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Commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme,
de la chasse et de la pêche
Etude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce
Séance du jeudi 16 mai 1974
(Dix heures quarante-deux minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Nous sommes rendus au programme 7. Est-ce qu'il y a des questions?
Services aux établissements commerciaux
M. MORIN: Oui, M. le Président. Puisqu'il s'agit des services aux
établissements commerciaux, je voudrais soulever la question de
l'ouverture de certaines succursales de grands magasins le dimanche et en
particulier, le cas scandaleux qui a certainement été
porté à la connaissance du ministre, qui est l'ouverture des
magasins Steinberg, Miracle Mart, Bonimart et Hypermarché le dimanche,
23 décembre 1973.
Je sais qu'il existe dans ce domaine, un conflit de compétence
entre le pouvoir fédéral et le Québec. La question du
dimanche, de l'observance, a été sous compétence
provinciale jusque vers 1920; par la suite, le pouvoir fédéral
s'en est mêlé et les grandes chaînes profitent souvent de ce
conflit de compétence, du manque de clarté de certains textes
pour ouvrir alors que les petites et moyennes entreprises, elles, ne peuvent se
permettre d'affronter le pouvoir, de transgresser la loi de la même
façon. Dans le cas auquel je m'intéresse en ce moment, le
prétexte a été, je ne sais plus trop, une tempête de
neige, prétexte ridicule si l'on considère qu'il restait la
veille de Noël qui était un lundi pour permettre aux citoyens de
s'approvisionner. Le résultat, c'est que les petits épiciers
indépendants ont subi un tort considérable, les petites et
moyennes entreprises...
M. SAINT-PIERRE: Correction, M. le Président. A ma connaissance,
les magasins d'alimentation n'étaient pas ouverts cette
journée-là. Ce sont les magasins, comme Miracle Mart, de
distribution de marchandises sèches. Il n'y a eu aucune infraction au
niveau de l'alimentation.
M. MORIN: Ah! Steinberg n'est pas un magasin d'alimentation?
M. SAINT-PIERRE: La division Miracle Mart de Steinberg a
été ouverte et a commis peut-être une infraction à
la loi du dimanche, mais les magasins d'alimentation n'étaient pas
ouverts le 23 décembre. Il n'y a eu aucune infraction au niveau de
l'alimentation. Les infractions sont venues au niveau des grands magasins,
comme Eaton, Simpsons; d'ailleurs, dans d'autres magasins assez nombreux, comme
ceux de la Plaza Saint-Hubert, de la rue Sainte-Catherine, mais il n'y a pas eu
d'abus au niveau de l'alimentation.
M. MORIN: La compagnie Steinberg a été condamnée
à payer une amende ridicule dans cette affaire: $320 pour l'ouverture de
quatre magasins le dimanche.
M. SAINT-PIERRE: Les magasins Miracle Mart.
M. MORIN: Et je pense que cela a créé des torts, des torts
graves, non pas seulement aux petits épiciers du coin, mais à
toutes les petites et moyennes entreprises qui comptent toujours
énormément sur les ventes d'avant Noël pour rétablir
des finances qui parfois sont chancelantes.
Beaucoup de ces petites et moyennes entreprises comptent même sur
la période des fêtes pour se renflouer; et dans le cas qui nous
intéresse, le montant de l'amende a été de $320, le juge
invoquant le fait que la loi était désuète ce qui
est bien étonnant, puisqu'un juge n'a pas à se prononcer sur la
désuétude des lois, mais à les appliquer et
invoquant aussi les conflits de juridiction.
Il y a eu des protestations, le ministre les aura vues, des marchands de
l'est. Il y a eu également une protestation des marchands d'un centre
d'affaires de Chicoutimi dont j'extrais le passage suivant: "Si la loi 24
actuellement en vigueur, loi qui régit les heures d'ouverture et de
fermeture des magasins, a mis de l'ordre dans tout le Québec, il n'en
demeure pas moins que cette loi est illogique puisqu'elle ne permet aucun
rapport de valeur entre les profits qui sont réalisés par
l'entreprise qui transgresse la loi du dimanche et l'amende qu'elle a à
verser sur condamnation".
M. le Président, j'aimerais demander j'en reviens à
ma question, après cet exposé préliminaire est-ce
que le ministre a l'intention de modifier ou de faire modifier les lois
provinciales qui touchent l'observance du dimanche et est-ce qu'il a
l'intention d'intervenir auprès des autorités
fédérales pour que la loi soit modifiée de façon
à couvrir de façon plus adéquate, plus idoine, des cas
comme ceux-là?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, la loi 24, comme l'a si bien
dit le groupe de Chicoutimi, a mis beaucoup d'ordre dans l'ensemble du commerce
de détail dans la province de Québec. La loi a déjà
quatre ou cinq ans d'existence et nous permet un certain recul.
C'est l'intention du gouvernement, avant la fin de son mandat,
d'examiner des propositions d'amendements à cette loi, de tenir des
séances
d'une commission parlementaire qui pourrait recevoir les suggestions de
différents groupes et de, possiblement, apporter des amendements
à la loi.
Parallèlement, à cela nous allons également
et nous l'avons déjà fait tenir des discussions avec le
gouvernement fédéral. D'ailleurs, je devais rencontrer mon
collègue demain à Ottawa, M. Gillespie. C'était un des
points à soulever, mais, dans le moment, les opinions juridiques que
nous avons au ministère, nous indiquent clairement que ce serait
outrepasser... D'ailleurs, la loi prévoit spécifiquement que le
dimanche n'est pas dans son champ d'observation de la loi 24. Les amendes
perçues ont été en fonction d'une loi
fédérale.
Nous allons tenter de clarifier, avec le gouvernement
fédéral, les champs de compétence. Si le gouvernement
fédéral, pour différentes autres raisons qui ne sont pas
directement reliées au commerce de détail, voulait maintenir sa
juridiction, nous allons tenter d'avoir une augmentation, une révision
de la loi fédérale pour rendre les amendes compatibles avec les
gains légaux qui pourraient être réalisés par les
compagnies.
D'ailleurs, à la loi 24, il faut dire que dans d'autres secteurs,
nous avons déjà eu des demandes de modifications. Comme je l'ai
dit encore une fois, après cinq ou six ans de recul, je pense qu'on peut
tenir des séances d'une commission parlementaire et tenter
d'améliorer la loi.
M. MORIN: Lorsque le ministre parle d'améliorer la loi 24,
j'imagine qu'il veut dire de façon à ce que la période du
dimanche y soit incluse et ce sans équivoque, parce qu'à l'heure
actuelle, la loi est tout de même un peu ambiguë.
M. SAINT-PIERRE: De mémoire, il me semble qu'on a des opinions
juridiques à l'effet que ce ne serait pas aussi facile. Dans le moment,
la loi n'est pas ambiguë; le dimanche est exclut de l'application de la
loi. Des opinions juridiques d'experts sur le plan constitutionnel
établissaient qu'il semblait y avoir des difficultés de
légiférer sur les heures d'affaires, le dimanche.
M. MORIN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Mais nous allons regarder l'ensemble du dossier.
M. MORIN: Le ministre dit: Avant la fin du mandat du gouvernement
actuel. Cela peut quand même signifier quelques années. Est-ce que
je dois comprendre qu'il se donne deux, trois ou quatres ans de marge?
M. SAINT-PIERRE: Oui, je sais que les grandes chaînes de magasins
et les grands magasins, d'ailleurs, nous ont fait des pressions assez
considérables, depuis deux ou trois ans pour apporter des modifications.
Il me semble qu'il faut se rappeler que de la loi 24, cela n'a pas
été nécessairement facile de dégager des concensus
entre toutes sortes de gens qui pouvaient en abuser, au niveau même des
municipalités qui pouvaient retirer des taxes de vente alors que
d'autres en étaient empêchées. Je ne vois pas une urgence
que demain matin la loi soit modifiée. Je pense qu'il faut prendre le
temps nécessaire.
Le gouvernement, sur le plan législatif, a des priorités
à respecter, mais ce que je veux indiquer, c'est notre désir,
avant la fin du mandat, de tenir des séances d'une commission
parlementaire, d'examiner les changements à apporter à la loi, et
possiblement, de présenter un texte de loi pouvant modifier la loi
actuelle.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais aussi demander au
ministre, dans un domaine un peu différent, pourquoi le gouvernement a
permis que le Salon international du livre se tienne à Montréal
en 1974 au lieu de Québec.
M. SAINT-PIERRE: Le gouvernement n'a pas de... En 1974, il se tiendra
à Québec. Le premier Salon international prévu, si ma
mémoire est... 1975 sinon 1976. En 1974, il se tiendra à
Québec.
M. MORIN: Le Salon...
M. SAINT-PIERRE: Le gouvernement n'a pas de bénédiction
à donner. Ce sont des groupes... Le Salon international a
déjà eu lieu à Montréal. Il a été
abandonné en 1967 à cause de l'Expo qui entraînait beaucoup
d'activités variées à Montréal, et causait certains
problèmes sur le plan de l'organisation. Il a été repris
par un groupe de Québec. Les propositions qui nous ont été
faites étaient différentes sur la nature même des salons.
Celui de Québec voulait plutôt regrouper des librairies, et
tentait surtout d'attirer un public qui pouvait possiblement acheter sur place,
qui pouvait s'intéresser à tout ce qui se fait dans le domaine de
l'édition; alors que celui de Montréal ne s'adressait pas
nécessairement au public, mais dans une très grande mesure, comme
il a été indiqué, à tous ceux qui sont dans
l'édition, soit au niveau des auteurs, des traducteurs, ou encore de
l'impression, des droits d'auteurs et de questions semblables. Alors, il
voulait être un forum d'échange, une foire, où tous ceux
qui étaient reliés de près ou de loin à
l'édition pouvaient se rencontrer et conclure des marchés
d'affaires; Celui de Montréal pour sa part la publicité
initiale d'ailleurs le montre ne tente pas d'attirer un public.
D'ailleurs, l'admission du public est, dans une certaine mesure,
restreinte.
M. MORIN: M. le Président, dois-je comprendre que le ministre
nous apprend que le Salon international du livre n'aura pas lieu à
Montréal, seulement cette année, et qu'il pourrait y avoir
lieu en 1975?
M. SAINT-PIERRE: Vous avez parlé de 1974. Le Salon international
du livre a lieu maintenant à Québec. En 1974, il n'y a aucun
événement de ce genre à Montréal. La Foire
internationale...
M. MORIN: Parlons de l'année prochaine.
M. SAINT-PIERRE: Je ne suis même pas sûr si c'est l'an
prochain ou l'année suivante, 1976. Le Salon international du livre va
continuer à Québec.
Il continuera de recevoir des subventions gouvernementales mais la Foire
internationale du livre, qui sera un événement nouveau, avec des
objectifs différents de ceux de Québec, démarrera en
1975.
M. MORIN: Vous ne croyez pas que vous allez de la sorte disperser les
efforts...
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. MORIN: ... et qu'il aurait mieux valu consolider les deux
événements et en profiter pour faire de Québec, vraiment,
un centre de rayonnement encore plus important dans le domaine du livre?
M. SAINT-PIERRE: Je ne voudrais pas entrer dans des querelles de
clocher, mais je pense que le gouvernement a quand même fait des efforts
pour essayer de marier les deux groupes. On a suggéré à
l'époque des formules qui auraient prévu un début
d'activités à Montréal et des activités
différentes ou qui auraient pu combiner les forces des éditeurs
à Québec. On a même parlé d'une certaine semaine du
livre combinée avec des activités artistiques à
Québec durant le mois de juin, mais les deux groupes n'ont pas pu
s'entendre.
M. MORIN: Ce qui nous parait regrettable et on se demande
vraiment quel genre de grenouillage il peut y avoir derrière cela
c'est de voir que le premier ministre annonce que le Salon je dis bien
le Salon aura lieu l'année prochaine à Montréal.
Maintenant, vous m'apprenez que c'est une autre solution qui est
envisagée. Est-ce que le ministre est vraiment sûr de ce qu'il
avance?
M. SAINT-PIERRE: Je suis certain... Encore une fois, le gouvernement n'a
pas de bénédiction à donner. Il n'y a pas
d'accréditation pour tout groupe qui essaie d'avoir des appuis et lancer
une opération qui est quand même commerciale. Nous donnons des
subventions...
M. MORIN: II y a des subventions justement.
M. SAINT-PIERRE: ... qui sont données aux deux groupes.
M. MORIN: II n'y a pas d'accréditation, mais...
M. SAINT-PIERRE: ... qui sont données aux deux groupes.
M. MORIN: Aux deux groupes, mais c'est cela que j'appelle la
dispersion...
M. SAINT-PIERRE: Nous continuerons de les donner aux deux groupes.
M. MORIN: ... des efforts.
M. SAINT-PIERRE: Absolument pas. C'est un des points, d'ailleurs, qui
nous ont préoccupés. Il y a eu plusieurs discussions et
d'ailleurs, il continue d'y avoir des comités entre le ministère
des Affaires culturelles et le ministère de l'Industrie et du Commerce
pour s'assurer que, vis-à-vis des deux groupes, nous avons les
mêmes exigences, les mêmes normes, les mêmes critères
et une approche assez semblable.
M. MORIN: Bon!
M. SAINT-PIERRE: Vous n'êtes pas opposé, j'en suis certain,
à ce que Montréal prenne une certaine importance au niveau
international dans une foire qui tente justement non pas d'attirer le public
ce n'est pas le but de Montréal mais de fournir un lieu de
rencontre entre tous ceux qui sont dans l'édition pour permettre
à ces gens de conclure des marchés d'affaires? Il y a un aspect
affaires.
M. MORIN: Ce que je vous dis au nom de l'Opposition, c'est que vous
aviez une belle occasion de donner au Salon du livre de Québec une tout
autre dimension que celle qu'il a actuellement. Vous aviez une occasion de
faire une grosse affaire de ce Salon du livre et de donner à
Québec un rayonnement qui pourrait grandir au cours des années
qui viennent. Vous avez dispersé les efforts en faisant cela.
J'aimerais bien vous demander, par exemple, quelles sont les subventions
que vous allez accorder à ces deux organismes, puisque deux il y a.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Houde, député de Limoilou,
remplace M. Simard, député de Richelieu.
M. SAINT-PIERRE: Pour avoir des détails de ce qui serait
donné à Québec, il faudrait demander au ministre des
Affaires culturelles. Dans les crédits budgétaires que nous
examinons, il est prévu un montant total de $125,000 pour la Foire
internationale de Montréal. Déjà, dans l'exercice
budgétaire passé, un montant de
$50,000 a été versé. Pour le montant additionnel de
$75,000, il n'y a pas d'engagement de notre part. On devra fournir les
pièces justificatives, l'approbation des budgets et, en fait, toute la
planification; bien montrer que...
M. MORIN: Maintenant, je pense qu'on commence à voir les
conséquences de cette décision, de la décision du premier
ministre de susciter un rival à Québec ou à
Montréal. Il n'a peut-être pas pensé susciter un rival,
mais c'est exactement ce qu'il a fait, en le voulant ou en ne le voulant pas,
peu importe. Il y a déjà $50,000 qui ont été
versés. Il y a $125,000 de prévus, plus...
M. SAINT-PIERRE: II y a $75,000 à venir. M. MORIN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Pour faire un total de $125,000...
M. MORIN: C'est cela, un total de $125,000.
M. SAINT-PIERRE: ... face à des demandes de $300,000 et face
à...
M. MORIN: Vous n'ignorez pas, M. le ministre, que votre ministère
est drôlement mieux équipé sur le plan financier pour
verser des subventions, que le ministère des Affaires culturelles. Vous
n'avez aucune idée de ce que le ministère des Affaires
culturelles va donner au Salon du livre? $5,000 ou $6,000 peut-être?
M. SAINT-PIERRE: Plus que cela, voyons! M. MORIN: Plus que cela?
M. SAINT-PIERRE: II y a déjà plus que cela qui a
été donné dans les années antérieures.
Environ $20,000. Encore une fois...
M. MORIN: On y est.
M. SAINT-PIERRE: M. le député de Sauvé, un instant.
Il faut voir que le Salon international de Québec tente d'attirer
à Québec, durant une semaine, qui débute d'ailleurs la
semaine prochaine dans un édifice, l'an dernier, c'était
au Manège militaire tente d'attirer, je ne sais pas, 100,000
à 150,000 personnes de la région, de la province de
Québec, qui sont intéressées à parcourir des
kiosques, à voir des livres qui sont offerts en vente et à passer
des commandes. L'autre événement n'a rien à voir avec
cela. Il ne tente absolument pas d'attirer le public lecteur pour acheter des
livres, mais tente d'être un lieu de rencontre des professionnels de
l'édition, des auteurs, de ceux qui concluent des droits d'auteur, des
maisons d'impression. On espère, avec celle de Montréal, que des
imprimeurs québécois vont être capables de conclure des
contrats avec des éditeurs étrangers, des éditeurs
français.
M. MORIN: Mais cela n'aurait pas pu se faire à Québec?
M. SAINT-PIERRE: Le groupe de Québec n'a jamais revendiqué
ce rôle, n'a jamais voulu donner ce rôle au Salon de
Québec.
Ce sont deux événements complètement
différents. Je vais vous donner d'autres exemples: dans le secteur du
"design", on peut donner un montant X dans le secteur du vêtement et un
autre montant dans le secteur du meuble. Est-ce que tout le monde est
obligé d'être ensemble derrière une idéologie,
d'avoir des politiques globales, de tout avoir ensemble? Finalement, on peut
avoir un émiettement et empêcher le dynamisme...
Dans les deux groupes on sent un véritable dynamisme. Les deux
groupes ont des buts différents, et le gouvernement épaule les
deux groupes, il veut donner à la foire internationale de
Montréal véritablement une dimension internationale. Il faut dire
d'ailleurs qu'il faut mettre les cartes de notre côté.
Il y a actuellement la foire du Hanovre, qui est importante dans ce
secteur. Il n'y a aucune foire importante en Amérique du Nord. Il y
avait plusieurs villes américaines importantes qui tentaient de mettre
sur pied une activité semblable, il y a eu Boston, New York, Toronto.
Nous, nous avons misé sur Montréal, parce qu'il nous a
semblé que le groupe à Montréal, qui avait à 100
p.c. l'appui du Conseil du livre du Québec, l'appui des éditeurs
québécois à 100 p.c. présentait des avantages sur
le plan caractéristique.
Montréal est quand même, sur le plan des lignes
aériennes, sur le plan des communications, un centre plus important que
Québec, faut-il le reconnaître? D'autant plus que l'objectif
visé par Montréal, encore une fois, était différent
de celui qui avait toujours été visé par les groupes
québécois.
Je pense qu'on verra qu'aux deux groupes le gouvernement apporte un
apport financier comparable, compte tenu des difficultés d'organisation,
des dépenses devant être encourues par les deux groupes.
M. MORIN: Vous avez bien mentionné le Conseil supérieur du
livre?
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, c'est Francfort et non Hanovre.
M. MORIN: Oui, c'est la grande foire traditionnelle de Francfort qui
existe depuis le Moyen-Age. M. le ministre, vous avez bien mentionné le
Conseil supérieur du livre. Il semble bien en effet que ce soient
certains membres de ce conseil qui ont obtenu du premier ministre
j'imagine en exerçant les
pressions appropriées qu'il s'engage à n'accorder
en 1975 la subvention dont a besoin le salon que si celui-ci se tient à
Montréal.
Vous me dites que c'est un autre événement, mais il
n'empêche que dans les faits, Québec aurait très bien pu
transformer le salon, en élargir la vocation, les objectifs.
M. SAINT-PIERRE: Ils n'ont jamais voulu, les gens de Québec.
M. MORIN: Ce n'est pas ce qui a été porté à
notre connaissance.
M. SAINT-PIERRE: Montrez-moi un fait par lequel les gens de
Québec voulaient faire exactement ce que voulaient les gens de
Montréal. On n'est pas pour se disputer sur une terminologie, sur qui va
avoir le droit du mot international. Les gens de Québec avaient une
formule pour laquelle d'ailleurs je leur rends hommage. Ils ont sûrement,
avec peu de moyens, réussi l'an dernier, et je suis certain que cette
année ils vont connaître le même succès et être
capables d'avoir un événement d'envergure.
Les gens de Montréal visaient un type différent. On n'en
est pas rendu à des chicanes de clochers.
M. MORIN: Je regrette, je suis obligé de contredire le ministre.
Je cite le Soleil du marcredi 27 février 1974, un article
intitulé: "Les Québécois ne se laissent pas berner par la
gang à Patenaude". Je pense que le ministre a peut-être vu cet
article. Il y est dit que le directeur général du Salon
international du livre du Québec, M. Lorenzo Michaud, a qualifié
de complètement farfelue la conférence de presse donnée
hier à Montréal où l'on annonce que la première
foire internationale de 1975 ne sera pas accessible au public. Pourquoi
dépenserait-on des millions pour faire une manifestation exclusivement
pour les éditeurs et libraires? a-t-il demandé. Quant à
l'assertion du ministre Saint-Pierre, selon qui la foire montréalaise ne
nuirait en rien au salon de Québec, M. Michaud voit là une
affirmation gratuite. Je pourrais continuer, tout l'article est à
l'avenant.
Alors, ne venez pas me dire, M. le ministre, devant cette commission,
que les gens du salon sont insensibles à ce qui va se passer à
Montréal.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse. Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je vous ai
dit qu'en aucun temps les gens de Québec n'ont réclamé
pour leur salon les objectifs ou les moyens d'action prévus par les gens
de Montréal. Jamais les gens de Québec n'ont voulu donner au
Salon de Québec le type d'objectifs que les gens de Montréal
recherchent, à savoir en faire un lieu de rencontre pour les
professionnels de l'édition et vice versa, les gens de Montréal
et on les a bien prévenus n'ont jamais voulu entrer dans
une concurrence directe avec les gens de Québec pour permettre d'ouvrir
un salon au grand public, pour tenter d'avoir les mêmes objectifs que
Québec.
M. MORIN: J'espère que le ministre est bien au fait de tout le
grenouillage qu'il y a derrière cela.
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas de grenouillage. Il y a des hommes
d'affaires de Montréal, il y a un Conseil supérieur du livre, il
y a l'ensemble des maisons québécoise d'édition, il y a
l'ensemble des groupes qui sont près de l'impression, de l'imprimerie de
documents, de l'imprimerie de volumes, qui nous ont fait des propositions que
nous avons jugées satisfaisantes et nous y avons donné suite.
M. MORIN: En tout cas, pour les gens du salon, si j'en juge
d'après cet article et un autre paru dans le même journal, il
semble, selon le directeur général du salon, je cite: Que le
ministre de l'Industrie et du Commerce se soit laissé berner par la gang
à Patenaude faisant allusion au directeur général
de la foire et grand manitou de l'édition dans la métropole, M.
J.-Z.-Léon Patenaude . Les explications que nous donne le ministre
sont fort intéressantes, mais me paraissent un peu spécieuses.
J'ai l'impression que même s'ils ne veulent pas l'admettre, les membres
du gouvernement ont suscité au Salon de Québec un concurrent qui
pourrait bien, un jour, entraîner la disparition du Salon
québécois. Et il n'est que de comparer les subventions $125,000
pour la foire et le ministre nous dit $20,000 pour le salon, venant des
Affaires culturelles, pour savoir où va être
l'événement important dans le domaine du livre.
L'Opposition continue de soutenir que derrière tout ça, il
y a certainement eu du grenouillage et que vous avez perdu une très
belle occasion de consolider Québec dans son rôle de
métropole du livre.
M. SAINT-PIERRE: Mais, lorsque vous dites que derrière ça,
il y a eu du grenouillage, ce serait une autre affirmation gratuite qu'il
faudrait ajouter au dossier que vous avez évoqué, car je ne sens
rien dans vos propos qui pourrait prouver qu'il y a eu quelque chose. Je ne
sais pas, on n'a rien suscité. On a réagi favorablement à
une initiative de portée commerciale où les avantages pour
l'édition québécoise, l'avantage pour les auteurs
québécois, l'avantage pour les maisons d'impression
québécoises étaient substantielles. Nous, on calcule que
c'est notre rôle.
M. MORIN: Comme il était facile de prendre cette même
subvention que vous avez généreusement accordée je
ne conteste pas le montant de la subvention, et de dire à ces messieurs
de Montréal: Messieurs, il y a déjà un
événement à Québec, venez donc l'épauler, la
subvention, vous l'aurez si vous venez à Québec.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, nous avons tenté de faire ça
dans un premier temps, je ne tenterai pas de faire le partage des
responsabilités, mais cela s'est avéré impossible de
tenter de faire un mariage entre les gens de Québec et les gens de
Montréal. C'étaient chiens et chats.
M. MORIN: II n'est pas facile de marier M. Patenaude à qui que ce
soit.
M. SAINT-PIERRE: En-dehors de cela, ce n'est pas facile de marier les
deux groupes.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Laporte.
M. DEOM: II ne faudrait peut-être pas oublier que le centre du
marché du livre francophone est toujours à Montréal. Cela
me paraît extrêmement important dans la perspective que le ministre
a soulignée, d'une foire internationale. C'est le centre du
marché, je pense bien, en autant que je suis concerné, je me
soucie peu de M. Patenaude ou des autres qui organisent, mais il reste que sur
un plan strictement de l'atteinte des objectifs qui ont été
déterminés par le ministre, c'est Montréal qui est
normalement l'endroit où devrait se tenir cette foire. J'en parle
d'autant plus à mon aise que, par tradition familiale, ma famille a
été un des pionniers dans l'édition francophone. Alors, je
connais un peu le secteur. Le député de Sauvé devrait se
rappeler que c'est Montréal qu'est le centre.
M. MORIN: Je vois que vous avez des intérêts dans
l'affaire. Je commence à m'expli-quer votre intervention.
M. DEOM: M. le député, je n'ai plus
d'intérêts, j'ai dit: ma famille. Ce n'est pas la même
chose, cela a été vendu il y a déjà quatre ans.
M. MORIN: Ce n'est pas votre belle-famille, vous êtes
sûr?
M. DEOM: C'est un M. Bode qui est propriétaire, c'est un Belge
qui l'a achetée, il a gardé le nom, parce que le nom de la
librairie avait une certaine réputation. Le député de
Sauvé fréquentait d'ailleurs assidûment la librairie quand
il était étudiant à l'Université de
Montréal.
M. MORIN: C'est vrai.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 7. Adopté?
M. MORIN: Une petite seconde, on va regarder, s'il vous plaît, les
montants. Est-ce que le ministre pourrait nous dire, en gros, ce qui fait que
le programme 7 comporte une hausse très substantielle; il ne double pas,
mais enfin, presque. Il passe de $271,400 à $400,000, en gros. Est-ce
que le ministre pourrait nous expliquer où se trouve surtout les
principaux points de hausse? Je constate, en regardant la ventilation des
crédits, que ça semble surtout être au niveau des
traitements qu'il y a une augmentation de $100,000 d'un coup.
M. SAINT-PIERRE: II y a, d'une part, un transfert de
responsabilités en ce qui touche l'application de la loi sur le
rembourrage, les matériaux rembourrés, qui, auparavant, relevait
du bureau de la normalisation et qui sont maintenant au secteur des
établissements commerciaux.
Il y a également peut-être, de la part du ministère,
un effort pour reconnaître davantage l'importance du secteur du commerce.
On l'a, à l'occasion, accusé d'accorder trop d'importance au
secteur industriel et pas assez au secteur du commerce. Or, il nous semble que
les réseaux de distribution prennent de plus en plus d'importance, ont
une certaine influence au niveau de l'industrie secondaire. Alors, la
direction, par des postes on voit que le nombre d'employés passe
de 14 à 25 va poursuivre ses efforts avec des groupes autochtones
essentiellement: les marchands d'huile à chauffage, les
détaillants en alimentation, les services à l'automobiliste; nous
allons intensifier également nos efforts en ce qui touche l'expo-profits
qui, cette année, vient de se terminer il y a quelques semaines. En
fait, il y a toute une foule d'activités qui vont donner plus
d'importance à la direction du commerce.
M. MORIN: Nous sommes prêts à adopter ces crédits,
M. le Président.
M. BRISSON: Le programme 7, adopté. Le programme 8 a
été adopté hier. Programme 9: Services statistiques
centraux.
Services statistiques
M. MORIN: Là-dessus, M. le Président, nous avons quelques
questions. A partir des données du dernier recensement, a-t-on fait
préparer une étude de corrélation revenus-langue
maternelle? Si le ministère avait fait procéder à ce genre
d'étude, je crois qu'il serait peut-être en meilleure posture pour
mettre en oeuvre les politiques favorables aux francophones dont nous parlait
le ministre hier et avant-hier.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, à ma droite se trouve M.
Maurice Turgeon, directeur du Bureau de la statistique du Québec. Je
vais lui demander de répondre directement à la question. Au
Bureau de la statistique, il y a, comme je l'avais indiqué dans mon
texte du départ, une revue de certains objectifs de certains programmes.
Au niveau de la démographie, pour en avoir discuté encore
récemment avec M. Turgeon, il s'est fait des efforts avec les Affaires
sociales, particulièrement en ce qui
touche les taux de natalité. On a certains modèles
statistiques qui nous permettraient de mieux surveiller l'ensemble de la
situation, mais pour répondre spécifiquement à votre
question, je vais demander à M. Turgeon de le faire.
Je ne crois pas qu'il y ait eu des demandes de cette nature, ce n'est
pas partie intégrante de nos travaux. On répond à une
foule de demandes et il se peut que parmi ces demandes, le service de la
démographie, par exemple, ait fourni l'information,
particulièrement en ce qui concerne le recensement, à peu
près à 106 demandes. Il se peut, en effet, qu'il y ait eu une
demande de ce type, mais je ne peux vraiment pas donner une réponse
très précise sur un sujet aussi spécifique que
celui-ci.
M. le Président, il faudrait peut-être établir la
distinction entre le Bureau de la statistique et notre direction
générale de la recherche et de la planification qui,
elle-même, lorsqu'on regarde l'organigramme, a une direction de l'analyse
de la prévision économique, une direction des études
industrielles, une direction des études régionales, une direction
des politiques industrielles. Le rôle du Bureau de la statistique, tel
que défini par la loi, c'est bien sûr, d'amasser des statistiques,
de les publier et d'établir des modèles statistiques qui nous
permettent plus efficacement d'avoir les données disponibles, mais dans
une large mesure, le travail de recherche, de synthèse, d'analyse
appartient à d'autres au gouvernement. Dans ceux que j'ai
mentionnés, la direction générale de la recherche et de la
planification, le secteur universitaire, il y a d'autres groupes qui puisent
à même les données du Bureau de la statistique. Le Bureau
de la statistique fait plusieurs publications; celle qui est peut-être la
plus connue du député de Sauvé pourrait être
l'annuaire du Québec où encore cette année on a
tenté de vulgariser le plus possible les données, en l'illustrant
par des cartes, par des tableaux; mais son rôle n'en est pas un de
recherche dans un premier temps.
M. MORIN : La raison pour laquelle je posais la question, c'est qu'on
aurait pu voir si l'évolution a été favorable aux
francophones du Québec ou défavorable depuis la parution, en
quelque sorte involontaire, d'un rapport de la commission Laurendeau-Dunton. Je
m'étonne un peu... Vous êtes bien le directeur du bureau?
M. SAINT-PIERRE: J'ajoute ceci, en ce qui concerne le recensement
proprement dit, l'analyse des données du recensement. Nous avons eu 102
demandes; jointes à celles-ci, 106 demandes strictement à
caractère démographique qui utilisent aussi les données du
recensement.
De sorte que, même si ce n'est pas à l'intérieur de
notre propre programme de faire des analyses permanentes de ce type, il se peut
fort bien qu'il y en ait eu. Je sais qu'on a eu des demandes, par exemple, de
l'Office de la langue française, des gens qui s'intéressent
à une foule de choses. Actuellement, les données du recensement
sont sur ordinateur et le traitement qui en est fait est presque quotidien.
Mais je suis d'accord que ce sont des choses qui pourraient être faites,
même si les données sur les revenus par groupe ethnique sont tout
à fait, dans le détail, suffisantes pour les gens qui travaillent
dans ce domaine. Elles sont quand même assez récentes, elles ont
été transmises assez récemment.
Le bureau de recherche du Parti québécois ne fait pas des
demandes au Bureau de la statistique, à l'occasion?
M. MORIN: Cela se pourrait bien que nous y songions, M. le
Président, mais nous préférons faire nos propres calculs
pour diverses raisons...
M. SAINT-PIERRE: ... à même vouloir les faire.
M. MORIN: ... en tout cas, à commencer par les faire.
M. le Président, est-ce que je pourrais demander...
M. DEOM: M. le Président...
M. MORIN: On me dit justement que nous avons eu un excellent service
chaque fois que nous avons eu recours au bureau.
M. SAINT-PIERRE: II va falloir féliciter le gouvernement de
donner un bon service, même à ses adversaires.
M. MORIN: Nous allons certainement féliciter le bureau
lui-même.
J'aimerais cependant savoir comment il se fait que...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Laporte, sur le
même sujet, je crois.
M. DEOM: Je veux juste mentionner que, si le député de
Sauvé est prêt à attendre jusqu'à mardi ou mercredi,
ce sera probablement un des rôles de la régie de la langue qui a
été annoncée par le premier ministre.
M. MORIN: Nous attendons cette loi et je pense que tous les
Québécois l'attendent avec beaucoup d'impatience. Est-ce que vous
pourriez nous dire, M. le ministre, quand nous pourrons compter sur un rapport
du Bureau de la statistique pour l'exercice clos le 31 mars 1974, parce que
nous n'avons dans le dossier que celui de 1973?
M. SAINT-PIERRE: Nous avons déjà un document
préliminaire au 31 mars 1974, mais on compte le sortir à peu
près vers le mois de septembre dans sa forme finale, un peu à
la
même date que l'an dernier pour le rapport 1973.
M. MORIN: Je vois.
M. le Président, je voudrais maintenant poser une question sur
les revenus et dépenses du gouvernement fédéral au
Québec. Lors des crédits de l'année 1973/74, le ministre
nous avait dit que l'étude avait été arrêtée
en 1968. Cinq mois plus tard, en pleine période électorale, le
document était rendu public. Est-ce que le ministre pourrait nous
expliquer comment cela se fait? Est-ce que ces études ont
été continuées depuis lors? Qu'arrive-t-il au sujet des
revenus et dépenses du gouvernement fédéral au
Québec?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, le Bureau de la statistique n'a
fait aucun travail sur ce plan dans l'exercice budgétaire qui vient de
se terminer de même qu'aucun travail n'est prévu dans l'exercice
budgétaire que nous étudions dans le moment. La raison en est
fort simple. Je pense que, si vous le demandez à votre candidat
défait dans Louis-Hébert, il conviendra avec moi que ces
études fastidieuses ne prouvent absolument rien. Suivant les
hypothèses de départ qu'on y donne, on arrive avec des
résultats assez différents.
D'ailleurs, peut-être que, depuis ce temps, les avantages et, en
particulier, les paiements de transferts, sont accentués en faveur du
Québec. D'autres avantages qui sont survenus donnent peut-être des
résultats évidents aux conclusions qu'une telle étude
pourrait nous donner.
M. MORIN: On pourrait se lancer longuement dans un débat sur le
fond du problème. J'imagine que nos conclusions ne seraient pas
nécessairement celles du ministre, mais ce n'est pas de cela qu'il
s'agit. Je voulais simplement savoir si le Bureau québécois de la
statistique était à l'origine des renseignements qui ont
été communiqués par le ministre.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous vous référez à ce
qui a été convenu d'appeler les comptes nationaux du
Québec, qui ont été...
M. MORIN: C'est peut-être le ministère des Finances qui
était à l'origine de ces études.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: Ce n'était pas le bureau...
M. SAINT-PIERRE: Les Affaires intergouvernementales avec le
ministère des Finances. On a travaillé une fois pour la version
66 du système de comptabilité économique, et on a
utilisé les données qui provenaient du ministère des
Affaires intergouvernementales à l'époque.
M. MORIN: Autrement dit, en ce moment, vous ne travaillez absolument pas
sur cette question des dépenses du gouvernement fédéral au
Québec.
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. DEOM: En date du mois d'octobre, on a reçu un mandat clair de
la population. Il ne faudrait pas dépenser l'argent des fonds publics
après avoir reçu un tel mandat.
M. MORIN: Oui, il ne faudrait surtout pas que la population sache...
Soit porté à la connaissance...
M. DEOM: La population a indiqué clairement son option. On ne
peut pas dépenser les fonds publics pour s'amuser à prouver que
le fédéralisme est rentable ou non. Elle a déjà
décidé.
M. MORIN: J'espère que...
M. SAINT-PIERRE: J'écoute le député de
Sauvé, et j'ai l'impression que vous aimeriez que nous soyons 108. On
trouve qu'on en a assez de 102.
M. MORIN: J'espère que ces messieurs font une différence
entre la majorité éléphantesque qui est en Chambre
elle aurait pu atteindre 110, avec le système électoral que nous
avons. Il aurait pu y avoir 110 députés libéraux et
la majorité réelle qu'ils ont, qui est de 55 p.c. seulement de
l'électorat. Il y a près de la moitié des
Québécois qui sont dans l'Opposition. J'imagine qu'ils sont
conscients de cela. J'espère.
M. SAINT-PIERRE: Ils ne sont pas avec vous.
M. MORIN: Revenons à nos moutons. M. COTE: Revenons à nos
grenouilles.
M. MORIN: Oui, à nos grenouillages. Est-ce que le Bureau de la
statistique du Québec a travaillé sur la question des comptes
nationaux?
M. SAINT-PIERRE: II y a deux aspects à cette question. Si on
parle des comptes nationaux au sens conjoncturel, dans le sens de ceux qui ont
été, peut-être pas produits, mais divulgués pendant
la campagne électorale, nous ne travaillons pas sur ces comptes
nationaux. Excepté, à l'intérieur d'un comité
conjoint entre nous et les gens de la recherche et les gens d'Ottawa aussi,
pour ce qui concerne la méthodologie utilisée pour
l'évaluation des principaux postes de la comptabilité nationale
au sens conjoncturel du terme.
Ce que nous faisons, chez nous, c'est ce que nous appelons le
système de comptabilité économique qui est une
comptabilité nationale, réduite, et de type structurel,
c'est-à-dire, avec
des détails beaucoup plus grands, aussi avec un modèle
analytique qu'on appelle en anglais, "input-output" et, en français,
analyse intersectorielle. C'est notre participation.
M. MORIN: M. le directeur, vous nous parlez d'un comité conjoint
auquel vous participez sur les aspects conjoncturels. Pourriez-vous nous donner
plus de précision, à savoir qui fait partie de ce comité
conjoint? Quelles sont les organismes qui en font partie?
M. SAINT-PIERRE: II y a la Direction générale de la
planification du ministère de l'Industrie et du Commerce et Statistique
Canada... c'est-à-dire que ce comité est conjoint au
Québec: le Bureau de la statistique du Québec et la Direction
générale de la planification.
Au niveau canadien, il y a un groupe fédéral-provincial,
où se retrouvent le Québec, les provinces canadiennes,
Statistique Canada et le ministère des Finances fédéral.
C'est un groupe méthodologique. Ce n'est pas un groupe qui fait
l'évaluation des données. Il discute des moyens pour estimer
l'information qui n'est pas disponible pour arriver à des
définitions comparables entre les provinces, etc. C'est le groupe auquel
j'avais fait état si vos coupures de presse sont bonnes
durant la campagne électorale, en disant qu'il était en cours, et
qu'il tentait de s'assurer qu'on était tous d'accord sur la façon
de compter tous les chiffres dans...
M. MORIN: Vous parlez du groupe fédéral, ou du groupe
québécois?
M. SAINT-PIERRE: Le groupe fédéral-provincial. On utilise
des statistiques de Statistique Canada et, essentiellement, le groupe veut
faire preuve de rigueur intellectuelle, veut s'assurer que tous les
spécialistes sont d'accord sur la méthodologie retenue pour
établir des comptes régionaux ou des comptes provinciaux,
à partir de certaines données qui sont recueillies.
M. MORIN: Est-ce à partir de ces travaux qui sont en cours, si je
comprends bien, que vous comptez arriver à établir la balance des
paiements du Québec?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: Est-ce qu'il y a déjà des résultats
d'acquis ou bien...
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas de résultats d'acquis, puisque
l'ensemble des études n'est pas terminé.
M. MORIN: Parlant de la balance des paiements, n'y a-t-il pas
déjà des chiffres de sortis au moins pour la balance
commerciale?
M. SAINT-PIERRE: Non. M. MORIN: Autrement dit...
M. SAINT-PIERRE: II y a des chiffres préliminaires qui ont pu
être mis sur une feuille de papier, mais qui n'ont ni la
bénédiction... C'est une façon de parler. Comme on ne
s'est pas entendu sur la méthodologie, comme il existe des divergences
assez considérables, non pas sur les tendances d'une année
à l'autre, mais sur l'échelle... Vous pouvez avoir des
façons différentes d'analyser des phénomènes qui
vont de haut en bas, mais il y a un écart d'échelle qu'on n'est
pas capable de concilier. Il faut retourner au départ et s'assurer que,
soit au niveau des hypothèses, soit au niveau des mécanismes
pris, on est capable d'expliquer les divergences assez fondamentales. Sans
cela, on fait ce qui a été fait à l'occasion. On saute sur
des chiffres et on proclame que Québec...
M. MORIN: M. le ministre, est-ce que vous avez une idée du moment
où ces travaux vont aboutir?
M. SAINT-PIERRE: Je vais m'informer. Je l'avais d'ailleurs
mentionné antérieurement. Le comité a pour but de
développer des données comparables pour toutes les provinces et
nous ne pourrons publier ce document avant que ledit comité ait rempli
son mandat. C'est le comité sur les comptes économiques
provinciaux. Nous prévoyons que ceci sera fait vers la fin de 1974 ou au
début de 1975. Et il faudrait quand même accorder quelque temps.
Une fois qu'on se sera accordé sur une méthodologie à
suivre, il s'écoulera peut-être quelques mois avant de
pouvoir...
M. MORIN: Si je comprends bien, ceci n'est pas fait par le Québec
C'est fait par le comité conjoint, Québec et les provinces, le
Canada.
M. SAINT-PIERRE: Oui. Le comité conjoint tente, au niveau des
spécialistes, d'établir la méthodologie et de s'entendre
sur certaines hypothèses. Une fois que les spécialistes se seront
entendus sur la façon d'aborder le problème, le Québec
fera lui-même son travail et comme une bonne partie du travail repose sur
des données qui nous viennent de Statistique Canada, encore faut-il
s'entendre sur la façon dont les statistiques sont prises, leur
signification exacte.
Je pourrais peut-être ajouter qu'il n'y a pas d'engagement ni de
la part des provinces, ni du fédéral, à produire,
même éventuellement, des comptes nationaux complets. Il se peut
qu'on y arrive et on serait tous bien heureux mais il y a
tellement de problèmes méthodologiques qu'il se peut qu'il y ait
des morceaux qui restent en suspens encore quelques années.
Actuellement, il y a quand même des morceaux intéressants des
comptes nationaux, des agrégats principaux sur lesquels il y a eu une
entente à peu près ferme sur la méthodologie.
M. MORIN: Lesquels?
M. SAINT-PIERRE: L'estimation des reve-
nus personnels, l'estimation même sur le produit intérieur
brut des provinces. C'est de plus en plus clair que la méthodologie
actuelle sera acceptée. Il y a des points comme cela où on a
déjà quand même quelque chose d'assez bien. Mais je pense
que dire dans le moment que le Québec a une balance commerciale, non
seulement excédentaire, favorable, mais dire qu'elle est chiffrée
à tant de millions ou à tant de milliards, cela serait faire une
affirmation gratuite dont toute rigueur intellectuelle m'empêcherait de
le déclarer.
M. MORIN: Mais il n'en reste pas moins que les chiffres dans la balance
commerciale, si je ne m'abuse, c'est-à-dire concernant l'échange
de biens et services avec l'extérieur, ont déjà paru dans
la revue statistique pour les années 1961 et 1967. Est-ce que c'est
impossible de songer que vous puissiez publier une mise à jour?
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais M. Turgeon me corrigera est-ce
que j'ai raison de dire qu'à la suite de la publication de ces chiffres
et d'autres études qui avaient été faites, on avait
noté une certaine divergence d'échelle encore, les tendances
étaient les mêmes, mais il y avait une différence
d'échelle et c'est cela qui a donné naissance à ce
comité de tenter d'expliquer, par des calculs assez
élémentaires, des divergences qui semblaient difficiles à
expliquer, de telle sorte que mettre à jour suivant la même
méthodologie utilisée en 1967/68, cela serait un peu l'envers du
bon sens puisque justement dans le moment, on tente de réconcilier ces
choses, on tente de...
M. MORIN: Je pense que le ministre admettra que c'est du plus haut
intérêt tant pour le gouvernement que pour l'Opposition...
M. SAINT-PIERRE: Sûrement.
M. MORIN: ... de faire aboutir des choses le plus vite possible pour
qu'on voit clair.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'on le fait le plus vite possible.
M. MORIN: Oui, qu'on voie clair.
M. SAINT-PIERRE: II y en a qui voyaient clair avant.
M. MORIN: Qu'est-ce que vous voulez dire par cela?
M. SAINT-PIERRE: Je veux dire que, pendant la campagne
électorale, il y en a qui pensaient voir clair...
M. MORIN: Les chiffres qui sont sortis étaient extrêmement
intéressants. Nous avons hâte que le gouvernement publie des
chiffres qui soient vraiment officiels, qu'on puisse les étudier
ensemble et se pencher ici même, peut-être en commission, sur les
détails. Cela nous intéresserait au plus haut point.
M. SAINT-PIERRE: Nous aussi. En octobre 1973, ces chiffres jetés
à la population ne pouvaient que l'induire en erreur.
M. MORIN: C'est une question d'opinion. Je ne suis pas sûr de
cela. C'étaient des chiffres qui, tout de même, résultaient
de recherches qui avaient été accomplies dans le cadre qui nous a
été décrit, si je comprends bien. C'étaient des
recherches qui émanaient de ce comité conjoint.
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. MORIN: De qui émanaient-elles?
M. SAINT-PIERRE: Le comité avait démarré,
justement, face à des inexplications, des divergences qui ne pouvaient
être expliquées, au sein d'études faites dans des groupes
différents.
M. MORIN: Cela venait quand même du service de la statistique, ces
chiffres?
M. SAINT-PIERRE: De quels chiffres parle-t-on exactement?
M. MORIN: Je parle des comptes nationaux. Nous sommes toujours au
chapitre des comptes nationaux.
M. SAINT-PIERRE: Ce qui a été appelé les comptes
nationaux en question ne venait pas du Bureau de la statistique du
Québec. Cela n'avait pas été fait chez nous.
M. MORIN: Cela venait des Finances alors?
M. SAINT-PIERRE: Cela venait peut-être de la planification chez
nous, mais pas de mon service.
M. MORIN: Est-ce que cela venait de votre ministère, M. le
ministre? Est-ce que cela émanait de votre ministère?
M. SAINT-PIERRE: Pour une partie des études, si ma mémoire
est bonne.
Politique des achats
M. MORIN: Bien. Peut-être peut-on passer à l'étude
sur la politique des achats. Elle avait été demandée aux
crédits de 1971/72. Le ministre nous avait dit: Bientôt. Elle fut
demandée à nouveau aux crédits de 1972/73, avec la
réponse: Bientôt. Demandée à nouveau aux
crédits de 1973/74, réponse: Dans trois semaines. Avant-hier, le
ministre, de qui on attendait quelque chose, nous a dit: Dans deux mois. Quand
je
fais la somme de bientôt, plus bientôt, plus trois semaines,
plus deux mois, je me demande vraiment quand on va avoir l'étude sur la
politique des achats.
M. SAINT-PIERRE: C'est assez difficile de démentir ce que j'ai
dit hier, en disant deux mois. Je vais maintenir les deux mois, avant deux
mois. Effectivement, il n'y a pas de difficulté à publier le
rapport, mais simplement pour faire quelque chose de plus pertinent, on
aimerait rendre public ce rapport en même temps que l'on rendrait publics
les rapports subséquents qui ont été faits, comme je l'ai
mentionné, au secteur des commissions scolaires, des corporations
municipales, des hôpitaux et du gouvernement lui-même. En
particulier, on aimerait indiquer les éléments d'une politique
gouvernementale en ce qui touche les achats.
M. MORIN: Oui. Evidemment, les achats ne relèvent plus de votre
ministère, M. le ministre, mais ils relèvent plutôt des
Travaux publics et Approvisionnement. J'imagine que vous êtes sensible au
fait que...
M. SAINT-PIERRE: La politique d'achats.
M. MORIN: ... cela demeure important pour vous, pour votre
ministère, dans la mesure où la politique d'achat
préférentiel constitue un instrument tout à fait
privilégié pour le développement industriel.
M. SAINT-PIERRE: Je vais vous donner une primeur. L'achat
préférentiel a été rejeté par le
comité qui nous a fait rapport.
M. MORIN: Le comité...
M. SAINT-PIERRE: Le comité Paquin qui nous a publié un
rapport en septembre 1972. Le rapport a rejeté l'achat
préférentiel.
M. MORIN: Est-ce que c'est rejeté pour Hydro-Québec aussi?
Il ne faut pas oublier qu'Hydro-Québec a une politique d'achat
préférentiel.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais, encore là, il faut nuancer que,
finalement, la politique préférentielle d'Hydro-Québec ne
touche qu'une très faible partie des achats d'Hydro-Québec,
quelque chose comme 3 p.c. ou 4 p.c, que le niveau maximum de 15 p.c. n'est pas
automatiquement atteint. Disons que le comité qui avait ses experts,
à la fois à l'intérieur du gouvernement, du Conseil du
trésor, d'organismes privés, a rejeté l'achat
préférentiel comme technique pour stimuler l'influence des achats
de l'Etat sur notre économie.
M. MORIN: Est-ce que le ministre est d'accord sur ces
recommandations?
M. SAINT-PIERRE: En fait, plus ou moins. Nous aurions aimé aller
plus loin. Je suis d'accord pour rejeter une formule automatique en disant:
Dès que les achats viendront de la province de Québec, nous
accordons 10 p.c. de préférence, puisque, souvent, dans la
plupart des achats, cela va tout simplement entraîner pour le
consommateur une augmentation de 10 p.c. qui n'est pas justifiée.
Je pense que vous seriez les premiers à décrier les
profits excessifs que des gens feraient en transigeant avec le gouvernement,
alors qu'en vendant au gouvernement on pourrait vendre 10 p.c. plus cher qu'on
vend à d'autres.
J'aimerais mieux des approches plus subtiles un peu, dans lesquelles on
identifie des secteurs qui nous intéressent et où, sur le plan de
l'implantation industrielle on n'a pas notre quote-part et où l'achat
gouvernemental deviendrait un levier qui nous permettrait d'atteindre notre
quote-part.
M. MORIN: Selon un rapport publié en 1970/71, qui avait fait
l'objet d'une fuite à l'époque, le gouvernement achetait en tout
et partout pour environ $1.1 milliard et en 1974/75...
M. SAINT-PIERRE: Je crois que ce n'est pas le gouvernement...
M. MORIN: ... ça représentait $1.5 milliard.
M. SAINT-PIERRE: ... mais l'ensemble du secteur paragouvernemental.
Parce que les achats du gouvernement sont bien connus, sont très
faibles. Le seul secteur où c'est un peu important, je pense que c'est
le sel pour la voirie. En dehors de cela, c'est très dispersé. Et
cela était une des constations. Mais $1.5 milliard...
M. MORIN: Les hôpitaux, les écoles, le gouvernement.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais là j'aimerais avoir peut-être un
éclairage de la politique du parti de l'Opposition, est-ce qu'on est
favorable pour les fins d'une politique d'achat, à ce que le
gouvernement empiète sur l'autonomie quasi complète qu'ont dans
le moment les hôpitaux, les commissions scolaires, les
universités, les CEGEP, même les corporations municipales dans
leur politique d'approvisionnement?
M. MORIN: Je pourrais certainement avoir des politiques qui incitent
à ça. Ce n'est pas...
M. SAINT-PIERRE: Qui incitent! Vous me reprochiez de faire des voeux
pieux. On peut bien inciter tout le monde d'acheter au Québec, c'est ce
qu'on fait, mais ça n'empêche pas le secteur de l'audio- visuel,
nombre de secteurs, les corporations municipales, scolaires et universitaires
d'acheter à l'étranger.
M. MORIN: Hydro-Québec le fait. C'est commencé dans les
hôpitaux. Je ne vois pas où serait la difficulté d'avoir
une politique, si vous en aviez une là-dessus. Voulez-vous, nous allons
repasser quelques domaines, puisque le ministre veut qu'on entre
là-dedans? Je pense que ce serait intéressant de le faire, vider
un peu plus la question.
Qu'est-ce qu'on fait dans les domaines suivants où l'Etat est
certainement parmi les principaux acheteurs, par exemple l'équipement
électrique ou électronique? Pour l'année 1970/71,
ça représentait $141 millions. Cela ne doit certainement pas
être moins aujourd'hui.
M. SAINT-PIERRE: Là, honnêtement, il ne faudrait pas...
Est-ce que c'est fait par le gouvernement ou par les instances
décentralisées? Par des instances, telles que les corporations
municipales, etc.
M. MORIN: Par le gouvernement et les organismes parapublics.
M. SAINT-PIERRE: Effectivement, dans le moment, il ne se fait rien, sauf
un effort de notre part de tenter d'identifier aux industriels
québécois le potentiel de ce marché, sa croissance. Nous
faisons souvent des interventions en faveur de manufacturiers
québécois qui se croient lésés dans plus d'un
secteur par les organismes paragouvernementaux.
Mais, dans le moment, par législation, je crois que le pouvoir
exécutif abuserait de ses prérogatives s'il tentait d'influencer
l'achat dans les hôpitaux. La législation actuelle ne nous le
permet pas. Je vais prendre un exemple, celui des draps achetés par les
hôpitaux, on sait qu'un très fort pourcentage de ces draps
proviennent de l'industrie japonaise.
On a tenté de faire des regroupements d'achats, on a tenté
de montrer par des normes que les draps québécois pouvaient durer
plus longtemps et donc que leur coût réel était moindre que
celui d'un drap japonais qui, après la moitié des lavages
était fini, mais c'était simplement de l'incitation. Il faut voir
qu'il y a de véritables petites chapelles qui sont bien établies
dans bien des instances.
M. MORIN: A n'en pas douter. Puisque, sur l'équipement
électrique et électronique, vous n'êtes pas au fait, est-ce
qu'on pourrait peut-être parler d'un domaine où probablement vous
êtes mieux informé, le domaine des matériaux de
construction? Il y a longtemps qu'on parle des achats publics dans ce domaine.
Cela représente $250 millions en 1970/71 et probablement bien davantage
aujourd'hui.
Est-ce que vous pourriez nous dire s'il y a une politique des achats
dans ce domaine?
M. SAINT-PIERRE: Encore une fois, les achats du ministère des
Travaux publics sont, j'en suis convaincu, insignifiants dans ce sec- teur. Les
seuls achats importants sont ceux des commissions scolaires, des hôpitaux
et des CEGEP. Dans les devis lorsque j'étais à
l'Education, je me le rappelle on exige des architectes d'accorder une
préférence à un produit québécois, de faire
l'exception pour les produits étrangers. Les études qu'on va
rendre publiques prochainement ont analysé en détail, dans le cas
d'un CEGEP, la provenance de tous les matériaux et ont tenté
d'expliquer pourquoi, en discutant avec les architectes, les matériaux
n'étaient pas pris au Québec. Nous nous sommes servis de cela
pour inciter certains manufacturiers à diversifier leur production, bien
que, dans certains cas, il faut admettre que le marché
québécois n'est pas suffisamment important pour justifier une
implantation industrielle. Il y a tout le secteur de l'automatisme qui est le
secteur le plus frappant, tout le secteur de l'équipement
mécanique et électrique qui est également un secteur
frappant où, au point de vue de la production, on est absent. Même
si on essayait de favoriser l'entreprise québécoise dans le
moment, dans une large mesure, elle n'existe pas.
M. MORIN: II faudrait des politiques économiques peut-être
un peu plus dirigistes que celles que vous avez. Evidemment, si on s'en remet
essentiellement à l'entreprise privée, ce qui est l'essence de
votre philosophie d'après ce que vous nous avez dit l'autre jour, si on
s'en remet au laisser-faire économique avec quelques petits correctifs,
on aboutit inévitablement à des constatations comme celles que
vous venez de faire. Ce n'est pas possible qu'il en soit autrement.
M. SAINT-PIERRE: Suggéreriez-vous la formation d'une structure
nouvelle, une société générale de construction du
Québec qui va être responsable de tous les achats du gouvernement?
On incite, en fait, nos industriels à pénétrer dans les
marchés d'exportation. Nous, en affaires, nous avons au moins appris la
première loi du commerce international, c'est que, pour vendre aux
autres, il faut acheter des autres.
M. MORIN: Oui, mais pour ce qui est de la politique des achats, M. le
ministre, vous savez fort bien que cela se fait quasiment partout aujourd'hui,
dans tous les pays. Aux Etats-Unis, cela se fait, Etat par Etat. Dans la
plupart des pays d'Europe, cela se fait, des politiques d'achat pour favoriser
l'expansion industrielle du pays acheteur. Ce ne sont pas des techniques
nouvelles, ce sont des techniques que vous connaissez.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais il ne faut pas dire que, parce qu'il n'y a
pas un document en blanc et noir qui s'intitule: Politique globale de l'achat
par le gouvernement, que rien ne se fait. Effectivement, est-ce qu'au niveau du
service
général des achats ce n'est pas mon
ministère on ne tente pas constamment... Les manufacturiers et
les fournisseurs québécois ont accès à ces services
beaucoup plus facilement que d'autres. Je pense qu'il y a mille et une
façons d'augmenter les achats chez nous sans nécessairement avoir
un document qui s'intitule: Politique globale.
M. MORIN: Si je comprends bien, M. le ministre, en ce qui concerne la
politique des achats, quand vous nous dites qu'on aura cela dans deux mois, en
fait, c'est pour nous annoncer qu'il n'y aura pas de politique d'achat.
M. SAINT-PIERRE: Je n'ai pas dit cela du tout. Vous m'interprétez
mal. Au contraire, il va y en avoir une, mais elle ne retiendra peut-être
pas celle que vous semblez avoir à l'esprit, à savoir un taux
automatique préférentiel à des achats qui sont faits dans
la province de Québec. Elle pourrait passer par le biais de normes, elle
pourrait passer par une sélection de certains... Il y a des choses qui
ne nous intéressent pas du tout. Que le crayon que vous avez entre les
mains vienne de l'Ontario, du Manitoba, de la province de Québec, je
m'en fiche assez royalement. Il y a des choses qui sont intéressantes,
alors cela implique qu'il y a des choix à faire. C'est un peu tout ce
mécanisme qui est assez complexe quand même qu'on tente de...
M. MORIN: Enfin...
M. SAINT-PIERRE: En même temps, parallèlement, on tente de
faire des achats en volume parce que cela nous semble également un
élément important, un achat en volume dans le secteur des
hôpitaux, tenter d'explorer la possibilité, avec la
Fédération des commissions scolaires, de faire des achats en
volume au niveau des commissions scolaires. Mais vous nous réclamez,
dans un sens, de décentraliser l'administration publique et, dans
l'autre sens, vous nous demandez des politiques qui impliquent la mainmise de
l'Etat sur tous les achats du secteur parapublic.
M. MORIN: C'est une question d'objectifs qu'on favorise. Si vous
favorisez vraiment, comme vous le dites, le développement industriel du
Québec, c'est une politique qui peut être fort utile pour
atteindre cet objectif. Je ne dis pas que cela va être une politique
rigide, je constate qu'il faut de la souplesse là-dedans, mais une
préférence de 10 p.c., cela se voit partout. Est-ce que le
ministre jette les hauts cris? Parce que je pense bien qu'il serait prêt
à accepter une politique préférentielle de 10 p.c., au
moins dans certains secteurs.
M. SAINT-PIERRE: Vous voyez. Donc il faut définir les secteurs,
il faut bien les étudier, il faut voir qu'il y a un intérêt
réel. C'est cela qu'on fait.
M. MORIN: C'est cela que nous aurons dans deux mois.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: Très bien. En ce qui me concerne, je pense avoir
terminé pour le programme 9.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le programme 9 est adopté?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 10: Normalisation et
spécifications.
M. SAINT-PIERRE: M. Lapalme, directeur du bureau de normalisation, sera
à ma droite.
M. MORIN: Nous n'avons pas beaucoup de questions, M. le
Président, mais nous pourrions tout de même demander au ministre,
puisque le directeur du bureau se trouve là, combien de nouvelles normes
ont été établies par le ministère en 1973/74.
M. SAINT-PIERRE: En 1973/74, il y a eu 99 nouvelles normes.
M. MORIN: Est-ce que vous pourriez nous dire dans quel secteur
industriel en particulier?
M. SAINT-PIERRE: En grande partie à cause d'un règlement
de la Commission de police, il y a eu un effort particulier fait du
côté des textiles, parce qu'il y a un règlement qui oblige
les municipalités à utiliser les normes du BNQ pour l'achat des
uniformes de policiers. Alors, nous avons été obligés de
laisser de côté certains secteur qui peut-être auraient pu
sembler plus importants. Mais le règlement l'obligeait; alors, nous
l'avons fait.
M. MORIN: Est-ce que le ministère a prévu des
mécanismes de concertation entre le service des achats qui est
maintenant au ministère des Travaux publics et le Bureau de
normalisation du MIC?
M. SAINT-PIERRE: Si vous me permettez, je voudrais clarifier un peu une
mésentente qui semble se perpétuer. Le Bureau de normalisation
n'est pas destiné exclusivement aux achats du gouvernement.
M. MORIN: Je sais cela, ce n'est pas ce que je veux dire, non plus.
M. SAINT-PIERRE: Le service général des achats utilise les
normes du bureau dans les domaines où il y en a, mais ce n'est
peut-être pas le plus gros consommateur de normes du Bureau de
normalisation.
M. MORIN : Comment la normalisation cons-titue-t-elle un service de
soutien à l'industrie du Québec? Pouvez-vous nous expliquer
comment vous fonctionnez?
M. SAINT-PIERRE: Comme vous savez, une norme est un condensé des
exigences qui s'appliquent aux produits; en fait, quand on parle de normes, ce
sont des normes de produits.
M. MORIN: Oui, bien sûr.
M. SAINT-PIERRE: C'est un condensé d'exigences qui s'appliquent
aux produits, auxquelles les produits doivent satisfaire pour répondre
aux besoins du consommateur. Une fois que le producteur connaît le besoin
du consommateur et les exigences auxquelles son produit va être
obligé de répondre, lui, il organise sa production en
conséquence, organise sa technique de production, organise ses
contrôles, tous ses stockages, etc. La normalisation intervient à
chacune des étapes de sa production.
M. MORIN: Elle empêche aussi la concurrence déloyale,
j'imagine.
M. SAINT-PIERRE: Exactement, ça sert de base pour l'acheteur,
pour juger des produits.
M. MORIN: Mais, est-ce que vous ne pouvez pas être utile aussi aux
consommateurs publics? Je veux dire: les municipalités, les
hôpitaux, les commissions scolaires. C'est un peu dans le cadre des
questions que je posais il y a un instant.
M. SAINT-PIERRE: Je disais tout à l'heure que le service
général des achats n'était pas le plus gros consommateur
de nos normes; en fait, vous avez touché ceux qui sont les plus gros
consommateurs, ce sont les municipalités et les commissions scolaires,
et aussi les hôpitaux. Ce sont les plus gros consommateurs de normes.
M. MORIN: Comment pouvez-vous les aider avec vos normes?
M. SAINT-PIERRE: Par la façon dont la norme est
constituée, c'est-à-dire de la façon qu'elle est
élaborée; pour élaborer la norme, on forme un
comité et à ce comité, vous avez des fabricants, des
spécialistes, ingénieurs-conseils, architectes, ou
médecins à l'occasion, et vous avez aussi les consommateurs. Les
consommateurs expriment leurs besoins, définissent le détail de
leurs besoins et aussi le prix qu'ils sont prêts à payer pour le
produit. Les exigences doivent être en conséquence.
M. MORIN: Très bien. M. le Président, pour ce qui est de
la ventilation des crédits de ce programme, pourrait-on nous expliquer
le passage de $34,000 à $43,000 pour les communications?
M. SAINT-PIERRE: Le bureau de normalisation a commencé à
faire partie d'un organisme fédéral qui l'oblige à faire
des voyages de plus en plus fréquents à l'extérieur. C'est
pourquoi le budget a été augmenté de cette façon.
Le bureau sert aussi de secrétariat pour le comité pour
l'implantation du système métrique; les frais de
déplacement du président sont aussi à la charge du bureau
de normalisation.
M. MORIN: Très bien. Comme nous avons déjà
parlé du système métrique dans un autre cadre...
M. SAINT-PIERRE: C'est vrai.
M. MORIN: A moins que vous puissiez nous dire très rapidement
parce que je ne veux pas abuser du temps de la commission les
tâches que vous accomplissez comme secrétaire justement.
M. SAINT-PIERRE: Comme secrétaire... M. MORIN: Dans ce
domaine.
M. SAINT-PIERRE: Disons que la planification se fait au
secrétariat, la correspondance avec l'extérieur, parce qu'il y a
coordination aussi avec les autres éléments du Canada,
c'est-à-dire les autres provinces du Canada.
M. MORIN: Je vois. Evidemment, vous coordonnez les activités de
tous les ministères qui pourraient être intéressés
par l'implantation du système métrique.
M. SAINT-PIERRE: Exactement.
M. MORIN: Aussi bien la voirie que... Très bien. Et vous
coordonnez avec les instances fédérales aussi, si je comprends
bien.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela. Ce sont des relations qui sont tout de
même assez suivies avec le fédéral.
M. MORIN: Très bien. Dites-moi, puisque je vous ai là et
que nous parlons de cela, je me rends compte que je devrais peut-être
poser cette question davantage au ministre de l'Education, mais comme nous
sommes peu nombreux et que je n'ai pas pu me déplacer pour aller
à ses crédits, est-ce que je pourrais vous demander s'il y a un
effort de fait dans le cadre de ce secrétariat dont vous me parlez pour
l'implantation du système métrique dans l'enseignement? Parce que
c'est une chose de le voir apparaître sur les routes,
éventuellement dans les poids et mesures, mais, est-ce qu'on
prépare, est-ce que vous êtes actifs pour préparer les
jeunes Québécois à l'utilisation éventuelle,
peut-être prochaine, du système métrique?
M. SAINT-PIERRE: Ce que je peux vous dire, évidemment, n'a pas de
caractère officiel,
mais ce qu'on m'en a dit, c'est qu'actuellement, le ministère de
l'Education est à étudier le programme qui sera appliqué.
Il travaille régulièrement depuis déjà un an
probablement, à ce sujet, et est à préparer des programmes
qui seront suivis par les élèves.
M. MORIN: M. le Président, ces crédits, je pense, peuvent
maintenant être adoptés.
M. BRISSON: Programme dix, adopté.
M. MORIN: J'avais autre chose aussi. Les organismes parapublics, les
entreprises d'Etat, j'aurais eu quelques questions rapides. Puis-je demander au
président, si on ne pourrait pas dépasser midi, pour finir ces
crédits ce matin?
M. SAINT-PIERRE: Je l'apprécierais.
M. MORIN: Le ministre ne va pas s'opposer, je pense.
M. SAINT-PIERRE: J'acquiesce.
M. MORIN: En ce qui concerne les entreprises d'Etat, et à moins
que le ministre ait quelque chose à dire avant, je voudrais lui poser
une ou deux questions. D'abord sur la SGF. Je voudrais rappeler au ministre le
projet de loi numéro 20 qui faisait du rodage entièrement public.
Je voudrais lui dire que nous étions d'accord aussi et il s'en
souviendra, sur cette mesure. Mais, il y aurait peut-être des questions
à poser sur les filiales, notamment sur la plus grosse filiale, qui est
Marine Industrie. Notamment, le déficit est de $10 millions en 1973. On
a beaucoup épilogué sur ce déficit. On a dit qu'il
était causé notamment par le fameux contrat concernant les
bateaux français. Qu'est-ce que vous prévoyez pour l'avenir en ce
qui concerne particulièrement Marine, M. le ministre?
M. SAINT-PIERRE: Je vous cite cela de mémoire. Effectivement, le
déficit cette année est exclusivement dû aux pertes subies
dans les contrats français. Ces pertes sont dues à trois causes
différentes. La première, les fluctuations monétaires qui
n'avaient pas été prévues au contrat.
Deuxièmement, une sous-estimation des quantités du temps
de la main-d'oeuvre requise, les frais de la main-d'oeuvre requise pour la
construction des bateaux. Troisièmement, le financement des bateaux
durant la construction qui n'avait pas été prévu,
c'est-à-dire que, contrairement aux habitudes canadiennes, les bateaux
sont payables sur livraison alors qu'au Canada, normalement, il y a des
paiements échelonnés sur le progrès des travaux, ce qui
implique des frais de financement assez élevés.
Quatrièmement, la grève qu'a subie Marine Industrie, lorsqu'elle
fut réglée, a impliqué, en particulier, à la suite
d'un règlement semblable à la Davie Shipbuilding ici, des
augmentations de salaires qui n'avaient pas été prévues
dans les estimations.
Ce que je dois dire, cependant, c'est que, suivant les habitudes
comptables dans un tel type d'industrie, dès que les pertes
prévisibles sur des contrats à venir sont connues, les comptables
exigent que des réserves soient immédiatement entrées dans
les livres, en d'autres termes, réserves pour pertes futures, ce qui
veut dire que, l'an prochain, nous prévoyons un profit pour le groupe
Marine.
D'ailleurs, cette année, pour la première fois, comme je
l'ai mentionné, nous allons avoir un bilan consolidé des filiales
de la SGF et non pas un bilan non consolidé, qui finalement
n'était pas un portrait réel de la situation, puisqu'il ne
révélait que les dividendes et les honoraires que le groupe
Marine avait pu recevoir sans autant nous donner la situation exacte de
l'ensemble des filiales.
Dans Marine nous essuyons des difficultés pénibles. Il
nous a fallu remettre à peu près $12 millions pour ramener le
fonds de roulement à son niveau antérieur. Nous estimons avoir
des profits l'an prochain. Chacune des filiales, d'ailleurs, du groupe SGF a
formulé, dans des discussions entre les présidents des filiales
et M. Simard, des objectifs financiers qui trimestriellement sont revus avec
eux tant au niveau de la croissance des ventes qu'au niveau des profits.
Je dois dire que dans plusieurs des cas des filiales, il y a des
revirements assez spectaculaires qui se produisent en ce moment,
c'est-à-dire des filiales qui ont longtemps perdu de l'argent et qui en
font, d'autres qui étaient plutôt marginales et qui sont
dans...
M. MORIN: Vous prévoyez que, dans le cas de Marine Industrie, le
contrat des bateaux grecs, par exemple, va être plus
rémunérateur pour cette industrie que n'a été le
contrat français?
M. SAINT-PIERRE: Substantiellement, oui.
Il faut dire à la décharge aussi du groupe Marine que
c'était la première fois que le groupe Marine faisait exactement
ce type de navires. Cela peut expliquer les sous-estimations moins vues du
temps. Les bateaux grecs sont à peu près semblables, mais ils ont
été obtenus à un coût unitaire substantiellement
plus élevé que les bateaux français.
M. MORIN: M. le ministre, on a annoncé dans les journaux, ces
jours-ci, que le président de Marine Industrie, M. Gérard
Fillion, allait bientôt être mis à sa retraite. Est-ce que
le ministre a songé au remplacement de M. Fil-lion? Je ne lui demande
pas qui, si ce n'est pas officiel, mais je m'interroge sur la
relève.
M. SAINT-PIERRE: Nous nous y sommes, nous-mêmes,
intéressés depuis plusieurs mois. Ce serait
prématuré d'indiquer qui prendra la relève, mais à
l'assemblée annuelle des action-
naires prévue pour la fin de ce mois-ci, je crois, j'imagine que
la nouvelle sera rendue publique.
M. MORIN: Bien. Pouvons-nous maintenant jeter un coup d'oeil sur
Valcartier, une autre filiale de la SGF, le ministère
fédéral de la Défense vient d'annoncer 600 mises à
pied. Est-ce que le ministre a eu l'occasion de faire des
représentations pour éviter, ou pour réduire le nombre des
mises à pied?
M. SAINT-PIERRE: Cela ne touche pas aux Industries Valcartier du
tout.
M. MORIN: Pas le moindrement?
M. SAINT-PIERRE: Pas le moindrement. Quant à l'emploi aux
Industries Valcartier, je pourrais obtenir des chiffres exacts. Je sais que
l'emploi aux Industries Valcartier a augmenté substantiellement depuis
un an. Aux Industries Valcartier, on avait moins d'une centaine
d'employés il y a à peu près quinze mois. Actuellement,
ils sont, environ 250. Je pourrais déposer à la Chambre le nombre
exact.
M. MORIN: Est-ce que le ministre sait, par hasard, étant
donné qu'il s'agit quand même d'un assez grand nombre de mises
à pied, dans quel secteur ces mises à pied ont lieu?
M. SAINT-PIERRE: Je pourrais vérifier. Je pense que... J'avais le
rapport encore hier soir. Il n'y a pas eu d'avis formulés au
ministère du Travail. Je pense que ce sont plus des rumeurs qui ont
été lancées par le président du syndicat des... Sur
le plan national... J'ai vu le rapport hier soir des avis que nous recevons par
le biais du ministère du Travail. Il n'y a pas eu d'avis
envoyés.
M. MORIN: Votre ministère suit cette situation, de toute
façon, de près? Bien !
Peut-être une dernière. Dans les $25 millions additionnels
prévus au bill 20 d'ici 1975, on a dit, lors de l'annonce de ces
nouveaux crédits, qu'une partie de la somme servirait à lancer de
nouveaux projets. Peut-on déjà avoir une idée de ces
projets? Est-ce que ce sont des projets conjoints avec les Japonais, avec les
Européens? De quoi s'agit-il exactement?
M. SAINT-PIERRE: II y a plusieurs discussions avec des groupes dans
différents secteurs. Encore une fois, cela me semblerait
prématuré de l'indiquer, mais j'ai demandé... J'ai bien
indiqué à M. Simard qu'en votant cette loi qui va donner $25
millions additionnels, c'était le désir du législateur que
ces fonds soient utilisés dans le démarrage de nouvelles
entreprises. Ces gens sont activement à la recherche de nouvelles... Il
faudrait se rappeler qu'il y a quelques projets, d'ailleurs, que la SGF
envisage, qui pourraient demander beaucoup plus que ces $25 millions. On pense,
en particulier, au projet de Saint-Félicien, où l'ossature,
l'armature principale demeure la compagnie Donohue, dans laquelle la SGF a
déjà une position presque majoritaire à 44 p.c. ou 45 p.c.
du capital-actions. D'ailleurs, la compagnie Donohue a acheté certaines
scieries. Si le projet démarrait, cela pourrait prendre presque la
quasi-totalité des $25 millions, simplement comme mise de fonds
additionnels, en dehors... Evidemment, le projet de l'ordre de $200 millions,
mais une partie serait par voie d'obligation, par voie d'emprunts à long
terme. Il y a eu, également, d'autres discussions avec des groupes
japonais, des groupes européens, des projets spécifiques
où la SGF pourrait se retrouver comme partenaire.
M. MORIN: Merci, M. le Président. Si le ministre veut conclure
maintenant. J'ajouterai peut-être quelques mots après lui.
M. SAINT-PIERRE: Un point d'abord, M. le Président. Hier, je
m'étais engagé à déposer un document très
préliminaire, j'insiste sur ceci, de décembre 1973, qui avait
été publié par la Direction des communications, en ce qui
touche le Québec et les négociations du GATT. C'est un document
préliminaire.
M. MORIN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Depuis ce temps, les travaux des comités ont
avancé. J'avais mentionné hier que j'allais le
déposer.
M. le Président, ce sera très bref. Il nous faudra
maintenant passer dans l'action le budget de $49 millions qui nous permet de...
Les sociétés paragouvernementales nous permettent d'agir dans le
secteur économique.
Je voudrais remercier tous les membres de la commission pour leur
participation et les assurer que nous sommes constamment prêts à
accueillir des suggestions. Il n'y a pas beaucoup de secret dans nos dossiers.
Je voudrais également remercier mes collaborateurs des derniers douze
mois qui au cours des prochains douze mois auront à faire équipe
avec moi pour mener à bien les objectifs que nous nous sommes
fixés.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais remercier le ministre et
les hauts fonctionnaires qui l'accompagnaient qui nous ont
éclairés. Je voudrais en particulier remercier le ministre de sa
patience mais je voudrais dire en terminant, peut-être, que je n'ai pas
beaucoup changé d'idée, à examiner de près les
crédits, sur ce que je disais au point de départ.
Je pense que le ministre, effectivement, a un certain nombre de
tactiques dont certaines sont fort valables dans le domaine industriel, mais je
cherche encore sa stratégie.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Les crédits, pour l'année
financière 1974/75, du ministère de l'Industrie et du Commerce
étant adoptés, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 5)