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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Etude du projet de loi no 5
Loi modifiant la charte du Centre de
recherche industrielle du Québec
Séance du mardi 22 juin 1976
(Vingt heures trente minutes)
M. Brisson (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
La commission de l'industrie et du commerce se réunit afin
d'étudier le projet de loi no 5, Loi modifiant la Charte du Centre de
recherche industrielle du Québec. Maintenant, les changements des
membres de la commission sont les suivants: M. Saint-Germain (Jacques-Cartier)
remplace M. Cadieux (Beauharnois), M. Faucher (Nicolet-Yamaska) remplace M.
Côté (Matane), M. Pilote (Lac-Saint-Jean) remplace M. Déom
(Laporte), M. Déziel (Saint-François) remplace M. Denis
(Berthier), le ministre, M. Quenneville (Joliette), remplace M. Malouin
(Drummond) et M. Glen Brown (Brome) remplace M. Marchand (Laurier). La parole
est au ministre.
Remarques générales
M. Saint-Pierre: M. le Président, ce sera très
bref. Dans ces mots d'introduction, je rappelle qu'à la commission nous
avons peut-être un double but ce soir: premièrement, remplir un
engagement que nous avions pris lors de l'étude des crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce, dans lequel nous avions convenu
que, compte tenu du projet de loi no 5 qui prévoit une somme de $30
millions devant être accordée au cours des cinq prochaines
années au Centre de recherche industrielle du Québec, nous
remettrions à ce soir la discussion des crédits de ce programme
du ministère de l'Industrie et du Commerce relié au Centre de
recherche industrielle du Québec. Déjà, l'an dernier et au
cours des années antécédentes, j'ai pu exposer
brièvement la mission que remplit le Centre de recherche industrielle du
Québec.
Hier soir, dans le débat de deuxième lecture, j'ai
mentionné que l'innovation et la recherche technologique sont un aspect
très important pour assurer la survie et la croissance des entreprises
manufacturières et que, souvent, nos petites et moyennes entreprises
n'ont pas les moyens d'avoir des équipes de recherche
spécialisées dans certains secteurs. La vocation du centre est
alors de fournir un appui technique et scientifique. J'ai expliqué
comment le centre, avec des ressources financières et humaines
limitées, a tenté d'identifier des secteurs prioritaires et a
tenté, dans des secteurs variés comme les matériaux,
l'électronique, les appareils électriques et d'autres secteurs,
d'apporter un appui à la petite et moyenne entreprises du
Québec.
Egalement, j'ai dit comment le centre a tenté, avec
succès, de s'acquitter d'une troisième tâche que lui
donnait la charte, c'est-à-dire la dissémination des
connaissances technologiques. Le centre est branché sur plusieurs des
grands ordinateurs qui nous permettent d'avoir accès à de
l'information technologique. J'ai expliqué, hier soir, comment, en fait,
le centre a pu répondre à plus de 1700 demandes l'an dernier que
des industries formulaient pour savoir la nature de tel produit technologique,
comment on pouvait résoudre tel problème de production qu'elles
avaient ou quelle était la nature de telle mise en marché. Ces
1700 demandes, quand même, correspondent à un nombre assez
incroyable de demandes chaque jour dans les champs très
spécialisés. Nous tentons de répondre aux besoins de la
petite et de la moyenne entreprise.
A ma droite, on reconnaîtra le président-directeur
général. Je mentionne le président puisque, l'an dernier,
il en était le vice-président et le directeur
général; un arrêté en conseil, en début
d'année, le nommait président, M. Claude Descoteaux, qui
était autrefois sous-ministre adjoint au ministère de l'Industrie
et du Commerce et qui est maintenant président-directeur
général du Centre de recherche industrielle du Québec.
Egalement, derrière moi, se trouve M. Jean-Marc Blondeau qui agit comme
secrétaire du Centre de recherche industrielle.
Les deux façons sont interreliées, c'est-à-dire
budgétaires et le projet de loi no 5; je pense qu'il n'y a pas
d'explication à donner, sauf le fait que, graduellement, de 1976
à 1977, où des sommes de $5 millions sont prévues, nous
nous acheminons vers 1980 et 1981 où $7 millions sont prévus,
faisant un total de $30 millions, pour les cinq années, qui ont
été prévus dans le projet de loi no 5, et qui permettent
à un des instruments dont nous avons doté le Québec pour
assurer le progrès sur le plan économique de donner des moyens,
quand même, qui se comparent avantageusement à ce qui peut
être consenti, comme effort, par d'autres gouvernements provinciaux au
Canada.
Le Président (M. Brisson): Maintenant, si vous me le
permettez, avant de donner la parole à l'honorable chef de l'Opposition,
on m'a suggéré de nommer, comme rapporteur de cette commission,
M. Saint-Germain. Tout le monde est d'accord?
M. Morin: II fait bien cela, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): M. Saint-Germain du
comté de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Merci de votre confiance.
Le Président (M. Brisson): En plus, si les membres de la
commission pensent qu'il fait réellement chaud, je ne pense pas qu'il y
ait un accroc au protocole s'ils désirent enlever leur veston, c'est
normal. L'honorable chef de l'Opposition.
M. Morin: M. le Président, comme je l'ai fait observer ce
matin, au cours du débat de deuxième lecture sur le projet de
financement du CRIQ pour les cinq prochaines années, le Québec
consacre une partie infime de son produit national brut à la recherche
et au développement, surtout lorsqu'on compare le pourcentage de
l'effort qui est fourni au Québec par rapport à celui qui est
fourni par le pouvoir fédéral ou, encore, à ce qui se
passe aux Etats-Unis.
Aussi, sommes-nous très satisfaits, pour notre part, de voir
qu'une nouvelle dotation de quelque $30 millions sera maintenant
apportée au Centre de recherche industrielle pour les cinq prochaines
années.
Il semble que le démarrage du centre soit maintenant devenu une
réalité, du moins, si je m'en remets au rapport annuel pour
l'exercice terminé le 31 mars 1976 qui nous a été
communiqué dans la forme polycopiée puisqu'on n'a pas encore eu
le temps de le faire imprimer.
Je constate, je prends cela à titre d'exemple, qu'en ce qui
concerne les projets sur lesquels nous avons un tableau récapitulatif,
qui se trouve à la page 8 de ce rapport, l'an dernier en a vu
naître 234 par rapport à l'année précédente,
alors que seulement 146 projets avaient vu le jour. Cette progression me
paraît tout à fait spectaculaire; évidemment, elle ne peut
pas par un simple chiffre comme cela donner une idée réelle de
l'activité du centre, mais elle nous indique à tout le moins que
le CRIQ est loin d'être inactif.
J'ai dit ce matin à la Chambre que nous allions appuyer ce projet
de loi sans la moindre hésitation. Mais, comme nous avions suspendu
l'étude des crédits du ministère de l'Industrie et du
Commerce en ce qui a trait au centre de recherche, nous allons profiter de
l'occasion ce soir, avec votre permission, M. le Président, pour jeter
un coup d'oeil sur un certain nombre de questions que je me pose au sujet du
fonctionnement du CRIQ. Ce sera très court parce que le rapport nous
apporte la plupart des réponses aux questions que nous pouvions nous
poser.
La première question qui me vient à l'esprit m'est
suggérée par un passage de la page 19 du rapport. On nous dit, en
effet, ceci: "Le centre a dû vivre entièrement de ses
réserves propres pendant le cours de l'exercice 1975/76 puisque les
crédits budgétaires de $6 millions qui avaient été
attribués ont été totalement
récupérés par le gouvernement pour d'autres fins". Le
ministre, ou le PDG du CRIQ, voudrait-il nous expliquer comment il se fait que
les fonds qui avaient été attribués au CRIQ aient
été de la sorte totalement récupérés pour
d'autres fins?
J'avoue que ce passage m'a beaucoup étonné; sans doute y
a-t-il une explication, j'aimerais bien l'entendre.
Réserves financières
M. Saint-Pierre: M. le Président, je pense qu'il est
facile de l'expliquer, c'est que la loi de 1969 prévoyait des montants
devant être statutairement versés au Centre de recherche
industrielle.
Or, compte tenu des difficultés de démarrage, compte tenu
du fait que, la première année, les $5 millions prévus
n'ont pu être bien dépensés, ce qui a fait qu'au bout d'un
certain nombre d'années, le centre a pu accumuler des réserves
financières substantielles; face à l'intention très ferme
du gouvernement de faire voter la loi no 5 que nous avons devant nous ce soir,
à l'existence d'une réserve substantielle au centre, il fut
décidé cette année, quant aux montants prévus aux
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce pour $5
millions ou $6 millions, puisque ceux-ci, pour satisfaire aux besoins du
centre, existaient dans sa réserve propre et qu'un projet de loi
était prévu pour doter le centre de $30 millions pour cinq ans,
il fut alors décidé, dis-je, que le centre devait utiliser sa
propre réserve, nous permettant ainsi de virer aux crédits
périmés les sommes qui avaient été prévues
pour le centre, ce qui faisait qu'il n'y avait aucun ralentissement dans les
activités scientifiques prévues par le centre, mais simplement
l'utilisation d'une réserve avant l'utilisation des crédits
courants.
M. Morin: Si je comprends bien, la dotation antérieure de
$20 millions n'avait pas été dépensée au rythme
prévu.
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: A-t-elle au moins été
dépensée dans son entier?
M. Saint-Pierre: Pas complètement, mais à toutes
fins pratiques, il reste des montants plus minimes. Au début de 1975, il
restait évidemment plus que les besoins du centre pour l'année en
cours, et c'est là qu'on a décidé de puiser dans les
réserves du centre pour parachever l'année 1975/76 sur le
même programme de recherche qui avait été prévu.
Sachant très bien que le gouvernement avait fermement l'intention de
présenter la loi no 5 qui prévoyait une somme de $30 millions, il
y a donc eu un décalage de deux années financières entre
les deux dotations où il n'a pas été nécessaire,
compte tenu des réserves du centre, de voter des crédits
budgétaires.
M. Morin: Dois-je comprendre que l'ancienne dotation de $20
millions s'est étendue sur sept ans plutôt que sur cinq ans?
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: Et encore présentement?
M. Saint-Pierre: Nous vivons encore de cette dotation, mais je ne
vous cache pas que nous sommes très heureux que la commission soit
revenue ce soir pour étudier ce projet qui aura pour but de nous donner
les fonds qui seront bientôt nécessaires afin de prendre le relai
de cette première subvention qui tire à sa fin.
M. Morin: Vous aurez donc épuisé la première
dotation de $20 millions lorsque la seconde de $30 millions sera due?
M. Saint-Pierre: C'est une question de mois avant que nous
commencions à puiser dans cette nouvelle subvention de $30 millions qui
nous sera accordée, nous l'espérons, par ce projet de loi no
5.
Représentation au conseil
d'administration
M. Morin: J'aimerais examiner un moment la représentation
de l'industrie, des universités au sein de votre conseil
d'administration.
Le ministre dit à qui veut l'entendre que le CRIQ est un
instrument priviligié d'aide à la petite et à la moyenne
entreprise, principe avec lequel, d'ailleurs, nous sommes pleinement d'accord
parce que la grande entreprise est souvent à même de faire
entreprendre ses propres recherches industrielles, la petite et moyenne
entreprise n'a généralement pas les moyens ni les cadres ni les
laboratoires qui rendent cette recherche possible. Donc, nous ne pouvons
qu'être d'accord avec cette idée de mettre le CRIQ avant tout au
service la petite et moyenne entreprise.
Mais j'aimerais savoir, dans cette optique, de quelle façon cette
petite et moyenne entreprise est représentée à votre
conseil d'administration.
M. Saint-Pierre: M. le Président, je pense qu'il y a une
distinction à apporter. Bien sûr, le conseil d'administration du
centre, c'est un groupe de personnes qui tentent d'apporter un
éclairage, qui statuent sur les politiques générales du
centre. La fonction principale du conseil d'administration, c'est d'être
capable d'apporter une expertise au niveau de l'administration, du management,
de la recherche. C'est là un champ assez spécialisé
où souvent, par expérience, le propriétaire d'une
très petite entreprise est peut-être mal préparé
pour guider des chercheurs ou pour guider le personnel permanent du centre dans
cette administration de la recherche qui est quand même assez
complexe.
Si je prends le rapport annuel 1974/75 je pense que ce sont
essentiellement les derniers changements que nous avons eus, depuis ce ce temps
il n'y a pas eu tellement de changements les deux changements qui ont eu
lieu par rapport au conseil d'administration sont le fait que M. Wildi, de
l'université Laval qui lui-même, d'ailleurs, avait
été impliqué dans certaines entreprises petites et
moyennes qui avaient été fondées je parle en
particulier de Gentec et d'autres entreprises de la région de
Québec M. Wildi est professeur à l'université
Laval, M. Wermenlinger a été longtemps professeur et est
maintenant relié au mouvement coopératif mais si on prend les
quinze personnes qui siègent au conseil d'administration de la
très grande entreprise, je regarde brièvement et je vois
seulement trois personnes: M. Guy Lau-rin, qui est directeur
général, région de l'Est, de Steelco of Canada, M.
Jean-Paul Beauregard, qui est directeur de l'ingénierie et de la
recherche pour Pratt & Whitney et M. Hugh Hamilton qui est gérant
général de la division des radios de Northern Telecom.
Mais encore une fois, ce sont trois personnes sur quinze qui proviennent
de la grande entreprise. On notera que, dans les trois cas, ce sont des gens
qui peuvent apporter quelque chose au niveau de l'administration, du
management, de la recherche, en particulier dans le cas de M. Beau-regard, dans
le cas de M. Hamilton.
Je pense que le président serait à même de
témoigner que ces personnes peuvent apporter une contribution à
titre personnel; ils ne sont pas là pour représenter les
intérêts de la grande entreprise. Les objectifs du centre ont
été clairement énoncés, ils visent essentiellement
la petite et moyenne entreprise. Je pense que ces personnes, compte tenu de
leur expérience professionnelle dans la gestion de la recherche, dans
leur secteur respectif, peuvent apporter beaucoup au conseil d'administration.
Trois personnes sur quinze, cela ne me paraît réellement pas
déséquilibrer le conseil d'administration.
M. Morin: Combien en avez-vous qui représentent la petite
entreprise outre M. Wildi, dont vous parliez à l'instant?
M. Saint-Pierre: Encore une fois, je rappelle que le mandat
très clairement énoncé pour le centre touche la petite et
la moyenne entreprise. J'aimerais penser que M. Marcel Bergeron, qui est
sous-ministre adjoint au ministère de l'Industrie et du Commerce, que M.
Paul Brissette, directeur général de la section de l'industrie au
ministère de l'Industrie et du Commerce, que M, Claude Descoteaux, M.
Terrence Griffin, de la société de développement
industriel, sont des gens préoccupés par la croissance de la
petite et de la moyenne entreprise.
M. Morin: Ce sont des fonctionnaires.
M. Saint-Pierre: Très bien, je vous mentionne M. Paul
Normand, qui est sûrement relié à la petite et la moyenne
entreprise, M. Manfred Pohoryles, président de Triplex Engineering;
c'est quand même une entreprise de dimension modeste, ce n'est pas la
grande entreprise. M. Pierre Delagrave est avec maintenant une nouvelle
entreprise qui est quand même modeste dans son envergure, une entreprise
de Bombardier, MLW et le consortium tentant de développer le train LRC.
Encore une fois, l'expérience nous a montré que,
généralement, sauf exception, le président et
l'actionnaire unique de la petite entreprise était souvent mal
préparé pour apporter une contribution valable à la
gestion de la recherche. Mais, enfin, je pense que cela nous ferait plaisir de
tenter de corriger, mais je ne sais pas si M. Descoteaux aurait quelques points
à ajouter de sa propre expérience des conseils d'administration;
je les nomme, mais lui a un peu à vivre avec eux.
Je peux témoigner que les représentants delà grande
industrie n'ont pas fait obstacle au fait que la direction du centre proposait
comme priorité de s'attaquer, au premier chef, aux entreprises de petite
et moyenne taille. Nous nous demandions de quelle manière ils allaient
percevoir cette sugges-
tion qui allait devenir en fait une politique du centre et ils ont
très volontiers reconnu que c'était là que le besoin
principal existait au Québec.
Aide à l'entreprise
M. Morin: Serait-il possible d'évaluer le nombre de
projets qui ont été entrepris par le centre pour le compte de la
petite et moyenne entreprise par rapport aux autres projets? Serait-il possible
de mettre un chiffre là-dessus? Serait-il possible de nous dire: nous
avons dépensé tel pourcentage de nos fonds pour aider la petite
et moyenne entreprise?
M. Saint-Pierre: Nous avons ici deux tableaux que je fais
distribuer immédiatement aux membres de la commission et qui indiquent
le nombre d'entreprises, suivant le nombre d'employés qui ont
signé un contrat en 1975/76 avec le centre. On remarquera, à la
première page, que les entreprises qui ont moins de 45 employés
représentent, quand même, la majorité des entreprises,
c'est-à-dire 41. Sur les 65 entreprises qui ont signé un contrat
avec le centre, 41 ont moins de 45 employés. On voit également la
répartition des contrats selon leur importance à la
deuxième page. Cela ne répond pas spécifiquement à
votre question, mais je pense que le premier tableau répond à
votre question. Le deuxième tableau illustre l'importance des contrats
qui ont pu être accordés.
M. Morin: Le premier tableau répond sûrement
à la première partie de ma question de façon très
graphique, très claire.
M. Saint-Pierre: Avec satisfaction?
M. Morin: Oui, sûrement, mais y aurait-il moyen de nous
donner un ordre de grandeur, un pourcentage de ce que cela représente
dans votre budget? Pourriez-vous nous dire par exemple je ne sais pas,
moi 60% ou 70% de nos fonds sont effectivement canalisés vers
l'aide à la petite et moyenne entreprise? Est-ce que cela vous est
possible? Evidemment, le nombre d'entreprises ayant signé des contrats,
selon le nombre d'employés, c'est très révélateur,
sûrement, mais il se peut aussi que le ou les contrats intervenus avec
les grandes entreprises de 500 employés et plus aient été
des contrats extrêmement coûteux par rapport à des contrats
de petite importance lorsqu'ils sont conclus avec des entreprises de petite
taille.
M. Lacroix: Si vous me le permettez, je voudrais dire simplement
que le CRIQ, pour les pêcheries, par exemple, contribue
énormément. La Direction générale des pêches
est présente au CRIQ et elle fait des travaux qui ne sont pas
évaluables en dollars et en cents.
M. Morin: Dans le résultat vous avez raison, mais dans le
coût...
M. Lacroix: II y a beaucoup de scientifiques de la Direction
générale des pêches qui sont au CRIQ! Ils font un travail
formidable, un travail qui, à court, à moyen et à long
terme sera très valable, mais de toute façon ce n'est pas
évaluable en termes de dollars et de cents.
M. Morin: Je suis d'accord avec le député. Les
effets de cela peuvent être considérables. Une petite invention ou
une petite amélioration technique peut valoir une amélioration
considérable du train de vie des pêcheurs, mais il y a tout de
même l'aspect du coût qui m'intéresse. Je ne sais pas si M.
Descoteaux a une réponse à cela?
M. Saint-Pierre: M. le Président, nous ne sommes pas en
mesure d'évaluer spécifiquement les montants d'argent qui sont
dépensés par le CRIQ pour ce qu'on appellerait de grandes
entreprises par rapport à ce qu'on dépenserait ou
débourserait pour des entreprises de moyenne taille et ensuite de petite
taille. Je peux cependant confirmer, sans aucun risque de me tromper, que tout
l'arsenal de moyens que représente le CRIQ est véritablement
destiné aux petites et moyennes entreprises. Ceci n'exclut pas
qu'à l'occasion nous puissions aider une grande entreprise. C'est
déjà arrivé et j'imagine que cela se produira encore dans
l'avenir. Lorsque, par exemple, nous avons des disponibilités de temps
de nos chercheurs, nous préférons qu'ils soient amenés
à travailler en liaison avec l'industrie, plutôt que de travailler
uniquement sur les projets qui seraient de caractère interne.
Vous remarquerez peut-être, dans les documents que nous avons
distribués ou que nous serons amenés à distribuer, que
nous avons même travaillé pour une société japonaise
qui s'est adressée au CRIQ sur la recommandation de la
délégation du Québec à Tokyo, parce qu'on lui avait
indiqué qu'il y avait chez nous des gens compétents pour
répondre à un problème particulier auquel faisait face un
groupe japonais que je ne classerais certainement pas dans le groupe des
petites et moyennes entreprises.
Mais, ceci étant dit, toutes les ressources du centre sont
vraiment axées vers les entreprises de petite et moyenne taille, moyenne
taille voulant cependant dire des entreprises qui ont une certaine dimension,
qui ont un certain dynamisme et qui sont en croissance. Je pourrais par exemple
faire référence à une entreprise comme Forano qui a
à coeur de mettre au point des produits nouveaux qui seront ensuite
vendus sur les marchés canadiens et internationaux. On a
été dans le passé et encore récemment
approché par cette société et nous avons accepté
très volontiers, avec plaisir, de travailler de concert avec elle,
puisqu'il nous semblait que cela cadrait tout à fait avec la mission qui
avait été identifiée dans nos orientations.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Si je ne m'abuse, le résultat de vos
recherches devient public, c'est la propriété du public.
M. Saint-Pierre: Tout dépend, M. le Président. Si
une entreprise paye pour la totalité des frais encourus par le centre
pour cette recherche, il n'est que normal qu'elle soit la propriétaire
des résultats. Si le centre par ailleurs a apporté une
contribution et que la compagnie refuse de régler la facture, eh bien!
à ce moment-là, cela tombe davantage dans le domaine public, par
le canal du centre. Tout dépend au fond de la nature des projets dont on
s'occupe.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'en général, les
compagnies défraient entièrement le coût de leurs
recherches?
M. Saint-Pierre: En général oui, mais je
m'empresserais aussitôt de modifier cette affirmation en précisant
que, même lorsqu'une entreprise paie la totalité de la facture que
nous lui présentons, il reste qu'elle en retire un avantage très
particulier, puisque ce que nous lui fournissons vaut, en définitive,
plus cher que le strict montant de cette facture. Autrement dit, il y a un
ensemble de frais généraux qui existent du seul fait de
l'existence du CRIQ et qui sont financés par le gouvernement
québécois. C'est là, d'ailleurs, la mission du Centre de
recherche industrielle du Québec.
M. Saint-Germain: Vous avez défini la petite ou la grande
entreprise, je vois, par exemple, ici M. Jacques DesBaillets, qui est le
directeur du laboratoire d'hydraulique à la Dominion Engineering. C'est
une des rares compagnies au Québec qui, au point de vue des usines
à papier ou des turbines, fait ses propres recherches, fait ses projets
en partant du dessin. Alors, cela dépend à qui on la compare,
mais, sans être très familier avec l'ensemble du monde industriel,
je pense bien qu'une compagnie comme Dominion Engineering, pour avoir ses
propres laboratoires de recherche, doit être considérée, au
point de vue compétitif, comme une petite compagnie. Est-ce que je
m'abuse en disant cela?
M. Saint-Pierre: Non, je pense que Dominion Engineering est quand
même une grande entreprise, mais le point, c'est que la vocation
même du centre n'est pas d'aider Dominion Engineering. Je pense que des
entreprises comme Dominion Engineering sont capables de consentir
elles-mêmes les dépenses de recherche pour être à la
fine pointe des marchés qu'ils veulent servir. Je pense que le type,
comme M. DesBaillets, qui est responsable de la recherche et de l'engineering
dans une entreprise de la taille de Dominion Engineering, est capable
d'apporter, au conseil d'administration du centre, une expérience
personnelle qui est un actif pour le conseil d'administration. Souvent, le
propriétaire d'une petite entreprise peut vaguement s'imaginer comment
les scientifiques peuvent aider les petites entreprises, mais n'a pas
l'expertise qu'un type comme M. DesBaillets peut avoir dans l'évaluation
des projets ou dans les politiques générales avec les
entreprises.
Le Président (M. Brisson): L'honorable chef de
l'Opposition.
M. Morin: M. le Président, M. Descoteaux a piqué ma
curiosité avec le contrat conclu avec une société
japonaise. Pourrions-nous prendre ce contrat à titre d'exemple et
pourriez-vous nous expliquer de quel genre de recherche il s'agissait?
M. Saint-Pierre: En quelques mots, M. le Président, il
s'agit, selon les indications qu'on m'a fournies, d'une société
japonaise désireuse de faire au Québec l'exploitation d'une mine
de mica pour en retirer certains agrégats devant entrer dans la
composition de produits industriels plus sophistiqués. Le mica
présente, cependant, des particularités assez spécifiques
en ce qui concerne son traitement pour en extraire les particules
recherchées. Les Japonais, qui devaient prendre la décision
d'exercer ou non leur option quant à l'achat de cette mine, voyant
l'échéance approcher et n'ayant toujours pas résolu ce
problème, ont su, par la maison du Québec à Tokyo, qu'il
se trouvait, dans la région de Québec, des spécialistes
qui pourraient les éclairer là-dessus.
Ces gens sont donc venus de Tokyo nous rencontrer et nous demander si
nous pouvions envoyer au Japon un ou deux spécialistes qui feraient les
expériences appropriées pour qu'ils puissent décider si,
oui ou non, cette mine méritait d'être exploitée au
Québec.
M. Morin: C'est de l'exportation d'expertise que vous avez fait
là, en quelque sorte?
M. Saint-Pierre: Bien, Tokyo est peut-être un long
détour pour, finalement, en arriver à ce que nous recherchons, de
concert avec le ministère des Richesses naturelles, c'est-à-dire
la mise en valeur d'une mine québécoise où il y aura un
traitement, au Québec, d'un dépôt qui, autrement,
s'ennuierait sous terre.
M. Carpentier: Effectivement, y a-t-il eu une décision de
prise?
M. Saint-Pierre: Aux dernières nouvelles, il n'y a pas eu,
M. le Président, de décision ferme de prise, mais on me disait,
il y a quelques jours, que les Japonais étaient revenus en
Amérique du Nord pour différents dossiers, dont celui-là,
et qu'ils se proposaient, effectivement, de donner suite à leur
option.
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. Brisson): L'honorable chef de
l'Opposition.
M. Carpentier: Je suis le représentant du comté de
Laviolette.
Le Président (M. Brisson): Vous avez une question?
M. Carpentier: J'aurais une autre question, M. le
Président.
M. Morin: Je n'ai pas d'objection, allez-y.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Laviolette.
M. Carpentier: C'est peut-être une question
irrégulière, mais j'aimerais avoir un éclaircissement de
la part du ministre. Le ministère de l'Industrie et du Commerce peut-il
intervenir auprès de l'Hydro-Québec pour l'installation de lignes
nouvelles pour transporter 550 watts pour de la petite industrie?
M. Saint-Pierre: Je pense, M. le Président, que la
question est peut-être un peu antiréglementaire, si vous me
permettez, à l'intérieur de la discussion sur le Centre de
recherche industrielle; généralement c'est au ministère
des Richesses naturelles qu'on peut donner des directives à
l'Hydro-Québec, si jamais il y avait des lacunes dans le réseau
de distribution de l'Hydro-Québec pour les fins industrielles.
Voulez-vous dire qu'il y a des régions qui sont mal desservies en
électricité?
M. Carpentier: J'ai justement un problème chez moi pour
une petite industrie qui fait une demande pour l'installation d'une telle
ligne. Je me demande si à ce moment le ministère de l'Industrie
et du Commerce ne pourrait pas intervenir auprès du ministère des
Richesses naturelles, entre ministères, afin d'obtenir de
l'Hydro-Québec les services requis pour le développement de cette
industrie qui serait prête à employer peut-être une
quinzaine d'hommes de plus, mais qui actuellement ne peut pas le faire parce
qu'elle n'a pas l'électricité voulue pour pouvoir installer la
machinerie requise pour l'augmentation de son volume de production.
M. Saint-Pierre: Si le député veut me transmettre
le détail de la compagnie en question, sa situation géographique
et certains des éléments du dossier, cela me fera plaisir d'y
répondre.
M. Carpentier: J'ai déjà communiqué avec les
représentants régionaux de Trois-Rivières, la
région 04, où j'ai demandé d'aller faire une visite sur
place afin de ramasser toute l'information nécessaire pour constituer un
dossier afin de pouvoir procéder...
M. Saint-Pierre: Vous avez fait cela il y a plusieurs semaines ou
récemment?
M. Carpentier: II y a quinze jours.
M. Saint-Pierre: Je pense que vous me donnerez au moins trois
semaines pour faire bouger l'Hydro-Québec.
M. Carpentier: Certainement. Je voudrais savoir s'il y a
possibilité pour le ministère de l'Industrie et du Commerce
d'intervenir auprès du ministère des Richesses naturelles, pour
contribuer à l'expansion de cette industrie.
M. Morin: Vous tombez d'ailleurs très bien parce que,
depuis Saint-Augustin, le ministre est très au courant des questions
électriques.
M. Saint-Pierre: Avant Saint-Augustin. M. Morin:
Même avant Saint-Augustin.
M. Carpentier: II était au courant bien avant cela.
M. Morin: M. le Président, j'aimerais maintenant me
tourner vers le document qui nous a été distribué.
J'observe à la seconde page qu'il n'y a qu'un contrat de $35 000 et
plus, lequel apparemment a été conclu pour une somme de $197 000.
A lui seul ce contrat est beaucoup plus considérable que les 68 contrats
de moins de $499, lesquels formaient un total de $18 275, ou encore les quinze
contrats de $1000 à $4499, lesquels formaient un total de $34 652. Quel
est ce contrat important et avec qui a-t-il été conclu?
M. Saint-Pierre: Le contrat a été conclu avec le
ministère des Terres et Forêts et touche la mise au point d'un
nouveau produit qui est une machine pour les semis ou la fabrication
industrielle des semis pour la plantation des arbres, la sylviculture.
M. Morin: Je vois que vous avez travaillé également
pour les Terres et Forêts. Avez-vous été consulté,
par exemple, dans d'autres dossiers relatifs aux Terres et Forêts, comme
les maladies des arbres ou ce genre de problème?
M. Saint-Pierre: M. le Président, nous n'avons pas
été consultés par les Terres et Forêts pour des
projets qui toucheraient, par exemple, la maladie des arbres ou la tordeuse. Ce
ne sont pas là des domaines de spécialité du centre. Je
crois qu'il existe d'autres laboratoires au Québec qui sont beaucoup
mieux équipés et dont c'est le mandat de s'occuper de ce genre de
problèmes.
M. Morin: En l'occurrence, il s'agissait de quoi exactement?
M. Saint-Pierre: En l'occurrence...
M. Morin: Non, dans le contrat conclu avec les Terres et
Forêts.
M. Saint-Pierre: Dans ce contrat-ci, puisqu'il y en a d'autres,
il s'agit de développer non seulement une machine, mais je dirais
plutôt un ensemble de machines ou d'équipements qui permettront de
fabriquer des semis à une cadence assez impressionnante. Je ne voudrais
pas dévoi-
ler ici de caractéristiques techniques, et vous m'en excuserez
tout en le comprenant, j'imagine; il s'agit de développer un prototype
vraiment industriel pour la fabrication extrêmement rapide des semis
servant à la sylviculture. C'est un projet auquel le ministère
des Terres et Forêts attache beaucoup d'importance. Il y a eu d'autres
projets avec ce ministère et conjointement d'ailleurs avec celui de
l'Industrie et du Commerce pour une expérience pilote dans le domaine
des huiles essentielles où il s'agit finalement de
récupérer à des fins industrielles les résidus des
arbres résineux de nos forêts québécoises.
C'est déjà quelque chose de connu et d'exploité,
mais il y avait une carence technique chez nos producteurs et les deux
ministères ont estimé qu'on pourrait valablement augmenter la
production en améliorant la qualité par la définition de
devis de production technique. Ce projet est maintenant terminé.
M. Morin: On nous a fait remettre il y a un instant un document
extrêmement intéressant. Y en a-t-il d'autres que vous vous
apprêtiez à nous distribuer? Ne serait-il pas plus simple de nous
les distribuer dès le début? Il serait même utile que nous
les ayons avant la commission pour pouvoir en prendre connaissance, ce qui
aurait pour effet de simplifier énormément nos questions.
M. Saint-Pierre: Vous connaissez notre politique très
ouverte sur la dissémination de l'information. Je vous ai fait part ce
matin du rapport annuel avant même qu'il soit rendu chez l'imprimeur.
S'il y a d'autres documents...
Nous avons distribué une pochette de documents qui ont
déjà circulé et qui font partie du domaine public, mais
dont nous voulions nous assurer de la disponibilité ici, pour les
débats.
M. Morin: Nous les connaissions déjà. Je pensais
à des documents que vous n'auriez pas distribués encore.
M. Saint-Pierre: Puisque vous parliez encore ce matin d'une
politique d'aide aux inventeurs comme étant un élément de
la stratégie de développement industriel, alors, voici la
réponse à votre question.
M. Morin: Merci, c'est ce genre de papier que je recherche.
M. Saint-Pierre: Vous voyez que depuis le 11 juin 1976, on a une
politique d'aide aux inventeurs. Je m'excuse de ne pas en avoir fait mention
avant, cela vous aurait permis ce matin, dans le discours des SODEQ, de
mentionner qu'on avait cette politique.
Le Président (M. Brisson): Avez-vous d'autres copies pour
les membres de la commission?
M. Saint-Pierre: On est en train de les distribuer, M. le
Président.
Le Président: L'honorable chef de l'Opposition.
Aide fédérale
M. Morin: II n'y a pas longtemps, le ministre a
évoqué la nécessité d'obtenir pour le CRIQ une aide
fédérale. J'ai fait observer, ce matin, dans mon exposé de
deuxième lecture, que cela ne semblait pas correspondre aux attitudes
que le ministre avait à l'époque où il était
à l'Education, où il soulignait, où il
dénonçait même la faiblesse des sommes
dépensées au Québec au titre de la recherche. Je
m'étonne quelque peu de voir le ministre évoquer la
possibilité de l'aide fédérale. Est-ce que les cas
où cette aide nous est donnée alors même que nous
n'en voulons pas en vertu du pouvoir fédéral de
dépenser dans toutes sortes de secteur, de compétence
provinciale, est-ce que cela ne serait pas déjà suffisant?
Entend-il véritablement rechercher l'aide fédérale pour le
CRIQ? La question s'adresse aussi bien au ministre qu'à M.
Descoteaux.
M. Saint-Pierre: J'aimerais que vous citiez aux sources lorsque
vous dites que le ministre a indiqué qu'il recherchait de l'aide
fédérale pour financer le CRIQ. Je n'ai jamais dit cela. Ce que
j'ai déjà dénoncé, c'est le fait que le
gouvernement fédéral, dans ses dépenses de recherches et
de développement au Canada avait une distorsion en ce qui touchait le
pourcentage de ses dépenses qui étaient faites au Québec.
Nous avons à plusieurs reprises demandé une augmentation de
l'importance des effectifs de chercheurs, de scientifiques et
d'ingénieurs que pouvait avoir le gouvernement fédéral sur
le territoire québécois. Je pense que, si je peux demander au
chef de l'Opposition un peu de patience dans ce secteur, il verra, par le
gouvernement fédéral, au cours des prochains mois, des annonces
intéressantes qui montreront que les points que nous avions
dénoncés en 1972, 1973 et 1974 ont porté fruit. Il s'agit
bien de laboratoires fédéraux établis au Québec. Le
Québec a jusqu'ici une très faible portion de ces laboratoires
fédéraux, mais je pense que sans dévoiler des secrets, il
faut retenir qu'à l'intérieur des travaux de planification faits
par le Conseil national de recherches, on a accepté cette
hypothèse et ce nouvel objectif d'avoir une plus forte présence
au Québec, quant aux laboratoires fédéraux et que les
prochains Je laisserai au gouvernement fédéral le soin
d'annoncer la portée, l'échéancier, la nature de ces
investissements investissements majeurs je ne parle pas d'un petit
laboratoire de 100 000 pieds carrés ou des choses semblables je parle
des investissements de plusieurs millions de dollars qu'entend faire le
Conseil national des recherches, se feront dans le Québec suivant des
axes de recherche qui sont d'ailleurs conformes à nos propres
priorités.
M. Morin: Mais quant au CRIQ, prévoit-on une aide
fédérale quelconque?
M. Saint-Pierre: Non, et je ne l'ai jamais demandée. Nous
avons eu, pour établir des faits, une aide fédérale dans
la construction et les investissements qui ont été faits au CRIQ.
Ces investissements ont été consentis en partie par une aide
fédérale à l'intérieur des ententes sur les zones
spéciales, la zone de Québec étant une zone
particulière. Cela nous a grandement aidés dans les
investissements de...
Sur les $6 millions que nous avons investis au CRIQ en bâtiments
et en équipements, l'aide fédérale a pu être un
montant appréciable qui nous a aidés, à l'époque.
Mais nous ne recherchons aucune aide fédérale pour le CRIQ au
cours des prochaines années. Nous allons le prendre à même
les sommes qui ont été votées ici. Ce que nous recherchons
du côté du gouvernement fédéral, en matière
de recherche scientifique, c'est peut-être une plus forte présence
au Québec de laboratoires fédéraux et une meilleure
intégration entre les objectifs de recherche du gouvernement
fédéral et ceux de la province.
Nous mettons de l'avant le fait que la recherche est difficilement
dissociable des enseignements de deuxième cycle dispensés dans
nos universités et qu'il est impossible de bien planifier les
dépenses publiques dans les enseignements de deuxième cycle si ce
sont deux niveaux de gouvernements qui financent les différents aspects
de cette recherche de deuxième cycle.
M. Morin: J'ose espérer que ces nouveaux laboratoires
fédéraux dont vous nous parlez ne seront pas dans le domaine de
la défense.
M. Saint-Pierre: Non, absolument pas. Je tiens à dire
qu'on nous a consultés et qu'on nous a parlé de certains choix,
de certaines lignes d'action et, après mûres discussions au
comité québécois de la politique scientifique, nous avons
indiqué au gouvernement fédéral certains choix qui nous
semblaient plus intéressants que d'autres.
M. Morin: Puis-je vous demander ou demander à M.
Descoteaux, qui est sûrement au fait, qui sont les conseillers juridiques
du centre de recherche?
Conseillers juridiques
M. Saint-Pierre: Nous avons d'abord, à l'intérieur,
un conseiller juridique qui est un employé du centre. Il s'agit de Me
Denis Héroux, avocat. Lorsque nous devons recourir à des
conseillers de l'extérieur, le CRIQ a toujours traité, à
ma connaissance, avec la société Amyot, Lesage, Bernard et
Associés, de Québec.
M. Morin: Est-ce que M. Amyot, qui est membre de votre conseil
d'administration, est bien l'Amyot qui fait partie de cette grande firme?
M. Saint-Pierre: II s'agit de la même
société, de la même étude juridique, mais à
l'intérieur de cette étude Amyot, Lesage et autres, notre
conseil- ler est Me Bruno Bernard, sauf s'il doit, à l'occasion,
recourir à d'autres compétences spécialisées pour
des dossiers particuliers ce qui, jusqu'à maintenant, s'est
avéré assez rare.
M. Morin: Oui mais si j'ai bien compris, M. Amyot, qui
siège à votre conseil d'administration, est le même qui
fait partie de cette firme d'avocats.
M. Saint-Pierre: C'est exact. Depuis 1969, avec l'ancien
gouvernement, il agissait j'ai raison de le dire comme... Je ne
sais pas, je ne me suis jamais mêlé de ces choses, mais si vous
voulez pousser plus loin, on peut bien y aller.
M. Morin: J'avoue que cela m'étonne un peu. Ne
craignez-vous pas des conflits d'intérêts dans une situation comme
celle-là?
M. Saint-Pierre: C'est l'inverse qui est arrivé dans ce
cas. C'est que la nomination de M. Amyot au conseil d'administration est
postérieure à l'engagement des conseillers juridiques.
D'ailleurs, l'engagement de M. Amyot nous avait été
recommandé par les cadres et la direction du centre, à
l'époque, qui trouvaient nécessaire d'avoir à
l'intérieur du conseil d'administration une personne de formation
juridique. Compte tenu que le centre devait constamment signer des contrats
avec des entreprises du secteur privé, il semblait nécessaire
d'avoir au conseil d'administration des gens qui étaient conseillers
juridiques.
M. Morin: Le ministre comprendra, tout de même, notre souci
de nous assurer qu'il n'y ait pas de possibilités de conflits
d'intérêts. Ce matin, le ministre, parlant de la SDI, nous la
donnait, avec raison, comme un exemple de détachement par rapport aux
intérêts particuliers. Mais il y a tout de même des cas
où on peut se poser des questions. Je pensais, par exemple, à M.
Yves Hudon qui fait partie du conseil d'administration de la SDI. Comme par
hasard, M. Hudon vient de Grissol Limitée. Or, la SDI a conclu
récemment une transaction fort importante avec Grissol. Cela ne nous
paraît pas très souhaitable comme situation.
M. Saint-Pierre: M. le Président, chaque fois qu'on va
demander à des Québécois, peu importe leur option
politique, de siéger dans des organismes gouvernementaux et de nous
apporter leur compétence, c'est évident, à moins de
choisir des gens qui sont retirés complètement ou des enfants qui
ont moins de cinq ans, qu'on va se retrouver avec des gens qui,
occasionnellement, peuvent avoir affaire avec le gouvernement. Dans le cas que
vous soulevez, que je trouve un peu malheureux, je tiens à
préciser simplement pour le journal des Débats que la transaction
de Grissol s'est faite après que M. Hudon eut démissionné
du conseil d'administration de la SDI.
M. Morin: Alors, là, vous me rassurez.
M. Saint-Pierre: Je vous rappelle que, dans le cas de M. Amyot,
sa nomination au conseil d'administration est postérieure au fait que la
firme à laquelle il appartient avait été retenue par le
centre.
M. Morin: Alors, dans le premier cas...
M. Saint-Pierre: C'était à la suggestion même
du directeur.
M. Morin: Oui, mais je m'empresse d'ajouter que, dans le premier
cas, vous me rassurez. Je ne m'inquiète pas davantage, sachant qu'au
moment où la décision de vendre à Grissol a
été prise M. Hudon ne faisait pas partie du conseil de la SDI.
Donc, vous répondez à ma question; c'est réglé.
Mais vous ne me rassurez pas entièrement quand vous me dites que,
quant à M. Amyot, il a été nommé au conseil
d'administration après qu'il fut devenu conseiller. J'avoue que la
possibilité de conflit d'intérêts peut subsister.
Maintenant, je n'entends pas, en disant cela, mettre en doute la
compétence ou l'intégrité de M. Amyot. Je ne le connais
pas. Il est sans doute une personne très qualifiée et très
honnête. Mais, du point de vue de l'intérêt public, je crois
que non seulement les gens doivent être intègres, mais qu'il doit
être évident que tout le processus l'est. C'est dans cette
perspective que je pose la question. Je me demande si c'est dans
l'intérêt du CRIQ de laisser subsister une situation comme
celle-là.
M. Saint-Pierre: M. le Président, je suis un peu en
désaccord, puisque, très souvent, dans le secteur
privé il faut prendre nos exemples là où ils
existent l'avocat d'une entreprise va également siéger au
conseil d'administration de l'entreprise. Dans la très grande
majorité des cas, souvent l'avocat va siéger au conseil
d'administration de l'entreprise. Au CRIQ, moi, je ne suis pas là, puis,
encore une fois, j'aurais eu de la peine à dire quel était le
conseiller juridique du CRIQ, on me l'apprend à l'instant. Mais je suis
certain que, lorsqu'il y a un litige sur les honoraires des avocats, que ce
soit Me Bernard ou d'autres, M. Amyot se retire des délibérations
et ne vote pas au conseil d'administration. Il ne faut pas se scandaliser outre
mesure; sans cela, il n'y a plus personne qui va être capable de
participer au CRIQ, parce qu'un jour son frère, son cousin, son
beau-frère, sa belle-tante ou son petit-fils peut, de loin,
indirectement ou directement, transiger avec le CRIQ.
M. Morin: On s'éloigne avec le beau-frère, la
belle-soeur, le cousin. Moi, je vous parle de M. Amyot.
M. Saint-Pierre: Oui, mais le conseiller juridique, c'est M.
Bernard. Quant à M. Amyot, c'est postérieur au fait qu'il
était retenu comme conseiller juridique. Vous pourriez avoir un
soupçon d'inquiétude qui serait légitime si, après
avoir été nommé au conseil d'administration, on avait
changé le conseiller juridique au CRIQ et que M. Amyot était
devenu le conseiller juridique. Mais ce n'est pas cela qui est arrivé.
Avec le gouvernement de l'Union Nationale, et je tiens à le
préciser, la firme a été retenue comme conseiller
juridique. Il n'y a eu aucun changement depuis six ou sept ans, à ma
connaissance. J'imagine que c'est parce que les services qui ont
été donnés par le bureau d'avocats sont conformes.
D'ailleurs, ce sont des montants assez simples. C'est quoi, les montants? Les
honoraires par année, c'est combien?
Je regardais justement dans ma serviette, M. le Président, si
j'avais les montants dont il était question, malheureusement, je ne les
ai pas à la portée de la main. Il ne s'agit pas de montants, de
mémoire, qui soient très considérables.
J'aimerais dire, en toute justice pour Me Amyot, que nous avons
rapidement évoqué la question qui est justement posée, et
lui-même a offert de démissionner si nous estimions qu'il y avait
un conflit d'intérêts. Nous l'avons prié de demeurer parce
que nous traversions, à ce moment-là, vous vous en souviendrez,
une période particulièrement difficile au centre où
même le conseiller juridique de l'extérieur était parti, de
même qu'un assez grand nombre des chefs de service, y compris d'ailleurs
le directeur général du centre lui-même, tant et si bien
qu'il se trouvait finalement fort peu de personnes qui connaissaient l'ensemble
des dossiers auxquels il fallait assurer une certaine continuité pendant
cette période assez tourmentée que le CRIQ a vécue il y a
quelques années.
Nous avons souhaité que M. Amyot ne démissionne pas parce
qu'il connaissait, étant membre de l'exécutif, très bien
l'évolution des choses et il nous apportait une contribution soutenue
que le président du temps a estimée également très
utile pour le bien public et le bien du centre en particulier.
M. Morin: Les scrupules de Me Amyot l'honorent et je n'ai aucune
raison particulière de douter de sa compétence et de son
intégrité, mais je dis que c'est quand même une situation
qui laisse à désirer et qui pourrait peut-être être
corrigée lorsque la continuité aura été
assurée.
Cela dit, on peut passer à autre chose.
M. Saint-Pierre: Avant de passer à autre chose, je tiens
à diverger d'opinion avec vous et penser que la situation actuelle ne
laisse aucun soupçon sur l'honnêteté ou le moindre conflit
d'intérêts sur les personnes concernées.
M. Morin: Je n'en doute pas, mais je dis que la situation, quand
même, n'est pas celle que l'on pourrait souhaiter. Je n'entends pas
mettre en cause l'intégrité de M. Amyot, mais je dis que ce n'est
pas normal qu'il en soit ainsi.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Saint-François.
Centres de recherche privés
M. Déziel: Le ministre pourrait-il me dire combien il
existe de centres de recherche actuellement au Québec?
M. Saint-Pierre: Dans le secteur privé? M.
Déziel: Dans le secteur privé.
M. Saint-Pierre: Tout dépend de la définition des
centres de recherche. Il y a plusieurs entreprises. On serait surpris. J'en ai
visité encore la semaine dernière, dans le comté de
Dorchester; ce sont de petites entreprises. Des entreprises comme
Prévost Car ou les industries de plastique IPL de Saint-Damien je
prends deux exemples qui me viennent à l'esprit sont des
entreprises qui dépensent chaque année des montants pour la
recherche et le développement. Ce n'est pas formalisé avec un
centre de recherche, mais quelque part, dans l'entreprise, il y a 4, 5, 10, 15,
20 personnes qui s'occupent de recherche. Bien sûr, quand on prend de
plus grandes entreprises j'en prends une dans votre région que je
connais bien une entreprise comme Bombardier, il va y avoir quand
même un personnel important de recherche.
Le nombre total de chercheurs est difficile à évaluer, il
fluctue dans le temps. On connaît des centres de recherche assez bien
structurés: le groupe Canadair, le groupe RCA Victor jusqu'à tout
récemment avait un centre de recherche important à
Sainte-Anne-de-Bellevue, le groupe CIL, le groupe Dupont. Il y a quand
même un nombre assez considérable.
Le point que j'ai soulevé ce matin, c'est que par rapport
à notre produit national brut, les sommes qui sont consacrées
à la recherche sont nettement insuffisantes. Dans nos meilleurs
années au Québec nous avons consacré, au gouvernement et
dans le secteur privé, environ 1,4% de notre produit national brut
à la recherche et au développement alors que les Etats-Unis y ont
consacré au moins 4%. On sait que dans 25 ans d'ici, la moitié
des produits que les consommateurs vont acheter, ce sont des produits qui
n'existent pas dans le moment, donc, des produits qui doivent être
développés par quelqu'un, quelque part. On voit qu'il y a un
risque, une certaine dépendance vis-à-vis de ceux qui font la
recherche, qui acceptent de consacrer des fonds à partir de choses aussi
insignifiantes ou aussi importantes que la montre que peut porter le
député de Joliette dans le moment, qui n'existait pas il y a
quatre ou cinq ans, mais qui a été développée
quelque part par quelqu'un à partir de nouveaux procédés
à l'intérieur de l'industrie de l'automobile, à
partir...
M. Morin: Ce n'est sûrement pas le député de
Joliette qui l'a inventée.
M. Saint-Pierre: II invente bien des choses, le
député de Joliette.
M. Déziel: Une autre question, si vous me permettez.
Concernant le bureau d'administration qui existait antérieurement
à Sherbrooke...
M. Saint-Pierre: Peut-être pour conclure le dernier point
qui a suscité un vif débat entre nous, puis-je vous faire
remarquer qu'en 1975/76 le bureau Amyot, Lesage, de Grandpré a obtenu
des honoraires de $7647 du Centre de recherche industrielle du
Québec?
Le Président (M. Brisson): Le député de
Saint-François avait une autre question.
M. Déziel: J'aurais une question additionnelle, M. le
Président, si vous me permettez. Nous avions un bureau d'administration
à Sherbrooke antérieurement qui représentait le CRIQ et ce
bureau a été fermé. Est-ce qu'on pourrait me donner les
raisons pour lesquelles on a décidé de fermer ce bureau?
M. Saint-Pierre: M. le Président, il est vrai que le
centre avait jusqu'à l'an dernier une cellule, un groupe de recherche
qui agissait plus particulièrement dans le domaine de
l'électronique industrielle. Dans l'ensemble de la
réévaluation du CRIQ, de son organisation, de ses orientations,
de ses politiques, ses mécanismes, nous avons estimé qu'il
s'agissait là peut-être d'une idée intéressante sur
le plan de la décentralisation régionale, mais par ailleurs d'un
alourdissement du fonctionnement du centre, tant et si bien qu'il nous a paru
de l'intérêt général, de l'intérêt du
centre, de fermer ce groupe de recherche qui existait à Sherbrooke et de
rapatrier les chercheurs en électronique qui s'y trouvaient avec leurs
confrères d'électronique qui étaient déjà
installés dans la région de Montréal.
Alors, il s'agissait donc, en résumé, d'une tentative
faite dans les tout débuts du centre où le CRIQ faisait un
certain nombre d'expériences. Autrement dit, il cherchait par divers
moyens la voie qui serait la meilleure pour exercer son activité. La
décentralisation était apparue une chose attrayante. A l'usage,
cependant, cela s'est avéré plutôt un fardeau qu'un
avantage. Le député rétorquera peut-être que la
proximité des services est importante, que les régions
québécoises autres que Québec et Montréal, qui
apparaissent toujours privilégiées, sont importantes. Nous avons
pensé résoudre cette difficulté, en adoptant une certaine
politique d'égalisation des coûts au bénéfice des
entreprises québécoises où qu'elles se trouvent sur le
territoire, c'est-à-dire que nous ne facturons pas aux entreprises le
coût des déplacements de nos chercheurs.
Nous avons un coût fixe qui est un coût de visite à
l'industrie qui est le même, que l'industrie soit située à
Sainte-Foy ou à Dorval. Même si les chercheurs viennent de
Montréal, il y a un coût qui est le même que pour un
déplacement d'un chercheur vers une région
périphérique.
M. Déziel: M. le Président, si l'on
considère le fait que la région métropolitaine de
Sherbrooke représente le troisième pôle d'attraction
d'importance au Québec, n'aurait-il pas été bon de
considérer au moins de garder un bureau à caractère
consultatif?
M. Saint-Pierre: Ma foi, peut-être que oui,
mais à ce moment-là pourquoi pas un bureau dans la
région de Trois-Rivières, qui est portée à envier
à Sherbrooke son titre de troisième pôle de
développement industriel dans la province? A ce moment-là,
pourquoi pas non plus à Hull et ainsi de suite?
Le CRIQ est quand même un organisme relativement restreint en tout
et partout, il n'y a que 200 personnes, en comptant les deux
réceptionnistes de Québec et de Montréal. Nous essayons
plutôt de grouper ces ressources de façon à avoir un impact
qui sera aussi senti que possible auprès des entreprises où
qu'elles se trouvent dans les régions québécoises. Encore
une fois, je mentionne que, par divers moyens, nous avons cherché
à atténuer les inconvénients qui pourraient paraître
exister du fait de la présence du CRIQ à Québec et
Montréal seulement.
M. Déziel: Cela ouvre la porte à une autre
question, M. le Président, la dernière, si vous me permettez. Au
niveau du commissariat industriel, à Sherbrooke, ne serait-il pas
possible d'avoir une main-d'oeuvre qui serait réellement
spécialisée au niveau du CRIQ?
M. Saint-Pierre: M. le Président, le commissariat
industriel, peut-être également que le député veut
parler du bureau régional du ministère de l'Industrie et du
Commerce?
M. Déziel: Bureau régional, c'est cela.
M. Saint-Pierre: Dans chacun des cas, vous avez deux personnes
très compétentes à Sherbrooke qui sont normalement
très familières avec l'ensemble des services qu'offrent non
seulement le ministère, mais également les organismes
associés, que ce soit le CRIQ ou l'autre.
Je pense que M. Derrick et son assistant seraient toujours en mesure de
renseigner les entreprises de la région sur les services qui sont
dispensés par le CRIQ.
Le Président (M. Brisson ): L'honorable chef de
l'Opposition.
Secteur électronique
M. Morin: M. le Président, j'observe que, parmi les
secteurs de recherche, le secteur électronique compte le plus petit
nombre de projets, dont certains d'ailleurs sont exploratoires et les autres
sont des avant-projets externes, de sorte qu'il reste, à titre de
projets internes et externes, treize projets. J'aimerais que M. Descoteaux nous
dise où en est le secteur électronique qui, je crois, a vu ses
laboratoires regroupés à Dorval. Est-ce que c'est le facteur dont
on parlait il y a un instant, qui avait une partie de ses laboratoires
installés à Sherbrooke? C'est cela.
Il semble que, à première vue, étant donné
l'absence d'une base industrielle solide dans le domaine de
l'électronique, c'était quelque peut aventureux de
développer ce secteur. A l'heure actuelle, quelles sont les perspectives
d'avenir?
M. Saint-Pierre: Je vais tenter de répondre
brièvement à cette question, M. le Président, tout en
cherchant, par ce biais, à illustrer un peu les moyens par lesquels nous
cherchons à concrétiser ce que nous appelons les grandes
orientations technico-économiques du centre que nous avons rendues
publiques l'automne dernier.
Ces études, qui ont permis de déboucher sur un certain
nombre de secteurs prioritaires de recherche pour le centre, demeuraient quand
même un cadre assez général, à l'intérieur
duquel il fallait préciser ensuite avec quelles entreprises, plus
particulièrement, nous allions chercher à travailler. Pour chacun
des groupes ou chacun des secteurs du centre, nous avons défini un
processus que nous appelons celui de la définition des entreprises
cibles. C'est-à-dire que nous avons mis en oeuvre les ressources
disponibles pour étudier, dans ces secteurs industriels, quelles
étaient les entreprises les plus susceptibles de
bénéficier de nos services, parce qu'elles étaient de
petite et de moyenne taille; nous en avons parlé tout à
l'heure.
Ilest évident que Marconi ou RCA Victor n'ont que faire de nos
services en électronique; ce n'est pas pour eux que nous sommes
là.
Nous avons examiné quel était le panorama de l'industrie
électronique québécoise. Nous y avons retrouvé
à peu près 200 entreprises. De ces 200 entreprises, nous en avons
retenu peut-être une cinquantaine qui méritaient de faire l'objet
d'un examen plus approfondi de la part de nos services. Une fois ce travail
fait, cela prend cette forme-ci, sur le plan visuel, c'est-à-dire un
répertoire de l'industrie électronique québécoise,
entreprise par entreprise. Nos agents commerciaux sont allés les visiter
et j'ai ici un rapport daté du 9 juin 1976 qui nous explique ce qui
s'est passé dans chacune de ces entreprises cibles que nous avons
visitées. Pour chacune d'entre elles, on a noté, par exemple,
quel a été l'accueil fait par l'industriel au représentant
du centre. Est-ce que cela a été défavorable? Est-ce que
cela a été indifférent ou s'il cela a été
favorable? On y a noté également quel était, de la part
des directeurs de ces entreprises, leur intérêt à avoir des
relations avec le CRIQ. Cet intérêt, parfois, était
général ou particulier; cela a été noté.
Ensuite, on passe à la phase de définition des besoins qui
peuvent être des besoins en information scientifique et technique, cela
aussi faisant partie de la mission, du rôle du centre; des besoins en
consultation, alors on va donc un peu plus loin que l'information et, enfin,
des besoins en recherche et développement proprement dits. Pour chacune
de ces entreprises, nous avons ensuite ici un tableau qui nous dit avec
lesquelles nous escomptons des travaux avec lesquelles nous avons des contrats
qui sont projetés et avec lesquelles nous avons des contrats qui sont en
cours ou qui sont terminés.
M. le Président, aux fins d'illustrer un peu le cheminement nous
sommes partis de la masse des 12000 entreprises québécoises que
nous avons réduite à un nombre beaucoup plus restreint dans le
cadre de nos orientations pour ensuite tâcher de toucher du doigt quelles
sont celles qui se-
raient les plus à même de profiter des services techniques
que nous leur offrons et qui seraient, en même temps, les plus
susceptibles d'apporter un bénéfice économique aussi grand
que possible pour le Québec. Nous faisons de même pour chacun des
groupes et pour chacun des secteurs du centre.
M. Morin: Combien avez-vous mentionné de
sociétés qui font dans l'électronique?
M. Saint-Pierre: En tout et partout, nous en avons
répertorié environ 200.
M. Morin: Et vous avez rendu visite, donc, aux agents commerciaux
ou à chacune de ces 200 entreprises?
M. Saint-Pierre: C'est-à-dire qu'il y a une étape
entre les deux. Une fois qu'on a identifié ces 200 entreprises, elles
ont été analysées et, parmi celles-ci, nous en avons
retenu une cinquantaine qui ont fait l'objet d'une visite pour lesquelles on a
noté les facteurs que je viens de mentionner.
M. Morin: Quelles sont les perspectives de ce
côté?
M. Saint-Pierre: Les perspectives nous indiquent que
l'électronique est, certes, un domaine d'avenir; personne n'osera, bien
entendu, dire le contraire. Mais nous avons constaté que le centre sera
probablement amené à fournir des services en électronique
aux entreprises qui ne sont pas spécialisées en
électronique, mais qui ont besoin d'utiliser des instruments ou des
mécanismes électroniques, par exemple, des techniques de
contrôle dans les biens d'équipement qu'elles fabriquent
elles-mêmes. C'est là, pensons-nous, que se trouve le
créneau que nous aurons le plus avantage à exploiter pour leur
bénéfice, tout en mettant à leur disposition une
polyvalence de services, parce qu'à ce moment-là nous travaillons
donc un problème qui pourrait en être un de mécanique
auquel est associée une question d'électronique.
M. Morin: II se peut que dans certains cas, d'ailleurs, le
problème qui les afflige ait déjà été
résolu par une autre société. J'imagine que le CRIQ est en
mesure de s'entremettre entre les deux, à condition qu'il n'y ait pas de
brevets qui interviennent, pour fournir à l'entreprise qui a un
problème les solutions qui ont été élaborées
dans d'autres industries.
M. Saint-Pierre: M. le Président, chaque fois qu'une
question est posée au centre, la première démarche
consiste à vérifier, en utilisant nos banques de données,
quels sont les renseignements, quelles sont les indications qui existent
à travers le monde permettant d'informer le demandeur de l'état
de la technologie et, bien sûr, lui disant comment utiliser ce qui existe
déjà, afin de lui éviter des frais. Si des travaux sont
nécessaires, il n'est pas toujours évident que ce soit nous qui
devions les entreprendre. A ce moment-là, nous les mettons en relation
avec les personnes les plus aptes à satisfaire ce besoin. Ce n'est qu'en
dernier lieu que nous pouvons être ramenés, en tant que maison de
recherche, M. le Président, à effectuer, après avoir
présenté une offre de services, les travaux qui nous
paraîtraient conduire à une réponse appropriée du
problème que nous avons identifié d'un commun accord, de concert
avec l'entreprise.
M. Morin: Ces services seraient-ils les seuls que vous rendiez,
ce serait déjà énorme.
M. Saint-Pierre: Nous avons un service qui est
particulièrement spécialisé dans ce domaine,
c'est-à-dire le repérage et la diffusion de l'information
scientifique et technique; il s'agit du service d'analyse de l'information
technologique, dirigé par M. Risi. Je peux certainement confirmer
à cette Chambre que les services offerts sont de plus en plus connus et
de plus en plus appréciés par les industriels
québécois qui, d'ailleurs, nous envoient des lettres très
aimablement pour nous le confirmer.
M. Morin: M. le Président, je tourne vers le rapport du
vérificateur, le dernier, du moins, que nous ayons sous les yeux; j'ai
une seule question. A la page 5-12 du rapport, on fait état de la
facturation effectuée par le CRIQ à l'endroit des
sociétés avec lesquelles il traite et on nous dit ceci: "Au cours
de la période du 1er avril 1973 au 31 janvier 1974 qui correspond
peut-être à votre période difficile, je ne sais trop
le centre a dépensé $126 467 pour des commandites dont $40 327
ont été facturées".
Est-ce que vous avez porté remède à cet état
de choses?
M. Saint-Pierre: Effectivement, M. le Président, nous
avons, suite à cette période difficile, établi de nouveaux
mécanismes pour accélérer les encaissements, tant et si
bien que les encaissements, ces derniers temps, ont dépassé le
niveau de la facturation.
M. Morin: Expliquez-moi cela.
M. Saint-Pierre: C'est que nous avons fait du rattrapage tout en
continuant à facturer pour les choses que nous faisons,
c'est-à-dire que nous facturons aux trente jours. On a
accéléré, tout en gagnant des revenus qui n'avaient pas
été perçus dans le passé. Il y a même
certains dossiers qui avaient été classés pour lesquels on
estimait avoir une perte nette, mais que nous avons réouverts quand
même de façon à obtenir le meilleur bénéfice
possible et, effectivement, un certain nombre de compagnies ont réouvert
leur dossier et nous ont payé ce qu'elles nous devaient.
M. Morin: M. le Président, je suis disposé à
approuver ce programme du ministère de l'Indus-
trie et du commerce et je suis également disposé à
adopter le projet de loi no 5 article par article.
Le Président (M. Brisson): Article 1 adopté? M.
Morin: Adopté.
Le Président (M. Brisson): Article 2 adopté? M.
Morin: Oui.
Le Président (M. Brisson): Donc la commission a
adopté sans amendement et en entier le projet de loi no 5.
M. Morin: Est-il nécessaire de spécifier que la
commission a également adopté les crédits relatifs au
programme portant sur le CRIQ?
M. Saint-Pierre: Je ne pense pas en fait. La commission avait
déjà adopté cela sous la réserve que nous nous
engagions à pouvoir discuter des crédits lors de
l'étude.
M. Morin: Fort bien.
M. Saint-Pierre: Je remercie les membres de la commission. M. le
Président, je suggère l'ajournement de la commission.
Le Président (M. Brisson): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 42)