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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude du rapport Gauvin
Le jeudi 21 novembre 1974
(Dix heures quarante-cinq minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente des institutions
financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
La parole est au ministre des Institutions financières.
M. TETLEY: M. le Président, je vois que nous avons quorum: vous,
le député de Saint-Joseph d'Alma et du Lac-Saint-Jean,
moi-même; le député de Dubuc, le député de
Maskinongé; le député de Laurier; le député
de Trois-Rivières; le député de Mille-Iles et le
député de Roberval.
Je regrette que les représentants de la CSN ne soient pas encore
arrivés, malgré que le rendez-vous fût fixé pour 10
h 30 et que l'Opposition soit absente aussi. Je félicite les
députés et les fonctionnaires de la Chambre et des Débats
de la Chambre pour leur assiduité, malgré le mauvais temps. Je
susgère qu'on suspende la séance jusqu'à 11 h 30.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 11 h 30.
(Suspension de la séance à 10 h 47)
Reprise de la séance à 11 h 42
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
Avant que ne débute la séance, je voudrais mentionner les
changements suivants parmi les membres de la commission: M. Gratton (Gatineau)
remplace M. Assad (Papineau); M. Per-reault (L'Assomption) remplace M.
Beauregard (Gouin); M. Hardy (Terrebonne) remplace M. Harvey (Charlesbourg); M.
Lachance (Mille-Iles) remplace M. Tremblay (Iberville). On a également
M. Léger (Lafontaine), qui est membre de la commission. M. Marchand
(Laurier); M. Picotte (Maskinongé); M. Roy (Beauce-Sud)...
M. HARDY: II se représente lui-même.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... et M. Tetley (Notre-Dame-de-Grâce).
Il y a également M. Burns (Maisonneuve) et M. Chagnon
(Lévis)...
M. LEGER: Remplace la CSN.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... enfin M. ...
M. HARDY: Nous retenons cet...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
M. LEGER: Je suis le seul à avoir la copie de la CSN, alors il
faut bien...
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au ministre des Institutions
financières.
Absence des témoins
M. TETLEY: M. le Président, je remercie mes collègues du
gouvernement, ainsi que M. Léger de leur présence aujourd'hui,
ainsi que M. Rankin qui est toujours fidèle il était ici
de bonne heure, à 10 h 15 et il est encore ici ainsi que le
secrétariat des commissions qui est ici, le "staff" du journal des
Débats est ici, les huissiers. En effet, tout le monde est ici, sauf le
témoin. Je n'ai pas eu l'occasion d'assister à la
conférence de presse de la CSN hier soir, parce qu'on ne m'a pas
invité. Je me demande si on doit procéder en vertu de la
conférence de presse ou en vertu du mémoire que nous avons
reçu, ou si on doit remettre la séance à une date
ultérieure, sine die.
M. LEGER: M. le Président, d'après les termes, les
félicitations, les louanges du ministre, il semble qu'il félicite
ceux qui sont présents, donc c'est anormal d'être présent
avec le temps actuel. Etant donné que nos invités ne peuvent pas
être présents, malgré le volumineux rapport qui semble
être très intéressant et qui, je pense, répond
à beaucoup d'arguments qui ont été présentés
par des groupes qui sont déjà
venus comme témoins, je pense que nous devrions leur permettre de
revenir à la prochaine séance, si possible, peut-être mardi
prochain, de façon que nous ne manquions pas l'expression d'opinion d'un
organisme aussi important que la CSN.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: M. le Président, je suis bien d'accord sur cette
proposition du député de Lafontaine, de permettre aux
représentants de la CSN de venir exposer leurs vues devant la
commission.
Je ne peux laisser passer l'occasion de souligner qu'à certains
moments le député de Lafontaine trouve que les travaux de la
commission trament en longueur et, en d'autres temps, il nous propose, à
juste titre, bien sûr, de remettre l'audition de certains témoins.
Je voudrais bien qu'on le souligne.
D'ailleurs, j'avais déjà été fort surpris de
ces remarques du député de Lafontaine, selon lesquelles la
présente commission étendait ses travaux, parce que le parti
auquel il appartient, en d'autre temps, s'était plaint qu'on
n'allongeait pas assez les travaux d'une commission parlementaire. Or, comme,
indépendamment des lignes de parti, indépendamment des options
politiques, je suis un partisan acharné de la logique, de la
cohérence et d'une certaine continuité dans la
pensée...
M. GRATTON: N'allez pas trop loin!
M. HARDY: ... je voulais simplement souligner ce fait à mon
collègue de Lafontaine et lui rappeler qu'il faudrait qu'il garde une
certaine continuité dans ses actions.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Gatineau m'avait
demandé la parole.
M. LEGER: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. GRATTON: Je cède mon droit de parole au député
de Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): C'est une question de règlement.
M. LEGER: Je ne peux pas interrompre une personne qui est en train
d'interpréter mes propos à cette commission à un autre
moment qu'à la fin de son intervention. Je dois tout simplement dire
qu'il était tout à fait logique et cohérent de demander
à un organisme qui n'a pas pu être présent à cause
d'une tempête de cette envergure de revenir à la prochaine
séance. Cela n'empêche pas qu'actuellement, et je le
répète, nous sommes dans une situation fausse, mais comme la
logique dit qu'il faut suivre les commissions qui sont déjà
commandées d'ici le 5 décembre, nous sommes quand même
obligés de terminer les travaux à l'intérieur de cette
cédule, de cette procédure.
Justement, le ministre des Affaires culturelles, le député
de Terrebonne n'est pas trop au courant. Je sais qu'il remplace quelqu'un, ici.
Il n'est pas au courant de ce qui se passe.
M. HARDY: Je sais très bien ce que le député de
Lafontaine considère comme faux.
M. LEGER: Non, M. le Président. J'ai la parole, et je vais
expliquer pourquoi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. HARDY: Non, non! Je le sais. Vous allez allonger le débat pour
rien.
M. LEGER: Vous n'avez pas de droit divin pour savoir ce que j'ai
à dire.
M. HARDY: Je vous ai entendu.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: J'ai la parole. Je suis simplement en train de dire que ce qui
est incohérent, c'est que nous sommes en train, depuis le début,
d'écouter des personnes qui s'expriment et donnent un point de vue sur
un rapport d'experts, alors qu'on devrait être en train d'écouter
des personnes qui viennent discuter de l'à-propos des corrections ou de
l'approbation d'un projet gouvernemental. C'est ce qui est
incohérent.
M. HARDY: M. le Président, j'avais entendu cela.
M. LEGER: Et quand le député dit que le Parti
québécois est pour la consultation, la participation et que la
commission parlementaire est un outil efficace, oui, mais un outil efficace sur
un bon sujet et non pas sur une commission d'étude qui a eu son travail
à faire. Son travail est terminé, on n'a jamais demandé
à une autre commission d'étude de venir à une commission
parlementaire pour défendre son projet.
M. HARDY: M. le Président, j'avais déjà entendu
cette élucubration du député de Lafontaine, et c'est la
raison pour laquelle je voulais profiter de l'occasion ce matin, puisque je
suis présent et que cela ne retarde personne, pour justement permettre
au député de Lafontaine de répéter ce que je
considère être une fausseté absolue dans notre
système parlementaire.
UNE VOIX: Abominable.
M. HARDY: Le député de Lafontaine s'étonne que le
gouvernement, avant d'arrêter d'une façon précise sa
politique dans un domaine extrêmement complexe...
M. LEGER: Confus plutôt, oui.
M. HARDY: ... consulte les gens. Le député de Lafontaine
aurait voulu que le gouvernement se commette, arrive avec un projet de loi
à cette commission parlementaire.
M. LEGER: Oui.
M. HARDY: C'est d'une incohérence et d'un illogisme absolus, sauf
et je n'ose pas prête.r cette intention au député de
Lafontaine si le Parti québécois et le
député de Lafontaine, en particulier, veulent d'une façon
délibérée se servir des commissions parlementaires pour
faire de la politique, bien sûr, de la politique partisane.
M. LEGER: Est-ce qu'on n'est pas ici pour faire de la politique?
M. HARDY: De la politique partisane. M. LEGER: Ah bon!
M. HARDY: Parce que, si le gouvernement se commet avant de consulter les
gens, si le gouvernement arrive toujours devant la commission parlementaire
avec un projet de loi, bien sûr qu'à ce moment l'Opposition peut
critiquer à satiété le gouvernement et se servir d'un
projet de loi pour faire de la politique partisane, pour essayer de
décrier le gouvernement. Or, le gouvernement n'est pas
intéressé à faire de la politique partisane au sein des
commissions parlementaires. Le gouvernement se sert des commissions
parlementaires d'abord et avant tout pour associer le public à
l'élaboration de lois qui collent le plus possible à la
réalité. Quand un gouvernement veut faire cela, avant
d'arrêter sa loi d'une façon définitive, il consulte les
gens. Le député de Lafontaine il y a du
machiavélisme en dessous de cela voudrait que le gouvernement,
sans consulter, arrive avec un projet de loi, et lui, le député
de Lafontaine avec d'autres personnes de son entourage, arriverait avec sa
grande science et viendrait dire au gouvernement: Votre loi n'est pas bonne,
vous devriez rédiger votre loi de telle façon et retourner
à l'opinion publique et dire: Voici, c'est nous qui avons
rédigé la loi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: Tôt ou tard, il va falloir commencer.
M. HARDY: Un instant! Le gouvernement procède d'une façon
plus logique, plus cohérente et plus conforme à la
véritable participation, à la véritable démocratie.
Aussi longtemps que je serai membre de ce Parlement, aussi longtemps je
soutiendrai que cette formule de consulter la population, avant de
rédiger un texte de loi, est infiniment préférable.
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! La parole est au
député de Gatineau, il me l'a demandée depuis un bout de
temps. Je ne voudrais pas qu'on fasse un débat ici. On est ici pour
entendre des organismes. Les organismes sont absents et...
M. LEGER: Sauf, M. le Président, que, s'il y a des gens qui
affirment des choses à la commission parlementaire, il faut quand
même rectifier. Alors, je laisse la parole au député de
Gatineau, mais je voudrais avoir la parole par la suite.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Gatineau.
M. GRATTON: M. le Président, je veux simplement faire une motion.
Je voudrais proposer que la commission charge le secrétariat des
commissions parlementaires de convoquer à nouveau la CSN pour qu'elle se
fasse entendre sur le rapport Gauvin.
J'aurais voulu vous faire une suggestion. On m'a dit, tantôt, que
je ressemblais énormément à M. Pepin, sauf dans le domaine
de la corpulence. J'en suis fort aise ! Je ne la fais pas cette suggestion,
parce que je ne connais pas le contenu de la présentation de la CSN et
que, de toute façon, il y a de forts doutes que nous partagerions les
mêmes points de vue. Je fais donc une motion pour que la commission
charge le secrétariat des commissions de convoquer à nouveau la
CSN pour qu'elle vienne se faire entendre.
M. LEGER: M. le Président, nous sommes d'accord sur cette motion
et nous l'adopterons. Je pense que je dois rectifier une affirmation du
député de Terrebonne...
M. MARCHAND: Sur la motion?
M. LEGER: Oui, je suis d'accord. J'ai simplement une correction à
apporter. Je ne veux pas en faire un débat, parce que nous n'avons pas
le temps de faire un débat inutile quand nous sommes convoqués
ici pour rencontrer des gens qui sont absents. Je veux simplement dire au
député de Terrebonne que le gouvernement avait commencé
à avoir de la cohérence quand il a décidé de
consulter les gens. Comment a-t-il fait pour consulter les gens? Il a
demandé une commission d'enquête, une commission d'étude
qui s'appelle la commission Gauvin, qui a eu comme rôle d'aller
étudier, dans le milieu de l'assurance, la situation de l'assurance. Par
la suite, cette commission a apporté des recommandations. Ces
recommandations doivent servir au gouvernement à préparer un
projet de loi.
A ce moment, et à la suite d'un rapport d'experts, le
gouvernement prépare son projet de loi et consulte la population pour
voir s'il a
fait un bon choix. Mais un gouvernement qui n'ose pas présenter
son choix devant la population, pour qu'elle vienne s'exprimer, est un
gouvernement qui a peur. Ce n'est pas de l'incohérence, c'est de la
peur.
M. HARDY: C'est un gouvernement qui n'est pas oligarchique comme votre
parti.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre!
M. HARDY: Votre parti, dont l'exécutif force un congrès
à adopter des résolutions...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. HARDY: C'est la différence entre l'oligarchie et la
démocratie!
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! Sur la motion du
député de Gatineau.
M. HARDY: C'est l'exemple parfait de l'oligarchie.
M. TETLEY: M. le Président, je vais répondre après
aux remarques du député de Lafontaine.
La Commission des accidents du travail était censée venir
aussi pour quelques secondes afin d'expliquer peut-être une erreur dans
le rapport Gauvin, mais ces gens ont eu un accident de parcours.
M. GRATTON: Ils ont eu un accident en chemin.
M. TETLEY: Je voudrais ajouter à la motion des
députés de Lafontaine et de Gatineau, c'est une motion
conjointe.
M. LEGER: L'axe Gatineau-Lafontaine.
M. TETLEY: Oui. Gatineau-Lafontaine, ou Lafontaine-Gatineau, La
Commission des accidents du travail, aussi.
M. GRATTON: Question de privilège, M. le Président, je
n'aime pas du tout l'allusion que fait le ministre lorsqu'il confond le
député de Lafontaine avec le député de Gatineau.
Quand même, il y a des bornes. Sur la motion du ministre, à
l'effet d'inclure dans la mienne la Commission des accidents du travail, j'en
suis et j'accepte volontiers que ma motion inscrive ce désir et ce voeu
du ministre, mais sûrement pas dans le but de confondre les
députés ou même les comtés de Lafontaine et de
Gatineau. A ce point de vue, je ne marche pas.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La motion du député de Gatineau
est adoptée?
M. LEGER: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Alors la commission ajourne ses
travaux à mardi, 10 h 30.
(Fin de la séance à 11 h 55)