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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude du rapport Gauvin
Séance du mardi 5 novembre 1974
(Dix heures dix-sept minutes)
M. GRATTON (président de la commission permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
La commission des institutions financières, compagnies et
coopératives continue ce matin l'audition des organismes qui ont des
représentations à faire concernant le rapport du comité
d'étude sur l'assurance-automobile, le rapport Gauvin. Avant de demander
à nos invités de faire leur présentation, j'aimerais
aviser la commission des membres qui la composent ce matin, soit M. Assad
(Papineau), M. Côté (Matane) qui remplace M. Beauregard; M.
Belle-mare (Johnson), M. Bonnier (Taschereau), M. Burns (Maisonneuve); M. Bacon
(Trois-Rivières) remplace M. Chagnon; M. Harvey (Charlesbourg); M.
Cornellier (Saint-Hyacinthe) remplace M. Harvey (Dubuc); M. Léger
(Lafontaine), M. Marchand (Laurier), M. Picotte (Maskinongé), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Tetley (Notre-Dame-de-Grâce) et M. Tremblay
(Iberville).
Nous entendrons ce matin l'Association nationale des camionneurs
artisans Inc. Nous vous souhaitons la bienvenue, messieurs, et j'inviterais
votre porte-parole à bien vouloir nous présenter ceux qui sont
ici. En accord avec les partis de l'Opposition, nous avions pensé
limiter l'audition de ce matin jusqu'à midi, ce qui nous donnera une
heure et quanrante minutes, ce qui, à notre avis, devrait être
suffisant et nous tâcherons de répartir le temps convenablement
entre les différents partis.
Association nationale des camionneurs artisans du
Québec
M. ALARIE (Jean): M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, je me présente: Jean Alarie, avocat. Je
représente, avec mon confrère, Me Robert Cardinal, l'Association
nationale des camionneurs artisans. Avec nous, il y a M. Lionel Nadeau qui est
le président de l'association et M. Alphonse Dufour, ancien
président, qui est conseiller technique de l'association.
Nous désirons remercier la commission parlementaire des
institutions financières et le ministère des Institutions
financières d'avoir accepté de recevoir notre mémoire et
de nous entendre aujourd'hui.
Pour commencer, je désirerais vous dire quelques mots sur
l'association que nous représentons. L'Association nationale des
camionneurs artisans regroupe près de 5,000 camionneurs artisans
répartis sur tout le territoire du Québec. Tel que défini
dans le règlement 12, adopté en vertu de la Loi des transports,
un camionneur artisan est une personne physique qui ne possède qu'un
camion, qui le conduit elle-même et l'utilise pour faire du camionnage en
vrac, c'est-à-dire pour transporter des matières non
emballées telles que le sable, le gravier, l'asphalte, le sel
destiné à l'entretien des chemins l'hiver et le bois non
ouvré. Ce groupe a un investissement global qui atteint $250 millions et
un chiffre d'affaires d'environ $150 millions par année.
Dans le rapport soumis au lieutenant-gouverneur en conseil par la
commission Gauvin, il y a une recommandation, concernant les véhicules
lourds, qui inquiète tout particulièrement les camionneurs
artisans. En effet, partant d'une affirmation qui semble tout à fait
gratuite, selon laquelle les véhicules lourds occasionnent plus de
dommages que les autres véhicules, la commission Gauvin suggère
d'imposer aux propriétaires de ces véhicules un régime qui
est, à notre avis, excessif et injuste. Nous nous étonnons
d'ailleurs que les autres propriétaires de véhicules lourds,
spécialement l'Association du camionnage du Québec, n'aient pas
jugé nécessaire ou utile de contester cette recommandation. Nous
tâcherons donc de vous démontrer, dans un premier temps, qu'il est
faux de prétendre que les véhicules lourds occasionnent plus de
dommages que les autres véhicules. Ensuite, nous vous exposerons les
conséquences graves que pourraient avoir pour les camionneurs artisans
l'adoption du régime spécial recommandé par le rapport
Gauvin.
Je cède maintenant la parole à mon confrère, Me
Cardinal, qui a préparé et rédigé le mémoire
que vous avez en main.
M. CARDINAL (Robert): M. le Président, messieurs les
députés, le passage consacré aux véhicules lourds,
dans le volumineux rapport du comité d'étude sur
l'assurance-automobile, commence à la page 315 par l'affirmation
suivante: "Les véhicules dont le poids est considérable
occasionnent plus de dommages, tant aux personnes qu'aux biens, que les autres
véhicules".
Cette affirmation ne s'appuie, par ailleurs, sur aucune donnée
statistique. Il nous est donc apparu pour le moins téméraire
d'échafauder tout un système de répartition des dommages
particuliers aux véhicules lourds, en partant d'une prémisse que
le rapport ne nous permet pas de vérifier. Affirmer que les
véhicules lourds occasionnent plus de dommages, c'est prétendre
ou bien que ce type de véhicules est impliqué plus souvent que
les autres dans des accidents, ou bien que les dommages causés aux
véhicules ordinaires sont plus grands lorsqu'ils sont impliqués
dans un accident avec un véhicule lourd.
Comme le rapport reste muet sur l'hypothèse que la commission a
retenue, nous allons reprendre chacune de ces prétentions sous-entendues
pour en examiner le bien-fondé. La fréquence des accidents
impliquant un véhicule lourd: Le risque d'accident que constituent
les
véhicules lourds n'est certainement pas en fonction du poids de
ces véhicules. Bien qu'à notre connaissance il n'y ait aucune
étude de faite sur le sujet, il nous apparaît difficile
d'établir une relation de cause à effet entre le poids d'un
véhicule et le risque d'accident qu'il constitue.
Par ailleurs, si on se réfère au rapport du comité,
au chapitre de la sécurité routière, où l'on tente
d'établir les causes probables ou fréquentes d'accidents, on note
que les conclusions qui s'en dégagent ne peuvent être qu'à
l'avantage du groupe que nous représentons.
Comme nous le disions au début, tous les membres de l'Association
nationale des camionneurs artisans sont des propriétaires de camion et
conduisent eux-mêmes leur camion. Ils roulent en moyenne 50,000 par
année. Il s'agit donc de chauffeurs professionnels qui comptent, pour la
plupart, de nombreuses années d'expérience. La moyenne
d'âge des membres de l'association se situe au-dessus de 40 ans. De plus,
à cause du type particulier de transport qu'effectuent les camionneurs
artisans, ils sont équipés de véhicules robustes et en
bonne condition. Les camions qu'ils possèdent sont de dix roues et
transportent en moyenne quinze à vingt tonnes de matériaux par
voyage, ce qui leur donne un poids total en charge de 55,000 à 60,000
livres. Ces camions, quoique déjà munis d'un système de
freinage très perfectionné, ont, dans plusieurs cas, un
système additionnel connu sous le nom de "Jacob brakes". Cet
équipement supplémentaire coûte plus de $1,000 et permet
des arrêts rapides, sûrs et sans risques, dans toutes les
conditions. Pour illustrer la qualité de l'équipement que les
camionneurs possèdent, disons que certains fabricants donnent sur ce
type de véhicule une garantie de cinq ans ou 500,000 milles sur le
moteur et sur d'autres pièces. Soulignons de plus, et on le comprendra
facilement, que ces véhicules circulent le plus souvent à des
vitesses grandement réduites.
Ce sont là autant de facteurs qui nous permettent de croire que
les véhicules lourds, les camions surtout, constituent un risque
d'accident qui peut être moins grand que les véhicules de
promenade. Ce fait est d'ailleurs constaté par les statistiques qui
démontrent qu'environ 10 p.c. des camions immatriculés au
Québec sont impliqués chaque année dans des accidents,
alors que ce pourcentage est légèrement' supérieur pour
les véhicules de promenade.
La ville de Montréal a publié récemment des
statistiques qui établissent le taux d'accident à 15 p.c. pour
les camions, 16 p.c. pour les véhicules de promenade et à 113
p.c. pour les voitures-taxis. Pour les autobus, il semble que ce soit 55 p.c.
D'autres statistiques compilées pour l'ensemble du Québec, par le
ministère des Transports, révèlent qu'il y a eu, en 1972,
192,499 véhicules de promenade impliqués dans des accidents, sur
un total de 1,789,570 véhicules immatriculés, soit un taux de
10.8 p.c, alors que 23,945 camions et camions-remorques sur un total de
229,923, furent ainsi impliqués, pour un taux de 10.4 p.c.
Comme il y a eu au Québec en 1972, 246,748 accidents il
s'agit d'accidents impliquant des dommages matériels ou des blessures
corporelles ou encore ayant entraîné des blessures mortelles
les véhicules de promenade furent impliqués dans 78.1 p.c.
de ces accidents alors qu'on retrouve des camions dans 9.7 p.c. des cas. Ces
chiffres nous semblent très révélateurs, compte tenu du
fait que les véhicules de promenade comptent pour 61.2 p.c. du total des
véhicules de toutes sortes immatriculés au Québec en 1972,
alors que les camions représentent 7.9 p.c. de ces 2,923,328
véhicules immatriculés.
Il serait donc faux de prétendre que les camions occasionnent
plus de dommages que les véhicules de promenade parce qu'ils sont
impliqués plus souvent que ces derniers dans des accidents. C'est la
conclusion qu'il faut tirer des statistiques que nous possédons,
même si les véhicules lourds roulent en moyenne 50,000 milles par
année, alors que la moyenne d'un véhicule de promenade est
peut-être de 15,000 milles.
Le montant des dommages résultant d'accidents dans lesquels des
camions sont impliqués.
Les données statistiques que l'on possède sur ce sujet
nous viennent du rapport statistique sur l'assurance-automobile, au 31
décembre 1973, préparé par le Bureau d'assurance du
Canada.
On note, au chapitre de la responsabilité civile
c'est-à-dire les dommages matériels et les indemnités pour
blessures corporelles payées à des tiers à la suite
d'accidents que les pertes payées pour un total de 125,509
véhicules commerciaux assurés, ont atteint pour l'année
1973 au Québec la somme de $18,315,783 consécutivement à
19,810 réclamations. Le coût moyen d'une réclamation
s'établit donc à $925. Dans la catégorie des
véhicules de promenade, 127,835 réclamations ont
entraîné des pertes de $132,113,232, pour un coût moyen de
$1,033 par réclamation. Dans ce cas, le nombre de véhicules
assurés était de 1,168,252.
C'est donc dire que, lorsqu'un véhicule lourd est impliqué
dans un accident, il cause aux tiers des dommages pour un montant moyen de
$925, alors qu'un véhicule de promenade, placé dans les
mêmes circonstances, en cause pour $1,033.
On a pu noter le même phénomène au cours de
l'année 1972 alors que les chiffres s'établissent à $816
pour les véhicules lourds contre $840 pour les véhicules de
promenade et pour l'année 1971, alors que ces chiffres ont
été de $703 pour les véhicules lourds comparativement
à $845 pour les véhicules de promenade.
Quant à la gravité de ces accidents, les camions ne
semblent pas être les monstres dévastateurs que le rapport Gauvin
veut bien nous faire croire puisque, des 23,945 accidents dans lesquels ils
furent impliqués en 1972, 337 s'avèrent mortels pour un
pourcentage de
1.4 p.c. alors que, 4,447 ou 18.5 p.c. on entraîné des
blessures corporelles. Pour les véhicules de promenade, on a
dénombré 192,499 accidents au cours de la même année
et on note 41,832 accidents avec blessures corporelles pour un taux de 21.7
p.c. et 1,802 accidents mortels pour un taux de 1 p.c. Ainsi, lorsque des
véhicules de promenade sont impliqués dans des accidents, il y a
des morts ou des blessés dans 22.7 p.c. des cas alors que ce pourcentage
est de 20 p.c. lorsque des camions sont en cause.
D'autre part, les pertes résultant de dommages subis au propre
véhicule de l'assuré permettent d'établir la comparaison
suivante: 60,454 véhicules lourds assurés ont subi des dommages
de $4,825,242 dans 4,492 cas de réclamation pour un coût moyen de
$1,074.00 alors que 84,817 réclamations parmi les 809,996
véhicules de promenade assurés ont entraîné des
déboursés de $54,516,879 pour un coût moyen de $643.
C'est donc dire que les véhicules lourds subiraient plus de
dommages qu'ils n'en occasionnent alors que le contraire se produirait pour le
véhicule de promenade. Cela est facile à comprendre quand on sait
qu'un véhicule lourd coûte de cinq à six fois et souvent
dix fois plus cher qu'un véhicule de promenade. Notons, à titre
d'exemple, que le coût moyen d'un camion du type de ceux que
possèdent les camionneurs artisans se situe entre $30,000 et
$35,000.
Nous pensons donc que ces faits sont de nature à démontrer
qu'il est faux de prétendre que "les véhicules dont le poids est
considérable occasionnent plus de dommages que les autres
véhicules".
La solution proposée par le comité d'étude sur
l'assurance-automobile et ses conséquences.
Le comité, après avoir tenu pour acquis que les
véhicules lourds occasionnent plus de dommages que les autres
véhicules, recommandent une formule selon laquelle on répartirait
le total des pertes assurées au prorata du poids respectif des
véhicules, dans tous les cas où un véhicule lourd est
impliqué dans un accident.
Un exemple nous fera mieux comprendre la répartition des dommages
selon cette formule. Nous tenons à souligner que l'exemple choisi est
réaliste et devrait rappeler à plusieurs des comptes rendus
d'accident que l'on peut lire assez fréquemment dans les journaux. Le
cas que nous avons choisi est celui d'une voiture de promenade
américaine moyenne, une Chevy Nova, par exemple, qui pèse environ
3,000 livres et qui vient percuter par l'arriére, un camion muni d'une
semi-remorque transportant une charge de billots de bois de 20 tonnes pour un
poids total en charge de 60,000 livres. La voiture d'une valeur de $3,000 est
une perte totale et le conducteur meurt des suites de cet accident. Comme son
revenu, au moment du décès, était d'environ $10,000 par
année, sa veuve peut escompter recevoir une indemnité d'environ
$50,000.
A la suite de l'impact, la remorque verse sur le côté de la
route et subit des dommages pour un montant de $7,000. Le montant total des
dommages résultant de cet accident est donc de $60,000. Les deux
véhicules impliqués ont un poids total de 63,000 livres, le
camion représentant 60/63 de cette masse. Selon la formule
proposée, il devrait donc supporter une portion équivalente des
dommages, soit 95 p.c. du montant total ou $57,000.
Voyons quelle serait la répartition des dommages si, au moment de
l'accident, le camion n'avait pas été chargé. Son poids
net ou son poids à vide aurait alors été de 20,000 livres
et, conséquemment, il devrait supporter 20/23 des dommages,
c'est-à-dire 87 p.c. du montant total. Dans ce cas, son fardeau serait
de $52,200.
L'exemple que nous avons choisi est beaucoup plus près de la
réalité que celui qui nous est fourni par le comité
d'étude, à la page 316 de son rapport. Nous ne connaissons pas,
en effet, d'exemples de véhicules lourds ne pesant que 8,000 livres, du
moins certainement pas parmi les membres de l'Association nationale des
camionneurs artisans. D'autre part, un véhicule de promenade de 2,000
livres n'est certes pas le cas type d'une automobile circulant sur les routes
du Québec. Malgré les lacunes de l'exemple choisi, on remarque
que le véhicule lourd devrait assumer 80 p.c. du montant total des
dommages.
Nous tenons à souligner que le comité d'étude sur
l'assurance-automobile témoigne, à notre avis, d'une
inquiétante ignorance des véhicules lourds lorsque, dans la note
apparaissant au bas de la page 315 de ce rapport, il désigne comme
synonyme les expressions "poids net" et "poids total" en charge.
En effet, le poids net d'un véhicule est celui apparaissant sur
le certificat d'immatriculation comme étant celui qui apparaîtrait
à la lecture d'une balance sur laquelle serait pesé un
véhicule à vide.
Par ailleurs, la notion du poids total en charge est tout à fait
différente et nous nous étonnons que les membres du comité
d'étude nous réfèrent à la définition du
code de la route, de poids total en charge, alors que cette définition
établit bien la nuance entre le poids net et le poids total en
charge.
On note assez curieusement que le comité avait envisagé de
rendre les véhicules lourds responsables de tous les dommages dans les
accidents où ils sont impliqués, mais que cette formule a
été rejetée parce que, comme on le souligne au dernier
alinéa de la page 315 du rapport, le comité a jugé
excessif et injuste de tenir ces véhicules responsables de tous les
dommages dans les accidents où ils sont impliqués.
Que penser alors de la formule que l'on a retenue qui oblige l'assureur
du camion à assumer au moins 87 p.c. à 95 p.c. du montant total
des dommages dans tous les cas où son assuré est impliqué
dans un accident? Quant à nous, nous la jugeons tout aussi injuste
et
excessive que celle qui a été rejetée par le
comité.
Il est donc facile de comprendre que, dans un tel système, les
primes d'assurance que devront payer les propriétaires de
véhicules lourds vont monter en flèche. Actuellement, les
camionneurs artisans paient des primes d'environ $1,000 à $1,200 par
année.
Une vérification auprès d'une compagnie qui assure bon
nombre de camionneurs artisans nous autorise à croire que les primes
augmenteront de 100 p.c. à 150 p.c. si la formule proposée par la
commission Gauvin est acceptée. C'est donc dire que ces primes se
retrouveront à des niveaux de $2,500 à $3,000 par année,
et cela n'a rien de surprenant.
En effet, l'assureur d'un véhicule lourd aura, dans un tel
système, la certitude d'avoir à payer, dans tous les cas
où le véhicule lourd sera impliqué dans un accident avec
un véhicule ordinaire, un montant représentant au moins 87 p.c.
à 95 p.c. du total des dommages occasionnés aux deux
véhicules.
Si l'on ajoute à cela le risque d'accident où seul le
véhicule lourd est impliqué, alors que les dommages sont
généralement de l'ordre de $15,000 à $30,000, on
comprendra que les assureurs ne seront plus intéressés à
couvrir les risques de perte que représenteront les véhicules
lourds. Et s'ils le font, ce sera sans doute à des taux exorbitants.
Compte tenu du revenu brut d'un camionneur artisan pour une
année, une augmentation dans ses primes d'assurance de l'ordre de $1,000
à $1,500 devrait se traduire par une augmentation proportionnelle dans
les taux de transport. Nous pensons que le gouvernement du Québec
devrait étudier sérieusement cette question, sachant qu'il
consacre annuellement un montant d'environ $100 millions pour le transport des
matières en vrac.
C'est donc dire que la mise en application d'une telle formule
occasionnerait au gouvernement des déboursés
supplémentaires de plusieurs millions de dollars par année au
seul chapitre du transport en vrac, si l'on veut que les camionneurs artisans
récupèrent l'augmentation de prime qu'ils auraient à
subir.
En terminant, nous sommes d'avis qu'une formule de répartition
des dommages, résultant d'accidents d'automobile où l'on ne tient
pas compte de la faute, pénalise ceux dont la principale
préoccupation est de n'être jamais en faute. Comme nous l'avons
souligné précédemment, les camionneurs artisans sont des
chauffeurs professionnels qui ont un besoin essentiel de leurs camions pour
gagner leur vie. Or, un accident qui occasionne des dommages matériels
au véhicule d'un camionneur artisan signifie souvent pour lui la
privation de son instrument de travail pour quelques semaines. On comprend
alors qu'un accident est toujours lourd de conséquences pour un
camionneur artisan et que, pour cette raison, il doit tout faire pour
éviter d'être la cause d'un accident.
Dans le système actuel, le camionneur peut
récupérer, sous forme de dommages, les pertes de revenus
qu'entraîne un accident lorsqu'il n'est pas en faute. Lorsque, au
contraire, sa responsabilité est impliquée, il s'agit d'une perte
qu'il doit encaisser puisqu'elle n'est pas assurable.
Les propriétaires de camions ont donc été
renversés d'apprendre que la commission Gauvin ne s'est pas
contentée de vouloir les pénaliser lourdement en proposant un
système où l'on ne tient pas compte de la faute dans la
répartition du fardeau des dommages, mais que cette commission voudrait
ajouter à cela en leur faisant assumer, somme toute, la
responsabilité de la presque totalité des dommages toutes les
fois qu'ils sont impliqués dans un accident.
C'est pourquoi les membres de l'Association nationale des camionneurs
artisans sont opposés à tout système abolissant le droit
de recours en vertu du régime de la faute et s'opposent avec plus de
force encore au régime particulier que le comité d'étude
sur l'assurance-automobile propose pour les véhicules lourds.
Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Merci, messieurs.
Le ministre des Institutions financières.
M. TETLEY: Merci, messieurs de l'Association nationale des camionneurs
artisans. Si je comprends bien votre mémoire, vous avez une seule
conclusion qu'on peut peut-être diviser en deux. Votre conclusion, c'est
qu'il faut traiter les camions lourds, c'est-à-dire exiger une
commission pour leur assurance-véhicule d'une manière beaucoup
plus juste que le système proposé par Gauvin.
Gauvin propose un système suivant le poids. Vous notez que, selon
vous, votre expérience est meilleure que le système
proposé par Gauvin, et, en conséquence, les primes vont augmenter
de $1,000, $1,200 à $1,500 ou peut-être $2,000 et même plus
si le système Gauvin est adopté. En conséquence, vous vous
opposez à la formule Gauvin et aussi à un système de
responsabilité sans égard à la faute ou d'indemnisation
sans égard à la faute.
J'ai certains doutes ou mes fonctionnaires ont certains doutes
concernant vos chiffres. A la page 5, premier paragraphe, vous citez
différents pourcentages en rapport avec la répartition des
différents types de véhicules impliqués dans les
accidents. D'où proviennent ces pourcentages?
Dans la publication des statistiques d'accidents en 1972, du Bureau des
véhicules automobiles, page 14, nous pouvons lire que 80 p.c. des
véhicules impliqués dans des accidents sont des véhicules
de promenade et 13 p.c. sont des camions. D'où proviennent vos
statistiques à la page 5?
M. CARDINAL: Les statistiques que j'ai
citées sont tirées du Bureau des véhicules
automobiles. Selon les statistiques des accidents de véhicules
automobiles pour l'année 1972 j'ai une photocopie de ces
statistiques ici on note, dans la catégorie type des
véhicules, que les véhicules de promenade ont été
impliqués en 1972 dans 1,802 accidents mortels, 41,802 accidents avec
blessures corporelles et 148,805 accidents avec dommages matériels
seulement, pour un total de 192,499.
Les chiffres que nous avons cités pour les camions regroupent les
données qui apparaissent à cette page de statistiques pour les
camions et pour les camions-remorques. Le total est de 23,945, je crois. Pour
connaître le pourcentage de camions impliqués dans des accidents,
nous avons les statistques de circulation dans le Québec,
publiées aussi par le Bureau des véhicules automobiles... Non, je
parle plutôt des statistiques d'immatriculation pour l'année 1972
publiées par le Bureau des véhicules automobiles où l'on
note qu'il y avait 189,139 véhicules commerciaux d'immatriculés,
3,349 véhicules de remorquage, 21,739 véhicules de livraison et
15,696 remorques de livraison, pour un total de camions immatriculés de
229,923.
Si 23,945 camions sur un total de 229,923 ont été
impliqués dans des accidents, il s'agit évidemment d'accidents
avec dommages, que ce soient blessures corporelles ou accidents mortels ou
dommages matériels. Donc, si 23,945 camions ont été
impliqués parmi les 229,923 immatriculés, on a un taux ou une
fréquence d'accidents pour les camions de 10.4 p.c, soit la même
chose pour les véhicules de promenade. Il est possible que les
statistiques auxquelles vous faites référence soient pour
l'ensemble des accidents de la route, les accrochages mineurs qui ne causent
pas de dommages matériels ou de blessures corporelles. Enfin, celles que
nous avons citées, ce sont celles où il y avait des dommages.
M. TETLEY: En tout cas, c'est une petite bataille de statistiques. Mes
fonctionnaires regardent les mêmes chiffres que vous. Apparemment, nous
avons devant nous les mêmes cahiers. Je sais que, Me Cardinal, vous
êtes un ancien fonctionnaire. Peut-être que vous vous êtes
amélioré depuis votre départ. Enfin, peut-être vous
trompez-vous depuis votre départ. En tout cas, c'est plutôt une
question de faits. Je crois que le gouvernement ou les compagnies d'assurance
ou, qui de droit, peuvent régler ce problème de statistiques et
peuvent trouver une formule juste et équitable. Vous avez certainement
le droit, sinon l'obligation, de venir nous exposer votre opinion et montrer
les erreurs, s'il y en a.
Au sujet de la question d'indemnisation sans faute, s'il n'y a pas de
recours civil, ce qui est l'objectif du rapport Gauvin et d'autres groupements,
il y aura quand même par plusieurs autres moyens, ne l'oubliez pas, faute
au criminel, par le système de démérite, par
l'augmentation de vos primes, c'est-à-dire que la faute d'un camionneur
ou d'un conducteur d'automobile sera sans doute enregistrée quelque part
et elle aura des effets. Je voulais tout simplement noter ce fait.
Je n'ai pas d'autres questions. Je concède mon droit de parole
à mes collègues et surtout à mon ami, le
député et ministre des Transports.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je demande au ministre qui
décide des organismes qui doivent venir à la commission? Est-ce
le ministère ou le secrétariat des commissions qui décide
cela? Je vois, ce matin, qu'il n'y a qu'un mémoire, qu'un organisme qui
est interviewé et que, pour jeudi, il n'y en a qu'un? Pour quelle
raison?
M. TETLEY: C'est vous, c'est moi. C'est le secrétaire. J'avais
décidé d'un mémoire par jour, parce que nous voulons
siéger, je présume, jusqu'à midi et trente ou à
midi, et je suggère que nous siégions d'ici Noël avec un
mémoire, tous les mardis et tous les jeudis, jusqu'au 19
décembre. Il y en a assez, mais si vous en voulez deux par jour, cela
m'est égal.
M. LEGER: Je ne comprends pas le ministre. On va se parler! M. le
Président, sur le point que je viens de soulever, le ministre...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je n'aurais peut-être pas dû
laisser le député de Lafontaine soulever ce point, puisque
l'Association des camionneurs artisans est ici...
M. TETLEY: II faut que je parte.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... nous pourrions peut-être finir de
l'entendre, poser des questions aux camionneurs et ensuite, revenir, si vous
voulez, à tout ce débat de procédure concernant la
convocation.
M. LEGER: Ce n'est pas un débat de procédure, M. le
Président, je m'excuse, c'est un débat de fond que je suis en
train de faire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, mais le fait demeure que nous avons un
organisme devant nous, qui nous a fait une présentation, et notre
rôle, notre mandat, à la commission est de lui poser des
questions.
M. LEGER: Un instant, M. le Président. Sur le point d'ordre que
vous venez de soulever, j'ai posé une question pour connaître
l'orientation, parce que nous n'avons qu'un groupe devant nous ce matin. Je
pense qu'il est anormal qu'on invite chaque jour seulement un groupe, alors
qu'il en reste suffisamment pour qu'on puisse vider cette question et entendre
les personnes
qui viennent donner leur point de vue sur le rapport Gauvin. C'est une
chose, mais le point essentiel, qui est encore plus important, avant même
de poser des questions à nos amis que je remercie d'avoir
présenté un mémoire qui va contribuer à
l'avancement d'une décision à prendre, le point crucial et
là, c'est une question que je pose directement au ministre, à ce
stade c'est que le débat est mal engagé depuis le
début. C'est une fausse situation.
Normalement, M. le Président, nous devrions être en train
de discuter avec les organismes qui sont devant nous, entre autres, comme ceux
qui sont impliqués dans le domaine de l'assurance, aussi bien les
courtiers que les compagnies d'assurance, que les agents de réclamation,
que les groupes intéressés. On devrait être en train de
discuter, non pas d'un rapport d'un comité d'étude qui devrait
être un projet de référence, mais on devrait être en
train de discuter du choix du gouvernement actuel.
Le gouvernement n'a pas fait son lit, n'a pas pris sa décision,
ne présente pas de projet et joue au sphinx actuellement, et le ministre
laisse tout le monde se perdre en conjectures en disant: On va écouter
ces gens.
M. le Président, sur quoi ces gens se prononcent-ils? Sur un
document qui a été pondu par des spécialistes qui ont fait
des études de la situation, qui ont même consulté la
plupart des gens qui viennent nous voir et ont été obligés
de discuter du rapport Gauvin.
N'importe quelle autre commission d'étude qui a
présenté des mémoires... Nous n'avons jamais eu de
commission parlementaire pour discuter du mémoire. Nous avons eu une
commission parlementaire pour discuter du projet, du choix politique du
gouvernement.
Actuellement, le ministre, depuis deux mois, n'a pas eu l'audace ou le
courage de présenter ce que son ministère, lui-même et le
gouvernement ont décidé en ce qui concerne le domaine de
l'assurance-automobile. C'est là-dessus qu'on est porté à
discuter.
Le député de Beauce-Sud et moi-même sommes ici non
pas pour discuter le fond d'une étude de spécialistes, mais pour
vérifier, devant l'étude faite par des spécialistes dans
le domaine de l'assurance, comme objet de référence, pour
discuter du choix du gouvernement. Les organismes qui se présentent
à cette commission ne devraient pas faire une discussion sur le rapport
Gauvin. Ce sont les spécialistes du rapport Gauvin qui donnent
l'état de la situation de l'assurance. Ils devraient discuter de
l'intention du gouvernement, de ce que le gouvernement a l'intention de faire
et dire au gouvernement: Nous sommes d'accord sur votre décision parce
que vous vous référez au rapport Gauvin, vous vous
référez à des statistiques, ou nous ne sommes pas d'accord
ou nous aimerions avoir certains amendements.
Cette commission est mal engagée. Nous discutons d'un rapport de
spécialistes. Cela ne s'est jamais vu auparavant. Je pense que la
situation devrait être repensée et que le gouvernement ne devrait
pas avoir peur de présenter un projet en disant: Je ne veux faire peur
à personne, je ne veux pas déranger trop de monde, je veux savoir
ce qu'ils en pensent.
C'est le rôle du gouvernement de consulter les personnes, de voir
les spécialistes et, après cela, d'accoucher d'un projet qu'on
peut discuter pendant deux ou trois mois jusqu'à Noël...
M. MARCHAND: C'est ce qu'on fait exactement.
M. LEGER: ... en ayant comme référence le rapport Gauvin,
mais non pas discuter, comme tel, du rapport Gauvin. Qu'est-ce que les gens
viennent faire ici? Ils devraient venir vous dire, à vous, M. le
ministre: Votre projet est bon à 80 p.c. Il y a un 20 p.c. qu'on veut
corriger pour telle ou telle raison.
On discute des opinions de spécialistes et on entend des
personnes qui ont des intérêts directs avec le changement.
M. MARCHAND: On est tous intéressés.
M. LEGER: A ce moment, le vrai intéressé est
l'assuré et ce dernier a le droit de savoir ce que le gouverneent a
l'intention de faire.
Le rapport Gauvin est une étude technique...
M. TETLEY: Vous vous répétez.
M. LEGER: ... et l'assuré est complètement
mêlé dans tout cela. Je l'ai vu à toutes les tribunes
où je suis passé. L'assuré se demande: II paraît
qu'ils vont changer ceci? Il paraît que non? On ne le sait pas. Le
gouvernement ne s'est pas branché et on laisse tramer, dans la
population, un rapport très technique qui donne lieu à toutes
sortes d'interprétations. Chaque groupe intéressé à
l'intérieur de ce travail, de cette industrie de l'assurance, vient
défendre ses intérêts. C'est leur droit, mais ces groupes
devraient venir dire, devant un projet gouvernemental que le gouvernement a
peur de présenter...
M. TETLEY: Avez-vous d'autres arguments? M. le Président...
M. LEGER: M. le Président, je suis en train de discuter...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TETLEY: Vous êtes hors du sujet. Vous vous êtes
répété mille fois.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TETLEY: M. le Président, je vous demande le droit... Je vous
quitte dans quelques secondes. Cela fait sept jours que cette commission
parlementaire siège et, finalement, le pau-
vre député de Lafontaine se réveille et dit: C'est
drôle...
M. LEGER: Un instant! Vous m'avez interrompu.
M. TETLEY: ... il n'y a pas de droit.
M. LEGER: Sur quelle question m'avez-vous interrompu?
M. TETLEY: Laissez-moi parler.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Un instant! Vous m'avez interrompu.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Sur quelle question m'avez-vous interrompu?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Sur quelle question de règlement m'avez-vous
interrompu? C'est moi qui étais en train de parler.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. TETLEY: Je réponds à votre intervention.
M. LEGER: Je n'ai même pas terminé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Je n'ai même pas terminé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous permettez... A l'ordre! Un instant,
s'il vous plaît!
M. LEGER: J'avais la parole.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant!
M. LEGER: J'avais la parole.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'aimerais faire moi-même un rappel au
règlement et vous dire que le règlement est très clair.
Nous sommes ici pour entendre les représentants des organismes;
aujourd'hui, un organisme, soit l'Association nationale des camionneurs
artisans du Québec, et, même si le règlement ne le disait
pas, je pense que la simple courtoisie serait de disposer de nos invités
aujourd'hui...
M. MARCHAND: II ne sait pas vivre!
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... de leur poser des questions comme le veut
l'article 9 des règles de pratique de la commission parlementaire qui
dit que, lors des auditions, le président, en plus de l'exposé,
n'autorise que des questions permettant à la commission de se
renseigner.
Alors, nous allons nous renseigner, ce matin, sur ce que l'Association
nationale des camionneurs artisans du Québec a à nous dire, et,
tout le débat que nous sommes en train de faire, nous pourrons le
reprendre plus tard.
M. LEGER: M. le Président, sur la question de
règlement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! C'est une décision, ce
n'est pas une question de règlement.
M. LEGER: M. le Président, vous ne m'avez pas interrompu.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que vous avez des questions à
poser à l'Association nationale...
M. LEGER: Un instant, M. le Président. J'invoque le
règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Sur quelle question?
M. LEGER: J'invoque le règlement sur une question que j'aurai
à poser au groupe qui est devant moi.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y.
M. LEGER: J'invoque le règlement sur l'opportunité de le
faire. Ma question est la suivante, M. le Président. Ce matin, nous
n'avons que le groupe qui est devant moi et je ne voudrais pas qu'on s'en aille
dans une mauvaise direction, en ce sens que tous les jours...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Ma décision est rendue
à ce sujet. A l'ordre!
M. LEGER: Non. Vous n'avez pas parlé de cela.
LE PRESIDENT (M.Gratton): Ma décision est rendue à ce
sujet. Quant à la discussion que vous voulez faire maintenant, je
décide qu'on la fera après avoir entendu l'Association nationale
des camionneurs artisans. C'est aussi simple que cela. Alors, si vous voulez
bien collaborer, tout ce débat de fond on pourra rester ici toute
la journée, je n'ai que cela à faire moi-aussi que vous
voulez faire on le fera; mais pour l'instant, on a déjà
commencé à se renseigner, le règlement ne me permet pas de
déroger à cela. Tout ce qu'on peut faire ici, c'est de se
renseigner. La commission se renseigne auprès de l'Association des
camionneurs...
M. LEGER: Votre suggestion serait merveil-
leuse si le ministre était là, mais il sera parti
tantôt... la question de débat.
LE PRESIDENT (M.Gratton): Le ministre l'a déjà compris, je
le lui ai expliqué. L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, sur le point qui a été
soulevé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. ROY: II y a un certain temps j'ai demandé la parole, et on ne
me l'a pas accordée. Quand le député de Lafontaine dit que
le débat est mal engagé, je l'ai dit dès la
première séance et je l'ai répété à
la deuxième et à la troisième. Sur ce point-là,
j'aimerais que le président nous donne, ce matin, la certitude que,
dès que nous aurons terminé avec les gens de l'Association
nationale des camionneurs artisans, nous puissions revenir sur cette question.
Parce qu'il y a des choses à cette commission qui sont à peu
près inacceptables pour les parlementaires. La façon dont se
déroule nos travaux, la façon dont la stratégie
gouvernementale est faite, je ne l'accepte pas.
Alors, j'aimerais bien, M. le Président, qu'on nous donne la
certitude qu'après avoir entendu les gens de l'Association nationale des
camionneurs artisans, on puisse toucher ce point avant qu'une prochaine
séance ait lieu.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission pourra décider de
l'opportunité de continuer de faire le débat tout de suite, ou
demain, où à quel moment il se fera. D'après l'ordre de la
Chambre on nous demande d'entendre les organismes qui veulent faire des
représentations sur le rapport Gauvin. Ce n'est pas à moi de
décider de faire autre chose que cela. D'ailleurs, vous le savez fort
bien, mon rôle ici n'est pas de dire quoi faire, mais bien simplement de
faire respecter le règlement.
Est-ce que le député de Lafontaine a des questions
à adresser à nos invités? Le député de
Lafontaine.
M. LEGER: Certainement, M. le Président. Je voudrais poser au
représentant de l'Association nationale des camionneurs artisans la
simple question suivante. Etant donné que je n'étais pas
présent pendant votre participation, même si j'ai lu le document
il y a une semaine ou deux, est-ce qu'en présentant ce mémoire,
devant le débat qu'on vient de faire, vous jugez qu'il aurait
été plus facile, plus concret et plus utile de vous
présenter, vous prévaloir de la possibilité de venir
donner vos informations, votre point de vue, si c'était sur un projet de
loi plutôt qu'uniquement sur un rapport de techniciens? Car, si on
présente un projet de loi, vous allez être obligé de venir
quand même donner votre point de vue, parce qu'il y aura eu un choix
politique qui va vous affecter. Actuelle- ment, il n'y a pas de choix politique
qui vous affecte comme tel dans ce domaine. Il y a un rapport découlant
d'une étude. Vous pouvez donner vos impressions sur ce rapport, c'est ce
que vous faites ici; mais, pour faire avancer le débat, ne pensez-vous
pas qu'il serait préférable que votre intervention ait lieu
devant un choix bien précis d'une loi qui vous affecte
immédiatement et sur laquelle vous pourriez dire: Nous sommes d'accord
ou non, ou, on proposerait tel amendement? Qu'est-ce que vous en pensez?
M. CARDINAL: Dans l'éventualité du dépôt d'un
projet de loi qui ferait suite à ce rapport, nous estimons
qu'après le débat en première lecture, le gouvernement
pourra peut-être entendre de nouveau les organismes qui seront
affectés par ce projet de loi. S'il y a des choses que nous estimons
préjudiciables à l'association, nous nous présenterons de
nouveau, certainement. S'il arrivait que ce projet nous satisfasse,
évidemment, on ne reviendrait pas devant la commission parlementaire.
Pour répondre à votre question, je pense que nous ne perdons pas
notre temps, ce matin, en venant donner notre opinion sur les recommandations
de la commission Gauvin.
M. LEGER: Si cela avait été un projet de loi, vous auriez
pu venir de la même manière pour dire: Nous sommes d'accord sur le
projet et sur les statistiques, ou sur les choses qui concernent le rapport
Gauvin. Vous allez le dire en même temps.
M. CARDINAL: S'il y a des choses, dans le projet de loi, qui, à
notre avis, peuvent causer des préjudices à l'association que
nous représentons, nous reviendrons certainement devant une commission
parlementaire parce que nous pensons qu'il devrait y en avoir une,
convoquée après le débat en première lecture d'un
projet de loi, qui ferait suite à ce rapport. Comme je vous le disais,
si ce projet satisfait l'Association des camionneurs artisans, sur le point qui
les intéresse, nous prendrons un moyen pour le faire savoir au
gouvernement. Mais je ne pense pas qu'il y aurait lieu de revenir devant la
commission parlementaire pour dire qu'on est d'accord avec le sort qui est
réservé aux véhicules lourds.
M. LEGER: D'accord. Mais si le projet était devant vous, vous
pourriez quand même être plus en mesure de dire...
M. CARDINAL: Si le projet était devant nous, on parlerait du
projet évidemment.
M. LEGER: ... voici la décision qui va nous affecter et on peut
dire: Nous sommes d'accord ou pas d'accord avec tel amendement. C'est ça
la question que je vous pose. C'est sûr qu'actuellement vous ne perdez
pas votre temps puisque vous êtes venu à la suite d'une
demande
du gouvernement vous disant: II y a un rapport déposé,
venez donner vos impressions sur le rapport. C'est sûr, vous avez
seulement ça devant vous, vous ne perdez pas votre temps, je suis
d'accord. Mais s'il y avait eu un projet de loi, vous auriez pu vous prononcer
sur le rapport Gauvin et sur le projet de loi en même temps.
M. CARDINAL: Evidemment, il s'agit d'une recommandation. C'est une
question d'opinion personnelle; pour moi, je pense que venir dire qu'on n'est
pas d'accord avec une recommandation d'un rapport, qui est fait au
gouvernement, la pente, pour nous, est moins raide à remonter que s'il
s'agissait d'articles dans un projet de loi où on aurait à venir
déclarer qu'on n'est pas d'accord avec des principes d'un projet de loi.
Si vous me posez une question sur la façon de procéder du
gouvernement ou sa manière technique d'envisager un projet de loi futur
là-dessus, la façon de procéder me satisfait. Je suis
heureux de venir dire qu'on n'est pas d'accord sur une recommandation d'un
rapport d'un comité d'étude qui fait des suggestions au
gouvernement. On serait venu de la même façon s'il s'agissait
d'articles d'un projet de loi. J'estime, personnellement, que c'est une
façon de procéder qui nous convient.
M. LEGER: Vous êtes au courant qu'on n'a jamais vu une commission
d'étude venir défendre son rapport à une commission
parlementaire?
Vous êtes d'accord que c'est la première fois et vous aimez
ça?
M. CARDINAL: Je ne peux pas répondre à cette question
parce que je n'ai pas suivi toutes les commissions parlementaires.
M. LEGER: D'accord. Je vous remercie. Je n'ai pas d'autres
questions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, sur le mémoire qui a
été présenté par l'Association des camionneurs
artisans, vous avez fait des recommandations, vous avez exprimé votre
point de vue sur des sujets bien précis. D'abord, l'article, qui stipule
que le poids des véhicules devrait être considéré
quant à ce qui a trait à la répartition des dommages,
c'est l'essentiel de votre rapport et aussi, à la fin de votre rapport,
vous avez parlé de la non-responsabilité et de la perte du droit
de recours. Vous n'avez pas élaboré tellement, mais vous l'avez
mis comme conclusion. J'aimerais vous poser des questions un peu
particulières parce que vous n'êtes ni des assureurs ni des
courtiers d'assurance, ni des avocats, vous êtes, en quelque sorte, des
assurés, en premier lieu, vous êtes couverts pour vous
protéger...
M. VEILLEUX: Des avocats.
M. ROY: Non, je ne parle pas de ceux qui représentent
l'association.
M. CARDINAL: On n'est pas ici comme représentants du Barreau.
M. ROY: Je ne parle pas de ceux qui représentent l'association,
je parle de l'association comme telle. Vous êtes les procureurs de
l'association. Je comprends qu'avec le député de Saint-Jean il
faut toujours mettre les points sur les "i". Mais vous êtes aussi un
service public, en même temps. Dans le régime d'assurance
proposé par la commission Gauvin, il y a plusieurs recommandations qui
touchent l'abolition de la faute mais qui parlent également du
rôle joué par les courtiers d'assurance. La question que je vous
pose, c'est en tant qu'assuré, parce que les sommes d'argent, que vous
devez consacrer à chaque année pour couvrir les membres, sont
assez importantes. Est-ce que l'association comme telle est regroupée
pour négocier c'est peut-être une question
indiscrète directement avec les compagnies d'assurance ou les
camionneurs négocient-ils avec leur courtier?
M. CARDINAL: Le président de l'association m'informe que les
négociations se font toujours avec un courtier d'assurance.
M. ROY: Un courtier, de façon globale.
M. ALARIE: L'association négocie avec les courtiers.
M. ROY: L'association négocie-t-elle avec un courtier ou
avec...
M. CARDINAL: Avec des courtiers.
M. ROY: Avec des courtiers. Maintenant, est-ce que la négociation
se fait sur le plan provincial ou si elle se fait sur le plan des associations
locales? Quand je parle des associations locales, il est évident que je
me réfère aux associations de comté, aux associations
autonomes, en somme.
M. ALARIE: Sur le plan provincial.
M. ROY: Ce serait sur le plan provincial. Dans le régime
proposé, lorsqu'il est dit dans le rapport et j'aimerais avoir
votre opinion précise là-dessus que les courtiers
devraient devenir des conseillers, quelle est la position de votre association
à ce niveau, sur cette recommandation du rapport Gauvin?
M. ALARIE: On n'a pas d'opinion sur le rôle des courtiers. Je
pense bien que les courtiers en général jouent le rôle de
conseillers. Je ne saisis pas tellement la distinction que vous faites
entre courtiers et conseillers. Je crois que les courtiers, en
général, jouent le rôle de conseillers en matière
d'assurance.
M. ROY: Ils jouent plus le rôle de conseillers. En somme, ce sont
eux qui font souscrire les polices d'assurance comme telles, qui
perçoivent la prime, qui paient la compagnie et qui s'occupent des
réclamations. Ils s'occupent de conduire ou de guider leurs clients
devant les compagnies d'assurance, s'il y a eu des accidents, de faire les
contacts nécessaires, d'aviser, d'écrire, lorsqu'il y a des
avenants.
Est-ce que vous avez étudié cette disposition du rapport
Gauvin? Je pense, M. le Président, que c'est la première fois que
nous avons devant la commission parlementaire une association qui regroupe des
assurés.
M. CARDINAL: Si vous me permettez, je peux peut-être vous parler
de notre rôle de procureur de camionneurs artisans. Il arrive que ces
gens-là sont impliqués dans des accidents. Nous sommes
fréquemment en relation avec les courtiers pour en arriver à un
règlement des indemnisations pour les dommages.
Si j'ai bien saisi votre question, vous nous demandez si le rôle
du courtier, qui agit pour les camionneurs artisans, se limite à la
souscription d'une police d'assurance-responsabilité?
Je pense que le rôle du courtier, dans notre cas, est beaucoup
plus vaste que cela, beaucoup plus vaste que celui de conseiller pour la
souscription d'une police. Le courtier joue un rôle dans le
règlement des dommages et nous estimons que c'est un rôle utile,
parce que, si on prend les cas d'accidents dans lesquels un camion est
impliqué et si on prend le nombre total d'accidents et qu'on fait un
rapport avec le nombre de causes qui aboutissent devant les tribunaux, je pense
que le pourcentage est quand même infime.
Le montant des dommages, souvent, se règle avec le courtier avec
lequel l'association fait affaires.
M. ROY: En somme, vous recommandez en quelque sorte le statu quo, si
j'ai bien compris?
M. CARDINAL: On n'a pas étudié les recommandations
concernant les courtiers, mais je vous dis le rôle que les courtiers
d'assurance ou les courtiers qui font affaires avec l'association jouent dans
le cas des camionneurs artisans.
M. ROY: Deuxième question que j'aimerais poser ici, M. le
Président, on parle du "no fault" dans le rapport Gauvin, il y a eu
également des propositions qui ont été faites dans le
système AutoBAC par le Bureau d'assurance du Canada.
Est-ce qu'au niveau de votre association, ce système qui est
mitigé en quelque sorte parce qu'on abolit le "no fault" à
un certain niveau pour des minimums ou des maximums établis d'avance,
dans lesquels on préserve quand même certains droits de recours
vous l'avez examiné?
M. CARDINAL: Notre étude du rapport Gauvin n'a peut-être
pas autant d'ampleur que vous voulez lui en donner. Tout ce qu'on demande dans
notre mémoire, en fait, c'est que les véhicules lourds soient
traités de la même façon que les véhicules
automobiles. On ne veut pas que les véhicules lourds aient à
subir des préjudices par l'adoption d'un régime et à
supporter un coût excessif de l'adoption d'un nouveau régime.
Dans le système actuel, les camionneurs artisans comme tels sont
satisfaits du sort qui leur est réservé parce qu'ils estiment
qu'ils assument la juste part de leurs responsabilités. Même si
les primes d'assurance sont déjà très
élevées pour ce qui est des camions, ce qu'on demande, en fait
étant donné qu'il n'y a aucune raison pour que les
véhicules lourds soient traités différemment des
véhicules de promenade, étant donné que le rapport Gauvin
d'une part ne nous donne pas d'exemple ou de cas où un système
semblable serait en vigueur et où les véhicules lourds seraient
traités de façon différente c'est que les
véhicules lourds continuent d'être traités de la même
façon que les véhicules de promenade.
M. ALARIE: A toutes fins pratiques, entre le régime
spécial qui est recommandé par le rapport Gauvin pour les
véhicules lourds et le régime actuel de faute, le régime
actuel de faute est mieux pour les camionneurs artisans.
M. ROY: Le régime actuel, tel qu'il prévaut jusqu'ici.
M. ALARIE: Oui, par rapport au régime proposé, le
régime spécial proposé pour les véhicules
lourds.
M. ROY: Ma troisième et dernière question, M. le
Président, c'est qu'il est fortement question, jusqu'ici, d'un
régime d'Etat d'assurance-automobile. On sait qu'actuellement tout ce
service est offert par des compagnies d'assurance, le système que tout
le monde connaît et que vous connaissez. Est-ce que vous avez pris
position en faveur d'un régime ou d'un autre régime, au niveau de
l'association? Cette question a-t-elle été examinée par
votre association? Si elle a été examinée, quelle est
votre position? Est-ce que vous favorisez le régime d'assurance par les
compagnies, tel que cela va actuellement, ou est-ce que vous seriez d'accord
pour un régime d'assurance étatique, parce qu'il en est fortement
question, comme vous le savez, dans le rapport Gauvin?
M. CARDINAL: Je vous réfère encore une fois à notre
mémoire. Ce n'est pas une question
qu'on a étudiée. On n'est pas en mesure de se prononcer
sur cela, parce que le régime étatique hypothétique dont
vous parlez, il n'y a rien qui nous permet de l'étudier. Ce qui nous
intéresse et ce qui nous importe, c'est l'efficacité du
régime, le règlement des dommages et le coût des assurances
dans le système actuel.
Je pense que les camionneurs artisans peuvent affirmer qu'ils sont
satisfaits de l'actuel système, peut-être parce qu'ils sont
regroupés pour négocier avec un courtier. Le règlement des
dommages se fait de façon satisfaisante et les primes d'assurance comme
telles sont à un niveau décent si on tient compte de la valeur du
camion.
M. ROY: Est-ce que vous avez fait une étude entre les primes
d'assurance que vous devez payer comparativement aux primes qui se paient
actuellement dans les autres provinces? Est-ce que vous avez fait une
étude à ce sujet?
M. CARDINAL: Non.
M. ROY: Vous n'avez pas fait d'étude à ce sujet. Je n'ai
pas d'autre question, M. le Président. Je vous remercie d'avoir
présenté un mémoire, d'être venus devant la
commission et de nous avoir soulevé un point dont le rapport Gauvin a
fait mention et de nous avoir exprimé votre opinion également sur
le système du "no fault". Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre d'Etat aux Transports.
M. BERTHIAUME: Je ne sais pas s'il y a de mes collègues qui
veulent poser des questions à l'ANCAI. Dans ce cas, moi non plus, M. le
Président, je n'ai pas de question.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A ce moment, est-ce qu'il y a des membres de
la commission qui auraient des questions à poser à l'Association
nationale des camionneurs artisans? Sinon, messieurs, nous vous remercions pour
votre présentation, ce matin.
M. BERTHIAUME: Au nom du gouvernement, j'aimerais remercier l'ANCAI pour
sa présentation. Elle est suffisamment claire, je n'ai pas de question
moi non plus.
En terminant, M. le Président, j'aimerais vous demander une
directive ou vous poser une question â vous-même. Pourriez-vous
nous donner le mandat de cette commission parlementaire? Quel est l'ordre de la
Chambre en ce qui concerne les travaux de la commission parlementaire?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Dès le début de cette
séance ou, en tout cas, au moment où le député de
Lafontaine a fait son intervention, j'avais demandé au
secrétariat de me porter une copie de l'ordre de la Chambre.
Malheureuse- ment, il ne semble pas qu'on ait pu le retracer. Mais le fait
demeure que je pense que la commission est ici ce matin suite à une
convocation ou à un ordre donné en Chambre par le leader du
gouvernement à l'effet d'entendre les organismes qui ont des
représentations à faire sur le rapport Gauvin. Ce qui me fait
supposer cela et conclure cela, c'est que le règlement est assez clair.
Pour que des organismes puissent se présenter, ils doivent recevoir une
convocation ou un avis de trente jours et ils doivent être
convoqués au moins sept jours avant de comparaître devant la
commission.
C'est donc dire que le fait qu'il y ait eu, ce matin et même avant
aujourd'hui, des groupes qui sont venus, indique bien que la procédure
normale a été suivie. Ceci me fait également conclure que
si la commission désirait déroger à cet ordre de la
Chambre, elle devrait, â ce moment, demander à l'Assemblée
nationale elle-même de changer son mandat.
M. BERTHIAUME: M. le Président, je propose l'ajournement.
Motion d'ajournement
M. ROY: Un instant! M. le Président. J'ai posé une
question tout à l'heure, à la suite du député de
Lafontaine et le président m'a donné la certitude que nous
pourrions discuter de la question qui a été soulevée.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! J'ai plutôt dit que la
commission en déciderait. Je n'ai jamais donné de certitude. Ce
n'est pas à moi de décider pour la commission des sujets qu'elle
doit discuter.
M. ROY: En tout cas, la motion d'ajournement est discutable.
M. LEGER: C'est une motion discutable.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, absolument.
M. LEGER: M. le Président, sur la motion d'ajournement, je
voudrais faire remarquer...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le député de
Lafontaine me permettrait? On me remet à l'instant la copie de l'avis
public qui a paru dans la Gazette officielle du 14 août 1974. Je pourrais
peut-être en faire lecture pour le bon entendement des membres de la
commission.
Québec, ce 26 juillet 1974.
Avis.
Avis public est par la présente donné que la commission
parlementaire des institutions financières, compagnies et
coopératives sera convoquée aux fins d'étudier le rapport
du comité d'étude sur l'assurance-automobile (comité
Gauvin).
Les personnes ou groupes qui désirent se présenter ou se
faire entendre devant cette commission ont un délai de 30 jours à
compter de la date de la présente publication pour déposer au
secrétariat des commissions 100 exemplaires de leur mémoire
accompagnés de 200 exemplaires d'un bref résumé.
Québec, ce 8 août 1974.
C'est signé:
Secrétaire associé et conseiller juridique, M. Denis
Pérusse.
Sur la motion d'ajournement, le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je comprends que, quand on a
commencé à recevoir des mémoires sur le rapport Gauvin,
nous ne pouvions pas nous douter de la quantité de mémoires qui
suivraient. A ce moment, à chaque session, on voyait d'autres
mémoires qui s'ajoutaient, et on voyait bien que cela touchait beaucoup
de gens. C'est peut-être impoli d'empêcher les autres
mémoires d'être présentés à la commission
parlementaire. Je disais que le débat est mal engagé parce que,
et ce qui m'a fait sursauter je parle de l'ajournement justement
...
M. BACON: Parlez-en.
M. LEGER: ... sur l'ajournement, je retrouvais l'affirmation du ministre
des Institutions financières d'aller jusqu'à Noël. Cela veut
dire l'ajournement avec plusieurs séances de la commission qui
s'ajourneraient, qui se suspendraient et qui continueraient jusqu'à
Noël. A ce moment, je pense que c'est là que cela a provoqué
chez moi le désir de dire: Ecoutez, on s'en va dans quelle direction?
Est-ce qu'on devrait, d'une part, parce qu'on est mal engagé, dire: On
doit continuer parce qu'on est sur cette route, ou si on retourne?
M. le Président, je suis en train de parler sur la motion
d'ajournement et...
M. BERTHIAUME: Question de règlement.
M. LEGER: ... pour justement déterminer qu'on pourrait ajourner
le débat d'une façon différente.
M. BERTHIAUME: Question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre d'Etat aux Transports sur une
question de règlement.
M. BERTHIAUME: M. le Président, je suis loin d'être un
expert en procédure, sauf qu'il y a une chose qui me paraît assez
claire sur ma question de règlement. Le débat qu'est en train
d'engager le député de Lafontaine devrait avoir lieu à
l'Assemblée nationale, en Chambre même. Si le député
de Lafontaine est insatisfait de la façon de procéder de la
commission, du mandat de la commission, il devrait en discuter en Chambre, non
pas ici. J'aimerais, M. le Président, que vous portiez une attention
particulière à l'argumentation du député de
Lafontaine qui doit, je crois, parler sur la motion d'ajournement et non pas
sur le déroulement de nos travaux.
M. LEGER: M. le Président, sur la question de règlement,
je dois dire au ministre qu'il a bien affirmé que c'est très vrai
qu'il ne connaît pas la procédure, puisque nous sommes en train de
discuter de l'occasion d'ajourner ou non.
M. BACON: Arrêtez donc de donner des leçons à tout
le monde et parlez donc!
M. LEGER: Actuellement, la motion c'est d'ajourner et de suspendre. Je
voterai contre et je vais vous dire pourquoi. Je suis contre la motion
d'ajournement, parce que je veux qu'on discute aujourd'hui avant d'ajourner de
quelle façon nous allons continuer de fonctionner dans les autres
séances qui vont suivre. Le ministre n'est pas encore informé,
puisque c'est la commission elle-même qui est maîtresse de ses
travaux et de la façon qu'elle fonctionne.
M. BERTHIAUME: A l'intérieur du mandat voté par
l'Assemblée nationale.
M. LEGER: M. le Président, le mandat qu'elle a actuellement,
c'est justement de décider de quelle façon cela va fonctionner
par la suite. Est-ce qu'on est bien engagé ou non? Si, actuellement, le
gouvernement a remis un rapport au lieutenant-gouverneur, qui est le rapport
Gauvin, nous trouvons curieux...
M. BERTHIAUME: Sur une question de règlement, M. le
Président.
M. LEGER: M. le Président, ce n'est pas parce que les
députés libéraux se lèvent pour empêcher et
bâillonner l'Opposition sur le fond de la question qu'on va permettre
d'arrêter la commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur une question de règlement.
L'honorable ministre.
M. LEGER: C'est une façon...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: ... lâche des députés libéraux de
se lever pour enlever le quorum, pour empêcher une discussion de
fond.
M. BERTHIAUME: Bon! Bon!
M. MARCHAND: M. le Président, je dois dire qu'on est prêt
à entendre toutes les associations qui veulent venir ici et ce ne sera
pas le député de Lafontaine qui va nous
empêcher de le faire. M. le Président, je pense qu'il n'y a
pas quorum.
M. LEGER: M. le Président, le député qui vient de
parler, s'il se pense M. le quorum, il n'a pas rempli grand-chose et il ne vide
pas grand-chose.
M. le Président, nous trouvons curieux, et c'est pour ça
que je vote contre le gouvernement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je m'excuse auprès de
l'honorable député de Lafontaine. Effectivement, nous n'avons pas
quorum présentement.
M. LEGER: Alors, c'est un bâillon du gouvernement.
M. ROY: M. le Président, je voudrais quand même vous
signaler que c'est complètement irrégulier parce que, si vous
constatez qu'il y a un non-quorum, cela veut dire que la commission n'est pas
ajournée.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On peut peut-être suspendre pour
quelques minutes en attendant de voir si on peut obtenir quorum.
M. ROY: La commission n'est pas ajournée s'il n'y a pas quorum. A
ce moment-là, vous vous exposez à des petits
problèmes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission suspend ses travaux pour
quelques minutes en attendant d'avoir quorum.
M. ROY: Si vous voulez jouer à ce petit jeu-là, on va le
jouer à "la gang".
M. LEGER: Oui, M. le Président, parce que l'Opposition est au
complet.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur la motion d'ajournement.
M. LEGER: M. le Président, je voterai donc contre la motion
d'ajournement, et voici pourquoi. On nous a soumis un rapport qui a
été présenté au lieutenant-gouverneur en conseil,
le rapport Gauvin, et je trouve curieux qu'on demande à l'ensemble de la
population de décider pour le gouvernement actuel en amenant des groupes
qui viennent se prononcer sur un comité d'étude.
Ces groupes ne sont pas le poids de l'opinion publique, en ce sens que
nous avons surtout devant nous des personnes qui viennent et qui viendront
à des séances subséquentes défendre la plupart du
temps une partie, dans le domaine de l'assurance-automobile, qui
représente leur propre intérêt. Comme de raison, ces
personnes ont raison de le faire, et souvent, elles nous disent aussi qu'elles
défendent l'intérêt de la population.
Mais on sait bien que les groupes qui représentent les
intérêts des assurés ce sont ceux-là qui sont
importants ne sont pas organisés à ce stade-ci parce
qu'ils n'en connaissent pas les implications; mais ils sauraient quoi dire
devant une décision du gouvernement qui dirait: Voici, après
étude du rapport Gauvin et après avoir consulté les
groupes intéressés, la population et nos électeurs, nous
proposons le projet suivant. Là-dessus, chaque groupe
intéressé, incluant les assurés, sachant alors ce que le
gouvernement lui destine, pourrait s'exprimer.
Mais actuellement, dans les groupes de gens qui viennent et qui
viendront aux séances futures de la commission parlementaire, les
assurés ne font pas le poids, parce qu'ils ne sont pas aussi bien
organisés que ceux qui défendent leur intérêt dans
l'industrie de l'assurance-automobile.
M. le Président, je trouve que le ministre des Transports
je l'ai dit tantôt, loin des micros, avant que le journal des
Débats ne puisse l'enregistrer a quand même fait un travail
de ce côté en adoptant une partie des recommandations dans le
domaine de la sécurité routière. On a vu
dernièrement qu'il était intéressé à le
faire et, rapidement. Il a fait des interventions très heureuses pour ce
qui concerne le fond, mais non pas la procédure. Il a
préparé des règlements pour la formation des chauffeurs
d'automobile, des autos-écoles. D'autres règlements s'en
viennent. Je trouve que c'est une bonne façon de procéder,
d'amener ces règlements, pour que les gens puissent en discuter. Mais le
ministre des Institutions financières, Compagnies et Coopératives
qui, malheureusement, a été obligé de partir, il
n'est pas là laisse tout le monde dans l'incertitude, il a peur
de se brancher. J'ai l'impression, j'affirme même, qu'en prolongeant cela
jusqu'à Noël, comme il l'a dit tantôt, il est en train de
créer une psychose de l'assurance-automobile parmi les citoyens qui
craindront parce qu'ils entendront... Une psychose devant le problème de
l'assurance-automobile qui est présenté sous toutes les facettes
par les groupes directement intéressés ne sachant pas exactement
ce que le gouvernement présente comme loi.
C'est cela le problème, M. le Président. Dans le fond, il
va créer tellement une crainte chez les citoyens qu'il se peut fort bien
qu'on noie complètement la portion de l'administration et des
réformes à faire dans l'assurance-automobile parce que le
gouvernement n'aura pas eu le courage de le faire. Le gouvernement, s'il
gouverne pour les assurés qui sont la majorité des
électeurs et non pas pour des groupes particuliers, doit lui-même
se mettre dans le bain et déterminer quel est le projet qu'il
présente à la population et aux groupes concernés. Mais
s'il veut uniquement défendre les intérêts de groupes
individuels, il fait fausse route et nous ne marcherons pas
là-dedans.
Je pense qu'avant d'adopter la motion
d'ajournement, je voudrais qu'on sache ce qu'on fera à l'avenir
avec les autres mémoires. Est-ce qu'on va prendre ou perdre le temps
d'entendre des mémoires qu'on pourrait entendre après le projet
de loi alors que ces groupes pourraient certainement tous revenir, parce que
c'est rare que, si un projet de loi est fait dans l'intérêt
d'abord des assurés, cela n'amènera pas de l'opposition forte ou
moins forte ou partielle de tous les groupes concernés. On ne peut pas
faire une loi générale et plaire à tous les groupes
concernés dans leurs intérêts personnels et directs. Je
pense qu'ils auront à revenir pour faire valoir les raisons pour
lesquelles ils n'approuvent pas la décision gouvernementale. Mais,
actuellement, ce n'est pas parce qu'on est engagé dans une mauvaise
route, parce qu'on veut aller à Québec et qu'on est rendu sur le
chemin d'Ottawa, qu'il ne faut pas dire: On recule et on s'en va sur le chemin
de Québec, c'est là qu'on allait. A ce moment-là, M. le
Président, je pense qu'il faut repenser...
M. BACON: ... Ottawa...
M. LEGER: ... et je ne ferai pas une motion, mais cela pourrait
être une suggestion sur laquelle on pourrait réfléchir.
Est-ce qu'on ne devrait pas, par politesse pour ceux qui ont
présenté des mémoires d'abord, on les a tous, ces
mémoires leur demander s'ils tiennent réellement à
venir discuter du mémoire avant que le gouvernement présente un
projet de loi sur lequel on pourra travailler? Ils pourraient venir avec leur
mémoire, et peut-être un mémoire supplémentaire,
déterminer comment ils acceptent le projet de loi plutôt que
simplement venir ici donner leur point de vue alors que le gouvernement n'est
pas branché. Peut-être qu'il pourrait y avoir une communication
par le secrétariat auprès des gens qui ont des mémoires
pour leur dire : Préférez-vous venir après que le projet
de loi sera présenté pour pouvoir le corriger, mais en
connaissant réellement la position du gouvernement, plutôt que
seulement venir donner votre opinion sur le rapport Gauvin qui a
été fait par des spécialistes dont les membres ont
consulté la plupart des gens qui sont venus ici? Je pense, M. le
Président, que c'est peut-être une perte de temps de continuer
dans ce sens. On a l'opinion de certaines personnes, on a les mémoires
des autres qui ne sont pas encore venus et, par politesse, je demanderais qu'on
les consulte pour voir s'ils préfèrent venir, deux fois ou une
fois, à l'occasion de la présentation d'un projet de loi, si le
ministre et le gouvernement ont le courage de le présenter.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Beauce-Sud sur la
motion d'ajournement.
M. ROY: M. le Président, je vais être très court.
J'ai dit qu'il y avait un point sur lequel j'étais d'accord avec le
député de Lafontaine ce matin, c'était que le débat
était mal engagé, je l'ai dit depuis le début et c'est
pourquoi je voterai également contre la motion d'ajournement
proposée par le ministre d'Etat aux Transports. Je trouve malheureux que
le ministre ne soit pas demeuré à la commission pour que nous
puissions discuter avec lui d'une chose que nous avions pris soin de demander
au préalable. Je regrette que le ministre ne soit pas resté
à la commission, c'est sa commission parlementaire, c'est son
bébé, c'est son dada, c'est son affaire. Le ministre devrait
donner l'exemple et demeurer ici à la commission parlementaire. Premier
point, M. le Président...
M. BERTHIAUME: J'invoque le règlement.
M. ROY: II n'y a pas de règlement en commission
parlementaire.
M. BERTHIAUME: II n'y a pas question de règlement? Voyons
donc!
LE PRESIDENT (M. Gratton): On va quand même l'entendre pour voir
s'il y en a une. Le ministre d'Etat aux Transports sur une question de
règlement.
M. BERTHIAUME: Descendez donc des rideaux de temps en temps. Il y a un
ministre ici, qu'est-ce que vous avez à chiâler?
M. ROY: Quel est votre point de règlement? C'est une
réplique ou un point d'ordre?
M. BERTHIAUME: Je représente le gouvernement au même titre
que le ministre des Institutions financières.
M. ROY: Ce n'est pas un point de règlement, si vous voulez faire
une réplique, vous viendrez après.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre vient de faire une mise au point
pour dire qu'il est présent.
M. ROY: Ce n'est pas une mise au point, c'est une réplique.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Nous constatons tous la présence du
ministre d'Etat aux Transports.
Le député de Beauce-Sud sur la motion d'ajournement.
M. ROY: Un instant, justement sur ce point de motion d'ajournement, le
deuxième point sur lequel je ne suis pas tout à fait d'accord
avec le député de Lafontaine, c'est que nous avions
demandé je pense qu'il serait bon qu'on se le rappelle que
la commission parlementaire des institutions financières, compagnies et
coopératives siège pour étudier les recommandations du
comité Gauvin. Il y a eu des avis de motion qui
ont été publiés à cet effet. Nous avons
demandé nous-mêmes je me souviens d'être intervenu
deux fois à l'Assemblée nationale, je ne sais pas lequel parmi
les membres du Parti québécois mais nous avons
demandé que cette commission parlementaire siège et qu'on entende
les organismes qui sont intéressés à venir exprimer leur
point de vue. Cependant, c'est là que je vais rejoindre mon
collègue de Lafontaine. Il ne faudrait pas que cette commission
parlementaire, qui étudie les recommandations du comité Gauvin,
serve de prétexte au gouvernement pour noyer le poisson, parce qu'il y a
quelque chose à faire et le gouvernement doit prendre ses
responsabilités en matière d'assurance-automobile. Il y a
suffisamment de pressions qui se font actuellement un peu partout, il y a des
correctifs à apporter à ce niveau et le gouvernement devra
présenter un projet de loi, devant l'Assemblée nationale. Lorsque
le projet de loi reviendra devant l'Assemblée nationale, j'estime
qu'à ce moment-là on permette aux organismes, qui ont quelque
chose à dire sur le projet de loi, de revenir devant la commission
parlementaire.
On l'a fait sur d'autres points, on l'a fait sur d'autres sujets,
j'estime qu'on doit le faire. Mais ce que je crains jusqu'à
présent, et je termine là-dessus, c'est que pour les travaux de
notre commission parlementaire, je n'ai pas de liste officielle des
associations, des organismes qui ont demandé de se faire entendre. On
m'a remis ce matin, à mon arrivée en commission parlementaire,
copie du mémoire présenté par l'Association des
camionneurs artisans, alors qu'on devait faire parvenir les mémoires
à tous les députés membres de la commission. C'est une
chose qui avait été demandée, que le ministre avait
acceptée lors des dernières séances et cela n'a pas
été fait.
M. le Président, je dis actuellement le gouvernement est en train
de se moquer de nous, il organise une petite stratégie en cachette, car
le gouvernement a décidé tout simplement de noyer le poisson.
C'est tout ce que j'ai à dire, mettez la motion aux voix, je vote
contre.
M. BERTHIAUME: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre d'Etat aux
Transports.
M. BERTHIAUME: Je pense qu'il n'y a aucun gouvernement avant celui-ci
qui ait autant profité des commissions parlementaires pour entendre les
réactions de la population sur des projets du gouvernement ou, dans ce
cas-ci, sur un rapport qui a été commandé par le
gouvernement.
Je comprends mal que le député de Lafontaine, en
particulier, puisse s'opposer à une telle façon de
procéder, d'autant plus que son parti se pique si souvent de favoriser
la consultation et la participation.
M. le Président, si nous avons pris ce moyen de consulter, c'est
parce que le rapport Gauvin, il est vrai, est fort discuté dans
l'opinion publique. Je pense qu'il est dans l'intérêt public que
nous consultions la population à ce stade-ci. Il n'est pas question de
noyer de poisson. Il est certain que le gouvernement, devant toutes les
réactions, veut demeurer le plus flexible possible avant de
présenter un projet de loi.
En ce qui concerne la motion d'ajournement, M. le Président, je
pense que le mandat qui nous a été confié par
l'Assemblée nationale est assez clair. C'est sur cette base-là et
seulement sur cette base que j'ai proposé l'ajournement.
M. LEGER: M. le Président, selon le règlement,
après la déclaration d'une personne qui m'a mal cité, qui
m'a mal compris, je dois rectifier après son discours. Je dois lui dire
que non seulement je suis pour la consultation, mais pour qu'une consultation
soit démocratique, il faut établir des règles où
elle puisse fonctionner démocratiquement.
Les règles actuelles ne permettent pas aux principaux
intéressés je rectifie, ce sont les assurés
de s'exprimer à l'intérieur d'une commission comme
celle-ci...
M. BACON: D'accord, d'accord! Cela va. On a compris. De toute
façon, vous voulez parler.
M. LEGER: Elles ne sont pas organisées et elles ne savent pas la
décision du gouvernement. Toute la différence est là.
M. BACON: De toute façon, vous voulez parler.
M. LEGER: A une commission parlementaire du rapport Gauvin...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: ... du rapport Gauvin et des commissaires...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant! A l'ordre!
M. LEGER: Un instant, M. le Président. Je n'ai pas
terminé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LEGER: Non, non. Un instant, je n'ai pas terminé mon point
d'ordre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est triste, on n'a même pas quorum.
Je ne peux même pas demander le vote.
M. LEGER: Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, nous avons
quorum.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On m'a fait remarquer tantôt que,
depuis la venue dans notre auguste enceinte du député de Johnson,
le quorum à la commission parlementaire est maintenant passé de
sept à huit, ce qui veut dire que je ne peux même pas prendre le
vote sur la motion d'ajournement.
En vertu de l'article 146 de nos règlements, le président
suspend la commission jusqu'à nouvel ordre de l'Assemblée.
M. LEGER: M. le Président, avant, j'ai une question de
règlement. Un instant, on ne peut pas. Vous avez affirmé une
chose qui est fausse, parce que la venue de M. Bellemare ne permet pas de dire
que c'était huit. Le quorum n'a pas été défini.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est un ordre de la Chambre, il y a eu une
motion en Chambre.
M. LEGER: Pas pour le quorum.
(Fin de la séance à 11 h 35)