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Commission permanente des institutions
financières
compagnies et coopératives
Etude du rapport Gauvin
Séance du jeudi 28 novembre 1974
(Dix heures trente cinq minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente des institutions
financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
La commission parlementaire des institutions financières,
compagnies et coopératives se réunit ce matin pour continuer
d'entendre les mémoires qui lui sont présentés sur
l'assurance-automobile, le rapport Gauvin.
Sont membres de la commission, M. Mercier (Bellechasse) qui remplace M.
Assad (Papineau); M. Beauregard (Gouin); M. Bellemare (Johnson); M. Bonnier
(Taschereau); M. Burns (Maisonneuve) est remplacé, je crois, par M.
Bédard (Chicoutimi); M. Chagnon (Lévis); M. Harvey
(Charlesbourg); M. Harvey (Dubuc); M. Léger (Lafontaine); M. Marchand
(Laurier); M. Picotte (Maskinongé); M. Roy (Beauce-Sud); M. Tetley
(Notre-Dame-de-Grâce) et M. Tremblay (Iberville).
Ce matin, nous allons entendre le mémoire qui nous sera
présenté par le Club automobile du Québec, dont le
porte-parole est Mme Monique B. Tardif. J'inviterais Mme Tardif à
présenter ceux qui l'accompagnent.
Club Automobile du Québec
M. DUFRESNB (Claude): Disons que je vais faire l'introduction comme
président du club et Mme Tardif va ensuite présenter les vues du
club. Je voudrais d'abord remercier les membres de la commission de nous donner
l'occasion de nous entendre. Je voudrais aussi présenter les gens qui
sont avec moi, Mme Tardif représente notre service de protection du
consommateur automobiliste; à ma gauche, M. Edouard Paul, qui
représente l'Association canadienne des automobilistes qui est, en
somme, la Fédération des clubs automobiles du Canada.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je voudrais vous rappeler que vous avez 20
minutes pour présenter votre mémoire. Le ministre a 20 minutes
pour vous poser des questions. Les partis de l'Opposition ont 20 minutes pour
poser des questions. Les députés libéraux ont 20 minutes
pour poser des questions. Merci.
M. DUFRESNE: A gauche de M. Paul, M. Marc Turcot, qui est
vice-président à l'exécutif du Touring Club
Montréal, qui est notre contrepartie dans la région de
Montréal. Messieurs les membres de la commission, comme nous le disons
dans notre mémoire, le Club automobile est un organisme sans but
lucratif, dont une des raisons d'être est de protéger et de
défendre l'automobiliste. C'est à ce titre que nous sommes devant
vous ce matin. Nous nous réjouissons de constater que le comité
Gauvin insiste sur l'insuffisance notoire des efforts qui sont faits au
Québec en matière de prévention des accidents routiers,
sur la confusion que créent les lois, règlements et
décrets de trois niveaux de gouvernement où les juridictions se
chevauchent et sur les lacunes de la législation à l'égard
de la sécurité routière en général. Le club
approuve les recommandations du comité quant à la
sécurité routière, particulièrement celle d'imposer
le port obligatoire de la ceinture, et celle de la création d'un corps
policier exclusivement consacré à la surveillance
routière.
Quant au système de points de démérite, le club
avait déjà suggéré plusieurs modifications, il y a
plus d'un an, particulièrement, à propos de la conduite d'un
véhicule en mauvais état, à laquelle fait allusion le
rapport, à la page 85, et il est d'accord sur l'idée que les
lacunes de la surveillance routière compromettent l'efficacité de
ce système.
Opposé au principe de l'amende pour les infractions aux lois de
la circulation, parce que ces amendes sont au détriment des moins bien
nantis, le club suggère quand même, si elles sont maintenues,
qu'elles servent en partie à financer le Conseil de
sécurité routière proposé par le comité
Gauvin, parce qu'il est plus normal que ceux qui commettent des infractions
assument le coût des efforts qui sont faits pour rendre les routes plus
sûres.
Le reste des fonds nécessaires sera fourni par le biais des
primes d'assurance, comme proposé par le rapport Gauvin.
Le Club automobile du Québec approuve enfin les recommandations
visant à améliorer la qualité de l'enseignement dans les
écoles de conduite, à établir une meilleure classification
des permis de conduire et à assurer des épreuves plus
adéquates, de la part du Bureau des véhicules automobiles, en vue
de l'obtention des permis de conduire.
Au sujet de l'assurance-automobile, le club approuve le régime
d'assurance sans égard à la responsabilité, tel que
proposé par le comité Gauvin, mais il souhaite une étude
plus approfondie du droit d'appel. Ce droit d'appel de la décision de
l'assureur par l'assuré quant au droit d'indemnisation ou quant au
montant de l'indemnisation, quant à la fixation de la perte
économique ou des autres pertes, quant au paiement forfaitaire au lieu
de la rente hebdomadaire, quant aux indemnités pour mutilation,
défiguration, souffrances, douleurs ou pertes de jouissance de la vie,
ce droit d'appel, dis-je, occasionnerait moins de délai et de frais s'il
relevait d'une commission créée à cet effet, ou d'un
comité d'arbitrage plutôt que du tribunal compétent.
Le seul recours au tribunal devrait être celui pour les dommages
matériels causés au véhicule automobile, à son
contenu ou à sa perte
d'usage, contre la personne qui a causé intentionnellement des
dommages ou contre le garagiste ou le propriétaire d'un terrain de
stationnement qui a la garde temporaire du véhicule contre
rémunération.
Le Club automobile, à la suite du mémoire
déposé le 10 septembre dernier, a pensé ajouter quelques
précisions à la lumière des opinions qui ont
été présentées devant vous depuis ce temps.
Je demanderais maintenant à Mme Tardif de vous faire part de ces
révisions.
MME TARDIF (Monique): En annexe au mémoire que nous
déposions devant votre commission, le 10 septembre, nous aimerions,
aujourd'hui, apporter quelques précisions sur certains aspects de ce
mémoire, en tenant compte des diverses opinions qui ont
été émises devant vous depuis lors.
A titre d'organisme dont une des principales raisons d'être est la
sécurité routière, nous vous avouerons un peu notre
surprise devant l'appui généralisé et enthousiaste
même que reçoit la partie du rapport Gauvin qui a trait,
justement, à la sécurité routière. Cela nous
apparaît un peu paradoxal, dans une province où, justement, l'on
se préoccupe moins qu'ailleurs de sécurité
routière, et où on est probablement le plus réfractaire au
port de la ceinture de sécurité.
Il nous apparaît un peu insolite que ce soit le besoin de
réduire les primes d'assurance qui nous rende, soudainement,
collectivement conscients des dangers de la route.
Nous ne voudrions pas que la sécurité routière
serve seulement de compromis facile pour rallier toutes les opinions. Il n'est
pas sûr qu'une réduction des accidents de la route se traduise
nécessairement par une baisse des primes d'assurance, pas plus que ne le
ferait nécessairement l'étatisation, une fois en pratique.
Nous appuyons, dans l'ensemble, toutes les recommandations qui ont trait
à la sécurité routière et, en particulier, celle
qui rendrait obligatoire le port de la ceinture de sécurité.
A l'appui de cette recommandation, nous tenons à votre
disposition certains documents sur le port de la ceinture,
présenté lors du douzième symposium international sur le
génie en circulation et la sécurité routière, tenu
à Belgrade du 1er au 7 septembre 1974.
Nous croyons que cette mesure est la plus utile, la plus logique et la
plus facile à réaliser de toutes celles qui sont
préconisées dans le rapport.
Nous sommes également en faveur de la formation d'un conseil de
sécurité routière nanti de tous les pouvoirs et moyens
nécessaires à une action utile et rapide.
Nous préconisons une loi du bon samaritain, l'inspection
obligatoire des véhicules, en commençant par les véhicules
d'occasion, l'enseignement obligatoire de la conduite automobile et un
contrôle plus sévère des auto-écoles existantes et
de l'enseignement qu'on y dispense.
Nous ne voudrions pas passer sous silence, toutefois, un
élément, à notre avis, très important au plan de la
prévention routière, soit le rôle des fabricants
d'automobiles. Bien qu'il s'agisse ici d'une juridiction
fédérale, l'on ne peut ignorer quand même la liberté
qu'ont ces derniers de construire des bolides qui peuvent atteindre des
vitesses exagérées que seules, à la rigueur, les
autoroutes peuvent autoriser. L'on réglemente de plus en plus sa
fabrication, mais on n'a encore rien fait contre son organe le plus dangereux,
la pédale d'accélérateur. Il nous apparaît illogique
qu'on mette une arme aussi dangereuse dans les mains de n'importe quel
conducteur.
Cette situation rend encore plus impérieuse une application plus
rigide des lois routières et, en particulier, une limitation de la
vitesse permise, en vertu du principe que la liberté d'un individu se
termine où commence celle de l'autre.
Il est paradoxal que ce soit la crise du pétrole qui ait fait
réaliser aux autorités qu'une limitation de la vitesse pouvait
entraîner une réduction des accidents.
Pour ce qui est du Québec, on devrait d'abord commencer par faire
respecter les limites déjà existantes, ce qui constituerait, dans
bien des cas, une réduction majeure de la vitesse actuelle et un
progrès sensible sur le plan de la sécurité
routière. Il faudrait également s'assurer que les limitations
imposées respectent la logique pour en rendre ainsi l'acceptation et le
respect plus facile pour l'automobiliste.
Nous suggérons aussi que, à l'instar d'autres pays,
l'utilisation de l'ivressomètre soit intensifiée et que les corps
policiers soient autorisés à effectuer des tests au hasard de
sorte que chaque automobiliste ait constamment la crainte de se faire
intercepter s'il a consommé des boissons alcooliques avant de prendre le
volant.
Il faut que nous sentions sur nos routes une surveillance latente mais
toujours prête à se manifester comme nous le ressentons sur les
routes de l'Ontario, des autres provinces et des Etats-Unis. Pour ce faire, il
faut, comme le recommande le rapport Gauvin, mettre sur pied un corps policier
exclusivement consacré à la surveillance routière.
Nous réitérons notre appui à un régime
d'assurance sans égard à la responsabilité qui nous
apparaît répondre le mieux à un besoin social. Nous le
recommandons parce qu'il nous apparaît être le meilleur moyen de
réduire les frais de règlement des sinistres,
d'accélérer le paiement des indemnités et de
réduire l'encombrement des cours de justice. Nous partageons l'opinion
du comité Gauvin sur la difficulté et l'arbitraire du partage des
responsabilités et de la fixation du montant des indemnisations. Comme
elle, nous jugeons que la notion de faute est un critère arbitraire,
insatisfaisant et dépassé. Nous endossons cette conclusion du
rapport qui dit que le Québec n'est pas actuellement doté d'un
régime d'assurance contre les accidents d'automobiles qui couvre
adéquate-
ment la population contre cette perte économique. Nous nous
élevons depuis longtemps contre le fait que le fonds d'indemnisation ne
soit alimenté que par les assurés.
Enfin, aux deux solutions globales proposées par la commission
Gauvin, nous aimerions en ajouter une troisième, celle d'étudier
la possibilité de créer une société d'Etat
concurrentielle. Il nous apparaîtrait nécessaire que l'Etat fasse
ses preuves dans un régime ainsi constitué. Ce régime
mixte permettrait aux conseillers en assurance de jouer pleinement leur
rôle et la concurrence ainsi créée entre l'Etat et
l'entreprise privée pourrait le mieux, croyons-nous, répondre aux
exigences d'économie et d'efficacité dans le service que
recherche le consommateur automobiliste.
Enfin, nous déposons en annexe les résultats d'un sondage
effectué auprès de 200 de nos membres et un autre qu'a fait
l'Association des automobilistes de la Colombie-Britannique, organisme
similaire au nôtre. En conclusion, nous considérons le rapport
Gauvin comme un point tournant dans l'histoire de l'automobile au Québec
et nous endossons dans l'ensemble ses recommandations.
M. DUFRESNE: J'aimerais ajouter deux...
M. LEGER: Ce document dont vous parlez en annexe, est-ce que vous l'avez
distribué jusqu'à maintenant? Est-ce que nous en avons une copie?
Dans la copie que j'ai, il n'y a pas de statistiques. Une deuxième
copie?
M. BERTHIAUME: Le député de Lafontaine ne serait plus
intéressé à poser de questions?
M. LEGER: Je voudrais savoir dans quelle direction on s'en va... Je n'ai
jamais dit cela, M. le Président. Je dois invoquer le règlement
pour faire réaliser au député, ministre d'Etat aux
Transports, que nous avons dit que la commission n'avait plus sa raison
d'être si les objectifs ne pouvaient pas être atteints.
Mais je n'ai pas dit que je ne respectais pas suffisamment les
invités pour, au moins, les écouter. Si, par hasard, il y a des
questions pour notre utilité, je ne pense pas que ça puisse
servir la commission, mais pour les députés, individuellement, je
pense qu'on peut poser des questions dans ce sens.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Ceci étant dit... M. BERTHIAUME: Un
vrai penseur.
M. DUFRESNE: Nous avons deux recommandations supplémentaires,
c'est-à-dire en même temps qu'on appliquerait une loi pour rendre
le port de la ceinture obligatoire, nous croyons qu'il serait essentiel que la
mesure soit accompagnée d'un programme d'éducation intensif par
les moyens qui, à notre avis, rejoignent le mieux l'automobiliste, soit
la radio, les panneaux-réclame et les émissions de
télévision pour enfants, de sorte que les enfants puissent
transmettre le message à leurs parents.
Deuxièmement, lorsqu'on parle d'une application plus rigoureuse
de la loi de l'ivressomètre, nous aimerions suggérer que les
vérifications au hasard puissent être faites le long de la route.
Par exemple, les policiers pourraient utiliser un petit ivressomètre
portatif, comme on le fait dans certains pays européens. Ainsi, celui
qui a pris seulement quelques consommations n'aurait pas à se rendre
à un poste de police pour faire la vérification complète,
elle pourrait avoir lieu à l'endroit même où
l'automobiliste aurait été intercepté par le policier.
Cela termine notre présentation, messieurs les membres de la
commission.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Vous me permettez d'indiquer le remplacement
suivant, parmi les membres de la commission: M. Berthiaume remplace M. Harvey
(Charlesbourg). La parole est au ministre des Institutions
financières.
M. LEGER: C'est une amélioration.
M. TETLEY: Madame, messieurs, je vous remercie de votre présence,
de vos multiples mémoires et les annexes, qui montrent votre
intérêt et celui de vos membres à ce sujet. Le Club
automobile de Québec est un organisme sans but lucratif voué
à la défense, à la protection et à
l'éducation des usagers de la route. Je vous félicite de vos
trois buts très importants. Je ne peux que les appuyer, je crois que je
dois adopter moi-même ces buts parmi bien d'autres, probablement.
Vous avez dans tout le Québec 65,000 membres. Dans vos
mémoires, vous avez adopté certaines positions importantes
concernant l'assurance-automobile. Cela est clair.
En préparant vos mémoires, avez-vous eu l'occasion et le
temps de consulter tous ces membres ou avez-vous consulté tout
simplement quelques membres, ou l'exécutif? Pour-riez-vous
décrire la consultation?
M. DUFRESNE: Nos travaux se sont effectués sous la forme d'un
comité parmi la direction et le personnel du club. Les membres n'ont pas
été consultés sur cette prise de position, sauf par un
sondage dans la revue du club, qui est en annexe d'ailleurs, dans laquelle on
posait quelques questions, mais qui n'est pas un sondage scientifique; c'est
tout simplement une invitation aux membres de répondre au questionnaire
qui apparaissait dans la revue du club.
M. TETLEY: Parfait. Ma deuxième question est la suivante. Au
sujet de la sécurité routière, vous avez appuyé les
recommandations du comité Gauvin, celles des numéros 1 à
36. Pour ce qui concerne la recommandation au sujet de la ceinture de
sécurité, savoir que les citoyens du Québec soient
obligés de porter une ceinture
de sécurité, je suis personnellement de votre avis
également. Mais croyez-vous que vos 65,000 membres sont prêts
à accepter une telle exigence? J'ai parlé à
différents groupements et, chaque fois que je fais un sondage dans une
salle où il y a un auditoire, il y a un pourcentage assez remarquable
quelquefois qui est contre pour certaines raisons.
M. DUFRESNE: Je vais demander à Mme Tardif de vous
répondre. Nous avions fait un sondage également à ce
sujet-là.
MME TARDIF: Pour le port de la ceinture de sécurité, on
avait fait un sondage auprès des membres du club. La proportion d'hommes
et de femmes en faveur d'une loi est à peu près la même. 64
p.c. étaient en faveur d'une loi obligeant le port de la ceinture de
sécurité. Chez les hommes, peu importe l'âge,
c'était assez constant comme moyenne. Chez les femmes, plus l'âge
augmentait, plus la proportion diminuait pour tomber à zéro
à un certain niveau.
Mais de façon générale, on est quand même
arrivé à 64 p.c...
M. TETLEY: Pourriez-vous expliquer ce fait, madame? Je suis
bouleversé par ce fait.
MME TARDIF: Je pense que plus on est jeune, plus on est prêt
à accepter des choses qui peuvent nous aider.
M. TETLEY: Mais les femmes?
MME TARDIF: Les femmes, peut-être qu'elles vieillissent plus
vite.
M. DUFRESNE: M. le Président, permettez-moi d'ajouter qu'on a
quelques lettres de membres qui se sont opposés à cette prise de
position que nous avons manifestée il y a déjà
passablement de temps, très peu, peut-être à trois, quatre
ou cinq... Vous allez me dire que ce n'est peut-être pas
représentatif, mais permettez-moi de vous donner une impression, c'est
que le Québécois a besoin d'être régi par des lois
et je pense qu'il y a beaucoup de Québécois qui sont prêts
à respecter les lois si on leur donne une petite poussée ou si on
sent que... Je ne le sais pas, mais je vais vous donner mon exemple.
Je roule très vite sur les routes et je souhaiterais qu'on
m'intercepte plus souvent. J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de
Québécois qui sont comme cela, qui sont prêts à
faire, par exemple, comme...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le message est fait à la
Sûreté du Québec.
M. LEGER: Est-ce que vous souhaiteriez qu'on vous intercepte plus que
trois fois?
M. DUFRESNE: Qu'est-ce que je souhaiterais?
M. LEGER: Qu'on vous intercepte plus que trois fois, cela fait douze
points.
M. DUFRESNE: Non, après deux fois, je serais plus prudent.
Ce que je veux dire par là, je pense qu'il y a une disposition de
la moyenne du public à obéir à des lois, si on sent que
ces lois sont mises en application. A l'heure actuelle, on ne sent pas cette
surveillance qu'on sent, par exemple, à Ottawa. En prenant la route 17,
vous devenez conscients que vous êtes en Ontario et que la police est
sujette à se manifester, ce que vous ne sentez pas au Québec.
Pardon !
M. TETLEY: Troisième question, je voudrais dire en passant que
très prochainement, je souhaite faire adopter une loi concernant la
ceinture de sécurité obligatoire. Vous êtes d'accord avec
les recommandations du rapport Gauvin au sujet de la sécurité
routière, mais vous n'avez pas parlé de la partie administrative,
c'est-à-dire des recommandations 37 à 59. Etes-vous d'accord, en
général, avec la partie administrative? Je ne parle pas de la
partie de l'indemnisation.
M. DUFRESNE: Vous parlez de la partie de l'assurance-automobile.
M. TETLEY: C'est cela, l'administration du système.
M. DUFRESNE: Sur cette partie, comme nous ne sommes pas des
spécialistes, nous ne voulons pas toucher aux, ce que vous appelez en
anglais, "mechanisms of it". Nous nous sommes prononcés pour le principe
du "no fault". Quant à l'application des mesures, nous
considérons que cela ne fait pas partie de nos connaissances, si vous
voulez. Le message que nous voulons faire passer, c'est que nous croyons au
principe du "no fault" et que nous croyons aussi que le principe de la faute
doit être remis en question, parce qu'il nous paraît arbitraire et
dépassé.
Il est extrêmement difficile d'établir les
responsabilités à la suite d'un accident.
M. TETLEY: Je vous félicite, madame et monsieur, pour votre prise
de position.
Je crois que vous êtes le premier groupe à venir nous dire
que vous n'étiez pas expert dans une certaine partie du rapport Gauvin.
Je crois que c'est la première fois depuis deux mois de
témoignage. Vous avez parlé de votre appui presque sans limite,
sans condition, à l'assurance-automobile sans égard à la
responsabilité. Avez-vous consulté vos membres à ce sujet
par un sondage ou autrement?
M. DUFRESNE: En fait, c'est encore le même sondage qui est
attaché aux documents. C'est la seule consultation qu'on ait faite
auprès de nos membres.
M. TETLEY: Dans l'annexe, il y a une référence, mais
lorsque j'ai fait moi-même une consultation, il fallait presque livrer un
document de 15 à 20 pages expliquant ce qu'est l'assurance sans faute ou
expliquant ce que je comprenais ou le système que je prônais.
Donc, un sondage est assez dificile, je le sais. A la fin de votre
mémoire, vous avez parlé d'une troisième solution,
n'est-ce pas?
M. DUFRESNE: Oui.
M. TETLEY: Celle d'étudier la possibilité de créer
une société d'Etat concurrentielle. Avez-vous consulté vos
membres à ce sujet?
M. DUFRESNE: Oui, c'est encore le même sondage.
M. TETLEY: C'est le même sondage? M. DUFRESNE: Oui.
M. TETLEY: Pourriez-vous décrire un peu plus ce que vous
considérez comme une société d'Etat qui peut concurrencer
les compagnies actuelles sur place?
M. DUFRESNE: Ecoutez, nous n'avons pas fait de recherche pour savoir,
par exemple, quelle est l'expérience. Je sais qu'en Australie il existe
une société d'Etat, à Sydney entre autres. Je pense qu'il
y a d'autres pays également où il y a une société
concurrentielle d'Etat. Si nous avons soulevé cette possibilité,
c'est parce que nous ne croyons pas en l'étatisation comme étant
une solution globale satisfaisante. Nous sommes loin d'être convaincus
que cela se traduirait par une baisse des primes d'assurance.
Deuxièmement, je pense que la concurrence, dans la mesure où
c'est réalisable, permettrait, comme on le dit dans notre
mémoire, au jeu de la concurrence de se manifester, et permettrait aussi
à ceux qui agissent comme conseillers en assurance de faire la preuve
que leur rôle est essentiel et justifié. Cela permettrait aussi
peut-être à l'Etat de faire ses preuves dans la mesure où,
bien sûr, l'Etat jouerait avec les mêmes règles que
l'entreprise privée, de sorte que l'une agirait un peu comme un chien de
garde vis-à-vis de l'autre, alors que le rapport Gauvin suggère
deux extrêmes dans un sens, c'est l'un ou l'autre. C'est pour cela que
nous jugeons qu'au moins on devrait étudier la possibilité d'une
solution mitoyenne avant de se lancer dans une aventure dont on ne
connaît pas les conséquences.
M. TETLEY: Merci. Merci, madame, merci, messieurs.
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Avez-vous une question? Je ne sais pas
si...
M. BERTHIAUME: Je peux attendre après, cela ne me dérange
pas...
M. LEGER: J'ai seulement deux questions pour être dans l'ordre
normal, habituel: L'Opposition après le gouvernement.
UNE VOIX: D'accord!
M. LEGER: M. le Président, comme de raison, nous voulons
absolument raccourcir les débats, parce que, ce que nous voulons, c'est
que le gouvernement se prononce, et, comme nous savons qu'il peut avoir des
difficultés à se prononcer, nous savons que le ministre est
très coincé, il est divisé, déchiré entre ce
qu'il devrait faire, ce qu'il pourrait faire et ce que le parti va lui laisser
faire... Alors, ce sont trois positions, on a hâte de savoir les
résultats. C'est la raison pour laquelle nous allons raccourcir le plus
possible les travaux et ne poser que les questions qui nous semblent ressortir
d'éléments nouveaux dans les mémoires. Voici la
première question que j'aimerais vous poser: On me dit que le Club
automobile a des centres d'évaluation au Québec, mais je pense
que c'est une évaluation non pas de dommages, mais une évaluation
de la qualité ou de la valeur de fonctionnement d'une automobile. Est-ce
que c'est exact?
M. DUFRESNE: Nous avons deux centres de service où nous avons un
spécialiste qui fait l'analyse des voitures et des produits connexes,
qui fait des vérifications techniques, par exemple, pour savoir si une
voiture d'occasion doit être achetée par un membre, ou fait une
vérification avant l'expiration de la garantie et des choses du genre.
C'est un fait, et nous avons l'intention de donner de plus en plus d'expansion
à ce service, que nous appelons notre service technique et de protection
du consommateur.
M. LEGER: Pour un service comme celui-là, est-ce qu'il y a un
tarif fixe ou est-ce que cela dépend des circonstances?
M. DUFRESNE: Pour nos membres, nous leur demandons un tarif, le prix que
cela nous coûte, en fait. C'est le temps de l'expert, le coût du
service. Quant aux non-membres, on leur demande un tarif un peu plus
élevé. Mais le but n'est pas de faire de l'argent avec cela;
c'est de faire nos frais, si vous voulez.
M. LEGER: Pour les membres, cela peut coûter combien l'heure?
C'est à l'heure, je présume?
M. DUFRESNE: Je pense qu'une inspection
complète dure deux heures et c'est $15 pour les membres et $20
pour les non-membres.
M. LEGER: Bon! La deuxième question, M. le Président,
touche à l'affirmation que vous faites je ne sais pas dans lequel
des deux mémoires, le premier ou le deuxième mais vous
avez parlé tantôt du secteur témoin où l'Etat
pourrait être en concurrence avec l'entreprise privée.
Je voudrais que ce soit bien clair, parce que, très souvent... Je
voyais hier le député des Iles-de-la-Madeleine qui, comme
d'habitude, simplifie tout, parler d'étatisation, continuer ainsi:
Etes-vous pour ou contre? Je pense qu'il faut être très clair
là-dessus; c'est que l'étatisation... Il faut avoir le principe
suivant: L'étatisation, si nécessaire, mais pas
nécessairement l'étatisation. Autrement dit, si c'est un bien
essentiel, si c'est absolument la meilleure solution, il faut avoir le courage
de la faire, mais si l'entreprise privée peut très bien remplir
son rôle, je pense qu'il faut la laisser faire.
Dans cette optique, quand vous parlez d'un secteur témoin. C'est
une solution qui m'avait plu au début, parce que je pensais, comme vous,
que c'est peut-être une occasion d'obliger l'entreprise privée
à donner un meilleur rendement, puisque le secteur témoin du
gouvernement pourrait coûter moins cher. Elle devrait baisser ses prix
pour être capable de concurrencer, elle devrait aussi donner un meilleur
service pour être certaine que l'Etat ne fait pas mieux. Du
côté de l'Etat lui-même, il devra, parce qu'il sera un peu
meilleur marché, donner quand même le meilleur service possible,
pour être capable de concurrencer l'entreprise privée.
Mais il arrive quand même une objection, je pense, dont il faut
tenir compte et je voudrais avoir votre opinion là-dessus. C'est ma
dernière question.
Dans un secteur témoin, est-ce que vous ne craignez pas que tous
les mauvais risques soient dirigés et canalisés vers le secteur
du gouvernement?
M. DUFRESNE: Ceci est une question à laquelle on ne s'est pas
arrêté. Comme je le disais tout à l'heure, on
préconise l'idée. On n'a pas fait d'étude
particulière là-dessus. Je ne pourrais vraiment pas vous
répondre. Je ne sais pas si Mme Tardif a des opinions là-dessus,
ou quelqu'un d'autre, mais on ne s'est pas arrêté à cette
question. On a simplement émis la suggestion d'étudier cela
davantage, mais, quant aux implications, on ne pourrait pas vous donner
d'opinion valable.
M. LEGER: C'est la raison pour laquelle je vous posais la question, pour
avoir votre point de vue, puisque vous préconisez cela. Moi aussi, je
trouvais que c'était peut-être une étape vers une
amélioration, mais le danger que j'y voyais, c'était que les
mauvais risques soient dirigés vers l'Etat qui, lui, n'est pas là
pour faire des profits, tandis que l'entreprise privée est là
pour faire des profits et qu'elle refuserait tous les mauvais risques qui
seraient acheminés vers l'Etat qui, lui, devrait les assumer. On sait
que, quand l'Etat agit, c'est un peu plus lourd et qu'il faut
nécessairement faire des correctifs de l'intérieur. C'est
beaucoup plus dur que dans un domaine privé, où, par
lui-même, il y a des obligations de réforme continuelle et l'Etat
est là pour l'obliger à faire des corrections. Le problème
est là, je pense.
Mme Tardif, ne pouvez-vous pas nous donner votre opinion sur ce danger,
c'est-à-dire que les mauvais risques soient dirigés uniquement
sur le secteur témoin?
MME TARDIF: C'est sûrement un danger, mais cela pourrait
être aussi un avantage si l'action du BAC... Depuis que le BAC a
été formé, il s'est quand même fait, au niveau des
primes, de la tarification, une uniformité.
Si l'Etat offrait des primes différentes, peut-être que
cela forcerait l'entreprise privée à avoir plus de
diversité au niveau des primes et aussi à donner un meilleur
service. Parce que si les gens paient moins cher au gouvernement, s'ils ont
moins de services, ils vont peut-être être intéressés
à retourner à l'entreprise privée. Ils ont donc le choix,
entre peut-être payer moins cher de prime, et avoir moins de services, et
payer un peu plus cher, et avoir plus de services.
Alors, cela forcerait peut-être, des deux côtés,
à en venir à une concurrence qui serait...
M. LEGER: D'accord. Vous êtes quand même au courant que, si
l'assurance était étatisée, on n'épargnerait que 3
p.c. alors que la réforme globale doit tenir compte d'une réforme
de la mise en marché. C'est-à-dire que cela atteint les
courtiers, la sélection des risques aussi amène un meilleur
rendement et aussi le règlement des sinistres où il devrait y
avoir des corrections. C'est beaucoup plus dans la réforme globale de la
philosophie de l'assurance-automobile que dans un rabais, au point de vue
financier. Car l'aspect de l'étatisation n'amène que 3 p.c,
alors...
MME TARDIF: Je suis d'accord, mais quand vous percevez moins de primes,
vous êtes obligés de diminuer vos coûts au niveau de
l'administration. Alors, si les primes baissent, nécessairement, vous
allez être obligés de faire quelque chose.
M. LEGER: D'accord. Je vous remercie, Mme Tardif. J'ai terminé,
M. le Président, pour raccourcir les travaux.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans le résumé du mémoire
que vous avez présenté, je suis d'accord avec vous que les
insuffisances sont notoires en matière de sécurité
routière et qu'il y aurait lieu d'appliquer la partie du rapport
Gauvin concernant la sécurité routière le plus
tôt possible, sans la conditionner à l'acceptation de l'autre
partie concernant le régime d'assurance.
D'ailleurs, je trouve que vous être très réaliste
quand vous dites, au sujet du régime d'assurance, pour employer votre
expression, que les palabres, les discussions risquent de durer
longtemps...
D'ailleurs, comme le disait mon confrère de Lafontaine, le
congrès libéral nous a donné un avant-goût de
l'accouchement difficile qu'il peut y avoir dans ce domaine.
Pour ce qui concerne l'autre recommandation que vous faites, à
savoir que le conseil de sécurité soit financé en
même temps par un pourcentage des primes et également c'est
ce que vous dites en partie par des amendes imposées,
là-dessus, j'ai des réticences, des réserves; en ce sens
qu'en termes de critères de justice objective, jusqu'à quel point
trouvez-vous, même si c'est seulement en partie, qu'il serait à
propos de conditionner d'une certaine façon, peut-être pas la
survie, mais une partie du financement d'un tel conseil de
sécurité par des amendes qui seraient imposées? Cela peut
receler un danger. C'est un peu comme si les cours de justice ou les
traitements des juges ou des fonctionnaires, ou encore, la justice
elle-même serait conditionnée dans son existence par le montant
des amendes ou le nombre des infractions qui pourrait être
signalé.
Ne trouvez-vous pas qu'il y a un danger de conflits en termes de
critères objectifs, du point de vue justice, de conditionner
partiellement le financement d'un tel conseil de sécurité aux
amendes imposées par ceux qui commettent des infractions?
M. DUFRESNE: En fait, là encore, c'est une suggestion. On sait
qu'il y a déjà des amendes d'imposées et on se dit: Cela
serait une façon de financer ce conseil et peut-être d'aider
à réduire le coût imposé aux assurés. Bien
sûr, il y a de l'arbitraire dans les amendes, j'imagine que c'est ce que
vous avez à l'esprit. Mais on suggère aussi la formation d'un
corps policier spécialisé dans l'application des lois, qui
pourrait être d'ailleurs un corps policier composé de femmes, ou
une agence quelconque de l'Etat qui pourrait être différente; mais
dans notre esprit, cela suppose que l'application des lois est, dans la mesure
du possible, uniforme, logique et rationnelle. En fait, nous l'avons
proposé comme suggestion et là encore, c'est une suggestion.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est au niveau d'une suggestion. Je comprends
que la base de votre idée est que le conseil de sécurité
routière ait tous les moyens financiers à sa disposition pour
pouvoir pleinement remplir son rôle et, à ce moment-là, les
suggestions que vous faites...
M. DUFRESNE: II ne faudrait pas non plus que le conseil soit aussi un
autre compromis facile pour qu'il ne se fasse pas autre chose. Si le conseil
tergiverse lui aussi a de longues discussions stériles on
va se retrouver au même point. Je ne crois pas que ce soit l'institution
d'un conseil qui va rendre l'automobiliste moyen plus conscient des
règles de sécurité routière.
En fait, nous croyons en l'éducation d'une part et à
l'application des lois d'autre part. Je pense que c'est aussi simple que cela.
L'éducation, il ne faut pas se cacher que cela touche souvent les gens
qui en ont le moins besoin dans ce sens que ceux qui sont déjà
prédisposés à la sécurité routière
sont probablement ceux qui vont écouter le plus les conseils sur la
sécurité routière. On la verrait aussi imposée dans
les écoles à partir de l'école élémentaire.
Nous avons même au club un programme qui touche les parents qui devraient
dire à leurs enfants qui s'en vont à l'école quelle route
est la plus sûre pour aller à l'école, quel
côté du chemin emprunter pour que déjà ils soient
conscients, dès le départ de la maison, des dangers qu'ils ont
comme piétons, sur la rue. C'est une question d'éducation tant
à l'école que par les moyens d'information, mais c'est aussi
parce qu'on est tous humains. Je vous donnais mon exemple tantôt. C'est
une question d'application des lois et d'une présence latente de la
police qu'on ne sent pas au Québec.
M. BEDARD (Chicoutimi): Autrement dit, vous souhaiteriez que le conseil
de sécurité ait les moyens...
M. DUFRESNE: Des moyens d'action qui agissent et c'est notre crainte que
ce soit encore une façon de...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... des moyens d'action qui justifient son
existence.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député
d'Iberville.
M. TETLEY: Permettez-moi d'invoquer un point, suite à
l'intervention du député de Chicoutimi. Il avait parlé du
Parti libéral et je voudrais renoter au sujet de notre congrès,
auquel j'ai assisté, je préfère pour ma part un
congrès où on discute le rapport Gauvin, ce que nous avons fait
la fin de semaine dernière, qu'un congrès où on n'a pas
discuté du tout. Je préfère un caucus où on est
libre de poser des questions et je suis certain que le député
d'Iberville va poser des questions qui peut-être ne me plairont pas et
que le député de Taschereau va poser d'autres questions qui ne
plairont pas au député d'Iberville ni à moi non plus, de
même pour le député de Bellechasse. C'est leur
liberté. Après des réponses qui ne sont pas
nécessairement agréables non plus, nous allons prendre une bonne
décision, la décision.
M. BEDARD (Chicoutimi): Sur ce point, vous me permettrez, simplement
pour répondre à M. le ministre qui me dit qu'il
préfère un
congrès où on en discute à un congrès
où on n'en discute pas, que je ne lui fais pas grief de ne pas
être au courant de l'historique des congrès du parti que je
représente, parce que cela me permettrait de lui dire et il
serait au courant que nous en avons discuté depuis trois ans et
que nous avons une position très claire sur ce sujet.
M. BERTHIAUME: Une chose évidente...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je voudrais conclure là-dessus que nous
sommes en dehors du sujet.
M. BERTHIAUME: M. le Président, j'avais demandé la
parole.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui. L'honorable ministre d'Etat aux
Transports.
M. BERTHIAUME: II y a une chose que nos adversaires du Parti
québécois ne comprennent pas, c'est qu'il y a une
différence fondamentale entre le parti et le gouvernement. Je pense bien
qu'ils n'auront jamais l'occasion non plus d'en savoir la
différence.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez le droit de vous consoler comme vous
voulez.
M. BERTHIAUME: Mais une chose est certaine, c'est que, dans le Parti
libéral du Québec, cela a toujours été la patrie
avant le parti.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a l'intention d'inviter M. Desrosiers,
comme président de ce comité, à venir poser des questions
à la commission parlementaire?
M. MARCHAND: M. le Président, sur le même point, je
voudrais faire remarquer aux membres du Parti québécois que nous
sommes ici pour étudier le rapport Gauvin et les prier d'arrêter
de politiser le débat chaque fois qu'ils prennent la parole.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au député
d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous êtes à... du ministre.
M. TREMBLAY: ... il m'est agréable de saluer les
représentants du Club automobile de Québec et ma première
question est une question qui sera certainement utile pour nous indiquer le
genre d'organisme qu'est le Club automobile du Québec. Par
définition, qu'est-ce que le Club automobile du Québec?
M. DUFRESNE: C'est un organisme qui, à l'instar de 230 autres
clubs d'Amérique du Nord et d'autres pays, a été
fondé originelle- ment pour la protection de l'automobiliste et cela a
commencé à l'époque de l'arrivée des
premières voitures où c'étaient les clubs eux-mêmes
qui faisaient la signalisation routière.
Avec le temps, les services à l'automobiliste se sont
développés de sorte qu'aujourd'hui c'est le cas de notre
club et des autres aussi, c'est le cas du Touring Club à Montréal
qui, incidemment, a 28,000 membres lui aussi c'est de donner des
services de plus en plus axés sur les besoins modernes de
l'automobiliste, par exemple, le service routier d'urgence, le service de
protection du consommateur, ce sont les deux principaux services. On s'oriente
de plus en plus vers la protection du consommateur automobiliste. Le club vit
de la cotisation de ses membres et est dirigé par un conseil
d'administration. Notre but est de protéger l'automobiliste, de le
représenter auprès des gouvernements en tenant compte de
l'évolution de !a vie, par exemple, nous nous intéressons
à la pollution. Autrement dit, les besoins d'un club aujourd'hui sont
différents de ce qu'ils étaient au début du siècle
et nous essayons de tenir compte de ces évolutions de la
société.
M. TREMBLAY: Est-ce que cela est structuré sous forme de
compagnie, en vertu de la Loi des compagnies?
M. DUFRESNE: C'est en vertu de la troisième partie de la Loi des
compagnies.
M. TREMBLAY: Quels sont, en bref, les services que vous offrez à
vos membres au Québec?
M. DUFRESNE: Un service de dépannage avec nos propres
véhicules dans la région métropolitaine de Québec.
Nous avons un service de protection du consommateur, comme je vous l'ai dit,
qui s'occupe de tous les problèmes de nos membres, qu'il s'agisse
d'information, de plaintes contre des garagistes ou de plaintes contre
l'assurance même, qu'il s'agisse de faire des réclamations
auprès des fabricants de voiture, qu'il s'agisse d'inspection technique
des véhicules; nous avons deux centres de service où, en plus de
faire l'inspection des voitures, nous donnons des rabais à nos membres;
nous avons un service de voyage avec une documentation très
complète; nous avons un service de financement de voitures à
tarif préférentiel par une entente que nous avons avec une des
importantes banques du Québec.
Nous avons, en fait, 26 services en tout, ce sont les principaux.
M. TREMBLAY: Vous dites que vous avez un service de financement sur
l'achat d'automobiles pour vos membres?
M. DUFRESNE: Oui.
M. TREMBLAY: A un taux d'intérêt préfé-
rentiel qui peut se comparer à quoi en pourcentage?
M. DUFRESNE: C'est, en général, 1 p.c. de moins...
M. TREMBLAY: Actuellement?
M. DUFRESNE: C'est 12.50 p.c. C'est 1 p.c. de moins que le taux moyen de
la banque avec laquelle nous faisons affaires.
M. TREMBLAY: De combien est la contribution pécuniaire annuelle
exigée de vos membres?
M. DUFRESNE: C'est de $20.
M. TREMBLAY: Vous avez combien de membres au Québec?
M. DUFRESNE: Nous avons 60,000 membres et Montréal en a 30,000.
Au Canada, nous sommes 1,200,000 et avec les Etats-Unis, nous sommes 16
millions.
M. TREMBLAY: Le sondage que vous nous montrez ici, en annexe, vous le
décrivez à la fin de votre rapport en disant: "Enfin, nous
déposons en annexe les résultats d'un sondage effectué
auprès de 200 de nos membres". Est-ce que 200 formulaires ont
été envoyés ou si, lorsque vous l'indiquez à la
fin: "total des réponses reçues: 200", ce sont 200 formulaires
qui ont été envoyés ou 20,000 formulaires?
M. DUFRESNE: Nous publions notre revue à 56,000 exemplaires, je
pense, au Québec et le questionnaire apparaissait à
l'intérieur de la revue, ce sont les 200 personnes qui ont
répondu. Vous allez me dire: Ce n'est pas beaucoup, pour d'autres
sondages, on a déjà eu jusqu'à 1,000 réponses. Mais
il reste que 200 sur 56,000, c'est quand même comparatif avec 1,000 ou
800 ou 1,200 que font les instituts de sondage auprès de la population
de 6 millions du Québec. Cela n'est pas scientifique, comme je vous l'ai
dit tantôt. Ce sont 200 membres qui, de leur propre chef, ont
décidé de répondre. C'est quand même symptomatique
de l'opinion des gens.
M. TREMBLAY: II faut tout de même admettre que 200 membres sur une
cinquantaine de mille qui se prononcent de la façon qu'ils se sont
prononcés, ça ne peut certainement pas être un
critère déterminant...
M. DUFRESNE: Non, d'ailleurs...
M. TREMBLAY: ... pour refléter l'opinion du club en
général.
M. DUFRESNE: D'ailleurs nous ne prétendons pas représenter
l'opinion de 60,000 membres, c'est impossible. Nous le déposons comme
indicatif d'un élément de la situation mais jamais nous ne
prétendrons parler au nom de nos 65,000 membres. D'abord, il y a toutes
sortes d'opinions. On parlait de la ceinture tantôt. C'est bien sûr
que si on demandait aux 60,000 membres s'ils sont vraiment d'accord
là-dessus, quelle serait la proportion qui répondrait?
Peut-être qu'elle serait en majorité contre, mais on n'est pas
sûr de ça. Il y a un élément que je veux faire
ressortir, c'est que les objections qu'on apporte contre la ceinture sont
toujours les mêmes objections un peu stupides, auxquelles une
réponse est très facile, c'est-à-dire qu'on sent que les
gens ne connaissent pas l'utilité de la ceinture.
C'est notre rôle de les renseigner. C'est ce qu'on essaie de faire
par notre revue et par des communiqués de presse.
Si le gouvernement adopte cette loi, nous allons l'appuyer très
fortement dans cette campagne d'éducation. Nos recherches et notre
expérience dans le domaine font que nous n'hésitons plus une
seconde à recommander le port de la ceinture. Nous avons une foule
d'études et nous nous tenons à l'affût de toutes les
études qui sont publiées là-dessus; en somme, aucun expert
aujourd'hui ne met en doute la valeur de la ceinture de
sécurité.
M. TREMBLAY: Une dernière question. Au bas de la page 4 de votre
mémoire, vous dites qu'aux deux solutions globales proposées par
la commission, vous aimeriez en ajouter une troisième: celle
d'étudier la possibilité de créer une
société d'Etat concurrentielle. Evidemment, c'est une opinion que
vous émettez. Avez-vous l'appui d'un consensus raisonnable de vos
membres?
M. DUFRESNE: C'est le sondage qui révèle l'opinion de 200
membres. On ne peut pas se compromettre plus que cela.
M. TREMBLAY: Quant au conseil d'administration qui, certainement, a
entériné les recommandations de votre mémoire, est-ce son
état d'esprit, à savoir qu'une société d'Etat
concurrentielle devrait être instituée?
M. DUFRESNE: Les prises de position du club ne passent pas par le
conseil d'administration. Elles sont l'objet de personnes qui travaillent
à temps plein pour le club et qui y font des recherches. Les
mémoires que nous présentons sont l'oeuvre de six personnes qui
ont consulté des gens de l'extérieur, d'autres clubs automobiles;
M. Paul, qui représente l'association canadienne, ici, nous a fourni de
la documentation en ce qui concerne la sécurité routière.
Sur le plan de l'assurance, nous avons consulté des gens de l'assurance.
Mais cela demeure l'opinion d'un organisme profane.
M. TREMBLAY: Voulez-vous dire par là c'est ma
dernière question que la documentation pour le mémoire a
été préparée, étudiée
et rédigée par une firme autonome par rapport à
celle que vous représentez?
M. DUFRESNE: Non, je veux dire...
M. TREMBLAY: Une firme de consultants, par exemple, ou si ce sont vos
gens, à vous, qui ont préparé ce rapport?
M. DUFRESNE: Non, nous avions mis sur pied un comité à
l'intérieur du club...
M. TREMBLAY: Au sein du club?
M. DUFRESNE: ... au sein du club, qui avait pour responsabilité
de faire les démarches nécessaires dans les cas où on
n'aurait pas d'opinions valables.
M. TREMBLAY: Je vous remercie. M. DUFRESNE: Je vous en prie.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Bellechasse.
M. MERCIER: M. le Président, c'est avec grand
intérêt que nous avons pris connaissance du mémoire du Club
automobile du Québec. On connaît ce que le club a pu faire dans le
domaine de la prévention routière et de la sécurité
routière, en général.
J'aimerais demander au président du Club automobile des
commentaires additionnels sur sa recommandation pour l'établissement
d'une patrouille routière autonome. Je pense que c'est le premier
organisme que nous recevons en commission parlementaire qui préconise
une patrouille routière autonome. Puisque j'ai eu l'occasion, au cours
de séances antérieures, de soulever cette question à
l'endroit d'autres corps intermédiaires, on avait plus ou moins de
précisions sur l'efficacité d'une patrouille routière
autonome. J'apprécierais des commentaires de votre part, à savoir
pourquoi une patrouille routière autonome, comparativement à ce
qui existe actuellement au sein de la Sûreté du Québec.
M. DUFRESNE: Parce qu'il apparaît évident je pense
que cela a été confirmé dans le rapport que pour la
Sûreté du Québec, à l'heure actuelle, la
surveillance routière est une des nombreuses fonctions et que,
semble-t-il, dans bien des cas, elle passe en dernier lieu, ou lorsque les
agents sont disponibles. La sûreté ayant à remplir
plusieurs fonctions ne peut pas donner toute l'attention voulue à la
cause de la surveillance des routes. Cela se traduit, comme on peut le voir,
par une absence d'agents sur les routes d'une part, et deuxièmement,
d'une application des lois qui n'est pas toujours logique. Je pense à
l'utilisation du radar. En général, on l'utilise dans les
meilleures conditions possible, c'est-à-dire entre les heures de pointe,
sur une route droite, au moment où la circulation est moins dense, de
sorte que cela devient une application un peu insolite qui pénalise des
individus, bien sûr, mais qui les pénalise au moment où le
geste qu'ils posent est le moins dangereux.
Cela indispose l'automobiliste moyen de voir que, pendant qu'il se fait
arrêter pour une cause valable, par exemple un excès de vitesse,
il voit tellement d'autres conducteurs qui commettent des abus plus graves,
à des heures plus dangereuses et qui ne sont pas interceptés.
Donc, cela crée une sorte de climat antipolice et antirespect des
lois.
Quand on pense aux forces policières des Etats américains,
j'oublie le nom, le State Patrol...
M. MERCIER: Patrol.
M. DUFRESNE: ... l'allure de ces gars-là et le respect que leur
porte la population, je pense que cela mérite qu'on s'y
arrête.
D'ailleurs, il faut avoir aussi parlé à des policiers de
la Floride ou des Etats du nord des Etats-Unis qui vous disent avec un sourire
qu'ils craignent les conducteurs du Québec quand ils circulent dans les
Etats américains, parce que ce sont les premiers à contrevenir
à la loi. Mais ces corps policiers routiers se sont acquis une
réputation et un respect que n'a pas encore la Sûreté du
Québec, je pense.
La situation est que, sans un corps spécialisé comme cela,
on a l'impression que l'application des lois au Québec est une sorte
d'immense fouillis où il se fait un peu de surveillance routière
quand la police n'a pas autre chose à faire. Cela donne les
résultats qu'on a. Non seulement le nombre des morts est
élevé comme vous le savez, il y a des accidents ce
qui se reflète dans les primes d'assurance. Bien sûr, c'est qu'il
y a aussi une sorte d'individualisme généralisé qui fait
que même le bon conducteur est une sorte de criminel en puissance. C'est
là qu'on dit qu'il faut absolument sentir au moins que quelqu'un
s'occupe de surveiller, alors qu'à l'heure actuelle, on peut aller
à Montréal je n'ai pas besoin de vous le dire
à une vitesse folle sans avoir même à craindre la
présence d'un policier.
M. MERCIER: Ma deuxième question, M. le Président, touche
la partie de votre mémoire relativement à la limitation de la
vitesse sur certaines routes. Est-ce que vous pourriez nous donner plus de
détails sur la position du Club Automobile relativement à la
limitation de la vitesse sur les routes du Québec?
M. DUFRESNE: Avant de demander une réduction, comme cela s'est
fait aux Etats-Unis et comme cela se fait en Colombie-Britannique, on en est
tellement loin qu'on nous dit, dans un premier temps: Premièrement,
commençons par respecter les limites actuelles; deuxièmement,
rendons-en certaines plus logiques. Par exemple, 60 milles à l'heure sur
l'ancienne route 2,
Québec-Montréal, c'est beaucoup plus dangereux que 80
milles à l'heure sur la Transcanadienne. Il y a des routes où la
vitesse de 60 milles à l'heure est permise et où cela devrait
être abaissé à 50 milles à l'heure et, sur la
Transcanadienne, si on faisait respecter la limite de 70 milles à
l'heure cela serait déjà un gros progrès, compte tenu que
les gens font encore un peu d'excès, de toute façon. Si on
réussit à obtenir cela, ce qui reste m'apparaît quasiment
encore comme un rêve. Dans un deuxième temps, peut-être
pourrait-on abaisser la limite encore davantage, mais l'abaisser tout de suite
à 55 milles à l'heure, comme aux Etats-Unis, ce serait quasiment
insulter les conducteurs québécois, qui sont tellement peu
habitués à se faire contrôler sur ce plan.
Nous disons, dans un premier temps: Au moins, faisons respecter la
limite actuelle.
M. MERCIER: J'ai une autre question sur l'inspection obligatoire des
véhicules. Votre mémoire établit votre position assez
clairement là-dessus, vous êtes favorables à l'inspection
obligatoire, peut-être par étape, il va sans dire. Relativement
aux recommandations du rapport Gauvin, advenant l'acceptation du régime
d'assurance sans égard à la responsabilité, le rapport
Gauvin suggère des centres d'évaluation. Relativement à
l'assurance obligatoire et à l'inspection obligatoire des
véhicules, quelle est la position du Club automobile sur
l'établissement de ce réseau de centres d'évaluation, dans
tout le Québec?
M. DUFRESNE: Sur cette partie je disais tout à l'heure que
nous l'avons étudiée, que nous l'avons lue en profanes un peu
tout le rapport nous a semblé une somme importante de bon sens et
ces gens ont vraiment fait un bon boulot en faisant les études
nécessaires, en allant chercher les statistiques voulues. Si on se base
sur le sérieux de leurs recommandations en sécurité
routière pour en faire le parallèle en ce qui concerne
l'assurance-automobile, on est porté à consulter ce rapport avec
beaucoup de respect. Les centres d'évaluation nous apparaissent une
recommandation logique aussi, mais, là encore, nous ne sommes pas des
experts.
M. MERCIER: Est-ce que M. Turcot, du Touring Club de Montréal,
appuie entièrement, au nom de son association, le mémoire du Club
automobile de Québec? Est-ce qu'il y a eu consultation auprès des
membres du Touring Club également?
M. TURCOT: Nous l'appuyons entièrement. Sur la même base
qu'au Club automobile de Québec, par l'entremise de notre bulletin,
à nos 30,000 membres. Les résultats sont à peu près
identiques et la prise de position du Touring Club, qui est à
Montréal le club équivalent du Club automobile du Québec
est parallèle, exactement. Il s'occupe de sécurité
routière en tout premier lieu.
M. MERCIER: Egalement sans égard à la faute concernant
l'assurance?
M. TURCOT: Oui, absolument, c'est la même position que le Club
automobile de Québec.
M. MERCIER: Ma dernière question, M. le Président,
s'adresserait à M. Paul, de l'Association canadienne.
I would like to have some comments from Mr Paul concerning the demerit
point system that we actually have in Quebec, comparatively to the other
provinces or other states. Is it possible to have your comments on the demerit
point system that we have actually in Quebec?
M. PAUL: Yes, Mr Chairman, I personally must apologize for not being
able to speak French, but I come from an area where they do not teach us very
young. Hopefully, we will start soon.
The point system can be a very effective program, and as introduced here
in the Province of Quebec, it will take a while, but it can identify the bad
drivers, hopefully and then, identify the driving offences that are the most
serious offences, and therefore, identify to the Ministry of Transport in the
hope it will take these people off the road.
Mr Dufresne, in his brief, mentioned motor vehicle mechanical fitness in
relation to the point system. When I was chatting with Mr Dufresne about this,
I first was sort of withdrawn and rather amazed that he would recommend that.
But in thinking it over, it would be a rather unique way of getting people to
voluntarily make sure that their motor vehicles were safe and roadworthy, by
touching a point or two points to the owner of the vehicle for not keeping his
car. roadworthy and safe. I think it is rather a good recommendation and no
other province and/or in Canada or State in the United States has a
recommendation or has a program like that before them.
I, of course, as you know, Sir, am a great advocate of the point system.
The only problem that you have with the point system is identifying the bad
driver through enforcement. If enforcement is not good, then the point system
cannot do its complete job. I do know that the chances of being apprehended for
a violation is one in 6,000; actually, it is one in about 7,000. All of us do
commit driving offences, but when the public finds that their chances of being
apprehended are that light, then they are not likely to correct their driving
attitudes and so, you have to have things like the points system that, as in
the Province of Quebec, can prove effective.
M. DUFRESNE: Si vous me permettez d'ajouter un commentaire. Lorsque vous
parlez de sondage, en supposant, sur nos 65,000, si on compte ceux de
Montréal, 100,000 membres, qu'il y en aurait 50,000 qui se
prononceraient,
on considère que notre responsabilité est, bien sûr,
de représenter nos membres et aussi, de les aider à se former une
opinion. Autrement dit, si nos membres nous proposaient de recommander une
vitesse de 120 milles à l'heure au gouvernement, pas de port de ceinture
et des voitures qui coûteraient moins cher parce qu'il y aurait moins de
mesures de sécurité, est-ce que ce serait notre rôle,
à ce moment, de dire: Oui, on représente nos membres; ils ont des
demandes qui nous apparaissent excessives, mais ce sont celles-là qu'on
veut vous présenter? Je pense que, quand je parle d'évolution des
mouvements comme cela, on a une responsabilité comme dirigeants d'un
organisme d'aller plus loin un peu que l'opinion de chaque membre, pris en
particulier, qui n'a pas, lui, les moyens de connaissance de chacun des
problèmes discutés.
M. MERCIER: Merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions?
Le député de Maskinongé.
M. PICOTTE: Concernant...
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'aimerais vous rappeler que le temps
alloué pour les députés est écoulé. Si vous
permettez qu'on emprunte sur le temps alloué au ministre...
M. BERTHIAUME: M. le Président, étant donné les
questions qui ont déjà été posées par les
députés ministériels, les questions étaient assez
complètes, je n'avais pas l'intention de poser d'autres questions en ce
qui me concerne.
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous sommes d'accord pour que le
député de Maskinongé puisse poser sa question.
M. PICOTTE: Concernant vos centres d'inspection, est-ce que vous avez
des statistiques à ce sujet, c'est-à-dire leur
fréquentation et surtout par quelle catégorie de gens sont-ils
fréquentés?
M. DUFRESNE: Disons que cette inspection n'existe au club que depuis le
1er janvier 1974. Nous n'avons pas encore pu faire des compilations valables,
sauf que nous savons que... Oui, on en passe à peu près quatre
par jour, ce qui n'est pas encore énorme. On peut peut-être dire,
comme cela, que le genre de personnes qui se donnent le soin de faire inspecter
leur voiture sont déjà plus conscientes des dangers ou du besoin
d'avoir un produit fiable. Donc, comme impression, je dirais que ce service
intéresse d'abord la partie de la population qui est plus
évoluée ou qui est plus au fait des besoins modernes du
consommateur.
M. PICOTTE: Pas nécessairement les gens d'âge mur,
même...
M. DUFRESNE: Non. Je dirais plutôt que c'est, je ne sais pas,
l'âge moyen, mais je serais porté à penser que ce serait
plutôt dans un public assez jeune.
M. PICOTTE: Justement, je reviens un peu à cela, dans votre
rapport, en page 3, vous semblez associer un peu l'histoire de crainte avec la
police et tout cela.
Vous semblez dire que, si les gens avaient un peu plus peur des normes,
cela serait préférable. Je ne suis pas tout à fait
d'accord sur cela. J'ai beaucoup plus confiance à l'éducation du
public. Face aux jeunes qui arrivent avec un permis de conduire, qui ont suivi
des cours, etc., j'ai drôlement l'impression qu'on va s'acheminer
beaucoup plus vers une meilleure sécurité routière.
M. DUFRESNE: C'est long, l'éducation, vous savez. Cela ne touche
pas tout le public de la même façon. Il y a ceux qui ne profitent
pas de l'éducation ou qui ne l'écouteront pas, ou qui ne la
respecteront pas. Celui qui la respecte, qui l'écoute et qui se
renseigne, a droit quand même à une certaine protection contre
celui qui ne veut pas écouter. C'est là qu'on dit que la
surveillance routière vient compléter le travail de
l'éducation. Il s'en fait déjà de l'éducation dans
ce domaine, nous en faisons, le gouvernement en fait. Mais, avant qu'un
système complet d'éducation s'avère suffisant, on a le
temps de connaître encore beaucoup d'hécatombes routières.
On se dit que, vu l'urgence de la situation, faisons les deux en même
temps.
M. PICOTTE: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions? Je vous remercie, madame
et messieurs, de la façon dont vous avez présenté votre
rapport. Soyez assurés que nous allons prendre en considération
vos recommandations.
M. TETLEY: Puis-je aussi remercier le Club automobile ainsi que madame,
M. le Président. Mr Paul, thank you very much for coming, le
président du club corollaire, Touring Club. Nous apprécions
grandement vos mémoires, surtout l'annexe que je trouve assez
intéressante. Merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): On vous remercie. J'inviterais à
présent les représentants de la Fédération des
commissions scolaires à prendre place. Je vous rappelle, messieurs, que
vous avez 20 minutes pour présenter votre mémoire. Le ministre a
20 minutes pour vous poser des questions. L'Opposition officielle et les autres
oppositions ont 20 minutes pour vous poser également des questions.
Egalement, les députés libéraux ont 20 minutes. Je
demanderais à M. Lavigne, porte-parole de la Fédération
des commissions scolaires, de bien vouloir identifier ceux qui l'accompagnent.
Je vous fais remarquer que vous pouvez, à l'occasion, passer le
micro à ceux qui vous accompagnent pour donner des informations
aux membres de la commission. M. Lavigne.
Fédération des commissions
scolaires
M. LAVIGNE (Hubert): M. le Président, MM. les ministres, MM. les
députés, mon premier mot sera pour remercier les membres de cette
commission d'avoir bien voulu recevoir les membres de la
délégation de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec pour que nous puissions soumettre un
rapport.
Vous me permettrez de vous présenter ceux qui m'accompagnent. A
ma gauche, immédiatement, vous avez M. Louis Reed, premier
vice-président de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec; vous avez ensuite M. Aurèle Hudon,
conseiller à la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec; vous avez M. Olivier Gervais, régisseur du
transport écolier à la commission scolaire régionale
Lapointe, et vous avez M. Roland Haché, directeur des services aux
étudiants, commission scolaire régionale Lapointe.
A ma droite, M. Alexandre Dugré, directeur adjoint des services
à la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, et vous avez M. Jean-Baptiste Potvin, directeur
général de la commission scolaire élémentaire
Valin, et M. Paul Giguère, président de la corporation du Village
de la sécurité routière.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... dans cet organisme.
M. LAVIGNE: Vous avez ici un certain nombre de personnes qui
représentent une des régions dynamiques du point de vue scolaire
dans la province de Québec.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Monsieur...
M. LAVIGNE: Ce n'est pas la seule, M. le Président. Nous vous
avons fait parvenir il y a quelques jours un certain nombre de copies de notre
mémoire accompagnées d'annexes au nombre de quatre. Si c'est
possible, avec votre permission, nous apprécierions que ces documents
soient déposés pour le journal des Débats.
Il n'entre pas dans mes intentions de faire une lecture in extenso du
document que nous vous avons soumis et dont vous avez pu prendre connaissance.
Pour économiser du temps, si vous permettez, je me contenterais de
résumer les grandes lignes, quitte, par la suite, à donner
lecture des recommandations au sujet de l'un ou l'autre des deux chapitres
particuliers sur lesquels nous nous sommes arrêtés.
Nous pouvons constater, dès le début, que ces deux
chapitres particuliers sont, d'une part, la sécurité en
matière de transport des écoliers et, d'autre part,
l'éducation et la sécurité.
Pour ce qui est du premier chapitre, à la page 6, nous avons les
recommandations que je me permettrai de lire.
Premièrement, faire en sorte que les commissions scolaires
obtiennent un certificat de "conformité mécanique"
j'apprécierais que vous mettiez cette expression entre guillemets
annuellement, en août pour chacun des véhicules affectés au
transport des écoliers, avant l'ouverture des classes.
Deuxième recommandation. Sans diminuer les pouvoirs actuels du
ministère des Transports, donner les pouvoirs aux commissions scolaires
d'interdire à certains entrepreneurs de faire circuler tout
véhicule affecté au transport des écoliers, advenant la
constatation d'une défectuosité mécanique qui puisse
être considérée comme un risque de danger accru pour les
étudiants.
Troisièmement, apporter au règlement no 11 les
modifications nécessaires pour que les commissions scolaires puissent
imposer des sanctions valables aux entrepreneurs pris en faute en contravention
avec certaines normes de sécurité préalablement
établies. Ces sanctions pourraient, à la rigueur, n'être
que temporaires, c'est-à-dire en attendant une intervention du
ministère des Transports.
Quatrièmement, accorder aux commissions scolaires les pouvoirs
d'interdiction à l'égard de tout chauffeur, dont le comportement
pourrait être jugé anormal, de conduire un
véhicule-écoliers.
Cinquièmement, faire en sorte que des dispositions soient prises
pour augmenter le nombre de mécaniciens inspecteurs et que ceux-ci
soient affectés de façon permanente dans chacune des
régions de la province.
Sixièmement, prendre les moyens nécessaires pour que les
équipements d'enseignement de mécanique automobile des
commissions scolaires régionales puissent être
complétés, de façon à rentabiliser leur utilisation
(douze mois par an) et leur donner une seconde vocation, soit celle d'un centre
régional d'inspection accrédité par le ministère
des Transports.
Septième recommandation. Faire disparaître totalement dans
la formule officielle de contrat l'idée d'une négociation
possible sur des clauses relatives à la sécurité
après la signature des contrats. Donner aux commissions scolaires le
droit d'introduire dans les formulaires de soumissions des clauses relatives
à la sécurité des élèves, de façon
à éliminer toute discussion possible de l'entrepreneur
après la signature des contrats et enfin, rendre obligatoire un cours
annuel de recyclage pour les chauffeurs de véhicules affectés au
transport des écoliers, et, comparé à l'annexe 2, cours de
formation.
En ce qui concerne les recommandations au sujet de l'éducation et
de la sécurité, nous pouvons en prendre connaissance à la
page 15 et je me permets d'en faire la lecture.
Premièrement, faire en sorte que les programmes
préconisés en matière de sécurité
routière dans les écoles, de la maternelle à la fin du
cours secondaire, reçoivent la sanction officielle du ministère
de l'Education, spécialement en reconnaissance de crédits
à la fin du cours secondaire.
Deuxièmement, consentir aux commissions scolaires des sommes
nécessaires à la recherche dans le domaine de la
sécurité routière, que ce soit pour établir des
critères pour déterminer des zones dangereuses ou pour
perfectionner des travaux existants dans les programmes ou pour d'autres
projets reconnus d'intérêt public.
Troisièmement, faire en sorte que les cours théoriques de
conduite soient intégrés aux programmes d'enseignement de niveau
secondaire de même qu'aux programmes de conduite préventive
dispensés exclusivement par l'éducation des adultes dans les
commissions scolaires.
Enfin, former une commission provinciale de la sécurité
routière à laquelle seraient représentées les
commissions scolaires de façon que les campagnes de
sécurité lancées et les programmes scolaires
implantés soient conformes à une planfication répondant
davantage aux besoins des individus et de ce fait rendus plus efficaces. Cette
planification permettrait de plus une meilleure utilisation des ressources tant
humaines que financières. Vous avez également les annexes dont
vous avez pu prendre connaissance.
A la suite de la lecture de ces recommandations, M. le Président,
si l'un ou l'autre des membres de cette commission désirait poser des
questions, nous ferons notre possible pour y répondre. Je vous
remercie.
LE PRESIDENT (M. Harvey, Dubuc): Merci, monsieur. La parole est au
ministre.
M. BERTHIAUME: M. le Président, avec le consentement du ministre
des Institutions financières, Compagnies et Coopératives,
j'aimerais m'adresser à M. Lavigne, étant donné que la
majeure partie de la recommandation touche le transport scolaire.
Je remarque que certaines de vos suggestions sont intéressantes.
Par contre, je me demande jusqu'à quel point vos préoccupations
ne pourraient pas être réglées d'une autre façon que
celle que vous avez suggérée. Je pense en particulier aux
recommandations 2, 3 et suivantes, à la page 6, où vous demandez
le pouvoir d'appliquer des sanctions vis-à-vis des transporteurs
scolaires. Je me demande pourquoi les commissions scolaires, lorsqu'elles ont
des remarques à faire concernant les transporteurs scolaires,
n'avertissent pas le ministère qui est équipé pour le
faire. C'est une question de ressources d'abord, ressources en personnel, pour
pouvoir le faire. Je ne dis pas que le ministère des Transports est
parfaitement équipé pour faire un travail à 100 p.c, mais
tout de même nous avons des ressources humaines aussi bien que techniques
pour faire ce travail d'une part premier problème ou
première remarque et la deuxième remarque, c'est une
question d'uniformité. L'expérience que nous avons eue et que le
ministère de l'Education a eue avant nous avec les commissions scolaires
dans toute la province, c'est que certaines commissions scolaires pouvaient
harceler inutilement certains transporteurs pour un tas de raisons, parce
qu'elles étaient peut-être insatisfaites du service à
d'autres égards que la "conformité mécanique", par
exemple, et pouvaient se servir de cela pour harceler des transporteurs. Pour
cette raison, nous avons voulu nous réserver ce contrôle de la
certification mécanique ou de la sécurité des autobus
d'une façon générale pour, autant que possible, atteindre
cette uniformité.
Je dis ceci, je ne le dis pas d'une façon catégorique, en
fait, je le déclare un peu pour avoir vos commentaires là-dessus
et peut-être améliorer ma perception du problème.
M. LAVIGNE: Je vous remercie. Pour ce qui est du premier point,
évidemment, nous avons pu constater dans la pratique qu'il y avait des
délais inacceptables entre le moment d'une infraction qui pouvait quand
même être sérieuse et le moment où il y avait
correction.
Si vous me permettez, je peux vous donner un exemple, évidemment
sans y mettre des noms, d'un petit fait. Je connais un président de
commission scolaire qui demeure sur un boulevard très important et,
depuis au moins un an, un autobus scolaire, lorsqu'il n'est pas utilisé,
stationne sur ce boulevard et stationne en double. On m'a informé qu'il
y avait eu au moins 25 plaintes officielles logées auprès des
corps policiers. Par contre, on me disait hier qu'on ne serait pas
étonné que l'autobus soit encore stationné au même
endroit.
M. BERTHIAUME: Je m'excuse, je ne connais pas le règlement no 11
par coeur et je suis convaincu que vous non plus, mais, pour autant que je me
souvienne, il y a des dispositions dans le règlement no 11 qui disent
que, lorsqu'un transporteur est en défaut plus de trois fois, je crois
que la commission scolaire peut lui imposer des amendes. Je ne me souviens pas
de la disposition précise, mais il y a quelque chose à cet effet
qui avait été demandé par la fédération.
M. LAVIGNE: M. Dugré pourrait peut-être commenter.
M. DUGRE: En effet, mais il faut toujours partir du fait que la
commission scolaire n'a, pour se référer, que le ministère
des Transports, selon les articles 212 et suivants, jusqu'à l'article
220; la seule autorité compétente pour agir, c'est le
ministère des Transports. La commission scolaire, lorsqu'un transporteur
est en défaut, doit porter plainte au ministère des Transports.
Le ministère des Transports, si c'est un manquement au code de la route,
va
demander les policiers de la route qui sont dans les milieux ruraux,
dans des paroisses ici et là, rarement sur place quand c'est le temps.
Cela crée énormément d'embêtements. La commission
scolaire doit recevoir une plainte officielle. Ce n'est qu'à la
troisième plainte officielle qu'elle peut exiger une amende. Vous voyez
la complexité et le retard apporté. Si, pour une raison ou pour
une autre, rendu au mois d'octobre, les roues d'en avant ont des pneus
rechapés, et vous savez très bien que le règlement no 11
ne le permet pas... Le bonhomme, pour économiser de l'argent, garde ses
pneus neufs en réserve pour le printemps prochain. Cela va prendre
combien de temps avant qu'on puisse les lui faire enlever? Il faut porter trois
plaintes avant d'exiger une amende. Souvente-fois, les amendes sont si peu
chères, qu'il y a intérêt à les payer.
Dans un programme de décentralisation comme celui que les
commissaires d'écoles ont adopté, je pense qu'il est important
d'avoir confiance aux commissions scolaires pour une saine administration.
Elles ont d'ailleurs du personnel compétent maintenant, avec les
régisseurs de transport que nous avons dans toutes les commissions
scolaires régionales. Evidemment, autrefois, le problème que vous
avez soulevé, M. le ministre, c'est que les commissions scolaires, au
niveau local, ça veut dire peut-être 200 commissions scolaires,
mais aujourd'hui, c'est régionalisé, il y a cinquante
unités responsables du transport des élèves. Chaque
unité a un régisseur spécialisé en matière
de transport et compétent en matière d'analyse sommaire de la
capacité et de la conformité mécaniques de la voiture.
M. BERTHIAUME: Compte tenu de la nature assez technique de ces
conversations, je pense qu'il serait peut-être utile qu'on ait des
rencontres, M. Dugré, peut-être avec vous. C'est évident
qu'après l'année scolaire en cours, on sera sûrement
appelé à modifier le règlement no 11, on pourrait
peut-être tenir compte de ces choses pour l'améliorer. Juste une
autre question que je poserais à M. Giguère, concernant le
village de la sécurité routière, j'aimerais savoir de M.
Giguère où vous en êtes dans ce projet que le
ministère des Transports a subventionné.
M. GIGUERE: Je remercie la commission de nous donner l'occasion de
participer à ce projet et, ici, j'aimerais mentionner la participation
du ministère des Transports tel qu'on peut le voir dans la
préparation du mémoire. Nous sommes rendus aujourd'hui à
la réalisation, grâce à une équipe de
bénévoles, de types de toutes les couches de la
société, que nous pouvons rencontrer dans notre région,
à l'élaboration d'un village. Encore une fois, grâce
à l'initiative du ministère des Transports, nous avons pu
recevoir cette année une subvention nous permettant de réaliser
les rues et les trottoirs, nous permettant d'entrer en activité
dès le printemps prochain.
M. BERTHIAUME: Je vous remercie. Une dernière question que
j'allais oublier. Vous avez mentionné là-dedans
l'opportunité d'enseigner la sécurité au niveau
élémentaire aussi bien qu'au niveau secondaire. Mais si on
s'attardait seulement au niveau élémentaire, est-ce que, M.
Lavigne, vous avez une idée des coûts d'une telle opération
dans tout le Québec? J'aimerais avoir un ordre de grandeur, de votre
part, également une idée de l'ampleur d'un tel programme, auquel
je suis favorable en principe, soit dit en passant.
M. LAVIGNE: II est évident, M. le Président, que le
coût peut varier énormément selon qu'il s'agit de cours
pratiques ou de cours théoriques.
M. BERTHIAUME: Je pense au niveau élémentaire. Admettons
qu'on ne parle pas du niveau secondaire. Au niveau élémentaire,
il ne s'agit pas de cours pratiques, c'est plutôt la notion de
sécurité, j'imagine.
M. LAVIGNE: Au niveau élémentaire seulement, je doute
qu'il y ait une augmentation sensible des coûts. Il y aurait fort
probablement possibilité d'organiser de tels cours sans que les
coûts soient augmentés sensiblement, soit par
l'intermédiaire du personnel que nous avons dans la plupart de nos
commissions scolaires s'occupant quand même des ateliers
mécaniques.
M. BERTHIAUME: C'est parce que dans votre recommandation numéro 1
de la page 15, vous parlez de la sanction officielle du ministère de
l'Education et la reconnaissance des crédits à la fin... Ah!
à la fin du cours secondaire. Excusez-moi. Cela va.
M. LAVIGNE: Si vous le permettez, M. le Président, M. le ministre
tout à l'heure rappelait qu'on avait voulu apporter une certaine
uniformité dans les règlements. C'est certainement un objectif
que l'on peut viser. Par contre, cela comporte de sérieux
inconvénients.
Nous savons que les besoins peuvent varier d'une manière assez
marquée, selon que l'on s'adresse à un milieu ou à un
autre. Les différences sont peut-être d'autant plus
marquées lorsqu'il s'agit de milieux ruraux ou de milieux urbains. Si
nous avons des données provinciales, cela devient extrêmement
difficile de répondre aux besoins propres du milieu.
Je voudrais, si vous le permettez, M. le Président, insister sur
le fait qu'il y a eu, au sein des commissions scolaires, une évolution
très marquée depuis un certain nombre d'années. Nous avons
55 commissions scolaires régionales dans toute la province au lieu de
quelque 1,200 commissions scolaires que nous avions il y a un certain nombre
d'années. Chacune de ces commissions scolaires régionales est
équipée avec un personnel compétent et nous avons les
ressources humaines nécessaires pour pouvoir vraiment
être en mesure d'établir une réglementation qui
répondrait aux besoins véritables du milieu.
Si, à un moment donné, on s'arrête aux diverses
recommandations énumérées aux pages 6, 7 et 8, il est
évident que la recommandation numéro 7 pourrait, de fait,
englober toutes les autres. Si vous le permettez, je la relis: "Faire
disparaître totalement, dans la formule officielle de contrat,
l'idée d'une négociation possible sur des clauses relatives
à la sécurité, après la signature des contrats.
Donner aux commissions scolaires le droit d'introduire dans les formulaires de
soumissions des clauses relatives à la sécurité des
élèves, de façon à éliminer toute discussion
possible de l'entrepreneur après la signature des contrats".
Il est évident que l'entrepreneur en transport est là pour
faire un profit raisonnable et acceptable. Il est évident que lorsqu'il
signe un contrat, il demande une formule de soumission et il voit quelles sont
les clauses qu'il doit respecter dans cette formule de soumission et il
établit son prix en conséquence, tenant compte qu'il doit
réaliser un profit normal, et il le fait. Ceci est normal.
Mais une fois que le contrat est signé, si la commission scolaire
veut négocier avec un tel entrepreneur, une mesure de
sécurité qui ne semble pas être adéquate sur un ou
plusieurs véhicules, il est évident que l'entrepreneur
considérera que c'est un coût additionnel et qu'à ce
moment-là ses profits disparaîtront.
Je vous donne un exemple: la question du givre dans les vitres au moment
où il fait froid. Vous avez certaines régions de la province de
Québec où un autobus scolaire doit franchir 25 traverses à
niveau. Si les vitres sont givrées, qu'est-ce que le conducteur peut
faire? Doit-il arrêter, descendre de son autobus, vérifier si un
train s'amène? Je comprends qu'il est censé arrêter, ouvrir
la porte et le reste, mais cela ne lui permet pas de voir des deux
côtés. Faudrait-il que, dans une région comme
celle-là, nous obligions l'entrepreneur à remiser ses autobus
dans un garage chauffé de façon que, lorsqu'ils partent, le
matin, les chauffeurs puissent voir clair, ce qui est peut-être moins
essentiel dans une ville comme Québec ou dans une ville comme
Montréal? Je ne dis pas que c'est inutile, mais vous voyez un exemple
des besoins qui peuvent vraiment varier d'une région à l'autre.
Je reviens sur cette idée. Lorsque l'entrepreneur a signé son
contrat, nous ne pouvons pas le lui demander, il n'acceptera jamais. Si
j'étais ou que chacun d'entre nous, nous étions un entrepreneur
général, est-ce que nous accepterions de faire une dépense
additionnelle de $500, $600, $700 ou $1,000 pour rendre un véhicule
sécuritaire, alors que le contrat ne nous oblige pas de le faire? Je
laisse à chacun de vous la réponse, comme moi, je cherche la
réponse, et je n'ai pas de difficulté à la trouver.
M. BERTHIAUME: II y a moyen, peut-être de rendre plus souples les
normes de construc- tion de véhicules dans le règlement no 11 de
façon qu'on puisse tenir compte des exigences de chacune des
régions. J'hésiterais beaucoup à transférer cela
à la juridiction de la commission scolaire elle-même, étant
donné que le transport scolaire est à 100 p.c.
subventionné. Tandis que c'est nous qui payons, on veut être assez
prudent, parce qu'il y a des cas assez farfelus qu'on a vus dans la province.
Je donne simplement un exemple, où la commission scolaire exigeait que
les banquettes soient recouvertes de peluche. C'est nous qui payons pour cela
et on va avoir une certaine réticence. Je ne dis pas que ce sont des
choses qui se répètent souvent, mais étant donné
que nous payons le transport scolaire à 100 p.c. et que les normes de
construction ont une incidence assez importante sur les coûts, nous
préférons, à bon droit, je crois, garder cela sous
contrôle provincial, ce qui ne veut pas dire que vos suggestions, quant
à la sécurité, ne sont pas bonnes. Il faudrait simplement
assouplir le règlement no 11 de façon à tenir compte des
facteurs régionaux.
M. LA VIGNE: M. le ministre, nous comprenons fort bien votre
préférence, étant donné que vous avez le
contrôle par l'intermédiaire de la finance, mais il serait
peut-être possible de trouver quand même un compromis qui
permettrait au ministère d'avoir un contrôle quant aux
coûts, mais qui permettrait également à la commission
scolaire régionale d'établir certains règlements qui
ajouteraient très sensiblement à la sécurité
routière actuelle des véhicules.
M. BERTHIAUME: D'accord. M. LEGER: M. le Président... M. TETLEY:
II reste trois minutes.
M. LEGER: Oui, M. le Président, mais, normalement, comme le
ministre laisse son droit de parole, il peut le reprendre plus tard, comme on
l'a fait au début.
M. TETLEY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Lafontaine, allez,
allez, allez.
M. LEGER: De toute façon, M. le Président, je vais faire
comme le ministre, je vais laisser mon droit de parole à mon
collègue de Chicoutimi qui a des choses importantes à
demander.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je tiens à féliciter la
fédération pour son rapport qui apporte des recommandations
très précises et, à notre humble opinion, très
positives concernant deux aspects précis au niveau de son
mémoire, à savoir la sécurité en matière de
transport des écoliers et, également, l'éducation et la
sécurité.
Concernant les recommandations au chapitre de la sécurité
en matière de transport des écoliers, à la page 6, ce sont
certainement des recommandations, encore une fois, très positives. Je
comprends que le gouvernement, parce qu'il contrôle le financement
il a à assumer le financement complet de ce transport ait
à bon droit la préoccupation d'avoir une mainmise assez large sur
la surveillance.
Mais, quand même, sur le contrôle, comme l'a dit
tantôt le ministre, il reste une chose, c'est que, d'un autre
côté, les commissions scolaires ont elles aussi un contrôle
quotidien, qui est beaucoup plus près de la réalité et, en
conséquence, des besoins que peut ou que pourrait avoir le
ministère des Transports, malgré toute sa bonne volonté.
Dans ce sens, je crois que le ministère des Transports doit
étudier avec beaucoup d'attention la possibilité peut-être
pas de faire droit à toutes les recommandations, mais au moins à
certaines demandes faites au niveau de votre mémoire, surtout tenant
compte du fait que vous avez mentionné qu'il y a souvent un délai
inacceptable entre le moment où une infraction est signalée et le
moment où le ministre peut intervenir pour remédier à la
situation.
Je croyais que cela se faisait régulièrement, mais la
suggestion du ministre est qu'il devrait y avoir des rencontres beaucoup plus
nombreuses entre votre fédération et le ministère
concernant les règles de sécurité routière. Je
croyais que ces rencontres se faisaient régulièrement. J'imagine
que le ministre donnera suite à cette suggestion et qu'il puisse y avoir
des rencontres, encore une fois, beaucoup plus nombreuses pour répondre
aux besoins. Vous me corrigerez, quand vous parlez de la
nécessité au niveau de vos recommandations d'assurer une
surveillance de la sécurité mécanique même des
véhicules, lorsqu'il y a un accident où l'aspect mécanique
peut être mis en cause ou encore l'aspect de la capacité du
chauffeur à conduire ou à ne pas conduire. Mais est-ce
qu'à ce moment il y a un recours qui se fait du point de vue civil
contre la commission scolaire? Est-ce qu'il n'y a pas une implication
même civile à laquelle la commission scolaire peut avoir
l'obligation de répondre en justice?
M. LAVIGNE: Remarquez que je ne suis ni avocat, ni spécialiste en
droit, mais s'il y avait négligence de la part de la commission
scolaire, il est fort probable que la commission scolaire pourrait être
tenue responsable.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais sans qu'il y ait négligence de la
commission scolaire, parce qu'elle n'a pas tous les moyens de pallier certaines
négligences...
M. LAVIGNE: S'il n'y a pas négligence de la commission
scolaire... je ne crois pas, étant donné que ce sont des
entrepreneurs privés. Ce n'est pas la commission scolaire qui est
propriétaire des véhicules, ce ne sont pas des employés
des commissions scolaires. Peut-être que M. Dugré pourrait en dire
davantage.
M. DUGRE: En effet, sur la responsabilité légale, la
première mise en cause est la commission scolaire. Peu importe sa
responsabilité ou non, elle est toujours impliquée. D'abord, les
parents ou enfin, les ayants-droits ne s'attaquent pas au ministère des
Transports, ils s'attaquent à la commission scolaire. Alors les
commissaires d'écoles portent l'odieux, si vous voulez, du jour de cette
comparution. Peut-être que si elle n'est pas en défaut, elle sera
plus facilement libérée dans des causes, évidemment, mais
elle sera toujours impliquée comme tenant ou signataire du contrat. Vous
avez aussi soulevé au début cette question de contrôle.
Là-dessus, il y a et il y aura toujours le règlement. On dit,
d'ailleurs, sans enlever la responsabilité du ministre dans le processus
de soumissions, que les soumissions seront toujours sous réserve de
l'approbation du ministère. Or, nous, nous disons que le contrôle,
dans le contenu...
M. BERTHIAUME: Je m'excuse. ... de la Commission des Transports. Ce
n'est pas le ministère...
M. DUGRE: De la Commission de transports, excusez-moi.
M. BERTHIAUME: C'est important.
M. DUGRE: Oui, c'est important. Merci. Alors, la Commission des
transports a un certain contrôle là-dessus et peut voir à
une certaine uniformité et à la justification du contenu de la
soumission. Comme par exemple, le cas qu'a soulevé M. le
Président, tout à l'heure. Si c'est justifiable, la commission
serait peut-être mal vue de la refuser, tandis qu'ailleurs, elle serait
peut-être bien vue de la refuser. Un contrôle se fait là par
un organisme provincial responsable, au moment de la soumission. Nous
demandons, nous, que la soumission puisse contenir le règlement de la
commission scolaire...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela.
M. DUGRE: ... et la soumission, comme le dit d'ailleurs un des articles
du règlement 11, fait partie intégrante du contrat. Elle se
trouve être contrôlée et protégée.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord. Maintenant, dans la deuxième
partie de votre mémoire qui traite de l'éducation et de la
sécurité, vous demandez, dans votre première
recommandation, de faire en sorte que les programmes préconisés
en matière de sécurité routière dans les
écoles, de la maternelle à la fin du cours secondaire,
reçoivent la sanction officielle de la part du ministère de
l'Education, spécialement
en reconnaissance des crédits à la fin du cours
secondaire.
Tout à l'heure, le sous-ministre a parlé de... M. le
sous-ministre... Excusez.
UNE VOIX: Ministre d'Etat.
M. BERTHIAUME: Je n'ai pas ma permanence, malheureusement.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le ministre d'Etat aux Transports, a
parlé de l'initiative, en termes d'éducation routière, du
Village de la sécurité routière qui a été
mis de l'avant par la ville de Chicoutimi-Nord, avec le concours des
différentes instances... Vous me corrigerez?
M. REED: Oui, c'est d'abord la commission scolaire régionale du
Saguenay...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends. M. REED: ... qui a
autorisé...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'était... Vous pouvez faire la
correction, M. Reed.
M. REED: C'est d'abord la commission scolaire régionale du
Saguenay qui, par l'école polyvalente, où cela se
développe, a endossé l'idée et ensuite, les cités,
les groupements municipaux en sont venus à être tous d'accord.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon! M. le ministre, M. le ministre d'Etat
soulignait la part que le gouvernement, en termes de subventions, a
donnée à cette initiative. Je crois bien qu'avec tous les efforts
qui ont été faits pour mettre de l'avant cette initiative, tout
le bénévolat qui y a été employé, il aurait
été inacceptable...
M. BERTHIAUME: C'est vrai.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... un peu indécent que le
ministère ne trouve pas moyen de subventionner une telle initiative. Je
voudrais en profiter, ce n'est pas parce que cela vient de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, mais il reste, je crois... Vous me corrigerez.
M. BERTHIAUME: Lac-Saint-Jean-Saguenay.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cette initiative représente, dans
l'esprit des initiateurs, un moyen permanent de faire l'éducation de la
sécurité à l'école, et je sais que c'est un moyen
qui est utilisé ailleurs. Maintenant, c'est une réalisation qui
est avant-gardiste. Je crois que c'est une primeur, tant au Québec qu'au
Canada. J'aimerais, pour voir toute l'ampleur de cette initiative et aussi
connaître la philosophie qui a été à l'origine de ce
projet, que peut-être M. Giguère, qui était l'initiateur ou
M. Reed, qui est le conseiller technique, je crois, ou encore M. Potvin, qui
est secrétaire administratif, nous entretienne un peu de ce projet.
M. LAVIGNE: Si vous permettez, M. le Président, avant de passer
la parole à M. Potvin, je voudrais saisir cette occasion pour attirer
l'attention d'une façon tout à fait particulière sur le
bel exemple de collaboration qui a pu se développer entre la
compétence et le dynamisme de la commission scolaire des
municipalités intéressées à ce projet, et de la
collaboration ce n'est pas un projet local seulement, puisqu'il y a la
collaboration provinciale du ministère.
Etant donné qu'au cours de mon mandat, je travaille
énormément et que le travail d'équipe est une de mes
priorités, ceci est un bel exemple d'un travail d'équipe et je
tiens à féliciter tous ceux qui ont été
appelés à collaborer à ce projet. Pour plus de
détails, peut-être que M. Potvin ou quelqu'un d'autre
pourrait...
M. GIGUERE: Je remercie encore une fois le député qui nous
donne l'occasion de revenir au sujet du Village de sécurité
routière. En soi, le but est qu'éventuellement nous aurons un
programme... D'ailleurs, M. Potvin, tout à l'heure, vous donnera les
détails du programme pédagogique au niveau de
l'élémentaire, mais, tout de même, j'aimerais parler plus
longuement du fait qu'éventuellement, ce village servira à
prendre un élève la première journée, avec les
moyens audio-visuels dont les commissions scolaires disposent... Nous pourrons
utiliser tous ces moyens pour éduquer le jeune de la première
journée de la maternelle à aller au secondaire, finissant avec
son permis de conduire dans les poches. C'est le projet en soi.
Je laisse la parole à M. Potvin, notre secrétaire, pour
expliciter le programme pédagogique.
M. POTVIN: M. le Président, la philosophie qui a toujours
présidé à la pensée des initiateurs du Village de
sécurité routière a été celle-ci: En regard
de l'objectif à viser, quels moyens pouvons-nous prendre, autres que les
moyens qui ont été pris à l'heure actuelle et qui
s'avèrent plus ou moins rentables, en fait de sécurité
routière? Et nous avons emprunté, à ce moment, la
pensée d'un philosophe, Bruno de Solage, qui a dit que "toute
incarnation de valeur doit tenir compte de la valeur à incarner et de la
réalité où il s'agit de l'incarner". Nous sommes partis de
cela.
A ce moment, on s'est dit: On prend un peuple par les écoles.
Où doit commencer la sécurité routière
vis-à-vis de cette idée philosophique? Tout à l'heure,
j'entendais les gens du Club automobile parler d'éducation. Nous en
sommes, et c'est là, à notre avis, qu'on doit axer toute action
visant la sécurité routière. Et c'est pour cela que les
initiateurs ont pensé organiser un village, un projet de village de
sécurité routière devant servir aux enfants de nos
écoles.
Pour aller plus rapidement, je dois vous dire qu'à
l'intérieur de notre corporation, il y a un comité qui a
travaillé pendant un an et demi à bâtir un programme
pédagogique devant être appliqué dans nos écoles.
Vous trouverez ce
programme pédagogique à la fin du mémoire, en
annexe.
Toutefois, nous nous excusons. Peut-être le programme vous
paraît-il un peu drôle. Pour ce faire, il faudrait peut-être
vous donner un peu la philosophie de l'enseignement qui existe aujourd'hui dans
nos écoles, à savoir qu'à l'école
élémentaire, ce ne sont plus des cours traditionnels, en
général, ici dans la province de Québec. L'école
est plutôt là pour développer des habiletés,
développer des performances chez les jeunes, développer des
attitudes, et le programme pédagogique a été bâti
dans ce sens.
Nous ne voulons absolument pas que ce programme fasse l'objet d'une
répartition dans l'horaire fixe des cours d'une classe donnée. Ce
que nous voulons atteindre avant tout, ce sont les éducateurs pour
qu'ils aient des attitudes telles qu'à travers le fonctionnement
régulier des heures de classe... Par exemple, en français, si les
élèves ont telle activité, le programme leur
suggère d'insérer, à l'intérieur de telle
activité, telle attitude à développer au sens de la
sécurité routière. Par exemple, un groupe
d'élèves va faire une classe de neige. Pour se rendre à la
classe de neige, il faudra qu'ils empruntent des rues.
Vous trouverez dans le programme: comment apprendre à marcher
dans une rue. Cela a l'air drôle, mais il y a beaucoup de points touchant
la sécurité routière qu'on peut développer,
où on peut développer des attitudes chez l'enfant, comment
apprendre à marcher dans la rue. Ils font un voyage en autobus: Comment
voyager en autobus. Comment circuler à bicyclette et tout cela, ces
points précis, peuvent se traiter en cours d'activités scolaires.
Alors, c'est la philosophie qui a présidé à la
construction du programme pédagogique de
l'élémentaire.
Il y a un point sur lequel je voudrais revenir. M. le ministre d'Etat,
tout à l'heure, a posé une question à savoir, combien il
en coûterait pour mettre ce programme en application. M. le ministre, je
vais vous répondre carrément. A l'élémentaire, il
n'en coûtera absolument rien si ce n'est l'impression d'un programme et
c'est ce dont nous avons besoin actuellement. Nous ne voulons pas dire que ce
programme, c'est le programme qu'il faudra. Nous avons construit ce programme,
c'est le premier. Mais ce que nous voulons dire, c'est que nous avons besoin
actuellement d'une approbation du ministère des Transports et du
ministère de l'Education qui nous permettra de faire la promotion de la
sécurité routière dans nos écoles, qui nous
obligera à intégrer, à travers nos activités
pédagogiques, des activités qui développeront chez les
enfants des aptitudes, des attitudes et des performances relativement à
la sécurité routière.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une dernière question. Comme ce projet
avait quand même à l'origine une certaine philosophie dont vous
nous avez parlé et que dans le mémoire que vous présentez
sur le village de la sécurité, il y a une partie de ce
mémoire qui traite uniquement de la philosophie qui a été
à l'origine de cette initiative et tenant compte que probablement
d'autres initiatives de ce genre pourront se répéter dans tout le
Québec, auriez-vous objection parce que j'imagine que les membres
de la commission n'auraient pas objection à ce que soit produit,
dans le rapport de la commission, cette partie de votre mémoire qui
traite de la philosophie qui est à la base de l'initiative.
M. POTVIN: M. le député, nous serons très heureux
si, dans le rapport de cette commission, il est fait mention de la philosophie
que nous professons parce que nous y croyons.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je crois que vous venez de développer,
M. Potvin, la philosophie du village de sécurité
routière...
M. TETLEY: C'est très bien présenté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... et permettre que tout ce dossier soit
dans...
M. BEDARD (Chicoutimi): Pas tout le dossier, M. le Président,
seulement la partie...
LE PRESIDENT (M. Pilote): II vient de l'exprimer quand même assez
bien. On vous félicite à ce sujet. Aussi bien la
philosophie...
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que les membres de la commission ont
objection? C'est très intéressant.
M. TETLEY: Monsieur, que ce soit intéressant ou qu'il ait
certainement raison, je suis d'accord. Il y a cependant une règle assez
stricte imposée par le président de l'Assemblée nationale.
Vu les coûts, il m'a parlé au sujet du rapport Gauvin et de notre
commission parlementaire et il m'a demandé de ne pas ouvrir la porte une
seule fois, autrement, nous serions obligés, à moins d'insulter
d'autres groupements, d'ouvrir la même porte une deuxième et
troisième fois. Donc, pour cette raison, nous avons tous des copies du
mémoire qui est très important et je crois que le sommaire qui
vient d'être donné, qui est très élégant
incidemment le ministre d'Etat, durant l'exposé, m'a dit
exactement cela, donc je vole un peu ses mots c'est
élégant et instructif; je crois que ce sommaire est bien. Je sais
que c'est déjà déposé parce que cela a
été pris mot à mot dans le journal des Débats.
M. BERTHIAUME: M. le Président, je dois m'absenter, est-ce qu'il
me serait permis de m'excuser et remercier la Fédération des
commissions scolaires aussi bien que la Corporation du village.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je dois également m'absenter. Je m'excuse
auprès de la délégation.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Vous comprendrez bien, messieurs, que la
philosophie du Village de sécurité routière M.
Potvin s'est bien exprimé on l'aura dans son ensemble. En raison
de ce que vient de dire le ministre, il nous est impossible de mettre tout le
dossier dans le journal des Débats.
L'honorable député de Bellechasse.
M. MERCIER: M. le Président, à mon tour, je veux
féliciter la Fédération des commissions scolaires ainsi
que les membres de la Corporation du Village de sécurité
routière de leur présentation fort intéressante et
à propos. Rapidement, vu que le temps passe, je voudrais, sur le
chapitre I, relativement à la recommandation no 6 que je trouve
très originale, c'est la première fois qu'une suggestion
comme celle-là est formulée savoir quelles seraient les
possibilités actuelles sur l'ensemble du territoire
québécois, quel est le nombre de centres que pourraient
éventuellement mettre à la disposition du public automobiliste
les commissions scolaires régionales de la province.
M. LAVIGNE: Je vous remercie, je pourrais faire appel à un des
membres de notre groupe, il y a des gens qui sont plus particulièrement
versés au niveau de la commission scolaire, peut-être
pourraient-ils répondre. M. Reed.
M. REED: M. le Président, la majorité des 55 commissions
scolaires régionales possèdent, dans une ou l'autre de leurs
polyvalentes, des ateliers d'enseignement de mécanique automobile. Nous
avons déjà là pas mal de matériel, pas mal
d'équipement. Il s'agirait peut-être d'ajouter quelques appareils
qui permettraient de mettre à la disposition du service d'inspection du
ministère des Transports des locaux et de l'équipement. Ceci
permettrait, pendant la période scolaire où pourraient se faire
ces inspections, à nos étudiants de voir également comment
se fait une inspection, quelles sont les parties essentielles,
sécuritaires d'un véhicule. Ceci pourrait être un
précieux apport à l'enseignement même et ces inspections
pourraient être faites, par les mécaniciens d'inspection du
ministère, dans des locaux accrédités. Nous ne parlons pas
de faire accréditer du personnel chez nous dans les commissions
scolaires mais de faire accréditer des locaux, parce qu'il semble bien
que ce pourrait être une occasion de donner au service de la
sécurité routière, au ministère des Transports, des
endroits qui seraient davantage adéquats. Je comprends que les
inspecteurs vont faire des inspections dans les garages des entrepreneurs. Mais
ils sortent du contexte et ils seraient dans les écoles, des locaux
déjà payés par la province. Ce serait un investissement de
la province qui serait rentabilisé davantage au service de la
sécurité routière. C'est une offre que l'on fait, une
recommandation dans le sens d'une collaboration avec le ministère des
Transports pour rendre davantage rentables les investissements de l'Etat.
M. MERCIER: Doit-on comprendre que, compte tenu de la retenue qui sera
faite par le gouvernement, suite aux recommandations du rapport Gauvin, l'on
pourrait également utiliser ces centres régionaux comme centres
d'évaluation, tel que l'entend le rapport Gauvin dans sa suggestion
d'établir, dans toute la province, des centres d'évaluation suite
à des dommages matériels résultant d'accidents de la
circulation? ESt-ce que ça pourrait s'étendre
jusque-là?
M. LAVIGNE: Oui. Cela pourrait s'étendre certainement à
cette fin, il n'y a aucun doute. Je voudrais apporter un élément
additionnel: il semblerait qu'avec une somme d'environ $150,000 à
$175,000, nous pourrions vraiment équiper ces centres pour accomplir une
telle tâche par toute la province. Ceci n'est quand même pas une
somme énorme pour toute la province, $150,000 ou $175,000.
M. MERCIER: Quel est, à l'intérieur d'un territoire
donné, le rayon en milles, par rapport aux limites frontières du
territoire régional d'une commission scolaire par rapport à
l'existence d'un tel centre?
M. DUGRE: Cela varie de dix milles carrés à 150 milles par
70 milles. C'est dans cet ordre de grandeur. Ainsi, la régionale
Henri-Bourassa, qui part de Sainte-Agathe et qui monte jusqu'en haut de
Grand-Remous, ça fait une longue distance. Mais c'est sur une voie
unique, à peu près, tandis qu'on va avoir la Commission scolaire
de Le Gardeur, qui est de dix milles carrés et forme vraiment un beau
carré, c'est presque conforme à un carré.
M. MERCIER: Evidemment, tout dépend du territoire d'une
commission scolaire; cela varie, comme vous le mentionnez, assez
considérablement.
Est-ce qu'il existe tout de même, à l'intérieur d'un
même territoire, deux ou trois centres de mécanique automobile ou
d'enseignement de mécanique automobile, au niveau d'un territoire d'une
commission scolaire? Je parle dans les régions rurales, à titre
d'exemple.
M. DUGRE: Dans l'enseignement mécanique, au niveau secondaire I
et II, il n'y en a pratiquement pas; ce n'est qu'au niveau secondaire III, IV
et V où nous avons des cours professionnels courts, que se donne un
cours terminal en mécanique. Nous en avons une quarantaine dans la
province, sur 55 commissions scolaires. Ces données sont pour la
commission scolaire catholique; pour ce qui est de la protestante, je ne le
sais pas, je n'ai pas les chiffres.
M. MERCIER: Est-ce que, dans un autre ordre d'idées, mais
touchant la recommandation numéro 8 dans la première partie de
votre mémoire, concernant un cours annuel de recy-
clage pour les chauffeurs de véhicules affectés au
transport des écoliers, des initiatives identiques ont été
prises par certaines commissions scolaires régionales pour des cours de
recyclage pour des mécaniciens de garage affectés à la
réparation?
M. LAVIGNE: Si vous permettez, je vais faire appel à M.
Rééd. Il a une expérience qu'il connaît assez bien
et qu'il pourrait relater. M. Rééd.
M. REED: Nous avons effectivement... M. le Président, alors que
le député de Bellechasse était le directeur de la
sécurité routière et, depuis, sous la conduite du nouveau
directeur, à plusieurs reprises, les commissions scolaires, par le
service de l'éducation aux adultes, dans le cadre d'occupation des
chauffeurs d'autobus durant l'été, au lieu de leur payer de
l'assuran-ce-chômage, ont négocié avec le ministère
de la Main-d'Oeuvre la possibilité de donner des cours. Les chauffeurs
étaient payés pour suivre ces cours.
Mais le chiffre exact, nous ne l'avons pas. La majorité des
commissions scolaires ont ainsi organisé des cours de formation de
chauffeurs. Vous avez en annexe le programme qui avait été
approuvé, en principe, par l'Université de Sherbrooke et qui a
été mis en application par la commission scolaire de
l'Estrie.
Il y a eu d'autre part des formules qui n'étaient pas identiques,
mais qui permettaient de donner une forme de recyclage. Ce que nous
considérons très important comme devant être un cours
obligatoire, qui dorénavant serait plus précis, soit de pouvoir
permettre aux chauffeurs d'autobus scolaires d'avoir un cours qui ne serait pas
exclusivement axé sur la mécanique automobile, mais davantage sur
le rôle du conducteur dans son état de psychopédagogue
à l'intérieur de l'autobus.
Tout cela, les relations avec la clientèle sont aussi importantes
que la mécanique elle-même. On a beau avoir un bon
véhicule, très bien conduit avec un chauffeur qui a tous les
permis, s'il ne se comporte pas de façon un peu plus pédagogique
ou un peu plus psychologique avec l'étudiant... C'est cette forme de
cours que la Fédération des commissions scolaires souhaiterait
obtenir; un réalignement de toutes les sortes de cours qui se donnent
actuellement, mais pas d'une façon...
M. MERCIER: Cela touche une clientèle de combien de chauffeurs,
au niveau de l'ensemble des commissions scolaires du Québec?
M. REED: Une projection rapide: il y a 11,000 véhicules
scolaires; donc, il pourrait y avoir 11,000 chauffeurs d'autobus ou plus.
M. MERCIER: Une dernière question, M. le Président, afin
de permettre à mes collègues de pouvoir en poser quelques-unes.
Elle touche la deuxième partie de votre mémoire relativement
à l'enseignement de la sécurité routière à
différents paliers scolaires. Je pense que nous sommes tous d'accord sur
la nécessité d'une telle mesure. Je comprends également le
dynamisme de certaines régions plus que d'autres,
particulièrement celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans le domaine de la
sécurité routière. On a fait état du Village de
sécurité, mais il y a eu d'autres activités fort
intéressantes et profitables.
Vous arrivez avec des suggestions de l'enseignement théorique de
la conduite automobile au niveau secondaire qui serait une continuité de
l'enseignement des principes de base de la sécurité à
partir de la maternelle et du niveau primaire. Maintenant, le but de la
commission, ici, est de voir les possibilités, à la
lumière des suggestions ou des recommandations qui sont faites, de
diminuer le coût des primes d'assurance-automobile pour les
automobilistes québécois.
De quelle façon pensez-vous que l'enseignement de la conduite
automobile au niveau secondaire pourrait conclure, dans l'ensemble, à
une réduction des primes d'assurance-automobile pour les futurs
conducteurs, tenant compte des systèmes actuels?
Si, par hypothèse, le système de non-responsabilité
n'était pas retenu par le gouvernement, est-ce que vous êtes
d'avis que l'enseignement de la conduite automobile, au niveau secondaire,
pourrait contribuer éventuellement à une réduction
considérable des primes d'assurance-automobile, particulièrement
pour les jeunes on sait ce que cela peut coûter actuellement pour
un jeune conducteur, d'une part et, deuxièmement, en relation
avec les coûts que cela impliquerait pour le gouvernement ou pour le
ministère de l'Education de mettre en vigueur une telle mesure au niveau
de tout le système secondaire d'enseignement au Québec?
M. LAVIGNE: M. le Président, si nous tenons compte de certains
facteurs, nous pouvons faire un parallèle très
intéressant. Nous savons tous que les conducteurs les plus jeunes, ce
sont eux qui sont pénalisés quant aux coûts des primes
d'assurance. Cela coûte beaucoup plus cher pour avoir une couverture
adéquate lorsqu'on a 18 ans que cela en coûte lorsqu'on a 45 ans,
normalement.
Si nos élèves avaient quelques années
d'expérience au moment où, effectivement, ils sont obligés
d'avoir une assurance pour leur voiture, il est fort probable que le coût
des primes, pour ces jeunes, diminuerait sensiblement, très
sensiblement. C'est déjà une économie considérable
qui dépasse de beaucoup le coût de l'installation de tels
cours.
Il y a un autre facteur, à longue échéance,
évidemment, à savoir que nous pouvons remarquer que, très
souvent, ce sont les jeunes qui sont impliqués dans des accidents
excessivement coûteux. On réduirait le nombre d'accidents de 5
p.c. seulement grâce à de tels cours que, là aussi, il y
aurait, pour l'ensemble de la
société québécoise, une économie
considérable. Ce sont deux aspects qui sont vraiment réels et il
y en a certainement d'autres, M. le Président, que nous poumons faire
valoir.
M. MERCIER: Est-ce qu'il y a eu, M. le Président, suite à
des expériences, dans certaines commissions scolaires régionales,
une étude, par exemple, des coûts que cela peut impliquer sur le
plan de l'administration ou l'implication du cours aux élèves du
secondaire IV et V de l'enseignement de la conduite automobile et une
évaluation, par exemple, de ce que pourrait coûter, à
l'échelle du Québec, l'enseignement obligatoire de la conduite
automobile au niveau secondaire, comparativement, actuellement, à ce que
cela peut coûter pour le jeune au niveau de l'assurance-automobile et,
à long terme, de ce que cela pourrait représenter, comme
déduction ou réduction des primes d'assurance?
M. LAVIGNE: Sans avoir fait une étude exhaustive de ce
problème, il y a quand même certaines données que nous
pourrions fournir. Peut-être que M. Reed pourrait apporter certains
détails.
M. REED: M. le Président, il y avait plusieurs questions dans la
question du député de Bellechasse. Si on aborde d'abord les
expériences vécues par plusieurs commissions scolaires, je dirais
que six ou sept au Québec ont été autorisées par le
ministère de l'Education à donner des cours de conduite complets,
c'est-à-dire théoriques et pratiques, aux finissants des
métiers de l'automobile, parce qu'un élève
diplômé en mécanique automobile qui entre à
l'intérieur d'un garage quel qu'il soit doit avoir un permis de
chauffeur. A ce moment, il y a des groupes comme cela, sur base
expérimentale, qui ont reçu des cours et qui pouvaient aller
chercher leur permis de chauffeur et, comme cela, être en mesure de
posséder un bagage complet. Il faut tenir compte que les commissions
scolaires demandaient, règle générale, des soumissions aux
écoles privées de conduite pour pouvoir donner ces cours. Le
coût était à peu près le même que le
coût des cours ordinaires dans les écoles de conduite, mais avec
l'avantage que ces cours comportaient de 26 à 30 heures d'enseignement
théorique, alors que les cours des écoles de conduite, en
règle générale, étaient de 8 heures, je crois,
d'enseignement théorique.
Les étudiants doivent suivre 26 heures de cours, cela porte sur
la base expérimentale concrète du coût.
Sur la base des expériences qui ont été
vécues par d'autres commissions scolaires, il y a la Commission scolaire
régionale Lapointe, dont M. Rolland Haché ici est le directeur du
service aux étudiants qui a donné, pendant trois ans, un cours
strictement théorique de la conduite automobile aux étudiants du
Secondaire IV, c'est-à-dire au moment où le jeune atteint
normalement l'âge de 16 ans.
Cela a été donné sans coût
supplémentaire ou à peu près pas. Cela prend deux, trois
ou quatre professeurs qui sont répartis sur la masse de l'ensemble des
professeurs de la régionale. Alors, le cours est donné sans frais
supplémentaires, pour répondre également à la
question du ministre d'Etat aux Transports qui demandait tout à l'heure
à quel coût ce serait. Si nous avons été un peu
timides dans le mémoire en demandant de ne laisser sous la
responsabilité des commissions scolaires que l'enseignement
théorique, il est dit également dans le mémoire, dans le
contexte, que nous ne nions pas la valeur, ni la présence des
écoles de conduite commerciales, qui, elles, pourraient aussi continuer
d'exister en fonction d'un service à rendre. A ce moment, comme nous
faisons appel à des entrepreneurs pour assurer le transport des
écoliers, nous pourrions faire appel à des entrepreneurs pour
assurer la pratique au volant, ou encore on pourrait tout simplement laisser
à la charge des parents le soin de juger s'il faut que l'enseignement
pratique soit donné et quand, à leurs jeunes.
Dans un état de projection, c'est très difficile à
faire. Si on retient que 50,000 jeunes, nouveaux propriétaires de
véhicules, font appel, par année, pour une première fois,
à une assurance-automobile, on estime que cela va coûter
nécessairement, c'est très approximatif, on n'a pas de chiffres
d'établis, mais je tente de répondre à votre question
50,000 jeunes qui paieraient sur le plan de carrière de
conducteur, c'est-à-dire la première année, avec $300 ou
$400 de surprime, deuxième année avec diminution, mais quand
même surprime, toujours pendant les quatre premières
années, ce qui veut dire que le jeune va chercher certainement un
paiement supplémentaire de $1,000 sur un plan de carrière de
conducteur. S'il y en a 50,000 par année, 50,000 par $1,000, cela fait
$50 millions que cela coûte en surplus aux jeunes qui n'ont pas eu
l'occasion de faire des expériences.
Malheureusement, on n'a pas de chiffres ni de données pour
répondre concrètement et précisément à votre
question. Je pense que quelqu'un devra un jour ou l'autre essayer de
pénétrer dans ce secteur pour savoir combien les jeunes
Québécois paient parce qu'ils n'ont pas l'expérience
voulue au sortir de l'université ou du CEGEP, lorsqu'ils achètent
leur premier véhicule. S'ils avaient le permis depuis l'âge de 17
ans et une expérience de conducteur de cinq ans, c'est
indéniable, comme l'a mentionné le président de la
fédération tout à l'heure, il y aurait une économie
dans la société québécoise pour les jeunes, comme
pour l'ensemble de la société. J'espère avoir
répondu modestement.
M. MERCIER: Je vous remercie.
M. LAVIGNE: Si vous me permettez, M. le Président, seulement une
petite précision. Si on calcule 50,000 élèves par
année, à $300 de moins pour le coût de l'assurance, cela
fait $15
millions par année. Avec cela, on peut certainement organiser des
cours dans les écoles.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le ministre des Institutions
financières.
M. TETLEY: Permettez-moi une question, et je crois que le ministre des
Transports qui est ici a quelques questions. Ma question est une question que
mon épouse m'a demandé de vous poser, parce qu'elle savait que
vous veniez. Tout d'abord, je voudrais dire, comme père de famille, que
je suis très content et très satisfait de votre présence
ici, pas simplement parce que c'est une institution publique ou parapublique
qui vient devant une autre institution publique et parapublique, c'est un
événement important et nouveau dans notre système, mais
aussi parce que c'est vous qui vous en occupez de nos enfants et de leur
éducation, vous vous préoccupez apparemment aussi de leur
sécurité.
Ma question est la suivante: Mon épouse a toujours noté,
en sortant de l'aéroport, en quittant un avion, où il fallait
porter une ceinture de sécurité elle prend presque toujours
un autobus de l'aéroport qu'il n'y a pas de ceinture de
sécurité. Apparemment, les statistiques sur les dommages,
blessures et accidents dans les autobus de l'aéroport sont plus
élevées que dans les avions.
On s'est toujours opposé au fait aussi que les autobus scolaires
n'ont pas de ceinture de sécurité. Je voulais poser ma question
au ministre d'Etat et elle est la suivante: Pourquoi les ceintures de
sécurité ne sont-elles pas obligatoires dans les autobus
scolaires?
M. LAVIGNE: M. le Président, M. le ministre, je suis content de
voir que M. Le ministre souligne que, très souvent, les questions les
plus pertinentes viennent des épouses.
Vous apportez un point, M. le ministre, qui est très important,
et nous sommes totalement d'accord sur le principe de la ceinture de
sécurité dans les autobus scolaires. Cela présente,
toutefois, deux difficultés. Nous savons que ce sont des enfants
relativement jeunes; nous savons qu'il n'y a que le chauffeur ou le conducteur
qui est là, sur le plus grand nombre d'autobus pour maintenir la
discipline et l'ordre. Est-ce qu'un seul homme peut, à la fois,
conduire, d'une façon sûre, son véhicule, et
également s'assurer que chaque enfant mettra sa ceinture de
sécurité? Je ne dis pas que c'est impossible. Je dis que c'est
une difficulté. Ce n'est pas la plus grande. La plus grande, c'est le
coût additionnel pour les ceintures de sécurité. Mais, si
nous pouvons avoir les crédits nécessaires, nous
n'hésiterons certainement pas à tenter l'expérience, et
très rapidement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre des Transports.
M. LEGER: Sur un point de règlement, M. le Président,
même si le temps est dépassé, comme nous sommes des gens
aimables et qu'on aime bien le ministre des Transports, allez-y, M. le
ministre, vous avez sûrement des questions très pertinentes
à poser.
M. MAILLOUX: M. le Président, cela va être très
court. Je voudrais d'abord m'excuser auprès de la
Fédération des commissions scolaires de n'avoir pu être
présent ce matin. Etant retenu à l'OPDQ, il m'a été
difficile d'être ici avant.
J'ai revu évidemment, les recommandations qui sont faites par la
Fédération des commission scolaires, et je voudrais dire, non pas
en question, mais en réponse, que, dans les semaines qui viennent de
s'écouler, avec le ministère de la Justice, le ministère
des Transports a fait l'impossible pour tâcher de revoir l'ensemble des
mesures de sécurité routière qui devraient être
mises en place dans les prochains mois. Je retrouve, dans le mémoire de
la Fédération des commissions scolaires, autant en amendement au
règlement no 11 qu'à d'autres suggestions, quantité de
suggestions que nous avons déjà retenues, et je pense qu'il nous
sera possible de donner nos intentions avant que le début de
l'été soit arrivé.
Il y aura une conférence de presse de donnée par mon
collègue de la Justice et moi-même dimanche prochain, à
Montréal, où nous donnerons quelques indications et, lors de la
revue de programmes, nous tâcherons d'avoir des crédits plus
abondants, de telle sorte que les voeux qui sont exprimés dans la
présentation du mémoire de la Fédération des
commissions scolaires soient, en partie, acceptés.
Je veux vous assurer que j'ai retrouvé à
l'intérieur des suggestions qui y sont faites quantité de lacunes
que l'on constate aujourd'hui dans le domaine de la sécurité
routière. Elles méritent d'être étudiées en
profondeur et des réponses valables vous seront données dans le
plus bref délai.
Quant à la question qu'a posée tantôt mon
collègue des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives relativement à la ceinture de sécurité
dans les autobus scolaires, je dois dire que l'on fait quand même face
à des problèmes très particuliers pour mettre en place une
telle mesure de sécurité dans ces autobus. Même si vos
chauffeurs réussissaient à faire en sorte que chacun des
élèves puisse être attaché s'il y avait une
ceinture, il faudrait quand même trouver le moyen d'avoir des
véhicules où les sièges puissent d'abord être
attachés mieux qu'ils ne le sont présentement parce que lors d'un
impact, je me demande évidemment, si cela...
Alors, cela entraîne toutes les conséquences d'un nouveau
type de véhicule qui correspondrait mieux, dans sa fabrication, à
la protection qu'on voudrait y accorder.
De toute façon, je veux, en m'excusant, vous dire que vos
suggestions seront retenues, dans une bonne proportion, et je pense que
l'action du ministère au cours de l'année qui vient
comme l'action du ministère de la Justice... On trouvera
peut-être qu'on a la main pesante sur la sécurité
routière au cours de la prochaine année, mais on demandera que
tous les partis politiques, tous les milieux de la société nous
aident à faire comprendre que le Québec veut perdre le triste
championnat qu'il détient à chaque semaine et c'est dans cette
direction que l'on ira prochainement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions?
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je voulais simplement remercier et féliciter la
Fédération des commissions scolaires pour la présentation,
entre autres, du Village de sécurité routière parce que la
préoccupation de la formation de l'élève est très
importante puisque l'élève d'aujourd'hui sera le citoyen de
demain. J'ai beaucoup d'admiration pour le projet d'habituer
l'élève aujourd'hui au Village de sécurité
routière à savoir comment circuler et à pied et en
bicyclette et en automobile et dans les transports en commun.
Je pense que c'est une occasion de donner à ces jeunes des moyens
de pénétrer plus tard dans la société avec beaucoup
plus de civisme et ainsi garantir une meilleure sécurité, non
seulement à eux, mais aux autres, puisque je remarquais que dans le
rapport Gauvin, on disait que très souvent la cause d'accident provenait
du piéton. Même des études en France et aux Etats-Unis
prouvaient que dans 85 p.c. des accidents où un piéton
était impliqué, il était le responsable et,
légalement, c'était l'automobiliste qui devait assumer les
dommages.
Donc, le rôle du piéton ainsi que le rôle de celui
qui utilise les moyens de transport doivent être définis à
l'occasion de la formation dans le milieu scolaire.
Je vous félicite pour cette présentation.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions? M. Lavigne.
M. LAVIGNE: M. le Président, je suis très heureux
d'entendre MM. les ministres et les membres de cette commission souligner d'une
façon aussi claire la pertinence des recommandations de la
Fédération des commissions scolaires catholiques de la province
de Québec et également, la pertinence des annexes et plus
particulièrement, le Village de sécurité
routière.
Ceci est un exemple des initiatives que prennent les commissions
scolaires en collaboration très étroite avec leur
fédération et les sections de ladite fédération. Je
remarque une fois de plus à quel point il est possible de
développer un esprit d'équipe et un esprit de collaboration entre
les gouvernements qui oeuvrent aux divers paliers. Ceci est extrêmement
important dans mon opinion et dans l'opinion de la fédération et
je ne peux faire autre chose que de vous remercier évidemment
très sincèrement et très chaleureusement de cette
collaboration et également pour l'attention soutenue que vous avez
apportée à nos suggestions. Je vous remercie, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): On vous remercie, messieurs, pour la
façon dont vous avez présenté votre rapport et surtout
pour nous faire voir que la région du Lac-Saint-Jean-Saguenay est
à l'avant-garde de la sécurité routière.
M. LEGER: Message! Avant de terminer, M. le Président, j'aurais
trois questions à poser au ministre. En premier lieu, est-ce qu'il peut
nous assurer que les membres du comité Gauvin, son président, M.
Rankins et les autres membres, seront invités à une date
précise? Je vais poser mes trois questions, vous pourrez répondre
aux trois par la suite, si vous le permettez.
En deuxième lieu, nous attendons impatienment, je pense, mardi
prochain, la venue du Barreau. Je voudrais simplement demander au ministre
quelle est son impression, car malgré qu'à de multiples reprises
nous ayons demandé des chiffres sur les affirmations faites en dehors de
cette commission parlementaire, nous ne les avons pas, et je me demande si
c'est une stratégie du Barreau de nous apporter les chiffres à la
dernière minute de façon que nous ne puissions pas les
vérifier, les décortiquer et même le certifier, à
temps, comme on disait hier à la commission parlementaire puisque nous
serons obligés de prendre ces chiffres seulement mardi prochain si nous
ne les avons pas avant.
En troisième lieu, je demanderais au ministre si, actuellement, 0
existe dans son ministère une équipe qui est en train de
travailler depuis un certain temps, à la rédaction du projet de
loi concernant la réforme de l'assurance-automobile.
M. TETLEY: M. le Président, je vais répondre aux trois
questions du député de Lafontaine dans l'ordre qu'il les a
posées. Tout d'abord, j'espère que les membres du comité
Gauvin viendront le 12 et le 17, pas comme comité, parce que le
comité apparemment n'existe plus, mais comme anciens membres, et ces
membres sont libres de répondre à nos questions.
J'ai parlé avec M. Gauvin et très récemment avec M.
Rankin, qui est ici aujourd'hui. C'est dans leur intention, le premier jour, de
déposer une réponse écrite à certaines
constatations venant de certains groupes qui sont venus. Le deuxième
jour, si je comprends bien, nous aurons l'occasion, ou encore une semaine
après, de répondre à leurs constatations. Deuxième
question, je suis membre du Barreau, le Barreau ne m'a pas consulté,
mais l'actuaire en chef du gouvernement et du ministère m'informe qu'il
n'a pas encore reçu les chiffres et je vois que le
secrétaire des commissions parlementaires ne les a pas
reçus non plus. Je vais demander, par la présente, à
l'actuaire du gouvernement ainsi qu'au secrétaire des commissions de
téléphoner immédiatement, avant même votre lunch, au
bâtonnier et d'exiger ces chiffres et surtout d'envoyer une copie
directement aux membres de la commission.
La troisième question a été...
M. LEGER: Le travail à votre ministère...
M. TETLEY: La réponse est oui.
M. LEGER: ... depuis combien de temps?
M. TETLEY: L'équipe de travail existait avant même le
dépôt, parce que j'avais une copie du rapport et que, lorsque le
document a été envoyé à l'imprimeur, j'ai en
même temps reçu plusieurs copies, deux ou trois, du rapport.
Depuis ce temps, mes gens étudient le rapport. D'ici quelques temps, la
fin de semaine prochaine, j'aurai une déclaration à faire
concernant certains travaux.
M. LEGER: M. le Président, est-ce qu'on peut conclure que le
comité Gauvin, qui n'a pas les mêmes outils qu'il avait pendant
qu'il était en fonction, va réussir à nous
présenter quelque chose une semaine après ou à nous
présenter une réponse à toutes les affirmations plus ou
moins exactes des différents groupes qui sont venus ici et que le
ministre a déjà une équipe de travail depuis plus de six
mois, puisque le rapport Gauvin est déposé depuis six mois? C'est
donc dire qu'on a de fortes chances d'avoir, avant Noël, soit un
dépôt de projet de loi ou un livre blanc des intentions du
ministre sur lesquels nous pourrons nous appuyer pour savoir la position et le
choix du gouvernement?
M. TETLEY: Non. Le ministre des Transports a déjà dit
qu'il annoncera, en fin de semaine, certaines décisions; en
présence du ministre de la Justice et j'aurai des actions à
annoncer.
Je vois plusieurs lois. On ne peut pas, par une seule loi, adopter tout
le rapport Gauvin; cela affecte plusieurs ministères et plusieurs lois.
Il y aura sans doute des actions ou des lois d'ici Noël, qui feront
plaisir au député de Lafontaine.
M. LEGER: Est-ce que je peux comprendre que ce sera une position de
principe du ministère?
M. TETLEY: Non. Certains principes, oui.
M. LEGER: Certains. Mais le grand principe de base, il ne sera pas
établi?
M. TETLEY: II y a plusieurs principes. Tout d'abord, il y a trois
chapitres: Sécurité routière, administration et
système d'indemnisation. Nous attaquerons en même temps, mais la
solution finale pour tous ces problèmes n'est pas pour le mois de
décembre.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut me dire quand il déposera
le grand principe? Parce que le reste, ce sont tous des petits principes
à l'intérieur du grand principe de la réforme. Le grand
principe de la réforme doit quand même présider ou
transcender l'ensemble des autres principes qu'il y a dans le rapport Gauvin.
Est-ce que le ministre peut nous dire quand il va nous déposer son
principe de base?
M. TETLEY: Le grand principe, dans le rapport Gauvin, c'est la
sécurité routière, pour sauver... C'est une question
d'opinion. Nous aurons l'occasion de poser cette question à MM. Gauvin,
Rankin, Belleau et Bouchard d'ici quelques jours. Mais, aussitôt que
possible, vous aurez notre grande position, vous aurez la position du
gouvernement.
M. LEGER: Pas avant l'ouverture de la session de 1975?
M. TETLEY: Je ne le sais pas. Aussitôt que possible.
M. LEGER: Ah! le ministre commence à...
M. TETLEY: Pourquoi mentir lorsque je n'ai pas la réponse.
M. LEGER: Vous êtes encore pris entre ce que vous devriez faire,
ce que vous voulez faire et ce qu'on va vous laisser faire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Alors, messieurs, nous devrions entendre dans
l'ordre il faut attendre la permission de la Chambre le 3
décembre, le Barreau du Québec; le 5 décembre, la Ligue de
sécurité de la province de Québec et la
Confédération des syndicats nationaux; le 12 et le 17
décembre, les auteurs du rapport Gauvin.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h)