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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude du rapport Gauvin
Séance du mardi 26 novembre 1974
(Dix heures quarante minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente des institutions
financières, compagnies et coopératives): A l'ordre, messieurs!
Voici les membres de cette commission: M. Assad (Papineau), M. Boudreault
(Bourget), qui remplace M. Beauregard (Gouin), M. Bellemare (Johnson), M.
Bonnier (Taschereau), M. Burns (Maisonneuve), M. Chagnon (Lévis), M.
Belle-mare (Rosemont), qui remplace M. Harvey (Charlesbourg), M. Harvey
(Dubuc), M. Léger (Lafontaine), M. Marchand (Laurier), M. Cor-nellier
(Saint-Hyacinthe), qui remplace M. Picotte (Maskinongé), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Tetley (Notre-Dame-de-Grâces), M. Tremblay
(Iberville).
La commission des institutions financières, compagnies et
coopératives continue à entendre les mémoires qui lui sont
présentés en rapport avec la commission Gauvin. Ce matin, nous
entendrons Les Prévoyants du Canada, dont le porte-parole est M. Roger
Brisson. Je demanderais à M. Brisson d'identifier les personnes qui
l'accompagnent.
Vous avez 20 minutes pour présenter votre mémoire, le
ministre a 20 minutes pour poser des questions, le parti de l'Opposition a 20
minutes et l'ensemble des députés a 20 minutes pour vous poser
des questions.
La parole est à...
Motion de M. Marcel Léger demandant à la
commission de faire rapport
M. LEGER: M. le Président, avant de commencer le débat, je
pense qu'il est important que je fasse une motion, à ce stade-ci, selon
nos règlements, une motion d'urgence, à la suite des
événements de la fin de semaine, qui ont changé l'image
complète de la situation. Je vais faire la motion suivante: Qu'en raison
du rejet, par le parti ministériel, du principe de l'indemnisation sans
égard à la faute, je propose que la commission fasse rapport
à la fin de la présente séance. Je m'explique, M. le
Président. Voici la motion.
M. TETLEY: Un instant !
M. LEGER: Je vais m'expliquer, M. le Président.
M. TETLEY: Non, non! Je crois, sur une question de
règlement...
M. LEGER: Les règlements me permettent d'expliquer.
M. TETLEY: Sur une question de règlement, je crois que votre
motion est contraire au règlement. J'aurai grand plaisir à la
débattre quand même, mais je crois que l'endroit, c'est la
Chambre, M. le Président. Mais si on veut le débat ici, n'arrivez
pas en Chambre. C'est ma condition.
M. LEGER: M. le Président, sur la question de règlement,
je pense que c'est le pouvoir d'une commission que de déterminer quand
elle fait rapport à la Chambre, parce qu'elle est maîtresse de sa
destinée, à l'intérieur de la période où
nous sommes en commission.
M. TETLEY: Deuxième suggestion... M. LEGER: M. le
Président...
M. TETLEY: ... je crois qu'il serait poli de laisser parler les gens qui
sont ici.
M. LEGER: M. le Président, j'ai la parole. Calmement, M. le
ministre, c'est quelque chose de sérieux. Il est normal que la
commission...
M. TETLEY: ...
M. LEGER: ... fasse rapport quand elle le juge à propos. Vous
voterez contre, vous discuterez contre, si vous le voulez, mais j'ai le droit
de faire une motion. Le règlement me le permet.
J'ai maintenant le droit d'expliquer pourquoi j'ai fait cette
motion.
M. TETLEY: Sur une question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. TETLEY: Surtout, d'abord, sur une question de politesse. Nous avons
des invités ici, et je suggère que votre motion soit faite
après qu'ils auront donné leur opinion.
Deuxièmement, votre motion, je crois qu'elle est hors
d'ordre.
Troisièmement, le Parti québécois a
déjà rendu publique son opinion en fin de semaine, qui
était exactement l'opinion que vous avez donnée il y a trois
mois, avant votre congrès. Pourquoi n'avez-vous pas fait votre motion il
y a trois mois?
M. LEGER: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. TETLEY: C'est ce que vous avez décidé vous-mêmes
il y a trois mois.
M. LEGER: M. le Président, question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: Question de règlement, M. le Président. Le
ministre ne pouvait parler, à ce stade-ci, que d'un article du
règlement qui me défendait de présenter ma motion et non
pas parler du fond.
M. le Président, c'est une motion de fond que j'ai le droit de
faire et je veux la terminer sans être interrompu. C'est mon droit et
privilège à ce stade-ci.
M. TETLEY: Est-ce que la motion est recevable?
M. LEGER: La motion est très recevable à ce stade-ci, le
président le sait. D'ailleurs, il faut que je lui donne des explications
aussi avant. La raison de politesse est incluse implicitement dans cette
motion, M. le Président. Justement, le groupe qui vient nous rencontrer,
Les Prévoyants, veut venir parler à un gouvernement, à un
parti ministériel qui a l'intention de poursuivre une réforme.
Or, en fin de semaine, on a vu qu'une motion précise du parti
ministériel, le Parti libéral, disait justement qu'il
était contre tout amendement, réforme ou changement dans le
domaine de l'assurance-automobile...
M. LACROIX: M. le Président, cela n'a aucun rapport avec la
présente motion.
M. TETLEY: Question de règlement.
M. LEGER: M. le Président, j'avais la parole.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LACROIX: Sur une question de privilège, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! Je suis prêt à me
prononcer.
Cette résolution, je la considère comme irrecevable et je
donne les raisons. Il existe une différence entre le parti
ministériel, qui est l'ensemble des militants, et le gouvernement que
nous représentons ici. Je considère, à sa face même,
cette résolution comme irrecevable et je la rejette personnellement et
au nom de la commission. Je voudrais qu'on revienne ma décision
est prise au mémoire et j'invite M. Brisson...
M. LEGER: Un instant, M. le Président, un point de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je voudrais qu'on revienne au
mémoire.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Vous avez beau invoquer le
règlement...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement...
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... j'ai considéré qu'elle
était irrecevable.
M. LEGER: M. le Président, vous n'avez même pas lu la
motion.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je l'ai lue.
M. LEGER: La motion, M. le Président, dit...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: ... que la commission fasse rapport à la fin de la
présente séance...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: Ma motion est recevable et vous n'avez absolument pas le droit
de refuser une motion qui est permise par le règlement. La motion est de
faire rapport et, en tout temps, un député, membre de la
commission, a le droit de demander qu'on fasse rapport et qu'on discute de la
motion.
Vous outrepassez vos droits, M. le Président, et...
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'ai...
M. LACROIX: La majorité a le droit de le refuser aussi.
M. LEGER: ... rapport à la Chambre immédiatement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... le rapport à la Chambre quand vous
voudrez...
M. LEGER: Vous n'avez pas le droit, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... c'est votre droit, mais les
prémisses de votre...
M. LEGER: M. le Président, le gouvernement ou le Parti
libéral veut cacher ses erreurs de la fin de semaine. Les invités
qui viennent ici, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! M. LEGER: ... pour savoir si...
M. LACROIX: ...M. le Président.
M. LEGER: ... le Parti libéral veut faire des changements...
M. LACROIX: ... M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: II ne veut pas en faire et les gens qui sont ici n'ont pas de
temps à perdre, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: Le gouvernement, le ministre présente un projet de
loi...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! ...
M. LACROIX: Allez-vous laisser cet imbécile...
M. LEGER: ... son intention de changement...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: ... les gens vont pouvoir venir s'exprimer.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: A ce moment-là, M. le Président, nous pourrons
le faire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: Actuellement... vous ne pouvez pas procéder et pour
cette raison, M. le Président, ma motion est recevable. Le
président n'a pas le droit de refuser ma motion. Il faut qu'il donne les
raisons pour qu'on puisse rapporter à la Chambre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je vous l'ai...
M. LACROIX: L'autorité prime encore dans cette province, on n'est
pas encore sous le joug du PQ.
M. LEGER: On a un gouvernement réactionnaire. Vous voulez
faciliter...
M. LACROIX: On n'est pas encore sous le joug du PQ.
M. LEGER: ... aux amis qui sont des courtiers, des avocats,
favoriser...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: ... les intermédiaires et non pas favoriser les
Québécois.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! M. LACROIX: Vous parlez à
travers... LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! M. LACROIX: ... votre
chapeau.
M. LEGER: Vous avez honte de cela.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Coupez! A l'ordre! Les prémisses...
M. LEGER: M. le Président, la séance n'est pas
levée, vous n'avez pas le droit de couper les micros, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Lorsque la chicane est prise à
l'intérieur de la commission, c'est mon droit de le faire. Je l'ai fait
et je ne le regrette pas. De toute façon, la motion qu'il a
présentée, j'inviterais le député de Lafontaine
à en corriger les prémisses et à revenir à la fin
de la séance, après que nous aurons entendu M. Brisson, avec une
proposition modifiée. Elle est inacceptable et je la refuse dans le sens
qu'elle est dictée parce qu'il y a une différence entre le parti
ministériel et nous, du gouvernement. C'est pour cette raison que je
l'ai refusé. M. Brisson, s'il vous plaît!
M. LEGER: M. le Président, une question de règlement.
Voulez-vous me donner une directive? De quelle façon allons-nous pouvoir
présenter cette motion à la fin si on ne peut le faire au
début? La motion dit que la commission fait ce rapport à la fin
de la présente séance.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je vous donnerai...
M. LEGER: Alors, la commission fait ce rapport à la fin de la
présente séance. Que je la présente au début ou
à la fin...
M. TETLEY: ... aux avocats.
M. LEGER: ... c'est la même chose.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je vous donnerai le droit de parole lorsque
nous aurons entendu M. Brisson.
M. LEGER: M. le Président, vous faites une erreur magistrale.
LE PRESIDENT (M. Pilote): C'est vous qui le dites. M. Brisson.
Les Prévoyants du Canada
M. BRISSON (Roger): M. le Président, nous avons l'avantage
d'être accompagnés du président de notre compagnie, M.
Marcellin Tremblay, et c'est M. Tremblay qui se fera le porte-parole de la
compagnie.
M. TREMBLAY (Marcellin): M. le Président, les Prévoyants
du Canada, une des compagnies du groupe Prévoyants du Canada, sont les
plus importants souscripteurs d'assurance-automobile au Québec, au moins
l'un des plus impor-
tants. Notre entreprise assure au-delà de 100,000
véhicules automobiles sur la base des primes versées par les
automobilistes, ce qui équivaut, à environ 6 p.c. du
marché québécois.
Vous comprendrez donc pourquoi une compagnie comme la nôtre
était vivement intéressée par les nombreuses
recommandations contenues dans le rapport du comité d'étude sur
l'assurance automobile qui a été présidé par M.
Jean-Louis Gauvin.
Nous désirons féliciter M. Gauvin et les membres de son
comité pour avoir présenté un rapport bien ordonné
et fort bien documenté. Nous sommes d'avis qu'il s'agit là d'une
des études des plus sérieuses faites par une commission
gouvernementale sur le problème des accidents d'automobile et de
l'indemnisation des victimes des accidents. Bien que nous ne soyons pas
entièrement d'accord sur toutes les réformes
préconisées, nous croyons que cette étude sera
extrêmement utile dans l'élaboration des moyens à prendre
pour réduire le nombre et le coût des accidents d'automobile, de
même que pour établir un mode d'assurance susceptible de
résoudre plus efficacement les problèmes causés par la
croissance spectaculaire de l'automobile dans notre société au
cours de la dernière décennie.
Nous sommes d'avis que la première partie du rapport qui traite
de la sécurité routière est la tranche fondamentale de
cette étude. Si les recommandations qui y sont faites concernant la
sécurité routière devaient rester lettre morte, il serait
vraiment illusoire d'échafauder de nouveaux modes d'assurance automobile
avec l'espoir d'en abaisser le coût pour la peine. En effet, nous savons
tous que l'assurance est un mécanisme qui fait supporter le coût
des accidents de la route par l'ensemble des automobilistes.
Il est donc primordial que nous mettions tout en oeuvre pour
réduire le nombre des accidents si nous voulons qu'il nous en
coûte moins cher pour nous assurer selon n'importe quel régime.
Rappelons aussi que les mesures préconisées revêtent un
caractère social très important puisqu'elles tendent à
sauvegarder la vie humaine. Nous ne pouvons faire autrement que souscrire
totalement à toutes les recommandations qui sont faites par le
comité dans ce domaine.
Mode d'indemnisation. L'indemnisation des victimes d'accidents
d'automobile sans égard à la responsabilité est un concept
nouveau sur lequel Les Prévoyants se sont déjà
prononcés favorablement. Nous croyons qu'un tel régime
d'assurance, qui est d'ailleurs appliqué sous différentes formes
dans un nombre de plus en plus grand d'Etats américains de même
qu'au Canada, a le mérite de simplifier et d'accélérer le
règlement des sinistres dans un très grand nombre de cas et ainsi
de mieux répondre aux besoins du consommateur. Rappelons que le Bureau
d'assurance du Canada préconise l'application d'un tel régime
d'assurance selon un plan déjà soumis à l'approbation des
différentes provinces canadiennes.
Le nouveau régime proposé par la commission Gauvin en est
un d'indemnisation sans égard à la responsabilité mais
caractérisé par l'abolition complète du droit de recours
au niveau des blessures corporelles. Par contre, les modalités
d'indemnisation pour dommages matériels prévoient une abolition
graduelle du concept de la responsabilité, soit sur une période
de cinq ans.
La raison invoquée par le comité est la suivante, et nous
citons: "II est loin d'être certain que la population soit prête
à accepter immédiatement, avec toutes ses conséquences, un
régime obligatoire sans égard à la faute en matière
de dommages matériels". Nous sommes d'avis que cette assertion
s'applique également au niveau des blessures corporelles. Il faut
admettre qu'il s'agit là d'un concept qui change radicalement le droit
traditionnel et que l'abandon immédiat et total de ce droit
représente une modification tellement profonde dans les habitudes des
gens qu'un bon nombre d'individus n'accepteront pas de perdre leur droit de
recours surtout lors d'accidents entraînant des pertes de vie ou des
blessures corporelles sérieuses causées par la négligence
d'autrui.
Nous croyons donc qu'il serait préférable de
procéder par étapes également au niveau des blessures
corporelles afin d'habituer graduellement la population à ce nouveau
concept. Une façon de le faire serait d'appliquer, en un premier temps,
un régime comme celui que propose le Bureau d'assurance du Canada. Le
Bureau d'assurance du Canada est sûrement l'organisme, au pays, qui a
fait l'étude la plus poussée sur le concept de l'indemnisation
sans égard à la responsabilité en assurance-automobile.
Les talents des meilleurs techniciens ont été mis à
contribution au cours de cette étude en vue d'établir un
régime d'indemnisation des accidents d'automobile devant répondre
le mieux aux besoins et à la bourse de l'automobiliste
québécois moyen.
Nous désirons, enfin, faire quelques commentaires sur certaines
recommandations du rapport que l'on retrouve au chapitre traitant de
l'administration du régime proposé.
Les Prévoyants du Canada ne s'opposent pas à certaines
formes de contrôle plus rigoureuses de la part du surintendant des
assurances concernant, entre autres, la compilation de statistiques plus
adéquates, la surveillance des coûts d'opération, la
tarification des risques et l'application de mesures visant à
réduire le coût des pertes aux véhicules.
Nous croyons que de telles réformes seraient de nature à
aiguillonner davantage les entreprises d'assurance dans leur souci de servir
efficacement leur clientèle. Nous sommes toutefois d'avis que le choix
des moyens, à l'égard de la mise en marché du produit,
doit demeurer celui de l'entrepreneur, car ce qui importe, en
définitive, c'est que l'assuré soit bien servi à un
coût
raisonnable. Le degré d'efficacité administrative de
l'entreprise privée, dans une économie de libre concurrence, a
déjà fait ses preuves dans bien des domaines; celui de
l'assurance-automobile n'est pas différent des autres.
Comme vous le voyez, M. le Président, notre mémoire
n'apporte peut-être pas d'éléments nouveaux sur ce que vous
avez déjà entendu de la part d'autres représentants mais,
étant donné l'importance que nous représentons sur le
marché québécois, nos administrateurs et moi-même
avons cru qu'il était normal que nous nous exposions à vous
rencontrer, ne serait-ce que pour répondre aux questions que vous
pourriez avoir à poser à des gens qui sont quand même dans
ce métier-là depuis de nombreuses années et qui voient pas
mal tout ce qui se passe dans le domaine de l'assurance-automobile.
M. le Président, c'étaient les remarques fondamentales que
j'avais à faire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
M. TETLEY: M. Tremblay et messieurs, nous apprécions beaucoup
votre présence ici. Je parle, évidemment, tout simplement pour le
gouvernement. Nous voulons continuer cette commission, pas seulement avec vous
mais aussi le Barreau, la CSN, l'ACEF, afin que tout citoyen ait le droit de
s'exprimer sur toutes les conclusions du rapport Gauvin, comme vous, y compris
sur le "no fault", etc.
Je ne parle évidemment pas pour l'Opposition, qui a
déjà pris position avant la commission, je crois, en septembre,
en disant qu'elle était à 100 p.c. pour le rapport Gauvin et pas
d'autre chose. Comme je l'ai dit à la radio, hier et aujourd'hui, j'ai
l'esprit ouvert et il est essentiel que vous veniez ici. Donc, soyez les
bienvenus, malgré les remarques du député de
Lafontaine.
La CSN sera la bienvenue en décembre. La CSN ne pouvait pas venir
aujourd'hui parce que M. Marcel Pepin est de retour d'Europe, mais elle veut
venir. Notre gouvernement veut que la CSN témoigne. A moins que
l'Opposition ne s'y oppose énormément, la CSN va témoigner
sur le "no fault", sur la sécurité routière, sur
l'assurance obligatoire. Elle a un mémoire assez énorme.
J'apprécie beaucoup, M. Tremblay, que vous ayez l'esprit ouvert.
Mes collègues du parti ministériel ont l'esprit ouvert aussi.
Vous dites, à la page 2, deuxième paragraphe et à
la page 3, premier paragraphe, qu'un système d'indemnisation sans
égard à la responsabilité "a le mérite de
simplifier et d'accélérer le règlement des sinistres dans
un très grand nombre de cas". Mais, quant à l'indemnisation,
croyez-vous que celle proposée par le rapport Gauvin sera
supérieure à celle obtenue par le régime actuel?
M. TREMBLAY (Marcellin): Bien, je crois que ce qui caractérise,
comme je le dis dans le mémoire, l'attitude du rapport Gauvin, c'est
d'aller trop loin. C'est d'abuser d'une chose qui peut être bonne, mais
à la condition qu'on ne pousse pas le raisonnement à
l'extrême. Abolir totalement la notion de responsabilité me
paraît totalement exagéré. Il n'y a aucun pays au monde,
d'ailleurs, qui le fait. Cela n'existe nulle part.
M. TETLEY: Vous croyez que la position du Parti québécois,
qui l'a refusé complètement, comme vous dites, est
inacceptable?
M. TREMBLAY (Marcellin): Bien, cela me paraît inacceptable.
M. TETLEY: Cela vous paraît.
M. TREMBLAY (Marcellin): II faut s'entendre; je pense qu'il y a une
grosse chicane de mots là-dedans. Quand on dit, par exemple, qu'on a
refusé le concept "no fault", je ne suis pas trop certain qu'on sache ce
qu'on veut dire. Parce qu'en définitive il existe, à l'heure
actuelle, un certain système d'assurance "no fault". Dans le
bénéfice B de la police, vous avez un bénéfice
accident où le paiement est fait sur une base volontaire, jusqu'à
concurrence de $5,000. Il y a des indemnités qui sont trop faibles, par
exemple $35 par semaine; c'est ça qui est ridicule. Mais prenez le
même bénéfice B de la police, à l'heure actuelle, et
haussez les limites; au lieu d'avoir $5,000, mettez une limite de $20,000; au
lieu d'avoir $35 par semaine, mettez $200 par semaine ou 80 p.c. du salaire et,
déjà, vous allez couvrir peut-être 70 p.c. ou 75 p.c. des
cas. Ensuite, si l'individu n'a pas été indemnisé
suffisamment, il gardera son droit de recours.
Mais au moins, entre-temps, il aura été payé
convenablement, dédommagé, pour commencer.
Il ne faut pas se chicaner sur les mots pour rien dans cette affaire. Ce
que l'on veut dire par "enlever la notion de responsabilité", c'est,
à un certain niveau, pour simplifier l'opération. Il ne s'agit
pas de faire disparaître un droit qui est aussi radical que celui d'avoir
un recours en justice quand on a subi des dommages.
Mais si les bénéfices sont assez généreux,
il va arriver que dans un très fort pourcentage de cas,
l'indemnité ayant été payée, on n'aura tout
simplement pas recours à la justice parce qu'on aura été
payé et cela va simplifier l'opération.
Ce qui est ridicule, à l'heure actuelle, pour ce qui est du
bénéfice B de la police, qui était excellent en principe,
d'abord, c'est qu'il n'est pas obligatoire il devrait l'être
et, deuxièmement que les limites devraient être
haussées. Vous avez déjà un système de "no fault",
jusqu'à un certain point, dans ce cas.
M. TETLEY: M. Tremblay, Les Prévoyants du Canada, assurance
générale, quel pourcentage de vos polices existent au
Québec? Le savez-vous?
M. TREMBLAY (Marcellin): 100 p.c. à Québec. Les
Prévoyants du Canada, assurance générale, ne font pas
d'assurance générale en dehors du Québec, et 70 p.c. de
nos affaires sont des primes d'assurance automobile.
M. TETLEY: Pour nous, cette constatation est très importante
parce que nous voulons favoriser, évidemment, les compagnies
québécoises, si possible. Nous sommes aussi fiers de votre
compagnie.
Quel est votre chiffre d'affaires en assurance automobile au
Québec?
M. TREMBLAY (Marcellin): A peu près $25 millions. Cela monte de
12 p.c. à 15 p.c. par année.
M. TETLEY: Parfait. En page 3 de votre mémoire, vous citez le
rapport du comité Gauvin pour indiquer que la population n'est pas
prête immédiatement à accepter un système
d'assurance sans égard à la responsabilité pour les
dommages matériels. Vous affirmez que cette assertion s'applique
également au niveau des dommages corporels. C'est la page 3, paragraphes
2 et 3.
M. Tremblay, pourriez-vous nous indiquer les raisons qui vous
amènent à cette conclusion?
M. TREMBLAY (Marcelin): M. Gauvin, dans son rapport, dit: "Pour ce qui
est des dommages matériels, le public ne sera peut-être pas
prêt à accepter qu'on abolisse la notion de faute". Il laisse le
droit de recours dans certains cas précis, où l'assuré
pourrait se faire rembourser ses dommages en justice. Je prends cet argument et
je dis que je trouve curieux qu'il dise dans son rapport que le public
n'accepterait pas dans les cas de dommages matériels et qu'il
l'accepterait dans les cas de décès et de blessures corporelles,
où c'est deux fois plus grave. C'est "saprement" plus important.
Moi, je serais porté à raisonner dans le sens contraire.
Je serais porté à dire: Rendez donc obligatoire
l'assurance-collision, par exemple, parce que les gens s'informent quand leur
automobile va être réparée avant de demander quand leur
femme va sortir de l'hôpital. On le sait, nous autres, en assurance. Le
gars, ce qu'il veut, c'est son auto. Alors, c'est plutôt le dommage
matériel qui est le plus urgent. C'est celui-là auquel je
pense.
Pourquoi est-ce populaire en Saskatchewan, le système qu'ils ont
établi? Il y a une seule raison, je pense. Selon les études
j'ai écouté des interviews que Radio-Canada a faites
auprès de la population c'est que, étant donné que
l'assurance collision est obligatoire, dans le système de la
Saskatchewan, avec $200 déductibles, tout le monde est assuré
contre la collision, de façon obligatoire. A ce moment-là, il n'y
a plus de chicane pour savoir qui est responsable. C'est toujours l'assureur
qui paie pour la collision. Il s'agit d'aller faire réparer l'auto. Il
n'y a que les $200 ou les $100, suivant le choix de l'assuré qui ne sont
pas remboursés. A ce moment-là, tout le monde est satisfait parce
que cela va vite, que c'est expéditif. On n'a pas besoin de faire
d'enquête pour savoir qui a causé le dommage matériel.
Si tout le monde était assuré contre la collision, on
n'aurait pas de problèmes. Mais là, malheureusement, à
l'heure actuelle, vous avez 45 p.c. des gens qui ne sont pas assurés
pour leurs propres dommages. Alors l'imposer serait probablement un acte de
courage démesuré. Je pense bien que là cela
rouspéterait probablement si on l'imposait. Mais je crois qu'on devrait
encourager Gauvin, je trouve qu'il fait une excellente suggestion, avec
ses trois options pour l'assurance collision et inciter l'industrie de
l'assurance, les compagnies à promouvoir cette formule d'assurance
simple.
Il y a trois façons de s'assurer, à la section collision,
d'après le rapport Gauvin. On détermine d'avance les
responsabilités. On dit: Si tu est frappé par l'arrière,
par exemple, ce sera 100 p.c. responsable. On détermine de façon
précise. L'enquête va être facilitée, cela va
être beaucoup plus expéditif. Les 45 p.c. des gens pas
assurés devraient l'être à 90 p.c. ou 95 p.c. Tout le monde
devrait essayer de s'assurer contre la collision, sauf les gens qui ont des
vieux tacots.
Cela, c'est le dommage matériel. Le citoyen y est plus sensible.
Je trouve que Gauvin a un drôle de raisonnement. Il dit que le dommage
matériel, il ne l'accepterait pas et que, pour les blessures
corporelles, on imposerait le "no fault" alors que là, pour des
blessures, cela peut être des montants importants. Vous savez, un gars
qui gagne, disons, $25,000 par année, il n'aura pas la même
indemnité qu'un gars qui en gagne $10,000. Il est certain que les
dommages ne sont pas les mêmes.
Alors dans le cas des blessures graves, défiguration,
infirmité, décès, il me semble que cela n'a pas de sens
d'enlever le droit de recours. Qu'on ait un bénéfice volontaire
jusqu'à concurrence, comme je le disais tantôt, de $20,000 au lieu
de $5,000 ce qui est prévu dans notre police qu'on
paierait immédiatement; ce serait de l'assurance-accident. Ce n'est pas
du "no fault", cela, de l'assurance-accident. Mais le gars serait
indemnisé tout de suite. Qu'on lui donne 80 p.c. de son salaire
jusqu'à concurrence de $200 ou $250, d'accord, mais après, si le
gars n'est pas satisfait de tout cela, il aura toujours le droit de recours en
justice. Cela serait sensé.
M. TETLEY: Parfait. En page 4, M. Tremblay, vous indiquez ne pas vous
opposer à un contrôle administratif plus rigoureux du surintendant
des assurances. Serait-il possible de nous faire état des motifs qui
vous ont amené à faire exception à l'égard de la
mise en marché, puisque vous mentionnez que le choix des moyens à
l'égard de la mise en marché du produit doit demeurer celui de
l'entrepreneur?
M. TREMBLAY (Marcellin): Je fais allusion, là-dedans,
évidemment, vous l'avez vu tout de suite, à tout le débat
qui a porté sur les courtiers. Je me suis toujours demandé
j'ai beaucoup de respect pour M. Gauvin de quoi il s'est
mêlé dans cette question. Je pense qu'il a lancé une belle
chicane absolument inutile.
M. TETLEY: ... directe votre compagnie ou si vous vendez tout simplement
par le moyen de courtiers?
M. TREMBLAY (Marcellin): 100 p.c. de nos affaires sont faites par les
courtiers. Nous n'acceptons pas de vente directement.
Nous avons également nos agents d'assurance-vie qui peuvent
vendre comme agents captifs, c'est une autre formule. Nous l'avons
développée parce que nous trouvons que c'est un peu une
école de courtier, si vous voulez. Le gars commence comme agent captif
dans une compagnie, il ne peut pas représenter d'autre compagnie que les
Prévoyants à ce moment-là et, après quelques
années, après qu'il a pris de l'expérience, un an ou deux,
comme agent dans une compagnie, cela ne prend pas de temps qu'il nous
échappe; il prend le statut de courtier et il prend les agences d'autres
compagnies. Cela fait comme un vestibule, si vous voulez, pour entrer dans la
profession.
Vous avez les autres qui vendent directement au comptoir. Cela, c'est de
la libre entreprise, pourquoi imposer un mode de mise en marché? Si
Wawanesa veut vendre son assurance au comptoir, c'est bien son affaire. C'est
un autre système. La preuve c'est que ça n'a pas tellement de
succès, le public préfère l'autre; 86 p.c. des affaires
sont faites par les courtiers. Il n'y a rien qui empêche les gens d'aller
acheter de l'assurance au comptoir, s'ils veulent y aller. Mais on voit qu'en
pratique ce n'est pas cela, le gars a confiance en son courtier. Il ne
connaît pas trop cela l'assurance et il va voir un gars qui est
là-dedans.
Quand M. Gauvin dit, par exemple, que les compagnies d'assurance devront
dorénavant envoyer leurs taux nets de commission à tous les
courtiers de la province, voyez-vous l'affaire? Il y a 140 compagnies; le
courtier d'assurance va avoir besoin d'une camionnette pour tramer ses manuels
de taux. C'est un machin d'à peu près deux ou trois pouces
d'épaisseur.
M. TETLEY: Mais vous voulez dire qu'un courtier n'est pas vraiment
courtier, il s'occupe peut-être d'une ou deux compagnies. Combien de
courtiers font affaires avec plus que cinq ou dix compagnies, vraiment?
M. TREMBLAY (Marcellin): II faut s'entendre, quand on parle de
courtiers, il y a les gros, gros bureaux, les gros cabinets de courtage
à Montréal, particulièrement, qui eux font du commercial
et qui représentent de 30 à 40 compagnies. De façon
générale, ce qu'on appel- le un courtier, dans la province de
Québec, c'est un gars, comme vous dites, qui représente 3, 4 ou 5
compagnies, d'une façon générale.
M. TETLEY: C'est plutôt un agent.
M. TREMBLAY (Marcellin): C'est plus qu'un agent, quand même. Le
fait d'avoir accès à deux, trois ou quatre compagnies, cela lui
donne tout de même un peu plus de liberté que s'il en
représentait une seule. Il a tout de même un certain choix.
Maintenant, quand on est dans l'assurance-automobile, ce sont des choses
qui se ressemblent pas mal. Ce serait exagéré que de
prétendre qu'avant de savoir si on va s'assurer dans telle compagnie, il
faut examiner les taux des 140 compagnies qui font affaires ici. Ce serait
ridicule. Le fait que le courtier peut représenter, en pratique, 3, 4 ou
5 compagnies, déjà ça lui donne d'abord une
liberté. Il faut bien comprendre que le courtier peut nous
échapper. Chaque compagnie est intéressé à bien
servir son courtier et, indirectement, ce faisant, il sert la clientèle.
Alors, le système fonctionne.
M. TETLEY: Mais, est-ce que c'est vraiment un courtier? Mon courtier ne
fait affaire qu'avec une seule compagnie.
M. TREMBLAY (Marcellin): Non.
M. TETLEY: II ne m'a toujours suggéré qu'une seule
compagnie. Je me demande s'il fait vraiment affaires avec une autre compagnie.
Pour l'incendie, oui, une compagnie pour l'incendie, une autre pour
l'assurance-automobile, mais il n'a pas changé de compagnie depuis vingt
ans.
M. TREMBLAY (Marcellin): Mais pour avoir le statut de courtier, d'abord,
en partant, il représente nécessairement plus qu'une
compagnie.
M. TETLEY: Cela, c'est la grande théorie, mais j'ai l'impression
que mon courtier, en tout cas, c'est un gentil garçon, mais il ne
représente qu'une seule compagnie d'assurance-automobile, une seule
compagnie d'assurance-incendie, qui s'occupe du vol aussi à la
maison.
M. TREMBLAY (Marcellin): A ce moment-là, il n'a pas
véritablement le statut de courtier, c'est un agent captif d'une
compagnie.
M. TETLEY: II se dit courtier et il assiste aux réunions des
courtiers.
M. TREMBLAY (Marcellin): Ce n'est pas le cas-type du courtier que l'on
connaît.
M. TETLEY: Vous en êtes certain?
M. TREMBLAY (Marcellin): La vérité c'est
que la majorité des courtiers représentent au moins trois
ou quatre compagnies. Ils ont leur compagnie préférée,
c'est comme dans n'importe quoi, ils vont donner plus d'affaires à une
ou deux ou trois compagnies.
M. TETLEY: Mais les deuxième et troisième compagnies sont
là tout simplement pour couvrir les risques refusés par la
première, ils en ont peut-être deux ou trois afin de se garder une
porte de sécurité.
M. TREMBLAY (Marcellin): C'est une question de sécurité
pour le courtier aussi.
M. TETLEY: Oui, c'est cela.
M. TREMBLAY (Marcellin): Le courtier n'a pas tendance à tout
placer ses oeufs dans le même panier, comme on dit.
M. TETLEY: Oui, oui.
M. TREMBLAY (Marcellin): Si, pour une raison ou une autre, une compagnie
refusait de le servir, il pourrait tenter sa chance ailleurs.
M. TETLEY: Mais pour ces raisons... En tout cas, M. Tremblay, j'ai bien
aimé votre présentation. Sur la question du courtier, j'ai
certains doutes. M. Gauvin a suggéré aussi que même votre
compagnie serait obligée d'accepter l'assurance directe,
c'est-à-dire que je pourrais téléphoner à quelqu'un
de votre bureau et dire: Je veux l'assurance, au comptoir. Que pensez-vous de
cela?
M. TREMBLAY (Marcellin): Bien, je trouve que c'est absolument
embarrasser les compagnies inutilement. Chacun son métier! S'il faut
commencer à traiter chacun de nos assurés individuellement, il va
nous falloir engager du personnel, cela va revenir au même. Il y a
là-dedans un peu de mesquinerie que je m'explique mal. Pourquoi se
scandaliser que le courtier d'assurance reçoive une commission en
assurance-automobile? Voyons donc, il n'est pas le seul. L'agent d'immeubles a
une commission quand il vend une maison. Il y en a d'autres qui sont dans cette
situation. Il est payé. Si ce n'est pas le courtier qu'on paie, qui
va-t-on payer? On va engager du monde. Regardez le coût d'acquisition des
affaires des compagnies directes; il n'est pas moins élevé que
pour nous. Leurs frais d'administration sont plus élevés, leurs
commissions sont plus basses. Au total, leur coût d'administration n'est
pas tellement plus bas.
M. LACROIX: Le service ne sera pas le même, non plus.
M. TREMBLAY (Marcellin): Le service ne sera pas le même.
M. LACROIX: Du neuf à cinq. Bien souvent, le courtier travaille
jusqu'à 10 heures.
M. TREMBLAY (Marcellin): Le courtier, c'est ça, n'a pas d'heures.
Il travaille le samedi, n'importe quand, si le gars l'appelle. Alors pourquoi?
Je trouve que c'est de la mesquinerie. Je ne vois pas pourquoi on s'attache, on
s'attelle au courtier pour en faire le bouc émissaire dans toute cette
affaire. Cela me paraît ridicule.
M. TETLEY: Bon.
M. LACROIX: Si c'était si bon, les caisses populaires seraient
les mieux placées pour le faire.
M. TREMBLAY (Marcellin): Bien oui, vu qu'il y a 3,000 caisses.
M. LACROIX: II y a des centaines de caisses populaires.
M. TETLEY: Les caisses populaires ont donné la raison ici, mais
j'ai certaines réserves au sujet des réponses officielles. Au
moment du lancement de leur compagnie, elles avaient peur de se lancer dans
l'assurance directe qui est assez difficile au Québec.
En tout cas, je vous remercie. Une dernière question. Je vois que
vous appuyez est-ce que j'ai raison les recommandations de la
commission Gauvin concernant la sécurité routière.
M. TREMBLAY (Marcellin): Ah! oui, ah! oui, à 100 p.c.
M. TETLEY: A 100 p.c. Donc, est-ce que vous favorisez le port de la
ceinture de sécurité obligatoire pour tout le monde?
M. TREMBLAY (Marcellin): Evidemment. Maintenant, l'application de cela
sera peut-être difficile, la surveillance...
M. TETLEY: Oui, oui.
M. TREMBLAY (Marcellin): ... de cela. L'application d'une telle loi peut
être difficile, mais c'est sûrement excellent. On en a la preuve;
M. McCann, ici, qui est un expert en réclamations, peut vous donner
quantité d'exemples où, si les gens avaient eu leur ceinture de
sécurité, les dommages auraient été
différents. En Australie, c'est devenu obligatoire et on a vu tout de
suite l'effet de cela. Maintenant, c'est achalant; moi, le premier, la ceinture
m'achale aussi, mais je ne peux pas dire que ce ne serait pas bon. C'est
sûr que cela éviterait bien des morts.
M. TETLEY: Merci, messieurs, merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je m'excuse auprès des
représentants des Prévoyants; tantôt, je voulais vous
épargner justement une perte de temps, puisqu'on invite des organismes
ici pour discuter d'un principe qu'on a rejeté à la base, au
départ.
M. LACROIX: C'est faux, ce que vous dites là. C'est faux. Vous
n'avez rien compris, vous êtes malhonnête de dire cela.
M. LEGER: Alors, M. le Président, je pense... Est-ce que le
député des Iles-de-la-Madeleine peut apprendre son
règlement?
M. LACROIX: Certainement, monsieur. Mais si vous...
M. LEGER: Si vous voulez défendre les intérêts de
vos militants libéraux, dites-le, là. Vos militants
libéraux ont dit qu'ils étaient contre le régime "no
fault".
M. LACROIX: C'est faux, ce que vous dites là, vous êtes
menteur...
M. LEGER: Que le député libéral le défende
actuellement.
M. LACROIX: ... vous êtes hypocrite...
M. LEGER: Non, non, qui est hypocrite actuellement? Votre parti...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: ... a voté contre cela; défendez-le,
là.
M. LACROIX: Vous êtes un fourbe et un malhonnête.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, ce débat a le moins de
sens...
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais le député de
Lafontaine à poser des questions à M. Brisson et à M.
Tremblay.
M. LACROIX: Parlez de ce que vous connaissez.
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): On a invité des gens pour
écouter leurs commentaires et non pas pour parler des militants
libéraux ou des militants péquistes. On est ici pour
écouter les représentants, des Prévoyants. J'inviterais le
député de Lafontaine, ainsi que le député des
Iles-de-la-Madeleine à s'en tenir aux discussions avec...
M. LACROIX: Qu'il s'en tienne à...
LE PRESIDENT (M. Pilote): ...les personnes...
M. LACROIX: Tant et aussi longtemps qu'il va...
M. LEGER: Qui est président des débats? Est-ce le
député des Iles-de-la-Madeleine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre! L'honorable
député...
M. LACROIX: Cela fait assez longtemps qu'il nous écoeure avec
tous ses propos insidieux.
M. LEGER: M. le Président, je pense que c'est absolument...
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... de Lafontaine.
M. LEGER: ... normal, quand on est dans une situation ridicule, de le
réaliser, premièrement.
M. LACROIX: Vous autres, ce n'est pas difficile, vous êtes dedans
à l'année.
M. LEGER: M. le Président, je sais que le député
des Iles-de-la-Madeleine a bien des choses à dire ce matin; il est
très mal placé pour les dire. S'il défend les
intérêts des militants libéraux...
M. LACROIX: Je ne suis pas mal placé du tout.
M. LEGER: ... qu'il le dise ici. S'il défend les
intérêts des militants s'il est contre le régime "no fault"
et...
M. LACROIX: Je ne suis pas mal placé du tout.
M. LEGER: ... qu'on ne fasse pas croire aux organismes qui viennent
ici...
M. LACROIX: Cessez de faire le pitre, de faire l'innocent...
M. LEGER: ... qu'on a l'intention d'aller loin dans ce
principe-là, on l'a déjà rejeté. Alors, quel
intérêt...
M. LACROIX: C'est faux, vous...
M. LEGER: ... ces organismes ont de venir ici, M. le
Président...
M. LACROIX: Cela ne sert à rien de parler des...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: ... les travaux de la commission parlementaire n'auront
même pas de suite.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! J'inviterais le
député de Lafontaine à poser des questions à M.
Tremblay ou à M. Brisson des Prévoyants du Canada.
M. LEGER: Le règlement me permet, M. le Président, non
seulement de poser des questions mais aussi de faire des affirmations. Le
président le sait fort bien. Je disais donc qu'à la commission
parlementaire on ne fait pas un débat à ce stade-ci, que cela a
de moins en moins de sens, qu'on fait une lutte ou un débat des plus
stériles, parce que le débat de fond se fait dans les coulisses
actuellement. C'est ça qu'on craint duparti ministériel,
qu'il ne veut pas admettre ouvertement.
On le sentait, M. le Président, que le caucus était
divisé; on le voyait. Le gouvernement n'a pas déposé de
projet de loi, on discute d'un principe, mais on dit peut-être que le
ministre...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre!
M. LACROIX: Dites donc à l'imbécile qu'il revienne aux
choses sérieuses.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! Le député de
Lafontaine peut...
M. TETLEY: Nous avons discuté ça déjà,
mais...
M. LEGER: M. le Président, je voudrais...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je vous inviterais à poser des
questions à qui de droit.
M. LEGER: Si cela vous fait quelque chose que je ne pose pas de
question, je comprends, mais je dois dire...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Cela suffit.
M. LEGER: ... aux gens qui sont ici la raison pour laquelle je ne juge
pas important de poser de questions à ce stade-ci. C'est important que
je le dise. Je dis...
M. LACROIX: Alors adoptons...
M. LEGER: ... qu'on refuse actuellement aux assurés
québécois un régime d'assurance que même les
compagnies d'assurance, dont les Prévoyants ici, ont déjà
accepté par la proposition de l'AutoBAC. Les Québécois
n'aurontmême pas ce que les compagnies d'assurance ont
accepté en proposant le régime "no fault" pour au moins un
régime de base. Â ce moment-là, M. le Président, on
est dans une discussion stérile, inutile et vide. C'est la raison pour
laquelle je dis que c'est une perte de temps. La commission parlementaire ne
pourra pas aller plus loin dans ses travaux. Si le ministre nous disait: Oui,
on a l'intention de procéder sur le rapport Gauvin et on est d'accord
sur le principe, je dirais: On continue à discuter, mais le ministre ne
le dit pas. Je sais qu'il est mal pris, que les députés qui sont
présents et qui étaient en fin de semaine présents au
congrès défendent les interventions de leurs militants qui ont
voté ça. Ce sont eux. Est-ce qu'il y en a qui représentent
les militants libéraux ici?
M. LACROIX: Pour les débats vous ne reviendrez pas après
la prochaine élection on va être "clair" de vous.
M. LEGER: II n'y en a pas.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre! L'honorable
député de...
M. TETLEY: Je préfère répondre sur un ton serein et
très bas à la question que vous avez soulevée.
Apparemment, vous n'allez pas poser de questions. Vous allez présenter
une motion après. Même si c'est irrecevable, je suis prêt
à vous écouter quelques minutes, pas tout l'après-midi,
parce que vous avez déjà présenté votre motion deux
ou trois fois, sous d'autres formes. Je vais répondre, mais je crois que
la simple politesse, c'est soit de poser des questions...
M. LEGER: C'est de ne pas faire venir les gens pour rien, la simple
politesse.
M. TETLEY: ... sur le problème ou de laisser à mes
collègues qui ont de bonnes questions à poser, je
présume...
M. LEGER: Ah oui!
M. TETLEY: ... je présume, parce qu'ils ont tous l'esprit
ouvert... mais si vous n'avez pas de questions à poser, peut-être
pourriez-vous me passer votre temps, parce que j'avais d'autres questions
et...
M. LEGER: Non, vous avez pris le temps de l'autre ministre
là.
M. TETLEY: J'ai pris mes vingt minutes mais vous seriez très poli
de me passer vos cinq minutes, je pourrais poser d'autres questions.
M. LEGER: Non, M. le Président, je vais simplement dire,
plutôt que de poser à ce stade-ci des questions sur les ceintures
de sécurité et sur les miroirs arrière des automobiles,
que le principe de base est remis en question. Je préfère donc ne
pas poser de questions à ce stade-ci, puisque la discussion est
inutile.
M. LACROIX: Bravo !
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: M. Tremblay, êtes-vous favorable à
l'étatisation de tout le régime d'assurance automobile?
M. TREMBLAY (Marcellin): D'ailleurs, il y a tellement de
faussetés qui se disent là-dessus. On voit, par exemple, la CSN
soutenir qu'on vole à coup de milliards dans la province en
assurance-automobile. A les entendre parler, c'est incroyable, $5 milliards
qu'on aurait soutirés du peuple depuis les quatre dernières
années. C'est ridicule! Même Gauvin, dans son rapport, dit que
l'étatisation pourrait c'est hypothétique
réduire le coût de 3 p.c. et encore. Dans une situation de
monopole d'Etat, on n'aurait plus de comparaison. Est-ce que
l'Hydro-Québec est plus efficace qu'une entreprise privée? Je ne
le sais pas, on ne peut pas la comparer à une autre.
Quand il n'y aura qu'un monopole d'Etat, on n'aura pas le choix, on
s'assurera à une place sous prétexte qu'on va épargner 3
p.c, qui restent encore hypothétiques. Ce n'est pas prouvé.
M. LACROIX: Maintenant, l'assurance obligatoire. Beaucoup de personnes,
comme vous l'avez mentionné tantôt, ne sont pas assurées.
Naturellement, ça fait porter le poids des réclamations sur un
groupe restreint d'individus. Le gouvernement ne devrait-il pas envisager la
possibilité de rendre obligatoire l'assurance?
M. TREMBLAY (Marcellin): Ce qui me paraît le plus urgent, c'est
que l'assurance-automobile devienne obligatoire, pour la première chose.
Quel que soit le système qu'on adopte, il faut commencer par la rendre
obligatoire, au moins pour les dommages causés à autrui, c'est
fondamental, et qu'on cesse de faire payer, par les assurés, presque une
double prime. A l'heure actuelle, nos taux sont élevés dans le
Québec; nos assurés paient, actuellement, pour les
non-assurés avec le fameux fonds d'indemnisation.
Cela coûte quoi, Roger? A peu près 7 p.c.
M. BRISSON (Roger): Environ 6 p.c.
M. TREMBLAY (Marcellin): A peu près 6 p.c. des primes. On est
obligé de surcharger pour pouvoir contribuer au fonds d'indemnisation.
Qui paie ça? Ce sont les assurés qui paient pour les
non-assurés. C'est un non-sens. Cela devrait être changé et
c'est urgent.
Deuxième chose. La double taxation qu'on a chez les
automobilistes, c'est le droit de recours de la Régie de
l'assurance-maladie, par exemple, contre nos blessés. Encore là,
pourquoi payons-nous deux fois, nous autres? Quand un gars est malade et qu'il
va à l'hôpital, on ne lui fait pas rembourser, après. Nous
autres, notre assuré, après qu'il a payé sa prime
d'assurance, il va à l'hôpital et on reçoit la facture,
ensuite, des comptes d'hôpital de $125 ou $130 par jour et il faut
rembourser. Le public ne sait pas ça. Ce sont toutes des choses qui
pourraient être modifiées. On pourrait enlever cette charge, on
pourrait abolir cette contribution et faire payer les non-assurés,
lorsqu'ils enregistrent leur véhicule ou prennent leur permis de
conduire, pour créer un fonds d'indemnisation, mais pas payé par
les assurés.
M. LACROIX: Est-ce que ça ne serait pas de nature aussi à
enlever de la route bon nombre de tacots qui ne valent même pas la prime
d'assurance?
M. TREMBLAY (Marcellin): Oui, il y a l'inspection des véhicules
qui devrait être plus sévère. Il est sûr qu'il y a
des autos qui ne méritent pas de circuler et qui circulent.
M. LACROIX: Dans le rapport Gauvin, on mentionne, dans le cas
d'indemnisations, qu'il y aurait des montants fixes pour compenser, par
exemple, la perte d'une main, la perte d'un oeil, la perte de ci et de
ça. Cela ne me semble pas correct. Prenons le cas d'un chirurgien qui va
se faire amputer d'une main; ç'a plus de valeur qu'un journalier qui va
se faire amputer de la même main, au point de vue de la perte du revenu
de l'individu.
M. TREMBLAY (Marcellin): C'est sûr!
M. LACROIX: Comme celui qui perd la vue, s'il a besoin de ses yeux dans
son travail plus qu'un autre...
M. TREMBLAY (Marcellin): C'est peut-être injuste, le
système d'indemnité fixe; c'est pour ça que je n'ai pas
d'objection qu'il existe, comme bénéfice volontaire, mais avec le
droit de recours pour compléter la compensation. On pourrait le donner,
comme indemnité, au point de départ et, ensuite, dire: Si ce
n'est pas suffisant, tu as un droit de recours. Ce serait à faire
d'abord.
M. LACROIX: Quant à moi, j'ai seulement une remarque à
faire. Je suis et je serai toujours pour l'entreprise privée versus
l'entreprise d'Etat. Jusqu'à présent, malgré les
nombreuses années que je suis les entreprises d'Etat d'assez
près, je n'ai jamais trouvé de points de comparaison favorables
à l'entreprise privée.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que d'autres députés
désirent prendre la parole? L'honorable député de
Taschereau.
M. BONNIER: M. Tremblay, si, d'une part, vous êtes d'accord sur
l'assurance obligatoire pour tous les automobilistes, êtes-vous
également d'accord sur les recommandations Gauvin relativement au
système de facilité? C'est-à-dire
qu'à toutes fins pratiques le système de facilité
disparaîtrait pour obliger chacune des entreprises d'assurance à
accepter chacune des demandes d'assurance quel que soit le risque. Etes-vous
d'accord là-dessus?
M. TREMBLAY (Marcellin): Je ne suis pas d'accord, là-dessus, non.
Je pense que la facilité devra demeurer. Vous savez, si vous voulez
forcer les compagnies à assurer n'importe quel risque, il y aura
toujours des compagnies assez fines pour prendre la crème et d'autres
seront pris avec le problème. Je pense que la facilité a permis
pas mal plus de justice et on se partage les mauvais risques au prorata du
chiffre d'affaires qu'on fait dans la province, ce qui me parait un bon
système; pourquoi le changer?
Personne ne s'en plaint de ce système. Cela fonctionne bien.
Alors, je trouve qu'on devrait garder une facilité. On est là
à vouloir faire des changements pour le plaisir de changer. Il n'y en a
pas de problème.
M. BONNIER: Est-ce qu'il se peut, M. Tremblay, que certains assureurs
abusent du système de facilité, à l'heure actuelle?
M.TREMBLAY (Marcellin): Vous avez quoi? M. Brisson a
révisé, je pense que c'est 70 p.c. des cas qui sont aux
facilités, qui n'ont pas surprime.
M. BRISSON (Roger): A peu près 70 p.c.
M. TREMBLAY (Marcellin): A peu près 70 p.c, comment est-ce qu'on
abuse? Il n'y a que 30 p.c. des cas de facilité qui ont une surprime. A
ce moment, c'est un risque douteux, comme on l'appelle, et la compagnie
d'assurance va préférer l'envoyer aux facilités sans le
surcharger. Et dans 70 p.c. des cas, il n'y a même pas de surprime. Cela
nous permet de faire un "pool" de risques douteux, et à la fin de
l'année on se les partage entre compagnies au prorata de nos risques. Il
n'y a pas de problème, on en invente, des problèmes, avec cette
affaire-là.
M. BONNIER: En ce qui regarde les courtiers, M. Tremblay, vous
êtes d'accord que le système actuel soit difficilement
remplaçable, peut-être même tant au niveau des coûts
qu'au niveau de son efficacité. Est-ce que vous croyez, cependant, qu'il
y aurait possibilité de diminuer la commission qui est payée,
à l'heure actuelle, ou le pourcentage de commission qui est payé
aux courtiers?
M.TREMBLAY (Marcellin): Ce serait une affaire à négocier
avec les courtiers, à discuter. Il y a peut-être des
modalités qui pourraient être modifiées. Est-ce qu'un
pourcentage fixe est une bonne formule? Cela peut être discutable dans le
cas des primes élevées; comme dans le cas des jeunes, ça
fait une commission qui est plus forte. Est-ce qu'un système qui
donnerait un honoraire fixe de base, plus une commission pour compléter
serait plus juste? Ce n'est pas tellement la masse de commissions qui est trop
élevée, à l'heure actuelle, l'assurance automobile
s'administre à peu près par 25 p.c. des primes. Là-dessus,
il y a à peu près la moitié qui est en commission.
M. BONNIER: Est-ce que le fait, par exemple, pour un courtier de
percevoir les primes parfois, n'a pas comme effet indirect d'augmenter ses
coûts de fonctionnement? Si les assureurs ne demandaient pas ce service
aux courtiers est-ce que ce serait possible...
M.TREMBLAY (Marcellin): Certainement. Le courtier est obligé de
supporter ce qu'on appelle un certain crédit, il n'y a pas de doute.
Mais, il rend service aussi à sa clientèle en faisant ça.
Combien de fois le gars téléphone à son courtier puis
s'assure et paie sa prime quatre ou cinq mois après; c'est le courtier
qui supporte ça et il rend service au gars.
M. BONNIER: Mais cela augmente indirectement les coûts?
M. TREMBLAY (Marcellin): Cela augmente un peu les coûts, il n'y a
pas de doute.
M. BONNIER: Maintenant, M. le Président, est-ce que je peux
continuer?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Allez.
M. BONNIER: Au niveau de l'évaluation des dommages, la commission
Gauvin recommande la mise sur pied d'un certain nombre de centres
d'évaluation. Quelle est votre expérience dans ce sens? Et
là, tout de suite, je préviens un argument, souvent on dit: Ces
centres ne seraient pas ouverts après cinq heures, ils ne seraient pas
ouverts le samedi. Les renseignements que j'ai, moi, c'est que les centres qui
existent pour d'autres entreprises sont ouverts après cinq heures et ils
sont ouverts même le samedi. Alors, si de tels centres
d'évaluation de dommages matériels existaient, est-ce que cela
aurait comme effet de diminuer, encore une fois, le coût des
réparations, donc le coût des primes éventuellement?
M. TREMBLAY (Marcellin): Certainement. Il y a un comité qui a
été formé par le Bureau d'assurances du Canada où
on étudie la possibilité en commun, un groupe de compagnies,
d'avoir des centres d'évaluation, mais il ne faut pas attendre de
miracles de cette histoire. Il faut payer pour le service qu'on a. On a un bon
système, dans le fond. On parlait du courtier, de nos
évaluateurs; quand le gars est à l'usine, par exemple, qu'il a eu
un accident, qu'il travaille, l'évaluateur court après lui, il va
sur place à l'usine, il fait l'évaluation sur place.
C'est un service comme on n'en voit nulle part. C'est différent
de dire au gars: Prends ton auto puis viens-t'en à mon centre, au coin
de Papineau et Jean-Talon. Le gars, il faut qu'il parte, qu'il aille, tandis
qu'actuellement on court après le gars. Cela coûte un peu plus
cher, mais...
M. BONNIER: C'est ça, ça coûte toujours un peu plus
cher. C'est bien sûr que le consommateur va être obligé de
faire des sacrifices, si on veut diminuer les primes.
Est-ce que vous croyez que des centres d'évaluation comme
ceux-là, s'ils étaient sous la responsabilité des
assureurs, auraient comme effet justement d'avoir un meilleur contrôle
sur l'évaluation réelle des dommages, ne pas souffler certains
dommages, et à ce moment, de diminuer également le coût des
réparations, donc le coût des primes?
M. TREMBLAY (Marcellin): C'est sûr que cela pourrait
établir des standards, comme on dit, faire accepter aux garagistes des
standards plus précis de réparations.
Il est sûr que cela exercerait une pression assez forte pour
arriver peut-être à un meilleur contrôle.
C'est ce que, je pense, vise le Bureau d'assurance du Canada. On parle
depuis longtemps de l'établissement de ces centres. Le
problème... Surtout ce qu'il faut se mettre dans la tête, c'est
que cela ne réglera pas tous les problèmes. M. McCann pourrait
répondre là-dessus. Il y a des compagnies qui ont leur centre de
réclamations. Quel pourcentage de leurs assurés se
présentent?
M. McCANN: A la dernière réunion que nous avons eue, on
m'a laissé entendre que c'était environ 7 p.c. des assurés
qui se présentaient au centre. Dans certaine période de
l'année, cela descendait même jusqu'à 3 p.c. et 4 p.c.
M. BONNIER: Les autres faisaient affaires avec des évaluateurs
itinérants.
M. McCANN: C'est ça.
Si vous avez des centres, pour que ce soit efficace, il faut absolument
que vous payiez l'indemnité une fois la réparation
effectuée. C'est beau d'avoir des centres, mais si vous évaluez
les dommages et que vous payez sur la base de l'estimation, vous allez tomber
dans la même erreur.
M. BONNIER: Ma dernière question, M. le Président, est en
relation avec l'assurance directe et une question qu'a posée le ministre
tout à l'heure. Est-ce que si j'ai bien saisi votre
réponse, évidemment 100 p.c. de vos affaires se font par
l'intermédiaire de courtiers vous seriez contre la
possibilité que les deux systèmes existent: que les assureurs
puissent mettre à la disposition des consommateurs un système de
vente directe ou par courtiers, s'ils le désirent?
M. TREMBLAY (Marcellin): C'est ce qu'on laisse entendre dans notre
mémoire. On dit: Laissez donc à l'entreprise le soin de choisir
son mode de mise en marché. Celle qui veut vendre au comptoir pourra le
faire, mais qu'on ne l'oblige pas à le faire.
M. BONNIER: M. Tremblay, oui, mais si, à la suite de ces
études, le gouvernement disait aux assureurs: On voudrait que vous
mettiez sur pied les deux systèmes...
M. TREMBLAY (Marcellin): Je serais contre.
M. BONNIER: ... quel serait votre réflexe?
M. TREMBLAY (Marcellin): Moi, je serais contre. Parce que deux
systèmes, c'est plus coûteux. Chacun a sa vocation. Nous, nous
sommes organisés pour travailler avec des courtiers, pas pour vendre au
comptoir. Alors, on viendrait nous augmenter les frais et nous créer des
problèmes.
M. BONNIER: Et vous auriez des coûts additionnels de
fonctionnement.
M. TREMBLAY (Marcellin): Des coûts additionnels.
M. BONNIER: Merci beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions?
M. LACROIX: Est-ce que vous me permettez, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Est-ce que le fait d'avoir un service au comptoir... C'est
que l'assuré ne sait jamais à qui se référer quand
il a eu de mauvaises informations ou n'importe quoi, quand il arrive un
accident ou...
M. TREMBLAY (Marcellin): C'est beaucoup plus anonyme.
M. LACROIX: ... une réclamation. Tandis que lorsqu'il fait
affaire avec un courtier, s'il n'a pas été couvert comme il
l'espérait ou comme il comptait l'être, il y a quelqu'un de
responsable. En fait, c'est le courtier qui n'a pas répondu aux besoins
et aux désirs de l'assuré alors que c'est très anonyme
lorsqu'il s'agit de services au comptoir. Tout le monde est responsable et
personne n'est responsable.
M. TREMBLAY (Marcellin): C'est tellement vrai que le courtier a une
responsabilité professionnelle au même titre que n'importe quel
autre. Il peut même être poursuivi s'il n'a pas assuré son
gars tel que cela était convenu. On voit souvent des cas où le
courtier est poursuivi par son client parce qu'il n'a pas donné la
protection qu'il devait lui donner. Il a une responsabilité, comme vous
le dites, le courtier.
Tandis que dans un bureau, c'est anonyme. Cela va être une jeune
fille, un commis qui va répondre, jamais le même. C'est bien
différent.
M. LACROIX: L'information est plus ou moins...
M. TREMBLAY (Marcellin): Moi, je sens que je serais contre parce que
deux systèmes à l'intérieur d'une même compagnie, ce
n'est jamais efficace.
M. BOUDREAULT: Quelle est la garantie pour le public envers le courtier,
de quelle façon le public est-il protégé? Par le code des
professions ou...
M. TREMBLAY (Marcellin): Par le droit civil régulier, la
responsabilité professionnelle.
M. BOUDREAULT: La responsabilité professionnelle.
M. TREMBLAY (Marcellin): Comme un médecin qui ferait une mauvaise
opération, le courtier peut faire une mauvaise opération s'il n'a
pas mis la police en vigueur, par exemple. Cela arrive, des cas où le
gars se pense assuré. Il dit à son courtier: Assure-moi, et le
courtier a oublié de le faire.
M. BOUDREAULT: Excepté que le médecin peut...
M. LACROIX: II peut enterrer son erreur. M. BOUDREAULT: ... enterrer son
erreur.
M. TREMBLAY (Marcellin): Cela se camoufle mieux.
M. BOUDREAULT: Est-ce que la compagnie est responsable de son
courtier?
M. TREMBLAY (Marcellin): Non. La compagnie serait responsable dans le
cas d'un agent captif. S'il représente une seule compagnie, il devient
le représentant de la compagnie. Mais, dans le cas du courtier,
théoriquement le courtier est le représentant de l'assuré
et, à ce moment-là, c'est lui, c'est sa responsabilité
professionnelle. Il y a un comité de discipline à l'Association
des courtiers. M. Brisson me suggère aussi que s'il ne s'est pas conduit
selon l'éthique, il peut être rayé de la profession.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions?
Je remercie MM. Tremblay et Brisson ainsi que ceux qui les accompagnent.
Soyez assurés que la commission va prendre bonne note de vos
recommandations.
M. TREMBLAY (Marcellin): Merci, M. le Président.
Motion de M. Marcel Léger demandant à la
commission de faire rapport (suite)
LE PRESIDENT (M. Pilote): A présent, comme je le mentionnais
tantôt, nous allons revenir à la motion qui a été
présentée par le député de Lafontaine. Je voudrais,
avant d'accorder la parole, dire que j'ai jugé cette motion irrecevable
pour les raisons suivantes :
Le président n'a pas à tenir compte de ce qui se passe
à l'extérieur de cette salle ou à l'extérieur de la
Chambre. Je n'ai pas eu connaissance que le parti se soit prononcé pour
ou contre le rapport Gauvin que ce soit à la Chambre ou ici à la
commission parlementaire. La preuve, c'est qu'on est ici pour écouter
les organismes venus se prononcer sur le rapport Gauvin.
Le député de Lafontaine se réfère au
congrès de la fin de semaine. Il y a une différence entre les
voeux exprimés par des militants d'un parti et le pouvoir
législatif. Ici, nous avons à juger du pouvoir législatif
et non pas à juger de ce qui s'est passé à
l'extérieur de cette salle. C'est pour cela que j'ai jugé la
motion présentée par le député de Lafontaine
irrecevable.
Troisièmement, si on va au règlement des commissions
parlementaires, l'article 9 nous dit bien ceci: "Lors des auditions, le
président, en plus de l'exposé, n'autorise que des questions
permettant à la commission de se renseigner". C'est une autre raison
pour laquelle j'ai jugé la motion du député de Lafontaine
irrecevable.
Une autre chose, c'est que le rapport vient une fois que nous avons
entendu l'ensemble des organismes qui ont été convoqués
pour venir se faire entendre ici, à la commission parlementaire.
Je continue de juger la motion du député de Lafontaine
irrecevable, mais je lui accorde quand même quelques minutes pour,
disons, nous expliquer les raisons de sa motion.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais simplement faire une
petite correction, pour le journal des Débats. C'est que, dans le
règlement, il est bien dit qu'en tout temps une commission peut faire
rapport. Ce n'est pas uniquement après avoir entendu l'ensemble des
organismes. D'ailleurs, on l'a vu pour le bill 22. On a arrêté,
pour le rapport, en plein milieu des mémoires. La commission a
décidé d'ajourner à ce moment-là et de faire
rapport. C'est donc dire que la commission peut le faire.
Mais, M. le Président, pour ramener le débat sur une
possibilité d'acceptation de cette motion, je vais me rallier à
votre directive qui est de corriger la motion, même si je jugeais
auparavant qu'elle était valable et acceptable. Pour faire progresser le
débat, je présenterai la motion en enlevant les raisons qui
l'appuyaient, c'est-à-dire que, dans le texte même, je n'aurai pas
à donner les raisons. Mais j'ai parfaitement le droit, dans
l'exposé, d'expliquer les raisons et les motifs de la motion qui se
lirait comme suit: "Que la commission fasse rapport à la fin de la
présente séance". C'est ma motion, qui est parfaitement
recevable. Je n'ai pas mis les intentions ou les raisons ou les causes dans la
motion, mais je dois j'ai absolument le droit de le faire, M. le
Président, et le règlement me le permet déterminer
pourquoi je fais cette motion.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Voulez-vous répéter? "Que la
commission fasse rapport...
M. LEGER: "Que la commission fasse rapport à la fin de la
présente séance".
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je la considère comme acceptable.
M. LEGER: Endurable!
LE PRESIDENT (M. Pilote): Endurable.
M. LEGER: M. le Président, la raison pour laquelle je propose que
la commission fasse rapport, c'est justement parce qu'il semble illusoire
d'espérer que le gouvernement donne suite aux travaux de la commission.
Les raisons pour lesquelles je dis cela, M. le Président, proviennent
d'une série d'événements, depuis le début de la
commission parlementaire, où nous avons remarqué que le ministre
évitait le débat, ne voulant pas préciser la position de
son gouvernement.
Je comprends aujourd 'hui pourquoi le ministre ne voulait pas
préciser la position du gouvernement. Les organismes viennent ici pour
discuter d'un principe, mais d'un principe ou d'un projet par lequel un
gouvernement propose quelque chose. Alors, nous tenions pour acquis, à
un moment donné, que le gouvernement appuyait le principe qui se voit
dans le rapport Gauvin, le principe majeur qui est le régime sans
responsabilité. M. le Président, nous étions
assurés, à ce moment-là, que le gouvernement
présentait le rapport Gauvin dans l'intérêt des
Québécois pour qu'ils puissent, eux, venir donner leur point de
vue sur un principe que le gouvernement acceptait.
Mais plus nous avancions, moins nous voyions le gouvernement, par la
voix du ministre et des députés présents, exprimer les
raisons pour lesquelles il était pour ou contre. Nous ne savions pas si
le gouvernement était pour le rapport Gauvin ou, du moins, pour la
recommandation et le principe directeur.
C'est à ce moment-là qu'on a vu étirer la
période pour entendre les gens au rythme d'un mémoire par jour,
deux mémoires par semaine, alors qu'on en passait un à l'heure
dans le temps du bill 22.
M. TETLEY: Est-ce que le député me permet une
question?
M. LEGER: M. le Président, je voudrais terminer ma proposition.
J'ai eu assez d'interruptions depuis le début.
M. TETLEY: Pardon?
M. LEGER: Alors on voit que le gouvernement étire la
période de temps allouée aux séances de la commission en
entendant un organisme par jour. Nous nous sommes dit, à ce
moment-là: Qu'est-ce qui se passe? C'est là que nous nous sommes
aperçus qu'il y avait un caucus divisé sur la question. C'est
important, M. le Président, parce qu'un gouvernement est composé
de députés qui ont leur mot à dire, leurs opinions
à donner et ces députés l'ont fait savoir à
l'extérieur de la commission parlementaire. C'est pour cela que je
disais tantôt que ce n'est pas ici que se déroule le débat
de fond, il se déroule dans les coulisses. Alors, que faisons-nous
là?
Il y a une annonce à la télévision qui dit: "See it
where the action is". "The action is not here".
M. TETLEY: L'action est au Parti libéral.
M. LEGER: L'action est au Parti libéral, c'est cela, une action
de coulisses, cachée et nous l'avons vu en fin de semaine. Le
président nous disait tantôt qu'il n'était pas
informé de ce qui s'était passé au congrès en fin
de semaine, je vais lui dire. On a rejeté au congrès la motion
suivante: Que le régime de l'assurance sans égard à la
faute soit instauré pour traiter des réclamations pour dommages
corporels de $20,000 ou moins. Cela a été rejeté, M. le
Président.
Je pense, normalement, quand un parti fait... M. le Président,
j'ai le texte exact de la motion qui a été
présentée, amendée après cela, et
rejetée...
M. BERTHIAUME: Cela a été rejeté. Vos sources
n'étaient pas bonnes.
M. LEGER: M. le Président, j'ai la copie exacte de la motion.
M. LACROIX: ... tout le temps.
M. LEGER: M. le Président, je pense que c'est sérieux, un
gouvernement est nécessairement un parti qui réalise ou essaie ou
fait semblant de réaliser un programme politique...
M. TETLEY: Sur une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Question de règlement.
M. TETLEY: Je dois corriger quelque chose immédiatement. Parlez
de votre parti; notre parti, je crois que c'est vrai de le dire, a beaucoup
plus de liberté. Ce n'est pas la définition de mon parti.
M. LEGER: Alors, M. le Président, il est en train de faire une
question de fond; surveillez cela. Il parle toujours au fond sur les questions
de règlement.
La raison pour laquelle j'ai fait cette motion...
M. TETLEY: J'ai été insulté mon cher ami,
c'était une question de règlement quant à la
définition de mon parti, qui est beaucoup plus démocratique.
Sincèrement...
M. LEGER: Mais non, je sais que vous étiez malheureux au
congrès. Vos militants ont refusé aux Québécois,
c'est malheureux, vous êtes malheureux vous-même, je le sais, je le
vois dans votre figure...
M. TETLEY: Je ne suis pas malheureux, je suis très heureux.
M. LEGER: ... aux assurés, aux consommateurs
québécois un service que même les compagnies d'assurance,
via AutoBAC, avaient accepté de donner. Vos militants ont
été plus loin, ils ont protégé beaucoup plus les
intérêts particuliers des intermédiaires que les
intérêts des Québécois. C'est cela qu'il est
important que la population sache. Le Parti libéral, qui est maintenant
le gouvernement, doit s'occuper des intérêts de tous les
Québécois. Je dis au ministre que c'est le temps de montrer s'il
est là pour s'occuper des intérêts des
Québécois ou s'il est là pour s'occuper des
intérêts de certains groupes intermédiaires à
l'intérieur d'un système d'assurance qu'il faut
réformer.
Si le ministre ne veut pas faire de réforme, qu'il le dise
ouvertement, que les députés le disent...
M. LACROIX: ... législation.
M. LEGER: ... qu'ils sont contre et qu'ils acceptent ce que le parti
ministériel a voté en fin de semaine à son congrès.
S'ils sont d'accord là-dessus, qu'ils le disent ou que le ministre nous
dise: Nous sommes d'accord sur le principe du "no fault", et là on
continuera à fonctionner. C'est pour cette raison, M. le
Président, que je dis que notre situation actuelle est absolument en
porte à faux. Nous n'avons aucune raison de continuer puisque nous
savons maintenant que le parti ministériel a décidé qu'il
était contre le "no fault" et, à ce moment-là, cette
commission n'a plus de raison d'être parce qu'elle n'ira pas plus loin
qu'écouter les organismes.
Je dis que le ministre n'a qu'une chose à faire, c'est de nous
présenter son projet de loi, inviter les organismes qui sont
intéressés à venir parler du sujet sur lequel le
gouvernement s'est penché mais non pas laisser mourir le projet par le
biais.
Nous avons été témoins d'une comédie bouffe
en trois actes; premier acte, le dépôt du rapport Gauvin;
deuxième acte, le livrer en pâture à tous les loups qui
voulaient le déchirer en public de façon qu'il ne passe pas; le
troisième acte, c'est là qu'on sait toujours, avant la fermeture
du rideau, qui est le coupable. On l'a vu en fin de semaine, les coupables ce
sont les militants libéraux, le caucus du Parti libéral qui a
subi les pressions des organismes intéressés à garder leur
portion du gâteau qui est intéressante mais qui avait besoin
d'être réformée par le rapport Gauvin. Le rideau se ferme
avec une résolution qui montre qui est le vrai coupable et, pour nous,
la victime, c'est le rapport Gauvin, qui a proposé une réforme de
l'assurance au Québec. Les compagnies étaient prêtes
à aller jusqu'à un certain point. Le gouvernement ne veut
même pas aller jusque-là, alors nous n'avons rien à faire.
Les Québécois jugeront à la tombée du rideau la
décision du gouvernement qui est contre l'intérêt des
Québécois.
M. BOUDREAULT: ... juge. Vous allez...
M. LACROIX: ... l'automne passé, si je vous avais
écouté, vous ne seriez pas ici...
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... le ministre des Institutions
financières. A l'ordre, messieurs!
M. TETLEY: Est-ce que je peux poser une question? A votre
congrès, il y a dix jours, avez-vous adopté une résolution
au sujet du rapport Gauvin? Je n'y ai pas assisté et je n'avais pas
d'espion.
M. BOUDREAULT: On n'avait pas de "stool", nous autres!
M. LEGER: Je pourrais vous dire que je prends avis de la question, mais
je vais répondre parce que, habituellement, vous répondez
à mes questions. Je tiens à vous dire que les conclusions du
rapport Gauvin étaient dans notre programme depuis trois ans. Je vous en
enverrai une copie.
M. TETLEY: Mais avez-vous adopté une résolution, oui ou
non?
M. LEGER: Les conclusions étaient déjà... M.
TETLEY: Mais la réponse...
M. LEGER: On n'en a pas adopté, c'était déjà
dans le programme.
M. TETLEY: Exactement, mot à mot?
M. LEGER: Le "no fault", l'assurance obligatoire, universelle, sans
responsabilité...
M. TETLEY: La proposition Gauvin est une sur un million; il y a des
choses au sujet de la facilité, au sujet du plan de cinq ans, la
question du chapitre b, les courtiers, 5 p.c; toutes ces questions, je
comprends que vous avez peut-être, il y a trois ans, adopté
certaines grandes lignes, mais vous n'avez pas discuté le rapport Gauvin
à votre congrès. Bon, merci.
M. le Président, je trouve...
M. LEGER: Est-ce que votre question, vous voulez la faire paraître
sur la motion, c'est ça?
M. TETLEY: Je parle sur la motion.
M. LEGER: Ah! bon, je voulais savoir parce que vous m'avez posé
une question.
M. TETLEY: J'ai terminé, j'ai la réponse à ma
question. Vous avez, il y a trois ans, adopté une politique avant
même que la commission Gauvin ne commence ses travaux. J'ai vu votre
politique sur quelques grandes lignes mais pas sur tout le rapport Gauvin.
Depuis, je sais que votre exécutif a annoncé que vous l'aviez
appuyé; vous l'avez fait vous-même ici en Chambre et à la
commission parlementaire. Le Parti québécois a adopté sans
réserve le rapport Gauvin. Tant mieux!
Voici une différence d'optique et je ne dis pas que mon optique
ou l'optique de notre parti est meilleure que la vôtre. C'est possible
que j'aie tort, c'est possible que nous ayons tort mais je crois fermement que
nous avons raison. Vous avez adopté quelque chose il y a trois ans,
avant même l'étude d'un problème par quatre personnes qui
ont dépensé un demi-million de dollars, qui ont visité
toutes sortes de pays, qui ont même visité des provinces qui
n'avaient pas, lorsque vous avez adopté votre résolution,
légiféré sur la question. Je parle du Manitoba et de la
Colombie-Britannique. Et vous avez décidé, à votre
congrès qui est important, une question aussi importante; votre parti
n'avait pas discuté de la question, c'était
décidé.
Notre gouvernement a décidé d'agir, il y a trois ans, par
plusieurs moyens. Nous avons invité M. Gauvin et ses collègues
à faire un rapport sans aucune intervention. Cela c'était
très important. Nous avons aussi agi; nous avons installé, et
j'étais président du comité interministériel, un
système de points de démérite. Très important! Le
gouvernement a agi il y a deux ans. Nous avons modifié
complètement le système de signalisation au Québec, ce qui
était très important. Nous avons modifié, chez le
surintendant des assurances, certaines procédures concernant la
compagnie. En 1971, nous avons adopté en effet le "no fault" dans le
chapitre b. Nous avons fait des changements énormes,
intérimaires.
Depuis, le rapport Gauvin a été déposé. Il
apporte des changements énormes. C'est un rapport qui n'existe pas
ailleurs au monde, ça ressemble peut-être un peu à ce qui
existe en Nouvelle-Zélande mais c'est même plus avancé que
ça, apparemment. J'ai consulté un très grand expert, M.
McGuinness, qui est venu de New-Jersey la semaine dernière, qui va me
conseiller d'ici quelques mois j'espère, peut-être un an; il m'a
expliqué que même lui a été étonné par
ce rapport qui est tout à fait nouveau et d'une grande importance, comme
M. Marcellin Tremblay vient de nous dire. Il vient de nous féliciter, de
féliciter M. Gauvin au sujet de son rapport.
Notre parti, dans notre optique, a décidé de laisser aux
députés je vois douze députés ici
poser des questions et l'étudier devant une commission
parlementaire.
C'est le système le plus démocratique au monde.
Nous avons invité tout citoyen à venir, y compris les
Prévoyants du Canada, une compagnie dont nous sommes tous fiers. Nous
avons invité la CSN qui ne pouvait pas venir à cause de le
tempête la semaine dernière, qui veut venir peut-être demain
ou dans un avenir rapproché. Ses représentants ont même,
apparemment, téléphoné qu'ils sont prêts à
venir cet après-midi. Nous voulons que le Barreau vienne. C'est la
simple justice que le Barreau ait le droit de venir et de nous déposer,
pas tout simplement son mémoire que nous avons reçu, mais les
chiffres à l'appui, parce qu'il a dépensé des milliers de
dollars lorsqu'il a consulté des actuaires. Nous voulons que tout le
monde vienne ici. C'est ça la différence entre votre parti et le
nôtre.
Je ne dis pas que j'ai la certitude que nous avons raison, mais je suis
très content de notre décision d'inviter tout le monde ici
à parler du sujet. Aussi, en fin de semaine, je suis allé au
colloque, évidemment, où on a parlé du rapport Gauvin,
samedi, pendant une heure et demie et je suis allé à
l'assemblée plénière lorsque nous en avons discuté
dimanche matin. Ce n'était pas une réunion de
députés ou de ministres. Nous étions tous là, mais
nous avons laissé parler les citoyens, la population, à leur
gré. Je me suis levé trois fois, tous simplement pour
répéter que je n'avais pas l'intention d'essayer de convaincre
qui que ce soit du pour ou du contre. Ce n'était pas
l'intérêt de "paqueter" un congrès dans une direction ou
une autre, mais de laisser parler les gens pour une fois, ce qui ne s'est pas
passé, il y a dix jours, au congrès du Parti
québécois, parce qu'apparemment cela a été
défendu...
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. TETLEY: Non, mais...
M. LEGER: Je lui en ai permis une tantôt.
M. TETLEY: Vous avez refusé ma question.
M. LEGER: Mais non, j'ai répondu.
M. TETLEY: Mais vous avez insisté pour que je la pose à la
fin, ce que j'ai fait. Très bien, posez votre question. Je vais
être bon prince.
M. LEGER: M. le Président, étant donné que le
ministre parle d'une différence d'optique dans l'adoption de la
résolution de votre parti comparativement avec celle adoptée par
notre parti il y a quelques années, est-ce que le ministre pourrait
s'engager à remettre au président de votre parti, M. Claude
Desrosiers, qui va ressusciter la commission politique pour permettre au Parti
libéral de penser à nouveau, la résolution telle quelle
pour qu'il puisse instruire par la suite le reste des militants libéraux
des conséquences de ce geste-là?
M. TETLEY: Exactement. Nous en avons discuté deux fois, en
congrès, deux jours, et nous allons en discuter encore. C'est une des
promesses que j'ai faites en fin de semaine et nous allons en discuter. Je
regrette votre absence, mais ça va faire marcher les choses plus vite
à l'avenir. C'est avec regret que je vois que vous allez vous absenter
aux prochaines commissions. Just too bad.
M. LEGER: Je n'ai pas dit que j'étais pour m'absenter; j'ai
demandé qu'on ajourne et qu'on fasse rapport.
M. TETLEY: J'ai compris que vous avez dit qu'il n'y avait aucune
utilité. Je comprends...
M. LEGER: Mais j'ai au moins l'utilité de surveiller ce que vous
allez dire.
M. TETLEY: J'ai toujours soupçonné que vous étiez
inutile et depuis longtemps, mais ça, c'est la preuve. Mais laissez-moi
terminer. Il y a une différence d'optique et je touve que c'est
important. Moi, je veux que les gens témoignent. J'ai été
content que les gens aient parlé en fin de semaine. Je ne crois pas, je
suis presque certain qu'aucun député n'a parlé. Les
députés en ont l'occasion ici. En voici douze qui vont parler
après vous; vous allez y goûter. C'est essentiel que la population
nous parle de ses peurs. Si la population a tort ou a raison, il faut que le
gouvernement décide et, après, il faut qu'il convainque la
population qu'il a raison. Un instant.
M. LEGER: Vous ne répondez pas à ma question.
M. TETLEY: Non, non, non, non!
M. LEGER: Vous n'avez pas compris ma question.
M. TETLEY: Je ne comprends pas, parce que je comprends que le Parti
libéral a le droit de me renseigner autant que M. Tremblay qui
n'était pas au congrès, sauf erreur, ni M. Pepin qui vient
bientôt, qui n'était pas au congrès sauf erreur, il
était en Europe.
M. LEGER: Vous n'avez pas compris ma question.
M. TETLEY: Non, non, non, je refuse la question.
M. LEGER: Vous n'avez pas compris ma question.
M. TETLEY: Je refuse toute question.
M. LEGER: Ce n'est pas sur la question de l'AutoBAC et tout ça.
C'est pour permettre de...
M. TETLEY: Non, non, je refuse toute question.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: ... M. Desrosiers de générer des
idées.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. LEGER: J'aimerais que le parti arrive avec des résolutions
d'avant-garde comme notre parti l'a fait à différents
congrès.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député aura l'occasion...
M. TETLEY: Je ne vous ai pas interrompu. Je me considère libre.
Toute personne se considère libre. Les gens du parti, ici, m'ont
contredit mille fois depuis le commencement de la commission. Je ne m'y suis
pas opposé, ils ont droit à leur opinion.
M. LEGER: La vôtre. On ne l'a pas eue, encore, la vôtre.
M. TETLEY: C'est la liberté. Le député de
Laurier...
M. LEGER: Votre opinion, est-ce qu'on va l'avoir bientôt?
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais le député de
Lafontaine à laisser...
M. TETLEY: M. le Président, le député de Laurier ne
m'a pas interrompu; je demande la même politesse du député
de Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Lafontaine aura un
droit de réplique et il corrigera la situation, s'il le faut.
M. TETLEY: M. le Président, c'est ça, l'op-
tique. Il faut agir. J'ai noté que nous avons différentes
optiques. J'ai noté que nous avons déjà agi. Je dois vous
dire qu'avant Noël nous allons agir sur certaines choses. Le ministre
d'Etat aux Transports a déjà fait un changement remarquable au
sujet des écoles de conduite. Vous allez voir, j'espère, un
changement au sujet du fonds d'indemnisation parce que, apparemment, tout le
monde est d'accord.
Le ministre des Transports lui-même avait parlé de la
vitesse et des ceintures de sécurité. Vous allez voir certains
actes posés dans un avenir rapproché, comme cadeau de
Noël.
M. LEGER: On va avoir le "no fault" pour Noël?
M. TETLEY: Peut-être. On ne sait pas. Vous l'avez
déjà.
M. LEGER: It is not your fault.
M. TETLEY: Non. Donc, M. le Président, je termine en faisant le
sommaire. Nous avons une optique différente. J'apprécie votre
optique, je ne la condamne pas, mais je préfère la mienne et
celle de mon parti. C'est l'ouverture d'esprit et la démocratie.
Deuxièmement, nous voulons écouter tout le monde
ils sont nos invités et nous allons décider
après.
Troisièmement, nous avons déjà agi. J'ai fait une
liste et nous allons agir, avant Noël, dans d'autres choses, par d'autres
actes importants.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: M. le Président, la commission a reçu un ordre
de l'Assemblée d'étudier le rapport Gauvin. Le rapport Gauvin
contient des recommandations fort intéressantes et fort valables. Je
crois bien sincèrement qu'il y a possibilité de les bonifier
à la lumière des opinions exprimées par tous ceux qui se
sont présentés devant la commission et ceux qui auront l'occasion
de se présenter dans l'avenir. Nous n'avons pas encore fini d'entendre
les parties, et la commission fait rapport quand elle se sent suffisamment
informée.
Pour ma part, je ne me sens pas suffisamment informé sur ce que
pensent tous les organismes et tous les corps, toutes les personnes qui
pourraient se présenter et nous indiquer de nouvelles orientations en ce
qui concerne la loi qui doit être consécutive au rapport Gauvin.
Je ne conteste pas le droit à l'Opposition de présenter une
motion demandant que la commission fasse rapport après la
présente séance, mais je crois que l'Opposition ne contestera pas
non plus le même droit, pour le gouvernement, de la refuser et d'entendre
toutes les personnes et tous les organismes qui ont des représentations
à faire.
Lorsqu'on parle de démocratie, je crois que c'est la base
même de la démocratie. Quant à moi, je crois que cette
motion doit être rejetée par un vote des membres de cette
commission afin que l'on puisse continuer à s'informer sur cette loi qui
viendra, en son temps, lorsque tout le monde aura été bien
informé. La loi n'en sera que meilleure pour le mieux-être de
toutes les personnes impliquées et, particulièrement, les
automobilistes.
M. LEGER: Le député des Iles-de-la-Madeleine aurait
dû être là pour le bill 22 afin de défendre le
même point de vue qu'il vient de défendre actuellement, le point
de vue démocratique.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable... M. LACROIX: Je pense que...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre, à l'ordre! L'honorable chef
de l'Opposition officielle.
M. LACROIX: A ce moment-là, d'autres personnes étaient
là qui ont fait entendre...
M. LEGER: Deux poids, deux mesures.
M. LACROIX: Non, non, non! C'est parce que vous faisiez un blocage
systématique, à ce moment-là.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre, à l'ordre!
M. BELLEMARE (Rosemont): Est-ce que... M. MORIN: Le ministre...
M. BELLEMARE (Rosemont): ... le chef de l'Opposition officielle est
membre de la commission?
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'ai permis...
M. TETLEY: Oui. Je ne m'oppose pas à ce que vous preniez la
parole, mais à votre tour. Il y a des gens qui sont ici depuis dix
heures trente. Je crois que vous devez vous mettre à la fin.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'ai permis au député des
Iles-de-la-Madeleine, même s'il n'est pas membre de la commission, de
s'exprimer là-dessus...
M. LACROIX: On a le droit de s'exprimer, mais on n'a pas le droit de
vote.
M. TETLEY: II est ici depuis 10 h 30, le député des
Iles-de-la-Madeleine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je permets au chef de l'Opposition de
s'exprimer.
M. LACROIX: On n'a pas droit de vote. M. TETLEY: ... à votre
tour.
M. MORIN: Je serai d'ailleurs très bref. Le ministre avait l'air
tout à l'heure de nous faire un reproche d'avoir adopté des
positions déjà suffisamment claires au sujet de la
responsabilité sans égard à la faute, depuis trois ans, au
Parti québécois. Il nous faisait le reproche de ne pas avoir pris
position en congrès sur le rapport Gauvin.
M. le Président, il y a une explication bien simple à
cela. C'est que l'exécutif du parti s'est prononcé en faveur du
rapport Gauvin. Nous l'avons fait de même au cours des travaux de cette
commission, nous l'avons fait ouvertement, tout simplement parce qu'en gros ce
rapport est conforme au programme du Parti québécois. Qu'on
n'aille pas, étant donné la conformité qui existe entre le
programme et ce rapport, nous faire reproche de ne pas être revenus
à nouveau sur la question, au cours de notre congrès.
M. BERTHIAUME: M. le Président, une question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Sur une question de règlement,
l'honorable ministre d'Etat aux transports.
M. BERTHIAUME: Le député de Sauvé ne ramène
même pas ses propos à la motion. Au moins, s'il les ramenait
à la motion, on pourrait dire que c'est justifié, parce qu'on en
a parlé tantôt. Il parle simplement de ce...
M. BURNS: M. le Président, Seigneur! Il est en train de
répondre tout simplement au ministre.
M. BERTHIAUME: Le ministre n'a pas posé de questions.
M. BURNS: Le ministre a posé des questions de cette nature dans
sa réplique...
M. BERTHIAUME: Absolument pas.
M. BURNS: ... à la motion du député de
Lafontaine.
M. BERTHIAUME: Absolument pas.
M. BELLEMARE (Rosemont): II n'était même pas là.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: Merci, M. le Président. Ce qui nous inquiète,
à vrai dire, dans le comportement de cette commission et dans le
comportement du ministre, c'est que nous nous demandons si nous ne sommes pas
devant une comédie qui consiste à faire entendre tous les gens
qui veulent bien se présenter, avant même que le gouvernement ne
soit prêt à nous présenter un projet de loi qui se tienne.
Cette comédie, telle que je la vois à l'heure actuelle, pourrait
bien, étant donné ce qui s'est passé en fin de semaine,
avoir pour but essentiel de torpiller le rapport Gauvin, avant même que
le projet de loi ne voie le jour.
Je me demande, M. le Président, si, une fois que nous aurons un
projet de loi sous les yeux, si jamais nous en avons un, il va falloir
reconvoquer à nouveau tout le monde pour savoir ce qu'ils pensent du
projet de loi du ministre, si jamais nous en avons un. C'est ce qui nous
inquiète. C'est pourquoi j'estime, pour ma part, que la motion faite par
le député de Lafontaine est parfaitement fondée.
Que le gouvernement prenne position maintenant. Le pourra-t-il à
la suite de la résolution ou du rejet de la résolution de la fin
de semaine? C'est une autre affaire, mais que nous sachions où le
gouvernement gît dans cette affaire. Quelle est son opinion? Et, ensuite,
il sera tout naturel qu'on reconvoque cette commission, avec un projet de loi
en bonne et due forme sous les yeux, pour que nous puissions discuter en toute
connaissance de cause. A l'heure actuelle, il me paraît que cette
commission, depuis le départ, est prématurée. Nous ne
savons pas ce que le gouvernement en pense. Nous ne savons pas ce qu'il a dans
sa manche. Nous ne pouvons nous empêcher d'avoir cette impression
extrêmement ambiguë et désagréable que toute cette
histoire a pour but, essentiellement, d'empêcher que le rapport Gauvin ne
se rende même à l'état de projet de loi.
Voilà ce que j'avais à dire sur la question et c'est la
raison pour laquelle j'appuie la proposition du député de
Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, tout à l'heure, le
député de Lafontaine mentionnait que le ministre veut jouer un
jeu différent, au nom du gouvernement à cette commission
parlementaire, de celui, paraît-il qui aurait été
joué lors de la discussion du projet de loi no 22. Je crois qu'on ne se
trouve pas devant la même situation qu'au moment du projet de loi no 22.
Quand le gouvernement a décidé d'arrêter les travaux de la
commission parlementaire de ce projet de loi no 22, c'est que vous aviez, par
exemple, un organisme comme la Corporation des enseignants du Québec qui
avait dit parler au nom des 70,000 enseignants du Québec et que vous
aviez douze associations d'enseignants affiliées à la CEQ qui
voulaient se faire entendre pour répéter le même
mémoire que la CEQ.
Cela a été la raison. Prenez le Mouvement Québec
français, avec ses affiliés; les affiliés voulaient venir
répéter la même chose que le Mouvement Québec
français. Les sociétés nationales, on retrouve exactement
la même chose. Ici, devant le rapport Gauvin, les groupes qui viennent ou
qui ont demandé d'être entendus je prends, par exemple, le
Barreau de la province de Québec, qui a demandé d'être
entendu; le Barreau de la région du Richelieu n'a pas demandé
d'être entendu, le Barreau de la région de Montréal n'a pas
demandé d'être entendu, le Barreau de la région de
Québec n'a pas demandé d'être entendu, parce que leur
organisme provincial, qui est le Barreau, est venu parler au nom de ses
Barreaux régionaux. Ceux qui viennent ici représentent des
groupes différents, des groupes qui ont des intérêts et des
motifs différents, face au rapport Gauvin.
C'est une des raisons pour lesquelles le ministre, le gouvernement et
les députés libéraux tiennent absolument à
continuer à entendre les parties à la commission parlementaire.
Ce n'est pas du tout ici la même situation qu'on trouvait lors de la
discussion du projet de loi no 22.
Maintenant, on nous reproche la décision qui a été
prise par le congrès, très démocratique, du Parti
libéral en fin de semaine parce que nous, contrairement à un
certain autre parti politique, nos décisions viennent des associations
de comtés, des congrès annuels et non des décisions prises
par l'exécutif. Si j'ai bien entendu le député de
Sauvé, il a dit: C'est l'exécutif du Parti
québécois qui s'est prononcé en faveur du rapport Gauvin.
S'ils avaient demandé à leurs militants, démocratiquement
élus au niveau de leurs associations à leur congrès
annuel, de se prononcer sur le rapport Gauvin, peut-être qu'ils auraient
pris une décision différente de celle de l'exécutif. On
prend comme exemple l'enseignement privé. Le député de
Lafontaine, le député de Saint-Jacques ont voulu défendre
la position de leur exécutif, dit national, devant leur congrès,
dit national, et les membres du congrès, les
délégués du congrès se sont prononcés contre
l'enseignement privé, donc ont pris une décision contraire
à celle de l'exécutif.
Le député de Sauvé dit: L'exécutif s'est
prononcé pour le rapport Gauvin. Il y aurait peut-être lieu de
faire comme nous, le Parti libéral, et de retourner devant les
militants. Peut-être que les militants prendraient des décisions
différentes de celles de l'exécutif, compte tenu de l'exemple que
je vous ai mentionné.
Maintenant, les membres parce que j'étais présent
au congrès du parti en fin de semaine se sont prononcés
sur une facette du rapport Gauvin, qui était la "no fault". Si on
regarde le rapport Gauvin je ne sais pas si le député de
Lafontaine l'a lu, s'il n'a pas eu le temps de lire le rapport au complet,
j'espère qu'il a pris au moins le temps de lire les recommandations du
rapport Gauvin ou va se rendre compte qu'il y a beaucoup d'autres
facettes contenues dans le rapport Gauvin que la "no fault". Qu'il suffise de
mentionner la sécurité sur les routes, le port de la ceinture,
etc.
Alors, on peut fort bien continuer à entendre les groupes qui ont
à se prononcer sur le rapport Gauvin. Et si le ministre l'a dit
au congrès des éléments nouveaux nous
étaient apportés par les groupes qui viennent ici, rien
n'empêche parce que nous, le Parti libéral, on est le plus
démocratique possible l'exécutif du Parti libéral
de convoquer un conseil général, auquel assistent des
représentants de toutes les associations de comtés, qui groupent
peut-être 150 à 200 personnes, et de discuter à nouveau la
décision qui avait été prise au congrès annuel. Ce
n'est pas, à ce moment-là, une décision de
l'exécutif du Parti libéral mais une décision des
militants du Parti libéral représentés au conseil
général.
Alors, on n'a pas de leçon, de la part des députés
de Sauvé et de Lafontaine, à recevoir sur la démocratie
dans un parti politique. Nous, contrairement à ce qui a
été dit... Je me souviens, le soir du congrès du Parti
québécois, on interviewait le chef intérimaire du Parti
québécois, qui est René Lévesque. On lui demandait
la position de l'exécutif vis-à-vis de la décision prise
pour l'enseignement privé. Il dit: Ah! on n'est pas encore au pouvoir.
On reviendra. On arrangera ça. Il dit: Cela n'a pas de bon sens,
politiquement ce n'est pas rentable d'enlever l'enseignement privé. On
leur fera comprendre. Il sait comment s'organiser pour faire comprendre aux
membres qu'une décision de l'exécutif est toujours meilleure
qu'une décision du conseil provincial.
Mais nous, ce n'est pas comme ça qu'on fonctionne. On convoque
les organismes concernés du Parti libéral. Ils en discutent en
toute liberté, une journée ou deux jours. Quand on discute, on
discute sérieusement. Et des décisions, à la
lumière de nouveaux éléments, peuvent être prises ou
discutées de nouveau par les instances décisionnelles du Parti
libéral.
Alors, compte tenu de ces éléments, je vois très
mal qu'on accuse le Parti libéral, ou le gouvernement de comédie
de torpiller le rapport Gauvin.
Au contraire, nous, M. le Président, nous voulons entendre tous
les groupes qui ont des intérêts et des motifs différents
de venir devant la commission parlementaire pour recevoir l'éclairage le
plus complet et, compte tenu de cet éclairage, si c'est une
décision pour répondre au député de
Sauvé et au député de Lafontaine du congrès
annuel qui empêche le gouvernement de se prononcer, nous, au parti, avec
M. Desrosiers comme président, parce que lui aussi est un homme
très démocratique, nous reconvoquerons les instances
concernées du parti, on rediscutera de la chose et le gouvernement aura
à prendre une décision, compte tenu de cette nouvelle discussion
au niveau du Parti libéral.
Compte tenu des motifs que je viens de mentionner, M. le
Président, comme je ne peux pas voter, parce que je ne suis pas membre
en titre de la commission, je convie mes collègues du Parti
libéral, et je regarde les députés de Rosemont,
d'Iberville, de Dubuc, de Lévis, de Laurier, de Bourget, de
Saint-Hyacinthe, qui sont membres de la commission, ainsi que mon
collègue voisin de Napierville-Laprairie...
UNE VOIX: Laprairie.
M. VEILLEUX: ... de Laprairie... Je crois, M. le Président, que
je les ai convaincus de battre la motion du député de
Maisonneuve, ou plutôt du député de Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de Lafontaine
sur la motion du député de...
M. BURNS: De Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Maisonneuve sur la
motion du député de Lafontaine.
M. TETLEY: N'y a-t-il pas d'autres députés
ministériels?
M. BURNS: Je suis membre de la commission, M. le ministre. Attention,
là! Ecoutez, voulez-vous m'empêcher de parler, quoi? Qu'est-ce qui
se passe?
M. TETLEY: Pas du tout, mais je crois qu'il y a un certain ordre...
M. BURNS: Bien non. J'ai demandé la permission au
président. Il me donne la parole. Est-ce que vous contestez la
décision du président? C'est ça, votre problème ou
quoi?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Un instant. J'accorderai la parole à
ceux qui voudront bien me la demander, mais il n'y en avait pas d'autres qui me
l'avaient demandée avant vous.
M. BURNS: Bon.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au député de
Maisonneuve.
M. TETLEY: Je suis très content que le député de
Maisonneuve parle, mais il vient d'arriver. C'est pourquoi je croyais que la
simple politesse exigeait qu'il laisse la parole aux autres
députés du Parti libéral.
M. MORIN: La politesse serait que vous laissiez parler le
député.
M. BURNS: M. le Président, le ministre sait sans doute qu'entre
autres personnes, le leader parlementaire de l'Opposition reçoit la
trans- mission directe, dans son bureau, des débats qui se tiennent ici.
Il devrait savoir cela. Vous ne saviez pas cela?
M. TETLEY: Je le savais, mais on ne reçoit pas directement vos
commentaires de votre bureau, ici! Vous devez savoir cela!
M. BURNS: Oui. Et c'est pour cela, M. le ministre, que je viens les
faire ici. Vous savez, si je les faisais dans mon bureau, vous ne me
comprendriez pas. C'est pour cela que je viens les faire ici.
M. TETLEY: Parfait.
M. BURNS: D'accord? Est-ce que cela fait votre affaire? Bon.
M. TETLEY: Pourquoi ne pas voter dans votre bureau? En tout cas! Je ne
comprends pas.
M. BURNS: Cela vous dérange que je sois ici, quoi? Est-ce que
c'est ça, votre problème?
M. TETLEY: Je suis très content que vous soyez ici!
M. BURNS: Bien oui, mais cela me surprend. Moi, j'exerce mon droit, qui
est d'être membre de cette commission et de venir parler à ce
moment-ci. Je ne vois pas pourquoi on mettrait cela en doute.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Maisonneuve, sur son droit de parole.
M. BURNS: Bon. Merci, M. le Président.
M. TETLEY: Je crois qu'il est important que vous parliez.
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, j'ai très peu de choses
à dire. Je ne parlerai pas longtemps là-dessus. Je veux tout
simplement dire ceci, à l'appui de la motion du député de
Lafontaine. Quand, au départ, le rapport Gauvin comme tel, et non pas un
projet de loi, a été soumis à la commission parlementaire,
je vous avoue qu'intérieurement, tous, le député de
Lafontaine, le chef de l'Opposition, moi-même et les autres membres de
l'Opposition officielle avions un certain nombre de questions qui se posaient
à notre esprit, parce qu'on se disait que nous allions discuter non pas
d'un projet de loi, 3'une politique du gouvernement, mais de réactions
de parties intéressées en regard d'un rapport.
Ce rapport, soit dit en passant, est d'une grande importance. Ce n'est
pas du tout le but
de la motion du député de Lafontaine de diminuer
l'importance du rapport Gauvin, loin delà.
Mais on a fait le parallèle, par exemple, entre le projet de loi
no 22 je suis obligé de le faire, M. le Président, tout en
restant dans l'ordre, pour expliquer ce point de vue là; d'ailleurs, il
y en a beaucoup d'autres qui l'ont fait, y compris le député de
Saint-Jean et la commission Gendron. A ma connaissance, on n'a pas
siégé pour examiner les recommandations de la commission Gendron.
C'est pour ça qu'on s'est posé des questions, surtout que,
pendant que la commission Gendron était sur le point d'accoucher de son
rapport et qu'elle retardait son rapport constamment, nous, de notre
côté je me souviens qu'à ce moment-là, nous
étions un parti simplement reconnu nous demandions simplement au
gouvernement de rendre publique sa politique linguistique et le gouvernement
disait: On va attendre le rapport Gendron.
Pourtant, le projet de loi no 22 nous est arrivé sur la gueule
sans qu'on discute des conclusions de la commission Gendron. Je pense que cela
explique un peu les questions que nous nous posions, mais nous avons
accepté quand même de fonctionner dans le cadre de cette
commission qui examinait le rapport Gauvin.
Je pense bien qu'au départ vous ne pouvez pas nous en vouloir
d'avoir tout simplement participé, par la présence active du
député de Lafontaine, à tous les travaux de la commission
sur le rapport Gauvin. Mais je vous dis que cela nous laissait un point
d'interrogation dans l'esprit. Maintenant, ce n'est plus un point
d'interrogation que nous avons dans l'esprit. Maintenant, si le congrès
du Parti libéral, en fin de semaine, comme semblait vouloir le dire mon
bon ami, le député de Saint-Jean, a cette importance, je suis
convaincu que le rapport Gauvin va être mis sur les tablettes en grande
partie et sur des points essentiels dans la législation
éventuelle.
J'entendais ça me fait de la peine qu'il soit parti-, il
est peut-être parti écouter ça à son bureau, lui
aussi le député des Iles-de-la-Madeleine, en fin de
semaine, parler du fait que c'était ignoble de voir jusqu'à quel
point les députés libéraux n'avaient pas leur mot à
dire dans la législation, ne pouvaient pas approcher les ministres. Je
le voyais crier au scandale et j'imaginais d'autres députés
libéraux, parce qu'on nous a présenté seulement...
M. VEILLEUX: C'est faux!
M. BURNS: ... la cerise sur le gâteau à la
télévision.
M. BONNIER: C'est hors d'ordre.
M. BURNS: Vous allez voir que ce n'est pas hors d'ordre et que c'est
relié.
M. BONNIER: Un point de règlement. Moi, je trouve que ce n'est
pas exact, d'abord; il n'a pas dit exactement cela. Deuxièmement, c'est
hors d'ordre; ce n'est pas cela que nous discutons. Le député des
Iles-de-la-Madeleine...
UNE VOIX: Je voudrais bien qu'on en finisse.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de...
M. BURNS: Vous n'avez pas écouté les mêmes nouvelles
que moi.
Nous l'avons vu, nous, à la télévision et nous
l'avons entendu et il se plaignait vraiment de l'absence de pouvoir des
"back-benchers" libéraux . Remarquez que, si j'avais été
au congrès libéral, j'aurais appuyé le
député des Iles-de-la-Madeleine là-dessus. Remarquez que
c'est évident en Chambre.
M. TETLEY: Moi, je l'ai appuyé aussi.
M. BURNS: C'est évident que les ministres n'écoutent pas
ce que le caucus leur dit.
C'est évident également que le pouvoir du
député libéral au sein de ce gouvernement est
complètement érodé. En tout cas, je n'ai pas à
faire de commentaire; là si j'en faisais...
M. BONNIER: Est-ce qu'on peut demander au député de
revenir au sujet?
M. BURNS: Bon. Un point de règlement?
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais le député de
Lafontaine...
M. BURNS: Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je m'excuse.
M. BURNS: Merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je ne sais pas si je vous ai
insulté?
M. BURNS: Non, cela ne m'insulte pas du tout.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais le député de
Maisonneuve à revenir à la pertinence du débat.
M. BURNS: De toute façon, M. le Président, on s'est rendu
compte qu'à cette réunion de fin de semaine, à ce
congrès du Parti libéral il y a eu une décision qui semble
orienter le parti et, entre autres, le fait qu'on rejette le régime
d'assurance sans égard à la faute, le fait que le régime
d'assurance basé sur la faute soit maintenu quant aux
réclamations pour dommages corporels, pour l'excédent de
$20,000...
M. TETLEY: ... lire cela...
M. BURNS: Cela a été rejeté, je pense...
M. TETLEY: Oh! non.
M. BURNS: ... selon les informations.
M. TETLEY: Vous avez été trompé.
M. BURNS: Cela a été rejeté, c'en fait cinq.
M. TETLEY: II y avait cinq résolutions, vous avez...
M. BURNS: Vous avez deux résolutions ici, j'ai la
résolution 45 devant moi.
M. TETLEY: II y avait de 45 jusqu'à 49.
M. BURNS: Oui, bon. Mais il reste que vous avez pris position, le Parti
libéral, qui est le parti ministériel, c'est ce que je suis en
train d'essayer de vous expliquer. La motion...
M. BERTHIAUME: Ce n'est pas le gouvernement.
M. BURNS: Ce n'est pas le gouvernement mais c'est le parti
ministériel.
M. BERTHIAUME: Ce n'est pas le gouvernement.
M. BURNS: Bon. C'est là qu'on va voir... M. TETLEY: C'est un
congrès, un instant!
M. BURNS: Là vous êtes peut-être en train de
m'expliquer ce que le député des Iles-de-la-Madeleine disait,
c'est-à-dire que les simples députés et les militants
n'ont rien à dire dans ce parti-là. C'est vrai. Si vous me dites
cela, d'accord; à ce moment-là, on va continuer à
écouter votre position mais ce n'est pas ce que j'ai entendu autour de
la table, ce n'est pas ce que j'ai entendu du ministre tout à l'heure.
J'ai entendu dire que c'était, au contraire, un congrès
très démocratique où des choses...
UNE VOIX: C'est vrai.
M. BURNS: ... importantes s'étaient faites et où il y aura
des suites. S'il y a des suites, M. le Président, et ça...
M. TETLEY: Je n'ai pas...
M. BURNS: ... c'est l'argument de base, c'est le seul et principal
argument en faveur de la motion du député de Lafontaine, et le
ministre devrait le comprendre. "It is a matter of fact question". Le ministre
devrait le comprendre, c'est que le travail de la commission, tant que le
gouvernement ne se sera pas prononcé sur son orientation à la
suite du rapport Gauvin, est absolument inutile. C'est un argument "matter of
fact, Mr. Minister". D'accord? Ce n'est pas plus que ça et ce n'est pas
moins que ça.
Je ne vois pas nos collègues, pas plus du côté
ministériel que du côté de l'Opposition, venir
littéralement perdre leur temps d'ici la fin de décembre pour
écouter des gens. Et, quand je dis perdre leur temps, ce n'est pas
écouter les gens qui va leur faire perdre leur temps, c'est de venir
siéger ici alors qu'une position politique a été prise par
le Parti libéral, position politique, si ce parti a le moindrement
d'influence sur le conseil des ministres, qui va orienter le débat d'une
façon tout à fait différente de celle de nos honorables
amis qui viennent témoigner devant nous comme intéressés.
Cela rend totalement inutiles les travaux de la commission.
C'est la raison de la motion du député de Lafontaine. On
n'a pas de temps à perdre. On est à la veille, M. le ministre, de
recevoir en pleine face la motion de fin de session, je pense en tout cas. Cela
fait quatre mois de décembre que je connais dans cette Assemblée.
Au début de décembre, habituellement je n'ai pas
regardé le feuilleton de ce matin, il se pourrait même que ce soit
au feuilleton nous avons cette motion d'accélération des
travaux.
Si on a véritablement besoin d'accélérer les
travaux en fin de session, si on a véritablement besoin de priver les
députés de l'Opposition de leur mercredi par cette motion, si on
a véritablement besoin de faire siéger les députés
de l'Opposition principalement parce que, du côté
ministériel, tout le monde sait qu'on fonctionne en équipes
à ces périodes-là et vous allez les faire
siéger de dix heures le matin à onze heures et souvent minuit le
soir, je dis qu'on n'a pas de temps à perdre en attendant que le
gouvernement se soit branché.
M. le Président, et c'est mon dernier argument, vu, justement, la
prise de position du congrès libéral de fin de semaine, ce sont
les organismes eux-mêmes qui se présentent devant nous qui
devraient être insultés qu'on les invite à venir se faire
entendre. Je pense qu'on abuse des organismes. Ces gens viennent parler dans
une machine vide, une machine qui, éventuellement, ou bien mettra sa
politique de l'avant le ministre me dit: pas du tout ou bien vous
allez me dire tout de suite que la résolution de fin de semaine du Parti
libéral n'a aucune importance auprès du cabinet des
ministres.
M. TETLEY: Très...
M. BURNS: Non, non! mais c'est là-dedans que vous êtes
poignés, imaginez-vous donc!
M. TETLEY: Je ne suis pas poigné dedans, c'est parce qu'on
défend la démocratie.
M. BURNS: Vous êtes "poignés". M. le Président,
est-ce que j'ai encore la parole, oui?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui, encore pour une...
M. BURNS: Oui, encore pour une demi-heure.
M. TETLEY: Le temps que vous voulez. Le temps que vous voulez.
M. BURNS: Non, j'achève. Je dis que vous êtes pris dans un
carcan. Les organismes qui se présentent devant nous et les membres de
l'Opposition qui sont ici pour contribuer de façon constructive aux
travaux de la commission sont pris dans un carcan qui est bien simple et qui
s'énonce de la façon suivante: ou bien la résolution de
fin de semaine du congrès libéral a un sens, va être
écouté par le conseil des ministres, auquel cas les gens
et c'est là-dessus que je dis qu'on abuse des organismes puis des
parties intéressées les gens qui viennent devant nous
parlent dans le beurre, ils parlent vis-à-vis de quelque chose qui ne se
passera pas, c'est ça, et puis là, le ministre, il faudrait qu'il
nous le dise au nom du conseil des ministres, ou bien les décisions du
congrès du Parti libéral de fin de semaine n'ont aucune
espèce d'importance, auquel cas les organismes, les parties
intéressées qui viennent ici ont peut-être raison de
continuer à vouloir venir nous dire ce qui va se passer. Mais de
façon constructive, si on veut faire un travail utile, je pense qu'il
serait temps que le gouvernement dise carrément, eu égard au
rapport Gauvin, quelle va être sa politique à lui. Et la
façon dont il peut nous le dire, c'est en déposant un projet de
loi, c'est en nous disant: On accepte le "no fault" ou on ne l'accepte pas.
On l'accepte de telle façon mitigée ou de telle autre
façon mitigée et, après ça, moi, je serai de ceux
qui applaudiront si on invite les organismes à venir se prononcer non
sur le rapport Gauvin, mais sur la politique du gouvernement vis-à-vis
du rapport Gauvin.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Rosemont.
M. BELLEMARE (Rosemont): M. le Président, la prise de position de
l'exécutif du Parti québécois, lors des élections
fédérales, concernant l'annulation du vote, est-ce que les
membres...
M. BURNS: Voulez-vous que je vous en pose une?
M. BELLEMARE (Rosemont): C'est moi qui ai la parole, M. le
Président?
M. BURNS: Le prix de la baie James, en avez-vous discuté à
votre congrès?
M. BELLEMARE (Rosemont): C'est moi qui ai la parole?
M. BURNS: Le prix de la baie James a-t-il été
décidé par votre congrès?
M. BELLEMARE (Rosemont): J'ai la parole, M. le Président. Est-ce
que j'ai la parole?
M. BURNS: En voulez-vous une bonne?
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Rosemont.
M. BURNS: Parlez-nous donc de la baie James.
M. BELLEMARE (Rosemont): Cela fait mal, le futur chef !
M. BURNS: Non, non, non! A votre congrès, on a parlé de la
baie James. Comment en avez-vous parlé de ça?
M. BELLEMARE (Rosemont): Maintenant, M. le Président, est-ce que
les membres ont écouté leurs dirigeants? Non. Nous, du Parti
libéral, allons suivre le processus normal de la démocratie. Le
député de Saint-Jean a très bien expliqué la
démocratie de notre parti; c'est la raison pour laquelle je vais voter
contre la motion du député de Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, je n'avais pas l'intention de parler
là-dessus, parce que je trouvais qu'on discutait trop longtemps de
choses qui avaient été expliquées. Je trouve et
ça me frappe dans plusieurs circonstances que peut-être
l'Opposition officielle ne prend pas suffisamment de temps pour écouter
ce que le parti au pouvoir dit. Le ministre a expliqué d'une
façon très simple tout à l'heure que c'était normal
que le gouvernement veuille bien entendre les groupes qui ont quelque chose
à dire sur le rapport, qu'il veuille bien entendre aussi ce qu'ont
à dire d'autres gens, qui ne sont pas invités à ces
commissions parlementaires, qui sont des gens de la rue, qui étaient
présents à un certain congrès de fin de semaine, qui
avaient le droit de dire ce qu'ils entendaient. C'est un autre son de cloche.
Je pense que c'est très simple, très clair, limpide. C'est normal
que le gouvernement veuille bien entendre tous ces gens avant de prendre une
décision. Je trouve que nous serions injustes pour les groupes qui n'ont
pas eu l'occasion de se présenter jusqu'à présent de ne
pas les écouter et de faire rapport immédiatement à la
Chambre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'il y en a d'autres avant que le
député de Lafontaine...
M. TETLEY: Je n'ai pas le droit de... M. BURNS: Non, vous ne l'avez pas.
UNE VOIX: D n'a pas le droit de vote.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que d'autres députés
veulent s'exprimer avant que j'accorde la parole au député de
Lafontaine?
UNE VOIX: Vote sur la motion.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de Lafontaine
sur son droit de réplique.
M. LEGER: M. le Président, en écoutant le
député des Iles-de-la-Madeleine et le député de
Saint-Jean démontrer...
M. TETLEY: Permettez-moi. Je voudrais noter, pour l'enregistrement des
Débats, que le député de Maisonneuve m'a refusé un
droit de réplique à son discours.
M. BURNS: Vous n'avez pas un droit de réplique, c'est la motion
du député de Lafontaine. Voyons donc ! Lisez donc votre
règlement.
M. TETLEY: Avec le consentement unanime. Je suis certain que mes
collègues gouvernementaux...
DES VOIX: Oui.
M. TETLEY: Etes-vous consentants?
DES VOIX: Oui, oui.
M. BURNS: Ce n'est pas un droit de réplique que vous avez. Si
vous voulez intervenir de nouveau, je...
M. TETLEY: Est-ce que vous me donnez le droit de répondre
à vos quelques paroles?
M. LEGER: Je n'ai pas d'objection, moi.
M. BURNS: Moi, je n'ai pas d'objection non plus, mais ne me parlez pas
de droit de réplique. Le droit de réplique appartient au
député de Lafontaine.
M. TETLEY: J'ai dit: Un droit de réplique au député
de Maisonneuve.
M. BURNS: Ah! c'est bien différent, ça. M. TETLEY: Vous ne
m'avez pas laissé...
M. BURNS: Le droit de réplique, vous savez, dans notre
règlement, ç'a du sens. Cela veut dire que ça clôt
le débat.
M. TETLEY: Bien oui.
M. BURNS: Le droit de réplique appartient, tout simplement, au
député de Lafontaine.
M. TETLEY: Merci, professeur.
M. BURNS: Oui, ça va vous aider, je vais vous en donner des cours
le soir, si vous voulez.
M. TETLEY: Je n'avais même pas terminé ma phrase, lorsque
vous êtes intervenu avec une grande impolitesse.
M. BURNS : Grande impolitesse. Combien de fois m'avez-vous interrompu,
avant que je commence à parler? C'est vous qui parlez d'impolitesse,
actuellement? Vous me faites suer.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! Je demande aux membres de la
commission de s'en tenir aux discussions...
M. BURNS: Vous savez ce que je veux dire quand je vous dis que vous me
faites suer.
M. TETLEY: I do not understand it and I think I will not reply in any
event. I do not really, perhaps it is better that I do not. Sometimes I do not
read the newspapers for that very reason.
Mr. President, I intend to reply in English. The argument of the Parti
québécois and of the Member of Maisonneuve reminds me of the Red
Queen in the story of Alice in Wonderland. There was a trial in that story and
Alice had to go on trial. The red Queen was the judge and was also the jury and
she was also the Crown prosecutor, and the said : Now, we will start the trial.
We wiD begin with the sentence: "Off with her head". We will start with the
sentence and, afterwards, we will have the trial. Il y avait la sentence, le
jugement et, après, le procès. That is the procedure of the Parti
québécois. They have decided three years ago what they were going
to do and they rendered their judgment, off with the heads of the lawyers, off
with the heads of the brokers. Finish and nationalize the companies as the
Member of Lafontaine said. We are going to do everything and then we will have
the hearing. And then they came to the hearing here and the Member of
Lafontaine sat four weeks without raising this question. Remember that, he only
raised the question of the inutility of hearing the CSN and the Bar at the very
last minute after we had hearings in October. It was only in November that he
raised it.
M. BURNS: But I told you why on that. M. TETLEY: I do not know why.
M. BURNS: You do not understand or you were not listening, that is
all.
M. TETLEY: For four weeks he did not raise it, he asked some intelligent
and pertinent questions. As a matter of fact his questions have been good even
in the last weeks. Even after he raised the question of why we should continue
and why should not we have the sentence and the judgment first, he has raised
good questions.
M. le Président, je crois qu'il faut le jugement et la sentence
à la fin. C'est la raison, c'est tout. Merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais parler de quatre points
pour répondre à des arguments présentés et par le
ministre, qui vient de nous en donner, et les députés des
Iles-de-la-Madeleine et de Saint-Jean.
Les députés des Iles-de-la-Madeleine et de Saint-Jean,
à mesure qu'ils avançaient dans leur argumentation,
démontraient le contraire de ce qu'ils affirmaient. M. le
Président, entre autres le député des Iles-de-la-Madeleine
parlait de la démocratie qui permet d'entendre tous ceux qui ont quelque
chose à dire.
Cet argument, il nous le servait aujourd'hui alors que dans le temps du
bill 22, votre gouvernement a arrêté en plein milieu des
mémoires de groupes qui venaient s'exprimer.
Et le député de Saint-Jean a dit: Bien, c'est parce que
dans le temps du bill 22, les gens venaient, comme la CEQ et des associations
à l'intérieur de la CEQ, pour donner leur point de vue. Je ne
sais pas si le député de Saint-Jean est au courant, mais depuis
le commencement de l'audition des différents groupes, on a vu des
groupes venir deux ou trois fois à l'intérieur d'autres groupes.
Je donne un exemple. Les compagnies d'assurance sont venues individuellement,
comme les Prévoyants, comme les différentes autres compagnies, je
pense à la Sécurité, au groupe Commerce, aux Lloyd's. Les
Prévoyants eux-mêmes sont venus à l'intérieur
d'autres groupes, comme l'Association des assureurs du Québec, le
Conseil du patronat, comme membres des chambres de commerce. On les a vus
à ces différentes occasions.
Donc, les gens sont revenus deux ou trois fois. Ils ont eu l'occasion de
faire exprimer leur point de vue par le groupe dans lequel ils étaient.
Ils sont revenus individuellement par la suite. Je n'ai pas d'objection de
principe là-dessus. Mais on l'a refusé, et c'est l'argumentation
du député de Saint-Jean, pour le bill 22. A ce moment-ci, on
l'accepte. C'est le premier exemple de l'illogisme de ce qu'affirment les
députés de Saint-Jean et des Iles-de-la-Madeleine.
Bien plus que ça, les courtiers qui sont venus individuellement
sont venus dans le groupe de l'Association des courtiers et ils sont revenus
dans la Fédération des courtiers d'assurance. Les avocats vont
venir pour le Barreau, et ils vont venir pour l'Association des avocats. Il y a
différents groupes qui reviennent. Une chose que je voudrais faire
remarquer bien précisément, c'est que nous aussi, dans notre
parti, nous avons des avocats, nous avons des courtiers. Ceux-là sont
venus nous dire qu'ils voyaient d'abord l'intérêt des
Québécois, qu'eux-mêmes auraient peut-être à
subir une certaine perte à l'intérieur de tout ce régime,
mais qu'ils concevaient que l'intérêt premier que le
législateur devait voir d'abord, c'était l'intérêt
des assurés, l'intérêt des consomma- teurs,
l'intérêt des citoyens, et celui des intermédiaires
uniquement si cela ne dérangeait pas l'intérêt
général. Il faut faire une différence entre les
intérêts particuliers à protéger et
l'intérêt de toute la populaion.
Nos avocats, nos courtiers, dans nos comtés et dans nos
organismes, sont directement impliqués là-dedans. Ils nous ont
fait savoir qu'ils trouvaient que, malheureusement, ils auraient
peut-être quelque chose à perdre là-dedans, mais que
justement parce qu'il y a une réforme à faire dans une
situation...
M. BERTHIAUME: Des courtiers vous ont dit ça?
M. LEGER: Oui, M. le Président. M. BERTHIAUME: Des courtiers?
M. LEGER: Des courtiers membres de notre parti, qui étaient au
congrès.
M. BERTHIAUME: Cela est intéressant.
M. LEGER: Ces courtiers pensent d'abord à l'intérêt
des Québécois parce que c'est la philosophie que prône le
Parti québécois. L'intérêt des
Québécois d'abord et non pas des intérêts
particuliers en premier.
Alors, en plus de ça...
M. MARCHAND: M. le Président... LE PRESIDENT (M. Pilote): A
l'ordre!
M. MARCHAND: ... est-ce que le député de Lafontaine me
permettrait une question?
M. LEGER: Est-ce que j'ai la parole?
M. MARCHAND: Je vous demande, M. le député de Lafontaine,
si vous me permettez une question.
M. LEGER: Certainement, M. le député de Laurier.
M. MARCHAND: Est-ce qu'il y a un des courtiers, dont vous parlez, qui
s'est levé à une commission parlementaire pour dire cela, ce que
vous venez d'affirmer?
M. LEGER: Est-ce que les courtiers ont été invités
individuellement?
M. MARCHAND: Est-ce qu'il y a un des courtiers...
M. LEGER: Je vous demande cela: Est-ce que les courtiers pouvaient venir
individuellement? Ils étaient représentés par leur
groupe.
M. MARCHAND: On n'a refusé aucun groupement.
M. LEGER: Est-ce une question ou une information? Je vous ai
répondu: Les courtiers ont été représentés
par leur association...
M. MARCHAND: D'accord.
M. LEGER: ... mais individuellement, ils faisaient partie de partis
politiques différents. Même des avocats nous ont dit: On va
peut-être perdre un peu de causes là-dedans. C'est sûr. Mais
est-ce que ce n'est pas l'intérêt des Québécois qui
prime d'abord?
Un autre point, M. le Président. Le député de
Saint-Jean a parlé de la démocratie de son parti, où les
associations de comtés présentaient des résolutions. M. le
Président, on va bien plus loin qu'eux autres. Nous avons, nous autres,
des comtés qui se réunissent, présentent des propositions
à leur comté, qui sont votées dans des assemblées
dûment convoquées. Par la suite, ces résolutions sont
revues en régions. Alors les régions se regroupent une
deuxième fois, M. le Président, pour étudier les
résolutions de comtés. Par la suite, cela va au conseil
national.
M. le Président, le congrès national du parti a
préparé des résolutions, depuis quatre ou cinq ans. Ces
résolutions étaient déjà là, concernant la
responsabilité sans faute et l'assurance obligatoire universelle. Cela y
était depuis trois ans. C'est donc dire que nous avions, dans notre
parti, des membres suffisamment impliqués qui pensaient et qui
repensaient régulièrement. C'est un parti de penseurs. On voit
que le Parti libéral, lui, a beaucoup plus d'intérêt
à remplir des panses p-a-n-s-e-s que de s'occuper de
penser à l'intérêt des Québécois! Il y a une
différence entre penser p-e-n et la panse p-a-n-s-e
M. le Président.
C'est pour cela que je pense qu'au niveau de la démocratie, on
n'a aucune leçon à recevoir du Parti libéral. C'est la
raison pour laquelle la motion que nous présentons demande qu'on fasse
rapport, parce que les travaux, actuellement, sont une injure aux organismes
invités. La preuve, c'est que ce matin, un des organismes les plus
intéressés au niveau des consommateurs et des assurés, les
ACEF, dénoncent la procédure et exigent un projet de loi. Elles
ne viendront même pas, les ACEF, M. le Président, parce qu'elles
savent qu'elles le font inutilement.
Ce qu'elles veulent, les ACEF, M. le Président, c'est venir
à une commission parlementaire pour discuter...
M. BELLEMARE (Rosemont): Est-ce...
M. LEGER: ... du choix du gouvernement. Quel est le choix politique?
Est-ce que le ministre va se baigner, est-ce qu'il va être capable de se
mouiller et nous dire quelle est la proposition que le gouvernement met de
l'avant?
La quatrième argumentation, qui est celle du ministre,
tantôt, qui nous sortait je pense qu'il parlait d'Alice au pays
des merveilles que le juge voulait écouter les parties avant. Il
a parlé d'Alice, tantôt.
M. BELLEMARE (Rosemont): ...
M. LEGER: Je ne sais pas, il a dit cela dans une langue rapide, dont il
use quand il est à bout d'arguments. Il nous parle en anglais, parce
qu'il n'a plus d'arguments en français.
Contrairement à ce qu'il vient de dire et à cause
justement de tout le dédale qu'a suivi cette commission parlementaire,
on a vu que le gouvernement avait évité de se mouiller au
départ. On se demandait pourquoi. On a dit: On va voir ce que le rapport
Gauvin nous présente; nous avons des questions à poser
là-dessus. Nous attendions, en cours de route, que le gouvernement
dépose quelque chose. Il ne l'a pas fait. Après ça, on a
vu que le caucus libéral était divisé là-dessus et
je l'ai dit au ministre, nous l'avons dit ici en commission parlementaire, et
le ministre a dit non.
Par la suite, on a vu le "lobby" qui s'est fait dans les coulisses.
C'était "where the action is", c'était la place où
ça travaillait beaucoup plus qu'ici...
M. BELLEMARE (Rosemont): II n'a plus d'arguments, il parle en
anglais.
M. LEGER: ... parce qu'ici on ne travaillait que sur une fausse piste et
le gouvernement avec... Pardon?
M. TETLEY: II a dit que vous manquez d'arguments, vous parlez
anglais.
M. LEGER: Je voulais être certain que vous compreniez l'argument
que je présentais, parce que vous n'avez pas saisi l'argument du
député de Maisonneuve tantôt.
M. le Président, pour les organismes qui viennent, c'est
exactement le contraire de la métaphore que le ministre nous a
présentée tantôt: le gouvernement a déjà
jugé puisqu'il veut enterrer le rapport Gauvin. Son parti l'a
proposé en fin de semaine et cela a été rejeté par
les militants en grande majorité.
C'est donc dire qu'on refuse le principe même du rapport Gauvin,
le principe premier, la principale raison d'être du rapport Gauvin qui
est la réforme complète en enlevant la faute pour s'attarder
beaucoup plus à donner une assurance de remboursement à ceux qui
doivent être indemnisés. C'est ça le grand principe. Dans
la vie d'aujourd'hui, l'automobile est un risque normal que nous devons
accepter. En acceptant que c'est un risque social, l'automobile, on doit
dédommager ceux qui en subissent les conséquences; c'est
ça le principe de base.
Mais le gouvernement a déjà jugé. Un juge ne doit
pas écouter les parties quand il a déjà pris sa
décision.
Je termine en disant au ministre: Est-ce que
le gouvernement va suivre la recommandation de son parti? Si oui, on n'a
plus rien à faire ici. Sinon, qu'il nous le dise pour que la commission
sache dans quelle direction elle s'en va et que nous puissions parler sur un
sujet précis de décision politique et non pas permettre, comme je
le disais tantôt, de déchiqueter le rapport Gauvin pour qu'il soit
mis de côté et qu'il n'y ait aucune réforme de
l'assurance-automobile au Québec.
Je pense que le gouvernement se doit non pas de favoriser des
intermédiaires, des gens qui ont des intérêts à
protéger, mais, d'abord et avant tout, de protéger les
intérêts des assurés, des citoyens, des consommateurs et
des électeurs.
M. VEILLEUX: Je pourrais me prévaloir de l'article 96 du
règlement, M. le Président, pour rétablir des faits, mais
mes collègues sont convaincus que ça ne donne rien ; nous sommes
prêts à voter.
DES VOIX: Vote!
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors, nous allons procéder, si vous
permettez, au vote...
M. BURNS: Peu importe les arguments, M. le Président, ils vont
voter contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... de la motion qui a été
présentée...
M. LEGER: Un parti qui ne pense plus.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre!
M. LEGER: Un parti qui ne pense plus.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! ... par le député de
Lafontaine et qui se lit comme suit: Que la commission fasse rapport à
la fin de la présente séance. Je vais appeler les
députés qui se prononceront pour ou contre cette motion.
M. Assad (Papineau)? M. Boudreault (Bourget)?
M. BOUDREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Bellemare (Johnson)? M. Bonnier
(Taschereau)?
M. BONNIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Burns (Maisonneuve)?
M. BURNS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Chagnon (Lévis)?
M. CHAGNON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Bellemare (Rosemont)?
M. BELLEMARE (Rosemont): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Harvey (Dubuc)?
M. HARVEY (Dubuc): Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Léger (Lafontaine)?
M. LEGER: Pour, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Marchand (Laurier)?
M. MARCHAND: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Cornellier (Saint-Hyacinthe)?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Roy (Beauce-Sud), absent. M. Tetley
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. TETLEY: Contre, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Tremblay (D'Iberville)?
M. TREMBLAY: Contre.
UNE VOIX: Je crois bien qu'on...
M. LEGER: A moins qu'il y ait recomptage.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La motion est rejetée par neuf voix
contre deux. La commission ajourne ses travaux à...
M. TETLEY: Je voudrais noter que l'ACEF n'a pas déposé de
mémoire, même en septembre, octobre ou novembre, et on a
téléphoné pour dire que cette association ne voulait pas
venir. La CSN veut venir et regrette son absence jeudi à cause de la
tempête et, ce matin, à cause du fait, apparemment, que le
président arrivait et avait certains problèmes. Elle voulait
même venir cet après-midi. J'ai dit au secrétaire des
commissions qu'il serait peut-être impossible, sinon sûrement
impossible de procéder cet après-midi vu les travaux de la
Chambre. Donc, je propose l'ajournement sine die de la commission. Pardon !
jusqu'à jeudi prochain.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Jusqu'à jeudi, 10 h 30?
M. TETLEY: 10 h 30.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission ajourne ses travaux à
jeudi, 10 h 30.
(Fin de la séance à 12 h 43)