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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude du rapport Gauvin
Séance du mardi 22 octobre 1974
(Dix heures douze minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs! Je demanderais aux membres de la commission de prendre leur place
ainsi qu'aux gens de la salle de garder le silence. Order, please! La
commission des institutions financières se réunit pour continuer
l'étude du rapport Gauvin et, en premier lieu, nous entendrons le
représentant de l'Association des courtiers d'assurances de la province
de Québec, M. Jean-Louis Dubois. Je lui demanderais de se
présenter au micro afin de donner le résumé de son
mémoire.
Association des courtiers d'assurances de la province
de Québec
M. MARQUIS: M. le Président, je m'excuse, c'est une erreur, M.
Jean-Louis Dubois n'est pas ici.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vous êtes monsieur?
M. MARQUIS: Pierre Marquis, président provincial de l'Association
des courtiers d'assurances de la province de Québec. M. le
Président, M. le ministre, MM. les membres de la commission
parlementaire, j'aimerais d'abord, si vous me permettez, vous présenter
les gens qui sont à la table avec moi et qui, après
l'exposé, seront disponibles pour répondre à vos
questions. A mon extrême gauche, M. Nicholas Di Perno, président
du conseil d'administration; M. André Bertrand, ex-président et
conseiller au conseil d'administration; Me Maurice Lagacé, notre
conseiller juridique. A ma droite, M. Jean Grégoire,
vice-président de l'association et également président du
comité d'étude sur le rapport Gauvin.
Comme il en a été question depuis le début, le
rapport du comité d'étude sur l'assurance-automobile,
présidé par M. Jean-Louis Gauvin, est un rapport théorique
d'une très grande valeur. Inutile de dire qu'il est concis et même
très précis. Cependant, comme on le mentionne à la page
188 du rapport, de la théorie à la pratique, il se glisse une
bonne part d'incohérence et, à l'occasion, nous allons en
discuter un peu plus longuement.
Comme vous le savez sans doute, l'Association des courtiers d'assurances
de la province de Québec existe depuis 1914 et a oeuvré surtout
et principalement, pour ne pas dire exclusivement, dans l'intérêt
du public.
En 1963, le Parlement a adopté une loi pour reconnaître le
statut du courtier d'assurance comme professionnel. Il s'agit du chapitre 268,
des Statuts refondus de la province de Québec 1970.
Nous avons également des règlements
généraux, un bureau de discipline et d'éthique
professionnelle qui s'occupe des plaintes du public contre les courtiers. A
l'occasion, il arrive que certains courtiers doivent se défendre devant
le bureau de discipline.
L'association compte 4,500 membres environ, 10,000 employés.
Maintenant, si vous me permettez, nous allons entrer dans le vif du sujet.
J'aimerais commenter les diverses sections du rapport du comité
d'étude sur l'assurance-automobile, dans l'ordre où elles se
trouvent dans le rapport lui-même.
Pour ce qui est de la sécurité routière, nous
sommes au courant que cette section a été discutée
longuement, mais nous aimerions quand même y ajouter quelques remarques.
Il est indéniable que la principale cause du coût
élevé de l'assurance-automobile au Québec est la
fréquence des accidents et que, si toutes les recommandations de la
section réservée à la sécurité
routière étaient acceptées et mises en pratique, nous
réussirions à réduire les primes d'assurance-automobile
d'au moins 20 p.c.
A titre de preuve, qu'il me soit permis de comparer la situation du
Québec à celle de l'Ontario, en ce qui a trait aux accidents
d'automobile. Si, au Québec, on réussissait à abaisser la
fréquence moyenne d'accidents au niveau de celle de l'Ontario,
même en faisant abstraction du coût moyen par accident, on
arriverait à réduire la prime d'assurance-automobile des
Québécois de 18.2 p.c. Source: Livre vert 1973.
De plus, si on ignorait toutes les recommandations touchant la
sécurité routière pour ne mettre en pratique que les
autres, c'est-à-dire de 19 à 60, les primes
d'assurance-automobile des Québécois demeureraient quand
même les plus élevées au Canada.
Pour démontrer que l'association a toujours pris
l'intérêt du public, toutes les recommandations de la
sécurité routière sauf celles concernant la loi du
bon samaritain, faites dans cette section du rapport Gauvin l'ont
été également par l'Association des courtiers d'assurance
de la province de Québec, voilà déjà plus de quatre
ans, dans le rapport Bélanger-Chabot que nous avons commandé avec
les deniers de nos membres, et que nous avons transmis à la commission
Gauvin.
Enfin, en ce qui regarde la sécurité routière,
l'association recommande fortement que soit créé un conseil
supérieur de la sécurité routière relevant
directement du conseil des ministres et dont le financement devra être
statutaire et non à même les primes d'assurance pour la simple et
bonne raison que tous les Québécois sans exception et non
seulement les assurés profiteraient d'une diminution de la
fréquence des accidents.
Deuxièmement, une inspection annuelle de tous les
véhicules de plus de deux ans... Il est évident que nous
recommandons également l'application des autres recommandations, mais
nous croyons que ces deux, en partant, sont déjà d'une importance
primordiale. Nous ajoutons que toutes les recommandations de la
sécurité routière sont tellement importantes qu'elles
devraient être mises en application sans délai, quel qu'en soit le
coût, car, à ce moment, nous sauverons des vies humaines,
lesquelles, d'après nous, n'ont pas de prix.
Passons maintenant à l'indemnisation des victimes. Le changement
total proposé par le comité d'étude ou tout autre
changement en profondeur tel que l'annulation totale ou partielle de la
responsabilité rendra-t-il l'utilisation de l'automobile plus sûre
pour tous les citoyens du Québec?
Par ailleurs, quand on considère le domaine des dommages
corporels, il ressort que la proportion des sous-indemnisés dans le
régime actuel n'est que de 3.84 p.c, rapport Gauvin, page 194.
Dans le cas de dommages matériels, le rapport le dit
lui-même: "Les pertes sont relativement bien compensées." page
196. Devant de telles statistiques, nous nous interrogeons sur l'occasion de
chambarder le système actuel pour nous diriger vers un système
qui est loin d'offrir les garanties de rendement auxquelles nos concitoyens
sont en droit de s'attendre. Surtout qu'à la page 320 du rapport Gauvin,
le comité lui-même mentionne qu'il y aurait quand même 15
p.c. de la population qui ne seraient pas assurés pour la
totalité de ses pertes, en vertu du régime de base
proposé.
De plus, l'Association des courtiers croit essentiel de
précéder la mise en vigueur de tout nouveau régime par une
étude exhaustive des coûts et une recherche prouvant que le
nouveau régime répond bien aux désirs de la population
québécoise. La recherche a-t-elle été faite par le
comité dans le but de déterminer les désirs réels
du public?
Dans un autre ordre d'idées, le comité ne se compromet pas
en mentionnant des sous et des dollars. Il parle toujours en pourcentage. X
p.c. de moins ou de plus, à partir de quelle base? Nous croyons que le
public québécois est en droit de connaître le coût
réel du régime proposé ou de tout autre régime en
sous et en dollars, et non en pourcentage.
Enfin, nous demandons d'être prudent et d'une prudence excessive,
en tenant compte du danger que peut représenter le coût d'un
système d'indemnisation sans égard à la
responsabilité. Tel que le dit M. Bernard L. Webb, professeur de
sciences actuarielles à l'université d'Etat de la Georgie, dans
son témoignage devant le sous-comité du commerce et finance de la
Chambre des représentants des Etats-Unis, et je cite, traduction
littérale: "J'aimerais attirer votre attention sur le fait que tous les
"estimés" de coûts pour l'indemnisation sans égard à
la responsabilité faits jusqu'à ce jour par qui que ce soit,
doivent être considérés comme étant juste un peu
mieux que des suppositions pseudo-savantes. Les termes anglais sont: "Educated
guesses".
Il y a aussi dans un fascicule intitulé: "Federal No Fault
Insurance, an Analysis and Critique", par the Defense Research Institute
Incorporated et je cite: "II serait très peu judicieux de s'engager dans
un système particulier qui ne permettrait pas un retour en
arrière ou rendrait extrêmement difficile un changement
d'orientation. D'après les "estimés" les plus optimistes, il
faudrait compter de trois à cinq ans, après la mise en vigueur de
n'importe quel système d'indemnisation sans égard à la
responsabilité, pour obtenir des données valables qui pourraient
servir à déterminer exactement si le système fonctionne
véritablement. Il nous semble peu sage de jeter par-dessus bord toutes
les lois existantes des Etats avant que nous puissions déterminer
vraiment qu'elles ne fonctionnent pas".
En terminant cette section, je crois et je m'excuse de me
répéter qu'avant d'accepter tout changement radical, il
serait bon d'être prudent, très prudent.
Passons maintenant à l'administration du régime. L'une des
recommandations du comité d'étude, soit la recommandation no 42,
est, à notre avis, totalement injuste. Cette recommandation vise
à établir une prime maximale pour tous les assurés, quels
que soient leurs dossiers. C'est donc dire que même les automobilistes,
qui causent un nombre d'accidents au-dessus de la moyenne, ne seraient tenus de
payer que cette prime maximale établie arbitrairement. Ainsi, les
conducteurs imprudents et récidivistes ne porteraient plus la
responsabilité de leurs actes et l'ensemble des bons conducteurs
devraient payer la surprime de ces personnes. Il s'agit là d'une clause
inique et inacceptable, que nous rejetons.
Finalement, la recommandation de fixer arbitrairement la totalité
des frais d'administration à 20 p.c, incluant 5 p.c. de commission aux
courtiers, est totalement injustifiée et inacceptable dans une
économie de libre entreprise. Pourquoi, en effet, l'assurance
serait-elle la seule industrie au pays à voir ses frais d'administration
fixés par le gouvernement? Cette mesure arbitraire aurait pour effet de
diminuer le nombre et la qualité des services offerts au public par
l'industrie en général, au moment même où il en
réclame de plus en plus.
Il est impensable de croire qu'un courtier d'assurance puisse faire un
travail vraiment professionnel avec 5 p.c. de commission.
Si on compare avec ce qui ce passe en d'autres provinces du Canada, il
faudrait aussi que vous sachiez qu'en Saskatchewan, les agents
reçoivent, en plus, 20 p.c. sur l'assurance
exécé-dentaire. En Colombie-Britannique, les agents
reçoivent 9 p.c. plus de $3 à $7 par avenant et,
également, une compensation pour la vente de
plaques, de permis et la perception de la taxe de vente.
De plus, leur commission est entièrement gagnée à
l'émission du contrat. Ils n'ont pas, comme nous, à retourner une
partie de la commission si, pour une raison ou pour une autre, la police est
annulée.
Enfin, tous les agents des autres provinces, sans exception, n'ont pas,
comme nous, l'obligation de n'avoir qu'une seule occupation. De fait, la
majorité de ces agents sont également agents d'immeuble, agents
de voyage, etc., pour ne pas dire directeurs de funérailles.
M. TETLEY: Est-ce que je dois comprendre que vous voulez ces
pouvoirs?
M. MARQUIS: Non. Absolument pas, M. le ministre. On fait une
comparaison. Passons maintenant, si vous le permettez, M. le ministre...
M. TETLEY: Ce sont les notaires, au Québec, qui ont tous ces
pouvoirs.
M. MARQUIS: ... au rôle professionnel du courtier d'assurance. Il
nous paraît clair que le comité d'étude sur
l'assurance-automobile n'a pas su comprendre le rôle que joue le courtier
d'assurance au Québec.
Le comité Gauvin prétend vouloir changer le rôle du
courtier en celui d'un conseiller professionnel. C'est
précisément ce qui s'est produit il y a déjà onze
ans lorsque le Parlement a adopté la Loi des courtiers d'assurance,
chapitre 268, Statuts refondus du Québec, 1970.
Le courtier d'assurance n'a pas cessé depuis cet instant de
remplir le rôle de conseiller professionnel; la preuve en est que 86 p.c.
de la population traite avec des courtiers et rejette de ce fait les autres
options disponibles. N'y a-t-il pas là une preuve
irréfutable...
M. TETLEY: Combien de compagnies nous laissent le droit de traiter
directement?
M. MARQUIS: Toutes les compagnies ont le choix de faire affaires
directement...
M. TETLEY: Pas aujourd'hui.
M. MARQUIS: Mais oui.
M. TETLEY: Pas toujours.
M. MARQUIS: Oui, c'est leur choix.
M. TETLEY: Un témoin, M. Saint-Germain, du groupe Commerce, a
stipulé qu'il fallait passer, dans tous les cas, par un courtier.
M. MARQUIS: M. Bertrand.
M. BERTRAND (André): Je peux vous lire une liste d'environ 25
compagnies qui opèrent au Québec avec un permis du
surintendant...
M. TETLEY: II y a 156 compagnies qui opèrent au Québec,
donc 24 sur 165...
M. BERTRAND: Le nombre n'est pas significatif du volume qu'elles font
non plus, mais il y a une liste de compagnies que je peux vous nommer en plus
de toutes les fabriques de paroisse, des mutuelles de paroisse... Elles font du
volume, M. le ministre...
M. TETLEY: Oui, je sais.
M. BERTRAND: Je regrette, mais elles sont en affaires. Si elles ne sont
pas progressistes, ce n'est pas ma faute.
M. TETLEY: Non, mais le groupe Commerce est apparemment une bonne
compagnie aussi. En tout cas, je vous demande pardon de vous avoir
interrompu.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je vous inviterais à continuer votre
résumé.
M. MARQUIS: D'accord. N'y a-t-il pas là une preuve
irréfutable du désir du public d'avoir recours à un
courtier? L'on comprend mal que le comité recommande que les compagnies
soient obligées de faire affaires concurremment avec les courtiers et le
public directement. N'y a-t-il pas là quelque chose d'illogique d'avoir
deux systèmes parallèles dans une même compagnie? Si les
courtiers ne peuvent plus assumer tous les services qu'ils rendent
présentement, il faudra que les assureurs les prennent en charge. Cela
se traduira immanquablement par l'obligation, pour les assureurs, d'avoir plus
de bureaux et plus de personnel. Les frais d'administration n'en seront donc
pas diminués pour autant. Le public est-il disposé à ne
traiter ses affaires d'assurance que de 9 heures à 5 heures du lundi au
vendredi seulement? Nous croyons que le client se sent plus en
sécurité et que, de plus, il préfère se confier
à un ami plutôt qu'à un employé d'une compagnie
d'assurance.
En terminant, M. le Président, pour toutes les raisons
soulignées dans notre mémoire et la présentation, nous
suggérons fortement que toutes les recommandations du comité
d'étude sur l'assurance-automobile ayant trait à la
sécurité routière soient mises en vigueur
immédiatement en tenant compte des recommandations contenues dans notre
mémoire; que le régime d'indemnisation tel que proposé par
la commission Gauvin soit rejeté; qu'un nouveau régime comprenant
une assurance sans égard à la responsabilité obligatoire
jusqu'à un certain palier à déterminer soit formulé
dans les plus brefs délais; que les coûts d'un tel régime
fassent l'objet d'une étude approfondie exhaus-
tive et détaillée; qu'on établisse de façon
sûre que tout nouveau régime réponde aux désirs de
la population du Québec; que tout nouveau régime soit mis en
vigueur par la voie de la libre entreprise afin de conserver au citoyen sa
liberté de choix; que le courtier puisse continuer à conseiller
son client, à le guider avant et après qu'un sinistre se soit
produit et à acheter de l'assurance aux meilleures conditions possible,
au nom de son client.
M. le Président, nous sommes maintenant à votre
disposition pour toutes les questions que les membres de la commission voudront
bien nous poser. Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le ministre des Institutions
financières, mesdames et messieurs, j'aimerais vous faire remarquer
qu'il n'est pas permis de manifester à la suite de la lecture d'un
mémoire ou durant les questions.
M. TETLEY: Au moins, M. le Président, vous êtes
appuyé; je ne parle pas seulement du président de la commission,
mais du président de l'Association des courtiers d'assurances de la
province de Québec. Vous savez que les applaudissements sont
défendus ici à l'Assemblée nationale, les
députés ne les aiment pas, apparemment.
Je vous remercie pour votre mémoire très
intéressant et très important. Puis-je noter que l'honorable
député de Lafontaine est absent. Il a été l'objet
d'un accident d'automobile il y a une heure ou deux; apparemment, il transige
avec son courtier, la police...
M. MARQUIS: Je l'espère, M. le ministre.
M. TETLEY: ... sa compagnie d'assurance, etc. Nous allons voir s'il est
assuré directement, ou par un courtier. Ce sera ma première
question aussitôt qu'il arrivera. Mais il est sorti indemne et il sera
ici très bientôt, j'espère. Il gardera certainement
je suis certain que le député de Beauce-Sud est d'accord
le droit de vous poser des questions.
M. ROY: Je suis d'accord. J'aimerais quand même signaler, comme il
en avait été question la semaine dernière je tiens
à le dire ici que la commission parlementaire commencerait
à dix heures et demie, étant donné la distance qu'ont
à franchir, le mardi matin, plusieurs de nos collègues; en
arrivant, je me suis informé et on m'a dit que la commission
était retardée à 11 heures à cause de l'accident du
député de Lafontaine. Voilà l'explication de mon retard.
J'étais ici, dans le parlement, je m'en excuse, je suis descendu et j'ai
vu que la commission avait commencé quand même ses travaux.
M. TETLEY: Mais le député de Beauce-Sud est toujours
à l'heure, comme nous le savons tous et je vous demande pardon.
M. ROY: Vous êtes pardonné.
M. TETLEY: M. le Président, choses sérieuses. Je trouve
votre mémoire important et intéressant; j'aimerais vous poser des
questions en tant qu'avocat du diable, et j'ai certains doutes graves
concernant des contradictions possibles.
Vous affirmez à la page quatre que je cite: "Même si
l'assurance-automobile représente quelque 50 p.c. du revenu du courtier,
cette partie de son activité professionnelle ne représente en
fait que 8 p.c. de ses bénéfices". Voici ma question: Doit-on
comprendre que les courtiers tirent 92 p.c. de leurs bénéfices
d'autres activités que l'assurance-automobile? Question corrolaire:
Est-ce que les conclusions du rapport Gauvin, s'il est adopté, vous
affecteraient tellement?
M. MARQUIS: André.
M. BERTRAND: Les chiffres que vous citez, ce n'est pas nous qui les
avons inventés, ce n'est pas nous qui avons fait la recherche pour les
déterminer. Ils nous ont été fournis par une maison de
consultants qui s'appelle Woods Gordon, à qui on a demandé de
faire une étude sur le rendement dans les bureaux de courtiers, par
secteurs d'activité et par travail demandé dans chaque
secteur.
Les conclusions de ce rapport, c'est ce qui est cité dans ce
rapport. Si je peux me permettre de vous lire le paragraphe où c'est
fait c'est en anglais, malheureusement mais je pense que vous
pouvez le comprendre...
M. TETLEY: Je comprends et je ne le considère pas malheureux non
plus.
M. BERTRAND: D'accord. And before I start reading it, I would like to
mention that the figures that are quoted in that paragraph are net profit
figures and not a salary figure. If commission drops, the average broker's
profit on automobile business will drop from 8.8 p.c. of commission income to 1
1/4 p.c. of commission income.
In terms of dollars, that indicates that, for every dollar of premium
received, the broker's net profit, before tax, will be 1 1/4 cent. For all
practical purposes, one could say that the automobile insurance will then
become a non-contributor to the broker's profit as it was in 1966. Stating this
in another way, in almost every broker's office in the province, more than 50
p.c. of his business will be providing him that no profit since most brokers
automobile premiums are greater than 50 p.c. of their total premium
written.
So this was the basis for that argument and it is a study as a going
concern.
S1 c'est un bureau qui fait affaires aujourd'hui avec des services pour
le public, si vous lui retranchez une partie de son revenu, il est
évident qu'il doit couper des services ou autrement. Mais, cela,
c'est une étude d'un bureau qui fonctionne. Non pas de dire: Si on
recommençait le travail et que le bureau ne fonctionnait que dans deux
secteurs, quelle serait la contribution des autres lignes? C'est une autre
étude qu'on n'a pas faite. Dans le moment, c'est la contribution au
profit des courtiers que représente l'automobile.
M. TETLEY: Pourriez-vous me faire parvenir une copie du rapport et je
pourrais faire des copies pour les membres de cette commission?
M. BERTRAND: Avec plaisir, M. le ministre, vous devriez avoir cela d'ici
quelques jours.
M. TETLEY: D'accord.
M. MARQUIS: Juste une remarque, M. le ministre, si vous me le permettez,
M. le Président. C'est un projet seulement, pour le moment. Si vous
désirez avoir le projet, je pense qu'on n'a aucune objection, mais on
aura une nouvelle rédaction qui nous a été promise d'ici
la fin d'octobre.
M. TETLEY: On aurait évidemment aimé avoir les deux, mais
le plus tôt possible. Vous affirmez, à !a page 6: "Si toutes les
recommandations de la section réservée à la
sécurité routière étaient acceptées et mises
en pratique, nous réussirions à réduire les primes
d'assurance-automobile d'au moins 20 p.c". Un peu plus loin: "A titre de
preuve, qu'il nous soit permis de comparer la situation du Québec
à celle de l'Ontario en ce qui a trait aux accidents d'automobile".
Comment pouvez-vous conclure que l'application des recommandations sur la
sécurité routière va diminuer la fréquence
d'accidents au point de réduire les primes de 20 p.c?
M. MARQUIS: C'est qu'on a comparé la situation avec celle de
l'Ontario sur la fréquence des accidents et, notre fréquence
étant beaucoup plus forte, si on la réduit au même niveau
que l'Ontario, je pense que la seule possibilité de pouvoir
réduire les accidents, c'est en appliquant un programme de
sécurité routière complet. A titre de preuve, M. le
ministre, si vous ne permettez, j'aimerais demander à Me Lagacé
de commenter des statistiques qu'il a.
M. LAGACE (Maurice): Voici, M. le Président, si vous me
permettez, j'ai ici avec moi un tableau de statistiques qui a été
préparé par l'Office des autoroutes du Québec, pour les
trois autoroutes des Laurentides, des Cantons de l'Est et de la rive nord. Ce
tableau a été préparé suivant des critères
que je dirais internationaux et conformes à l'International Turnpike
Association, l'ITA, si vous voulez.
Le tableau que j'ai devant moi parle en millions de
véhicules-milles. On note une dé- croissance significative dans
les mortalités par 100 millions de véhicules-milles partir de
1970. Pour votre information, en 1970, le taux de mortalité par 100
millions de véhicules-milles sur nos autoroutes au Québec,
était de 2.2 p.c; en 1971, 2.1 p.c; en 1972, 1.7 p.c; en 1973, je ne
sais pas ce qui est arrivé, mais c'est 1.9 p.c. Mais nous restons quand
même dans une norme assez basse.
Si vous voulez savoir comment se comparent ces chiffres avec ce qui se
fait ailleurs, la seule comparaison que nous pourrions faire, c'est avec les
Etats-Unis dont nous avons les chiffres. Aux Etats-Unis, pour l'ensemble des
routes payantes, l'an passé, le taux de mortalité par 100
millions de véhicules-milles a été de 2.2 p.c. Je me suis
informé aux autorités de l'office qui ont les chiffres et qui ont
d'ailleurs un rapport beaucoup plus complet qui pourrait peut-être
être produit à la commission. Il faudrait le demander. On me dit
que c'est le Québec qui a la meilleure moyenne mondiale. En
Amérique du Nord, en tout cas, c'est certain. On n'a pas fait de
comparaison avec l'Europe, parce que les chiffres en Europe sont plus
élevés.
Si vous me permettez d'ajouter pourquoi, à partir de 1970, cela a
décru, je vais vous le dire. En 1970, l'Office des autoroutes,
c'est-à-dire ses administrateurs ont donné instruction de ne plus
faire de tolérance sur les routes.
M. TETLEY: En 1970, nous avons changé de gouvernement.
M. LAGACE: L'Office des autoroutes a changé de conseiller
juridique.
M. TETLEY: C'est cela.
M. LAGACE: Si vous me permettez, en 1970, la tolérance
était une tolérance non écrite, mais elle était
quand même de 85 milles à l'heure sur les routes. Aujourd'hui,
c'est 70 milles à l'heure. C'est la loi, c'est 70 milles à
l'heure. Campagnes également de publicité par les media
d'information. En tout cas, le résultat est là, nous sommes les
meilleurs maintenant. C'est beau de dire que le Québec est pire
qu'ailleurs, mais quand on prend les moyens, on réduit le taux de
mortalité. Alors, expliquez-moi. C'est pour cela que je dis: Vous auriez
beau changer vos lois, et en faire des nouvelles, si vous ne l'appliquez pas,
votre loi, à quoi vous sert de la changer? Appliquez donc votre loi!
C'est aussi simple que cela. Je ne parle pas de vous, M. le
député, M. le ministre. Ce n'est pas à vous de faire
appliquer la loi, mais il faut prendre les moyens.
M. TETLEY: La note dont vous avez parlé dans votre commentaire et
que j'ai citée concernait l'Ontario, et Me Lagacé vient de se
référer aux Etats-Unis ou ailleurs. Est-ce qu'il y a des chiffres
comparables avec l'Ontario?
M. MARQUIS: Dans le livre vert de 1973, M.
le ministre, basé sur la fréquence d'accidents dans la
province de Québec et la fréquence en Ontario, les chiffres sont
là pour dire qu'en Ontario, il y a eu tant de réclamations ou
tant d'accidents par 100,000 véhicules. Dans la province de
Québec, il y a eu plus d'accidents par 100,000 véhicules.
M. TETLEY: Ah oui!
M. MARQUIS: Si on dit qu'on réduit la fréquence,
automatiquement, on va réduire le montant des réclamations. Par
le fait même, cela va se réfléter sur les primes qui sont
payées.
M. TETLEY: Est-ce que c'est la sécurité routière ou
est-ce une autre cause? Vous avez conclu que l'Ontario a une fréquence
d'accidents moins élevée que le Québec, en étudiant
le livre vert. Comment avez-vous tiré la conclusion que la cause de ce
taux moins élevé était la sécurité
routière?
M. MARQUIS: M. le ministre, comment se fait-il que, lorsqu'on s'en va en
automobile dans la province de Québec, on roule à une vitesse
excessive? Et dès qu'on dépasse les frontières,
immédiatement on réduit parce qu'il y a une crainte de la police.
Egalement, aux Etats-Unis, c'est la même chose.
M. TETLEY: II y a beaucoup de facteurs. Mais, que votre étude
soit très scientifique, je me le demande. Peut-être avez-vous 100
p.c. raison, mais votre conclusion est si précise, 20 p.c, que je
cherchais et cherche toujours des précisions. A mon avis, vous avez
probablement raison, mais je cherche les preuves, parce que si on impose tout
cela et qu'il n'y a pas de baisse, le gouvernement serait dans l'obligation de
trouver un autre moyen de baisser les primes d'assurance.
M. LAGACE: M. le Président, c'est beau de comparer avec
l'Ontario, mais je vous ai donné des chiffres, ce qui s'est fait
à l'Office des autoroutes. Cela a baissé depuis qu'on fait
appliquer la loi.
M. TETLEY: C'est cela.
M. LAGACE: Pourquoi chercher avec l'Ontario? On l'a la comparaison.
M. TETLEY: C'est marqué dans votre rapport, pourquoi...
M. LAGACE: Ce n'est pas marqué. Si vous voulez le tableau, je
vais vous le donner.
M. TETLEY: C'est dans votre rapport ici, il y a une comparaison avec
l'Ontario. C'est pourquoi j'ai posé la question, Me Lagacé. Je
vais laisser aux autres députés de faire un débat. Je
préfère poser d'autres questions et laisser aux autres...
M. MARQUIS: M. Bertrand aurait peut-être une réponse pour
vous sur ce sujet.
M. TETLEY: Parfait.
M. BERTRAND: M. le ministre, la conclusion à laquelle on arrive,
on y arrive peut-être vite dans notre rapport. On n'était tout de
même pas pour redéposer le mémoire qu'on a fait au
comité Gauvin lors des audiences publiques du comité Gauvin. Il
l'a, il est aux archives publiques. A ce moment, les consultants que nous
avions engagés avaient fait une étude des effectifs policiers et
de la sévérité policière sur les routes. En
regardant ces chiffres, je trouve absolument impossible de conclure à
autre chose, on ne fait pas tout le travail qu'on pourrait faire dans ce
domaine. Au Québec, on a plus de policiers par 1,000 automobiles de
promenade, on a plus de policiers par 1,000 véhicules au total, on a
plus de policiers par 1,000 personnes de la province, mais quand vous regardez
les infractions aux règlements de la circulation, le nombre
d'infractions qui ont été signalées, vous vous apercevez
qu'au Québec, avec une population de peut-être 10 p.c. à 20
p.c. inférieure à celle de l'Ontario, pour des infractions
sévères telles que l'omission d'arrêter, conduite
dangereuse, ivresse, capacités affaiblies, etc., il y avait à ce
moment 26,000 condamnations au Québec et dans la même
période, en Ontario, il y en avait 67,000.
Quand vous regardez les règlements de la circulation, par
exemple, les autres, au Québec, il y en avait 1,100,000 et en Ontario,
2,200,000. Donc, à ce moment, le nombre d'infractions par 100
automobiles de promenade, il n'y en avait que 78 au Québec et il y en
avait 95 en Ontario. Je pense que la réaction normale de tout
Québécois qui traverse la frontière près de
Cornwall, c'est de ralentir à 60 milles à l'heure, parce qu'il
sait qu'il est surveillé. A l'inverse, quand vous revenez d'Ottawa, tout
le monde monte à 85 en arrivant sur notre belle autoroute, la
transcanadienne. Cela est un fait et pourquoi? Parce qu'on se sent
surveillé et la crainte est le début de la sagesse.
M. TETLEY: Parfait!
Une troisième question. Si je comprends bien votre
mémoire, vous n'êtes pas contre un système d'assurance ou
d'indemnisation sans égard à la responsabilité, parce que
vous n'avez pas parlé du sujet en détail.
M. MARQUIS: M. Grégoire.
M. GREGOIRE (Jean): Non, en fait, loin de dire qu'on est contre, on
serait bien mal venu de dire qu'on est contre, avant qu'un tel système
ait été étudié et que la population de la province
de Québec soit satisfaite et que ce soit le système qui
répond à ses aspirations. Mais, ce qu'on a dit plus tôt,
c'est que, sans être contre tout nouveau système, on veut d'abord
savoir et
non seulement en pourcentage, mais en dollars et en sous, combien cela
va coûter aux automobiles québécois, ce système,
après qu'il aura été instauré. C'est bien sûr
que ce sont des chiffres qui peuvent, dans le moment, apparaître un peu
nébuleux. J'ai vu, la semaine dernière, que vous avez
demandé à un organisme en particulier de vous fournir des
coûts. Mon Dieu, cela fait deux ou trois ans qu'on travaille sur des
coûts et on ne les a pas découverts encore. Tout ce qu'on veut,
nous, comme représentants du public québécois, c'est de
savoir combien cela coûte.
M. TETLEY: Parfait!
Au sujet des compagnies... Permettez-moi, je note avec plaisir la
présence du député de Lafontaine, sain et sauf.
M. LEGER: On va pouvoir examiner les résultats pratiques des
accidents d'assurance.
M. TETLEY: Je voudrais vous parler des compagnies. N'oubliez pas que le
rapport Gau-vin parle des courtiers, surtout des avocats et des compagnies. Le
comité Gauvin suggère que les compagnies soient capables de
couper leurs frais d'administration, à part les commissions
payées aux courtiers et autres. Je vous demande: Est-ce que vous
êtes d'accord sur cette constatation du rapport Gauvin?
M. MARQUIS: II y a des compagnies qui sont capables de...
M. TETLEY: ... de couper leurs coûts d'administration, à
part des commissions que les compagnies vous paient.
M. MARQUIS: C'est très possible, M. le ministre. Elles ont dit
elles-mêmes qu'elles croyaient possible de réduire leurs
frais.
M. TETLEY: Quatrième question: Au Manitoba, il y a un
système d'assurance-automobile étatisé, mais on a
gardé les courtiers et coupé la commission à 5 p.c, plus
certains autres honoraires dont vous avez parlé, etc. Croyez-vous, avec
un système d'étatisation, qu'on aura besoin de courtiers, s'il
n'y a qu'une compagnie et qu'on a un système de réclamations
d'Etat, etc? Quel est l'avantage, dans le système du Manitoba, d'avoir
des courtiers?
M. MARQUIS: Je demanderais à M. Di Perno de répondre
à cela.
M. DI PERNO (Nicholas): M. le ministre, il y a encore des courtiers au
Manitoba, parce qu'on trouve que la méthode de distribution est
impossible à faire sans les courtiers ou les agents, comme on les
appelle là-bas.
A part cela, il y a la Saskatchewan qui est arrivée avant le
Manitoba, elle a encore des agents.
Le nouveau régime d'Etat, qui vient de s'établir en
Colombie-Britannique, a encore des agents. Une remarque, a été
faite par un M. Green, il n'y a pas longtemps, à une commission
parlementaire tenue en Colombie-Britannique, selon laquelle, la question des
agents en était strictement une de politique. D'accord? M. Green a dit:
Ce n'est pas vrai, ce n'est pas cela que j'ai dit.
Ils ont sorti cela hors du contexte parce que la distribution que nous
faisons en Saskatchewan, on la perd à la... "We are here to an agency
system". Excusez-moi, M. le ministre. "We are here strictly to an agency system
and we are an agency oriented company which is the SGIO which is run by the
government".
A ce moment, je ne crois pas que nous soyons dans la possibilité
de faire faire trop d'argent aux courtiers si nous sommes dans un
système qui est mené par l'Etat.
M. TETLEY: Mr Di Perno, Manitoba had, at the time that they brought in
their insurance system, a government which was almost mirioritary
minoritaire I do not even know the word in English. "Minority
government". Manitoba had virtually a minority government and there was great
pressure, it was said I was not there and I never studied it, it read it
in the newspapers that there was great pressure by various people and
groups to maintain the brokers, but you have replied that Mr Green said
otherwise. Well, I accept your reply.
M. DI PERNO: Mr Minister, the only way they passed it, was because a
liberal vote at the House passed it at the time.
M. TETLEY: I see. A la page 9, deuxième paragraphe, le rapport
Gauvin recommande et je cite: "Que le surintendant des assurances ait le
pouvoir de fixer un tarif maximum pour certains risques et de répartir
sur l'ensemble des assurances la somme des différences entre le taux
maximum et les primes exigées par les assureurs en dessous du
maximum".
A votre avis, cette recommandation est totalement injuste, mais si c'est
injuste, êtes-vous d'accord sur le mécanisme actuel de la
"Facilité" parce qu'il faut... Et vous avez stipulé, lors de
votre présentation, que c'était injuste. Comment voulez-vous
régler le problème des gens qui ont un très mauvais
dossier?
M. MARQUIS: M. Grégoire, s'il vous plaît.
M. GREGOIRE: Nous sommes un peu mal placés, à titre de
courtiers et représentants du public, je le répète, pour
défendre un système de répartition des risques qui sert
apparemment très bien les assureurs et qui sert aussi, dans le moment,
très bien la population du Québec. Je pense que votre question ne
devrait pas s'adresser à nous. Ce n'est pas à nous de
décider si la "Facilité" doit être abolie ou
conservée. Le président de votre comité d'étude a
déjà décrété
ou suggéré que la "Facilité" devrait
disparaître et qu'on devrait plutôt chercher à
répartir les primes qu'à répartir les sinistres.
C'est une optique qui est probablement valable, mais nous
prétendons qu'il ne faudrait pas entrer dans un système où
le conducteur qui est un accidenté habituel se voit indemnisé par
tous ses confrères qui eux sont plus prudents, respectent les lois avec
une plus grande prudence et sont, en général, de meilleurs
conducteurs.
On dit que l'assurance est une façon de répartir les
primes. Bien sûr, et à première vue, la question d'une
prime maximum peut sembler entrer dans le cadre de l'assurance, mais nous avons
fait cette remarque simplement pour attirer encore une fois l'attention de la
prudence dans l'instauration d'un tel système. Peut-être que notre
question aurait dû être la suivante: Quelle sera la prime maximum?
Et de quelle façon sera distribué l'excédent de cette
prime? A prime abord, cela nous semble injuste. C'est la raison pour laquelle
nous l'avons mentionné dans le rapport.
M. TETLEY: Parfait. J'ai fini de poser mes questions, mais j'ai
finalement obtenu la traduction du rapport Gauvin en anglais pour les
intéressés. Je demanderais au secrétaire de distribuer des
copies aux députés de la commission parlementaire. J'avais
l'intention de donner la première copie au député de
Lafontaine, mais je crois que je vais la donner à mon ami Nick Di Perno,
l'ancien président de l'association des Courtiers d'assurances de la
province de Québec.
M. LEGER: Ce n'est pas la bonne couleur.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable chef intérimaire de
l'Opposition.
M. LEGER: M. le Président, si vous me le permettez, j'aimerais
laisser le député de Beauce-Sud passer avant moi et je
m'exécuterai ensuite parce que j'ai encore des choses à relire
dans mes documents.
M. TETLEY: M. le député de Lafontaine, j'aurais une
question pour vous. Avez-vous eu les services d'un courtier ce matin lors de
votre accident?
M. LEGER: Je dois vous dire que c'est ma secrétaire actuellement
qui fait les démarches voulues avec les compagnies d'assurance
directement d'abord, et le courtier, s'il y a des problèmes, parce que
je sais que le courtier a certainement des choses à régler quand
les compagnies d'assurance ne jouent pas pleinement leur rôle. Je dois
quand même ajouter, pour le ministre, que malheureusement je suis encore
ici ce matin.
M. TETLEY: Nous sommes contents de vous voir, vraiment.
M. ROY: M. le Président, si on me le permet, je vais commencer
par la dernière conclusion à la page 13 de votre rapport et
également par les dernières recommandations de la commission
Gauvin avant de toucher à d'autres questions qui pourraient être
additionnelles, mais je pense quand même important de se situer au niveau
du grand principe général au point de départ.
Si on se réfère au rapport Gauvin, à la
recommandation no 60, ainsi qu'à la recommandation no 58, il est dit
ceci: Si toutes les réformes proposées ci-dessus sont
appliquées et que les mesures décrites dans le paragraphe suivant
sont mises en vigueur, que l'administration du régime soit
confiée à l'entreprise privée. Et dans la recommandation
no 60 on dit : Si les réformes et les mesures ci-dessus ne sont pas
intégralement adoptées et suivies, que l'administration du
régime soit confiée à une régie d'Etat.
Selon votre association, est-ce qu'il est possible pour l'entreprise
privée, dans le régime actuel, d'appliquer toutes les
recommandations du rapport Gauvin et que l'entreprise privée puisse
jouer son rôle de façon efficace, tout en ne négligeant pas
la qualité du service, tout en ne négligeant pas non plus la
diversité et tous les mécanismes qui sont mis en place? Est-ce
que c'est possible oui ou non?
M. MARQUIS: M. Grégoire.
M. ROY: M. Marquis ou un autre, je pose la question à
l'association.
M. MARQUIS: M. Grégoire va vous répondre.
M. GREGOIRE: Vous avez posé plusieurs questions dans la
même.
M. ROY: Disons que c'est une grande question globale, je suis
d'accord.
M. GREGOIRE: Vous nous demandez si l'entreprise privée peut faire
aussi bien qu'une régie d'Etat et, dans le même souffle, vous
dites: Sans diminuer les services.
M. ROY: C'est cela.
M. GREGOIRE: C'est cela qui nous préoccupe. Ce qui nous
préoccupe, c'est d'assurer au public québécois tous les
services qu'il désire et qu'il continue de demander de plus en plus,
c'est d'assurer sa liberté de choix, c'est d'assurer que les accidents
dont il va être l'objet vont être réglés
adéquatement et rapidement. Je doute un peu, si vous me permettez
et c'est seulement du oui-dire en ce qui me concerne et des constatations
qu'une régie d'Etat strictement sur le plan de règlement
des sinistres ne puisse absolument pas accorder, sans établir des
coûts astronomiques, les mêmes services qui sont
présentement accordés par l'entremise des courtiers et des
assureurs privés, présentement.
Si vous me permettez une petite farce, dans le moment on dit qu'au
Manitoba la description du bonheur c'est d'être le premier en ligne dans
un centre de règlement de sinistre, le lundi matin. Je ne voudrais pas,
ni non plus l'Association des courtiers et, je pense bien, une grande partie
des gens qui sont ici, être obligé d'être en rang le lundi
matin et particulièrement le cinquantième en rang. C'est ce que
l'association a voulu, à un certain moment dans son mémoire,
faire passer. Ce qui nous importe, c'est le service au public, vous l'avez bien
dit. Je pense que cela mérite une analyse beaucoup plus grande. Service
et liberté de choix, pour nous, c'est prioritaire.
M. ROY: Je suis bien d'accord. Si je vous ai posé une question
aussi globale, c'est parce que la recommandation du rapport Gauvin, la
recommandation no 60, ne nous laisse pas de choix. C'est une recommandation
globale.
On dit: "Que, si toutes les réformes proposées ci-dessus
sont appliquées et les mesures décrites dans le paragraphe
suivant sont mises en vigueur, l'administration du régime soit
confiée à l'entreprise privée". On n'a pas parlé de
secteur particulier, on dit "si toutes les recommandations". Et plus bas, "Que,
si les réformes et les mesures ci-dessus ne sont pas
intégralement adoptées et suivies, l'administration du
régime soit confiée à une régie d'Etat". C'est
pourquoi la question aurait pu vous sembler globale, c'est parce que la
conclusion du rapport est globale. Selon vous, il est impossible je ne
veux pas vous faire dire n'importe quoi, c'est pour ça que je veux avoir
une bonne précision; je ne veux pas vous interpréter et vous
faire dire des choses que vous ne voudriez pas dire, je veux que ce soit bien
clair à la lumière de l'expérience que vous avez,
il serait impossible, si j'ai bien compris, si toutes ces recommandations,
globalement, sont mises en application, pour l'entreprise privée, de
continuer à donner le service qu'elle donne actuellement.
M. MARQUIS: M. le député de Beauce-Sud, M. Bertrand...
M. BERTRAND: Pour ma part, je n'accepte pas qu'une recommandation de ce
genre soit là, à la fin d'un rapport, et que le gouvernement se
sente pris par cette conclusion du genre: Crois ou meurs. Il est évident
que ce qu'il y a dans ce rapport, pour que ça se tienne, il faut
évidemment que les chiffres ne changent pas. C'est évident que
cela n'arrivera pas comme c'est marqué dans son livre, si vous changez
un chiffre. En fait, c'est un modèle théorique et
mathématique de l'affaire. Si vous en changez un, les calculs sont tous
à refaire. Cela ne veut pas dire que c'est la seule solution au
problème. C'est peut-être une solution optimale pour un actuaire,
mais ce n'est peut-être pas la solution optimale pour la population du
Québec. C'est dans ce sens que je trouve que cette recommandation est
presque inacceptable et n'impose certainement pas un carcan au
législateur.
M. ROY: D'ailleurs, nous avons fait connaître notre opinion, lors
de la première séance, sur cette recommandation, mais je voulais
quand même avoir la vôtre. Je pense que vous êtes ici ce
matin pour nous faire part...
M. BERTRAND: Je pense que c'est notre opinion; on est pas mal moins
draconien que ça.
M. ROY: Dans vos conclusions, l'avant-dernière c'est une
question complémentaire on dit: "que tout nouveau régime
soit mis en vigueur par la voie de la libre entreprise" vous rejetez le
monopole étatique "afin de conserver au citoyen sa liberté
de choix; et...". Je me souviens d'avoir posé une question au ministre
des Institutions financières, Compagnies et Coopératives, le 4
juin ou le 5 juin dernier, à la suite d'une annonce qui avait
été publiée, une nouvelle de la Presse Canadienne selon
laquelle il y avait une hausse prévue de 10p.c. au niveau des tarifs
d'assurance-automobile. Le ministre nous avait conseillé il a pris
un mot bien parisien le "shopping" pour l'assurance-auto. Dans le
rapport Gauvin, 11 est dit que "la concurrence de l'assurance-automobile
n'existe pas", et vous nous parlez ce matin d'une liberté de choix.
J'aimerais que vous nous donniez des explications à ce sujet et que vous
puissiez nous fournir quelques exemples selon lesquels il pourrait y avoir ou
il y a effectivement une liberté de choix en matière
d'assurance-automobile. La concurrence existe.
M. BERTRAND: Personnellement, je peux vous dire que j'ai de la
concurrence tous les matins au bureau, quand je prends des risques. Il y a
quelqu'un qui les prend ailleurs parce que je n'offre pas à ce client ou
à un autre ce qu'il désire à un meilleur prix. Cela, on le
vit tous les jours; de la concurrence, il y en a. Que le marché puisse
être restructuré dans certains de ces domaines pour la faciliter
davantage, je pense qu'on est tous d'accord sur ça. Mais le client est
libre de faire affaires avec qui il veut. Vous citiez les paroles d'une
personne qui a dit de faire du "shopping". Si elle n'a pas confiance en son
courtier, je suis d'accord avec elle, elle devrait se trouver un autre courtier
pour trouver un produit qui répond à ses besoins. Mais le prix
est-il le seul critère qu'on doit retenir? Est-ce que vous achetez
toujours votre pain au meilleur marché ou si vous allez le payer
peut-être un peu plus cher parce que vous aimez le service que le gars
vous donne?
Je ne pense pas qu'on puisse demander à tout le monde
d'être capable de lire des livres de taux. Je ne sais pas si vous le
savez, mais des livres de taux d'assurance-vie, il y en a de publiés
depuis 50 ans peut-être par une compagnie qui s'appelle Stone and Cox.
Vous avez
tous les taux de toutes les compagnies. Est-ce qu'il y en a un parmi
nous qui n'a jamais pris ce livre pour décider où il va
s'assurer? Il va voir quelqu'un en qui il a confiance et la personne lui
conseille ce dont il a besoin. Si elle vous donne un mauvais conseil, elle en
est responsable, comme un ingénieur, un architecte ou un autre. Vous
avez le choix d'aller ailleurs. Si la régie d'Etat, si jamais il y en a
une et là-dessus, on peut dire qu'on est d'accord avec M. Gauvin;
l'entreprise privée est capable de faire une bonne "job" vous
n'aurez plus de choix. C'est un peu comme la Loi des accidents de travail, j'ai
l'impression qu'il y a des problèmes parfois, là aussi. Tout le
monde n'est pas satisfait des règlements, et de la lenteur des
règlements. C'est ce qu'on veut essayer de maintenir et on pense qu'on
est capable de modifier les endroits où il y a des modifications
à faire, et de continuer à donner au public un service
supérieur à celui qu'il pourrait avoir d'une régie
d'Etat.
M. ROY: Maintenant, nous sommes bien d'accord qu'une liberté de
choix existe au niveau du courtier, qu'il existe une concurrence assez
dynamique, si l'on peut dire, mais une concurrence réelle entre les
courtiers.
Mais une fois que nous avons choisi notre courtier, lorsque celui-ci
décide de nous assurer dans telle compagnie plutôt qu'une autre,
est-ce qu'à ce moment-là il y a réellement une concurrence
qui existe pour l'assuré?
M. BERTRAND: Vous poserez la question à certains assureurs
dans...
M. ROY: Nous l'avons posée, mais c'est-à-dire que...
M. BERTRAND: Vous leur demanderez le nombre d'affaires qu'ils perdent,
ceux qui ont augmenté un peu trop leurs tarifs. Vous leur parlerez de ce
qu'on appelle leur taux de l'axe, ou leur taux de retour de police. C'est un
problème majeur, parce que les courtiers se servent de cette
liberté de choix pour déplacer les affaires. Vous en parlerez
à certains assureurs, cela leur fait mal de ce temps-ci, tellement il y
en a.
On nous critique peut-être un peu en disant que cela amène
des coûts, parce qu'un nouvel assureur est obligé d'émettre
une nouvelle police, comme courtier, on s'en fout un peu, on dit: C'est ce dont
il a besoin, pas nécessairement le meilleur marché. Parce qu'on
vend de la sécurité, on vend de la protection au public.
Alors, on ne les place pas toujours dans la compagnie qui est au
meilleur marché, parce que dans certains cas, le meillleur prix n'est
pas toujours le meilleur produit, et on vit des expériences de
réclamations et on en vient à juger la qualité d'un
assureur sur son service de réclamations. C'est notre rôle et la
journée qu'on s'écarte du droit chemin, je vous jure que nos
clients se chargent de nous le rappeler très vite. Non requis,
merci.
M. ROY: Mais, pour un prix donné, pour un montant et pour un
service égal là on parle de différences de service,
mais pour un service égal entre les différentes compagnies
d'assurance, quel est le pourcentage de la variance de la prime qui peut
exister? Est-ce qu'il y en a une variance pour les mêmes services?
J'insiste pour dire à service égal. Et quelle est cette
variance?
M. BERTRAND: Une revue, qui s'appelle Assurance, est publiée par
une personne très compétente dans le domaine et très
respectée aussi, M. Gérard Parizeau. Ici, il donne un exemple
à un moment donné, de dix prix pour la même
assurance-automobile. Je l'ai devant moi, je pourrai donner d'autres exemples,
mais cela va de $240 à $280 auprès de dix assureurs
différents.
Dans ces cas-là, si vous tombiez dans des flottes
synthétiques qui existent partout, vous auriez peut-être des
différences de 50 p.c. aussi. Et il y a une différence de prix.
Il y a des cas où elle est marginale, mais n'oubliez pas que le prix
reflète le coût des sinistres, plus les frais d'administration. A
un moment donné, c'est à peu près égal pour tout le
monde, à moins qu'un gars fasse une sélection tellement
serrée, il ne prend que les bons risques et il laisse le reste du
marché prendre les mauvais. A ce moment-là il est évident
qu'il peut offrir un meilleur taux. Je ne sais pas si on rend service à
la population à ce moment-là.
M. ROY: Je vous remercie pour ces questions. J'aimerais revenir à
la recommandation numéro 54. On dit: "Que les courtiers ne soient
rémunérés que par les assurés en fonction des
services fournis avec interdiction de toute rémunération,
gratification directe ou indirecte par l'assureur".
Je comprends que vous avez fait part de votre point de vue à ce
sujet-là ce matin, mais j'aimerais quand même avoir des
explications additionnelles, pour savoir quels seraient les
inconvénients pour l'assuré, si ce système était
mis en application?
M. BERTRAND: Les inconvénients, il y en a une multitude, en fait
cela complique peut-être la procédure. Il y a la question des
critères pour le service. Cela veut dire qu'à ce
moment-là, si on veut éviter une concurrence qui ne serait pas
saine, il va falloir que le Parlement donne l'autorité à
quelqu'un en l'occurrence probablement l'Association des courtiers
de fixer des honoraires minimaux pour éviter que des charlatans
se promènent et disent: Je n'exige pas d'honoraires. A ce
moment-là, le public pense qu'il reçoit un service et il n'en
recevra pas. Si vous ne payez pas pour quelque chose, normalement, vous ne
recevez rien, même malgré les promesses.
II y a tout ce mécanisme-là, ensuite, il y a certainement
des coûts impliqués au niveau de la paperasse au plan des
assureurs. Ils peuvent modifier tous leurs ordinateurs pour nous envoyer un
produit à prime nette et nous refacturer; c'est une optique qu'on prend
à un moment donné.
Je pense bien que ce sur quoi il faut statuer, c'est le montant de
rémunération global qui est disponible pour le service. Que la
rémunération, dans le moment, soit mal distribuée, on l'a
dit au comité Gauvin dans notre mémoire, on pense qu'il y a des
gens qui paient trop cher pour notre service et il y en a d'autres qui ne
paient pas assez. Ce que nous disons, c'est que cela devrait être
redistribué plus équitablement.
Dans le moment, M. Gauvin s'en vient avec une optique de 5 p.c. en
honoraires; il parle de 5 p.c. A la longue, ce n'est pas normal de travailler
sur un système de pourcentage. Si on veut travailler comme
professionnel, c'est à l'acte posé et parce qu'un bonhomme a eu
beaucoup d'accidents et que sa prime est de $1,000, si le service que je lui
rends vaut $20 par année, je ne vois pas pourquoi il en paierait $50.
Par contre, celui qui n'a pas d'accident, dont la prime n'est que de $100, je
ne peux pas lui donner un service pour $5. Il y a un coût minimum
à un moment donné. Nous recommandions un autre système
pour redistribuer la masse des honoraires d'une façon plus
équitable dans la population. Dans le moment, c'est vrai, et M. le
ministre a posé des gestes dans ce sens. Les jeunes payaient trop cher
pour leurs services dans ce système. On sait cela. Mais quand vous
travaillez avec un système, en moyenne c'est cela, il y en a qui paient
trop cher, il y en a qui ne paient pas assez cher et, finalement, cela fait une
moyenne. Est-ce que c'est équitable ou pas? Nous, on proposait autre
chose, ce qui n'a pas été retenu et on s'en va encore vers un
système de commission, de pourcentage, la même chose pour les
assureurs.
Si, à un moment donné, on détermine que les
assureurs ont besoin de je ne sais pas, prenons un chiffre $30
par police pour administrer une police, pourquoi leur donner 15 p.c. de la
prime? Peut-être qu'eux aussi pourraient s'ajuster sur une base à
l'acte ou à la transaction. Cela va causer certains problèmes
d'ajustement, mais on est capable de se retourner de bord et de s'arranger.
M. ROY: En somme, vous favorisez plutôt une modification sensible
au système actuel de la rémunération plutôt que
d'opter pour une formule aussi radicale que celle proposée par le
rapport Gauvin, quitte à l'amender? Vous aimez mieux partir de la
formule actuelle.
M. BERTRAND: Comme je vous le dis, on a fait la recommandation, on a
proposé un système de division de la prime, si vous voulez, qui
n'a pas été retenu et on ne sait pas pourquoi. Peut-être
que M...
M. ROY: Vous l'avez proposé à la commission Gauvin?
M. BERTRAND: Oui, dans notre rapport, qui a été
déposé lors des audiences publiques du comité Gauvin. A ce
moment, on disait que la masse des services qui nous sont payés devrait
être distribuée d'une façon inversement proportionnelle
à la prime. Dans le fond, que ce soit $100 ou $200 de prime, au
départ, on a peut-être besoin de $10, $15 ou $20, mais,
après cela, à mesure que la prime augmente, notre trouble et
notre risque diminuent, ils ne sont pas en proportion de la prime. C'est ce
qu'on suggérait. Cela n'a pas été retenu. Ne me demandez
pas pourquoi, je ne le sais pas.
M. ROY: Cela fera peut-être l'objet d'une bonne question pour
nous.
M. MARQUIS: M. le député de Beauce-Sud, on va remettre, le
plus tôt possible, le rapport Woods Gordon qui suggère une autre
méthode de rémunération du courtier, qui est quand
même, je pense, assez fantastique. Dans cela, il s'agit d'exiger des
frais fixes par véhicule plus une commission de 2 p.c. sur la prime.
C'est que, comme M. Bertrand disait, si, à un moment donné, vous
avez une prime de $100 à 5 p.c, c'est absolument impensable de dire
qu'un courtier est capable... Il va perdre de l'argent avec $5.
Par contre, s'il a des frais fixes, soit de $15 ou $20 pour un
véhicule ou par véhicule plus une commission de 2 p.c. sur
l'excédent, c'est rentable et c'est distribué plus
équitablement sur l'ensemble du public. Celui qui va payer $1,000 de
prime, par exemple, aura à payer quand même seulement $20 pour son
véhicule plus 2 p.c. sur les $1,000.
M. ROY: En somme, si on fait une grande moyenne de tout cela, est-ce
que, dans l'ensemble, en supposant que ces recommandations seront
acceptées, les courtiers pourraient avoir un meilleur revenu que celui
qu'ils ont à l'heure actuelle? Si les courtiers ont un meilleur revenu,
il est évident...
M. MARQUIS: C'est sensiblement la même chose.
M. ROY: Cela reviendrait au même.
M. MARQUIS: A peu près. Il y a un tableau qui l'explique assez
bien, c'est à peu près sensiblement la même chose.
M. ROY: Ce que vous voulez dire, c'est que les assurés, qui
doivent payer des primes très élevées, auraient, en
quelque sorte, un allégement, à ce niveau.
M. MARQUIS: C'est cela.
M. ROY: Recommandation no 55: "Que les
courtiers..." On pose toutes ces questions, parce que la commission
Gauvin a insisté énormément sur la réduction des
frais d'administration en vue d'en venir, par la suite, à une diminution
des primes. La recommandation no 55 du rapport Gauvin dit: "Que les courtiers
n'interviennent plus dans les processus de règlement des sinistres, de
sélection des risques et d'administration de la police." Comme il n'en a
pas tellement été question ce matin, j'aimerais bien avoir votre
opinion là-dessus. Qu'est-ce que cela peut représenter en frais
d'administration, pour un courtier d'assurance, le fait qu'il donne un service
à ce niveau?
M. MARQUIS: Si vous permettez, je vais commencer. Au point de vue des
statistiques, on a quand même notre expert, M. Bertrand, parce qu'on a
déjà cela dans le rapport Bélanger-Chabot, c'est qu'en
principe, lorsqu'un assuré a une réclamation, s'il est
assuré avec un courtier, il va lui téléphoner dans les dix
minutes, peut-être sans exagérer, pour dire: Qu'est-ce que je
fais? Je viens d'avoir une réclamation.
Je viens d'avoir un accident. Qu'est-ce que je vais faire avec cela? Il
est perdu, il est malheureux. Il ne sait pas quoi faire. Est-ce qu'il va partir
et s'en aller trouver sa compagnie d'assurance au comptoir. Il appelle son
courtier. On lui demande les détails, cela prend peut-être cinq
minutes pour avoir les détails de la réclamation, l'endroit,
l'heure, la façon dont c'est arrivé, etc. On dit: Maintenant,
va-t-en en paix, il n'y a plus de problème, on va s'en occuper. On va
t'envoyer un expert d'assurance qui va aller te rencontrer chez toi ou à
ton travail. C'est un peu la même chose. Je pense que c'est M.
Saint-Germain qui a parlé, la semaine passée, de
l'évaluation. Si le client fait affaires directement avec la compagnie
où il y a des centres de réclamation, quand devra-t-il partir
pour aller au centre désigné? Au moment où les centres
sont ouverts, cela peut être durant ses heures de travail. Il va
être obligé de demander un congé à son patron, parce
que ce ne sont pas tous des propriétaires d'entreprises qui sont
assurés. A ce moment, cela peut lui créer des problèmes.
Ce qui arrive, c'est que l'expert communique avec lui: Je vais aller te voir un
soir. Il va aller le voir le soir, ou l'évaluation peut se faire, dans
le jour, pendant qu'il est au travail. Il n'a pas besoin d'être là
pour l'évaluation des dommages. Un estimateur y voit pour autant qu'il
sait où est le véhicule. Il va faire l'évaluation
lui-même. Je pense que le service en est d'autant meilleur dans un
système de libre entreprise, et à des heures qui ne font pas
toujours l'affaire des clients.
M. BERTRAND: Je pourrais peut-être référer les
membres de la commission à une enquête que le comité Gauvin
a fait faire et qui est aujourd'hui déposée aux archives
publiques, parce que c'est là qu'on l'a eue. Ils ont commandé une
enquête de la maison Bélanger,
Chabot qui s'intitulait: Etudes statistiques sur les activités
des courtiers et des agents d'assurance du Québec. Ce n'est pas nous qui
l'avons demandée, ce sont eux. Il y a une analyse de temps-minutes
requis pour exécuter ces fonctions. Le coût de cela est un
coût qui peut être variable selon la fréquence des accidents
de vos assurés et on ne représente pas tous une moyenne. Il y en
a qui sont meilleurs, il y en a qui sont pires. On parle de temps-minutes qui
sont consacrés dans des petits bureaux ruraux, dans des bureaux moyens,
urbains, etc. Il y a là des coûts certainement. Je pense que, dans
notre rapport, il en est également fait mention à la fin, dans un
travail qui a été exécuté par une maison
d'actuaires, Hébert Le Houillier et Associés Inc. et dans lequel
elle dit que le coût des réclamations, le service des
réclamations, je crois, est d'environ 2 p.c. à 2.5 p.c. de la
commission et est dépensé à faire un service des
réclamations. Je pense que tous les bureaux ont vécu
l'expérience que, si vous ne vous occupez pas des réclamations de
vos clients, ils ont tendance à prendre plus de temps à se
régler. Quand vous voulez donner du service au public, vous dites: Je
vais donner ce service, cela fait partie de ma rémunération de
l'affaire. Je vais voir à ce que les règlements interviennent
rapidement.
M. ROY: En somme, il en coûtera 2.5 p.c. dans l'ensemble de
l'administration de la commission?
M. BERTRAND: Je dirais que le chiffre de 2.5 p.c. est à peu
près exact.
M. ROY: II n'y a pas une fédération qui est
mandatée pour négocier ces réclamations et si ce
rôle ne lui reviendrait pas?
M. BERTRAND: Oui, on ne négocie pas les réclamations. On
les suit, on les pousse, on dit au client ce qui va lui arriver, quand cela va
lui arriver, et qu'est-ce qu'il a à faire. On le guide. A un moment
donné, si c'est compliqué, on dit: Tu devrais aller voir un
avocat. D'accord, je vais l'appeler, il devait passer hier et il n'est pas
passé. Il dit: Oui, il est passé, cela fait un mois et je n'ai
pas reçu mon chèque. On l'appelle, et il dit: Je l'ai
dicté hier et il s'en va à la compagnie. On pousse pour que le
public ait son argent le plus rapidement possible. Quand on ne pousse pas, il
est évident que cela ralentit un peu. La roue qui crie a toujours de
l'huile en premier.
M. ROY: En somme, même s'il y a une fédération pour
s'occuper de ces choses, il faut que le courtier...
M. BERTRAND: La fédération, les agents de
réclamation, ce sont eux qui rencontrent le client, qui discutent avec
lui du montant de l'indemnité et qui font signer les preuves de perte.
C'est leur rôle de déterminer le quantum
de la réclamation et savoir si le sinistre qui est arrivé,
était bien couvert par le contrat de base. Je dirais à ce moment
qu'ils travaillent comme représentants de l'assureur auprès de
leur assuré. Nous, notre rôle, celui d'un intermédiaire,
c'est de pousser, soit sur l'assureur, soit sur l'agent de réclamation,
soit sur le client qui ne remplit pas ses papiers ou qui ne fournit pas les
documents nécessaires. C'est ce qu'on fait.
M. ROY: Maintenant, au niveau du rôle que doivent jouer les
courtiers à ce sujet, on sait que, dans les milieux urbains... Il y a
les milieux urbains et les milieux ruraux. Est-ce que le rôle, ou encore
la nécessité du courtier, selon vous vous parlez de
nécessité est plus importante dans les milieux ruraux,
dans les régions éloignées, que dans les centres
urbains?
M. BERTRAND: Je dirais que cela s'équivaut. Dans les milieux
ruraux, vous avez la distance. Le courtier va souvent se déplacer pour
aller chez le client et écouter son histoire. Moi, depuis 20 ans dans le
domaine, je n'ai jamais entendu un client dire que c'était sa faute, un
accident d'automobile. C'est toujours l'autre. Chez nous, où on a des
problèmes, c'est que le client a des difficultés d'expression. Il
ne sait pas... Enfin, il ne connaît pas cela, l'assuran-ce-automobile,
même si cela fait 20 ans qu'il en achète. Il nous appelle et il
nous conte une grande histoire. Cela prend de la patience. On l'écoute.
Finalement, on est obligé de faire un synopsis, un résumé
de cela, pour envoyer à l'assureur des détails qui sont
importants et non pas que l'autre auto était rouge, verte, etc., qu'il
avait été à un "party" avant ou qu'il n'y était pas
allé. On est obligé d'écouter tout cela. Il n'y a pas une
réclamation qui rentre au bureau sur laquelle on ne doit pas passer dix
à quinze minutes à écouter l'histoire de la vie du gars,
pour finalement savoir qu'il est entré dans l'arrière d'une auto
qui était arrêtée. C'est ce rapport qu'on fait et on
l'envoie. Si ce n'est pas nous qui le faisons, les assureurs vont engager des
gens pour écouter au bout de la ligne pendant quinze minutes, ce qui ne
représente pas vraiment l'essence de la réclamation, pour
finalement obtenir les détails que les assureurs veulent. Nous
remplissons ce rôle.
On pourrait bien dire au client: Appelle à la compagnie
directement. Mais on pense qu'à ce moment il ne sait pas à qui il
s'adresse. Il s'adresse à une personne en qui il n'a pas confiance, il
ne la connaît pas, il ne lui a jamais vu la binette. Il se confesse
à nous, un peu. Finalement, on donne l'essentiel à l'assureur qui
peut procéder beaucoup plus rapidement. C'est cela, notre rôle,
quasiment de confesseur. En fait, pas tout à fait...
M. ROY: C'est un peu comme les députés.
M. BERTRAND: A peu près. L'exemple est bon.
M. MARQUIS: Oui, le député de Beauce-Sud, avec la
différence qu'avec nous, vous êtes obligé de dire la
vérité.
M. ROY: Ah bon! Avec nous?
M. MARQUIS: Non, je dis par rapport à la confession.
M. ROY: Nous sommes tenus de dire la vérité. Je ne parle
pas au nom de mes collègues.
M. MARQUIS: Je dis entre eux.
M. ROY: C'est une règle, M. le Président, que j'ai mise en
pratique.
La recommandation no 56 stipule que le financement des primes
d'assurance-automobile ne puisse plus être effectué par les
courtiers ou les assureurs.
Il est évident que le courtier joue un rôle à ce
niveau. J'aimerais poser à peu près la même question que
celle que j'ai posée tout à l'heure: Quelles seraient, selon
vous, les conséquences pour l'assuré si le courtier devait
diminuer ce rôle, et comment ce service pourrait-il être
remplacé? Qu'est-ce que l'administration de ce service peut
représenter dans les bureaux de courtiers, proportionnellement à
la commission que vous retirez?
M. MARQUIS: A toutes fins pratiques, c'est une perte. Quand on finance
un client, il y a plusieurs façons de le financer. D'abord, c'est au
comptant. Une façon de financer un client, c'est qu'il nous paye
comptant, si vous voulez. La deuxième façon: On va remplir un
contrat de financement de prime par une compagnie qui se spécialise dans
le financement de primes d'assurance-automobile.
La troisième façon; c'est par la compagnie d'assurance. Il
y a certaines compagnies qui offrent des plans de financement.
La quatrième façon, c'est le courtier. Lui, il a deux
façons de le faire: II va le faire gratuitement, selon les
circonstances. Si le client dit: Je vais te payer dans 90 jours et s'il nous
donne trois chèques, à ce moment, moi, en tout cas je ne
pourrais peut-être pas répondre pour tous les courtiers je
le fais sans frais.
M. ROY: Sans frais pour la limite de 90 jours?
M. MARQUIS: Pour le client. C'est cela. M. ROY: Quand cela
dépasse 90 jours?
M. MARQUIS: Si cela excède, je suis quand même
obligé... Parce qu'il faut que je vive et cela me coûte de
l'argent. Je le fais avec des frais qui sont quand même minimes, qui sont
les mêmes que ceux des compagnies de finance d'assurance-automobile. Vous
savez très bien
aujourd'hui que le coût du crédit bancaire est aux
alentours de 12 p.c, 12 1/2 p.c. C'est sûr qu'à ce moment il faut
exiger un peu plus cher. Oui, il y a les banques... On a fait
l'expérience en Colombie-Britannique où la Banque Royale a
financé les primes à 18 p.c. 1 1/2 p.c. par mois
elle a perdu au-delà de $250,000, parce qu'elle n'était pas
capable de récupérer l'argent.
Enfin, cela prouve une chose. C'est qu'il y a des gens qui peuvent avoir
du crédit très facilement. Il y en a qui ne sont pas capables
d'en avoir, parce qu'ils n'ont pas les garanties nécessaires. A ce
moment, je pense que le client est mal servi d'essayer de courir les banques
pour obtenir du crédit s'il ne peut pas en avoir parce que son
crédit n'est pas bon. Il n'a pas, dans plusieurs cas je vais
laisser M. Bertrand répondre pour les pourcentages les moyens
d'avoir du financement. Il n'a pas l'argent comptant pour payer sa prime.
Cela voudrait dire qu'à ce moment, il faudrait qu'il mette son
automobile de côté et qu'il dise: Je ne m'en servirai pas. Je
pense que les courtiers, dans ce sens, rendent quand même au public un
service qui est peut-être plus appréciable qu'en pense le
public.
M. ROY: Une question additionnelle avant la réponse de M.
Bertrand.
M. MARQUIS: Oui.
M. ROY: Quelle est la proportion, selon votre expérience, selon
les données que vous avez, des primes d'assurance qui se règlent
dans les 90 jours, sans que nécessite...
M. MARQUIS: M. Bertrand sera en mesure de vous répondre
là-dessus.
M. ROY: D'accord.
M. BERTRAND: On m'attribue bien des mérites, mais je dirais que
60 p.c. à 70 p.c. environ des primes sont payées dans les 90
jours et qu'il y en a 30 p.c. qui trament plus longtemps que cela. Il y en a
où c'est chronique. C'est très long, mais je dirais que la
proportion est à peu près celle-là.
M. ROY: Cela signifie que seulement 10 p.c. des primes sont
payées comptant.
M. BERTRAND: Non. Disons comptant, dans les premiers 30 jours. Comptant,
10 p.c, vous avez raison. C'est même élevé. Vous savez ce
que je veux dire: En arrivant, de l'argent sur la table. Je dirais que dans les
30 jours, c'est probablement à peu près 30 p.c, et 20 p.c. de
plus dans les 30 jours suivants, 10 p.c. à 90 jours et ensuite, cela
s'en va à 100. C'est à peu près cela parce que le
comptant, c'est assez rare et je pense bien que la plupart des courtiers
n'exigent pas de comptant. Ils l'exigent surtout au moment de la livraison du
contrat. Parce que le client veut de l'assurance aujourd'hui, son automobile
arrive et il n'a pas le contrat en main. La plupart des courtiers ne diront
pas: Donne-moi ton argent à l'avance. Il y a certains cas comme lorsque
vous ne connaissez pas le client ou vous demandez où il sera quand la
police arrivera; vous pouvez exiger un montant, mais en général,
on va la délivrer et, à ce moment, les ententes de paiement sont
faites, soit au comptant, soit avec deux ou trois chèques ou pour
d'autres, c'est plus long.
M. ROY: Quel est le pourcentage de la prime perçue qui peut
être affecté à l'administration de ce service que les
courtiers offrent? Je dis bien le pourcentage de la prime perçue et non
pas du chiffre d'affaires. C'est quand même une bonne...
M. BERTRAND: Quelle est la différence?
M. ROY: Si le courtier reçoit 15 p.c. de la prime comme
commission, quelle est la partie de ces 15 p.c. qui peut être
affectée au service que le courtier offre à ses assurés
à ce niveau? Tout à l'heure, vous avez parlé de 2 1/12
p.c. en ce qui avait trait à la...
M. BERTRAND: Je vais vous donner un chiffre...
M. ROY: Oui.
M. BERTRAND: ...mais je n'ai rien pour... Je dirais que le coût du
financement pour le courtier doit se situer à peu près à 1
p.c. à peu près mais il peut y avoir des cas
particuliers ou, selon la clientèle donnée, les conditions sont
différentes. Je ne sais pas... Avec une clientèle
extrêmement à l'aise et riche, c'est peut-être 0 p.c; dans
un autre milieu où les gens sont moins fortunés, cela peut
être pas mal plus que 1 p.c, mais pour les pertes que nous avons sur
cela, lorsque le client ne paie pas, à un certain moment, et qu'on fait
annuler le contrat, nous sommes obligés de payer la prime gagnée,
je dirais que 1 p.c. pourrait être un chiffre raisonnable.
M. ROY: II y a des frais au niveau de la perte, mais il y a aussi au
niveau des frais de collection, des avis qui doivent être envoyés,
le temps du personnel, la correspondance.
M. BERTRAND: Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de courtiers qui aient
des systèmes de "costing" assez raffinés pour sortir et dire: Je
passe cela. Si vous mettez les coûts dedans, cela fait partie d'un
ensemble. Cela fait partie d'un service global et qu'on ne dissèque pas.
Ce n'est pas le CNR qu'on mène. A un certain moment, on n'a pas les
moyens d'engager un gars pour disséquer cela pour savoir si cela
coûte $0.01 1/4 ou $0.01 1/2 pour faire cela. On ne le sait pas. Je
dirais que si vous ajoutez le service, vous pouvez probablement ajouter
1 p.c. Je ne peux pas dire moins que cela, mais...
M. ROY: Non, mais sans avoir quelqu'un d'attitré pour faire le
calcul à "la cent", il y a quand même une évaluation qui
peut se faire assez facilement, compte tenu du temps à peu près
dont une personne doit disposer pendant une période donnée par
rapport au temps qu'elle consacre à un autre service.
M. BERTRAND: Je pense que mon estimation de 1 p.c. à 2 p.c. est
pas mal réelle.
M. ROY: Je vous remercie de vos réponses. Je ne voudrais pas
monopoliser la période des questions. J'aurais encore des questions
à poser, mais j'estime que mes collègues pourraient
peut-être les poser avec la réserve, cependant, que si les
questions n'étaient pas posées, on me permettra de revenir. Je
laisse la parole à d'autres.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, j'ai...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que vous auriez quelque chose à
ajouter?
M. GREGOIRE: Simplement qu'on s'est attardé, évidemment,
au côté de principe et au côté pratique de l'affaire.
Pour le public québécois, le fait de penser, si on
décrète demain matin, s'il y a des chiffres pour le prouver, ce
qu'est la prime moyenne d'assurance-automobile au Québec, on arrive avec
un chiffre de $211.
Penser que toute la population québécoise, sans exception,
a $211 dans son compte de banque pour payer cette prime d'assurance, au moment
où l'assurance est échue ou que la voiture s'achète, je
pense que c'est irréaliste. C'est la conclusion de l'association. C'est
une conclusion un peu irréaliste qui a déjà
été exprimée par l'ex-directeur général
d'une très grande compagnie d'assurance au Québec, qui disait que
tout le monde qui n'a pas $250 en poche ne devrait pas conduire une automobile.
Or, on n'aurait pas beaucoup d'automobiles au Québec, je pense.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, j'ai eu l'occasion de regarder votre
mémoire et je vois que, comme beaucoup d'autres groupes, vous avez tenu
à appuyer les recommandations qui touchent la sécurité
routière. Je pense que c'était une chose essentielle, tout le
monde le reconnaît au Québec, vous de même. Vous êtes
d'ailleurs un peu dans le coeur du problème puisque vous êtes le
lien actuel entre le citoyen, l'assuré et l'assureur. Vous avez donc
beaucoup de choses à nous apprendre. Vous aurez peut-être d'autres
choses à nous dire aujourd'hui qui ne se trouvent pas dans votre
rapport. Ce rapport me paraît quand même assez bref pour des gens
qui sont au coeur du milieu.
Je vais vous poser certaines questions. Je commencerai par la
philosophie même de votre rapport qui se retrouve peut-être dans
une affirmation à la page 1, paragraphe 4 et 5, où vous vous
élevez contre le fait que, selon le rapport Gauvin, on veut faire porter
à l'ensemble de la population le fardeau supplémentaire des
surprimes causé par des conducteurs imprudents qui ont des accidents
plus souvent qu'à leur tour. Je pense que c'est le noeud du
problème qu'il faut soulever ici. Le rapport Gauvin, lui, en est
arrivé à des conclusions différentes de celles que vous
semblez apporter. Dans le rapport Gauvin, il est bien dit que le
problème majeur provient du fait que dans les premiers temps de
l'automobile, il fallait rendre les personnes responsables de leurs actes et
que, dans un deuxième temps, dans une évolution de la
société, il faut tenir compte de l'indemnisation qui ne doit pas
nécessairement être faite par celui qui a causé l'accident.
Ce sont deux choses différentes.
Je pense que l'élément de punition et l'aspect
préventif de cette punition est présenté de long en large
dans votre mémoire et spécialement par votre psychologue, M.
Arpin, qui parlait justement de la façon dont se comporte un chauffeur.
Je me rappelle, à la télévision, pendant un certain temps,
un message qui montrait un bon père de famille doux, gentil,
compréhensif qui sortait de chez lui. Dès qu'il montait dans son
auto, deux cornes lui poussaient, il conduisait d'une façon
endiablée. Il revenait chez lui, les cornes disparaissaient et il
devenait une personne douce.
C'est sûr qu'il y a beaucoup de gens qui se défoulent sur
les routes et qu'il faut en tenir compte.
Je dois vous donner notre position et vous demander vos commentaires sur
la position de notre parti sur cela. La société a
évolué au point qu'on doit considérer... d'abord, si les
mesures efficaces sont prises pour la sécurité routière,
d'une part, et qu'en plus la surveillance policière est
augmentée, plus efficace et soutenue par des décisions des
tribunaux là-dessus, il est socialement peu souhaitable de
pénaliser les conducteurs qui ont un dossier automobile chargé,
parce que ces individus qui essaient de respecter la loi et les
règlements... mais parce qu'ils ont des habitudes et des comportements
spéciaux, ils ont plus d'accidents que les autres. Je pense que, du
point de vue de la société actuelle, il faut considérer
que l'automobile est un risque social en lui-même, que c'est même
une nécessité sociale et que si un individu est moins
compétent qu'un autre pour affronter les risques, alors qu'il satisfait
du mieux qu'il peut aux exigences de la loi et de la bonne conduite, il n'y a
aucune raison de le pénaliser. C'est la
raison pour laquelle les compagnies d'assurance sont arrivées
avec le régime sans responsabilité de façon qu'on
protège les personnes qui peuvent subir des préjudices tout en ne
pénalisant pas celui qui, par l'effet de la vie rapide de la
société dans laquelle il est, l'oblige à faire des
accidents souvent malgré lui.
J'ai un exemple ce matin, l'arrière de ma voiture a
été heurté. J'ai tout simplement freiné au coin
d'Hippolyte-Lafontaine. L'automobile qui était devant moi a
freiné, j'ai freiné, je ne l'ai pas touchée, mais l'autre
est arrivé dans mon dos, celle qui était en arrière de
moi. Je n'ai pas pu me choquer parce que j'étais très
sensibilisé au problème d'assurance. J'ai bien
réalisé qu'à première vue, j'aurais
été choqué: Pour quelle raison est-ce qu'il m'arrive dans
le dos comme ça?
M. ROY: Est-ce que le député de Lafontaine me permet une
remarque?
M. LEGER: Oui.
M. ROY: Je pense que le monsieur avait raison tout à l'heure,
ceux qui ont des accidents ne sont jamais coupables.
M. LEGER: J'espère que le député de Beau-ce parle
pour celui qui m'a frappé. Parce que j'ai considéré qu'il
n'était pas coupable, du moins il n'avait pas prévu l'affaire, il
est arrivé dans mon dos. A ce moment-là, est-ce que tous les
trois, nous allons être tenus responsables et je vois des étapes
où vous avez un rôle précis à jouer. Je ne parle pas
de la partie où vous jouez le rôle de celui qui va trouver une
prime on en reparlera tantôt trouver la bonne prime, la
bonne compagnie pour la bonne réclamation, mais je parle au moment
où il a un accident. Dans le système actuel, c'est sûr que
les citoyens qui ne sont pas trop familiers avec la compagnie d'assurance vont
faire appel à l'ami de tous, l'ami du coin de la rue, le courtier, en
qui il a mis toutes ses complaisances et ses assurances et qui lui a dit:
Règle donc mon problème parce que je t'ai donné ma
prime.
Qu'est-ce qui arrive? Le courtier doit recevoir les doléances de
la personne, je l'admets, il va ensuite appeler la compagnie. Par la suite, il
va y avoir le problème de remorquer l'automobile, en même temps,
il va y avoir le rapport de police qu'il faut obtenir, il faut faire
l'évaluation des dommages, l'évaluation de la
responsabilité; après ça, voir à indemniser notre
assuré, une autre étape où il s'agit de savoir si c'est
l'autre qui est responsable ou non, il faut poursuivre l'autre par la suite.
Après ça, s'ils ne s'entendent pas, les avocats entrent en ligne
de compte et, finalement, il y a un jugement, quelques années plus tard,
quand on ne s'en rappelle pas, on reçoit un chèque ou une demande
d'augmentation de prime. Ce sont toutes les étapes dans le régime
actuel. Je pense qu'on est ici pour trouver une solution concernant l'avenir.
Est-ce qu'on n'est pas rendu à un moment où il faut
réviser nos positions et de quelle façon chacune des personnes
intéressées dans les quatorze ou quinze étapes que
je viens de mentionner a encore un rôle important à jouer
et de quelle façon elle peut le changer ou l'améliorer.
Dans le système proposé par le rapport Gauvin, tout ce que
je viens de mentionner est diminué de beaucoup. Vous avez le client qui
appelle tout simplement la compagnie qui fait l'évaluation et, s'il n'y
a pas entente, un tribunal règle la situation. Vous avez
évité énormément de difficultés de travaux,
de frais d'administration, de frais de poursuite et, à ce
moment-là, vous n'avez plus le même rôle aussi long, aussi
difficile et aussi coûteux. Cela ne veut pas dire que vous n'avez pas
encore un rôle. Je vais vous poser une question là-dessus pour
voir quel serait le rôle nouveau du courtier dans un changement de
système d'assurance. Je vais maintenant vous demander, d'après
votre expérience, est-ce que vous croyez que l'augmentation progressive
des primes, au fur et à mesure que les accidents augmentent pour un
même individu, a pour effet, jusqu'à maintenant,
honnêtement, franchement, d'inciter cet individu à une
surveillance ou à une prudence plus grande?
M. MARQUIS: M. Grégoire.
M. GREGOIRE: C'est une question extrêmement philosophique que vous
posez. Nous avons précisément posé cette question à
un psychologue qui tout d'abord je ne veux pas faire de remarques sur
ses commentaires, c'est son travail a pris bien soin de commencer le
rapport qu'il nous a fait en disant qu'il ne s'agissait pas d'une étude
exhaustive et scientifique, mais qu'il s'agissait simplement de l'opinion d'un
psychologue clinicien qui, lui, ne voyait pas de quelle façon on
pourrait inciter les gens à la responsabilité je
résume un peu en créant l'irresponsabilité. Nous ne
sommes pas contre un système d'indemnisation sans égard à
la responsabilité, nous l'avons dit, jusqu'à certains paliers qui
doivent être déterminés et qui conserveront au public
québécois une grande partie de sa liberté de choix, de sa
liberté, point.
La philosophie du rapport de notre association, c'est que la
société n'exerce ce rôle qu'à l'intérieur des
cadres d'un gouvernement, d'une Assemblée nationale comme celle que nous
avons et qui, elle, transmet les directives pour que certaines lois soient
faites pour la protection de la société. Le rôle de cette
société, par le truchement de son gouvernement, veut être
protection du public qu'elle sert et ce qu'on veut, c'est que ce public soit
protégé. La façon de le protéger ce n'est pas de
lui enlever sa responsabilité, c'est d'abord de lui montrer comment se
servir ce cet instrument des temps modernes qu'on appelle l'automobile.
C'est le premier rôle, c'est ce qu'on a voulu dire, au tout
début de notre rapport. C'est là
qu'est toute la philosophie. Avant de déterminer si oui ou non un
système d'indemnisation sans égard à la
responsabilité peut avoir des influences sur les conducteurs, bonnes ou
néfastes, il faudrait d'abord qu'on cherche à éduquer ces
conducteurs et même on revient au rapport du professeur
Thompson à l'âge scolaire, en tenant pour acquis et
M. Arpin l'a dit lui aussi que le cycliste d'aujourd'hui sera
l'automobiliste de demain.
M. LEGER: D'accord.
M. GREGOIRE: Je sais que les recommandations du rapport du comité
d'étude touchant la sécurité routière ne peuvent
pas produire une diminution de coût l'an prochain si elles étaient
appliquées demain matin. C'est certain. C'est un travail à longue
échéance. On va devoir vivre avec une longue
échéance, mais, bon Dieu! il faudrait qu'on commence tout de
suite. C'est ce qu'on a voulu dire.
M. LEGER: Vous avez des chiffres là-dessus, pour dire qu'une
personne qui voit ses primes augmenter devient plus prudente?
M. GREGOIRE: Des chiffres? Non. C'est ce que moi j'appelle un "Educated
guess". Nous avons fait une campagne il y a environ deux ou trois ans
que j'avais le plaisir de présider par l'entremise de tous nos courtiers
pour inciter les gens à faire usage et cela existe au
Québec des cours de conduite préventive.
M. LEGER: Maintenant, est-ce que vous pourriez dire...
M. GREGOIRE: Ce n'est pas parce qu'on se fait heurter en arrière
qu'on n'est pas responsable d'un accident, je veux dire moralement.
M. LEGER: Moralement, oui.
UNE VOIX: Si tu avais avancé plus...
M. MARQUIS: Vous êtes mieux d'obtenir un jugement.
M. LEGER: De toute façon, c'est toujours déplaisant
d'être attaqué par en arrière. Est-ce que, pour revenir
à la première question que je vous pose, par ailleurs, vous avez
pu obtenir une certaine corrélation entre le nombre d'accidents
où est impliqué le même individu et sa façon de
respecter les règles de conduite?
M. LAGACE: M. le Président, je pense que le député
de Lafontaine n'était pas ici tantôt quand j'ai donné des
chiffres d'une expérience qui se poursuit à l'Office des
autoroutes du Québec. J'ai dit tantôt, avec chiffres à
l'appui j'ai des chiffres ici, je les ai offerts, je les remettrai
tantôt à la commission que, depuis 1970, à l'Office
des autoroutes du Québec, le taux de mortalité par 100 millions
de véhicules/milles a diminué d'année en année
à cause d'une campagne de sécurité qui se poursuit
à longueur d'année, à cause également des
surveillants routiers qui font respecter la loi.
Maintenant, il n'y a plus de tolérance. Ces chiffres-là
démontrent qu'aujourd'hui l'Office des autoroutes du Québec, pour
les autoroutes à péage, a un meilleur record que ce qui se passe
aux Etats-Unis. C'est le meilleur dossier en Amérique du Nord. Je pense
que c'est bien beau de dire que pour le Québécois, au volant de
son véhicule, c'est un moyen pour lui de revendiquer des droits, je ne
pense pas qu'il soit brimé, le Québécois. Il y en a qui
prétendent cela, il n'est pas brimé, mais il faut quand
même le surveiller. Il s'égare. Partout où on surveille les
automobilistes, on obtient des résultats.
M. LEGER: Je pense qu'on est d'accord et qu'on dit la même chose.
Je donnais les deux expériences ou les deux hypothèses pour avoir
une meilleure conduite. Est-ce que l'accident arriverait moins souvent parce
qu'une personne s'aperçoit que ses primes augmentent ou si c'est tout
simplement parce qu'elle conduit mal ou qu'elle ne suit pas les règles
de conduite?
Vous venez de me dire que, lorsque l'Office des autoroutes a fait des
programmes de sécurité routière, cela a abaissé les
accidents.
M. LAGACE: Cela baisse continuellement.
M. LEGER: C'est donc dire que ce n'est pas en augmentant les primes que
cela va mettre chez l'individu un désir d'être plus prudent.
M. LAGACE: C'est un ensemble de facteurs. Si vous augmentez les primes,
cela va faire mal à l'individu. Il faudra lui dire quand même
pourquoi vous augmentez les primes.
Quand vous arrêtez un individu pour une infraction aux
règlements de la circulation, cela lui fait mal, parce qu'il a l'amende
à payer, et si on lui impose les points de démérite,
évidemment cela va lui faire plus mal. Actuellement, pour votre
information, à l'Office des autoroutes, le point de
démérite ne s'applique pas, parce qu'il faut amender la loi. Je
pense que le ministre des Transports, M. Mailloux, l'a déclaré
lui-même. Il ne s'applique pas, mais lors de la continuation de la
session, on a promis des amendements.
M. LEGER: Ma troisième question, dans cet ordre logique est la
suivante. Quelle est votre réaction devant le fait que les compagnies
d'assurance elles-mêmes, via leur porte-parole, le Bureau des assurances
du Canada, le BAC, proposent justement la notion de la
non-responsabilité personnelle, avec le programme proposé du "no
fault"? Quelle est votre réaction à cela devant le fait que
première question que je vous posais ce n'est pas en
augmentant les primes que la personne va être plus sage? C'est
beaucoup plus une question de suivre des règlements de
sécurité routière, soit de surveillance de la police et
une meilleure façon de conduire, qui provoquerait moins d'accidents?
Actuellement, le Bureau des assurances du Canada propose justement,
lui-même, d'aller dans le domaine du "no fault". Quelle est votre
réaction devant cela en tant que courtier?
M. LAGACE: M. le Président, M. le député de
Lafontaine, je ne crois pas que les compagnies d'assurance auraient un taux
uniforme pour tout le monde, même dans le "no fault". Elles auront
certainement un taux qui sera plus onéreux pour le mauvais conducteur.
Je serais très surpris que le taux soit au même niveau que pour le
bon conducteur.
M. LEGER: Non, mais je reviens toujours sur le noeud du problème
qui est la pénalisation d'une personne qui doit indemniser
elle-même des dommages à autrui. C'est cela le noeud du
problème. Les trois questions sont pour arriver à la base
philosophique qui est vue, dans ce que le Bureau des assurances du Canada a
proposé et ce que le rapport Gauvin propose, de son côté. A
savoir, que, c'est une nécessité sociale, l'automobile, et qu'il
faut indemniser les gens plutôt que de courir pour savoir qui est le
responsable de... M. Bertrand, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. BERTRAND: M. le député de Lafontaine, je pense que,
là-dedans, souvent on a tendance à demander aux assureurs de
faire, dans le fond, ce que l'autorité gouvernementale ne fait pas,
c'est-à-dire d'éliminer de la route les mauvais conducteurs. Si
vous ne les éliminez pas, si vous ne retirez pas le permis de conduire
à ceux qui ont une fréquence marquée d'infractions et
d'accidents surtout, alors il va falloir, quelque part, que vous preniez le
coût qu'on devrait réclamer à ces individus et que vous le
répartissiez sur toute la population. C'est seulement une question de
mathématiques, à un moment donné. Mais, dans toutes les
provinces canadiennes, le même dilemme existe. J'ai entendu des
témoignages à cet effet. En Nouvelle-Ecosse, lorsque les
intéressés ont formé des commissions d'enquête sur
le même sujet, pour lequel on est ici aujourd'hui, pour que le
gouvernement... C'est bien beau que vous ne vouliez pas qu'on pénalise
les gars, mais, d'abord, enlevez-les de la route, parce qu'il faut payer les
pertes, nous autres. C'est l'argumentation des assureurs qui m'apparaît
valable.
Je pense qu'il est assez odieux, à un moment donné, au
gouvernement de "foutre" du monde à la porte de ce privilège de
conduire. Mais je pense que les gens qui se sont fait prendre avec des
culpabilités, depuis peut-être un an, pour facultés
affaiblies, ou boisson, et qui ont eu des surprimes après, par le
système actuel, ils prennent bien moins leur auto après un
"party". Le message est assez clair. Je pense que cela incite à la
prudence, parce que, à un moment donné, cela fait trop mal. Mais
si ces gars n'étaient pas sur la route ou si la police amorçait
une campagne, comme on voit en Suède... On se compare souvent à
la Suède pour toutes sortes d'autres régimes qui sont
fantastiques. Là-bas les gens ne prennent pas de boisson... ils ne
prennent pas leur auto quand ils ont de la boisson dans le corps. Ici, je vous
jure que des tests prouveraient que le samedi soir on doit être à
60 p.c. des gens qui souffleraient en haut de 8. On ne fait rien, on le fait un
peu. Il ne faut pas demander à l'industrie de payer les pertes de ces
gens et de réclamer cela à toute la population; je pense que le
gouvernement, à cet égard, ne fait pas toute sa part.
M. LEGER: Est-ce que vous êtes au courant du régime
d'assurance en Suède?
M. BERTRAND: Vaguement; moi, je m'intéresse surtout au
Québec dans le moment.
M. LEGER: C'est parce que vous l'avez donné comme comparaison. Le
régime d'assurance en Suède, je pense, est comparable à ce
que le rapport Gauvin propose.
M. BERTRAND: Probablement, cela se peut.
M. LEGER: II y a le problème fondamental. Je pense qu'on tourne
autour du pot. Vous avez affirmé qu'il y a des chauffeurs
incompétents. La sévérité sur la route, par les
policiers, peut corriger beaucoup. La sécurité routière
aussi améliorée peut protéger beaucoup.
Quand vous dites de faire retomber le fardeau sur l'ensemble, si tout le
monde est assuré, par exemple, vous avez beaucoup plus de primes dans le
fonds pour payer les dommages. Si vous enlevez les poursuites judiciaires et
les côuts devant les tribunaux, ainsi que les coûts
d'administration de cette recherche du coupable, vous arrivez à des
résultats que le rapport nous présente comme pouvant être
réalisés dans toute la société et à un
coût moindre. Quand vous dites que cela va coûter plus cher pour
tous les citoyens, non, si on enlève les quatre points que je viens de
mentionner. Vous arrivez à équivaloir justement les besoins avec
les revenus. Tout le monde est protégé et c'est là qu'on a
avancé au niveau social.
M. BERTRAND: Votre argumentation, on est d'accord sur cela en partie. On
le propose et on le dit qu'on est d'accord sur le système
d'indemnité sans égard à la faute, jusqu'à un
certain palier, mais on veut retenir pour la population le droit à une
indemnité si les blessures et les dommages dépassent un certain
niveau. Avant de dire quel est le niveau, nous, comme représentants du
public, nous voulons savoir le prix pour Joe Blow. C'est cela l'affaire.
N'oubliez pas que Gauvin force tout le monde à
s'assurer pour la collision. Ce matin, dans votre accident, M. le
député, cela vous coûterait probablement $100 ou $250 de
votre poche sans aucun droit de recours. Je ne sais pas si vous auriez la
même attitude philosophique vis-à-vis de cet accident et de
l'autre gars, si cela vous coûtait $100 de votre poche.
M. LEGER: Je vais peut-être avoir l'attitude catastrophique quand
j'aurai vu les résultats. Vous parlez de sagesse...
M.BERTRAND: C'est cela le problème. Dans votre argumentation pour
assurer tout le monde, il va y avoir plus de primes et peut-être que le
coût moyen va baisser un peu. C'est vrai jusqu'à un certain point.
M. Gauvin l'admet et à un moment donné il impose un fardeau
à une grande partie de la population et l'oblige à assurer son
propre véhicule pour la collision. Au Québec, c'est l'endroit au
Canada, peut-être à l'exception de l'Ile-du-Prince-Edouard,
où il y a moins de gens assurés pour la collision.
Peut-être à cause de notre philosophie du "je ne suis jamais dans
le tort, c'est l'autre", je vais aller en cour". Tout le monde est comme cela.
Question de moyens, à un moment donné. En Ontario, ils en ont
plus, parce que les gens sont peut-être un peu plus riches et ils paient.
A ce moment, le fardeau de primes va augmenter, c'est évident. Il y a
plus de dollars à l'enjeu. Est-ce que le citoyen dans le comté va
accepter que cela lui coûte plus cher, une affaire qui était
censée être meilleure?
M. LEGER: Vous venez de parler de la sagesse d'un assuré. Votre
association déclare qu'il est essentiel de conserver la liberté
fondamentale de chaque citoyen de choisir le montant et la forme d'assurance
qu'il veut attacher à ses biens personnels. Donc, il peut
dépasser le régime de base et encore avoir une poursuite pour le
montant qui dépasse le régime de base. Est-ce que vous ne croyez
pas que cette liberté est d'autant mieux protégée que
l'assuré assure ses propres pertes au montant que lui, évalue
personnellement selon ses besoins qu'il peut prévoir?
Autrement dit, dans le rapport Gauvin, il est bien dit qu'il y a une
assurance de base obligatoire et aussi une assurance supplémentaire
qu'il peut utiliser s'il le désire. Autrement dit, si toutes les
personnes sont assurées pour leurs propres dommages, la vraie
liberté et la vraie sagesse, c'est de s'assurer selon les besoins
qu'elles ont. A ce moment, dans le régime total qui ne demande pas un
surplus de protection, où il y a encore le besoin de trouver le
coupable, mais où le surplus de protection est évalué
uniquement sur la quantité de protection que le citoyen a, je pense que
c'est beaucoup plus sage, parce qu'autrement, si ce n'était pas le cas,
il faudrait tenir compte de la forme d'assurance qu'il veut attacher à
ses biens personnels et à ceux de ses dépendants. Dans le
système actuel, la responsabilité d'un individu qui n'est pas
satisfait du régime de base et qui subit un accident par la faute d'une
personne qui n'est pas assurée pour plus que le régime de base
devient à toutes fins pratiques sans recours.
Si un voisin me heurte pour une valeur de $75,000, alors que le minimum
est de $35,000, mettons des chiffres comme cela, pour les $40,000, je ne suis
pas protégé, je ne suis pas capable de recourir contre la
personne qui est insolvable, puisque le fonds d'indemnisation est limité
à $35,000. Est-ce que ce n'est pas plus sage d'avoir les deux
systèmes sans recours à la faute de façon que chaque
individu soit capable de s'assurer pour la quantité de revenus dont il a
besoin s'il subit les conséquences d'un accident? C'est cela
l'assurance. L'autre situation proposée oblige la personne à
s'assurer si elle le désire et si elle est heurtée par une
personne qui n'a pas ce surplus de protection parce qu'elle n'était pas
obligée de l'avoir et qu'elle ne l'a pas pris pour autrui, parce qu'elle
s'en fout et qu'elle n'est pas solvable, la personne est encore beaucoup plus
mal placée devant cet accident, et pensons aux dépendants
aussi.
M. BERTRAND: M. le député de Lafontaine, ce que vous dites
est vrai si on peut affirmer que la population est éclairée et
que tout le monde va prendre ses responsabilités. Assurément,
cela peut peut-être fonctionner. A ce moment, pour nous, la question
fondamentale qu'on pose: Cela va coûter combien au député
de Lafontaine à comparer à aujourd'hui? On n'a pas de chiffres.
C'est facile de dire: Les gars, fonctionnez à 20 p.c. au total,
bang!
M. LEGER: Mais vous autres, est-ce que...
M. BERTRAND: Mais le régime supplémentaire que vous
suggérez...
M. LEGER: ... vous avez des chiffres là-dessus?
M. BERTRAND: Non! Mais le régime supplémentaire dont vous
parlez, qui est disponible dans le rapport Gauvin, c'est en supplément.
Disons que le rapport Gauvin... Admettons que le coût est identique, pour
le projet qu'il propose, au coût actuel, mais vous, vous êtes en
haut de $10,000 par année. Vous allez être obligé d'acheter
un supplément. Cela va vous coûter plus cher. Allez-vous avoir
plus de protection, finalement, que celle que vous avez dans le moment?
Peut-être que oui, peut-être que non. Si vous oubliez de le faire,
vous n'avez même pas le recours ultime d'aller en cour le chercher
après cela, parce que vous avez perdu tous vos droits. Nous disons que
c'est peut-être valable, mais montrez-nous le coût en dollars et en
cents, parce que nous, on le sait. Quand on appelle le client, on lui dit: Cela
a remonté. C'est $218 cette année. Il faut encore
écouter
ses doléances pendant quinze minutes. Ce n'est pas nous qui
faisons les prix, mais il faut écouter le gars. C'est de cela que j'ai
peur...
M. LEGER: Vous parlez d'aller en cour. Même dans le régime
Gauvin, il est prévu que, si un assuré ne reçoit pas de sa
compagnie d'assurance le montant qu'il juge valable et équivalant aux
dommages qu'il a subis, il y a quand même un tribunal, aussi.
M. BERTRAND: Pour autant que les dommages sont selon les critères
qui sont dans son rapport. $12,282 pour un bras gauche.
M. LEGER: Oui, mais...
M. BERTRAND: C'est seulement là-dessus qu'il peut s'obstiner. Il
ne peut pas aller dire: Moi, je suis un artiste-peintre et mon bras valait
$40,000.
M. LEGER: D'accord, mais le rapport Gauvin va aussi plus loin, il y a
une équité qui dépasse la norme de base. Je pense que vous
étiez présent lorsque M. Gauvin était ici. Il y a des
normes de base qui sont inscrites et, par la suite, il y a une certaine
équité supplémentaire. Je pense que M. Gauvin pourrait le
rappeler, ou M. Rankin pourrait en parler quand il reviendra. Mais le tribunal
est là pour juger, justement, afin qu'il y ait une certaine
équité entre ce qui est inscrit dans le barème et les
pertes possibles. Il faut dire une chose: Le rapport Gauvin...
M. BERTRAND: Vous êtes dans le même système
encore.
M. LEGER: Oui, mais le rapport Gauvin propose quand même un
changement radical qu'il a évalué à des coûts
acceptables, parce qu'il y a des revenus provenant du changement. Les tables,
ni le Bureau d'assurance du Canada, ni vous, ni Gauvin probablement, n'avez les
chiffres à ce moment-ci. Personne ne les a. Quand vous dites: Avez-vous
des chiffres? On n'en a pas actuellement. Mais vous n'en avez pas non plus.
M. BERTRAND: Je regrette...
M. LEGER: Le Bureau d'assurance n'en a pas non plus.
M. BERTRAND: Nous, on ne fait pas les' primes. On n'est pas des
actuaires. Ce n'est pas à nous de dire quel doit être le prix du
produit. Nous, on sert ce produit, on sert le public. On dit que, si vous
voulez que nous, on accepte une idée comme celle-là, si vous
voulez que nous, on vende cette idée à la population... Parce que
de l'assurance, cela ne s'achète pas. Je regrette. Cela se vend,
à un certain moment. Il faut aller convaincre le public de cela. Dans
votre régime supplémentaire de l'excédent qui est
recommandé dans cela, les gens ne prendront pas tous leurs
responsabilités. Il va falloir aller faire un effort pour les convaincre
de se protéger adéquatement.
Nous, on dit: Montrez-vous le prix que ça va faire à notre
client. Parce que j'aurais de la difficulté à vendre cela
à mon client, à lui dire: A part cela, Charlie Brown, cela va te
coûter $100 de plus cette année. Il va dire: Comment? J'ai entendu
tout le monde dire que c'était bien bon, cette affaire.
C'est la seule question qu'ils nous posent. 90 p.c. des plaintes qu'on a
de nos clients, ce n'est pas sur l'indemnité et les lenteurs de
règlement. C'est sur le prix. C'est sur cela qu'on insiste, nous, pour
savoir le prix de ces produits. On dit: C'est d'accord pour le "no fault". Cela
va simplifier le mécanisme jusqu'à un certain niveau. On va
encore donner au citoyen le choix de continuer ou d'aller devant les tribunaux
s'il pense qu'il a été lésé. Jusqu'à un
montant de $10,000, $15,000, $20,000, $25,000, on s'en fout du niveau, mais on
veut savoir le prix. Ce n'est pas à nous de faire des prix. Je regrette.
On n'est pas des actuaires. Mais il faut être convaincu que le produit
est bon pour notre client.
M. LEGER: On peut dire quand même, je pense, qu'on peut être
d'accord sur un point. C'est que la seule chose qu'on peut évaluer
actuellement, c'est le statu quo. On ne sait pas, jusqu'à maintenant, ce
que cela pourrait coûter pour un changement. Mais le changement, si,
socialement, il doit être fait, il faut le faire en évaluant les
coûts. Actuellement, ce n'est pas parce qu'on ne connaît pas les
coûts qu'on ne peut pas faire un changement. On ne sait que ce que cela
coûte actuellement, et on sait qu'actuellement, cela ne fonctionne pas
dans le meilleur des mondes. Il faut évoluer, et cette évolution
va amener des coûts peut-être différents. On ne les
connaît pas, ni le Bureau d'assurance du Canada, ni le rapport Gauvin, ni
le gouvernement, ni les courtiers. Je pense qu'on ne les connaît pas.
Mais ce n'est pas une raison pour dire qu'il ne faut pas évoluer.
Je pense qu'on est d'accord pour dire que, pour le statu quo, on
connaît les prix, mais on ne connaît pas les prix du changement. Il
s'agit de savoir: Est-ce que le changement est nécessaire? Je pense que
c'est la question de base sur laquelle la commission doit se pencher. Est-ce
qu'un changement est nécessaire? Ensuite, évaluer ce que cela
coûtera pour voir comment on peut l'adapter.
M. BERTRAND: Mais qui va assumer la responsabilité du changement
si les coûts en deviennent excessifs?
M. LEGER: C'est cela. Il faut savoir si les coûts sont excessifs,
comparativement aux besoins qu'on a à corriger. Je pense qu'on est rendu
là, quand même. D'ailleurs, c'est la raison de cette commission,
c'est de pouvoir discuter
avec ceux qui sont au coeur du problème, connaître votre
point de vue là-dessus.
Votre mémoire ainsi que vos réponses nous
éclairent, mais à un certain moment, il faudra prendre une
décision: Est-ce qu'il faut qu'il y ait un changement dans ce domaine et
est-ce que la société a évolué pour
considérer que l'automobile est un fait et une nécessité
et un danger, peut-être social, important et il faut en évaluer
les conséquences?
Pour ne pas passer la journée sur la même question,
à la page 4 de votre mémoire, au paragraphe 2, vous parlez et
vous en avez parlé un peu tantôt, mais cela n'a pas
clarifié la situation... Vous dites que dans le revenu du courtier,
près de 50 p.c. du chiffre d'affaires provenaient de
l'assurance-automobile, et qu'il n'y avait que 8 p.c. de vos
bénéfices qui provenaient de l'assurance-automobile.
Vous précisez que votre source d'information vient d'une
étude. Est-ce que cela provient de l'étude Bélanger &
Chabot ou d'une autre étude?
M. BERTRAND: Je pense que la question nous a été
posée par le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives au début, et nous avons dit que l'étude que
nous avions commandée à Woods Gordon sur cela sera remise d'ici
quelques jours, vous donnant les chiffres, des statistiques des coûts
d'exploitation et du rendement par secteur d'activité.
M. TETLEY: Mais nous aimerions quand même avoir le projet ou le
rapport...
M. BERTRAND: Oui. Ecoutez, le projet... Ils ont corrigé des
virgules et des mots, mais les chiffres sont exacts.
M. TETLEY: Parfait.
M. BERTRAND: Est-ce que vous acceptez ma réponse sur ce point,
à savoir que vous aurez l'information?
M. LEGER: On est bien heureux de savoir que cela s'en vient. Vous
êtes au même point que le Bureau d'assurance du Canada qui, lui
aussi, avait des chiffres en préparation.
M. BERTRAND: Ecoutez. Je peux vous les donner tout de suite.
M. LEGER: Mais vous avez certainement lu ce rapport. Je vais vous poser
quelques questions et vous me direz si vous êtes capable de
répondre. Est-ce que vous pourriez nous donner les sources de
bénéfice du courtier d'assurance? Sur quels autres types
d'assurance, le courtier, en général, réalise-t-il les 92
p.c. de son bénéfice?
M. BERTRAND: Les assurances personnelles, les assurances commerciales;
les autres spécialités: l'assurance-maritime,
l'assurance-aviation, tous les autres secteurs qu'il exploite.
M. LEGER: Mais vous n'avez pas de moyenne. J'ai posé la question
à la Fédération qui m'a dit: Attendez l'association. Elle
le sait. Alors, l'association est ici, ce matin, et on m'a dit: La
fédération est nouvelle, mais il y a longtemps que l'Association
des courtiers existe. Elle a des chiffres. Elle va vous répondre.
M. BERTRAND: J'ai l'étude ici qui traite de "personal lines", en
fait, assurances personnelles, assurances commerciales. Assurances
personnelles: la voiture, l'auto, etc. Dans cette étude, les consultants
que nous avons engagés nous disent que, comme exemple, les lignes
commerciales pour nous, les commerces, représentent souvent moins que 20
p.c. de notre volume, mais que la "profitabilité" de ce secteur est
très bonne comparée aux autres lignes.
Ce qui arrive, c'est que vous vous attaquez à ce qu'on peut
appeler du gros risque dans le sens de dollar-prime; c'est beaucoup plus
rentable de travailler un risque de $2,000 de prime que 20 risques de $100 de
prime et, à ce moment, il survient une efficacité et une
"profitabilité" en conséquence. Tout est ici, dans ce rapport.
Comme je vous le dis, on va en faire faire des photocopies à midi et on
vous en donnera des copies.
M. LEGER: Est-ce que vous pouvez nous dire, dans votre rapport, si la
partie du bénéfice qui peut être attribuée à
l'assurance-automobile croît ou décroît actuellement?
M. BERTRAND: Elle décroît. Elle a ...pas des
"décrues", je cherche mon mot baissé depuis trois ou
quatre ans parce que les assureurs ont baissé le taux de
rémunération du courtier. Quand j'ai commencé dans ce
secteur, la commission d'automobile était de 22.5 p.c. ou de 25 p.c. Et
c'est tombé à 15 p.c. et à 12.5 p.c. et là, c'est
à 8 p.c. et à 7.5 p.c. et à 10 p.c. Alors, la moyenne, ici
dans cette étude, parle de 11 p.c. La tendance est à la
diminution; ce qui force les courtiers à se regrouper pour augmenter
leur efficacité. Il y a de plus en plus de regroupements dans ce
sens.
M. LEGER: Est-ce que vous avez noté une direction dans l'attitude
de vos courtiers devant une activité aussi peu rentable, puisque c'est
seulement 8 p.c. et que cela va en décroissant, pour quitter
l'assurance-automobile et, de plus en plus, être moins nombreux pour
s'occuper de l'assurance-automobile, pour s'occuper plutôt d'autres
assurances puisque c'est seulement 8 p.c. avec 50 p.c. de problèmes?
M. BERTRAND: Je parle de profit net. Cela contribue tout de même
au salaire du courtier.
M. LEGER: Mais seulement à 8 p.c. M. BERTRAND: Pardon?
M. LEGER: Seulement à 8 p.c. de bénéfices...
M. BERTRAND: Non. Il faudrait comprendre les termes.
M. LEGER: ... comparés à 92 p.c.
M. BERTRAND: 8 p.c, c'est du profit. Ce n'est pas du salaire. Le
salaire, c'est des frais pour opérer.
M. LEGER: Ah!
M. BERTRAND: Si je vends de l'assurance-automobile, j'ai le droit de
gagner $100 par semaine pour le faire. C'est une dépense du bureau. Si
à la fin de la semaine, il me reste $8, c'est mon profit. Je pense que
nous avons le droit de gagner un salaire comme tout le monde.
M. LEGER: Dans vos 8 p.c, votre salaire n'est pas inclus?
M. BERTRAND: Pardon?
M. LEGER: Dans les 8 p.c., votre salaire n'est pas inclus?
M. BERTRAND: Bien non.
M. LEGER: Le salaire est inclus dans les dépenses
d'administration de votre bureau.
M. BERTRAND: Evidemment. Comme toutes les entreprises. Si ce n'est pas
nous qui le faisons, on en paie un autre pour le faire. Cela revient à
cela. Nous avons droit à un salaire de base, au moins au salaire
minimum.
M. LEGER: Alors, les 8 p.c., c'est un bénéfice brut.
M. BERTRAND: Un bénéfice net.
M. LEGER: Net, c'est cela. Et le bénéfice brut, il peut
être... Vos $100, au minimum, sont quand même répartis sur
les revenus des autres compagnies, des autres risques.
M. BERTRAND: Oui, dans tous les secteurs, comme dans n'importe quelle
entreprise, l'épicier fait de l'argent sur les tomates, il en fait sur
les pois et il en fait sur les carottes. A la fin, s'il ne vend plus de
carottes, il va en faire moins, c'est évident. A un moment donné,
s'il ne substitue pas, il crève de faim, il vend son épicerie.
Tous les facteurs d'activité qu'on développe contribuent à
nous faire un salaire et un profit raisonnable.
M. LEGER: Vous n'avez pas de courtiers qui de plus en plus
délaissent les carottes?
M. BERTRAND: Non. Tout le monde cherche des choux parce qu'ils sont un
peu plus rentables de ce temps-là, mais pas plus que votre
épicier qui dit vendre du pain à rabais pour faire
compétition à Perrette et il ne fait pas de profit dessus, il est
obligé de vendre du pain, cela fait partie du service. C'est cela qui
est un peu faux dans le rapport Gauvin quand il dit: Vous ne ferez plus ceci,
vous ne ferez plus cela. On n'a plus les moyens de ne pas le faire. Le client
va insister pour qu'on le fasse, même si on n'est pas payé pour le
faire; il va nous appeler pour nous raconter son histoire pendant quinze
minutes quand même et on va dire: Appelle à la compagnie et
recommence. Il y a un coût à cela à un moment donné
pour la population.
M. LEGER: Est-ce que vous avez des chiffres concernant le nombre de
courtiers d'assurance qui font de l'assurance-autompbile et combien n'en font
pas, dans votre association? D'abord, vous en avez combien dans tout le
Québec?
M. BERTRAND: Je pense que je ne me trompe pas en disant que 98 p.c. ou
99.9 p.c. des courtiers font de l'assurance-automobile. Les seuls qui n'en
feraient pas seraient les courtiers très spécialisés comme
dans le domaine de l'assurance maritime, l'assurance-aviation ou quelques
lignes, mais 99 p.c. de nos membres font de l'assurance-automobile et, si
l'assurance-automobile au Québec représente 50 p.c. du volume, en
moyenne cela représente 50 p.c. de nos courtiers. C'est évident
qu'il y en a un qui n'a que 20 p.c. et l'autre a 80 p.c.
M. LEGER: Vous êtes combien de courtiers dans tout le
Québec?
M. BERTRAND: 4,500.
M. LEGER: Vous avez accepté tantôt une sorte de
rémunération qui était une rétribution à
l'acte, plus 2 p.c. sur la prime. Vous avez dit cela tantôt au
député de Beauce-Sud, je pense.
M. BERTRAND: Oui. C'est dans la même étude qu'on va...
M. LEGER: Est-ce que cette façon d'être
rémunéré, vous la verriez aussi compatible avec le
régime d'Etat, d'être payé à l'acte, plus 2 p.c. sur
la prime ?
M. BERTRAND: M. Léger, la question d'un régime d'Etat,
vous avez posé la question à M. Gauvin qui, je pense, a bien
défendu son option...
M. LEGER: Excusez-moi. Je ne parle pas du bien fondé du
régime d'Etat. Je dis: Pour vous,
comme courtier, est-ce que la rémunération
proposée, celle d'une rétribution à l'acte, plus 2 p.c. de
prime, pourrait s'appliquer dans l'hypothèse d'un régime
d'Etat?
M. BERTRAND: Je présume que oui. Tout peut se faire.
M. LEGER: A la page 6 de votre mémoire en plein centre
vous faites mention de l'instauration d'une inspection annuelle
obligatoire de tous les véhicules à tous les deux ans ou plus. En
supposant que le coût de cette inspection annuelle obligatoire soit
disons un chiffre, comme le ministre disait l'autre fois de $80
ou $60, est-ce que l'association serait d'accord pour que ce coût soit
supporté par l'Etat ou est-ce qu'il devrait être supporté
par l'automobiliste lui-même?
M. MARQUIS: A ce moment-là, je pense que c'est surtout une
question de principe, d'avoir des véhicules en bon état.
Maintenant, la modalité, qui va payer quoi? Un ou l'autre. Dans le fond,
cela ne me dérange pas. Si c'est pour sa protection, c'est
peut-être préférable que ce soit le public qui paie $5 ou
si on dit $60, c'est peut-être aussi arbitraire. Les inspections
d'automobiles ne coûtent pas des fortunes. Il y a des stations-service
qui le font, elles ont des machines adéquates pour cela. Je pense
qu'elles chargent $8.75, c'est peut-être monté à $12, comme
tout augmente de toute façon. Que ce soit une obligation faite par
l'Etat, payée par l'Etat ou que ce soit par le propriétaire du
véhicule, je pense que c'est une question qui est quand même moins
importante que le grand principe d'avoir des véhicules en ordre.
M. LEGER: Comme vous le remarquez bien, c'est un des changements qui
sont chiffrés, les $80 qui ont été mentionnés par
le ministre. D'après vous, quel serait l'accueil de vos clients devant
cette mesure gouvernementale comme contribuables et vous aussi, comme
contribuable, est-ce que vous accepteriez que ce soit payé par l'Etat ou
par l'individu?
M. MARQUIS: Cela existe aujourd'hui. Ce n'est pas sur une base
obligatoire, mais il reste qu'à un moment donné, dans un secteur,
la Sûreté du Québec nous arrête et ils font une
vérification, peut-être assez rapide, d'accord, mais cela se fait
et c'est fait aux frais de l'assuré, du propriétaire du
véhicule.
M. LEGER: Mais ce n'est pas obligatoire.
M. MARQUIS: Oui, une fois qu'ils ont décelé...
M. LEGER: Oui, d'accord.
M. MARQUIS: ... des défectuosités, on lui dit: Va les
faire réparer en dedans de X temps et il faut qu'il rapporte la formule
signée par un garagiste prouvant que cela a été fait.
M. LEGER: C'est obligatoire s'il se fait pincer. Mais ce n'est pas
obligatoire d'une façon systématique pour tousles citoyens. Ma
question serait, étant donné que vous connaissez bien vos
clients, vous êtes dans cette situation, si vous pensez que ce serait
bien accepté par les citoyens que ce soit assumé par
l'automobiliste ou par l'Etat?
M. MARQUIS: Si c'est bien expliqué, personnellement, je crois que
les gens vont être d'accord pour payer les réparations parce que
c'est quand même leur protection personnelle. Je serais bien heureux de
me faire dire que mon véhicule a tel défaut, qu'il faut que je le
fasse réparer avant de me casser la margoulette. Je serais prêt,
personnellement, à payer pour cette inspection, c'est-à-dire pour
les réparations et également l'inspection.
M. LEGER: A la page 10 de votre mémoire, concernant le courtier
d'assurance vous avez fait valoir que les Québécois, de plus en
plus, font affaires avec des courtiers plutôt que de souscrire de
l'assurance au comptoir. Est-ce que l'assurance au comptoir pourrait être
un système applicable en ville? Il y a un député qui est
courtier je ne sais pas s'il est ici aujourd'hui qui disait
justement qu'en dehors des grands centres, il fallait qu'il y ait absolument un
courtier pour assurer un minimum de service aux clients. Est-ce que votre
association pourrait nous donner quelques chiffres sur la proportion de
Québécois qui font affaires avec un courtier dans les grandes
villes et ceux en dehors des grandes villes? Est-ce qu'il y a une
différence notable entre les localités d'assurés?
Il y a une question de régionalisation dont le
député de Taschereau avait parlé, avoir des services
régionaux.
M. MARQUIS: Je pense que la proportion ne serait pas aussi forte que
ça, sauf peut-être dans certaines régions. Mais en moyenne,
dans la province en général, je dirais que la proportion est
absolument la même, 86 p.c., c'est cela un peu partout, sauf dans une
région très éloignée où il n'y a pas d'autre
service que le courtier. Mais quand même, dans la province, ça
représente un pourcentage très minime. Le problème majeur,
c'est que si...
M. LEGER: Vous n'avez pas de chiffres là-dessus?
M. MARQUIS: Non. Ce qui est important, c'est qu'il faut
considérer le coût d'exploitation des compagnies d'assurance. Il
est certain que dans des grands centres, si les compagnies veulent
établir des points de vente, ça va leur occasionner des frais,
c'est indéniable, ils vont être obligés d'ouvrir des
bureaux de service ou
des bureaux de vente, un peu partout. Ils ne peuvent pas. Si on dit
qu'il y a 169 compagnies qui font affaires dans la province, en
assurance-automobile, seulement à Montréal, il y a une
concurrence assez fantastique, les compagnies vont être obligées
d'ouvrir des bureaux de vente un peu partout. S'il y a 169 bureaux de vente
dans chacun des centres commerciaux de la ville de Montréal et des
environs, imaginez-vous le coût de ça alors que ça existe
par l'entremise des courtiers. Les courtiers sont répartis dans toute la
province, ils sont accessibles partout. Il y a également une question de
disponibilité. En Saskatchewan, actuellement pour les centres de
réclamation, entre autres, il est question d'allonger les heures. Parce
que pour les gens, après 5 heures, c'est fermé. Le type ne peut
pas aller au centre de réclamations. On a dit: On va essayer d'allonger
les heures le soir jusqu'à 7 heures ou 8 heures et même le samedi
matin. Cela occasionne des frais, alors que le courtier, dans beaucoup de cas,
va pallier cette carence par le fait qu'il est déjà sur place et
disponible.
M. LEGER: A la page 11, au paragraphe 2, vous dites: par sa formation
professionnelle poussée et sa qualité d'homme d'affaires
indépendant, le courtier joue le rôle du conseiller impartial dans
l'étude d'un contrat d'assurance". Le rapport Gauvin nous fait valoir
que très souvent, le courtier, à son tour, est en conflit
d'intérêts. Est-ce que l'association peut commenter plus avant
cette partie du rapport Gauvin, particulièrement la pratique qui veut
qu'un courtier doive assurer à tel ou tel assureur un certain chiffre
d'affaires annuel pour obtenir une certaine ristourne? Est-ce que vous pourriez
commenter ce conflit d'intérêts cité par le rapport Gauvin
qui fait que le courtier, pour avoir un chiffre d'affaires suffisamment
important dans telle compagnie et du fait que les primes peuvent être
plus chères ailleurs, a quand même un revenu plus imposant s'il va
porter sa prime de tel assuré à telle compagnie? Comment
pouvez-vous commenter cette partie du rapport Gauvin?
M. MARQUIS: II y a une question de possibilité de placement qui
existe aujourd'hui. Le rapport Gauvin dit que les assureurs seront
obligés d'accepter les demandes de tous les courtiers. A ce
moment-là, cela enlève un fardeau au courtier.
C'est indéniable; cela va aider le public en ce sens que si,
aujourd'hui, je fais affaires avec X compagnies par exemple si je
fais affaires avec quinze ou vingt compagnies et que mon marché avec
telle compagnie en particulier, en assurance-automobile, dans des risques
je n'aime pas les appeler comme cela, mais c'est comme cela qu'elles
sont peut-être des risques de second ordre, la compagnie va dire:
Je ne prends plus de risques, parce que le volume n'est peut-être pas
suffisant avec cette compagnie-là, à ce moment-là, on est
obligé de le diriger dans une compagnie où on a un volume plus
élevé. C'est sûr que si les compagnies d'assurance, sans
exception, sont obligées d'accepter tous les risques venant des
courtiers, on n'a plus ce problème-là.
M. LEGER: Mais vous ne commentez pas l'affaire comme telle. Vous ne
trouvez pas que vous êtes dans un conflit d'intérêts du
tout?
M. MARQUIS: Je ne vois pas de conflit d'intérêts
réel. Il peut y avoir des exceptions comme dans toute chose. Vous avez
de bons médecins, vous en avez de moins bons. Ce n'est pas pour dire
qu'ils ne sont pas bons, mais en général, c'est sûr que si
on prend des exceptions ou si on fait des cas d'espèces, on va trouver
des cas, définitivement, où il y a des lacunes. Je pense que
c'est humain partout, dans n'importe quel domaine. Il se peut qu'il y ait
certains problèmes avec certains courtiers dans ce sens-là,
qu'ils ne placent pas le risque au meilleur taux, dans la meilleure compagnie.
En général, je pense que les courtiers sont assez conscients et
ils le font au meilleur de leur connaissance.
D'ailleurs, il y a toujours le problème de la clientèle.
Si je veux garder ma clientèle, il faut que je lui rende le meilleur des
services, sinon, demain matin, comme André Bertrand le disait tout
à l'heure, je vais recevoir la police avec un petit mot: Non requis.
C'est à moi d'y voir, étant donné que la concurrence
existe actuellement et que les taux varient passablement d'une compagnie
à l'autre. Il y a l'interprétation également de la
classification qui est importante. Quelquefois, on peut penser qu'un courtier
ne fait pas son travail comme il le faut, parce qu'il exige une prime de $250
par exemple, alors que le même client va aller chez un autre courtier, ou
même avec le même courtier et une autre compagnie, l'avoir à
$225. Cela dépend d'une question d'interprétation de la part de
la compagnie d'assurance dans certains cas.
C'est au courtier de vendre son produit à la bonne compagnie,
à essayer de passer le message, d'expliquer à la compagnie le cas
du client en question. Le client ne pourra pas le faire seul, même si le
ministre des Institutions financières dit de faire du "shopping", je
vois mal un client partir et faire 24 compagnies d'assurance pour savoir
laquelle offre le meilleur taux. Même s'il trouve une compagnie qui a
peut-être un bon taux, d'après lui, cela ne veut pas dire que
c'est la meilleure. Il ne peut pas être au courant des taux, même
s'il a un manuel; c'est assez difficile pour lui de découvrir quelle est
la meilleure. La question de service est quand même importante. Il y a
des compagnies qui, dans des périodes données, ont un service
plus rapide que d'autres ou un service moins rapide. A ce moment-là,
c'est au courtier d'évaluer cette chose. Je ne pense pas que les
assurés puissent le faire.
M. LEGER: J'ai une dernière question, M. le Président. A
la page 2 de votre mémoire, vous
rejetez un peu du revers de la main la proposition d'une régie
d'Etat d'assurance. Sur quoi votre association s'appuie-t-elle pour
prétendre que l'étatisation de l'assurance-automobile alourdirait
le mécanisme de compensation? En même temps, concernant
l'augmentation des coûts qu'elle pourrait avoir, sur quelle partie du
rapport Gauvin faites-vous porter votre déposition contre
l'évaluation des coûts?
M. MARQUIS: M. André Bertrand.
M. BERTRAND: Je pense qu'on le fait pour les mêmes raisons que M.
Gauvin l'a fait. Dans l'argumentation qu'il vous a donnée quand vous lui
avez posé la question spécifiquement la première
journée de l'enquête, il vous a donné six points
très précis, je pense, disant pourquoi il avait opté pour
ces points et ce sont les mêmes raisons peut-être qu'il les
a exprimées mieux qu'on pouvait le faire avant de l'entendre qui
résument notre position. Il y a un critères de comparaison, il y
a un critère de service, il y a un critère de camouflage de
primes au niveau gouvernemental ou monopolistique possible. Il y avait deux ou
trois autres points que vous avez déjà entendus.
Quand on a lu, on dit: Oui, on est d'accord sur cela aussi. Cela
résumait très bien notre pensée et je ne pense pas qu'on
ait à la défendre. C'est évident que, de par notre statut
et notre situation, c'est notre optique, c'est notre option. La commission
d'enquête a convenu la même chose. On appuie.
M. LEGER: Je dois vous remercier pour nous avoir donné un autre
son de cloche. Comme de raison, c'est sûr que vous avez bien dit au
début de votre exposé : On est rendu que les gens
n'achètent pas d'assurance. Mais vous êtes des vendeurs
d'assurance. Vous vendez de l'assurance. Je pense que vous avez vendu
très bien votre rôle important dans le régime actuel, tel
qu'il existe et c'est pour cela, si jamais il y avait un régime qui se
changeait dans le domaine de l'assurance-automobile, je voulais savoir comment
vous voyiez votre rôle dans ce nouveau régime
d'assurance-automobile, puisque, actuellement, la grosse chose que vous vendez,
c'est le service au client. Tantôt, vous m'avez dit que vous pourriez
donner le même service avec des honoraires basés sur une
rétribution à l'acte avec un pourcentage sur la prime. Donc, dans
un régime d'Etat, vous pourriez aussi bien fonctionner. Je pense que,
jusqu'ici, vous avez joué un rôle important. Je dois vous
féliciter là-dessus, comme représentant des courtiers
d'assurance. Je serais très heureux de voir que, dans un nouveau
régime qui tiendrait compte de l'évolution sociale, vous ayez
encore un rôle à jouer là-dedans, dans ce nouveau
régime, qui soit d'Etat ou un régime d'assurance privé
très bien structuré. Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: A cause de votre expérience et de votre contact
continuel avec des assurés, j'aurais deux questions à vous poser.
Au cours des séances de la commission, il a été
mentionné que le programme, sans égard à la faute pour les
dommages matériels, était peut-être très bon, mais
il faudrait peut-être conser-vers la responsabilité civile pour ce
qui est de blessures corporelles. J'aimerais savoir votre opinion
là-dessus. Qu'est-ce que vous en pensez comme courtier, selon vos
expériences avec le client?
M. MARQUIS: On n'a absolument aucune espèce d'objection.
D'ailleurs, c'est ce qu'on dit dans le mémoire. On le suggère et
ce n'est pas à nous de faire le coût; mais tout ce qu'on dit,
c'est d'être très prudent, parce que le coût, je pense, est
primordial. Il est certain que si aujourd'hui une personne est assurée
adéquatement, ce qu'on appelle communément des deux
côtés, la responsabilité et ses propres dommages, si elle
paie une prime, en moyenne, de $250, est-ce que le nouveau système
proposé soit le système proposé par le
comité Gauvin ou le système du Bureau des assurances du Canada
va être plus dispendieux? C'est la seule question qu'on se pose et
on vous dit d'être prudent à cet égard, parce que c'est
cela qui est la base. Si le système proposé coûte $350,
est-ce que le public québécois est prêt à changer le
système et à payer $100 de plus?
M. PERREAULT: Ce n'est pas au point de vue de la prime que je pose la
question, c'est au point de vue des règlements de l'indemnité aux
assurés, de la manière dont c'est réglé avec les
assurés, s'il y a plus de responsabilité civile pour les dommages
corporels. C'est votre point de vue que je veux avoir là-dessus.
M. MARQUIS: On a suggéré que, s'il y a un système
à corriger, avec un maximum, que ce soit $20,000, $30,000 ou $40,000, de
conserver le droit de recours pour l'excédent... ce qui veut dire qu'on
aura quand même un nombre minime de cas. Si la personne se sent
lésée, elle va quand même percevoir le montant de base qui
sera $20,000, $30,000 ou $40,000 et elle gardera son droit de recours en
justice pour l'excédent.
M. BERTRAND: M. le député, si je peux me permettre, il y a
un autre point, dans notre mémoire, qui est très important. On
dit ceci: Avant de faire cela et rendre les dommages matériels sans
égard à la responsabilité, etc., il faudrait
peut-être faire un sondage auprès de la population à savoir
si c'est cela qu'elle veut et si c'est cela qu'elle va accepter quand elle va
comprendre qu'elle perd son droit de recours et qu'elle aura forcément
un déductible à assumer
dans tous les accidents qu'elle soit en faute ou non. C'est ce qu'on dit
dans cela. Le coût, ce n'est pas notre domaine, mais on pense que, vous
autres, vous devriez savoir ce que le peuple veut et ce que le peuple est
prêt à accepter dans cela.
M. PERREAULT: Ce que je veux vous faire dire, c'est qu'un dommage
matériel limité au véhicule, est-ce que c'est
évalué? Une blessure corporelle, cela s'évalue moins
suivant des normes.
M. BERTRAND: L'autre façon de poser le problème, il est
évident que le problème est plus simple à régler au
niveau des dommages matériels, mais on est dans un autre domaine, et
c'est cela qu'il faut penser. Qu'est-ce que le citoyen désire et est-ce
qu'il va comprendre qu'il perd son droit de recours?
M. PERREAULT: Ma deuxième question est celle-ci: Vous avez
certainement dû comparer les risques offerts par le plan d'assurance
AutoBAC et le plan Gauvin. On a vu une comparaison qui est établie
là-dessus. Etant donné que vous regardez les risques où
l'assuré demande à être couvert, j'aimerais avoir votre
opinion sur la valeur des risques couverts par les deux plans offerts, Gauvin
et AutoBAC.
M. BERTRAND: Les deux prétendent couvrir 85 p.c. des sinistres,
à peu près, ou des besoins. Ils ont des "variances" dans ce que
j'appellerais, dans certains cas, des "fringe benefits". Il y en a un qui offre
une affaire, et l'autre ne l'offre pas. Je ne pense pas qu'on ait la science
nécessaire pour évaluer. Il faudrait à ce moment
peut-être prendre une vingtaine ou une centaine ou un millier d'accidents
et appliquer un règlement selon le plan BAC et en appliquer un selon le
plan Gauvin. Là, vous verriez des chiffres. Je ne suis pas
mathématicien. Ils me paraissent en surface assez semblables, mais il y
a des différences dans les détails, il y a des différences
dans l'application, il y a des différences dans les montants
d'indemnité par semaine. Tout cela se résume à un
coût pour le citoyen à un moment donné. Si on est pour lui
donner jusqu'à $250 de salaire par semaine, cela coûte tant de
dollars de prime. Si on le limite à $200, c'est évident que cela
coûte moins cher. C'est ce genre de "costing" qu'on veut voir avant
d'être capable de recommander cela et dire que c'est valable, parce que
le public ne veut pas une augmentation de coût. C'est cela votre
décision. Si le "costing" n'est pas fait avant, et qu'on se
réveille ensuite avec des augmentations de coûts, ce n'est pas
nous, les courtiers on ne fait pas les taux qui allons subir
l'impact de cela ou le "backlash" de cela. C'est probablement vous autres, les
députés, qui aurez à répondre de cela devant les
citoyens.
M. PERREAULT: Maintenant, suite à la question du
député de Lafontaine à propos de la vente au comptoir
qu'on appelle "direct writing", je pense bien que si les compagnies qui
faisaient affaires directement avec le public seraient obligées
d'engager un nombre d'agents supplémentaires pour faire le même
travail que vous faites, pour recevoir les primes des assurés et ainsi
de suite.
M. BERTRAND: Sans dire supplémentaire, au moins autant. Je veux
dire: Est-ce que c'est seulement un changement de place ou une économie
réelle?
M. PERREAULT: C'est plutôt un déplacement.
M. BERTRAND: II y en a bien des déplacements qui ne donnent
rien.
M. PERREAULT: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: M. le Président, merci. Dans le contexte où
nous avons à étudier et à faire cette recherche pour
assurer à la population québécoise un plan
d'assurance...
DES VOIX: Plus fort.
M. SYLVAIN: Vous m'excuserez de ma voix aussi. Dans ce contexte
où on a à chercher ensemble ce plan d'assurance qui va être
plus potable pour la société québécoise en
général, du moins je l'espère, il y a quand même
dans le rapport ici, ce que le député de Lafontaine reprenait
tantôt, ces mots qui m'ont attiré particulièrement,
à la page 1: "Elle s'avère contre celle qui voudrait faire porter
à l'ensemble de la population québécoise le fardeau
supplémentaire des surprimes". J'aurais aimé dans le contexte
et c'est une opinion bien personnelle où nous avons
à étudier le problème de l'assurance et des coûts
d'assurance, peut-être retrouver, et je ne sais pas si j'aurais
été entériné par l'association à ce moment:
Elle s'élève aussi contre le fait de faire porter à
l'ensemble de la population québécoise jeune le fardeau
supplémentaire des surprimes causé par les jeunes conducteurs
imprudents qui ont eu des accidents à répétition. Je veux
simplement avoir de brefs commentaires sur ce fait de la prime. Evidemment, on
est dans une philosophie d'assurance où calcul du risque égale
calcul de la prime. Pourquoi, à un moment donné, si on vit dans
ce contexte, les conducteurs de 25 ans et moins qui, quand même, seraient
des conducteurs prudents et vous verrez par une question
supplémentaire, j'espère, c'est pourquoi je veux poser cette
première question seraient à mon sens
pénalisés au départ par cette surprime, via le calcul du
risque?
M. BERTRAND: Je pense qu'il faut être honnête sur cette
question. Vous entrez dans une question terriblement technique au niveau de
l'assurance. Dans le moment, dans le système actuel, on répartit
les sinistres sur l'ensemble de la population. Il y a un plan de la
"Facilité", une réassurance, si vous voulez. Finalement,
l'ensemble de la population assume les pertes.
M. Gauvin suggère qu'au lieu de distribuer les pertes, on va
distribuer les primes. Il amène cela au niveau de la concurrence,
c'est-à-dire que l'assureur, lui, recevra la prime qu'il juge
nécessaire pour le risque, mais l'ensemble des assurés paieront
le supplément lorsque cela dépasse le seuil, prenons comme
exemple, de $500.
Nous, on se pose la question et ce qu'on voit, c'est
l'élément de dissuasion d'une prime de $1000 sur un mauvais
conducteur, à un certain moment. On pense que cela a un impact et que
c'est valable pour que ce bonhomme fasse attention. Si, à ce moment, ses
primes sont réparties sur l'ensemble de la population, lorsqu'il a
atteint $500, le gars, il s'en foute. Cela ne coûtera jamais plus cher
que cela.
C'est pour cela qu'on disait qu'on ne pouvait pas prendre ces choses
isolément. Cela fait partie d'un ensemble et il faut vraiment les
étudier. Si vous les laissez sur la route, ces conducteurs, tout le
monde va payer trop cher et on va avoir des problèmes. La population ne
voudra plus cela.
C'est une question d'actuaires et il y a peut-être des chiffres,
probablement que M. Gauvin pourrait nous éclairer. Est-ce que ce
mécanisme qui nous parle d'une répartition des primes est
supérieur, comme rendement, au mécanisme de la répartition
des pertes, qui est celui d'aujourd'hui?
Comme je vous le dis, je ne suis pas actuaire. Je comprends ce qu'il
essaie de faire, mais ne me demandez pas d'aller plus loin.
M. SYLVAIN: Moi non plus, je ne voudrais pas entrer dans cette question
qui a soulevé énormément de problèmes. Mais puisque
vous vivez si proche de votre clientèle et des jeunes qui sont
certainement aussi votre clientèle, vous êtes appelés
à vivre les énormes problèmes. Sans faire le
problème des juridictions entre le fonctionnaire provincial, le
directeur du Bureau des véhicules et le juge des sessions de la paix,
etc., je voudrais avoir une autre opinion qui n'est peut-être pas dans un
secteur très différent, mais qui se rapproche. C'est votre
opinion suite à ce risque qui semble attribué de façon
permanente on peut dire temporaire pour une période de trois ans
à ce jeune conducteur, en particulier, qui a commis une
infraction qui doit être dénoncée aux gros assureurs par le
biais de la Loi du fonds d'indemnisation et du directeur du Bureau des
véhicules. Il doit, lui, pour continuer à conduire son
véhicule, payer des sommes assez fabuleuses en obtenant son V2-C.
C'est toujours la partie que je n'ai pas comprise. Il me semblait que,
lors de la création du fonds d'indemnisation, il y avait certainement eu
une transaction entre les assureurs qui avaient à payer ou à
investir les sommes dans le fonds et, en vertu de cette obligation, de faire
une dénonciation. Vous êtes appelés, après la
commission d'une infraction qui est prévue à l'article 22 de la
loi du fonds, à chercher, pour votre client, un assureur, soit le
même assureur ou un autre assureur.
Ne trouvez-vous pas que cette pénalité, en fin de compte
je dis pénalité parce que c'est peut-être la plus
énorme dans le système qu'on a d'aller doubler la prime
je dis doubler, il faut s'entendre pour prendre un mot assez juste
ne trouvez-vous pas que ce n'est pas déjà une trop forte
pénalité? Je me pose la question. Qu'est-ce que vous en pensez
comme courtiers?
Une autre question à laquelle je voudrais que vous me
répondiez... Je considère que vous allez avoir assez
d'honnêteté professionnelle pour me répondre. Est-ce que,
selon le volume des affaires vous avez trempé dans certaines
choses d'une maison de courtiers... Quand vous n'avez pas de clients
trop dans le rouge, est-ce que vous n'êtes pas capables de procurer
à ces jeunes assurés, qui ont commis je ne vous parle pas
de trois ou quatre infractions, je serais d'accord sur le système
une infraction, une prime à un meilleur taux ou à un taux plus
bas?
M. BERTRAND: Vous me posez plusieurs questions. La
dernière...
M. SYLVAIN: Je résume... Pour ces deux...
M. BERTRAND: ... les primes des jeunes, comme je l'ai expliqué,
ce n'est pas nous qui faisons les primes et, à l'intérieur d'une
gamme de compagnies, il y a des variantes. Les compagnies ont leurs
critères d'acceptation des risques à un certain moment. Il y en a
peut-être une qui a des primes meilleur marché, mais elle dit:
Cette prime est disponible pour le jeune qui a au moins "18 ans et qui a un
cours de conduite, qui a ci et ça. Elle est disponible, et le courtier
va essayer de la trouver, certainement.
Il y en a d'autres qui sont moins flexibles et qui ont une tarification
moins sophistiquée. C'est une prime uniforme. Mais la première
question des surprimes...
Dans l'étude que nous avions remise au comité Gauvin, lors
des audiences publiques du comité Gauvin, nos consultants nous avaient
démontré qu'il y avait une certaine inéquité dans
les surprimes chargées au niveau des accidents, que le bonhomme qui
avait un accident, que les surprimes totales qui étaient chargées
à ce bonhomme pour trois ans lui apparaissaient un peu fortes.
A un certain moment, c'est encore un jeu de statistiques. Si vous en
chargez moins à ce gars,
vous le chargez aux autres parce que la prime est le coût des
réclamations. C'est ainsi qu'on commence. On ne commence pas en disant:
Le prix du produit est de X et on va payer $0.70 de réclamation. On dit:
II y a $0.70 de réclamation et à cela, on ajoute les frais
d'administration. Alors, si vous le chargez à un et que vous ne le
chargez pas à l'autre, vous le distribuez sur l'ensemble à ce
moment.
Mais il est apparu aux gens qu'on avait engagés pour faire une
étude sur cela que certaines des surprimes étaient
discriminatoires et je pense que depuis ce temps, il y a eu une certaine
amélioration dans le régime de tarification. Mais il est
évident que si on étudiait la chose ou que quelqu'un ou que le
gouvernement étudiait la chose à fond, il faudrait probablement
suggérer des mécanismes un peu plus adéquats et un peu
moins sévères pour certaines personnes à qui cela fait
vraiment mal. Je suis d'accord.
M. SYLVAIN: Dernière question. Peut-être que c'est une
opinion personnelle que je vous demande. Prenons le jeune qui a commis, par
exemple, une infraction au test d'ivressomètre, avec plus que .08.
Est-ce que vous considérez que, pour une première infraction ce
jeune est devenu un risque pour l'assureur? Je parle d'une première
infraction, et non pas d'infractions répétées.
M. BERTRAND: La façon dont je le considère importe peu. Ce
n'est pas moi qui fais le prix et ce n'est pas moi qui prends la
décision. Il y a un assureur qui va peut-être être plus
gentil et il y en a un autre qui dira: Non. Ils ont des chiffres et, quand on
regarde les journaux de la fin de semaine, vous regardez l'âge des
bonshommes qui ont des accidents, c'est remarquable qu'ils ont une
fréquence d'accidents beaucoup plus grande que les plus vieux. Les
assureurs ont dû à un certain moment faire des chiffres sur cela
et ils se basent sur ces chiffres pour nous donner une prime, et ce n'est pas
nous qui faisons la prime. Tout ce que nous pouvons faire est de soumettre le
cas, essayer d'intervenir pour le client et dire: C'est un bon diable,
c'était seulement .09 et faites-lui une faveur. Mais, dans le fond, il
n'est pas obligé de me faire de faveur.
M. SYLVAIN: Mais êtes-vous d'accord avec moi quand on dit que
certaines maisons de courtiers ont beaucoup plus de facilité au point de
vue financier à négocier des V2-C?
M. BERTRAND: Oui. Comme toutes les entreprises au monde, il y en a pour
qui c'est plus facile de faire une chose que d'autres. Chacun a un peu sa
"bosse". Il est évident que la facilité de faire quelque chose
n'est pas identique dans tous les bureaux de courtiers. C'est évident.
Il est évident qu'il y a des courtiers qui sont plus habiles que
d'autres et qui réussissent mieux, mais, en général, il
n'y a personne qui a de la facilité.
M. SYLVAIN: Mais est-ce que cela n'est pas pour la masse d'affaires
plutôt que sur la compétence?
M. BERTRAND: Une masse d'affaires pourries, mon cher ami, cela ne
facilite rien. La compétence y est pour beaucoup et chez les assureurs
je pense que je peux dire cela de tous les courtiers les
courtiers compétents sont respectés et ce n'est pas nous qui
faisons les pertes et le jeu de l'assurance est de payer des pertes. Il est
évident qu'il y en aura, mais la grosseur du courtier n'est pas le seul
critère qui détermine cela. Dans certains cas, cela a une
implication, mais ce n'est certainement pas le seul critère, pas plus
que la grosseur d'un bureau d'avocats ne détermine sa
compétence.
L'individu reste encore et c'est peut-être ce qu'il y a dans notre
domaine. Le gouvernement ayant demandé aux courtiers de ne faire que de
l'assurance, ces derniers sont devenus spécialisés. Il y a une
bonne part de compétence de la part des courtiers individuellement.
C'est l'individu qui fait la transaction. Ce n'est pas le nom de sa maison.
M. SYLVAIN: D'accord, merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Portneuf.
M. PAGE: Merci, M. le Président. M. le président de
l'association, sans vouloir entrer dans un autre débat philosophique
comme tel, tantôt nous avons longuement discuté, pour faire suite
à des questions du député de Lafontaine, de ce principe de
responsabilité sociale qu'est un accident d'automobile, qu'est
l'automobile au Québec. J'ai déjà posé la question
à d'autres groupes et je crois opportun de vous la poser à vous,
car vous représentez quand même une partie importante, à
l'intérieur de ce dossier, de l'assurance-automobile. Vous ne croyez pas
que si on accepte, si le législateur accepte qu'un accident d'automobile
et que l'automobile comme telle sont une responsabilité sociale, demain
le législateur sera probablement obligé de considérer que
l'alimentation, le transport et une foule de facteurs comme ceux-là, qui
sont importants dans notre économie, seront aussi une
responsabilité sociale? Est-ce que vous êtes d'accord avec ce
principe?
M. MARQUIS: Oui. On n'a jamais dit qu'on était contre le
système d'indemnisation sans égard à la
responsabilité. Jamais. Notre mémoire dit qu'on suggère
même cela. Tout ce qu'on dit, c'est d'être prudent parce qu'on
s'imagine que le coût va être supérieur. On dit : Si on doit
changer quatre trente sous pour $1.25, on serait peut-être mieux de faire
des études pour être
sûr du coût et être capable de dire: Ce n'est pas plus
dispendieux et c'est...
M. PAGE: D'accord sur ces réticences, et je crois que vous
êtes responsables de les poser, parce qu'autant vous n'avez pas les
chiffres, autant nous n'avons pas les chiffres exacts sur ce que sera le
coût avec le rapport présenté par M. Gauvin, autant nous
n'avons pas de chiffres avec le système proposé par le Bureau
d'assurance du Canada. Alors, la prise de conscience que vous nous demandez, je
pense qu'elle est réaliste et là-dessus je vous félicite
parce que, pour le législateur qui n'aura pas ces chiffres, je pense que
cela va probablement être très difficile de poser un acte
définitif tantôt. Ce que je vous demande : Est-ce que le principe
que l'automobile est une responsabilité sociale, vous y souscrivez, oui
ou non?
M. MARQUIS: Oui, sauf qu'on dit: Jusqu'à un certain palier pour
conserver quand même, dans des cas particuliers où on a
parlé d'un pianiste qui se faisait couper les doigts ou d'un peintre qui
se faisait couper un bras ou d'un coureur à pied qui se fait couper une
jambe ou d'un joueur de hockey, si vous voulez... Ce sont des cas
extrêmes et je pense que, si et le Bureau d'assurance du Canada
semble vouloir offrir un plan... On n'a jamais dit au Bureau d'assurance du
Canada qu'on était contre ou qu'on était pour. On a dit: En
principe, on n'est pas contre, mais dites-nous ce que cela coûte. Quand
on saura ce que cela coûte, à ce moment-là on sera pour,
mais pour autant qu'on garde une partie de responsabilité pour les cas
extrêmes.
M. PAGE: D'accord. Une brève question maintenant, on en a
discuté avec votre fédération lorsqu'elle est venue nous
rencontrer, je croyais qu'il y aurait peut-être des questions dans ce
sens ce matin. En ce qui vous concerne, en ce qui concerne les membres de votre
corporation, quel serait l'effet et vous y avez probablement beaucoup
pensé, vous avez certes mis des chiffres là-dessus demain
matin, de l'adoption intégrale du rapport Gauvin sur l'avenir de votre
corporation et de ses membres.
M. MARQUIS: Intégrale? M. PAGE: Oui.
M. MARQUIS: Cela va être un chiffre peut-être arbitraire,
mais je pense qu'en se basant sur des statistiques qui sont peut-être
plus ou moins valables, il y a des courtiers qui ont une moyenne... Si on a 50
p.c. de volume d'assurance-automobile dans la province de Québec, il est
certain qu'il y a des courtiers qui en ont 70 p.c. et d'autres en ont 30
p.c.
Ceux qui ont des volumes excédant je dirais 60 p.c. ou 65 p.c. de
leur volume en assurance- automobile, j'ai l'impression qu'ils vont être
obligés de fermer leurs portes, il n'y a aucune espèce de doute
là-dessus. Maintenant, quelle est la proportion de ça,
c'était quand même assez difficile à évaluer. Mais
on calcule qu'on a 4,500 courtiers, on a 2,300 bureaux et plus, est-ce qu'il
serait osé de croire que 50 p.c. des bureaux ou des courtiers seraient
hors d'affaires le lendemain? C'est très possible.
M. PAGE: D'accord là-dessus.
M. MARQUIS: Absolument, tous les courtiers, sauf quelques
exceptions...
M. VEILLEUX: Ce serait bon pour 52 semaines...
M. PAGE: Ce sera une responsabilité sociale, il nous faudra
penser à ça aussi.
M. MARQUIS: Cela deviendra une responsabilité.
M. VEILLEUX: On va être obligé de le payer de l'autre
côté, on est aussi bien de laisser brailler le monde.
M. PAGE: Vous me permettez, le député de Saint-Jean?
M. VEILLEUX: Oui.
M. GREGOIRE: Je vous ferais remarquer, M. le député, que
même si c'est vrai ce que notre président vient de dire, c'est que
la position de notre association, dans ses représentants, tant au
comité sur l'étude de l'assurance qu'à la commission
parlementaire, n'était pas de répondre à la question que
vous venez de poser. Notre préoccupation, c'est de savoir si on doit
retirer au public québécois les services qu'il possède
actuellement.
M. PAGE: Vous avez fait preuve de beaucoup d'objectivité en
prenant...
M. GREGOIRE: Je pense.
M. PAGE: D'accord. A la page 6 du mémoire, vous suggérez,
au chapitre de la sécurité routière, que soit
créé un conseil supérieur de la sécurité
routière dont le financement sera libre de toute influence politique ou
autre. C'est quoi, ça?
M. MARQUIS: C'est arrivé aux Etats-Unis où on a
créé un organisme comme ça avec des subventions de $100
millions et plus. A un moment donné, l'Etat en question, le gouvernement
fédéral, je serais mal placé pour dire lequel, a
décidé qu'il avait besoin des $80 millions ailleurs. Il l'a pris
et l'a mis ailleurs. Si on donne une subvention statutaire, qu'est-ce
que ça va coûter, ça, je ne serais pas en mesure de
le dire. Est-ce que ça va coûter $10 millions ou $100 millions? Je
pense que c'est quand même important parce qu'on parle de vies humaines,
on parle du peuple, la personne qui est estropiée pour le reste de ses
jours, c'est quand même un fardeau aussi.
M. PAGE: Lorsque vous dites, "libre de toute influence politique" vous
ne voulez pas dire par là que ce ne soit pas financé en partie
par le gouvernement? Il faudrait que ce soit statutaire.
M. MARQUIS: C'est ça.
M. BERTRAND: M. le député, si je peux me permettre, on ne
croit pas qu'un organisme de sécurité tel qu'on propose devrait
avoir un budget nécessairement lié aux primes, à savoir 1
p.c. de $400 millions. Si ça coûte $2 millions pour faire le
travail, il n'y a pas de raison d'avoir un budget de $4 millions. Si ça
en coûte $6 millions, il ne devrait pas être lié à $4
millions. C'est ce qu'on veut dire et, à ce moment-là, trouver le
coût de ce système et l'accorder sous forme de budget sans
réserve. Si le taux des accidents baisse et si les primes tombaient
à $300 millions est-ce que le rôle va baisser de 50 p.c? C'est
ça qu'on ne veut pas.
M. PAGE: Qu'il soit certain de son financement.
M.BERTRAND: Exact, et qu'il ne dépende pas de facteurs qu'il ne
contrôle pas.
M. PAGE: Une dernière petite question, M. Bertrand, que je vous
pose à vous. J'espère que la réponse sera aussi
brève que la question. C'est peut-être une question de colle, mais
ce matin, je pense que vous avez fait un très bon témoignage, une
très bonne déposition. C'est peut-être le genre de question
que vous posez dans vos examens corporatifs, remarquez. Qu'est-ce qui est le
plus important pour le consommateur, le prix ou le service?
M. BERTRAND: Très bonne question, on va la poser au prochain
examen. Il est évident qu'au moment de l'achat, la seule
préoccupation du consommateur, est le prix. Le service, c'est ce qu'il
voit après. C'est là que le consommateur apprécie ce qu'il
a acheté quand il voit le service par la suite. Si vous ne lui en donnez
pas par la suite, vous n'en avez plus de client. Ce sont les deux. Ils sont
intimement liés.
M. PAGE: Merci.
M. BOSSE: Vous avez donné la réponse.
M. TETLEY: Je dois insister pour qu'il y ait une réponse à
chaque question. C'est la règle à la cour. Les réponses
sont un peu trop longues, je trouve; c'est mon opinion. Pas deux
réponses de deux personnes, non plus.
M. VEILLEUX: II y a quand même eu des membres de la commission qui
ont eu pratiquement trois quarts d'heure, une heure, pour poser des questions.
J'aimerais bien que nous aussi, nous ayons la possibilité d'en poser,
parce que nous en avons nous aussi.
M. ROY: On n'a aucune objection et je ne voudrais pas que le
député de Saint-Jean se sente lésé d'aucune
façon, M. le Président.
M. TETLEY: M. le Président, il y a un moyen de poser une
question. Lorsque vous avez votre réponse, ne répondez pas une
deuxième fois à la même question et ne laissez pas au
témoin le...
M. VEILLEUX: Si je peux répondre au ministre. Nous avons
vécu l'expérience dans une autre commission parlementaire. Les
règlements prévoient une période pour les témoins,
20 minutes pour présenter le mémoire; le reste, pour les
questions. On avait divisé le temps entre les différents partis
et les membres du parti. On peut procéder comme cela, mais je veux bien
que les membres du Parti libéral, dont je fais partie, aient la
même opportunité que les membres du Parti québécois
et du Parti créditiste, sinon présidentiel, de poser des
questions.
M. TETLEY: M. le Président, s'il y a un ministre qui vous a
donné cette occasion, c'est moi. Il n'y a aucun autre ministre qui vous
a donné cela. J'ai posé huit minutes de questions ce matin et je
viens de faire une entente avec l'Opposition afin que vous ayez même plus
de temps pour poser vos questions. S'il vous plaît, il y a un moyen de
poser une question; lorsque vous avez votre réponse, ne jouez pas avec
la réponse, procédez à une deuxième question.
M. ROY: M. le Président, je ne voudrais pas que le
député de Saint-Jean vous...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Pour trancher la
question, j'inviterais cet après-midi, les membres de la commission
à présenter une motion à l'effet que l'article 8 de nos
règlements, l'application des règles de pratique, soit suivi. Cet
article se lit comme suit: "La durée limite..."
UNE VOIX: Cela s'applique toujours.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Pardon? Les règlements, ce sont
des...
M. TETLEY: Nous avons un meilleur...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Ce sont des
règles de pratique et non des règlements. C'est pour cela
qu'à ce moment, il faut apporter une motion à cet effet.
Quelle que soit la compétence de la présidence, c'est
écrit, et j'inviterais, au début de la séance de cet
après-midi les membres de la commission à faire une motion pour
qu'on observe ou qu'on amende l'article 8 des règles de pratique.
Messieurs, nous allons continuer. Est-ce que vous avez fini, M. le
député de Portneuf?
M. PAGE: Oui, monsieur.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de
Trois-Rivières, s'il vous plaît.
M. BACON: Je vais essayer de faire mes commentaires les plus courts
possible, M. le Président.
M. PAGE: Ne te répète pas.
M. BACON: Je vais essayer de ne pas répéter surtout les
questions qui ont été posées. La semaine dernière,
M. le Président, nous avons eu l'occasion de rencontrer la
Fédération des assureurs. Cela nous a d'ailleurs donné
l'occasion de nous prononcer sur le taux du courtier. Vous avez parlé au
début de votre mémoire d'une négociation. Peut-être
dans vos premières réponses aux questions des membres de la
commission, vous avez parlé de négociations, d'honoraires, de
tarifs. Vous étiez ouverts à des discussions sur la question des
honoraires et des tarifs. A qui donnez-vous la compétence, s'il y avait
lieu, de vous ou de la fédération, de négocier les
questions d'honoraires?
M. MARQUIS: Je peux peut-être faire erreur, mais je ne crois pas
avoir dit qu'on était prêt à négocier. Je ne crois
pas avoir dit cela, parce que la loi ne nous permet pas de réglementer
les taux de commission payables par les assureurs. Ce que M. Bertrand a dit,
c'est que si jamais on s'en venait sur honoraires, à ce moment, il y
aurait entente entre la fédération, probablement, et
l'Association des courtiers, parce qu'il y a quand même un
problème majeur. C'est que si on a un minimum, un tarif minimum qui est
applicable, il va falloir que quelqu'un le fasse appliquer. Nous avons,
à l'Association des courtiers d'assurances, un bureau de discipline, un
comité d'éthique professionnelle qui est dans notre loi, au
chapitre 268 des Statuts refondus. A ce moment, cela va être l'entente
qui, parce qu'il n'est plus question de négociations avec des compagnies
d'assurance, si ce sont des frais qui sont établis par un organisme. On
ne réglemente pas l'entente entre l'assureur et le courtier. On
réglemente des honoraires minimums.
M. BACON: A la page 8 de votre mémoire, au troisième
paragraphe: "II est parfaitement évident qu'avec le système
proposé dans le rapport Gauvin, le coût de l'assurance-automobile
au Québec sera certainement plus élevé". Vous nous
référez à une annexe à un moment donné,
l'annexe D, page 3, où vous dites â la fin du deuxième
paragraphe, "que l'automobiliste québécois soit appelé
à payer à peu près le même prix qu'actuellement pour
son assurance-automobile"... Pourriez-vous me faire la nuance
proposée?
M. GREGOIRE: Tout simplement que si on arrive à dire que le
système proposé par le comité d'étude pourvoit
présentement à toute la population, moins 15 p.c, il faudrait que
ces 15 p.c. de la population, qui ne seraient peut-être pas servis par le
système, dans l'obligation d'acheter des assurances additionnelles qui
ne seront pas prévues par le système proposé,
créeraient le coût additionnel dont on parle, en grande
partie.
M. BACON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. le Président, j'aurais pensé qu'on aurait
pu reporter le tout à cet après-midi?
LE PRESIDENT (M. Brisson) : Non, je désire finir avec
l'Association des courtiers, afin de ne pas la faire revenir cet
après-midi.
M. TREMBLAY: Je m'excuse. J'avais serré tous mes papiers, je vais
essayer de les retrouver.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Courte question, ce ne sera pas long.
M. TREMBLAY: Cela va être très court, M. le
Président. Tout d'abord, permettez-moi de remercier et de
féliciter l'Association des courtiers du Québec pour la
qualité de leur mémoire. Leur présentation est très
valable. Juste quelques petites questions. Au chapitre 2 du
résumé du mémoire, b), puisque vous recommandez dans votre
mémoire l'acceptation d'un régime comprenant une assurance sans
égard à la responsabilité, obligatoire jusqu'à un
certain palier à déterminer et qu'il soit formulé dans les
plus brefs délais, je me permettrai de vous demander si vous avez
contemplé une limite dans votre esprit de courtier, comme association,
comme groupe, que vous pourriez suggérer à un moment donné
au gouvernement ou à l'organisme qui sera en voie de refaire
peut-être les structures, en regard des dommages matériels et des
dommages corporels?
M. BERTRAND: Dans notre souci de bien protéger la population, on
pourrait suggérer un plafond qui pourrait peut-être
s'avérer un peu
dispendieux. C'est aussi ce qu'on ne veut pas: Etre dispendieux.
Comme on a essayé de l'expliquer, on n'est pas actuaire. Il
semble que les chiffres qui se discutent dans d'autres provinces, dans d'autres
Etats, si situent aux alentours de $20,000. Il y en a qui parlent de $10,000,
de $20,000, de $25,000. Cela semble être le "range"...
M. TREMBLAY: Global ou dans les deux secteurs différents?
Matériel d'abord, et corporel ensuite.
M. BERTRAND: En blessures corporelles. Cela semble être la
variante qui se discute, et on présume que les gens qui en discutent ont
les services d'actuariat pour arriver à dire: On se réveille
à peu près dans les mêmes coûts. Après qu'il
aura été mis en vigueur, on aimerait peut-être mieux qu'il
commence bas, quitte à l'augmenter quand on en connaîtra les
coûts réels, que de commencer trop haut et d'avoir une
réaction très défavorable à la fin parce que le
coût sera trop élevé. Parce qu'on ne revient jamais en
arrière dans des bénéfices au public.
M. TREMBLAY: Vis-à-vis des dégâts matériels,
des dommages à l'automobile proprement dits?
M. BERTRAND: Les dégâts matériels, si on parle
d'assurance obligatoire, là-dessus, on a des... Pas assurance
obligatoire, mais collision obligatoire, parce qu'on enlèverait au
citoyen son droit de recours, à ce moment, il n'y a pas besoin, dans le
fond, de limite sur cela, parce que c'est facilement appréciable, du
dommage matériel, et rapidement appréciable. Mais, à ce
moment, on se pose également des questions. Il faudrait savoir si la
population veut être forcée d'assurer son propre véhicule
pour la collision et si elle accepte de perdre son droit de recours. Si elle le
veut, on est bien d'accord.
M. TREMBLAY: Je suis d'accord avec vous. C'est là qu'est le
hic.
Le troisième paragraphe, page 10 de votre mémoire. En
lisant ce paragraphe, je reconnais facilement la réclame de la
télévision qui fait la promotion des courtiers du Québec
avec pas mal de subtilité et beaucoup d'habileté, lorsqu'on dit
que le courtier, finalement, est celui qui se charge d'acheter pour vous de
l'assurance et non pas de vous la vendre. C'est une subtilité de style
fameuse qui parvient, probablement, à convaincre beaucoup de gens que
vous êtes plus ou moins des philanthropes à commission.
M. MARQUIS: Merci.
M. TREMBLAY: Maintenant, est-ce que, dans l'optique plus réaliste
et plus pratique, un bureau de courtiers d'assurance, qui veut
réellement prendre de l'expansion et obtenir de nouveaux clients, est-ce
que le courtier fait de la vente réellement, de la sollicitation person-
nelle ou si simplement il se fie aux annonces de télévision,
à l'image qu'il veut créer, qu'il attend le client à la
porte de son bureau?
M. BERTRAND: Je pense qu'il ne fait pas plus de vente que l'avocat ou
l'architecte ou l'ingénieur. A un certain moment, les gens le
reconnaissent pour ce qu'il est. Ils ont confiance en lui et je pense que la
majorité des clients qu'un courtier a lui proviennent de ses clients
satisfaits.
M. TREMBLAY: Mais quand vous avez un bon client en main, vous essayez de
le conserver par votre service.
M. BERTRAND: On le conserve en lui donnant des bons conseils. S'il se
réveille et qu'on a oublié de lui dire quelque chose qu'on aurait
dû lui dire, on vient de perdre un client.
M. TREMBLAY: Bon.
M. BERTRAND: Et c'est ainsi qu'on les maintient.
M. TREMBLAY: Et votre incitation ou votre motivation profonde comme
courtier d'acquérir de nouvelles affaires...
M. BERTRAND: Oui.
M. TREMBLAY: ... qu'est-ce que c'est? Est-ce que c'est de vous fier
à l'annonce télévisée ou à l'image du
monsieur... ou si vous allez vers le "business"? Il faut le dire.
M. BERTRAND: D'accord, mais on ne se fie pas...
M. TREMBLAY: Vendez-vous un produit ou achetez-vous un produit?
M. BERTRAND: Un pour cent des courtiers frappent aux portes pour faire,
dans le sens péjoratif du mot, de la vente à pression. Ils ne
font plus cela. Ils n'ont pas le temps.
M. TREMBLAY: Le courtier qui a débuté ou qui débute
rappelez-vous vos premières années...
M. BERTRAND: Oui.
M. TREMBLAY: ... en affaires, c'était probablement plus cela que
la façon philanthropique d'attirer le client.
M. BERTRAND: Non. Mon exemple est mauvais parce que j'ai acheté
le bureau de mon père pour commencer et c'était assez facile,
mais disons que je n'ai pas frappé à des portes. Aujourd'hui, le
gars qui commence, je dirais dans 75 p.c. des cas, s'en va travailler pour un
autre courtier. Il peut y apprendre son métier de courtier, il y a
accès à des dossiers pour
parfaire ses connaissances. En définitive, c'est là qu'il
va et c'est la référence, je dirais, à 75 p.c, à 80
p.c., à 90 p.c. Il y en a un peu qui vient par annonce, le bonhomme qui
appelle, qui cherche un prix, qui cherche quelque chose et on essaie de
régler son problème. Mais nous réglons les
problèmes.
M. TREMBLAY: C'est peut-être cette image de tout repos que vous
cherchez à créer dans le public qui a incité M. Gauvin
à vous dire que, finalement, vous deviendrez des conseillers.
M. BERTRAND: Nous le sommes depuis que le Parlement du Québec
nous a donné un bill en 1963. Il n'a pas fait une grande
découverte cette fois-là.
M. TREMBLAY: Vous savez dans quelle optique je dis cela.
M. BERTRAND: Oui.
M. TREMBLAY: M. Gauvin contemple votre...
M. BERTRAND: II avait peut-être un mauvais courtier. Je ne sais
pas. S'il avait un mauvais courtier et qu'il n'était pas satisfait, il
avait le choix d'aller en voir 4,500 autres.
M, TREMBLAY: Bon. Un peu plus sérieusement, messieurs, vous
parlez de disponibilité. Je n'en ai aucun doute. Quel est le nombre de
bureaux de courtiers bien établis au Québec? 2,300?
M. MARQUIS: A peu près 2,300. Oui.
M. TREMBLAY: Etes-vous soumis aux heures ouvrables
déterminées pour le commerce en général, soit de 9
heures à 5 h 30?
M. MARQUIS: Nous, personnellement, non.
M. TREMBLAY: Le jeudi, de 9 heures à 9 heures... Vos bureaux
ouverts au public... La porte barrée ou ouverte...
M. MARQUIS: Ce sont des heures normales d'affaires...
M. TREMBLAY: Bon.
M. MARQUIS: ... excepté que, dans toutes nos annonces, on a
également le numéro résidentiel des personnes qui sont des
courtiers.
M. TREMBLAY: Mais, à toutes fins pratiques, à votre
bureau, votre pignon sur rue, la porte est barrée à 5 heures ou
à 5 h 30.
M. MARQUIS: Oui.
M. TREMBLAY: Est-ce que vos bureaux sont ouverts le vendredi soir?
M. MARQUIS: Au point de vue des employés, oui. Mais je peux vous
donner mon cas personnel. Je suis souvent là même le samedi. A ce
moment-là, si un client vient, ou le soir, à six heures, parfois
je peux quitter le bureau à six heures et six heures et quart.
M. TREMBLAY: Encore là, il faut voir la disponibilité avec
des nuances.
UNE VOIX: Non.
M. BERTRAND: Cela dépend de la clientèle que l'on
sert.
M. TREMBLAY: Le service du bureau n'est pas à la disposition du
public, comme vous dites...
M. MARQUIS: 24 heures par jour, non. Le courtier l'est par exemple.
M. TREMBLAY: ... comme la pharmacie Montréal.
M. BERTRAND: Elle est fermée, la pharmacie Montréal. Cela
a été vendu, on a fait presque...
M. TREMBLAY: Je vous remercie, messieurs.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Merci, M. le Président. UNE VOIX: St. John's member,
en français.
M. VEILLEUX: Si on regarde le rapport Gauvin aux pages 222 et suivantes,
on fait une étude comparative entre les régimes de la
Saskatchewan, du Manitoba, le régime normalisé du Manitoba et le
régime du Québec. Relativement à la mise en marché,
on retrouve un écart ou une augmentation du coût du régime
du Québec, face à la Saskatchewan, de 10.2 p.c. et, face au
Manitoba, de 8.8 p.c. Le rapport Gauvin dit simplement que cet écart de
8.8 p.c. est dû à la faute si je lis bien exclusive
des courtiers. Lorsqu'il dit: Dans les autres provinces, le courtier n'est
aucunement impliqué dans le règlement des sinistres, il n'est pas
tenu de maintenir des comptes à recevoir et à payer, etc.,
j'aimerais avoir votre avis. Etes-vous d'accord avec cela que ce 8.8 p.c. de la
mise en marché, c'est seulement votre faute?
M. BERTRAND: Le mot "faute" est peut-être grand. Le service qui
est donné au public, est-ce qu'on ne l'a pas simplement
transféré de
place? C'est vrai que le courtier en Saskatchewan n'est peut-être
pas impliqué dans le règlement des sinistres, mais le
député de Lafontaine ne serait pas ici ce matin. Ce matin, c'est
sa secrétaire qui s'occupe de sa réclamation et cela va marcher,
mais, en Saskatchewan, il serait en ligne à attendre pour savoir combien
il a de dommage sur son auto. A ce moment-là vous pouvez
transférer les coûts où vous voulez. Si vous voulez prouver
qu'on ne devrait rien avoir, c'est évident que vous pouvez
transférer à d'autres, mais finalement quant au coût
réel à la société, je ne suis pas en mesure de vous
dire qu'il y a une économie d'un bord ou de l'autre. Il y a une
économie dans ce chiffre de façon abstraite en le regardant comme
tel, mais est-ce que c'est cela que le monde veut?
M. VEILLEUX: Je comprends bien...
M. BERTRAND: II y a une différence de coût, c'est
évident.
M. VEILLEUX: Personnellement, j'aime mieux donner un coup de
téléphone à mon courtier ou aller le voir à la
maison le soir à neuf heures, parce qu'il est disponible à neuf
heures, même à onze heures si j'arrive à Saint-Jean
à onze heures, que d'aller à un bureau du gouvernement qui ferme
à cinq heures, quatre heures et demi quand les employés ne sont
pas à leur pause-café.
Ce que je veux savoir, M. Gauvin le dit là-dedans que
l'écart de 8.8 p.c. est là parce que les courtiers donnent des
services qu'on ne donne pas ailleurs. Je veux savoir, de votre part, si, en
regard de la mise en marché, c'est vrai ce que M. Gauvin dit dans son
rapport ou s'il peut y avoir d'autres facteurs que le courtier qui font qu'il y
a un écart de 8.8 p.c.
M. BERTRAND: C'est peut-être un peu moins que cela, on ne tient
pas compte d'autres facteurs. N'oubliez pas que, dans ça, on analyse le
régime de base de la Saskatchewan et on ne tient pas compte des frais de
distribution et de service sur le régime supplémentaire où
les courtiers touchent une commission de 20 p.c. Il faudrait peut-être
faire le coût total mais il y a assurément une différence
dans les services. On l'a dit et on le répète, c'est à
cause du statut professionnel du courtier qui ne fait que ça. Il faut
donner du service, c'est ça qu'on vend au public, du service et de la
satisfaction. Si j'avais une station d'essence dans ma cour et une ferme
à côté, et c'était juste pour payer
l'hypothèque sur la ferme, je prendrais des commandes. C'est la
situation dans les autres provinces, où vous avez un petit pourcentage
de gars qui sont à temps plein. Les autres, c'est du temps partiel.
C'est évident que si le courtier fait seulement ça, son
degré de compétence et de connaissances, je dirais, est
inférieur, en moyenne. Il est assurément inférieur, il y a
des gars compétents partout, mais il est inférieur et ça
se situe à ce niveau des services. Je pense que sa conclusion est
réelle, qu'on donne plus de services et ça coûte plus cher
dans ce sens.
M. VEILLEUX: Compte tenu des éléments que vous avez
mentionnés, l'écart n'est pas nécessairement de 8.8 p.c.
Si je comprends bien, si la Saskatchewan et le Manitoba publiaient le
coût de l'excédent de la prime de base, l'écart serait
peut-être de 5 p.c. ou 4 p.c. ou 8 p.c. ou 7 p.c, ça, on ne l'a
pas dans le rapport. Il y a un autre élément, c'est le dernier,
parce que je ne veux pas prolonger les débats, vous avez à la
page 223, complètement en bas, la fréquence des sinistres par 100
véhicules, on dit: "Le coût moyen des dommages au Manitoba est de
$533 et le coût moyen des dommages au Québec est de $808, donc un
écart de $275." Cet écart, d'après l'expérience que
vous avez, est-il dû au fait que quelqu'un qui entre dans
l'arrière de l'automobile, y entre d'une façon plus rapide au
Québec, ce qu'il fait qu'il cause plus de dommages, comme c'est
arrivé au député de Lafontaine, ou si c'est dû au
fait que les pièces d'automobile, la réparation, les salaires
qu'on paie au mécanicien, etc., sont plus élevés au
Québec que là-bas?
M. BERTRAND: C'est un facteur, il y en a plusieurs. C'est évident
que, si on conduit moins bien, on en a un peu plus et on arrive à
l'arrière de l'autre auto plus rapidement. Cela en fait un peu plus.
Vous soulevez un problème qui est fantastique. La question de la douane
sur les pièces. Ce n'est pas un problème québécois.
Mais, à un moment donné, les pièces sont taxées
d'une façon exorbitante, de la même façon en Saskatchewan
qu'au Manitoba. Mais ça contribue au coût élevé des
sinistres. Les salaires à Montréal sont assurément plus
élevés qu'en Saskatchewan.
En Colombie-Britannique, de ce temps-là, il commence à y
avoir des problèmes parce que, pas autant leur fréquence que leur
coût moyen commence à augmenter, et les garages commencent
à travailler à $16 ou $18 l'heure en Colombie-Britannique. La
corporation d'assurance commence à être inquiète, parce que
cela va prendre des sous pour payer cela. Si vous le donnez au
mécanicien, il faut le recharger quelque part. Ensuite, il y a la
densité de la circulation. En Saskatchewan, vous êtes loin de
votre mère pour longtemps. C'est droit et on les voit venir, mais on
n'est pas au Québec.
M. VEILLEUX: Quand on passe dans le tunnel Hippolyte-Lafontaine, on ne
voit pas trop clair.
M. BERTRAND: Non. On voit clair, mais on va trop vite.
M. VEILLEUX: C'est ce qui est arrivé au député de
Lafontaine, je crois, ce matin.
M. BERTRAND: Malheureusement.
M. LEGER: II faut admettre que je n'allais pas assez vite, parce qu'il
m'est arrivé dans le dos; je n'allais pas assez vite.
M. BERTRAND: Vous avez freiné trop rapidement.
UNE VOIX: Chose certaine, c'est qu'il n'est pas coupable.
M. BERTRAND: Excusez, M. le député.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. TETLEY: Messieurs, j'ai une question et, par la suite, j'aimerais
faire un sommaire de ce que j'ai retenu de votre mémoire et de votre
important témoignage. Le comité Gauvin a stipulé que toute
compagnie devrait être obligée de vendre directement,
c'est-à-dire au comptoir, sans retirer le droit aux citoyens de passer,
s'ils le veulent, par leur courtier préféré qui donne des
services. C'est ce que vous venez de mentionner. Avez-vous objection à
cette conclusion du rapport Gauvin?
M. MARQUIS: Certainement, M. le ministre. M. TETLEY: Oui. M. MARQUIS:
Oui.
M. TETLEY: Lesquelles? Vous ne voulez pas donner aux citoyens le droit
d'aller au groupe Commerce directement? Hein? Le groupe Commerce ne vend pas
directement.
M. MARQUIS: Non.
M. TETLEY: Vous ne voulez pas donner aux citoyens le droit d'aller au
groupe Commerce directement?
M. MARQUIS: Je vais vous expliquer. Je pense que c'est assez simple, M.
le ministre. Il va y avoir un client qui va venir me voir, il va me poser des
questions et je vais lui trouver la meilleure compagnie. Disons, en
l'occurence, pour prendre votre exemple, que c'est le groupe Commerce. Il
ressort du bureau et s'en va directement au groupe Commerce et, moi, j'ai perdu
une demi-heure de mon temps et je n'ai rien. Je lui ai quand même rendu
un service appréciable. Il va aller le chercher directement au comptoir,
après que, moi, je le lui aurai dit, avec mes connaissances.
M. TETLEY: La solution de M. Gauvin, c'est de vous
rémunérer comme spécialistes ou conseillers, vous pourrez
en conséquence envoyer votre compte.
M. MARQUIS: Oui, d'accord. Mais une fois que je lui ai trouvé la
compagnie, il va y aller directement. Qui va lui dire qu'à chaque
année, cela va être la meilleure?
M. TETLEY: II y a un rapport direct, parce que vous donnez de tellement
bons services.
M. MARQUIS: Pardon?
M. TETLEY: Vous donnez de tellement bons services qu'ils vont rester
avec vous. C'est votre argumentation de ce matin.
M. MARQUIS: Oui. C'est ce qu'on dit. A ce moment, il y a une chose, je
pense, qui n'a pas été prise en considération, c'est que
si les compagnies sont obligées de répondre aux demandes du
public, en général, le public on va prendre un exemple
d'une personne en particulier monsieur X va peut-être faire 22, 24
ou 50 appels téléphoniques à 50 compagnies
différentes pour avoir les taux, parce que même s'il a le manuel,
il ne comprendra pas grand-chose, je pense. Je ne veux déprécier
personne, mais c'est un fait, les manuels de taux ne sont que des chiffres. A
ce moment, s'il faut multiplier par x le nombre de personnes qui vont faire
cela, de l'autre côté, il va y avoir besoin de lignes
téléphoniques additionnelles, c'est indéniable, il va y
avoir besoin de bureaux de service et de bureaux de vente pour répondre
à la demande. Est-ce qu'à ce moment on ne change pas tout
simplement le mal de place, si mal il y a?
M. TETLEY: C'est une question de liberté. Je constate que,
malgré le témoignage de ce matin, au sujet de 86 p.c. des gens
qui préfèrent les courtiers, les courtiers
préfèrent que ces gens n'aient pas le droit quand même
d'aller visiter la plupart des compagnies d'assurance, directement.
M. MARQUIS: M. le ministre, je m'excuse. Ils ont le droit, il n'y a rien
qui empêche...
M. TETLEY: Ils n'ont pas le droit.
M. MARQUIS: ... les clients d'aller voir les compagnies qui font
affaires avec des courtiers, d'accord. Il existe des compagnies, ce qu'on
appelle les "direct writers" les compagnies au comptoir existent. Ils ont le
choix d'y aller ou de ne pas y aller. Il n'y a personne qui les oblige à
venir me voir, moi, en particulier. Cela existe actuellement.
A ce moment, vous décuplez, je pense, l'administration d'une
compagnie d'assurance, peut-être pas demain matin, mais avec le temps.
Les compagnies vont se sentir dans l'obligation de se faire de la concurrence
au comptoir, sur la place publique.
M. BERTRAND: M. le ministre, j'aimerais ajouter...
M. TETLEY: Non, une réponse par témoin, vraiment, un
avocat et un témoin.
M. BERTRAND: Je me rallie à votre décision.
M. TETLEY: Vous avez donné votre réponse, c'est non. Vous
avez donné les raisons.
Je vous remercie de votre témoignage, que je trouve important. Je
dois ajouter qu'un gouvernement doit penser à tous les niveaux de la
société, à tous les groupements, y compris les
consommateurs. Vous voyez le dilemme. Je crois que cela a très bien
été présenté ce matin. Je note surtout que vos
chiffres sont plutôt au sujet de votre métier que des autres,
comme la question de la sécurité routière, etc.
Je vous remercie de votre témoignage, messieurs.
M. MARQUIS: M. le Président, si vous me permettez une
dernière remarque, j'aimerais remercier tous les membres de la
commission parlementaire qui ont bien voulu nous écouter attentivement
et nous poser des questions très valables, je pense. Merci
infiniment.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 3 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 19)
Reprise de la séance à 15 h 8
M. BRISSON (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
La parole est au ministre des Institutions financières.
M. TETLEY: M. le Président, je propose que la
Société d'assurance des Caisses populaires qui est notre
invitée d'honneur cet après-midi, ainsi que la famille Tansey...
Après que vous aurez présenté votre mémoire, dans
l'espace de dix minutes apparemment, c'est le temps que vous m'avez dit
vous être acceptable, c'est même suggéré par vous
après, j'aurai le droit de poser des questions pendant vingt
minutes; l'Opposition officielle, vingt minutes; le député de
Beauce-Sud, vingt minutes, et les députés ministériels,
vingt minutes. C'est possible que je ne prenne pas mes vingt minutes. Je vais
faire tout mon possible. Comme cela, cela va prendre une heure et vingt minutes
pour chaque témoin. Nous allons partir avant six heures.
M. LEGER: Vous dites vingt minutes possibles pour le ministre, vingt
minutes pour l'Opposition officielle et vingt minutes...
M. TETLEY: Pour le député de Beauce-Sud.
M. LEGER: ... pour le député de Beauce-Sud, cela fait 60
minutes; le comité, cela fait 70 minutes.
M. TETLEY: Et le reste des députés, 20 minutes.
M. LEGER: Ecoutez, M. le Président, je ne voudrais pas que ce
soit une règle générale...
M. TETLEY: ... aujourd'hui.
M. LEGER: ... que ce soit un précédent. Etant donné
que cela convient à tout le monde... Je voudrais que ce soit un cas
particulier pour aujourd'hui, parce que, normalement, le gouvernement a un
temps limité, l'Opposition a un temps équivalent et les autres
partis ont un autre temps, mais, pour bien travailler, je suis d'accord
à la condition que ce ne soit pas un principe qu'on veut mettre de
l'avant.
M. TETLEY: Aujourd'hui seulement. J'ai proposé 20 minutes pour le
ministre, mais je vais faire l'impossible pour me taire; l'Opposition
officielle, 20 minutes; le distingué député de Beauce, 20
minutes, et les députés ministériels, 20 minutes. Les
Caisses populaires ont accepté de n'avoir que 10 minutes ainsi que la
famille Tansey. On peut partir avant six heures, c'est un règlement pour
aujourd'hui tout simplement.
M. ROY: Cela me va, M. le Président, en ce
qui me concerne. D'ailleurs, nous en avions parlé un peu
privément ce matin et c'est une formule que j'avais acceptée.
M. TETLEY: Parfait. Messieurs des Caisses populaires.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Pierre Bornais.
Société d'Assurance des Caisses
populaires
M. ADAM (François): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les députés, à titre de président de la
Société d'assurance des caisses populaires et de la
Sécurité, Compagnie d'assurance générale du Canada,
deux sociétés d'assurance générale,
propriété des caisses populaires, et, sachant que votre temps est
fort précieux, je me limiterai, à ce stade, à vous
remercier de nous avoir fourni l'occasion de soumettre un mémoire
à votre commission parlementaire et vous présenter notre...
M. LEGER: Voulez-vous identifier les personnes qui sont avec vous?
M. ADAM: C'est ce que j'allais faire, M. le député, et
vous présenter la délégation de nos deux
sociétés d'assurance générale. Me Pierre Bornais,
directeur général de la Société d'assurance des
caisses populaires; M. André Chamberland, directeur
général de la Sécurité, compagnie d'assurance
générale du Canada; M. Pierre Archambault, directeur de
l'assurance-automobile pour la Sécurité; M. Raymond
Bouillé, directeur des services d'assurance-automobile pour
l'Association des caisses populaires, et votre humble serviteur,
François Adam.
LE PRESIDENT (M. Brisson): François? M. ADAM: Adam.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Merci, M. Adam.
M. ADAM: J'inviterais maintenant Me Pierre Bornais, co-auteur du
mémoire que nous avons déposé, à formuler quelques
commentaires pas plus de dix minutes, M. le ministre, je vous le
garantis. A la suite de cette présentation, il me fera plaisir de
répondre aux questions que vous jugerez à propos de nous
formuler. Merci.
M. BORNAIS (Pierre): M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission parlementaire, je résumerai donc le plus
brièvement possible les points saillants de notre mémoire.
En janvier 1972, la Fédération des caisses populaires
présentait un mémoire au comité
Gauvin dans lequel un certain nombre d'améliorations
étaient proposées et dont certaines furent retenues.
Aujourd'hui, c'est avec plaisir que nos deux institutions d'assurance
présentent à la commission parlementaire leurs commentaires sur
l'ensemble des recommandations du rapport Gauvin, lesquels seront
élaborés dans l'ordre soumis par le comité à
savoir: la sécurité routière, l'indemnisation des victimes
d'accidents d'automobile et l'administration du régime
proposé.
Sécurité routière. Il nous a été
agréable de constater l'importance attachée par le comité
Gauvin à la sécurité routière et nous endossons
fortement la création d'un conseil de sécurité avec tous
les pouvoirs requis. Nous souhaitons que les assureurs, en raison de leur
expérience dans le domaine, soient appelés à siéger
sur ce comité.
Au niveau du financement, le mode proposé nous paraît
très discutable, puisque la sécurité routière,
à notre avis, bénéficie à tous. Nous
suggérons deux autres modes: une taxe sur l'essence, ce qui est une
relation directe avec l'usage du réseau routier, et une charge
additionnelle au niveau de l'émission du permis de conduire.
Indemnisation des victimes d'accident d'automobile. Nous acceptons que
les indemnités soient accordées en fonction de la perte
économique, ainsi que le principe selon lequel toutes les victimes
d'accident ont droit à une indemnisation.
Le comité propose que le régime de base suive le
véhicule et que le régime supplémentaire suive la
famille.
Toutefois, qu'advient-il du piéton et du passager qui
possèdent un revenu supérieur à l'indemnité maximum
du régime de base?
Qui devra compenser la perte économique des victimes? A notre
avis, le régime proposé par le Bureau d'Assurance du Canada
corrige ce genre de difficultés.
Au chapitre des dommages matériels au véhicule, nous
faisons une réserve sur l'obligation faite au propriétaire de
s'assurer. Toujours sous ce chapitre, nous acceptons le principe du partage au
prorata des pertes causées par les véhicules lourds, mais nous
aimerions savoir si un véhicule de plus de 7,800 livres est un
véhicule commercial ou s'il peut être un véhicule
privé auquel est attaché une roulotte, ce qui est très
fréquent sur nos routes depuis quelques années.
Administration du régime proposé. Le comité
recommande l'acceptation par l'assureur de toutes les demandes d'assurance.
Est-ce à dire que l'assureur qui ne souscrit pas de transport
d'explosifs ou de transport urbain devra s'équiper pour couvrir ce genre
de risque vu qu'il ne pourra effectuer un transfert à la
"Facilité"?
Au sujet de ce dernier organisme, nous convenons qu'il n'est pas
parfait, mais nous croyons qu'avant de recommander sa dispari-
tion, on devrait s'assurer que le mécanisme proposé ne
deviendra pas aussi discutable.
Le système de compensation des primes et son contrôle nous
semblent complexes. Nous suggérons plutôt d'apporter des
correctifs au système déjà existant.
Nous aurions souhaité une meilleure définition de
l'expression "territoire où ils font affaires". Nous croyons que le
permis couvrant l'ensemble du territoire québécois, les assureurs
devraient souscrire dans tout le Québec et non se limiter à
certains territoires de choix, laissant ainsi aux assureurs
québécois le soin de couvrir des territoires moins rentables.
Nous suggérons l'établissement d'un système de
dossier permanent qui suive l'individu.
Quant au fonds d'indemnisation, nous recommandons sa prise en charge par
l'Etat.
En conclusion, M. le Président, nous retenons donc la
création d'un Conseil de sécurité routière, la mise
en place d'un régime sans égard à la responsabilité
et à ce sujet, nous croyons que le plan proposé par le BAC serait
plus apte à répondre aux besoins actuels des automobilistes.
Voilà brièvement les quelques remarques relativement
à notre mémoire.
Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
M. TETLEY: Je vous remercie. Il est trois heures et 18 minutes. Je vous
remercie de votre mémoire très important. Vous avez les
Caisses populaires plus d'un millier de caisses, n'est-ce pas, dans
toute la province. S'il y a un système tout prêt à la vente
de choses, surtout des choses d'un caractère financier, ce sont les
Caisses populaires Desjardins de Montréal et de Québec. Mais vous
vendez de l'assurance tout simplement par le moyen des courtiers. Ma question,
M. Adam, c'est: Pourquoi ne vendez-vous pas directement, surtout avec ce
système de vente sur place que vous avez? Vous savez que le
problème au Québec soulevé mille fois ici, c'est qu'il n'y
a pas de réseau de vente surtout à la campagne, surtout si on
enlève le droit aux courtiers de vendre de l'assurance-auto mobile.
M. ADAM: M. le ministre, nous reconnaissons qu'il existe environ 1,300
caisses dans la province de Québec, donc autant de comptoirs, mais nous
n'avons pas le personnel voulu et expérimenté pour souscrire de
l'assurance, ne serait-ce que de l'assurance-automobile. Il nous faut
reconnaître, M. le ministre, que pour vendre de l'assurance-automobile,
même pour le risque qu'on appelle communément le risque de
voitures privées, cela demande certaines connaissances que n'ont pas nos
représentants, et nous en comptons à peu près 1,200,
à l'Association des Caisses populaires. Sur ce, nous som- mes d'accord
avec le rapport présenté par le Bureau des assureurs du Canada
quant à la mise en marché de cette assurance par l'entremise des
courtiers, que nous avons toujours eus d'ailleurs. Quant à leur
rémunération, nous n'avons aucune objection à ce qu'elle
soit à la charge de l'assuré. Est-ce que cela répond
à votre question?
M. TETLEY: Oui. Une question ancillaire. Est-ce que vos deux compagnies,
M. le président Adam, s'opposent à la conclusion du rapport
Gauvin selon laquelle toute compagnie soit obligée de vendre directement
au comptoir à part de la vente par courtier?
M. ADAM: Nous sommes partiellement d'accord avec le rapport du
comité Gauvin en ce qui a trait à la vente au comptoir. Comme je
vous disais il y a un instant, M. le ministre, il nous faut reconnaître
que, pour la vente de l'assurance, la compétence est nécessaire.
Nous n'avons pas de gérant de caisse populaire ou d'adjoint au
gérant ou même d'employés qui ont les connaissances en
assurance. Nous croyons que la vente de l'assurance, pour qu'elle soit bien
faite, doit être effectuée par l'entremise d'hommes ou de
représentants qualifiés pour le faire.
J'ai l'impression, M. le ministre, que ce sont des agents.
M. TETLEY: Vous êtes venu avec votre clan. Mais vos deux
compagnies, est-ce qu'elles ont des gens compétents qui peuvent vendre
directement de l'assurance au comptoir?
M. ADAM: Actuellement non, M. le ministre. Les employés que nous
avons ne sont que des techniciens qui ne vendent pas d'assurance. S'il nous
fallait faire de l'assurance au comptoir, il nous faudrait engager un nombre
d'employés suffisant, c'est donc dire que si nous avons tout près
de 1,300 caisses, il nous faudrait au moins 1,300 employés additionnels
pour vendre de l'assurance.
M. TETLEY: Je note que votre mémoire favorise un conseil de la
sécurité routière, que vous proposez un système de
démérite plus rigide et plus strict et que vous favorisez en
grande partie les conclusions du rapport Gauvin. Est-ce que vous favorisez un
système d'indemnisation sans égard à la
responsabilité?
M. ADAM: J'inviterais Me Bornais à répondre à cette
question.
M. BORNAIS: A ce sujet, nous nous prononçons dans la
deuxième partie de notre mémoire et nous appuyons le plan qui a
été présenté par le Bureau d'assurance du Canada
qui, croyons-nous, est plus apte à répondre aux besoins actuels
et à nous placer dans une situation intermédiaire plutôt
que d'aller d'un extrême à l'autre et se retrouver possiblement
avec un
régime où les gens auront des déceptions. Il y a
certaines questions que nous posons dans notre mémoire en fonction du
passager et du piéton et nous croyons que le régime de base mis
de l'avant par le comité Gauvin est nettement insuffisant en fonction de
ces gens, alors qu'au niveau du plan du BAC, il y aura possibilité d'un
recours devant les tribunaux si les gens ne sont pas satisfaits.
M. TETLEY: Merci. Au sujet des compagnies d'assurance, le comité
Gauvin a suggéré qu'une compression des frais d'administration
des compagnies et des courtiers, ou des honoraires ou des commissions des
courtiers... Est-ce que vous favoriseriez ces deux recommandations?
M. ADAM: Actuellement, M. le ministre, nous tentons, par tous les moyens
à notre disposition, de compresser nos frais d'administration, surtout
dans la période que nous traversons actuellement. Pour ce qui est de
l'assurance-automobile, comme on le mentionnait ce matin, il y a quelques
années, il se payait 20 p.c, 22 p.c. et même 25 p.c. de
commission. Nous avons réduit ces commissions à 12 1/2 p.c. et,
par la suite, nous avons réduit à 8 1/2 p.c. tout contrat
d'assurance-automobile pour les moins de 25 ans, mettant de l'avant que les
primes sont beaucoup plus élevées pour ces assurés et que
la rémunération à être versée au courtier
devait être réduite en conséquence.
M. TETLEY: A la page 16, vous souhaitez que le gouvernement prenne
charge de l'administration et du financement du fonds d'indemnisation.
M. ADAM: Oui, M. le ministre, puisqu'on croit que cette loi, sans
égard à qui l'a promulguée, est injuste pour ceux qui
s'assurent. Vous savez fort bien que le fonds d'indemnisation est à la
charge de ceux qui s'assurent ou, sauf erreur je crois que c'est 4 1/2
p.c. que nous avons dans notre taux à la charge de ceux qui ont
eu la précaution de s'assurer et se protéger.
C'est la raison pour laquelle on dit que ce fonds d'indemnisation
devrait être à la charge de l'Etat et non des assurés.
M. TETLEY: Vous avez parlé, à la page 5, d'un
système de dossiers permanents pour résoudre les problèmes
des fausses représentations et réticences. Pourriez-vous vous
expliquer un peu?
M. BORNAIS: Dans ce sens-là, M. le ministre, ce que nous voulons
dire, c'est qu'assez souvent, nous, les assureurs, devons faire plusieurs
enquêtes pour obtenir ce genre de renseignement et que, règle
générale, le bureau des véhicules automobiles dispose de
renseignements. Si un dossier était constitué au niveau de
l'automobiliste et accessible à l'assureur, nous croyons qu'il y aurait
une économie de coût pour tout le monde, plutôt que de
passer par Montréal pour venir à Québec, on pourrait aller
directement là où l'information est compilée, à
savoir le nombre d'infractions, les points de démérite et autres
choses du genre qu'on est obligé d'obtenir par toutes sortes de moyens.
C'est dans ce sens qu'on parle d'un dossier permanent qui suivrait
l'automobiliste.
M. TETLEY: A la page 13, vous affirmez: "II nous semblerait plus juste
de répondre aux critiques en suggérant des correctifs à la
structure et au fonctionnement de la "Facilité" plutôt que d'en
recommander l'abolition". Quels sont les correctifs que vous
suggérez?
M. BORNAIS: Dans ce sens, nous référons à ce que le
comité Gauvin dit. Il semble vouloir tout simplement mettre de
côté la "Facilité". Nous sommes conscients, comme
assureurs, que la "facilité" n'est peut-être pas parfaite, quant
à son fonctionnement. Nous avons eu connaissance de certaines choses qui
se sont passées, de sessions qui se sont faites par les assureurs au
niveau de la "Facilité", mais tout cela, croyons-nous, peut se corriger.
Ce n'est pas tout simplement en mettant de côté la
"Facilité" et en suggérant une autre formule qui, somme toute,
n'a pas fait ses preuves et qui ne semble pas très claire pour tout le
monde, du moins si on se réfère aux remarques qui ont
été faites ici à la table par les gens qui nous ont
précédés.
M. TETLEY: Je vous remercie. Je note qu'il est 3 h 29. Je passe la
parole au député de Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je remarque que le ministre a noté l'heure, non pas
qu'il a fini, mais l'heure où j'ai commencé.
M. le Président, je voudrais d'abord féliciter les membres
de la Société d'assurance des caisses populaires et La
Sécurité, entre autres. Je voudrais d'abord vous dire que le
mémoire nous a frappés en particulier, parce qu'il est empreint
d'une certaine sérénité venant de personnes qui sont
réellement engagées dans le domaine. Je pense que c'est ce qui
m'a frappé devant les autres mémoires qui étaient
présentés, avec raison d'ailleurs, pour défendre des
intérêts bien précis qui étaient les leurs. C'est
sain, il faut en tenir compte devant la réalité. Mais votre
mémoire était rempli de cette sérénité
devant une situation où vous étiez prêts à
évaluer les changements.
Je pense que, depuis le début de cette commission parlementaire,
il faut noter que, devant la situation inacceptable actuelle de l'ensemble du
système des assurances, il faut un changement, mais, ce changement, je
pense que les membres de la commission et spécialement
les députés doivent tenir compte de la dynamique
évolutive de demain. Autrement dit, il faut regarder demain avec les
lunettes de demain et non pas avec les lunettes d'aujourd'hui.
Très souvent, on est porté à critiquer des
recommandations du rapport Gauvin en tenant compte de la situation actuelle;
autrement dit, ce qui se passe actuellement, cela amène des avantages et
des désavantages, mais dans un régime complètement
changé comme celui-ci, c'est une nouvelle dynamique évolutive. Il
ne faut pas regarder des inconvénients de demain en se basant sur la
situation exacte d'aujourd'hui puisqu'elle comporte des éléments
qui ne seront plus là demain si on acceptait l'ensemble du changement.
C'est donc dire que si c'est l'ensemble qui est changé, il y a une
dynamique nouvelle. Quels sont les avantages et les désavantages
à ce moment, et non pas aujourd'hui?
C'est dans cet esprit que j'ai trouvé que votre mémoire
était empreint de cette sérénité et qu'on y
retrouve une recherche réelle d'améliorations et un souci
crédible de parvenir à un meilleur régime, ce qui est loin
d'être le cas souvent dans d'autres mémoires. Il me fait plaisir
de savoir que ce mémoire vient du groupe Desjardins, qui est un
mouvement coopératif, en ayant un groupe témoin dans le domaine
de l'assurance-automobile, et qui nous permet de pondérer
peut-être certaines remarques qui nous sont faites par d'autres
institutions financières qui font également de l'assurance.
Il y a des remarques que je voulais vous faire, ce sont plutôt des
remarques, et je vais vous demander votre opinion là-dessus, j'en ai
seulement trois. A la page 6 de votre mémoire, paragraphe 1.7, vous
parlez du conseil de sécurité que vous acceptez, mais il semble,
je ne sais pas si je me trompe, que vous pensez que le 1 p.c. pour le
financement provient d'une somme provenant des primes d'assurance, alors que je
pense que c'est plutôt un ordre de grandeur de sommes d'argent
comparativement à cela. Votre solution ou une des solutions, je pense
qu'elle est à noter, est très intéressante. A ce propos,
nous nous demandons si vous n'avez peut-être pas raison même
lorsque vous proposez d'aligner des fonds mis à la disposition du
conseil de sécurité routière, non pas sur le volume total
des assurances en circulation, mais sur les revenus de la taxe sur l'essence.
Vous parlez aussi plus loin, je pense, d'une taxe sur le permis de conduire. Il
s'agit peut-être là d'un index plus fidèle et plus
approprié, c'est du moins ce que nous sommes portés à
croire. Nous vous remercions beaucoup de cette suggestion.
Maintenant, quand vous parlez d'une taxe sur l'essence, est-ce que vous
calculez que cette taxe serait une taxe supplémentaire au coût
actuel ou est-ce inclus dans la taxe que déjà le gouvernement a
sur l'essence?
M. BORNAIS: M. le député, lorsque nous parlons de la taxe
de 1 p.c, nous nous référons en particulier à la page 371
de la note 1 du rapport du comité où il est dit que ce
pourcentage devrait être augmenté de 1 p.c. si la recommandation
concernant le financement du conseil de sécurité routière
était adoptée. A ce moment, il nous paraît qu'on visait
possiblement 3 p.c. de taxe et c'est ce à quoi nous nous opposons. Les
mêmes remarques s'appliqueraient également pour la taxe sur
l'essence qui, de ce temps-ci, est assez élevée pour tout le
monde. Je pense qu'on pourrait se servir du même critère pour
appliquer une certaine somme d'argent au conseil de sécurité
routière en relation avec la perception d'une taxe, sans
nécessairement hausser la taxe.
M. LEGER: Cela veut dire que toute personne qui achète de
l'essence serait à même de contribuer à ce fonds. Alors, je
pense que c'est une bonne remarque. Je pense que le ministre a certainement
dû la noter. Un peu plus loin, à la page 8, paragraphe 2.2, je
pense que vous soulevez un point auquel le rapport Gauvin n'a pas encore
trouvé une solution pratique.
C'est le problème des accidents qui arrivent aux piétons
et aux passagers qui possèdent un revenu supérieur à
l'indemnité maximale du régime de base. Je pense qu'il s'agit
d'une préoccupation que nous avons de plus en plus et qui n'est pas, je
pense, résolue par le rapport Gauvin.
On pourrait peut-être me répliquer que le piéton
peut assurer sa perte lui-même et que des polices vont lui être
proposées à ce moment. Mais est-ce qu'il peut réellement
assurer son salaire d'une façon systématique? Je pense que ce
n'est pas prévu.
Dans une certaine mesure, ces réponses ne nous satisfont pas. Si
le facteur de rattachement du régime supplémentaire nous semble
bon, des solutions plus acceptables devront être présentées
pour le piéton et les passagers extérieurs de la famille de
l'assuré qui ne sont pas directement concernés par le
régime.
Est-ce que vous avez des suggestions supplémentaires à
apporter pour ceux qui n'ont pas, d'une façon habituelle, à
être protégés de cette façon? Mais le
propriétaire de l'automobile ou l'assuré de l'automobile
lui-même doit prévoir ces choses. Mais pour le piéton ou la
personne qui est handicapée, qui ne prendra jamais l'automobile, comment
voyez-vous une solution autre que celle de seulement s'assurer, parce que ce
n'est pas tout le monde qui va dire: Au cas où je me ferais frapper un
jour... Comment voyez-vous cela?
M. BORNAIS: M. le député, dans notre mémoire, nous
retenons la recommandation du BAC et, pour nous, c'est une solution.
Une autre solution serait une grande campagne de publicité pour
inciter les gens à s'assurer. A quel point cela va-t-il être
perçu dans le public. Comment la personne, qui demeure à
Gaspé et qui a cinq enfants, qui n'a jamais eu de véhicule
ni de permis de conduire, va-t-elle décider de s'assurer? Il va falloir
la convaincre qu'elle doit s'assurer pour le cas où elle aurait un
accident. Vous avez des gens qui sont retraités et qui, tout de
même, ont des revenus qui sont possiblement supérieurs au
régime de base. Est-ce que ces gens... Est-ce qu'on va parvenir à
convaincre l'ensemble de la population du Québec d'aller s'assurer? J'en
doute fort!
C'est dans ce sens, je pense, que le régime du BAC permet de
couvrir ce point.
M. LEGER: Mais l'assurance de base obligatoire, qui était
à une limite de $35,000 avec les autres particularités, n'oblige
quand même pas une personne à s'assurer d'une façon
supplémentaire pour dommages à autrui. C'est une
possibilité. C'est une option. Cela ne veut pas dire qu'elle va le
faire.
M. BORNAIS: Non.
M. LEGER: Et si la personne qui s'est assurée par une assurance
de base n'est pas assurée pour la somme supplémentaire, parce
qu'elle n'a pas voulu le faire, pour dommages à autrui, et qu'elle est
insolvable, le piéton et le handicapé qui ne sont pas
assurés ont beau faire une poursuite vis-à-vis de cette personne,
ils ne sont pas protégés. Comment voyez-vous une solution
à cela?
M. BORNAIS: II n'y a pas d'autres solutions que celle, pour la personne,
de s'assurer elle-même. A ce moment, comme je vous dis, c'est
relié à un régime d'accident-maladie qui pourrait
être vendu à l'ensemble de la population. Parce que le fonds se
limite lui-même à $35,000 actuellement et, même avec le
nouveau régime, j'imagine que le fonds d'indemnisation va limiter le
montant qu'il paie. Je ne crois pas qu'il devienne en supplément du
régime de base actuel. C'est peut-être une solution.
M. LEGER: Je pense qu'on est d'accord quand même pour dire qu'une
assurance sans responsabilité, autant de base que supplémentaire,
a une faille du côté des personnes qui sont des piétons ou
des passagers, comme une assurance supplémentaire payable, si le client
le veut, pour dommages à autrui. Il y a encore la même faille dans
les deux cas. Je pense que la réponse du BAC ne répond pas, quand
même...
M. BORNAIS: Excepté que, dans un cas, on laisse tout de
même la possibilité à l'individu de prendre des
procédures et d'avoir peut-être une certaine satisfaction
je comprends qu'elle n'est pas pécuniaire tandis que, dans
l'autre cas, on lui enlève toute possibilité.
M. LEGER: C'est-à-dire que non. Dans un régime obligatoire
et de base et supplémentaire "no fault", il se protège
lui-même complètement...
M. BORNAIS: Oui, il se protège.
M. LEGER: ... tandis que, dans l'autre, il ne se protège que
contre des accidents envers autrui.
M. BORNAIS: Oui.
M. LEGER: A ce moment, on revient avec le système d'une
défense contre une personne qu'on doit trouver coupable. C'est quand
même un cercle vicieux. Dans les deux cas, je pense que le piéton
n'est pas plus protégé que le voyageur, surtout s'il fait face
à une personne insolvable.
M. BORNAIS: Dans le cas d'une personne insolvable, je suis d'accord avec
vous à ce moment.
M. LEGER: Une autre question. A la page 13, au paragraphe 3.7, on parle
du régime de la "Facilité". J'aimerais connaître vos
critiques le ministre en a parlé un peu tantôt et
les correctifs que vous suggérez à la structure de
fonctionnement. Nous avons déjà abordé la question au
cours des quatre autres séances de la commission et ce fut toujours de
façon insatisfaisante à ce propos. L'industrie de l'assurance
semble satisfaite du régime actuel. On l'a vu. Par ailleurs, il n'y a
pas eu de plaintes publiques, c'est vrai.
Toutefois, dans la mesure où nous croyons le rapport Gauvin qui a
fait des études sur ce sujet, d'une façon très
désintéressée, si on le croit sur parole, il nous dit que
ce mécanisme a pour effet de diminuer la concurrence et que si on
enlève la "Facilité", cela augmentera la concurrence.
Nous sommes prêts à remettre en question, très
sérieusement, tout le système, mais il nous a semblé
qu'à partir des deux grandes critiques formulées dans le rapport
Gauvin, à la page 354, je pense, où il est question de la
concurrence et aussi d'une prime: "... permet l'imposition d'une prime
maximale...", sur le mécanisme de la "Facilité", il y aurait
peut-être lieu de trouver des solutions mitoyennes, entre les deux, qui
conservent quand même l'essentiel du mécanisme qui,
assurément, a répondu à des objectifs qui lui ont
été imposés jusqu'à maintenant.
Maintenant, les commissaires du rapport Gauvin vont revenir, mais avant
qu'ils ne reviennent, et peut-être nous donner une réponse et
défendre ce point de vue qu'ils n'ont peut-être pas assez
explicité, qu'ils nous disent pourquoi l'abolition du mécanisme
de la "Facilité" est nécessaire, nous aimerions, à ce
moment, les confronter avec les témoignages d'autres groupements. Alors,
pour vous, la disparition de la "Facilité" vous semblez
calculer
qu'elle devrait demeurer est-ce que vous voyez quand même
des avantages, en plus des deux qui sont la concurrence et la prime maximale,
à la disparition de la "Facilité"?
M. BORNAIS: Des avantages? M. LEGER: Des avantages.
M. BORNAIS: Lorsque nous disons dans notre mémoire que des
correctifs pourraient être apportés, pour autant que nous sommes
concernés, nous sommes satisfaits du fonctionnement actuel de la
"Facilité" avec, évidemment, les problèmes
inhérents à tout système de ce genre et l'attitude
adoptée par le comité Gauvin à l'effet de dire: On met
cela de côté et on propose un nouveau système qui, pour
nous, ne nous semble pas tellement clair et, comme on l'a souligné ce
matin, on propose un partage dans les primes et on ne propose pas de partage
dans les pertes.
Alors, que va-t-il arriver d'un assureur qui va ramasser l'ensemble des
pertes parce qu'il serait celui qui serait le plus bas? De quelle façon
sa solvabilité pourrait-elle être touchée?
Ce sont des questions auxquelles nous n'avons pas de réponse et
j'ai le sentiment que ma réponse ne vous satisfait pas.
Quant à nous, nous n'avons pas de très fortes critiques
vis-à-vis de la "Facilité".
M. LEGER: Vous venez d'affirmer que dans le rapport Gauvin on parle de
la perte de la compagnie qui assurera le mauvais risque. Qui va le
récupérer? C'est bien dit dans le rapport Gauvin que cela va
être redivisé entre toutes les compagnies pour la
différence de la prime qu'il aurait dû facturer et la prime qu'il
a facturée. En réalité c'est réparti entre toutes
les compagnies.
M. BORNAIS: Oui, mais au niveau de la "Facilité", vous partagez
non seulement dans les primes, mais vous partagez dans les pertes
également. Alors que si votre maximum est fixé à $300 et
que le suivant en haut du maximum était à $350, ce qui veut dire
que l'assureur qui va assurer à $300 va récupérer le $50
de différence, admettons le cas de 1,000 assurés, ce qui veut
dire $50,000, en termes de pertes, cela va vouloir dire quoi? S'il en ramasse
1,000... Dans ce sens nous disons que c'est un partage dans les primes, mais
dans les pertes on ne le partage pas. Cela va fonctionner comment? On avoue que
le système nous paraît nébuleux jusqu'à un certain
point.
M. LEGER: D'ailleurs, c'est pour cela que je dis que les membres du
comité Gauvin doivent revenir nous donner les explications
supplémentaires là-dessus et je suis content que vous ayez
apporté ce problème.
Mais dans le domaine de la "Facilité", plusieurs courtiers qui
m'en ont parlé me disaient que c'était un genre de remarques
contre les compagnies, mais pas contre celles des caisses populaires. On nous
disait que souvent les compagnies d'assurance refusaient des risques en disant:
Ecoute, tu viens de nous donner trois mauvais risques dernièrement et on
ne peut pas en accepter un autre. Le courtier disait: Je n'ai pas de rapport de
cela. Comment est-ce que je peux savoir que j'en ai trois mauvais. Vous ne me
faites pas de rapport régulier de la situation des assurés qu'on
vous a envoyés indiquant que c'est un mauvais risque. Tandis qu'il
semblait que votre groupe semblait faire un rapport assez régulier
là-dessus. Pour la défense des courtiers qui ne peuvent pas, dans
le système actuel, faire passer certains de leurs clients parce que le
gars a eu trois ou quatre mauvais risques sur lesquels le courtier ne peut
absolument pas tabler parce qu'il n'est pas au courant, comment êtes-vous
capables de donner ces renseignements et pourquoi les compagnies d'assurance ne
le font pas?
M. BORNAIS: C'est-à-dire qu'on peut le donner au courtier parce
qu'on sait le nombre de risques que nous allons transférer à la
"Facilité" et lorsque nous discutons avec un courtier de son
portefeuille d'assurance, nous savons exactement le nombre de risques qui ont
été transférés à la "Facilité" et la
réaction de certaines compagnies est peut-être dans le sens que le
portefeuille de certains courtiers est déséquilibré. Si on
vous envoie une proportion de mauvais risques supérieure à la
moyenne, on dit: Tu ne pourrais pas les partager avec quelques autres,
même si tu nous trouves bien fins.
M.ADAM: M. le député, je pourrais peut-être ajouter
que vous connaissez tous les buts de la création de la
"Facilité". En somme, c'était pour permettre aux compagnies
d'accepter des risques qu'on appelle communément les risques
tarés. Je dois reconnaître que certains assureurs ont abusé
de la "Facilité". Ils ont cédé trop d'affaires à la
"Facilité". Ces compagnies auraient dû se limiter à ne
céder qu'une juste proportion en somme des risques réellement
tarés. C'est peut-être cela qui a frappé la commission
Gauvin voyant le volume-prime cédé à la "Facilité"
et comprendre les raisons pour lesquelles on le faisait. "Facilité" a
également des avantages pour les compagnies d'assurance comme telles.
Est-ce que toutes les compagnies d'assurance doivent, comme vous le savez fort
bien, assurer de nouveau une partie de leurs responsabilités? Ces
risques tarés qui, souventes fois nous donnent une expérience qui
est désastreuse, peuvent, suite à cette expérience,
minimiser les conditions de nouvelles assurances que nous pouvons avoir.
En somme, les rendre moins attrayantes que ce qu'on peut avoir
actuellement, en tenant compte de l'expérience qu'on a. En somme, la
"Facilité" est un peu une réassurance entre compagnies pour ces
risques tarés en question.
M. LEGER: Une dernière question là-dessus, est-ce que vous
calculez, d'après votre expérience, que la "Facilité"
actuelle, si elle disparaissait, amènerait une meilleure concurrence,
est-ce que la "Facilité" ne permettrait pas à plusieurs
compagnies, comme vous venez de le dire tantôt, d'amener des mauvais
risques d'une façon quasiment routinière pour garder une
meilleure expérience et avoir des taux uniformes et si cette
"Facilité" avait disparu, il y aurait une concurrence entre les
compagnies puisqu'il faudrait qu'elles calculent chacune leur part de
responsabilité dans ces mauvais risques?
M. ADAM: La disparition de la "Facilité", pour moi, nuirait au
public assuré puisqu'il y a des compagnies qui existent et c'est
peut-être tout à fait normal qui sont plus
sélectives que d'autres. Certaines compagnies n'écrivent pas dans
certains territoires. Si vous enlevez la "Facilité", vous enlevez, chez
plusieurs assureurs, l'acceptation de risques qui sont réellement
tarés, ne voulant pas nuire, comme je le disais il y a un instant,
à leur expérience. Est-ce que ça répond à
votre question?
M. LEGER: Oui, d'ailleurs, c'est votre point de vue que je voulais
avoir. Je veux simplement vous remercier encore parce que vous avez un
excellent mémoire et je vous félicite de nous avoir donné
une perception très ouverte de la situation de l'assurance. Je vous
remercie infiniment. Je dis au ministre qu'il est 3 h 49.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauce.
M. ROY: M. le Président, je veux féliciter à mon
tour et joindre mes propos à ceux de mes collègues pour
féliciter les institutions du Mouvement Desjardins de s'être
donné la peine de préparer des mémoires et de s'être
déplacés pour venir devant la commission parlementaire nous
exposer leur point de vue sur cette importante question de
l'assurance-automobile et du rapport Gauvin. Je remarque, dans votre
mémoire, suite aux propos que vous avez tenus tout à l'heure, que
vous avez pris position favorablement à l'endroit des méthodes
proposées par le régime AutoBAC du Bureau d'assurance du Canada,
au cours de la semaine dernière. Ma question est la suivante: Est-ce que
vous avez opté pour cette formule au niveau des principes ou si vous
avez tenu compte du coût et des services que ce système pouvait
offrir ou les deux?
M. BORNAIS: Nous avons tenu compte au niveau du principe et
également au niveau des services. Quant aux coûts, cela a
déjà été souligné, lors de la
présentation du Bureau d'assurance du Canada, que certains coûts
restent à être déterminés et nous-mêmes, nous
aurions aimé que les coûts soient précisés. Mais que
voulez-vous, nous devons attendre également.
M. ROY: Est-ce qu'il vous a été donné de prendre
connaissance de certaines études préliminaires, si on peut dire,
pour être en mesure de vous former une meilleure opinion?
M, BORNAIS: Personnellement, j'ai eu l'occasion de voir certains
documents établissant des coûts approximatifs, du moins ceux que
j'ai vus reflétaient une diminution dans la prime de certaines classes
d'assurés. Comme on l'a souligné, lors de la présentation
du BAC, c'est préliminaire et quelle doit être la réaction
ou la décision finale des actuaires, je l'ignore. C'étaient tout
simplement des études préliminaires.
M. ROY: En somme, pour préciser davantage votre pensée,
vous favorisez le système d'assurance par les compagnies d'assurance
plutôt que par un monopole d'Etat tel que proposé par le rapport
Gauvin?
M. BORNAIS: Oui.
M. ROY: J'aimerais que vous me donniez une opinion claire et nette
à ce sujet.
M. ADAM: M. le député, nous sommes contre un monopole quel
qu'il soit. Nous croyons que l'industrie privée et nos
sociétés d'assurance des caisses populaires peuvent rendre tous
les services qu'anticipe pour nous la population.
M. ROY: Quelle est votre position concernant la recommandation no 50 du
rapport Gauvin qui dit que la mise en marché de l'assurance-automobile
soit conçue de façon telle que l'assuré vient en relation
directe avec l'assureur? Je comprends que vous avez répondu un peu tout
à l'heure au ministre qui vous a posé une question identique,
mais j'aimerais qu'on aille un peu plus loin sur ce sujet, à savoir si
vous avez pris position en faveur des courtiers, du moins c'est ce que j'ai cru
comprendre. Je ne voudrais pas vous mettre des propos dans la bouche, mais
est-ce que vous voyez le courtier comme jouant son rôle, tel qu'il se
joue présentement ou si vous tenez compte également de la
possibilité que le rôle du courtier soit changé davantage
dans l'avenir, c'est-à-dire, orienté vers celui de
conseiller?
C'est une question à deux volets, si vous voulez, mais je pense
qu'ils se complètent.
M. ADAM: Sur ce, tel que je l'ai mentionné au ministre tout
à l'heure, nous optons pour la formule du courtier. Il nous faut
reconnaître que, depuis quelques années, par le truchement de leur
association, ils ont amélioré sensiblement leur compétence
et, pour un très fort pourcentage d'entre eux, ce sont réellement
des experts en la matière.
C'est la raison pour laquelle nous optons pour le régime du
courtier, avec lequel nous travaillons actuellement. Comme je le mentionnais
tout à l'heure, l'assurance peut paraître, aux yeux d'un profane,
une chose simple, mais ce n'est pas aussi simple qu'on le croit.
Le courtier tente toujours d'améliorer ses connaissances et c'est
de nature à rendre les services qu'anticipe un assuré, quel qu'il
soit, non seulement au point de vue de la souscription de risques, mais
également dans le cas de réclamation qui peut survenir.
M. ROY: Je vous remercie pour ces réponses. J'aurais une couple
d'autres questions si M. le Président me le permet. Ce n'est pas parce
que le ministre nous a limités à 20 minutes que je ne veux pas
prendre mon temps; je ne veux pas en abuser non plus, mais il y a quand
même encore une couple de questions auxquelles j'aimerais avoir une
réponse.
Suite à la recommandation 54: "Que les courtiers ne soient
rémunérés que par les assurés en fonction des
services fournis, avec interdiction de toute rémunération,
gratification directe ou indirecte par l'assureur". Tout à l'heure, vous
avez dit que vous n'aviez pas d'objection, lorsque vous avez répondu au
ministre, que ce système soit appliqué. Maintenant quel est le
système, si vous aviez à faire un choix, que vous prendriez
à ce sujet-là?
M. ADAM: En tenant compte que nous reconnaissons les courtiers comme des
professionnels, pour ma part remarquez bien que je reflète ici
une opinion personnelle j'opterais pour la rémunération
par l'assuré, comme pour les avocats, les notaires, les médecins,
en somme, qu'ils soient rémunérés par l'assuré.
M. ROY: Si vous aviez à faire un choix, vous prendriez cette
formule-là.
M. ADAM: Oui.
M. ROY: Pour quelle raison particulière? Vous dites comme le
médecin et comme l'avocat; disons que ce sont des exemples que nous
connaissons, mais quels seraient les avantages pour l'assuré à ce
que cela fonctionne de cette façon? Ne croyez-vous pas qu'il y aurait
possibilité pour les assureurs, les compagnies d'assurance, de trouver
une formule pour donner une certaines rémunération, retourner un
certain pourcentage des primes perçues, des primes globales, de
façon à indemniser indirectement les courtiers?
M. ADAM: Les avantages, de mémoire, il est difficile pour moi
d'en citer, mais un avantage, c'est que le courtier qui a réellement une
compétence parce qu'ils ne sont pas tous à
compétence égale pourrait attirer une clientèle un
peu plus considérable, en étant rémunéré par
l'assuré. Je vous avouerais en toute sincérité, dans les
avantages que l'on verrait, que cela nous permettrait d'écrire nos
polices d'assurance qu'on appelle communément "net net", "no
commission". Réellement, je n'en vois pas, de mémoire.
M. BORNAIS: M. le député, un des avantages pour le
consommateur, c'est qu'il saurait exactement le montant qu'il paie au courtier.
Actuellement, vous avez une prime, mais si vous faites une enquête au
niveau du public, combien savent qu'ils paient 12 1/2 p.c. de commission
à leur courtier? Un certain nombre le savent, d'autres ne le savent
pas.
Je pense que cela clarifierait les choses. Il y a également un
autre point, cela a été souligné d'ailleurs ici. La
rémunération des courtiers sous forme de commission a fait
l'objet dans le passé et probablement en fera dans le futur, si le
système demeure, de discussions entre les assureurs, les courtiers et
finalement l'assuré qui paie la facture. A ce moment-là,
l'assureur se trouve jusqu'à un certain point coincé entre les
deux.
D'un côté, on lui dit: Vous payez trop. De l'autre
côté, le courtier va lui répondre: Je ne suis pas assez
payé. Somme toute, pour l'assureur, la commission du courtier ou la
rémunération, ce n'est pas lui qui est en mesure de dire: Cela
vous prend $10, cela vous prend $12 ou cela vous prend $15. On soulignait, ce
matin, que peut-être il y aurait lieu d'avoir un montant de base de $15,
$20 ou $25 pour l'émission d'une police, mais nous, comment pouvons-nous
dire cela? On ne le sait pas, sauf parce que le courtier nous le dit.
Au moment où le courtier est rémunéré sous
forme d'honoraires, le client sait ce qu'il paie et le courtier, par
l'intermédiaire de son association professionnelle, pourra
établir ses coûts au même titre que les dentistes, les
avocats ou les autres le font.
M. ROY: Par exemple, on va prendre le cas des notaires. On sait
très bien que l'association a fixé des tarifs. Peu importe le
notaire que nous choisissons, le même tarif est obligatoire d'un bureau
à l'autre bureau. Mais moi, ce que j'aimerais savoir surtout, à
ce niveau, c'est qu'advenant le cas où cette formule serait choisie,
quelle sorte de garantie l'assuré peut-il avoir que les assureurs, les
compagnies d'assurance ne retournent pas un certain pourcentage des
commissions, compte tenu du volume que les courtiers pourraient expédier
à telle ou telle compagnie?
M. BORNAIS: Ce n'est pas une chose impossible, mais je pense que le
service des assurances, avec les contrôles qui nous sont demandés,
pourraient assez facilement déceler les fuites qui pourraient se faire
dans ce sens. Je suis d'accord que cela demeure hypothétique. Il y a
peut-être certains moyens de diluer certains
paiements â travers certaines dépenses. C'est une chose
possible, mais cela peut se faire également dans un autre
système, des ingénieurs qui vont percevoir des commissions
additionnelles, des gens qui accordent des contrats. D'ailleurs, cela fait
l'objet des manchettes dans les journaux à ce temps-ci. Des commissions
qui se paient ou des choses de ce genre, c'est une question, évidemment,
qui peut se poser.
M. ROY: Et qui se pose, parce que, lorsqu'il s'agit d'une violation ou
d'une interdiction de la loi, on sait très bien que l'homme a toujours
une tendance, est toujours plus habile à trouver des moyens de
détourner les lois qu'à trouver des moyens de les respecter. Je
pense qu'on est obligé d'admettre ce fait.
Quel est le pourcentage d'assurances qui est souscrit directement
à vos bureaux? Parce que je sais, pour l'avoir vu de temps en temps dans
des caisses populaires, étant donné qu'il y a 1,300 caisses
populaires dans la province, que beaucoup de renseignements sont
demandés de la part des membres des caisses populaires, des
sociétaires des caisses populaires en ce qui a trait aux assurances et
aux services d'assurance qui peuvent leur être fournis par le mouvement
Desjardins dans son ensemble. Quel est le pourcentage des assurances qui vous
sont souscrites directement sans passer par l'entremise de courtiers? D'abord,
est-ce qu'il y en a? J'aurais peut-être dû poser cette question en
premier lieu. S'il y en a, quel en est le pourcentage?
M. BORNAIS: Toutes nos assurances, à une exception près,
sont souscrites par l'intermédiaire du courtier. L'exception couvre
l'assurance aux caisses populaires au niveau du vol, fidélité,
etc.
M. ROY: Je veux me limiter uniquement au niveau de
l'assurance-automobile.
M. BORNAIS: II n'y en a pas.
M. ROY: Vous n'en avez pas du tout?
M. BORNAIS: Non.
M. ROY: Est-ce que cette possibilité est offerte actuellement aux
assurés de pouvoir souscrire directement?
M. BORNAIS: Elle n'est pas offerte, parce que nous transigeons par
l'intermédiaire de courtiers.
M. ROY: Vous n'avez pas l'intention, ou est-ce que vous avez l'intention
d'offrir les deux services et quels seraient les inconvénients d'offrir
les deux?
M. BORNAIS: Les inconvénients vous ont été
soulignés tout à l'heure. C'est que, idéalement... Nous
avons évidemment 1,300 caisses dans la province. On peut penser que
c'est relativement facile de vendre des assurances à travers les
caisses, mais il demeure qu'il va falloir avoir des gens compétents qui
vont être en mesure de donner le service dans toute la province de
Québec. Je ne vous cache pas que cela va nous demander du personnel. On
s'interroge pour savoir où on pourra le trouver, si l'assuré
aurait un meilleur service que celui qui lui est offert actuellement et quel en
serait le coût. C'est un point d'interrogation.
M. ROY: Dernière courte question, M. le Président, sur une
recommandation, je vais la numéroter, la recommandation no 55, toujours
dans le rapport Gauvin: "Que les courtiers n'interviennent plus dans les
processus de règlement des sinistres, de sélection des risques et
d'administration de la police". Quelle est votre position là-dessus et
quelles seraient les implications pour vos sociétés d'assurance
si de telles mesures étaient adoptées?
M. BORNAIS: Actuellement, nous pouvons dire que nos relations avec nos
courtiers... En fonction de cette recommandation, nous n'avons aucun
problème pour autant que l'intervention du courtier est
concernée.
Maintenant, le courtier étant un conseiller, nous acceptons
qu'à l'occasion il discute pour son client et nous fasse valoir
peut-être certains arguments ou certaines facettes d'un problème
qui peuvent échapper à un de nos employés qui est
derrière une pile de dossiers et qui, somme toute, les passe les uns
après les autres. Au moment où le courtier intervient et souligne
certains aspects, il peut arriver qu'on modifie l'attitude que nous avions
prise. Je pense que c'est le rôle du courtier jusqu'à un certain
point. Quand on parle d'intervention, toute intervention de nature à
essayer d'obtenir des choses qui ne devraient pas être payées, ou
des choses de ce genre, ce n'est pas cela que je vise. C'est surtout au niveau
du rôle de conseiller.
M. ROY: Pour fournir les explications ou autres. Advenant le cas
où la loi interdirait au courtier d'intervenir dans ce domaine, quelles
seraient pour vous les implications pratiques et de quelle façon
pourriez-vous vous organiser pour compléter ou organiser un genre de
complément pour permettre aux assurés d'être en mesure de
se faire entendre et de donner toutes les explications et les informations dont
l'assureur a besoin avant de décider si un tel règlement doit
être accordé ou non, quels sont les montants, etc.?
M. BORNAIS: Les implications pratiques pour nous seraient la mise en
place d'un réseau d'employés dans tout le Québec parce que
nous écrirons également des affaires aux Iles-de-la-Madeleine. Ce
qui veut dire que nous devrions avoir des gens sur place en mesure de donner
les renseignements, parce qu'on sait, par expérien-
ce que si le courtier ne peut plus jouer ce rôle, il est plus que
probable que le sociétaire de caisse populaire qui est assuré
chez nous va se rendre chez son gérant de caisse populaire, lequel va se
retourner vers nous et va dire: Voulez-vous donner les explications à ce
monsieur? Cela va impliquer pour nous la mise en place d'une équipe qui
va donner les informations et rencontrer les gens, régler les pertes,
etc.
M. ROY: Je vous remercie, M. le Président. Je veux quand
même faire remarquer au ministre, parce qu'il a tenu compte des minutes
tout à l'heure, que je n'ai pas pris tout mon temps.
M. TETLEY: Vous êtes très discret, comme toujours.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je ferai remarquer aux députés
ministériels qu'ils ont un total de 20 minutes pour poser des questions.
J'appellerai le député de Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, je ne voudrais pas féliciter
la Société d'assurance pour son excellent mémoire parce
qu'on pourrait peut-être penser que je suis biaisé, et je ne le
suis pas, mais je n'en pense pas moins.
M. Adam, dans votre mémoire, vous soulignez un problème
d'assurance vis-à-vis de certaines compagnies ou certains assureurs qui,
sans systématiquement refuser des risques dans différentes
régions de la province où c'est un peu moins rentable, semblent
avoir une tactique de ne pas accepter les risques partout dans la province,
est-ce que cela existe réellement?
M. ADAM: En effet, M. le député de Taschereau, il y a
certaines compagnies qui ne sont pas représentées dans certains
territoires donnés, il peut s'agir de la Gaspésie, de la
Côte-Nord, du Lac-Saint-Jean, parce qu'elles n'ont pas de réseau
d'agents dans les districts en question. Certaines autres se limitent à
de grands centres comme Montréal, Québec, Trois-Rivières,
Sherbrooke.
M. BONNIER: Est-ce que cela veut dire que cette façon de
procéder peut avoir une influence sur les taux de primes de ces
entreprises?
M.ADAM: Oui, si on ne limite nos activités que dans des centres
donnés où les coûts d'acquisition sont un peu moins
élevés, comme dans de grands centres, par exemple, cela peut
influencer le taux par rapport aux affaires que souscrit cette compagnie qui ne
vend pas dans la province.
M. BONNIER: C'est une constatation que j'ai faite à la suite du
rapport Gauvin; les membres de la commission ont négligé cet
aspect, parce qu'ils recommandent, d'une part, que l'assurance soit obligatoire
et que les compagnies doivent accepter toutes les deman- des qui leur seront
faites. A partir de ce moment, est-ce qu'il serait logique pour le gouvernement
d'exiger que les assureurs acceptent les demandes de quelque région que
ce soit?
M.ADAM: Cela deviendrait pour certaines compagnies une chose
passablement compliquée, parce que si elles n'ont pas de
représentant en Gaspésie, elles ne s'efforceront pas d'aller en
chercher non plus.
M. BONNIER: Si le courtier doit continuer à exister, est-ce qu'il
ne peut pas quand même écrire pour ces entreprises?
M. ADAM: Le courtier représente un certain nombre de compagnies.
Cela peut être 15, 20, selon l'agence ou le volume-primes qu'il a. Mais
dans le cas de la Gaspésie, vous avez des agents qui ne
représentent que certaines compagnies, qui sont des gens
implantés sur place. Il serait difficile pour le gouvernement, je pense
bien, d'exiger que ces compagnies souscrivent des affaires dans toute la
province. Il faudrait qu'elles aient leur réseau d'agents et tout, ce
que nous avons, nous, dans toute la province.
M. BONNIER: Oui, mais à ce moment, est-ce que cela cause un
problème au niveau de la concurrence entre les entreprises?
M. ADAM: Si.
M. BONNIER: D'accord! Au niveau de votre portefeuille c'est une
petite question que j'aime poser à quelques assureurs je me
demande quelle est la proportion de votre portefeuille qui est investie au
Québec et en dehors...
M. BORNAIS: Au niveau de notre portefeuille-obligations, tous nos
investissements sont au Québec, sauf peut-être un demi de 1 p.c,
et ce sont des obligations du Canada, et jusqu'à nouvel ordre, nous
faisons toujours partie du Canada. Quant aux actions, toutes nos actions
appartiennent à des compagnies canadiennes ou québécoises.
Vous savez comme moi que les compagnies québécoises cotées
en bourse sont tout de même assez limitées et toutes nos
transactions se font via le marché de Montréal par des courtiers
québécois.
M. BONNIER: Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député... D'autres
questions?
M. BONNIER: Non.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Excusez.
M. ADAM: Notre portefeuille se répartit sensiblement comme suit:
Nous avons à peu
près 15 p.c. de notre portefeuille d'investissements en actions
et 85 p.c. en obligations.
M. BONNIER: Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Bellechasse.
M. MERCIER: M. le Président, j'aurais trois questions. La
première est relative au portefeuille de la compagnie: Quel est le
pourcentage de primes souscrites dans le domaine de l'automobile par rapport
aux autres domaines d'activités que vous couvrez?
M. ADAM: Environ 50 p.c, M. le député.
M. MERCIER: Ce qui ressemble passablement aux statistiques du Bureau
d'assurance du Canada.
M. ADAM: Certaines compagnies ont légèrement plus. Nous,
on répartit notre volume en 50 p.c. pour l'auto, M. Bouillé, et
le reste est réparti en assurance-incendie, responsabilité, vol,
garantie de fidélité et cautionnement.
M. MERCIER: Merci. La deuxième question, M. le Président,
touche l'article 1.2 de votre mémoire, page 4, au deuxième
paragraphe, alors que vous dites: A ce conseil de sécurité
routière sera dévolue la refonte du système de points de
démérite. Jusque-là, cela va bien. Mais par la suite, vous
parlez de l'émission, le contrôle et la révision des permis
de conduire. Qu'est-ce que vous entendez par cette recommandation?
M. BORNAIS: Ce que nous voulons dire par cette recommandation, ce n'est
pas que le conseil de sécurité routière va prendre la
place du Bureau des véhicules automobiles, mais nous voyons le
rôle du conseil de sécurité pour analyser et faire des
recherches à ce niveau; c'est plutôt un rôle de concepteur,
si vous voulez, et que par la suite, l'administration en soit confiée au
Bureau des véhicules automobiles. Cela peut peut-être porter
à confusion.
M. MERCIER: Oui, cela porte à confusion, parce que seront
dévolus l'émission, le contrôle et la révision des
permis de conduire. Si je comprends bien, c'est tout simplement comme agents,
si vous voulez, comme consultants...
M. BORNAIS: C'est cela.
M. MERCIER: ... pour analyser des méthodes correctives...
M. BORNAIS: C'est cela.
M. MERCIER: ... faire des recommandations au Bureau des véhicules
automobiles.
M. BORNAIS: C'est cela.
M. MERCIER: Troisième question à la page 5, à
l'article 1.4, vous mentionnez que les assureurs, évidemment, pourraient
être des atouts à l'intérieur de ce conseil de
sécurité. Je n'en doute pas. Mais vous faites allusion
également au fait "de débattre, avec preuves à l'appui,
certaines lacunes du système routier actuel, lacunes qui sont la cause
de lourdes pertes pour le public en général". Est-ce que vous
pourriez préciser justement quel genre de lacunes que vous avez à
l'esprit?
M. ADAM: Dans nos dossiers, je pense que dans toutes et chacune des
compagnies, nous avons des exemples de lacunes, par exemple, au niveau du
réseau routier. Je pense simplement à l'autoroute 40, à la
courbe à 90 degrés que vous avez en direction du pont Laporte
où surviennent des accidents de façon assez
régulière. C'est dans ce sens que nous avons des cas assez
précis que nous pourrions mettre à la disposition du conseil de
sécurité routière, tant un assureur en particulier que
l'ensemble des assureurs québécois. C'est dans cette optique.
M. MERCIER: Voulez-vous dire que vous avez bon nombre de
déclarations, suite à des jugements de cour, par exemple, qui
imputent une défectuosité de là route?
M. ADAM: Nous en avons à l'occasion, mais chez nos gens qui font
les enquêtes, nous sommes à même de constater que, dans bien
des cas, l'accident est dû à une déficience au niveau de la
route ou d'une courbe...
M. MERCIER: Dans quel pourcentage?
M. ADAM: On n'a pas de pourcentage. Je ne peux pas vous donner de
chiffres.
M. MERCIER: Est-ce que vous avez fait des analyses suite aux
réclamations que vous avez dû payer, des responsabilités ou
des accidents imputables au facteur humain, au facteur mécanique ou au
réseau routier?
M. BORNAIS: Nous n'avons pas de statistiques strictement pour notre
compagnie dans ce sens.
M. MERCIER: En général, avez-vous un ordre de
grandeur?
M. BORNAIS: Moi, je ne peux pas vous donner de chiffres dans ce
sens.
M. MERCIER: Peut-être une sous-question suite à celle-ci,
à savoir sur le plan de l'éducation routière. Quel est le
point de vue de votre organisme relativement à des programmes
d'éducation au niveau scolaire?
M. ADAM: Nous avons, avec la Fédération des assureurs du
Canada qui a été remplacée par
le Bureau d'assurance du Canada, participé assez activement
à ces programmes de sécurité routière et nous y
participons encore et particulièrement au niveau scolaire. Au
Québec, c'est un peu plus difficile à mettre en application que
dans les autres provinces. Nous favorisons, en définitive, une formation
au niveau scolaire de tout ce qui touche la sécurité
routière, la conduite des véhicules, enfin, le reste.
M. MERCIER: Dois-je comprendre par là que vous poursuivez des
initiatives louables du passé, c'est-à-dire que vous publiez des
dépliants à l'intention des jeunes et tout cela?
M. ADAM: Oui, des dépliants qui nous viennent
particulièrement du Bureau d'assurance du Canada qu'on distribue dans
les caisses populaires.
M. MERCIER: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Non, Saint-Jean. Saint-Jean et Iberville sont deux villes
et deux comtés...
M. TETLEY: C'est parce que vous avez changé de place.
M. VEILLEUX: Même si j'ai beaucoup de respect pour mon
collègue d'Iberville. J'aimerais reprendre avec les représentants
ici la même question que je posais aux gens qui étaient à
la commission parlementaire ce matin. Si on prend le rapport Gauvin aux pages
222, 223, etc, où on fait un parallèle entre le coût de
l'assurance, en prenant le régime normalisé du Manitoba et le
régime du Québec, on en arrive, par exemple, à la mise en
marché, à une différence de 8.8 p.c. et on donne comme
raison ici de cette différence de coût, à la page 224, "que
le rôle du courtier au Manitoba est différent du rôle du
courtier au Québec". Et on dit que "ce surplus de travail que fait le
courtier au Québec implique une hausse générale du taux
d'assurance de 8.8 p.c." Est-ce que vous êtes du même avis que le
rapport Gauvin ou différez-vous d'avis?
M. BORNAIS: Nous tirons une conclusion, mais la question qu'on se pose
en lisant cela est la suivante: Est-ce qu'il y a un déplacement des
coûts au Manitoba ou en Colombie-Britannique, par exemple? Tout
dépend du rôle qu'on veut dévoluer au courtier et du
rôle qu'on lui dévolue, il y a un coût qui sera
attaché pour sa rémunération. Mais il ne faudrait pas
ignorer les autres coûts qui seront chargés, au niveau, par
exemple, d'un centre d'évaluation dont on parle dans les autres
provinces, et actuellement, vous avez le courtier qui ne fait pas
l'évaluation, mais va diriger jusqu'à un certain point son
client, le conseiller, mais le coût sera reporté à un autre
endroit, tout simplement. C'est difficile de vous répondre par un oui ou
par un non.
M. VEILLEUX: Dans la réponse que vous avez donnée à
la question que je vous posais, vous avez répondu partiellement à
une question que je me proposais de vous poser. Si prenons des "si"
parce qu'il s'en dit beaucoup ces temps-ci, surtout en discutant du rapport
Gauvin on fait disparaître dans le portrait les courtiers.
Lorsqu'on dit ici que le courtier au Manitoba n'est nullement impliqué
dans le règlement des sinistres, à ce moment, est-ce que les
compagnies d'assurance seront obligées de recourir à d'autres
personnes que le courtier, dans les circonstances, qui joue ce rôle au
Québec présentement?
M. BORNAIS: La réponse est oui parce qu'il est à peu
près certain que les gens demanderont des explications. On ne pourra pas
leur imposer des choses et si ce n'est pas le courtier qui donnera la
réponse, cela sera probablement un employé d'une compagnie qui
devra donner la réponse et je pense que le courtier a probablement une
note de crédibilité plus forte dans son milieu que lorsque
l'assuré appelle de Drummondville à Montréal ou à
Québec l'employé d'une compagnie pour avoir une
information et qu'on ne le connaît pas et qu'il ne nous connaît
pas. Cela devient beaucoup plus impersonnel.
Dans ce sens, le courtier a un rôle car il peut humaniser
jusqu'à un certain point le système.
M. VEILLEUX: Est-ce que vous auriez une idée de la hausse du
coût d'administration que cela impliquerait pour les compagnies
d'assurance si, toujours à la page 224, on disait aux courtiers:
Vous n'êtes plus tenus, à partir de maintenant parce
qu'on les fait disparaître de maintenir des comptes à
recevoir et à payer parce que vous n'êtes plus impliqués
dans le financement des primes. D'après vous, d'après votre
expérience aux caisses Desjardins, quelle hausse des frais
d'administration, cela impliquerait-il dans votre organisme?
M. BORNAIS: Vous touchez strictement le financement des primes?
M. VEILLEUX: Oui, je les prends article par article. J'aimerais savoir,
en pourcentage, à quoi cela équivaut. Peut-être que cela
équivaudrait à plus que 8.8 p.c. si on laissait cela aux
compagnies d'assurance. C'est cela que je voudrais avoir.
M. ADAM: Quant au financement des primes, nous accordons un certain
délai aux courtiers pour acquitter ces primes, délai qui peut
varier entre 60 et 90 jours. Donc, le financement des primes, nous le faisons
actuellement, même par l'entremise de nos courtiers.
M. VEILLEUX: A l'heure actuelle, si je comprends bien, vous pouvez avoir
plusieurs assurés qui font partie de votre régime d'assurance,
mais vos comptes à recevoir et à payer, vous les envoyez
uniquement à une seule personne qui s'appelle le courtier. Si on faisait
disparaître le courtier, vous seriez obligés d'envoyer vos
comptes... Si le courtier a cent clients qui font affaires avec vous, vous
seriez obligés d'envoyer cent comptes différents, cent fois huit
cents. Je veux bien croire que le ministère des postes à Ottawa
toucherait un montant supplémentaire, mais je suis persuadé
qu'à la fin, ce serait quand même l'assuré qui paierait ces
frais. Dans votre esprit, si on faisait disparaf-tre le courtier pour essayer
d'enlever les 8.8 p.c. de différence qui existent entre le Manitoba et
le Québec, tout en conservant les compagnies privées d'assurance,
comme compagnie d'assurance, quel serait le pourcentage d'augmentation que vous
devriez imposer à l'assuré si on enlève les 8.8 p.c, si on
enlève le courtier?
M. BORNAIS: On ne peut pas vous donner de pourcentage. Ce qu'on peut
vous dire c'est qu'actuellement, nous transigeons avec à peu près
1,000 courtiers, ce qui implique 1,000 comptes à envoyer chaque mois.
Autrement, nous devrions transiger...
M. VEILLEUX: Combien d'assurés dans les 1,000 comptes?
M. BORNAIS: Nous avons entre 50,000 et 55,000 assurés dans le
secteur de l'automobile, ce qui impliquerait, en envoyant un compte à
tout le monde, en s'assurant de la perception et toutes ces choses-là...
Je ne peux pas vous donner de pourcentage en termes d'augmentation, mais je
peux vous dire qu'il y aurait certainement des coûts attachés
à cela dans la proportion où on voudrait s'en occuper et donner
un service.
M. VEILLEUX: De 1,000 à 50,000 cela prendrait peut-être 50
fois plus de personnel chez vous.
M. BORNAIS: Les 50,000 ne seront pas envoyés, ils vont être
répartis sur une période de douze mois. Cela veut dire à
peu près 6,000 par mois.
M. VEILLEUX: Alors, la différence de coût, la diminution du
8.8 p.c. ne serait pas sensible au point que cela pourrait être un gain
majeur pour les assurés si on faisait disparaître les courtiers
tout en conservant les compagnies d'assurance.
M. ADAM: Certainement pas.
M. VEILLEUX: Je vous remercie de votre réponse et j'aimerais
aussi reprendre la question que je posais ce matin aux courtiers, que l'on
retrouve en bas de la page 223, où on dit que le coût moyen des
dommages pour une automobile au Manitoba est de $533. Comme c'est vous qui
payez ici au Québec, vous devez certainement faire des coûts
comparatifs avec les autres provinces ou d'autres pays à un certain
moment, pour vous rendre compte si vous payez en trop ou en moins et que le
coût moyen des dommages au Québec est de $808, ce qui fait une
différence de $275 en plus au Québec par accident en moyenne,
à quoi attribuez-vous cette hausse de $275 au Québec
particulièrement? Dans les dommages matériels, j'entends.
M. BORNAIS: Vous avez un élément, vous avez la
fréquence qui vient jouer. Plus la fréquence est forte, plus vos
coûts augmentent et votre moyenne, à ce moment-là, est
susceptible d'être affectée à moins que vous ayez un
coût moyen moindre par accident. L'augmentation que nous avons connue
depuis un certain nombre d'années spécialement au niveau des
pièces, au niveau des taux horaires dans les garages, ici simplement
pour la ville de Québec, nous avons des augmentations entre 30 p.c. et
40 p.c. au cours des trois dernières années. On est parti
d'environ $11 et là, on est rendu à $14. Certains commencent
à nous essayer avec $15 l'heure. Cela commence à être des
augmentations substantielles qui, inévitablement, se reflètent
dans les coûts et selon les informations que nous avons des autres
provinces, il semble que ces coûts sont moindres au niveau du taux
horaire en particulier et au niveau de la fréquence.
M. VEILLEUX: Cela répond au point d'interrogation que je me
posais.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives, neuf minutes.
M. TETLEY: M. le Président, j'invite M. Rankin, avec la
permission des députés membres de la commission, y compris
l'Opposition et le député de Beauce-Sud, à venir ici parce
que je voudrais vous poser une question, M. Rankin.
M. ROY: M. le Président, en attendant que M. Rankin puisse venir,
je ne voudrais pas qu'on s'encarcane ou qu'on se limite dans un nombre de
minutes parce que j'ai également une question à poser à M.
Rankin et j'y tiens.
M. TETLEY: Peut-être que je vais considérer...
M. ROY: Je ne veux pas limiter votre temps, M. le ministre, mais je
n'aimerais quand même pas, puisqu'on permet à M. Rankin de venir
à la commission...
J'ai une seule question à poser qui nécessiterait une
question additionnelle, mais je ne veux pas en présumer d'avance.
M. TETLEY: Les règles s'appliquent à tout le monde. M.
Rankin, we have heard a great deal about the facility, that is the pool of
insurance companies with bad risks and your report wishes to discontinue this
facility or pool. Can you give us briefly the reasons why you wish to so
act?
M. RANKIN (Ewen): Oui, M. le Président. Notre objectif n'est pas
d'abolir la "Facilité", c'est seulement le moyen d'arriver à nos
objectifs. C'est une bonne illustration qu'on ait dit "intégralement".
La plupart de nos recommandations sont liées, les unes aux autres. Les
raisons pour abolir la "Facilité" sont au nombre de trois.
Premièrement c'est établir la concurrence parmi les
compagnies; on a décrit le raisonnement dans le rapport, mais la raison
est la suivante, et ceci est reconnu dans le monde des assurances. C'est une
des raisons pour lesquelles la "Facilité" n'est pas adoptée aux
Etats-Unis. Si vous aviez un mauvais risque, quelqu'un qui, pour une raison
bien établie, doit payer une prime très élevée, il
y a quand même, peut-être, une compagnie qui serait prête
à accepter ce risque, à une certaine prime. Dans notre situation,
avec la "Facilité", il peut aller à n'importe quelle compagnie,
et la compagnie accepte le risque selon ses propres tarifs, et elle le passera
à la "Facilité". Si c'est un mauvais risque, la différence
dans la prime est distribuée parmi tous les assurés, sous cette
couverture. Une compagnie qui veut entrer dans un marché peut le faire
en acceptant ces risques que les autres ne veulent pas. Alors, la
"Facilité" détruit cette possibilité et, dans ce sens,
c'est contre la concurrence.
Le deuxième objectif est de réduire les coûts. Il y
a des recommandations qui visent le même objectif, et d'autres visant
à établir la concurrence au niveau des primes. On a dit dans le
rapport, qu'au niveau des services, de la mise en vente, la concurrence existe,
mais pas au niveau des primes. Le deuxième objectif est de
réduire les coûts. L'idée, derrière cela, est
d'éliminer la fonction de sélection des risques. Malheureusement,
en français, "sélection de risques" veut dire "underwriting and
risk selection". En réalité, dans le monde des assurances, il y a
trois fonctions impliquées. Il y a "field underwriting, underwriting and
selection of risks". Underwriting, in this sense, is the establishment of the
premium by the actuaries of the companies. Field underwriting is where the
agent or the employee in the field decides whether a given policy holder falls
within this or that category. Risk selection is where a company decides to take
a risk within a certain group. Instead of changing their tarif, they select the
best risks within that tarif.
Nous nous sommes aperçus que cette dernière fonction
coûte relativement cher pour l'assuré, et l'avantage pour
l'assuré est très discutable. Le seul avantage, c'est que cela
contribuera à l'évolution des primes. Mais, ce n'est pas la
meilleure façon d'assurer l'évolution des primes. Vous pouvez
dire, "quel est le montant impliqué"? Ce n'est pas la seule façon
ou mesure, visant à éliminer la sélection de risques.
Comme je l'ai expliqué en anglais, cette phrase en français a le
même sens dans les trois différentes fonctions. On a voulu
éliminer une de ces fonctions parce que cela coûte cher. L'ordre
de grandeur: 2 p.c. de primes. On peut dire que ce n'est rien, mais si vous
éliminez la possibilité de réduire les primes de 2 p.c.
ici, 0.5 p.c. là, 1 p.c. ici, 0.75 p.c. ici, on n'arrivait pas à
réduire les primes.
Troisième raison, c'est la meilleure répartition des
pertes parmi les assurés. Chacun paie une prime qui serait plus proche
du risque qui existe pour lui. Je crois que vous vous êtes aperçus
de ceci dans la première explication.
Pour quelqu'un qui est un mauvais risque, paie une prime qui est
établie le plus près de la classification actuelle. Du fait qu'il
est un mauvais risque, les pertes sont réparties à la fin de
l'année, parmi tous les assurés. C'est-à-dire que si vous
aviez un voisin qui a un jeune fils de 18 ans qui conduit comme un vaurien, ou
qui a une voiture sport, un des pires risques dans le système de
classification qui existe, ce serait mis dans un "pool" et, à la fin de
l'année, vous qui êtes un bon conducteur, allez subir les
conséquences.
M. TETLEY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Beauce.
M. TETLEY: II reste une minute.
M. ROY: C'est une question à M. Rankin.
M. LEGER: J'aurais une question d'une minute seulement après.
M. ROY: Une question à M. Rankin. Ce matin, l'Association des
courtiers a fait part qu'elle avait fait une recommandation à la
commission Gauvin en ce qui avait trait à la distribution et à
l'organisation d'une nouvelle base de commission, de façon à
mieux répartir la commission, compte tenu du montant d'argent
impliqué dans telle police, par rapport à une autre. Il semble
que cette suggestion de l'association n'ait pas été retenue et
les courtiers demandaient pourquoi la commission Gauvin n'avait pas retenu
cette suggestion.
Ma question serait celle-là, pour être en mesure d'informer
les courtiers du pourquoi de la chose et également, informer les membres
de la commission.
M. RANKIN: Merci, M. le Président, merci, M. Roy. Je crois que
ceci découle d'un malentendu. Nous avons retenu cette recommandation.
C'est dans le rapport. Nous avons dit que le courtier doit être
rémunéré par honoraires en fonction de l'acte. Mais les 5
p.c. qui sont dans l'autre recommandation n'ont rien à faire avec cela.
C'est seulement un contrôle global, pendant trois ans, pour forcer les
gens à être raisonnables.
Même si vous voulez retenir le côté des
règlements de réclamations, il faut quand même
considérer que le règlement de réclamations dans le
système que nous préconisons est largement changé en
comparaison avec le système actuel. Alors, si le courtier reçoit
un honoraire chaque fois qu'il intervient, c'est votre affaire, mais il faut
que l'assuré sache combien cela coûte.
Peut-être que c'est une chose mal comprise de la part des
courtiers. Nous avons adopté leur proposition et c'est dans le rapport.
Ce n'est pas la seule...
M. LEGER: M. le Président, juste une demi-minute pour une
question. Tantôt, je demandais: comment voyez-vous dans le plan Gauvin ce
qu'il advient du piéton et des passagers qui possèdent un revenu
supérieur à l'indemnité maximale du régime de base?
Comment voyez-vous cette protection-là?
M. RANKIN: Nous voyons cela comme une police supplémentaire.
C'est la raison pour laquelle on a spécifié la police de famille.
A ce moment-là, le plan supplémentaire peut offrir une protection
entière pour les accidents. Une fois que vous avez payé tous les
frais administratifs pour couvrir une famille pour les accidents d'automobile,
vous pouvez, pour des frais administratifs très réduits, inclure
tous ces accidents.
En réalité, on veut réduire le coût pour le
consommateur, en rendant plus facile pour les compagnies d'assurance
d'élargir la couverture de la police. Le problème qui se pose,
c'est qu'à l'heure actuelle, l'assurance-accident est entre les mains de
l'assurance-vie. L'assurance-automobile est dans les mains des assureurs
généraux. Chacun est prêt à accepter la part de
l'autre, mais ni l'un ni l'autre ne veut céder de terrain.
M. LEGER: Est-ce que vous voulez dire par là que si une personne
est assurée dans le régime "no fault" et a protégé
sa famille également, en y incluant son fils de 14 ans, si ce n'est pas
lui qui conduit, mais si c'est un autre véhicule qui frappe son
garçon, son fils est protégé par la police du père
qui ne conduit pas? C'est cela?
M. RANKIN: Oui, pour le régime supplémentaire. D'ailleurs,
c'est le système qui existe en Floride et dans plusieurs Etats des
Etats-
Unis. La raison pour laquelle on n'a pas le régime de base, c'est
en tenant compte des avantages et des désavantages pour les couvertures,
sur la famille ou sur l'automobile.
Nous l'avons expliqué pour le régime de base. C'est plus
pratique pour la plupart des réclamations, car la plupart des frais
administratifs s'appliquent à la voiture. Mais pour les raisons que j'ai
décrites, quand vous entrez dans un régime supplémentaire
qui ne touche pas beaucoup de gens, il doit s'assurer non pas seulement pour
les accidents d'automobile, mais pour tous les accidents.
M. ROY: Qu'est-ce qui se produit dans le cas, par exemple, d'une
personne qui n'a pas le régime supplémentaire? Ma question est la
suivante. Je pense que c'est bien important. On va prendre le cas, par exemple,
de gens qui sont pauvres, qui ont pris l'assurance "no fault",
l'assurance-responsabilité. On sait qu'en vertu du régime actuel,
une personne qui se promène sur le trottoir et qui se fait frapper par
une automobile a quand même un droit de recours, dans le système
actuel, contre les gens qui peuvent être assurés. Si ce n'est pas
couvert et que la personne n'a pas pris l'assurance-responsabilité
publique, une police d'assurance supplémentaire, qu'est-ce qui
arrive?
M. RANKIN: Elle va recevoir le minimum.
M. ROY: Si elle n'est pas assurée du tout, une personne, un
piéton?
M. RANKIN: Tous les piétons sont couverts par le
régime.
M. TETLEY: Par le régime Gauvin. M. ROY: Par le régime
Gauvin.
M. RANKIN: Par le régime. C'est une des grandes
différences entre le système proposé par le BAC et le
nôtre.
M. LEGER: La recommandation 21.
M. RANKIN: Tous sont couverts. C'est vrai que le minimum qu'on a
fixé, c'est une question de jugement pour nous en voulant
répartir la prime de la façon qui donne la meilleure valeur, dans
l'ensemble, pour l'assuré. On l'a jugé minime, mais il peut
envisager un projet qui peut fixer un minimum plus haut. Pour votre
information, je n'ai pas les dossiers ici, mais l'indemnité minimale
coûte environ, je crois, 20 p.c. de la prime.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je vous remercie, messieurs.
M. TETLEY: Messieurs les coopérateurs, je vous remercie pour
votre coopération. Vous
connaissez très bien la coopération et nous
apprécions votre présence, le Mouvement Des-jardins, ainsi que
vos compagnies d'assurance. Merci d'être venus.
M. ADAM: Merci, M. le Président, M. le ministre et MM. les
députés et veuillez croire qu'on demeure toujours à votre
entière disposition pour tout complément d'information que vous
pourriez désirer.
En guise de conclusion, M. le Président, si vous me le permettez,
je crois, pour ma part, que la mise en application du rapport Gauvin, sinon
dans sa totalité, serait certes de nature à réduire les
primes en assurance-automobile au Québec.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je vous remercie, monsieur.
J'appellerais la famille de M. Michael Tansey, Mlle Carol Tansey ainsi
que M. Peter Tansey. Etes-vous toujours dans la salle?
MLLE TANSEY (Carol): She is coming, she will be right...
LE PRESIDENT (M. Brisson): She is coming? Oui.
MLLE TANSEY: One minute!
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'accord, vous avez la parole, M. Tansey.
Famille Tansey
M. TANSEY (Peter): M. le ministre, messieurs les députés
de l'Assemblée nationale, messieurs les membres de la commission,
mesdames et messieurs. Nous allons présenter cet après-midi un
résumé des faits de notre cas par Mlle Charlotte Tansey, un
résumé des conclusions par Mlle Carol Tansey, et les autres
détails dont on aura besoin pour présenter ce cas.
Premièrement, le but de ce dossier est de démontrer au
comité que le présent système de compensation pour les
victimes de cette collision est inefficace. La prolongation de ce
système est totalement inacceptable. Si nous prenons en
considération que le véritable but de l'assurance-automobile est
de venir en aide aux victimes, en vous racontant l'expérience que nous
avons vécue, en voulant obtenir justice, tout en ayant les
dépenses médicales et légales remboursées,
j'espère prouver que le présent système semble favoriser
les compagnies d'assurance, les avocats et même les conducteurs
coupables, qui sont protégés par les compagnies d'assurance et
les avocats. Tout cela dans le but d'éviter aux compagnies d'assurance
de payer des réclamations. Il y a cinq ans que l'accident de mon
père est survenu et presque trois ans qu'il est mort, sans se
rétablir, et les dépenses de l'accident restent impayées
et totalisent approximativement $87,000. Nous ne voulons pas présenter
tous les détails. Ils sont dans le dossier. Maintenant, seulement un
résumé afin de vous donner un aperçu de notre
problème et des événements qui se sont
déroulés. Quelques parties seront présentées en
anglais, mais les questions évidemment peuvent être posées
en français ou en anglais.
Maintenant, je vous présente ma soeur Charlotte Tansey qui va
vous présenter un résumé des faits médicaux et
légaux.
MLLE TANSEY (Charlotte): The medical facts of my father's accident case.
He was struck by a car while standing on the sidewalk almost five years ago.
His accident expenses total $87,000 and they remain unpaid.
His injuries were grave: permanent and extensive brain damage,
concussion, two cuts for the forehead requiring 16 stitches to close, loss of
sight of one eye, complete loss of orientation and co-ordination, bruises
covering more than half of his body, three breaks of the right leg, leaving him
permanently crippled. He died two years after the accident without
recovering.
The legal facts. We engaged a lawyer and instituted court action against
the parties we believed responsible. The case came to trial two years leater,
late 1971, and we lost the case. We were ordered to pay court costs, almost
$4,000. Our lawyer then sued us for his fees and expenses: $10,500. We reported
him to the Bar of Quebec, they reduced the price. The lawyer for one of the
parties we sued had made several cash offers, these were not forwarded to us.
Our lawyer had neglected to notify the Fund within a year of the accident.
It took us one and a half years to affect a change of lawyers. Doctors
threatened to sue for their fees, and the Fund refused responsibility. We sued
them anyway and lost again. Again we were ordered to pay costs. This case took
one and a half years to be heard. Both judges had refused to have all the
evidence presented. Our first lawyer refused to give up the file and sued us
again. Legal aid refused us help.
Medical expenses total: $62,225.85. Legal expenses, to date: $11,065.48
and the case is not settled. Total accident expenses again: $87,209.17.
Item 5: a list of some of the financial appeals with which my father was
connected as financial campaign director in his many years in business. His
income stopped when he was struck by the car.
Item 6: the terrible emotional, physical and financial stresses placed
on the family at the time of the serious traffic accident.
Item 7: a list of the people in government, in the court, in the news
media, the insurance field, etc., that my sister, Carol, appealed to in order
to get our case resolved and the accident expenses paid.
Item 8: My beliefs that the Insurance Bureau
of Canada has the responsibility to settle insurance claims, if they
want to have us believe that they are capable of administering the funds that
Quebecers pay into insurance. Otherwise, there is a great big credibility
gap.
I would now like to ask my sister, Carol, who wrote the brief, to give
the final three pages of the brief with the conclusions.
MLLE TANSEY (Carol): The injustices in the present system of attempting
to obtain compensation for accident victims.
The legal and court costs are prohibitive.
The time delays are ridiculous it is almost five years our
case is not settled yet. The Syndic told me he knew of one case that took
twelve years.
There is really no guarantee of justice in the courts anyway, and if you
do not agree with the judgment, you simply cannot afford to appeal.
The witnesses never get a chance to tell the story in the court as they
see it. They must only answer the questions the lawyers ask.
The witnesses are harried and made sport of on occasion in the courts. I
saw it several times. Some of the witnesses come to court for the first time,
they are terriried, they want only to do their moral duty. They are made fun of
and frustrated in their attempts to get the true story across. Even doctors and
professional people are treated with no respect. Their words are twisted by the
lawyers.
The court procedure seems to be merely a battle of the lawyers' wits.
The judges do not place priority on getting the true story of an accident. Even
the lawyers' personalities and tactics in court seem to have a strong bearing
on the way the proceedings go.
Suggestions for improving the traffic accident scene.
Promptly put into law "no-fault insurance", thus doing away with the
lawyers, the courts and their prohibitive costs, and time consuming
tactics.
Settle all claims within a fixed time limit, the shorter, the
better.
The police should enforce the existing laws of traffic safety.
Drivers responsible for killing or maiming should have licences removed,
sometimes permanently, or in the case of injuries, for as long as the victim
remains incapacitated. Driving should be considered a privilege, not a
right.
Cars should be safety checked regularly.
Drivers should have regular tests.
Dangerous roads or corners where there are many accidents should be
repaired or rerouted by the province and the city.
Ambulance service should be improved upon.
Accident receiving centres should be established all around the province
and personnel should be trained.
Centres should be established for brain damage custodial and
rehabilitative care and personnel trained.
Home care, where possible, should be encouraged with financial help for
nursing care and equipment and drugs.
We must all learn to appreciate how precious life is.
In summarizing, I cannot emphasize too strongly that the present system
of compensation for traffic accident victims is not working, and it must be
changed. To me, all that we have suffered, the prohibitive costs, the time
consuming tactics of the lawyers, the injustices in the courts, the complete
lack of action on the part of the Insurance Bureau of Canada, the lack of
action on the part of the Bar of Quebec and the Canadian Bar Association, and
the total disinterest of both Justice Departments Quebec and Ottawa
and the lack of action on the part of the government, are all definite
signs that the victim is not the prime concern in the administration of the
present system.
Our case is not just one in a million. The Gauvin Report states that
almost 40 p.c. of victims never get compensated.
The Chief Justice of the Superior Court in Montreal, Judge Deschenes,
has said that injunctions from judges would no longer serve to solve deepseated
labor unrest, that the social problem was simply more vast. The same is true of
accident cases. The present system is so obviously not meeting the situation to
the extent that so many accident victims (the nearly 40 p.c.) do not even hope
to achieve social justice by speaking.
Whether the present insurance industry is capable of administering the
no-fault insurance as recommended by the Gauvin Report, I do not know. Whether
the government administering it would be any better I equally do not know. But
I do know that any system is only as good as the people at the head of it. They
must be people of integrity. They must be people with a sincere desire to help
the victim, not just to keep the wheels of business going around, as the
present system does, without the results for the victim. For surely, the only
purpose of automobile insurance must be to aid the victim.
Thank you.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
M. TETLEY: Charlotte Tansey, Carol Tansey and Peter Tansey, thank you
very mucn for coming with your friends. I think this is the most telling brief
we have had in our many hours of inquiry, probably the most important brief,
because it tells the problem of the citizen as opposed to, in many cases,
interest groups who have something to protect.
Your recommendations, Miss Carol Tansey, that you wrote out, seem to
follow almost completely the Gauvin Report and I suspect that you had these in
your mind long before the Gauvin Report.
There is one question I would like to ask you, first of all. Are you
still before the Indemnisation Fund, or has that claim been completely
dismissed?
MLLE TANSEY (Carol): How can we appeal, where is the money?
M. TETLEY: Although the Fund is, as you perhaps know, in another
Ministry, I will personnally take it up with the Fund. The Fund, which
represents all the underwriters of Quebec on a percentage basis, has a
responsibility here, and I will see to that.
Are there any other proceedings that you have?
MLLE TANSEY (Carol): The syndic has advised us to sue our lawyer but
where is the money again? We only have five years to do that. The time will be
up in December, I believe.
M. TETLEY: Perhaps I will see about that, afterward, but without making
a declaration.
MLLE TANSEY (Charlotte): I think one thing I would like to say is that
all the particulars of our case are particular and unique. We do not feel that
the particular quandary is unique. When we saw that nothing would come and this
was a very expensive process for us, we should perhaps, because we are more
articulate than most people, it was possible for us to make this
presentation.
M. TETLEY: Your case has been very extremely well presented here. I will
not say, as you have said, perhaps you should not have taken your case
yourselves to Court, but one never knows. You have mentioned here, at page 14,
I find it difficult to believe that any prominent group did not help you to
solve our problem. I firmly believe that the responsibility belongs to the
Insurance Bureau of Canada. By that, you mean the underwriters in general.
MLLE TANSEY (Carol): I had correspondence for two years with the legal
council of the insurance bureau in Toronto, Mr Piper, and his last letter to me
in August was that he will make representation to the Fund and he would let us
know definetely, hopefully, a good answer by the end of September. I have heard
nothing from him since that letter in August.
M. TETLEY: You realize that the recommendations of the Gauvin Commission
cover people who are standing on the sidewalk as your father was.
Perhaps I can ask, with the permission of the members of this
commission, Mr Rankin to come here and answer questions right on that point of
view, or would you like to leave it to the end?
M. LEGER: At the end maybe.
M. TETLEY: Perhaps we will leave you to the end, Mr Rankin. I then
reserve my question period until the end.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: Je voudrais vous remercier pour ce témoignage qui est
un appel à la sensibilité des législateurs. Je pense que
c'est un exemple flagrant d'un système dans lequel, si l'appétit
du profit d'une compagnie n'est pas temporisé par une conscience
sociale, le système va mal. On voit actuellement que dans le
système dans lequel on vit, plus une personne est riche, plus elle a les
moyens de se défendre; moins une personne est riche, moins elle a de
moyens de se défendre. On dit souvent qu'une personne moins riche a
moins de moyens, non seulement elle a moins de moyens financiers, mais vous
avez donné l'exemple flagrant de moyens de se débattre dans un
système qu'elle ne comprend pas, avec des rouages et des comportements
à tous les niveaux qui font que les gens qui essaient de se
défendre dans ces systèmes ne les connaissent pas.
Je voyais l'exemple, entre autres, de l'attitude des avocats qui
interrogeaient des témoins, dans le but de gagner leur cause, et
obtenaient des témoins, une réponse qui convenait à
l'avocat et qui n'était pas nécessairement la
vérité exacte comprenant tout l'aspect du drame que vous vivez.
Le juge était obligé de n'entendre que la partie que les avocats
avaient bien voulu obtenir par des questions bien précises. Vous ne
pouviez pas répondre à côté des questions.
Je pense qu'il y a tout un système à repenser et vous nous
sensibilisez réellement par un exemple vécu. Le fait que dans un
système d'assurance, vous le dites très bien à un endroit,
ce qu'il faut d'abord dans un système d'assurance, c'est indemniser. Je
pense c'est ce que je disais ce matin et à d'autres occasions
qu'il ne s'agit pas uniquement de rendre une personne responsable, mais
aussi d'indemniser les victimes. C'est cela qui est le but premier de
l'assurance, indemniser les victimes, que ce soient des blessures corporelles
ou des pertes matérielles. Je pense que vous avez soulevé le
problème majeur et j'espère que tous les membres de cette
commission, comme moi-même, allons être sensibilisés
à cela de façon que, quand l'entreprise privée fonctionne
bien, qu'elle a une conscience sociale, elle a sa raison d'être. Mais
quand une entreprise privée n'a pas de conscience sociale, c'est au
gouvernement de s'élever et de réglementer dans ce domaine.
Dans le rapport Gauvin, si on regarde à la page 343, à la
recommandation 21, il est bien dit qu'avec le plan de changement global de la
situation, cette assurance de base que tout conducteur doit avoir, cela
couvrirait tous les occupants, du véhicule ainsi que les piétons
et toute personne blessée impliquée dans un accident.
C'est donc dire que cette recommandation, avec le système sans
responsabilité, vous aurait enlevé tous les problèmes
d'ordre de préjudice moral, de difficultés émotionnelles
que vous avez vécus pendant ces années. C'est donc dire que vous
auriez peut-être eu un montant inférieur à la somme
réclamée parce que dans le barème, il est sûr que
vous auriez eu un montant précis qui vous était dû.
Peut-être que cela n'aurait pas été le montant exact de
tous vos dommages parce qu'il y a quand même une certaine discrimination
dans un barème, un barème, c'est pour tout le monde. Il se peut
qu'il y ait des gens qui recevraient plus qu'ils n'en réclament ou
qu'ils ont réellement subi comme préjudice; d'autres en
recevraient moins. Mais une chose est certaine, c'est que dès
l'accident, quelques mois après, vous auriez reçu une somme
précise.
Je parlais de cela tantôt avec M. Rankin, supposons que, dans le
barème établi par l'assurance "no fault", vous auriez eu une
somme peut-être inférieure, mais au moins vous l'auriez eue tout
de suite.
C'est peut-être préférable d'avoir une somme
sûre et minimale que de passer quatre ou cinq ans à attendre, de
passer d'un avocat à l'autre, d'un juge à l'autre, d'une cour
à l'autre et en ayant toujours cette appréhension pendant ce
temps. Est-ce que je vais être payé? Comment est-ce que je vais
honorer les demandes des médecins, des hôpitaux et les autres
dépenses que j'ai occasionnées? Je pense que c'est tout ce
problème qu'il faut repenser dans le système actuel de
l'assurance-automobile, de l'indemnisation. Je suis très sensible
à ce que vous venez ie nous dire et je pense qu'il faut que l'exemple
que vous avez vécu serve de base à un changement d'orientation
dans l'assurance actuellement. Je n'ai pas de question particulière
à vous poser, sauf que je trouve que l'exemple que vous apportez est une
preuve flagrante que le système actuel est trop compliqué pour
permettre à un individu moyen de se débattre et qu'il faut qu'il
y ait une réponse sociale, un remboursement automatique à toute
personne qui a subi le préjudice que vous avez subi. Je vous remercie de
venir présenter cela et je pense que votre exemple va servir à
d'autres. Cela ne règle peut-être pas votre cas mais, au moins,
ça va sensibiliser le gouvernement et le législateur et
même les compagnies d'assurance qui écoutent et qui vont lire les
journaux demain. J'espère que ça va être bien
publié; ce que vous avez vécu, il ne faudrait pas que ça
se reproduise ailleurs. Une société "mature", qui a
évolué, doit prévoir ces situations de façon que
d'autres ne vivent pas ce que vous avez vécu. Au moins, j'espère
que vous aurez plus que ça, mais l'exemple que vous avez vécu et
étalé aujourd'hui servira à d'autres pour qu'ils ne
subissent pas la même chose. Je vous remercie d'être venus.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Un court commentaire. D'abord, je veux féliciter ceux qui
ont eu le courage, je dis bien le courage, de préparer un mémoire
et de venir le soumettre devant la commission parlementaire. Je pense que
ça mérite d'être souligné. Ce sont des choses dont
nous avons besoin d'être au courant, nous avons besoin d'être
informés. Evidemment, sur ce point et sur le règlement des
sinistres, nous avons eu l'occasion d'en discuter. Personnellement, j'avais
soumis une couple d'autres dossiers pour démontrer qu'il y avait quelque
chose d'urgent à faire à ce niveau. Je n'ai pas à revenir
sur les deux cas que j'avais soumis mais je voudrais surtout discuter et faire
quelques commentaires sur le cas qui nous est soumis présentement pour
dire que ce cas n'est pas unique, malheureusement, il y en a d'autres dans la
province. J'aimerais que le ministre prenne note à ce moment-ci et nous
dise si d'autres individus ont manifesté le désir de se faire
entendre devant la commission parlementaire pour attirer notre attention sur
des situations de ce genre.
M. le Président, quand on regarde ces choses, il est
évident que nos "étatiseux", pour employer le terme
j'insiste sur le terme, nos "étatiseux" voudront faire le
procès de l'entreprise privée. Je pense que, si on se place en
dehors de tout débat philosophique et qu'on regarde ça en toute
objectivité, il faut souligner â ce moment-ci qu'on retrouve
d'autres cas qui ne sont pas mieux que celui-là, à notre fameuse
Commission des accidents de travail, entreprise étatique monopolistique.
Je pense que c'est bon qu'on le dise. Il y a des choses que j'ai dites au
début des travaux de la commission parlementaire. J'ai dit que notre
travail, en tant que membres de la commission, consistait à permettre
à tous ceux et celles qui ont quelque chose à dire de venir se
faire entendre devant la commission. Le seul critère qui devait nous
guider, je veux revenir sur cette question, était celui d'offrir
à la population du Québec et à tous les
Québécois le meilleur service possible, de la meilleure
qualité possible, au meilleur prix possible. Je trouve malheureux que
ces choses se produisent, je trouve extrêmement malheureux que cette
famille ait à subir ces choses. Il y en a d'autres, il y en a dans tous
les comtés de la province de Québec, malheureusement, et ceci
nous oblige à faire quelque chose. De là, à tout
chambarder, à se servir de ces exemples pour tout étatiser, n'est
pas corriger une situation. On ne remplace pas un mal par un autre, on ne
corrige pas une situation monopolistique en en créant une autre
monopolistique et surtout étatique. A ce moment-là, l'Etat
dépasse son rôle d'arbitre libre et objectif, parce qu'il est
lui-même impliqué.
M. le Président, encore une fois, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention, c'est extrêmement regrettable qu'il y ait des gens
qui soient victimes de situations de ce genre, dans une province comme la
nôtre, dans une province où nous avons tout à notre
portée, à notre disposition pour tâcher qu'une saine
justice soit appliquée.
En ce qui me concerne, je ne peux pas porter de jugement, parce qu'il
semble que les juges ont eu de la difficulté à le faire. Mais
est-ce que cela dépend des compagnies d'assurance? Est-ce que cela
dépend de certains membres du Barreau? Je ne voudrais pas accuser le
Barreau dans son ensemble, mais je pense qu'une situation de ce genre et un
dossier comme celui-là devraient être soumis au protecteur du
citoyen, de façon qu'il puisse l'analyser sous toutes ses facettes afin
qu'un rapport objectif et un rapport indépendant soit fait.
M. le Président, c'est peut-être là l'occasion que
nous avons aujourd'hui de souligner l'importance qu'il y aurait de repenser le
rôle et les fonctions du protecteur du citoyen. On a voulu
protéger le citoyen contre les abus de l'Etat, mais je pense qu'il y a
d'autres abus auxquels les citoyens sont victimes à l'heure actuelle. Je
verrais très bien, en ce qui me concerne, que des cas types comme celui
qui nous est soumis attirent notre attention davantage sur la
possibilité et sur l'urgence d'offrir aux citoyens
québécois, quels qu'ils soient et où qu'ils soient, un
moyen de protection et un moyen de se faire entendre, de façon à
éviter et à nous épargner des choses aussi tragiques que
celles que nous avons devant nous.
MLLE TANSEY (Charlotte): Could you ask us one question just to make us
respectable? Or should we ask you about the further question of the
institutions they do not fit the brain damage? You know the whole social
question which is the further question, below the iceberg of this particular
event here that we are talking about.
M. TETLEY: Charlotte, I would say that what you have said here to day is
very important. The government wants more than one ministry involved here,
obviously, not merely ours, the ministry which looks after insurance per se,
but also Justice and Transport and Public Works. The Ministry of Social Affairs
has also taken a great interest in the report. I will see that your
recommendations, as read out by your sister Carol, are brought to Mr. Forget's
attention. But perhaps you could give us more details on that actual
recommendation yourself. Would you care to? On the question of brain
damage.
MLLE TANSEY (Carol): Yes, there was no place really to care for my
father. The rehabilitation could not take him, they only do physical. The
Douglas could not take him, they only do mental. There was nowhere. Where do
you send a person? So, none of the hospitals wanted him. They kept discharging
him. He was in a convalescent and he was beaten. Then finally, they discharged
him because he was too noisy for there. They kept him drugged to the hilt.
MLLE TANSEY (Charlotte): I think we should say though, we should make it
clear that the person whom we think did the beating was not someone who was
hired by the hospital, but our own nurse. It seems to me we strained the
facilities of each of the institutions and we asked them to do something as a
favor, which they were not set up to do. So, it is unfair to look completely
critically at something which never attempted to be that kind of institution.
We have had experience since then with St. Mary's Hospital over the last
summer, the sophistication in drugs. In the two years'time, it is quite
remarkable. There is much more knowledge on the part of all the staff for
drugs, and also the experience we had recently was within the proper function
of the hospital.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député d'Anjou.
M. TARDIF: M. le Président, j'ai lu avec beaucoup de sympathie le
mémoire qui nous a été soumis, et je pense que je me fais
l'interprète de tous ceux qui sont dans cette salle quand je dis que
nous compatissons avec vous à cause des événements que
vous avez subis, que vous avez endurés au cours des dernières
années.
Malgré ce que le député de Beauce-Sud a dit tout
à l'heure, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un cas qu'on rencontre
à de multiples exemplaires. En fait, je pense que c'est plutôt un
cas qui est un petit peu exceptionnel, qui sort un peu de l'ordinaire.
Vous avez une personne âgée de 84 ans qui se tient debout
sur un trottoir et qui est heurtée par un véhicule automobile et
qui ne réussit pas à obtenir une compensation de la partie
responsable. Je vous avouerai que je n'ai pas une grande pratique du droit, en
fait j'ai pratiqué pendant cinq ans et demi dans le domaine de la
responsabilité et je peux vous dire que je n'ai pas vu ce genre de cas
se produire souvent. Le véritable problème ne se situe
peut-être pas tellement au niveau des structures ou au niveau de
l'indemnisation comme telle, mais il y a peut-être eu un certain nombre
d'erreurs qui ont été commises par votre avocat. Même si le
bâtonnier est présent ici et même si je suis moi-même
avocat, j'ai l'impression, à une lecture rapide des faits que vous
mentionnez dans votre mémoire, que l'avocat est peut-être un
peu responsable des malheurs qui se sont abattus sur vous, parce que je
vous avouerai que c'est assez rare qu'à 84 ans, une personne qui est
blessée, même si elle était affligée d'une
incapacité totale permanente, qu'il y ait des jugements qui soient
rendus au montant de $30,000.
Il y a peut-être d'autres avocats qui ne seraient pas d'accord
avec moi, mais je peux vous dire qu'on ne voit pas tellement souvent des
jugements accordant un montant de $30,000 à une personne
âgée de 84 ans. Si votre avocat vous avait transmis la
proposition, à ce moment, vous auriez sans doute été en
mesure d'évaluer s'il fallait accepter cette proposition ou s'il fallait
la refuser. H ne l'a pas fait. Il est sans doute responsable bien que je
n'aie pas de jugement de valeur à porter sur cet avocat que je ne
connais pas d'une grande partie de vos malheurs. Est-ce que, à ce
moment, il faut nécessairement dire que, puisqu'un avocat a commis une
faute, puisqu'il a pris du temps, puisqu'il n'a pas averti le fonds
d'indemnisation, puisqu'il ne vous a pas avertis des offres qui ont
été faites par la partie supposément responsable, on doit
nécessairement changer tout le système? Même si on
établissait un système d'indemnisation automatique, selon un
barème, je ne pense pas que ce système vous aurait accordé
un montant de $30,000. C'est pour cela que je me demande si vous pensez que
votre cas se rencontre à de multiples exemplaires et si vous pensez,
d'autre part, que votre cas démontre qu'il faudrait remplacer le
système actuel par celui qui est proposé par le rapport
Gauvin.
M. TETLEY: M. le Président, sur un point de règlement,
avant que vous ne répondiez. Mon père, âgé de 80
ans, a été frappé par un taxi, il n'était pas sur
un trottoir, il était sur un "crosswalk"; il était 100 p.c. non
responsable, mais parce qu'il avait un garçon qui était avocat,
qui était moi, j'ai procédé contre la compagnie et la
compagnie a payé. Mon père a vécu six autres
années. Il avait le droit de vivre encore six ans, malgré qu'il
eût 80 ans. Donc, sur une question de règlement, je crois que la
question à la famille Tansey est discutée et est discutable. De
plus, nous avons reçu, au ministère, plusieurs cas de
prescription, c'est-à-dire où l'avocat a oublié de
procéder et nous avons tordu le bras de la compagnie d'assurance. Le
ministère a forcé les compagnies à reconsidérer la
question et à faire un paiement discrétionnaire. Donc, c'est une
question de point de règlement, M. le Président.
M. TARDIF: En fait, M. le Président, moi, tout ce que je voulais
savoir, de la part des personnes qui nous ont présenté le
mémoire, c'est si l'adoption intégrale des recommandations du
rapport Gauvin constituerait nécessairement une réforme
souhaitable. Je leur dis cela en leur demandant de ne pas tenir compte
exclusivement de leur cas.
Je suis tout à fait d'accord avec le ministre que...
M. TETLEY: C'était avant Medicare. Combien de dépenses
médicales avaient-ils? Ils avaient $66,000 de frais médicaux qui
n'étaient pas discutables.
M. TARDIF: C'est sans doute une chose qui ne se produirait plus
maintenant, étant donné que l'assurance-maladie est entrée
en vigueur. Enfin, je me pose la question, malgré tout, M. le
Président. C'est un peu pour cela qu'on interroge les comparants.
M. BOSSE: Cela devient un débat.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que le député a
posé sa question?
M. TARDIF: Oui, je l'ai posée.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que monsieur voudrait
répondre?
M. TANSEY: Je n'ai pas à dire que le rapport de la commission
Gauvin va nous donner au complet une réponse qui sera parfaite dans
notre cas. Non. Mais il est certain qu'avec le système sans égard
de responsabilité, la réponse aurait été meilleure,
car c'était rien. Ce n'est pas difficile d'être meilleur que ce ne
l'était. C'était rien. Nous pensons que c'est le système
existant qui ne répond pas aux besoins des gens qui ont besoin
d'aide.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Dorion.
M. BOSSE: Je voudrais féliciter la famille Tansey. I wish to
congratulate you for exercising your rights as consumers because we must
remember that this commission is sitting actually in order to discuss the
protection of the consumers in regard to the automobile insurance. Ceci
étant dit, je note qu'il n'y a pas, dans la salle... Vous avez,
évidemment, présenté devant nous un cas qui est
dramatique, évidemment, mais qui est extrême. Cependant, il se
trouve des milliers d'autres cas qui, sans être aussi graves, se
produisent chaque jour et ne sont pas révélés devant la
commission parlementaire. Je note cependant que des cas comme le vôtre et
d'autres qui pourraient être moins graves viennent devant la commission
parlementaire. On ne retrouve pas ce phénomène des foules
immenses qui applaudissent parce que, justement, vous êtes dans la
majorité silencieuse, de ceux qui ont peu de moyens en main pour
s'exprimer.
La preuve, je pense que vous nous l'avez donnée lorsque, tout
à l'heure, vous avez dit:
Pour faire des poursuites, encore là, faut-il de l'argent,
faut-il des avocats. Et votre confiance, en ce qui a trait aux avocats, semble
avoir diminué énormément. Je ne veux pas ici
détruire complètement la crédibilité en ce qui a
trait à nos collègues, les avocats. Seulement, dans le secteur de
l'automobile, il est une rumeur fréquente qui court les corridors, selon
laquelle, par exemple, la fabrication de preuves en matière
d'assurance-automobile est très courante. Certains de mes
collègues hocheront la tête. J'ai vécu personnellement de
ces types d'expérience et j'ai voulu pousser à bout certains de
mes amis pour voir jusqu'où on pouvait aller, dans le domaine de
l'assurance-automobile, pour épargner quelques dollars.
D'autre part, pour relever quelques remarques de notre collègue
de Beauce-Sud, il a profité d'une occasion comme la vôtre pour
faire une envolée contre ce qu'on appelle l'étatisme. Je ne crois
pas que l'incident qui est le vôtre se soit produit sous un régime
étatique. Bien au contraire, nous n'avons pas de régime
étatique. Lorsque le député de Beauce-Sud en profite pour
faire de la petite politicaillerie sur une question aussi sérieuse et
aussi grave que la vôtre, je le déplore.
M. ROY: M. le Président, je m'excuse, mais j'invoque le
règlement.
M. BOSSE: M. le Président, j'ai la parole et j'entends aller
jusqu'au bout. Je n'entends pas me laisser impressionner par le
député de Beauce-Sud...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre!
M. ROY: M. le Président, j'invoque le règlement!
M. BOSSE: ... qui, toutes les fois qu'il est question de mesures
sociales valables et de réformes, s'en prend au système
étatique.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! Le député de
Beauce-Sud, sur une question de règlement.
M. ROY: M. le Président, sur une question de règlement. Je
n'en ai pas fait une question de petite politique...
M. BOSSE: C'est de la politicaillerie!
M. ROY: ... et encore moins de politicaillerie. Ce n'est pas mon style,
ni mon genre.
M. BOSSE: Vous avez bien changé et cela, depuis quelques
minutes.
M. ROY: M. le Président, je veux tout simplement poser une
question et je n'ai pas attaqué le Parti libéral que soutient mon
collègue, ce à quoi je lui donne le droit. J'ai tout simplement
dit ceci j'ai posé une question de principe qui devait guider la
commission parlementaire et je le répète: II n'est pas
question de commencer un débat philosophique, comme le fait le
député de Dorion présentement, mais bien plutôt de
discuter à partir des principes qui devaient nous guider, à
savoir assurer à la population le meilleur service, la meilleure
qualité et au meilleur prix. Je n'ai attaqué le Parti
libéral d'aucune façon.
M. BOSSE: M. le Président, je n'ai pas parlé du Parti
libéral non plus. J'ai dit tout simplement et j'ai
répété que le député de Beauce-Sud en avait
profité pour faire de la petite politicaillerie en traitant le
régime d'étatique. Or, l'événement qui s'est
produit ne s'est pas produit sous un régime étatique. Au
contraire, il s'est produit sous le régime de l'entreprise
privée.
M. ROY: M. le Président, il n'a rien compris, et il vient de nous
en donner la preuve !
M. BOSSE: C'est-à-dire qu'il faut être de Beauce-Sud pour
ne rien comprendre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que le député de
Dorion...
M. BOSSE: Et les applaudissements ne viennent sûrement pas des
gens qui accompagnent ceux qui ont perdu leur père dans ces
circonstances et qui ont dû faire les frais de la musique.
Ceci étant dit, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Dorion aurait-il
une question à poser aux témoins...
M. BOSSE: Je veux poser une question, mais je veux surtout faire
remarquer...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Ce sont des questions qu'on doit poser et non
faire des...
M. BOSSE: Je regrette, mais je ne suis pas à la période
des questions en Chambre. Je suis ici devant une commission parlementaire
où je peux faire, comme les autres députés, des
commentaires. Si, d'une part, les autres partis ont cette permission de faire
des commentaires, je crois bien que, comme député
ministériel, je peux aussi, à l'occasion parce que je
représente aussi une population...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Continuez, continuez, le temps
s'écoule.
M. BOSSE: Si vous voulez cesser de m'interrompre, M. le Président
ce que j'apprécierais je pourrais continuer dans le
même filon et faire valoir mes opinions. Pour ma part, M. le
Président, je crois que le rapport Gauvin ne fait qu'essayer de corriger
des situations comme
celles que vous avez vécues et qui vont probablement permettre de
mieux traiter les consommateurs, parce que nous sommes ici et cela,
beaucoup d'entre nous semblent l'oublier pour défendre les
consommateurs, pour défendre ceux qui ne sont pas suffisamment
présents ici.
Si, au lieu de faire des démonstrations de quinze ou vingt mille
personnes pour d'autres motifs, on les faisait pour défendre les
consommateurs, je pense qu'on accomplirait au moins des choses constructives.
Ceci devrait être fait et je serais le premier à me joindre
à eux. M. le Président, je vous remercie de votre bonne attention
et de m'avoir permis de m'exprimer pendant moins de dix minutes.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Espérons que vous reviendrez.
L'honorable député d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): ...aux commentaires ministériels.
M. TREMBLAY: M. le Président, je demeure également bien
ému et bien sympathique à la cause des personnes qui viennent
présenter ce mémoire à la commission parlementaire. Je me
permettrai de poser seulement une ou deux questions au porte-parole des
personnes qui sont ici.
Il y a, dans l'explication de leur mémoire, qui est en langue
anglaise, une série d'échanges de documents entre, d'abord, un
avocat; ensuite, un syndic, un deuxième syndic et un autre avocat. En
des termes brefs, mais peut-être plus clairs, en langue française,
pouvez-vous me dire exactement quelle est cette situation de...
M. TANSEY (Peter): Je ne comprends pas exactement ce que vous voulez
dire. Est-ce que c'est...
M. TREMBLAY: Les papiers qui manquaient, par exemple, au dossier...
M. TANSEY: Les papiers pourquoi?
M. TREMBLAY: Quand vous dites: "I notified the Syndic of the Bar that
lawyer A would not release our file... " and so on.
M. TANSEY: Ah oui! Tous les dossiers de notre cas, de notre cause,
étaient aux mains de l'avocat A. Il n'a pas voulu les laisser aller
jusqu'à ce qu'il soit payé au complet, soit le montant original
de $10,500.
M. TREMBLAY: Est-ce que l'avocat A était celui qui avait
manqué à la prescription de vous offrir les $30,000?
M. TANSEY: Oui, toujours le même.
M. TREMBLAY: Avez-vous eu un recours en justice contre cet avocat?
M. TANSEY: Pas encore. On n'a pas d'argent.
M. TREMBLAY: Ne trouveriez-vous pas que ce serait la solution la plus
simple? Parce que le grand responsable, c'est celui-là.
M. TANSEY: Ah! C'est toujours...
M. TREMBLAY: C'est le Fonds d'indemnisation finalement.
M. TANSEY: On est toujours intéressé à faire les
deux, mais, en même temps, cela prend de l'argent en masse. A part cela,
c'est toujours nécessaire, évidemment, d'avoir des preuves
concrètes et solides. Elles sont assez difficiles.
On avait commencé notre cause en pensant qu'on avait un
témoin qui était sûr, solide, quatre pieds en
arrière de mon père. Il était un témoin, pour moi,
qui devait être absolument parfait. Il n'était pas connu de nous.
C'était un tailleur qui restait là. On avait pensé avoir
une cause solide, concrète et presque sans discussion. Mais, en
même temps, on a perdu la cause. On a perdu une deuxième fois.
On a perdu contre le fonds aussi, qui a dit que ce n'est pas l'original
qu'on avait pensé, mais en même temps, si ce n'était pas
lui, il devrait être inconnu, mais en même temps, il dit: Ah non!
Ce n'est pas vrai. Cela peut avoir été lui et vous ne l'avez pas
prouvé. Peut-être que c'est toujours lui. Ce n'est pas un inconnu.
On est au milieu, si vous voulez.
M. TREMBLAY: Après toutes les tracasseries de la cour,
finalement, quand vous avez su que l'avocat en question ne vous avait pas
averti en temps légalement utile pour l'indemnisation des $30,000,
quelle a été votre réaction immédiate? Est-ce que
vous avez pensé que cela aurait été le joint, par exemple,
d'avoir au moins le minimum de règlement si les deux causes
précédentes, vous les aviez perdues devant un juge? Si,
finalement, vous auriez pu, au lieu de tout perdre...
M. TANSEY: Nous étions certainement intéressés
à avoir quelque chose du fonds.
M. TREMBLAY: Oui, mais en ayant un recours contre cet avocat qui vous
aurait peut-être trompés, sciemment ou quoi?
M. TANSEY: On avait assez...
M. TREMBLAY: II l'a fait par négligence professionnelle?
M. TANSEY: Oui. On avait pensé de le poursuivre pour cette cause,
mais en même temps...
M. TREMBLAY: Qu'est-ce qu'en pense le Barreau?
M. TANSEY: II nous avait avertis que c'était la chose à
faire. Mais encore, toujours la même affaire. Cela prend de l'argent.
N'importe quel...
M. TREMBLAY: Est-ce que cela prend de l'argent pour...
M. TANSEY: Cela prend de l'argent pour n'importe quelle cause. C'est
impossible de commencer l'affaire sans argent. C'est ce qui apparaît de
tout cela.
M. TREMBLAY: Parce que je remarque que vous avez dépensé
beaucoup d'argent.
M. TANSEY: Oui. Le syndic nous a avertis de le suivre, mais... le
coût, on ne le sait pas du tout. C'est toujours possible qu'on le suive,
mais il nous faut faire des moyennes.
M. TREMBLAY: Je vous remercie. M. TANSEY: Merci beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Question d'information. Est-ce que le type que, dans votre
esprit, vous jugez responsable de l'accident avait des assurances ou
était-ce un type qui n'avait pas d'assurance?
M. TANSEY: II avait de l'assurance. M. VEILLEUX: II avait de
l'assurance?
M. TANSEY: II avait deux, trois ou quatre avocats à la cour pour
le défendre.
M. VEILLEUX: Comme solution concrète à un tel cas, est-ce
que vous verriez que le fonds d'indemnisation dise au départ,
étant donné que les gens semblent avoir subi un préjudice
ou du moins, que cela leur a coûté certain frais, que le Fonds
puisse avancer à la partie lésée les sommes
nécessaires, quitte après cela à ce que la personne qui
est déclarée coupable rembourse le fonds d'indemnisation, soit
les compagnies d'assurance, en attendant que les procès se fassent?
M. TANSEY: Ce n'est certainement pas nécessaire, si le conducteur
n'a pas été jugé coupable, c'est certainement
nécessaire que le fonds paie automatiquement. Mais en même temps,
ce n'est pas nécessaire non plus que le fonds esquive ses
responsabilités, à notre avis au moins, en disant que ce
n'était pas un inconnu. C'était quelqu'un de connu. Et le
juge...
M. VEILLEUX: D'abord, je pense que c'est indépendamment de connu
ou d'inconnu. Il y a un accident. Une personne a des frais médicaux, des
frais d'hospitalisation, etc., comme vous avez les comptes de médecins,
des hôpitaux, etc. Qu'à partir de ce moment, le fonds dise: Nous
allons payer ces frais parce que ce sont, quand même des fonds pris dans
le fonds général de la province. Le procès suit son cours
et, lorsque le jugement est rendu, s'il y a de l'argent à rembourser,
c'est le fonds qui se rembourse en premier et le reste va à la famille.
Cela pourrait être une solution à des problèmes comme ceux
que vous exposez.
M. TANSEY: Ce n'est pas nécessaire le cas que le fonds paie
automatiquement. Non. Mais encore là, ce n'est pas le fait non plus
qu'il devrait l'éviter sur une technicité, à notre avis
tout au moins. Il y a un argument, c'est la prescription ou non, dans de tels
cas.
M. VEILLEUX: Je pense que nous nous sommes mal compris. Selon votre cas,
vous subissez préjudice à cause d'une technicité. Je fais
abstraction de la technicité. Un accident comme celui que votre
père a subi arrive ce soir. Il y a des frais immédiats à
encourir. La famille subit des pertes financières. Immédiatement,
le fonds entre en fonction, si je peux m'expri-mer ainsi avance
les sommes nécessaires. Alors, le fonds dit: Quand le jugement sera
rendu, il y aura une personne responsable de l'accident et cette personne
remboursera le fonds. A ce moment, le fonds devient tierce partie à la
cause et peut-être que cela pourrait enlever les défauts de
technicité que vous avez subis.
M. TANSEY: Oui. C'est certainement mieux de se voir payer quelque chose
tout de suite, sans qu'on nous paie tout. Evidemment, c'est l'aide de
l'assurance sans égard à la responsabilité.
Cela peut nous aider beaucoup entre-temps. On est
intéressé à avoir du secours de n'importe où dans
notre cas. On n'a rien reçu. C'est là le problème.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
M. HARVEY (Charlesbourg): Le bâillon.
M. TETLEY: Non. J'espère qu'il n'y a pas de bâillon
ici.
M. le Président, il y a une chose qui a été
signalée et je voudrais avoir le droit de faire un court commentaire,
suivant le jugement qu'a rendu lui-même le député de
Dorion. Parfois, même lorsque l'avocat est honnête, travaillant,
etc., il perd ses causes et le malheur affecte le client quand même.
C'est une des injustices du système à la cour. Moi, j'ai perdu
des causes que j'ai cru pouvoir gagner. Il faut noter ce fait que
notre système, parfois, est injuste ou au moins le consommateur
ou l'assuré croit que c'est injuste. Parfois, c'est injuste.
Malgré qu'il n'y ait pas de faute du juge ou de l'avocat, c'est
peut-être le cas d'un témoin ou lorsque vous lisez le
mémoire du...
M. BOSSE: Le "no fault".
M. TETLEY: Exactement. Lorsque vous lisez le mémoire de la
famille Tansey, vous voyez qu'un document important a été
refusé comme preuve à la cour, un document prouvant que
l'automobile en question était l'automobile qui a effectivement
heurté le père.
M. le Président, avec la permission de la commission, j'aimerais
poser une question à M. Rankin et je crois qu'il nous reste quelque
temps pour poser des questions si d'autres députés ont des
questions. Mr Rankin, please.
Vous avez écouté le témoignage de la famille
Tansey, vous avez lu son mémoire et en vertu du système
proposé par le comité Gauvin dont vous faites partie, est-ce que
la famille Tansey aurait reçu paiement de ses dommages? Et dans quel
délai? Si c'est possible. Si vous n'êtes pas capable de
répondre tout de suite, peut-être demain.
M. RANKIN: M. le Président, M. le ministre; à la page 12,
je crois qu'ils ont établi un tableau des dépenses et la
répartition des coûts. Si on passe cela un par un; les frais
médicaux, par le système que nous avons proposé, seraient
tous couverts; les frais légaux ne sont pas applicables parce qu'il
n'existe pas de droit de recours devant la cour, sauf en cas d'appel
spécifié; les funérailles, c'est tout payé; les
frais de famille ne seront pas payés, mais par contre, pendant la vie de
la victime, après un délai de sept jours, la victime va recevoir
un minimum de $50 par semaine jusqu'à son décès ou, si
elle a un revenu, un salaire, j'imagine qu'il était à la
retraite...
M. TANSEY: Non.
M. RANKIN: II travaillait. Alors, le père aurait jusqu'à
la limite du régime de base qui est de $200 par semaine, moins
l'impôt applicable. Pour les vêtements, etc., $1,000, cela
était tout couvert. Il y a un montant additionnel qui est à
ajouter. On appelle cela les pertes générales, les pertes
non-économiques, dans ce cas-ci, ce sont les douleurs et souffrances et
perte de jouissance de la vie. Nous avons proposé un barème au
lieu d'essayer de déterminer chaque cas qui va jusqu'à
$10,000.
M. RANKIN: Pour être plus spécifique, comme on peut lire
à la page 2, les blessures ont été parmi les autres
dommages permanents, considérables au cerveau, la perte complète
de la vue d'un oeil, trois fractures à la jambe droite, le laissant
infirme de façon permanente.
Je ne suis pas certain, je ne suis pas un médecin qui peut
établir ces barèmes, mais il y a un montant qui s'applique au
moins à chacune de ces blessures.
M. TETLEY: Deuxième question, M. Rankin...
M. ROY: M. le ministre, je m'excuse, avant d'aller plus loin et pendant
qu'on parle de montant, j'aimerais pour le bénéfice des membres
de la commission, ce serait peut-être important qu'on prenne... parce que
nous avons quand même le droit d'avoir le plus de renseignements possible
à ce sujet. Deux propositions ont été faites par le
comité Gauvin et nous avons les assureurs du Canada qui sont venus faire
une proposition du système AutoBAC. J'aimerais, en ce qui me concerne,
avoir un tableau comparatif, vous avez quelqu'un au ministère?
M. TETLEY: C'est exactement ma deuxième question, suivant
AutoBAC.
M. ROY: Je m'excuse.
M. TETLEY: Suivant la question du député de Beauce, la
mienne et peut-être celle d'autres personnes ici présentes,
êtes-vous capable maintenant, M. Rankin, de nous aviser si, en vertu du
système AutoBAC, la famille Tansey aurait reçu les sommes que
vous venez de mentionner.
M. RANKIN: Nous avons étudié le système AutoBAC
bien avant de nous fixer sur notre plan, nous l'avons rejeté pour les
raisons expliquées dans le rapport, mais je n'ai pas le dossier ici avec
moi. Je serai bien content de vous donner une réponse demain.
M. TETLEY: Je n'ai pas d'autres questions.
M. ROY: La question que j'avais posée tout à l'heure au
ministre était la suivante: Est-ce qu'il y a d'autres groupes ou
personnes qui ont demandé à venir devant la commission
parlementaire pour nous présenter des dossiers du genre de celui que
nous avons eu cet après-midi?
M. TETLEY: Pas cet après-midi. J'aurai la liste, il y a un M. W.
Foster qui vient demain. J'aurai la liste complète demain, parce que
nous avons fixé comme date d'échéance le 23 octobre qui
est demain, de toute personne qui a fait la demande à la date
d'échéance.
M. LEGER: Avant que M. Rankin s'en aille, il avait commencé
à donner des explications. Vous avez dit qu'avec le système
proposé dans le rapport Gauvin, dans les dépenses
occasionnées par l'accident en question, que les dépenses
médicales, soit $62,000, seraient entière-
ment payées. Est-ce que c'est à cause de
l'assurance-accident ou les frais d'hospitalisation dans le régime
actuel d'hospitalisation, ou si c'est le régime de
l'assurance-automobile qui aurait payé $62,225? Ou une partie
chacun?
M. RANKIN: Les deux. J'ai oublié de dire que cela inclut les
frais de réhabilitation aussi. Dans nos tableaux, on donne le
pourcentage de la prime et tout ce que cela coûte dans les régimes
universels serait réglé par le régime d'assurance
automobile. Je crois qu'il y a certains frais qui ne sont pas couverts encore
par l'assurance-maladie et l'assurance hospitalisation.
M. LEGER: Maintenant, quant aux remboursements de l'assurance de base,
s'ils ne comprennent pas l'ensemble des dépenses que la personne qui a
subi l'accident réclame. Est-ce qu'il y a, en plus de l'assurance de
base, une protection je ne sais pas si c'est celle-là que vous
appelez pretium doloris qui dépasse le montant de base?
M. RANKIN: Je n'ai pas très bien compris.
M. LEGER: Supposons que la demande soit au total de $87,000. On
enlève les $12,000, ce qui fait $75,000. Si l'assurance de base n'avait
payé parce que c'est inscrit dans un tableau un montant
inférieur à cela, est-ce que, pour des considérations de
pretium doloris ou autres, le régime prévoit une indemnisation
qui dépasse la somme de base? On peut avoir deux citoyens qui subissent
le même accident et un a besoin de plus que l'autre. Est-ce que c'est
prévu dans le régime Gauvin qu'en plus de la somme de base, selon
le cas, puisqu'ils ne vont pas devant les tribunaux, il y a quand même
possibilité d'un montant supérieur au régime, aux montants
mis dans un tableau de base?
M. RANKIN: Je crois qu'il n'y a pas un montant global de base. Il y a
une méthode pour calculer chaque élément constituant la
perte. Je ne vous comprends pas exactement. Un de nos principes, c'est que nous
avons essayé de réduire les compensations. A ce moment-là,
il n'y a pas de différence entre les individus. S'il y a des
différences qui restent entre les individus, ils peuvent en avoir
à leur gré, de l'assurance supplémentaire. On oblige les
assureurs à offrir cette assurance supplémentaire.
Par exemple, dans le cas de douleurs et souffrances, si quelqu'un trouve
que $10,000 de base ne sont pas suffisants, il peut acheter, et cela ne
coûterait pas tellement cher, $20,000 ou $30,000, etc., de couverture
additionnelle.
M. LEGER: Mais les $10,000, est-ce que ce sont les $200 par semaine?
M. RANKIN: Non, cela, c'est pour douleurs et souffrances. Les $200 par
semaine, c'est un régime de base pour perte de revenu, moins
l'impôt applicable.
M. LEGER: Mais les $200 de base, comme salaire, pour une personne qui a
des dépendants, une qui a un dépendant et une autre qui en a
peut-être sept ou huit, c'est quand même limité à
$200 de base ou peut-elle réclamer plus du fait qu'elle a plus d'enfants
ou de dépendants?
M. RANKIN: Non. Ce sont les limites de compensation. Si elle a un
très grand nombre d'enfants, elle serait obligée d'avoir une
assurance supplémentaire, mais il existe des moyens de remédier
à cette lacune.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions? L'honorable ministre.
M. TETLEY: Vous me permettrez, M. Peter Tansey. You have lost here the
legal expenses of $11,065.48. You do not know the legal expenses and what was
paid by the insurance companies to their lawyers, as well, of course
MLLE TANSEY (Carol): The $4,000 court costs.
M. TETLEY: Plus the court costs. But the point that I am trying to make
is that the insurance companies were charged as well by the lawyer, which
moneys, whatever they were, went into to the total cost of insurance in Quebec?
I must consider this as an expense for insurance of all of us in Quebec.
M. TANSEY (Peter): We do not know the amount of it.
M. TETLEY: But, I am just trying to make a point, obviously. I do not
know, but at the trial, the first trial, your father was represented by a
laywer... were there two other vehicles?
MLLE TANSEY (Carol): Two vehicles altogether.
M. TETLEY: Two vehicles. Each had their lawyer there?
M. TANSEY: Yes.
M. TETLEY: Were they each insured?
M. TANSEY: Yes.
MLLE TANSEY (Carol): Yes, each for $100,000, but they devided the cost
of the court, because they both used the same doctors, witnesses and
everything. They were working together against...
M. TETLEY: But you do not know what those two insurance companies for
those two vehicles paid for their lawyers?
MLLE TANSEY (Carol): No.
M. TETLEY: What comes into the cost of a dollar a premium, as you know,
there is a dollar a premium and a certain amount goes to the insured and the
rest goes in the administrative costs and you do not know what that was.
MLLE TANSEY (Carol): No.
M. TETLEY: You do not know what that was. Thank you.
M. TANSEY: These are only our costs or anybody else's.
M. TETLEY: Je soulève la question, parce que le
député de Beauce-Sud avait un bon exemple, il y a une semaine ou
deux, lorsqu'il avait parlé des frais d'avocats, mais personne n'avait
mentionné qu'il y avait d'autres frais d'avocats à part les frais
de l'homme en question exigés des compagnies d'assurance qui nous
coûtaient je parle de la communauté
québécoise ou les assurés du Québec une
certaine somme.
M. ROY: II s'agit des frais d'avocats qui sont réclamés,
au moment du règlement des réclamations, qui sont retenus presque
à la source, si l'on peut dire. Est-ce qu'une personne retire $10,000 ou
$15,000? L'avocat a prévu son compte pour se faire payer à ce
moment. Cela ne figurait pas dans les chiffres que nous avions. C'est
d'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions? Merci...
M. TETLEY: I would like to thank you very much Peter, Carol and
Charlotte for coming.
We appreciated it very much. I repeat again, I think your brief is the
most telling we have had before us, since we have been sitting.
MLLE TANSEY (Carol): Our part was in it.
M. TANSEY (Peter): Thank you very much, as well for your attention.
Nous vous remercions beaucoup pour votre attention. C'était
vraiment intéressant. Je voudrais vous remercier de notre part.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Demain, nous entendrons la Chambre de
commerce de la province de Québec ainsi que M. W. F. Foster.
M. TETLEY: II s'agit d'un professeur de McGill... sur des questions
techniques, non pas sur des questions personnelles.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission ajourne ses travaux...
M. ROY: Ce sont les deux seuls qui se présentent devant la
commission, demain?
M. TETLEY: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le Club automobile du Québec devait
venir, mais il ne peut pas venir.
M. ROY: Est-ce que cela veut dire que nos travaux peuvent se terminer
à une heure, demain midi?
M. TETLEY: Non, j'aimerais vous parler de cela. J'espère que cela
va se terminer aussitôt que possible, mais on en discutera.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission ajourne ses travaux à
dix heures, demain matin.
(Fin de la séance à 17 h 42)