Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Etude du projet de loi no 4 Loi constituant la
Société
Inter-Port de Québec
Séance du mercredi 11 décembre 1974
(Onze heures vingt-huit minutes)
M. BRISSON (président de la commission pernamente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
La commission de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse
et de la pêche se réunit afin d'étudier le projet de loi no
4, Loi constituant la Société Inter-Port de Québec.
J'aimerais faire part à la commission des changements suivants: M.
Bonnier (Taschereau) remplace M. Côté (Matane); M. Saint-Hilaire
(Rimouski) remplace M. Lachance (Mille-Iles); M. Lachapelle (Chauveau) remplace
M. Simard (Richelieu). On m'a demandé de suggérer à la
commission comme rapporteur, M. Bonnier, député de
Chauveau...
M. BONNIER: Taschereau.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Taschereau, je veux dire.
M. BONNIER: Je suis capable.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'accord, merci, M. Bonnier.
M. CARON: Au même salaire.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Au même salaire. Article 1, est-ce
qu'il y a des commentaires?
Remarques générales
M. MORIN: M. le Président, avant de passer à l'article 1,
le ministre de l'Industrie et du Commerce se souviendra que, dans le discours
que j'ai prononcé en deuxième lecture sur ce projet de loi, j'ai
demandé que soient entendus les principaux intéressés
à ce projet de loi, c'est-à-dire dans mon esprit, d'abord et
avant tout, les représentants de la Communauté urbaine de
Québec, mais également la conférence des maires du
Bas-Saint-Laurent, de l'est québécois comme on les appelle
qui a pris position sur ce projet de loi récemment. Afin
d'être pleinement éclairé sur la portée exacte de ce
projet de loi où il me paraît qu'il reste de nombreux points
obscurs; on pourrait également inviter non seulement la
Communauté urbaine de Québec, mais la ville de Québec, la
Commission industrielle de la rive sud, la
Commission industrielle de Saint-Romuald; le ministère de
l'Expansion économique pourrait peut-être nous envoyer des
représentants pour expliquer exactement quelle est la portée de
la participation fédérale, l'Office de planification et de
développement du Québec, la Chambre de commerce et d'industrie du
Québec métropolitain, et en fait, toutes les entreprises ou les
individus qui seraient intéressés par ce projet de loi. Je
voudrais donc proposer que cette commission, au cours des séances
qu'elle va tenir sur ce projet, reçoive les intéressés,
puisse les interroger, puisse leur donner l'occasion de se prononcer. '
En effet, nous avons pris connaissance publiquement d'un certain nombre
de déclarations, de prises de position, tant de la Communauté
urbaine de Québec que de la conférence des maires, que de divers
autres organismes, mais ces communiqués, ces déclarations
étaient toujours extrêmement laconiques, et je pense qu'il serait
dans le meilleur intérêt de la commission d'entendre ces
parties.
Il est très difficile, en effet, de mesurer la portée, les
retombées de ce projet de loi si nous ne pouvons entendre les
intéressés. Nous l'avons fait pour de nombreux autres projets de
loi. J'avais demandé que cela se fasse avant la seconde lecture. Cela a
été refusé par le gouvernement et par le ministre, et je
pense que nous avons le loisir, comme commission élue, avant la
troisième lecture, d'entendre toutes les parties
intéressées.
Je propose donc, M. le Président, que les représentants de
la Communauté urbaine de Québec, de la conférence des
maires ainsi que tout autre organisme intéressé soient
convoqués devant cette commission parlementaire, afin d'être
entendus sur le projet de loi no 4, constituant la Société
Inter-Port de Québec.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, parlant contre la proposition
du chef de l'Opposition, je dois dire que ce projet de loi de la
Société Inter-Port résulte, dans une large mesure, des
études qui ont été entreprises depuis plusieurs
années sur les problèmes de la région de Québec. En
particulier, ces études ont confirmé le fait que la ville de
Québec et la région administrative de Québec, bien
qu'ayant eu, sur le plan de la croissance économique, de la croissance
d'emplois au niveau démographique, des évolutions
intéressantes, il s'est décelé, cependant, un malaise
très sérieux provenant du déséquilibre dans la
structure économique de l'emploi dans la ville de Québec.
C'est-à-dire une très forte dépendance du secteur
tertiaire en particulier, représenté par la fonction publique
provinciale, la fonction publique municipale et fédérale, de
même que l'industrie touristique et les maisons d'enseignement, et par
une absence très grave d'une proportion normale d'industries
secondaires, non seulement au titre, M. le Président, d'un pourcentage
de la main-d'oeuvre qui peut être dans le secteur secondai-
re, mais au titre également de la faiblesse des industries
secondaires dans la région de Québec. D'ailleurs, je l'ai
évoqué dans mon discours. Ce sont des entreprises de très
petite taille, cantonnées dans des secteurs traditionnels où la
productivité, les salaires, la croissance de la demande sont
extrêmement faibles.
Donc, depuis deux ans, soucieux de participation, le gouvernement a
entretenu plusieurs discussions avec tous les corps représentatifs de la
région de Québec pour en arriver, non pas comme à une
panacée â tous nos problèmes, mais comme à un
élément de solution, à la formation d'une
Société Inter-Port. Le projet ne vise pas à
améliorer le port de Québec lui-même, mais vise à
retirer les avantages que peut procurer, sur un plan d'infrastructures, le port
de Québec et à développer un complexe industriel,
bénéficiant ainsi de sommes prévues par lesdites ententes
que le gouvernement du Québec peut signer, d'une part, avec le
gouvernement d'Ottawa et également des sommes à même les
crédits que vote annuellement ou que pourrait voter l'Assemblée
nationale pour une telle Société Inter-Port.
D'ailleurs, on n'a, comme vous l'avez fait vous-mêmes, qu'à
regarder la composition du conseil d'administration de la future
société pour voir jusqu'à quel point nous avons
tenté non pas de développer l'unanimité autour du projet,
mais un large consensus, de faciliter la concertation entre les parties.
Or, comme le projet est à l'étude depuis deux ans, il est
bien sûr que si la commission devait consacrer des heures à
entendre les mémoires de groupes, elle n'apprendrait rien de neuf
substantiellement. Elle pourrait, comme je l'ai mentionné en
deuxième lecture, recevoir la dissidence d'une seule personne, le
président de la Communauté urbaine de Québec.
Au sujet des autres groupes qui ont été mentionnés,
mentionnons particulièrement la conférence des maires du Bas du
fleuve et ceux également de la Côte-Nord. Les représentants
du gouvernement de même que les députés de la région
ont rencontré des représentants de ces groupes, qui sont venus
nous voir, et nous avons consacré deux heures mercredi dernier, je
crois, pour revoir l'ensemble du projet. A la fin de la rencontre, les
délégués tant du côté de
Rivière-du-Loup, de Gros-Cacouna, de Matane, que du côté de
la Côte-Nord, c'est-à-dire le maire Léonard, de
Baie-Comeau, et d'autres représentants de ces secteurs, étaient
d'accord sur ce projet de loi.
D'ailleurs, même au sujet de la position du président de la
Communauté urbaine de Québec, M. Armand Trottier, des lettres qui
ont été déposées le 30 octobre 1974. Il y a une
lettre du 30 octobre 1974 du maire de la ville de Québec qui
siège à la fois parmi les maires des villes de la
Communauté urbaine de Québec et à l'exécutif. Le
président du conseil, M. Lamontagne, indique très clairement que,
si la dissidence de M. Trottier persiste, il y a à l'extérieur du
groupe de M. Trottier et je suis prêt à me faire corriger
unanimité complète sur la valeur du projet de loi.
D'ailleurs, nous avons ici un membre de cette commission, le
député de Montmorency, qui pourrait nous donner quelques
détails sur ce plan.
Pour toutes ces raisons, il m'apparaîtrait non pertinent et une
perte de temps pour la commission d'entendre de nouveau des témoignages
qui n'apporteraient rien à nos débats visant essentiellement
à adopter, article par article, le projet de loi.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je voudrais vous faire part des changements
que j'ai oublié de vous donner. M. Bédard (Montmorency) remplace
M. Déom (Laporte); M. Chagnon (Lévis) remplace M. Tremblay
(Iberville), et M. Lafrance (Rivière-du-Loup) remplace M. Tardif
(Anjou).
Le chef de l'Opposition.
M. MORIN: Je voudrais simplement faire observer au ministre de
l'Industrie et du Commerce que, si une telle unanimité entoure ce projet
de loi, je ne vois pas ce qu'il a à craindre à convoquer les
intéressés. Il nous dit qu'il a procédé à
une consultation, mais nous avons tout lieu de croire que l'unanimité
n'est peut-être pas aussi forte qu'il le dit. Si vraiment toute
l'opposition tourne autour d'une seule personne, comme il nous le laisse
entendre, ce serait vite réglé. Au moins, la commission et
l'Opposition, en particulier, sauraient à quoi s'en tenir.
M. SAINT-PIERRE): M. le Président, puisque le projet de loi qui
était connu sous le nom de projet no 23 a été
déposé en cette Chambre il y a déjà,
peut-être, un an et demi ou deux ans, on ne peut sûrement pas nous
accuser de l'adopter à la vapeur, puisque le projet de loi no 4 est au
feuilleton et connu de toutes les parties depuis plusieurs mois
déjà. S'il y avait une opposition substantielle au sein de la
communauté urbaine, comment se fait-il que la communauté urbaine,
par une résolution de son conseil exécutif ou de son conseil
d'administration, n'aurait pas déjà, avant aujourd'hui,
signifié son opposition? Or, tel n'est pas le cas.
M. MORIN: Le ministre connaît-il les règles du vote au sein
de la communauté urbaine et, en particulier, au sein de
l'exécutif?
M. SAINT-PIERRE: Peu importe ce que sont les règles du vote, si
l'opposition au projet de loi est généralement répandue,
comme vous le laissez entendre... Je ne sais pas, nous avons quelqu'un, ici, de
la Communauté urbaine, M. le député de Montmorency.
M. BEDARD (Montmorency): M. le Président, je suis membre du grand
conseil de la communauté urbaine. Lorsque le chef de l'Opposition pose
la question suivante, à savoir le ministre est-il au courant de la
façon de voter à l'exécutif ou à la
communauté urbaine, j'aimerais qu'il explicite sa question dans toute
son ampleur, afin que je puisse lui répondre.
M. MORIN: M. le Président, les règles qui ont cours au
grand conseil de la communauté urbaine ne sont pas les mêmes que
celles qui prévalent à l'exécutif, lesquelles ne sont pas
les mêmes que celles qui prévalent au sein de l'exécutif
restreint.
Je pense que le député de Montmorency pourra toujours me
corriger si j'ai tort, mais au sein de l'exécutif restreint, c'est la
règle de l'unanimité qui joue. Un membre peut toujours
empêcher une résolution de se rendre vers les autres organismes de
la Communauté urbaine de Québec. Est-ce que vous pourriez nous
éclairer, à savoir si j'ai tort de penser cela?
M. BEDARD (Montmorency): Je vais vous éclairer, M. le chef de
l'Opposition, parce que vous en avez besoin.
M. MORIN: De toute façon, je remarquais la présence de
personnes intéressées derrière la barre, là-bas.
Est-ce qu'une bonne façon de tirer tout ça au clair ne serait pas
de les convoquer, de leur permettre de comparaître devant la
commission?
M. BEDARD (Montmorency): M. le chef de l'Opposition, parmi ceux qui sont
présents, un, entre autres, est membre de l'exécutif. Si les
réponses que je donne ne sont pas bonnes, vous pourriez lui demander de
corroborer ou de dire, après l'assemblée, si je dis la
vérité.
La communauté urbaine, je pense que je dois, à cet
instant, prendre quelques minutes, pour montrer exactement comment elle
procède. D'abord, l'autorité, à la communauté
urbaine, est composée de 23 maires. Soit dit en passant, M. Armand
Trottier, qui, dans certains dossiers, apporte de l'opposition, n'a même
pas le droit de vote au sein de la communauté urbaine. Il est un
délégué de la ville de Québec, à titre de
conseiller de la ville de Québec.
Parmi ces 23 maires, il y a un exécutif formé de sept
membres. Avant de présenter toute résolution au grand conseil,
soit devant les 23 maires, parce que c'est là la seule autorité,
toute résolution passe à l'exécutif. Lorsque vous parlez
d'une règle, je ne sais pas si c'est une règle ou une
insinuation, je dirais plutôt que règle égale insinuation
dans cette circonstance, parce qu'il n'y a aucun endroit où on demande
à avoir la majorité à 100 p.c. pour tout ce qui est
discuté à l'exécutif. A plus forte raison, vous avez la
présentation des budgets qui, à l'heure actuelle, ne sont pas
acceptés; il y a quelques membres de l'exécutif qui le veulent et
il y en a d'autres qui ne le veulent pas.
Vous avez une autre discussion, encore à la table de
l'exécutif, à savoir, envoyer deux comptes de taxes, parce que
j'avais parlé d'épargner $1,100,000 d'intérêt, il y
en a qui sont d'accord, il y en a d'autres qui ne le sont pas. Donc, le
dossier, n'importe quel dossier qui est présenté à
l'exécutif, avant de paraître à l'ordre du jour pour une
assemblée subséquente du grand conseil, passe à
l'exécutif.
Du côté du rapport de la Société Inter-Port,
ce n'est même pas parvenu, M. Morin, au grand conseil. Pourquoi cela
n'est-il pas parvenu au grand conseil, lorsqu'on a une lettre au dossier disant
que le président du grand conseil, qui est le maire de la ville de
Québec, a le droit de vote? Pourquoi, par écrit, ce type nous dit
que tous les représentants...
M. MORIN: Il ne faut pas se référer au maire de
Québec comme "ce type", ce monsieur,... ce représentant...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! S'il vous
plaît.
M. BEDARD (Montmorency): Un instant, M. le chef de l'Opposition. Vous
allez faire comme moi, vous allez prendre des notes. Lorsque viendra le temps
de parler, vous demanderez la parole. A l'heure actuelle, je l'ai.
M. le Président, j'ajouterai qu'au sein de cet exécutif,
nous avons une personne, une compétence, qui est le maire de la ville de
Québec qui nous écrit et qui signe son document attestant que
tous les membres de l'exécutif, sauf M. Trottier, sont d'accord avec le
projet Inter-Port.
J'irai plus loin que cela. Hier soir, il y avait une assemblée de
la communauté urbaine. Nous nous sommes divisés en secteurs,
parce qu'il fallait un représentant additionnel pour former le
comité dont M. Goldbloom parlait jeudi dernier. Lors de cette
réunion, j'ai demandé à chacun des représentants de
secteur de parler à tous les maires des municipalités pour
m'assurer que la déclaration qui avait été faite, selon
laquelle tous les maires sont pour la Société Inter-Port...
Lorsqu'ils ont donné leur compte rendu concernant le
délégué qu'ils voulaient avoir au sein du comité,
on a ajouté que tous les maires de la communauté urbaine
étaient d'accord avec le projet Inter-Port qui avait été
adopté en deuxième lecture, hier.
C'est pour corroborer la déclaration du ministre, tout à
l'heure, à savoir que venir entendre la communauté urbaine, ce
serait venir entendre M. Armand Trottier qui veut défendre son
projet.
Mais pour que ce soit clair dans l'idée de tout le monde
ce l'est peut-être trop pour moi parce que je suis dans le dossier depuis
plusieurs années c'est que le rapport de M. Trottier est
uniquement basé sur l'avancé suivant lequel créer la
Société Inter-Port, amène un dédoublement parce
qu'il y a une présence de promotion industrielle au sein de la
communauté urbaine.
Tous les maires qui ont présenté des rapports depuis deux
ans parce que vous savez que la communauté urbaine est
très discutée à l'heure actuelle tous ceux qui ont
apporté des documents écrits, des rapports concernant la
communauté urbaine, tout le monde était d'accord pour dire que
cela devrait être intégré à la Société
Inter-Port. Dans le temps, on nous disait: Ce n'est pas créé
encore, la Société Inter-Port. M. le Président, nous
sommes à une échéance et je crois que vouloir retarder
cela encore à une période de trois mois ou de six mois, cela
aurait de grosses implications parce que tout le monde est d'accord. Pourquoi
attendre encore et venir se faire dire: Oui, on est d'accord, continuez et
procédez de cette façon. Tout cela, pour retarder un projet qui
est très important pour l'avenir de la région de Québec.
Comme le ministre l'a dit tout à l'heure, on a de gros besoins, la
région de Québec a un déséquilibre du
côté de l'industrie secondaire, principalement à cause de
la faiblesse de cette dernière.
C'est ma position. Vous pouvez être assuré, M. le chef de
l'Opposition, que ce n'est pas souvent que je fais des avances, et lorsque je
vous avance que tous les maires sont d'accord, je vous prierais de me croire,
s'il vous plaît. Ce n'est pas un avancé gratuit.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je ne sais pas s'il y avait
d'autres points sur la motion. D'ailleurs, elle a été très
près de ce qui a été avancé en deuxième
lecture et qui a été rejeté par la Chambre. Est-ce qu'on
peut prendre le vote?
M. MORIN: Oui, je voulais simplement ajouter, M. le Président,
qu'il ne s'agit pas, de notre part, de vouloir mordicus faire échouer un
projet, s'il est démontré que ce projet est bon, mais nous
voulons simplement être éclairés et entendre plus que les
membres de la commission, ici. Nous aimerions entendre les principaux
intéressés de la région. Si, justement, comme le
député de Montmorency vient de l'indiquer, il y a une telle
unanimité, je ne vois pas ce qu'il y a à redouter à
convoquer ces parties pour les entendre.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, il me semble logique,
évidemment, qu'on ait une déduction inverse. S'il y a
effectivement une telle unanimité, pourquoi la commission devrait-elle
prendre deux heures, trois heures ou quatre heures pour venir se faire redire
qu'il y a unanimité?
M. MORIN: Justement, j'aimerais m'en assurer; tout le but de cette
motion est de l'assurer que cette belle unanimité existe vraiment.
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes trop conservateur pour les membres de
la commission. Ils sont prêts à prendre le risque qu'effectivement
l'unanimité existe depuis plusieurs mois, à l'exception d'un type
qui n'a pas de voix élective. Il n'y a eu, à l'intérieur
de la région même ou d'autres régions, aucune opposition au
projet de loi qui, encore une fois, je le répète, est devant la
Chambre depuis à peu près un an et demi.
M. MORIN: Je pense tout de même, M. le Président, qu'il y
aurait intérêt à recevoir, par exemple, peut-être
certains des maires qui s'intéressent au projet, je ne le sais pas, le
maire de Charlesbourg, le maire de Saint-Romuald, le maire de Sainte-Foy, qui
sont écartés du conseil d'administration de la
société...
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président.
M. MORIN: ... et qui siégeront peut-être par le truchement
de la communauté urbaine...
M. SAINT-PIERRE: Non, la commission industrielle... De quoi avez-vous
parlé?
M. MORIN: Je parle des maires, je parle de la ville de Charlesbourg, de
la ville de Sainte-Foy, de la ville de Saint-Romuald, tout comme la ville de
Québec est représentée. Ce serait intéressant de
savoir s'ils sont intéressés à siéger dans cette
société.
M. CHAGNON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Lévis.
M. CHAGNON: ... je suis très heureux, puisqu'on a
mentionné mon nom, de dire que, la semaine dernière, j'ai
rencontré mon collègue, le maire de Saint-Romuald, M. Paul-Emile
Dubé, qui m'a fait part de son entière collaboration et de son
acceptation absolue en ce qui concerne la formation de l'Inter-Port...
M. MARCHAND: Les gens qui connaissent cela, vous pouvez les
écouter.
M. CHAGNON: ... parce que, sur la rive sud, nous ne voulons pas
être classés comme dans une classe â l'extérieur de
Québec. Nous sommes d'avis que nous faisons partie du Québec
métropolitain et nous nous réjouissons de constater que la
Chambre de commerce de Québec inclut le secteur de la rive sud afin de
favoriser dans le grand Québec l'implantation d'industries lourdes et de
pétrochimie.
D'ailleurs, nous allons avoir l'avantage d'avoir des
représentants de la rive sud qui font partie de cette
société, donc c'est dire que nous faisons partie
intégrante de la formation de la Société Inter-Port que
nous favorisons entièrement. D'ailleurs, je l'ai mentionné
à la radio ces jours-ci encore, personnellement, je me réjouis de
constater la possibilité de voir des navires de 100,000 tonnes qui
pourront venir au port de
Québec afin de favoriser le développement,
l'épanouissement économique, et sans pour cela nuire à la
possibilité éventuelle d'avoir pour la région du bas du
fleuve un superport, que je souhaite de tout coeur, peu importe l'endroit.
C'est un projet qui ne va pas du tout à l'encontre de l'autre.
Seulement, je considère que Québec et la région de
Québec ont droit réellement à ce développement et
à la création de la Société Inter-Port. Je
représente, en parlant ainsi, l'opinion du maire de Saint-Romual, ainsi
que celle du maire de Lauzon où il y a un parc industriel.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Montmorency.
M. BEDARD (Montmorency): M. le Président, pour répondre
à une partie de la dernière objection présentée par
le chef de l'Opposition, je me demande jusqu'à quel point il a
écouté mon argumentation. Je lui ai répondu tout à
l'heure, lorsqu'il a parlé du maire de Charlesbourg et du maire de
Sainte-Foy, que ce sont deux rapports, M. le chef de l'Opposition, qui sont
déposés. Chacune de ces deux villes a fait deux rapports en 1974,
donc cela fait quatre rapports et dans lesquels il est marqué
textuellement: Nous recommandons que la promotion industrielle de la
communauté urbaine soit intégrée à la
Société Inter-Port. C'est parce qu'ils la veulent, la
Société Inter-Port.
M. MORIN: Est-ce qu'il y aurait moyen de faire déposer ces
rapports auxquels vous faites allusion?
M. BEDARD (Montmorency): Cela me ferait plaisir.
M. MORIN: Je m'étonne qu'on ne les ait pas déjà
dans le dossier.
M. BEDARD (Montmorency): Non, mais c'est parce qu'il ne faut pas se
mêler. Ce sont des rapports qui ont été
présentés sur la communauté urbaine et sur la Commission
des transports. Lorsque ces maires font des suggestions pour un
réaménagement de la communauté urbaine, ils font mention,
à l'article de la service promotion industrielle, d'intégrer la
promotion industrielle de la communauté urbaine à la
Société Inter-Port. Alors, c'est peut-être pour cette
raison que vous n'avez pas ces dépôts, parce qu'en fait cela fait
partie d'un rapport global de la communauté urbaine, et non pas
nécessairement de la Société Inter-Port.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauharnois.
M. CADIEUX: M. le Président, je demanderais que le vote soit
pris, parce qu'il me semble que ce serait dévaloriser le rôle de
cette commission de vouloir réentendre des gens qui ont
déjà été entendus par le ministère de
l'Industrie et du Commerce, et surtout après ce que vient de dire le
maire de Lévis et celui de Beauport sur la presque unanimité qui
s'est faite à l'endroit de ce projet de loi qui est déjà
déposé depuis si longtemps, comme l'a dit le ministre de
l'Industrie et du Commerce. Alors, on n'a plus besoin d'être
éclairé.
Je pense que ce serait retarder inutilement l'adoption de ce projet de
loi, et je demande que le vote soit pris sur la proposition du chef de
l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le vote est demandé. Est-ce que les
membres sont d'accord?
M. LAFRANCE: M. le Président, j'avais demandé la
parole.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Oui.
M. LAFRANCE: Je m'excuse auprès du député de
Beauharnois, M. le Président, mais je calcule qu'il y a tout de
même des impératifs qui nous lient, et nous devons agir parce que
cela fait déjà assez longtemps qu'on étudie ce projet. Le
ministère de l'Industrie et du Commerce a pris une position qui me
semble assez claire, à la suite d'études prolongées. Le
ministère de l'Industrie et du Commerce a étudié depuis
bien longtemps, et les études qui ont été fournies et qui
ont éclairé le ministère, à mon avis, sont
valables. Aujourd'hui, c'est le temps de prendre une décision. On est
devant la création de la Société Inter-Port de
Québec et il est temps qu'on applique cette loi.
M. le Président, je voudrais tout simplement ajouter que, si le
ministère de l'Industrie et du Commerce est libéré de ce
dossier en faisant voter le projet de loi no 4, il pourra se livrer à
l'étude d'autres projets moteurs; si nous avons des études qui,
aujourd'hui, sont valables, il faut continuer et continuer d'avancer.
Je voudrais, M. le Président, ajouter avant de terminer, que si,
à un certain moment, l'Opposition n'a pas réagi en temps et lieu
et n'a pas demandé ce qu'elle demande à présent, à
la suite du dépôt du document en première lecture du projet
de loi no 4, si elle a fait une erreur et n'a pas demandé, dans le
temps, d'entendre les parties intéressées devant la commission
parlementaire, je me demande pourquoi on serait caution d'une erreur de sa
part.
M. le Président, il est temps qu'on vote cette loi, et je vais
voter pour le projet.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Rimouski.
M. SAINT-HILAIRE: M. le Président, mon intervention ne sera pas
très longue. C'est tout simplement pour rassurer le chef de l'Opposition
qui parlait tout à l'heure d'un groupe de
ma région qui a fait une intervention, soit la CAMEQ, la
Conférence administrative des maires de l'Est du Québec.
Effectivement, elle a envoyé un télégramme, avec copie au
parti d'Opposition. Je fais partie personnellement de la CAMEQ, et si vous
lisez bien le télégramme de la CAMEQ, vous allez constater que
celle-ci demandait une rencontre avec les ministres intéressés,
en vue d'avoir des éclaircissements possibles sur le bill.
Personnellement, j'ai eu l'occasion de rencontrer ces gens à quelques
reprises, et soyez assurés que, s'ils n'ont pas eu toutes les
explications qu'ils désiraient, je connais les demandes de la CAMEQ, et
soyez assurés qu'en temps et lieu j'aurai l'occasion d'intervenir pour
dissiper les craintes que cette Conférence administrative des maires de
l'Est du Québec ont envers le bill. Soyez assurés aussi
qu'après ma rencontre avec eux, ils sont déjà consentants
à ce que l'on procède de cette façon.
Je pense qu'à ce stade-ci il serait mal venu de faire venir ces
gens devant nous pour argumenter très longuement, parce que leurs
craintes portaient sur certaines parties de la loi seulement. Ces craintes,
j'aurai d'ailleurs l'occasion, durant l'étude du bill, de les
émettre devant la commission.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission est prête à se
prononcer sur la motion de l'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: Je pense qu'il convient de passer au vote maintenant, M. le
Président.
Motion pour entendre des témoins
LE PRESIDENT (M. Brisson): La motion se lisait comme suit: "Que les
représentants de la Communauté urbaine de Québec, de la
Conférence des maires de l'est du Québec ainsi que de tout autre
organisme intéressé soient convoqués devant cette
commission parlementaire afin d'être entendus sur le projet de loi no 4,
constituant la Société Inter-Port de Québec".
Vous demandez un vote enregistré, je suppose?
M. MORIN: S'il vous plait.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Bellemare (Johnson)?
M. BELLEMARE (Johnson): Pour.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Cadieux?
M. CADIEUX: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Bonnier?
M. BONNIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Bédard (Montmorency )?
M. BEDARD (Montmorency): Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Saint-Hilaire?
M. SAINT-HILAIRE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Marchand?
M. MARCHAND: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Morin?
M. MORIN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Saint-Pierre?
M. SAINT-PIERRE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Lachapelle?
M. LACHAPELLE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Lafrance?
M. LAFRANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Chagnon?
M. CHAGNON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La motion est rejetée: 9 contre 2.
Est-ce que nous sommes prêts à étudier l'article 1?
Projet d'entente avec Ottawa
M. MORIN: Avant d'étudier l'article 1, pour-rais-je demander au
ministre s'il peut déposer, maintenant, copie de l'entente signée
entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec? Le
ministre avait déposé, en Chambre, au moment de la
deuxième lecture, un projet d'entente, un projet qui semble-t-il,
n'était pas définitif et nous avons cru savoir du
côté de l'Opposition, que ce projet ne serait peut-être pas
signé. L'a-t-il été depuis et, s'il l'a été,
le ministre pourrait-il le déposer?
M. SAINT-PIERRE: Le projet d'entente n'a pas été
signé puisque quant à moi, cela aurait été une
insulte profonde que j'aurais faite à l'Assemblée nationale de
signer une entente, alors que les lois constitutives du ministère ne
m'autorisent pas à signer de telles ententes.
Dans un sens, le but du projet de loi no 4, est de donner au
gouvernement un mandat lui permettant d'entrer contractuellement, avec le
gouvernement fédéral, dans les buts de l'exercice
donné.
Au cours de la discussion, j'ai simplement donné copie de
l'entente. Je tiens à dire qu'il n'y a pas de révisions majeures
qui sont envisagées, sauf pour une petite que je vais éclaircir
tantôt. Je voulais simplement la donner pour éclairer davantage
les gens qui avaient à voter sur le projet de loi, pour dégager
l'esprit des discussions que nous avions eues avec le gouvernement
fédéral et pour mieux faire comprendre la portée du projet
de loi.
M. MORIN: Le ministre pourrait-il nous assurer que ce projet est
définitif, qu'il a fait l'objet d'un accord sur toute la ligne avec le
gouvernement fédéral?
M. SAINT-PIERRE: Oui, sujet à la petite modification qui sera
introduite, d'ailleurs, à l'article 17 du projet de loi. J'ai, en
dossier, un avis de M. Jamieson, le ministre canadien, tel que décrit
dans le projet de loi, exprimant son accord tant sur le projet de loi que sur
le protocole d'entente.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: Si le chef de l'Opposition a fini, je voudrais demander au
ministre de nous expliquer clairement les pouvoirs et les limites du projet de
loi, autrement dit de la Société Inter-Port.
M. SAINT-PIERRE: Puis-je suggérer, pour être bien certain
qu'on touche tous les points mentionnés, d'attendre, pour
répondre à cette question, à l'article 4 qui donne
justement les pouvoirs, et ensuite on pourra en donner le détail?
M. LAFRANCE: D'accord, M. le Président.
M. SAINT-HILAIRE: Est-ce qu'on pourrait avoir en main une copie de
l'entente?
M. SAINT-PIERRE: Elle a été distribuée en
Chambre.
M. SAINT-HILAIRE: II y aurait peut-être lieu d'en avoir une copie
cet après-midi, s'il vous plaît, s'il n'y en avait pas ici.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, à l'article 1.
M. BELLEMARE (Johnson): Un instant. Dans l'entente, à l'article
11...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce qu'on discute de l'entente ou du projet de
loi?
LE PRESIDENT (M. Brisson): C'est le projet de loi. L'entente fait partie
du projet de loi, probablement. Cela dépend des remarques du
ministre.
M. SAINT-PIERRE: A l'article 11, je peux sans doute vous suggérer
d'attendre. Justement il y a un amendement à apporter à l'article
18 du projet de loi qui touche ce cas précis. Vous ne l'avez pas. C'est
un nouvel article que nous allons ajouter et qui est relié à
l'article 11 du projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que l'article 1 est adopté?
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président, j'aurais un petit
amendement à apporter à l'article 1 dans la version anglaise,
soit changer les mots "Québec Inter-Port Company" par les mots
"Société Inter-Port de Québec'"
LE PRESIDENT (M. Brisson): Quel serait l'amendement?
M. SAINT-PIERRE: L'amendement serait d'enlever, dans la version anglaise
seulement, à l'article 1 c), les mots "Québec Inter-Port Company"
et ajouter "Société Inter-Port de Québec". D'ailleurs, il
y aura le même amendement dans le titre même du projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Cet amendement est accepté?
M. MORIN: Accepté.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, à l'article 2, j'ai des
amendements à faire circuler parmi les gens.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 1, adopté. Article 2, oui.
M. SAINT-PIERRE: A l'article 2, nous avons un amendement à
apporter. L'article 2 est modifié en retranchant, dans les
troisième et quatrième lignes, les mots suivants: "en
français, et de "Québec Inter-Port Company", en anglais."
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 2 est modifié, en
retranchant, dans les troisième et quatrième lignes, les mots
suivants, "en français, et de "Québec Inter-Port Company", en
anglais."
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce la même chose dans la version
anglaise?
LE PRESIDENT (M. Brisson): C'est automatique.
M. SAINT-PIERRE: C'est automatique. Dès qu'on le fait du
côté français, on le fait du côté anglais.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous allez le changer là aussi.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
Constitution de la société
LE PRESIDENT (M. Brisson): Cet amendement est adopté. Article 2.
Adopté?
M.MORIN: Article 2, adopté, oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté. Article 3.
M. SAINT-PIERRE: La zone décrite est celle qui a
été décrite à maintes reprises comme la zone
spéciale de Québec, et qui est d'ailleurs décrite...
M. MORIN: A l'annexe.
M. SAINT-PIERRE: ... à l'annexe. C'est essentiellement le
Québec métropolitain, débordant un peu.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté. Article 4.
M. MORIN: L'article 4, M. le Président, je crois qu'il faudra
prendre le temps de l'examiner d'un peu plus près. "La
Société a pour fonction", nous dit-on , "premièrement,
d'élaborer des plans et programmes en vue de l'établissement dans
la zone décrite à l'annexe d'un complexe industriel susceptible
de bénéficier des avantages de l'infrastructure portuaire de
Québec et de contribuer au développement de celle-ci". Si j'ai
bien compris, ce texte, qui semble être un peu différent de
l'ancien texte du bill 23, la dimension portuaire des activités de la
Société Inter-Port, en quelque sorte, a disparu, en ce sens que
désormais les activités seront essentiellement
l'établissement d'un complexe industriel, lequel viendrait se greffer
à l'infrastructure portuaire de Québec, laquelle relève
toujours du pouvoir fédéral.
Est-ce que l'interprétation que je donne de cette nouvelle
version de l'article 4 est exacte?
M. SAINT-PIERRE: C'est vrai, nous avons simplement voulu enlever une
ambiguité qui aurait pu se glisser selon laquelle la
Société Inter-Port pouvait commencer à s'impliquer dans
les installations portuaires. Les installations portuaires relèvent du
port de Québec, il n'y a pas changement. Cette société a
pour but, surtout, tel que décrit, de préparer des plans visant
au développement d'un complexe industriel qui prend avantage de la
coexistence, de la cohabitation avec les installations portuaires de
Québec. Deuxièmement, au niveau de la promotion industrielle, on
tente de tirer avantage de ce que peut représenter le port de
Québec pour certains types d'industries, compte tenu de ses limites,
mais compte tenu également de son potentiel qui, jusqu'ici, n'a pas
été exploité.
M. MORIN: Le port de Québec, c'est évidemment un organisme
qui est sujet à la compétence du gouvernement
fédéral. C'est un organisme fédéral, en fait, ce
n'est pas un organisme québécois. J'observe d'ailleurs qu'il fait
partie du conseil d'administration, de même que le ministère de
l'Expansion économique régionale du gouvernement
fédéral, de même que le ministère
fédéral de l'Industrie et du Commerce. Ce qui veut dire que dans
le conseil d'administration, il y aura déjà trois organismes
fédéraux extrêmement puissants qui vont disposer, tout
d'abord de la compétence en matière portuaire, en matière
de navigation, qui vont disposer des fonds nécessaires avec lesquels,
éventuellement, le développement va se faire dans la
région. J'en conclus donc qu'il y a véritablement non pas
seulement à cause de la présence des organismes qui sont
importants et nombreux, mais surtout en raison du pouvoir fédéral
de dépenser au Québec une certaine
prépondérance fédérale dans la
réalité des choses.
M. SAINT-PIERRE: Oui, trois sur treize; trois du gouvernement
fédéral sur treize administrateurs. Si vous appelez cela une
prépondérance, j'imagine qu'on peut...
M. MORIN: Trois qui prennent des décisions, tout de
même.
M. SAINT-PIERRE: Comment cela?
M. MORIN: Pour ce qui est du port, pour ce qui est du
développement portuaire, pour ce qui est de l'aménagement
portuaire, pour ce qui est de la navigation, tout cela est entre les mains du
pouvoir fédéral.
M. SAINT-PIERRE: Nous partons de l'hypothèse que vous
n'acceptez pas, bien sûr que le gouvernement fédéral
ne tente pas délibérément de nuire aux ports du
Saint-Laurent, ou au port de la ville de Québec, et qu'il est de notre
devoir de nous intéresser aux questions portuaires, de soulever pour lui
des anomalies qui peuvent se glisser dans des politiques
fédérales qui peuvent freiner la croissance et le
développement de certaines régions.
Je pense que l'esprit même de l'entente, c'est qu'il est possible,
pour le gouvernement fédéral, d'accepter les priorités des
provinces en matière de développement économique et de
tenter d'y consacrer des sommes très substantielles. Si on relit
l'entente, c'est quoi? Ce ne sont pas des plans prévus par le
gouvernement fédéral, c'est le sens des discussions que nous
avons actuellement. Les provinces, que ce soit le Québec ou les autres,
tentent de définir des plans prioritaires en matière de
développement économique.
Le fédéral y verse quand même des sommes
substantielles pour permettre la réalisation de ces objectifs
économiques.
M. MORIN: J'aime beaucoup l'euphémisme utilisé par le
ministre quand il parle des anomalies qui peuvent sévir dans les
politiques fédérales au sujet du développement des ports
du Saint-Laurent, des anomalies qui sont très anciennes et qui ne seront
pas nécessairement abolies par le projet de loi que nous sommes en train
de voter. Je pense en particulier à l'anomalie qui consiste à
développer systématiquement le port de Halifax où sont
d'ailleurs attachés les brise-glace du golfe aux dépens des ports
du Saint-Laurent. Depuis toujours, cela a toujours été la
politique nationale de développer Halifax. Encore aujourd'hui, le
ministre sait par exemple, parce que c'est un dossier qu'il doit suivre, que
l'amiante du Québec est exportée par Halifax, après un
détour par Montréal, d'ailleurs.
M. SAINT-PIERRE: Le chef de l'Opposition sait également que,
lorsqu'on va à Halifax on se fait dire l'inverse: que la politique du
gouvernement fédéral a été réalisé
grâce à un programme important au niveau des brise-glace, cela a
été de contrer l'avantage que Halifax pouvait avoir et de
permettre le développement de Montréal, de Québec et de
Trois-Rivières, sur une base de presque douze mois par année.
Le chef de l'Oppostion sait également, s'il veut nous donner des
statistiques, qu'en 1973, pour la première année de son histoire,
le port de Québec aura livré en tonnage plus de marchandises que
le port de Halifax qui, auparavant, avait constamment eu plus de tonnage que le
port de Québec. Je pense bien qu'on doit admettre que ces politiques
n'ont pas été complètement à notre
désavantage.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de
Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: M. le Président, je me pose aussi quelques questions
au sujet de la Société Inter-Port. J'ai demandé tout
à l'heure au ministre quels étaient les pouvoirs de la
Société Inter-Port. Je me demande aussi étant
donné que le ministre vient d'affirmer que le port de Québec a
déjà dépassé le port de Halifax pour la
marchandise, pour le tonnage, cette année comment il se fait
qu'on arrive avec un projet Inter-Port pour la Société Inter-Port
de Québec et qu'on ne fait pas la même chose, par exemple, pour le
port de Montréal. Pourquoi ne continuons-nous pas? Parce que je pense
qu'il va falloir, si on veut continuer à développer les ports du
Saint-Laurent, encore considérer le port de Montréal comme
étant un port qui existe et qu'il faudra continuer à
développer. Que veut-on développer? La région de
Québec, alors que Montréal commence à
végéter pour ne pas dire commence à péricliter?
Pourquoi ne pas inclure à la fois le port de Montréal et le port
de Québec? C'est une question que je me pose, pourquoi cela n'a-t-il pas
été inclus dans le même projet de loi, quitte aussi, M. le
Président, à prévoir un superport avec un même
conseil d'administration qui régirait les ports du Saint-Laurent? Je me
demande pourquoi on en est arrivé avec un projet Inter-port pour
Québec seulement.
M. SAINT-PIERRE: L'intérêt du gouvernement pour l'ensemble
des ports du Québec a débuté il y a quelques
années.
Nous avons poursuivi des études et la question du
député de Rivière-du-Loup est pertinente. D'ailleurs, il
ne faudrait pas, même avec l'établissement de la
Société Inter-Port, penser que, parallèlement à
cela, il n'y aurait pas d'études qui vont tenter de signaler au
gouvernement du Québec des actions à prendre dans d'autres
secteurs, en particulier en ce qui touche le port de Montréal et en ce
qui touche le développement d'un port en eaux profondes sur les rives du
Saint-Laurent. Les limitations sur le plan des profondeurs d'eau nous indiquent
que ceci serait en aval de l'île d'Orléans, pour prendre un cas
donné.
Maintenant, il n'est pas impossible que, plus tard, nous retrouvions la
nécessité de former une seule et unique société,
uniquement québécoise, qui aurait pour but la promotion de tous
les ports du Québec, incluant bien sûr ceux de Montréal et
de Québec, mais également d'autres qui pourraient être
développés en aval.
M. LAFRANCE: La question qui me préoccupe beaucoup, c'est que le
ministère de l'Expansion économique régionale a tout de
même payé une étude qu'on appelle le rapport ABBDL et qui a
été à la base de ce projet de loi. On n'a pas inclus le
port de Montréal, alors que, dans le rapport, on constate que
Montréal est en train de péricliter comme port.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'au tout départ de l'Inter-Port, il
faut voir que c'était une formule qui semblait souhaitable pour corriger
un problème localement. Parallèlement à cela, il y a eu
d'autres études qui indiquent que des actions devront être prises
à l'égard du port de Montréal et d'autres études
qui indiquent ce qu'il y a à faire en ce qui touche le
développement d'un superport dans le Bas Saint-Laurent. D'ailleurs, des
sommes importantes ont été consacrées ou vont l'être
au cours des prochaines années.
Ce que je dis, c'est qu'il me semble, surtout qu'il y a un
problème essentiellement portuaire dans les autres endroits, qu'on ne
devrait pas se priver de se donner un outil, un instrument qui nous
permettrait, peut-être à court terme, de régler un
problème industriel dans la zone du Québec métropolitain.
Ce que j'ai dit également, c'est que cela n'exclut pas que, dans une
période X de temps, dans trois ans, quatre ans
ou cinq ans, ou même avant, on trouve nécessaire d'avoir
une société entièrement québécoise qui aura
pour but uniquement, non pas le développement industriel des
régions, et non pas des installations portuaires, mais qui aura pour but
la promotion des ports du Saint-Laurent, face à la concurrence que ces
ports peuvent recevoir tant de Halifax que d'autres endroits comme Toronto,
comme les Grands Lacs, même comme les ports qu'on est à
développer sur la côte est des Etats-Unis. Là encore, on
pourrait soulever l'hypothèse: Est-ce qu'il serait
préférable d'avoir plusieurs petites sociétés pour
chacun des ports, des sociétés de promotion qui viseraient
à mettre en valeur Trois-Rivières, ou à signaler
Trois-Rivières aux armateurs étrangers? Ou est-ce qu'il ne serait
pas préférable d'avoir une société
québécoise, de lui donner des budgets plus considérables,
qui serait responsable de la promotion de tous les ports du Saint-Laurent, qui
tenterait de voir pourquoi tel armateur arrête à Halifax et ce
qu'on doit faire pour attirer son attention sur le port de Québec, qui,
dans le cas de l'amiante, tenterait de dire pour quelle raison l'amiante ne
part pas du port de Québec et du port de Montréal?
Il y a les raisons économiques. Si ce sont des politiques
gouvernementales, tentez de les sauver. On a des études qui vont
être rendues publiques prochainement, analysant, sur le plan comparatif,
les ports de Québec et de Montréal avec le port de Halifax, qui
sont des ports existants, et on trouve que souvent, Québec et
Montréal ont l'avantage sur le plan du temps, sur le plan de l'argent,
mais que pour toutes sortes d'autres facteurs, cela va à Halifax.
Exemple, le fait qu'un bateau à conteneurs prend les trois quarts de sa
cargaison à New York et n'a pas suffisamment d'espace disponible pour
entrer dans le Saint-Laurent et aller chercher une pleine cargaison à
Québec ou à Montréal, il peut facilement, dans son
passage, arrêter à Halifax et prendre un quart de sa cargaison,
parce que Halifax a un petit marché, qu'il peut prendre... Mais
là, peut-être que nous, avec quelques compagnies, avec beaucoup de
bonne promotion, on pourrait établir une ligne entière de bateaux
à conteneurs qui s'arrêteraient à Québec ou à
Montréal, suivant les bateaux qui existent dans le moment.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Johnson.
M. BONNIER: M. le Président, parce que j'avais...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Johnson a
demandé la parole immédiatement avant le caucus.
M. BONNIER: ... la parole avant. Moi, je voudrais... C'est un point de
règlement, dans ce cas.
M. CADIEUX: Question de privilège, M. le Président. Il y a
un caucus du Parti et les ministres du cabinet se réunissent à 12
h 30. Le caucus est commencé depuis midi. Est-ce qu'on peut ajourner
à 14 h 30?
M. BELLEMARE (Johnson): C'est seulement ma question...
M. LAFRANCE: Pas 14 h 30; 15 heures.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Un instant! Ce ne sera pas long. Le
député de Johnson a droit de parole.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, en vertu de l'article 4,
la société a pour fonction d'exécuter, dans le cadre des
ententes conclues en vertu de l'article 6...
UNE VOIX: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): ... et pour la réalisation des objets de
la société, le ministre chargé de l'application de la loi
au chapitre 14 peut, avec autorisation, faire des ententes avec le gouvernement
du Canada.
Je pense que, force est de constater que la société ne
participera pas directement à l'élaboration des plans et des
programmes touchant nos effectifs portuaires. Ces plans seront tracés et
ces décisions seront prises par d'autres, bien entendu, par Ottawa, sans
aucune obligation légale de consulter la Société
Inter-Port.
Ma question est celle-ci: Pourquoi n'y aurait-il pas moyen
d'établir un mécanisme de consultation entre les deux, pour pas
qu'il n'y ait pas de projets ou de plans et devis qui pourraient
peut-être venir en conflit avec la restructuration ou l'organisation
même de ce qu'on appelle le complexe industriel?
M. SAINT-PIERRE: Justement dans la réforme que M. Marchand a
annoncée pour l'administration des ports, on a tenté d'associer
à chaque port ce qui, il y a deux ans, était un comité
consultatif, mais qui de plus en plus, au plan de la décision, est un
organisme local.
Or, on va retrouver dans l'organisme local du port de Québec,
plusieurs personnes qui siégeront au conseil d'administration de la
Société Inter-Port et c'est pour les mêmes raisons que
nous-mêmes avons prévu un représentant du port de
Québec siégeant à notre conseil d'administration, suivant
l'entente, pour s'assurer que les plans des uns et des autres sont bien
compatibles, qu'on mise sur des possibilités de développement et
qu'en même temps on évite, comme vous le soulevez avec justesse,
des dédoublements inutiles.
Alors, le port de Québec existera au niveau des plans et devis,
au niveau des infrastructures pour le port lui-même, au niveau des
installations portuaires; quant à la Société Inter-Port,
elle sera plutôt en fonction des infrastructures du complexe industriel;
elle serait normalement adjacente au port de Québec.
UNE VOIX: Alors, à trois heures?
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission suspend ses travaux
jusqu'à trois heures.
(Suspension de la séance à 12 h 17)
Reprise de la séance à 15 h 12
M. BRISSON (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs !
Nous continuons l'étude du projet de loi no 4, Loi constituant la
Société Inter-Port de Québec. Article 4,
adopté?
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président.
M. MORIN: Vous êtes un peu pressé, M. le
Président.
M. BONNIER: II devrait être adopté, mais j'avais
demandé la parole quand même.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, je pense que le chef de l'Opposition
officielle nous a orientés sur une voie d'évitement, sans doute
non intentionnellement, en élargissant les préoccupations de
l'article 4, en y introduisant une dimension globale de développement
des ports. Je pense que si on relit comme il faut l'article 4, qui crée
la Société Inter-Port j'admets qu'il peut y avoir une
confusion quant au nom, mais elle s'appelle Inter-Port parce qu'il y a
plusieurs municipalités, plusieurs endroits qui sont concernés
autour du port de Québec, autant sur la rive sud que sur la rive nord
c'est vraiment une société de gestion en vue de
développer un complexe industriel. Point.
Je pense que, si on ne veut pas trop errer dans nos discussions, il va
falloir surtout les centrer autour de cette idée, parce que c'est fort
intéressant de parler du développement des ports, mais ce n'est
pas l'objet spécifique de ce projet de loi.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, vous me permettrez
peut-être de distribuer également un amendement pour l'article no
4, qui pourrait clarifier des questions qui ont été soumises.
L'amendement se lit ainsi: "L'article 4 est modifié en retranchant dans
les première et deuxième lignes du paragraphe b) les mots
suivants: "dans le cadre des ententes conclues en vertu de l'article 6", et en
retranchant dans la cinquième ligne du paragraphe b) les mots suivants:
"dans la mesure prévue par ces ententes"."
Comme l'avait souligné le chef de l'Opposition officielle, il y a
un amendement que nous allons apporter, qui permet au gouvernement
fédéral de se retirer peut-être de la Société
Inter-Port, en donnant les avis requis. Par la suite, pour poursuivre des
travaux qui auraient été entrepris, cela prendrait des fonds
votés par l'Assemblée nationale, annuellement. Pour cette raison,
nous allons enlever l'exclusivité qui est
donnée dans le cadre des ententes prévues à
l'article 6, et prévoir que, d'une part, cela peut être des
ententes on le verra plus tard dans l'article 18 mais cela pourra
être également des fonds votés par l'assemblée
annuelle.
D'ailleurs, dans l'entente, on voit à l'article 9 que même
les montants venant de l'entente ne peuvent pas être des montants
imaginaires, ce sont des sommes nécessaires au financement des
opérations de la société et qui sont prises à
même les crédits votés à cette fin par le Parlement
du Canada et l'Assemblée nationale du Québec pour ce qui est de
la part du Québec. Le but de l'amendement proposé, c'est que la
loi puisse continuer d'exister si le gouvernement se retirait et s'il n'y avait
pas d'entente. Bien sûr, l'ampleur des opérations serait
déterminée par les crédits à être
votés annuellement par l'Assemblée nationale.
M. SAINT-HILAIRE: Que vient faire l'article...
M. MORIN: Est-ce que je pourrais demander...
M. SAINT-PIERRE: Autrement, le retrait du gouvernement
fédéral nous aurait obligés à apporter un
amendement au projet de loi pour nous permettre...
M. SAINT-HILAIRE: Que viennent faire les articles 3 et 4 à ce
moment-là dans le protocole d'entente, s'il est détruit par
l'article 9? Il soumet les règlements...
M. SAINT-PIERRE: Quant aux règlements, il faut concevoir que ce
sont les règlements généraux de toute
société, les délégations de pouvoir, ce que le
comité exécutif pourrait faire de ce bureau de direction. Compte
tenu des délais de l'adoption de la loi, il faudrait peut-être
modifier l'article 4 pour le mettre plus loin. Lorsqu'il était
prévu que la société aurait pu démarrer en juillet
dernier, on voyait une phase préliminaire où la
société, compte tenu de son conseil, tentait de dégager le
plan d'intervention qui devait être soumis au ministre et là,
incorporer dans les budgets des deux niveaux de gouvernement pour les
années à venir...
Comme il restera à peine quelques mois avant le 31 mars 1975, on
sera obligé peut-être dans l'entente de laisser une période
un peu plus lente. Je tiens à préciser simplement pour
retracer aussi que dans les ententes sur les zones spéciales, il
reste, pour l'exercice en cours, 1974/75, un montant de $100,000 qui avait
été prévu pour ceci et un montant de $50,000 au budget de
l'Industrie et du Commerce qui pourrait possiblement être utilisé
d'ici la fin de l'année financière pour la préparation de
l'étude préliminaire de concept et de plan d'ensemble. Il n'y en
a pas eu tellement qui ont été faits dans ce secteur.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. MORIN: M. le Président, les modifications qui viennent
d'être apportées à l'article 4 du paragraphe b) et les
explications du ministre posent, dans mon esprit, une question tout à
fait fondamentale. Je pense bien que d'autres membres de cette commission
doivent se les poser aussi, si tant est qu'à un moment donné, le
pouvoir fédéral puisse retirer sa mise dans le capital-actions si
tant est que la Société Inter-Port soit un jour un organisme
exclusivement québécois.
Alors, pourquoi se substituer à la CUQ, à la
Communauté urbaine de Québec, qui possède
déjà des compétences qui sont à peu près
équivalentes, à très peu de chose près, à
celles que nous allons accorder à cette Société
Inter-Port. Pourquoi l'arracher à des gens qui font bien leur
métier? S'il y a une des choses qui est rentable à la CUQ et
elles ne le sont pas toutes, c'est le développement industriel, la
promotion du développement industriel. Vous savez qu'elle a de gros
projets en marche, qu'elle a même obtenu certains investissements.
Je ne vois pas du tout pourquoi on arrache cela au niveau
régional pour créer une sorte de statut particulier pour le
développement de la région.
M. SAINT-PIERRE: Je vais répéter ce que j'ai
déjà dit antérieurement, c'est qu'essentiellement, dans ce
travail d'infrastructure pour un complexe industriel qui mise sur le port de
Québec et, deuxièmement, dans ce travail de promotion
industrielle, la région qui devait en bénéficier, la
région qu'on tentait de mobiliser dépassait les limites physiques
de la Communauté urbaine de Québec.
Lorsqu'on parle d'incorporer l'apport des gens de Saint-Romuald, de
Lévis, bien sûr dans nombre de cas et dans nombre de dossiers, les
gens d'Inter-Port pourront frapper à des portes et l'investissement
pourra trouver sa place à Lévis ou à Saint-Romuald, pour
d'autres facteurs.
Nous avons tenté d'associer tous ces gens-là. Je suis
d'accord avec vous que l'autre possibilité aurait été de
modifier la loi de la communauté urbaine, pour englober tous les
territoires susceptibles de bénéficier de la promotion
industrielle. Il nous a semblé qu'il était beaucoup plus
pertinent de le faire comme nous l'avons fait. Sur le plan municipal, la
complexité des problèmes que les organismes locaux ont à
résoudre nous invitait à ne pas tenter d'alourdir indûment
une tâche qui est déjà très complexe au niveau de la
communauté urbaine.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Johnson.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, c'est un peu comme nous dire: Pourquoi
donner une
charte à la compagnie Provincial Transport? Pourquoi ne pas
étendre la juridiction de la Commission des transports de la
communauté urbaine de Québec? On peut faire cela, mais il nous
semble que ce n'est pas la meilleure façon.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, sur la question qu'a
posée l'honorable député de Sauvé, je voudrais
simplement ajouter deux questions. La première, est-ce que, si le
gouvernement se retire, un jour ou l'autre, cela change la composition de la
société au point de vue de la représentativité, si
ces gens-là se retirent par le fait même? La deuxième,
c'est que je pense que c'est un ballon politique, au point de vue
économique. Je pense... attendez et vous me répondrez, M. le
ministre. Des choses comme cela m'ont été dites.
M. SAINT-PIERRE: Mais lorsqu'il s'agit de...
M. BELLEMARE (Johnson): Je n'aimais pas cela et quand j'allais
répondre, il disait: Un instant, vous répondrez tout à
l'heure. Je pense plutôt que c'est un ballon politique, parce que
comme vous venez de le dire vous-même c'est une admission qui vaut
à son mérite. Il aurait fallu probablement donner à la CUQ
un pouvoir plus considérable. La CUQ aurait pu remplir
véritablement ce que l'Inter-Port va faire. On met en face deux
organismes qui vont être concurrents et qui vont, l'un et l'autre, au
lieu de s'aider, s'entre-déchirer. Or, vous le verrez à
l'application. C'est bon dans votre pensée, c'est droit, c'est
peut-être très lucide, mais dans l'application réelle des
humains, vous allez vous apercevoir que, demain, vous allez avoir de jolis
conflits d'intérêts entre la CUQ et d'autres. Vous en avez
déjà un qui est visible à l'oeil nu, celui du
président contre tous les autres. C'est seulement le commencement.
Quand on arrivera, tout à l'heure, à la nomination des
trois autres membres supplémentaires, vous allez avoir un conflit
extraordinaire. C'est là que va venir la concurrence terrible. Au lieu
de véritablement régler le fond du problème,
c'est-à-dire le développement au point de vue économique
de cette société, vous allez avoir des conflits
d'intérêts, des conflits aussi qui ne régleront pas le
problème.
M. SAINT-PIERRE: A la première question, bien sûr, c'est le
gouvernement fédéral. Je tiens à dire que c'est une
disposition que le gouvernement fédéral insère dans tous
ses accords avec d'autres gouvernements provinciaux, c'est-à-dire
prévoir une possibilité de se retirer un jour, pour une raison ou
une autre, des fins poursuivies par la société ou de
l'orientation poursuivie. Il est donc en désaccord et s'en retire pour
ne pas arrêter.
Bien sûr, le capital-actions, étant alors
entièrement détenu par le gouvernement du Québec, il sera
soumis comme les lois constitutives le disent très clairement. Les
actionnaires peuvent déterminer la composition entière du conseil
d'administration et, à cette époque, il serait fort possible,
à l'assemblée annuelle ou à une assemblée
spéciale, de retirer le mandat de ceux qui représentent
spécifiquement le gouvernement fédéral.
A la deuxième question je sais qu'il y a une dissidence, mais je
n'aimais pas l'expression ballon politique, parce que, sans vous en rendre
compte, vous répétiez le mot d'un fonctionnaire qui, en
matière économique, est le porte-parole du Parti
québécois, dans la région de Québec. Ce
fonctionnaire a déjà été mêlé de
très près au gouvernement et il employait cette expression. Je
sais que vous ne le saviez pas, sans cela vous auriez pris une autre
expression.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela nous a été dit bien des fois
sur certains projets de loi. Je l'ai employée à nouveau, parce
que je trouve qu'on met en présence deux...
M. SAINT-PIERRE: En fait, je ne le crois pas, parce qu'il faut voir que
je le dis de nouveau l'organisme a été
recommandé dans des études en profondeur sur les problèmes
économiques de la région immédiate de Québec.
L'organisme est appuyé par toutes les organisations
mentionnées dans l'article 2 de l'entente, le port de Québec, la
Chambre de commerce et d'industrie du Québec, la ville de Québec,
la Commission industrielle de la rive sud, la Commission industrielle de
Saint-Romuald, le ministère des deux niveaux de gouvernement. Nous
voyons là un élément pour faire une concertation qui
déborde le territoire de la Communauté urbaine de Québec.
Je pense que c'est cela qui est important. D'ailleurs, même du
côté de certains des territoires est-ce que je n'ai pas
raison les battures de Beauport envisagées débordent le
territoire de la Communauté urbaine... Non, elles sont...
M. BEDARD (Montmorency): Toutes les battures font partie de Beauport, de
Giffard et de Villeneuve.
M. SAINT-PIERRE: D'accord. C'est Villeneuve qui n'est pas dans la
Communauté urbaine?
M. BEDARD (Montmorency): Non, les battures font partie de Giffard,
Beauport et Villeneuve.
M. SAINT-PIERRE: De Giffard, Beauport et Villeneuve.
M. BEDARD (Montmorency): C'est à l'intérieur de la
CUQ.
M. SAINT-PIERRE: Non, je pense qu'il... M. BELLEMARE (Johnson):
Regardez, M.
le ministre, pour être bien pratique, vous faites de la
législation pour qu'elle puisse rendre service à une
collectivité, vrai ou faux?
M. SAINT-PIERRE: C'est vrai.
M. BELLEMARE (Johnson): Pour rendre service à la
collectivité, déjà il y a d'établi un organisme qui
s'appelle le CUQ...
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): ... qui, jusqu'à maintenant, comme disent
d'autres, n'a pas tout fait à merveille, mais entre autres, au point de
vue économique, c'en est un instrument. Quand on regarde la charte de la
corporation de la CUQ, on trouve, dans un de ses articles, que le but premier,
c'est de donner à la collectivité un meilleur organisme pour le
développement économique. Là, on arrive aujourd'hui avec
un nouveau mot, celui du développement pour un complexe industriel.
D'accord, j'en suis, mais cela se ressemble, c'est presque parent. On met en
présence de la CUQ un autre organisme, une autre société
qui va avoir presque les mêmes buts, les mêmes fins. C'est
là que je pense qu'il va y avoir des conflits de juridiction...
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. BELLEMARE (Johnson): ... et qu'il va y avoir des mésententes.
Il y en a déjà, même avant l'application de la loi,
même à l'étude simple des mots, on s'aperçoit qu'il
y a déjà des gens qui rechignent à l'idée qu'il y
en ait un autre. Cela va se développer. On ne pourra pas éteindre
ce brasier. Il va continuer de fumer. Alors, à partir de là, je
dis qu'on rend un mauvais service à la collectivité
québécoise, surtout dans ce débat qui est très
contentieux, quand on a déjà le port de Cacouna qui souffre
peut-être de ce temps-ci d'un manque d'attention de la part du
gouvernement provincial. Je ne sais pas pourquoi, mais on s'applique plus
à parler d'Inter-Port. Je ne voudrais pas que les honorables
députés qui sont touchés directement voient là un
mépris de leur option qui me semble excellente. Par exemple, on est
à créer un organisme, une balloune, ni plus ni moins, une
balloune politique, si vous ne voulez pas que j'appelle cela un ballon, qui
va... C'est une frime, à mon sens. Il y a quelque chose dans cela. On ne
l'a pas vue encore, la queue du chat. Elle va peut-être sortir cet
après-midi.
M. SAINT-PIERRE: II y a au moins deux points. J'ai essayé encore
une fois de vous en donner... On déborde le cadre strictement municipal,
par le biais de la société...
M. BELLEMARE (Johnson): ... être réglé...
M. SAINT-PIERRE: Un instant!
M. BELLEMARE (Johnson): ... M. le minis- tre. Excusez-moi de vous
interrompre. Cela aurait pu être réglé avec un amendement
de la CUQ.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais la Société Inter-Port va
disposer d'un organisme beaucoup plus souple dans son fonctionnement qu'une
communauté urbaine avec le contenu de ses règlements et du
partage même, cette espèce de droit de véto qu'on
exerçait à tort. Je pense qu'on sera d'accord avec moi qu'une
société, telle qu'elle est formée, suivant la Loi des
compagnies, majoritairement contrôlée par le gouvernement
québécois, a quelque chose de beaucoup plus souple qui lui permet
d'acquérir et de louer des biens meubles et immeubles ce que la
Communauté urbaine ne peut pas faire pour fins industrielles qui
peut solliciter et acquérir des brevets d'invention, qui peut passer des
conventions avec toute personne, peut conclure des ententes avec des
autorités publiques pour favoriser la compagnies, construire des
ouvrages. Ce sont tous des champs que la communauté urbaine ne... Enfin,
la plupart de ces champs, elle ne les a pas.
Deuxièmement, nous admettons également que nous obtenons
du gouvernement fédéral les contributions importantes. Je vous
dis, dès le départ, que dans les prochains mois, on obtiendra
$100,000, à l'intérieur des ententes spéciales, mais
soumis à l'Assemblée nationale dans le cas des ententes-cadres
qui sont négociées actuellement, des ententes auxiliaires. Il y
aura également des sommes importantes qui vont provenir du gouvernement
fédéral. Si nous n'avions pas créé la
Société Inter-Port, qu'est-ce que cela voudrait dire? C'est qu'en
matière d'infrastructures industrielles, le gouvernement
fédéral aurait été obligé de verser des
chèques directement à une autorité, à un
gouvernement provincial. Je pense qu'ayant à assumer les
responsabilités du gouvernement, vous admettrez avec moi que là,
il y a un précédent qui peut être dangereux, que la
Société Inter-Port nous permet d'éviter
complètement. C'est-à-dire que les sommes pour le
développement industriel qu'entend affecter le gouvernement
fédéral au Québec sont versées exclusivement
suivant des programmes, des priorités arrêtés par le
gouvernement provincial, et dans ce cas, elles sont versées à une
société qui, majoritairement, est détenue par le
gouvernement provincial. Cela m'apparaît, en matière de
précédent et en matière constitutionnelle, des
arrangements préférables à, d'une part, tenter d'alourdir
indûment une structure qui a beaucoup de pain sur la planche en
matière de transport, en matière d'évaluation, en
matière de police et autres choses semblables, et, d'autre part, sur le
plan constitutionnel, cela m'apparaït un arrangement qui laisse moins de
précédents que pourrait en laisser un qui empêcherait de
retirer des sommes d'argent importantes.
M. BELLEMARE (Johnson): Qu'est-ce qui
vous empêcherait de faire tout cela pour le port de Cacouna?
M. SAINT-PIERRE: II n'y a rien, M. le Président, qui dit...
M. BELLEMARE (Johnson): A Cacouna...
M. SAINT-PIERRE: Une seconde! Une seconde!
M. BELLEMARE (Johnson): ... tout le monde sollicite cela. Tout le monde
vous a vu avec une bonne intention vous diriger de ce côté, et
tout à coup, vous avez fait un virage à droite.
M. SAINT-PIERRE: Non, on n'a pas fait...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez dit, dans votre argumentation, que
c'est pour protéger les octrois fédéraux qui vont
être donnés à la province pour le développement
économique d'une société qui s'appelle Inter-Port. On a,
de ce côté, au point...
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais...
M. BELLEMARE (Johnson): ... de vue constitutionnel, une sortie.
M. SAINT-PIERRE: Mais...
M. BELLEMARE (Johnson): De l'autre, c'est parce qu'on n'a pas assez de
pouvoirs. Ecoutez, M. le ministre. Vous êtes un homme, un grand bonhomme,
à mon sens, qui raisonnez beaucoup mieux que cela.
Vous défendez une mauvaise cause et cela paraît dans toute
votre argumentation. Vous défendez une mauvaise cause et cela n'est pas
le Guy Saint-Pierre que je connais parce que, habituellement, le ministre est
sûr de lui-même et il arrive avec des arguments et des
statistiques. Et là, il n'en a pas. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce que je connais n'est pas celui qui est devant moi. C'est un autre
homme qui joue un rôle. Il est comme un pantin dont on tire les cordes et
cela me surprend d'un homme aussi vaillant et d'un homme aussi intègre
que le ministre de l'Industrie et du Commerce. Je ne peux croire qu'il est le
pantin de quelqu'un. Je ne sais pas de qui ou de quoi. J'ai hâte de le
savoir. Je cherche la vérité. C'est une "frime". L'Inter-Port
n'est qu'une "frime". Ce n'est pas autre chose et je vous dis, M. le ministre,
que vos arguments ne peuvent pas me convaincre parce qu'ils ne sont pas
sincères.
Vous qui arrivez, habituellement, avec de belles statistiques...
Messieurs, ce sont 18 p.c. en 1969 quand l'Union Nationale était
là. Aujourd'hui, ce sont 24 p.c...
M. LAFRANCE: ... s'est amélioré.
M. BELLEMARE (Johnson): Non. J'ai dit au ministre, par la suite, en
particulier, que s'il avait pris les statistiques de 1966, il aurait vu
l'évolution qui s'est faite, et on a pris une "évolution". Lui
aussi en a pris une, parce qu'en 1967, je peux vous dire que l'évolution
était très considérable. Mais cela est un
aparté.
M, CADIEUX: Tout cela avait été préparé
durant les années 1960.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Rendons à César ce qui est
à César, mais rendez-nous ce qui nous appartient.
M. LAFRANCE: C'est parce que vous preniez les retombées de 1960
à 1966.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne comprends pas le minitre de ne pas se
battre pour le port de Gros-Cacouna.
M. SAINT-PIERRE: Non. Je m'excuse...
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne peux comprendre et je me demande,
véritablement, de qui il est le pantin. Je ne le sais pas. Il y a
quelque chose dans cela qui, depuis le début... Il cherche des appuis
avec des lettres. Il cherche des appuis avec des témoignages
écrits. Ce n'est pas le ministre que je connais. Ce n'est pas lui. Il y
a quelque chose en arrière de cela qui n'est pas correct.
Habituellement, le ministre arrive et nous dit: Messieurs, c'est cela, et ce
n'est presque pas discutable. Je vous le dis sincèrement.
Mais là, il joue le jeu d'un autre et cela paraît qu'il
n'est pas à l'aise avec son hockey. Ses passes ne sont pas bonnes. Sa
combine n'est pas bonne. J'ai hâte de voir la queue du chat.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: Malheureusement pour le député de
Johnson, je pense qu'il n'y a pas de chat et qu'il n'y a pas de queue. Je vais
simplement vous dire, avec toute l'intégrité dont je suis
capable, que ceci, encore une fois, est le résultat des années
d'étude sur un problème particulier de Québec. Maintenant,
le fait que nous ayons devant nous, aujourd'hui, à l'Assemblée
nationale, un projet sur un complexe industriel relié au port de
Québec, ne veut absolument pas dire que le gouvernement ne fait
absolument rien et ne s'intéresse pas au port de Gros-Cacouna. En fait,
sans dévoiler des secrets d'Etat j'ai été quinze
minutes en retard on discutait sur des choses qui se passent en aval de
Québec et il n'est pas dit qu'avant la fin de la session, il n'y aura
pas de
gestes qui seront posés pour les ports en aval de Québec,
en particulier les ports du Saint-Laurent.
D'ailleurs, on a toujours insisté sur la vocation
complémentaire des deux ports. Je veux assurer le député
de Johnson et également les députés des
régions concernées que nous allons faire autant d'efforts
que nous en avons faits dans tous les autres secteurs pour tenter de
développer le secteur.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous allez être bons dans cela! Si la CUQ,
qui existe aujourd'hui, n'a pas à se déranger quand il s'agit des
agrandissements portuaires, elle a à coopérer. Dans votre projet
de loi initial, vous aviez la question des complexes industriel et portuaire,
vous l'avez fait sauter, en prétextant que c'est un domaine
fédéral et que cela peut être discuté à part.
Mais, cela va en faire souffrir d'autres. Je dis que la CUQ aurait pu continuer
quand même et le développement du complexe industriel et celui du
complexe portuaire aussi, parce qu'elle le fait actuellement.
M. BEDARD (Montmorency): J'ai hâte de parler !
M. BELLEMARE (Johnson): J'espère que vous allez être
meilleur que le ministre!
M. BEDARD (Montmorency): J'attends mon tour!
M. SAINT-HILAIRE: Vous avez répondu à plusieurs de mes
questions tout à l'heure, mais pour revenir à l'article 9,
où vous dites que les sommes nécessaires au financement des
opérations de la société sont votées à
l'Assemblée nationale, cela va très bien. Mais où les
sommes pour les implantations vont-elles être prises? Vont-elles
être votées par l'Assemblée nationale, elles aussi?
M. SAINT-PIERRE: Vous voulez dire les implantations industrielles?
M. SAINT-HILAIRE: Oui, si la société décide de
faire des implantations industrielles, parce que, selon l'article 6, elle peut,
suivant un ordre de l'Office de planification du Québec, implanter une
certaine industrie et payer à même les fonds de l'entente.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous dites l'article 9?
M. SAINT-HILAIRE: L'article 9 de l'entente.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah! L'article 9 de l'entente.
M. SAINT-HILAIRE: En fin de compte, ce sont uniquement les sommes
nécessaires au financement. Cela veut dire que, si cela coûte
$50,000 par année pour les directeurs, c'est la seule chose que vous
demandez de voter par le Parlement. Pour le reste, vous demandez que rien ne
soit voté au Parlement. C'est laissé un peu à la
discrétion de tout le monde, de l'OPDQ, du ministre, etc. Est-ce que je
comprends bien?
M. SAINT-PIERRE: Comme vous le savez, nous sommes à discuter
actuellement avec le gouvernement fédéral sur des ententes
auxiliaires. Or, bien sûr, s'il y a des sommes qui vont être
dépensées par le gouvernement du Québec, après le
31 avril de la prochaine année financière, il faudra retrouver
ces sommes dans les budgets soit d'un ministère, ou de l'Office de
planification. Dans le moment, nous sommes simplement au stade de la
discussion. Il n'y a pas de dépenses d'infrastructure, il n'y a pas de
dépenses d'étude même dans le moment.
Je vous donne seulement un exemple: Nous avons déjà
signé l'entente auxiliaire sur l'autoroute de l'acier qui va à
Sorel. Comme la réalisation des travaux a démarré, on a
retrouvé cette année, et on retrouvera l'an prochain
également, au ministère de la Voirie, un montant particulier qui
va être indiqué: part du Québec, dans l'entente auxiliaire
de l'autoroute de l'acier: $36 millions, $33 millions.
Dans ce cas, au budget de l'OPDQ ou au budget d'un ministère
concerné, j'imagine qu'on retrouvera des montants prévus pour des
engagements devant être signés par des ententes. C'est un peu
comme les budgets des ministères. Lorsque l'Assemblée nationale a
voté les budgets, par après, la réalisation est
confiée à l'intérieur d'un ministère, sous la
responsabilité de son ministre.
M. SAINT-HILAIRE: A l'exception, justement, des budgets qui viennent du
fonds de l'entente, si, tel qu'il nous a été dit, les fonds de
l'entente étaient approximativement de $3 milliards, sur une
période de dix ans, et que le gouvernement fédéral
décide à peu près de tous les projets moteurs,
indépendamment du gouvernement provincial, parce que cela peut
arriver.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas le cas, non.
M. SAINT-HILAIRE: Oui, mais où il y a discussion.
M. SAINT-PIERRE: Non, non.
M. SAINT-HILAIRE: Cela veut dire qu'il y a des régions de la
province de Québec qui peuvent être lourdement
pénalisées si, à un moment donné, on met des sommes
trop considérables dans des endroits plutôt que dans d'autres.
Si nous, en tant que députés, n'avons aucun pouvoir de
voir où vont ces montants, je me demande, à un moment
donné, comment nous allons faire pour défendre nos
régions. C'est la
crainte que j'ai toujours eue, que j'ai toujours énoncée
et que je continue d'énoncer, parce qu'il n'y a rien, à ce
moment-ci, qui protège nos régions contre un tel état de
fait.
Demain matin, on peut se ramasser dans la Gaspésie où,
décidément, le Québec trouverait que nos projets moteurs
ne sont pas assez forts comparés aux projets moteurs de la ville de
Québec. A partir de ce moment, on se ramasse. Le fédéral
dit : On n'accepte pas ce projet moteur, ou le provincial dit: On n'accepte pas
ce projet moteur dans l'entente-cadre de $3 milliards, on se réveille le
lendemain matin et on n'a plus un cent.
Je pense qu'on devrait, en tant que membres de l'Assemblée
nationale, avoir au moins un oeil ou un pouvoir de visée sur la
dépense de ces fonds de $3 milliards. Je comprends qu'il faut faire
confiance au conseil des ministres, je comprends qu'il faut vous faire
confiance, mais, à un moment donné, il faut se faire confiance
à soi-même et il faut essayer aussi de voir à ce que les
sommes soient redistribuées dans toute la province, d'une façon
équitable.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'on conviendra que ça déborde
de beaucoup le but du projet Inter-Port, trouver là des
mécanismes qui permettraient de réglementer ou de justifier
l'utilisation de toutes les sommes prévues par l'entente auxiliaire. Je
vous donne un exemple, M. le député de Rimouski. Il y a un point
que vous avez soulevé qui n'intervient pas, c'est que l'essence
même de l'entente-cadre qui a été signée, c'est
justement pour le Québec d'élaborer des plans économiques,
des projets économiques. Il y a ici un diagnostic posé dans cela,
il y a certaines grandes lignes tracées de ce qu'on essaie de faire avec
les ententes auxiliaires, le fait que, de plus en plus, nous serons sur des
dossiers moteurs, le fait qu'il va y avoir des types d'aide.
Donc, pour l'ensemble de ces ententes auxiliaires, nous avons fait
démarrer des discussions avec le fédéral et le
fédéral réagit ou discute avec nous essentiellement de nos
priorités. Jusqu'ici, il est faux de dire que le gouvernement
fédéral pourrait subventionner des dossiers moteurs pour lesquels
le Québec n'aurait aucun intérêt ou n'accorderait pas la
priorité que le gouvernement fédéral veut bien donner.
Maintenant, je pense qu'en dehors du projet de loi Inter-Port, que le projet de
loi soit voté ou non, à un moment approprié pour
l'ensemble des députés, que ce soit aux crédits ou
ailleurs, on pourra donner dans le moment on discute les cinq
premières années qui impliquent $1 milliard la grande
orientation de nos ententes auxiliaires à signer avec Ottawa et dire
pourquoi, dans chaque cas, nous avons posé ceci. Je peux rassurer le
député; en matière d'efforts, tout au moins, je ne sais
pas les résultats, mais en parlant de projets moteurs, on peut dire que
ce serait agréable d'avoir une aciérie dans le Bas du fleuve,
mais de là à ne pas...
M. HAINT-HILAIRE: Ce serait assez proche du fer, de la matière
première.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais ce que je veux vous dire, c'est qu'en
matière d'efforts, tout au moins du gouvernement fédéral,
la région du Bas du fleuve ou la région de Sept-Iles et nombre
d'autres régions n'ont rien à souffrir dans le moment au plan des
efforts qui sont faits dans le moment par le gouvernement du Québec pour
avoir dans ces régions des dossiers moteurs. Effectivement, au moment
où je vous parle...
M. SAINT-HILAIRE: Demain matin, cela peut être une tout autre
conjoncture. Mais, lorsque je lis le paragraphe b), qui dit que la loi permet
d'exercer, dans le cadre des ententes conclues en vertu de l'article 6,
toujours suivant la sainte bénédiction de l'OPDQ, les travaux
pour la mise en plan des programmes. Je pense que cela ne peut pas coûter
des fortunes de faire des plans, etc. Mais j'arrive et je lis: "... d'exercer
des industries et commerces". Si je regarde du côté anglais, c'est
encore plus clair pour moi que du côté français, c'est bien
marqué: "To engage in industries". Cela veut dire qu'il embarque
directement dans l'industrie à ce moment et vous pouvez décider
de développer un complexe comme SIDBEC dans le port de Québec et
dépenser $300 millions ou $400 millions indépendamment de tout,
complètement indépendamment de l'Assemblée nationale. Ce
sont les craintes que j'ai toujours formulées et que je continue de
formuler parce que je prétends que, sur une entente globale de $3
milliards sur une période de dix ans, chacune des régions de la
province doit avoir une part équitable. Je l'ai dit hier en Chambre, je
suis en faveur du développement de Québec, peut-être autant
que les députés québécois. Mais ce que je voudrais,
c'est d'avoir au moins une certitude que les fonds de l'entente
fédérale-provinciale vont être redistribués dans
toute la province de Québec d'une manière équitable.
M. SAINT-PIERRE: Un petit correctif. Autant que dans l'entente
prenons le $1 milliard pour cinq ans autant que le fédéral
va donner 60 p.c. des montants prévus, donc $600 millions et le
Québec $400 millions, donc 60-40, en général, c'est cela
qui se passe. Dans le moment, sauf pour le cas de SIDBEC, par le budget
supplémentaire ou autre chose semblable, l'Assemblée nationale
n'a pas permis qu'un sou soit dépensé dans ces
secteurs-là.
Demain, si le projet de loi était accepté et,
après-demain l'entente signée, il est faux de dire qu'on pourrait
investir un seul sou noir d'ailleurs, on le verra un peu plus loin
pour engager $300 millions dans un complexe sidérurgique.
Les premiers moments où des sommes pourraient être
permises, on le fait dans le cas des budgets au conseil des ministres
plus tard,
cela va passer et ce sera soumis à l'Assemblée nationale,
ce qui se fait actuellement lorsque le ministre des Finances
déposera les budgets, on devra retrouver tout au moins la contribution
provinciale à des projets reliés à l'entente.
M. SAINT-HILAIRE: Est-ce que l'entente, à l'article 9, pourrait
spécifier au financement des opérations et à
l'implantation des...
M. SAINT-PIERRE: L'article 9 de la loi?
M. SAINT-HILAIRE: Non, de l'entente. C'est qu'elle serve au financement
des opérations. D'après l'article 9, le seul besoin de
l'Assemblée nationale du Québec, c'est de voter des sommes pour
le financement. Pour l'implantation, on n'a pas besoin de les voter.
M. SAINT-PIERRE: Je peux, il n'y a pas de problème.
M. SAINT-HILAIRE: Cela me plairait énormément. Je le fais
comme amendement. On a au moins la certitude qu'en tant que membre d'une
Assemblée nationale, on aura notre mot à dire dans ces
implantations. Je pense que c'est normal, en tant que représentant
élu du peuple, qu'on ait à se prononcer sur des problèmes
semblables.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Comment diriez-vous cela? Les sommes
nécessaires au financement des opérations des
sociétés...
M. SAINT-HILAIRE: ...et des implantations. Il y a peut-être des
termes légaux qu'on pourra employer.
M. SAINT-PIERRE: On comprend l'esprit.
M. SAINT-HILAIRE: C'est l'esprit qui compte
M. SAINT-PIERRE: A l'article 4, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Oui, il y en a plusieurs qui ont
demandé à parler. Le député de
Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: M. le Président, le ministre nous a presque
invités il y a un instant à parler assez longuement du port de
mer de Gros-Cacouna. Etant donné qu'il a ouvert une porte assez grande,
je m'en voudrais de ne pas profiter d'y passer et de faire un peu de
commentaires.
Je me demande pourquoi, si on a voulu changer le texte du projet de loi
no 4, qui était l'ancien projet no 23, on n'a pas changé en
même temps... Etant donné qu'il y avait des modifications, qu'on a
enlevé tout simplement le mot "port" et, qu'on a gardé tout
simplement un complexe industriel, pourquoi n'en a-t-on pas profité
je pense que cela n'aurait pas été difficile pour
changer le texte du projet de loi et dire: Loi constituant la
société du parc industriel de Québec? Il me semble que
cela aurait répondu beaucoup mieux aux besoins...
M. BONNIER: ...de la rive sud.
M. SAINT-HILAIRE: ...clause spéciale.
M. LAFRANCE: On va regarder l'article 3: "La société a son
siège social dans la zone décrite à l'annexe." La zone
décrite à l'annexe dit bien que cela comprend l'île
d'Orléans. Alors, ce n'est pas cela le problème. On aurait pu
dire: Loi constituant la société du parc industriel du
Québec métropolitain. On aurait pu dire cela aussi. Je me demande
pourquoi on n'a pas décidé de changer ce nom-là. C'est une
première interrogation.
La deuxième, c'est que, si on parle d'un parc industriel pour la
région métropolitaine de Québec, on lit tout de
même: Le développement de ce parc industriel, d'une façon
assez étroite avec le développement du port de Québec...
Comme je l'ai dit tout à l'heure, le développement du port de
Québec n'est pas du tout la responsabilité du gouvernement du
Québec, mais la responsabilité du gouvernement
fédéral.
On veut développer une société qui va favoriser le
développement d'un parc industriel. La question que je suis amené
à me poser, encore une fois, est à savoir si le gouvernement du
Québec a l'intention de suivre exactement la même politique en ce
qui concerne un superport. Est-ce que le gouvernement a l'intention de former
une nouvelle société pour développer un superport?
Tout cela revient à demander encore une fois si le gouvernement
du Québec a l'intention de demander au gouvernement
fédéral d'implanter un superport au Québec et non pas de
le laisser aller dans les provinces maritimes, comme le fédéral
s'apprête à le faire. On a une preuve de cela, M. le
Président, parce qu'il y a eu une étude. Ceci m'amène
justement à un projet bien spécifique que le ministre a
mentionné tout à l'heure. C'est un rapport qui a
été préparé par Stelco au sujet de l'implantation
d'une aciérie dans l'Est du Canada. Ce document doit être,
j'imagine, en possession du ministre de l'Industrie et du Commerce du
Québec. Je me demande depuis quand le ministre possède ce
rapport, puisque les gens de Halifax je ne mentionnerai pas de noms,
quoiqu'on pourrait le faire mais il y a des personnes assez influentes
dans la région de Halifax qui possèdent ce rapport depuis le
printemps et qui n'ont pas hésité à s'en servir à
leurs fins. Pourquoi, ici au Québec, n'a-t-on pas pu l'avoir, ou si on a
eu le rapport en main, qu'est-ce qu'on en a fait?
Je sais que le rapport Stelco portait sur le choix d'un site, entre six
endroits mentionnés, pour l'implantation d'une aciérie dans
l'Est. Je calcule, je pense et, chez nous, on pense que
l'endroit rêvé serait la région du Bas du fleuve, la
région du Bas-Saint-Laurent, peut-être la Côte-Nord ou la
Côte-Sud, en tout cas. Quand on aura établi le principe, je pense
qu'on pourra discuter des sites choisis par la suite.
Une autre question que je me pose, M. le Président, c'est que le
ministre a mentionné que le port de Québec, la zone industrielle
de Québec serait une complémentarité au port de
Gros-Cacouna ou au complexe industriel qu'on pourrait y établir. Je
voudrais savoir jusqu'où la Société Inter-Port de
Québec peut aller, veut aller ou devrait aller, parce que ce sont trois
questions complètement indépendantes. On veut peut-être
aller beaucoup plus loin que les possibilités mêmes du complexe
industriel qu'on veut créer, et même, du port qui existe
déjà, car on a mentionné il y a peut-être eu
des lapsus à certains endroits que le fleuve serait creusé
à cent pieds. Là-dessus encore, je me réfère au
rapport ABBDL qui a été un document majeur pour pondre le projet
de loi no 4 et qui détermine très bien les possibilités du
port de Québec et du complexe industriel de Québec.
Est-ce que la Société Inter-Port de Québec veut
passer outre aux recommandations du rapport ABBDL et continuer le creusage du
fleuve Saint-Laurent, par exemple, vis-à-vis de l'île
d'Orléans, à des profondeurs de 70 pieds, qui coûterait
environ $100 millions? Il y a déjà $20 millions qui ont
été dépensés. Je ne peux pas m'empêcher de
dire que l'ancien ministre de l'Expansion économique régionale,
actuellement ministre des Transports au fédéral, s'est, à
un moment donné, trouvé scandalisé de voir qu'on avait
dépensé $8 millions à Gros-Cacouna et, entre
parenthèses, ces $8 millions représenteraient aujourd'hui un
investissement de $30 millions. On s'est scandalisé de cela, mais le
même ministre a été celui qui est allé chercher les
fonds fédéraux pour creuser le fleuve Saint-Laurent pour $20
millions. Ce n'est pas un scandale. Cela ne l'est peut-être pas pour des
gens qui sont en place, mais, pour nous, c'est un scandale.
Je calcule que les $20 millions ont été
dépensés là. Même des écologistes
c'est tout de même un problème, l'écologie
aujourd'hui, disent qu'on ne peut pas établir un superport dans le
Bas-Saint-Laurent pour protéger notre faune. On est d'accord sur le fait
qu'il faut protéger la faune, mais il faut aussi protéger notre
complexe industriel. Il faut protéger notre population
québécoise. Si on laisse aller un superport à Halifax pour
des raisons d'écologie, je pense qu'on doit tout de même tenir
compte de tous les aspects économiques de la vie au Québec et
continuer à développer nos ports sur le Saint-Laurent.
Nos écologistes qui sont contre l'établissement d'un
superport dans le Bas-Saint-Laurent, ces mêmes écologistes
n'élèvent jamais la voix contre les pétroliers qui
sillonnent le Saint-
Laurent à l'heure actuelle, dans un chenal qui vient d'être
creusé, contre les pétroliers qui remontent le Saint-Laurent
jusqu'à Saint-Romuald et qui causent, je ne dirai pas de la pollution,
mais qui sont tout de même un danger pour la circulation sur le fleuve.
Plus vous avez de navires qui sillonnent un fleuve, plus vous avez de dangers
de collision. Mais, par contre, on n'en a jamais parlé. Dans un endroit
où le fleuve est beaucoup plus large, on commence à parler
d'écologie et de préserver nos battures. C'est clair qu'il faut
en tenir compte.
Mais pourquoi ces mêmes personnes ne veulent-elles pas
aujourd'hui, ou ne disent-elles pas: Ecoutez, plus on aura de bateaux, plus il
y aura de danger? Je pense qu'il faudrait tout de même être
logique. Il n'est pas seulement question de pétroliers qui pourraient
causer des accidents. Il y a aussi les bateaux qui déversent des
résidus, quoique la loi fédérale le défende. Plus
il y en aura, plus il y aura de danger de collision. Je n'ai pas besoin de vous
faire de dessins pour vous montrer tous les dangers que coure le fleuve
Saint-Laurent, surtout vis-à-vis de l'île d'Orléans. Vous
vous souvenez du Leecliff Hall qui avait passé un hiver sur les battures
de l'île d'Orléans. Personne n'a parlé de la menace contre
l'environnement. La seule fois où on a parlé de l'environnement,
c'est quand les anciens traversiers de Québec-Lévis ont
été déménagés à Montmagny et
qu'à cause du jeu de la marée, il y en a un qui a
déversé à peu près 300 gallons de pétrole,
de mazout qui restaient dans ses cales. On l'a mentionné dans ce temps.
C'est là qu'on a dit: Ecoutez, si on établit un superport,
regardez les dangers qu'on court. Seulement, on ne parle pas des
pétroliers qui viennent à l'heure actuelle à
Saint-Romuald. Pour l'écologie, je pense qu'on devrait s'arrêter
là, quitte à en parler par la suite.
Ce que je voudrais savoir du ministre, c'est jusqu'où peut aller
la Société Inter-Port dans sa création, jusqu'où
elle veut aller, parce qu'elle veut aller beaucoup plus loin que ses
possibilités réelles. Dans la loi, qu'est-ce qu'on pourrait avoir
comme garantie que la Société Inter-Port n'irait pas plus loin
que ses possibilités? Je voudrais encore poser une autre question au
ministre. Est-ce que le ministre aurait objection à dire ce qu'il a dit
quand il a rencontré les maires représentant 230
municipalités de l'est du Québec la semaine dernière? Si
M. le ministre n'a pas de secret, ou peut-être qu'il en a, étant
donné qu'il sortait du conseil des ministres tout à l'heure et
qu'il a laissé sous-entendre qu'il a parlé d'un superport, si le
ministre peut nous donner plus de renseignements, on en serait très
heureux.
M. SAINT-PIERRE: Je réponds aux quatre questions. Sur le nom, je
pense que je suis bien d'accord avec le député que, finalement,
il y a plusieurs noms qui auraient été possibles. C'est
un peu comme si je lui demandais, à la naissance de sa
dernière fille: Pourquoi l'a-t-il appelée Nicole au lieu de
l'appeler autrement?
M. LAFRANCE: C'est parce que c'est ma femme qui a décidé
de l'appeler comme cela.
M. SAINT-PIERRE: Nous, dans les livres, on a identifié le
complexe de l'inter-port depuis deux ans, par Société Inter-Port.
Nous avons modifié le projet de loi parce qu'il est vrai qu'à la
lecture de l'objectif de la société, tel que défini dans
le projet de loi 37, on pouvait laisser croire que des sommes seraient
utilisées pour augmenter les investissements à l'intérieur
même du port de Québec, c'est-à-dire se servir des sommes
de l'entente pour que le port de Québec obtienne des centaines de
millions pour avoir des quais additionnels, de l'équipement de
manutention additionnel, ce qui n'était pas du tout le but. Alors, on en
a corrigé pour tenter de montrer que les buts de la
société étaient le développement industriel en
capitalisant sur l'existence d'un port de Québec. C'est un point, encore
une fois, que je veux soulever lorsqu'on dit: Qu'est-ce que la
société veut faire? C'est réaliser que le port de
Québec a, à peu près, très peu apporté au
développement économique de la ville de Québec jusqu'ici.
Il y a eu un petit peu de manutention, cela a servi à l'occasion pour le
minerai ou pour le papier journal. Il n'y a pas eu, à cause de
l'existence de terrains il y a juste de la place pour l'Anglo Pulp
réellement d'impact comme ont pu en avoir les ports de Rotterdam,
comme peut en avoir le port de Fos en France, ou même, à des
échelles plus modestes, le port de Bécancour. Nous avons un petit
port de rien à Bécancour, et je dois dire que, dans un ou deux
cas, récemment, l'existence d'un port nous a amené une industrie.
C'est un élément majeur, autrement l'industrie ne serait pas
venue à Bécancour; on pense, disons, à la CIL, à un
investissement de $36 millions. S'il n'y avait pas eu un port, la CIL ne serait
pas allée à Bécancour. Il y avait un port, donc elle y est
allée. Il y avait d'autres facteurs, bien sûr, qui ont pu jouer.
Mais c'est un facteur.
A Québec,l'avantage du port n'a jamais apporté de
bénéfices quelconques sur le plan des retombées
industrielles. Vous me parliez du cas de l'aciérie. Le chef de
l'Opposition me comprendra bien quand je dirai que le manque de loyauté
de certains fonctionnaires peut causer à l'occasion des fuites
malheureuses qui ne servent pas les intérêts de la
collectivité. Dans le cas du rapport sur l'aciérie, il est vrai
qu'il a, apparemment, été divulgué d'une façon non
autorisée, est allé se retrouver dans les mains du gouvernement
de la Nouvelle-Ecosse. M. Jamieson, à qui nous avons signalé
l'affaire, s'est senti un peu mal à l'aise et avait des
difficultés. Lui-même ignorait l'existence du rapport lorsque ce
rapport était même... C'est un procédé qu'on
connaît bien, cela nous arrive.
D'ailleurs, le fonctionnaire actuel est porte-parole...
M. MORIN: Est-ce que le ministre pourrait préciser sa
pensée, parce qu'il m'a mis en cause il y a un instant? Je n'ai pas
très bien saisi.
M. SAINT-PIERRE: Pas directement vous, mais demandez à votre
porte-parole du Parti québécois, M. Jean Taillon qui était
responsable des affaires économiques au gouvernement
intergouvernemental, au sujet de plusieurs de ses déclarations en
campagne électorale. Je pense qu'il y aurait une bonne dissertation
universitaire sur le sens de la loyauté dans les fonctions qu'on
occupe.
M. MORIN: Est-ce que vous mettez sa loyauté en cause?
M. SAINT-PIERRE: Oui, je mets sa loyauté en cause.
M. MORIN: Vraiment?
M. SAINT-PIERRE: "Très énormément".
M. MORIN: Est-ce que vous vous rendez compte que c'est très
sérieux ce que vous dites là?
M. SAINT-PIERRE: C'est très sérieux, mais les
comportements... vous savez, être conseiller d'un gouvernement, cela
implique beaucoup de responsabilités, cela implique un sens aigu du
devoir.
M. MORIN: Vous ne voulez pas dire, j'imagine, qu'un fonctionnaire
gouvernemental...
M. SAINT-PIERRE: Qui est encore en fonction.
M. MORIN: ... n'a pas le droit de se présenter, par exemple, dans
des élections.
M. SAINT-PIERRE: Absolument pas, du tout! La loi le permet, mais ce que
je conteste, c'est d'avoir, par ses fonctions à l'intérieur de la
Fonction publique, accès à des dossiers, de participer, comme
conseiller du gouvernement, à des discussions entre le gouvernement
provincial et le gouvernement fédéral, et après, comme je
l'ai vu à plusieurs reprises, s'en servir dans des campagnes
électorales, où...
M. MORIN: Est-ce que vous dites vraiment, vous affirmez qu'il a
utilisé des dossiers confidentiels?
M. SAINT-PIERRE: Pour avoir été dans bien des dossiers
économiques avec M. Taillon lorsqu'il était aux affaires
économiques, j'ai été très surpris de voir les
déclarations qui ont été faites dans les journaux et qui,
à mon sens, ont
affaibli, dans nombre de dossiers, la position du gouvernement du
Québec. Mais...
M. MORIN: Est-ce... UNE VOIX: ... continuer...
M. MORIN: Non, je veux dire que c'est important, parce que...
M. BEDARD (Montmorency): M. le Président, question de
privilège.
M. MORIN: ... la personne en question n'est pas là pour se
défendre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Montmorency, sur
une question de privilège.
M. BEDARD (Montmorency): Question de privilège, M....
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre!
M. MORIN: II n'y a pas de question de privilège en
commission...
M. BEDARD (Montmorency): J'en demande une.
M. MORIN: ... comme le député le sait.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Point d'ordre.
M. MORIN: Mais je n'avais pas terminé.
M. BEDARD (Montmorency): M. le chef de l'Opposition...
M. MORIN: Moi aussi, c'était sur une question de
privilège.
M. BEDARD (Montmorency): M. le Président...
M. MORIN: Alors, je voudrais que le député me laisse
terminer, et ensuite, on pourra l'entendre.
M. BEDARD (Montmorency): ... seulement m'entendre sur ma question de
privilège qui...
M. MORIN: Moi aussi, j'étais sur une question de
privilège.
M. BEDARD (Montmorency): Regardez... M. MORIN: Bien oui...
M. BEDARD (Montmorency): Oui, mais est-ce que vous pourriez au moins
m'entendre?
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, s'il vous plaît!
Adressez-vous à la présidence.
M. BEDARD (Montmorency): M. le Prési- dent, j'ai posé une
question de privilège. Je suis ici...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Point de règlement; il n'y a pas de
question de privilège.
M. BEDARD (Montmorency): Point de règlement, appelez-le comme
vous voulez. Je suis ici depuis 3 heures. Je veux intervenir. J'ai
accepté l'ordre que vous avez établi: M. le député
de Montmorency, vous allez parler en cinquième lieu. Souvent, j'avais
des interventions à faire sur les interventions du chef de l'Opposition,
du député de Johnson. J'attends mon tour pour parler. Je
demanderais que le chef de l'Opposition fasse la même chose, qu'il prenne
des notes comme nous. Ensuite, il réfutera. On aimerait réfuter
aussi, nous, immédiatement les dires du député de Johnson,
mais on ne peut pas le faire parce que vous avez établi une politique:
M. le député de Montmorency, vous allez parler le
cinquième. Si vous en avez encore cinq autres, il parlera le
dixième.
M. MORIN: M. le Président, pour ce qui est du fond du
problème...
M. BEDARD (Montmorency): M. le Président...
M. MORIN: ... j'attends mon tour...
M. BEDARD (Montmorency): ... c'est à vous que j'adresse la
parole.
M. MORIN: ... et je compte interroger...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! ... c'est que...
M. MORIN: ... le ministre quand vous me donnerez la parole.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MORIN: II y avait un point particulier...
M. BEDARD (Montmorency): Est-ce qu'il l'a, la parole?
M. MORIN: ... que je ne pouvais pas laisser passer, parce que j'ai la
conviction que M. Taillon n'a utilisé que des faits qui étaient
de notoriété publique...
M. CADIEUX: On ne peut pas continuer comme cela. Il peut prendre des
notes comme vient de le dire le député de Montmorency. Que le
chef de l'Opposition prenne des notes et quand son tour de parler viendra, il
réfutera les paroles du ministre.
M. MORIN: Non, ce n'est pas une question de réfutation, M. le
Président...
M. CADIEUX: De toute façon, on n'est pas sur le bill no 4 avec
son intervention, et je demanderais qu'on retourne au bill no 4. C'est le
ministre qui avait la parole.
M. MORIN: M. le Président...
M. SAINT-PIERRE: A la troisième question qui a été
posée, à savoir jusqu'où peut ou veut aller la
Société Inter-Port, je pense que, dans un premier temps, elle
tente de corriger les événements du passé en obtenant des
implantations industrielles au niveau de l'industrie secondaire pour la
région immédiate de Québec. Dans un premier temps, elle
fera sûrement une promotion des avantages du port de Québec, ce
qui n'empêche pas que d'autres puissent faire une promotion pour d'autres
ports.
D'ailleurs, pour revenir à la question, j'ai mentionné aux
maires, l'autre jour, et je le mentionne ici, qu'avant la fin de la session, je
pense que le gouvernement sera en mesure de faire une déclaration
ministérielle importante sur sa politique en ce qui touche les ports du
Québec. C'est un sujet qui a été, trop longtemps
peut-être, laissé de côté par d'autres gouvernements,
mais, qui, bien que nous n'en n'ayons pas la responsabilité
constitutionnelle au niveau des aménagements, à cause des
incidences un peu comme les aéroports sur le plan de notre
économie au Québec, nous oblige à nous y intéresser
de plus en plus.
Il n'est pas interdit de penser que, dorénavant, comme je l'ai
dit ce matin, il puisse exister des sociétés ou une
société provinciale responsable de la promotion des ports du
Québec dans leur ensemble. Peut-être qu'on pourrait changer de
beaucoup le statu quo ou l'existence de routes qui semblent anormales
aujourd'hui, ou de tendances qui semblent dangereuses pour le Québec, en
ayant des gens qui sont capables d'en faire la promotion pour tous les ports.
Mais pour la Société Inter-Port, je pense donc, qu'il s'agit
d'établir des plans d'infrastructure, de commencer à faire cette
promotion de son port, de tenter d'obtenir des implantations.
On a parlé de pétrochimie. J'en douterais beaucoup,
puisque j'ai l'impression que cela nuierait d'abord à la vocation
touristique de Québec. Il y a d'autres types d'industries
légères ou d'industries de biens durables avec haute
productivité qui amélioreraient la structure de Québec,
et, dans le moment, de telles implantations ne se produisent pas.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais, M. le ministre, est-ce que... Est-ce que
je pourrais... C'est seulement parce qu'il vient de... Vous venez de dire, au
début...
M. PELLETIER: On peut intervenir, nous aussi.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Est-ce que le
député de Rivière-du-Loup a d'autres questions?
M. LAFRANCE: Oui, s'il vous plaît. UNE VOIX: Bon, c'est lui qui a
la parole.
M. LAFRANCE: J'ai demandé au ministre, tout à l'heure...
Remarquez bien que c'est peut-être contenu dans la déclaration
ministérielle. Qu'est-ce que le gouvernement du Québec a
l'intention de faire? Est-ce qu'il a l'intention de nous proposer un autre
projet de loi qui porterait peut-être le no 154, qui dira exactement la
même chose pour un parc industriel à Gros Cacouna? Est-ce que,
aussi, le ministre...
M. BELLEMARE (Johnson): ... qui n'est pas bon.
M. SAINT-PIERRE: Non. Tenons-nous-en au projet de loi pour le port de
Québec. Deuxièmement, je pense qu'il serait
préférable d'attendre la déclaration ministérielle
qui viendra probablement du premier ministre lui-même. Encore une fois,
il ne m'apparaît pas impossible qu'elle se fasse avant la fin de la
session.
M. LAFRANCE: Avant que la déclaration se fasse, le ministre
est-il au courant qu'il y a une société qui s'appelle la
société Havre Champlain qui demande depuis plusieurs mois...
M. SAINT-PIERRE: ... au gouvernement fédéral...
M. LAFRANCE: ... au gouvernement fédéral de lui donner la
permission d'utiliser les installations portuaires existantes à l'heure
actuelle à Gros-Cacouna et on demande seulement cela pour le moment?
Havre Champlain est une filiale de Scott Misener. On ne demande aucun montant
d'argent au gouvernement fédéral, ni au gouvernement provincial,
on demande tout simplement la permission d'utiliser les facilités
portuaires déjà existantes.
M. SAINT-PIERRE: Le député de Rivière-du-Loup est
au courant également que la même société doit nous
remettre et qu'elle devait nous remettre ces dernières semaines
nous ne l'avons pas reçue encore une nouvelle proposition
touchant son plan de fonctionnement pour la région de Gros-Cacouna. Mais
nous n'avons pas encore reçu ce rapport.
M. LAFRANCE: Alors, cela implique que le ministre a déjà
eu des rencontres avec la société Havre Champlain?
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. LAFRANCE: A quand remontent-elles?
M. SAINT-PIERRE: A au moins deux ans, mais nous avions à
l'époque des objections assez sérieuses sur certains des concepts
qui étaient
impliqués. Depuis ce temps, je crois savoir que la
société a révisé ses plans et qu'elle doit nous
soumettre des rapports plus à jour, tenant compte des objections que
nous avions soulevées. Ces plans devaient nous être donnés
au début de décembre, mais, à ma connaissance, je ne les
ai pas encore reçus. J'imagine que nous allons les recevoir
prochainement.
M. LAFRANCE: Vous ont-ils contacté pour vous demander de vous
rencontrer ou de rencontrer le gouvernement du Québec?
M. SAINT-PIERRE: Je ne pense pas.
M. LAFRANCE: Avez-vous l'intention de donner suite à la
suggestion de tout à l'heure, changer la loi constituant la
Société Inter-Port pour indiquer un autre nom?
M. SAINT-PIERRE: Non. Je pense que si on définit bien les
objectifs et qu'on répond à toutes les questions, cela
m'apparaîtrait mineur de changer le nom de la société,
mais...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est là qu'est tout le
problème.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Montmorency.
M. BEDARD (Montmorency): M. le Président, je vous remercie de me
donner la parole et j'ai attendu...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vous avez des questions sur...?
M. BEDARD (Montmorency): Ah oui! Disons plutôt des interventions
principalement sur l'exposé de mon collègue de Johnson. Je ne
parlerai pas de la limite physique de la Communauté urbaine de
Québec parce que le ministre en a assez parlé tout à
l'heure.
Cependant, s'il était maire d'une municipalité de la
Communauté urbaine de Québec, il verrait le gros problème
de l'annexe A, si nous avions la juridiction pour déterminer les
différents montants d'argent qui devraient être payés par
le mont Sainte-Anne, Sainte-Brigitte-de-Laval, Saint-Féréol,
l'Ile d'Orléans, qui sont toutes des municipalités qui ne font
pas partie de la Communauté urbaine de Québec.
Mais il y a un point sur lequel je veux insister, à cause de
l'argumentation du ministre lorsqu'il se sert des maires des
municipalités participant à la Communauté urbaine de
Québec, selon laquelle tous les maires sont pour la
société Inter-Port. Il ne faut pas oublier, aussi, de dire que
tous les maires ont demandé l'intégration de la promotion
industrielle à la Société Inter-Port. C'est assez
important, parce que les maires ne veulent pas donner ce service. Est-ce assez
clair?
Même si cela fait partie de la Loi de la Communauté urbaine
à l'heure actuelle, il y a encore dix autres services qui font partie de
cette même loi, dont, par exemple, l'intégration des services
lumineux du Québec métropolitain. Savez-vous ce que cela
signifie? Cela signifie qu'une bonne journée, un gars sera assis dans
une petite cabane et il va s'apercevoir que la circulation sur le boulevard
Hamel est trop achalandée dans une direction. Il va peser sur un bouton
et la circulation va être dirigée dans l'autre sens. C'est beau,
mais qui paiera pour ces services?
A l'heure actuelle, les retombées financières, celui qui
en bénéficie le plus, c'est le gouvernement. Donc, on dit au
gouvernement: Ne prenez pas seulement la part des revenus, mais prenez les
dépenses aussi. Donc, on recommande, tous et chacun dans nos rapports,
l'intégration de la promotion industrielle à la
Société Inter-Port. On ne dit pas: Au gouvernement, mais à
la Société Inter-Port. On fait la même chose avec la
promotion touristique. On dit: Le gouvernement obtient beaucoup de revenus
parce qu'il y a du tourisme dans la province de Québec. C'est la
deuxième industrie de la province de Québec. On lui dît: Ne
prenez pas seulement les revenus, mais prenez aussi les dépenses, parce
que nous, les maires des municipalités, sommes pris à la gorge
avec toutes les dépenses que nous avons à l'heure actuelle.
M. SAINT-HILAIRE: Seulement à la gorge?
M. BEDARD (Montmorency): Je vous donnerai peut-être un exemple de
base. A l'heure actuelle, pour la ville de Beauport, il en coûte 20 p.c.
de son budget pour administrer cette CUQ.
Tel que je le mentionnais précédemment, c'est un gros
problème pour les municipalités du Québec
métropolitain et cette communauté urbaine, ce n'est pas le
gouvernement libéral qui l'a donnée. Cela a été
donné en 1969. On est pris avec un ballon.
M. SAINT-HILAIRE: Qui était au pouvoir?
M. BEDARD (Montmorency): Le ballon, on est en train de le
dégonfler.
M. SAINT-HILAIRE: Ce n'est pas un ballon, c'est une balloune !
M. BEDARD (Montmorency): Les maires des municipalités disent:
Nous voulons donner tel service, tel autre service. Mais tel service qui est
inclus dans la loi, on ne permet pas de le donner. On donne l'argumentation
nécessaire. Je crois que les autorités gouvernementales sont
appelées à prendre conscience de l'argumentation qui est fournie
et elles commencent à comprendre le bon sens. Je reviens encore à
l'argumentation que j'ai présentée au début. Le ministre
s'est servi de l'argumentation suivant laquelle tous les maires étaient
pour la Société Inter-Port. Mais, il a vu aussi, dans tous les
dépôts de documents des maires des municipali-
tés, qu'on voulait intégrer promotion industrielle
à Société Inter-Port. On revient toujours à la
même argumentation. On parle de double emploi avec la communauté
urbaine. Mais, en ce qui me concerne, la communauté urbaine, c'est mal
fait à l'heure actuelle. On va essayer de l'améliorer. C'est un
point pour l'améliorer. On parlera des autres services, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. BEDARD (Montmorency): Je n'ai pas fini.
M. BELLEMARE (Johnson): II n'a fait que respirer.
M. CADIEUX: II a de bons poumons.
M. BEDARD (Montmorency): J'en profite, M. le Président, pendant
que j'ai la parole, parce que cela prend passablement de temps pour l'avoir de
nouveau.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vous avez droit à vingt minutes.
M. BEDARD (Montmorency): A l'article 4, si nous faisons tel que
l'amendement le recommande, les parties dans le cadre des ententes conclues,
l'article pourrait se lire ainsi: "... d'exécuter les travaux requis
pour la mise en oeuvre des plans et programmes qui auront ainsi
été élaborés...". Je trouve que les mots "...
d'exercer les industries, les commerces et les autres activités de
nature à contribuer..." Lisez ça, au point de vue du
français, et il me semble que cela ne dit pas grand-chose. Par contre,
dans la traduction anglaise "to engage" cela pourrait vouloir dire de forcer
les industries, les commerces et les autres activités. Je ferais sauter
les mots "de nature" pour se lire: "... les commerces, les autres
activités à contribuer au développement du complexe
industriel. En anglais c'est: "... that they may contribute to the development
of the industrial complex..." La partie anglaise veut vraiment dire ce que l'on
veut donner par le projet de loi. Je pense que l'on pourrait enlever les mots
"de nature" et cela donnerait plus de force à l'article 4 b).
M. SAINT-HILAIRE: Tu ne trouves pas qu'il en a assez !
M. BEDARD (Montmorency): Non, mais lisez le texte français.
Ecoutez un peu !
M. SAINT-HILAIRE: C'est ce que je t'ai dit tantôt, si tu veux
être plus fort.
M. BEDARD (Montmorency): "... d'exercer les industries, les commerces,
les autres activités de nature à contribuer au
développement..." Enlevez les mots "de nature", "d'exercer", je dirais:
"de forcer les industries, les commerces et les autres activités
à contribuer..." Les mots "de nature" ne sont pas nécessaires
M. SAINT-HILAIRE: "to engage", c'est passablement plus fort.
M. BELLEMARE (Johnson): Je suis bien d'accord!
M. BEDARD (Montmorency): J'ai terminé, M. le Président,
pour l'instant. J'aimerais avoir une réponse de la part du ministre.
M. MORIN: D'après le titre Inter-Port...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que le ministre a des réponses
à donner à cette suggestion d'amendement?
M. SAINT-PIERRE: Je sais que la phraséologie peut surprendre en
français. Mais, après avoir de nouveau vérifié avec
les légistes, il semble bien que c'est exactement ce que l'on veut dire
et que les mots "d'exercer" comme les mots "de nature à contribuer" sont
une bonne formulation. Je pense que cela ne changerait pas grand-chose, de
toute façon à...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. MORIN: M. le Président, le ministre a laissé entendre,
il y a un instant, qu'on avait voulu élargir la base territoriale du
développement de la région de Québec en ne confiant plus
à la seule CUQ le développement de la région mais en
créant cette société dont l'aire géographique est
plus vaste puisqu'elle recouvre la zone spéciale de Québec. Je me
demande si le ministre ne s'est pas justement arrêté en chemin et
si, une fois parti, une fois sur le chemin de l'élargissement de cette
société dont on a dit avec raison que son nom constituait un abus
de vocabulaire s'il y a balloune, pour parler comme le
député de Johnson c'est d'abord et avant tout dans le
titre.
M. BELLEMARE: C'est le titre qui n'est pas bon.
M. MORIN: On a dit avec raison que ce n'est pas une
société inter-port, en fait, c'est une société de
développement industriel. La vraie nature de Bernadette, la vraie
nature, pour parler comme le député de Montmorency, de cette
Société Inter-Port, c'est d'être une société
de développement industriel limitée dans son aire
géographique à la zone spéciale de Québec. Pourquoi
ne pas l'élargir davantage? Pourquoi est-ce que la seule région
de Québec profiterait de cette espèce de statut particulier qu'on
va accorder à la Société Inter-Port, statut particulier
qui ressort déjà dans le titre, qui est sans doute trop ambitieux
par rapport à ce que la loi elle-même entend accomplir.
Je comprends l'inquiétude des collègues de
Rimouski et de Rivière-du-Loup, c'est à bon droit qu'ils
s'interrogent et, en ce qui me concerne, je me dis que ce qui est bon pour la
région de Québec devrait aussi s'appliquer au Bas-Saint-Laurent.
Je ne vois pas pourquoi, avec un beau titre ronflant comme
Société Inter-Port, le ministre n'élargirait pas la zone
géographique à laquelle s'applique cette Société
Inter-Port pour en faire une vraie Société Inter-Port, cette fois
où il y aurait éventuellement le superport que le
Bas-Saint-Laurent attend depuis je ne sais trop combien d'années. Parce
qu'il faut bien se persuader d'une chose, l'effort financier ne peut porter sur
toutes les régions à la fois. Si les fonds sont limités
comme ils le sont et si une loi spéciale vient créer une sorte de
statut particulier pour une région comme celle-ci, ce qui va se
produire, les appréhensions manifestées très
modestement par les députés de Rivière-du-Loup et de
Rimouski sont fondées c'est que ces deux villes, qui sont des
ports en puissance, risquent d'être perdues, de rester perdues quelque
part entre Halifax et Québec. Jusqu'ici, elles étaient perdues
entre Halifax et Montréal, maintenant, ça risque d'être
entre Halifax et Québec.
Il est bien clair que nous sommes devant un projet qui tend par
une combinaison d'influences où on reconnaîtra certainement
l'ancien ministre fédéral de l'Expansion économique
régionale, certains éléments de la ville de Québec
et le gouvernement du Québec à favoriser une région
en particulier. Je ne suis même pas sûr que ce soit à
l'avantage de cette région. Parce qu'on l'a rappelé avec beaucoup
d'à-propos, un port qui prendrait trop de place à Québec,
en particulier un port en vrac, comme on en a parlé dans un certain
rapport, et qui serait situé sur les battures de Beauport, ce ne serait
pas nécessairement conciliable avec l'autre vocation économique
de la ville de Québec, qui est la vocation touristique. Il y a donc dans
ce projet toutes sortes de sous-entendus, de menaces latentes qu'il faudrait
éclaircir avant de s'engager plus avant.
Ma première question est donc celle-ci j'en aurai d'autres
une fois qu'il s'est mis en chemin pour élargir l'aire
d'application du présent projet de loi à la zone spéciale
de Québec, pourquoi le ministre ne répondrait-il pas à
l'anxiété que ce projet crée en aval de Québec en
intégrant à l'intérieur de l'aire de compétence de
la Société Inter-Port d'autres régions que celle de
Québec, notamment les régions situées en aval et notamment
la région de Rivière-du-Loup et notamment certains coins de la
Côte-Nord et notamment Rimouski?
M. SAINT-PIERRE: Pour deux raisons, M. le Président. Dans un
premier temps, les sommes disponibles sont, en vertu des ententes sur les zones
spéciales signées le 23 mars 1972 et qui...
M. MORIN: Ce ne sont pas les seules zones spéciales au
Québec.
M. SAINT-PIERRE: Non, mais les autres zones spéciales ne sont pas
limitrophes, ne se limitent pas à celles de Québec, II y a celles
de Québec, celles de Trois-Rivières, celles de Sept-Iles, celles
du Saguenay-Lac-Saint-Jean; il n'y avait pas de zones spéciales en tant
que telles dans le Bas du fleuve ou même dans la région de
Montréal. Dans la région de Montréal, c'était
autour de Sainte-Scholastique, ça ne touchait pas le port de
Montréal. Donc, c'est parce que les sommes doivent être
utilisées à l'intérieur de ces ententes pour
démarrer tout au moins. Il y a $100,000, il y a les débuts de
l'entente, je pense que c'était nécessaire.
Deuxièmement, je ne l'ai pas exclu en ce sens que je pense qu'il
serait prématuré de changer simplement le projet de loi et de
dire: vous allez faire la promotion de tous les ports du Québec.
On a des études qui sont en cours, des études
substantielles. J'ai annoncé avant la fin de la session que, fort
probablement, le premier ministre ferait une déclaration
ministérielle sur nos politiques en matière de port, pour la
promotion des ports du Québec et les efforts que nous allons faire pour
cela.
Il y a plusieurs démarches entreprises. Comme je l'ai
mentionné ce matin, il n'est pas impossible qu'à un certain
moment, on tente d'élargir ou d'annuler le projet de loi no 4 qui
aura eu une certaine vie de trois ou quatre ans, qui aura permis un
déblocage et de l'agrandir, c'est-à-dire de lui donner des
vocations qui pourraient déborder de la ville de Québec.
Même à cela, peut-être que des études vont
nous montrer que, pour assurer le dynamisme local, il est
préférable d'avoir simplement des comités provinciaux de
promotion pour chacun des ports du Québec, celui de Valleyfield va
vouloir faire sa propre promotion. Personnellement, je pense qu'il y aurait
peut-être intérêt à regrouper les efforts de tous et
chacun puisqu'on vise les mêmes marchés, on vise les mêmes
compagnies maritimes et autres.
Il me parait que les anxiétés des régions ont
déjà été diminuées de beaucoup par les
discussions que nous avons eues avec le premier ministre, avec moi-même,
avec les maires et les députés de la région et que, dans
un deuxième temps, les études qui sont en cours peuvent nous
mener éventuellement à de telles solutions. Il faut soulever
d'autres problèmes. Le gouvernement du Québec va être
impliqué dans un parc industriel, aéro-industriel, avec Mirabel.
Nous en avons un avec Bécancour. Nous avons des parcs industriels de
pêche. Est-ce qu'éventuellement il ne sera pas nécessaire
d'avoir une législation qui va tenter de donner plus de cohérence
à tous ces gestes que nous avons pris, qui ont été pris
par des gouvernements antérieurs et qui ont été
posés?
M. MORIN: M. le Président, j'ai un collègue qui voudrait
intervenir sur ce point-là en particulier. A la condition que je ne
perde pas mon
droit de parole, je n'ai pas d'objection à ce qu'il intervienne
tout de suite.
M. SAINT-HILAIRE: Moi aussi, sur ce point-là...
M. LAFRANCE: Justement, sur la suggestion du chef de l'Opposition
officielle. Remarquez bien que je suis beaucoup moins d'accord sur votre
suggestion, étant donné que tout ce qui a été dit
ici depuis le début, vous avez mentionné à plusieurs
reprises qu'on devrait laisser l'initiative à la Communauté
urbaine de Québec au lieu de créer une Société
Inter-Port. Mais nous, nous ne sommes plus d'accord là-dessus, parce
qu'on voit qu'il y a tellement de tiraillements à l'intérieur de
la Communauté urbaine de Québec, que nous ne sommes pas
intéressés à venir à l'intérieur de
celle-ci.
M. BELLEMARE (Johnson): Répétez-moi cela. Vous êtes
déjà intéressés aux tiraillements
intérieurs...
M. LAFRANCE: Ce n'est pas cela. Nous avons dit que nous n'étions
pas intéressés. Nous ne sommes pas intéressés;
excusez.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. LAFRANCE: Nous ne sommes pas intéressés à venir
dans la Communauté urbaine de Québec, si on veut remettre la
création d'un parc industriel à la Communauté urbaine de
Québec. Précisément là-dessus, nous serions
beaucoup plus favorables à étendre les pouvoirs de la
Société Inter-Port afin d'être inclus dedans, que de faire
partie de la Communauté urbaine de Québec, comme vous l'avez
suggéré tout à l'heure.
M. MORIN: Je ne sais pas si le député m'a bien saisi. Je
n'ai pas suggéré d'inclure dans la Communauté urbaine de
Québec... C'est ce que vous avez compris.
M. LAFRANCE: Dans votre argumentation du début, quand nous avons
commencé à étudier le projet, vous vous êtes
opposé à la création d'une Société
Inter-Port et vous avez demandé que le développement industriel
soit remis à la Communauté urbaine de Québec.
M. MORIN: Le développement industriel de la région de
Québec.
M. LAFRANCE: C'est cela.
M. MORIN: Le sens de ma première intervention, ce matin,
était à l'effet d'entendre les gens de la Communauté
urbaine de Québec, parce qu'à l'heure actuelle, ils ont des
compétences dans ce domaine-là.
M. LAFRANCE: Vous n'avez pas mentionné que vous vouliez agrandir
le territoire de la Communauté urbaine de Québec aussi?
M. MORIN: Non. Je n'ai fait aucune allusion à cela. Non, non.
M. LAFRANCE: Alors, je m'excuse. J'ai mal compris, M. le chef de
l'Opposition.
M. MORIN: Je ne sais pas où le député a pris cela.
M. le Président...
M. SAINT-HILAIRE: Sur la même question, M. le Président, je
pense qu'étendre dans un territoire aussi vaste, comme le mentionne le
député de Sauvé, serait probablement un peu
néfaste. Les vocations sont tellement différentes le long des
battures du fleuve Saint-Laurent, allant jusque dans l'est de Québec,
que cela créerait une infinité de tiraillements et un bureau de
direction qui serait complètement non autonome.
A partir de ce moment-là, je verrais mal une région comme
la nôtre se voir rattacher à un bill, comme celui de l'Inter-Port,
tel qu'il existe actuellement. Je crois qu'il faudrait plutôt
créer une nouvelle société pour nous-mêmes.
Je pense qu'on doit procéder plutôt par
société, à cause des tiraillements énormes et des
conseils d'administration. Les tiraillements seraient tellement forts que cela
créerait beaucoup plus de problèmes qu'autre chose. Je crois
qu'on serait mieux de créer les sociétés dont chacun a
besoin pour administrer son propre territoire.
M. MORIN: M. le Président, je suis également d'avis que la
meilleure solution, c'est sans doute de donner à chaque région
qui connaît ses intérêts, ses besoins...
M. SAINT-HILAIRE: C'est cela.
M. MORIN: ... un organisme qui puisse voir à son propre
développement. Mais, en l'occu-rence, ici, il y en avait
déjà une dans la région de Québec. Je sais que le
député de Montmorency, qui est un ennemi acharné de la
CUQ, voudrait bien la démolir par tous les moyens. S'il peut lui
arracher une fibre, il va le faire.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela qu'est le chat. On l'a, le chat. Je
savais que le chat sortirait !
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que le député de
Sauvé a d'autres questions?
M. MORIN: II est évident que tout le monde n'a pas les
mêmes intentions. Evidemment, pour ceux qui voudraient détruire la
CUQ, comme c'est un des domaines où elle est efficace, la promotion
industrielle, où elle est arrivée à certains
résultats, si on lui enlève cela, il ne lui restera pas
grand-chose, il restera
peut-être surtout des fardeaux financiers à faire porter
par la CUQ.
En ce qui me concerne, je pense que, au fond, la principale objection
qu'on pourrait avoir à ce projet de loi, c'est peut-être de ne pas
appliquer la même solution à toutes les régions du
Québec qui en ont besoin. Je pense en particulier à la
région de Rivière-du-Loup-Gros-Cacouna. Le ministre a
semblé indiquer tout à l'heure qu'il aurait peut-être des
solutions pour cette région avant longtemps. Nous attendons cela avec le
plus grand intérêt, mais, pour le moment, on est devant un projet
de loi qui n'est certainement pas fait pour aider les régions
périphériques du Québec à se développer.
Je voudrais poser une ou deux autres questions, toujours sur le
paragraphe b). M. le ministre, est-ce, dans ses fonctions
d'exécution des travaux requis pour la mise en oeuvre des plans et
programmes et dans ses fonctions qui consistent à exercer des
industries, des commerces et d'autres activités de nature à
contribuer au développement du complexe industriel de la région,
que la Société Inter-Port aura le pouvoir d'accorder des
subventions?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. MORIN: Absolument pas.
M. SAINT-PIERRE: Aux entreprises?
M. MORIN: Oui, aux entreprises, par exemple, ou encore des
incitations?
M. SAINT-PIERRE: Non, tout cela est réservé
à...
M. SAINT-HILAIRE: Elle n'a pas besoin de le donner à d'autres,
parce qu'elle peut l'exercer elle-même.
M. MORIN: Je voulais m'assurer qu'il n'y a pas un dédoublement
avec la Société de développement industriel ou avec
d'autres organismes du gouvernement québécois. Autrement dit, si
ces entreprises, qui désirent s'établir dans la région,
ont besoin de financement, elles devront s'adresser aux organismes...
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: ... habilités à leur faire des prêts ou
à leur accorder des subventions.
M. SAINT-HILAIRE: ... Cela va être une bonne place pour la Banque
d'expansion industrielle.
M. MORIN: M. le Président, pour l'article 4, j'ai terminé
mes questions, mais j'en aurai sur l'article 5.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Lévis.
M. CHAGNON: M. le Président, voici quelques commentaires
très brefs à la suite des remarques qui ont été
formulées au tout début par mon ami, le député de
Johnson, lorsqu'il se demandait s'il n'y aurait pas lieu d'élargir la
juridiction de la Communauté urbaine de Québec sur la rive sud.
Après avoir consulté tous les maires de la rive sud
personnellement, je puis refléter avec plaisir leur opinion; nous nous
sommes consultés je puis vous dire avec plaisir que la rive sud
est entièrement à l'encon-tre de l'idée de
s'intégrer à la CUQ, connaissant tous les déboires, les
difficultés que vit cet organisme depuis plusieurs années.
Personnellement, c'est pour cela... Je ne veux pas juger la CUQ, ce n'est pas
mon rôle, mais, personnellement, nous préférons nous
intégrer à la Société Inter-Port plutôt que
de faire partie de la CUQ qui vit actuellement des problèmes assez
complexes.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je savais qu'un jour ou
l'autre, surtout cet après-midi, le chat sortirait du sac. Cela fait
assez longtemps qu'on tourne autour. Cela prenait un homme ingénieux,
surtout un ingénieur de renom, pour...
M. BEDARD (Montmorency): Si cela peut vous faire plaisir de prendre mon
nom, prenez-le, pourvu qu'on règle le problème.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais comme le disait si bien le chef de
l'Opposition, cet acharnement à vouloir détruire et ce
n'est pas mon expression, c'est l'expression du député de
Sauvé la CUQ...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vous pourriez vous adresser à la
présidence.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, c'est vrai, vous avez raison pour une fois.
Comme il l'a dit tout à l'heure...
UNE VOIX: II était mal tourné.
M. BELLEMARE (Johnson): ... c'est une vieillerie de 1969.
UNE VOIX: Une balloune.
M. BELLEMARE (Johnson): II l'a laissé entendre quasiment
ouvertement. Je savais que quelqu'un faisait peur au ministre, mais je ne
savais pas que c'était le député de Montmorency. Pourtant,
lui le ministre, un homme intrépide et courageux, je ne pensais pas
qu'il pouvait aller jusque-là, avoir peur du député de
Montmorency. C'est surtout de ses diktats. Là, je
m'aperçois...
M. BEDARD (Montmorency): C'est cons-tructif...
M. BELLEMARE (Johnson): ... qu'il a déjà fait pas mal de
progrès sur les intentions voulues d'un bill qui était au
début, peut-être à cause du mot "portuaire" qui
était contenu dans les articles... je pense que le titre, comme disait
si bien le chef de l'Opposition, pouvait peut-être être acceptable,
"Inter-Port", mais c'est de là, soit du titre, que vient tout
l'imbroglio. C'est de là que viennent avec raison les interventions des
députés de Rivière-du-Loup et de Rimouski.
Quant au port désiré et souhaité par toute une
population de Gros Cacouna, le mot "Inter-Port", je pense que le
député de Rivière-du-Loup a raison, le projet no 4
devrait s'appeler plutôt un parc industriel, la Société du
Parc industriel de la ville de Québec, et non pas Inter-Port. Le projet
Inter-Port a peut-être été lancé pour
déranger un peu ceux qui faisaient des pressions un peu trop intenses
pour Cacouna. On a dit: Avec Inter-Port, cela va peut-être
déranger un peu l'orientation. Je ne pense pas que le ministre ait
abandonné personnellement la promotion du port de Cacouna. Je ne le
crois pas. Il a fait des déclarations sensationnelles à
Montréal devant un club de renom, où il a affirmé de toute
son autorité que le port de Cacouna vivrait et se réaliserait,
que c'était nécessaire au développement économique,
et même au point de vue d'un patrimoine de le développer chez
nous, et intensément, très rapidement.
Il y a eu un ralentissement à un moment donné. Le ministre
a pris un peu de retard. Il a eu peur du député de Montmorency,
et peut-être de quelques-uns de ses suppôts qui sont autour de lui,
qui lui soufflent dans l'oreille tout ce qui peut être mauvais à
la CUM et à la CUQ.
M. SAINT-HILAIRE: Est-ce que le club de renom était le club
Renaissance?
M. BELLEMARE (Johnson): Comment?
M. SAINT-HILAIRE: Est-ce que le club de renom était le club
Renaissance?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que le député de Johnson
a fini?
M. BELLEMARE (Johnson): Ce ne sont pas de gros mots, cela ne me fait pas
bien mal. Je suis habitué à cela, j'en ai enduré pendant
28 ans, et bien d'autres.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Kamouraska.
M. BELLEMARE (Johnson): Un instant, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): Je pense que l'honorable ministre surtout
devrait admettre que le titre du bill ne rend service ni à la cause
qu'il veut servir, ni particulièrement à celle qu'il veut
desservir consciemment.
M. SAINT-PIERRE: J'ai dit, plus tôt, qu'il me semblait que
c'était un point mineur. Je vois le député de Johnson
devant moi et je trouve que son nom lui va très mal. Ce n'est
sûrement pas une "belle mort", on devrait l'appeler "belle vie",
mais...
M. BELLEMARE (Johnson): Belle humeur aussi.
M. SAINT-PIERRE: Belle humeur! UNE VOIX: Pas toujours!
LE PRESIDENT (M. Brisson): le député de Kamouraska.
M. PELLETIER: Compte tenu de la situation, étant donné que
mon collègue de Rivière-du-Loup, Paul Lafrance et M.
Saint-Hilaire, le député de Rimouski... est le comté
voisin, dans le territoire de Kamouraska-Témiscouata, je tiens à
dire au ministre, quand même, que les maires de toute la population de
mon territoire endossent à 100 p.c. le projet. Disons que le titre
aussi, Inter-Port fait peur énormément à la population. Si
vous voulez former une société, je ne sais pas, on pourrait
accepter votre Inter-Port, pour autant qu'on ait une autre
société pour notre partie qui s'appellerait Superport. On
présenterait un projet de loi ou quelque chose qui... au moins, on
pourrait dire qu'on part avec quelque chose. On bâtit dans notre
région. Cela pose certaines inquiétudes au niveau de la
population. On se dit: Cette société se groupe, c'est un groupe.
Là ils vont prendre de la force financièrement, dans l'ensemble.
Les relations vont être meilleures, entre Ottawa et Québec,
à ce moment, peut-être que des propositions seront faites au
niveau de la société dans le but... Cela peut retarder le projet
de Rivière-du-Loup et du territoire de Rivière-du-Loup. Ceci nous
pose une certaine inquiétude au niveau de la région du Bas
Saint-Laurent. Tout simplement quant à ma position, je tiens à
signaler que j'endosse le projet du Bas-Saint-Laurent, soyez assurés
que...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 4, adopté tel
qu'amendé?
M. BELLEMARE (Johnson): Non, M. le Président, je fais une motion
pour que le titre du bill soit...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je ferai remarquer au député
que le titre, c'est-à-dire le titre...
M. BELLEMARE (Johnson): Le nom?
LE PRESIDENT (M. Brisson): ... le nom a
été adopté par l'article 2, qui est
déjà adopté actuellement, où on dit: Une compagnie
à fonds social est constituée sous le nom "Société
Inter-Port de Québec" en français, et...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 5... Article 4, adopté?
M. BELLEMARE (Johnson): ... vous enregistrerez ma dissidence quand
même, contre le titre...
UNE VOIX: Cela va...
M. BELLEMARE (Johnson): ... qui ne rend pas justice, actuellement,
à ceux qui, à Cacouna et ailleurs dans toute la région,
voudraient voir se développer ce port de Cacouna. Enregistrez ma
dissidence.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'accord, c'est enregistré
automatiquement.
M. SAINT-PIERRE: Article 5?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 5. Est-ce qu'il y a un
amendement?
M. MORIN: Est-ce que vous avez fait adopter l'article 4, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que l'article 4 est adopté tel
qu'amendé?
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que la phraséologie est bonne?
M. SAINT-PIERRE: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté?
M. BELLEMARE (Johnson): Parce qu'il y a des virgules auxquelles s'oppose
le député destructeur de la CUQ.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 4, adopté tel
qu'amendé. Article 5?
M. MORIN: L'article...
M. SAINT-HILAIRE: Nous tiendrons compte que le changement va être
fait dans le...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 5, adopté?
M. BELLEMARE (Johnson): Le président demande...
M. MORIN: Un instant, M. le Président, là-dessus, j'ai
quelques questions. Il s'agit du pouvoir d'expropriation qui peut frapper tout
immeuble ou tout autre droit réel situé à
l'intérieur de la zone spéciale, même s'il s'agit d'un
immeuble non susceptible d'expropriation, d'après une loi
générale ou spéciale.
J'aimerais demander au ministre, comme première question, quel
est le sens exact de cette clause qui se trouve à la fin de
l'article.
M. SAINT-PIERRE: Aux fins de pouvoir regrouper le terrain
nécessaire adjacent au port, une société commerciale
aurait des pouvoirs extrêmement limités. Elle serait
exposée, dans nombre de cas, à des refus. On voit, sur le plan
strictement commercial, des gens qui refusent de vendre du terrain, et on
pourrait encourir alors des coûts extrêmement élevés.
D'autant plus que, dans nombre de cas, n'ayant pas un pouvoir d'expropriation,
la société serait limitée à un accord de gré
à gré, ce qui pourrait, compte tenu de ceux qui seront
appelés à diriger la société, placer dans des
situations difficiles les deux niveaux du gouvernement.
On me signale des exemples d'immeubles non susceptibles d'expropriation
par une loi générale ou spéciale, et j'espère qu'il
y en a d'autres, parce qu'on n'a pas ceux-là à l'idée. Par
exemple, un cimetière. Je dois dire que le but de l'article 5 n'est pas
de rendre nul ou sans effet l'article 48 de la Loi sur les biens culturels. A
cet effet, j'ai d'ailleurs un amendement à proposer à l'article
19 du projet de loi, qui établira très clairement le fait que la
Loi sur les biens culturels va prévaloir sur la présente loi.
M. MORIN: Mais alors, quelle est la portée exacte de cette
expression "même s'il s'agit d'un immeuble non susceptible
d'expropriation d'après une loi générale ou
spéciale"?
M. SAINT-PIERRE: Bien, c'est...
M. HARDY: M. le Président, je pense que le ministre vient de
donner un exemple bien précis. Si le texte de la loi restait tel qu'il
est rédigé, cela veut dire que la société qui est
créée par ce projet de loi pourrait exproprier un bien
classé, sans que la Loi sur les biens culturels n'ait d'application. En
d'autres termes, la société pourrait exproprier un immeuble sans
demander aucune autorisation à la direction du patrimoine. Avec
l'amendement que le ministre de l'Industrie et du Commerce se propose de
soumettre, la Loi des biens culturels s'appliquera.
M. MORIN: J'ai bien compris cela, et c'est qu'il y a peut-être des
biens autres que culturels qui ne peuvent être expropriés en vertu
d'une loi générale ou spéciale...
M. SAINT-PIERRE: Alors, je les mentionne.
M. MORIN: ... et qui pourront l'être.
M. SAINT-PIERRE: ... je mentionne...
M. MORIN: Ce qu'a dit le ministre des
Affaires culturelles confirme exactement mes craintes. On a voulu, par
un amendement qui nous sera soumis tout à l'heure, faire une exception
pour les biens culturels. Je m'en réjouis, mais je me dis: Quels autres
biens?
M. HARDY: J'espère que vous vous en réjouissez.
M. MORIN: Mais, bien sûr! Quels sont les autres biens qui
pourraient être l'objet d'une expropriation comme celle-là?
M. SAINT-PIERRE: Je vais vous en mentionner d'autres qui nous ont
donné, d'ailleurs, des problèmes dans le passé, dans la
région de Montréal. Vous pourriez avoir, dans le territoire
envisagé près du port de Québec, le cas
hypothétique d'une petite école privée qui
appartiendrait... d'une école protestante privée qui ne sert
à peu près plus. Or, l'école, l'hôpital, les
cimetières, voilà des immeubles qui ne peuvent être
expropriés en vertu des lois spéciales ou des lois
générales actuellement. L'article 5 donnerait, avec l'approbation
du lieutenant-gouverneur en conseil, le pouvoir d'exproprier, même pour
ces fins, compte tenu de la limite que nous avons apportée pour les
biens culturels.
M. MORIN: Maintenant, M. le Président, est-ce qu'il n'y aurait
pas là, un pouvoir quand même très étendu et qui
devrait souffrir des exceptions, non seulement en faveur des biens culturels,
mais en faveur des biens qui sont de nature à contribuer à la
vocation touristique de la ville de Québec ou des villes
environnantes.
Ce qui m'inquiète, c'est qu'on semble faire prédominer le
développement industriel et le pouvoir d'expropriation qui lui est
nécessaire, sur toute autre espèce de considération, sauf
dans le cas des biens culturels qui, avouons-le, malheureusement, constituent
une exception quand même assez limitée.
Je suis inquiet de cette clause qui me paraît trop
générale, qui va à l'encontre... qui prime toutes les
autres lois générales et spéciales. Je m'inquiète
des effets que cela pourrait avoir, en particulier, sur un autre aspect de la
vocation économique de Québec, c'est-à-dire la vocation
touristique.
M. SAINT-PIERRE: Autant ce que l'on soulève peut être
pertinent, autant il faut se rappeler qu'au conseil d'administration de la
société, vous avez quand même des représentants de
la ville de Québec, de la Communauté urbaine de Québec et
de la chambre de commerce. Même si la chambre de commerce peut être
préoccupée de promouvoir l'établissement d'industries
secondaires, je suis certain qu'elle est également
préoccupée de maintenir la qualité de l'environnement et
la vocation touristique de Québec.
D'ailleurs, on voit que ce pouvoir d'expropriation soumis à
l'approbation du lieutenant- gouverneur en conseil... Je pense que le
lieutenant-gouverneur en conseil est sensible à la vocation touristique
du Québec. Il consacre des sommes d'argent importantes pour promouvoir
cette vocation, comme Place Royale et d'autres endroits en dehors de l'aspect
strictement culturel. Donc, il n'irait pas permettre des expropriations qui
risqueraient de briser le caractère ou le potentiel touristique de
Québec.
D'ailleurs, il faut se rappeler que si le pouvoir d'expropriation permet
d'obtenir par voie d'expropriation une petite école, un hôpital,
ou même un cimetière soumis à la loi dans les projets
futurs de la société, ils seront soumis au plan d'urbanisme et au
plan de zonage des municipalités sur lesquelles se trouve ce territoire.
Elle pourrait limiter le type de construction, le type de développement
industriel.
M. MORIN: Le ministre ne me rassure pas entièrement, parce que
dans ce domaine de la protection des sites et de la protection des sites
touristiques, en particulier, le passé n'est pas garant de l'avenir. Le
collègue de Montmorency sait très bien à quel point le
site des chutes, par exemple, a pu être défiguré dans le
passé par des usines affreuses qui sont venues s'installer en plein au
pied des chutes. Quand on sait tout ce qui va tourner autour d'un projet comme
celui-là, une fois qu'il sera en vigueur, tous les "faiseux" d'affaires
qui vont tourner autour du gouvernement et tous ceux qui auront un dollar
à dépenser pour favoriser le développement de la
région, je m'inquiète d'un pouvoir qui me paraît vraiment
trop étendu.
Je reconnais le souci du ministre des Affaires culturelles d'avoir
réagi en disant: II faudrait une exception pour les biens culturels. Je
me demande s'il n'y aurait pas lieu de prévoir d'autres exceptions aussi
de nature à protéger les biens de nature touristique.
M. HARDY: M. le Président, la Loi des biens culturels
adoptée par le Parlement avant que nous n'ayons le plaisir et le bonheur
d'avoir le député de Sauvé parmi nous ne s'applique
pas uniquement à des maisons. La Loi des biens culturels permet au
ministre c'est ce que nous nous préparons à faire,
d'ailleurs, cela a déjà été fait à
déclarer des sites naturels, sites touristiques. C'est le cas de
Percé, c'est le cas de l'île d'Orléans.
Alors, quand vous appuyez sur des incidents regrettables qui se sont
produits dans le passé, vos craintes ne sont pas fondées. En
d'autres termes, le passé n'est pas garant de l'avenir dans ce
domaine.
Vous faites allusion à l'environnement des chutes Montmorency. Il
y a même beaucoup de choses gênantes qui se sont produites dans
l'île d'Orléans. C'est qu'à ce moment, le gouvernement ne
disposait pas des instruments juridiques nécessaires, et surtout, il ne
disposait pas des budgets et des ressources humaines pour protéger ces
sites. Ce n'est plus le cas. Nous
sommes, actuellement, à faire une étude pour
compléter l'inventaire des sites naturels, des arrondissements
historiques. Alors, l'amendement que le ministre se propose de déposer
sur la table couvrira sûrement à peu près tous les domaines
où le député de Sauvé le chef de
l'Opposition pourrait avoir des inquiétudes.
M. MORIN: M. le Président, en attendant, j'aurais
préféré une clause d'expropriation rédigée
en des termes un peu plus restrictifs. Bien sûr, le ministre des Affaires
culturelles tente de nous rassurer, en nous disant que les sites naturels, les
arrondissements historiques vont être protégés, mais cela
peut prendre un certain temps, si j'en juge, par exemple, d'après la loi
sur le cinéma, cela pourrait prendre peut-être douze ans. Pendant
ce temps, le développement industriel de la région de
Québec peut connaître une certaine expansion aux dépens des
sites touristiques. Je suis sûr que le ministre serait là pour le
regretter éventuellement, tout comme moi.
M. le ministre, je ne sais pas si vos conseillers pourraient se pencher
là-dessus, mais je trouve cet article un peu trop étendu dans son
application. Je reconnais que vous allez protéger les biens culturels.
Mais justement, parce que vous apportez cet amendement par la suite, je me
rends compte que vous avez découvert cette objection après avoir
rédigé l'article 5. Je me demande si vous avez pensé
à tout ce qu'il convient de protéger contre un pouvoir
d'expropriation qui jouerait en faveur peut-être uniquement de la
croissance économique.
Il faut être en faveur de la croissance économique, bien
sûr, mais il ne faut jamais oublier que, dans une ville comme
Québec, cette croissance tient non pas seulement à l'industrie,
mais elle tient au site, dans son ensemble aussi. S'il fallait mordre de plus
en plus sur les territoires qui environnent Québec, en particulier, et
vous savez ce qui est arrivé aux battures de Beauport, je serais
vraiment inquiet.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, j'ai deux questions.
D'abord, premièrement, je voudrais appuyer très
sincèrement l'idée du chef de l'Opposition, parce que, dans le
vieux Québec, il y a des institutions, il y a des endroits qui,
même s'ils n'appartiennent pas aux biens culturels de la province, sont
recherchés par les touristes, à cause de leur ancienneté
et du cachet particulier de Québec, surtout dans cette région
où l'on prévoit le développement de la
société.
Je pense qu'on leur donnerait probablement un blanc-seing qui ne serait
pas raisonnable, parce que, même si on garde une soupape au conseil des
ministres, quand cela arrive tout cuit devant le conseil des ministres, il n'y
a pas beaucoup d'objections qui puissent se manifester.
M. CADIEUX: C'est changé!
M. BELLEMARE (Johnson): Un instant! Un instant!
M. CADIEUX: Vous avez déjà été
là!
M. BELLEMARE (Johnson): Oui. J'ai plus d'expérience que vous, qui
n'y avez jamais été.
M. CADIEUX: Ils ne m'ont jamais invité.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, vous avez bien désiré y
aller, mais, en tout cas...
M. le Président, je ne me laisse pas distraire. Je dis que quand
cela arrive au conseil des ministres, souvent une société comme
celle-là, qui va presque avoir un blanc-seing au point de vue de
l'expropriation, mériterait sûrement une certaine restriction,
surtout un pouvoir que le ministre devrait conserver pour ne pas laisser
dilapider ces biens qui sont extraordinairement précieux pour la nation
québécoise.
Ma deuxième question, puis je donnerai au ministre l'avantage...
En vertu de cet article, est-ce que les expropriés, en vue de
protéger les droits des particuliers qui pourraient être
lésés, est-ce que celui ou ceux qui seront expropriés
auront droit au recours devant le tribunal de l'expropriation? Depuis quelques
années, il y a un tribunal qui siège maintenant en expropriation.
La décision n'est jamais finale.
M. SAINT-PIERRE: La première question, qui touche des propos
soulevés également par le chef de l'Opposition, au sujet du
développement économique où les projets qu'on pourrait
avoir à l'esprit pourraient détruire le cachet de la ville de
Québec, il me semble que, sur ces points, on fait peu confiance au fait
que la structure de la société est très
décentralisée. Dans une large mesure, les administrateurs sont
des résidants de la ville de Québec. Qu'ils viennent de la
Communauté urbaine de Québec, de la ville de Québec, ou de
la Chambre de commerce de l'industrie du Québec, ce sont des gens
préoccupés, j'en suis certain, qui sont sensibilisés
à l'avantage que retire Québec de son cachet, sur le plan de
l'industrie touristique.
Je serais personnellement extrêmement déçu si on ne
tenait pas compte de cet aspect, lorsqu'on nous formule des plans, lorsqu'on
nous prépare des plans pour le développement ou les objectifs de
la société.
Je tiens à souligner d'ailleurs que, actuellement, la
région de Québec possède cinq arrondissements
déclarés, qui sont: le vieux Québec, l'île
d'Orléans, Charlesbourg, Sillery et Beau-port. Donc, l'article 48 de la
loi limiterait considérablement les possibilités et devrait tenir
compte de cela.
L'amendement que nous proposons est un peu un garde-fou additionnel
qu'on se pose. Il faut bien voir que l'article 48 de la Loi sur les biens
culturels donnait déjà une protection puisqu'elle disait:
"Nonobstant toute loi géné-
rale ou spéciale, nulle construction, réparation,
transformation, démolition d'immeuble ne peut être faite dans un
arrondissement historique ou naturel sans l'autorisation du ministre des
Affaires culturelles qui prend avis de la commission". Il y a
déjà une protection. Comme il y a eu, dans certains milieux, une
crainte que des gens veuillent utiliser la loi Inter-Port pour minimiser
l'effet de la Loi sur les biens culturels, on l'a, par un amendement qu'on va
donner, établi très clairement qu'il n'en saurait être
question et que pour les arrondissements déclarés naturels,
l'ensemble des dispositions de la loi va prévaloir sur celle de la loi
Inter-Port. Au deuxième point, oui, tous ceux qui seront sous le coup
d'expropriation auront droit au plein recours du tribunal d'expropriation.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Montmorency.
M. BEDARD (Montmorency): M. le ministre, avec cette loi d'expropriation,
à l'heure actuelle, en ce qui concerne les battures de Beauport, du
moins pour la municipalité que je représente, la ville de
Beauport est propriétaire de terrains et, dans l'autre partie, ce sont
les ports nationaux qui sont propriétaires. Est-ce que, par cet article,
vous avez le droit d'exproprier la partie appartenant aux ports nationaux ainsi
que celle de la ville de Beauport? Je ne pense pas pour les ports
nationaux.
M. SAINT-PIERRE: On ne peut pas pour les ports nationaux.
M. BEDARD (Montmorency): Pour la ville de Beauport? C'est parce qu'on
voit: Toute loi générale...
M. MORIN: Mais ils peuvent exproprier les terrains appartenant à
la ville de Beauport. C'est certain.
M. BEDARD (Montmorency): Ils peuvent le faire pour ceux appartenant
à la ville de Beauport.
M. MORIN: Cela vous fait réfléchir.
M. BEDARD (Montmorency): Non, ce n'est pas ça. Je veux être
conscient. Quand on dit expropriation, quand on est rendu là, c'est
parce qu'on n'a pas réussi à s'entendre auparavant. Si nous, de
la ville de Beauport, on voit qu'il y a un complexe industriel qui vient
s'installer, on sait que c'est un apport de revenus supplémentaires.
Compte tenu de tous les membres qui sont au sein de ce comité, il va
falloir regarder le côté touristique aussi, c'est entendu. Mais la
section de Beauport est protégée par la Loi des biens culturels,
parce que, tel que vous l'a dit le ministre tout à l'heure, Beauport est
parmi les cinq arrondissements. C'est pour donner des détails
supplémentaires, à savoir si, par un article semblable, on peut
exproprier des biens appartenant à la ville de Beauport: Oui, mais non
aux ports nationaux.
M. SAINT-PIERRE: C'est d'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Rimouski.
M. SAINT-HILAIRE: Question très courte. Quels sont les biens non
susceptibles d'expropriation d'après une loi spéciale?
M. SAINT-PIERRE: Je les ai mentionnés tantôt:
cimetière, hôpital, école et les choses semblables.
M. SAINT-HILAIRE: Deuxième question très courte aussi.
Est-ce qu'à ce moment-là les frais de révision seraient
payés par le gouvernement ou si le type qui irait en révision
serait obligé de payer ses propres frais d'expropriation?
M. SAINT-PIERRE: C'est la procédure courante.
M. BELLEMARE (Johnson): S'ils s'entendent le
fédéral et le provincial comme la question vient
d'être posée au député de Montmorency, il n'y a pas
de problème pour la société.
M. SAINT-PIERRE: Non. C'est simplement le...
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne pense pas que le gouvernement provincial
puisse s'opposer à ce que la société transige avec le
gouvernement fédéral, s'ils sont d'accord.
M. SAINT-PIERRE: D'ailleurs, c'est arrivé récemment, sur
le plan des CEGEP. Sans relever un vieux dossier, est-ce que l'école de
marine n'avait pas acheté le terrain des ports nationaux?
M. SAINT-HILAIRE: Je ne suis pas au courant, je sais que...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que le député de
Rimouski a d'autres questions?
M. SAINT-HILAIRE: Est-ce que vous pouvez répondre à ma
question? Je pense que, dans le cas de Mirabel, le gouvernement
fédéral payait les avocats des expropriés. Il arrive
tellement d'abus parfois, il arrive tellement de lenteurs là-dedans que
ce serait peut-être préférable qu'on...
M. SAINT-PIERRE: Dans ce cas, c'est différent de Mirabel,
peut-être, bien que ce soient quand même des cas exceptionnels, en
général. Je ne sais pas si les gens se limitent aux battures de
Beauport, on peut peut-être parler de trois ou quatre
propriétés. Dans ces cas-là, je crois
que les lois habituelles de la province auraient cours.
M. SAINT-HILAIRE: M. le ministre, si on juge sur ce qui s'est
passé au parc Forillon et à Mirabel, l'expropriation n'est
déjà pas un avantage.
M. HARDY: Ce n'est pas pareil, c'est le fédéral. Ce n'est
pas aussi bon que le provincial.
M. SAINT-HILAIRE: Non, je veux dire qu'il ne faudrait pas que les
mêmes abus se commettent.
M. BELLEMARE (Johnson): Le site étant désigné sur
les battures de Beauport...
M. SAINT-PIERRE: Non, il ne l'est pas.
M. BELLEMARE (Johnson): Bien, d'après ce que vient de dire le
député...
M. SAINT-PIERRE: II semble logique, mais je veux dire...
M. BELLEMARE (Johnson): Parce que nous allons faire, nous avons pris,
nous ferons, nous déciderons, c'est toujours nous. C'est presque
décidé, on vient de voir le chat.
M. SAINT-PIERRE: C'est un site logique.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est là qu'est le chat d'Inter-Port.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
UNE VOIX: J'ai compris, j'ai compris.
M. SAINT-PIERRE: Article 5, adopté, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé
avait-il une autre question?
M. MORIN: M. le Président, je n'ai pas d'objection à ce
que vous procédiez sur l'article 5, mais ce sera adopté sur
division.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 5, adopté sur division.
M. SAINT-PIERRE: Article 6.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 6. Adopté?
M. MORIN: Un instant, voulez-vous? C'est l'article qui porte sur les
ententes. C'est un article important. J'aurais une ou deux questions à
poser au ministre à ce sujet. Est-ce que c'est le lieu pour interroger
le ministre sur l'entente elle-même? Nous avions convenu tout à
l'heure que nous pourrions également poser des questions sur l'entente
et c'est dans l'article 6 qu'on se réfère, pour la
première fois, à la capacité de la Société
Inter-Port de conclure des ententes avec le gouvernement du Canada ou avec le
gouvernement de toute autre province ou encore avec leurs organismes ou avec le
ministre canadien, en l'occurrence, d'après l'article premier, le
ministre de l'Expansion économique régionale.
J'aimerais demander en premier lieu au ministre: Pourquoi, au conseil
d'administration de la société qui n'est pas décrit
dans la loi de façon précise, mais qui l'est dans l'entente
a-t-on choisi la composition des treize membres en faisant entrer, par
exemple, la ville de Québec, mais en laissant à l'écart
des villes qui, elles aussi, sont appelées à participer à
l'expansion industrielle de la région, peut-être même en
faire une partie de frais, comme, par exemple, Sainte-Foy, Charlesbourg ou
Beauport, pour donner satisfaction au député de Montmorency? Je
m'explique mal pourquoi on a favorisé certaines villes aux dépens
de certaines autres.
Je sais bien que la Communauté urbaine de Québec va faire
partie du conseil d'administration, mais c'est une représentation au
second degré, si je puis dire. Rien n'assure des villes comme
Sainte-Foy, Charlesbourg ou Beauport que la Communauté urbaine de
Québec, représentée au conseil d'administration, va
nécessairement parler au nom des intérêts de ces villes.
C'est ma première question sur l'entente.
M. SAINT-PIERRE: Encore une fois, c'est surtout un organisme de
promotion industrielle. Nous avons tenté, avec un conseil
d'administration de treize membres, ce qui est relativement lourd, d'être
capables de retrouver les principaux partenaires nécessaires pour
assurer une concertation. C'est ce qui explique le port de Québec, c'est
ce qui explique les deux ministères de l'Industrie et du Commerce, du
fédéral et de la province de Québec, le ministère
de l'Expansion économique qui paie les sommes d'argent, l'Office de
planification qui est impliqué par les ententes.
On a également ajouté à cela tous ceux qui touchent
le développement industriel actuellement, pour éviter les
dédoublements dont on parlait. On retrouve donc la Communauté
urbaine de Québec, la Commission industrielle de la rive sud, la
Commission industrielle de Saint-Romuald.
La ville de Québec, c'est sûrement à cause de
l'importance de la ville elle-même sur le plan de la zone spéciale
de Québec, le fait que le port lui même est situé à
l'intérieur de la ville de Québec. D'ailleurs, les trois autres
administrateurs nous permettront sûrement de combler les lacunes de
certaines régions. Celle qui est la plus évidente est la
région Beauport-Montmorency-Giffard où on peut avoir une certaine
flexibilité.
M. MORIN: Comment seront-ils nommés, les
trois autres administrateurs choisis parmi les représentants de
l'entreprise privée?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que tous les organismes mentionnés de 1
à 10, feront l'objet d'une consultation pour obtenir deux ou trois noms
de chacun. Nous allons tenter de puiser des gens du secteur privé
à partir de noms additionnels qui auraient pu nous être
donnés par la Communauté urbaine de Québec, la ville de
Québec ou la chambre de commerce, des choses semblables.
M. MORIN: Qui va les nommer?
M. SAINT-PIERRE: Comme les nominations, par les actionnaires de la
société.
M. MORIN: C'est-à-dire les deux actionnaires, en l'occurence le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial?
M. SAINT-PIERRE: Strictement sur le plan purement légal,
l'actionnaire majoritaire peut toujours décider de nommer tous les
administrateurs, d'exercer le droit de sa majorité. En
général, dans les entreprises, on tend à respecter le
caractère de la proportionnalité qui existe au niveau du
capital-actions. Je ne sais pas, je ne vois aucune difficulté à
m'entendre avec mon collègue du fédéral sur cela.
M. MORIN: Est-ce que le ministre ne craint pas que ces personnes qui
seront choisies dans l'entreprise privée puissent avoir des conflits
d'intérêts?
M. SAINT-PIERRE: La loi, je pense, prévoit des...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, mais dans... M. SAINT-HILAIRE: Article
9.
M. BELLEMARE (Johnson): ... l'article 9, c'est écrit "avec toute
la diligence possible." Cela pourrait peut-être être six mois et
cela pourrait peut-être être un an, la diligence.
M. SAINT-PIERRE: On va étudier tout à l'heure l'article
9.
M. BELLEMARE (Johsnon): Puisque c'est vous qui l'avez
mentionné...
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas moi.
M. BELLEMARE (Johnson): ... il faut absolument, quand on arrivera
à cet article, que le ministre nous dise quelle est la diligence
possible, parce que le mot est vague. Cela peut être trois mois et cela
peut être six mois. Je pense que lorsqu'il s'agit de nommer un
juge...
LE PRESIDENT (M. Brisson): On s'est référé à
l'article 9 pour les conflits d'intérêts seulement. Lorsqu'on
étudiera l'article 9, on pourra, à ce moment...
M. BELLEMARE (Johnson): Mais le chef de l'Opposition a demandé
quels seront les critères qui feront que ces treize membres seront
nommés. Je comprends qu'il y en a dix, dans le protocole d'entente, qui
sont délimités d'avance, mais il y en a trois qui seront des gens
nommés par le ministre; ils seront choisis par les représentants
de l'entreprise privée, mais nommés par le ministre. Est-ce que
c'est le ministre fédéral ou le ministre provincial?
UNE VOIX: Le ministre provincial.
M. MORIN: Ce sont les deux, sauf que le ministre nous apprend que, comme
il est majoritaire au sein de la société, possédant 60
p.c. des actions, en fait, ce sera sa décision. J'aurais
été plus rassuré si ces trois membres avaient
été nommés par les dix premiers membres du conseil
d'administration.
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. MORIN: Le ministre ne veut pas y consentir.
M. SAINT-PIERRE: On a assez de difficultés dans les CEGEP avec
les "cooptés" et tout ce qu'on voit là-dedans que, je pense, vu
qu'on paie, on va au moins avoir le privilège de nommer les gens.
M. MORIN: M. le Président, d'abord, le ministre dit "vu qu'on
paie", mais c'est probablement le gouvernement fédéral qui va
payer le plus gros, c'est donc probablement lui qui va insister...
M. SAINT-PIERRE: C'est cela du fédéralisme rentable.
M. MORIN: ... pour faire les nominations. M. SAINT-PIERRE: Non.
M. MORIN: Tout ce que dit le ministre est loin de me rassurer, cela
aggrave même le problème sur lequel je me penche.
M. SAINT-PIERRE: Non. Pourquoi les dix nommeraient-ils les trois?
Finalement, on va peut-être se retrouver inconsciemment avec des conflits
de personnalité terribles. On veut que la société atteigne
ses buts. Je pense que, dès le départ, malgré que toutes
les sommes d'argent viennent des deux niveaux de gouvernement, on se
réserve une part très minoritaire dans le fonctionnement de la
société. Il y en a trois sur treize qu'on se réserve de
nommer.
M. SAINT-HILAIRE: Très minoritaire, mais il y en a d'autres.
M. SAINT-PIERRE: Très minoritaire, je pense.
M. MORIN: Je n'ai pas terminé, je m'excuse, M. le
député de Rimouski. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de faire
soumettre ces ententes, étant donné l'importance que peuvent
avoir les diverses ententes la loi n'est qu'une sorte de loi-cadre
à l'attention de la Chambre, sinon même à
l'approbation de la Chambre, en tout cas, à tout le moins à son
attention?
M. SAINT-PIERRE: Pour information, il me fera plaisir de déposer
une copie des ententes signées, une fois que nous les aurons
signées.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le ministre en a déjà
quelques-uns en vue?
M. SAINT-PIERRE: Non, personne.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, on n'a pas le
quorum.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Huit, nous avons le quorum.
M. MORIN: Une autre question que me paraît soulever cet article 6,
est la suivante: Pourquoi est-ce que c'est le ministre chargé de
l'application de la loi de l'OPDQ et non pas le ministre de l'Industrie et du
Commerce qui signe les ententes, qui conclut les ententes avec les autres
gouvernements?
M. SAINT-PIERRE: C'est que l'analyse de l'article 2 de la loi de
l'Office de planification donne quand même à l'office des
responsabilités dans la direction: assurer l'exécution de tout
plan, programme ou projet de développement économique et social.
Il mentionne à l'article 2 g) "agir comme agent de liaison entre les
ministères et organismes du gouvernement dans la mise en oeuvre des
plans et signer des ententes avec d'autres niveaux du gouvernement". En partie,
compte tenu de l'article 9 a) de la loi, qui autorise l'office à
conclure des accords avec tout gouvernement ou organisme ainsi qu'avec toute
autre personne, cela a semblé préférable et c'est ce qui
se fait actuellement. C'est toujours le ministre responsable de l'office qui
signe l'entente, quitte à confier la responsabilité de
l'exécution de l'entente à un ministre responsable dans un
secteur sectoriel.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Montmorency.
M. BEDARD (Montmorency): M. le ministre, étant donné que
toute l'expansion territoriale de cette Société Inter-Port
s'effectuera sur les battures de Beauport, à partir de Giffard,
Beauport, Villeneuve, Montmorency, est-ce que vous accepteriez la suggestion
suivante, celle d'établir ou d'instituer un onzième membre? Cela
pourrait se lire ainsi: Un représentant choisi dans le secteur no 5 de
la Communauté urbaine de Québec. Le secteur no 5 est couvert par
Giffard, Beauport, Villeneuve, Courville, Montmorency et
Sainte-Thérèse-de-Lisieux. Donc, il resterait deux
représentants nommés par les industriels.
M. SAINT-PIERRE: D'accord.
M. BEDARD (Montmorency): Ce serait acceptable?
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. BEDARD (Montmorency): Donc, j'en fais la proposition pour l'entente
à être signée entre les deux parties, un onzième
membre représentant...
M. BELLEMARE (Johnson): Je te l'ai dit qu'il le peut. Je vais le dire et
c'est visible depuis le matin. Non, mais c'est visible.
M. BEDARD (Montmorency): M. le Président, il faut être
honnête envers tout le monde. Ce n'est pas l'histoire d'avoir peur d'un
individu plutôt que de l'autre, ce n'est pas parce qu'un gars dans son
comté va faire son ouvrage qu'on va essayer de lui donner des titres de
chat ou d'apeurer son ministre. Pour une fois, M. le député de
Johnson, je pense que vous devriez apprécier l'ouvrage qui est fait par
un député dans son comté. Vous en avez la plus belle
preuve, c'est un point constructif que je viens d'apporter. Je crois que j'ai
touché aussi un peu l'intervention du député de...
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que cela aurait fait la même chose
si on l'avait proposé, nous autres?
M. BEDARD (Montmorency): Un instant, s'il vous plaît, vous
prendrez la parole tout à l'heure.
M. BELLEMARE (Johnson): Si on l'avait proposé, est-ce que cela
aurait été la même chose?
M. BEDARD (Montmorency): L'idée du chef de l'Opposition... Ma
peur était, en passant en troisième pour parler, que vous y
penseriez. Etant donné que les intérêts du comté de
Montmorency ne vous intéressent pas trop, je suis content d'y avoir
pensé avant vous.
M. BELLEMARE (Johnson): Un instant, M. le Président, question de
privilège. Le député n'a pas le droit de dire que je ne
m'intéresse pas aux intérêts de Beauport ou de Montmorency.
Ecoutez, vous avez le droit de penser n'importe quoi, mais pas...
M. BEDARD (Montmorency): C'est constructif...
M. BELLEMARE (Johnson): En vertu du règlement, vous avez le droit
de ne me prêter aucune idée, aucune...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! Le député de
Rimouski.
M. BEDARD (Montmorency): Vous m'en avez prêté une, vous
dites que je fais peur au ministre.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est vrai aussi.
M. SAINT-HILAIRE: La seule remarque que j'ai à faire dans la
question de l'entente, est de demander au ministre s'il croit que le mandat de
la société peut être pleinement rempli en ne lui donnant
que jusqu'au 31 mars 1975 pour faire la préparation de tous ses
documents?
M. SAINT-PIERRE: J'ai mentionné ce matin que cela, dans l'entente
finale, dès qu'on y sera autorisé, on va en discuter avec le
gouvernement fédéral. Probablement que c'est une date qu'il
faudrait reporter. Cela a été mis là lorsqu'on pensait
avoir le projet de loi, effectivement, en juillet dernier.
M. SAINT-HILAIRE: De cette façon, comment allez-vous être
capable après, de vous conformer à l'article 9?
M. SAINT-PIERRE: J'ai un amendement qui s'en vient, vous allez voir.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 6, adopté?
M. SAINT-PIERRE: Article 6, adopté. M. SAINT-HILAIRE:
Excusez...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 7, adopté?
M. MORIN: Un instant...
Conseil d'administration et personnel
M. SAINT-HILAIRE: Article 7, il y aura peut-être une question.
Lorsque vous parlez du conseil d'administration formé de treize membres,
vous dites: "Les ministres fixent conjointement leur rémunération
ainsi que les indemnités auxquelles ils ont droit". Quelles sont ces
rémunérations et qui doit être
rémunéré?
M. SAINT-PIERRE: Les administrateurs qui ne sont pas fonctionnaires,
soit au niveau fédéral, soit au niveau provincial, qui,
d'après les deux lois, n'ont pas le droit de retirer des
rémunérations additionnelles en faisant partie de conseils
d'administration. On a fixé cela parce que c'est une
société privée, simplement pour revoir, dans le temps,
quelle est la politi- que des deux niveaux de gouvernement en ce qui touche la
rémunération et tenter de...
M. SAINT-HILAIRE: Quel montant prévoyez-vous que cela va
coûter?
M. SAINT-PIERRE: Je n'en ai aucune idée, c'est la même
chose que d'habitude.
M. SAINT-HILAIRE: Est-ce que vous allez avoir un président, par
exemple, à $25,000 par année ou...
M. SAINT-PIERRE: En général, ce sont des jetons de
présence, je pense que c'est $100 par jour.
M. SAINT-HILAIRE: Il va y en avoir un "qui mène", à un
moment donné, quelque part là-dedans?
M. BELLEMARE (Johnson): C'est rendu à $150... La commission
d'habitude.
M. SAINT-PIERRE: Peut-être. Alors...
M. SAINT-HILAIRE: II va certainement y avoir un gérant
général...
M. SAINT-PIERRE: Alors, c'est suivant la description de tâches,
suivant les qualifications qu'on retire. Les deux ministres fixeraient la
rémunération. C'est un des points où les pouvoirs de
l'actionnaire majoritaire sont limités.
M. SAINT-HILAIRE: En un mot, il n'y aurait pas tellement de personnes
qui recevraient de gros salaires. Ce seraient uniquement des jetons de
présence aux assemblées, plus une ou deux personnes qui seraient
rémunérées adéquatement.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela. Article 7, adopté. Article 8?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 7, adopté. Article 8?
M. SAINT-PIERRE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 8, adopté.
M.MORIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 9, amendement.
M. SAINT-PIERRE: II s'agit d'un amendement, M. le Président.
C'est à l'article 10, mon amendement.
M. BELLEMARE (Johnson): Article 9, M. le Président, si vous
voulez me permettre. C'est "avec toute la diligence possible". On sait que,
dans la loi des tribunaux, par exemple, l'avocat
qui est nommé juge, on lui donne à peu près trois
mois pour liquider son bureau, ses affaires. Je pense que, dans la Loi de la
législature aussi, ce devrait être un amendement qui
empêcherait beaucoup de conflits d'intérêts si cela pouvait
être reconnu, là, on dit simplement: "en disposent avec toute la
diligence possible".
Alors, il n'y a pas de temps. Cela peut être six mois; cela peut
être un an et si les successions sont longues à se régler,
comme on sait que ce n'est jamais facile, vous aurez peut-être là
de vrais conflits d'intérêts.
M. SAINT-PIERRE: C'est la clause usuelle que nous avons concernant les
conflits d'intérêts. Comme on me le fait remarquer dans les cas de
succession, même si on veut en disposer, on est limité tant qu'on
n'a pas les approbations du ministère du Revenu, des deux niveaux de
gouvernement.
Non, je pense que les gens qui siègent sur le conseil
d'administration et qui lisent l'article 9 savent à quoi s'en tenir. Il
faut dire que les conflits...
M. SAINT-HILAIRE: ... des travaux lucratifs...
M. SAINT-PIERRE: Quelqu'un qui est administrateur dans une
société, qui fait des plans, qui fait de la promotion
industrielle et qui siège comme un sur treize, s'il est en conflit
d'intérêts, soit qu'il démissionne ou soit qu'il prenne les
moyens pour se départir de son intérêt qui cause le conflit
le plus rapidement possible. Il me semble que c'est suffisamment clair.
Autrement, vous fixez trois mois et, tout à coup, dans une succession,
vous n'obtenez pas comment appelle-t-on cela? Je pense que les juristes
vont me venir en aide le certificat requis du ministère du Revenu
qui vous permet de liquider la succession. Il me semble que l'article 9 est
suffisamment clair.
M. MORIN: Je voudrais demander au ministre une simple petite
précision. Est-ce que l'article 9 est suffisamment clair pour disposer
du cas de l'administrateur d'une société qui voudrait investir
dans la région spéciale et qui aurait affaire à la
Société Inter-Port pour l'aider à s'établir?
M. SAINT-PIERRE: Sûrement.
M. MORIN: Dans ce cas, le ministre m'assure que ce serait clair.
M. BEDARD (Montmorency): Direct ou indirect?
M. MORIN: Oui, c'est...
M. BEDARD (Montmorency): Indirect, c'est fort.
M. MORIN: Pas absolument clair, mais je vais me satisfaire de
l'explication du ministre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 9, adopté. Article 10?
L'article 10 est modifié en remplaçant, dans les troisième
et quatrième lignes du premier alinéa, les mots "par l'entente
visée à l'article 6", par les mots "conjointement par les
ministres", et en remplaçant, dans la troisième ligne du
deuxième alinéa, les mots "par cette entente" par les mots
"conjointement avec les ministres".
M. SAINT-PIERRE: Ces questions sont toujours complexes, il n'y a rien de
prévu dans l'entente actuellement. On a pensé, comme les
politiques salariales des deux niveaux de gouvernement peuvent changer en
période d'inflation et autres, qu'il était peut-être
préférable d'avoir un mécanisme souple, conjointement par
les ministres, impliquant un échange de lettres disant qu'on est
d'accord sur une certaine politique personnelle que la société
voudrait poursuivre. Autrement, cela signifierait qu'on devrait, à
chaque fois, passer par une entente à être ratifiée entre
l'Office de planification et de développement et l'autre, et cela peut
être un mécanisme assez lourd pour nous permettre de régler
des cas raisonnablement simples, tels que le niveau d'augmentation de salaire
des secrétaires, du personnel féminin de la
société.
M. BELLEMARE (Johnson): Quand vous dites "par les ministres", c'est
toujours les ministres des deux...
M. SAINT-PIERRE: Oui. "Par les ministres", c'est défini au
début, Industrie et Commerce et le MEER d'Ottawa.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 10, adopté tel
qu'amendé? Adopté. Article 11?
Financement et rapports
M. MORIN: A l'article 11, M. le Président, je m'interrogeais sur
une solution en ce qui concerne la répartition des actions ordinaires.
Je me demandais pourquoi la répartition n'inclurait pas d'autres
organismes que le gouvernement du Canada ou le gouvernement du Québec.
Par exemple, on note que l'un des principaux organismes qui va siéger au
conseil d'administration sera la Communauté urbaine de
Québec.
Si tant est, que cette communauté, d'après ce que nous a
dit le ministre, sera appelée à coordonner ses efforts avec ceux
de la Société Inter-Port, n'y aurait-il pas lieu de
prévoir que la Communauté urbaine de Québec pourrait avoir
des actions ordinaires? On peut imaginer, par exemple, la répartition
suivante: 50 p.c. seraient souscrits par' le gouvernement du Que-
bec, 30 p.c. par la Communauté urbaine de Québec et, je ne
sais pas, 20 p.c. par le gouvernement du Canada. Ne pourrait-on pas envisager
une répartition de ce genre?
M. SAINT-PIERRE: Non. Je pense que ce n'est pas désirable,
premièrement, parce que la Communauté urbaine de Québec
n'a pas l'intention de souscrire et non seulement d'apporter des fonds à
la société... Deuxièmement, je pense que c'est moins
avantageux pour le gouvernement du Québec et pour les
Québécois, en général, puisque la suggestion que
vous avancez permettrait une alliance du gouvernement fédéral
avec le pouvoir municipal contre le gouvernement provincial qui a ses plans en
ces matières économiques. Troisièmement, et c'est
peut-être la raison la plus fondamentale, c'est que la charte de la
Communauté urbaine de Québec, dans le moment, ne lui permet pas
de détenir des actions dans des sociétés
privées.
M. MORIN: Le ministre a indiqué plus tôt qu'il pourrait y
avoir je crois que c'était d'après l'entente rachat
des parts par le Québec.
M. SAINT-PIERRE: C'est un amendement qui va venir un peu plus tard.
M. MORIN: A l'entente ou au projet de loi? M. SAINT-PIERRE: Au projet de
loi.
M. MORIN: Bon... qui viendra donc, à l'article 12.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 11. Adopté?
M. MORIN: Un instant, M. le Président. Je voudrais poser une
dernière question au ministre. Pourquoi cette répartition de 60
p.c-40 p.c. a-t-elle été choisie? Y avait-il une raison
particulière pour s'arrêter à cette proportion? Pourquoi
pas 70 p.c.-30 p.c, par exemple?
M. SAINT-PIERRE: On a commencé à 50 p.c-50 p.c...
M. BELLEMARE (Johnson): Dans l'autre projet de loi, c'était 50
p.c-50 p.c.
M. SAINT-PIERRE : Dans l'autre projet de loi, c'était 50 p.c-50
p.c.
M. BELLEMARE (Johnson): Dans la loi 23.
M. SAINT-PIERRE: A la suite de négociations et d'autres points de
vue que nous avons fait valoir, on a établi clairement la
majorité au gouvernement provincial. Je dois vous mentionner...
M. MORIN: Donc, c'est un choix arbitraire, en somme.
M. SAINT-PIERRE: Cela établit, cela consacre le principe d'un
actionnaire majoritaire...
M. BELLEMARE (Johnson): Non. Je pense que le député de
Montmorency l'a qualifié bien plus clairement. Il dit: On... Voyez-vous
comment c'est. C'est toujours...
M. BONNIER: II ne peut pas être contre cela.
M. SAINT-HILAIRE: II ne peut pas être contre cela.
M. BEDARD (Montmorency): Maître chez nous!
M. SAINT-PIERRE: Si on avait voulu être cynique, on aurait pu
dire: 101 contre 5.
M. BELLEMARE (Johnson): On dit aussi: 101,102.
LE PRESIDENT (M.Brisson): L'article 12 est amendé. L'article 12
de la loi est modifié en ajoutant après le premier alinéa,
le suivant: "Le ministre des Finances est également autorisé
à acheter, à leur valeur nominale, les actions de la
société détenues par le gouvernement du Canada, sur
réception d'un avis du ministre canadien indiquant l'intention du
gouvernement du Canada de retirer sa participation dans la
société".
L'article 12 est adopté tel qu'amendé.
M. BELLEMARE (Johnson): C'était dans le protocole d'entente. Ce
n'était pas dans la loi.
M. SAINT-PIERRE: C'était une lettre de M. Jamieson. D'ailleurs,
cela justifie mon entêtement à ne pas faire voter la loi tant que
je n'avais pas eu un accord du ministre fédéral et dans sa
lettre, après juillet, c'est un des points qu'il nous a demandés.
Il semble que c'est une disposition, une formule couramment utilisée
dans les ententes fédérales-provinciales, qui lui permet de se
retirer de ces sociétés mixtes.
M. MORIN: Mais, si j'ai bien compris, le gouvernement
québécois ne peut pas de son proprio motu de son propre
chef revendiquer le pouvoir de racheter les actions du gouvernement
fédéral. Il faut que ces actions lui soient offertes par le
gouvernement fédéral.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. SAINT-HILAIRE: Comme on est majoritaire, cela n'a pas
d'importance.
M. BEDARD (Montmorency): On peut le devenir encore plus !
LE PRESIDENT (M.Brisson): Article 12 adopté tel qu'amendé.
Article 13? Adopté. Article 14? Adopté. Article 15?
Adopté. Article 16?
M. BELLEMARE (Johnson): Une minute, à l'article 16, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): II s'agit d'un budget conjoint?
M. SAINT-PIERRE: Peut-être que cela peut rassurer le
député de Rimouski. On voit que le rapport des activités
ainsi que le budget prévisionnel pour les deux années à
venir, sont déposés devant l'Assemblée nationale. Si
jamais vous entendez parler d'un projet de $500 millions, il devrait être
mentionné là.
M. SAINT-HILAIRE: N'ayez aucune crainte, je vais avoir les yeux ouverts
là-dessus.
M. BONNIER: On va t'aider, à part cela!
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 16, adopté?
M. MORIN: Un instant, M. le Président. Ce rapport pourra-t-il
faire l'objet d'une discussion avec la Société Inter-Port, le cas
échéant, si, après dépôt à
l'Assemblée nationale, des députés voulaient entendre la
société?
M. SAINT-PIERRE: Sûrement, si la majorité des
députés désire entendre la société en
commission parlementaire, c'est comme pour toutes les autres
sociétés.
M. BELLEMARE (Johnson): II s'agit d'un budget conjoint
fédéral et provincial, mais la part attribuée par le
gouvernement provincial est majoritaire, elle est plus considérable que
celle du gouvernement fédéral?
M. SAINT-PIERRE: C'est l'inverse. La part du provincial est majoritaire
au niveau du capital-actions de l'entreprise.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. SAINT-PIERRE: Mais elle est minoritaire au niveau des subventions et
des fonds.
M. BELLEMARE (Johnson): Parce que les sommes nécessaires au
financement des opérations de la société sont prises
à même les crédits votés à cette fin par le
Parlement du Canada et de l'Assemblée nationale.
C'est là que je rejoins le chef de l'Opposition qui dit qu'on
pourra demander la convocation d'une commission parlementaire pour
vérifier chacun des budgets.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Ce sera sur les budgets d'un ministère en
particulier?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est le vôtre,
particulièrement.
M. SAINT-PIERRE: J'imagine, oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Puisque vous êtes le ministre
titulaire.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 16, adopté.
M. SAINT-PIERRE: Article 17.
M. MORIN: A l'article 17, j'aurais quelques questions, M. le
Président. Je vois, d'ailleurs, que le ministre nous a donné avis
d'un amendement... non, c'est un article 18 nouveau qu'on ajoute.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: A l'article 17, je vois que les comptes de la
société seront vérifiés par le Vérificateur
général chaque fois que le lieutenant-gouverneur en conseil le
décrétera, c'est-à-dire chaque fois qu'il y aura un
décret spécial ordonnant la vérification des comptes. M.
le Président, je m'interroge sur cette procédure.
Ne serait-il pas plus normal, compte tenu du fait que cette
Société Inter-Port va recevoir des montants substantiels des deux
gouvernements, est-ce qu'il ne serait pas opportun que le Vérificateur
général procède comme pour les autres
sociétés publiques ou parapubliques créées par le
gouvernement du Québec? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu qu'il y ait une
vérification annuelle comme dans tous les autres cas?
M. SAINT-PIERRE: Effectivement, il y a une vérification annuelle
qu'impose l'article 202 de la deuxième partie de la Loi des compagnies,
qui oblige la compagnie à engager des vérificateurs, à
faire vérifier ses comptes annuellement, à produire un rapport et
à le soumettre à ses actionnaires. Pour accorder plus de
souplesse à l'entreprise, il n'a pas été jugé
pertinent de l'obliger statutairement à faire vérifier ses
comptes annuellement par le gouvernement, mais en recevant le rapport du
vérificateur engagé par la société, le
lieutenant-gouverneur en conseil, pour une raison quelconque, pourrait exiger
que les comptes soient également vérifiés par le
vérificateur général de la province.
M. MORIN: Ce serait donc une vérification exceptionnelle?
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez un exemple assez fortuit dans le
développement du Nouveau-Québec. Vous avez là une
société où, si le vérificateur n'avait pas son
enquête annuelle, on n'aurait pas vu ce qui est arrivé:
l'enquête faite à la demande du ministre des Richesses naturelles
au ministre de la Justice, la saisie de tous les documents, la fermeture de
tous les ateliers et de tous les magasins. Cela a été une
précaution très utile dans la Société de
développement du Nouveau-Québec mais elle n'existe pas ici. Je
trouve extraordinaire que les comptes de la société ne soient
vérifiés qu'après que le lieutenant-gouverneur en conseil
le demande.
M. SAINT-PIERRE: L'article 202 de la Loi des compagnies...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, c'est d'accord, elle va faire son
rapport.
M. SAINT-PIERRE: Non seulement elle va faire ce rapport mais elle est
obligée d'engager des vérificateurs qui sont
accrédités...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, mais pourquoi ne pas permettre au
Vérificateur général de faire ce qu'il a fait dans la
Société de développement du Nouveau-Québec? Il
avait un droit de regard, il l'a pris, il a signalé au ministre qu'il y
avait des irrégularités, un an, deux ans après; cette
année, il y a eu, après ces avertissements, une enquête
formelle qui a été faite; on n'a encore rien découvert,
parce qu'on ne sait pas le résultat, mais on se doute que le ministre ne
l'a pas demandée pour rien.
M. SAINT-PIERRE: Dans nombre de sociétés, vous prenez
l'Hydro-Québec, ce sont des vérificateurs privés qui font
la vérification des comptes, mais le Vérificateur
général a une possibilité, à la demande du
lieutenant-gouverneur en conseil, d'aller revérifier le travail qui a
été fait...
M. BELLEMARE (Johnson): Y a-t-il beaucoup de sociétés
d'Etat qui ont ce système à part l'Hydro-Québec?
M. SAINT-PIERRE: II y a SIDBEC, il y en a d'autres. Pour la SDI, c'est
directement le vérificateur. Il faut se rappeler que ce n'est pas une
société d'Etat, celle-là, c'est une société
en vertu de la Loi des compagnies, donc elle est obligée de s'en
tenir...
M. BELLEMARE (Johnson): Pourquoi le lieutenant-gouverneur en conseil?
Pourquoi mettre dans la loi ce pouvoir?
M. SAINT-PIERRE: On veut se garder ce pouvoir-là. Si on pense
qu'il y a quelque chose d'anormal qui se passe, on se donne le pouvoir
additionnel d'être capables, en tout temps, d'envoyer le
Vérificateur général vérifier les livres de la
compagnie. La société ou ses administrateurs ne pourraient pas
nous le refuser.
Vous avez la même chose dans la Loi des CEGEP, je pense, où
chaque CEGEP engage ses propres vérificateurs, mais en tout temps, le
Véfificateur général, à la demande du ministre de
l'Education, peut aller dans un endroit et dire: Je fais la vérification
de vos livres, si on pense...
M. SAINT-HILAIRE: C'est la même chose dans les commissions
scolaires.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 17, adopté?
M. SAINT-PIERRE: Adopté. A l'article 18, il y a un
amendement.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Ajouter après l'article 17, l'article
18 suivant: "Rien dans la présente loi et plus particulièrement
l'article 5 n'affecte la Loi sur les biens culturels (chapitre 19 lois de 1972)
ni n'est censé aller à l'encontre de l'une de "ces" dispositions;
la Loi sur les biens culturels prévaut sur la présente loi".
M. BEDARD (Montmorency): "Ces" dispositions; ne serait-il pas mieux
"ses" que "ces"?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela "ses", il y a une erreur.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté?
M. SAINT-PIERRE: Adopté. L'article 19, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Ajouter après l'article 18, l'article
19 suivant: "Les sommes requises pour l'application de la présente loi
sont prises, pour l'exercice financier en cours, à même les
ententes visées à l'article 6 et, pour les exercices financiers
subséquents, à même ces ententes ou, à défaut
de celles-ci, à même les deniers votés annuellement
à cette fin par la Législature."
M. SAINT-PIERRE: C'est simplement que pour l'exercice en cours, on n'a
pas besoin d'argent; on l'a par l'entente. Mais on voulait corriger l'ancien
texte de loi, car si jamais le fédéral ne voulait plus signer
d'entente dans quatre ou cinq ans et qu'on avait encore un peu de travail
à terminer, il faudrait se garder une certaine disposition qui nous
permettrait d'affecter des fonds à cela. Mais là, ce serait fait
à partir des budgets soumis à l'Assemblée nationale.
M. BELLEMARE (Johsnon): Qu'est-ce qui arrive à la dissolution de
la société?
M. SAINT-PIERRE: Comme toute société privée,
l'actionnaire majoritaire, à l'assemblée annuelle, peut faire
pétition pour dissoudre la société.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est parce que vous avez dit tout à
l'heure que ce serait peut-être remplacé par un superport.
M. SAINT-PIERRE: Cela pourrait être pour une société
qui engloberait plus d'un port. Je l'ai mis dans un cas...
M. BELLEMARE (Johnson) : Celle-là serait liquidée par le
fait même?
M. SAINT-HILAIRE: On vient de changer la traverse de Québec par
la Société des traver-siers de Québec.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 19, adopté?
M. SAINT-PIERRE: Pour fin de concordance, l'article 18 dans la loi
devient l'article 20.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 18 devient l'article 20. Article
20, adopté?
M. SAINT-PIERRE: L'article 19 devient l'article 21.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 19 devient l'article 21. Article
21, adopté?
M. SAINT-HILAIRE: Deo gratias.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission a terminé l'étude
du projet de loi no 4, Loi constituant la Société Inter-Port de
Québec. Elle est adoptée telle qu'amendée.
(Fin de la séance à 17 h 23)