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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude du rapport Gauvin
Séance du mercredi 9 octobre 1974
(Dix heures dix minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
Je tiendrais à souligner que, s'il y en a qui veulent s'asseoir
à la salle 91-A, vous pouvez vous y rendre. Evidemment, vous ne nous
verrez pas, mais vous pourrez entendre car tout est enregistré et il y a
des haut-parleurs.
La commission permanente des institutions financières, compagnies
et coopératives se réunit pour faire l'étude du rapport du
comité d'étude sur l'assurance-automobile, c'est-à-dire le
rapport Gauvin. Deuxième séance. J'inviterais M. Jacques Paradis,
de la Fédération des courtiers d'assurance du Québec,
à nous adresser la parole.
Fédération des courtiers d'assurance du
Québec
M. PARADIS: Merci, M. le Président. M. le Président, M. le
ministre, messieurs les membres de la commission parlementaire, chers
collègues courtiers. J'aimerais, M. le Président, par votre
entremise, remercier l'honorable ministre, M. Tetley, de donner la
possibilité à notre nouvelle fédération de se faire
entendre lors de la commission parlementaire des institutions
financières qui doit traiter du rapport Gauvin.
Avant de commencer, M. le Président, si vous me le permettez,
j'aimerais vous présenter l'exécutif de cette
fédération qui se compose...
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Paradis, vous pouvez vous asseoir pour
faire votre exposé, si vous voulez.
M. PARADIS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Quand vous serez fatigué ou
immédiatement.
M. PARADIS: D'accord. Merci, M. le Président,
immédiatement après vous avoir présenté les membres
de mon exécutif, si vous me le permettez. De Montréal, M. Jean
Langlois, à mon extrême gauche; M. Bernard Clément, de
Shawinigan; M. Gilles Desjardins, de Montréal; M. Yvon Boyer, de
Joliette; M. Pierre Gélinas, de Trois-Rivières. M. Boyer et M.
Gélinas sont vice-présidents. M. Mariano Castelli, de
Rivière-du-Loup; M. Léandre Lachance, également
vice-président, de Sherbrooke; le dernier et non le moindre je me
demande si je dois le présenter car, chaque fois que j'ai à le
faire en public, la semaine qui suit, on ne peut plus le rejoindre tellement il
est pris et il semble y avoir plus de demandes; quand même, je tiens pour
acquis que ce ne sera pas le cas aujourd'hui François Chapados,
notre conseiller juridique.
M. BACON: Félicitations.
M. PARADIS: M. le Président, je tiens pour acquis que les membres
de votre commission ont en main une copie de notre mémoire. A moins que
vous le désiriez, autrement, je ne ferai qu'une lecture, à haute
altitude, de notre mémoire en m'arrêtant sur les grandes
orientations.
Chapitre premier nous lisons: Prologue concernant la
Fédération des courtiers d'assurance du Québec.
A ce chapitre, M. le Président, nous déterminons et nous
expliquons ce qu'est la Fédération des courtiers d'assurance au
Québec, fédération au sein de toute notre industrie qui
est l'assurance et également au sein de la profession que forment les
courtiers d'assurance. Je sais que c'est, encore une fois, je me
répète, la première année de notre existence et il
se peut que les membres de votre commission aient à s'interroger sur
l'existence et sur les buts de cette fédération.
Je serai donc heureux, à la période de questions, de
mettre plus l'accent sur notre raison d'être et nos buts.
Je me permets d'attirer votre attention, messieurs, sur la
représentativité de la fédération, en pages 2 et 3,
pour vous dire qu'à ce jour la Fédération des courtiers
d'assurance regroupe 27 associations affiliées qui couvrent le
territoire entier de la province de Québec.
Nous notons également, en page 4, la vocation. En quoi consiste
la vocation de la fédération? Dans l'industrie de l'assurance, il
existait, auparavant, l'Association des courtiers. Elle avait été
formée par un bill voté sous le gouvernement libéral de M.
Lesage, en 1963, créant l'Association des courtiers et donnant à
ceux-ci un statut professionnel. Dans cette loi, on empêchait les
courtiers de négocier, en groupe, leur rémunération. Or,
la fédération est venue, il y a un an, pour combler ce vide qui
existait au niveau de la profession de courtier.
Il va sans dire que cette nouvelle vocation et cette nouvelle dimension
dans la profession de courtier impliquaient des remous au sein même de la
profession, et impliquaient des interrogations au sein même de cette
profession. C'est pour cette raison que vous notez, M. le Président, aux
articles 5, 6 et 7 qui se retrouvent en pages 6, 7 et 8, dichotomie et
unité de la profession, et reflet de cette dichotomie. On explique
pourquoi dans notre mémoire nous faisons ce prologue et nous explicitons
la raison même de notre existence et nos vues. Soit dit en passant, il
faut peut-être vous faire un
résumé plus succinct. La Federation des courtiers a
été formée pour défendre, prioritairement, les
intérêts socio-économiques de ses membres. La
Fédération des courtiers d'assurance du Québec est avant
tout un syndicat professionnel, comme il en existe dans toutes les autres
professions, soit au niveau du Barreau, ou soit au niveau du Collège des
médecins, etc., etc...
Dans la deuxième partie du mémoire, M. le
Président, nous notons: Remarques générales relatives au
rapport Gauvin, et c'est le deuxième chapitre. Nous insistons sur la
qualité et l'étendue de l'étude qui a été
faite par le comité Gauvin. Nous en arrivons quand même à
constater que les recommandations de ce comité ont pour effet ultime de
déboucher sur la création de monopoles, que ce soit un monopole
d'entreprises privées ou un monopole d'entreprises d'Etat.
Monopole d'entreprises privées parce qu'il fait disparaître
tout intermédiaire et seuls les assureurs auront le contrôle
à partir de la mise en marché de l'administration interne d'une
police d'assurance-automobile jusqu'au règlement des sinistres. Et si
les recommandations ne sont pas effectuées comme le demande le rapport,
monopole d'entreprises étatique.
Au niveau du courtier, M. le Président, vous retrouvez à
la page 13: Constats spécifiques (courtier). Selon nous, c'est une
constatation, peut-être la plus décevante du rapport. En effet, le
rapport a fait une décapitation unilatérale de la profession de
courtier en lui donnant un titre ronflant de conseiller, mais en l'amputant de
toutes les possibilités et de toutes les actions qu'il a pour remplir
son rôle. On lui donne le titre de conseiller en lui enlevant toutes les
possibilités, tout ce qu'il fait à l'heure actuelle et la
façon dont il le fait. Qu'on lui donne un titre de conseiller qu'il se
doit d'avoir, mais avec des pouvoirs pour le remplir, ce rôle de
conseiller.
Or, selon nous, c'est une décapitation unilatérale de la
profession de courtier. Quant à nous, en page 14, M. le
Président, nous notons les implications de ces recommandations quant au
courtier. Selon nous, c'est simple, c'est clair, si le rapport Gauvin à
ce chapitre était appliqué intégralement, c'est la
disparition à courte échéance, plusieurs disent, de 50
p.c. de nos effectifs, d'autres, moins conservateurs, disent 80 p.c. de nos
effectifs.
Il va sans dire, M. le Président, que l'approche de la
fédération dans ces grandes orientations du rapport est de
démontrer à votre commission le rôle que joue le courtier
d'assurance dans la société québécoise. La
façon dont le public québécois a répondu dans le
passé au rôle que joue le courtier d'assurance et les implications
éventuelles de la disparition du courtier d'assurance.
Nous passons au chapitre 3, M. le Président, à la page 17:
Rôle professionnel du courtier d'assurances. On dit que le courtier est
avant tout un conseiller professionnel. A partir du moment où il
reçoit son client à son cabinet, il a à le conseiller, il
a à remplir avec lui une formule suivant ses besoins. Ceci implique la
connaissance intégrale des besoins de ce client.
Le rapport, en page 56, mentionne que, sous prétexte de la
standardisation des contrats et des taux de primes, il s'agit là d'un
rôle plus théorique que pratique. Naturellement, si on tient pour
acquis que la standardisation des lois et la réglementation s'y
rapportant étant ce qu'elle est, les avocats n'ont plus leur place au
sein de notre société. Autant dire qu'un contrat d'assurance qui
est uniforme partout en province, le courtier n'a plus sa place.
Le public, du fait que ce contrat est uniforme à travers la
province, ne connaît pas, du même coup, toutes les facettes et
toutes les implications du contrat. C'est le rôle du courtier de les
énumérer, de lui dire de quelle façon et de lui montrer
toutes les implications d'une protection qu'il peut ou qu'il ne voudra
probablement pas prendre.
Au niveau des renouvellements et de l'émission des avenants, le
courtier a également à jouer son rôle. Ceci n'est pas
théorique, messieurs. Ceci est pratique. Nous avons, à ce jour,
ici, un document qui parle par lui-même. Dans un seul bureau de la
province, nous avons amassé, dans le courant de quelques mois seulement,
de la documentation qui prouve hors de tout doute que le lien, que recommande
le rapport Gauvin, assuré-assureur peut être extrêmement
dangereux pour le public.
Nous avons un document qui pourra être vu par les membres de la
commission naturellement, il va sans dire que c'est un document
confidentiel parce qu'il appartient à un courtier où il
est fait mention de polices oui ont été envoyées au
courtier avec des erreurs de primes ou de protection. Quand je parle d'erreurs
de primes, je parle de montants exorbitants, lorsqu'on parle, par exemple, de
flottes de trois, quatre ou cinq camions, de l'ordre de $1,000 de prime, parce
qu'on s'est trompé dans la tarification.
Le document, également, parle de lui-même au niveau du
recouvrement je m'excuse ou encore de l'indemnisation.
On voit de quelle façon, dans certains cas, le courtier doit
faire pression ou démontrer à l'ajusteur qu'une politique de
telle compagnie devrait être interprétée en faveur du
client, pour maintes et une raisons. Nous avons ici cette documentation.
Qu'il s'agisse d'avenants, d'émissions de polices ou encore de
renouvellements parce que vous savez, M. le Président, que les
compagnies préparent les renouvellements et les font parvenir aux
cabinets de courtage environ 30 jours avant la date d'échéance du
renouvellement. Il n'est pas dit, par contre, parce que maintenant c'est fait
par ordinateur, que tout sort sans erreur. L'ordinateur est parfait pour autant
que la programmation soit parfaite.
Alors, s'il y a eu des changements ou des implications au sein de la
police que l'ordinateur n'a pas pris parce que la programmation ne les a pas
pris, à ce moment-là, le public est frustré si vous n'avez
pas un intermédiaire pour vérifier si la protection donnée
au consommateur dans tel cas est conforme aux demandes de celui-ci.
M. le Président, je passerai très rapidement au niveau du
financement de la prime. Lequel financement a fait hier, durant la commission,
l'objet de certaines discussions. Le financement de la prime, le rapport Gauvin
le mentionne, est intrinsèquement compris dans plusieurs cabinets de
courtage à même la commission de certains courtiers. Le rapport
Gauvin, encore une fois je le cite, mentionne que: "le financement des primes
devrait être confié à des institutions
spécialisées. On implique par là des compagnies de
finance, des compagnies de financement de toutes sortes".
Qu'il me suffise de noter ce qui a été
déclaré probablement dans la même salle, la semaine
dernière, au niveau d'une commission également, sur les agences
de recouvrement. Plus de 50 p.c. des Québécois sont
endettés, plus de 25 p.c. au-delà de leurs moyens. N'est-ce pas
un outil additionnel de mise en marché que nous offrons aux grandes
compagnies de finance pour venir chercher encore plus dans la poche de nos
Québécois?
Je sais un peu ce dont je parle, j'ai été,
personnellement, au-delà de sept ans gérant de succursale pour
une de ces compagnies de financement.
L'acceptation d'un risque d'assurance pour un assureur est une chose.
L'acceptation d'un risque financier pour un créancier qui doit
éventuellement savoir s'il doit financer une prime de l'ordre de $200,
$300, $500 ou $1,000 est une autre chose. Tenons pour acquis le cas où
le bon monsieur, qui est sur la loi Lacombe, ne pourra pas avoir un financement
rapide d'une de ces compagnies de financement. Celle-ci lui demandera soit un
endosseur, soit d'autres garanties collatérales et, ce qui se fait
très souvent dans ces compagnies de finance, une soi-disant garantie sur
l'ameublement du client en prenant naturellement, il va sans dire, parce qu'on
prend la garantie sur l'ameublement, une police d'assurance contre le feu.
Or ce client-là est automatiquement assuré deux fois,
très souvent, et par le courtier et par la compagnie de financement,
etc. Quelle porte ouvre-t-on alors au consommateur?
Quant au sinistre, M. le Président, je me permettrai ici cette
image que le public québécois comprend de plus en plus. Le
courtier d'assurance, à notre avis, est un peu un "ombudsman" du public
dans le service des assurances. Vous savez, il y a le professeur Tunc, dont
plusieurs ont entendu parler, qui prononçait une conférence la
semaine dernière à Québec; il rapportait alors des termes
ou un dicton d'un poète du 18e siècle qui disait que les
assureurs, lorsqu'ils perçoivent une prime et lorsqu'ils paient une
réclamation, sont un peu comme une femme qui conçoit dans la joie
et qui enfante dans la douleur. C'était peut-être un peu, si vous
voulez, laconique. Ce n'est pas le cas, M. le Président, probablement
pour tous les assureurs, mais il reste qu'un assureur est sur le marché
pour faire un dollar. Et le courtier d'assurance, au niveau du règlement
des sinistres, est le seul outil que se donne présentement la
société québécoise pour être certaine de
l'objectivité et du jugement qu'il portera en fonction de la raison
même de sa prime, c'est-à-dire de recevoir une partie de ce qu'il
a donné pour un accident ou une indemnité quelconque. Le
fera-t-on disparaître, M. le Président, cet "ombudsman" de
l'assurance qu'est le courtier?
Tel est l'essentiel, à ce jour, M. le Président, du
rôle que joue ce courtier. Il va sans dire que j'ai essayé de
faire un tour d'horizon assez complet. Plusieurs autres rôles lui sont
dévolus. Qu'on pense à un rôle de conseiller à des
niveaux autres que celui de l'assurance où, à un certain moment,
un individu fait confiance à son courtier. On a même des courtiers
qui vont aider lors des règlements de succession, qui vont aider dans
d'autres lignes connexes. Ceci est un ensemble dont je ne traiterai pas ce
matin.
Quant à la nécessité de son rôle, M. le
Président, je vous arrête ici, en page 19, à l'article 2.3,
pour vous dire tout simplement et vous relire: "II suffit de penser aux sommes
monumentales que l'on doit dépenser, en matière
d'éducation et de santé, pour humaniser le système, pour
réaliser jusqu'à quel point l'on peut impunément
écarter le courtier du domaine de l'assurance dans le but de restreindre
de façon indue les tâches qu'il doit accomplir". Par la
création d'un monopole, encore une fois, je me réfère
à ce que je mentionnais au tout début. "Bref, l'Etat, sous
prétexte nous lisons en page 20 d'économies et en
créant des monopoles, devrait-il prendre sur lui d'imposer à la
population un "direct writing" qu'elle a, à ce jour,
systématiquement refusé?
M. le Président, à plusieurs endroits dans le rapport, on
mentionne que le public présentement fait usage de courtiers dans
l'ordre de 86 p.c. 86 p.c. des Québécois demandent à un
courtier d'assurance de transiger ses affaires d'assurance. Or les
statistiques, qui sont montrées dans le rapport Gauvin, qui
également ont appui dans certains documents qui ont été
préparés à la demande de l'Association des courtiers,
prouvent que de 1967 à 1971, ce pourcentage a augmenté de l'ordre
de 2.8 p.c. Le rapport le mentionne qu'au 31 décembre 1971 il
était à 84. Le rapport mentionne qu'au 31 décembre 1972,
il était passé à 86, ce qui veut dire, en cinq ans,
près de 5 p.c. d'augmentation et je pense que toute cette comparaison
doit être éclairée, c'est qu'à l'heure actuelle le
public a le choix.
II a le choix entre deux grands systèmes, le système de
courtage qu'il demande pour le servir à 86 p.c. et le système
qu'on appelle le "direct writing", je m'excuse du terme anglais
c'est une forme de mise en marché où le client doit faire
affaires directement avec l'assureur, c'est-à-dire ce que recommande
proprement le rapport Gauvin. Il a le choix de le faire et en page 254 du
rapport, si je ne me trompe pas, il y a un tableau qui montre, que les "direct
writings" ou les compagnies, qui écrivent directement avec le public,
ont des taux inférieurs de l'ordre d'approximativement 10 p.c. et le
public préfère payer plus, afin d'avoir plus. La
compétition se fait, dans notre domaine, comme le disait hier M.
Giasson, au niveau des services rendus et le public est prêt à en
payer le coût.
M. TETLEY: C'est une pose commerciale, je crois.
M. PARADIS: M. le Président me permettra certainement les outils
de publicité dont je me sers.
En page 21, si on s'en réfère à ce que mentionne le
rapport Gauvin au niveau du conflit d'intérêts dans lequel le
courtier est pris, on dit: "En prétextant le mode de
rémunération à pourcentage, la Commission Gauvin a
reproché aux courtiers de se placer dans un conflit
d'intérêts" et messieurs, je cite textuellement: 3.2). L'argument
est on ne peut plus fallacieux et ne résiste pas à l'analyse.
Dans un autre domaine, autant prétendre qu'un gouvernement,
dès qu'il n'indexe pas ses exemptions fiscales, a tout
intérêt à favoriser le phénomène
inflationniste, ce dernier lui assurant des entrées accrues de
devises.
On sait ce qui se produirait à la prochaine élection si un
gouvernement faisait cela. On sait également ce qui se produirait si le
courtier exigeait $400 pour une prime qui en vaut $200, pas au renouvellement,
messieurs, mais 60 ou 90 jours après l'émission de sa police.
Est-ce que le courtier est, à ce moment, en conflit
d'intérêts? Nous posons tout le dilemme.
Ce que le rapport vise est toutefois plus grave. En dénaturant la
fonction de courtier, on lui enlève une partie de son mandat parce qu'il
faut le dire: Comme partout dans le monde, le courtier a un double mandat, un
mandat que j'appellerai de la part de son client, d'entremise, et un mandat que
j'appellerai, de la part de l'assureur, de conclusion. Un mandat d'entremise
parce qu'il reçoit de son assuré un mandat de négocier ses
affaires avec un assureur et, de la part de l'assureur, un mandat de conclusion
parce qu'il reçoit de celui-ci la permission d'émettre des
documents et de donner en son nom des couvertures.
Naturellement, ceci implique à la page 23 que le
courtier doit donner à son client un service de qualité parce
que, comme je le mentionnais tout à l'heure, il aura tôt fait de
disparaître.
Par contre, l'assureur lui donne également la garantie dans ce
mandat de conclusion qu'il respectera un strict devoir de neutralité,
c'est-à-dire qu'il ne s'immiscera pas au sein de cette relation
client-courtier.
A la page 24: Dimensions professionnelles. Naturellement, ceci implique
que nous serons d'accord, éventuellement, sur toute démarche
faite par notre association, laquelle fut formée par un bill, comme je
le mentionnais tout à l'heure. Ceci implique que nous appuierons, et
ceci sans condition, toute démarche de notre association, voulant que le
rôle professionnel du courtier soit étendu à tous les
secteurs de l'assurance autre que sur la personne, et je m'explique.
Dorénavant, pour vendre de l'assurance générale au
Québec, nous souhaitons que ceux-ci soient des courtiers
d'assurance.
Qu'il me suffise, M. le Président, de mentionner aux membres de
votre commission combien dans la vie de chaque jour nous avons besoin de permis
pour vivre. Un permis pour aller à la chasse et pour aller à la
pêche. Un député, récemment, me faisait remarquer
qu'il fallait un permis pour se marier. Un permis pour construire une petite
cabane, une remise dans votre cour. Permis sur tout.
M. TETLEY: Un permis dans le mariage ou les permis de mariage?
M. PARADIS: II y a encore de ces permis qu'on délivre, M. le
ministre.
Au Québec, à ce que je sache, il y a des gens qui vendent
de l'assurance sans permis, oui. Des vendeurs d'automobiles vendent de
l'assurance sans permis, des gérants de compagnie de finance vendent de
l'assurance sans permis, un peu tout le monde vend de l'assurance sans permis,
ceux qui ont la possibilité de le faire, il va de soi, mais on vend de
l'assurance sans permis. Quelle économie, à l'heure actuelle,
dans notre société, a besoin d'un contrôle au niveau de la
mise en marché, quel secteur de l'industrie, sinon celui de l'assurance?
Or, j'étais gérant d'une compagnie de finance, M. le
Président, et je vendais de l'assurance. Je ne savais pas ce que je
vendais. La seule chose que j'avais apprise de la part de mes employeurs,
c'était comment faire $1 avec l'assurance que je vendais.
Relativement à la mise en marché que nous retrouvons en
page 26, nous parlons des champs d'exercice! Le rapport Gauvin, dans ses
conclusions ou dans ses recommandations, modifie tous nos chan;ps d'exercice.
Nous sommes un corps professionnel. Les champs d'exercice, selon nous, s'ils
doivent être modifiés, doivent l'être uniquement par le
biais de la négociation. C'est exactement le même
procédé qui doit modifier nos champs ou nos modes d'exercice, la
négociation. M. Gauvin a fait un excellent travail, mais, en nous
amputant de toutes les responsabilités que nous avons à l'heure
actuelle, il modifie et chambarde tous nos champs et
tous nos modes d'exercice. C'est exactement le même cas au niveau
de notre rémunération.
Ici, j'attire votre attention sur un problème que nous avons
vécu, à la Fédération des courtiers, depuis douze
mois. Nous avons été formés pour négocier et
essayer de contrôler la rémunération en bloc des courtiers,
chose qui n'a pas été réalisée. Nous voulons la
négocier. Est-ce qu'à ce moment-ci les courtiers d'assurance
seraient des professionnels de troisième zone en ne pouvant pas
négocier en groupe leur rémunération? Par contre, je sais,
et vous savez également, qu'à l'heure où nous vivons des
syndicats cassent et brisent des conventions de travail signées pour
trois ou quatre ans sous prétexte d'indexer les salaires de leurs
syndiqués. Nous n'avons même pas le privilège encore de
pouvoir négocier en groupe, un contrat. Les assureurs, jusqu'à
présent, ont refusé toute possibilité de vouloir
négocier ces conditions de rémunération.
Nous avons, depuis les vingt dernières années, subi des
baisses unilatérales de commission; la dernière remonte à
douze mois où on a pris notre commission, qui était dans
certaines classes d'assurance-automobile de 12 1/2 p.c, pour la baisser
unilatéralement à 8 1/2 p.c. Certains assureurs, messieurs, ont
poussé même l'audace jusqu'à nous envoyer des lettres
circulaires en mentionnant qu'en Ontario les courtiers avaient 10 p.c. dans
cette classe, mais qu'au Québec les courtiers devaient, eux, se
contenter de 8 1/2 p.c. Pourquoi une différence si marquée entre
les courtiers de l'Ontario et ceux du Québec?
Nous parlons, en page 32, naturellement du libre choix du courtier. Le
public a fait un référendum indirectement sur ce libre choix. Il
a démontré, hors de tout doute, qu'il veut avoir un courtier.
Nous demandons donc que soit donnée la possibilité des autres
mises en marché, mais que le public ait encore le libre choix et le
conserve. Je m'arrête en page 33, pour ce qui a trait aux courtiers
d'assurance, pour vous parler d'autres aspects du rapport Gauvin et nos
commentaires à ce sujet.
Au niveau de la sécurité routière, je cite:
"L'analyse que consacre le rapport Gauvin au chapitre de la
sécurité routière mérite le respect inconditionnel
de tous et chacun. Au niveau de la mise en application des recommandations
afférentes à cette question, point n'est besoin
d'épiloguer davantage sur le sujet; la parole est aux actes".
Nous notons quand même, M. le Président, à l'article
1.3, qu'il resterait néanmoins à préciser comment se
traduirait en termes de réduction du taux de prime
l'application intégrale au Québec d'une véritable
politique de sécurité routière. Ici, je m'arrête
pour expliciter.
A plusieurs endroits, dans le rapport, et surtout à un endroit
bien précis, on dit que si le port de la ceinture de
sécurité était rendu obligatoire, 700 vies seraient
épargnées annuellement au Canada, 33 1/3 p.c. au Québec et
nous aurions 25,000 blessés de moins. Or, nous posons une question.
Hier, M. Gauvin disait qu'il était extrêmement difficile de
quantifier, au niveau de la sécurité routière, les
possibilités de réduction de primes. Je pense que le rapport
aurait pu quand même, à partir de ces vies sauvées,
évaluer ce que vaut une vie, en termes de coût
d'assurance-automobile, pour savoir, si uniquement cette mesure de
sécurité routière était appliquée, ce qui
pourrait être sauvé. Egalement au niveau de la fréquence
des sinistres, vers la fin, je m'excuse, je n'ai pas le... on compare la
fréquence des sinistres du Manitoba et du Québec. Si on
réussissait au Québec à abaisser la fréquence des
sinistres au même titre que l'Ontario ou le Manitoba, quels seraient,
à ce moment, les coûts épargnés, au niveau des
primes d'assurance? Je pense que le rapport aurait pu, dans une certaine
mesure, quantifier ces économies.
Or, c'est ce que nous voulons dire lorsque nous disons que,
malheureusement, il n'a pas pu quantifier. Je pense que notre association
viendra avec des chiffres plus précis, la semaine prochaine, lorsqu'elle
parlera de cette baisse, lorsqu'elle comparera cette fréquence des
sinistres avec celle de l'Ontario si on réussissait à l'abaisser
comme celle de l'Ontario où on a des baisses d'au-delà de 10 p.c.
et, je pense, variant jusqu'à 20 p.c. Notre association, de toute
façon, vous le révélera.
Au niveau de l'assurance obligatoire, il va sans dire que nous sommes
d'accord. Notre association s'est prononcée déjà, à
plusieurs reprises, il y a plus de deux ou trois ans. Nous croyons que
l'assurance devrait être rendue obligatoire.
Au niveau de l'indemnisation sans égard à la faute, M. le
Président, nous favoriserions un statu quo partiel sur le système
actuel, tout en améliorant le chapitre B de la police d'assurance, ce
qui aurait pour effet de modifier un peu le système sans égard
à la faute.
Au niveau socio-politique, ou encore l'étatisation que nous
traitons en page 41, je cite l'article 5.1: "La fédération ne
saisit que très difficilement, sinon comme une êpée de
Damoclès, le raisonnement qui a été adopté par les
membres de la commission au chapitre de l'étatisation de
l'assurance-automobile". Aux yeux de la fédération, on doit y
ajouter que le manque (article 5.5, page 42) d'efficacité bien connu des
régimes étatisés, les coûts déguisés
des frais d'un ministère à l'autre, et les lenteurs
administratives des services publics ne sont pas des perspectives susceptibles
de déboucher sur un excellent service aux consommateurs.
Le rapport, dans toutes ses conclusions au niveau de l'administration du
régime, compare en en venant à la conclusion des 20 p.c.
les chiffres au régime du Manitoba.
Or, au Manitoba, l'an passé, à cause de l'augmentation des
coûts d'assurance, on a dû augmenter les permis de conduire de
l'ordre de $50 pour ceux qui auraient plus d'un accident
au courant d'une année, $100 pour plus de trois accidents,
etc.
Ceci n'est pas compté, ceci n'est pas indiqué dans les
coûts d'administration d'un régime étatique, mais cela
l'est au niveau du ministère des Transports. Qu'est-ce que cela
coûte pour calculer et pour contrôler ces accidents? Qu'est-ce que
cela coûte pour calculer ces augmentations de coût? Vous ne pouvez
pas les quantifier. Le rapport, lorsqu'il compare un régime
réformé à celui du Manitoba, nous croyons qu'il en fait
abstraction bien involontairement, puisque son rapport s'est terminé en
1971 et que ces chiffres sont arrivés en 1972.
En guise de conclusion, à 5.8, M. le Président, la
fédération invite le gouvernement, quant à ce qui est
traité à l'article 5, relativement à la politique
d'étatisation, à jouer cartes sur table, du fait que la situation
privilégiée qui pourrait être sienne a déjà
eu pour effet pratique d'inciter certains assureurs à couper
allègrement le cordon ombilical qui auparavant les reliait à ceux
qui font profession de courtage.
Dans notre conclusion, à ce chapitre, le présent
mémoire a pour objet de demander au gouvernement de reconnaître
formellement le rôle essentiel qu'assument, sur le plan social, ceux qui
exercent la profession de courtier. Sur la dimension professionnelle, je l'ai
expliqué tout à l'heure, M. le Président, au niveau des
permis, et sur le plan socio-économique encore ici, en page 44, le
présent rapport a pour objet de demander au gouvernement de
reconnaître que la détermination des conditions d'exercice, des
modes de pratique et de rémunération sont autant de questions qui
relèvent du courtier ou de l'organisme représentatif qu'il
mandate expressément à cette fin.
Sur le plan syndical, en page 44 toujours et ce sont ici mes
dernières interventions de la même façon le
présent mémoire a pour objet de demander à toutes les
parties en cause, autorités gouvernementales et assureurs, de
reconnaître le caractère représentatif de la
Fédération des courtiers d'assurance du Québec et de voir
à la création de mécanismes appropriés aux fins de
permettre aux parties en cause d'exercer leur vocation respective.
Je termine, ce sont là autant de questions de la plus haute
importance qui, pour le bien de la population et celui des courtiers, exigent
la collaboration de tous et chacun. Quant à elle, la
Fédération des courtiers d'assurance du Québec est
prête à assumer ses responsabilités et collaborer avec
quiconque entend faire de même. Je vous remercie, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! J'aimerais vous
souligner que, selon nos règlements, il n'est pas permis de manifester
dans la salle. Est-ce qu'il y aurait d'autres représentations à
faire de la part de la fédération? Alors, nous allons passer aux
questions.
L'honorable ministre.
M. TETLEY: M. le Président, messieurs de la
Fédération des courtiers d'assurance du Québec, surtout M.
Jacques Paradis, président... Je remarque mon ami, Me Chapados, qui est
ici aussi. Je sais qu'il représente plusieurs groupes qui
présenteront des mémoires. J'espère que les
mémoires ne sont pas contradictoires, mon ami Chapados!
M. CHAPADOS: Vous savez, M. le ministre, les avocats sont capables de
n'importe quoi!
M. TETLEY: Nous allons voir votre gymnastique intellectuelle !
Nous sommes et je parle au nom de tous les députés
ministériels et de l'Opposition tous très contents de
votre présence. Nous sommes conscients de la valeur de votre
mémoire et du travail que vous avez fait dans la préparation de
ce mémoire.
J'ai quelques questions. J'ai encore une liste de questions de quatre
pages. Je vais poser les plus importantes et après, si des questions ne
sont pas posées, je me réserve le droit de les poser.
Tout d'abord, je note, à la page 12 de votre mémoire, que
vous constatez que 86 p.c. des ventes d'assurance sont effectuées par
l'entremise de courtiers. Croyez-vous que ce résultat soit vraiment
l'effet d'un choix de la part du consommateur, compte tenu du fait que la
majorité des compagnies ne transignent que par l'intermédiaire de
courtiers?
M. PARADIS: M. le Président, à ce jour je le
mentionnais au cours de mon intervention le public a un choix. Il y a un
choix à faire, à l'heure actuelle. Qu'il me suffise de noter
et ici, j'exclus la possibilité de faire toute publicité
certaines compagnies qui écrivent directement certaines
compagnies américaines tout le capital investi au niveau de la
publicité, dont "Vous êtes entre bonnes mains", entre autres, pour
prendre un marché encore accru et plus important de l'assurance
générale au Québec.
Je pense qu'à l'heure actuelle le Québec et les
Québécois ont la possibilité de choisir. Ils l'ont et ils
ont, je pense, plusieurs compagnies qui font ce genre de mise en marché.
A ce jour, l'expérience prouve je cite encore en page 154
qu'avec des coûts moindres le public ne choisit pas cette méthode
de mise en marché.
Qui plus est, depuis, cinq ans, cette méthode de mise en
marché a connu une augmentation de l'ordre approximatif de 1 p.c. par
année, ce qui est extrêmement important lorsqu'on dit qu'au
Québec toujours selon le rapport il va se négocier
tout près de $450 millions en assurance-auotmobile et peut-être
autant en assurance générale, c'est quand même
extrêmement important, $1 milliard en assurance.
Donc, 86 p.c. sont dirigés. Si nous prenons cette courbe et si
nous respectons les données de cette courbe, dans cinq années,
cela fera 5 p.c. de plus et on dépassera le cap des 90 p.c.
Par contre, je ne crois pas mentir en disant qu'à ce
moment-là cela ne deviendra pas un monopole, puisque les courtiers
exercent entre eux une concurrence une concurrence extrêmement
saine au niveau des services. C'est ce qui fait, à mon avis et
à l'avis de la fédération, M. le Président, la
raison même de ce choix incontestable. Lorsqu'on parle de 86 p.c, je
pense que, si un gouvernement au pouvoir pouvait accumuler 86 p.c. des voix
d'un peuple, il pourrait dire que c'est un référendum. C'est
exactement ce que nous disons!
Et si, M. le Président, nous cherchons les causes de ces 86 p.c,
je pense que nous pouvons dire sans nous tromper que c'est que le public
québécois a besoin d'un intermédiaire, d'un individu
à qui s'adresser pour pouvoir s'informer quand c'est nécessaire.
Je pense que c'est une des raisons extrêmement valables dans ce domaine
et que l'on ne se trompe pas quand on dit que c'est la raison prioritaire, ce
contact essentiel à notre communauté.
M. TETLEY: En tout cas, je me demande si vous avez répondu.
M. PARADIS: J'ai essayé, M. le ministre, en toute
honnêteté.
M. TETLEY: Le comité Gauvin suggère un système par
lequel toute compagnie doit vendre directement, c'est-à-dire l'assurance
au comptoir, et il y aurait aussi un deuxième moyen de procéder,
c'est l'agent captif et aussi les courtiers. C'est un système dont la
commission Gauvin discute dans le rapport, système plus large que le
système actuel, où la plupart des compagnies ne procèdent
que par l'intermédiaire de courtiers.
Ne croyez-vous pas que si, à l'avenir, on laisse à la
population le choix entre faire affaires avec un courtier suivant le rapport
Gauvin et passer par d'autres canaux de mise en marché, la population
aura tendance à continuer à faire affaires avec les courtiers si,
comme le prétend votre mémoire, elle tient tant à ce mode
de mise en marché?
Puisque votre mémoire prône et fait la preuve de la valeur
des courtiers, la question que Gauvin poserait certainement est: Si vous
êtes si certains de votre métier, de votre profession, pourquoi
avez-vous peur?
M. PARADIS: M. le Président, je ne crois pas qu'à cette
date-ci il s'agisse d'un sentiment de peur qui nous assaille; il s'agit
peut-être, je pense, d'un sentiment d'interrogation. Si, effectivement,
les conclusions du rapport Gauvin étaient respectées
intégralement, je ne pense pas que les courtiers pourraient continuer
à servir le public, et ceci pour une cause économique; à 5
p.c, M. le Président, je ne pense pas que l'on puisse donner au public
un service adéquat. Je pense que c'est incontestable. Qu'il me...
M. TETLEY: Je crois que c'est une belle réponse.
M. PARADIS: Qu'il me soit permis, à ce moment-ci, M. le
Président et M. le ministre, de citer les états financiers de
Loto-Québec au 31 mars 1974, parce qu'il faut bien le dire,
Loto-Québec est un organisme extrêmement rentable pour nous
Québécois. Vous avez, au 31 mars 1974, perçu $125,509,000
du public québécois. Escompte et commission aux vendeurs, $17
millions, ce qui représente, à ce jour 14.9 p.c. de commission
payée à ceux qui font cette mise en marché, plus que les
courtiers ne reçoivent. Imaginez un seul instant, si vous
décidiez, législateurs, de baisser ce pourcentage de mise en
marché, quelle pourrait être éventuellement la baisse des
services rendus au public, ce qui se traduirait inévitablement par une
baisse d'argent perçu. Et Loto-Québec deviendrait, à mon
sens, moins rentable. C'est exactement ce que nous demandons aux courtiers. Si
nous comparons, M. le ministre, les services rendus par un courtier d'assurance
au niveau d'une police d'assurance-automobile, ils se situent beaucoup plus
qu'au niveau de la mise en marché, ils se situent également au
niveau du règlement du sinistre, ce que n'ont pas à faire les
gens qui vendent pour Loto-Québec. Ils ont à vendre un billet
pour faire en sorte qu'un tirage soit effectué. Une fois cela fait,
c'est terminé: 14.9 p.c. Nous avons, à ce jour, une moyenne de
peut-être 11 p.c. de rémunération sur notre service et nous
assurons un service après vente.
Je pense, M. le Président, pour répondre à la
question de M. Tetley, je ne crois pas que les courtiers pourraient continuer.
Le public, lui, pourrait le demander. Mais est-ce que le public arrêtera,
subito presto, comme ça, de demander au courtier, lorsqu'il aura une
réclamation, de l'aider pour régler cette réclamation,
lorsque le courtier ne sera même pas payé pour le faire? Le
courtier ne le pourra pas. Demain matin, si vous instaurez ce système,
le client dira à son courtier : Tu as eu tant pour cent pour
émettre ma police, maintenant sers-moi, maintenant dis-moi comment il
faut que je m'organise avec ma réclamation. Mais ceci, je pense que ce
serait une réaction saine et intelligente de la part du public, mais ce
serait impossible pour le courtier de le faire parce qu'il n'aurait pas les
moyens de garder un personnel pour le faire, à 5 p.c.
M. TETLEY: Bon, une question corollaire...
M. CHAPADOS: M. le ministre, est-ce que je pourrais ajouter deux mots?
C'est que, suite à la question que vous avez posée, pour ma part,
je suis d'avis que le rapport Gauvin présente des
voies qui n'en sont pas. Bref, des voies, mais elles sont impraticables.
Premièrement, il y a la vente au comptoir. Comme l'a mentionné
tout à l'heure le président, il y a eu de la publicité
massive de faite; elle a été non seulement sans résultat,
mais le pourcentage de gens qui ont passé par les courtiers s'est accru.
Quant à la vente au comptoir, on arrive exactement au même
résultat; encore là, la population se trouve vis-à-vis
d'un représentant de l'assureur, elle n'a pas son intermédiaire.
Alors, entre vente au comptoir et vente par agent captif, bonnet blanc, blanc
bonnet.
Reste la troisième dimension où le rapport Gauvin,
très subtilement, veille au grain et propose ceci: Vous allez pouvoir
passer par les courtiers; maintenant, d'une part, nous allons limiter leur
rémunération, ceci a été couvert, et d'autre part,
il ajoute: Nous allons leur enlever tous les pouvoirs d'agir efficacement. En
d'autres mots, le rapport Gauvin, au niveau du rôle qu'il impute aux
courtiers, dit très bien: Vous allez avoir un rôle à
remplir, mais on va couper votre champ d'exercice, vous ne pourrez plus agir au
niveau des sinistres, vous ne pourrez plus agir au niveau, par exemple
on l'a mentionné tout à l'heure du financement de la
prime, etc. Bref, on coupe le champ d'exercice avec le résultat que la
population va avoir un intermédiaire, oui, mais qui est beaucoup plus
théorique que pratique. En d'autres mots, si le courtier doit agir, il
doit avoir les pouvoirs et la capacité de ce faire.
Sur ce, je m'engage à un silence.
M. TETLEY: Ne faites pas de promesse, M. Chapados, dans votre cas.
M. CADIEUX: M. le Président, dans le même domaine...
M. TETLEY: Je n'ai pas terminé.
M. LEGER: Si vous voulez, nous allons continuer selon la
procédure normale.
M. CADIEUX: Sur la même question, sur la même chose.
M. LEGER: Le ministre va parler... Vous allez avoir votre tour la
même chose.
M. CADIEUX: Dans le même domaine, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, messieurs, c'était...
M. TETLEY: On avait le même problème hier.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le ministre...
M. TETLEY: Puis-je dire à mon collègue qu'on avait le
même problème hier? J'ai encore deux questions et je vais me
retirer... J'ai laissé aux députés ministériels la
plupart de mes questions hier; autrement, nous aurons un autre débat de
procédure qui ne mène à rien. Donc, permettez-moi de
continuer.
M. CADIEUX: D'accord.
M. TETLEY: Je sais que vos questions sont pertinentes et que vous allez
les poser.
M. BACON: Ce n'est pas une présomption.
M. TETLEY: Ah! je sais, ce n'est pas une présomption. Avez-vous
une question corollaire des expériences avec le
système du Manitoba où on a réduit la commission des
courtiers à peu près à 5 p.c? C'est variable, il y a
certaines conditions, etc. Avez-vous étudié le résultat?
Je crois qu'hier, M. Gauvin ou un autre a témoigné que les
grandes compagnies de courtiers ont réussi, mais les petites n'ont pas
réussi au Manitoba.
M. PARADIS: M. le Président, au Manitoba, naturellement... Il va
sans dire, au départ, que je dois compléter mon information au
niveau de la fédération qui existe depuis un peu plus d'un an
seulement. Nous n'avions malheureusement pas les effectifs financiers, les
possibilités financières pour faire des études
étendues. C'était une première année d'existence.
Mais nous avons quand même certaines informations au niveau de la
Colombie-Britannique où vous savez qu'il y a également un
régime étatique. C'était M. Bornik qui est
gérant-général qui, lors de la dernière
assemblée annuelle des courtiers et agents d'assurance... Le
gouvernement de la Colombie-Britannique a conservé les courtiers
d'assurance pour assurer la mise en marché.
Il mentionnait, dans son article, comment les courtiers avaient rendu un
rôle extrêmement important et je traduis ici: II y a encore long
à faire, avant que vous receviez une rémunération
équitable pour le travail qu'on attend de vous, que vous faites et la
compétence que vous déployez dans vos services.
Selon les dernières informations reçues, en
première année du régime, régime étatique,
les courtiers avaient 9 p.c. de rémunération sur la prime vendue.
En deuxième année et ainsi de suite, 7 p.c. Selon les
dernières informations, la régie d'Etat du gouvernement de la
Colombie-Britannique songeait sérieusement à augmenter ce
pourcentage à 10 p.c. Malheureusement, messieurs, je n'ai pas de
document officiel pour expliciter. Ce sont certaines informations que nous
avons reçues.
Semble-t-il, également, qu'au Manitoba, selon une note, on me dit
que c'est exact, peut-être que la prime a été
baissée, peut-être que la commission a été
baissée, je n'ai pas encore une fois l'information. Mais est-ce que
réellement le public est satisfait, est-ce qu'on a interrogé le
public, à savoir s'il était satisfait de
cette mise en marché? Nous n'avons aucune étude
là-dessus.
M. TETLEY: Une dernière question, M. le Président,
à la page 29 et à la page 30 de votre mémoire, vous
prônez en effet le statu quo sur la question de votre rôle et de la
commission. Si je comprends bien, il n'y a pas de changement que vous
suggérez dans ces deux termes, ces deux conditions, votre rôle et
votre commission?
M. PARADIS: M. le Président, dans cette optique, nous le disons,
nous sommes ouverts à toute possibilité, mais nous croyons en un
seul facteur, que ces changements, dis-je, doivent passer par le biais de la
négociation et de la négociation seule. Les courtiers, dans le
passé, ont toujours été, ont toujours subi des
décisions unilatérales et maintenant ne croient plus en la
possibilité de recevoir un cadre ou d'assumer des décisions
unilatérales.
On le disait tout à l'heure et je disais, M. le Président:
Toute la société québécoise maintenant a la
possibilité, extrêmement démocratique, de s'exprimer en
fonction de groupes, de groupements, de corps intermédiaires et de
syndicats. Les courtiers ne l'avaient pas encore, ils l'ont maintenant et
entendent bien le mentionner et le dire, que nous sommes ouverts et nous
l'avons dit aux assureurs, lorsque nous avons voulu négocier avec
eux.
Nous sommes prêts à des changements, mais nous voulons les
négocier et nous sommes ouverts, M. le Président, mais avant
d'accepter toute modification à notre rôle et à notre
mandat et à notre rémunération, je pense que nous devrions
en tant que citoyens à part entière, du Québec, avoir les
mêmes possibilités de revendiquer ces droits, la même
possibilité de justifier cette rémunération.
Alors nous sommes d'accord, mais en passant par le biais de la
négociation.
M. TETLEY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais remercier et
féliciter M. Paradis pour la présentation de son mémoire
qu'il a faite avec beaucoup d'assurance. Il a démontré qu'il
pouvait être l'ombudsman aujourd'hui des courtiers, puisqu'il a eu un
appui unanime à ses dires, on a vu ça tantôt.
Je dois quand même admettre avec vous que le rôle que vous
avez joué jusqu'ici, a été un rôle de conseiller
auprès des assurés qui eux souvent sont pris dans des
dédales, des difficultés, des choix de meilleures polices qu'ils
pourraient acheter et vous avez joué ce rôle, je pense. En grande
partie, la majorité des membres, des courtiers le font d'une
façon à servir le public. Il faut admettre cela au
départ.
Maintenant, dans votre mémoire, comme de raison, à la
suite d'une étude qui touche l'ensemble des assurances du Québec,
vous allez certainement être affectés, quelles que soient les
décisions que le gouvernement prendra d'une façon à la
fois, assez profonde ou moyenne, selon les choix politiques du gouvernement.
Cependant, vous avez affirmé au départ et ça, c'est
important que vous m'expliquiez, que vous expliquiez à la commission
parlementaire pour quelles raisons vous arrivez avec une conclusion, comme
celle de la page 11. Vous dites que le rapport Gauvin débouche sur la
création de monopoles. Donc, même s'il n'est pas question
d'assurance d'Etat, comme solution immédiate dans le rapport Gauvin,
qu'il est question encore d'assurance par des compagnies privées, qui
devrait être concurrentielle, vous, vous arrivez avec cette conclusion et
vous ne l'expliquez pas plus loin.
Comment calculez-vous que cela puisse arriver par un monopole, alors que
le rapport Gauvin critique le monopole ou le quasi-monopole actuel et qu'il
veut corriger cela pour que ça devienne un régime concurrentiel?
Qu'est-ce que vous avez vu dans les réformes du rapport Gauvin qui fait
que les compagnies d'assurance seraient à l'intérieur d'un cartel
à la suite de l'adoption du rapport Gauvin?
M. PARADIS: Nous avons employé un langage très populaire
pour expliquer ce qui suit. A partir du moment où vous faites
disparaître un intermédiaire... On le mentionnait tout à
l'heure, à l'heure actuelle, la mise en marché est assumée
à 86 p.c. par les courtiers. Or, l'assureur n'a pas la
possibilité de contrôler cette mise en marché. Ce client ne
lui appartient pas. Ce client appartient au courtier et c'est à lui de
le servir, ce qui fait qu'éventuellement des cabinets de courtage
peuvent être transportés de main à main, être
négociés. Il y a une valeur marchande à cela.
Or, le client ou la clientèle appartient au courtier. On le fait
disparaître. On dit que, éventuellement l'assuré devrait
pouvoir venir en contact directement avec l'assureur. Or, plus de
possibilité de mise en marché, plus de contrôle de la part
de l'intermédiaire.
Au niveau du renouvellement, on le fait disparaître. Il n'y en
aura plus. L'assuré recevra son renouvellement directement du
siège social, directement de l'assureur à l'assuré. Au
niveau de l'émission des avenants, au niveau également du
financement de la prime, il disparaît. Au niveau également du
règlement des sinistres c'est peut-être ici la
réforme la plus importante le courtier disparaît. Or, il y
a au sein de la même compagnie un monopole. On n'a plus de
possibilité de contrôle. Le public qui est pris avec tel assureur,
s'il y a un problème en cours de contrat, reste avec lui et le
problème va peut-être se faire sentir avec plus d'acuité au
niveau du règlement du sinistre.
Si un courtier veut conserver son client,
advenant un sinistre, il doit faire en sorte que le client
reçoive sa juste part de son indemnité. A partir du moment
où un employé de la compagnie, qui est payé par celle-ci
en termes de salaire, doit donner à Jos Public ou à
l'assuré sa quote-part de ce qui lui revient, plus il en mettra dans la
poche de son employeur, plus il sera considéré, plus il aura des
chances d'assumer d'autres responsabilités. Ce que je veux dire, c'est
que le courtier n'a plus cette objectivité au sein du règlement
du sinistre qu'il a à l'heure actuelle. Pour lui, la concurrence ne
s'effectue plus à ce niveau. C'est très important. C'est dans
cette optique que nous disons que, d'une façon ou de l'autre, il y a un
monopole, il y a un contrôle total de toute l'industrie.
M. LEGER: D'accord. Vous avez dit que le contrôle ou le monopole
provient du fait que vous semblez mettre toutes les compagnies dans un groupe
et que vous empêchez la compagnie de régler d'une façon
désinvolte ou plus ou moins intéressée le sort d'une
réglementation ou du financement ou des différentes étapes
qu'il vous faut passer pour s'assurer ou pour régler des sinistres, etc.
Mais le monopole, il y a quand même deux choses. Si on divise les
compagnies... Vous les mettez dans un bloc: les compagnies, nous autres, et la
population et on va empêcher que les compagnies jouent. Mais, si ce sont
les compagnies qui vendent de l'assurance, elles doivent nécessairement
donner et du service, ce qui fait la différence entre une compagnie et
une autre, et aussi des prix plus avantageux. Donc, dans le rapport Gauvin, il
est question d'une possibilité d'avoir des prix différents parce
que les compagnies ayant elles-mêmes leur propre calcul actuariel de leur
expérience le prix peut être différent. C'est-à-dire
qu'une compagnie qui aurait, durant un an ou deux, une meilleure
expérience parce qu'elle a eu des meilleurs risques pendant cette
année, pourrait avoir un meilleur prix puisque le taux sera
surveillé par le surintendant des assurances et doit correspondre
à la réalité. Il y a même un remboursement si cela
ne correspond pas à la réalité.
C'est donc dire qu'une autre compagnie qui aurait des risques moins bons
sera obligée d'exiger un peu plus cher. C'est donc dire qu'il peut y
avoir une certaine concurrence dans ce fonctionnement. C'est sous cet aspect
que je voulais que vous me parliez du monopole.
Les compagnies, étant obligés de déclarer le calcul
actuariel, le résultat des profits d'administration d'une façon
régulière auprès du surintendant, devront
nécessairement avoir des prix ou des tarifs différents,
contrairement à la situation actuelle où la plupart des
compagnies se servent à peu près, du même calcul actuariel
pour l'expérience de tout le Québec. Comment voyez-vous la
possibilité d'avoir des tarifs différents auprès de la
compagnie?
M. PARADIS: M. le Président, il va sans dire qu'en assurance la
qualité d'un produit ne se détermine pas à partir d'une
prime que vous payez. Ce que je veux dire par là, c'est que vous ne
voyez pas si une compagnie est bonne, si elle est solvable et si elle
respectera ses engagements parce que vous lui payez sa prime. Vous le voyez
beaucoup plus lorsque vous avez à réclamer votre
indemnité, vous le voyez dans l'administration que fait cette compagnie
des sommes d'argent que vous lui avez données, par l'émission des
avenants, etc. Cela, je pense que c'est une dimension extrêmement
importante.
S'il existe un contrôle gouvernemental au niveau du calcul de la
prime par les compagnies, je ne crois pas qu'à ce moment-là il
puisse exister de monopole ou de concertation au sein des compagnies. Par
contre et c'est ici une question que je lance est-ce que le
rapport Gauvin a étudié la possibilité d'avoir une
régie gouvernementale qui, elle, contrôlerait et superviserait les
coûts d'assurance des compagnies afin d'avoir un minimum et un maximum,
et de laisser aux assureurs et aux intermédiaires une concurrence au
niveau des services? Je m'explique: Bell Canada ou toutes les compagnies
d'aviation, à l'heure actuelle, qui ont des taux uniformes qui se font
concurrence au niveau des services. Je parlais des compagnies de finance, tout
à l'heure. Tous savent qu'elles sont contrôlées par une loi
fédérale qui s'appelle le Small Loans Act qui fixe leur
pourcentage; toutes les compagnies ont le même coût, ont le
même taux et la même charge. Elles concurrencent uniquement au
niveau des services.
On l'a dit et je pense que le rapport le démontre hors de tout
doute: il y a, au sein des compagnies qui écrivent directement, des
primes moins élevées que celles qui font affaires avec des
courtiers et ils n'en veulent pas. Ils viennent aux courtiers même si
ça coûte un peu plus cher. C'est pour vous dire, encore là,
que ce n'est pas au niveau de la prime que le public verra si une compagnie est
bonne mais beaucoup plus au niveau du service que lui rendra cette compagnie.
La question est à se poser, messieurs: Est-ce rentable de favoriser une
idéologie qui dit que le public doit payer $5 de moins au moment de la
souscription de sa police, avec la possibilité d'avoir $500, $1,000,
$2,000 de moins lors d'un règlement de sinistre? La philosophie est
toute là-dessus. Posons-nous la question: Est-ce que le public est
prêt à payer $5 de moins pour risquer d'avoir $500 ou $1,000 de
moins à l'autre bout?
M. LEGER: Dans le but de nous éclairer et pour qu'on puisse
relire la discussion plus tard dans le journal des Débats, ayant vu vos
réactions et celles de tous ceux qui sont directement concernés
par le rapport Gauvin, pour que nous puissions, par la suite, prendre position
concernant le projet de loi qui sera éventuellement
présenté, je vais vous poser quelques questions bien
précises sur le fonctionnement du courtier. Vous avez parlé,
tantôt, de
8 1/2 p.c. Quel est actuellement le pourcentage de la police qui revient
au courtier en tenant compte, disons donc en matière
d'assurance-automobile, de la ristourne que la compagnie vous donne, concernant
le profit de financement ou d'autres revenus possibles? Pouvez-vous me
détailler le pourcentage de la police qui revient au courtier? Mettons
une base de $100.
M. PARADIS: Jusqu'à présent je me
réfère au rapport, M. le Président nous avons
environ 13.7 p.c. ou 13.1 p.c. qui sont consacrés à la mise en
marché de l'assurance. Ceci était en 1971. Le comité a
pris des années pour faire son étude. A ce moment-là nous
avions, en moyenne, 12 1/2 p.c. de commission sur toutes les classes
d'assurance. C'était, si vous voulez, la situation d'ensemble. Il y
avait certains assureurs qui pouvaient aller peut-être au-delà de
12 1/2 p.c. mais la moyenne se situait à 12 1/2 p.c.
La différence était une portion de commission que l'on
appelait et que l'on appelle encore "commission contingente",
c'est-à-dire sur la portion de risque ou de prime que vous donnez aux
compagnies, la différence qui existe entre ce que la compagnie
reçoit et ce qu'elle donne à l'assuré fait en sorte que le
courtier peut recevoir une commission contingente. C'était, si vous
voulez, la différence entre 12.5 p.c. et un peu plus de 13 p.c.
M. LEGER: Mais actuellement? Vous me parlez de 1971, là.
M. PARADIS: Depuis 1972, oui.
M. LEGER: Actuellement, c'est quoi?
M. PARADIS: Nous avons eu une baisse dans certaines classes de jeunes
et ceci diffère avec les compagnies qui a fait que la
commission a baissé de 12.5 p.c. à 8.5 p.c. dans les classes de
jeunes, pour un fort groupe d'assureurs, de 25 ans et moins; ce qui baisse
notre moyenne de plus de 13 p.c. à je m'excuse, je ne l'ai pas
calculé.
M. LEGER: Vous n'avez pas, à ce jour, la moyenne de commission
qui vous revient ou la ristourne.
M. PARADIS: Présentement, je n'ai pas cette étude, M. le
Président.
M. LEGER: Parce que c'est assez important, devant la commission
parlementaire qui va statuer sur les 5 p.c. proposés par le rapport
Gauvin qu'on connaisse exactement votre moyenne de revenus.
M. PARADIS: Je crois que l'Association des courtiers aura certains
documents là-dessus. Par contre et je m'en voudrais
peut-être de citer certains chiffres qui paraissent au mémoire de
notre association il y a au sein de ce mémoire des annexes qui
donnent en millions, en piastres, la rémunération totale au
Québec, mais à partir de la commission de 13.8 p.c. Alors nous
n'avons pas ce pourcentage exact.
Maintenant, il s'agirait peut-être d'établir le pourcentage
de classes affectées par cette baisse de commission de 12.5 p.c.
à 8.5 p.c, ce qui représente 33 1/3 p.c. de baisse, pour
connaître la moyenne. Je ne me souviens pas de mémoire quel est le
pourcentage de classes qui sont affectées, on me dit à peu
près 20 p.c; c'est-à-dire 20 p.c. représenteraient la
moyenne des classes des jeunes qui ont été affectées par
une baisse de 12.5 p.c. à 8.5 p.c. Est-ce qu'elle peut, à ce
moment, être de l'ordre de 10 p.c. ou 11 p.c? Malheureusement, la
moyenne, je ne peux pas vous le dire.
M. LEGER: En matière d'assurance générale, quelles
sont les ristournes de la compagnie, les profits de financement, les ristournes
sur les primes annuelles, etc. que vous avez?
M. PARADIS: Vous parlez d'assurance générale?
M. LEGER: Assurance générale, parce que, comme courtiers,
vous vous occupez de l'assu-rance-automobile, sur laquelle vous allez
être affectés particulièrement. Vous avez parlé
tantôt d'une possibilité de disparition ou de diminution
importante de 50 p.c. à 80 p.c, selon que vous avez une vision
conservatrice ou inflationniste de la situation. Vous avez quand même la
possibilité de vendre beaucoup d'autres choses que juste de
l'assurance-automobile. Vous avez de l'assurance générale, vous
avez de l'assurance-vie, etc., il y a plusieurs choses que vous pouvez faire.
Alors quelles sont les commissions qui proviennent de l'assurance
générale, ristournes dans les compagnies, profits de financement
et aussi ristournes sur les primes annuelles?
M. PARADIS: Oui, M. le Président, au niveau des ristournes,
j'aimerais peut-être expliciter une information, je pense, au profit des
membres de la commission, ce qui pourrait les éclairer. Lorsqu'on parle
de ristourne, il va sans dire qu'on parle de commission. La commission est,
à l'heure actuelle, une base dont se servent les assureurs pour redonner
au courtier un pourcentage des affaires qu'il leur amène. De fait, ce
n'est pas une ristourne d'assureur, mais bien une rémunération
qui lui provient du public. A l'heure actuelle, c'est la situation.
En assurance générale, je le disais tout à l'heure,
et je me réfère au rapport et certains autres rapports qui ont
été publiés, c'est $450 millions environ pour
l'assurance-automobile; à peu près, grosso modo, la même
chose pour l'assurance générale. Lorsqu'on parle d'assurance
générale, on exclut l'assurance-vie et accident-maladie,
assurance-groupe, etc. Il existe,
au sein des autres lignes d'assurance générale, de
l'assurance contre l'incendie, de l'assurance-responsabilité, vol,
cautionnement, etc. Dans certaines lignes, vous avez des commissions qui
peuvent aller jusqu'à 25 p.c, dans d'autres domaines 20 p.c. et dans
d'autres domaines 15 p.c. Si nous faisons une moyenne, toujours selon les
statistiques qui ont été publiées, suite à des
enquêtes, un bureau de courtiers qui, avec le marché total,
pouvait s'assurer une commission moyenne de l'ordre de 17 p.c. était
je parle de 17 p.c. brut un bureau de courtage très bien
vu, la moyenne pouvant se situer peut-être beaucoup plus au niveau de 14
p.c. ou 15 p.c.
M. LEGER: Vous excluez l'assurance-automobile, c'est seulement
l'ensemble des autres assurances.
M. PARADIS: Non, globalement.
M. LEGER: Incluant l'assurance-automobile?
M. PARADIS: Globalement.
M. LEGER: Est-ce que je puis savoir le pourcentage que vous gagnez en
enlevant l'assurance-automobile? Vous allez voir pourquoi. C'est que je vais
vous demander tantôt quel est le pourcentage de vos affaires qui provient
de l'assurance-automobile et du reste, pour nous permettre d'évaluer
jusqu'à quel point vous pourriez être affectés dans votre
fonctionnement par l'adoption du rapport Gauvin.
M. PARADIS: Disons, globalement, comme je le mentionnais, $450 millions
en automobile, $450 millions en général, cela représente
environ 50 p.c. Maintenant, à l'heure actuelle, que de vieux cabinets de
courtage peuvent avoir une proportion en assurance générale plus
grande qu'en assurance automobile...
M. LEGER: Mais en moyenne?
M. PARADIS: C'est 50/50 minimum.
M. LEGER: 50/50?
M. PARADIS: Certainement. Mais dans les nouveaux, 60 et peut-être
70. Je sais que des chiffres sont à l'étude à l'heure
actuelle, on me dit qu'il y a des choses ici.
M. CHAPADOS: M. le Président, j'aimerais référer
l'honorable député de Lafontaine à une étude qui a
été faite. Je pense que lors de la comparution, en commission
parlementaire, de l'association, ce serait très bon de reposer cette
question-là, car des études ont été faites. Pour le
moment, je me contenterais d'affirmer, ce matin, qu'en ce qui a trait à
l'assurance-automobile, il resterait un profit net aux courtiers, sur chaque
dollar de prime versé, de l'ordre de $0.0125.
Maintenant, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, il y
aura lieu de questionner l'association lorsqu'elle comparaîtra devant la
commission parlementaire.
M. LEGER: 1.25 p.c. vous dites?
M. CHAPADOS: Non, non. Et je parle de profit net et non pas de profit
brut. Il y aurait lieu, nous sommes assez mal placés pour parler du
document en question, mais...
M. LEGER: Mais est-ce que vous pourriez me donner le portrait type d'un
portefeuille d'affaires du courtier? Vous parlez de 50 p.c. dans
l'assurance-automobile, 50 p.c. dans l'assurance générale. Vous
m'arrivez avec 17 p.c. brut; il est important de poser cette question pour nous
permettre d'évaluer l'impact sur le rôle du courtier et la
façon dont il peut être affecté par cette
décision.
M. PARADIS: M. le Président, l'honorable député de
Lafontaine comprendra encore une fois qu'il nous est extrêmement
difficile de présenter des chiffres peut-être aussi concrets que
nous aimerions les avoir.
M. LEGER: Au total, en moyenne.
M. PARADIS: C'est quand même assez difficile, parce que, comme je
vous l'ai dit tout à l'heure, nous n'avons eu aucun budget jusqu'ici,
dans la première année, pour faire une étude fort valable.
L'association, elle, a quelque chose en fonction de cela. Si je prends, vous
m'en excuserez messieurs, mon exemple personnel, qui est quand même un
bureau si vous regardez la couleur de mes cheveux qui n'a pas 50
ou 60 années d'existence, je peux avoir dans mon bureau quelque chose de
l'ordre de 65 p.c. à 70 p.c. pour l'automobile. Ce qui veut dire que si,
demain matin, cela disparaissait, je suis voué à me chercher un
travail auprès des assureurs. Il y en a déjà qui m'ont
même offert des "jobs".
M. LEGER: C'est donc dire que votre bureau serait affecté, mais
vous n'êtes pas selon la moyenne de toute l'association qui, elle, a une
moyenne de 50/50?
UNE VOIX: Mais, il ne comprend rien!
M. PARADIS: Je dis que le pourcentage actuel au niveau des primes
souscrites dans les deux lignes, sont de 50/50. La moyenne des bureaux, je ne
crois pas qu'elle soit de 50/50, si vous regardez l'âge des bureaux, je
ne le crois pas. Malheureusement, M. le Président...
M. BACON: Cela dépend des localités.
M. PARADIS: Egalement des localités. Vous avez des
localités où la mise en marché par les courtiers est
susceptible d'influer énormément sur ce pourcentage.
M. LEGER: Maintenant, est-ce que vous pourriez me dire...
M. GIASSON: M. Paradis, dans ce domaine-là, si vous permettez,
n'avez-vous pas l'impression que les bureaux de courtage qui écrivent
surtout de l'assurance générale autre que l'automobile sont les
très gros bureaux de courtage que nous retrouvons dans les grandes
villes et que, généralement, dans les bureaux de courtage qu'on
retrouve dans le milieu rural ou dans de petites villes, le pourcentage de
prime-automobile dépasse de beaucoup les autres domaines d'assurance
générale?
UNE VOIX: Oui, monsieur.
M. GIASSON: Et c'est facile à mon sens...
M. LEGER: Je remercie l'ombudsman des courtiers.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: Maintenant, est-ce que vous pourriez me dire quel est le
pourcentage du temps qu'un courtier doit consacrer à
l'assurance-automobile, dans sa vente, marketing, règlement des
sinistres? Puisque, pour nous éclairer sur le sens de ma question, selon
le rapport Gauvin, on vous enlève beaucoup de responsabilités, de
tracas et de difficultés, et que les 5 p.c. conviendraient,
d'après lui, pourraient être suffisants, puisque vous auriez moins
de travail.
Actuellement, le travail que vous avez à faire, sans parler que
telle sorte d'assurance peut vous rapporter beaucoup en travaillant moins et
une autre vous rapporter peu et vous demander beaucoup de temps et de travail,
pourriez-vous me dire, en gros, quel est le pourcentage du temps d'un courtier
qui est consacré à l'assurance-automobile, soit pour la vente,
soit pour le marketing, soit pour le règlement des sinistres?
M. PARADIS: M. le Président, encore une fois, je pense que cette
question, si elle était posée aux dirigeants de notre
association, on pourrait vous donner des chiffres plus exacts. Je crois ne pas
me tromper en disant que le pourcentage du temps consacré à
l'assurance-automobile, à partir du moment où elle est mise en
marché jusqu'au règlement du sinistre, atteint 65 p.c.
facilement, au minimum.
M. LEGER: II y a un autre aspect, aussi, de votre travail. Quel est le
coût moyen de la couverture intérimaire qu'offre le courtier
à son client, entre la demande verbale et l'émission de la police
par la compagnie? Vous êtes obligés, quand même, de
protéger votre client qui vous appelle et vous dit: Protège mon
auto. Avant que vous n'ayez obtenu la police de la compagnie, qui engage
directement la compagnie vis-à-vis de l'assuré, vous donnez quand
même une couverture qui est importante, je pense. C'est un aspect qu'on
oublie souvent dans le rôle du courtier, celui de couvrir l'assuré
pendant que la police n'est pas encore émise.
Dans l'assurance-vie, la situation est que, lorsqu'un agent assure une
personne, il y a un petit coupon de reçu et il est protégé
pour autant que la compagnie aurait accepté le risque. Maintenant, vous
autres, vous donnez une couverture automatique à quelqu'un parce que
vous vous engagez à le protéger et à lui trouver une bonne
compagnie qui le protégera quand la police va être émise.
Mais entre les deux, vous avez quand même un coût, ce que cela vous
coûte pour ça. Y a-t-il un pourcentage moyen de coût pour le
courtier?
M. PARADIS: Ce que cela coûte pour donner cette note de
couverture?
M. LEGER: Oui.
M. PARADIS: Encore là, c'est très difficile de risquer des
chiffres. Je sais qu'à ce jour les assureurs fournissent, avec leurs
formules de demande d'assurance-automobile, au bas, un certificat rose qui est
marqué, en biais, "temporaire", que nous remettons au nouvel
assuré jusqu'à ce que le certificat permanent soit
délivré.
Le coût que cela représente pour le remplir et le donner,
malheureusement je n'ai pas de statistiques là-dessus.
M. LEGER: Ce n'est pas cela que je vous demande. Il n'y a pas seulement
le financement, il y a le fait que, s'il arrive un sinistre, un accident
d'automobile... Disons que moi, je vous appelle et je vous demande de me
couvrir. La journée même, j'ai un accident. Vous n'avez même
pas eu le temps d'appeler la compagnie pour lui dire qu'il y a une police qui
doit être émise et il y a un accident. La personne est couverte
par vous à ce moment. Alors, cela vous coûte quelque chose.
Avez-vous une assurance quelconque qui protège cela?
M. PARADIS: C'est compris dans la police, c'est compris dans le
pourcentage ou dans la prime que le client paie. Lorsqu'il convient avec nous,
lors d'une proposition d'assurance, de payer une prime de $200, cela implique
qu'on le couvre à partir de la date où il nous le demande et
qu'on convient avec lui qu'à partir de telle date il est couvert. Il n'y
a pas de coût additionnel à cela, aucun coût
additionnel.
M. LEGER: Oui mais vous, vous êtes couvert
comment? Vous n'avez pas encore rejoint la compagnie.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! Je demanderais un peu de silence,
s'il vous plaît, dans la salle, parce qu'on ne s'entend plus.
M. LEGER: Alors c'est la police elle-même, quand elle sera
émise, qui paie cela. Cela ne vous coûte pas de frais
supplémentaires, à vous, pour le protéger.
M. PARADIS: Non. Nous avons, au sein de nos contrats, un pouvoir de
lier. Je demanderais peut-être ici à François Chapados
d'expliciter parce que ce sont des points juridiques les pouvoirs
de lier qui, de fait, ne coûtent rien au courtier. M. Chapados.
M. CHAPADOS: Lorsque, tout à l'heure, M. le Président
et je réponds à la question que vient de poser l'honorable
député de Lafontaine j'ai parlé, j'ai
résumé brièvement l'intervention que j'ai faite en disant
ceci: Le courtier est prêt à assumer un rôle, il est
prêt à rendre service au public, mais, de grâce, il faut
quand même faire en sorte qu'il ait les pouvoirs et les
prérogatives de ce faire.
Suite à ce que vient de dire M. Paradis et suite à la
question qu'a posée le député de Lafontaine, il
découle deux choses. Premièrement, sur le plan économique,
le coût que cela peut représenter, c'est compris à
même le pourcentage, le taux qui revient au courtier.
Deuxièmement, ce sur quoi je voudrais insister, c'est sur le point
suivant... Si le courtier veut être en mesure de rendre ce service au
public, il doit avoir les pouvoirs de le faire. Il a actuellement, en vertu de
son statut actuel, un mandat de conclusion de la part de l'assureur. Il peut
engager l'assureur. Si on dénature ce rôle, si on le
décortique sans penser à ce qui va s'ensuivre, il arrivera ceci
et je le disais tout à l'heure le courtier va être
là, théoriquement, pour rendre une foule de services.
Mais, en pratique, pour le bonhomme qui se présentera chez lui et
qui dira: Ecoute, je viens de m'acheter une automobile, j'aurais besoin d'une
couverture immédiate, peux-tu m'arran-ger ça, le courtier ne
pourra rien faire. Somme toute, si on regarde à là fin de
l'opération ce qui va se passer, c'est que, d'une part, le courtier ne
pourra pas agir, cela saute aux yeux; deuxièmement, c'est quand
même également la population à ce moment-là, en
dernier ressort, qui va être pénalisée. Je retiens de cette
question du député de Lafontaine je pense que c'est
l'aspect le plus important qu'à compter du moment où le
courtier peut lier, par la même occasion, il peut rendre service à
sa clientèle. C'est l'ensemble de ces prérogatives qui fait qu'il
est un intermédiaire essentiel.
M. LEGER: Autrement dit, ma question vous a aidé un peu
là.
M. CHAPADOS: C'était une très belle question, M. le
Président, et je félicite le député de
Lafontaine.
M. PARADIS: Si vous me le permettez, M. le Président, en page
151, on répond à une question qu'a posée tout à
l'heure le député de Lafontaine sur le rapport
assurance-automobile/ assurances générales et on le fixe à
54 p.c. Egalement, au niveau de l'émission du certificat temporaire,
advenant le cas où il y aurait un problème qu'on l'ait
oublié ou qu'on ne l'ait pas fait et que le public ne soit pas
assuré, il existe au sein de la profession une police que nous appelons
responsabilité professionnelle, erreurs et omissions.
M. LEGER: Maintenant, si c'était un régime de base
étatique avec la possibilité de fonctionnement par l'entremise de
compagnies privées, est-ce que votre rôle pourrait être
encore aussi important, utile? Auriez-vous des revenus suffisants ou si vous
verriez dangereusement une diminution de vos revenus comme courtiers?
M. PARADIS: M. le Président, je comprends mal. Vous dites si
c'était confié à l'entreprise privée?
M. LEGER: Supposons ce que disait hier le député de
Montmagny-L'Islet que vous auriez un régime d'Etat pour
l'assurance de base et qu'il y ait aussi un régime privé pour le
supplément ou pour l'assurance supplémentaire dont beaucoup de
citoyens auraient besoin, un peu comme dans l'assurance-maladie où
l'Etat couvre les citoyens. Mais, comme ça ne couvre pas toutes les
dépenses, la plupart des gens désirent avoir une police
supplémentaire pour le coût de la chambre, ainsi que
différents autres aspects qui ne sont pas couverts par l'assurance
d'Etat. Dans ce cas-là, le courtier pourrait continuer à agir
comme le représentant vis-à-vis de l'assurance d'Etat et de
l'assurance privée et aussi continuer à fonctionner dans les
autres aspects de l'assurance générale que vous avez
mentionnés tantôt. Si une décision était prise dans
ce sens-là, comment seriez-vous affectés? Est-ce que ça
vous dérangerait? Est-ce que vous pourriez fonctionner encore? Est-ce
que ça diminuerait vos possibilités ou quoi?
M. PARADIS: M. le Président, tout dépendrait, à ce
moment-là, de la rémunération qu'on aurait. Tout est
conditionné sur...
M. LEGER: Sur les 5 p.c. qui sont mentionnés.
M. PARADIS: Sur 5 p.c, certainement pas. C'est impossible. Avec 5 p.c,
selon des études qui ont été faites, on ne peut
pratiquement pas faire, tout simplement, le premier travail de base, soit
écrire la proposition et faire en sorte qu'une police soit
émise.
M. LEGER: Vous avez remarqué, quand même, qu'il y aurait
beaucoup moins de responsabilités, de temps à perdre et de
travail, puisque dans le rapport Gauvin on vous enlève beaucoup de
responsabilités qui vous coûtent quelque chose actuellement. De
toute façon, c'est votre réponse. Vous avez calculé que 5
p.c, ce n'est pas assez.
M. PARADIS: Théoriquement, M. le Président, vous avez
raison. En pratique, c'est une autre vision et une autre dimension parce que le
public ne se contentera pas uniquement de ce qu'il a, avec 86 p.c. de
réponse, il continuera à faire appel aux courtiers et on ne
pourra plus lui donner le même service.
M. LEGER: Une dernière question là-dessus. Les
difficultés majeures que vous avez avec les compagnies actuellement,
est-ce que vous pourriez les expliciter et m'expliquer aussi, par la même
occasion, le fait qu'actuellement, même avec vous comme
intermédiaires, il y a, selon le rapport Gauvin, un quasi-monopole entre
les compagnies? Autrement dit, ce n'est pas parce que vous ne seriez plus
là que... Vous avez dit tantôt que si on vous faisait jouer un
rôle diminué dans l'assurance au Québec, ça
amènerait un monopole privé. Actuellement, le rapport dit qu'il y
a déjà un monopole privé des compagnies d'assurance ou un
quasi-monopole à 95 p.c. Donc, votre présence n'a quand
même pas enlevé ce monopole.
Actuellement, dans vos relations avec les compagnies, quelles sont les
difficultés majeures que vous avez avec elles comme intermédiaire
et comme conseiller entre l'assuré et l'assureur?
M. PARADIS: Lorsque vous parlez de difficultés, vous ne parlez
pas, M. le Président, j'imagine, de difficultés de
négociation de la fédération, vous parlez d'un courtier
face à une compagnie?
M. LEGER: C'est ça.
M. PARADIS: A ce jour, les primes d'assurance sont fixées par les
assureurs et notre travail se limite à vendre le produit qu'on nous
demande de faire. Un mémoire, qui a été
préparé par M. Parizeau, démontre les différences
de primes entre cinq assureurs: le premier est à $280 et le
deuxième à $258.
M. CHAPADOS: M. le Président, j'aimerais, en réponse
à la question de l'honorable député de Lafontaine,
souligner que le rapport Gauvin débouche sur deux avenues; d'une part,
le monopole d'Etat et, à ce moment-là c'est vraiment un
monopole et ce que demande la Fédération des courtiers
c'est que, somme toute, le courtier puisse continuer, dans ce cas-là
comme actuellement, à agir comme intermédiaire auprès de
la population. Je pourrais épiloguer là-dessus, je ne le fais
pas. L'autre voie, c'est de dire: Bien, écoutez, nous suggérons
que des contrôles plus ou moins grands soient exercés, et nou
suggérons en même temps que le "direct writing" soit
généralisé.
Alors, je pense qu'on doit savoir sur quoi on débouche. On
débouche, on l'a déjà souligné, sur l'exclusion
à ce moment-là du courtier, d'une part. Mais, d'autre part, si
j'étais un homme d'affaires et si j'étais un assureur je
ne voudrais pas parler en leur nom, je pense qu'ils vont se faire un plaisir de
me corriger je ne serais pas fâché quand même de voir
soit un gouvernement, soit des commissaires, un rapport, suggérer des
mesures qui vont faire en sorte que, sous couverture de progrès et
d'amélioration sociale, je puisse enfin contrôler l'ensemble de
mon industrie, ce que je ne fais pas actuellement. Parce que dans 86 p.c. des
cas, je suis obligé, en tant qu'assureur, de passer par les courtiers.
Donc, la mise en marché m'échappe... Et dans ce sens, à
compter du moment où des décisions gouvernementales sont
arrêtées, imposant ni plus ni moins un "direct writing" si je suis
un assureur, j'en suis enchanté parce qu'encore une fois, sous
couverture de mesures sociales, c'est une décision qui me permet de
contrôler absolument toute mon industrie à partir des
études actuarielles que je peux faire, et établir mes taux pour
arriver finalement à la mise en marché. Et je dis qu'à ce
moment-là la situation de monopole va être pire que la
concertation dont fait état le rapport Gauvin à certains
passages.
M. LEGER: II faut quand même admettre qu'actuellement vous
êtes un peu comme un grossiste qui a tous les produits à vendre
sans avoir à les payer et à les avoir en stock. Vous avez toutes
les possibilités de toutes les compagnies, et vous êtes
l'intermédiaire proche de la population pour vendre tous les produits
sans avoir à payer pour les avoir dans votre entrepôt. Le "cash
and carry", oui. Mais actuellement, la situation qui existe en Saskatchewan,
comme le dit le rapport Gauvin, c'est que les courtiers ont continué
à fonctionner quand même, il y en a eu un petit peu moins,
ç'a baissé un peu, mais les gens ont fait plus d'argent... Et
vous autres, vous concluez que vous feriez moins d'argent. C'est votre
conclusion?
M. PARADIS: On peut arriver, M. le Président, suivant
l'expérience du Manitoba, à la conclusion suivante: c'est que tel
que l'a mentionné l'honorable ministre des Institutions
financières tout à l'heure, on constate qu'actuellement les
très gros bureaux de courtiers à cet endroit continuent à
fonctionner alors que, d'autre part, s'il s'agit de plus petits courtiers,
etc., ces gens-là font face à certaines difficultés.
Encore une fois, on l'a dit depuis le début, la FCAQ est un
organisme jeune, les fonds ne sont pas illimités pour faire des
recherches. Mais on peut quand même en arriver au constat suivant : Avec
qui la population fait-elle affaires? Bref,
l'ouvrier, le travailleur, l'homme ordinaire, l'engagé qui
travaille dans un bureau, est-ce qu'il va faire affaires avec un bureau monstre
ou s'il fait affaires avec son courtier de quartier, le bonhomme qu'il
connaît?
Somme toute, si on se réfère à l'expérience
qui a été faire au Manitoba, on peut en arriver à la
conclusion suivante: La population en général fait affaires avec
le courtier qu'elle connaît, qui est dans son entourage, qui vit dans sa
municipalité, dans son milieu immédiat. Ce courtier étant
pénalisé et écarté du marché, parce qu'il ne
peut plus arriver, il se fait que la partie pénalisée de la
population c'est précisément le monde ordinaire, pour parler
comme Yvon Deschamps; c'est le monde ordinaire qui est pénalisé.
A ce moment-là, toutes les autres parties intéressées
pourront toujours recourir aux gros bureaux ou recourir aux entreprises de
courtage plus grosses, que ce soit de "mass merchandising" ou de "group
merchandising", ou qu'il s'agisse même à un moment donné de
syndicats qui désirent négocier avec la compagnie tel type de
contrat d'assurances.
Alors ces gens vont toujours passer par les mêmes
intermédiaires. Mais le courtier moyen et le petit courtier faisant
affaires avec la population et ces courtiers ne pouvant demeurer dans le
marché à cause des restrictions qu'on impose, on arrive à
un fait brutal, c'est que c'est la population, le monde ordinaire qui se trouve
à un moment donné coupé de son intermédiaire et
face à un grand consortium, peu importe lequel il soit.
M. PARADIS: J'aimerais ajouter également, M. le Président,
si vous me le permettez, que, dans votre comparaison de grossiste "cash and
carry", celui-ci n'a pas à donner un service, il donne un produit, ce
qui est extrêmement différent de notre profession. Nous avons
à assumer et à assurer, après vente, un service et ceci
durant un an. Nous sommes peut-être le seul intermédiaire qui
jusqu'ici doit se contenter d'une seule rémunération, lors de
l'émission de la police, pour assumer tous les services qui en
découlent, que notre assuré ait un, deux, trois, quatre
accidents, qu'il déménage trois fois, qu'il change d'automobile
cinq fois.
Alors c'est beaucoup plus qu'un "cash and carry", ce sont beaucoup plus
des services que nous avons à rendre après vente.
M. LEGER: D'accord. Maintenant je vais simplement en terminant vous
demander comment vous situez la rémunération du courtier à
5 p.c. qui s'en vient vis-à-vis ses responsabilités
comparativement aux autres intermédiaires d'autres régies
gouvernementales?
M. PARADIS: M. le Président, j'ai parlé tout à
l'heure des intermédiaires au niveau de Loto-Québec. On peut
également, peut-être avant d'aller au niveau des...
M. LEGER: Je veux quand même dire que tantôt vous avez
affirmé je ne sais si c'est M. Chapados ou si c'est vous qui avez
affirmé ça que Loto-Québec donnait 15.8 p.c. Il
faut dire que les gens ne sont pas obligés de l'acheter,
Loto-Québec, tandis que l'assurance, ils vont être obligés
de l'acheter; il y a une grosse nuance là. Tout le monde, d'après
le rapport Gauvin, devra avoir de l'assurance.
M. PARADIS: Cela implique quand même que le courtier a des
responsabilités à prendre chose que les vendeurs de
Loto-Québec n'ont pas à assumer vis-à-vis de la
société. Au niveau des autres régies gouvernementales,
prenons le cas par exemple de l'assurance-récolte, qui est
peut-être, comparativement à l'industrie actuelle, le point le
plus similaire, parce que c'est une régie qui, elle, est
étatique.
Si nous prenons les derniers bilans au 31 décembre 1972 qui ont
été rendus publics, les revenus et je cite ici, si vous
permettez, M. le Président, le rapport du Vérificateur
général la cotisation des assurés est de $704,790,
ce à quoi contribue le gouvernement provincial pour le même
montant. A l'article des dépenses d'administration, nous notons à
honoraires et commissions alors ça influe sur la part de
cotisation perçue des assurés $402,322 sur $704,790. Je
cite le rapport du vérificateur, ce qui représente selon nous,
à moins que les honoraires soient autre chose, un pourcentage de 57
p.c.
Dans le même rapport également, on note que sur $1,409,000
de perçus on doit payer $1,752,000 en administration.
M. LEGER: Oui, mais je pense que comme toute comparaison, comme la
mienne, ça peut être boiteux, mais ça nous donne une
échelle.
M. PARADIS: M. le Président, vous m'avez posé une question
au niveau des régies gouvernementales; je pense qu'à ce jour
c'est peut-être les seuls outils que nous avons au niveau de
Loto-Québec et peut-être de la Régie de
l'assurance-récolte.
M. LEGER: L'assurance-maladie s'administre quand même, beaucoup
mieux que cela. Comme exemple, celui-là est un peu meilleur parce que je
pense que, pour 6 millions de personnes qui l'utilisent, le coût est aux
environs de 6 p.c. Mais je voulais vous demander comment vous vous situez comme
intermédiaires là-dedans.
De toute façon, je vous remercie de votre exposé et je
pense que vous défendez très bien les intérêts du
groupe que vous représentez. En voyant la quantité de gens
présents, on voit que vous êtes déterminés à
voir à ce que vos intérêts soient protégés et
c'est votre droit.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: A mon tour, je voudrais remercier
et féliciter la Fédération des courtiers
d'assurance du Québec pour le mémoire qu'elle a
présenté à la commission parlementaire, ainsi que pour son
contenu.
Je voudrais également remercier M. Paradis et Me Chapados qui,
depuis le début, répondent objectivement à nos questions.
Ils le font de façon un peu différente de celle dont on nous a
répondu hier. Je tiens à le souligner. Je pense que c'est quand
même important que cela se dise.
On se rappellera que le rapport du comité Gauvin oriente tous ses
travaux, a orienté toute sa philosophie, si vous voulez, pour en venir
à réduire les frais d'administration par rapport au pourcentage
de prime payé, comme en fait foi le rapport, à la page 220, au
tableau 2: "Répartition des frais d'administration en pourcentage du
dollar-prime. On y donne les détails et on fait une comparaison de
pourcentages entre la Saskatchewan, le Manitoba et la province de
Québec. Il y a évidemment le premier article, une taxe de 2 p.c,
mise en marché, 13.8p.c. On a dit tout à l'heure que la
commission des courtiers se situerait aux environs en moyenne de
12.5 p.c., si ma mémoire est bonne, sur les 13.8 p.c.
M. PARADIS: C'est cela.
M. ROY: On parle de la réduire à 5 p.c, ce qui fait une
différence de 8 p.c. parce que le total des frais d'administration en
pourcentage du dollar est de 36.6 p.c. pour le Québec et de 19.4 p.c.
pour le Manitoba, alors que c'est 17.9p.c. pour la Saskatchewan. Les
conclusions du comité Gauvin et les recommandations qui sont faites sont
à l'effet que le Québec réduise tous ces frais à 20
p.c. par rapport au dollar prime, de façon à pouvoir donner plus
aux bénéficiaires, à ceux qui ont à recevoir des
compensations ou encore pour arriver à une diminution des frais
d'administration, ce qui permettrait une réduction de prime.
Mais l'article le plus important, le plus gros montant qui est
concerné, il est évident que ce sont les courtiers. On parle de
la diminution de la commission des courtiers.
Je voudrais revenir à ce sujet justement. La recommandation no 56
du rapport dit: "Que le financement des primes d'assurance-automobile ne puisse
plus être effectué par les courtiers ou les assureurs"
J'aimerais qu'on me dise, parce que je pense que cela serait important
pour les membres de la commission que nous le sachions, ce que cela peut
représenter pour les courtiers, les frais de financement ou les frais
d'administration pour le financement des primes.
Est-ce que vous avez des chiffres, des données à l'heure
actuelle qui vous permettraient de nous dire quel est le pourcentage des primes
d'assurance dans l'assurance-automobile qui sont payées comptant?
M. PARADIS: Je pense que le rapport l'indique. Malheureusement, je ne
sais pas par coeur la page. On me dit 25 p.c. On dit également dans le
rapport que le financement des primes est majoritairement pris dans
l'administration même du courtier ou dans la commission même du
courtier. Il fait le financement et c'est à même sa commission.
Pour certains bureaux de courtage, leur rapport ne traite pas du pourcentage
qui peut être demandé par les courtiers pour financer les
primes.
Habituellement, le financement des primes est effectué par
quelques compagnies de financement au Québec, spécialisées
dans les primes d'assurance. Le pourcentage peut peut-être se comparer
avec les taux bancaires. Malheureusement, je n'ai pas de chiffre
établissant ce que cela représente.
Pour le courtier lui-même, les revenus qu'il touche sont quand
même minimes, je pense.
M. ROY: Qu'est-ce que l'administration du budget global d'un courtier,
ce service de financement de prime, représente en pourcentage? Est-ce
que vous pourriez nous donner des chiffres? Parce qu'en somme, si, après
le rapport du comité, Gauvin, le gouvernement en venait à adopter
une loi qui ferait en sprte que toutes les primes d'assurance devraient
être payées comptant, il est évident que les courtiers
n'auraient plus à assumer des frais d'administration et des frais de
perception de prime. Je voudrais savoir ce que cela peut représenter, en
moyenne, dans le budget global.
M. PARADIS: Oui. Dans cette optique, je pense que le financement de la
prime par le bureau de courtage est beaucoup plus un service qu'on donne
à la clientèle pour assumer la possibilité de payer sa
prime qu'un moyen de se financer. Malheureusement, nous n'avons pas de chiffres
exacts sur ce que ça peut rapporter, mais je pense que c'est une
facilité que donne le courtier à son public. Cela fait encore un
autre outil de concurrence parce qu'il y a des courtiers qui, eux, peuvent
financer et charger; d'autres disent, pour avoir la clientèle: Je vais
assumer ton financement sur une période de deux, trois, quatre, cinq,
voire six ou sept mois sans frais.
M. ROY: Mais c'est un service. M. TETLEY: Pardon, un instant. M. ROY:
Oui.
M. TETLEY: Permettez-moi. Je crois que vous avez le droit, auprès
des compagnies, de garder l'argent 90 jours.
DES VOIX: Non, non, non. M. PARADIS: Non, 60 jours.
M. TETLEY: Pardon, 60, disons, dans certains cas.
M. PARADIS: Et certaines, 45 jours.
M. TETLEY: D'autres compagnies m'ont dit 90 jours, mais disons 60 ou 45
ou la période en question. Vous dites c'est une explication que
je donne que c'est plutôt un service parce que vous avez un
certain argent pour une certaine période de temps, d'autres gens vous
paient tant par mois toute l'année.
M. PARADIS: Oui.
M. TETLEY: Donc, ce que vous perdez par-ci vous le gagnez par là.
Vous avez les coûts de service, je présume; c'est un service qui
doit vous coûter quelque chose: les secrétaires, les
sténographes, la papeterie et, parfois, des appels
téléphoniques.
M. PARADIS: Et le reste. Comme vous le dites, si vous le permettez,
c'est beaucoup plus un service. Maintenant, lorsqu'on parle de 60 jours,
certaines compagnies s'orientent maintenant vers 45, d'autres à 30
jours. C'est pour donner, naturellement, la possibilité aux courtiers de
percevoir cette prime lorsque nous avons un renouvellement, par exemple, qui
est remis à l'assuré et que l'assuré ne peut payer
immédiatement. Ce ne sont pas tous les assurés, on l'a dit,
à peu près 25 p.c. paient comptant ou prennent 30, 45, voire 60
jours, d'autres 90 jours, et il y a même des courtiers qui, eux, sont
plus libéraux et peuvent aller à 120 jours et même six mois
avant de percevoir leur prime. C'est pour permettre à ceux-là de
payer leur dû vis-à-vis des assureurs.
M. ROY: En somme, si on obligeait les courtiers à percevoir la
prime d'assurance au comptant, qu'est-ce que ça pourrait
représenter de diminution de frais? Est-ce que les courtiers pourraient,
à ce moment-là, accepter une diminution de la commission? Ce dont
je parlais tantôt, c'était surtout du coût que ça
peut représenter au niveau de l'administration des bureaux de
courtiers.
M. PARADIS: Oui.
M. ROY: Est-ce que les courtiers pourraient, à ce
moment-là, accepter une perte de revenu net, une diminution de
commission si c'était obligatoire de percevoir au comptant les
primes?
M. PARADIS: Théoriquement, je pense que c'est une chose qui peut
sembler potable mais, pratiquement, ça ne l'est pas. Première
dimension, le courtier devra faire en sorte que le public le paie comptant; il
faudra l'expliquer, il faudra le demander. Dans quelle mesure ce sera possible,
dans un premier temps? Il faudra avoir des contrôles plus
sévères, ça demandera de l'administration plus
sévère pour avoir un paiement comptant sinon, si nous n'avons pas
le paiement comptant, avec quelle possibilité émettre la police?
Quelle possibilité aura à ce moment-là le public de se
sentir assuré et d'être assuré?
Dans un deuxième temps, le public qui devra, lui, payer comptant
devra prendre cet argent-là quelque part et il devra en payer le
coût. S'il faut que ce soit fait rapidement, probablement qu'il se
jettera dans les mains du premier venu. Les mains du premier venu, vous savez
ce que ça veut dire; il y a des compagnies qui se spécialisent
pour vous délivrer de l'argent en quinze ou vingt minutes mais à
un coût exorbitant.
M. ROY: Est-ce que vous êtes d'accord avec la recommandation "que
ne puisse plus être effectué par les courtiers d'assurance le
financement des primes et que les primes soient payées au comptant"?
Selon l'expérience que vous avez auprès de la population et
à la suite des services que les courtiers ont pu leur rendre dans le
passé, est-ce que vous croyez qu'il est avantageux et que c'est dans
l'intérêt des assurés, dans l'intérêt de la
population d'exiger que les primes, à l'avenir, soient payées au
comptant?
M. PARADIS: Sûrement pas, M. le Président, nous ne sommes
pas d'accord, parce que nous croyons que c'est un service que nous donnons
à notre clientèle, un service qu'il prend dans 75 p.c. des cas.
Tenons pour acquis que ce même public aura à aller chez certaines
compagnies de financement. Je mentionnais, tout à l'heure, les
possibilités qu'ont ces compagnies de financement, et les coûts
qu'elles chargent. Je tiens pour acquis que le monsieur qui a une prime de $350
à payer, la caisse populaire ne veut pas les lui avancer, les banques ne
veulent pas et il va à une compagnie de financement.
La compagnie de financement, parce que les caisses et les banques ne
veulent probablement pas le prendre, lui demandera des agranties. La
première garantie qu'elle demande: Est-ce qu'on peut prendre votre
ameublement? Le gars, ça lui prend $350, il le donne. Alors,
automatiquement, étant donné qu'on prend une garantie sur votre
ameublement, on devra prendre une assurance-incendie pour couvrir notre
garantie. Vu que vous-même vous êtes celui qui paie ce que vous
nous devez, on doit prendre une garantie sur votre vie. Or, on vend une
assurance-vie. Egalement, si vous ne pouvez pas nous repayer le montant que
vous nous devez, au cas d'accident ou de maladie, on doit vous vendre une
assurance-invalidité. Alors, on vend une assurance-salaire, etc., etc.,
etc. Je ne parle pas de l'assurance-collision, à ce moment, parce qu'on
dit: Est-ce que ton automobile est complètement payée? Oui, c'est
le cas. Alors,
on va prendre une garantie également sur ton automobile, mais
pour ce faire il faut que tu l'assures. Or, nous nous avons une
assurance-collision. Alors là on prend une assurance-collision qui
coûte $75, mais parce que possiblement ils vont aller à
l'échéance possible de leur contrat, soit 36 mois, on financera
les mêmes $100 sur 36 mois. La deuxième année, on
réglera le problème, on te refinancera pour encore 24 mois. Et la
première prime à $100 sera rendue, au bout de 36 mois, à
$200, à part les autres frais de financement qui seront
chargés.
M. ROY: Je pense que ce point mérite certainement qu'on y porte
une attention particulière. Déjà au niveau de la
protection du consommateur, je pense et le ministre est très au
courant nous avons eu certains travaux, certaines recommandations
à faire, par le fait que, justement, il y a trop d'abus de ce
côté.
En somme, vous soutenez, et c'est l'opinion de votre association, que le
consommateur, l'assuré souffrirait un préjudice très
sérieux du fait qu'on l'obligerait à payer ses primes au
comptant. Il aurait des frais additionnels à débourser qui ne
figureraient pas dans les rapports des compagnies d'assurance, mais que
l'assuré devrait payer directement; indirectement, ils ne sont pas
inclus dans le rapport.
Une autre question, M. le Président, si on me le permet. On parle
énormément du fait que les assurés, à l'avenir,
devraient, selon les recommandations de la commission Gauvin, transiger
directement, ou on devrait leur offrir la possibilité de transiger
directement avec la compagnie d'assurance. Autrement dit, les compagnies
d'assurance seraient tenues d'organiser un service de vente au comptoir.
J'aimerais toucher un peu ce problème, parce que, chez les courtiers,
j'imagine que vous avez des clients qui vont directement au bureau, ce qui
nécessite moins de frais pour les courtiers. Par contre, il y en a
d'autres que le courtier se rend visiter pour leur rappeler le renouvellement
de leur prime. C'est mon cas et j'imagine que c'est le cas de bien d'autres
personnes; on oublie toujours la date, puis si on n'avait pas un courtier pour
nous le rappeler, je pense que nos assurances deviendraient échues un
moment donné.
Quel est le pourcentage de personnes qui se rendent directement dans les
bureaux des courtiers lorsque la prime devient échue, lorsqu'il s'agit
d'un renouvellement ou d'un changement, qui se rendent directement dans les
bureaux, ce qui évite au courtier l'obligation d'aller les rencontrer,
de communiquer avec elles, de leur téléphoner, etc.?
M. PARADIS: Oui. J'aimerais répondre, M. le Président,
à votre première question, et revenir pour ajouter au niveau du
financement un détail extrêmement important. Cela dépend de
la situation géographique où se situe le courtier. Un courtier,
par exemple, en région métropolitaine ou en milieu urbain, c'est
beaucoup plus facile pour un assuré de le visiter, ou le courtier de
visiter son assuré. En milieu rural, naturellement, où les
distances sont très grandes, c'est beaucoup plus difficile. Nous n'avons
pas de chiffre précis là-dessus, malheureusement.
Honnêtement, je ne peux pas vous en donner.
Pour revenir, si vous permettez, très rapidement, M. le
Président, au niveau du financement de la prime, le rapport cite, en
page 360, que 50 p.c. des primes perçues en assurance-automobile sont
financées. C'est un autre service que nous donnons. Je pense que, si le
rapport était adopté ou les recommandations, le financement de la
prime ne sera pas possible. Le client qui achète une automobile, le
vendredi soir ou le samedi, qui vous appelle pour l'assurer et que toutes les
institutions sont fermées, les bureaux sont fermés, comment
pourra-t-il se procurer l'argent? Il devra attendre au lundi ou au mardi avant
de s'assurer, afin d'avoir cet argent.
M. ROY: Maintenant, j'aimerais avoir votre opinion, l'opinion de votre
association concernant la recommandation numéro 40. Que les compagnies
d'assurance soient tenues, par la loi, d'accepter toutes les demandes
d'assurance. C'est une question qui a été discutée hier
également, mais j'aimerais connaître le point de vue des courtiers
à ce sujet-là, parce que nous savons tous qu'à un moment
donné il y a des personnes que l'on refuse de couvrir, parce que les
risques sont trop grands. On considère que ces personnes sont, soit dans
l'impossibilité de payer la prime à moyen terme, d'un
côté, et d'un autre côté, ce sont des personnes qui
représentent trop de risques pour les compagnies.
Maintenant, est-ce que cette recommandation numéro 40, que toutes
les demandes d'assurance soient acceptées, est-ce que c'est une
recommandation que vous appuyez?
M. PARADIS: Certainement, M. le Président et d'ailleurs, c'est le
cas présentement. Théoriquement, les assureurs doivent accepter.
Nous avons des preuves encore, surtout depuis la fameuse baisse des commissions
unilatérales, où nous avons voulu négocier. Nous avons des
documents écrits qui disent que les assureurs n'accepteront pas nos
demandes, à moins de se plier à leurs exigences. Dans d'autres
cas, lorsqu'on parlait de la facilité, par exemple, à ce
moment-là, on nous disait: Vous avez trop de jeunes, ou ton bureau a
trop de jeunes, moi, je ne suis pas intéressé à
l'avoir.
A ce moment-là, cela impliquait des demandes à d'autres
compagnies d'assurance. Nous sommes entièrement d'accord avec cette
recommandation.
M. ROY: En ce qui a trait à la recommandation numéro 44,
que les changements à une
police d'assurance se traduisent par une augmentation ou une diminution
de prime, qu'ils ne puissent être consentis que lors du renouvellement ou
à l'expiration de la police, s'ils affectent des facteurs comme
l'âge, l'état civil ou le lieu de résidence. Mais on dit:
Les autres changements devront être effectués à la charge
des assurés concernés. Quelle est votre opinion sur cette
recommandation?
M. PARADIS: Nous sommes d'accord, M. le Président, qu'à ce
jour, il y a beaucoup de paperasse échangée inutilement. De
là à dire que, s'il y a des différences dans la prime,
surtout au niveau de la ristourne, il faudrait probablement établir dans
quelle proportion le public serait affecté... Est-ce que globalement il
y a plus de ristournes de données ou plus de surprimes perçues?
Malheureusement, ce n'est pas possible pour moi ce matin de vous donner
l'information, je n'ai pas les chiffres à l'appui. Certainement, on
aurait avantage à simplifier beaucoup et énormément de
paperasse qui s'échange.
M. ROY: Mais est-ce que vous acceptez la recommandation telle que
formulée ou si vous lui apportez certaines nuances? Vous avez
apporté une nuance au niveau de la ristourne, mais est-ce que vous avez
d'autres réserves sur cette recommandation?
M. PARADIS: Comme on le mentionnait hier, M. le Président, non.
C'est principalement la seule réserve que nous pouvons avoir, suivant
les chiffres, de ce que cela peut coûter au public. Si réellement
cela signifie une baisse, du coût de la prime dès le
départ, certainement, nous sommes d'accord.
M. ROY: Ma dernière question, M. le Président, sera
peut-être une question d'appréciation personnelle, mais j'aimerais
quand même avoir l'opinion de la fédération
là-dessus. La recommandation numéro 58 dit ceci: Que si toutes
les réformes proposées ci-dessus sont appliquées et les
mesures décrites dans les paragraphes suivants sont mises en vigueur,
l'administration du régime soit confiée à l'entreprise
privée. Est-ce que, à la suite de toutes les recommandations
qu'on retrouve dans le rapport...
M. TETLEY: ... 37 et suivantes. Il y avait une mise au point.
M. ROY: Mais les recommandations sur lesquelles on parle, parce qu'il
est bien dit à l'article 60 que si les réformes et les mesures
ci-dessus ne sont pas intégralement adoptées et suivies
c'est la recommandation numéro 60, la dernière, un genre de
petite motion guillotine qui me rappelle certains souvenirs
l'administration du régime soit confiée à une régie
d'Etat.
Alors, je reviens à la question numéro 58.
Croyez-vous qu'il est possible que l'entreprise privée puisse
accepter toutes ces recommandations et être en mesure d'offrir à
la population un service de qualité?
M. PARADIS: M. le Président, je ne parlerai pas pour les
assureurs, ils auront à répondre à cette question. Pour ce
qui a trait aux courtiers, certainement pas. Ce n'est pas possible pour nous,
afin de servir notre public, d'être ce que demande le rapport Gauvin et
dans cette optique. Je vous ferai remarquer que le rapport dit: 20 p.c. en
incluant 5 p.c. pour les intermédiaires durant une période
transitoire de trois ans. Qu'est-ce que cela veut dire après trois ans?
25 p.c. ou 10 p.c? Le rapport ne le mentionne pas.
M. ROY: J'avais oublié une question, M. le Président. Au
tout début, on parle d'une commission pour les courtiers, mais il serait
important de savoir également si les courtiers reçoivent une
prime, une commission qui s'ac-croft avec le volume des primes données
à une compagnie en particulier? Supposons, un pourcentage additionnel de
commission lorsque le volume dépasse un certain montant, un certain
chiffre, un certain quota, si vous voulez. Est-ce que cela existe?
M. PARADIS: M. le Président, ce n'est pas une pratique courante.
Dans les très gros bureaux de courtage, cela peut peut-être
devenir une pratique courante mais, globalement, au sein de la province, ce
n'est assurément pas une pratique courante.
M. ROY: Est-ce que cela représente des sommes appréciables
ou si ces pourcentages sont minimes?
M. PARADIS: Selon moi, très minimes. M. ROY: Mais cela n'existe
pas partout.
M. PARADIS: Dans la province, certainement pas.
M. ROY: Merci, M. le Président. Je veux remercier M. Paradis et
les autres pour avoir très bien répondu aux questions que nous
leur avons posées. Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Laurier.
M. MARCHAND: M. le Président, avant de poser mes questions, je
voudrais, à mon tour, féliciter la Fédération des
courtiers d'assurance du Québec pour le sérieux et
l'objectivité de son mémoire, surtout sachant que c'est la
fédération la plus jeune des courtiers d'assurance. Le dynamisme
de leur association est prouvé par la vivacité avec laquelle les
courtiers ont pu
produire un mémoire, cette association étant fondée
seulement depuis un an.
Je voudrais demander à M. Paradis ou à M. Chapados, s'ils
ont eu ou entrepris des négociations avec les membres du comité
Gauvin, comment ils ont été reçus et reconnus.
M. PARADIS: M. le Président, avec les membres du comité
Gauvin, nous n'avons jamais eu de rencontres. Aucune n'a été
sollicitée pour la simple et bonne raison que nous n'étions pas
formés, à ce moment-là.
Au niveau des négociations, par contre, avec les assureurs,
depuis notre formation, nous avons tenté nous avons des documents
et des dossiers complets et sollicité des rencontres. Nous avons
eu certaines rencontres et nous avons sollicité d'autres
possibilités de négociations et, à chaque fois, on nous a
fermé la porte, prétextant maintes et une raisons. On ne veut
pas, présentement, négocier avec la fédération,
assurément pas. C'est un non catégorique et ceci, dans
l'industrie globalement.
M. BACON: J'aurais une question supplémentaire. Précisez
donc. On parle de demandes d'entrevues avec le comité Gauvin.
Parlez-vous des compagnies ou du comité Gauvin?
M. PARADIS: J'ai dit, dans un premier temps, que nous n'avons eu
aucun...
M. BACON: Vous n'étiez pas formés, à ce
moment-là.
M. PARADIS: Nous n'étions pas formés. Cela règle le
problème. Nous n'avions pas notre association.
M. BACON: Dans l'autre temps?
M. PARADIS: Dans le cas des assureurs...
M. BACON: Ah, d'accord!
M. PARADIS: ... depuis notre formation.
M. MARCHAND: Vous vouliez parler d'associations similaires à la
vôtre...
M. PARADIS: Non, pas similaires mais...
M. MARCHAND: ... qui n'ont pas été reçues.
M. PARADIS: ... le corps professionnel, qui est l'Association des
courtiers d'assurance, formé en vertu d'un bill qui donne à cette
association un statut professionnel...
M. MARCHAND: Autre question, M. Paradis. Qu'adviendrait-il,
d'après vous, des assureurs qui ne sont pas courtiers et à
combien estimez-vous, en pourcentage ou en nombre, la disparition des petits
courtiers et assureurs?
M. PARADIS: Plusieurs, je l'ai mentionné tout à l'heure.
On a mentionné 50 p.c, d'autres 80 p.c. Vous parlez en invoquant
l'application des réformes. Nous disons facilement dans l'ordre minimum
de 60 p.c, 50 p.c. ou 60 p.c.
Au niveau des compagnies d'assurance, cela va impliquer naturellement la
mise en place de structures, de mise en marché, soit de comptoir, soit
de bureaux régionaux, etc., etc. Combien de compagnies, à ce
jour, peuvent financièrement s'offrir le luxe de le faire à
courte échéance? Je ne suis pas en mesure de vous donner des
chiffres, mais je pense que celle qui serait pénalisée serait
probablement encore notre industrie québécoise, la petite
industrie, qui démarre dans le domaine de l'assurance.
M. MARCHAND: Cela veut dire que le gros courtier pourra demeurer, mais
que le petit courtier ne pourra pas demeurer.
M. PARADIS: C'est exactement, M. le Président, dans cette
orientation que je parlais des petites compagnies et des grosses compagnies,
des petits courtiers et des gros courtiers.
M. MARCHAND: M. Paradis, est-ce que, d'après vous, l'acceptation
du rapport Gauvin est un pas de plus vers une socialisation dans tous les
domaines?
M. PARADIS: Ecoutez, dans notre optique, naturellement, la
recommandation 60 en dit long sur les vues du rapport Gauvin. Si naturellement,
on tient pour acquis que le courtier est encore un professionnel de
troisième zone et qu'il n'a droit à la
rémunération, d'après ceux qui veulent bien lui accorder,
avec les pouvoirs et les privilèges qu'ils ont, ou prendront, je pense
que c'est extrêmement dangereux pour les années qui viennent au
niveau de la protection du public.
M. MARCHAND: Je vous remercie pour ces réponses.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Charlesbourg.
M. HARVEY (Charlesbourg): M. le Président, la
Fédération des courtiers s'est quand même objectivement,
dans la première partie du rapport Gauvin, dite favorable à
certaines mesures ou certaines réformes visant à
améliorer, par exemple, la qualité de la sécurité
routière.
Je pense que vous avez attaché peu d'importance à ce
domaine-là. Mais ma question est la suivante je n'ai pas eu de
réponse même si je l'ai reformulée à trois reprises
hier en tenant compte du fait que la sécurité
routière, dans l'application des 19 recommandations qui sont soumises
dans le rapport Gauvin, soit intégralement mise de l'avant par le
gouvernement qui aura à décider de le faire et dans quel
échéan-
cier aussi l'établir; également, je pense que
l'autocritique au niveau de la fédération versus les courtiers
d'assurance doit se faire sur la qualité des services ou encore,
peut-être, sur les mécanismes de distribution des avantages aux
personnes qui sont victimes d'accidents, soit pour dommages à la
personne ou dommages à l'automobile; dans tout cet
encadrement-là, est-ce que vous ne pensez pas remarquez que ce
n'est pas mon opinion personnelle, je vous demande la vôtre qu'il
ne s'agit pas plutôt de déplacer le problème? Il y a
probablement des problèmes chez vous, chez les courtiers. Il y en a
sûrement du côté de la sécurité, du
côté de la bonne conduite de l'individu au volant de sa voiture.
Mais, s'il y avait une autocritique qui se faisait de part et d'autre, et s'il
y avait vraiment une amélioration au chapitre de la
sécurité routière, croyez-vous qu'on atteindrait, d'abord,
l'objectif qui est visé par le rapport Gauvin, c'est-à-dire
diminuer le coût des primes pour le consommateur? On veut continuer
à le protéger, accentuer cette protection si c'est possible et,
en revanche, tenter d'obtenir des meilleurs prix. Pensez-vous qu'on peut
arriver à ça, obtenir des meilleurs prix?
M. PARADIS: Assurément, uniquement au niveau, M. le
Président, de la sécurité routière
l'association, je pense, à des chiffres très précis
là-dessus si la fréquence des sinistres, comme je le
mentionnais au départ, était baissée au niveau de celle de
l'Ontario naturellement cette fréquence est conditionnée
par notre sécurité routière on pourrait
épargner approximativement 20 p.c. Je prends la page 223 du rapport
où on mentionne la fréquence des sinistres par 100
véhicules au Manitoba, qui sert de comparaison dans le régime
réformé, à 9.7 p.c, lorsqu'au Québec elle est de
11.9 p.c. Dans quelle proportion la prime sera-t-elle baissée? Je pense
que c'est possible d'arriver avec des pourcentages et de quantifier certaines
réformes au niveau de la sécurité routière en
fonction de la prime ou de l'impact sur l'économie de la prime qui
pourrait être effectuée.
M. HARVEY (Charlesbourg): Est-ce que vous êtes favorable à
l'assurance obligatoire sans faute, "at large", pour employer un
anglicisme?
M. PARADIS: M. le Président, nous avons à vivre chaque
jour avec la clientèle. C'est nous qui sommes les premiers en contact
avec la clientèle qui a un sinistre, c'est nous qui devons acheminer les
preuves, etc. "At large", assurément pas. Nous croyons qu'il y aurait
avantage à modifier certains aspects. Nous l'avons mentionné tout
à l'heure, au niveau du chapitre b), qui est la section où l'on
donne une partie sur la vie de l'individu qui décède au volant de
son véhicule et une partie de salaire. C'est, à l'heure actuelle,
fixé à $5,000 pour le propriétaire qui
décède et à $35 par semaine pour celui qui perd du temps
à son travail, ce qui est très minime. Il y aurait avantage
à modifier ce secteur-là. De là à tout chambarder,
nous disons dans le mémoire que nous ne sommes pas d'accord. Si
quelqu'un, qui a un véhicule qui lui coûte $200 dans le
régime réformé, a une collision avec un monsieur qui a un
véhicule d'une valeur de $7,000, $8,000 ou $10,000 celui qui sera
pénalisé, ce sera celui dont la valeur du véhicule,
naturellement, est plus élevée. Il y aura des franchises qu'il
devra payer, comme ça existe, les premiers $100 ou $250, plus la
responsabilité. Il sera obligé de payer même si l'autre,
celui de $200, vient de brûler un feu rouge et lui rentre dedans ou est
à moitié "chaud", etc.
Je pense qu'il y aurait avantage à réformer certains
chapitres de la police existante sans tout chambarder.
M. HARVEY (Charlesbourg): Maintenant, vous entreprenez des
négociations auprès des compagnies d'assurance comme telles. Je
ne voudrais pas vous faire répondre en leur nom, mais croyez-vous que
les compagnies d'assurance seraient défavorables ou favorables à
une assurance sans faute ou encore à une régie gouvernementale,
par exemple? Quant à elles, est-ce qu'une régie gouvernementale
les ferait sursauter ou si elles seraient en faveur?
M. PARADIS: M. le Président, je pense que cette question devrait
être dirigée vis-à-vis des assureurs; ils pourraient
peut-être y répondre plus allègrement que moi.
M. HARVEY (Charlesbourg): Vous avez négocié, comme vous le
disiez tout à l'heure.
M. PARADIS: Nous avons négocié, à ce jour, notre
rémunération, pardon, nous avons essayé de négocier
notre rémunération. Malheureusement, le premier terme
était tout simplement un souhait que je faisais vis-à-vis des
assureurs, je sais qu'il y en a de ce côté-ci de la salle, mais
à ce jour nous n'avons pas réussi. Au niveau du fond proprement
dit de la police, je ne pense pas qu'il revient, à ce moment-ci de
l'histoire de la profession, de négocier le fond avec les assureurs
à savoir ce qu'ils doivent mettre sur leur police ou pas. Ce que nous
voulons négocier à ce jour, c'est notre
rémunération.
M. HARVEY (Charlesbourg): Quant à vous, vous jugez qu'il s'agit
là de déplacer le problème tout simplement, si vous restez
dans l'encadrement du rapport Gauvin, que de suggérer une régie?
Et vous mettez, par conséquent, au chapitre de ceux qui,
déjà exploitent des entreprises privées, comme vous les
appelez, petites ou de moyenne taille, ou peut-être plus grandes, soit
des bureaux de courtiers, dans une situation qui est très
précaire. Alors, je pense qu'humainement on crée une carence
terrible pour, peut-être, corriger certaines lacunes. Si, en revanche, on
imposait d'une façon générale
l'assurance obligatoire au Québec, je pense que là-dessus
vous seriez d'accord?
M. PARADIS: Nous serions absolument d'accord. Dans le passé,
l'association a fait des représentations au ministre des Institutions
financières et également au comité Gauvin, et donnait des
chiffres selon lesquels si l'assurance était rendue obligatoire, le
public épargnerait un pourcentage donné vous me
pardonnerez mon blanc de mémoire 3 p.c, 4 p.c. ou 5 p.c, je ne
sais quoi. Rendue obligatoire, le public en profite et
énormément. Je pense qu'à ce jour, selon les statistiques
très rapidement là le rapport Gauvin mentionne que
c'est un véhicule sur six qui n'est pas assuré.
M. HARVEY (Charlesbourg): Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Trois-Rivières.
M. BACON: Merci, M. le Président. M. Paradis, situons-nous, si
vous voulez s'il est possible de nous situer avant le rapport
Gauvin. De quelle façon, au moment où vous vous êtes
formés en fédération, envisagiez-vous à ce
moment-là l'évolution de votre rôle? Je m'explique de la
façon suivante. Disons que, depuis les dernières années,
il y a sûrement eu une évolution en ce qui concerne votre
rôle de courtier et vis-à-vis de l'avenir ou même supposons
que le rapport Gauvin ne vous ait pas touché dans ce cadre-là,
comment extrapoliez-vous votre rôle?
M. PARADIS: M. le Président, c'est une excellente question
à soulever. Je pense que ça ne changerait pas notre rôle;
ce sont des représentations que nous avons faites et que nous avons
l'intention de faire au niveau de notre association, afin que le mandat qui a
été confié à la profession, en 1963, en lui donnant
un statut professionnel, soit accentué. C'est-à-dire qu'on
demande à des professionnels de vendre un produit qui, dans notre
société québécoise, représente un secteur
d'économie extrêmement important. C'est dans cette orientation que
nous le voyons.
Où nous le voyons dans les années qui s'en viennent, c'est
d'accentuer ce domaine mais de façon à devenir un professionnel
encore à l'état plus pur qu'il ne l'est à l'heure
actuelle; un professionnel pour en venir, peut-être pour comparer
à l'image actuelle, à la réalité actuelle, à
être payé sur une base de commission à même une prime
ou être payé sur une base d'honoraires à même des
services rendus. A ce moment-là, je pense que le public pourrait juger
encore plus de la capacité du courtier de lui rendre un service de
qualité. Devenir un intermédiaire encore peut-être plus au
centre des factions en cause, assureur et public. Un intermédiaire pur,
un professionnel réellement jusqu'au bout des ongles. Je pense que
l'Association des courtiers, dans cette optique, dans cette orientation,
intensifie les colloques, intensifie l'orientation de l'éducation qui
est donnée aux courtiers, demande des connaissances encore plus grandes
au niveau du potentiel scolaire des courtiers ou de celui qui veut devenir
courtier.
C'est dans cette orientation que nous croyons qu'il doit se diriger
mais, encore là, faut-il qu'on lui donne le champ exclusif, qu'on donne
à l'association le champ exclusif de l'acceptation de ceux qui doivent,
demain matin, vendre de l'assurance.
M. BACON: Ma deuxième question, M. le Président non
pas que je ne trouve pas l'association intéressante s'adresse au
ministre: Compte tenu des recommandations du rapport Gauvin, il reste quand
même qu'hypo-thétiquement si on les appliquait, on remet toute la
philosophie du courtage non seulement dans l'assurance en cause,
si vous voulez. Et je pense à un domaine comme les valeurs
mobilières où, si vous décidez que je n'ai pas besoin d'un
courtier pour acheter de l'assurance, je vois encore moins pourquoi j'aurais
besoin d'un courtier pour aller acheter une action, par exemple, de
Bell-Canada. Ma question s'adresse au ministre: s'il avait à mettre en
application les résolutions 53 et 54, comment imagine-t-il ou
extrapole-t-il le rôle du courtage en général?
Là, vous remettez en cause le courtage mobilier, le courtage
immobilier et, en fait, tout ce qui est intermédiaire. Pourquoi vais-je
aller chez M. X pour chercher une action de Bell Canada, quand, en vertu du
même principe du rapport Gauvin qu'on applique, j'irais directement? Je
ne vois pas pourquoi j'irais voir un courtier, j'irais directement à la
compagnie.
M. TETLEY: Tout d'abord, je ne mets rien en doute, ce n'est pas mon
rapport.
M. BACON: M. le Président, je n'ai pas dit que c'était
votre rapport, j'ai dit: Advenant le cas où vous mettriez en application
le rapport et les articles 53 et 54, j'aimerais savoir,
réellement...
M. TETLEY: Vous posez une question hypothétique dans ce cas. Mais
je suis prêt à répondre quand même. Tout d'abord,
nous sommes tous ici pour écouter certains témoins, pas
simplement le ministre. Tout le monde est invité. C'est le seul
Parlement dans le système parlementaire britannique ou au monde,
où n'importe qui peut venir. N'oubliez pas qu'à Ottawa, ils ont
le "select committee", une personne peut être invitée et
dépose son mémoire.
Vous arrivez, M. Chapados parle, etc., et je suis d'accord. Tout le
monde peut parler jusqu'à l'aube, c'est votre droit et je serai ici
jusqu'à l'aube, j'espère. Mais, nous sommes tout
d'abord ici pour vous écouter et après, nous allons juger.
Au sujet du système de courtier, c'est certainement mis en doute ici. Le
courtier en valeurs mobilières peut vendre des obligations directement,
pas par un courtier, même les banques les vendent, etc.
M. BACON: ... vendront de l'assurance-feu, mais l'action...
M. TETLEY: Oui, il y a bien des endroits où le grossiste... Le
député de Lafontaine... Certains vendent directement, certains
vendent par un courtier, etc. Parce que je crois que c'est notre rôle de
décider ce qui est mieux pour la population entière, y compris
les personnes visées comme les courtiers, les avocats, etc.
Nous avons un double rôle. C'est le public, le consommateur, ce
sont aussi les courtiers. C'est un vrai dilemme. Je ne dis pas que c'est facile
et il faut décider tous ensemble. Il faut décider, gouverner veut
dire décider, nous allons décider et je n'ai pas pris de
décision. Dans les autres domaines, il y a des courtiers, des
non-courtiers, des "direct sellings" dans tous les autres domaines.
Votre exemple n'est pas si bon et, de plus, le problème des
courtiers en valeurs mobilières...
M. BACON: Je ne sais pas pourquoi...
M. TETLEY: Laissez-moi terminer, vous aurez... Les courtiers en valeurs
mobilières, leur problème, c'est que le produit est mauvais et la
Bourse descend. C'est vrai, personne ne veut acheter et le problème,
c'est que le volume est descendu jusqu'à presque rien. C'est ça
le problème des courtiers en valeurs mobilières, aujourd'hui,
à New York et à Montréal.
Au sujet des courtiers en immeubles, ce qui est plutôt votre
domaine, si je comprends bien, ce n'est pas l'intention du gouvernement, que je
sache, de modifier dans ce domaine, d'aucune manière. Ici, il faut
décider et j'attends la preuve d'un meilleur système.
Après nous allons décider tous ensemble.
M. BACON: M. le ministre, je remarque que vous ennuyez la période
de questions.
M. TETLEY: Pas du tout.
M. ROY: II ne faudrait pas que vous... pour qu'un autre soit
expulsé de votre caucus.
M. BACON: Ah! Juste une dernière question, M. le
Président. Est-ce que vous avez déjà eu des approches avec
l'Office des professions pour peut-être, être reconnu par l'Office
des professions?
M. PARADIS: M. le Président, jusqu'à maintenant, nous
avons rencontré, je pense, M. Dussault, qui est le
président...
M. BACON: Je m'excuse, on me dit que c'est peut-être au niveau de
l'association. Je m'excuse si j'ai posé la question au mauvais
monsieur.
Pouvez-vous me répondre quand même?
M. PARADIS: Effectivement, oui, nous avons, à ce jour,
établi certains contacts. Le vice-président, M. Lachance de
Sherbrooke, a fait certains contacts avec le président. Je pense qu'il a
rencontré le vice-président de l'Office des professions et je
pense qu'il pourrait peut-être ajouter quelque chose.
M. BACON: Juste pour savoir, pour ne pas allonger peut-être le
débat, pour ne pas priver mes collègues de questions.
M. LACHANCE (Léandre): Dans notre comité de recherche et
d'orientation, nous avons rencontré l'Office des professions. Nous
avions M. Dionne et M. Dussault. Jusqu'à maintenant, nous ne sommes pas
reconnus officiellement par l'Office des professions. Personnellement, nous
sommes d'accord pour travailler avec lui et nous désirons orienter notre
profession suivant l'optique de l'Office des professions et du rapport
Castonguay-Nepveu.
M. BACON: Je vous remercie et longue vie!
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, j'ai simplement deux ou trois
petites questions. D'abord, au sujet du financement des primes, j'ai
l'impression qu'on a exagéré un peu les exemples qu'on a
donnés. J'aurais aimé, moi aussi, avoir une réponse
à la question qui a été soulevée par le
député de Beauce-Sud pour savoir exactement combien ce
système vous coûte. Malheureusement, on ne peut pas avoir le
chiffre, mais je crois que cela serait intéressant, si vous pouviez le
fournir un peu plus tard, dans l'évaluation globale.
Deuxièmement, j'ai des drôles de vues là-dessus, il
me semble que cela ne revient pas au courtier de faire du financement. Je
comprends que cela peut être une espèce de service qui est rendu,
mais je pense que les assureurs, comme le soulignait le ministre vous donnent
déjà une certaine latitude. De plus, il existe des institutions
bancaires ou caisses populaires qui peuvent faire du financement à bon
compte, à mon avis, et qui seraient peut-être heureuses de le
faire aussi, qui ne tomberaient pas dans les mêmes pièges que vous
avez soulignés un très bon exemple, d'ailleurs de
certaines compagnies de petits prêts, qu'on appelle compagnies de
finance.
M. BACON: C'est un commercial.
M. BONNIER: Non. Ce n'est pas un commercial. Je pense que dans le
système financier, il faut qu'on ait un peu plus d'ordre, comme on
le soulignait la semaine dernière à une autre commission.
Je pense que, si chacun s'occupe des affaires de son voisin, on va être
mal servi. Et votre objectif, ce matin, est de bien servir les gens et non pas
de les mal servir dans le domaine où vous êtes compétents,
d'ailleurs. Mais, dans d'autres domaines, il y a d'autres gens
compétents. C'est tout.
Troisièmement, au sujet du monopole, je pense que Me Chapados a
dit que, si les recommandations du rapport Gauvin étaient
acceptées, on créerait une espèce de monopole
privé, comme vous le dites, et non pas un monopole d'Etat où les
compagnies d'assurance, les assureurs, ayant un système
d'intégration au marché, c'est-à-dire un contact direct
avec la clientèle, seraient beaucoup plus en mesure d'établir
leur propre volonté parce qu'ils tiendraient davantage la
clientèle.
Je pense qu'hier on a quand même souligné que ce danger de
monopole risquerait moins de s'exercer parce qu'il existe quand même une
certaine concurrence au niveau des assureurs. Je ne sais pas si vous seriez
d'accord là-dessus.
M. PARADIS: En ce qui concerne la première question au niveau du
financement, j'aimerais y répondre. Je laisserai le soin à Me
Chapados de compléter au niveau de votre deuxième question.
Le financement, encore une fois, je le répète, c'est un
service qu'offre une institution, un professionnel à sa
clientèle. D'ailleurs, la profession de courtier n'est pas la seule qui
offre ce service. Les avocats ont, à un certain moment, à subir
certains comptes recevables et ils doivent les financer et prendre certains
arrangements avec leurs clients. Les médecins ne le font plus
maintenant. Les autres catégories de professionnels: les arpenteurs,
etc., le font. C'est un service qui est rendu en fonction d'une demande de
notre clientèle, beaucoup plus qu'un moyen de se financer et un moyen de
faire un profit.
Je laisse le soin à Me Chapados de répondre à la
deuxième question.
M. CHAPADOS: On vient de parler des avocats, c'est très vrai. Si
l'honorable ministre de la Justice était ici, je lui soumettrais
respectueusement que, lorsque le gouvernement du Québec prend plusieurs
mois à payer les avocats qui lui rendent des services précieux,
la profession se trouve, à ce moment, à financer le
gouvernement.
M. TETLEY: Me Chapados, laissez-moi répondre. Est-ce que je
comprends bien? La fédération n'a pas payé votre
compte?
M. CHAPADOS: II y a des retards qui se produisent quelquefois, M. le
ministre. Ceci étant dit à propos du financement, j'aimerais
répondre à la question de l'honorable député de
Taschereau en soulignant ceci. Nous avons soumis, tout à l'heure, que le
rapport Gauvin, ou les commissaires, en suggérant le "direct writing",
contribuent à renforcer un monopole. L'honorable député de
Taschereau amène un argument qui a sa valeur et se pose la question
suivante: Jusqu'à quel point est-ce exact, compte tenu de la concurrence
que se livrent les assureurs?
A ce moment-là, je répondrais à sa question en
renvoyant les membres de cette honorable commission à la page 23 du
mémoire, où, parlant des implications du double mandat que
reçoit le courtier, mandat d'entremise et mandat de conclusion, on
disait ceci: Quant à l'assureur, c'est-à-dire la compagnie
d'assurance, 4.2, le mandat de conclusion qu'il donne au courtier a pour effet
de l'obliger à respecter un strict devoir de neutralité. A 4.3,
nous disons: Par strict devoir de neutralité, la
fédération entend ici l'obligation pour l'assureur de ne pas
s'immiscer dans les relations courtier assuré. Bref, actuellement, au
moment où je vous parle, pour autant que les assureurs sont
concernés, ils ont un intérêt direct dans l'affaire que
leur proposent les courtiers et ils ne s'immiscent pas dans la relation client
courtier.
Mais il reste que si des décisions devaient être
adoptées à l'effet d'instaurer et d'imposer un "direct writing",
d'une part le courtier étant coupé de la compagnie et la
compagnie ayant, d'autre part, son propre système de distribution
jusqu'à la mise en marché, il s'ensuivrait que les compagnies
n'auraient plus à respecter ce devoir de neutralité. L'argument
qu'a soulevé tout à l'heure l'honorable député de
Taschereau ne s'appliquerait pas. C'est-à-dire qu'en dépit de la
concurrence les compagnies, par le "direct writing", interviendraient
directement vis-à-vis du client et le devoir de neutralité, qui
existe actuellement, se trouverait à sauter en l'air. Je m'excuse, je
n'ai pas pu trouver d'autres mots. C'est quand même une
réalité qui, dans ma tête, est extrêmement
claire.
Cela aurait pour effet de déboucher sur quoi? Comme je le
mentionnais tout à l'heure, le renforcement d'un monopole. Au niveau de
la vente, même si le rapport du courtier va continuer à jouer un
certain rôle, etc., on prend soin de lui couper certaines de ses
prérogatives. Il reste qu'à ce niveau-là je le
soumets en toute déférence, ce n'est peut-être pas un terme
parlementaire, je ne le sais pas, je ne suis pas député ce
serait un "free for all". Ce que j'ai souligné là, c'est une
réalité bien nette, au même titre, d'ailleurs, qu'au moment
où on posait la question tout à l'heure. C'est très
important parce que le rapport Gauvin, là-dessus, est extrêmement
dangereux lorsqu'il a une vision conceptuelle du rôle du courtier. On vit
à une époque d'organigrammes, de rationalisation, de plans
d'organisation. Les hauts fonctionnaires se penchent sur des organigrammes, des
lignes d'autorité, c'est tout beau mais en pratique, quand on parle de
conflit d'intérêts,
comme l'a souligné l'honorable député de
Trois-Rivières tout à l'heure, on ne voit pas la situation que
sur le plan conceptuel.
Le notaire qui a rédigé un contrat pour deux parties,
même s'il a été retenu par le vendeur, est dans un conflit
d'intérêts. Pour faire une boutade à l'adresse de
l'honorable ministre des Institutions financières, je dirais que dans
son cas, lui aussi, il est en conflit d'intérêts, en ce sens qu'en
tant que député il a des intérêts à
défendre qui peuvent être contradictoires avec les
intérêts qu'il a à défendre en tant que ministre.
Ceci fait que dans la plupart des pays du monde on prend soin de
préciser que, dès qu'une personne fait partie de
l'Exécutif, elle n'est plus député. Mais somme toute,
entre nous, le système parlementaire britannique est la mère du
parlementarisme et ça dure depuis longtemps. Cela a fonctionné
jusqu'à présent, il s'est créé des traditions mais
il reste que, théoriquement, il y a un conflit d'intérêts,
ce qui fait qu'aux Etats-Unis, en France et dans plusieurs autres pays,
dès qu'une personne est nommée, en France par exemple, elle
démissionne comme député et est remplacée par un
suppléant. Je pense qu'il faut regarder ce problème de conflit
d'intérêts de façon réaliste.
Au niveau de la négociation, on en a parlé tout à
l'heure, on a posé plusieurs questions. C'est le dernier commentaire que
je me permets parce que j'avais fait une promesse à l'honorable
ministre, tout à l'heure, d'être silencieux.
M. TETLEY: Je connais vos promesses.
M. CHAP ADOS: C'est qu'il m'arrive parfois d'être politicien.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs!
M. CHAPADOS: M. le Président, trêve de plaisanteries. On a
parlé, tout à l'heure, à plusieurs reprises des
négociations qui devaient s'établir entre la
fédération et les assureurs, etc. Comme M. Paradis l'a
mentionné à plusieurs reprises, la fédération est
prête à remettre en cause les modes de rémunération,
les quantums, les structures, etc., mais encore faut-il que les parties
négocient. Je réfère les membres de cette honorable
commission en général et l'honorable ministre des Institutions
financières, compagnies et coopératives en particulier, à
la page 31 ou il est dit, à l'article 3.5: "Toutes les parties
intéressées au domaine de l'assurance-automobile: gouvernement,
assureur et FCAQ, devront déployer un effort d'imagination pour trouver,
quant à la détermination des conditions de
rémunération des courtiers, les mécanismes de
négociation appropriés au domaine de l'assurance".
Et à l'article 3.6: "Au passage c'est au passage, mais
c'est quand même un passage très important l'étude
à l'Assemblée nationale du projet de loi no 7 serait une occasion
idéale pour circonscrire le cadre légal de tels mécanismes
de négociation appropriés à ce domaine bien particulier
qu'est le domaine de l'assurance".
Si j'étais ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives, ce que je ne suis pas malheureusement, je
pense qu'il y aurait lieu de référer à nouveau ce projet
devant les membres de cette honorable commission, justement pour que toutes les
parties: gouvernement, ministres, surintendants et assureurs, puissent
échanger sur les structures qui doivent être trouvées non
seulement pour permettre ce que vise le rapport Gauvin, soit introduire une
certaine rationalisation dans l'assurance-automobile, mais pour introduire la
même chose au niveau de la rémunération des courtiers et au
niveau de l'exercice de cette profession. Et ceci fait, c'est tout, je vous
remercie.
M. PARADIS: J'aimerais, M. le Président, avec votre permission,
très rapidement, ajouter encore une fois qu'au niveau du financement si
le public ne paie pas au courtier ou s'il doit payer comptant au courtier, il
devra trouver l'argent quelque part. Je pose la question: A quel prix
devra-t-il le faire?
M. BONNIER: Au prix régulier du marché, c'est bien clair,
mais je pense qu'il ne faut pas mêler les cartes. J'aurais une
dernière question, M. le Président. C'est qu'il semble bien que
les courtiers, d'après les exemples qu'on a donnés jusqu'à
maintenant, sont davantage utilisés, mettons dans des milieux ruraux,
loin des grands centres, particulièrement dans le domaine de
l'automobile, probablement. Il y a un point dans le rapport Gauvin qui n'est
pas clair. D'une part, on insiste sur l'assurance obligatoire; d'autre part, on
insiste sur le fait que les assureurs devront accepter toutes les demandes,
mais, par ailleurs, on ne fait aucun commentaire quant à la
décentralisation des services des assureurs, la régionalisation
des services. Je tiens pour acquis qu'il va falloir que cela se fasse, mais ce
n'est pas fait. Est-ce que vous associez les services que vous rendez, à
l'heure actuelle, à des services décentralisés pour un
assureur, par exemple, qui est dans la ville de Montréal et, si je suis
un assuré de la Gaspésie, ça me prend absolument un
intermédiaire? Est-ce que vous trouvez qu'il est
préférable que le système de courtiers, à ce
moment, continue à jouer le rôle d'intermédiaire ou bien
est-ce que vous verriez d'un bon oeil, d'une façon aussi efficace,
peut-être plus économique, qu'un assureur ait un bureau
décentralisé dans la Gaspésie, par exemple?
M. PARADIS: M. le Président, certainement le rôle que nous
jouons présentement est un rôle de décentralisateur pour
les assureurs. Le petit courtier ou le courtier qui a à agir, selon
votre exemple, en Gaspésie, doit agir selon le chiffre d'affaires qu'il
fournit à une compagnie.
La compagnie n'a pas à engloutir au départ des sommes
monumentales pour monter quand je parle de sommes monumentales, je parle
de sommes quand même assez importantes un bureau, meubler le
bureau, fournir un personnel, etc., avant que les affaires de cette
région commencent à être rentables, chose qu'un courtier
fait à l'heure actuelle pour un assureur. Mais, ce qui lui permet de le
faire, c'est qu'il peut également avoir d'autres assureurs et diriger
cela vers celui qu'il a. Même si cet assureur n'a qu'un faible
pourcentage, ce pourcentage est, pour l'assureur, assumé selon la
commission qu'il paie au courtier et pas plus. Il n'a pas à investir
d'argent. Donc, que ce soit au niveau de la mise en marché de la police
ou encore du règlement du sinistre, le courtier agit
énormément, donne beaucoup de services, chose que l'assureur n'a
pas besoin de faire, et il n'a pas à créer des centres
décentralisés, comme vous le dites.
M. BONNIER: Merci.
M. PARADIS: Egalement, j'ajouterais là-dessus, M. le
Président, que le courtier, comparativement à un employé
de compagnie, n'a pas d'heures de fermeture de bureau, n'a pas d'heures
d'ouverture de bureau, il est disponible sept jours sur sept. J'ai vu
très souvent, le dimanche soir, recevoir des appels pour une
réclamation. Est-ce que l'assureur pourrait offrir au public de tels
services?
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Bellechasse.
M. MERCIER: M. le Président, à titre d'information, deux
points que j'aimerais soulever. Le premier, c'est que l'on a mentionné,
on le voit quelque part dans le rapport, qu'il y a environ 5,000 permis de
courtiers d'émis par le ministère. Et, dans votre mémoire,
nous retrouvons plus de 2,000 membres qui adhèrent à votre
fédération. Vous avez mentionné, M. le président de
la fédération, ce matin, qu'advenant l'étatisation du
système cela pourrait occasionner peut-être la disparition de 50
p.c. à 80 p.c. de vos membres.
Il y a peut-être un point qu'il serait intéressant de
connaître. Est-ce que vous êtes en mesure de nous le fournir? L'on
sait que l'administration de vos bureaux implique tout de même l'embauche
de personnel. Est-ce que vous avez des statistiques pouvant nous donner le
nombre de personnes que peut représenter l'administration des membres de
votre fédération à travers la province, qui travaillent
à l'intérieur de vos bureaux?
M. PARADIS: Oui, M. le Président, disons au départ qu'en
page 153 il est fait mention dans le rapport de 5,221 permis d'émis. Je
dois vous dire là-dessus que les membres de l'Asso- ciation des
courtiers, à cette date, étaient de 4,335 et 886 permis sont
accordés par le surintendant des assurances à des agents captifs
par exemple, je pense, ou à d'autres modes de mise en marché.
Or, au sein de la fédération, pour être membre de
nos effectifs, on doit avoir un prérequis, être membre de
l'Association des courtiers, au tout départ. Par contre, on doit dire
également que l'adhésion chez nous est volontaire. Ceux qui y
souscrivent sont des gens qui veulent bien le faire, en toute liberté.
On n'a pas de contrainte juridique ou autrement.
Maintenant, à savoir ce que cela peut représenter en fait
de personnel dans les bureaux, je pense qu'à ce jour, il y a, selon
certains chiffres encore là, je ne les ai pas, l'association a
cela en mains près de 1,834 bureaux de courtiers, à
l'intérieur desquels se multiplient d'autres courtiers pour venir
combler les 4,200.
Il va sans dire que vous avez des personnes-ressources, des
secrétaires, des agents de réclamation qui s'occupent pour le
courtier de ces services. Quelle peut être la moyenne par bureau?
Malheureusement, je n'ai pas le chiffre, mais je pense qu'on peut risquer
facilement le chiffre de quatre ou cinq. Alors, cela implique la disparition de
peut-être si vous prenez 4,000 courtiers, on peut dire qu'il y en
a deux ou trois fois en personnel complémentaire, vous venez d'avoir la
multiplication et la division par 50 p.c. pour savoir quel est le nombre de
sans-emploi.
M. MERCIER: Merci. Le deuxième point que j'aimerais soulever
concerne les buts des dirigeants du ministère des Institutions
financières, en commandant ce rapport ou cette étude sur le
coût des assurances. Je pense bien que l'esprit qui a animé les
membres du comité Gauvin était, au meilleur de leur connaissance,
de trouver des moyens ou de formuler des suggestions pour réduire le
coût des primes d'assurance-automobile. Nous comprenons très bien
également que le rôle que vous avez à remplir ce matin,
c'est de défendre votre gagne-pain, et c'est tout à fait
normal.
Cependant, le rôle du gouvernement est de trouver aussi les moyens
de réduire sensiblement les primes d'assurance-automobile et de trouver
quels pourraient être les éléments sur lesquels on pourrait
faire des économies.
Je reviens à une recommandation, la recommandation no 57, qui dit
ceci: "Que l'évaluation des dommagnes matériels soit
effectuée par des centres d'évaluation dont l'administration est
commune à tous les assureurs."
Cette recommandation vous touche possiblement directement, mais en tout
cas indirectement, puisqu'il semble je n'oserais l'affirmer mais nous
avons oui'-dire, et dans le passé aussi qu'assez souvent, les
agents d'évaluation ont pu, de connivence peut-être avec certains
garages ou sur des pressions de certains courtiers, rehausser
les évaluations des dommages, ce qui entraîne
automatiquement, évidemment, une augmentation considérable, au
fil des ans, des dommages matériels causés par des accidents
d'automobile. La question est celle-ci, M. le Président, à savoir
si, de l'ensemble de vos membres et selon votre opinion, c'est un point sur
lequel on pourrait, éventuellement, trouver des économies par un
contrôle plus sévère, qui pourrait contribuer à la
réduction des primes d'assurance-automobile.
M. PARADIS: M. le Président, il va sans dire que c'est une
recommandation qui ne touche que très indirectement notre
fédération, parce qu'encore là, je pense que tout ceci
dépend des agents de réclamation seuls.
A ce jour, les cabinets de courtage n'ont aucun contrôle sur ce
qui se fait au niveau des réclamations sur l'évaluation du
dommage proprement dit. A savoir si les courtiers ont avantage à faire
augmenter le coût des sinistres par des agents de réclamation pour
favoriser les garages, je ne le crois assurément pas.
A ceci, j'ajoute qu'à ce jour il y a un instrument et un
mécanisme que l'assureur donne au courtier, que j'appelais tout à
l'heure une commission additionnelle. Alors, je pense que le courtier qui
voudrait lui faire augmenter le coût du sinistre serait réellement
mal placé vis-à-vis de sa position financière.
Au niveau des contrôles plus sévères, il va sans
dire, que nous voyons tous les jours des réclamations réduites
par les assureurs et où les assurés s'en contentent très
allègrement. Alors, est-ce à dire que les garages poussent trop
fort sur la note? C'est une question qu'il m'est impossible de toucher, et il
m'est impossible d'épiloguer là-dessus, parce que je n'ai pas de
chiffres.
M. MERCIER: Si on prend un aspect de vos opérations, toujours sur
cette même question, évidemment en fonction,
éventuellement, d'une assurance obligatoire... on sait qu'il y a des
polices d'assurance-automobile avec des montants déductibles de $100 ou
de $250. Là où, dans l'esprit de ma question, je voulais vous
faire préciser la chose, c'est que dans certains cas
évidemment, on ne peut pas le blâmer, votre client va tenter par
tous les moyens de vous faire des pressions en ce sens on essaie de
sauver le déductible pour pouvoir compenser ce montant qu'il serait
obligé de payer en faisant rehausser le coût des
évaluations des dommages.
C'est dans cet esprit que je veux savoir si, à votre
connaissance, de telles pratiques s'effectuent dans certains milieux.
M. PARADIS: Si cela s'effectue, M. le Président, ce n'est
certainement pas au niveau du courtage, certainement pas; parce que le courtier
et ceci, c'est dans ses contrats qui le lient avec l'assureur
s'il a connaissance d'une frau- de ou encore, si vous préférez,
d'un camouflage quelconque des coûts pour favoriser l'assuré, il
doit en aviser son assureur, sous peine d'annulation de contrat. C'est un point
extrêmement important.
Je le sais personnellement parce que, dans mon bureau, cela arrive
fréquemment que j'aie conscience que certains clients veulent faire
souffler la note pour sauver, comme vous le dites, le déductible. Ma
première priorité est d'aviser l'assureur ou, tout au moins,
l'agent de réclamation qui, lui, doit voir à réduire.
D'ailleurs, je pense que ce n'est une cachette pour personne. Dans 95
p.c. à 97 p.c. des cas, les factures sont réduites par les agents
de réclamation. Les factures des garages sont "coupées" par les
agents de réclamation à 95 p.c. ou 97 p.c. des cas. Cela veut
donc dire qu'on se prépare à une éventualité, comme
vous le dites.
Maintenant, est-ce que réellement le courtier favorise un tel
état de choses, je vous dis catégoriquement non, preuves à
l'appui.
M. MERCIER: Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Maskinongé.
M. PICOTTE: Je pense que tout le monde au Québec serait bien
heureux si on apprenait demain matin que les primes d'assurances diminuaient.
Evidemment, pour que les primes d'assurances diminuent, il faut que les
accidents, qui causent ces hausses épouvantables, diminuent. J'ai
posé une question hier et je n'ai pas eu de réponse et je me
demande si la fédération l'a envisagée, l'assurance
obligatoire sur une base de conducteur, ne croyez-vous pas que ça
diminuerait, en tout cas, que ça pourrait diminuer le nombre d'accidents
et que ça donnerait aussi un peu plus de responsabilité à
chaque individu? A un moment donné il y a un dossier et ce dossier le
suit et si le gars a 3, 4 ou 5 accidents, il ne devient plus assurable et s'il
n'est plus assurable, si l'assurance est obligatoire, à ce
moment-là, c'est un problème. Ne croyez-vous pas que ça
pourrait être une façon, en tout cas, d'amener une certaine
diminution, y compris tout ce qu'il peut y avoir de mécanismes,
etc.?
M. PARADIS: M. le Président, je pense que seuls des chiffres
pourraient prouver ce que ça peut donner. De prime abord, il va sans
dire que ça pourrait répartir beaucoup plus équitable-ment
les coûts d'assurance. Dans une famille, par exemple, où vous avez
trois conducteurs et où il n'y a qu'une seule automobile, à ce
moment-là, vous n'avez qu'une seule charge. Si vous aviez, par
exemple... C'est le cas, si vous voulez, dans les familles où vous avez
des possibilités financières plus grandes que d'autres, où
l'épouse a son automobile et le propriétaire ou le mari a
également son automobile, vous avez deux primes. Naturellement, ce
fai-
sant, en orientant la police vis-à-vis du conducteur, vous
multipliez les polices mais ce faisant, je pense, et nous croyons que ça
pourrait répartir plus équitablement la prime. Si vous avez une
seule personne dans une famille qui a un conducteur, au lieu de coûter
$100 de prime, est-ce qu'à ce moment-là on peut poser la
question, ça ne lui coûterait pas peut-être la moitié
moins, $50, qu'à celui de la famille où il y a deux conducteurs?
Est-ce qu'il n'y aurait pas $50 sur l'un et $50 sur l'autre et dans la famille
où il n'y a qu'un conducteur, il n'y aurait peut-être que $50.
C'est une question que nous nous posons. Je ne sais pas si le rapport, au
niveau chiffres et au niveau financier, s'est penché là-dessus?
Il nous semble, à prime abord, que ça pourrait
théoriquement répartir les coûts plus équitablement.
Mais, malheureusement, nous n'avons pas de chiffres là-dessus.
Peut-être que le rapport ou les commissaires se sont penchés et
ont une étude là-dessus. Je sais que dans le rapport, il est fait
mention qu'à ce jour il semblerait que ça pourrait multiplier les
polices, ce faisant multiplier les coûts. A l'émission,
peut-être, mais globalement, si on prend le nombre de véhicules en
circulation avec le nombre de conducteurs, ça pourrait peut-être
nous orienter au niveau des possibilités de baisse de primes.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais juste poser une question.
Vous avez affirmé, depuis que j'ai pris la parole tantôt, que vous
aviez tenté, infructueusement, de négocier vos commissions.
Est-ce que c'est avec le Bureau d'assurances du Canada?
M. PARADIS: C'est-à-dire que ce que nous avons fait, M. le
Président, ç'a été, prioritairement, au tout
départ, de s'orienter vers les organismes, les assureurs
canadiens-français. Dès le départ, je pense que nous nous
devions de les rencontrer. Nous avons soumis un projet de travail...
M. LEGER: ... vous suivre. Quand vous dites les assureurs
canadiens-français, est-ce qu'ils sont représentés dans un
groupe ou si vous avez essayé de négocier avec chaque compagnie
individuellement?
M. PARADIS: Ils étaient représentés, à ce
moment-là, au niveau de la Conférence des assureurs
indépendants et vous aviez, de l'autre partie, ce qu'on appelait
anciennement, l'Association canadienne des assureurs.
Or, ceux-là qui ont chapeauté ou l'organisme qui chapeaute
n'a pas été représenté, pas plus que le Bureau des
assureurs du Canada n'a été consulté. Nous avons
consulté les organismes ou les assureurs qui avaient un siège
social ici, au
Québec, et nous n'avons pas eu de réponses d'eux; nous
avons eu une réponse déguisée du Bureau des assureurs du
Canada qui disait qu'il n'était pas intéressé ou que ses
compagnies membres ou les compagnies consultées n'étaient pas
intéressées à négocier avec nous.
M. LEGER: Supposons que le gouvernement arriverait avec une solution
étatique de l'assurance, est-ce que vous seriez intéressé,
comme groupe, à négocier vos tarifs ou vos honoraires ou votre
commission avec le gouvernement?
M. PARADIS: M. le Président, je pense que la
fédération est formée, c'est un outil de
négociation. Le régime qui sera en place, la
fédération devra se plier à ce régime politique.
Et, assurément, que ce soit avec l'un ou avec l'autre, nous sommes
là et nous avons un mandat de nos membres de négocier leur
rémunération.
M. LEGER: D'accord, merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Montmagny-L'Islet.
M. CHAPADOS: Est-ce que je pourrais juste ajouter une petite dimension,
M. le Président, avec votre permission?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Allez, allez!
M. CHAPADOS: Bon. C'est extrêmement important, en fait, ce qui
vient d'être dit. C'est que nous vivons actuellement, tout le monde le
sait et le réalise, dans un monde où l'Etat est appelé de
plus en plus à intervenir. C'est une réalité. Mais, face
à cette réalité, la fédération n'entend pas
crier à la socialisation et à l'étatisation et à
tout ce que vous voulez. Une chose est fondamentale. C'est que, peu importe le
système pour la fédération elle a parlé de
ses préférences dans son mémoire, mais peu importe la
décision politique arrêtée une chose est
impérieuse. Est-ce que la chose va se faire unilatéralement et
arbitrairement ou si elle va se faire en concertation et par la
négociation avec l'organisme représentatif que la profession
s'est donné? C'est la seule question et c'est la grande question.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Montmagny-L'Islet.
M. GIASSON: Avant d'adresser ma question aux gens de la
fédération, j'aurais une question à poser au ministre. Je
prierais le ministre de ne voir aucune malice dans ma question, ni un
piège; c'est tout simplement mon désir de savoir de façon
très objective.
M. TETLEY: Vous protestez trop.
M. GIASSON: M. le ministre, j'aimerais sa-
voir les raisons pour lesquelles il a semblé sûrement y
avoir hésitation, du côté du ministère des
Institutions financières, face à la demande des associations qui
composent la fédération, à leur permettre d'utiliser les
pouvoirs des syndicats professionnels, la Loi des syndicats professionnels,
pour être reconnues comme telles?
Etait-ce la venue prochaine du rapport Gau-vin, était-ce la
présence ou des représentations faites par l'Association des
courtiers existante ou s'il y a d'autres motifs qui justifiaient ce retard
à permettre aux courtiers d'assurance d'utiliser les pouvoirs de
l'association prévus par la Loi des syndicats professionnels?
M. ROY: Très bonne question de mon collègue, M. le
Président.
M. GIASSON: On a toujours de bonnes questions.
M. TETLEY: Je ne comprends pas exactement la question, parce que... Non,
parce que Me Chapados est venu me voir pour me demander une charte, ce que je
lui ai accordé. Avez-vous fait une deuxième demande, Me Chapados,
ou à qui?
M. CHAPADOS: Voulez-vous répéter la question, je n'ai pas
saisi?
M. TETLEY: Je sais que vous avez une demande ici, vous avez fait une
intervention pour que j'agisse comme arbitre, mais est-ce qu'il y a une
deuxième demande de votre fédération?
M. GIASSON: C'est possible M. le ministre. C'est qu'à un moment
donné, les associations ont demandé à être reconnues
et à utiliser les pouvoirs de la Loi des syndicats professionnels;
est-ce juste?
M. PARADIS: C'est ça.
M. GIASSON: Et du côté du ministère, on a senti une
hésitation.
M. TETLEY: Un instant, avez-vous fait cette demande-là?
M. CHAPADOS: Quelle demande?
M. TETLEY: Vous ne comprenez pas la question non plus, mais posez-la
encore.
M. BACON: M. le ministre, pour être plus explicite, si ma
mémoire est fidèle, je pense que dans les régions on
demandait tout simplement de s'incorporer en vertu de la Loi des syndicats
professionnels. Le hasard a voulu, j'en suis très fier, que la
région de Trois-Rivières et, je pense, deux autres régions
ont été reconnues. La question de mon collègue de
Montmagny-L'Islet vise à savoir pourquoi les autres.
M. TETLEY: Elles ont toutes leur charte, sauf erreur et même la
fédération.
M. CHAPADOS: Actuellement, ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu
des... je pourrais vous faire l'historique, je n'ai pas le dossier ici, mais je
ne le ferai pas. Alors, avec les dates, etc., ce qui s'est passé...
M. BACON: La question était: Pourquoi y avait-il eu
hésitation dans la...
M. TETLEY: Un instant, ce n'était pas la question, mais je vais
répondre, laissez-moi parler.
M. BACON: Mon Dieu, oui. Je regrette, c'est ce qu'on voudrait que vous
parliez.
M. TETLEY: Votre question est fautive; j'ai donné la charte,
n'est-ce pas, Me Chapados, à votre région, à toute
région et à la fédération? Bon, fini; vous n'avez
pas fait d'autres demandes. Merci.
Ceci est la réponse à une question du député
de Montmagny-L'Islet. La question subsidiaire du député de
Trois-Rivières: Pourquoi l'hésitation? Parce que j'ai
consulté des avocats. Je ne suis jamais mon propre avocat, malgré
que je paie la cotisation au Barreau chaque année, un montant de $300
à $400. J'attends mes conseillers et, de plus, il y avait un doute parce
que, dans la loi adoptée par le gouvernement Lesage, il y a une
stipulation suivant laquelle l'association n'avait aucun droit de
négocier, etc., et un des deux mouvements, la Fédération
des courtiers que représente Me Chapados avait le pouvoir de
négocier et c'était clair. Donc, j'avais, d'un côté,
une loi prohibant la négociation pour l'association. Je ne sais pas,
peut-être à cause du génie de Me Chapados, ce dernier a
décidé de former une fédération en vertu d'une
autre loi avec exactement ce pouvoir refusé par une autre loi.
Finalement, après étude, consultation et plusieurs
opinions et j'ai fait l'erreur de consulter deux avocats et, en
conséquence, j'ai eu deux opinions; j'ai dû consulter un
troisième avocat j'ai décidé: Oui, il a sa charte,
ses chartes depuis longtemps.
M. CHAPADOS: J'aimerais ajouter ceci à la réponse du
ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives. Je suis d'accord sur l'acceptation qu'il vient de donner,
mais sous réserve d'une phose, et je ne parlerai pas comme procureur de
la Fédération des courtiers d'assurance, mais comme avocat tout
simplement.
Il ne faudrait pas que, dans cette affaire, ce soient les avocats qui,
somme toute, paient les pots cassés, parce qu'ils ont pris du temps
à donner des opinions. Les avocats, nous sommes les
boucs-émissaires, en fait.
M. BACON: Mon Dieu! Pauvres vous au-
tres! Vous faites pitié! C'est une des meilleures qu'on a
entendues.
M. CHAPADOS: Je vous en reparlerai la semaine prochaine.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives pour terminer.
M. TETLEY: Je crois que toutes mes questions ont été
posées ou la plupart. J'ai certaines réserves au sujet de vos
remarques concernant l'amélioration du chapitre b) que vous voulez, et
non pas des chapitres a) et c), et je me demande si cela va épargner
vraiment beaucoup d'argent. Mais au moins, je connais votre proposition. Vous
voulez l'assurance-automobile "no fault", sans égard à la
responsabilité, dans certains domaines seulement.
Au sujet de votre propre demande, si je comprends bien, vous voulez
garder votre rôle et votre commission, à moins de les
négocier. Mais vous n'avez pas parlé des compagnies. Le
comité Gauvin coupe, en bonne partie, leur partie du dollar de prime.
Les frais d'administration se totalisent à peu près à 36
p.c, dont 12 1/2p.c. était votre pourcentage qui a été
coupé à 5 p.c, mais les compagnies et le total ont
été coupés à 12 p.c. Vous n'avez pas
mentionné, dans votre mémoire, votre opinion au sujet des
compagnies. Est-ce que les compagnies peuvent couper, comme le stipule la
commission Gauvin, leurs frais d'administration?
M. PARADIS: M. le Président, je pense que cette
question-là devrait être posée directement aux assureurs.
C'est très difficile pour nous de nous prononcer pour eux. Nous ne
connaissons pas leur marge sinon par le rapport: les marges de profit, les
marges d'administration susceptibles d'être influencées. Ce qui
nous a semblé le plus important c'est que, dans une possibilité
de coupure totale d'à peu près 12 p.c, il y en avait 7 1/2 p.c.
à 8 p.c. qui venaient de chez nous.
M. TETLEY: C'est ça.
M. PARADIS: Ce qui veut dire que nous devons couper beaucoup plus pour
que l'entreprise privée conserve, selon les recommandations. On disait :
Est-ce réellement potable, pour nous, les petites entreprises de
professionnels, de couper 7 1/2 p.c. à 8 p.c. lorsque vous demandez aux
assureurs de couper 66 2/3 p.c. moins que nous?
M. TETLEY: Oui, à peu près.
M. PARADIS: C'est là-dessus qu'on s'est prononcé, M. le
ministre. C'était là notre devoir, je pense. Si on s'était
avancé dans le champ des assureurs, je pense qu'on aurait pu, dès
le départ, fausser tout notre mémoire, fausser
énormément de chiffres et réorienter la question là
où on n'avait pas le droit de le faire.
M. TETLEY: Mais, tout simplement, vous avez parlé un peu du
rôle de l'avocat, pas le rôle d'avocat mais le "no fault" ou la
responsabilité sans égard à la faute. C'est une question
que je voulais poser ou noter, au moins, que vous n'avez pas osé parler
de la question des compagnies, dans votre rapport.
Bon, je n'ai pas d'autres questions sauf une mise au point, M. le
Président, au sujet de la commission Gauvin. Me Belleau, M. Rankin sont
ici aujourd'hui, M. Jean-Marie Bouchard sera disponible cet après-midi,
de même que M. Gauvin.
M. Gauvin aussi veut revenir à la fin répondre aux
questions et aux mémoires, etc. Je voulais noter ça.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A la fin de quel mémoire, lorsque les
trois mémoires auront été entendus?
M. TETLEY: Nous allons décider ici, l'Opposition et le
gouvernement, le moment opportun.
M. LEGER: M. le Président, sur ce point, je pense qu'il serait
pas mal important que des représentants du rapport Gauvin puissent au
minimum assister, être invités, M. Gauvin inclus. On a quand
même besoin de lui, qu'il soit présent. Qu'il soit aussi
invité, à la fin, à faire un résumé des
interventions provenant des différents groupes qui viennent ici
défendre leurs intérêts. Comme de raison, en
défendant leurs intérêts, parfois ils peuvent avoir
très bien compris le rapport Gauvin ou mal compris certains aspects. Ce
serait important que M. Gauvin et son équipe soient ici pour faire une
mise au point au sujet des affirmations qui peuvent être faites, durant
les trois prochaines semaines.
M. TETLEY: C'était mon intention, comme vous savez, je vous ai
même écrit, et c'était entendu avec M. Gauvin; mais hier il
y a peut-être eu un malentendu. On n'a pas eu peut-être toutes les
réponses à nos questions, des deux côtés de la
table, mais je crois que votre suggestion est très bonne.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Montmagny-L'Islet aurait une courte question. Je lui avais enlevé la
parole sans le vouloir.
M. GIASSON: C'est une question qui suivait celle qui était
adressée au ministre. M. Paradis, on a fait état ce matin des
pourcentages de commissions payés en assurance-automobile versus les
pourcentages de commissions payés
dans les autres lignes d'assurance générale. Moi, je pense
qu'on n'a pas suffisamment traduit une réalité des
activités normales d'un bureau d'assurance. J'aimerais vous demander
ceci. Entre un dossier d'assurance-automobile et un dossier d'assurance
générale, que ce soit du cautionnement, de l'incendie,
combiné résidentiel, police commerciale industrielle ou autres
types d'assurance, risque divers, quand vous avez à travailler dans ces
dossiers dans votre bureau, vous avez à vous référer
à votre dossier de l'automobile combien de fois dans une année,
par rapport au nombre de fois que vous intervenez dans les dossiers d'autres
lignes générales?
M. PARADIS: M. le Président... M. GIASSON: Une proportion.
M. PARADIS: ... je pense qu'on peut dire de trois à quatre fois
plus dans un dossier d'incendie résidentiel que dans un ...
DES VOIX: Ah non! c'est le contraire.
M. PARADIS: Je m'excuse, dans un dossier d'automobile comparativement
à un dossier d'incendie résidentiel. On a trois à quatre
fois à se référer au niveau de l'automobile, à
cause des changements d'automobile, des changements d'adresse, des additions de
couverture, des additions de conducteur, des réclamations, etc. C'est au
moins trois fois plus, je pense, dans le domaine de l'automobile, que dans les
autres. Cela peut être une réalité honnête.
M. GIASSON: Je veux que soit mise en parallèle, lorsqu'on
considère les pourcentages de commission payés dans les autres
assurances générales par rapport à ce qu'on nous paie en
assurance-automobile, la somme de travail ou d'interventions dans un dossier
sur l'automobile. Je voulais que vous le disiez parce que c'est une
réalité que je connais. La somme de travail à mettre
là dépasse de beaucoup cette somme de travail qu'on peut mettre
dans les dossiers qui touchent d'autres lignes d'assurance.
M. PARADIS: D'accord, lorsque vous parlez de l'ouverture du dossier, je
parle de trois ou quatre fois. Lorsque vous parlez de la somme de travail,
chaque fois qu'on ouvre un dossier pour une assurance-automobile publique,
l'assuré a toujours des revendications; cela peut représenter une
somme de travail pratiquement incalculable. C'est très difficile
d'étudier le nombre d'heures/homme ou de minutes/homme pour chaque
dossier; je pense que c'est quand même beaucoup plus.
M. GIASSON: Je voulais ce complément en réponse à
une question qui avait été posée par le
député de Lafontaine ce matin. Vous n'aviez peut-être pas
souligné cette dimension vis-à-vis des interventions qu'on peut
faire dans un dossier touchant l'automobile par rapport aux autres
dossiers.
M. PARADIS: Naturellement. M. le Président, c'est ici ma
dernière intervention. Encore une fois, je répète
qu'à cause du très jeune âge de la fédération
et de ses budgets nous n'avons pas présentement nous n'avons donc
pas pu vous la fournir, messieurs toute la documentation au niveau des
chiffres que des recherches nous auraient donnée, des recherches qui
impliquent des coûts et des coûts fantastiques,
malheureusement.
M. TETLEY: Je vous remercie, messieurs de la fédération,
pas simplement l'exécutif et votre avocat, mais tous les membres qui
sont venus aujourd'hui. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, merci au nom du
gouvernement et aussi de l'Opposition, j'en suis certain.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, cet après-midi nous appellerons
l'Association pour la protection des automobilistes et M. Edmonston sera
entendu.
On suspend les travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 13 h 9)
Reprise de la séance à 15 h 8
M. BRISSON (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
J'appelle le représentant de l'Association pour la protection des
automobilistes, M. Ed-monston.
Association pour la protection des
automobilistes
M. EDMONSTON: Merci, M. le Président. J'aimerais faire une petite
préface à mes remarques, étant donné que nous
n'avons pas beaucoup de temps parce que beaucoup d'autres groupes veulent se
faire entendre aujourd'hui. J'ai avec moi, aujourd'hui, notre conseiller
juridique, Me Richard Le Hir, qui va exposer les vues de l'Association pour la
protection des automobilistes concernant la compensation des automobilistes
sans égard de responsabilité. Moi, je vais trancher la question
de la sécurité routière, pour réduire le nombre des
accidents routiers pour peut-être réduire les primes d'assurance
au Québec.
Juste pour faire une préface, l'Association pour la protection
des automobilistes, c'est une association sans but lucratif, qui a
été subventionnée par le gouvernement provincial, en
partie, et aussi subventionnée par le gouvernement
fédéral, pour protéger les intérêts des
consommateurs automobilistes et aussi pour donner certains mémoires,
comme le mémoire d'aujourd'hui concernant l'assurance-automobile au
Québec.
Nous avons seulement environ 3,000 ou 3,500 membres. Nous ne sommes pas
tellement nombreux, mais notre association travaille surtout dans le milieu de
la sécurité routière et de la protection des
consommateurs.
Nous avons quinze recommandations mais nous avons groupé la
plupart de nos recommandations dans deux sujets différents: la
sécurité routière, et la compensation sans égard de
responsabilité.
Je vais laisser le micro à Me Richard Le Hir, qui, comme je l'ai
déjà dit, est notre conseiller juridique. Il va parler de la
question de la compensation sans égard à la responsabilité
et de notre position en comparaison avec le Barreau du Québec.
M. LE HIR: M. le Président, à la demande de l'APA, je dois
tout d'abord vous lire un communiqué de presse que l'APA a fait
paraître hier, suite à la position du Barreau, qu'on voit affirmer
assez fréquemment, ces jours-ci, dans la presse.
Le texte se lit comme suit: "L'Association pour la protection des
automobilistes s'est aujourd'hui déclarée fortement en faveur de
l'assurance-automobile sans égard à la responsa- bilité et
favorable au rapport de la commission Gauvin sans aucune restriction. "M.
Philippe Edmonston, président de l'APA, a, de plus, fortement pris
à partie la position du Barreau du Québec, qu'il juge
étroitement corporatif, réactionnaire et peu soucieux de la
protection du public. "Cette dénonciation fait suite à la
campagne de publicité récemment entreprise par le Barreau pour
sensibiliser la population du Québec aux méfaits possibles de
l'application du rapport Gauvin. "M. Edmonston a ajouté que la solution
Gauvin était infiniment préférable au tripotage et aux
avocasseries que permet le système actuel. En effet, compte tenu des
délais dans lesquels se règlent généralement les
causes de responsabilité automobile et les incertitudes qu'il peut y
avoir quant à la preuve dans certaines affaires, il vaut mieux
établir le plus vite possible au Québec un système de
compensation fondé sur l'occurence d'un fait générateur de
dommages-intérêts plutôt que le système actuel
basé sur l'existence d'une faute génératrice de
dommages-intérêts. "Il serait toujours temps ensuite, dit M.
Edmonston, d'instituer des mécanismes d'arbitrage qui permettraient une
révision des compensations qui pourraient être accordées.
Mais, entre-temps au moins, la personne qui a subi un dommage aurait
reçu quelque chose qui pourrait l'aider à traverser ces
difficultés occasionnées par un accident. "Quant à
l'argument moral selon lequel les citoyens ne sentiraient plus aucune
contrainte et deviendraient irresponsables, M. Edmonston le trouve absolument
ridicule et non fondé puisque le taux des primes d'assurance-automobile,
même dans un système "no fault", pourrait toujours être
ajusté à la performance d'un conducteur et au risque qu'il
représente. "En somme, concluait M. Edmonston, le Barreau, encore une
fois, a montré énormément de mesquinerie et
d'égoisme dans la protection des intérêts de ses membres et
oublie une fois de plus qu'il a des obligations envers la population en vertu
de la Loi sur le Barreau. Chaque jour, un peu plus, le Barreau perd, par sa
propre turpitude, quelques bribes du peu de crédibilité qui peut
encore lui rester."
M. le Président, vous me permettrez maintenant d'en venir aux
propositions qui sont soumises en toute humilité par l'Association pour
la protection des automobilistes. Tout d'abord, en ce qui concerne le
régime d'assurance sans égard à la responsabilité,
il ne fait aucun doute que l'APA ne peut que se ranger aux conclusions du
rapport Gauvin en ce domaine. Vous permettrez ici d'introduire certaines
réflexions quant à certaines expériences que j'ai
moi-même pu avoir en représentant les consommateurs devant les
tribunaux. Dans certains cas, la preuve que l'on peut faire est
extrêmement difficile et, en particulier c'est peut-être
une
des lacunes du rapport Gauvin dans sa description du problème
juridique de la preuve il arrive fréquemment qu'un consommateur
doive intenter une action en dommages, à la suite d'un accident, contre
le fabricant de l'automobile.
Or, les problèmes techniques que soulève alors cette
preuve sont assez considérables et il est évident qu'une fois
l'accident produit, les problèmes de l'expertise sont complexes.
En conséquence, dans certains cas, ignorer l'existence du dommage
et le conditionner à l'existence d'une faute qui puisse être
établie devant les tribunaux, ça équivaut carrément
à un déni de justice à l'endroit du consommateur ou de la
personne qui a subi l'accident. Pour en revenir plus spécifiquement aux
recommandations de TAPA, une des premières, c'est d'étatiser
l'industrie de l'assurance-automobile.
Il s'agit d'un service public au même titre que
l'assurance-maladie ou l'assurance-récolte. Il n'y a pas de raison
valable que ce ne soit pas une régie gouvernementale qui exerce cette
responsabilité.
A l'heure actuelle, il y a environ trois millions de véhicules
automobiles enregistrés sur les routes du Québec et le nombre de
ces véhicules justifie absolument, selon nous, le fait qu'il s'agisse
d'un service public. L'APA n'est toutefois pas complètement naïve
et ne croit pas que le gouvernement du Québec soit sur le point de poser
un geste aux conséquences politiques si compromettantes. Aussi, tout en
réitérant que l'étatisation demeure la solution la
meilleure et la moins coûteuse pour le consommateur, l'APA suggère
tout au moins l'application des mesures suivantes: Dans un premier temps, il
pourrait y avoir un ombudsman de l'assurance, c'est-à-dire qu'il
faudrait adjoindre un ombudsman au surintendant des assurances qui serait
chargé de procéder aux enquêtes sur les allégations
de corruption, d'intimidation, de cessation injuste de contrats, d'augmentation
injustifiée des tarifs de primes et des primes elles-mêmes, de
règlements différés. L'ombudsman pourrait alors
décider s'il y a matière à poursuite et, si tel est le
cas, référer les dossiers au ministère de la Justice.
Troisièmement, concernant les revenus de placement des compagnies
d'assurance, toutes les compagnies d'assurance, faisant affaires au
Québec, devraient être tenues d'investir les primes sur leurs
contrats avec des Québécois, dans l'économie
québécoise. Les revenus de ces placements devraient être
déclarés annuellement et analysés avant qu'une hausse des
tarifs ne soit autorisée.
Quatrièmement, débats publics sur les tarifs: Le
Québec devrait instituer des audiences publiques sur les tarifs avant
d'accorder des augmentations aux compagnies. Ces débats devraient
permettre à un maximum de citoyens de se faire entendre et un avocat
devrait être commis d'office pour représenter la cause des
consommateurs et battre en brèche les positions de l'industrie.
Cinquièmement, améliorer la gestion des programmes. Le
surintendant des assurances devrait pouvoir agir pour promouvoir
l'uniformisation des techniques de commercialisation en série et les
programmes d'assurance-groupe.
Sixièmement, et à défaut, une fois encore, de
l'étatisation de l'assurance-automobile, il y aurait peut-être
lieu de constituer une société de la couronne qui serait
appelée à concurrencer l'entreprise privée. (Il y a tout
de même un danger à cette solution dans la mesure où cette
société de la couronne pourrait être contrainte par la
force des choses à assumer les pires risques mais ça
constituerait peut-être un moyen terme acceptable). Cette
société pourrait alors, dans un premier temps, établir,
à même son expérience, son propre tarif en se basant sur
ses statistiques, en constituant ses catégories de risques. Dans un
deuxième temps, établir un centre de recherches qui
préparerait des projets de réforme et analyserait divers
programmes d'assurance. Et, dans un troisième temps, obtenir des
informations de première main sur la façon dont opère
l'industrie au Québec et sur les avantages ou les désavantages
qui en résultent pour la population.
A ceux qui ne manqueront pas de crier au socialisme, nous leur faisons
remarquer que ce socialisme est inévitable si les énormes
corporations continuent de subvertir le marché libre par en dessous tout
en vantant ses bienfaits dans des discours ronflants aux assemblées des
actionnaires.
A cet égard, j'aimerais vous citer un commentaire qu'avait fait
l'ancien secrétaire d'Etat à l'intérieur aux Etats-Unis,
M. Walter Hickle, vous me permettrez de vous en faire part en anglais
étant donné qu'il n'y a pas de bill 22 aux Etats-Unis: "It was
Abraham Lincoln's theory that government should only do those things that
private enterprise cannot do or cannot do so well. This does not mean total
involvement by government in private enterprise, but it does mean guidance and
regulation. We have the greatest incentive system ever put together on earth,
but free enterprise allowed to run totally free will destroy itself".
Et je vous réfère à ces commentaires et en
particulier à la dernière partie de la dernière phrase:
"Free enterprise allowed to run totally free will destroy itself" aux pages 2
ou 3 de notre rapport où il y a une liste des méfaits qu'on peut
attribuer à l'industrie de l'assurance au Québec. Vous verrez, il
y a une liste de six ou sept cas, dix cas, en fait, qui sont
particulièrement flagrants d'abus.
Alors, il s'agirait, dans le fond, pour le Québec, d'assumer les
services publics et de réformer l'entreprise privée pour l'amener
à exercer ses responsabilités envers la collectivité. Il
faut mettre fin à ces abus et s'assurer que tout programme fonctionne de
façon responsable et efficace. Pour le point 7, je laisse la parole
à M. Edmonston.
M. EDMONSTON: Pour la question de la
sécurité routière, nous ne trouvons pas le
problème tellement complexe. On n'a que trois éléments qui
contribuent aux accidents routiers: l'automobile, le chauffeur et la route. Et
si on commence par l'automobiliste, on a certaines recommandations pour
l'automobile aussi et pour les autoroutes, aussi les routes secondaires, les
chemins secondaires que nous avons ici au Québec.
Premièrement, pour l'automobile, c'est vraiment nécessaire
et c'est presque obligatoire, à notre avis, d'avoir l'inspection
obligatoire des automobiles. Depuis six ans, j'en ai parlé aux ministres
des Transports, les différents ministres parce qu'ils changent souvent,
j'ai demandé l'inspection obligatoire des automobiles. Toujours ils
disent: Oui, l'année prochaine, l'année prochaine. On n'a
toujours pas de ça. On a des "minounes". Des "minounes" je viens
d'apprendre ce que c'est, au Québec. C'est une automobile bien
sûr, des "minounes" qui se vendent en Ontario, qui sont vendues ici avec
leur odomè-tre reculé et toutes sortes de choses. Quoi?
M. BACON: Parce qu'il y a différents sens qu'on ajoute.
M. EDMONSTON: Moi je parle des "minounes" avec des odomètres. Si
vous connaissez les autres, ça c'est votre affaire. Des odomètres
reculés et des voitures vraiment non sécuritaires, en mauvais
état. Vraiment, nous sommes mal servis, avec les lacunes que nous avons
dans notre loi, pour permettre aux vendeurs d'automobiles de vendre des
automobiles qui sont en mauvais état, aux automobilistes mêmes de
rouler avec des automobiles en mauvais état.
On a avancé certains chiffres. Par exemple, on a dit que 10 p.c.
jusqu'à 15 p.c. des accidents d'automobiles sont causés par des
défectuosités des automobiles. C'est beaucoup franchement, et
cela ne coûterait pas tellement cher, je crois, d'instaurer un
système d'inspection obligatoire des automobiles, ici au Québec.
On a déjà instauré un tel système en
Nouvelle-Ecosse et cela a très bien fonctionné et ils ont
utilisé le système des garages qui existaient déjà.
Ils ont donné à tous les garagistes le permis pour
vérifier les automobiles annuellement. Je crois que cela coûte $5
ou $7 et cela a très bien fonctionné. Seulement, après la
première année, ils ont dû enlever le permis à la
moitié des garagistes parce qu'ils ont trouvé qu'il y avait,
même en Nouvelle-Ecosse, plusieurs garagistes qui forçaient la
note.
Mais nous pouvons faire la même chose ici. En même temps,
nous pouvons faire un nettoyage des garagistes qui vont abuser du permis.
Si nous sommes sérieux, pour réduire les accidents
d'automobiles au Québec, nous devons contrôler
sévèrement les garages, le système des réparations,
le système des permis, le.'; stations d'essence et aussi les gros
concessionnaires, qui ne sont pas tellement plus compétents que les
garagistes, franchement, que les petits garagistes et les stations d'essence.
Surtout que l'Office de la protection du consommateur peut, facilement,
surveiller ces garages en demandant que tous les garages qui réparent
les automobiles soient enregistrés à l'Office de la protection du
consommateur, comme on a déjà obligé les concessionnaires
de voitures usagées à s'enregistrer à l'Office de la
protection du consommateur.
Si un garagiste est trouvé coupable d'avoir vendu une voiture
vraiment en mauvais état, non sécuritaire, avec le millage
reculé, le tripotage de l'odomètre, il peut perdre le permis du
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives. Il peut perdre le permis qu'il détient de ce
ministère.
Au no 9, nous proposons aussi de contrôler encore la
publicité dans l'industrie de l'assurance. On voit beaucoup de gens qui
parlent de l'assurance, qui vendent de l'assurance comme du savon. Il y a des
vedettes de télévision qui parlent d'assurance, des annonceurs de
télévision, des joueurs de hockey, des joueurs de baseball qui
disent: Prenez telle assurance parce que c'est la meilleure. Je trouve que
c'est un mauvais exemple. Je crois que, si l'assurance doit être vendue
à tels gens, elle doit être vendue sur une base d'information et
non pas sur une base de "vedettisme". Appelons cela "vedettisme". Il y a des
vedettes qui se servent de leur popularité pour vendre de
l'assurance.
Aussi, il faut vérifier toutes les choses des grosses compagnies
d'assurance. Les groupes de pression, qu'est-ce qu'ils disent dans leurs
brochures d'intérêt public? C'est vraiment drôle si vous
jetez un coup d'oeil là-dessus. Ils ne disent pas toujours les choses
vraiment correctement. On parle, par exemple, de l'étatisation; ils se
plaignent que l'étatisation, c'est plein de paperasse, que ça n'a
jamais marché nulle part et tout cela. Ils sont vraiment un peu
réactionnaires par leurs critiques là-dessus, mais c'est toujours
dans l'intérêt public, selon leurs mots.
J'ai entendu qu'on a essayé, avec le surintendant des assurances
et même avec le ministre des Institutions financières, Compagnies
et Coopératives, d'instituer une façon qui ferait que les
réclamations des automobilistes assurés seraient
accélérées. Cela veut dire qu'ils vont avoir une
compensation beaucoup plus vite que ça n'arrive normalement. Depuis les
trois ou quatre dernières années, nous n'avons pas vu tellement
d'amélioration dans ce domaine-là. On a toujours des
automobilistes qui ont dû attendre des deux, trois ou quatre mois pas
pour des choses litigieuses, pas pour des litiges ou des questions juridiques,
mais juste pour une décision de la compagnie à savoir si elle va
les payer, oui ou non. Je parle de deux parties qui sont également
assurées. Il y a une sorte de bureaucratie entre ces deux compagnies
d'assurance et, souvent c'est la chose la plus étonnante
même, quand le consommateur n'a pas de déductible, les compagnies
d'assurance obligent le consommateur à aller à la cour des
petites créances pour réclamer son argent, si ça ne
dépasse pas $300.
Si ça continue, bientôt le consommateur va avoir besoin
d'une assurance sur sa police d'assurance. C'est ça, le problème.
Quand je parle des automobilistes, je ne veux pas dire que
l'assurance-automobile est toute malhonnête; je ne veux pas laisser cette
impression, mais nous avons eu vraiment des choses inquiétantes. Nous
avons vu des compagnies d'assurance qui ont versé des pots-de-vin, qui
ont réduit les réclamations des consommateurs, des
sinistrés de 50 p.c. Nous autres, nous n'avons pas tellement de
mécanismes d'arbitrage, un mécanisme pour aider les
consommateurs, seulement le surintendant d'assurance. Pour nous, le
surintendant d'assurance n'est pas suffisant pour régler les cas
nombreux où apparaft la malhonnêteté de certaines
compagnies d'assurance.
On a vraiment un vide, là. Quand vous êtes un monsieur qui
a une voiture de deux ans ou trois ans qui a une assurance qui coûte $300
ou $350 par année et vous êtes pris avec les compagnies
d'assurance qui disent: Demain, on va régler ça, on va
régler ça le plus vite possible, et ça trame deux mois,
trois mois. C'est vraiment difficile.
Un cours pour les chauffeurs pour la question de sécurité
routière. Ici, nous avons peut-être des écoles de conduite.
L'APA a déjà fait des sorties contre les écoles de
conduite parce que nous avons vu ici au Québec une politique que nous
n'avons jamais vue ailleurs. C'est incroyable, mais c'est vrai, on laisse les
écoles de conduite faire passer les examens de chauffeur
elles-mêmes, sans une politique de Bureau des véhicules
automobiles pour obliger chaque candidat à passer un examen
surveillé par le Bureau des véhicules automobiles. Cela veut dire
que, si vous avez passé votre examen dans une école de conduite,
sur le champ, probablement que vous allez passer sans examen au Bureau des
véhicules automobiles. Je sais qu'il tire au hasard un, deux ou
même trois candidats sur dix, mais pour moi ce n'est pas vraiment
efficace. Il ne faut pas laisser ça à l'entreprise privée,
mais il faut prendre nos responsabilités et obliger chaque automobiliste
à passer un examen à un bureau de véhicules automobiles et
pas avec une compagnie privée, comme une école de conduite, qui
n'est même pas vraiment contrôlée de façon efficace
par le ministère provincial des Transports.
Un autre fait, c'est la question de surveillance sur nos routes. On a
vraiment des lacunes dans la question de la surveillance. Nous avons vu des
gens qui ont violé la loi sans aucune intervention des policiers; c'est
peut-être parce que les policiers ont tellement d'autre travail, je ne
sais pas. Mais ici, au Québec, on a vraiment c'est une mauvaise
réputation et je n'aime pas ça la réputation
d'avoir des chauffeurs qui ne respectent pas les lois. Est-ce que ce n'est pas
possible que, si on a des chauffeurs qui ne respectent pas la loi, c'est parce
qu'on a des policiers qui ne la respectent pas? Je sais une chose, quand je
fais un voyage de Montréal jusqu'en Ontario, quand vous arrivez à
la frontière de l'Ontario, paf! tout le monde ralentit à 60
milles à l'heure, parce qu'on a toutes sortes de patrouilles en avion,
tout ça et le monde a peur. Peut-être que le proverbe
français qui dit La peur est le commencement de la sagesse est un peu
véridique, je ne sais pas. Mais je sais qu'on a un comportement
différent, les automobilistes, quand on passe la frontière de
l'Ontario, d'ici au Québec.
C'est cela le problème: la surveillance des routes. On a
tellement de groupes de sécurité, des groupes de policiers et
même, je crois, le Bureau d'assurance du Canada a parlé
d'accroître réellement la surveillance policière sur nos
routes.
Il y a encore la question d'améliorer la signalisation
routière. Nous avons des routes secondaires ici au Québec, qui
sont épouvantables, vraiment, on ne peut pas y rouler à 60 milles
à l'heure. Nous avons des routes qui sont vraiment dangereuses, qui sont
vraiment des pièges pour l'automobiliste, des routes sur lesquelles
chaque jour, des gens se font tuer parce qu'il y a une mauvaise
signalisation.
Il a fallu, je crois, environ cinq ou six ans pour avoir un bloc de
ciment au milieu, à la longueur de l'autoroute Bonaventure, parce qu'il
y a eu de nombreuses automobiles qui se sont heurtées de front. C'est
très dangereux. Mais cela a pris six ans pour corriger ce défaut
de construction routière.
Finalement, je vais laisser Me Le Hir avant de faire mes
remarques, en conclusion parler de la question du système de
démérite, parce que sa conception est très bonne. Nous
trouvons que le système de démérite est une des
propositions originales que nous avons données au comité Gauvin.
Depuis ce temps-là, nous sommes heureux de voir que le gouvernement
provincial a adopté cette proposition, soit d'établir un
système de démérite. Mais quand même, nous voulons
démontrer certaines lacunes dans le système.
M. LE HIR: Dans le système de points de démérite
tel qu'il existe à l'heure actuelle, nous prétendons qu'il y a
certaines lacunes à savoir, dans l'application du système en
particulier. D'abord, il semble nous avons de bonnes raisons de le
croire que le système n'est pas appliqué
uniformément sur tout le territoire de la province. En
conséquence, l'application non uniforme devient une source de
discrimination pour la personne qui doit subir la rigueur du système
quand il est appliqué contre elle.
En deuxième point, un autre problème provient du fait que
la personne qui a violé les règlements de la circulation ne
reçoit un avis de perte de points qu'après avoir obtenu un total
de neuf points perdus.
Or, ce fait-là nous prétendons qu'il devient une source
d'injustice dans la mesure où,
au-delà de neuf points, la personne qui a perdu ses points doit
être invitée devant un fonctionnaire du Bureau des
véhicules automobiles pour expliquer pourquoi son permis ne devrait pas
lui être enlevé. Dans bien des cas, cela peut se produire
jusqu'à 18 ou 20 mois après que les infractions ont
été commises.
En conséquence, la preuve ou les circonstances atténuantes
qu'il aurait peut-être pu faire valoir à un certain moment
donné, il ne peut plus les faire valoir, étant donné que
cela poserait trop de problèmes. Cela devient une source de
discrimination également dans la mesure où la règle de
droit fondamental audi alteram partem ne peut pas être respectée
dans toute sa rigueur.
Avant que M. Edmonston termine, j'aimerais tout simplement rappeler que,
sur le plan juridique, l'APA est consciente que les réformes
proposées par la commission Gauvin, surtout en ce qui concerne
l'assurance sans égard à la responsabilité, posent des
problèmes dans la mesure où cela bouleverse fondamentalement
l'économie de notre droit. A ce titre, l'APA s'étonne qu'on n'ait
pas cru bon d'inviter à cette commission des experts, tels que M. Tune,
qui aurait pu éclairer la commission et lui expliquer dans quelle mesure
cela peut constituer des changements fondamentaux.
Je vais laisser la parole, si vous le permettez, M. le Président,
à M. Edmonston pour ses remarques de conclusion.
M. EDMONSTON: Finalement, c'est une espèce de cri d'alarme que
nous lançons aujourd'hui. C'est que nous sommes pas mal
déçus que beaucoup de suggestions logiques, suggestions de bon
sens n'ont pas été suivies encore, par exemple l'inspection
obligatoire et d'autres choses. Mais nous sommes aussi déçus du
ministre des Transports, le ministre Mailloux. Je vais vous dire pourquoi.
Il est en train de parler, peut-être. Je n'ai pas voulu prendre
avantage du ministre. Mais je crois que nous avons un besoin immédiat
d'une approche sérieuse à la sécurité
routière. Aujourd'hui, nous avons un besoin immédiat d'adopter
une loi, de légiférer pour obliger le port de la ceinture de
sécurité.
J'ai été déçu d'entendre les commentaires du
ministre des Transports, récemment, qui a dit qu'il n'est pas certain...
Je vais essayer de le citer correctement et si je ne l'ai pas cité
correctement, j'espère que le ministre me corrigera. Au Québec,
oui, c'est bon d'obliger tous les automobilistes à porter une ceinture
de sécurité mais, vous savez, nous sommes tous des Latins, ici,
au Québec et l'esprit latin, c'est que nous voulons avoir une certaine
liberté fondamentale et cela va contre l'esprit latin.
Je veux juste faire remarquer, avant que le ministre...
M. MAILLOUX: Je voudrais m'excuser au- près de vous, mais
tantôt, sans avoir employé les mêmes termes que le ministre,
en faisant référence à l'Ontario qui respecte les routes,
vous avez à peu près fait la même observation en disant
qu'à la minute où on traversait la frontière, les gens
respectaient la loi mais que, dans le Québec, on ne la respectait
pas.
Quand je parle de notre esprit latin, je dis évidemment que je ne
conteste pas la valeur de la ceinture de sécurité, parce qu'il
semble que les résultats obtenus par d'autres pays qui l'ont mise en
pratique sont à l'effet que cela a apporté une réduction
considérable des accidents, mais je me suis demandé si, Latins
que nous sommes, tout le monde, évidemment, ne serait pas pris en
infraction le lendemain matin.
M. EDMONSTON: Oui, formidable! Je vous dis cela parce que, M. le
Président, je veux dire que, depuis que le ministre a fait ses premiers
commentaires, je crois que cela date de quelques mois, il y a eu deux endroits
où ils ont adopté une loi pour le port obligatoire de la ceinture
de sécurité, des lois pour obliger cela, et c'est en France et
à Porto Rico. Je ne crois pas que ces gens soient des Esquimaux. Ce sont
des Latins.
C'est pour cela que je comprends mal qu'à Porto Rico, les latins
l'acceptent et qu'en France, les Français l'aient accepté. Je
trouve qu'étant donné qu'il y a beaucoup de preuves de
l'Australie, même un pays aussi vaste que l'Australie, qui l'a depuis
deux ans... C'est un règlement tellement facile. Nous en avons
parlé avec nos membres, nous n'en avons que 3,000, mais nous n'avons pas
tellement de monde contre cela. Nous n'avons pas les chiffres exacts, c'est la
journée où personne ne les a, mais il semble vraiment, selon
plusieurs études, que les gens ne s'opposent pas vraiment à une
loi pour rendre obligatoire le port de la ceinture de
sécurité.
Notre problème ici, c'est que le gouvernement a tellement peur de
faire fâcher la population québécoise. S'il avait eu aussi
peur avec le bill 22, je suis certain qu'il n'aurait jamais été
adopté. Si on peut adopter une loi pour rendre obligatoire le port des
ceintures de sécurité, on peut sauver la vie de
Québécois, pas à long terme, mais demain, on peut en
sauver beaucoup comme le ministre le sait.
Pour terminer je sais qu'il n'y a que 20 minutes de discussion,
je ne veux pas abuser de notre privilège je veux dire que nous
sommes venus ici aujourd'hui seulement pour vous faire parvenir les
commentaires d'un groupe de consommateurs, pour la protection des
consommateurs. La rémunération ne nous intéresse pas, nous
ne sommes pas ici comme "ombudsman" ni comme des gens qui veulent
protéger leur salaire. Nous voulons vous faire parvenir un peu de nos
commentaires sur les choses à faire tout de suite pour réduire
les primes d'assurance au Québec. Merci beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais, en premier lieu,
féliciter M. le président Edmonston de l'Association pour la
protection des automobilistes et son conseiller juridique, Me Richard Le Hir,
de leur présentation, de leur franchise habituelle et de leur courage et
aussi pour les arguments qui sont assez bien présentés dans leur
mémoire.
Il faut que je vous quitte à seize heures moins cinq, je suis
appelé au Conseil exécutif pour une réunion
particulière de mon ministère, mais le ministre des Travaux
publics, M. Mailloux, va rester ainsi que le ministre de la Justice. Mais j'ai
trois questions. Aux pages 2, 3 et 4, M. Edmonston, Me Le Hir, vous avez
mentionné des accusations de corruption, intimidation et autres, que
vous portez contre les compagnies d'assurance et les accusations sont assez
bien détaillées. Mais est-ce que ces accusations sont contre
toutes les compagnies ou contre une seule ou plusieurs? On m'a informé
qu'à peu près 177 compagnies ou groupes ont des permis pour faire
le commerce de l'assurance-automobile au Québec.
M. LE HIR: M. le Président, si vous le permettez, je vais
répondre à la question du ministre Tetley. En fait, les
accusations qui sont portées ici le sont contre deux compagnies plus
particulièrement. Cela ne veut pas dire que, dans le cas des autres
compagnies, il n'y a pas eu de négligences de relevées à
leur endroit, ça veut tout simplement dire que, pour les fins de la
présentation ici, nous avons restreint ces accusations aux cas de deux
compagnies précises.
Maintenant, vous comprendrez que M. Edmonston, avec deux poursuites pour
$4 millions, à l'heure actuelle, pendantes contre lui, ne peut pas se
prononcer outre ce qu'il dit dans le mémoire. De toute façon, M.
le ministre Tetley possède lui-même un dossier de ces plaintes et
pourra le divulguer s'il le juge opportun.
M. TETLEY: Très bien. Donc, deux compagnies; croyez-vous qu'il y
en ait d'autres?
M. LE HIR: Bien, c'est ce que j'ai dit. Si vous me le permettez, il y a
d'autres compagnies, mais, pour les fins de la présentation, nous avons
restreint les exemples à ces deux compagnies en particulier.
M. TETLEY: Bon. Deuxième question: Aux pages 6 à 11 de
votre mémoire, vous parlez des compagnies d'assurance qui font des
profits exceptionnels. Mais, d'après le rapport Gauvin, la hausse des
primes découle, dans une large mesure, de facteurs extérieurs
imposés à l'industrie. Malgré que toutes les
économies possibles n'aient pas été
réalisées vous pouvez le lire à la page 274
Gauvin n'est pas aussi sévère envers les compagnies et leurs
profits que vous. Avez-vous des informations que Gauvin n'a pas?
M. EDMONSTON: Oui, M. le Président, c'est justement la question
des profits excessifs. Nous avons voulu toucher surtout la rentabilité
ou le profit qui vient des investissements. Nous avons essayé de savoir
et je crois peut-être que le comité Gauvin a essayé
de le savoir le montant des profits que reçoivent les compagnies
d'assurance sur les investissements, et si cela a été
calculé pour leur demande d'augmentation des tarifs chaque année
ou deux, trois fois par année.
Nous pensons, avec les différentes sources que nous avons
nommées ici, que les profits sont excessifs selon certains
critères, si on utilise la question des 36 p.c. de frais
d'administration, par exemple. Pour nous, c'est une espèce de profit
parce que ça touche les salaires des gens qui travaillent pour ces
compagnies d'assurance, ça touche les bâtiments, ça touche
les investissements même à long terme. Quand vous entrez dans les
chiffres des compagnies d'assurance, que vous avez un groupe de pression comme
le Bureau d'assurance du Canada et que vous avez seulement leurs chiffres pour
travailler, c'est très difficile de dire où commencent les
profits excessifs et où on n'a pas de profits excessifs.
Pour nous, 36 p.c. c'est une espèce de gaspillage et aussi c'est
une espèce de profits excessifs parce que ces frais d'administration
vont avec les salaires, les bâtiments, toutes sortes d'affaires comme
ça. En plus, il y a les investissements que les compagnies d'assurance
sont libres de faire ailleurs ou au Québec, comme elles veulent. Nous
pensons que c'est excessif, même 36 p.c, et nous considérons cela
comme un profit.
M. TETLEY: Les 36 p.c, évidemment, ce sont tous les frais
d'administration, etc..
M. EDMONSTON: Maintenant...
M. TETLEY: ... y compris certains profits. Gauvin avait pour conclusion
plutôt que c'était un cas d'inefficacité que d'excès
de profit.
M. EDMONSTON: Mais nous aimerions savoir si ces compagnies d'assurance
ont eu vraiment carte blanche pour "professionnaliser" leur travail et le
système des réclamations, tout cela... Comment peut-on avoir une
inefficacité qui coûte aussi cher si ce n'est pas une
inefficacité planifiée? Comment se fait-il qu'avec toute leur
expérience, elles aient des frais d'administration de 36 p.c? On a
d'autres compagnies qui ne peuvent pas survivre avec des frais d'administration
aussi hauts. Nous trouvons vraiment que c'est de l'inefficacité
peut-être bien planifiée parce qu'il faut que l'argent
aille quelque part, peut-être dans les bâtiments, dans les
salaires. Je ne sais pas si les gens de l'assurance sont mieux payés que
les députés, mais je crois que vraiment ils ont des salaires pas
mal élevés.
M. LE HIR: Avec votre permission, M. le Président, je voudrais
ajouter une précision qui paraît d'ailleurs au mémoire.
Selon nous, il y a une distinction à faire entre les
bénéfices que tirent les compagnies d'assurance des primes
qu'elles administrent et la façon dont elles assument les
dédommagements qu'elles sont tenues de faire, et, également,
l'argent, les profits qu'elles tirent des investissements des surplus qu'elles
peuvent avoir.
Dans cette optique, on se demande si la conclusion du rapport Gauvin
tient également compte de ce deuxième calcul qui permet
d'évaluer la rentabilité à même les investissements
des compagnies sur leurs profits ou sur leurs surplus.
M. TETLEY: Merci. En effet, vous avez répondu à ma
troisième question au sujet des investissements. Je crois que le rapport
Gauvin a très bien mentionné, comme vous à la page 9 de
votre mémoire, la question d'investissement des compagnies d'assurance.
Le rapport Gauvin l'a très bien exposée. Je n'ai pas d'autres
questions. Le ministre des Travaux publics posera des questions peut-être
à la fin, je ne sais pas, quand il voudra. J'espère que
peut-être le ministre des professions aussi de la langue et de tout, va
poser des questions.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je voudrais d'abord, faire remarquer que parmi les onze
groupes qui ont demandé à être entendus jusqu'à
maintenant, c'est le seul groupe qui, par son mémoire, défend
directement les consommateurs. Chacun des autres groupes défend ses
intérêts particuliers au départ. C'est normal et c'est
sain; mais il est très bon de saisir l'importance d'un mémoire,
dont la préoccupation particulière est d'abord la protection des
consommateurs; que ce mémoire soit pris dans sa juste
considération et qu'on découvre une autre vision, une autre
fenêtre sur le fonctionnement de l'industrie de l'assurance au
Québec.
Je dois féliciter l'Association pour la protection des
automobilistes du sérieux des préoccupations qui sont
décelées dans la présentation de ce mémoire, ainsi
que les expériences concrètes et vécues que vous avez
vérifiées pour nous apporter vos conclusions.
La première question que je voulais vous poser concerne justement
votre première recommandation, à la page 35, à savoir:
"Etatiser l'industrie de l'assurance-automobile".
Alors, M. Edmonston, est-ce que vous déduisez, à la
lecture du rapport Gauvin, en plus des expériences que vous avez pu
vérifier personnellement, à la suite de toutes les informations
la banque de données qu'il y a là-dedans que la
conclusion devrait être l'étatisation de l'industrie, ou, si la
conclusion que vous tirez vient uniquement de votre expérience?
Avez-vous vu vous-même, par les données du rapport Gauvin, que la
conclusion soit justement l'étatisation de l'assurance.
M. EDMONSTON: Je vais vous dire oui, mais j'aimerais bien que Me Le Hir
vous donne la précision là-dessus.
M. LE HIR: Les conclusions du rapport Gauvin sont éminemment
respectables et, comme nous l'avons précisé au début, nous
les endossons. Malheureusement, l'association a l'impression, que les
conclusions auxquelles parvient le comité, tombent un peu court de ce
qu'elles auraient dû être si on suivait la logique de la
pensée de la commission. Peut-être que et ceci sans vouloir
préjuger des intentions des membres de la commission, mais simplement,
c'est notre opinion les membres du comité se sont sentis un peu
effrayés de proposer une réforme aussi radicale que celle que
nous sommes nous-mêmes en mesure de préconiser.
M. EDMONSTON: Juste un commentaire là-dessus. Je trouve que c'est
un non-sens... pour deux raisons j'aimerais bien voir l'étatisation.
Premièrement, pour les questions de profits des investissements. Si nous
pouvons obliger les compagnies d'assurance-automobile... nous ne pouvons pas
obliger nos Québécois, des citoyens québécois,
à investir leurs primes dans notre province. Pour moi, c'est un non-sens
de voir Robert Bourassa à New York chercher les fonds, chercher
l'argent, et tenter de persuader le monde d'investir son argent dans notre
province, l'argent étranger. Nous avons notre argent, comme le versement
de primes d'assurance, investi ailleurs. Moi, je crois vraiment qu'il faut
peut-être commencer ici à obliger les gens à investir leurs
primes d'assurance, le gouvernement avec le versement de nos primes d'assurance
versées ici...
Deuxième chose, dans le rapport Gauvin, j'ai nettement
l'impression qu'on a fait une critique assez dure des compagnies
d'assurance-automobile. Je comprends, mais la critique s'arrête à
une place et dit: Bon, on va vous donner une deuxième chance. Vous
êtes un bébé un peu mal élevé. Avec cette
peur que nous vous faisons, cette peur de l'étatisation, vous allez
changer le jour en nuit; vous allez devenir des gens honnêtes, bien,
responsables, compétents. Les règlements deviendront efficaces,
adéquats pour tous les automobilistes. Nos problèmes sont
terminés. Je trouve cela un peu simpliste. Je trouve que les compagnies
d'assurance-automobile n'ont pas tellement intérêt à se
plier au rapport Gauvin.
Je crois vraiment que dans les jours qui vont
suivre, à la commission parlementaire, on va perdre de vue les
consommateurs. On va parler seulement des profits des compagnies d'assurance et
des besoins que les compagnies d'assurance ont pour garder leur champ d'action
ici au Québec. On va parler de socialisme, de démocratie. Mon
Dieu, qu'on parle de démocratie aujourd'hui! Je n'ai jamais tant entendu
parler de démocratie qu'aujourd'hui où on commence à
toucher à l'entreprise privée. Je ne crois pas qu'il y ait une
entreprise privée aujourd'hui. C'est le problème:
l'assurance-automobile n'est pas une entreprise privée. Je trouve que
c'est un monopole. Essayez donc comme simple consommateur de vous adresser
à une grosse compagnie d'assurance. Vous vous adressez à des
groupes de personnes, des compagnies d'assurance. Ce n'est pas facile. Je
trouve que le gouvernement devrait considérer l'assurance-automobile
comme un service public aujourd'hui.
Ce ne sont pas les années vingt ou trente où il y avait
très peu d'automobiles sur la route. On a tellement besoin d'assurance
pour la responsabilité civile qui peut aller jusqu'à $200,000,
$300,00. Vraiment, c'est un service public, comme la Commission des accidents
du travail, comme les autres organismes d'Etat. On peut les contrôler. Ce
n'est pas être socialiste, mais c'est plutôt humanitaire.
Pour ces deux raisons, pour les questions d'investissements et aussi
pour contrôler nos affaires ici au Québec, je trouve que nous
pouvons étatiser l'assurance-automobile au Québec, sans avoir de
révolution. Je crois que cela peut être facilement fait.
M. LEGER: Est-ce que vous croyez possible, avec l'expérience que
vous avez pu vérifier, que les compagnies d'assurance, selon le rapport
Gauvin, acceptent toutes les recommandations telles que stipulées dans
le rapport pour que cela fonctionne? Est-ce que vous pensez qu'elles peuvent
d'abord l'accepter et, ensuite, est-ce qu'elles peuvent fonctionner en
acceptant de se plier à toutes les exigences du rapport Gauvin pour
qu'elles continuent à fonctionner dans l'entreprise privée comme
telle?
M. EDMONSTON: Non. Je pense vraiment que le rapport Gauvin... C'est la
quatrième ou cinquième fois que je me présente à
différentes commissions parlementaires pour protéger les
intérêts des consommateurs. Je crois que ce bébé de
M. Gauvin va être avorté et, malheureusement, le foetus va vivre.
Il va sortir vivant. Il va être déformé. On va essayer de
faire plaisir, je crois... Excusez-moi si je parle franchement
là-dessus, mais je crois vraiment...
M. LEGER: Ne vous excusez pas d'être franc ici. C'est
important.
M. EDMONSTON: Mais je trouve que le gouvernement va essayer de faire
plaisir à tout le monde et, finalement, ce qui va arriver, ce sera
l'anarchie, mais l'anarchie en faveur des compagnies d'assurance. Je ne trouve
pas que cela sera réaliste. Regardez ce qui va arriver dans les
prochains jours avec les représentations des grosses compagnies. On sait
qu'elles sont bien préparées et, en plus, il y a le Barreau. Vous
n'avez pas entendu le Barreau encore, mais je peux vous jurer qu'ils sont
beaucoup mieux préparés que nous. Ils vont vous donner tout le
bon côté de la responsabilité civile; ils vont parler du
code civil, 1053, comme d'une affaire qui vient du Bon Dieu, la
responsabilité civile. Mais, vraiment, je crois qu'on va perdre de vue
les consommateurs, ce que veut la population québécoise. Je crois
vraiment que la population veut deux choses: la compensation adéquate et
immédiate. Elle s'en fout si cela vient du gouvernement ou d'une
compagnie d'assurance étatisée ou non. Mais elle veut la
compensation adéquate et immédiate. Pour moi, le seul moyen,
c'est l'assurance avec compensation sans égard à la
responsabilité et aussi l'étatisation.
M. LEGER: Etant donné que c'est bien clair dans le rapport
Gauvin, à partir de la recommandation 40 jusqu'à la
recommandation 60, que la réforme des assurances au Québec ne
peut pas se faire à moins que tous ces points ne soient acceptés,
c'est donc dire que le gouvernement est très mal placé. Il doit
rejeter d'un bloc le rapport Gauvin et non pas en accepter seulement des
parties, puisque le rapport précise que toutes les recommandations
doivent être acceptées, pour fonctionner.
Si vous me dites que les compagnies ne peuvent pas réaliser
toutes ces recommandations-là c'est votre conclusion donc,
la seule solution, si elles ne peuvent pas les réaliser et que c'est une
condition sine qua non de réforme de l'assurance au Québec, c'est
donc dire que l'autre solution logique c'est quasi sous-entendu dans le
rapport Gauvin c'est l'assurance étatique.
M. ESMONSTON: C'est exact mais je crois que Me Le Hir a des
précisions là-dessus.
M. LE HIR: Le rapport Gauvin est construit d'une certaine façon
et, comme vous dites, il y a une certaine logique interne, à
l'intérieur de ça. Vous faisiez remarquer le cas des
recommandations 40 à 60 sans lesquelles, si elles ne sont pas
appliquées in toto, il vaut mieux ne pas parler de réforme dans
le système des assurances au Québec. Effectivement, c'est
inéluctable; il n'y a pas moyen d'aboutir à une solution qui sera
vraiment une réforme si tous ces points-là ne sont pas
appliqués.
M. LEGER: D'accord. Mais à 37, vous décelez
peut-être que le gouvernement n'osera pas aller jusqu'à une
réforme globale et qu'il pourrait peut-être faire autre chose.
Vous proposez un secteur témoin ou une société de la
couron-
ne qui s'occuperait de concurrencer l'entreprise privée. Est-ce
que vous calculez que le gouvernement devra nationaliser quand même
certaines compagnies d'assurance pour le faire?
M. LE HIR: Ce ne serait pas nécessairement obligatoire. Le
gouvernement a su mettre sur pied toutes sortes de régies; je ne vois
pas pourquoi il lui serait impossible, dans ce cas-là, de ne pas
créer tout simplement une société de la couronne ou bien
une autre régie qui pourrait fonctionner en concurrence avec
l'entreprise privée. Il y aurait, comme je l'ai signalé
précédemment, le gros danger que cette régie-là ou
cette compagnie de la couronne se trouve à assumer les pires risques,
ceux dont les compagnies d'assurance ne veulent pas. Cela, c'est suffisamment
inquiétant pour qu'on puisse se poser la question même de la
validité d'une telle solution.
M. LEGER: D'ailleurs, justement j'étais pour vous demander si,
une société de la couronne, dans votre esprit, c'était un
organisme qui prendrait juste une partie du marché, et non pas une
société de la couronne qui aurait des assurances de base minimum
et que les sociétés privées auraient, comme dans
l'assurance-maladie, les assurés qui ont besoin de protection
complémentaire. Ce n'est pas ça, dans votre esprit?
M. LE HIR: En fait, il s'agit de faire concurrence. Si on accepte le
régime de la concurrence, à ce moment-là, jouons le jeu
jusqu'au bout.
M. LEGER: Ce serait seulement une partie qu'ils réussiraient
à obtenir. Dans cette optique, dans cette situation, voulez-vous dire
par là qu'un courtier pourrait fort bien proposer à des citoyens:
Vous pouvez avoir l'assurance d'Etat qui vous coûte meilleur
marché, au moins 3 p.c. de différence minimum. En même
temps, vous avez aussi la possibilité d'avoir une autre compagnie
d'assurance privée qui vous donnerait peut-être, à un tarif
un peu plus élevé, un peu plus de services ou quelque chose qui
serait un complément que l'entreprise privée serait
obligée de donner pour être réellement en concurrence avec
l'Etat.
M. LE HIR: C'est exactement ce à quoi nous pensions.
M. LEGER: Bon. Dans votre mémoire, si, d'après vous, le
gouvernement n'établit pas l'assurance-automobile, il devrait faire
certaines réformes. Ces réformes amélioreraient
certainement la situation actuelle mais ça ne réglerait pas le
problème. Selon vous, jusqu'à quel point peut-on justement
régler ce problème de réformes partielles?
M. EDMONSTON: D'abord, je crois que le gouvernement
québécois doit regarder la struc- ture totale, refaire la
structure même en commençant par le surintendant de l'assurance
et, après, les compagnies d'assurance et la sécurité
routière. Chacun de ces éléments doit être
repensé et refait selon les conclusions du rapport Gauvin.
Sur la question de la sécurité routière, presque la
totalité de nos suggestions, de nos propositions qui ont
été soumises à la commission Gauvin, il y a deux ou trois
ans, a été adoptée par la commission Gauvin dans son
rapport. Nous sommes très heureux de cela. Mais sur la question qui
traite des compagnies d'assurance, nous pensons que le rapport Gauvin ne va pas
assez loin. Nous ne voulons pas comme je viens de vous le dire
qu'on essaie de faire peur aux assureurs, qu'on essaie de faire peur ou de
provoquer les compagnies d'assurance pour qu'elles deviennent de gentils
garçons. Je trouve que vraiment le temps est passé pour
ça. Elles ont déjà eu leur chance. Elles ont
déjà eu le temps pour vraiment améliorer leurs
services.
Selon notre avis, le service n'est pas amélioré et, quant
à nous, nous trouvons maintenant que c'est le temps pour le gouvernement
d'agir de façon très directe, d'étatiser
l'assurance-automobile au Québec. Aussi, si on laisse les compagnies
d'assurance faire la concurrence et vendre des polices d'assurance-automobile
au Québec, ou si on laisse les courtiers d'assurance négocier
avec le gouvernement, c'est là aussi une question. J'ai entendu dire ce
matin que les courtiers d'assurance-automobile au Québec ont eu le
problème de négocier avec le Bureau d'assurance du Canada et les
autres groupes de pression.
Mais moi, je vois très bien, si le gouvernement laisse les
courtiers d'assurance dans la situation où on a l'assurance-automobile
étatisée, ceux-ci peuvent négocier tous les
éléments avec le gouvernement provincial et travailler avec les
fonctionnaires et les autres travailleurs, même les avocats. Je
préfère voir ça maintenant plutôt que de voir
l'anarchie que nous avons en ce moment.
De ce côté de la sécurité routière, le
rapport Gauvin est formidable. Pour les compensations sans égard
à la responsabilité, quant à nous c'est fondamental, nous
sommes fondamentalement d'accord sur le rapport Gauvin. C'est très bien
pensé, c'est très bon comme recommandation. Mais pour la question
des traitements des compagnies d'assurance, c'est là où nous
avons certaines réserves.
M. LEGER: Dans votre page 36, vous parlez d'un ombudsman de l'assurance
qui s'occuperait de faire des enquêtes sur les allégations de
corruption ou d'intimidation et d'association injuste de contrat, etc., toutes
les lacunes que vous avez décelées au commencement de votre
mémoire. Maintenant, est-ce que vous calculez que l'ombudsman est une
personne qui serait complémentaire au surintendant des assuran-
ces? Autrement dit, le surintendant des assurances s'occupe surtout d'un
certain aspect des compagnies d'assurance, mais il n'a pas cette
préoccupation du consommateur comme tel, c'est ça que vous voulez
dire? Cela prend quelqu'un qui a la préoccupation unique du consommateur
dans le domaine de l'assurance?
M. LE HIR: Exactement.
M. LEGER: Le surintendant n'a pas ce rôle, actuellement?
M. LE HIR: Le surintendant, pour l'instant, est là puis il
regarde. Il se passe toutes sortes de choses et il ne peut rien, il n'a pas de
moyen. Nécessairement au niveau du consommateur, il y a des abus qui
sont commis et pour lesquels le surintendant n'est absolument pas
équipé pour y faire face. En conséquence, nous, on verrait
fort bien qu'on mette quelqu'un au bureau du surintendant, qu'on lui adjoigne
une personne qui serait spécifiquement chargée de voir à
ce que les compagnies d'assurance s'acquittent de leurs obligations
conformément aux règles les plus élémentaires de
bonnes relations avec leurs clients.
M. EDMONSTON: Juste pour vous donner un exemple, ça fait
maintenant un an et demi, deux ans qu'on a un certain monsieur qui a
établi sa propre compagnie d'assurance-automobile, j'ai oublié le
nom, Auto quelque chose... En tout cas, il a pris environ de 300 à 400,
peut-être même 500 polices d'assurance et il a vendu ça
à des consommateurs québécois. Nous avons envoyé la
plainte au surintendant des assurances, il a essayé d'enquêter
là-dessus, mais pendant qu'il faisait son enquête cela a
pris deux ou trois mois il a vendu 500 autres ou 1,000 polices
d'assurance et il a quitté le Québec. Finalement, je dois avouer
que le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives a fermé la boutique, mais la boutique était
déjà fermée, le monsieur s'était déjà
échappé. Il a pris l'argent des assurances d'environ 1,000
personnes. Il y a eu beaucoup de plaintes là-dessus adressées au
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives et aussi au surintendant des assurances, mais il n'a pas eu
les hommes à ce moment ça fait un an et demi, deux ans
pour vraiment aller attraper le gars et fermer la boutique,
arrêter l'affaire avant que tout le monde soit poigné
là-dedans. C'est un exemple dont nous avons eu connaissance
précisément.
M. LEGER: Maintenant, à la page 36, vous parlez des revenus de
placements. Vous dites: Les revenus de ces placements devraient être
déclarés annuellement et analysés avant qu'une hausse de
tarif soit autorisée. Je rapproche ça, à la page 3,
à votre vérification concernant l'augmentation injuste des primes
que vous mentionnez au numéro 5, à la page 3, où vous
dites que le gouvernement provincial dépend uniquement des statistiques
fournies par le Bureau d'assurance du Canada, lorsqu'il enquête sur
l'augmentation des taux d'assurance. C'est donc dire qu'actuellement le
surintendant des assurances, et même le gouvernement, n'est pas en mesure
de vérifier la justification de l'augmentation des taux d'assurance si
dans les deux cas des profits de la compagnie et la table des taux d'assurance,
le gouvernement se fie sur les autres, là-dessus.
M. EDMONSTON: C'est cela. Pour nous, croyez-le ou non, on a deux
systèmes de comptabilité. Pas un, mais deux systèmes. Un
système pour tout le monde et un autre système de
comptabilité pour les compagnies d'assurance. Deux systèmes
différents et, selon le système de comptabilité que vous
voulez utiliser, vous pouvez même cacher vos profits facilement.
Je ne suis pas économiste, mais je peux vous dire que, lorsque
cette critique a été faite, le Bureau d'assurance du Canada a eu
tous les chiffres à l'appui pour toutes ces critiques contre les
programmes de gouvernements de plusieurs provinces, d'étatisation dans
une province, d'autres provinces qui ont proposé des programmes pour
contrôler l'assurance. Nous avons même parlé avec des
fonctionnaires qui ont travaillé pour le surintendant des assurances,
ils ont eu énormément de difficultés à obtenir des
chiffres objectifs, des chiffres qui viennent d'une tierce partie, non
liée à ce milieu. Finalement, ils ont eu des problèmes
même pour avoir des statistiques sur la sécurité
routière, des statistiques sur les accidents d'automobile.
Je sais que le Bureau d'assurance et les autres compagnies d'assurance
ont un très bon service de comptabilité, un très bon
service d'information, mais je doute que l'information soit vraiment vraie et
que ce soit vraiment objectif.
Je trouve qu'il y aura toujours une lacune. Mais peut-être que
depuis que nous avons fait ces critiques-là cela fait deux ans
ils ont amélioré le système et maintenant le
gouvernement provincial a les moyens, mais je ne sais pas. J'ai une certaine
méfiance quand on donne à des compagnies d'assurance-automobile
la liberté de demander des augmentations de primes mensuellement ou
annuellement, avec leurs chiffres à l'appui, sans représentation
des consommateurs, sans débat public là-dessus. Si c'était
un ombudsman ou l'avocat des consommateurs qui pouvait voir tous les chiffres
des compagnies d'assurance, elles pourraient dire: Là, nous avons besoin
d'une augmentation de primes pour ces raisons-là. Deux ou trois mois
à l'avance, elles déposeraient tous les renseignements à
l'appui de leurs demandes d'augmentation de tarifs. L'avocat ou l'ombudsman
d'assurance pourrait vérifier avec les autres provinces, avec d'autres
consommateurs ou avec, peut-être, des compagnies d'assurance
coopératives et pourrait voir d'autres chiffres.
Au moins, à ce moment-là, nous pourrions
avoir une décision beaucoup plus démocratique.
Aujourd'hui, on n'a pas de débat public, on n'a pas eu, à mon
avis, la cueillette de toutes les informations concernant les chiffres
objectifs des compagnies d'assurance et même les statistiques concernant
les réclamations et tout cela.
Je n'ai rien de précis là-dessus. Je veux seulement vous
dire une chose, c'est que j'ai parlé à Charles Moreau, le
directeur du Bureau d'assurance du Canada; depuis les douze derniers mois, il a
reçu de nous 350 plaintes de consommateurs concernant leurs compagnies
d'assurance.
Pendant les douze mois qui se sont écoulés, ils ont aussi
reçu 6,000 demandes des consommateurs qui sont passés par notre
bureau, pour avoir plus d'information sur leur police.
Alors, 6,350 consommateurs ont dû s'adresser de nouveau au Bureau
d'assurance du Canada parce qu'ils n'étaient pas satisfaits de
l'information ou de la pratique de courtiers d'assurance-automobile, sur la
question de savoir ce que donne leur police d'assurance ou ce qui se passe avec
leurs réclamations d'assurance.
M. LEGER: A la page 3, vous parlez de collusion des compagnies.
Habituellement une personne qui a un accident d'automobile et qui est reconnue
coupable peut voir sa prime d'assurance augmenter l'année suivante.
Celui qui est reconnu non coupable, lorsque c'est la faute de l'autre, son
assurance, normalement, n'augmente pas. Son taux d'assurance n'augmente
pas.
Alors, dnas le cas que vous mentionnez, cela veut donc dire que les
compagnies s'entendent entre elles pour ne pas se poursuivre, pour diminuer le
coût de poursuites judiciaires, etc. Mais est-ce que vous voulez dire par
là que les deux automobilistes sont tous les deux reconnus coupables et,
à ce moment-là, les deux se voient augmenter leurs tarifs?
M. LE HIR: Les deux vont subir une hausse de prime l'année
suivante. On a des cas précis pour ces choses. Mais en fait, c'est pour
cela que l'on trouve particulièrement bizarre de retrouver dans le
même lit les compagnies d'assurance et les avocats, étant
donné que, dans bien des cas, les compagnies d'assurance concluent des
règlements comme cela et que normalement, ce sont des choses qui
devraient revenir entre les mains des avocats et qui sont réglées
sans même l'intervention d'avocats.
M. EDMONSTON: Une chose qui arrive c'est vraiment incroyable
c'est quand on parle de deux réalités. On a la
réalité dont nous parlons et la réalité que les
compagnies d'assurance vont vous présenter, où tout est beau,
tout est juste, tout est formidable. La réalité dont nous
parlons, peut-être que cela semble un peu fou, lorsque nous disons que le
consommateur n'est pas bien servi, que le consommateur est mécontent du
système actuel, que les choses vont vraiment mal.
C'est vrai. Par exemple, on a le Bureau d'assurance du Canada qui nous
renseignait à savoir qu'aujourd'hui, vous pouvez avoir un accident et
c'est un accident de grâce. On va vous laisser avoir un accident sans
augmenter vos primes. Ce n'est pas vrai. On a eu des gens qui ont eu un
accident et tout de suite après, on a demandé une augmentation de
prime.
Alors, on a deux réalités. Je comprends mal cela. Un autre
fait, quand on parle de l'augmentation injuste des primes, pas seulement cela
mais l'annulation des polices, par exemple, nous avons eu le cas d'un monsieur
qui a vu sa police d'assurance annulée. Il a demandé pourquoi.
Ils ont dit: Parce qu'il n'était plus marié. Il venait de
recevoir son divorce. Maintenant qu'il était célibataire, il
était plus dangereux. Le célibataire présente plus de
risques que les hommes mariés! Je ne sais pas si les hommes
mariés sont fatigués ou quoi mais écoutez, pour moi, cette
manière de catégoriser quelqu'un de façon très
arbitraire, selon ce qu'on pense de votre moralité, à savoir que
vous êtes un homme qui prend trop de boisson parce que vous êtes un
député ou parce que vous êtes un défenseur des
consommateurs... A priori vous êtes toujours au parlement, au
café, pour boire des carafons de vin et vous êtes un mauvais
risque? Je n'aime pas cela parce que je trouve qu'il faut laisser une certaine
liberté aux gens d'être égaux.
Franchement, nous avons eu un rapport confidentiel d'une compagnie
d'assurance. Je crois que c'est à la page 29. Vraiment, c'est un rapport
de la compagnie d'assurance à leurs agents. Cela commence à la
fin de la page 28. Excusez-moi, ce n'est pas ici mais aux Etats-Unis mais
regardez la liberté qu'on a. On a une liste de métiers dangereux,
de gens dangereux, qui sont des risques beaucoup plus grands que les autres.
Cette liste comprenait les comédiens, les annonceurs de radio et de
télévision cela comprend Radio-Canada les
athlètes, les traiteurs, les chauffeurs, les membres des forces
armées, les aides-fermiers, les manucures, les masseurs, les
journalistes, les vendeurs et les garçons de table. Ils n'ont pas
parlé des députés, par exemple!
Ils ont même parlé des ecclésiastiques, ils ont
parlé des prêtres. Ils ont dit que les prêtres
étaient de mauvais risques, dans le paragraphe suivant. La Great
American Insurance Company, la grande compagnie d'assurance américaine
j'ai un peu honte parce que je suis de naissance américaine et
cela me fait honte de lire cela a finalement dit qu'une catégorie
indésirable moyenne, ce sont des gens, par exemple, des
ecclésiastiques. Ils sont, pris en groupe, des chauffeurs plutôt
malhabiles. Ils doivent conduire à des heures singulières. On
peut s'attendre, de leur part, à un manque d'attention lorsque,
mentalement, ils composent leurs sermons, etc.
Franchement, d'accord, c'est un peu arbitraire. Si les compagnies
d'assurance font établir les
critères qui nous touchent tous, je préfère que ces
critères soient établis ouvertement, en commission, avec des
débats pour les gens affectés. Finalement, le
député peut dire: Non, non, je ne bois pas, moi. Je veux une
réduction. Or, le journaliste ou le comédien peut dire: Nous,
nous sommes mieux que les députés parce que nous ne faisons pas
cela, etc.
En tout cas, au moins avoir cela ouvertement parce que maintenant, ce
n'est pas ouvert. On a toutes ces choses qui sont faites arbitrairement et je
trouve que ce n'est pas juste.
M. LEGER: Quand vous parlez des réparations d'automobile, entre
autres, l'évaluation des dommages, est-ce que vous avez
vérifié? Le Club automobile fait des évaluations et fait
aussi, je pense, des réparations. Est-ce que vous avez
évalué si les résultats du travail fait par le Club
automobile étaient de valeur et si les réparations étaient
à un prix acceptable?
M. EDMONSTON: Oui. D'abord ici, à Québec, nous sommes
vraiment contents. Je sais que le Club automobile du Québec a
lancé la protection du consommateur, je trouve que c'est un bon
commencement pour le Club automobile de Québec. Nous sommes très
inquiets, non pas pour le Club automobile de Québec, mais pour les
garages indépendants, les stations de service, les garagistes libres de
faire ce qu'ils veulent avec les réclamations d'assurance, qui doivent
réparer les dégâts à la suite d'accidents. Nous
avons trouvé des choses bizarres mais présentables pour les
garagistes et aussi pour les compagnies d'assurance. Il faut comprendre,
à priori, à la base, que toute cette affaire marche avec des pots
de vin, avec une petite commission ici, une petite commission là,
partout, parce qu'il y a des consommateurs qui veulent économiser le
déductible et ils veulent obliger le garagiste à mentir, à
augmenter la valeur des réparations pour leur faire économiser ce
déductible. Cela arrive et nous devons l'avouer.
Mais il y a aussi des garagistes qui sont obligés cela
arrive fréquemment par les compagnies d'assurance de couper
jusqu'à l'os l'estimation et de faire les réparations les moins
chères possible sans s'occuper si la réparation est faite de
façon à répondre à la sécurité ou
non.
Croyez-moi, avec certaines compagnies d'assurance, les automobilistes
reçoivent tout de suite le plein montant je parle des "clinic
drive in" ils vont recevoir tout de suite le montant, $300, par exemple,
et quand vous allez ailleurs pour faire réparer l'automobile, vous vous
apercevez que ça coûte $600. C'est le problème et ça
marche avec la collusion des compagnies d'assurance et des garagistes.
Le garagiste peut souvent faire le travail... Si un travail est
évalué à $400, la compagnie d'assurance demande 10 p.c. ou
20 p.c. d'un garagiste indépendant pour la main-d'oeuvre et 10 p.c.
à 20 p.c. pour les pièces. Avec une telle affaire, le garagiste
est vraiment dans une mauvaise position pour donner une bonne réparation
à l'automobile, une réparation adéquate. Ce qui arrive,
c'est que l'automobiliste, qui est assuré avec une compagnie
d'assurance, bénéficie d'une réparation, mais le prix en a
été baissé et la réparation est souvent minable,
mal faite parce que le garagiste a été obligé de
réduire le prix jusqu'à 20 p.c. souvent, à cause de la
puissance des compagnies d'assurance. Cela arrive fréquemment. Ce qui
arrive, c'est que l'assuré, le consommateur ne reçoit pas 20 p.c.
de réduction sur sa police d'assurance, mais la compagnie d'assurance
oblige le garagiste à enlever 10 p.c. ou 20 p.c. de main-d'oeuvre et 10
p.c. à 20 p.c. de pièces qui seront utilisées pour
réparer l'automobile. Alors, il y a beaucoup de pots de vin, il y a la
mentalité des automobilistes aussi, mais, surtout, il faut régler
le problème au niveau des garages avec, comme je l'ai déjà
dit, des permis qui viendraient du ministère des Institutions
financières comme vendeurs de voitures usagées.
M. LEGER: Avez-vous pu vérifier si, normalement, dans le
fonctionnement de cette industrie, une personne qui subit un accident
d'automobile a la possibilité de choisir son garage pourvu qu'il soit au
moins au même prix que le plus bas des soumissionnaires?
M. LE HIR: En fait, ce qui se produit fréquemment, c'est que
l'assuré n'aura pas la possibilité de choisir le garage où
il va pouvoir faire faire ses réparations.
M. BACON: Ce sont trop d'affirmations gratuites.
M. LE HIR: Avec votre permission, M. le Président, je peux citer
un cas en particulier...
M. BACON: Oui, un.
M. LE HIR: ... je vais vous en donner l'exemple et vous verrez s'il est
pertinent ou s'il s'applique de façon générale.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je demande aux députés de bien
vouloir laisser parler Me Le Hir.
M. LE HIR: Une compagnie d'assurance assez réputée oblige
que toutes les réparations soient faites dans un certain garage. Ce
garage-là n'est pas un dépositaire ou un concessionnnaire de
telle marque, mais on va quand même y faire effectuer les
réparations sur la voiture accidentée. Malheureusement, dans
certains cas, le fabricant va dire: C'est regrettable, vous n'avez pas fait
faire les réparations chez un concessionnaire autorisé; en
conséquence, la garantie tombe et cette stipulation est écrite
dans les garanties des voitures.
Alors, dans bien des cas, à ce moment-là, le consommateur
se trouve devant un dilemme
assez profond et, s'il fait faire ses réparations à un
certain endroit, il perd le bénéfice de sa garantie.
M. EDMONSTON: Je veux juste faire quelques précisions,
là-dessus. Je comprends très bien que les choses que nous avons
voulu dire aujourd'hui, vous n'êtes pas totalement d'accord sur cela,
d'après votre réaction. Quand j'ai parlé des deux
réalités, vous avez déjà entendu une
réalité, vous pensez que ça marche comme ça, qu'il
n'y a pas tellement de problèmes si le consommateur choisit le garage.
D'accord, je respecte votre opinion mais je vous demande de respecter la
nôtre.
Notre opinion vient avec l'expérience de seulement 200 à
300 plaintes par jour. Et ça vient aussi... Comprenez-moi bien, j'ai une
injonction déjà sur le dos que j'ai reçue de la compagnie
Allstate, d'accord? D'accord, ah! il a raison, Edmonston, d'accord. Mais
regardez ce que ça m'a coûté, d'accord? J'ai toujours
l'injonction et même quand je parle de Allstate maintenant, je risque
d'être accusé de mépris de cour parce que j'ai une
injonction, je ne suis pas sensé parler de Allstate. Mais toujours quand
je parle de Allstate, je ne sais pas ce que je dis, par exemple, mais
seulement: ah! oui, oui, les gens avec la bonne mère, ah! je comprends,
oui, oui. Mais la seule chose, c'est la deuxième
réalité.
Je connais beaucoup les automobilistes, des centaines d'automobilistes,
depuis six ans que je travaille à l'APA, des gens disent: Vous savez
qu'est-ce qu'une certaine compagnie d'assurance nous a fait? Je dis: Quoi? Elle
est allée chercher notre auto dans le garage, elle l'a fait sortir de
notre garage, notre concessionnaire, elle a conduit l'automobile à un
autre garage qui était son garage spécial. Je ne nomme pas la
compagnie parce que je ne veux pas avoir de problème juridique. Je l'ai
dit, j'ai déjà un avocat à temps plein avec moi, je ne
veux pas avoir besoin d'en embaucher un autre.
Mais je vous dis qu'on a deux réalités. Peut-être
dans votre expérience comme députés, comme hommes
d'affaires, vous n'avez jamais eu ces problèmes mais si vous pouvez
respecter notre opinion, d'accord. Respectez notre point de vue, nous avons des
consommateurs qui ont de ces problèmes quotidiennement et c'est
ça le problème. Même si ça arrive à seulement
10 p.c. de la population, c'est trop; 1 p.c, c'est trop. Cela ne doit pas
arriver du tout.
Alors nous aimerions pouvoir contrôler les compagnies
d'assurance-automobile. Si ça concerne une compagnie ou d'autres
compagnies, qu'elles laissent au consommateur le choix d'avoir le garagiste qui
lui convient. C'est ça qui est arrivé. Je sais, on dit: Ah oui!
mais le consommateur le demande. On a la loi pour ça, si tu le demandes,
on peut te traduire en justice. Mais qu'est-ce qu'on va faire si c'est une
compagnie d'assurance qui le demande? La traduire en justice? Mon oeil !
M. LEGER: Maintenant, à la page 23 de votre mémoire, vous
parlez de délais trop longs des compagnies d'assurance avant de payer
des réclamations. Avez-vous des chiffres quant au profit de placements
effectués à partir de ces sommes? Les courtiers d'assurance, ce
matin, nous en ont parlé un peu du fait que, quand c'est long à
payer, les compagnies d'assurance comme telles jouissent de sommes suffisamment
importantes pour placer cet argent en attendant, donc l'intérêt
immédiat il faut en tenir compte, à qui ces
choses-là paient, c'est normal c'est possible peut-être
qu'il y ait des résultats qui font que les compagnies peuvent faire des
profits en rendant les réclamations plus lentes. Ce sont celles qui
peuvent perdre, d'un autre côté, au niveau de l'achalandage ou des
clients qui disent: Cette compagnie paie trop tard. Il y a quand même un
impact de l'autre côté aussi. Mais avez-vous évalué
ce que ça peut rapporter comme placements effectués quand on
retarde beaucoup? Quand on parle de sommes de $400 millions à $450
millions de primes par année, placer $1 million pour deux jours,
ça rapporte beaucoup d'argent. C'est vrai que ce n'est pas la même
compagnie qui place le même million, mais...
M. LE HIR: Malheureusement, l'APA n'est pas tout à fait
équipée pour faire ce genre de calcul. Maintenant, dans certains
cas on sait que le montant des réclamations peut retarder plusieurs
mois; alors, si vous calculez le volume d'affaires que peuvent brasser ces
compagnies sur une période de deux mois, vous pouvez faire le calcul
vous-même en intérêts que ça peut constituer lorsque
le paiement est différé de deux ou trois mois.
M. LEGER: Et...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Excusez, monsieur. Pour le
bénéfice du journal des Débats, votre nom c'est bien
Veilleux?
M. LE HIR: Le Hir.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le Hir?
M. LE HIR: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Ah! parce que M. Edmonston disait M. Veilleux
à plusieurs reprises.
M. LE HIR: Non, c'est parce qu'il a des difficultés de
prononciation à l'occasion.
M. EDMONSTON: L e H i r, je crois.
M. LEGER: Maintenant, à la page 39, vous parlez de
l'amélioration de la signalisation routière en disant qu'il y a
lieu d'adopter la codification internationale. Dans votre esprit, la
codification internationale, c'est une codifica-
tion où il n'y a pas de mot mais des dessins ou des symboles que
toute personne, qui ne parle pas la langue du pays, peut comprendre dans le
domaine de la route. Est-ce que c'est ça?
M. EDMONSTON: C'est une partie, oui. D'accord on a besoin d'adopter les
symboles internationaux. Mais le problème ici, quand nous parlons de
signalisation routière, ce n'est pas tellement que la signalisation soit
faite dans telle langue, de quelle façon elle est faite, mais aussi
où on place ces signaux. Par exemple, aux Etats-Unis, on a eu une
amélioration pas mal progressive, si vous voulez, pour améliorer
la signalisation routière. Ils ont trouvé que même les
affiches pour prévenir les automobilistes qu'ils ont une sortie à
un kilomètre, à deux milles, une sortie pour l'essence et tout
ça, ces affiches sont dangereuses, elles sont placées de
façon que l'automobiliste peut les frapper, il peut se tuer. Aux
Etats-Unis, les autorités américaines, et en Ontario et
même, je crois, sur nos différentes autoroutes, ont placé
des affiches avec support en acier qui font vraiment des obstacles routiers qui
peuvent tuer des gens.
Je crois que le député Pierre Mercier, quand il a
travaillé comme directeur de la sécurité routière
pour le gouvernement provincial, a déjà fait des études
là-dessus. C'est très dangereux ces espèces d'obstacles.
Nous avons vu souvent, aux abords d'un pont, une traversée en haut, par
exemple, et il y a une affiche avant, sur des gros supports d'acier, souvent.
Si vous mettez l'affiche sur le pont, comme ça, on enlève un
obstacle de. plus à l'automobiliste.
C'est très dangereux, souvent, sur les routes secondaires, pas
tellement dangereux de frapper un autre automobiliste, mais de frapper un
poteau ou de frapper une affiche qui est faite d'acier. Alors nous, on a
beaucoup d'améliorations à faire quant à la signalisation
routière et la place des affiches, pas seulement ce qui est écrit
sur l'affiche.
M, LEGER: D'accord. Je parlais surtout de la codification
internationale. Je pense à une personne qui ne parle pas la langue d'un
pays, je ne sais pas moi, un Américain qui s'en va en France ou en
Allemagne et qui loue une automobile, c'est sûr que s'il ne connaît
pas toute la signalisation, il y a des risques d'accidents du fait que pendant
qu'il essaie de comprendre qu'il faut qu'il ralentisse ou qu'il y a une sortie,
il peut avoir des accidents. Je pensais que c'était dans ce sens que
vous vouliez parler d'une codification internationale.
M. EDMONSTON: Moi je ne crois pas que ce soit un problème
maintenant, surtout pour les gens qui parlent, comme moi, l'anglais. Ils n'ont
pas tellement de problèmes pour suivre la direction. Seulement,
certaines directions sont contradictoires; mais qu'elles soient contradictoires
en français ou en anglais, elles sont contradictoires quand
même.
M. LEGER: C'est pour ça que je trouvais que la meilleure
façon d'avoir un visage français serait une codification ou des
symboles où tout le monde se retrouve, même s'il ne parle pas la
langue du pays, sur une route où chacun peut circuler.
M. EDMONSTON: Oui, c'est une bonne suggestion, et je trouve que la
signalisation routière internationale, c'est une bonne étape,
c'une une bonne suggestion pour améliorer la situation de la
sécurité routière.
M. LEGER: M. le Président, je voulais juste terminer en disant
que je vous remercie d'avoir réellement présenté un
mémoire qui tient compte, comme je le disais au début, d'une
préoccupation des consommateurs directement, puisque c'est le seul, des
onze premiers mémoires qui nous sont présentés, qui
représente uniquement cet intérêt. Les dix autres
mémoires représentent des intérêts de groupes qui
vont être directement concernés par le rapport Gauvin dans le
milieu des assurances. Je suis complètement d'accord sur les conclusions
que vous apportez. Je voudrais dire jusqu'à quel point souvent des gens
défendent des systèmes idéologiques à tout prix, la
libre entreprise à tout prix ou le socialisme à tout prix. Je
pense que la situation n'est pas là.
Vous avez une phrase d'Abraham Lincoln, à la page 22, qui
résume pas mal l'attitude qu'on doit avoir dans la solution à des
problèmes d'ordre public et d'intérêt public. Vous dites
que la théorie d'Abraham Lincoln était que le gouvernement
devrait réglementer l'entreprise privée quand elle ne peut pas
agir dans les domaines importants, essentiels, ou quand elle ne peut pas le
faire bien pour l'intérêt public; et que si on laisse la libre
entreprise sans réglementation ou sans un certain contrôle, si
elle est complètement libre d'agir à sa guise, les
intérêts de chacun ne sont pas suffisants pour ramener le sens de
l'intérêt public, et qu'il faut nécessairement, comme vous
le dites à la fin, "free enterprise allowed to run totally free will
destroy itself".
Je suis complètement d'accord avec votre présentation du
rapport et je vous félicite. Je vous recommande de continuer à
surveiller l'autre réalité qui n'est pas souvent
présentée au public, celle de ceux qui possèdent.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais m'adresser à M.
Edmonston. Dans votre rapport, à la page 4, à l'article 9: Remise
sur les réparations, vous faites état d'une situation qui, selon
vous, existe suivant les plaintes que vous auriez eues, selon lesquelles une
certaine remise serait faite c'est un genre de ristourne, si je
comprends bien par le garagiste. Est-ce que c'est directement à
la compagnie d'assurance?
M. EDMONSTON: La compagnie d'assurance ou l'agent de réclamation.
Vous savez, un agent de réclamation qui travaille pour une compagnie
d'assurance, il travaille pour la compagnie d'assurance. Il y a un conflit
d'intérêts. Il est souvent poussé à réduire
cela le plus possible et, à notre avis, cela se produit dans plusieurs
garages. Ce n'est pas le garagiste qui est malhonnête, ni
incompétent, mais il est obligé, pour avoir le travail, de faire
un prix agréé par l'agent de réclamations, ou un
représentant de la compagnie, qui n'a peut-être pas autant
d'expérience que le garagiste, mais qui a aussi un but qui est de
réduire, premièrement, la réclamation, et,
deuxièmement, réduire le coût, selon une formule
déjà fixée par la compagnie d'assurance de 10 p.c.
à 20 p.c. pour la main-d'oeuvre et de 10 p.c. à 20 p.c. pour les
pièces d'automobile.
Alors, le garagiste qui fait vraiment son travail doit peut-être
le faire seulement avec 70 p.c. du montant nécessaire. Alors, selon
nous, c'est très dangereux, étant donné que les compagnies
d'assurance parlent toujours du coût excessif des réparations;
mais j'ai vu moi-même des négociations assez souvent avec des
évaluateurs et des garagistes qui voulaient bien faire le travail. Cela
n'étaient pas agréable à voir, parce que tous les
garagistes ne sont pas voleurs. Ils n'ont pas augmenté leurs frais pour
frauder les compagnies d'assurance. Ce sont des garagistes compétents
qui veulent faire un bon travail pour le client qui est un bon client. Mais ce
qui arrive, c'est qu'ils ne peuvent pas, en face de l'évaluateur de
l'assurance, faire le travail selon le prix agréé offert par
l'évaluateur ou l'agent de réclamation. C'est le problème.
Ce sont des conflits d'intérêts pour l'agent de réclamation
même. Il travaille pour les compagnies et le garagiste travaille pour les
garages; mais qui travaille pour les consommateurs dans tout cela?
M. SAMSON: Selon votre expérience, est-ce que la même chose
pourrait se produire avec un évaluateur indépendant qui
travaillerait pour plusieurs compagnies en même temps, ou est-ce
seulement dans le cas des évaluateurs qui travaillent pour une seule
compagnie, qui sont à la solde directe d'une seule compagnie?
M. EDMONSTON: Je n'ai pas de chiffre précis. Mais l'impression
que j'ai avec le nombre de plaintes que nous avons eues, le nombre de plaintes
dans lesquelles je suis intervenu, personnellement, est qu'avec les
indépendantes ici je dois lever mon chapeau devant les courtiers
d'assurance ou les évaluateurs qui travaillent pour plusieurs compagnies
ils ne sont pas aussi "poignés". Ils ne sont pas aussi pris par
les compagnies indépendantes pour réduire jusqu'à la
perte, les réparations. Mais l'évaluateur qui travaille pour
plusieurs compagnies, nous avons l'impression qu'il doit être beaucoup
plus juste dans les réclamations que les évaluateurs qui
travaillent pour une seule compagnie, parce qu'ils sont placés dans des
conflits d'intérêts; mais les évaluateurs qui travaillent
pour plusieurs compagnies d'assurance-automobile, mon impression et
c'est une impression très positive je trouve qu'ils sont beaucoup
mieux que les agents de réclamation ou que les évaluateurs qui
travaillent pour une seule compagnie, par exemple, une compagnie
indépendante.
M. SAMSON: Si je vous comprends bien, si nous avions des
évaluateurs indépendants, appartenant à des bureaux
spécialisés d'évaluation, mais n'étant pas à
la solde directe d'une compagnie ou d'une autre, cela pourrait régler en
grande partie le problème que vous mentionnez à l'article 9.
M. EDMONSTON: C'est cela.
M. SAMSON: Vous avez mentionné, tantôt, que la
réduction, "l'agreed price", le prix agréé. Mais dans le
domaine, tout le monde se comprend en disant "agreed price"... Or, "l'agreed
price" n'est pas, selon moi, nécessairement un élément qui
amènerait un garagiste à être obligé de mal faire le
travail. Vous admettez qu'il y a une différence entre faire un travail
d'une valeur de $300 et en faire un d'une valeur de $3,000.
Evidemment, un "agreed price" peut se faire sur un travail valant $3,000
au prix de détail. Mais au prix qu'un garagiste pourrait faire
normalement, peut-être, à un commerçant ou à un gros
client, le prix pourrait être différent avec un rabais raisonnable
et reconnu. Ainsi, à mon sens, l'"agreed price" n'est pas
nécessairement une méthode pour que le garagiste ne puisse pas
bien faire son travail.
Est-ce qu'on ne serait pas mieux, dans certains cas, selon votre
expérience toujours, de tabler sur les réparations à
être faites? La question du prix agréé, ça
intervient entre l'estimateur et celui qui accepte de faire les
réparations à ce prix-là, parce que le garagiste n'est pas
obligé d'accepter. Quand il accepte, il accepte en même temps de
faire les travaux tels que mentionnés sur la liste d'évaluation.
Est-ce qu'on ne serait pas mieux d'avoir plutôt quelqu'un reconnu,
approuvé, si vous voulez, qui pourrait être en mesure de faire la
vérification après réparation pour assurer au client que
ses réparations ont bel et bien été faites selon la liste?
Evidemment et toutes les compagnies vont vous le dire s'il y a
des choses qui ont été oubliées par l'estimateur il y a
toujours un recours de ce côté-là après.
M. EDMONSTON: Oui, je suis d'accord sur votre position. Il faut dire que
nous ne sommes pas contre la question des prix agréés. Nous
sommes seulement contre l'idée que les prix
agréés ne sont pas toujours "agréables". Je vais
vous expliquer pourquoi.
M. SAMSON: Cela dépend de celui qui gagne.
M. EDMONSTON: Oui, c'est ça. Comme vous avez, dans les compagnies
d'assurance, un estimateur, un agent de réclamation, la façon de
négocier les prix agréés prête à beaucoup
d'abus. Moi, je parle des abus là-dedans, pas seulement des prix
agréés. C'est une pratique de commerce. Tout le monde fait
ça: Entre un grossiste et un détaillant, dans le domaine des
légumes; dans celui des automobiles, pour les réparations. On
favorise les gens qui peuvent apporter leur volume de travail. Je comprends que
c'est un jeu de l'entreprise privée, un prix agréé ou un
prix spécial.
Il y a une chose ici, c'est qu'on a la liberté, pour une
compagnie d'assurance, d'avoir de la gourmandise ou de vouloir aller
jusqu'à l'extrême avec ces prix agréés.
M. SAMSON: Oui, mais je vous arrête, là. En pratique, je
pense qu'il faut connaître un peu la pratique aussi pour voir ce qui
pourrait se passer. Moi, à mon sens, ce n'est pas le prix
agréé qui est le problème, c'est d'être certain que
les réparations sont bien faites; c'est de là que vient le
problème pour la protection du consommateur. Prenons un exemple qui
pourrait arriver. Admettons qu'un estimateur détermine que pour faire
les réparations nécessaires ça coûte $3,000. Bon. On
ne fait pas de prix agréé, l'estimateur se retourne et dit
à la compagnie d'assurance: Donnez un chèque de $3,000 au
monsieur et ne l'obligez pas à faire réparer au garage où
on vient de faire l'évaluation. Je vous gage ma chemise que le client
prend ses $3,000, qu'il fait le tour de tous les autres garages pour chercher
lui-même, à la faire réparer pour $2,000, sa voiture.
M. EDMONSTON: Cela peut arriver.
M. SAMSON: A ce moment-là, ce n'est pas régler le
problème de s'en prendre aux prix agréés. Il s'agirait de
nous assurer que les réparations qui sont commandées par
l'évaluation, même s'il y a ou s'il n'y a pas prix
agréé, soient bien faites. C'est pourquoi j'insiste pour vous
demander si vous ne croyez pas qu'on ne serait pas mieux d'avoir un
système de vérification.
M. EDMONSTON: De surveillance, plutôt.
M. SAMSON: ... de surveillance qui pourrait peut-être être
ajouté. Ce pourrait facilement, je pense, être dans les bureaux
d'estimateurs où il y aurait des experts en évaluation et
d'autres experts en vérification. Après coup, avant qu'on oblige
le client à signer sa quittance, on s'assurerait que les travaux ont
été bien faits. Je pense que dans le métier vous avez
sûrement eu des plaintes selon lesquelles, à certains moments
vous l'avez dit tantôt certains clients veulent "sauver le
déductible". Je pense que tout le monde essaie de sauver son
déductible. C'est à peu près reconnu comme ça.
En partant de ça, ce n'est pas le prix agréé qui
est le problème, c'est le fait que le garagiste est devant son client,
qui veut épargner $250 de déductible, et qu'est-ce qu'on fait
pour l'épargner? On ne peut pas le faire facilement, il faut ou bien
omettre de poser certaines pièces ou bien poser des pièces
différentes. Par exemple, au lieu de poser une aile arrière, on
va réparer celle qui est là avec l'accord du client. Si ça
se fait comme ça, ça peut épargner de l'argent. Pour
épargner $250, ça se pourrait bien qu'avec de la ruse certaines
personnes gagnent $500.
M. EDMONSTON: Oui, mais c'est pour ça que nous avons fait la
deuxième proposition. C'est qu'une espèce d'ombudsman ait la
surveillance de chaque consommateur qui trouve qu'il a vraiment subi un mauvais
traitement par le garagiste ou l'évaluateur, pour avoir une certaine
surveillance. Je crois que la proposition est valable, que nous devons avoir
une surveillance là-dessus. A la page 36, nous avons
demandé...
M. SAMSON: Ecoutez, votre affaire d'ombudsman, ça peut avoir du
sens. Je ne vous dis pas que je ne suis pas d'accord sur ça, mais je ne
vous dis pas non plus que je suis d'accord, parce qu'il y a la protection du
consommateur qui est en cause. Mais, pour mieux protéger le
consommateur, ça se peut que le consommateur soit obligé de se
protéger contre une autre sorte de consommateur abusif.
M. EDMONSTON: Nous sommes d'accord là-dessus.
M. SAMSON: A ce moment, si vous installez une espèce d'ombudsman
qui est là pour défendre les intérêts d'un groupe
seulement, il y a peut-être une sorte de danger aussi. C'est pourquoi je
me le demande, parce que, même un ombudsman... Ecoutez, on a un ombudsman
à Québec, il reçoit des plaintes et ça ne
règle pas toujours les problèmes, parce que parfois il
reçoit ça beaucoup trop tard. Alors, si on allait plutôt
vers une méthode de vérification avant la signature de la
quittance, ça pourrait peut-être être beaucoup plus
bénéfique pour les consommateurs et la compagnie d'assurance
pourrait probablement payer plus vite aussi. Cela arrive dans le métiers
qu'on a des plaintes selon lesquelles les compagnies d'assurance retardent des
paiements. Tant qu'elles n'ont pas eu la quittance, c'est évident
qu'elles vont retarder le paiement, c'est normal.
Est-ce qu'on ne pourrait pas accélérer de ce
côté, en faisant signer la quittance plus vite avec un conseiller
qui serait évidemment à la disposition de l'automobiliste? Parce
qu'on peut aller
chercher sa voiture et s'apercevoir seulement un mois après que
tel morceau n'a pas été posé.
M. EDMONSTON: C'est justement ça. Nous, nous avons
préconisé ce problème de surveillance. Que cela vienne
d'un ombudsman ou du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives, avec un comité formé de trois
membres garagistes, trois membres concessionnaires d'automobiles, trois membres
consommateurs, trois membres fonctionnaires pour les plaintes des consommateurs
et qui pourraient trancher certaines questions, si les consommateurs sont bien
servis ou non.
Le mécanisme, l'idée est bonne d'avoir une surveillance
non seulement d'un ombudsman, mais de quelqu'un venant vraiment d'un milieu
objectif. Je ne sais pas quel mécanisme on peut utiliser pour ça.
On a la cour des petites créances, mais ça touche seulement des
réclamations de $300 et moins. Mais, à part la cour des petites
créances, je ne sais pas quel mécanisme on peut établir
pour exercer une telle surveillance des évaluateurs, des garagistes et
des consommateurs, parce qu'il faut aussi surveiller les consommateurs, je suis
d'accord avec vous, pour vraiment servir la justice. Je ne sais pas, c'est une
question à poser au ministre de la Justice plutôt qu'à moi.
Je pense qu'il y a un besoin urgent de surveiller cette pratique entre les
évaluateurs et les garagistes et les consommateurs. Je veux vous dire en
passant que le consommateur qui abuse de sa compagnie d'assurance, qui la
fraude, par exemple... Les compagnies d'assurance ont tous les pouvoirs au
monde de le poursuivre et elles vont réussir probablement, parce
qu'elles ont pas mal d'avocats, pas mal de moyens pour poursuivre les
consommateurs qui abusent de cette loi. Mais l'évaluateur qui abuse de
ses droits, la compagnie d'assurance qui abuse ou qui est malhonnête?
Comprenez-vous le bon équilibre ici? Le consommateur n'a pas le moyen,
si ça dépasse $300, de vraiment faire valoir ses droits. Je vois
que le besoin de surveillance... Excusez-moi si je suis plutôt du
côté du consommateur en ce moment. Je sais qu'il y a des
consommateurs malhonnêtes, mais je vois aussi qu'il y a des compagnies
d'assurance qui abusent, et j'en ai déjà parlé. Je vois
ça comme le problème immédiat, contrôler les
compagnies d'assurance dans la pratique quotidienne. Le consommateur, on peut
toujours aller contre lui avec la loi, mais avec les compagnies d'assurance,
c'est pas mal difficile.
M. SAMSON: Est-ce que vous avez une recommandation à faire quant
au mode de paiement? On sait que certains modes de paiement veulent que ce soit
le garagiste qui reçoive le chèque et je pense que, pour
d'autres, c'est le client qui reçoit le chèque. Il y en a
d'autres où c'est un chèque conjoint. Est-ce que vous avez des
recommandations là-dessus? Est-ce que vous avez des expériences
qui ont été...
M. EDMONSTON: Oui, nous avons une expérience des deux
côtés. Nous avons eu beaucoup de garagistes qui ont eu des
clients. Ils ont fait des réparations pour ces clients et les clients,
ayant reçu les chèques des compagnies d'assurance, sont partis
avec. Cela arrive souvent.
Aussi, de l'autre côté, des compagnies d'assurance ont fait
des chèques au nom du garage et à celui du consommateur. Le
consommateur a eu des réparations vraiment mal faites et a refusé
de signer le chèque. La première chose qui est arrivée,
c'est que le garagiste a saisi la voiture. Le consommateur est poigné
quand même, pour trois ans, si cela dépasse $3,000 de
réparations...
M. SAMSON: Oui.
M. EDMONSTON: ... à cause de la lenteur de la cour
Supérieure. Mais une dernière chose qui arrivait, c'est que
certaines compagnies d'assurance envoyaient le chèque au nom du garage.
Le garagiste a fait de mauvaises réparations et a donné la
voiture au client et, comme vous l'avez raconté, cela a pris un mois, un
mois et demi au client pour savoir tout le travail que le garagiste n'a pas
fait. C'est maintenant au tour des consommateurs de réclamer. Si c'est
un montant supérieur à $300 jusqu'à $3,000, cela prend
six, sept, huit mois. Il faut embaucher un avocat, payer les frais d'un avocat
pour obtenir justice, pour avoir des réparations bien faites lors du
remboursement d'une partie de son argent.
Si cela dépasse $3,000, il doit attendre trois ans avant
d'obtenir justice. Trois ans. Vous savez, on a un problème avec cela,
mais je ne crois pas qu'on en arrive à une solution ici.
M. SAMSON: D'accord, mais si j'ai posé cette question-là,
c'est parce que, dans le fond, cela se rattache un peu à ce que nous
avons mentionné tantôt, quant à l'éventualité
d'un système de vérification avant que le client puisse signer sa
quittance. Justement, comme vous le dites si bien, il peut arriver que le
chèque soit émis au nom du garagiste, que les réparations
n'aient pas été faites dans les normes. Il peut arriver aussi que
les réparations aient été très bien faites, mais
qu'un autre problème se soit présenté par la suite et
qu'un client qui, lui, ne peut rien faire ou, encore, si le chèque a
été fait à son nom à lui ou s'il est fait au nom
des deux, refuse de le signer en disant: Vous me réparez cela, cela et
cela et je signerai le chèque, alors que les travaux n'ont rien à
voir avec l'accident. C'est déjà arrivé aussi. C'est
pourquoi on essaie de trouver un moyen terme. En effet, si on trouve un moyen
de s'en sortir de ce côté-là, peut-être que cela va
influencer aussi les taux d'assurance dans une certaine proportion, parce que
cela coûte terriblement cher, ces méthodes-là que vous
dénoncez et que nous dénonçons. Je pense qu'on se rejoint
là-dessus.
M. EDMONSTON: Oui.
M. SAMSON: D'accord, M. le Président. J'en ai encore
quelques-unes; je vais essayer de faire cela le plus vite possible.
A la page 35, votre première recommandation: "Etatiser
l'industrie de l'assurance-automobile." Selon vous, "il s'agit d'un service
public au même titre que l'assurance-maladie ou
l'assurance-récolte" et vous avez ajouté, un peu plus tard, dans
vos explications, la Commission des accidents du travail.
Est-ce que vous êtes au courant que ces trois
sociétés d'Etat sont très contestées dans la
population?
M. EDMONSTON: Oui, je sais qu'elles sont contestées. Vous savez,
peut-être sont-elles contestées avec raison. On a des bonnes
régies d'Etat et on a des mauvaises régies d'Etat. Le mauvais
fonctionnement...
M. SAMSON: Disons qu'on va s'en tenir à une moyenne. La moyenne
au bâton au Québec est bien mauvaise.
M. EDMONSTON: Mais, vous savez, avec l'assurance-maladie, on a eu
certains problèmes, mais je crois vraiment que la loi qui a
été adoptée ici au Québec, c'est une bonne loi. Je
crois que cela a vraiment beaucoup aidé les consommateurs, beaucoup de
citoyens québécois. Je parle de l'assurance-maladie.
Je sais que les Etats-Unis ont juste commencé avec un projet de
loi, même pas semblable, même pas aussi fort que le nôtre. Je
sais que peut-être l'assurance-récolte, la Commission des
accidents du travail, les autres, on a des gens qui contestent cela. Oui, c'est
possible, c'est certain. Mais, ici, nous trouvons que le système actuel
dont je viens de vous parler, notre réalité, vraiment n'est pas
acceptable pour toutes les raisons que nous venons
d'énumérer.
M. SAMSON: Remarquez bien, M. Edmonston, que je ne vous dis pas que le
système actuel est parfait. Au contraire, je pense qu'on me retrouve du
côté de ceux qui veulent des améliorations. Mais je trouve
mauvais et c'est mon opinion, vous êtes libre de ne pas la
partager si on se sent à une extrémité, de se
sentir obligé de passer à l'autre extrémité.
Je trouve cela mauvais. Parce que ce que vous appelez un monopole,
présentement, si vous le changez pour un monopole d'Etat, vous allez
vous retrouver avec un autre monopole qui va coûter plus cher que celui
que vous dénoncez.
M. EDMONSTON: Avec une seule différence.
M. SAMSON: La preuve est faite de cela. M. EDMONSTON: Avec une seule
différen- ce. Avec un monopole d'Etat, on peut toujours foutre dehors le
gouvernement, lors des élections.
M. SAMSON: Vous essaierez cela! Ce n'est pas facile !
M. BACON: Cela fait longtemps qu'on serait dehors juste...
M. SAMSON: Vous essaierez cela! Ce n'est pas facile cela non plus!
M. BACON: Comme cela, cela va être la responsabilité des
députés d'administrer l'assurance d'Etat.
M. EDMONSTON: Surtout qu'il y a des mesures législatives...
M. SAMSON: M. le Président, ce que je veux faire comprendre
à M. Edmonston, c'est que quand il donne comme exemples
l'assurance-maladie, l'assurance-récolte et la CAT, je pense qu'il
aurait été mieux d'en prendre d'autres parce que
celles-là, elles ne passent pas la rampe. Ce n'est pas possible! Ce
n'est pas possible.
Ecoutez, nous autres, si cela vous intéresse de voir ce qu'on a
comme problèmes et là, je ne parle pas seulement en mon
nom personnel, mais je pense que je parle au nom de tous les
députés, de quelque comté qu'ils soient si cela
vous intéresse de voir nos filières de plaintes contre la CAT, de
gens qui... Ce n'est pas possible. Quant aux réclamations, quand on
parle de 30 jours ou de 60 jours dans le domaine de l'assurance-automobile, eh
bien à la CAT, la moyenne n'est pas de 30 jours. On a parfois des
réclamations de trois ans. Cela n'a pas de sens.
Alors, il ne faut pas prendre cela comme point de comparaison parce que,
là, cela n'aide vraiment pas votre cause. Si vous avez autre chose
à nous donner comme comparaison, peut-être que cela pourrait nous
aider mais là, réellement, on est mieux de biffer le
paragraphe.
M. EDMONSTON: Je vais essayer de faire un commentaire. On a de bons
exemples, peut-être, on a de mauvais exemples mais la question, quand on
parlait de la Commission des accidents du travail, de l'assurance-maladie,
même de Radio-Québec ou de Câblovision, toutes les autres
corporations de la couronne ou les endroits où l'Etat a pris l'affaire
en main, moi, je ne suis pas convaincu qu'à toutes ces places où
l'Etat a étatisé un service, cela a toujours donné un
mauvais résultat. Je l'espère. Je ne suis pas convaincu. Je ne le
sais pas. Je vous le demande. Est-ce que tous les députés, ici,
sont convaincus? Ecoutez, j'ai donné quelques exemples. J'ai vu surtout
l'assurance-maladie, je pensais que c'était très bon. Je pense
toujours que c'est très bon.
M. BACON: Le régime est bon.
M. EDMONSTON: D'accord. Moi, je pense vraiment que cela ne veut pas dire
qu'on va avoir toujours la paperasse, l'inefficacité et le
déficit quand le gouvernement commence à faire
l'étatisation d'un service essentiel. Si vous croyez cela, je suis
déjà perdu. Je sais que vous allez gagner l'affaire.
Mais je demande, a priori, est-ce que cela veut dire que le gouvernement
n'est pas capable d'agir pour protéger le public sur un service
essentiel? Je ne sais pas la réponse.
M.SAMSON: Ecoutez, là-dessus, M. Ed-monston, je suis bien
d'accord avec vous. Il y a des choses qu'il faut changer, qu'il faut absolument
améliorer. Sur l'objectif, on va s'entendre facilement. Je suis
absolument d'accord avec vous. Mais sur le moyen à prendre, quand vous
dites étatiser, là, je saute dans les airs. Ce n'est pas
possible. Parce qu'on a trop d'exemples frappants. Quand c'est une
société d'Etat, il n'y a pas de concurrence.
Mais vous avez apporté, plus loin, une suggestion
différente, en disant je ne me rappelle pas à quelle page
que si cela ne s'arrange pas, si on ne peut pas faire une
société d'Etat, qu'on fasse au moins une régie. A quelle
page est-ce?
M. EDMONSTON: A la page 37, créer une société de la
couronne.
M. SAMSON: Une société de la couronne. Cela, quelqu'un, je
pense, hier, disait: Si on ne peut pas corriger le système, il faudrait
aller vers une société d'Etat. Vous, vous dites: Si on ne peut
pas avoir une société d'Etat, il faudrait aller vers une
société de la couronne en concurrence. Si réellement on ne
peut pas corriger le système, qui n'est pas parfait et je pense
qu'autant je me suis fait applaudir tantôt quand j'ai fait une petite
sortie contre les sociétés d'Etat, autant on ne m'aimera
peut-être pas quand je dis que ce n'est pas parfait, mais je pense que
c'est connu de tout le monde si on ne peut pas le corriger, c'est un
élément de pression important que vous suggérez, au no 6,
à la page 37: une société de la couronne, mais en
concurrence.
A ce moment-là, si le système est réellement
mauvais, avec une société de la couronne en concurrence, si,
selon vous, c'est bien bon, cela ramènerait les primes à un
meilleur taux.
Par contre, si la société de la couronne, en
compétition, doit oeuvrer avec les mêmes problèmes que les
autres sans être subventionnée, ça pourrait aussi les faire
augmenter. Cela pourrait être le contraire. Alors, le régulateur,
je ne suis pas certain de son efficacité.
De toute façon, M. Edmonston, nous allons Passer à autre
chose.
M. EDMONSTON: D'accord.
M. SAMSON: L'inspection obligatoire des véhicules. Vous en avez
parlé à plusieurs reprises; j'en ai parlé aussi.
D'ailleurs, je pense que le ministre des Transports nous a, à un moment
donné, laissé entendre que ça l'intéressait
énormément d'en arriver à un système d'inspection,
sauf qu'il y a peut-être des contraintes qui ne lui permettent pas de le
faire totalement.
Alors, vous suggérez l'inspection annuelle obligatoire de tous
les véhicules automobiles. Pour une période donnée, parce
que les contraintes que le ministre nous a expliquées, je pense qu'elles
sont assez valables pour dire que ce n'est pas possible de faire cela demain
matin, est-ce que vous ne suggéreriez pas, plutôt, que ce soit une
inspection de véhicules d'un certain âge?
M. EDMONSTON: Non. M. SAMSON: Pourquoi?
M. EDMONSTON: Parce que nous préférons avoir l'inspection
obligatoire des automobiles. Si on ne peut pas procéder pour toutes les
automobiles parce que, selon le ministre, ça va coûter trop cher,
je ne partage pas son avis parce que...
M. SAMSON: Je m'excuse, ce n'est pas le ministre qui vient de parler;
c'est moi qui ai parlé.
M. EDMONSTON: Oui, je parlais des commentaires.
M. SAMSON: Je ne vous ai pas dit qu'il m'avait dit que ça
coûterait trop cher. Il y a certaines contraintes; le système ne
peut pas être installé demain matin.
M. EDMONSTON: Mais j'ai eu cela comme raison.
M. SAMSON: Ah bon! D'accord.
M. EDMONSTON: Je trouve que, pour chaque automobile usagée, par
exemple, avant qu'elle soit vendue, on devrait produire un certificat, comme on
le fait en Ontario où elle doit subir un examen sur la
sécurité et sa qualité. En Nouvelle-Ecosse, on a
établi un système qui est très bon; il est entré en
vigueur, je crois, en 1967 ou 1968 et je le trouve très efficace. Il
faut commencer par les automobiles usagées. Les automobiles neuves ont
des défauts, bien sûr, mais je parle des voitures usagées
premièrement, si on veut procéder par étapes, avant qu'un
consommateur achète une automobile...
M. SAMSON: Je m'excuse, j'ouvre une parenthèse. Est-ce que je
vous comprends bien lorsque je pense qu'il serait nécessaire
d'inspec-
ter toutes les voitures usagées après un certain temps,
ainsi que toute voiture revendue?
M. EDMONSTON: Oui, c'est exact excusez-moi si je ne l'ai pas
expliqué clairement et donner un certificat, comme on appelle
ça en Ontario, de "runability". Ici, ce serait peut-être un
certificat de qualité ou de sécurité stipulant que la
voiture est sécuritaire et que son millage est réel. Avec
ça on va guérir ce problème de "minounes" qui circulent
sur nos routes; on va avoir beaucoup moins de ce genre de voitures. Surtout M.
Samson, vous êtes très au courant du commerce de ce genre
d'automobiles entre le Québec et l'Ontario. Vous l'avez
déjà dénoncé.
M. SAMSON: J'allais justement vous demander s'il a été
porté à votre attention que des "minounes" qui sont absolument
sorties de la route en Ontario sont revendues au Québec.
M. EDMONSTON: Oui, c'est justement cela qui arrive, malheureusement.
Franchement, nous déplorons la position du ministère des
Transports qui n'a pas vraiment établi un projet de loi pour
guérir... pas guérir mais...
M. SAMSON: Corriger.
M. EDMONSTON: ... contrôler toute cette affaire. Parce que
maintenant les voitures d'Ottawa ou de l'Ontario qui ne sont pas
sécuritaires, les Ontariens les vendent aux Québécois.
C'est nous qui sommes privilégiés. Les voitures d'Ontario sont
vendues ici à un meilleur prix, comme des voitures en bon état.
Ce n'est pas une affaire drôle sur laquelle on peut faire des remarques
assez superficielles; c'est un problème très grave ici au
Québec, parce qu'il y a beaucoup de monde, surtout des
Québécois, des Canadiens français qui achètent des
automobiles pour peut-être $500, $600, $700, même $1,500 qui ne
peuvent pas être vendues en Ontario parce qu'elles ne sont pas
sécuritaires. Elles sont vendues ici à un prix pas mal
élevé quotidiennement par les vendeurs, pas seulement les petits
vendeurs du coin mais les vendeurs renommés, les concessionnaires, les
grosses compagnies; toutes les grosses compagnies vendent ces autos comme
voitures en bon état, mais elles ne sont pas en bon état. Cela
touche encore à la sécurité routière. Franchement,
je déplore les réactions du ministère des Transports
provincial.
M. SAMSON: Là-dessus, vous avez raison. Si je vous ai posé
la question, c'est que j'ai eu connaissance de certains cas aussi.
M. EDMONSTON: Oui.
M. SAMSON: Maintenant, quant à la ceinture de
sécurité, vous suggérez le port obligatoire. Je ne me
rappelle pas à quel moment vous l'avez fait mais je me rappelle que vous
l'avez fait.
M. EDMONSTON: Entre parenthèses.
M. SAMSON: Entre parenthèses, ah bon! Non, je ne la porte
pas . Je veux vous demander votre expérience là-dessus,
parce que vous dites qu'obligatoirement tout le monde devrait porter une
ceinture de sécurité. Est-ce que la preuve est réellement
faite que la ceinture de sécurité, c'est réellement
quelque chose qui peut empêcher des blessures? Est-ce que ça ne
pourrait pas, dans certains cas, être le contraire?
M. EDMONSTON: Oui, la preuve est faite... Toutes les grandes compagnies
normalement je ne suis pas toujours d'accord avec les grandes compagnies
automobiles ont avoué que c'était une bonne chose. Le
gouvernement américain et le gouvernement canadien ont obligé
toutes les compagnies d'automobiles depuis 1966 aux Etats-Unis, et
depuis 1971 ici au Canada à mettre les ceintures de
sécurité dans les automobiles. Pour moi, obliger les fabricants
à mettre les ceintures de sécurité dans les automobiles et
ne pas obliger les consommateurs canadiens à les boucler, je trouve que
c'est un non-sens.
M. SAMSON: Oui.
M. EDMONSTON: Juste une petite remarque, vous savez, les juges de la
cour Supérieure, depuis pas mal longtemps, ont réduit d'un tiers
les montants des dommages du consommateur qui a, par exemple, $36,000 de
dommages corporels. Certains juges ont réduit le montant parce qu'ils
ont dit que c'était de la négligence contributoire: il n'a pas
bouclé sa ceinture, alors il est la cause lui-même de la
gravité de ses blessures.
Juste pour vous donner un excellent exemple. M. Mercier, qui fait
vraiment un bon travail sur la question des ceintures de sécurité
je crois qu'il est ministre des Transports provincial maintenant
a commencé à faire une tournée dans tous les centres
commerciaux pour montrer une automobile à sept milles à l'heure.
Je ne sais pas si vous êtes allé sur cette espèce de
machine qui simule un accident à sept milles à l'heure. C'est
vraiment une preuve frappante de l'efficacité des ceintures de
sécurité.
Etant donné toutes ces choses, la ceinture de
sécurité est une chose essentielle et nous pouvons vraiment
réduire le nombre des accidents, je ne sais pas le pourcentage
approximativement, mais on réduit de beaucoup le pourcentage des
blessures corporelles et aussi des décès ou des...
M. SAMSON: Encore là, on est à l'article des
prétentions. Ce n'est pas une preuve que vous m'avez
apportée.
M. ESMONSTON: Non, je...
M. SAMSON: Le fait qu'un juge réduise de 35 p.c, cela ne veut pas
dire...
M. EDMONSTON: Les juges sont convaincus.
M. SAMSON: Oui, ils sont peut-être convaincus mais les juges ne
sont pas toujours les meilleurs automobilistes, vous savez.
M. EDMONSTON: Peut-être pas, mais je peux vous dire que...
M. SAMSON: En pratique, vous avez, au Québec, combien de voitures
avez-vous des statistiques là-dessus qui n'ont jamais eu
de ceintures de sécurité? Les nouvelles voitures,
évidemment, en ont, mais combien sur le marché...
M. EDMONSTON: Depuis soixante...
M. SAMSON: ... encore en circulation, n'ont pas de ceintures de
sécurité?
M. EDMONSTON: M. Samson...
M. SAMSON: Est-ce que vous avez ces chiffres-là?
M. EDMONSTON: Oui, je peux vous dire le nombre d'automobilistes qui sont
sur la route, quant au nombre d'automobiles qui ont des ceintures de
sécurité, cela va dépendre si c'est une automobile
fabriquée avant 1966, pour les voitures américaines, ou les
voitures canadiennes fabriquées après 1971. Cela dépend de
l'année de la voiture, certainement. Mais la chose ici c'est que je n'ai
pas apporté toute la preuve peut-être nécessaire pour vous
convaincre de l'utilité des ceintures de sécurité parce
que je n'ai pas pensé que la question serait même
posée.
M. SAMSON: Quand vous faites...
M. EDMONSTON: Je vais vous dire pourquoi...
M. SAMSON: ... une affirmation, attendez-vous à avoir des
questions.
M. EDMONSTON: Certainement, et vous aussi j'espère.
M. SAMSON: Allez-y, ne vous gênez pas.
M. EDMONSTON: Vous êtes certainement, M. Samson, dans le domaine
de l'automobile depuis longtemps.
La compagnie Chrysler, les autres grandes compagnies ont dit à
tous les détaillants, je crois, que la ceinture de
sécurité est une bonne affaire. C'est pour ça qu'elles ont
inclus les ceintures de sécurité dans les automobiles. Je ne sais
pas si vous êtes convaincus de son utilité et si vous voulez que
je fasse la démonstration de mes connaissances. Je n'ai pas
apporté toute la preuve ici, parce que je n'ai pas pensé que les
questions seraient posées.
M. SAMSON: Lorsqu'on parle de la circulation et que vous nous dites,
dans ce domaine, qu'il faut recommander le port obligatoire de la ceinture de
sécurité, est-ce que vous croyez, vous, que c'est plus dangereux
de circuler en voiture automobile que de circuler en camion ou en motocyclette,
par exemple? Quel est le plus dangereux d'après vous?
M. EDMONSTON: Pour moi, aujourd'hui, le plus dangereux, n'importe quel
véhicule, sans une ceinture de sécurité, c'est dangereux.
Là vous parlez d'une motocyclette...
M. SAMSON: Je vous demande, à ce moment-ci, comment vous allez
l'installer sur la motocyclette.
M. EDMONSTON: Non, non, je comprends bien. Non, M. Samson...
M. SAMSON: Votre raisonnement doit être bon jusqu'au bout. Si
c'est aussi dangereux sur une motocyclette, comme installe-t-on la ceinture
là-dessus?
M. EDMONSTON: M. Samson, j'ai été accusé
déjà d'aller à l'extrême. J'ai été
accusé de ça, je ne veux pas vous accuser de la même chose,
mais avec...
M. SAMSON: Je m'excuse, je n'ai pas compris ce que vous venez de dire
là. Vous avez été accusé de quoi?
M. EDMONSTON: J'ai été accusé d'aller à
l'extrême avec mes exemples avant. Je ne veux pas vous accuser de la
même chose.
M. SAMSON: Ne vous en faites pas, on va vous ramener.
M. EDMONSTON: Je ne veux pas vous accuser de la même chose, mais
je trouve franchement, quand nous parlons de la sécurité
routière, qu'on a toutes sortes de moyens efficaces pour diminuer les
accidents routiers. Avec les motocyclettes, avec le "minibike" avec tout
ça, on a par exemple un casque de sécurité, c'est une
très bonne chose. On a obligé les gouvernements à adopter
la loi, obligé les motocyclistes à porter un casque
sécuritaire. C'est très bon, mais je ne crois pas que vous
vouliez pousser l'exemple que tout automobiliste doive porter un casque
sécuritaire.
M. SAMSON: Non, non ce n'est pas ça que
je vous ai demandé. Je vous ai demandé comment vous allez
installer la ceinture sur une motocyclette.
M. EDMONSTON: Moi, je ne crois pas qu'on puisse mettre une ceinture de
sécurité sur une motocyclette. Je crois que l'exemple, vraiment,
n'est pas bon.
M. SAMSON: L'exemple, si on parle de la sécurité
routière, je pense que tous nous savons que c'est encore plus dangereux
sur une motocyclette que d'être en voiture automobile. Vous n'êtes
que sur deux roues quand même.
M. EDMONSTON: M. Samson...
M. SAMSON: Est-ce que vous avez déjà essayé, vous,
de boucler une ceinture sur ces nouveaux petits modèles de voitures
compactes, avez-vous essayé ça dernièrement?
M. EDMONSTON: Les voitures compactes? Oui.
M. SAMSON: Vous avez essayé ça. Avec le nouveau
système qui part du "top", puis qui commence en bas, vous avez
essayé ça?
M. EDMONSTON: Oui.
M. SAMSON: Est-ce que vous avez déjà essayé quand
vous êtes assis au fond du siège, bien attaché, d'actionner
vos essuie-glace par exemple, avez-vous déjà essayé
ça?
M. EDMONSTON: Oui.
M. SAMSON: Vous avez essayé ça.
M. EDMONSTON: Ce n'est pas...
M. SAMSON: Vous avez les bras plus longs que la moyenne là.
M. EDMONSTON: Peut-être.
M. SAMSON: Les phares, les essuie-glace, la radio, n'essayez pas, il
faut que vous vous détachiez...
M. EDMONSTON: Tout.
M. SAMSON: ... si vous n'avez pas les bras longs.
M. EDMONSTON: Tout sauf la boite à gants. La boîte à
gants, je ne peux pas la toucher, mais on peut avoir...
M. SAMSON: Maintenant, si vous êtes assis sur le siège
arrière, vous essayez de sortir avec ce système, si c'est un
deux-portes, vous n'en sortirez pas, vous allez rester pris dans la ceinture.
Non, je pense, écoutez, il est bien beau de dire que ça prend
absolument ça. Je ne suis peut-être pas d'accord avec mon
collègue de Bellechasse à ce moment-ci, puisque vous l'avez
cité tantôt, mais moi je me base plutôt sur la pratique.
Dans la pratique on a vu des accidents, j'en ai vu vous savez, parce que dans
le métier, quand on parle d'assurance-automobile, on parle d'accidents;
j'en ai vu de toutes les sortes.
Il est arrivé parfois que, si la personne n'avait pas
été attachée sur son siège, elle s'en serait
sortie, alors qu'en étant attachée sur son siège elle ne
s'en est pas sortie. C'est pourquoi je vous le dis, ça n'arrive pas
souvent, mais en tout cas est-ce qu'on a la preuve là absolument, est-ce
que c'est absolu cette affaire-là? C'est ça que je tente de vous
faire dire. Si vous me dites que c'est absolu, qu'il n'y a pas un cas où
l'automobiliste ne sauvera pas sa vie s'il est attaché, bien je prendrai
votre...
M. EDMONSTON: M. Samson, depuis deux ans, en Australie, on a
obligé les automobilistes à boucler la ceinture de
sécurité. Ils ont réduit le taux de mortalité de 22
p.c, deux ans après, 22 p.c. C'est une réduction de
mortalité appréciable.
M. SAMSON: Oui, d'accord. En même temps, n'y a-t-il pas eu
d'autres choses qui sont entrées en ligne de compte, comme la
réduction de vitesse et une plus grande surveillance routière?
Est-ce que cela n'est pas arrivé à peu près en même
temps?
M. EDMONSTON: Non.
M. SAMSON: Ce n'est pas arrivé en même temps. D'accord. Je
vous remercie. J'aurais beaucoup d'autres choses, mais je veux en laisser
à mes collègues.
M. EDMONSTON: Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de
Trois-Rivières.
M. BACON: Je ne voudrais pas revenir avec les expériences dont
parlait tantôt mon collègue de Rouyn-Noranda, mais est-ce que
vous-même je pense que c'est une question qu'on ne vous a pas
posée avez déjà eu affaire à la Commission
des accidents du travail ou à la Régie de l'assurance-maladie?
Quelle a été votre expérience? Vous avez été
victime d'un accident de travail?
M. EDMONSTON: Non.
M. BACON: Ah! Ecrire une lettre.
M. EDMONSTON: Vous m'avez posé une question? Je vais
répondre. Il faut se méfier de mes expériences, comme je
dois me méfier un peu de vos expériences, comme des
expériences
des gens qui passent à la télévision et qui passent
au Parlement. Ils ne sont pas traités comme tout le monde. Je vais vous
donner un exemple. Si vous êtes un député ou si vous
êtes un défenseur des consommateurs, c'est peut-être moins
difficile pour vous d'avoir votre réclamation, comprenez-vous?
Souvent, j'ai dû intervenir pour les consommateurs auprès
de la Commission des accidents du travail. Je reçois beaucoup de
demandes des consommateurs qui ne touchent pas l'automobile. Par exemple,
l'assurance-maladie, la Commission des accidents du travail, tout cela. Et
quand je rapportais cela à la commission, je n'ai pas eu de
problème, mais cela n'est pas indicatif si on n'a pas de
problème, parce que lorsque je faisais l'intervention, on me
répondait: Ah oui! C'est une erreur. On me disait qu'elle serait
toujours corrigée tout de suite, que ce problème avec ce monsieur
était un cas exceptionnel. Je ne crois pas que c'était le cas.
Peut-être que mes expériences ne sont pas indicatives si on a un
problème, on n'a pas un problème. C'est la même chose si un
député reçoit...
M. BACON: On est obligé d'écrire... M. EDMONSTON: Oui.
M. BACON: Si vous êtes obligé de faire des
démarches, c'est parce qu'il y a des problèmes.
M. EDMONSTON: On a des problèmes partout. Je crois que le
député de Rouyn-Noranda a dit que ce n'est pas parfait.
M. BACON: Seulement pour terminer là-dessus, pour ne pas
s'étendre non plus parce qu'on a déjà touché le
point, je suis prêt à vous offrir... Venez voir mes dossiers. Je
n'ai pas le meilleur échantillonnage, mais faites le tour des
députés et vous irez voir les accidentés, les victimes,
vous irez voir les gens...
M. EDMONSTON: Oui.
M. BACON: II y a le problème aussi du bonhomme qui écrit
à un certain moment... Je ne veux pas accuser les régies ou ces
choses. Il y a des gens qui écrivent au gouvernement, par exemple et qui
vont adresser on écrit pour son impôt, il y a un
problème ministère du Revenu, Québec. Je le vois
souvent cela.
M. EDMONSTON: Oui.
M. BACON: Naturellement, on accuse, on dit: II y a une lenteur, on n'a
pas de réponse, etc. Je pose toujours la question: A qui avez-vous
écrit? Au ministère du Revenu. On envoie des lettres, nous
autres, avec des adresses bien précises et cela prend tout notre petit
"change" pour avoir les bonnes informations, je me demande ce que le gars peut
avoir à peu près.
Je ne critique pas le régime ou la couverture de
l'assurance-maladie. Sauf le bonhomme qui s'en va aux Etats-Unis à un
certain moment et qui arrive et qui est obligé d'être
hospitalisé... Quand il revient de Floride... C'est commun. Il y a
toujours des bonhommes, à un certain moment, là-dessus qui ont
été obligés d'aller à l'hôpital, on ne se
retrouve plus dans l'assurance-maladie. Ce sont des choses un peu en dehors du
système aussi, mais il reste quand même... On ne dit pas que la
couverture de la Régie de l'assurance-maladie ou que le régime
soit mauvais, c'est que les expériences du citoyen vis-à-vis de
cela, je ne pense pas que ce soit ce qu'il y a de meilleur.
Vous avez dit tantôt que le monopole d'Etat ou que s'il y avait
une société d'Etat, elle prendrait tous les pépins au
profit des sociétés qui, elles, auraient cherché la bonne
crème. Je vous ferai remarquer que le départ
d'Hydro-Québec s'est fait dans la région métropolitaine de
Montréal et que les réseaux qu'elle a réussi, un jour,
à nationaliser, c'est parce qu'il y avait des compagnies qui les avaient
développés. Et pour employer une expression d'un de mes brillants
prédécesseurs, l'électrification rurale n'a pas
été faite par Hydro-Québec. Ce sont les compagnies
privées qui l'ont faite.
Je m'excuse tantôt d'avoir sursauté à certaines de
vos affirmations. Je pense qu'on s'est déjà rencontré. On
a déjà discuté ensemble, mais je pense qu'on ne peut pas
conclure que le monopole d'Etat ou la régie d'Etat va régler tous
les maux.
A un certain moment, vous avez fait un peu une salade. Vous avez
parlé des emprunts et vous avez dit que vous étiez fatigué
de voir M. Bourassa aller à New York. On a la Caisse de
dépôt et placement du Québec. Et quand on se finance trop
là-dedans, les gens nous reprochent de trop aller à la Caisse de
dépôt et placement du Québec. On nous dit: Vous avez peur
d'aller sur le marché. Vous allez vous financer à la Caisse de
dépôt et placement du Québec.
Je pense que dans votre affirmation, vous avez peut-être
oublié aussi l'équilibre des marchés financiers. Il y a
beaucoup de choses à penser là-dedans. Je pense qu'on ira quand
même à New York si on a un monopole d'Etat dans
l'assurance-automobile. Disons que c'est un peu pour placer ce que vous avez
dit tantôt.
Il y a juste une affirmation que je voudrais que vous me
précisiez. Vous avez dit, à un moment donné, que les
courtiers négocient avec la régie d'Etat. Dans le même
souffle, vous avez dit que vous étiez pour l'application des
recommandations du rapport Gauvin. Ce n'est pas tout à fait ce qu'il dit
sur les courtiers. Pourriez-vous préciser? C'est peut-être un
lapsus.
M. EDMONSTON: Je sais que c'est en contradiction avec le rapport Gauvin.
J'ai entendu les représentations des courtiers d'assurance, ce matin.
Moi, je ne suis pas décidé sur le point de
savoir si les courtiers d'assurance sont utiles ou non utiles. Je
trouve, actuellement, que nous n'avons pas eu tellement de problèmes
avec les courtiers d'assurance. Mais pour les 14 p.c, quand on parle de leur
commission sur les assurances, quand je pense aux 14 p.c. s'ils ne peuvent pas
négocier avec le bureau d'assurance ou les autres groupes d'assureurs,
si nous pouvons avoir l'étatisation du gouvernement... Le rapport Gauvin
ne demande pas l'étatisation de l'assurance; ils ont demandé
ça, mais s'ils sont reconnus comme vendeurs de la police d'assurance
étatisée, les courtiers peuvent négocier. Ces une
hypothèse, en effet.
Nous nous sommes éloignés un peu du rapport Gauvin,
étant donné que nous n'avons pas suivi...
M. BACON: Le même rythme.
M. EDMONSTON: C'est ça.
M. BACON: Ce n'est pas le même tempo.
M. EDMONSTON: Sur l'hypothèse de l'étatisation, nous avons
vu que l'étatisation, avec les courtiers, ça peut se
réaliser. Avec des négociations. J'ai entendu le problème
des négociations. J'ai pensé: Bon, les négociations,
peut-être que ce ne sera pas tellement difficile, aussi difficile pour le
gouvernement, qui doit reconnaître les agences de courtiers, que
ça l'est présentement avec les compagnies privées. C'est
juste cela, mes commentaires.
M. BACON: De toute façon, je vous remercie, et j'attends votre
visite à mon bureau.
M. EDMONSTON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Montmagny-L'Islet.
M. GIASSON: M. Edmonston, à la page 13 de votre mémoire,
troisième paragraphe, vous déclarez ceci: "Subissant la pression
des "indépendants", les sociétés par actions ont
réduit les pourcentages payés aux agents aux environs de 17 p.c.
(depuis les précédents 20 p.c. ou 25 p.c.). Cette mesure a
aidé à réduire le taux des dépenses de 40 p.c
à 30 p.c. Par contre, ces taux sont encore beaucoup plus
élevés que les 17.1 p.c. de la State Farm et les 22.1 p.c. de
Allstate."
A l'autre paragraphe: "Même les indépendants paraissent
inefficaces si on les compare à la compagnie d'assurance des
fonctionnaires du gouvernement de Washington qui déclarait $256 millions
de primes (surtout d'assurance-automobile) en 1969. Le taux de frais de cette
compagnie s'établissait seulement à 12.4 p.c." Avec cette
déclaration, vous pouvez impressionner le public, mais il y a des faits
qu'on doit rétablir. Mon bureau de courtage détient des contrats
d'agences avec 19 assureurs. Des 19 assureurs, sans aucune exception, aucune de
ces compagnies ne paie plus que 12.5 p.c. de commission. Il faut ajouter
également que, dans le cas de tarification de flotte, nous avons des
compagnies qui nous paient 8 p.c. et 10 p.c. Dans le cas des assurés de
moins de 25 ans, nous avons des compagnies qui paient 8 p.c; ce qui fait que
les 12.5 p.c, ce qui est le maximum que j'ai personnellement il peut y
avoir des courtiers qui ont des meilleurs taux de commission; il y en a dans la
salle, on pourra s'informer cela ramène ma moyenne de commission
à un pourcentage inférieur à celui de la compagnie qui
assure les fonctionnaires américains.
M. EDMONSTON: D'accord.
M. GIASSON: Si on va au bout de la vérité, il peut y avoir
un rajustement si mon expérience, dans le portefeuille que j'ai avec
chacune des compagnies, me rend éligible à des commissions
contingentes. Cela, en pourcentage, représente un pourcentage
extrêmement minime. Lorsque vous parlez de 17 p.c.
d'assurance-automobile, c'est dommage, vous êtes à
côté de la voie.
M. EDMONSTON: II y a une chose ici. Nous n'avons pas tellement
parlé des courtiers d'assurance, nous avons parlé des compagnies
mêmes. Je sais que vous avez donné les chiffres de 12.8 p.c, 12.5
p.c...
M. GIASSON: De 12.5 p.c. sur le maximum, chez 19 assureurs avec qui je
fais affaires.
M. EDMONSTON: Oui. Je n'ai pas les frais d'administration des
compagnies, pas de frais d'administration pour les courtiers, pour le profit
des courtiers. Je sais, par exemple...
M. GIASSON: Ecoutez, ne jouez pas sur les mots. "Subissant la pression
des indépendants des sociétés par actions, on
réduit les pourcentages payés aux agents". C'est qui ça,
les agents? Ce sont les courtiers, les agents vendeurs. Vous pourriez dire: On
a inclus les frais d'administration des compagnies concernant le coût de
fonctionnement du système de règlement des sinistres. Mais ce
n'est pas ça que vous dites.
M. EDMONSTON: Mais c'est cela que je veux dire. Je crois que c'est
plutôt une question... Ecoutez, ici, on n'a pas une polarisation entre
nous et le courtier d'assurance. Je ne veux pas faire une polarisation, on n'a
pas une affaire de courtiers et de consommateurs qui sont face à face.
Je trouve que, pour résoudre le problème de
l'assurance-automobile on doit voir quelles compagnies ont réduit les
coûts de fonctionnement. J'ai donné ces exemples parce que ce sont
des exemples que nous avons eus des indépendants; ils ont eu des frais
d'administration moins élevés que les autres compagnies. Les
indépendants ont des frais d'administration
moins élevés que les autres. Même quand je parle de
GEICO, qui est une espèce de mise en marché, la mise en
marché jusqu'à 12.4 p.c, ça occasionnait des frais
d'administration. Je sais que maintenant les courtiers d'assurance, ce ne sont
pas les compagnies d'assurance; il ne faut pas confondre les deux. Ici je
parlais seulement des compagnies d'assurance versus les indépendants
versus une espèce comme GEICO. Je ne veux pas mettre ça sur le
dos des courtiers d'assurance. Dans le rapport c'était juste pour les
agents, je veux dire les compagnies plutôt.
M. GIASSON: Vous dites bien: On réduit les pourcentages
payés aux agents. C'est textuel.
M. EDMONSTON: Oui. Excusez.
M. GIASSON: Lancé dans le public, ça laisse croire que les
agents ont un pourcentage de commission qui est complètement
différent de la réalité.
M. EDMONSTON: Si on a un pourcentage de 12.5 p.c., je ne trouve pas
ça énorme.
M. GIASSON: A la page 15, là vous faites allusion à la
commercialisation en série. Il y a une revue, un moment donné;
qui déclarait que la commercialisation en série permettait la
réduction de 20 p.c. dans le coût. Pouvez-vous m'expliquer comment
on peut arriver à réduire le coût de 20 p.c. dans une
commercialisation en série?
M. EDMONSTON: Nous avons parlé déjà de la paperasse
et la lenteur de la commercialisation ou la mise en marché des polices
d'assurance. Il semble qu'avec cette commercialisation en série on rende
la mise en marché des polices d'assurance beaucoup plus efficace; on
élimine la paperasse, on élimine les emplois si vous voulez, on
élimine les gens qui vont prendre, non seulement du temps, mais qui vont
demander des salaires supplémentaires.
M. GIASSON: On n'élimine pas la paperasse, parce que la
commercialisation faite en série est faite par un contrat individuel
à chaque client généralement. Si on sortait une police
collective avec un spécimen à chaque assuré, je suis
d'accord qu'on diminuerait la paperasse.
M. EDMONSTON: J'ai parlé tout à l'heure
là-dessus.
M. GIASSON: Mais en automobile, à ce jour, l'expérience de
commercialisation en série est faite par un contrat individuel à
chacun des clients du groupe. Eliminons totalement, si vous voulez, les 12.5
p.c. de commission; il reste encore 7.5 p.c. Supposons que les frais de
préparation de tous les documents sont payés par l'employeur ou
par le syndicat qui assume, dans sa propre administration, le coût de ce
travail; les 7.5 p.c. de réduction viennent d'où? Ces 7.5 p.c.
par rapport aux 20 p.c. vis-à-vis de la commission de 12.5 p.c? Il y a
de quoi qui ne va pas.
M. EDMONSTON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions?
M. GIASSON: Oui.
Il y a un point, à la page 23, qui me parait fondamental, je suis
d'accord avec vous. "Négociant des millions de dollars de prime chaque
année, l'industrie de l'assurance tient à garder son argent le
plus longtemps possible avant de l'investir". Je ne sais pas à qui il
appartient, avant de l'investir.
Voici pourquoi les automobilistes doivent attendre tellement longtemps
le paiement des réclamations non contestées. Là, vous
rattrapez une conséquence du principe de l'indemnité qui est
présentement appliqué en assurance-automobile. En vertu du
principe de l'indemnité payable en fonction de la responsabilité
d'un tiers, c'est qu'on retarde, dans le cas de blessures corporelles
importantes ou de décès, surtout dans le cas de blessures
corporelles, trop longtemps souvent, le paiement d'une indemnité.
Et lorsque la compagnie, retardant le paiement d'une indemnité,
attendant le rétablissement de la personne, les soins médicaux,
l'établissement par le monde médical de la perte de
capacité et d'autres pertes découlant de cela, a en main ce
montant d'argent que normalement elle doit payer, elle le retient, elle le
conserve, elle va chercher du placement dessus.
C'est, à mon sens, la faiblesse du régime de paiement en
fonction de la faute, la responsabilité. C'est là qu'on a le
grand problème d'attente de beaucoup de citoyens qui sont en droit de
recevoir un paiement beaucoup plus rapidement, mais à cause de tout le
principe d'établissement de la responsabilité et de la
détermination d'indemnité payée en fonction de la perte de
capacité... c'est là que je retrouve un élément
plus intéressant du côté du rapport Gauvin qui voudrait un
paiement sans reconnaissance de faute.
C'est qu'on permet à des citoyens, somme toute, de toucher de
l'argent auquel ils ont droit beaucoup plus rapidement que dans le
système de paiement en vertu de la responsabilité.
M. EDMONSTON: Vous avez déjà entendu notre position sur la
compensation sans égard de la responsabilité. Je crois que nous
serons d'accord sur notre proposition, mais les choses les plus
élémentaires, je ne parle pas des cas où il y a litige. Je
parle de deux automobilistes qui se heurtent par exemple, où un qui a vu
qu'il était responsable, et l'autre qui dit: D'accord, ma compagnie
d'assurance va arranger cela. Et on en est rendu à ce moment-là,
non pas à des
litiges, mais juste le simple accident où un automobiliste heurte
une autre voiture, des choses qui peuvent être réglées pas
mal facilement.
Avec les blessures corporelles, c'est une autre histoire. Souvent, on a
des poursuites qui prennent trois ans, même jusqu'à sept ans, pour
un montant pas mal élevé. Mais pour les simples dommages
matériels, ce sont des choses que nous ne comprenons pas. Pourquoi
avons-nous des lenteurs de trois mois, quatre mois, cinq mois, pour ce genre de
réclamations? Avec les réclamations pour blessures corporelles,
on peut comprendre un peu. On a le rapport des policiers, le rapport des
médecins, la détermination d'invalidité, tout cela entre
là-dedans. Mais deux automobilistes, deux automobiles, quand au
problème des dommages matériels, nous ne comprenons pas. C'est
pour cela que nous avons proposé la compensation sans égard aux
responsabilités. Parce que même les gens qui ont été
payés tout de suite... On ne va pas avoir une lenteur inexplicable, nous
ne pouvons même pas expliquer de mois en mois, comme c'est le cas
maintenant. On a des lenteurs vraiment sérieuses.
M. GIASSON: Dans votre recherche, avez-vous pensé à un
système qui irait plus loin que celui recommandé par le rapport
Gauvin, en ce qui a trait au paiement sans égard à la
responsabilité? C'est-à-dire qu'on aurait un système avec
une couverture qui apporterait des montants déterminés par des
contrats qui sont les mêmes, soit dans une compagnie d'Etat, soit dans
les compagnies privées, mais qui accepterait également le
principe de compléter par une autre police une couverture
d'excédent, qu'on appelle qui ferait que le citoyen qui veut
avoir plus de sécurité, une protection plus étendue,
pourrait aller vers un assureur qui la lui émettrait.
M. EDMONSTON: Oui, on a étudié cela.
M. LE HIR: Si vous vous en référez au document que j'ai
commencé à vous lire au début...
M. GIASSON: Je regrette, je l'ai manqué...
M. LE HIR: ... on parle de mécanismes d'arbitrage pour en arriver
à une compensation adéquate. La solution que vous proposez, dans
le fond, est assez équivalente et il est certain que ce n'est pas
l'Association pour la protection des automobilistes qui s'insurgerait contre
cette solution-là.
En fait, la solution, c'est une autre des lacunes que nous trouvons au
rapport Gauvin et il n'y en a pas tellement. Mais tout de même, le
principe de la compensation automatique et finale, c'est un peu inacceptable.
Ce qui est important pour nous, c'est que tout d'abord la victime d'un accident
reçoive une indemnisa- tion, quitte, par la suite, à en appeler
du montant.
Alors, on peut penser à un système comme celui que vous
décrivez, avec une couverture excédente, comme cela se fait
déjà, par exemple, avec le régime
d'assurance-hospitalisation. Par d'autres compagnies d'assurance, on peut faire
assurer l'excédent que le gouvernement ne paie pas ou que le
régime ne paie pas, ou bien on peut penser également à des
mécanismes d'arbitrage qui permettraient à la personne de pouvoir
en appeler de la compensation qu'elle reçoit.
Mais, en fait, c'est une suggestion qu'on estime importante.
M. GIASSON: A la page 26, vous faites allusion à des nombreuses
plaintes que l'association a reçues. Vous dites ceci, entre autres:
"L'Association pour la protection de l'automobiliste a reçu des
centaines de plaintes d'automobilistes relatives à l'augmentation
injuste des taux de primes ou encore à l'annulation d'une police sans
préavis par les compagnies d'assurance-automobile. Ce qui arrive
habituellement, c'est que l'automobiliste reçoit un avis que son
classement "risques" a été réévalué et
requiert une augmentation immédiate du prix des primes. On alloue
même un certain temps à l'automobiliste pour
réfléchir avant de mettre fin à son contrat".
Dans ces plaintes que vous avez reçues, lorsque des compagnies
ont décidé de majorer une prime en cours d'existence de la
police, c'est-à-dire pas au renouvellement, quels étaient les
motifs, que vous avez pu découvrir, que ces compagnies ont
invoqués pour augmenter une prime en cours de route?
M. EDMONSTON: Nous avons reçu, l'année dernière,
comme je vous en ai parlé déjà, 6,350 demandes
d'information et de plaintes, ce qui veut dire 6,350 plaintes de consommateurs,
et 6,000 demandes d'information parce qu'ils n'ont pas compris les termes de
leur police.
Quand nous avons parlé de centaines, cela passait avec. Il y
avait des plaintes et des demandes d'information pour expliquer pourquoi ils
ont reçu cette augmentation pendant la durée de la police ou
à la fin de la police pour le renouvellement d'une autre.
Nous avons essayé d'obtenir les renseignements des compagnies
d'assurance. Souvent, comme nous en avons déjà eu
l'expérience, les compagnies d'assurance nous disent que le monsieur a
fait des changements, par exemple, que sa voiture est utilisée
maintenant plus souvent, utilisée pour ses affaires, utilisée
plus souvent, comprenez-vous? Nous ne pouvons pas vérifier cela.
Je vous ai déjà donné un exemple, ce qui est un peu
l'extrême: un monsieur qui change de statut civil, marié ou pas
marié. Nous sommes un peu inquiets là-dessus parce que nous
n'avons pas le moyen de vérifier toutes les
raisons qui justifient une augmentation des primes. Alors nous, nous
avons eu juste pour vous montrer le problème du nombre de
plaintes que nous avons eues qui touchent ces choses-là 6,350
demandes d'information supplémentaires, que les gens n'ont pas comprises
du tout. Ils n'ont pas eu d'informations ailleurs. Ils ont dû nous
appeler, venir à notre bureau. Nous n'avons pas voulu les pousser au
Bureau d'assurance du Canada tout de suite ou les pousser vers les courtiers
d'assurance tout de suite. Nous avons essayé d'appeler les compagnies
d'assurance, d'appeler les courtiers et souvent, nous, nous n'avons eu aucun
moyen de vérifier si ce qu'ils nous avaient dit était vrai ou
pas.
C'est comme si vous étiez en train de jouer au poker avec
quelqu'un et qu'on changeait les règles du jeu. Vous ne savez plus
quelles sont les règles, si vous avez une main gagnante ou une main
perdante. On ne peut pas le savoir.
Alors, pour nous, c'est inquiétant que, quelque part, une
décision soit prise pour quelqu'un. C'est la chose la plus
inquiétante, à notre égard. C'est un pouvoir
discrétionnaire que nous préférons voir à la
lumière du jour, fait publiquement, si vous voulez, avec la
participation des consommateurs mêmes, avec le gouvernement provincial et
les différentes compagnies d'assurance.
M. GIASSON: Dans votre vision, supposément, d'un monopole
étatique ou encore d'un système où les compagnies
privées, en réformant tout le système d'administration,
continueraient à donner l'assurance, est-ce que vous croyez qu'on doit
maintenir des classes diverses, selon la nature du risque que peuvent
présenter les assurés les uns par rapport aux autres,
expérience d'accidents ou autre choses, ou si vous rêvez d'un taux
uniforme pour tout le monde?
M. LE HIR: Je pense qu'un taux uniforme aurait la conséquence de
créer un certain état d'irresponsabilité dans la
population. Il est normal et essentiel même que les personnes qui
constituent un risque plus grand doivent assumer une partie de ce risque. Dans
certains cas, ce ne serait pas une mauvaise affaire de retirer tout simplement
des gens de la circulation. D'ailleurs, c'est un peu le but que vise le
système des points de démérite. Mais le problème
c'est que et je pense quand même que certaines compagnies
d'assurance le font de plus en plus dans l'évaluation du risque,
on devrait tenir compte de la performance du chauffeur et du nombre de points
de démérite qu'il a pu récolter dans une année,
à condition et ce serait une condition vraiment importante
que le système des points de démérite soit vraiment
appliqué de façon uniforme et également qu'on supprime les
injustices qu'il peut contenir.
M. EDMONSTON: Ce n'est pas seulement du côté du chauffeur,
mais il y a certaines voitures qui sont plus dangereuses que les autres. Il
faut peut-être rattacher ça au genre de véhicule, à
l'automobile que le monsieur conduit, pas seulement au prix que cela
coûte pour réparer l'automobile. C'est le problème de la
sécurité de certaines automobiles, par exemple, des voitures
compactes. Il y a beaucoup plus de risques d'avoir des blessures corporelles
plus sérieuses avec ce genre de voitures. Si vous avez un accident avec
une de ces voitures compactes, les risques d'avoir des blessures corporelles
sont beaucoup plus élevés que pour les autres voitures.
Je crois qu'il faut établir des catégories selon les
voitures, selon les individus qui conduisent les automobiles. Finalement, il
faut surtout que ces catégories soient établies avec la
participation des consommateurs, du gouvernement et des compagnies
d'assurance.
C'est notre demande principale que ce soit fait avec la participation
maximale des automobilistes, des consommateurs qui sont impliqués et
affectés quotidiennement par ces critères.
M. GIASSON: Toujours dans le système des méthodes de
tarification, est-ce que vous maintiendriez dans votre concept une prime plus
élevée pour les jeunes conducteurs, en fonction de
l'expérience qu'ils apportent en matière de réclamation,
ou si vous tenteriez d'être utile ou aimable pour les jeunes en les
ramenant aux mêmes bonnes classes qu'on a en matière de
tarification?
M. EDMONSTON: II y a une chose que je crois avoir dite aujourd'hui, ce
n'est pas que l'on doive être gentil envers les consommateurs, mais on
doit leur rendre la justice naturelle. La justice, c'est que les consommateurs
doivent être qualifiés selon leur compétence, selon le
risque qu'ils représentent, mais le critère de risque ne doit pas
être établi de façon arbitraire, avec des chiffres qui
viennent seulement des bureaux d'assurance, d'une compagnie d'assurance.
Je ne suis pas contre les critères. Il faut avoir un
critère de risque, mais ce critère de risque, je trouve beaucoup
plus acceptable de l'établir avec la participation des gens
affectés. Cela ne veut pas dire qu'on doit avoir une femme, un homme, un
jeune, un monsieur de la classe rurale, mais des groupes de consommateurs avec
des fonctionnaires, des surintendants d'assurance, avec les
représentants de l'industrie de l'assurance. Peut-être qu'on va
trouver avec tous ces chiffres, ensemble, un terrain pour négocier
certains de ces critères un peu arbitraires.
M. GIASSON: A la page 37, vous proposez la création d'une
société de la couronne. Dans le rôle ou l'attribution que
vous lui donnez, le premier est: "Etablir à même son
expérience
son propre tarif en se basant sur ses statistiques, en constituant ses
catégories de risque". Qu'entendez-vous par constituer ses
catégories de risque?
M. EDMONSTON: Oui. C'est un problème de chiffres. Si on
établit une corporation de la couronne, je pense qu'une telle
corporation peut entrer dans l'affaire, connaître tout de suite la
rentabilité de l'assurance-automobile, les risques, quels sont les
problèmes et commencer à établir ses propres chiffres, une
espèce de laboratoire...
M. GIASSON: Une statistique personnelle... M. EDMONSTON: C'est
ça, en faisant...
M. GIASSON: ... à la société d'Etat, comme les
compagnies privées le font.
M. EDMONSTON: C'est ça. Et, à ce moment, on peut faire la
comparaison. C'est une des raisons majeures pour lesquelles nous avons voulu
proposer une corporation de la couronne.
M. GIASSON: Merci.
M. EDMONSTON: Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Bellechasse.
M. MERCIER: M. le Président, considérant l'heure qui passe
et que l'Association des policiers provinciaux du Québec a
également un mémoire à présenter, je me limiterai
à deux questions. La première, relativement à la
recommandation no 12 du mémoire de l'Association de la protection des
automobilistes. Lorsque vous parlez d'accroître la surveillance des
routes je pense bien que tout le monde est d'accord là-dessus
est-ce que vous avez des précisions à apporter quant aux
modalités pour améliorer ou accroître cette surveillance
des routes?
M. EDMONSTON: D'abord, j'ai déjà parlé avec le
vice-président de l'Office des autoroutes, M. Prévost, et il
semble qu'on a augmenté la surveillance. Ce ne sont pas seulement les
campagnes publicitaires par exemple, "Une chance sur treize" ou "Un jour
ce sera ton tour", ces campagnes-là, "Une chance aujourd'hui mais
aussi d'avoir le policier présent, même s'il patrouille avec la
lumière tournante, il semble que ça fait un effet, que ça
fait peur aux automobilistes. Aussi, on a le radar et les avions qui peuvent
contrôler ou surveiller les autoroutes.
Je crois qu'il faut mettre la plupart des policiers sur les routes qui
sont les plus dangereuses, aux heures les plus dangereuses. Je ne sais pas si
je m'explique bien. Pas une centaine de policiers toujours là. Ce n'est
pas bien pensé. C'est la localisation de la main-d'oeuvre. Non.
On a des statistiques qui sont faites par le ministère des
Transports, de bonnes statistiques qui montrent vraiment où sont les
intersections, quelles sont les heures les plus dangereuses, quelles routes
secondaires sont les plus dangereuses, sur quels chemins les automobilistes ont
l'habitude d'accélérer de façon très dangereuse.
Par exemple, ici, l'autoroute 20, de Montréal à Québec,
est très sûre et on a très peu d'obstacles; c'est
très bien construit et on n'a pas tellement de problèmes pour les
excès de vitesse. Je crois que presque tout le monde roule à 70
ou 75, sans problèmes. La patrouille des policiers n'est peut-être
pas tellement nécessaire là. Mais sur les routes secondaires, aux
intersections déjà connues comme dangereuses, et les heures, je
crois que c'est le samedi soir, le vendredi soir, de minuit à trois
heures...
M. MERCIER: Quelle est votre réaction devant les suggestions qui
ont été formulées dans le passé de créer une
patrouille routière autonome ou encore un "highway patrol", comme on en
rencontre dans les Etats américains?
M. EDMONSTON: Je suis entièrement d'accord.
M. MERCIER: Pour le bénéfice des membres de la commission
mais aussi pour les hauts fonctionnaires qui sont touchés par cette
question, le deuxième point que je voulais soulever est relativement
à votre suggestion, le no 14: Appliquer dans toute sa rigueur le
système de points de démérite. Vous ajoutez à cet
égard : II y aurait aussi lieu de corriger toutes les lacunes du
système, son application, sa constitutionnali-té, etc. Est-ce
qu'il vous serait possible de préciser un peu cette recommandation mais
surtout les commentaires en appendice.
M. EDMONSTON: Parce que c'est une question plutôt juridique, je
vais vous passer Me Le Hir.
M. LE HIR: A l'heure actuelle on a su, dans certains cas, de bonne
source, que le système de points de démérite
n'était pas appliqué dans toute sa rigueur. Par contre, par
exemple plutôt, on a su que sur l'autoroute des Laurentides, pendant
longtemps et jusqu'à très récemment encore, les dossiers
d'infraction n'étaient pas transmis et ce en contravention même
avec le code de la route qui fait, qui crée une obligation, pour le
greffier, de transmettre le dossier au ministère des Transports, ou au
bureau des véhicules moteurs, afin que les points de
démérite soient retranchés.
Alors, c'est que cela donne lieu à une discrimination dans
l'application du système, parce que certaines personnes se font pincer,
d'autres ne se font pas pincer et le même système n'est pas
appliqué à tout le monde de façon uniforme. C'est une
source de discrimination. Deuxièmement, la façon dont le
systè-
me est présentement administré, c'est seulement la
personne qui est rendue à 9 points qui doit se présenter devant
un fonctionnaire du bureau des véhicules automobiles, pour expliquer
pourquoi son permis ne devrait pas lui être retiré. Or, il peut
parfois s'écouler, étant donné que les dossiers de points
sont annulés seulement après deux ans, environ 18, 20, 22 mois,
pourquoi pas même à la limite de 23 mois et quelques semaines,
avant que cette personne soit convoquée, pour expliquer pourquoi son
permis ne pourrait pas lui être retiré.
Nous prétendons que les personnes devraient être
avisées systématiquement, à chaque infraction, qu'elles
ont perdu des points, parce qu'à cette occasion, étant
donné qu'elles sont invitées à le faire après neuf
points, elles pourraient toujours venir expliquer pour quelles raisons, dans
certains cas, les points ne devraient pas leur être retirés. Ce
serait une application plus stricte de la règle audi alteram partem,
parce que dans bien des cas, au bout de 23 mois, il n'y a plus de
possibilité de faire de preuve ou de présenter des faits qui
pourraient justifier plus de clémence du fonctionnaire à
l'endroit de la personne contre qui on doit sévir.
M. MERCIER: Est-ce que vous avez eu des commentaires de vos membres
à ce sujet?
M. EDMONSTON: Oui, d'abord nos membres ont réagi, ils n'ont pas
aimé le système de points de démérite, d'accord.
Mais nous avons eu des cas précis, je ne peux pas les citer maintenant,
je n'ai pas apporté toutes nos plaintes, mais on a certains
automobilistes qui trouvent que ce n'est pas juste que dans certains endroits
il faut appliquer les points de démérite, à certains
autres endroits, tout le monde peut faire ce qu'il veut et ce n'est pas
applicable, les points de démérite, à cet
endroit-là.
D'abord, je veux préciser que nous ne sommes pas contre le
système de points de démérite. C'est vraiment une bonne
chose et nous sommes contents qu'on ait établi le système de
points de démérite ici au Québec. Mais on a certains
problèmes et j'espère que le gouvernement provincial va essayer
de remplir ces trous, boucher ces trous où on a certains écarts
de justice.
M. MERCIER: Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Taschereau.
M. BONNIER: Une seule question, M. le Président. Lors de votre
présentation, vous avez fait un certain nombre de recommandations. On
sait que l'objectif fondamental de cette étude et de la loi qui sera
proposée est pour le plus grand bénéfice des
consommateurs. Par exemple, au niveau de la tarification, il y a certaines
recommandations du rapport Gauvin qui donnent une responsabilité au
surintendant de vérifier de telles choses dans les compagnies. Vous avez
beaucoup insisté pour qu'il y ait une participation du consommateur. Je
ne retrouve pas, cependant, une recommandation demandant qu'il y ait une
espèce de corps consultatif. Quelle espèce de formule
suggérez-vous pour que, quel que soit le système qui sera
proposé par la loi, il puisse être réévalué
jusqu'à un certain point avec la collaboration des consommateurs de
temps à autre? Est-ce que c'est par l'Office de protection du
consommateur ou est-ce que cela serait par un conseil des assurances?
M. EDMONSTON: Je vais faire les commentaires préliminaires et Me
Le Hir complétera. Le mécanisme peut venir de l'Office de
protection du consommateur ou cela peut venir du surintendant des assurances.
C'est une espèce de débat public, de discussion publique sur
l'augmentation des tarifs, par exemple, comme on vient de le voir avec la
compagnie Bell Canada cela n'a pas été un succès
mais, au moins, on a eu le temps de participer, de voir au moins des
avocats défendre les consommateurs et poser des questions sur les prix,
poser des questions aux témoins, d'une compagnie comme Bell Canada ou
même des compagnies d'assurance.
Ce n'est pas tellement à nous de dire que tel mécanisme
est plus efficace. C'est une hypothèse, mais c'est seulement le principe
d'avoir cette participation avec des gens compétents pour
représenter les consommateurs et la participation des groupements de
consommateurs. On voit cela au niveau fédéral. Je crois que le
premier ministre Trudeau a déjà accepté, et le ministre
Ouellet, qui semble très compétent pour les affaires des
consommateurs, a déjà avoué que, sur les différents
"marketing boards" pour les questions des oeufs, les consommateurs doivent
être représentés parce que c'est une affaire qui touche
vraiment tous les consommateurs et ceux-ci doivent avoir une voix
là-dedans. Je trouve que c'est une prolongation de cette philosophie et
nous laissons le gouvernement établir quel mécanisme sera le plus
efficace. Nous ne savons pas quel critère le gouvernement va utiliser,
mais nous aimerions seulement participer pour peut-être avoir des
discussions publiques sur les tarifs et sur les comportements de certaines
compagnies d'assurance, publiquement plutôt qu'en privé.
Un corps consultatif, c'est bon, mais vous savez, on a le Conseil de la
protection du consommateur. Un de nos membres est aussi membre de ce conseil.
Je crois qu'il y a quatorze ou quinze membres et toutes les
délibérations se font en privé. Elles ne sont pas
publiques. C'est ce qui arrive avec un corps consultatif, je crois que c'est
même essentiel, selon le ministre Tetley, que cela soit en privé.
Mais publiquement, comme la chose s'est pro-
duite avec Bell Canada, au moins discuter la question d'augmentation des
tarifs à fond, avec la pleine participation des groupes de consommateurs
et même du gouvernement.
M. LE HIR: Simplement pour donner un exemple, récemment, le
gouvernement de l'Etat du New Jersey a commis d'office au moment de
l'étude de la tarification des assurances un avocat qui
était chargé de représenter les intérêts des
consommateurs. Evidemment, il avait un budget qui lui permettait de faire cette
étude et d'interroger les compagnies sur la façon dont elles
utilisaient les revenus de placement et des choses comme cela et,
effectivement, si les bénéfices qu'elles pouvaient
réaliser, à un certain moment, se répercutaient dans les
primes et si, effectivement, les consommateurs en tiraient un profit
quelconque.
Le genre de mécanisme auquel on songe maintenant, on n'a
pas...
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable ministre des Transports.
M. MAILLOUX: M. le Président, quelques remarques seulement. Je
voudrais, si vous me le permettez, dire immédiatement que si mon absence
de la commission est souventefois répétée, elle est quand
même motivée par les avis très tardifs que nous avons eus
pour cette commission qui doit siéger à six reprises. Et il m'a
été extrêmement difficile d'organiser mon agenda, assez
chargé, avec les travaux de la commission. Cependant, je ne voudrais pas
que les participants à cette commission et le public pensent qu'il y a
désintéressement du ministère; le directeur de la
responsabilité, M. Vézina, sera ici de manière constante.
M. Laflamme y sera autant que faire se peut, et mon nouvel attaché de
presse me fait rapport, tous les jours, de tous les travaux de la
commission.
Ce n'est pas mon intention de me prononcer sur les revendications qui
ont été faites dans le rapport Gauvin, pas plus que sur celles
qui sont ici faites à la table. Il est indiscutable que depuis que nos
officiers ont été convoqués par la commission Gauvin,
certaines mesures ont été mises en pratique. On en parle
actuellement, certains contrôles ont été resserrés,
et l'ensemble des points qui touchent le ministère des Transports est
étudié, depuis plusieurs mois, par nos officiers. Si je ne veux,
en aucune façon, me prononcer à ce stade-ci, c'est qu'en fait, la
semaine prochaine, mon collègue, le ministre d'Etat, de même que
M. Laflamme, participeront à la réunion des ministres des
Transports de toutes les provinces et se pencheront, avec une attention
grandissante, sur l'ensemble des mesures de sécurité qui tentent
de réduire de 15 p.c, tel qu'exprimé par l'OTAN, le nombre des
mortalités sur les routes canadiennes.
Je voudrais au moins entendre tous ceux qui participent à cette
commission de même que connaître les résultats de la
rencontre de la semaine prochaine, celle aussi qui est fixée à la
fin de novembre avec l'OTAN avant que le ministère des Transports fasse
connaître son point de vue sur des recommandations assez radicales faites
par la commission Gauvin, recommandations qui reviennent d'ailleurs à la
surface par tous les participants à cette commission.
Je voudrais quand même apporter deux observations sur des points
qui ont été soulevés par M. Edmonston. Si ma
mémoire m'est fidèle, vous vous êtes servi du terme
"aberrant" quand vous avez qualifié les écoles de conduite qui
sont en place dans le Québec. Cela m'a semblé un peu fort comme
terme, parce que présentement, deux des provinces canadiennes les plus
importantes, soit l'Ontario et la Colombie-Britannique, tentent
désespérément de mettre en place les mêmes
écoles que l'on a ici dans le Québec. Je voudrais dire tout de
suite, à l'appui de ces écoles, que si on a pu faire des griefs
dans le passé, au moment où la commission Gauvin a fait des
représentations à nos officiers, depuis 1971, M. Vézina
pourrait confirmer que les contrôles ont été
resserrés presque autant que le sont nos contrôles dans nos
bureaux d'émission de permis de conduire.
Les statistiques que nous avons prouvent que, s'il y a des permis de
conduire d'émis par ces écoles de conduite, il y a quand
même un test qui se fait, et 20 p.c. de tous ceux qui passent par ces
écoles de conduite sont rappelés devant nos services. On constate
qu'il n'y a pas plus d'erreur que si cela vient de nos propres services. C'est
donc dire que je ne pourrais quand même pas condamner évidemment
le travail qui est fait par ces écoles, bien qu'il soit à
améliorer.
Il y a un deuxième point que vous avez mentionné quant au
système de points de démérite, qu'aucun avis
n'était envoyé avant les neuf points. M. Vézina m'affirme
qu'à six points les avis sont envoyés dans tous les cas.
On a parlé également du cas de la ceinture de
sécurité, qui revient à la surface avec beaucoup plus
d'ampleur depuis un certain temps. Malgré les réserves que
j'avais pu apporter comme latentes on m'a dit que, comme ministre des
Transports, ce n'était pas à moi d'avoir de telles
réserves il demeure que, depuis ce temps, on a pris connaissance
des recherches et des analyses qui ont été faites dans tous les
pays où le port en est obligatoire. Si l'on fait parfois certaines
farces au sujet de la ceinture de sécurité, il faudrait que
chacun comprenne que, selon les statistiques qui nous sont fournies par les
quelques pays où le port obligatoire de la ceinture de
sécurité est fait avec certaines modalités, les
résultats sont probants. Nous avons le triste record de mortalité
sur les routes au Québec. Si on peut mettre en doute la réduction
de 30 p.c. des mortalités sur les routes, parce que cela peut
s'appliquer également à d'autres mesures telles que la
réduction des limites de vitesse, il y a un constat certain,
c'est que la ceinture de sécurité apporte une protection
accrue dans beaucoup d'accidents.
Tantôt, M. Vézina me transmettait un rapport qui nous
parvient de la Suède et qui est tellement catégorique. Il
mérite que nos officiers aillent même sur place pour en
vérifier le bien-fondé. Dans 26,000 accidents selon ce
rapport qui nous est parvenu par le bureau fédéral de la
sécurité où la vitesse ne dépassait pas 60
milles à l'heure, il n'y a aucun accident mortel. Si, sur 26,000
accidents, il n'y a aucun accident mortel et si ça s'avérait
exact, c'est quand même quelque chose qui mérite d'être
complètement repensé et peut-être mis en place dans des
conditions. Quand je parle de mise en place dans des conditions, je ne voudrais
pas évidemment que les journalistes disent, demain matin, que le
ministre des Transports annonce le port de la ceinture de
sécurité obligatoire et universel tel que c'est demandé
par certains groupes, parce que je pense que ce serait irréaliste
à ce moment-là. Il y aurait une légion de femmes qui
continueraient à m'écrire en me disant: Au moins, laissez-nous
mourir en liberté, comme elles le font depuis un certain temps. Mais
avec des conditions spéciales, avec des mesures d'exception, quant au
type de véhicule, quant à l'usage que l'on fait de ces
véhicules, quant à l'état physique des personnes et autres
considérations, il est fort possible que le gouvernement vienne à
prendre sa responsabilité.
On a beau invoquer, comme responsable d'un ministère, l'absence
des crédits budgétaires pour réparer tous les points noirs
des routes du Québec je pense que chacun comprend qu'avec $500
millions d'investissements par année il n'est pas facile, dans un
réseau de 44,000 milles d'éliminer tous ces points-là
mais la mesure de la ceinture de sécurité ne
coûterait à peu près rien, puisqu'elle est en place et
qu'il s'agit de convaincre les gens que c'est quand même leur vie et leur
santé qui en dépendent.
Alors, si on a des raisons de parler de l'inspection de tous les tacots
dans la province et de tous les véhicules, je n'y crois pas à 100
p.c. Cependant, il faudra procéder par étapes et aller vers
l'inspection obligatoire, le plus vite possible, des types de véhicules
qui sont la cause la plus fréquente d'accidents. Dans ce
domaine-là, évidemment, il faudra tenir compte des contraintes
budgétaires qui nous seront faites par le gouvernement. Mais toutes les
mesures qui font l'objet des recommandations de la commission Gauvin et
je veux en assurer tous les organismes qui viendront ici toutes les
mesures dont on parlera à cette commission et dont les parlementaires
discuteront que je sois présent ou que je n'y sois pas
seront étudiées attentivement dans les semaines qui vont
suivre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable ministre d'Etat au Conseil
exécutif.
M. LALONDE: M. le Président, le ministre des Institutions
financières ayant dû s'absenter m'a demandé de le
remplacer. Alors, avec votre permission et la permission de la commission, je
voudrais remercier les représentants de l'Association pour la protection
des automobilistes de son mémoire et de sa présentation et
d'avoir répondu de façon si complète aux questions.
Maintenant, je vois que le temps s'enfuit, il est près de six
heures. Je sais que le représentant de l'Opposition officielle, le
député de Lafontaine, doit nous quitter dans la minute. Je sais,
d'autre part, que les représentants de l'Association des policiers
provinciaux du Québec ont été convoqués pour
présenter leur mémoire à la séance
d'aujourd'hui.
Nous sommes un peu déchirés entre deux
préoccupations, soit d'assurer la présence de l'Opposition
officielle à nos délibérations et aussi la courtoisie
élémentaire d'entendre ceux que nous avons convoqués.
Alors, j'aimerais que la commission ou vous-même, M. le Président,
demandiez aux membres de la commission quelles directives ils entendent
suivre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): En premier lieu, si vous le permettez, je
pourrais demander à M. Magnan s'il serait prêt à revenir
mardi matin, le 15, et vous passeriez en premier.
M. MAGNAN: Cela a bien du bon sens, M. le Président; nous
acceptons de revenir. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à
revenir. Nous sommes très intéressés à nous faire
entendre et, malgré nos autres occupations, nous céderons le pas
à la commission pour être ici.
M. LALONDE: Au nom du gouvernement, M. le Président, j'aimerais
remercier M. Magnan et ses confrères de leur compréhension et je
n'ai plus rien à ajouter.
M. LEGER: Je voudrais, moi aussi, M. le Président, remercier M.
Magnan de vouloir revenir. Je sais que c'est assez fastidieux de passer une
journée à entendre d'autres mémoires, malgré que,
dans les autres mémoires, il y a des choses qui peuvent être d'un
intérêt pour vous. J'apprécie beaucoup que vous soyez
capables, de revenir mardi matin. On vous entendra en premier lieu; cela nous
fera plaisir.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Messieurs, la commission ajourne ses travaux
au mardi 15 octobre, à 10 heures du matin.
(Fin de la séance à 18 h 8)