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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude du rapport Gauvin
Séance du mardi 8 octobre 1974
(Dix heures dix-sept minutes)
M. KENNEDY (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs! La commission des institutions financières, compagnies et
coopératives est maintenant prête à étudier le
rapport du comité d'étude sur l'assu-rance-automobile, plus
communément connu sous le nom de rapport Gauvin. Avant que nous
procédions, je voudrais que l'on nomme un rapporteur pour faire rapport
à la Chambre des délibérations de la commission.
M. TETLEY: Je suggère le distingué député de
Charlesbourg.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Charlesbourg,
d'accord. M. le ministre, la parole est maintenant à vous.
Remarques préliminaires
M. TETLEY: M. le Président, mes chers amis, je tiens à
remercier M. Gauvin et les commissaires d'avoir accepté l'invitation que
je leur ai faite, après avoir reçu leur rapport
d'étude de venir défendre eux-mêmes, leurs
principales recommandations directement ou devant les gens oeuvrant dans le
secteur de l'assurance-automobile.
Je profite de l'occasion pour féliciter et remercier les
commissaires de la commission Gauvin pour le travail exceptionnel qu'ils ont
fait. Leur rapport d'étude, ainsi que leurs recommandations
témoignent de la grande qualité intellectuelle de leurs travaux,
mais aussi de l'ouverture d'esprit qui semble avoir dominé l'ensemble du
travail et, en particulier, des recommandations.
Pour ma part, je ne prends pas de position au sujet de ces
recommandations avant que le public se soit prononcé. Je ne veux pas
rendre la sentence et, après, faire le procès. J'ai toujours
pensé, M. le Président, que la commission parlementaire pouvait
se révéler le point de rencontre le plus adéquat entre le
gouvernement et les groupes d'intérêts pour discuter des affaires
publiques et, en particulier, des projets de loi. De plus, cette façon
de procéder permettra et favorisera même l'expression de l'opinion
publique qui voudra, sans aucun doute, faire connaître son point de vue
au gouvernement.
Avant que le gouvernement s'engage dans une réforme dont l'esprit
et la volonté de changement sont pour le moins radicaux, il devra
s'assurer que le succès de celle-ci, tant du point de vue de
l'efficacité que de la réduction de coûts, ne soit pas
remis en question par la résistance de groupes mécontents.
Cependant, dans le cas de la protection du consommateur et en particulier dans
le domaine de l'assurance-automobile, il devenait urgent, croyons-nous, que le
gouvernement intervienne. La première étape est maintenant
terminée.
C'est ainsi que nous avons confié à un groupe d'experts le
soin d'étudier en profondeur tout le domaine de l'assurance-automobile,
la possibilité de réduire les causes d'accidents d'automobile et
le coût, pour la société, des pertes qui en
résultent et, enfin, de formuler des recommandations pour réduire
le coût des pertes résultant d'accidents d'automobile et accorder
une compensation équitable aux victimes.
Ayant constamment à l'esprit la protection du public et la
nécessité de contrôler les coûts dans ce secteur, le
gouvernement a décidé d'agir et de prendre les mesures qui
s'imposeront. Nous voulons que les coûts de l'assurance-automobile au
Québec qui semblent trop élevés soient réduits par
tous les moyens possibles, de manière que le public
québécois puisse bénéficier de taux
d'assurance-automobile plus justes et équitables.
Déjà, depuis la création de la commission Gauvin en
1971, nous avons, de concert avec d'autres ministères, pris un certain
nombre de décisions propres à agir sur certaines causes
d'accidents, telle la vitesse. Ainsi le système de
démérite que j'ai largement appuyé a contribué
à réduire le nombre d'accidents. Enfin, la question fondamentale
est de savoir si le gouvernement, l'industrie, les professions et le public,
tous ensemble, ne peuvent réduire les coûts de
l'assurance-automobile au Québec.
Again, Mr Gauvin, Mr Rankin and the other commissioners, Belleau, M.
Bouchard que je ne vois pas ici, thank you for coming and thank you for, I
think, this excellent report, which shows such a broad general knowledge of the
subject in a very particular knowledge as well and a very broad understanding
of the problems.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais remercier l'équipe
ainsi que son président, M. Gauvin, qui nous a présenté un
volumineux rapport qui représente des tonnes de chiffres, de
vérifications et d'études et qui a semblé se
préoccuper d'abord de trois aspects bien particuliers qui sont ceux de
la sécurité routière, de l'indemnisation des victimes
d'accidents d'automobile et, finalement, de l'organisation, de l'administration
d'un régime d'assurance-automobile préconisé.
Le Parti québécois préconise, depuis sa fondation,
l'établissement d'un régime public complet et obligatoire
d'assurance-automobile.
Cette prise de position votée en congrès, par nos membres,
fait partie de notre programme politique et, chaque fois que nous avons eu
l'occasion, nous avons fait pression pour en hâter
l'avènement.
Nous avons donc été très heureux de constater que
la commission Gauvin, après avoir étudié
sérieusement tout le problème, en avoir comparé les
différentes solutions, en est venue à la conclusion que le
régime actuel, basé sur la réparation de faute,
c'est-à-dire l'assurance-responsabilité, était
désuet et qu'il fallait le remplacer par un régime nouveau,
axé sur la compensation du dommage, qu'on appelle
assurance-accidents.
Nous avons été heureux également que la commission
Gauvin ait constaté que le nouveau régime serait plus
économique s'il était administré par un monopole de l'Etat
plutôt que par l'entreprise privée.
En somme, nous voyons dans le rapport Gauvin la confirmation de
positions que nous avons défendues depuis plusieurs années.
Bien sûr, on m'objectera que les conclusions du rapport Gauvin ne
recommandent pas l'établissement d'un régime public. A cet
égard, je crois qu'il convient de citer les deux derniers paragraphes du
rapport Gauvin, qui montrent bien dans quel esprit il faut envisager les
réformes qui s'imposent et je cite: "Le comité s'empresse
d'ajouter que si les réformes décrites dans les sections I et II
précédentes ne sont pas intégralement mises en application
et si les mesures de garanties ci-dessus énumérées ne sont
pas toutes imposées, l'écart de coût entre l'entreprise
privée et le monopole d'Etat sera plus grand, donc inacceptable, et que,
dans ces conditions, il n'y a pas d'autre choix que l'étatisation
complète de l'assurance-automobile au Québec. Car il faut bien
comprendre que la recommandation du comité se présente dans ces
termes: La réforme intégrale de l'entreprise privée selon
le schéma établi ci-dessus ou la création d'un monopole
d'Etat. Si le plan de réforme n'est pas intégralement
adopté, le monopole constitue la seule autre solution. "La
création d'un monopole étatique, qui apparaît ici comme la
solution ultime, pourrait devenir prioritaire en raison de
considérations socio-politiques poursuivies par le gouvernement. Ce
genre de choix n'est pas de la compétence du comité et appartient
au gouvernement".
M. le Président, il est bien vrai que c'est une décision
qui relève du gouvernement. L'étude est faite. Les
recommandations sont présentées. Il s'agit maintenant, pour les
membres de la commission, d'entendre ce que le comité Gauvin va nous
expliciter, nous donner comme détails, comme réponses à
des préoccupations de ceux qui auront lu le rapport Gauvin.
C'est quand même une décision politique qu'un gouvernement
doit prendre. A ce moment-là, le gouvernement doit tenir compte du fait
qu'il y a quelque temps j'avais proposé au ministère des
Institutions financières, lors d'un débat sur une motion qui
avait été déposée en Chambre, "que cette
Assemblée est d'avis que les taux actuels d'assurance-automobile doivent
être gelés jusqu'à ce que la commission permanente des
Institutions financières ait fait rapport à ce sujet après
avoir entendu les compagnies et personnes intéressées."
Autrement dit, pendant la période où on discute du rapport
Gauvin, il est nécessaire qu'on ne laisse pas aller dans toutes les
directions les compagnies qui pourraient exiger des augmentations de coût
qui ne seraient pas nécessairement justifiées. La preuve, c'est
qu'il y a eu une augmentation d'environ 10 p.c, je pense, au mois d'août,
et que là, on parle d'une augmentation possible de 15 p.c. au mois de
janvier. C'est donc dire que dans les quelques mois qui ont suivi la motion que
j'ai présentée en Chambre il est possible qu'il y ait une
augmentation du quart des primes d'assurance. Cela démontre l'importance
d'un choix politique.
Je pense que le rapport Gauvin dénote que les compagnies
d'assurance doivent absolument accepter une réforme globale,
immédiate, totale de leur façon de fonctionner pour continuer
d'être acceptées dans le régime actuel. C'est un dernier
appel qui est fait aux compagnies d'assurance de s'ajuster aux besoins sociaux
du Québec. Dans cette circonstance, il est important de noter que le
choix politique relève du gouvernement.
Quant à nous, du Parti québécois, la
création d'un régime d'Etat n'est pas qu'une solution ultime,
c'est une solution qui s'impose d'urgence. Nous incitons le gouvernement
à s'y engager immédiatement, sans passer par une
demi-réforme qui continuerait d'être insatisfaisante et qu'il
faudrait recommencer au bout de quelques années.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, à mon tour, je veux remercier les
membres de la commission Gauvin pour le rapport qu'ils nous ont fourni. Je dois
dire, à ce moment-ci, que nous sommes heureux que la commission
parlementaire siège enfin, de façon que nous puissions interroger
les commissaires et de façon, également, que nous puissions
interroger les autres organismes qui ont quelque chose à dire dans ce
domaine.
M. le Président, mes observations vont être très
brèves parce que nous sommes venus ici pour entendre les commissaires;
nous sommes venus ici pour les interroger et je me réserve le
privilège de faire d'autres observations ou d'au-
très commentaires soit lors de prochaines séances ou
encore à la fin des travaux de la commission.
M. le Président, j'ai entendu tout à l'heure le ministre
parler de monopole étatique, il a parlé de réorganisation
dans le service de l'assurance-automobile. Il ne fait aucun doute que la
population attend quelque chose, attend des modifications, attend des
réformes dans ce domaine, de façon à pouvoir moderniser le
système. Mais je dis que ce qui est important de regarder à ce
moment-ci, et le point sur lequel nous allons nous baser, en ce qui nous
concerne, ce n'est pas la façon de regarder un monopole étatique,
c'est à partir du principe que l'assurance-automobile et le service
d'assurance-automobile, le service qui sera mis sur pied, le service qui sera
réformé, sera le meilleur service possible et au meilleur
coût possible pour les usagers ou les contribuables, pour la population
du Québec.
Je pense que ce sont les critères qui doivent nous guider,
à savoir, le meilleur service au meilleur coût possible. Je pense
que nous diriger dès maintenant vers un monopole étatique, c'est
faire abstraction à ce principe qui doit nous guider dans nos travaux
parlementaires; nous ne devrions pas nous laisser aveugler par des buts
idéologiques, par des objectifs purement politiques. Notre
intérêt commande et notre mandat, comme parlementaires, comme
députés, commande que nous soyons au service d'une population et
que nous devions travailler dans son meilleur intérêt.
M. le Président, ceci résume les courtes remarques que
j'avais à faire à ce moment-ci. Je vais, en ce qui me concerne,
écouter les remarques et les commentaires que les commissaires pourront
nous faire. Nous aurons également des questions à poser. Comme je
l'ai dit au début, si nous le jugeons à propos, nous ferons
d'autres remarques qui s'imposeront au cours de nos travaux.
M. TETLEY: Peut-être qu'on pourrait écouter M. Gauvin.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Est-ce qu'on pourrait écouter M.
Gauvin? Il pourrait faire ses commentaires personnels avant d'engager le
débat.
M. GAUVIN: Tout d'abord, j'aimerais souligner que le comité
d'étude a été convoqué par le secrétaire
associé des commissions. Le comité comme tel n'existe plus,
puisque son mandat a pris fin le 31 mars dernier tel que prévu aux
différents arrêtés en conseil touchant sa formation.
Immédiatement après cette date, d'ailleurs, le personnel du
comité a été libéré et toute la
documentation accumulée au cours de presque trois ans de travaux, de
même que l'ensemble des études des recherchistes ou en commandite
ont été remis au secrétaire du
Conseil exécutif tel que le prévoit un arrêté
en conseil touchant les documents d'une commission d'enquête.
Le comité comme tel, d'après moi, ne peut être
entendu et n'a d'ailleurs pas demandé à l'être.
Les membres individuellement et compte tenu de certaines occupations
découlant de leurs activités professionnelles sont prêts
à dialoguer avec les membres de cette commission dans le but d'expliquer
le sens du rapport ou de fournir des explications additionnelles sur les
recommandations découlant de la recherche entreprise.
Quant aux membres du comité, sur base individuelle, je suis
convaincu qu'ils entendent respecter leur mandat qui prévoyait avant
tout d'établir un régime juste et équitable, tenant compte
en premier lieu de la protection du consommateur.
Depuis la parution du rapport, de nombreuses critiques ont
été portées sur le rapport et la chose est tout à
fait normale. Il ne faudrait pas oublier cependant que plusieurs de ces
critiques ont, d'abord, pour but de protéger des intérêts
particuliers et, souvent, sous le couvert d'une protection du bien
général, ce que l'on cherche à défendre, c'est en
réalité le bien personnel de chaque groupe.
J'espère que cette commission pourra entendre non seulement les
parties directement intéressées dans l'administration du
régime, mais qu'elle aura également l'occasion d'entendre les
victimes elles-mêmes donner, en fait, l'explication du traitement
qu'elles reçoivent.
Ce matin, deux membres ont pu se joindre à moi pour
répondre à vos questions. J'aimerais vous présenter M.
Ewen Rankin, économiste, de même que Me Claude Belleau, professeur
de droit à Laval. Quant à Me Jean-Marie Bouchard, un engagement
professionnel l'empêche d'être ici, mais il sera à votre
disposition en temps et lieu, si vous le jugez opportun.
Ceci termine mon bref exposé. Comme je l'ai déjà
mentionné, le rapport du comité est unanime; les commentaires que
nous avions à faire y sont contenus. Nous demeurons disponibles pour
répondre aux questions, mais nous n'avons pas l'intention de nous
engager dans un débat politique de quelque nature que ce soit.
Merci.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Merci, M. Gauvin. M. le ministre.
M. TETLEY: M. le Président, je remercie M. Gauvin, ainsi que M.
Belleau et M. Rankin. La procédure à suivre, que je voudrais
suggérer aux députés présents, ce serait de
commencer avec les recommandations, première partie,
sécurité routière, et de les passer une par une, s'il y a
des questions sur chaque recommandation. Les recommandations se trouvent
à la page 97.
Après avoir terminé ces recommandations, je suggère
que nous procédions aux recommandations concernant l'indemnisation des
victimes, à la page 343, et finalement, vers la fin de la
journée, aux recommandations, à la page 379, sur
l'administration. Ce sont les trois grandes sections du rapport.
Est-ce que cela vous convient? Je pose cette question au
député de Lafontaine et au député de
Beauce-Sud.
M. LEGER: Moi, je n'ai pas d'objection à ce qu'on suive cet ordre
mais il peut arriver qu'une réponse amène une constatation ou une
implication dans les parties II et III; on pourrait quand même
chevaucher, tout en essayant de rester dans les trois parties.
Prolongation du mandat
M. ROY: Auparavant, j'aurais eu peut-être des questions à
poser soit au ministre ou à M. Gauvin. Je n'ai pas d'objection à
la procédure suggérée par le ministre, quitte à
nous y adapter ou à faire les modifications qui s'imposeront, dans
l'intérêt même de la commission...
M. TETLEY: II faut une flexibilité complète.
M. ROY: ... en cours de route, qu'il y ait une certaine
flexibilité.
La question que j'aurais eue à poser à M. Gauvin est la
suivante : On sait que le mandat de la commission a été
prolongé à trois reprises. Il a été prolongé
le 3 mai 1972, à nouveau le 7 mai 1973 et il a été
prolongé le 9 mai 1974.
J'aimerais savoir de M. Gauvin si ce mandat a été
prolongé à la demande des commissaires à la demande
de la commission ou si le mandat a été prolongé
à la demande du gouvernement.
M. GAUVIN: Pour répondre à votre question, le mandat a
été prolongé à la demande des commissaires
exclusivement.
J'aimerais profiter de l'occasion pour rappeler que le comité,
durant toute son existence, s'est abstenu de déclarations publiques sur
ses travaux, sauf à l'occasion des auditions publiques qui ont
été tenues à Québec et à Montréal. Il
n'a pas fait de commentaires, non plus, publiquement, sur la durée de
ses travaux. Mais, dès le départ, nous avions souligné aux
autorités que l'envergure du mandat qui nous était confié
nécessitait des travaux dont la durée devrait varier de 24
à 36 mois. Les travaux ont été effectués en 36
mois.
Lorsqu'on parle de prolongation, je n'aime pas tellement le terme parce
qu'en réalité c'est à l'intérieur du schème
d'activités du comité qu'il s'était donné
dès le point de départ. Les mandats des commissions
d'enquête, ou du comité, ont toujours été
accordés pour initialement une période de douze mois et,
après, pour une période de quatre mois, mais c'était
déjà prévu.
M. ROY: Le mandat qui vous a été confié par le
gouvernement, est-ce qu'il vous a paru suffisant ou s'il aurait
été préférable disons que je peux admettre
au départ que c'est une question peut-être un peu embêtante
mais c'est une question qui est bien importante pour nous selon vous, de
façon à faire un travail encore plus complet, que le mandat soit
élargi?
M. GAUVIN: Le mandat était suffisamment large; même il
était tellement large que les membres ont dû, à certains
égards, le restreindre. Si vous prenez le mandat, on parle, à un
moment donné, de la perte pour la société. Nous aurions
pu, en fait, consacrer des mois et des mois de recherche pour déterminer
véritablement quelle est la perte pour la société
québécoise, et quant au résultat, la certitude ou la
crédibilité qu'on aurait pu leur accorder aurait
été relativement minime.
Le problème de l'indemnisation des victimes ou plutôt de la
perte que la société québécoise subit chaque
année par suite de près de 2,000 décès et des
millions de dommage matériel ne peut se comptabiliser strictement en
termes de primes d'assurance-automobile. Il faudrait y ajouter toute la perte
de productivité qui en résulte, tous les soins hospitaliers que
l'Etat doit encourir dans l'immédiat et dans le futur pour les victimes.
Il faudrait également y ajouter, en fait, toutes les prestations d'aide
sociale que l'Etat doit verser éventuellement à ces victimes. La
comptabilisation de ces sommes n'était, à toutes fins pratiques,
pas possible, selon les données facilement disponibles à un
coût acceptable.
Je ne pense pas qu'il aurait été avantageux
d'élargir le mandat du comité et je vais terminer ma
réponse en disant qu'après trois ans de réflexion sur le
problème, je ne vois pas ce qu'on aurait pu ajouter aux termes du mandat
qui comportait, en fait, l'aspect de la sécurité routière,
donc le mal lui-même, et si on peut appeler guérison
l'indemnisation, parce que ce n'est pas une guérison, en
fait, et finalement l'administration du régime. Je pense que le mandat
était suffisamment large pour effectuer les travaux dans l'ensemble du
secteur.
M ROY: Je vous remercie.
M. TETLEY: Permettez-moi d'ajouter un fait. Je crois que c'est vrai, M.
Gauvin, que je ne suis pas intervenu, d'aucune manière, dans vos travaux
depuis votre nomination. Je n'ai pas fait de suggestion, vous m'avez
présenté le rapport qui a été imprimé sans
changer une seule virgule. Je crois que c'est vrai.
M. GAUVIN: Est-ce que je suis obligé de répondre?
M. TETLEY: Non, non, ce sont des constatations.
M. ROY: On aimerait connaître votre réponse quand
même, M. Gauvin.
M. TETLEY: Vous êtes certainement invité à
répondre.
M. GAUVIN: Alors...
M. ROY: Pour changer les virgules, ce n'est pas... ce sont les phrases
qui sont plus sérieuses.
M. GAUVIN: C'est avec humour que j'ai dit: Je suis obligé de
répondre. J'aimerais signaler que le comité a obtenu de la part
du gouvernement et du ministre Tetley, de même que des fonctionnaires
avec lesquels il est entré en contact, toute la collaboration requise,
tant sur le choix des recherchistes, sur le choix des commandites de
l'extérieur; aucune interférence de quelque nature n'est venue du
ministère des Institutions financières ou d'autres
ministères avec lesquels nous sommes entrés en contact. Je pense
que le comité était absolument indépendant; il s'est
permis des critiques et a fait la recherche avec ses propres moyens, sans se
fier à qui que ce soit, autre qu'à des gens responsables
directement au comité. Quant au texte lui-même, il
été déposé à la fin de mars et personne, en
dehors des membres du comité et d'une équipe de recherche
extrêmement restreinte à ce moment-là, n'avait vu ce que
contenait le rapport du comité.
Sécurité routière
M. TETLEY: Cela veut dire que je n'ai même pas changé une
des phrases du député de Beauce-Sud, non plus.
J'ai une question d'ordre général: Vous avez trois
sections importantes, trois grandes sections dans votre rapport; la
sécurité routière est la première section. Si je
comprends bien, est-il vrai qu'il y a plus d'argent à économiser
ou plus de pourcentage à épargner par vos recommandations sur la
sécurité routière que par les recommandations dans les
autres secteurs? On m'a même dit pas vous mais d'autres experts
que la ceinture de sécurité obligatoire
économiserait plus d'argent que peut-être toute autre
recommandation. Et je note que c'est une de vos recommandations les plus
fortes. Quelle est votre opinion, M. Gauvin?
M. GAUVIN: En fait, vous remarquerez que dans la partie où le
comité avait des chiffres, il les a publiés. En ce qui touche la
deuxième partie, l'indemnisation des victimes et l'administration du
régime, il était en fait possible d'évaluer l'effet des
recommandations et le comité l'a fait. Sur l'indemnisation des victimes,
il a publié un rapport en annexe, traitant du coût du
régime proposé. En ce qui concerne la sécurité
routière, le plus grand problème consiste à
déterminer le coût-bénéfice de différentes
mesures que l'on peut prendre. Et le comité s'est vite rendu compte des
difficultés énormes d'évaluer l'effet d'une mesure sur la
sécurité routière et il a préféré ne
pas chercher à estimer l'effet.
D'autres gens prétendent que certaines mesures
résulteraient en des réductions de 20 p.c. dans les primes. Je
regrette de ne pouvoir me prononcer sur la validité de telles
assertions. J'aimerais cependant que ces membres retiennent en mémoire
une question, c'est de demander à ces personnes d'amener des preuves
à l'appui selon lesquelles l'adoption de ces mesures réduira les
primes de 20 p.c.
Au niveau de la sécurité routière, le principal
problème réside dans l'absence d'une situation statique qui
permet d'évaluer l'effet de différentes mesures. Nous sommes en
face d'un véritable inconnu, dans certains cas. De plus, lorsqu'on parle
d'une réduction de primes, il faudrait ne pas oublier les
déboursés que l'Etat devra faire pour que ces mesures soient
mises en place.
C'est relativement simple et même simpliste de dire qu'on va
tripler la force policière, mais à quel coût et à
quel effet? Si on parle simplement de l'effet mais qu'on oublie le coût,
je pense qu'on n'a pas donné une véritable image du
problème.
Ceci étant dit, il n'en demeure pas moins que si on recherche des
économies, à long terme, simplement en divisant la masse des
primes d'assurance-automobile... Où j'aime mieux parler des pertes que
l'économie québécoise subit, c'est dans le secteur en fait
d'une réduction des véritables pertes que les plus grandes
économies peuvent être réalisées. En somme, si on
réduit les accidents, il y a moins de pertes et la masse du dollar-prime
va non pas à l'administration du régime mais aux pertes. Donc, il
y a plus de jeu, il y a plus d'argent à économiser de ce
côté, mais probablement avec beaucoup plus de
difficulté.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Dorion.
M. BOSSE: M. Gauvin, comme probablement beaucoup de mes
collègues, les autres membres de la commission, je n'ai pas eu
l'occasion de lire tout le rapport. Quel est, à votre avis, le facteur
le plus important, le facteur prédominant qui peut amener une
réduction importante des primes?
M. GAUVIN: Dans l'immédiat, à mon avis, le facteur qui
pourrait réduire les primes est un changement dans le mode
d'indemnisation des victimes afin de réduire les frais requis pour
indemniser les victimes et également pour l'administration du
régime lui-même. A long terme, il faut en réduire les
pertes, mais il n'existe à mon sens, sauf pour le cas de la ceinture de
sécurité, pas de mesure qui permettrait, demain matin, de
réduire les accidents de 20 p.c.
Ceux qui croient ça, je regrette, c'est peu réaliste
d'après moi.
M. BOSSE: Je veux bien croire que le port de la ceinture, l'absorption
d'alcool, tout ça, sont des causes, mais voulez-vous expliciter un peu
plus les modes d'indemnisation? Qu'est-ce que vous entendez?
M. GAUVIN: Ecoutez, ...
M. BONNIER: II y avait une suggestion, de la part du ministre, qu'on
prenne la première partie d'abord. Il me semble que si on se concentrait
là-dessus, on verrait un peu plus clair, parce que là, on va
probablement chevaucher, je ne sais pas, c'est mon point de vue.
M. LEGER: M. le Président, c'est juste. Je pense que les
commissions parlementaires fonctionnent avec les questions du ministre, suivies
des questions de l'Opposition et par la suite de celles des
députés.
J'ai vu au départ que le député de Beauce-Sud a
posé des questions de prérequis. C'est la raison pour laquelle je
l'ai laissé parler avant qu'on ait des questions à poser de notre
côté. Maintenant qu'on a accepté de parler en
général, du moins de la première section je sais
qu'on a peut-être beaucoup plus de questions sur d'autres aspects du
rapport et qu'on doit passer par la sécurité
routière, c'était quand même une entente unanime, je pense
qu'on devrait commencer par là et que c'est à l'Opposition
à commencer les questions sur ce domaine.
M. le Président, la question première que je voulais poser
soit à M. Gauvin...
M. TETLEY: Un instant.
M. LEGER: Pardon, sur un point de règlement?
M. BOSSE: Un instant, à l'ordre s'il vous plaît! Un
instant.
M. TETLEY: Peut-être qu'on peut commencer à la page 97,
c'est votre intention?
M. LEGER: C'est ça, parfait.
M. BOSSE: Moi, ça ne me fait rien qu'on suive, M. le
Président. D'ailleurs, on a attendu assez longtemps le PQ et les autres
membres de l'Opposition. Pour une fois, là, on a la parole facile du
côté du PQ, surtout lorsqu'on est absent. On l'a attendu assez
longtemps pour qu'on puisse s'exprimer. Je veux bien respecter aussi le fait
que le ministre a une sorte de priorité en matière de questions.
Par contre, je pense qu'on représente aussi des populations et qu'on est
aussi intéressé en matière d'assurance-automobile, parce
qu'on y goûte "itou", à l'occasion.
C'est pourquoi, quand je pose ma question, elle fait suite à une
question du ministre concernant une des mesures, c'est-à-dire le port de
la ceinture de sécurité. Je pose la question à savoir la
raison la plus importante qui peut amener une réduction substantielle de
ces primes, parce que ça coûte cher aux consommateurs.
M. LEGER: J'invoque le règlement, M. le Président...
M. BOSSE: Le PQ n'aime pas ça quand on pose des questions,
évidemment, puis qu'on démontre...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement. M. le
Président, j'invoque le règlement...
M. BOSSE: ...qu'on est intéressé aux consommateurs. Il
pense qu'il est tout seul à protéger les consommateurs.
M. LEGER: Est-ce que le président est sourd? Est-ce que le
président est sourd?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. BOSSE: Le système des enveloppes...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BOSSE: ... on va en parler là!
M. LEGER: M. le Président, est-ce que j'ai la parole, sur une
question de règlement?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): J'avais donné
précédemment la parole au député de Dorion.
M. BOSSE: Maintenant, je suis prêt à parler par
étapes.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Sur une question de règlement, la
parole est au député de Lafontaine.
M. LEGER: Je viens de dire tantôt et je voudrais que vous
statuiez là-dessus comme vous l'avez bien gentiment fait pour le bon
fonctionnement de la commission parlementaire, la semaine dernière
qu'il y a eu les questions de prérequis au départ et, que,
par la suite, le ministre a commencé à poser ses questions selon
l'ordre que nous avions accepté ici.
Je comprends que le député de Dorion est arrivé
à l'heure cette fois-ci parce qu'ils avaient des nouveaux fauteuils
qu'il voulait être certain d'avoir. En effet, les députés
libéraux ont des fauteuils spéciaux ce matin et l'Opposition
a
des anciens fauteuils. C'est seulement pour cela qu'il est arrivé
à l'heure. C'est pour essayer les nouveaux fauteuils. Pour
revenir...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LEGER: ... à la question de règlement...
M. BOSSE: M. le Président, question de règlement.
M. LEGER: ... j'ai simplement demandé que vous statuiez sur le
fait...
M. BOSSE: Question de règlement.
M. LEGER: ... que l'ordre normal d'intervention à la commission
parlementaire était d'abord le ministre, s'il avait des questions
à poser, et que, par la suite, c'était le parti de l'Opposition
officielle qui avait ce rôle. Les députés, incluant le
député de Dorion, pourront poser leurs questions par la suite. Si
le député de Dorion n'a qu'une question à poser, je n'ai
pas d'objection à le laisser aller, mais, s'il veut parler de tout le
projet, c'est le rôle de l'Opposition officielle de parler après
le ministre et ce n'est pas le député de Dorion qui va changer
cela.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Ceci étant dit, je voudrais
qu'on...
M. BOSSE: Question de règlement...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): ... établisse un ordre.
M. BOSSE: ... pour rétablir les faits. D'abord, concernant le
député de Lafontaine...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Sur la question de règlement.
M. BOSSE: ... en ce qui a trait aux fauteuils, je sais que cela leur
fait mal au coeur...
M. LEGER: Vous, cela vous fait du bien ailleurs.
M. BOSSE: ... de ne pas avoir ces fauteuils, premièrement.
Deuxièmement, je suis prêt à changer de fauteuil avec lui,
si cela lui fait mal au coeur, mais pas le fauteuil de Dorion. Bon.
UNE VOIX: II n'en a pas.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le député de
Dorion veut poser une question? Je n'ai pas d'objection à ce qu'il en
pose une, mais l'ordre normal, c'est le parti de l'Opposition officielle et
vous n'avez pas de raison de changer les règlements. Ce n'est pas parce
que vous êtes arrivés en double aujourd'hui de votre
représentation officielle que vous allez changer les règles du
jeu.
Je demande au président de statuer sur une tradition de la
commission parlementaire et non pas de perdre du temps à des
chinoiseries, à des politicailleries d'un député qui a
presque toujours été absent durant la première
session.
M. BOSSE: S'il y a quelqu'un qui a des chinoiseries à dire et
à faire, en fait, c'est un parti qui donne des exemples...
M. LEGER: M. le Président, je vous demande de statuer sur les
situations traditionnelles des commissions parlementaires.
M. BOSSE: ... dans les journaux au sujet de chinoiseries internes.
M. LEGER: M. le Président, c'est à vous de statuer.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Une fois de plus, à l'ordre !
M. BOSSE: Si le député de Lafontaine qualifie ma question
de chinoiserie, je le prierais de répéter cela devant la
population, quand je pose la question à M. Gauvin, à savoir quel
est le facteur déterminant, par exemple, qui va réduire les
primes pour le consommateur?
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BOSSE: Et le député de Lafontaine qualifie cela de
chinoiserie?
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BOSSE: II fait preuve de partisanerie, de politicaillerie.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre!
M. LEGER: Le député de Dorion a encore mal compris. Je ne
sais pas pour quelle raison.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Vous m'avez demandé de...
M. LEGER: J'ai parlé de chinoiseries concernant les
procédures parlementaires. J'ai dit que, s'il avait une question
à ce stade-ci, je n'ai pas d'objection à lui laisser l'occasion
de poser sa question. Je n'ai parlé de chinoiseries... S'il a eu sa
réponse, je pense qu'on doit procéder...
M. BOSSE: Je n'ai pas eu ma réponse.
M. LEGER: ... normalement, selon le fonctionnement de la commission
parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): J'ai bien compris votre point de
vue...
M. LEGER: M. le Président, je voudrais que vous statuiez
là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): ... et je suis prêt à
statuer. Cependant, je voudrais reprendre les remarques du député
de Lafontaine lorsqu'il spécifie l'ordre dans lequel doivent
procéder les droits de parole et les débats. Il y a eu, au tout
début, des commentaires généraux de la part du ministre et
des représentants des partis de l'Opposition et, par la suite, sur des
prérequis, comme le dit si bien le député de Lafontaine,
le député de Beauce-Sud a pris la parole et il a engagé le
débat en posant des questions directes.
Comme il n'y avait eu aucune objection à ce stade, j'ai cru bon
de donner la parole, par la suite, au premier député qui m'a
signalé qu'il voulait prendre la parole.
Maintenant, pour le bon ordre de la commission, afin que les travaux
puissent avancer normalement, nous allons suivre le processus que nous suivons
ordinairement aux commissions parlementaires. Le ministre aura un premier droit
de parole, s'il désire l'utiliser. Le député de Lafontaine
aura le deuxième droit de parole à la condition, cependant, qu'il
ne prenne pas toute la journée à lui seul et le
député de Beauce-Sud suivra. Par la suite, tous les autres
membres de la commission, en demandant la parole au président, auront
aussi le droit de parole.
Je cède immédiatement la parole au ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives.
M. TETLEY: M. Gauvin, à la page 97, recommandation no 1 vous avez
parlé de la nécessité de la coordination des efforts des
autorités, etc. A qui voulez-vous conférer cette coordination?
Qui doit faire la coordination?
M. GAUVIN: En fait, la coordination se fait certainement, normalement,
à l'intérieur du gouvernement lorsque différents
ministères sont impliqués dans un même problème.
Nous avons noté, effectivement, qu'au niveau de la
sécurité routière il y avait présentement plusieurs
ministères qui étaient impliqués. Ce que nous souhaitons,
c'est qu'il y ait une plus grande coordination des efforts des
différents ministères pour attaquer le problème dans son
ensemble.
Si on tient compte que, par exemple, le ministère de la Justice
est touché, le ministère de la Justice par le truchement soit de
l'administration des tribunaux soit de la force policière, le
ministère des Affaires sociales, par le truchement soit de
l'assurance-maladie, de Pas-surance-hospitalisation ou des prestations d'aide
sociale, le ministère des Institutions financières, au niveau du
régime d'indemnisation et au niveau des assureurs qui ont un rôle
à jouer, de même que plusieurs autres ministères et,
même plus, de plusieurs autorités tant provinciales,
fédérales que municipales qui touchent tout le problème de
la sécurité routière, il faut, en fait, que ces organismes
puissent coordonner leurs efforts afin que, lorsque le bras gauche agit, le
bras droit n'oublie pas ce que le bras gauche a fait. Vous me demandez qui doit
le faire. Je pense que ça se fait normalement, mais pas d'une...
M. TETLEY: A la recommandation 18, vous avez proposé un organisme
chargé de toute la sécurité routière. J'ai compris
que c'était l'organisme que vous aviez en vue.
M. GAUVIN: C'est l'organisme qui pourrait faire la coordination des
efforts des différents ministères mais le Conseil de la
sécurité routière, dans l'esprit, en fait, des membres du
comité, a principalement pour but d'effectuer la recherche
nécessaire et de montrer les lacunes existant dans le système et
de mettre de l'avant des mesures appropriées en tenant compte de toutes
les parties, de tous les ministères intéressés. Dans ce
sens-là, le conseil pourrait le faire mais je pense que c'est au
législateur, finalement, de faire la coordination des efforts de chacune
des lois qu'il met en application.
M. TETLEY: Bon, merci.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, justement, quand vous parlez de
coordination, c'est parce qu'il y avait un manque de coordination, que vous
avez décelé, avant d'arriver à cette conclusion. Est-ce
que vous pourriez nous donner des exemples concrets où plusieurs
ministères sont concernés en même temps? Quand vous parlez
du bras gauche et du bras droit qui fonctionnent différemment, est-ce
que vous avez des exemples précis de fonctionnement actuel?
M. GAUVIN: Disons que l'exemple qui me vient à l'esprit
j'aimerais pouvoir revenir sur votre question ultérieurement est
la présence au Québec de juridictions fédérales sur
certains terrains où on peut adopter des règles de circulation
qui ne sont pas nécessairement en conformité avec les
règles que le ministère des Transports adopte sur le code de la
route. C'en est un exemple, en fait. Vous pouvez avoir une limite de vitesse
différente dans certains parcs qu'en fait le code de la route
prévoit et cela crée une certaine confusion.
J'aimerais en profiter, lorsque vous posez cette question, pour
souligner que les membres devant vous sont obligés de demander, d'une
certaine manière, votre indulgence puisqu'ils
n'ont aucune équipe de recherche pour trouver les documents
permettant de répondre à certaines questions. Je pense que les
membres auraient pu et auraient été en droit de refuser de venir
devant cette commission, devant l'absence des moyens qu'ils ont. Si on tient
compte, en fait, des moyens que d'autres groupes ont à leur disposition,
c'est nous placer dans une situation extrêmement délicate et, sur
certains points, je serai obligé de refuser de répondre.
M. LEGER: De toute façon, vous m'avez quand même
donné un exemple que nous connaissons. En parlant de juridiction d'abord
fédérale, est-ce que vous avez remarqué des
difficultés de concordance ou de situation difficile provenant du fait,
disons, d'un exemple de juridiction fédérale: les voies
ferrées, les trains qui fonctionnent selon les lois
fédérales et qui coupent les routes sous juridiction provinciale,
c'est-à-dire, sous une autre juridiction.
Est-ce que vous avez eu, dans cet aspect de relations de juridictions
différentes, des problèmes de ce côté? Avez-vous
décelé des problèmes de ce côté?
M. GAUVIN: Dans l'exemple précis que vous citez, ma
réponse est que je ne peux me souvenir d'avoir trouvé quelque
problème que ce soit. C'est un problème plus
général ou, en fait, tant à tous les niveaux, que ce soit
municipal, provincial, fédéral ou même international, le
problème de la sécurité routière dépasse,
d'après moi, les limites d'une frontière, c'est un
problème mondial. Le manque de coordination est assez évident que
l'OTAN est en train d'effectuer une étude pour déterminer de
quelle manière on peut réduire les causes d'accidents.
L'étude en question s'applique à plusieurs pays et n'est pas
limitée à une seule région en particulier.
M. LEGER: Je donne un exemple, maintenant, de différentes lois
qui régissent... Je prends l'exemple d'Ottawa et de Hull. Des citoyens
qui vivent à Hull vont travailler à Ottawa, où il y a une
loi différente, par exemple, on peut tourner à droite sur un feu
rouge. Au Québec, on ne peut pas le faire. Est-ce qu'il y a eu des
différences comme ça, entre les municipalités, aux
frontières de deux provinces qui ont des lois différentes?
M. GAUVIN: C'est un exemple certainement trop particulier. Le mandat du
comité n'était pas d'examiner, en fait, des territoires bien
précis pour voir quel était le problème dans un endroit;
c'était un mandat plus général pour voir comment on
pouvait résoudre le problème. On n'est pas allé les
membres se sont promenés quelque peu, apparemment, comme toute
commission d'enquête qui se respecte à Hull ou à
Ottawa.
M. LEGER: Je vous donnais un exemple de lois différentes
où un citoyen peut tourner à droite sur un feu rouge, il s'en
vient au Québec et puis, il y a des lois différentes pour la
circulation dans les villes de Hull et Ottawa.
UNE VOIX: ... on peut tourner à droite sur un feu rouge...
M. LEGER: Un exemple encore plus précis, vous mentionnez à
la recommandation 2 que les compétences déléguées
aux ministères, organismes, commissions, cités, villes et
municipalités soient mises à jour; vous avez quand même
dénoté, dans les différentes municipalités, des
lois différentes qui ne concordent pas. Les quatre premières
recommandations incluses, qui touchent pratiquement l'organisation de la
sécurité routière, comment la voyez-vous? Avez-vous
quelque chose de précis dans ce domaine ou simplement une recommandation
générale? Si vous avez donné cette recommandation
générale, ça provient quand même de
préoccupations ou de constats que vous avez faits dans votre
étude. Est-ce que vous pensez que la sécurité
routière peut s'organiser d'une façon différente? D'abord,
est-ce que c'est réalisable? Comment voyez-vous que cela peut se
réaliser, ce changement? Et dans quel délai cela peut se
faire?
M. GAUVIN: En fait, sur la première partie, je peux essayer de
répondre à votre question, pourquoi on a mis ces quatre
recommandations. A ce moment, est-ce qu'on a objection à ce que je lise
les pages 52 à 80 du rapport? L'explication, en fait, du cheminement que
le comité a fait, y paraît. Nous avons dit que nous avons
dénoté un manque de coordination des efforts. Nous avons
noté des lois qui sont dépassées. Depuis de nombreuses
années, on propose une refonte du code de la route au Québec.
C'est remis, c'est toujours remis. Ce sont des constatations que nous avons
faites. Les constatations sont à l'intérieur du rapport avant
chaque recommandation. Je pense qu'il faudrait... Si vous voulez, je vais lire
les pages 52 à 80...
M. LEGER: Non, je pensais que vous auriez pu trouver des exemples qui
illustrent la recommandation comme telle, des cas précis, parce que,
pour arriver à ces recommandations, il a fallu que vous soyez mis en
face de cas précis qui vous ont amenés à déduire
des recommandations, comme celles-là. Nous, on est en face des
recommandations, avec des explications générales, d'accord, mais
je pensais que vous aviez des cas précis d'exemples évidents pour
arriver à cela.
Alors, je vais reformuler ma question d'une façon
différente et vous allez peut-être la résumer. Les
recommandations, les quatre premières surtout qui touchent la
sécurité routière, est-ce que vous en faites un
prérequis aux
changements dans l'assurance ou le changement d'administration de
l'assurance, le changement de l'indemnisation des personnes qui subissent des
pertes par accident, est-ce que c'est un prérequis, le changement de la
sécurité routière, ou si le changement peut se faire sans
cela?
M. GAUVIN: En fait, il n'y a aucun rapport, effectivement, entre
l'assurance et ces recommandations. Pour nous, le problème se
traite...
M. LEGER: ...un des plus hauts taux d'accidents que le Québec a,
comparativement à d'autres, relève quand même de causes que
vous avez décelées. Alors, vous amenez dans votre recommandation
des points qui touchent la sécurité routière ainsi que les
autres aspects. Ma question, c'est: Est-ce qu'il faut absolument que ce soit
changé? Si vous changez uniquement les deux autres têtes de
chapitre, qui sont l'indemnisation des victimes et l'administration d'un
régime d'assurance, est-ce que c'est suffisant s'il n'y a pas de
correction dans la sécurité routière? Est-ce que ce n'est
pas une dimension qui est un prérequis, un ensemble qui doit être
fait et que, si l'un n'est pas fait, on ne peut pas changer l'assurance non
plus?
M. GAUVIN: Je ne partage pas votre point de vue. Je pense que...
M. LEGER: C'est une question que je pose.
M. GAUVIN: Oui. Est-ce que je peux donner la réponse?
M. LEGER: Oui.
M. GAUVIN: Je peux? En fait, pour nous, il importe de modifier tout le
système de sécurité routière au Québec. Et
ce n'est pas un prérequis; c'est, d'après nous, comme on dit en
anglais, un "must". On doit le faire, indépendamment de ce qu'on fait
dans le régime d'indemnisation, mais de la même manière, on
doit changer le régime d'indemnisation, indépendamment de ce
qu'on fait dans le secteur de la sécurité routière.
Si vous me demandez lequel des trois est le prérequis, les trois
doivent être refaits. On doit attaquer le problème de front, on
doit cesser, comme certaines gens ont fait dans le passé, de dire:
Touchez seulement ce secteur-là. Pour nous, on doit toucher les trois
secteurs à la fois.
Et, pour répondre à votre question, ce n'est pas un
prérequis, pas plus l'un que l'autre.
M. LEGER: De toute façon, vous répondez dans l'affirmative
que, même si ce n'est pas un prérequis, cela doit être fait.
Autrement dit, si ce n'est pas fait, rien ne sert de changer l'assurance, cela
ne réglera pas le problème. Le problème est dans les trois
aspects; c'est cela?
M. GAUVIN: Je m'excuse, si je peux repren- dre. Peut-être que je
n'ai pas le droit, mais si j'ai bien saisi, vous dites: Si on ne fait pas cela,
on ne règle pas l'autre. Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit qu'il
faut régler les trois à la fois.
M. LEGER: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que le
résultat que vous voulez obtenir par la totalité des
recommandations que vous faites... Le problème ne sera pas
réglé si les trois aspects ne sont pas pris en
considération. C'est ce que je veux dire. Je pense que vous m'avez
répondu dans l'affirmative et que nous sommes tous les deux sur la
même longueur d'onde. Soyez bien à l'aise, on se comprend
très bien.
Maintenant, l'autre question que je voulais vous poser, c'est que,
tantôt, je vous ai demandé si c'était réalisable,
dans quels délais vous voyiez cela. Parce que, comme vous venez de le
dire, il est essentiel que cela soit fait, c'est un "must", comme vous l'avez
dit. Dans l'étude de la situation, vous avez réalisé que
vos recommandations peuvent être réalisables dans combien de
temps? Est-ce qu'il y a des difficultés majeures?
Vous avez parlé de la refonte du code de la route qui est
absolument essentielle. Cela fait longtemps qu'on en parle et cela ne se fait
pas. Mais vous, vous êtes allé à l'intérieur des
situations, vous êtes allé voir sur place. Est-ce que vous
calculez que cela peut être réalisé dans un délai
quelconque? Dans quel délai pensez-vous que cela devrait être
réalisé? Est-ce que c'est possible dans un court délai ou
si cela peut prendre du temps?
M. GAUVIN: Pour ce qui est des recommandations traitant de la
sécurité routière, puisque c'est le secteur qu'on discute,
je pense que l'ensemble des recommandations qui sont là peuvent
être adoptées dans un temps relativement court. Mais j'ai
l'impression que vous vous adressez à la mauvaise personne. Il me semble
que ce sont les parlementaires et le gouvernement qui peuvent répondre
des délais. Cela dépend des priorités des gens.
M. LEGER: Je suis d'accord... Je sais que c'est un choix politique et
que vous ne voulez pas embarquer dans ce domaine-là. Je ne vous pose pas
une question politique. Je vous pose une question pratique, parce que les choix
politiques ne sont pas nécessairement des choix pratiques pour la
population. On le sait. Il y a d'autres priorités parfois. Mais moi, je
vous pose la question pratique. S'il n'y avait pas de choix politique à
faire oublions l'aspect politique est-ce que ce sont des choses
réalisables dans un délai raisonnable?
Il y a des lois qui pourraient être adoptées demain sur
certaines choses, mais, pratiquement, il y a des choses à faire avant
d'adopter cette loi. Maintenant, dans votre cas à vous, dans le cas
précis de la sécurité routière, est-ce que vous
calculez que cela peut prendre beaucoup de temps à se faire? Je ne parle
pas du
temps où le gouvernement se décidera, je parle de l'aspect
pratique, technique, de la réalisation des recommandations que vous avez
là; vous avez certainement touché à cela.
M. GAUVIN: Les recommandations sur la sécurité
routière sont d'une nature très générale. Je ne
vois pas comment elles ne pourraient pas être... Il y en a même, on
peut dire, qui sont plutôt des voeux qu'autre chose. Je ne vois pas
comment elles ne pourraient pas être mises en pratique très
rapidement. Incidemment, depuis la parution de notre rapport, il y a
déjà des mouvements qui ont été faits il ne
faut pas penser qu'il n'y a rien qui a été fait par
exemple, nous avions suggéré que soit adoptée une
réglementation du service ambulancier.
Cela a déjà été fait. C'est en marche. Je ne
sais pas si le texte de la réglementation est suffisamment
sévère, s'il répond aux objections que nous avions mais il
y a déjà un mouvement en marche.
Je pense qu'il est extrêmement difficile de répondre
précisément. Est-ce que cela va être fait pour le 14
décembre 1974 ou le 18 octobre 1975? Je pense que je ne peux pas
répondre à une telle question.
M. LEGER: M. le Président, vous dites, à la recommandation
4: Que soit uniformisées et contrôlées les normes de
construction et d'entretien des routes de la province. Qu'est-ce que vous avez
remarqué, comme exemple frappant ou exemple qui s'est
répété, dans vos recherches, de conséquences de
normes de construction? Avez-vous décelé des choses
particulières là-dedans?
M. GAUVIN: En fait, c'est un ensemble de cas particuliers qui ont
été présentés par des consultants au comité
où certaines anomalies existaient. Encore une fois, il y a beaucoup qui
a été fait dans le secteur de la construction des routes. Les
routes, au Québec, s'améliorent mais il reste beaucoup à
faire.
Dans certains cas, les normes de construction, même si elles
existent, ne sont pas toujours mises en pratique. Un exemple pratique que je
pourrais citer et je n'aime pas en citer outre mesure c'est que
le bout des barrières de sécurité est censé
être enterré, d'après une norme reconnue. Mais, pendant que
le ministère semble dire que c'est exact, il y a des chemins qui se
construisent, il y a des barrières de sécurité qui
s'installent, et on ne le fait pas. Si vous voulez un exemple particulier, en
voici un. Ce que j'entends, dans la barrière de sécurité,
c'est le bout de la barrière qui commence, qui est censé
être enterré dans le sol pour ne pas que l'auto entre dedans pour
tout défoncer mais monte dessus. C'est reconnu depuis plusieurs
années et cela se fait au Québec. Malheureusement, cela ne se
fait pas partout. Il y a des gens qui en installent, à des endroits, qui
en réparent et qui ne le font pas.
C'est un exemple particulier et c'est le seul qui me vient à
l'esprit, avec le recul du temps, depuis plusieurs mois que le rapport est
remis.
M. LEGER: C'est un bon exemple. Je pensais que vous auriez parlé
d'exemples, je ne sais pas si vous avez eu des cas, de la mauvaise
qualité de la route provenant d'entrepreneurs qui ne mettraient pas la
qualité voulue et que c'est continuellement en...
M. HARVEY (Charlesbourg): Question de règlement, M. le
Président. Question de règlement!
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Charlesbourg,
sur une question de règlement.
M. HARVEY (Charlesbourg): M. le Président, sur une question de
règlement. Peut-être que ma question va être
antiréglementaire, mais je voudrais demander à M. Gauvin s'il a
l'intention de passer l'hiver ici, si on peut compter sur lui pour l'hiver.
Vous allez être à la chaleur, vous allez être très
bien.
M. LEGER: M. le Président...
M. HARVEY (Charlesbourg): Parce qu'au rythme où l'on va, M. le
Président sur la question de règlement je voudrais
qu'au moins...
M. LEGER: Vous parlez du règlement, c'est ça.
M. HARVEY (Charlesbourg): ... vous ayez la décence de permettre
à vos collègues et aussi aux députés
ministériels de discuter sur la question de sécurité
routière. Vous êtes rendu maintenant dans la construction de
routes. Il y a des spécialistes, qui sont élus par le peuple, qui
peuvent parler longuement sur le sujet, avec quelqu'un qui apporte des
documents probants, je pense, dans son rapport Gauvin.
Alors, si vous voulez être gentil, s'il vous plaît
s'il vous plaît, être gentil permettez donc à vos
collègues d'adresser aussi des questions au président. Si on
touche la sécurité routière, je pense tout de suite
à Pierre Mercier, qui est député de Bellechasse un
brillant député qui a occupé lui-même le
poste de directeur de la sécurité routière au
ministère des Transports et Communications du Québec.
Peut-être qu'il a des questions qui touchent cela. Vous êtes rendu
dans les travaux routiers!
Ecoutez, M. le Président, s'il vous plaft, si vous voulez
permettre à tout le monde de parler le député de
Beauce-Sud a demandé la parole qu'on procède par
étapes et qu'on soit équitable pour tout le monde. Autrement, on
va monopoliser le président ici uniquement pour... Si vous voulez, M.
Léger, prenez une entrevue avec lui.
M. LEGER: M. le Président...
M. HARVEY (Charlesbourg): Je pense qu'on est en commission
parlementaire, ici, pour permettre à tout le monde de discuter.
M. LEGER: M. le Président, sur la question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LEGER: Sur la question de règlement, M. le Président;
je pense que le député de Charlesbourg n'a pas très bien
compris.
M. HARVEY (Charlesbourg): Je comprends très bien que vous
monopolisez la commission parlementaire. Je comprends très bien
cela.
M. LEGER: La commission Gauvin, selon le programme même du
ministre je pense que le député de Charlesbourg n'est pas
au courant est ici avec nous toute la journée. Alors, ne soyez
pas impatient. Vous allez avoir votre tour pour poser vos questions.
On s'est entendu, tantôt...
M. HARVEY (Charlesbourg): ... les sujets, M. le Président,
après avoir accepté que vous discutiez...
M. LEGER: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. HARVEY (Charlesbourg): ... article par article?
M. LEGER: Ce n'est pas cela du tout dont il a été question
parce que je pense bien que je n'ai pas des questions sur chaque point des
recommandations sur la sécurité routière...
M. HARVEY (Charlesbourg): Cela me surprendrait de vous, d'ailleurs.
M. LEGER: ... et vous-même, vous n'en avez pas non plus.
M. HARVEY (Charlesbourg): Cela me surprendrait de vous, d'ailleurs.
M. LEGER: On a chaque député des
préoccupations sur peut-être une série de questions, dans
les 18 premières, et on ne touchera pas nécessairement
chaque intervenant les 18 questions. Mais la sécurité
routière comprend 18 recommandations. Si on a cinq ou six questions dans
les 18 ou cinq ou six recommandations à discuter, c'est à notre
tour de le faire. Quand viendra le tour du député de
Charlesbourg, s'il a quatre ou cinq questions sur l'ensemble des 18 points
touchant la sécurité routière, il pourra les poser.
Je ne pense pas que... On s'est entendu...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous plaît!
Revenons-en...
M. LEGER: ... à savoir, que tout le monde parlait sur la
première question.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Revenons-en au débat lui-même
et une question...
M. HARVEY (Charlesbourg): Je ne crois pas que ç'ait
été le consensus, M. le Président, je regrette
infiniment.
M. LEGER: C'était la sécurité routière
d'abord.
M. HARVEY (Charlesbourg): Alors, parlez de sécurité
routière.
M. LEGER: Et après ça les indemnités aux personnes
et, troisièmement, l'administration du régime. Là nous
sommes sur la sécurité routière où il y a 18
recommandations. Si on a quatre ou cinq points sur lesquels nous avons des
questions à poser, c'est le moment, à l'occasion des questions
à ce stade-ci.
M. HARVEY (Charlesbourg): ... que vous avez déjà
accepté, d'emblée, la création d'un comité de
sécurité routière, vous ne voulez plus rien savoir
sur...
M. LEGER: ... tous les députés... la recommandation no
1.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEGER: Voyons donc!
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Qu'on revienne au débat
lui-même et...
UNE VOIX: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): ... la question de règlement est
close.
M. LEGER: Alors, M. le Président, j'étais en train de dire
que les problèmes de sécurité routière peuvent
provenir de la qualité de la route qui est mal construite, qui n'est pas
encore réparée parce que ça prend un certain temps avant
que les décisions soient prises pour donner un contrat de
réparation. Est-ce qu'il y a, de ce côté-là, dans
votre recommandation no 4, les normes de construction, que ce soient les
mêmes partout dans le Québec parce qu'il y a des endroits
où on ne respecte pas les normes de la qualité de la construction
des routes?
M. GAUVIN: Ce sont plutôt, en fait, je pense, des problèmes
de normes. Nous n'avons pas entrepris une analyse systématique du
réseau routier de la province de Québec et de la construction,
des contrats qui ont été accordés pour savoir si on avait
tenu les contrats, si les matériaux utilisés avaient
été les bons. C'est plutôt au niveau des normes de
construction, d'après nous. Vous me demandez des exemples précis.
Je dois répondre qu'ici, ce matin, je n'en ai pas.
M. LEGER: Je sais bien que le député de Charlesbourg a
hâte de s'en aller chez lui, sa journée de travail est
peut-être terminée mais...
M. HARVEY (Charlesbourg): Voyons, voyons, un peu de sérieux
là!
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre! M. LEGER: M. le
Président, vous avez...
M. HARVEY (Charlesbourg): Laissez-le aller.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre!
M. HARVEY (Charlesbourg): Sa crédibilité est
déjà effritée passablement.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEGER: Alors, à la recommandation no 8, on parle d'une
politique d'inspection sélective obligatoire des véhicules
automobiles...
M. TETLEY: ... une question.
M. LEGER: Oui, M. le ministre. Vous êtes tellement gentilhomme
qu'on ne peut pas vous refuser ça.
M. TETLEY: Je me demande vraiment quelle est la procédure. J'ai
posé une question au sujet de la recommandation no 1. Je voulais laisser
la parole et je vois que le député de Beauce-Sud a toutes sortes
de questions à poser. Cela ne me fait rien si vous posez des questions
au sujet de la recommandation no 7, mais vous êtes passé à
la recommandation no 8 et j'ai déjà une question au sujet du no
7.
Est-ce que ce serait possible de fixer une procédure, je ne sais
pas comment, peut-être que je pose une question...
M. HARVEY (Charlesbourg): Le député de Lafontaine aurait
dû lire le rapport Gauvin d'abord...
M. LEGER: ... c'est une question que le ministre est en train de me
poser, je l'écoute.
M. TETLEY: Peut-être que voici une solu- tion à nos
problèmes: je pose une question, vous posez une question, le
député de Beauce-Sud pose une question, et peut-être, parce
que tous ces gentils députés ministériels sont venus de
loin, qu'ils posent disons deux questions, on revient, on fait le tour de la
table.
M. LEGER: Alors, la question que vous me posez, c'est que vous
suggérez qu'on passe recommandation par recommandation.
M. TETLEY: Ou question par question. Parce que les gens...
M. LEGER: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, moi ce que
j'avais cru comprendre dans votre proposition, c'était que sur le
"package deal", je dirais, de la sécurité routière qui
comprend 18 recommandations...
UNE VOIX: Les effets du bill 22.
M. LEGER: ... il se peut qu'on ait trois ou quatre points dont on veut
discuter. Si on passe les recommandations une par une, on n'est pas là
pour les adopter. Chaque député, à son tour, posera les
questions qu'il veut poser à la recommandation qu'il veut. Moi, je
pensais que ce serait beaucoup plus court. Il me reste encore deux autres
points et j'aurais pratiquement terminé, à moins que la brillante
intervention d'un autre député suscite une autre question.
M. TETLEY: Je n'ai pas...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Trois-Rivière, une question additionnelle.
M. BACON: Est-ce que je pourrais faire une suggestion qui pourrait
apporter un peu de souplesse à la procédure et rendre le
débat un peu plus agréable. Je ne sais pas si le
député de Lafontaine serait d'accord. Je comprends toute sa
série de questions, mais si, à l'intérieur de ça,
on pouvait faire un tour de table et vider toutes les questions de chacun, je
pense que ça rendrait le débat plus agréable pour tout le
monde et il y aurait une meilleure participation.
Je pense que le député de Lafontaine a d'excellentes
questions mais on pourrait peut-être en avoir de chaque côté
de la table, d'excellentes questions. Le député de Beauce-Sud n'a
pas encore fait part de ses questions. Je pense que ça rendrait le
débat, avec une meilleur participation, beaucoup plus
intéressant, si on avait un peu plus de souplesse. Je comprends les
avancés du député de Lafontaine.
M. TETLEY: S'il n'a que deux autres questions, peut-être qu'il
peut terminer.
M. BACON: M. le Président, M. le ministre, faites attention; ne
vous faites pas prendre par
les deux questions, il a dit deux points. Il n'a pas dit deux questions,
il a dit deux points.
M. TETLEY: Le député de Beauce-Sud... UNE VOIX: C'est une
question...
M. HARVEY (Charlesbourg): ... vous invite à la prudence.
M. BOSSE: II a l'habitude des étapes longues.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Beauce-Sud, sur le même sujet.
M. ROY: Oui, ça fait plusieurs fois que je demande la parole, M.
le Président. J'aurais une suggestion à faire. Je pense qu'il y
aurait peut-être lieu de regrouper les questions. Tout à l'heure,
j'avais une question à poser qui concernait l'article 1 et je me demande
si la question que je pourrais poser, une fois que toutes les questions auront
été discutées, par la suite, si on va reprendre le
débat sur le même sujet. Pour éviter la duplication et les
pertes de temps inutiles, je pense et je fais la suggestion qu'on regroupe les
questions. Les questions 1, 2 et 3 regardent la question de la
sécurité routière au niveau de la réglementation
entre les autres juridictions, soit municipales, la Loi des cités et
villes, le fédéral et autres. Alors, qu'on vide cette question.
Lorsqu'on veut parler des routes, par exemple, c'est un autre sujet.
Si on parle du problème de la sécurité
routière et si on veut discuter de toutes les questions qui touchent la
sécurité routière, chacun d'entre nous pourrait en avoir
pour une journée à lui seul. Alors, de façon que chacun
puisse jouer son rôle et poser des questions pertinentes pour
éclairer les membres de la commission, je suggère qu'on regroupe
les questions 1, 2 et 3 par groupe de sujets. Je ne veux pas offrir une formule
trop rigide, mais par groupe de sujets. Si on veut parler de
sécurité routière, au niveau de la construction des
routes, c'est un autre sujet. La réglementation municipale, c'en est un
autre. Les mesures de sécurité en ce qui a trait à la
signalisation et à l'affichage, c'est un autre sujet également.
Il y a différents autres sujets. Je vois que la question 9, par exemple,
touche les questions du commerce des automobiles, les automobiles
usagées, les cimetières d'automobiles et autres. C'est encore un
autre sujet à discuter, mais qui fait partie des recommandations
générales sur la sécurité routière.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): C'est une bonne suggestion de la part du
député de Beauce-Sud. Maintenant, j'aimerais...
M. LEGER: Est-ce que le président pourrait me dire...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): ... aussi rappeler qu'en vertu des
règlements, il est possible de réduire le droit de parole
à 20 minutes par opinant. Alors, pour une bonne efficacité de la
commission ce matin, je pense que les suggestions qui ont été
émises pourraient être mises en pratique, tout le monde pourrait
participer et les membres de la commission pourraient obtenir ainsi un meilleur
éclairage du rapport Gauvin.
M. LEGER: M. le Président, sur le point de règlement. Je
suis d'accord sur l'idée du député de Beauce-Sud.
Cependant, la division des recommandations n'a pas été faite par
des sujets très détaillés comme les routes, les
automobiles, la vente d'automobiles, la sécurité, la coordination
des différents ministères ou des organismes; c'est fait par trois
groupes et ce n'est pas divisé comme tel. C'est pour ça que je
trouverais beaucoup plus logique et beaucoup moins long, si les
députés avaient eu un peu plus de patience, que chacun arrive
avec des questions sur la sécurité routière, qu'il y ait
quatre ou cinq points qui l'intéressent, soulever ces points et les
autres reviennent avec les points qui les intéressent. Je ne pense pas
que, si un député calcule que la question no 1 n'a pas
été complètement vidée à sa satisfaction,
ça l'empêche de revenir sur ce sujet. Même une question d'un
député peut soulever une autre question chez un autre
député, sur le même sujet. Je trouve qu'il serait beaucoup
plus court si on ne parlait, à notre tour de parole que vous
voulez limiter à 20 minutes, je n'ai pas d'objection que sur
l'ensemble de la sécurité routière, d'abord; après
ça, sur les autres recommandations concernant l'indemnisation des
victimes ainsi que l'adoption du régime. Ce sont trois groupes bien
précis, bien divisés d'ailleurs dans l'esprit même du
rapport Gauvin. C'est pour ça que je pense qu'on devrait vider la
question de la sécurité routière par chaque intervenant,
que ça touche la première, la sixième ou la
neuvième recommandation.
M. TETLEY: Avant...
M. LEGER: Comme je vous dis, ce n'est pas tellement long, j'ai encore
deux points seulement, peut-être trois ou quatre questions et ça
va être terminé. Après cela, les autres
députés prendront le temps qu'il faut pour les questions qui les
préoccupent.
M. TETLEY: Je suis prêt à attendre...
M. ROY: M. le Président, je n'ai pas du tout le goût de
faire un débat de procédure ce matin. Je pense tout simplement
qu'on a perdu passablement de temps jusqu'à maintenant sur des questions
purement de procédurite. Alors, que le Parti québécois
pose toutes les questions qu'il a à poser; si le Parti libéral
veut les poser... Et je poserai les miennes après. Qu'on ne fasse pas de
débat de procédure.
M. TETLEY: Parfait.
LE PRESIDENT (M. Comellier): Ce que nous devons rechercher...
M. ROY: II faut quand même être raisonnable.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Ce que nous devons rechercher, c'est
justement l'efficacité des travaux de la commission. Je demanderai
à tous les membres de la commission qui auront la parole de respecter
les droits et privilèges de leurs collègues et d'utiliser leur
droit de parole pour environ 20 minutes chacun. De cette façon, il y
aura une participation plus générale des membres de la commission
et je crois que les travaux de la commission avanceront avec beaucoup plus
d'efficacité. Je donne la parole de nouveau au député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, la question que j'avais posée
tantôt à M. Gauvin je vais la lui répéter
concerne l'inspection sélective obligatoire des véhicules
automobiles. Comment voyez-vous l'application pratique de cela? Une personne
qui s'en va avec son automobile, qui est choisie par je ne sais quel organisme
de surveillance, à qui on dit: C'est ton automobile qu'on prend, on va
voir si elle est en bon état, quelles sont les implications pour elle?
Pour les personnes qui peuvent être pressées, qui doivent aller
quelque part comment fonctionnerait justement, sans nuire trop au public, la
vérification sélective des automobiles?
M. GAUVIN: Moi, j'ai l'impression qu'on va passer l'hiver ici si vous
voulez en fait qu'on détaille les différentes méthodes
pratiques d'une politique d'inspection sélective. J'aimerais dire tout
de suite que ce n'est pas mon intention de passer l'hiver ici. Mon intention
est de répondre aux questions. Le comité s'est rendu compte qu'il
y avait un problème au Québec: il y a trop d'accidents. Nous
avons fait le tour des ministères, nous avons engagé du personnel
pour voir quels étaient les principaux problèmes, comment on
pouvait les résoudre et nous sommes arrivés en fait, avec une
recommandation majeure qui est l'instauration d'un conseil de
sécurité routière pour prendre charge de tout le dossier
des accidents et arriver à de véritables recommandations.
Quant aux autres, ce sont des recommandations qui peuvent être
mises en pratique plus immédiatement. Sur votre question
particulière, je pense qu'il y aurait peut-être dix moyens
pratiques d'y arriver. Nous avions à ce moment-là des gens
à notre emploi. Je ne pense pas qu'il serait normal pour moi de
commencer à détailler comment un système de personnes
choisies au hasard devrait être établi, de quelle façon.
Vous avez en fait différents systèmes qui sont en vigueur. Il y
en a qui existent dans les provinces canadiennes, qui sont tous
différents les uns des autres. Je regrette, je pense qu'on recommence
tout le débat que nous avions fait et, parlant en mon nom personnel, je
puis dire que je ne suis pas prêt à recommencer tout le
débat, nonobstant le respect que je dois aux députés.
Comme on dit dans un certain langage, "back to square one", et pour moi
ce n'est pas "back to square one". Ce que nous avions à faire est fait;
les recommandations sont là. Quant à l'application pratique, en
détail, à savoir quel est le format du rapport que l'inspecteur
devra faire, ce n'était pas à nous de faire ce travail.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais quand même dire
à M. Gauvin, avec tout le respect que j'ai pour lui, qu'il a
été engagé par le gouvernement pour faire un travail. Il
nous a donné un rapport et les députés ici
présents... Je pense que, puisque vous avez accepté de venir
à la commission parlementaire pour expliquer votre rapport à ceux
qui auront à adopter des lois dans ce domaine, il est normal et
c'est la continuation logique de votre mandat de venir donner aux
députés qui en ont besoin des explications sur vos conclusions,
des renseignements là-dessus.
Je pense, avec tout le respect que j'ai pour vous, comme vous en avez
pour les députés, que nous avons chacun un rôle à
jouer et je pense que le vôtre n'est pas terminé, puisque vous
êtes arrivé avec ces conclusions. Les députés ne
doivent pas dire: L'affaire est là, on a le rapport puis on se
démêle avec ça.
Je pense qu'il est normal qu'on vous pose des questions. Si vous
calculez que vous êtes arrivé à ces recommandations, c'est
parce que vous avez passé... Il ne s'agit pas de retourner au but no 1
pour recommencer à partir du début, mais simplement de nous dire
de quelle façon vous êtes arrivé à ces conclusions
pour que nous sachions que vos recommandations reposent sur des cas
précis, concrets. Par la suite, il nous sera possible de parler, quand
il s'agira d'adopter la loi, avec connaissance de la situation que vous,
payé par le gouvernement, avez été mandaté à
étudié pour apporter ces recommandations.
Je pense donc qu'il est absolument normal qu'on vous pose des questions
là-dessus aujourd'hui, pour qu'on joue notre rôle.
M. BONNIER: M. le Président, j'invoque le règlement. J'ai
l'impression qu'on n'utilisera pas très bien notre journée,
'parce que des trois parties du rapport, d'après les contacts qu'on a
eus, le domaine de la sécurité routière n'est pas celui
qui est surtout mis en question, ce sont les deux autres. Cependant, si on ne
se fixe pas une limite de temps et si on n'adopte pas une bonne
procédure, on risque de perdre notre temps. Il me semble que l'objectif
qu'avait le ministre en suggérant la présence ici aujourd'hui de
M. Gauvin n'est pas de nous obliger tous ensemble
à relire le rapport avec M. Gauvin. Ce n'est pas à mon
avis le rôle de M. Gauvin non plus de relire son rapport comme il l'a dit
à deux ou trois reprises, mais beaucoup plus d'apporter des points de
clarification. Pas plus que ça. S'il y a un terme qu'on ne comprend pas,
ou des choses comme ça, très bien.
Mais il y a des réponses qui sont dans le rapport et je pense
qu'il faut avoir lu le rapport. C'est aussi simple que cela.
M. TETLEY: Puis-je demander au député de Lafontaine de
continuer à poser ses questions? Après, parce que le
député... S'il vous plaft! Il y a tellement de règlements
à faire sur l'assu-rance-automobile.
M. BOSSE: Oui, mais le rapport Gauvin n'est pas le rapport Morin. Ce
n'est pas le rapport à Claude Morin.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous plaît, M. le
député de Dorion!
M. TETLEY: Puis-je demander au député de Lafontaine de
continuer à poser ses questions? Après, le député
de Beauce-Sud a des questions importantes. Je n'ai pas fini de poser toutes mes
questions et je voudrais terminer ce matin la sécurité
routière. Incidemment, M. le député de Taschereau, on m'a
dit, presque sur la bible, que la section la plus importante était la
sécurité routière. L'autre est beaucoup plus difficile.
D'accord?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Deux courtes questions et je verrai, par la suite, si cela
clarifie. Vous arrivez à la recommandation numéro 15, selon
laquelle le système de points de démérite soit
repensé. Alors, si on est arrivé avec cette recommandation,
quelles sont les déficiences que vous avez remarquées dans le
système de points de démérite pour conclure cela?
M. HARVEY (Charlesbourg): Page 85.
M. GAUVIN: Je vais répondre à votre question de la
façon suivante. Sur le système de points de
démérite, le comité a mis une équipe de
recherchistes qui ont analysé plusieurs dizaines de systèmes de
points de démérite, le bien-fondé, la pondération
qui y est apportée. Nous en sommes venus à la conclusion que le
système avait des lacunes. Il y a des exemples qui ont été
donnés dans le rapport. Quant au texte lui-même, il a
été déposé au gouvernement. Je n'aimerais pas que
mon intervention précédente soit mal prise. Je n'ai aucune
objection à expliquer le rapport. Ce que j'ai voulu dire est que chacune
de ces recommandations a été appuyé d'un dossier. Je ne
possède pas le dossier, et, comme professionnel, je ne discute- rai que
lorsque j'aurai le dossier en ma possession et une équipe pour
recommencer l'étude. C'est dans ce sens que j'ai répondu à
votre question.
La recommandation d'un système de points de
démérite, comme la recommandation d'un système
d'inspection, s'appuie sur une analyse d'une équipe de recherche
à l'intérieur du comité. Cela n'a pas été
tiré en l'air et c'était sérieux, et je refuse d'entrer
dans le débat, simplement sur l'idée: Comment vous souvenez-vous
que telle chose s'est faite? Chacune de ces recommandations a été
étayée d'une documentation, d'une analyse de différentes
possibilités pour en arriver à ce texte.
Pour répondre à votre question, il y a des lacunes. On en
a donné des exemples. Je peux revenir et vous en citer quelques-unes. Il
y en a plusieurs autres. Dans le système de points de
démérite, je pense que le comité a analysé
au-delà de 20 systèmes de points de démérite, celui
de l'Ontario pour n'en nommer qu'un, de d'autres provinces canadiennes, et des
Etats américains. Tous ont des particularités et le
système du Québec est déjà mieux que ce qu'il
était avant et cela pourrait être encore mieux. Ce sont des choses
qui nous apparaissent... On en a cité dans le rapport. Je vais essayer
de le retrouver si vous voulez et puis...
M. LEGER: Je comprends mal. J'ai lu le rapport Gauvin moi aussi. Ce que
je voulais avoir de vous, c'était la dernière conclusion qui vous
a amené à apporter comme solution que le système de points
de démérite doit être repensé.
Je suis capable moi aussi d'aller à la page 85. Ce n'est pas ce
que je vous demande. Si vous êtes ici, ce n'est pas pour nous donner les
pages de votre rapport. On l'a lu. C'est pour que vous expliquiez les raisons
qui vous ont amené à cela. Que vous n'ayez pas avec vous vos
spécialistes, je pensais qu'une personne qui a dirigé... Il y a
peut-être d'autres membres de votre comité qui ont
été plus particulièrement intéressés
à un aspect de votre rapport. Me Belleau pourrait peut-être nous
répondre. Je ne sais pas. Mais nous posons des questions aujourd'hui. Si
vous n'avez pas le personnel de recherche à côté de vous,
vous avez quand même en mémoire, parce que vous avez
travaillé à ce rapport tellement longtemps, les raisons majeures
qui vous ont amené à ces conclusions.
M. GAUVIN: Je pensais vouloir vous donner les raisons majeures. Je ne
veux pas entrer dans un débat inutilement et je reviendrai
peut-être sur le fait que si je suis obligé de répondre ou
non. En fait, je suis prêt à collaborer entièrement. J'ai
dit que le comité a pris un recherchis-te ou deux dans un dossier en
particulier et nous avons examiné au-delà de 20 systèmes
de points de démérite. Quant au système du Québec,
il en ressortait certaines lacunes. Nous avons dit: II faut le repenser. Nous
en avons
donné quelques-unes. Vous me demandez: Effectivement, quelles
sont-elles? Je pense que, pour moi, elles sont dans le rapport ou elles sont
dans le dossier qui a été déposé dans les archives.
Je pense que le gouvernement nous a donné un mandat et que nous l'avons
rempli.
Mais le gouvernement a également des experts, maintenant,
à son emploi pour dire si c'était justifié ou non. Nous,
nous croyons l'avoir justifié dans le texte du rapport et dans les
documents que nous avons déposés. Je suis prêt, en fait,
à reprendre les documents. Que le député reprenne
l'analyse pour savoir pourquoi on croit que le système de
démérite n'est pas assez sévère et que son
application c'est un ensemble de facteurs n'est pas assez
généralisée dans la province.
M. TETLEY: Si je comprends bien au sujet du système de
démérite, M. Gauvin, je crois que votre rapport est très
explicatif et très bien le système de
démérite est une espèce de code pénal qui n'a pas
pour but final la prévention des accidents; c'est ce que j'ai retenu du
rapport. Croyez-vous que c'est une bonne constatation de ma part?
M. GAUVIN: En fait, c'est un des éléments de la
sécurité routière, un bon système de
démérite, mais, si vous avez une loi qui est mal appliquée
ou qui n'est pas appliquée suffisamment il est bien certain, en fait,
que ça n'aura pas les effets...
M. TETLEY: C'est en application.
M. GAUVIN: Dans le système de démérite, si vous le
permettez, il y a effectivement un autre point qui a une importance, c'est que
ce système a été mis en vigueur, mais qu'on a
conservé les amendes dans d'autres endroits. On a noté, de la
part de certaines personnes...
M. TETLEY: La ville de Québec, par exemple.
M. GAUVIN: Même le code de la route où les gens se disent :
Je suis pénalisé une fois pour avoir fait un excès de
vitesse et je suis pénalisé une deuxième fois. Est-ce que
réellement, quand on crée un nouveau système, on ne doit
pas prendre tout en considération et en créer un seul,
plutôt que d'avoir une amende de la ville XYZ, une autre condamnation
pour une autre chose et, finalement, un système de
démérite? On ne vient pas chapeauter, en fait, toutes sortes de
choses. Est-ce qu'on ne devrait pas avoir un système qui prend soin de
tout ça, au lieu d'avoir à la fois une condamnation avec une
amende et la perte de points? Je pense que le public croit qu'il est
condamné deux fois. Cela, c'est un des aspects.
M. TETLEY: Est-ce qu'il y a un endroit au monde où il y en a un
seul?
M. GAUVIN: En Colombie-Britannique... M. TETLEY: Oui, très
bien.
M. GAUVIN: ... où on a effectivement comprimé le tout. On
a abandonné, quand on a eu un système de démérite,
les amendes afin que ce soit un ensemble.
M. TETLEY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Lafontaine. Une dernière question.
M. LEGER: Ma dernière question, M. le Président; je ne
sais pas si M. Gauvin va être capable de répondre à
celle-là. C'est à la recommandation 17, quand vous dites qu'en
matière de sécurité routière il devrait y avoir une
surveillance constante et vigilante des routes par un corps de policiers
qualifiés et qu'ils aient tous les pouvoirs nécessaires, est-ce
que, actuellement, ils manquent réellement de pouvoirs? Est-ce qu'ils
n'ont pas les pouvoirs sans les utiliser à fond? Est-ce qu'il leur
manque réellement des pouvoirs?
M. GAUVIN: Je pense que certains corps de police ont des pouvoirs
différents d'autres. Un, en fait, soit les policiers de la
Sûreté du Québec, se plaint d'avoir moins de
privilèges, de pouvoirs que d'autres corps municipaux. C'est
peut-être le point que nous avons voulu souligner. Fondamentalement, en
fait, il va falloir que le gouvernement reconnaisse comme prioritaire une
surveillance des routes et qu'on donne les instructions requises pour qu'il
s'en fasse plus. Nous, on croit qu'il ne s'en fait pas assez.
Maintenant, cela n'a pas été l'intention du comité
de blâmer les policiers, loin de là; je pense que les policiers
vont faire ce qu'on leur dit de faire. Je pense que c'est aux gouvernants, si
on veut cesser le carnage sur les routes, d'exiger qu'il y ait plus de
surveillance sur les routes. Moi, je regrette, mais quand on me dit qu'il y en
a suffisamment au Québec, je pense que tout le monde est en mesure de
constater qu'il n'y en a pas suffisamment.
M. LEGER: Je vous remercie. C'était une réponse
précise à ma question et je l'ai bien appréciée,
celle-là.
M. GAUVIN: J'aimerais souligner que, quand j'ai la réponse,
ça me fait plaisir de la donner; quand je ne l'ai pas, c'est quand
même très difficile, dans les conditions où nous
travaillons.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, je reviens à la recommandation no
1 : " Qu'il y ait coordina-
tion des efforts des autorités ayant juridiction,
compétence ou quelque intérêt en matière de
sécurité routière". Pour que vous ayez indiqué
cette recommandation, vous avez dû certainement faire quelques
constatations. Moi, j'aimerais que vous puissiez nous dire c'est
important pour nous de le savoir quelle a été la plus
grande faiblesse ou la plus grande lacune qu'il vous a été permis
de découvrir pendant l'enquête que vous avez menée. Vous
avez certainement un point ou deux, en particulier, qui ont dû attirer
votre attention d'une façon spéciale. J'aimerais avoir un peu
plus de détails là-dessus.
M. GAUVIN: En fait, le rapport du comité élabore
longuement les différentes juridictions qui ont des pouvoirs dans tout
ce secteur de sécurité routière. Il mentionne, comme j'ai
dit tout à l'heure, que le fédéral, le provincial et le
municipal en ont. Au niveau fédéral et provincial,
différents ministères en ont. Vous nous demandez quelle est la
plus grande lacune? C'est un ensemble de faits indiquant que des lois
contiennent des choses contradictoires, jusqu'à un certain point. Je ne
peux pas, ce matin, vous donner d'exemples précis, autres que ceux qui
sont contenus au rapport ou dans une loi; on prévoit une certaine norme
quelconque qui affecte le conducteur, puis, dans une autre loi, on en
prévoit une autre.
J'ai donné un exemple tout à l'heure, en fait, de parcs
où la limite de vitesse est fixée par un organisme qui ne
consulte pas l'autre organisme, dans la province de Québec. C'est un
exemple. En fait, ce n'est pas la plus grande lacune, c'est une série de
lacunes.
M. ROY: Une série de lacunes. M. GAUVIN: Oui.
M. ROY: Est-ce que vous avez ça également à
l'intérieur même d'un ministère? Prenons un exemple, le
ministère des Transports, aux entrées de village sur une route
donnée. Vous avez des entrées de village qui sont limitées
à 45 milles à l'heure et le village voisin, sur la même
route numérotée, elle est à 30 milles.
M. GAUVIN: En fait, c'est probablement un exemple de manque de
coordination entre les municipalités et le provincial.
M. ROY: Ce ne sont pas les municipalités à ce moment, je
ne le sais pas. Je pense qu'il y aurait un travail à faire à ce
niveau, mais pour que vous en ayez fait votre première recommandation,
j'aurais cru qu'il y avait certainement quelque chose en particulier, un fait
qui a attiré votre attention d'une façon spéciale, d'une
façon particulière.
Quant à la recommandation numéro 9: "Que les
recommandations suivantes, déjà formulées par le Canadian
Automobile Theft Bureau et la Commission Prévost soient mises en
pratique":
On dit ici: "Que le gouvernement du Québec exige une licence
provinciale avant d'autoriser qui que ce soit à exploiter un commerce de
vente ou de réparation d'automobiles neuves ou usagées, de vente
de pièces usagées, de démolition ou de reconstruction de
voitures. Le règlement devra également couvrir les
cimetières d'automobiles". "Que le ministère des Transports
émette un registre détaillé à l'intention de tous
ceux qui sollicitent la permission de faire le commerce des automobiles et des
pièces usagées. Le ministère devra effectuer une
vérification régulière de ce registre et sévira
contre ceux qui négligeraient de se conformer à l'exigence d'une
inscription complète de toutes les transactions". "Les entreprises de
démolition et de mise en pièces de véhicules devront
être soumises à l'obligation de faire un rapport individuel au
Bureau des véhicules automobiles pour chaque véhicule
détruit, démoli ou démantelé et elles auront soin
de mentionner le nom de l'ancien propriétaire du véhicule, la
description du véhicule et les raisons de la mise en pièces. De
plus, avec ce rapport, elles devront expédier, si cela n'a
déjà été fait, les plaques d'immatriculation du
véhicule ainsi que la plaque contenant le numéro d'identification
du véhicule".
Il y a trois grands paragraphes dans cette recommandation. Pour ma part,
je voudrais avoir des explications. Pourquoi avez-vous cru nécessaire
d'inclure ces trois recommandations dans le règlement de la circulation
routière, alors que les cimetières d'automobiles, je ne vois pas,
en ce qui me concerne, au point de vue sécurité routière,
ce que peut avoir à faire là-dedans le fait d'entrer dans un
registre ou non les pièces détaillées, les pièces
usagées? J'aimerais, pour ma bonne gouverne, avoir plus d'explications
et plus de détails que ceux qui sont inclus au rapport. Cette
recommandation me paraît un peu superflue.
M. GAUVIN: II faudrait peut-être poser la question aux assureurs
qui paient de nombreuses indemnités pour des vols d'automobiles
également qui sont intéressés par cela. Quand on parle de
la sécurité routière, le comité a essayé de
disséquer le problème en trois parties, mais il faut admettre,
qu'à certains moments, il y a des parties pour lesquelles on se demande
où elles vont exactement. Ce secteur aurait pu aller dans une autre
partie qui s'appelait, par exemple, l'indemnisation pour les vols. Mais il nous
a paru, puisqu'on parlait de toutes les lois régissant la
sécurité routière, que c'était la place
appropriée. O-i peut le prendre et l'envoyer ailleurs, si c'est
simplement le problème qui n'est pas à la bonne place dans le
rapport. C'est un jugement que les membres ont fait. Je pense qu'on croit que
c'est là qu'il va.
Quand vous vous demandez ce que font ces choses relativement à la
sécurité routière, ma réponse est qu'il y a quand
même des véhicules
au Québec, au niveau des vols. Les vols de véhicules sont
plus nombreux que dans d'autres provinces. Ce n'est peut-être pas
rattaché à la sécurité routière, mais je
vais vous donner l'explication que nous avions. Le taux de recouvrement n'est
certainement pas des plus hauts dans toutes les provinces.
La commission Prévost s'était penchée sur le
problème et avait fait une série de recommandations visant
à éviter certains abus, comme des véhicules qui sont
démolis entièrement; on se sert effectivement des numéros
d'immatriculation des véhicules pour un commerce illicite.
Ces recommandations, d'ailleurs, ont déjà
été mises en pratique dans d'autres provinces avec succès.
C'est dans ce sens-là qu'elles ont été
réincorporées ici. La commission Prévost elle-même
les avait retenues; nous les avons examinées et nous croyons que cela
permettrait d'abord de réduire les vols de véhicules dans la
province de Québec et, également, cela permettrait de
contrôler un peu mieux, en fait, le commerce des pièces
usagées où, apparemment, certains abus se pratiquent.
M. ROY: Plus de question, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de l'Assomption. Le
député de Charlesbourg.
M. HARVEY (Charlesbourg): M. le Président, au départ, je
pense que l'unanimité semble se faire vis-à-vis des
différentes recommandations quant à l'objectif de la protection
du consommateur. C'est à cet égard, je pense, que je vais
plutôt diriger ma question, à savoir: dans l'ordre des
priorités, vous avez quelques recommandations, no un, deux, trois, qui
semblent se regrouper, mais il y en a d'autres également qui suivent,
notamment le port de la ceinture de sécurité.
Mais dans toutes ces recommandations, quelle est celle qui devrait avoir
une priorité absolue? Vous disiez tout à l'heure qu'il s'agissait
d'une action dont le gouvernement peut lui-même établir
l'échéancier, mais quel est, d'après vous, la mesure, du
point de vue de la sécurité, qui devrait être la
priorité du gouvernement, en matière de
sécurité?
M. GAUVIN: En fait, c'est la recommandation 18 qui devrait être la
priorité, où on crée un organisme de
sécurité routière qui pourra, en fait, chevaucher et
examiner le problème et mettre de l'avant les mesures qui sont
véritablement appropriées au Québec et non pas, assez
souvent, des mesures qui sont importées d'ailleurs et qui ne
fonctionnent peut-être pas au Québec. Lorsqu'on veut guérir
la maladie, il faut réellement en connaître les causes, et les
causes des acci- dents de la route au Québec, les véritables
causes, il y a très peu de gens qui les connaissent.
M. HARVEY (Charlesbourg): J'ai remarqué, dans vos tableaux
comparatifs, également, que vous insistez fortement sur l'exemple de
l'Ontario. C'est une province qui ressemble un peu plus au Québec, au
point de vue de la population, du nombre d'automobiles. Mais lorsque vous
établissez, par exemple, un régime ou que vous proposez un
régime qui serait dirigé par ce conseil de la
sécurité en incluant le "no fault" et la réglementation
comme coordination avec les municipalités ou les différents corps
intermédiaires qui existent, est-ce que vous ne donnez pas... Enfin,
j'apprécierais que vous donniez plus de précisions quant au
régime qui existe en Nouvelle-Ecosse, vis-à-vis le "no fault" et
vis-à-vis également des normes de sécurité qui
sont...
M. TETLEY: ... cet après-midi, peut-être.
M. HARVEY (Charlesbourg): D'accord, mais vis-à-vis des points de
démérite et de la sécurité routière en
général.
M. GAUVIN: En fait, d'abord sur la question du "no fault", le conseil de
sécurité routière, l'organisme que nous demandons, il n'y
a pas, en fait, de relation entre lui et le "no fault".
M. HARVEY (Charlesbourg): C'est une coquille. Je voulais plutôt
parler des points de démérite.
M. GAUVIN: Ce conseil-là devrait, tel que nous l'avons dit dans
le rapport, examiner l'ensemble du dossier de la sécurité
routière. Au niveau du conseil de démérite, il ne fait pas
de doute qu'il aurait repris l'analyse que le comité a faite
lui-même, il aurait pu examiner les effets à long terme du
système, en fait les effets du système tel qu'il a
été appliqué.
Tout à l'heure, on disait que l'introduction du système de
démérite au Québec a abaissé le nombre d'accidents;
moi, je ne le sais pas. Je ne suis pas capable de faire cette affirmation, il
faut avoir des spécialistes, des gens dont le métier est
d'examiner le problème, savoir quel est l'effet de certaines mesures en
particulier.
Très souvent, au point de vue de la sécurité
routière, on agit un peu à l'aveuglette. On établit un
programme sans savoir véritablement quels vont être les effets, et
même sans savoir quels vont être les véritables coûts.
Le coût, tant pour le consommateur, tant pour le gouvernement que toutes
les parties intéressées.
Le conseil, en fait, est un organisme de
recherche, un organisme d'information pour le public qui va regarder,
effectivement, tout le problème des accidents de la route, tout le
secteur que nous avions nous-mêmes envisagé, avec les moyens que
nous avons, pour en arriver aux recommandations les plus
appropriées.
En fait, il y a à peu près une demi-page de texte qui
définit le rôle du conseil et c'est quand même passablement
explicite. C'est à la fois un organisme de recherche, d'information, de
mise de l'avant de mesures qui devraient être adoptées par le
gouvernement.
M. HARVEY (Charlesbourg): Vous partez du principe, enfin avec
l'étude de ce qui existe déjà. Il y a effectivement, au
gouvernement du Québec, un service de la sécurité
routière, service provincial, qui lui-même travaille avec des
groupes interministériels et coordonne les efforts, de qui
relève, par exemple, le Bureau des véhicules automobiles, de qui
relève la promotion sur la sécurité routière, de
qui relève la formation des moniteurs ou des instructeurs qui oeuvrent
dans le monde des écoles de conduite. Vous touchez tout cela dans votre
rapport. Ne croyez-vous pas que la formule actuelle, sans y aller
complètement dans une nouvelle structure juridique, peut
elle-même, soit par un assouplissement quelconque ou une coordination
davantage axée vers la communion des services plutôt que chaque
ministère fasse son bonhomme de chemin, tout seul, en matière de
sécurité, en matière de protection du public, de
contrôle ou la justice, par ses points de démérite, tout le
monde, enfin, chapeauter cela par un seul organisme? C'est à la
lumière de ce que vous avez vu, de l'existence réelle du
dossier.
M. GAUVIN: En fait, nous avons, comme je l'ai mentionné, fait le
tour des ministères. Vous mentionnez l'existence du service de
sécurité routière. Il ne s'occupe, d'après nous,
que d'un aspect du problème. Or, le problème concerne à la
fois d'autres ministères auxquels ce service ne peut directement
s'impliquer.
Nous, nous croyons que l'organisme de recherche devrait regarder le
problème non pas seulement du point de vue d'un ministère, mais
du point de vue de l'ensemble du dossier. Cela va même plus loin, du
point de vue du rôle des municipalités et, même plus loin,
du rôle de tout ce qui touche le secteur, dans le gouvernement
fédéral. Ce chapeau aura pour objectif de mettre de l'avant des
mesures qui, là, devront être appliquées à
l'intérieur de différents ministères ou même de
différentes municipalités.
M. HARVEY (Charlesbourg): Merci, M. Gau-vin.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais demander à M.
Gauvin, en ce qui concerne la recommandation no 8 "que soit
instaurée dans la province une politique d'inspection sélective
obligatoire des véhicules automobiles", etc. est-ce qu'il a
été porté à l'attention de la commission si
oui, cela expliquerait peut-être aussi pourquoi vous en arrivez à
cette recommandation le fait qu'une autre province, je donne à
titre d'exemple l'Ontario, qui a une politique d'inspection des
véhicules lorsque certains véhicules sont retirés
de la route avec exigence de faire certaines réparations qui
coûtent passablement plus cher que la valeur de l'automobile, dans
certains cas que certains de ces véhicules pourraient avoir
été remis sur la route au Québec, vendus par des vendeurs
d'automobiles du Québec?
M. GAUVIN: Cela a été porté à notre
considération. D'ailleurs, il y a probablement des véhicules qui
se ramassent dans d'autres endroits. Je peux vous donner un exemple qui me
vient à là mémoire. En Colombie-Britannique, ils ont un
système et ils prétendent que tous leurs véhicules se
ramassent en Saskatchewan, tous les véhicules dont ils ne veulent
pas.
Alors, je pense que c'est un problème global; aussi, une
juridiction, comme je l'ai mentionné, qui dépassent les
territoires ou ce qu'on fait à un endroit, peut avoir une "dysfunction"
ailleurs et nuire à un autre endroit.
Maintenant, cela rejoint, je pense, la question du député
de Lafontaine, mais, encore une fois, nous avons examiné
différents systèmes d'inspection. Lesquels? Présentement,
je ne m'en souviens pas, à moins de retourner au dossier. Je sais
très bien que ceux de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, du Massachusetts
et de la Californie on n'est pas allé en Californie ont
été examinés, mais, dans tout cela, il faut
déterminer, au point de départ, quels sont les objectifs. Nous,
notre objectif, c'était la sécurité routière. Si
votre objectif est strictement la sécurité routière, vous
allez probablement avoir un système d'inspection bien différent
de celui d'un organisme qui aurait pour objectif la protection du
consommateur.
En fait, on l'a mentionné dans le mémoire au point de vue
de la sécurité routière, il n'y a que quelques points qui
valent réellement la peine, économiquement, d'être
inspectés. Il y a un retour décroissant, en fait, si on va
vérifier le 42e boulon, je ne sais pas où; ça cause
tellement peu d'accidents que le coût pour aller vérifier
dépasse largement tous les avantages qu'on veut obtenir. Ce que nous
avons dit dans la recommandation, c'est qu'on devrait, au niveau de la
sécurité routière, en tenir compte. Par exemple, ça
ne donne rien d'inspecter les véhicules sous tous les aspects. Au niveau
de la sécurité routière, une analyse "cost-benefit" dit
que c'est simplement quatre ou cinq points qui devraient être
inspectés. Si ma mémoire est bonne et ce que je n'aime
pas, en fait, c'est que je dois me fier simplement à ma mémoire
on a mis de l'avant que le système de Californie
a été, au point de vue des
coûts-bénéfices, le plus avantageux. Ce système ne
vérifie au hasard qu'un pourcentage des véhicules et non pas
après accident. En fait, qu'est-ce que ça donne de
vérifier après? Au point de vue de la sécurité
routière, dans certains régimes, vous allez vérifier
après l'accident si le véhicule est en bon état. Ma foi du
tonnerre, pour la sécurité routière, c'est avant qu'il
aurait fallu le faire, pas après.
Cela assure que le véhicule est en état d'être remis
sur la route, mais ça ne règle pas l'ensemble du problème.
Il peut redevenir en mauvais état avant d'avoir un autre accident.
M. SAMSON: Est-ce que vous n'avez pas, à un moment donné,
envisagé l'inspection obligatoire de tous les véhicules sur une
base, disons, de quelques points à être vérifiés,
les points qui sont les plus importants en ce qui concerne la
sécurité routière? Quand je note l'inspection
sélective obligatoire, évidemment, ça pourrait vouloir
dire qu'on va sélectionner certaines catégories. Est-ce que
ça voudrait dire qu'on inspecterait, par exemple, des véhicules
qui sont âgés de quatre ans ou plus?
M. GAUVIN: C'est une possibilité ou certains véhicules qui
ont plus de tant de milles d'usure. Il y a différentes
possibilités. Il s'agit, en fait, de déterminer quelle est la
nature du programme, quels sont les fonds qu'on a pour le faire. Une fois cela
fait, on peut également arriver avec différentes solutions. Il
n'y a pas un seul régime d'inspection; il y en a probablement plus qu'un
qui peut être mis en vigueur. Il s'agit, pour nous, de déterminer
lequel rapporte le plus au moindre coût.
M. SAMSON: Est-ce que vous considérez qu'un système
d'inspection, pour être le plus valable possible, devrait presque
nécessairement ressembler à certains des systèmes
d'inspection qui existent dans les provinces voisines pour éviter ce
transfert de voitures d'une province à l'autre? Je m'explique: il y a,
je pense que vous le savez, des voitures qui, en Ontario, sont retirées
de la route et qui sont effectivement revendues au Québec sans avoir
subi les réparations que l'Ontario exigeait.
Est-ce qu'à ce moment-là notre système d'inspection
n'aurait pas avantage à être uniformisé, disons, dans
toutes les provinces canadiennes, quoi?
M. GAUVIN: II n'y aurait pas nécessairement avantage parce que
les gens du ministère des Transports qui sont directement
impliqués et qui ont examiné le problème ont mis de
l'avant un régime avec certains objectifs. Ils ont examiné ces
régimes-là et les avaient rejetés. Ils ont rejeté,
eux, le système de l'Ontario. Il y a des gens qui disent qu'il n'est pas
aussi bon qu'il en a l'air.
Il y a aussi d'autres provinces voisines qui en ont, mais je pense que
ces régimes-là ne sont pas nécessairement les plus
efficaces. Il ne faudrait pas nécessairement les adopter parce qu'ils
sont là.
M. SAMSON: En ce qui concerne la recommandation no 10 sur le port
obligatoire de la ceinture de sécurité, est-ce que, dans vos
consultations, tous les organismes consultés sont en faveur du port de
la ceinture de sécurité obligatoire ou s'il y en a d'autres qui
se posent des questions? Est-ce qu'on peut en arriver à la conclusion
que c'est absolument une chose qui empêche les accidents, ou si le port
de la ceinture de sécurité dans certains cas ne serait pas
peut-être une cause de blessures plutôt qu'une
sécurité?
M. GAUVIN: Le port de la ceinture est un sujet très
débattu. Mais présentement il y a plusieurs Etats et plusieurs
endroits où on a décidé de le rendre obligatoire.
Même en France, il est en vigueur sur une base sélective.
Vous l'avez, en fait, à Porto-Rico. C'est, effectivement, la seule
mesure, d'après l'ensemble des spécialistes consultés, qui
peut réellement amener une réduction substantielle des blessures
et même du nombre des décès. Les preuves ont
été faites. Il est possible que dans des cas particuliers,
ça puisse avoir un effet contraire; je n'oserais pas me prononcer dans
ce sens. Mais il faut regarder, en fait, l'ensemble, le résultat global
de la mesure. Et, dans un endroit où elle a été mise en
vigueur, on a noté une réduction extrêmement sensible, non
seulement du nombre de décès mais du nombre de blessés
graves au cours d'une période. Les preuves sont faites. Je pense que
c'est un élément qui permettrait de réduire passablement
le nombre de décès sur les routes au Québec.
M. SAMSON: Est-ce que le port de la ceinture de sécurité,
sur une catégorie de routes donnée plutôt que sur
l'ensemble, ne serait pas une solution à envisager?
M. GAUVIN: Cela a été envisagé dans certaines
régions. Maintenant, il ne faudrait pas oublier qu'un pourcentage
très considérable des décès surviennent à
l'intérieur de limites géographiques très restreintes de
l'endroit où habite un particulier. Donc, peut-être qu'on ne le
résoudrait pas. Mais je n'oserais pas me prononcer.
M.SAMSON: En ce qui concerne c'est là ma dernière
question la recommandation no 11: Que les classes ou catégories
de permis soient redéfinies en fonction du type de véhicule que
ces permis autorisent à conduire, que les examens soient
aménagés en conséquence. Dois-je comprendre par là
qu'il a été porté à votre attention que des gens,
possédant, par exemple, un permis de chauf-
feur, qui, au sens de la loi, veut dire pouvoir conduire tout genre de
véhicule, sauf l'autobus, ne peuvent, effectivement, conduire tous les
genres de véhicules, sauf l'autobus?
M. GAUVIN: Oui, il y a des exemples, en fait, où c'est beaucoup
trop libéral dans le bon sens du mot, où on devrait restreindre
le permis à certaines situations particulières. On a donné
l'exemple du fait que les gens trament une remorque; il y a une technique pour
tramer une remorque puis, on ne demande pas aux gens s'ils sont capables de la
tramer ou non. On a donné l'exemple des gens qui peuvent prendre une
motocyclette, sans démontrer qu'ils sont capables de le faire alors que
c'est un art particulier. Ce sont des exemples qui me viennent à
l'esprit.
M. SAMSON: Cela pourrait s'appliquer aussi aux camions, par exemple? Si
je comprends bien le but visé...
M. GAUVIN: C'est ça.
M. SAMSON: ... c'est de faire en sorte que la personne, qui
possède un permis, devrait le posséder pour une catégorie
en particulier ou pour de multiples catégories, selon ses
capacités, selon les examens qu'elle a subis.
M. GAUVIN: C'est exact. M. SAMSON: D'accord, merci. M. MERCIER: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Bellechasse.
M. MERCIER: ... j'aimerais revenir sur la recommandation no 7 et, par la
suite, la recommandation no 17, et demander à M. Gauvin, d'une part,
s'il pourrait nous fournir des commentaires additionnels relativement à
sa recommandation no 7, concernant une loi du bon Samaritain? S'il peut nous
donner quelques détails sur ce qu'il a à l'esprit. Et, d'autre
part, relativement à la question 17, sans vouloir extrapoler davantage
l'esprit de sa recommandation, si les membres du comité ont eu à
l'esprit de recommander davantage une patrouille routière autonome,
distincte de celle du corps policier de la Sûreté du
Québec, identique, par exemple, au "highway patrol" qu'on peut
rencontrer dans les Etats américains.
M. GAUVIN: Sur la recommandation no 7, c'est une loi qui existe, en
fait, dans plusieurs juridictions. On a porté à notre attention
qu'il serait bon qu'elle soit adoptée au Québec également.
C'est une loi qui n'a pas autant de conséquences pratiques quand on peut
l'appliquer, mais ça aide le climat lorsque, lors d'un accident, les
gens qui aident des accidentés, ne peuvent pas être poursuivis
s'ils ont commis une erreur en voulant aider les autres. Il y a du pour et du
contre; nous avons cru qu'il serait préférable de l'avoir.
Sur la recommandation no 17, déterminer, en fait, si au
Québec il devrait y avoir une patrouille distincte est une tâche
monumentale.
Il ne faudrait pas oublier les considérations
géographiques du Québec et également les différents
corps policiers qui existent. Seule une étude exhaustive le dirait. Je
pense que les gens du ministère de la Justice se sont certainement
penchés sur le problème.
Ce que nous voulons, ce n'est pas nécessairement une patrouille
distincte, c'est une augmentation de la surveillance sur les routes. Elle
pourrait être très bien faite à l'intérieur des
corps existants, si on leur donne les moyens physiques de le faire, si on leur
donne également cela comme étant une priorité, comme
étant très important. Je ne voudrais certainement pas dire qu'au
Québec on est mieux avec un système qu'avec l'autre, parce
qu'encore une fois, si vous adoptez un système comme aux Etats-Unis, il
pourrait très bien ne pas fonctionner ici, parce que les situations sont
complètement différentes.
M. MERCIER: Est-ce que dans l'exercice de votre mandat, en tant que
membre de la commission, vous avez eu le loisir de faire des études
comparatives entre l'efficacité des patrouilles routières sur les
autoroutes et les résultats obtenus, comparativement, par exemple,
à la patrouille routière ou au facteur temps consacré par
les policiers du Québec de la patrouille routière?
M. GAUVIN: Non; d'abord je pense que la comparaison serait à
certains égards boiteuse, parce que les deux n'ont pas les mêmes
mandats. Un est limité à un champ d'activité, il ne fait
que cela, tandis que l'autre a à appliquer différentes lois. A ce
moment-là, quand vous comparez les deux, il faudrait effectivement
prendre simplement la portion de celui qui applique plusieurs lois, la portion
de son temps qu'il fait dans la patrouille de la route, pour voir s'il est
aussi efficace. Il n'y a probablement pas de raison qu'il le soit moins, sauf
que pour lui il y a également d'autres lois à appliquer qui
peuvent prendre une partie de son temps.
Là-dessus la Sûreté du Québec a
elle-même des patrouilles, à ma connaissance, qui ne s'occupent
que de ça, dans des régions où effectivement le besoin le
demande; peut-être qu'il devrait y en avoir plus.
M. MERCIER: Vous a-t-il été donné d'obtenir les
données statistiques du nombre d'heures-
hommes consacrées à la patrouille routière par la
Sûreté du Québec?
M. GAUVIN: Non. A ma connaissance, le système d'information comme
tel n'existait pas au moment où nous avons fait nos analyses et je ne
sais pas s'il en existe présentement où on peut dire quel est le
temps consacré. D'ailleurs c'est quand même très difficile;
si vous avez un policier à la campagne qui se promène sur une
route et qui est appelé pour trois choses différentes, comment
divisez-vous son temps?
M. MERCIER: A tout événement c'est ce qui vous a
amenés, les membres de la commission, à recommander d'accentuer
la patrouille routière?
M. GAUVIN: Ce qui nous a amenés effectivement à l'ensemble
des recommandations, c'est la constatation que la situation des accidents au
Québec est intolérable. Il y en a trop. On a beaucoup plus
d'accidents de la route qu'en Ontario. On a 40 p.c. ou à peu près
de plus de morts sur nos routes par 100,000 de population.
On s'inquiète de la survie du fait français au
Québec, de la dénatalité. On devrait peut-être, au
lieu de parler de dénatalité, essayer de conserver les vivants un
peu plus et puis essayer de réduire notre expérience non pas au
niveau d'endroits où on a mis énormément de contraintes,
mais au moins comme en Ontario. Je ne peux pas concevoir, moi, comment il se
fait qu'on ne peut pas en arriver à avoir une expérience
semblable à celle de l'Ontario. Les différences, il y en a, mais,
si au Québec la situation est moins bonne, ça veut dire qu'il va
falloir faire un peu plus d'efforts. Mais pourquoi, pour conserver les gens,
pour économiser des vies et réduire les dépenses de
l'Etat, ne pas assurer en fait une meilleure protection du public?
Ce qui nous a frappés au point de départ, c'est qu'on
parle de taux d'assurances trop élevés, mais ce n'est pas
surprenant, les accidents sont beaucoup plus élevés. Pourquoi au
Québec ne peut-on pas organiser notre société pour avoir
le moins d'accidents possible? Pourquoi serions-nous pires que ceux qui sont de
l'autre côté d'une frontière, existante ou non?
M. MERCIER: Au cours de vos recherches, est-ce qu'il vous a
été donné de faire des études comparatives sur le
comportement du conducteur québécois, comparativement à
celui de l'Ontario ou de la Colombie canadienne?
M. GAUVIN: Vous demandez là une tâche monumentale qui
requiert des moyens dont le comité ne disposait pas. Il y a même
une étude américaine qui a été faite.
On a dépensé $3 millions pour découvrir,
effectivement, le portrait type du conducteur ayant un accident et, assez
curieusement, après toutes ces dépenses d'argent, il me
ressemblait autant qu'il vous ressemble. Alors, quelles sont les conclusions
qu'on peut en tirer? Très peu de conclusions.
Pour répondre à votre question: Les
Québécois qui s'en vont dans un endroit où c'est plus
surveillé n'ont-ils pas tendance à faire plus attention?
Et, assez curieusement, vous avez des gens d'autres juridictions qui
viennent au Québec et, sachant qu'il y a moins de surveillance au
Québec, ils se comportent, assez souvent, comme des
Québécois.
M. MERCIER: Dernière question, M. le Président,
relativement au système ambulancier. Est-ce qu'il vous a
été donné de recueillir des statistiques, par exemple, sur
les pertes de vie attribuables aux déficiences du système
ambulancier, suite à un accident, les délais, etc,
occasionnés pour l'obtention des premiers soins ou des services
d'urgence?
M. GAUVIN: Pas exactement comme tel. Il y a certaines analyses qui ont
été faites, dont une au Royal Victoria à Montréal,
sur tout le système ambulancier et le nombre de vies qu'on pourrait
sauver avec une amélioration. Ce que nous avons trouvé est
aberrant. Cela fait possiblement quinze ans qu'on demande une meilleure
coordination de ce système et cela a pris quinze ans pour l'atteindre.
Et, même encore, on ne l'a pas atteinte, semble-t-il.
Il ne faut pas se surprendre qu'il y ait des accidents, qu'il y ait des
décès sur la route si on a une situation de laisser-aller dans
certains secteurs. J'ai dit cela tout à l'heure; il y a une
réglementation qui a été adoptée et, d'après
ce qu'on mentionne, elle va certainement améliorer la situation. Est-ce
la meilleure solution? C'est bien difficile d'y répondre.
Encore une fois, le comité a reçu dans un de ses
mémoires une recommandation assez farfelue d'avoir je ne me souviens
plus combien d'ambulances, combien de médecins sur la route... C'est
tout un problème de déterminer quel est le coût
qu'impliquent ces recommandations et quels en sont les avantages. Il y a un
certain équilibre à atteindre, et qui peut être atteint. On
peut certainement améliorer le système. En effet, si tout est
parfait au Québec, je voudrais qu'on me dise pourquoi nous avons plus
d'accidents qu'ailleurs. Si tout va si bien, pourquoi s'interroge-t-on?
M. MERCIER: Merci, M. Gauvin.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, deux courtes questions.
Premièrement, je constate dans les recommandations que vous ne faites
aucune recommandation quant à un système d'éducation
obligatoire dans les écoles secondaires, en
particulier, pour apprendre aux élèves comment conduire.
Est-ce parce que vous trouvez que cela n'est pas tellement important en soi ou
bien trouvez-vous qu'il y aurait avantage à en établir un, comme
dans certaines provinces, certains Etats américains, ne serait-ce que
pour démontrer les conséquences et l'importance de cette question
chez les jeunes et créer une espèce de psychologie?
M. GAUVIN: Effectivement, si nous avions réglé tous les
problèmes qu'on mentionne ici, il n'y aurait pas eu besoin d'avoir le
Conseil de la sécurité routière. Le premier
problème que nous avons eu en examinant les accidents de la route fut de
déterminer quelles sont les mesures les plus appropriées pour le
Québec. Précisément parce que le comité n'a pu
déterminer toutes ces mesures et comment elles devraient être
appliquées dans leurs modalités, nous avons dit: II faudrait
avoir un organisme qui ne ferait que cela et dont ce serait la seule
priorité, qui n'aurait pas à administrer des lois, qui ne ferait
que regarder le problème.
Nous avons discuté longuement pour savoir s'il devrait y en avoir
ou non, mais je pense que le comité ne pouvait arriver avec une
conclusion ferme sur ce problème en particulier dans les temps qui lui
ont été alloués et avec le budget qui lui a
été alloué.
M. BONNIER: Merci. Maintenant, relativement au conseil et c'est
ma dernière question vous mentionnez qu'il doit être
financé à même 1 p.c. des primes d'assurance. Par ailleurs,
vous soulignez dans le rapport qu'il doit être représentatif de
différents éléments de la société. Dans vos
recommandations, est-ce que vous situez ce conseil près d'un
ministère ou en dehors d'un ministère? Est-ce que vous croyez
qu'il serait avantageux, par exemple, qu'il dépende de l'ensemble des
assureurs et que les assureurs c'est la question que je pose
soient obligés d'y contribuer financièrement, comme ils le font
pour le fonds d'indemnisation, par exemple?
M. GAUVIN: Tenir pour acquis que, parce que les assureurs y contribuent
ils devraient le contrôler, cela voudrait dire que, puisque les assureurs
contribuent, en fait, à une somme assez formidable de réparations
dans les garages, ils devraient peut-être contrôler les garages
également. Loin de nous l'idée d'avoir le contrôle du
conseil par les assureurs; ils seront certainement intéressés,
ils pourraient être représentés. Le comité n'a pas
voulu entrer dans le débat, à savoir où il devrait se
situer au niveau du gouvernement. Nous avons voulu lui assurer plutôt un
mode de financement qui lui accorderait des fonds suffisants pour faire la
tâche monumentale qu'il y a à faire.
Il nous a semblé que, grâce aux économies qu'on
réaliserait dans l'amélioration de l'administration du
système d'assurance, il serait assurément acceptable de se servir
d'une partie de ces économies pour financer le conseil. D'autres modes
peuvent être utilisés. Ce qui est intéressant ici, c'est
que ce n'est pas le budget du gouvernement qui est affecté pour autant;
ça vient d'une nouvelle source et non pas des fonds existants.
M. BONNIER: Merci.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Nord.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Beauce-Nord, excusez.
M. HARVEY (Charlesbourg): C'est très important, M. le
Président.
UNE VOIX: Ne perdez pas le nord, M. le Président.
UNE VOIX: C'est parce qu'il n'est pas habitué.
M. SYLVAIN: M. Gauvin, c'est peut-être une question d'ordre
général. Vous avez dit que vous aviez accordé autant
d'importance à l'un ou l'autre des chapitres de la
sécurité routière, de l'indemnisation et de
l'administration, et que la solution idéale pouvait se trouver en
réglant les trois facettes que vous nous avez données dans votre
rapport.
Pouvez-vous me dire si votre comité a accordé une
importance spéciale et particulière au chapitre de la
sécurité routière? Je vous pose cette question-là
partant du fait suivant: il semble que le nombre, la fréquence et la
gravité des accidents au Québec sont peut-être le facteur
le plus influent. C'est une vérité de La Palice. Il me semble
qu'attacher une importance particulière au secteur de la
sécurité routière serait un moyen de régler
peut-être 30 p.c., 40 p.c. ou 50 p.c. des problèmes de
l'indemnisation et des problèmes de l'administration.
En partant du fait du moins c'est mon opinion personnelle
de la non-observance des règlements de circulation, des lois, c'est
surtout l'aspect punitif qui est souvent négligé dans le
système qu'on a à l'heure actuelle. Il me semble que traiter de
la sécurité routière sous toutes ses facettes serait
peut-être apporter une partie de la solution au problème de
l'assurance-automobile à l'heure actuelle. Tantôt, vous avez dit:
On va régler les trois en même temps. Est-ce que vous accordez
plus d'importance au chapitre de la sécurité routière
qu'aux autres chapitres déposés dans votre rapport?
M. GAUVIN: Essentiellement, le rapport
porte sur l'assurance-automobile. La sécurité
routière y a été insérée, je devrais dire,
à la demande même des gens qui avaient été
approchés pour examiner le problème. Chaque fois que vous
discutez d'assurance-automobile, on fait le raisonnement suivant: il n'y a pas
de problème en assurance-automobile, il n'y a qu'un problème en
sécurité routière. Réglez ça et tout va se
régler. Nous disons que ce n'est pas exact. Le rapport du comité,
comme le titre l'indique, est un rapport dont la grande partie traite de
l'assurance-automobile.
Nous avons parlé de la sécurité routière et
nous lui avons accordé toute la priorité que nos moyens et nos
disponibilités nous permettaient mais, essentiellement, c'est un rapport
qui traite de l'indemnisation des victimes. Ceci étant dit, lorsqu'on
parle de sécurité routière, il est exact que c'est la plus
grande part du dollar-prime qui va pour l'indemnisation des victimes.
M. SYLVAIN: II restera toujours que, même avec toutes les normes,
même dans leur meilleure application et avec le meilleur système,
on aura à vivre dans un système et à essayer d'instaurer
un système idéal d'assurance-automobile par rapport à
l'indemnisation des victimes et à l'administration du système.
Pour nous, il faut rechercher d'abord la protection du consommateur ou la
protection du public québécois. Il y a des statistiques qui ont
été données, par exemple, depuis qu'on a mis, aux
Etats-Unis, les limites de vitesse à 55 milles à l'heure depuis
la crise énergétique. Selon des statistiques, par exemple, au
mois de juillet, sur quatre fins de semaine, il y a eu 33 1/3 p.c. de
diminution d'accidents d'automobile.
C'est pour ça que je suis amené à dire: Oui, il
faut vivre dans un meilleur système d'indemnisation des victimes et une
meilleure administration du système. Je suis porté à
penser en premier, par exemple, à la sécurité
routière où on devrait mettre l'accent à 100 p.c,
d'après nous.
M. GAUVIN: En fait, c'est un choix que vous avez à faire, pas
nous. Nous, en fait, nous avions à examiner l'ensemble du
problème et à déterminer où il y avait des lacunes.
Ce que nous disons dans le rapport au niveau de l'assurance-automobile, c'est
qu'il est inefficace, le système. Diminuez les accidents, il va rester
inefficace. Avec la sécurité routière, il y a trop
d'accidents. Ne réduisez pas les accidents, vous n'abaisserez pas
réellement les pertes pour la société. Enfin, il faudrait
quand même qu'on cesse, à un moment donné, de dire: Ce
n'est pas dû à l'un, c'est dû à l'autre. On se
renvoie la balle. Certaines gens ont dit : Ne touchons pas à
l'administration du régime, règlons ça. Nous, on dit: Cela
règle une partie du problème mais ça ne règle pas
le problème dans son entier. C'est ce que nous disons dans le rapport.
Nous croyons, en fait, que l'endroit où on obtient le plus difficilement
des résultats est le secteur de la sécurité
routière.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de
Trois-Rivières.
M. BACON: En fait, ça précise la question que mon
collègue de l'une des deux Beauce vient de poser. Il y aurait quand
même un certain synchronisme à... On se trompe moins quand on dit
: L'une des deux Beauce.
Il y aurait quand même un certain synchronisme... Je comprends que
la sécurité routière est quand même la base
fondamentale de tout le système, mais est-ce que vous recommanderiez un
certain synchronisme avec un laps de temps avant la mise en application? Je
comprends que vous voulez y aller de front et globalement, mais est-ce que vous
laisseriez des laps de temps, à un moment donné, quitte à
apporter des corrections dans certaines recommandations, ou à renforcer
certaines recommandations, plutôt que d'y aller, en mettant tout le
paquet à la fois?
M. GAUVIN: Je pense que le problème évolue avec le temps
et qu'il faudra apporter des correctifs. Pour moi, j'espère qu'on va
attaquer le problème le plus rapidement possible, dans tous les secteurs
à la fois, pas simplement dans un secteur. Parce que c'est un peu
utopique de dire: On corrige à un endroit, on ne corrige pas à
l'autre. En fait, je pense qu'il faut prendre le problème de front. Il
faut adopter les solutions qui paraissent les plus appropriées et les
mettre de l'avant. Nécessairement, ces solutions, quelque temps
après, il faudra probablement les modifier, parce que la
société évolue avec le temps et les besoins, et les
problèmes changent.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): M. le ministre.
M. TETLEY: M. le Président, je suis venu ici, ce matin, avec dix
pages de questions dactylographiées d'avance. Mes collègues
ministériels et de l'Opposition ont posé toutes mes questions,
sauf deux. En conséquence, je crois que c'est peut-être un
très bon moyen de procéder. Au moins, c'est démocratique.
Je crois que le ministre est ici pour apprendre des choses plutôt que
donner des leçons, etc.
Je voudrais faire des constatations, M. Gau-vin. Si je comprends bien
votre section au sujet de la sécurité routière, votre
recommandation 18 est très importante; concernant la création
d'un organisme chargé de toute la sécurité
routière, et c'était en réponse à deux questions
des députés ministériels. Si je comprends bien, c'est
parce que le nombre des accidents au Québec est très
élevé et que le coût de ces accidents est aussi très
élevé. Je note aussi avec
grand intérêt votre recommandation 8 au sujet de
l'instauration dans la province d'une politique d'inspection sélective
obligatoire, disant que c'est important. Aussi la recommandation 10: Que soit
adoptée une loi rendant obligatoire le port de la ceinture de
sécurité. J'ai devant moi ici un document qui est sorti
après votre rapport du Club Automobile de Québec,
dernière édition, c'est-à-dire l'édition
d'août, je crois, où on dit que ça peut réduire
énormément, suivant ses chiffres, le coût des accidents et
même le résultat de ces accidents. Il n'y a que 1/2 de 1 p.c. des
cas où la ceinture a augmenté apparemment, suivant le rapport, le
coût des accidents.
Je note votre recommandation 15. Il faut changer, modifier notre
système de démérite. Je trouve ces recommandations
à part les autres, très intéressantes et importantes.
Mais j'ai une dernière constatation parce que d'autres
ministères sont impliqués. Je note les représentants du
ministère de la Justice, du ministère des Transports et de la
Voirie, qui aujourd'hui se trouvent ensemble dans le ministère des
Travaux publics. Je vois une grande importance qu'ils agissent et c'est
pourquoi, peut-être, votre recommandation 18 est si importante; il faut
un seul comité en charge.
Mais les deux questions que j'ai sont au sujet de l'ivresse et la limite
de vitesse. Je sais qu'il est très difficile de trouver les chiffres au
sujet du nombre d'accidents causés par l'ivresse. Avez-vous des
observations d'ordre général au sujet de l'ivresse? Je sais qu'un
professeur Thompson est venu me voir et je crois qu'il a témoigné
devant votre comité, le professeur Thompson de McGill. Il a
expliqué que, dans certains Etats des Etats-Unis, on a constaté
que dans 50 p.c. des accidents où il y avait une mortalité il y
avait un cas d'ivresse.
Avez-vous des observations? Ou peut-être d'autres membres de votre
comité, M. Rankin et Me Belleau, ont-ils des observations à ce
sujet qui n'ont pas été faites ce matin?
M. GAUVIN: Peut-être M. Rankin le pourrait-il? Je peux simplement
dire que les chiffres que M. Thompson cite. M. Thompson a été un
des consultants en sécurité routière et il est professeur
de mechanical engineering à McGill. Il s'occupe depuis plusieurs
années de recherche en sécurité routière et il a
été un des consultants retenus par le comité. Les chiffres
américains semblent être valables au Québec si on se fie
aux données des coroners qui ont examiné les gens qui sont morts
dans des accidents; il y a à peu près ce que vous signalez.
C'est la seule observation que je peux faire maintenant, l'ivresse au
volant, c'est un problème social sûrement pas facile à
régler.
M. TETLEY: Mr Rankin, have you anything to add?
MR RANKIN: The only thing I could say is that this is a good
illustration of the problems that we are facing, the necessity for this
council. You could spend the whole budget of our committee, just investigating
that one problem and what measures we have to take. We are not alone having
trucks and drivers on the roads, they exist all over United States.
Just an example: The Department of Transports spend $14 millions a year
on trying to find out the causes of automobile accidents and what to do about
it.
M. TETLEY: Which department of...
MR RANKIN: US Department of Transports.
M. TETLEY: On m'a dit, MM. Gauvin, Belleau et Rankin, qu'en Angleterre
on avait imposé une loi et des examens par ivressomètre.
Depuis quelques mois, peut-être six mois, il y avait une baisse
remarquable dans le nombre d'accidents, mais après que les gens ont vu
qu'ils pouvaient quand même conduire en état d'ivresse, le chiffre
d'accidents a augmenté. On m'a dit que le seul moyen de contrôler
la conduite des ivrognes, ce sont des inspections, presque injustes ou non
démocratiques, irrégulières, après les heures de
lunch, autour de la Place Ville-Marie ou du Parlement ou je ne sais pas
où, et d'arrêter tout le monde, sans mandat, avec un mandat
général, d'adopter une loi selon laquelle le service de la
sécurité routière peut arrêter n'importe qui et
l'examiner, le tester. Quelles sont vos observations à cet effet?
M. GAUVIN: La seule observation que je voudrais faire, c'est que, si on
veut résoudre non pas seulement l'ivresse, la limite de vitesse,
l'ensemble des problèmes reliés aux accidents d'automobiles, il
va falloir prendre des mesures assez draconiennes, assez, je dirais même,
radicales.
Est-ce que la population est prête à les accepter? Mais si
la population ne veut pas les accepter, il ne faudrait pas qu'elle se plaigne,
après cela, que ses primes d'assurance sont trop
élevées.
M. TETLEY: Apparemment, en Angleterre, la population était
tellement démocratique, ou aimait tellement prendre un petit coup
après le travail, qu'elle n'a pas accepté ce système. Elle
n'a pas voulu l'accepter.
Une autre question, la deuxième et dernière question que
j'ai, c'est la limite de vitesse. Aux Etats-Unis, comme nous le savons tous, on
a réduit la limite, à cause de la pénurie de
pétrole, de 70 milles à l'heure à 55 milles à
l'heure.
J'ai devant moi un rapport du National Underwriter, le 9 août 1974
encore après votre rapport un rapport du National Safety
Council, où on a noté que la vitesse imposée de 55 milles
à l'heure a coupé en grande partie ou en bonne partie, de 23 p.c,
le nombre d'acci-
dents mortels. En effet, le titre est: "Traffic deaths down 23 p.c. in
first half, for six months, per mile fatalities at record low". J'aimerais, si
possible, avoir vos observations au sujet de la vitesse comme cause d'accidents
et mortalités au Québec.
M. GAUVIN: En fait, les études qui existent indiquent bien qu'il
y a un rapport entre les deux. On oublie alors l'état de la route. Cela
peut varier énormément. C'est tout ce que je peux dire sur ce
sujet.
Alors, ce n'est pas simplement une variable qu'il faut regarder, mais il
faut regarder l'ensemble des variables. Je n'ai pas vu l'analyse dont vous
parlez, mais j'aimerais vous signaler qu'une autre analyse, faite par un autre
organisme, disait que, d'accord, les décès, aux Etats-Unis, ont
diminué, mais ce n'est pas exclusivement dû aux limites de
vitesse. C'est dû également au fait qu'en même temps, le
nombre de milles parcourus a diminué d'une manière assez
fantastique.
Je pense, moi, que, là-dedans, il y a beaucoup de gens qui
parlent de sécurité routière sans réellement savoir
et je ne voudrais pas impliquer que c'est ça tout
l'ensemble du problème. On dit: On baisse les vitesses. Mais, en
même temps, effectivement, il y a moins de milles parcourus. Lequel est
la cause?
Il peut y avoir d'autres facteurs. C'est un ensemble de causes qui a
résulté en une réduction; et quant à moi, je ne me
prononcerai pas à savoir si c'est l'une plutôt que l'autre.
M. TETLEY: Je vous remercie, M. Gauvin.
LE PRESIDENT (M.Kennedy): Le député de
Trois-Rivières.
M. BACON: Une dernière question. Dans toutes ces choses que vous
avez pu observer, vis-à-vis de la sécurité
routière, est-ce que les contraintes, les défenses, tout ce qui
est limitatif, est-ce que vous avez pu vous faire une opinion à savoir
si à moyen et à long termes ça donne plus de
résultat que de...?
En fait, qu'est-ce qui donne le plus de résultat globalement,
vis-à-vis de la sécurité routière sur...? Vous ne
le savez pas.
M. GAUVIN: En fait, ce sont des mesures beaucoup plus
sévères que celles que nous avons au Québec.
M. BACON: Est-ce que l'éducation, à la base, ou... on a
fait la remarque là-dessus tantôt...
M. GAUVIN: Oui...
M. BACON: Est-ce que les campagnes d'éducation... Si à un
moment donné, au départ, le conducteur, avant même de pou-
voir obtenir un permis, était plus soucieux ou savait mieux ce qu'il a
dans les mains quand il est assis dans un véhicule automobile et tout ce
qui peut arriver, ou quelle est sa responsabilité, question
d'éducation, ça ne serait pas...? Il me semble que vous n'avez
pas tellement appuyé vis-à-vis de la sécurité
routière, sur l'éducation.
M. GAUVIN: C'est peut-être parce que les
coûts-bénéfices d'un tel système sont relativement
disproportionnés. Vous mentionnez, en fait, l'éducation. Je pense
que les membres en tant que tels et les consultants croient à
l'éducation, mais si vous commencez aujourd'hui à la
prématernelle à éduquer les gens, dans combien
d'années allez-vous avoir des résultats?
Egalement, si vous éduquez ces derniers, mais que les autres ne
sont pas changés, les autres vont être des victimes, ils vont
devenir pareils. Une expérience a été faite dans une
province canadienne où on a pris deux groupes d'étudiants choisi
au hasard. A un groupe, on a donné des cours spéciaux de
conduite, très avancés, et à l'autre on n'a rien
donné. On a suivi l'expérience pendant quelques années et,
après quelques années, ça ne paraissait plus qu'on avait
donné des cours. Cela a paru dans l'immédiat et la conclusion de
cette enquête, quand même assez sérieuse, indiquait que dans
l'immédiat, ils se souvenaient de tout, mais éventuellement, ils
embarquaient, en fait, avec les autres et prenaient les mêmes
habitudes.
Alors, l'éducation du public, j'y crois, mais à
très long terme et avec des coûts très
élevés.
M. TREMBLAY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député d'Iberville.
M.TREMBLAY: M. le Président, j'aimerais demander à M.
Gauvin s'il a jeté un regard attentif sur le phénomène de
la nouvelle mode des chemins de ceinture entourant certaines
municipalités de la province et des chemins de contournement pour
corriger, naturellement, certaines routes qui sont désuètes sur
le plan de la sinuosité, et le reste? J'aurais deux exemples à
soumettre pour illustrer probablement un problème qui existe un peu
partout.
Alors, ma première question. Avez-vous étudié ce
phénomène des chemins de ceinture qui entourent une ville
construits par le gouvernement du Québec qui,
nécessairement, arrivent à des intersections de rues desdites
municipalités et des chemins de contournement pour corriger des courbes
ou passer en dehors d'un village, etc? Après cela...
M. GAUVIN: En fait, c'est un problème
quand même de nature particulière, à
l'intérieur du mandat du comité.
Je suis obligé de dire simplement que nous n'avons pas
commencé à analyser tout le système routier pour savoir
où sont les problèmes. On nous en a soumis et le comité
n'a pas cru que c'était son mandat d'aller voir physiquement à
quelle place sont tous les problèmes. Alors, je suis obligé de
vous dire qu'on nous en a signalé à l'occasion de certaines
discussions et que le comité n'est pas allé plus loin que
simplement en prendre note.
M. TREMBLAY: Alors, sur le phénomène particulier des
chemins de ceinture autour des villes, ça ne s'est pas fait
concrètement par des commissaires qui ont examiné la
situation?
M. GAUVIN: Pas plus que cela ne s'est fait concrètement, en fait,
pour d'autres problèmes bien précis. C'est en fait, un examen
global du système et non pas à l'intérieur de points bien
particuliers pour voir si tel article est fait comme il faut.
M. TREMBLAY: Est-ce qu'il vous a été donné
d'examiner de plus près, par exemple, à la lumière
peut-être de ce que le député de Bellechasse a
mentionné tout à l'heure, le processus d'études et
d'analyses des fonctionnaires du ministère des Transports, de la date de
l'ouverture d'un chemin de ceinture ou d'un chemin de contournement à la
date où ils décident d'implanter un système
d'éclairage ou de feux de signalisation? Je peux dire facilement, moi,
qu'il s'écoule entre douze mois et deux ans.
M. GAUVIN: Le fait qu'il s'écoule beaucoup de temps ne veut pas
dire que c'est nécessairement fait de la meilleure façon.
M. TREMBLAY: C'est une cause d'accidents fréquents et,
personnellement, j'ai un exemple. Je ne veux pas accabler la commission avec
cela, mais c'est pour illustrer la pensée de plusieurs citoyens. A
Farnham, il y a un chemin de contournement qui a été construit il
y a peut-être cinq ou six années, qui a été ouvert
à la circulation lorsque le nouveau député du comté
d'Iberville a été élu...
UNE VOIX: Nommez-le.
M. TREMBLAY: ... juste avant le 29 octobre. Mais, à toutes fins
utiles, ce chemin a été construit et il n'avait pas
été ouvert officiellement à la circulation depuis trois
ans pour des raisons qu'on ignore. On l'a finalement ouvert et ça fera
un an bientôt. Les signaux lumineux ont été demandés
à grand renfort de publicité par des journaux régionaux et
de suppliques de la part du député et du maire de la
municipalité et le reste. Ces gens n'ont pas été entendus.
J'ai même fait produire un rapport de police de la ville de Farnham
démontrant qu'en l'espace de six mois, avec statistiques à
l'appui et vérification de registres, il y avait eu quinze accidents
assez graves à une intersection en particulier, rue Jacques-Cartier et
chemin de ceinture; j'ai produit ce rapport au ministère des Transports,
ça fait peut-être quatre ou cinq mois. Dimanche soir,
j'étais à Farnham. Cela le faisait exprès, j'allais
assister à des événements où mes électeurs
m'attendaient, j'ai passé à l'intersection de la rue
Jacques-Cartier où venait de se produire un accident déplorable.
Je voyais le policier qui transportait une dame dans ses bras, enfin tout le
scénario dramatique d'un accident d'automobile.
A deux coins de rue plus loin, à l'angle d'une autre rue,
toujours à l'intersection du chemin de ceinture, un autre accident
déplorable. Alors imaginez, avec le minimum de sens des
responsabilités d'un représentant du peuple, ce qui nous passe
dans l'esprit à ce moment-là. Hier, lundi, je me mets au
téléphone et j'appelle les responsables au ministère des
Transports. C'est regrettable que M. Mercier n'y soit plus, peut-être que
diligence aurait été faite avant. J'ai été
obligé presque de me battre avec ces gens-là, et on m'a toujours
répondu que l'analyse et l'étude étaient en cours. J'ai
dit: Vous allez changer d'idée, messieurs, parce que lundi prochain, si
je n'ai pas de nouvelles précises, on va faire une bataille à
Montréal, à 255 Crémazie. Je vais te rappeler lundi
prochain, le...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): La question s'il vous plaft.
M. TREMBLAY: Je remarque que vous n'avez pas apporté d'attention
particulière à ça, je ne vous blâme pas, parce que
vous avez fait un tour d'horizon, mais les accidents d'automobile, c'est tout
ça. C'est la responsabilité des gens. Hélas! ce ne sont
pas les gens élus qui sont toujours responsables de ça, c'est
dommage. Mes remarques sont terminées, M. le Président.
M. MERCIER: M. le Président, à la question soulevée
par le député de Trois-Rivières, tout à l'heure,
relativement à l'éducation dans le domaine de la
sécurité routière, je ne voudrais pas vous avoir mal
compris. Est-ce que vous pourriez préciser si vous êtes favorables
à l'implantation de programmes d'éducation aux niveaux primaire
et secondaire? D'après le rapport que vous avez cité en ce qui a
trait aux cours de conduite au niveau secondaire, vous avez semblé
attacher plus ou moins d'importance à l'efficacité ou aux
résultats obtenus suite à ces cours.
M. GAUVIN: Ce que j'ai voulu dire, et je pense que le message n'a pas
été compris, c'est que nous n'avons pas analysé de
programmes complètement particuliers. J'y crois au système, enfin
une éducation continuelle de la population, les membres y croyaient. Le
problème,
c'est quel programme. Ce n'était certainement pas le rôle
du comité d'aller déterminer des programmes absolument
précis, la tâche est trop monumentale. Ce que je peux dire
cependant, c'est qu'il ne s'en fait pas assez. Je pense que vous allez
être d'accord pour dire que le budget du service de
sécurité routière est insuffisant, les fonctionnaires me
l'ont dit et certains fonctionnaires qui ne sont plus fonctionnaires nous l'ont
même mentionné à ce moment-là.
Alors je pense, effectivement, qu'aller déterminer si tel ou tel
programme devrait être implanté, ce n'était pas le but du
comité. Le comité n'est pas entré dans cette...
M. MERCIER: Vous êtes favorable à l'implantation de
programmes d'éducation à partir de la maternelle?
M. GAUVIN: Nous sommes favorables à toute mesure qui
réduirait les accidents au Québec.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Merci, messieurs, la commission suspend ses
travaux à quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 43)
Reprise de la séance à 15 h 11
M. CORNELLIER (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs !
La commission des institutions financières, compagnies et
coopératives reprend l'étude du rapport Gauvin. Tel qu'il a
été entendu ce matin, nous procéderons à
l'étude du deuxième secteur ou du deuxième chapitre ou de
la deuxième partie qui traite des recommandations sur l'indemnisation
des victimes d'accidents d'automobile.
Je cède la parole au ministre des Institutions
financières, compagnies et coopératives.
Indemnisation des victimes d'accidents
M. TETLEY: M. le Président, je vous remercie. Nous sommes rendus
à la page 343, les recommandations du rapport Gauvin sur l'indemnisation
des victimes d'accidents d'automobile. Je remarque la présence de Me
Bouchard, pas Louis-Philippe Bouchard, mais plutôt son frère,
Jean-Marie Bouchard, commissaire ou membre du comité. Je vous souhaite
la bienvenue. C'est peut-être opportun que vous soyez ici parce que ma
première question est au sujet de votre recommandation 19 et je la cite:
"Que soit aboli complètement le droit de recours en vertu du
régime de la faute pour toutes les pertes découlant de blessures
corporelles subies dans un accident d'automobile".
J'ai évidemment lu votre rapport que je trouve très
important et surtout à la page 175 et suivantes où vous avez
parlé exactement de cette question. Pourriez-vous, messieurs les membres
du comité Gauvin, si c'est possible si ce n'est pas possible,
tant pis faire un sommaire des reproches principaux que vous formulez
à l'encontre du système actuel d'indemnisation? Les grandes
lignes, en effet. Est-ce possible? Je trouve que le rapport a été
assez clair mais je crois que, pour le bénéfice de notre
commission et pour la discussion d'aujourd'hui, une telle réponse serait
très utile pour tout le monde présent.
M. GAUVIN: J'aimerais, avant de parler de cette question, resoulever un
point qui, à cause de la chaleur du débat ce matin, est
peut-être passé inaperçu. Le comité a eu un mandat
du gouvernement. La description du mandat apparaît au tout début
du rapport. Le comité comme tel croit avoir rempli son mandat en
présentant au gouvernement une série de recommandations,
lesquelles sont toutes décrites et sont toutes explicitées
à l'intérieur du rapport. Je pense que le comité,
nonobstant la valeur de la commission, n'a pas à venir défendre
son rapport.
Les membres, comme tels, acceptent de venir expliquer, chacun pour
autant que ses
activités professionnelles lui permettent de le faire, le sens de
certaines recommandations qui pourraient n'être pas claires. Je ne pense
pas que ce soit l'obligation des membres de venir défendre le rapport
puisque le rapport a été déposé et c'est au
gouvernement de le juger, c'est à vous de le juger. C'est à vous
d'avoir, s'il le faut, des experts pour reprendre les conclusions ou reprendre
les recommandations. C'est dans ce sens-là que ce matin j'ai
souligné que, s'il fallait reprendre chacune des recommandations et
aller refaire la démonstration de la raison de cette
recommandation-là, on imposerait aux membres, aux ex-membres, puisque le
comité n'existe pas, un fardeau que les membres ne peuvent
supporter.
J'aimerais souligner qu'il est exact que les membres ont reçu une
rémunération. Ils ont cependant produit un rapport dans les
termes de leur mandat. Quant à moi, le mandat, il se terminait
après la parution du rapport.
Cela dit, je suis certainement prêt, et je pense que mes
collègues le sont, dans la mesure du possible, à donner certaines
explications sur le rapport. La troisième partie comporte une critique
du régime actuel d'indemnisation non seulement dans son fondement
juridique, mais également dans l'administration du système
actuel. Le comité croit que toute l'argumentation qu'il avait à
présenter est contenue à l'intérieur de son rapport et les
pièces justifiant ses conclusions ont été remises au
Conseil exécutif.
Vous demandez: Pourquoi l'abandon du système de la faute? Je
pense que, partout dans le monde, on s'interroge et partout dans le monde on
entend les mêmes sons de cloche de gens qui ne veulent pas modifier le
système. Fondamentalement, le système actuel nous paraît
désuet et dépassé. Il n'indemnise pas véritablement
de manière juste et équitable et à un coût ce
qui est important raisonnable l'ensemble des victimes d'accidents
d'automobile.
Si on se réfère au mandat du comité, il
était clair que le comité devait, en premier lieu, s'interroger
sur le comportement du système dans lequel les personnes doivent vivre,
lorsqu'elles sont victimes d'un accident d'automobile. Le comité croit
que le système actuel doit être modifié de fond en comble
pour donner place à un système plus juste et équitable
pour l'ensemble des victimes.
M. TETLEY: M. Bouchard, avez-vous quelque chose à ajouter de
votre expérience, de votre connaissance?
M. BOUCHARD: M. le Président, MM. les membres, sans vouloir
reprendre l'argumentation qui est élaborée au long dans le
rapport, je voudrais peut-être insister sur une petite phrase qui est
insérée, qui est lourde de conséquences, dans
l'introduction même du rapport. Nous étions fort conscients qu'en
abordant d'une part, l'étude du problème de l'indemnisation des
victimes d'accidents d'automobile et, d'autre part, l'étude des causes
d'accidents d'automobile un problème majeur que nous aurions à
étudier était indubitablement le problème de la faute.
C'est pourquoi je vous réfère à l'introduction du
rapport où l'on dit ceci: Le comité a abordé
l'étude de cette question, y compris celle de la faute, sans aucune
idée préconçue et la notion de faute n'a pas
été écartée a priori comme devant être un
acquis.
C'est donc dire que le cheminement du comité est parti d'un
état de fait, une étude objective de la situation telle qu'on la
connaît et telle qu'on la vit, tous les jours, chez les victimes, chez
les assureurs, devant le tribunal, ainsi de suite.
Il n'y a donc pas eu de rejet systématique de la faute, mais le
cheminement de notre étude nous a conduits à la conclusion qui
était, remarquez, celle que nous avions constatée, d'une part,
dans les autres études qui ont été rédigées
et que nous avons consultées et qui a été,
également, constatée par l'expérience de d'autres
endroits, plus particulièrement aux Etats-Unis et en Europe. Nous avons
constaté une chose qui était fondamentale, qui est une notion
sociologique inéluctable contre laquelle nous n'y pouvons rien. C'est
que le phénomène de l'automobile est devenu un risque social.
Partant, étant un risque social, cela entraîne comme
conséquence que les notions traditionnelles, qui étaient
élaborées par le législateur pour rencontrer une situation
donnée, n'étaient plus adéquates, parce que
précisément les notions de base que nous rencontrons dans le code
civil, ce ne sont pas des notions de théorie de risque social, tel que
maintenant nous la connaissons. Je me réfère à ce propos
à la notion fondamentale de la faute, l'article 1053 et suivants du code
civil, qui a fondé tout le système depuis l'émergence du
phénomène automobile dans le contexte non seulement
québécois, mais dans le monde entier, qui était le seul
recours qui existait pour justifier une indemnisation.
Ce que nous disons fondamentalement et là, il serait assez
long de vous faire la synthèse du cheminement que nous avons fait
c'est qu'il résultait de cette étude que le système
d'indemnisation que nous connaissions, étant essentiellement basé
sur la faute, parce que notre système cherche un coupable, exige un
coupable pour avoir une indemnisation, alors cherchons un coupable. Il faut
donc que dans tous les accidents, dans toutes les circonstances, il faut
l'indemnisation, il faut donc trouver quelqu'un qui, en définitive, doit
être considéré comme l'agent causant de cet accident.
Mais avec le développement de la société, est-il si
certain que moi, individu, citoyen de la société, qui conduis une
automobile, je sois le seul et unique responsable d'un accident que je cause?
La question se pose. La
question n'est pas théorique, la question a été
soulevée ailleurs et, je vous le dis, partout dans le monde. On a dit:
Ce n'est pas si sûr. L'individu qui conduit est un individu
conditionné, un individu dont une foule de facteurs vient influer sur le
comportement, d'une part, et, d'autre part, il y a toute l'infrastructure
matérielle de cet individu, à partir de son véhicule
jusqu'aux routes sur lesquelles il circule et toutes les circonstances
physiques dans lesquelles il est plongé. Qu'est-ce qui nous dit que
l'agent véritable, la cause véritable est uniquement l'individu
au volant de son automobile?
La résultante des conclusions fait que les Etats-Unis ont
dépensé des millions en recherche pour déterminer quelles
étaient les causes véritables des accidents d'automobile. La
plupart de ces universités vous les avez, ces rapports; tous les
résultats d'enquêtes ont été déposés
au gouvernement, cela n'a pas été pigé en l'air, c'est
déposé et c'est scientifique concluent qu'il n'est pas
beaucoup possible, dans les circonstances actuelles, compte tenu,
précisément, du contexte sociologique dans lequel nous sommes
plongés, qui est de plus en plus un contexte difficile, lourd pour tout
le monde et dont l'être humain ne ressort pas toujours comme étant
un homme libre...
Or, le phénomène de la faute conçoit l'individu
comme étant l'homme idéal, ce bon père de famille qui, en
toute circonstance, est capable de mesurer les conséquences de son acte
et dont il répond constamment des conséquences, l'homme
libéré, cet homme capable de porter un jugement et cet homme qui,
en toute circonstance, aura un jugement juste et adéquat. C'est tout
cela qui est mis en cause dans la base même de la notion de faute.
S'ajoutent à cela, évidemment, ce qu'on a appelé
les critiques du système, sur lesquelles vous avez plusieurs
considérations: lenteur du système, mauvaise indemnisation, et
ainsi de suite. Mais fondamentalement, M. le ministre, la question que vous me
posiez, ce pourquoi nous considérions que la notion de faute, comme
telle, ne devait plus servir comme fondement de l'indemnisation, c'est un peu
cela, en synthèse, d'une façon vulgarisée.
M. TETLEY: M. Rankin, avez-vous quelque chose à ajouter,
peut-être?
M. RANKIN: Tout le rapport dit très clairement les lacunes dans
le système. S'il y a une explication sur quelques nuances, on est bien
conscient que le rapport est très dense, forcément.
Sans cela on aurait écrit une brique que personne n'aurait
été capable de lire. Ici, c'est une question de lenteur. C'est
une question d'indemnisation, une question de détermination plutôt
arbitraire, et tous les autres défauts.
C'est une question de victimes non indemnisées. J'ai l'impression
qu'on va essayer de les classer.
M. TETLEY: Merci. J'ai d'autres questions, mais vu le temps, voulez-vous
procéder? Comment voulez-vous procéder?
M. LEGER: Comme ce matin.
M. TETLEY: J'ai une dernière question donc. Au sujet de
l'assurance obligatoire, je retourne à la page 343. La recommandation 20
parle d'une assurance obligatoire qui couvre les pertes découlant de
blessures corporelles. Et la recommandation 28 dit: Que l'assurance des
dommages aux véhicules soit obligatoire.
Certaines gens ont dit qu'ils étaient d'accord sur la
recommandation 20 je parle de reportages dans les journaux, etc.
d'autres se sont posé des questions sur la recommandation 28: assurance
obligatoire des dommages aux véhicules. Avez-vous des commentaires
à ce sujet? Je note votre explication dans le rapport encore qui
est...
M. GAUVIN: Quand on parle d'assurance obligatoire, je pense que depuis
longtemps tout le monde est d'accord que l'assurance devrait être
obligatoire. Dans une partie du rapport où l'on traite des
différents aménagements qu'on veut inclure à
l'intérieur du système actuel, on dit bien, en fait, que
l'assurance obligatoire réglerait certains problèmes qui existent
actuellement, mais que cela ne réglerait pas les problèmes
fondamentaux. En fait, si l'on établit l'assurance obligatoire dans le
système actuel, vous allez réduire les besoins de fonds du fonds
d'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile, mais vous ne les
éliminerez pas parce que, dans toutes les juridictions où
l'assurance obligatoire, dans le système de la faute tel qu'on le
connaît, a été établie, ces juridictions voient un
certain nombre de personnes qui, même avec l'assurance obligatoire,
réussissent à conduire sans avoir de l'assurance, soit que les
contrôles ne sont pas suffisants ou encore pour diverses raisons.
Dans le sens de la recommandation du comité, d'avoir l'assurance
obligatoire au niveau des blessures corporelles, il faut bien se rendre compte
que le comité recommande fondamentalement un régime
d'assurance-accidents où l'on veut remplacer le droit de poursuivre une
tierce personne par un droit à l'indemnisation. Si l'on veut s'assurer
que ce droit existe, il faut absolument qu'on en vienne à avoir
l'assurance obligatoire. C'est dans ce sens qu'elle est absolument
indispensable au niveau des blessures corporelles.
Quant aux dommages matériels, diverses parties ont dit qu'il n'y
avait aucune nécessité de forcer les gens à s'assurer
compte tenu du faible niveau des dommages impliqués dans certains cas.
Ce qu'il ne faudrait pas oublier, c'est que dans un système où le
recours contre
un tiers est enlevé, il faut s'assurer que ces gens-lè ont
quand même droit à une certaine indemnisation dans des
événements précis où ils jugeraient effectivement
qu'il est inacceptable de n'être pas indemnisés.
Si vous abolissez le recours contre les tiers et qu'une personne ne
s'assure pas, c'est après un accident, comme être heurté
lorsque son véhicule est stationné, qu'elle va probablement
découvrir qu'elle n'a aucun recours et, à ce moment-là,
les gens vont réellement s'opposer à un tel changement. En
insistant pour qu'il y ait au moins une couverture minimum lorsqu'on remplace
en somme le droit d'un recours contre les tiers par un droit à une
indemnisation. C'est ce qu'il ne fait pas oublier.
M. TETLEY: Me Bouchard, avez-vous d'autres choses à ajouter?
M. BOUCHARD: Non, sauf peut-être pour attirer de nouveau
l'attention des membres de la commission sur le genre d'assurance qui est
proposé, comme M. Gauvin l'a expliqué. C'est une notion
complètement différente; c'est un peu, si vous voulez faire un
parallèle, une espèce d'assurance-risques, de telle sorte que,
lorsque l'on parle d'indemnité pour blessures corporelles,
l'indemnité couvre c'est l'assurance sur la famille
véritablement les individus et leurs dépendants. Et cela, c'est
important parce que, à mon avis, c'est un risque social. Il faut
précisément penser aux conséquences et c'est une autre
chose qui a été oubliée dans l'ancien système,
l'ancienne notion. L'individu qui est responsable, qui supporte tout, est-ce
que l'on doit aller jusqu'à le considérer comme étant
responsable de l'état de fait d'un père de famille qui est
alcoolique, qui cause un accident et devient impotent? Est-ce que la famille
doit nécessairement répondre des actes du père?
Par ailleurs, si l'on dit oui, qu'est-ce qu'il arrive en pratique? C'est
l'Etat qui en répond par son système d'assurance, de
sécurité sociale.
Alors, en ce qui concerne les dommages corporels, on a fondu l'ensemble
dans un tout cohérent, étant une assurance-responsabilité
purement et simplement. En ce qui concerne les dommages matériels, bien,
on dit: Ecoutez, il s'agit d'un bien physique. Le maximum qui peut être
en cause pour un individu, c'est tout de même de la valeur, de la
tôle qui représente l'automobile. Que l'automobile soit importante
ou pas, il reste tout de même qu'il y a une valeur maximale qui est celle
de l'achat ou du coût de remplacement de l'automobile. Alors, on ne peut
pas plus, en ce qui concerne ce bien qui fait partie du patrimoine de Pierre,
Jean, Jacques, exiger que cet individu-là prenne une assurance, pour
cette forme de biens, d'actifs, dans son patrimoine, alors qu'il y en a tant
d'autres dans son patrimoine pour lesquels on n'exige pas d'assurance. Alors on
dit: Minimum de protection. L'assurance sera obligatoire avec
différentes options et dont une est à peu près
équivalente à celle qui existe actuellement, c'est-à-dire
une qui couvre des cas, des cas que, dans la réalité de tous les
jours, les assureurs ont considérés comme étant des cas
évidents de responsabilité.
Alors on a dit: Dans ces cas-là, tout comme vous seriez
indemnisé dans le système actuel, on prévoit la
continuation pour ces cas évidents. Le système B, c'est un pas en
avant, c'est déjà plus parfait, c'est déjà mieux.
L'individu s'assure davantage, le système de cas automatiques
prévus est amplifié et c'est davantage un pas vers la protection
complète, intégrale, idéale, qui est la formule C, le plan
C qui, lui, prévoit une assurance complète, intégrale sur
les vies.
M. TETLEY: Peut-être, M. Rankin, avez-vous...
M. RANKIN: La seule chose que j'ai à ajouter, c'est que à
la suite des remarques de mes collègues, je peux expliquer un peu les
démarches qu'on a faites. Si on n'a pas insisté pour que ce soit
obligatoire, c'est qu'on a profité de l'expérience du
Massachusetts. En Floride, je ne sais pas si vous êtes tous au courant,
mais il y a un appel et c'est le "no fault", quand les dommages
matériels ont été annulés, après la
constitution, tout ça, mais je me demande si vraiment ce ne sont pas les
intérêts qui étaient derrière tout cela.
En tout cas, on est allé voir les gens qui sont impliqués
dans l'application de ces lois. On est aussi allé voir les
présidents des compagnies et tout ça, et les agents de
réclamation, pour savoir quelles sont les lacunes dans leur affaire.
Dans leur affaire, ils ont eu trois options. Là, vous pouvez
avoir une couverture qui corresponde à notre vision, une autre, à
b) qui corresponde à une autre option c'est-à-dire qui correspond
plus ou moins à ce qui existe aujourd'hui. Il y en a une
troisième où on est absolument couvert contre les "out-of-state
drivers", les responsabilités qui existent en dehors des situations,
c'est-à-dire que vous avez eu l'option... Comme M. Gauvin l'a dit, cela
a été la plus grande cause de problèmes dans l'application
de la loi parce que les gens ne savent pas, avant d'avoir eu leur accident,
qu'ils n'étaient pas couverts. La seule chose dont ils étaient au
courant était qu'on avait changé toutes les affaires, mais,
là, ils ont eu une option qui donne une prime minime mais on ne leur a
pas expliqué les conséquences d'avoir pris cette option. Alors,
du point de vue pratique, c'est essentiel qu'un tel système soit
obligatoire.
M. TETLEY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: J'ai bien aimé la présentation, dans votre
volume, de l'aspect social de la
responsabilité et spécialement le fait que, dans une
société, un individu est quand même responsable de ses
actes, d'une part. Dans la loi, on est allé jusqu'à dire: Puisque
tu es responsable, tu dois indemniser ceux à qui tu as causé
préjudice. Mais dans le domaine de l'automobile, qui est devenue
maintenant un phénomène social ou un risque social, comme le
disait M. Bouchard tantôt, il faut tenir compte de ceci pour chaque
citoyen. Si on veut diminuer sa responsabilité d'indemniser, on ne peut
quand même pas lui enlever sa responsabilité de contribuer
à un fonds qui établira une justice ou un équilibre
d'indemnisation pour tous ceux qui en subissent les conséquences.
C'est donc une des raisons pour lesquelles nous sommes très
heureux de voir cette proposition du "no fault" parce que tous les individus
auront à contribuer. Maintenant, vous êtes arrivé quand
même à la conclusion de cela par déduction. Est-ce que vous
avez aussi étudié la quantité de personnes qui,
actuellement, ne sont pas assurées dans le but d'évaluer la
qualité de risque que ces gens vont amener dans le barème du
coût d'assurance?
Je m'explique. A la page 258, vous évaluez uniquement
parce que cela a été impossible, pour votre comité,
d'évaluer exactement la quantité de gens qui ne sont pas
assurés la quantité de gens qui ont eu des accidents et
qui représentent un pourcentage de 14.9 parmi ceux qui ne sont pas
assurés.
Est-ce que vous avez une idée générale, même
si elle n'est pas précise? Cela amène le problème suivant:
Si, en général, les gens non assurés sont plus prudents,
parce que cela peut leur coûter quelque chose, à ce moment, les
14.9 p.c. ne représentent pas la même proportion de gens dans une
société qui sont assurés ou qui ne le sont pas.
Si c'est le contraire et qu'une personne qui n'a pas la
préoccupation sociale de s'assurer a le même comportement comme
chauffeur, parce qu'elle n'a pas de responsabilité, elle se fout de
cela, le chiffre de 14.9 p.c. peut être plus bas.
Alors, comment avez-vous évalué l'implication d'inclure
tous ceux qui ne sont pas assurés et qui seraient obligés de
l'être, pour évaluer les revenus possibles globaux dans un
régime d'assurance "no fault"?
M. GAUVIN: Tout d'abord, j'aimerais souligner que, lorsque vous dites
qu'on n'a pas évalué le nombre de véhicules non
assurés, exactement. Nous avons bien dit, dans le rapport, qu'en
l'absence de données plus précises nous avons dû utiliser
le pourcentage des véhicules impliqués dans des accidents qui
n'étaient pas assurés. Ceci dit, ça ne veut pas dire que
les victimes de ces accidents ne sont pas indemnisées dans le
système actuel. Il y en a qui sont indemnisées par le truchement
du fonds d'indemnisation. Ceux-là sont à la charge, en fait, du
système d'assurance qui existe présentement. C'est quand
même malheureux et on l'a mentionné dans notre critique du
financement du fonds d'indemnisation on a dit, en fait, que ceux qui
sont assurés paient pour ceux qui ne le sont pas.
Pour répondre à votre question, en l'absence de
données plus précises, il n'était pas possible
d'évaluer exactement quelle était la qualité de conduite
de ceux qui ne sont pas assurés. Les indicateurs sont qu'en
général ce sont ceux qui sont plus fréquemment
impliqués que moins fréquemment impliqués. S'ils le sont
plus fréquemment, nécessairement ça va augmenter la masse
monétaire lorsqu'ils devront s'assurer parce qu'ils vont payer quand
même plus cher que la moyenne; mais, tant et aussi longtemps qu'on n'a
pas ces gens-là dans le système, il est très difficile
d'évaluer exactement quel va être leur impact.
M. LEGER: D'accord. Maintenant, les recommandations 24 et 20 touchent
l'assurance de base et l'assurance supplémentaire. Est-ce que vous
pourriez nous dire, dans une assurance de base obligatoire, quel serait, selon
vous, le plafond de cette assurance? Actuellement, je pense, il y a quand
même une étape de $35,000. Est-ce qu'il y a un plafond
différent que vous prévoyez comme plafond de cette
assurance-là?
M. GAUVIN: En fait, le plafond en question paraît à
l'intérieur du rapport. Nous avons dit qu'au niveau des blessures
corporelles je vais trouver la page en question nous voulions
l'indemnisation de la perte que nous avons appelée la perte
économique ou ce qui aurait dû s'appeler le préjudice
matériel des personnes, apparemment, jusqu'à concurrence d'un
revenu de $200 par semaine. Si vous essayer de comparer ce chiffre avec les
limites actuelles de $35,000, il faudrait tenir compte des compositions de
famille, de l'âge de la personne. Il faut bien situer la recommandation
du comité: Nous voulons que chaque personne soit assurée selon
les besoins qu'elle a mais avec un régime obligatoire pour tout le monde
qui s'appliquerait jusqu'à concurrence d'un revenu de $200 par
semaine.
Maintenant, si nous prenons une personne qui aurait un revenu de $200
par semaine, avec une dépendance de famille et totalement invalide, la
valeur présente ou la limite d'assurance si on peut dire, ce qui
représenterait le capital qui pourrait lui être payé ou
l'équivalent, peut facilement, tout dépendant de sa distribution
d'âge, aller chercher jusqu'à $80,000 ou même $100,000 dans
le cas d'une personne qui est totalement invalide. C'est bien difficile de
comparer les deux parce que, premièrement, dans le moment la limite de
$35,000, il y a
quand même une forte proportion de la population qui ne l'utilise
pas, qui prend des limites supérieures et, également, parce que
dans notre régime chacun assure son risque, tout dépendant de sa
situation, pour savoir quel sera le montant réel d'assurance qu'il aura.
Ce n'est pas un régime à indemnisation fixe, standard et
prédéterminée, c'est un régime qui prend chaque cas
particulier et selon la perte véritable de revenu, indemnise sur cette
base.
M. LEGER: Maintenant, à l'article 24, vous dites "que soit rendue
disponible une assurance supplémentaire facultative..." Alors, qui va
être responsable du remboursement des victimes qui dépasseraient
la protection de base? Il n'y aurait pas de fonds d'indemnisation dans le
nouveau système. S'il n'est pas assuré, s'il ne l'a pas prise
elle est facultative qui va le rembourser, selon vous, dans
ça?
M. GAUVIN: En fait, c'est l'assureur. Nous avons dit que l'assurance de
base devrait suivre le véhicule comme étant le moyen le plus
facile d'avoir un rapport entre l'assureur et les victimes, mais quant à
l'assurance additionnelle, dont le but est de protéger ceux qui ont un
risque beaucoup plus élevé que la majorité de la
population, c'est à eux de décider, oui ou non, s'ils doivent
s'assurer pour des montants additionnels. Dans ce cas, nous avons dit qu'on
voulait couvrir non seulement l'individu, mais les membres de sa famille et il
recevra des indemnités selon, en fait, ce que lui-même ou son
conseiller en assurance aurait déterminé comme étant le
besoin d'assurance qu'il a pour son cas particulier.
Je m'explique. Si quelqu'un a un revenu de $20,000 par année, le
régime préconisé par le comité couvrirait les
premiers $10,000, montant qui devrait être appelé à
être modifié pour tenir compte des augmentations de revenu dans le
temps, mais pour cet individu qui a un revenu supérieur, ce serait
à lui de déterminer si, oui ou non, compte tenu de ses autres
protections d'assurance, il a besoin d'une protection additionnelle lorsqu'il
est impliqué dans un accident d'automobile. Parce qu'il faut situer le
problème tel qu'il doit être. Lorsqu'il y a un accident, le besoin
d'indemnisation est absolument indépendant du fait qu'une personne est
impliquée comme conducteur, comme passager ou comme quoi que ce soit. Si
une personne a besoin d'une indemnisation, ce besoin existe, qu'elle soit, en
fait, ce qu'on appelle en faute ou qu'elle ne soit pas en faute. Notre
régime dit: Si vous avez besoin d'indemnisation, lorsqu'un
événement fortuit qu'est un accident d'autonomile arrive, vous
vous protégez pour les excédents du régime standard qui
s'applique à la grande majorité de la population. A ce moment,
vous remplacez une incertitude, une indemnisation s'il y a un assureur, si vous
n'êtes pas en faute etc., etc., par un régime qui vous indemnise
par le simple fait qu'il y a un accident.
M. LEGER: Maintenant, à la page 312 de votre volume, vous parlez
entre autres ça correspond aux recommandations 22 e 23
d'un barème préétabli pour indemniser les victimes et
aussi d'un concept économique. Est-ce que le barème est la base
et que le concept économique vient en surplus d'un barème de
base? Je donne un exemple. Supposons qu'on établit un barème qui
un exemple bien évident pour qualifier l'affaire donne
$500 pour la perte d'un doigt. Le barème est de $500, mais une personne
peut perdre un doigt et n'avoir pas besoin de ce doigt comme tel pour gagner sa
vie, et l'autre est un pianiste qui peut perdre son doigt et pour qui ça
va être une perte économique. Est-ce que cela veut dire, dans
votre rapport, que le barème est une base pour tout le monde et que la
perte économique est en surplus de la base?
M. GAUVIN: En fait, la base est en surplus de la perte
économique. Ce que nous avons dit dans le rapport, c'est que
prioritairement nous voulons remplacer la perte pécuniaire, la perte
à gagner d'une victime d'accident d'automobile. Conséquemment, le
doigt d'un pianiste ou le doigt d'un actuaire n'ont pas la même valeur.
Pour l'un, ça ne change rien et pour l'autre ça peut le rendre
totalement invalide.
M. BOSSE: Le doigt d'un actuaire, c'est dispendieux.
M. GAUVIN: Ce n'est peut-être pas le doigt qui est dispendieux.
Sauf quand il écrit ses comptes. Et cela, c'est toujours relatif.
Effectivement, pour revenir à ce que je disais avant l'interruption,
tout de même avec un sens de l'humour, le régime
préconisé veut remplacer complètement le manque à
gagner d'un individu, jusqu'à concurrence de $200 par semaine et, s'il
le juge à propos, selon ses besoins, pour l'excédent.
Dans ce cas, si une personne devient totalement invalide simplement par
la perte d'un doigt, elle serait indemnisée à 100 p.c. Tandis que
l'autre, qui n'est pas invalide, ne serait pas indemnisée parce que cela
ne représente pas une perte pécuniaire, le fait qu'elle ait perdu
son doigt. Cependant, pour une perte économique, en plus de cela, le
comité a réalisé qu'outre la perte de revenus, il y a
d'autres pertes qui sont très difficilement quantifia-bles, pertes qui
sont réelles, pertes de jouissance de la vie, etc.
Nous avonr, dit: Ces pertes-là, il n'y a pas de mesures, dans
bien des cas, pour établir ce qu'elles valent. Nous avons, à
l'intérieur de certains critères, déterminé une
échelle qui ne s'appliquerait qu'à ces pertes-là, qui ne
sont pas des pertes pécuniaires, mais qui sont, en fait, simplement,
comme je l'ai mentionné, jouissance de la vie, etc., et c'est à
celles-là que s'applique une limite qui atteint $12,500 maximum, selon
un barème prééta-
bli, que le comité n'a pas jugé opportun d'établir
dans tous les détails parce qu'il en existe, en fait, de multiples
exemples.
M. LEGER: Mais selon vous, d'après ce que vous venez de dire, je
ne sais pas si j'ai bien compris, les 100 p.c. du barème
préétabli, c'est l'indemnité maximum qui peut être
payée, et non pas un barème de base pour tout le monde, et un
maximum, par la suite, selon la perte économique ou de la jouissance de
la vie. Le barème est le maximum, si j'ai bien compris?
M. GAUVIN: Peut-être ai-je mal expliqué. Disons que nous
avons subdivisé la perte pour une victime d'accident d'automobile, en
deux parties. Il y a d'abord ce que nous avons appelé la perte
économique et il y a, en plus, des pertes que nous avons appelées
non économiques. En ce qui concerne la perte économique, nous
avons dit: C'est selon la perte véritable de chacun, mais avec un
plafond, une couverture d'un salaire de $10,000 par année.
Dans le deuxième cas, c'est un barème
préétabli pour compenser des pertes qui n'ont pas un
caractère de perte financière, de perte d'argent pour l'individu,
mais qui sont plutôt des pertes à caractère de diminution
de la personne, sans affecter son gain, son potentiel de gain.
Il faut bien réaliser que cela, c'est le régime qui
s'applique à tout le monde. En plus, une personne peut s'assurer pour
des montants supplémentaires si les besoins sont là.
M. LEGER: Alors, M. Gauvin, à la page 211 de votre
mémoire, vous parlez d'ententes qui se produisent entre des assureurs de
ne pas se poursuivre mutuellement en dessous de certains montants. Est-ce que
vous avez aussi examiné ce qui se produit lorsque le responsable et la
victime sont assurés par le même assureur, dans le régime
actuel?
N'y a-t-il pas un préjudice pour les victimes du fait que
l'assureur va offrir moins qu'il n'aurait demandé à une autre
compagnie?
M. GAUVIN: II ne faudrait quand même pas oublier qu'on parle de
deux choses: notre régime ou la situation actuelle. Dans la situation
actuelle, même lorsque c'est le même assureur qui est au dossier,
la victime a les mêmes recours. Si c'est le même assureur qui est
pris pour avoir la partie qu'on trouve responsable et l'autre partie qu'on
trouve non responsable, chacune des deux parties a tous les recours possibles
que lui permet la loi pour faire valoir ses droits.
Les données que nous avons ramassées indiquent des
variations d'un assureur à l'autre, dans son mode de traitement, surtout
dans les délais mais quant à savoir, à l'intérieur,
si, lorsque c'est un même assureur qui a à traiter les deux
parties, il les traite mieux ou moins bien, c'est bien difficile à
dire.
M. LEGER: Je vous remercie beaucoup. Je pense que ce chapitre a une
importance primordiale dans l'établissement d'un futur régime
d'assurance-automobile. Je pense qu'il correspond pas mal à la
réalité. Je dois vous féliciter là-dessus pour que
vous réalisiez qu'on apprécie beaucoup le travail que vous avez
fait, malgré les questions, qui sont pour nous éclairer, que j'ai
posées ce matin.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, M. Gauvin, lorsque vous parlez d'une
assurance obligatoire, est-ce que vous avez une formule à
suggérer pour qu'une assurance obligatoire soit réellement une
assurance obligatoire, dans le sens qu'on ne retrouve pas sur la route des gens
qui auront quand même pu contourner le système et se retrouver
sans assurance?
M. GAUVIN: En fait, nous avons bien dit que même avec les
meilleurs contrôles au monde, vous allez toujours avoir des gens qui vont
trouver le moyen de les contrôler. L'humain est fait de telle
façon qu'il cherche continuellement à trouver un truc pour
contourner la loi si cela peut faire son bonheur.
Enfin, dans l'Etat de New York j'hésite beaucoup à
citer des chiffres qui sont publiés mais quand même on a
l'assurance obligatoire et on se rend compte qu'il y a un certain pourcentage
de gens qui contournent cette loi, même si on a mis des mécanismes
assez coûteux pour contrôler.
Un élément absolument majeur pour forcer les gens à
s'assurer consiste, d'après moi, à leur enlever tout recours
lorsqu'ils ne sont pas assurés. Pour bien situer, dans notre
régime, la personne, qui n'assure pas son véhicule, n'a pas de
recours contre les autres. C'est certainement un élément assez
fort pour inciter les gens à s'assurer.
Maintenant, encore une fois, comme je l'ai dit ce matin, on peut
très bien mettre en place des mécanismes avec beaucoup de
technocrates, une grosse bureaucratie afin de vérifier si à tout
moment, tout le monde est assuré au Québec, mais, finalement,
cela va coûter combien par rapport aux avantages d'un tel
système?
En Colombie-Britannique, si ma mémoire est fidèle, on ne
s'est pas tracassé outre mesure. On a mis une amende très
considérable et, de temps en temps je parle d'il y a quelques
années on a simplement établi des barrages routiers et
là, on a effectivement vérifié si les gens étaient
assurés.
En même temps ils ont vérifié si le véhicule
était bien enregistré, etc. Ils mentionnent qu'avec cela ils ont
eu un bon succès, mais peut-être que cela a été fait
dans une circons-
tance particulière qui ne s'appliquerait pas au Québec. Il
ne faudrait pas en déduire que cela est possible ici.
M. SAMSON: Advenant que dans le système il y ait des gens qui
continuent quand même à se promener sans assurance, qu'est-ce qui
est prévu pour le cas des passagers d'un conducteur qui se
promène sans assurance?
M. GAUVIN: Encore une fois, c'est prévu dans le rapport, dans le
texte même du rapport du comité. Nous avons dit qu'il faudrait
maintenir un fonds d'indemnisation dans le cas des blessures corporelles. Nous
avons dit que, dans le cas des dommages matériels, cela ne devrait pas
s'appliquer puisqu'à l'individu ayant décidé de ne pas
s'assurer on dit: C'est bien dommage, tu n'as pas voulu t'assurer, arrange-toi
avec tes problèmes.
M. SAMSON: Est-ce que vous suggérez qu'un certain contrôle
puisse se faire au niveau de l'émission des permis d'immatriculation?
C'est ce que je vois, d'accord. C'est ce que vous suggérez.
M. GAUVIN: En fait, nous avons suggéré un certain
contrôle avec des pénalités, avec une amende à ceux
qui ne sont pas assurés.
M. SAMSON: Un peu le genre de l'Ontario.
M. GAUVIN: Non. En Ontario, effectivement, ce n'est pas tout à
fait la même chose. La personne qui n'est pas assurée paie une
prime au moment de retirer ses plaques d'immatriculation. Cela
présuppose, en fait, tout un mécanisme de vérification,
l'émission de certaines cartes, etc. Il y a d'autres systèmes qui
ont été essayés; tout en étant aussi efficaces,
à un coût beaucoup moindre, ils nous apparaissent
préférables.
M.SAMSON: La recommandation 27: Que le droit de poursuite soit cependant
conservé dans les deux cas suivants: a) contre la personne qui a
causé intentionnellement des dommages. Est-ce que vous pourriez
préciser ce que vous voulez dire par intentionnellement? Cela couvrirait
quel genre d'intention?
M. GAUVIN: II y a toutes sortes de choses qui sont dites contre les
régimes, ceux que l'on appelle très souvent, à tort, sans
égard à la responsabilité. Par exemple, on dit: Cela va
augmenter les accidents. Comme si, parce qu'il y a un nouveau régime
d'assurance, les gens vont se promener sur la rue et vont aller se tuer. On a
mentionné, à ce sujet, que certaines personnes pourraient faire
intentionnellement des dommages parce qu'elles savent que leur assureur n'est
pas responsable. On a même donné l'exemple suivant: Le lendemain
de l'introduction d'une loi qui n'est pas véritable- ment sans
égard à la responsabilité, mais qu'on appelle comme cela
aux Etats-Unis, il y a un accident. Une des victimes qui est descendue de
voiture dit: Regarde, c'est toi qui es passé sur la "lumière"
rouge, mais c'est un système "no fault". Elle est remontée dans
son auto et est entrée dans l'autre pour lui faire autant de dommages
qu'elle avait subis.
Ce serait un exemple de "intentionnellement". Si la chose se produit, si
les gens sont assez excusez l'expression mais en sont rendus, en
fait, à créer des dommages aux autres, simplement pour le plaisir
de le faire...
M. SAMSON: Est-ce que cela peut vouloir dire que vous visez par
là aussi l'ivresse dans le sens qu'un type qui est en boisson est
beaucoup moins peureux? S'il a des intentions, il va aller prendre un coup
avant.
M. GAUVIN: Oui, mais intentionnellement, est-ce que quelqu'un qui est
ivre mort le fait intentionnellement? Je ne suis pas capable de répondre
à la question, si quelqu'un qui est ivre mort fait une chose
intentionnellement ou non.
M. SAMSON: Evidemment.
M. GAUVIN: Pour moi, c'est une question de fait. Il appartient
même aux cours de justice de déterminer si oui ou non le dommage a
été fait intentionnellement. Ce n'est pas aussi simple que
cela.
M. SAMSON: C'est un recours que vous conservez, mais il reste que cela
sera à prouver qu'il y a eu intention.
M. GAUVIN: Mais dans le système actuel, si quelqu'un recule dans
votre véhicule intentionnellement, vous avez quand même un recours
contre cet individu. C'est beaucoup plus pour éviter certains abus. On a
dit qu'il était possible que d'autres choses...
M. SAMSON: A 35. Que l'assureur qui, sans raison valable, ne paie pas
l'indemnité à laquelle il est tenu, dans les 30 jours de la
preuve de perte, soit obligé de verser un intérêt sur les
montant dus.
Est-ce que vous avez aussi considéré la possibilité
de fixer un délai de paiement obligatoire? Disons non pas 30 jours, mais
bien qu'il y ait un intérêt à payer après 30 jours,
pour éviter je ne sais pas s'il y en a des abus de ce
côté. Je pose une question, je ne fais pas une déclaration.
Est-ce que, d'abord, cela a été porté à votre
attention que certaines réclamations retardaient beaucoup trop et est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu d'envisager un délai maximum de
règlement?
M. GAUVIN: Ecoutez...
M. TETLEY: C'est la recommandation 35.
M. SAMSON: Non, non, mais là c'est 30 jours. Après 30
jours, on exige l'intérêt; cela ne veut pas dire que c'est un
délai obligatoire de paiement.
M. GAUVIN: A toutes fins pratiques, ça revient à un
délai maximum. Il n'y a pas un assureur, il n'y a pas un organisme, que
ce soit un assureur étatique, que ce soit n'importe quel, qui soit
intéressé à payer plus en intérêt qu'il ne
peut gagner lui-même. Cela revient un peu au même quand vous mettez
un délai comme ça.
D'ailleurs, il est assez intéressant de noter...
M. SAMSON: Je m'excuse, peut-être que je ne vous comprends pas
bien. Je suis peut-être d'accord avec vous quand vous dites que personne
n'est intéressé à créer des délais pour
payer de l'intérêt. Par contre, dans le système actuel,
quand un paiement est retardé, vous savez qu'il y a des victimes
d'accident qui préfèrent un paiement hâtif, quand elles
sont dans le besoin, qu'un retard qui pourrait peut-être leur rapporter
plus d'argent. Cela devient, en quelque sorte, un moyen de pression sur
certaines victimes d'accident pour signer le "release". C'est dans ce sens que
je me demande si on ne devrait pas... C'est en vertu du bill 22 que j'ai pu
qualifier cela de "release", d'ailleurs.
M. BOSSE: La libération.
M. SAMSON: C'est parce que dans le domaine de l'assurance...
M. BACON: Faites attention, le ministre de la langue est en avant de
vous.
M. SAMSON: Dans le domaine de l'assurance, on appelle ça un
"release".
M. BOSSE: Le ministre des langues.
M. GAUVIN: II est bien certain que dans le système actuel il y a
des délais. D'ailleurs, on a fait une étude des délais qui
paraît à la partie critique du rapport. Nous croyons en fait que
le régime préconisé va régler une partie, en fait
une bonne partie du problème de certains délais. Maintenant, il
ne faudrait pas s'imaginer qu'il n'existera plus de délais. Il y a quand
même tous les problèmes de quantifier la perte, surtout au niveau
des dommages à la personne. Cela présente quand même, dans
certains cas, certaines difficultés.
Au niveau des dommages matériels, les difficultés sont
moindres et les délais devraient être plus courts. Maintenant,
j'aimerais simplement expliquer que cette recommandation... Dans certains Etats
américains, les assureurs se sont opposés fortement à un
délai de 30 jours et à payer de l'intérêt
après 30 jours. Si on lit la recommandation, c'est dans les 30 jours de
la preuve de perte. Mais est-ce qu'on peut imaginer qu'un assureur qui se dit
efficace peut prendre 30 jours pour émettre un chèque? Pour moi,
c'était totalement inacceptable. Cela devrait même se faire
à l'intérieur de ça. Mais il est intéressant de
noter que, dans une juridiction où cela a été fait, il y a
des assureurs qui ont mentionné qu'ils n'avaient pas payé de
pénalité d'intérêt du tout. Mais les mêmes
assureurs, lorsque cela a été présenté, se sont
opposés fortement à avoir une clause semblable.
M. SAMSON: Quand vous parlez d'intérêt, est-ce que dans
votre optique on prévoit un montant d'intérêt qui est
équivalent au montant du marché?
M. GAUVIN: Le double du taux d'intérêt. Je pense que c'est
clairement indiqué dans la recommandation...
M. SAMSON: Mais je ne parle pas seulement après 30 jours. Est-ce
que vous prévoyez, après un autre délai, un montant
différent d'intérêt?
M. GAUVIN: Non, non. M. SAMSON: Non? M. GAUVIN: Non.
M. SAMSON: Ce sont peut-être des questions incitatives mais je ne
voudrais pas que vous pensiez qu'on veut vous mettre en boitte, au contraire.
C'est parce qu'on essaie d'obtenir un maximum de renseignements. On aura
tantôt d'autres gens qui viendront devant la commission et qui
défendront d'autres points de vue. Alors, il faudrait qu'on ait de ces
gens-là aussi peut-être des renseignements qui ne paraîtront
pas clairement.
M. BOSSE: Ils vous ont déjà rencontré.
M. SAMSON: Non, je ne suis pas allé les rencontrer, pour votre
information. Mes portes sont ouvertes.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Charlesbourg.
M. HARVEY (Charlesbourg): M. le Président, dans cette
deuxième partie de la section, je me pose la question ou, enfin, je vous
pose la question.
Si on tient compte de l'étude exhaustive qu'on a faite ce matin
relativement aux 18 ou 19 recommandations ayant trait à la
sécurité routière lorsqu'on lit le rapport, je
pense qu'il n'y a pas aucun endroit où on accuse qui que ce
soit d'être exploité soit par les assureurs, soit par les
courtiers, soit par les agents, au niveau des coûts c'est
évident que le but principal qui est visé dans votre étude
et dans vos recommandations, c'est d'en arriver à assouplir, à
amoindrir en quelque sorte les coûts que l'on considère comme
prohibitifs de nos jours, quand même, des taux d'assurance.
Alors, si on part du principe que l'existence de la Loi de
l'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile est en quelque sorte une
loi qui camoufle un peu l'assurance obligatoire, qu'on le veuille ou non... Je
pense citer à peu près textuellement le directeur
général du BVA, lors de l'étude des crédits du
ministère des Transports, alors qu'il disait, lors de l'adoption de
cette loi, que c'était en fait passer par la bande pour en arriver un
jour, en tout cas, dans une étape, à obtenir
éventuellement l'assurance que la plupart des citoyens
québécois qui utilisent des véhicules automobiles soient
munis d'une assurance.
Je pense que, jusque-là, le raisonnement se suit, puisque la
volonté de votre étude, c'est d'en arriver à faire des
résolutions et même des propositions pour tenter d'obtenir des
coûts plus bas pour le consommateur. Alors, est-ce que vous ne pensez pas
que chambarder tout le système des assurances en un tour de main,
ça puisse... En 1970, 1971, 1972, 1973 et les autres années on a
par expérience parfois, chambardé tout un système et des
expériences ont déjà fait en sorte qu'il a fallu, soit par
voie de règlement ou soit par nouvelle législation, corriger vite
un mouvement qui a pu être fait.
Alors, si on met en application d'une façon radicale les 18 ou 19
recommandations au chapitre de la sécurité routière et si,
en plus, on installe un régime qui serait sans égard à la
faute, mais seulement au niveau, par exemple, des dommages matériels, et
si évidemment l'assurance devenait obligatoire pour tous par
décret ou par une loi générale, est-ce que vous ne croyez
pas qu'il y aurait moyen par ces mesures, tout simplement dans un premier
geste, de créer d'abord un climat où il reste encore une certaine
liberté à l'individu de choisir l'endroit où il va aller,
c'est-à-dire de choisir son courtier ou son agent ou enfin de sa
compagnie, sans chambarder tout le système pour en arriver à des
recommandations qui pourraient amener l'assurance obligatoire pour tous, tenir
compte des résolutions que vous nous proposez relativement à la
sécurité routière et, de ce fait, demander des taux qui,
à mon point de vue, pourraient être moindres que ceux qui sont
offerts aujourd'hui? Est-ce que vous ne croyez pas cela possible dans un
premier jet?
M. GAUVIN: En fait, c'est encore la même question que vous avez
posée ce matin, si ma mémoire est fidèle.
M. HARVEY (Charlesbourg): Non, parce que ce matin...
M. GAUVIN: Oui, vous la reposerez une troisième fois; c'est votre
droit, je ne le nie pas.
M. HARVEY (Charlesbourg): Oui, d'accord.
M. GAUVIN: II y a toutes sortes de choses dans ce que vous avez dit.
Vous avez parlé d'assurance obligatoire. Alors, j'aimerais vous
référer strictement aux pages 257 à 262 du rapport
où nous traitons longuement de l'assurance non obligatoire et de ses
effets.
Nous avons clairement dit, lorsqu'on a adopté la Loi de
l'indemnisation des victimes: C'est un palliatif à l'assuranc
obligatoire. On a dit que l'assurance obligatoire aurait été
préférable. Nous l'avons dit.
M. HARVEY (Charlesbourg): D'accord.
M. GAUVIN: Vous mentionnez également la liberté.
Jusqu'à ce que l'on me prouve que le régime proposé,
administré par l'entreprise privée, enlève des
libertés à la population, je vous répondrai, en fait, que
notre régime va donner plus de liberté de choix à la
population que le régime actuel. Quant à la
sécurité routière, pour y revenir, nous n'avons pas
quantifié et je vous défie vous-même de quantifier quels
seront les effets de mesures que vous pouvez préconiser.
Quant à nous, si l'on veut avoir une réduction de la prime
d'assurance-automobile immédiatement, c'est au niveau du droit à
l'indemnisation et à l'administration du régime qu'il faut
s'attaquer, tout en n'oubliant pas que la sécurité
routière est une facette importante et que les uns ne vont pas sans les
autres.
Je l'ai dit ce matin et je vais le répéter: Un
régime inefficace de distribution de pertes demeure tout aussi
inefficace lorsqu'on réduit les pertes qu'il doit distribuer.
M. HARVEY (Charlesbourg): Lorsque vous en arrivez, par exemple, dans le
régime proposé, relatif à l'assurance automobile, à
un maximum, par exemple, de $200 par semaine ou... Prenons le cas, par exemple,
d'un accident où l'épouse décéderait; vous
établissez la compensation aux environs de $2,500. Il s'agit de dommages
à la personne. Il s'agit de mortalité dans ce cas. Je crois que
l'établissement d'un système calculé sur des normes, qui
m'apparaissent marginales en regard de l'ensemble des réclamations qui
sont faites à l'assurance, crée un préjudice et quasiment
une injustice si on établit qu'un enfant, c'est $500, et que la
mère, c'est $2,500. J'ai, devant moi, un jugement qui a
été rendu par la cour Supérieure du Québec, cette
année même; l'époux a pu obtenir, à la suite de
réclamations en justice, $50,000 pour le décès de son
épouse au cours d'un accident. Vous allez me dire: C'est marginal. C'est
un exemple, c'est clair, mais je voudrais savoir ceci: Est-ce que vous avez un
pourcentage quant aux dommages matériels et aux dommages à la
personne? Je pense qu'on doit attacher beau-
coup plus d'importance aux dommages à la personne. Il est vrai
que les dommages matériels, en soi, impliquent qu'il y a peut-être
plus de danger de dommages à la personne. Plus il y a d'accidents, plus
il y a de bris de ferraille, plus il y a de dangers de dommages corporels. Mais
je crois que, quant aux dommages corporels, les Québécois
auraient tout à gagner à avoir un régime "no fault" sur
les dommages matériels seulement.
Quant aux dommages à la personne, je pense que, là, il
doit toujours exister le système juridique, comme l'a indiqué
tout à l'heure, Me Bouchard, dans son exposé. Si, au lieu
d'établir un taux fixe pour une personne, vous établissiez qu'il
y a des droits de poursuite.
M. GAUVIN: Je pense qu'il faudrait revenir sur tout le chapitre de
l'indemnité. On donne un exemple. Je vais vous en citer un autre et nous
serons jugés sur ce que nous avons dit. Le même cas où
c'est le mari qui n'est pas assuré en vertu du chapitre b. Dans le
régime actuel, s'il est trouvé coupable, il ne reçoit
rien. En fait, il faudrait peut-être mettre le poids et savoir où
on doit mettre la priorité dans l'indemnisation. Dans tout régime
d'assurance, si on veut donner $50,000 aux enfants, on peut le faire. Il
faudrait quand même y mettre un coût. Il y a toutes sortes de
régimes qui sont préconisés, mais on mentionne rarement,
véritablement, quels seront les coûts.
Il est assez curieux quand même que, dans le régime actuel,
qui prétend accorder une réparation complète aux victimes,
une analyse de plusieurs centaines de victimes, mais non pas simplement un cas
tiré au hasard, sans prétendre qu'il est
délibérément choisi, il est quand même curieux de
prendre 1,700 victimes de blessures corporelles, des victimes qui ont droit,
d'après le système actuel, à une réparation
intégrale, de comptabiliser la perte de ces victimes et d'aller
additionner également la compensation, compensation qui n'est pas
complète puisque la victime, très souvent, doit encourir des
frais à même cette compensation, et d'en arriver à la
conclusion suivante: II y a simplement 61 p.c. de la perte économique
qui est compensée dans le système actuel page 194 du
rapport. Plus la perte est élevée, moins le rapport de la
compensation de la perte est haut.
Pour les personnes qui perdent plus de $10,000, c'est à peine 40
p.c. de leur perte économique, ce qui ne compte pas les pertes non
économiques.
Cela ne répond peut-être pas à votre question.
Moi, je prétends que les membres j'ai dit que le
comité n'existe plus comme ils étaient libres de dire ce
qu'ils voulaient dans le rapport, peuvent exprimer leur opinion, ce sont nos
opinions personnelles. Ces membres l'ont examiné, ils n'ont pas
rejeté le système de la faute simplement pour le plaisir de le
rejeter. Peut- être que dans un système idéal on pourrait
déterminer la faute véritable de toutes les parties
concernées: constructeurs de routes, constructeurs de véhicules,
conducteurs, l'Etat, la famille, l'éducation, etc. Porter, en fait,
chacun sa part de responsabilités, ce serait un système d'anges.
Ma question: A quel coût?
On pourrait même, comme ça a été
préconisé, dire: Dorénavant, toutes les victimes vont
passer devant les tribunaux pour avoir droit à leur indemnisation. Ma
question, à ce moment-là: A quel coût économique,
finalement? Il ne faudrait quand même pas oublier que ce qu'on cherche
c'est une meilleure indemnisation à un meilleur coût pour la
collectivité. Si on encourt une foule de frais et, dans certains
cas, les frais sont très considérables pour refuser une
indemnisation à une victime et qu'à ce moment-là la
victime se retourne vers d'autres secteurs de la société pour
avoir une certaine compensation, ce sont des énergies absolument
inutiles qu'on a dépensées.
Dans le cas de l'exemple que je vous cite contre le vote, on va refuser
l'indemnisation, dans le système actuel, au père d'une famille
parce qu'il est trouvé coupable même pas coupable, je
n'aime pas le mot coupable, il est trouvé...
UNE VOIX: Responsable.
M. GAUVIN: ... responsable. A ce moment-là, ses dépendants
devront se retourner vers l'aide sociale pour avoir la subsistance requise.
M. HARVEY (Charlesbourg): M. le Président, c'est ma
dernière question. Je me place un peu comme le citoyen de la rue qui n'a
pas à légiférer. Par mon expérience personnelle je
vous disais tout à l'heure que les deux systèmes, soit le
système étatique, si vous voulez, l'étatisation vs
l'entreprise privée, quand on demande à ceux qui sont dans
l'entreprise privée: Avez-vous des problèmes dans ce
domaine-là? Je pense que vous avez énormément
consulté et c'est plus qu'un document de travail. Il y a des
recommandations sérieuses.
C'est vrai que ça ne fait pas encore partie de la politique du
gouvernement comme tel mais je pense que c'est l'endroit pour en discuter. Je
me place, comme profane, dans le monde des assurances et je pense que vous
l'avez compris avant que je vous le dise. Indépendamment de ça,
lorsqu'on doit s'adresser à quelqu'un dans le domaine de l'assurance vs
quelqu'un qui doit avoir affaire à une régie, gouvernementale
je donne encore cet autre exemple c'est pas mal loin, l'affaire.
Quant au point de vue du contact humain, d'une part, quant au point de vue du
règlement d'un problème et au moment, en particulier, de dommages
à la personne, c'est pas mal compliqué. Souventefois quand on
prend en main ou qu'on décide de plonger dans un système
d'étatisation je pense qu'on n'a pas besoin de mentionner
l'exemple de l'électri-
cité ou d'autres domaines ça doit coûter
moins cher mais, par expérience, ça coûte deux fois et
trois fois le prix; c'est comme ça tout le temps.
Dans le domaine de l'assurance, honnêtement, si vous me demandez,
à moi, si j'ai des problèmes dans le domaine de
l'assurance-automobile, je vous réponds tout de suite: Non. J'ai
l'impression que chacun de ceux qui sont autour de la table, personnellement,
au point de vue de l'automobile, n'en ont pas. Si on vise, évidemment,
des coûts moindres, de les diminuer, je suis d'accord parce que je pense
qu'on protège le public et c'est notre devoir de le faire, de viser
à ça. Mais, M. Gauvin, je serais difficile à convaincre
si, du revers de la main, on remplaçait une entreprise privée qui
a besoin, elle aussi, dans bien des secteurs d'être remise en place,
d'être aidée aussi et d'être critiquée objectivement.
Comme je vous dis, il n'y a pas eu de critique acerbe, que vous ayez faite,
vis-à-vis de ces entreprises privées. Il y a peut-être
moyen d'améliorer la situation. C'est là qu'est toute ma
question, améliorer la situation sans tout chambarder.
M. GAUVIN: Je m'excuse mais vous m'avez perdu totalement.
M. HARVEY (Charlesbourg): Non, mais...
M. GAUVIN: Excusez-moi. J'aimerais quand même...
M. HARVEY (Charlesbourg): Cela va peut-être un peu plus loin.
M. GAUVIN: On parle ici d'indemnisation, vous embarquez la
sécurité routière, vous embarquez la régie
d'Etat...
M. HARVEY (Charlesbourg): On a parlé du coût des primes, on
a parlé de ci et de ça. Je m'excuse, peut-être que je suis
un peu plus loin que, normalement, on devrait être.
M. GAUVIN: Si vous n'avez aucun problème...
M. HARVEY (Charlesbourg): J'entends en tant qu'expérience.
M. GAUVIN: Est-ce que je pourrais terminer?
M. HARVEY (Charlesbourg): Je vous en prie.
M. GAUVIN: Si vous n'avez aucun problème, je me demande ce que je
fous ici. Deuxièmement, si vous n'en avez aucun, à travers le
monde on s'interroge, monsieur. Il faudrait quand même lire, il faudrait
quand même regarder ce qui se passe.
M. HARVEY (Charlesbourg): Oui, d'accord.
M. GAUVIN: Le comité a reçu une trentaine de
mémoires. Vous allez entendre des gens qui ne sont pas d'accord, mais
dire qu'il n'y a aucun problème.
M. HARVEY (Charlesbourg): Je ne dis pas qu'il n'y a aucun
problème, M. Gauvin, mais, comme profane, en matière d'assurance,
on parlait de plan d'assurance.
M. GAUVIN: En matière de plan d'assurance, le comité, sans
idées préconçues, a analysé le système et
nous en sommes arrivés aux conclusions suivantes: II indemnise mal, il
est trop lent, il laisse des victimes sans aucune indemnisation et il
coûte extrêmement cher. Si vous n'y voyez aucun problème,
monsieur, c'est votre responsabilité, les membres ont pris la leur.
M. HARVEY (Charlesbourg): Mais quand vous parlez de longueur de temps,
je ne vois pas en quoi vous allez remplacer par une formule qui prendrait moins
de temps, si vous parlez en formule étatique.
M. GAUVIN: C'est un autre problème. Le problème...
M. HARVEY (Charlesbourg): C'est le "no fault", c'est sûr, on y
reviendra sûrement.
M. GAUVIN: La modification du droit à l'indemnisation n'a rien
à voir avec l'étatisation, absolument rien à voir.
Parlez-en aux victimes qui attendent des mois pour avoir l'indemnisation
présentement s'ils sont satisfaits du système actuel.
M. HARVEY (Charlesbourg): Pour la question d'assurance à 30
jours, c'est une autre question qui a été soulevée tout
à l'heure, la question de paiement à 30 jours des assurances ou
des taux devant être exigés ou des intérêts. C'est le
député de Rouyn-Noranda qui a soulevé la question. Est-ce
que vous ne pensez pas qu'à l'heure actuelle, même au niveau du
remboursement par une personne qui est protégée elle-même,
qui sent le besoin de se protéger et qui l'est effectivement, il n'y a
pas l'établissement de certaines modalités de remboursement qui
excèdent 30 jours. Peut-être que vous en voyez un problème,
évidemment.
M. GAUVIN: S'il n'y a aucun problème dans la lenteur
généralisée de l'indemnisation des victimes, auriez-vous
l'amabilité de m'expliquer les délais qui paraissent aux pages
203 de notre rapport, qui ne sont pas basés sur l'expérience d'un
cas, ou de mon expérience personnelle, mais qui sont basés sur
des milliers de dossiers qui ont été analysés? Si vous
pouvez y répondre... moi, je dis qu'il y en a des délais.
M. HARVEY (Charlesbourg): Je parle au niveau du paiement de la prime par
le consommateur, je ne parle pas au niveau...
M. GAUVIN: C'est tout à fait un autre problème.
M. HARVEY (Charlesbourg): Mais ce n'est pas à moi de
répondre aujourd'hui aux statistiques que vous avez données. Si
je parle au niveau du paiement d'une prime...
M. GAUVIN: Excusez-moi, je croyais qu'on parlait encore du droit
à l'indemnisation, et, en troisième partie, de l'administration
du régime.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): ... on s'en tient à...
M. HARVEY (Charlesbourg): D'accord.
M. GAUVIN: Les paiements de prime, ça n'a rien à voir
avec...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Dorion.
M. BOSSE: M. le Président, M. Gauvin, M. Bouchard, sans
sous-estimer les autres parties de votre rapport, je pense qu'on peut dire ici
que cet aspect des recommandations est certes le noeud de votre rapport; c'est
le noeud, c'est-à-dire c'est la partie la plus importante où vous
vous incriminez pleinement dans le sens d'une prise de position sociale,
puisqu'il y a des opinions très divergentes basées
peut-être sur des conflits d'intérêts. C'est net.
Socialement parlant, selon les propositions que vous faites, si on prend la
proposition 19, je pense que vous êtes conscients que vous allez
affecter, toucher beaucoup d'individus. C'est évident.
J'écoutais à la télévision, par exemple, les
commentaires de certains avocats et j'entendais: On devra mettre la clé
dans la porte de notre bureau. Je pense que vous êtes conscients de
ça. Dans ce sens, je n'ai que des félicitations à vous
faire d'avoir eu le courage de faire ces recommandations. Socialement parlant,
vous êtes placés dans le sens de l'économie de notre
société qui, elle, tend à éviter de faire porter le
fardeau trop lourd sur un seul individu.
Ce serait facile ici de comparer peut-être l'accidenté au
malade, par exemple, avant l'assurance-hospitalisation, jusqu'à un
certain point. On se rappelle combien il était difficile quelquefois
pour un malade, souvent ce n'était pas sa faute, il pouvait être
alcoolique, mais quand même il portait tout le poids, tout le fardeau de
l'argent qu'il devait payer aux institutions.
Je ne voudrais pas m'arrêter dans les modalités, parce que
je pense que vos recommandations ici sont complémentaires jusqu'à
un certain point. Si je prends 20 et les suivants immédiats
complètent, vont compléter.
En ce qui a trait à l'assurance obligatoire, il me semble que
c'est évident que c'est la même règle. Si on veut faire une
réforme réelle dans le domaine de l'assurance-automobile
et je pense que c'est ce genre d'étude que vous avez fait en toute bonne
foi et avec énormément de compétence et de courage,
à mon avis c'est la même règle qui doit s'appliquer,
l'universalité, c'est-à-dire que cela doit s'appliquer
obligatoirement à l'ensemble et faire porter le poids d'une
responsabilité sur l'ensemble de ceux qui sont appelés à
utiliser les voitures. L'automobile, quand même, ou tout type de
véhicule est aujourd'hui entré dans notre société,
qu'on le veuille ou non. Cela fait partie de nos moeurs, de nos habitudes et on
n'est pas ici, quand même, dans un pays sous-développé.
C'est un élément qui fait partie de la vie de presque chacun de
nous, qu'on ait une voiture de l'année, une "caddy" ou une minoune,
resque que chacun, à peu près, a sa voiture.
Sur la question de l'assurance obligatoire, c'est bien évident
que moi, je le comprends dans le sens de vos recommandations, à savoir
qu'encore une fois, c'est d'une portée sociale évidente et
extrêmement importante. J'ai déjà eu d'ailleurs l'occasion
de m'exprimer là-dessus. Je n'ai pas toujours été
écouté, je diffère d'opinion... C'est cela, le sens de la
démocratie et de la liberté. Je diffère d'opinion avec
certains de mes collègues sur ce sujet et sur d'autres.
Je voudrais vous poser une question avant que de vous citer, moi, mes
expériences personnelles qui n'ont rien de commun avec mon
collègue de l'autre côté de la table dont je
respecte l'opinion, bien sûr ou plutôt, de-vrais-je citer
l'exemple et vous poser la question par la suite.
J'ai eu à effectuer des recours contre mon protecteur,
l'assureur, et à le forcer à me défendre dans des causes.
Vous allez me dire que c'est un cas personnel; non, c'est un cas
fréquent. On doit prendre, à l'occasion et très
fréquemment, des avocats pour forcer l'assureur à nous
défendre parce que lui se fait à la fois protecteur,
défenseur et arbitre à la fois.
Dans des cas, je pourrais en citer, des cas...
M. GIASSON: ... réclamations de dommages personnels.
M. BOSSE: Oui, réclamations de dommages en cas d'accident
d'automobile, par exemple, que la compagnie, le courtier ou l'enquêteur
prétendent de la responsabilité de l'assuré. Quoi qu'il en
soit, je voudrais vous poser une question sur ce type d'assurance que vous
suggérez qui comporte des éléments de
non-responsabilité personnelle. Pourriez-vous nous citer parce
que, tout à l'heure, quelques-uns de mes collègues semblaient ne
pas savoir où cela s'appliquait présentement, j'entends les
provinces, les Etats où cela s'applique présentement,
où cela a déjà fait l'objet d'une expérience?
M. GAUVIN: A la fin du rapport, il y a une annexe ou un appendice assez
volumineux qui compare certaines propositions. Vous avez une liste d'endroits
où des régimes sans égard à la
responsabilité ont été mis en vigueur.
Le régime qui s'apparente le plus aux recommandations du
comité existe en Nouvelle-Zélande.
M. BOSSE: En Nouvelle-Zélande?
M. GAUVIN: Oui. Il en existe au Michigan, il en existe au Massachusetts,
il en existe en Floride et il y a au-delà de 30 ou 40 projets de loi qui
ont été présentés dans autant d'Etats
américains pour effectuer des changements. Cela existe dans d'autres
pays. Partout, en fait, on remet en question le régime traditionnel et
les solutions que nous avons préconisées sont également
préconisées dans d'autres endroits.
M. BOSSE: Quels sont les résultats obtenus, tenant compte d'une
comparaison, par exemple, entre le régime que nous avons ici
présentement et les régimes qui ont été
appliqués dans ces divers Etats ou pays?
M. GAUVIN: C'est toujours extrêmement difficile de faire des
comparaisons, parce que, effectivement, les lois sont différentes.
Dans certains endroits, on a obtenu des réductions de primes
substantielles, mais dues exclusivement à des modalités qui ne
s'appliquaient qu'à cet endroit.
Pour nous, il est très difficile, au niveau du régime
d'indemnisation, strictement d'extrapoler à partir de ce qui s'est
passé à un endroit pour dire: Cela va être la même
chose au Québec. Nous avons effectivement évalué quel
serait le coût du régime. Le document a été
publié. Nous avons dit: Avec les données pertinentes au
Québec, le régime proposé coûterait à peu
près la même chose en indemnisations qu'il coûte
présentement. Cela, ce sont les données qui ont été
recueillies, qui ont été analysées et qui ont,
effectivement, fait l'objet d'une publication du comité. Le
comité a évalué quel était le coût de
l'indemnisation en vertu du régime proposé.
Maintenant, ce que je voulais vous signaler, c'est que, dans les Etats
américains, on ne peut pas, à mon sens, dire: Parce qu'il y a eu
une réduction de tel pourcentage à tel endroit, la même
chose va se produire ici. Cela peut être beaucoup plus; cela peut
être beaucoup moins, selon, en fait, le point de départ où
l'on est.
M. BOSSE: Me plaçant ici du point de vue du consommateur, en plus
des avantages que moi je présume je sais que cela peut blesser
quelques-uns de mes confrères, quoi qu'il en soit est-ce
qu'à votre avis cela représente un avantage substantiel ou
susceptible de le devenir?
M. GAUVIN: Je pense que le régime proposé
représente un avantage substantiel par rapport à ce qui existe
présentement, avec des indemnisations en moyenne plus
généreuses, plus rapides et, finalement, avec un coût
moindre non pas pour les indemnités elles-mêmes, mais pour les
répartir entre la population.
M. BOSSE: Je vous remercie des réponses et je suis certain que
vous vous êtes fait de nombreux amis dans le Barreau!
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, j'aurais simplement une couple de
questions ou d'éclaircissements. En ce qui regarde la recommandation 28,
dans l'option A, on souligne évidemment qu'il va falloir, encore une
fois, déterminer qui est en faute. On dit: "Dans la proportion où
l'assuré n'est pas en faute". On a souligné
précédemment, je pense, dans des interventions, que le
problème, c'est que, si on a trois options, il y en a qui se croient
assurés alors qu'ils ne le sont pas, dans certaines circonstances. Ne
serait-il pas préférable, à toutes fins pratiques, qu'il
n'y ait qu'une seule option?
Maintenant, vous avez suggéré trois options. Est-ce parce
que vous entrevoyez que les gens ne sont pas prêts à accepter
l'option C immédiatement?
M. GAUVIN: Effectivement, nous avons explicité dans le rapport
pourquoi nous voulons trois options. J'ai bien dit, tout à l'heure,
qu'il ne fallait pas prendre l'expérience d'un autre endroit et dire: On
l'applique au Québec. Je vais vous donner une illustration. Dans
certaines provinces de l'Ouest, on a changé assez radicalement au moins
l'administration du régime, mais on n'a pas donné de choix
d'options véritablement. Mais, dans ces endroits, la population
était assurée d'une manière différente de celle du
Québec. Il y avait beaucoup plus de gens qui avaient, par exemple,
l'assurance-collision qu'il n'y en a ici. Alors, pour eux, c'était
beaucoup plus facile de faire un changement complet, de dire aux gens: Vous
allez tous devoir assurer vos dommages matériels.
Je pense qu'on peut se poser sérieusement la question à
savoir si un régime est justifié de forcer les gens à
assurer les dommages matériels contre tous les risques. Nous avons dit,
dans le rapport, que cela nous paraissait non justifié et non
économique.
Par exemple, l'individu qui a un véhicule de faible valeur,
pourquoi le forcer à s'assurer contre tous les risques, alors que lui,
la prime, il va la payer à un prix peut-être extrêmement
élevé par rapport aux risques qu'il a et qu'il assume.
C'est en fait un problème de laisser, quand même, le libre
choix. Maintenant, il faut bien situer l'option A. L'option A, ef-
fectivement, maintient, si on l'analyse comme il le faut, le
système actuel, sauf qu'elle force l'assuré à faire
affaires avec son assureur.
Si on décortique, si on analyse l'option, c'est fondamentalement
le système actuel pour permettre à la population,
véritablement, de s'habituer au système, parce que
l'expérience, à ce niveau-là, de certains endroits aux
Etats-Unis où on a fait la transformation comme je l'ai dit et
comme, je crois, mon collègue Ewin Rankin l'a mentionné
est qu'assez souvent, quand on fait une transformation radicale, c'est
simplement lorsqu'un accident se produit que les gens comprennent le sens de la
transformation, et on doute qu'il soit acceptable que des gens puissent n'avoir
aucun recours après un accident du fait qu'ils ne le
découvriraient qu'à ce moment-là. C'est pour cela que nous
avons préféré, pour les diverses raisons que j'ai
données rapidement, conserver différentes options, un peu pour le
libre choix du consommateur.
Il est évident qu'il est bien facile pour un monopole ou pour
l'Etat d'imposer certaines choses, mais contrairement à ce qu'on a
laissé sous-entendre, le régime proposé, l'ensemble du
régime proposé laisse énormément de place au libre
choix de l'individu.
M. BONNIER: Mais cela va supposer également qu'il y ait une
information extrêmement bien faite parce qu'il y a peut-être des
gens qui vont croire qu'une fois que ce régime est établi par
hypothèse, ils sont tous assurés et assurés pour tout.
M. GAUVIN: Je pense que c'est le problème de l'information dans
tout changement, quel qu'il soit. Les gens sont souvent mal informés.
Pour quelle raison? Peut-être que les mécanismes d'information ne
sont pas aussi raffinés ou ne rejoignent pas autant de gens qu'on le
voudrait ou peut-être parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne veulent
pas, en fait, s'informer.
M. BONNIER: Une dernière question, M. le Président. Dans
le régime proposé, M. Gauvin, qu'est-ce qui arrive du
système de la "Facilité"? Vous semblez dire qu'il fonctionne
assez bien, mais je ne retrouve pas une recommandation précise à
l'effet qu'il doit être maintenu comme tel ou qu'il doit
disparaître.
M. GAUVIN: Je pense que vous devriez poser la question aux assureurs.
C'est une recommandation sur l'administration du régime...
M. BONNIER: A la troisième partie.
M. GAUVIN: ... et je pense qu'elle est extrêmement claire.
M. BONNIER: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Ne chevauchons pas. Est-ce que vous avez
terminé?
M. BONNIER: Oui.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Maskinongé.
M. PICOTTE: M. Gauvin, avez-vous songé à la
possibilité d'une assurance obligatoire sur la base du conducteur?
C'est-à-dire que chaque individu, au Québec, qui demande un
permis de conduire doit obligatoirement, pour obtenir ce permis de conduire,
être assuré ou avoir une police d'assurance garantie. Conducteur
au lieu de propriétaire. Peut-être qu'à ce moment cela
aiderait le gars à aiguiser son sens des responsabilités et en
plus cela diminuerait peut-être les accidents.
M. GAUVIN: Encore une fois, le rapport fait bien mention qu'il y a trois
possibilités pour le facteur de rattachement de l'assurance. A la page
314, on parle de lier l'assurance au conducteur, on parle de lier l'assurance
au véhicule, de lier l'assurance à la famille. Le document
analysant les trois possibilités a été
déposé. Je peux, si vous le voulez, lire ce que le rapport en
dit. Nous avons dit: II y a des avantages à l'assurance conducteur, mais
il y a des désavantages et, quand on additionne l'ensemble, nous croyons
que les désavantages sont plus importants que les avantages, page
314.
M. PICOTTE: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Trois-Rivières.
M. BACON: M. le Président, ma question s'adresserait surtout
à Me Bouchard. Considérant l'abolition du droit de recours en
vertu du régime de la faute, est-ce que dans ce nouveau système,
on ne peut pas faire des comparaisons avec l'indemnisation ou le système
actuel d'indemnisation des accidentés de travail au Québec?
M. BOUCHARD: Bien sûr, le parallèle est très facile.
C'est, dans une certaine mesure, comparable, mais seulement pour fins de
compréhension, parce que, dans les deux cas, vous avez vraiment une
assurance-risque ou une assurance-accident. C'est-à-dire tout comme
lorsque vous vous assurez je prends un exemple dans un autre secteur
dans le cas d'une assurance-vie, que le fait de votre
décès donne droit à une indemnité.
L'assurance-accident, le fait de l'arrivée d'un
événement prévu dans le contrat d'assurance, dans les
circonstances prévues, donne droit à une indemnité. D'une
certaine façon, c'est vrai. Mais ce sont justement les remarques et les
critiques que nous avons enten-
dues, disant que c'était la continuation d'une trouée dans
le système de la responsabilité. On a commencé par les
accidents du travail, on continue dans l'assurance-automobile et où
arrêterons-nous? Je ne sais pas où on va s'arrêter; il
faudrait peut-être poser la question. L'évolution de la
société, où est-ce qu'elle ira? C'est une question
fondamentale et, encore une fois, lorsqu'on étudie les critiques du
régime, il ne faut jamais, à mon humble point de vue, oublier que
c'est vraiment le régime auquel nous nous attaquons. Et on ne
répond pas à une critique d'un régime par des cas
d'espèce. En effet, dans la plupart des lois adoptées par le
législateur, il serait facile de vous dire que, dans certains cas, il
crée des injustices. C'est bien sûr, parce qu'une loi est toujours
faite pour le bien commun, pour l'ensemble, pour une majorité.
Que le rapport abolisse totalement ce système pour centrer
l'indemnisation sur cette notion d'accident, lequel accident donne
automatiquement ouverture à une indemnité d'un individu qui fait
partie de la société, parce que la société, suivant
ses concepts sociaux et moraux qui évoluent constamment et qui se
modifient, considère que le fait de vivre dans une société
moderne donne ouverture à ce genre de compensation... Pourquoi? Parce
que, précisément, l'ancienne notion qui cherche, encore une fois,
à rattacher un responsable à tout prix pour une indemnisation
s'attache trop à la possibilité presque illimitée de la
liberté humaine de l'individu. A l'état pur, cela demeure vrai.
Et je vous dis que, si vous étiez capable, vous comme moi, de
rétablir une magnifique société agraire où les gens
pourraient véritablement avoir un tempo différent et un rythme,
une civilisation différente de celle que nous avons, il est possible que
le système de la faute, qui n'a pas été conçu pour
ça mais qui est un système de base, puisse continuer à
s'appliquer.
Mais je voudrais également, à l'occasion si vous me
permettez une parenthèse répondre non pas aux critiques,
mais souligner que cette notion de faute, de responsabilité, qui est
ancrée dans le coeur de l'homme et qui, apparemment, répond
à des aspirations si fondamentales et si viscérales que l'homme
en serait perturbé... Un instant! Il y en a d'autres. Vous savez, je
pense qu'il ne faut pas trop s'aventurer dans ce secteur et admettre quand
même que ce n'est pas parce que l'on conçoit et que l'on met sur
pied un système d'indemnisation juste, adéquat, bien
établi et à un coût moindre, mieux administré que le
système actuel, que la population, pour une notion de
responsabilité à laquelle elle croirait comme à ses yeux,
s'y refuserait. Ce serait aller à l'encontre, à notre avis,
d'à peu près toutes les études, encore une fois, qui ont
été faites et qui convergent toutes dans le même sens.
M. GAUVIN: Est-ce que je peux me permettre une observation? Le
parallèle que vous avez fait effectivement entre les accidents de
travail...
M. BACON: Je n'ai pas fait un parallèle; j'ai demandé si
on pouvait faire un parallèle.
M. GAUVIN: Ah! si on pouvait faire un parallèle. Il a
été fait dans un rapport qui a été
déposé au Sénat américain et j'encourage les
membres à en prendre connaissance. Je ferai parvenir au
secrétaire, ultérieurement, le titre de ce rapport. Il y en a
plusieurs au Sénat américain, mais celui-là traite du
processus inévitable dans lequel on est, où la notion historique
de la faute a été abandonnée dans le cas des accidents de
travail et e.ït abandonnée de plus en plus dans d'autres
secteurs.
Il y a également un autre rapport que nous avons utilisé,
qui est le rapport d'une commission de Nouvelle-Zélande, qui en traite
très longuement. Je pense que vous n'avez qu'à consulter tout ce
qui se dit pour voir, en fait, que nous évoluons vers ce niveau, dans le
sens d'un régime de plus en plus d'indemnisation directe. Il est bien
entendu que les gens dont les intérêts sont menacés vont
utiliser toutes sortes d'arguments pour défendre leurs
intérêts ou en éviter l'application.
Il est également intéressant de noter que les arguments de
ceux qui s'y opposent sont exactement les mêmes un peu partout.
M. BACON: Votre commission s'est-elle livrée à des travaux
pour comparer peut-être les montants d'indemnisation sous les deux
régimes, sans faute et avec faute?
M. GAUVIN: En fait, j'aimerais bien vous situer. On parle assez souvent
du régime sans égard à la responsabilité. Le droit
à l'indemnisation est une chose; la détermination des montants
qu'on veut y apporter en est une autre. Si la population est prête
à payer plus en prime, il est bien évident qu'on peut doubler les
indemnités prévues. Il faut tout le temps faire le partage entre,
d'une part, ce dont les victimes ont besoin pour avoir une compensation juste
et équitable et également ce que la population est prête
à payer pour ce même régime.
On peut avoir un régime qui va donner des indemnités
astronomiques. Maintenant, il va falloir que quelqu'un les paye. Ce n'est quand
même pas un citron qu'on peut presser à l'infini.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. GIASSON: M. Gauvin, dans les recommandations sur l'indemnisation des
victimes d'accidents d'automobile, au paragraphe 19, vous recommandez d'abolir
complètement le
droit de recours en vertu du régime de la faute pour toutes les
pertes découlant de blessures corporelles. Or, au paragraphe 26, vous
maintenez ce droit de recours lorsqu'il s'agit de dommages matériels.
Quelle est la base? Ce n'est pas ça?
M. GAUVIN: Je m'excuse, c'est aboli dans les deux.
M. GIASSON: C'est aboli, oui, excusez. Très bien. J'avais cru
comprendre qu'on maintenait le droit de recours en indemnisation dans le cas de
dommages matériels et qu'on l'abolissait dans le cas des blessures
corporelles. Maintenant, en acceptant le principe de l'application d'un
système "no fault", vous avez certainement considéré,
à l'intérieur de ce principe et des autres recommandations
touchant la sécurité routière, la possibilité de
maintenir une compétition très valable dans le commerce de
l'assurance; soit que l'Etat intervienne en créant une
société ou en acquérant une compagnie existante et,
à côté de ça, maintenir des équipes
d'assureurs qui procèdent par le système du courtage, toujours en
révisant en profondeur les méthodes de calcul de la
rémunération des courtiers, soit par une plus grande
mécanisation, soit par une concentration des bureaux des courtiers pour
utiliser au maximum l'électronique, tout en maintenant également
un troisième secteur qui serait composé de ceux qui transigent de
l'assurance directement avec le public, non par l'intermédiaire de
courtiers, mais par des commis payés sur une base salariale, de
façon à laisser la possibilité aux automobilistes du
Québec d'avoir un choix véritable entre une entreprise
étatique, une entreprise privée fonctionnant par le
système traditionnel du courtage et appliquant certaines recommandations
que vous avez faites dans votre rapport sur les méthodes de
rémunération tout en laissant également le
troisième champ d'activité qui est celui du "direct writer",
comme on l'appelle communément.
Est-ce que cette possibilité, vous l'avez examinée et, si
vous l'avez écartée, quelles sont les raisons pour lesquelles
vous avez écarté cette possibilité de fonctionnement dans
un système compétitif; entreprise privée, Etat, entreprise
privée avec deux systèmes possibles?
M. GAUVIN: C'est du chevauchement. Vous m'excuserez, mais c'est enfin un
problème d'administration. Je croyais qu'on discutait d'indemnisation.
Je n'ai pas d'objection...
M. GIASSON: On pourra revoir ça... M. GAUVIN: ... à y
revenir en fait.
M. GIASSON: ... à d'autres chapitres de votre rapport.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Juste une simple question que j'avais oubliée
tantôt, concernant une prise de position que nous avons vue et que vous
avez probablement vue, je présume, au rapport du Barreau, qui parle d'un
impact négatif que le système "no fault" ou sans
responsabilité peut avoir sur le comportement des automobilistes. Je ne
dis pas que je souscris à cela, mais j'aimerais avoir votre prise de
position et une explication que vous donneriez étant donné que
vous ne serez peut-être pas là demain ou quand le Barreau va
venir. J'aimerais avoir votre réponse à cette prise de position
du Barreau.
M. GAUVIN: Quant à moi, je préférerais attendre,
pour répondre à cette question, ce que messieurs les avocats ont
à dire dans leur mémoire.
M. LEGER: Vous n'avez pas lu le mémoire?
M. GAUVIN: Si c'est le désir des membres de cette commission, je
pourrais toujours trouver le temps de revenir à la fin pour vous faire
savoir ce que j'en pense.
M. LEGER: De toute façon, même si vous nous laissez
suspendus à vos lèvres, vous avez quand même prévu
dans votre rapport une réponse à cette chose. Vous avez quand
même évalué. Je suis d'accord avec vous, dans votre
rapport, que cela ne peut pas avoir une conséquence négative sur
l'automobiliste. Je l'affirme, vous l'affirmez, mais les raisons
derrière cela, vous l'avez évalué pour affirmer cela.
D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Nous terminons ce chapitre sur
l'indemnisation. Nous étudierons maintenant les recommandations sur
l'administration du régime proposé. Je donne la parole au
ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives.
Administration du régime proposé
M. TETLEY: M. le Président, dans ma dernière section,
quelqu'un avait parlé des avocats qui pourraient peut-être perdre
une bonne partie de leur commerce ou de leur profession. J'ai l'honneur
d'être l'orateur, en novembre, devant les avocats de la province à
la réunion annuelle, et ils soulèveront sans doute la
question.
Aussi, dans la section "Recommandations
sur l'administration du régime proposé", à la
recommandation 53 vous proposez que le rôle du courtier soit
changé en celui de conseiller. Voici deux groupes dont la vie serait
certainement changée, les avocats et les courtiers
d'assurance-automobile. Certaines compagnies d'assurance subiraient
certainement de grands changements en vertu des recommandations sur
l'administration.
Est-ce possible, parce que vous n'avez pas parlé vraiment
d'échéancier ou de l'implantation, de procéder par
étapes? Et une question corollaire: On m'a informé que dans une
certaine province il y a un système de fonds d'indemnisation pour ceux
qui ont perdu certaines sommes d'argent. Je crois que c'est vous, M. Rankin,
qui m'aviez parlé de cela autrefois. Il y a certaines provinces
où il y a un fonds ou un système pour le nombre d'années
au moins pendant lesquelles l'Etat ou la province subventionne certaines
personnes qui ont perdu des revenus en vertu de l'implantation d'un
système d'assurance-automobile, pas exactement comme vous l'avez
proposé, mais un système autre.
En avez-vous entendu parler ou avez-vous des idées sur un tel
fonds ou avez-vous des idées au sujet d'une implantation par
étapes?
M. GAUVIN: II est bien certain qu'une mise en vigueur des
recommandations du régime va toucher durement plusieurs personnes. Il
est bien certain que les groupes que vous avez nommés seront
touchés. Il faudrait quand même revenir au mandat du
comité...
M. TETLEY: C'est une question hors de votre mandat.
M. GAUVIN: On n'a jamais demandé au comité de
protéger les intérêts des intermédiaires. Le
gouvernement a demandé au comité de protéger avant tout
les victimes, le consommateur, et c'est dans cet esprit que les membres ont
rempli leur mandat.
La question qu'on peut se poser est la suivante: Le régime actuel
est-il inefficace? Si nous voulons le rendre plus efficace, il faut
réduire les coûts. Si on réduit les coûts, cela
touchera certainement des personnes. A ce moment, est-ce qu'on veut conserver
un régime inefficace pour conserver, prétendument, les droits
acquis pour certains individus ou ne veut-on pas effectivement établir
un régime qui soit réellement efficace pour l'ensemble de la
population? Je pense que M. Rankin aimerait répondre à votre
question.
M. TETLEY: Permettez-moi de dire: Voici votre mandat et la
réponse est claire. Je crois que je peux accepter votre réponse
et je partage votre opinion en bonne partie. Mais avec votre expérience
et l'étude pendant trois ans des autres régimes, la
Nouvelle-Zélande qui se rapproche beaucoup de votre système,
etc., a-t-on changé complètement le système par une seule
loi, par exemple, en Nouvelle-Zélande?
M. GAUVIN: En Nouvelle-Zélande, on a été
extrêmement loin puisqu'on a établi le régime, en premier,
pour les victimes d'accidents du travail et les victimes d'accidents de la
route. A peine environ douze mois après l'implantation du régime,
il a été étendu pour couvrir l'ensemble des victimes
d'accidents, quelle qu'en soit la cause.
Partout où on a fait des changements, on a fait des changements
à un moment donné avec, possiblement, certains ajustements par la
suite. Mais pour procéder par étapes, est-ce qu'on va abolir
à moitié une chose? Si la chose n'est pas bonne, je pense qu'il
faudrait quand même l'abolir dans son entier.
M. TETLEY: Même à votre recommandation 28 ou à une
autre, il y a des cas où vous procédez pour cinq ans. Pardon, ce
n'est pas 28, mais il y a certaines étapes, même dans votre
recommandation. Il est important, évidemment, pour le gouvernement et
pour la population entière, de savoir s'il faut procéder en une
seule fois, d'un seul coup ou si c'est possible ou même recommandable de
procéder par étapes. Peut-être que M. Rankin ou Me Bouchard
ont des suggestions suivant leur expérience.
M. BOUCHARD: Tout dépend de ce que vous envisagez. Si vous
considérez la partie du rapport qui concerne la sécurité
routière, c'est une section; si vous considérez les critiques
fondamentales dont nous sommes conscients... Remarquez bien que pour ma part,
membre du Barreau moi aussi, j'étais certainement conscient que mes
confrères du Barreau ne partageraient pas mon point de vue. Le rapport
du Barreau ne m'a pas surpris, mais j'avais une responsabilité, comme
membre du comité, et on l'a assumée. Si vous envisagez la
réforme fondamentale, qui se tient entre, d'une part, le droit à
l'indemnité et, d'autre part, l'administration du régime, nous
n'avons eu aucun exemple que nous pourrions vous citer où l'on a
procédé par étapes, c'est-à-dire où on a
scindé ce genre d'opérations.
L'administration du régime est un tout extrêmement
complexe. Vous avez pu vous en rendre compte par le rapport qui est très
dense, entre autres dans cette section, et nous avons été dans
l'obligation même de vous dire, en étant conscients des
conclusions auxquelles nous en venions, que lorsque nous nous sommes
attaqués à un régime d'entreprise privée comme
celui que nous connaissons et, entre parenthèses, nous avons
souligné qu'il n'est pas si privé que ça parce qu'il est
probablement très souvent en ternies monopolistiques lorsque nous
avons évalué les ramifications de ce régime, nous avons
conclu en la valeur irremplaçable d'une saine et véritable
concurrence, mais à la condition qu'elle soit saine et qu'elle soit
véritable.
C'est parce que nous y avons cru que nous avons dit: D'accord, nous
croyons que la chance doit être donnée à l'entreprise de
se
réformer, de se réadapter en fonction des critères
nouveaux qui sont ceux qu'un peuple se donne, ceux que nous avons
élaborés dans notre rapport et qui sont des concepts
fondamentaux, sociaux, globaux. Si l'entreprise veut le faire, M. le ministre,
pour ma part, je crois qu'il est impensable que vous puissiez vous attaquer
à la réforme de l'entreprise privée par étapes.
Nous en étions tellement convaincus que nous avons dit: Les
réformes forment un tout et si toutes les réformes sont
intégralement le mot "intégralement" y est
appliquées nous sommes d'avis que le gouvernement peut confier à
l'entreprise privée l'administration du régime. Mais "si toutes
les réformes", dans l'ensemble... Sinon, autre option,
l'étatisation.
M. TETLEY: Vous parlez de toutes les réformes...
M. BOUCHARD: ... de l'administration.
M. TETLEY: ... de l'administration, de la recommandation 37 à la
fin.
M. BOUCHARD: C'est ça.
M. TETLEY: Parce qu'il faut préciser ça, j'ai noté
qu'un journal s'est trompé. Quand vous dites toutes les réformes,
ce sont les recommandations 37 à la fin. M. Rankin, est-ce que j'ai
tort, durant plusieurs rencontres, lunch, etc., n'est-ce pas vous qui m'avez
parlé, je crois, du Manitoba, non?
M. RANKIN: Sur la question des conversations...
M. TETLEY: C'est ça, pour certains groupements.
M. RANKIN: Je ne sais pas, peut-être que j'ai mentionné le
cas du Manitoba, mais je l'aurais mentionné pour expliquer exactement ce
que M. Gauvin a dit: Pourquoi ne pas se pencher sur ce problème? On
parle de ça, mais ce ne sont pas seulement les avocats qui vont
être touchés, où est-ce qu'on va s'arrêter?
M. TETLEY: Excusez-moi, c'est une question...
M. RANKIN: Cela a existé. Ils ont établi un fonds pour
recyclage, si vous voulez. Pourquoi ne pas faire la même chose pour les
avocats, pourquoi ne pas faire la même chose pour un garagiste qui ne
peut pas tricher?
M. TETLEY: Je crois que le Manitoba a refusé les demandes des
avocats.
M. RANKIN: A propos de ça, je peux citer une remarque d'un de mes
amis quand nous sommes allés dîner avec lui, Jean-Louis et moi. Il
a un ami qui était courtier à Winnipeg et qui était si
écoeuré des changements dans le régime
d'étatisation qu'il pliait bagage; il est allé à
Victoria.
M. TETLEY: A Victoria. Parce qu'il faut ajouter que le Manitoba n'a pas
aboli les courtiers.
M. RANKIN: Non, il n'a pas...
M. TETLEY: Bon, je vais laisser à mes collègues d'autres
questions. J'espère que vous allez soulever la question ou
peut-être la faciliter... Peut-être que je peux mentionner que je
trouve importants tous les articles et recommandations mais principalement 53
et 56, "Que le financement des primes d'assurance-automobile ne puisse plus
être effectué par les courtiers..." Evidemment ça aide
aussi au système obligatoire. Un homme peut arriver avec un certificat
mais il n'aura payé que pour un mois, etc. Après, il faut
rechercher l'homme qui n'est assuré en effet que pour un mois.
L'article 57, que l'évaluation des dommages matériels soit
effectuée par des centres d'évaluation; c'est très
important, je crois.
Je laisse la parole au député de Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, cette troisième partie... Vous
voulez poser une question?
M. GAUVIN: Je m'excuse, je veux mentionner que certains membres ont des
engagements professionnels à remplir, ils ont des
responsabilités; ils en avaient, ils les ont remplies, ils en ont
d'autres. Me Bouchard doit être excusé.
M. LEGER: C'est malheureux,
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Nous remercions Me Bouchard de sa
participation cet après-midi.
M. BOUCHARD: Merci, M. le Président.
M. LEGER: M. le Président, je crois que cette troisième
partie est une des parties des plus importantes, c'est-à-dire ce sont
des conclusions pratiques à la suite de toute l'étude que vous
avez faite. Je pense que votre recommandation, à la fin, a causé
un réveil tardif, mais un réveil des compagnies d'assurance.
Cette recommandation, qui est quasi un ultimatum, a créé chez
elles le désir de réellement être les défenseurs du
"no fault" et de vouloir faire des réformes.
Mais prenons la page 376, de votre mémoire, où vous dites
que le comité a consacré des ressources considérables
à l'étude de cet aspect de la question, et le résultat de
ces études est clair. L'écart des coûts d'administration
entre un monopole étatique et une entreprise privée
réformée est de l'ordre de 3 p.c. je souligne le
mot "réformée". Après avoir affirmé cela, vous
arrivez par la suite avec une conclusion qui, selon moi, je vais vous poser la
question après n'est pas autre chose qu'une décision ou un
choix que le comité a fait et moi, je la voyais comme un choix
politique.
Cependant, ce matin, vous avez affirmé que ce n'était pas
au comité de faire un choix politique, que c'était au
gouvernement. Alors, si ce n'est pas un choix politique, quelles ont
été les raisons qui vous ont amenés à conclure que
c'était une meilleure solution d'avoir une réforme
complète avec l'entreprise privée, alors qu'il y a le
critère majeur d'un meilleur coût de la facture totale des
Québécois, qui est de 3 p.c, et qui équivaut à
l'heure actuelle, je pense entre $12 millions et $15 millions par année,
puisque les primes d'assurance doivent se chiffrer par $400 millions,
étant donné qu'il y a un an et demi, elles étaient dans
les $380 millions?
C'est donc dire qu'il y a une épargne de $12 millions à
$15 millions pour les Québécois. Alors, s'il y a une
épargne... je voudrais que ce soit bien clair, qu'on se rende bien
compte que devant une situation, le choix ne dépend pas d'une
idéologie. Ce n'est pas une question de dire: Ce sont les
méchants capitalistes qui pensent ou ce sont les méchants
socialistes qui pensent; c'est une question simplement de savoir si c'est plus
rentable pour l'Etat de le faire par une entreprise étatique, ou si
c'est plus rentable de le faire par une entreprise privée.
Donc, c'est un choix qui n'est pas basé sur une idéologie,
mais sur un choix bien pratique. Alors, au départ, il y a une question
de rentabilité. L'Etat ne doit pas nationaliser ou étatiser tous
les systèmes qui existent dans tous les domaines de la
société. Il ne doit le faire que si c'est plus rentable et que
cela apporte des meilleurs avantages aux citoyens. C'est cela qui est la
considération première. Il n'est pas question de dire: C'est du
capitalisme ou du socialisme. Ce n'est pas cela. Il est question de savoir ce
qui est le plus rentable pour les citoyens.
Alors, si vous arrivez à la conclusion qu'avec une concurrence
rétablie, cela donne un meilleur coût, d'une part;
deuxièmement, vous affirmez à la page précédente
qu'avec un régime étatique, cela amène une façon
plus rapide d'effectuer des réformes, deuxième raison majeure;
troisièmement, vous affirmez que... c'est-à-dire, vous n'affirmez
pas, mais il est sous-entendu dans votre rapport que les investissements
possibles par les compagnies d'assurance actuellement qui font des profits
normaux, mais qui font des profits du rendement de l'ordre de 15.7 p.c.
je pense que vous avez cela à la page 237 pour un Etat qui a
souvent besoin de liquidité et qui est obligé d'emprunter
à court terme, les sommes de $400 millions se placent rapidement avec un
revenu qui rapporterait beaucoup à l'Etat aussi; quatrièmement,
pour qu'un Etat soit capable de réaliser plus facile- ment sa politique
dans ce domaine-là, est-ce que ce n'est pas plus facile pour lui, quand
il a lui-même le système en main par l'assurance
étatique?
Alors, pour quelle raison, en ramenant les quatres points, les quatre
conclusions de l'avantage d'un régime étatique, comparativement
à un régime de concurrence réétabli, comment se
fait-il que vous arriviez à la conclusion contraire, soit de donner un
ultimatum pour dire: II faut que toutes les conditions qu'on présente
soient acceptées? Quels sont les inconvénients majeurs que vous
n'avez peut-être pas dits, mais qu'on peut lire dans votre
dernière phrase, à la page 376:"L'écart de 3 p.c. ne peut,
à lui seul, justifier une recommandation en faveur de la création
d'un monopole"?
Alors, toute la présentation de votre rapport, sur lequel nous
sommes d'accord, nous trouvons que c'était une étude courageuse
et réaliste, vous arrivez avec une conclusion. Et cette dernière
phrase ne nous explique pas pourquoi vous n'arrivez pas avec l'autre
conclusion. Quels sont les inconvénients majeurs que vous avez vus au
système étatique?
M. TETLEY: ... 377
M. GAUVIN: Aux pages 372 et 373, nous avons une partie du rapport qui
s'appelle "Les avantages de la véritable concurrence". On aurait
certainement pu, après cela, marquer les désavantages de la
véritable concurrence pour prendre les avantages de l'Etat, les
incorporer là.
A la suite de cela, parler des avantages de l'étatisation et des
désavantages de l'étatisation, en reprenant ce qu'étaient
les avantages de l'un, qui deviennent les désavantages de l'autre. Cela
aurait quand même rallongé le rapport, je ne sais pas si cela
aurait amené beaucoup plus d'explications.
En fait, la première réponse que je pourrais
peut-être apporter aux nombreux arguments que vous avez amenés,
c'est que vous avez parlé d'un meilleur coût. Mais
l'établissement d'un monopole, soit privé ou soit d'Etat,
comporte de nombreux désavantages.
Parmi ces désavantages on peut bien les reprendre
il y a l'effet sur le coût du produit. Quant à nous quant
à moi, en fait quel que soit le monopole, on perd alors tout
élément de comparaison entre les coûts de ce monopole et
d'un autre monopole. Si vous établissez un monopole dans quelque secteur
que ce soit, comment allez-vous, à l'avenir, savoir si le produit que le
monopole met sur le marché est au meilleur coût possible?
Il ne faut pas oublier que le monopole a un désavantage majeur et
je dis bien qu'il soit privé parce qu'il y en a, des monopoles
privés ou qu'il soit d'Etat. C'est qu'alors, le consommateur n'a
pas le choix. Le monopole peut repasser ses coûts au consommateur sans
que celui-ci puisse véritablement s'en défendre.
C'est un désavantage qui nous paraît très
important.
Deuxièmement, au niveau du prix du produit, nous avons dit que la
tarification du régime devrait évoluer plus qu'elle ne l'a fait
dans le passé. Dans un régime de véritable concurrence,
pour aller chercher des clients, les gens qui sont en concurrence les uns avec
les autres vont chercher, pour un groupe donné, à leur produire
ou à leur vendre un produit au meilleur coût possible et le fait
que l'assuré ou le consommateur puisse diriger sa clientèle vers
une autre personne ou un autre organisme est un élément majeur
pour forcer les gens en concurrence à être à la fine pointe
d'un juste prix.
Dans le cas d'un monopole, vous imposez quelque chose. Vous pouvez bien
exiger deux fois plus à l'un que le risque qu'il représente et
également deux fois moins à l'autre. Vous avez toute
liberté et cela, cette liberté du monopole, elle peut jouer
défavorablement pour certaines personnes.
Dans son rapport, la commission a dit que ce n'était pas le
rôle de la tarification de l'assurance d'aller régler les
problèmes de pauvreté. Ce n'est pas son rôle. Ce n'est pas
non plus à l'assurance d'aller subventionner les gens qui n'ont pas les
moyens de s'assurer parce qu'ils n'ont pas de revenus. Ce n'est pas son
rôle. Dans un monopole, on peut très bien lui donner ce
rôle, mais est-ce que c'est véritablement le rôle d'un
régime d'assurance ou si ce n'est pas le rôle d'un régime
de taxation?
Finalement, un facteur assez important, c'est la qualité des
services. Quand vous avez deux endroits où vous pouvez vous adresser,
vous en avez même plus que deux, vous en avez dix ou vingt, si la
qualité des services à un endroit n'est pas selon ce que vous
voulez, vous pouvez toujours vous adresser ailleurs. Mais moi, j'ai
essayé de téléphoner, tout à l'heure. Je n'ai pas
eu grand choix. La ligne que j'appelais l'interurbain
était occupée parce qu'ils n'ont pas assez de
téléphonistes. Eh bien, s'il y avait un peu plus de concurrence,
peut-être que j'aurais eu un meilleur service.
Pour nous, il est exact que, dans notre évaluation, on pourrait
économiser en créant un gros monopole. Qu'il soit privé ou
d'Etat, l'économie serait là, si on parle strictement de
l'économie. Mais n'oublions pas les désavantages qu'on
amène. Quand on les balance, pour ma part, je suis loin d'être
certain que la population du Québec et c'est à vous de
répondre à cela n'accepterait pas de payer un peu plus
pour conserver le libre choix.
Cela a l'air très important, 3 p.c. Allons donc voir, dans la
prime moyenne, qu'est-ce que cela représente. Cela représente
$5.
M. LEGER: $250.
M. GAUVIN: Est-ce que, pour conserver les avantages de pouvoir dire
à quelqu'un: Moi, je ne suis pas satisfait et je peux m'en aller
ailleurs, cela ne vaut pas quelque chose? Quel est le prix qu'on met à
cela?
Deuxièmement, vous avez parlé des investissements. Encore
une fois, dans le rapport, on en traite. On a mentionné qu'on peut
vouloir étatiser pour s'accaparer la part de prime que les assureurs
conservent en fiducie pour le public, mais il ne faudrait quand même pas
oublier qu'il y en a une partie qui est déjà investie dans la
province. Cet argent l'est. Il y a peut-être un problème
d'investissement des organismes financiers. On n'avait pas le mandat de
l'examiner, mais il ne faudrait quand même pas aller étatiser pour
régler ce problème, problème qui pourrait être
réglé par des modifications appropriées aux lois. Si on
veut imposer certaines choses au niveau des investissements, que le
gouvernement regarde le problème, il n'y a pas de doute qu'il le fait,
qu'il détermine une politique d'investissement des organismes financiers
et qu'il le dise ouvertement.
Pour nous, en fait, on ne va pas, encore une fois, simplement
étatiser un secteur d'activité pour aller chercher, si c'est $400
millions, $400 millions. Cela peut se faire autrement, mais encore plus, on
n'ira pas chercher ce montant, on va aller chercher ce qui ne serait pas
investi au Québec. Quel est-il? Nous ne croyons pas être
qualifiés pour répondre à cela. On aimerait bien que les
experts dont s'entourne M. Tetley nous donnent les explications.
Ce qui nous a surpris, c'est que chaque fois qu'on parle de l'Etat,
immédiatement on parle d'inefficacité. C'est ce qui nous a
drôlement surpris. Quand on regarde les régimes étatiques
qui existent et qu'on accepte les critères qui nous sont donnés
pour déterminer ce qu'était l'efficacité, ces
régimes prennent une part beaucoup moins importante du dollar-prime pour
s'administrer. Mais attention! on peut réaliser des économies
à l'intérieur de l'entreprise privée. C'est dans cette
optique que nous avons préparé un schème de modifications
du système actuel d'administration pour en arriver à donner, au
lieu de $0.60 du dollar-prime, aux victimes, en donner $0.80. On va dire: On
peut le faire par l'étatisation, alors on va faire les mêmes
réformes que celles qui sont préconisées. Pourquoi ne pas
les faire dans un régime qui coûte, quant à nous,
très peu plus cher, d'après Les estimés que nous avons
faits, mais qui conservent à la population du Québec un libre
choix, qui ne le met pas en face d'un monopole, comme certains ont
prétendu.
M. LEGER: Je voudrais quand même vous faire remarquer que vous
affirmez que dans un monopole, ou d'Etat ou privé, le monopole comme tel
n'assure pas une concurrence. Il y a quand même un point qu'il faut
admettre, c'est que dans la concurrence où il n'y a pas de
monopole, dans la concurrence privée, l'appât ou l'appétit
c'est la possibilité de profit. L'Etat n'a pas cet appétit de
profit sauf peut-être le profit électoral. C'est donc dire que
l'intérêt qu'il aurait, c'est de demander le moins cher possible
de façon que ses électeurs sachent bien que la décision a
été bien prise et que cela leur coûte moins cher. Il y a
quand même l'intérêt d'un gouvernement de ne pas faire payer
inutilement cher puisqu'il n'a pas l'intérêt du profit comme tel.
C'est une personne morale. Donc, il n'a pas d'appétit du
côté du profit.
Je reviens sur deux affirmations que vous avez faites, au paragraphe
suivant de la page 376: "Une saine et véritable concurrence
rétablie par suite d'une intervention vigoureuse du gouvernement
compenserait ou, à tout le moins, minimiserait l'écart des
coûts d'administration entre les deux types de régime." Donc, vous
affirmez que même la concurrence rétablie, cela va coûter
quand même meilleur marché, l'Etat ayant installé un
régime étatique. Là, vous dites: "Elle favoriserait aussi
une juste et équitable répartition des coûts pour chaque
groupe d'assurés, selon la nature des risques qu'ils représentent
pour l'ensemble des assurés." De quelle façon le régime
étatique ne peut-il pas faire la même chose que le groupe des
intérêts privés concernant la répartition des
coûts pour chaque groupe d'assurés selon la nature des risques
qu'ils représentent pour l'ensemble des assurés?
Est-ce que vous affirmez que l'Etat ne peut pas avoir cette
préoccupation aussi?
M. GAUVIN: L'Etat peut l'avoir, mais en fait c'est beaucoup plus facile
pour l'Etat de mettre de côté cette préoccupation. Dans un
système de véritable concurrence, cette préoccupation
existe nécessairement tandis que dans un système monopolistique,
en fait, on n'a pas cette préoccupation parce qu'on peut imposer aux
gens le prix du produit qu'ils achètent. Dans un système de
concurrence, on ne peut pas le leur imposer; si on leur demande trop cher par
rapport au véritable risque qu'ils représentent, le
compétiteur va le découvrir avec ses analyses, va effectivement
réduire le prix et, normalement, l'assuré ira vers les gens qui
exigent les prix moindres, compte tenu nécessairement de la
qualité des services qu'ils reçoit.
M. LEGER: Vous avez réalisé quand même, je pense,
que l'assuré ne peut pas, dans le système actuel et je me
demande s'il le pourra dans le nouveau système à concurrence
réelle vérifier et faire le "shopping", comme disait si
bien le ministre des Institutions financières. La majorité des
assurés ne connaissent pas toutes les particularités, les
implications de chacune des polices offertes par différentes compagnies.
Quand vous dites plus loin, au troisième point de votre paragraphe, "en
assurant une qualité de services", est-ce que l'Etat ne peut pas assurer
la même qualité de services? J'ajoute à cette question:
Avez-vous des expériences dans les trois autres provinces ou dans les
autres Etats où la qualité des services aurait été
moindre, où l'ensemble des risques n'aurait pas été
réparti équitablement sur l'ensemble des assurés, dans les
autres provinces ou les Etats américains qui ont une assurance
étatique? Avez-vous des expériences qui prouveraient que
ça n'a pas donné et la qualité des services et une
meilleure répartition des coûts aux assurés?
M. GAUVIN: En fait, le mandat du comité n'était pas de
faire une commission d'enquête sur le régime de la Saskatchewan,
du Manitoba ou de la Colombie-Britannique, qui n'existait pas. On nous a
même reproché de ne pas l'avoir examiné. Il n'existait pas
quand on était là. C'est curieux de nous reprocher une chose
comme cela. Je pense que si on examine quand même ces régimes
il y a des gens qui nous imputent maintenant à peu près
tous les maux tout ce qu'on peut dire, c'est que si on va voir
sérieusement ces régimes, on va se rendre compte que dans
certains secteurs, ça laisse à désirer. Et la plus belle
illustration, c'est de comparer l'évolution des régimes comme
tels. Il y a au-delà de 25, même maintenant 27 ans, un
régime a été mis en vigueur sans le nommer
et si on regarde en fait l'évolution de ce régime, on se rend
compte qu'il a été stagnant, que ce n'est que lorsqu'un autre
régime est arrivé que les gens ont dit: II faut changer le
nôtre. En fait, c'était une forme de concurrence; il y avait
quelqu'un maintenant pour comparer. Pendant toute cette période, il y
avait très peu de comparaison et on est resté avec le
régime qu'on avait. Il ne faudrait quand même pas oublier,
lorsqu'on compare l'un et l'autre, le danger qu'un régime monopolistique
n'est pas sujet en fait à un changement, à une évolution
aussi rapide que des gens qui doivent fournir, au meilleur coût possible,
le meilleur service et évoluer constamment pour satisfaire les besoins
du consommateur.
Cela ne veut pas dire que ce n'est pas réalisable, mais
l'expérience passée indique, quant à moi, que c'est plus
difficile.
M. LEGER: Maintenant, à la page 367 de votre rapport, vous dites
qu'une tarification dans un régime compromettrait l'équité
individuelle. Que voulez-vous dire par là? Les deuxième et
troisième paragraphes de la page 367, l'équité
individuelle.
M. GAUVIN: En fait, quand on parle de distribution du risque, un
régime monopolistique pourrait très bien dire et cela a
été mis de l'avant : Demain matin, ça coûte
$450 millions au Québec pour votre régime; il y a deux
millions d'assurés, ça fait $225 par tête, point
final, à la ligne. Et c'est une possibilité. Nous, ce que nous
disons, c'est qu'à ce moment-là on ignore totalement qu'à
l'intérieur de la population il y a des groupes qui présentent un
risque différent, il y a des groupes qui ont des habitudes de conduire
très différentes et qu'on s'éloigne aussi de
l'équité individuelle.
M. LEGER: Dans...
M. GAUVIN: J'ai donné un exemple extrême, mais même
à l'intérieur d'une tarification qui semble raffinée, il
peut y avoir des injustices.
M. LEGER: Maintenant, à la page 373, vous parlez, au paragraphe
3, des effets sur le marché de la réparation des
véhicules. Vous semblez dire qu'un assureur unique encouragera moins
l'esprit d'innovation dans les techniques de réparation d'automobiles.
Est-ce que vous avez des documents qui vous ont été
présentés qui démontrent que des améliorations
favorables aux consommateurs ont été apportées dans les
garages, dans le régime actuel, sous l'impulsion des compagnies
d'assurance entre autres?
M. GAUVIN: Je pense que les compagnies d'assurance, le problème
c'est qu'elles essaient toujours de minimiser leurs coûts de sinistres.
Alors que, dans un régime monopolistique, minimiser ces coûts est
moins important, puisqu'on peut toujours les repasser aux consommateurs.
Simplement par déduction logique on peut en arriver, sans faire de
démonstration de cas actuels, qu'une personne qui a la
possibilité de repasser certains coûts de fonctionnement est moins
tentée de les minimiser.
Alors c'est dans ce sens que je peux y répondre
immédiatement. Maintenant, quant aux autres réponses, il faudrait
se référer aux travaux qui ont été faits par le
comité.
M. LEGER: Aux pages 370 et 371, vous avez des tableaux qui indiquent de
quelle façon la réduction de 20 p.c. du coût peut
être faite, et vous partez avec le coût de régime actuel
à 36.6 p.c. Il avait été question que la ristourne aux
assurés provenant des primes était de l'ordre de 60 p.c.
seulement et qu'avec les 20 p.c. que vous allez corriger, les 5.1 p.c. du
tableau 1 et les 11.5 p.c. du tableau 2, ça faisait une réduction
de 20 p.c. Alors les 36.6 p.c. que vous avez à cette page, avec les 40
p.c. que je m'attendrais d'y voir, est-ce qu'il y a 3.4 p.c. de
différence, est-ce que c'est le profit qui est la différence?
M. GAUVIN: II y a deux facteurs. Il y a en fait les coûts
estimés de l'obtention des indemnités par les victimes. Cela est
expliqué dans le rapport encore une fois; premièrement, à
la note 1 de la page 370 et également, si on revient avant, nous avons
parlé longuement du coût en capital. Nous disions que même
dans une régie d'Etat, contrairement à ce qu'on peut penser, il y
a un capital qui existe et qui doit être
rémunéré.
Alors nous avons cherché à comparer des choses absolument
comparables et à ce moment-là on a dit: On n'a pas à en
tenir compte. Alors les 36.6 p.c. par rapport aux 40 p.c, ça exclut deux
postes qui sont explicités, clairement.
M. LEGER: Maintenant, vous parlez d'une diminution, c'est-à-dire
vous parlez de 20 p.c. maximum de frais permissibles à l'entreprise
privée, dans lequel seraient inclus les 5 p.c. pour les
intermédiaires. Dans les 5 p.c. pour les intermédiaires, si on
retourne à la page 371, dans les intermédiaires, est-ce que vous
calculez et les courtiers et le règlement des sinistres par les
ajusteurs? On voit ici la mise en marché, à la page 371,
troisième tableau, 6 p.c; règlement des sinistres, 7 p.c. C'est
sûr qu'il va rester encore des mises en marché à faire,
qu'il va rester encore des règlements de sinistres à faire, mais
les 13 p.c. de ces deux articles, c'est ça que vous réduisez
à 5 p.c ou si ça inclut aussi, les 5 p.c, des profits des
compagnies?
M. GAUVIN: Comme je le disais, ça ne peut pas inclure les profits
parce qu'on ne les a pas mis au point de départ.
M. LEGER: Uniquement les intermédiaires qui sont les experts et
les courtiers.
M. GAUVIN: Uniquement les intermédiaires pour la mise en
marché; les experts n'ont rien à voir avec une mise en
marché.
M. LEGER: Maintenant dans les 20 p.c. totaux il y a 5 p.c. pour les
intermédiaires; il reste 15 p.c. Est-ce que c'est dans les 15 p.c que
serait situé le profit des compagnies?
M. GAUVIN: Non, il est en plus. Mais encore une fois, pour revenir au
rapport, il dit que le profit, même dans une régie d'Etat, est
nécessaire. C'est ce que nous avons dit, alors je voudrais vous renvoyer
à ça. Il n'est pas à l'intérieur des 20 p.c. et il
n'est pas à l'intérieur des 17 p.c, parce que dans les deux cas
nous prétendons qu'il y a un capital de risque qui est sous-jacent,
même dans l'établissement d'un monopole privé ou d'Etat, et
qu'il doit être rémunéré.
Donc, on n'a pas à le considérer, il n'est pas à
l'intérieur de ça.
M. LEGER: Est-ce que votre pourcentage de rémunération
à payer aux courtiers d'assurance dans les 5 p.c, ça provient
d'une étude du coût des services des courtiers, ou si c'est tout
simplement une marge raisonnable de profit ou bien dont si ce pourcentage est
établi par simple comparaison avec la rémunération
payée ailleurs?
M. GAUVIN: C'est un ensemble des points que vous avez
soulevés.
M. LEGER: C'est tout cela? M. GAUVIN: Oui.
M. LEGER: Maintenant, la proportion dans les profits d'un courtier
d'assurance qui est portée sur le financement des primes que
l'assuré, souvent, fait en retard au courtier, est-ce que vous l'avez
incluse dans le profit de 5 p.c?
M. GAUVIN: Non. Puisqu'on dit au courtier qu'il n'en fait plus de
financement.
M. LEGER: D'accord.
M. GAUVIN: Donc, s'il n'en fait plus, il ne peut pas faire de profit
dessus.
M. LEGER: D'accord. Vous avez la recommandation. Il ne peut pas faire de
profit. Mais les 5 p.c. seront en dehors...
M. GAUVIN: Le courtier a droit à un profit juste et raisonnable.
Ne mêlons pas les choses. Je m'excuse. On a dit qu'il ne faisait plus de
financement, donc il ne peut pas faire de profit. Si vous ne faites plus de
vente, vous ne faites plus de profit.
M. LEGER: D'accord. A la suite de toute l'étude, vous êtes
rendu à la fin de votre rapport et vous allez être heureux de
retourner. Mais avant de nous laisser, est-ce que vous croyez réellement
qu'il est possible que l'entreprise privée puisse s'ajuster pour
réaliser non seulement les six conditions de la page 381, mais toutes
les conditions de 39 à 60? Par cet ultimatum que vous leur donnez pour
réformer le système qui a besoin d'être
réformé, nous sommes d'accord avec vous pensez-vous que
c'est possible que les compagnies d'assurance puissent s'ajuster à
toutes ces recommandations?
M. GAUVIN: Tout d'abord, vous dites: Avant de retourner. Cela fait
plusieurs mois que ce travail est déposé. Cela fait plusieurs
mois que je suis retourné à l'endroit où vous vouliez que
je sois. Si les membres ne l'avaient pas cru, c'est un rapport unanime, il n'y
a eu aucune dissidence, et je ne vois pas pourquoi les membres ne l'auraient
pas fait. Quant à moi, ce qui est dit dans le rapport est dit. Nous
l'avons signé, conscients de nos responsabilités, et croyez-moi,
si nous n'y avions pas cru, nous ne l'aurions pas écrit. Cela aurait
été beaucoup plus simple, de dire: Allons à l'Etat
immédiatement, sans faire, en fait, toute la recherche des solutions que
nous avons mises de l'avant.
M. LEGER: Je termine, non pas en vous posant une question, parce que
vous avez fait un travail sérieux, très intéressant et qui
donne une foule de renseignements absolument essentiels à des
législateurs, et je dois donner le crédit à votre
comité et à vous-même. Maintenant, nous, comme
représentants d'un parti politique, nous ne pouvons faire autrement,
à la suite de l'ensemble des données qui ressortent de votre
rapport, que conclure, en ce qui nous concerne, que l'important est que le
citoyen ait à payer le meilleur coût possible pour une meilleure
protection possible. Tous les citoyens doivent par leur prime participer au
financement d'une assurance d'Etat générale absolument
complète et sans responsabilité comme obligation juridique. De
plus, cela coûterait meilleur marché d'avoir un système
étatique. Mais le gouvernement a quand même besoin autant que
l'entreprise privée, dans ce domaine, des possibilités, des
investissements à court terme ou même à plus long terme
parce qu'il y a des profits à faire là-dedans vous l'avez
dit vous-même tantôt qui sont de l'ordre de 15.7 p.c. de
rendement pour l'entreprise privée. C'est le moyen peut-être le
plus rapide, tel que vous l'affirmez, pour effectuer ces réformes et le
choix politique de l'Etat, c'est justement de voir si cela peut donner à
l'Etat du Québec un meilleur régime d'assurance. C'est la
solution vers laquelle le gouvernement doit aller, c'est-à-dire un choix
politique qui est dans l'intérêt immédiat et à long
terme de l'assuré et de toutes les personnes qui doivent être
protégées dans un régime d'assurance de l'Etat.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: ... important, M. le Président. Lorsque je regardais la
recommandation no 60, je me demandais, au début, si j'allais me risquer
à poser des questions parce qu'il me semble que c'est assez radical.
"Que, si les réformes et les mesures ci-dessus ne sont pas
intégralement adoptées et suivies, l'administration du
régime soit confiée à une régie d'Etat". Il semble
qu'il n'y a pas tellement de discussions à faire de ce côté
puisque la recommandation 60 est assez claire.
Cela me surprend même qu'une commission mandatée par le
gouvernement puisse faire une recommandation à la Chambre aussi
catégorique que celle-là. Lorsque vous dites, dans cette
recommandation 60, que l'administration du régime...
M. TETLEY: Elle était mandatée pour faire un rapport; elle
n'était pas mandatée pour faire ce rapport.
M. ROY: Ils n'étaient pas mandatés pour écrire la
disposition de l'article 60.
M. TETLEY: Ils étaient mandatés pour écrire ce
qu'ils voulaient écrire.
M. ROY: Ce qu'ils voulaient écrire. Mais ils avaient quand
même reçu un mandat du gouvernement. Je tiens à le dire
parce que, lorsqu'on regarde une recommandation aussi radicale à la fin
d'un rapport, je pense qu'on sous-estime un peu le rôle que les
parlementaires pourraient et devraient jouer dans des prises de position ou
encore dans des décisions qui, en somme, sont leur
responsabilité, relèvent de leur compétence.
Vous dites: Que "l'administration du régime soit confiée
à une régie d'Etat." Dans les pages qui précèdent,
vous parlez des fameux 3 p.c. de différence. Les 3 p.c. que vous avez
établis, est-ce une certitude ou une probabilité, selon vous?
M. GAUVIN: Qu'est-ce qu'une certitude? Qu'est-ce qu'une
probabilité? Une certitude, c'est une probabilité à 100
p.c. Pourriez-vous me faire la distinction?
M. ROY: Est-ce que votre certitude est à 100 p.c? C'est parce que
je suis...
M. GAUVIN: Si les réformes excusez-moi, je vais
répondre à votre question sont intégralement
adoptées dans l'un ou dans l'autre cas, la réponse sera oui.
Intégralement adoptées; il y a intégralement.
M. ROY: Parce que vous vous êtes basés, à ce
moment-là, sur des données que vous avez pu recueillir sur
l'administration d'autres régimes d'assurance, soit en Saskatchewan au
Manitoba ou ailleurs.
M. GAUVIN: C'est exact.
M. ROY: Mais si on fait un parallèle entre d'autres
administrations de régimes publics dans ces provinces et d'autres
régimes publics de la province de Québec, on ne peut pas faire
autrement qu'admettre que l'administration au Québec est plus
dispendieuse que dans les autres provinces. On a quelques domaines. D'ailleurs,
des rapports ont été publiés dans les journaux à ce
sujet-là.
M. GAUVIN: J'aimerais que vous me donniez les rapports. Maintenant, il
faut faire bien attention. On dit que c'est plus dispendieux, pourquoi? Les
salaires sont plus élevés. Ici, on parle en fonction du
pourcentage de la prime. La masse monétaire impliquée au
Québec est de beaucoup plus considérable que dans ces
régions-là. Même s'il y a des coûts additionnels
d'ailleurs, nous l'avons souligné dans le rapport; je pourrais
vous le rappeler, je vais trouver la place il y a suffisamment de marge
pour prévoir ce que vous pourriez appeler l'inefficacité
inhérente et, ça, on n'en a pas découvert, nous
autres entre une régie gouvernementale du Québec et une
régie gouvernementale d'une autre région.
M. ROY: Là, on parle d'une régie gouvernementale,
mais...
M. GAUVIN: N'oubliez pas une chose, c'est que la régie
gouvernementale une des régies qui ont fait l'objet de
l'étude du comité existe depuis vingt-cinq ans. Ils ont pu
accumuler des toiles d'araignée ou de l'inefficacité en cours de
route. Il y en a déjà, de l'inefficacité, dans ces
pourcentages où eux réussissent à fonctionner. Maintenant,
ils le font pour diverses raisons, comme nous l'avons mentionné; parce
que les lois qui régissent l'indemnisation sont différentes,
parce que le mode en fait, ça revient à ça
d'indemnisation est différent, parce que l'administration est
différente.
M. ROY: Ce doit être assez difficile d'établir des
coûts par comparaison. Si on parle d'un monopole gouvernemental, on ne
peut pas le comparer à l'entreprise privée puisqu'il y a un
monopole gouvernemental. C'est assez difficile. D'ailleurs, vous l'avez dit
tout à l'heure en répondant à nos questions: Lorsqu'on
parle d'un monopole, il devient de plus en plus difficile de faire des
comparaisons parce qu'il n'y a pas de comparaisons possibles.
M. GAUVIN: Nous avons comparé, en fait, le coût global du
régime actuel au Québec avec le coût global d'autres
régimes. En faisant les ajustements qui ont été faits
à l'intérieur du rapport, il est possible d'effectuer une
comparaison en tenant compte des différences entre le droit à
l'indemnisation et les modes administratifs. C'est grâce à cette
étude-là que nous en sommes arrivés à dire que, si
on se plaçait ici dans une situation identique, il y aurait un
écart très peu considérable.
M. ROY: Lorsqu'on a parlé de monopole, tout à l'heure,
évidemment, j'ai bien écouté, et on a discuté de
part et d'autre que le monopole serait plus avantageux pour l'institution. Mais
le régime d'assurance-automobile ne doit pas exister pour l'institution,
il doit exister pour les assurés, pour la population. Alors, il faut
penser, à ce moment, en premier lieu, non pas au bien-être de
l'institution, mais plutôt au bien-être de la population, au
bien-être des personnes concernées dans ce domaine. Parce que
lorsqu'on parle de monopole, d'ailleurs la question de monopole privé
est inacceptable. Je dis trois fois non à un monopole privé,
quand je dis un monopole, une seule compagnie privée qui couvrirait tout
le secteur de l'assurance-automobile dans la province de Québec, mais je
dis également trois fois non à un régime monopolistique
d'Etat d'assurance automobile dans la province, parce qu'il n'est pas
prouvé, même si on parle de 3 p.c. et qu'il y a eu des
études de faites, que l'administration publique coûte moins cher
que l'administration privée dans le même domaine, dans un secteur
particulier, dans un secteur donné. Il n'est pas prouvé du tout
mais ce serait, je pense, qu'à la lumière
de tout ce qu'on peut savoir à ce jour, que ce serait un
précédent que l'administration publique, l'administration
gouvernementale coûterait moins cher que l'administration privée,
en tenant compte des mêmes facteurs.
M. GAUVIN: Vous avez bien dit...
M. ROY: II s'agit de regarder, quand on parle de services à la
population, je ne peux pas faire autrement que de faire un certain
rapprochement avec la Commission des accidents de travail, on en a un beau
monopole gouvernemental, puis on sait qu'est-ce que ça donne à la
population. C'est pour ça que je dis trois fois non à un
régime monopolistique étatique dans le régime de
l'assurance automobile. Maintenant, ceci ne veut pas dire que le système
ne pourrait pas être amélioré, ne peut pas et ne doit pas
être amélioré.
Après ce court commentaire, M. le Président, j'aurais
quelques questions ici. Je vais commencer par la recommandation no 40: Que les
compagnies d'assurance soient tenues par la loi d'accepter toutes les demandes
d'assurance. Il en a été discuté tout à l'heure, on
sait qu'à l'heure actuelle, les compagnies d'assurance refusent dans
certains cas d'assurer des risques, des risques indésirables. Est-ce que
cela veut dire que selon vos recommandations, vous voulez que toutes les
demandes de contrats d'assurance soient assurées sans exception,
indésirables ou non?
M. GAUVIN: Exactement. C'est exactement ce qui est dit, mais je pense
que vous prenez une recommandation. Nous avons dit qu'il fallait prendre
l'ensemble des recommandations. Le danger c'est de dire: On ne prend pas
celle-là. Il faudrait penser en fait que si on dit aux compagnies
maintenant: Vous pouvez refuser des demandes d'assurance quel doit être
l'effet? Quels doivent être les coûts additionnels qui vont
être encourus pour faire ce qu'on a appelé, nous, ici, la
sélection des risques? Je pense qu'il faut faire attention en discutant
simplement une recommandation et en disant: Est-ce que cela est réaliste
ou non? Je pense que ça s'insère dans un tout qui n'avait qu'un
but, c'est de rendre le système actuel de distributions des pertes
beaucoup plus efficace qu'il est. Parce que nous nous sommes rendus compte
qu'il y a énormément d'énergies qui sont
dépensées pour des fins qui nous paraissent discutables.
Le danger de discuter recommandation par recommandation, je n'ai pas
d'objection, mais il faut faire très attention. Vous dites: On va forcer
les assureurs à prendre tous les risques. On force bien les
assurés à s'assurer. Est-ce que ce n'est pas une espèce de
parallèle de dire à la population: Vous vous assurez. Pourquoi ne
dirait-on pas aux autres: Vous voulez le faire ce commerce, vous allez prendre
tous les gens qui doivent s'assurer, selon nous.
M. ROY: C'est à partir de ce principe, mais vous n'excluez pas et
vous n'avez pas exclu dans l'ensemble de vos recommandations le fait qu'il y a
quand même des risques qui ne peuvent pas être
considérés, pris, protégés, justement dans
l'intérêt des autres, dans l'intérêt de la
population. C'est le principe. Je vois que mon collègue de Taschereau,
M. Bonnier, a peut-être une question à poser à la suite de
celle-là.
M. BONNIER: Si vous me le permettez, est-ce qu'il ne faudrait pas
également insister sur le fait que les assureurs aient des bureaux
régionaux? Parce qu'un assureur qui ne veut qu'assurer les bons risques
aura peut-être des bureaux dans Québec, dans Montréal et il
va se ficher pas mal des gens du Lac-Saint-Jean, de la Gaspésie et de
l'Abitibi.
M. GAUVIN: Je ne crois pas que l'on puisse définir les
gens...
M. BONNIER: Est-ce que vous n'avez pas touché...
M. GAUVIN: On y a touché dans un certain sens, mais pas dans ce
sens-là. Je ne crois pas qu'on puisse dire qu'il y a des mauvais risques
à Québec ou qu'il n'y a pas de mauvais risques à
Québec, effectivement. Ce que vous appelez, en fait, des mauvais
risques, il y en a partout.
M. GIASSON: La loi des moyennes.
M. BONNIER: Non, moi, je pense qu'il faut être un peu plus
réaliste que cela. Ceux qui connaissent un peu le domaine savent qu'il y
a des entreprises qui n'assurent pas en dehors de certains grands centres.
M. GAUVIN: II faudrait savoir quelles sont les raisons pour lesquelles
ils n'assurent pas en dehors des grands centres.
M. BONNIER: Parce que cela coûte plus cher à faire
fonctionner, bien souvent.
M. GAUVIN: C'est une des raisons. Peut-être parce que leur mode de
mise en marché ou leur mode d'administration fait que ce n'est pas
économique d'aller dans ces régions-là. Maintenant, si
vous forcez ces gens-là à aller dans toutes les régions,
vous allez possiblement augmenter leurs frais qu'ils devront répartir
pour l'ensemble des assurés et cela vient à l'encontre d'un autre
des critères que s'est donné le comité, celui de rendre le
régime plus efficace.
M. BONNIER: Oui, je m'excuse, mais ce serait plus juste pour l'ensemble
des entreprises, parce qu'à ce moment-là les mauvais risques
seraient mieux distribués.
M. GAUVIN: Je ne pense pas que ce soit un problème de mauvais
risques.
M. BONNIER: J'aimerais cela que vous puissiez pousser vos études
dans ce domaine-là.
M. ROY: Si on me le permet, M. le Président, une autre question
concernant la recommandation no 41. Vous dites: "Que soit aboli le
mécanisme de la "Facilité". J'ai examiné les pages 353,
354 et 355 dans lesquelles vous parlez un peu de ce mécanisme de la
"Facilité". J'aimerais avoir un peu plus d'explications que ce que vous
avez inscrit dans votre rapport. Quels seraient les avantages réels, les
avantages marqués pour l'ensemble de la collectivité d'abolir ce
mécanisme, puisque ce mécanisme de la "Facilité" semble
avoir favorisé certaines personnes à certains moments?
M. GAUVIN: II peut avoir favorisé certaines personnes à
certains moments, mais nous l'avons également dit dans le rapport
au détriment d'autres personnes. Nous avons examiné, en
fait, le système de la "Facilité" tel qu'il existe et il y a
d'énormes questions qu'on peut se poser. Il y a le fait que dans la
"Facilité", on retrouve peut-être ce que vous avez appelé
des risques aggravés ou des risques anormaux, quel que soit le terme,
mais on en rencontre et les chiffres sont là une
proportion assez considérable qui devraient être
considérés comme étant des risques réguliers.
Nous avons analysé différentes façons de
régler le problème et nous en sommes venus à la conclusion
que les avantages de la "Facilité" ne valaient pas les
désavantages qu'on y notait.
J'aimerais retrouver la page et vous la donner. Il est certain que vous
allez avoir l'occasion d'entendre les assureurs se prononcer
là-dessus.
M. ROY: D'ailleurs, nous nous proposons bien de questionner, justement,
sur ces points.
M. GAUVIN: Alors, étant donné qu'eux prétendent
avoir toutes les réponses, ils vont probablement pouvoir vous les
donner.
M. ROY: C'était votre réponse que je voulais
connaître.
M. GAUVIN: Est-ce que je pourrais avoir l'occasion de vous la donner
après messieurs les assureurs? Comme on dit: "Tirez les premiers,
messieurs les Anglais."
M. ROY: Devant la commission, après? Si on le juge à
propos, certainement.
M. GAUVIN: Si vous le jugez à propos.
M. ROY: Si on le juge à propos, certainement.
M. GAUVIN: Si vous le jugez à propos je n'ai pas
l'intention de revenir mais si vous le jugez à propos...
M. ROY: Cela veut dire que vous seriez disposé à revenir
devant la commission?
M. GAUVIN: Possiblement.
M. ROY: Bon. J'espère que le ministre l'a noté. M. Gauvin
est prêt à revenir après que nous aurons entendu les
mémoires des autres personnes.
M. TETLEY: J'ai invité par écrit M. Gauvin et il a
déjà accepté.
M. ROY: A revenir après. Bon.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. GIASSON: Votre recommandation 40 dit: "Que les compagnies d'assurance
soient tenues, par la loi, d'accepter toutes les demandes d'assurance." Cela
suppose l'élimination totale de la sélection des risques.
A l'intérieur de cela, la fonction de courtier devient celle de
conseiller. Est-ce que votre vision de l'application pratique est que ce
conseiller place des risques dans une seule compagnie ou les répartisse
encore entre plusieurs compagnies?
M. GAUVIN: On élargit, en fait, le rôle du courtier pour
devenir, en fait, exactement ce que la publicité de l'Association des
courtiers mentionne quand elle fait la comparaison entre un agent qui n'a
qu'une petite pancarte et le courtier qui a une grosse pancarte, où on
dit que le courtier peut placer chez 299 compagnies. Je n'ai pas compté
299. J'aimerais qu'on me les compte.
Effectivement, dans notre régime, le conseiller en assurance peut
placer ses risques auprès de toutes les compagnies et non pas
auprès d'une compagnie en particulier. Il devient, d'après nous,
un véritable conseiller. Il n'est pas limité...
M. GIASSON: Ce qui veut dire, somme toute, que si le courtier n'est pas
objectif, il peut faire une certaine sélection des compagnies où
il place ses risques.
M. GAUVIN: Quel est, effectivement, son avantage à faire cette
sélection contre certaines compagnies? Il ne faudrait quand même
pas oublier que les assureurs et on oublie peut-être cela
doivent accepter tous les risques, mais ce sont tous les risques qui
répondent aux normes. Il ne faudrait pas oublier, effectivement ce qui
est dit un peu plus loin : les assurés qui répondent à
toutes les normes que l'assureur a voulu établir, des normes objectives
au lieu de normes subjectives. A ce moment-là, l'assureur peut
certainement se prémunir de ce que vous mentionnez en changeant, en
fait, ses normes objectives de sélection.
M. GIASSON: Somme toute, avec le système de facilité, on
tendait à répartir les risques douteux ou aggravés parmi
les différents assureurs qu'il y avait au Québec, mais là,
si on laisse le conseiller...
M. GAUVIN: Excusez-moi immédiatement, mais c'est parmi les
assurés. Ce sont les assurés qui paient cela, ce ne sont pas les
assureurs.
M. GIASSON: Pardon?
M. GAUVIN: En définitive, ce sont les assurés qui paient
cela.
M. GIASSON: Mais vous savez fort bien que quand un assureur dit à
un courtier: J'ai pris le maximum que je pouvais prendre, des risques que tu
nous soumets, c'était fermé et on cherchait un autre assureur
pour accepter des risques de facilité.
M. GAUVIN: Mais c'est ce qu'on veut régler, en fait. On veut que
le conseiller en assurance puisse placer tous les risques vis-à-vis de
l'assureur qu'il juge le plus approprié pour le client qu'il sert.
M. ROY: M. le Président, à la recommandation no 44: Que
les changements à une police d'assurance qui se traduisent par une
augmentation ou une diminution de prime ne puissent être consentis que
lors du renouvellement ou à l'expiration de la police, s'ils affectent
des facteurs comme l'âge, l'état civil ou le lieu de
résidence. Vous avez fait cette recommandation. Est-ce que vous voulez
en venir, en quelque sorte, à l'abolition complète des zones dans
la province de Québec? On sait très bien que, dans telle
région, les tarifs diffèrent par rapport à une autre
région, compte tenu des risques. On tient compte du nombre d'accidents
qui sont survenus. Lorsque des gens déménagent d'une
région rurale du Québec considérée comme
étant la région qui a le plus grand nombre d'accidents, par
rapport à la population et par rapport au nombre de risques
assurés, vers un grand centre où ils pourraient
bénéficier du plus bas taux dans la province de Québec, on
leur refuserait le droit d'avoir une diminution de leur prime d'assurance au
cours de l'année?
M. GAUVIN: Vous parlez effectivement d'une diminution. Il y a
également des augmentations.
M. ROY: Oui, mais c'est rare que l'inverse se produise. Cela se produit
surtout en allant vers la centralisation, vers les grands centres. Après
qu'on aura fait l'étude du pourcentage, on sera en mesure de
découvrir un bon 20/80 ou un bon 25/75.
M. GAUVIN: Les grands centres ne sont pas les endroits qui ont
nécessairement les tarifs les plus élevés.
M. ROY: Pendant le temps de vos études, est-ce que vous avez
examiné ce côté, au niveau des accidents par région
dans la province; au niveau des risques et des différences de primes
qu'on retrouve d'une région à l'autre?
M. GAUVIN: On s'est certainement intéressé au
système de tarification. D'ailleurs on en parle pendant plusieurs pages.
On parle de certaines lacunes qui existent. Je ne vois pas du tout en quoi la
recommandation qui est là amènerait l'abolition des zones dont
vous faites mention. Ce que nous avons voulu...
M. ROY: Ce n'était pas votre intention.
M. GAUVIN: Est-ce que je peux terminer, s'il vous plaît?
M. ROY: Oui.
M. GAUVIN: Ce que nous avons eu comme objectif, c'est de réduire
les frais du régime, les frais également des
intermédiaires. On peut se poser la question suivante: Lorsqu'il y a un
changement dans un contrat, quels sont tous les coûts qui se rapportent
à ce changement? On peut se rendre compte facilement que ce n'est pas
tellement économique de les effectuer. C'est bien beau de faire un
changement pour une prime de tant de dollars.
Mais sur ce que ça coûte, finalement, pour aller faire ce
changement à l'ensemble du système, à la correspondance
qui est échangée, à l'intervention des
intermédiaires, aux assureurs qui doivent ouvrir, en fait, des tiroirs
de dossiers et faire les modifications nécessaires, nous nous sommes
interrogés et nous avons dit: II y a certains changements entre les
anniversaires qui n'en valent pas la peine et on devrait en fait les
éliminer pour réduire toutes les énergies qui sont
consacrées à l'administration du régime. Il y avait un
seul but dans tout cela, qui a été dit, c'était d'en
arriver à un régime qui dépense le moins possible du
dollar-prime pour s'administrer et le plus possible en indemnisation. On peut
bien aller à l'autre extrême: il peut y avoir un régime qui
va tenir compte de tous les cas particuliers possibles. Ma question, et je n'ai
pas de réponse: Mais à quel coût? On pourrait bien avoir un
régime qui aurait une tarification tellement sophistiquée qu'on
tiendrait compte de toutes les variables dont les actuaires ou d'autres
statisticiens peuvent rêver, et finalement ça va coûter
combien? Vous pouvez prévoir, en fait, le changement d'adresse d'un coin
de rue à l'autre si jamais ça changeait le risque, mais ça
va coûter quoi à l'administration du régime?
Ce qu'on a réalisé, et c'est là qu'il faut
considérer le rapport en regardant les critères que nous nous
sommes donnés, c'est que le régime actuel est inefficace. Mais,
ma foi, si on veut le garder inefficace et qu'en fait on décide de le
continuer d'une manière inefficace, nous disons: Ce n'est pas acceptable
et on devrait le
changer. C'est dans ce sens qu'on a fait certaines recommandations
visant à réduire le travail, toute la paperasse. On parle parfois
de bureaucratie, tout ce que vous voulez. Bien, il y en a une certaine part
là-dedans. On veut réduire ce travail pour retourner plus aux
victimes qui sont et qui ont été la grande priorité des
préoccupations du comité.
M. ROY: Dernière question.
M. GIASSON: II faut admettre tout de même qu'il y a certains
changements qui vont être essentiels.
M. GAUVIN: On l'a reconnu.
M. GIASSON: Si le gars change de véhicule, je ne vois pas comment
on peut s'empêcher d'émettre un avenant ou d'apporter une
modification à la description.
M. GAUVIN: Oui.
M. GIASSON: Si un assuré amène des chauffeurs additionnels
chez les jeunes, nécessairement, vous devez aller chercher la prime en
fonction du changement de risque que vous avez entre les mains.
M. GAUVIN: C'est...
M. GIASSON: II y a certains changements, je suis d'accord, qu'il
vaudrait mieux ne pas compléter parce que le coût que ça
représente n'est aucunement proportionnel avec la modification qu'il
peut y avoir à la prime; une compagnie fait mieux de ne pas toucher une
surprime de $3 ou de $5 et d'accepter le changement automatiquement, ou de ne
pas "ristourner" à l'assuré une autre fraction de prime qui
serait minime. Parce que le coût de l'administration pour ces changements
comportant des surprimes ou des ristournes très minimes, je pense qu'il
est plus élevé que ce qu'on remet à l'assuré ou ce
qu'on va demander à l'assuré.
M. GAUVIN: Ce n'était pas une question?
M. GIASSON: Non, ce n'était pas une question, mais je vous
demandais si certains changements vous apparaissaient absolument
nécessaires?
M. GAUVIN: C'est exactement ce qui est dit à la recommandation
44. On a dit: On est en face d'un système où il y a tant
d'argent, puis on ne peut pas en sortir, de toute cette masse, plus qu'il en
entre. Plus on se sert de l'argent qui entre pour l'administration, moins il en
reste pour l'indemnisation. Je voulais juste poser la question: Est-ce que pour
faire telle chose, ça coûte plus cher que ce que ça vaut?
On a dit: II y a certains changements d'ailleurs qui sont peut-être assez
fréquents, que ça ne changera rien en ligne de compte de les
prévoir dans le système, sans augmenter en fait le coût
d'administration.
M. ROY: J'aurais une dernière question, M. le Président,
concernant la recommandation no 56, soit que le financement des primes
d'assurance-automobile ne puisse plus être effectué par le
courtier ou les assureurs.
On sait que les courtiers offrent ce service-là à leurs
assurés depuis bien longtemps, que c'est un service qu'ils ont rendu,
qui, je pense bien, a économisé bien des dollars à bien
des gens. Maintenant, au niveau du financement des primes, est-ce que dans
certains cas, ça veut dire que les assurés seront obligés
de payer leurs primes d'assurance au comptant dès l'achat de la
prime?
M. GAUVIN: Pas question. Non, parce que vous pouvez avoir deux modes de
financement qui sont un peu plus efficaces. Il y a un problème, encore
une fois. Certaines gens ont regardé le comité, ils ont dit
"intégralement", quelle sorte d'oiseau est allé écrire
ça? Bien, il ne faut pas oublier que, lorsque vous faites du financement
par certains systèmes qui existent, on donne la police en garantie puis
on peut l'annuler. Quel est l'effet de ça dans un système
d'assurance obligatoire où on veut surveiller? Cela veut dire que si
jamais quelqu'un a un contrat annulé parce qu'il n'a pas payé le
financement, il faudrait aviser le technocrate que monsieur n'a plus
d'assurance obligatoire, que lui va courir après l'autre individu pour
l'arrêter.
Il faut regarder en fait l'ensemble du problème, mais ne pas
s'arrêter strictement sur un point et dire que ça va
coûter... les gens devront trouver des sources de financement; la
question, s'il y en a, peut-être, d'après nous, il y en a qui
seront, dans l'ensemble, plus économique que le système
actuel.
M. ROY: Cela veut dire qu'évidemment il y a bien des gens qui
vont être obligés d'avoir recours à une compagnie de
finance. Il n'y a pas un danger à ce moment-là? Je vais
m'adresser un peu, je ne sais pas... c'est sans malice envers les courtiers,
mais étant donné qu'on veut que les courtiers deviennent en
quelque sorte des salariés à plus ou moins brève
échéance, il n'y a pas de danger à plus ou moins
brève échéance, j'ai bien dit parce que lorsque les
commissions ne sont pas suffisantes pour payer un salaire, vous savez ce qui
arrive.
Il ne faut quand même pas rêver en couleur non plus. Les
gens vont s'en aller et il faudra que quelqu'un serve d'intermédiaire
entre la compagnie d'assurance dont le bureau est à Montréal et
l'individu qui demeure dans une petite municipalité à 250 milles
de Montréal.
Alors, si personne n'est intéressé, parce que
le système de commission ne permet pas de vivre, il faudra des
gens à salaire. C'est pour cela que je dis "à plus ou moins
brève échéance". N'y a-t-il pas un danger que les bureaux
de courtiers deviennent des agences de financement de prime d'assurance?
M. GAUVIN: Un réseau de financement de primes peut se
développer. Il n'y a rien qui empêche cela.
M. ROY: Si ceci coûte 5 p.c. de plus et que cela n'est pas inclus
dans les coûts qu'on paie à l'heure actuelle, ça se trouve
à être un service donné sans frais additionnels. Mais par
le fait qu'on instaure un système parallèle du côté
du financement, c'est un point important, et que cela coûte de 4 p.c.
à 5 p.c. additionnels, on vient tout simplement de passer à
côté du problème et à côté de la
solution. On revient exactement au même point qu'avant. Parce qu'il faut
bien tenir compte d'une chose que j'aurais aimé voir davantage dans le
rapport. J'aurais aimé d'abord avoir eu le temps d'étudier
davantage votre rapport. Je l'avoue bien humblement, mais après avoir
fait un examen sommaire et assez condensé, j'aurais quand même
aimé voir l'évolution des taux, des coûts d'administration,
par secteur d'administration, dans l'administration de l'assurance-automobile,
et également, voir l'évolution de l'augmentation des
bénéfices, soit des frais d'hospitalisation, soit des
indemnités qui sont accordées pour des blessures, des
indemnités qui sont accordées en cas de décès. S'il
y avait eu des tableaux dans le rapport, cela aurait permis de faire une
analyse, une analyse sommaire, mais qui nous aurait donné quand
même les grandes lignes, les tendances qui se sont manifestées
depuis une vingtaine d'années ou depuis une dizaine d'années
seulement.
Je pense que cela nous éclairerait énormément ici,
au niveau des membres de la commission parlementaire sur l'à-propos de
chacune des recommandations qui sont faites, surtout en ce qui a trait à
la proposition faite dans le nouveau régime d'assurance-automobile. Mais
nous n'avons pas ces choses. On sait très bien, pour citer un domaine en
particulier, que le coût de l'hospitalisation au Québec n'est plus
le même qu'il y a une quinzaine d'années. On sait très bien
que les indemnités qui sont versées en guise de compensation de
salaire ne sont pas les mêmes qu'elles ne l'étaient il y a une
quinzaine d'années. Les coûts de réparation d'automobile ne
sont plus les mêmes non plus, le coût des automobiles n'est plus le
même. Il y a eu des augmentations constantes partout qui ont
nécessité, évidemment, une augmentation constante de
primes.
Il aurait fallu et ç'aurait été très
important pour les membres de la commission avoir des détails de
ce côté-là pour être capable de faire une analyse,
une synthèse la plus complète possible.
M. GAUVIN: Alors, on recommence. Nous avons fait, de la page 270
à la page 273, une comparaison de dix ans. Vous en voulez une de vingt
ans; elle est possiblement dans les dossiers que le comité a
déposés au gouvernement. Les frais d'administration y sont
comparés. Effectivement, qu'est-ce que vous voulez exactement? Je pense
que le gouvernement devra mettre à votre disposition puisque vous
voulez recommencer les techniciens pour refaire les études que
nous avons faites. Si c'est ce que vous voulez, vous êtes absolument
libre.
Je regrette, vous avez mentionné que vous n'avez pas
étudié le rapport, mais il y a quand même là,
effectivement, un tableau à la page 273 qui répond, en partie,
à votre question. Maintenant, le comité a reçu des
mémoires. Il n'en a pas eu du parti dont vous êtes membre, il n'en
a eu d'aucun parti. On aurait peut-être pu nous faire connaître ce
que vous vouliez, ç'aurait été plus facile de
répondre à vos questions.
M. ROY: Voici...
M. GAUVTN: Maintenant, je vais répondre à la
deuxième partie. Vous parlez du financement. Vous en avez parlé
longuement. J'aimerais avoir l'occasion de regarder ce que certaines gens ont
dit sur le financement. On dit que ça coûte 5 p.c. de plus. Il ne
faudrait pas oublier deux choses. Vis-à-vis des courtiers, il y a un
coût pour le financement qu'ils font. Si les courtiers disparaissent, ce
coût-là, également, disparaît. Il ne faudrait pas
l'oublier. En plus de ça, les assureurs reçoivent la prime avec
un certain délai. Avec le mode proposé, le délai sera
réduit, ce qui permettra aux assureurs d'investir ces sommes plus
rapidement et, également, par ricochet, de réduire le coût
pour le consommateur. Il faudrait regarder l'ensemble du problème.
Quant à nous, au comité, nous l'avons fait. Je m'excuse de
ma remarque, mais s'il avait fallu annexer au rapport les 40 ou 50 boîtes
de documentation qu'on a remises au gouvernement, il y aurait eu un rapport qui
aurait été passablement volumineux. Les membres ont jugé
opportun de publier un rapport dans les termes qui sont là,
c'était leur responsabilité. Quant à la ventilation que
vous faites, dans certains des travaux que le comité a faits, ces
études y sont possiblement. Je ne pense pas qu'il était
nécessaire d'incorporer ces études, études qui ont
été faites non seulement par le comité lui-même,
mais à l'aide d'experts comptables qui ont été retenus
pour ces fins.
M. ROY: Ce n'était peut-être pas à vous de nous le
fournir, je peux en convenir très bien, mais je dis que ce seraient
à ce moment-ci de nos travaux et avant que les lois soient
votées à l'Assemblée nationale des documents que
nous devrions avoir entre les mains.
Pour ce qui a trait à notre désir et aux
chiffres que nous voulions avoir, je dois vous dire et je le dis
sans malice à l'intention du ministre que le ministre ne nous a
pas consultés et ne nous a pas demandé ce que nous voulions quand
on vous a donné votre mandat. Je tiens à le dire, je tiens
à le préciser. Le ministre ne nous a pas consultés; ce
n'est pas de votre faute.
Maintenant, vous avez dit que je n'avais pas étudié le
rapport. Je n'ai pas dit que je n'avais pas étudié le rapport
tantôt; j'ai dit que je n'avais pas pu l'étudier dans tous ses
moindres détails. Je l'avais étudié sommairement, le
rapport, et j'ai vu les deux tableaux aux pages 272 et 273. Cela ne
répond que très partiellement aux questions que j'avais
posées tout à l'heure, parce qu'il s'agit des frais
d'exploitation du régime par rapport au montant du contrat. Dans les
demandes que j'ai faites tout à l'heure, j'ai parlé des
détails par secteur, par service d'administration ou encore par
différents risques ou différentes formes de compensation qui sont
accordées aux bénéficiaires, ce que nous n'avons pas.
M. GAUVIN: Je peux clairement identifier que vous ne l'aurez pas avec
moi également. Je ne suis pas ici pour faire des calculs pour les
membres de la commission; je suis ici pour expliquer ce qui est dans le
rapport.
M. ROY: Non, mais on peut quand même vous poser des questions
c'est notre rôle et c'est la raison pour laquelle on vous a fait
venir pour voir si vous aviez examiné ces points.
M. GAUVIN: Je vous dis que nous les avons examinés et que nous
les avons déposés au gouvernement.
M. ROY: C'est pour ça que j'ai posé la question.
M. GAUVIN: Je vous ai donné la réponse.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de
Trois-Rivières.
M. ROY: En ce qui me concerne, je ne suis pas tellement
intéressé à continuer à interroger les membres de
la commission Gauvin.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. GIASSON: M. le Président, cette transformation du rôle
de courtier en conseiller, dans la vision du rôle effectivement
joué par le conseiller, ça va être quoi dans la pratique?
Quelle est votre perception de cette fonction-là?
M. GAUVIN: C'est de conseiller le public sur la protection la plus
appropriée pour ses besoins, compte tenu du régime.
M. GIASSON: Cela se termine là.
M. GAUVIN: Non. Egalement l'assureur le plus approprié pour ses
besoins.
M. GIASSON: Pardon?
M. GAUVIN: L'assureur qui répond aux besoins de cette
personne-là.
M. GIASSON: Au niveau des réclamations dans votre vision de la
fonction du conseiller, est-ce qu'il est complètement
éliminé du portrait, c'est-à-dire que le réclamant
s'adresse directement à son assureur au siège social?
M. GAUVIN: L'assuré devrait s'adresser directement à
l'assureur.
M. GIASSON: Cela se résume, somme toute, d'après les
commentaires que vous avez faits, à la fonction du conseiller à
recevoir le client, à le diriger vers une compagnie, à faire
émettre une police qui peut être adressée directement par
la compagnie à l'assuré?
M. GAUVIN: C'est cela.
M. GIASSON : C'est aussi simple que cela?
M. GAUVIN: Oui, mais c'est un rôle de conseiller véritable.
C'est le rôle d'expliquer les couvertures...
M. GIASSON: ... d'expliquer les couvertures...
M. GAUVIN: ... d'expliquer les quantums.
M. GIASSON: ... les quantums qu'il peut retirer devant une telle
éventualité d'accident, dommages matériels, blessures,
etc.
M. GAUVIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le ministre des Institutions
financières.
M. TETLEY: M. le Président, j'ai des questions, je vous demande
pardon. Tout d'abord, M. Gauvin et M. Rankin, les compagnies
québécoises qui sont en affaires, suivant votre système ou
votre régime, auront certaines modifications à apporter à
leur administration, c'est clair, ainsi que les compagnies canadiennes qui font
affaires par tout le Canada.
Ne voyez-vous pas un avantage pour les compagnies
québécoises? C'est ma première question. Parce que, pour
elles, c'est facile de changer. Les compagnies canadiennes doivent suivre des
régimes dans d'autres provinces,
peut-être, c'est une question que je vous pose suivant d'autres
lois.
M. GAUVIN: Le mandat du comité, je l'ai déjà dit,
ne comportait pas spécifiquement d'examiner ce qu'on peut faire pour
favoriser les compagnies québécoises.
M. TETLEY: Non, non.
M. GAUVIN: Alors, moi, je préfère m'en tenir au texte du
rapport.
M. TETLEY: M. Rankin, voulez-vous répondre?
M. RANKIN: Je vais répondre à la question que vous avez
posée. Les changements qui sont faits pour les compagnies
québécoises, assez souvent, c'est évident, ne sont faits
qu'au Québec. Par contre, quelqu'un qui transige dans les autres
juridictions doit posséder deux systèmes concurrentiels
qui...
M. TETLEY: Contradictoires, différents.
M. RANKIN: Alors, cela ne pose pas tellement plus de problèmes
que pour une compagnie qui est aux Etats-Unis où il y a un
système légèrement différent dans chacun des 48
Etats ou 53, cela change presque tous les ans. Mais quand même, au
Canada, c'est évident qu'il peut y avoir certaines compagnies qui font
peut-être très peu d'affaires ici, qui ont moins de $10 millions
de chiffres d'affaires.
Est-ce qu'elle vont continuer à faire affaires à
Québec, étant donné que toutes les règles du jeu
sont différentes des autres $300 millions du chiffre d'affaires. Il se
peut qu'une compagnie très avertie va dire: Bon, on va avoir à
Québec un laboratoire où on va avoir les systèmes les plus
avancés... Même si cela coûte un peu plus cher, cela vaut la
peine de participer pour être capable de juger le bien-fondé des
différentes réformes sur place.
M. TETLEY: Donc, il y a peut-être un avantage, pour ces compagnies
canadiennes ou même d'outre-mer Lloyd's et Royal, etc. de
continuer de faire affaires au Québec parce que cela pourrait être
une expérience remarquable et fructueuse pour eux.
M. RANKIN: Je trouve que c'est une question que l'on n'a pas
soulevée, mais quand on a été en Saskatchewan et
même au Manitoba, c'était un peu drôle. Ils
reçoivent, presque à toutes les semaines, une
délégation. Ils nous ont reçus avec courtoisie et on nous
a consacré un temps absolument incroyable. Je ne sais pas,
peut-être était-ce parce qu'ils pensaient que c'était une
étude très sérieuse. En tout cas, eux, ils ont des
délégations. La première fois que nous sommes allés
à Régina, il y avait une délégation de Japonais,
peut-être de la Loui- siane ensuite. Ils poussent sur un bouton et il y a
un type, là, qui s'occupe des étrangers. Il fait faire le tour de
la maison: Donnez-leur le traitement no 1, no 3 ou no 4. Nous avons eu le
traitement AAA, j'imagine.
Si la Saskatchewan, qui n'a pas changé beaucoup depuis 27 ans,
est considérée comme cela, si le Québec installe un
système qui, à notre avis et nous sommes prêts
à le défendre serait à l'avant-garde,
peut-être que vous seriez obligés d'avoir un système
similaire ici: Donnez-lui le traitement 3.
M. TETLEY: Donc, vous croyez que c'est possible que la Saskatchewan
puisse suivre votre système?
M. RANKIN: Ils ont déjà une base. A cause de nos
études, ils ont déjà pris certaines mesures.
M. TETLEY: M. Rankin, au sujet des courtiers c'est le
député de Montmagny-L'Islet qui a soulevé la question
c'est que le pourcentage ou la commission d'un courtier est coupé
de 12.5 p.c. jusqu'à 5 p.c, au maximum.
Croyez-vous qu'un courtier au Québec peut exister avec 5 p.c. de
commission surtout lorsque dans le rapport, il y aurait, ce qu'on appelle en
anglais du "direct writing"? Est-il possible que les courtiers puissent exister
ou s'ils peuvent couper tellement leur administration, etc?
M. RANKIN: Je crois que M. Gauvin a déjà répondu
que ces 5 p.c. ont été décidés et non pas
tirés des nuages. On a examiné une situation. C'est une fonction
des trois questions que le député a soulevées.
D'après l'expérience qu'on a eu au Manitoba où on a
passé par un système à peu près pareil, ceux qui
sont restés en affaires ont gagné autant d'argent ou plus, mais
c'est évident que cela demande un plus gros chiffre d'affaires. Ceux qui
assurent maintenant, disons, 1,000 véhicules, par la même
mathématique, il doit y en avoir 2,500, mais moins... Il y a une
économie dans les frais d'administration. Ils n'ont plus besoin de
toucher... On ne veut pas entrer dans tous les détails, mais une des
raisons pour laquelle il ne faut pas faire le financement, c'est que vous
éliminez presque complètement la comptabilité pour un
courtier. Alors, vous avez des économies. Ce qui arrive, c'est que vous
n'avez pas de comptable, vous n'avez pas besoin de beaucoup de paperasserie
qu'on appelle "paper shopping".
M. TETLEY: Mais en Saskatchewan, il n'y a qu'un assureur, c'est l'Etat,
à un certain niveau, mais on a gardé quand même les
courtiers. Ils sont payés combien au Manitoba?
M. RANKIN: Je n'ai pas cela en tête, mais la situation de la
Saskatchewan est bien différente parce que l'Etat s'occupe aussi
d'assurance
générale. Alors, même s'il donne moins au courtier
sur l'assurance-automobile, ils ont plus de l'autre partie de la couverture. On
a fait cette étude, on a tous les détails. Si vous avez une
question un peu moins spécifique, on peut... D'ailleurs, les
études sont déposées au gouvernement.
Les deux systèmes sont différents; en Saskatchewan,
d'ailleurs, non seulement l'automobile, mais l'automobile supplémentaire
est traitée par les courtiers. Alors, vous ne pouvez pas faire une
comparaison facilement.
M. TETLEY: Merci, M. Rankin.
M. GIASSON: M. Gauvin, je vous avais posé une question au mauvais
moment; on était au chapitre de l'indemnité et ça se
rapportait à l'administration du nouveau régime. Est-ce que vous
voyez très bien l'existence d'une compagnie d'Etat à
côté des compagnies privées, avec les formes de vente ou de
courtage à l'intérieur des nouvelles conceptions?
M. GAUVIN: Là, encore une fois, ça revient à un
problème je vais le soulever encore que j'ai
soulevé ce matin. Je pense que le député d'une des deux
Beauce l'a peut-être oublié dans ses questions. Ces
problèmes ont tous été analysés par le
comité. Or je dois encore le répéter parce qu'on
semble dans certains cas l'oublier et on ne vous en tient pas rigueur
les documents de base, ce n'était pas aux membres; les études que
nous avons demandées en commandite à d'autres firmes de
consultants sur certains de ces problèmes ont été
déposées au gouvernement comme pièces justifiant le
rapport. Je pense, moi, en fait, qu'on adresse certaines questions
présentement aux mauvaises personnes. D'accord, nous les avons eus mais,
en fait, nous ne les avons plus, ces documents-là.
M. GIASSON: Vous n'avez aucun commentaire sur l'hypothèse que
j'ai posée? Les documents sont déposés et, c'est au
ministère ou à l'Etat.
M. TETLEY: Bibliothèque nationale.
M. GAUVIN: Sur votre point, je peux, par exemple, faire de
mémoire... Excusez-moi. On a demandé une ventilation selon un
certain modèle. On en a fait des douzaines et des douzaines de
ventilations qui sont, en fait, déposées auprès du Conseil
exécutif. Je ne sais pas dans quel état elles sont maintenant, du
tout.
M. GIASSON: D'accord.
M. GAUVIN: Nous avons certainement considéré
différentes alternatives. Vous dites corporation d'Etat en
compétition. Bien, c'est une des nombreuses possibilités; il
faut, encore une fois, s'interroger sur les avantages et s'interroger
également sur les désavantages. A moins d'imposer aux assureurs
les mêmes conditions de fonctionnement que cette compagnie, vous allez
peut-être lui imposer des difficultés administratives très
considérables. Par exemple, même s'il n'y a qu'un assuré
dans une petite place quelque part, elle devra, parce qu'elle est un organisme
émanant de l'Etat, y être présente. Je vous donne
effectivement un exemple. Tandis que l'assureur, lui, avec lequel votre
compagnie est en compétition, s'il n'agit pas avec les mêmes
contraintes, va probablement démontrer des meilleurs résultats.
Mais ça ne prouvera pas nécessairement ce à quoi on
s'attend. C'est un exemple.
M. GIASSON: Je vous pose la question, parce que je suis dans l'assurance
depuis quelques années. Au cours des ans, j'ai appris à croire
profondément à la concurrence. Je dis que ma meilleur
alliée, depuis que je suis dans l'assurance, ç'a
été la concurrence, parce que ça m'a obligé
constamment à faire davantage, à me surpasser, à donner un
meilleur service, et ça je l'ai fait parce qu'il y avait de la
concurrence autour de moi. Si je n'avais pas eu cela, je suis à peu
près certain que j'aurais peut-être été un peu plus
négligent, j'aurais moins surveillé.
Et je me dis, moi, que si on tentait l'expérience de mettre une
compagnie étatique à côté d'entreprises
privées qui veulent jouer le jeu fondamentalement, on pourrait,
après un certain nombre d'années, prouver que ça peut
s'équilibrer assez bien, ces deux choses.
M. GAUVIN: Mais si vous pouvez en fait, établir un régime
de concurrence pure sans avoir ce mécanisme-là, il sert
effectivement à pas grand-chose.
M. GIASSON: Vous mettez la concurrence entre les assurances
privées.
M. GAUVIN: Oui, mettez la concurrence entre les assureurs privés,
vous allez l'atteindre, votre but. D'ailleurs il ne faudrait quand même
pas oublier...
M. GIASSON: C'est peut être plus difficile. M. GAUVIN: Cela a
été fait.
M. GIASSON: Cela a été fait et ç'a
été pratiqué ailleurs.
M. GAUVIN: II faudrait regarder l'expérience américaine.
Dans certains endroits, on avait une surveillance très poussée
des tarifs, par exemple, et on a abandonné ce système pour venir
à un système où on force les assureurs à être
véritablement en concurrence les uns avec les autres.
M. GIASSON: C'est déjà votre recommanda-
tion. J'imagine que, même à l'intérieur d'une
association, que les membres ne soient pas tenus à un tarif
uniforme.
M. GAUVIN: Si vous êtes intéressés, il y a une
analyse, par le département des assurances de New York, sur, je ne me
souviens pas du titre exact, mais sur tout ce problème de la
concurrence, analyse qui est très intéressante en tant
qu'assureur et le gouvernement est fortement intéressé. La
référence, je pourrais la retrouver quelque part.
M. GIASSON: C'est dans le rapport?
M. GAUVIN: Oui, où effectivement eux, à New York, ont fait
certaines recommandations et ont abandonné certains contrôles
absolument rigides en faveur d'un système où la concurrence
s'exerce le plus. Maintenant il faudrait bien se situer, il y a une certaine
concurrence dans le moment. Nous avons dit qu'il n'y en avait pas assez, qu'on
devrait en fait, l'améliorer.
M. GIASSON: Mais la concurrence s'est faite surtout au niveau de la
qualité du service que les compagnies ont voulu donner, lorsqu'il y
avait des réclamations. C'est très facile, comme assureur,
d'accorder une réduction de $10 dans la prime, si tu vas la rattraper au
moment où tu as un service à donner au client. C'est très
facile. Vous savez ça, d'ailleurs.
M. GAUVIN: Voyez-vous, c'est d'autant plus facile dans le système
actuel, souvent les assureurs font affaires avec un non-assuré qui est
leur victime.
Ils peuvent, donc, sur le dos de ce non-assuré, qui n'est pas
l'un de leurs assurés, agir différemment qu'ils le devraient
s'ils le faisaient avec leurs propres assurés.
Si on regarde les comparaisons que nous avons faites dans les
délais, on pourrait dire qu'en assurance-responsabilité,
étant donné que c'est envers un tiers, on devrait choisir
l'assureur qui prend le plus de temps pour payer parce que ce sont toujours les
autres, cela nous importe peu, ils devraient avoir des tarifs à meilleur
compte. Pour son assurance directe, il devrait prendre l'assureur qui paie le
plus vite parce que là, c'est lui que ça touche.
M. GIASSON: Non seulement il y a le facteur de payer vite, il y a aussi
le facteur de payer sa réclamation à sa valeur réelle.
M. GAUVIN: Justement, oui.
M. GIASSON: C'est très intéressant, comme agent de
réclamation, de dire: Je passe, je fais l'évaluation, je te fais
un chèque. C'est une petite réclamation, on signe le
chèque tout de suite, on le donne au réclamant. Mais quand il
passe au garage, il réalise qu'il lui manque $50 ou $100 pour faire
réparer son véhicule. Il a été payé vite, le
gars, mais il n'a pas été payé suffisamment.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Ceci termine la première séance
de la commission des institutions financières, compagnies et
coopératives. Je veux remercier les membres de la commission Gauvin de
s'être pliés de bonne grâce aux questions des membres de la
commission.
Est-ce que le ministre voudrait dire quelques mots?
M. TETLEY: Je vous remercie, M. Gauvin, M. Rankin ainsi que M. Belleau
et Me Bouchard, de votre présence. Nous espérons vous revoir
peut-être à la fin.
M. LEGER: Moi pareillement, M. le Président, je remercie M.
Gauvin et son équipe. Je prends bonne note qu'il a dit qu'il
était pour répondre plus tard aux différentes affirmations
des futurs comparants à cette commission, entre autres la question que
je lui ai posée sur le Barreau, les préoccupations. Probablement
que d'autres personnes vont venir affirmer des choses ici et j'espère
que M. Gauvin ou son équipe viendra donner sa perception des
affirmations des autres.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Merci. La commission ajourne ses travaux
à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 28)