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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Etude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce
Séance du vendredi 28 mai 1976 (Onze heures quarante-six
minutes)
M. Comellier (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
La commission de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse
et de la pêche continue ce matin l'étude des crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Saint-Pierre: M. le Président, j'aimerais apporter deux
précisions à des questions qui ont été
soulevées hier. La première touchait les montants versés
à l'Associated Textiles suivant la loi 23. J'ai ici le détail que
je vais transmettre au chef de l'Opposition. L'engagement du gouvernement est
relié au 17 mars 1969. Il y avait des investissements à
l'époque de $1 513 000 et la prime retenue s'élevait à
$378 000. La production régulière a commencé le 24 janvier
1972; comme toutes les conditions posées par le gouvernement en 1969 ont
été remplies, bien sûr, il a fallu continuer de verser les
primes tout au cours des années selon des montants qui ont donné
$252 000 puisque les investissements vérifiés étaient de
l'ordre de $1 million au lieu du chiffre de $1 513 000 qui avait
été examiné dans le dossier avant. Le dernier versement
s'est donc fait en 1974/75, il était de $50 000, pour un montant total
de $252 726.
M. le Président, on a posé également d'autres
questions au sujet de certains types d'aide à la SDI. On peut
peut-être commencer à répondre. La première touchait
Cobra. On y fait des garnitures de freins en amiante.
M. Morin: Est-ce que c'est M. le ministre, une technologie
nouvelle à ce point qu'on puisse accorder à cette
société la cote 2-A?
M. Saint-Pierre: Comme je l'ai dit hier, c'est surtout à
cause de la haute productivité. C'est un produit relativement nouveau,
Au Québec, c'est très peu fabriqué et il y a des
possibilités évidentes d'exportation. Ce sont les raisons
principales de la cote 2-A dans cela.
M. Morin: Mais est-ce qu'on ne fabrique pas des garnitures de
freins depuis quelque temps au Québec?
M. Saint-Pierre: Non.
Pas sur cette échelle-là, en tout cas.
M. Morin: Vous êtes vraiment en mesure d'affirmer qu'il n'y
avait pas un atelier à la Johns-Manville, un vieil atelier de garnitures
de freins en amiante?
M. Saint-Pierre: Je ne pourrais pas vous dire si ces gens en ont
déjà une. Cette nouvelle usine fabrique selon de nouvelles
techniques et a été considérée justement en vertu
de ce point précis et non en vertu des vieilles usines.
M. Morin: C'est parce que, si c'est vraiment une technologie
nouvelle, on s'explique que ça tombe sous la cote 2-A, mais la
fabrication des garnitures de freins d'amiante n'a jamais demandé une
technologie bien avancée.
M. Saint-Pierre: C'est tout de même assez technique et il y
a le problème de faire justement coller l'amiante sur le sabot, la faire
cuire à des degrés très particuliers avec certaines
propriétés de résistance qui, semble-t-il, dans ce cas,
ont été examinées et ont satisfait à des conditions
techniques. Je n'ai pas reçu le dossier technique en détail.
M. Morin: Est-ce dans l'ordre du possible qu'on puisse jeter un
coup d'oeil sur les aspects techniques d'un dossier comme celui-là pour
nous satisfaire qu'il s'agissait vraiment d'une technique nouvelle?
M. Saint-Pierre: J'ai simplement dans le dossier... De toute
façon, c'est simplement vous... C'est là qu'il y a
peut-être une certaine confusion, Cobra Friction a été
fondée en 1960 pour fabriquer des sabots de freins en amiante
destinés à l'industrie du transport ferroviaire. Les actions
ordinaires étaient réparties également entre la
Johns-Manville Corporation, qui était un des actionnaires, et une autre
compagnie américaine. Le projet d'expansion consistait en l'achat de
machinerie nécessaire pour augmenter sa capacité de production de
sabots de freins d'amiante, d'environ 12%. Le 2 mai 1975, la section
économique de la SDI nous informait que cet investissement rencontrait
parfaitement tous les critères de classification sous le paragraphe 2-A
de notre loi.
En effet, bien que le Québec ait 100% de la production
canadienne, il s'agit d'un produit insuffisamment fabriqué au
Québec, compte tenu du fait que le Canada importe 36% de sa consommation
et que le taux de croissance du marché canadien a été de
11% par année de 1963 à 1972. A l'aide de la table habituelle de
quantification, il a été établi que l'entreprise se
méritait 13,5% de son investissement, soit $70 000, le montant de prise
en charge.
Pour une autre information, l'aide a été refusée
par la compagnie par la suite. Il n'y a pas eu de suite.
M. Morin: II n'y a pas eu de suite, bon, ça, c'est une
autre affaire. Ecoutez, c'est bien ce que je pensais, il s'agissait en fait
d'un atelier de fabrication de garnitures de freins qui existait
déjà et qui probablement n'a pas mis en cause une technologie
nouvelle.
M. Saint-Pierre: Non, pour la technologie nouvelle, apparemment,
il y avait une nouvelle
technologie impliquée dans ce projet. Maintenant, si
c'était l'ancienne usine qui était convertie ou une nouvelle, il
ne faudrait pas examiner le dossier au complet pour savoir. C'est simplement le
résumé.
M. Morin: S'il n'y a pas eu de suites, je ne vous demanderai
certainement pas d'examiner le dossier au complet parce que ce serait une perte
de temps. C'était pour m'assurer, tout simplement, de l'octroi
légitime de la cote 2a. Puisqu'il n'y a pas eu de subvention, nous
pouvons laisser tomber.
M. le Président, est-ce que je me trompe? Nous avons perdu le
quorum aussitôt après avoir débuté et, ce matin, je
ne suis pas d'humeur à endurer que le quorum soit dissous aussi
rapidement.
M. Saint-Pierre: Je m'excuse, il y en a deux que vous n'aviez pas
vus, à votre gauche.
M. Morin: S'ils peuvent prendre leur place à la table, ce
sera parfait.
M. Saint-Pierre: II y en avait deux qui étaient
déjà à leur place.
M. Morin: Cela ne le faisait pas. Nous l'avons. Si personne ne
quitte, nous avons quorum.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est parce que vous devenez rapidement
désagréable.
M. Morin: Cela deviendra désagréable s'il le faut.
Mais j'attire l'attention du député de Charlesbourg qu'au cours
des journées passées, nous perdions le quorum dix minutes
après le début des séances, de sorte qu'on marchait
toujours sans quorum. C'est fini, cela.
M. Harvey (Charlesbourg): Le député de Sauvé
doit savoir que le député de Charlesbourg est toujours
présent, non seulement de corps et d'esprit, mais il est toujours
là. C'est bien important et je vous le rappelle.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre!
M. Morin: Je ne pense pas qu'on l'ait vu beaucoup à cette
commission.
M. Harvey (Charlesbourg): Peut-être pas à celle-ci,
M. le Président, mais j'ai une raison pour y être. Vous le verrez
tout à l'heure.
M. Morin: Très bien.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, messieurs!
Revenons à l'étude des crédits. Si mes informations sont
exactes, nous devions entreprendre ce matin l'étude du programme 5,
services en milieu scolaire.
M. Morin: Je pense que vous êtes dans le mauvais
ministère.
Le Président (M. Cornellier): Excusez-moi, je suis dans le
mauvais ministère. Vous avez raison et je m'en excuse.
Le programme 5, c'est l'administration de la Société de
développement industriel du Québec.
Société de développement
industriel (suite)
M. Saint-Pierre: Dans le cas Didier Werke AG, est-ce qu'il y a
d'autres questions? On en avait parlé hier et j'ai le dossier devant
moi. Je ne sais pas si vous avez des questions.
M. Morin: Je voulais savoir s'il y avait eu une aide
fédérale. Vous m'avez dit que oui. J'aurais voulu savoir de quel
ordre si, par hasard, le dossier contient ce renseignement. Vous m'avez dit
quel était le coût total du projet; donc, je n'avais pas d'autres
questions à part celle de l'aide fédérale.
M. Saint-Pierre: L'aide du MEER s'établit à $5
millions.
M. Morin: Sous quelle forme, M. le Président?
M. Saint-Pierre: L'aide du MEER est la forme habituelle,
reliée aux immobilisations et aux emplois également, tant par
emploi.
M. Morin: C'est une subvention pure et simple. Ce n'est pas une
prise en charge de l'intérêt?
M. Saint-Pierre: Non, c'est une subvention directe,
étalée sur un certain nombre d'années, suivant un
programme régulier. C'est 80% payable, à la mise en exploitation
de l'usine, le solde après une certaine période de
vérification. Vous avez posé également des
questions...
M. Morin: Est-ce que la compagnie a mis de l'argent
là-dedans?
M. Saint-Pierre: Oui. Il faut se rappeler que la SDI est
actionnaire dans cela.
M. Morin: Oui, je sais, justement. C'est que, quand on met tout
ensemble...
M. Saint-Pierre: Les actionnaires ont mis $4,5 millions en
capital-actions. Les fonds autogénérés ont
été de $3,5 millions. Il y a un emprunt à terme de $10
millions. Ajoutons à cela la subvention du MEER, de $5 millions, et on a
les $23 millions investis dans le projet.
Vous aviez posé des questions sur les industries du hockey
canadien.
M. Morin: Effectivement, M. le Président.
M. Saint-Pierre: II y a plusieurs dossiers.
On y a consenti cinq prêts, depuis le début de la SDI. Les
trois premiers ont été en vertu du programme c), ne comportant
aucune subvention. L'avant-dernier a été consenti, en vertu du
pro-
gramme a), en raison du... Je ne sais pas si vous avez entendu parler du
produit mis au point qui s'appelle "Pro-Shot", qui sert à pratiquer les
lancers frappés. C'est vendu dans les chaînes de distribution
habituelles pour les petits bonshommes, à partir de six ans,
jusqu'à l'âge qu'on veut, pour pratiquer le lancer simplement.
C'est un...
M. Morin: C'est quoi l'âge qu'on veut?
M. Saint-Pierre: L'âge où l'on peut pratiquer le
hockey.
M. Morin: C'est nouveau, ce produit?
M. Saint-Pierre: Cela a été considéré
comme un produit nouveau, avec de grandes possibilités d'exportation. Le
dernier...
M. Morin: C'est toujours la bonne vieille technique du lancer. Il
n'y a pas de nouvelle technologie là-dedans.
M. Saint-Pierre: Non, ce n'est pas la technique du lancer qui est
mise au point, c'est le mécanisme même, l'appareil qui fait qu'on
peut pratiquer. Je me souviens vaguement qu'il y a un appareil quelconque qui
mesure la tension ou qui peut contrôler la tension, qui fait en sorte que
le lancer peut...
M. Morin: Etre mesuré.
M. Saint-Pierre: ... être mesuré.
M. Morin: C'est un produit nouveau.
M. Saint-Pierre: Cela a été considéré
comme un produit nouveau.
M. Morin: Parce que ce sont des habitués de la SDI?
M. Saint-Pierre: Oui. C'est cela que je vous ai dit. Ils ont eu
trois prêts, auparavant, en vertu du programme 2 c).
M. Morin: Qui avaient été remboursés
déjà?
M. Saint-Pierre: Oui, mais les remboursements sont faits selon
les échéances.
M. Morin: Ils étaient payés à
l'échéance?
M. Saint-Pierre: Toujours.
C'est une bonne entreprise autochtone.
M. Morin: Oui, je n'en doute pas, mais nous voulons avoir les
détails tout de même. Justement, pourriez-vous nous dire à
qui cela appartient?
M. Saint-Pierre: Je n'ai pas l'habitude de les dévoiler,
mais en fait, ce sont douze personnes essentiellement de la région,
incluant trois joueurs de hockey du club de hockey canadien. Quant aux autres
personnes, c'est dirigé par M. Marc Ruel, qui en est le président
directeur général; M. Jean-Louis Gatien, gérant de la
production; Marcel Goupil et Léo Tessier sont les cadres principaux,
également des actionnaires. Ces séries d'actions ordinaires au
total...
M. Morin: Bon. Ce prêt était consenti
essentiellement en fonction du produit nouveau?
M. Saint-Pierre: C'est cela. Il faut voir... La prise en
charge...
M. Morin: De $165 000.
M. Saint-Pierre: Le projet total était de $72 000. Le
montant total du projet était de $72 000. La SDI a consenti un
financement de $50 000 au taux du marché, soit 13%, mais elle a fait une
prise en charge maximum de $17 800 à la condition que les ventes brutes
du produit "Pro-Shot" auront atteint au moins $500 000 à partir de
janvier 1975.
M. Morin: Cela ne correspond pas aux chiffres que j'ai devant
moi. Je ne sais pas si on parle du même prêt, no 1023...
M. Saint-Pierre: Non, on parle de 838. C'est l'avant-dernier, le
838...
M. Morin: Oui, c'est bien différent. Je vous parlais de
celui qu'on trouve à la septième page...
M. Saint-Pierre: Oui, d'accord, mais on est allé
par...
M. Morin: Oui, je comprends. C'est un prêt qui est en
cours, celui dont vous me parlez. Vous allez maintenant me donner les
renseignements relatifs au tout dernier prêt..
M. Saint-Pierre: C'est exact. M. Morin: ... le
numéro 1023.
M. Saint-Pierre: Le dernier prêt est relié au
nouveau hockey en fibre de verre qui était considéré comme
un produit nouveau, à ce moment, avec encore une fois, la
possibilité d'exportation dans ce domaine. Alors, le détail du
projet, est-ce que vous l'avez, monsieur?
Celui-là, c'est un projet dont le total se monte à $822
800. La SDI a consenti un prêt de $650 000. Le MEER y a participé
pour $108 200, et la compagnie pour $64 600. A cela, on a rattaché une
prise en charge de $165 000, aux conditions que, la première
année, les travaux de construction et de génie soient
confiés à des firmes contrôlées par des citoyens
canadiens domiciliés au Québec; que, la deuxième
année, elle ait acheté de la machinerie et de l'équipement
prévus au projet dans une proportion d'au moins 60% de la valeur de
fabricants québécois; la troisième année, qu'elle
ait acheté au moins 70% en valeur de ses matières
premières et des produits entrant dans la fabrication de
manufacturiers québécois, et, la dernière, qu'elle ait
vendu hors du Québec au moins 50% de sa production de bâtons de
hockey durant la période en question.
Je m'excuse. La photocopie n'est pas...
M. Morin: Je comprends. Est-ce que c est une technologie vraiment
nouvelle, parce que ça fait déjà quelque temps qu'on fait
des bâtons de hockey en fibre de verre?
M. Saint-Pierre: Cela ne fait pas tellement longtemps. En 1974,
la compagnie lançait sur le marché un bâton de hockey
unique en fibre de verre. Ce bâton est devenu le produit le plus
important de la compagnie et connaît une forte demande au Canada et aux
Etats-Unis ainsi qu'en Suède.
Après deux saisons, il semble que le bâton de fibre de
verre soit appelé à une croissance rapide durant plusieurs
années. Les concurrents n'ont pas réussi à mettre au point
un bâton de la même qualité, et la compagnie détient
un brevet pour ce produit.
Les dirigeants estiment détenir une avance de trois ans sur leurs
concurrents au niveau des produits, en ce qui touche le développement,
l'innovation et la mise au point. Malgré les nombreuses expansions
antérieures, les installations actuelles n'étaient pas
suffisantes et, dans ce dossier, on note que le projet répond de
façon satisfaisante aux critères économiques de l'article
2a) de la loi. En effet, le marché croît à un rythme
dynamique 12% par année et les ventes hors du
Québec dépassent de beaucoup les normes.
Comme le Québec est bien représenté dans la
fabrication des bâtons de hockey, il est nécessaire que
l'entreprise continue à vendre plus de 50% de sa production hors du
Québec. Cet aspect sera donc conditionnel à notre aide La
productivité devrait s'améliorer pour dépasser la moyenne
industrielle du Québec. La compagnie continuera à faire de la
recherche et du développement et prévoit embaucher trois
diplômés.
Selon notre table de quantification, l'aide sous forme de rabais
d'intérêt peut atteindre près de 26% du projet, et
l'entreprise semblait très bien intégrée à
l'économie du Québec, à l'exception de ses achats de
matières premières qui atteignaient seulement 33%. Par ailleurs,
on mentionne que cette proportion des achats au Québec pourra être
accrue à plus de 70% d'ici deux ou trois ans, car VMH Incorporée
de Victoriaville vient de développer un bois laminé identique
à celui de MacMillan Bloedel Ltée de la Colombie Britannique, le
seul fournisseur de l'entreprise pour ce produit.
M. Morin: Voilà une réponse complète. Si
elles étaient toutes comme celle-là, il n'y aurait pas de
problème.
On peut passer à...
M. Saint-Pierre: Le troisième point qui était
MLW-Worthington.
M. Morin: Oui, c'est cela.
M. Saint-Pierre: Le premier que vous avez mentionné, je
n'ai pas le numéro en mémoire, mais c'est le regroupement de
Bombardier avec MLW qui a été effectué en 1975, c'est un 2
b qui comporte l'acquisition pour $16 400 000 de MLW-Worthington.
Le deuxième qui est un 2 a est relié à l'expansion
de La Pocatière concernant les wagons de métro en construction
pour la ville de Montréal. Le deuxième projet totalise $8 029 000
et il a été financé par la compagnie même. On a
accordé une prise en charge de $1 192 000 aux conditions suivantes: Que
la compagnie ait confié les services professionnels de génie et
d'architecture ainsi que ses travaux de construction à des firmes
contrôlées par des citoyens canadiens domiciliés au
Québec et qu'elle ait acheté au moins 30% de ses machines et de
son équipement au Québec. Le deuxième déboursement
de la prise en charge pour un montant de $330 000: que la compagnie ait
engagé, depuis le début de la réalisation du projet, au
moins 50 diplômés québécois. Le troisième
déboursé au montant de $290 000: que la compagnie ait
effectué au Québec au moins 30% des achats de matières
premières de sa division matériel de transport auprès de
fournisseurs situés au Québec. Le quatrième
déboursement pour un total de $207 000: que la division matériel
de transport de Bombardier ait exporté au moins 50% de sa production au
cours du dernier exercice financier. Cela complète.
Federal Packing
M. Morin: Oui, c'est bien. Cela complète notre dossier, M.
le Président. Je suis satisfait des réponses reçues.
Pouvons-nous passer à d'autres aspects de ce programme no 5? Est-ce que
je pourrais demander au ministre de nous entretenir de la société
Federal Packing? Est-ce que la SDI a définitivement cédé
Federal Packing à la société Grissol? Si la réponse
est affirmative, quels sont les termes de cette vente?
M. Saint-Pierre: M. le Président, il est vrai que nous
avions réussi à mettre un consortium à la fin d'août
qui avait présenté l'offre la plus intéressante lorsque
nous avons procédé à la demande publique de soumissions,
pour la vente des actifs de Federal Packing. Par la suite cependant il y a eu
un effritement de ce consortium et le seul qui était prêt à
faire l'achat était la compagnie Grissol. Le montant a
déjà été rendu public. Je ne l'ai pas sous la main.
Il faudrait peut-être, à une séance ultérieure,
faire venir le dossier et obtenir tous les détails de cela. Encore une
fois, ii faudrait faire venir le dossier sans cela on risque de...
M. Morin: J'aimerais beaucoup que vous le fassiez venir et je
vais vous expliquer pourquoi. On invoque, dans ce dossier, comme dans beaucoup
d'autres, le fait que les intérêts québécois
n'étaient pas prêts à intervenir pour céder une
en-
treprise de cette importance, dans le secteur agro-alimentaire, à
des intérêts étrangers. Vous le savez, l'industrie de la
transformation de la viande échappe déjà, dans une
très large mesure, aux Québécois. Pourtant, on a
créé SOQUIA pour renverser précisément cette
situation. On n'a pas réussi à convaincre la Coopérative
Fédérée, qui est la plus grosse entreprise
agro-alimentaire autochtone, que cela valait la peine d'acheter Federal
Packing. On n'a pas réussi à la convaincre que le gouvernement
aurait une politique générale dans le domaine agro-alimentaire.
Je pense que c'est cela la cause profonde du passage de Federal Packing
à des intérêts étrangers alors que cette
société domine déjà tout le secteur et que
c'était l'occasion, justement, de faire une percée, de reprendre
en main, au moins une partie, de la production.
M. le Président, pendant ce temps, en l'absence de toute
politique agro-alimentaire, toute politique non seulement
élaborée, mais mise en oeuvre, l'agro-alimentaire
québécois demeure dominé par des entreprises non
québécoises les exceptions sont rares, comme le ministre
le sait à l'exception de la Coopérative de Granby, ce
marché de l'agro-alimentaire québécois a toujours
été dominé par Canada Packers, Kraft Foods, Grissol,
etc.
Ce que je voulais demander au ministre, quand il voudra bien
répondre aux questions que j'ai à lui poser là-dessus,
c'est de nous expliquer comment il se fait qu'on ait pu céder, consentir
à ce que Federal Packing soit cédée à Grissol? Cela
me paraît absolument inacceptable et j'espère que le ministre nous
donnera tous les termes de la vente, que nous aurons tous les détails.
Nous sommes convaincus, en ce qui nous conerne, que des intérêts
québécois auraient pu s'en porter acquéreurs, s'ils
avaient eu le sentiment que le gouvernement avait l'intention d'élaborer
une politique ferme dans le domaine agro-alimentaire. Ils ne se sentaient pas
encadrés. Alors, les intérêts québécois,
quand ils ne se sentent pas encouragés, forcément,
préfèrent ne pas se mouiller. C'est bien
compréhensible.
J'espère que le ministre va nous apporter mardi ou mercredi
prochain tous les détails de cette affaire.
M. Saint-Pierre: Je vais vous dire immédiatement que je ne
partage pas le jugement sévère que vous portez. Evidemment, on se
rend bien compte que votre attitude est constamment qu'avec de nouvelles lois,
de nouvelles structures, de nouvelles politiques, de nouveaux livres blancs,
verts et de toutes sortes de couleurs, tous les problèmes vont
être réglés. L'agro-alimentaire est un secteur...
M. Morin: Les politiques de mise en oeuvre.
M. Saint-Pierre: Bien oui! Mais qu'est-ce qu'on appelle des
politiques de mise en oeuvre? Il faut faire les choses concrètement.
Lorsque la compagnie Federal Packing, à la suite de l'en- quête de
la CECO, a eu des difficultés financières sérieuses,
ça ne pouvait pas attendre, de la part de la SDI, qui avait investi
énormément, quatre ou cinq ans pour que SOQUIA soit en mesure de
démarrer. A cette époque, SOQUIA n'avait pas son capital-actions,
son conseil d'administration n'était pas formé. On a eu beaucoup
de discussions avec le ministère de l'Agriculture, mais on est convenu
qu'il était impossible, à l'intérieur du gouvernement, de
prendre Federal Packing et de l'exploiter. Ce n'est pas simplement une usine
qu'on prend, c'est une mise en marché des produits, et je pense que le
chef de l'Opposition fait preuve d'une ignorance assez profonde du dossier
lorsqu'il dit que nous n'avions fait aucun effort pour tenter de garder cette
entreprise aux mains d'autochtones. Nous avons multiplié les efforts. M.
Saulnier et moi-même avons rencontré toutes les entreprises
québécoises de ce secteur pour tenter de les intéresser.
Il est faux de dire qu'il ne se fait rien, il faudrait voir les fusions de
Lépine-Laurier dans le domaine de la viande; elle renverse la vapeur et
achète des entreprises qui nous échappaient auparavant. Mais on a
pris l'ensemble de ces entreprises que sont Métro, Boeuf Mérite
Ltée, Provigo et d'autres, et on a tenté de les approcher, de les
intéresser. On a eu de multiples rencontres. Effectivement, on a
partiellement réussi puisqu'en septembre, lors de soumissions publiques
et malgré des pressions un peu curieuses du milieu, nous avons
résisté aux efforts d'une entreprise de l'Ontario qui voulait
accaparer, sous des dehors qui semblaient bien intéressants,
l'entreprise de Magog, car c'est un consortium à majorité
québécoise qui a obtenu la meilleure soumission. Pour le faire,
nous étions prêts à l'aider financièrement pour
acquérir l'entreprise. Mais, au cours des mois qui ont suivi, pour des
raisons qu'il faudrait leur demander et qui touchent non pas au conflit
d'intérêt, mais aux difficultés qu'elles voyaient
elles-mêmes d'être à la fois propriétaires et de
tenter d'écouler leurs produits chez des concurrents, des entreprises
comme Provigo, Boeuf Mérite Ltée et Métro ont
décidé de se retirer du dossier.
Il nous est resté Grissol. On avait le choix de fermer l'usine de
Magog ou de tenter de demander à Grissol, qui a quand même une
intégration au Québec ce que le chef de l'Opposition ne
voudrait pas nier au niveau de ses cadres, de son conseil d'administration
entre autres de reprendre le dossier. Demain, je vais donner ies
chiffres très précis. C'est le meilleur montant qu'on ait pu
obtenir et je pense qu'il est juste de dire que la SDI elle-même n'a pas
perdu un seul cent dans la transaction.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez être plus explicite sur
les raisons qui ont fait avorter la tentative du consortium d'acheter Federal
Packing?
M. Saint-Pierre: C'est bien sûr qu'une entreprise comme
Federal Packing, pour écouler ses produits, doit les distribuer dans
l'ensemble des grandes chaînes d'alimentation du Québec.
Or, un groupe comme Provigo c'est un des raisonnements qu'on m'a
fournis étant lui-même actionnaire dans Federal Packing,
pouvait retrouver une certaine difficulté c'est la même
chose avec Boeuf Mérite à écouler ces produits dans
des chaînes concurrentielles à la leur.
C'est un phénomène qu'on rencontre souvent, où une
entreprise qui se lance dans la fabrication a souvent le choix d'assurer sa
rentabilité uniquement parce qu'elle peut écouler dans son propre
réseau de distribution. C'est-à-dire que lorsque la chaîne
Provigo fabrique un produit, elle ne peut pas compter que Steinberg ou Dominion
va l'écouler. L'inverse est également vrai. Lorsque la
chaîne Steinberg se lance dans la fabrication, elle ne peut pas compter
sur Provigo pour écouler, dans son propre réseau de magasins
Provigo, les produits Steinberg. Cela joue dans les deux cas.
M. Morin: Et dans le cas de Boeuf Mérite, est-ce le
même raisonnement?
M. Saint-Pierre: C'est la même chose. Boeuf Mérite
tente d'écouler sa production actuelle et avait peur de causer un
certain tort à cause de cela. Il y a peut-être d'autres aspects
financiers, il y a des questions de priorité. Là aussi, on
n'imprime pas l'argent et il faut faire des choix. Peut-être que Provigo,
face à des choix d'investissement différents, a
préféré prendre d'autres routes que celle-là.
M. Morin: Est-ce que le ministre accepterait de déposer le
dossier de cette transaction avec Grissol?
M. Saint-Pierre: Je n'ai pas de...
M. Morin: J'entends les termes de la vente. Est-ce que c'est
possible?
M. Saint-Pierre: Oui, c'est public, d'ailleurs. C'est une
soumission publique.
M. Morin: C'est pour cela que j'aimerais que vous le
déposiez.
M. Saint-Pierre: Certainement, à la prochaine
rencontre.
M. Morin: Bien, mardi ou mercredi prochain.
Est-ce qu'il serait également possible que vous déposiez
devant cette commission l'offre du consortium auquel vous avez fait
allusion?
M. Saint-Pierre: Oui, et qui a été retirée
par après? Sûrement.
M. Morin: Et qui a été retirée par la suite.
Nous aimerions pouvoir en prendre connaissance, le cas
échéant.
Pourriez-vous nous dire quand Federal Packing doit reprendre ses
activités?
M. Saint-Pierre: Incessamment. Les travaux de construction sont
en cours pour moderniser de nouveau l'usine et lui permettre d'obtenir le sceau
"Approbation Canada". Dès que ce sceau aura été obtenu,
l'usine doit recommencer à fonctionner.
Il faut dire qu'une partie de nos exigences était que les
nouveaux acquéreurs devaient consentir des investissements substantiels
à l'intérieur de l'usine pour obtenir le sceau "Approbation
Canada".
J'ai l'impression que, dans les mois de juin ou de juillet, dans les
prochains mois, l'usine va reprendre sa pleine production comme auparavant.
M. Morin: Est-ce que l'une des conditions que le ministère
de l'Industrie et du Commerce a posées serait que le nouveau
propriétaire accorde préséance obligatoire aux anciens
employés?
M. Saint-Pierre: II n'y a pas eu de conditions de notre part,
puisque le nouveau propriétaire, sans y être obligé
légalement, avait accepté de verser intégralement tous les
salaires qui n'avaient pas été payés par l'ancien
propriétaire. Cela fait partie du règlement. Dans notre document
d'appel d'offres, cela faisait partie de nos règlements.
C'est-à-dire que, dans le montant d'argent versé pour
l'entreprise, le nouveau propriétaire devait reconnaître comme
dette légale, même si dans les faits, ce n'était pas cela,
les salaires dus aux employés.
Un deuxième point. Je sais qu'il y a eu des discussions entre le
syndicat et le nouveau propriétaire et, à notre connaissance, il
n'y a pas de problème sur la question du rappel des anciens
travailleurs.
M. Morin: J'ai bien compris que l'une des conditions, c'est que
les salaires qui étaient dûs soient payés.
M. Saint-Pierre: Ils n'avaient pas été payés
par l'ancien propriétaire.
M. Morin: C'est cela, mais ce n'est pas de cela dont je vous
parle exactement.
M. Saint-Pierre: II n'y a pas eu d'autre condition, bien qu'on
était conscient que le syndicat et les nouveaux propriétaires
avaient quand même des discussions fréquentes.
M. Morin: Oui, mais...
M. Saint-Pierre: C'est le problème particulier que vous
aimiez soulever. On n'a pas posé cela comme condition. C'est un nouveau
propriétaire.
M. Morin: Est-ce que vous ne devriez pas exiger que les anciens
employés aient priorité. Est-ce que cela ne vous est pas venu
à l'esprit? Parce que cela pose un problème dans la
région.
M. Saint-Pierre: Quel problème spécifique
voulez-vous soulever? Je ne le sais pas.
M. Morin: C'est le problème de donner la prio-
rite à l'engagement, qui va se faire d'ici quelques mois, puisque
vous venez de me dire que les activités vont reprendre, qu'une
priorité soit donnée aux anciens employés.
M. Saint-Pierre: Que veut dire une priorité? Un droit
absolu, une obligation.
M. Morin: Oui, qu'ils aient le droit d'être en tête
de liste pour l'engagement des employés.
M. Saint-Pierre: On ne l'a pas fait, M. le Président,
parce que, bien sûr, quand une entreprise cesse d'exister, avec tout ce
que cela veut dire du côté de la direction, comme du
côté du syndicat, il ne m'apparaît pas normal d'exiger qu'on
tente de reproduire, dans la nouvelle entreprise, qui n'est pas la même
que l'ancienne, ce qui existait avant. Exemple: Si on avait été
logique avec votre position, il aurait fallu exiger, j'imagine, qu'on accorde
priorité aux gérants de production, à tout le
personnel-cadre.
M. Morin: Je vais vous dire pourquoi il aurait fallu, au moins,
faire une tentative dans ce sens, parce qu'il ne semble pas se dégager
de vos propos une conception très sociale de l'entreprise. Ces gens ont
été les victimes des circonstances. Ils ont été les
victimes de négligences gouvernementales dans le domaine de l'inspection
de la viande. Je parle des employés. Il me semble que l'un des minimums
qu'on pouvait exiger de vous, c'était que vous vous souciez quelque peu
de leur rendre leur travail par la suite. Il me semble que c'est un minimum
décent. Ce n'était pas de leur faute. Ces gens ont
été jetés à la rue, pendant des mois.
Il me semble que vous auriez pu, au moins, avoir ce souci.
M. Saint-Pierre: Soulevez-vous un problème
idéologique ou est-ce un problème concret, réel?
M. Morin: C'est un problème concret.
M. Saint-Pierre: Donnez-moi le nom. Y a-t-il quelqu'un qui s'est
vu refuser un emploi?
M. Morin: Je sais que le syndicat est très inquiet de
savoir si ses membres vont être repris ou non.
M. Saint-Pierre: C'est l'inquiétude qu'on a, il n'y a pas
de problème encore.
M. Morin: D'après ce que je peux voir, aucune assurance
n'est donnée et il semble que les gens n'auront aucune espèce de
priorité. C'est pour cela que je soulève le problème. Je
vois que le ministre n'est pas au courant de la question. J'espère qu'il
va se renseigner et qu'il pourra peut-être... Je me rends compte qu'il
est trop tard, maintenant, pour imposer une obligation juridique, parce que
tous les papiers sont signés, si j'ai bien compris.
Mais, peut-être que le ministre pourrait faire une intervention,
avec le poids dont il dispose dans le dossier, pour obtenir que les gens soient
repris. C'est un problème social, ce n'est pas un problème
économique. Mais, quand on conçoit l'économie comme ayant
des finalités sociales, on se préoccupe de ce genre de
choses.
M. Saint-Pierre: Je le sais, M. le Président. Il ne
faudrait pas tomber dans un dilemme de blanc et noir et de nous faire choisir
entre les bons et les mauvais. On est assez intelligent pour se rendre compte
de cela.
Est-ce que je peux assurer... Je rappelle qu'il y a eu une
préoccupation vis-à-vis du salaire qui était dû.
Vous avez raison que, tout à coup les gens ont perdu leur emploi sans
que ce soit de leur faute. Ces salaires ont été versés. M
y a une préoccupation et beaucoup d'efforts, du côté du
gouvernement, pour assurer la reprise de l'emploi dans l'entreprise, dans la
situation très difficile. Il n'y avait pas grand nombre d'entreprises,
compte tenu de toutes les déclarations faites à la CECO, qui
étaient prêtes à retourner à Magog pour fabriquer de
la viande. On a fait des efforts nombreux. M. Saulnier en a faits à la
SDI et j'en ai faits moi-même. Le député de la
région, M. Vaillancourt, en a faits pour faire repartir l'emploi dans la
région de Magog.
On s'est également assuré qu'il y avait un dialogue entre
les nouveaux propriétaires et le syndicat. Si vous voulez que je partage
les inquiétudes appréhendées que vous pouvez avoir
vis-à-vis de ce dossier et d'autres...
M. Morin: C'est une inquiétude réelle. Je ne veux
pas en faire un débat idéologique. Je vous dis qu'il y a un
problème concret et que ce ne serait pas mauvais que le ministre mette
son nez dans ce dossier, puis fasse une pression morale pour que
préséance soit donnée aux anciens employés. Cela
compléterait son action. Bien. Peut-être pourrez-vous un jour me
mettre au courant de ce que vous avez pu faire.
M. Saint-Pierre: Sûrement, vous poserez des questions le
vendredi matin, je vais toujours répondre.
M. Morin: Si vous êtes en Chambre.
M. Saint-Pierre: Je suis en Chambre, j'ai été
absent ce matin. J'étais absent pour le vote parce que je travaillais
sur des dossiers de la SDI avec monsieur...
M. Morin: Tout à l'heure, le ministre a laissé
entendre que SOQUIA n'était pas prête, à ce moment, mais
pourriez-vous quand même nous donner des détails là-dessus?
Parce que cela nous a un peu étonnés que SOQUIA n'entre pas
d'emblée dans ce dossier. Il y avait une porte ouverte et SOQUIA venait
d'être créée. Il me semble que cela aurait
été naturel que SOQUIA soit mêlée à cela. Je
sais que M. Labonté a déclaré qu'il n'était pas
favorable à ce que la Société québécoise
d'initiati-
ves agricoles prenne en main la Société Federal Packing,
de Magog. Cela a été rapporté, d'ailleurs, en
février dernier. Il n'a pas rejeté, semble-t-il, la
possibilité que la nouvelle société d'Etat devienne
partenaire, éventuellement, avec l'acheteur de l'usine, qui est une
filiale du groupe britannique IMASCO. J'aimerais demander au ministre quelle
est la situation actuelle. Est-ce que SOQUIA est définitivement
écartée ou bien, s'il y a possibilité d'une entente
ultérieure? Pourriez-vous nous dire quelles sont les raisons techniques
qui ont écarté SOQUIA au départ dans ce dossier?
M. Saint-Pierre: Au départ, nous faisons des
démarches auprès du ministère de l'Agriculture. Lorsqu'on
tentait de former le consortium, cela aurait pu être un
élément qui aurait diminué les risques financiers des
autres partenaires et donner un premier projet qui semblait être dans la
ligne d'action de ce qui avait été envisagé par le
ministère de l'Agriculture pour l'agro-alimentaire. Cependant, je dois
dire pour des raisons qu'eux-mêmes pourront vous donner avec plus
d'exactitude que moi-même, compte tenu que le conseil d'administration
n'était pas formé, les cadres supérieurs de SOQUIA
n'étaient pas encore engagés, le ministère de
l'Agriculture trouvait inopportun d'impliquer SOQUIA dans ce dossier. C'est
après que nous nous sommes tournés vers le secteur privé
ou le secteur coopératif, coopératives
fédérées et les quatre entreprises que je vous ai
mentionnées.
M. Morin: Etes-vous sûr que le refus vient du
ministère de l'Agriculture? Parce que d'après ce que j'ai pu en
savoir, M. Kevin Drummond prêtait des qualifications très
élevées à MM. Guy Normandin, Yvan Jacques, Michel
Saint-Pierre...
M. Saint-Pierre: Ce sont des gens qui n'étaient pas en
poste au début.
M. Morin: Roger Néron, Leslie Jonas et Ter-rence Griffin,
lorsqu'il les a nommés le 6 janvier dernier.
M. Saint-Pierre: Le 6 janvier 1976. Le dossier, l'appel d'offres
pour Federal Packing, vous vous rappelez les enquêtes de la CECO,
après les avis légaux qui ont été donnés,
cela date de juin 1975. Alors, les personnes n'étaient pas là. Ce
sont des gens très compétents. M. Terrence Griffin est à
ma gauche, vous avez pu remarquer sa compétence dans les dossiers
économiques, il fait le lien entre la SDI et SOQUIA. Mais, il faut bien
admettre qu'en juin 1975, ces personnes n'étaient pas en poste.
Je puis vous affirmer que le ministre de l'Agriculture et le
sous-ministre ont eu des discussions à ce sujet. A l'époque, je
parle du mois d'août 1975, ceux-ci ne croyaient pas opportune ils
ne niaient tout intérêt ou trouvaient
prématurée une implication majeure de SOQUIA dans le dossier.
M. Morin: C'est tout de même regrettable, parce que cela
aurait pu être déjà un jalon important que SOQUIA aurait pu
poser, dès le départ. On en a perdu l'occasion. Il ne s'en
présentera peut-être pas de nombreuses, à moins que la
viande avariée continue de circuler, ce qu'à Dieu ne plaise!
Est-ce que je puis vous demander si, dans l'avenir, il ne serait pas
opportun que SOQUIA prenne une participation dans cette nouvelle entreprise? En
fait, je dis "nouvelle entreprise", c'est une façon de parler, parce que
c'est une ancienne entreprise qu'on reprend et qu'on remet en route, en la
modernisant quelque peu.
M. Saint-Pierre: Je ne l'exclus pas. Il n'est pas impossible que
des discussions entre SOQUIA et le groupe Grissol puissent mener à une
certaine forme d'association. Mais il me semble, et, évidemment,
ça reste au conseil d'administration et au ministre de l'Agriculture de
fixer un peu les orientations de SOQUIA, que ce serait préférable
d'identifier des secteurs agro-alimentaires où le Québec est
faiblement représenté dans le moment, et que SOQUIA joue
pleinement son rôle d'être un catalyseur pour provoquer de
nouvelles implantations. A Magog, on achète ce qui existe
déjà, et s'il y a une compagnie qui est déjà
prête à y maintenir l'emploi, il me semble que SOQUIA devrait
réserver ses fonds pour faire démarrer de nouveaux projets.
M. Morin: Est-ce que vous n'estimez pas tout de même qu'il
serait opportun que SOQUIA prenne à tout le moins une mince
participation dans cette entreprise, ce qui lui permettrait d'obtenir une
connaissance plus approfondie du secteur agro-alimentaire et, en particulier,
du secteur de la viande? Est-ce que ce ne serait pas opportun? L'occasion se
présentait.
M. Saint-Pierre: Je regrette. Vous tentez de me faire
répondre à des questions pour les autres. Cela appartient au
conseil d'administration de SOQUIA et au ministre de l'Agriculture. C'est la
même question que vous me posiez hier pour savoir si les chèques
doivent être envoyés par telle compagnie à tel individu.
Cela regarde les gens. Cela ne me regarde pas, moi.
M. Morin: Ce n'est pas une compagnie, c'était la
communauté urbaine.
Oui, je vois que c'est "kaput", comme on dit. C'est une belle occasion
de ratée.
J'aimerais que le ministre dépose les documents que je lui ai
demandés, et je me réserve le droit, à la suite de ce
dépôt de documents, d'y revenir, M. le Président.
M. Saint-Pierre: D'autres questions?
M. Morin: Oui, d'autres questions.
Est-ce que je pourrais vous demander si la SDI a pu
récupérer une partie des $2 millions investis dans SILTEX?
M. Saint-Pierre: Vous avez tous les dossiers
de Montréal. Dans SILTEX, non. On a exploré... Il y a eu
différents rapports qui ont été commandés par la
SDI, et également par le Centre de recherche industrielle, examinant les
possibilités de vendre des actifs que nous avions dans SILTEX. Aucune
transaction n'a été complétée. Je sais que le
marché des micro-conducteurs est très à la baisse depuis
nombre de mois. Donc, l'intérêt n'est pas très soutenu. Il
y a des discussions avec des compagnies qui pourraient être
intéressées à acheter nos actifs.
M. Morin: La SDI était le principal actionnaire?
M. Saint-Pierre: Avec le Centre de recherche industrielle et
d'autres groupes. C'est cela, la réalité économique. Nos
coûts de production à SILTEK et je ne blâme pas les
personnes, parce que là, on assiste à une conjoncture mondiale
qui n'était pas favorable pour certaines unités, nos
coûts de production étaient de l'ordre de $0.42 ou $0.43, je vous
cite cela de mémoire. Le marché était à $0.19 ou
$0.17. Les pertes étaient considérables. On a fait un effort pour
continuer le fonctionnement pendant six ou neuf mois en espérant
être capable de traverser le creux. De l'avis de ceux que nous avions
consultés, du conseil d'administration de la SDI et de moi-même,
il fallait mettre fin à l'expérience, sans cela, on dilapidait ou
on engloutissait des fonds.
Maintenant, je tiens à vous faire préciser que le montant
total que la SDI avait dans le dossier était d'environ $4 250 000, dans
le projet de Beaumont.
M. Morin: Sous diverses formes.
M. Saint-Pierre: Sous diverses formes et nous prévoyons
récupérer environ, au maximum, $700 000. Nous avons dans le bilan
de la SDI qui sera rendu public d'ici quelques semaines une provision pour
perte de l'écart entre ces deux montants.
M. Morin: Qui était derrière cette
société SILTEK?
M. Saint-Pierre: Au départ, il y avait M. Cook qui
était un Américain qui était venu en 1968 au bureau de New
York et qui prétendait oeuvrer dans le secteur de l'innovation dans les
gaufres, un secteur particulier de microconducteurs. Il a, je pense, convaincu
le Centre de recherche industrielle qui, lui, sous M. Normandin et après
sous M. Descoteaux, bien qu'il y ait des réserves d'exprimées par
le CRIQ, mais qui était partenaire... Finalement, compte tenu que ces
personnes n'avaient pas les fonds disponibles, graduellement, le gouvernement
est devenu très nettement majoritaire, à 75% ou 80%, par la SDI
et par le CRIQ. C'était un secteur moderne, on avait des
compétences, des ressources. On faisait un bon produit, mais le
marché mondial s'est détérioré et il a fallu faire
face à la réalité.
M. Morin: Est-ce qu'il n'y avait pas d'autres associés
avec M. Cook?
M. Saint-Pierre: II y avait deux autres personnes, mais
c'était très mineur, et au début et un peu plus tard.
M. Morin: II y a un nommé Stavish.
M. Saint-Pierre: C'est cela, mais c'est très mineur.
M. Morin: Vous souvenez-vous du nom du gérant de la
compagnie?
M. Saint-Pierre: II faut dire qu'on a changé de
gérant à un moment donné. Il y a eu un gérant qui a
été prêté ou engagé. M. Saulnier avait
trouvé quelqu'un...
M. Morin: II y a eu un M. Snow et il a été
remplacé; je ne sais guère par qui.
M. Saint-Pierre: Central Dynamic, dans laquelle la SDI a une
participation, avait prêté un individu qui avait une certaine
expérience dans cela. J'ai oublié le nom, mais c'est un autre
dossier qu'on peut faire relever et je vous donnerai les détails
à la prochaine réunion.
M. Morin: Le ministre a-t-il le sentiment qu'avant d'embarquer
dans cette affaire, toutes les garanties de sérieux avaient
été prises?
M. Saint-Pierre: Je pense que oui. Depuis deux jours, vous me
reprochez peut-être d'avoir un jugement trop modéré face au
développement industriel et, même à cela...
M. Morin: Par les autochtones, en l'occurrence.
M. Saint-Pierre: Là, cela l'était. C'était
le Centre de recherche industrielle du Québec. C'est à 90%...
M. Morin: Je m'excuse, mais enfin, M. Cook, M. Stavish, M. Snow,
c'étaient plutôt de nos voisins du sud. Non?
M. Saint-Pierre: Oui, mais c'étaient eux qui avaient
fait... Je regrette, mais l'innovation et le brevet du départ, les
recherches originaient chez M. Cook, au niveau même des cadres de
l'entreprise à la fin. M. Saulnier va vous surprendre peut-être en
vous disant que, malgré bien des recherches, on n'a jamais
été capable d'identifier un Québécois francophone
qui était capable de prendre la direction générale de
l'entreprise. Et ma foi, je connais bien des propositions du chef de
l'Opposition qui sont beaucoup plus farfelues et qu'on tente de nous faire
passer au sérieux...
M. Morin: Comme par exemple.
M. Saint-Pierre: Je ne voudrais pas les nommer parce qu'on va
déborder d'une heure.
M. Morin: J'aimerais bien savoir. Cela m'inté-
resserait de dialoguer là-dessus. Je ne sache pas que je vous ai
fait tant de propositions.
M. Saint-Pierre: Je ne parle pas nécessairement de
l'étude des crédits, ici, mais, en général, dans
les propositions que vous soumettez à la population
québécoise.
M. Morin: Voilà. Là nous tombons dans autre
chose.
M. Saint-Pierre: Oui, mais très importantes quand
même aussi, il y a des choix à faire.
M. Morin: Nous tombons dans des programmes économiques et
politiques des partis. Ce n'est pas la même chose.
M. Marchand: Le budget de l'an I.
M. Morin: Là, je comprends que le ministre soit en
désaccord. Mais je pensais à des projets vraiment concrets. Je ne
crois pas que le ministre puisse me faire de reproche de l'avoir
embarqué, comme peut-être, dans ce cas-là, on s'est fait
embarquer.
Est-ce que vous avez trouvé, à tout le moins, une nouvelle
vocation à cette usine qui doit bien avoir quelque 25 000 pieds
carrés?
M. Saint-Pierre: Evidemment, c'est une usine très
spécialisée. On avait même exploré, avec le
ministère de l'Education, la possibilité qu'elle puisse servir
aux universités du Québec, mais le projet n'a pas
accouché. Tout le monde était prêt à l'utiliser,
personne n'était prêt à...
M. Lachance: ... de votre armée.
M. Saint-Pierre: ... en payer les coûts, mais, comme je
l'ai mentionné, il y a quelques compagnies qui expriment un
intérêt, dans le moment, d'acheter l'actif que représente
le bâtiment et la machinerie.
M. Morin: Cela peut représenter combien?
M. Saint-Pierre: J'ai mentionné que, pour nous, il y avait
$700 000.
M. Morin: $700 000 qui ne sont pas récupérés
encore, que vous espérez récupérer grâce à la
vente des actifs.
M. Saint-Pierre: C'est cela. D'ailleurs, dans les $4 250 000, un
montant important implique des déficits d'exploitation de la compagnie,
particulièrement au cours des derniers mois de son existence.
M. Morin: J'ai une dernière question sur ce dossier. Je
voudrais avoir une idée plus claire de ce que représentait le
pourcentage du capital-actions détenu par la SDI et la CRIQ, par rapport
à la mise de fonds des Américains dans cette affaire.
M. Saint-Pierre: Au départ, le CRIQ avait un contrat de
service qui avait été négocié en détail,
qu'on pourrait déposer d'ailleurs, si vous voulez. A la fin de
l'entreprise, on m'informe que c'est un rapport de 70 tranches,
c'est-à-dire que le gouvernement, par la voix de la SDI et le CRIQ,
durant l'opération, avait 70% du capital-actions et les trois personnes
que vous mentionniez avaient 30% du capital-actions. Maintenant, les actions
ont été...
M. Morin: Cela m'étonne un peu.
M. Saint-Pierre: ... par la suite nous avons repris leurs 30%.
Ils n'ont pas été payés, la valeur des actions
étant nulle aux livres, ils n'ont pas été payés. M.
Cook n'a rien retiré de toute cette aventure.
M. Morin: Non, mais combien avait-il investi réellement
dans l'affaire?
M. Saint-Pierre: II avait investi passablement, en temps, en
recherche, en développement, en dépenses.
M. Morin: Non, mais en argent?
M. Saint-Pierre: Ce sont des choses qu'il faudrait trouver, mais
il avait investi le même pourcentage par rapport aux 70% qu'avaient
investis la SDI et le CRIQ. L'émission d'actions du Trésor avait
été faite à la suite du dépôt d'argent
comptant fait par les trois partenaires. La SDI et le CRIQ...
M. Morin: Je vous demande de quel ordre était ce
montant?
M. Saint-Pierre: Je vous le donne la prochaine fois; de
mémoire, je ne l'ai pas ici.
M. Morin: Oui, bon d'accord! Si vous me le donnez la prochaine
fois, ça me suffira. Est-ce que je pourrais vous demander de
déposer la liste des principales entreprises dans lesquelles la SDI
détient du capital-actions? Vous l'avez peut-être avec vous, ce
serait le plus simple.
M. Saint-Pierre: Si ça vous va, on la déposera
mardi prochain. Vous voulez avoir le nom de l'entreprise, l'adresse, la part de
la SDI et le pourcentage du capital-actions que représente le montant
d'argent.
M. Morin: Exactement.
M. Saint-Pierre: Dans le capital-actions seulement. Pour
l'année financière ou au total?
M. Morin: Non, dans mon esprit, ce serait au total parce que
c'est la première fois que je pose la question.
M. Saint-Pierre: Non, est-ce que vous ne l'avez pas en partie
dans votre liste? Je ne sais pas si vous l'avez, c'est tout inclus.
M. Morin: Le document que vous avez entre les mains, M. Griffin,
est-ce que nous l'avons?
M. Saint-Pierre: Oui, c'est la liste, en fait,
déposée...
Ce que vous aviez, c'est la liste déposée que vous avez,
plus les documents qu'on vous a donnés l'an dernier. Vous avez
sûrement...
M. Morin: Oui, mais je veux quelque chose de plus
précis.
M. Saint-Pierre: C'est ça. On déposera sur une
même feuille la liste de toutes les entreprises dans lesquelles la SDI a
du capital-actions, y inclus le nom de l'entreprise, l'adresse, le type de
fabrication, le montant investi et le pourcentage du capital-actions
détenu par la SOI.
M. Morin: Ce serait fort utile, et je me réserve
également la faculté de revenir là-dessus par la
suite.
Le ministre se souviendra d'un autre projet, qui porte sur une scierie
et qui s'intitulait les Industries Leroy et Elf-Aquitaine. Ce sont des groupes
français...
M. Saint-Pierre: Mais pas dans les scieries. Il y a Forex Leroy
Somer, à Granby, mais ce n'est pas une scierie.
M. Morin: Ce n'est pas une scierie, c'est Forex, qui est...
M. Saint-Pierre: Forex, c'est dans la région
d'Abitibi.
M. Morin: Est-ce qu'il n'était pas question que les
industries Leroy et Elf-Aquitaine se joignent au groupe Forex pour
aménager une usine de panneaux agglomérés?
M. Saint-Pierre: Oui, d'accord.
M. Morin: Oui, d'accord. Une usine de $18 millions...
M. Saint-Pierre: C'est le dossier 1003 à la
troisième page de votre...
M. Morin: Oui, d'accord! D'accord! Mais ce que j'aimerais savoir,
c'est si, effectivement, la SDI a souscrit les $1 700 000 prévus au
capital-actions de cette affaire.
M. Saint-Pierre: Oui, $1 700 000. La SDI, dans le dossier, a
également accordé, sur 2-A, une prise en charge de $2 400
000.
M. Morin: Bon. Et le MEER également? M. Saint-Pierre:
Oui, le projet...
M. Morin: Une subvention de l'ordre de $2 500 000
représentant 20% du capital investi?
M. Saint-Pierre: C'est un projet qui cause beaucoup
d'intérêt dans l'Abitibi, qui est fort intéressant dans le
domaine du panneau particule.
M. Morin: Quand ce projet doit-il se mettre en marche?
M. Saint-Pierre: II est déjà en marche. M.
Morin: II est déjà en marche. Depuis?
M. Saint-Pierre: Depuis quelques mois, depuis le début de
février, quelque chose comme cela.
M. Morin: Et quelle est sa capacité de production
annuelle? Je sais qu'on a des projets pour aller jusqu'à 100 millions de
pieds carrés de panneaux agglomérés, mais quelle est sa
production, au départ?
M. Saint-Pierre: II faudrait que je fasse venir le dossier, en
détail.
M. Morin: Bien.
M. Saint-Pierre: Cela devait être marqué.
M. Morin: D'après ce que je peux voir, le groupe FOREX
devait exploiter toutes les usines à pleine capacité et, en plus
de cela, rénover les installations à l'usine Dufresne, à
huit milles de Val-d'Or. Est-ce que vous pourriez me donner des
précisions, obtenir des précisions là-dessus, à
savoir où en est l'affaire en ce moment.
M. Saint-Pierre: Oui.
Production d'autobus scolaires
M. Morin: Je passe maintenant, avec le temps qu'il nous reste,
à un problème dont nous nous sommes déjà entretenus
l'année dernière et qui est celui de la Blue Bird, multinationale
américaine.
Le ministère, l'année dernière, on s'en souviendra,
avait cédé devant Blue Bird.
M. Saint-Pierre: Cédé quoi?
M. Morin: J'aimerais savoir si le ministère a vraiment
l'intention de s'associer à Prévost Car pour tenter d'arracher le
marché à Blue Bird? On se souvient qu'il y avait un choix. Le
ministre aurait pu favoriser une autre entreprise, mais finalement, c'est Blue
Bird qui a mis la patte sur cette entreprise.
J'aimerais savoir si maintenant, vous avez l'intention de vous associer
à Prévost Car?
M. Saint-Pierre: Je vais me permettre de vous corriger un petit
peu. Il n'est pas question d'avoir cédé devant Blue Bird.
Actuellement, si vous allez dans le comté de L'Assomption et que vous
voyez ce qui se fait en termes d'investissements, de mo-
dernisation des facilités qu'avait autrefois le groupe Corbeil,
vous allez voir qu'en termes d'emplois dans cette région, vous serez
moins populaire si on dit que ce n'était pas un investissement
bienvenu.
Je pense que cela nous donne, au Québec, des facilités de
production très modernes qui nous permettent d'exporter une partie de
leur production. C'est le premier point.
Le deuxième point, là, comme dans le cas de Federal
Packing, nous avons multiplié nos démarches et il y a
effectivement eu des rencontres avec, à la fois Prévost Car...
Pourriez-vous reformuler votre question? Prévost Car? Formulez donc de
nouveau votre question. Vous auriez aimé que je favorise Prévost
Car?
M. Morin: Je sais que la SDI, à moins que M. Griffin ne
nous apprenne le contraire, n'avait pas apprécié que Blue Bird
refuse toute association.
M. Saint-Pierre: Non, les événements, tels qu'ils
se déroulentj sont conformes à notre plan d'action,
incluant...
M. Morin: Mais, pouvez-vous nous...
M. Saint-Pierre: Vous me demandez de... Non, je ne vous le
donnerai pas, ce n'est pas dans l'intérêt public. Mais il y a au
moins une étape que vous devez admettre avec moi. C'est qu'on a une
usine de $2 millions ou $3 millions qui est à Saint-Lin, alors qu'avant
on avait à peu près rien comme équipement de production.
C'était très artisanal. On a une usine de $2 millions. Je vous
rappelle également que nous avons eu des...
M. Morin: Oui, mais avec un marché captif...
M. Saint-Pierre: Non, un marché qui déborde
à l'extérieur du Québec.
M. Morin: Oui, mais à l'intérieur du Québec,
ici...
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: ...c'est véritablement un marché
captif.
M. Saint-Pierre: Je vous rappelle que nous avons eu,
également, des discussions avec d'autres groupes, incluant
Prévost Car, et que nous étions prêts à collaborer,
mais que les deux autres partenaires SDI et Prévost Car ne se sont pas
entendus. On nous a informé, à la fin de décembre, qu'il
n'y avait aucune entente possible entre ces deux compagnies. On a laissé
tomber.
Je vous rappelle...
M. Morin: Vous avez laissé tomber...
M. Saint-Pierre: Nous avons laissé tomber la
possibilité de mettre ensemble ces gens. Si les gens ne veulent pas
travailler ensemble... Ils nous disent qu'ils ne s'entendent pas.
M. Morin: Est-ce qu'il n'est pas question, pour la SDI, de
négocier le rachat de Prévost Car? C'est une entreprise de
Sainte-Claire, ici dans le comté de Bellechasse.
M. Saint-Pierre: Oui, vous savez qu'elle appartient à 82%
à des Américains.
M. Morin: Oui, justement. Est-ce qu'il n'est pas question de la
racheter?
M. Saint-Pierre: II avait été question de cela,
mais, encore une fois, avant même qu'on atteigne cette étape,
c'était une des conditions pour participer un peu au consortium. La SID
et Prévost Car ont fait savoir qu'elles-mêmes ne pouvaient pas
s'entendre, entre la SID et les gens de Prévost Car. Je pense plus aux
MM. Prévost, de Dorchester, qu'aux Américians de
Philadelphie.
M. Morin: De sorte que tout ce marché de l'assemblage,
parce que, en fait, ce n'est que de l'assemblage...
M. Saint-Pierre: Ce n'est pas d'ailleurs... On exagère un
peu l'intérêt sur le plan industriel, parce que c'est un jeu de
mécano. En termes de productivité et en termes de structures
industrielles, il ne faudrait pas surestimer ce que cela implique.
M. Morin: Oui. Il y aurait eu quand même
possibilité, dans la mesure justement où vous étiez dans
l'affaire, d'augmenter la valeur à ajouter, de favoriser une expansion
de la valeur à ajouter.
M. Saint-Pierre: C'est impossible.
M. Morin: Dites-moi pourquoi?
M. Saint-Pierre: Parce que vous pensez qu'un autobus scolaire,
c'est comme un autobus urbain. Ce sont deux affaires. Cela s'appelle autobus,
dans les deux cas, mais, je regrette, ce n'est pas la même chose. Un
autobus urbain...
M. Morin: Ce sont des châssis de camions... M.
Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: ...sur lesquels on monte... M. Saint-Pierre:
Oui.
M. Morin: ...sur ce qu'on appelle les autobus.
M. Saint-Pierre: Dans un autobus scolaire, qui se vend $14 000 ou
$15 000, aujourd'hui, donnez-moi donc la valeur que représente le
châssis du camion, le moteur, le différentiel et tout ce que vous
voulez, de telle sorte que tout ce qu'on ajoute après, à part les
sièges, la carrosserie...
M. Morin: La carosserie.
M. Saint-Pierre: ...il n'y a pas une valeur tel-
lement grande à ajouter, d'autant plus que, dans ce secteur,
même ceux qui les fabriquaient avant, les Québécois qui en
étaient propriétaires, étaient obligés de faire
beaucoup d'achat de morceaux standardisés dont les coûts de
revient sont tellement bas que ce ne serait pas économique de les faire
ici.
On n'a pas abandonné les efforts, au ministère et non pas
à la SDI dans le moment, je pense qu'il n'y a rien d'actif. Mais, au
ministère, on poursuit encore des possibilités de tenter d'avoir
un autre fabricant au Québec.
M. Morin: C'est le gouvernement et les commissions scolaires qui
contrôlent ce marché. Ce sont eux qui sont les clients de ces
entreprises. Ce sont véritablement vos captifs. Qu'est-ce qu'on
constate? Que tout cela est entre les mains des Américains.
M. Saint-Pierre: Non.
M. Morin: Dans le cas de Blue-Bird, c'est passé aussi
à des Américains.
M. Saint-Pierre: Voyons, M. le Président, vous savez, on a
deux choix dans tout ce que vous dites. Je me rends compte que ces
différences, au départ, peuvent nous écarter. C'est
évident qu'on peut nationaliser... D'abord, il faut se rappeler que les
commissions scolaires et le gouvernement sont propriétaires d'à
peu près 1% des autobus scolaires qui circulent au Québec. Ce
sont des particuliers. Evidemment, on pourrait avoir dans notre programme une
société de reconstruction industrielle qui nationaliserait...
M. Morin: Vous n'avez aucune influence là-dessus.
M. Saint-Pierre: Pardon? Qu'est-ce que vous faites...
M. Morin: C'est seulement les amis du parti, je suppose.
M. Saint-Pierre: Voyons donc, qu'est-ce que vous voulez dire
là? Précisez donc quelque chose. Dites-moi quelque chose.
M. Morin: C'est à vous à préciser les
choses. C'est inexplicable une situation comme celle-là.
M. Saint-Pierre: Je vous demande simplement de me mettre en blanc
et en noir ce que vous auriez fait au gouvernement. C'est bien beau de dire que
c'est le marché, mais il faut savoir ce qu'on veut faire. Ce que je vous
dis, c'est qu'on tente d'avoir au Québec, en termes de fabrication, et
le plus rapidement possible, des possibilités qui débordent de
beaucoup notre marché. Ce que nos fabricants feront ici même, ils
seront capables de l'exporter à l'extérieur des frontières
du Québec. L'autre solution, c'est bien sûr, de nationaliser tous
les gens qui sont dans le transport scolaire, de mettre dans la fonction
publique tous les chauffeurs d'autobus et que le gouvernement produise ses
propres autobus et se les vende à lui-même, peu importe le
coût.
M. Morin: On ne vous a pas demandé...
M. Saint-Pierre: Qu'est-ce que vous me demandez?
M. Morin: ... de délirer de la sorte. M.
Saint-Pierre: Ah oui!
M. Morin: Vous allez aux extrêmes, à l'absurde et,
forcément, cela devient absurde de procéder de la sorte.
M. Lachance: ... votre politique...
M. Saint-Pierre: Qu'est-ce que vous recommandez exactement?
M. Morin: Pourquoi est-ce que la SDI ne s'est pas
mêlée activement de ce dossier?
M. Saint-Pierre: Ecoutez, se mêler activement!
M. Morin: Pourquoi n'a-t-elle pas pris une participation? Cela
aurait été, à tout le moins, un départ.
M. Saint-Pierre: M. le Président, il n'y a pas de question
de privilège en commission, mais je n'aime pas qu'on insulte la SDI
comme cela. Quand on dit à la SDI qu'elle ne s'est pas
mêlée activement à ce dossier, on insulte tous les cadres
supérieurs de la SDI qui se sont dévoués dans ce dossier.
Si vous voulez, exceptionnellement, on peut faire venir l'ancien
président de la SDI qui était très mêlé au
dossier et il vous dira par deux plus deux égale quatre pourquoi les
choses sont telles qu'elles sont aujourd'hui.
M. Morin: II était là l'année
dernière. Ce qui s'est passé, c'est...
M. Saint-Pierre: Qu'est-ce qu'il vous a dit?
M. Morin: Je ne dis pas que la SDI n'a pas fait des
efforts...
M. Saint-Pierre: Vous venez de dire cela.
M. Morin: ... mais Blue Bird vous a dit non, alors que
c'était un marché que vous pouviez influencer. C'est un
marché captif.
M. Saint-Pierre: Très bien, M. le Président. On
aurait pu dire... Puisque, d'ailleurs, Blue Bird, on en était conscient,
avait des projets pour faire une usine à Cornwall. Une fois qu'elle fera
l'usine à Cornwall, qu'est-ce qui arrivera à Saint-Lin? C'est
250, 300, 400 emplois de moins. A moins de changer toutes les règles du
jeu, on peut, mais ce sont des choix qu'il faut faire. Dans le moment, les
achats d'autobus se font par des entreprises pri-
vées qui offrent les transporteurs d'autobus, qui prennent ce qui
semble le meilleur achat possible pour eux pour satisfaire notre marché.
On peut nationaliser tout ce monde et en faire des employés de l'Etat et
dire: II n'y aura plus de soumission.
M. Morin: Ce n'est pas ce qu'on vous dit. Mais si vous
n'êtes pas capables d'avoir une présence québécoise
dans un secteur comme celui-là, qui est un secteur captif, dans quoi
allez-vous l'avoir, la présence québécoise?
M. le Président, je vois qu'on n'ira pas beaucoup plus loin. Il
est 12 h 55.
M. Lachance: Vous êtes fatigué.
M. Marchand: Allez emprunter les bottes de votre
général d'armée.
M. Morin: Le député de Laurier ne devrait pas
être dans cette commission. Il ne sait même pas ce qui s'y
passe.
Une Voix: M. le Président, je pense que le moment est venu
de...
M. Marchand: Vous n'avez pas prouvé grand-chose, vous non
plus.
M. Saint-Pierre: Vous ne voulez pas prendre les quatre
dernières minutes pour explorer un autre dossier?
M. Morin: Non, je n'aurais pas le temps d'entrer suffisamment
dans le dossier pour que ça vaille ia peine.
M. Saint-Pierre: Pour ma part, M. le Président, je suis
disposé à répondre à des questions encore,
jusqu'à la fin.
M. Morin: Peut-être que les collègues
libéraux en auront. Ils n'ont pas dit un mot ce matin.
M. Lachance: On n'a pas eu la chance. Cela a été un
monologue, ce matin.
M. Quenneville: C'est tellement clair quand on comprend les
réponses.
M. Lachance: On a des questions à poser.
M. Saint-Pierre: Vous pouvez penser que mes collègues,
devant l'attitude de l'Opposition, voulaient boycotter la commission.
Alors, on ajourne nos travaux, M. le Président, en souhaitant une
bonne fin de semaine à tous.
Le Président (M. Cornellier): La commission ajourne ses
travaux à mardi, 1er juin, à 10 h 30.
(Fin de la séance à 12 h 56)