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Commission permanente de la Justice
Etude des crédits
Séance du mardi 30 mai 1972
(Seize heures dix-huit minutes)
Préliminaires
M. PICARD (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
Nous commençons l'étude des crédits du
ministère de la Justice mais, auparavant, j'aimerais avoir le
consentement des membres de la commission pour certains changements dans la
représentation au sein de la commission des différents partis
politiques. M. Harvey (Chauveau) remplace M. Bacon, M. Carpentier remplace M.
Springate, M. Shanks remplace M. Tetley et ce pour la présente
séance.
J'aimerais être relevé de l'obligation d'appliquer
l'article 153, pour autant que les crédits sont concernés; cet
article prévoit que seuls les députés membres de la
commission ont droit de parole. Dans les autres commissions, on a toujours
permis à tous les députés présents d'adresser la
parole à l'occasion de l'étude des crédits.
M. HARDY: Entièrement d'accord. M. LE PRESIDENT: D'accord. M.
PAUL: Agrée, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au ministre de la Justice, avant de nous
faire l'exposé de sa politique, de nous présenter les principaux
hauts fonctionnaires qui l'accompagnent.
M. CHOQUETTE: J'ai ici, à ma droite, le sous-ministre, M. Robert
Normand; le directeur général de la Sûreté, M.
Maurice Saint-Pierre; le sous-ministre associé aux affaires civiles, M.
André Desjardins; le sous-ministre associé aux affaires
criminelles, M. Gérald Boisvert; le sous-ministre associé
à l'administration, M. Camille Blier; le directeur général
de la probation et des établissements de détention, un ami de
trois personnes bien connues, M. Maurice Gauthier; M. Dorion, directeur
général des greffes; le juge Ross, président de la
Régie des loyers; Me Jean Alarie, directeur général du
secrétariat, c'est-à-dire des bureaux d'enregistrement; M.
Noël, directeur du service financier; M. Arsenault, de la
Sûreté du Québec; M. Beaulieu, directeur du personnel au
ministère de la Justice; M. Guy Ethier, de la Sûreté du
Québec; M. Lemelin, directeur du service administratif; M.
François Gendron, de mon cabinet, et Paul Rolland.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, je demanderais aux membres de la commission
de nommer un rapporteur. Me permettez-vous de suggérer M. Carpentier, le
député de Laviolette? Agrée.
M. BURNS: On peut débattre cela.
M. PAUL: C'est beaucoup de responsabilités, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Je lui ai fait signe tantôt et il a semblé
d'accord.
M. PAUL: Quant à moi, je lui fais confiance pour ça. Vous
renoncez à votre compétence, M. le député des
Iles?
M. BURNS: Le député des Iles de la Madeleine est en
minorité ici.
Politique générale du
ministère
M. CHOQUETTE: M. le Président, au moment d'aborder les
crédits du ministère de la Justice, je pense qu'il convient que
je situe l'action du ministère de la Justice dans le temps, tenant
compte de ce qui a été réalisé l'année
dernière et indiquant l'orientation que j'entends donner au
ministère pour l'année prochaine ainsi que les diverses
dimensions de l'action du ministère, c'est-à-dire tous les
aspects de la vie sociale dans lesquels son action a un impact.
Je diviserai donc mon exposé en deux parties. Je tenterai, dans
une première partie, d'exposer aux membres de la commission la politique
générale que j'entends poursuivre au cours de l'année
prochaine dans les diverses phases de l'action du ministère de la
Justice tenant compte à la fois du passé et de l'avenir, comme je
le disais tout à l'heure, et, dans une deuxième partie, d'exposer
les grandes lignes des moyens financiers que nous entendons mettre en oeuvre
pour réaliser ce programme de politique générale.
Quant à la politique générale du ministère
de la Justice, je voudrais l'aborder sous divers titres. Le premier titre qu'il
me semble important de mentionner dès le début de cet
exposé est celui du maintien de l'ordre public et de la paix au
Québec. Il me semble qu'il s'agit là non seulement d'une
responsabilité essentielle et primordiale du ministère de la
Justice, mais que les événements récents que nous avons
connus m'obligent à dégager dès immédiatement ce
devoir premier du ministère de la Justice de voir au maintien de l'ordre
et de la paix publics.
Il me semble que c'est la fonction essentielle d'un Etat d'assurer la
paix et l'ordre publics. Si un Etat n'assure pas cela à la population
qu'il est chargé de protéger, tout le reste n'est que secondaire
par rapport à ce devoir essentiel. Ceci est d'autant plus vrai dans une
période de contestation comme celle que traverse le Québec depuis
quelques années.
Je suis donc parfaitement conscient du fait qu'il s'agit là d'un
des devoirs fondamentaux du
ministère de la Justice pour l'année qui va venir, et
peut-être pour les années qui vont venir, d'assurer, en toute
circonstance, que l'ordre public et la paix sociale soient maintenus. J'insiste
donc sur cet aspect dès le début de mes observations.
A l'intérieur de ce cadre du maintien de la paix et de l'ordre,
il me semble qu'il me faut insister sur des valeurs qui ont peut-être
été oubliées, négligées ou
écartées dans les dernières années,
c'est-à-dire celles du respect de l'autorité de l'Etat et du
respect de l'autorité des tribunaux. Ces valeurs, on a peut-être
considéré, dans certains milieux et même dans plusieurs
milieux, depuis quelques années, qu'on pouvait en faire abstraction.
A mon sens, les événements que nous avons traversés
récemment nous obligent à remettre en lumière
l'impératif fondamental qu'il y a pour toute société de
maintenir l'autorité de l'Etat et celle des tribunaux. C'est à
ces conditions que nous pourrons assurer un minimum d'ordre et de paix qui
seront les gages de la prospérité et du progrès de la
société québécoise. Sans assurer que cette
autorité de l'Etat et cette autorité des tribunaux, que je ne
voudrais voir s'exercer en aucune circonstance avec brutalité, puissent
s'exercer pleinement et être ressenties dans tous les milieux sociaux, il
est impensable et, à mon sens, illusoire de songer à promettre ou
à faire croire au peuple que l'on puisse assurer son progrès et
sa prospérité.
Je dis donc, M. le Président, que c'est là un des domaines
de l'activité du ministère auquel j'entends porter une attention
toute particulière au cours de l'année en cours.
Plus particulièrement en rapport avec les
événements récents que nous avons connus, j'ai
demandé à mes fonctionnaires de préparer un dossier que
j'intitule "dossier intimidation". Ce sera pour relever les épisodes de
violence, d'intimidation, de chantage que nous avons connus au Québec
depuis quelques mois. Ce dossier sera déposé devant le public,
dans une instance qui sera choisie, en temps et lieu, pour qu'il soit saisi des
manoeuvres et des actions qui ont été perpétrées
dans certains endroits du territoire du Québec et dans certains milieux
du Québec et qui visaient à intimider, à faire chanter et
à violenter la population.
Je suis heureux de l'issue de la période difficile que nous avons
traversée, parce que, malgré tout, nous l'avons traversée
sans incident majeur, sans violence extrême. Nous avons réussi, je
crois, dans une période qui offrait un potentiel explosif assez
considérable, on l'admettra, à maintenir quand même un
ordre suffisant, dans des circonstances où des groupes importants de
personnes étaient impliquées et devant des forces
policières, en somme, pas particulièrement nombreuses. Nous avons
réussi à le faire à travers certaines
péripéties judiciaires, législatives et parlementaires que
nous connaissons, avec la force publique dont nous disposions, mais
également avec le concours il faut l'admettre de la
population dans son ensemble qui a révélé, comme le
gouvernement, un calme qui a facilité la tâche des
autorités.
Mais, comme ministre de la Justice, je me dois de souligner et
d'indiquer que des événements comme ceux que nous avons
traversés étaient remplis de possibilités de catastrophes
et même de cataclysmes. Si nous avons réussi à
éviter tout cela, c'est sans doute dû aux qualités des uns
et des autres, mais c'est contre certaines forces révolutionnaires qui
sont à l'oeuvre dans notre société, n'en déplaise
au sourire de certains députés qui sont autour de cette
table.
J'ajouterai, M. le Président, non seulement certaines forces
révolutionnaires, mais certains groupes de gangsters qui ont
réussi à s'implanter dans des mouvements syndicaux
légitimes et à détourner l'action normale et légale
des travailleurs syndiqués. Je le dis franchement et ouvertement, M. le
Président, parce que mon plus grand désir, c'est que le mouvement
syndical fasse le ménage de sa propre maison et élimine ces
éléments indésirables, qui sont sans doute minoritaires,
je l'admets, mais qui, par leur action concertée, sont susceptibles
d'entrafner des catastrophes sur le plan social que le ministre de la Justice
ne permettra en aucune circonstance.
Par conséquent, je n'ai pas l'intention de laisser là les
événements que nous avons connus et de dire que c'est un incident
clos. L'incident n'est pas clos. L'incident sera étudié sous les
aspects qu'il importe, au point de vue du maintien de l'ordre public et ceci,
non pas dans un esprit vengeur ou de vindicte mais pour éviter au
Québec une nouvelle aventure dans d'autres circonstances, plus tard, qui
pourrait avoir des conséquences plus graves pour la
société québécoise.
M. le Président, je suis donc, je pense, justifié, compte
tenu de l'étendue des désordres que nous avons connus, de dire
qu'à mon sens, aujourd'hui, dans le Québec, il s'agit là
d'une des priorités essentielles du ministère de la justice et du
gouvernement que de maintenir l'ordre public et la paix, je le
répète, comme je le disais tout à l'heure, sans un
exercice brutal de l'autorité mais toujours avec compréhension,
et j'ajouterai avec fermeté.
Je voudrais, M. le Président, sur ce chapitre toujours, insister
sur un aspect qui me parait sous-jacent au problème que je suis à
examiner, celui du maintien de l'ordre public. Il est malheureux de constater
que, dans la société québécoise actuelle, il y ait
un tel désordre dans les idées, un désordre dans les
idées à tous les niveaux de la société et
même parmi ceux qui se targuent d'être les plus
évolués, les plus instruits, ceux qui ont reçu une
formation universitaire, ceux, en somme, à qui la société
a donné le maximum de ses possibilités etc. Dans ces milieux, on
constate un désordre général inapte à comprendre le
fonctionnement normal d'un Etat, d'une société.
Je n'ai qu'à écouter certains intellectuels, entre autres,
qui sont invités à la Société Radio-Canada, qui
soutiennent des théories plus ou moins vagues, plus ou moins brumeuses,
plus ou moins fondées et qui font passer ça auprès du
peuple comme des valeurs fondamentales, alors qu'en réalité je
crois qu'il faut revenir à l'essentiel, c'est-à-dire au respect
de l'Etat, au respect des tribunaux, au respect des instances et des
institutions sociales organisées, en place.
Ceci, je ne le dis pas pour écarter la critique à
l'égard de ces instances de la société, mais pour dire
qu'il est temps que le pendule revienne vers le centre. Cela fait assez
longtemps qu'on s'en va vers la gauche à l'heure actuelle pour qu'on
revienne à l'essentiel du fonctionnement d'une société.
Récemment, au cours de la crise que nous avons connue, quand je voyais
certains intellectuels proposer diverses solutions au problème et ne pas
envisager les plus claires et les plus élémentaires, soit, que
l'autorité publique, par ses institutions, devait s'affirmer, je me
disais: Ces gens-là vivent en dehors du monde ordinaire. Mais la
population a compris, et ceci est un grand réconfort pour le ministre de
la Justice. Dans tous les milieux que j'ai fréquentés à
part les quelques esprits plus ou moins égarés que je
décrivais tout à l'heure l'action gouvernementale a
été approuvée. Et ceci, à mon sens, nous en dit
long sur le fait que notre société est encore saine et que la
situation est loin d'être désespérée.
J'aborde maintenant une autre dimension importante de l'action du
ministère de la Justice. C'est son action contre la criminalité
sous toutes ses formes et à l'égard de certaines formes en
particulier. Je suis heureux de constater que, depuis un certain nombre de
mois, nous avons assisté à la disparition, sinon à la
suppression, du terrorisme politique. Je ne me pose pas en prophète pour
annoncer ce qui pourra ou ne pourra pas se produire, mais je dois quand
même prendre acte de ce que, depuis une période de 5 à 6
mois, nous avons peu d'incidents terroristes à déplorer.
Je pense, à ce sujet, que le ministère devra continuer
à exercer sa vigilance, qu'il ne devra pas relâcher sa
surveillance et qu'il devra se montrer observateur et vigilant de façon
à éviter toute recrudescence dans ce domaine.
Cela est sans doute vrai, mais je pense que l'action décisive et
ferme que nous avons adoptée il y a plus d'un an, dans ce
domaine-là, nous en avons récolté des fruits par la
disparition du terrorisme, au moins dans la période où je parle.
Cela nous montre qu'une action ferme et juste à la fois est susceptible
d'entraîner des effets sur le plan de certaines formes de la
criminalité.
J'ai donc l'intention, M. le Président, de continuer â
poursuivre l'action du ministère de la Justice comme elle a
été entreprise dans ce domaine-là. Dans le domaine du
crime organisé, domaine qui n'a pas échappé à
l'attention du ministère de la Justice, je suis heureux de confirmer
certaines déclarations que j'ai déjà faites et d'annoncer
à cette commission que nous avons mis sur pied une équipe
extrêmement forte au sein du ministère de la Justice,
composée de procureurs de la couronne d'expérience qui ont ma
confiance entière, composée de policiers de la
Sûreté du Québec et de la police de la Communauté
urbaine de Montréal. C'est un groupe d'une cinquantaine d'hommes, en
plus du personnel de bureau requis, auquel viendra s'adjoindre un certain
nombre de policiers de la Gendarmerie royale du Canada, qui a accepté de
collaborer avec nous dans l'action que nous entreprenons contre le crime
organisé.
M. le Président, je ne voudrais pas à ce stade dire dans
les moindres détails dans quelle phase de l'action du crime
organisé nous avons l'intention d'oeuvrer prioritairement, mais je
voulais, en vous indiquant l'étendue de l'opération que nous
envisageons, vous en démontrer le sérieux et vous indiquer que
nous avions la collaboration de toutes les forces policières. Nous avons
également l'appui des meilleurs éléments parmi les
procureurs de la couronne pour mener à bien cette lutte contre le crime
organisé.
Finalement, M. le Président, dans le domaine de la
criminalité en général, j'ai publié au mois de
juillet l'année dernière un livre blanc sous le titre La police
et la sécurité des citoyens.
Ce livre blanc a déjà commencé à être
implanté dans certaines phases de l'action policière au
Québec. J'entrevois, non pas pour la session dans laquelle nous sommes
plongés à l'heure actuelle mais pour la session qui commencera
l'automne prochain, de déposer un projet de loi-cadre prévoyant
l'intégration régionale des forces policières
municipales.
Nous aurons, je pense, appris beaucoup par l'expérience de
l'intégration des forces policières de l'île de
Montréal et je pense qu'il nous sera possible, dans le prolongement de
la pensée qui était exprimée dans le livre blanc, et
tenant compte de l'expérience montréalaise, de déposer un
projet de loi-cadre qui permettra, au cours d'un certain nombre
d'années, de réaliser l'intégration des forces
policières sur une base régionale.
Je passe beaucoup de détails et d'aspects du livre blanc qui ont
déjà commencé à être implantés parce
que je veux, au moment de cet exposé, m'en tenir aux grandes lignes de
la politique du ministère.
Un troisième aspect de la politique du ministère que je me
dois de traiter et dont je dois reconnaître l'importance c'est la
dimension sociale de l'action du ministère de la Justice. Comme nos
honorables collègues le savent, le bill 70 a été
adopté il y a déjà un certain temps et nous avons, â
la suite de l'adoption de ce projet de loi, constitué au
ministère, en particulier au niveau de la direction
générale des greffes, une équipe de travail en vue de
l'implantation de ce projet de loi.
Cette équipe de travail est active depuis un an, elle a fait les
démarches auprès des autorités
locales pour situer les endroits où siégera la cour
Provinciale, division des petites créances. On a mis sur pied un
programme d'établissement de formulaires, on a établi les
contacts avec le ministère des Travaux publics en vue du choix des
locaux, notre programme de recrutement de personnel est établi et ce
personnel devrait être recruté au cours de l'été qui
vient, de telle sorte que j'entrevois que le bill 70 sera en fait
implanté à compter de la date que j'avais déjà
annoncée, c'est-à-dire le 1er septembre 1972.
Quant au bill 10, la Loi de l'aide juridique, comme mes honorables
collègues le savent, il fait actuellement l'objet d'une étude par
la commission parlementaire de la Justice. Je pense qu'il nous reste environ
deux journées de séances à tenir et il nous sera possible,
après avoir reçu les représentations des personnes qui
sont venues nous exposer leur point de vue, d'amender le projet que j'ai
déposé pour tenir compte des observations faites et de
présenter un projet d'aide juridique dans sa forme définitive
avant la fin de l'actuelle session et faire adopter ce projet de loi.
Pour le moment, je n'en dis pas plus parce que je voudrais indiquer que
j'examine les observations qui nous sont faites en toute objectivité et
qu'il me semblerait prématuré pour le moment d'indiquer aux
députés ici présents dans quelle direction nous avons
l'intention de nous orienter parce que je voudrais attendre que tous les
témoins aient comparu avant de rendre jugement, si on me passe
l'expression, malgré que je n'aie pas de jugement à rendre, mais
j'aurai au moins un projet de loi à présenter au nom du
gouvernement pour tenir compte de ces observations.
Un quatrième aspect de l'action du ministère de la Justice
qui me semble avoir une grande importance dans le contexte actuel est celui de
la réforme de l'administration de la Justice. A ce sujet, je tiens
à communiquer aux députés ici présents que les
études se font actuellement au ministère de la Justice dans
divers domaines de l'administration de la justice en vue de présenter
des projets de loi à l'Assemblée nationale. Il s'agit, entre
autres, d'une réforme des tribunaux et en particulier de la
régionalisation des cours municipales actuelles. Je ne pense pas
être en mesure de déposer ce projet de loi à la session
actuelle par manque de temps. Je pense qu'il devra venir à la session
d'automne.
Nous poursuivons à l'heure actuelle des consultations
auprès de divers groupes qui sont intéressés à la
question et qui sont aptes à nous donner des conseils judicieux sur le
projet de loi instituant un conseil de la magistrature.
J'ai déjà annoncé ce projet de loi, en d'autres
circonstances. On sait qu'il s'agirait de former un conseil des juges en chef
des diverses cours de façon à donner une autorité à
ce groupe sur l'administration des tribunaux, sur la qualité de
l'administration de la Justice dans les diverses juridictions, sur l'attitude
et le comportement des magistrats, sur l'assistance que ce conseil pourrait
donner au ministre de la Justice dans la nomination de nouveaux magistrats,
ceci afin de garantir que n'accéderont à la magistrature que les
meilleurs candidats. C'est dans cet ordre d'idées que le conseil de la
magistrature est prévu. Je ne sais pas encore si je serai en mesure de
présenter ce projet de loi à la session actuelle. De toute
façon, il sera sûrement présenté l'automne prochain
si, par manque de temps, je ne pouvais le faire avant la fin des travaux
parlementaires de la session dans laquelle nous sommes.
Un troisième projet de loi qui fait actuellement l'objet
d'études par un comité interministériel est le projet de
loi instituant de façon permanente la Régie des loyers et rendant
permanente la réglementation entre propriétaires et locataires.
On sait que ceci a déjà été discuté entre
nous à diverses époques de nos travaux parlementaires
l'année dernière. Je suis heureux d'informer les membres de la
commission que nous avons actuellement un projet de loi dont nous
vérifions la portée auprès de divers ministères du
gouvernement, entre autres le ministère de l'Industrie et du Commerce,
le ministère des Affaires sociales ainsi que la Société
d'habitation du Québec.
Dès que ces études auront été faites, je
pourrai alors déposer le projet de loi. Je compte le faire à la
session actuelle, non pas pour le faire adopter maintenant, mais pour permettre
à la commission parlementaire de la justice de demander l'avis des
personnes intéressées, de tenir des séances au cours de
l'été ou au cours de l'automne, avant d'en suggérer
l'adoption au cours de la prochaine session, de façon à ce que
cette loi permanente des loyers soit en vigueur pour le 1er mai 1973 et
même plusieurs mois avant. Car, on sait qu'en vertu des règles qui
s'appliquent dans ce domaine comme dans le domaine contractuel des baux il
importe que des avis soient donnés dans certains délais.
Par conséquent, il faut entrevoir, à mon sens, l'adoption
de ce projet de loi pour avant ou pendant le mois de décembre 1972.
Finalement, j'ajoute un dernier projet de loi que je compte présenter
à la session actuelle, au sujet d'un certain nombre d'amendements au
code de procédure civile. Ces amendements ont été
élaborés conjointement par le ministère de la Justice, le
Barreau et la magistrature, de façon à permettre
l'accélération des procédures devant nos tribunaux civils.
La question des délais en justice est un sujet de plaintes probablement
universel et permanent.
Par conséquent, ce n'est pas un problème exclusivement
québécois, mais c'est un problème qui est ressenti
extrêmement vivement par le justiciable. Si on devait demander au
justiciable, en général ou au moins à
brûle-pourpoint, quel est son principal sujet de reproche à
l'égard de l'administration de la justice, probablement, dans la
majorité des cas, nous dirait-il que ce sont les délais
judiciaires. Alors, le comité
tripartite, qui avait été institué il y a environ
un an et dont j'ai décrit tout à l'heure la composition, a fait
son travail.
Le travail est actuellement entre les mains de nos légistes au
ministère de la Justice. Je compte pouvoir déposer ce projet de
loi d'ici quelques semaines pour le faire adopter par la Chambre pour qu'il
soit en vigueur le 1er septembre 1972, date à laquelle commence
l'année judiciaire, après les vacances d'été. Ainsi
les mesures qui seront annoncées s'appliqueraient au début de la
prochaine année judiciaire.
M. le Président, ce sont là quelques mesures que
j'entrevois à plus ou moins brève échéance et qui
font suite et s'intègrent aux réformes et initiatives que nous
avons déjà adoptées au ministère de la Justice,
ceci avec le concours des honorables députés ici présents
et du Parlement en général. Je voudrais ici faire une
brève liste des lois qui furent adoptées par nous et qui,
à mon sens, ont été des pierres apportées à
l'édifice de la justice pour une meilleure administration de la
justice.
M. PAUL: Est-ce que le ministre nous permettrait de nous
référer aux deux publications du premier ministre qui sont...
M. BURNS: Le gouvernement Bourassa, deux ans après.
M. PAUL: Deux ans après, justement? Je pense que nous avons un
éventail assez complet...
M. CHOQUETTE: Je voudrais, M. le Président, pour la
compréhension des députés, faire une simple liste des
projets de loi...
M. PAUL: Si je vous comprends, cela ne sera pas politisé,
à votre avis.
M. CHOQUETTE: Pas du tout, pas du tout. M. PAUL: Très bien. Il y
a une différence.
M. CHOQUETTE: Cela a seulement pour but, M. le Président, de
montrer dans quel contexte les initiatives futures, que je viens de vous
annoncer, se situent par rapport à ce que nous avons fait au cours de
l'année dernière.
Alors, ces initiatives de l'année dernière, qui ont
été votées et réalisées, sont les suivantes
et je mentionne les plus importantes. Loi du conseil consultatif de la justice,
Loi modifiant la Loi des jurés, Loi de la Commission de contrôle
des permis d'alcool, Loi modifiant le code civil en particulier, en
rapport avec l'âge de la majorité, la légitimation des
enfants adultérins et un certain nombre de mesures relatives aux
personnes Loi favorisant l'accès â la justice, Loi de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels, Loi du régime de
retraite de la Sûreté et amendements à la Loi de
police.
Maintenant, je voudrais aussi faire part aux députés,
à l'intérieur de cet exposé des politiques
générales, de mon intention de publier, au cours de l'automne
prochain, de préférence au début de l'automne, un livre
blanc sur l'administration de la justice civile et l'organisation des tribunaux
au Québec. Dans ce livre blanc, j'entends faire la revue de l'ensemble
des mesures déjà adoptées, de celles que j'ai
annoncées tout à l'heure ou qui seront en cours de
réalisation et d'autres à venir. Ce sera une sorte de
synthèse de la réforme que nous apportons au niveau de
l'administration de la justice.
Ce livre blanc est, actuellement, en voie d'être écrit. Une
équipe a été constituée au ministère de la
Justice, avec le concours d'éléments de l'extérieur, soit
de la magistrature, soit du Barreau. Je pense qu'il nous sera possible de
montrer, en somme, quelles sont les principales lignes de force de la
réforme de la justice que nous avons entreprise, de façon que
cette réforme soit particulièrement bien comprise de tous les
éléments qui participent à l'administration de la
justice.
Ici, je m'adresse en particulier au député de Bourget, qui
est un homme intelligent, sans aucun doute, mais qui n'a pas été
mêlé intimement à l'administration de la justice. J'attire
son attention sur le fait qu'un des grands problèmes de l'administration
de la justice, c'est la complexité du système judiciaire. La
procédure judiciaire, qu'elle soit civile ou criminelle, requiert
beaucoup d'éléments humains et matériels à diverses
phases du déroulement de son activité. Par conséquent, il
faut le concours de diverses disciplines, que ce soit les juges, les avocats,
les fonctionnaires, les policiers enfin j'en passe pour arriver
à ce que la justice soit rendue.
Il me paraît particulièrement important, quand on aborde le
sujet de la réforme de l'administration de la justice en
général, que les positions soient bien claires, bien
établies et que chacun des éléments qui constituent cette
administration de la justice ait une perception claire et précise des
réformes entreprises et de la direction que l'on poursuit, sans compter
je pense qu'on l'admettra qu'il y a tout intérêt
à ce que le public comprenne, au moins dans une certaine mesure
et dans la plus grande mesure possible le sens des réformes
judiciaires qu'un gouvernement veut entreprendre.
M. le Président, je terminerai cet exposé de la politique
générale en mentionnant un aspect qui a une certaine importance
dans le contexte actuel. C'est celui des relations
fédérales-provinciales au niveau de l'administration de la
justice.
Je dois dire, M. le Président, que dans ce domaine, contrairement
à d'autres domaines de l'activité gouvernementale, en
général, les relations du ministère de la Justice du
Québec avec le ministère de la Justice fédéral sont
empreintes de compréhension, d'intelligence, de bonne foi et surtout,
dirais-je, d'une appréciation juste des responsabilités
distinctes des deux niveaux de gouvernement.
Ceci ne veut pas dire qu'il n'y ait pas des niveaux où l'on doive
s'interroger et même, peut-être, des niveaux de conflit à
certaines occasions mais, en général, je dois exprimer ma
satisfaction et celle des officiers de mon ministère dans leurs rapports
avec les autorités fédérales.
J'indique tout de suite, M. le Président, qu'une des raisons pour
lesquelles ces rapports sont peut-être assez heureux, c'est qu'en
général l'administration des affaires de justice est de
compétence provinciale, de telle sorte qu'il n'y a pas beaucoup
d'endroits où il y a des collisions possibles avec les autorités
fédérales.
M. LAURIN: Pas de zones grises.
M. CHOQUETTE: Pas de zones grises et, j'ajouterai à ce que dit le
député de Bourget que l'administration des tribunaux et de la
justice est principalement matière provinciale. C'est une matière
qui, au point de vue constitutionnel, à mon sens, est très
décentralisée. Ceci donne d'excellents résultats. C'est la
raison pour laquelle, si je pouvais faire une observation de portée plus
générale, je dirais que si notre fédéralisme,
à l'instar du domaine de la justice, pouvait réussir à
être décentralisé de la même façon, je pense
qu'il n'y aurait pas lieu de mettre en cause le système politique
canadien et le fédéralisme canadien.
M. HARDY: Il n'y aurait pas de Parti québécois!
M. CHOQUETTE: Je le regrette pour nos amis, cela représenterait
leur disparition.
M. BURNS: C'est donc "plate" que ce ne soit pas comme cela partout,
n'est-ce pas?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: C'est donc "plate"!
M. CHOQUETTE: Mais, M. le Président, je tenais à le
signaler parce qu'il y a sans doute une leçon à tirer de
l'expérience que nous vivons au ministère de la Justice. Je le
dis, ce sont des propos d'ordre général. Je ne dis pas que c'est
une politique que je préconise dans tous les ordres de gouvernement mais
je dis que, pour notre part, c'est la situation. Si on pouvait utiliser ce
modèle dans d'autres secteurs de l'action et de l'activité
sociales, peut-être aurait-on un fédéralisme moins rempli
des soubresauts que l'on connaft à l'heure actuelle.
Pour ce qui est du domaine de l'aide juridique ou de l'assistance
judiciaire, sur lequel le député de Maskinongé m'a
interrogé récemment, à la Chambre, je suis maintenant en
mesure de préciser ce qui va se produire. Le ministre
fédéral de la Justice a annoncé et m'a confirmé,
par téléphone, qu'il voulait mettre un montant de $200,000
à la disposition de certaines cliniques judiciaires à travers le
pays. J'ai fait des représentations au ministre de la Justice en lui
disant qu'à mon sens, il n'était pas dans l'ordre que ces
subventions soient versées directement aux cliniques d'aide juridique et
que, pour ma part, comme ministre de la Justice du Québec, j'aurais
préféré qu'il nous donne la part qui revient au
Québec sur une base per capita ou sur une autre base
équivalente.
Qu'il nous donne ces sommes que je pourrais distribuer aux cliniques
judiciaires, étant donné que nous-mêmes nous leur donnons
déjà certaines subventions. Par conséquent, même sur
le plan administratif, il me semblait beaucoup plus opportun que nous ajustions
la politique fédérale en ce qui regarde ces $200,000 et notre
propre politique de subvention aux cliniques d'aide juridique.
Le ministre de la Justice fédéral a reconnu que mon point
de vue était bien fondé. Sans qu'il se soit engagé
à me donner les fonds pour que je les distribue, il m'a assuré
qu'il y aurait consultation avec mon ministère et qu'en
général ce serait sur l'indication du ministère de la
Justice du Québec que les subventions seraient données à
nos cliniques du Québec.
Mais et ceci me parait beaucoup plus important pour l'avenir
parce que, pour cette somme de $200,000, on admettra qu'elle a assez peu
d'importance dans le contexte général le ministre de la
Justice fédéral m'a assuré que le gouvernement
fédéral examine une politique d'aide générale
à l'aide juridique et à l'assistance judiciaire à travers
le pays et il m'a assuré que l'assistance financière qui serait
donnée par le gouvernement fédéral passerait
nécessairement par les gouvernements provinciaux. Les programmes d'aide
juridique ou d'assistance judiciaire seraient ainsi élaborés par
les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral ne
viendrait que donner, soit par une subvention ou par un autre mécanisme
de compensation, une assistance financière, les provinces étant
libres d'utiliser ces fonds suivant leur optique dans le domaine de l'aide
juridique ou de l'assistance judiciaire.
Alors, compte tenu de cette expression de politique
générale, je ne crois pas opportun d'être trop rigoureux
avec le ministre de la Justice fédéral pour ce qui est des
$200,000, compte tenu aussi du fait que je suis satisfait des mécanismes
de consultation établis entre nos deux ministères pour la
distribution au Québec des fonds à l'aide juridique. Cela se fera
de façon satisfaisante, à mon sens, d'autant plus qu'il s'agit
simplement d'un geste plutôt symbolique de la part du gouvernement
fédéral et sans lendemain véritable, le lendemain
véritable étant la politique générale d'aide
juridique.
Je crois qu'il y a non seulement lieu de se réjouir sur le plan
de l'aide juridique et de l'assistance judiciaire aux
défavorisés, d'une initiative fédérale dans ce
domaine, mais qu'il y a lieu également de se réjouir de
l'attitude
constitutionnelle adoptée par le ministre de la Justice
fédéral dans un domaine qui nous touche particulièrement.
Comme on le sait, la principale responsabilité dans le domaine de
l'assistance judiciaire ou de l'aide juridique est provinciale et je suis
heureux que le gouvernement fédéral le reconnaisse. Ceci conclut
mes remarques sur la politique générale du ministère de la
Justice telle que je l'entrevois.
Maintenant je pourrais passer, si vous le voulez bien, à certains
points saillants des crédits budgétaires qui vous sont
présentés aujourd'hui.
Premièrement, le total des prévisions budgétaires
prévoit des dépenses, dans le domaine de la justice, de $126.6
millions. Ceci inclut des prévisions pour la révision des
traitements des membres de la Sûreté du Québec et des
cadres du ministère de la Justice. Ces prévisions de
révision des traitements sont donc incluses dans ce chiffre de $126.6
millions.
Pour ce qui est des autres catégories d'employés du
ministère de la Justice, leurs révisions de traitements ne sont
pas incluses dans les prévisions budgétaires actuellement
déposées. On sait en effet qu'au ministère des Finances on
a prévu $59 millions pour faire face à ces
échéances qui viendront au cours de cette année. De ces
$59 millions, suivant nos estimations, $9 millions environ devraient être
attribués au ministère de la Justice, de telle sorte que le total
approximatif des dépenses du ministère de la Justice sera de
$135.6 millions au cours de la prochaine année financière.
Ceci, M. le Président, représente, suivant nos chiffres,
un accroissement des dépenses de 20.6 p.c. Je tiens compte des $9
millions, évidemment, qui ne se trouvent pas aux crédits. Je
tiens compte aussi de certains plans, actuellement en voie
d'élaboration, mais qui doivent être approuvés sous peu,
qui envisagent l'accroissement des effectifs du ministère de la Justice,
qui se situeront aux environs de $12,000 employés au cours de la
prochaine année financière.
Par conséquent, il faut admettre, M. le Président, que
l'accroissement des dépenses à la Justice est parmi les plus
élevés des ministères du gouvernement. Quand aux
accroissements qui sont prévus à l'intérieur de nos
crédits tels que déposés, il faut dire que certaines des
prévisions comprennent l'accroissement normal des traitements des agents
de la Sûreté du Québec en vertu de leur convention
collective actuelle, l'accroissement du personnel, comme je le mentionnais tout
à l'heure, et un programme d'informatique à la
sûreté.
Je mentionne que nous avons fait adopter par le conseil des ministres un
projet d'implantation d'un système d'informatique extrêmement
avancé, au coût d'environ $10 millions, qui sera réparti
sur cinq années financières. Ce programme permettra de compiler
les données nécessaires à la lutte contre la
criminalité. Ce service sera à l'usage non seulement de la
Sûreté du Québec, mais de tous les corps municipaux du
Québec.
Alors, nous faisons un effort très particulier dans ce domaine,
ce qui implique, il faut l'admettre, des dépenses considérables.
Il y a également d'autres programmes ou développements nouveaux
qui ont apporté des accroissements dans nos dépenses. Ainsi,
l'instauration de la Commission de contrôle des permis d'alcool
coûte au ministère de la Justice une somme de $2,400,000. Il est
vrai que, dans le passé, nous avions la Régie des alcools qui
agissait comme tribunal, mais, à ce moment-là, elle
dépendait du ministère des Finances. Aujourd'hui, la Commission
de contrôle des permis d'alcool, qui lui a succédé, voit
ses dépenses imputées au ministère de la Justice.
Nous voyons également les revenus provenant du contrôle des
permis d'alcool, imputés au ministère de la Justice et je pense
que ces revenus se situent aux environs de $18 millions. Pour la Loi
d'indemnisation des victimes d'actes criminels, nous avons prévu une
somme approximative de $300,000. Pour la Loi favorisant l'accès à
la justice, nous prévoyons des dépenses annuelles de $1.5
million. Pour le nouveau personnel requis à l'administration et aux
affaires criminelles, en particulier avec l'organisation du "Strike Force"
contre le crime organisé, nous prévoyons $250,000; il y a aussi
diverses autres dépenses en rapport avec un contrôle plus
serré des faillites frauduleuses.
Dans le domaine des bureaux d'enregistrement, nous entrevoyons
également un accroissement de nos dépenses de $2 millions. Ceci
résulte, je pense, en partie de la mise à traitement de certains
bureaux qui ne le sont pas encore, de l'accroissement du personnel et de
diverses autres dépenses.
Dans le domaine de l'assistance judiciaire, nous avons prévu,
pour le moment, un accroissement de $500,000 par rapport aux dépenses de
l'année dernière. Ceci, à mon sens, n'épuisera pas
les besoins dans ce domaine, mais c'est le chiffre qui a été
porté aux prévisions budgétaires, compte tenu de ce que la
Loi de l'aide juridique n'était pas encore adoptée au moment
où les prévisions budgétaires ont été
déposées.
M. PAUL: Environ $2,300,000.
M. CHOQUETTE: Environ $2,300,000. M. le Président, je dois dire
que nous avons institué au ministère de la Justice un service qui
porte le nom provisoire de service de sécurité et qui est
actuellement dirigé par l'ancien directeur général adjoint
de la Sûreté du Québec, M. Raoul Jobin.
Ce service de sécurité regroupera le personnel mis
à la disposition des membres du Conseil exécutif et d'autres
personnalités de l'Opposition ou personnalités politiques qui
requièrent une certaine protection. Plutôt que de laisser ce
travail se continuer par des agents de la Sûreté, nous avons un
programme en vertu duquel il
sera fait par des personnes qui agiront comme chauffeurs et gardes du
corps. Ces gens subiront un certain entraînement dans ce domaine à
l'Institut de police à Nicolet mais ils ne seront pas des policiers,
tout en étant versés à la catégorie des agents de
la paix.
Ce service de sécurité, pour lequel nous avons
prévu $500,000, a pour but de réunir ces effectifs. On lui
imputera les dépenses de la garde des personnes qui peuvent être
plus exposées que d'autres à des actions criminelles.
Quant à la ventilation des dépenses ou des estimations du
ministère de la Justice, je mentionnais tout à l'heure que,
suivant une manière comptable ou une autre, nos estimations
étaient de $126,625,000 ou de $135.6 millions. Je voudrais indiquer que
sur ces chiffres totaux les salaires et traitements représentent
$100,650,000, c'est-à-dire que du total de nos estimations la plus
grande partie, soit environ 79.5 p.c, constitue des traitements, ce qui indique
que le ministère de la Justice est un ministère de services.
J'ajouterai également, comme donnée
générale, que sur le total des traitements payés par le
gouvernement du Québec au cours du prochain exercice financier, soit
$421,750,000, le ministère de la Justice en prend $100,650,000, soit un
pourcentage de 23.8 p.c. Et nos effectifs, par rapport aux effectifs totaux du
gouvernement, excluant les occasionnels, représentent 26 p.c. de
l'ensemble de la fonction publique. Par conséquent, les postes
autorisés au ministère de la Justice, qui se situent aux environs
de 10,000 et plus, par rapport à un effectif total de la fonction
publique de 40,000, représentent 26 p.c, soit environ le quart des
effectifs gouvernementaux.
Je ne voudrais pas allonger cet exposé en donnant trop de
détails fastidieux à mes honorables collègues. Je dirai,
pour conclure, et pour indiquer le sérieux avec lequel les estimations
budgétaires du ministère de la Justice sont
préparées en particulier, je voudrais reconnaître
les hauts fonctionnaires, qui, à tous les niveaux, ont contribué
à la préparation de ces estimations budgétaires ainsi que
tous ceux qui ont collaboré avec le ministre au cours de l'année
dernière que par rapport à nos estimations de l'an
passé, nous arrivons tout à fait à l'intérieur de
nos crédits. Nous souffrons d'un excédent de 0.2 p.c. par rapport
aux prévisions qui étaient déposées pour l'exercice
financier de l'année dernière. Le budget actuel, je puis vous le
dire, a été préparé par les mêmes personnes,
dans les mêmes conditions et avec la même compétence.
M. LAURIN: Vous en souffrez vraiment?
M. CHOQUETTE: De quoi?
M. LAURIN: De l'excédent.
M. CHOQUETTE: On peut dire que nous avons calculé avec beaucoup
de justesse, 0.2 p.c.
M. DROLET: Cela aurait été pire si cela avait
été 0.8.c.
M. CHOQUETTE: Oui, d'accord. Excepté que je dois mentionner
qu'à cause de certains incidents qui se sont produits au niveau de la
Sûreté du Québec au cours de l'automne dernier nous avons
été obligés de faire voter un budget supplémentaire
que nos honorables collègues...
M. BURNS: Plaignez-vous à votre ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas pour me plaindre, mais je voulais quand
même établir les faits avec une véracité totale et
dire que nous avions calculé juste mais que ce budget
supplémentaire de $2 millions a dû être voté pour
réviser les traitements de la Sûreté. C'est la seule
exception qui, je pense, était imprévisible lorsque les
estimations budgétaires ont été préparées
l'année dernière.
En concluant, juste une note pour indiquer que nous prévoyons un
accroissement des revenus au ministère de la Justice de $9,100,000, ce
qui portera notre budget à $36 millions pour l'exercice qui vient.
Sur ce, M. le Président, je termine mes observations.
M. LE PRESIDENT: Le leader parlementaire de l'Opposition officielle, le
député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais, en premier lieu, remercier
le ministre de cette vue à vol d'oiseau qu'il vient de nous faire, de la
projection envisagée par son ministère ainsi que pour certaines
réalisations dont il nous a donné la liste.
Vous me permettrez également de saisir cette occasion pour
renouer connaissance avec tous les officiers supérieurs du
ministère de la Justice, dont je garde un excellent souvenir et qui,
j'en suis sûr, constituent pour le ministre une pierre angulaire sur
laquelle il peut s'appuyer pour tâcher de doter le Québec d'un
ministère de la Justice qui corresponde à la mission même
de ce ministère, soit celle du maintien de l'ordre et de la paix dans la
société.
C'est dommage que la tribune de la presse brille à nouveau cet
après-midi par son absence, parce que la population aurait eu avantage
à entendre les grandes déclarations de principe que nous a
exposées le ministre et qui étaient fort à point. Sans
malice, je rappellerai certaines époques où le
député d'Outremont siégeait de l'autre côté
des banquettes qu'il occupe actuellement alors que, n'ayant pas
l'expérience de l'administration de la justice, il ne voyait pas les
mêmes problèmes qu'aujourd'hui. Je dénote
chez lui une amélioration qui est tout à son honneur.
Je n'ai pas été frappé par les propos du ministre
responsable de la garde du Grand Sceau de la province ni de son compte rendu
quant à ses activités de registraire en chef de la province.
Mais, d'un autre côté, j'ai beaucoup aimé cette
rétrospective des événements qui se sont
déroulés et qui mettent la société constamment,
depuis quelques années, en état d'alerte et de crainte.
La justice doit présider aux relations entre les hommes, et cette
justice, Dieu sait comment aujourd'hui elle est attaquée de toutes
parts, surtout si l'on considère que beaucoup de gens croient que le
nombre constitue la justice et que la violence doit être la
maîtresse du logis.
Le but que doit viser tout ministre responsable de la justice est
d'adopter des politiques pour le maintien de l'ordre et de la paix. Cet ordre
et cette paix ne pourront être obtenus que par la participation
intelligente de ceux qui veulent sauvegarder nos institutions et qui ont
réellement à coeur le développement économique du
Québec.
Il nous faut nous rappeler que c'est le devoir fondamental de l'agent de
la Sûreté du Québec, de l'agent de la paix et de tout
citoyen conscient de ses responsabilités de participer sans
réserve.
Sans pour cela être un délateur ou un mouchard, il doit
collaborer avec l'autorité en place pour que notre société
évolue dans l'ordre et la paix.
Quand on constate aujourd'hui l'acharnement avec lequel certaines gens
s'attaquent à l'autorité gouvernementale, à
l'autorité judiciaire, à l'autorité policière, on
s'interroge avec raison quant au sort qui peut être réservé
à la population du Québec. Que l'on aime ou non
l'autorité, il faut la respecter, il faut s'y soumettre. Cette
autorité de l'Etat, on doit la respecter, et si l'on prétend
qu'elle doive être remplacée, il y a des moyens
démocratiques de le faire.
De plus en plus on galvaude la justice, on attaque les tribunaux, on se
moque de notre système judiciaire avec l'espoir d'y substituer un autre
système. Mais répondrait-il, lui, aux véritables
critères de justice qui doivent guider ceux qui ont charge de
l'administration de la chose publique au Québec?
M. le Président, j'ouvrirai une très courte
parenthèse pour inviter mon collègue, le ministre de la Justice,
à entrer en communication avec les autorités
fédérales responsables de la justice pour suggérer un
amendement au code criminel afin que, dans l'avenir, le mépris de cour
fasse l'objet d'une accusation particulière. Personnellement, je n'ai
pas l'intention ici de blâmer l'autorité judiciaire,
l'autorité de quelque juge que ce soit. Je suis sûr que le
ministre partage mon point de vue, mais il n'est pas obligé de
l'exprimer publiquement. Je me demande si l'on ne devrait pas faire les
représenta- tions qui s'imposent pour que le mépris de cour ne
soit pas laissé à la discrétion de celui qui se
prétend en être victime et si l'on ne devrait pas fournir
l'occasion à celui à qui on le reproche de faire face à
une accusation et de se défendre suivant les règles de
procédure et de preuve établies chez nous.
J'ai été très intéressé d'entendre le
ministre nous faire part de la publication prochaine de certain livre blanc ou
de rapports dans lesquels il pourrait signaler à la population les
différentes manoeuvres d'intimidation déployées par les
experts en la matière. Intimidation qui s'adresse à toutes les
couches ou classes de la société. Il y a des gens qui,
malheureusement, craignent ces intimidations ou ces chantages et plient devant
eux. On ne peut leur reprocher leur capitulation, leur crainte, mais il en
découle nécessairement, cependant, que du même coup, dans
bien des secteurs, notre population se trouve déboussolée et
inquiète. Elle plie l'échiné et craint pour sa propre
sécurité.
Si l'on se rappelle les derniers événements qui se sont
déroulés au Québec, il était curieux de questionner
ceux qui avaient débrayé dans l'une ou l'autre des
activités de notre économie, que ce soit dans la Fonction
publique ou dans les services parapublics. Personnellement, je ne sais si j'ai
rencontré 25 personnes qui étaient sympathiques, qui voulaient
réellement débrayer. On leur posait infailliblement la même
question, régulièrement la même question: Pourquoi
avez-vous débrayé? Nous sommes obligés de le faire parce
que nous craignons pour notre propre sécurité, pour nos biens, la
vie de nos épouses et de nos enfants.
C'est une société qui court à sa propre perte si on
admet comme mode de vie ce système d'intimidation et de chantage,
souvent exercé par des gens qui n'ont aucun intérêt dans le
problème particulier ou le cas d'espèce, mais qui, comme le
signalait tout à l'heure le ministre, sont à la solde de
puissances douteuses et se trouvent, en quelque sorte, mandatés pour
créer un climat de crainte, d'hésitation chez cette population.
Cette masse silencieuse se trouve, cependant, grandement soulagée et
dégagée de toute inquiétude lorsque l'autorité en
place, légalement constitutée, décide de prendre des
mesures que les uns pourront condamner et que les autres pourront accepter,
mais qui ont pour effet de rétablir un certain ordre social qui se
trouvait grandement déséquilibré.
Le ministre a dit, avec une certaine confiance, avec un certain
réalisme aussi, que le Québec était sorti du cataclysme
auquel il était exposé, récemment, à la suite des
événements que nous avons connus. Il a parlé de certaines
forces révolutionnaires au sein de syndicats qui auraient, pour ambition
première, de créer ou de provoquer une catastrophe sociale. Je me
demande si le ministre ira jusqu'au bout de sa pensée et s'il portera
des plaintes cela devient une question de justice à l'endroit de
ceux qui
ont dû faire face à des plaintes devant les tribunaux
contre tous ceux qui ont défié les décisions
judiciaires ou l'autorité législative que constitue
l'Assemblée nationale.
Le ministre se rappelle fort bien un certain cas, que je lui ai
mentionné privément. J'ai l'assurance, cependant, qu'il a fait
faire l'enquête appropriée. Je ne lui reproche pas d'avoir agi,
jusqu'ici, avec une certaine indifférence. Peut-être que
l'expérience des événements vécus l'invite à
agir avec une extrême prudence afin de ne pas compromettre davantage les
négociations qui sont, actuellement, en cours.
Chose certaine, c'est que l'indifférence ou l'absence de
poursuites à l'endroit de gens qui ont commis les mêmes fautes que
ceux qui ont été poursuivis devient un déni de justice. Ce
n'est pas à l'occasion de signature d'une convention collective que l'on
doit absoudre ceux qui ont enfreint les lois ou qui ont commis, dans certains
cas, des crimes. J'espère que cette mentalité que nos
syndiqués ont développée chez eux finira par tomber, car
ils doivent distinguer entre, d'une part, un droit syndical et, d'autre part,
l'obligation de respecter toutes les lois, qu'elles fassent ou non leur
affaire.
M. le Président, le ministre a parlé d'une action assez
percutante dont les résultats, du moins, sont apparents. C'est cette
lutte contre la criminalité. Le ministre a parlé de la
disparition du terrorisme politique. Je suis sûr que le ministre se
rappelle cette rencontre que nous avions eue le 13 mai 1970, alors que j'avais
cru de mon devoir d'analyser avec lui, à son invitation, tout ce
problème de l'activité terroriste politique.
Prenons garde, M. le Président! Est-ce que, par hasard, on aurait
décidé de changer de moyens d'action? Est-ce que ceux qui,
aujourd'hui, publiquement, prêchent le remords et invitent leurs
concitoyens à renverser le système établi par des moyens
démocratiques connus n'ont pas d'agents qui oeuvrent à
l'intérieur de certains mouvements et qui, du soir au lendemain,
deviendront encore actifs? Je ne donne pas de noms, M. le Président.
Peut-être que quelques-uns les reconnaîtront. Chose certaine, c'est
que personne ne se reconnaît ici parce que nous ne sommes pas et
heureusement de cette idéologie politique.
En politique, M. le Président, il faut toujours craindre les
adhérents qui viennent se joindre à nous. Dans certains cas, ils
constituent des passifs douteux. Je suis certain que la Sûreté du
Québec reste constamment vigilante et que cette force d'action, de lutte
contre la criminalité politique reste toujours en éveil.
Sûrement, la collaboration demeure toujours excellente entre les
spécialistes de la Sûreté du Québec, de la
Sûreté municipale, maintenant de la Communauté urbaine de
Montréal, et de la Gendarmerie royale, puisque nous assistons à
un arrêt marqué d'actes de violence qui n'ont pas
été sans compromettre gravement la situation économique du
Québec.
La dernière poussée de violence remonte au mois de juin
1970, lorsque, dans l'espace de 29 jours, je crois, il y a eu éclatement
de 17 ou 18 bombes ou bombettes, à l'intérieur du Montréal
métropolitain. C'est par une vigilance constante, M. le
Président, que l'on pourra réussir à mater ce que j'ai
déjà appelé des invertébrés rampants, au
grand scandale de certains papes du journalisme, m'accusant d'avoir usé
de termes assez violents.
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous référez à celui qui
corrige les moeurs en "Ryan"?
M. PAUL: Je ne sais pas si c'est lui, mais certaines gens
s'apprêtent de plus en plus à le qualifier de Chiniquy du
journalisme.
Donc, M. le Président, dans ce domaine de la criminalité
politique, je me réjouis avec le ministre de ce calme que nous voulons
et souhaitons voir se prolonger pour la sécurité des gens,
d'abord, et pour que nous puissions aussi envisager une certaine relance
économique du Québec.
M. le Président, il arrive parfois des événements
assez marquants. Lorsqu'il y a eu débrayage dans la fonction publique et
dans les services parapublics, la veille au soir, avec quelques concitoyens de
ma ville et de la région, nous rencontrions un groupe d'industriels que
nous sollicitions à venir s'établir dans notre région de
Maskinongé. Les nouvelles étaient constantes à l'effet
que, le lendemain, il y aurait débrayage dans les services publics et
parapublics, que les hôpitaux seraient fermés et ainsi de suite.
Pas besoin de vous dire que nous n'avons pas reçu de nouvelles de ces
bonnes gens, bien intentionnés, avec qui nous entretenions des relations
assez fréquentes par des entrevues et des voyages que nous avions faits.
Ces gens ne semblent pas intéressés, pour le moment, à
s'établir au Québec. Des informations prises par de tierces
personnes nous ont appris qu'ils avaient presque définitivement
décidé de s'établir en Ontario.
Personnellement, je ne reprocherai pas au gouvernement de ne pas avoir
rempli sa promesse de 100,000 nouveaux emplois, parce qu'il y a peut-être
des facteurs qui sont au-delà de toute responsabilité
administrative. Et j'espère que d'une part les syndicats, d'autre part
le patronat et enfin le gouvernement finiront par s'arrêter, s'attabler
ensemble pour analyser la situation économique et pour établir
une politique de nature à répondre aux contingences du moment.
Ils doivent établir une politique économique qui soit de nature
à concurrencer les autres provinces pour que nous connaissions chez nous
l'investissement requis et qui n'est pas sans contribuer à amener la
sécurité sociale.
L'insécurité sociale ou le crime, on le retrouve assez
souvent lorsqu'il y a dépression économique, lorsqu'il y a
été de chômage endémique ou saisonnier. Et c'est
dans ces circonstances que nous voyons une recrudescence du crime.
Je comprends qu'il y a le crime organisé qui, lui, ne
connaît pas de saison, ne connaît pas d'événement
parce qu'il est constamment en activité. Et, encore là, le
ministre nous a fait part de la formation d'une équipe d'environ une
cinquantaine de membres qui, recrutés tant au niveau de la
Sûreté du Québec, de la Gendarmerie royale que de la police
de la Communauté urbaine de Montréal, oeuvreront ensemble et
établiront un véritable esprit de coordination d'activités
policières.
Et M. Saint-Pierre se rappelle fort bien certaines rencontres que nous
avons déjà eues dans le but d'établir, non seulement un
climat de coopération, mais également un consentement et un
climat de coordination. Et c'est par cette activité coordonnée
que le ministère de la Justice et ceux qui ont charge de combattre le
crime organisé pourront réussir dans la tâche immense
qu'ils assument.
Le crime n'est pas particulier au Québec. La violence n'est pas
particulière au Québec non plus. Mais, si nous étions
capables d'éloigner l'un et l'autre, je me demande si les premiers
bénéficiaires n'en seraient pas les citoyens du Québec
eux-mêmes.
Le ministre nous a fait part de certaines réformes
envisagées dans l'administration de la justice. Il nous a parlé
d'une réforme des tribunaux et d'une régionalisation de nos cours
municipales. Je ne sais si le ministre avait envisagé une
restructuration au niveau des tribunaux administratifs ou si c'est une
réorganisation à l'intérieur même de nos tribunaux
de juridiction civile et de juridiction criminelle.
Je me demande si la justice ne serait pas plus rayonnante et mieux
dispensée s'il y avait à l'intérieur de nos cours de
justice certains spécialistes, à qui l'on devrait diriger
certains cas et dont la fonction principale serait justement d'analyser, de
juger, de disposer de certains problèmes économiques assez
chatouilleux, assez complexes.
Sans vouloir déprécier les uns en faveur des autres, je me
demande si, dans cette réforme de nos tribunaux qu'envisage le ministre,
il n'y aurait pas également cette possibilité d'introduire une
autorité qui serait donnée à nos juges en chef, non pas
une autorité disciplinaire mais une autorité sur le partage des
causes que l'on retrouve sur des rôles afin que des causes de même
nature soient toujours référées à des juges qui
deviendraient des spécialistes. On a beau être juge, ça ne
nous apporte pas du même coup la polyvalence de la science.
Certains avocats qui, en raison de leur pratique, ont été
des spécialistes dans une branche ou une facette du droit, deviendraient
des experts, et ces juges, dont l'expérience de pratique a
été reconnue, deviendraient peut-être plus
expéditifs, et les justiciables qui se trouveraient devant eux se
sentiraient en quelque sorte plus certains que leurs droits seront reconnus. Je
ne parle pas de causes d'accidents d'automobile, je parle de causes
d'expropriation et à caractère économique, de
véritables causes qui sortent de l'ordinaire.
Le ministre nous a parlé d'un projet de loi du conseil de la
magistrature, il nous en a parlé depuis deux ans, et nous souhaitons
qu'il puisse présenter sa loi avant la fin de son terme, sinon,
malheureusement, à ce moment-là il n'aurait pas le plaisir d'en
être le parrain devant l'Assemblée nationale. Nous attendons
beaucoup aussi de la loi que vous nous présenterez concernant les
relations entre locataires et locateurs. Et je m'en voudrais, M. le
Président, de ne pas saluer d'une façon toute particulière
et M. le juge Ross et M. Massé, de la Régie des loyers et de la
commission des loyers, qui ont accompli un excellent travail dans les deux cas
depuis près de vingt ans, sans vouloir les rajeunir l'un et l'autre.
Je me rappelle que le ministre, alors qu'il était comme il est
encore aujourd'hui député d'Outremont, s'était fait le
parrain d'une excellente motion, c'était édifiant à
entendre. Jamais je n'aurais cru que le ministre fût si proche du peuple
lorsqu'il nous a présenté une motion pour convoquer la commission
parlementaire des Affaires municipales, pour étudier le problème
du logement, surtout dans la ville d'Outremont. Et, dans un grand geste
magnanime, le leader du gouvernement, qui était votre humble serviteur,
a accepté cette motion et malheureusement la commission n'a pu
siéger.
Mais il y a des principes à ce moment-là qui ont
été exposés par le ministre et par tous les participants
à ce débat qui ne peuvent être mis de
côté.
Je me réjouis de, cette annonce que nous a faite cet
après-midi le ministre à l'effet que le projet de loi qu'il
soumettrait à l'Assemblée nationale, il n'en serait pas captif et
qu'il serait sensible à tout amendement et surtout à la
présentation de mémoires par les parties
intéressées à cette loi qui mettra fin à une
tradition qui s'est établie chez nous. Depuis 1941, nous avons une loi
devenue traditionnellement annuelle, soit celle que l'on adopte à chaque
session et qui a pour but de prolonger d'une année les relations entre
locataires et locateurs. A ce moment-là, nous sommes dans la
délicate obligation de changer le millésime de la loi sans
cependant du même coup régler définitivement le
problème ou adopter une politique véritablement sociale dans le
but de protéger les droits des propriétaires et également
les locataires devant les exigences parfois voraces de leur
propriétaire. Je suis sûr que le ministre ne manquera pas de se
référer à ceux qui ont une expérience dans ce
domaine, soit surtout le juge Ross et M. Massé. M. le ministre, nous
attendons votre loi.
Une fois de plus, je profite de l'occasion pour souhaiter la bienvenue
aux journalistes. Quand viendra le temps de faire connaître la politique
du ministère de la Justice dans le domaine de l'ordre et de la paix,
nous verrons de ces barbus, de ces prétendus intellectuels, de
ces pseudo-réformateurs de la société qui
dispenseront leurs propres nouvelles, qui communiqueront à la population
leurs propres désirs sans connaître la justification des mesures
que doit adopter ou qu'adopte le ministre de la Justice pour sauvegarder
l'ordre et la paix dans notre société.
Fermant la parenthèse, je dis que cette loi que se propose de
nous présenter le ministre de la Justice s'impose. Je sais que, l'an
dernier, il y avait un projet de loi qui n'était pas terminé.
Cette année, j'espère qu'on en est rendu à une
étape plus avancée. Ce qui m'a frappé, cet
après-midi, c'est la déclaration que le ministre nous a faite au
sujet de consultations qu'il se propose d'avoir avec les autorités des
affaires municipales et des affaires sociales pour que cette loi colle à
la réalité, réponde à un véritable besoin
sociologique.
Le ministre nous parle de certaines réformes ou de certains
amendements qu'il apportera au code de procédure civile dans le but de
faire disparaître des délais qui deviennent, dans certaines
circonstances, de véritables dénis de justice. Quelles sont les
véritables réformes que le ministère devrait envisager
pour rendre la justice plus expéditive? Je crois que c'est en consultant
le Barreau, nos juges, spécialement les juges en chef, que le
ministère pourra peut-être adopter des lois et des amendements qui
permettraient de disposer plus rapidement des causes qui encombrent les
rôles et qui font que les justiciables sont parfois dans l'obligation
d'attendre deux ou trois ans avant que leur problème soit
définitivement réglé.
Le ministre nous a parlé des relations qui existent au niveau de
la justice entre Québec et Ottawa. Il a été prudent et il
a bien dit qu'en général les relations dans le domaine de la
justice et là j'ai écrit mot à mot car le ministre
a parlé plus lentement à ce moment-là sont
empreintes de compréhension, d'intelligence, de bonne foi et
d'appréciation juste des responsabilités distinctes des deux
administrations.
Pourrais-je inviter le ministre à vendre sa recette à ses
collègues du cabinet pour qu'ils trouvent moyen aussi d'obtenir cette
même compréhension, cette même bonne foi, cette même
intelligence chez des collègues ministériels
fédéraux pour que la constitution qui nous régit encore
soit respectée?
Le ministre nous a parlé de la reconnaissance que fait le
ministre fédéral de la Justice que l'administration de la justice
relève des provinces. Je crois que le ministre a parfaitement raison,
que sur ce point les relations ont toujours été excellentes entre
le Québec et Ottawa. Je comprends cependant qu'au niveau
fédéral, certains ministres se prétendent les sauveurs de
la race. Il y a ceux qui s'attribuent le mérite d'avoir passé
à travers les difficultés appréhendées de
révolte ou de crimes politiques durant le cours de l'automne dernier.
Personnellement, je n'ai jamais été ému par les
déclara- tions fantasques du Solliciteur général, M.
Goyer, et j'ai toujours préféré la logique d'un
véritable ministre de la Justice à celle d'un marchand de
publicité.
Alors, j'espère que quand le ministre se réfère
à des hommes en place et d'autorité à Ottawa il parle
toujours du ministre titulaire de la Justice. Ce n'est pas que je veuille
associer à ce même niveau de compétence le Solliciteur
général...
M. FOURNIER: Cela s'en vient.
M. PAUL: ... du Québec. Mes relations sont trop excellentes avec
lui pour que j'ose ainsi proclamer une telle vérité. Alors, le
ministre devra continuer d'avoir l'oeil ouvert parce que c'est toujours au
niveau des fonctionnaires que cet empiètement se fait petit à
petit. Le ministre nous a apporté cet après-midi certaines
explications au sujet de la politique fédérale à l'endroit
des cliniques juridiques.
Je suis sûr que le ministre a été fort surpris
lorsqu'à l'occasion de l'une des commissions parlementaires, mon
collègue, le député de Maisonneuve et moi-même, je
crois, nous avions, dans le cours des conversations, mentionné au
ministre cette tentative d'intrusion des autorités
fédérales dans le domaine de la justice.
Je souhaite sincèrement que le ministre soit plus que vigilant et
qu'il réclame également... Le ministre a signalé que le
fédéral disposerait d'une somme de $200,000 environ pour
établir ou aider toutes les cliniques juridiques qui peuvent exister au
Canada. Mais ce n'est pas cela qui me fatigue. Ce qui me fatigue un peu et ce
qui m'inquiète je ne dirai pas fatigue, parce que je n'ai pas la
responsabilité administrative mais ce qui m'inquiète
et sans vouloir pour autant enfreindre les règlements qui
régissent l'Assemblée nationale ou notre assemblée
délibérante je crois que c'est l'article 85 du projet de
loi no 10, où il est dit que le ministre de la Justice peut signer
certaines ententes avec les autorités fédérales, de
manière que l'aide juridique que l'on vise à appliquer par ce
projet de loi soit, en quelque sorte, partagée, dans son application et
dans son coût, par le Québec et par le fédéral.
Je souhaite que le ministre puisse réussir dans ses
démarches, qu'il puisse obtenir tous les crédits qui lui sont
nécessaires pour mener à bonnes fins les tâches qui lui
incombent personnellement et pour que chacun des directeurs des
différents services du ministère puisse s'acquitter de ses
responsabilités administratives.
Je n'ai pas l'intention de tout analyser en détail, à ce
stade de nos travaux, ou de faire une revue ou un éventail des
différentes sommes attribuées aux différents articles du
ministère.
Le ministre nous a parlé de l'imprévu qu'avaient
entraîné les négociations fructueuses de son
collègue, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, avec la
Sûreté du Québec et que cela avait motivé la
présentation d'un budget
supplémentaire. De toute façon, je me réjouis que
le ministre des Finances reconnaisse la nécessité des
crédits que requiert le ministère de la Justice pour une bonne
administration de la justice au Québec. Je me rappelle avoir
plaidé contre le ministre, alors que tous deux, nous étions hors
de la politique.
Connaissant l'intelligence du ministre, connaissant son astuce, mais
dans toute l'acception du mot, je me demande comment il se fait que le ministre
n'ait pas réussi, jusqu'ici, à obtenir du ministre des Finances
des sommes d'argent plus généreuses ou plus complètes pour
qu'il puisse, avec le mécanisme de l'aide juridique, le bill no 10,
instaurer au Québec un véritable système de "Judicare".
C'est une invitation que nous faisons de nouveau au ministre. Je crois que nous
aurons l'occasion de faire des remarques appropriées à l'occasion
de la deuxième lecture de ce projet de loi.
M. le Président, je m'en voudrais de ne pas me
référer, comme l'a fait le ministre lui-même, à la
loi no 70 qui doit entrer en vigueur le 1er septembre 1972. Je sais que M.
Lemelin, du service du ministère, s'est grandement occupé de
trouver les locaux appropriés pour que cette loi puisse fonctionner
dès le mois de septembre. Mais ce n'est pas là mon
inquiétude, M. le Président. Mon inquiétude, c'est
l'indifférence je regrette d'être obligé d'être
dur à ce moment-ci à l'endroit du ministre ou
l'insouciance du ministre devant certaines revendications bien légitimes
du Barreau. Je sais que le ministre avait demandé à un professeur
d'université de faire une enquête sur les implications du projet
de loi no 70. Je n'ai pas été consulté en tant
qu'ex-ministre de la Justice ou en tant que député. J'ai
été consulté par ce spécialiste le ministre
pourra dire son nom, il ne m'appartient pas de le dévoiler en
tant que bâtonnier de la section du Barreau de Trois-Rivières sur
les implications de cette loi no 10.
Je me demande si le ministre ne devrait pas tenir compte du
mémoire qu'il a reçu je ne sais s'il a eu le temps de le
lire lui-même de certaines représentations qui lui furent
faites par le Barreau. Avant, M. le Président, que je me
réfère à ce texte, puis-je vous signaler qu'il est six
heures?
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à vingt
heures quinze, ce soir, dans cette même salle.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 30
M. PICARD (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
Si on me permet, j'aimerais que la commission approuve le changement
suivant, à savoir que M. Pépin, de Sherbrooke, remplace pour
cette séance M. Vézina, de Montmorency.
Agréé?
M. PAUL: Agréé.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, avant la suspension du dîner,
j'avais brièvement rappelé au ministre l'attitude du Barreau
concernant le projet de loi no 70. C'est une loi dont les principes sont
excellents. Mais, ce à quoi s'est toujours opposé le Barreau et
les membres du Barreau, c'est cette élimination complète de la
présence des avocats devant le tribunal.
Je suis certain que le ministre a été informé de
cette politique que, déjà, certaines compagnies d'assurance comme
certaines maisons de finances ont adoptée, soit de recruter, comme
employés, des avocats rayés du Barreau ou des licenciés en
droit qui, eux, auront cette liberté sous prétexte qu'ils
sont des employés d'une corporation de se présenter devant
le tribunal.
Je ne dis pas, M. le Président, que toutes les compagnies et
toutes les banques agissent de la sorte, et ce ne sont pas toutes les
compagnies d'assurance. Mais, certains experts en assurances, avec qui j'ai eu
l'occasion de discuter du problème, m'ont fait part des études un
peu spéciales qu'ils faisaient par temps libres, le soir, pour se
familiariser avec les grandes lignes du droit, pour être en mesure
d'aller plaider au nom de la compagnie certaines réclamations dites de
petites créances.
Ce que le Barreau désire, c'est permettre la présence de
l'avocat aux frais de son client. Autrement, il est à craindre que nous
ne répondions pas au principe ou au but visé par cette loi. Il va
de soi que le justiciable, se présentant devant le tribunal aura
à faire face à un expert, parce que ces avocats rayés ou
ces employés des compagnies d'assurances, des banques ou des maisons de
finances deviendront, en quelque sorte des experts. C'est beau de compter sur
l'équité, mais je ne crois pas que les juges soient dans
l'obligation de mettre de côté toutes les règles de la
preuve.
Est-ce que ce ne sera pas les placer dans un certain état
d'infériorité peut-être pire que celui qui existe
présentement? C'est dans ce contexte que le Barreau a fait parvenir au
ministre certaines recommandations.
Il faut garder ce principe qu'il ne devrait pas y avoir de frais
taxables pour les causes en bas de $300 contre la partie qui succombe, pour
autant que l'on respecte les conditions prévues
par la loi, que ce ne soit pas une corporation, etc.
Avant la suspension, je rappelais au ministre ce rapport qu'il avait
commandé, avec raison, pour connaître la réaction du
milieu. Ce n'est pas le fait que les avocats se voient priver de revenus qui
les chatouille davantage, mais c'est cette brisure avec la tradition et cette
liberté qu'a et que devrait continuer à avoir un
justiciable d'avoir recours à un avocat de son choix.
Le ministre se rappelle cette visite fort intéressante qu'il
faisait aux Trois-Rivières, dans le cours du mois d'octobre, à
l'occasion du congrès des avocats de province. Ce n'est pas que j'aie
endossé sans réserve les remarques de celui qui avait
été délégué pour remercier le ministre, mais
je sais que M. Normand, qui a assisté à tout ce congrès,
n'a pas été sans comprendre le véritable animus qu'avaient
les avocats en face de ce projet de loi. C'est pourquoi je ne
désespère pas que le ministre veuille nous faire une demande
à nous, de l'Assemblée nationale, de modifier la loi, pour
sauvegarder ce principe essentiel de la liberté du choix de
l'avocat.
Je n'invite pas le ministre à changer toute la structure ou
l'économie de la loi, mais je suis sûr qu'une étude bien
sérieuse, une lecture attentive de ce bref mémoire au ministre de
la Justice sur la Loi favorisant l'accès à la justice l'invitera
à apporter des amendements qui, à mon humble point de vue,
s'imposent.
Je ne parle pas pour moi personnellement parce que peut-être qu'en
politique comme en droit mon avenir est en arrière plutôt qu'en
avant, mais je crois me faire l'interprète...
M. HARDY : Il y a des admissions juridiques qui sont un aveu
judiciaire.
M. PAUL: C'est pris sous toute réserve. L'invitation que me font
mes confrères et collègues, M. le Président, est retenue
et c'est pris en délibéré.
M. CHOQUETTE: C'est tout simplement parce qu'ils veulent vous
garder.
M. PAUL: Je le crois.
M. CHOQUETTE: Si vous voyiez le fond de leur pensée, on pourrait
vous envoyer...
M. PAUL: M. le Président, j'ai trop de respect pour les
conversations privées pour dévoiler les conversations que
certains de mes honorables amis du Parti québécois ont eues avec
moi. J'ai cru déceler chez eux un désir de me voir
disparaître. Alors, je reviens, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Il n'est pas permis de prêter des intentions aux
collègues.
M. PAUL: C'était plus que des intentions, M. le Président,
c'était des désirs de leur part. Je reviens et j'abandonne ce
sujet tout en invitant le ministre à reconsidérer cette
recommandation que je trouve personnellement bien logique de la part du
Barreau.
Je n'ai pas le droit et je n'ai pas l'intention de discuter du projet de
loi no 250 et de la loi 251, évidemment. Il y aura d'autres occasions et
d'autres milieux pour le faire. J'aimerais que le ministre, à moins
qu'il préfère formuler ses remarques lorsque nous arriverons
à la catégorie appropriée, nous fasse le point du travail
effectué par l'Office de révision du code civil.
Je sais que M. Crépeau et toute son équipe...
M. CHOQUETTE: Il n'est pas ici ce soir, malheureusement.
M. PAUL: Non, ça ne fait rien, M. le Président...
M. CHOQUETTE: Les travaux de l'Office de révision avancent, mais
la révision d'un code civil est un travail extrêmement complexe.
M. Crépeau ne m'a pas indiqué qu'il sollicitait de délai
additionnel à l'instar de la commission Gendron. Par conséquent,
je crois que d'ici un an, peut-être deux, nous aurons des suggestions
définitives de l'Office de révision. Je sais que, pour ma part,
je reçois périodiquement des rapports sur des chapitres
révisés. Pour le moment, je ne me suis pas mis à la
tâche d'examiner les suggestions parce qu'il me semble qu'un code est un
ensemble, commencer à examiner cela partiellement ne
représenterait pas d'avantages réels. Je pense bien qu'avec
l'intensité qu'y mettent le président et ceux qui l'assistent
dans sa tâche de réviser le code civil, d'ici un an ou deux nous
serons en mesure de présenter enfin au Parlement un nouveau code civil
à être discuté.
M. PAUL: Dois-je comprendre que des remarques du ministre se
dégage une intention arrêtée chez lui de ne pas
procéder à l'amendement de certains chapitres du code civil?
M. CHOQUETTE: Non, excepté si ça devenait absolument
nécessaire dans certains cas particuliers; d'ailleurs, nous amendons
périodiquement le code civil dans certains domaines limités.
Quant à reprendre des chapitres entiers, cela me paraît assez
difficile. Le seul qui pourrait souffrir certains amendements, compte tenu de
la loi que je mentionnais précédemment au sujet des relations
entre propriétaire et locataire, ce serait peut-être le chapitre
sur la location qui pourrait souffrir certains amendements à cette
occasion.
Entre autres, je puis vous indiquer un amendement possible pour votre
réflexion, c'est de changer la date légale de l'expiration des
baux. La suggestion que j'ai à faire, à l'heure actuelle,
c'est que les baux devraient légalement se terminer le 30
juin.
M. PAUL: C'est cela.
M. CHOQUETTE: C'est la date qui serait la plus opportune dans
l'année parce que c'est après l'année scolaire, c'est en
général avant que les gens ne prennent leurs vacances, ce n'est
pas immédiatement avant le début du travail ou l'année
scolaire, c'est-à-dire le 1er...
M. BURNS: Je ne sais pas, mais est-ce utile, à ce stade-ci, qu'on
en arrive aux détails des différents articles?
M. LE PRESIDENT: Toute cette question devrait être discutée
à l'article 17.
M. BURNS: Je n'ai pas d'objection, si on veut le faire, mais alors il
faudrait permettre au député de Portneuf et à
moi-même d'intervenir.
M. CHOQUETTE: Je ne faisais que référence à la
demande du député de Maskinongé. Je pensais que
c'était d'intérêt général.
M. PAUL: Le ministre a bien fait, parce que j'avais justement une note
pour l'inviter à considérer un amendement possible. D'un autre
côté, je rejoins le rappel non pas au règlement mais les
remarques du député de Maisonneuve. Nous pourrions
peut-être garder cette économie que nous avons adoptée
depuis le début de permettre une rétrospective
générale de la part de chacun des représentants des
partis; ensuite, nous pourrons analyser en détail chacun des
problèmes.
Il y a un autre point sur lequel je veux glisser rapidement, c'est
l'opportunité, pour le ministère de la Justice, de suivre cette
politique en vigueur aux Etats-Unis en matière d'accidents
d'automobiles, c'est l'indemnité "no fault"; c'est une politique qui a
son application et qui a pour but de régler rapidement, quelle que soit
la question de responsabilité, les dommages que peuvent encourir
certaines personnes impliquées dans un accident d'automobiles. La loi
n'a pas encore été concluante quant à ses avantages ou
à ses inconvénients.
C'est tout simplement une invitation que je fais au ministre sans que
j'aille jusqu'à lui recommander ou lui suggérer de
présenter telle loi avant que l'on ait connu toutes les implications et
être certain qu'il découle de véritables avantages
juridiques d'une telle loi.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député me permettrait sur ce
point-là de lui dire que ce n'est pas véritablement ma
responsabilité malgré que je m'intéresse à ce
problème? Le député de Maskinongé peut en
être sûr, c'est plutôt du domaine du ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives, qui a la
compétence en matière d'assurance, qui a...
M. PAUL: C'est là où je ne rejoins pas du tout le
ministre. Dans la suggestion que je lui fais il n'est pas question d'assurance.
Il s'agit tout simplement de règlement de réclamations de la part
de personnes impliquées dans un accident. Si le ministre se
réfère à toute cette économie d'assurance en
matière d'automobile, il a raison.
Un dernier point que je voudrais signaler au ministre c'est l'urgence
qu'il y a d'amender l'article 91 du code de la route. A l'occasion de
l'étude de la Loi du ministère des Transports, j'ai
signalé au ministre cette dualité ou cette double
interprétation qui existe chez nos juges des Sessions de la paix quant
à la liberté qu'ils ont de suspendre ou de ne pas suspendre un
permis de conduire d'un chauffeur trouvé coupable de facultés
diminuées par la boisson. Le législateur ne fait pas d'obligation
au juge mais lui donne plutôt la liberté ou l'option de suspendre
ou non le permis de conduire.
Il y a des juges qui interprètent parfaitement le code criminel
et je ne sache pas qu'ils se sentent obligés de suspendre le permis de
conduire. Mais, il arrive qu'en vertu des dispositions de l'article 91 du code
de la route le juge devient un fonctionnaire, un mandataire de l'Etat. Et, il
est dit qu'il "doit", d'où une interprétation contradictoire de
cet article de la part de nos juges. Il arrive que, dans le même palais
de justice, un juge ne suspende pas le permis de conduire d'une personne qui en
a réellement besoin pour gagner sa vie, en vertu de cette liberté
qu'accorde le code criminel aux juges de ne pas suspendre le permis.
Le juge mettra de côté cette disposition de l'article 91 du
code de la route. Je ne nommerai pas les districts judiciaires, mais il y en a
d'autres qui se croient obligés de le suspendre. Je respecte
l'interprétation juridique qu'ils font de l'article 91 du code de la
route. D'un côté, ils ont la liberté de suspendre le permis
et, d'un autre côté, d'après eux, ils n'ont pas cette
liberté.
Dans certains palais de justice, là où il y a des juges
résidents, l'individu, accusé d'avoir les facultés
diminuées par la boisson, va plaider nécessairement non coupable
devant tel juge, sachant que tel juge va suspendre le permis de conduire,
qu'importe le métier ou la profession de celui qui est traduit devant
lui, qui est trouvé coupable ou qui plaide coupable. Alors, le
justiciable, sur les conseils de son avocat, va plaider non coupable et la
cause revient la semaine suivante. Là, on va se présenter devant
un autre juge qui lui, pas parce qu'il est plus humain, mais parce qu'il a une
interprétation juridique différente on sait que c'est
fréquent en droit mettra de côté les dispositions de
l'article 91 du code de la route, se sentant exclusivement lié par les
dispositions et par la liberté que lui accorde le code criminel.
Il ne s'agit pas d'adresser un blâme à l'une ou l'autre de
ces écoles de pensée ou d'interprétation, mais cela jette
de la confusion, du
discrédit sur la jsutice. Je pourrais donner au ministre le nom
de certains juges qui m'ont parlé de ce problème et qui tous
veulent être libérés de cette obligation que leur imposent
les dispositions de l'article 91 du code de la route. S'il y avait
possibilité d'amender ce règlement je sais que M. Normand
peut trouver une solution rapide sans que l'on soit dans l'obligation
d'attendre toute cette réforme ou ces amendements ou cette nouvelle loi
qui devra être sûrement adoptée un jour, pour rendre le code
de la route plus moderne, je sais que, dès maintenant, nous corrigerions
une situation qui, dans certains cas, occasionne des tragédies.
Il est, à ma connaissance personnelle, qu'un juge, entre autres,
a huit ou dix délibérés avec l'espoir que le
législateur intervienne pour qu'il se sente normalement et
intellectuellement libéré de l'obligation que, d'après
lui, lui impose le législateur en vertu de l'article 91. Le ministre
peut être assuré que je peux lui donner le nom de certains juges;
je puis lui montrer de la correspondance; je puis l'inviter à
communiquer avec eux, non pas que le ministère de la Justice doive ou
peuve intervenir dans l'administration de la justice. Je suis même au
courant que l'association des juges je ne sais si c'est le terme exact
...
M. CHOQUETTE: Conférence des juges.
M. PAUL: ...la Conférence des juges a été
également saisie de ce problème. Je crois que ce n'est pas
créer une injustice. C'est tout simplement dans le but de permettre une
interprétation uniforme de la loi. Personnellement, je respecte les
juges qui ont une interprétation de la loi qui les empêche,
d'après eux, de ne pas suspendre le permis de conduire comme, d'un autre
côté, je respecte l'opinion de ceux qui disent: Bien, vu que nous
sommes en matière criminelle, nous ne sommes pas liés par des
dispositions d'un texte de loi provincial. Il s'agit, tout simplement, à
mon humble point de vue, de clarifier une situation, de dégager la
conscience de certains juges sans créer de favoritisme. Actuellement, la
situation prête à confusion. Un justiciable ne peut comprendre
l'interprétation que peut donner un juge qui dit à celui qui a
plaidé coupable ou qui est trouvé coupable devant lui: Ecoutez,
en vertu de la disposition du code criminel, j'ai la liberté de ne pas
suspendre votre permis de conduire. Mais, en vertu des dispositions du code de
la route, je suis dans l'obligation de suspendre votre permis. Alors qu'un
compagnon de travail, quinze jours après, se présentant devant un
autre juge pour la même infraction, bénéficie d'une
clémence ou d'une discrétion du juge que lui accorde la loi.
C'est un point que je voulais, de nouveau, signaler au ministre. Je suis
sûr qu'il pourra relire les propos qu'il avait tenus d'une manière
réservée à l'occasion de l'étude du projet de loi
modifiant la Loi des transports.
M. le Président, je m'excuse d'avoir peut-être
été un peu long mais j'ai cru de mon devoir de toucher à
quelques points de l'administration de la justice, avec l'assurance et un
engagement moral de ma part, de collaborer, avec le ministre et ses
conseillers, à une étude non pas expéditive des
crédits mais une étude objective, de manière que nous
puissions permettre au ministre de se pencher sur des lois bien importantes,
comme celles dont il nous a fait part cet après-midi et surtout pour lui
donner tout le loisir de présenter des amendements à la loi 70 et
au code de la route. Je vous remercie, M. le Président, pour votre
patience et votre indulgence.
M. LE PRESIDENT: Le député de Portneuf. M. CHOQUETTE: Me
Drolet.
M. DROLET: M. le Président, c'est avec plaisir que j'ai
l'intention d'exprimer brièvement mes vues et celles de mon parti sur
l'orientation qu'a tracée le ministre cet après-midi.
Vous me permettrez quand même au début, M. le
Président, de saluer tous les hauts fonctionnaires du ministère
de la Justice. L'année dernière, je n'étais pas le
représentant du parti et je ne connaissais que quelques figures. Cet
après-midi, le ministre nous a présenté tous ses hauts
fonctionnaires. Comme diraient les gens de par chez nous, cela m'a l'air
d'être du bon monde! Je sais que nous aurons, durant l'étude de
ces crédits, les réponses aux questions que nous poserons lors de
l'étude de chacun des articles du budget du ministère de la
Justice.
Il n'est certainement pas facile, pour un simple député
comme moi, de faire tout le tour d'horizon qu'a fait le ministre cet
après-midi ou que vient de faire l'ancien ministre de la Justice, parce
que, comme on le dit si bien, je ne suis qu'un simple avocat populaire, n'ayant
aucun de ces titres. Quand même, je vais exprimer brièvement
l'idée que le parti créditiste a toujours dégagée
en ce qui concerne la justice au Québec.
Le ministre a commencé son intervention en nous disant qu'une
priorité de son ministère était nécessairement le
maintien de l'ordre et de la paix dans la province. C'est sûr que nous
endossons ce point que le ministre a élaboré. Nous avons toujours
été en faveur de l'ordre et de la paix, spécialement dans
les situations assez difficiles où s'est trouvé le gouvernement
depuis quelques années. Dans les années que nous traversons, il
n'est certainement pas facile d'être ministre de la Justice. Dans les
périodes de contestation que nous vivons, le gouvernement doit
certainement s'adapter à cette situation. Nous l'avons toujours
appuyé lorsqu'il a réclamé, si vous voulez, ce maintien de
l'ordre et de la paix.
Toutefois, je dois quand même mettre le ministre en garde.
Tout en appliquant cette politique de la loi et l'ordre, comme on dit
assez communément, je pense que le ministre devrait faire
également attention, dans les situations les plus tendues, de ne pas
amplifier ou dramatiser la situation. Nous avons peut-être vécu
dans les semaines passées, des jours assez difficiles et parfois nous
nous posions la question à savoir si la situation qui existait autour du
parlement ne provoquait pas certaines gens qui voyaient toutes ces
barrières, ces policiers et l'escouade antiémeute. Tout en
maintenant la paix, l'ordre, le respect de la loi, il faut quand même
faire attention pour ne pas dramatiser la situation.
Et je pense que, chaque fois que le ministre demandera le support,
l'appui de l'Opposition dans les situations difficiles, lorsqu'il ne
créera pas d'Etat policier, il aura toujours l'appui de notre parti.
Le ministre a souligné en deuxième lieu le respect de
l'autorité, le respect de l'Etat, le respect des tribunaux.
Là-dessus, nous devons appuyer fermement le ministre. J'ai
remarqué à différentes occasions que certaines personnes
qui ont des titres, soit des chefs de syndicats ou d'autres
personnalités assez importantes au Québec foulaient aux pieds
l'autorité. Et je me dis que les jeunes qui sortent des écoles et
qui voient ces choses-là se disent: M. Untel qui a des titres, de hautes
fonctions ne se gêne pas pour sacrer contre le gouvernement, contre les
juges, contre le ou les ministres. Je pense que c'est certainement manquer de
respect à l'autorité et ce n'est pas un exemple à donner
à notre jeunesse.
Et ces gens-là viennent nous voir à nos bureaux et se
posent des questions. J'ai justement un exemple typique. La fin de semaine
où certaines personnes sont allées manifester devant la prison
à Orsainville, j'ai reçu à mon bureau un pauvre
cultivateur qui venait de se faire arrêter par la police. Le type
était peut-être en état d'ébriété et
il a commencé à enguirlander le policier qui l'a
arrêté. Il a eu une condamnation plus sévère et
c'était tout à fait normal. Mais, au même moment, il
écoutait à la radio, comme la majorité de nous l'ont fait,
un discours d'un chef syndical devant la prison d'Orsainville où on
entendait seulement sacrer en parlant des juges, du ministre du Travail ou du
premier ministre.
Ces gars-là circulent quand même et sont en liberté.
Si on veut que tout le monde respecte l'autorité, il faut quand
même que les lois soient respectées.
M. BURNS: Est-ce que le député voudrait qu'on arrête
les gens parce qu'ils sacrent?
M. PAUL: Ce n'est pas lui, c'est Dumont.
M. DROLET: Non, écoutez, lorsqu'on entend dire des "Christ" de
juge, des choses semblables... Quand on demande à nos jeunes dans les
écoles de respecter l'autorité, je pense qu'il est tout à
fait normal que ceux qui dirigent des mouvements, des partis politiques, encore
plus à l'échelle de la province, sachent vivre. S'ils ne savent
pas vivre, ils n'ont qu'à démissionner de leurs fonctions.
C'est dans ce sens-là que je vois le respect de
l'autorité. Je suis convaincu que si le Québec a un gouvernement
qui veut diriger la province dans la dignité, même si de temps
à autre il doit être ferme, il aura le respect de tous ses
citoyens.
Le ministre a parlé également de la situation que nous
venons de vivre alors que, semble-t-il, nous étions au bord de la
catastrophe. Le ministre a fait allusion au fait que dans le mouvement syndical
on devait faire un ménage. Je crois que c'est tout à fait normal.
Que ce soit dans un mouvement syndical, que ce soit dans un parti politique,
dans n'importe quoi, de temps à autre un ménage doit se
faire.
Si tout le monde jouait le véritable rôle qu'il doit jouer,
je pense que ça irait beaucoup mieux. Que les hommes politiques qui sont
à la tête de la province fassent de la politique de façon
honnête et sincère, que les syndicats fassent du syndicalisme de
façon honnête et sincère. Je pense donc que les deux
peuvent jouer un véritable rôle au Québec et les tensions
seront moins fortes, si tout le monde est à sa place.
Qu'on le veuille ou non, le régime dans lequel nous vivons, s'il
n'est pas réformé par des hommes d'ordre, sera détruit
dans le désordre, justement par des hommes de désordre. Le
ministre a raison de demander que le respect de l'autorité soit maintenu
dans la province de Québec.
Il a également parlé d'essayer de tenir le pendule plus au
centre, car, depuis quelques années, ce pendule va vers la gauche.
Là-dessus, il a certainement raison. En effet, nous l'avons crié
depuis notre entrée ici, au Parlement; De plus en plus nous nous en
allons vers la gauche, de plus en plus, nous nous dirigeons vers un Etat
socialiste. Nous avons justement à la tête du pays un organisme
qui est censé renseigner les gens je parle de Radio-Canada
qui, assez souvent, empoisonne notre jeunesse. Je pense qu'un véritable
ménage s'impose à cette société d'Etat.
Par la suite, le ministre a fait allusion à l'action contre la
criminalité. Une enquête sur le crime organisé est
censée débuter, je crois, vers le 15 septembre. Le ministre avait
annoncé cette enquête-là, je crois, en février 1972.
Dès ce moment-là, nous avions appuyé cette enquête.
Même, nous avions dit au ministre, à ce moment-là, que nous
trouvions curieux de voir qu'il annonçait une enquête en
février et qu'elle ne débuterait qu'en septembre. Connaissant la
façon de fonctionner des gens de la pègre et de la mafia, nous
avions dit au ministre d'ailleurs, j'avais échangé avec le
ministre de la correspondance là-dessus que ces gens-là
pourraient se préparer à faire face à cette enquête
vu
qu'elle avait été annoncée trop longtemps
d'avance.
Cette enquête-là s'imposait et j'espère qu'elle
donnera des résultats, que ce ne sera pas seulement une enquête
comme on en a déjà trop vu dans la province, des enquêtes
qui assez souvent n'ont servi qu'à placer certaines personnes et qui
n'ont pas abouti à grand-chose. Alors, j'espère que cette
enquête-là mettra véritablement knock-out le terrorisme au
Québec et le crime organisé.
Le ministre a laissé voir que, dans le moment présent, au
point de vue du terrorisme, c'était assez calme. Eh bien, il y a quand
même, tous les jours, je crois, si on écoute les nouvelles,
à Montréal, des meurtres, des règlements de comptes.
Alors, je pense que la situation est, quand même, assez tendue. Il faut
absolument que cet état de choses soit redressé dans la province
de Québec.
Le ministre nous a parlé également du premier effort qu'il
avait fait de réforme administrative à l'échelle de la
justice par la publication de son livre blanc, en juillet 1971, je crois. A ce
moment-là, nous avions étudié ce livre blanc et, par la
suite, le ministre a annoncé quelques projets de loi. Il nous a
annoncé également que certains autres projets de loi seraient
déposés sous peu, concernant par exemple, l'intégration
régionale des forces policières municipales. Il a
également parlé du bill 10. Concernant ces projets de loi, tout
comme le ministre, nous continuerons à entendre les mémoires qui
nous sont présentés et, lorsque le bill sera étudié
à l'Assemblée nationale, nous prendrons position.
Le ministre a également fait allusion à un autre projet de
loi qu'il est sur le point de présenter concernant la magistrature, la
qualité administrative, le comportement des magistrats et la nomination
des nouveaux juges. Depuis deux ans, nous avions réclamé un tel
projet de loi et nous serons très heureux de l'accueillir lorsque le
ministre en fera le dépôt à l'Assemblée
nationale.
La même chose concernant le projet de loi de la Régie des
loyers. Je sais que, depuis quelques années, il existe certains
problèmes entre propriétaires et locataires et, si le ministre a
trouvé une solution par un projet de loi, nous serons très
heureux de l'étudier à l'Assemblée nationale. Le ministre
a également fait allusion à un deuxième livre blanc sur
l'administration de la justice, qu'il doit présenter à l'automne,
je crois. Encore là, s'il s'agit de nouvelles réformes, qu'il a
déjà amorcées par la présentation de nouvelles lois
à la suite de son premier livre blanc c'est tant mieux. Nous pourrons
avoir de nouvelles lois qui faciliteront l'accès à la justice
à tous les citoyens du Québec.
Le ministre a également fait allusion aux relations
fédérales-provinciales, sujet dont nous entendons parler ces
semaines-ci à l'Assemblée nationale. Le ministre nous a
laissé voir que ses relations avec son collègue du
fédéral étaient bonnes, même excellentes, et qu'il
ne semblait pas y avoir de conflit. Tout comme mon collègue de
Maskinongé, j'espère qu'il passera la bonne recette à
certains de ses collègues du cabinet des ministres qui ne semblent pas
l'avoir.
Je demande au ministre actuel de la Justice de continuer à
négocier avec le fédéral mais toujours de façon
très ferme avec ce gouvernement que je considère parfois
très dangereux, surtout lorsqu'on sait qui le dirige. J'espère
que le ministre de la Justice fédéral, qui, semble-t-il, a
quelques dollars en trop $200,000 qu'il serait prêt à
verser aux cliniques juridiques pourra verser ce montant d'argent aux
provinces tel que le ministre de la Justice nous l'a dit cet après-midi.
Les provinces, comme je connais le ministère de la Justice du
Québec, sauront certainement dépenser à bon escient ces
sommes d'argent. Ceci permettra au gouvernement fédéral de se
mettre le nez où il a affaire et de ne pas le mettre dans nos
affaires.
Le ministre a continué en nous parlant du budget total de $135
millions et des employés du ministère de la Justice. Je vais
réserver ces choses-là pour un peu plus tard parce que nous
allons étudier les articles un à un. J'aimerais quand même
attirer l'attention du ministre, avant d'en arriver à l'article 14 sur
la Commission de contrôle des permis d'alcool. Le ministre est au courant
nous avons déjà soulevé le problème à
quatre ou cinq reprises c'est au sujet de l'émission de permis de
vente de cidre à des chafnes de magasins, comme Steinberg, alors que
partout, dans nos comtés ruraux, nos petits épiciers du coin
crient au secours. Lorsque nous serons à cet article, j'aurai
certainement quelques questions à poser au ministre de la Justice.
Dans l'ensemble, le tout d'horizon qu'a fait le ministre, je l'ai revu
d'une façon très brève, mais j'y reviendrai article par
article. Je demande au ministre, en terminant, de rendre les lois qu'il a
l'intention de présenter, plus humaines, un peu comme son
collègue le ministre du Revenu nous l'a déjà dit,
lorsqu'il a présenté cinq ou six projets de loi concernant son
ministère. Il nous avait dit à ce moment-là: Je
présente des lois pour humaniser le ministère du Revenu. Je
demande au ministre de la Justice de rendre ces lois plus humaines car les
petites gens je parle assez souvent des petites gens parce que nous
sommes justement dans des milieux ruraux ont énormément de
difficultés parfois à comprendre toute la complexité qui
peut exister à l'échelle du ministère de la Justice.
Si les lois sont rendues plus faciles, plus accessibles, plus humaines,
ce sera très louable et nous serons toujours derrière le ministre
de la Justice.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, quitte à jeter
une note discordante dans le débat, je dois dire, dès le
départ, que j'ai été très déçu par
l'exposé du ministre de la Justice. En l'écoutant, je me
rappelais les jours qui ont suivi le 29 octobre 1970 où des gens, qui
savaient que je connaissais un peu le ministre de la Justice comme avocat,
comme confrère de Montréal, me disaient: Que penses-tu de
Jérôme Choquette comme ministre de la Justice? Et, très
objectivement, j'avais répondu, à l'époque: Il nous fera
sans doute un bon ministre de la Justice parce que c'est un vrai
libéral, dans le bon sens du mot. Quand je dis; dans le bon sens du mot,
il n'est évidemment fait aucune allusion au parti du même nom.
J'avais passé cette remarque et j'avais maintenu cette opinion jusqu'au
mois d'octobre 1970 où déjà j'ai commencé à
être ébranlé dans cette opinion. Mais je me suis dit: C'est
peut-être un égarement temporaire de la part du
député d'Outremont.
Mais quand je l'ai entendu, cet après-midi, nous dire, sans
pratiquement sourciller, que la première fonction du ministère de
la Justice c'était le maintien de l'ordre, j'ai dit: Cela y est, je me
suis sérieusement trompé ou il a changé en cours de route.
Je me rappelle que, l'année dernière, lors de l'étude des
crédits, j'avais dit au ministre de la Justice ma conception de cette
fonction qui, à l'époque et peut-être encore aujourd'hui
pouvait passer pour une conception idéaliste. J'ai toujours pensé
qu'un ministre de la Justice était le reflet dans la population de ce
qu'elle désire le plus, c'est-à-dire voir l'espèce de
reflet de l'Etat protecteur et de l'Etat généreux. Et quand
j'entends le ministre de la Justice nous dire que sa première fonction
en tant que ministre de la Justice c'est d'assurer le maintien de l'ordre, je
me dis qu'il y a quelque chose de grave qui se passe. Et là, je regarde
les choses qui se sont passées dans les dernières semaines et je
pourrais même dire dans les dernières années et ça
me permet de comprendre un certain nombre de choses.
Permettez-moi, M. le ministre, de ne pas être d'accord avec vous
en disant que la première fonction du ministère de la Justice
c'est le maintien de l'ordre. La première fonction du ministère
de la Justice c'est la protection de la collectivité. Vous allez me dire
que je fends peut-être les cheveux en quatre, mais je pense que c'est
significatif, à mon avis, de ce qu'on appelle généralement
l'approche "law and order" d'un ministère de la Justice. A mon avis,
d'abord et avant tout, ce que la population doit sentir dans l'administration
de la Justice au Québec c'est la protection de la collectivité.
Par le moyen du maintien de l'ordre, la paix, d'accord. Mais je trouve
drôlement significatif qu'on dise que la première fonction soit le
maintien de l'ordre.
Encore une fois, je ne veux vraiment pas fendre les cheveux en quatre,
et je vous réfère au débat de l'année passée
où, semble-t-il, le ministre avait été d'accord sur ma
conception quand je lui parlais de l'Etat au sens protecteur,
généreux du mot, c'est-à-dire ce que le petit peuple au
Québec demande et ce qu'actuellement il requiert le plus, ce dont il a
le plus besoin. Quand on tente d'interpréter ce besoin par le fait que
l'opinion publique est contre un certain nombre de gens qui font des
récriminations dans la société, je pense qu'on fait une
grave erreur, qu'on ne comprend pas ce sens fondamental de ce besoin qui existe
chez les gens. Ce n'est pas un besoin de "law and order" au sens habituel du
mot, c'est un besoin de protection collective, ce qui est bien
différent. Je pense qu'on regarde le dessous de la médaille alors
que la face opposée nous est présentée, je pense que c'est
le problème.
J'ai été étonné d'entendre le ministre de la
Justice, dans le concept de ce que je viens d'exposer, nous dire que le pendule
doit revenir au centre. Je lui pose la question: Qui est-il, lui, pour pour
nous dire où est le centre? Qui est-il pour nous dire que ça doit
aller au centre? Moi, je pense que c'est un problème primordial
actuellement dans la société.
Est-ce ce que veut le Québec actuellement? Le Québec
veut-il que les gens s'en aillent à un centre? Et quel centre, soit dit
en passant? Qui va décider de ce centre? Il faut que je cite le
ministre; je trouve ça trop drôle! Le 19 mars 1969, dans le
débat auquel se référait le député de
Maskinongé, cet après-midi, le ministre de la Justice, dans un
très bon discours soit dit en passant, à ce
moment-là sur la politique de logement, etc. analysait
j'ai pris la peine de le lire au grand complet les divers principes de
la commission Hellyer et il le faisait, je pense, de façon très
compétente.
Vers la fin de son intervention, il nous disait; "Tout cela prouve en
somme que nous vivons dans un monde très compliqué, que les
choses ne peuvent pas se faire par la volonté d'un seul centre de
décision, que tout cela demande la collaboration de nombreux centres de
décision." Je pense que c'est cela peut-être que le ministre ne
comprend pas. C'est que dans le Québec, tout phénomène
partisan étant mis de côté j'insiste sur cela, ce
n'est pas une question de dire que l'Unité-Québec a tort, que les
libéraux ont tort, que les créditistes ont tort et que nous
sommes les seuls à avoir raison, pas du tout; mettons cela de
côté et qu'on ne m'accuse pas de cela, ce n'est pas du tout dans
ce sens que je le dis.
Depuis 1969 et, soit dit en passant, c'était en mars 1969,
c'est-à-dire bien avant les fameux événements d'octobre et
novembre 1969, bien avant ce fameux bill no 63 qu'on a rentré de force
dans la gorge de la population, depuis ce temps-là, il y a bien des
choses qui ont changé. Cela m'étonne qu'un ministre de la Justice
que je respecte énormément, comme homme, comme individu, ne
comprenne pas qu'actuellement il se passe un certain nombre de choses au
Québec qui ne peuvent pas être réglées par un simple
énoncé de maintien de l'ordre et de la paix publique. Je pense
et je suis obligé d'y revenir, je m'excuse, si on est
déjà presque un an et demi en arrière que,
déjà, il y avait des
signes de cette attitude lors de la crise d'octobre 1970. Il ne faudra
jamais l'oublier, cette chose-là. Moi, je ne l'oublierai pas en tout
cas. J'espère que l'ensemble de la population ne l'oubliera pas et,
surtout, j'espère que le ministre de la Justice ne l'oubliera pas. Il y
a quelque 450 personnes qui ont été arrêtées pour
des périodes variant entre 15 jours et 4 mois, et comme bilan total de
cela, on se retrouve, après avoir supprimé des droits
fondamentaux pendant une période extraordinaire même des
pays qui sont renommés pour faire fi d'un certain nombre de droits
fondamentaux se sont montrés complètement scandalisés par
le fait qu'on ait mis de côté, pendant une période aussi
longue, des droits fondamentaux au bout de deux ans, maintenant qu'on
peut le regarder à tête reposée, maintenant qu'on voit
qu'il y a eu un certain nombre de procès, de tentatives de procès
dans certains cas, on se retrouve dis-je à peu près avec une
dizaine de personnes. Encore là, ce n'est pas encore certain, et je ne
veux pas me prononcer sur un certain nombre de procès qui sont en cours,
mais on se retrouve quand même... Non, M. le Président, je ne me
suis pas prononcé, mais je pense que le chiffre est vérifiable.
Il y a à peine une dizaine de personnes qui restent impliquées
par ces événements. Impliquées, je ne me prononce
aucunement sur une question de culpabilité ou de non-culpabilité
sur le plan judiciaire...
M. LE PRESIDENT: Je remarque que le député de Maisonneuve
se réfère à une situation qui existait alors, je le
concède, en octobre 1970...
M. BURNS: Oui.
M. LE PRESIDENT: ... mais qui était tout simplement l'application
de la Loi des mesures de guerre ordonnée par un autre
gouvernement...
M. BURNS: Vous ne m'avez peut-être pas suivi, et je vous conseille
de me suivre de très près.
M. LE PRESIDENT: Je vous ai suivi, et c'est justement pour cela que je
vous rappelle à l'ordre.
M. BURNS: Avec tout le respect que j'ai pour vous, je pense que vous
n'avez peut-être pas suivi le début de mon exposé. Je vous
dis tout simplement que je cite cela à titre d'exemple de mon
énoncé de base. Je dis que, dès ce moment, je sentais
cette espèce d'attitude que je réprouve actuellement chez le
ministre de la Justice et probablement dans l'ensemble de son ministère.
Déjà, cela se faisait sentir. Et comme résultat de la
crise d'octobre je termine là-dessus, si c'est cela qui vous
inquiète comme résultat, je dis qu'on s'est
retrouvé, après voir mis quelque 450 personnes derrière
les barreaux en vertu des pouvoirs qui existaient et qui étaient
évidemment de juridiction fédérale à l'origine,
avec une dizaine de personnes environ véritablement impliquées.
Encore là, ce n'est pas sûr, parce qu'elles sont encore devant les
tribunaux.
Selon moi, quand le ministre de la Justice nous dit, et qu'il s'en
inquiète, qu'actuellement il n'y a pas de respect de l'autorité
des tribunaux, je pose très haut la question et je vous le dis sans
aucunement sourciller: Est-ce qu'ils le méritent actuellement, l'Etat et
les tribunaux, ce respect qu'on réclame à hauts cris à
leur sujet? Je me pose très sérieusement la question.
Encore une fois, j'adresse ma critique au ministre de la Justice. Je la
lui ai déjà faite en Chambre. Dans le conflit récent, j'ai
mentionné, à l'occasion d'un débat, qu'il fallait
très bien comprendre la situation. Je dis encore une fois ce que je
disais tantôt: Ce phénomène de crise au Québec, il
ne faut pas se gêner pour le dire, il y en a un. Que l'ensemble des
Québécois se cherchent actuellement, il n'y a aucune
espèce de doute là-dessus. Je vais dire comme le ministre: C'est
sûr. Mais, plus particulièrement à ces moments-là,
le ministère de la Justice, dans ma conception ou dans la conception de
mon parti, doit être extrêmement prudent. Encore une fois, dans le
conflit récent, en vue de maintenir, je ne sais vraiment pour quelle
motivation, cette espèce d'image de "law and order", on a dit: On est en
plein conflit. Le bordel est poigné au Québec. Cela ne fait rien,
on va porter tout de suite plainte sur les injonctions.
A ma connaissance, dans les conflits ouvriers, c'est la première
fois qu'un ministre de la Justice agit ainsi. En cela je rends hommage au
député de Maskinongé, même si je n'ai pas toujours
été d'accord avec lui dans le temps où il était
ministre de la Justice et que j'étais de l'autre côté de la
clôture, d'avoir, en certaines occasions, tenté de tenir compte de
ce phénomène social du flou qui existait déjà au
moment où il était ministre. Je rends surtout hommage au
député de Missisquoi, alors qu'il était ministre de la
Justice. Il avait très bien compris ça. Il le comprend encore, je
crois. On l'a noté par certaines de ses dernières interventions.
Quand un conflit social d'importance existe, on ne fait pas exprès pour
aller mettre de l'huile sur le feu. Je pense que c'est ce qu'on a fait en
procédant de la façon dont on a procédé alors que
tous les esprits étaient surchauffés, tant par les interventions
judiciaires que par l'intervention législative, le bill no 19. On n'a
pas besoin d'insister là-dessus.
Qu'on prenne la peine de porter plainte, qu'on l'ait fait, je ne
blâme pas le ministère. Mais il y a divers moyens de voir à
ce que, tout en portant plainte, on ne surchauffe pas l'atmosphère. Je
n'ai que quelques cas à vous citer, par exemple, dans les cas où
il y a eu des plaintes pour le non-respect d'injonctions. Vous
avez eu le cas du SPEQ, le Syndicat des professeurs de l'Etat du
Québec. Vous avez eu des gens qui ont été condamnés
à la prison. Vous avez eu des gens dont la peine a été,
d'ailleurs, purgée, c'est-à-dire 20 jours de prison dans le cas
d'un certain nombre de directeurs du SPEQ. Je vous cite également le cas
de la Commission des transports, en 1967, où, encore une fois, il y a eu
des sentences de prison, où on est allé en appel. L'appel a
réduit la sentence de prison, quelque neuf ou dix mois plus tard,
à une amende. Mais au moins, dans ces cas, je pense, qu'on l'ait voulu
ou qu'on ne l'ait pas voulu, il reste quand même qu'on n'a pas pris des
décisions, surtout ce que je trouve plus important, on n'a pas
forcé les tribunaux à prendre des décisions à un
moment où l'atmosphère était surchauffée. Les
décisions, je le dis en toute liberté et ayant bien pensé
à ce que je dis, qu'on a vécues devant les tribunaux auraient
fort probablement été toutes différentes si elles avaient
été prises dans d'autres circonstances, dans d'autres moments et
dans d'autres contextes.
C'est ça que je trouve significatif de toute cette attitude. Le
ministre et les gens qui ont fait du droit criminel connaissent la fameuse
motion de changement de venue. Au criminel, il y a une procédure qui
fait que, lorsqu'on pense que les circonstances, le milieu, etc. peuvent nuire
à l'accusé, la défense peut faire une motion qu'on appelle
une motion de changement de venue pour transférer l'accusé de
district judiciaire parce que le crime est peut-être trop crapuleux. Par
exemple, le viol d'une adolescente de douze ans dans un milieu où
vraiment cela va être bien difficile de juger objectivement un
accusé. Cela existe au code criminel. On prend l'accusé, si le
juge trouve qu'il y a danger d'injustice pour l'accusé, et on l'envoie
dans un autre district judiciaire, de préférence un district
où l'accusé va être noyé dans un grand nombre de
causes.
Je fais l'analogie entre les deux cas. Je pense qu'en matière de
ce qu'on vient de vivre on aurait dû, sinon faire un changement de venue
puisque ce n'était pas possible en vertu des plaintes qui étaient
portées, en vertu des demandes de mépris de cour qui
étaient formulées parce qu'on était de juridiction civile,
tout au moins, par analogie, utiliser le changement de venue et, en
l'occurence, au lieu de changer de district judiciaire, changer de
période de temps, attendre que le calme soit revenu.
Encore une fois, pour moi, c'est significatif de cette attitude de "law
an order" qui, à mon avis, dans le cas que je viens de citer et
c'est encore plus grave ne nuit pas simplement à l'image de
l'Etat, du ministère de la Justice, mais nuit très
sérieusement à l'opinion que le simple citoyen, le citoyen
ordinaire puisque c'est le mot à la mode actuellement se
fait de l'administration de la justice qui, soit dit en passant, n'est pas
très populaire d'avance, actuellement, mais à part ces
phénomènes, dans l'esprit de la population.
Je vous vois froncer les sourcils, M. le Président, mais nous
sommes ici pour nous dire des choses et j'ai l'intention de les dire. Je ne
pense pas commettre de mépris de cour en disant cela.
M. LE PRESIDENT: Pour une autre fois, il faut que j'admettre que je
regrette d'être assis ici, parce que j'aimerais vous donner la
réplique.
M. BURNS: M. le Président, je vous permettrai, sans aucunement
riposter, de demander d'être remplacé. Vous viendrez vous asseoir
et vous me donnerez la riposte. Cela me fera plaisir. Le député
de Bourget se dit déjà prêt à aller vous remplacer
comme président, si vous voulez venir vous asseoir.
M. le Président, je le dis et j'en ai pleinement conscience. Sur
ce point, quand je vous ai vu froncer les sourcils, permettez-moi d'ouvrir
cette parenthèse. Je me dis, tout simplement, que, si la justice, au
Québec, n'est pas suffisamment forte pour recevoir de telles critiques,
elle ne mérite pas, actuellement, d'être soutenue. Moi, je pense
qu'elle mérite d'être soutenue. Cependant, elle mérite de
recevoir ces critiques, parce que je pense aussi qu'elle est assez forte pour
les subir.
M. CHOQUETTE: Le député me permettrait-il une
question?
M. BURNS: Certainement, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Le député m'accuserait-il, comme M. Laberge,
de tripoter la justice?
M. BURNS: M. le Président, le ministre tente de me faire dire des
choses que je n'ai pas dites. Peut-être que, dans les termes de M.
Laberge, cela veut dire exactement la même chose. M. Laberge vous parle
de tripotage de la justice; moi, je vous parle de mauvaise utilisation de la
justice ou, au moins, d'utilisation intempestive de la justice.
Croyez que, dans les milieux populaires, il est très difficile
à comprendre peu importe l'opinion qu'on se fasse, d'une part, du
ministère de la Justice, d'autre part, des chefs syndicaux qu'en
l'espace de quelques jours ou même de quelques semaines le cas des chefs
syndicaux je ne parle pas de Pepin, Laberge et Charbonneau, mais je
parle des 50 autres aussi ou à peu près soit venu devant
les tribunaux avec une rapidité extraordinaire et que le jugement ait
été rendu avec une rapidité extraordinaire. C'est
très difficile à comprendre lorsque les gens font le
parallèle avec leur propre petit accident d'automobile, qui trame devant
les tribunaux pendant trois ou quatre ans.
Le ministre, je le sais, me dira que ce n'est pas le même cas. En
matière d'injonctions et en matière de conflit, on agit de
façon plus rapide. C'est vrai. D'autre part, c'est, quand même, le
ministère qui avait l'initiative des procédures. Il
pouvait attendre un moment plus favorable pour faire entendre ces causes
et, surtout, pour ne pas passer pour un Zorro national, pour ne pas passer pour
un grand justicier, pour ne pas passer pour un esprit vindicatif.
Je pense que c'était important. Là, je vous donne ma
conception. Nous sommes ici, d'ailleurs, pour cela. Je vous la donne sans
aucune restriction, c'est-à-dire qu'il y a des restrictions, parce que
j'utiliserais peut-être un autre langage, à l'occasion. J'essaie
de vous donner mon opinion là-dessus. En somme, M. le Président,
je pense que cette attitude, que je critique actuellement on s'en est
rendu compte dans d'autres domaines, comme dans celui de l'application d'un
certain nombre de règles en matière de relations
patronales-ouvrières est teintée d'une
incompréhension totale de la situation. Je le regrette très
sincèrement. Encore une fois, ce ne sont pas des remarques d'ordre
partisan. Ce sont des remarques à long terme. Ce que j'espère,
c'est qu'on pourra à long terme s'en remettre au point de vue social, de
ces attitudes.
Cela, à mon avis encore une fois, je reviens à la
magistrature elle-même laisse entendre, dans l'esprit de la
population, que non seulement le ministère public, non seulement le
ministère de la Justice, non seulement l'Etat, mais les juges
eux-mêmes se sentent personnellement visés dans ces cas.
Et ça aussi c'est un autre danger. Peut-être encore plus
grave, encore une fois dans l'arrière-plan d'une société
en mouvement. S'il y a quelqu'un ici qui soit prêt à me dire que
la société actuelle au Québec n'est pas en mouvement, je
suis prêt à écouter ses arguments, mais vous avez besoin de
travailler fort pour me convaincre et convaincre bien du monde au
Québec.
On a l'impression que les juges, par ce
phénomène-là, se sentent directement visés. On n'a
qu'à voir ce qui est arrivé récemment à un avocat
du nom de Robert Lemieux même si je disais un avocat de
Montréal, tout le monde saurait que je parle de Robert Lemieux
qui fait tout simplement, à mon avis, son devoir et se fait rappeler
à l'ordre. Et je ne suis pas le seul à le penser, le Barreau le
pense aussi, le Barreau, la grosse organisation corporative de droite au
Québec, pense ça aussi imaginez-vous! Quand il est rendu à
penser ça, je me dis que je n'ai peut-être pas aussi tort que
ça.
M. HARDY: Le Barreau veut sauver sa peau actuellement.
M. BURNS: Vous avez votre opinion personnelle sur le Barreau, mais il
reste quand même que, quand le Barreau lui-même se plaint d'une
telle situation, je me dis... Non, je vous dis que c'est un reflet d'une
attitude du ministère de la Justice. Je ne critique pas le juge. Il est
poigné là-dedans, dans cette situation-là. On a fait faire
des choses. Qu'on me comprenne bien, je ne tente pas de prétendre que le
ministre de la Justice prend le téléphone et appelle le juge,
comme ça se faisait dans le temps de M. Duplessis. Je ne pense pas du
tout ça de la part du ministre de la Justice. Du moins, je n'ai pas de
preuve pour pouvoir le dire.
M. CHOQUETTE: Le député est un avocat d'expérience
et un avocat intelligent au surplus. Est-ce qu'il trouve qu'il est normal,
acceptable qu'un avocat expose dans des procédures, quelles qu'elles
soient, ce qui serait, selon lui, les délibérations d'un jury?
C'est un autre aspect de la situation qu'il faut prendre en
considération.
M. BURNS: Vous m'avez, je pense, M. le ministre, très mal compris
si vous posez la question que vous posez là. Je ne discute pas du tout
comme tel du fait que Me Lemieux ait fait ou n'ait pas fait un certain nombre
de choses. Ce n'est pas du tout ça que je fais. Qu'il l'ait fait, qu'il
ait déclaré ça, il a peut-être tort, il a
peut-être raison, ce n'est pas à moi à le juger,
actuellement il y a d'autres instances qui devront le juger.
Mais quand je vous parle de juges qui se sentent personnellement
visés, c'est que devant ça, de façon instanter, un
tribunal ordonne chose que je n'ai jamais vue, et j'aimerais bien qu'un
des avocats à la table nous dise qu'il a déjà vu ça
au procureur de la défense de témoigner dans sa propre
cause. Moi je n'ai jamais vu ça. Est-ce qu'il y a eu d'autres cas
à votre connaissance?
D'une part, si ce n'est pas un juge je ne parle pas du juge
Barbeau comme tel, je parle des juges actuellement, le juge Barbeau se trouve
être celui qui a fait ça qui se sente personnellement
visé, je ne comprends pas pourquoi il aurait fait ça.
Deuxièmement, que, de façon instanter aussi, il rende une
décision sans prendre le temps d'y réfléchir. Et
d'ailleurs le député de Maskinongé, de façon
peut-être plus discrète que moi mais en tout cas je ne veux
pas interpréter son opinion a laissé entendre que ce
serait peut-être une bonne chose, dans les cas de mépris de cour,
qu'on procède par voie d'accusation au lieu d'agir de façon
sommaire.
C'est d'ailleurs l'opinion de la cour d'Appel du Québec. C'est
d'ailleurs l'opinion d'un des juges probablement les plus respectables au
Québec, l'honorable juge Lucien Tremblay lui, le mérite, le
titre d'honorable le juge en chef de la cour d'Appel. Et justement ce
même juge, dans la cause d'Hébert je m'excuse auprès
du ministre de la Justice, je lui ai déjà cité cette
cause-là dans un autre débat, mais ça m'avait bien
frappé le juge en chef de la plus haute cour du Québec
nous dit une bonne journée que les problèmes de mépris de
cour c'est un problème d'ordre social, que ce qui était un
mépris de cour en 1897 n'est peut-être pas un mépris de
cour en 1972. Il le disait, lui, en 1955.
Je trouve ça drôlement important et encore une fois ce ne
sont pas des critiques que j'adresse au juge. Je les adresse au ministre de la
Justice pour ce que son action peut avoir d'effet, avoir d'influence non pas
directe par le coup de téléphone mais par la présence
constante du ministère de la Justice devant les tribunaux, cette
influence qu'il peut avoir sur nos tribunaux. C'est un des rôles du
ministère de la Justice, et si vous avez un bout de chemin à
faire pour refaire cette image de protecteur de la société, de
protecteur de la collectivité, de représentant de l'Etat
généreux, je pense que c'est un des endroits où vous avez
à le faire.
Il y aurait un tas de choses à dire là-dessus. De toute
façon, je ne me laisserai pas aller plus longtemps. J'ai parlé du
reflet vers le haut, vers les juges. Il y a le reflet aussi vers le bas, vers
les policiers. Encore une fois, là-dessus, je ne blâme pas les
policiers. Que des policiers se présentent casqués,
masqués, matraqués ou en état de matraquage, si vous
voulez, à un procès des trois chefs syndicaux, encore une fois,
vous allez me dire que c'est un incident isolé.
M. CHOQUETTE: Tout à fait, dans les deux derniers mois.
M. BURNS: Bien, c'est un incident isolé. Evidemment, le ministre
va nous dire ça. Moi, je vous dis: Ce n'est pas un incident
isolé.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Maisonneuve veut
insinuer que l'escouade qui était présente à ce
moment-là s'apprêtait à matraquer les prisonniers?
M. BURNS: Bien, écoutez, avec une matraque dans les mains, je ne
vous dis pas qu'ils s'apprêtaient, là, de façon
intentionnelle, mais ils sont drôlement en état de matraquer qui
que ce soit aux alentours.
M. HARDY: Qu'est-ce que vous faites de la légitime
défense?
M. BURNS: Légitime défense de qui, devant les
tribunaux?
Voyons donc! Le député de Terrebonne est assez intelligent
pour ne pas poser une question comme celle-là.
M. HARDY: Je vous en parlerai tantôt.
M. CHOQUETTE: Mais qu'est-ce que vous faites du compte rendu du juge
Côté dans son jugement sur ces incidents-là? Le juge
Côté a quand même relaté les incidents qui se sont
produits. Je pense que le juge Côté est un homme...
M. BURNS: J'ai lu le jugement du juge Côté. M. CHOQUETTE:
Que je vous ai envoyé. M. BURNS: ...Oui. Je remercie, d'ailleurs, le
ministre de me l'avoir envoyé. Je l'ai lu, le jugement. C'est,
d'ailleurs, comme ça que j'ai appris la situation, parce que, le juge
Côté je prends sa parole là-dessus nous
relate tous les faits. Les faits que je vous cite là, concernant le
procès des trois chefs syndicaux, sont relatés dans les
premières pages de son jugement. Ce n'est pas du tout une critique
à l'égard du juge Côté que je fais là. Qu'en
1972, dans un certain contexte social en ébullition, on retrouve
peut-être les policiers les plus détestés actuellement au
Québec, c'est-à-dire les gens de l'escouade antiémeute,
dans une cour de justice, je dis que c'est incroyable. Ce n'est pas la faute
des policiers, à part ça. Ce n'est pas une accusation aux
policiers, même pas au chef des policiers, même pas aux officiers
supérieurs.
Je dis que tout ça puis, je reviens à ce que je
disais tantôt qui pouvait paraître un incident isolé,
à mon avis, n'est pas un incident isolé, cela fait partie de
cette conception sur laquelle je ne peux pas être d'accord de la
politique que le ministre nous exposait en disant. Au ministère de la
Justice, ma première fonction sera le maintien de l'ordre et de la
paix.
En tout cas, je m'arrête là-dessus, parce qu'encore une
fois ni les juges ni les policiers, à mon avis, ne sont responsables de
cette situation-là. Il y a bien des gens à l'extérieur qui
contribuent, malheureusement, à créer cette espèce
d'hystérie collective et, surtout, le ministère de la Justice y
contribue, des fois, de façon active, et, d'autres fois, de façon
passive. Il a, au moins, le rôle de désamorcer ça.
M. CHOQUETTE: Si on vous écoutait...
M. BURNS: En général, si on m'écoutait, M. le
Président, on m'interromprait moins souvent. Est-ce que c'est ça
que vous vouliez me dire?
M. CHOQUETTE: Non, non, je regrette de vous avoir interrompu.
M. BURNS: J'ai terminé.
M. CHOQUETTE: Je répondrai plus tard.
M. BURNS: Vous allez répondre sans doute. Je suis certain que
vous allez répondre. Je quitte ce domaine-là, tout simplement
pour vous dire que cela a été, peut-être, ma grande
déception. J'ai tenté, en moi-même, d'excuser le ministre
de la Justice à certaines occasions, depuis qu'il est en fonction, mais
je ne puis le faire après ces événements-là et,
surtout, après la déclaration qu'il nous a faite. D'ailleurs, on
voyait qu'il ressentait ce qu'il disait par la force avec laquelle il le
faisait et la voix qu'il y mettait; c'était à ne pas s'y tromper,
non plus.
Je pense que cette déception-là, il va falloir que le
ministre fasse beaucoup pour me l'enlever. En tout cas, quant à moi,
c'est ma conception non pas de l'homme qui est derrière le ministre, que
j'estime toujours, mais du
ministre dans sa fonction. Il va falloir qu'il fasse
énormément de choses pour que je reprenne mon opinion au sujet du
ministre de la Justice.
On reviendra sur un certain nombre de choses. Quant au reste, je dois
dire au ministre que ce qui me paraît être la marque de commerce,
outre celle que je viens de critiquer, de son ministère, c'est un
ministère de promesses faites à long terme et un ministère
où il y a très peu de réalisations. Je ne les
énumérerai pas. C'est peut-être l'obsession de refaire
l'image que le ministre lui-même sent disparaître, cette image qui
devrait exister. Je suis sûr que, dans le fond de lui-même, le
ministre accepte beaucoup des remarques que je viens de lui faire, mais il sent
le besoin constant de dire: Nous allons faire ceci.
C'est toujours assez extraordinaire, les déclarations du
ministre. Par exemple, il nous a annoncé le bill 70, projet de loi sur
lequel j'étais entièrement d'accord, le ministre s'en souviendra.
Et je ne suis pas d'accord avec mon collègue de Maskinongé
lorsqu'il nous dit qu'il faudrait en atténuer les effets
vis-à-vis du Barreau, etc. Je trouve que c'est une bonne loi et elle
doit rester comme cela, peu importe les cris que le Barreau pourra
émettre, parce qu'encore une fois on vient rogner ses petits
privilèges. Qu'est-ce que vous voulez? C'est cela.
On est rendu à une étape où il faut que les avocats
sortent de ce domaine-là. Tous les jours, dans les bureaux d'avocats que
je connais, dont le mien, on est obligé de dire à des gens: On va
envoyer la mise en demeure, mais on ne prendra pas d'action parce qu'on va vous
manger votre réclamation.
M. PAUL: Est-ce que mon collègue me permet une question?
M. BURNS: Juste une minute, laissez-moi terminer et je permettrai la
question après. Constamment, on dit aux gens: Si le bill 70 vient en
vigueur, allez par les voies que vous tracera cette loi de l'accès
à la justice et ça ne vous coûtera rien ou ça vous
coûtera des déboursés minimum, c'est-à-dire
peut-être $10 de frais de signification et de timbres judiciaires,
etc.
On en est encore à attendre cela, bien que cette promesse soit
faite depuis au-delà de deux ans et que ce projet de loi ait
été adopté. C'est vrai, je comprends le ministre et je
vois tout de suite qu'il va me dire: Ecoutez, ça ne se met pas en
vigueur tout de suite, un projet de loi comme celui-là. Je vais lui
répondre: C'est vrai. Mais il fait depuis deux ans une annonce de charte
des droits de l'homme qu'on n'a pas vue encore et Dieu sait qu'on en a besoin
au Québec si les événements que j'ai décrits
précédemment peuvent se vérifier dans les faits. On n'a
pas encore de charte des droits de l'homme, on n'a pas encore la loi des
huissiers pour se protéger des abus qui avaient été
dénoncés dans le temps par la clinique juridique de Pointe
Saint-Charles.
A l'époque, le ministre de la Justice, de bien bonne foi, bien
intentionné encore une fois, à la suite des récriminations
des gens de Pointe Saint-Charles, après une saisie de meubles chez des
gens meubles qui ne leur appartenaient même pas parce qu'ils
avaient loué un meublé, se retrouvaient, du jour au lendemain,
couchés sur un tapis disait de bien bon coeur: Par une loi, je
réglerai l'attitude des huissiers, etc. Encore une fois, on n'a pas de
loi des huissiers, on ne sait pas où elle est rendue. Il y en aurait une
série comme celle-là.
Par exemple, on en a une bonne ici, on en a des belles. Dans un document
qui se vend $1 et qui s'intitule "Le gouvernement Bourassa deux ans
après", on a des choses assez intéressantes. On nous dit qu'une
vaste enquête sur le crime organisé a été
annoncée.
C'est dans le bilan administratif, réformes et innovations
majeures, page 79. On nous parle également de recherches,
d'expériences pilotes. On nous parle des recherches qui sont
effectuées afin d'établir un registre de l'état civil au
Québec. Je ne sais pas où on en est rendu, peut-être que le
ministre voudra nous le dire. D'autre part, une expérience pilote est
présentement en cours afin d'étudier les effets de la
décentralisation des forces policières. Cette expérience
est menée par la Sûreté du Québec dans les
régions de Sherbrooke et de Rimouski. Probablement qu'on en aura les
résultats. Il se fait enfin des recherches sur la mécanisation
éventuelle d'une partie du système judiciaire, sur la carte
d'identité, le ministre l'a oubliée déjà, je pense
qu'il nous a dit que c'était fini.
M. CHOQUETTE: La carte d'identité des fonctionnaires.
M. BURNS: ... des fonctionnaires... Probablement que le texte a
été préparé il y a un certain temps... et sur la
réforme de la direction générale... Il y a une
série de choses comme ça. Je pourrais également lui sortir
un certain nombre de promesses qu'il nous faisait l'année passée
et que nous pourrions discuter un peu plus tard au cours des crédits.
J'en cite simplement quelques-unes: un service de réglementation
rattaché au bureau de la législation...
M. CHOQUETTE: Cela se fait et je pense que nous aurons la
réglementation...
M. BURNS: Le ministre va nous donner toutes ses réponses
tantôt.
M. CHOQUETTE: Certainement.
M. BURNS: Un service d'études et de recherche sur l'orientation
générale du ministère, un service d'études et de
recherche en matière de droit civil, pénal et constitutionnel
j'y reviendrai à l'occasion des crédits, je pense que
l'aspect constitutionnel est très important
rattaché au contentieux civil. Je pense qu'il y a peut-être lieu
de le faire, mais de le faire vraiment, pas sous forme de promesses et
d'arrêter de subventionner certains bureaux d'avocats privés. Je
n'ai rien contre les bureaux privés, je fais partie d'un bureau
privé personnellement. Un service de planification; je ne sais pas
où le ministre en est rendu dans son service de planification. J'ai
parlé tantôt des registres de l'état civil ainsi que de la
charte des droits fondamentaux. On pourra parler également des
amendements au code de procédure pour faciliter l'évolution des
procédures. Le ministre nous dit qu'il projette encore une fois un
projet de loi...
M. CHOQUETTE: Avant la fin de la session.
M. BURNS: Vous voyez, c'est ça le genre de critique que je fais
quand je dis que c'est un ministère de promesses, qui nous fait des
promesses, c'est beau, il n'y a aucune espèce de doute, mais cela nous
amène deux ans, trois ans plus tard et, dans certains cas, il y en a un
certain nombre qui ne sont même pas réalisées.
La dernière critique d'ordre général que je veux
faire est reliée à mes deux premières critiques: d'abord,
la conception que se fait le ministre du ministère de la Justice et,
deuxièment, les promesses qui sont faites. C'est, à mon avis, le
fait d'avoir laissé et c'est un reproche que je fais au ministre
de façon assez grave dans un document partisan et encore
une fois c'est un reflet d'une attitude faire du ministère de la
Justice un élément de partisanerie du parti au pouvoir. Vous
allez sourire, je vais vous donner quelques exemples, un ou deux. A la page 71
du document que j'ai cité tantôt: Le gouvernement Bourassa deux
ans après d'ailleurs je remercie le whip en chef de nous avoir
fourni des copies ce matin, nous avons eu la chance de le lire depuis, c'est
tombé pile il y a des choses que je ne conçois pas de la
part d'un ministère de la Justice.
On ne permet pas qu'un ministère de la Justice apparaisse comme
partisan. Vous connaissez sûrement, et le député de
Maskinongé et le député d'Outremont connaissent
sûrement l'adage: Non seulement il faut que justice soit faite, il faut
qu'apparence de justice soit faite. Cela a peut-être l'air cucu aux yeux
de bien du monde mais c'est joliment important, à mon avis, qu'apparence
de justice soit faite. C'est drôlement important qu'apparence de
non-par-tisanerie je fais encore l'analogie existe en ce qui
concerne le ministère de la Justice.
Alors, qu'est-ce qu'on retrouve? Je vais vous citer quelques exemples:
dans le bilan législatif, il n'y a pas de doute que le ministre a fait
adopter des projets de loi, je ne le nie pas. D'ailleurs, cela
paraît...
M. CHOQUETTE: Pas seulement des projets...
M. BURNS: Non, non, il n'y a pas de doute. Seulement, écoutons
ceci: Bill no 6, Loi modifiant la Loi de la régie des alcools. Remarquez
que c'est un bilan de deux ans. Avantages pour la population: "cette loi
autorise la Régie des alcools à délivrer des permis
spéciaux aux personnes qui auront obtenu une concession de la ville de
Montréal sur l'emplacement de Terre des Hommes. Il appartient au
lieutenant-gouverneur en conseil, etc." Arrêtons cela. C'est exactement
ce que le député de Maskinongé vient de dire. Cela se
faisait depuis Terre des Hommes. Cela se faisait sous l'ancien gouvernement. On
nous annonce cela comme des avantages à la population, alors que tout le
monde ici et le ministre savent fort bien que tout ce qu'on a fait dans ce
projet de loi, c'est de changer l'année. On a dit 1967-1968, on change
cela pour 1968-1969. Finalement, il y a eu un changement de gouvernement au
pouvoir, c'est devenu 1970-1971, 1972-1973 pour cette année, etc.
Je vous en donne un autre: Bill no 15. Loi modifiant la Loi
d'interprétation. Ecoutez bien celle-là. Moi, je suis
tombé en bas de mon siège. Avantages pour la population, toujours
au pluriel: "cette loi assimile le samedi à un jour non juridique pour
les fins d'enregistrement, vu qu'en vertu du bill no 14 les bureaux
d'enregistrement ne seront pas ouverts le samedi". Bien, j'avais mon voyage
quand j'ai vu les avantages pour la population. Le samedi, dans les cas
d'enregistrement, on l'assimile à un jour non juridique. Il y en a
d'autres.
M. CHOQUETTE: C'est un avantage aussi. Ne dites pas que ce n'est pas un
avantage.
M. BURNS: C'est un avantage. Mais vous savez fort bien... You know what
I am driving at, M. le ministre. Bill no 46. Avantages pour la population. Vous
savez comment s'appelle le bill no 46 de 1970: Loi prolongeant et modifiant la
Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires.
M. CHOQUETTE: C'est excellent.
M. BURNS: Loi qui existe depuis 1951, et d'année en année,
d'ailleurs, les critiques de l'Opposition vous les avez entendues chaque
année ont dit tout simplement: Au moins, faites-la donc
permanente cette loi. Depuis deux ans vous nous dites: On s'en reparlera sous
l'article... Je suis content, le juge Ross aura sans doute certaines choses
à nous dire là-dessus.
Je saute à la page suivante. Encore une fois, c'est une autre des
réalisations du ministre. Loi no 282: Loi prolongeant et modifiant la
Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires.
Encore une fois, avantages pour la population, au pluriel. On lit à peu
près le même texte. J'admets que ce n'est pas tout à fait
le même texte.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve est en train de
critiquer le document...
M. BURNS: Non, non. M. le Président, je m'excuse. J'invoque le
règlement. Vous êtes censé être neutre ici, et vous
allez continuer de l'être.
M. LE PRESIDENT: Vous nous parlez d'une publication qui est strictement
politique. Vous mentionnez les avantages qu'on donne...
M. BURNS: Non, non, je n'accepterai pas cela.
J'invoque le règlement. Je vous demande de continuer à
être neutre. Vous n'avez pas à critiquer. Si je suis hors d'ordre,
vous allez me le dire.
M. LE PRESIDENT: C'est ce que je vous dis.
M. BURNS: Dites-moi en quoi je suis hors d'ordre.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes hors d'ordre parce que vous êtes
en train d'éplucher un document strictement politique...
M. BURNS: Oui.
M. LE PRESIDENT: ... sous prétexte que vous êtes
à...
M. BURNS: En quoi suis-je hors d'ordre?
M. LE PRESIDENT: ... étudier les crédits du
ministère de la Justice.
M. BURNS: On parle de quoi, ici, sinon de politique, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: On étudie les crédits du ministère
de la Justice.
M. BURNS: Avez-vous compris la nature de ma première critique?
Laissez-moi donc terminer. Vous allez voir si vous êtes hors d'ordre ou
si c'est moi. Vous allez voir ça. J'ai dit tantôt que je
blâmais, troisièmement j'ai trois critiques le
ministère de la Justice parce qu'il laissait faire de la partisanerie
politique avec son ministère. Je suis en train de le lui prouver, M. le
Président.
M. PAUL: M. le Président,...
M. BURNS: Si je n'ai pas raison, dites-le-moi. Et dites-moi en quoi je
suis hors d'ordre là-dedans.
M. LE PRESIDENT: Ecoutez, le même argument pourrait être
utilisé lors de l'étude des crédits du ministère de
l'Education. On pourrait blâmer le ministre d'avoir laissé
inscrire, dans cette brochure,...
M. BURNS: C'est là que vous vous insérez dans le
mérite de la discussion, M. le Président. C'est cela que vous
n'avez pas le droit de faire.
M. LE PRESIDENT: Là, vous êtes hors d'ordre parce que
vous...
M. BURNS: Je ne suis pas du tout hors d'ordre, pas du tout!
M. PAUL: M. le Président, sur le rappel au règlement. Il
faut comprendre qu'actuellement nous étudions les crédits du
ministère de la Justice. Ce n'est pas une grosse vérité
que je vous dis là.
D'un autre côté, l'argumentation du député de
Maisonneuve est la suivante: Il faut à tout prix dépolitiser la
justice et l'administration de la justice. Il reproche au ministre d'avoir
laissé politiser la justice et il se sert d'un document politique pour
illustrer sa pensée. Il se sert de ce document pour reprocher la
décision qui a été prise probablement à
l'insu du ministre de la Justice de publier de prétendues
réalisations sociales du ministère de la Justice. Le
député de Maisonneuve dit: M. le Président, je blâme
le ministre de la Justice. C'est le troisième point de mes remarques de
ce soir.
Je soumets, respectueusement, M. le Président, qu'à mon
humble point de vue le député de Maisonneuve a parfaitement le
droit, surtout dans le contexte de la présentation de sa critique,
d'illustrer, comme il le fait, à l'aide d'un document politique, ses
reproches à l'endroit du ministre de la Justice. Il dit que la justice
doit être complètement dépolitisée pour que la
population ait une grande confiance et pour combattre peut-être ce climat
social, actuellement, que l'on constate autour de la justice.
M. LE PRESIDENT: La réplique que je peux donner, c'est que le
député de Maskinongé, lui-même, vient de dire que
cela a probablement été utilisé à l'insu du
ministre de la Justice.
M. PAUL: Je ne dis pas que ce n'était pas de sa
responsabilité par exemple.
M. BURNS: Le ministre nous le dira aussi, cela M. le Président,
justement, n'est pas votre rôle de défendre le ministre à
ce stade-ci. Je pense qu'il est assez grand pour se défendre tout seul.
Il prend bien cela. Je le vois. Même si, parfois, cela fesse dur, les
remarques que je lui fais, il prend cela avec un sourire, parce que c'est un
grand monsieur et qu'il est capable de le prendre.
M. PAUL: Il a vu plus que cela, vous savez.
M. BURNS: Ne vous inquiétez pas, votre ministre n'est pas en
danger.
M. LE PRESIDENT: Je ne suis pas inquiet.
M. BURNS: Bon!
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous continuer?
M. BURNS : Vous ajournez les travaux à dix heures? Je proposerais
l'ajournement de nos travaux.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux sine die. Nous
attendrons les instructions de l'Assemblée nationale demain, à
trois heures.
(Fin de la séance à 21 h 56)
Séance du mercredi 31 mai 1972 (Seize heures
cinq minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
La commission de la justice continue ses séances pour
l'étude des crédits du ministère de la Justice. La parole
est au député de Maisonneuve.
M. BURNS: Merci, M. le Président. Je veux rassurer mon
collègue de Terrebonne, d'abord, et lui dire que je n'ai pas 21 points
à traiter dans les problèmes généraux. Hier, j'ai
traité de trois points en particulier. Il ne m'en reste que trois
à traiter très brièvement. Ce seront probablement les plus
brefs des six que j'avais à traiter.
Hier, je me serais probablement lancé dans cette critique si on
avait eu le temps de le faire, puisque c'était basé sur une
déclaration très récente du ministre, aussi récente
que la commission d'hier. Encore une fois, j'ai été
étonné d'entendre le ministre nous parler de gangstérisme
ou de banditisme à l'intérieur du syndicalisme. Que le ministre
le croie, ce n'est pas mon problème, c'est le sien. Mais ce que j'ai
remarqué, hier plus particulièrement, c'est qu'au moment
où il fait une telle déclaration il y a un travail ou une
enquête qui se fait. Donc, il n'est pas en mesure de nous livrer des
conclusions définitives. C'est ce que je trouve grave.
Or, il lance une accusation de cette nature au début des travaux
de la commission. Encore une fois, pour moi, c'est un signe de la
non-compréhension d'il ministre de la situation actuelle au
Québec. Plus particulièrement, au moment même où on
se parle peut-être pas au moment immédiat, dans le sens
peut-être qu'on ne négocie pas actuellement tout le monde
sait qu'après les événements qu'on vient de
connaître, il y a une espèce de rapprochement entre les parties.
Une des parties, en l'occurrence, se trouve être l'Etat, se trouve
être le gouvernement dont fait partie le ministre de la Justice. Je
trouve absolument indécent qu'une déclaration de cette nature
soit faite à ce moment-ci.
Ayant en vue ces deux choses-là, c'est-à-dire que les
négociations reprennent actuellement de peine et de misère,
après que de part et d'autre on ait subi des blessures qui ne sont pas
encore complètement cicatrisées, d'une part, je trouve qu'on
aurait dû peut-être pondérer une déclaration de cette
nature, mais cela ne surprend pas, d'autre part, étant donné
l'étendue que le ministre semble donner au champ d'action de son
ministère. Cette déclaration a d'autant plus d'importance,
à mon avis, encore une fois, que l'étude sur laquelle le ministre
semble se baser n'est pas terminée. Ou bien elle est terminée et
qu'il nous la livre, qu'il la rende publique et les gens pourront juger.
C'est la remarque que j'avais à faire là-dessus.
Cinquièmement, M. le Président, le ministre a eu l'air de
dire qu'il était heureux que les événements récents
n'avaient pas causé de troubles et que tout semblait être sous
contrôle. Encore une fois, j'exprime l'inquiétude que le ministre
ne se rende pas compte que l'administration de la justice, dans le domaine
syndical plus particulièrement, et chez la masse des gens en
général, cela ne veut plus dire grand-chose. Cela ne veut plus
dire grand-chose, à cause d'un certain nombre de critiques que j'ai
faites hier, de ce déphasage entre les gens qui subissent actuellement
la justice et ceux qui sont là pour l'administrer. Qu'un ministre de la
Justice ne soit pas conscient de ce fait, cela m'inquiète parce que plus
tard je ne le souhaite pas du tout on aura peut-être des
troubles à déplorer si ce clivage continue à se faire
entre l'administration de la justice, à laquelle les gens ne croient
vraiment plus ou à peu près plus, en général, et
les gens qui sont appelés à l'administrer.
Finalement, M. le Président, ma dernière remarque, et
c'est là-dessus que je vais terminer. J'ai entendu le ministre nous dire
qu'heureusement, dans son ministère, il n'y avait pas de problème
de relations fédérales-provinciales. Il n'y a, sans doute, aucun
problème de relations fédérales-provinciales dans son
ministère mais, à cause, à mon avis, d'une politique
à courte vue du ministère lui-même. Je considère
que, des problèmes, il y en aurait véritablement dans les
relations fédérales-provinciales entre les deux ministères
de la Justice si la politique du ministère n'était pas tellement
à courte vue; il y a un domaine qui est très important,
actuellement, dans lequel le ministère de la Justice
québécois n'a aucune initiative législative, le ministre
le sait fort bien, c'est en matière de justice criminelle.
Je ne veux citer comme exemple que le phénomène de la
sécurité sur les chantiers. Je me souviens que l'année
dernière j'ai reçu une longue lettre, de la part d'un substitut
du procureur de la couronne à Montréal. D'ailleurs, il m'avait,
à ce moment-là, permis d'en parler sans aucune difficulté.
Il s'agit de Me Robi-chaud, qui m'avait écrit à la suite d'une de
mes remarques à l'occasion de l'étude des crédits du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Il m'avait dit: Vous dites
que le ministère public semble être très gentil à
l'égard des entrepreneurs en ce qui concerne les poursuites pour
négligence criminelle, dans le cas de décès de
travailleurs de la construction sur les chantiers. Soit dit en passant, il s'en
tue à peu près un par semaine depuis deux ans, à travers
le Québec. Cela commence à être un problème grave.
C'est un problème d'autant plus grave que les entrepreneurs, à
mon avis, semblent se foutre complètement des amendes dont ils
pourraient être l'objet, en vertu des règlements.
Or, à mon avis, il serait drôlement temps que, comme
justement le substitut du procu- reur général me le mentionnait,
certains amendements au code criminel soient faits. Si c'est devenu tellement
difficile, dans ce domaine, de prendre des poursuites pour négligence
criminelle, qu'on fasse amender le code. Mais je ne le cite qu'à titre
d'exemple, pour montrer que le ministre, peut-être, oublie que tout ce
domaine de la justice pénale, de la justice criminelle échappe
à la juridiction du ministère québécois. Et tant
qu'il restera comme cela, tranquillement, dans son coin, il est évident
qu'il n'y aura pas de problèmes de relations
fédérales-provinciales, dans ce domaine. C'est ce qui me fait
dire que c'est une politique, à mon avis, à courte vue du
ministère, qui fait qu'il nous dit, actuellement, qu'au moins, son
ministère n'a pas de problèmes.
Ce sont les remarques générales que j'avais à
faire, M. le Président. Vous ne pouvez pas dire que j'ai abusé
aujourd'hui. J'avais justement ces trois points à compléter. Je
termine ici mon exposé sur la politique générale. On
reviendra sans doute à des questions d'ordre général,
après.
M. LE PRESIDENT: Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, à ce stade de nos discussions,
j'aurais quelques remarques à faire, remarques qui m'on surtout
été inspirées par les propos qu'a tenus, hier soir, le
député de Maisonneuve.
Le député de Maisonneuve a commencé ses remarques,
hier soir, en reprochant au ministre de placer comme priorité, à
son ministère, le maintien de l'ordre. Pour sa part, il a dit que, selon
lui, la première priorité du ministère de la Justice
devrait être la protection de la collectivité.
En toute déférence pour mon collègue, je dis, M. le
Président, qu'il s'agit là d'une discussion purement
académique. Protéger la collectivité, je suis parfaitement
d'accord avec cet objectif. C'est évident que le rôle du
ministère de la Justice, dans une société, c'est de
protéger la collectivité. Mais comment un ministère de la
Justice peut-il protéger la collectivité si, d'abord et avant
tout, il n'assure pas le maintien de l'ordre?
Protéger la collectivité, c'est un objectif plus global
que le maintien de l'ordre. C'est un objectif tellement global que cela
dépasse largement les prérogatives et le domaine du
ministère de la Justice. Protéger la collectivité, cela
veut dire assurer un niveau de vie décent à la
société, cela veut dire régler les problèmes
sociaux, cela veut dire tout cela, protéger la collectivité.
C'est bien sûr que le ministre de la Justice ne peut pas en tant
que ministre de la Justice assurer toutes ces priorités-là:
problèmes sociaux, problèmes économiques. C'est d'autres
instances du gouvernement qui doivent y arriver.
Au fond, la protection de la collectivité c'est un objectif
global du gouvernement et le ministre de la Justice, pour sa part, doit
travailler à cet objectif de la protection de la collectivité, en
assurant le maintien de l'ordre. Là où il peut y avoir
divergence, suivant l'idéologie à laquelle on appartient, suivant
même des attitudes psychologiques que l'on peut avoir, c'est sur les
moyens utilisés pour le maintien de l'ordre. Et là je reconnais
qu'on peut différer sur les moyens, encore une fois suivant
l'idéologie que l'on professe ou à laquelle on appartient.
Et je pense qu'en face du problème du maintien de l'ordre on peut
partager les attitudes de deux façons. Il y a d'abord l'attitude
permissive, c'est-à-dire une attitude où l'on est très
libéral dans le sens philosophique du mot, où la police
intervient le moins souvent possible. C'est ce que je qualifie d'attitude
permissive.
Et à l'autre extrême il y a l'attitude restrictive,
où évidemment on applique la loi d'une façon très
rigoureuse, très draconienne. Et sans vouloir interpréter la
pensée du ministre de la Justice, je pense que c'est dans cette
orientation qu'il s'est dirigé. C'est que, dans les
sociétés démocratiques libérales comme celles dans
laquelle nous vivons, ces sociétés démocratiques ont en
quelque sorte dans leur sein même une espèce de germe qui peut
contribuer à les détruire.
A cause précisément de ce grand principe de la
liberté, liberté de presse, de parole, liberté de tout, si
à un moment donné cette liberté-là n'est pas
canalisée jusqu'à un certain point, on débouche sur
l'anarchie. Et, en débouchant sur l'anarchie, c'est la
société libérale qui est détruite. L'histoire nous
enseigne que, dans bien des cas, au moment où une société
démocratique n'a pas su maintenir un minimum d'ordre, un minimum de
restriction, alors qu'elle disparaît, très souvent elle est
remplacée par une dictature, par un régime totalitaire.
C'est ce qui est arrivé dans l'histoire. Je pense donc que ceux
qui ont la responsabilité d'administrer une société
libérale, une société démocratique, doivent mettre
tout en oeuvre pour assurer les libertés fondamentales, les
libertés de l'homme c'est évident, j'y souscris
entièrement mais tout en travaillant dans ce sens, ils doivent
également prendre les moyens pour assurer que les lois soient
respectées.
Si les lois ne correspondent pas aux situations sociales c'est
d'ailleurs la raison pour laquelle on siège de longues semaines et de
longs mois dans un Parlement qu'on change les lois, qu'on fasse en sorte
que les lois répondent davantage aux impératifs d'une
société en devenir, une société qui se
développe, une société en mutation. Là-dessus aussi
je suis d'accord avec le député de Maisonneuve. Il est
évident qu'on vit dans une société en mutation. Mais tant
et aussi longtemps qu'une loi existe, elle doit être respectée. Je
dis qu'à partir du moment où un ministre de la Justice ou un
gouvernement, pour toutes sortes de raisons, met en veilleuse l'application
d'une loi, c'est là où on s'achemine vers l'anarchie, vers le
désordre, et je ne peux pas accepter ça, encore une fois.
Si une loi n'est pas bonne, qu'on la change, qu'on l'amende. Mais aussi
longtemps qu'une loi est dans les status, c'est le devoir du ministre de la
Justice, c'est le devoir de ses fonctionnaires et c'est le devoir des tribunaux
de voir à ce que cette loi soit respectée. Sans ça, on
s'engage dans une route sans issue.
M. BURNS: Je m'excuse, est-ce que le député me permet une
question?
M. HARDY: Oui.
M. BURNS: Est-ce que le député a compris que j'ai dit
qu'il fallait mettre de côté les lois, hier dans mon
exposé?
M. HARDY: Bien, j'ai compris...
M. BURNS: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. HARDY: J'ai compris qu'à certains moments...
M. BURNS: Vous relirez...
M. HARDY: Oui, je vous ai très bien relu. J'ai compris que le
député de Maisonneuve disait qu'à certains moments, en
certaines circonstances, en certaines occasions il fallait peut-être
attendre, il ne fallait peut-être pas intenter des poursuites tout de
suite, mettre de l'huile sur le feu, parce qu'il s'agit de certaines personnes,
de certains gros bonnets. C'est ce que le député de Maisonneuve a
dit.
M. BURNS: Je n'ai pas parlé de gros bonnets.
M. HARDY: Bien non, mais j'interprète...
M. CHOQUETTE: Les gros et les petits bonnets.
M. BURNS: J'ai parlé du contexte social, cependant.
M. HARDY: C'est ça, et moi je dis que quelles que soient les
situations, parce que c'est M. Untel ou M. Untel...
M. BURNS: Je n'ai pas parlé de M. Untel, je m'excuse, mais ce
n'est pas du tout de ça que j'ai parlé.
M. HARDY: De tel groupe d'ailleurs, ou de tel contexte sociologique, je
dis que quand une loi existe tout le monde doit s'y soumettre...
M.BURNS: Même en mettant le feu après tout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît ! J'aimerais faire
remarquer au député de Maisonneuve qu'en vertu de l'article
97...
M. BURNS: Non, non, M. le Président, vous n'avez même pas
besoin de me rappeler l'article. Je l'invoque assez souvent, alors...
M. HARDY: Je résume cette partie, M. le Président, en
disant que je pense que c'est le devoir du ministre de proposer des amendements
aux lois afin qu'elles correspondent davantage aux réalités
sociales.
Mais, c'est aussi son devoir de faire appliquer et respecter les lois.
Sans cela, il n'y a plus de fin.
Le député de Maisonneuve a également parlé
de provocation de la part de policiers quant à leur costume ou aux
instruments qu'ils pouvaient tenir dans leurs mains, à certains
moments.
M. CHOQUETTE: Prenez M. Saint-Pierre, par exemple; il n'a pas l'air
provocant du tout.
M. HARDY: J'ai eu l'occasion, l'an passé, d'approuver un
collègue de la Chambre, qui appartient à la même formation
politique que le député de Maisonneuve et qui avait
soulevé un cas semblable. Je continue à croire la même
chose. Je pense que les policiers, dans des circonstances difficiles, ont
l'impérieux devoir d'exercer leur fonction sans matraquer les gens, sans
les blesser inutilement; en d'autres termes, d'agir le plus humainement
possible. Je pense que c'est une chose à laquelle toute personne vivant
dans un Etat civilisé doit souscrire.
Mais il ne faut pas tomber dans l'excès contraire. Dans une
situation comme celle que l'on a vécue, alors qu'il y a des
attroupements, alors qu'on ne sait pas s'il n'y a pas deux ou trois fous
sans que ce soit organisé dissimulés dans cette foule, que
l'on reproche aux policiers d'être équipés pour faire face
à une situation qui peut survenir de façon à se
protéger eux-mêmes il ne faut quand même pas demander
aux policiers d'aller sur le bûcher ou de s'offrir en holocauste
et à éviter des choses désagréables, des choses que
l'on pourrait regretter, je ne vois pas comment on peut le leur reprocher.
M. CHOQUETTE: M. Marcil boit vos paroles.
M. BURNS: Est-ce que le député me permet une question?
M. HARDY: M. Marcil boit mes paroles? C'est un chef syndicaliste,
à part cela.
M. BURNS: Oui, que j'estime et respecte beaucoup, d'ailleurs. Justement,
puisqu'on y fait référence, pour que M. Marcil comprenne bien le
sens de l'intervention, est-ce que le député...
M. HARDY: Je pense que M. Marcil me comprend très bien. Le
député de Maisonneuve n'a pas besoin de m'interpréter.
M. BURNS : Une minute ! Est-ce que le député de Terrebonne
aurait l'amabilité, et pour M. Marcil et pour le député de
Maisonneuve, de dire dans quel cadre je parlais des policiers casqués et
autres? C'était dans une cour de justice, dans les circonstances que
l'on connaît.
M. HARDY: Dans une cour de justice où il y avait un attroupement,
où des gens avaient envahi la cour, etc.
M. BURNS: Vous n'y étiez pas.
M. HARDY: J'ai lu le jugement du juge et je n'ai pas de raison de ne pas
croire l'honorable juge Côté. Quand on est rendu à
prétendre que, parce qu'il y a des policiers qui ont un casque et un
grand bâton, cela provoque, je dis que la société est
vraiment malade. Si quelqu'un se sent provoqué parce qu'il voit un
policier qui est là simplement pour maintenir l'ordre ce gars-là
a quelque chose qui ne fonctionne pas.
Si les policiers commencent à donner des coups avant qu'il y en
ait eu, c'est de la provocation; mais qu'un policier soit bien tranquille, sur
place, et qu'il ait tout simplement un grand bâton dans ses mains, ce
n'est pas de la provocation.
Je l'ai dit hier soir et je le répète, même si le
député de Maisonneuve a cru bon de mettre en doute mon
intelligence, c'est tout simplement de la légitime défense. C'est
prendre les moyens pour éviter que des catastrophes se produisent et
pour éviter que non seulement les policiers se fassent blesser
inutilement mais même que des gens, des simples citoyens qui peuvent se
trouver là par hasard se fassent blesser inutilement.
Je me réfère à la crise que nous avons vécue
récemment. Je pense que les policiers ont des critiques assez souvent et
même moi je suis un de ceux qui ont critiqué parfois les policiers
non seulement comme député mais comme avocat. Il y a des
occasions où les policiers manquent peut-être un peu de jugement,
mais je pense que, s'il y a un cas où les policiers d'une façon
générale se sont conduits impeccablement, c'est bien au cours des
événements que nous avons vécus récemment. Je ne
vois pas pourquoi il faudrait fendre les cheveux en quatre et leur reprocher de
s'être équipés pour faire face à toute
éventualité.
M. BURNS: Vous trouvez ça normal que, dans une cour de justice,
vous retrouviez
l'escouade antiémeute casquée et armurée au grand
complet?
M. HARDY: Je ne trouve pas ça normal d'une façon
générale. Je ne voudrais pas que l'escouade
antiémeute...
M. BURNS: C'est ce que j'ai dit hier.
M. HARDY: ... se trouve d'une façon générale dans
les palais de justice. Mais, dans le cas auquel vous vous
référez, je dis que oui c'était normal parce qu'on pouvait
raisonnablement prévoir qu'il se produise des choses anormales.
M. BURNS: Parfait, alors nous ne pouvons plus discuter, c'est
évident.
M. HARDY: C'est uniquement une question d'appréciation. Le
député de Maisonneuve peut avoir une appréciation
différente de la mienne, je le reconnais, mais moi je considère
que c'est normal; le fait que les policiers aient été là
n'a nui à personne, ça n'a privé personne de ses
libertés et, si des troubles s'étaient produits, ils auraient
été là pour y faire face.
Enfin, je termine, M. le Président, et là-dessus je n'ai
vraiment pas compris le député de Maisonneuve.
M. BURNS: C'est ce que je remarque depuis le début.
M. HARDY: Je n'ai pas compris surtout quand le député de
Maisonneuve a accusé le ministre de la Justice de politiser son
ministère en se référant à un document
publié par la commission d'information du Parti libéral du
Québec. Voilà que le ministre de la Justice administre son
ministère et fait voter des lois et voilà que, d'autre part, un
organisme qui s'appelle le Parti libéral décide de prendre une
citation du ministre, de prendre certaines lois et de les interpréter.
Le ministre de la Justice n'a absolument rien à voir là-dedans;
à ce que je sache, il n'est pas membre de la commission d'information du
Parti libéral du Québec. Il l'a déjà
peut-être été, je ne le sais pas,...
M. BURNS: C'est ce que j'aurais aimé, je l'ai dit hier...
M. HARDY: ... mais pour le moment il n'en est pas membre. Le ministre
n'a rien eu a voir...
M. BURNS: J'aurais aimé que le ministre de la Justice nous dise
cela lui-même.
M. HARDY: Le ministre de la Justice n'a eu rien à voir avec la
préparation de ce document. Alors, comment peut-on l'accuser
d'être partisan parce qu'un parti politique essaie de démontrer
les avantages d'une législation adoptée? Cela pourrait être
n'importe qui d'autre que le Parti libéral. Cela aurait pu être un
journaliste qui aurait décidé de démontrer quels sont les
bienfaits de telle ou telle loi. Est-ce que le député de
Maisonneuve aurait accusé le ministre de la Justice de politiser son
ministère parce qu'un journaliste, sympathique au Parti libéral,
en aurait fait voir les avantages?
M. BURNS: Oui, mais c'est parce que le député d'Outremont
n'aurait pas été élu sous la bannière...
M. HARDY: C'est bien plus grave que cela, ce que le député
de Maisonneuve a fait. Si le député de Maisonneuve est logique
avec lui-même, si j'ai bien compris son raisonnement, il demande au
ministre de la Justice d'interdire au Parti libéral de se servir de ses
lois et de montrer les avantages de ses lois. Bien oui, c'est une autre chose
ou l'autre...
M. BURNS: Pas du tout.
M. HARDY: Ou bien le ministre de la Justice n'est pas responsable de ce
qui est publié là ou bien il est responsable. S'il est
responsable, c'est parce qu'on l'accuse de ne pas être intervenu pour
empêcher le Parti libéral de publier le document qu'il a
publié.
M. BURNS: Dans la forme...
M. HARDY: Dans la forme qu'il a.
M. BURNS: C'est ça.
M. HARDY: En d'autres termes, ce que le député de
Maisonneuve demande au ministre de la Justice, c'est d'agir comme censeur
vis-à-vis une publication du Parti libéral. Or, si le
député de Maisonneuve demande au ministre de la Justice de
censurer les publications du Parti libéral, il faudrait en même
temps que le ministre de la Justice censure les publications du Parti
québécois, que le ministre de la Justice censure les publications
d'autres journaux. Alors que le député de Maisonneuve et le Parti
québécois...
M. BURNS: C'est écoeurant, ça fait peur, votre
affaire.
M. HARDY: Alors que le Parti québécois demande une plus
grande liberté, alors que le Parti québécois demande une
société encore plus démocratique, plus libérale, en
même temps il demande au ministre de la Justice d'agir comme censeur de
publications dans la province de Québec.
C'est là, M. le Président, que je dis que je ne comprends
pas, absolument pas l'intervention du député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, en vertu de l'article 97, je ne peux
pas laisser passer de telles remarques démagogiques de la part...
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: ... de la part du député de Terrebonne.
M. HARDY: Vous n'avez pas le droit de soulever de débat.
M. BURNS: Je ne soulève pas de débat. Je veux juste
rétablir des faits. Je n'ai pas dit, hier, que je considérais que
le ministre de la Justice se devait d'être le censeur de tous les
documents qui pouvaient être publiés à travers le
Québec, pas plus ceux qui paraissent dans les journaux que ceux qui
paraissent dans les publications des autres partis politiques, mais qu'au
moins, par action ou par omission, d'une façon ou de l'autre, je ne sais
pas, j'aurais aimé entendre le ministre de la Justice nous le dire.
Peut-être qu'il nous dira tantôt que, probablement par omission, il
a laissé jouer la partisannerie politique, et je vous ai très
bien cité les cas, hier.
Par exemple, lorsqu'il nous dit que c'est un avantage pour la population
que le bill no 48 ait été adopté, concernant les enfants
naturels, si vous avez remarqué, je n'ai pas cité
celui-là. Je trouve véritablement que c'est un avantage...
M. HARDY: Qu'est-ce que le ministre de la Justice aurait pu faire devant
cela?
M. BURNS: Je trouve qu'on a donné à un document un
caractère politique, et on y a inséré des choses qui,
véritablement, à toute personne intelligente capable d'analyse de
texte, ont donné l'impression que ce document, y compris celui
concernant la justice, était fait uniquement dans un but partisan, et
c'est cela que je trouve malheureux, nocif et dangereux pour l'administration
de la justice au Québec.
M. HARDY: Mais en quoi le ministre de la Justice est-il responsable de
ça?
M. BURNS: Ce sera lui qui nous le dira tantôt.
M. HARDY: Bien!
M. BURNS: S'il nous dit qu'il n'est pas d'accord sur la forme que cela a
pris, cette affaire, je vais le disculper. C'est tout.
M. LACROIX: M. le Président, est-ce qu'on me permettrait de poser
une question au député de Maisonneuve?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je m'excuse, mais le député de
Maisonneuve s'est prévalu...
M. LACROIX: Je demande la permission à la commission.
M. LE PRESIDENT: ... de l'article 97 qui lui donnait le droit de
rectifier certaines déclarations qu'il avait faites hier. Maintenant
qu'il a exercé ce droit, nous devons passer à autre chose, parce
qu'il n'est pas permis d'avoir un débat sur ça.
M. LACROIX: Il n'est pas question de débat. Il y a seulement une
chose que je voudrais faire remarquer au député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, à l'ordre! M. le
Président, si je n'ai pas le droit de répondre à
ça, vous avez rendu une décision.
M. LACROIX: Ce document n'a pas été...
M. BURNS: Est-ce que je vais avoir le droit de répondre à
ça?
M. LACROIX: ... payé par le gouvernement, mais par un parti
politique. S'il veut le critiquer sur la tribune publique, il le fera, comme
nous nous permettons de le faire pour leur document.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs! Je ne peux pas
permettre qu'on commence un débat sur cette question.
M. BLANK: Si on suit la logique du député de Maisonneuve,
je devrai dire qu'en temps d'élections on ne pourra pas publier de
propagande parce que le ministre sera ministre jusqu'après les
élections, même s'il perd l'élection.
M. BURNS: Ce n'est pas ça.
M. BLANK: Ce n'est pas logique, votre affaire.
M. BURNS: Vous ne comprenez strictement rien...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: ... le député de Saint-Louis, comme les
autres.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Vous ne comprenez strictement rien.
M. BLANK: Le seul qui comprenne, c'est le député de
Maisonneuve.
M. HARDY: En d'autres termes, il faut être péquiste pour
comprendre.
M. BURNS: Pas du tout, pas du tout! Il y a, apparemment, bien des gens
qui ont compris ce que j'ai dit.
M. LACROIX: Oui!
M. BURNS: Vous lirez quelques rapports des débats d'hier.
M. HARDY: J'aimerais que vous répondiez à ma question.
M. BURNS: Oui.
M. HARDY: Si vous aviez été ministre de la Justice,
vous...
M. BURNS: Oui.
M. HARDY: ... et que votre parti ait publié un document
semblable, qu'est-ce que vous auriez fait?
M. BURNS: Je ne l'aurais pas accepté, monsieur. Je n'aurais pas
accepté ça.
M. HARDY: De quel droit, comme ministre de la Justice, pouvez-vous
censurer?
M. BURNS: Je n'aurais pas accepté qu'on utilise des
éléments aussi stupides.
M. HARDY: Donc, vous auriez, comme ministre de la Justice,
censuré?
M. BURNS: Oui, j'aurais censuré mon propre parti.
M. HARDY: Ah! C'est ça! Très bien!
M. BURNS: Bien oui! C'est sûr! Mais mon propre parti, pas le
vôtre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. HARDY: C'est ça que je voulais que vous disiez.
M. BURNS: Oui, j'aurais censuré.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je rappelle le
député de Maisonneuve à l'ordre !
M. BURNS: Je ne m'en cache pas.
M. HARDY: Le ministre de la Justice, censeur d'un parti politique!
M. BURNS: De mon parti politique. Cela est bien différent.
M. HARDY: Moi, en tant que...
M. BURNS: C'est ça, votre aspect démagogique que je
n'accepte pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je rappelle le député de
Maisonneuve à l'ordre!
M. BURNS: Ecoutez, M. le Président, c'est quand même
dégueulasse, ces affaires-là.
M. LE PRESIDENT: Il est bien défini, dans l'article 97, qu'il
n'est pas permis d'avoir un débat...
M. BURNS: Bien, qui est-ce qui le fait le débat? C'est un
gars...
M. LE PRESIDENT: ... lorsqu'un député exerce...
M. BURNS: ... qui connaît la procédure plus que vous et
moi, à part ça.
M. LE PRESIDENT: ... son droit de réplique.
M. BURNS: Il est censé la connaître plus que moi.
M. LE PRESIDENT: Je considère qu'il n'y a pas de débat. La
parole est au ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: M. le Président, sur la question...
M. LACROIX: Vous ne faites que ce que vous faites depuis longtemps. Mais
Reggie Chartrand ne vous aurait jamais permis de vous censurer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît !
M. CHOQUETTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice.
M. BURNS: Ces crédits sont bien partis! M. CHOQUETTE: ... je ne
voudrais pas... M. LACROIX: Dix heures.
M. CHOQUETTE: Si le député des Iles-de-la-Madeleine me
permet de donner la réplique à nos honorables collègues,
ce que je ferai le plus brièvement possible, je dirai que l'intervention
du député de Maisonneuve et sa critique à l'égard
de la politique du ministère de la Justice ne m'ont impressionné
en aucune façon.
Je considère, après avoir entendu l'ensemble de
l'exposé du député de Maisonneuve, que celui-ci, tout
comme son parti lors du débat de censure à l'égard du
gouvernement, se situe à un niveau que je qualifierais de pharisaisme du
libéralisme. Il est bien beau de reprocher à l'autorité,
en particulier au ministère de la Justice qui a, au moins, la
responsabilité de l'action policière comme de l'action
judiciaire,
son action. Mais, au total, je considère que l'action qui a
été prise par le ministère de la Justice depuis quelques
mois a été des plus bienfaisantes sur le plan du maintien de
l'ordre et de la paix dans le Québec.
Même si le député de Maisonneuve tente de
démontrer les erreurs de jugement de la part du ministre, dans son
domaine particulier, ou du gouvernement, dans son ensemble, eh bien, je ne
pense pas que sa critique puisse porter à l'égard du
ministère de la Justice.
Premièrement, il a admis lui-même, en certaines
circonstances, à la Chambre ceci est consigné au journal
des Débats que l'action policière, tout au cours des deux
mois qui se sont écoulés, avait été une action
éclairée. Evidemment, aujourd'hui, il nous apporte un
incident...
M. BURNS: Je n'ai pas utilisé ces termes.
M. CHOQUETTE: Un instant, j'ai la parole. Vous vous rectifierez quand
vous le pourrez.
M. BURNS: D'accord.
M. CHOQUETTE: Il a admis que l'action policière avait
été une action éclairée et que le ministère
de la Justice avait montré du doigté tout au cours des mois que
nous avons connus. Aujourd'hui il relève un incident qui s'est produit
une fois à la cour, à Québec, alors qu'en somme on peut
ergoter d'une façon ou de l'autre sur l'opportunité de
l'intervention de l'escouade antiémeute. Je considère que c'est
là un pur incident qui n'a aucune espèce de valeur probante
à l'égard de l'action policière dans son ensemble.
Par conséquent, sur ce plan je soumets que le
député de Maisonneuve cherche d'une façon excessive
à critiquer une action du ministère de la Justice, qu'il a
reconnue, par ailleurs, être valable. Par conséquent, je ne peux
pas croire à l'entière sincérité de ses propos.
Deuxièmement, sur le plan de l'action judiciaire, le
député de Maisonneuve nous dit: Mais vous auriez dû
attendre pour prendre des poursuites, vous auriez dû retarder. Mais
retarder à quand? C'est la question que je lui pose. Retarder au mois de
septembre, peut-être? Retarder au mois de décembre, retarder
à l'année prochaine, alors que le député sait qu'on
n'aurait pris aucune espèce de poursuite dans ces circonstances?
Qu'avons-nous décidé de faire, M. le Président? Nous avons
décidé de prendre les poursuites au moment où les
incidents se produisaient, ceci sans en abuser par le nombre et de façon
à faire ce que le député de Terrebonne reconnaissait,
à mon sens, très valablement, tout à l'heure. C'est que,
même dans des circonstances difficiles, il faut que l'action de la
justice s'exerce de façon à canaliser l'usage de la
liberté, plus particulièrement quand on est devant des
phénomènes de masse ou des phénomènes de groupes,
là où l'action est évidemment extrêmement difficile
à contenir.
M. le Président, je ne voudrais pas allonger mes propos sur ce
sujet, excepté pour dire que, pour une fois, le ministère de la
Justice a pris ses responsabilités. Et voilà que le
député de Maisonneuve trouve à redire parce que lui, au
nom d'une espèce de pharisaisme de l'inaction, aurait
préféré que le ministère de la Justice reste
passif, laisse faire les événements qui se passaient dans le
Québec et ne protège pas la population, dans des circonstances
extrêmement difficiles. Eh bien! M. le Président, que le
député de Maisonneuve le sache: Je suis extrêmement fier de
l'action qui a été adoptée par tous les niveaux du
ministère de la Justice, depuis deux mois. Il peut-être
assuré que cela va continuer, n'en déplaise à ses
critiques.
Je pense que cela situe assez bien nos positions. Je pense
qu'aujourd'hui un gouvernement, même devant la difficulté de
contenir des actions de groupes ou des actions de masse et même parfois
des actions clandestines, doit prendre un certain nombre de moyens
appropriés pour faire en sorte que les gens agissent dans la
légalité, pour faire en sorte que les gens puissent ne pas se
sentir menacés par des actions violentes collectives ou clandestines. Il
me semble que cela est une vérité élémentaire. Si
j'ai mis l'accent sur cela, au début de mes propos, à l'ouverture
de l'étude des crédits du ministère de la Justice, c'est
que je sens que dans la période que nous traversons, au Québec,
à l'heure actuelle, un coup de barre est requis, un coup de barre est
nécessaire, un coup de barre s'impose. Si le ministère de la
Justice ne donnait pas ce coup de barre, il laisserait la province de
Québec devenir un véritable panier de crabes, dans lequel tout le
monde se boufferait, et ceci probablement au détriment de l'immense
majorité de la population mais peut-être à l'avantage de
ces petits groupes de révolutionnaires ou de bandits qui cherchent
à nager en eaux troubles.
Il me semble que le député de Maisonneuve devrait
être au moins capable, comme juriste, de reconnaître la
validité de cette position, ce qui ne veut pas dire que j'envisage une
action brutale ou une action, en somme, qui soit répressive à
l'excès. Ceci veut dire qu'il faut ramener la société dans
le droit chemin. Je pense que, dans les conditions actuelles, les
responsabilités qui pèsent sur le ministère de la Justice
sont très lourdes. Le député peut être assuré
que, sans son concours, nous allons prendre nos responsabilités.
M. le Président, je conclus sur ce sujet, parce qu'il me semble
que j'ai déjà explicité ma position avec assez de
clarté et que je viens de le faire encore, de façon qu'il n'y ait
pas d'équivoque.
Le député de Maisonneuve nous reproche, M. le
Président, un dépliant publicitaire publié par le Parti
libéral, qui fait état d'un certain nombre de
réalisations, depuis deux ans qu'il
est au pouvoir. Un chapitre est consacré à la justice.
Je dois dire au député de Maisonneuve que c'est la
première fois que je prends connaissance de ce texte et que,
personnellement, je ne l'ai pas approuvé. Je dois dire que, sur le plan
des principes, je ne trouve rien de répréhensible à ce
qu'on expose dans un document de cette nature les lois et les
réalisations du ministère de la Justice sur le plan
administratif. Ceci ne touche en rien à l'administration de la justice,
c'est-à-dire à la direction des procès. Ceci expose
simplement certaines mesures adoptées au niveau gouvernemental pour
faire avancer le niveau de la justice. Et on peut être d'accord ou
n'être pas d'accord sur les mesures.
Je dirai au député de Maisonneuve qu'il n'a jamais
voté contre les mesures que j'ai présentées à la
Chambre. Je ne me rappelle pas que son parti ou lui-même ait voté
contre une des 27 lois qui sont mentionnées dans ce bouquin
publié par le Parti libéral.
M. BURNS: Je pense que le ministre a raison, je n'ai pas voté
contre.
M. CHOQUETTE: C'est donc que les mesures lui semblaient bonnes. Et si
les mesures lui semblaient bonnes, pourquoi ne seraient-elles pas
exposées dans une publication de cette nature? Que l'éloge
dépasse quelque peu parfois la valeur des projets de loi
individuellement, je suis bien prêt à le reconnaître dans ce
sens que des publicistes peuvent parfois se laisser aller à des
exagérations.
M. BURNS: C'est exactement dans ce sens-là que je faisais ma
critique.
M. CHOQUETTE: Alors, c'est une tempête dans un verre d'eau. Je
note que dans le chapitre qui est consacré à la justice, on ne
fait aucun état de la façon dont le ministre ou le
ministère a dirigé les procès, parce qu'on sait qu'il
s'agit là du domaine judiciaire et qu'on doit le séparer de la
politique, ce en quoi je suis parfaitement d'accord sur le plan des principes.
Je pense que la critique du député de Maisonneuve sur ce bouquin
ne va pas chercher très loin.
Le député de Maisonneuve me fait des reproches d'avoir
fait hier des déclarations qui seraient susceptibles de nuire à
la négociation. Mais, encore là, je demande au
député de Maisonneuve: Veut-il museler le ministre de la Justice?
Veut-il que le ministre de la Justice mette la justice et le maintien de
l'ordre public et de la paix à la remorque du reste de la politique?
Est-ce que c'est le sens de la politique du député de
Maisonneuve? Est-ce qu'il veut que la justice se taise et reste absente des
débats qui ont lieu dans notre société et des
problèmes, et qu'elle ne s'exprime que très faiblement? C'est
ça en fait que le député préconise.
Il préconise l'absence de la justice. Je ne peux pas accepter que
la justice ne s'insère pas dans l'actualité et la
réalité telle que nous la connaissons au Québec. Je ne
peux pas me fermer les yeux, comme le député de Maisonneuve, au
nom d'une espèce de théorie abstraite à l'effet que la
justice serait complètement en dehors de l'activité normale des
individus. Au contraire, la justice, il faut qu'elle soit présente. Et
c'est suivant cette formule que nous ferons que l'équilibre social sera
conservé, que nous éviterons des abus et que la
société retrouvera un cours normal dans le progrès et dans
le changement, mais sans les excès et la violence que le
député de Maisonneuve devrait réprouver. Je ne l'ai pas
entendu dire qu'il réprouvait la violence. Peut-être y aurait-il
intérêt à ce qu'il nous le dise un jour.
Ce à quoi je m'en suis pris, c'est justement l'action violente,
le chantage, l'intimidation. Je pense que quand un climat de cette nature
s'instaure dans une société il y a un très grand risque
pour la liberté. Et, aujourd'hui, qui réprime réellement?
Est-ce que c'est le ministère de la Justice? Est-ce que ce sont les
policiers du Québec, qu'ils soient provinciaux ou municipaux? Pas du
tout. L'action judiciaire et policière se passe en général
à un très haut niveau. Qui réprime? Il me semble que ce
sont ceux qui se font les artisans de la violence. J'aimerais bien que le
député de Maisonneuve abonde au moins dans ce sens.
Mais s'il est incapable de le faire, nous tirerons nos propres
conclusions sur ce qui l'anime. Je dis que par conséquent : je ne peux
pas accepter qu'on se taise alors que des choses se passent, qu'il faut- les
dire et qu'il faut les dire franchement et ouvertement. Le débat que
nous avons entrepris depuis hier soir autour de cette table avec nos honorables
collègues de tous les partis a sûrement sa valeur.
Il a un sens et il permettra de comprendre et de faire comprendre
à l'opinion publique et de faire comprendre à des parties
importantes de la société qui peuvent avoir ou ne pas avoir des
raisons de contester qu'il faut que tout cela se déroule dans un minimum
de légalité, dans un minimum d'ordre et de paix, sinon c'est
l'assiette même de la société qui est en danger. C'est ce
que j'ai cherché à démontrer hier et je maintiens mes avis
sur ça. Je n'ai peut-être pas persuadé le
député de Maisonneuve, mais j'ai la consolation, M. le
Président, d'avoir fait mon devoir dans les circonstances actuelles.
Le député de Maisonneuve, M. le Président, a fait
des reproches, a soulevé des cas où, à son sens, les
tribunaux avaient rendu des décisions erronées ou des
décisions qui, à son sens, étaient excessives ou encore
des décisions qui n'étaient pas opportunes.
M. le Président, il est bien beau de chercher la bête noire
chez les juges et dans les tribunaux. On trouvera nécessairement que la
justice est imparfaite. Malheureusement, nous vivons sur terre et il n'y a pas
de juges parfaits, il n'y a
pas de tribunaux parfaits, il n'y a pas de système judiciaire
parfait. Par conséquent, on pourra toujours trouver des
éléments, des incidents où il y a lieu de discuter le pour
ou le contre d'une décision ou son opportunité.
Mais je pense, M. le Président, qu'il ne faudrait pas
s'hypnotiser devant un certain nombre de ces incidents et dire que cela met en
cause tout le système judiciaire, alors que les juges, le
député de Maisonneuve devrait le savoir, comme avocat, sont
quotidiennement exposés à la guérilla judiciaire, par un
certain nombre d'accusés sinon d'avocats qui cherchent à
détruire le système judiciaire tel qu'il existe, et qui ne jouent
pas suivant les règles du jeu. Alors dans ces conditions, il est assez
normal qu'à certaines occasions des juges deviennent impatients ou
disent des choses exagérées ou excessives que l'on peut,
jusqu'à un certain point, réprouver, et l'on peut trouver que les
choses auraient pu mieux se passer. Il faut quand même reconnaître
que l'origine du problème n'est pas dans la magistrature mais dans la
contestation et la guérilla judiciaire qui a lieu au niveau des
tribunaux. Je pense que le député de Maisonneuve, avec
l'expérience qu'il a et comme avocat, devrait reconnaître que
c'est là le facteur primordial des incertitudes actuelles de la justice,
que je suis le premier à reconnaf-tre.
Alors, M. le Président, il faudrait quand même mettre les
blâmes là où ils doivent être, et ils n'ont pas,
à mon sens, à être imputés aux magistrats.
M. le Président, le député de Maisonneuve me fait
grief de dire qu'à mon ministère il n'y a aucun problème
constitutionnel. Je n'ai jamais dit qu'il n'y avait aucun problème
constitutionnel. J'ai dit que mes relations avec le ministère de la
Justice fédéral étaient bonnes et que, sur le plan de
l'aide juridique, j'entrevoyais une solution avantageuse pour le gouvernement
du Québec et conforme à notre politique. Alors il ne faudrait
quand même pas déborder le cadre de mes remarques. Maintenant,
quant au contenu du droit criminel, en vertu de la constitution, et pour que
ceci soit consigné au journal des Débats pour ceux qui ne le
savent pas, c'est le gouvernement fédéral qui a la
responsabilité du code criminel, jusqu'à nouvel ordre au
moins.
Je suis quand même obligé d'accepter cela comme un fait. On
me fait des reproches de ne pas avoir pris de mesures judiciaires à
l'égard des accidentés du travail. C'est faux. C'est faux parce
que, le député de Maisonneuve le sait, j'ai pris des mesures,
à Montréal, pour accélérer l'audition des causes
où il s'agissait d'infractions à la sécurité au
travail. J'ai pris les mesures pour demander des amendes plus
élevées au niveau de la sécurité sur les chantiers
de travail. Ce sont des mesures, M. le Président qui ont
été prises. Le député de Maisonneuve même
s'il dit non, va être obligé de reconnaître les faits.
M. BURNS: Ce n'est pas ça que j'ai dit.
M. CHOQUETTE: Vous avez passé ça sous silence, moi je vous
permets de le dire ouvertement. Je dirai ceci maintenant. Si on apporte des
amendements au code criminel en vue de prévenir les accidents du
travail, c'est là une autre matière.
Sur ceci, je dirai au député de Maisonneuve que ce sujet
est actuellement à l'étude au ministère de la Justice,
justement afin de faire des représentations au gouvernement
fédéral pour apporter des amendements de façon que, pour
les accidents du travail qui se passent dans des circonstances où il y a
négligence criminelle, nous puissions trouver une formule qui inciterait
les entrepreneurs à être scrupuleusement honnêtes dans le
respect de la réglementation de la sécurité au travail. Je
peux assurer le député de Maisonneuve que c'est une question que
j'ai confiée au sous-ministre associé aux affaires criminelles,
Me Boisvert, qui étudie la question et qui fera, au moment opportun, les
représentations appropriées au gouvernement
fédéral.
Il y a tout un contexte dans lequel ces amendements peuvent être
faits parce qu'on sait que la négligence criminelle existe
déjà dans le code criminel. Il ne faudrait quand même pas
oublier cela, la négligence criminelle est une accusation qu'on peut
porter contre un entrepreneur. A la suite d'une enquête du coroner, c'est
une accusation qui peut être portée. Là où il m'a
semblé qu'on pouvait peut-être faire une percée nouvelle
dans ce domaine, c'est de déterminer une infraction nouvelle dans le
domaine des accidents du travail comme nous le disions, puisque nous
discutons de ce sujet qui serait parallèle à ce qui existe
au niveau de l'automobile. On sait qu'il y a des infractions que l'on peut
commettre en vertu du code criminel dans la conduite d'une automobile. Et un
entrepreneur, dans le domaine des accidents du travail, s'il commet une
négligence équivalente à la faute requise pour la
condamnation au criminel en matière d'automobiles, devrait
peut-être être déclaré coupable. Ceci, à mon
sens, serait de nature à inciter les entrepreneurs à observer
plus strictement la sécurité sur leur chantier.
Je termine mes remarques, c'est tout ce que j'avais à dire en
réponse au député.
M. LE PRESIDENT: Après l'exposé du ministre et au
début... Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je ne veux que rectifier certains faits, ce sera très
bref. Je n'abuserai pas du temps de la commission, avec votre permission. J'ai
nettement conscience que je ne pourrai pas convaincre le ministre, que je ne
parle pas le même langage que lui, comme lui ne parle probablement pas le
même langage que moi.
J'ai dit tout au long de mon exposé d'hier, de même que
dans les quelques brèves remarques que j'ai faites à l'ouverture
de la séance aujourd'hui, que le ministre ne semble pas avoir
compris. Il nous dit que la présence des policiers à la
cour, à l'occasion du procès de MM. Pepin, Laberge et
Charbonneau, est une tempête dans un verre d'eau. Il nous dit que la
politisation que je blâmais dans le document soit dit en passant,
je suis bien content d'apprendre que le ministre l'a appris en même temps
que nous; déjà, cela diminue énormément la
responsabilité dont je faisais critique hier était aussi
une tempête dans un verre d'eau. Ce que j'ai tenté de dire...
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'on rectifie, M. le Président?
M. BURNS: Oui, parce que vous avez pris chacun des points et, à
chaque fois, vous m'avez dit: C'est une tempête dans un verre d'eau. Ce
que j'ai dit hier, c'est que tout cela à partir de la crise d'octobre
1970, était des éléments qui m'amenaient aux conclusions
auxquelles j'en étais arrivé, c'est-à-dire que le
ministère ne semble pas, sur le plan social, comprendre qu'au
Québec il y a des choses qui se passent, actuellement.
Le ministre semble vouloir dire que je lui suggère de museler la
justice, de museler l'administration de la justice en disant qu'il faut
peut-être retarder certaines poursuites parce que le moment n'est pas
requis. Je n'ai pas parlé de museler, je n'ai même pas dit de ne
pas déposer de plaintes. J'ai dit: Peut-être qu'il faudrait agir
avec discernement dans ces cas-là
M. CHOQUETTE: Nous avons agi avec discernement, justement.
M. BURNS: Je prétends que non, et je continue.
M. CHOQUETTE: Alors, c'est une question de...
M. BURNS: Ce n'est pas ce que vous avez dit tantôt et c'est pour
cela que je veux faire la rectification. Ce dont je parlais principalement,
c'est une question du sens du "timing". Qu'est-ce que vous voulez? C'est aussi
simple que cela. Il y a des choses qui ne se font pas à certains
moments, si on a une préoccupation d'ordre social général,
si on a une préoccupation de représentants de l'Etat
auprès des citoyens, de l'Etat protecteur, comme je disais hier.
Simplement pour satisfaire le ministre je ne sentais pas le besoin de le
faire mais vu que le ministre m'a mis sur le "spot" comme on dit je n'ai
aucune crainte à lui dire que je suis contre toute forme de
violence.
La meilleure preuve, c'est que, comme les autres candidats du Parti
québécois, j'ai pris la peine de passer par la même voie
que lui, c'est-à-dire d'aller devant des électeurs et de tenter
de me faire élire. Dans mon cas, heureusement pour moi et pour eux, j'ai
réussi à me faire élire. Dans d'autres cas, ça n'a
pas réussi.
Du seul fait que des gens prennent la peine de passer par la voie
électorale, démocratique, pour accéder à ce fameux
salon de la race, il me semble que, déjà, on n'a pas besoin de
faire de longues péroraisons pour vous expliquer que nous sommes contre
la violence. Si nous avions été pour, nous aurions fait
exactement le contraire; nous n'aurions pas pris la peine de nous
présenter à des élections et nous aurions moussé la
violence autrement. C'est exactement ce que nous aurions fait.
Ce sont les quelques remarques que je voulais faire et peut-être
les dernières. Quand le ministre me dit que la justice est imparfaite,
c'est évident qu'elle est imparfaite. Tout le monde l'admet, les juges
eux-mêmes l'admettent. Le juge en chef de la cour des Sessions de la paix
à Québec, cette semaine, l'admet drôlement en critiquant
l'attitude d'un de ses juges dans une cause. Je n'ai pas à y
référer plus particulièrement; tout le monde l'admet. Que
vous me disiez que la justice est imparfaite, ce n'est pas ça qui
m'intéresse. Je dis que le ministère ne doit pas poser de geste
pour contribuer à ce qu'elle soit davantage imparfaite. Ce n'est que
ça et c'est le sens global, général qui sous-tend toute ma
critique.
Hier, j'ai été bien précis quand j'ai dit: Quand on
reproche des gaffes aux policiers, ce n'est souvent pas à eux qu'il faut
les leur reprocher et ce n'est même pas, souvent, à leurs
supérieurs; c'est très souvent à cette espèce
d'attitude générale. Qu'à un moment donné on lance
les juges dans cette espèce d'hystérie, dans ce traumatisme
collectif au Québec, je dis qu'en grande partie le ministère de
la Justice en est responsable par son attitude. Ce n'est pas du tout tenter de
museler le ministère de la Justice.
M. CHOQUETTE: M. le Président, il faudrait quand même faire
admettre au député que, depuis deux mois, l'attitude du
ministère de la Justice a été d'un calme absolu et qu'en
toute circonstance j'ai évité...
M. BURNS: Sûrement pas dans votre déclaration d'hier.
M. CHOQUETTE: Hier j'ai pensé que c'était opportun
d'indiquer les faits. Ma déclaration d'hier ne comportait rien
d'incendiaire. J'ai exposé les responsabilités du gouvernement et
du ministère de la Justice. Durant les deux derniers mois, le ministre
de la justice, puisqu'on le met au blanc, qu'a-t-il fait? Il a cherché
à rétablir le calme au Québec par ses déclarations
comme par l'action de la police et l'action judiciaire, et je pense qu'il y a
réussi.
M. BURNS: Nous verrons avec le temps.
M. CHOQUETTE: Nous verrons toujours avec le temps.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, si vous vou-
lez, avant de procéder...
Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, le ministre
préférerait-il que nous abordions encore quelques
problèmes de portée générale ou s'il
préférerait que nous en discutions à chacun des articles
ou des différentes catégories?
M. CHOQUETTE: Comme vous voudrez.
M. BURNS: J'ai quelques questions d'ordre général qui ne
sont plus des critiques. J'ai tenté de mettre le côté
désagréable au début.
M. PAUL: Votre "motton" est passé.
M. BURNS: Nous sommes ici pour venir dire ce que nous pensons du
ministère de la Justice. Si ça ne l'améliore pas, tant
pis; si ça réussit à l'améliorer même un peu,
tant mieux. Je voudrais poser une question, mais peut-être que mes autres
collègues...
M. LE PRESIDENT: Il reste à savoir si nous devons encore discuter
de l'exposé qu'a fait le ministre, des points qu'il n'a pas couverts
dans son exposé ou si nous allons revenir et soulever les questions au
fur et à mesure que nous arriverons aux articles.
M. BURNS: Mise a part la discussion d'ordre général...
M. LE PRESIDENT: Il sera toujours possible de prendre un article dans
son ensemble et non pas de le discuter par catégorie.
M. BURNS: Je vais donner un exemple, M. le Président, où
vous allez très bien comprendre que ça ne peut s'insérer
nulle part dans un article, ce que je vais poser comme question au ministre. Je
veux lui parler de l'affaire Dasken, à Hull.
Pouvez-vous me donner un article où je pourrais soulever
ça?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ça ne relève pas d'un
règlement municipal?
M. BURNS: Non, voulez-vous me laisser poser la question et vous allez
juger?
M. LE PRESIDENT: Si le ministre est d'accord.
M. BURNS: Je vais juste poser la question. Depuis quelques semaines,
l'Association des propriétaires des jardins Taché, je crois, de
Hull, qui s'était faite la promotrice d'une action devant les tribunaux,
a obtenu, en première instance, une injonction contre un certain
développement en hauteur dans une région à Hull,
contrairement au règlement municipal. Elle a été
déboutée en cour d'Appel et la décision en première
instance, c'est-à-dire l'injonction, a été maintenue par
la cour Suprême.
On se souvient que le député de Papineau, qui en
était bien malheureux d'ailleurs à l'époque, avait
parrainé un projet de loi visant à écarter ce
règlement municipal qui, semble-t-il,... en tout cas, replacer les
parties antérieurement à la date où l'action avait
été prise.
Je reviens à ma question et c'est ça qui me
préoccupe. Depuis quelque temps, il est question ce sont des
rumeurs peut-être, vous me direz, mais en tout cas il est question
qu'un projet de loi revienne devant la Chambre. Je veux savoir du ministre s'il
va maintenir la position judiciaire. L'administration de la justice s'est
prononcée, le plus haut tribunal du Canada, la cour Suprême, s'est
prononcé et a donné raison à une des parties. Est-ce
l'intention du ministre de laisser faire les promoteurs d'un certain bill qui
viendrait changer la situation qui existe entre les parties? En passant,
j'explique la raison de mon inquiétude. C'est que l'injonction,
actuellement et le ministre pourrait peut-être y jeter un coup
d'oeil, lui qui est tellement fort pour voir à l'application des
injonctions n'est pas encore appliquée. Le jugement est quand
même rendu depuis déjà, je pense...
M. PAUL: Jusqu'au 20 juin pour démollir.
M. BURNS: Ils ont jusqu'au 20 juin... Il va falloir qu'ils se
dépêchent. Peu importe, est-ce que le ministre peut nous assurer
qu'il n'acceptera pas, au nom du ministère de la Justice, qu'un projet
de loi vienne devant la Chambre, pour mettre de côté, à
toutes fins pratiques, le jugement de la cour Suprême?
M. CHOQUETTE: Voici, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, M. le ministre. J'aimerais poser une
question au député de Maisonneuve. Est-ce que toute cette
question n'était pas basée sur le bill 96?
M. BURNS: Bill no 96 qui a été, lors de la
dernière...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ce bill est encore devant...
M. BURNS: On ne le sait pas. Je ne pense pas, parce que la
dernière fois qu'il en a été question à la
commission, parce que c'était un bill privé...
M. LE PRESIDENT: Mais si le bill apparaît...
M. BURNS: Non, il n'apparaît pas. Le bill a été mis
au rancart. Mais je vais vous donner l'explication parce que je suis membre de
la commission de l'Assemblée nationale. J'avais posé la question
à la commission de l'Assemblée
nationale à un moment où le délai pour la
présentation ou la représentation de bills privés de la
dernière session n'était pas expiré. Je pense qu'on -avait
jusqu'au début de juin ou à la fin de mai pour présenter
de nouveau un projet de loi. A ce moment, lors de la dernière
séance de la commission de l'Assemblée nationale, le fameux
projet de loi Dasken, de Hull, n'était pas inscrit. Alors, il
n'apparaît pas au feuilleton non plus actuellement.
M. LE PRESIDENT: Alors, le bill n'apparaissait pas au feuilleton.
Maintenant, une autre question. Est-ce que le litige est devant les tribunaux,
présentement?
M. BURNS: Non, non. C'est le jugement final de la cour
Suprême.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai entendu dire qu'il
était possible que la ville de Hull présente un projet de loi
privé...
M. PAUL: Une pétition.
M. CHOQUETTE: ... qui viendrait ici pour étude. Je ne sais pas
encore si nous avons le projet de loi dans son texte définitif. Je pense
qu'il serait prématuré d'exprimer un avis sur ce projet de loi,
car j'ai demandé aux officiers de mon ministère de faire une
étude juridique de son contenu. J'ai demandé au sous-ministre
d'examiner le contenu de ce projet de loi et de me faire rapport de
façon à pouvoir prendre position. Mais il ne m'appartient pas, je
pense, d'empêcher la présentation de projets de loi. Chacun, je
pense bien, a le droit de présenter un projet de loi au Parlement. Ce
droit appartient à tout le monde, y inclus la ville de Hull.
M. BURNS: Nous sommes bien d'accord là-dessus.
M. CHOQUETTE: Alors, le bien-fondé du bill sera
étudié.
M. BURNS: Remarquez que le sens de ma question, M. le ministre,
était beaucoup plus le suivant: quelle sera l'attitude du
ministère de la Justice dans l'éventualité où un
projet de loi, soumis à la Chambre, hypothétiquement voudrait
mettre de côté une décision de la cour Suprême?
Est-ce qu'il sera d'accord? C'est une question de principe que nous discutons
pour maintenir la situation qui a été établie par le
droit, constatée par les tribunaux?
M. CHOQUETTE: Je pense que répondre à cette question
présentement serait donner une réponse prématurée
à un problème pratique. J'en comprends toutes les implications.
Je ne blâme pas le député de soulever la question.
Cela pose des questions de principes très considérables.
C'est incontestable. Mais, pour le moment, je pense qu'il devrait me permettre
de continuer mes études au ministère de la Justice et, au moment
voulu, il saura exactement à quoi s'en tenir.
M. BURNS : Est-ce que je dois comprendre que le ministre n'est pas
fixé, encore, sur la question de principe, à la base?
M. CHOQUETTE: J'étudie l'ensemble de ces questions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. BURNS: Il n'est pas fixé sur la question de principe!
M. CHOQUETTE: Bien, j'ai des idées. Je veux dire que, pour le
moment, je préférerais ne pas les exprimer.
M. PAUL: M. le Président...
M. BURNS: Vous voyez qu'il y a des fois où vous utilisez de la
prudence dans vos déclarations et, dans d'autres cas, vous ne le faites
pas.
M. CHOQUETTE: Bien oui, je ne peux pas toujours être pareil!
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Maskinongé.
M. PAUL: ... il y a eu une pétition introduc-tive de bills
privés à l'Assemblée nationale nous prévenant que
la ville de Hull aurait l'intention de présenter un projet de loi.
Je crois que la plus élémentaire décence n'irait
pas jusqu'à demander aux législateurs d'adopter une loi pour
donner un effet rétroactif aux fins de contourner un jugement de la cour
Suprême. Mais est-ce que je pourrais inviter l'honorable ministre
à exercer une certaine vigilance sur le bien d'une législation
qui aurait pour effet d'abolir l'article 426 de la Loi des cités et
villes, où l'on traite du problème des référendums
dans les zones de construction, donnant du même coup une
rétroactivité à cette abolition de l'article 426. Ce qui,
indirectement, aurait pour effet ou pour résultat qu'on aurait le
pouvoir de contrecarrer les dispositions du jugement de la cour Suprême?
La ville de Hull se trouve grandement embarrassée avec ce jugement de la
cour Suprême puisqu'elle a jusqu'au 20 juin pour se conformer au jugement
qui a été rédigé par le juge Pigeon.
Alors, j'inviterais le ministre à être vigilant...
M. CHOQUETTE: Est-ce que c'est nécessairement un bon
jugement?
M. PAUL: Oui, il n'est pas mauvais, très intéressant
à lire...
M. HARDY: Compliqué.
M. PAUL: ... et surtout quand il n'ose pas analyser la valeur de
l'opinion juridique que la ville de Hull a reçue de la part de son
avocat.
M. FOURNIER: Le jugement n'est pas partagé par tous les
collègues du juge Pigeon parce que le juge Abbot et le juge Judson
sont...
M. PAUL: Oui, cela a été...
M. BURNS: Est-ce qu'on met en doute un jugement de la cour
Suprême? Est-ce cela que vous faites?
M. PAUL: C'est un danger.
M. FOURNIER: Le dossier a été présenté.
M. PAUL: C'est un danger, et je suis sûr que Me Robert Normand, en
charge de la législation, sera extrêmement prudent pour que, par
la présentation d'un article anodin, soit la soustraction de la ville de
Hull aux dispositions de l'article 426 de la Loi des cités et villes, on
ne réussisse pas à obtenir indirectement ce que la plus
élémentaire décence empêcherait de demander
directement.
M. CHOQUETTE: Je remercie le député de Maskinongé
d'attirer mon attention sur un argument basé sur la Loi des cités
et villes. Vous pouvez être sûr qu'il sera pris en
considération.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les députés sont maintenant
prêts à commencer l'étude article par article?
M. PAUL: Il y aurait peut-être un point, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: Est-ce que le ministre je ne lui en fais pas de reproche
pourrait nous donner certaines informations sur l'activité de son
ministère dans le domaine des faillites frauduleuses? Est-ce qu'il y a
une recrudescence des faillites frauduleuses? Je sais que c'est un domaine
extrêmement enchevêtré, extrêmement compliqué.
Il y a quelques années, il y a eu une équipe affectée
spécialement à l'étude des différents dossiers de
faillites frauduleuses. Entre autres, un brillant avocat qui vient de la
région de la ville de Saint-Jérôme était
affecté à ce travail de recherche, d'étude. Ce travail se
faisait en coordination avec des spécialistes de la Sûreté
du Québec, avec des comptables.
Est-ce que cette équipe du ministère est toujours en
fonction? Est-ce que cette équipe s'occupe toujours du domaine des
faillites frauduleuses?
M. CHOQUETTE: Oui. Non seulement ça, mais le député
de Maskinongé pourra noter que nous demandons un accroissement des
crédits à ce titre justement. Je pourrai enfin attirer son
attention sur l'article spécifique dont il est question. Mais il est
sûr et certain que la criminalité économique, ce qui inclut
les faillites frauduleuses, est un domaine dans lequel nous avons l'intention
d'exercer une action énergique. Maintenant, je ne sais pas à quel
brillant avocat le député de Maskinongé fait
référence. Est-ce que ce serait Me Jean-Paul Roger?
M. PAUL: Non.
M. CHOQUETTE: Non! Qui est le brillant avocat?
M. PAUL: M. Cliche. Est-ce qu'il y est encore?
M. CHOQUETTE: Richard Cliche? M. Cliche est le coordonnateur du groupe
de l'enquête sur le crime organisé.
M. PAUL: Le ministre peut-il nous dire s'il semble y avoir une
diminution ou si on reste toujours à peu près au même
niveau? C'est assez difficile.
M. CHOQUETTE: Je pense que je ne pourrais pas donner un avis très
catégorique au député de Maskinongé sur
l'évolution dans les faillites frauduleuses. Mon impression, c'est que
la situation, de ce côté, ne s'est pas aggravée mais a eu
tendance, jusqu'à un certain point, à se résorber; pas
complètement, mais elle a perdu les proportions qu'elle a pu avoir,
à certaines époques. Il y a cependant beaucoup d'autres domaines
où la fraude s'exerce.
M. PAUL: Comme les incendies?
M. CHOQUETTE: Non, pas tellement dans le domaine des incendies,
malgré que les incendies criminels soient toujours un problème.
Mais il y a certaines autres activités frauduleuses comme celles des
compagnies qui vendent des systèmes pyramidaux. Il y a d'autres domaines
qui intéressent le ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives et le ministère de la Justice,
conjointement, dans lesquels des travaux se font à l'heure actuelle.
Ici, je ne voudrais pas faire état de certaines enquêtes
spécifiques qui sont en cours, mais je peux assurer les honorables
députés que des travaux très importants se font pour
dépister certaines personnes qui se sont livrées à des
activités économiques frauduleuses.
M. PAUL: Merci.
M. LE PRESIDENT: Avant de procéder, j'ai-
merais demander l'approbation des membres de la commission pour que l'on
fasse un changement, à savoir que le député de Laviolette
remplace le député de Notre-Dame-de-Grâce, pour la
présente séance.
M. PAUL: Est-ce pour équilibrer la présence de Me Antoine
Drolet?
M. LE PRESIDENT: Agréé. Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, j'ai fait une très brève
référence, dans mon intervention du début, à cette
fameuse charte des droits du citoyen ou des droits fondamentaux du
Québec. A plusieurs reprises, dans le passé, il en a
été question, même lors de l'étude des
crédits, l'année dernière. Je me souviens que le ministre
nous avait alors dit que la dernière partie du rapport, concernant les
droits politiques, devait lui être soumise vers le 15 juillet. Je demande
tout simplement au ministre où cela en est rendu. Y a-t-il eu, d'abord,
un échange de correspondance avec M. Turner ou son successeur?
M. CHOQUETTE: M. le Président, je suis heureux que le
député de Maisonneuve me pose cette question. J'aurais dû
la relever parce qu'il l'avait mentionnée au cours de son intervention
principale.
Nous avons fait des travaux très étendus en vue de
l'adoption d'une charte des droits de l'homme. Je peux assurer le
député que nous avons même recruté, pour ce travail,
deux des meilleurs cerveaux juridiques capables de nous aider. J'ai un projet
que nous pourrions adopter et qui, à mon sens, ne requiert aucune
espèce d'autorisation ou de consentement des autorités
fédérales parce que cette charte des droits de l'homme
s'appliquerait à l'intérieur de la compétence provinciale
exclusivement.
A mon sens, elle serait un document constitutionnel, une partie, en
somme, d'une constitution possible du Québec qui aurait
énormément de portée. Je ne me suis pas caché,
depuis quelques mois, pour dire que ce qui avait retardé la
présentation de ce projet de loi, c'était l'énonciation
des droits linguistiques et des droits scolaires en particulier. Je le dis en
toute franchise au député. L'énonciation de ces droits
représente un réel problème, dans le contexte actuel.
Compte tenu de la situation et des travaux de la commission Gendron, en plus
des travaux qui se font au ministère de l'Education, au ministère
des Affaires culturelles, j'ai pensé que le moment n'était pas
opportun de déposer le projet de loi.
J'aurais pu, évidemment, le déposer sans mention des
droits linguistiques.
Mais, là, il me semble que le gouvernement aurait
été exposé à une double critique: critique de la
part des tenants de l'énonciation de ces droits-là, dans une
forme ou l'autre, et critique de la part des personnes qui auraient vu un
secteur très important des débats politiques actuels absent d'un
projet de loi aussi fondamental qu'une charte des droits de l'homme.
Dans ces conditions-là, j'ai pensé qu'il était
préférable de laisser passer un peu de temps et je verrai si,
à l'automne, ce sera le moment propice de les déposer.
M. BURNS: Est-ce que le peu de temps que vous voulez laisser passer,
c'est le rapport de la commission Gendron?
M. CHOQUETTE: Comme je l'ai dit, c'est un des aspects. J'ai
consulté mes collègues qui s'intéressent
spécifiquement aux domaines scolaire et culturel. Ceux-ci m'ont dit que,
eux aussi, poursuivaient certains travaux à l'intérieur de leur
ministère sur ces questions-là et que, de cet ensemble, nous
pourrions peut-être dégager une solution.
M. BURNS: Est-ce que, mis à part ce phénomène
linguistique, le projet de loi si on peut l'appeler comme tel est
couché sur papier?
M. CHOQUETTE: Il est couché sur papier dans sa douzième
version, je pense. Je considère que ce serait un des projets de loi des
plus avancés au monde dans ce genre.
M. BURNS: Et vous prévoyez ça pour l'automne?
M. CHOQUETTE: Je n'ose plus faire de promesse au député de
Maisonneuve, étant donné qu'il m'a dit, dans sa critique, que
j'avais fait beaucoup de promesses. Je n'ose plus lui en faire.
M. BURNS: Je les lui reproche après. Là, ce n'est pas une
promesse que je vous demande; c'est une réponse à une
question.
M. PAUL: A moi, est-ce que vous en feriez une?
M. CHOQUETTE: Au député de Maskinongé,
probablement.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Maskinongé.
M. PAUL: Le ministre nous a parlé de deux brillants cerveaux qui
ont été retenus pour la rédaction de cette charte qui
pourrait régir les relations juridiques de tous les
Québécois. Est-ce que ces gens-là travaillent de concert
avec l'Office de révision du code civil?
M. CHOQUETTE: Je vais nommer les personnes, parce que je n'ai rien
à dissimuler sous ce rapport-là. C'est M. F.R. Scott, l'ancien
doyen de la faculté de droit de l'université McGill, qui est une
autorité canadienne dans le
domaine, ainsi que M. Paul-André Crépeau, le
président de l'Office de révision du code civil, qui se sont
chargés du travail, avec la collaboration de nos légistes au
service de législation, parmi lesquels il y avait Me Benoit Dufour.
M. BURNS: Une dernière question à ce sujet-là,
quant à moi. Est-ce que la présence de Me Crépeau dans
cette équipe d'ailleurs, je suis d'accord avec le ministre sur la
compétence des deux est un signe que le ministre envisage
d'intégrer cette loi au code civil ou s'il veut en faire une loi
indépendante, autonome?
M. CHOQUETTE: Une loi indépendante et autonome, parce qu'elle a
une portée générale à travers l'activité des
citoyens. En fait, je la verrais comme le statut no 1 ou la loi no 1 des
futures lois révisées du Québec. C'est une loi de base, en
somme.
M. PAUL: Mais non inscrite dans le nouveau code civil?
M. CHOQUETTE: Non, malgré qu'elle ait des répercussions
sur le droit civil. Je pourrais donner une idée du plan
général de la loi. Il y a un énoncé d'un certain
nombre de droits politiques, un énoncé des droits judiciaires, un
énoncé des droits civils qui appartiennent à la personne.
A ce niveau-là, cela aurait sûrement des répercussions ou
une affinité avec ce qu'on trouve au code civil. En quatrième
lieu, il y avait la création, si je me rappelle bien, d'une commission
des droits de l'homme relativement aux problèmes de la discrimination,
soit dans l'emploi, soit dans le logement, et à diverses autres
activités de ce domaine-là. Cette commission avait certains
pouvoirs et une certaine autorité.
M. LE PRESIDENT: Pas d'autres questions? Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: J'ai une autre question d'ordre général,
très brève celle-là, beaucoup plus brève.
L'année dernière, encore une fois, aux crédits de son
ministère, le ministre nous sommes chanceux, nous avons le
même ministre depuis trois ans; nous pouvons lui reprocher de nous avoir
annoncé quelque chose et de ne pas l'avoir fait nous
annonçait un service d'informatique, un service des méthodes et
procédés, un service central de documentation, etc.
Plus particulièrement, il nous parlait d'un registre de l'Etat
civil universel. Où en sont rendues toutes ces choses-là?
M. CHOQUETTE: Des décisions dans ce sens ont été
prises au conseil des ministres. L'Office de révision du code civil
ainsi que le service du secrétariat du ministère de la Justice,
dirigé par M. Jean Alarie, étudient la question d'un nouveau
système d'enregistrement des biens réels, des droits personnels.
J'attends qu'on me donne un rapport dans ce domaine-là pour agir.
M. PAUL: Est-ce que la firme Ducharme et Déom travaille encore
pour le compte du ministère?
M. CHOQUETTE: Oui, la firme Ducharme et Déom fait des
travaux.
M. PAUL: Sur cette question bien précise?
M. CHOQUETTE: Je ne sais pas si elle travaille à cette question
précisément, je ne crois pas. La firme Ducharme et Déom
est une firme d'aviseurs en matière d'organisation du personnel et des
services, et elle fait surtout des travaux au palais de justice de
Montréal.
Administration
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, nous allons commencer par l'article
1, catégorie de dépenses 1, traitements, salaires et
allocations.
M. PAUL: A ce poste, M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous donner une affectation du nouveau personnel dont il entend
retenir l'engagement? Je remarque qu'il y aurait augmentation d'environ 83
personnes. Et ces personnes-là seraient préposées à
quel service du ministère?
M. BURNS: Est-ce que je peux poser au ministre, avec la permission du
député de Maskinongé, une question incidente? Je vois
qu'il y a, comme le député de Maskinongé le mentionne, 289
postes qui sont requis cette année par rapport à 206 qui
étaient occupés l'année dernier, alors qu'il y en avait
250 d'autorisés, sauf erreur.
Est-ce que je peux savoir comment il se fait que l'année
dernière on avait autorisé 250 postes? Il y en a eu 206 seulement
qui ont été remplis et on en demande 287.
M. CHOQUETTE: L'accroissement demandé est de 83 postes. Ceci
comprend principalement 50 postes pour le service de sécurité que
j'ai mentionné hier, c'est-à-dire les agents de la paix dont la
fonction serait d'agir comme gardes du corps des membres du Conseil
exécutif, de certains députés de l'Opposition ou de
certaines autres personnes susceptibles de requérir une telle
protection.
Il y a également des modifications qui résultent du
déménagement du ministère de la Justice, qui est
maintenant situé dans l'ancien édifice de la Commission des
accidents du travail, à 225 est Grande Allée. Les messagers, au
nombre de 15, ont été transférés de
différentes catégories budgétaires aux articles de
l'administration. En plus, il y a quelques autres postes qui sont
sollicités.
M. PAUL: Est-ce que le ministre est encore gêné,
embarrassé par les postes non libérés au
sein du ministère en raison des congés préretraite?
Est-ce qu'il y en a encore beaucoup?
M. CHOQUETTE: Non, non! Le sous-ministre me dit que nous avons eu des
effectifs autorisés de 250 postes additionnels récemment qui nous
permettent de régler ce problème pour plusieurs.
M. LE PRESIDENT: D'autres questions à la catégorie 1?
Adopté. Catégorie 2, contributions de l'employeur; pensions.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 3, services de
transport et de communication.
M. PAUL: Quelle est la justification, M. le Président, pour avoir
des crédits presque doublés à cette catégorie?
Est-ce qu'on va trop vite pour le ministre?
M. CHOQUETTE: Oui, vous êtes d'une rapidité!
Des frais importants sont prévus pour l'information autour de la
Loi favorisant l'accès à la justice. Des frais additionnels ont
été prévus pour le Conseil consultatif de la justice,
ainsi que pour le transport du personnel du service de sécurité
qui sera imputé à cet article budgétaire, plutôt
qu'à la Sûreté du Québec.
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut nous dire combien de postes seront
créés pour l'application de la Loi 70?
M. CHOQUETTE: 290 postes, déjà approuvés.
M. PAUL: Vous prévoyez la nomination éventuelle de combien
de nouveaux juges?
M. CHOQUETTE: C'est à l'étude.
M. PAUL: Est-ce que tous les postes sont actuellement
comblés?
M. CHOQUETTE: Non, pas du tout.
M. PAUL: Est-ce que les concours sont encore ouverts pour les postes de
greffiers, par exemple?
M. CHOQUETTE: Non, les concours ne sont pas faits encore; ils doivent se
faire incessamment.
UNE VOIX: Ils sont terminés.
M. CHOQUETTE: Les concours sont terminés, me dit-on, et
l'engagement est prévu pour juillet ou août.
M. PAUL: Le ministre, en consultant peut- être M. Lemelin, peut-il
nous dire s'il a l'intention de demander à la Commission de la fonction
publique d'ouvrir un nouveau concours ou s'il y a suffisamment de demandes
actuellement? Voici pourquoi: Je sais que, dans ma région, il y a deux
personnes qui sont toutes deux des avocats non pratiquants. Elles sont de sexe
féminin, et ont épousé des avocats pratiquants. Or, elles
ont été informées, un peu tard, de la tenue de ces
concours par la Commission de la fonction publique. Je sais que la même
situation se présenterait dans la région de Joliette.
Ces personnes-là, malheureusement, ne se sont pas inscrites
à temps. C'est pour cela que je demandais au ministre s'il
prévoyait la nécessité d'ouvrir un nouveau concours, alors
que l'occasion serait donnée à ces personnes de s'inscrire et de
participer au concours de la Commission de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Cela est fort possible. Pour le moment, je réserve
mon avis, mais, si le député veut m'en parler ou en parler
directement avec M. Lemelin, qui a la responsabilité de ce
domaine-là, il est très loisible de le faire.
M. PAUL: Il me fait signe que non; il ne veut pas me parler.
M. CHOQUETTE: C'est M. Beaulieu qui s'en occupe, je m'excuse.
M. PAUL: D'accord, je vous appellerai, M. Beaulieu. J'ai l'autorisation
du ministre.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, adoptée? Adopté.
Catégorie 4, services professionnels, administratifs et autres.
M. BURNS: M. le Président, on a parlé tantôt de la
firme Ducharme, Déom et Associés. Je sais que, l'année
passée, cette firme avait eu, je pense, $175,000 du montant prévu
de $221,800. Cette année, le montant est plus que doublé, encore
une fois; vous avez dit tantôt que la firme Ducharme, Déom et
Associés était encore là. En somme, je vous demande la
répartition et à qui va ce montant de $546,900.
M. CHOQUETTE: Je vous donne la répartition. Services juridiques
requis, concernant la préparation de réglementations et de
législations, $105,000; conseillers en administration et en
informatique: a) implantation des transformations administratives du district
judiciaire de Montréal, $82,000; b) études spéciales:
1-écoles de surveillants d'établissements de détention; 2-
administration interne des établissements de détention; 3-
divers, pour un total de $198,000. Information et perfectionnement du personnel
de la justice, $97,800; diverses dépenses, $64,100, soit un total de
$546,900.
M. BURNS: L'année dernière, également, je pense
qu'on puisait dans ces montants les
sommes nécessaires au traitement d'un conseiller spécial
auprès du sous-ministre. Est-ce que c'est encore exact? Ce conseiller
spécial est-il devenu fonctionnaire permanent, ou quoi?
M. CHOQUETTE: Il s'agit de M. Fernand Lalonde, je pense...
M. BURNS: Je ne connais pas son nom, mais je me rappelle que vous aviez
mentionné ça.
M. CHOQUETTE: ... qui est actuellement président de la Commission
des valeurs mobilières du Québec.
M. BURNS: S'il y a un conseiller spécial auprès du
sous-ministre, il n'entre pas dans cette catégorie.
Y en a-t-il un?
M. CHOQUETTE: Il demeure à notre budget pour le moment, mais il a
été muté à la présidence de la Commission
des valeurs mobilières.
M. BURNS: Il est considéré, à toutes fins utiles,
comme un fonctionnaire. Parce que c'était considéré comme
un service professionnel, l'année dernière.
M. CHOQUETTE: Pour le moment, il reçoit son traitement du
ministère de la Justice mais, dans l'exercice de ses fonctions, il a
toute la latitude de président de la Commission des valeurs
mobilières. C'est une situation qui sera régularisée
incessamment en ce sens qu'il n'est pas normal qu'il continue à recevoir
son traitement de la Justice, mais étant donné que cette mutation
s'est faite il y a seulement quelques mois, cet état de choses a
duré depuis ce temps.
M. PAUL: Il ne sera pas non plus sous la responsabilité du
ministère de la Justice.
M. CHOQUETTE: Non.
M. PAUL: Il appartiendra plutôt au budget du ministère des
Institutions financières.
M. CHOQUETTE: Au budget du ministère des Institutions
financières, mais il aura en somme la latitude...
M. PAUL: Je pense qu'ils ont un statut particulier en vertu de la
création de la commission elle-même. Est-ce que ç'a
été changé?
M. CHOQUETTE: Je ne suis pas sûr qu'il ait été
nommé.
M. PAUL: Je ne sais pas s'il a eu sa permanence, mais je sais qu'il est
là actuellement.
M. CHOQUETTE: Il est président pro tempore.
M. PAUL: J'espère que le ministre des Institutions
financières verra à le nommer parce que je crois que c'est un
excellent président à la Commission des valeurs mobilières
et, dans les milieux concernés, on respecte beaucoup M. Lalonde.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre accepte cette
dépense?
M. TETLEY: Puis-je demander au député de Maskinongé
de répéter sa recommandation?
M. PAUL: Voyez-vous, M. le Président, il m'arrive si peu souvent
de féliciter le ministre que, quand je parle en bien de lui, il est tout
étourdi.
M. TETLEY: C'était fait d'une voix très basse.
M. PAUL: Je disais, pour répondre à mon honorable ami, que
la nomination de M. Lalonde a été très bien reçue
et qu'elle est bien considérée dans les milieux financiers. Le
ministre nous disait que c'est une nomination à caractère
temporaire. Le ministre devrait envisager une permanence dans l'emploi
pas pour lui parce que lui il ne sera que de passage car on voudrait que
M. Lalonde soit permanent, si les conditions qu'on lui offre le satisfont.
M. TETLEY: Je vous remercie. Nous sommes tous les deux permanents.
M. BURNS: Dans votre cas, c'est moins vrai.
M. TETLEY: Peut-être, mais je vous remercie de vos gentilles
paroles.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions à la
catégorie 4?
M. BURNS: Oui, une dernière question. Dans le détail des
$546,000 vous avez parlé de $64,100 de frais divers. Ce serait quoi?
M. CHOQUETTE: Je vais vous donner ça immédiatement. Ce
sont pour des études diverses.
M. BURNS: A quel sujet? Mon comptable m'a toujours dit que les "divers",
il ne fallait pas qu'ils soient trop, trop gros, ça inquiète
l'impôt.
Probation des jeunes délinquants
M. CHOQUETTE: Il y a une étude sur le transfert de la
responsabilité des jeunes délinquants au ministère de la
Justice.
A ce sujet, je pourrais les signaler aux honorables
députés, mais puisque je ne l'ai pas fait, peut-être que le
Solliciteur général pourrait faire part aux honorables
collègues des déci-
sions qui ont été adoptées récemment par le
conseil des ministres à ce sujet.
M. FOURNIER: A la suite de discussions avec le ministère des
Affaires sociales, un arrêté en conseil a été
adopté établissant une formule de transfert de la probation du
service des Affaires sociales au ministère de la Justice.
Il s'agira, dans un premier temps, de transférer tout l'effectif
d'agents de probation du ministère des Affaires sociales à celui
du ministère de la Justice, tout en conservant certaines
autorités distinctes pour la probation des adultes et la probation des
jeunes délinquants.
Il y aura aussi transfert éventuel des deux établissements
pour les jeunes de Montréal et de Québec. Il y aura aussi
certaines modifications dans l'administration des cours de Bien-être
social. Le tout a été adopté en principe. Les travaux sont
en marche dans le but d'un transfert assez rapproché du personnel de
probation, et les modifications viendront quant à la Loi de la cour du
Bien-être social.
Je dois dire, à ce stade-ci, que le personnel de probation du
ministère de la Justice était inexistant en 1969 et qu'il a
grossi. Aujourd'hui, c'est un service assez important qui couvre presque toutes
les régions de la province...
M. PAUL: La loi a été votée en 1969. On ne pouvait
pas avoir de personnel avant la loi.
M. FOURNIER: Justement. Ce qui, nécessairement, permet
aujourd'hui de penser à un transfert. Avant aujourd'hui, nous n'avions
pas de cadres suffisants de probation pour imaginer le. transfert du service
des Affaires sociales au ministère de la Justice. Présentement,
c'est possible.
M. PAUL: M. le Président, je me réjouis du résultat
des démarches faites probablement par le Solliciteur
général et le ministre de la Justice. Je crois que vous allez
répondre parfaitement aux vues des juges de la cour du Bien-être
social, et spécialement du juge en chef, l'honorable
Lavallée.
Maintenant, j'inviterais le docteur Gauthier parce que je crois
que cela va relever de sa compétence à ne pas voir venir
avec méfiance tous les agents de probation du ministère des
Affaires sociales. Ils n'ont pas la même mentalité et la
même discipline que les agents de probation du ministère de la
Justice. Malheureusement et je me dois de le déclarer je
ne fais pas d'avancés, c'est à la suite de renseignements qui me
furent donnés par des personnes en place, par différents juges
alors que j'étais ministre de la Justice, il y a beaucoup de juges de la
cour du Bien-être social qui ont eu à se plaindre du manque de
compréhension, du manque de collaboration et du manque de respect des
agents du ministère des Affaires sociales à l'endroit des juges
de la cour du
Bien-être social et des ordonnances que ces mêmes juges
émettaient.
Je crois et je souhaite que ces nouveaux agents de probation
s'imbriquent et s'intègrent facilement dans la grande famille de la
justice. Je désire attirer l'attention du directeur du service de
probation sur ce point. J'en profite pour remercier publiquement mon
collègue, l'ex-ministre de la Santé et du Bien-Etre social,
l'honorable député de Montmagny, M. Cloutier, parce que nous...
Même si ce n'était pas arrangé, je dois dire que j'avais
trouvé chez le ministre un grand coopérateur et il avait compris
tout le problème qui se posait et ce, dans le meilleur
intérêt de l'administration de la justice et de la formation de
nos jeunes délinquants.
J'ai eu l'occasion de le faire publiquement déjà, mais je
crois qu'à l'occasion justement des remarques que vient de nous faire le
Solliciteur général, je me devais d'attirer l'attention du
docteur Gauthier sur ce point afin de ne pas les recevoir comme des
éléphants dans un magasin de procelaine, mais peut-être
tâcher de comprendre qu'ils n'ont pas la même formation et la
même idéologie que les agents de probation du ministère.
J'ai cru de mon devoir également de remercier, une fois de plus, mon
collègue, le député de Montmagny, pour...
M. CHOQUETTE: Vos remerciements sont un peu tardifs à son
égard, parce que cela fait quand même deux ans...
M. PAUL: Oui, mais c'est la première fois que cela se
réalise.
M. CHOQUETTE: Ah bon!
M. PAUL: ... cela vient de se réaliser...
M. BACON: C'est la première fois qu'il vient à la
commission de la justice, M. le Président.
M. PAUL: Non. C'est la première fois que cela vient de se
réaliser. Le ministre nous dit qu'on vient d'adopter un
arrêté en conseil.
M. CHOQUETTE: Oui, c'est vrai. M. PAUL: Bon. Alors, je sais...
M. CHOQUETTE: Vous attendiez cette circonstance.
M. PAUL: C'est ça. J'attendais le jour, ce jour ! Le jour H est
enfin arrivé !
M. BACON: S'il n'était pas entré, on n'aurait
peut-être pas dit la même chose.
M. PAUL: Je n'aurais pas dit ça. Je ne l'aurais pas moins
pensé, par exemple.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, juste un mot.
Evidemment, tout le monde connaît la sobriété de parole du
leader parlementaire. Il ne faut pas se surprendre s'il a attendu
jusqu'à aujourd'hui pour le faire publiquement. Mais il l'avait fait
privément.
M. LE PRESIDENT: Alors, catégorie 4.
M. BURNS: Sur ce point, est-ce qu'il va quand même rester un
certain cloisonnement entre les deux types d'officiers de probation?
M. FOURNIER: Comme il a été mentionné, la formation
des officiers de probation, pour adultes et jeunes délinquants, est un
peu différente. Actuellement, nous fonctionnons avec un service
dirigé par M. Ouellet. D'un autre côté, le service existe
sous une autre direction, au ministère des Affaires sociales. Nous
sommes en train de négocier la façon dont les organismes
fonctionneront. Mais il y aura des structures différentes pour les deux,
tout en aboutissant à une seule direction générale de la
probation pour adultes et pour jeunes.
M. BURNS: Merci.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5: Entretien et
réparations?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. PAUL: Cela ne brise pas souvent au ministère!
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5. Adopté. Catégorie 6:
Loyers?
M. PAUL: Je comprends, M. le Président, que l'augmentation que
l'on constate est l'augmentation normale des loyers que doit payer le
ministère à l'occasion de renouvellements de baux. Ou cela
couvre-t-il la location des différentes machines, telles que Xerox et
toutes les autres, machines à polycopie, magnétophones?
M. CHOQUETTE: Il s'agit de machines à photocopier, $51,500;
équipements d'informatique, $18,300; systèmes de
télécopieur, $3,300; pour un total de $73,100. Ceci
résulte de la création d'un service de photocopie, au sein de
l'administration, qui desservira les différents centres de
responsabilités qui ont été regroupés,
dernièrement, dans de nouveaux locaux du ministère. Ceci
occasionne la nécessité de crédits additionnels de
$31,500.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6. Adopté. Catégorie 7:
Fournitures et approvisionnements?
M. BURNS: M. le Président, à la catégorie 7,
j'aimerais que le ministre nous donne des détails étant
donné que l'on constate une augmentation, sauf erreur, de 600 p.c. dans
les fournitures et approvisionnements. Vous vous êtes mis à
acheter cette année ou vous prévoyez acheter? Qu'est-ce qu'on
achète cette année au ministère de la Justice?
UNE VOIX: Des juges!
M. BURNS: Ce ne sont pas des matraques, toujours! Ce n'est pas un stock
de matraques en plomb!
M. CHOQUETTE: Il y a eu un changement dans la façon d'attribuer
cette dépense.
Autrefois, elle était attnbuée aux greffes, je crois;
maintenant, elle est située au niveau de l'administration.
J'attire l'attention du député de Maisonneuve sur la
catégorie 15, imputations, $204,000, qui tient compte de l'implantation
à d'autres articles des fournitures, de telle sorte que le montant net
doit se lire $290,000, moins $204,000.
M. BURNS: Ce qui donne à peu près le même montant
que l'année passée.
M. CHOQUETTE: Nous avons créé un magasin central. C'est la
raison pour laquelle vous trouvez ce chiffre de $290,000. Ce magasin central,
évidemment, en desservant les différents services du
ministère, chargera à chacun d'entre eux leur quote-part.
M. BURNS: Cela devrait paraître aux greffes aussi, dans le sens
inverse, j'imagine.
M. CHOQUETTE: Vous voulez dire à l'époque?
M. BURNS: Non, mais si vous dites qu'il y a eu...
M. CHOQUETTE: Oui, oui, sans aucun doute. Il y aura une réduction
de ce côté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7, adopté. Catégorie 8,
matériel et équipement.
UNE VOIX: Adopté. M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 10, dépenses de
transfert.
M. BURNS: M. le Président, là-desssus, j'aimerais que le
ministre nous donne aussi des détails. Je mentionne plus
particulièrement un problème qui relève de l'an dernier,
où le
Barreau avait reçu une somme de $63,500 pour l'acquisition d'un
immeuble où se donnent les cours de quatrième année de
droit.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Vu que, cette année, la catégorie correspondant
aux subventions n'existe plus, je pense, est-ce que cette somme, si elle se
répète, si elle est augmentée, peut apparaître aux
dépenses de transfert, si on regarde la façon dont les diverses
allocations sont faites aux catégories?
M. CHOQUETTE: Oui, le député a raison. Nous avons ici
$59,000 pour l'acquisition d'immeubles où seront donnés les cours
de quatrième année de droit. Par conséquent, c'est sous
cette catégorie qu'on retrouve cette dépense.
M. BURNS: C'est donc reconduit cette année?
M. CHOQUETTE: C'est reconduit, oui.
M. BURNS: Pendant que nous sommes sur ce point, je pose la question au
ministre: Est-il normal, dans le fond, pratiquement, de subventionner des
corporations professionnelles, comme le Barreau à même les budgets
du ministère de la Justice?
M. CHOQUETTE: C'est que nous nous étions engagés
contractuellement avec le Barreau.
M. BURNS: Ah! C'est un contrat.
M. CHOQUETTE: Je crois que le total était de $250,000 environ.
Alors, nous sommes obligés de verser annuellement une somme et ce,
depuis 1969.
M. BURNS: Depuis 1969. Avant le 29 avril ou après?
M. CHOQUETTE: C'est le 29 avril 1970. M. BURNS: Ah! C'est vrai.
M. CHOQUETTE: Cela fait seulement deux ans que nous sommes au
pouvoir.
M. BURNS: Moi, cela m'a paru tellement long!
M. PAUL: Pour la population, elle souffre depuis un siècle. Du
moins, c'est l'impression qu'elle a. Mais je crois que cela avait
été signé par M. Bertrand, alors qu'il était
ministre de la Justice, au printemps 1969. Non, ce n'est pas moi.
M. CHOQUETTE: C'était à une époque où
l'harmonie était plus grande entre le ministère de la Justice et
le Barreau, pourrait-on dire.
M. BURNS: Est-ce que l'actuel ministre, maintenant que je sais qu'il a
les mains libres vis-à-vis de la décision, mais peut-être
pas vis-à-vis du contrat, trouve que c'est une politique normale de
faire ce genre d'ententes avec des corporations professionnelles? Si, demain,
la Corporation des opticiens d'ordonnances vous demandait la même chose
pour ses étudiants, peut-être pas à vous, mais disons au
ministère des Affaires sociales, est-ce que ce serait
accepté?
M. CHOQUETTE: Tout dépend des circonstances.
Je pense bien que les corporations professionnelles, dans certaines
circonstances, rendent service non seulement à leurs membres, mais
à la collectivité en général. Dans le cas de
l'immeuble du Barreau, évidemment, on l'utilise pour des cours de
quatrième année. Je ne mettrais pas cette décision en
doute.
M. PAUL: Et l'assistance judiciaire également.
M. CHOQUETTE: Il faut dire d'un autre côté, aussi, que le
Barreau rend des services à la collectivité par un certain nombre
de publications, qu'il encourt des frais...
M. PAUL: C'était aussi pour loger l'assistance judiciaire
à Montréal.
M. CHOQUETTE: Oui, bien que l'assistance judiciaire ne loge plus dans
l'édifice du Barreau, mais dans la côte de la Place d'Armes.
M. BURNS: C'est cette même corporation qui ne veut pas que le
gouvernement se mette le nez dans son administration en vertu du bill 250.
M. CHOQUETTE: Le député a tout à fait raison, c'est
exactement la même.
M. BURNS: Il faudrait peut-être le lui rappeler...
M. CHOQUETTE: C'est pour ça que j'ai demandé justement aux
fonctionnaires de mon ministère de me ramasser les chèques de
subventions au Barreau pour qu'on mette...
M. BURNS: Bien.
M. CHOQUETTE: ... ça sur mon bureau et qu'à un moment
donné, au bout de quelques mois, je prenne le téléphone
pour appeler le bâtonnier et lui dire: Vous savez, il y a ces
chèques à distribuer.
M. BURNS: Cela me permet de faire un parallèle. J'espère
que le ministre ne l'oubliera pas parce que c'est cette même commission
qui siège également sur le projet de loi no 10. Je ne veux pas
m'écarter non plus, mais je veux que le
ministre y pense d'ici la prochaine rencontre relativement au bill 10.
Il semble y avoir une espèce de suprême mépris à la
commission parlementaire de la justice pour accorder des sommes qui seraient
administrées par une majorité de citoyens dans le cas des
cliniques juridiques. Et on dit que c'est quand même nous qui payons,
qu'il faudrait surveiller. Je me demande s'il n'y a a pas un parallèle
à faire entre cette subvention énorme de $200,000 au Barreau et,
chose qui serait aussi facilement admissible, l'administration d'un budget
donné à une corporation majoritairement formée de
citoyens.
M. CHOQUETTE: Je prends note de ce que dit le député,
mais, blague à part, malgré certains points de désaccord
qui peuvent exister entre le gouvernement et le Barreau, je ne me laisse
aucunement influencer par ces questions relativement aux subventions que je
considère que nous devons lui verser, soit en vertu de contrats ou en
vertu d'autres obligations morales que nous pouvons avoir à
l'égard de la corporation professionnelle. Je considère que ce
serait indûment que je jouerais d'une influence quelconque auprès
du Barreau pour l'amener à prendre une position ou une autre. J'ai
confiance qu'avec les débats qui se déroulent en commission, en
particulier sur le bill 10, et les autres débats qui se déroulent
dans d'autres commissions, au bout d'un certain temps on aura formé un
consensus suffisant autour de certaines initiatives du gouvernement, quitte
à ce qu'on y apporte les modifications qui s'imposent pour faire en
sorte que ces mesures soient bienfaisantes pour la population dans son
ensemble.
M. LE PRESIDENT: Le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Est-ce que le ministre a l'intention de subventionner le
nouveau syndicat des avocats? Est-ce que le syndicat a fait une demande?
M. CHOQUETTE: Il n'a pas fait de demande.
M. TETLEY: Vous n'êtes pas membre vous-même?
M. CHOQUETTE: Non.
M. BURNS: En vertu du code du travail, vous savez que vous n'avez pas.
le droit de demander à quelqu'un dans un syndicat en formation s'il est
membre ou non?
M. TETLEY: Bon.
M. PAUL : Est-ce que le ministre a l'intention de subventionner les
ACEF?
M. TETLEY: Cela, c'est une autre question que vous n'avez pas le droit
de poser, mais je peux répondre que j'étudie encore la
question.
M. PAUL : M. le Président, je peux vous dire que je
réserve la question pour l'an prochain.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté. Article 11, autres
dépenses?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 15, imputations?
M. PAUL: D'où viennent ces revenus, M. le Président?
M. CHOQUETTE: Les revenus? M. PAUL: Oui, les $204,000?
M. CHOQUETTE: Ce sont les charges du magasin des ministères aux
divers services du ministère.
M. PAUL: Ah, très bien.
M. BURNS: C'est ce que vous mentionniez tantôt relativement au
poste 7. Qu'est-ce que c'est, poste ou article?
UNE VOIX: Catégorie.
M. CHOQUETTE: Catégorie 7, exactement.
M. LE PRESIDENT: Si vous me le permettez, j'aimerais donner un mot
d'explication. C'est une directive que nous avons reçue du
Secrétariat des commissions, à l'effet qu'autant que possible il
ne faudrait pas utiliser l'expression poste budgétaire. J'ai
donné les explications à une assemblée
précédente et c'était une entente qu'il y avait eu entre
le journal des Débats et le Conseil du trésor.
On avait réservé cette appellation de poste
budgétaire pour un ministère. Lorsque vous référez
à une dépense dans les crédits ici, à gauche de la
colonne, le chiffre 2, par exemple, aux affaires criminelles, c'est l'article.
Immédiatement en dessous, vous avez le chiffre 1, contentieux; c'est le
sous-article et, immédiatement en dessous, ce sont les catégories
de dépenses. Il peut y avoir des sous-catégories de
dépenses et des sous-sous-catégories de dépenses. Si on a
la collaboration de tout le monde, ce sera plus facile d'enregistrer les
délibérations au journal des Débats et aussi, lorsque vous
référerez au journal des Débats, vous allez plus
facilement comprendre de quoi il s'agit.
Affaires criminelles
M. LE PRESIDENT: Alors, mettant en pratique ces nouvelles instructions,
nous sommes maintenant à l'article 2, affaires criminelles, sous-article
1, contentieux criminel, catégorie
de dépenses 1, traitements, salaires et allocations.
Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. PAUL: C'est un bon sous-ministre qu'il y a là.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, services de transport et de
communication?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4, services
professionnels, administratifs et autres?
M. BURNS: M. le Président, sur ce point-là, je sais que,
l'année dernière, le détail de cette
catégorie-là nous montrait $40,000 pour les comptables, $30,000
pour les avocats, $50,000 pour les enquêteurs.
Est-ce que le ministre peut nous dire si c'est à peu près
dans le même style, dans la même proportion cette année dans
ces services professionnels qui sont augmentés de $120,100 à
$405,300?
M. CHOQUETTE: Ceci s'explique principalement par l'initiative qui a
été prise de procéder à une enquête sur le
crime organisé; cela comprend les honoraires d'avocats, $125,000; les
honoraires de comptables, $125,000; les honoraires de comptables dans les
faillites frauduleuses $80,000; les frais d'expertise toujours en
matière de faillite $35,100; les honoraires d'avocats, pour des causes
devant les tribunaux autres que des poursuites sommaires, $25,000.
M. DROLET: Est-ce que l'enquête sur le crime organisé va
bel et bien débuter le 15 septembre tel que prévu?
M. CHOQUETTE: La date probable est le 15 septembre. Je veux dire
à peu près au milieu de septembre. Il peut y avoir quelques
retards, mais j'ai l'intention qu'on y procède.
M. BURNS: M. le Président, on avait discuté à
d'autres occasions, de ce problème-là, mais je me pose tout haut
la question. Si on a un besoin constant de ce genre d'experts, comptables,
avocats, enquêteurs, etc., je me demande très sérieusement
pourquoi on ne les engage pas au ministère, pourquoi on ne fait pas les
représentations nécessaires à la fonction publique.
Je sais que le ministre nous avait déjà mentionné
dans le passé que c'était des gens qui, dans bien des cas,
justifiaient des honoraires assez élevés et que les
barèmes de la fonction publique empêchaient un recrutement facile.
Mais on est quand même arrivé à un système de
substituts du procureur général ou d'avocats de la couronne assez
permanent dans certains endroits; je pense à Montréal et
à
Québec, je ne connais pas les autres endroits. On a quand
même réussi à recruter de bons avocats, des avocats dont on
ne peut pas dire qu'ils sont de seconde zone. On a réussi à les
intégrer dans un certain barème de la fonction publique. Est-ce
qu'il y a eu des discussions, entre le ministre de la Justice, sur ce
point-là, et son collègue de la Fonction publique, jusqu'au 12
mai, M. L'Allier, et, après le 12 mai, M. Cournoyer?
M. CHOQUETTE: Je dirai qu'il y en a eu fréquemment et non
seulement dans le domaine auquel le député se
réfère, c'est-à-dire le domaine des avocats et des
comptables, mais, dans d'autres domaines, du personnel de la justice.
Les barèmes qui sont établis ne nous facilitent pas le
recrutement.
M. BURNS: Mais, envisagez-vous une ouverture? L'année
dernière, c'était une catégorie qui parlait de $120,000,
cette année on parle de $405,000, et en fait de quoi va-t-on parler
l'année prochaine?
M. CHOQUETTE: Remarquez que...
M. BURNS: Il serait peut-être temps d'y penser et de trouver une
solution à long terme. Si on a besoin constamment de recourir à
ce genre de spécialistes et si la barrière de leur entrée
dans la Fonction publique, c'est justement les barèmes de salaires, il y
a quelque chose à faire là. Je pense qu'il est dans
l'intérêt du ministère, de l'Etat en général
de s'assurer des services permanents de ces spécialistes.
M. CHOQUETTE: Je partage l'avis du député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Vous allez continuer vos représentations auprès
du ministre de la Fonction publique et du cabinet?
M. CHOQUETTE: Je voudrais simplement ajouter aux observations du
député que les honoraires d'avocats payés à
l'extérieur, je crois, cette année, sont les plus bas, depuis
quatre ans. Ce qui indique que le recours à des services
extérieurs d'avocats n'a pas augmenté mais s'est stabilisé
d'une certaine façon.
Mais je n'ignore pas la dimension que le député explore,
et je partage son avis que les barèmes devraient être
revisés dans plusieurs cas.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté.
Pourrions-nous terminer ce sous-article, je n'entrevois pas d'autre
complication.
Catégorie 5, entretien et réparation. Adopté.
Catégorie 6, loyers. Adopté.
Catégorie 7, fourniture et approvisionnement. Adopté.
Catégorie 8, matériel et équipement.
Adopté.
La commission suspend ses travaux jusqu'à demain dix heures,
même salle.
(Fin de la séance à 18 heures)
Séance du jeudi 1er juin 1972 (Dix heures douze
minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
La commission de la justice poursuit l'étude des crédits
du ministère de la Justice. Nous en sommes à l'article 2,
sous-article 2, substituts du procureur général. Catégorie
1, traitements, salaires et allocations?
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il y a encore des
procureurs de la couronne à honoraires plutôt qu'à
salaires? Si oui, quel pourrait en être le nombre?
M. CHOQUETTE: Nous en avons 139 à honoraires, sur environ 88
à temps partiel ou à temps plein.
M. PAUL: A temps partiel, ce sont probablement ceux-là qui
agissent surtout à la cour du Bien-être social?
M. CHOQUETTE: Oui et dans les districts où nous n'avons pas de
permanents.
M. BURNS: Est-ce que le recrutement est encore difficile, comme le
ministre le mentionnait l'an passé, à cause des questions de
salaires?
M. CHOQUETTE: Nous avons fait des concours. Certains concours se sont
révélés infructueux, dans le sens qu'il n'y a pas eu de
très bons candidats qui avaient été retenus. Mais on m'a
dit que, récemment, nous avions tenu de nouveaux concours et que nous
avions réussi à recruter un certain nombre de nouveaux procureurs
de la couronne, en particulier, dans le district de Montréal et la
région, qui ont les qualités voulues.
M. BURNS: Quel est l'éventail de salaire actuel?
L'échelle, si vous voulez. Le minimum et le maximum?
M. CHOQUETTE: Le minimum est de $9,000 et le maximum de $21,000, pour
des procureurs ordinaires. Mais, pour un procureur-chef, évidemment, le
salaire est plus élevé. Pour un adjoint au procureur-chef, je
crois que c'est un peu plus bas.
M. PAUL: Qui est le procureur-chef de la couronne à
Montréal?
M. CHOQUETTE: C'est M. Stephen Cuddihy. Ses adjoints sont MM.
Bélanger et Girouard.
A Québec, c'est Me Jean Drouin qui a comme adjoint, Me Maurice
Lagacé. Maintenant, parmi les autres procureurs-chefs que nous avons
à travers le Québec, il y a Me
Bertrand Laforêt, à Rivière-du-Loup, Me Roland
Paquin, à Trois-Rivières, Me Maurice Roy était
procureur-chef à Roberval, mais il vient d'être nommé juge
de la cour du Bien-Etre social.
M. PAUL: Maurice Roy?
M. CHOQUETTE: Oui, il vient d'être nommé, il y a une
semaine ou deux.
M. HARDY: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait me
dire combien il y a de procureurs pour le district judiciaire de Québec,
ici à Québec?
M. CHOQUETTE: Combien il y en a à Québec? Huit.
M. HARDY: Combien y en a-t-il à Saint-Jérôme?
M. CHOQUETTE: Quatre.
M. HARDY: Comment le ministre peut-il expliquer qu'il y ait le double de
procureurs à Québec, alors que le nombre de causes, à
Saint-Jérôme, est plus élevé qu'à
Québec?
M. BURNS: Où est-ce Saint-Jérôme?
M. CHOQUETTE: C'est par l'ardeur au travail du Barreau de
Saint-Jérôme que j'explique ça! Bon, on me dit qu'à
Québec les causes inscrites en 1971 étaient au nombre de 4,666,
tandis qu'à Saint-Jérôme il y en avait 3,141.
M. HARDY: Alors, vous voyez quand même j'étais un
peu dans l'erreu r qu'il y a presque le double de procureurs pour la
différence de 3,000 à 4,000.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. HARDY: Tout simplement, je ne veux pas que vous diminuiez le nombre
de procureurs à Québec. Mais, connaissant assez bien la situation
à Saint-Jérôme, je pense qu'il y aurait lieu, pour la bonne
administration de la justice dans le district judiciaire de Terrebonne, que le
ministre de la Justice se penche sérieusement sur la possibilité
d'augmenter le nombre de procureurs à Saint-Jérôme.
Evidemment, les procureurs de Saint-Jérôme, d'une façon
générale, sont tellement brillants, tellement compétents
que le ministère va les chercher assez régulièrement pour
leur confier des responsabilités. Cela a été le cas de Me
Cliche. Cela a été le cas de Me Cuddihy. Quand même, il ne
faudrait pas exagérer car, bien sûr, nous sommes fiers du Barreau,
du secteur de Saint-Jérôme et que nos gens puissent aider à
l'administration de la justice, d'une façon générale, dans
la province.
Par ailleurs, je pense que, précisément, les chiffres sont
encore beaucoup plus éloquents
que tout ce que je pourrais dire. Vous avez 3,000 causes à
Saint-Jérôme et 4,000 causes à Québec. Vous avez le
double de procureurs à Québec. Il y aurait sûrement lieu de
faire un ajustement et d'augmenter le nombre de procureurs à
Saint-Jérôme.
M. CHOQUETTE: Je prends note des observations du député de
Terrebonne. Je voudrais, cependant, ajouter que les procureurs de Québec
s'occupent également du tribunal de la cour d'Appel. Vous comprenez,
cela fait partie de leurs responsabilités. Ils ont des
responsabilités additionnelles. Je crois que quelques-uns des procureurs
de Québec sont itinérants, n'est-ce pas, M. Boisvert?
Ils s'occupent des enquêtes sur les incendies dans le district de
Québec. Mais j'admets que la charge de travail est lourde pour nos
procureurs, dans le district de Terrebonne.
M. HARDY: Je pourrais ajouter, entre autres je n'ai pas de
chiffres que quant aux enquêtes du coroner, â cause d'une
activité assez grande dans notre district, des accidents d'automobiles
nombreux qui se produisent, il y a beaucoup d'enquêtes du coroner dans le
district de Terrebonne, ce qui, évidemment, prend une partie du temps
des procureurs.
Quant à la cour d'Appel, je ne sais pas exactement ce à
quoi le ministre fait allusion mais dans un district comme chez nous, lorsque
les causes qui ont été plaidées dans le district de
Terrebonne vont en appel, ce sont les procureurs de Saint-Jérôme
qui vont plaider ces causes à la cour d'Appel.
M. CHOQUETTE: Mais ici, â Québec, les procureurs de la
couronne assument la responsabilité de pas mal de causes qui leur
viennent d'autres districts judiciaires et qui sont portées en
appel.
Maintenant, je voudrais, pour montrer jusqu'à quel point je suis
sensible aux arguments du député de Terrebonne, lui dire que
depuis un certain nombre d'années il y a eu un effort formidable de fait
dans le district de Terrebonne, tant par les procureurs que par les juges, pour
tenter de mettre les affaires judiciaires à jour.
M. HARDY: C'est exact.
M. CHOQUETTE: On se rappelle les arrérages qui existaient dans le
domaine criminel, â une certaine époque, dans le district de
Terrebonne. On accusait des gens, en vertu du code criminel, et ils n'avaient
leur enquête préliminaire que six mois plus tard.
M. HARDY: Je suis bien heureux que le ministre souligne que c'est
grâce à l'excellente collaboration des procureurs et des juges.
Cela fait au moins deux étés où les juges siègent
aussi régulièrement que pendant le reste de l'année,
à
Saint-Jérôme, ce qui n'est pas le cas dans tous les
districts judiciaires, je pense.
M. CHOQUETTE: En effet.
M. LE PRESIDENT: La parole est au bâtonnier de
Trois-Rivières ou, si vous préférez, le
député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, d'abord, je dois apporter une
correction. J'ai été limogé comme bâtonnier. Vous
devriez donc dire ex-bâtonnier de Trois-Rivières.
M. HARDY: La coutume veut que, quand un avocat a été
bâtonnier, on l'appelle bâtonnier le restant de ses jours.
M. PAUL: M. le Président, je vais préciser que cette
coutume ne s'établit que pour le bâtonnier du Barreau de
Québec et non pour les sections.
M. HARDY: Comme le député de Maskinongé à
quasiment la compétence du bâtonnier du Barreau de
Québec.
M. PAUL: M. le Président, je constate que le député
de Terrebonne est quelque peu victime d'une jalousie de bon aloi.
M. CHOQUETTE: Oui mais, n'eût été que le
bâtonnier de Trois-Rivières soit en même temps
député de Maskinongé, il aurait probablement
accédé au bâtonnat général.
M. PAUL: Non, non! Excepté que je dois dire, en toute
humilité, que le bâtonnier de Trois-Rivières n'a pas voulu
être reconduit dans son mandat, pour cette année. Je ne voulais
pas être en lutte constante et en torture de conscience avec le ministre
de la Justice, surtout au sujet des problèmes futurs à
régler, dans le domaine de la justice.
Ce n'était pas le but de mon intervention.
M. LE PRESIDENT: La prochaine fois je me référerai au
député de Maskinongé comme le député de
Maskinongé, autrement ça fait des débats.
M. PAUL: Maintenant, comme membre du Barreau vivant dans un secteur tout
près du Barreau des Laurentides, je me permettrai de féliciter
mon collègue, le député de Terrebonne, d'avoir
signalé les besoins du district judiciaire de Saint-Jérôme.
Et ce n'est sans doute que par un oubli, explicable de sa part, qu'il n'a pas
pensé à signaler un autre problème qui existe dans le
Barreau des Laurentides, la situation dans le district judiciaire de
Joliette.
Tout à l'heure, le ministre a mentionné qu'à
Saint-Jérôme il fut un temps où un délai de 4
à 6 mois était nécessaire entre une accusation et une
enquête préliminaire. Je crois que la situa-
tion est assez grave dans le district judiciaire de Joliette. Je sais
que les procureurs et les juges font leur possible également pour
corriger ce retard dans l'administration de la justice, mais à Joliette
il y a un autre problème qui ne dépend pas du ministre de la
Justice et je suis sûr que M. Lemelin pourrait corriger un peu ou appuyer
ces remarques. C'est qu'il y a à Joliette un manque de locaux. C'est
ça le problème. On n'a pas l'espace voulu pour loger tout le
personnel de bureau.
C'est une situation qui est devenue grave. Le ministre tout à
l'heure a mentionné la situation qui prévalait à
Saint-Jérôme un certain temps, mais je crois que la construction
du nouveau palais de justice a mis les locaux nécessaires pour
l'administration plus expéditive de la justice. Et à Joliette,
c'est regrettable mais un délai, qui constitue quasiment un déni
de justice dans certains cas, est nécessaire au procureur de la
couronne.
Je sais qu'il y a eu amélioration dans ce district judiciaire,
mais il est sûrement possible de faire certaines réformes. Le
problème en est un surtout de local que je voulais porter à
l'attention du ministre pour tâcher que dans tout le Barreau des
Laurentides il y ait un effort marqué aussi bien à Joliette qu'il
l'a été à Saint-Jérôme.
M. CHOQUETTE: Je souscris entièrement aux observations du
député de Maskinongé. Et je tiens à l'informer que
des dispositions ont été prises avec le ministère des
Travaux publics pour agrandir le palais de justice de Joliette. Parce que le
problème à Joliette était plus un problème d'espace
et de salles de cour disponibles pour permettre aux juges de siéger
qu'un problème de couronne, ou de nombre de substituts.
J'admets cependant qu'à Joliette il y a aussi eu un accroissement
considérable des causes criminelles. Le député peut
être assuré que, dans un très bref délai, le palais
de justice sera agrandi. Cela fait partie des priorités qui ont
été arrêtées entre les ministères de la
Justice et des Travaux publics et on m'assure que les travaux doivent commencer
à très brève échéance.
M. PAUL: Je remercie le ministre pour l'information qu'il donne et qui
sera à l'entière satisfaction des justiciables du district de
Joliette.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions sur cette
catégorie 1? Adopté.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport et de
communication.
M. PAUL: C'est la première fois, M. le Président, que nous
assistons à une réduction de crédits depuis le
début. Je me demande si c'est une politique d'économie que le
sous-ministre de la Justice, division criminelle, veut appliquer, mais je
constate qu'il y a une réduction de frais de dépenses, le tout
probablement à cause de la mutation de certains services à
l'intérieur même du ministère, je suppose.
M. CHOQUETTE: Je pense bien, M. le Président, que nous nous
sommes basés sur l'expérience de l'année dernière,
pour arrêter le chiffre qu'on trouve ici.
M. PAUL: On est plus réaliste. M. CHOQUETTE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3. Adopté. Catégorie 4:
Services professionnels, administratifs et autres.
M. BURNS: Ici, M. le Président, j'ai une question à poser
au ministre, même si la somme de cette année est à peu
près de $100,000 inférieure à celle de l'année
passée. On se souviendra que l'année passée il y avait
$180,000, c'est-à-dire près de $200,000, qui étaient pour
les fameux événements d'octobre, les cinq procureurs
spéciaux, puis tout ce que ça comportait. Cela veut dire qu'en
réalité, si on enlève ces $180,000, qui ne devraient pas
revenir cette année, vous avez une augmentation réelle de
$100,000 à cette catégorie. Est-ce qu'il y a quelque chose de
spécial que vous prévoyez ou quoi?
M. CHOQUETTE: Bien, nous n'avons pas tellement de prévisions
d'accroissement autres que dans un certain nombre d'enquêtes en cours
à l'heure actuelle. Comme le député le sait
peut-être, le ministère de la Justice et le ministère des
Institutions financières ont porté des accusations relativement
à certaines fraudes ou faux à l'occasion de certaines
transactions de Bourse et il nous a fallu retenir les services de procureurs
à l'extérieur pour nous occuper de ces causes.
M. BURNS: Est-ce que c'est à cause du domaine
spécialisé que vous ne pouvez pas utiliser vos procureurs de la
couronne?
M. CHOQUETTE: Il y a sûrement cet élément qui joue,
plus le fait que nos procureurs, à Montréal, sont
débordés de travail, avec les effectifs que nous avons. Ces
causes sont d'une très grande importance et il est nécessaire d'y
attacher un avocat je ne dirais pas en permanence, qui travaille
exclusivement sur cette question qui doit suivre ces causes, parce que
cela a impliqué des procédures d'extradition et toutes sortes
d'autres démarches à l'étranger.
Nous avons cru, dans les circonstances, opportun de retenir les services
d'un ancien procureur chef de la couronne, qui a fait ses preuves comme
spécialiste en droit criminel.
M. BURNS: Qui?
M. CHOQUETTE: Gabriel Lapointe. Il y a aussi l'accroissement des
affaires judiciaires. Il ne faut pas ignorer qu'un certain nombre de litiges,
dans lesquels le ministère est engagé, impliquent des
enquêtes extrêmement longues. Quand je dis "enquêtes", je ne
veux pas dire des enquêtes au niveau policier ou au niveau du
ministère, mais des enquêtes devant le tribunal.
Je donnerai, par exemple, le cas des poursuites qui résultent de
l'enquête de la ville D'Anjou; il nous a fallu retenir les services
d'avocats extérieurs, Jacques Bellemare, plus un autre procureur,
assisté d'un de nos propres procureurs. Ces enquêtes
requièrent, en somme, des services extérieurs.
M. HARDY: Est-ce que les frais de la commission d'enquête qui sera
mise sur pied bientôt sont imputés à cet article?
M. CHOQUETTE: Non, je ne le pense pas, il y a un autre article. Je tiens
à faire remarquer que, pour ce qui est de la commission d'enquête
sur le crime organisé, j'ai donné mandat d'agir à des
procureurs permanents de la couronne. Je ne dis pas que, le moment venu, ils ne
pourront pas se faire assister, dans certains domaines particuliers, par un
avocat qui aurait une compétence particulière et dont il faudrait
retenir les services, mais le contrôle du travail préparatoire du
"strike force" sur le crime organisé est entre les mains de procureurs
permanents, de substituts du procureur général permanent et de
policiers de la Sûreté du Québec et de la Communauté
urbaine de Montréal.
M. PAUL: Dans les plaintes portées en vertu de certaines fraudes
qui auraient été commises à la Commission des valeurs
mobilières, je crois aussi qu'il y a une urgence à
procéder pour rétablir le climat de confiance nécessaire
aux activités de Bourse.
La Commission des valeurs mobilières est actuellement aux prises,
depuis quelques années, avec une lutte soutenue, de la part du
marché de Vancouver surtout, et également du marché de
Toronto. Beaucoup de gens sont intéressés à inscrire leurs
actions, leurs valeurs mobilières au marché de Vancouver. Alors,
je crois que, dans ce cas, il y a une urgence à disposer de ces plaintes
pour montrer diligence et un éveil constant de la part des
autorités du ministère des Institutions financières et du
ministère de la Justice pour enrayer toute fraude ou tout début
de fraude que l'on pourrait retrouver dans ce milieu.
M. CHOQUETTE: Je peux répondre au député de
Maskinongé qu'un certain nombre des accusations portées en
rapport avec les fraudes auxquelles il fait allusion, fraudes
boursières, procéderont lundi prochain. L'enquête
prélimi- naire est fixée à ce jour-là. J'ajouterai
aussi que nous avons l'intention de poursuivre ces causes avec une
énergie qui ne sera atténuée d'aucune façon, dans
le but d'assainir le climat du commerce des valeurs mobilières.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté.
Catégorie 5: Entretien et réparations. Adopté.
Catégorie 6 : Loyers. Adopté.
Catégorie 7: Fournitures et approvisionnements.
Adopté.
Catégorie 8: Matériel et équipement.
Adopté.
Catégorie 11: Autres dépenses. Adopté.
Catégorie 14: Remboursements.
M. PAUL : Remboursement, M. le Président, ça vient de
quoi? Ce ne sont pas les amendes payées.
M. CHOQUETTE: Non, ce sont les honoraires d'avocats qui travaillent pour
le ministère de la Justice. Leurs honoraires sont remboursés par
les accusés d'infractions au code de la route.
M. PAUL: Comment se fait-il que vous imputez ça à cette
catégorie, pour le code de la route, alors que ça relève
des affaires civiles et pénales?
M. CHOQUETTE: C'est parce que c'est en rapport avec les traitements des
procureurs de la couronne. Un certain nombre de nos procureurs de la couronne
s'occupent de ces causes.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 14, adopté.
Sous-article 3: Coroners et commissaires enquêteurs sur les
incendies. Catégorie 1 : Traitements, salaires et allocations.
M. DROLET: M. le Président, je crois que c'est au sous-article 3
que nous pouvons parler des morgues.
M. CHOQUETTE: Oui.
Morgues dans les comtés ruraux
M. DROLET: Je voudrais savoir du ministre quelle est la politique du
ministère concernant les morgues dans nos comtés, la façon
de distribuer les morgues à chacun des directeurs de funérailles,
et non seulement les distribuer mais les leur enlever.
M. CHOQUETTE: C'est suivant la qualité et la
compétence.
M. PAUL: Est-ce qu'il faut être membre de l'Association des
thanatologues?
M. CHOQUETTE: Je dirais que ce n'est pas nécessaire... Mais, d'un
autre côté, ce n'est pas une marque noire...
M. BLANK: C'est le libre choix de la morgue.
M. CHOQUETTE: ... comme on dit, à l'égard de
l'intéressé que d'être membre de l'Association des
thanatologues.
M. DROLET: M. le Président, je vais détailler un peu plus
pour souligner au ministre... Je n'étais pas censé intervenir
à cette catégorie, mais je me suis justement rendu dans le
comté hier et j'ai eu des nouvelles de différents directeurs de
funérailles qui ont été avisés, par une lettre
qu'ils ont reçue du ministère de la Justice, le 29 mai 1972,
signée par M. Rodolphe Roy, qu'on avait coupé les territoires des
directeurs de funérailles pour donner une autre morgue à un autre
directeur de funérailles qui, lui, s'était juré, depuis le
29 avril 1970, d'avoir la morgue.
Un instant! J'ai des lettres ici...
M. CHOQUETTE: J'espère que la lettre n'était pas
écrite...
M. PAUL: Il tient à entretenir des relations froides.
M. DROLET: M. le Président, des démarches ont
été faites, en 1970 et en 1971, auprès du ministère
de la Justice pour enlever certaines morgues à ceux qui les
détenaient déjà pour les donner à cet individu qui
est reconnu, soit dit en passant, pour un très bon libéral. Or,
j'ai des lettres du ministère de la Justice, ici, qui confirmaient
qu'aucun changement ne se ferait, parce qu'il ne servait absolument à
rien de faire des changements, que tout était égal, que d'autres
morgues ne seraient pas ouvertes. Quelque temps après le premier
échec en 1970, le type en question a demandé une lettre de
référence au candidat libéral défait. J'ai
rencontré le ministre de la Justice à la sortie de la Chambre, le
26 février 1971...
M. PAUL: Pas la chambre d'embaumement, toujours...
M. DROLET: ... et le ministre de la Justice m'avait assuré que,
lettre ou pas lettre du candidat libéral défait, ce
n'était pas cela qui changerait les morgues dans le comté. Si les
autorités avaient décidé qu'il n'y aurait pas de
changement, il n'y en aurait pas.
Hier soir, on m'avise que trois morgues dans le comté ont vu leur
territoire coupé pour en donner une, justement, au type en question qui
s'est vanté d'être allé directement au ministère
pour se faire donner la morgue. Je pense que c'est une chose anormale de
procéder de cette façon. Je ne sais pas lequel de vos
fonctionnaires a permis cette chose. Si c'était au moins un directeur de
funérailles avec une clientèle valable, comme on dit, passe
encore. Mais si on regarde à Donnacona les deux directeurs de
funérailles,il y en a un qui, sur cent morts, en a 95 chez lui. L'autre
n'a presque rien. Aujourd'hui on enlève la morgue à l'un pour la
donner à l'autre, sous prétexte que le type est plus
libéral.
M. CHOQUETTE: Auquel l'enlève-t-on? M. HARDY: A celui qui en a
95?
M. DROLET: Bien non, celui qui a présentement la majorité
des morts chez lui...
M. HARDY: On lui enlève la morgue pour la donner à
l'autre?
M. DROLET: Pour la donner à l'autre, justement.
M. HARDY: Justement, c'est pour rétablir l'équilibre afin
que chacun puisse vivre.
M. DROLET: Un instant, un instant. Présentement,...
M. CHOQUETTE: Je ne trouve pas qu'il faille trafiquer sur la
mortalité !
M. DROLET: Non, M. le Président. Cela semble faire rire, mais
c'est une chose que je considère assez sérieuse. On assure les
directeurs de funérailles du comté qu'il n'y aurait pas de
changement, qu'il y avait assez de morgues dans le comté. On l'assure
encore la semaine dernière par une autre lettre du ministère de
la Justice. C'est votre secrétaire, Claude Vadeboncoeur, qui refuse un
permis à M. Saint-Amant, de Sainte-Thècle, qui voulait ouvrir une
morgue au Lac aux-Sables, dans Portneuf; on lui dit: Aucun changement;
présentement, les divisions sont parfaites.
M. CHOQUETTE: Tout est sur la glace!
M. DROLET: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Au frigidaire!
M. DROLET: Au même moment,...
M. CHOQUETTE: C'est au point mort!
M. DROLET: ... le 26 mai, votre secrétaire dit qu'il n'y aura pas
de changement quant aux morgues. Le 29 mai, un autre fonctionnaire, M. Rodolphe
Roy, avise les directeurs de funérailles de Saint-Basile, Donnacona et
Pont-Rouge je crois, qu'on coupait leurs territoires; on leur donnait, si vous
voulez, de petits territoires de rien pour donner le meilleur territoire
à un autre directeur de funérailles qui est très heureux
présentement parce qu'il crie à tout le monde qu'il l'avait dit,
le 29 avril, qu'il aurait la morgue, et il l'a. Je trouve cela un peu
dégueulasse, la manière dont cela s'est produit quand
même.
M. PAUL: M. le Président, comme sous-question, j'ai
écouté, avec beaucoup d'intérêt, les remarques du
député de Portneuf. Je me suis demandé si la cause ne se
répétait pas du fait que le ministre de la Justice aurait
confié l'administration de ce service au Solliciteur
général.
M. CHOQUETTE: Le Solliciteur général ne peut pas prendre
la responsabilité...
M. FOURNIER: J'ai assez des prisonniers sans avoir à m'occuper
des morts.
M. PAUL: Ah bon!
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas ça du tout. Maintenant, le
député sait, probablement, que le problème des morgues est
un problème...
M. HARDY: Crucial.
M. CHOQUETTE: Pas crucial, mais un peu difficile. Nous sommes
appelés, au ministère de la Justice, à déterminer
des territoires pour les différents propriétaires de morgues ou
directeurs de funérailles. Ainsi, par exemple, on me faisait part que,
dans certains comtés ou districts judiciaires, la rue était
divisée en deux. Si un individu mourait dans un accident d'automobile,
d'un côté de la rue, il était envoyé à telle
morgue.
UNE VOIX: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Et, s'il mourait de l'autre côté de la rue,
il était envoyé à telle autre morgue. Il semble que ce
commerce soit, jusqu'à un certain point, assez lucratif puisque nous
voyons beaucoup de morgues surgir un peu à droite et- à gauche.
Maintenant, j'ai demandé aux officiers du ministère de la Justice
de préparer une politique qui serait beaucoup plus à long terme
et qui introduirait moins de discussions au sein des différents
propriétaires de morgues de façon à stabiliser la
situation une fois pour toutes.
M. DROLET: Je pense, M. le Président, que lorsqu'il y a,
justement, changement de morgues, on consulte normalement le bureau de la
Sûreté du Québec et le coroner du comté. Les deux
ont été consultés. J'ai la lettre de la
Sûreté du Québec en main.
On dit, dans les deux cas, autant à l'échelle du coroner,
le Dr Romain Plamondon, qu'à la Sûreté provinciale,
qu'aucun changement ne s'impose, qu'au point de vue du millage et de tout ce
que vous voulez, tout est en parfait ordre. Partout, depuis deux ans, on dit
que tout est parfait: les autorités du ministère de la Justice,
comme la Sûreté provinciale et le coroner. Or, hier, les gars sont
avisés que leur territoire est coupé et que le meilleur
territoire, si vous voulez, est donné à un autre.
M. CHOQUETTE: Le meilleur territoire? Ecoutez, je ne suis pas en mesure
de répondre au député, au moment où il parle, parce
qu'il soulève un cas particulier. J'ignore tout de ce cas. Je n'ai
jamais été saisi de la question. Je vais examiner le
problème avec Me Rodolphe Roy qui a pris cette décision, ainsi
qu'avec M. Vadeboncoeur qui avait écrit une lettre, semble-t-il,
contradictoire avec la décision prise. Je pourrai dire au
député s'il y a lieu à révision ou si, à mon
sens, la décision était bien fondée. Vous comprenez que
tout le monde a le droit de vivre. Le député nous indiquait, tout
à l'heure, qu'il semblait que la morgue en place avait un
quasi-monopole. Peut-être qu'on a introduit une certaine concurrence.
M. DROLET: Pas nécessairement un monopole, M. le
Président, mais je ferai remarquer au ministre que là où
est la morgue, c'est un véritable directeur de funérailles. Il a
les ambulances, les salons et tout, tandis que l'autre, c'est un
réparateur de réfrigérateurs. Vous vérifierez pour
voir si j'ai raison.
M. CHOQUETTE: Je vais vérifier.
M. HARDY: Pour lui, la morgue, c'est un "side-line"!
M. DROLET: C'est cela.
M. FOURNIER: Les morts sont bien conservés!
M. DROLET: J'espère que le ministre vérifiera cette chose
parce que, de toute façon, on ne laissera pas cela mort.
M. CHOQUETTE: Bon. Je vais examiner le problème et j'en ferai
part au député.
M. HARDY: Si le député de Portneuf est aussi efficace avec
les vivants qu'avec les morts, il va faire un vrai bon
député.
M. DROLET: C'est ce que les gens de Portneuf disent.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais poser une question à
l'honorable député de Portneuf. Je pense tout haut. Le
député de Portneuf aurait-il des objections à ce que
toutes les morgues disparaissent pour qu'elles soient centralisées dans
les hôpitaux?
M. DROLET: Je ne le sais pas. Je n'ai pas à répondre
à cette question.
M. CHOQUETTE: Avez-vous des vues générales sur le
sujet?
M. DROLET: Pas nécessairement. Ce n'est pas la question. La
question est, tout simplement, qu'autant le ministère, autant les
poli-
ciers du comté, autant le coroner disent qu'il n'y a pas lieu d'y
avoir de changements et, au même moment, ils nous arrivent et font des
changements par derrière. Le pire, c'est que le gars, lui, se bat la
gueule. C'est clair? Hier soir, à Donnacona, il disait: Je l'ai eu. Je
l'ai gagné, mon point. J'ai été au ministère et je
l'ai eu.
M. HARDY: Sans passer par le député?
M. DROLET: Pas du tout. Je ne veux pas m'occuper de ces choses. La
question, c'est que lui-même n'a pas plus de mandat que moi. Il n'a pas
d'affaire à aller tripoter avec des fonctionnaires du ministère
pour faire des changements semblables. C'est ce que je n'accepte pas.
M. CHOQUETTE: Tripoter est peut-être un gros mot, dans les
circonstances, en attendant qu'on ait vérifié, parce que je sais
que M. Rodolphe Roy est un parfait honnête homme. S'il a pris la
décision, il doit y avoir certaines justifications. Le
député ne sera peut-être pas d'accord. Mais je vais
vérifier avec lui ce qui en est et je lui ferai part du résultat
de ma petite enquête.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions sur cette catégorie
des dépenses?
Catégorie 1, adopté.
Catégorie 3: services de transport et de communication.
Adopté.
Catégorie 4 : services professionnels, administratifs et
autres.
M. PAUL: Est-ce que ça comprend le salaire des coroners, des
témoins, les taxes des témoins, la location des salles et toutes
ces dépenses administratives, les salaires des
commissaires-enquêteurs?
M. CHOQUETTE: Les coroners: $180,000; les morgues, incluant transport et
garde des cadavres: $140,000; les témoins $58,000; médecins:
$50,000; sténographes officiels: $10,000; autres honoraires: $17,000,
soit un total de $455,000.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5, entretien et
réparations.
M. PAUL: Est-ce l'entretien et la réparation des
réfrigérateurs dont parlait tout à l'heure le
député de Portneuf?
M. CHOQUETTE: Non, des machines à bureaux.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 6, loyers,
adopté.
Catégorie 7, fournitures et approvisionnements,
adopté.
Affaires civiles et pénales
M. LE PRESIDENT: Article 3, affaires civiles et pénales.
Sous-article 1 : contentieux général. Catégorie 1 :
traitements, salaires et allocations.
M. BURNS: A cette catégorie, il semble y avoir une baisse
sensible des traitements et salaires, est-ce qu'il y a une explication? Surtout
qu'il n'y a que 3 postes, semble-t-il, de moins que ceux qui étaient
autorisés l'année dernière.
M. CHOQUETTE: Il y a tout d'abord un transfert au sous-article 3-2. Ceci
représente, on me dit, certains conseillers juridiques auprès de
la cour du Bien-Etre social. Par conséquent, au lieu d'être
comptabilisés à cette catégorie, on les trouvera à
l'article 3-2, contentieux des ministères.
M. LE PRESIDENT: Une correction, M. le ministre, c'est la même
catégorie, excepté qu'ils changent de sous-article, du
contentieux général au contentieux des ministères.
M. CHOQUETTE: Votre remarque est très pertinente, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: C'est seulement pour le journal des Débats.
Catégorie 1, adopté.
Catégorie 3, Services de transport et de communication,
adopté.
Catégorie 4, Services professionnels, administratifs et
autres.
M. PAUL: Je présume que l'on tient compte des honoraires
payés à des avocats pour s'occuper de causes
particulières. Est-ce qu'il y aurait possibilité de
connaître l'état de la cause de Redel vs le procureur
général de la province de Québec? Je ne sais pas si M.
Desjardins est ici. C'est ce fameux fonctionnaire "from B.C." qui était
venu se promener à Québec. On l'avait bien reçu. Je sais
qu'une action en dommages avait été prise. Est-ce que cette
cause-là a été réglée hors cour?
M. CHOQUETTE: Cette cause n'a pas été
réglée. Elle est toujours pendante devant le tribunal. Les
procureurs de M. Redel qui sont de la ville de Québec, se sont
engagés à nous fournir certains renseignements, en particulier
des rapports médicaux, qui ne nous sont pas encore parvenus.
M. PAUL: Et je crois aussi que le procureur du ministère a
été nommé juge de la cour d'Appel.
M. CHOQUETTE: Son bureau continue à occuper dans la cause.
M. PAUL: J'en profite pour féliciter le sous-ministre Desjardins
de l'excellent travail accompli parce que je dois dire, après
consultations et rencontres avec les avocats, qu'ils sont extrêmement
bien reçus à ce service du ministère. Je m'en voudrais de
ne pas remercier M. Desjardins pour la courtoisie et l'empressement avec
lesquels il répond aux demandes d'information qui lui sont
adressées par des avocats de pratique privée.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, adopté. Catégorie 5,
entretien et réparations, adopté.
Catégorie 6, loyers, adopté.
Catégorie 7, fournitures et approvisionnements,
adopté.
Catégorie 8, matériel et équipement,
adopté.
Catégorie 11, autres dépenses, adopté.
Sous-article 2, Contentieux des ministères. Catégorie 1,
traitements, salaires et allocations.
M. BURNS: M. le Président, vu la réponse du ministre au
sous-article 1 de l'article 3, je comprends difficilement le fait qu'il y ait
une augmentation de 19 postes au sous-article 2, catégorie 1. S'il y a
eu transfert de 19 personnes, il devrait en manquer 19 dans l'autre.
M. CHOQUETTE: A l'article 3, sous-article 1, catégorie 1, le
député avait signalé une réduction, n'est-ce pas?
Ce qui explique un accroissement à l'article 3-2-1.
Un montant de $199,500 a été prévu pour les postes
qui ont été transférés du sous-article 3,
catégorie 1.
M. LE PRESIDENT: Non, je crois que le député signale la
différence dans le nombre d'employés.
M. BURNS: C'est ce que je ne comprends pas. Je comprends le transfert
d'argent. Dans un cas, il y a une diminution d'à peu près
$200,000 qui est reportée à 3-2-1.
M. CHOQUETTE: Il y a 12 employés transférés et sept
postes additionnels.
M. BURNS: Oui, d'accord, mais je ne veux pas revenir à 3-1-1
où vous aviez 47 postes autorisés l'année dernière
or, vous en demandez 44 cette année.
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M. BURNS: C'est ce que je ne comprends pas, là.
M. CHOQUETTE: C'est parce qu'à 3-1-1 il y a probablement eu un
accroissement du nombre de postes, malgré le transfert des 12
employés auxquels je me référais tout à l'heure.
Ceci implique sans doute un certain accroissement à ce point de vue. Il
s'agit probablement d'employés assez bien rémunérés
qui sont transférés, ce qui explique le chiffre assez important
par lequel est modifié l'article 3-1-1 et par lequel est modifié
de la même façon l'article 3-2-1.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté. Catégorie 3, Service de
transport et de communication, adopté. Catégorie 7, Fournitures
et approvisionnements, adopté. Sous-article 3, Bureau juridique des lois
de contrôle sur les alcools. Catégorie 1, Traitements, salaires et
allocations.
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il y a encore beaucoup
de causes pendantes au bureau juridique des lois de contrôle? Je
m'excuse, ce n'est pas le bon service. Ce n'est pas la commission, je m'excuse.
C'est parce que j'ai été grisé par le mot alcool en le
voyant.
M. BURNS: C'est le service de M. Beaudry...
M. CHOQUETTE: Non, c'est le service de M. Louis Doyon, qui s'occupe des
poursuites pénales résultant des infractions à la loi des
alcools. Il n'a pas la responsabilité des procédures qui peuvent
avoir lieu à l'intérieur de la Commission de contrôle des
permis d'alcool, mais seulement des poursuites prises devant les tribunaux
criminels.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Louis.
M. BLANK: Est-ce que la ville de Montréal peut entreprendre ses
propres poursuites?
M. CHOQUETTE: Je crois qu'en vertu des pouvoirs qui ont
été délégués à la police de
Montréal, celle-ci est maintenant habilitée à intenter des
poursuites devant la cour Municipale de Montréal.
Application de la loi de l'alcool
M. BLANK: Mais est-ce que le ministre de la Justice ou le
ministère a un certain contrôle, parce que la ville de
Montréal, dans certains cas, abuse de ces pouvoirs. J'ai vu ce matin
dans la Gazette, je pense, un compte-rendu d'un jugement rendu par la cour
d'Appel. La ville de Montréal, après que nous ayons voté
la nouvelle loi de la Régie des alcools pour empêcher les gens
d'aller en prison pour de petites infractions, porte en appel une cause
où le juge a rendu une sentence d'une amende seulement en se basant sur
la nouvelle loi. La ville de Montréal est donc allée en appel
pour essayer de mettre un citoyen en prison pour une deuxième
infraction, la deuxième infraction étant d'avoir une bouteille de
vin dans une autre bouteille que celle de la Régie.
M. CHOQUETTE: Transvidage.
M. BLANK: Mais il y a beaucoup de causes comme ça devant la cour
Municipale de la ville
de Montréal où les policiers de la ville de
Montréal utilisent la Loi de la Régie des alcools pour d'autres
fins.
M. HARDY: Je ne veux pas défendre les policiers de la ville de
Montréal, mais dans le cas que souligne le député de
Saint-Louis, ce n'est pas la faute des policiers si on est allé en
appel, c'est plutôt celle des procureurs de la ville de
Montréal.
M. BLANK: Je ne blâme pas les policiers, je blâme le
procureur.
M. CHOQUETTE: En vertu de la Loi de commission de contrôle des
permis d'alcool, il est maintenant loisible au procureur général
de donner des responsabilités aux corps de police municipaux en
matière d'infractions aux lois d'alcools et de permettre à ces
corps de police municipaux d'intenter des poursuites sous leur propre
responsabilité.
J'avais donné cette responsabilité au corps de police de
la Communauté urbaine de Montréal, comptant que ceci permettrait
un meilleur contrôle du commerce des boissons alcooliques. Evidemment, il
faut que les corps de police et les procureurs qui les avisent fassent preuve
de jugement dans leur façon d'agir. Ce n'est pas parce qu'on leur met un
pouvoir entre les mains que c'est une raison d'en abuser. Je remercie le
député de Saint-Louis de me signaler ce cas et il peut être
assuré que nous allons examiner ce problème à savoir
comment le corps de police de la Communauté urbaine de Montréal
s'acquitte, à l'heure actuelle, de ses responsabilités dans ce
domaine-là.
Il ne s'agit pas, à mon sens, de harasser les détenteurs
de permis pour des infractions mineures; il faut évidemment que la loi
soit respectée mais toujours en faisant usage de bon sens et de
pondération. Le député de Saint-Louis peut être
assuré que nous allons examiner le cas qu'il nous signale.
M. BLANK: J'ai vu deux plaintes portées contre un restaurant de
première classe, pas un trou, dans le bas de la ville de
Montréal, dans le bout de la rue Sainte-Catherine et de la rue
University, deux jours de suite: une pour une annonce, à
l'intérieur, d'un "cocktail hour" de 7 à 9 heures, et l'autre
parce que sur le menu, dans une petite vitrine, le prix de la bière
était inscrit. Deux plaintes différentes. Et suivant l'ancienne
loi, le détenteur du permis est allé en prison pour un mois.
M. CHOQUETTE: Je vais examiner le problème et je ferai part de
mes observations à ce sujet-là au président du conseil de
sécurité publique, le juge Jacques Coderre. Il faut dire, d'un
autre côté, que ceux qui sont poursuivis pour des infractions
à la Loi des alcools trouvent souvent que les infractions pour
lesquelles ils sont poursuivis sont mineures. En général, les
accusés trouvent toujours qu'on n'avait pas de raison de porter plainte
parce que c'était une affaire, en somme, qui n'avait pas d'importance,
mais il faut assurer une certaine discipline dans le commerce des boissons
alcooliques, je pense qu'on l'admettra.
M. BLANK: On pourrait faire la même chose que le service de
santé de Montréal; si l'infraction est mineure, donner un avis de
changer d'attitude sinon on va poursuivre. Les gens qui exploitent sans permis
à Montréal reçoivent toujours un avis du service des
permis avant qu'on prenne une poursuite. Je comprends que si, à un
endroit, on vend de l'alcool frelaté, on vend après les heures,
on vend à des mineurs, d'accord; mais quand c'est une infraction aux
règlements, même des anciens règlements dont personne ne
savait où ils étaient...
M. BURNS: Des offenses techniques.
M. BLANK: ... des offenses techniques, qu'une personne soit passible
d'une peine d'emprisonnement, "mandatory", ce n'est pas logique.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, sur le même sujet. Le ministre se
rappellera sans doute que lors de l'étude du projet de loi 44 nous nous
étions inquiétés quant à l'absence de dispositions
transitoires dans la loi. Il est arrivé que, depuis le mois de juillet
dernier, maintes plaintes ont été jugées et
rejetées par nos cours, par nos tribunaux d'instance criminelle ou de
droit pénal parce que la commission de contrôle des permis
d'alcool avait porté des plaintes pour des infractions commises en vertu
de l'ancienne loi de la Régie des alcools du Québec.
La jurisprudence a été unanime et la revue juridique nous
rapporte constamment des jugements qui sont dans la même voie, aux fins
de rejeter ces plaintes, parce qu'on ne peut pas poursuivre en vertu d'un
organisme pour des plaintes, pour des infractions commises à une loi
totalement morte.
J'inviterais le ministre de la Justice à demander à M.
Doyon, dans le but d'éviter des frais aux contribuables, aux
justiciables, que le ministère prenne l'initiative de retirer toutes ces
plaintes qui sont pendantes et qui présentent le même
caractère d'absence de continuité ou d'existence juridique ou de
bien-fondé en droit. Je parle des plaintes qui sont portées par
la Commission de contrôle pour des infractions commises en vertu de la
Loi de la Régie des alcools du Québec.
Je comprends facilement que le ministre n'a pas le temps de lire toutes
les revues du Barreau, les revues de droit qui sont publiées.
Sûrement que M. Doyon et M. Desjardins ont eu l'avantage de suivre cette
jurisprudence
unanime de la part de nos juges. Alors, je me demande s'il n'y aurait
pas avantage à ce que, dès maintenant, le ministre décide,
dans le cas d'infractions commises en vertu de la Loi de la Régie des
alcools du Québec,que la Commission de contrôle essaie de faire
juger par nos tribunaux, qu'on en dispose immédiatement et qu'on renonce
dès maintenant à cette tentative de poursuites qui
s'avèrent toujours vaines devant nos tribunaux, parce que tous les juges
ont été unanimes jusqu'ici, surtout si l'on prend le jugement qui
vient d'être rendu par la cour d'Appel et dont a parlé, tout
à l'heure, l'honorable député de Saint-Louis.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai donné instructions
à M. Doyon de ne pas poursuivre les causes dans les cas où il
s'agissait d'une infraction commise antérieurement à la mise en
vigueur de la nouvelle loi, infraction qui n'aurait pas été
retenue comme telle dans la nouvelle loi.
Je me suis dit: Puisque le législateur a décidé
qu'une chose qui, autrefois, était une infraction n'en est plus une, il
n'y a pas d'intérêt à poursuivre ces causes. Alors, le
député peut être sûr que c'est la politique du
ministère. Par contre, pour ce qui est des infractions qui existaient
sous l'ancienne loi et qui continuent à être des infractions sour
la loi actuelle, les poursuites doivent être continuées.
M. PAUL: La jurisprudence est allée plus loin que ça. Elle
a établi je pourrai citer au ministre toute une série de
causes qu'une plainte portée pour une infraction à la Loi
de la Régie des alcools du Québec ne pouvait tenir aujourd'hui en
vertu des dispositions de la Loi 44 de la Commission de contrôle des
permis d'alcool. Alors, peut-être que M. Doyon pourrait réviser
toute cette jurisprudence.
M. CHOQUETTE: Je vais examiner ce point de droit, mais il me semble que,
si une chose était une infraction au moment de sa commission,
c'est-à-dire sous l'empire de l'ancienne loi, on peut très bien
intenter, même à l'heure actuelle, une poursuite en disant qu'au
moment où elle a été commise c'était une
infraction.
M. BLANK: C'est parce qu'elle n'existe plus.
M. PAUL: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Le procureur général.
M. BLANK: La loi dit que c'est la Régie des alcools qui doit
porter la plainte. Or, la Régie des alcools n'existe plus.
M. PAUL: C'est ça. C'est le point soulevé par le
député de Saint-Louis. En vertu de l'ancienne loi, la plainte
était portée par la Régie des alcools du Québec et,
aujourd'hui, c'est le procureur général qui porte la plainte.
M. BURNS: Il y a, en plus, un vieux principe qui fait qu'en
matière pénale c'est une loi non écrite, mais je
pense que tout le monde l'accepte il faut toujours traiter
l'accusé en vertu de la loi la plus favorable. C'est une tendance.
M. CHOQUETTE: C'est le principe que j'ai observé, mais le
député de Maskinongé m'amène un point de droit
additionnel, en disant qu'étant donné le changement de
régime juridique toutes les poursuites et les infractions commises sous
l'empire de l'ancienne loi tomberaient automatiquement, même si le
caractère d'infraction, de faute, demeurerait en vertu de la nouvelle
loi. C'est un point de droit, très intéressant, mais...
M. BLANK: C'est ce qu'a dit la cour d'Appel.
M. PAUL: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Nous allons examiner cela.
M. HARDY: L'honorable président va prendre le tout en
délibéré. Il va consulter les auteurs et rendra
jugement.
M. LE PRESIDENT: Je me pose justement la question à savoir...
M. PAUL: Il y a un problème; nous ne pourrons pas en appeler de
cette décision.
M. LE PRESIDENT: ... si ce ne serait pas ouvrir la porte à la
possibilité, si on ne peut pas, à un moment donné,
régler un problème, de simplement changer la loi.
M. CHOQUETTE: J'attirerais l'attention du député de
Maskinongé sur l'article 12 de la Loi d'interprétation,
c'est-à-dire le chapitre 1 de nos lois, que je vais lire: "L'abrogation
d'une loi ou de règlements faits sous son autorité n'affecte pas
les droits acquis, les infractions commises, les peines encourues et les
procédures intentées; les droits acquis peuvent être
exercés, les infractions poursuivies, les peines imposées et les
procédures continuées, nonobstant l'abrogation".
M. PAUL: M. le Président, je ne conteste pas cet article. Je vous
dis que c'est la décision unanime de nos juges actuellement.
Du fait que la RAQ n'existe plus, il y a un point de droit. Suivant les
règles d'interprétation, il y a continuité, mais nos juges
refusent de reconnaître les dispositions et l'application de cet article
12. Justement, comme le signalait le député de Saint-Louis, c'est
parce que l'organisme qui avait charge de prendre les procédures
n'existe plus. La RAQ n'existe plus.
M. CHOQUETTE: Mais cela m'étonne, parce qu'il me semble que ces
poursuites étaient inscrites au nom du procureur général
et lui, a continué. Le sous-ministre me dit qu'à son avis la
jurisprudence a erré, mais, d'un autre côté, étant
donné la décision de la cour d'Appel, nous n'allons quand
même pas nous acharner et porter l'affaire à la cour
Suprême.
M. PAUL: Vous n'oserez pas dire à la cour d'Appel qu'elle a
erré?
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas que je n'oserais pas, parce que nous osons
souvent. Mais dans le cas actuel, vu qu'il s'agit d'un petit nombre de
poursuites et d'infractions, le jeu n'en vaudrait pas la chandelle.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Alors, si les membres de la commission n'ont pas
d'objection, je vais laisser les avocats trancher cette question.
M. BLANK: Oui, mais ces choses-là sont à la ville de
Montréal. Ce n'est pas le procureur général.
M. CHOQUETTE: Mais, même quand c'est la ville de Montréal
qui exerce des poursuites, elle les exerce au nom du procureur
général.
M. BLANK: Je crois que toutes les actions de la ville de Montréal
étaient prises au nom de la RAQ.
M. CHOQUETTE: Ils ont été mal avisés de le
faire.
M. BLANK: D'accord.
M. PAUL: M. le Président, bureau juridique des lois de
contrôle sur les alcools.
M. LE PRESIDENT: Alors, catégories 1, 3, 4, 5, 7?
M. BURNS: M. le Président, à la catégorie 4. Je
m'excuse, je pensais que vous vouliez dire seulement la catégorie.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, traitements, salaires et
allocations? Adopté. Catégorie 3, services de transport et de
communication? Adopté.
M. PAUL: Adopté, oui.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, services professionnels,
administratifs et autres?
M. BURNS: Je vois qu'il y a eu une augmentation dans les services
professionnels de l'ordre de quelque $115,000. Qu'est-ce qui se passe? Moi, je
pose toujours la question sur cela.
Comme je l'ai mentionné hier et à d'autres
catégories semblables, si on a besoin de services accrus dans une
catégorie particulière, je trouve que la politique
générale du ministère devrait tendre à embaucher du
monde, si vraiment ce besoin est constant.
M. CHOQUETTE: Il l'est. Mais j'attire votre attention sur la
catégorie 14 du sous-article 3; il y a des remboursements au montant de
$118,000. C'est le coût des honoraires d'avocats payés par le
ministère et remboursés par l'accusé qui doit être
imputé contre l'accroissement des honoraires, à cause du
changement des méthodes comptables aux nouvelles estimations
budgétaires. Alors, il n'y a pas de changement radical.
M. PAUL: C'est la même chose, je pense, pour le code de la
route.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, adopté. Catégorie 5,
entretien et réparations, adopté? Adopté. Catégorie
7, fournitures et approvisionnements, adopté? Adopté.
Catégorie 14, remboursements, adopté? Adopté.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4, bureau juridique du code de la route.
Catégorie 1, traitements, salaires et allocations?
M. BURNS: A ce sous-article la seule question que j'avais à poser
était aux catégories 4 et 14. Mais c'est la même
chose...
M. CHOQUETTE: Mutatis mutandis.
M. BURNS: Mutatis mutandis. C'est à peu près la même
chose que 1'habeas corpus!
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté. Catégorie 3,
services de transport et de communication, adopté. Catégorie 4,
services professionnels, administratifs et autres, qu'il faudrait
peut-être considérer en même temps que le sous-article 14,
remboursements, adopté?
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 5, entretien et
réparations, adopté? Adopté. Catégorie 6, loyers,
adopté? Adopté. Catégorie 7, fournitures et
approvisionnements, adopté? Adopté. Catégorie 8,
matériel et équipement, adopté? Adopté.
Catégorie 11, autres dépenses? Adopté. Sous-article 14,
remboursements? Adopté.
Sous-article 5, service des réclamations. Catégorie 1,
traitements, salaires et allocations?
M. PAUL: Sur ce sous-article, est-ce que je
pourrais demander au ministre si cela comprend toutes les
réclamations dirigées contre les différents
ministères?
M. CHOQUETTE: A l'exclusion, je pense, du ministère de la Voirie,
qui a conservé son propre service des réclamations. Maintenant,
je pense qu'il y a des projets à plus ou moins long terme
d'incorporation du service des réclamations du ministère de la
Voirie à notre propre service. Ce n'est pas une question résolue
encore à l'heure actuelle. Le service des réclamations du
ministère de la Voirie a une responsabilité très
spécialisée et en même temps assez étendue par le
nombre de réclamations.
M. PAUL: Ce n'est pas toute la machinerie du ministère de la
Voirie qui est assurée, je pense. Il n'y a qu'une partie
d'assurée.
M. CHOQUETTE: J'ignore la situation.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté. Catégorie 3,
adopté.
M. PAUL: Jusqu'à la catégorie 11, quant à moi, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, adopté. Catégorie 5,
adopté. Catégorie 7, adopté. Catégorie 8,
adopté. Catégorie 11, adopté.
Enregistrement
M. LE PRESIDENT: Article 4: Enregistrement, sous-article 1:
Administration, catégorie 1 : Traitements, salaires et allocations.
M. PAUL: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il y a encore beaucoup
de registrateurs qui sont à honoraires?
M. CHOQUETTE : Il en reste quatre. M. PAUL: Seulement quatre.
M. HARDY : M. le Président, sans vouloir faire preuve de
chauvinisme, je vais faire une nouvelle demande au ministre de la Justice quant
au bureau d'enregistrement de la division de Terrebonne. A la suite des
nombreuses représentations qui m'ont été formulées,
à la fois par les notaires pratiquant dans cette région et des
personnes directement impliquées, je vais demander au ministre s'il veut
bien étudier la possibilité, dans la mesure des ressources
financières dont il dispose, d'augmenter le nombre d'employés qui
travaillent au bureau d'enregistrement de Saint-Jérôme. Alors que
le nombre d'actes enregistrés a augmenté considérablement
au cours des dernières années, le nombre d'employés est
demeuré à peu près le même. Je n'ai pas les chiffres
devant les yeux, mais, grosso modo, le nombre d'employés est
resté stable alors que les actes enregistrés se multi- plient.
Vous n'ignorez sans doute pas que cette région connaît un
développement résidentiel extraordinaire, qu'il se fait des
transactions immobilières très considérables et que, par
le fait même, le volume de travail au bureau d'enregistrement se trouve
d'autant accru. Je sais qu'il y a le problème des disponibilités
du ministère, mais je pense qu'il y aurait lieu d'étudier
sérieusement la possibilité d'accroître le nombre
d'employés au bureau d'enregistrement de Saint-Jérôme.
M. CHOQUETTE: Je puis assurer le député que l'analyse des
effectifs du bureau d'enregistrement auquel il fait allusion, le bureau
d'enregistrement de Saint-Jérôme, est en train d'être faite
à l'heure actuelle. Si l'analyse révèle la
nécessité d'un accroissement de personnel, nous y
procéderons.
M. LE PRESIDENT: Le député de Portneuf.
M. DROLET: Dans le même ordre d'idées, M. le
Président, est-ce que les demandes qui avaient été faites
par le bureau d'enregistrement de Cap-Santé pour un personnel
supplémentaire ont été satisfaites?
M. CHOQUETTE: Une analyse sera faite dans tous les bureaux.
M. DROLET: Tous les bureaux. Maintenant, il y a des bureaux
d'enregistrement, dont celui de Cap-Santé, qui demandent, depuis
quelques années d'être reclassifiés. Est-ce que, pour le
bureau d'enregistrement de Cap-Santé, qui est encore dans la classe
quatre et qui était censé être reclassifié dans la
classe trois, cela a été considéré?
M. CHOQUETTE: Ce problème est entre les mains de la Commission de
la fonction publique quant à la reclassification du registra-teur et du
bureau par le fait même.
M. DROLET: Cela peut prendre combien de temps...
M. CHOQUETTE: Vous savez que nous avons diverses catégories de
bureaux d'enregistrement.
M. DROLET: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Suivant l'importance de la catégorie, eh bien, cela
commande un salaire plus élevé.
M. DROLET: C'est ça.
M. CHOQUETTE: C'est le problème. Maintenant, le problème
des registrateurs est un problème véritable pour le
ministère de la Justice, à l'heure actuelle. Je ne le cache pas
aux membres de la commission. Nous avons des
gens qui se plaignent et, à mon sens, je dirais avec des
arguments assez impressionnants, du niveau de traitements.
M. DROLET: M. le Président, je voulais savoir combien de temps
cela pouvait prendre encore. C'est qu'ici, dans une lettre, justement, M.
Raymond Roy, directeur des bureaux d'enregistrement, souligne que "dans le cas
de Portneuf, nous avons recommandé que ce bureau passe de la classe
quatre à la classe trois". A quel moment peut-on prévoir que ces
choses vont...
M. CHOQUETTE: On me dit que la Fonction publique entend instaurer un
nouveau système s'appliquant aux bureaux d'enregistrements et que cette
catégorisation ne s'appliquera pas.
M. DROLET: Quand ce nouveau...
M. CHOQUETTE: Nous dépendons de la Commission de la fonction
publique.
M. DROLET: Cela veut dire que cela va être long, telle qu'on la
connaît!
M. CHOQUETTE: Tirez vos propres conclusions. Mais vous pouvez être
sûr que de notre côté nous faisons des pressions très
soutenues à l'égard de la commission pour avoir des solutions
dans ce domaine.
M. DROLET: En ce qui concerne le personnel, je pense que le
sous-ministre a dit, tout à l'heure, qu'il était à
analyser la question d'ajouter du personnel. Est-ce que cela peut prendre
également bien du temps?
M. CHOQUETTE: Ce travail se fait par la Commission de la fonction
publique, je crois. Non, le travail se fait par nos analystes, au
ministère, qui soumettent leurs conclusions â la commission qui,
elle, les approuve, les modifie ou les désapprouve.
M. DROLET: Peut-on savoir à peu près dans combien de temps
une réponse serait donnée?
M. CHOQUETTE: Vers la fin de septembre. M. DROLET: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, considérant l'aménagement
du territoire de l'aéroport international de Sainte-Scholastique, le
ministre peut-il nous dire s'il y a eu fusion ou annexion, par le bureau
d'enregistrement de Saint-Jérôme, du bureau d'enregistrement de
Saint-Eustache?
M. CHOQUETTE: L'ancien bureau d'enre- gistrement de Sainte-Scholastique
est incorporé au bureau d'enregistrement de Saint-Eustache.
M. PAUL: Mais il y en a un à Saint-Eustache.
UNE VOIX; Il n'y en avait pas.
M. CHOQUETTE: Il n'y en avait pas.
M. PAUL: Il n'y en avait pas. Sainte-Scholastique est rendu à
Saint-Eustache.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté? Adopté.
Catégorie 3: Services de transport et de communication.
Adopté?
UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4, adopté.
Catégorie 5, adopté. Catégorie 6, adopté.
Catégorie 7, adopté. Catégorie 8, adopté.
Catégorie 11, adopté.
M. BURNS: A la catégorie 8, j'avais une question.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi. Catégorie 8, matériel et
équipement.
M. BURNS: Qu'est-ce qu'on prévoit acheter avec cette augmentation
de $65,000, à cette catégorie?
M. CHOQUETTE: C'est pour l'achat de cartes en vue de l'émission
et du contrôle de la carte d'identité des fonctionnaires: $60,000;
fournitures diverses, pour la carte d'identité: $5,000; imprimés,
$5,000; fournitures et accessoires divers: $2,400, pour un total de
$72,400.
M. BURNS: Pour la carte d'identité des fonctionnaires.
M. CHOQUETTE: Oui. Un programme a été mis sur pied pour
prévoir l'émission d'une carte d'identité standard dans
toute la fonction publique, ceci en vue de permettre l'accession facile des
fonctionnaires aux édifices publics.
M. BURNS: Est-ce ajouté au budget de chacun des
ministères?
M. CHOQUETTE: Le programme est centralisé au sein du
ministère de la Justice et en particulier au sein de la section que
dirige M. Alarie, de l'ancien secrétariat de la province. Un de ces
jours, il faudra trouver une nouvelle désignation à ce service.
On l'appelle ici enregistrement. Cela comprend évidemment le service
d'enregistrement des biens réels, dont on a parlé tout à
l'heure, mais cela comprend aussi les lettres patentes, les archives.
M. BURNS: Cela vaut pour tous les fonctionnaires, en somme.
M. PAUL: Cela ne comprend-il pas les enregistrements imposés par
le bill 10, les régimes matrimoniaux?
M. CHOQUETTE: Oui, exactement. C'est un service de secrétariat,
fondamentalement.
M. BURNS: Cela vaut pour l'ensemble des fonctionnaires. J'imagine que la
fameuse carte viendra aux députés aussi.
M. CHOQUETTE: Les députés, comme le député
de Maisonneuve, qui solliciteraient une carte. Nous pourrons voir à la
lui émettre. Ceci lui permettra...
M. BURNS: Cela ne me pose pas de problèmes. Je suis connu.
M. PAUL: M. le Président, pourrais-je poser une question à
M. Alarie? Le sous-ministre pourrait-il nous dire si cela comprend
également l'enregistrement des partis politiques?
M. CHOQUETTE: Je crois que nous avons été appelés
à donner un avis juridique sur ce problème récemment, avis
qui fut donné au ministère des Institutions financières
par un de nos conseillers juridiques et qui fut déféré,
pour approbation, à notre contentieux civil. Il s'avère, suivant
cet avis juridique, qu'il n'est pas permis d'incorporer un parti politique.
M. PAUL: Enregistré ou non.
M. CHOQUETTE: Enregistré. On peut toujours aller s'enregistrer
dans un bureau d'enregistrement des raisons sociales.
M. HARDY: Ce n'est pas contre le règlement qu'on
enregistre...
M. PAUL: Non, non. C'est en cour Supérieure.
M. DROLET: On semble satisfait.
M. CHOQUETTE: Vous satisfait-elle? Elle satisfait moins votre ancien
chef, me dit-on.
M. HARDY: Je pense, M. le Président, qu'on est entièrement
hors du sujet.
M. DROLET: S'il s'est mis les pieds dans les plats, cela ne me regarde
pas.
M. HARDY: Nous sommes au bureau d'enregistrement, mais l'enregistrement
des raisons sociales ne se fait pas dans le bureau d'enregistrement.
M. LE PRESIDENT: Il s'agissait d'établir ce fait. C'est
établi. Alors, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. PAUL: Le ministre nous dit qu'il a obtenu une opinion juridique sur
l'enregistrement même.
M. HARDY: Il aurait fallu qu'il nous parle de ça à
l'article qui traite de la Direction générale des greffes.
M. PAUL: Ou aux morgues. Très bien.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8. Adopté. Catégorie 11.
Adopté.
Avant de continuer, messieurs, j'aimerais attirer votre attention sur
une petite erreur qui s'est glissée à la séance du 30 mai.
Je m'en excuse auprès des membres de la commission parce que je suis le
responsable. J'avais recommandé la nomination du député de
Laviolette, M. Carpentier, comme rapporteur. Or, M. Carpentier n'est pas membre
en titre de la commission. Alors, j'aimerais qu'on fasse le changement. Puis-je
suggérer M. Springate?
M. HARDY: Il faut donc recommencer tous nos travaux; nous n'avions pas
de rapporteur. Nous retournons à l'article 1 et nous allons recommencer
nos grands discours.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Springate, député de
Sainte-Anne?
M. BURNS: Comme remarque générale, j'aurais...
M. LE PRESIDENT: Agréé? M. PAUL: Agréé.
M. LE PRESIDENT: Nous continuons avec le sous-article 2. Bureaux
d'enregistrement. Catégorie 1, traitements, salaires et allocations?
M. PAUL: On en a parlé.
M. CHOQUETTE: Nous en avons parlé
prématurément.
M. LE PRESIDENT: Alors, toutes les catégories sont
adoptées, y compris les remboursements.
Commission de police
M. LE PRESIDENT: Article 5, Commission de police du Québec.
Catégorie 1, traitements, salaires et allocations?
M. PAUL: Je profite de l'occasion pour remercier le ministre de nous
avoir produit le rapport de la Commission de police.
M. HARDY : C'est surtout à cause de la couleur?
M. PAUL: Vous avez remarqué, M. le Président, je n'ai rien
dit et je l'ai levé. Je voudrais poser une question au ministre. En
vertu des derniers amendements que nous avons apportés à la
Commission de police du Québec, est-ce que le ministre peut nous dire si
tous les commissaires ont été nommés?
M. CHOQUETTE: Ils n'ont pas encore été nommés.
M. PAUL: Je crois que le nombre de membres a été
porté de 5 à 9.
M. CHOQUETTE: Oui. Je tiens à dire au député de
Maskinongé que des noms de candidats ont fait l'objet d'un examen
très serré de la part des autorités du ministère de
la Justice et que les nominations devraient se faire incessamment.
M. PAUL: Est-ce que vous avez beaucoup de postulants?
M. CHOQUETTE: Nous avons eu beaucoup de candidats. Nous avons
examiné les qualités de chacun. Parmi ceux-ci, il y a d'anciens
policiers ou des policiers actuellement en fonction. Il y a des gens qui ont
d'autres spécialisations. Il s'agit, en somme, de faire un
équilibre au sein de cette commission pour avoir, à la fois, des
gens qui ont de l'expérience policière proprement dite, et, d'un
autre côté, des gens d'autres disciplines qui peuvent apporter une
contribution au fonctionnement de la commission qui prend de plus en plus de
responsabilités, comme le signale le juge Gosselin dans le rapport
auquel le député faisait allusion.
M. PAUL : Les demandes sont de plus en plus nombreuses.
M. CHOQUETTE : Je tiens à souligner ici puisque le
député mentionne la Commission de police toute la
collaboration que j'ai eue de la part de cette commission, en particulier dans
la rédaction du livre blanc: "La police et la sécurité des
citoyens".
M. PAUL: Surtout du commissaire Laperrière, je crois.
M. CHOQUETTE: Surtout du juge Laperrière qui, par la suite, fut
nommé vice-président de la commission. Il était juge et
membre, à ce moment-là. Mais j'ai eu énormément de
collaboration du juge Gosselin, lui-même, président, de M. Normand
Saint-Georges, le secrétaire, et d'autres personnes de la
commission.
M. PAUL: MM. Tobin et Courtemanche.
M. CHOQUETTE: Ils n'ont pas été directement
impliqués dans le travail de rédaction du livre blanc.
M. PAUL: Parce que c'était plutôt juridique.
M. CHOQUETTE: Nous avons eu également d'autres compétences
extérieures, venant de divers milieux: M. Jean-Paul Gilbert, M. Guy
Tardif qui est actuellement attaché au service de la police de la
Communauté urbaine de Montréal et qui devient professeur à
l'institut de M. Zabo.
M. PAUL: M. Saint-Aubin aussi?
M. CHOQUETTE: Non, pas directement. M. Boisvert, le sous-ministre
associé aux affaires criminelles. Je trouve que cette commission
s'avère très utile dans les circonstances actuelles, non
seulement à cause du travail sur le livre blanc, mais dans toutes les
phases de l'activité policière, tant au point de vue des
enquêtes sur les corps policiers que pour son travail sur le plan de la
réglementation des effectifs policiers, des qualités, des grades,
et tout cela.
On sait qu'on a confié des responsabilités précises
à la Commission de police en rapport avec la normalisation des grades
des policiers de banlieue sur l'île de Montréal. Justement, M.
Marcil, qui est ici présent, me faisait l'observation qu'il attendait
les décisions de la commission qui a travaillé en collaboration
avec les personnes intéressées à cette question, mais je
pense que nous aurons les suggestions de la Commission de police à ce
sujet d'ici peu de temps.
M. BURNS: Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire à
quel stade en est rendue l'intégration de la police de la
Communauté urbaine de Montréal?
M. CHOQUETTE: D'abord le premier pas à poser c'est la
normalisation des grades. Par la suite, je crois qu'il incombe au
directeur...
M. BURNS: Où est-ce que c'en est rendu dans la normalisation?
M. CHOQUETTE: C'est justement le travail qu'accomplit la commission
à l'heure actuelle.
M. BURNS: De façon unilatérale.
M. CHOQUETTE: Non, elle le fait suivant les suggestions faites à
la commission parlementaire, lorsque nous avions entendu ce bill. Elle se fait
en collaboration avec, si je me rappelle bien, les syndicats policiers
intéressés et les chefs de police peut-être. Je ne me
rappelle pas exactement.
M. BURNS: Les voitures sont dans le bleu poudre, on a remarqué
ça.
M. CHOQUETTE: Les couleurs, aujourd'hui, ont perdu beaucoup
d'importance.
M. PAUL: Quand elles sont sales elles sont pareilles.
M. CHOQUETTE: Même, quelqu'un me faisait une observation que la
plaquette que nous avons émise il y a quelque temps sous le titre
Justice avait la couleur bleue poudre qui plaît à l'oeil du
député de Maskinongé.
M. PAUL: Le ministre a une tendance pour le beau.
M. CHOQUETTE: Je peux vous dire que ce n'est pas intentionnel.
M. BURNS: En somme dans le projet d'intégration complète,
qu'est-ce qui reste à faire?
M. CHOQUETTE: Il y a ce premier pas de normalisation des grades.
Deuxièmement, il y a des discussions à avoir avec la
Fraternité des policiers de Montréal, qui a été en
somme accréditée pour l'ensemble des policiers de l'île de
Montréal au plan de la négociation d'une nouvelle convention
collective de travail. Je sais qu'il y a eu des rencontres à ce sujet.
Du côté du conseil de sécurité, on m'assure qu'on a
examiné les conditions de travail et la question du fonds de pension des
policiers parce qu'on sait qu'il y a des problèmes à ce
sujet-là. On m'a même présenté des projets
d'amendements à la Loi de la communauté urbaine en rapport avec
le service de la police. M. Marcil m'a entretenu aussi de son intention de me
suggérer peut-être quelques amendements que j'examinerai lorsque
je les aurai reçus.
Par la suite, ce qui est à venir, c'est un plan
d'intégration qui doit être dressé suivant la loi par le
directeur du service. Ce plan doit s'élaborer avec la collaboration ou
la consultation des municipalités intéressées, le conseil
de la communauté urbaine ainsi que, je pense, les syndicats policiers
intéressés.
Et ce plan, une fois qu'il a subi ce processus d'élaboration,
doit être de nouveau soumis à la Commission de police pour une
approbation finale et la commission pourra permettre des auditions sur des
objections venant de municipalités ou d'autres personnes. Actuellement,
le conseil de sécurité fonctionne, le directeur du service de
police de la Communauté urbaine de Montréal, M. Daigneault, a
été désigné. J'ai pris note dans les journaux qu'un
nouveau plan de communication intercorps était en voie d'être
instauré. Le processus jusqu'à maintenant se déroule
peut-être, d'une certaine façon, un peu lentement, mais
sûrement.
M. BURNS: Est-ce que le gouvernement a changé son attitude depuis
le bill 281, à savoir sur la possibilité d'accorder une
assistance financière à la Communauté urbaine de
Montréal, pour cette intégration? Comme j'avais mentionné
à l'époque, c'est un peu un projet pilote qui pourrait
peut-être servir à d'autres intégrations
régionales.
M. CHOQUETTE: Il y a sans doute des arguments très valables pour
une subvention du gouvernement provincial au service intégré de
la police de Montréal; je ne les nie pas, je crois qu'ils sont bien
fondés. Le seul obstacle, ce sont nos propres disponibilités
financières. C'est notre condition financière actuelle qui ne
nous permet tout simplement pas de poser ce geste. Si la situation
s'améliore, le député peut être assuré que le
gouvernement n'hésitera pas à accorder une telle subvention.
M. PAUL: Est-ce que les relations sont bonnes entre le ministre des
Finances et le ministre de la Justice?
M. CHOQUETTE: Elles sont excellentes, mais le ministre des Finances est
obligé d'exercer un contrôle sévère sur les finances
du gouvernement et je ne le blâme pas de cette attitude. Par contre, cela
entraîne certains inconvénients au point de vue des nouveaux
programmes que nous aimerions mettre en marche ou de l'attribution de
subventions là où elles seraient méritées.
M. BURNS: Le ministre nous parle de la situation financière du
gouvernement, mais il faudrait penser aussi à la situation
financière des Montréalais. Quand je parle des
Montréalais, je parle des habitants de l'ensemble du territoire de la
Communauté urbaine de Montréal qui sont, dans la plupart des cas,
déjà surtaxés et qui devront faire les frais de cette
intégration. Je parle du coût de l'intégration
elle-même et de choses aussi bêtes que l'uniformisation des
costumes, etc., qui vont coûter des montants fantastiques.
M. CHOQUETTE: Le député a tout à fait raison, et je
sympathise avec les contribuables de la région de Montréal, en
étant un moi-même.
M. HARDY: Particulièrement ceux d'Outremont.
M. CHOQUETTE: Ceux d'Outremont comme les autres. Je ne dis pas que ceux
d'Outremont sont nécessairement les plus touchés, tout le monde
est touché. Ce qui me semble être le diagnostic que l'on peut
porter sur la situation à Montréal, c'est que cette
intégration aurait dû se faire il y a déjà
longtemps. Ainsi, on n'aurait pas hérité d'une accumulation de
problèmes financiers qui arrivent tout d'un coup au moment de
l'intégration.
Je suis encore persuadé que la décision que nous avons
prise l'année dernière d'intégrer les forces
policières était la décision juste parce que si nous
avions reporté la décision à plus tard, nous aurions
continué à aggraver une situation administrative et
financière déplorable au départ. Il fallait poser le geste
et, évidemment, les contribuables en essuient le coût, à ce
moment-ci, je ne le nie pas. Si cette chose avait pu être
faite comme à Toronto, en 1957, je pense que nous n'aurions pas
tout ce problème financier qui découle de cette division entre 25
et 26 corps de police qui a prévalu jusqu'à l'année
dernière.
A ce sujet, je mentionne que le budget total de la police
intégrée de la Communauté urbaine de Montréal se
situe aux environs de $80 millions cette année tandis qu'à
Toronto, pour une population à peu près identique et un taux de
criminalité peut-être légèrement inférieur,
mais assez comparable, en somme, à celui de Montréal, le
coût de la police ne dépasse pas $60 millions. Donc, le
contribuable de Montréal paie 1/3 de plus que le contribuable de Toronto
pour sa protection policière. Ceci en dit long sur le fait que cette
mesure était due depuis longtemps, sans compter tous les autres aspects:
la lutte contre le crime, une meilleure coordination...
M. BURNS: Comprenez-moi bien, M. le ministre, je ne suis pas contre
cette intervention. Loin de là, j'étais l'un des premiers
à la plaider.
M. CHOQUETTE: Je le sais bien.
M. BURNS: Je parle uniquement si vous me passez l'expression
du "back-lash" sur le plan fiscal que cela peut faire pour une
population qui est déjà, à mon avis, surtaxée. Je
ne veux pas faire du chauvinisme à l'envers, mais c'est
particulièrement vrai dans le cas des citoyens de la région de
Montréal.
M. HARDY: Avec cette répartition sur l'ensemble de l'île,
comme il y a des parties plus riches sur l'île, il peut y avoir un
équilibre.
M. CHOQUETTE: M. le Président, si vous me permettez de rattacher
les observations du député de Maisonneuve à ce que j'ai
dit plus tôt dans ce débat, il y a certaines lois de gouvernement,
certains principes de gouvernement auxquels on ne peut pas échapper. Un
de ces principes est la bonne administration, l'ordre dans les finances comme
dans tout autre matière.
M. BURNS: Est-ce une critique sur l'administration de M. Drapeau que
vous faites?
M. CHOQUETTE: Non, je ne parle pas de cela.
M. BURNS: On vous écoute, je suis bien content. Il est temps
qu'on lui dise qu'il administre mal.
M. PAUL: Attention, M. le ministre!
M. CHOQUETTE: Non, je n'ai fait aucun commentaire sur aucune
administration mais il y a eu, en somme, un laisser-aller financier, je pense.
Aujourd'hui, alors que le gouvernement tente de mettre de l'ordre dans tout
cela, évidemment, c'est dur pour certains contribuables, pour beaucoup
de contribuables.
M. BURNS: Surtout à ce moment-ci, quand on n'a même pas le
plaisir de voir les ordures s'enlever des parcs de Montréal.
M. CHOQUETTE: Quoique ce matin les nouvelles semblaient plus favorables
au point de vue d'un règlement avec les cols bleus.
M. PAUL: Il y a eu reprise des négociations ce matin.
M. CHOQUETTE: Oui?
M. LE PRESIDENT: A quel article est-ce?
M. BURNS: C'est une petite digression, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Alors, catégorie 1, adopté.
M. HARDY: Je vous incite, M. le Président, à nous rappeler
à l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, adopté. Catégorie 4,
Services professionnels, administratifs et autres? Adopté.
Catégories 5, 6, 7, 8, 11, 14. Adopté.
Sûreté du Québec
M. LE PRESIDENT: Article 6, Sûreté du Québec.
Catégorie 1, traitements, salaires et allocations? Le
député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, retournant à mon bureau hier
soir, après l'ajournement, j'ai regardé, à vol d'oiseau,
les différents crédits demandés par le ministre de la
Justice. Tout d'abord, j'ai été surpris. En second lieu, je me
suis arrêté et j'ai lu. En troisième lieu, je me suis
interrogé, pour, ensuite, me contre-interroger, devenir torturé
et, finalement, me perdre en conjectures de toutes sortes. Le ministre
m'excusera si je pense tout haut. Premièrement, je constate que le
nombre d'agents de la Sûreté du Québec demeurera, pour la
prochaine année, le même qu'en 71/72. Je me suis demandé
si, par hasard, M. Saint-Pierre, le directeur de la Sûreté du
Québec, n'avait pas été assez bon plaideur. Je me suis
rappelé mes relations avec lui, la ténacité, la logique de
son argumentation. Je me suis dit: Ce n'est pas là que ça
accroche.
Je me suis demandé: Est-ce que, par hasard, les gens de la
Sûreté du Québec, par les relations qu'ils ont avec le
public, ont tellement louangé le rôle efficace du ministre de la
Justice dans les négociations avec la Sûreté du
Québec qu'il en résulterait un désintéressement
complet de la part d'aspirants candidats? Je me suis demandé: Comment se
fait-il que l'on ait un
besoin accru de personnel à la Sûreté du
Québec et qu'on ait jugé bon d'assouplir un peu les normes, tout
en gardant la qualité des sujets et leur probité? Je me suis dit:
Où s'en va la Sûreté du Québec et, surtout, la
sécurité publique? Voilà les questions qui m'ont
torturé, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Je vais mettre fin à vos tortures. Au 29
février 1972, nous avions effectivement en poste, 3,738 policiers,
membres de la Sûreté du Québec. Nous prévoyons, aux
effectifs qui vous sont présentés, 4,039 membres, ce qui
représente un accroissement d'environ 250 policiers. Par ailleurs, il
faut dire que, depuis 1971, les effectifs de la Sûreté ont
crû de 200 policiers, c'est-à-dire qu'entre le 1er octobre 1971 et
le 29 février 1972, nous avons recruté plus de 225 policiers.
M. PAUL: Mais nous allons rester au même nombre l'an prochain.
M. CHOQUETTE: Sur papier, mais il reste des postes à combler.
M. PAUL: Voulez-vous avoir des hommes de paille?
M. CHOQUETTE: Non. Il reste 454 postes à combler. C'est pour
ça que nous n'avons pas réclamé, cette année, de
postes additionnels.
M. PAUL: Je suis soulagé, M. le Président.
M. HARDY: M. le Président, est-ce que la Sûreté
rencontre des difficultés dans le recrutement ou si les candidats sont
en nombre suffisant?
M. CHOQUETTE: Les candidats qui se présentent à la
Sûreté sont très nombreux.
M. HARDY: Est-ce que l'offre est supérieure à la
demande?
M. CHOQUETTE: Je dirais que oui, nettement. Nous avons beaucoup de
demandes de la part de jeunes gens pour devenir agents de la
Sûreté.
M. HARDY: Je comprends que ce n'est peut-être pas possible
maintenant, mais, pour l'édification des députés d'abord
et pour leur instruction aussi, il serait peut-être intéressant
que nous connaissions quelles sont les normes, les exigences que l'on demande
à un candidat aspirant au poste.
M. CHOQUETTE: C'est 5 pieds 8 pouces, une bonne santé,
onzième année, 142 livres de poids, minimum.
M. LE PRESIDENT: Citoyen canadien.
M. CHOQUETTE: ... de citoyenneté canadienne...
UNE VOIX: Avez-vous l'âge?
M. CHOQUETTE: L'âge maximum est de 28 ans, 29 ans maximum.
M.HARDY: Est-ce qu'il y a des examens, lorsqu'il y a des entrevues,
qu'on fait subir aux candidats sur le plan psychologique, sur le plan de
l'équilibre...
M. CHOQUETTE: Oui et voici comment ces examens ont été
préparés. On a posé une série de questions
très élaborées aux agents de la Sûreté, aux
caporaux et aux officiers, dans le but de déterminer le profil moyen du
membre de la Sûreté du Québec. A même ce profil
moyen, on a dégagé les qualités voulues chez un agent de
police. C'est en fonction de cette analyse du cas dans son ensemble que les
tests sont appliqués aux individus qui font des demandes pour entrer
à la Sûreté du Québec.
M. HARDY: Maintenant, dans la formation, je ne sais pas si cela entre
dans cet article. Je pense que nous pouvons le discuter de façon
générale...
M. LE PRESIDENT: C'est à l'article 7, Institut de police du
Québec.
M. HARDY: Ah bon! Alors je réserve ma question pour plus
tard.
M. PAUL: M. le Président, nous n'avons pas d'objection à
ce que le député de Terrebonne complète ses remarques.
M. HARDY: Cela s'enchaîne très bien. Alors, je voulais
savoir si, dans le programme élaboré que l'on fait suivre aux
étudiants, à l'Institut de police à Nicolet, on a
songé ou si on songe actuellement à adapter ces programmes en
fonction des nouveaux problèmes de la société
québécoise? Les problèmes auxquels devaient faire face les
policiers, il y a dix ou quinze ans, sont quand même assez
différents de ceux auxquels ils doivent faire face maintenant. Je pense
aux crimes politiques, je pense à tous ces aspects que nous
connaissons.
Pour faire face à ces nouveaux problèmes de la
criminalité, les policiers ont besoin d'avoir une formation
différente, une formation qui s'applique à ces problèmes.
Alors, au cours des dernières années ou actuellement, est-ce que
des études sont faites en vue de modifier les programmes pour donner aux
futurs policiers une meilleure formation pour faire face à ces nouveaux
problèmes?
M. CHOQUETTE: Le député peut être sûr que nous
tenons compte de cette dimension des
changements qui se sont produits dans la société. Par
exemple, il est faux d'affirmer que le travail d'un policier soit
principalement consacré à du travail policier comme tel, je veux
dire, dans le sens étroit du mot, tels que enquêtes, patrouilles
ou commission d'infraction, etc. L'analyse nous révèle que
peut-être 75 p.c. du travail policier en général et
ceci s'applique aux polices municipales comme peut-être à la
Sûreté du Québec est en rapport avec certains
problèmes de relations humaines, disputes dans les ménages,
accidents, situations conflictuelles mais où il n'y a pas de crime.
Par conséquent, le policier d'aujourd'hui n'est pas exclusivement
un limier ou un patrouilleur. Cette dimension, évidement, nous en tenons
compte dans les cours de formation.
M. HARDY: Alors, est-ce que cela veut dire je donne cela à
titre d'exemple seulement que dans le programme de formation des
policiers, il y a des cours de psychologie, des cours de sociologie? D'une
façon générale il ne s'agit pas de faire des
policiers des sociologues professionnels est-ce que ce sont des
disciplines qui font partie du programme de formation?
M. CHOQUETTE: Oui. Nous donnons même des cours sur l'attitude et
la maîtrise d'eux-mêmes qu'ils doivent avoir, par exemple, face
à des foules en état d'ébullition. A mon sens, c'est une
des grandes qualités et des grandes exigences des policiers modernes que
d'être capables de faire face à des événements
violents ou potentiellement violents mais de garder un calme et une attitude
qui n'offrent aucune prise à la provocation.
M. HARDY: C'est-à-dire une formation qui leur permet, tout en
étant casqués et armés, de demeurer calmes et non
provocateurs.
M. CHOQUETTE: Et de rester toujours...
M. BURNS: Vous ne craignez pas qu'avec tous ces cours les policiers ne
suivent plus les ordres du ministère? Vous n'avez pas peur, non? Ce
n'est pas une de vos craintes?
M. CHOQUETTE: Non.
M. BURNS: Une question sérieuse, celle-là. Puisqu'on parle
des qualifications, des qualités requises et des normes, etc., comment
se comparent la formation et les qualifications requises des membres de la
Sûreté du Québec par rapport à celles de la
Gendarmerie royale du Canada?
M. CHOQUETTE: En tout cas, elles se comparent à peu près
également avec celles de la police de Montréal, je pense. Quant
à la Gendarmerie royale du Canada, je dirais que c'est à peu
près au même niveau. M. Springate m'en assure.
M. BURNS: Oui.
M. CHOQUETTE: C'est à peu près du même type. Je
dirais que, dans la Gendarmerie royale, on a peut-être fait un effort
particulier pour recruter des gens qui avaient une formation universitaire, ce
que nous n'avons peut-être pas fait à notre niveau, à notre
Sûreté du Québec.
Personnellement, je considère que, sans donner des avantage indus
au départ ou même des avantages tout simplement à des
policiers qui auraient une formation supérieure à celle qui est
requise à la base je pense que tout le monde, dans un corps
policier, doit subir le même entraînement, gravir les
échelons, suivre le même cours de formation et d'avancement
ce n'est pas désavantageux que l'on recrute des gens qui ont une
formation supérieure à celle qui est requise par la
Sûreté du Québec.
M. BURNS: Justement, je pense qu'à la police de Montréal
cela s'est fait sur une base assez importante. Mais une fois que le candidat
est dans le corps policier, est-ce qu'il y a quelque chose de prévu pour
faciliter, même s'il n'a pas le cours universitaire en entrant, son
perfectionnement universitaire, dans certains cas?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Vous mentionniez, tantôt, quelqu'un, sans faire...
M. SPRINGATE: Aide financière, des bourses d'étude.
M. CHOQUETTE: Les corps policiers, tels que la Sûreté du
Québec, mettent de plus en plus l'accent sur le perfectionnement du
policier pendant qu'il est policier. Alors, on l'envoie suivre des cours et
tout ça. Je ne dis pas que l'effort qui a été fait est
nécessairement extraordinaire et que nous sommes à la limite, en
somme, de ce que nous pouvons faire. Mais il y a sûrement une très
grande incitation qui est...
M. BURNS: Prenons un cas concret: Un policier qui serait en fonction,
actuellement, et qui aurait toutes les qualifications de base requises, est-ce
qu'on lui faciliterait, à la Sûreté du Québec, comme
on le fait beaucoup à la police de Montréal par exemple,
on en a un, ici, à la commission la possibilité de faire
son cours de droit? J'entendais le ministre parler de M. Saint-Georges, qui est
justement un de ses collègues, qui est un de nos confrères et il
était policier, à ce moment-là, quand il a fait son
cours.
M. CHOQUETTE: On me dit oui, cela est la situation à la
Sûreté du Québec.
M. BURNS: Cela existe aussi. M. CHOQUETTE: Oui.
M. HARDY: M. le Président, pour faire suite à ce que nous
traitons actuellement et un peu aux remarques préliminaires que j'ai
formulées hier, je pense que c'est un des aspects très importants
dans la société dans laquelle nous vivons
précisément pour arriver à faire cette
synthèse.
Il s'agit de la nécessité du maintien de l'ordre dans la
société et du respect des lois, tout en tenant compte des
réalités sociologiques et de l'aspect humain qui se retrouve dans
chacun des problèmes auxquels les policiers doivent faire face. Je pense
qu'il est très important que le gouvernement et le ministère de
la Justice consacrent de plus en plus de ressources à cet aspect de la
formation des policiers et de leur perfectionnement.
Au point de départ c'est pour cela que j'ai posé
des questions il faut avoir des sujets bien équilibrés sur
le plan humain. Même si nous avions des gens bien savants, si ce sont des
schizophrènes ou des gens qui souffrent de quelque maladie du genre,
cela pourra difficilement faire de bons policiers. Alors, il faut avoir des
gens qui sont, d'abord, bien équilibrés. C'est le point de
départ lors de l'admission. Ensuite, que la formation soit de plus en
plus poussée. J'entendais tantôt parler de formation
universitaire. Je pense que, dans notre société, de plus en plus,
nous devrons avoir des gens qui ont une formation universitaire dans les
services de police. C'est en ayant, justement, cette formation de plus en plus
valable que nous pourrons précisément assurer, je pense, ce grand
impératif qui est le maintien de l'ordre, le respect des lois, tout en
tenant compte de l'aspect sociologique qui existe dans les
sociétés modernes.
M. CHOQUETTE: Je souscris aux observations du député de
Terrebonne, mais j'ajouterai qu'à l'intérieur des corps policiers
il faut être en contact avec eux pour le savoir et
l'apprécier il y a un grand besoin je ne sais pas si c'est
à cause de la fonction, de la tradition qui existe ou de la formation
qu'on y donne d'homogénéité. En effet, même
si ces gens proviennent de formations assez diverses, au fond, il y a un besoin
d'esprit de corps. Cet esprit de corps se développe, en somme, par le
fait qu'on gravit les échelons des corps policiers au fur et à
mesure des années et suivant la compétence,
évidemment.
J'ajouterais aussi qu'à mon sens ce qui fait un énorme
tort à l'action de la police, sans qu'on s'en rende très bien
compte, c'est que, malheureusement, une certaine bureaucratisation s'est
instaurée dans les corps policiers. On exige du policier la
rédaction de beaucoup de rapports. J'admets qu'il faut bien consigner
les notes des policiers par écrit. Enfin, on ne peut pas se fier
à la mémoire de chacun. Il faudrait, quand même, trouver un
équilibre raisonnable entre les nécessités d'une grande
organisation bureaucratique, comme un corps policier ou n'importe quelle
administration, et, d'un autre côté, l'initiative personnelle et
individuelle de chaque policier.
On sait qu'un policier qui est plongé dans un milieu pendant un
certain temps, au bout d'une certaine période, connaît les gens du
milieu. Il est renseigné sur les gens qui sont susceptibles de commettre
des crimes. Il a des indicateurs qui vont simplement se confier à lui.
Par conséquent, ce policier peut réellement donner sa pleine
valeur et protéger adéquatement la société. Mais,
quand on agit simplement en vertu de principes technocratiques ou
bureaucratiques à l'intérieur des corps policiers, on
élimine une bonne partie de l'efficacité de nos policiers sur le
plan individuel. On empêche, en somme, la personnalité propre du
policier de s'exprimer et de donner un résultat tangible pour la
société.
A mon sens, c'est un des grands défis, en somme, de
l'administration policière comme de toute autre administration,
je pense bien, mais, dans le secteur de la criminalité, c'est encore
plus aigu qu'ailleurs de surmonter l'espèce de bureaucratie qui a
tendance à s'installer.
M. HARDY : Une autre question, M. le Président, s'il n'y a pas
d'autres remarques sur cet aspect.
M. SPRINGATE: Je veux revenir sur quelque chose, mais allez-y.
M. HARDY: C'est une question qui peut paraître bien terre à
terre, mais qui, je pense est importante si l'on songe à vouloir
utiliser au maximum le temps et le talent des policiers. Je me suis souvent
interrogé sur le bien-fondé de faire signifier, par des
policiers, des sommations. Je pense que c'est vraiment un gaspillage de talent
et d'énergie. Je pense qu'on pourrait remettre les sommations à
des huissiers. Je n'ai pas de formule précise, à savoir si le
ministère devrait avoir des huissiers à temps plein ou se servir
des huissiers qui existent. Cela épargnerait tout le temps que des
policiers passent à aller signifier ces sommations, soit pour le code de
la route, pour la Régie des alcools, etc.
Je pense qu'il serait beaucoup plus efficace que ce travail de
signification de procédure soit confié à des huissiers
plutôt qu'à des policiers.
M. CHOQUETTE: Le député a raison en bonne partie et
même des initiatives ont été prises pour faire en sorte que
nos policiers n'accomplissent pas des fonctions que d'autres pourraient
accomplir, tel le transport des prisonniers. La Sûreté a
délaissé...
M. BURNS: ... la surveillance des routes, etc. Il avait
été question à que ça se fasse par d'autres que des
policiers.
M. CHOQUETTE: La surveillance des routes est une des grandes
tâches de la Sûreté du Québec à l'heure
actuelle.
M. BURNS: Je veux dire pour la vitesse et ces choses-là. N'a-t-il
pas été question qu'on prenne des gens de formation moins
importante?
M. CHOQUETTE: Il en est fortement question, surtout dans le domaine des
contraventions sur les autos mal stationnées. Et je suis content que
vous souleviez le problème devant M. Marcil ici présent pour
qu'il vous donne, après la séance, son approbation à ce
grand principe de l'amélioration de l'administration. Ce sont
sûrement des mesures qu'il faut prendre. Et en prenant ce genre de
mesures-là, je pense qu'on fait accomplir au policier sa
véritable fonction et on permet à d'autres de gagner leur
vie.
Cela permet aussi à l'administration, à long terme, de
donner de meilleurs salaires aux policiers.
M. BURNS: Exactement ça.
M. CHOQUETTE: Tandis que si on les gaspille à faire des fonctions
insignifiantes, comment peuvent-ils justifier des augmentations de salaire
quand arrive le temps des conventions collectives? J'ajouterai aussi, pour
faire suite aux observations du député de Terrebonne, que des
amendements sont prévus à la Loi des poursuites sommaires. Je ne
veux pas faire de promesse parce que le député de Maisonneuve
pourrait peut-être les relever si elles ne sont pas remplies à
échéance.
M. BURNS: Sûrement.
M. CHOQUETTE : Mais nous prévoyons des amendements pour permettre
la signification des sommations par des personnes autres que des policiers. Et
d'ailleurs des mesures du même genre ont été
adoptées pour libérer les policiers de certaines de leurs
fonctions.
M. HARDY: J'aurais une dernière observation. Cette observation a
trait à l'aide que la Sûreté du Québec peut
être appelée à donner à des petites
municipalités. En général, le principe, si je comprends
bien, c'est que la Sûreté du Québec couvre le territoire
d'une municipalité lorsque cette dernière n'a pas de service
municipal. Lorsque la municipalité a ses propres policiers, en principe
la Sûreté du Québec ne doit pas intervenir pour les cas
d'accidents d'automobiles ou les choses ordinaires.
Voici ce qui arrive dans le comté que je représente en
particulier, dans le nord. Il y a une foule de petites municipalités qui
n'ont pas les moyens d'avoir un véritable service de police. Elles ont
parfois un ou deux policiers avec une formation plus ou moins valable.
Quand elles en ont un, cette personne, même si, en principe, elle
est en service 24 heures par jour, 7 jours par semaine, en pratique il y a
quand même certains moments où elle doit dormir.
Or, on sait que dans le nord de Montréal, de
Saint-Jérôme à Saint-Jovite, il y a une activité
très intense les fins de semaine: circulation, il y a beaucoup de gens
qui viennent. Et à un moment donné, les services de police de ces
municipalités sont vraiment débordés. Et j'ai à
plusieurs reprises reçu des plaintes des conseils municipaux de ces
municipalités à l'effet que ces municipalités semblaient
avoir de la difficulté à obtenir la collaboration de la
Sûreté du Québec.
Par exemple les municipalités demandent à la
Sûreté du Québec, pour les fins de semaine, d'avoir un ou
deux policiers pour les aider à assurer le maintient des lois de la
circulation. On se trouve un peu dans un cercle vicieux. Si la
municipalité n'a pas du tout de policier, elle est censée pouvoir
obtenir les services de la Sûreté du Québec. Si elle en a
un, la Sûreté dit: Vous avez votre service, nous n'y allons pas.
Je me demande s'il n'y aurait pas possibilité...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas le rôle de la Sûreté du
Québec de venir en somme suppléer aux carences de la police sur
le plan municipal.
C'est cependant le rôle de la Sûreté de venir se
saisir d'enquêtes importantes lorsque des infractions peuvent être
commises dans des municipalités, telles que des crimes graves et ces
choses-là. Alors il ne faudrait quand même pas faire supporter
à la Sûreté du Québec des responsabilités qui
ne lui appartiennent pas en propre. Maintenant, je vais dire au
député de Terrebonne que le secteur dont il est le
député et les comtés environnants ont subi un
développement démographique et économique très
considérable depuis quelques années. C'est incontestable.
La population augmente, il y a énormément
d'activités dans les Laurentides, au nord de Montréal. Je pense
que c'est un des secteurs qui est probablement propice pour une
intégration régionale des corps de police à plus ou moins
brève échéance, tout comme la rive sud de Montréal
le serait aussi à mon sens. Voici des secteurs où vous avez un
grand nombre de municipalités, avec des corps de police municipaux de
qualité très inégale. Il faudrait mettre de l'ordre
là-dedans et assurer une meilleure coordination de la police.
Je pense que c'est ça le remède réel au
problème soulevé par le député.
M. HARDY: M. le Président; j'apprécie très vivement
que le ministre se propose de faire de notre région un des coins
où l'intégration pourra se faire en priorité. Mais,
même si je reconnais avec le ministre que ce n'est peut-être pas le
rôle de la Sureté, je demanderais s'il n'y avait pas
possibilité, en attendant que cette
intégration se fasse, que la Sûreté joue quand
même un rôle supplétif. Il existe vraiment des
problèmes assez graves dans ce domaine-là, en particulier dans la
saison dans laquelle nous entrons. On pourrait peut-être augmenter, pour
certaines périodes de l'année, le. nombre des policiers en devoir
au poste de Saint-Jérôme ou au poste de Sainte-Agathe. Il se
produit peut-être des accidents d'automobile en plus grand nombre dans ce
secteur-là à cause d'une absence de surveillance adéquate
que les municipalités sont incapables de fournir.
M. CHOQUETTE: Je prends bonne note de la situation particulière
soulignée par le député de Terrebonne et M. Saint-Pierre
le note également. Je suis sûr qu'il donnera l'assistance voulue
qu'il pourra dans les circonstances.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! La commission suspend ses
travaux...
M. BURNS: Si vous voulez adopter l'article de la Sûreté du
Québec, j'aurais une seule question à la catégorie 2.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 2:
M. BURNS: Catégorie 2, contributions, 6-2.
M. LE PRESIDENT: Alors catégorie 1. Adopté.
Catégorie 2: contributions de l'employeur.
M. BURNS: Je suis étonné, j'aimerais bien que le ministre
me donne des précisions là-dessus, de voir les contributions de
l'employeur aux pensions, sous la catégorie pensions à
moins que ce soit une faute de frappe, c'est possible, mais c'est ça que
je veux clarifier. En 71/72, on avait $100,000 à cet article-là
et on a $80,000 seulement en 72/73. C'est très étonnant.
M. CHOQUETTE: En apparence le député a raison, mais le
chiffre de $80,000 ne comprend que les contributions de l'employeur au fonds de
la Commission des accidents du travail. Cela ne comprend pas les contributions
de l'employeur au fonds de pension des policiers de la Sûreté qui
a été...
M. BURNS: C'est parce qu'on lisait: Contributions de l'employeur;
pensions.
M. CHOQUETTE: C'est pour les pensions accordées...
M. BURNS: En vertu de la Commission des accidents du travail.
M. CHOQUETTE: ... à la suite d'accidents du travail.
M. PAUL: J'attire l'attention du député de Maisonneuve sur
l'article S-ll.
M. BURNS: D'accord, mais je me demandais si c'était un autre type
de contribution de l'employeur pour les fonds de pension. Je sais qu'il y a un
article spécifique pour le régime de retraite, mais...
M. CHOQUETTE: C'est la classification, me dit-on, du Conseil de la
trésorerie que nous devons employer. C'est un peu trompeur comme
appellation, et ça ne vise que nos contributions aux accidents du
travail.
M. BURNS: D'accord, je n'ai pas d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté. Est-ce que les
autres catégories sont adoptées?
M. PAUL: Quant à moi, M. le Président, c'est d'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BURNS: A la catégorie 14, j'aimerais savoir...
M. LE PRESIDENT: Catégories 3, 4, 5, 6, 7, 8, 11. Adopté
Catégorie 14, Remboursements.
M. BURNS: Je voudrais simplement savoir de quelle nature sont ces
remboursements. Est-ce que ce sont des cas où les services de la
Sûreté du Québec sont prêtés à d'autres
organismes qui remboursent, ou quoi?
M. CHOQUETTE: On me dit qu'il s'agit du traitement des membres
travaillant pour l'Association des policiers provinciaux du Québec,
$52,000; de la perte de temps des membres comptée à
l'accusé, a) frais de témoins, $18,000, b) frais de
signification, $158,000, pour un total de $176,000; autres remboursements,
$3,500, pour un total de $231,500.
M. BURNS: Merci.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 14. Adopté. Catégorie
15. Adopté. La commission suspend ses travaux jusqu'à seize
heures cet après-midi, même salle.
(Suspension de la séance à 12 h 6)
Reprise de la séance à 16 h 20
M. PICARD (président de la commission permanente de la justice):
A l'ordre, messieurs!
Institut de police
M. LE PRESIDENT: Si nous avons quorum, nous allons commencer. La
commission de la justice continue l'étude des crédits du
ministère de la Justice et nous en étions à l'article 7,
catégorie 1.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
qui est maintenant directeur de l'Institut de police de Nicolet?
M. CHOQUETTE: M. Jean Lapointe, autrefois de la police de
Montréal.
M. PAUL: Dans le conseil administratif, est-ce qu'il y a encore des
représentants du ministère de la Justice?
M. CHOQUETTE: M. Normand Saint-Georges est le président du
conseil d'administration; il a remplacé Me Boisvert, qui avait
sollicité d'être libéré de ses
responsabilités.
M. PAUL: Maintenant, est-ce que les travaux de transformation ont
débuté à l'institut?
M. CHOQUETTE: Transformation architecturale?
M. PAUL: Oui.
M. CHOQUETTE: La salle de tir et la cuisine ont été
approuvées quant aux transformations. Pour le reste, ou du moins pour
l'ensemble de l'édifice, cela fait l'objet d'un examen selon le
système PPB.
M. PAUL: L'an dernier, il me semble qu'à l'étude des
crédits du ministère, le ministre nous avait annoncé son
succès auprès du ministre des Travaux publics pour apporter des
améliorations de l'ordre d'environ $1 million. C'était pour
savoir si ces travaux-là avaient débuté. Cela n'ira
peut-être pas jusque là, mais est-ce qu'on a commencé
à transformer l'institut?
M. CHOQUETTE: Au point de vue de la salle de tir et de la cuisine, c'est
approuvé et, par conséquent, les travaux doivent se faire.
M. HARDY: M. le Président, je comprends que ce problème de
transformation est peut-être un peu en dehors des problèmes
policiers, mais est-ce que je peux demander au ministre si l'on se
préoccupe de conserver son architecture à cet édifice qui
est l'ancien séminaire de Nicolet?
M. CHOQUETTE: Non seulement on s'en préoccupe, mais on ne peut
pas faire autrement. Il est tellement ancien qu'il n'y a rien à
faire.
M. LE PRESIDENT: Le séminaire ne relève pas des
crédits du ministère des Affaires culturelles du tout.
M. HARDY: Cela m'inquiète un peu de voir...
M. BACON: ...qui décide de rejoindre à Nicolet.
M. CHOQUETTE: Cela m'inquiète un peu de voir qu'aux
crédits des Affaires culturelles...
M. LE PRESIDENT: Discutez-vous des crédits des Affaires
culturelles ou des crédits de la Justice?
M. CHOQUETTE: ... c'est la seule différence.
M. HARDY: M. le Président, je m'inscris en faux contre les propos
du ministre de la Justice. Le ministre de la Justice vient de souligner un
défaut fondamental que l'on retrouve dans tous les gouvernements, dans
le nôtre comme dans les autres, c'est-à-dire cette absence de
communication entre les ministères. Si le but premier du
ministère de la Justice et des services de police est évidemment
de protéger les citoyens, le ministère de la Justice doit se
préoccuper également, lorsqu'il transforme des édifices
historiques dont l'architecture est très précieuse, de conserver
cette architecture. Ici au Québec, et ce n'est pas particulier à
ce domaine, on peut peut-être passer pour un peu original lorsqu'on parle
de ça, mais malheureusement, ici au Québec, d'une façon
générale, beaucoup d'administrations, à tous les niveaux,
mêmes les administrations municipales, se préoccupent peu de la
conservation des monuments, de la conservation des choses qui ont une valeur
non seulement culturelle mais économique. Si on ne garde pas certaines
beautés du genre, c'est au tourisme qu'on nuit.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député de Terrebonne me
cherche noise?
M. HARDY: Du tout! D'ailleurs, c'est plutôt le ministre de la
Justice qui a mal pris mes remarques.
M. CHOQUETTE: Non, je pense que le député de Terrebonne
devrait faire ses observations aux crédits des Travaux publics.
M. HARDY: Je voulais tout simplement m'assurer que le problème de
la conservation d'un édifice aussi magnifique que le vieux
séminaire de Nicolet entrait dans les préoccupations du ministre
de la Justice. C'est tout ce que je voulais dire.
M. CHOQUETTE: Je peux dire au député de Terrebonne que
ça entre tellement dans mes préoccupations que j'y pense presque
tous les jours.
M. HARDY: Très bien!
M. PAUL: M. le Président, je n'ai pas le droit de prêter
des intentions au ministre, mais je vais décrire ou traduire tout haut
ce que j'ai ressenti au sursaut du ministre aux questions fort intelligentes du
député de Terrebonne. Je croirais, moi, que le ministre de la
Justice regretterait quelque peu les engagements de l'un de ses
prédécesseurs aux fins d'aménager le séminaire de
Nicolet en institut de police.
M. LE PRESIDENT: Connaissez-vous ce prédécesseur?
M. PAUL: Oui, et ce n'est pas moi.
M. CHOQUETTE: C'est sûrement un problème, mais
évidemment, comme on le sait, Nicolet fut autrefois une grande ville
cléricale. Or, depuis qu'il semble y avoir une désaffection pour
l'Eglise, il y a eu par conséquent une réduction des effectifs
dans la ville de Nicolet.
M. PAUL: On a remplacé cela par la police!
M. CHOQUETTE: Alors, on a remplacé cela par la police!
M. SPRINGATE: En parlant de l'institut, ce matin, le ministre a dit que
les policiers qui travaillaient pour la Sûreté avaient la
possibilité de suivre des cours à l'université ou des
cours avancés. Est-ce que cela veut dire que dorénavant la
Sûreté offre des bourses d'études comme à
Montréal, à des policiers qui sont désireux de poursuivre
leurs études? Et est-ce que les policiers de la Sûreté
peuvent se prévaloir d'un diplôme de sciences policières
comme celui donné à Montréal?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. PAUL: Je comprends que l'hésitation de la réponse ne
figure pas au journal des Débats!
M. CHOQUETTE: Non. C'est marqué: Oui, ferme et catégorique
!
M. SPRINGATE: M. le Président, j'ai posé cette question
parce que, moi-même, j'ai bénéficié de bourses
d'études, même si j'ai été obligé de
rembourser à un certain moment. Mais est-ce que le ministre pourrait
nous donner des détails? Est-ce comme à Montréal,
où les frais de scolarité sont remboursés à 75 p.c.
pour les cours généraux et à 85 p.c. pour les cours
professionnels? Quel est le nombre?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. SPRINGATE: Vous ne le savez pas? Ou vous ne voulez pas le dire?
M. CHOQUETTE: Le nombre des personnes qui suivent des cours?
M. SPRINGATE: Oui. Est-ce que vous pourriez me dire cela plus tard?
M. CHOQUETTE: Immédiatement, M. le député. Je ne
voudrais pas laisser passer cela.
M. PAUL : Aux dernières nouvelles, je pense qu'ils sont
trois.
M. CHOQUETTE: Quant au nombre, je ne peux pas vous le dire. On me dit
qu'il ne faudrait quand même pas comparer tout à fait la situation
des agents de la Sûreté à ceux de la police de
Montréal, pour la simple et bonne raison que beaucoup de nos effectifs
de la Sûreté sont dispersés sur l'ensemble du territoire
québécois et, par conséquent, à des endroits
où il n'y a pas d'université. Mais je vais obtenir le
renseignement directement quant au nombre de nos agents ou membres de la
Sûreté inscrits à des cours universitaires et je le
communiquerai au député.
M. SPRINGATE: Est-ce que le ministre pourrait penser à assurer
aux policiers de la Sûreté le droit ou la possibilité de
poursuivre leurs études dans les différents CEGEP de la province?
Ce ne serait pas mauvais. La seule raison pour laquelle je vous pose des
questions, c'est que je sais que le système de Montréal est
excellent et j'aimerais voir un tel système s'établir à la
Sûreté, afin de rehausser le rôle du policier et le
professionnalisme même.
M. CHOQUETTE: La réponse à toutes les questions du
député est: oui.
M. SPRINGATE: Parfait, M. le ministre.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
s'il y a encore un tarif de $300 par cadet municipal qui suit des cours?
M. CHOQUETTE: La réponse est oui.
M. PAUL: Est-ce que le ministre envisagerait la possibilité de
faire disparaître cette contribution municipale?
M. CHOQUETTE: La réponse est oui, mais...
M. PAUL: La réponse, l'an dernier, a été oui, mais
je constate que, cette année, c'est encore: non. Je présume, M.
le Président, mais je vais répondre pour le ministre: Lorsque le
ministre des Affaires des Finances lui donnera les crédits
nécessaires, il adoptera cette politique.
M. CHOQUETTE: La réponse est oui.
M. LE PRESIDENT: Toujours à l'article 7, Institut de police du
Québec; catégorie 1, Traitements, salaires, et allocations.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté. La catégorie
3, Services de transport et de communication.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, Services professionnels,
administratifs et autres.
M. PAUL: Cela comprend les professeurs qui enseignent.
M. CHOQUETTE: Les fournitures?
M. PAUL: Non. Nous sommes rendus plus loin que cela. Nous sommes rendus
à la catégorie 4, Services professionnels, administratifs et
autres.
M. CHOQUETTE: Je n'étais pas au bon article.
M. PAUL: Nous sommes encore à l'Institut de police du
Québec.
M. CHOQUETTE: Oui, vous avez tout à fait raison, M. le
député, comme d'habitude!
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5, Entretien et
réparations.
M. DROLET: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6, Loyers.
M. DROLET: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7, Fournitures et approvisionnements,
adopté. Autres dépenses, adopté. Catégorie 14:
Remboursements.
M. CHOQUETTE: Les remboursements représentent justement la
contribution des municipalités pour leurs cadets auxquels le
député de Maskinongé...
M. PAUL: Les $100,000 veulent dire cela.
M. CHOQUETTE: C'est ce que cela veut dire.
M. PAUL: Si je comprends bien, il y a une promotion tous les trois ou
quatre mois.
M. CHOQUETTE: Tous les quatre mois.
M. PAUL: Il y a une promotion d'environ 75.
M. CHOQUETTE: Nous considérons que nous avons 300 cadets
municipaux en moyenne par année. A raison de $300, cela fait $90,000
plus $10,000 pour des cours de perfectionnement pour des agents de police
municipaux, ce qui fait un total de $100,000.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 14. Adopté. Catégorie
15: Imputations.
M. CHOQUETTE: C'est une imputation aux frais de la Sûreté
pour les cadets de la Sûreté.
Institut de médecine légale
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8: Institut de médecine
légale et de police scientifique. Catégorie 1 : Traitements,
salaires et allocations.
M. PAUL: Est-ce que le ministre a pu obtenir, avec la collaboration de
la Fonction publique, l'engagement de tous les spécialistes que
nécessitait l'Institut de médecine légale?
M. CHOQUETTE: La réponse est non. M. PAUL: Pas encore.
M. CHOQUETTE: Avec atténuation en ce sens qu'après
discussion, nous avons réussi à améliorer sensiblement la
situation au point de vue de ces spécialistes mais cela n'est pas une
réponse définitive au problème.
M. PAUL: N'est-il pas vrai que le problème résulterait de
cet écart de salaire que l'on peut obtenir dans la Fonction publique
comparativement à celui qui est versé pour les mêmes
fonctions professionnelles dans le secteur privé?
M. CHOQUETTE: Le député a raison, c'est exact. Le
problème est encore plus aigu en ce qui concerne les pathologistes que
nous avions â notre service et qui étaient payés à
salaire...
M. PAUL: Surtout depuis la "Castonguette".
M. CHOQUETTE: ... compte tenu du programme d'assurance-santé qui
existe actuellement et qui a haussé très considérablement
les revenus de ces spécialistes.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté.
M. CHOQUETTE: Nous avons, par conséquent, offert de
rémunérer les spécialistes en pathologie dont nous avons
besoin sur une base de vacation.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport et de
communication. Adopté. Catégorie 4 : Services professionnels,
administra-
tifs et autres. Adopté. Catégorie 5 : Entretien et
réparations. Adopté. Catégorie 6: Loyers. Adopté.
Catégorie 7: Fournitures et approvisionnements. Adopté.
Catégorie 8: Matériel et équipement. Adopté.
M. PAUL: Un instant, M. le Président. Est-ce que le ministre peut
nous justifier l'augmentation approximative de $45,000 à ce service?
M. CHOQUETTE: Il s'agit en grande partie d'achats d'équipement
spécialisé soit un microscope chromatographe Sealing
Carloremeter...
M. PAUL: De toute façon, laissez-le là.
M. CHOQUETTE: ... au montant de $74,700. Ce sont des équipements
scientifiques dont on a besoin au laboratoire.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 11: Autres
dépenses, adopté.
Article 9 : Direction générale des greffes des cours de
justice. Catégorie de dépenses no 1 : Traitements, salaires et
allocations.
M. PAUL: L'augmentation du personnel mentionnée résulte
probablement des implications de la Loi 70?
M. CHOQUETTE: Exactement, plus l'accroissement normal requis dans les
greffes à travers le Québec.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 2: Contributions de
l'employeur, pensions, adopté. Catégorie 3: Services de transport
et de communication, adopté.
M. PAUL: A la catégorie 4, M. le Président, à ce
montant de $2,022,500 il est prévu un certain montant pour la
planification de la maison Ducharme, Deom et Associés.
M. CHOQUETTE: Je ne crois pas, M. le Président. Je vais vous
donner les chiffres compris à l'intérieur de cette somme de
$2,022,500. Les frais de témoins, $700,000; les frais de jurés,
$625,000; établissement du traitement des données dans le palais
de justice et dans les greffes de la cour du Bien-Etre social, $250,000;
mécanisation des opérations au service des dépôts
volontaires à Montréal, $50,000, plus les frais de gardiennage et
de sécurité dans un certain nombre de palais de justice ainsi que
des frais de garde des jurés aux assises criminelles; finalement, des
avances requises pour l'installation projetée d'un nouveau
système comptable dans les greffes et un système
d'émission de chèques, des sténographes officiels, du
personnel de soutien, des interprètes, la cotisation des associations,
des abonnements et des dépenses diverses pour un total de
$2,022,500.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve. On nous avait
informé que vous auriez peut-être quelque chose sur ce point.
M. BURNS: Non, c'est à l'article 10. M. DROLET: Non, c'est
l'autre.
M. LE PRESIDENT: Lorsque nous avons débuté les travaux, on
nous avait informé de cela.
M. BURNS: Vous voulez parler de l'article 10, probablement.
M. LE PRESIDENT: A l'article 9, catégorie 4.
M. BURNS: Oui, vous avez raison. Merci, M. le Président, vous
êtes bien aimable.
M. LE PRESIDENT: Au moment de commencer nos travaux, vous l'aviez
mentionné au Solliciteur général.
M. BURNS: Oui, d'accord, je l'avais mentionné au Solliciteur
général, je l'en remercie, d'ailleurs. Les services
professionnels, administratifs et autres, il y a là un problème
d'informatique. Est-ce que l'augmentation est reliée à un
phénomène d'informatique?
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas nécessairement un problème
d'informatique mais de mécanisation des opérations dans certains
services dont le service des dépôts volontaires, à
Montréal et à Québec, ainsi que l'établissement de
systèmes de traitement des données dans les palais de justice et
les greffes des cours du Bien-Etre social.
M. BURNS: Quelle est la proportion affectée à ce
montant?
M. CHOQUETTE: L'établissement du traitement des données au
palais de justice et dans les greffes des cours du Bien-Etre social, $250,000;
la mécanisation des opérations au service des dépôts
volontaires, $50,000. M. Noël, de notre service financier, me dit que
c'est une imputation, par le centre des données du ministère des
Finances, pour des travaux d'informatique.
M. BURNS: Cela fait à peu près quoi, 10 p.c?
M. CHOQUETTE: Ceci représente $1,625,000. Evidemment, il y a les
frais de témoins. Ceci représente plutôt $300,000. Les
frais de témoins sont de $700,000 et les frais de jurés...
M. PAUL: ... est-ce dans les causes criminelles?
M. CHOQUETTE: Sans doute.
M. PAUL: Juste dans les causes cirminelles?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. PAUL: A une enquête du coroner également?
M. CHOQUETTE: Oui, mais dans les causes civiles, cela ne nous incombe
pas.
M. DROLET: Il a parlé des coroners et j'ai dit que c'était
à l'article des morgues.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, adopté. Catégorie 5:
Entretien et réparations, adopté. Catégorie 6: Loyers,
adopté. Catégorie 7: Fourniture et approvisionnements,
adopté. Catégorie 8: Matériel et équipement,
adopté. Catégorie 11: Autres dépenses, adopté.
Catégorie 14: Remboursements.
M. BURNS: M. le Président, à la catégorie
remboursements, je me souviens que, l'année dernière, le ministre
nous avait dit qu'il étudierait la possibilité d'établir
une entente avec le gouvernement fédéral pour obtenir des
remboursements quant à l'utilisation des greffes par le
fédéral. Est-ce qu'il y a quelque chose de nouveau à ce
sujet? Je me souviens que l'année dernière on avait parlé
de ce problème. Dans toutes les causes de matière
fédérale comme la drogue et la fausse monnaie, par exemple,
à toutes fins pratiques on se trouve à utiliser les bureaux
administrés et maintenus par le gouvernement du Québec.
Le ministre, à ce moment-là, avait abondé dans mon
sens à l'effet qu'il y aurait peut-être lieu de discuter de
compensations possibles. Je vois que l'augmentation des remboursements passe de
$30,000 à $40,000, il y a donc une augmentation de $10,000. Est-ce que
les $10,000 seraient dus à une entente avec le fédéral ou
s'il n'y en a pas eu?
M. CHOQUETTE: Il n'y en a pas eu, M. le Président, à ma
connaissance.
Je ne sais pas si le ministère des Travaux publics aurait conclu
certaines ententes en dehors de notre connaissance dans ce domaine-là.
Je dois dire au député que nous n'avons pas fait de
démarches auprès du gouvernement fédéral pour
tenter de justifier une part des coûts encourus pour l'administration de
la justice criminelle, en particulier concernant certaines infractions ou
certains crimes commis en vertu de lois criminelles.
D'un autre côté, dans les domaines de la drogue, de la
contrefaçon, des alambics, on sait que le gouvernement
fédéral s'occupe des poursuites dans ces domaines. Il a
constitué à Montréal un contentieux important de
procureurs permanents qui s'occupent de ce travail-là, qui ne loge pas
d'ailleurs au palais de justice, mais qui loge dans un édifice
privé...
M. BURNS: Il y a des officiers de liaison qui sont en permanence au
palais de justice, sauf erreur?
M. CHOQUETTE: La GRC, tout probablement, comme la police de
Montréal, mais nous n'avons pas tenté de répartir les
responsabilités ou les coûts. Après tout, c'est nous qui
avons la responsabilité de l'administration de la justice. Je ne sais
pas si des démarches dans ce sens seraient totalement justifiées.
Je vais examiner le problème à la suggestion du
député pour voir s'il y aurait lieu de faire une
réclamation au gouvernement fédéral.
M. BURNS: Remarquez que, si le ministre me dit que ce n'est pas
important comme service, ce qui est fourni aux organismes
fédéraux, je n'insisterai pas outre mesure sur la question. Mais
il semble que, vu de l'extérieur, il y a quand même une certaine
importance à accorder à ces services, du moins dans la
région de Montréal, pour ce que je connais.
M. CHOQUETTE: La cour fédérale a ses salles d'audience
ainsi que ses bureaux de juges dans le palais de justice de Montréal. Il
y a les agents de liaison de la GRC.
M. BURNS: Il y a souvent aussi la commission d'appel d'impôt qui
siège. Je ne sais pas si ça se fait encore, mais elle
siégeait à l'occasion dans les locaux du palais de justice
à Montréal.
M. CHOQUETTE: Probablement. Je vais examiner le problème.
M. BURNS: En cherchant, je pense qu'on pourrait en trouver
plusieurs.
M. CHOQUETTE: Je vais voir s'il y a lieu de pousser plus loin
auprès des autorités fédérales. Je compte avoir un
règlement assez avantageux au plan de l'aide juridique. Vous devrez
tenir ça en considération.
M. BURNS: Cela pourra peut-être vous aider dans vos
négociations sur l'aide juridique.
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous avez des relations au gouvernement
fédéral?
M. BURNS: Non, sauf que j'ai déjà négocié
dans ma vie.
M. CHOQUETTE: Voulez-vous vous joindre à nous? Vous êtes le
bienvenu.
M. BURNS: Vous savez, pour ce que ça pourrait vous aider d'une
part et pour ce que ça pourrait me nuire, à moi, d'autre
part!
M. CHOQUETTE: Peut-être qu'avec un léger changement
d'optique sur certains problèmes, ça pourrait s'arranger.
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'on s'en va dans...
M. PAUL: Restons dans le côté pratique.
M. CHOQUETTE: Le député de Maskinongé aussi, lui
ça requiert encore moins de changements.
M. BURNS: Est-ce que le ministre m'invite à la prochaine
séance du cabinet?
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas moi qui fais les invitations.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 14. Adopté.
Etablissements de détention
M. LE PRESIDENT: Article 10: Direction générale des
établissements de détention et du service de la probation.
Sous-article 1 : Etablissements de détention. Catégorie 1 :
Traitements, salaires et allocations.
Prison d'Orsainville
M. DROLET: Est-ce à cet article que je pourrais poser une
question au solliciteur général concernant la prison
d'Orsainville? Lorsque nous avions discuté des crédits,
l'année passée, il y avait des sujets d'actualité.
Lorsqu'on parlait d'Orsainville, c'était des évasions en grande
quantité. Il semble cette année...
M. CHOQUETTE: Que c'est plus dur de sortir.
M. PAUL: Même que ça devient un hôtel de choix!
M. DROLET: Je demanderais au Solliciteur général, pour
remédier à cette situation...
M. CHOQUETTE: Il n'y a pas que des va-nu-pieds à Orsainville,
vous savez. J'espère que vous l'appréciez.
M. DROLET: ... qu'est-ce qui a été fait? Est-ce qu'il
s'agissait d'une erreur dans la construction ou quoi?
M. FOURNIER : Ce n'était pas des erreurs dans la construction;
c'était plutôt la finition totale de l'édifice.
Le mur extérieur n'avait pas été
complété, de sorte qu'en le complétant et en mettant
d'autres mécanismes de protection, nous avons pu empêcher les
évasions. En fait, les deux dernières ont eu lieu le 12
août, de sorte qu'il y a au-delà de 9 mois sans évasion
à Orsainville. Il y a eu une tentative mais les gens ne se sont pas
rendus à l'extérieur du mur.
Ce qui restait à faire, c'est qu'il y avait un mur de pierre
autour de l'édifice auquel était greffée une clôture
de broche qui n'avait qu'une hauteur d'environ 6 ou 7 pieds, de sorte que les
murs n'étaient plus sécuritaires à cet endroit.
Nous avons fait compléter le mur en question. Présentement
il semble que la section à sécurité maximum offre cette
sécurité. Il s'agit nécessairement de la section où
sont détenus les prévenus. Les détenus,
c'est-à-dire ceux qui sont déjà sous condamnation, ont un
régime et des sections un peu plus faciles puisque ce n'est pas dans
cette catégorie de gens que l'on retrouve les évasions.
Le problème des évasions s'est compliqué aussi
à Orsainville, du fait que certaines personnes faisaient venir des
personnes déjà condamnées au pénitencier. Et l'on a
constaté que parmi les évasions qu'il y a eu, il s'agissait de
personnes, déjà sous condamnation à vie ou autrement
à des pénitenciers, qui étaient de passage à
Orsainville pour fins de témoignage ou pour fins d'autres causes devant
les tribunaux locaux. Et il est arrivé en certaines circonstances que
ces gens ont été gardés à Orsainville des
délais plus longs que nécessaire, de sorte que nous avons pris
cette chose en considération pour empêcher que des gens
condamnés au pénitencier ne viennent séjourner pour un,
deux mois ou des périodes longues à Orsainville.
Des évasions en 1971, il n'y a qu'une seule personne qui est
encore au large, un nommé de Varennes.
M. DROLET: Combien y en avait-il eu en 1971?
M. FOURNIER: Il y a eu 5 épisodes distincts, mais à chaque
fois il y a eu plusieurs personnes, soit le 13 janvier: 5; le 8 mars: 1; le 17
avril: l;le 27 juin: 5 et le 12 août: 2.
M. DROLET: Sur les 14 il n'y en a qu'un qui n'a pas été
retrouvé.
M. FOURNIER: Un nommé de Varennes qui s'est évadé
le 27 juin.
M. DROLET: Si j'ai bien compris le Solliciteur général, au
début, il a dit que depuis août 1971 il n'y a pas eu
d'évasion?
M. FOURNIER: Pas à Orsainville.
M. DROLET: Combien y a-t-il de détenus à Orsainville
présentement?
M. FOURNIER: Le chiffre pour le 30 mai: 119 détenus et 100
prévenus, ce qui fait 219.
M. PAUL: Est-ce que le ministre se rappelle du rapport
préparé par l'ingénieur Ferland? Dans les conclusions de
ce rapport, on pouvait lire que la construction était d'excellente
qualité et qu'il restait certaines modifications mineures pour
compléter la sécurité. Et je suis heureux d'apprendre que
le Solliciteur général a pu s'entendre avec le ministère
des Travaux publics pour compléter des travaux pour assurer la
protection des détenus et des prévenus.
M. FOURNIER: Les travaux qui ont été
complétés n'étaient pas exactement ceux prévus dans
le rapport, mais une partie de ces travaux étaient dans le rapport.
M. LE PRESIDENT: Le député de
Notre-Dame-de-Grâces.
M. TETLEY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: L'an dernier, lors de la discussion des crédits,
j'avais posé un très grand nombre de questions sur les
établissements de détention, sur les services de probation, sur
la formation des gardiens, sur la conception des prisons, sur la
création d'une unité psychiatrique ou d'assistance psychologique
dans les prisons. Malheureusement le Solliciteur général
n'était pas là et le directeur des services de détention
n'était pas là. Je suis convaincu que durant l'année ils
ont eu le temps de prendre connaissance de mes questions et probablement qu'ils
ont dû préparer des réponses élaborées et
très au point. J'aimerais beaucoup entendre la réponse du
Solliciteur général aux questions que je posais l'an dernier.
M. FOURNIER: Sans répondre directement et par ordre aux questions
posées, je dois dire qu'au point de vue des maisons de détention
puisque l'autre article sera la probation les activités et
les démarches ont été multiples.
En premier lieu, il fallait enlever la responsabilité totale qui
retombait continuellement sur le directeur général des
établissements de détention et le service de la probation.
Nous avons consolidé le service de détention en faisant
assumer à M. Labelle des responsabilités additionnelles dans ce
service, de sorte qu'il n'a pas à se rapporter continuellement au
directeur général, qui est déjà surchargé
d'autres problèmes. La même chose s'est appliquée dans le
service de probation, où le directeur de la probation, M. Ouellet, a
été imbu de plus de pouvoirs relativement à ses
activités, de sorte que le directeur général a plus de
temps pour s'occuper de l'application des articles 19 et 20 et pour s'occuper
de la planification générale du service, de même que des
services de recherche absolument nécessaires en vue d'améliorer
la situation.
Pour ce qui est des établissements eux-mêmes, nous avons
tenté de voir de quelle manière nous pourrions répartir la
population institutionnelle de façon à accomplir ce qui nous
était imposé. Une chose excessivement importante et qui est en
train de se réaliser, c'est la prison de Waterloo, qui est à
sécurité minimale, mais du fait que nous n'avons pas encore tous
les cadres voulus pour cette institution, nous ne pouvons y envoyer la
majorité des détenus que nous voudrions voir à cet
endroit.
Il faut bien comprendre que les détenus dans nos prisons sont des
gens condamnés à moins de deux ans et qu'en fait, sur la
quantité de condamnés, il y en a 70 p.c. qui le sont à
moins d'un mois, de sorte que, dans cette optique, nous devons reviser un peu
la situation des établissements pénitentiaires, puisqu'il n'est
pas normal pour des personnes condamnées à de faibles sentences
de vouloir prendre la clé des champs.
Ceux qui sont condamnés à moins d'un mois ne sont
certainement pas justifiés de vouloir s'évader, de sorte qu'il
est possible d'envisager des institutions de détention de genre
peut-être un peu différent de ce qui existe dans certains endroits
à cause de la vétusté des immeubles, comme par exemple
celui de Sherbrooke, que j'ai visité, où s'il s'agit d'une
institution extrêmement ancienne. Il y a aussi Trois-Rivières et
Saint-Jérôme qui sont dans ce cas. Je comprends, mais dans cette
optique, est-ce que...
M. PAUL: Ils n'ont pas de bons députés.
M. BACON: C'est parce qu'il y en a un qui a promis une nouvelle prison
pendant 40 ans.
M. FOURNIER: Mais est-ce qu'il est nécessaire de construire des
immeubles, dans l'optique des condamnations de moins d'un mois, les 70 p.c?
Est-ce qu'il est nécessaire de construire des immeubles à
sécurité maximale dans toutes les régions de la
province?
Je suis présentement à faire une enquête, pour
savoir la relation des détenus avec leur famille et leurs proches:
correspondance, visites, etc. Si cette enquête démontre que les
visites sont presque inexistantes, il y aura possibilité de ne pas avoir
des prisons dans tous les villages. Nous pourrons avoir des prisons à
certains endroits peut-être plus éloignés en payant
peut-être le transport des parents qui veulent aller visiter les
détenus, mais cette enquête est encore en marche et nous n'avons
pas encore les statistiques voulues pour arriver à une solution à
ce problème.
M. PAUL: M. le Président, l'an dernier, le Solliciteur
général est allé en Europe. Il a visité
différentes institutions pénitentiaires de la France, de
l'Angleterre, de l'Italie.
M. FOURNIER :De la France seulement.
M. PAUL: En France seulement. Je me rappelle une déclaration
assez prometteuse du ministre à son retour de voyage.
Il voulait changer tout le système qui existait au Québec,
de temps immémorial ou du moins près de 100 ans.
Est-ce que le Solliciteur général, mon bon ami, pourrait
nous dire, dans quelle voie il a actualisé et jusqu'à quel point
il a matérialisé les grandes déclarations pieuses qu'il
faisait au retour de son voyage?
M. FOURNIER: M. le Président, relativement à la visite que
j'ai faite en France à l'occasion d'un congrès de criminologie
qui se tenait à Versailles, j'ai eu l'occasion de visiter la prison de
Fleury Miragis. C'est la prison la plus moderne mais une institution comme on
le sait presque robot. En effet on enligne le détenu à un bout du
corridor et étant donné qu'il ne peut pas sortir, il doit sortir
à l'autre bout. Il est seul et c'est mécanique. Ce n'est pas le
genre de prison qui m'a impressionné.
Ce qui m'avait impressionné c'était la façon dont
on appliquait la détention. A l'intérieur de cette prison, des
compagnies privées avaient des établissements auxquels
travaillaient des détenus. Il s'agissait de détenus pour de
courtes peines... Je dois dire que jusqu'ici on s'appliquait ou on s'applique
à enseigner le français, l'anglais et les mathématiques
mais que ce n'est pas en demande.
M. PAUL: Voici, il y a un avocat à Montréal qui y est
allé la semaine dernière et qui a fait de la menuiserie toute la
semaine.
M. FOURNIER: Il peut y avoir un peu de menuiserie. De sorte qu'à
la suite de cette visite, nous avons constaté des...
UNE VOIX: Sa carte de compétence.
M. PAUL: On me dit que le ministère du Travail doit le poursuivre
pour ça.
M. FOURNIER: ... de sorte que l'établissement d'industries
à l'intérieur est quelque chose à laquelle nous pouvons
penser. Maintenant, l'objectif plus facile, je crois, relativement à la
réhabilitation à l'intérieur de la prison, est le suivant.
La conclusion à laquelle je suis arrivé est qu'il est possible de
fournir certaines activités aux détenus, en autant qu'il s'agisse
de cours donnés pendant de courtes périodes. J'ai fait faire une
étude pour savoir quelles étaient les matières qui
pouvaient être enseignées dans une période de trois ou
quatre mois. J'ai une liste sur laquelle nous travaillons de façon
à tenter d'établir ces enseignements dans les maisons de
détention.
Mais il y a plus. Il y a le système par lequel l'on enseigne
certaines techniques mais graduellement. On va enseigner, par exemple la
mécanique d'automobile, pendant deux semaines, on enseignera par
exemple, le "muffler" et au bout de deux semaines la personne devient experte
dans cette ligne et peut se trouver un travail dans ce domaine.
Nous sectionnons toute l'analyse ou plutôt le travail
d'étude dans un métier quelconque plutôt que d'enseigner
l'ensemble. Sur ceci les recherches se font. Evidemment le ministère de
l'Education exige certaines qualifications, compétences avant de donner
les diplômes, mais il y a certaines choses qui peuvent être
enseignées par partie. De cette façon nous croyons pouvoir
arriver à intéresser les gens qui sont détenus, qui sont
là pour un mois. On peut alors leur dire que nous pouvons leur offrir
tel travail.
Ceci à mon sens est une des solutions possibles. Nous avons aussi
analysé ce qui se fait, le problème du "re entry", à la
réentrée dans la vie normale. Cela se complique un peu puisque
s'agit-il d'un domaine greffé à notre ministère ou au
service de détention puisqu'il s'agit du pas suivant, le lendemain du
départ de l'individu de l'institution. Il n'est plus sous probation ni
rien. Je crois que même dans ce domaine, nous avons tenté de faire
des approches auprès de bureaux de travail, de façon à
voir s'il n'y a pas possibilité de trouver une solution à ce
problème, pour que la personne qui sort puisse trouver son emploi.
Nous avons aussi certaines communications. Nous tentons de faire le
relevé total des organismes qui s'occupent de réhabilitation. Par
exemple, le Gentilhomme Rembourreur a reçu de l'aide gouvernementale,
l'an dernier, de façon à permettre la continuité de ce
service, ici, à Québec. Il existe des services un peu semblables
à Chicoutimi. Il y en a un à Hull, qui fait aussi un service de
rembourrage.
M. PAUL: C'est après leur libération, cela.
M. FOURNIER: C'est après leur libération, bien que nous
participions de la façon suivante. Les directeurs de prisons sont
autorisés, après analyse des cas, à permettre à un
individu de sortir, durant sa dernière semaine, pour se rendre à
cet endroit, travailler et commencer à se replacer pour pouvoir
reprendre la vie normale. De cette façon nous pouvons participer et
diriger ces gens vers une nouvelle vie, à leur sortie de
l'établissement de détention.
M. LAURIN: M. le Président, les réponses du Solliciteur
général sont très intéressantes, mais elles me
paraissent quand même parcellaires et partielles aussi. Elles me
paraissent équivaloir à ce que j'appelle, en médecine, un
traitement symptômatique, c'est-à-dire qui s'applique aux
symptômes mais non pas aux causes profondes qui sont à l'origine
des maladies, en l'occurence les maladies sociales.
Le Solliciteur général n'est pas sans ignorer que notre
système pénitentiaire fait l'objet de critiques de plus en plus
sévères de la part de tous les spécialistes en sciences
humaines et même de la part d'officiers très haut placés,
dans les ministères de la Justice des différents pays et du
nôtre en particulier.
Je ne prends pour exemple que la déclaration que faisait l'an
dernier notre propre directeur des services des établissements
pénitentiaires à un congrès de criminologues, où il
se disait d'accord avec un M. Maloney, soit que nos prisons constituaient un
échec, en ce sens que ce sont des écoles de récidivistes.
M. Maloney avait affirmé, en effet, que 80 p.c. des prisonniers
étaient des récidivistes. J'ai une autre
statistique, ici. Dans les pénitenciers fédéraux,
3,446 détenus, en 1970, sur 4,450 détenus, que contiennent toutes
les prisons fédérales, étaient des
récidivistes.
Un autre congrès organisé par le Centre international de
criminologie a eu lieu à Montréal récemment. Il
réunissait, justement, des ministres de la Justice, des hauts
fonctionnaires autant que des spécialistes des sciences humaines, qui
affirmaient à l'unanimité que l'emprisonnement, comme formule
punitive, constituait une véritable faillite. Des analyses de
criminologues également; ceux-ci se demandent pourquoi le taux de
récidive atteint encore 20 p.c, même en période de phases
de libération conditionnelle. Un article extrêmement
intéressant, d'ailleurs, par Jean Lajoie, crimino-logue, paru dans le
Devoir du 12 octobre 1971, que je soumets à l'attention du ministre et
du directeur des prisons.
Si tout le monde s'entend, M. le ministre, pour affirmer que notre
système pénitentiaire est actuellement un échec; si le
ministre fédéral, M. Goyer, est d'accord lui-même pour
déclarer que la révision du système pénitentiaire
doit faire l'objet d'une conférence fédérale-provinciale,
étant donné que ce système pénitentiaire a
constitué un échec pour tout le pays et comme il s'agit d'un
problème de juridictions conjointes, il doit y avoir, quand même,
une articulation entre les deux ministères; si l'on prévoit une
conférence fédérale-provinciale pour en discuter tous les
aspects; si le rapport Prévost, qui a fait une critique quand même
très rigoureuse et exhaustive de notre système, en arrive
à la conclusion qu'il faut réformer, de fond en comble, notre
philosophie, notre conception, notre optique; est-ce que le ministre peut nous
dire si des mesures ont été prises à la suite de toutes
ces critiques unanimes, de ce consensus, pour amener enfin une véritable
humanisation, une véritable libéralisation de notre
système de détention, afin qu'il corresponde non pas seulement
aux nouvelles données des sciences humaines mais également
à notre sens de la démocratie et à notre sens de la
rentabilité du citoyen qui peut avoir fait un échec, dans sa vie
sociale, mais qu'il importe de réinsérer le plus tôt
possible dans le circuit normal de la société?
Encore une fois, je pose la question: Je ne pense pas que le traitement
symptomatique soit suffisant ici. Il ne faut pas attendre qu'un détenu
sorte de prison, qu'il soit mis en libération conditionnelle, qu'on lui
donne un agent de probation. Mais je pense que cette philosophie doit nous
amener à commencer nos efforts de réhabilitation dès le
moment où quelqu'un entre dans une prison, que ce soit à titre de
prévenu ou que ce soit à titre de détenu. Je veux bien
être d'accord avec vous que 70 p.c. des clients de nos
établissements y sont pour des peines de moins d'un mois, mais si vous
ajoutez à ces détenus tous ceux qui y sont à titre de
prévenus et qui, parfois, atten- dent leur procès durant
très longtemps, durant des mois même parfois, est-ce que la
population pénitentiaire ne s'en trouve pas considérablement
augmentée? Est-ce que ces prévenus, justement parce qu'ils ne
sont pas encore condamnés, ne sont pas justiciables malgré
toutes les précautions que je connais, qu'il ne faut pas influencer, en
quoi que ce soit, le droit de défense ou l'admission de
culpabilité des prévenus est-ce que nous ne pouvons pas
les aider au point de vue social et au point de vue psychologique à
mieux comprendre pourquoi ils se trouvent dans cette situation délicate
et ne pouvons pas leur offrir l'aide qu'il faut?
A mon avis, encore une fois, il faut prendre le taureau par les cornes,
commencer au tout début et envisager une refonte de notre système
pénitencier qui ne comporte pas que les éléments assez
bien connus de probation, mais également d'autres éléments
qui permettraient d'offrir aux prévenus, comme aux détenus,
immédiatement, ce dont ils auraient besoin. Ceci implique beaucoup de
choses. Cela peut comporter, par exemple, une architecture différente
pour les prisons. Cela peut comporter un système de classification
beaucoup plus adapté aux conditions particulières des
détenus ou des prévenus. Cela peut comporter une formation
particulière, et j'insiste là-dessus, de tout le personnel et, en
particulier, des gardiens qui s'occupent, 24 heures par jour, des
détenus. Ils devraient avoir une scolarité suffisante, une
formation suffisante dans les sciences humaines. Cela peut comporter aussi une
philosophie administrative de la prison qui est axée, peut-être
qu'il faut la garder, sur la protection de la société. Cette
conception doit être tempérée par une autre philosophie
qui, elle, est axée sur la défense sociale, sur la
réinsertion, sur la réhabilitation du détenu. J'aimerais
savoir ce qui a été fait dans ce domaine au ministère de
la Justice dans l'année qui s'est écoulée.
M. FOURNIER: Merci au député de Bourget des remarques
qu'il a faites. Il a parlé de l'ensemble du sujet, qu'il faut
nécessairement toucher et que nous tentons d'approfondir, de
façon à apporter les éléments qu'il mentionne.
Cependant, il faut, dans tout ce problème, distinguer, entre les
deux groupes de personnes qui sont incarcérées, les
prévenus et les détenus. Pour ce qui est des prévenus, il
est presque impossible de s'attarder à tenter de faire une
réhabilitation puisque ces gens ne sont pas encore
déclarés coupables...
M. LAURIN: C'est par assistance plutôt que par
réhabilitation.
M. FOURNIER: ... de sorte qu'il faut nécessairement
séparer les deux. Pour ce qui est des détenus, c'est sur
ceux-là que nous nous attardons puisqu'ils ont été
déclarés coupables d'une infraction ou d'un acte criminel; ce
sont ceux-là qui nécessitent les soins de la
société en vue de
les retourner dans le bon chemin puisque les autres, s'ils sont
acquittés, ne sont pas coupables d'infractions ou d'offenses.
Au point de vue architecture, il y a beaucoup à faire. Comme on
le sait, autrefois, les donjons ne permettaient pas l'entrée de la
lumière, sauf d'une certaine lumière, par des "skylight", comme
on les appelle. Il y a eu des modifications qui ont été faites
dans l'architecture de certaines prisons, bien que certaines sont encore pas
mal antiques au Québec. Mais nous pensons que les structures
architecturales devraient être modifiées. Si le
député visitait la prison de Waterloo, il constaterait...
M. LAURIN: Oui, je l'ai visitée.
M. FOURNIER: ... que c'est un endroit où, il me semble, l'on
devrait avoir une grande partie des détenus plutôt que de les
avoir dans d'autres endroits.
Pour ce qui est des gens, lorsqu'ils sont à l'intérieur de
l'endroit de détention, nous analysons la possibilité
ceci, évidemment, présente peut-être un conflit
d'autorité d'avoir sous le directeur de la prison, en quelque
sorte, de façon parallèle, une personne qui s'occuperait
particulièrement des détenus, non pas pour fins de gardiennage,
mais pour fins de réhabilitation. Ceci est à l'analyse. Il est
assez difficile de trouver un directeur de prison qui cumulerait les
qualifications et qui pourrait recevoir la confiance des individus
incarcérés.
Tout ce domaine a connu un commencement au Québec et je m'en
réjouis, jusqu'à un certain point. Nous avons une
atmosphère, dans nos prisons, qui n'est pas celle qui existe dans
d'autres provinces ou dans d'autres pays. Si vous avez constaté, vous
avez vu qu'en Ontario, ils ont eu un "riot" ainsi que dans tous les
états des Etats-Unis. Pour ce faire, j'ai réuni, à un
moment donné, les directeurs des 40 prisons de façon à
pouvoir discuter avec eux et tenter d'établir un certain climat dans ces
endroits et de tenter d'établir aussi que ces gens ne sont là que
de passage et qu'ils doivent retourner à un certain endroit, dans la
société. En conséquence, il ne faut pas couper totalement
les activités qu'ils avaient dans la vie ordinaire. C'est la direction
vers laquelle nous nous en allons. Je crois...
M. LAURIN: Cette réforme, M. le Ministre, est-ce que vous avez
sollicité...
M. FOURNIER: Un instant.
M. LAURIN: Ah bon! Excusez-moi.
M. FOURNIER: Nous nous sommes servis, en plus, de l'application des
articles 19 et 20. Par ces articles, le directeur des établissements de
détention a plein pouvoir pour accorder, dans certaines circonstances,
certaines libérations conditionnelles ou autres. Le ministre de la
Justice a donné certains critères d'application relativement
à cette loi. Il y a aussi...
M. PAUL: C'est seulement pour les détenus en vertu d'infractions
pénales.
M. FOURNIER: Oui. Mais...
M. CHOQUETTE: Il s'agit de peines de moins de deux ans.
M. PAUL: Moins de deux, oui.
M. LE PRESIDENT: Je ne voudrais pas que nous nous lancions trop dans la
discussion de ces articles 19 et 20. Cela relève de la probation qui est
le prochain article.
M. FOURNIER: Bien, je crois que nous avons pas mal touché...
M. CHOQUETTE: C'est tout ensemble. C'est une discussion
générale sur le problème. Vous ne pouvez pas scinder ce
problème en sections.
M. FOURNIER: J'ajouterais...
M. LE PRESIDENT: Vous les étudiez tous les deux ensemble.
M. CHOQUETTE: Bien oui.
M. BURNS: Cela va sauver énormément de temps.
UNE VOIX: Exactement.
M. FOURNIER: ... ceci. En plus des articles 19 et 20, en 1971,
c'est-à-dire de novembre 1970 à novembre 1971, il y a eu 1,759
rapports présententiels, des rapports donnés aux juges de
façon à ce qu'ils puissent donner la sentence la plus
appropriée. En plus, il y a eu, durant la même période, des
probations accordées à 2,349 personnes. Lorsqu'on mentionne que
le système de détention n'est peut-être pas tout à
fait approprié, il faut se rendre compte que présentement moins
de personnes sont envoyées dans ces endroits. Enfin, les statistiques
nous donnaient une variation de 1,700 à 2,000 personnes à la fin
de chaque mois. Présentement, comme hier, il y en avait 1,270 dans tous
les établissements de la province.
M. LAURIN: Dans cette réforme, M. le Président, est-ce que
vous avez demandé l'aide du ministère des Affaires sociales?
Est-ce que des groupes de travail conjoints ont été
formés?
Est-ce que ces divers problèmes de conception, d'orientation, ont
été étudiés de concert avec un ministère qui
est destiné à se préoccuper, bien sûr, d'une
façon impérative, de ces problèmes humains, de ces
problèmes de réinsertion sociale.
M. FOURNIER: Je dois dire qu'il y a certainement des contacts
réguliers avec le ministère des Affaires sociales, plus encore
présentement. Une personne qui est prêtée par le
ministère des Affaires sociales, au service du Solliciteur
général, ceci depuis environ trois ou quatre mois, qui fait
certaines études en vue de conseiller, dans l'application des
différentes formules de probation, de sorte que les liens sont
extrêmement rapprochés. De plus, tel que mentionné hier, le
service de probation des jeunes délinquants est sur le point
d'être transmis au ministère de la Justice.
M. LAURIN: Est-ce que, dans vos 40 prisons dont vous parliez tout
à l'heure, vous faites un effort pour engager ou faire engager des
spécialistes en sciences humaines, que ce soient des travailleurs
sociaux, des psychologues, qui peuvent être justement mis au service soit
des prévenus, soit des détenus, pour commencer au plus tôt
possible ce travail de réhabilitation ou d'aide psychologique?
M. FOURNIER: Quant au personnel régulier des institutions, je
dois dire que seules les grandes institutions bénéficient de
services du genre. Quant aux petites institutions, il n'y en a pas.
Présentement, il y en a 32 en opération, dont 30 pour hommes et 2
pour femmes. Mais les petites institutions ne bénéficient pas de
ce service.
M. LAURIN: Ne pourrait-il pas, à la faveur de la loi 65,
s'instaurer des rapports entre les centres locaux de services communautaires,
par exemple, ou les hôpitaux régionaux qui comportent des services
de psychiatrie et les prisons, des rapports organiques entre ces deux types
d'établissements, afin qu'un concertation effective puisse être
organisée au service des prévenus aussi bien que des
détenus? Est-ce une suggestion que vous avez examinée?
M. FOURNIER: Je vous remercie de la suggestion. Je ne sais pas si le
directeur a déjà... On m'informe que des tentatives se feront et
qu'il y aura, dans chacune des régions, pour fins de
pénitenciers, des travailleurs sociaux. Quant au problème des
malades mentaux, le problème de l'aile D a été
définitivement réglé récemment.
M. LAURIN: Il a été réglé. De quelle
façon, M. le ministre?
M. FOURNIER: Le problème de l'aile D est un problème qui a
duré assez longtemps. On sait qu'à la suite d'examens
psychiatriques, certaines personnes étaient déclarées
malades mentaux. A la suite de cette déclaration, soit que le ministre
des Affaires sociales ou de la Santé émettait une ordonnance pour
qu'ils soient admis dans un établissement privé...
M. LAURIN: A Pinel.
M. FOURNIER: ... comme Saint-Jean-de-Dieu. En plus de cela, dans
certains cas, le lieutenant-gouverneur émettait des mandats de
transport, soit à Douglas ou Saint-Jean-de-Dieu ou autres endroits. Mais
il nous était impossible, malgré les mandats du
lieutenant-gouverneur, malgré les ordonnances du ministre de la
Santé, d'accomplir ce transfert puisque les institutions
prétendaient soit qu'elles ne pouvaient recevoir M. Untel parce qu'elles
n'étaient pas le genre d'institutions qui pouvaient les recevoir.
Mais ce problème est maintenant résolu. Il n'y a plus
à...
M. LAURIN: Est-il résolu parce que Pinel a commencé
à fonctionner et qu'on les transfère immédiatement
à Pinel?
M. FOURNIER: Pinel a commencé à fonctionner.
M. LAURIN: Je soumets quand même respectueusement au ministre que
ceci peut s'appliquer pour des détenus qui ont une maladie psychiatrique
déclarée. C'est très important et je m'en réjouis.
Mais il y a quand même nécessité, selon plusieurs
spécialistes je suis d'accord avec eux d'instituer quand
même, surtout dans les grandes prisons, un service d'assistance
psychologique qui, en plus de prévenir la maladie mentale chez les
détenus, peut, à un moment donné, aider certains
détenus à passer une phase difficile de leur incarcération
et aussi préparer la sortie, leur donner des conseils très
judicieux en ce qui concerne leur insertion dans la société.
J'aimerais demander au ministre s'il existe de tels services dans nos
prisons, et dans combien de prisons?
M. FOURNIER: Le service est organisé à Québec et
à Montréal de la façon dont parle le
député.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez l'intention d'étendre ce
service-là dans les autres prisons? Je remarquais, dans le dernier
rapport de l'ombudsman, qu'il y avait encore...
M. FOURNIER : Absolument, ça devrait être étendu
dans d'autres...
M. LAURIN: ... pas mal de plaintes faites par des détenus ou des
prévenus quant au manque d'assistance et psychologique et psychiatrique
et l'ombudsman leur donnait raison. Il demandait lui-même au minsitre de
la Justice de penser le plus tôt possible à effectuer l'effort
nécessaire de façon à satisfaire aux voeux et aux demandes
légitimes de ces prévenus, de ces détenus. Est-ce que la
situation a été corrigée à la suite de ce rapport
de l'ombudsman?
M. FOURNIER: Les négociations sont en cours présentement,
entre le service de la
détention et le ministère des Affaires sociales, de
façon à régler de façon finale les cas
psychiatriques et de continuer les démarches dans le but de
régler les autres cas.
M. LAURIN : Mais est-ce que vous pensez aussi à créer des
unités, mêmes petites, à l'intérieur des prisons,
pour voir au dépistage ou à l'aide immédiate à
...
M. FOURNIER : Sur les établissements que nous avons, les 32, je
dois dire ceci: à l'exception de Québec, Montréal
Parthenais et Bordeaux, les autres prisons sont des prisons qui n'ont presque
pas de clients, de sorte qu'il serait impossible, à l'intérieur
de ces prisons-là, même les prisons régionales les plus
grosses, c'est dans les 30, 40 et...
M. LAURIN: Quand le nombre de clients fait défaut ce dont
je me réjouis c'est la raison pour laquelle je préconisais
une concertation organisée avec les centres locaux de santé
situés dans la même région.
M. FOURNIER : Je dois dire que nous avons fait certains pas en avant
dans ce domaine puisque autrefois, toutes les personnes qui avaient besoin de
soins psychiatriques étaient envoyées directement, soit à
Bordeaux ou à Pinel, et que, maintenant, des ententes sont faites avec
certains hôpitaux locaux, pour ces mêmes choses, de sorte qu'il n'y
a pas aujourd'hui, le déplacement qui était rendu
nécessaire.
M. LAURIN: En général, M. le ministre, je vous soumets
respectueusement qu'il y aurait avantage à ce que le directeur de
n'importe quel établissement de détention dans une région
ait des contacts assez fréquents avec les responsables de l'assistance
sociale, de la santé mentale et même de la santé physique,
de la même région. Je pense que cela serait peut-être le
premier dialogue à instaurer, que cela se répercuterait
immédiatement sur la philosophie de l'établissement et que cela
pourrait inaugurer, susciter un certain nombre de mesures hautement
nécessaires dans ces établissements-là.
Une dernière question générale sur ce sujet. Etant
donné que l'accent doit être mis de plus en plus sur la formation
du personnel de garde, et étant donné que maintenant nous avons
une institution à Montréal, qui serait capable, à mon avis
en tout cas, de former ce personnel avec l'aide et l'incitation du
ministère, aussi bien de la Justice que des Affaires sociales, est-ce
que des mesures ont été prises, des mesures effectives,
sérieuses ont été prises pour voir à ce que ce
personnel de garde soit formé?
M. FOURNIER: Oui. Quant au personnel de garde, nous recevons des
demandes de personnes qui suivent déjà certains cours au CEGEP
d'Ahuntsic où des cours sont donnés et, de plus, il y a une
école de surveillance pénitentiaire, mais je dois dire qu'avec la
quantité de gardiens que nous avons, il est difficile de donner des
cours aux nouveaux et de faire le recyclage des anciens...
M. LAURIN: Est-ce que le recyclage fait aussi l'objet de vos
préoccupations?
M. FOURNIER: Absolument. Actuellement, c'est le recyclage qui se fait
à l'école de surveillance pénitentiaire, et, quant au
reste, le recrutement se fait beaucoup par le CEGEP d'Ahuntsic.
M. LAURIN: Est-ce que ces cours de recyclage se font selon un programme
qui est fait par votre ministère ou par le ministère de
l'Education ou par le ministère des Affaires sociales?
M. FOURNIER : C'est par notre ministère seulement.
M. LAURIN: Est-ce que c'est un cours assez long?
M. FOURNIER : Un cours de sept semaines.
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez nous communiquer le programme de ces
cours-là?
M. FOURNIER: Oui, ça me fait plaisir.
M. LAURIN : En ce qui concerne le nouveau personnel, est-ce que vous
avez élevé vos normes quant à la scolarité?
Est-ce que vous vous préoccupez de faire un examen un peu plus
fouillé de la personnalité des gens appelés à
devenir des gardiens?
M. FOURNIER: Nous avions augmenté les normes, mais nous avons eu
une certaine difficulté de recrutement. Nous avons eu à tenir
plusieurs concours à certains moments pour remplir les fonctions.
M. LAURIN: Pourtant il y a beaucoup de chômage.
M. FOURNIER: La scolarité a été augmentée de
la 9ème à la lOème année, pour le moment. Nous
avons encore certaines difficultés.
M. LAURIN: Ce n'est pas encore beaucoup, M. le ministre.
M. FOURNIER: Je comprends mais dans ce recrutement surtout le
fait que nous avons 40 établissements il est difficile, dans
certaines régions rurales de recruter des gens. Si nous les recrutons
à Montréal, ils ne veulent pas se rendre dans les régions
rurales.
M. LAURIN: De quelle façon peut-on com-
parer, par exemple, avec les critères que l'école de
police de Nicolet a adoptés? Et de quelle façon peut-on comparer
avec les critères pour l'engagement de gardiens appelés à
faire le même travail, dans les autres provinces et au niveau
fédéral? Selon les rapports que j'ai lus, il y a un écart
assez marqué entre les critères que vous utilisez au
Québec et ceux que les établissements fédéraux
utilisent?
M. FOURNIER: La chose se reflète nécessairement dans les
salaires aussi, les échelles de salaires qui sont payées à
nos gardiens, agents de la paix...
M. LAURIN: C'est justement.
M. FOURNIER: ... et ceux de la police où la marge est très
grande.
M. LAURIN: Est-ce que la reconsidération des salaires, si c'est
ça l'obstacle, ne devrait pas être faite également?
M. FOURNIER: Ceci a fait l'objet d'analyses, par la Fonction publique,
assez détaillées. Dans les négociations, ils ont fait une
répartition. Les normes applicables ici ont été
établies de la même façon que pour l'ensemble de la
Fonction publique.
M. LAURIN: Est-ce que vous ayez l'intention de faire des pressions
énergiques auprès du ministère de la Fonction publique,
pour qu'il rehausse ses normes salariales, afin que vous puissiez appliquer vos
normes pédagogiques?
M. FOURNIER: Lors des difficultés récentes, nous avons
nécessairement analysé à fond cette situation, même
tenté vis-à-vis de la Fonction publique de faire admettre
certains critères, certains principes que nous avions mais qu'eux ne
semblent pas avoir.
M. PAUL: Est-ce que le ministre est au courant que demain justement, la
Commission de la Fonction publique, avant de débuter l'étude des
crédits, doit entendre M. Pion, le président du syndicat des
agents de la paix, tel qu'il avait été convenu avec le ministre
de la Fonction publique à l'occasion de l'étude des
mémoires qui ont été présentés, sur le
projet de loi 19.
M. FOURNIER: J'ai entendu l'annonce aujourd'hui.
M. LAURIN: Quelle est la différence, M. le ministre,
actuellement, entre les salaires au niveau fédéral et au niveau
québécois pour la même catégorie de postes? C'est
une question générale quand même. On ne parle jamais de
cela, M. le Président. Ce problème, c'est la première
année qu'on en parle. J'y tiens.
M. FOURNIER: Le salaire de base est le même mais en haut de
l'échelle il y a 15 p.c. de différence entre les deux. C'est une
des raisons évidemment des remarques et des demandes des gardiens de la
paix, à l'occasion, puisque ceux qui travaillaient à
Saint-Vincent-de-Paul recevaient un traitement de 15 p.c. plus
élevé.
M. LAURIN: Etes-vous d'accord, M. le ministre, avec le fait que les
critères pour l'engagement, le recrutement des gardiens de la paix,
doivent être aussi élevés que pour l'engagement des
policiers, étant donné le rôle très important que
jouent ces gardiens auprès des détenus, dans une optique de
réhabilitation?
M. FOURNIER: Ce n'est pas tout à fait le même travail que
ces personnes sont appelées à accomplir. Même si l'on
espère obtenir, à l'intérieur des établissements,
du personnel aussi qualifié que possible, je crois qu'il faut penser
plutôt à sélectionner certaines personnes
particulières dont le travail serait du travail au-delà de celui
de gardien, pour accomplir les fonctions auxquelles pense le
député de Bourget.
M. LAURIN: Est-ce que vous seriez d'accord, M. le ministre, avec cette
proposition de principe présidant à l'organisation des prisons ou
dans les maisons de détention, il devrait y avoir pour les
détenus comme pour les prévenus trois phases: une période
d'isolement, de retraite où le sujet rencontre justement ces
spécialistes qui peuvent l'aider. Deuxièmement une période
de resocialisation; le sujet vient en groupe et fonctionne en atelier, comme
vous le disiez tout à l'heure. Troisièmement, une période
de préparation à la sortie où le sujet peut quitter
l'institution pour trouver un emploi et visiter sa famille?
M. FOURNIER: Ceci s'applique, en quelque sorte, à Waterloo,
où l'individu arrive d'une prison de la région de
Montréal, soit de Bordeaux ou d'ailleurs. Durant sa première
semaine à Waterloo, il est sujet à discussion, enquête,
etc, où on lui...
M. LAURIN: Evaluation.
M. FOURNIER: De plus, on lui fait reconnaître qu'il peut ouvrir la
fenêtre et prendre la clé des champs, mais que ça ne serait
pas sage ni dans son intérêt de le faire. Cette première
période se fait à Waterloo. Quant à la seconde, il se fait
du travail à l'intérieur de l'établissement. Par la
suite...
M. LAURIN: Est-ce que vous avez l'intention d'instaurer ce
système, qui existe à Waterloo, dans toutes les autres
prisons?
M. FOURNIER: Waterloo, présentement, n'a pas le nombre de
personnes qu'il devrait avoir. Nous solutionnerions une grande partie du
problème si nous pouvions prendre les
détenus d'autres endroits et les amener à Waterloo
où ils pourraient être sujets à tout ce système qui
serait bon pour leur réadaptation.
M. LAURIN: Maintenant, M. le ministre, est-ce que vous avez fait des
efforts aussi en ce qui concerne la révision du système de
classification pour répondre par exemple à cet objection courante
où un détenu dont c'est la première offense peut se
trouver à côté d'un détenu dont c'est la
quinzième ou la vingtième. Il peut y exister une contamination
d'un détenu à l'autre, ce qui constitue une école du crime
ou une école de récidives.
M. FOURNIER: Ce dont parle le député s'applique dans les
grosses prisons. Mais dans les autres prisons, prenons comme exemple, une
prison régionale comme celle de Hull où il y a
présentement 23 détenus et 12 prévenus, il est assez
difficile de les séparer. Les autres endroits, comme Rimouski, il y a
cinq détenus, quatre prévenus.
M. LAURIN: Je sais que cela s'applique davantage aux grosses
prisons.
M. FOURNIER: Ces chiffres-là sont... c'est simplement...
M. LAURIN: Cela serait déjà beaucoup.
M. FOURNIER: C'est pour cela qu'il faut penser dans l'optique des
grosses prisons.
M. LAURIN : Ce serait déjà beaucoup si on l'applique dans
les grosses prisons. Est-ce que le ministère entend donner suite
à cette recommandation du rapport Prévost, tome 5, aux pages 175
et 186 où on recommande de confier toutes les prisons au service des
établissements de détention et de ne plus en laisser aucune
à l'administration de la Sûreté?
M. FOURNIER: Actuellement l'administration de la Sûreté
garde les détenus seulement durant la nuit. Ils sont
transférés aux prisons. Tous les établissements de
détention sont maintenus par le service. En fait, la Sûreté
est dégagée ou sera dégagée du transport des
prisonniers. Ce n'est pas de son domaine. Le rapport Prévost
recommandait justement d'enlever cette charge à la
Sûreté.
M. LAURIN: M. le Président, le ministre de la Justice a
déjà publié un livre blanc et nous en promet d'autres sur
des sujets très importants. Est-ce que le ministre de la Justice et le
Solliciteur général ont l'intention aussi de publier un livre
blanc sur cette question très importante? Elle n'a jamais fait l'objet
d'un livre blanc. Elle donnerait précisément l'occasion au
ministère de préciser sa politique suite à tout ce qui en
a été dit dans le rapport Prévost et dans tant d'autres
congrès. Est-ce qu'il n'y aurait pas intérêt à ce
que le ministre précise, à l'intention de la population, sa
pensée, sa philosophie, son orientation sur un problème tellement
important pour le progrès d'une société?
M. FOURNIER : Des rapports ont été préparés
dans le passé et en fait résultant de ces différents
rapports et l'attitude que devait avoir le gouvernement, une loi a
été adoptée en 1969. Des principes de base y ont
été établis relativement au système de
détention où on classifie en deux, les détenus,
prévenus. On y a établi les articles 19 et 20. On y a
établi certaines rémissions de peines statutaires. C'était
déjà là une orientation qui s'est dégagée
des différentes enquêtes. Refaire un nouveau livre blanc à
la suite, je crois que les déclarations qui sont faites aujourd'hui
donnent une idée de l'orientation que nous avons et le but que nous
poursuivons.
M. LAURIN: M. le ministre, je vous soumets respectueusement que la
population ne connaît pas beaucoup ce qui se fait dans votre
ministère. Le travail, par exemple, du directeur des services des
établissements de détention depuis qu'il est à son poste.
Pour le connaître personnellement... Je sais que beaucoup d'efforts ont
été faits, des réalisations ont été faites
mais la population n'est pas au courant. Elle n'est pas au courant surtout du
développement des idées du ministère dans ce domaine.
Aussi bien pour des fins d'information que pour des fins d'orientation, cela me
semblerait utile.
Je n'oublie pas aussi que je m'adresse à des ministres
libéraux dans le sens le meilleur du terme et que, lors de la
dernière campagne électorale, le premier ministre et le ministre
de la Justice dans "Québec au Travail" annonçaient une
réforme des prisons du Québec pour les transformer en de
véritables établissements de réhabilitation, un engagement
formel. Est-ce que je peux demander au ministre de la Justice comment il
entendrait aujourd'hui préciser cet engagement électoral?
M. FOURNIER: C'est dans cette direction que nous nous engageons de jour
en jour. Le député a mentionné la question de
publicité, etc.. Nous entendons, relativement à cela
mettre à la disposition des détenus comme cela se fait
dans d'autres Etats ou dans d'autres endroits lorsqu'ils entreront en
prison, des documents dans lesquels on leur fait constater les droits qu'ils
ont, les visites, leurs relations familiales, à savoir l'article
19 et l'article 20. Nous sommes à préparer des publications dans
ce sens. Je comprends que, d'un autre côté, ce n'est pas un sujet
qui exerce énormément d'attraction sur le public en
général. Lorsqu'il se produit des événements graves
à l'intérieur d'une prison, la publicité s'en empare, mais
que nous mentionnions que nous avons l'intention de donner certains cours, de
réhabiliter ces détenus, le plus souvent, la publicité
manque pour cela.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: Sur ce point, l'engagement du premier ministre et du ministre
de la Justice n'a pas été formel. Il n'était pas
prévu dans l'engagement du parti libéral de réaliser ce
programme avant le 31 décembre 1971, comme ce fut le cas pour
l'engagement solennel des 100,000 nouveaux emplois avant le 31 décembre
1971. Personnellement, je ne reproche pas au ministre de ne pas avoir encore
actualisé cette partie du programme libéral.
M. DROLET: Sur le même sujet, M. le Président,
j'étais en train de lire les réalisations du Parti libéral
après deux ans et, dans la page réservée au Solliciteur
général page 125 dans les réalisations, il
est écrit : "La réforme en profondeur du système
pénitentiaire se fait depuis deux ans."
M. HARDY: Cela fait une heure qu'ils en parlent.
M. PAUL: Ils veulent surtout parler de son voyage en Europe.
M. BURNS: Sur ce point, M. le Président, le ministre nous disait
tantôt qu'il n'était peut-être pas opportun de publier un
livre blanc...
UNE VOIX: On a publié un livre rouge.
M. BURNS: ... mais, d'autre part, je pense que, l'an dernier, le
ministre de la Justice, en l'absence du Solliciteur général,
avait trouvé excellente la suggestion du comité de réunir
la commission parlementaire de la justice pour étudier les
problèmes de détention et de probation, les problèmes
spécifiques que cela occasionnait. Est-ce que c'est toujours quelque
chose qui est envisageable par une réunion de la commission
parlementaire spécifiquement pour ces points?
M. FOURNIER: Je n'ai aucune objection, puisque cela a été
aussi mon attitude relativement au problème de la détention.
Dès que je me suis occupé de la question, j'ai tenté
d'ouvrir aussi grandes que possible les portes et les fenêtres
relativement â ce service parce que je croyais que ce que les gens
ignoraient, ils en faisaient des épouvantails. C'est la raison pour
laquelle les journalistes sont venus à un certain moment à
Orsainville, et que, relativement aux problèmes qui existaient
récemment à Hull, la prison a été ouverte
totalement pour que les gens voient exactement les choses. Une personne qui n'a
jamais pénétré dans une prison pense beaucoup plus mal que
ce qui existe et je suis totalement en faveur d'aérer cette question
puisque c'est une question où le public a le droit de savoir ce qui se
passe. Ce ne sont pas des étrangers que nous avons là, ce sont
des citoyens de la province qui ont commis certaines infractions et qui ont
reçu certaines condamnations des tribunaux mais qui retourneront
à la société.
M. BURNS: Est-ce que je dois comprendre la question du ministre comme un
engagement de sa part à faire convoquer la commission parlementaire de
la justice sur ce problème?
M. FOURNIER: Je devrai consulter le leader de la Chambre.
M. BURNS: Non, mais quant à lui...
M. FOURNIER: Quant à moi, je n'ai aucune objection.
M. BURNS: Je ne parle pas des possibilités.
Est-ce que ce serait également dans les vues du ministre
qu'à cette rencontre de la commission parlementaire de la justice sur
ces problèmes, il y ait des groupes qui puissent être entendus de
l'extérieur, soit les agents de la paix eux-mêmes, des gens qui
peuvent avoir des idées sur la réhabilitation, la probation, les
conditions de détention, etc.?
M. FOURNIER: Nous obtenons régulièrement,
évidemment, des rapports de la part de ces gens, des gardiens. Nous
avons fait des enquêtes à ce sujet. Quant à
l'étendue de la commission parlementaire, je voudrais analyser davantage
la situation. Quant à la situation qui existe présentement dans
les centres de détention, au stade actuel, réunir la commission
parlementaire dans le but d'entendre certaines déclarations de la part
d'agents de la paix ce ne serait pas approprié dans les circonstances
actuelles de négociation.
M. BURNS: Je citais cela uniquement à titre d'exemple. Il y a un
tas d'autres gens qui peuvent être intéressés, par exemple,
il y a sûrement des criminologues qui ont un gros mot à dire
à ce sujet.
M. HARDY: A condition qu'ils ne viennent pas se chicaner ici.
M. BURNS: Il y a sans doute des avocats qui sont
préoccupés par cette situation, qui ont à voir des
clients.
M. FOURNIER: Comme il a été mentionné
précédemment, les rapports Ouimet et Prévost ont fait
l'objet d'enquêtes publiques auxquelles des gens se sont
présentés. Evidemment, cela fait déjà quelques
années mais pas si longtemps que cela. A ce moment-là les
groupements avaient été interrogés et les
enquêtes...
M. LAURIN: A tort ou à raison, M. le ministre, dans beaucoup de
secteurs de la population, il semble qu'il existe encore l'idée
d'une opposition entre l'optique purement sécuritaire des
établissements de détention et l'optique réhabilitation,
et je suis convaincu que, dans votre ministère, il n'y a pas opposition.
Mais s'il n'y a pas opposition, il faudrait que la population le sache. S'il
reste de l'opposition, il faudrait également qu'on puisse essayer de
voir pourquoi il reste des oppositions afin d'essayer de voir comment
réconcilier l'impératif de la sécurité du citoyen
et la réhabilitation du citoyen. Peut-être qu'il n'y aurait pas de
meilleur moyen que cette aération publique des vues du ministère
avec des propositions qui seraient faites par divers groupes
intéressés.
M. FOURNIER: Quant à nos vues relativement à la question
sécuritaire et quant à la question de réhabilitation, nous
envisageons la situation de la façon suivante: Le service de
détention a un devoir à accomplir lorsque des gens lui sont
confiés, il doit s'assurer que ces gens sont détenus aux endroits
auxquels ils doivent être. La question de sécurité, nous
l'appliquons relativement aux prévenus. Nous prenons les dispositions
nécessaires de façon à ce que ces gens soient disponibles
pour les procès. Quant aux détenus, nous appliquons des normes
aussi larges que possible en vue de leur réhabilitation.
M. LAURIN: En tout cas, il me semble qu'une ouverture de ce
problème convaincrait la population, que les efforts qui sont faits dans
divers milieux ne sont pas vains, et sont entendus des autorités et
donnent lieu à des réalisations. Autrement, on peut encore se
poser des questions et se demander si on n'est pas en face de promesses ou de
voeux pieux qui ne sont pas suivis de réalisations.
Dans le propre intérêt du gouvernement, il serait important
et opportun qu'on procède à cette consultation plus
fréquente de l'opinion publique, particulièrement la plus
avertie.
M. le Président, est-ce que les deux ministres ont l'intention de
donner suite aussi à cette recommandation du rapport Prévost en
ce qui concerne le travail des détenus? Au tome 5, pages 169 et 186, on
recommandait que le service des prisons du Québec et les organismes
concernés directement ou indirectement revisent leurs positions face au
travail des détenus, en s'inspirant de ce qui se fait ailleurs.
Ailleurs, c'est-à-dire dans certains pays où on a réussi
à rendre rentable l'administration du service des prisons et à
faciliter la réinsertion des détenus dans le monde du travail en
même temps.
M. FOURNIER: Sur ce point, je dois dire que nous n'avons pas
présentement, au Québec, les objections qui existent dans
d'autres endroits. Mais je dois dire que dans certains états, aux
Etats-Unis, des objections formelles sont faites par les différents
syndicats ouvriers parce qu'il s'agit en quelque sorte de "cheap labor".
Mais il arrive que les productions dans ces états-là
servent simplement aux fins gouvernementales ou aux fins institutionnelles.
Mais ça crée un problème, même si c'est
appliqué ailleurs, puisque ce serait remplacer l'entreprise
privée jusqu'à un certain point.
M. LAURIN: J'arrête là pour le moment mes questions,
espérant les reprendre à l'occasion de cette commission
parlementaire que vous nous promettez moralement. Et je vous remercie
infiniment pour les réponses que vous avez bien voulu apporter à
mes questions.
M. BURNS: Une autre promesse que, sans doute, l'année prochaine,
on sera obligé de reprocher au ministre.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté. Catégorie 2.
Adopté. Catégorie 3. Adopté. Catégorie 4.
M. BURNS: Je remarque, encore une fois, une augmentation assez
substantielle des services professionnels. Je me pose la question: Est-ce que
la direction générale des établissements de
détention manquerait de personnel pour avoir recours à des
services professionnels et administratifs pour une somme de $479,700 alors que,
l'année dernière, c'était prévu à
$285,000?
M. FOURNIER: Dans ce montant, il y a des honoraires de $134,000 pour des
psychiatres.
M. DROLET: Ils sont bien payés.
M. PAUL: Je comprends que leur travail se fait surtout chez les malades
mentaux.
M. FOURNIER: Nous avions, jusqu'à récemment, des contrats
avec les psychiatres et, depuis les dernières ententes, il s'agit de
services qui sont payés à l'acte. De sorte qu'il y a une
augmentation dans ce domaine...
M. BURNS: Ils ne sont pas régis par l'assurance-maladie?
M. FOURNIER: Il y a un nombre minimum d'heures pour lesquelles nous leur
payons salaire et le reste... Ils étaient à plein temps et
à salaire, mais maintenant ils sont payés à l'acte. Le Dr
Daoust a démissionné comme fonctionnaire permanent. Ils sont
payés à l'acte.
M. BURNS: Mais ils ne sont pas régis par l'assurance-maladie?
M. CHOQUETTE: Justement, les services psychiatriques ne sont pas
régis par l'assurance-santé. Vous vous souvenez du grand
débat...
M. BURNS: Comme je n'y ai pas recours tellement souvent, je ne m'en
rends pas compte.
M. PAUL: Vous laissez ça au député de Bourget.
M. BURNS: Pas besoin, nous avons notre psychiatre portatif.
M. CHOQUETTE: Nous aussi quant à ça, j'ai le ministre de
l'Education derrière moi.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté.
M. BURNS: Quel est le reste de la ventilation?
M. FOURNIER : Un montant additionnel de $49,000 pour des services de
gardiennage de la guérite de la prison de Montréal et pour la
garde dans les hôpitaux à cause de la hausse du taux horaire des
agences de sécurité, ainsi que pour être en mesure de
répondre à l'augmentation du volume de travail.
M. BURNS: C'est dire que vous manquez de personnel chez vos agents de la
paix.
M. FOURNIER: C'est qu'à l'entrée de Bordeaux, il y a une
espèce de clôture avant d'arriver aux automobiles et il y a des
gardiens engagés.
M. BURNS: Vous parliez également des agents de
sécurité lorsque vous amenez un prévenu ou un
détenu à l'hôpital, j'imagine. Ce n'est pas une fonction
qui est remplie par les agents de la paix eux-mêmes?
M. FOURNIER: La conduite de l'établissement de détention
à l'hôpital se fait par le service de détention et, rendu
à l'endroit, ce sont des gardiens engagés.
M. BURNS: Est-ce que ça complète?
M. FOURNIER: Ce serait $49,000 plus $134,000 qui compléterait la
différence.
M. BURNS: Moi j'ai comme chiffre $479,000.
M. FOURNIER: Oui, j'ai donné simplement les augmentations, l'an
dernier c'était $285,000. Si le député veut avoir
l'ensemble des chiffres, c'est ceci: $134,000 honoraires pour soins
psychiatriques; gardiennage de la guérite de la prison de
Montréal et des gardes dans les hôpitaux, $119,000; confection
d'uniformes, $54,700; honoraires des religieuses du Bon-Pasteur, maison Gomin,
$46,800; parce qu'il y a un contrat de signé avec elles pour le
gardiennage à cet endroit médecin et dentiste, $45,000;
repas aux prisonniers, $35,000; repas aux surveillants, $25,000; assurance des
véhicules moteurs, $15,000 et dépenses diverses, $5,200; pour un
total de $479,700.
M. BURNS: Une dernière question sur le gardiennage: Quelle est la
compagnie de sécurité qui a le contrat, est-ce que c'est une
seule et même?
M. FOURNIER: SIS.
M. BURNS: Oui, je sais laquelle, Service d'investigation et de
sécurité. Merci.
M. LE PRESIDENT: Article 10: Direction générale des
établissements de détention et du service de la probation;
sous-article 1: Etablissements de détention; catégorie 4:
Services professionnels, administratifs et autres. Adopté.
Catégorie 5: Entretien et réparations, adopté.
Catégorie 6: Loyers, adopté. Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements, adopté. Catégorie 8 : Matériel et
équipement, adopté. Catégorie 11: Autres dépenses,
adopté. Catégorie 14: Remboursements, adopté.
Sous-article 2: Service de la probation. On avait dit qu'on allait
discuter les deux en même temps. Catégorie de
dépenses...
M. BURNS: J'ai seulement une question à la catégorie 1, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1: Traitements, salaires et
allocations.
M. BURNS: A moins que ce soit une faute d'impression ou à moins
que j'aie une mauvaise...
M. LE PRESIDENT: Vous avez dit 9?
M. BURNS: Catégorie 1. Sous-article 2 et catégorie 1.
Comme je disais tantôt, à moins que ce soit une erreur
d'impression ou une fausse impression que j'ai, je vois le même nombre de
postes avec une augmentation de $210,000. Est-ce qu'on a appliqué la
politique du 4.8 p.c. ou du 5.5 p.c. dans...
M. FOURNIER: Le chiffre de l'an dernier ne prévoyait qu'une
proportion de l'année tandis qu'ici c'est pour toute l'année. Il
y a des gens qui ont été engagés au cours de
l'année et le chiffre de l'an dernier...
M. BURNS: Cela veut dire que les 95 postes de l'année
dernière étaient autorisés mais pas tous
occupés.
M. FOURNIER: Il y en avait treize à combler et, de plus, certains
postes ont été remplis à certaines périodes de
temps qui ne nécessitaient pas un budget d'un an, de sorte que là
il y a un budget pour douze mois.
M. BURNS: Ce montant-là est selon la politique salariale du
gouvernement évidemment.
M. CHOQUETTE: Quoique...
M. BURNS: J'avais peur qu'il y ait un écart là.
M. CHOQUETTE: ... il fallait que j'ajoute du rattrapage en plus du 4.8
p.c. qui s'est appliqué aux agents de la paix. Dans les offres
gouvernementales aux agents de la paix, si je me rappelle bien, quitte à
ce que je me corrige si j'étais dans l'erreur, mais...
M. PAUL: Vous n'en tenez pas compte dans vos estimations?
M. CHOQUETTE: Ah! oui.
M. PAUL: Vous en tenez compte? $59 millions? Je ne pense pas.
M. CHOQUETTE: C'est dans les finances, c'est vrai. Vous avez raison, M.
le député.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: Service de la probation;
catégorie 1 : Traitements, salaires et allocations, adopté.
M. PAUL: M. le Président, quant à moi...
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport et de
communication, adopté. Catégorie 4: Services professionnels,
administratifs et autres, adopté. Catégorie 5 : Entretien et
réparations, adopté. Catégorie 7 : Fournitures et
approvisionnements, adopté. Catégorie 8 : Matériel et
équipement, adopté.
Article S 11: Régime de retraite des membres de la
Sûreté du Québec. Vous remarquerez que c'est un nouvel
article du budget. Il n'y avait rien de prévu l'an dernier.
M. PAUL : A toutes fins pratiques, c'est pour $1,000 seulement? Est-ce
que le ministre peut nous dire d'où viennent les contributions pour une
somme de $449,000?
M. CHOQUETTE: Voici la ventilation de cette somme: Contribution des
membres, 8 p.c. de $41,922,000, soit $3,353,760; à déduire,
contribution des membres au régime des rentes du Québec,
$346,290; laissant une somme nette de contribution par les membres de
$3,007,470; à ajouter, partie des contributions des membres
prévues au budget des revenus afin de montrer une dépense nette
de $1,000; à déduire, toujours, $2,558,470; laissant une somme
nette de $449,000.
Le montant de $2,558,470 auquel je me suis référé
tout à l'heure a été arrondi à $2,600,000 dans le
budget des revenus.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 2, adopté. Catégorie 14:
Contributions.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Il faudrait maintenant retourner à la page 143
pour l'article S 12: Loi de l'indemnisation des victimes d'actes criminels.
Vous remarquerez que c'est l'application d'une loi qui a été
adoptée en 1971, et pour laquelle il n'y avait pas de dépenses
équivalentes l'an dernier.
M. BURNS: Depuis l'adoption de cette loi, est-ce que des
réclamations ont été formulées? Est-ce que nous
pourrions avoir le détail?
M. CHOQUETTE: Il y a eu des réclamations, sans aucun doute.
M. BURNS: De mémoire, est-ce que vous vous souvenez de la date de
la mise en vigueur de la loi?
M. CHOQUETTE: Je pense que c'est le 1er décembre 1971.
M. BURNS: Cette loi a été mise en vigueur le 1er mars?
M. CHOQUETTE: Oui, elle a été mise en vigueur le 1er mars
1972. Il y avait des années de rétroactivité, si vous vous
souvenez bien.
M. BURNS: Oui, c'est vrai.
M. CHOQUETTE: Il y avait environ cinq ans. Nous avons
désigné un de nos conseillers juridiques auprès de la
Commission des accidents du travail pour s'occuper de ces réclamations.
Je ne pourrais pas dire, au moment où je vous parle, combien de
réclamations ont été présentées mais j'ai
été informé qu'un certain nombre de réclamations
ont été formulées.
M. BURNS: Est-ce que le ministre sait de quel ordre serait le montant
des réclamations? Approximativement?
M. CHOQUETTE: Je n'ai aucune idée au moment où je vous
parle.
M. BURNS: Est-ce que les membres de la commission pourraient recevoir la
réponse éventuellement? Dans un document?
M. CHOQUETTE: Certainement. Nous pourrons vous faire parvenir un
état des réclamations qui ont été formulées
jusqu'à maintenant en vertu de cette loi, ainsi que d'autres
détails pertinents depuis que la loi a été mise en
vigueur.
M. BURNS: Je me souviens qu'une certaine publicité quand
je dis publicité, c'est vraiment une certaine publicité, qui
n'était pas énorme a été faite autour de la
promulgation de ce projet de loi. Est-ce que le ministère a fait quelque
chose pour faire connaître l'existence de cette loi? Je sais qu'il y a
beaucoup de gens
qui, malheureusement, l'ignorent, même si les journaux en ont fait
rapport. Il y a peut-être beaucoup de gens qui pourraient recourir
à cette loi mais qui n'en connaissent pas l'existence.
M. CHOQUETTE: Au moment où la loi a été mise en
vigueur, il y a eu une cérémonie à la Commission des
accidents du travail, à laquelle ont participé le
président de la commission, les commissaires, des officiers
supérieurs du ministère de la Justice, mais je note la suggestion
du député de garder l'affaire en somme...
M. BURNS: Je pense, par exemple, à un document comme celui que le
ministre des Institutions financières avait fait publier. Il n'y a
peut-être pas lieu de lui donner la même importance, parce qu'il y
a peut-être moins de victimes d'actes criminels qu'il y a de victimes de
banditisme commercial, mais je vois un document un peu de même style, un
petit dépliant distribué dans toute la province par le ministre
des Institutions financières pour faire la publicité de
l'existence des droits du consommateur. Je pense que quelque chose d'analogue
pourrait être fait.
M. CHOQUETTE: Je note la suggestion du député, je la
trouve excellente de prime abord et je donnerai les instructions
appropriées pour qu'on puisse préparer quelque chose de ce
genre.
M. HARDY: Il faudrait bien que la publication ne montre pas les
avantages de la loi.
M. BURNS: Je n'ai pas d'objection à ce que cela montre les
avantages de la loi, pas du tout, parce que je présume qu'à ce
moment-là ce ne sera pas un document politique en couleur rouge avec la
photo du premier ministre dans sa plus récente coiffure...
M. PAUL: Est-ce que vous aimez mieux la photo du ministre de la
Justice?
M. BURNS: Cela n'améliorerait pas grand-chose.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît. Je ferai remarquer
aux membres de la commission qu'il est 6 heures. Est-ce que vous avez
l'intention de continuer les travaux?
M. HARDY: Je me demande si nous ne devrions pas continuer jusqu'à
6 h 30 et terminer nos travaux.
M. BURNS: J'ai encore une ou deux remarques à l'article S 18.
M. LE PRESIDENT: Je vais faire la lecture des articles et vous
m'arrêterez au moment où vous aurez des remarques à faire.
Toujours à la page 143. L'article 13: Assistance judiciaire.
M. PAUL: J'ai une question, M. le Président. Est-ce que le
ministre a signé un autre contrat avec le Barreau du Québec au
sujet de l'assistance judiciaire?
M. CHOQUETTE: Non.
M. PAUL: Excepté que le Barreau a été
informé de cette disponibilité de $2,300,000 pour l'application
de l'assistance judiciaire.
M. CHOQUETTE: Non M. le Président, étant donné le
désaccord qui s'est produit récemment entre le ministère
de la Justice et le Barreau...
M. PAUL: Vous parlez du 8 avril?
M. CHOQUETTE: Je ne sais pas si c'est le 8 avril, mais enfin dans le
mois d'avril. Le Barreau n'a pas voulu reconduire les accords
précédemment signés; le Barreau a
préféré agir de la sorte pour le moment mais j'ai
confiance.
M. PAUL: Ils attendent peut-être un appel généreux
du ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: Ma générosité n'est pas
illimitée. Maintenant, on me dit que l'élection d'un nouveau
bâtonnier général aura lieu demain. Peut-être ceci
est-il un commencement de relations plus étroites.
M. PAUL: Si c'était le même bâtonnier?
M. CHOQUETTE: Cela ne peut pas être le même. Ce n'est pas
parce que je m'entends personnellement mal avec l'ancien bâtonnier
général.
M. BLANK: L'ancien n'est pas là. M. PAUL: Non?
M. CHOQUETTE: Je tiens à signaler que je n'ai rien,
personnellement, contre l'ancien bâtonnier général que je
considère toujours comme un ami, malgré certains
désaccords.
M. PAUL: J'ai remarqué que le ministre, à ce moment,
était très attentif au discours.
M. CHOQUETTE: Certainement, j'étais attentif.
M. BACON: Il en est très satisfait.
M. BURNS: Relativement à cet article de l'assistance judiciaire,
évidemment, c'est relatif à l'adoption du projet de loi 10,
est-ce que le ministre est en mesure de nous dire qu'il prévoit que le
projet de loi 10 sera en vigueur dans le courant de l'année?
M. CHOQUETTE: J'ai l'intention, M. le Président, aussitôt
les auditions de la commission
parlementaire terminées, de revoir le projet dans son entier, d'y
apporter les modifications qui s'imposent, de le présenter de nouveau en
deuxième lecture à la session actuelle et de le faire adopter
à la session actuelle. Actuelle, c'est-à-dire ne pas reporter la
question à l'automne.
M. BURNS: A ce moment, on pourrait s'attendre à ce que le projet
de loi soit en vigueur dès cette année.
M. CHOQUETTE: On pourra s'attendre à ce que...
M. BURNS: Je veux dire qu'il ne sera pas reporté quant à
sa mise en vigueur...
M. CHOQUETTE: Il est sûr et certain... M. BURNS: ... à
décembre 1972.
M. CHOQUETTE: Non. Il est sûr et certain que pour sa mise en
vigueur dans son entier, il faudra penser à une date ultérieure
pour nous donner le temps de nous organiser. Mais la commission des services
juridiques sera instituée aussitôt après l'adoption du
projet de loi et elle se mettra à la tâche de l'organisation
générale de l'assistance judiciaire à travers le
Québec.
M. LE PRESIDENT: Article 14: Commission de contrôle des permis
d'alcool. Adopté?
M. HARDY: M. le Président... Permis d'alcool
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, article 13. Adopté. Nous revenons
à la page 154 pour l'article 14: Commission de contrôle des permis
d'alcool; catégorie 1: Traitements, salaires et allocations.
M. HARDY: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre.
M. LE PRESIDENT: Je ferai remarquer au député de
Terrebonne que c'est un nouvel article au budget et que l'application de la
nouvelle loi qui a été passée, qui a scindé les
lois existantes...
M. HARDY: Mais ça ne change pas grand chose aux questions que je
voudrais poser.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a aucun chiffre correspondant pour
l'année dernière.
M. HARDY: Les questions que j'ai à formuler n'ont rien à
voir avec les chiffres qui auraient pu exister l'an passé.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Terrebonne dit
qu'il ne s'intéresse pas aux crédits proprement dits?
M. HARDY: Je veux dire que je m'intéresse vivement à la
Régie des alcools. Je voudrais savoir du ministre si des commissaires
ont été nommés tel que l'autorise la loi votée
récemment, les amendements à la loi autorisant le ministre
à nommer temporairement des commissaires.
M. CHOQUETTE: Deux commissaires additionnels et temporaires ont
été nommés à la séance du conseil des
ministres, hier soir.
M. HARDY: J'en suis très heureux et j'espère que ça
va...
M. CHOQUETTE: Me Raoul Provencher qui était conseiller et chef du
contentieux à la Voirie et Me Alexandre Mierzwinski, qui était
conseiller juridique auprès de la cour du Bien-Etre social, et qui,
incidemment, a travaillé depuis six ou huit mois sur un document
d'intérêt général mais qui traite surtout de
l'administration de la justice dans le nord québécois, en
particulier en rapport avec les problèmes des Esquimaux et des
Indiens.
M. HARDY: M. le Président, je me réjouis vivement de cette
annonce que le ministre vient de faire.
M. LE PRESIDENT: Adoption, dans ce cas.
M. HARDY: Non, j'ai quelques brèves remarques à ajouter.
Il continuait malgré l'adoption, malgré que ça s'appelait
maintenant la Commission de contrôle des permis d'alcool, à y
avoir des retards absolument inacceptables entre le dépôt des
demandes et l'audition desdites demandes. En particulier je l'avais
souligné en Chambre ceci prenait un caractère encore plus
grave, lorsqu'il s'agissait de ventes de commerce, c'est-à-dire que,
après la vente d'un commerce d'hôtel, d'épicerie ou de
restaurant, il pouvait s'écouler quatre mois, cinq mois, parce que
maintenant il faut faire une nouvelle demande de permis, ce n'est plus un
transfert, il n'existe plus de transfert.
C'était donc absolument inacceptable, ça plaçait
les personnes en cause dans une situation précaire, on devait attendre
un certain nombre de mois avant de compléter les contrats de vente. Je
me réjouis et j'espère que ces nouvelles personnes pourront
accélérer les auditions et les demandes et faire en sorte que les
permis soient accordés ou refusés suivant le cas, mais dans un
délai raisonnable.
Il y a un autre aspect que je voulais souligner, que j'ai
déjà d'ailleurs souligné, mais qui me tient beaucoup
à coeur, c'est le problème de la réglementation. J'ai eu
l'occasion, à quelques reprises, de causer de ça avec le
ministre. On nous avait dit que la nouvelle Commission de contrôle des
permis d'alcool ne ferait pas comme l'ancienne régie, jugeant un peu
à l'oreille et à l'oeil, appliquant certains critères une
semaine et d'autres critères la
semaine suivante, avec le résultat que les gens se faisaient
refuser des permis à un moment donné et que d'autres s'en
faisaient octroyer parce que les commissaires avaient décidé
d'appliquer tel ou tel principe.
Il était question d'avoir une réglementation
précise, bien articulée, de façon que les gens qui
voulaient faire des demandes sachent d'avance, à peu près, s'ils
avaient une possibilité ou non de l'obtenir.
J'espère également que cette réglementation est en
bonne voie de réalisation. J'ose formuler une suggestion. Avant que
cette réglementation soit adoptée par le cabinet, par
arrêté en conseil, je me demande s'il n'y aurait pas lieu, puisque
ce serait une prolongation de la loi, une mise en application de la loi, que
cette réglementation soit soumise à la commission parlementaire
de la justice.
A ce moment-là, entre autres, si les règlements ne
prévoient pas ou défendent que les clubs sociaux ou les oeuvres
humanitaires se voient reconnaître le droit d'obtenir des permis pour
vente de boisson, je m'opposerais très vivement à cette
réglementation pour les raisons que j'ai déjà
énumérées en Chambre.
Je sais que la commission Thinel, dans son rapport, prétend que
la Commission de contrôle des permis d'alcool ne devrait pas accorder de
permis de vente de boisson à des organismes sans but lucratif, à
l'occasion d'une soirée, d'une danse ou autre chose. J'ai
déjà eu l'occasion de dire que je m'oppose vivement à une
telle prétention, qui n'a, à mon sens, aucune raison
d'être. On prétend que ceci constituerait une concurrence
déloyale à l'endroit des hôteliers, je trouve que c'est
absolument absurbe de prétendre une chose semblable, puisque, lorsqu'une
organisation, un club social fait une soirée quelconque, dans bien des
cas, surtout en campagne, les hôtels ne peuvent pas les recevoir. Ils
n'ont pas de salle suffisamment grande.
M. PAUL: Ils ne veulent pas les recevoir.
M. HARDY: Ils ne veulent pas, c'est le premier point de vue.
Le deuxième point de vue, c'est que la plupart de ces organismes
n'en font pas d'abus. Il peut y avoir des abus, mais la très grande
majorité ne font pas d'abus; ils tiennent une soirée ou deux par
année, demandent à l'occasion de cette soirée un permis de
vente de boisson et c'est à peu près leur seule source de revenu
pour survivre.
On m'a déjà dit: Vous pouvez très bien faire des
soirées semblables sans avoir de permis de boisson. C'est
peut-être très beau, c'est peut-être très
angélique les Lacordaires font ça mais l'ensemble
de la population n'appartient pas aux ligues antialcooliques ou aux ligues
Lacordaire et l'ensemble de la population aime bien, à l'occasion d'une
danse ou d'une soirée quelconque, pouvoir consommer des boissons
alcooliques.
C'est pourquoi, M. le Président, je résume en disant que
j'espère qu'il y aura une réglementation précise. Je
souhaite que ce projet de règlement soit soumis à la commission
parlementaire de la justice. A ce moment-là, évidemment, on verra
le troisième sujet, le problème des clubs sociaux ou des oeuvres
humanitaires et on verra ce que le projet de règlement dit
là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Le député de Trois-Rivières.
Auparavant, j'aimerais faire part aux membres de la commission que le
député de Lévis remplace pour cette séance le
député de Portneuf.
M. ROY (Lévis): Pour la fin de la séance. UNE VOIX:
Adopté.
M. CHOQUETTE: La commission en est nettement
améliorée.
M. LE PRESIDENT: Le député de Trois-Rivières.
M. BACON: M. le Président, concernant l'application de la Loi de
la Commission de contrôle des permis d'alcool, lorsqu'on avait
étudié la loi à l'Assemblée nationale, il me semble
qu'il avait été mentionné que, dans les cas de transfert,
comme en faisait part le député de Terrebonne, on aurait un
rôle spécial à la régie de façon à
pouvoir être plus expéditif et plus rapide. Je considère
que dans ce domaine-là on cause dans bien des cas préjudice au
citoyen. Je comprends que le ministre a passablement de problèmes
à la commission de contrôle, mais si on avait un rôle
spécial dans les cas de transfert, cela serait pas mal plus facile et
cela améliorerait les choses.
De même, je pense que les commissaires devraient faire plus
qu'appliquer la loi. Je regarde dans ma ville, dans mon comté; on
devrait faire un peu plus de recherche au point de vue du marché des
alcools et ces choses-là, de façon à ne pas
éparpiller les permis aux quatre coins, ce qui, dans bien des cas, soit
financièrement ou pour un tas de raisons, cause préjudice
à celui qui est déjà un tenancier et qui a depuis un
certain nombre d'années un commerce bien organisé.
M. PAUL: Je fais une remarque au député de
Trois-Rivières, vous voudriez que ce soit une profession quasi
fermée?
M. BACON: Non, je ne veux pas tomber non plus dans l'erreur de faire un
marché protégé, ce n'est pas mon intention.
M. CHOQUETTE: M. le président, si vous me permettez de
répondre très brièvement aux interventions du
député...
M. BACON: M. le Président, puis-je conclure...
M. CHOQUETTE: Aviez-vous conclu? M. BACON: Non.
M. PAUL: Autrement, il va avoir la péroraison prise dans la
clôture!
M. BACON: De toute façon, j'insiste sur le point principal que
j'ai voulu mentionner, M. le Président, c'est qu'on fasse plus que
l'application d'une loi, qu'on fasse un peu de recherche dans les
différentes régions de la province et que, dans les cas de
transfert, on ait un rôle spécial de façon à
être plus expéditif et à causer moins de préjudice
aux citoyens. J'ai conclu, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: M. le Président, lorsque cette commission a
été réorganisée à la suite de l'adoption du
bill 44, elle avait déjà des arrérages très
considérables de demandes de permis qui avaient été
logées précédemment et qui ont été
maintenues devant la nouvelle commission. Par conséquent, la commission
n'est pas partie en terrain vierge, elle est partie d'une situation où
il y avait déjà des arrérages très
considérables. De nouveaux commissaires ont été
désignés. Il y a eu des problèmes de personnel, parce
qu'il a fallu effectuer des changements ou des transferts de personnel entre la
Société des alcools et la commission de contrôle, parce que
les anciens employés de la Régie des alcools appartenaient
à la Société des alcools.
Par conséquent, il y a eu un problème de relations de
travail, un problème de détermination du personnel qui devait
demeurer en permanence auprès de la nouvelle commission de
contrôle. Il y a eu de nouvelles demandes dans l'intervalle, mais nous
sommes parfaitement conscients des délais qui sont encourus
indûment et nous essayons par tous les moyens possibles et imaginables de
faire face à ces délais, de les minimiser.
Je puis assurer les membres de la commission qu'à l'heure
actuelle nous émettons plus d'ordonnances chaque semaine qu'il y a de
demandes qui entrent à la commission. Par conséquent, nous
rattrapons peu à peu les retards qui avaient été encourus.
J'espère que ceci ne sera pas considéré comme une
promesse, parce que loin de moi l'idée de faire des promesses que je ne
saurais remplir, mais on m'assure que dans une période de six à
huit mois il sera possible d'arriver à des délais de quelques
mois qui seraient normaux pour l'examen des demandes.
Maintenant, n'oubliez pas ceci, messieurs!
Beaucoup de gens se plaignent des délais à la Commission
de contrôle des permis des alcools, je le reconnais et dans beaucoup de
cas peut-être est-ce justifié. Il y a des gens qui se plaignent
des délais parce que leurs demandes ne sont pas complètes souvent
et qu'il manque tel document au dossier. On est obligé de leur
écrire, envoyez telle chose. On leur demande ces renseignements et tout
cela fait encourir des délais additionnels, relativement à leurs
demandes, dont ces gens sont responsables. Mais ceci étant dit, j'admets
qu'il y a un problème général de délais auxquels il
faut que la Commission fasse face efficacement.
Dans le domaine de la réglementation, j'ai demandé aux
commissaires, assistés d'avocats que je leur ai suggérés,
de préparer une réglementation. Cette réglementation est
en somme préparée à l'heure actuelle, de telle sorte que
je n'aurais pas d'objections, dans un avenir rapproché, à la
déposer à la commission de la justice pour qu'on puisse en faire
un examen général pour savoir si elle est conforme à la
loi, si elle est dans l'intérêt public. Donc le
député de Terrebonne peut être assuré de ma bonne
volonté dans ce domaine.
M. HARDY: Ce n'est pas une promesse.
M. CHOQUETTE: Mais ce n'est pas une promesse formelle.
Troisièmement, pour ce qui est des associations sans but lucratif qui
veulent tenir des soirées et obtenir un permis de banquet pour vendre
des alcools, au cours de ces soirées, la Commission a
déjà, à ma demande, revisé sa politique dans ce
domaine. De sorte que des associations politiques des différents partis
peuvent actuellement solliciter de tels permis et ainsi pouvoir vendre des
alcools et se servir du produit de cette vente pour leurs fins, à la
manière des clubs sociaux, pour leurs activités au niveau local.
Par conséquent, il s'agit d'un problème auquel nous avons
remédié. Quant à un rôle relativement au transfert,
je prends note de la suggestion du député de
Trois-Rivières et je la transmettrai aux autorités.
M. BURNS: Excusez, seulement un point pendant qu'on est sur le sujet des
politiques du ministère à l'égard de l'application des
permis. Je le dis d'avance, je ne demande pas au ministre de se prononcer sur
quelque chose qui pourrait être devant la Commission de contrôle
actuellement, je lui demande sa politique concernant la possibilité aux
magasins à succursales d'avoir des permis de cidre. Je peux vous
assurer, M. le ministre, qu'actuellement les petits épiciers que je
connais sont très sérieusement préoccupés par cette
situation. J'ai entendu, et sûrement les membres de la Commission ont
reçu des représentations de l'Association des détaillants
en alimentation qui représente pour la plupart, ce qu'on appelle les
petits épiciers du coin. Leur grande crainte n'est peut-être pas,
dans l'immédiat le fait qu'on confie aux magasins à succursales
des permis de vente mais ils voient à ce moment une intrusion dans un
domaine qui a toujours été considéré comme
étant une façon de permettre au petit épicier de se
relever, l'intrusion venant éventuellement dans le domaine de la vente
de la bière. J'aimerais que le ministre nous dise la politique
du ministère et peu importe le problème qui peut
être devant la Commission actuellement, sur a) la vente du cidre et b) la
vente de la bière.
M. CHOQUETTE: Le député de Maisonneuve me tend des
pièges fantastiques. Il devrait comprendre que quand un problème
est devant une commission administrative, il doit être jugé
à son mérite. Je serais très mal venu de me prononcer et
d'influencer le tribunal dans la décision qu'il doit rendre parce que
cela serait en quelque sorte me prononcer sur une matière qui est sub
judice. Je suis sûr que le député ne voudrait pas m'imposer
cela.
M. BURNS: J'ai pris toutes les précautions, M. le
Président, pour lui dire que je ne demandais pas de se prononcer sur le
conflit actuel ou le problème actuel qui est soumis à la
Commission. D'ailleurs le ministre nous a mentionné tantôt qu'il a
fait des pressions auprès de la Commission pour qu'elle change certaines
de ses politiques en matière de décernement de permis pour les
associations sans but lucratif. Personne ici ne l'a blâmé de
s'être immiscé dans un domaine quasi judiciaire. C'est un domaine
où justement la Commission, peu importe la décision qu'elle
rendra, et c'est pour ça que je vous demande j'ai bien compris
votre réponse à la question qui vous était adressée
l'autre jour par le député de Pertneuf, sauf erreur...
M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: Mais, je veux dire que si jamais, peu importe la
décision qui sera rendue, ça devient la politique du
ministère de laisser les permis de vente de cidre et bière aux
magasins à succursales, je vous assure que vous allez recevoir une
avalanche de récriminations, de contestations de la part des petits
épiciers qui, bien souvent, réussissent à boucler leur
budget grâce à cette vente.
Là, il va falloir se poser la question si on doit les faire
disparaître complètement ou non, ces petits épiciers. C'est
ça la question qui se pose, que sous-tend cette question.
M. CHOQUETTE: Je suis parfaitement conscient de la gravité, du
sérieux de la question, mais étant donné qu'un
procès se déroule exactement sur cette question, je
préférerais, pour le moment, ne pas exprimer d'avis.
M. BURNS: Mais, il risque d'en avoir constamment un procès sur
cette question. Il y a risque que, dès que la décision de la
Commission de contrôle sera rendue dans le cas de Steinberg, vous ayez
une autre demande de Dominion et que vous ne puissiez pas vous prononcer encore
et qu'ensuite, vous en ayez un d'un autre.
M. CHOQUETTE: Il peut y avoir lieu d'a- mender la loi ou d'amender la
réglementation à ce moment-là.
M. BURNS: C'est ça que je veux dire. Moi, je vous demande
simplement de dire que si nécessaire, on va amender la loi. C'est
ça que je vous demande dans le fond. La Commission de contrôle
décidera bien ce qu'elle voudra en vertu des règlements qu'elle a
devant elle et de la loi. Ce n'est pas ce que je vous demande de régler
là.
M. CHOQUETTE: Le député tente de faire une distinction, en
somme, entre la politique générale dans un domaine et son
application à un cas particulier; et je le comprends de tenter de tracer
cette ligne frontière entre les deux questions. A mon sens, elles sont
tellement intimement reliées dans le cas qui est pendant devant la
commission, à l'heure actuelle, que le député me permettra
d'attendre avant d'exprimer un avis formel.
M. BURNS: Est-ce que le ministre le fera après cette
décision?
M. CHOQUETTE : Sans aucun doute.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais suggérer au
ministre, timidement, en raison de l'heure avancée, cette
possibilité d'octroyer des permis pour une période de trois ans,
ou du moins, de deux ans au lieu d'une année. Je crois que ça
libérerait d'autant la commission de tout le rouage administratif et qui
paralyse certainement un grand nombre d'employés et de commissaires
lorsque, à chaque printemps, au mois de mai, on est obligé de
renouveler de 10,000 à 12,000 permis. Alors, c'est une suggestion que je
fais au ministre sans ajouter aucun autre commentaire.
M. CHOQUETTE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je voudrais demander
à l'honorable ministre... Il m'a eu l'air, à propos de la vente
du cidre, de sa distribution par les magasins à succursales d'être
très prudent. Est-ce que le ministre pense que les déclarations
que le premier ministre a faites...? Le 27 mars, il avait dit: Tant que je
serai premier ministre, je ne permettrai jamais la vente de bière ni de
cidre dans des Steinberg ou dans des magasins à succursales.
M. CHOQUETTE: Je crois que le député de Lévis
étire un peu la déclaration du premier ministre, je pense qu'il
avait dit de bière.
M. ROY (Lévis): De bière.
M. HARDY: Mais, il n'embrassait pas nécessairement le cidre.
M. ROY (Lévis): Non, mais c'est parce que vous aimez mieux porter
un peu d'avance.
M. CHOQUETTE: Sur le plan de la bière, vous avez une
déclaration catégorique...
M. ROY (Lévis): Oui.
M. CHOQUETTE: ... qui émane du premier ministre et que je
reconnais qu'il a faite. Sur la question du cidre, il ne s'est pas
prononcé aussi catégoriquement.
M. LE PRESIDENT: Article 14, est-ce que... M. PAUL : Adopté,
quant à moi.
M. BURNS: Seulement une dernière question sur ça. Le
ministre se souviendra il y a fait référence tantôt
que lors de la division de la Régie des alcools en
Société des alcools et Commission de contrôle, il y avait
un certain nombre de problèmes qui s'étaient posés au
niveau des employés devant être transférés d'un
endroit à l'autre; et plus particulièrement le ministre se
souviendra, même je l'avais rencontré in camera pour lui faire
part de certains de ces problèmes qu'il y avait un danger,
malgré la sécurité d'emploi que l'un des deux projets de
loi, celui de la Société des alcools, assurait à ses
employés, que, par voie de conséquence du transfert
d'employés de la Commission de contrôle à la
Société des alcools, il y ait des employés qui ne l'aient
pas, la sécurité d'emploi. Est-ce que le ministre est en mesure
de nous dire si ce problème est réglé
définitivement?
M. CHOQUETTE: Je crois qu'il est réglé
définitivement et de la façon suivante: nous avons dû
appliquer les deux lois telles qu'elles étaient. Et nous avons dû,
ainsi que je l'avais dit privément au député de
Maisonneuve, donner l'option individuelle aux anciens employés de la
Régie des alcools, section permis, soit de demeurer au sein de la
Commission de contrôle des permis d'alcool et ainsi devenir
fonctionnaires du gouvernement du Québec, soit de retourner à la
Société des alcools du Québec, là où ils
auraient été couverts par leur convention collective qui,
autrefois, se prolongeait de la Société des alcools ou de la
régie, en somme, distributrice d'alcool, au tribunal. Alors,
déjà l'impasse existait.
Nous avons donc donné aux employés le choix de l'endroit
où ils se sentaient le plus avantagés, soit demeurer au sein du
tribunal, soit retourner à la Société des alcools. Un
certain nombre ont choisi de rester avec le tribunal, la commission de
contrôle, d'autres ont dit: Nous allons retourner à la
Société des alcools. Les autorités de la
Société des alcools nous ont dit: Nous n'avons pas besoin de ce
personnel additionnel, parce que nous avons déjà trop de
personnel, mais nous avons une clause de "bumping" au sein de notre convention
collective. Alors, j'ai suggéré que même si elle devait
appliquer la clause de "bumping" à certains employés de la
Société des alcools qui perdraient leur emploi par la
réinsertion des anciens employés dans le cadre des
employés de la Société des alcools et que ceci affecterait
les plus récents arrivés à la Société des
alcools, j'ai dit au représentant du syndicat, Me Maurice Sauvé,
que nous donnerions une priorité aux employés
évincés de la Société des alcools de
s'intégrer à la fonction publique et, en particulier, à la
Commission de contrôle des alcools pour ainsi les récupérer
et faire en sorte qu'ils ne perdent pas leur emploi.
Je pense qu'à la suite de ces pourparlers, les choses se sont
arrangées relativement bien. On ajoute un dernier raffinement à
ce projet qui avait été convenu, c'est que pour le moment, tant
et aussi longtemps qu'on ne peut pas intégrer un employé à
la Société des alcools, parce qu'il n'y a pas de poste, nous le
conservons en poste à la commission de contrôle, de sorte que le
problème a été aussi réglé de cette
façon. Une entente a été signée.
M. BURNS: C'est une promesse que le ministre nous a faite lors de
l'amendement de la loi et qu'il maintient...
M. CHOQUETTE: Et que j'ai réalisée.
M. BURNS: ... et ça me plaît de le souligner.
M. CHOQUETTE: Et que j'ai réalisée.
M. BURNS: Cela en fait une.
M. LE PRESIDENT: L'article 14 est adopté globalement. Article 15:
Régie des loteries et courses du Québec.
M. PAUL: M. le Président, c'est l'organisme qui procure de bons
revenus à la province. Je sais que le secrétaire de la commission
Bélanger avait prévu un jour que le maximum de revenus pouvant
découler d'une loterie provinciale serait de $11 millions alors qu'en
réalité les chiffres sont de l'ordre de $30 millions et plus. M.
le Président, je me rappelle à l'ordre, je n'ai pas le droit de
discuter ici de tout ce problème, parce que la question que je viens de
soulever relève du ministre des Finances, mais mon message est
passé. Je vous remercie.
M. BURNS: M. le Président, une seule question d'ensemble sur
l'article. On remarque qu'à peu près toutes les catégories
sont haussées cette année. Est-ce qu'on doit conclure que la
Régie des loteries et courses du Québec est en pleine expansion,
que de nouvelles activités s'en viennent?
M. CHOQUETTE: Vous pouvez sûrement le conclure. Notre
contrôle des bingos est beaucoup plus intense qu'il ne l'était et
nos revenus qui en découlent ont crû considérablement. De
plus, nous avons l'intention, à brève échéance, ce
n'est pas une promesse, mais je le dis quand même, de réglementer
le domaine des courses.
M. BURNS: Le pari hors-course?
M. CHOQUETTE: Non. Le domaine des courses proprement dit parce que la
surveillance des courses se fait actuellement d'une façon interne par la
Canadian Jockey and Trotting Association, mais l'un des objectifs de la
Régie des loteries et courses est la surveillance des courses par une
autorité extérieure et nous avons l'intention de donner suite
à ces responsabilités légales qui se trouvent dans la Loi
de la Régie des loteries et courses.
M. LE PRESIDENT: Article 15: Régie des loteries et courses du
Québec. Adopté globalement.
M. BURNS: Juste une dernière question. La catégorie 14:
Remboursement, de quoi s'agit-il?
M. CHOQUETTE: C'est la vente de cartes de bingo. La régie a
standardisé les cartes de bingo pour éviter les fraudes. Vous
savez qu'il est possible de fabriquer des cartes de bingo qui font en sorte que
celui qui est détenteur de la bonne carte peut, je pense, probablement
gagner le bingo.
M. HARDY: Pas aux églises, ça!
M. CHOQUETTE: Le ministère de la Justice est toujours très
prudent à l'égard de toutes les catégories de la
société.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 16: Commission des loyers.
M. PAUL: M. le Président, j'aurais une question à poser au
ministre. Je constate que le nombre d'employés ne figure pas.
M. CHOQUETTE: D'abord, ils ne sont pas régis par la Fonction
publique à l'heure actuelle. Je pense qu'il faudra attendre que la loi
instituant de façon permanente la Régie des loyers soit
adoptée pour incorporer le personnel de la Régie des loyers au
personnel de la Fonction publique. Je puis dire au député que
notre effectif total s'élève au chiffre de 203 personnes.
M. PAUL: Comme sous-question, M. le Président, est-ce que le
ministre a l'intention et là, j'aimerais bien qu'il nous apporte
des précisions, s'il est en mesure de le faire de
présenter sa loi concernant la location, avant l'ajournement
d'été ou au cours de l'automne?
M. CHOQUETTE: C'est une intention, mais ce n'est pas une promesse.
M. PAUL: Très bien.
M. BURNS: Est-ce que je peux rappeler au ministre, incidemment, une de
ses promesses, que ça devait être prêt le 15 octobre
1971?
M. CHOQUETTE: Mais, c'était prêt. M. PAUL: C'est 1972.
M. CHOQUETTE: Je dois dire quand même au député,
puisque nous en sommes au chapitre des promesses qu'un certain nombre de ces
promesses aurait été rempli si on n'avait pas connu des
événements qui ont absorbé le ministère, depuis
à peu près deux ou trois mois, dans le genre de crise que nous
avons traversée. Ceci n'aide sûrement pas l'administration
gouvernementale.
M. BURNS: Voyez-vous, je vous avait fait la suggestion de ne pas
être si pressé de procéder avec vos injonctions; vous
auriez pu faire votre travail normal.
M. CHOQUETTE: Il aurait fallu procéder plus tard.
M. BURNS: Bien oui! En temps normal.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que c'est l'intention du
ministre, une fois que la loi sera votée, de protéger les
employés en place?
M. CHOQUETTE: C'est l'intention du ministre.
M. PAUL: C'est l'intention du ministre.
M. CHOQUETTE: Sans être une promesse à l'égard de
tous.
M. PAUL: De tous, très bien; de tous, ce serait peut-être
dangereux. D'un autre côté, je ne voudrais pas non plus que ce
soit l'occasion d'un guillotinage.
M. CHOQUETTE: Pas du tout, M. le Président.
M. PAUL: Je connais trop l'honnêteté du ministre sur ce
point pour lui prêter des intentions machiavéliques.
M. CHOQUETTE: Je n'en ai aucune.
M. PAUL: M. le Président, considérant l'efficacité
du président, l'honorable juge Lionel Ross, qui assistait à nos
délibérations et ça doit lui rappeler de bons
souvenirs, alors qu'il était parlementaire personnellement, en
tenant compte de la loi que nous garantit le ministre, sans nous la promettre,
je serais prêt à
adopter globalement les différentes catégories relatives
à la régie, mais je n'engage pas la liberté de parole de
mes collègues, spécialement celui de Maisonneuve.
M. HARDY: Plus nous prendrons de temps, meilleure sera la loi.
M. BURNS: M. le Président, je dois quand même exprimer une
inquiétude devant ce budget confronté avec l'annonce d'un nouveau
projet de loi. Je remarque que le budget lui-même n'est pas sensiblement
augmenté sur celui de l'année passée. Vous aviez
$1,031,000, l'année dernière, qui étaient autorisés
par rapport à $1,079,900 cette année. Ce qui me laisse croire
et c'est là mon inquiétude que, dans votre projet
de loi, il n'y aura pas d'extension territoriale telle qu'était une de
nos remarques; non pas seulement de mon parti, mais des autres partis
également.
M. CHOQUETTE: C'est parce qu'il est prévu, dans le projet de loi
à être déposé, que les dépenses accrues pour
la nouvelle régie seront payées par le fonds consolidé et
non pas à même le budget ordinaire.
M. BURNS: Je suis content que vous m'enleviez une de mes
inquiétudes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lévis.
L'article 16: Commission des loyers est adopté globalement.
L'article 17: Office de révision du code civil. Le
député de Terrebonne.
M. PAUL: Le ministre nous a fait une revue assez...
M. HARDY: Est-ce que vous pouvez prévoir quand le projet total
sera terminé?
UNE VOIX: De la Régie des loyers?
M. CHOQUETTE: Du code civil, on était rendu au code civil.
M. PAUL: Vous n'êtes pas assez vite, M. le ministre.
M. HARDY: En d'autres termes, quand pouvons-nous espérer avoir un
nouveau code civil? Sans faire de promesse.
M. CHOQUETTE: Je ne fais pas de promesse, comme d'habitude; mais le
sous-ministre me souffle: Fin 1973. On sait que, dans ce domaine, il est
très possible d'être optimiste.
M. PAUL: Pour employer l'expression de l'ancien député de
Champlain, c'est une espèce de "guide lines".
M. CHOQUETTE: C'est un genre de "guide lines", mais une fois que le
projet sera déposé, le travail des parlementaires, plus
particulièrement des juristes tels le député de
Lévis, le député de Portneuf, le député de
Trois-Rivières, le député de Sainte-Anne. Non, le
député de Sainte-Anne...
M. PAUL: M. le Président, je vous ferai remarquer qu'il n'est pas
notaire.
M. HARDY: Vous pouvez le faire voter, cela donnerait une chance!
M. CHOQUETTE: Quand le projet sera déposé, il incombera
aux parlementaires de commencer à travailler; il est incontestable qu'un
travail comme celui-là est très long.
UNE VOIX: De toute façon, ils passeront à l'histoire comme
les grands pacificateurs.
M. CHOQUETTE: Probablement qu'on citera leur nom dans les livres
d'histoire.
M. LE PRESIDENT: Article 17: Office de révision du code civil.
Adopté globalement.
M. BURNS : Est-ce que l'échéancier qui était
prévu pour la commission, en juin 1971, est respecté, à
votre connaissance?
M. CHOQUETTE: Je ne pourrais pas certifier au député qu'il
est respecté absolument.
M. BURNS: On y reviendra.
M. CHOQUETTE : Je n'en dis pas plus!
M. BURNS: J'attendais quelque chose d'ar-chibrillant de la part du
ministre, mais il est arrêté là.
M. PAUL: Je vous le dirai, j'ai tout compris. M. LE PRESIDENT:
Adopté. UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article S 18: Juges de la cour Provinciale, S.R., c. 20
et modifications.
M. PAUL: M. le Président, pensez-vous que j'ai une chance
d'être nommé? Avez-vous des postes libres?
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député de Maskinongé
veut mettre un terme à sa carrière politique?
M. PAUL: Je prends la suggestion en délibéré.
Est-ce que tous les postes sont comblés?
M. CHOQUETTE: Actuellement, oui, tous les postes sont comblés,
sauf qu'il y a, évidemment, des vacances qui se produisent...
M. PAUL: A cause de l'âge de la retraite.
M. CHOQUETTE: L'âge de la retraite, les décès.
M. BURNS: Le juge Gagné est-il encore là?
M. CHOQUETTE: Le juge Gagné, son poste a été non
pas annulé, mais nous avons dû désigner un juge additionnel
de la cour du Bien-Etre social dans la région du Lac Saint-Jean
où il y avait de très gros problèmes dans le domaine de la
justice au niveau de la cour du Bien-Etre.
M. HARDY: Cela veut dire que, pour augmenter le nombre de juges, il
faudrait amender la loi.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. HARDY : Je ne sais pas si je devrais faire la demande, ce n'est
peut-être pas l'occasion aujourd'hui. Mais, je reçois
énormément de plaintes de la cour du Bien-Etre social de
Saint-Jérôme et, apparemment, on aurait absolument besoin d'un
deuxième juge. Le juge qui est là actuellement ne suffit pas
à la tâche dans le district.
M. PAUL: Je comprends, M. le Président, qu'on étudie
globalement S 18, S 19 et S 20.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Tout ce qui touche aux juges, à l'exception des
régimes de retraite.
M. CHOQUETTE: Je pense que le juge en chef...
UNE VOIX: Est-ce le juge Baillargeon?
M. CHOQUETTE: Non, c'est le juge Raymond.
UNE VOIX: Raymond Raymond.
M. CHOQUETTE: Et je pense que le juge en chef de la cour du Bien-Etre
social est bien d'accord sur le fait qu'il y a carence à
Saint-Jérôme.
M. PAUL : Je serais bien surpris si le juge Lavallée ne vous
avait pas écrit à ce sujet-là.
M. CHOQUETTE: Moi aussi, je serais très surpris. Je crois qu'il
faudrait que je consulte les archives.
M. HARDY: Je peux peut-être faire la modeste suggestion à
l'honorable ministre, de prévoir peut-être des amendements
à la loi des tribunaux judiciaires pour augmenter le nombre de juges de
la cour du Bien-Etre social. Et je préviens immédiatement le
ministre que je n'ai aucun intérêt, puisque je n'ai pas le nombre
d'années d'admission, au Barreau, voulu pour être nommé
juge.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce que les articles S 18, S 19 et S 20 sont
adoptés globalement?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS : Non, non. Une minute. Je veux simplement poser une question
au ministre. J'avais été assez frappé, en lisant dans Le
Devoir du 24 janvier 1972, un énoncé de la part de M. le juge
Fabien qui est le juge en chef des Sessions de la paix à Montréal
et ceci, lors de l'assermentation du juge Papineau qui portait le
titre suivant: "Le pouvoir judiciaire devrait administrer son propre budget."
Et, entre autres, le juge Fabien disait, dans son allocution: "Il en
résulterait une plus grande efficacité administrative, et cela
permettrait de conserver plus intacte encore la notion d'un pouvoir judiciaire
absolument indépendant et de faire disparaître la fausse
théorie que l'on conserve en certains milieux, à l'effet que les
juges peuvent être assimilés à des fonctionnaires."
J'aimerais avoir les vues du ministre sur cette suggestion.
M. CHOQUETTE: J'ai répondu dans Le Devoir du lendemain.
M. BURNS: Probablement que je n'ai pas lu Le Devoir du lendemain.
M. HARDY: Votre service de recherche n'est pas complet.
M. BURNS : Je veux l'avoir de la part du ministre.
M. CHOQUETTE: Vos recherchistes ne vous donnent qu'un côté
de la médaille!
M. BURNS: Vu que nous sommes au bon endroit, c'est peut-être le
bon moment de nous donner cette réponse qui doit être,
évidemment, très brillante.
M. CHOQUETTE: Je vais répéter la réponse que je
donnais au Devoir. Les idées exprimées par le juge Fabien avaient
peut-être une certaine valeur que je ne nie pas, mais un programme tel
qu'il le proposait me semblait prématuré. Je croyais qu'il
fallait au moins passer par une étape suivante, soit celle de renforcer
l'administration de la magistrature dans son ensemble, sur l'exercice des
fonctions des magistrats.
Cela veut dire que, sans confier au juge ou au juge en chef des
responsabilités administratives
telles qu'administrer un budget, il y avait probablement lieu de confier
à un conseil de la magistrature des responsabilités
additionnelles en rapport avec les différents magistrats du
Québec, dans les cours Provinciales que nous avons. Je ne sais pas si le
député saisit exactement. C'est que je n'abondais pas avec le
juge Fabien quant à l'extension des pouvoirs qu'il semblait rechercher
au niveau de la magistrature. Mais j'étais prêt à concevoir
qu'il y avait lieu de créer un organisme qui verrait à la bonne
marche des affaires qui sont portées devant les juges, devant les
magistrats, à élever le niveau de la magistrature et à
agir, en somme, comme conseil d'administration, si je pouvais m'exprimer ainsi,
des juges qui sont désignés et sur lesquels le ministre de la
Justice ne prétend avoir aucune espèce de pouvoir disciplinaire
ou réglementaire. Ils sont magistrats, ils appartiennent à un
autre pouvoir, ils ont droit d'exercer leurs fonctions avec toute la latitude
appropriée, sans intervention du pouvoir exécutif.
C'est dans cette direction que nous nous orientons et c'est
jusqu'à ce point-là que nous nous orientons mais pas jusqu'au
point qu'indiquait le juge Fabien.
M. BURNS: Je pense que ce qu'il faut comprendre surtout sans
vouloir me faire l'interprète du juge Fabien, parce que je ne lui en ai
pas parlé il a fait à plusieurs reprises des remarques de
ce style dans cette espèce d'énoncé ou de ce
souhait, c'est qu'il déplore le fait que très souvent le juge en
chef d'une cour ne peut pas satisfaire à certains besoins d'ordre
immédiat parce qu'il est obligé de s'en référer
à plus haut pour administrer le budget, parce qu'à un moment
donné on lui donne des choses qu'il ne demande pas et parce qu'on ne lui
donne pas des choses qu'il demande.
M. CHOQUETTE: Le juge Fabien a sûrement eu des problèmes,
comme nos autres juges en chef et nos autres services gouvernementaux, avec un
certain nombre de services du gouvernement, tels que les Travaux publics, la
Fonction publique, etc. Alors, il est sûr et certain qu'il est en butte
à des tracasseries administratives dont tout le monde souffre dans
l'état actuel des choses.
On pourrait dire aussi, si le député me permet d'allonger
un peu mes remarques sur ça, que les pouvoirs des juges en chef, dans
les diverses cours, pour voir à ce que leurs cours fonctionnent bien et
que leurs juges soient au travail et s'acquittent de leurs fonctions, font
l'objet d'un examen au ministère de la Justice pour voir jusqu'à
quel point il serait opportun de les augmenter.
M. BURNS: J'ai une autre question...
M. HARDY: Est-ce que vous avez un nouveau conseiller?
M. BURNS: Oui, c'est parce que je m'apprête à passer au
cabinet du leader parlementaire!
M. le Président, une dernière question d'ordre
général sur l'affaire des juges. Cela me fait penser que
tantôt vous nous avez mentionné, à l'occasion d'une
discussion concernant la Commission de contrôle de la Régie des
alcools, une certaine étude de Me Mier Zwinski. Est-ce que dans son
étude ou est-ce que c'est prématuré que je pose
cette question au ministre il y a des recommandations quant à
l'administration de la justice en général dans le Nord-Ouest
québécois?
M. CHOQUETTE: Beaucoup de recommandations. Il s'agit d'un volume, si je
me rappelle bien, d'une centaine de pages, au moins, qui a été
préparé par une équipe composée de Me Mier Zwinski,
M. Jean-Claude Duchesneau, le secrétaire du ministère de la
Justice, de l'inspecteur Jean Tellier de la Sûreté du
Québec, de M. Poitras, le directeur général de la
Direction du Nouveau-Québec au ministère des Richesses
naturelles, du caporal Vignault, je crois, qui fut autrefois officier en poste
à Fort Chimo ou dans un des endroits du nord. C'est une revue
complète des problèmes de l'administration de la justice dans le
Nord Québécois, suivie d'un certain nombre de
recommandations.
Je m'attends à rendre ce document public aussitôt que le
temps me permettra de le voir dans ses moindres détails.
M. BURNS: De toute façon, votre intention est claire,
là-dessus. Vous allez le rendre public.
M. CHOQUETTE: Sûrement. Il a été
rédigé avec l'idée de le rendre public.
M. PAUL: Ce n'est pas une promesse, à ce moment-ci, c'est une
décision, déjà.
M. CHOQUETTE: C'est une décision qui peut' retarder quelque
peu.
M. HARDY: Soumise à une condition "suspensive".
M. CHOQUETTE: C'est une question de délais.
M. BURNS: C'est une question de conditions de territoire, cependant.
C'est "suspensif," si j'ai bien compris le ministre.
M. PAUL: C'est une obligation conditionnelle.
M. CHOQUETTE: Si l'on veut !
M. PAUL: Par extension. Mais je ne voudrais pas partir en discussion
avec le député de Trois-Rivières.
M. BURNS: J'ai une autre question là-dessus, M. le
Président. A l'article S 18: Juges de la cour provinciale, on remarque
à la catégorie 15 des imputations. Comme c'est du statutaire,
cela m'étonne de voir une réduction des imputations. Est-ce que
le ministre peut nous expliquer cette réduction?
M. CHOQUETTE: Etant donné la nomination du juge...
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, M. le ministre, j'aimerais rappeler que
tous ces articles sont les montants de crédits autorisés par
statut. Nous n'avons pas, à la commission, à les autoriser.
M. CHOQUETTE: Nous ne l'oublions pas, M. le Président.
M. BURNS: C'est justement l'objet de ma question. C'est pour cela que
j'ai dit que cela m'étonne, parce que c'est du statutaire. Si vous
regardez, habituellement, il y a une progression normale, à cause des
salaires qui augmentent, etc. Habituellement, c'est relativement stable, ces
crédits-là. Or, à la catégorie des imputations, on
voit que l'année dernière, c'était un montant de $56,000.
Cette année, c'est la moitié. Quelle est l'explication de cette
réduction?
M. CHOQUETTE: L'explication est fort simple, M. le Président.
C'est qu'avant la nomination du juge Laperrière comme
vice-président de la Commission de police, nous imputions deux salaires
de juge, les salaires des juges Laperrière et Dionne, ici, à la
cour Provinciale, tandis que, depuis que le juge Laperrière est devenu
attaché à la commission de police de façon permanente,
nous n'imputons qu'un seul salaire de juge, soit celui du juge Dionne, qui est
nommé commissaire ad hoc.
M. LE PRESIDENT: Alors, les articles S 18,
S 19 et S 20 sont adoptés globalement, et si nous revenons
à la page 144, nous avons l'article S 21 : Régime de retraite des
juges et des coroners, Statuts refondus 1964, chapitre 20 et modifications.
Adopté?
M. BURNS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article S 22: Protection civile. Adopté?
M. PAUL: Non, M. le Président, j'aimerais que l'honorable
ministre nous résume la politique de la protection civile relative au
plan PPB.
M. CHOQUETTE: PPBS?
M. PAUL: Non, non. PPB: La planification de la programmation du budget.
C'est une invitation que je fais au ministre, sans trop insister, tout en
l'invitant à lire l'excellent rapport qui nous a été remis
ces jours derniers concernant le plan PPB. Le tout est mentionné
à l'article 29, et considérant que je trouve là les
renseignements que je désire, je retire ma question.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce que l'article S 22 est adopté?
M. BURNS: Adopté.
M. HARDY: Le député de Maskinongé est devenu un
spécialiste pour nous faire des peurs !
M. LE PRESIDENT: Au nom de tous les membres de la commission, je
désire remercier les hauts fonctionnaires qui accompagnaient le ministre
et remercier tous les membres de la commission de leur bonne collaboration.
La commission est ajournée sine die.
(Fin de la séance à 18 h 49)