Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude du rapport Gauvin
Séance du mardi 19 novembre 1974
(Dix heures quarante-quatre minutes)
M. BEDARD (Chicoutimi): A l'ordre, messieurs! Les membres pour la
présente séance seront: M. Assad (Papineau), remplacé par
M. Giasson (Montmagny-L'Islet), MM. Beauregard (Gouin), Bellemare (Johnson),
Bonnier (Taschereau), Burns (Maisonneuve), Chagnon (Lévis), Harvey
(Charlesbourg), Harvey (Dubuc), Léger (Lafontaine), Marchand (Laurier),
Picotte (Maskinongé), Roy (Beauce-Sud), Tetley
(Notre-Dame-de-Grâce). M. Tremblay (Iberville) sera remplacé par
le ministre associé, M. Berthiaume (Laprairie).
Pour les fins des travaux de la commission, j'inviterais les
représentants des Souscripteurs du Lloyd's à se faire entendre.
Pour le journal des Débats, je demanderais que celui qui doit être
leur porte-parole s'identifie et indentifie ceux qui l'accompagnent. Si
d'autres personnes, au niveau de la délégation, doivent prendre
parole, je leur demanderais de s'identifier pour les fins du journal des
Débats avant de s'adresser à la commission.
Souscripteurs du Lloyd's de Londres
M. MADILL (J.-Arthur): M. le Président et messieurs de la
commission parlementaire, je suis J.-A. Madill, fondé de pouvoirs des
Souscripteurs du Lloyd's de Londres. J'ai avec moi M. Marcel Bricault, courtier
mandaté, et aussi un membre du comité des mandatés du
Québec qui est mentionné dans le mémoire des Souscripteurs
du Lloyd's.
La première partie de ce mémoire donne un aperçu du
fonctionnement du Lloyd's de Londres et de la façon dont ils pratiquent
l'assurance-automobile au Québec; suivent quelques remarques
générales sur l'assurance-automobile et le rôle du courtier
d'assurance, rôle capital pour le Lloyd's.
La deuxième partie commente le résumé du rapport
Gauvin à la lumière de l'expérience en
assurance-automobile dans le monde entier. Je ne veux pas ajouter au
mémoire, sauf que j'aimerais dire que le Lloyd's de Londres n'est pas
une compagnie d'assurance mais une association d'assureurs, appelés
souscripteurs, qui traitent des affaires de l'assurance au siège de
Lloyd's à Londres.
En règle générale, ils sont groupés en
syndicats ou groupes de souscriptions. Pour cette raison, le mémoire
soumet quelques remarques générales sur l'assurance-automobile au
Québec et sur l'expérience de Lloyd's en assurance-automobile
dans le monde entier.
Considération que les données fournies découlent de
l'exercice de l'individualité manifeste et réelle de chacun des
souscripteurs de Lloyd's, M. Bricault et moi-même tenteront de
répondre à toutes les questions qui pourraient être
soulevées par ce mémoire au meilleur de notre habileté et
de nos connaissances.
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Je vous remercie.
J'inviterais l'honorable ministre à poser des questions.
M. TETLEY: Est-ce que vous allez parler, monsieur? Est-ce votre
intention de parler?
M. BRICAULT (Marcel): M. le Président, je pense, en fait...
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Voulez-vous vous
identifier, s'il vous plaît, pour le journal des Débats?
M. BRICAULT: Marcel Bricault. Comme M. Madill l'a mentionné, tout
à l'heure, je suis un souscripteur mandaté des Lloyd's de Londres
au Québec.
Je pense que le mémoire parle par lui-même. Ma position
ici, ce matin, est surtout pour appuyer M. Madill qui est le fondé de
pouvoir pour répondre aux questions des membres de la commission, s'il y
a des questions.
M. TETLEY: M. le Président, puis-je féliciter Lloyd's de
son mémoire? En anglais, ça se traduit par "brief", c'est le plus
"brief". Je comprends que Lloyd's puisse faire de l'argent par tout le monde et
accepter n'importe quel risque, si vous avez des gens aussi "brief" que
ça. Je vous félicite.
Mr. Madill and Mr. Bricault, thank you for coming. I particularly want
to thank Lloyd's for the good work they have done in the question of their
deposits in Québec. It is a remarkable story that I hope to tell some
day but Lloyd's is a good friend of Québec and of Canada.
Je vous félicite, M. Madill, au sujet de vos réserves,
etc. C'est une histoire que je ne peux pas raconter ici aujourd'hui pour
certaines raisons. Mais je peux aviser mes collègues de
l'Assemblée nationale que Lloyd's est un ami du Québec et du
Canada.
J'ai plusieurs questions, MM. Madill et Bricault. A la page 6, premier
paragraphe de votre mémoire, vous mentionnez: "II est donc normal que le
courtier soit rémunéré par les assureurs, car ceux-ci
peuvent fixer le taux de courtage et ne traiter qu'avec les courtiers jouissant
d'une bonne réputation."
Voici ma question: Ne croyez-vous pas qu'étant
rémunéré par les assureurs le courtier aurait tendance
à sélectionner les compagnies dont la rémunération
serait la plus élevée, ce qui ne signifie pas
nécessairement que ce sont les meilleures compagnies dans certains cas?
En effet, des fois, un courtier a devant lui deux polices et deux taux de
commission et n'est-il
pas vrai que des fois le courtier est tenté de
sélectionner pour son client une assurance qui donne une commission plus
élevée?
For example, Mr. Madill, last year, on young people's auto insurance,
some companies decreased the commission and also decreased the premium and
certain brokers, in effect, directed their business to the companies that did
not decrease the premium and did not decrease the commission.
So actually a number of youths were badly served.
M. BRICAULT: M. le Président, pour répondre à la
question sur le fait de fixer les taux de courtage et celui du courtier
sélectionnant la compagnie qui pourrait lui payer le plus, je pense
qu'en justice et en pratique, c'est ce qui pourrait résulter, à
la condition que les frais de courtage ou les taux de courtage réels
varient d'une façon dramatique entre une compagnie et une autre. Dans le
choix ou dans la sélection d'une compagnie pour le
bénéfice d'un assuré, le courtier se doit de
considérer plusieurs points, pas simplement le point de ce que cela peut
lui rapporter, à lui, parce qu'il doit maintenir des marchés
lui-même mais, en même temps, sélectionner les
marchés qui seront les plus favorables pour l'assuré au moment
des sinistres en particulier.
En ce qui concerne le deuxième point que vous avez amené,
c'est-à-dire les jeunes, en ce qui concerne la position des Lloyd's, je
peux dire en toute assurance que les Lloyd's, l'an passé, parce qu'il y
avait un besoin à satisfaire pour les jeunes, les Lloyd's ont
diminué les taux d'assurance tout en ne changeant pas les taux de
courtage, afin de pouvoir satisfaire aux besoins des jeunes assurés de
la province de Québec, de telle sorte que le volume acquis par les
Lloyd's pour les jeunes a augmenté d'une façon dramatique.
M. TETLEY: D'autres compagnies ont réduit la prime et la
commission, le pourcentage. C'est peut-être pourquoi certains courtiers
ont favorisé votre compagnie ou votre groupe d'assureurs. En tout cas,
la deuxième question, la commission Gauvin favorise un système
d'achat au comptoir ou "direct writing" autant que l'emploi de courtiers, les
deux systèmes en même temps. Quelle est la position de Lloyd's au
sujet de cette suggestion de la commission Gauvin?
M. BRICAULT: En ce qui concerne la position de Lloyd's concernant le
statut du courtier, le mémoire est très explicite sur ce point.
Lloyd's, n'étant pas une compagnie d'assurance, ne peut agir que par
l'entremise de courtiers et ne peut, en fait, exercer en tant que Lloyd's
même qu'à Londres. Il ne peut exercer ou faire
bénéficier de ses avantages les assurés du Québec
que par le moyen de courtiers mandatés, parce qu'il ne s'agit pas d'une
compagnie d'assurance; il s'agit d'individus qui se forment en syndicat.
M. TETLEY: Au sujet de la sécurité routière, la
première partie du rapport Gauvin, est-ce que vous favorisez les
conclusions du rapport Gauvin au sujet de la sécurité
routière?
M. BRICAULT: M. le Président, le mémoire est encore
très spécifique à cet effet. Les souscripteurs de Lloyd's
acceptent avec satisfaction les propositions visant à améliorer
la sécurité routière, la formation des conducteurs, les
règlements de la circulation, l'inspection des véhicules et les
autres mesures pouvant contribuer à réduire le nombre des
accidents.
Il semble néanmoins que le financement d'un conseil de la
sécurité par une taxe sur les primes d'assurance-automobile ne
serait pas équitable. Si l'ensemble de la population peut
bénéficier des mesures proposées, il semblerait plus
normal que chacun y apporte sa contribution, que le conseil soit financé
par le gouvernement et, éventuellement, les autorités
locales.
Il y a une note en ce qui concerne l'inspection des véhicules
où une procédure a été établie en
Angleterre. Le mémoire de Lloyd's en fait état en
spécifiant qu'en Angleterre tous les véhicules d'un certain
âge subissent annuellement une inspection et une vérification
mécanique dans des garages agréés. Ce qui semblerait
pouvoir s'appliquer aussi au Québec et pouvoir améliorer la
situation en ce qui concerne les vieux véhicules.
M. TETLEY: M. Bricault, une des conclusions de la commission Gauvin
concernant la sécurité routière est que le gouvernement
impose un régime de ceinture de sécurité obligatoire.
Dois-je comprendre en conséquence que vous favorisez la ceinture
de sécurité obligatoire pour les chauffeurs du Québec?
M. BRICAULT: M. le Président, en ce qui concerne les ceintures de
sécurité, je pense qu'en principe le Lloyd's de Londres pourrait
être sûrement en faveur. Il semblerait toutefois à ce
moment-ci que les résultats peuvent porter à des
interprétations différentes et pourraient peut-être exiger
des données plus précises avant de prendre une position
définitive. Mais il n'y a pas de doute que déjà,
d'après les données en main, il serait recommandable que les
ceintures de sécurité soient obligatoires.
M. TETLEY: Dans votre mémoire, M. Bricault, vous mentionnez que
Lloyd's a des expériences par tout le monde; c'est peut-être le
seul groupement ou compagnie qui a cette expérience. Avez-vous des
expériences concernant la ceinture de sécurité dans
d'autres pays où la ceinture est obligatoire? Avez-vous des preuves pour
ou contre l'emploi de la ceinture de sécurité?
M. BRICAULT: M. le Président, je ne peux pas trouver au
mémoire même des données précises sur ce point.
Seulement, si la commission veut bien nous permettre de faire les recherches
nécessaires, nous serons heureux de transmettre ces données.
M. TETLEY: Vous avez toujours le droit de nous envoyer, ainsi
qu'à tous les membres, toute documentation, soit au président,
soit à moi-même, soit au secrétaire.
A la page 7, troisième paragraphe, vous dites: "Le
législateur ne devrait pas considérer l'assurance sans
égard à la responsabilité comme objectif en soi. Il
devrait plutôt chercher à établir le régime
d'assurance qui répond le mieux aux besoins du public".
N'est-ce pas dans cette optique que le comité Gauvin a
travaillé ou avez-vous d'autres régimes, si vous n'aimez pas
celui de l'assurance sans égard à la responsabilité?
M. BRICAULT: M. le Président, à cette page 7,
troisième paragraphe, en fait, le mémoire soumet une opinion
générale de base et le paragraphe 4 semble répondre
à la question en spécifiant qu'en fait "le Lloyd's est d'avis que
le contrat pourrait être établi dans le cadre d'une assurance
directe, de façon que la plupart des sinistres puissent être
réglés rapidement, équita-blement et avec un minimum de
frais." Les assurés auraient encore la faculté d'exercer leur
droit de recours, mais la garantie de l'assurance directe serait offerte en
fonction des avantages que comporte pour l'assuré un montant suffisant
pour éviter les complications du recours contre les tiers.
M. TETLEY: Donc, est-ce que vous favorisez le plan AutoBAC ou le plan
des compagnies d'assurance du Canada, de certaines compagnies d'assurance,
parce que certains indépendants, comme Allstate, ne font pas partie du
plan AutoBAC apparemment?
M. BRICAULT: En fait, M. le Président, le Lloyd's favorise
d'abord le maintien des droits au recours légal pour tous les citoyens.
Il suggère, comme je l'ai mentionné il y a quelques minutes, que
le contrat soit établi dans le cadre d'une assurance directe avec une
garantie assez élevée pour éviter les complications du
recours contre les tiers, cette garantie étant en partie satisfaite par
la majoration des prestations de l'assurance individuelle. A ce point, on sait
que le variplan répond en partie à ces exigences et semblerait a
priori répondre mieux aux vues du Lloyd's à cause de ses
garanties assez élevées pour permettre la satisfaction de
l'indemnisation de façon équitable, sans pour autant priver le
citoyen de son droit de recours quand le montant des prestations de base est
insuffisant.
M. TETLEY: Donc, votre plan ressemble au plan AutoBAC ou
l'élargissement du chapitre b). Est-ce bien cela, M. Bricault?
M. BRICAULT: C'est exact.
Dans les conclusions, à la page 8, le point b) des conclusions
spécifie la majoration des prestations d'assurance individuelle dans la
mesure permise par le coût. Comme corollaire le point c), veut rendre
obligatoires les garanties de responsabilité civile et d'assurance
individuelle pour être en mesure de répondre aux besoins de
l'indemnisation adéquate.
M. TETLEY: A la page 8: Rendre obligatoires les garanties de
responsabilité civile et d'assurance individuelle. Est-ce que vous
parlez du chapitre a)?
M. BRICAULT: Des chapitres a) et b).
M. TETLEY: Vous voulez que les deux soient obligatoires?
M. BRICAULT: Oui, comme c'est une assurance directe, une assurance de
première valeur, l'assuré lui-même pourrait obtenir les
protections qu'il veut obtenir.
M. TETLEY: Mr. Madill, did Lloyd's take part in the preparation of the
AutoBAC brief? Are you a part of that group or do I understand that you are
independent just as Allstate is independent and came here outside the AutoBAC
group?
M. MADILL: Lloyd's are independent, we were associated with but took no
part in that brief.
M. TETLEY: I see. Because a part of your brief is similar to it and a
part is not.
M. MADILL: Lloyd's Underwriters in London, of course, have had a view of
that brief, of the variplan and they had their own views. They are very
independent people, they have formed their own views, based upon their own
opinion.
M. TETLEY: What don't they like about the AutoBAC brief?
M. MADILL: This is an insurance underwriting matter, I refer the
question to M. Bricault.
M. BRICAULT: What they don't like? Ici, M. le Président, la
difficulté...
M. TETLEY: En 10,000 mots ou moins.
M. BRICAULT: La difficulté, ici, est que quand on parle de
Lloyd's on parle d'individus qui ont des vues personnelles; essayer
d'interpréter, de façon positive, les vues de plus de 7,000
membres, c'est un peu difficile. En fait,
en considération des données du rapport Gau-vin et des
données de variplan, il semblerait que, quoiqu'il y ait des
différences fondamentales, de base, entre Gauvin et variplan, en
principe les données minimisées de base, si vous voulez, sont
à peu près les mêmes, excepté que certaines sont
étendues plus que d'autres.
La position de Lloyd's, en ce qui concerne ces données, c'est
d'abord la liberté de l'assuré de choisir ce qu'il désire
en fait de protection en lui conservant la possibilité d'obtenir des
garanties suffisantes pour lui permettre d'oublier de poursuivre les tiers et
d'obtenir satisfaction, au moment des sinistres.
Je sais très bien que le variplan a un montant de base
spécifiant qu'en deçà de ce montant, la question du
recours entre en jeu. En principe, le Lloyd's n'est pas totalement contre ce
concept, seulement il préconise davantage le concept de l'assurance
directe pour que l'assuré puisse décider de lui-même le
montant qui lui sera satisfaisant.
Le variplan autant que Gauvin permet, en deçà d'un certain
montant, d'obtenir des garanties de protection supplémentaire. Lloyd's
dit: Si vous procédez par la voie de l'assurance directe, vous pouvez
obtenir exactement la même chose, à votre libre choix, dès
le départ. Pour être en mesure de réussir à obtenir
le fonds de prime suffisante, pour être en mesure de répondre aux
exigences des indemnisations, il paraît, aux différents plans
autant qu'aux différents concepts qui existent dans le monde entier, que
l'assurance-responsabilité soit obligatoire pour tous. Ce serait la
façon la plus équitable d'établir une assise de prime
suffisante à des coûts raisonnables, tout en étant en
mesure de pouvoir satisfaire aux exigences des indemnisations.
M. TETLEY: Donc, vous voulez une assurance sans égard à la
responsabilité ou "no fault" pour le chapitre b), avec un certain niveau
au-dessus duquel l'assuré peut procéder à la cour.
M. BRICAULT: En fait, l'opinion des Lloyd's va plus loin que ça.
Elle voudrait garder le maintien total du droit de recours, seulement en
décourageant la nécessité d'y avoir recours, par
l'obtention d'une assurance directe suffisante. En d'autres termes,
l'assuré garde sa liberté de pouvoir poursuivre.
M. TETLEY: Sous le chapitre b)?
M. BRICAULT: Même sous le chapitre b). En fait, le chapitre b)
étant une assurance individuelle, dès le départ, si la
personne obtient satisfaction de sa perte économique, il n'y a pas de
nécessité d'aller en cour.
Il s'agit simplement d'établir les garanties d'une façon
suffisante ou assez élevée pour satisfaire aux besoins de
l'indemnisation, pour décourager la nécessité du droit de
recours. Mais le droit de recours existant tout de même...
M. GIASSON: C'est de l'assurance individuelle.
M. TETLEY: Donc vous n'aimez pas le "no fault" ou l'assurance sans
égard à la responsabilité pour les chapitres a), b) et c)
telle que prônée par le rapport Gauvin?
M. BRICAULT: Comme le mémoire le souligne, Lloyd's soutient qu'un
système généralisé d'indemnisation sans
égard à la responsabilité ne serait pas
démocratique.
M. TETLEY: Oui. Démocratique, cela veut dire quoi?
M. BRICAULT: Bien...
M. TETLEY: Le droit d'aller en cour, peut-être subir des
délais, peut-être perdre votre cause parce que vous n'avez pas de
témoin ou parce que votre avocat a fait erreur, ou le juge a fait
erreur, ou vous avez fait erreur. C'est quoi "démocratique", M.
Bricault?
M. BRICAULT: Si je puis répondre, M. le Président, je
pense que la démocratie est, pour tout citoyen, le pouvoir d'exercer un
droit reconnu par la loi, et comme tel, à partir du moment où on
le prive d'un droit reconnu par la loi, il y a un élément
antidémocratique qui intervient. J'essaie d'être assez
général parce que je sais que c'est une question qui peut appeler
des exposés assez longs, pour être le plus sommaire...
M. TETLEY: Certaines personnes croient que le droit de recevoir paiement
sans délai, sans frais honoraires, sans le coût des cours, qui est
un coût très caché, le coût des juges, etc., est plus
démocratique que le système où il faut aller à la
cour, où on peut être refusé par le défendeur ou la
défenderesse. En tout cas, j'apprécie votre...
Dernière question. A la page 14, les paragraphes 6 et 7, vous
mentionnez que: "En Australie, les primes de l'assurance obligatoire de
responsabilité civile sont établies d'après une formule
qui ne tient aucun compte des facteurs individuels de risques. Le coût
est le même, que ce soit pour une petite voiture familiale, appartenant
à un père de famille d'âge moyen, ayant à son
crédit de longues années de conduite sans accident, ou pour une
voiture sport de grande puissance, dont le propriétaire ou le conducteur
est un jeune homme ayant peu d'expérience".
Croyez-vous que l'étatisation implique nécessairement une
prime constante pour tout le monde, pour une couverture donnée? Est-ce
que l'étatisation ou tout système moitié
étatisé et moitié libre veut dire qu'il y a toujours une
prime constante? Est-ce que l'Australie n'avait pas d'autres options
après l'étatisation?
M. BRICAULT: M. le Président, pour répondre à cette
question d'uniformisation de primes d'assurance et en apportant comme exemple
ce qui se passe en Australie, le mémoire souligne aussi qu'il est
vraiment déprimant que, pour
une recherche prioritaire de simplicité, on ait pu favoriser la
nationalisation et qu'on n'ait pas réalisé qu'une telle
conception pourrait coûter la vie à d'innocentes victimes,
simplement parce que tout a été uniformisé pour simplifier
la question.
En souscription d'assurance, pour la sélection des risques, il
faut absolument être discriminatoire pour rester efficace.
M. TETLEY: Est-ce que la Saskatchewan, le Manitoba et la
Colombie-Britannique, dans leur système, ont un taux universel pour la
province ou est-ce qu'il y a de la discrimination en vertu des endroits, des
chauffeurs, etc.?
M. BRICAULT: M. le Président, je dois admettre que, bien que
j'aie personnellement étudié ces systèmes, je ne puis
répondre à une question aussi précise à ce
moment-ci; je dois m'en excuser.
M. TETLEY: Oui. Mais en Australie je n'ai pas le droit de vous
questionner sur des choses dont vous n'avez pas parlé dans votre
mémoire il y a étatisation et, comme vous l'avez dit
à la page 14 et à la page 15, un bon père de famille paie
autant qu'un sportif ayant une automobile de grande puissance.
M. BRICAULT: Exact.
M. TETLEY: Et, aujourd'hui, évidemment, vous avez des
barèmes et des taux complètement différents pour ces deux
groupes de personnes, le bon père de famille et le sportif ayant une
voiture de plaisance.
M. BRICAULT: Oui. En fait, M. le Président, la tarification exige
des considérations tellement complexes que simplement l'uniformisation
d'une prime, assurément, ne peut pas répondre adéquatement
aux nécessités. Si, simplement pour un prétexte de
simplicité, on se sert de ce système, c'est sûr qu'on n'est
pas équitable à certains points.
M. TETLEY: Oui. On m'a informé qu'au moins dans les provinces de
l'Ouest, ils ont le même système de tarification que nous, mais
plus simple. Mais il y a des barèmes, etc.
M. BRICAULT: II y a des barèmes.
M. TETLEY: Donc, étatisation ne veut pas dire
nécessairement un seul niveau, un seul barème pour tout le
monde.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Le député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je remercie M. Bricault pour son
mémoire, mais, en même temps, cela me permet de poser certaines
questions de fonctionnement. Est-ce que vous pourriez nous dire, M. Bricault,
vous qui représentez une compagnie qui existe depuis 1724, qui a
évolué, je pense bien, qui a dû, à la mesure des
années, changer sa perception des choses, comment il se fait que vous
n'ayez pas accepté une recommandation aussi à point que celle de
changer la perception de la responsabilité dans un fait aussi normal que
l'accident d'automobile, on en a des milliers par jour, d'enlever le sens de la
responsabilité pour adopter un sens beaucoup plus démocratique
je vous enlève les mots de la bouche qui consisterait
à indemniser tous ceux qui subissent des préjudices.
Je ne vous comprends pas quand vous dites que c'est plus
démocratique de laisser la chance de poursuivre une autre personne. Ne
pensez-vous pas que, dans le système actuel, une personne ne sera
remboursée par celle qui va causer l'accident que dans la mesure
où cette personne s'est assurée en conséquence? Autrement
dit, ceux qui sont très très bien assurés pour des sommes
très élevées, si on a la chance d'avoir un accident avec
eux, on a des chances d'être remboursé d'une façon
adéquate. Mais si on est frappé par une personne qui n'est
assurée que pour un minimum, à ce moment-là, on est
obligé de poursuivre, avec tous les risques que cela comporte. Il y a
aussi le fait que, même si on gagne, cette personne-là, qui
parfois n'est peut-être pas moralement responsable, mais qui l'est
légalement, peut se retrouver dans la rue parce qu'elle sera
obligée de rembourser pour le surplus qu'on lui réclame.
Finalement, on peut être frappé par une personne qui n'est
pas assurée du tout, qui n'a pas les moyens ou qui est insolvable et on
n'est pas protégé. Est-ce que vous ne trouvez pas que c'est
beaucoup plus démocratique que chaque personne, dans le sens même
profond de l'histoire de l'assurance, s'assure pour les dommages qui peuvent
lui arriver, comme la mort, l'accident, le salaire, etc. Est-ce que ça
ne devrait pas être évalué selon le degré
d'évaluation qui est indiqué par l'assuré sur les
compensations qu'il devrait avoir dans le cas d'un accident? Est-ce que vous ne
trouvez pas que c'est beaucoup plus démocratique que tous les citoyens
s'assurent pour la quantité qui doit leur être remboursée,
selon eux, au lieu de dépendre des autres personnes qui doivent
s'assurer?
M. BRICAULT: M. le Président, je conçois très bien
que la question est chargée de dynamite. Je tenterai d'y répondre
par des références au mémoire tel que soumis. En principe,
les Lloyd's étant une entreprise découlant d'individus qui
déterminent eux-mêmes de quelle façon chacun va pouvoir
fonctionner dans son marché, à ce moment-là, chacun
détermine les règles exactes dans lesquelles il est prêt
à fonctionner. La question est: Pourquoi les Lloyd's, qui font des
affaires depuis 1724, ne se sont-ils pas volontairement rangés ou
n'ont-ils
pas modifié leur attitude de façon à pouvoir
rencontrer totalement des concepts préconisés dans certains
endroits du monde? Je pense que la réponse précise à cette
question est que l'expérience du système actuel qui a
été démontrée au travers des années donne
une indication des résultats à pouvoir considérer.
Le nouveau concept d'indemnisation sans faute, qui n'a pas encore
été prouvé d'une façon définitive et qui,
même aux endroits où cela a déjà été
préconisé et mis en application, appelle encore une contestation
devant les tribunaux, l'opinion de Lloyd's est que sans nier les avantages d'un
concept, il faut y aller d'une façon lente et positive et ne pas changer
du jour au lendemain des concepts qui, au long des années, ont
prouvé leur efficacité générale pour se
réveiller à un moment où on s'apercevra qu'il aura pu y
avoir des erreurs de commises.
M. LEGER: Autrement dit, votre prudence traditionnelle vous oblige
à vérifier le bien-fondé avec l'expérience des
autres avant de vous aventurer dans une chose qui n'est pas encore
complètement assurée de résultats?
M. BRICAULT: En fait, M. le Président, je pense qu'avoir fait
état de cette situation en préconisant des changements sur la
base d'une assurance directe avec des garanties suffisantes, c'est en partie
déjà entrer dans le concept d'une indemnisation sans faute. En
principe, quand vous établissez une assurance pour votre propre
assuré, c'est une assurance de première instance, comme la police
d'accident-maladie ou la police d'assurance-vie. Vous n'avez qu'une
nécessité, c'est que l'incident se produise pour que le produit
de votre police puisse être payé par l'assureur. Une assurance de
première instance, c'est ce que ça donne. C'est en partie
déjà aller vers le concept de l'indemnisation sans faute, mais en
y allant d'une façon conservatrice pour prouver chacun des pas que nous
faisons vers l'avant.
M. LEGER: Maintenant, je pense que les Lloyd's ont la réputation
d'assurer les choses les plus imprévues dans des domaines
inédits. On a eu des expériences voulant que si Lloyd's n'assure
pas une chose, il n'y a pas de compagnie qui va l'assurer. Est-ce que vous
pouvez nous dire quel est, au Québec, votre chiffre d'affaires
uniquement dans l'assurance-automobile?
M. BRICAULT: En assurance-automobile, pour l'année 1973, tel que
calculé au 31 septembre 1974, le montant était de $25.7
millions.
M. LEGER: C'est votre chiffre d'affaires?
M. BRICAULT: Chiffre d'affaires dans l'assurance-automobile...
M. LEGER: D'accord.
M. BRICAULT: ... pour le Québec.
M. LEGER: Et pour les autres risques que vous assumez, quel est votre
chiffre d'affaires total au Québec?
M. BRICAULT: Le total de toutes les lignes d'assurance était de
$42 millions.
M. LEGER: $42 millions; donc une grosse partie est
l'assurance-automobile?
M. BRICAULT: Une grosse partie est l'assurance-automobile.
M. LEGER: Maintenant, pour chaque dollar-prime que vous retirez au
Québec, quelle est la portion investie directement au Québec?
M. BRICAULT: La proportion au Québec du volume de Lloyd's de
Londres à travers tout le Canada représente 44 p.c.
M. LEGER: 44 p.c. de ce que vous investissez au Canada?
M. BRICAULT: Je parle de primes d'assurance-automobile.
M. LEGER: Ah! bon.
M. BRICAULT: Prime d'assurance-automobile... Je m'excuse, c'est le total
de toutes les lignes d'assurance souscrites au Canada pour le Lloyd's de
Londres. La proportion du Québec représente 44 p.c. de ce volume
total, donc 56 p.c. sont dans le reste du pays.
M. LEGER: Pour les primes souscrites dans tout le Canada, 44 p.c. sont
au Québec. Autrement dit...
M. BRICAULT: C'est ça.
M. LEGER: ... vos $25 millions en assurance-automobile équivalent
à 44 p.c. de l'ensemble du Canada.
M. BRICAULT: En fait, l'automobile elle-même représente
plus que ça parce que le total, à travers le Canada...
M. LEGER: Oui, les $42 millions du Québec représentent 44
p.c. du reste du Canada.
M. BRICAULT: C'est cela.
M. LEGER: Maintenant, ce sont les primes.
M. BRICAULT: C'est le pourcentage du volume de primes. En ce qui
concerne les investissements exacts, ils représentent un pourcentage de
46 p.c. au Québec et de 54 p.c. dans le reste du pays. Vous avez des
investissements de 46 p.c. contre 44 p.c. des primes et, dans le reste du pays,
54 p.c. d'investissements, contre 56 p.c. du volume des primes.
M. LEGER: Vous nous prouvez que vous investissez plus au Québec,
en proportion du reste du Canada, mais cela ne me dit pas combien en
dollars-primes.
M. MADILL: Mr President, may I be allowed to speak in English for a
moment to get the figures correct. The total amount of funds held in Quebec at
the present time equals $132 million. Of that amount, 20 p.c. is in
Québec bonds or held in Québec banks and trust companies and 20
p.c. is held in banks or bonds of other provinces of Canada; 50 p.c. is held in
Government of Canada bonds and by allocating the 50 p.c. of the Government of
Canada bonds to Québec and elsewhere on a basis of volume, we arrive at
the percentages that Mr Bricault gave, of 46 p.c. of the investments in
Québec, with the 54 p.c. outside Québec; we get the volume of 44
p.c. in Québec, and 56 p.c. outside Québec.
M. LEGER: Did you say that your total investment in Canada was $132
million?
M. MADILL: As of the end of September 1974, the total in Canada is $132
million, all of which is in Québec. We have what is known as a trust
fund to which the Minister made reference earlier, which is located in the
Province of Québec which is for all paying assurers, for the protection
of all Canadian assurers.
M. LEGER: Je ne sais pas si j'ai bien compris. Les $132 millions ne
proviennent pas uniquement de l'assurance. Vous retirez $42 millions de primes
au Québec, dont $25 millions proviennent uniquement de
l'assurance-automobile. Dans les $42 millions de primes par année,
quelle est la proportion qui est investie? Allstate disait, l'autre fois, que
c'était pour chaque dollar-prime, $1.29 prime qui était
réinvesti au Québec. Avez-vous une comparaison dans ce sens?
D'où proviennent les $132 millions, de vos ressources, des sommes
accumulées, des risques?
UNE VOIX: Des réserves.
M. TETLEY: Plutôt des réserves, obligatoires en vertu de la
loi des dix provinces.
M. LEGER: C'est cela.
M. MADILL: You don't have to...
M. LEGER: C'est cela.
M. BRICAULT: II n'y a pas de pourcentage établi
définitivement, dollar pour dollar. Tous les fonds pour répondre
aux exigences de tout le Canada sont ici au Québec. Quand on parle des
$132 millions, évidemment, ce n'est pas tout tiré du
Québec, mais tous les fonds sont ici parce que le fonds
nécessaire ici est directement au Québec.
M. LEGER: Une dernière question dans le domaine des
investissements. Quel est le rendement pour une action dans votre compagnie?
Pour un actionnaire, cela rapporte quel montant.
M. MADILL: I have said when I exprimed earlier that Lloyd's is not a
corporation, there is no shareholders. There are 7,500 individual members of
Lloyd's and each individual member has unlimited liability and that is all what
he holds in that. There is no shareholder.
M. LEGER: Bon!
M. TETLEY: En effet, ce n'est pas un club, c'est un groupe de clubs.
M. BRICAULT: C'est cela.
M. TETLEY: C'est une concertation de clubs.
M. BRICAULT: Vous avez 7,500 membres qui se groupent en syndicats,
nomment un souscripteur désigné pour répondre pour un
groupe de ces syndicats et ce sont tous ces groupements de souscripteurs qu'on
appelle Lloyd's.
M. LEGER: Un syndicat capitaliste?
M. BRICAULT: Je pense que oui. Le seul principe de leur action
étant le profit.
M. LEGER: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Le député de
Taschereau.
M. BONNIER: Vous êtes, à toutes fins pratiques, des
réassureurs, si je comprends bien, au service des assureurs. Dans le
domaine des véhicules, est-ce que vous assurez tous les risques ou si
vous en sélectionnez un certain nombre? Au Québec, j'entends,
évidemment.
M. BRICAULT: M. le Président, pour établir exactement ma
position comme souscripteur mandaté, je ne fais pas de
réassurance. J'ai un pouvoir d'obligation, un "binding power", si vous
voulez, d'un ou de plusieurs souscripteurs à Londres; comme tel, quand
je souscris un contrat, je tiens la plume du souscripteur de Londres. Je ne
fais pas de la réassurance, je fais de la souscription d'assurances
directe, de telle sorte que...
M. BONNIER: De la part des compagnies, des assureurs, par exemple.
M. BRICAULT: Ce que je décide de faire oblige l'assureur à
Londres. J'agis comme le souscripteur de première instance parce que
j'ai un contrat, j'ai un pouvoir d'obligation; tout ce que je fais, si je
satisfais aux termes de mon
contrat, oblige le souscripteur qui m'a donné cette
autorisation.
M. BONNIER: Dans le domaine du transport, des véhicules à
moteur, est-ce que vous assurez tous les risques, les motos, etc.?
M. BRICAULT: Oui. Evidemment, il s'agit de toujours établir la
sélection. En principe, en assurance, un mauvais risque n'existe pas.
Cela n'existe pas, un mauvais risque.
M. BONNIER: Bon.
M. BRICAULT: Je suis un souscripteur.
M. BONNIER: Très bien.
M. BRICAULT: Pour autant que je suis en mesure de pouvoir obtenir la
prime qui répond aux données du risque, il n'y a pas de mauvais
risque.
M. BONNIER: Alors, qu'est-ce que vous pensez des recommandations du
rapport Gauvin en ce qui regarde la facilité? S'il n'y a pas de mauvais
risque, il n'y a pas grand problème pour les assureurs.
M. BRICAULT: Je veux ici ne parler que pour les Lloyd's de Londres.
M. BONNIER: Oui, oui.
M. BRICAULT: Voici l'opinion des Lloyd's, concernant la facilité.
Les Lloyd's reconnaissent qu'il y a un concept établi et les Lloyd's
peuvent reconnaître que ce concept permet la disponibilité, ouvre
un marché, si vous voulez, pour des assurés. C'est à peu
près tout ce que je peux dire. Je pense qu'en principe, s'il n'existait
pas, le Lloyd's pourrait peut-être le préférer.
M. BONNIER: Oui, mais ce que le rapport Gauvin recommande c'est que le
concept de la facilité disparaisse, jusqu'à un certain point,
puisque chacun des assureurs serait obligé, à toutes fins
pratiques, de souscrire ma demande d'assurance, qu'elle soit
considérée comme un mauvais risque ou un bon risque. A l'heure
actuelle les mauvais risques, vous dites que ça n'existe pas mais il me
semble que des assureurs croient que ça existe puisque le système
de facilité permet à un assureur de mieux répartir ses
risques.
M. BRICAULT: M. le Président, en ce qui concerne la
facilité elle-même, je pense que le concept lui-même n'est
que l'ouverture d'un marché à tous les assurés.
M. BONNIER: Oui.
M. BRICAULT: Qu'un assureur décide...
M. BONNIER: Sans qu'il soit au détriment d'un assureur par
rapport aux autres.
M. BRICAULT: ... de se protéger en plaçant un certain
risque dans un marché donné, ça ne tourne pas
nécessairement au détriment d'un assuré. C'est un concept
d'application, si vous voulez, pour être en mesure de mieux
répartir la qualité des risques.
M. BONNIER: Oui, mais dans le rapport Gauvin on prétend que
chacun des assureurs devrait prendre les risques et que s'il y a un
problème, à ce moment-là, il devrait être
indemnisé par l'ensemble des assureurs, jusqu'à un certain point,
par le système de tarification, ce qui est un changement quand
même au fonctionnement actuel.
C'est pour ça que je me demande ce que vous en pensez.
M. BRICAULT: Oui, oui. En fait, je peux simplement exprimer, à ce
moment-ci, la difficulté d'essayer d'interpréter la position
définitive des Lloyd's, parce que le mémoire a été
préparé à Londres; évidemment, je n'ai pas
participé à la préparation.
M. BONNIER: D'accord.
M. BRICAULT: C'est assez difficile pour moi de sortir des cadres du
mémoire pour donner des explications. Je peux donner une explication
personnelle en ce qui concerne la modification de la répartition des
frais, de la façon dont cela se produit, à l'heure actuelle, qui
pourrait peut-être devenir plus équitable que le système
actuel. En effet, comme M. Gauvin le rapporte, ce qui est fautif, actuellement,
dans ce moyen, c'est qu'il y a des assureurs qui ont la possibilité d'en
abuser.
M. BONNIER: C'est ça. Qui voient trop de risques, dans le fond,
au système.
M. BRICAULT: C'est ça. J'exprime ici une idée personnelle;
il devrait y avoir une possibilité de contourner ce problème. A
l'heure actuelle, un assureur peut placer jusqu'à 33 p.c. de son volume.
Si ce niveau était abaissé et, ensuite, qu'il puisse y avoir,
pour ceux qui abusent, un mode de pénalisation, peut-être que cela
réglerait le problème. C'est simplement une opinion
personnelle.
M. BONNIER: J'ai juste une dernière question, M. le
Président; est-ce que vous me le permettez?
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Oui.
M. BONNIER: Au sujet des coûts d'administration du système
de responsabilité, vous dites
que c'est antidémocratique et tout ça cela a
été difficile à définir, évidemment, le
terme "antidémocratique" dans les circonstances mais,
d'après votre expérience, est-ce que le système de
responsabilité avec la faute ne coûte pas plus cher à
administrer qu'un système sans faute, en théorie?
M. BRICAULT: Ici encore, M. le Président, la difficulté
pour moi de répondre, c'est qu'il faut toujours que j'intervienne avec
des idées personnelles.
M. BONNIER: Ce n'est pas mauvais.
M. BRICAULT: Parce que je ne peux certainement pas interpréter,
par mes propres réponses, en donnant simplement mes vues personnelles,
un mémoire qui a été préparé pour les
Lloyd's. Je veux bien répondre à toutes les questions
imaginables, à titre personnel. Cela fait 27 ans que je suis dans ces
affaires et puis je pense bien que je peux répondre à certaines
questions. Cela devient des réponses personnelles. Je ne sais pas si je
devrais m'engager sur ce terrain.
M. BONNIER: Cela dépend de vous, c'est parce que
représentant les Lloyd's, vous avez sans doute une expérience
dans l'administration des indemnités à la suite des accidents. Je
vous demandais simplement si vous croyez qu'en théorie ce serait non
seulement plus facile, mais moins onéreux dans les
règlements.
M. BRICAULT: M. le Président, je peux simplement apporter une
précision qui pourrait être un élément de
réponse. A cause de la façon particulière des Lloyd's de
faire des affaires, Lloyd's, de par sa nature même, requiert le courtier
d'assurances. Si le courtier d'assurances n'existe pas, Lloyd's n'existe pas.
Parce que le souscripteur à Lloyd's ne peut faire affaires qu'au
siège social des Lloyd's; il ne peut faire affaires en aucun autre
endroit du monde. Ce n'est pas comme une compagnie qui peut établir des
succursales à différents endroits et s'établir des modes
de fonctionnement ou un système différent de fonctionnement.
Lloyd's n'a qu'une seule avenue, c'est par le moyen d'un courtier. Il ne peut
pas faire affaires directement avec le public; il fait affaires strictement par
le moyen d'un courtier. Dans tous les pays, s'il y a des souscripteurs ou des
courtiers mandatés ou reconnus, ce sont les seuls qui puissent faire
affaires actuellement avec le public pour les Lloyd's.
M. BONNIER: Oui.
M. BRICAULT: Dans ce contexte, à cause de ce mode de
fonctionnement par l'entremise du courtier, qui est absolument
nécessaire et qui est calculé par Lloyd's comme étant le
meilleur système pouvant répondre aux besoins du public, à
tous les niveaux, à ce moment-ci, évidemment, le système
de fonctionnement des Lloyd's même exige les coûts de
l'administration du système.
Je peux donner seulement un élément de réponse
à votre question, parce qu'il faudrait que j'interprète d'une
façon différente le mémoire tel que
présenté.
M. BONNIER: Je vous remercie, monsieur.
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Le député de
Maskinongé.
M. PICOTTE: A la page 6 de votre mémoire, vous dites, à un
moment donné: "Le courtier ne peut convenablement offrir ses services
que s'il continue à être rémunéré de la
façon actuelle." Présentement, les courtiers fonctionnent sur une
base de commissions. Ne croyez-vous pas que s'ils fonctionnaient sur une base
d'honoraires, par exemple, ils pourraient offrir à la population le
même service?
M. BRICAULT: M. le Président, à cette question, en fait le
mémoire ne répond pas directement mais il y a un point de
comparaison ici. Je sais très bien qu'à un certain moment on a pu
faire la comparaison avec des avocats, par exemple, travaillant sur une base
d'honoraires, des comptables travaillant sur une base d'honoraires. La
différence fondamentale, je pense, entre les deux, c'est que les
avocats, autant que les comptables, ne vendent pas un service. Ils n'ont pas un
produit à vendre alors que le courtier lui-même,
représentant les intérêts d'un individu qui recherche la
satisfaction d'un besoin, doit faire affaire avec des assureurs pour l'achat
d'un produit. Et, comme tel, ses efforts étant différents, la
compensation sur la base de commissions semble la plus équitable.
Ici, je dois souligner que les éclaircissements que je donne
découlent pas mal d'une interprétation personnelle, parce que le
mémoire n'en fait pas état lui-même. Mais, encore une fois,
je dois préciser que je n'ai pas participé à la
préparation du mémoire qui a été écrit
à Londres.
M. MARCHAND: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Le député de
Laurier.
M. MARCHAND: M. Bricault, je voudrais vous demander si vous accordez la
protection du chapitre B aux motocyclettes.
M. BRICAULT: Vous voulez dire...
M. MARCHAND: La protection... Est-ce que vous assurez...
M. BRICAULT: ...du chapitre B? M. MARCHAND: Oui.
M. BRICAULT: La protection du chapitre B, si cela est accordé aux
motocyclettes?
M. MARCHAND: Oui.
M. BRICAULT: C'est accordé si c'est demandé, oui.
M. TETLEY: Mais est-ce que vous assurez les motocyclettes aujourd'hui,
Lloyd's, au Québec ou ailleurs?
M. BRICAULT: Ah oui! Ah oui! Je puis dire, si je peux simplement citer
un chiffre, que, pour ma propre part, on a souscrit plus de $96,000, pour
l'année 1974. On en a souscrit pour plus de $96,000 de primes.
M. TETLEY: Sur les motocyclettes? M. BRICAULT: Les motocyclettes.
M. TETLEY: Le député de Laurier soulève une bonne
question. Il y a un problème, apparemment, au Québec. Certaines
compagnies refusent les motocyclettes. Ce n'est pas le cas de Lloyd's en tout
cas.
M. MARCHAND: Vous avez toujours assuré les motocyclettes?
M. BRICAULT: M. le Président, je ne voudrais pas faire de la
réclame, Lloyd's est en mesure de les assurer.
M. MARCHAND: On vous les enverra.
M. BRICAULT: Je ne veux pas faire de la réclame, mais j'en assure
toujours.
M. MARCHAND: Votre numéro de téléphone!
M. BRICAULT: Je peux vous remettre ma carte! Il y a aussi les
motoneiges. On les assure aussi.
M. MARCHAND: Oui.
M. BRICAULT: Simplement pour apporter une clarification ou
répéter ce que j'ai dit tout à l'heure, un mauvais risque
n'existe pas. Et comme tel, dans ma conception de souscription ou de
sélection des risques, il s'agit simplement pour moi d'être en
mesure de pouvoir obtenir la prime que je calcule être raisonnable pour
assumer tous les risques au monde.
C'est pour ça qu'en principe, en ce qui nous concerne comme
souscripteurs de Lloyd's, comme courtiers mandatés ici, avec un pouvoir
d'obligation à Londres, nous avons la possibilité d'assurer tous
les risques.
M. MARCHAND: Est-ce que Lloyd's, assurant les risques d'une façon
à peu près illimitée, a des tarifs plus
élevés que les autres compagnies?
M. BRICAULT: M. le Président, en fait ici, encore, je
réponds à titre personnel parce que je fais partie du
comité de tarification de Lloyd's et comme tel je sais de quelle
façon les taux sont établis je peux très facilement
spécifier que, dans la majorité des cas, les taux de Lloyd's sont
meilleur marché que ceux de toutes les autres compagnies.
M. TETLEY: Pour les jeunes?
M. BRICAULT: Pour les jeunes en particulier. Je vous ai
souligné...
M. TETLEY: Vos taux sont meilleurs que Allstate?
M. BRICAULT: Si vous me demandez, M. le Président, à ce
moment-ci, de faire une comparaison directe avec une compagnie
spécifique, il va falloir que j'obtienne mes notes avant de pouvoir
répondre.
M. TETLEY: Oui, mais vous avez fait une...
M. BRICAULT: Mais je sais que dans l'ensemble
général...
M. TETLEY: Vous avez parlé comme un politicien, en termes
généraux, mais lorsque nous sommes coincés sur un cas
particulier, des fois, nous avons d'autres réponses. Mais, en termes
généraux, vous dites que vos taux sont les moins
élevés au Québec.
M. BRICAULT: En termes généraux, M. le Président
encore pour répondre en termes généraux
quand je dis qu'en général les taux de Lloyd's sont meilleur
marché que les autres, je ne veux pas ici m'arrêter à un
cas spécifique où, à cause de certaines données ou
du risque à évaluer, il faut prendre une autre attitude et
déterminer une prime différente.
Je dis simplement, en termes généraux, que dans la
majorité des cas, au travers de la province de Québec, Lloyd's
est extrêmement concurrentiel en ce qui concerne ses taux.
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. TETLEY: Permettez-moi, M. le Président, une dernière
question. Vous avez dit qu'il n'y a pas de mauvais risques. En effet, il y a
des risques où il y a un taux élevé mais Lloyd's,
apparemment, est prêt à accepter ces risques. En effet, c'est une
des conclusions de Gauvin, que toute compagnie ou tout groupement doit accepter
tout risque. Donc, si je comprends bien, vous êtes d'accord sur cette
conclusion du rapport Gauvin, malgré que vous aimiez la facilité.
Pourquoi aimez-vous la facilité en
même temps que vous dites qu'il n'y a pas de mauvais risques?
M. BRICAULT: M. le Président, simplement pour apporter un
éclaircissement, quand je dis je l'ai peut-être dit mais je
ne me souviens pas exactement des mots que j'ai employés qu'on
favorise la facilité, en fait on s'accommode de la facilité. Les
Lloyd's s'accommodent de la facilité, parce qu'elle existe et que cela
permet à tous les assurés de pouvoir obtenir un marché.
Mais, dans le concept même de la philosophie des activités des
Lloyd's de Londres, la facilité, ce n'est jamais nécessaire,
parce que, n'ayant pas de mauvais risques, il s'agit simplement
d'établir la prime appropriée au risque. A ce moment-ci, la
facilité, ce n'est pas indispensable.
M. TETLEY: Est-ce que votre compagnie n'a jamais
référé des causes à la facilité?
M. BRICAULT: Sûrement, sûrement.
M. TETLEY: Donc, c'est peut-être une contradiction.
M. BRICAULT: Sûrement, parce qu'ici encore, M. le
Président, je dois spécifier la nature même de Lloyd's.
Quand moi, comme souscripteur mandaté ou courtier mandaté des
Lloyd's de Londres, dans la province de Québec et au Canada, j'ai un
pouvoir d'obligation, j'obtiens ce pouvoir d'obligation de certains
souscripteurs, à Londres. En fait, il y en a au-dessus de 30 sur notre
contrat qui nous autorisent à agir. Mais il y a plusieurs
représentants, plusieurs souscripteurs mandatés des Lloyd's de
Londres dans la province de Québec. Il y en a 35 dans la province de
Québec. Moi, comme souscripteur, si je puis décider d'agir d'une
certaine façon, cela n'empêche pas le souscripteur mandaté
d'autres syndicats à Londres de pouvoir agir d'une façon
différente. A ce moment-là, la facilité, qui existe pour
la protection de toutes les compagnies, peut être employée.
M. TETLEY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Alors je remercie les
représentants des Souscripteurs du Lloyd's de leur présence
à la commission. Je remercie également tous les membres de la
commission.
M. TETLEY: M. le Président, j'aimerais tout
particulièrement remercier Lloyd's de sa présentation et aussi de
ce que Lloyd's a fait depuis longtemps, au Québec et au Canada. Thank
you, Mr. Madill et M. Bricault.
Je vous remercie de ce que vous avez fait. Thank you very much. As
Minister concerned with insurances, I appreciate what Lloyd's has done in
Québec, particularly in respect to your investments and in the coverage
that you have been given as well.
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Alors, la commission...
M. TETLEY: M. le Président, je regrette de noter l'absence de M.
Laurent Marquis, directeur des services généraux
d'Hydro-Québec. Apparemment, un des commissaires a
téléphoné au secrétaire des commissions ou au
secrétaire adjoint lui disant qu'il ne pouvait pas venir, et il n'est
pas venu.
C'est regrettable parce que c'était le député de
l'Assomption qui avait insisté pour que son nom soit inscrit avant la
date d'échéance des inscriptions des noms. Donc, il n'est pas
ici.
De plus, j'ai reçu une lettre de la Commission des accidents du
travail du Québec; la lettre est datée du 14 novembre, elle a
été distribuée. Le secrétaire
général, M. Charles Bélanger, veut venir. Evidemment,
c'est à la commission de décider. Je suggère qu'il vienne
répondre à une seule question, apporter une précision,
peut-être le 21 novembre, brièvement, lors de...
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): ... De l'audition du
mémoire de la CSN.
M. TETLEY: ... du mémoire de la Confédération des
syndicats nationaux, la CSN, c'est-à-dire d'ici deux jours, le 21
novembre.
M. LEGER: II passerait après la CSN?
M. TETLEY: Je crois que c'est la règle; la CSN est "number one on
the list" et même s'il n'a que quinze minutes, il doit attendre.
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): D'accord.
M. TETLEY: Je crois qu'il ne faut jamais changer cette règle,
autrement il y a une plus grande injustice.
J'ai aussi distribué une note que j'ai reçue de quelque
part au sujet des investissements de Allstate Insurance Company of Canada le 31
décembre 1973, entreprise dont le siège social est situé
au Québec. C'était en réponse à une question du
député de Lafontaine. Je n'ai pas vérifié ces
faits, c'est une communication que j'ai reçue.
M. LEGER: D'accord. Est-ce que vous avez reçu en même temps
des chiffres du Barreau?
M. TETLEY: J'ai vu le bâtonnier en fin de semaine et apparemment
les chiffres sont prêts, mais je ne les ai pas reçus, sauf erreur.
Les avez-vous reçus? Peut-être que M. le secrétaire adjoint
des commissions parlementaires pourrait téléphoner au
bâtonnier et demander ces chiffres afin qu'on puisse les regarder avant
sa présence ici en commission.
Pardon! les chiffres d'Allstate ont été
préparés par notre surintendant des assurances sui-
vant les documents déjà fournis par la compagnie. Ce n'est
pas la compagnie qui me les a envoyés. J'ai trouvé ça dans
le courrier.
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): Alors, de consentement, la
commission ajourne je crois à...
M. TETLEY: A 10 h 30, le 21 novembre.
LE PRESIDENT (M. Bédard, Chicoutimi): ... 10 h 30, 21
novembre.
(Fin de la séance à 11 h 59)