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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Etude des crédits du ministère du
Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche
Séance du mercredi 5 mai 1976 (Dix heures sept minutes)
M. Brisson (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Nous étions rendus au programme 2, élément 1.
Est-ce qu'il y a quelque chose à dire? Est-ce qu'il y a des questions au
programme 2, élément 1? L'honorable ministre a-t-il des
commentaires?
M. Simard: Non, M. le Président. Je suis prêt
à procéder immédiatement à l'étude de
l'élément 2 du programme 2.
Le Président (M. Brisson): L'élément 1.
M. Simard: Oui, l'élément 1. Non,
l'élément 2, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Programme 2... M. Lessard:
Programme 2. M. Simard: Elément 2. M. Lessard: Elément 1.
Le Président (M. Brisson): Elément 1,
réglementation et délivrance de permis.
M. Lessard: On a adopté le programme 1 hier. M. Simard:
Ah! oui!
M. Lessard: Le ministre ne veut pas revenir en
arrière?
M. Simard: Non, non.
Le Président (M. Brisson): Elément 1,
adopté?
M. Lessard: Non, M. le Président...
M. Côté: L'élément 1 a
été adopté hier. On en était à
l'élément 2.
M. Lessard: Pas dans...
Protection de la faune
Réglementation et délivrance de
permis
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! J'ai dit:
Programme 2, élément 1. Est-ce qu'il y a des questions?
M. Lessard: Oui, il y a des questions.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: On est au programme 2. Nous avons adopté le
programme 1 hier. D'accord?
Une Voix: Ne te choque pas.
M. Lessard: Programme 1, élément 1 et
élément 2.
Le Président (M. Brisson): Est-ce qu'il y a des
questions?
M. Côté: Voulez-vous poser vos questions?
M. Lessard: On est en train de donner des explications, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): C'est à la
présidence à les donner, et je les ai données.
M. Lessard: D'accord. J'ai des questions. Qu'on se
démêle, ce matin.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Saguenay, s'il vous plaît!
M. Lessard: Bon! On va avoir la paix. Ce n'est pas la
question...
M. Malouin: As-tu arrêté de fumer toi aussi?
M. Lessard: M. le Président, concernant la
délivrance des permis de chasse et de pêche, on constate de plus
en plus que beaucoup de permis de chasse et de pêche sont émis
gratuitement.
L'an dernier, on a expliqué que tous les chroniqueurs de chasse
et de pêche, tous les chroniqueurs sportifs, avaient droit à un
permis de pêche gratuit. Plus que cela, M. le Président, on
constate de plus en plus que ces permis sont même émis à
des chroniqueurs étrangers.
On constate, par exemple, que des gardes-chasse du Maine viennent
chasser et pêcher gratuitement au Québec et qu'en contrepartie,
des fonctionnaires du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche iraient s'adonner gratuitement à la chasse dans le
Maine.
Autrement dit, le Québec paierait, à moins qu'on me dise
le contraire, pour des privilèges qui seraient accordés à
des fonctionnaires du gouvernement. Autre chose, en ce qui concerne la
gratuité des permis pour les chroniqueurs de chasse et de pêche,
je pense bien, M. le Président, que tout citoyen, quel qu'il soit, doit
être traité sur le même pied. Quant à moi, comme
député, si le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche m'offrait d'aller pêcher gratuitement et d'aller chasser
gratuitement sur les territoires du Québec, je serais dans l'obligation
de refuser et je le ferais.
Je pense que...
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Le
député de Saguenay.
M. Lessard: ... tous les citoyens doivent être
traités sur un même pied, d'autant plus qu'en ce qui concerne les
chroniqueurs de chasse et de pêche je ne sais pas comment cela
fonctionne, il y en a qui sont ici je pense que, quand ces chroniqueurs
de chasse et de pêche ont l'obligation, à un moment donné,
d'aller faire une excursion à tel endroit et reviennent avec des
informations, il doit y avoir une participation du journal.
Je pense que cette politique devrait être modifiée. Je
pense que tous les citoyens, quels qu'ils soient, doivent être
traités sur un même pied. Je pense qu'on n'a pas à
délivrer gratuitement des permis de chasse et de pêche, à
moins de les donner à tous les citoyens. La social-démocratie,
c'est différent.
M. Deom: C'est cela.
M. Lessard: La social-démocratie, ce n'est pas une
social-démocratie pour des privilégiés, ce n'est pas une
social-démocratie, à un moment donné, qui
privilégie un groupe de citoyens. La social-démocratie, cela
s'applique à l'ensemble des citoyens.
Quant à moi, c'est la question que je pose, je demande au
ministre de déposer la liste pour l'exercice 1975/76 des permis de
pêche et de chasse émis à titre gracieux. Deuxième
question: Combien de ces permis ont été émis à des
gardes-chasse ou gardes-pêche des territoires limitrophes au
Québec, soit du Maine, du Vermont ou de l'Ontario? Troisième
question: Est-il exact que des fonctionnaires du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche ont pu profiter d'avantages spéciaux
de chasse et de pêche, dans le Maine en particulier et, possiblement,
dans le Vermont et dans l'Ontario?
M. Simard: M. le Président, à la première
partie de la question du député, je suis prêt, comme je
l'ai fait l'an passé, à déposer la liste des permis
complimentaires. J'aimerais revenir à la question des journalistes de
vie au grand air, dire pourquoi nous avons pris cette décision, M. le
Président. C'est qu'eux, par leurs media d'information, peuvent inciter
les Québécois à voyager au Québec. Je pense qu'il
est extrêmement important que ces journalistes nous aident, si vous
voulez, par une certaine distribution de l'information, à faire
comprendre aux Québécois ce que nous avons en potentiel faunique
ou montrer quel est le cheptel québécois.
Maintenant, pour ce qui est des échanges entre les autres
provinces ou Etats, que ce soit du Maine ou peu importe, ce sont des
échanges qui sont faits depuis plusieurs années. Le nombre est
très restreint. Il s'agit de quelques gardes-chasse, parce que ces gens
sont appelés bien souvent à travailler ensemble. Le
député de Saguenay sait très bien que certaines limites
territoriales du Québec touchent certains Etats américains et que
souvent nos gardes-chasse prêtent un fier coup de main aux gardes-chasse
américains, et vice versa. Ce qui fait qu'étant donné
qu'ils sont appelés à travailler régulièrement
ensemble, c'est tout simplement une note de courtoisie qui est
échangée d'un Etat américain par rapport à l'Etat
du Québec. Je ne vois pas pourquoi, monsieur...
M. Lessard: Est-ce que le ministre pense sérieusement que
le fait d'accorder un permis de pêche gratuitement cela
coûte $3.25 à un chroniqueur de chasse ou à un
chroniqueur de pêche, ou que le fait d'accorder gratuitement un permis de
chasse à un chroniqueur de chasse et de pêche, va inciter ce
journaliste à faire une meilleure publicité au Québec?
M. Simard: Je le crois, M. le Président; nous
faisons...
M. Lessard: A ce moment, vous tentez d'acheter. Si vous dites que
vous le croyez, vous tentez d'acheter par...
M. Simard: Ecoutez, c'est ridicule. Absolument pas. Acheter un
journaliste pour $2.50 ou $3.50, cela ne vaut pas cher la livre.
M. Lessard: Bon, mais pourquoi à ce moment ne pas le...
Pourquoi faire en sorte que les journalistes ne soient pas sur le même
pied que l'ensemble des citoyens du Québec?
M. Simard: Ce sont simplement des services, parce que les
journalistes nous rendent des services. Je crois que le ministère pour
quelques dollars devrait remettre la monnaie de la pièce.
M. Lessard: C'est le principe. Ce n'est pas les quelques dollars,
c'est le principe. Tout le monde est sur le même pied au Québec et
doit être sur le même pied. A ce moment, on va avoir des
privilèges pour les députés, des privilèges pour
celui-ci, des privilèges pour celui-là.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Fabre.
M. Houde (Fabre): M. le Président, le député
de Saguenay, je dois avouer ce matin, à 10 h 15, qu'il est chanceux que
j'aie pris trois cafés. Car, encore une fois, le député de
Saguenay vient de parler comme un péquiste fanatisé qui essaie de
passer pour une vierge offensée. Quand le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche ne fait rien concernant la promotion
touristique, vous êtes les premiers à chialer. Le
député de Saguenay va apprendre, même s'il demeure sur la
Côte-Nord, il va d'abord devoir réaliser une fois pour toutes dans
sa vie que la chasse, que la pêche sont deux activités sportives
au même titre que n'importe quel autre sport. Les relations publiques,
cela existe. Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
est l'élément no 1 des relations publiques au Québec, on
doit l'admettre une
fois pour toutes. Si c'est vrai ce que le député de
Saguenay dit, à ce moment, comment expliquer que même le Parti
québécois a accepté avec grand plaisir et, soit dit
en passant, le député de Saint-Jacques a très bien fait
cela l'an passé lorsque huit députés, nous sommes
allés visiter cinq pays, sept capitales européennes, pour de la
promotion touristique.
Comment expliquer que les Jeux olympiques ont l'accréditation de
6000 journalistes pour venir couvrir les Jeux olympiques? Comment expliquer que
les journalistes de tous les journaux ont un laissez-passer pour aller au
hockey, au baseball et au football? Comment expliquer que les journalistes qui
sont ici à la tribune de la presse ont un bureau, un
téléphone, peuvent se promener dans le parlement, peuvent manger
au parlement? Cela n'existe pas. Ce n'est pas possible qu'un journaliste, qu'un
haut fonctionnaire puisse...
M. Lessard: Ils paient des taxes les journalistes ici, M. le
Président.
M. Houde (Fabre): Bien, voyons donc! Ils ont des bureaux fournis
par le Parlement...
M. Lessard: Ce n'est pas parce qu'il est journaliste...
Le Président (M. Brisson): A l'ordre!
M. Houde (Fabre): ... ils ont une tribune de la presse. Voyons
donc! Vous cherchez la chiure de mouche dans une fenêtre propre.
Cela n'a aucun sens. C'est ridicule et stupide, votre argumentation.
C'est stupide et ridicule. Je n'en reviens pas. Et vous parlez des cadres, vous
parlez de certains hauts fonctionnaires qui peuvent aller chasser ou
pêcher à l'étranger. Pensez-vous qu'un ex-joueur de la
Ligue nationale... Pensez-vous que M. Clarence Campbell ce n'est
peut-être pas le meilleur exemple à donner dans ces temps-ci
mais, en tant que président, pensez-vous que Sam Pollock ou qu'un
gérant qui fréquente une autre patinoire va être
obligé de se mettre en rang et acheter son billet? Il ne faut quand
même pas charrier plus qu'il le faut. Voyons donc! Cela fait partie de
nos traditions, et un journaliste spécialisé en chasse et
pêche, le moins qu'on puisse faire pour lui, c'est de lui donner
accès, lui donner toutes les possibilités de visiter nos camps de
pêche, nos camps de chasse. Cela fait partie de son travail. Nous nous
devons de l'aider, et tous ces gars, par la suite, font des reportages. Je
pense bien que ce n'est pas acheter quelqu'un. A ce compte-là, est-ce
qu'inviter des journalistes à prendre un café, ici, au parlement,
cela veut dire qu'on les achète? Voyons donc! Cela fait partie, je
pense, d'un ensemble de relations publiques. La chasse et la pêche en
font partie, au même titre, que n'importe quelle autre discipline, que
n'importe quel autre tournoi qui peut exister. Les journalistes, c'est leur
travail. Il y a une tribune de la presse. Il y a des centres de presse partout.
Vous le faites, vous aussi, dans vos congrès. Je suppose que, dans vos
congrès, vous autres, les journalistes paient pour assister à vos
congrès? Vous ne leur donnez pas de café, à vos
journalistes, dans vos congrès? Ils paient leur verre de bière
dans vos congrès, les journalistes? Vous les traitez mal? Ils se mettent
en rang pour entrer? Il n'y a pas une section spéciale dans le
congrès du PQ pour les journalistes? Ils sont comme tout le monde, en
rang? Voyons donc!
Je pense que vous exagérez un peu quand vous tombez dans la
question des cadres, dans la question des journalistes, et même les
députés, soit dit en passant, même les
députés. Ils devraient peut-être avoir plus d'occasions de
visiter la province de Québec et de visiter ce qui appartient,
justement...
M. Lessard: Même les Québécois aussi.
M. Houde (Fabre): ... au gouvernement. Oui, même les
Québécois, mais ça s'adonne que les députés
sont là pour essayer d'administrer tout cela et essayer de le faire
connaître aussi aux Québécois. A peu près partout,
tous les députés le déplorent très souvent, on n'a
pas eu la chance, toujours, d'aller à gauche et à droite. Vous ne
refusez pas quand c'est le temps d'aller visiter la baie James?
S'il y a un voyage qui s'organise pour aller visiter l'île
d'Anticosti pour pouvoir être de meilleurs "vendeurs" de nos
installations sportives ou récréatives, vous allez refuser de
venir à l'île d'Anticosti? Vous avez déjà
refusé de visiter les Iles-de-la-Madeleine? Jamais.
Alors, cessez de jouer aux vierges offensées!
M. Lessard: Voulez-vous insinuer que je serais allé aux
Iles-de-la-Madeleine à même les fonds du Québec?
M. Houde (Fabre): Je ne vous dis pas... Je dis: S'il y avait un
voyage qui s'organisait pour l'ensemble des députés pour aller
aux Iles-de-la-Madeleine, vous seriez peut-être le premier à
monter à bord de l'avion pour y aller et cela serait normal.
Il y a quand même des choses plus importantes que cela dans la
vie!
M. Lacroix: ... amenez-le parce qu'il m'aide!
M. Lessard: M. le Président, il faut quand même
faire une distinction...
Le Président (M. Brisson): Le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche.
M. Simard: J'aimerais simplement apporter une correction.
M. Lessard: Je vais aussi apporter une correction.
M. Simard: On vient de m'informer que, pour les échanges
entre gardes-chasse avec les Etats
limitrophes américains, cela n'existe plus cette
année...
M. Lessard: Bon.
M. Simard: ... autant d'un côté que de l'autre.
M. Lessard: Bon. Il faut quand même faire une certaine
distinction, quand je parle d'émission de permis gratuitement. Il faut
faire une distinction entre le fait, par exemple, d'inviter une
délégation de l'extérieur de chroniqueurs, de journalistes
de plein air qui, tout à coup, viennent ici à l'occasion d'une
activité très particulière, que nous pouvons recevoir
comme tout Etat normal doit le faire, comme, par exemple, lorsque nous avons eu
la conférence internationale des agences de voyages des agents de
voyages, de l'ASTA il était tout à fait normal que le
Québec, comme hôte, prenne toutes les mesures nécessaires
pour faire connaître véritablement le Québec aux agents de
voyage. Mais la distinction que je fais, c'est lorsqu'il s'agit de personnes
qui sont à l'intérieur du Québec, qui sont des
Québécois comme n'importe quel autre et qui ont une fonction qui
est certainement utile au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Ce que je dis, et ce n'est pas une question de cents, le ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche peut utiliser à n'importe
quel temps les possibilités qu'il a, par exemple, de faire entrer
quelqu'un au niveau, je ne sais pas, du parc du Mont-Tremblant, du parc des
Laurentides, des parcs dans la Gaspésie, etc., pour faire venir un
journaliste qui le critique trop fortement.
Je dis, M. le Président, que ce ne sont pas les $3.25, que ce ne
sont pas les $12.10 qui vont faire en sorte que nous allons avoir une bonne
publicité ou que le ministère aura une bonne publicité ou
une mauvaise publicité. Le journaliste, comme le député,
comme tout citoyen, est astreint aux mêmes lois québécoises
et paie ses impôts comme les autres. Cependant, il faut mettre des
instruments entre les mains des journalistes pour qu'ils remplissent leurs
fonctions. Il est certain, M. le Président, de même qu'on doit le
faire pour les députés, de même qu'un député
à l'Assemblée nationale a droit à un bureau pour faire son
travail, que le journaliste, qu'il soit chroniqueur sportif ou qu'il fasse de
l'information générale ou politique, a besoin des instruments
nécessaires pour remplir son travail. Il faut donner au journaliste les
informations pour qu'il puisse bien remplir son travail du côté du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. J'en conviens.
Il y a une distinction à un moment donné. Mais en ce qui concerne
des droits que doivent payer l'ensemble des citoyens, en ce qui concerne les
permis de chasse et de pêche, je sais bien que c'est une nouvelle
politique, qui a été d'ailleurs acceptée l'an dernier, je
sais bien que l'on ne parle pas de milliers et de millions de dollars, mais il
y a une question de principe, assez, M. le Président, pour qu'un
chroniqueur sportif comme Pagé, par exemple, ait écrit et je
pense... comme M. Pagé, si vous voulez, il n'y a pas de
problème...
M. Houde (Fabre): Lequel?
M. Lessard: M. Jean Pagé. J'aimerais savoir quels sont les
journalistes qui ont refusé et qui ont accepté.
M. Simard: M. le Président, j'aimerais faire...
M. Lessard: Je paierai à nouveau mes permis en 1976. Comme
cette tribune se veut libre de toute attache à l'endroit du gouvernement
provincial, je paierai à nouveau mes permis en 1976. J'ose
espérer que vous n'accepterez pas mon attitude comme en étant une
de négativisme, mais plutôt une ligne de pensée qui
aimerait refléter celle du plus méconnu d'entre tous les
pêcheurs et chasseurs du Québec.
Alors, j'aimerais, M. le Président, connaître ceux qui
l'ont refusé et ceux qui l'ont accepté.
Une Voix: Pardon?
M. Lessard: J'aimerais, M. le Président, connaître
la liste des permis qui ont été accordés gratuitement et
j'aimerais avoir les noms de ceux qui ont accepté leur permis par
rapport à ceux et celles qui l'ont refusé.
M. Simard: Je suis bien prêt à déposer cette
liste. Maintenant, je pourrais peut-être ramener le député
à l'ordre parce que ce n'est pas le ministre qui a choisi les
chroniqueurs, les journalistes. J'ai demandé à l'Association des
journalistes de plein air de fournir une liste de journalistes et, lorsque j'ai
eu la liste, j'ai distribué les permis Maintenant, ce n'est pas moi qui
ai choisi un journaliste par rapport à un autre. Comprenez-vous? A ma
connaissance, je crois que M. Jean Pagé, du Montréal-Matin, a
été le seul qui ait refusé. Je vais faire des recherches
et, s'il y en a d'autres, ça va me faire plaisir de dire au
député de Saguenay quels sont les autres.
M. Lessard: Outre les permis de chasse et de pêche que vous
accordez, est-ce qu'il arrive que vous accordiez, à certains
journalistes, des droits d'entrée gratuits à différents
parcs, droits de pêche, soit à l'île d'Anticosti ou à
d'autres endroits du Québec?
M. Simard: Oui, cela arrive.
M. Lessard: Est-ce que ces mesures s'appliquent à tous les
journalistes ou à certains journalistes?
M. Simard: C'est-à-dire sous certaines conditions. Ce
n'est pas tout pour un journaliste d'aller se balader ou d'aller à la
pêche ou à la chasse. On exige qu'il y ait un genre de reportage
sur le ministère ou des activités du ministère. Ce n'est
pas une question de dire: Très bien, M. X, vous pouvez vous balader
à l'intérieur de tel parc juste pour le "fun", ce n'est pas le
critère.
M. Lessard: Est-ce que cela s'applique à tous
les journalistes, quels qu'ils soient? Par exemple, existe-t-il des
normes, des critères au ministère qui font qu'un journaliste qui
veut écrire un article sur un parc du Québec, qui désire
donc aller à l'intérieur de ce parc, pour voir et profiter des
circonstances, parce que c'est sa fonction, pour connaître la faune de ce
parc, pêcher, chasser? Est-ce qu'il existe des critères, est-ce
qu'ils sont arbitraires ou basés sur la bonne volonté du
ministre?
M. Simard: Non, M. le Président. D'abord, chaque
journaliste doit faire sa demande au ministère. Nous jugeons s'il oeuvre
vraiment dans le secteur. C'est évident que si un journaliste...
M. Lessard: Est-ce que c'est vous qui jugez ou l'Association de
plein-air? Vous m'avez dit tout à l'heure que c'était vous.
M. Simard: Pour un bon journaliste qui ne fait pas partie de
cette association, que ce soit un journaliste qui vienne de l'extérieur
du Québec ou de l'intérieur.
M. Lessard: Mais, en ce qui concerne les chroniqueurs sportifs de
plein air du Québec...
M. Simard: C'est l'association.
M. Lessard: ... ce n'est pas vous, c'est l'association.
M. Simard: Oui, M. le Président.
M. Lessard: Bien! D'accord. Mais, quels sont les critères,
les normes sur lesquels vous vous basez au ministère, pour dire: Tel
journaliste... Vous savez, c'est quand même assez dangereux, M. le
Président.
Comme ministre, par exemple, il arrive qu'un chroniqueur sportif
commence à me faire mal. Je ne doute pas de l'honnêteté des
chroniqueurs sportifs, je pense que la plupart d'entre eux font un excellent
travail. Mais je me dis que, toute personne peut être située dans
un conflit d'intérêts.
A un moment donné, le choniqueur sportif critique trop fortement
le ministre. Le ministre prévoit que l'un des moyens d'essayer de
l'empêcher de continuer ces critiques acerbes, c'est de lui donner,
peut-être, des conditions un peu plus fa-vorablses que celles qui sont
données à d'autres journalistes.
C'est pour cela que je me demande s'il y a une politique
générale qui a été établie, s'il y a des
critères, s'il y a des normes. Si vous me dites: Tous les journalistes
sont sur le même pied d'égalité, tous les journalistes qui
veulent aller dans un parc, aller à la pêche et ainsi de suite,
ont les mêmes conditions, je vais dire...
M. Simard: C'est ce qui est le cas, M. le Président. Je
vais vous dire que je rencontre régulièrement les journalistes et
souvent, il y a des critiques. Je crois que jusqu'à maintenant, cela a
été, à 90% des cas, des critiques constructives.
Les journalistes, il y a plusieurs années, avaient raison de
critiquer le ministère que je dirige, parce que l'on n'avait presque pas
de budget, on ne pouvait pas vraiment donner aux Québécois ce
qu'ils demandaient.
J'ai demandé à l'association et c'est elle qui a mis tous
les journalistes sur le même pied. Je ne crois pas que je sois en conflit
d'intérêts envers aucun des journalistes, parce qu'ils sont tous
sur le même pied. Je ne voudrais pas faire de personnalité ici, ce
matin, mais qu'un ou deux d'entre eux, une fois de temps en temps, me
critiquent ou critiquent les activités de mes hauts fonctionnaires ou
des actions du ministère, cela peut arriver. Je crois que les trois
quarts du temps, ces critiques sont constructives. Je suis comme le
député de Saguenay, M. le Président, je lis les journaux,
et souvent, quand il y a un article qui ne fait pas mon affaire, j'appelle le
journaliste en question et on dialogue.
Ce n'est pas une question d'essayer d'acheter, ce n'est pas une question
de conflit d'intérêts. Je crois que le principe est fondamental.
Je suis d'accord avec le député de Saguenay, ce n'est pas une
question de prix, ce n'est pas une question de $3.50, de $5 ou de $13. C'est
tout simplement une question de principe pour le ministère, c'est de
donner certains outils aux journalistes. Pas pour qu'ils nous fassent de la
bonne publicité, mais pour qu'ils nous fassent des papiers en disant
à la population du Québec ce que nous avons, quel est notre
potentiel au Québec. C'est tout, M. le Président.
M. Lacroix: Je pourrais peut-être vérifier si les
appréhensions du député de Saguenay sont fondées.
Je pourrais peut-être faire émettre des permis de pêche au
homard à tous les membres de la tribune de la presse et je verrais s'ils
me ficheraient la paix.
M. Lessard: Vous devriez peut-être leur lâcher la
paix et ils vous lâcheraient peut-être la paix. C'est un peu
réciproque, j'ai l'impression que vous ne leur donnez pas de chance non
plus.
Le Président (M. Brisson): Je voudrais souligner que M.
Houde (Fabre) remplace M. Cadieux (Beauharnois); M. Faucher (Nicolet) remplace
M. Denis (Berthier); M. Tardif (Anjou) remplace M. Lachance (Mille-Iles); M.
Simard (Richelieu) remplace M. Guy Saint-Pierre (Chambly). A l'ordre!
M. Lessard: Lorsque, M. le Président, il y a
émission de permis de chasse et de pêche et lorsqu'il y a, par
exemple, excursion de certains journalistes dans des parcs du Québec,
est-ce que l'excursion se fait en groupe? Est-ce que cela peut comprendre
plusieurs journalistes ou si, tout simplement, à un moment donné,
ce sont des...
M. Houde (Fabre): M. le Président, si je peux
répondre au député de Saguenay, cela fait à peu
près un an qu'on a fait la visite de la rivière Jacques-Cartier.
Quand on a fait la visite sur la rivière Jacques-Cartier avec
l'Association des chro-
niqueurs de plein air, il y en avait peut-être cinquante ou
soixante, c'est évident qu'on a fait tout notre possible, au
ministère, pour faire un départ en groupe de Québec, se
rendre dans le parc, faire manger les gars au relais là-bas, parce que
c'étaient des cuisiniers et des élèves de l'Institut du
tourisme et d'hôtellerie. C'était tout à fait normal d'en
profiter pour que ces gens, ces journalistes voient ce que les
élèves de l'institut pouvaient faire aussi en art culinaire,
apprécient des mets... Vous avez assez chialé, vous êtes
les premiers à chialer quand il n'y a pas de nourriture typiquement
québécoise, mais là, on en avait. On était content
de leur en donner et ils ont bien bouffé. On était content aussi
de leur faire faire un tour même en hélicoptère
de la vallée de la Jacques-Cartier et on était content de
leur faire faire une descente de rivière, parce qu'il n'y a pas que de
la chasse et de la pêche dans le parc. Cela aussi, il faut se le mettre
dans la tête. Il y a des descentes de rivière. Il y a de la
varappe, il y a de l'escalade, il y a de l'alpinisme. Il y avait même de
l'équitation cette fois, à titre d'essai.
On a mis le paquet pour les cinquante ou soixante journalistes. Cela n'a
pas empêché les journalistes qui voulaient critiquer de critiquer.
Cela n'en a pas empêché les journalistes. On n'a acheté
personne. On leur a permis de passer une journée le plus
agréablement possible. Quant à moile ministre
répondra autre chose, s'il le veut, c'est le "boss" plus on va
avoir de journalistes dans nos parcs, d'où qu'ils viennent,
principalement du Québec et de l'ensemble du Canada, mieux on va pouvoir
les organiser, on va le faire en ce qui me concerne. C'est cela, les relations
publiques. On en a besoin. Vous êtes les premiers à chialer quand
on part ou quand on ne mentionne pas la connaissance du Québec d'abord.
Il est temps que nos Québécois connaissent nos endroits.
M. Lessard: Le député de Fabre pourrait
peut-être comprendre certaines choses. Lorsqu'à un moment
donné, M. le Président je fais très bien la
distinction il s'agit de faire une excursion sur la Jacques-Cartier et
de faire une excursion de groupe afin justement de connaître cette
magnifique vallée de la Jacques-Cartier, je dis qu'il n'y a aucun
conflit d'intérêts, il n'y a absolument rien à dire ou
à redire sur une telle attitude. C'est exactement de la même
façon que le gouvernement peut utiliser son avion pour aller visiter
avec les journalistes les chantiers de la baie James pour savoir où cela
en est rendu. Je dis cela. Il n'y a aucun problème, il n'y a aucun
conflit là-dedans.
La question que je pose, par exemple, c'est lorsqu'il s'agit
d'activités particulières de chasse et de pêche. Je
comprends que c'est toujours à titre de journalistes, mais lorsque, par
exemple, il y a une activité particulière dans un parc du
Québec, si on organise, par exemple, l'activité
particulière dans le parc de la Gaspésie, est-ce que, à
ces activités particulières, j'invite tous les journalistes,
à un moment donné? Cela ne veut pas dire que tous les
journalistes vont venir, mais le Québec veut vraiment inciter les
Québécois à visiter le parc de la Gaspésie et le
Québec veut faire connaître le parc de la Gaspésie à
l'ensemble des Québécois.
Il faut donc faire un effort très particulier pour que des
chroniqueurs de chasse et de pêche, à un moment donné,
fassent les articles sur le parc de la Gaspésie, donc avec le ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, avec ses hauts fonctionnaires
et avec les journalistes; il y a un voyage organisé, planifié
pour visiter le parc de la Gaspésie, il n'y a aucun problème. La
question que je pose au ministre, c'est: Arrive-t-il que le ministère
dise à un journaliste: Tes dépenses sont entièrement
payées. Tu t'en vas pêcher à tel endroit. A ce moment, la
seule chose qu'on te demande, tu vas écrire un article, etc. Ce que je
demande si ceci arrive est-ce qu'il y a des critères et
des normes qui déterminent, à un moment donné, que cela va
s'appliquer à tel journaliste ou que cela ne s'appliquera pas à
tel autre? Quelles sont les conditions qu'on exige?
M. Simard: M. le Président, il n'y a pas de condition et
il n'y a pas de critère écrit, il n'y a pas de
règlement.
M. Lessard: Supposons que je suis journaliste...
M. Simard: Oui.
M. Lessard: ... je veux aller pêcher à la
rivière George.
M. Simard: M. le journaliste, tout ce que je vous aurai
donné, c'est un permis. Les dépenses, je ne les paie pas. Vous
payez vos dépenses. Vous vous arrangez avec l'équipement qui est
votre propriété. Ce n'est pas une question de payer le transport,
les dépenses de l'automobile...
M. Lessard: ... publicité...
M. Simard: ... et de fournir gratuitement l'équipement, et
tout cela. C'est tout simplement un permis que je vous ai donné. C'est
tout.
M. Lessard: II n'y a aucune dépense remboursée
à des...
M. Simard: Absolument pas, M. le Président. Quand il
arrive des groupes, comme l'exemple du député de Fabre tout
à l'heure, c'est évident que nous payons les dépenses,
nous payons les dîners...
M. Lessard: Vous payez le transport, vous payez la
réception et vous payez...
M. Simard: C'est évident que, lorsqu'un individu se
présente à l'intérieur d'un parc, il arrive quelquefois
qu'on puisse lui donner le gîte gratuitement, mais il n'est pas question
de payer ses repas.
M. Lessard: II n'est pas question de dire à un
journaliste: Voici, tu peux faire une excursion, tu
peux partir de Montréal et faire une excursion à tel
endroit du Québec. Tes frais seront remboursés par le
ministère.
M. Simard: Non, M. le Président. M. Tardif: Des
renseignements...
M. Lessard: Ce n'est pas une question de décevoir, je
pense qu'il est extrêmement important d'établir...
M. Tardif: Vous auriez aimé déterrer un petit
scandale.
Le Président (M. Brisson): A l'ordre! M. Lessard: II
reste, M. le Président...
Le Président (M. Brisson): A l'ordre! Le
député de Saguenay a-t-il d'autres questions?
M. Malouin: "Fumipéquisterie"!
M. Lessard: Vous êtes bien insignifiants, vous êtes
venus ici pour quoi faire, vous autres?
Le Président (M. Brisson): A l'ordre!
M. Malouin: Ce n'est pas pire que le gars qui parle et qui
veut...
M. Lessard: Mais la porte est là et, si cela ne vous
intéresse pas, la porte est là!
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Malouin: ... voudrait la prendre. M. Lessard: La porte
est là!
Le Président (M. Brisson): Elément 1... Veuillez
continuer à poser vos questions.
M. Lessard: M. le Président, je vous demande...
Le Président (M. Brisson): Je l'ai rappelé à
l'ordre.
M. Lessard: ... comme président censément,
entièrement indépendant à l'intérieur de ces
débats, d'intervenir auprès de vos collègues pour que je
puisse continuer de poser mes questions.
Le Président (M. Brisson): Premièrement, je vous
demanderais de cesser, depuis hier que vous faites des insinuations à
l'égard de ma censée indépendance.
M. Lessard: Je vais vous dire pourquoi, M. le Président.
Voulez-vous que je vous dise pourquoi?
Le Président (M. Brisson): Premièrement, veuillez
cesser, s'il vous plaît, ces insituations. Deuxièmement...
M. Lessard: Parce que vous avez dit hier que j'étais un
hypocrite, après avoir laissé votre poste. D'accord?
Le Président (M. Brisson): Deuxièmement, veuillez
continuer vos questions.
M. Lessard: Je vais continuer mes questions, M. le
Président, mais avertissez vos collègues...
Le Président (M. Brisson): Ils ont été
avertis.
M. Lessard: ... que j'ai l'intention de discuter des
crédits, ici, et si cela ne les intéresse pas, s'ils veulent
perdre leur temps d'une autre façon...
Le Président (M. Brisson): Bon!
M. Lessard: ... qu'ils aillent le perdre...
Le Président (M. Brisson): A l'ordre!
M. Lessard: ... à l'extérieur.
Le Président (M. Brisson): A l'ordre!
M. Lessard: M. le Président, de toute façon, je dis
qu'un permis, c'est un peu comme un permis de conduire. Un permis de chasse et
de pêche doit être donné à l'ensemble des
Québécois qui verseront leur droit pour obtenir ce permis. Je
pense, M. le Président, que les lois doivent être
appliquées pour tout le monde, et je ne pense pas que ce soit les $3.25
ou les $12.10 qui vont permettre ou qui vont amener des journalistes à
écrire des articles sur le Québec, parce que c'est leur fonction
d'être journalistes de plein air, et je douterais, en fait, que ce soit
ces $3.25 ou ces $12.10 qui fassent d'eux de meilleurs journalistes.
M. Simard: Je voudrais tout simplement dire au
député de Saguenay que les autres provinces le font. L'Ontario le
fait, la Colombie-Britannique le fait, les provinces de l'Est le font.
M. Lessard: Les citoyens devraient tous être traités
sur le même pied.
M. Simard: Je ne vois pas pourquoi le Québec serait
différent des autres. Tout ce que nous voulons faire, c'est de donner
certains instruments aux journalistes. C'est tout.
M. Lessard: Le certificat de chasseur est-il donné aux
journalistes sans qu'ils passent leurs examens?
M. Simard: Non, M. le Président.
M. Lessard: Bon!
M. Simard: Les journalistes sont tenus de
passer leurs examens comme tous les citoyens
québécois.
M. Lessard: Alors, est-ce que tous les citoyens du Québec
ne devraient pas être tenus de payer...
M. Simard: On mélange les raves avec les choux, M. le
Président, ce n'est pas du tout...
M. Lessard: M. le Président, un autre problème que
nous avons à discuter ici, étant donné que c'est le
programme d'entraînement à la sécurité dans le
maniement des armes à feu, c'est la loi C-83, qui est actuellement, on
n'étudiera pas la loi... mais concernant les interventions que le
ministre a l'intention de faire, puisque M. Fox était, l'autre jour,
à la télévision, ici, à Québec, et il
était prêt, semble-t-il, à recevoir des... M. Fox est
secrétaire parlementaire du ministre M....
M. Simard: M. Basford.
M. Lessard: ... Basford, M. Fox était prêt,
disait-il, à recevoir des recommandations, à la fois, des
chroniqueurs et des sportifs du Québec.
On sait qu'en vertu de cette loi, la possession d'une arme à feu
ne sera plus considérée, en fait, comme un droit, mais un peu
comme un privilège; c'est-à-dire non pas comme un droit d'un
citoyen qui veut... Je parle bien d'une arme à feu de chasse, et non pas
à portée restreinte...
M. Simard: Sportive.
M. Lessard: ... ou non pas entièrement prohibée,
mais d'une arme à feu sportive.
Puisqu'il y aura enregistrement obligatoire de toute arme à feu,
quelle qu'elle soit, confiscation de l'arme sans mandat de perquisition si une
personne est soupçonnée de vouloir se servir de son arme contre
quelqu'un, une attestation d'aptitude signée par deux garants est
requise pour quiconque veut posséder une arme à feu pour le tir
à la cible et pour la chasse.
Or, M. le Président, j'en viens particulièrement à
cette condition concernant les garants.
L'autre jour, des questions ayant été posées
à M. Fox, il a fait une distinction entre quelqu'un qui était
habile à porter une arme à feu et quelqu'un qui était
inapte à porter une arme à feu, c'est-à-dire qu'en disant
que M. Lee Oswald était probablement un gars extrêmement habile
à porter une arme à feu, à l'utiliser, mais probablement
inapte, considérant le fait que, par la suite, il avait tiré,
assassiné John Kennedy.
Or, M. le Président, pour essayer d'empêcher les gens qui
sont inaptes, sinon inhabiles, la seule condition qui est fixée en vertu
du projet de loi no C-83, c'est d'obtenir deux garants, un peu comme c'est le
cas, par exemple, pour le passeport. La différence avec le passeport,
c'est que vous n'avez pas à juger de l'aptitude ou de
l'inhabilité ou de l'inaptitude, etc., du gars s'il va devenir
craqué dans trois jours ou dans trois semaines.
Pour le passeport, vous avez à recommander l'individu en disant:
Je connais cette personne depuis deux ans et je la considère comme une
personne honnête, etc. C'est seulement cela le passeport.
Mais, d'après la distinction qu'on a faite, à un certain
moment, il y avait inapte et inhabile. Non seulement, vous aurez à juger
de l'habileté, mais les deux garants auront à juger de
l'aptitude.
En ce qui concerne l'habileté on va en reparler
mais je pense que la meilleure norme d'habileté serait de
généraliser les cours donnés au Québec et dans
l'ensemble du Canada.
En ce qui concerne l'inaptitude, la question qu'on peut poser est la
suivante: Pense-t-on que quelqu'un qui est malade ou qui devient malade mental
ne pourra pas, malgré cette loi, se trouver une arme à feu ou
qu'un criminel ne pourra pas se trouver une arme à feu?
J'ai déjà émis une position où je
précisais ma pensée, parce qu'il y a certains chroniqueurs
sportifs je ne me ferai pas d'amis ce matin, mais ce n'est pas grave
qui sont absolument contre tout contrôle d'ames à feu.
C'est le cas d'un certain nombre, c'est même le cas, semble-t-il, de la
grande majorité.
Je pense qu'il y a quand même une différence entre un
contrôle absolu des armes à feu et une absence complète de
contrôle, et je vais expliquer pourquoi.
Pour ma part, je trouve absolument anormal que n'importe qui puisse
vendre des armes à feu à n'importe qui. Un enfant de douze
treize, quatorze ans peut aujourd'hui, malgré qu'en bas de seize ans,
vous ne pouvez pas en avoir, normalement, se procurer une arme à feu,
l'acheter, et vous conviendrez avec moi qu'il n'a certainement pas toutes les
aptitudes nécessaires pour manier cet instrument.
Si le gouvernement du Québec oblige maintenant toute personne
à suivre des cours de maniement d'armes à feu pour obtenir un
permis de chasse, je ne vois pas pourquoi il ne serait pas nécessaire de
faire la preuve que nous détenons ce certificat avant qu'un
dépositaire d'armes à feu nous vende une telle arme.
Je pense que serait facile maintenant parce que tous les chasseurs et
les pêcheurs ont l'obligation d'obtenir leur certificat pour pouvoir
aller à la chasse et à la pêche.
Vous allez me dire: II y a des gens qui font de la cible, qui font
exclusivement de la cible. Cela pose certains problèmes, mais ces gens
pourraient subir aussi des examens reconnus par le ministère.
Concernant les vendeurs d'armes ou armuriers, je suis d'accord. Il me
semble que ce n'est pas n'importe qui qui devrait être vendeur d'armes ou
armurier, de même que ce n'est pas n'importe qui qui vend de l'alcool. Il
est soumis à un certain nombre de lois, il est soumis à un
certain nombre de conditions et quand vous avez un permis, il est astreint
à ces lois.
Mais comment voulez-vous contrôler actuellement une quincaillerie
ou tout autre commerce
qui vend une arme à feu à un enfant de douze ans ou de
quatorze ans? Il y en a tellement. Vous n'avez plus de contrôle.
Ce que je demande au ministre je précise bien je ne
suis pas en faveur du projet de loi C-83 tel que présenté. Je
suis, à un certain moment, pour la liberté des individus d'avoir
une arme à îeu, parce que cette loi n'empêchera absolument
rien, un peu comme la prohibition aux Etats-Unis n'a rien empêché.
Cela a fait faire des fortunes, mais cela n'a pas empêché la
distribution de la boisson; certes, cela a aidé à faire des
fortunes considérables. De plus, il y a un marché noir qui va
s'établir à côté.
Ce qui je demande au ministre est ceci: Avez-vous étudié,
au ministère, les conséquences de l'application du projet de loi
C-83 en regard de la législation québécoise sur la chasse
et sur la pêche? Le ministre a-t-il fait ou va-t-il faire des
représentations auprès du ministre Ron Basford pour signifier la
désapprobation du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche au sujet du bill C-83? Et le ministre ne considère-t-il pas
je pense que la réponse sera positive que le certificat de
chasse émis par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche répondrait aux objectifs que tente d'élaborer ou
auxquels tente de répondre le bill C-83.
M. Simard: M. le Président, le ministère de la
Justice a communiqué avec le MTCP et il y a un comité qui a
été formé pour étudier le bill C-83. C'est un
fonctionnaire, M. Pageau, qui est spécialiste en balistique au
ministère, qui fait partie du comité, qui représente le
ministère. Pour ce qui est de la représentation, j'ai
l'intention, M. le Président, de communiquer très prochainement,
à la suite des résultats de ce comité, avec mon
collègue à Ottawa, M. Allmand, parce que, personnellement, je
trouve irresponsable, si je peux employer ce mot, que nous imposions aux
chasseurs québécois un contrôle strict des armes à
feu qui prive ceux-ci de droits acquis. Je crois, personnellement, parlant
toujours d'armes sportives... Je ne parle pas de M-1, de mitraillettes et de
toutes sortes d'armes qu'on trouve dans n'importe quel magasin, même ici
à Québec ou à Montréal. Mais parlant d'armes
sportives, je trouve que, lorsqu'un individu veut commettre un crime, il ne
prendra pas nécessairement une arme à feu. J'écoutais
d'éminents criminologistes, un certain temps, qui disaient que,
même si on tenait pour acquis qu'il n'y avait plus d'armes à feu
au Québec ou au Canada, le crime en serait réduit à peine
de 50%. Ce qui veut dire qu'il y a 50% de crimes qui sont commis par toutes
sortes de moyens, que ce soit le poison, que ce soit l'étranglement.
Personnellement, je trouve que le bill C-83, tel qu'il est
présenté, n'a pas beaucoup de bon sens et j'espère que le
gouvernement fédéral va y faire beaucoup de modifications.
M. Lessard: Concernant le programme d'entraînement à
la sécurité dans le maniement des armes à feu, l'an
dernier, on avait discuté de la possibilité de perfectionner ce
programme parce qu'on avait admis, tout le monde autour de la table à la
commission parlementaire, que c'était un programme extrêmement
élémentaire, que c'était un programme qui était
basé, en partie, sur la sémantique, à savoir,
connaître les différentes parties d'une arme, basé, aussi,
sur le maniement de l'arme à feu, ce qui était nécessaire,
surtout essayer de montrer qu'une arme à feu était un outil assez
dangereux. Mais on avait parlé aussi de la possibilité
d'améliorer ce programme. D'abord, je ne vois pas, un peu comme on le
fait pour le permis de conducteur, qu'on devrait exiger nécessairement
quatre ou cinq heures à ces individus pour suivre ce cours alors qu'on
pourrait remettre une plaquette aux chasseurs, un peu comme c'est le cas pour
obtenir un permis. Je comprends qu'il y a des cours maintenant, mais des cours
sont obligatoires pour les gens en bas de seize ans pour obtenir un permis de
conducteur ou un permis de chauffeur. Il me semble qu'on pourrait remettre une
plaquette sur l'utilisation de l'arme et leur faire subir des examens pratiques
et théoriques, un peu comme c'est le cas pour obtenir un permis de
conducteur. On avait parlé de l'amélioration de ces cours et
d'avoir, peut-être, un cours qui va plus loin, à savoir non
seulement un programme d'entraînement à la sécurité
et le maniement des armes à feu que nous pourrions perfectionner, mais
un cours qui pourrait, avec la collaboration du ministère, aller
jusqu'à la survie en forêt.
M. Simard: M. le Président, c'est la
Fédération québécoise de la faune qui est
responsable de l'élaboration et de la création de ces cours ainsi
que la projection. Nous lui avons demandé de voir s'il n'y aurait pas,
comme le député de Saguenay le dit, certains changements à
y apporter. Pour la première expérience que nous avons
vécue, je suis d'accord que, peut-être, le cours semble un peu
primaire. Aussitôt que la Fédération
québécoise va nous soumettre sa nouvelle programmation, nous
allons voir. Il faut que le député de Saguenay se dise ceci:
Lorsque nous avons commencé ces cours, nous avons touché la
population du Québec dans son entier. Ce qui veut dire que nous avons eu
certains problèmes dans certaines régions du Québec
où il y a des gens qui ne savent pas lire, qui ne savent pas
écrire; alors, on a eu certains problèmes. Alors, en compliquant
le cours encore plus, je me demande si certaines personnes ne seraient pas
privées de leurs droits. Il reste cela à analyser, M. le
Président.
Une nouvelle dimension vient s'ajouter. Cette année, dans les
écoles du Québec, il y a des cours pratiques de manutention
d'armes qui sont donnés aux élèves. Je crois que c'est
quelque chose de nouveau et de très bien, étant donné que,
très jeunes, les élèves vont connaître ce que c'est,
une dimension d'arme à feu.
M. Lessard: Concernant les clubs privés, toujours dans le
document déposé par le ministre, je constate, au paragraphe 3,
sous le titre Clubs privés, qu'il est dit ceci: "Par ailleurs, compte
tenu de nos projets pilote, la Société d'aménagement et de
conservation, il a été décidé, par le conseil
des
ministres, que tous les baux des clubs privés actuellement en
existence seraient renouvelés pour une période de trois ans afin
de permettre au ministère de prendre une décision finale en ce
qui a trait à ces politiques de gestion des territoires de la couronne
pour fins récréatives."
J'aimerais avoir des explications sur cette affirmation, pour quoi avoir
renouvelé pour une période de trois ans?
M. Simard: Parce que c'est l'échéancier que nous
nous sommes donné pour étudier toutes les modalités des
sociétés de gestion et je crois que la période de trois
ans est logique étant donné, comme je l'expliquais au
début des discussions hier matin, toutes les difficultés de
parcours que nous rencontrons, la période de trois ans n'est pas longue.
J'espère qu'à l'intérieur de cette période nous
allons élucider tous ces problèmes que nous rencontrons parce que
nous devrons peut-être... mais ça, on parle de la totalité
du territoire québécois. Il ne faut pas croire qu'à
l'intérieur d'une période de trois ans, nous allons être
capables de prendre la totalité des territoires québécois
pour en faire des sociétés d'aménagement "at large".
M. Lessard: Est-ce que cela veut dire que vous avez
établi, comme politique, qu'à l'intérieur des trois ans,
vous devez instaurer exclusivement cette société de gestion?
Est-ce que votre échéancier de trois ans représente vos
sept unités de gestion?
Eh, vous parliez d'abolition des clubs privés en 1980, dans trois
ans, cela fait 1979.
M. Simard: M. le Président, le député de
Saguenay va comprendre que c'est une chose extrêmement compliquée.
Cela fait déjà 75 ans que les clubs privés existent...
M. Lessard: Bah oui!
M. Simard: ... il faut quand même être sérieux
et il ne faut pas aller à la vapeur devant un programme...
M. Lessard: Sérieux. Il faudrait quand même
être sérieux. Vous vous rappelez la promesse de M. Bourassa en
1971? Vous êtes capable de me la citer?
M. Simard: Je comprends, excepté que...
M. Lessard: Abolition des clubs privés d'ici 1974?
M. Simard: ... je ne voudrais pas répondre pour le premier
ministre. Si vous avez des questions à poser au premier ministre, il
faut les lui poser. Maintenant, le premier ministre m'a demandé...
M. Lessard: ... conseil des ministres.
M. Simard: ... et a demandé au ministère de trouver
une solution de rechange.
M. Lessard: Ecoutez, ça ne prend pas trois ans pour
établir... On va en parler tantôt pour l'Outaouais; il y a des
gens qui sont prêts actuellement à prendre en main certains
territoires. Cela ne prend pas trois ans pour établir... Si on n'est pas
capable de fonctionner par unités d'aménagement, qu'on fonctionne
par association de chasse et de pêche, qu'on permette à la
population du Québec d'avoir accès à ces ressources. On
est rendu en 1980, après trois ans, est-ce qu'on va attendre... Est-ce
parce que la tranquilité est revenue au Québec? Est-ce parce que
les pêcheurs ont arrêté de contester depuis un certain
temps, parce qu'ils ont cru à quelques sociétés de
gestion? On attend quoi, M. le Président? Il me semble que ça
fait quand même assez longtemps qu'on discute. Il y a eu, en 1972 ou
1973, tout le programme de Mme Claire Kirkland-Casgrain, programme qui devait
ouvrir, dans une période de trois ans, les territoires de clubs
privés à l'ensemble du public. Et on nous dit que, d'ici trois
ans, il y aura exclusivement sept sociétés de gestion qui vont
être instaurées, qui devaient l'être à cette
période de pêche. Mais ça ne prend pas trois ans pour
mettre sur pied des organismes comme ça.
Ce que je ne comprends pas... Je suis bien d'accord et je termine sur
cela, qu'on dise: II faut faire des expériences pilotes cette
année, qu'on établisse des unités de gestion cette
année.
Mais ce que je ne comprends pas, c'est que vous ayez établi comme
échéancier votre période de trois ans, mais trois ans pour
voir comment les premières vont fonctionner. Pourquoi avoir
renouvelé les baux des clubs privés pour trois ans? Vous avez la
possibilité de les renouveler d'année en année. Pourquoi
mettre une clause de trois ans? Je sais que vous allez me répondre:
L'article 10 du bail permet, à l'intérieur de 30 jours, au nom de
l'intérêt public, de le faire. Mais lorsque vous avez leur bail,
que vous êtes prêt à le passer, c'est assez rare, à
moins que les clubs privés eux-mêmes commencent à se
désintéresser de leur territoire, à moins également
qu'il n'y ait pas de surveillance.
Mais il est assez rare que vous ayez annulé un bail avant la fin
de ce bail. Alors, pourquoi avoir mis trois ans? C'était un an
auparavant?
M. Simard: Non, cela n'a jamais été un an, M. le
Président. Je vais donner certaines explications. Nous avons
figuré que cela prenait une période d'au moins trois ans, non pas
pour créer les sociétés, mais pour analyser le
fonctionnement des sociétés. Je pense bien que c'est un minimum
de temps qu'il faut se donner. Il est évident que si, à
l'intérieur de ces trois années, comme je l'ai dit au
député de Saguenay hier matin, nous avons besoin de certains
territoires de clubs privés, pour la formation de sociétés
ou d'unités d'aménagement, nous allons résilier les
baux.
Mais je ne peux absolument pas... Il faut que je demeure responsable,
quand même.
M. Lessard: Demeurer responsable. C'est justement. Vous avez
à demeurer responsable un petit peu. La responsabilité, c'est
d'agir et d'arrêter de créer des illusions continuellement.
Depuis
1971, ce système existe, ce système moyenâgeux.
Quand on me demandait hier que le député se prononce sur le
braconnage, tout dépend du braconnage.
M. Tardif: C'est vrai.
M. Lessard: Mais par exemple, quand les gens étaient
obligés d'aller dans le fief du seigneur, au Moyen Age, pour tuer un
animal afin de se nourrir, ce n'était pas du braconnage, à ce
moment-là. C'était tout simplement combattre pour des choses qui
étaient normales.
Si cela prend autant de temps et si votre échéancier est
aussi long, vous allez faire revivre encore la contestation. Ce n'est quand
même pas la première année qu'on parle de ce
problème de libération du territoire, qu'on parle d'abolition des
clubs privés. Vous avez des expériences dans tout le
Québec: l'Association de chasse et de pêche de Forestville, qui
fonctionne avec 500 ou 600 membres, qui est dynamique, qui fonctionne
très bien; vous aviez déjà l'Association de chasse et de
pêche de Baie-Comeau-Hauterive, vous lui avez coupé une des
ressources fondamentales pour avoir un contrôle sur son territoire, de
telle façon qu'elle a été obligée de laisser
tomber. Vous avez aussi une association qui fonctionne, Ixworth, où il y
a eu une expérience qui ressemble énormément aux
sociétés de gestion.
Il me semble que du côté du ministère, on pourrait
accélérer le processus. Si encore, c'était la
première année qu'on commençait à vivre des
problèmes dans ce sens, mais non.
M. Simard: M. le Président, je n'ai aucune espèce
d'intention d'enlever ce qui existe déjà. Je suis très
conscient qu'il y a un bon nombre d'associations de chasse et de pêche
qui permettent beaucoup d'accessibilité. Si nous avons des demandes de
la part d'autres associations, nous allons les étudier.
M. Lessard: On va le voir tantôt. Sur l'Outaouais, vous
avez eu des demandes. On va en parler tantôt.
Je voudrais vous parler d'une autre chose, concernant les pourvoyeurs.
L'an passé il y a eu des problèmes. Il y a eu des pourvoyeurs qui
avaient reçu des territoires et qui, en fait, n'étaient pas des
pourvoyeurs, mais plutôt des clubs privés. Il semble qu'il y a eu
des corrections qui ont été apportées cette
année.
J'en avais discuté l'an dernier, mais nous n'avions pas
précisé. Je voudrais demander au ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, quels sont les critères et quelles sont les
normes sur lesquelles se base le ministère pour accorder un permis de
pourvoyeur.
M. Simard: M. le Président, est-ce que mon sous-ministre
pourrait répondre, étant donné que ce sont des
détails assez techniques?
M. Lessard: Avant d'aller aux détails techniques...
M. Simard: Est-ce que vous voulez analyser le bail et savoir dans
quelles conditions se donne un tel bail?
M. Lessard: Non, c'est que je m'en tiens à la politique
générale. Quelle est la politique générale du
ministère? Quelles sont les normes? Je ne parle pas du bail comme tel,
j'en conviens, mais des critères, des normes sur lesquels vous vous
basez pour donner un bail de pourvoyeur.
M. Simard: M. le Président, le principe
général est qu'il faut qu'il prouve hors de tout doute qu'il fait
du commercial, c'est-à-dire qu'il loue des chaloupes, du gîte,
vend des repas, de la nourriture, enfin tout ce que cela peut impliquer dans
l'hôtellerie, si vous voulez. Nous appelons ces gens les hôteliers
de la nature. On peut facilement faire un parallèle entre
l'hôtellerie de ville et l'hôtellerie qui s'exerce dans les
bois.
Il faut qu'il prouve toutes les années aussi, il faut qu'il fasse
un rapport détaillé de toute la clientèle, des gens
à qui il a donné certains services, vendu certains services.
M. Lessard: Avant de prouver qu'il va avoir la possibilité
de donner ces services, quelles sont les conditions que vous demandez? Je
compreds que si le gars a déjà un bail et qu'il donne les
services, vous lui renouvelez le bail. Vous me répondez un peu sur le
renouvellement du bail. Mais, avant l'émission du bail, si, moi, Lucien
Lessard, par exemple, je vais vous voir et que je dis: Moi, il y a an
territoire que je voudrais obtenir et je veux devenir pourvoyeur. Comme j'avais
ce territoire, que je n'ai aucune bâtisse à l'intérieur du
territoire, j'aurai à construire et ainsi de suite. Quelles sont les
conditions que vous demandez?
M. Simard: Le requérant, M. le Président, doit
envoyer au ministère l'exposé de son projet, exposer ce qu'il a
l'intention de faire. C'est envoyé plus précisément au
comité de location qui juge si, oui ou non, on doit lui donner un bail.
Il n'y a pas de critères écrits comme tels, il n'y a pas de
règlements écrits. Je pense que tous les pourvoyeurs doivent
donner à peu près les mêmes services. Cela se ressemble. Il
est évident que, dans certains secteurs du Québec, les services
ne sont peut-être pas les mêmes, mais c'est étudié en
profondeur au comité de location et la décision est prise par le
comité.
A la suite de cela, c'est proposé au ministre et le ministre
prend la décision.
M. Lessard: Exigez-vous encore une preuve de bonne conduite?
M. Simard: Oui.
M. Lessard: Que veut dire une preuve de bonne conduite?
M. Simard: Cela prend certaines références. M. le
Président, je pourrais peut-être déposer une
copie du questionnaire, de ce que nous demandons.
M. Lessard: Mais, une preuve de bonne conduite, c'est quoi?
M. Simard: Je vous demande des références. Je ne
sais pas, quand j'étais à l'école...
M. Lessard: Dans le cas de Gabou Lodge, est-ce que vous avez
demandé une preuve de bonne conduite?
M. Simard: Cela fait trop longtemps...
Le Président (M. Brisson): Est-ce que ce document est
accepté comme dépôt?
M. Lessard: Oui. Dans le cas de Gabou Lodge...
M. Simard: Etant donné qu'on en est au dépôt
de documents, M. le Président, excusez-moi d'interrompre le
député de Saguenay, je voudrais déposer, de l'année
1971 à 1976, le rapport confidentiel sur le mercure.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que ce
dépôt de document est accepté?
M. Lessard: Accepté, M. le Président. C'est que le
sous-ministre, M. Moisan, dit que cela fait longtemps dans le cas de Gabou
Lodge. Cela ne fait pas longtemps, puisque vous venez de lui permettre
l'agrandissement de son territoire. Pour obtenir l'agrandissement de son
territoire, il s'est basé, semble-t-il, d'après les informations
que j'ai obtenues de la municipalité de Godbout, sur une requête
qui aurait été signée par la population de Godbout.
Or, j'ai demandé au ministère d'essayer de savoir si cette
requête, à l'intérieur du ministère, était au
dossier de M. Gaby Ferland. Cette requête n'existe pas, alors que, l'an
dernier on m'avait dit, en commission parlementaire, qu'il y avait eu une
pétition signée par la population de Godbout. C'est pourquoi j'ai
écrit et je vous ai demandé la pétition. C'était
à cause de cela qu'on avait étendu le bail. Il y a eu un
agrandissement du territoire sous bail, l'an dernier ou il y a deux ans.
Pourquoi, ou sur quel critère, sur quelles conditions s'est-on
basé pour donner un agrandissement de territoire à Gabou
Lodge?
M. Simard: Normalement, lorsqu'on autorise un agrandissement,
c'est parce que, vous connaissez la situation des pourvoyeurs au Québec,
c'est une industrie qui est presque marginale. Sur le nombre de pourvoyeurs, il
y en a très peu enfin qui réussissent ou qui rentabilisent d'une
façon systématique leur entreprise. J'aimerais peut-être
ajouter quelque chose, c'est qu'en 1974, j'avais demandé à
l'Association des Outfitters de trouver j'avais utilisé ce terme
à l'époque les mauvais bourdons, je voulais dire par
là les pseudo-pourvoyeurs. Vous savez, les pourvoyeurs qui agissent de
façon cachée et qui utilisent leur territoire comme club
privé plutôt que pour faire de l'hôtellerie. Comme
l'année s'est passée, mes hauts fonctionnaires ont
communiqué avec ladite association, sans trop de succès. C'est
une des raisons pour laquelle j'ai demandé au président et au
nouveau conseil d'administration d'essayer de nous aider cette année.
J'ai rencontré dernièrement le nouveau bureau de direction. Je
dois vous dire que cela a été très positif et que,
dès cette année, on va, en collaboration avec le
ministère, faire une étude, à savoir déceler ces
faux bourdons.
M. Lessard: Est-ce que vous avez, par rapport à une
superficie de territoire, quand vous donnez un agrandissement, vous
décidez d'accepter, d'accorder un agrandissement de territoire, en vertu
des règlements qui sont prévus au bail... Toute personne, tout
bailleur est obligé de fournir, à un moment donné, la
liste de chacune des personnes qui se sont rendues dans un territoire
donné, dans un club, de telle façon que vous êtes capable
d'établir, de faire un calcul. Pour l'année 1972, par exemple,
j'ai la liste de toutes les personnes, en tout cas, j'ai la censée liste
des personnes qui se sont rendues. Cela ne correspond pas à ce que dit
le rapport de la commission Cliche, les personnes qui se sont rendues à
Godbout. Je constate qu'il n'y a pas eu tellement de monde en 1972. Je pourrais
dire... Il n'y a pas eu tellement de monde qui s'est rendu. Je comprends, je
pense que c'est autour de $100 par jour, c'est extrêmement cher. Quand je
disais hier qu'il fallait utiliser de façon rationnelle notre territoire
et de la façon la plus efficace possible, il faut aussi ne pas
surutiliser nos ressources. Quand vous avez accordé et je parle
pour Gabou Lodge comme pour d'autres quand vous avez
décidé d'accorder un agrandissement de territoire, est-ce que
vous vous êtes basé sur le fait que le pourvoyeur de Gabou Lodge
n'avait pas assez de superficie de territoire pour recevoir, répondre
à toutes ces demandes? Est-ce qu'il y a eu une étude sur cela?
Est-ce que chaque fois il y a une étude de faite sur cela, de telle
façon qu'on en arrive, tant pour le pourvoyeur que pour la population...
Parce que, quand vous avez enlevé une partie du territoire, quand vous
avez donné une partie du territoire à Gabou Lodge, vous l'avez
enlevé à la population de Godbout et à la population du
coin. Il faut tenir compte aussi de la population qui est là. Est-ce que
vous l'avez fait d'après l'étude que vous avez faite? C'est la
même chose pour tous les pourvoyeurs. D'après les études
que vous avez faites, sa superficie de territoire n'était pas assez
grande par rapport à la demande. Est-ce que c'est fait, ces
études? Ou, accorde-t-on cela selon les pressions politiques?
M. Simard: Non, M. le Président. Dans le cas de Gabou
Lodge, le bail a été émis initialement en 1968. A
l'époque, nous avons demandé aux municipalités
environnantes et aux chefs de districts s'ils avaient des objections. Ils n'en
avaient pas. Maintenant...
M. Lessard: Est-ce que vous avez cela écrit? Est-ce que,
quand vous parlez de municipalités environnantes, la municipalité
de Godbout vous a envoyé... c'est la pétition, c'est là
que je cherche ma pétition, une pétition a circulé, elle a
été signée d'une façon...
M. Simard: On me dit que nous avons copie de lettre de la
municipalité.
M. Lessard: J'aimerais qu'on me fasse parvenir copie de lettre de
la municipalité. Si c'est le cas, on verra qui s'est trompé.
M. Simard: II y a une autre chose aussi qui est venue s'attacher
à cela, c'est que...
M. Lessard: Parce que moi...
M. Simard: C'était un territoire qui était
braconné d'une façon intensive.
M. Lessard: II est encore braconné. Voulez-vous que je
vous donne le ton? L'an dernier on va en parler tantôt quant au
saumon, je vous donne un fait il y a eu, je pense, une arrestation au
club Gabou Lodge. Je voudrais qu'on me sorte les chiffres de cela.
L'arrestation a été faite par qui? Par les agents de
conservation. Il y a eu 17 saumons de saisis. Deux agents de conservation... Ce
sont les agents de conservation on en parlera par rapport à la
rivière Matane tout à l'heure qui ont fait l'arrestation
à la demande d'un individu que je connais. Ils n'ont pas
été capables de prendre le filet, parce qu'un filet, on le fait
disparaître. Mais écoutez! Vous ne viendrez pas me convaincre ici,
que le fait de donner un territoire, en tout cas en ce qui concerne Gabou
Lodge, et je vous dis que c'était la même chose pour la Domtar,
cela empêchait le braconnage.
Vous vérifierez combien il y a eu d'arrestations sur la
rivière Baie-Trinité depuis 1970, à part les arrestations
faites au moment de la contestation, où il y en a eu 52 d'un coup, dont
le député de Saguenay. Ah oui! Et le député de
Saguenay n'est pas gêné, à part de cela, et il le fait
ouvertement. D'accord?
Vous vérifierez. C'est cela que je vous...
M. Tardif: ... un aveu.
M. Lessard: Je voudrais poser ma question au feuilleton. Je vous
pose une question: C'est de me faire une comparaison entre les arrestations qui
se font sur les clubs privés et les arrestations que fait le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche sur les
rivières à saumon qui sont sous l'administration du
ministère.
M. Simard: A l'occasion de la réunion tenue à
Gaspé...
M. Lessard: On pourrait la retenir, parce que je veux en parler
tantôt.
M. Simard: ... il y a deux jours, j'ai posé cette question
au service de la conservation. Il y a eu, sur les rivières à
saumon de la Gaspésie administrées par le ministère
je n'ai pas les chiffres précis à la mémoire mais
dans l'ordre de grandeur, par les agents, quelque chose comme 400 causes; par
les clubs privés, quatre ou cinq.
M. Lessard: C'est de la surveillance, cela, M. le ministre?
Est-ce que c'est parce qu'ils surveillent mieux?
M. Simard: Cela dépend de quelle façon on se
place.
M. Lessard: Voyons! Savez-vous ce que cela veut dire? N'importe
quel individu du coin va vous l'expliquer. A Baie-Trinité, les gens se
battaient contre la libération de la rivière à
Baie-Trinité. Savez-vous pourquoi? C'est parce que, pour ne pas avoir de
problèmes avec la population, la compagnie Domtar ne leur faisait pas de
problèmes. Comprenez-vous? La compagnie Domtar, à moins d'en
avoir l'obligation, n'a pratiquement jamais fait d'arrestations
vis-à-vis des gens de Baie-Trinité. Si elle en avait fait, la
population aurait réagi. Mais là, !a population ou les
braconniers de Baie-Trinité avaient librement la possibilité
d'aller pêcher dans la rivière. Plus que cela, M. le ministre. Je
peux vous dire que, la première année de contestation, on a
ramassé trois filets je l'ai vu de mes yeux, ceci pour vous
démontrer la surveillance de la compagnie qui avaient
été laissés en partie tendus dans la rivière et qui
dépassaient environ d'un pied et demi le niveau de la rivière.
Cela voulait dire que ces filets étaient là depuis longtemps.
Quand on vient me dire vous avez la preuve concrète
à partir des chiffres que les clubs privés surveillent
leur territoire, particulièrement les clubs privés des
rivières à saumon, ne me faites pas rire!
M. Simard: II y a une autre raison. M. Lessard: Ne me faites pas
rire!
M. Simard: Les gardiens de territoire sur les rivières
à saumon administrées par l'Etat doivent être
qualifiés comme agents de conservation. Les gardiens de clubs ordinaires
ne sont pas qualifiés de cette façon et ne sont pas
respectés du tout par les braconniers et par les pêcheurs qui
veulent y aller illégalement. Les gardiens de clubs ont peur tout
simplement et ils ne veulent pas procéder.
M. Houde (Fabre): M. le Président, puis-je poser une
question au ministre sur le sujet?
Le Président (M. Brisson): Le député de
Fabre.
M. Houde (Fabre): A la suite de ce que vient de dire M. le
sous-ministre, l'an passé, il y avait eu une discussion sur le fait
qu'on a une école ou
deux dans la province qui donnent des cours pour diplômer des
jeunes du titre d'agent de conservation.
Mais, à la suite de ce qu'on vient de dire, étant
donné que les clubs privés ne sont pas obligés,
contrairement au ministère, d'engager ou d'employer des gens
qualifiés et que, l'an passé, on avait eu certains
problèmes, je pose la question: Le ministère, par exemple,
engage-t-il tous les diplômés? Y a-t-il un marché du
travail pour eux? Je suis en train de me demander si on ne pourrait pas amender
une espèce de règlement pour les clubs privés, les
obligeant à engager des diplômés.
M. Simard: Les différents CEGEP ou écoles
secondaires qui forment ces jeunes ne fournissent pas à notre demande.
Et, si on revient au saumon, aux heures de pointe, c'est-à-dire
là ou le braconnage est plus difficile à contrôler, nous
avons engagé 78 jeunes ou 80 jeunes étudiants ou
diplômés comme occasionnels pour venir donner un coup de main
à nos agents de conservation.
M. Houde (Fabre): Excellente nouvellle.
M. Lapointe: Ils ont été engagés comme
occasionnels, si je comprends bien, seulement quelques mois par année.
C'est ce qu'on me disait justement lorsque je me suis absenté il y a
quelques minutes. Je rencontrais le professeur chargé des cours d'agent
de conservation à la polyvalente de Mont-Laurier. Il me disait que
seulement 2 sur 18 avaient été engagés comme permanents et
qu'un certain nombre, vu que c'étaient des emplois occasionnels,
s'étaient découragés ou étaient dans d'autres
secteurs, avaient pris d'autres emplois. 2 sur 18. Je parle de la polyvalente
de Mont-Laurier. Il y a un cours qui se donne aussi près de
Québec, à la régionale Chauveau, je crois.
M. Simard: II y a deux régionales qui donnent le cours,
Chauveau et Mont-Laurier. Les gens sont employés... Par exemple, cette
année, on prend tous ceux qui sortent comme saisonniers. On n'a pas,
évidemment, 80 postes permanents à offrir. Ils entrent comme
saisonniers à peu près à tous les postes, actuellement,
qui s'ouvrent. Pour les postes permanents pour les agents de conservation, on a
un roulement d'à peu près 10% par année,
c'est-à-dire environ 500. Ces postes sont comblés par les
saisonniers, à mesure que les postes s'ouvrent.
Maintenant, s'il y en a eu 2 sur 18 l'an dernier, il y a des
années où cela ne semble pas aller très bien parce que les
gens ne réussissent pas l'examen médical. Je ne sais pas si cela
reflète la condition physique de nos jeunes...
M. Lapointe: Oui.
M. Simard: ... mais l'examen médical, l'an dernier, a
bloqué la grande majorité de ceux qui se sont
présentés et on ne peut rien y faire.
M. Lapointe: Mais il y a un problème encore
là-dessus. C'est ce que je discutais il y a quelques minutes avec les
responsables du cours d'agent de conservation qui sont ici, à
Québec, avec un groupe d'étudiants, pour subir des examens
médicaux parce que ces jeunes ont subi des examens médicaux
à Hull et le ministère ou la fonction publique refuse comme
valables les résultats des examens subis à Hull. On dit que c'est
incomplet. Alors, on les a fait venir à Québec. Ils sont ici pour
deux jours pour subir des examens. Et là-dessus, je me demande
jusqu'à quel point les critères et ceci s'adresserait
peut-être à la fonction publique retenus comme la grandeur
j'en ai parlé l'an dernier en commission parlementaire...
J'ai des cas d'étudiants qui mesurent 5'6 3/4" et, lorsqu'ils ont
été mesurés une première fois, c'était
5'71/4" et lorsqu'on les a mesurés une deuxième fois,
c'était 5'6 3/4"; on les refuse. Un autre qui a une faiblesse de 0,5%
sur la vue, on le refuse aussi et c'est quelqu'un qui a suivi son cours d'agent
de conservation, qui a réussi ses examens, mais, pour de telles raisons,
il se retrouve sans emploi.
M. Simard: C'est exactement comme pour les requérants qui
veulent entrer à la Sûreté du Québec. C'est la Loi
de la police que nous sommes obligés d'appliquer.
M. Lapointe: N'y a-t-il pas possibilité d'apporter des
changements à ces normes? Il me semble que, pour être agent de
conservation, on n'a pas besoin des bras. On a besoin de quelqu'un qui est
quand même capable de faire de l'éducation, de l'information, de
la prévention.
M. Simard: Les bras aussi. Pour les rivières à
saumon, ce sont des bras.
M. Houde (Fabre): Qu'on ait besoin des bras ou non, vous ne
trouvez pas un peu anormal qu'un gars fasse un cours de deux ans ou de trois
ans, et lorsqu'il a terminé son cours, on lui dise: II te manque un oeil
ou il te manque trois livres ou il te manque six pouces? Il me semble qu'on
devrait je m'adresse presque au sous-ministre, peut-être, avec son
collègue de l'Education, avec le sous-ministre de l'Education...
M. Lessard: ... pas bon pour un agent de conservation.
M. Houde (Fabre): II est trop grand lui! Je suis bien prêt
à accepter, si cela prend un gars de 5'8" et en parfaite santé...
Je suis bien d'accord, mais que l'élève qui s'inscrit à
l'école à Mont-Laurier ne soit pas accepté à suivre
son cours si, en partant, il est inapte, parce qu'on écoeure les gars
d'une façon magistrale en lui faisant faire un cours de deux ans et, une
fois qu'il a terminé et qu'il a son beau diplôme, il ne peut rien
faire.
Peut-être qu'on pourrait, au ministère, vérifier
auprès du ministère de l'Education s'il y a quelques
règlements à amender. D'ailleurs, l'an passé, notre
député de la région de Mont-Laurier en avait fait
mention.
M. Simard: Alors, c'est ce qui a été fait,
semble-t-il dans le cas de Hull. Les normes ont été
envoyées par les médecins responsables des exa-
mens ici, mais il semble que les normes n'auraient pas été
suivies.
M. Lessard: Alors, on aurait accepté les normes au niveau
des CEGEP des personnes du niveau secondaire...
M. Lapointe: Du niveau secondaire IV et V.
M. Lessard:... qui n'avaient pas les conditions minimales comme
agent de conservation.
M. Simard: C'est-à-dire qu'à la suite des
problèmes...
M. Lessard: C'est le ministère de l'Education qui fait le
choix.
M. Simard: ... qu'on a eus à la fin des cours, on a dit au
ministère de l'Education: Vous devriez faire attention dans le
recrutement pour prendre des gens qui vont se qualifier médicalement
à la fin. Les gens chargés des examens médicaux ici ont
envoyé les normes qui doivent être suivies dans un examen. Les
gens terminent et ne se qualifient pas. On se rend compte que les normes n'ont
pas été suivies. Cela devient une querelle entre médecins
ou entre groupes de médecins qui font passer les examens.
M. Lessard: II faut dire que ces gens-là, une fois qu'ils
ont fait leur cours d'agent de conservation, peuvent aussi travailler dans des
clubs privés.
M. Simard: C'est cela.
M. Côté: C'est un problème qu'on rencontre
à la Sûreté du Québec. Là où est
fondamentalement le problème, c'est quand l'élève fait le
choix. A partir du moment où il fait le choix au secondaire IV, je pense
que c'est là qu'on devrait faire passer un examen médical complet
avant même qu'il s'oriente dans cette voie, alors qu'on lui demande
simplement un certificat médical d'un omniprati-cien qui n'a pas de
spécialité, soit pour la vue ou pour toute autre chose. Alors,
quand l'élève a fini son cours, il s'en va passer ces examens et
il se ramasse le cul sur la paille. C'est le cas de plusieurs à la
Sûreté du Québec aussi. Qu'il ait des possibilités
de se retrouver comme agent de conservation dans un club privé, je ne
pense pas que cela règle son problème indéfiniment.
M. Simard: Ce qui est arrivé, je peux vous donner certains
cas, ils ont accepté... Certains professeurs peut-être pas
des professeurs, mais, en tout cas, les responsables ont pris des
chances. Ils disaient: Le petit gars n'a peut-être pas la grandeur qu'il
faut, mais il a encore deux ans. Il va peut-être grandir de deux pouces
et demi pour arriver à la norme. Finalement, le petit gars a grandi de
trois quarts de pouce; or il se réveille deux ans plus tard et il ne
passe pas.
M. Côté: II y a aussi le problème des commis-
sions scolaires d'avoir le nombre d'élèves suffisant pour donner
le cours. C'est cela, et sans scrupule, les responsables des écoles les
acceptent.
M. Lapointe: Ce n'est pas un problème à ma
connaissance, parce qu'à Mont-Laurier, il y avait environ 250 à
300 demandes au moment où j'étais directeur des services de
l'enseignement et on en sélectionnait 25 ou 30. Il y avait une
sélection très sévère qui se faisait.
M. Houde (Fabre): Le sous-ministre vient de me dire à
l'oreille qu'on a même, dans un certain cas je ne sais pas lequel
et je ne veux pas le savoir accepté huit filles au début,
comme agent de conservation. Je n'ai rien contre les filles comme agent de
conservation, mais on peut être certain qu'il y a une marge quelque part
qui dit que les filles peuvent être agent de conservation.
M. Côté: C'est du détournement de
braconnage.
M. Lessard: Quand on me disait qu'on avait loué parce que
c'était braconné, je pense bien, M. le Président, que cela
n'a pas dû l'empêcher, il a dû l'accélérer. Ce
qui arrive, c'est que les gens veulent aller pêcher. Suite aux chiffres
qui m'ont été donnés par le sous-ministre, M. Moisan,
concernant les arrestations par les agents de conservation du ministère,
l'an dernier, j'aimerais avoir les chiffres exacts, quand ce sera possible,
mais je voudrais vous citer 1974/75. Là, je pense qu'il s'agit de
chiffres exacts. Simplement à la rivière Matane, il y a eu 53
arrestations. Dans l'ensemble de toutes les rivières de la
Gaspésie, toutes les rivières à saumon de la
Gaspésie, louées à des clubs privés, 25
arrestations. Là, c'est encore pire, si on me parle de 400 par rapport
à quatre ou cinq.
M. Simard: C'est un ordre de grandeur, je n'ai pas les chiffres
exacts.
M. Lessard: C'est un ordre de grandeur, ça veut dire 1%
par rapport au ministère. Je pense qu'il faut quand même, si on
veut sauver, quand on parie avec Dubé, etc., la dernière chance
du saumon, avoir des exigences un peu plus fortes vis-à-vis des clubs
privés. Je pense bien, que, braconnage pour braconnage, on est aussi
bien de les libérer. Vous savez que le Québec est la seule
province où il y a des clubs privés.
M. Côté: Est-ce que le député de
Saguenay me permettrait...
M. Lessard: Sur les rivières à saumon, à
Terre-Neuve, vous payez $1, en Nouvelle-Ecosse, $5, mais toutes les
rivières sont publiques. Pourquoi, chez nous, ça ne serait
pas...
M. Côté: Est-ce que le député de
Saguenay me permettrait...
M. Lessard: Oui.
M. Côté: ... de l'inviter une fin de semaine pour
tenter d'aller pêcher sur la Cascapédia? On va avoir du
plaisir.
M. Lessard: Pour tenter, ça me ferait plaisir.
M. Côté: Je sais que vous avez de ces tendances.
Mais je vous mets au défi de venir tenter de pêcher sur la
Cascapédia, qui est propriété privée. Vous ne vous
ferez pas pincer.
M. Lessard: Ah, pour aller tenter, non. Quand j'irai...
M. Côté: C'est ça le plaisir.
M. Lessard: ... j'irai contester avec le monde ordinaire pour
montrer... pas pour faire du braconnage.
M. Côté: Vous parlez de rivières qui sont
à caractère privé, où il se fait du
braconnage...
M. Lessard: Comment se fait-il qu'il y en a quatre? Ecoutez, il
ne faut quand même pas être contre le bon sens. Le sous-ministre,
je prends sa parole, parce qu'il parle au nom du ministre, et, en vertu des
règlements, je suis obligé de prendre la parole du ministre,
mais, parfois, j'ai plus confiance au sous-ministre qu'au ministre. Le
sous-ministre me dit...
M. Côté: Nous autres, on a autant confiance en vos
recherchistes qu'en vous autres.
M. Lessard: C'est votre droit.
Il y a eu 400 arrestations l'an dernier sur les quelques rivières
qui sont ouvertes au public et administrées par le Québec par
rapport à 4 ou 5. Ecoutez, si, à Cascapédia vous ne
me ferez pas accroire que le braconnage se fait seulement dans la
rivière Matane il y a une bonne surveillance et qu'on va se faire
prendre, comment se fait-il qu'il n'y a pas de procédures? Ce serait bon
que vous n'informiez du nombre de procédures qui ont été
prises par les propriétaires, par les locataires de la Cascapédia
l'an passé.
M. Simard: II y a une rectification à apporter. C'est ce
que les clubs vont répondre et ils ont partiellement raison. Les
gardiens de clubs ne poursuivent pas eux-mêmes. Les causes sont
apportées aux agents de conservation, de sorte qu'il y a un certain
nombre de causes qui sont amenées devant les tribunaux ou
réglées par le service de la conservation et qui viennent des
clubs.
M. Lessard: C'est drôle, quand ç'a été
nous, ce sont eux qui nous ont poursuivis. Le locataire est entièrement
responsable et le propriétaire a le droit de poursuivre. Hein?
M. Simard: Le locataire peut le faire.
M. Lessard: Je comprends, mais, maudit! Vous me disiez
tantôt que les agents de conserva- tion privés, des clubs
privés sont des gens qui ne se font pas écouter. Je comprends.
Allez voir qui ils engagent et quel salaire ils paient et envoie donc. Ils les
engagent pour huit semaines, parce qu'au bout de huit semaines, ça leur
permet de retirer leur assurance-chômage.
Mais ce sont eux, en vertu du bail, qui ont la responsabilité de
la surveillance de leur territoire. Plus que ça, si vous prouvez qu'ils
ne respectent pas une condition du bail, dont la surveillance du territoire,
ils sont passibles de perdre leur territoire. Combien de clubs privés
qui ont loué des rivières à saumon ont perdu leurs baux
depuis quelques années, je dirais dix ans et quinze ans, par rapport
à d'autres clubs? Il n'y en a pas beaucoup. Quand en me donne ces
chiffres, je dis qu il n'y a pas de surveillance sur les clubs privés.
Plus que ça, c'est nous qui payons la surveillance sur les clubs
privés, parce que, bien souvent, pour les quelques mesures qui ont
été prises, les quelques poursuites, les saisies qui ont
été faites, comme je l'ai dit tantôt, pour la
rivière Godbout, elles ont été faites par des agents de
conservation suite à une protestation qui a été faite par
un contestataire qui contestait à la rivière Baie-Trinité,
parce que nos contestataires, on en a fait des protecteurs de la faune au
Québec. En particulier, l'un des contestataires me disait l'autre jour
qu'il était devenu, depuis quatre ans, un homme respectueux de
l'environnement.
On a donné de l'éducation. C'est grave, c'est grave.
M. Simard: La majorité des clubs qui ont perdu leur bail
depuis ... 90%...
M. Lessard: Les rivières à saumon?
M. Simard: Non, les baux des clubs privés, en
général.
M. Lessard: Des clubs qui ont des rivières à
saumon?
M. Simard: Non, non. Les clubs privés qui sont disparus
depuis 1970, il y en a plusieurs...
M. Lessard: Mais combien de clubs privés, qui avaient des
rivières à saumon, ont disparu?
M. Simard: II n'y en a pas, je ne pense pas. Je comprends
l'argumentation du député de Saguenay...
M. Lessard: C'est clair.
M. Simard: Je suis bien d'accord. C'est la raison pour laquelle
nous voulons, à court et à moyen termes, si les budgets peuvent
nous le permettre, prendre sous notre égide la totalité de la
conservation.
M. Lessard: Braconnage pour braconnage, braconnage pour une
rivière libérée ou braconnage pour une rivière qui
fait partie d'un club privé, cela ne change pas grand-chose.
M. Simard: Je voudrais apporter une autre rectification qui vient
de m'être soumise. Dans le cas de poursuite, par les clubs, c'est le club
lui-même qui poursuit lorsqu'il s'agit de "trespass", de droit de passage
sur un terrain privé. Lorsque cela concerne directement la loi de la
conservation, c'est le ministère qui poursuit. Lorsque c'est une
infraction à la loi de la conservation, c'est le ministère qui
poursuit.
M. Lessard: II faudrait que je vérifie. C'est la
compagnie, vous avez raison. Nous autres, c'est en vertu du droit de passage.
Mais, à ce moment-là, si c'est ie ministère qui est
obligé de poursuivre, c'est nous autres qui payons les frais.
M. Simard: C'est encore plus subtil que cela.
M. Lessard: C'est nous autres qui payons les frais?
M. Simard: C'est encore...
M. Lessard: Non seulement on leur donne... Vous savez que pour la
rivière de la Petite Trinité, c'était $1000, pour la
Grande Trinité, c'était $1500, pour la rivière Godbout, je
pense que, dans un cas, pour Gabou Lodge, c'est $250. Il y a toutes sortes de
mesures, on ne sait plus trop quoi. Il y e.n a qui paient $250, il y en a qui
paient $1000, le docteur Pool, je pense que c'est $1000. En tout cas, il n'y a
plus de mesure. Je ne sais pas si c'est au mille ou au pouce carré, mais
les prix ne sont pas uniformes du tout. On décide cela je ne sais pas
comment. Quels sont les critères? Ce serait bon qu'on en parle.
M. Simard: M. le Président, je peux dire au
député de Saguenay qu'il y a une étude très
approfondie qui vient d'être terminée au ministère. Je ne
peux pas lui donner les détails, étant donné que cela doit
passer au Conseil du trésor cette semaine, mais je dois lui dire qu'en
gros, la philosophie de tout cela, c'est qu'il y a des endroits où on a
quintuplé et même multiplié parfois par dix, les taux de
location de certaines rivières à saumon.
M. Lessard: Est-ce que cela s'applique à partir de cette
année?
M. Simard: Cela va s'appliquer à partir de cette
année.
M. Lessard: A la fin du bail?
M. Simard: A partir de cette année; immédiatement.
Aussitôt qu'on aura l'approbation du Conseil des ministres.
M. Lessard: A ce moment-là, on a peut-être une
chance que quelques-uns vont lâcher. On va vous prouver...
Tantôt, j'étais parti sur une chose, je ne sais pas si
c'était cela. En tout cas, cela va me revenir. Concernant la location de
rivières, j'aurais des ex- plications à vous demander. Dans la
revue l'Atlan-tic Salmon Journal, à un moment donné, il y avait
une annonce qui se lisait comme suit: "Vous êtes invité...
Atlantic Salmon Journal, donc, une revue américaine distribuée
ici, au Québec ...
M. Simard: Je m'excuse, c'est une revue canadienne.
M. Lessard: Bon! Canadienne, d'accord. "Vous êtes
invité à louer une rivière à saumon dans son
entier. En fait, deux rivières. Nos rivières sont la magnifique
Mingan et son tributaire c'est une revue sérieuse la
Manitou. Situées au Québec, 100 milles à l'est de
Sept-lles, sur la Côte-Nord du golfe Saint-Laurent, ces deux
rivières totalisent 21 milles pour le plaisir du pêcheur.
Les services. Le luxueux camp Mingan est situé sur une île,
juste en bas des belles chutes Mingan. Les camps sont à 30 minutes, par
bateau, de la ville de Mingan. Le chalet principal, avec vue sur les chutes,
possède une chambre double, deux chambres simples, salon, etc.
La pêche. Nombreuses fosses à saumon sur les deux
rivières. Quatre pêcheurs ont réussi 112..." Ecoutez, cela
n'est pas du braconnage. "Quatre pêcheurs ont réussi 112 saumons
en 1974". Cela veut dire, M. le Président, qu'il fallait qu'ils
pêchent en esprit. 112 saumons, cela veut dire presque 25, 28 saumons.
C'est vrai qu'ils ont droit à trois saumons par jour, mais, en tout
cas... "De juin à la fin de juillet, le personnel
expérimenté, service aérien, avec toutes ces
commodités; pour de plus amples informations, téléphonez
à Dudley H. Mills, Duncan Miller, 280, Park Avenue, New York."
M. Simard: M. le Président, j'aurais des explications
à donner au député de Saguenay. C'est tout
simplement...
M. Lessard: Ce sont eux qui prennent nos territoires.
M. Simard: ... une annonce qui a été faite, sur la
partie des propriétés privées, de quelqu'un qui voulait se
départir de son chalet ou de son droit exclusif de pêche.
Normalement, lorsqu'il y a transaction, pour transférer le bail, ces
gens doivent communiquer avec nous. Dans ce cas, même s'ils nous
l'avaient demandé, nous aurions probablement refusé.
M. Lessard: Qu'avez-vous fait?
M. Simard: On n'en a pas entendu parler, M. le
Président.
M. Lessard: Vous n'en avez pas entendu parler, il n'a pas vendu.
A moins qu'il ait vendu et qu'il...
M. Simard: A ce moment, il l'exploite sans bail. C'est
illégal.
M. Lessard: Avez-vous vérifié? Il faudrait quand
même vérifier. Je pense que le ministère devrait quand
même vérifier s'il y a eu transaction, parce qu'il peut y avoir eu
transaction sans que le ministère en soit informé. Quand c'est
rendu que ce sont les compagnies privées qui offrent nos rivières
à vendre, franchement, c'est quasiment gênant aux Etats-Unis, au
Canada ou... Ils se prennent pour qui, eux autres, Bon Dieu? J'irais plus loin
que cela. Ils seraient avertis, je vous le garantis. Pour qui se prennent-ils?
C'est à nous autres cela. C'est loin cela. Mais cela commence à
être mauditement écoeurant. Nous sommes leur possession.
M. Tardif: Lucien...
M. Lessard: Mais, c'est un terme français. Le coeur me
lève.
M. Simard: II faut utiliser l'espace...
M. Lessard: Nous sommes leur possession, ils nous vendent comme
ils veulent.
M. Simard: M. le Président, dans ce cas, dans le
cas...
M. Lessard: ... sur la publicité.
M. Simard: ... dont le député de Saguenay discute,
c'est une propriété privée.
M. Lessard: Oui, mais les rivières? Est-ce que la
rivière est privée?
M. Simard: Oui, elle est privée. Avant 1884.
M. Lessard: Avant 1884, c'est-à-dire que les eaux ne sont
pas privées, le lit de la rivière est privé. Mais les
eaux, c'est...
M. Simard: II y a eu des droits concédés qui
comprennent le lit de la rivière, à ce moment.
M. Lessard: Oui, comme la rivière Pentecôte. M.
Simard: Comme la rivière Trinité.
M. Lessard: Comme la rivière Trinité. Mais, cela
concernait le lit de la rivière, à tous les héritiers et
l'affaire. Mais, les droits de pêche, cela ne se vend pas; les droits de
pêche sur une rivière, cela ne se vend pas.
M. Simard: La propriété.
M. Lessard: C'est complexe, c'est justement pourquoi il y a eu
une commission Legendre pour étudier tout cela, le droit juridique de
l'eau.
M. Simard: Cela va avec la propriété du lit de la
rivière. On me dit que cela se vend, les droits de pêche. Le droit
de propritété se vend. M. le Président, c'est une question
juridique.
M. Lessard: Oui.
M. Simard: Cela vient de 1884.
M. Lessard: C'est parce qu'il y a des gens, justement... Un peu
comme sur la rivière York, il y a des droits de pêche qui sont
acquis à un moment donné. Mais l'eau ne se vend pas, en tout
cas!
Je voudrais justement parler d'un autre sujet.
M. Simard: La rivière Mingan, cela faisait partie de la
seigneurie de Mingan. Quand il y a eu récupération d'une partie,
les droits sur les rivières se sont conservés en
propriétés privées.
M. Lessard: D'accord. Mais, à la rivière Mingan,
est-ce qu'il n'y a pas des droits de pêche? Est-ce que c'est pour toute
la rivière Mingan?
M. Simard: Cela va avec la propriété du lit de la
rivière.
M. Lessard: Mais, est-ce que c'est toute la rivière
Mingan?
M. Simard: La partie qui les intéresse.
M. Houde (Fabre): Ils peuvent m'empêcher de passer en canot
ou quelque chose comme cela.
M. Simard: Oui.
M. Lessard: Je ne pense pas...
M. Simard: Cela fait partie des vieux droits seigneuriaux.
M. Houde (Fabre): M. le Président...
M. Lessard: Pas en canot. L'eau comme telle ne peut...
M. Houde (Fabre): ... je ne veux pas discuter des questions
juridiques et de l'histoire de 1884, comme vous l'avez dit, ou je ne sais quoi,
mais, sur la question du principe, je ressens, intérieurement, ce que le
député de Saguenay vient de ressentir. Cela ne m'écoeure
peut-être pas, mais j'ai mon maudit voyage! On n'est pas péquiste.
Ce n'est pas l'idée...
M. Lessard: Vous êtes respectueux cette fois-ci.
M. Houde (Fabre): ... mais y a-t-il moyen que le contentieux du
ministère étudie cela? Je ne suis pas avocat, mais c'est
peut-être possible que ces vieux droits de 1884 soient amendés. Je
ne le sais pas.
M. Simard: La seule façon de les enlever, c'est de les
exproprier.
Une Voix: Cela ne t'empêche pas de passer en canot.
M. Houde (Fabre): Cela me rassure un peu plus. C'est rendu que
j'ai le droit de poursuite. On a seulement une intervention. On vient de me
dire que j'ai le droit de passer en canot.
M. Lessard: Je suis convaincu que...
M. Houde (Fabre): J'ai déjà gagné quelque
chose.
M. Lessard: Toi, t'aimes bien faire du canot, je ne
déteste pas cela non plus, mais j'aime bien pêcher aussi.
M. Simard: Cela ne te donne pas le droit de pêche.
M. Lessard:... en canot de...
M. Houde (Fabre): Sur toute cette question, je suis
sérieux, je demande au ministre si c'est possible que notre contentieux,
je ne sais pas si c'est fait récemment ou si c'est fait quotidiennement,
ou journellement, mais...
M. Lessard: II y a une commission...
M. Simard: Les documents existent déjà au
ministère des Terres et Forêts.
M. Lessard: II y a une commission qui a étudié le
problème, si je peux informer le député de Fabre. Je
serais donc heureux de lui trouver un allié. La commission Legendre a
étudié tout le problème de l'eau. Le premier rapport a
été déposé en 1971. Le deuxième rapport a
été déposé en 1974 ou 1973. Justement, c'est tout
le problème de droit juridique de l'eau qui doit être
étudié. Là, on vient de verser à
l'Université Laval la somme de $100 000 pour étudier la
façon dont cela devrait s'appliquer juridiquement. Le problème,
c'est que cela ne va pas vite. Pendant ce temps, l'eau se pollue et
l'eau...
M. Malouin: M. le Président, est-ce que dans le cas
présent, vous avez dit que le gouvernement n'accepterait pas de
permettre un bail à une autre personne? Est-ce qu'il a les premiers
droits de revendre si le propriétaire, même si cela date d'avant
1884... peut-il le revendre à d'autres personnes?
M. Simard: Quand c'est une propriété, il peut la
revendre à une autre personne, sans demander la permission.
M. Malouin: Je parle non pas de la propriété, mais
des droits sur la rivière.
M. Simard: Ce sont des droits acquis en vertu des droits
seigneuriaux. Il peut les vendre aussi.
M. Malouin: II peut les vendre aussi.
M. Simard: II y a des droits de pêche. Le droit de
pêche est sa propriété aussi. A ce moment, il ne
détient pas de bail du ministère du Tourisme.
M. Lessard: Les droits de pêche, ils les ont. J'ai
lu...
M. Simard: Le total des territoires qui ont des baux, c'est
après 1884.
M. Lessard: J'ai lu toute la succession... M. Simard: Oui,
mais il y a des parties...
M. Lessard: ... concernant la Baie-Trinité et, quant aux
droits de pêche, j'en doute.
M. Malouin: Si ces droits sont à vendre, est-ce que le
gouvernement a écrit pour les acheter?
M. Lessard: Le droit de pêche n'a pas fonctionné.
Alors, on me confirme...
M. Simard: Disons que je prends connaissance de cela, ce matin,
d'après l'article...
M. Lessard: On me confirme que les droits de pêche, ne sont
pas concédés en vertu... C'est cela?
M. Simard: Sur les deux Trinité?
M. Lessard: Sur les deux Trinité, les droits de
pêche n'étaient pas concédés.
M. Simard: C'est pour cela qu'ils demandent un bail.
M. Lessard: Sur Mingan, ils n'ont pas besoin de bail?
M. Simard: Non, sur Mingan, ce n'est pas la même chose...
Comme il en existe sur la Grande Rivière, même qu'on attend
lorsqu'on est obligé...
M. Lessard: Oui, sur la York.
M. Malouin: Est-ce la politique du ministère d'essayer de
reprendre ces baux pour autant que c'est possible?
M. Simard: Pour autant que c'est possible, M. le
Président.
M. Lessard: C'est possible, certain. Ecoutez, c'est rendu que
même l'Assemblée nationale peut changer un homme en femme.
Une Voix: C'est possible, certain.
M. Lessard: Pour autant qu'on ait... Le problème, c'est la
volonté...
M. Côté: ... d'être supporté dans
l'autre sexe.
M. Lessard: Je ne te supporterais pas, en tout cas. Voici, en
dehors de tout cela...
Une Voix: II y a des conflits matrimoniaux.
M. Lessard: C'est la volonté, c'est cela qui manque bien
souvent, la volonté de...
M. Houde (Fabre): II y a sûrement une question
financière...
M. Lessard: Ecoutez, je pourrais vous donner un exemple
relativement à la ville de Forestville où on a
concédé un territoire. Après cela, on en a racheté
d'autres.
Bon, maintenant, je voudrais parler d'un dossier que connaît
très bien le député Lapointe, de Laurentides-Labelle,
parce que le ministre le disait tout à l'heure, toujours concernant la
location de territoire. Vous savez qu'on a quand même des protestations
énormes, des contestations énormes qui viennent d'un peu partout,
du Québec. Dans la région de Laurentides-Labelle, il y a eu une
contestation assez forte pour empêcher, il n'y a pas eu de contestation
comme telle, mais on a eu des pétitions pour empêcher que...
Une Voix: ... pétition là-dessus. M. Lessard:
Je l'ai ici.
M. Houde (Fabre): Quel est le sigle sur la feuille? J'ai vu un
petit sigle bleu, il me semble. C'est l'Hydro-Québec?
M. Lessard: C'est le sigle de l'avenir du Québec.
M. Houde (Fabre): Je pensais que c'était
l'Hydro-Québec.
M. Lessard: Si le député dit qu'il n'a jamais eu la
pétition, il a sans doute eu le télégramme. Le ministre
disait tout à l'heure qu'il acceptait, autant que possible les
revendications des citoyens et essayait d'empêcher, en tout cas, que le
territoire public... Je pense que c'est tout à fait normal, au moins
d'éviter, si on n'est pas capable d'arriver à la
libération des clubs privés dans une période brève,
de redonner cela rejoint Gabou Lodge et les études de
reformer des clubs privés ou d'enlever le territoire, si minime soit-il,
qui appartient à la population et de le commercialiser. Dans le cas des
citoyens de la région de Mont-Laurier, il y a eu, à Ferme-Neuve
des pétitions, des télégrammes à M. Simard,
privés de contact, semble-t-il, avec le député Lapointe de
Laurentides-Labelle, et en fait, le bail a été émis le 9
mai 1975 et était valable jusqu'au 31 mars 1976. Donc, c'est
passé.
Il y a eu un télégramme envoyé le 14 mai 1975
à M. Claude Simard. Les dates sont importantes. Disons que le bail a
été préparé le 9. Le 10, le bail n'était pas
signé. Le 14, un télégramme à M. Claude Simard
était envoyé par les différentes municipalités du
coin. Bon!
M. Lapointe: M. le Président, pourrais-je demander au
député de Saguenay de nommer les municipalités qui ont
envoyé un télégramme?
M. Lessard: Voici! C'est ce que je cherche. Je n'ai pas le
télégramme devant moi. Normalement, je devrais l'avoir.
M. Simard: ... d'une façon très précise, M.
le Président. Quand on aura les noms des municipalités, on va le
savoir.
M. Lapointe: Pour votre information, il y a plusieurs
municipalités qui ont refusé d'envoyer des
télégrammes...
M. Lessard: Bon, en tout cas...
M. Lapointe: ... ou d'appuyer cette pétition, parce
qu'elles croyaient que la décision du ministère était
valable.
M. Lessard: ... vous me l'expliquerez. Le 12 mai, vous avez eu un
appel par téléphone d'un dénommé Philippe Boyer, de
Val-Limoges...
M. Lapointe: C'est ça.
M. Lessard: Je comprends qu'il y a des municipalités...
Mais la pétition contient passablement de noms. Je pourrais même
en donner le nombre. Je ne l'ai pas calculé, mais il y en a sur une,
deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix pages, à moins que
ce ne soient que des péquistes. Bon! Mais, de toute façon, le 14
mai, un télégramme est envoyé à M. Claude Simard. A
ce moment, M. Simard, semble-t-il, répond que, malheureusement, le bail
est signé, mais le bail a été signé seulement le 16
mai. C'est, du moins, la date qui apparaît en bas du bail que j'ai
ici.
Si le député veut intervenir, il n'y a pas de
problème. S'il veut donner des explications, etc., d'accord. Il semble
que c'était... Vous savez, je vous avoue, M. le Président, que
là, je prends les renseignements qu'on m'a donnés. Je connais
Mont-Laurier. Je sais seulement à quel endroit c'est situé. Il me
semble que c'était là une des parties du territoire, sinon la
seule partie du territoire où on pouvait encore pêcher librement.
Il y a beaucoup de clubs privés, etc. Mais il y a une question que je me
pose. Malgré les pétitions des citoyens, et considérant
surtout le fait c'est la demande qui a été faite au
ministère que nous sommes à élaborer une politique
sur les nouvelles sociétés de gestion, considérant que
nous sommes à élaborer une politique d'accessibilité du
territoire on va voir que la même chose s'est faite dans la
région de l'Outaouais onsidérant ces faits, ainsi que les
protestations des citoyens qui ne doivent quand même pas être tous
des fous, comment se fait-il que le ministre ait décidé de louer
le territoire malgré les protestations de la population ou d'une partie
de la population, et de ne pas tenir compte de ces protestations?
M. Lapointe: Le député de Saguenay pourrait-il lire
le texte qu'il y a en haut de la pétition?
M. Lessard: "Nous soussignés, demandons la
résiliation immédiate du bail accordé vendredi 16
mai à MM. Rémy et Eddy Vanier rendant commerciale la zone
publique de chasse et de pêche au nord de la ferme Tapanee. Nous sommes
d'accord avec M. Réjean Maranda, directeur du service des locations de
droit de chasse et de pêche, qui déclarait l'an dernier qu'il
était nécessaire de garder disponibles au public sportif certains
sites de chasses et de pêche. De plus, ce site est spécialement
apprécié par la population à cause de ses facilités
d'accès."
M. Lapointe: Le texte, je crois, ne donnait pas toute
l'information utile à la population ou aux gens qui ont signé
cette pétition. J'ai vu, par la suite, un certain nombre de gens qui ont
signé cette pétition et qui ne l'ont pas signée en toute
connaissance de cause.
Vous avez parlé d'un monsieur Boyer qui avait communiqué
avec moi, ce qui est vrai. Il s'agit d'une personne qui allait sur ce
territoire, à la chasse ou à la pêche,
régulièrement, avec un groupe. Au moment où il a appris
qu'il y avait une possibilité que ce territoire soit loué
à des pourvoyeurs, il a communiqué avec son ami et
président du Parti québécois...
M. Lessard: Quoi?
M. Lapointe: ... dans le comté pour faire des pressions.
Ces pressions ont été faites, encore une fois, par le
président du Parti québécois, sans qu'il connaisse
exactement l'emplacement de ce territoire.
C'est un territoire qui est à environ 80 milles au nord de
Mont-Laurier et qui est loin d'être accessible comme on le mentionne dans
les documents qui sont là. Ce territoire était
surexploité, était en train de se faire vider, il m'apparaissait
important de le protéger et la seule façon de le protéger
était de l'accorder à des pourvoyeurs sérieux. Dans le cas
de MM. Eddy et Rémy Vanier, qui sont des amants de la nature, des gens
qui connaissent la forêt, qui connaissent le domaine de la chasse et de
la pêche, je pense qu'il y avait lieu de leur accorder ce territoire pour
en assurer la protection, une utilisation rationnelle, et c'est ce qui a
été fait.
MM. Rémy et Eddy Vanier ont fait les constructions
nécessaires exigées par le ministère pour tout club
commercial; ils ont établi des tarifs à la portée de tout
le monde je crois que c'est $5 ou $6 par jour pour aller à la
pêche. Ceci permet de concilier, à mon point de vue, deux
objectifs très importants pour l'ensemble des territoires de chasse et
de pêche du Québec, l'accessibilité et le contrôle,
alors qu'auparavant, l'accessibilité c'était plus ou moins vrai.
Ce territoire est très accessible et on a actuellement cette
accessibilité. Il n'y a personne qui ne puisse se permettre de payer $5
ou $6 par jour pour aller à la pêche, et on a un contrôle
sérieux et un aménagement de ce territoire qui, auparavant,
était vraiment braconné et surexploité.
On dit que ce sont les seuls territoires accessibles. Il y a des
territoires tout près de la région de Ferme-Neuve. Je ne pourrais
pas vous dire le nombre de milles carrés, mais j'avais cité des
chiffres dans un communiqué de presse à ce sujet...
Il y a beaucoup de territoires libres. De toute façon, il y a
beaucoup de territoires commerciaux accessibles à l'ensemble de la
population. Il y en a où les prix sont plus élevés,
d'autres où les prix sont les moins élevés.
M. Lessard: Les territoires libres, disponibles...
M. Lapointe: II y en a un certain nombre.
M. Lessard: J'aimerais cela voir... Mais voici la question que je
vous pose... Etant donné qu'il y avait beaucoup de territoires
commercialisés, qu'il y avait aussi des clubs privés c'est
une des régions où on retrouve énormément de clubs
privés, avec l'Outaouais, en fait comme député,
n'auriez-vous pas dû essayer de constituer une société de
gestion, tel que voulu par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche avec ces gens, et entrer dans la politique de libération
du ministère des Terres et Forêts?
M. Lapointe: Le député de Saguenay, sans le
blâmer, n'est peut-être pas au courant de la situation globale qui
existe dans le comté.
M. Lessard:... à 80 milles du territoire...
M. Lapointe: En ce qui concerne les sociétés
d'aménagement, il était normal que le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche fasse des expériences
pilotes. Il y avait d'autres régions où il y a des clubs
privés où il était beaucoup plus urgent de faire des
sociétés d'aménagement. C'est le cas de l'Ascension,
où les quinze territoires privés sont à proximité
de la municipalité, à environ quatre ou cinq milles. Ce sont des
territoires très accessibles, qui ont été quand même
assez bien protégés par les clubs privés.
Mais il m'apparaissait plus urgent d'ouvrir ces territoires au public.
Il y aurait aussi beaucoup d'autres territoires qui sont proches des
municipalités de mon comté qui sont prioritaires à mon
point de vue, si on veut étendre le programme de sociétés
ou d'unités d'aménagement. Mais, dans ce cas-ci il s'agit d'un
territoire à 80 milles au nord de Mont-Laurier qui est plus ou moins
accessible. Je ne vois pas comment on aurait pu, dans l'immédiat,
constituer une société d'aménagement dans cette
région qui est plus ou moins accessible. Je pense qu'il fallait avoir
des priorités. Une des priorités...
M. Lessard: Quand vous dites: plus ou moins accessible, est-ce
que cela veut dire qu'il n'y a pas de routes qui servent...
M. Lapointe: C'est une route forestière... M. Lessard:
Comme chez nous.
M. Lapointe:... qui n'est pas entretenue et qui n'est pas
praticable à l'année.
M. Lessard: Vous savez que des fois ce sont les meilleurs
territoires. Là où je vais à la chasse, c'est une route
qui, à un moment donné, n'est pas praticable, mais je suis
sûr d'être tout seul là. Je suis même sûr de ne
pas avoir de garde-chasse.
M. Côté: C'est ce que j'allais dire.
M. Lapointe: M. le Président, là-dessus on a fait
une campagne...
M. Lessard: Je suis obligé de passer...
M. Lapointe: Je regrette qu'on ait fait une campagne vraiment
partisane et je pense qu'à la suite de cette pétition, à
la suite des démarches qui ont été faites par le Parti
québécois auprès d'un grand nombre de municipalités
du comté, les gens ont compris qu'on charriait vraiment. Je pense que,
si le député de Saguenay avait des contacts avec les gens de mon
comté il verrait que les gens ont compris qu'on a charrié pour
rien là-dessus et que les gens sont d'accord que ce terri- toire soit
accordé à un pourvoyeur pour le protéger tout en gardant
l'accessibilité qui est loin d'être difficile, comme on semble le
laisser croire là-dedans, à $5 ou $6 par jour. Je pense qu'il est
nécessaire, à mon point de vue, que le ministère du
Tourisme, au lieu de laisser certains territoires libres, les accorde à
des pourvoyeurs, des gens sérieux qui rencontrent certaines normes et
qui ont des prix abordables pour permettre d'aménager ce territoire et
le protéger. C'est dans cette optique que j'ai appuyé'
personnellement, cette demande de messieurs Vanier et j'ai l'intention
d'appuyer d'autres demandes s'ii y en a qui se présentent dans le
même sens pour protéger des territoires qui sont
surexploités.
M. Lessard: La population jugera, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Etant donné qu'il est 12
h, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 2)