministre vient un peu de
parler du passé. Quand j'ai parlé, en deuxième lecture,
j'ai essayé soigneusement de ne pas blâmer qui que ce soit dans le
passé. J'ai illustré le fait que, depuis plusieurs années,
la compagnie n'est pas rentable. Je pense qu'aujourd'hui, devant le fait qu'il
faut administrer la compagnie SIDBEC aujourd'hui, avec tout ce dont nous avons
hérité, il faut parler plutôt de la situation actuelle.
Cela arrive très souvent dans l'industrie; une nouvelle
administration, un nouveau patron arrive. Il achète la compagnie et se
trouve avec la compagnie. Il peut passer sa vie à blâmer quelqu'un
pour les accidents de parcours ou les mauvaises décisions, mais c'est
aujourd'hui qu'il faut prendre les décisions. Je pense que les
suggestions que nous avons faites lors de la deuxième lecture
n'étaient pas du tout dans le but de mettre SIDBEC entre deux chaises.
Je veux parler des deux aspects principaux que j'ai mentionnés dans mon
discours.
Premièrement, il y a les questions d'intérêt. Si
nous comprenons bien la liste présentée par le ministre pour les
vacances à rembourser, il y a à peu près $70 millions dont
$27 millions, si nous comprenons bien, devront obligatoirement être
payés à cause de la loi actuelle. Je m'excuse, c'est un
total de $100 millions. Il y a à peu près la somme de $70
millions, M. le ministre, qui est une liste des justifications pour augmenter
le fonds de roulement de la compagnie.
Je me dis qu'il est possible pour le gouvernement d'améliorer
énormément la rentabilité de SIDBEC avec ces moyens, sans
que la compagnie devienne moins saine. Atitre d'exemple j'ai
calculé très vite vous avez la possibilité, si je
comprends bien, de verser à peu près $250 millions aujourd'hui
à la compagnie qui pourraient être utilisés pour
réduire les dettes existantes de SIDBEC. Vous pouvez aller
jusqu'à cette limite, vous pouvez payer toutes les dettes à la
banque. J'ai enlevé la dette à long terme qui ne peut être
payée à l'avance. Si vous voulez vraiment améliorer la
rentabilité de SIDBEC, le gouvernement, étant le seul
actionnaire, a le pouvoir de le faire, de faire une interjection de $250
millions. Le taux d'intérêt aujourd'hui est d'environ 15%. Vous
êtes rendus à $30 millions à peu près que la
compagnie SIDBEC peut épargner l'an prochain, simplement si le seul
actionnaire décide d'ajouter plus de capital.
Je prends cet exemple extrême, parce que, pour moi, le principe de
$70 millions est exactement la même chose. Ce n'est pas le moment de
faire en sorte que SIDBEC même, ou la population, ou les journalistes,
n'importe qui, croient l'an prochain, que, tout simplement parce que nous avons
réduit, par une décision unilatérale qui n'avait rient
à faire avec la gestion de SIDBEC, les taux d'intérêt, la
situation de SIDBEC s'est améliorée. Elle ne se sera pas
améliorée.
Nous avons déjà investi énormément de fonds
là-dedans. On ne peut pas assainir la situation de SIDBEC comme telle,
sauf dans le sens d'un maquillage avec une injection de fonds qui aurait
simplement pour effet de réduire les coûts de
l'intérêt. Je me dis, dans l'intérêt d'une saine
administration, que nous devons dire à M. De Coster et à sa
nouvelle équipe: Regardez, voici la situation dans laquelle vous vous
trouvez. On sait très bien qu'un jour, il faudra assainir la situation
financière de SIDBEC, mais ce n'est pas pressant, parce que le seul
actionnaire est le gouvernement du Québec. Il n'y a pas de
problème de faillite. Les dettes sont garanties. Vous pouvez
continuer.
Nous ne sommes pas prêts, en ce moment, à faire le
maquillage du bilan, le maquillage de notre compte de revenus et
dépenses, simplement pour que la population puisse penser que ça
va bien à SIDBEC. C'est la raison qui nous incite à vous dire: Ce
n'est pas le moment d'injecter des nouveaux fonds dans SIDBEC.
Le deuxième point touche aux questions des immobilisations et je
vais prendre seulement l'exemple de Longueuil, parce que je pense que, pour le
ministre, c'est le plus important. Vous avez quelque chose qui a
coûté $27 millions et qui n'était pas rentable, $30
millions...
M. Duhaime: Vous dites que?
M. Scowen: ... qui vous a coûté à peu
près $30 millions et qui n'est pas rentable à ce moment-ci.
M. Duhaime: Je pense que je devrais vous informer et vous dire
qu'avant que nous l'achetions...
M. Scowen: Oui.
M. Duhaime: ... Quésteel n'a jamais actionné les
nouvelles installations. Alors, on ne peut pas savoir si c'est rentable ou
non.
M. Scowen: Bon! En effet, je dois me corriger. Je pense
qu'à la suite de la question que j'ai posée à M. De Coster
et à ses collègues, il a dit que Longueuil, sans que les
nouvelles immobilisations soient faites, est légèrement rentable,
si je me rappelle bien. J'ai posé à peu près cinq ou six
questions et je pense que ce n'étaient pas des réponses
très précises, mais l'impression que j'ai eue, c'est que c'est
sur la marge, au niveau de la rentabilité.
M. le ministre, quand vous arrivez, comme président, dans une
nouvelle compagnie, il faut avoir des priorités. Il est bien possible
que vous puissiez avoir l'occasion d'investir $30 millions dans une usine qui
est rentable, mais pas très rentable, peut-être même en
situation de perte légère, et que vous décidez de ne pas
le faire, pas pour le moment, parce qu'il y a d'autres priorités. Nous,
nous avons essayé de vous convaincre, ainsi que M. De Coster et son
équipe, que ce n'est pas parce qu'on est contre l'idée de
rentabiliser Longueuil que nous croyons que ce projet ne devrait pas se faire
cette année. Nous disons que, devant les autres problèmes, nous
croyons qu'il y en a d'assez sérieux qui doivent être
réglés d'ici deux ans, avant qu'on fasse de nouvelles
immobilisations, même si nous voyons, à l'intérieur de la
compagnie, plusieurs occasions de faire des investissements qui sont
très intéressants. Il faut que vous compreniez que vous serez
toujours devant des possibilités d'investissements intéressants
dans une compagnie dynamique. Elles vont exister d'ici
l'éternité. Un directeur, un administrateur avec un peu
d'imagination peut toujours vous montrer des projets qui sont très
intéressants. Nous avons toute l'histoire de ça pendant dix ans,
mais nous n'avons pas une bonne administration et l'organisation est
très faible. Je le répète, M. De Coster l'a dit. C'est le
premier problème. Avant de commencer de nouvelles installations, il faut
absolument donner au personnel le temps de s'organiser pour avoir
l'administration qu'il faut. M. De Coster est la première personne
à dire que ça n'existe pas.
Ensuite, il y a la question de pertes de $30 millions par année
chez Normines. Ce ne sera pas réglé par un coup de
téléphone ou par un télégramme. C'est un projet...
AMarine, il y avait six bateaux. C'est un peu la même chose. La perte de
la vente des bateaux à Marine. S'il y a quelqu'un
ici... M. Descôteaux, je suis certain, en est conscient. Cela a
pris trois ans avant que le dernier bateau sorte finalement du petit port de
Sorel et il ne s'est même pas vendu. Il a été
loué.
Alors, le temps qu'il faut consacrer à cette question,
l'imagination qu'il faut y consacrer, les réunions, les rencontres, les
soirs, les fins de semaine, c'est un gros projet que celui de vous
débarrasser d'un problème de cette grandeur et je ne vous
blâme pas pour ce problème. Mais c'est là.
Le troisième élément qui me vient à
l'esprit, c'est la question des relations de travail. Si M. De Coster ne
faisait rien cette année, sauf de s'organiser, de sensibiliser,
d'approfondir le problème des relations de travail pour qu'on puisse
établir des relations modèles... Parce que, dans les
sociétés d'Etat, il me semble qu'on doit chercher à avoir
des modèles en fait de relations de travail. S'il ne faisait pas
ça, ce seraient des choses très importantes.
M. Duhaime nous dit: Ecoutez, $48 millions dans le cadre d'un
investissement de $1 milliard, ce n'est pas grand-chose. Mais, ce n'est pas
ça. C'est un programme d'investissement de $80 millions que vous avez
approuvé. Pas $48 millions, mais $80 millions.
M. Duhaime: Pour deux ans.
M. Scowen: Exactement, pour deux ans. Ce n'est pas la question
d'approuver $48 millions cette année et le reste pour l'an prochain; ce
sont des projets qui totalisent $84 millions, qui sont approuvés,
organisés et dirigés sur deux ans. C'est donc $84 millions et ce
n'est pas $1 milliard. Cela n'a rien à voir avec SIDBEC-Normines; vous
êtes dans un investissement total de $500 millions ou $600 millions, pas
plus que ça. Alors, c'est 15% ou 20% et cela est important, c'est
très important.
Nous répétons, parce que nous trouvons que c'est
très important, que vous êtes en train de répéter
les mêmes erreurs. On se sert tous du même mot, consolidation, mais
nous avons des définitions très très différentes
pour ce mot. C'est le moment de donner à M. De Coster, deux ans à
peu près pour développer une équipe, pour régler
les deux plus grands problèmes qui n'ont rien à faire avec
l'investissement. Pendant cette période, nous sommes prêts, M. De
Coster à ne pas vous blâmer si Longueuil n'est pas aussi rentable
qu'il pourrait l'être avec un nouvel investissement. Nous sommes
prêts à accepter que vous ne fassiez pas autant de profits que
vous pourriez en faire si nous acceptions d'investir $100 millions pour
réduire la dette à long terme. Nous acceptons ça. On va
vous dire ça par écrit, tout le monde pourra le savoir. Ce n'est
pas votre responsabilité, c'est la responsabilité des
actionnaires. Mais ce ne sont pas les priorités pour le moment.
Alors, je vous remercie, M. le Président. J'ai essayé de
nouveau d'expliquer quelque chose parce que je pense que le ministre est de
bonne foi quand il nous dit qu'il n'a pas compris ce que j'ai dit en
deuxième lecture. J'ai répété et j'espère
que ce n'est pas moins clair qu'avant.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Très brièvement. Vous savez je
l'ai dit lors du débat de deuxième lecture que lorsqu'il
s'agit d'argent pour des sociétés d'Etat, les
représentants de l'Union Nationale sont allergiques, mais quand
même on veut bien être réaliste en ce qui regarde ce dossier
de SIDBEC. C'est vrai qu'aujourd'hui il faut prendre des décisions et ne
pas mettre sur le dos des anciennes administrations à peu près
tous les maux qu'on peut retrouver dans SIDBEC, mais il faut, quand même,
tenir compte de ce que nous avons actuellement, quand on parle de SIDBEC.
Qu'est-ce qui appartient à SIDBEC, quelles sont les immobilisations de
SIDBEC, actuellement? Autrement dit, qu'est-ce que nous possédons comme
actionnaires de SIDBEC?
Lorsqu'on achète une nouvelle compagnie ou lorsque, comme le
disait mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce, nous arrivons dans une
nouvelle compagnie comme PDG ou comme autre cadre, il faut faire l'inventaire
de ce qu'on a et voir tous les avantages, tous les profits qu'on pourrait tirer
de ce qu'on a déjà, non pas recommencer à neuf. Ce n'est
pas comme quelqu'un qui construit une usine ou qui ouvre un commerce ou une
industrie, mais comme quelqu'un qui arrive dans une industrie où il y a
déjà quelque chose dont il faut tenir compte.
Il s'agit de tirer profit, à meilleur compte possible, de ce qui
existe déjà. C'est vrai qu'on est "poigné" actuellement
avec une mine et un surplus de 1 500 000 tonnes de boulettes et qu'actuellement
on vend à perte. Les dirigeants de SIDBEC doivent prendre une
décision et je dis qu'on ne peut pas attendre deux ans. Ou on vend la
mine ou on continue à vendre les boulettes à perte ou on va en
aval et on essaie de moderniser quelque chose ou d'agrandir l'usine de
façon à employer le plus de boulettes possible. L'idéal,
ce serait de transformer nous-mêmes nos 3 millions de tonnes de
boulettes, même si actuellement ces 3 millions de tonnes de boulettes
nous coûtent plus cher que si on les faisait venir, mais ça, c'est
une autre chose.
Il y a donc $48 millions pour cette année qui vont dans la
modernisation. Je pense, par exemple, à l'usine de Quésteel
où il y a vraiment j'emploie le même terme qu'a
employé le ministre un étranglement au niveau de la
deuxième partie de l'usine. Maintenant, est-ce qu'on pourrait la
moderniser ou régler cet étranglement avec $5 millions
plutôt que $15 millions? (11 heures)
Honnêtement, les chiffres me dépassent et je pense qu'ils
dépassent ceux qui sont ici parce qu'on ne le sait vraiment pas. On n'a
pas de données techniques pour savoir si on pourrait moderniser cette
usine, la deuxième partie, avec
$2 millions ou avec $10 millions. Il y a une chose dont on est
sûr, c'est qu'au niveau du principe, on est obligé de moderniser
la deuxième partie. Pour l'avoir visitée, l'avoir vue il y a
quinze jours, on s'est aperçu que réellement il y avait quelque
chose à faire avec cette usine. Quant à moi, je suis convaincu
qu'on pourrait la rentabiliser dans un bref délai.
Concernant les $100 millions qu'on doit au gouvernement, on est pris un
peu comme actionnaires, M. le Président; on est actionnaires d'une
compagnie qui est la maison-mère de SIDBEC et ce sont les mêmes
actionnaires qui sont propriétaires d'une filiale qui s'appelle SIDBEC.
Est-ce qu'on doit régulariser la situation et remettre l'argent
là où il devrait aller, c'est-à-dire que les $100 millions
retournent aux coffres du gouvernement parce que c'est de l'argent qui a
été avancé par le gouvernement ou si ces $100 millions
continuent à faire partie du déficit de notre filiale qui
s'appelle SIDBEC? On sait une chose, ce sont exactement les mêmes qui
sont propriétaires de la maison mère qui s'appelle le
gouvernement du Québec et propriétaires de SIDBEC, une filiale.
Je vois cela comme ça.
Une chose est certaine qu'on fasse le transfert ou qu'on ne le fasse
pas; ce sont les mêmes $102 millions et ils vont aux mêmes
actionnaires. Bien sûr, au niveau du coût de l'argent, est-ce que
les $102 millions comptabilisés dans les livres de SIDBEC
coûteraient moins cher que comptabilisés dans les livres de la
maison mère qui s'appelle le gouvernement du Québec? Les
économistes pourraient débattre pendant de nombreuses heures
là-dessus. On dit que l'argent emprunté par le gouvernement
coûte moins cher que s'il était emprunté par SIDBEC et
garanti par le gouvernement. C'est ce qu'on a semblé dire en
deuxième lecture. Quelqu'un a dit cela, mais, M. le Président,
vous comprendrez qu'on pourrait en discuter et je pense que tout le monde
pourrait avoir raison.
Je ne vous dis pas que cela fait l'affaire. C'est vraiment
déplorable, mais quand même il s'agit de régulariser une
situation. Est-ce que les $102 millions doivent être comptabilisés
dans les livres de la maison mère ou dans les livres de la filiale? Je
dis qu'il est temps qu'ils soient comptabilisés dans les livres de la
filiale, parce que c'est vraiment la filiale qui les a dépensés
et c'est vraiment la filiale qui en est responsable. C'est une première
chose.
Concernant les $48 millions, pour cette année, bien sûr,
$84 millions pour les deux ans, au niveau des coûts, on nous a
donné un rapport, comme disait le ministre, en nous donnant les
détails, sauf la petite caisse. Ecoutez, bien malin celui qui pourrait
affirmer que ces chiffres sont bons ou pas. Est-ce que pour la modernisation de
Quésteel, par exemple, on a besoin des sommes qui sont inscrites
là-dedans ou si on n'en a pas besoin? Comment appelle-t-on cela? Je n'ai
pas le rapport devant moi, à l'instant où je parle, mais le fonds
de roulement, par exemple, est-ce qu'on peut s'en "clairer" pour $100 000
plutôt que $150 000 ou des choses comme cela? Cela nous dépasse
vraiment. Il y a une chose qu'on sait, c'est qu'au niveau du principe, cette
usine doit être modernisée le plus rapidement possible. On est
"poignés" avec actuellement, on l'a. On a Quésteel, elle nous
appartient et on sait, selon les données techniques, qu'en modernisant
la deuxième partie on pourrait la rentabiliser à court terme.
Au niveau de la proposition faite par mes collègues à
droite du Parti libéral, $60 millions, cela peut aller, mais les $100
millions, je serais pour, étant donné qu'ils sont
dépensés. Comme c'est de l'argent qui a déjà
été avancé, qu'on le comptabilise là où il a
été dépensé, soit dans les livres de la filiale que
j'appelle SIDBEC, plutôt que dans les livres de la maison mère,
là où les chiffres doivent aller réellement. Après
cela, on saura si vraiment cette compagnie est rentable ou pas. Au sujet des
$150 millions, M. le Président, je sais que c'est de l'argent. Je
déplore qu'on ait besoin de cela à chaque instant, parce que les
sociétés d'Etat viennent en chercher régulièrement,
mais je ne vois pas comment on pourrait passer à côté en
tenant compte de ce qu'on a actuellement. On a la mine. On a bien beau
l'ignorer et dire que cela dépend de Pierre, Jean, Jacques
là-dessus le député de Notre-Dame-de-Grâce avait
raison et je ne veux accuser personne mais on est pris avec. Est-ce
qu'on la vend à perte et qu'on la laisse tomber? Est-ce qu'on continue
à vendre nos boulettes à perte ou si on décide, à
un moment donné, d'en transformer le plus possible chez nous?
On est pris avec 1 500 000 tonnes j'arrondis les chiffres
et ce qui serait préférable, ce serait de les transformer ici.
Pour les transformer, on pourrait ouvrir d'autres usines. Ce seraient de
grosses dépenses et ce serait de l'expansion. Mais, au niveau de la
consolidation, du plan de redressement, je pense que le pourcentage de ce
budget qui va aller à l'usine Quésteel on en a vraiment besoin.
En tout cas, on l'a, cette usine; elle a été achetée.
Certains ont essayé de nous démontrer qu'ils avaient fait un bon
marché et qu'elle valait $150 millions, au lieu des $27 millions qu'on
l'avait payée. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ces
chiffres, mais il y a une chose qu'on sait, on est "poigné" avec. Ou on
la garde et on la rentabilise ou on la vend.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Outremont.
M. Duhaime: Me permettez-vous d'ajouter juste un
élément d'information?
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Duhaime: Je voulais dire que, dans le plan de redressement
demandé, le deuxième élément dit que le plan devra
contenir des mesures portant sur l'organisation et la structure administrative
des compagnies du groupe. Je vais expliciter davantage ce que cela signifie
dans mon esprit et j'espère que cela va avoir la même connotation
quand cela va être perçu à l'autre bout. Il s'agit
essentiellement qu'on fasse une chose, à mon point de vue. Si on
regarde les états consolidés ou le bilan de SIDBEC 1978 ou le
bilan des années antérieures je sais que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a dû passer de longues
heures à les lire une année après l'autre et à
faire des tableaux comparatifs ce qui m'a frappé en ouvrant ce
dossier, c'est que je n'étais pas en mesure de constater, sous la forme
d'un bilan, actif, passif, et d'un compte d'opération, revenus et
dépenses, l'actif et le passif de SIDBEC-FERUNI, de SIDBEC-Normines, de
SIDBEC-Dosco, de l'usine de Montréal, de l'usine de Longueuil, de
l'usine d'Etobicoke.
Quand on dit: L'organisation et la structure administrative des
compagnies du groupe, dans un deuxième point; dans le quatrième,
planification et mode de gestion, il est clair pour moi que, pour être en
mesure d'évaluer les performances de nos installations dans SIDBEC, il
faut qu'on ait une comptabilité distincte au niveau des comptes
d'opération de chacune des usines. C'est pour la raison suivante: lors
de la visite à Longueuil, vous avez constaté comme moi
qu'à l'heure actuelle la capacité du laminoir est beaucoup plus
forte que la production du four no 2 qui est en exploitation. Ce qui se
produit, c'est qu'on prend des billettes de la scierie de Contrecoeur et on les
transporte à Longueuil et on utilise le laminoir de Longueuil. La
question, c'est la suivante: Quel est le prix interusines? Quel est le
coût du transport? Est-ce que c'est chiffré, etc.? Je prends cet
exemple; on pourrait en prendre quinze. La comptabilisation des mouvements
entre usines n'est pas à ma satisfaction et j'ai demandé au
conseil d'administration de nous éclaircir cela. C'est une des
mesures.
La deuxième chose, je voudrais revenir sur Quésteel. C'est
sûrement le bloc le plus important des investissements sur 1979, 1980 et
1981 à l'intérieur des $150 millions nonobstant ce qu'on pourra
proposer à l'Assemblée nationale en 1981. On sait qu'au
départ, pour 1981, c'est exact, ce que vous dites, que le gouvernement a
autorisé un programme d'investissements pour 1980 et 1981 qui porte sur
$84 millions, dont $48 millions vont être autorisés par le projet
de loi. La différence va devoir être autorisée
subséquemment par une nouvelle loi devant l'Assemblée nationale
quelque part durant l'année 1980. Là-dessus, on s'entend. Il y a
possiblement des morceaux qui sont distincts sur les deux années, mais,
dans l'ensemble, je pense que les deux choses sont liées. Autrement dit,
en y allant pour $48 millions, on y va à peu près de façon
sûre pour $48 millions. Il restera à avoir le débat, l'an
prochain, sur l'autorisation de dépenser.
Je voudrais revenir sur Quésteel et reprendre le raisonnement du
député de Notre-Dame-de-Grâce, qui a sa logique aussi et
qui consisterait à dire: On l'a achetée, d'accord. Elle est
là, mais on ne met pas un sou de plus tant et aussi longtemps que, l'an
prochain ou durant l'année 1981, on n'aura pas redressé la
situation.
Je pense que, ce faisant, vous condamnez l'usine de Longueuil à
une non-rentabilité automatiquement. Si on veut poursuivre dans la
même logique, cela voudrait dire qu'on met la clé dans la porte
pendant un an et demi ou pendant deux ans à Longueuil et qu'on laisse
les immobilisations en place. Je n'ai aucune certitude que, si on ne fait pas
un ajout dans les investissements... Autrement dit, comme vous l'avez vu sur
place le matin où on a visité cela, il y avait un problème
de buvettes au four no 2 qui est en marche actuellement; j'imagine qu'on va le
régler. Mais ce qu'il s'agit de décoller maintenant, c'est le
four no 1. Le transformateur comme tel coûte au-delà de $1 million
à lui seul.
Si votre perspective, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, consiste à dire: Nous visons la
rentabilité et nous avons perdu suffisamment d'argent, on est d'accord
qu'on en a assez perdu, mais votre raisonnement va vous conduire à
fermer Quésteel et je ne suis pas intéressé à
fermer Quésteel et à mettre des travailleurs à pied. Je
suis plutôt intéressé à voir si on ne peut pas
intervenir, tout en faisant le travail au niveau d'un plan de redressement, via
des immobilisations qui, à leur face même, vont avoir une
répercussion à la hausse sur la rentabilité des
installations à Longueuil.
Cela n'a pas été contredit; nous aurons
déboursé au total, achat, intérêts sur avances, les
investissements que nous y faisons, en gros, à peu près $65
millions dans Longueuil pour une capacité d'aciérage et de
laminage, installée, déjà là, de 300 000 tonnes. On
n'ajoute pas à la capacité; on met en opération une
capacité installée, c'est autre chose, et on modernise le
laminoir. Cette usine va devenir autonome dans le sens suivant: c'est qu'elle
n'aura plus besoin de s'alimenter en billettes à partir de Contrecoeur;
elle va faire toute sa production en aciérage pour les fins de son
laminoir.
Au total, depuis le début, SIDBEC a accumulé, au fil des
années, des déficits. Vous êtes intervenu vous-même,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, très fortement
dans votre discours de deuxième lecture, en disant: Année
après année, on a été déçu, etc. il y
a eu des déficits chaque année, sauf en 1974. Là-dessus,
tout le monde s'entend. Le total des déficits donne environ $180
millions. Moi, je n'ai pas de raison de douter de l'évaluation qui vous
a été donnée par le PDG de SIDBEC; j'imagine qu'il y a du
monde auprès de lui qui a fait ces chiffres-là à
l'intérieur de SIDBEC. On nous dit qu'aujourd'hui l'évaluation
sur la valeur de remplacement des installations de Quésteel à
Longueuil, une fois la programmation des investissements faite, pourrait
totaliser environ $160 millions ou $165 millions, pour une production annuelle
de 300 000 tonnes.
Si je regarde cela avec le prix qu'on a payé et les
investissements qu'on y a mis, on sort un gain de capital ou un surplus
d'apport de $100 millions. A des fins comptables, je pense que,
raisonnablement, on peut appliquer ces $100 millions, gagnés
sur une transaction par une bonne décision d'investissement, sur
le déficit accumulé et vous venez de l'effacer à peu
près de moitié, d'un seul coup, au lieu de paralyser encore
davantage l'usine de Longueuil en suivant votre raisonnement qui est de dire:
ALongueuil, nous allons perdre de l'argent dans nos opérations
manufacturières, parce qu'on ne décolle pas le deuxième
four, par exemple, ou parce qu'on ne fait pas les améliorations au
laminoir. Votre raisonnement vous conduit logiquement à mettre la
clé dans la porte et c'est là que je ne vous suis pas.
M. Raynauld: Si on veut avancer un peu dans le
débat...
M. Duhaime: On a avancé.
M. Raynauld: Oui, mais pour se comprendre un peu, vous dites, M.
le ministre, que nous mettons la clé dans la porte de Quésteel
parce qu'on n'accepte pas de faire les investissements. (11 h 15)
Notre raisonnement n'est pas celui-là. En donnant $60 millions,
on accroît, somme toute, le fonds de roulement de l'entreprise d'une
façon ou d'une autre. On peut bien essayer de vous expliquer pourquoi on
est arrivé à $60 millions, mais nous, on considère,
lorsqu'on dit $60 millions, que le fonds de roulement de l'entreprise est
augmenté. S'il est aussi évident que vous le dites que
l'investissement dans Quésteel doit être fait maintenant, à
ce moment, on dit: Avec l'augmentation du fonds de roulement qui est là,
on n'a qu'à laisser la dette comme elle est là et on prend
l'argent et on le met dans Quésteel pour faire l'investissement. Mais
c'est une décision qui appartient aux spécialistes qui sont
là. Nous, nous sommes des parlementaires et on dit: Avec cette somme
d'argent, ils devraient être capables de faire ce genre
d'opération. Ce n'est que pour des fins comptables qu'on dit: $60
millions, on les a établis à partir de telle ou telle chose.
N'oubliez pas, par exemple, qu'on a parlé de $12 millions qui
étaient des investissements, en plus de Quésteel. Mais, si c'est
vrai, à ce moment, cette somme, c'est une somme qui augmente le fonds de
roulement de l'entreprise. Alors, qu'on laisse la dette telle qu'elle est. A ce
moment, qu'on se serve des $60 millions pour faire des investissements, je n'ai
pas d'objection ou bien on réduit la dette et, à ce moment, il y
a moins d'argent qui reste.
M. Duhaime: Mais votre charge d'intérêts, vous
l'augmentez? Vous affectez automatiquement votre fonds de roulement, n'est-ce
pas?
M. Raynauld: Oui, mais, si on veut parler sur la charge
d'intérêts, c'est un problème qui est lié justement
à l'existence de déficits accumulés. S'il n'avait pas eu
ces déficits, la charge d'intérêts n'existerait pas.
Là, on veut effacer ces choses en disant: On va réduire la charge
d'intérêts et, à ce moment, l'entreprise va devenir
rentable. On ne peut pas calculer comme cela. Si on veut calculer comme cela,
il faudrait aussi dire que, pour placer des fonds dans SIDBEC, il faudrait
qu'il y ait un taux de rendement quelconque. En deuxième lecture, j'ai
fait état d'Algoma Steel qui fait des profits de $77 millions avec des
actifs à peu près du même ordre de grandeur. C'est bien
sûr qu'avec des bénéfices de $77 millions la charge
d'intérêts est moins grande, grand Dieu! Le rapport
dette-équité est beaucoup plus faible qu'à SIDBEC. Il n'y
a pas de doute là-dessus. Je pense que c'est du trois pour un.
Si vous voulez effacer et éponger les déficits, c'est bien
sûr qu'on réduit, au plan comptable, les charges
d'intérêts, mais cela ne rentabilise pas une opération. La
rentabilisation de l'opération, cela va être lorsqu'on sera
capable de produire des résultats positifs, qu'on sera aussi capable
d'avoir un certain taux de rendement sur le capital qui est investi là.
Autrement dit, l'équité en question que le gouvernement met
là-dedans, c'est une valeur nette. Cette valeur nette devrait rapporter
de l'argent, mais elle n'en rapporte pas. A ce moment-là, vous faites
perdre à la province de Québec, somme toute, ce que SIDBEC gagne
en réduisant ses charges d'intérêts. C'est dans ce
sens-là, que je dis que c'est du pareil au même.
Autrement dit, vous êtes prêt à ce que le
gouvernement du Québec place des fonds sans rendement et vous dites,
à ce moment, que cela va rentabiliser SIDBEC. C'est un drôle de
raisonnement. Au plan comptable, c'est vrai. C'est indiscutable. La situation
est pareille aussi longtemps qu'il n'y a pas une rentabilité
rattachée à l'entreprise. C'est dans ce sens que je dis: D'un
côté, on met des fonds qui augmentent le fonds de roulement et,
à ce moment-là, on peut l'utiliser comme on veut. C'est vrai, ce
que vous dites, à savoir que, si ces fonds sont utilisés pour
autre chose, à ce moment, ce n'est pas pour réduire la dette et,
par conséquent, que les charges d'intérêts demeurent.
Encore une fois, la solution qui est proposée fait porter
à la province de Québec le manque de rendement de SIDBEC. A ce
sujet, je pense que cela éclaircirait un peu la question si le ministre
acceptait de nous dire ce qui va arriver à l'article 4, un peu plus
loin. Est-ce que les intentions du gouvernement, à l'heure actuelle,
sont de verser $150 millions cette année en argent ou de ne pas les
verser?
M. Duhaime: Non, écoutez, je n'ai pas d'objection à
faire une discussion d'ordre général. Cela va juste plus vite
après, quand on arrive à l'étude article par article.
M. Raynauld: Mais c'était une question que je voulais
poser étant donné qu'on laisse la porte ouverte sur les
paiements. Peut-être toute la discussion que nous avons est-elle sans
objet si vous êtes pour nous dire, dans une heure, que, de toute
façon, vous ne payez pas $150 millions cette année et que vous
avez l'intention de faire ça en versements échelonnés sur
trois ou quatre ans. A ce moment, ça reviendrait pas mal à la
même chose que ce que j'essaie de vous vendre.
M. Duhaime: Je vais vous répondre tout de suite. Les $102
millions, c'est l'écriture comptable ni plus ni moins, on les paie tout
de suite; quant aux $48 millions, on va les payer par versements
échelonnés durant l'année financière.
M. Raynauld: Donc, en 1980?
M. Duhaime: Oui, durant l'année financière
1980/81.
M. Raynauld: Et vous payez $102 millions maintenant, au cours de
l'année financière 1979/80?
M. Duhaime: Oui. La loi constitutive nous donne deux ans pour,
premièrement, avoir l'autorisation de la dépense par
l'Assemblée nationale. Nous avons l'intention de payer les $102 millions
tout de suite et je ne vois pas pourquoi on attendrait.
M. Raynauld: En fait, ce qui nous sépare, ce sont $40
millions; ce ne sont plus $150 millions.
M. Duhaime: Là, vous êtes rendu à $110
millions, je vous félicite!
M. Raynauld: Non, mais vous dites que vous allez payer $48
millions possiblement en 1980/81, ça peut aller à l'hiver 1980.
Nous, on dit $60 millions pour tout de suite et on reviendra avec une autre loi
à l'automne, lorsque vous aurez les rapports de toutes vos
études. C'est dans ce sens que je disais que vous ne saviez pas
où vous alliez. Ce n'était pas pour faire une attaque gratuite;
c'était simplement que, effectivement, en suivant le processus qu'on a
là, vous attendez des rapports d'études. C'est après que
vous allez prendre les décisions; c'est tout à fait
légitime. Mais c'est aussi exact qu'à l'heure actuelle vous
n'êtes pas en mesure de prendre les décisions. Ce n'est pas parce
que vous ne voulez pas, mais vous n'êtes pas en mesure de les prendre et
vous demandez des informations, vous demandez des études, vous demandez
une réévaluation.
A ce moment, la logique également de notre position,
c'était de dire: Quand on aura tous les éléments pour
prendre une décision, le gouvernement sera en mesure de nous dire: C'est
fait, on a obtenu les résultats de tous les examens nécessaires
et, sur cette base, on propose de verser des fonds en fonction des
réponses qu'on a obtenues. Je trouve que c'est une position qui est bien
plus appropriée que celle de dire: On va autoriser dès maintenant
$150 millions et, après ça, quand on aura les réponses aux
questions, on verra.
Enfin, M. le Président, on ne veut pas éterniser le
débat, ça fait déjà assez longtemps qu'on discute
de ça. Je voudrais peut-être, à ce stade-ci, M. le
Président, soumettre tout de même cet amendement que j'avais
annoncé. M. le ministre voudra sans doute discuter de sa
recevabilité et je pense que c'est tout à fait légitime
également.
La motion d'amendement que nous proposons est la suivante: j'en
ai des copies que je peux distribuer "Que le paragraphe 1 de l'article 2
soit modifié en retranchant, à la quatrième ligne, le
chiffre "$1 130 000 000" et en le remplaçant par le chiffre "$950
millions" et en remplaçant, aux quatrième et cinquième
lignes, les chiffres "56 500 000" par les chiffres "47 500 000".
Le paragraphe amendé se lirait donc comme suit: "1. Le
capital-actions autorisé de SIDBEC, corporation constituée par
lettres patentes délivrées le 18 novembre 1964 en vertu de la
partie I de la Loi sur les compagnies, ci-après appelée "la
compagnie", est de $950 millions. Il est divisé en 47 500 000 actions
ordinaires d'une valeur nominale de $10 chacune et en 47 500 000 actions
à dividende différé d'une valeur nominale de $10 chacune",
l'intention, évidemment, étant d'augmenter le capital-actions
autorisé de $120 000 000 conformément à la suggestion et
aux propositions qui ont déjà été faites à
cet égard.
M. le Président, je ne voudrais pas essayer de justifier cet
amendement. Peut-être voudrez-vous en disposer pour commencer, mais je
n'ai pas l'intention de reprendre le débat sur l'amendement; je le
soulignais comme conclusion à la discussion que nous avons
déjà eue.
Le Président (M. Laberge): Je déclare cet
amendement recevable. Il y a une règle ancienne des commissions
parlementaires qui dit qu'un député autre qu'un ministre ne peut
pas proposer une dépense au gouvernement, mais il y a aussi le principe
qui dit que, lorsque le gouvernement a proposé une dépense, un
député pourrait, il semble, proposer de réduire cette
dépense. Vous ne proposez pas une dépense nouvelle, mais une
réduction de dépense. Donc, après consultation, je
considère que cet amendement est recevable; on peut en discuter, on peut
en disposer. Il est reçu, vous pouvez en disposer à votre
guise.
M. Duhaime: M. le Président, je pense que,
également, j'ai laissé passer dans mes interventions ce que
j'aurais dit normalement, à ce moment-ci. Je vous demanderais de mettre
l'amendement aux voix.
M. Scowen: Un dernier mot, parce que vous avez mal donné
la réplique à mes commentaires et je ne veux pas prolonger le
débat, mais je veux simplement, en guise de résumé, vous
dire que je n'ai pas du tout suggéré qu'on mettre la clé
dans la porte de l'usine de Longueuil. La question n'était pas à
savoir si on devait faire cet investissement, mais quand. Je pense que, si vous
reprenez mes commentaires, ce serait assez clair, le sens dans lequel je
parlais.
M. Duhaime: Je comprends très bien. J'ai mal
été saisi; je n'ai pas dit que vous aviez dit cela. J'ai dit que,
dans mon esprit, la logique de vos propos devrait normalement vous conduire
à fermer.
M. Scowen: Au contraire, c'est un investissement qui,
semble-t-il, est un bon investissement, cela doit se faire. Mes propos sont
à savoir que
cela doit se faire après que les problèmes de base seront
réglés. Je ne veux pas éterniser le débat, alors,
je vais arrêter là, mais je pense que c'est assez clair.
M. Duhaime: On comprend maintenant clairement pourquoi on ne se
comprend pas. Je vous demanderais de mettre l'amendement aux voix, M. le
Président, à moins qu'il n'y ait des interventions.
M. Goulet: Vous avez rendu votre décision, M. le
Président, sur la recevabilité de l'amendement. Je ne veux pas
revenir sur la décision, mais j'aurais aimé que vous relisiez les
notes explicatives du projet de loi lui-même, quand on parlait de
l'acquittement complet; c'était seulement pour cela. Vous avez rendu
votre décision, je voulais vous le souligner avant.
Le Président (M. Laberge): II y avait ce petit facteur,
évidemment, mais j'ai consulté concernant l'amendement
globalement et des conseillers parlementaires m'ont dit que, comme il
s'agissait globalement de ne pas renverser un principe du projet de loi, mais
de réduire sa portée, c'était recevable pour
discussion.
J'appelle la mise aux voix de la motion d'amendement à l'article
2 proposée par le député d'Outremont, amendement qui a
été lu.
M. Goulet (Bellechasse)?
M. Goulet: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. Gosselin (Sherbrooke)? M.
Michaud (Laprairie)? M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Mercier (Berthier)?
M. Mercier: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) ?
M. Scowen: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Shaw (Pointe-Claire)? M.
Duhaime (Saint-Maurice)?
M. Duhaime: Contre.
Le Président (M. Laberge): L'amendement est donc
rejeté par deux voix contre cinq.
M. Duhaime: On revient donc à l'article tel que
proposé dans le projet de loi, M. le Président. Je pourrais
peut-être ajouter un élément d'information parce que je
pense que plusieurs voudront, sans aucun doute, lire les échanges de
propos que nous avons à cette commission. Je voudrais peut-être
revenir sur l'exemple utilisé par le député d'Outremont au
sujet d'Algoma. Le ratio dettes à long terme par rapport au fonds propre
est de 0.48 à 1. Je voudrais faire attention dans la présentation
du ratio parce que je pense que quand nous avons utilisé ces ratios,
l'autre jour, nous les avons inversés. (11 h 30)
Je voudrais donner les chiffres que nous avons: Pour Algoma, au 31
décembre 1977: dette à long terme: $268 millions par rapport
à $560 millions pour le fonds propre, ce qui nous donne .48 à 1.
Dofasco, au 31 décembre 1977: dette à long terme, $358 millions
par rapport à des fonds propres de $679 millions, ce qui nous donne le
ratio de .53 à 1. Stelco, au 31 décembre 1978, dette à
long terme, $500 millions, fonds propre, $953 millions, pour un ratio de .5
à 1. SIDBEC, 31 décembre 1978, et cela inclut, bien sûr,
dans la dette à long terme, la part dans SIDBEC-Normines: dette à
long terme, $506 millions, fonds propres de $329 millions, ce qui nous donne un
ratio de 1.5 à1.
Ce tableau illustre, à mon sens, très bien le mal dont
souffre SIDBEC, à sa face même, d'une sous-capitalisation. Par
hypothèse, si on décidait d'ajouter $600 millions dans les fonds
propres de SIDBEC... Le député d'Outremont, je suis parfaitement
d'accord avec son raisonnement que, à des fins comptables, dans la
réalité des choses, peut-être qu'il n'y en aurait pas
tellement de changées mais, sur le plan comptable et sur le plan de
l'analyse financière, il va y avoir des choses de changées.
Autrement dit, pour être en mesure de rejoindre le ratio d'Algoma, il
faudrait porter les fonds propres de SIDBEC à peu près au niveau
des fonds propres de Stelco, autour de $950 millions; c'est une
hypothèse. Pour rejoindre le ratio .5 à 1 qu'on retrouve dans
Stelco et .48 à 1 dans Algoma arrondi c'est .5 ce qu'on
fait avec le projet de loi c'est qu'on investit dans le capital-actions, donc
dans les fonds propres, et cet argent, une fois investi, sert à baisser
la dette à long terme, comme je l'ai expliqué tantôt.
Autrement dit, on tente de diminuer le ratio ou le coefficient 1.5 sur la dette
à long terme de façon à se rapprocher de ce que nos
concurrents peuvent affirmer à leur bilan.
M. Raynauld: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je suis d'accord en
général avec les chiffres qui viennent d'être donnés
sauf pour SIDBEC. Pour SIDBEC, la dette à long terme ce n'est pas $506
millions, c'est $386 millions. Dans cette dette à long terme, les
inves-
tissements dans SIDBEC-Normines sont inclus, comme c'est indiqué
aux notes comptables qui apparaissent plus loin dans le rapport annuel. C'est
$386 millions, cela ne change pas essentiellement la... Les $506 millions, je
ne sais pas d'où ils viennent mais c'est $386 millions pour une valeur
nette de $330 millions, ce qui me donne un rapport d'à peu près
1.
M. Duhaime: Est-ce qu'on peut vous donner l'explication tout de
suite?
M. Raynauld: Oui j'aimerais cela mais je...
M. Duhaime: Tout de suite après je vous redonne la parole.
C'est peut-être pour vous éviter de bâtir un raisonnement.
Dette à long terme (note 6) qui apparaît au 31 décembre
1978: $385 978 000; arrondi, cela fait $386 millions. Quelques lignes plus haut
vous allez voir: Dette à long terme échéant en
deçà d'un an: $119 millions; alors, mettez $120 millions, ce qui
vous donne les $506 millions. Les autres compagnies que j'ai
mentionnées, Stelco, Algoma et Dofasco, ont utilisé la même
méthode comptable, de sorte que les chiffres que je vous ai
mentionnés sont comparables.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je note à ce moment que la différence
n'est pas due à des investissements dans SIDBEC-Normines, c'est sur
l'interprétation de la dette à long terme, où vous ajoutez
un autre élément du passif. Enfin, on peut bien le faire comme
cela si on veut...
M. Duhaime: M. le député d'Outremont, ce serait
important qu'on s'entende sur des prémisses, peu importe la conclusion.
Mais, pour moi, le passif à long terme dans SIDBEC, de la façon
qu'il est présenté ici avec notre méthode comptable, qui
est la même que celle utilisée par nos concurrents dans le
même domaine, nous donne $506 millions. Si on ne s'entend pas sur le fait
que $506 millions est un chiffre qui existe, on va recommencer.
M. Raynauld: J'ai un peu d'hésitation, j'avoue, à
l'accepter, parce qu'on nous a dit que, dans les $119 millions de dettes
à long terme échéant en deça d'un an, une bonne
partie des $102 millions qu'on nous propose de verser, cela viendrait
éponger cette soi-disant dette à long terme échéant
en deçà d'un an. On sait quel est le contenu des $102 millions.
Ce sont des...
M. Duhaime: C'est exact. Si vous relisez les tableaux que je vous
ai faits...
M. Raynauld: Alors, des emprunts bancaires, vous appelez cela une
dette à long terme?
M. Duhaime: Non... excusez.
M. Raynauld: Dans les $102 millions, il y a des emprunts
bancaires.
M. Duhaime: Allez au tableau 3 qu'on appelle "remboursements de
dettes à long terme". Vous en avez pour $12 millions. Caisse de
dépôt ou débentures, $5 002 000. Alors, suivant ce que j'ai
en main comme chiffres, $12 004 000, c'est bel et bien une dette à long
terme et je ne pense pas que les $13 002 000 que l'on retrouve, par exemple,
pour réduire l'emprunt de banque de SIDBEC-Normines soient dans la dette
à long terme. On baisse notre marge de banque, les partenaires et nous.
Nos partenaires dans SIDBEC-Normines vont diminuer leur marge d'emprunts de
banque. J'imagine que cela va être le genre d'emprunt appelable au
téléphone de $26 004 000. Nous faisons l'opération
suivante, en utilisant les $102 millions. Il y a une partie qui s'applique sur
la dette à long terme, de sorte j'ai $12 millions; c'est cela.
M. Raynauld: $12 millions. Tout le reste, on nous a dit que cela
allait pour réduire. J'ai vu une note ici: $119 millions, dont $102
millions seraient utilisés pour réduire cette partie. En
réalité, il y a seulement $12 millions qui réduisent la
dette à long terme. Le reste ne va pas réduire la dette à
long terme. C'est dans ce sens que je dis... Vous l'avez sur le tableau. C'est
cela. C'est le tableau numéro 3.
M. Duhaime: Pour le gouvernement, on entend... Ce n'est pas
exactement la même chose qu'on retrouve dans le secteur privé. Une
dette à long terme pour les fins du gouvernement, c'est toute dette
au-delà d'un an.
M. Scowen: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je porte à l'attention du ministre...
M. Duhaime: Pour l'information du député
d'Outremont, n'étant pas un comptable, je ne suis pas familier avec tous
ces concepts et ces notions. Mais les avances qui ont été faites
en 1979, par exemple, au-delà d'un an, pour le gouvernement, c'est une
dette à long terme. Mais quand on parle de rembourser les avances, par
exemple, pour les fins comptables et dans le vocabulaire utilisé par les
comptables, cela devient une dette à long terme. On dépasse les
$12,4 millions. Il faudrait peut-être ajouter d'avance à
SIDBEC-Normines $13,2 millions. Il faudrait possiblement ajouter aussi les
intérêts sur les avances, puisqu'au-delà d'un an c'est du
long terme. Alors, il y en a une brochette d'au-delà de $36 millions
à sa face même.
M. Scowen: Je veux porter à l'attention du ministre qu'il
existe deux moyens de changer ce ratio de dettes acquittées. L'un c'est
d'investir des
fonds nouveaux et l'autre, c'est de faire les profits. Je pense que ce
n'est pas sans raison que je porte cette dette à l'attention. Le
gouvernement du Québec a été assez généreux
jusqu'ici avec SIDBEC. Ils ont reçu $500 millions et plus d'actions
acquittéss. $200 millions sont perdus. Alors, le ratio est maintenant
basé sur une équité, un investissement de $300
millions.
En fait, c'est environ $500 millions qui ont été investis.
Dans le cours d'un projet industriel normal, quant à moi, si vous avez
perdu $200 millions au début d'une aciérie, vous l'avez fait,
présumément, parce que, à un moment donné, vous
prévoyiez des profits. Vous le comparez avec une société
comme Stelco, une compagnie privée. Dans le secteur privé
aujourd'hui, les investisseurs diraient: Ecoutez, oui, la relation de
dette-équité n'est pas très forte. Mais ce n'est pas le
moment d'investir des fonds additionnels. Nous avons déjà fait
notre part. Vous avez demandé des aciéries, vous les avez eues.
Vous avez demandé une mine à boulettes, vous l'avez eue. Vous
avez demandé une compagnie dans la ferraille, vous l'avez eue.
Maintenant, c'est à vous de changer ce ratio avec votre performance.
C'est une autre façon de voir la réalité que vous
décrivez, la comparaison entre les ratios. Mais, pour moi, c'est
beaucoup plus réaliste de demander à M. De Coster et
l'équipe de retourner les $200 millions. En le faisant, ils vont
restaurer en grande partie ce ratio.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre? Cela va?
L'article 2 sera-t-il adopté?
M. Raynauld: Appel nominal.
Le Président (M. Laberge): Appel nominal. Sur l'article 2,
tel qui se lit au projet de loi... M. Goulet (Bellechasse).
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Laberge): M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Michaud (Laprairie). M. Perron (Dup-plessis).
M. Perron: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. Lefebvre (Viau).
M. Lefebvre: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Mercier (Berthier).
M. Mercier: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Raynauld (Outremont).
M. Raynauld: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
M. Scowen: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Shaw (Pointe-Claire), M.
Duhaime (Saint-Maurice).
M. Duhaime: Pour.
Actions additionnelles à dividende
différé
Le Président (M. Laberge): L'article 2 est adopté
sur division. J'appelle l'article 3. Il se lit comme suit: "Ladite loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 5 du suivant: "5.1:
Quinze millions d'actions à dividende différé
additionnelles sont attribuées à Sa Majesté du chef de la
Province au prix de $150 000 000".
M. Duhaime: Je n'ai rien à ajouter là-dessus, M. le
Président. Je pense que tout à l'heure, lors de nos
échanges, nous l'avons largement abordé, de mon point de vue en
tout cas.
Le Président (M. Laberge): L'article 3 sera-t-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
L'article 4 se lit comme suit: "Ladite loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 8 du suivant: "8.1: En paiement du prix pour les actions
attribuées en vertu de l'article 5.1, le ministre des Finances est
autorisé à payer à SIDBEC, sur le fonds consolidé
du revenu, une somme de $150 000 000 pour 15 000 000 d'actions
entièrement acquittées de son capital social pour lesquelles la
compagnie lui remettra des certificats en retour de ces paiements. "Ce paiement
peut être fait en un ou plusieurs versements."
L'article 4 sera-t-il adopté?
M. Duhaime: Adopté, M. le Président. M.
Raynauld: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld:A l'article 4, il y a une difficulté à
nos yeux qui est due au changement de phraséologie par comparaison avec
la loi antérieure et par rapport à toutes les autres que je
connais. On introduit, ici, un autre concept qui est celui que le ministre des
Finances est "autorisé" à payer plutôt que "chargé"
de payer à SIDBEC. (11 h 45)
Par exemple, si on voit la loi actuelle, il est indiqué que "le
ministre des Finances paie à SIDBEC, sur le fonds consolidé du
revenu, les montants suivants". Ici, on donne une autorisation au ministre des
Finances, et le fait qu'on dise qu'il est autorisé à payer sur le
fonds consolidé du
revenu et qu'on ne mentionne pas les versements, cela veut dire que le
ministre peut faire ces versements à sa discrétion sans que cela
apparaisse ni au discours sur le budget, ni dans le projet de loi. Je crois que
c'est un changement extrêmement important qui est apporté; je ne
sais pas si ce changement a vraiment été pesé, mais il y a
un changement de procédure parlementaire qui est impliqué
là-dedans. Ce changement me paraît excessif et j'aurais de
beaucoup préféré que l'on suive la pratique qui a
été suivie jusqu'à maintenant de mentionner les montants,
de charger le ministre de payer, comme c'était le cas jusqu'à
maintenant.
Si le gouvernement veut garder la flexibilité qu'il
désire, à ce moment-là, je suggérerais qu'on dise:
Le ministre des Finances est autorisé à payer, mais pas à
même le fonds consolidé du revenu. Il est autorisé à
payer, le moment viendra où il devra payer et, à ce
moment-là, il faudra que ce soit une mesure qui passe par
l'Assemblée nationale, soit à l'occasion du discours sur le
budget, soit à l'occasion d'un autre projet de loi. Mais je ne vois pas
pourquoi on se donne, tout à coup, un pouvoir énorme
d'autorisation sans qu'on sache quels sont les montants qui sont
versés.
Je regrette que mon collègue de Saint-Laurent ne soit pas ici, il
est plus familier que moi avec les procédures, mais il m'a bien
chargé de souligner cela au ministre, parce qu'il a pensé que le
ministre serait sensible à ce genre d'argument. Ce n'est pas pour faire
de l'obstruction, mais il est clair et net que, jusqu'à maintenant, on
n'a jamais procédé de cette façon. Ce n'est pas comme cela
qu'on a procédé; on disait: Sur le fonds consolidé du
revenu, on va prendre telle et telle somme indiquée j'ai ici des
articles qui se rapportent à la loi actuelle, de 1977, et ces fonds sont
indiqués nommément. Il n'y a pas cette autorisation
générale qui, ensuite, est laissée en plan. La même
procédure que celle qui a été suivie jusqu'à
maintenant s'applique aussi en ce qui concerne la SGF.
M. Duhaime: Avez-vous regardé la SNA? M. Raynauld:
La? M. Duhaime: SNA.
M. Raynauld: SNA, non, je ne l'ai pas regardée.
M. Duhaime: C'est la même chose que vous allez retrouver
à l'article 8a pour ce qui est de la SNA. On ne crée pas le
précédent aujourd'hui.
M. Raynauld: Oui, mais, là, on en a deux, on a la SGF et
SIDBEC, jusqu'à maintenant, où on avait trouvé
nécessaire de mentionner les sommes, tandis que, maintenant, on dit: Le
ministre des Finances est autorisé à payer.
Si je me souviens bien, la SNA, c'est une autorisation à payer
qu'on avait laissé passer, à ce moment-là, parce que, dans
ce cas, il n'était pas possible de faire autrement. Il s'agissait d'une
expropriation ou d'un achat de gré à gré dont le prix
n'était pas fixé. Alors, on dit: C'est $200 millions et le
ministre est autorité à verser une somme jusqu'à
concurrence de $200 millions. Alors on peut certainement faire le rapprochement
avec les $150 millions qui sont ici. Il reste que, là, il y avait des
raisons pour le faire, des raisons, peut-être, qui étaient bien
plus pé-remptoires, si je puis dire, que cela peut être le cas
ici.
A ce moment, on ne pouvait faire autrement. On exproprie une
société, on achète une société et on dit
qu'on ne peut pas fixer de montant, et là on a autorisé le
ministre des Finances à dépenser jusqu'à concurrence de
$200 millions. Mais ici, ce n'est pas le cas, et il me semble que ce serait une
habitude extrêmement dangereuse à prendre que de donner des
autorisations comme celles-là avec lesquelles, ensuite, le ministre des
Finances peut retarder des versements et lés faire moins rapidement et,
dans un cadre général, bien sûr, avec une somme maximale de
$150 millions. Mais il n'y a rien qui nous dit que ces versements vont
être faits à une date donnée et je trouve que c'est une
flexibilité excessive. Quand on engage des fonds, il faudrait quand
même qu'on sache quand ces fonds vont être versés.
C'était comme cela jusqu'à maintenant.
M. Duhaime: Voulez-vous parler là-dessus aussi, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce? Non. Je comprends bien
l'explication que nous fait le député d'Outremont, j'ai pris la
bonne précaution d'apprendre que c'était un des points que
voulait soulever le député de Saint-Laurent. Je vais prendre un
exemple pour essayer de procéder par analogie. Quand l'Assemblée
Nationale vote le budget pour chacun des ministères, chacun des
ministères est autorisé à dépenser, en cours
d'année, des montants X, Y, Z, sur des programmes. Cela ne veut pas dire
que les ministres sont obligés de tout dépenser, mais ils ne
peuvent pas dépenser pour des fins autres que celles identifiées
dans chacun des programmes. A l'intérieur d'un même programme, on
peut virer des fonds sur des éléments de programme mais on ne
peut pas déplacer des fonds d'un programme à un autre programme.
Même le Conseil du trésor ne pourrait pas le faire, il faudrait
à ce moment revenir devant l'Assemblée Nationale.
Alors, ici il se produit ceci: Dans votre hypothèse, si je
comprends, bien vous dites "autorisé à" mais pas sur le fonds
consolidé, ce qui laisserait supposer, en tout cas dans mon esprit, une
nouvelle loi et un nouveau débat devant l'Assemblée Nationale,
cela c'est une possibilité, ou encore qu'on maintienne le texte que nous
retrouvons actuellement. Au lieu de lire: "Le ministre des Finances est
autorisé à payer " ce serait "Le ministre des Finances paie",
cela réglerait votre problème. Voici pourquoi nous avons
introduit cela. Avant de payer, même si le ministre des Finances est
autorisé, je pense que nous nous rendons en quelque sorte à
l'argumentation qui a
été logiquement déployée au cours des
derniers mois sinon au cours des dernières années que les partis
de l'Opposition ont souhaité que le gouvernement augmente son
contrôle effectif sur les sociétés d'Etat. C'est un moyen
de le faire. Le ministre des Finances, en étant autorisé
à, prévoit dans son budget un montant X et, avant de payer, il va
exercer ses mécanismes de contrôle.
Dans le cas qui nous occupe, c'est un ministre de tutelle qui s'occupe
d'une société d'Etat, ce n'est pas une marge de manoeuvre que
l'on donne au ministre des Finances. Il ne peut pas dépenser plus que ce
qui est autorisé par la loi. Mais il est évident que si, à
tout hasard, la somme de $150 millions n'était pas totalement requise,
le ministre des Finances ne va payer que le montant; supposons qu'il reste $5
millions, ce serait sur ce poste budgétaire un montant
périmé qui pourrait être viré ailleurs à
l'intérieur du même programme. S'il n'y avait pas d'autres postes
de dépenses à payer à l'intérieur de ce même
programme, cela va être un crédit périmé, purement
et simplement.
Le Président (M. Laberge): Alors, l'article 4 sera-t-il
adopté?
M. Raynauld: M. le Président. Je voudrais réagir
très brièvement. Je pense que même avec la formulation qui
existait jusqu'à maintenant, il n'y a jamais eu d'obligation absolue de
faire des versements, même quand ils sont indiqués. Il y a
toujours des conditions, soit par règlement ou autrement, des conditions
qui peuvent être mises par le gouvernement dans l'administration courante
qui font qu'on pourrait suspendre le paiement si ces conditions
n'étaient pas remplies. Ce qui me frappe, là-dedans, c'est
qu'encore une fois on va se retrouver avec des espèces de crédits
statutaires. Cela va être des crédits statutaires, et rendus au
budget, dans les comptes, cela va être des fonds, on n'aura pas à
voter là-dessus, on dira qu'en vertu de la loi, il y a $150 millions qui
ont été autorisés et cela va apparaître comme
crédits statutaires.
Cela, c'est quand même un changement considérable par
rapport à la pratique qui a été suivie jusqu'à
maintenant. Je trouve que c'est une discrétion qui est, en fait, un
précédent parce que celui de la Société nationale
de l'amiante, on ne l'a pas perçu comme un précédent, on
l'a perçu comme nécessité à ce moment, à
cause des circonstances particulières de ce cas.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Si vous me permettez, j'ajouterai simplement un mot.
Le ministre a expliqué en ses termes pourquoi il peut utiliser une telle
façon, mais il n'a pas expliqué pourquoi c'est nécessaire,
tenant compte du fait que les paiements antérieurs étaient faits
d'une autre façon. Pourquoi est-il nécessaire maintenant de
changer le système qui a toujours existé à
l'intérieur de SIDBEC? Qu'est-ce qui est changé? Pourquoi est-il
essentiel de faire ce changement, à ce moment? La nature des paiements,
c'est à peu près la même chose; ce n'est pas le même
temps qu'avant. Pourquoi ne pas utiliser la même nomenclature, la
même façon qu'avant? Qu'est-ce qu'il y a de changé?
M. Duhaime: Est-ce que je pourrais ajouter un autre
élément de réponse à ce que j'ai donné tout
à l'heure? Dans l'hypothèse où on dirait: Le ministre des
Finances paie, à partir du moment où la loi est votée,
SIDBEC pourrait escompter, auprès d'une gestion financière,
immédiatement le montant. C'est un montant payable. Etes-vous d'accord
avec moi pour dire, plutôt que "paie", "est autorisé à
payer", que, une fois la loi votée, SIDBEC ne peut pas escompter? Est-on
d'accord avec cela? Ce qui signifie que, au moment de la dépense, qui
pourra s'échelonner sur plusieurs mois, le ministre des Finances va
poser ses questions. Et c'est ce qui fait partie de ce que j'appelle, moi
et je pense rejoindre le chef de l'Union nationale là-dessus et
le député de Bellechasse non pas tout simplement donner un
chèque en blanc, mais ce que vous vouliez, que le gouvernement augmente
son contrôle sur les sociétés d'Etat. Dans mon esprit,
c'est une façon de l'augmenter.
M. Scowen: En effet, c'est un effort pour augmenter le
contrôle du gouvernement sur l'administration de la
société.
M. Duhaime: Une société d'Etat.
M. Scowen: C'est la raison qui, à vos yeux, justifie le
changement...
M. Duhaime: Une des raisons.
M. Scowen:... de la pratique existante. Est-ce que c'est
cela?
M. Duhaime: C'est une des raisons. Je retiens la première
également, alors même que nous avons demandé un plan de
redressement, je pense qu'il faut qu'on fasse un suivi.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Moi, j'avais vu, M. le Président, "l'autorise
à payer, mais ne l'oblige pas à payer". C'est cela la
différence que j'avais perçue là-dedans.
Le Président (M. Laberge): L'article 4 sera-t-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 5. L'article 5 dit: "L'article 9 de ladite loi est remplacé
par le suivant: "9. Les articles 66 à 70 de la Loi sur les compagnies ne
s'appliquent pas à la compagnie à l'égard des actions
visées aux articles 3, 4, 5 et 5.1."
Cet article 5 sera-t-il adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Objet de la compagnie
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 6 se
lit comme suit: "Ladite loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 9, des suivants: "9.1: La compagnie a pour objet de poursuivre
l'exploitation d'un complexe sidérurgique, seule ou avec des
partenaires, dans le but d'assurer, dans des conditions de rentabilité,
la consolidation et l'expansion de ses opérations, tout en permettant le
développement d'entreprises industrielles consommatrices d'acier au
Québec. "9.2: La compagnie doit faire approuver par le gouvernement son
plan de développement. "Le gouvernement détermine la forme et la
teneur générale du plan de développement ainsi que
l'époque à laquelle celui-ci doit être
présenté. "9.3: Le ministre désigné
conformément à l'article 11 peut émettre des directives
portant sur les objectifs et l'orientation de la compagnie dans
l'exécution des fonctions qui lui sont confiées par la loi. "Ces
directives doivent être soumises au gouvernement pour approbation. Si
elles sont ainsi approuvées, elles lient la compagnie qui est tenue de
s'y conformer. "Une directive émise en vertu du présent article
doit être déposée devant l'Assemblée nationale dans
les quinze jours de son approbation par le gouvernement. (12 heures) "Si la
directive est émise alors que l'Assemblée nationale ne
siège pas, la directive doit être déposée devant
elle dans les quinze jours de l'ouverture de la session suivante ou de la
reprise de ses travaux, selon le cas. "Les tiers ne sont pas tenus de voir
à l'application du présent article qui ne peut être
invoqué par eux ou contre eux."
Cet article 6 sera-t-il adopté?
M. Goulet: M. le Président, je ne sais pas si mes
collègues ont quelque chose à dire. Moi, j'aurais quelque chose
à dire.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse. M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, d'abord, je
suggérerais de prendre les paragraphes un par un: 9.1, 9.2 et 9.3. Si
cette procédure est acceptée, j'aimerais dire quelques mots sur
9.1 pour commencer.
M. Duhaime: D'accord.
Le Président (M. Laberge): Cela va.
M. Raynauld: Sur le paragraphe 9.1, il y a une
ambiguïté dans la formulation de cet article qui nous embarrasse,
de ce côté-ci. Cette ambiguïté se rapporte au bout de
phrase qui termine le paragraphe. Cela se lit: La compagnie a pour objet de
faire des choses, "tout en permettant le développement d'entreprises
industrielles consommatrices d'acier au Québec." Ou bien cela fait
partie de l'objet de la compagnie de permettre un développement
d'entreprises industrielles consommatrices d'acier, ou cela veut dire aussi que
la compagnie, parce qu'elle a cet objet-là, devrait construire des
usines ou d'autres entreprises, avoir des filiales d'entreprises qui seraient
consommatrices d'acier. J'ai l'impression que ce n'est pas cela, l'intention.
Mais il reste que ce "tout en permettant" est vraiment une expression
ambiguë. Je me demandais si ce ne serait pas beaucoup plus clair d'enlever
tout ce bout de phrase et laisser ce qui est directement l'objet de la
compagnie qui serait de poursuivre l'exploitation d'un complexe
sidérurgique, seule ou avec des partenaires, dans le but d'assurer, dans
des conditions de rentabilité, la consolidation et l'expansion de ses
opérations. Le paragraphe pourrait se terminer là. Autrement dit,
sous le couvert d'une espèce de permission tout en permettant,
cela veut dire quoi au juste? en tout cas, on ne le sait pas sous le
couvert de cette permission, cela deviendrait un objectif de la compagnie que
de faire de l'expansion au niveau de la consommation de l'acier qu'elle
produit.
M. Scowen: Si je peux ajouter juste un mot aux commentaires de
mon collègue, à moins que je ne comprenne pas le sens du mot
"permettre", c'est un peu la même chose que ne pas empêcher. Ce
n'est pas quelque chose de très positif. Ce n'est pas encourager, ce
n'est pas stimuler. Permettre a pour effet simplement de ne pas empêcher.
Je ne peux pas imaginer comment le développement d'un complexe
sidérurgique peut avoir l'effet d'empêcher ou réduire les
entreprises industrielles consommatrices d'acier au Québec. C'est
contradictoire. En effet, je suis d'accord avec mon collègue que, si
nous ne voulons pas utiliser le mot "encourager", "stimuler" ou quelque chose
de positif qui va apporter un sens complètement différent
à l'objectif de SIDBEC sur lequel, j'imagine, nous sommes tous d'accord
que ce n'est pas un objectif valable, je ne vois pas comment on peut même
laisser ce bout de phrase, parce que c'est un non-sens.
M. Duhaime: Cela va vous étonner mais, pour une fois, je
vais être d'accord avec vous. Si vous me permettez peut-être
que cela va disposer d'une intervention possible du député de
Bellechasse sur cette question je voudrais dire que les mots
utilisés dans le dernier membre de phrase ne rendent pas l'intention que
nous avons. Il s'agit de voir si l'on ne peut pas trouver le mot. Dans la
problématique d'ensemble de bâtir au Québec un complexe
sidérurgique, il est évident que ce que le gouvernement
recherche, dans un premier temps, c'est l'existence même du complexe et
sa propre production et, ensuite, son effet d'entraînement le plus large
possible dans le secteur industriel connexe.
Je suis d'accord avec vous pour dire que si on retenait "tout en
permettant le développement", ça laisse supposer que le
gouvernement a le droit de l'empêcher; ce qui est tout à fait
inexact. Il est dommage que le "député Boileau" ne soit pas parmi
nous, on aurait sûrement plus rapidement le mot juste! Mais ça
m'apparaîtrait important que l'on maintienne dans l'article 9.1, parmi
l'objet de SIDBEC, cette intention du gouvernement d'avoir un effet
d'entraînement. Si je vous suggérais d'utiliser je pense
que c'est le député de Notre-Dame-de-Grâce qui vient de le
mentionner l'expression "tout en encourageant le développement
d'entreprises industrielles consommatrices d'acier au Québec", je ne
pense pas que l'on puisse se servir de cette expression pour faire autre chose
qu'encourager. Ce serait en tout cas beaucoup plus proche de l'intention que
nous avons à ce moment-ci.
Ce que le député d'Outremont suggère, ce serait de
laisser tomber le membre de phrase. Je pense que ce serait dommage que de le
laisser tomber, parce que la raison fondamentale qui a fait que les
gouvernements qui se sont succédé au Québec, dans le
passé, ont décidé de mettre sur pied un complexe
sidérurgique et ensuite d'augmenter les investissements un des
objets principaux que j'ai pu lire et retrouver à travers les discours
de tous les ministres qui ont eu la responsabilité de ce dossier et les
députés qui sont intervenus dans le dossier depuis le
début a toujours été un des objectifs que, par le
biais de la mise en place et d'opération d'un complexe
sidérurgique, on voulait avoir l'effet d'entraînement le plus
large.
Je vous donne l'intention que nous avons et si vous jugez que "tout en
encourageant" va trop loin, je suis parfaitement d'accord avec vous pour
essayer d'ajuster les mots bien précis pour rendre notre pensée,
mais je pense que ce serait dommage de laisser tomber tout le membre de
phrase.
Le Président (M. Laberge): J'ai pris connaissance...
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): ... de votre suggestion
d'amendement. Maintenant nous allons entendre le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui, très rapidement. Je me demande si on ne
pourrait pas tout simplement biffer les mots après le mot
"opérations", à la quatrième ligne de l'article 9.1, dans
le sens des affirmations du député d'Outremont. Lorsque, en 1969,
SIDBEC a été fondée, M. le Président,
c'était son but premier, ça faisait partie des buts de SIDBEC,
c'était la raison d'être de SIDBEC. Le mandat qu'on avait
confié à SIDBEC était de favoriser le développement
de l'industrie secondaire consommatrice d'acier dans le but d'améliorer
la structure manufacturière du Québec. Si, aujourd'hui, elle ne
l'encourage pas vous allez dire trop fort casse pas alors que la
raison première de la création de SIDBEC était de
favoriser le développement de l'industrie secondaire consommatrice
d'acier dans le but d'améliorer la structure manufacturière, je
ne pense pas qu'on doive changer l'orientation de SIDBEC, c'était le but
premier de SIDBEC.
Je n'ai pas objection à ce qu'on mette "encourager", mais c'est
justement sa raison d'être d'abord, bien plus que de produire de l'acier.
Alors je pense qu'en arrêtant à "expansion de ses
opérations", naturellement qu'elle va encourager le
développement. Même quand on l'a créée, en 1969,
c'était exactement ce qu'on lui demandait de faire, et je ne pense pas
qu'on ait changé son orientation, c'était sa raison
d'être.
M. Raynauld: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Berthier m'avait demandé la parole.
M. Mercier: M. le Président, moi aussi j'ai
été intrigué par ce bout de phrase et j'aimerais apporter
ici, par un exemple bien concret, le genre de situation qui semble se produire
et pour laquelle j'aimerais bien avoir les commentaires du ministre. Il existe,
dans mon comté, une entreprise qui s'appelle la compagnie Polcan qui
fabrique des poteaux en acier pour l'éclairage; c'est l'ancienne
compagnie Polcan qui est devenue Berfab maintenant. Lorsque cette entreprise a
été restructurée, il y a à peu près deux
ans, j'avais été un peu surpris, à l'occasion d'une
discussion avec les nouveaux propriétaires de la compagnie, d'entendre
ces derniers se plaindre de ce que la compagnie SIDBEC refusait de les
approvisionner en acier.
Cela les laissait dans une situation difficile, parce que, disaient-ils:
Comme on a des contrats avec le gouvernement et que ces contrats exigent de
s'approvisionner en produits du Québec, la compagnie SIDBEC refusant de
nous vendre ses aciers, on est obligé de s'approvisionner en Ontario et
cela crée des situations difficiles.
Alors, à l'époque, j'avais communiqué avec le
vice-président aux relations publiques de la compagnie SIDBEC qui
m'avait dit: Je vais en parler au directeur des ventes et, finalement, j'avais
eu une réponse très confuse. On me disait: C'est peut-être
la marge de crédit ou des choses semblables. Il n'y a pas longtemps, il
y a quelques mois, je rencontrais les propriétaires de la compagnie et
je leur ai posé la question: Est-ce que c'est réglé? Cela
me semblait évident. Ils m'ont dit que non, que la situation se
poursuivait toujours et qu'ils devaient toujours s'approvisionner en Ontario,
parce que, apparemment, la compagnie SIDBEC était dans
l'incapacité de fournir ces aciers, la production étant promise
par des contrats. C'est une entreprise typiquement québécoise qui
a été mise sur pied avec des fonds de la SDI, qui a
été remise sur pied il y a deux ans avec des capitaux
québécois et des ententes de crédit avec la
Société de développement industriel. Je trouve cette
situation un peu bizarre, celle où une entreprise, qui entre
parfaitement dans cette catégorie, ait eu des difficultés
et ait encore des difficultés à s'approvisionner en acier de la
compagnie SIDBEC. J'aimerais avoir les commentaires du ministre sur ces...
M. Duhaime: Je peux répondre tout de suite. Je m'excuse
auprès de mon collègue, parce que j'ai quatre oreilles. Je
voudrais simplement dire ceci: En période de haute conjoncture, comme
c'est le cas actuellement, SIDBEC, avec sa clientèle
régulière, est obligée d'attribuer des quotas. C'est la
seule explication. Le jour où nous aurons fait les investissements
proposés par le projet de loi no 73 et que nous aurons augmenté
la capacité d'aciérage à Longueuil, par exemple, et en
même temps augmenté la capacité du laminoir, nous pourrons
régler le problème du député de Berthier et de
l'usine dans son comté, parce que nous allons augmenter la
production.
Maintenant, sur l'amendement, si vous me permettez une autre suggestion,
au lieu de... Je la formulerai tout à l'heure formellement, si ça
vous va; j'aimerais bien qu'on s'entende là-dessus, parce que je pense
qu'on a en tête les mêmes choses. Au lieu de dire "tout en
permettant", on pourrait biffer les trois mots et, après "de ses
opérations", ajouter "de telle sorte que soit encouragé le
développement d'entreprises industrielles consommatrices d'acier au
Québec". Je vous fais remarquer que, lorsque la première loi qui
a constitué SIDBEC, le chapitre 77 sanctionné le 5 juillet 1968
et non pas 1969 c'est toujours sous votre gouvernement, M. le
député de Bellechasse, de toute façon le
troisième attendu je vous lis l'attendu; à
l'époque, ces attendus, faisaient partie du préambule
"Attendu qu'afin de permettre à SIDBEC d'établir un complexe
sidérurgique intégré, il est opportun de modifier sa
structure corporative et de pourvoir à l'attribution d'actions à
Sa Majesté, du chef de la province, de même qu'au paiement de ces
actions." Alors, on parle de sanctionnement: "permettre à SIDBEC
d'établir un complexe sidérurgique intégré" et le
préambule ne fait pas référence à l'effet
d'entraînement. Mais je pense que tous ceux qui ont eu à discourir
là-dessus ont parlé d'effet d'entraînement et il nous est
apparu nécessaire de l'introduire. Mais je voudrais que nos intentions
soient bien claires une formule ou l'autre et je pense que ce
serait plus clair de retenir "de telle sorte que soit encouragé", le
"soit encouragé" étant l'illustration de ce que nous avons dans
le premier membre du paragraphe.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que c'est une
amélioration sur la rédaction précédente. Il serait
bien clair, avec cette nouvelle formulation, que SIDBEC ne deviendra pas une
entreprise d'automobiles, par exemple. (12 h 15)
M. Duhaime: Non, parce que l'objet premier, c'est de poursuivre
l'exploitation d'un complexe sidérurgique. L'entreprise automobile
n'étant pas partie intégrante du complexe, je pense que vous avez
votre réponse.
M. Raynauld: C'était cela qui était
l'ambiguïté que je voyais au départ. Je pense qu'en disant
cela de cette façon, de telle sorte que soit encouragé... Je
pense que l'ambiguïté est disparue en grande partie. Ce qui
m'inquiétait et je le répète pour que ce soit bien
clair dans l'esprit de tout le monde c'est que je ne voudrais pas
qu'à l'occasion d'un article comme celui-là, on se trouve
à élargir l'objet de la compagnie.
M. Duhaime: Vous ne voulez pas qu'on achète Chrysler, si
je comprends bien!
M. Raynauld: Non, c'est justement cela. Je voudrais
éviter... Dans le sillage de Quésteel, on pourrait
peut-être acheter des actifs de Chrysler à très bas prix et
ensuite pouvoir dire qu'on a fait une très bonne affaire.
M. Goulet: Dans le cas de Quésteel, ils mettent en
faillite et, après cela, ils arrivent.
M. Raynauld: En réalité, je pense que l'amendement
me convient. Je pense qu'on est tous d'accord.
Le Président (M. Laberge): Oui, M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Si vous me le permettez.
M. Goulet: Je voudrais soulever une question de privilège
même s'il n'y en a pas à la commission. On ne se voit plus dans la
boucane. Je ne sais pas si c'est le sapin de Noël qui est en feu ou si
c'est la pipe de certains de nos amis.
Le Président (M. Laberge): C'est que le système de
purification d'air n'a pas été mis en marche ce matin.
M. Goulet: C'est le système qui est défectueux. Je
pensais que c'étaient eux qui étaient défectueux.
M. Scowen: M. le Président...
M. Duhaime: Ce sont les boulettes du député de
Duplessis qui chauffent.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux simplement, pour une dernière fois,
défoncer votre porte ouverte, M. le ministre, en ce qui concerne votre
amendement. Je voudrais aller juste un peu plus loin que M. Raynauld. Pour moi,
c'est bon, votre amendement, parce que je pense que l'idée, c'est de
rendre très clair que l'objectif du SIDBEC, en ce qui concerne le
développement de l'industrie secondaire, est d'être une
société d'acier comme telle. Elle n'a aucune obligation, comme
compagnie, de stimuler elle-même le développement
des industries secondaires. Cela pourrait être inclus dans le
mandat de la SDI ou dans un autre organisme. Quand vous avez dit: "De telle
sorte que", on croit que l'existence de cette sidérurgie aura pour effet
de stimuler l'industrie secondaire. Je pense que la façon dont vous avez
lié les deux a rendu l'affaire très claire. J'ose dire que mon
collègue et moi pouvons même voter pour.
Le Président (M. Laberge): Alors...
M. Duhaime: Je voudrais formuler l'amendement de façon
formelle. Une motion d'amendement pour biffer, après le mot
"opérations", à la quatrième ligne du paragraphe 9.1,
à l'article 6, les mots "tout en permettant" pour les remplacer par les
mots suivants on met une virgule après le mot "opérations"
"de telle sorte que soit encouragé".
Le Président (M. Laberge): J'en ai pris connaissance.
Disons que je le fais de façon formelle moi aussi. A l'article 6, au
paragraphe 9.1, à la quatrième ligne, les mots "tout en
permettant" sont remplacés par les mots "de telle sorte que soit
encouragé". Cet amendement est-il adopté?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laberge): L'amendement est adopté.
Le paragraphe 9.1 amendé sera adopté?
M. Duhaime: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Paragraphe 9.1, adopté
avec amendement. L'article 6 amendé sera-t-il...
M. Duhaime: Non.
Le Président (M. Laberge): Vous voulez revenir sur
l'article 9.2?
M. Duhaime: L'article 6, M. le Président, comprend les
articles 9.1, 9.2 et 9.3 et nous avons convenu tout à l'heure,
c'est-à-dire que nous sommes convenus de les prendre dans l'ordre.
Le Président (M. Laberge): Alors, l'article 9.1 est
adopté avec amendement. L'article 9.2 a été lu. Est-ce
qu'il sera adopté?
M. Duhaime: M. le Président, j'aurais un amendement au
deuxième alinéa de l'article 9.2. Peut-être que cela
pourrait rejoindre aussi ce que mes collègues de l'Opposition ont en
tête, je l'ignore complètement. L'amendement consisterait à
ajouter, après le mot "teneur", au deuxième alinéa,
l'adjectif "générale", de sorte que nous pourrions lire: "Le
gouvernement détermine la forme et la teneur générale du
plan de développement ainsi que l'époque à laquelle
celui-ci doit être présenté." Est-ce que vous avez bien
reçu cet amendement, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Celui-ci, aucunement.
M. Duhaime: Article 6, article 9.2, deuxième
alinéa...
Le Président (M. Laberge): Oui.
M. Duhaime: Première ligne, après le mot "teneur",
amendement pour ajouter "générale".
Le Président (M. Laberge): C'est le seul mot? M.
Duhaime: Pardon?
Le Président (M. Laberge): C'est le seul mot qui est
ajouté?
M. Duhaime: Oui.
Le Président (M. Laberge): Alors, cela va.
M. Duhaime: On a même une copie.
Le Président (M. Laberge): L'amendement à l'article
9.2 fait en sorte que le deuxième alinéa se lira comme suit: "Le
gouvernement détermine la forme et la teneur générale du
plan de développement ainsi que l'époque à laquelle
celui-ci doit être présenté."
M. Duhaime: Vous me permettrez de dire deux phrases sur
l'amendement; ensuite, je pense qu'on pourrait parler aussi bien sur l'article
tel que proposé et sur l'amendement pour éviter de... Pourquoi on
voudrait voir ajouter "générale"? Nous en avons, bien sûr,
rediscuté avec la direction de SIDBEC. Nous craignons que, sans le mot
"générale", le gouvernement serait dans l'obligation, puisque
"détermine" est impératif, "de déterminer la forme et la
teneur", ce qui voudrait dire dans son détail, peut-être
même exhaustif, alors que si nous retenons l'expression "la forme et la
teneur générale du plan de développement", il s'agit
beaucoup plus d'un encadrement sur les principes généraux et,
ensuite, le plan de développement qu'on a évoqué devra
s'inscrire à l'intérieur de la forme et de la teneur
générale. C'est le sens de l'amendement.
M. Raynauld: M. le Président, il me semble que cet article
9.2 contient plusieurs lacunes de rédaction. D'abord, au premier
paragraphe: "La compagnie doit faire approuver par le gouvernement son plan de
développement." Mettre cela au singulier peut vouloir dire qu'il y a un
plan de développement et qu'il est enchâssé dans la
constitution, comme on dit, ou collé au mur pour cinq ans d'avance et
qu'une fois qu'il est approuvé, pendant cinq ans, la
société peut continuer toujours avec la même autorisation
de départ. Il me semble que ce qu'on a à l'esprit, c'est que le
gouvernement, à l'occasion et on voudra plus tard indiquer aussi
l'Assemblée nationale vou-
dra de temps à autre se prononcer sur les grandes orientations de
la société. C'est cela qu'on veut, je pense bien. Un plan de
développement, c'est un peu comme les projections qui sont faites par
les ministères maintenant et de plus en plus sur une base de moyen
terme, de trois à cinq ans. A l'intérieur de ces grandes
orientations, à chaque année, il y a des crédits qui sont
votés, année après année, mais on revoit à
ce moment ces grandes orientations.
Autrement dit, il n'y a pas un plan de développement qui est
là et qui n'est pas continuellement modifié, amendé,
ajusté pour tenir compte des circonstances. Il me semble que
l'expression qu'on a là est une expression qui ne représente pas
cette réalité d'ajustement continuel, sûrement
annuellement, en tout cas, le long d'une certaine évolution et d'une
certaine orientation générale qui est donnée. Je n'ai pas
de suggestion précise à faire sur ce plan, mais il me semble
qu'une façon facile, peut-être, d'améliorer un peu la
rédaction, ce serait de parler "des" plans de développement.
Déjà, cela laisserait l'idée qu'il n'y a pas une chose
bloquée. Ce serait "des" plans de développement. Je dis cela
parce que je n'ai pas trouvé quelque chose de mieux. Je ne trouve pas
que c'est l'idéal. C'est un premier point.
Le deuxième, c'est l'époque à laquelle celui-ci
doit être présenté. On ne présente pas un plan de
développement à une époque, mais on le présente
à une date. L'époque se rapporte à la mise en vigueur. On
pourrait dire: II y a une certaine période de temps pendant laquelle ce
plan va être appliqué. Mais là, on dit: "...
l'époque à laquelle celui-ci doit être
présenté". Doit être présenté au
gouvernement, je suppose, et c'est l'époque de l'année. Il me
semble que ce serait plutôt la date ou le moment, mais pas une
époque. Je trouve que le mot est très mal choisi là aussi.
Enfin, je ne veux pas éterniser le débat sur des mots. Je pense
que cela exprime assez les réserves que j'ai sur le plan de la
rédaction.
Le Président (M. Laberge): D'autres commentaires? M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: On dit à cet article: "La compagnie Joit faire
approuver par le gouvernement son plan de développement". Mais on dit
plus loin dans l'article que le plan de développement va être en
relation avec les directives émises par le ministre concernant
l'orientation de la compagnie. Il va falloir que cela passe devant
l'Assemblée nationale. Comprenez-vous? Je ne sais pas si le ministre
écoute.
M. Duhaime: J'écoute.
M. Goulet: Avec sa troisième oreille! La compagnie doit
faire approuver son plan de développement. Cela va. Mais le plan de
développement, à l'avenir, sera en relation avec les directives
du ministre. Les directives du ministre, elles, devront être
déposées devant l'Assemblée nationale. Dans ces
directives, on verra le plan de développement futur de la compagnie.
Non? Le plan de développement va aller dans le sens des orientations que
vous allez bien vouloir lui donner. Si vous donnez une orientation de s'en
aller, je ne sais pas, en aval, et que le plan de développement va en
amont, j'imagine qu'il ne passera pas devant l'Assemblée nationale. Il
ne sera pas en accord avec les directives, parce qu'on dit que la compagnie
devra se soumettre aux directives. Alors, la directive va être une
espèce d'orientation générale; et de cette orientation
générale va découler un plan de développement. Si
le plan de développement va à l'encontre de l'orientation que
vous lui donnez, je ne vois pas pourquoi vous allez lui donner une orientation.
Peut-être que l'article M. le Président, je ne veux pas
m'enfarger dans les fleurs de tapis et jouer au juriste; il n'y a pas tellement
d'avocats ici, sauf le ministre, alors on peut en profiter pour... Ah, le
sous-ministre aussi! 9.3 aurait dû être lu ou aurait
dû être inséré dans la loi avant l'article 9.2. Cela
aurait peut-être réglé le problème; je ne sais pas.
Je ne vois pas qu'un plan de développement aille à l'encontre de
la directive. Vous non plus? Alors, on sera protégé. J'aurais un
amendement au niveau de la directive.
M. Duhaime: Oui, vous c'est à l'article 9.3, votre
amendement?
M. Goulet: Quand même, d'après moi le gouvernement,
le ministre émet d'abord une directive à la compagnie, et,
à la suite de cette directive, la compagnie prépare un plan de
développement qu'elle présentera, non vice versa. Ce ne sera pas
le plan de développement et, après cela, la directive. C'est cela
que je veux dire. Le plan de développement devra aller dans le
même sens que la directive, sans cela, vous allez le refuser, je
présume. (12 h 30)
M. Scowen: Je veux simplement ajouter un mot à ceux de mon
collègue. Je pense que l'intention de cet article est de donner au
gouvernement l'obligation de surveiller d'un peu plus près
l'opération de SIDBEC, sur une base régulière. Quant
à moi, la seule façon responsable de le faire, c'est de regarder,
chaque année, les projections de la compagnie pour les trois ou cinq
prochaines années: les plans à long terme, si vous voulez, ou les
plans à moyen terme.
Pour moi, ce serait la seule façon de faire suite à
l'intention. En effet, je ne sais pas exactement les mots; celui qui a
été choisi n'est pas correct, d'après mon collègue.
Mais c'est quelque chose dans ce sens: Que la compagnie doit faire approuver
par le gouvernement, sur une base annuelle, ses plans pour les cinq prochaines
années. Alors, c'est l'essence, si vous voulez vraiment faire suite
à l'idée qui y est contenue. Si vous n'avez pas l'intention de
surveiller, sur une base régulière, les plans de la compagnie
je ne parle pas des opérations de jour en jour, mais des plans
je pense qu'il vaut mieux laisser tomber l'article, parce que, tel qu'il
est, il donne l'impression que SIDBEC va faire un plan de développe-
ment, comme mon collègue l'a dit, pour la fin du monde et ce sera
fini une fois pour toutes, mais ce n'est pas du tout la réalité
dans laquelle nous nous trouvons. J'espère que vous pouvez trouver les
mots qui seront plus conformes à nos désirs.
M. Duhaime: M. le Président, d'abord, un mot
d'explication: Nos lois d'interprétation nous disent que le singulier
inclut toujours le pluriel, ce qui signifie qu'en mentionnant, par le
gouvernement, son plan de développement, c'est une règle
d'interprétation. C'est comme la règle qui dit que le total de
l'actif doit toujours balancer le total du passif.
Deuxième chose...
M. Goulet: C'est donc bon d'avoir un avocat de temps en temps,
pas trop, mais au moins un.
M. Duhaime: Deuxième chose: Je voudrais dire ceci au
député de Bellechasse: La mécanique de l'article 6 fait en
sorte qu'une fois la directive émise, elle doit être
déposée et, si c'est une directive qui porte sur la demande d'un
plan de développement, il est évident que la directive va
indiquer également à quelle date le ministre responsable de cette
compagnie veut le recevoir. Et il est certain également que le plan de
développement devra, en vertu même de la directive, cadrer
à l'intérieur de la directive. Ce n'est que lorsque le
gouvernement viendra devant l'Assemblée nationale pour obtenir
l'autorisation de crédit sur le plan de développement, que tous
les membres de l'Assemblée nationale auront l'occasion de s'interroger
et de se demander si le plan de développement ou la programmation
d'investissement est conforme avec la directive déjà
déposée.
Autre chose: Le plan peut tout aussi bien être triennal que
quinquennal, mais, à la lumière de ce qui s'est passé dans
cette compagnie et de ce qui se passe ailleurs dans d'autres entreprises, pour
des plans de cinq ans, c'est très rare qu'on s'en va phase un, phase
deux, phase trois, phase quatre, phase cinq, jusqu'à l'autre bout, sans
qu'il y ait des révisions en cours de route. Ce qui veut dire qu'on dit,
à l'article 9.2, que la compagnie doit faire approuver son plan de
développement par le gouvernement, ce qui implique un
élément de mise à jour et de continuité
également dans le plan de développement. Je ne crois pas qu'il
soit nécessaire que nous ayons à introduire un
élément sur une base annuelle, ou chaque année, parce
qu'une fois que nous avons un plan de développement une fois dans
l'année, il faut ensuite attendre douze mois avant de demander autre
chose sur le plan de développement tandis que si on a la marge de dire:
"ainsi que l'époque à laquelle", cela veut dire que s'il y a une
mise à jour du plan de développement, par exemple, qui
était demandée, ou une réorientation d'un plan triennal ou
d'un plan quinquennal, le paragraphe 9.2 nous donne la marge de pouvoir
commander en quelque sorte la mise à jour.
Le Président (M. Laberge): Alors, l'article 9.2... Pardon,
avant...
M. Duhaime: II faudrait disposer de l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): C'est ce que je veux faire. Au
deuxième...
M. Goulet: Une petite question, si vous permettez. Est-ce qu'un
plan de développement inclut automatiquement un plan de
redressement?
M. Duhaime: Pardon?
M. Goulet: Est-ce qu'un plan de développement inclut
automatiquement un plan de redressement? Est-ce que c'est...
M. Duhaime: Non, ce sont deux choses différentes.
M. Goulet: Vous n'avez pas envie de mettre un plan de
développement?
M. Duhaime: Un plan de redressement n'est pas un plan de
développement; il pourrait l'être, mais il ne l'est pas
actuellement, à la lumière des quatre points que j'ai
mentionnés dans le plan de redressement.
M. Goulet: Je ne ferai pas un amendement formel, M. le
Président, mais je serais tenté de faire ajouter: "La compagnie
doit faire approuver par le gouvernement son plan de développement et/ou
son plan de redressement ".
M. Duhaime: Le plan de redressement, c'est une directive; alors,
on n'a pas besoin de le mettre dedans.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que
l'interprétation est beaucoup trop restrictive de la part du ministre.
Un plan de développement, c'est le développement; le
développement, c'est ce qui va se passer l'année après et
on ne va quand même pas se mettre à faire des distinctions entre
un plan de consolidation et un plan de redressement, un plan de
développement, un plan de croissance; un plan de développement,
ça comprend tout.
M. Duhaime: Non, ce n'est pas une coquille Saint-Jacques.
M. Scowen: Vous avez besoin en effet d'un tableau pour les cinq
prochaines années, les "cash flow projections" et, si vous avez ce
tableau et le droit de poser toutes les questions que vous voulez, vous avez en
effet tout, vous avez les profits, les pertes, les immobilisations, les dettes
à long terme, à court terme. Vous avez besoin d'un "cash flow
projection" pour cinq ans, tous les douze mois, avec le droit de poser des
questions.
C'est essentiel; parfois, cela pourrait être pour la
consolidation, pour le développement ou l'expansion; cela peut changer
d'année en année, mais mettre là-dedans que vous voulez
avoir un "cash flow projection" pour cinq ans, à tous les douze mois,
sur votre bureau, avec des explications. Vous avez l'essentiel de l'article
9.2; pourquoi ne pas le dire? Non pas parler de développement, parler
de, je ne sais pas l'expression en français, "cash flow projections";
c'est cela?
M. Raynauld: Provenance et utilisation des fonds.
M. Duhaime: Mouvement de trésorerie ou encore... Je pense
que ce ne serait pas suffisant d'avoir cela. Si vous avez en main ce que vous
appelez le "cash flow projection" de quatorze compagnies que vous administrez,
cela vous permet de jeter un coup d'oeil très rapide sur des
clignotants, si je peux dire, et, s'il y a une petite lumière qui
s'allume, vous irez voir ce qui se passe. Mais quand on parle d'un plan de
développement, on va bien au-delà. Le mouvement de
trésorerie ou l'état du fonds de roulement est un indicateur, un
outil qui nous permet d'évaluer une performance, mais cela n'a rien
à voir avec le plan de développement sur trois ans ou sur cinq
ans ou sur deux ans. C'est relié, mais pas directement. Mais c'est
insuffisant, à mon point de vue.
M. Scowen: J'ai dit avec les explications, les prévisions.
Il faut absolument des explications.
M. Duhaime: Quand on parle d'un plan de développement et
qu'on parle ensuite d'une discussion à partir de chiffres qui nous font
la démonstration du mouvement de trésorerie ou du fonds de
roulement, peu importe l'expression qu'on retienne, il est évident que
cela est un portrait, mois après mois, de la performance d'une
compagnie, votre "cash flow", mais on veut viser au-delà de cela.
M. Raynauld: Est-ce qu'on serait d'accord pour dire qu'un plan de
développement, c'est la somme totale des actions qui seront entreprises?
Ce plan de développement pourrait comprendre 'un plan de redressement
à court terme, cela pourrait comprendre des ajustements, des
investissements même provisoires. Mais un plan de développement,
pour moi, cela englobe, c'est très englobant, cela va comprendre toutes
ces choses.
Il me semble qu'il ne faudrait pas commencer à dire: Le plan de
développement va être seulement une partie d'un tout qui serait
plus large. Il me semble que le plan de développement c'est le tout
à l'intérieur duquel on va avoir toutes sortes de choses. On va
avoir des stratégies, encore une fois, des consolidations
financières, on va avoir toutes sortes de choses. Mais il me semble que
c'est ce qu'il y a de plus englobant. Si c'est cela l'interprétation,
à ce moment, moi, je n'ai pas d'objection et je pense que ce ne serait
pas nécessaire d'apporter des distinctions comme on a voulu le faire
tout à l'heure. Je pense que c'est le tout, le plan de
développement.
M. Duhaime: Je pense qu'on se rejoint là-dessus. Par
exemple, comment on va s'y prendre pour pénétrer...
M. Goulet: Si tout le monde est d'accord, adoptons-le, M. le
Président.
M. Duhaime: ... le marché d'acier aux Etats-Unis. Cela
peut faire partie d'un plan de développement aussi. Vous allez me
permettre d'ajouter un élément, M. le Président, que je
n'ai peut-être pas souligné. Cet élément de la loi
est nouveau. Jamais, dans la loi constitutive de SIDBEC, depuis 1968, il n'y a
eu une obligation de faite à la compagnie de faire approuver son plan de
développement. On demandait plutôt des autorisations de
dépenser. Une fois qu'on avait voté la loi, à toutes fins
utiles, le gouvernement et le ministre de tutelle, à partir du moment
où l'Assemblée nationale payait, la compagnie se retournait et
pouvait déplacer ses immobilisations et les agencer de la façon
qu'elle trouvait la plus profitable pour la compagnie sans qu'aucun
contrôle subséquent ne puisse s'exercer par le ministre de
tutelle. C'est un des changements majeurs dans la loi constitutive de
SIDBEC.
Le Président (M. Laberge): L'amendement proposé par
le ministre, qui consiste à ajouter le mot "générale"
après le mot "teneur" dans la première ligne du deuxième
paragraphe de l'article 9.2, est-il adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Cet article 9.2
amendé est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec amendement.
J'appelle l'article 9.3. Est-ce qu'il y a discussion?
M. Raynauld: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Pour faire avancer les travaux un peu plus
rapidement, je pense que je vais proposer dès maintenant quelques
amendements à cet article 9.3. Je vais essayer de les présenter
tous d'un coup pour qu'on voie immédiatement quel est l'objet de mon
intervention.
Au début du troisième paragraphe on lit: "Une directive
émise en vertu du présent article..." Je voudrais ajouter
j'en fais une motion, en réalité, M. le Président
"ainsi que les documents pertinents"... "doit être déposé
devant l'Assemblée nationale".
Ensuite, à la fin du...
M. Duhaime: Vous n'avez pas besoin d'expliquer ce
bout-là.
M. Raynauld: Non. A la fin de ce troisième paragraphe, je
propose...
Le Président (M. Laberge): Tout de suite, pour que je le
prenne en note, si vous dites: "Une directive émise en vertu du
présent article ainsi que les documents pertinents", il faudra mettre
"doivent".
M. Raynauld: "Doivent".
Le Président (M. Laberge): Parfait.
M. Raynauld: Doivent, c'est exact. "Doivent être
déposés devant l'Assemblée nationale."
Le Président (M. Laberge): "Déposé" devra
aussi être corrigé.
M. Raynauld: Voulez-vous, M. le Président, discuter chacun
des amendements séparément?
Le Président (M. Laberge): Non, je prends en note le
premier et après on verra.
M. Raynauld: Le deuxième. Après le paragraphe 3, je
fais motion d'ajouter un autre paragraphe qui se lit comme suit: "Une telle
directive doit faire l'objet d'un débat à la commission
élue de l'industrie et du commerce convoquée à cet effet
dans les trente jours de son dépôt."
Ces deux amendements ont pour effet de reproduire essentiellement ce que
nous avions déjà dans l'article 16 de la loi sur la SGF. Je pense
que ces deux amendements se défendent très bien. En effet, je
pense qu'il faut un peu plus qu'un texte d'une page pour pouvoir avoir un
débat significatif. C'est la raison pour laquelle je propose que les
documents pertinents soient également ajoutés. (12 h 45)
Ensuite, je pense, comme c'est le cas de la SGF, qu'il serait normal que
cette directive puisse être discutée dans le cadre d'une
commission parlementaire.
M. le Président, j'aurai un autre amendement à faire, mais
comme ce n'est pas exactement sur le même sujet, je pense que je vais
attendre et laisser la possibilité de discuter ces deux amendements pour
commencer.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, très rapidement, je
parlerai pour les amendements du député d'Outremont, parce que
j'en ai un de préparé qui est à 99% semblable. Je pense
que ce que tout le monde cherche, c'est un meilleur contrôle des
sociétés d'Etat par les membres de l'Assemblée nationale.
En tout cas, c'est le voeu formulé par les membres de l'Assemblée
nationale. Le dépôt devant l'Assemblée nationale de ces
directives n'oblige pas nécessairement une discussion de celles-ci
devant l'Assemblée nationale. C'est là la différence.
C'est la raison pour laquelle nous jugeons, quant à moi et au nom de ma
formation politique, que cet article n'est pas satisfaisant et n'apporte pas
ces garanties, car le dépôt devant l'Assemblée nationale
n'oblige pas à la discussion. C'est la raison pour laquelle j'appuie ces
amendements. Je les ai ici. Je vais vous les lire: "Une directive autorisant la
compagnie à poursuivre son exploitation avec un ou plusieurs
partenaires... ainsi que les documents pertinents doivent faire l'objet d'un
débat à la commission élue de l'industrie, du commerce et
du tourisme convoquée à cet effet dans les 30 jours de leur
dépôt." Alors, cela va exactement dans le même sens que...
Nous l'avons inséré l'an dernier dans la nouvelle loi
régissant la SGF et cela s'est avéré satisfaisant, bien
que nous n'ayons jamais eu la définition complète des mots
"documents pertinents" ni sur ce que devaient comprendre ces documents
pertinents. Je pense qu'il serait bon de le mettre dans la loi.
J'appuie l'amendement du député d'Outremont.
M. Scowen: M. le Président, en l'appuyant...
Le Président (M. Laberge): D'abord, je voudrais souligner
que les deux amendements déjà notés par le
député d'Outremont sont reçus. M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai déjà eu quelques conversations
publiques avec le ministre au sujet des documents pertinents. Je veux ajouter
un mot bref à ce sujet, parce que je suis complètement d'accord
avec ces amendements. Cet amendement à la loi de la SGF, il y a un an,
était la suite d'un long débat à l'intérieur de ce
projet de loi, avec lequel le gouvernement était même
complètement d'accord. En effet, c'était le Parti
québécois, dans l'Opposition, qui avait toujours
revendiqué cet éclaircissement, cette responsabilité des
sociétés d'Etat envers l'Assemblée nationale. Il avait
manifestement l'intention de donner suite à cela. C'est l'ancien
ministre de l'Industrie et du Commerce qui a suggéré cet article
et il a été adopté ensemble, avec tout le monde. On avait
un désir commun qui dépassait à l'époque je
pense qu'il la dépasse aujourd'hui la question de la politique
partisane, soit de donner à l'Assemblée nationale un droit de
regard sur les activités des sociétés d'Etat qui souvent
perdent beaucoup d'argent des contribuables et qui peuvent avoir un effet
très important sur l'économie.
Documents pertinents, qu'est-ce que cela veut dire? En effet, ce sont
les documents qui justifient les directives. Atitre d'exemple, je pense que ce
sera possible... On a essayé de créer un modèle dans le
secteur de la pétrochimie et on n'a pas réussi... Je veux
simplement que le ministre m'écoute, parce que je suis arrivé au
point clé de mon discours.
Je pense qu'il s'impose, M. le ministre, que, dans le cas de la
pétrochimie, nous établissions un modèle. C'est ce que
nous voulons dire par le mot "pertinents ". Ce n'est pas nécessaire que
ce soit l'historique. J'admets, sans désaccord, que l'Opposition a le
droit de faire sa propre recherche. Ce n'est pas ça; c'est la question
de présenter devant l'Assemblée nationale le raisonnement qui
sous-tend la directive.
Dans le cas de SIDBEC, ce sera de présenter les détails du
raisonnement qui sous-tend la directive. En effet, voici la directive et voici
les raisons précises qui nous ont amenés à écrire
cette directive.
Je pense que cette question de pertinence ne sera pas un problème
après deux ou trois efforts communs pour en arriver à une
série de documents qui puissent servir de modèles. Après
le deuxième ou le troisième, nous aurons quelque chose qui pourra
servir pour n'importe quel gouvernement et pour n'importe quelle année.
Je pense que c'est quelque chose qu'il est très important de faire.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Duhaime: Sur la question de l'expression "documents
pertinents" et ce que ça veut dire, je vous renvoie essentiellement
à ce que je disais l'autre jour en commission au sujet de la SGF. Je
suis prêt à prendre l'engagement de faire une consultation
auprès de mes collègues et de voir si la seule
interprétation que j'ai faite jusqu'à présent est
correcte. S'il y a lieu de la modifier, on pourra voir, mais je pense qu'il y a
une suggestion qui est intéressante dans ce que vient de formuler le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Encore faut-il s'entendre
exactement ce sur quoi ça porte et ce que ça signifie, parce que
j'ai l'impression que "documents pertinents", ça peut être un
grand tunnel qui ne finit pas; ça peut être des briques de
documents.
Je voudrais cependant revenir à un détail technique dans
l'amendement qui est proposé, la "commission élue de l'industrie,
du commerce et du tourisme". Cela ne veut pas dire pour autant que je partage
le bien-fondé de l'amendement, M. le Président.
Puisqu'on fait référence à la SGF, je voudrais
aller à la loi 108, article 16, et lire le quatrième
alinéa de cet article: "Une directive autorisant la
société à investir dans un domaine visé dans
l'article 4a ainsi que les documents pertinents doivent faire l'objet d'un
débat à la commission élue de l'industrie et du commerce,
convoquée à cette fin dans les 30 jours de leur
dépôt."
Mon interprétation des choses est qu'une directive autre qu'une
directive autorisant la société à investir n'est pas une
directive susceptible d'être débattue en commission élue.
Ce qui signifie que nous ne pouvons pas faire le parallèle qu'a fait le
député d'Outremont. Je pense que le parallèle est trop
large à ce moment-là. Il s'agit bien, à l'article 16 de la
loi 108 concernant la SGF, d'une directive autorisant la SGF à investir.
Je prends un exemple. L'amendement va très loin dans le sens que
si je comprends bien le mot à mot de l'amendement qui est proposé
toute directive, quelle qu'elle soit, une fois déposée
devant l'Assemblée nationale, doit être débattue.
M. Goulet: Pas nécessairement, M. le Président, je
m'excuse.
M. Duhaime: On dit "doit"... M. Goulet: ... "doit"?
M. Duhaime: ... "doit faire l'objet d'un débat." C'est
l'amendement que j'ai sous les yeux. Si vous me dites "peut faire l'objet d'un
débat", je vais réfléchir 30 secondes, mais je voudrais
que nous réalisions tous qu'on va beaucoup plus loin que l'article 16
auquel on a fait référence.
Deuxième élément. Dans la loi de la SGF, une fois
que la directive autorisant la société à investir a
été déposée à l'Assemblée, a
été débattue en commission, d'autres directives peuvent
être données, par le ministre de tutelle, à la SGF sur tout
autre sujet.
Ces directives ne sont pas susceptibles de débat. Je voudrais
qu'on se rende compte de l'ampleur de l'amendement. Je vous avoue bien
franchement que si j'étais assis au conseil d'administration de SIDBEC
avec un amendement de cette portée, je me poserais des questions sur mon
rôle réel.
M. Raynauld: M. le Président, cela ne vient pas du
débat, cela vient de l'existence des directives. Je pense que mettre
l'obligation d'un débat pour une directive va justement tempérer
un peu l'enthousiasme du gouvernement d'émettre des directives à
propos de tout et de rien. C'est un très grand avantage. C'est bien
sûr que ce qu'on a à l'esprit, ce sont des directives qui visent
l'orientation. C'est indiqué d'ailleurs exactement comme cela, dans
l'article 9.3 que nous avons, qui est proposé. Ce sont des directives
qui portent sur les objectifs et l'orientation de la compagnie dans
l'exécution des fonctions qui lui sont confiées par la loi. On ne
s'attend pas de voir là des directives qui prendraient la forme de:
Veuillez, à partir de demain matin, fermer les portes arrière de
l'usine. Ce ne sera pas ce genre.
Il semble que c'est dans l'esprit que le ministre lui-même accepte
que les directives dont nous parlons ici sont des directives qui vont porter
essentiellement sur des objectifs, des orientations, et, par conséquent,
des directives qui porteront sur des investissements. Si le ministre y tenait,
si c'était la seule raison de son objection à l'amendement, je
serais disposé à reprendre l'expression "une directive autorisant
la compagnie à investir ou à faire des investissements. " Ici,
cela se référait à l'article 4a de la loi de la SGF. On
pourrait mettre: Une directive portant sur des investissements.
M. Goulet: Dans le but de faire avancer les débats
je sais qu'il est 13 heures si vous
permettez, j'avais justement un amendement préparé dans ce
sens. Vous me direz ce que vous en pensez, M. le Président et mes
collègues. Je voulais formuler l'amendement dans ce sens: Une directive
autorisant la compagnie: a) à poursuivre son exploitation avec un ou
plusieurs partenaires; b) à investir dans les secteurs de production
autres que ceux dans lesquels elle est présente le 31 décembre
1979, ainsi que les documents pertinents doivent faire l'objet d'un
débat à la commission élue de l'industrie, du commerce et
du tourisme, convoquée à cet effet dans les 30 jours de leur
dépôt. Ainvestir dans les secteurs de production autres que ceux
dans lesquels elle est présentement. C'est dans le même sens que
celle de la SGF que nous avons déjà votée l'an
passé. Une directive autorisant la compagnie à investir dans les
secteurs de production autres que ceux dans lesquels elle est présente,
soit aujourd'hui ou au 31 décembre 1979.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Duhaime: J'attire l'attention de mes collègues. Il est
une heure moins une minute, si je vois bien. Je ferais une motion pour
suspendre la pendule et peut-être prendre les prochaines minutes pour
essayer de trouver un accommodement sur la proposition. Je ne voudrais pas
qu'on discute de deux amendements. Je pourrais peut-être répondre
à la deuxième partie de ce que vient de dire le
député de Bellechasse. SIDBEC ne peut pas aller dans des secteurs
manufacturiers en dehors de son objet qui est un complexe sidérurgique.
C'est très clair dans la loi. SIDBEC ne peut pas...
M. Goulet: Je m'excuse, M. le Président. Si vous voulez
reprendre le dernier bout de la phrase: "... ne peut pas aller dans des
secteurs..."
M. Duhaime: On ne pourrait pas aller dans tout secteur industriel
autre que le complexe sidérurgique comme tel. C'est défini dans
la loi. Nous allons revenir un peu en arrière.
M. Goulet: Dans des secteurs de production, parce qu'au
président de SIDBEC lui-même, lorsqu'il est venu je lui ai
posé la question, je n'ai pas les galées ici j'ai dit:
Faut-il que vous alliez, par exemple, jusqu'à la fabrication de tel
produit fini? Il a répondu: Si c'est rentable qu'on décide d'y
aller, on va y aller. C'est ce qu'il m'a répondu. (13 heures)
Alors, quand je dis: Dans des secteurs de production autres que ceux
dans lesquels elle est présente alors elle peut produire
présentement du clou, du fil, des boulons rien n'empêche
qu'elle pourra produire autre chose demain matin et entrer en
compétition avec ses concurrents, toujours à l'intérieur
d'un complexe sidérurgique. J'ai bien dit: Dans les secteurs de
production autres que ceux dans lesquels elle est présentement. Alors,
là, elle produit des billettes, elle produit ceci, elle produit cela,
jusqu'à des produits finis et le président, en répondant
à ma question a dit: Oui, si c'est nécessaire d'aller ailleurs,
on va y aller, pour autant que c'est rentable, et il a dit: Le mandat que j'ai
eu, c'est la rentabilité, point final. Il faudrait que je trouve les
galées, si on suspend pour l'heure du dîner, M. le
Président.
M. Duhaime: Est-ce que je peux ajouter une chose? Je pense, M. le
Président, que la commission serait d'accord cela a
déjà été décidé, il y a quelques
secondes qu'on prolonge. On va voir si, dans cinq ou dix minutes, on est
en mesure d'en avoir terminé. Ce que je serais prêt à
considérer, ce serait une directive, la possibilité d'introduire
un amendement. C'est là-dessus que je cherche... "autorisant à
investir". Je suis prêt à en discuter. Mais, M. le
député de Bellechasse, si demain, à l'usine de
Montréal, au lieu de faire des boulons, on décide de faire des
rondelles, on n'est pas pour convoquer une commission parlementaire sur cette
décision. Cela va être l'achat d'un autre "punch press", point. Il
faut bien comprendre qu'on part d'une analogie que vous avez trouvée
avec beaucoup de justesse, d'ailleurs je vous en sais gré
avec la SGF. Mais il faut bien comprendre la portée de la directive et
la mécanique de la directive pour la SGF. Une directive pour la SGF,
autorisant la SGF à investir dans un domaine visé à
l'article 4a, etc. je pense qu'on se comprend là-dessus
cela veut dire qu'avant que la SGF s'en aille dans un secteur dans lequel elle
n'est pas déjà au 31 décembre 1977, cela prend une
directive, pour autant que cette directive comporte une autorisation
d'investir. Ce que vous êtes en train de nous proposer, c'est qu'une
directive qui va autoriser un investissement va devoir être
déposée à l'Assemblée et faire l'objet d'un
débat et ensuite je rejoins le sens de votre proposition
toute directive qui ferait que SIDBEC serait dans un secteur manufacturier
autre que celui dans lequel elle est déjà nous obligerait
à faire un débat. Je vous réponds non là-dessus.
Sur le deuxième volet, ce que je suis prêt à accepter comme
amendement...
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: ... je ne voudrais pas être mal
interprété. J'avais demandé au ministre si c'était
possible d'investir dans les secteurs de production autres que ceux dans
lesquels elle est présentement. Quand le député
d'Outremont a dit: Est-ce que la fabrication d'une automobile pourrait
être un autre secteur de production, vous avez dit: Non, cela ne peut pas
être un autre secteur. Mais pourquoi est-ce que ce ne serait pas la suite
logique d'un complexe sidérurgique intégré? Là, il
pourra être intégré. Je donne des exemples de secteurs dans
lesquels elle n'est pas actuellement, mais qu'on pourrait intégrer
à un complexe sidérurgique. Je ne sais pas si le
député d'Outremont avait un autre exemple que l'automobile.
C'est
peut-être pousser loin. Il y a certainement d'autres secteurs
où elle n'est pas actuellement, mais qui pourraient faire partie d'un
complexe sidérurgique. On parle de la même chose.
M. Duhaime: Mais quand on parle du secteur de l'automobile...
M. Goulet: L'achat de Quésteel et le développement
de...
Une Voix: ... des exemples...
M. Goulet: Ce sont des exemples. Les secteurs où elle
n'était pas au 31 ou je ne sais pas... La date que vous avez
donnée. C'est cela. On dit la même chose. Je ne vois pas pourquoi
vous dites non à l'amendement.
M. Scowen: C'est de trouver quelque chose qui va garantir que
dans le cas de Quésteel ou Normines, cela vient devant
l'Assemblée et dans le cas de renouveler la
cafétéria...
M. Duhaime: Qu'est-ce que vous diriez de la formulation suivante
en ce qui concerne le premier amendement: Ainsi que les documents pertinents.
D'accord? On réfléchira sur la signification de "documents
pertinents". Avec les années, on va peut-être finir par
s'entendre. Je vais essayer de reformuler le deuxième amendement
après le paragraphe 3: Une directive autorisant la compagnie à
investir doit faire l'objet d'un débat à la commission
élue de l'industrie, du commerce et du tourisme convoquée
à cet effet dans les trente jours de son dépôt. On se
rejoint.
M. Raynauld: Je veux dire investir dans des secteurs nouveaux. Je
suggérerais: Autorisant la compagnie à investir dans des
activités nouvelles. Je vais plus loin que le ministre pour restreindre
la portée de la directive.
Le Président (M. Laberge): Je vous fais part...
M. Duhaime: Si vous continuez comme cela, vous allez finir par
voter pour le projet de loi en troisième lecture.
Le Président (M. Laberge): Je vous fais part d'une
difficulté. On va être pris avec quatre motions d'amendement
sous-amendées et évidemment on ne saura...
M. Duhaime: Non, il y en a une seule qui est formellement
déposée devant la commission, M. le Président; c'est celle
du député d'Outremont. Je pense que là-dessus, on se
comprend bien.
Le Président (M. Laberge): C'est celle de... On l'a.
Est-ce que vous voulez disposer d'abord, avant qu'on aille plus loin, de la
motion qui demande d'ajouter à la première ligne du
troisième paragraphe après le mot "article" les mots suivants
"ainsi que les documents pertinents", ce qui nous obligera à changer le
mot "doit" pour "doivent" et le mot "déposée" par
"déposés". Est-ce que c'est adopté?
M. Duhaime: M. le Président, je veux être certain,
parce que je suis toujours un peu méfiant des amendements dans les
queues de commissions parlementaires et après, on se retrouve avec le
projet de loi. Voulez-vous relire, s'il vous plaît, le premier amendement
l'intégrant dans le texte?
Le Président (M. Laberge): C'est cela. Cela se lirait
comme ceci: "Une directive émise en vertu du présent article"...
Attendez, cela ne marche pas.
M. Raynauld: "Ainsi que les documents pertinents..."
Le Président (M. Laberge): ... "Ainsi que les documents
pertinents doivent être déposés devant l'Assemblée
nationale...
M. Raynauld: Devant l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Laberge): ... dans les quinze jours de
son approbation par le gouvernement. Si la directive est émise alors que
l'Assemblée nationale ne siège pas, la directive doit être
déposée." Il faudrait peut-être ajouter "et les
documents."
M. Duhaime: Je veux être bien sûr. On est à
l'article 6, paragraphe 9.3, troisième alinéa.
Le Président (M. Laberge): Troisième
alinéa.
M. Duhaime: "Une directive émise ainsi que les documents
pertinents... Une directive émise en vertu du présent
article...
Le Président (M. Laberge): Ainsi que les documents
pertinents.
M. Duhaime: Ainsi que les documents pertinents doivent être
déposés devant l'Assemblée, etc.
Le Président (M. Laberge): Maintenant, quand on reparle,
dans le même article, à deux endroits, "de directive", on
n'ajoutera pas "ainsi que les documents pertinents" nécessairement.
Est-ce que cela l'inclut? On le fait seulement au début.
M. Scowen: "Directive et les documents pertinents doivent
être déposés."
M. Raynauld: II y a un autre point à la quatrième
ligne, pour fins de concordance. Je lis à partir de la troisième.
"Si la directive est émise alors que l'Assemblée nationale ne
siège pas, la directive ainsi que les documents pertinents doivent
être déposés devant elle dans les quinze jours de
l'ouverture." C'est de la concordance.
M. Duhaime: Trop fort ne casse pas.
M. Raynauld: Pardon?
M. Duhaime: Trop fort ne casse pas. Adopté.
M. Raynauld: Adopté.
M. Duhaime: Cela dispose du premier.
Le Président (M. Laberge): Cet amendement...
M. Duhaime: Quant au deuxième, il ne serait pas plus
simple...
M. Raynauld: M. le Président, j'allais suggérer
d'incorporer à l'amendement des suggestions qui ont été
faites pour ne pas mêler le président.
Le Président (M. Laberge): Ces deux amendements, au
troisième alinéa, sont adoptés. Ces deux amendements, ils
sont répétés deux fois.
M. Raynauld: L'amendement suivant, M. le Président.
Après le troisième alinéa, on ajoute le paragraphe
suivant: "Une directive autorisant la compagnie à investir dans des
activités nouvelles doit faire l'objet d'un débat à la
commission élue de l'industrie, du commerce et du tourisme,
convoquée à cet effet dans les trente jours de son
dépôt."
Le Président (M. Laberge): Je répète.
M. Raynauld: Cela restreint davantage, encore plus que simplement
investir.
Le Président (M. Laberge): Voulez-vous
répéter pour que je puisse noter. "Une directive autorisant la
compagnie à investir..."
M. Raynauld: A investir dans des activités nouvelles doit
faire l'objet d'un débat à la commission élue.
M. Duhaime: Si j'étais malin, je vous répondrais
oui tout de suite, mais vous ne seriez pas gagnant au change, parce que
ça voudrait dire qu'une directive autorisant la compagnie à
investir dans des activités existantes ne serait pas
débat-table.
Alors, il faut faire attention à la portée des
amendements. Je serais prêt... L'amendement que vous proposez, ce n'est
pas ce que vous avez en tête, du moins le mot à mot, parce que
vous restreignez votre directive à parler des activités
nouvelles. Autrement dit, tant et aussi longtemps qu'on resterait dans les
activités actuelles, on pourrait investir $500 millions par une
directive et il n'y aurait même pas de débat; ce n'est pas ce que
vous visez, j'imagine. Je vais essayer de vous aider à mon tour, en vous
proposant ceci: "Une directive autorisant la compagnie à investir doit
faire l'objet d'un débat à la commis- sion élue de
l'industrie, du commerce et du tourisme convoquée à cette fin."
J'ai ici l'article 16 de la loi de la SGF. Je ne sais pas si vous l'avez en
main, je peux vous la passer de l'autre bord de la table...
M. Goulet: Pour moi, ça va plus loin que ce que...
M. Duhaime: ... et je vais le relire une autre fois: "Une
directive autorisant" là, je lis l'article 16 de la loi 108
concernant la SGF "la société à investir..."
Là, on le suit, mais là où j'ai des réserves, c'est
dans un domaine visé; on s'embarque dans la mécanique d'une autre
loi avec une nouvelle problématique. Je pense que c'est faire un
compromis honorable que de vous proposer ceci: "Une directive autorisant la
compagnie à investir doit faire l'objet, etc." Si ça vous va, je
suis prêt à fermer les livres là-dessus.
M. Goulet: Vous m'en donnez plus que j'en demande, M. le
Président, excepté...
M. Raynauld: Je n'aurais pas d'objection; maintenant, il y a
peut-être une formulation... Je ne sais pas si c'est du bon
français, je préférerais "à faire des
investissements", "effectuer des investissements", "investir" appelle un
complément.
M. Duhaime: Pardon?
M. Raynauld: Je pense que le mot "investir", en français,
appelle un complément; si on disait "autorisant la compagnie à
faire des investissements", "à effectuer des investissements" ou...
M. Duhaime: Etes-vous certain, cette fois-là?
M. Raynauld: Non, ça se lit mal ça, "autorisant la
compagnie...", les juristes vont revenir et ils vont nous rappeler entre
Noël et le jour de l'an.
M. Goulet: Dans la loi concernant la SGF, on avait le mot
"investir".
M. Raynauld: "Autorisant la compagnie à faire des
investissements"; je pense que c'est bien français, faire des
investissements; investir...
M. Duhaime: Juste un instant, on va essayer de voir ce qu'il peut
arriver avec ça dans six mois.
M. Raynauld: Oui, il y a des gens qui sont meilleurs que nous
là-dedans.
M. Duhaime: Bon, alors j'accepterais l'amendement.
M. Raynauld: D'accord.
M. Duhaime: Je voudrais peut-être le relire; je vais le
formuler, si le député d'Outremont me le permet. S'il y a quelque
chose qui ne fonctionne pas, j'en prendrai toute la responsabilité.
"Après le
troisième alinéa de l'article 9.3, on ajouterait
l'alinéa suivant: (13 h 15) "Une directive autorisant la compagnie
à faire des investissements"; je répète: "Une directive
autorisant la compagnie à faire des investissements" là,
vous avez le texte "doit faire l'objet d'un débat à la
commission élue de l'industrie, du commerce et du tourisme
convoquée à cet effet dans les 30 jours de son
dépôt."
M. Goulet: Emise en vertu du présent article. M.
Duhaime: Pardon?
M. Goulet: Emise en vertu du présent article, vous ne
l'avez pas dit, cela va de soi; ce n'est pas n'importe quelle directive.
L'alinéa 9.3, premièrement, c'était: "Le ministre... peut
émettre des directives portant sur les objectifs..."
M. Duhaime: Oui, d'accord; alors, M. le Président, je
reprends: "Une directive émise en vertu du présent article", cela
m'apparaît redondant un peu.
M. Goulet: Correct, vous en prenez la responsabilité.
M. Duhaime: Alors, on dirait simplement: "Une telle directive
autorisant la compagnie à faire des investissements"; cela va, M. le
Président?
Le Président (M. Laberge): Le président a la
tête solide, pas de problème.
M. Duhaime: Vous ajoutez "telle" entre "une" et "directive".
Le Président (M. Laberge): J'avais ajouté tout le
reste. Attendez que j'écrive. Voici, à l'article 6, alinéa
9.3, troisième paragraphe, ajouter...
M. Duhaime: C'est-à-dire, M. le Président... Le
Président (M. Laberge): ... à la suite de...
M. Duhaime: Ajoutez, après le troisième
alinéa du paragraphe 9.3. de l'article 6, les mots suivants.
Le Président (M. Laberge): Les mots suivants: "Une telle
directive autorisant la compagnie à faire des investissements doit faire
l'objet d'un débat à la commission élue de l'industrie, du
commerce et du tourisme convoquée à cet effet dans les 30 jours
de son dépôt." Est-ce que cet amendement sera adopté?
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Je souligne que
tous les autres amendements qui ont été mis sur la table,
officiellement ou non, ont été rejetés par la
commission.
M. Duhaime: Sauf ceux qui sont formellement adoptés, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Oui, tous les autres concernant
cet amendement, toutes les autres propositions. Alors, celui-ci est
adopté; l'article 9.3. amendé trois fois est-il
adopté?
M. Raynauld: M. le Président, il est adopté et je
mentionne, étant donné qu'il y a une feuille qui a circulé
et qu'il y avait un autre amendement que j'avais l'intention de proposer, que
je ne le propose pas. Je le retire, autrement dit, de cette feuille pour
accélérer les travaux, à moins que le ministre n'y
tienne.
Le Président (M. Laberge): Cela va, je n'en ai pas pris
connaissance; c'est adopté avec amendement. J'appelle l'article 7. Le
ministre en a pris note. L'article 7 est-il adopté?
M. Raynauld:A l'article 7, M. le Président, je me demande
si le ministre...
Le Président (M. Laberge): C'est une concordance.
M. Raynauld: ... ne voudrait pas ajouter, justement pour la
concordance, à la troisième ligne, deux mots, de façon que
le paragraphe se lise comme suit: "c) procéder, en vue de
l'établissement d'un complexe sidérurgique, à l'achat ou
à la construction d'usines ou à l'acquisition d'actions d'autres
compagnies de sidérurgie..."
M. le Président, mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce
trouve que ce n'est pas indispensable, alors je le retire.
Le Président (M. Laberge): C'est retiré. Cet
amendement...
M. Duhaime: De toute façon, soyez sans
inquiétude.
Le Président (M. Laberge): L'article 7, sans amendement,
est-il adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 8 se
lit... Le préambule...
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 8 est adopté.
Article 9?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Le projet de loi
no 73, Loi modifiant la Loi sur l'établissement oar SIDBEC d'un complexe
sidérurgique intégré, a été adopté
avec des amendements. Je prie le rapporteur, le député de Viau,
de faire
rapport à la Chambre de nos travaux. Cette commission...
M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, avant de terminer je voudrais
simplement remercier mes collègues des deux côtés, tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
pour leur contribution aux travaux; remercier également tout le person-
nel qui nous assiste, en souhaitant que l'heure du dîner pourra leur
porter conseil et que nous serons unanimes, lors de l'appel de ce projet de
loi, sur la motion de troisième lecture.
Le Président (M. Laberge): Cette commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 13 h 20