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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Etude du projet de loi no 48
Loi modifiant la loi de l'aide
au développement industriel du
Québec
Séance du lundi 29 juillet 1974
(Vingt-deux heures trente-huit minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs !
La commission permanente de l'industrie et du commerce, du tourisme, de
la chasse et de la pêche commence ce soir l'étude du projet de loi
no 48, Loi modifiant la loi de l'aide au développement industriel du
Québec.
Pour la séance de ce soir, M. Harvey (Dubuc) remplace M. Cadieux
(Beauharnois); M. Lariviè-re (Pontiac-Témiscamingue) remplace M.
Côté (Matane); M. Lecours (Frontenac) remplace M. Houde (Fabre);
M. Bonnier (Taschereau) remplace M. Lachance (Mille-Iles); M. Malépart
(Sainte-Marie) remplace M. Simard (Richelieu).
J'aimerais suggérer que M. Tremblay (Iberville) agisse comme
rapporteur de la commission. Est-ce que cette motion est agréée?
Agréé.
Je cède immédiatement la parole au ministre de l'Industrie
et du commerce.
Aide financière
M. SAINT-PIERRE: Merci, M. le Président.
A l'article 1 c'est peut-être l'article le plus important
du projet de loi il y a quelques mots qui sont changés. Il y a
des phrases qui sont ajoutées. Je voudrais simplement, pour les membres
de la commission, les repasser les uns après les autres.
La première chose importante, c'est que nous avons enlevé
l'exigence d'un investissement minimum de $150,000 au paragraphe a ). Avant,
à l'article 2 a), nous avions "font au Québec un investissement
d'au moins $150,000". Ceci a été enlevé.
Deuxièmement, nous avons substitué le mot "moderne" au mot
"avancée" dans l'expression "technologie avancée". Il semble
qu'il était plus conforme aux faits de parler d'une technologie
moderne.
Troisièmement, au tout début du paragraphe 2, il y a une
addition importante. De par la loi, le ministre était chargé
avant uniquement de transformer la structure industrielle, alors que dans le
texte de l'article 2 du projet de loi 48, le conseil des ministres lui donne le
mandat de "stimuler le développement économique" de la
province.
Maintenant, au paragraphe 2 b), on a ajouté "consolident leurs
moyens de production ou mettent en commun leurs opérations en tout ou en
partie." Ceci est ajouté par rapport au texte de loi actuel. Ceci vise
ce qu'on appelait les groupements d'entreprises, c'est-à-dire qu'on
pourrait avoir une aide à la discrétion du conseil
d'administration, sujet aux approbations habituelles pour des gens qui ne
feraient pas des investissements, mais qui pourraient mettre en commun, en tout
ou en partie, leurs opérations.
Il nous semble, dans le contexte actuel, que demander la fusion
particulièrement des entreprises autochtones, c'est une barrière
difficile à franchir. Il y a toujours beaucoup de personnalités
fortes et leur demander, du jour au lendemain, de fusionner juridiquement leurs
entreprises est à peu près impossible.
On espère et on a eu quelques cas récents
intéressants que, par des groupements d'intérêts,
soit des groupements d'achat, de financement, à l'exportation, où
des entreprises assistées par l'Etat vont apprendre à travailler
ensemble, ce pourrait être un premier pas qui, éventuellement, va
mener plus facilement à des fusions juridiques qui nous donneraient des
entreprises de plus grande taille. Je vous donne un cas d'espèce. Il y a
une quantité innombrable d'entreprises dans le meuble au Québec.
Je prends des cas que je connais. Demander, du jour au lendemain, à
Victoriaville Furniture de se fusionner avec Victoriaville Specialties, c'est
demander à des personnalités fortes d'accepter, du jour au
lendemain, qu'un seul des deux soit président, que le conseil soit
changé. C'est à peu près impossible. Mais que l'Etat aide
ces deux entreprises à conquérir des marchés nouveaux, en
leur apportant une aide financière, ce pourrait être un premier
pas qui mènerait logiquement, dans une période de temps, à
des tailles d'entreprises beaucoup plus grandes.
Finalement, il y a le dernier paragraphe qui est ajouté et qui
touche l'aide financière aux entreprises manufacturières ou
commerciales qui, conformément aux règlements, exportent des
biens manufacturiers au Québec, comme je l'ai mentionné. L'agence
fédérale, qui assure les exportations, ne le fait que pour des
contrats de $1 million et plus. Cela viserait à accorder un programme
particulier qu'on pourrait avoir. Il n'est pas question de donner de l'argent
seulement pour le plaisir de la chose, mais d'avoir un programme qui viserait
à défrayer des dépenses reliées à la
pénétration de marchés nouveaux à l'exportation. Il
faut tenir compte de l'aspect juridique des choses. Souvent, les
sociétés qui se spécialisent dans l'exportation ne
seraient pas, à proprement parler, des sociétés qu'on
pourrait qualifier en termes d'entreprises manufacturières, bien
qu'effectivement le produit qu'elles vendent soit un produit manufacturé
au Québec, mais l'entité légale qui fait cela est une
société de gestion qui se spécialise dans
l'exportation.
J'ai mentionné dans ma réplique qu'en Ontario, en
particulier, ce sont $100 millions, en
deux ans et demi, qui ont été prêtés ou qui
ont été garantis à des taux d'intérêts
réduits, à des sociétés qui se
spécialisaient dans l'exportation en bas de $1 million.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: Merci, M. le Président. En ce qui concerne l'article 2,
M. le ministre, je me demande s'il n'y aurait pas lieu de mentionner
expressément le développement régional. C'est certainement
l'un des objectifs sur lesquels vous avez le plus appuyé dans votre
discours de deuxième lecture, tout à l'heure. Je note que
l'article 2 se réfère à l'objectif qui consiste à
"stimuler le développement économique et la transformation de la
structure industrielle du Québec."
Je me demande si cet objectif de transformation de la structure
industrielle est vraiment ce que vous poursuivez par la loi existante, le
chapitre 64 de 1971, et par le bill no 48. Ne serait-ce pas à la fois
moins ambitieux et plus réaliste de vous référer au
développement régional et à la stimulation de la petite et
moyenne entreprise plutôt que de prétendre, d'une manière
un peu trop ampoulée, transformer la structure industrielle du
Québec? Ne serait-ce pas à la fois plus modeste et plus
réaliste?
Quand vous nous dites que vous voulez favoriser c'est une
addition que pour ma part je ne saurais qu'accepter la participation
accrue de la population québécoise à l'activité
économique, de la création d'emplois, ou de stimuler le
développement économique, nous sommes d'accord. Tout cela
paraît réaliste et peut être atteint dans une certaine
mesure par le projet de loi. Mais est-ce que vraiment vous prétendez
transformer la structure industrielle du Québec par les moyens que vous
vous donnez par cette loi?
Je ne fais pas de proposition formelle d'amendement à l'article
2. Je me pose simplement la question. Est-ce que ce ne serait pas
représenter les choses plus exactement?
M. SAINT-PIERRE: II y a deux réactions que je pourrais donner
à ceci, M. le Président. Premièrement, la transformation
de la structure industrielle du Québec, je pense bien qu'il faut la voir
quand même sur une période à long terme. Il y a une
étude qui a été donnée d'ailleurs à tous les
députés membres de la commission, publiée en
décembre dernier, qui montrait les effets de l'aide de la SDI
vis-à-vis de la structure industrielle du Québec. Même si
les résultats n'étaient pas spectaculaires, puis-qu'en
particulier ils ne touchaient que la première année ou la
première année et demie du fonctionnement de la SDI, ils
étaient quand même marquants, c'est-à-dire que,
contrairement au ministère fédéral de l'Expansion
économique, qui accorde la même aide, peu importe la nature des
emplois créés, c'est-à-dire que c'est tant par emploi et
plus vous êtes loin de Montréal, plus vous avez d'argent, la SDI
n'a pas comme principe de dire: On va donner tant par emploi ou tel
pourcentage. Pour avoir de l'aide selon l'article 2 a), il faut
nécessairement d'ailleurs j'avais des statistiques, je pense que
c'est la minorité des projets qui nous sont soumis qui répond aux
exigences de l'article 2 a) que les salaires payés soient
au-dessus de la moyenne. Il faut que ce soient des biens qui seront
exportés, il faut que la productivité soit au-dessus de la
moyenne.
Ce n'est pas seulement le jugement d'un analyste qui regarde
l'entreprise et qui dit: C'est dans l'électronique, ça doit
être dans l'article 2 a). Peu importe le projet, on l'analyse, on dit
quels sont les salaires payés, quelle est la productivité par
employé, c'est une analyse très détaillée et si
ça ne passe pas la grille minimale, on la rejette. Il y a des cas qui
peuvent être marginaux, vous en avez peut-être cité
quelques-uns. Il y a des considérations comme de savoir qui sont les
propriétaires, si c'est près de Montréal ou loin de
Montréal. Tous ces facteurs peuvent jouer un peu. Mais,
fondamentalement, je pense que le programme de l'article 2 a) aide à
transformer la structure industrielle au Québec. Premier constat, certes
modeste, mais sur une période de dix ans, je pense, je vous donne
seulement quelques chiffres, si on prend les industries il ne faut pas
que je me trompe qui ont une productivité au-dessus de la moyenne
nationale et qui paient des salaires au-dessus de la moyenne nationale, 33 p.c.
des employés du secteur secondaire en Ontario sont dans ces industries,
l'automobile et des choses semblables, alors qu'au Québec seulement 16
p.c. de nos employés du secteur secondaire sont dans ces secteurs qui
entrent dans ces deux critères de productivité au-dessus de la
moyenne ou des salaires ou de la croissance au-dessus de la moyenne, un des
deux facteurs, je ne sais pas, peut-être que, dans dix ans, au lieu d'en
avoir 16 p.c, on va se retrouver avec des programmes comme la SDI, avec
d'autres efforts, bien sûr, peut-être à 25 p.c,
peut-être à 28 p.c, on aura progressé.
Je pense donc qu'on ne peut pas délaisser cette transformation de
la structure industrielle. C'est notre critère premier. Autrement, on
risque de faire des cercles vicieux si certaines régions, parce qu'elles
étaient dans le textile avant, restent dans le textile, d'autres dans le
vêtement, et ainsi de suite.
Deuxièmement, le point que vous soulevez, de l'aide
régionale, est un point bien important mais je pense que, la mission
gouvernementale n'a pas confié particulièrement à la SDI
cette tâche. En particulier, on se rend compte que l'Office de
planification et de développement, avec les ententes
Canada-Québec, jouit de sommes importantes qui lui permettent, sur le
plan régional, de voir quelles sont les régions qui ont le plus
besoin d'aide de l'Etat. Bien des cas me viennent à l'esprit, bien
sûr. Je vois le député de
Laporte qui est un résidant de Boucherville. Avec la situation de
Boucherville, face au réseau routier québécois, on n'a pas
donné d'aide à la ville de Boucherville pour son parc industriel.
Cela a marché tout seul. Mais dans le cas de Sherbrooke, qui
était le pilier de l'Estrie, on avait des difficultés
énormes et il nous a semblé qu'il fallait mettre passablement
d'argent au niveau des infrastructures pour développer le parc
industriel de Sherbrooke. On peut le faire dorénavant dans d'autres
régions, on a l'intention de le faire, pour apporter des pôles de
croissance.
Disons que la mission de développement régional me
paraît appartenir plus à l'Office de planification et de
développement et à certains projets d'entente comme cela
qu'à celui du Québec.
M. SAULNIER: Comme le note l'article 2 c) également...
M. SAINT-PIERRE: Oui, l'article 2 c).
M. SAULNIER: ... qui nous permet d'avoir une préoccupation
particulière pour la région.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît! M. Saulnier,
juste un instant.
Est-ce que les membres de la commission sont d'accord pour que les
propos que tiendra M. Saulnier, président de la SDI, soient
enregistrés en son nom?
M. MORIN: Oui, absolument. DES VOIX: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): M. Lucien Saulnier.
M. SAULNIER: Je veux simplement ajouter, M. le Président, que,
pour ce qui est d'une mission à l'égard des régions du
Québec, l'article 2 c) déjà contient une disposition
particulière à cette fin.
M. SAINT-PIERRE: Pour les membres, je pense que c'est un secret de
polichinelle et M. Saulnier le confirmera pour moi; si on avait eu, dans des
cas identiques, un projet comme Cabano qui nous serait venu de
Montréal-Est ou de Westmount ou même de la rive sud de
Montréal, on ne serait pas entré dans cela. Nous avons dit: Cette
région n'a pas besoin de cartonnerie, n'a pas besoin d'un projet
semblable avec une si faible rentabilité. Pourquoi avons-nous
été sympathiques à certains projets? C'est peut-être
à cause de 2 c) où on tient compte des difficultés qu'une
région peut éprouver.
Je pense que, dans le Nord-Ouest québécois, c'est la
même chose. Il y a certains projets où ailleurs on aurait dit non,
mais dans le Nord-Ouest, on savait que certaines Coopératives comme
celle de Témiscamingue, dans la région, cela avait un apport
important.
M. MORIN : Bien. Puis-je demander à M. Saulnier s'il pourrait,
très brièvement, nous décrire en quoi les prêts qui
ont été consentis jusqu'ici ont vraiment contribué
à transformer, fut-ce seulement un peu, la structure industrielle du
Québec?
M. SAULNIER: On le trouve dans les derniers tableaux statistiques qui
ont été préparés ou distribués tout au moins
par le ministère de l'Industrie et du Commerce, où on peut noter
une augmentation de la productivité dans certains secteurs, une
augmentation également du salaire moyen payé dans l'industrie,
particulièrement dans les secteurs où la SDI a été
la plus active. On peut le trouver dans les derniers tableaux statistiques qui
ont été distribués par le ministère de l'Industrie
et du Commerce.
M. MORIN: Dans quels secteurs, par exemple?
M. SAULNIER : Sûrement dans le secteur du gros outillage. Il y a
nettement une amélioration de ce côté-là. Je le cite
évidemment de mémoire.
M. SAINT-PIERRE: Je peux peut-être juste ajouter ceci; je voulais
le donner dans la réplique, mais je n'ai pas eu le temps. Si on prend
les industries métalliques primaires, qui est un secteur important, ou
avait des investissements au Québec, en 1970, de $45 millions et, en
1973, on avait des investissements de $115 millions.
Si on prend le secteur des produits minéraux non
métalliques, en 1970, on avait des investissements de $22 millions et,
en 1973, on avait des investissements de $53 millions.
M. MORIN: S'agit-il d'industries de transformation?
M. SAINT-PIERRE: Tout cela, ce sont des industries de
transformation.
M. MORIN: D'accord.
M. SAINT-PIERRE: D'ailleurs, on retrouve cela dans l'article 2 a). Je
n'ai malheureusement pas le document, mais je suis certain que vos services de
recherche l'ont. Il a été distribué à tous les
membres de la commission. En même temps que notre conférence de
décembre dernier, il y avait un des documents parmi les quatre qui
touchait la structure industrielle du Québec et l'effet de la SDI. En
particulier, je vois les programmes de 2 a) qui, dans tous les 124 cas,
touchent la structure industrielle; on en avait, je pense que c'est jusqu'en
décembre 1973, pour $308 millions d'immobilisation. Je prends les
produits chimiques, avec dix cas,
pour $94 millions; le matériel de transport, avec treize cas pour
$26 millions; les appareils électriques, avec 19 cas, pour $24 millions;
les produits métalliques, avec 20 cas, pour $10 millions. Dans d'autres
cas, c'était beaucoup plus faible, par exemple, dans le domaine du
meuble, un cas pour une fusion, je pense, pour l'imprimerie, un cas pour une
fusion; donc pas d'immobilisation, ce sont surtout des programmes. Pour le
textile, quatre cas, bien que, dans le textile, on puisse avoir encore des cas
qui aident la transformation industrielle. Vous pouvez avoir une usine de tapis
dont les salaires moyens et la productivité par employé et la
machinerie font preuve d'avant-garde.
M. SAULNIER: M. le ministre, on a réussi à classer un cas
récemment, même dans la fabrication des vêtements.
M. MORIN: Cette industrie utilise-t-elle de la machinerie plus
moderne?
M. SAULNIER: Absolument moderne, ce qu'il y a de plus moderne.
M. MORIN: Comment voulez-vous procéder, M. le Président?
Voulez-vous adopter le premier paragraphe de l'article 2, d'abord? J'aurais
d'autres questions à poser sur les paragraphes suivants.
LE PRESIDENT (M. Picard): On pourrait commencer par l'article 1?
M. MORIN: Oui, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 1 a trois paragraphes a), b) et c),
est-ce que vous voulez les adopter un à un?
M. MORIN: Je préférerais, en tout cas, pouvoir poser des
questions sur les paragraphes a), b) et c). Donc, on pourrait peut-être
procéder à l'adoption du paragraphe d'introduction d'abord ou
alors voter tout l'article.
M. SAINT-PIERRE: Oui, on va répondre à vos questions et,
à la fin, on adoptera tout l'article.
M. MORIN: Comme il conviendra. Voulez-vous que nous passions au
paragraphe 2 a)?
M. SAINT-PIERRE: Oui, cela va.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 1, qui affecte l'article 2 de la Loi
de l'aide au développement industriel, paragraphe a).
M. MORIN: Je m'interroge sur la distinction entre technologie
"avancée" et technologie "moderne".
Quel but poursuivez-vous en introduisant, dans la loi, cette nuance?
Pourquoi aviez-vous dit "technologie avancée" dans le projet de loi
initial, c'était le bill 20 ou 21 M. le ministre?
M. SAINT-PIERRE: Le bill 20.
M. MORIN: Pourquoi dites-vous désormais "technique moderne"?
Quelle est la différence dans votre esprit entre ces deux
expressions?
M. SAULNIER: A l'expérience, nous avons constaté que, dans
tous les cas où on utilise une technologie qui répond au
qualificatif "moderne", on contribue à changer la structure. Si on s'en
tient strictement au qualificatif de "technologie avancée", dans
l'esprit de bien des personnes, dans l'esprit de certains analystes, par
exemple, il ne peut s'agir que des seuls secteurs de pointe. Effectivement,
nous estimons...
M. MORIN: Comme l'électronique, par exemple.
M. SAULNIER: Comme l'électronique, c'est cela, ou enfin
l'étude des satellites ou des secteurs comme ceux-là. Alors qu'en
utilisant le qualificatif "moderne", je pense qu'on dit ce qu'on veut dire, et
cela nous permet de ne pas écarter des projets qui contribuent à
transformer la structure.
M. SAINT-PIERRE: II a dû y avoir des avocats qui ont joué
dans cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Si vous me permettez...
M. PERREAULT: M. le Président, en anglais aussi...
LE PRESIDENT (M. Picard): En anglais, on parle de "advanced
technology".
M. SAULNIER: Peut-être que le traducteur...
M. SAINT-PIERRE: "Modem technology".
M. MORIN: Peut-être serait-ce mieux de faire vérifier la
traduction.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous demandez la version anglaise?
M. MORIN: Je laisse cela au ministre.
M. LECOURS: Le bill 22... français sur les questions
officielles.
M.MORIN: Non, le bill 22 s'applique aux cas de divergence que les
méthodes habituelles d'interprétation ne permettent pas de
concilier; c'est beaucoup plus complexe. J'ai une autre question. Le ministre
ou M. Saulnier pourrait-il
nous donner des exemples, parmi les prêts qui ont
été consentis jusqu'ici, de technologie avancée? Est-ce
qu'il y en a eu?
M. SAULNIER: Sûrement. Le premier qui me vient à l'esprit,
c'est la participation que nous avons prise à l'implantation de la
société Siltek, à Bromont, qui manufacture des
microconducteurs.
M. MORIN: De quand date ce prêt?
M. SAULNIER: Attendez un peu, la veille de Noël.
M. MORIN: C'est tout récent.
M. SAULNIER: 24 décembre. Evidemment, il est maintenant en
production depuis la fin de juin.
Mais nous avons ratifié nos derniers accords la veille de
Noël. Nous sommes en association avec le Centre de recherche industrielle
du Québec également dans ce projet.
M. MORIN: Pourriez-vous nous donner une idée de ce que
représente, dans ce cas spécifique, la technologie avancée
dont vous avez favorisé l'implantation?
M. SAULNIER: La plus avancée, pour vous résumer cela
rapidement... Sur une pièce, un minicircuit d'environ un quart de pouce
de côté, on peut inscrire un millier de mémoires. C'est de
cet ordre-là.
M. MORIN: Je vois.
M. SAULNIER: Cela représente une avance considérable au
point de vue technique. C'est un produit qui est actuellement en très
grande demande. L'expérience, jusqu'ici, est très heureuse.
J'espère qu'elle va s'avérer aussi heureuse jusqu'à la
fin.
M. MORIN: Est-ce une technologie qui a été mise au point
au Québec ou aux Etats-Unis que vous avez décidé
d'implanter ici?
M. SAULNIER: Elle a été mise au point, je pense, aux
Etats-Unis, au Canada, en Europe aussi, bien sûr. L'intérêt
que nous y avons porté est relié également à la
mise au point prochaine d'une autre étape encore plus avancée
dans ces mêmes techniques. Pour arriver à assurer le
développement de la technique la plus avancée, il faut être
en mesure de produire, de façon commerciale et industrielle, le produit
qui répond à la technique la plus avancée au moment
où nous nous parlons. Le CRIQ a déjà des droits et un
brevet sur le pas suivant, la technique...
M. MORIN: Le CRIQ est mêlé à l'affaire? M. SAULNIER:
C'est cela.
M. MORIN: Bien.
M. DEOM: Vos partenaires...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Iberville.
M. SAINT-PIERRE: C'est M. Cook, un américain, qui a
développé cela au début. C'est une longue histoire, mais
c'est venu dans les années 1969/1970 par notre bureau de New-York. Le
CRIQ a été associé à cela, financièrement,
et, par la suite, la SDI. Actuellement, le CRIQ et la SDI doivent
posséder quel pourcentage?
M. SAULNIER: C'est 70 p.c.
M. SAINT-PIERRE: C'est 70 p.c. du capital-actions de l'entreprise. Je
cherche des hommes d'affaires québécois pour reprendre tout au
moins la partie qui appartient au CRIQ.
M. SAULNIER: Déjà, nous sommes sollicités par de
grandes sociétés multinationales pour leur vendre nos
actions.
M. MORIN: Puis-je vous poser une question qui s'éloigne
peut-être un peu de notre problème, mais qui m'intéresse?
Comment avez-vous trouvé le personnel qualifié pour former les
cadres de cette entreprise? Sont-ce des Québécois ou des gens qui
sont venus de l'extérieur?
M. SAULNIER: Les trois piliers sont trois Américains. Nous
travaillons présentement à intégrer, dans Siltek, des
Québécois et des Québécois francophones.
M. MORIN: Pour les employés?
M. SAULNIER: Ce sont des Québécois.
M. MORIN: Ce sont vraiment des Québécois?
M. SAULNIER : Tous.
M. MORIN: Cela représente combien d'emplois?
M. SAULNIER: A peu près une soixantaine, présentement.
C'est 60 ou 70.
M. MORIN: Est-ce que ce sont des emplois hautement
spécialisés?
M. SAULNIER: Ah oui!
M. MORIN: Qui demandent donc un très haut niveau de
connaissances?
M. SAULNIER: Ce qui est fait à Siltek demande une très
bonne connaissance technique, ce qui est fait à Bromont chez Siltek.
M.MORIN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: C'est supérieur à IBM, à Bromont,
comme au niveau de production. Ceux qui ont le minimum d'études sont des
techniciens de CEGEP, alors qu'à Bromont il y a quand même une
main-d'oeuvre...
M. SAULNIER: II y a des éléments qui ne demandent aucune
espèce de technique et qui sont faits à bon marché et
effectivement il y en a, si je ne m'abuse, qui sont faits à
l'extérieur du Canada de façon à rester compétitifs
sur le marché.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. le Président, dans l'implantation de cette
industrie Siltek à Bromont, quel a été le critère
déterminant pour l'établissement de la compagnie à Bromont
même?
M. SAULNIER: Je pense que cela ait surtout été
relié à l'implantation précédente de IBM. C'est
qu'on a tenu pour acquis qu'il serait plus facile de trouver sur les lieux ou
dans les environs du personnel qualifié pour tous les besoins de
l'exploitation.
M. TREMBLAY: Un peu connexes à IBM. M. SAULNIER: Ah oui!
M. MORIN: Puis-je poser une autre question au ministre? Au sujet de la
suppression du minimum de l'investissement de $150,000, est-ce que vous
pourriez nous donner une idée du genre de demandes parvenues à la
SDI qui seraient inférieures à $150,000? Est-ce qu'il existe une
moyenne des demandes qui vous sont parvenues des régions, qui vous
permet de dire que, en allant en dessous de $150,000, vous pourriez faire tant
de prêts de plus?
M. SAULNIER: En gros, je pense qu'on peut dire qu'on en ferait
quelques-uns de plus? Ce qui arrive, dans les faits, c'est qu'on nous soumet
des projets, par exemple, qu'on estime à $133,000. Automatiquement nous
devons les écarter ou renvoyer le requérant avec une suggestion
d'essayer d'ajouter à son projet des éléments qui vont le
rendre encore plus compétitif mais qui vont augmenter son investissement
jusqu'à $150,000 de façon à le qualifier. Nous estimons
que ce n'est pas une bonne façon de procéder. Il y a d'excellents
projets qui nous sont soumis et qui sont estimés à $149,000. A
partir de ce moment-là, il n'y a pas lieu de s'amuser avec les gens et
leur dire: Ecoutez, ajoutez $1,000 de plus. En pratique, c'est ce que nous
voulons. C'est la liberté que nous voulons avoir de ce
côté. Cette disposition ne vise pas, bien sûr, un bon jour,
à nous permettre d'accueillir de petits projets de $20,000, $25,000,
$30,000. En fait, ceux-là, nous n'en avons à peu près
jamais. C'est le genre de travaux au-dessus de $100,000.
M. SAINT-PIERRE: Ce sont plutôt aussi des petites entreprises
où les $150,000 peuvent être un peu trop considérables pour
le rythme de croissance. L'entreprise est obligée d'investir tous ses
profits et $150,000, c'est une bouchée trop grande. J'imagine que, dans
le secteur des plastiques parfois, à l'occasion, de la machinerie...
M. MORIN: Vous ne pensez pas que cela tombera, sauf exception, en bas de
$100,000, par exemple?
M. SAULNIER: Ah non! sauf exception, absolument pas en bas de
$100,000.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'il n'est pas faux, également, M.
Saulnier, de dire qu'on ne prévoit pas être obligé
d'utiliser cette nouvelle disposition dans la région immédiate de
Montréal. C'est surtout, dans une large mesure, peut-être dans les
régions excentriques.
M. SAULNIER: La plupart du temps, habituellement, c'est à
l'extérieur.
M. MORIN: Oui, c'est ce que j'avais cru comprendre à la suite du
discours du ministre.
L'article 2 c) n'est modifié en aucune façon, à ce
que j'ai cru comprendre, par rapport à l'ancienne version? C'est le
même texte?
M. SAULNIER: C'est la même chose.
M. MORIN: Oui. Sauf que, évidemment, on ajoute à la fin,
après l'article 2 c), un nouveau paragraphe...
M. SAULNIER: Oui.
M. MORIN: ... qui se lit comme suit: "Le ministre est également
chargé d'accorder aux fins susdites l'aide financière aux
entreprises manufacturières ou commerciales qui, conformément aux
règlements, exportent des biens manufacturés au
Québec".
Dans mon exposé, tout à l'heure, j'ai soulevé une
question à laquelle le ministre n'a pas répondu; j'allais dire
n'a pas daigné répondre.
M. SAINT-PIERRE: A la fin. Pourquoi commercial?
M. MORIN: C'est cela, mais ce n'était pas clair dans mon esprit.
Votre réponse ne m'a pas donné entièrement satisfaction.
Est-ce que j'ai raison de croire que cela permet non seulement aux entreprises
manufacturières de biens d'exportation mais également à
ceux qui font le négoce de l'exportation, les courtiers en exportation,
d'avoir recours à la SDI?
M. SAINT-PIERRE: Cela pourrait, théoriquement, mais en fait, tout
l'ensemble du paragraphe accroît le champ d'action do la SDI qui,
jusqu'ici, est limitée au facteur immobilisa-
tion dans le secteur manufacturier, et là on le relie à un
nouveau cheminement qui, pour nous, a autant d'importance, c'est-à-dire
permettre des exportations accrues de biens fabriqués au Québec
vis-à-vis de nouveaux marchés. Alors, si on prend l'entreprise
manufacturière, dans le moment, pour une entreprise
manufacturière, nous n'avons pas de programme, ni par le
ministère, ni par la SDI, qui nous permettrait d'aider les entreprises
qui veulent faire la prospection de marché, qui veulent, une fois un
contrat conclu, être capable d'avoir une garantie de prêt. Une
petite entreprise qui, tout à coup, se voit placer une commande
extrêmement importante et qui est obligée d'avoir des inventaires,
de multiplier ces inventaires par cinq, souvent n'a pas la marge bancaire pour
être capable de faire l'opération. Elle a des coûts de
revient parfaits, elle a déniché un bon contrat, c'est rentable,
mais elle n'est pas capable de trouver une marge bancaire qui le lui permet. Ce
paragraphe le lui permettrait, non pas exceptionnellement, mais dans certains
cas, il y a des entreprises commerciales qui pourraient négocier au nom
de plusieurs petites entreprises. Ce sont des cas réels que la SDI
rencontre.
Les gens du meuble, je vous donnais l'exemple tantôt, qui sont
allés au Japon, peuvent décider, pour vendre le meuble
québécois à l'étranger, de constituer une compagnie
qui va faire la partage des frais et qui va vendre les produits de tous nos
fabricants de meubles. Mais cette compagnie, si on interprète la loi que
les législateurs nous donnent, on ne peut pas l'aider parce que ce n'est
pas une entreprise manufacturière. Dans notre esprit, c'est une
entreprise commerciale qui vend, comme on l'a dit, qui exporte des biens
manufacturés au Québec. En d'autres termes, nous ne sommes pas
prêts à aider quelqu'un qui fait le trait d'union entre Hong Kong
et les Etats-Unis en passant par le Québec. On n'entre pas dans cela. Ce
sont des biens manufacturés au Québec.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de...
M. BONNIER: M. le Président, est-ce que cela voudrait dire...
Taschereau, oui. Un nom célèbre, pourtant c'est drôle comme
les gens l'oublient.
Est-ce que cela voudrait dire, M. le ministre, que la SDI pourrait aller
jusqu'à mettre sur pied ou collaborer à la mise sur pied d'une
agence spécialisée en exportation?
M. SAULNIER: Oui, cela pourrait aller...
M. SAINT-PIERRE: Cela pourrait aller jusque-là. On a
examiné toute la question des "trading companies", des maisons de
commerce. Pour l'ancien ministre fédéral de l'Industrie et du
Commerce, c'est un rêve cher qu'il tente de mousser. Il y a certaines
embûches cependant, et il ne faut pas sous-estimer les difficultés
d'une telle entreprise, mais cela pourrait aller jusque-là. Cela
pourrait, en particulier, signifier qu'on mettrait sur pied un certain
programme qui délimite exactement ce qu'on peut aider. Peut-être
que le ministère pourrait aider dans la publicité, dans des
dépenses préliminaires pour faire la prospection de
marchés, des études de marchés et que, dans un
deuxième temps, une fois des contrats conçus, la SDI pourrait
payer le financement à taux réduits des inventaires ou la
garantie de prêts, si elle n'est pas disponible auprès des
institutions habituelles.
M. BONNIER: Cela vous donne quand même la latitude.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. BONNIER: Est-ce que je pourrais vous poser une autre question d'ordre
général par rapport à ce premier article, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Picard): Sûrement.
M. BONNIER: Ici, on semble confier beaucoup de latitude quant au
financement ou à l'aide financière à des entreprises, ce
sur quoi je suis tout à fait d'accord. Je me demande s'il y aurait lieu
également d'inclure des possibilités de contrôle
d'entreprises, lorsque la SDI, par exemple, a tellement investi que la seule
façon de ne pas perdre ses investissements, c'est d'en acquérir,
à toutes fins pratiques, le contrôle. Dans l'exposé du
ministre, je constatais que la part en actions serait limitée à
50 p.c. du capital-actions des entreprises. Est-ce que vous pensez qu'il y
aurait lieu d'insister davantage sur la possibilité de donner des
pouvoirs à la SDI pour prendre le contrôle de l'entreprise?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que la distinction qu'il faut apporter, c'est
qu'en allant jusqu'à 50 p.c. on veut permettre à la SDI
d'être plus un promoteur, dans certains cas, sur le plan industriel,
alors qu'avant, étant limitée à 30 p.c, elle appuyait une
initiative qui venait dans une région donnée. Maintenant, c'est
bien sûr qu'on pourrait prendre des cas précis où l'aide de
la SDI fait suite à une analyse très détaillée du
bilan de la compagnie, des perspectives d'avenir, d'études de
rentabilité. Lorsque le risque devient un peu trop grand, on veut bien
le partager. Souvent, dans des cas, ça va être une des raisons
pour lesquelles on va exiger du capital-actions. Ce sera d'ailleurs dans les
deux extrêmes. Lorsque les possibilités de profit sont immenses,
on exigera également une participation dans du capital-actions. Mais, en
général, dans le cas de la SDI, on tente, dès le
départ, d'indiquer à notre collaborateur de quelle façon
on va sortir de son entreprise. C'est-à-dire qu'on va l'empêcher
de payer des dividendes, on va avoir des exigences sur les salaires des cadres,
on va avoir des fonctions semblables. On va lui dire: Au bout de cinq ans,
suivant telle ou telle modalité, tu pourras nous racheter et tu
pourras nous ravoir. Par le rachat d'actions, en général, on peut
demander un rendement sur le capital investi plus grand qu'un simple
prêt, parce que, dans le capital-actions, on n'a pas les garanties
habituelles qu'on recherche lorsqu'on fait uniquement le financement de
l'entreprise.
LE PRESIDENT (M. Picard) : Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, à l'article 2 b), on parle
d'aide financière pour les industries manufacturières qui
consolident en fusionnant entre elles, ainsi de suite. J'aimerais demander au
ministre s'il y a des secteurs en particulier, actuellement, où on fait
des efforts particuliers pour consolider et fusionner certaines entreprises
pour renforcer la position québécoise.
M. SAINT-PIERRE: En général, ce sera dans des secteurs
où les Québécois francophones sont plus présents,
donc, par définition, dans des secteurs plus traditionnels. On doit dire
que la SDI est encore jeune; elle n'a que trois ans d'existence et
peut-être par absence de ressources et autre chose, c'est un secteur
où elle n'a pas pu déployer tous les efforts qu'elle aurait voulu
faire. Dans le moment, on l'a fait pour le lait, lorsqu'on parle de
Québec-Lait, on l'a fait pour les boulangeries. On a tenté de le
faire dans d'autres secteurs, mais ça n'a pas eu de succès. Je
vous parlais du meuble tantôt. C'est pour ça qu'on voulait
être capable d'aider les groupements d'entreprises. On pense que
ça va être un chemin logique pour mener à de saines
fusions, parce qu'il ne faudrait pas que la fusion devienne une fin en soi. La
fusion n'est bonne que lorsqu'elle nous donne une plus grande entreprise qui
est mieux administrée que la somme des deux parties.
Dans le moment, c'est dans tous les secteurs où la fusion
d'entreprises nous donne des secteurs plus efficaces, plus dynamiques...
M. PERREAULT: Un secteur que j'avais à l'esprit, c'était
le secteur de l'industrie de la chaussure. Est-ce qu'il y a eu des efforts de
faits?
M. SAINT-PIERRE: II y a eu des programmes particuliers qui ont
touché surtout le ministère de l'Industrie et du Commerce avec
Ottawa. Il y a tout le problème des "quotas". C'est un peu comme le
textile. Il y a un programme particulier. Il faut dire que la chaussure, c'est
un peu comme les motoneiges. J'ai hâte de voir les statistiques de cette
année, mais je me demande si finalement il n'y a pas eu forcément
l'élimination de plusieurs personnes qui n'étaient pas capables
de survivre et/ou qui, pour survivre, avaient besoin de tellement de
béquilles que ce n'étaient pas des entreprises réellement
rentables. Ceux qui restent dans la chaussure, je pense, cette année,
vont connaître une très bonne année. Les manufacturiers
canadiens reprennent du poil de la bête dans ce secteur, attachent plus
d'importance au design, attachent plus d'importance à l'exportation.
Ils ont bénéficié de programmes particuliers
établis conjointement par le fédéral et le provincial,
mais des programmes qui ne touchaient pas directement la SDI. C'étaient
plutôt des programmes du ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. PERREAULT: Merci.
LE PRESIDENT (M. Picard): M. Morin.
M. MORIN: Peut-être pourrions-nous revenir une seconde à
l'article 2 b). Est-ce que je me trompe en pensant que la nouvelle version
supprime la référence aux "techniques modernes"? Je la comparais
à l'ancien article 2 b)...
M. SAINT-PIERRE: ... tout en les adaptant aux techniques modernes.
M. MORIN: ... qui voulait consolider leurs moyens de production tout en
les adaptant aux techniques modernes, etc. Avez-vous une explication
particulière pour la suppression de ce membre de phrase?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que le but de la fusion était de
s'assurer que la somme des parties était plus compétitive,
était capable d'accroître sa part de marché.
C'est-à-dire qu'il y avait une certaine ambiguïté en disant:
On prend deux boulangeries, on consolide leurs moyens de production tout en les
adaptant aux techniques modernes, de façon à accroître leur
part du marché et à les faire devenir plus
compétitives.
Quand vous mettez ensemble deux boulangeries dans la région du
Saguenay, disons, bien sûr, nous allons espérer que dans la
fusion, il y a tout un train de mesures qui seront prises au niveau de la
gestion, au niveau du marketing, au niveau de la production, mais de là
à dire: C'est quoi, la preuve? à chaque fois qu'on s'est
adapté aux techniques modernes...
Ce qui nous a semblé important dans la fusion, c'est qu'on ne
donnait pas d'argent parce qu'une compagnie ramassait quelqu'un qui
était en faillite et on ne donnait pas d'argent pour faire
disparaître inutilement un compétiteur et ne pas accroître
le marché. On donnait des subventions ou de l'aide aux deux petites
entreprises qui, fusionnées, étaient capables, en mettant en
commun leurs activités, de devenir plus compétitives et
d'accroître leur part du marché.
Dans les boulangeries, les cas qu'on a eus, c'est qu'on a pris des
boulangeries t on a dit: Dorénavant, au lieu que chaque
boulangerie
soit obligée, une fois par semaine, d'essayer de faire des petits
pains à hot dog, des petits pains à hamburger et tous les pains
spécialisés, une boulangerie de la région aura cette
mission et elle le fera pour tous les marchés de tout un territoire.
Donc, on a spécialisé la production et cela a permis de gagner de
l'argent. On a mis en commun l'achat de la farine.
LE PRESIDENT (M. Picard): Voulez-vous ajouter autre chose, M.
Saulnier?
M. SAULNIER: Si vous me permettez d'ajouter un mot, M. le
Président. Il faut bien garder à l'esprit que, pour les
entreprises du Québec, les petites et moyennes entreprises, le concept
de se regrouper n'est pas un concept qu'elles adoptent facilement. Elles ne s'y
adaptent pas non plus facilement. Tel que le paragraphe b) était
formulé, comportant ce membre de phrase: ... "tout en les adaptant aux
techniques modernes" on obligeait les entreprises qui voulaient fusionner
à deux choses. D'abord, de fusionner et, en même temps, de
modifier leur outillage, par exemple. Dans certains cas, c'est une trop grosse
commande. Il faut commencer par les grouper.
M. MORIN: Je comprends mieux le sens de cette modification. Est-ce que
je pourrais attirer l'attention du ministre sur une légère erreur
qui semble être une faute de frappe, un oubli. On a oublié, avant
le verbe "fusionnent", le mot "se". Ce mot se trouvait d'ailleurs dans
l'ancienne version. Les entreprises ne fusionnent pas, elles "se
fusionnent".
M. SAINT-PIERRE: Très bien, alors on rajoute "se", à la
dernière ligne de la première page, M. le Président,
à l'article 1 "2 b).
M. MORIN: Dernier mot, dernière ligne: "se fusionnent".
M. SAINT-PIERRE: "... se fusionnent" c'est cela, accepté.
M. MORIN: Bien. Pour ce qui est de l'article 2, ce sont là les
questions qui me sont venues à l'esprit, M. le Président. Je
serais prêt à l'adopter.
LE PRESIDENT (M. Picard): ... avec amendement ou ces corrections
sont...
M. SAINT-PIERRE: Oui, avec ces corrections.
M. MORIN: Ce n'est même pas un amendement, c'est un simple
correction de forme.
LE PRESIDENT (M. Picard): Correction. Article 1, adopté. Article
2?
M. SAINT-PIERRE: Article 2 très briève- ment, M. le
Président, nous ajoutons après "l'aide financière peut
être accordée à une entreprise manufacturière pour
l'une ou plusieurs des fins suivantes: on mentionne les paragraphes a),
b), c), d) e) l'achat d'actions d'entreprises manufacturières ou
commerciales visées à l'article 2", c'est-à-dire qui sont
impliquées dans les biens de production. C'est simplement pour dissiper
une ambiguïté possible, puisque tout l'esprit de la loi visait
plutôt, si on prend l'article 4, l'achat, la construction,
l'amélioration, l'agrandissement d'usines, l'achat de machineries,
l'acquisition de brevets, c'est simplement le paragraphe d) qui était le
fond de roulement. Le paragraphe e) serait "l'achat d'actions d'entreprises
manufacturières ou commerciales visée à l'article 2".
C'est une ambiguïté, parce que, dans le moment, lorsqu'il y avait
un achat d'entreprise, ce n'était pas clair qu'on pouvait
réellement subventionner.
M. MORIN: Bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 2, adopté?
M. MORIN: Oui, adopté, parce que, à notre avis, c'est un
moyen d'intervention qui améliore les mécanismes de la SDI.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 3. Le député
d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. le Président, quand le ministre dit un moyen de
subventionner, en vertu de ce que nous venons de voir, est-ce que c'est une
subvention ou une aide financière sous forme de prêts? Les
deux?
M. SAINT-PIERRE: C'est toujours une aide financière reliée
à un prêt. Quand je parle d'une subvention, c'est lorsque nous
prenons à charge une partie du coût de financement. Si le type est
obligé d'emprunter à 12 p.c, nous lui disons: On va vous
rembourser 4 p.c. de vos frais de financement. Cela veut dire qu'à
chaque mois ou à chaque année, devant son coût de
financement, on lui donne 4 p.c. C'est comme une subvention...
M. TREMBLAY: A un moment donné d'une transaction
d'opération...
M. SAINT-PIERRE: ... reliée à des performances.
M. TREMBLAY: II n'y a pas de subvention proprement dite.
M. SAINT-PIERRE: Non, c'est cela.
M. TREMBLAY: Est-ce qu'il y a déjà eu des subventions, en
vertu d'autres programmes?
M. SAINT-PIERRE: Non. Du fédéral, mais pas de la
province.
M. TREMBLAY: Pas du ministère de l'Industrie et du commerce?
M. SAINT-PIERRE: II y en a eu dans les arrêtés en conseil.
Je m'excuse, il y en aurait eu avant les arrêtés en conseil, mais
qui ne sont plus en cours actuellement. Tous nos programmes d'aide à
l'entreprise, sur le plan financier, sont administrés par la SDI
maintenant.
M. TREMBLAY: Ah bon!
M. SAINT-PIERRE: Article 2, adopté?
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 2, adopté.
Article 3?
Prêts
M. SAINT-PIERRE: Cela me semble de concordance.
M. PERREAULT: Adopté.
M. MORIN: Est-ce que le ministre a des commentaires sur l'article 3, qui
se réfère à l'article 6 de la loi existante?
M. SAINT-PIERRE: La loi existante se lit comme suit: "Les prêts
visés au premier alinéa de l'article 5..."
M. SAULNIER: L'explication, si vous le permettez, M. le
Président, c'est la suivante: c'est pour autoriser la
Société de développement industriel, lorsqu'elle fait
elle-même un prêt, à faire, sur son prêt, une prise en
charge. Actuellement, compte tenu des dispositions actuelles, nous ne pouvions
le faire qu'à l'égard d'un prêt contracté
auprès d'une société privée. Dans certains cas,
nous souhaitons pouvoir faire le prêt et, en même temps, une prise
en charge.
M. SAINT-PIERRE: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 3, adopté?
M. MORIN: C'est une prise en charge... M. SAINT-PIERRE: ... du
coût de... M. SAULNIER: Du loyer de l'argent. M. MORIN: ... de
l'intérêt. Oui, d'accord. M. SAINT-PIERRE: D'une partie de... M.
MORIN: Bien, adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 3, adopté.
Article 4?
Achat d'actions
M. MORIN: A l'article 4, j'aurais besoin de quelques
éclaircissements. Quel est le but visé dans le remplacement du
second alinéa existant par celui du bill 48?
M. SAINT-PIERRE: Alors deux buts: premièrement, la participation
maximale de la SDI dans les actions d'entreprise passe de 30 p.c. à 50
p.c, c'est-à-dire lorsqu'on dit... en aucun temps la majorité du
capital-actions... donc, elle peut se rendre jusqu'à 50 p.c.
Deuxième objectif dans cet article 4, c'est-à-dire...
M. MORIN: Passer de 10 p.c. à 30 p.c. de l'actif total.
M. SAINT-PIERRE: De 10 p.c. à 30 p.c. de son actif total.
M. MORIN: J'aimerais obtenir un petit éclaircissement. Cela
signifie que la SDI ne peut en aucun temps prendre le contrôle d'une
société à laquelle elle fait une avance, à laquelle
elle accorde une aide financière. N'aurait-il pas été plus
clair, si telle est la volonté du législateur, d'indiquer un
chiffre comme 49 p.c? Est-ce qu'il n'existe pas une difficulté
liée au fait peut-être que cela ne se présentera pas
dans les faits que si vous pouvez aller jusqu'à 50 p.c. et que la
partie privée elle aussi, conserve 50 p.c, vous créez des
situations où vous n'arriverez pas à prendre des
décisions?
M. SAINT-PIERRE: Je ne le penserais pas, parce qu'en
général, à 50 p.c, lorsque vous avez seulement deux
partenaires, il y a quand même des contrats de gérance, ou enfin
des contrats d'association qui établissent très clairement les
responsabilités de part et d'autre. L'avantage des 50 p.c, bien
sûr, cela joue peut-être moins dans le cas de la SDI, cela permet
de porter l'ensemble de l'actif et du passif dans un bilan consolidé de
l'entreprise, alors que, si vous n'avez que 49 p.c, vous ne pouvez porter
à votre actif que les revenus de la période en cours. Cela joue
moins dans la période de la SDI.
M. MORIN: Oui, je vois. Il y a une raison d'ordre technique, autrement
dit.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. MORIN: Autrement dit, vous avez exclu en principe que la SDI prenne
le contrôle d'aucune de ces entreprises. C'est de choix
délibéré, si je comprends bien; c'est une politique du
gouvernement?
M. SAINT-PIERRE: Oui, ayant à l'esprit que d'autres
sociétés gouvernementales dans certains secteurs donnés
peuvent dans le moment aller plus que 50 p.c. suivant leur charte constitutive.
On pense à SIDBEC, on pense à la SGF, on pense à SOQUIP,
on pense à SOQUEM. Dans le secteur manufacturier, on se dit que pour la
SDI, même à 50 p.c, c'est un rôle qui peut être
drôlement important, mais qu'elle joue un rôle d'apport, de soutien
à des initiatives du secteur privé. Les 10 p.c, il faut dire que,
dans le moment, ils ont pu être presque atteints il y a quelque temps,
mais, maintenant, ils sont loin d'être atteints, je pense que c'est 5
p.c. ou 6 p.c, parce que l'actif de la société a augmenté
substantiellement. Mais on pourrait avoir demain matin un investissement
considérable dans lequel on nous demanderait d'avoir une participation,
disons dans le secteur des richesses naturelles. On nous demanderait d'avoir
une participation de 30 p.c ou 40 p.c. et, à cause de l'ampleur du
projet, cela signifierait que les 10 p.c actuels ne seraient pas suffisants
pour permettre à la SDI de participer. Alors, on hausse cela à 30
p.c Votre actif actuellement est de quoi, de $50 millions?
M. SAULNIER: $50 millions.
M. SAINT-PIERRE: $50 millions. Alors, à 30 p.c, c'est quand
même $15 millions, mais il faut dire que votre actif augmente
constamment.
M. MORIN: Vous avez mentionné le secteur des richesses naturelles
comme étant l'un de deux où des investissements importants
pourraient être faits, mais si j'ai bien compris toute la portée
de ce projet de loi, c'est plutôt dans le secteur de la transformation
que les investissements importants devraient être faits.
M. PERREAULT: La transformation de richesses naturelles...
M. MORIN: C'est plutôt le secteur secondaire que vous tentez de
développer. Si vous allez vraiment agir sur la structure industrielle du
Québec, ce n'est pas au niveau primaire que vous allez arriver vraiment
à des résultats.
M. SAINT-PIERRE: Non, mais aux richesses naturelles, entendons-nous, je
ne parlais pas d'un projet minier, mais...
M. PERREAULT: De transformation de richesses naturelles.
M. MORIN: Vous parliez d'un projet de transformation.
M. SAINT-PIERRE: Transformation, on pensait à une aluminerie, on
peut penser à tout le secteur de transformation de l'amiante, quelque
chose comme cela.
M. MORIN: Je suis prêt à adopter l'article 4.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, je vais peut-être
paraître redondant, mais je reviens à la question de
contrôle, cela me fatigue un peu. Supposons, M. le ministre, que vous
investissiez, vous prêtiez tant d'argent à la compagnie X qui
transforme tel produit et qu'elle connaisse certaines difficultés de
marché à un moment donné, ou que le marché devienne
un peu plus paralysé. Afin de réaliser dans le fond les
prêts que vous avez faits, ou même la part d'action que vous avez
peut-être prise dans cette entreprise, est-ce qu'en principe vous seriez
contre le contrôle, quelle serait votre action à ce
moment-là? Serait-il d'augmenter vos prêts pour qu'elle puisse
augmenter son inventaire et qu'elle puisse développer de nouveaux
marchés?
Ou bien n'essaieriez-vous pas de réaliser vos actifs en prenant
le contrôle de l'entreprise, à supposer que ce soit le type de
gestion qui soit défectueux?
M. SAULNIER: M. le Président, si vous me le permettez, je pense
qu'il y a deux cas qu'on pourrait illustrer comme suit: dans un cas, nous avons
fait un prêt et, en même temps, acheté du capital-actions.
Si nous avons fait un prêt, que la compagnie vient en difficulté
et qu'il y a un défaut, bien sûr, nous pouvons en prendre
possession. Nous pouvons disposer de ses actifs et nous pouvons
également l'exploiter jusqu'à ce qu'on trouve un nouvel
exploitant qui nous satisfasse.
M. SAINT-PIERRE: Tricots Excel.
M. SAULNIER: Bon! Tricots Excel, c'est un exemple.
Dans le cas où nous n'aurions que du capital-actions,
jusqu'à 50 p.c. par exemple, c'est bien sûr que, dans la
convention entre actionnaires, il y a une disposition qui dit que l'autre
actionnaire ne peut pas vendre à d'autres sans notre permission. Alors,
on a un contrôle. Evidemment, il en a un, lui aussi, dans ce sens qu'on
ne peut pas vendre, nous non plus, sans le lui offrir, sans lui donner un droit
de préemption.
M. SAINT-PIERRE: D'ailleurs, il faut dire, si on prenait des cas
très précis, qu'à chaque cas on a quand même bien
des exigences. Exemple: même si vous avez peut-être 700 cas
aujourd'hui, il y en a qui, à tous les trois mois, doivent transmettre
un état financier certifié. Dans d'autres cas, où on a du
capital-actions, on peut avoir une présence au conseil d'administration.
On peut constamment. Evidemment, il y a toujours le risque que ce qui a
été jugé par un analyste et jugé par le conseil
d'administration
comme étant un bon prêt s'avère un mauvais
prêt. Il y a le décès du propriétaire ou quelque
chose comme cela, qui intervient éventuellement. Je pense que les
performances de la SDI sont très bonnes depuis le départ.
M. SAULNIER: Me dit-on, elle est la meilleure au Canada de toutes les
sociétés qui font des prêts. Un demi de 1 p.c. de
pertes.
M. SAINT-PIERRE: Un demi de 1 p.c. de pertes.
M. SAULNIER: Me dit-on. Je n'ai pas vérifié. J'aime
à le dire et à le répéter.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Laporte.
M. DEOM : Est-ce que vous n'avez pas l'impression que vous vous limitez,
avec 30 p.c. de l'actif total?
M. SAULNIER: Oui, sûrement.
M. DEOM: Cela me semble conservateur. Les portefeuilles de caisses de
retraite...
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais là, il faut... M. DEOM: ... vont
jusqu'à 45 p.c.
M. SAINT-PIERRE: L'explication qu'on pourrait donner, c'est qu'il faut
se rappeler que l'actif de la SDI est un peu curieux cela surprend les
gens parce qu'on ne confie pas à la SDI, comme dans le cas des
assurances et des fonds de pension, l'administration de sommes. On dit à
la SDI; Vous avez un programme. Tous les prêts que vous voulez faire...
Pour prendre le terme du maire Drapeau, c'est un robinet qui est ouvert. C'est
comme sa monnaie olympique. Le ministre des Finances envoie à la SDI
tout l'argent dont la SDI a besoin, de telle sorte qu'il n'y a pas de limite
possible pour l'actif pour autant qu'on s'en tient à un programme. On
examine des possibilités, dans le moment, d'assigner non pas des
montants fixes, mais certains objectifs, au cas où on pourrait perdre.
Dans ce sens, l'argent doit être réutilisé pour d'autres
prêts et pour d'autres financements. Donc, il y a une espèce de
rotation qui fait que si, tout à coup, vous avez trop d'argent qui est
immobilisé, cela demande, de la part des Finances, un montant accru. Je
ne sais pas si c'est l'explication.
M. SAULNIER: J'ajouterais ceci, M. le Président, c'est qu'en
pratique également, il va être difficile, je pense, d'atteindre
même ce pourcentage, ces 30 p.c. de notre actif. Contrairement à
ce qu'on dit dans beaucoup de milieux, soit qu'il faudrait que la SDI ou
d'autres sociétés soient plus actives dans la participation au
capital-actions des sociétés, les faits démontrent que les
propriétaires d'entreprise ne sont pas pressés de se
départir d'une partie de la propriété de leur entreprise.
Le risque que les 30 p.c. soient une contrainte, je pense qu'il est inexistant
dans l'état actuel des choses, tout au moins.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 4, adopté. Article 5?
M. MORIN: Adopté. A l'article 5, si j'ai bien compris la
portée de la modification apportée à l'article 8, il
s'agit tout simplement de permettre la prise en charge, par la
société, en faveur de l'entreprise, du remboursement d'une partie
d'un emprunt non seulement en faveur des entreprises visées aux
paragraphes a) ou b) de l'article 2, mais aussi au bénéfice d'une
entreprise visée au deuxième alinéa de l'article 2,
c'est-à-dire les entreprises manufacturières ou commerciales qui
exportent des biens manufacturés au Québec. C'est bien cela?
M. SAULNIER : C'est cela.
M. MORIN; Je n'ai pas d'autre question.
LE PRESIDENT (M. Picard): Y a-t-il d'autres questions sur l'article 5?
Adopté. Article 6?
Vente ou location d'immeubles
M. SAINT-PIERRE: Les dispositions actuelles permettent à la SDI
de construire des immeubles pour des fins manufacturières, pour les
vendre ou les louer aux conditions jugées appropriées par le
lieutenant-gouverneur en conseil. On ajoute une chose: "Avec l'approbation
prévue à l'alinéa précédent, la
société peut vendre ou louer ces immeubles à des
entreprises commerciales à défaut de pouvoir le faire à
des entreprises manufacturières''. On pourrait avoir le cas d'une
entreprise érigée à Granby; la moitié de
l'entreprise est vendue à une entreprise manufacturière et
l'autre moitié nous reste sur les bras pendant six mois, et, tout
à coup, pour les fins commerciales, on aurait un bon rendement. Ce sont
les limitations que nous avions actuellement qui nous semblaient un peu
exigeantes.
Dans le deuxième paragraphe, si on avait une bâtisse
industrielle à Alma et que le conseil économique de l'endroit en
administre déjà deux ou trois, on voudrait, par cet
alinéa, que la société ait le pouvoir de conclure une
entente avec la municipalité d'Alma pour l'entretien et la gestion de la
bâtisse, au lieu d'être obligée de le faire de
Québec.
M. MORIN: Ce serait aux bons soins du commissariat industriel de la
ville d'Alma?
M. SAULNIER: De la municipalité même.
M. SAINT-PIERRE: De la municipalité même. En fait, ce qu'on
dit ici, c'est parce qu'on a beaucoup de demandes, dans le moment, de la part
des municipalités. On dit: "A ses frais s'ils sont vacants", parce que,
souvent, la municipalité nous présente de bons mémoires
pour dire que, si on bâtissait, tout serait rempli, et on dit "aux frais
de la société s'ils sont loués".
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: M. le ministre, est-ce que cela peut vouloir dire que la
SDI pourrait acheter des bâtisses actuelles qui appartiennent aux
municipalités, en vertu de leur fonds industriel?
M. SAINT-PIERRE: Je dirais que non. Pour construire seulement. Y a-t-il
des problèmes?
M. PERREAULT: II y a plusieurs municipalités qui sont prises avec
des bâtisses.
M. SAINT-PIERRE: II y en a plusieurs autres qui voudraient avoir les
mêmes pouvoirs que les municipalités avaient avant.
M. PERREAULT: Oui, mais il y a aussi le cas inverse.
M. SAINT-PIERRE: Je ne sais pas si la commission serait d'accord. Ce
serait peut-être utile de se donner, dans la loi, le pouvoir de les
acheter.
M. SAULNIER: A un $l,oui.
M. SAINT-PIERRE : Pas les acheter à un $1.
M. PERREAULT: Les acheter à une valeur déterminée
par entente.
M.TREMBLAY: Vous parlez des bâtisses...
M. PERREAULT: Des bâtisses qui ont été construites
par les fonds industriels des municipalités.
M. TREMBLAY: ... qui éventuellement se vident, quoi?
M. PERREAULT: C'est parce qu'autrefois c'étaient les
municipalités qui avaient la responsabilité du
développement industriel complet. Le ministère n'était pas
présent beaucoup là-dedans, dans ce temps-là.
M. TREMBLAY: Elles pourraient être rachetées par la
SDI.
M. PERREAULT: Que vous ne soyez pas forcé, mais que vous ayez la
possibilité de le faire, M. le ministre.
M. SAINT-PIERRE : Je ne suis pas un expert dans cela. Y a-t-il beaucoup
de municipalités qui ont des bâtisses.
M. TREMBLAY: Oui, il y en a.
M. PERREAULT: II y en a plusieurs.
M. TREMBLAY: Dans tout le Québec, il y en a plusieurs.
M. SAINT-PIERRE: A la prochaine révision de la loi!
M. PERREAULT: J'en avais déjà parlé, la
dernière fois, M. le ministre.
M. SAINT-PIERRE: C'est vrai, je me le rappelle.
M. MORIN: J'attire votre attention sur une petite difficulté de
vocabulaire. Quand vous dites: "La société peut confier à
une municipalité et une municipalité peut accepter que la
société lui confie un mandat aux termes duquel elle, "je crois
avoir compris que "elle" se réfère à la
municipalité, mais la dernière entité mentionnée
dans l'article, c'est la société. Je ne pense pas qu'il puisse
vraiment y avoir confusion, mais ce serait plus précis si vous disiez
"un mandat aux termes duquel la municipalité administrera et
entretiendra ces immeubles situés dans son territoire."
M. SAINT-PIERRE: Cela va. J'accepte l'amendement.
M. MORIN: Ce serait purement une "avocas-serie", peut-être, mais
cela clarifie le sens. Je pense que la référence au territoire,
qui suit, rend clair le fait qu'il s'agit d'une municipalité. Mais, en
bon français, je pense que la "municipalité", cela serait encore
plus clair.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que le chef de l'Opposition pourrait me
donner le texte de son amendement?
M. SAINT-PIERRE: Remplacer le mot "elle" par "la
municipalité".
M. MORIN: Le mot "elle", dans la quatrième ligne du second
paragraphe, par "la municipalité".
UNE VOIX: Le chef de l'Opposition applique déjà...
UNE VOIX: II va être nommé commissaire à la
langue.
LE PRESIDENT (M. Picard): Remplacer le mot "elle" par...
M. MORIN: A Dieu ne plaise!
LE PRESIDENT (M. Picard): ... les mots "la municipalité".
M. DEOM: C'est bien cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Cet amendement est adopté?
Adopté. L'article 6 tel qu'amendé est-il adopté?
M. MORIN: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 7?
M. SAINT-PIERRE: L'article 7 est de concordance.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 7, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 8?
Conseil d'administration
M. DEOM: II y a combien de membres à l'heure actuelle?
M. SAULNIER: Treize. Cela ne change pas.
M. PERREAULT: Ce n'est pas un chiffre chanceux.
M. MORIN: L'article 8 permet le cumul des postes de président et
de directeur général de la société. Est-ce que le
ministre pourrait nous expliquer les raisons qui militent en faveur de cette
nouvelle disposition?
M. SAINT-PIERRE: En fait, c'est simplement pour... La loi actuelle
n'excluait pas la possibilité que le président et le directeur
général soit la même personne. C'est simplement pour mettre
cela très clair. Cela n'est pas majeur.
UNE VOIX: II n'a pas été poursuivi, le PDG. M. TREMBLAY:
C'est le PDG Saulnier. M. MORIN: II n'y a pas de raison majeure? M.
SAINT-PIERRE: Non.
M. MORIN: La loi ne l'interdisait pas, de toute façon.
M. SAINT-PIERRE: La loi disait que la société est
formée des membres suivants: a) un président; b) un directeur
général et c) un vice-président.
M. MORIN: Oui, en effet c'était peu clair...
M. SAINT-PIERRE: N'étant pas un avocat, j'ai nommé M.
Saulnier président et directeur général, mais
peut-être que là c'est mieux.
M. MORIN: ... un peu ambigu. Bien, nous sommes prêts à
adopter l'article.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député d'Iberville.
M. TREMBLAY: Qui est le vice-président, M. le
Président?
M. SAINT-PIERRE: Le vice-président, actuellement, c'est...
M. SAULNIER: M. Michel Paris.
M. SAINT-PIERRE: M. Michel Paris, de la Caisse de dépôt. M.
Prieur a été là pendant longtemps.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 8, adopté. Article 9?
Comité exécutif
M. SAINT-PIERRE: L'article 9 permet au conseil d'administration de la
société de constituer un comité exécutif auquel il
délègue une partie de ses pouvoirs. Il confie aussi
l'administration courante de la société au directeur
général.
M. PERREAULT: C'est au conseil d'administration de déterminer les
pouvoirs à être cédés.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. MORIN: Pourriez-vous nous dire, M. le ministre, quels sont les
pouvoirs qui seraient délégués en pratique au conseil
exécutif de la sorte?
M. SAINT-PIERRE: Le conseil d'administration, par règlement,
suivant la réglementation approuvée par le lieutenant-gouverneur
en conseil, pourrait confier au comité exécutif l'approbation de
certains prêts mineurs; cela se fait dans le moment, c'est statué
là-dedans.
M. SAULNIER: C'est surtout dans ce domaine.
M. SAINT-PIERRE: C'est surtout dans ce domaine, dans le moment, que le
directeur général peut prendre telle ou telle autorisation, que
l'exécutif peut aller à tel ou tel montant; par après,
c'est au conseil d'administration de décider.
M. SAULNIER: En pratique, M. le Président, les formules de
déboursement, par exem-
ple, doivent être approuvées par le comité alors
qu'en fait, il est dans l'ordre, de les approuver administrativement, tout
simplement.
M. SAINT-PIERRE: Adopté? M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 9. Adopté. Article 10.
M. MORIN: Cela va à l'article 40.
M. SAINT-PIERRE: C'est parce qu'on a élargi un peu, dans la loi
actuelle, le type d'entreprises avec lesquelles on transige. Comme l'article 40
actuel touchait le caractère confidentiel des renseignements relatifs
à une entreprise de fabrication qui bénéficie de la
présente loi, on a simplement, avec l'article 10, enlevé les mots
"de fabrication" pour dire "les renseignements relatifs à une entreprise
qui bénéficie de la présente loi".
M. MORIN: Parce que, dans les articles antérieurs, vous avez
autorisé les prêts au secteur commercial.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 10. Adopté. Article 11.
M. MORIN: J'ai demandé des explications à ce sujet tout
à l'heure, M. le ministre, dans mon intervention. La SDI peut
émettre des obligations industrielles qui sont déjà
exemptes d'impôt, si je ne m'abuse?
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. SAULNIER: Si elles sont achetées par un particulier.
M. MORIN: Si elles sont achetées par un particulier. Et
maintenant, ce sont les successions qui jouissent du même
privilège. Est-ce qu'il ne convient pas d'imposer des limites à
ce genre d'exemptions, de déductions?
M. SAINT-PIERRE: II y a des maximums prévus. La loi mentionne
bien: "Les maximums prévus par les règlements adoptés en
vertu de ladite loi."
M. MORIN: Quels sont les maximums à l'heure actuelle?
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas eu encore de règlements.
M. SAULNIER: On n'a pas encore exercé ce droit.
M. MORIN: Mais vous allez adopter ces règlements au cours des
mois qui viennent?
M. SAULNIER: En pratique, ce qui va arriver, c'est que si le
gouvernement souhaitait que la société se finance par la vente de
titres comme ceux-là, à partir de ce moment-là, il va
falloir faire un règlement et, dans le règlement, le gouvernement
dira: Les successions peuvent en acheter mais pour un maximum de temps, par
exemple. C'est le règlement qui le dira.
M. MORIN: Oui. Et vous n'avez aucune idée, à l'heure
actuelle, du genre de montant?
M. SAULNIER: Moi, je crois qu'il serait prématuré de fixer
un montant, tant qu'on n'aura pas décidé d'offrir les titres.
A ce moment-là, on fera une vérification de ce qui peut
être vendu, à qui et à quel montant.
M. SAINT-PIERRE: II y a une espèce de dilemme.
M. SAULNIER: Actuellement, on n'en a pas sur le marché. Le dire
d'avance, cela pourrait nous créer un problème au moment
où on voudra le faire.
M. SAINT-PIERRE: Je comprends le dilemme du chef de l'Opposition. Bien
sûr, si le montant était de $500,000, il y aurait un
élément d'injustice sociale là-dedans. Par contre, si le
montant est de $1,000, on est aussi bien d'oublier le fait qu'on va être
capable de vendre des obligations; c'est peut-être un montant trop
faible.
M. MORIN: Mais, entre les deux, il y a une marge
considérable.
M. SAINT-PIERRE: Entre les deux, oui.
M. MORIN: J'aimerais savoir où tombera le couperet.
M. SAINT-PIERRE: Pour stimuler l'épargne des
Québécois et aider la SDI dans son financement, tout en
évitant ce qui pourrait paraître, sur le plan fiscal, comme une
injustice ou un...
M. MORIN: N'est-ce pas un véritable moyen d'évasion par
rapport à l'impôt successoral, à la limite?
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais il y aurait quand même des limites. Il
faut bien voir qu'il n'y aura pas un régime particulier pour les
successions. Je vois simplement la succession comme le prolongement de l'actif
d'un type qui bénéficiait de cela quand il vivait et sa
succession le reprend. Maintenant, c'est quoi, la limite? Je ne le sais
pas.
M. SAULNIER: Evidemment, il faudrait en fixer une, au moment où
on ferait le règlement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté? Article 11, adopté.
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 12?
Garantie d'emprunts
M. SAINT-PIERRE: Dans la loi actuelle, il y avait, pour une raison ou
une autre, une mention spécifique. Ces obligations de la SDI
n'étaient pas garanties par la province. Le fait d'avoir cela dans la
loi, c'était presque dire...
M. SAULNIER: Ce n'est pas vendable.
M. SAINT-PIERRE: ... ce n'est pas vendable, en d'autres termes. On ne
dit pas que c'est garanti par la province, forcément, mais on
enlève la mention que ce n'est pas garanti par la province.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord là-dessus?
M. MORIN: Oui, cela va.
LE PRESIDENT (M. Picard);: Article 12, adopté. Article 13?
M. MORIN: Voulez-vous nous laisser le temps de le lire correctement, M.
le Président?
LE PRESIDENT (M. Picard): Absolument, on a encore onze minutes.
M. PERREAULT: L'article 13 est un ordre au ministre des Finances.
M. SAINT-PIERRE: On avait déjà, dans l'article 46 actuel,
une disposition par laquelle le ministre des Finances devait verser le manque
à gagner de la société, c'est-à-dire la prise en
charge et les intérêts à taux réduit. Là, on
ajoute une dispositon en ce qui touche les pertes éventuelles qui
pourraient résulter de la société, pour l'application de
l'article 10, c'est-à-dire les bâtisses industrielles qui
n'étaient pas couvertes avant.
M. MORIN: Nous sommes d'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 13, adopté. Article 14?
M. MORIN: C'est un peu plus compliqué.
M. SAINT-PIERRE: C'est tout le pouvoir de réglementation. En
fait, dans nombre de cas, ce sont plutôt des concordances avec tout ce
que nous avons discuté jusqu'ici. Je ne sais pas si vous voulez les
prendre un par un, mais enfin, au paragraphe a), on va enlever le mot
"manufacturières". On a parlé de déterminer les
catégories d'entreprises manufacturières, les ré- gions du
Québec à l'égard desquelles l'aide financière doit
être accordée de préférence et les facteurs
économiques et sociaux qui doivent servir de guide dans le choix des
entreprises. On enlève "manufacturières", en remplaçant
les quatre premières lignes du paragraphe b) du premier alinéa
par ce qui suit: on l'a "établir les..."
M. MORIN: La suppression du mot "manufacturières", se fait encore
dans le contexte où l'on ajoute "les entreprises commerciales"?
M. SAINT-PIERRE: Oui. C'est cela. M. MORIN: D'accord.
M. SAINT-PIERRE: Au paragraphe h), c'est pour ajouter la question des
programmes d'exportation. En fait, ce sont plutôt des concordances face
à tout ce qu'on a changé jusqu'ici.
M. PERREAULT: Au paragraphe n), c'est pour déterminer le volume
d'exportation des entreprises, les critères de volume?
M. SAINT-PIERRE: Non, "déterminer, pour les fins du
deuxième alinéa", au deuxième alinéa de l'article
2, c'était le programme d'exportation. Cela donnerait un pouvoir de
faire des règlements pour déterminer les entreprises
manufacturières et commerciales qui peuvent être
considérées comme exportant des biens manufacturés au
Québec et les conditions qu'elles doivent remplir pour avoir le droit de
recevoir l'aide financière.
M. PERREAULT: Autrement dit, cela prend un certain volume d'exportation
pour...
M. SAINT-PIERRE: Oui, et après cela, il faut voir le gars qui
vend... Je vous donne des cas. Je pense bien qu'à la SDI, on ne peut pas
dire qu'il y a un cas qui suit l'autre. Le type qui exporte de l'amiante, ce
n'est pas vrai que, demain matin, on va lui donner une prime parce qu'il vend
de l'amiante au Québec, même si cela fait cinquante ans qu'il fait
cela. Il y a la question de pénétrer de nouveaux marchés,
il y a la question de croissance de volume, il y a la question de la
difficulté de la concurrence, etc. Chaque cas est un peu cela.
M. MORIN: M. le ministre, vous avez mentionné, sotto voce mais
vous l'avez tout de même mentionnée, l'idée que ce projet
est orienté vers le développement de l'industrie francophone.
Est-ce un critère qui peut entrer en ligne de compte? Je vois que le
président, qui sera PDG si le projet de loi est adopté avant
minuit, acquiesce. Est-ce que c'est un critère?
M. SAINT-PIERRE: Oui, je pense, M. le Président, qu'on le
retrouve d'une façon... A l'article 2 on n'en a pas parlé
tantôt.
Mais à l'article 1 qu'on a voté et qui amendait l'article
2, "une participation accrue de la population québécoise à
l'activité économique", c'est un objectif que nous n'avions pas
avant, cela.
M. MORIN: Oui, mais la population québécoise je ne
voudrais pas revenir sur tout le débat du bill 22 comprend une
certaine minorité anglophone aussi bien qu'une majorité
francophone.
M. SAINT-PIERRE: D'accord, alors une participation accrue de la
population québécoise, cela voudrait dire que, dans
l'activité économique on retrouve l'équilibre sur le plan
sociologique qu'on a. Donc, on vise à nommer...
M. MORIN: Selon les théories de la Chambre de commerce de
Montréal, si je comprends bien.
M. SAINT-PIERRE: Non, ce sont mes théories.
M. MORIN: Ce sont également les vôtres.
M. SAINT-PIERRE: Enfin, donc, ce sont deux plans. C'est tout ce que j'ai
mentionné de l'intégration de l'activité des entreprises
multinationales et de la croissance des petites et moyennes entreprises des
autochtones. Je ne pense pas qu'on puisse jouer l'un par rapport à
l'autre.
M. MORIN: L'un par rapport à l'autre.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'il faut jouer les deux.
M. MORIN: Autrement dit, sans le dire, vous favorisez l'entreprise
francophone dans la mesure où, normalement, celle-ci devrait occuper 80
p.c. à 85 p.c. du développement économique. C'est un
objectif lointain, bien sûr, dans votre esprit?
M. SAINT-PIERRE: C'est vrai. Mais conscient également du fait
qu'une entreprise multinationale qui viendra ici... Prenons des cas qu'on a eus
récemment, la pétrochimie pour prendre un cas d'espèce,
dans la polypropylène, qui fait un effort d'intégration, qui
engage des bureaux d'avocats et des bureaux de notaires de Montréal.
M. MORIN: Oh! Ce n'est peut-être pas un critère, cela, mais
enfin, passons.
M. SAINT-PIERRE: Mais non, mais...
M. DEOM: A moins qu'il y ait plusieurs programmes de francisation.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça!
M. SAULNIER: Si vous me permettez, je voudrais ajouter que cela
permettra d'aller jusqu'ici, si on veut: Une entreprise multinationale, par
exemple, qui se conformerait à toutes les dispositions de la loi mais
qui n'accepterait pas de se conformer à cette disposition de l'article
2, la participation de la population québécoise, comme nous la
comprenons, nous pourrions lui refuser toute assistance.
M. MORIN: Une question connexe. Est-ce que le bill 22, dans son
application, vous rejoint également pour ce qui est des subventions
gouvernementales?
M. SAULNIER: M. le Président, je pourrai répondre
dès que je l'aurai lu comme adopté. Mais je ne l'ai pas lu encore
comme adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ce serait hors d'ordre!
M. MORIN: Je ne pose pas la question pour obtenir une réponse ce
soir, mais cela me paraît être une question intéressante
pour l'avenir.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que cet article 14...
M. MORIN: Oui, l'article 14 est adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 15.
M. MORIN: Aussi bien, oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Alors, le projet de loi no 48
est adopté avec amendements.
Nous vous remercions, messieurs, et au nom de la commission, je pense
qu'on devrait remercier le président de la SDI en espérant
qu'avec cette nouvelle loi, il pourra continuer son beau travail.
M. SAULNIER: Et encore un peu plus. Merci.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, messieurs.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)