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Etude des crédits du ministère
de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme
(Onze heures quatorze minutes)
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire de l'industrie, du commerce et du tourisme
reprend donc ses travaux d'étude des crédits du même
ministère.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Duhaime (Saint-Maurice), M. Godin (Mercier) remplacé par M.
Grégoire (Frontenac), M. Goulet (Bellechasse), M. Lavigne (Beauharnois)
remplacé par M. Desbiens (Dubuc), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Perron (Duplessis), M. Raynauld (Outremont), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Shaw (Pointe-Claire).
Les intervenants sont: M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Lavoie (Laval),
M. Mailloux (Charlevoix), M. Michaud (Laprairie), M. Paquette (Rosemont), M.
Rancourt (Saint-François) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Recherche économique et services statistiques
(suite)
Hier, à la suspension de nos travaux, nous en étions
à l'étude du programme 2, élément 3. On pourrait
reprendre à l'élément 3 du programme 2. Avez-vous quelque
chose à dire, M. le ministre? M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Duhaime: M. le Président, il n'y a rien de
spécial ici.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Au niveau de l'assistance, nous reviendrons au
programme 3. Hier, c'est moi qui avais demandé d'arrêter au
programme 2, élément 3, mais je vais revenir au programme 3,
élément 4.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, cela irait pour
l'élément 3 du programme 2, adopté.
Développement de l'industrie
manufacturière et commercialisation
des produits
Nous passons au programme 3, élément 1. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai plusieurs questions. Deux qui sont moins
importantes. Vous avez une augmentation très considérable des
cadres dans cette direction, M. le ministre. En 1978-1979, il y avait 96 cadres
et pour cette année vous êtes rendus à 149 cadres. C'est
une augmentation de 50%. J'aimerais deux ou trois mots d'explication.
M. Duhaime: Oui, si vous voulez le fond de ma pensée, je
pense que même avec une telle augmentation, c'est avec un certain
étonnement que j'ai constaté qu'à la Direction
générale de l'industrie, en particulier, ce n'était qu'en
1980 que nous prenions à peu près la taille nécessaire
pour accomplir les mandats qui nous sont confiés.
Actuellement, avec la réorganisation de la Direction
générale de l'industrie, nous sommes en mesure de couvrir chacun
des secteurs d'activité industrielle. Ce qu'il y a d'étonnant
est, non pas l'augmentation que vous venez d'évoquer, mais
l'augmentation si tardive que vous venez d'évoquer. Je pense que les
effectifs auraient dû être portés à la hausse il y a
plusieurs années.
En particulier, vous avez la répartition des effectifs sur ce
qu'on appelle les effectifs sectoriels et des effectifs qui sont
assignés au secrétariat des programmes, en particulier, à
trois programmes." Innovation meubles, Innovation chaussures et la PME
innovatrice.
M. Scowen: Maintenant, si vous me permettez, je veux vous parler
des réalisations... les nouvelles implantations, les nouveaux
investissements au Québec l'année passée. J'arrive
à la fin de la section 3.1 où l'on trouve, en page 21, une liste
de dix compagnies, avec un investissement total de $49 000 000 et la
création de 558 emplois. Je pense que vous avez fait allusion à
cette liste, dans le texte, à la page 15: Promotion des dossiers
d'implantation industrielle. En 1979-1980, dix nouveaux projets totalisant des
immobilisations d'environ $49 000 000 entraîneront la création de
785 emplois permanents. Si je ne me trompe, ce n'est pas 785, mais 558. Le
texte n'est pas conforme au tableau. Je pense que c'est le tableau auquel vous
faites référence. Mais de toute façon, que ce soit 500 ou
700, je trouve... Mon opinion, de toute façon, c'est qu'avec 150
personnes, avec le travail de toute une année, la réalisation de
projets d'implantation de nouvelles entreprises à travers le
Québec dix seulement avec un investissement de $49 000
000, c'est peut-être quelque chose dont
l'Île-du-Prince-Édouard peut se vanter, mais dans un Québec
moderne et de la grandeur que nous connaissons, je trouve que c'est
dérisoire. Je vous demande d'expliquer quels sont les problèmes
que vous rencontrez. Qu'est-ce qui est à la base de ces
problèmes, du manque de nouveaux investissements, de nouvelles
compagnies qui veulent s'installer ici? Je pense que vous serez d'accord avec
moi pour dire que la Direction générale de l'industrie a
réalisé cette année dix nouvelles implantations à
travers le Québec, et que c'est nettement dérisoire.
M. Duhaime: D'abord, il y a une première chose à
dire M. le Président, c'est que... je pense que le député
de Notre-Dame-de-Grâce confond. Nous avons parlé tout à
l'heure de la Direction générale de l'industrie qui comprend une
foule de secteurs. Il n'y a pas 150 personnes qui travaillent
sous la rubrique que vous retrouvez à la page 14, au paragraphe
6: Promotion industrielle, mais il y a huit ou dix personnes qui sont
assignées,aux tâches de promotion industrielle. Maintenant,
comment concilier les 785 emplois permanents de la page 15 avec la liste qui
apparaît à la page 21, au sujet des dix dossiers
énumérés. Vous allez remarquer, comme moi, qu'au dernier
point: Aciers Cansteel, l'investissement projeté est de $8 500 000
à Longueuil et le nombre d'emplois est en blanc parce que les plus ou
moins sont encore élevés. C'est ce qui explique votre
différentiel mathématique.
M. Scowen: C'est en blanc à la page 21, mais ce n'est pas
en blanc à la page 15, en effet.
M. Duhaime: C'est exact, cela donne une indication. C'est facile
de voir si on fait la comparaison, par exemple, avec la nature de ces
investissements dans ce secteur manufacturier en particulier, que cela serait
complètement ridicule de lire "emplois 0, pour un investissement de $8
500 000'' dans les Aciers Cansteel. Je pense qu'on va en convenir ensemble sans
trop se chicaner là-dessus.
Une Voix: De toute façon, ce sont des exemples
seulement.
M. Scowen: ... décidé que c'est 227.
M. Duhaime: Si vous permettez, je voudrais ajouter que nous avons
illustré de façon tangible des projets d'implantation de
nouvelles entreprises réalisés, en voie de
réalisation ou annoncés auxquels la DGI a apporté
une contribution. Après la parenthèse, il y a un
astérisque et le renvoi indique très bien que cela ne constitue
qu'une liste partielle des nouveaux projets d'implantation. Cela nous est
apparu utile d'illustrer la nature et le genre de dossiers sur lesquels
travaille le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
concernant la promotion industrielle. Je prends, par exemple, le dossier qui
est le plus important, Wafer Board Corporation qui appartient à la
famille Mallette. C'est une compagnie onta-rienne qui est venue
s'établir sans aucun doute à cause de l'excellent climat
politique, social et économique à
Saint-Georges-de-Champlain, dans le comté de Laviolette. Ils vont,
après des ententes avec le ministère de l'Énergie et des
Ressources sur les approvisionnements en bois... Ce chantier, cet
investissement est réalisé, c'est en construction, on projette
d'y construire des panneaux gaufrés. C'est un investissement de $18 500
000 qui va créer 276 emplois. C'est indiqué: Localisation,
Grand-Mère. Pour être plus précis, c'est
Saint-Georges-de-Champlain qui est une municipalité voisine de
Grand-Mère. Maintenant, les effectifs ont été
augmentés à la DGI, et je pense que c'est très
certainement le coin du ministère qui est le plus important parce que
c'est la direction générale qui est en contact avec tous les
secteurs manufacturiers. On a tenté de vous donner le maximum
d'informations parce que vous avez développé la
réputation, mon cher collègue, d'exiger beaucoup de documents. On
vous en a fourni 19 pages où vous avez le mandat de la Direction
générale de l'industrie, les faits saillants au cours de
l'année 1979-1980 et ensuite, nous avons tenté de
détailler au maximum chacun des grands chapitres: Aliments et biens de
consommation... Nous vous donnons aussi le meuble et les articles
d'ameublement, textile, bonneterie, vêtement, cuir, articles de sport,
cadeaux, etc.
Ensuite, le deuxième grand secteur, les produits du bois et de la
construction, nous vous avons expliqué sur les documents fournis, de
long en large, la nature des activités que nous conduisons et
également dans l'autre secteur, machineries et matériel de
transport, qui est un domaine fort important dans notre secteur manufacturier
et c'est à l'intérieur de ce secteur que vous allez
retrouver par exemple l'industrie de l'automobile.
Dans un quatrième grand chapitre, vous retrouvez les produits
électriques et électroniques. Enfin, en cinquième lieu,
vous retrouvez les produits chimiques et métallurgiques, et finalement,
la promotion industrielle comme telle.
Vous avez aussi le secrétariat aux programmes qui est "staff", en
fait, et qui administre chacun des programmes qui relèvent de la
direction générale.
M. Scowen: M. le ministre, je vous remercie.
M. Duhaime: Si vous me le permettez, pour rejoindre vos
préoccupations fort légitimes par ailleurs, nous avons transmis
au secrétariat de la commission, à votre demande, un document
intitulé "Investissements dans les secteurs manufacturiers pour
l'exercice 1979-1980'. Il a été préparé par la
direction de la promotion industrielle à l'intention des membres de la
commission, au mois de mars 1980; vous y avez les investissements dans les
secteurs manufacturiers.
Vous avez ici toute la gamme que je pourrais bien sûr
énumérer. Nous avons un total de prévisions de... Par
exemple, dans une première page, nous donnons les prévisions de
Statistique Canada dans l'industrie de la fabrication au Québec en 1979.
C'est en millions de dollars. Cela totalise $2 336 000 000, ce qui est un
chiffre envisageable, eu égard aux investissements qui ont
été faits en cours d'année 1979 et aux emplois
créés dans le secteur manufacturier en particulier.
Vous avez, sur une autre page, une liste des projets de $5 000 000 et
plus, selon l'importance des montants investis. Par exemple, Hercules Canada
Limitée à Varennes a un investissement de $30 000 000; Canadair,
à Dorval, $25 000 000; Métaux Ballast à
Côte-Sainte-Catherine, $19 500 000; Waferboard Corporation, dont on
parlait tantôt, $18 500 000; Canada Malting Company Limited à
Montréal $13 400 000. Je pourrais continuer la liste à pleines
pages. C'est énuméré dans un ordre décroissant. Je
note ici avec beaucoup d'intérêt que les Forges HPC, qui se sont
implantées dans
les anciennes installations de la Wayagamack au Cap-de-la-Madeleine, en
Mauricie, c'est un investissement de $8 000 000. Consolidated Bathurst,
à Grand'Mère, $7 300 000.
Vous avez toute la liste. Vous avez également les projets
créant 100 emplois ou plus, selon l'importance du nombre d'emplois.
C'est la même liste, mais en tenant compte des emplois
créés.
Ensuite, vous avez les projets de $1 000 000 et plus annoncés
selon les grands groupes industriels, donc par secteurs: aliments et boissons,
caoutchouc, cuir, textile, bonnetterie, vêtement, bois, papier,
industries connexes, métaux primaires, fabrication du produit en
métal, machines, matériel de transport, appareils et fournitures
électriques, produits minéraux non métalliques, produits
chimiques, fabrications diverses.
Vous avez finalement les projets de $1 000 000 et plus selon les
régions administratives. Je pense que c'est ce qui intéressait
hier soir le député de Bellechasse. Je pense que vous pourrez
vous y retrouver. Bellechasse est dans la région 03. Le travail est fait
par région, suivant les dix régions administratives.
Vous avez donc ici illustré, autant en fonction des
investissements, du nombre d'emplois et de la répartition
régionale... Oui, on va les remettre avec plaisir.
Le Président (M. Bordeleau): Vous disiez, M. le ministre,
que vous aviez déjà fait parvenir au secrétariat des
commissions un certain nombre de copies.
M. Duhaime: J'ai répété essentiellement ce
que les gens autour de moi m'ont dit, qu'ils ont été
acheminés au secrétariat de la commission. On va vous remettre
ces documents.
Le Président (M. Bordeleau): On vérifie si c'est
possible d'avoir des copies immédiatement et on va les distribuer.
M. Scowen: On les a apportées avec nous ce matin.
Le Président (M. Bordeleau): On peut en remettre des
copies immédiatement...
M. Scowen: Est-ce que je peux regarder très vite? (11 h
30)
M. Duhaime: M. le Président, ce document que je
dépose sur les investissements dans les secteurs manufacturiers pour
l'exercice 1979-1980 ne constitue pas une liste exhaustive, mais, de
façon certaine... Ce que je veux dire essentiellement, c'est que cette
liste d'investissements ne constitue pas la liste exhaustive des
investissements manufacturiers au Québec. On s'entend bien? Il s'agit de
la liste des dossiers sur lesquels a travaillé la direction promotion
industrielle de la Direction générale de l'industrie du
ministère au cours de l'exercice 1979-1980.
M. Scowen: En effet, c'est la liste complète à
laquelle vous faite référence à la page 21 quand vous
dites que les exemples de la page 21 ne constituent qu'une liste partielle.
M. Duhaime: Pour les projets de $1 000 000 et plus.
M. Scowen: Oui. Je vous remercie, M. le ministre, et je veux
ajouter que j'apprécie les détails du livre qu'on nous a
donné il y a quelques semaines. Les questions que je veux poser sont
surtout basées sur des réalisations, parce que le document qu'on
avait en main jusqu'à aujourd'hui, parlait surtout des activités,
mais je pense que ce document que vous venez de nous remettre peut nous aider
énormément. Puis-je vous poser une question là-dessus?
Quand vous parlez d'investissements je prends, à titre d'exemple,
le premier ou le deuxième, Hercules ou Cana-dair est-ce que c'est
basé sur une décision d'investir? Est-ce que les projets en sont
au stade de la levée de la première pelletée de terre?
Est-ce qu'ils sont complétés? Quand décidez-vous de mettre
un investissement sur la liste? Qu'est-ce que cela veut dire exactement? Je
voudrais simplement avoir quelques explications parce qu'il y a beaucoup de
projets d'investissements dont on entend parler et qui ne se réalisent
pas. Est-ce que ce sont des projets concrétisés ou des intentions
de projets?
M. Duhaime: C'est indiqué au haut de la page 21. Est-ce
bien à cette liste que vous vous référez? Ce sont des
investissements réalisés, en voie de réalisation ou
annoncés. J'ai donné tantôt l'exemple de Waferboard
Corporation que je connais plus particulièrement pour l'avoir vu de mes
yeux vu, et ce ne sont pas des dossiers à l'étape exploratoire.
Ce sont des dossiers au sujet desquels, à tout le moins, la
décision ferme au niveau de l'entreprise a été rendue
publique et dont le projet a été annoncé.
M. Scowen: J'ai deux autres questions à vous poser
concernant l'élément 1 du programme 3. La première touche
les nouvelles règles du jeu pour les PME innovatrices. Le nouvel
arrêté en conseil réserve l'aide financière à
des corporations contrôlées par des personnes résidant au
Québec. Si je comprends bien, une compagnie dont les
propriétaires seraient des gens de l'Ontario et qui voudrait s'installer
ici, investir, créer des emplois au Québec avec un produit
innovateur, n'aurait pas le droit de participer à ce programme.
M. Duhaime: Ce programme s'adresse d'abord et avant tout à
l'entreprise déjà existante qui va innover dans des produits. Ce
programme n'a pas pour mission de susciter la naissance ou la création
de nouvelles entreprises. C'est d'abord et avant tout orienté sur
l'idée d'innovation pour l'entreprise déjà existante au
Québec et qui est en activité. Le cas que vous avez à
l'esprit pourrait
très bien être éligible à une programmation
de la SDI, par exemple, ou encore à d'autres programmes existant au
ministère. Le programme PME innovatrice est orienté sur la PME
qui existe déjà.
M. Scowen: Oui, mais il y a beaucoup de compagnies
québécoises qui existent déjà et qui peuvent faire
des choses intéressantes et dont les propriétaires sont des
résidents d'une province autre que le Québec. Ce sont des
compagnies qui sont installées ici depuis des années et qui font
des choses intéressantes. Elles ont des employés qui sont
à 100% des Québécois et qui font leurs achats ici, qui
font leurs ventes ici, qui ont leurs ingénieurs ici, qui ont leurs
installations ici, mais dont le propriétaire est peut-être
même un Québécois qui habite maintenant à Toronto ou
ailleurs. Je ne comprends pas du tout comment on peut favoriser ou
défavoriser une compagnie plutôt qu'une autre, surtout dans le
domaine de l'innovation, simplement compte tenu du lieu de résidence.
Pour moi, c'est beaucoup plus important si la compagnie est ici, si le
personnel est ici, si les travailleurs sont ici, s'ils veulent faire des choses
ensemble ici.
M. Duhaime: L'idée qui sous-tend l'établissement et
la réglementation de ce programme, à partir du moment où
il s'agit... Je disais que l'idée qui sous-tend la réglementation
et l'établissement de ce programme, parce qu'il y a un fort contenu de
subventions, par exemple au niveau des intérêts, durant les deux
premières années les intérêts ne sont pas
payés donc, c'est une subvention à toute fin utile
nous avons voulu accentuer la consolidation et l'expansion sur l'innovation des
PME québécoises qui appartiennent à des résidents
du Québec essentiellement.
M. Scowen: Mais pourquoi?
M. Duhaime: Pour la raison très simple suivante. Au niveau
des tailles de PME, vous savez, par exemple, que la corporation doit avoir 500
employés ou moins donc, on est au niveau maximal de la moyenne
entreprise et c'est ce que nous avons décidé de faire,
soit de faire en sorte que les résidents du Québec, peu importe
leur région d'appartenance, peu importe leur lieu d'origine
également, pour autant qu'ils sont résidents du Québec,
c'est sur eux d'abord que va se porter le programme de PME Innovation. Nous
voulons, en quelque sorte, aider la PME du Québec tout le monde
va s'entendre là-dessus, je pense sur le plan des budgets de
recherche, les investissements sont faibles, sur le plan de l'innovation
également au niveau de la PME au Québec. Ce n'est pas là
qu'est notre plus grande marque de commerce, l'innovation, et nous avons
décidé que le gros de notre effort porterait d'abord et avant
tout sur l'entreprise qui appartient à des Québécois.
M. Scowen: Je comprends que vous ayez décidé cela,
mais d'après ce que vous avez dit, je n'étais pas capable de
savoir pourquoi. Si vous avez une compagnie avec moins de 500 employés,
mais qui sont des employés québécois, avec des
ingénieurs québécois qui veulent innover au Québec,
cela n'a pas de bon sens de dire qu'elle n'est pas éligible parce que le
propriétaire habite la Floride.
M. Duhaime: Je ne vois pas pourquoi dans un programme comme
celui-ci, on prendrait les impôts des contribuables du Québec. Il
y a des subventions avec le programme PME Innovation qui peuvent aller
jusqu'à 50% et je ne vois pas pourquoi nous prendrions les impôts
des contribuables du Québec sur un programme comme celui-ci qui est
très ad hoc, qui est orienté sur la petite et la moyenne
entreprise dans des dossiers d'innovation pour alimenter l'entreprise dont les
propriétaires ne sont pas résidents du Québec.
M. Scowen: Pour les mêmes raisons, vous donnez des
subventions à n'importe quelle compagnie pour s'installer ici pour
créer de l'activité économique. Je ne sais pas combien le
gouvernement du Québec a offert à General Motors, à
Wayagamack, à Consolidated, à n'importe qui pour créer de
l'activité économique au Québec. Mon Dieu! Je pense que
c'est assez clair.
M. Duhaime: Oui, mais on ne parle pas de la PME quand on parle de
Consolidated Bathurst, si je comprends bien!
M. Scowen: Non, mais je dis que le principe est le même, si
les travailleurs sont au Québec, si l'activité économique
est créée au Québec, si l'innovation se fait au
Québec.
M. Duhaime: Si vous avions $100 000 000 additionnels à
mettre sur ce programme, possiblement qu'on pourrait se ranger à votre
argumentation, mais avec l'enveloppe budgétaire dont nous disposons pour
ce programme, je pense que nous allons servir les intérêts des
Québécois d'abord et les autres ensuite.
M. Scowen: Vous n'avez rien à ajouter à cette
explication?
M. Duhaime: Non.
M. Scowen: D'accord. La prochaine question, M. le ministre, porte
sur deux projets, les avions et les frégates. Pouvez-vous...
M. Duhaime: Me permettez-vous de vous interrompre? C'est que vous
avez référé à l'arrêté en conseil et,
pour le bénéfice de ceux ou celles qui vont nous relire un jour,
nous parlions de l'arrêté en conseil 647-79 du 7 mars 1979; je
voudrais peut-être lire le paragraphe 1b, dans la définition de
"corporation", parce qu'il y a peut-être une nuance à apporter sur
ce que vous avez donné comme explication et sur ce que j'ai
répondu également; alors je vais lire la définition
de la corporation qui pourrait être éligible en vertu de ce
programme: "Une corporation légalement constituée, quelle que
soit la nature et l'endroit de sa constitution, et dont le contrôle
effectif ou la propriété de plus de 50% des actions votantes
donnant droit d'élire les administrateurs est détenu par un ou
plusieurs résidents du Québec".
On peut donc très bien se retrouver dans la situation suivante:
une entreprise est contrôlée à 70% par des
résidents, disons, de l'Ontario, qui voudraient se prévaloir d'un
programme intéressant au niveau de la PME innovatrice, c'est une
incitation pour que les transferts de contrôle effectif puissent se
faire, le cas échéant, et nous n'excluons pas la
possibilité que des résidents du Québec, en association
avec des résidents d'autres provinces ou d'autres pays, puissent
bénéficier de ce programme; le contrôle effectif de la
corporation, c'est-à-dire plus de 50% des actions, qui donnent le droit
d'élire les administrateurs, donc les actions ordinaires, on s'entend
bien; ce n'est donc pas le critère de 100%, c'est 50% et plus pour le
contrôle effectif.
M. Scowen: II sera très difficile de persuader le reste du
Canada que vous voulez vraiment un marché commun avec la libre
circulation des personnes et des biens, avec de tels éléments de
préférence dans les lois; franchement!
M. Duhaime: Je vais vous dire, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, que tout ce bagage pourra très certainement
faire partie des négociations éventuelles dans l'association, ce
qui amènerait peut-être la Colombie-Britannique à
introduire des éléments de souplesse, parce que si je me souviens
l'année dernière ou encore en 1978, lorsqu'un consortium
étranger à la Colombie-Britannique a fait des propositions pour
prendre le contrôle effectif des usines de si ma mémoire
est bonne de MacMillan Bloedel, le gouvernement de la
Colombie-Britannique est intervenu carrément en disant ceci: Nous ne
laisserons pas faire une telle chose. Alors il y a du donnant-donnant dans ce
genre de dossier comme dans n'importe quel autre et ça se négocie
très bien à l'intérieur d'une entente d'association.
M. Scowen: Alors, vous vouliez la politique de la
Colombie-Britannique sur la MacMillan avec notre politique sur les PME.
M. Duhaime: Non, ce que je dis, c'est: Ici, vous avez un
élément de "bargaining" dont se sert l'Ontario, dont se servent
les provinces maritimes, dont se sert la Colombie-Britannique et que nous
utilisons également.
M. Scowen: La prochaine question que je voulais poser, c'est:
Est-ce que vous pouvez nous donner un aperçu rapide de la situation
actuelle en ce qui concerne les contrats pour les avions et les
frégates.
M. Duhaime: Vous parlez du F-16 et du F-18.
M. Scowen: Le F-16 et le F-18.
M. Duhaime: On est peut-être un peu loin de nos
crédits, mais je peux le faire avec plaisir.
M. Scowen: Excusez-moi, c'est page 8 et page pour les
navires 9.
M. Duhaime: Je n'ai aucune espèce d'objection à
répéter, en commission parlementaire, ce que nous disions tout
à l'heure en conférence de presse au sujet du contrat des avions
de chasse. Dans un premier temps, nous disons que nous n'avons pas, ici au
Québec, un secrétariat d'Etat à la guerre ou encore un
ministère des Armées, donc nous n'avons pas d'expertise qui nous
permette d'évaluer la performance de l'un ou de l'autre des deux
appareils qui sont en discussion actuellement. Cependant, nous lisons les
journaux comme tout le monde... (11 h 45)
M. Scowen: Quelles sont les retombées économiques,
pour le Québec, dans le cas de l'un ou de l'autre? C'est ce que je veux
savoir.
M. Duhaime: Oui, oui, mais je tiens à donner cette
précision. Par ailleurs, on sait que des pays européens, qui sont
signataires de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, ont
déjà des F-16. Le F-18, au niveau du prototype, est
utilisé par la marine des Etats-Unis; douze appareils, je crois. Notre
préoccupation dans ce dossier, peu importe le choix des militaires, est
au niveau des retombées économiques canadiennes au
Québec.
Traditionnellement et de tout temps, au Québec, nous avons
vécu la situation suivante: 50% de l'aéronautique a
été au Québec. Nous sommes préoccupés et
très inquiets par les discussions en cours, entre General Dynamics et le
gouvernement fédéral, d'une part, et McDonnell Douglas et le
gouvernement fédéral.
Notre position consiste à dire essentiellement ceci: Nous voulons
maintenir l'équilibre existant dans le dossier de l'aéronautique.
Avec les informations que nous avons pu obtenir, et de General Dynamics et de
McDonnell Douglas, il appert, que l'avion de chasse F-16 nous garantirait, en
pourcentage, le plus grand nombre de retombées.
Par ailleurs, il n'est pas exclu et les journaux de ce matin en
faisaient état que le dossier McDonnell Douglas va évoluer
également dans les heures qui suivent; nous exigeons 50% des
retombées économiques. C'est-à-dire ce qui correspond
à la situation existante.
Si vous me permettez d'ajouter qu'il me paraît un peu curieux que
nous soyons presque obligés de déchirer notre linge, sur le place
publique, concernant un dossier pareil. Nous travaillons essentiellement sur
les retombées économiques. Suivant les informations que nous
avons quant au F-18, par exemple, la première problématique que
nous avons examinée garantirait au Québec, 7% des
retombées canadiennes. Ce qui signifierait une catastrophe. Les avions
de chasse sont des petites "bébelles" qui coûtent quelques
millions
de dollars chacun. C'est une commande de 130 avions. Le choix de cet
avion de chasse, et principalement le "fall out", ou les retombées dans
les investissements vont orienter l'aéronautique pour les dix ou quinze
prochaines années.
Nous ne marchanderons aucun autre dossier, d'après la
problématique que nous avons établie, qui consiste à dire
essentiellement ceci: Nous exigeons, et le Québec est en droit de
l'obtenir je pense que l'expertise est à Montréal
que les retombées de ce contrat aillent dans le sens des 50%,
c'est-à-dire de l'équilibre déjà existant.
M. Scowen: Je veux reposer la question que je posais au
début. A votre connaissance, à l'heure actuelle, les
retombées du contrat de General Dynamics sont au-dessus de 50%...
M. Duhaime:... de General Dynamics? Pas au-dessus de 50%, mais
près de 50%.
M. Scowen: Ah! près de 50%. Pour McDonnell Douglas, elles
sont à 7% au total?
M. Duhaime: Dans la première possibilité que nous
avons examinée, oui. Il y a une deuxième hypothèse de
travail qui portait les retombées à environ 22%. Je dois dire que
l'information qui nous vient, autant du gouvernement fédéral que
de McDonnell Douglas, est au compte-gouttes. Le gouvernement du Québec
en apprend plus par les journaux qu'avec le canal normal des communications qui
devrait exister avec Ottawa.
M. Scowen: En effet, c'est une décision pour laquelle le
ministère québécois ne peut se blâmer, si nous ne
réalisons pas ce que nous voulons, ou se vanter, si cela se termine
à près de 50%. C'est une décision qui provient
essentiellement du gouvernement fédéral. Nous ne faisons pas
partie de cette décision d'une façon significative.
M. Duhaime: Oui, mais nous n'allons pas rester dans nos chaises
berçantes et laisser passer un contrat de cette importance pour
l'industrie aéronautique du Québec, surtout dans la région
de Montréal, sans rien dire. Nous faisons notre boulot, nous avons
écrit lettre sur lettre, nous avons rencontré les
autorités fédérales, sous l'ancien gouvernement. J'ai
moi-même rencontré le ministre de la Défense nationale du
Canada, mardi dernier, il y a une semaine aujourd'hui, pour lui expliquer de
long en large quelle était notre approche dans ce dossier et quelle
était notre perception de la problématique.
Je vais vous dire: Je suis un partait profane en matière
d'aviation. J'ai plutôt fait mon entraînement avec l'artillerie
dans l'antiavion. Cela peut paraître assez paradoxal qu'on soit devant
une telle situation aujourd'hui, mais ce qui nous intéresse d'abord et
avant tout, c'est appareil pour appareil, étant un profane, quand la
défense de l'Europe occidentale est assurée par du F-16, pour ma
part, je vais vous dire honnêtement: F-16 ou F-18, cela m'est bien
égal. Ce qui ne m'est pas égal, cependant, c'est que nous voulons
maintenir et il faut livrer une bagarre comme ce n'est pas imaginable
notre juste part et notre part traditionnelle dans ce secteur
manufacturier.
M. Scowen: Du marché canadien. M. Duhaime: Du
marché canadien. M. Scowen: Je pense que c'est... M. Duhaime:
Pour l'exportation.
M. Scowen: Oui, c'est très bien et c'est un exemple d'une
partie de l'économie canadienne où nous avons
énormément plus que notre part normale, ce qui veut dire environ
25% ou 27%.
M. Duhaime: C'est exact, que notre part normale. Mais, si nous
comparons ce dossier et c'est pour ça que je vous ai dit tout
à l'heure avec d'autres...
M. Scowen: Avec les chemins de fer, où nous n'avons que
12%.
M. Duhaime: Vous parlez du chemin de fer, il y a peut-être
des exemples qui sont encore plus frappants: le secteur manufacturier de
l'automobile. Je ne répéterai pas les discours que vous avez
vous-même entendus avec beaucoup de plaisir, d'ailleurs, à
l'Assemblée nationale là-dessus. Mais, dans les pièces, le
Québec a 7/10% et, si ma mémoire est bonne, c'est 6,9% de la part
canadienne de la fabrication des voitures et des camions.
M. Scowen: M. Landry dit que c'est 9%, vous dites que
c'est...
M. Duhaime: C'est tout simplement incroyable alors que les
Québécois et leurs familles consomment 28% de la production
canadienne.
M. Scowen: Voulez-vous me dire parce que vous avez
soulevé le sujet des automobiles exactement ce que vous
prévoyez faire dans une souveraineté-association pour augmenter
le pourcentage de voitures fabriquées ici au Québec. Il faut
qu'on soit persuadés un peu...
M. Duhaime: Dans une perspective de
souveraineté-association, c'est qu'au lieu de parler d'un pacte
canado-américain dans l'automobile, on parlera très certainement
d'un pacte Canada-Qué-bec-Etats-Unis dans l'automobile. Et nous allons
appuyer, d'ici à ce que les changements politiques se produisent, les
efforts du gouvernement fédéral et, en particulier, ce que M.
Gray a donné comme indication, à savoir qu'il avait l'intention
de corriger le déficit fabuleux et incroyable que l'ensemble du Canada
porte aujourd'hui face aux États-Unis. Pour l'année
dernière, dans la construction de voitures et camions, pièces et
assemblage, enfin, tout le dossier inhérent au pacte canado-
américain, vous savez comme moi que le Canada est en
déficit de $3 100 000 000 avec les États-Unis et si les efforts
du gouvernement fédéral vont dans le sens de
rééquilibrer ce chiffre, nous allons aider le gouvernement
fédéral en tenant pour acquis que nous avons des
intérêts qui ont ceux que, en faisant le
rééquilibre, des retombées se fassent au Québec
dans ce secteur manufacturier.
M. Scowen: Vous avez souvent dit que vous alliez réclamer
cela, mais vous savez comme moi que le pourcentage du marché
manufacturier automobile détenu par le Québec n'est pas loin de
celui du Nord-Est des États-Unis, comparé avec le Midwest et
l'Est des États-Unis. Qu'est-ce que vous pouvez faire? Comment
pouvez-vous persuader les compagnies américaines et canadiennes de
s'installer davantage au Québec? Je ne vois pas comment, dans une
souveraineté-association, vous aurez plus de pouvoirs de
négociation, dans le marché commun des automobiles, que vous en
avez aujourd'hui. Si vous aviez simplement quelque chose...
M. Duhaime: La première condition qui est importante dans
ce genre de négociation et de discussion, c'est d'abord et avant tout
d'être assis à la table des négociations. A l'heure
actuelle, nous n'y sommes pas. Ce n'est pas le Québec qui a
négocié le pacte canado-américain. Il est entendu que,
dans un contexte de souveraineté-association vous savez que
ça peut vouloir signifier, quand un Etat devient souverain cela
peut vouloir dire que nous serons partie prenante à ces
négociations, de la même façon que nous négocierons
notre participation dans l'administration courante de la voie maritime du
Saint-Laurent, par exemple, et...
M. Scowen: Ce ne sera pas le conseil communautaire qui va
négocier avec les États-Unis, c'est chaque Etat membre. Vous
prévoyez un marché commun de trois pays. En effet, la politique
de l'automobile ne sera pas soumise à l'association, mais vous avez
l'intention de garder la politique de l'automobile et les relations avec les
États-Unis, dans ce domaine, pour vous au Québec.
M. Duhaime: Non, cela est l'interprétation...
M. Scowen: Est-ce que ce sera la responsabilité de
l'association de négocier avec les États-Unis, une association
économique canadienne avec eux? Est-ce que ce sera Québec
États-Unis et Canada États-Unis?
M. Duhaime: Nous verrons bien quand ce jour-là sera venu.
Mais je pense que vous anticipez sur les événements et que vous
faites beaucoup d'extrapolations.
M. Scowen: C'est une question assez importante.
M. Duhaime: Je vous dirai qu'à Washington,
récemment, j'ai rencontré des gens fort sérieux,
près du gouvernement américain, et qui nous ont invités
à donner notre point de vue sur la problématique suivante:
l'établissement d'un marché commun nord-américain. Cela
peut être une hypothèse de travail intéressante, vu que
c'est à très long terme. A savoir si ce sera le Canada ou le
Québec qui, dans le dossier particulier de l'automobile,
négociera avec les États-Unis, je pense que c'est bien
prématuré de donner une orientation dans quelque direction que ce
soit.
Cependant, ce que je vous dis, c'est que la différence d'avec la
situation d'aujourd'hui, c'est que nous serons assis à la table et que
nous pourrons parler au nom du Québec.
M. Scowen: Laissez-moi vous poser une dernière question
très précise. Dans le livre blanc, vous prévoyez un
conseil communautaire auquel seront confiés certains pouvoirs
décisionnels. C'est surtout une association économique pour les
pouvoirs décisionnels.
M. Duhaime: Oui, qui pourra décider, en passant, davantage
de choses que le conseil confédéral...
M. Scowen: Est-ce qu'un des pouvoirs décisionnels que vous
vous proposez de confier au conseil communautaire concerne la politique de
l'automobile Canada-Québec?
M. Duhaime: Je pense que ce n'est pas le moment de faire une
affirmation qui irait aussi loin que vous le souhaitez dans votre question,
mais c'est très certainement un des points majeurs qui seront
discutés lors de la négociation. Comment, dans un secteur aussi
important, ferons-nous l'alignement avec le Canada, vis-à-vis des
États-Unis et d'autres pays du monde également, qui sont des
manufacturiers et qui exportent leurs produits aussi bien au Québec
qu'au Canada?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président, de me permettre de
participer au dialogue, au niveau du développement de l'industrie
manufacturière. Je pensais un moment que je m'étais trompé
de commission parlementaire, mais enfin...
Quand on regarde le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme d'en haut, on étudie toujours l'évolution du niveau
industriel par secteur. On tente de déceler, d'identifier les
problèmes inhérents à chaque secteur. Au niveau des
projections et des investissements, nous le faisons également toujours
par secteur. Nous avons eu aussi des sommets économiques, des
mini-sommets, et cela a toujours été étudié
également par secteur. Y a-t-il quelque chose qui se fait
parallèlement par région?
Quand vous projetez un investissement, par exemple, vous identifiez
toujours tel problème dans tel secteur. Mais est-ce que vous
procédez également pour différentes régions du
Québec? J'entends les grandes régions du Québec. Quels
sont les critères pour l'investissement? Est-ce que vous attendez
les demandes qui viennent des différentes régions? Des
différents secteurs, oui, mais des différentes régions?
Est-ce que les décisions sont prises à la suite de
décisions politiques? Est-ce qu'il y a des décisions prises ou
des orientations, ou des suggestions faites par le MIC, pour dire: on va
investir dans telle région plutôt que telle autre? (12 heures)
Le ministre nous a donné, un compte rendu des investissements par
région. Je regarde une région que je connais plus que les autres,
par exemple la région 03. Je ne connais pas toutes les industries qui
sont là, mais pour celles que je connais, du moins, ce sont des
investissements pour des agrandissements. Ce ne sont pas de nouvelles
industries; ce sont surtout des agrandissements. Je regarde la
Coopérative laitière du sud du Québec, Manac, et
Prévost Car que je connais davantage. Ce sont des industries qui
existent déjà, mais c'est de l'agrandissement. J'imagine que ce
sont des demandes qui sont venues à votre ministère; ce n'est pas
votre ministère qui a suggéré tel ou tel
agrandissement.
Quand il s'agit d'une même demande dans le même secteur,
mais dans deux régions différentes, comment expliquez-vous cette
différence entre les investissements directement reliés aux
emplois créés? On en parle souvent. Ce n'est pas l'idée
d'être mesquin, mais on parle souvent de Tricofil et d'autres
régions. Comment expliquer je prends ça comme exemple,
mais on pourrait les multiplier que dans le secteur du textile et du
vêtement, on investisse X millions de dollars pour créer une
centaine d'emplois et, au même moment, dans le même secteur, mais
dans une autre région où le taux de chômage est encore
beaucoup plus élevé selon les statistiques, on aurait pu
conserver le même nombre d'emplois pour 50 et même 100 fois moins
d'investissements qu'on n'a pas faits? En vertu de quel principe peut-on
expliquer ça?
Il y a deux ou trois questions dans mon intervention, M. le
Président. Est-ce que le ministère, lorsque c'est le temps de
faire des investissements, identifie certaines régions et dit: Nous
aimerions que, dans telle région, il y ait des investissements, mais
dans telle région plutôt qu'une autre, considérant les
critères propres à tel secteur, comme le haut taux de
chômage, la proximité de la matière première, la
main-d'oeuvre qualifiée et ainsi de suite?
Deuxièmement, comment expliquer cette différence ou en
vertu de quel principe peut-on prendre des décisions que je vous ai
énumérées tout à l'heure? En tout cas, dans ma
région, je peux vous énumérer rapidement deux ou trois cas
que personne n'a pu s'expliquer.
M. Duhaime: La première chose à dire, c'est que la
décision finale de l'investissement n'appartient pas au ministère
de l'Industrie et du Commerce, ni même au gouvernement du Québec,
mais appartient bel et bien au secteur privé, au "décideur",
celui qui est propriétaire d'une entre- prise il peut prendre une
expansion ou encore, à ceux qui détiennent des capitaux.
La problématique est toute différente lorsqu'il s'agit
d'investissements faits par le secteur public au niveau des grands
ministères, par exemple. Je pense que tout le monde va le
comprendre.
Ce que nous faisons, au ministère, si nous avons une approche
sectorielle, comme je l'ai expliqué hier et ce que nous soulignons aux
investisseurs, c'est essentiellement les facteurs de localisation, qu'ils
soient négatifs ou positifs, suivant les analyses sectorielles que nous
faisons, d'une région par rapport à l'autre. Par exemple,
certaines régions au chapitre de la main-d'oeuvre peuvent avoir des
avantages par rapport à Montréal. Une autre région peut
avoir un facteur de localisation positif en termes de transport, de
proximité du marché. Une autre région peut avoir un
avantage comparatif intéressant sur le plan des installations, en ce
sens que le prix d'achat des terrains est plus bas à tel endroit
plutôt qu'à tel autre. Mais nous n'avons pas établi de
problématique au niveau du ministère de l'Industrie et du
Commerce qui serait axée dans le sens que laisse entendre votre question
sur une politique de développement de régions ou de
sous-régions. Nous travaillons plutôt au niveau des secteurs. En
comprenant bien que nous comptons énormément je pense que
ça va de soi que de le répéter que les
décisions appartiennent au secteur privé. C'est suivant la
vitalité et le dynamisme de chacune des régions que l'expansion
se fait ou ne se fait pas. Au fil des années, on se rend compte que
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce
l'évoquait hier la région de Montréal tire de la
patte actuellement par rapport à des régions du Québec qui
sont beaucoup plus dynamiques. Je pense à la Beauce, à la
Mauricie, à l'heure actuelle, au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Il y en a d'autres, bien sûr, mais je pense que tout le monde
s'entend pour dire que depuis quelques années, à Montréal,
on tire de la patte. Je pense qu'il ne faut pas et ça
été bien indiqué au niveau des politiques de notre
gouvernement se substituer aux investisseurs privés, leur imposer
quelque carcan que ce soit. Notre objectif est beaucoup plus un soutien au sens
d'analyse sectorielle, et lorsque les programmes sont établir au niveau
des secteurs, nous ne faisons aucune espèce de discrimination sur un
investissement projeté dans une région plutôt qu'une autre.
Je rappelle essentiellement que la décision finale appartient, bien
sûr, à celui qui décide d'investir ou de ne pas investir.
Nous pensons que dans ce domaine le secteur privé doit conserver son
leadership.
M. Goulet: Si je comprends bien, vous ne faites jamais de
suggestion comme celle de dire à une compagnie manufacturière,
par exemple: Tu veux prendre de l'expansion, on va t'aider si tu demeures dans
telle région, mais étant donné que le taux de
chômage dans telle autre région est deux fois plus
élevé, on te consentirait une aide supplémentaire si tu
allais t'établir là, plutôt que de payer par le biais d'une
politique sociale
comme le bien-être. Il n'y a jamais de suggestions comme ça
qui sont faites au niveau du développement régional, les
disparités régionales, si vous voulez, au niveau social, au
niveau économique? Vous ne faites jamais de suggestions?
M. Duhaime: En fait, vous avez des mécanismes, dont j'ai
fait mention hier, qui s'appellent les SODEQ. Dans les régions, il y en
a actuellement huit. Vous avez également la Loi no 48 qui permet un
remboursement des investissements en tenant compte de l'impôt à
payer, etc. Ce sont là des mécanismes qui vont favoriser un
élan régional. Il faut dire aussi que, comme rôle de
soutien, le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
subventionne 51 commissariats industriels répartis dans toutes les
régions du Québec. Ce programme les subventionne jusqu'à
concurrence de 50% de leurs dépenses courantes de fonctionnement,
c'est-à-dire un maximum de $45 000. Je pense qu'il y a aussi le volet 1
qui existe au ministère et qui permet de subventionner les
municipalités dans le paiement de leurs coûts d'infrastructure
industrielle. Vous avez également dans l'entente auxiliaire sur les
parcs industriels, des endroits qui ont été reconnus comme
prioritaires, où le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme intervient également. Nous faisons un effort, et je pense que
ce serait objectif que de constater que le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, par ses bureaux régionaux, par ses subventions
aux commissariats industriels, par ses programmes d'aide aux parcs industriels,
par la mise en place des SODEQ, fait un effort pour appuyer le
développement régional. Je rappelle essentiellement la Loi no 48,
la Loi sur les stimulants fiscaux au développement industriel. Quand
vous faites l'enveloppe de l'ensemble de ces mesures, c'est très clair
que toutes et chacune des régions du Québec peut
bénéficier de ces programmes et de ces formes d'aide. Si vous me
demandez: Est-ce que le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme va dire que tel investissement ne sera pas subventionné
à moins qu'il aille atterrir dans telle région en particulier, je
vous réponds non.
M. Goulet: M. le Président, je pensais que la prochaine
année, on pourrait avoir ici une politique et une stratégie
sectorielle qu'on pourrait avoir à la suite de politique et
stratégie régionale, mais je pense que je ne suis pas
tombé sur le bon ministre. Pourquoi dites-vous...
M. Duhaime: Cela me plairait énormément qu'on
puisse dire qu'en Mauricie, par exemple, tout investissement qui y viendrait
serait bonifié de 15%. A quel endroit va-t-on tracer la ligne? Il faut
bien comprendre qu'il y a 45% de la population qui vit maintenant dans la
grande région de Montréal. Et pourquoi privilégierait-on
la Beauce au détriment des Appalaches? Par rapport à la
région de Québec, pourquoi privilégierait-on la
Côte-Nord au détriment de la rive sud? C'est pour ça que je
vous dis que notre action est essentiellement sectorielle et nous laissons le
secteur privé voir à ses propres responsabilités et
compter sur son propre dynamisme.
M. Goulet: M. le Président, le ministre ne croit-il pas
que ce ne serait pas pire que privilégier certains dossiers en
particulier? Je ne lance pas la pierre au ministre, parce que dans les dossiers
que j'avais nommés, il n'était pas là. Mais comment
peut-on défendre le fait que le ministère de l'Industrie et du
Commerce demande, par exemple à la SDI d'investir dans tel ou tel
dossier quand on sait qu'il est censé investir dans des entreprises
supposément viables, en tout cas, qu'il juge viables et que selon les
études, on sait hors de tout doute qu'elles ne seront pas viables et le
ministère exige quasiment que ces gens investissent? Quand la SDI
mentionne dans son rapport: Décision pour raison d'État, c'est
une façon polie de dire que ce sont des dossiers politiques.
M. le Président, j'aimerais que le ministre nous dise il
n'était pas là; il est bien placé pour en parler
comment peut-on défendre des dossiers comme Tricofil, Marine, Bellevue,
et une quantité d'autres? Quand la SDI ne voulait pas investir parce
qu'il disait: On sait que ce ne sera pas rentable, le gouvernement a dit: Tu
vas investir. Un délégué régional est venu
je vais essayer de trouver son nom de la SDI dans nos régions,
plus précisément la Beauce. Il a fait une conférence de
presse. Il a dit: II y a des dossiers, malheureusement, on sait que ce ne sera
pas rentable, mais on est obligés d'y aller quand même. Quand les
dirigeants sont obligés de venir dire ça en conférence de
presse, ça commence à être grave. A ce moment, vous dites:
On ne veut pas privilégier des régions. Cela ne serait pas pire
que privilégier certains dossiers. La seule raison de ces
dossiers-là, c'est que ce sont des décisions politiques. Je n'en
vois pas d'autres.
M. Scowen: II faut attendre l'arrivée du
député de Frontenac; il peut vous l'expliquer...
M. Goulet: Je ne vois pas d'autres raisons. Alors si ce n'est pas
pire on est rendu à des conclusions comme ça
ça ne serait pas pire pour différentes régions de dire:
Parce qu'il y a 20% de chômage je dis ça sous toute
réserve disons 18% de chômage en Gaspésie, on va
demander à telle compagnie: Si tu vas investir là, on est
prêt à mettre 10% de plus. On met de l'argent à l'eau comme
ça dans différents dossiers qui sont jugés non viables en
partant pas par moi par des gens que vous avez mis en place.
M. Duhaime: II y en a un peu pour tout le monde dans ce que vous
venez de dire. Comme dirait un de mes collègues: C'est un peu...
M. Goulet: Le monsieur de la SDI. Tout à l'heure, on va le
voir: M. Labonté. Je l'inviterais à la barre des... lui demander
ce qu'il pense de certains dossiers. M. le ministre, à midi, je vous ai
amené une déclaration d'un représentant de la SDI
qui est venu dans la Beauce. Je n'ai pas l'article de la presse devant
moi, mais je pourrai vous le trouver et si sa déclaration n'est pas
correcte... Il y a quelqu'un qui lui a posé une question. Il a dit:
C'est vrai, il y a des décisions qui ont été prises. Nous
savions que ce ne serait pas rentable et on est allé quand même.
Il faisait allusion, sauf erreur, à Tricofil, à Bellevue et
à des places comme ça. Ce n'est pas moi qui l'ai dit. Ce sont des
gars qui sont là. Ils sont supposés connaître leur
affaire.
M. Duhaime: En fait, il faut éviter de porter des
jugements a posteriori jusqu'à un certain point. Dans l'hypothèse
où l'entreprise qui reçoit une aide financière quelconque,
que ce soit de la Société de développement industriel ou
encore d'un des programmes du ministère de l'Industrie et du Commerce,
l'analyse a posteriori est toujours facile. Quand ça va bien, on dit: On
a fait un bon placement. Quand ça va mal, on dit: On n'aurait jamais
dû aller se fourrer le nez là-dedans. Mais ce qu'il faut regarder,
c'est l'ensemble des activités, autant de la Société de
développement industriel que du ministère de l'Industrie et du
Commerce. Sauf erreur, la SDI, l'année dernière, affiche des
profits. C'est une banque d'affaires qui a son autonomie administrative de
gestion et je ne sais pas de qui vous tenez une déclaration au nom de la
SDI qui serait un fonctionnaire de la SDI. Mais autant que je sache, il y a une
personne qui parle au nom de la SDI: c'est son président qui
répond de son administration au ministre de l'Industrie et du Commerce.
Quant au reste, vous soulevez le cas Bellevue. Je pense qu'en ce qui concerne
Bellevue, le gouvernement a fait son boulot. Nous avons essuyé des
pertes de l'ordre de $6 000 000. Cela a été un effort
désespéré pour tenter de maintenir en vie une entreprise
qui fournissait du travail à tout près de 400 personnes à
un certain moment dans la région de l'amiante. Si c'était
à refaire, je pense que le gouvernement reprendrait exactement la
même décision. C'est assuré. (12 h 15)
Vous avez évoqué également le dossier Tricofil. Je
m'en croise les doigts. Espérons que Tricofil, au fil des années,
va remonter la côte. Je comprends que la côte est peut-être
longue, mais il y a une expérience humaine qui se vit et qui a
été vécue, chez Tricofil. Cela valait le coup d'être
tenté. Il est heureux, aujourd'hui, que Tricofil affiche des
profits.
Vous avez évoqué également le cas de Marine. Je
pense que tous les gouvernements, au Québec, depuis dix ans à
tout le moins, ont pompé, année après année,
à même le fonds consolidé pour subventionner, non pas
toutes les activités de Marine Industrie il faut faire attention
mais la section navale, essentiellement, chez eux. Parce que dans les
secteurs des wagons, dans la construction des turbines, enfin tout le secteur
de l'hydroélectricité, nous y dégageons des profits
année après année. C'est en croissance dans ces deux
secteurs.
Pour ce qui est du chantier maritime à Marine Industrie, je pense
qu'il y a la conjoncture inter- nationale qui joue pour une part. Il y a aussi
le manque à gagner de Marine Industrie sur des contrats de construction
navale qui, normalement, auraient dû venir du gouvernement
fédéral et qui ne sont jamais venus. Je pense aussi que l'effort
que nous faisons, avec le plan de redressement qui est en cours actuellement
chez Marine Indus-drie, avec un objectif de rentabilisation, va bon train. Nous
avons annoncé, chez Marine Industrie puisque vous m'en parlez
des investissements d'environ $10 000 000 en ouvrant une deuxième
ligne de montage de wagons. Cela crée 500 nouveaux emplois. C'est un
investissement de $1 300 000. J'ai annoncé également un
investissement de $8 600 000 dans la division hydroélectrique de Marine
Industrie.
Dans l'ensemble des opérations de Marine Industrie,
l'année dernière, la perte sèche a été de
l'ordre de $3 000 000 essentiellement due aux activités du chantier
maritime. Il faut dire aussi que ce déficit au compte des
opérations de Marine Industrie affecte, bien sûr, le bilan des
opérations de la Société générale de
financement qui, au cours de l'année 1979 j'ai
déposé le bilan de cette société d'Etat à
l'Assemblée nationale, récemment malgré un
déficit au compte de l'exploitation de Marine Industrie, dans sa
division navale, la SGF tourne à profits et elle en a
dégagé pour $9 500 000. On pourra toujours reprendre un cas ad
hoc ou un autre, mais je voudrais vous donner cette assurance qu'il ne se fait
pas de discrimination au niveau d'une région ou d'une sous-région
par rapport à d'autres. Les facteurs de localisation ou les facteurs
comparatifs, dans l'analyse que font les investisseurs, c'est leur
responsabilité. Qu'on investisse en Beauce, à Grand-Mère
ou à Sherbrooke, la loi 48 s'applique sur tout le territoire, de
même que les autres programmes du ministère.
M. Goulet: Ce que je voulais, M. le Président, avant de
terminer, c'est que le ministre nous donne l'assurance que son ministère
n'investira plus de millions en se basant sur le seul critère qu'on
doive retenir la démission d'un ministre. C'est ce que je voulais dire.
Vous savez très bien ce que je veux dire. Vous étiez au cabinet
à ce moment même si vous n'étiez pas ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Cela n'a jamais été
démenti.
Quand on en est à se baser sur ces critères pour investir
des millions, je veux que le ministre nous donne l'assurance je sais que
ce n'est pas de sa faute mais il aurait dû intervenir à ce
moment-là cette garantie que cela ne se reproduira plus au
cabinet, tant qu'il sera là comme ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme.
M. Duhaime: J'avoue franchement que je me demande où vous
avez pêché cette affirmation d'une démission de quelque
ministre que ce soit, du gouvernement...
M. Goulet: Oui, oui, cela a été confirmé
dans tous les journaux. Quand le gouvernement a
remis, la dernière fois, $1 000 000 à Tricofil, le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières du temps, pour ne pas la nommer, Madame Payette, vous avait
remis sa démission. C'était conditionnel, qu'on le veuille ou
non, avec un autre ministre. Cela n'a jamais été
démenti.
M. Duhaime: Je vais le démentir maintenant, car c'est
absolument faux.
M. Goulet: Bien, voyons donc! Voyons donc! M. le ministre. Quand
on prend des décisions sur ces critères, c'est grave.
M. Duhaime: Vous portez, M. le député de
Bellechasse, une accusation, du moins une affirmation tout à fait dans
le vide, pour autant que je suis concerné.
M. Goulet: Je la maintiens, M. le Président.
M. Duhaime: Alors, il faudrait poser la question à ma
collègue, Madame Payette, qui est ministre d'État à la
Condition féminine. Nous avons une période de questions à
14 heures, cet après-midi.
M. Goulet: Oui, nous l'avons posée au premier ministre et
je vous invite à relire. Vous allez voir que les réponses
n'étaient pas tellement... Les réponses ne justifiaient pas
tellement cette prise de position. Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Est-ce qu'on
procède avec l'adoption de l'élément 1?
M. Scowen: J'ai deux questions.
Le Président (M. Bordeleau): Toujours pour
l'élément 1, M. le député?
M. Scowen: Oui. C'est très bref. Page 18, Innovation
meuble qui a été approuvé, à la fin de
décembre 1978, pour le meuble et la chaussure. Vous avez approuvé
36, dans le domaine du meuble, si je comprends bien, et 27 dans le domaine de
la chaussure.
M. Duhaime: Pour $1 700 000, on est au bon endroit.
M. Scowen: Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur les
résultats des projets qui ont été subventionnés?
D'une façon précise, chiffrable.
M. Duhaime: On pourrait peut-être corriger une erreur dans
le texte de la page 18.
M. Scowen: Les retombées économiques pour le
Québec étaient quoi?
M. Duhaime: Oui, on va y venir. Je voudrais corriger une erreur
qui est dans votre texte. A 7.2, il s'agit du programme visant à
stimuler l'innovation dans l'industrie du meuble, Innovation meu- ble. Le
programme visant à stimuler l'innovation dans l'industrie de la
chaussure, on a mis entre parenthèses: Innovation meuble. Il s'agit
d'Innovation chaussure.
M. Scowen: Je vous remercie, mais, quand même, les
retombées économiques chiffrables de ces 36 interventions dans le
meuble et 27 dans la chaussure, cela fait quoi pour le Québec? On a
payé, on a subventionné et le résultat, c'était
quoi?
M. Duhaime: Ce programme d'Innovation meuble a été
approuvé par le Conseil des ministres, le 13 décembre 1978. Il a
commencé à être appliqué au cours de l'année
1979. Les subventions à ce jour totalisent $1 700 000. Nous
prévoyons des déboursés pour l'exercice qui vient de
l'ordre de $700 000. 70% des projets présentés l'ont
été par des entreprises de la région de Montréal.
Je pense que c'est important de le mentionner. Votre question porte sur
l'impact de ces subventions dans les 36 dossiers sur le niveau de l'emploi ou
l'effet d'entraînement en terme d'investissement. Je pense que nous
serons...
M. Scowen: ... et du profit, et de la rentabilité. On
parle...
M. Duhaime: Nous serons en mesure de fournir toutes ces
informations lorsque le dossier aura cheminé un peu plus. Nous n'avons
pas le chiffrier, à l'heure actuelle, pour être en mesure de
répondre clairement quel a été l'effet
d'entraînement de ce programme en termes de maintien d'emploi ou de
création d'emplois nouveaux, injection de nouveaux investissements,
etc.
M. Scowen: Alors, laissez-moi aller en arrière, en ce
cas-là. Page 17, vous avez la PME Innovation qui a commencé en
octobre 1977. Je suis certain que vous avez le moyen de mesurer non seulement
les coûts, mais les bénéfices d'un programme qui a
déjà existé pendant trois ans. Qu'est-ce que vous savez?
Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur les bénéfices qu'on a
reçus d'une façon précise des
investissements, des subventions qui ont été versées
pendant l'année 1978? Cela fait maintenant deux ans que c'est
passé et, depuis ces subventions, quel système avez-vous pour
mesurer l'impact? J'imagine que c'est une question de ventes
réalisées à cause de cette innovation, les profits
réalisés, l'emploi permanent créé. Quels sont les
moyens que vous utilisez pour mesurer les bénéfices? C'est
très facile de mesurer les coûts. Qu'est-ce que vous pouvez nous
dire sur les subventions de 1978?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Une première chose, en réponse à
votre question sur le programme de PME Innovation. Durant l'exercice 1979-1980,
il y a 47 projets industriels qui ont été acceptés pour un
montant total de $15 600 000 en chiffre arrondi, et 68% des projets
recommandés ont été réalisés par des
entreprises de la région de Montréal.
Lorsque nous faisons une intervention dans un programme comme celui-ci,
il y a un certain nombre d'exigences que l'entreprise doit rencontrer au moment
où la demande est formulée, au moment où la demande est
acceptée et ensuite, durant la période de son engagement.
Il nous faudrait, pour être en mesure de répondre à
votre question, reprendre chacun des 47 dossiers, refaire une
vérification en date d'aujourd'hui, au niveau de chacune des
entreprises, calculer la différence en termes d'emploi. Sur le volume
des investissements, je n'ai pas ces informations avec moi ici. Il faudrait
qu'on fasse la compilation au ministère, à savoir, par exemple,
quel a été le total des retombées par l'effet de
l'entraînement de ces 47 subventions qui totalisent $15 600 000. Mais, je
ne suis pas en mesure de vous fournir de plus amples informations
là-dessus.
M. Scowen: On crée un programme, on paie les subventions.
Trois ans après, on se demande si cela vaut la peine de continuer.
Est-ce un succès ou non? Alors, on peut se dire: oui, c'est un
succès. Alors comment savez-vous que c'est un succès? Quels
critères avez-vous utilisés?
M. Duhaime: Je puis peut-être ajouter comme
élément d'information qu'à notre connaissance, aucune des
entreprises qui ont bénéficié, au cours de l'exercice
1979-1980, d'une subvention ou d'une forme d'aide sous le programme de PME
Innovation, n'a été en difficulté financière au
sens de déposer son bilan ou encore de recevoir une pétition en
faillite de ses créanciers. Les 47 entreprises qui ont fait l'objet
d'une intervention sont toujours en opération. Maintenant, nous ne
faisons pas de suivi sur une base mensuelle ou trimestrielle pour être en
mesure d'évaluer le nombre d'emplois créés
particulièrement à l'intérieur de chacune de ces
entreprises. S'il fallait que nous le fassions, je crains que nous serions
obligés de mobiliser des équipes de fonctionnaires qui,
essentiellement, devraient faire des appels téléphoniques et de
la vérification sur place pour être en mesure de répondre
à cette question.
M. Scowen: Mais, si je proposais qu'on laisse tomber PME
Innovation, vous me diriez probablement: non, c'est valable. Et la prochaine
question sera: comment savez-vous que c'est valable? Quels sont les
critères. Comment l'évaluez-vous?
M. Duhaime: Vous insistez sur le résultat statistique, en
termes de chiffres quelconques. Je puis vous assurer que le ministère
est en contact constant avec ces dossiers, parce qu'il y a des obligations qui
doivent être rencontrées, il y a un suivi qui se fait de ces
dossiers. Répondre à votre question serait à peu
près comme dire: si on arrêtait complètement le budget de
publicité en tourisme aux états-Unis, qu'est-ce qui se
produirait? Je serais tenté de vous répondre: il y a de grosses
chances qu'il viendrait moins de touristes américains au Québec.
Alors, c'est mutatis mutan- dis, un peu la même réponse. Lorsque
nous faisons des interventions dans la PME Innovation, il s'agit de donner un
élan à une entreprise qui existe déjà et qui s'en
va dans une gamme de produits nouveaux; le suivi est fait
régulièrement, mais cela nous prendrait une équipe de
fonctionnaires additionnels et je suis convaincu que vous seriez le premier
à nous faire le reproche d'engager trop de monde et de consacrer trop
d'argent à des frais d'administration. Le suivi se fait avec les
entreprises qui ont reçu une forme d'aide et les exigences normales sont
discutées et le suivi est fait de chacun de ces dossiers. Si vous me
dites: qu'est-ce qui va arriver si PME Innovation est arrêté? Ce
que je vais vous répondre: c'est qu'il y aurait $16 000 000 de moins qui
auraient été versés à ces entreprises pour les
aider. (12 h 30)
M. Scowen: La question que je posais était beaucoup plus
nuancée que ça, je pense. A titre d'exemple, de la
publicité aux États-Unis pour les touristes, c'est clair qu'il
faut en faire, mais il y a une bonne publicité et il y a une mauvaise
publicité. Je pense qu'une personne qui connaît la
publicité a les moyens de juger, par toutes sortes de façons qui
sont bien connues, si on doit arrêter celle-ci et recommencer
celle-là. Il y a plusieurs façons de faire des subventions. Il y
a plusieurs programmes possibles. Je veux simplement savoir comment vous
évaluez ce programme. Je ne demande pas que ce soit chiffré
jusqu'au bout, mais je voudrais savoir, par rapport à votre
réponse, comment vous abordez un programme pour décider si c'est
un succès ou non. Franchement, après cinq minutes, je n'ai pas
tellement appris.
M. Duhaime: C'est parce que vous ne voulez pas apprendre. Je vous
ai indiqué dans les deux réponses, en ce qui a trait aux PME,
à l'innovation dans le secteur du meuble, que 70% des interventions
avaient été faites pour des entreprises dans la région de
Montréal. Dans le secteur de la PME Innovation chaussure, 45% ont
porté sur des entreprises dans la région de Montréal et
dans la PME Innovation, 68% des projets recommandés ont
été réalisés dans la région de
Montréal.
Hier, vous posiez la question à savoir si nous faisions quelque
chose dans la région de Montréal. Je pense que je vous fournis
trois réponses sur trois programmes différents où nous
sommes intervenus. Moi, cela me paraît clair.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît. Il est 12 h 30, nous devrions suspendre maintenant. Est-ce qu'on
peut adopter le programme 3, élément 1, avant de quitter?
Vous avez une question, M. le député de Bellechasse? Si
j'ai le consentement des membres, nous pourrions peut-être prolonger de
quelques minutes.
M. Goulet: Le ministre pourrait nous répondre cet
après-midi. Je vais ressortir mon document rapidement.
Le ministre nous a remis, ce matin, un document intitulé
"Investissements dans les secteurs
manufacturiers, exercice 1979-1980." Il y a deux compagnies que je
connais plus particulièrement.
A la page 6, au paragraphe "aliments et boissons", vous écrivez;
Coopérative laitière du Sud du Québec, $1 800 000. C'est
l'investissement total. Vous en avez une autre: Prévost Car, manuel de
transport, à la page 11, $3 000 000. En regardant ce document, c'est
écrit "Investissements dans le secteur manufacturier", alors on comprend
que c'est l'investissement total. J'aimerais savoir l'apport du gouvernement
provincial à cet effet. Dans les deux entreprises que j'ai
mentionnées, tout à l'heure, le gouvernement
fédéral a contribué pour une grande part, l'entreprise
privée également, je voudrais connaître votre part sur $1
800 000...
Une Voix: Répétez, c'est la Coopérative
laitière du Sud du Québec?
M. Goulet: Je vous donne deux exemples, mais vous pourriez me
donner les chiffres globalement. Cela s'applique à tout le document.
Moi, je vous donne deux exemples concrets. A la page 6, "Aliments et boissons";
Coopérative laitière du Sud du Québec, $1 800 000. Je
voudrais savoir la part du gouvernement provincial, là-dedans. Il y en
avait une autre que je vous ai déjà donnée, Prévost
Car. A la page 11, $3 000 000. Alors, je veux connaître la part du
gouvernement provincial, du gouvernement fédéral et de
l'entreprise privée.
Dans ce document, il y en a sept ou huit pages. Il y a un total
d'investissements de X millions de dollars. La part du gouvernement provincial
est de tant, la part du gouvernement fédéral est de tant et la
part de l'entreprise privée est tant.
Je ne veux pas la réponse maintenant, mais cet après-midi,
vous pourrez peut-être nous...
M. Duhaime: Immédiatement, dans le cas de la
Coopérative laitière du Sud du Québec. Le MEER, du
gouvernement fédéral, $491 250; La SDI, le programme 2A, $330
000; Comme tout bon projet dans l'agriculture, le ministère de
l'Agriculture et de l'Alimentation est intervenu pour $1 210 600.
Maintenant, à la page 11, Prévost Car, sous quelle
rubrique? Matériel de transport?
M. Goulet: Matériel de transport.
M. Duhaime: Alors sur un investissement de $3 000 000,
l'intervention du MEER, du gouvernement fédéral, est de $585
000.
M. Goulet: Et vous autres? M. Duhaime: Zéro.
M. Goulet: Non, non, je veux dire le gouvernement provincial.
M. Duhaime: II n'y a pas eu de demande.
M. Goulet: Bien oui, mais, M. le ministre, qu'est-ce que cela
vient faire dans ce document. Vous vous donnez cela et vous nous dites que ce
sont les investissements. L'entreprise privée a investi. Le MEER a
investi. Vous nous dites que le gouvernement provincial n'a pas investi. Nous
devrions nous attendre à ce qu'il y ait au moins un pourcentage et qu'il
y soit inscrit. Qu'est-ce que le ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme vient faire là-dedans, s'il n'a rien investi?
M. Duhaime: C'est que la Direction générale de
l'industrie s'est occupée de ce dossier. Sous réserve de le
vérifier, à l'heure du repas, je pense que la SDI est
déjà présente dans le dossier de Prévost Car.
Toutefois, je le dis sous toute réserve.
M. Goulet: Oui, la prise en charge à l'exportation, je
suis bien d'accord. Mais je voudrais connaître le montant. Vous nous
dites qu'il y a un document. Nous le regardons. Voici les investissements qui
ont été faits. C'est bien beau. On sait que l'entreprise
privée a investi. Le gouvernement fédéral a investi dans
les deux cas. J'ai regardé très rapidement... Vous parlez
d'autres, dont Béton provincial à Matane je pourrais
appeler M. Bélanger et il me dirait cela tout de suite mais, vous
nous en donnez six pages. Vous dites, voici les investissements. Alors, on doit
s'attendre que vous ayez participé. A un moment, je vois un chiffre de
$3 000 000. Vous me dites: Le MEER, le fédéral a investi pour
$500 000 à $600 000 et nous n'avons rien. Qu'est-ce que cela vient faire
là-dedans? Vous avez quelque chose, ou sans cela, cela n'a pas de raison
d'être là-dedans. Ce serait dans un document que le
fédéral pourrait nous remettre. Non?
M. Duhaime: A moins que je l'aie mal expliqué, je crois
avoir dit, en déposant ce document, que c'était pour illustrer le
genre de travail que fait la Direction générale de l'industrie
sous le grand paragraphe 6, de la promotion industrielle. Si le
ministère de l'Industrie et du Commerce ne s'était occupé
en aucune façon du dossier Prévost Car, on n'en parlerait
pas.
M. Goulet: Je donne un exemple.
M. Duhaime: C'est justement. Ce document que j'ai
déposé, qui donne des listes d'investissements n'implique pas que
nécessairement, dans chaque dossier, ou bien la SDI, ou bien le
ministère de l'Industrie et du Commerce est intervenu
financièrement dans la réalisation du projet; mais très
souvent, comme on le fait dans la plupart des grands dossiers d'investissement
en région, le ministère de l'Industrie et du Commerce est
présent et fait le suivi des dossiers.
Je vais demander l'information sur Prévost Car en particulier. Je
pense que la SDI est déjà présente dans le dossier.
M. Goulet: J'aurais aimé c'est pour cela qu'on
attendra pour approuver le programme cet après-midi si on est
capable de nous fournir ces chiffres, mettre une colonne de plus et dire: Le
provincial y est allé pour tel pourcentage. Je pense que ce sont des
chiffres que nous avons le droit
de connaître. Surtout avec la bataille référendaire
qu'on connaît à savoir si c'est avantageux ou pas de partager avec
un autre palier de gouvernement.
M. Duhaime: Cette démonstration est déjà
faite, mon cher collègue.
M. Goulet: Non, elle ne m'a pas convaincu.
Le Président (M. Bordeleau): Comme cela, nous n'adoptons
pas l'élément maintenant. La commission suspend ses travaux sine
die.
Suspension de la séance à 12 h 37
Reprise de la séance à 15 h 45
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'industrie, du commerce et du tourisme reprend donc
ses travaux avec cette nouvelle séance.
Les membres pour la séance de cet après-midi sont: M.
Duhaime (Saint-Maurice), M. Godin (Mercier) remplacé par M.
Grégoire (Frontenac), M. Goulet (Bellechasse), M. Lavigne (Beauharnois)
remplacé par M. Desbiens (Dubuc), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Perron (Duplessis), M. Raynauld (Outremont), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Shaw (Pointe-Claire).
Les intervenants sont: M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Lavoie (Laval),
M. Mailloux (Charlevoix), M. Michaud (Laprairie), M. Paquette (Rosemont), M.
Rancourt (Saint-François) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
A l'ajournement de nos travaux, nous en étions au programme 3.
Nous n'avions même pas adopté l'élément 1, je pense.
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, si vous le permettez, je
voudrais poser une question au ministre. Il nous avait déposé un
document. Je comprends que c'est de l'information concernant les
investissements qui ont été faits au Québec, surtout au
niveau de l'industrie manufacturière. Je n'irai pas jusqu'à dire
que c'est de la fausse publicité, mais quasi.
J'aimerais que le ministre nous dise je ne veux pas le document
cet après-midi mais serait-il possible d'ici peut-être une
semaine de nous faire la ventilation de cela et de nous dire quel pourcentage
dans ces montants le ministère de l'Industrie et du Commerce du
Québec a investi ou a donné comme subvention? On regarde cela
rapidement. C'est le ministre lui-même ce matin qui a distribué ce
document: Investissements. Hercules Canada Limitée, Varennes: $30 000
000. Tant d'emplois créés, j'ai posé une question au
ministre ce matin. Dans le cas, par exemple, d'une compagnie, j'ai
demandé combien il avait investi, il m'a dit: Rien. Tout ce que nous
avons fait, nous sommes allés porter la demande à Ottawa. Vous
n'avez pas investi. Je me demande ce que cela vient faire là-dedans.
D'accord, vous avez pris cela dans Statistique Canada, mais y aurait-il moyen
de savoir, dans les chiffres qui sont là, quelle part a
été fournie par le Québec? Qu'est-ce que le Québec
a fait là-dedans, à part de travailler au niveau technique? Si
cela vaut X milliers de dollars, l'inscrire. Je pense que cela nous aiderait
énormément, et on pourrait voir l'efficacité du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
Dans le cas que j'ai mentionné ce matin, de Sainte-Claire, je
dois dire que si nous n'avions pas eu la subvention du fédéral et
que si l'entreprise privée n'avait pas investi $2 500 000, probablement
que nous n'aurions rien eu.
M. Duhaime: M. le Président, il faudrait peut-être
revenir à ce document, premièrement, qui n'est pas un document
publicitaire, mais un document factuel sur l'état des investissements
dans le secteur manufacturier pour l'exercice 1979-1980. On y retrouve, et on
l'a inclus pour l'information des membres de la commission, les
prévisions de Statistique Canada dans l'industrie de la fabrication au
Québec pour 1979 qui prévoyait des investissements totaux de $2
336 800 000. C'est tiré de Statistique Canada, et nous avons fait la
liste des projets de $5 000 000 et plus qui se trouvent dans les pages qui
suivent, ensuite, les projets par ordre d'importance sur le plan de l'emploi
pour les mêmes projets de $5 000 000 et plus. Ensuite, vous avez la liste
des projets de $1 000 000 et plus, selon les grands groupes industriels et les
mêmes projets sont repris par région et ensuite par emploi.
Le but du dépôt de ce document est de faire voir aux
membres de la commission que dans chacun de ces dossiers il y a eu une
implication active de la direction générale de l'industrie par sa
direction de la promotion industrielle. Dans certains cas, il y a eu ou bien
intervention financière soit de la Société de
développement industriel ou encore du ministère de l'Industrie et
du Commerce par l'un ou l'autre de ses programmes, et, dans certains cas, il
n'y a pas eu d'implication financière.
Je voudrais qu'on me comprenne bien. Je n'ai aucune espèce
d'objection à faire transmettre, pour leur information aux membres de la
commission, les montants de subventions qui ont été versés
sous chacun des projets qui sont énumérés dans ce
document. La réserve que j'ai, c'est sur les montants des prêts
effectués par la SDI, parce que j'indiquais dans le courant des travaux
de notre commission qu'il y a les dispositions de l'article 51 de la Loi de la
SDI qui m'interdiraient et qui interdiraient également à la SDI
de rendre publiques les données quant aux prêts. Maintenant, je
voudrais que l'on se comprenne bien, M. le député de Bellechasse.
Premièrement, ce n'est pas un document publicitaire.
Deuxièmement, la liste des projets qui sont ici n'indique pas que
nécessairement dans chaque cas, il y a eu intervention soit de la SDI,
soit du ministère. Il peut arriver, comme il arrive dans beaucoup de
dos-
siers qu'il y ait également une intervention du MEER
fédéral, conjointement avec l'intervention du ministère de
l'Industrie et du Commerce du Québec ou encore de la SDI. Mais ce que je
veux réaffirmer, c'est que nous faisons beaucoup plus que recevoir un
dossier et de le remettre à la poste.
Il y a des équipes techniques qui travaillent dans la promotion
industrielle. Très souvent, il y a eu un effort d'exploration pour aller
chercher ces investissements, intéresser les "décideurs" à
investir et je pense que ce ne serait pas être objectif ni même
correct à l'endroit des fonctionnaires du ministère qui
travaillent à ce dossier de dire: Vous avez refait un dossier. Vous avez
changé d'enveloppe en mettant un timbre dessus et vous l'avez
envoyé à Ottawa et votre travail s'est terminé là.
Au contraire, il y a un suivi parfois très complexe et très
détaillé dans les analyses sectorielles, dans les
évaluations de rentabilité, etc.
M. Goulet: M. le Président, une question très
courte: Sur les $2 336 000 000, je pourrais résumer ma question comme
ceci: l'implication financière du MIC, c'est quoi?
M. Duhaime: Cela n'a rien à voir comme tel. Je vous ai
donné...
M. Goulet: M. le Président, le ministre m'a dit: II y a eu
$2 300 000 000 d'investissements dans les entreprises manufacturières au
Québec. L'un a investi $30 000 000, l'autre $25 000 000, CANADAIR et
ainsi de suite. Est-ce qu'on pourrait connaître le pourcentage de
ça qui est investi par le ministère de l'Industrie et du Commerce
du Québec? Est-ce qu'une entreprise privée a investi, sur les $2
000 000 000, je ne sais pas, $1 800 000 000 et que le fédéral a
donné en subventions $600 000 000? La part du Québec, dans ce
cas, c'est quoi? C'est ce qu'on voudrait savoir, parce que quand vous
comptabilisez les emplois qui ont été créés au
Québec, vous dites: II y a eu tant d'emplois de créés, on
voudrait savoir d'où ça part. Est-ce que c'est le
fédéral qui les a créés ou si c'est l'entreprise
privée? Je suis bien d'accord, mais je ne suis pas prêt à
féliciter le ministère de l'Industrie et du Commerce pour ces
chiffres-là. On va féliciter qui de droit. C'est ce que je veux
savoir.
M. Duhaime: On va féliciter immédiatement le
secteur privé, parce que ce n'est pas le gouvernement
fédéral ni le gouvernement du Québec qui créent les
emplois. Je pense que notre travail à nous, au ministère, est de
rendre les conditions d'investissements telles que les investissements vont se
faire. Je reviens sur l'affirmation que vous avez faite tout à l'heure.
Les $2 336 800 000 sont des prévisions de Statistique Canada pour
l'année 1979: les investissements dans l'industrie de fabrication. On
dit bien: Prévisions. Ensuite, on vous a donné la liste de
dossiers comportant des investissements de $5 000 000 et plus qui sont
énumérés dans ce document. Ce que j'ai ajouté dans
mon intervention de tout à l'heure, c'est que je ferai le
nécessaire pour que l'information vous soit transmise, à savoir
les montants de subventions du ministère de l'Industrie et du Commerce
par l'un ou l'autre de ses programmes ou encore par le biais de la
Société de développement industriel dans chacun de ces
dossiers, qu'il y ait eu intervention ou pas. Dans les dossiers où nous
ne sommes pas intervenus, nous mettrons: Nil. Je parle à ce moment-ci
d'interventions sur le plan financier. Mais ce que je vous dis tout de suite,
c'est que dans chacun de ces dossiers, au niveau de la Direction
générale de l'industrie, par le biais de la direction de la
promotion industrielle, de même que par la Direction
générale des services aux entreprises manufacturières, le
ministère de l'Industrie et du Commerce, tantôt seul, tantôt
avec l'aide ou conjointement avec un commissariat industriel en région,
a fait le suivi de chacun des dossiers dont la liste apparaît.
M. Goulet: M. le Président, une dernière question:
Quand vous parlez de projets créant 100 emplois ou plus, selon
l'importance du nombre d'emplois ce sont des prévisions. Au moment
où ce fut inscrit, c'étaient des prévisions, mais au
moment où on se parle, est-ce que ce sont des réalisations, en
bonne partie?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Les chiffres qui viennent de Statistique Canada:
Investissement privé et public au Canada, au catalogue 61-206,
prévisions dans l'industrie de la fabrication, au Québec, pour
l'année 1979, pour un total de $2 336 000 000, sont des
prévisions.
Par ailleurs, les projets de $5 000 000 et plus et les autres projets
créant 100 emplois et plus et, ensuite, les projets de $1 000 000 et
plus, ce sont des projets qui sont ou bien réalisés, ou bien en
voie de réalisation, ou qui ont été annoncés de
façon officielle et qui seront engagés prochainement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, au niveau des
prévisions, je prends un exemple dont on s'est servi ce matin:
Prévost Car, Sainte-Claire, Dorchester, prévision du nombre
d'emplois créés: 146. Vous me suivez? D'accord, ce n'est pas
réalisé, ils viennent de commencer l'agrandissement, ça
fait peut-être trois semaines. Moi, je veux savoir les prévisions
si on cumule tous ces chiffres d'aide du ministère de
l'Industrie et du Commerce comparativement à ces chiffres. Sur les $2
300 000 000, vos prévisions d'aide directe, c'est quoi? Est-ce que c'est
$500 000 000, $600 000 000, $300 000? Il me dit, dans Prévost Car, ce
matin, la prévision est zéro. On n'y va pas nous, on a
aidé au niveau technique, on a fait du travail. J'ai peut-être
caricaturé un peu en disant qu'on avait changé ça
d'enveloppe, mais le ministre a compris. Au niveau de l'implication
financière
du MIC, il n'y a rien, l'implication financière directe. C'est ce
que je veux savoir. C'est quoi le pourcentage?
M. Duhaime: Je vais donner un exemple. Pour répondre
complètement à votre question, il faudrait que nous fassions
l'addition mathématique des interventions de la SDI en prêts et en
subventions, que nous fassions également l'addition mathématique
des montants versés en subventions ou en prêts à travers la
gamme de toutes les interventions du ministère de l'Industrie et du
Commerce par ses programmes. Possiblement, que nous ajoutions aussi, parce que
nous travaillons étroitement avec l'OPDQ en région, le volet 4 de
OSE et ceci nous donnerait les interventions globales en subventions et en
prêts pour la partie qui relève du ministère de l'Industrie
et du Commerce et du volet 4 de OSE. Une fois cette opération faite, il
faudrait que, vis-à-vis chaque projet qui est relié ou bien
à une subvention, ou à un prêt, nous fassions l'addition
mathématique de l'ensemble des investissements et de l'ensemble des
emplois créés. Cet exercice n'est pas fait. Ce que je puis vous
donner comme indication, par exemple, c'est que durant les onze premiers mois
de l'exercice 1979-1980, au niveau de la SDI, elle a accepté 549
projets, elle a prêté $29 500 000, elle a consenti des prises en
charge, c'est-à-dire des subventions pour $84 300 000, elle a investi
$10 300 000 en capital-actions et elle a accordé des garanties de
prêt, c'est-à-dire sa signature sur des projets, pour $5 800 000.
Ce qui veut dire que, depuis pour votre information 1971, depuis
sa fondation, la SDI maintient encore 2000 dossiers actifs, ayant $238 000 000
en prêts, $274 000 000 en subventions, $26 700 000 en capital-actions et
$125 300 000 en garanties de prêts. On pourrait faire le même
exercice. Je pense qu'à l'aide des engagements financiers, votre service
de recherche pourrait absolument faire l'opération. J'avoue ne pas
l'avoir faite ici.
M. Goulet: M. le Président, je termine ce chapitre
là-dessus, mais le ministre comprend très bien. Il me semble que
quelqu'un, ici, cet après-midi, pourrait nous dire, sur le $2 300 000
000 d'investissements au total, on prévoit qu'il va en venir X% en
prêts de la SDI et X% en subventions du M!C, à peu près. Je
ne suis pas le gars pour m'enfarger dans les fleurs du tapis, mais vous venez
de me dire: Cette année, environ $125 000 000, $84 000 000, $10 000 000,
$26 000 000, vous avez énuméré ça.
Approximativement, si vous me dites 12% et que c'est 13%, je ne vous en
tiendrai pas rigueur, je ne crois pas. Mais, sur le $2 300 000 000
d'investissements, on les a les chiffres. Vous n'avez qu'à dire:
Ecoutez, grosso modo, au niveau des prêts, on devrait y aller pour X
millions et, au niveau des subventions directes, on devrait y aller pour X
millions. Nous sommes capables de faire la part des choses. S'il y a 3000
emplois créés, nous serons capables de dire: II y en a 8% qui
dépendent du Québec, ou 18%, ou 28%, selon le cas. (16
heures)
M. Duhaime: Je comprends très bien votre question, sauf
que...
M. Goulet: Mais pourquoi n'y répondez-vous pas?
M. Duhaime: C'est parce que je ne suis pas en mesure de
répondre à votre question parce je comprends la question que vous
me posez, mais je vous dis que vous faites une proposition sur des chiffres qui
sont inconciliables. Je vais vous donner un exemple: les investissements
d'Alcan-Canada à La Baie sont dans leur troisième phase,
actuellement. Cela totalise $500 000 000 sur trois ans. Je pense que je ne suis
pas ici pour passer un "commercial" à personne mais c'est de commune
renommée qu'Alcan fait ses investissements sans aucune aide
financière d'aucun gouvernement. Par ailleurs, en terme de
création d'emplois qui vont découler de cet investissement, dans
les emplois nets créés en fin d'année, pour
l'économie du Québec, qui vont venir s'ajouter, s'il y a lieu. Ce
que je veux vous indiquer, c'est que lorsque nous disons que l'économie
du Québec a généré 82 000, 83 000 emplois en 1979,
le gouvernement n'a jamais dit que c'était le gouvernement qui avait
créé des emplois. Vous le comprenez facilement. C'est le secteur
privé, c'est l'entreprise privée qui crée ces emplois et
nous sommes là avec la panoplie et la gamme de toutes les interventions
qui existent au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et
la SDI, pour susciter des investissements pour faciliter...
Je ne suis pas en mesure de relier l'aide, sous quelque forme que ce
soit, qui viendrait du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, de la SDI ou de tout autre ministère ou organisme du
gouvernement, avec la prévision de Statistique-Canada de $2 300 000 000.
Il faudrait que l'on fasse un exercice presque de bénédictin pour
identifier chacun des investissements faits au cours de l'année 1979,
avec le nombre d'emplois net créés sur chacun des
investissements, reprendre ces dossiers ensuite un à un et aller voir
quel est l'organisme gouvernemental, fédéral, Québec, ou
autre, qui est intervenu dans le dossier. Mais, cela va nous avancer à
pas grand-chose, finalement, sur le plan des chiffres, parce que cela ne peut
pas, de toute façon, se concilier. Si on part du principe qu'un
investissement de $200 000 000 est fait, sans aucune aide gouvernementale et
que, par ailleurs, cela vous prend une trentaine de projets à
côté pour cumuler ce même $200 000 000 avec des
interventions du gouvernement à quelque niveau que ce soit, cela n'aura
rien démontré à votre hypothèse.
M. Goulet: Ecoutez, allons-y pour un exemple: si sur $3 000 000
000, en chiffre rond, d'investissements au Québec, que cela vienne du
gouvernement fédéral, que cela vienne du gouvernement provincial,
que cela vienne d'une entreprise privée, on a
généré 3000 emplois. C'est facile de dire: nous, au
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, nos statistiques
nous disent que, cette année, au Québec, il y a eu $3 000 000
000
d'investissements dans le domaine de l'industrie. L'entreprise
privée, l'Alcan, si c'est Alcan qui investit tout le montant, c'est
comptabilisable, dans ce cas, on dit: c'est Alcan. Par contre, à
côté, si, sur un investissement de $100 000, le MIC y va pour $20
000, on comptabilise $20 000. Sur $3 000 000 000 d'investissements au
Québec, il a été créé tant d'emplois.
D'accord, on peut parler du climat social, tout cela, ce n'est pas cela que je
veux savoir. C'est: nous, le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, on y est allé pour $X millions de subventions directes et,
pour prêts ou garanties de prêts, on y est allé pour $X
millions.
A ce moment-là, on fera bien, nous, la part des choses qu'on veut
faire avec les chiffres. Les chiffres ne mentent pas. Vous me dites: Alcan va
investir $500 000 000 en trois ans. Supposons qu'ils investissent $150 000 000
cette année et que ni le gouvernement fédéral, ni le
gouvernement provincial n'investissent, c'est facile à comptabiliser. Il
y a eu $500 000 000 d'investissements, alors on ne comptabilise rien dans la
colonne gouvernement provincial et rien dans la colonne gouvernement
fédéral. C'est l'entreprise privée qui va avoir tant
investi.
Mais, en bas de la ligne, on doit être capable de faire une
comptabilité et dire sur $3 000 000 000, le gouvernement provincial y
est allé directement pour $800 000 000, sous forme de prêts, et
$500 000 000, sous forme de subventions. Il me semble qu'il y a quelqu'un qui
pourrait nous dire cela: une moyenne. Je ne comprends pas du tout... Je
comprends que cet après-midi, vous ne donnerez pas cela à la
virgule prêt, mais, en moyenne, il y a 15% qui viennent sous forme de
prêts du MIC et 8%, sous forme d'aide prise en charge, soit des
intérêts ou ces choses-là, par la SDI. Je ne comprends pas
que cet après-midi, personne ne puisse nous dire ça ici. Cela me
dépasse vraiment, M. le ministre. Honnêtement, je ne veux pas
être désagréable, je dis on va l'adopter, sur division,
mais cela me surprend, parce que ce sont quand même les autorités
du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qui sont
ici.
J'aimerais savoir si, sur les 3000 emplois qui ont été
créés ou générés au Québec, vous avez
fait votre part. Si c'est toute l'entreprise privée qui a fait
ça, on va dire: D'accord, le climat est favorable à
l'investissement. Si le fédéral en a investi 10%, on va remercier
le fédéral et on va lui donner sa part, ce qui lui revient. Mais
je voudrais être capable de dire que le provincial a fait de quoi. Je ne
suis pas capable de le dire à partir des réponses que vous me
donnez. C'est ce que je déplore. Je ne veux pas être
désagréable. Je termine là-dessus, mais je le
déplore.
M. Duhaime: Je comprends que vous ne vouliez pas être
désagréable. Il n'y a personne qui veut être
désagréable ici non plus. Ce que nous pouvons faire comme
exercice, ce serait, par exemple, sur un exercice financier complet, faire le
total des montants versés sous les rubriques PME Innovation, PME Meuble,
PME Chaussure, et également les investissements qui ont
été générés à travers la loi 48 sur
les stimulants fiscaux. On pourrait faire la liste des investissements qui ont
été provoqués par les fonds industriels municipaux qui
sont largement subventionnés par le ministère de l'Industrie et
du Commerce. On pourrait également faire l'addition mathématique
de la liste des subventions ou des prises en charge d'intérêts
versés par la SDI, faire le total mathématique des prêts
effectués en cours d'une année par la SDI. Mais il faut bien
comprendre qu'il y a des dossiers qui sont actifs pendant un certain nombre
d'années là-dedans. On ne pourra pas, de toute façon,
répondre à votre question, parce que je dis bien que ce sont des
prévisions des chiffres que nous avons inclus dans ce document qui nous
viennent de Statistique Canada. Et je suis informé que même au
niveau du gouvernement fédéral, on ne dispose pas de cette
information qui consisterait à faire la liste exhaustive de tous les
investissements faits au cours d'un exercice financier sur un territoire
donné et qu'ensuite, on puisse faire une corrélation entre tel ou
tel programme.
Ce qu'on peut vous fournir, ce sont les chiffres globaux avec la
réserve suivante: il n'y a pas de moyenne qui existe, parce que les
variables sont énormes, selon le secteur. On sait, par exemple, que dans
le domaine de la sidérurgie, pour créer un emploi,
l'investissement peut aller jusqu'à $250 000 par emploi. Dans un autre
secteur industriel, ça peut être $50 000 et c'est une
donnée. Il faut ensuite tenir compte du coefficient multiplicateur. Par
exemple, on dit que dans le tourisme, $1 investi les économistes
s'entendent pour le dire a un effet d'entraînement qu'on multiplie
par 2,4.
Dans un autre secteur, le coefficient multiplicateur va être plus
faible. Mais je comprends très bien le sens de votre question. On a des
prévisions d'investissement de $2 300 000 000. Le ministère de
l'Industrie et du Commerce et tout le gouvernement du Québec
interviennent à un niveau ou à l'autre, avec des programmes.
Ensuite, sur le terrain, il y a des investissements qui atterrissent et des
emplois qui se créent. Mais la conciliation de tout ça, c'est
mathématiquement impossible à faire. Même si nous
décidions d'y mettre les ressources, on n'arriverait pas à
répondre à votre question de façon directe. On ne peut que
vous fournir des réponses globales. Même en fin d'année, au
niveau de Statistique Canada, on travaille toujours au niveau de
prévisions de l'année précédente. Ensuite, on fait
les réajustements en conséquence en fin d'année.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: C'est-à-dire, j'ai fait...
M. Duhaime: Je ne vous réponds pas comme ça pour
être désagréable, mon cher collègue. Si j'avais des
réponses plus précises, je vous les donnerais tout de suite.
M. Goulet: Bien non, je comprends très bien, mais je
prends acte que le ministre n'a pas la
réponse que je veux avoir tout simplement. C'est ce que...
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que
l'élément 1 du programme 3 est adopté? Sur division?
Adopté sur division. Elément 2. On a parlé de
différents éléments au cours de la discussion. Mais on va
les repasser quand même. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Sur l'élément 2, j'ai seulement une
question qui rejoint un peu celle que j'ai posée plus tôt. C'est
dans l'élément 2 où vous avez toutes les expositions
à l'extérieur du Québec.
M. Goulet: L'élément 1 est adopté.
M. Scowen: Oui, c'est adopté. Ici vous avez l'aide
à la promotion des exportations, des expositions à
l'extérieur. C'est fort important que vous fassiez ce travail, ces
expositions. Je vois que vous essayez, dans la mesure du possible, de calculer
les retombées: ventes sur place, ventes potentielles. J'ai fait
moi-même plusieurs expériences de ces expositions, et je sais
qu'il est très difficile d'évaluer les résultats. Ventes
sur place, ventes potentielles, cela peut être n'importe quoi. Le
gérant arrive d'Australie et il dit avoir rencontré un acheteur
sensationnel, pour une valeur de $100 000 000... Enfin, on peut mettre
n'importe quoi.
Je vous demande, M. le ministre et M. le sous-ministre, quel
système vous utilisez vraiment pour l'évaluation de
l'efficacité et de l'utilité de chacune de ces expositions. Il
faut les continuer et il faut en augmenter le nombre. Il faut absolument que
l'on essaie de le faire d'une façon aussi efficace que possible.
Qu'est-ce que vous faites exactement? Comment évaluez-vous ces visites
et ces expositions?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre. M.
Duhaime: Nous ouvrons...
M. Scowen: Les activités des dépenses sont bien
détaillées, mais il y a très peu d'information sur les
réalisations. C'est un problème continuel.
M. Duhaime: En fait, c'est la méthodologie suivie pour
arriver à chiffrer, une fois les programmes d'aide à
l'exportation déployés, que ce soit des expositions commerciales
et industrielles, des missions commerciales, des missions mixtes
c'est-à-dire ventes et accords des missions d'accords
industriels, des séminaires de sensibilisation à l'exportation,
que ce soit à l'intérieur du programme APEX, ou encore une
mission d'acheteurs étrangers, ou encore l'Association
coopérative technique, connue sous le sigle ACTIM, essentiellement avec
la France... Dans tous ces dossiers, nous faisons le relevé et le suivi
sur place, en ce sens que je peux vous donner le nombre d'expositions, le
nombre de missions, le nombre d'industriels participants, le montant des ventes
effec- tuées sur place et le montant des ventes potentielles.
Sur les deux dernières données, par exemple ventes sur
place, ce sont les industriels qui nous répondent, de même qu'ils
nous répondent également sur leurs espérances en quelque
sorte. Je donne un exemple.
Pour les missions commerciales, au cours des dix premiers mois de
l'exercice 1979-1980, vingt ont été tenues. De plus, 124
industriels y ont participé, pour $4 600 000 de ventes effectuées
sur place. L'estimation des ventes potentielles faites par ce groupe de 124
industriels est de l'ordre de $33 000 000. Ils ont recruté des
distributeurs à l'étranger, soit un nombre de 67.
M. Scowen: D'accord. Laissez-moi vous poser une question sur les
$33 000 000.
D'après l'addition, vous avez des ventes potentielles de $33 000
000. Tout le monde se félicite. Vous l'avez inscrit dans le document
ici, afin que tout le monde puisse voir que ce sont $33 000 000 de ventes
potentielles. Est-ce que vous donnez suite à ces déclarations
d'optimisme? Quels moyens avez-vous? Par exemple, vous avez la compagnie
MacGregor Canada qui est allée en Norvège. Elle n'a rien vendu
sur place, mais il y a des ventes potentielles de $900 000. Alors on a
payé $10 000 à MacGregor pour ce voyage. D'ici un an ou deux,
est-ce que vous ferez un suivi, un "follow up", pour savoir?
M. le ministre, vous savez aussi bien que moi que la compagnie, en
revenant de son voyage, peut exprimer sa satisfaction de plusieurs
façons. Je vous demande si vous faites un "follow up", si vous
êtes en mesure ou non d'évaluer la réalisation des ventes
potentielles.
M. Duhaime: A peu près à tous les six mois, sur les
dossiers d'aide à l'exportation, autrefois la Direction des services
internationaux et maintenant, l'Office québécois du commerce
extérieur fait le suivi. On est en mesure de savoir si, sur la
problématique de ventes potentielles qui avaient été
manifestées, les contrats s'enclenchent, s'il y a le suivi. Cela se fait
de façon régulière. Très souvent, d'une
année à l'autre, les mêmes entreprises ou des entreprises
diverses, suivant les informations que nous obtenons des bureaux ou des
représentants du ministère de l'Industrie et du Commerce, sur
place, à l'étranger, dans les bureaux qui représentent le
ministère de l'Industrie et du Commerce, nous réorganisons une
mission commerciale en enlevant ceux qui n'y voient plus de leur
intérêt d'être présents, parce qu'il faut bien
comprendre que dans ces missions commerciales, l'entreprise a une partie des
frais à supporter, alors on ne voit pas le plaisir que pourrait avoir
une entreprise à simplement se promener et se balader dans le paysage.
L'essentiel de ce que je veux vous donner comme indication, est que nous tenons
nos chiffres des entreprises aussi bien sur le montant des ventes sur place que
sur les ventes potentielles. Ensuite, le suivi est fait
régulièrement.
M. Scowen: Est-ce que ce suivi est résumé d'une
façon pour vous permettre, M. le ministre, de savoir, par exemple, pour
les expositions, les visites qui ont été faites il y a un an, que
les réalisations comparées avec le potentiel est tant et tant.
Est-ce que vous avez un rapport pour les activités de 1978, par exemple?
Est-ce que c'est résumé?
M. Duhaime: Non, il n'y a pas de document synthèse qui est
fait du volume de dossier et le suivi se fait à l'Office
québécois du commerce extérieur et également
à l'étranger.
M. Scowen: Une dernière question sur les exportations. Il
y a aussi le gouvernement fédéral qui s'occupe de l'aide à
l'exportation, de la stimulation, des expositions et des visites à
l'étranger. Est-ce que ce travail que vous faites, qui est quelque chose
que vous avez augmenté tout récemment, ces dernières
années, est fait en collaboration avec le fédéral? Est-ce
que, normalement, les visites, dans le cadre de programmes divers, sont faites
de concert avec le fédéral, et les coûts sont
partagés ou si vous allez chacun dans votre propre direction?
M. Duhaime: Cela dépend des endroits. Là où
le gouvernement du Québec a ou bien une délégation
générale, ou une délégation, il y a, de
façon générale, une mission économique à
certains endroits. J'ai en tête Milan, par exemple, où il y a une
mission économique. Il y en a un peu partout dans le monde. Il arrive,
à l'occasion, que le gouvernement du Québec travaille de concert
avec le gouvernement fédéral, aux dossiers à
l'étranger, principalement aux endroits où le Québec n'a
aucune représentation. Même lorsque le Québec a une
représentation, nous tentons de nous synchroniser lorsqu'il y a les
expositions et les missions, pour la bonne et simple raison que lorsque nous ne
nous donnons pas mutuellement préavis, de façon
générale, nous nous marchons sur les pieds.
M. Scowen: Est-ce que les visites APEX qui commencent
à la page 23 sont des visites de compagnies qui sont faites en
collaboration avec le fédéral ou si toutes ces visites sont
subventionnées et organisées par nous seuls? (16 h 15)
M. Duhaime: Le programme APEX, en règle
générale, est administré par le Québec seul. Par
exemple, durant les dix premiers mois de 1979-1980, il y a eu dans ces
activités 330 participants, $13 600 000 de ventes sur place; c'est des
ventes potentielles pour $104 000 000, totalisant des nouveaux distributeurs
à l'étranger pour un chiffre de 621.
M. Scowen: Les visites ACTIM, celles avec la France, est-ce
qu'elles sont faites conjointement avec le fédéral ou à
part?
M. Duhaime: Dans le programme ACTIM qui est avec la France, le
gouvernement du Québec agit seul.
M. Scowen: Est-ce qu'on peut dire qu'en général, la
coordination avec le fédéral est minimale? Est-ce qu'il y a
d'autres programmes où la coordination avec le fédéral est
faite d'une façon systématique?
M. Duhaime: II faut bien se comprendre que quand je parle de
synchronisation, il n'y a pas d'implication financière au niveau du
fédéral dans ces programmes. La synchronisation se fait en termes
de calendrier des événements, en termes de disposition des
kiosques et des choses comme ça. Maintenant, est-ce que d'autres
programmes que ceux sous la liste "Aide à l'exportation" qui
apparaît dans ce document se font avec le gouvernement
fédéral? Il n'y en a aucun autre.
M. Scowen: J'ai une dernière question qui relève
d'une déclaration que le ministre a faite hier et je veux simplement
avoir un éclaircissement là-dessus si je peux. Cela touche
l'exportation. Je vous avais demandé hier si ce n'était pas vrai
que dans le discours inaugural, le premier ministre avait annoncé un
nouvel organisme pour l'exportation. Vous m'avez dit: Non, le discours
inaugural mentionnait un mécanisme d'intervention dans le secteur des
exportations. Je l'ai relu moi-même.
M. Duhaime: Relu quoi?
M. Scowen: Le discours inaugural. Je cite le premier ministre
à la page 5 du journal des Débats du 6 mars 1979: "Le
gouvernement vous proposera donc la mise sur pied d'un organisme exclusivement
orienté vers la promotion de l'exportation pour nos petites et moyennes
entreprises." Si je comprends bien, quant à vous... Je ne peux imaginer
que vous puissiez dire qu'un organisme exclusivement orienté vers la
promotion de l'exportation est la même chose qu'un mécanisme. Je
ne sais pas si je dois vous demander soit de retirer vos paroles, soit de
démissionner ou quoi, mais je pense que le fait le plus important, c'est
de savoir, une fois pour toutes, si c'est l'intention du gouvernement de donner
suite à la promesse du premier ministre, le 6 mars, de créer
durant cette session un organisme exclusivement orienté vers la
promotion de l'exportation pour les petites et moyennes entreprises, ou si vous
avez décidé de laisser tomber cette promesse que vous avez faite
à la population.
M. Duhaime: Je pense qu'il n'y a pas de chinois dans ce que je
disais hier et concilier mes propos avec le discours inaugural du premier
ministre. C'est très facile dans mon esprit. Lorsque je parle d'un
mécanisme, c'est un moyen quelconque d'intervention et ça peut
très bien je n'ai pas en tête le mot à mot du
discours inaugural
convenir à l'expression organisme. Je pense que ce n'est pas par
hasard que le discours inaugural a été rédigé de
cette façon. Que vous appeliez ça un organisme ou un
mécanisme, ça m'est parfaitement égal. Mais je puis vous
dire que nous allons donner suite non pas à cette promesse, mais
à cette déclaration du premier ministre dans le discours
inaugural. Ce que j'ai dit, c'est que ce ne sera pas nécessairement une
société d'exportation, dans le sens que ça pourrait
être une nouvelle société d'Etat.
M. Scowen: Pouvez-vous nous dire si les idées qui
étaient derrière les déclarations du premier ministre le 6
mars sont exactement les mêmes que celles du gouvernement
aujourd'hui?
M. Duhaime: Absolument.
M. Scowen: Parce que le mot "organisme", pour moi, c'est
très clair, un organisme exclusivement orienté, c'est très
clair, c'est en effet une société, quelque chose à part
qui ne fait que cela.
M. Duhaime: Cela peut être votre propre
interprétation des mots, mais ce n'est pas celle du gouvernement.
M. Scowen: Bon! Il faudra qu'on regarde soigneusement les
déclarations du premier ministre.
M. Duhaime: II faut surtout les lire attentivement.
M. Scowen: D'accord, merci.
M. Goulet: M. le Président, dans l'esprit de
l'ex-collègue du ministre actuel, c'était bien une
société d'exportation. Le ministre, à la suite d'une
question en Chambre avait dit...
M. Duhaime: Je ne me sens pas du tout solidaire de ce qui peut ou
pouvait exister dans l'esprit de mon prédécesseur à ce
ministère.
M. Goulet: Non, mais, au moment où le discours inaugural,
M. le Président, a été lu, dans l'esprit de tout le monde
et les mots étaient choisis c'était une
société d'exportation. Le ministre a répondu à une
question par la suite et il disait: "Je ne vois pas l'utilité d'une
société d'exportation. Un autre organisme, un organisme qui
existe actuellement, pourrait très bien faire la même chose."
C'est une réponse que vous avez vous-même donnée en
Chambre, à la suite d'une de mes questions. Mais, au moment du discours
inaugural, tout le monde, les journalistes avaient interprété
cela dans le même sens. C'était vraiment un organisme à
part, c'était la création d'une société
d'exportation.
M. Duhaime: Si le premier ministre avait voulu, lors du discours
inaugural, indiquer qu'il y aurait une nouvelle société
d'État mise en place avec un mandat exclusif à l'exportation, je
pense qu'il l'aurait dit. Il a parlé d'un organisme, laissant la porte
ouverte pour que nous puissions utiliser, le cas échéant, un
organisme déjà existant ou une société
déjà existante, en lui donnant un mandat bien précis dans
le domaine des exportations. Il n'y a pas de contradiction, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Non, à moins que vous n'utilisiez le sens
normal du mot "exclusive organism", il n'y a pas de contradiction, mais si vous
consultez le dictionnaire, vous verrez le sens normal de ces mots "exclusive
organism", et alors, vous constaterez qu'il y a contradiction, bien
sûr.
M. Duhaime: Vous avez droit à votre opinion.
M. Goulet: Cela va, M. le Président, en ce qui nous
concerne.
Le Président (M. Grégoire): Alors, est-ce que
l'élément 2 du programme 3 sera accepté?
M. Duhaime: Est-ce qu'on pourrait passer au programme 5, tout de
suite, M. le Président?
Le Président (M. Grégoire): J'étais à
demander si l'élément 2 du programme 3 est d'abord
accepté?
Une Voix: Accepté.
Le Président (M. Grégoire): Accepté.
M. Goulet: Je seconde la proposition du ministre...
Le Président (M. Grégoire): Au programme 5, alors,
je vais demander...
M. Goulet: A condition que ce soit vous qui présidiez, M.
le Président, c'est bien le sens de l'intervention du ministre.
Le Président (M. Grégoire): Est-ce que vous voulez
passer immédiatement... Est-ce qu'il y a des remarques sur
l'élément 3 du programme 3?
M. Scowen: Oui. Est-ce que c'est cela qu'on fait maintenant?
Le Président (M. Grégoire): Ou est-ce que vous
accepteriez la suggestion du ministre de passer immédiatement au
programme 5 pour revenir plus tard à l'élément 3 du
programme 3?
M. Scowen: Mes questions sur le...
M. Goulet: Le programme 3, M. le Président.
Le Président (M. Grégoire): Comme vous le voudrez.
On me fait mention que les...
M. Goulet: Je pensais que c'était parce que c'est vous qui
présidez qu'il voulait passer immédiatement...
Le Président (M. Grégoire): Non, je crois que c'est
parce que le personnel de la SDI est ici maintenant. C'était pour ne pas
le retenir indûment.
M. Scowen: II était ici, hier, également. M.
Goulet: II était ici, hier, M. le Président.
Le Président (M. Grégoire): Alors, c'est ma
décision quand même.
M. Scowen: Dans l'élément 3, M. le ministre, je
vous avais demandé une liste des nouvelles installations dans les parcs
industriels. Je pense que vous recevez tous les mois ou tous les trois mois une
liste des achats de terrains et des mises en marché, des nouveaux
investissements dans les parcs industriels du Québec. Je vous avais
demandé, il y a deux semaines, si c'était possible d'avoir ces
listes, parc par parc. Au moins pour les parcs subventionnés, je pense
que vous recevez une liste, régulièrement, des investissements
qui sont faits?
M. Duhaime: Des parcs industriels qui sont
subventionnés?
M. Scowen: Oui. J'imagine que vous recevez une liste des
investissements qui se font. (16 h 30)
M. Duhaime: II y a d'abord un document qui existe. Je vais
essayer d'être le plus complet possible dans ma réponse. Il y a
d'abord le Répertoire des parcs industriels du Québec, que vous
connaissez. Nous publions également une liste à jour de ce
même répertoire. Nous publions aussi, à chaque
année, le nombre d'occupants et le nombre d'emplois dans les parcs
industriels du Québec. J'en ai un exemplaire, ici. Je ne sais pas si
vous l'avez déjà vu celui-là...
M. Scowen: Je ne l'ai pas vu.
M. Duhaime: Nous pouvons vous donner celui-ci. Nous avons aussi
la liste complète des achats de terrains, par les municipalités,
en 1979-1980, suivant les dispositions de la loi sur les fonds industriels,
répartis par régions administratives.
M. Scowen: Avant de continuer, c'est un programme qui
était assez dispendieux. Il y a aussi des fonds qui sont versés
par le gouvernement fédéral et parfois aussi par des
municipalités. Il serait intéressant de suivre l'évolution
des parcs, par région, par exemple. Nous avons l'impression qu'il y a
plusieurs parcs industriels, depuis quelques années, qui ne sont pas de
grandes réussites. D'autres fonctionnent un peu mieux. Est-ce que vous
avez un document qui nous donne, si vous voulez, le nombre d'occupants et le
nombre d'emplois, dans un parc, pour les deux ou trois années
précédentes. J'imagine que vous avez ce document. Celui dont vous
parlez, date, j'imagine, de la fin décembre 1979.
M. Duhaime: Nous l'avons sur une base cumulative, si je comprends
bien. Annuellement.
M. Scowen: Oui, par exemple, dans le parc industriel de Cabano,
à la fin de 1979, il y avait une entreprise avec 100 emplois.
M. Duhaime: Depuis 1976.
M. Scowen: Le parc existe depuis 1976?
M. Duhaime: C'est ça.
M. Scowen: Combien y en avait-il dans ce parc? Dans les autres
parcs, il y a un an, deux ans ou trois ans? Afin de nous permettre de suivre
leur évolution, est-ce qu'un tel document existe? J'imagine. Par
exemple, est-ce que ce document a été...
M. Duhaime: Cette question s'adresse davantage à chacune
des municipalités responsables de l'administration, de la gestion de
leur propre parc industriel, en vertu de la loi sur les fonds industriels, dans
certains cas, et avec leur propre commissariat industriel pour d'autres. Pour
répondre tout de suite à votre question, nous ne faisons pas le
suivi cumulatif des volumes d'investissements. A chaque année, nous
publions ce document qui va indiquer, pour chacun des parcs industriels que
nous aidons, sur une base annuelle et cumulative, le nombre d'occupants et le
nombre d'emplois. Nous avons le nombre d'industries. Si je regarde Matane, par
exemple, depuis 1966, il y a eu 34 entreprises. Cela veut dire que c'est entre
1966 et le 31 décembre 1979, pour 450 emplois. Nous pourrions
répéter le même exercice un peu partout. Je vois
Bécancour: depuis 1969, huit entreprises pour un nombre d'emplois de
1050. Drummondville: depuis 1960, 42 entreprises pour 2500 emplois. Pour ce qui
est du volume des investissements, il faudrait le demander, je pense, à
la municipalité.
M. Scowen: Est-ce que ce document existe, d'une façon
comparative, pour 1978?
M. Duhaime: Oui.
M. Scowen: Pour l'année 1977?
M. Duhaime: II faudrait peut-être le vérifier,
mais...
M. Scowen: Voulez-vous le vérifier pour moi? Si vous me
donnez des copies des années antérieures, nous serons en mesure
de faire exactement les études que nous voulons faire...
M. Duhaime: Oui, certainement.
M. Scowen: ... de suivre l'évolution des implantations de
l'emploi et des compagnies dans ces parcs...
M. Duhaime: Certainement.
M. Scowen: Cela me surprend un peu que vous ne l'ayez pas, parce
que, pour moi, j'imagine que ça pourrait être une donnée
très intéressante, de suivre l'évolution de vos parcs par
région, par ville.
M. Duhaime: Mais il faut bien comprendre une chose: tous les
parcs industriels municipaux ne sont pas sous la responsabilité directe
du ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Scowen: Très bien.
M. Duhaime: Ces parcs sont administrés, dans certains cas,
par des communautés, par des regroupements de municipalités par
le biais de commissariats industriels ou encore par une ville directement.
M. Scowen: Très bien, M. le ministre.
M. Duhaime: Mais je vais m'informer, M. le député.
Si on peut vous fournir les rapports pour les années antérieures,
on va le faire avec plaisir.
M. Scowen: Je veux simplement vous dire, M. le ministre, que vous
dites qu'ils ne sont pas de votre responsabilité. Mais ce que nous
étudions aujourd'hui, ce sont les crédits pour l'infrastructure
d'accueil à l'industrie, qui monte à $25 000 000 qui sont
versés en grande partie à ces parcs. Alors, je pense que c'est un
peu la responsabilité...
M. Duhaime: L'administration des $25 000 000 est sous ma
responsabilité, mais j'ai bien dit que je n'ai pas la
responsabilité de l'administration de tous les parcs industriels
municipaux au Québec.
M. Scowen: C'est entendu. Je suggère poliment que vous
avez un peu la responsabilité de suivre l'évolution du
développement et le progrès qui se fait dans ces 152 parcs
industriels. Cela me surprend un peu que vous n'ayez pas un document qui
résume le progrès par région dans chacun des 152 parcs.
C'est tout.
M. Duhaime: Vous nous demandez beaucoup de documents, messieurs
de l'Opposition officielle, avant l'étude des crédits. Si vous
jugez utile qu'une telle information vous soit transmise rapidement, si vous me
donniez un préavis l'an prochain ou encore dans les années qui
vont venir, nous ferons faire la recherche en conséquence et ça
nous fera plaisir de vous la donner.
M. Scowen: S'il vous plaît, M. le ministre, la
deuxième demande qu'on a faite il y a deux semaines sur une liste de
demandes était exactement celle-ci. J'ai une copie ici.
M. Duhaime: Je m'excuse, mais nous avons fourni tous les
documents. Si vous voulez me montrer le document qui nous a été
transmis, on va le vérifier tout de suite, parce que je ne voudrais pas
qu'on laisse entendre à la commission parlementaire qu'on ne vous
fournit pas les informations demandées.
M. Scowen: On avait demandé sept choses
différentes, et ça, c'était la deuxième.
Excusez-moi, c'était la première. Mais, de toute façon, si
vous nous donnez ce document sur une base comparative pour 1978 et 1977,
ça va certainement nous permettre de...
M. Duhaime: II faut ajouter aussi, M. le député,
qu'en général, le branle-bas de combat dans la préparation
des travaux de la commission parlementaire pour l'étude des
crédits, que ce soit pour ce ministère ou pour tout autre
ministère, ne nous a donné qu'un préavis d'à peine
sept jours, en tenant compte de samedi et de dimanche, et je pense que nous
avons fait l'effort maximal pour essayer de vous fournir toutes les
informations.
M. Scowen: Oui.
M. Duhaime: On a des documents à lire ensemble pour
à peu près un mois, si on s'y mettait.
M. Scowen: Vous vous souvenez probablement qu'au début de
cette commission, je ne vous avais pas critiqué pour le manque de
documentation.
M. Duhaime: D'autant plus que c'était la première
fois que vous me félicitiez à cet égard.
M. Scowen: Exactement. Mais je répète, M. le
ministre, que quand on est devant des dépenses de $25 000 000 pour
l'infrastructure et le développement des parcs industriels je
répète: je fais la distinction entre une description des
activités et des résultats c'est primordial de savoir si
nous avons des nouveaux investissements dans ces parcs, jusqu'à quel
niveau et où nous sommes forts et où nous sommes faibles. Pour
moi, c'est le document le plus important pour justifier les dépenses de
ces $25 000 000 de fonds public. Est-ce que les gens investissent dans les
parcs?
M. Duhaime: Je peux vous faire la suggestion de formuler votre
question et de l'inscrire au feuilleton de l'Assemblée nationale; on va
faire faire la recherche nécessaire au ministère et on va vous
donner l'information. Je donne un exemple: Nous avons la liste des parcs
industriels qui se financent à l'intérieur de l'entente
auxiliaire où les investissements se font régulièrement.
Il peut se passer une période de six mois, d'un an avant que des
investissements se fassent. Alors, je pense que votre suggestion est
intéressante, de faire d'année en année le suivi de ces
dossiers, et on va avoir une meilleure perspective encore si on peut le faire
sur un plus grand nombre d'années.
Par exemple, si vous communiquez avec l'administration de la
Société du parc industriel du centre du Québec, elle va se
faire un très grand
plaisir de vous dire que le parc, depuis le début, a reçu
X millions de dollars d'investissements. On a toutes ces informations. De
même, vous pourrez, si un endroit en particulier du Québec vous
intéresse, l'évaluer. Une fois que les investissements, que la
forme d'aide a été versée à une
municipalité, nous laissons ensuite la municipalité administrer.
Nous conservons l'administration et la responsabilité de ce programme,
c'est bien évident, mais nous aurions besoin davantage de délai
pour être en mesure de fournir un pareil chiffrier à travers
au-delà... Il y a plusieurs centaines de parcs industriels qui existent
au Québec.
M. Scowen: C'est légèrement bizarre, votre
réponse, M. le ministre. En effet, ce que vous demandez, ici, c'est
d'approuver les coûts. Quand nous vous demandons quels sont {es
bénéfices, vous dites: Allez chercher et demandez quels sont les
bénéfices aux municipalités du Québec. Je pense
qu'on a le droit d'exiger un bilan des coûts et des
bénéfices de la même source, la source étant le
ministère. Si vous acceptiez de me donner ce document qui est un
document du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, pour
les trois années, quatre années, cinq années
antérieures, sur une base comparative j'imagine que vous le
faites cela donnerait, en effet, tout ce dont nous avons besoin pour le
moment.
M. Duhaime: Je vais refaire la recherche au ministère et
je vous l'apporterai pour autant d'années en arrière qu'on sera
en mesure de remonter.
M. Scowen: Merci.
M. Goulet: Brièvement, M. le Président, en parlant
de l'accueil à l'industrie, dans le cadre des programmes d'aide à
l'entreprise, ne serait-il pas possible d'envisager un programme d'assistance
à la relocalisation des industries manufacturières situées
dans des zones où l'expansion est ou défendue, ou impossible? Un
grand nombre de ces industries pourraient se relocaliser, je pense, si elles
étaient aidées le moindrement car leur rentabilité et leur
existence, soit à court, à moyen ou à long terme, mais
surtout à court et à moyen terme, pourraient être
sérieusement compromises. Je pense que les véritables causes de
cette hésitation, de cette indécision sont principalement les
coûts excessifs. D'abord, les frais de relocalisation, les
dépenses en capital, les intérêts, les coûts
effarants de la construction, la difficulté de produire efficacement au
moment de la période de transition et de déménagement.
Tenant compte également que dans plusieurs de nos parcs industriels,
qu'ils soient de la responsabilité des municipalités ou du
ministère, il y aurait de la place pour ces industries; est-ce qu'il y a
une forme d'aide quelconque qu'on peut envisager éventuellement
concernant la relocalisation dans ces parcs industriels?
M. Duhaime: II y a déjà une forme d'aide qui existe
au niveau de l'amélioration des infrastruc- tures industrielles dans les
parcs industriels municipaux. Les municipalités qui transigent avec
l'entreprise peuvent faciliter une relocalisation. Par ailleurs, votre question
est à savoir s'il y a un programme précis pour les entreprises
comme telles pour les aider dans leur relocalisation. La réponse est
non. Est-ce que ce serait une bonne idée d'examiner la
problématique de mettre sur pied un tel programme, dans un but bien
spécifique de relocalisation d'une entreprise, disons, avec les noi mes
actuelles existant au ministère de l'Environnement pour ce qui est de la
pollution, par exemple, pollution sous toutes ses formes: par la senteur, par
le bruit, par les déchets industriels, etc.? Je pense que c'est une
suggestion qui, en soi, est valable. Je peux la faire étudier au
ministère et voir ce qui en est. Quoique, dans certains cas, si la
décision de relocalisation se prend, il y a des coûts
inhérents à une telle relocalisation. Cela pourrait,
possiblement, dans un cas ou dans l'autre, amener un refinancement complet de
la structure financière d'une entreprise. A ce moment-là, la
Société de développement industriel pourrait possiblement
intervenir par ce biais. (16 h 45)
De façon bien spécifique, est-ce qu'il y a un programme
d'aide à l'entreprise qui serait contrainte de se relocaliser?
Actuellement, si la question est posée aussi carrément que vous
le faites, la réponse est non.
M. Goulet: Mais y a-t-il quelque chose d'envisagé? Y
a-t-il des études qui se font à votre ministère,
concernant ce point précis? En fait, pouvoir dire: Peut-être que
d'ici quelques mois, nous pourrons aller de l'avant avec un projet, ou
si...
M. Duhaime: Je ne sache pas qu'il y ait des études en
cours actuellement pour déboucher sur un programme. Maintenant, je puis
vous donner l'assurance que nous sommes conscients, au ministère, de la
dimension de ce problème. Je pense que c'est une bonne idée de le
faire regarder de plus près. Alors, j'en prends...
M. Goulet: Surtout pour aider nos parcs industriels qui sont...
Tout à l'heure, on a nommé un parc industriel, celui de Cabano,
je crois, où il y a une industrie depuis quatre ans. Ce n'est
peut-être pas dans ces régions qu'on a le plus de problème
pour l'expansion, mais il y a plusieurs endroits où c'est
extrêmement difficile de prendre de l'expansion, même au niveau
physique.
Nous avons visité ensemble, M. le ministre, SIBEC, à
Montréal, le long du canal...
M. Duhaime:... à Montréal.
M. Goulet: Est-ce à Montréal ou à
Verdun?
M. Duhaime: A Montréal.
M. Goulet: Enfin, l'industrie que nous avons visitée
ensemble, je ne vois pas comment elle
pourrait prendre de l'expansion là. Si, un jour, elle voulait
prendre de l'expansion, elle serait obligée de se relocaliser. De toute
façon, cela s'en vient dans ce cas-là, mais il y a, par contre,
plusieurs autres cas semblables au Québec, où les petites et
moyennes entreprises n'ont pas les moyens financiers de se relocaliser. Vous
avez tenu compte, tout à l'heure, de la pollution et de toutes ces
choses-là, mais bien souvent, c'est au niveau des capacités
physiques qu'elles ne peuvent plus prendre d'expansion.
M. Duhaime: Oui.
M. Goulet: Vous dites qu'actuellement, il n'y a rien à
l'étude au ministère permettant de dire que peut-être d'ici
six mois ou un an... S'il n'y a rien présentement à
l'étude, cela veut dire que d'ici un an, nous n'aurons pas grand-chose
de ce côté-là. Pourtant, il me semble que ce serait urgent,
parce que des dépenses énormes ont été faites dans
les parcs industriels de certaines régions. Quant au parc industriel de
Saint-Augustin, vous avez les bornes-fontaines dans le champ, enfin vous avez
tout ce qu'il faut. Il y a je ne sais combien d'années que c'est comme
ça...
M. Duhaime: Des industries de Shawinigan ont été
localisées à Saint-Augustin, dans au moins un cas.
M. Goulet: Oui, dans le comté du ministre? M. Duhaime:
C'est l'inverse qui a été fait.
M. Goulet: C'est l'inverse. Il y a des parcs industriels qui
existent et on ne s'en sert pas actuellement. Si le ministère allait
dans le sens d'encourager ces industries, nos parcs industriels n'auraient pas
été construits je n'aime pas dire le mot pour rien.
Je ne veux pas qu'on pense que je veux charrier non plus, mais, tantôt,
nous avons nommé le parc de Saint-Augustin où cela fait je ne
sais combien d'années qu'on voit des bornes-fontaines dans le champ, qui
n'ont à peu près jamais servi. D'accord, il y en a
peut-être quelques-unes qui servent. Enfin, le ministre sait ce que je
veux dire.
Même si on ne voit pas cela apparaître au niveau des
crédits, je pensais qu'il y avait au moins une volonté. Le
ministre dit que cela a du bon sens, mais vous ne pouvez pas nous dire: Oui,
nous allons affecter quelqu'un à cela et peut-être que d'ici six
mois, nous pourrons annoncer quelque chose de concret.
M. Duhaime: Non, je ne suis pas prêt à vous dire,
aujourd'hui, que d'ici six mois il y aura un programme là-dessus, sauf
que je trouve votre suggestion intéressante. Nous allons' la regarder au
ministère. Cependant, ce qui me vient à l'esprit, c'est, dans
certains cas de relocalisation de vieilles entreprises où, très
souvent, sur le plan de l'impôt, toute la dépréciation est
prise, de deman- der quel est l'intérêt, à ce
moment-là, d'intervenir de façon ad hoc, alors que l'entreprise
est prête, elle-même, à se relocaliser.
Je dois ajouter que dans le cas d'une relocalisation qui comporte une
partie expansion pour l'entreprise, une entreprise qui aurait un tel projet
d'expansion, en même temps qu'elle fait sa reloca-listion pourrait
s'inscrire à l'intérieur d'un programme existant au
ministère.
Je retiens votre suggestion. Nous allons la regarder.
M. Scowen: M. le ministre, au programme 3, élément
3, je pense qu'il est important de poser la question sur le changement du
budget par rapport à 1979-1980, parce que l'ordre de grandeur est
important. Dans le livre du budget de 1979-1980, le fonctionnement, pour le
budget de cette année, a été de $951 000. Cette
année, en reprenant le livre du budget de 1980-1981, le budget de
l'année passée est inscrit comme étant de l'ordre de $5
031 000. Alors un mot simplement pour l'expliquer. C'est clair qu'il aurait
dû y avoir des changements importants dans l'attribution du
personnel.
M. Duhaime: Vous êtes à l'élément 3,
du programme 3, au premier poste, fonctionnement? C'est cela, poste
fonctionnement?
M. Scowen: Oui, fonctionnement. L'an passé, dans le livre,
c'était $951 000 et, cette année, pour l'année
passée, c'est $5 000 000. En effet, nous comparons le budget de $5 392
000...
M. Duhaime: Vous dites $951 000, par opposition à $5 000
000.
M. Scowen: Oui.
M. Duhaime: Montrez donc.
M. Scowen: Cela, c'est le livre de l'an passé et nous
avons approuvé un budget de...
M. Duhaime: C'est $5 000 000, aussi, en 1979-1980.
M. Scowen: Cette année, vous nous dites que c'est cela.
Alors, c'est une quittance considérable...
M. Duhaime; J'ai la réponse à votre question. Si
vous allez au bas de la page...
M. Scowen: On peut ajourner pour trois minutes, pour passer un
message?
M. Duhaime: Pour trois minutes. M. Scowen: Deux ou trois
minutes, seulement. M. Duhaime: Oui. Suspension à 16 h 53
Reprise à 16 h 55
Le Président (M. Lefebvre): Donc, nous pouvons
reprendre?
M. Duhaime: Oui, M. le Président. Je voudrais vous
référer au bas de la page, sous la rubrique "Infrastructures",
où vous allez voir, sous la colonne 1979-1980, qu'il y a des chiffres
avec les effectifs à côté, et l'explication qui
réconcilie les $951 000 au poste no 1, "Fonctionnement', à
l'élément 3 du programme 3 qui, cette année, est de $5 031
000. L'explication est la suivante: nous avons ajouté à
l'élément 03 du programme 03, c'est-à-dire la direction de
l'infrastructure industrielle. Pardon. Cela comprend l'élément 3
du programme 3 auquel nous avons ajouté le programme 6, essentiellement
la Société du parc industriel du centre du Québec. Les
chiffres sont de l'an dernier. Alors, si vous lisez le poste de l'an dernier
sous 1979-1980, Société du parc industriel du centre du
Québec: $4 312 000. C'est ce montant qui vient s'ajouter cette
année dans la nouvelle répartition. Autrement dit, nous avons
considéré des postes: le traitement, la
rémunération, les communications, les services, l'entretien et le
loyer pour la SPICQ, à l'intérieur de l'élément 3
du programme 3. Cette information vous avait été transmise dans
la chemise intitulée: Modifications à la structure
budgétaire.
M. Scowen: Qu'on nous avait donnée hier. Dans ce
cas-là, j'ai une question sur la Société du parc
industriel du centre du Québec. A la page 3 du rapport de la
Société du parc industriel, nous voyons une liste des entreprises
industrielles établies dans le parc. Est-ce qu'il y a des nouvelles
entreprises industrielles qui se sont établies dans le parc
l'année passée?
M. Duhaime: Pour 1979, la réponse est non. Le dernier
investissement est Uniracor Limitée. Le projet a été
annoncé en avril 1978. C'est un investissement de $31 000 000 pour 207
employés. Cette société occupe 25 acres.
M. Scowen: C'est lequel? M. Duhaime: Uniracor?
M. Scowen: Le dernier. C'est un investissement de 1978.
M. Duhaime: Le projet a été annoncé le 4
avril 1978 et a été fait en cours d'année.
M. Scowen: Maintenant, ça fonctionne? M. Duhaime:
Oui.
M. Scowen: Depuis 1978, il n'y a eu aucun nouvel investissement
dans le parc?
M. Duhaime: Depuis celui-là, non.
M. Scowen: C'est aussi très calme dans la
Société Inter-Port de Québec. Je vois qu'elle est
occupée cette année à faire une bibliographie de toutes
les études, qui est certainement une activité
intéressante, mais qui ne relève pas directement de l'expansion
de l'activité économique. Qu'est-ce qui se passe ici à
Québec? C'est mort?
M. Duhaime: C'est plutôt calme, comme vous l'indiquez. Il y
avait un projet méthanier auquel s'est intéressé la
Société Inter-Port.
M. Scowen: Est-ce qu'il y avait de nouveaux investissements
d'annoncés durant l'année passée?
M. Duhaime: Je vais vérifier; je ne crois pas. Au cours de
l'année 1979-1980, la Société Inter-Port a
travaillé à deux dossiers ponctuels sur une base de
récupération des eaux de soute, de ballast et de lavage des cales
et un terminus forestier. Ces dossiers-là sont toujours en transit, si
je peux dire, ou à l'étude. (17 heures)
M. Scowen: Pour ce qui concerne l'investissement industriel, il
n'y en avait pas. Depuis quand...
M. Duhaime: II y a eu des acquisitions de terrains à la
Pointe-de-la-Martinière. C'est le dossier que j'indiquais tout à
l'heure.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce que
l'élément 3 du programme 3 est accepté?
Une Voix: Accepté.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, on passerait...
M. Grégoire: Avant de passer à
l'élément 4 du programme 3, je demanderais à cette
commission si elle serait prête à passer à
l'élément 5, celui de la SDI, sans ça, je
m'aperçois que ça viendrait ce soir. A moins qu'on me dise que
ça ne prendra pas de temps. Ce soir, je ne pourrai pas revenir,
malheureusement, à cause d'un engagement antérieur. Si
l'élément 4 va assez vite...
M. Scowen: J'ai une question à poser au programme 5.
M. Grégoire: Oui.
M. Scowen: Je suis prêt à aller directement à
l'élément 5, si vous voulez.
M. Grégoire: A moins que les membres de la commission me
disent que l'élément 4 du programme 3, cela pourrait se faire
assez vite.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous souligne, M. le
député de Frontenac, qu'il y a six éléments dans le
programme 3, même plus que ça.
M. Grégoire: II y en a quatre. Oui, il y en a six.
M. Scowen: Allez-y, si vous ne pouvez pas rester ce soir, on va
passer tout de suite à la SDI.
M. Grégoire: Oui, c'est correct, si c'est le...
Le Président (M. Bordeleau): De toute façon, on
adopte d'abord l'élément 3. Adopté? Adopté. On
reviendra à l'élément 4 plus tard et on passera
immédiatement au programme... Vous n'avez pas d'objection, M. le
député de Bellechasse?
M. Goulet: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): On passerait
immédiatement au programme 5?
Société de développement
industriel du Québec
J'appelle le programme 5, dans lequel il n'y a pas
d'élément individuel. C'est le programme 5 en bloc. M. le
député de Frontenac.
M. Duhaime: Si vous me permettez, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Duhaime: Mon collègue de Frontenac avait posé un
certain nombre de questions sur un dossier précis, celui de Bellevue.
J'aimerais peut-être, dans un premier temps, vous présenter M.
Jean Labonté, qui est à ma droite et qui est PDG de la
Société de développement industriel. Il va se prêter
bien volontiers à cet exercice annuel de la commission
parlementaire.
Avant d'aborder le programme comme tel, je voudrais donner quelques
réponses aux questions de mon collègue de Frontenac.
D'abord, la firme des liquidateurs qui est au dossier actuellement dans
les entreprises Belle-vue, s'appelle Laliberté, Lanctôt, Morin
& Associés. Elle a été désignée par la
Société de développement industriel en consultation avec
le ministère de l'Industrie et du Commerce et avec la Banque
fédérale de développement qui, comme vous le savez, a des
intérêts dans ce dossier. Il faut ajouter que même si la
firme Laliberté, Lanctôt, Morin & Associés agit comme
liquidateur, elle a agi, dans ce dossier, depuis 1978, en qualité de
contrôleur et de conseiller financier. Il a été
évoqué que c'étaient des gens qui avaient un siège
social ou une banque d'affaires à Londres. Je pense que c'est
essentiellement une association d'échange de bons services sur le plan
professionnel. Les liens sont-ils plus étroits? Je ne saurais le dire,
mais c'est commun que, dans les grandes firmes de comptables qui ont des
relations avec l'étranger elles s'associent parfois même plus que
dans leur raison sociale, ce qui n'est pas le cas ici, de sorte que Coopers
& Lybrand n'ont jamais été assignés comme tels au
dossier. Il s'agit plutôt de Laliberté, Lanctôt. Par
ailleurs, même si Coopers & Lybrand font des affaires en Angleterre,
j'ai l'impression qu'ils en font un peu partout dans le monde. Leur
siège social est à Montréal de toute façon. Ils
sont au dossier et la liquidation des actifs n'étant pas
terminée, nous ne disposons pas actuellement du rapport de liquidation.
Aussitôt que nous l'aurons en notre possession, suivant les engagements
que j'ai pris envers les travailleurs de cette entreprise, nous rendrons public
ce document.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Juste une question d'information sur la
firme. Est-ce que Coopers & Lybrand, c'est la même firme autrefois
connue, ici au Canada, sous le nom de McDonald & Currie?
M. Duhaime: Oui, c'est exact.
M. Grégoire: Est-ce que le bureau de Laliberté,
Lanctôt, Morin & Associés était connu autrefois
à Québec, sous le nom de McDonald & Currie?
M. Duhaime: Je ne pense pas.
M. Grégoire: II y avait un bureau de McDonald & Currie
à Québec? Et ce n'étaient pas les mêmes
Laliberté, Lanctôt, Morin qui dirigeaient le bureau de McDonald
& Currie?
M. Duhaime: II faudrait peut-être faire la
vérification, mais, à première vue, ma réponse
serait non.
M. Grégoire: Bon, quitte à vérification, si
c'étaient les mêmes comptables qui étaient dans le bureau
de McDonald & Currie. Au lieu d'une réorganisation en profondeur,
est-ce que ce ne serait pas plutôt un changement de nom, cette firme
ayant changé son nom de McDonald & Currie pour celui de Coopers
& Lybrand, dont le siège social est à Londres, en Angleterre,
avec une succursale, comme toutes les multinationales en ont un peu partout, de
Coopers & Lybrand Canada, laquelle était connue autrefois sous le
nom de McDonald & Currie? Est-ce que ces comptables de Québec ne
seraient pas, ni plus ni moins, encore à l'emploi de Coopers &
Lybrand, mais faisant affaires à Québec sous le nom de
Laliberté, Lanctôt, Morin & Associés?
M. Duhaime: Non, le bureau Laliberté, Lanctôt, Morin
& Associés, je n'ai aucune idée combien il peut y avoir de
comptables à l'intérieur de cette firme. Ils ont, sans aucun
doute, des échanges de clientèle avec Coopers & Lybrand, sur
le plan des références de dossiers. Mais, que je sache, il n'y a
pas de lien organisationnel sur le plan d'une structure intégrée
comme telle. C'est l'information qu'on me fournit au ministère.
M. Grégoire: A titre d'information additionnelle,
peut-être que le lien de structure, nous pour-
rions le trouver au moyen d'un exemple. Est-ce que Coopers & Lybrand
de Montréal ne seraient pas les trésoriers du comité
Pro-Canada et ne seraient-ils pas ceux qui ont fait le gros des collectes pour
ce comité? N'auraient-ils pas comme succursale, dans l'Est du
Québec, leur firme de Québec? Est-ce que la structure ne jouerait
pas automatiquement dans ces conditions? A ce moment-là, vous pourriez
savoir quel genre de structure il y a là.
M. Duhaime: Je ne suis pas en mesure de répondre à
cette question-là, mais jusqu'à preuve du contraire je vais
prendre votre parole, mon cher collègue.
M. Grégoire: C'est une question que je pose, à
savoir si on ne serait pas au courant si c'est la même firme qui
gère tous les fonds et qui est trésorière du comité
Pro-Canada.
M. Duhaime: Ce serait une bonne recherche que vous pourriez
entreprendre vous-même M. le député de Frontenac.
Maintenant, si vous me permettez d'ajouter, parce qu'il y a eu d'autres
questions de posées...
M. Goulet: M. le Président, au niveau du règlement,
je ne vois pas en quoi cela peut nous aider à accepter ces
crédits. Je ne vous suis pas.
M. Grégoire: C'était pour déterminer le
genre de structure qui existait entre la firme Laliberté, Lanctôt,
Morin & Associés et Coopers & Lybrand de Montréal...
M. Goulet: Je pensais que vous vouliez nous dire que c'est
Pro-Canada qui avait fermé l'entreprise Bellevue, non?
M. Grégoire: Non, non, non. Si on peut établir une
espèce de lien structural entre les bureaux.
M. Goulet: Je le voyais et j'avais peur que ce soit encore la
faute du fédéral, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Non. M. le
député, ça va? M. le ministre.
M. Grégoire: C'est correct.
M. Duhaime: Maintenant, les frais du syndic, pour les fins de la
liquidation, sont évalués, pour l'instant, à plus ou moins
$60 000. Ils seront partagés, en proportion des services rendus, entre
la SDI et la Banque fédérale de développement. Dans ce
dossier, la SDI a reçu une soumission de M. Armand Blais qui, de
profession, achète et revend des fonds de faillite et il s'est
engagé à verser un montant minimum de $350 000, pour la
totalité des actifs mis en vente.
Nous pensons également que le travail du syndic au dossier
pourrait se terminer dans les prochaines semaines, puisque nous
procédons actuellement à la perception des derniers comptes
recevables. Comme je l'indiquais tout à l'heure, nous rendrons public le
rapport du syndic, à la liquidation, aussitôt que disponible.
Alors, voilà. Je ne sais pas s'il y a d'autres questions.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Oui, j'aurais quelques questions à
poser là-dessus. D'abord, je voudrais demander à M.
Labonté à quelle date, en quelle année ou à quelle
période la SDI est entrée dans le dossier de Bellevue, pour la
première fois.
M. Duhaime: En 1974.
M. Grégoire: En 1974. A ce moment-là, je crois, la
Banque provinciale avait commencé, elle aussi, à entrer dans le
dossier.
M. Duhaime: Elle y était entrée.
M. Grégoire: Elle était entrée dans le
dossier. Est-ce que Mercure & Béliveau étaient entrés
dans le dossier en 1974? Qui avait nommé Mercure &
Béliveau?
M. Duhaime: La Banque provinciale.
M. Grégoire: La Banque provinciale. Finalement, Mercure
& Béliveau sont restés là de quelle année
à quelle année, selon le mandat du Conseil exécutif du
temps? En quelle année sont-ils entrés?
M. Duhaime: Fin 1974, pour rester là jusqu'au mois
d'août 1975.
M. Grégoire: Au mois de septembre 1976, ils
n'étaient plus là?
M. Duhaime: Non, ils n'y étaient plus.
M. Grégoire: Eux, ont demandé, d'après le
rapport du vérificateur, $850 000 pour leurs honoraires pendant cette
période.
M. Duhaime: C'est le rapport du vérificateur qui le
dit.
M. Grégoire: Ces $850 000 ont été
payés par le gouvernement du Québec. Ce n'était pas dans
la dette d'environ $5 200 000 que le gouvernement du Québec a
été obligé de payer en mars ou avril 1977? Est-ce que ce
n'était pas inclus dans les $5 225 000 que le gouvernement du
Québec a payés en 1977, ces $850 000?
M. Duhaime: Cela fait partie de la dette de Bellevue à ce
moment-là.
M. Grégoire: Les $5 200 000 que le gouvernement a
payés.
M. Duhaime: C'est une partie de la dette que le gouvernement a
payée à ce moment.
M. Grégoire: Donc, les $850 000 ont été
payés au complet par le gouvernement du Québec.
M. Duhaime: Pas nécessairement, parce que la dette de
Bellevue était beaucoup plus élevée que ça.
M. Grégoire: Elle était de $5 225 000.
M. Duhaime: C'est ce qui a été payé à
la Banque provinciale à ce moment.
M. Grégoire: A l'intérieur des $5 225 000, il y
avait les $850 000 de Mercure & Béliveau.
M. Duhaime: Cela avait été déboursé
par la Banque provinciale de gestion intérimaire. Alors, à ce
moment...
M. Grégoire: Donc, remboursés par le gouvernement
du Québec. En définitive, cela a été payé
par la Banque provinciale. La Banque provinciale avait un chèque en
blanc du gouvernement précédent. Le gouvernement s'était
engagé à payer toutes les dettes à la Banque provinciale,
en 1975. Le gouvernement du Québec lui avait donné un mandat de
continuer les opérations pour un an et de s'engager à
régler toutes les dettes contractées par elle. Tout ça est
dans l'arrêté ministériel de 1975. Quand la Banque
provinciale a payé $850 000 à Mercure & Béliveau, le
gouvernement du Québec, automatiquement, a été
obligé de payer ces $850 000 à la Banque provinciale, parce que
ça constituait une des dettes de la Banque provinciale.
M. Duhaime: C'était une des avances que la Banque
provinciale avait faites.
M. Grégoire: C'était parmi les avances. En payant
Mercure & Béliveau, la Banque provinciale était sûre de
recouvrer ce montant du gouvernement du Québec.
M. Duhaime: C'est-à-dire qu'au moment où ils ont
été payés, ils l'ont recouvré.
M. Grégoire: Ils étaient sûrs de le recouvrer
en le payant, et en s'engageant à le payer. Alors, quel que soit le
montant que Mercure & Béliveau a mis comme honoraires elle
aurait pu mettre $1 000 000, $1 500 000 ou $2 000 000 la Banque
provinciale n'avait aucune crainte à aller payer Mercure &
Béliveau; même si ça avait été $2 000 000,
elle pouvait les payer sans crainte. Le gouvernement, en 1975, s'était
engagé par arrêté ministériel à rembourser le
montant.
M. Duhaime: Je vais vous apporter une précision. Il est
bien clair que le montant des honoraires de Mercure & Béliveau
était payé au fur et à mesure par l'entreprise, à
même sa marge de banque, que finançait la Banque provinciale et,
au moment où, suivant l'arrêté en conseil qui remonte
à 1975, le gouvernement du Québec a décidé de payer
la Banque provinciale sur les avances bancaires, il y avait ce montant
payé à Mercure & Béliveau. Mais le Vérificateur
général du Québec a vérifié le compte de
Mercure & Béliveau dans ce dossier.
M. Grégoire: C'est-à-dire, il a
vérifié que le compte de Mercure & Béliveau
était dans le dossier. Mais le gouvernement, en 1975, s'était
engagé à régler toutes les dettes contractées par
la Banque provinciale ou toutes les dettes de la Banque provinciale pour la
durée d'un an en rapport avec le dossier de Bellevue.
Par exemple, Mercure & Béliveau a acheté un ordinateur
de $500 000 pendant cette année-là. La Banque provinciale l'a
payé. L'ordinateur, pour un $500 000, s'est trouvé à
être payé quand le gouvernement du Québec a
été obligé de rembourser à la Banque provinciale $5
225 000. Il y a eu un ordinateur acheté par Mercure &
Béliveau pendant cette année et il a été
payé par le gouvernement du Québec. On faisait des
dépenses; il n'y avait pas de problème. On a monté une
dette à $5 225 000 dont un ordinateur de $500 000 acheté pendant
cette année. Cela a été payé avec les $5 225 000,
parce que la Banque provinciale l'avait payé. Vrai ou faux?
M. Duhaime: Vous l'affirmez. Vous avez eu le rapport du
vérificateur et il a été rendu public.
M. Grégoire: Non, dans le rapport du vérificateur,
on ne parle pas de cet ordinateur.
(17 h 15)
M. Duhaime: II est dans les biens de la compagnie, c'est une
immobilisation, en fait, qui...
M. Grégoire: Oui, mais étant un bien de la
compagnie, vous le liquidez avec le reste. Cela a été payé
à même les $5 225 000 que le gouvernement de Québec a
payés à la Banque provinciale, au début de mars 1977, ou
début d'avril.
M. Duhaime: C'est la compagnie Bellevue qui l'a acheté
à ce moment-là, oui.
M. Grégoire: C'est-à-dire la compagnie Mercure
& Béliveau, ayant toute juridiction pour la compagnie Bellevue.
M. Duhaime: Gestionnaire.
M. Grégoire: Cet ordinateur a été
acheté d'une compagnie dans laquelle Mercure & Béliveau
avaient de grosses actions.
M. Duhaime: C'est plus que possible.
M. Grégoire: C'est plus que possible qu'ils étaient
quasiment propriétaires de la compagnie qui vendait les ordinateurs.
Mercure & Béliveau achètent, d'une de leurs compagnies, un
ordina-
teur d'un demi-million, ça rentre dans les comptes, la Banque
provinciale paie et, comme ils avaient un mandat en blanc, si on relit
l'arrêté ministériel d'août 1977, le gouvernement
n'avait qu'à payer. Nous, on arrive là et on paie. Puis on dit:
II y a des déficits. Je pense bien, sur les $5 200 000, il y a $850 000
d'honoraires à Mercure & Béliveau pour un an de travail, un
ordinateur de $500 000 acheté d'une firme dont Mercure &
Béliveau sont parmi les gros actionnaires, et on paie. C'est un peu
ça?
M. Duhaime: Me posez-vous une question? M. Grégoire:
Oui, je vous demande si...
M. Duhaime: Tout ça a été, en fait,
exposé publiquement par le ministre en janvier et en février.
Toutes ces questions ont reçu des réponses. Si vous voulez qu'on
ressorte le rapport du vérificateur, on peut le ressortir.
M. Grégoire: Non, ces choses-là, telles quelles,
n'ont pas été exposées. On nous est arrivé avec un
dossier où il y avait un déficit de fonctionnement de $5 225 000.
Ce n'est que dernièrement, ou après, qu'on apprend tout à
coup, quand le dossier a été déposé par le
ministre, qu'il y avait $850 000 d'honoraires pour Mercure &
Béliveau, qu'il y avait, là-dedans, un ordinateur, et quand on
apprend chez qui l'ordinateur a été acheté, on
s'aperçoit que Mercure & Béliveau avaient un chèque en
blanc. Un arrêté ministériel du mois d'août 1975
disait: On vous laisse fonctionner pour un an. Toutes les dettes qui seront
contractées par Bellevue ou tous les déficits de Bellevue, au
bout d'un an, on les paie. En août 1976, ça se terminait. Cela
arrive à $5 225 000 de déficit. On paie, évidemment. Il y
avait un arrêté ministériel qui s'engageait à
ça. Mais, là-dedans, il y avait $850 000 de frais d'honoraires,
$500 000 pour l'achat d'un ordinateur qui a servi quelques mois, acheté
d'une compagnie dont Mercure & Béliveau étaient des
actionnaires. Est-ce que la SDI, pendant ce temps-là, surveillait tout
cela? Est-ce qu'elle voyait monter le compte d'honoraires de Mercure &
Béliveau? Est-ce qu'elle voyait Mercure & Béliveau acheter un
ordinateur d'un demi-million de dollars d'une de leurs compagnies, sachant que
le gouvernement garantissait toutes les dettes?
M. Duhaime: II faut penser qu'en 1974, Mercure &
Béliveau avaient été nommés au dossier par la
Banque provinciale qui, à ce stade-là, n'avait aucune garantie de
la part du gouvernement du Québec qu'elle serait payée.
M. Grégoire: Non, à ce stade-là, non.
M. Duhaime: Est-ce que ce n'est pas à ce moment-là
que cet ordinateur a été acheté?
M. Grégoire: Non, cela a été au temps
où l'arrêté ministériel d'août 1975 a
été émis, garantissant tous les déficits et toutes
les dettes de
Bellevue, que Mercure & Béliveau se sont trouvés
à administrer Bellevue, mais avec, en arrière d'eux, un
arrêté ministériel garantissant le paiement de toutes les
dettes. Là, les honoraires de Mercure & Béliveau ont
monté à $850 000. Pendant cette année, il y a eu l'achat
d'un ordinateur de $500 000, en plus des $850 000 d'honoraires pour un an et
quelques mois de travail. C'est payant de travailler un an pour $850 000
d'honoraires. Et il y a un ordinateur d'acheté d'une firme, il ne faut
pas l'oublier, je crois, dont les gros actionnaires sont Mercure &
Béliveau. Est-ce que la SDI, pendant ce temps-là, surveillait
ça? Vous saviez que Mercure & Béliveau avaient un
chèque en blanc du gouvernement et qu'on aurait pu faire monter le
déficit à $10 000 000. Par l'arrêté
ministériel tel quel, le gouvernement ne pouvait pas s'exempter de payer
tous les déficits et toutes les dettes dues à la Banque
provinciale.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Notre-Dame-de-G râce.
M. Scowen: Est-ce que je peux poser une question au ministre? Ce
n'est pas la première fois, ni la dernière fois que j'entends
parler de la fameuse affaire de Bellevue. Je pense que c'est une
préoccupation, aujourd'hui, de savoir ce qu'on va faire avec cela
à l'avenir. Si le député de Frontenac a l'intention de
continuer avec cette enquête sur le passé, je pense que je dois
demander au ministre si ce serait possible de déposer cet
arrêté en conseil pour que nous puissions comprendre exactement de
quoi il s'agissait. J'ai l'impression que, normalement, si on garantit des
prêts auprès d'une banque, on ne les garantit pas comme le
suggère le député de Frontenac en n'exerçant
aucun contrôle. Normalement, on demande à une banque de surveiller
ce qu'elle fait, même si des garanties sont données. Je veux
simplement être en mesure, si vous avez l'intention, M. le
député, de poursuivre dans cette ligne de pensée d'ici six
heures...
Je veux que vous teniez compte, M. le ministre, d'une demande qui nous
permette de rétablir les faits. Quant à moi, ce n'est pas une
question qui est très importante aujourd'hui, mais, si le
député de Frontenac n'est pas d'accord et qu'il veuille
poursuivre, j'aimerais qu'on établisse, autant que possible, les faits
avant de continuer cette ligne de pensée.
M. Grégoire: Si je peux vous éclairer, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Cet arrêté ministériel du
mois d'août 1975 a été déposé à
l'Assemblée nationale au mois de mars 1977. Il est parmi les documents
publics, à l'Assemblée nationale.
Deuxièmement, pour bien comprendre cet arrêté
ministériel, il faut bien se rappeler qu'en 1975 c'est pourquoi
il faut accepter qu'il y ait eu
ce genre d'arrêté en conseil, bien qu'il n'ait
peut-être pas été bien rédigé et bien
surveillé par la suite il y a une des mines de la région
de l'amiante, de Thetford Mines, la mine Flintkote, qui a fermé. A cette
mine, il y avait 450 emplois. Ensuite, il y a eu le feu à l'usine de la
King Beaver de l'Asbestos Corporation, qui a mis à pied 300 autres
travailleurs de l'amiante et, en même temps, il y a eu une grève
qui a duré sept mois, dans la région de l'amiante, où
toutes les mines de Thetford étaient impliquées. De plus, il y
avait Bellevue, qui était la seule grosse industrie, qui engageait
près de 400 employés, qui fermait ses portes.
Tout Thetford, Black Lake, Robertsonville, Rivière-Blanche,
Thetford-Sud s'arrêtaient, et la seule grosse usine fermait. Le
gouvernement, à cause de la grève de quatre mines qui s'est
éternisée pendant près de sept mois, a voulu maintenir
l'usine en marche. Afin d'avoir le temps de se retourner un peu pendant un an,
le gouvernement a décidé de passer cet arrêté en
conseil, en disant: Fonctionnez et, s'il y a des pertes au bout d'un an, nous
paierons les déficits. Mais le déficit annuel, avant
l'entrée de Mercure & Béli-veau, n'avait pas existé
pendant les trois premières années; quand ils sont entrés
là, il y avait des actifs pour environ $5 000 000, des comptes
rece-vables pour environ $3 200 000. Le gouvernement ne croyait peut-être
pas que cela en viendrait à ce point. Il n'y a peut-être pas eu la
surveillance voulue. Il y a peut-être eu des négligences quelque
part. C'est donc avec un déficit de $5 300 000...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac... Un instant, s'il vous plaît, tout le monde.
M. Goulet: M. le Président, je soulève un point de
règlement. Je vous demande une directive.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, bon, un instant. Avant,
je voudrais rappeler au député de Frontenac qu'il peut poser des
questions au ministre, sauf qu'il ne faudrait pas qu'il se lance dans un
énoncé sur la situation antérieure.
Oui, M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Ce que le député de Frontenac dit, cela
peut être très intéressant. Cela l'est sûrement, mais
nous ne sommes pas ici pour l'enquête des comptes publics de 1974. Nous
sommes ici pour étudier les crédits du budget de 1980-1981.
Ce que vous dites est très bien, mais je ne vois pas pourquoi
vous ne vous prévalez pas du droit que chaque député a de
poser des questions à l'Assemblée nationale.
Je vous demande une directive, M. le Président. Je ne dis pas que
ce qu'il dit n'est pas exact, mais ce n'est pas l'endroit, d'après moi,
pour le dire...
M. Grégoire: M. le Président, si vous me
permettez...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, un instant.
M. Goulet: Je vous demande la directive. Nous sommes ici pour
étudier le budget 1980-1981, les crédits que nous devrons allouer
au ministère et non pas les crédits qui ont déjà
été alloués, qu'ils aient été bien ou mal
dépensés en 1974.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, oui, je vous donne
raison, M. le député de Bellechasse, sauf...
M. Grégoire: Est-ce que je peux m'exprimer, afin de savoir
s'il a raison, seulement pour montrer où je veux en venir?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, un instant. Le
député de Bellechasse m'a demandé une directive et je
voudrais d'abord lui répondre. C'est un fait que nous sommes ici pour
étudier les crédits. Je pense que nous pouvons facilement
déborder le cadre de ces crédits, mais, comme je vous le disait
tantôt avant l'intervention du député de Bellechasse, il
faudrait quand même se maintenir dans le contexte de la SDI, le
rôle qu'elle a joué dans ce dossier et non pas de faire un
énoncé sur ce qui s'est passé il y a un certain nombre
d'années.
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Ce sera très court. Pour expliquer au
député de Bellechasse, cette période sera très
courte pour en arriver à la période des crédits de
1979-1980 et des crédits qui devront être approuvés.
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre! M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît. Je vous ai permis,
comme président, de vous exprimer amplement, je pense. Je ne voudrais
pas que vous fassiez un autre exposé sur la même chose.
M. Grégoire: Bien.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous avez d'autres
questions à poser au ministre ou à ses représentants?
Des Voix: Oui, oui.
Le Président (M. Bordeleau): Toujours à
l'intérieur du mandat de la SDI, dont on étudie les
crédits, au programme 5.
M. Grégoire: Parce qu'on va nous arriver certainement avec
d'autres crédits pour la SDI, concernant les événements
qui se produisent actuellement.
J'explique maintenant le rôle. Il y a eu des montants qui ont
été versés. Je voudrais seulement poser une autre question
sur le phénomène, pendant l'année 1977. Ensuite, nous
arriverons à 1980.
M. le ministre, en 1976-1977, l'usine était fermée. Vous
demandiez des soumissions et c'était fermé depuis le mois
d'août 1976. Il y avait pour environ $5 000 000 de marchandises dans les
cours. Non, plutôt environ pour $2 500 000 à $3 000 000 dans les
cours.
Si vous demandez des soumissions, vous allez peut-être en demander
deux fois. Cela a réouvert au début d'avril 1977, après
huit mois de fermeture, un hiver et un printemps. Au mois d'avril 1977 ou la
fin de mars 1977, vous ne le saviez pas encore. Vous étiez encore
résistants là-dessus. Cela ne s'était pas
décidé. Le printemps est arrivé; il y a eu le
dégel. Cela a causé des pertes. L'eau est entrée dans les
roulottes, les tentes-roulottes, et les maisons mobiles qui étaient
dehors, malgré que ça a été fermé depuis
août 1976 et que tout était là. Il y a eu des dommages
entre $300 000 et $350 000 environ au matériel, aux produits finis qui
étaient dans la cour depuis déjà près de dix
mois.
Un autre phénomène que j'aimerais que vous m'expliquiez:
Pourquoi avez-vous attendu que ça dégèle, qu'il y ait des
pertes? C'est récemment que j'ai su qu'il y a eu des pertes à ce
point sur le matériel qui était la garantie ni plus ni moins, du
gouvernement, des pertes de près de $300 000 à $350 000 au
printemps de 1977. C'est là-dessus que je...
M. Duhaime: Si ma mémoire est bonne, M. le
député...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: ... tout simplement, au moment où il a
été prévu de faire des travaux de drainage à
travers les bancs de neige entre les roulottes, vos bons amis du Syndicat du
coin nous ont empêchés de pénétrer sur le
terrain.
M. Grégoire: Oh! Est-ce qu'ils n'étaient pas sortis
de l'usine? Est-ce qu'ils n'avaient pas cessé leur occupation depuis
déjà près d'un mois?
M. Duhaime: Ils étaient seulement à la
barrière, à ce moment-là.
M. Grégoire: C'est une réponse que je ne peux pas
accepter, parce que les ouvriers eux-mêmes étaient prêts
à faire le déblaiement et à mettre de l'ordre
là-dedans pour ne pas que ça se brise. Si je me souviens bien,
ça a été plutôt les délais de la SDI à
décider ce qu'elle ferait avec Bellevue et le matériel, alors que
vous aviez deux soumissionnaires avec des montants identiques pour toute cette
marchandise. Vous êtes retournés une autre fois en soumissions au
mois de janvier pour savoir s'il y en aurait d'autres. Il n'y en a pas eu
d'autres au mois de janvier. Ils sont arrivés encore avec les deux
mêmes soumissions, et malgré tout, de janvier à avril,
même si vous avez été prévenu par moi, devant le
ministre du temps, que le dommage causé serait énorme, il n'y a
eu rien de fait par la SDI.
M. Duhaime: Vous vous rappellerez qu'à ce moment la SDI
s'est totalement refusée à intervenir dans le dossier Bellevue et
à faire un prêt ou une intervention financière quelconque.
L'intervention de la SDI, le 24 mars 1977, est venue par un arrêté
en conseil ordonnant à la SDI d'intervenir dans le dossier Bellevue,
dans le cadre d'un protocole signé entre le ministre de l'Industrie et
du Commerce et l'entreprise Bellevue.
M. Grégoire: Mais jusqu'au 24 mars, c'était la SDI
qui était responsable des objets qui se trouvaient sur les lieux.
M. Duhaime: Mais la SDI n'était pas responsable.
M. Grégoire: C'était vous autres qui...
M. Duhaime: La SDI n'était pas intervenue dans le dossier,
à ce stade-là.
M. Grégoire: Qui est-ce qui était responsable
à ce moment-là? Ce n'était plus Mercure &
Bé-liveau. Ils étaient partis depuis septembre. Vous me dites que
ce n'était pas la SDI. Qui était responsable de tout ce qui
était là? A qui ça appartenait-il? Qui avait
ça?
M. Duhaime: Cela appartenait à la Banque provinciale, qui
avait un premier lien sur les actifs, et à la Banque
fédérale de développement qui avait un premier lien sur
les bâtisses.
M. Grégoire: La Banque provinciale laissait se
détériorer tout ça, sachant qu'eux autres étaient
garantis par arrêté en conseil.
M. Duhaime: Ils ne l'étaient plus à ce
moment-là; ils l'ont été après.
M. Grégoire: Oui, l'arrêté en conseil
après... Sur le dernier point, j'arrive à 1979-1980. En
1979-1980...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Frontenac, en espérant que vous arriviez en 1980
bientôt!
M. Grégoire: Mais il faut établir des
préliminaires. J'ai déjà des bons montants
d'établis dans tout ça. Il y a eu la perte du printemps de 1977,
$300 000, l'ordinateur, les honoraires. Là, j'arrive à
1979-1980.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant!
M. Goulet: M. le Président, je vous demande une
directive.
Le Président (M. Bordeleau): Mais je veux d'abord recevoir
celle du député de Notre-Dame-de-Grâce, parce que j'ai
entendu la sienne auparavant. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Les directives sont que, normalement, on donne une
allocation d'à peu près...
M. Grégoire: J'ai toutes vos questions. Vous en avez
posé depuis deux jours. Je n'ai jamais interrompu; j'ai laissé
faire. Tout à coup, vous...
M. Scowen: Mais...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, à l'ordre s'il vous plaît!
M. Scowen: Normalement, on donne...
M. Grégoire: C'est le gouvernement libéral qui a
fait ces folies-là...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, à l'ordre s'il vous plaît!
M. Grégoire:... que vous ne voulez pas que je demande des
éclaircissements?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Notre-Dame-de-G râce.
M. Scowen: Normalement, M. le Président, on donne une
allocation d'à peu près 20 minutes par député pour
poser des questions. J'ai des questions à poser à M.
Labonté et j'imagine que M. le député de Bellechasse en a
aussi. Est-ce que vous pouvez rendre une décision maintenant, on
a déjà dépassé 25 minutes sur le temps que
vous avez l'intention d'allouer au député de Frontenac pour poser
les questions qui restent et qu'il veut poser? Je suis certainement favorable
à l'idée qu'il peut avoir un peu de temps additionnel, parce
qu'il ne sera pas ici ce soir, mais quand même, j'imagine qu'on doit
établir une limite raisonnable.
(17 h 30)
On a déjà passé 25 minutes et on n'est pas encore
arrivé à 1980. Est-ce que vous pouvez nous donner une directive?
Combien de temps additionnel avez-vous l'intention d'accorder à mon
collègue, le député de Frontenac, pour sa première
intervention?
Le Président (M. Bordeleau): Vous avez raison, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce; normalement, c'est
limité à 20 minutes, sauf que c'est très difficile
d'établir un temps parce que le député de Frontenac a
justement posé plusieurs questions. Le temps est difficile à
établir à ce moment-là. Mais, en espérant obtenir
la collaboration et du député de Frontenac et des autres membres
de la commission, j'espère qu'on aboutira finalement à
l'année 1980, pour être pertinent au budget 1980-1981 qu'on doit
adopter.
M. Grégoire: Depuis deux jours, je les laisse parler, mais
je n'en ai pas pour longtemps, quinze ou vingt minutes et je vais avoir
fini.
M. Scowen: Vous n'étiez pas ici.
M. Grégoire: Au maximum, à six heures, ça va
être fini.
Le Président (M. Bordeleau): Allez-y, M. le
député de Frontenac, en accélérant si c'est
possible.
M. Grégoire: M. Labonté, je voudrais vous demander
une chose. Au mois d'août ou de septembre 1979, quand vous êtes
arrivé à l'usine, vous avez envoyé un autre syndic et vous
avez dit: Bon, on ferme tout ça, on arrête. Il y avait des actifs,
il y avait des dettes, il y avait des passifs. J'aimerais savoir pourquoi vous
interveniez, à ce moment-là? Est-ce que c'est parce que vous
vouliez récupérer les $2 500 000 qui vous étaient encore
dus? Est-ce que c'est parce que vous vouliez fermer l'usine? J'aimerais savoir
pourquoi vous êtes entré là, à ce
moment-là.
M. Duhaime: Depuis le 25 mars 1977, au lendemain de
l'arrêté en conseil qui demandait l'intervention de la SDI, nous
faisions rapport, de façon mensuelle, au ministre de l'Industrie et du
Commerce que la Société Bellevue 1977 était en
défaut. Tous les mois, le rapport mensuel faisait état des
difficultés de la société, des pertes encourues, du
défaut de la société en regard de ses obligations envers
le ministre de l'Industrie et du Commerce et envers la SDI, envers ses autres
traitants. Mensuellement, depuis mars 1977, ce rapport était
envoyé au ministre de l'Industrie et du Commerce. Il y a eu un groupe
d'étude, des comités, un certain nombre d'employés du
ministère qui ont travaillé et on en venait tous à la
même conclusion. Jusqu'en juillet 1979 où l'actionnaire
majoritaire lui-même est venu à la conclusion qu'il ne pouvait
plus respirer dans ce cadre et espérait, en fait, en sortir sur une base
de rentabilité ou espérait retourner le vent ou la vague. C'est
à partir de ce moment que le ministre, devant la situation qui
continuait d'être une situation d'hémorragie constante, a
décidé que cela avait assez duré, tout simplement. Il nous
a demandé de prendre les moyens nécessaires, par un ordre, tout
simplement, en disant: C'est le temps.
M. Grégoire: Attendez un peu. Si je peux fixer les dates
là-dessus, c'est à peu près trois jours après la
nomination du ministre actuel au poste de ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Duhaime: Mon cher collègue de Frontenac...
M. Grégoire: Parce que je me rappelle fort bien que, le
jour même de la nomination du ministre actuel, je lui ai
téléphoné, le soir, et je lui ai dit: Je sais qu'il va se
prendre des décisions avant longtemps dans le dossier de Bellevue, je
voudrais en être informé avant. Le ministre m'a dit oui et, deux
jours après, les syndics liquidateurs entraient à Bellevue sans
que je le sache. C'est deux ou trois jours après et un vendredi,
à part cela. Je pense que vous avez pris le nouveau ministre par
surprise, vous ne lui avez pas laissé beaucoup le temps d'étudier
le dossier et de se retourner de bord. Mais la SDI est arrivée, on a
fait signer une lettre au ministre et, deux jours après sa nomination,
le liquidateur entrait à la SDI.
M. Goulet: Vous avez un bon dialogue, dans ce parti.
M. Grégoire: Non, mais on a le droit, dans notre parti,
nous ne sommes pas une gang de moutons, on peut se parler et on reste bons amis
quand même. Cela ne veut pas dire que je les blâme. Ce que je
voudrais savoir parce que je crois que vous avez pris le ministre en
vitesse vous dites que ces gens étaient en défaut de faire
des paiements, est-ce que vous allez retirer un seul cent de la liquidation de
Bellevue? Est-ce que la SDI va retirer un cent, va retirer quoi que ce soit, va
réussir à revendre ses actions, va réussir à
récupérer son capital ou ses intérêts ou quoi que ce
soit avec la liquidation de Bellevue?
M. Duhaime: Si vous me permettez, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Goulet: Le ministre va mettre son député
à l'ordre, puis...
M. Grégoire: On arrive à 1979-1980...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Je suis responsable de l'administration et du
portefeuille du ministère de l'Industrie et du Commerce depuis le jour
où j'ai été assermenté. Le dossier Bellevue, c'est
effectivement un des premiers dossiers qui est venu sur mon bureau. J'ai pris
la décision de demander à la SDI d'intervenir dans ce dossier
parce que j'ai jugé qu'elle aurait dû le faire longtemps
auparavant et que ça ne servait absolument à rien de tenter de
continuer l'exploitation dans une perspective de rentabilité quelle
qu'elle soit et qu'il fallait protéger au maximum la sûreté
des investissements et des garanties que nous avions portés dans ce
dossier. Je voudrais donner...
M. Grégoire: Oui, mais vous attendiez-vous à
récupérer...
M. Duhaime: Je voudrais vous donner l'assurance, mon cher
collègue, que je n'ai été surpris d'aucune façon.
J'étais déjà bien au fait du dossier Bellevue pour avoir
siégé pendant de longues heures, les années
précédentes, en particulier au comité ministériel
permanent du développement économique et au Conseil des ministres
également. Ce dossier ne m'était donc pas inconnu. Je ne voudrais
pas que quelqu'un pense que j'ai été surpris.
Maintenant, nous saurons de façon finale...
M. Grégoire: Est-ce que vous vous attendiez à
recevoir un seul cent en retour et à protéger quoi que ce soit de
vos prêts là-dedans?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, il faudrait peut-être laisser le ministre répondre.
M. Duhaime: Nous saurons de façon finale à la
réalisation complète des actifs, lorsque la liquidation sera
terminée, ce que nous pourrons récupérer. J'ai
l'impression que le montant est faible par rapport aux pertes que nous avons
encourues dans ce dossier et qui totalisent $6 000 000. Je pense que c'est
dommage de le dire de cette façon...
M. Grégoire: Un seul cent? M. Duhaime: Au moins un,
oui.
M. Grégoire: M. Labonté, le président de la
SDI, pourrait-il nous dire s'il espère récupérer un seul
cent?
M. Duhaime: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Vous dites que vous avez une
question, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Vous dites que vous avez eu des soumissions
au minimum pour $350 000, peut-être un peu plus. Quel était le
montant saisi par l'impôt sur le revenu provincial ou la taxe provinciale
et par l'impôt sur le revenu fédéral? Est-ce que ce
n'était pas deux fois ces $350 000?
M. Duhaime: Des ententes existaient après l'intervention
du ministère du Revenu du Québec. Selon l'entente intervenue, le
tiers des ventes était versé au ministère du Revenu du
Québec. Lorsque nous avons décidé tout simplement de
réaliser la garantie en accord avec la SDI, je dois ajouter
qu'après une étude minutieuse, longue et très attentive de
la démarche à suivre, j'ai pris la décision de demander
à la SDI de réaliser ses garanties dans ce dossier. Je ne me
souviens pas exactement de la date, mais c'était quelques jours
effectivement, trois, quatre ou cinq jours au maximum après mon
entrée au ministère de l'Industrie et du Commerce.
En conclusion, mon évaluation était que ce dossier avait
suffisamment duré. S'il y avait eu la moindre chance de remettre sur
pied l'usine, nous aurions travaillé dans cette direction.
M. Grégoire: M. le Président, je ne pense
pas...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, je m'excuse...
M. Grégoire: Une dernière question.-
Le Président (M. Bordeleau): ... mais je vais d'abord
m'exprimer, cela fait au moins trois quarts d'heure que vous parlez et vous
avez un droit de parole de vingt minutes.
M. Grégoire: Une dernière question, M. le
Président, si vous le permettez.
Le Président (M. Bordeleau): Vous l'avez largement
dépassé. Je vous ai laissé faire, mais à la
condition que vous finissiez par finir, parce qu'il y a ici d'autres
collègues qui voudraient aussi poser des questions au PDG de la SDI.
M. Grégoire: Une dernière question.
Le Président (M. Bordeleau): II ne faudrait pas le retenir
ici trop longtemps.
M. Grégoire: Une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Une dernière question,
d'accord, à condition de faire vite.
M. Grégoire: M. le ministre, M. Labonté...
M. Duhaime: M. le Président, est-ce que vous me permettez
de donner une information à mon collègue de Frontenac. Je
voudrais tout simplement qu'il m'informe si nous allons faire le tour de chacun
des dossiers, car je voudrais lui dire que nous avons 2000 dossiers actifs
à la SDI actuellement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, une dernière question rapidement, s'il vous plaît.
M. Grégoire: M. le ministre, ma dernière question
est celle-ci: M. Labonté, si vous avez eu un rapport
préliminaire, vous savez fort bien que les montants d'impôt et les
dettes dépassent les actifs, qu'il n'y avait rien là à
protéger pour la SDI. Je l'affirme et je défie le
président de la SDI et le ministre de me dire le contraire ils ne
retireront pas un seul cent. En fermant l'usine, ils n'ont rien
protégé du tout, ils ne récupéreront rien, mais
cela va leur coûter de l'argent en plus de cela, parce qu'il y aura
encore les honoraires des syndics. Cela va même priver les
créanciers qui ont reçu moins dans la liquidation qu'ils
n'auraient eu si cela avait continué à être liquidé
comme cela. La SDI savait d'avance devant le ministre, on me l'a dit, au
mois d'octobre ou novembre 1979, un représentant de la SDI l'a dit
devant le ministre et devant le sous-ministre, le directeur
général adjoint de la SDI était là, je pense que
c'est lui qui me l'a dit, M. Gagnon me l'a dit, à ce moment-là
qu'on ne récupérerait jamais un cent de cela. On le savait
d'avance.
C'est ma question. Si vous saviez d'avance que vous ne
récupéreriez pas un cent, que vous ne protégiez rien, que
vous n'auriez rien de plus, pourquoi être allé vous fourrer le nez
là-dedans? Vous n'avez rien protégé, vous ne
protégeriez rien; vous n'auriez pas un cent, vous ne sauveriez rien,
pourquoi être allé vous fourrer le nez là-dedans? C'est ma
question. J'en aurais d'autres...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre. Non, il n'y
en aura plus d'autres. Après cette réponse, on va passer à
d'autres collègues.
M. Grégoire: Je ne comprends pas que vous vous soyez mis
le nez là-dedans!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, voulez-vous attendre la réponse? Autrement...
M. Duhaime: Je pense que je dois dire à mon
collègue de Frontenac, pour qui j'ai beaucoup de respect et qui a toute
mon estime, comme vous le savez, M. le Président, que nous ne nous
sommes pas fourrés le nez là-dedans. Nous y étions
déjà à pleines mains. Il s'agissait d'évaluer,
après avoir fait l'analyse exhaustive de toute la problématique
de ce dossier, s'il nous fallait continuer ou bien s'il fallait que cela
finisse.
J'ai pris sur moi, après consultation avec la SDI et les hauts
fonctionnaires de mon ministère, de prendre cette décision
d'arrêter l'aventure. Il y a aussi une chose qu'il faut noter. La SDI est
une banque d'affaires. Nous ne pouvons pas laisser aller les garanties ou les
cautions ou les sûretés de la SDI à vau-l'eau. A partir du
moment où une entreprise est en défaut, je pense que c'est la
crédibilité de la SDI, c'est son sérieux auprès des
entreprises qui est en cause. A partir du moment où le cadavre ne
respirait plus, il n'y avait aucun espoir que ce soit et il valait mieux
terminer l'opération.
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Bellechasse.
M. Grégoire: Est-ce que je vais pouvoir revenir plus tard,
si cela continue demain matin, afin de poser des questions?
Le Président (M. Bordeleau): Pas sur
l'élément de la SDI. Votre temps a été amplement
écoulé...
M. Grégoire: Mais si nous en sommes encore à
l'élément de la SDI, est-ce que je pourrai y revenir, demain
matin? Est-ce que nous siégerons demain matin?
Le Président (M. Bordeleau): Non. Vous n'aurez pas plus de
temps, demain matin.
M. Grégoire: Pourquoi?
Le Président (M. Bordeleau): Parce que, normalement, selon
le règlement, vous avez droit à vingt minutes de questions par
élément. Alors, le programme 5 ne contient qu'un seul
élément et c'est celui de la SDI. Je pense que je vous ai
laissé amplement de temps trois quarts d'heure pour poser
vos questions sur cet élément. Je pense qu'il faut maintenant
passer à d'autres de vos collègues et à d'autres
programmes.
M. Grégoire: Je pense, M. le Président, que vos
règlements ne nous permettent pas d'aller au fond de la question.
Le Président (M. Bordeleau): C'est l'étude des
crédits, M. le député de Frontenac. Ce n'est pas un
procès d'intention ou un procès de la SDI elle-même...
M. Grégoire: C'est à l'étude des
crédits, quand on vote des montants d'argent, qu'on s'informe où
s'en va cet argent.
Le Président (M. Bordeleau): Bon. M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je peux vous dire que j'ai
rarement vu un député ministériel contredire et mettre en
boîte ainsi son ministre.
M. Grégoire: Non, non, je ne l'ai pas mis en boîte.
C'est faux. M. le Président, sur une question de privilège...
Le Président (M. Bordeleau): Ah non! II n'y a pas de
question de privilège.
M. Grégoire: Sur une question de règlement. M.
Goulet: II n'y en a pas.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, rapidement, s'il vous plaît.
M. Grégoire: Le député de Bellechasse sait
fort bien que je n'ai pas mis le ministre en boîte, là-dessus.
Loin de là. Au contraire, j'ai énormément d'estime et
d'admiration pour le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. C'est
un des meilleurs que nous avons connus. Ce n'était pas mon intention. Au
contraire, je disais que je crois que du côté de la SDI, il y a eu
des manquements. Je suis convaincu de cela.
M. Goulet: M. le Président, je demande la parole.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse. Effectivement, vous aviez la parole.
M. Goulet: Suite à une question que le
député de Frontenac a posée au ministre, est-ce que vous
vous attendez à recueillir quelque chose? Le ministre dit oui. Le
député de Frontenac lui dit: "Je vous mets au défi, vous
ne recueillerez rien." S'il n'y a pas là contradiction, je me demande
comment on appelle cela.
Nous allons nous en tenir au niveau des principes, M. le
Président. Le PDG de la SDI a dit, tout à l'heure: Au moment
où on ne voulait pas investir davantage dans l'entreprise Bellevue, nous
aurons eu un arrêté en conseil nous ordonnant d'y investir. Est-ce
bien ce que nous avons entendu, M. le Président? Il s'agit d'un
arrêté en conseil, daté du 24 mars 1977.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: II est évident, M. le Président, que la
recommandation de la SDI, à l'époque, n'allait pas dans un sens
favorable. L'arrêté en conseil qui a été
déposé, je pense, également devant l'Assemblée
nationale si celui de 1977 n'a pas été
déposé, nous le ferons le Conseil des ministres a pris la
décision de faire une intervention dans l'entreprise Bellevue. A
l'époque, le Conseil des ministres jugeait qu'il y avait un souffle de
vie dans cette entreprise et qu'il nous fallait prendre, dans ce cas, certains
risques. Nous l'avons fait. Effectivement, c'est une décision du Conseil
des ministres.
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais savoir si la SDI a
pleine et entière autonomie quant à son champ d'action, quant
à ses investissements. D'après ce qu'on vient de nous dire, il y
a un cas où la SDI ne voulait pas investir et où le Conseil des
ministres a exigé que la SDI investisse. Le ministre vient de le dire.
Bien, voyons!
M. Grégoire: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, il faudrait peut-être...
M. Goulet: M. le Président, nous l'avons entendu pendant
trois quarts d'heure, tout à l'heure. Il n'y a pas de question de
règlement...
M. Grégoire: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, je ne vois pas pourquoi vous soulèveriez une question de
règlement.
M. Grégoire: Vous êtes en train d'induire la
commission en erreur...
M. Goulet: Je n'induis personne en erreur. M. Grégoire:
Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Je ne vois pas
pourquoi...
M. Grégoire: Laissez-moi la soulever et vous allez le
savoir.
Le Président (M. Bordeleau): Non, un instantl Je voudrais
d'abord laisser finir la question posée par le député de
Bellechasse...
M. Grégoire: Je soulève une question de
règlement...
M. Goulet: Quel article, M. le Président? M.
Grégoire: Article 96.
M. Goulet: Un instant! Mauvaise interprétation, ce n'est
pas ça. C'est après.
Le Président (M. Bordeleau): Si c'est l'article 96, vous
pourrez y revenir après. M. le député de Frontenac,
à l'ordre! A l'ordre! s'il vous plaît. (17 h 45)
M. Grégoire: Non, induire la commission en erreur. De quel
article est-il question lorsqu'on induit la commission en erreur?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
M. Grégoire: C'est quel article, lorsqu'on induit la
commission en erreur?
Le Président (M. Bordeleau): En vertu de l'article 96, M.
le député de Frontenac, vous pourrez intervenir après
l'intervention du député de Bellechasse.
M. Grégoire: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Votre question de
règlement ne tient pas, je redonne la parole au député de
Bellechasse.
M. Grégoire: M. le Président, j'invoque le
règlement qui dit qu'on ne peut pas induire la Chambre en erreur.
Le Président (M. Bordeleau): On n'est pas en Chambre, on
est en commission. M. le député de Bellechasse.
M. Grégoire: Les règlements s'appliquent mutatis
mutandis.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: J'ai droit à une question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse, c'est vous qui avez la parole, si vous n'êtes pas trop
enterré.
M. Goulet: Non, non, écoutez! Je voulais savoir, M. le
Président, si cela arrive souvent, ou quelle est la fréquence,
à l'intérieur du mandat de la SDI ou d'un gouvernement, que le
gouvernement exige ou demande par un arrêté en conseil, supplie la
SDI d'investir dans un domaine, dans un champ d'activité ou dans un
projet où elle ne veut pas intervenir? Est-ce que ça arrive? On a
un cas, ici, où le président de la SDI vient de nous dire: Dans
le dossier Bellevue, en mars 1977, on ne voulait pas intervenir et un
arrêté en conseil... un arrêté en conseil, c'est le
Conseil des ministres qui demande à la SDI: Nous avons pris la
décision, investissez. Est-ce que ça arrive souvent? Est-ce que
la SDI a pleine et entière autonomie quant à ses investissements?
Est-ce que c'est un cas unique ou s'il n'y en aurait pas d'autres, dans le
genre Tricofil, qu'on pourrait énumérer?
Je veux savoir si ces choses arrivent régulièrement ou si
c'est quelque chose de bien spécial. Il ne faudrait pas, ici... On est
en train de faire le procès de la SDI, et on n'est pas ici pour faire le
procès de la SDI. Tout ce qu'on a entendu cet après-midi, ce
n'est pas la SDI qui a exigé un arrêté en conseil, c'est le
Conseil des ministres qui a demandé à la SDI d'intervenir. Les
gens qui sont à blâmer, que le député de Frontenac
aime cela ou n'aime pas cela, c'est le gouvernement, le Conseil des ministres.
Cela, ce n'est pas en 1973 et en 1974, c'est en 1977; en 1977, le Conseil des
ministres était formé de péquistes. C'est cela que
l'histoire dit.
M. Grégoire: Ce n'est pas vrai ce que vous dites
là, c'est faux.
M. Goulet: Voyons donc!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse, il faudrait quand même que vous posiez des questions au
ministre, et non pas vous adresser au député de Frontenac.
M. Goulet: Je lui en ai posé: Est-ce que ça arrive
souvent? C'est-à-dire que je lui pose par votre intermédiaire, M.
le Président. On a un cas patent qui est arrivé. Je ne voudrais
pas qu'avec les crédits qu'on va voter pour la SDI, pour l'année
1980-1981, cela arrive. Si la SDI n'a pas pleine et entière autonomie
quant à ses investissements, comme nous l'a laissé entendre le
ministre cet avant-midi, je voudrais savoir si cela arrive
régulièrement. Sinon, on n'a pas besoin de PDG, et on n'a pas
besoin de bureau de direction à la SDI. On n'a qu'à donner cela
au ministère de l'Industrie et du Commerce et dire: Quand les
ministériels décideront d'investir dans tel domaine, oublions la
SDI, elle n'a pas juridiction et elle n'a pas pleine autonomie; c'est au niveau
du principe de l'autonomie pleine et entière.
D'après ce qu'on voit ici cet après-midi, c'est bien
malheureux, mais la SDI n'a pas pleine et entière autonomie sur son
budget et sur ses investissements.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, est-ce que je peux rappeler
au député de Bellechasse qu'il est peut-être en train de
découvrir l'Amérique, cet après-midi? Si vous lisez la loi
qui constitue la SDI, de même que la réglementation administrative
de la SDI, suivant les derniers amendements qui ont été
apportés, dans le cas de prise en charge d'intérêts, pour
des montants qui excèdent $500 000, il faut l'autorisation du Conseil
des ministres. Voilà la réglementation existante. Lorsqu'il
s'agit de garantie de prêt, peu importe le montant, avec la
réglementation qui existe à l'heure actuelle, le Conseil des
ministres n'intervient pas.
Autrefois, la réglementation était différente, il
fallait l'accord du Conseil des ministres... les prêts devaient
être également approuvés par le Conseil des ministres. Ne
montez pas sur vos grands chevaux.
M. Goulet: Bien non.
M. Duhaime: L'autonomie administrative de la SDI est là,
à l'intérieur du cadre fixé par le gouvernement. Ce n'est
pas nouveau, cela existe depuis que la SDI existe et ça existait
auparavant, alors que l'organisme d'intervention s'appelait l'Office du
crédit industriel, qui remonte à l'époque où notre
collègue de Bonaventure, M. Gérard D. Levesque, avait la
responsabilité de ce portefeuille.
M. Goulet: M. le Président...
M. Duhaime: Pour répondre à votre question,
régulièrement et presque à chaque semaine, des dossiers de
la SDI viennent au Conseil des ministres. Il y en a moins maintenant, depuis
que nous avons donné une autonomie administrative beaucoup plus large
à son conseil d'administration et à son exécutif, entre
autres, dans les domaines de garantie de prêts et de prêts; peu
importe les montants en cause, la SDI a sa complète autonomie
administrative. Dans le cas des prises en charge d'intérêts pour
des montants qui excèdent $500 000, il faut l'autorisation du Conseil
des ministres.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Nous sommes à l'étude des crédits
du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Je n'ai pas la
prétention d'avoir découvert l'Amérique, mais
peut-être le...
M. Duhaime: Est-ce que ça répond à votre
question?
M. Goulet: ... oui... mais peut-être le pot aux roses, par
exemple. Le programme 5 qu'on étudie présentement, est celui de
la Société de développement industriel du Québec.
M. le Président, si vous le voulez, on va regarder ce que ce programme
dit: "Ce programme vise à assurer le fonctionnement de l'organisme
chargé de faciliter la transformation de la structure industrielle par
une aide sélective à l'investissement et par l'octroi de
crédits à des entreprises privées." On nous demande $39
492 600...
M. Duhaime: Entreprises viables.
M. Goulet: "... et par l'octroi de crédit à des
entreprises viables." Le président de la SDI vient de nous dire: On a
déjà vécu un cas où, nous, la SDI savions fort bien
que cette entreprise n'était plus viable, n'était pas viable, que
le projet n'était pas viable, et on a dû investir parce que le
conseil des ministres nous a demandé, par arrêté en
conseil, d'investir.
Je veux savoir si ça arrive régulièrement, oui ou
non? Le ministre a semblé dire: Cela peut arriver assez souvent. Est-ce
la réponse?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Ce que je réponds, quand je vous dis que
ça arrive fréquemment, c'est que c'est la mécanique
administrative qui est courante... Des interventions du Conseil des ministres
dans le sens que vous indiquez, où il y aurait eu une recommandation
défavorable sur une intervention de la part de la SDI et où le
Conseil des ministres aurait décidé d'être favorable, c'est
arrivé à quatre reprises en neuf ans.
Il peut arriver je n'ai pas l'information que le Conseil
des ministres décide de ne pas donner suite à une recommandation
favorable de la SDI sur un dossier, mais, là, j'avoue ne pas avoir la
réponse sur une certaine période, il faudrait faire la
vérification.
M. Goulet: M. le Président, en terminant, je veux vous
dire qu'on n'a aucun reproche à adresser à la SDI à ce
moment-ci; si reproche il y a, c'est au Conseil des ministres, point final.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Oui, j'ai quelques questions.
M. Grégoire: M. le Président, j'invoque l'article
96.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous ai déjà
averti, M. le député de Frontenac, que votre période de
questions était déjà terminée.
M. Grégoire: On peut invoquer l'article 96. quand un
député a terminé, pour rectifier une
déclaration.
Le Président (M. Bordeleau): Allez-y, M. le
député de Frontenac, en vertu de l'article 96.
M. Grégoire: C'est pour dire au député de
Bellechasse que la SDI n'a pas été appelée par le Conseil
des ministres à investir $5 300 000 en 1977, par l'arrêté
en conseil. Par l'arrêté en conseil, le gouvernement donnait $3
000 000 pour payer la Banque provinciale et demandait à la SDI de
prêter $3 000 000, dont $2 300 000 servaient à finir de payer la
Banque provinciale. Ce n'était pas un nouvel investissement,
c'était pour...
M. Goulet: Oui.
M. Grégoire: L'arrêté en conseil n'a pas
demandé à la SDI de faire un nouvel investissement,
c'était pour payer des dettes garanties par l'arrêté en
conseil de 1975.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le
député de Frontenac, c'est suffisant. M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Duhaime: Permettez-moi, M. le Président, d'apporter une
dernière précision au député de Bellechasse.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Duhaime: Lorsque l'arrêté en conseil de 1977 est
venu, c'était un ordre de paiement et il donnait suite à une
décision antérieure prise par arrêté en conseil qui,
elle, remontait à 1975.
Des Voix: Voilà!
M. Goulet: Pourquoi, à ce moment...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Bellechasse?
M. Goulet: Je m'excuse, je peux revenir à tout à
l'heure. Pourquoi le président de la SDI nous a-t-il dit: Nous ne
voulions pas le faire et l'arrêté en conseil nous a obligés
à le faire? Ce n'est pas ça que vous avez dit.
M. Duhaime: Non, par arrêté en conseil de 1977, qui
est un autre arrêté en conseil.
M. Goulet: C'est de celui-là dont je parle. Que venait
faire l'arrêté en conseil de 1977?
M. Duhaime: II venait, à toutes fins pratiques, remplir la
promesse de l'arrêté en conseil de 1975.
M. Goulet: Pourquoi ne vouliez-vous pas le faire?
M. Duhaime: C'est parce que la SDI ne voulait pas verser cet
argent à même ses propres fonds, c'est aussi simple que
ça.
M. Goulet: Vous n'aviez pas le choix à ce moment.
M. Duhaime: II faudrait, pour éclairer le dossier, vous
dire qu'en 1975 aussi on avait refusé.
M. Goulet: Oui, mais eux ont répété ce que
l'autre a fait en 1975.
M. Duhaime: Pardon, M. le Président. M.
Grégoire: On l'a respecté. M. Duhaime: M. le
Président.
M. Goulet: Un dossier politique comme Trico-fil, bien pareil.
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Goulet: Bien pareil à Tricofil. Vous saviez qu'il n'y
avait rien à faire. C'était politique votre affaire.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse, s'il vous plaît!
M. Goulet: Oui, j'ai terminé.
M. Duhaime: Je voudrais compléter la réponse pour
l'information complète et totale du député de Bellechasse.
En 1975, le gouvernement du Québec est intervenu par un
arrêté en conseil sur un avis défavorable de la
Société de développement industriel à
l'époque. Lorsque la SDI ne voulait pas intervenir à nouveau en
1977 et que le gouvernement est intervenu en 1977, il donnait suite à
l'arrêté en conseil de 1975 où se trouvait
déjà l'engagement du gouvernement. C'est ce qui explique que la
SDI ne voulait pas se mêler de ce dossier. C'était l'engagement du
gouvernement dans l'arrêté de 1975.
Le Président (M. Bordeleau): Un complément, M.
Labonté, au nom du ministre.
M. Duhaime: Les deux interventions du gouvernement étaient
basées sur la même préoccupation de maintenir un certain
nombre d'emplois dans une région du Québec où le taux de
chômage, à cause d'une certaine conjoncture économique et
à cause des mines d'amiante, posait des problèmes très
sérieux à comparer au taux de chômage dans un certain
nombre de régions du Québec.
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Est-ce qu'on aurait pu, avant l'arrêté en
conseil du 24 mars 1977, fermer les portes de Bellevue comme on l'a fait cette
année? Est-ce qu'on aura pu faire ça et économiser ces
sommes d'argent?
M. Duhaime: Techniquement parlant, le gouvernement ou la SDI
aurait pu prendre la décision de fermer à ce moment.
M. Goulet: Cela répond à ma question.
M. Duhaime: Attendez, il y a une autre partie à la
réponse. Mais cela ne libérait pas le gouvernement de ses
engagements envers la Banque provinciale, qui étaient déjà
à $2 300 000.
Le Président (M. Bordeleau): Avant de procéder avec
les questions du député de Notre-Dame-de-Grâce, je voudrais
transmettre un petit message aux membres de la commission: le président
de l'Assemblée nationale invite tous les parlementaires à une
courte réception derrière le fauteuil du président,
à 18 heures. J'aimerais savoir, d'abord, si le PDG de la SDI peut
revenir à 20 heures.
M. Duhaime: Avec plaisir. M. Goulet: ... Frontenac.
M. Duhaime: C'est la meilleure chose qui pourrait arriver.
Une Voix: II va vous manger!
Le Président (M. Bordeleau): On entreprendra les questions
du député de Notre-Dame-de-Grâce à 20 heures. La
commission suspend ses travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 58
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire élue de l'industrie, du commerce et
du tourisme reprend ses travaux.
Les membres de la commission sont les mêmes que cet
après-midi.
A la suspension des travaux, à 18 heures, nous en étions
à la discussion et aux questions sur le programme no 5,
Société de développement industriel du Québec.
Y a-t-il d'autres questions sur ce programme?
M. Scowen: Deux ou trois, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. Pierre Harbour est-il encore administrateur?
M. Duhaime: II a donné sa démission, il y a
quelques mois déjà.
M. Scowen: Je vais parler maintenant du rapport annuel de la SDI.
J'ai le rapport pour l'année financière se terminant le 31 mars
1979, parce que l'autre n'est pas sorti. A la page 17, les montants
autorisés, selon les différents programmes, pour l'année
1978-1979, s'élevaient à $94 000 000. M. le président de
la SDI, pour l'exercice financier 1979-1980, cela va monter à quel
montant?
M. Duhaime: Nous estimons que le total des interventions de la
SDI, au 31 mars 1980, c'est-à-dire hier soir, sera de l'ordre de $135
000 000 à $140 000 000.
M. Scowen: $135 000 000 à $140 000 000. M. Duhaime:
Oui.
M. Scowen: Pour l'année prochaine, qu'est-ce que vous
prévoyez?
M. Duhaime: Pour l'année prochaine, en fait, nous
prévoyons évidemment, il y aura là-dedans
l'augmentation des sommes prévues pour l'industrie touristique
pour 1980-1981...
M. Scowen: Oui.
M. Duhaime: ... $223 000 000, à peu près. M.
Scowen: $223 000 000. M. Duhaime: Oui.
M. Scowen: Pour les programmes E et F, quels sont les montants
pour 1980 et 1981?
M. Duhaime: Je n'ai pas de données séparées
pour les programmes E et F comme tels. Pour 1980 et 1981, nous avons une
donnée totale pour les prêts autorisés en 1980 et 1981. En
fait, $54 000 000 sont prévus pour les prêts.
M. Scowen: Combien?
M. Duhaime: La totalité des prêts est de $54 000
000, l'an prochain.
M. Scowen: $54 000 000.
M. Duhaime: Oui, mais cela couvre, en fait, le programme C que
vous voyez au rapport annuel de 1979, et les programmes E et F.
M. Scowen: Mais vous ne pouvez pas prévoir jusqu'à
quel montant les deux derniers programmes sont...
M. Duhaime: Comme tel, non, on n'a pas fait de prévision,
parce que tous les prêts sont regroupés sous la...
M. Scowen: Mais pour l'année passée?
M. Duhaime: Pour l'année qui vient de se terminer?
M. Scowen: Oui, celle qui vient de se terminer.
M. Duhaime: Pour l'année qui s'est terminée le 31
mars.
M. Scowen: 1979-1980.
M. Duhaime: Je l'ai. Un instant! Nous avons, en fait, les
données pour les onze mois se terminant le 29 février, $6 727 000
pour le programme E, les petites entreprises, et $5 862 000 pour le programme
F, l'aide aux secteurs traditionnels.
M. Scowen: En effet, il n'y a pas eu une grosse augmentation, il
y a peut-être même eu une baisse dans ces deux programmes.
M. Duhaime: II y a eu, en fait, entre 1978 et 1979,
c'est-à-dire les résultats fin mars 1979 et les résultats
fin mars 1980, une baisse, effectivement.
L'an dernier, en fait, c'était $11 000 000, et aux secteurs
traditionnels, c'était $12 000 000.
M. Scowen: Est-ce que cela veut dire que les gens du
Québec n'étaient pas aussi osés l'an passé que les
années antérieures?
M. Duhaime: Cela veut probablement dire que le programme a
atteint sa clientèle et les éléments de conjoncture,
surtout dans le secteur traditionnel, sont tels que les besoins en fonds de
roulement, pour des prêts de dernier recours, sont évidemment
beaucoup moins élevés.
M. Scowen: Est-ce que vous avez refusé beaucoup de
prêts dans ces deux programmes l'an passé?
M. Duhaime: On a refusé à peu près 60% de la
demande, oui.
M. Scowen: 60%?
M. Duhaime: De la demande, en termes de nombre de dossiers. Je ne
peux pas vous parler en dollars sur les refus, mais, en termes de nombre de
dossiers qui nous ont été présentés, le nombre de
refus de ces programmes doit être d'environ 60% du nombre de
dossiers.
M. Scowen: Plus élevé que pour l'exercice...
M. Duhaime: Non, sensiblement la même chose dans les deux
exercices, en termes de nombre.
M. Scowen: Vous n'avez pas vécu de pressions de la part du
gouvernement dans ce domaine?
M. Duhaime: Aucune.
M. Scowen: Aucune. Est-ce que les pertes sont importantes dans
ces deux...
M. Duhaime: L'historique des programmes est très court.
Vous vous rappellerez que les programmes, ce qu'on appelle maintenant
l'opération OSE, ont débuté à la fin de novembre
1977. Nous avions estimé des pertes assez importantes au niveau des
prêts aux petites entreprises manufacturières et des pertes un peu
moins importantes au niveau des prêts aux secteurs traditionnels.
Cependant, comme je vous le dis, les déboursés ont
été faits dans le courant de l'année 1978 et dans le
courant de l'année 1979 et, évidemment, les entreprises vivent
encore avec les dollars qu'on a avancés sur ces prêts. Il y a
quand même, au niveau des prêts aux petites entreprises, un certain
nombre de défaillances. On l'estime actuellement à peu
près à 12% ou 13%, en termes de nombre d'entreprises. Il y a eu
seulement quelques faillites. Il y a des périodes difficiles à
l'heure actuelle pour peut-être une trentaine ou une quarantaine de nos
dossiers où nous pensons que les avances faites par la SDI sont
plutôt fragiles à l'heure actuelle.
M. Scowen: Vous avez subventionné, en 1978-1979, 194
sociétés. A quel chiffre se monte le nombre des compagnies
subventionnées dans les programmes E et F pour les onze mois de
l'année courante?
M. Duhaime: Je vais vous donner cela. Elles ne sont pas
subventionnées, elles ont des prêts.
M. Scowen: Oui, je comprends bien. Je m'excuse.
M. Duhaime: Ce sont des prêts traditionnels avec un
intérêt. 114 prêts autorisés pour les onze mois se
terminant le 29 février 1980 dans les prêts aux petites
entreprises manufacturières et 24 prêts autorisés dans
l'aide aux secteurs traditionnels.
M. Scowen: 24? M. Duhaime: 24.
M. Scowen: A la fin de l'année, pour les deux programmes,
vous auriez subventionné pas loin de 400 compagnies, pour un total
d'à peu près $36 000 000. Est-ce que vous pouvez me donner une
estimation du nombre de ces compagnies qui sont encore des compagnies qui
fonctionnent à la fin de l'année sur les...
M. Duhaime: Vos chiffres sont à peu près exacts,
c'est-à-dire tout près de 400 dossiers depuis le début du
programme, pour des montants de l'ordre de $45 000 000 au total, depuis le
début du programme. De cela, en fait, il y a eu 12 faillites,
c'est-à-dire 12 prises de possession de la part de la SDI sur le total
de 400. On prend des provisions pour créances douteuses de quelque $500
000 dans chacun des programmes; c'était pour l'an dernier.
M. Scowen: Pour les deux programmes ensemble.
M. Duhaime: Cette année, on ne l'a pas établi
encore.
M. Scowen: Est-ce qu'on peut dire, à toutes fins
pratiques, que ces deux programmes sont terminés et que ce n'est pas
nécessaire de les continuer? Est-ce qu'ils ont encore...
M. Duhaime: Ce n'est pas une décision qui relève de
la SDI. Vous vous rappellerez, en fait, que le programme des deux secteurs
traditionnels se terminait ou doit se terminer au 31 mars 1981. Le programme de
l'aide aux petites entreprises manufacturières devait se terminer au 31
mars 1979. Il a été reconduit jusqu'au 31 mars 1980. On s'attend
c'est une décision ministérielle, gouvernementale
qu'il soit reconduit jusqu'en 1981.
M. Scowen: C'est le programme E? M. Duhaime: Le E.
M. Scowen: Le programme E sera terminé, à moins
qu'il n'y ait un arrêté en conseil ou quelque chose. Quand se
termine-t-il?
M. Duhaime: Hier.
M. Scowen: Hier. Est-ce l'intention du gouvernement de le
continuer ou non?
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Duhaime: Oui, je pense que ce programme va être
reconduit au moins pour une année encore.
M. Scowen: On ne peut pas dire que ce fut un grand
succès.
M. Duhaime: Même si le niveau de l'intervention est
possiblement faible, relativement parlant, je pense qu'il y a lieu de maintenir
ce programme pour au moins encore une année.
Il faut dire en fait que le nombre de 400 interventions est quand
même assez imposant. La moyenne des prêts est autour de $50 000.
Jusqu'à maintenant, je vous l'ai dit, à cause du très
court historique vécu de ces prêts, on ne peut parler d'un taux de
défaillance élevé. Il est évident que le programme
se voulait un programme de prêts à risques, mais de prêts
avec un minimum de garanties, ce que j'appelle en fait des prêts
faciles.
A partir de ce moment, près de $45 000 000 ont été
investis là-dedans et ont permis le maintien d'un certain nombre
d'emplois et le démarrage d'un certain nombre d'entreprises qui
n'auraient certainement jamais vu le jour sans le programme.
M. Scowen: Merci, j'aurais une dernière question au
président de la SDI. Vous êtes le PDG d'une compagnie en pleine
expansion. Le chiffre d'affaires a augmenté de 40% l'an passé et
vous prévoyez pour l'année prochaine encore 50% ou 60%. Cela va
comporter une augmentation de votre personnel et exiger un contrôle
étendu sur vos prêts et sur vos subventions. C'est une banque,
là, vous êtes un banquier, c'est un défi. On a vécu
récemment dans l'autre Chambre une expérience où le
gouvernement a perdu totalement le contrôle d'une partie importante de
l'administration du gouvernement du Québec et a encouru des pertes
d'à peu près $500 000 000.
Une Voix: II parle des commissions scolaires.
M. Scowen: Vous avez un grand défi, je veux simplement que
vous preniez deux ou trois minutes pour nous décrire les
précautions que vous prenez, pour vous assurer le bon fonctionnement,
pendant une période d'expansion qu'on peut qualifier même de
sensationnelle et d'accroissement de responsabilités très
lourdes? J'espère qu'on va vous donner une augmentation de salaire qui
convienne à ces responsabilités accrues. Les
responsabilités que vous prenez, c'est très important. Vous
engagez de nouvelles personnes qui se trouvent dans un bureau avec la
responsabilité des fonds publics pour les prêts. Est-ce que vous
pouvez nous assurer que cette expansion ne va pas entraîner des
problèmes administratifs importants?
M. Duhaime: Je vais répondre à cette question.
L'augmentation de l'activité et des interventions de la SDI, tant sur le
nombre de dossiers que sur le volume d'argent qui est administré,
démontre très bien, d'une part, que les programmes dont nous
avons confié l'administration à la Société de
développement industriel viennent au moment approprié, puisque
ça répond aux besoins et aux voeux de l'entreprise. Il est
évident que, sur le plan de l'administration de la SDI, il va nous
falloir faire des rajustements en termes d'effectifs. Actuellement, nous sommes
en train de faire une évaluation de l'ensemble de toute la structure de
la SDI en fonction des programmes que cette société doit
administrer. Je pense que nous sommes loin de parler de délai, de
carence ou encore de délai indu. (20 h 30)
II est évident que l'approche du gouvernement vis-à-vis de
la SDI va être de regarder cette société comme si
c'était une banque d'affaires dans le secteur privé, avec les
mêmes normes de rendement et d'efficacité qu'on serait en droit de
s'attendre d'elle.
M. Scowen: Combien de personnes avez-vous, aujourd'hui, dans
votre effectif?
M. Duhaime: 117 personnes en poste, actuellement; en recrutement,
38 personnes dont 28 professionnels et une dizaine d'employés de bureau,
pour un total de 155 au 31 mars, normalement, d'effectif autorisé.
M. Scowen: C'est une augmentation de 30% à peu
près.
M. Duhaime: C'est une augmentation importante.
M. Scowen: Aujourd'hui, est-ce que les compagnies connaissent des
retards importants dans le processus pour les demandes et les
décisions?
M. Duhaime: II y a évidemment un certain retard dans
l'analyse des dossiers au niveau des programmes de subventions. Il faut dire
cependant que les entreprises ne sont jamais pénalisées à
cause de cela. Nous tentons, au niveau des prêts, évidemment, qui
sont une source indispensable de fonds dans certains cas,
d'accélérer le processus, de faire le traitement des dossiers
dans des délais que nous appelons raisonnables, en tout cas,
comparativement aux autres prêteurs traditionnels. Mais nous sommes
d'accord que les problèmes de gestion et certaines appréhensions
qui viennent avec une expansion aussi rapide, nous les vivons dans le moment.
Cependant, il faudrait peut-être vous dire qu'il y a quand même une
équipe chevronnée à la SDI qui a dix ans de
compétence accumulée et qui a très peu de roulement de son
effectif. Nos professionnels sont en position pour entraîner une nouvelle
équipe à ce que nous appelons chez nous l'évangile de la
SDI.
M. Scowen: Vous êtes assez confiant que cette expansion
peut se faire d'une façon ordonnée et sans...
M. Duhaime: Nous prenons les moyens en conséquence et nous
espérons que les bouchées seront de telle dimension que nous
pourrons les absorber au fur et à mesure que le gouvernement, dans sa
générosité...
M. Scowen: Nous ne voulons pas que vous laissiez le prochain
gouvernement du Québec avec un autre trou comme celui que nous serons
obligés de combler au ministère de l'Education.
M. Duhaime: II n'y a pas de comparaison.
M. Scowen: Pas de comparaison. Merci. Merci, M. le
Président.
M. Duhaime: II faut peut-être dire, M. le Président,
que je ne sais pas à quoi fait allusion le député de
Notre-Dame-de-Grâce lorsqu'il parle des trous, sans aucun doute les
comptes à payer des commissions scolaires à l'automne 1976 qui
montaient à $500 000 000.
Le Président (M. Laberge): On est au programme 5. Est-ce
qu'il y a d'autres questions sur le programme 5?
M. Goulet: M. le Président, on a parlé, à
plusieurs reprises, de la quantité de programmes, l'éventail de
programmes offerts par le ministère de l'Industrie et du Commerce, je ne
dirais pas le fouillis, mais je dirais la difficulté pour les hommes
d'affaires de se retrouver à l'intérieur de ces
programmes-là, des programmes d'aide. Bien souvent, ces petites
entreprises qui veulent avoir accès à ces programmes sont
obligées d'engager des compagnies spécialisées pour
pouvoir trouver la filière qui pourrait satisfaire à leur
demande.
Je ne suis pas le seul à penser cela. Il y a le ministre
d'État au Développement économique, M. Landry, qui, lors
d'une rencontre dans ma région, a formulé certains commentaires
à cet effet à des journalistes. Je l'ai ici, c'est en date du
mois d'octobre. Le ministre d'État au Développement
économique disait: "Les entreprises n'auront plus à frapper
à 50 portes pour des subventions, ce qu'il appelle un guichet unique."
Encore ce matin, dans la Presse, ou hier matin, le ministre d'État au
Développement économique parle d'une solution magique, le guichet
unique. Il rapporte des propos du président de la SDI qui abonde dans le
même sens et j'aimerais savoir si c'est l'intention du ministre de
l'Industrie et du Commerce d'en venir à ces recommandations et du
président de la SDI et du ministre d'État au Développement
économique.
Le président de la SDI dit, et je cite, M. le Président,
le journal La Presse: "Jean Labonté, de son côté,
président de la SDI, songe à l'heure actuelle à
éliminer les quatorze programmes que dispense son organisme pour les
remplacer par un seul." Il y a une citation ici où M. Labonté
disait: "Mes fonctionnaires ne se retrouvent même plus. Pour donner
l'exemple du guichet unique, on va tout éliminer et on dira aux hommes
d'affaires:
Venez nous voir et on verra ce qu'on peut faire pour vous." Je pense que
c'est très bien, c'est exactement dans la même ligne de
pensée que la question que je formulais hier. J'aimerais savoir de la
part du ministre si c'est seulement pour la SDI, si ça va se
concrétiser prochainement à la SDI et j'aimerais savoir
également si c'est vrai qu'il y a beaucoup de résistance qui
semble provenir des hauts échelons du ministère de l'Industrie et
du Commerce. On nomme, par exemple, le sous-ministre, je ne sais pas s'il est
sous-ministre ou secrétaire, je ne connais pas son titre, M. Dicaire. Ce
dernier dit que c'est au niveau balbutiement et qu'il n'y a pas grand-chose de
fait là-dessus. Il semble y avoir une certains résistance.
Pour faire la lumière, le ministre d'État au
Développement économique dit que c'est la solution magique. Le
président de la SDI dit: Oui, on s'en va là. Je n'ai pas
parlé au sous-ministre, mais d'après les journaux, les hauts
échelons, ce serait au niveau des sous-ministres, on en nomme un, M.
Dicaire, qui dit: Un instant, ne nous énervons pas avec ça, c'est
seulement au niveau embryonnaire. Je voudrais savoir ce que le ministre en
pense, parce qu'à nulle part, on ne cite le ministre. Il doit avoir une
idée bien arrêtée là-dessus.
M. Duhaime: M. le Président, si on veut tenter de faire le
point, je pense que la première chose à dire... je n'ai pas la
transcription des déclarations qui ont été faites, non pas
par un sous-ministre adjoint qui serait M. Dicaire, mais par le
secrétaire du ministère, à un journaliste, dont on a
rapporté les propos dans la Presse de samedi dernier. Mais j'en prends
et j'en laisse. Ce qui me paraît important, c'est de dire qu'en
région, nous nous dirigeons, dans la mesure de nos moyens, vers cet
objectif de guichet unique. On le fait à l'heure actuelle avec les
bureaux régionaux du ministère de l'Industrie et du Commerce et
les bureaux régionaux de la Société de
développement industriel, qui travaillent en étroite
collaboration en région.
Sur une problématique à court ou à moyen terme, il
y a peut-être, dans les objectifs, quelque chose de très louable
lorsqu'on parle d'un guichet unique, encore faut-il bien cerner la dimension du
problème. Dans la plupart des cas, sur le plan des interventions du
gouvernement, dans le secteur manufacturier, entre autres choses, c'est le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qui, par ses
différents programmes, devient maître d'oeuvre.
Il y a également la dimension des activités de l'Office de
planification et de développement du Québec; je pense, entre
autres, au volet IV et à toute la programmation de OSE, où,
à travers la conférence administrative régionale à
laquelle participe le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, nous faisons cet effort de concertation tendant, bien sûr, vers
une seule réponse du gouvernement envers le milieu des affaires et de
l'industrie.
Je pense qu'il faudra que l'on procède par étapes pour en
arriver à établir un seul guichet
pour toute l'entreprise, quel que soit son champ d'activité
à travers les diverses régions du Québec. Je pense que
cette problématique, le gouvernement en a formulé la
décision. C'est apparu dans l'énoncé de politique
économique, c'est souhaité par le milieu des affaires et, quand
on arrive à transposer un tel énoncé sur le terrain, il
faut comprendre que ça peut présenter des difficultés. Je
pense, entre autres, au jour où nous pourrons afficher un guichet unique
pour être en mesure de répondre à toute l'industrie,
qu'elle soit manufacturière, même agricole, il faudra y mettre le
temps et il est bien clair que nous travaillons dans cette direction.
M. Goulet: Est-ce que vous me permettez, M. le Président,
de poser une question à M. Labonté? Est-ce que, pour la SDI, on
doit avoir quelque chose de concret prochainement là-dessus? Parce
qu'à moins que vous ayez été mal cité, vous dites:
"Pour donner l'exemple de guichet unique, on va tout éliminer, on dira
aux hommes d'affaires..." On va éliminer... Dans quel délai et
qu'est-ce que vous entrevoyez, à la SDI, pour donner l'exemple aux
autres qui sont plus réticents, en arrière et qui d'après
le journaliste ne semblent pas croire à cette formule ou, en tout cas,
sont sceptiques?
M. Duhaime: II faudrait peut-être rétablir les faits
que peut soulever l'affirmation, ou du moins, la question du
député de Bellechasse et dire qu'il n'y a pas de réticence
au ministère de l'Industrie et du Commerce. Nous travaillons dans la
direction que j'ai expliquée tout à l'heure. Je vous avouerai
franchement que je ne fais l'évaluation ni des orientations ni des
directions du gouvernement en fonction des rapports de presse à travers
diverses entrevues. C'est un fait que nous avons affirmé, comme
gouvernement, à plusieurs reprises, que c'était l'objectif
visé dans un but d'efficacité et de rapidité dans nos
réponses envers le milieu des affaires. Mais il faudra voir, dans les
modalités d'application à travers les différents secteurs
qu'implique une telle problématique, à quel rythme et de quelle
façon on peut en arriver à réaliser un objectif comme
celui-là.
M. Goulet: Ce que le ministre vient de dire, cela veut dire
qu'à ce moment-là, ce qu'on a rapporté dans la Presse
concernant les hauts fonctionnaires, ce n'était pas tout à fait
correct.
M. Duhaime: Je pense que le premier concerné, quand on
parle des hautes sphères du ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme, ce doit être celui qui vous parle.
M. Goulet: Mais c'est juste pour savoir si ce que le journaliste
disait est fondé. Il disait ceci: "Les résistances semblent
provenir des hauts échelons du ministère de l'Industrie et du
Commerce, où l'on est moins chaud envers ce concept des guichets
uniques." M. Dicaire disait: "Ce n'est qu'une hypothèse de travail." Il
voulait dire que pour l'instant, il n'y avait pas grand-chose là.
M. Duhaime: C'est votre propre interprétation.
M. Goulet: Je ne veux pas faire de débat
là-dessus.
M. Duhaime: "II voulait dire que", c'est votre
interprétation.
M. Goulet: J'inviterais le ministre, si on n'était pas
pressés, à lire l'article au complet. Il l'a sûrement lu.
J'aimerais savoir très brièvement ce que M. Labonté en
pense.
M. Duhaime: II faudrait peut-être préciser qu'il
s'agit d'une marotte presque personnelle du PDG de la SDI. Depuis nombre
d'années, il oeuvre au sein du développement industriel. Il a vu
la naissance d'un grand nombre de ces programmes. Les missions qui sont
confiées à des organismes comme le MEER, la SDI, la Banque
fédérale de développement ou les différents
organismes d'État sont des réactions, jusqu'à un certain
point, à des éléments de conjoncture. Et dans certains
cas, si on parle des secteurs traditionnels, par exemple, ou si on parle des
exportations, ce sont aussi les volontés du gouvernement de donner une
disponibilité d'assistance financière à un certain nombre
d'entreprises qui en ont besoin pour être incitées à
réaliser plus rapidement les projets ou à faire mieux dans le
domaine de l'exportation ou de la vente à l'extérieur, par
exemple.
Dans ce sens-là, quand le PDG de la SDI dit que la SDI devrait
donner l'exemple et tenter de former, à l'intérieur de la SDI, un
guichet unique, c'est dire tout simplement que le langage des programmes, la
complexité des règlements d'administration ou d'application de
ces programmes sont tels que la petite entreprise, l'homme
d'affaires-propriétaire-dirigeant d'une petite entreprise a de la
difficulté à se retrouver et, évidemment, n'a pas les
compétences nécessaires autour de lui pour remplir tous les
prérequis nécessaires à l'obtention d'une assistance
financière.
A ce moment-là, ce que nous tentons de dire et ce que nous
voudrions publiciser dans les mois ou les années à venir, c'est:
II y a un éventail de programmes à votre disposition à la
SDI. Venez nous faire part de vos problèmes et de vos projets. Les
fonctionnaires, qui, théoriquement, comprennent ces différentes
facettes des programmes, tenteront d'adapter les programmes à vos
besoins et de vous faire profiter, dans la mesure du possible, du maximum
d'assistance financière disponible par la SDI.
M. Goulet: J'invite le président de la SDI à
continuer dans ce sens-là, M. le Président, et aux autres
à l'imiter.
M. Scowen: J'ai une toute dernière question, M.
Labonté.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Les pertes totales prévues pour la
société, pour l'année 1979, ont été de $4
500 000. Pour l'année 1978-1979 et pour l'année qui vient de se
terminer, quelles ont été les pertes réelles
encourues?
M. Duhaime: La radiation versus les provisions? (20 h 45)
M. Scowen: Oui, les pertes comme telles.
M. Duhaime: L'année dernière?
M. Scowen: Les pertes pour l'année dernière et
l'année précédente.
M. Duhaime: La radiation...
M. Scowen: En effet, pour l'année qui vient de se
terminer, ce soir ou hier.
M. Duhaime: Hier. Pour l'année qui se termine, je vais
vous le donner après. Pour vous donner une proportion, si, l'an dernier,
nous avions une provision pour pertes de l'ordre de $4 500 000, la radiation,
c'est-à-dire la perte aux opérations de la SDI, a
été de $1 500 000.
M. Scowen: $1 500 000.
M. Duhaime: A peu près le tiers.
M. Scowen: Oui. Très bien.
M. Duhaime: Cette année, la provision pour pertes n'est
pas établie. Vous savez qu'elle est établie par le
Vérificateur général dans la vérification de nos
opérations. Nous estimons cependant qu'elle sera supérieure aux
$4 500 000 de l'an dernier. Nous prévoyons $6 500 000 à peu
près, peut-être plus cette année, $6 500 000 à $7
000 000 possiblement.
M. Scowen: En pourcentage?
M. Duhaime: En pourcentage du portefeuille, si vous voulez...
M. Scowen: Légèrement plus bas?
M. Duhaime: Non. Le portefeuille n'a pas augmenté
sensiblement. On maintient une provision pour pertes de l'ordre de 8%, 9% ou
10% d'une année à l'autre...
M. Scowen: 8%, 9% ou 10%...
M. Duhaime: ... du portefeuille actif.
M. Scowen: Et...
M. Duhaime: La radiation est de l'ordre... Depuis l'existence de
la SDI, de tous les prêts que nous avons faits, il y a 5% de pertes.
M. Scowen: Vous avez l'expérience vécue depuis le
début et c'est d'à peu près 5%.
M. Duhaime: 5,2% sur l'ensemble des prêts.
M. Scowen: Avez-vous remarqué une augmentation du
pourcentage au cours des dernières années?
M. Duhaime: Oui. En fait, il y a une augmentation de 25% du
pourcentage, c'est-à-dire qu'on est passé de 6% à 8% et de
8% à 10%.
M. Scowen: La radiation.
M. Duhaime: Non, de provisions. Il faut s'entendre. La radiation
est sensiblement au même niveau d'à peu près 5%.
M. Scowen: Est-ce que vous prévoyez que cela doive...
M. Duhaime: II y a deux éléments qui changent les
montants de notre provision pour pertes. Il y a le capital-actions de la SDI,
ou l'équité que la SDI a prise dans une soixantaine de
sociétés, et aussi, évidemment, les prêts. Nous
prévoyons une augmentation de la provision de créances douteuses
cette année et c'est peut-être un peu normal; le nombre de
dossiers augmente, nous prenons des risques intéressants, plus de
risques que dans le passé, dû à des domaines du secteur
industriel qui nous semblent avoir une certaine valeur, des entreprises de
technologie intéressantes, mais qui demandent beaucoup de capital.
La provision de créances douteuses est faite à partir
d'une analyse du dossier à la fin de l'année où nous avons
différents degrés de créances douteuses,
c'est-à-dire qu'il y a des numéros 4, 3, 2, 1 et le
Vérificateur général fait lui-même la
vérification de ces dossiers en difficulté. Nous sommes prudents
dans nos provisions. C'est tout à fait normal puisque nous sommes
théoriquement un peu prêteur en dernier recours et c'est normal
que nous prenions plus de risques qu'un prêteur traditionnel.
M. Scowen: Avez-vous jamais fait une comparaison avec, par
exemple, le secteur commercial d'une banque à charte?
M. Duhaime: Nous le faisons tous les ans avec tous les
prêteurs industriels dans les mêmes sphères
d'activité...
M. Scowen: Et...
M. Duhaime: ... et nous sommes toujours un peu plus
élevés. Nos collègues de la Banque fédérale
de développement ont à peu près les mêmes provisions
et leur rôle est sensiblement le même que le nôtre, mais des
entreprises à but plus lucratif que le nôtre, comme Roy Nat ou le
Crédit industriel Desjardins ou certaines compa-
gnies d'assurance qui font du prêt industriel, ont
évidemment des provisions de créances douteuses un peu plus
basses que les nôtres.
M. Scowen: Mais...
M. Duhaime: Mais, si les nôtres sont à 10% de notre
portefeuille, les leurs sont à 7% ou 8%.
M. Scowen: Plus basses... 1%, 2%, 3% ou 4%?
M. Duhaime: De 2% ou 3%. Le taux de radiation est toutefois
sensiblement le même, le taux de pertes réelles.
M. Scowen: Bravo!
Le Président (M. Laberge): Cela va? Il n'y a pas d'autres
questions sur le programme 5?
Une Voix: Non.
Le Président (M. Laberge): Programme 5, adopté.
Développement de l'industrie
manufacturière (suite)
Nous revenons au programme 3, élément 4, services aux
entreprises manufacturières et aux commerces. Y a-t-il des questions sur
ce programme? L'élément 4 du programme 3 sera-t-il
adopté?
M. Goulet: 4, cela va. Ce sont les mêmes commentaires que
j'ai eus au niveau de l'éventail. On ne reviendra pas
là-dessus.
Le Président (M. Laberge): Elément 4 du programme
3, adopté. Elément 5?
M. Goulet: Oui.
Institut national de productivité
Le Président (M. Laberge): Adopté. Elément
6, Institut national de productivité.
M. Goulet: J'aurais quelque chose. Je ne sais pas si mon
collègue...
M. Scowen: C'est le 6.
Le Président (M. Laberge): Sur l'élément
6.
M. Scowen: Oui, j'ai des questions. Vous êtes obligé
de partir, je pense.
M. Goulet: A 9 h 15.
M. Scowen: Ma question est peut-être la même que la
vôtre. C'est une possibilité qui existe maintenant depuis deux
ans. On verse des fonds substantiels. Quelles sont les réalisations de
cette société? En effet, quelle est la productivité de
l'Institut national de productivité? Je pense que c'est très
bas.
M. Duhaime: Comme vous le savez, l'année 1979a
été l'année d'organisation et de lancement de l'Institut
national de productivité. Je pense qu'on n'a pas besoin de faire le
dessin tellement grand pour admettre qu'à une telle table,
réunissant les gens du monde patronal et du monde syndical, les
discussions ont été longues en cours d'année afin qu'on en
arrive à parler exactement des mêmes choses sur le plan de la
productivité. Jusqu'en juin 1979, les discussions se sont poursuivies
à l'intérieur de l'Institut national de productivité pour
enfin déboucher à l'automne 1979. Le 14 novembre, il y a eu la
publication d'un document officiel del'institut qui donnait, en gros, ses
orientations pour l'année qui vient, en fait, la perspective, non
seulement pour l'année qui vient, mais la perspective ou encore la
problématique de l'Institut national de productivité. Il y a eu
également des rencontres en régions, à
Trois-Rivières, à Sept-Îles, à Saint-Hyacinthe,
entre autres. L'Institut national de productivité est maintenant
installé à Montréal aussi bien qu'à Québec.
On a également fait le pont aux fins de recueillir les expertises dans
des domaines similaires, entre autres avec le "Productivity Center" de Phoenix,
Arizona, The work of America Institute, de New York, the Japan Productivity
Center, à Washington, et le Bureau of Labour Statistics, de
Washington.
Il s'agissait essentiellement de la collecte de données et de
voir dans quelle mesure cet Institut national de productivité, qui en
est à ses premiers battements d'ailes, si je peux dire, est en mesure de
profiter de l'expérience faite aux États-Unis. En plus des
déplacements en régions au Québec, aux États-Unis,
il y a eu également une mission qui a été effectuée
en Europe, où des organismes de productivité ont
été contactés dans six pays différents
c'était en janvier et en février 1980 entre autres avec
l'OIT, l'Organisation internationale du travail, en Suisse, et aussi en France,
en Belgique, en Allemagne, en Norvège et en Angleterre.
Se mettant en place, l'Institut national de productivité, au
cours du dernier exercice, s'est occupé du recrutement de ses cadres, ce
qui a été complété en janvier 1980 par l'engagement
d'un directeur de recherche.
Le personnel-cadre est maintenant comme suit: M. Fernand Gauthier est le
directeur général de l'institut, Mme Monique Frappier-Desrochers
est directrice de la recherche et M. Richard Le Hir est directeur de
l'information. Il y a également un concours de recrutement ouvert depuis
février pour combler les effectifs dans la direction de la recherche et
de l'information. Aujourd'hui, le personnel régulier de l'Institut
national de productivité se compose de dix personnes, ceci en date du 31
mars; sept employés occasionnels au surplus sont également en
fonction pour des mandats particuliers.
Je pense que nous pourrons véritablement sentir davantage la
présence de l'Institut national de productivité au cours de
l'année 1981, lorsque nous ferons le bilan de ses activités dans
l'année 1980, et je peux dire que, d'ores et déjà, nous
avons demandé à l'Institut national de productivité sa
collaboration, entre autres, dans un secteur impor-
tant qui est celui du textile et du vêtement. Je puis dire que
nous avons suscité un grand intérêt chez les membres de
l'Institut national de productivité sur ce programme qui est
actuellement en instance d'étude et de travail à
l'intérieur du gouvernement.
M. Scowen: Qu'est-ce que ces gens vont faire?
M. Duhaime: En fait, il faut bien comprendre que la mission de
l'Institut national de productivité... Suivant ce que son
président, M. Rouleau, en disait, il s'agit essentiellement de favoriser
l'harmonie de tous les partenaires économiques sur le plan de la
productivité. Cela peut paraître très théorique et
je pense qu'on va admettre d'emblée que c'est évidemment aussi
très théorique et que ce n'est pas facilement saisissable au
niveau du concept même de la productivité et de son application
concrète au niveau de l'entreprise. Il s'agit essentiellement d'une
table, dans son départ, en tout cas, au cours de 1979, de concertation,
d'échange de points de vue pour en arriver à établir au
moins un consensus sur la définition et le sens même du mot
"productivité".
Sur le terrain, je pense que nous devrons attendre que l'Institut
national de productivité, par son conseil d'administration, son service
de recherche et l'expertise qu'on a recueillie tant aux Etats-Unis qu'en Europe
et ailleurs, tant au Québec qu'au Canada, puisse possiblement avoir,
dans les mois qui viennent, une traduction sur le terrain de la
problématique qui sous-tend la mise au monde et l'existence même
de l'Institut national de productivité. Cela peut prendre la forme, par
exemple, de projets d'information. Par exemple, un bulletin périodique
est en voie d'élaboration à l'intérieur de l'Institut
national de productivité. Je peux vous donner le détail de ce
qu'on envisage: quatre préoccupations ont été
identifiées: l'explication des diverses facettes de la
productivité et de l'information économique courante; en second
lieu, la diffusion d'informations sur les expériences
réalisées dans d'autres pays; troisièmement, la diffusion
d'informations sur la productivité au Québec, les travaux de
l'institut, les expériences individuelles réalisées,
l'information générale; enfin, la recherche bibliographique,
information sur les cours, colloques, séminaires pertinents à la
productivité. Aussi la publication d'un mémoire de vulgarisation
destiné à une publication publique et large expliquant les
concepts de productivité avec lesquels on s'en vient. (21 heures)
Autant du côté du monde patronal que du côté
des partenaires syndicaux, on est plus au moins familier avec ce concept de la
publication d'un glossaire sur la productivité. On envisage
également un centre de documentation et il y a également des
projets de recherche, que ce soit sur le plan sectoriel, qui pourrait se
traduire par l'expression recherche-action et, encore, par des projets
d'animation qui devraient être entrepris au cours de l'exercice 1980-1981
par l'organisation d'un colloque, par exemple, et également la
préparation d'un inventaire d'expériences
québécoises de programmes de productivité dans les
entreprises. Il envisage également l'organisation d'une mission pour des
groupes d'agents socio-économiques, tant aux États-Unis qu'en
Europe, ayant pour objet l'étude de certaines expériences
particulières.
C'est à peu près ce que l'Institut national de
productivité envisage de faire au cours de l'année qui vient. Je
vous avouerai franchement que je trouve le programme très ambitieux,
compte tenu des budgets et des effectifs de l'Institut national de
productivité. Pour rejoindre l'interrogation du député de
Notre-Dame-de-Grâce, si l'Institut national de productivité en
arrive à réaliser tous ses projets, on pourra dire qu'il a fait
montre de productivité au cours de l'année qui s'ouvre.
M. Scowen: Laissez-moi vous donner mon impression, M. le
Président. Vous n'êtes pas loin d'un scandale dans cette affaire.
Vous avez un président à temps partiel, un des hommes les plus
occupés au Québec, et je suis certain que, quand il se
lève le matin, il ne pense pas à cet institut; vous avez des
cadres qui sont engagés aux frais des contribuables, avec des missions
très imprécises. Si vous voulez entendre une description presque
parfaite d'une société qui n'existe que presque pour donner de
l'emploi aux personnes qui y travaillent, vous n'avez qu'à revenir sur
ce que vous avez dit dans les cinq ou dix dernières minutes. On fait des
colloques, la mission reste à préciser, on veut harmoniser, on
veut travailler ici et là; il n'y a rien là-dedans, M. le
Président.
Nous avons augmenté le budget de cet organisme de $600 000, l'an
passé, à $830 000 cette année. Le mandat n'est pas
précis, le mandat n'existe pas. La seule chose précise que vous
avez dite qu'il peut faire, c'est de travailler un peu dans le domaine du
textile. Pour moi, on n'a pas besoin d'un Institut national de
productivité pour développer des problèmes et des
solutions dans le domaine de la productivité dans le textile; il faut
trouver les gens qui connaissent le textile. C'est symbolique. C'est une perte
absolue des fonds publics. La description que vous avez donnée, M. le
ministre, franchement, n'ajoute rien aux deux pages presque vides que nous
avons dans le document.
Est-ce qu'il y a des gens de l'Institut national de productivité
qui sont ici ce soir, à qui nous pourrions poser des questions? Le
président, le directeur général, ou quelqu'un? Parce qu'il
n'y a rien là, il n'y a rien! C'est un scandale! Est-ce que vous
êtes d'accord, M. le député de Bellechasse? C'est
épouvantable!
M. Goulet: M. le Président, si je peux formuler un
commentaire...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: ... très rapide concernant l'Institut national
de productivité. Quand je vois l'augmentation du budget de $240 000,
c'est vrai, quand on
en est rendu à des budgets de $17 000 000 000 et des
déficits de $2 300 000 000, $830 000 c'est "puit!". L'Institut national
de productivité, selon le ministre, a certes ou a peut-être un
programme ambitieux mais on peut dire que, jusqu'à maintenant, depuis
deux ans qu'il a été créé,
c'est-à-dire...
M. Duhaime: Avant 1979.
M. Goulet: En tout cas, on peut dire que, jusqu'à
maintenant, l'Institut national de productivité n'a pas
été trop productif. C'est mon impression.
M. Duhaime: Écoutez, on va s'entendre sur une chose. Si
vous voulez rapetisser vos grattes, je suis prêt à en parler; je
vous réfère à l'article 20 et, si mon souvenir est exact,
le projet de loi no 37 constituant l'Institut national de productivité a
été voté à l'Assemblée nationale je
n'arrive pas à me rappeler si c'est avec votre concours ou pas
mais je voudrais peut-être...
M. Scowen: J'espère que non!
M. Duhaime: Pardon?
M. Scowen: J'ai dit: J'espère que non.
M. Duhaime: Vous vérifierez votre vote à
l'Assemblée nationale.
M. Goulet: Avec le nôtre, M. le Président.
M. Duhaime: Je voudrais simplement rappeler l'article 20 de la
loi, même si je n'ai pas semblé impressionner le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Remarquez que c'est un
critère fort relatif. "Les objectifs que doit poursuivre l'institut dans
le contexte de la situation et de la politique économique
générale sont: "a) d'informer la population et les agents
économiques sur la notion de productivité dans la vie
économique; "b) de faire connaître l'importance de la
productivité et le rôle des différents facteurs qui
l'influencent; donc, en a) et b), un rôle d'information et je
pense que cette mission a été accomplie en partie et on est sur
la voie de faire davantage "c) de favoriser la collaboration et la
concertation entre les agents économiques afin d'accroître la
productivité." Je pense que c'est un point important. Ce sont là
les trois objectifs de l'Institut national de productivité.
Dans ses fonctions maintenant, à l'article 21: "L'institut a pour
fonctions: "a) d'effectuer des études et des recherches sur la
productivité, notamment dans le secteur industriel; "b) de diffuser les
résultats de ces études et recherches ainsi que les informations
provenant d'autres organismes; "c) de transmettre le résultat
d'études et de recherches aux agents économiques
intéressés dans le but de susciter leur concertation et leur
intervention en vue d'accroître la productivité; "d) de
suggérer au gouvernement et aux agents économiques des actions
visant à accroître la productivité dans l'ensemble des
activités économiques ou dans un secteur
déterminé."
Il faut bien comprendre que l'Institut national de productivité,
à tort ou à raison... Vous le jugez fort
sévèrement, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen:...
M. Duhaime: Ce que je demande essentiellement, après avoir
assisté à la mise en place, au recrutement, pour la
première fois, je pense, dans l'histoire économique du
Québec, c'est de réunir autour de la même table des
intervenants du monde patronal, du monde syndical, du monde coopératif
et discuter de productivité, d'aller à l'étranger
s'informer sur ce qui s'y fait, de diffuser ensuite de l'information au
Québec. Il faut bien comprendre qu'on ne pourra probablement que
très difficilement chiffrer sur le terrain l'impact de l'existence de
l'Institut national de productivité. Mais je pense qu'après
à peine une année de rodage, de démarrage, de
décollage, il faut pour ma part, je le crois en tout cas
réserver nos commentaires en souhaitant essentiellement que l'Institut
national de productivité puisse poursuivre son mandat dans la rencontre
des objectifs que je viens d'énumérer de par sa loi constitutive
et ne pas penser que l'Institut national de productivité va faire la
révolution dans le milieu des entreprises.
M. Scowen: Quel est l'effectif prévu pour l'institut pour
l'année prochaine?
M. Duhaime: Un instant. En fait, dix personnes avec un emploi
régulier et sept occasionnels ou contractuels.
M. Scowen: Dix plus sept. M. le Président, simplement pour
démontrer... Dix permanents et sept occasionnels, est-ce le nombre de
postes qui sont approuvés pour l'année 1980-1981?
M. Duhaime: Pour 1980-1981, on prévoit un maximum de vingt
postes réguliers.
M. Scowen: M. le Président, je veux simplement souligner
le problème que vous avez bien décrit dans votre description
d'absolument rien; dans les autres ministères, vous avez les unes
après les autres les réalisations de l'an passé et les
projets pour l'année suivante. Vous passez à travers. Il y a des
gens qui ont des projets, des programmes assez précis, au moins des
activités. Quand on arrive à l'Institut national de
productivité, voilà, il n'y a rien de projeté, il y a
simplement la majoration de la contribution du ministère de $250 000,
mais vous ne nous donnez aucune indication, l'institut ne nous donne aucune
indication des projets, des idées, des programmes, des
espoirs, des désirs, rien. Je pense que nous sommes
justifiés de croire qu'il n'y en a pas.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, si vous me permettez de
tenter d'éclairer le député de Notre-Dame-de-Grâce,
j'ai ici en main un document qui provient de l'Institut national de
productivité, qui porte la date du 27 mars 1980, et qui était
dans la foulée des renseignements demandés par l'Opposition
officielle à la toute dernière minute pour les fins de
l'étude des crédits du ministère. Je n'ai aucune
espèce d'objection à faire polycopier et à distribuer les
neuf pages d'un document que j'ai devant moi et qui font état, dans un
premier temps, des rapports d'activité pour l'année 1979-1980,
soulignant les orientations; elles comprennent la conférence de presse
du 14 novembre 1979, les rencontres régionales, l'installation des
bureaux de l'Institut national de productivité à Montréal,
le bilan des visites faites aux Etats-Unis, le bilan de la mission
européenne, le recrutement du personnel, en plus des prévisions
budgétaires que vous retrouvez au livre des crédits, les projets
d'information dont j'ai fait mention tout à l'heure pour l'année
1980-1981, les projets de recherches, et entre autres, Recherche-action, sur le
plan sectoriel pour l'année 1980-1981, les projets d'animation pour
l'année 1980-1981, de même que le point sur les effectifs du
ministère.
M. le Président, je peux très bien déposer cela. Je
pense que le député de Notre-Dame-de-Grâce va trouver
réponse à ses interrogations.
Le Président (M. Laberge): Selon les règles des
commissions, ce document sera porté à la connaissance des membres
de la commission.
M. Duhaime: Je vous remercie, M. le Président.
M. Scowen: Merci.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur... Est-ce que cela répond à vos questions? M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Je voyais le député de NDG
déchirer sa page, et je pensais au poster de la bibliothèque.
M. Duhaime: Je m'excuse, M. le député de
Bellechasse, mais remarquez que c'est peut-être une manie.
M. Perron: C'est une manie, il en a pris l'habitude.
M. Goulet: Seulement une question. Est-ce que ces rumeurs sont
fondées voulant qu'il y ait déjà, à
l'intérieur du conseil de l'Institut national de productivité une
divergence profonde, parmi les membres du conseil, autour de la table du
conseil, ou si le ministre peut dissiper ce dire?
M. Duhaime: Je peux confirmer que ces rumeurs ne sont pas
fondées.
M. Goulet: Elles ne sont pas fondées.
Le Président (M. Laberge): Cela répond à
votre question.
M. Goulet: Je prends la parole du ministre.
Le Président (M. Laberge): L'élément 6 du
programme 3 sera-t-il adopté?
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
Centre de recherche industrielle du
Québec
Nous passons au programme 4, qui concerne le Centre de recherche
industrielle du Québec. Je ferai remarquer à ceux qui n'ont pas
le cahier entre les mains qu'il n'y a pas de crédits à voter, que
les crédits sont remis au Centre de recherche industrielle,
conformément à la loi C-8. Je crois que cela permet quand
même de poser des questions sur les résultats d'exploitation,
à moins qu'il n'y en ait pas.
M. Goulet: Une très courte question. Lorsqu'on fait
affaires avec le CRIQ, c'est 50% des dépenses qu'on défraie. Non?
Ce n'est pas ainsi que cela fonctionne.
M. Duhaime: Ce n'est pas nécessairement 50%. Cela peut
atteindre 50%.
M. Goulet: Cela peut l'atteindre.
M. Duhaime: L'évaluation est faite au moment de la demande
de service qui est formulée au CRIQ par l'entreprise.
M. Goulet: Brièvement, sur quoi est-ce basé? Est-ce
qu'on peut en venir, à un moment donné, sans l'offrir
gratuitement, par ce que je vois, au niveau de la sélection des projets,
à l'offrir à moins de 50% ou à un minimum? Au niveau d'une
sélection objective des demandes, je comprends qu'il y a un certain
montant de facturé, soit à la compagnie ou à l'individu,
mais 50% pour un organisme gouvernemental, je trouve que c'est...
M. Duhaime: II faut le prendre comme étant un maximum. Je
pense qu'à l'ouverture du dossier au CRIQ sur l'évaluation du
projet comme tel, ces services sont rendus gratuitement. Par la suite, ce que
le Centre de recherche industrielle du Québec établit, ce sont
les coûts directs qui peuvent être inhérents, soit à
une étude de marché ou encore à une étude
d'invention ou d'un élément de développement
technologique. A ce moment-là, les coûts
directs sont partagés, en ce sens qu'une partie des coûts
directs est portée sur l'entreprise. (21 h 15)
M. Goulet: ... pourcentage.
M. Duhaime: Cela varie d'une entreprise à l'autre, mais je
pense qu'en moyenne...
M. Goulet: II y a un maximum de 50%, est-ce qu'il y a un
minimum?
M. Duhaime: En fait, si on considère que les frais
administratifs du CRIQ sont assumés par le centre comme tel et qu'on
facture en définitive à l'entreprise les coûts directs en
termes de déboursés réels encourus pour une étude
de marché, pour l'étude d'un développement technologique,
en tenant compte des frais administratifs, ça pourrait aller
jusqu'à 50%, mais ça peut être moindre aussi. Je n'aurais
pas de réponse sur l'ensemble de tous les projets qui transitent au CRIQ
et ne pourrais pas vous dire qu'en moyenne, ça peut représenter
25%, 30%, 40% ou 50%, je ne le sais pas.
M. Goulet: Vous avez dit au début qu'en principe les
services offerts sont gratuits.
M. Duhaime: Après évaluation.
M. Goulet: D'accord. Mais quand un rapport est formulé, il
y a toujours un montant exigé, ou arrive-t-il qu'il n'y ait pas de
montant d'exigé?
M. Duhaime: Au niveau de l'information technologique comme telle
qui est disponible au CRIQ, c'est toujours fait gratuitement. Au niveau de
l'évaluation technologique, c'est aussi fait gratuitement, mais
lorsqu'une telle évaluation peut représenter des
déboursés ou des coûts directs inhérents à
une opération comme celle-là, ces frais sont comptés.
C'est ce qui peut représenter jusqu'à concurrence de 50%
ce qui n'est pas un maximum comme tel en pourcentage de l'implication
totale du centre de recherche sur un projet donné. Mais le principe
demeure, à chaque fois que le centre a des déboursés
à encourir, que ce soit au niveau d'une évaluation technologique,
d'une information ou d'une vérification de données, de mettre
l'entreprise à contribution, suivant, bien sûr, ses moyens, sa
taille, etc.
M. Goulet: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Laberge): Oui, je vous permets.
M. Goulet: En dehors du programme dont on a parlé, il
reste les programmes 7 et 8. Quant à moi, j'avais justifié au
ministre la raison pour laquelle je dois partir et j'aimerais dire aux membres
de la commission que je n'ai pas objection... J'aurais plusieurs questions,
bien sûr, à formuler au niveau du tourisme, mais j'ai
discuté avec le ministre avant le début de la session de ce soir.
Je dois partir pour une raison que je lui ai mentionnée, mais je veux
dire que je n'ai pas objection à ce que vous acceptiez ces
crédits ce soir concernant les programmes 7 et 8. Ce que j'avais
à dire sur le programme 6 je l'ai dit, mais les programmes 8...
Le Président (M. Laberge): Le programme 7 c'est la
formation professionnelle.
M. Goulet: Oui.
M. Duhaime: Les programmes 6 et 7.
Le Président (M. Laberge): 6 et 7, c'est ça. Merci,
M. le député de Bellechasse.
M. Duhaime: Pour le programme 4, ça va?
Le Président (M. Laberge): Est-ce que ça va pour le
programme 4 sur le CRIQ?
M. Duhaime: On en vient au programme 6.
Promotion et développement de l'industrie
touristique
Le Président (M. Laberge): L'étude du programme 4
est terminée. Programme 6, Promotion et développement de
l'industrie touristique. Vous avez des questions, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce?
Le programme 6 contient deux éléments. On peut les voir
séparément. L'élément 1, de toute façon,
c'est la promotion du tourisme et l'élément 2, le
développement du tourisme.
M. Duhaime: Alors, le programme 6 est adopté, M. le
Président?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Duhaime: Programme 7, THQ.
Le Président (M. Laberge): Un instant! Le programme 7, qui
concerne la formation professionnelle.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Programme 7, adopté.
Donc...
M. Scowen: J'ai...
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, je crois que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a une question qui serait un
retour en arrière, si vous le permettez.
Gestion interne et soutien (suite)
M. Scowen: Oui, c'est un bref retour en arrière. J'ai
trois questions à vous poser, M. le
ministre, je pense qu'on a passé à travers. Si vous me
permettez, je veux simplement... La première concerne les SODEQ. C'est
quelque part dans le document, mais je pense que je l'ai perdu...
M. Duhaime: J'en ai fait mention dans ma déclaration
d'ouverture pour l'étude des crédits.
M. Scowen: Oui, mais j'avais des questions précises. J'ai
une question sur les SODEQ...
M. Duhaime: C'est le programme 1, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai une question sur les SODEQ, j'ai une question sur
les investissements étrangers et une dernière question sur les
impôts. Nous sommes à quel élément?
Le Président (M. Laberge): On a dit: Programme 1.
M. Scowen: Élément?
Le Président (M. Laberge): II y a deux
éléments. Direction et soutien administratif et l'autre c'est
soutien technique.
M. Scowen: La question que je voulais poser, ce n'est pas
nécessaire que je retrouve la section, semble-t-il, il existe de vrais
problèmes à l'intérieur de la réglementation
touchant les SODEQ et j'aimerais vous décrire un peu les
problèmes. Cela a paru dans les journaux et vous m'avez même fait
remarquer dans le document ici que la réglementation des SODEQ est en
train d'être révisée. Quels sont les problèmes
principaux qui existent et qu'est-ce que vous prévoyez comme solution et
quand?
M. Duhaime: En fait, le seul problème que nous avons pu
constater par les journaux concernant cette loi constituant les SODEQ concerne
essentiellement une des SODEQ, celle de Montréal sauf erreur,
c'est SODECOM Inc. où la Commission des valeurs mobilières
avait demandé la reprise du premier prospectus qui avait
été rendu public essentiellement à la suite d'une
vérification comptable où un profit net avait été,
semble-t-il, dégagé à la suite d'une transaction sur des
actifs. Je pense que cette situation a été effectivement
corrigée et, à ce que je sache, la SODEQ pour Montréal,
SODECOM, continue ses opérations.
Le deuxième problème qui a été
soulevé dans les journaux, et entre autres dans la revue Finances,
consistait en une préoccupation à savoir si les actionnaires
étaient bien à l'abri des conflits d'intérêts qui
pourraient survenir au niveau du conseil d'administration. Je pense que ces
problèmes sont maintenant résolus par le biais de l'adoption de
règles de régie interne pour chacune des SODEQ. A ce que je
sache, sur les huit SODEQ qui fonctionnent actuellement et qui ont obtenu les
autorisations de la Commission des valeurs mobilières pour obtenir des
souscriptions de capital-actions, il n'y a pas de problème à
l'heure actuelle.
M. Scowen: Dans les huit existantes actuellement, quel est le
montant total qui a été investi jusqu'ici?
M. Duhaime: Dans les huit SODEQ?
M. Scowen: Dans les huit. Quel est l'impact total?
M. Duhaime: Dans votre question, vous ne parlez pas des
investissements faits et réalisés par les SODEQ, mais bien du
capital-actions souscrit par le public dans les SODEQ.
M. Scowen: Oui.
M. Duhaime: Je pourrais peut-être vous donner un ordre de
grandeur. Je n'ai pas l'information disponible sous la main, mais je pense que
cela se situe dans un ordre de grandeur de $1 000 000 par SODEQ.
M. Scowen: Et, jusqu'ici, est-ce qu'on peut dire que la demande
est plus grande que l'offre, ou le contraire, pour les fonds?
M. Duhaime: On peut dire que jusqu'à présent, au
cours de l'exercice 1978-1979, deux SODEQ étaient nées et six
autres se sont ajoutées. J'ai comme l'impression que c'est le
phénomène du champignon, à peu près dans chacune
des régions du Québec; il y en a huit qui existent à
l'heure actuelle et il y a lieu de penser que ça va s'étendre
à chacune des grandes régions économiques du
Québec.
M. Scowen: Normalement, est-ce que c'est une situation où
le million de dollars est dans les banques à la recherche
d'investissements ou est-ce que ce sont des investissements à la
recherche de fonds?
M. Duhaime: En fait, il faut bien comprendre qu'il y a une
contrainte dans la loi sur les Sociétés de développement
de l'entreprise québécoise, à l'article 6, entre autres,
quant à la délivrance des lettres patentes constituant les SODEQ,
que les signataires aux mémoires de convention s'engagent à
souscrire un montant de $1 000 000 au capital-actions de la
société. Donc, un engagement à souscrire $1 000 000. Avant
que les lettres patentes ne soient émises, il faut qu'il y ait un
montant de $350 000 versé en fiducie pour le compte de la corporation.
Le solde, c'est-à-dire $650 000, doit être versé sur appel
de versement au cours des cinq années qui suivent la date
d'émission des lettres patentes. Donc, un engagement des actionnaires
qui sont au démarrage d'une SODEQ de souscrire $1000 000, dont $350 000
sont versés comptant, le montant de $650 000 restant étant
payable sur appel de verse-
ment par la SODEQ au cours des cinq années qui suivent.
M. Scowen: Ce n'était pas tout à fait ma question.
Je voulais savoir si, en général, les SODEQ, la SODEQ de
Beauce-Appalaches, par exemple, se trouvent dans une situation où il y a
plus de demandes...
M. Duhaime: La demande par rapport à quoi? Par rapport aux
besoins d'investissement?
M. Scowen: Pour les investissements, les investisseurs,
les compagnies qui veulent avoir le bénéfice de ces
investissements. Est-ce que les SODEQ cherchent les clients ou les
investisseurs aujourd'hui?
M. Duhaime: En fait, on n'est pas en mesure, à l'heure
actuelle, de porter un jugement sur la performance des SODEQ dans leur
ensemble, pour la bonne et simple raison que six sont nées au cours de
l'année 1979. Cependant, le rythme de constitution, si je peux dire, des
SODEQ, cette espèce d'effervescence qui est créée autour
des SODEQ dans les régions, nous porte à croire que ça
répond à un besoin d'investissement. Cela va être seulement
au cours de la prochaine année, avec un peu de recul, qu'on va
être en mesure d'évaluer l'impact des interventions que les SODEQ
seront appelées à faire sur le terrain, que ce soit dans le
secteur manufacturier ou autre. Pour l'instant, elles viennent tout juste de se
constituer, dans six cas sur huit. On pourrait dire sept, parce que les retards
administratifs suscités, avec raison d'ailleurs, par la Commission des
valeurs mobilières, dans le cas de SODECOM, m'amènent à
vous dire qu'il y en a au moins sept qui ont été, à toutes
fins utiles, constituées au cours de l'année 1979 et qu'elles
vont commencer leurs premières opérations au cours de 1980.
M. Scowen: L'évaluation et la révision de la loi et
le règlement qui est maintenant en cours d'analyse, quand est-ce qu'on
peut prévoir une révision?
M. Duhaime: II faudrait que je le vérifie avec mon
collègue qui est au ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives; s'il y a lieu, nous
ferons un amendement, soit à la loi ou au règlement, le cas
échéant, dépendant de l'opinion que nous recevrons de ce
ministère ou encore de la Commission des valeurs mobilières. Pour
l'instant, les problèmes rencontrés dans la mise en place de la
SODEQ pour la région de Montréal ont été aplanis
sans qu'il y ait des indications qui nous portent à croire qu'il faille
amender la loi comme telle.
M. Scowen: Je cite: "Un comité composé, etc.,
analyse et évalue actuellement la loi et le règlement, suite
à l'expérience vécue au cours de la dernière
année." Quand est-ce qu'on peut prévoir les recommandations de
cette analyse? (21 h 30)
M. Duhaime: Cela sera fait en cours d'année, mais je ne
suis pas en mesure de vous dire si c'est la semaine prochaine ou dans six
mois.
M. Scowen: Une avant-dernière question sur les
investissements étrangers. C'est à la page 2 du document. Pour
l'année 1979-1980, M. le ministre, vous avez approuvé 72
acquisitions et 56 créations de nouvelles entreprises. Combien, parmi
celles-ci, ont été vraiment réalisées?
M. Duhaime: ... donner suite ou non à une
recommandation.
M. Scowen: Oui.
M. Duhaime: Je dois dire d'abord que ce que nous faisons au
ministère n'est pas une approbation comme telle, mais bien un avis que
nous fournissons au gouvernement fédéral qui administre le FIRA.
Et pour ce qui est du suivi, après un avis favorable donné par le
gouvernement du Québec, en supposant qu'un avis favorable est
également donné par le FIRA... Je ne sais pas si cette
information est disponible, je vais le vérifier.
A toutes fins utiles, nous n'avons pas le retour du gouvernement
fédéral sur les avis que nous transmettons.
M. Scowen: Vous autorisez un investissement pour une compagnie
étrangère au Québec et vous n'avez pas le moyen de savoir
si cet investissement se réalise ou non. Si je comprends bien, vous
établissez des critères d'acceptation basés sur les
retombées pour le Québec. Il me semble que ce serait
intéressant de savoir si les retombées se sont
réalisées.
M. Duhaime: On est en mesure de vous dire si, à la suite
d'une recommandation favorable du Québec, le FIRA, l'organisme
fédéral, a, quant à lui, donné son approbation.
Mais nous n'avons pas l'information pour être en mesure de vous dire si,
des avis favorables ayant été donnés aux deux niveaux de
gouvernement, suite a été donnée aux projets. Mais on peut
tenir pour acquis que, dans 99% des cas, les projets se réalisent parce
que, très souvent, la transaction est faite et ne devient dans les
conventions et dans les contrats... On donne suite aux projets sujets à
l'approbation du gouvernement du Québec et du gouvernement
fédéral dans le cadre de FIRA.
M. Scowen: Mais, si vous établissez avec le gouvernement
fédéral certaines conditions et c'est souvent le cas:
création d'emplois, achat de produits québécois ou
canadiens, etc. si je comprends bien, vous ne donnez pas suite à
ces promesses qui sont faites à l'intérieur d'une demande
d'acquisition ou d'établissement d'une nouvelle entreprise.
M. Duhaime: II y a une dimension dont il faut tenir compte. Le
gouvernement du Québec, dans le contexte constitutionnel dans lequel
nous vivons, n'est pas responsable, en ultime essor, de
l'application de cette réglementation au niveau du FIRA. Nous
donnons des avis qui sont ou bien suivis ou non suivis par le gouvernement
fédéral. Mais la coutume veut que, lorsqu'une recommandation
favorable est donnée ou un avis de refus est donné, en
général, c'est suivi. Mais c'est au niveau fédéral
que l'on vérifie le suivi de chacun de ces dossiers.
Et ce que je vous disais tout à l'heure, c'est que nous
n'obtenons pas le retour de cette information sur chacun des dossiers.
M. Scowen: Une dernière question, M. le ministre. C'est
une question qui n'est pas directement liée avec l'un ou l'autre des
programmes. Cela touche la politique du gouvernement actuel sur l'impôt
sur les personnes, le problème dont on entend parler assez souvent, le
fait que l'impôt pour les cadres est plus élevé d'une
façon significative ici qu'ailleurs. C'est la question des droits
successoraux dont nous entendons parler assez souvent. C'est un problème
qui nuit aux petites et moyennes entreprises québécoises.
J'aimerais avoir votre opinion, est-ce que vous trouvez que la politique
actuelle du gouvernement est une politique acceptable aux hommes d'affaires
québécois? Est-ce que vous, dans le cours de vos travaux, vous
entendez assez souvent des plaintes ou des critiques sur ces deux politiques?
Est-ce que vous, comme ministre de l'Industrie et Commerce, vous trouvez que
c'est un problème significatif? D'après vous, est-ce que la
plupart des hommes d'affaires du Québec ont accepté que les
droits successoraux soient plus élevés et vont-ils continuer
d'exister ici? Les impôts seront plus élevés, d'une
façon plus importante. Comme ministre de l'Industrie et du Commerce et
comme représentant des hommes d'affaires et des propriétaires des
petites et moyennes entreprises du Québec, tenant compte de votre
responsabilité dans ce domaine propre, est-ce votre opinion que ces deux
faits sont des problèmes réels pour l'industrie et le commerce au
Québec?
M. Duhaime: Une première précision, M. le
Président, je ne suis pas le représentant du milieu des affaires
auprès du gouvernement, je me sens plutôt comme le
représentant du gouvernement auprès du milieu des affaires. En ce
qui concerne les droits de succession et plus particulièrement des
tarifs fiscaux s'appliquant aux successions, je dois dire que, depuis que
j'occupe cette responsabilité dans le gouvernement, en aucune occasion,
un homme d'affaires ou un industriel ne m'a parlé de complications
quelconques devant les dispositions ayant trait à l'imposition des
droits successoraux. Je tiens donc pour acquis qu'ils sont satisfaits, d'autant
plus que, cette année, au budget, le gouvernement du Québec a
augmenté l'exemption quant aux droits à payer sur les
successions.
M. Scowen: Ce n'était pas à cause des
représentations que vous avez faites, vous n'avez pas entendu de
plaintes, c'est une décision qui s'est faite...
M. Duhaime: Je n'ai pas eu à faire de
représentations auprès de mon collègue des Finances. C'est
peut-être le fruit de la génération spontanée, mais
ça s'est produit comme cela.
M. Scowen: Vous n'avez jamais entendu de plaintes ou de
représentations des hommes d'affaires des petites et moyennes
entreprises québécoises sur les droits successoraux au
Québec?
M. Duhaime: C'est exact. J'ai cependant entendu des gens qui se
plaignaient de devoir payer des impôts et des taxes. C'est un peu votre
problème et le mien d'ailleurs. Je pense que c'est la même
représentation qu'on risque d'entendre dans tous les pays du monde
où on a des impôts et des taxes à payer.
M. Scowen: Je parle de la comparaison, vous le savez autant que
moi. Est-ce que des hommes d'affaires vous ont fait des représentations
sur une base individuelle ou collective à savoir que les impôts
sur le revenu personnel sont à un niveau plus élevé ici et
que c'est un problème qui nuit au développement de l'industrie et
du commerce au Québec?
M. Duhaime: A moi directement, non.
M. Scowen: Vous ne trouvez pas... Quant à vous, ce n'est
pas un problème?
M. Duhaime: Pas du tout.
M. Scowen: Pas du tout. En terminant, M. le Président, je
veux simplement remercier le ministre et son personnel pour leur
coopération. Je veux remercier de nouveau le ministre pour la
collaboration qu'il a démontrée, pour les détails qu'il
nous a fournis, non seulement avant la commission, mais, durant les
études, ces deux derniers jours; cela a été exceptionnel,
je vous en remercie.
M. Duhaime: Je remercie le député de
Notre-Dame-de-Grâce de son témoignage, d'autant plus qu'il est
enregistré. Je voudrais remercier également les hauts
fonctionnaires de mon ministère qui ont travaillé à la
préparation de tous ces documents, et, également, le personnel et
le secrétariat de la commission qui, bien patiemment, peu importent nos
humeurs, suivent nos travaux. On va souhaiter que le monde de l'industrie, du
commerce et du tourisme connaisse une année florissante en 1980.
Le Président (M. Laberge): Sur cela, messieurs, la
commission permanente de l'industrie, du commerce et du tourisme ayant
terminé l'étude des crédits de ce ministère, je
déclare que la commission ajourne ses travaux sine die.
M. Duhaime: Le député de Duplessis devra faire
rapport, suivant la proposition qui a été faite au début,
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Laberge): Sauf que le rapport est
déposé en bloc à la fin de l'étude des travaux sur
les crédits. C'est déposé en bloc avec la signature de
chacun. Il n'a pas à faire un dépôt particulier.
Fin de la séance à 20 h 41