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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! Reprise
des travaux de la commission de la justice. On n'aura pas d'appel aux membres
à faire ce matin parce que c'est la continuité de la
réunion d'hier. Nous étions rendus à ce moment-là
au programme 4, Protection des droits et libertés de la personne,
éléments 1 et 2. M. le ministre, avez-vous fait vos commentaires
sur le programme 4?
M. Bédard: Oui. Nos commentaires sont faits, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Vos commentaires sont
faits.
M. Bédard: Nous avions le plaisir d'avoir avec nous Mme la
présidente de la Commission des droits de la personne qui est revenue et
qui est avec nous encore aujourd'hui. Maintenant, il semble que mon
collègue avait peut-être d'autres remarques...
Protection des droits et libertés de la
personne (suite)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee, avez-vous d'autres remarques sur le programme 4?
M. Marx: Oui. Cela a pris beaucoup de temps sur le programme 4
parce que, comme nous avons vu, il y a des problèmes en ce qui concerne
les ressources, les délais à la Commission des droits de la
personne. Hier, j'ai demandé que la commission ait assez de ressources
pour remplir ses devoirs en vertu de l'article 67, paragraphe d, et comme on a
vu, depuis six ans, la commission n'a pas eu la possibilité
d'étudier beaucoup de lois du Québec adoptées
antérieurement à la charte. Étant donné la
conjoncture financière d'aujourd'hui et les ressources que la commission
a, je vois mal comment la commission sera en position de remplir toutes ses
responsabilités en vertu de cet article 67, paragraphe d. Le ministre,
étant donné qu'il va déposer un projet de loi avec des
amendements à la charte, pense-t-il donner un effet rétroactif
à la charte pour qu'elle s'applique à toutes les lois
postérieures et antérieures, c'est-à-dire les lois
adoptées avant et après l'adoption de la charte? Dans ce sens,
est-il possible de donner le travail de la mise à jour des lois et des
règlements aux juges? C'est quelque chose qu'on fait dans d'autres
juridictions et je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas cela au
Québec.
M. Bédard: Sur ce sujet très précis, le
député de D'Arcy McGee sait que certaines représentations
ont été faites à cet effet lors des audiences en
commission parlementaire; cela fait partie des sujets de réflexion qui
connaîtront leur aboutissement, comme je l'ai déjà
mentionné hier, à l'occasion du dépôt du projet de
loi concernant tous les amendements qui pourront être apportés
à la Charte des droits et libertés; je pense qu'à ce
moment-là, on aura l'occasion rêvée pour continuer le
débat.
M. Marx: Le ministre doit avoir des idées sur ce
sujet.
M. Bédard: Le ministre a des idées précises,
mais j'espère que mon collègue sait que, lorsqu'une loi est sur
le point d'être déposée, il s'agit simplement d'attendre la
loi. Vous allez en connaître toutes les idées précises.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le programme no 4
sera adopté?
M. Marx: Non, pas encore. Hier, j'ai aussi demandé
au...
M. Bédard: Si vous me permettez, comme je l'ai dit hier,
pour ce qui est des ressources au niveau de la commission, je pense que nous
avons tous fait un peu la même constatation qu'il y a lieu de faire,
c'est-à-dire dans le sens qu'il y a un effort particulier à faire
de ce côté-là du point de vue gouvernemental. Tel que je
l'ai dit à l'occasion du dépôt du projet de loi, je
profiterai de l'occasion non seulement pour trouver les ressources
nécessaires pour la commission en fonction de nouvelles
responsabilités qui pourraient lui être attribuées, mais
pour essayer également de faire un effort particulier sur l'angle des
ressources pour permettre un rattrapage dans le meilleur intérêt
de l'ensemble des citoyens.
M. Marx: Je comprends la constatation que vous avez faite. Moi,
j'ai fait une autre
constatation. La constatation que moi j'ai faite, c'est que...
M. Bédard: Vous l'avez faite hier.
M. Marx: Vous avez aussi fait votre constatation hier, mais la
constatation que moi j'ai faite, c'est que, quand vous avez été
nommé ministre, il n'y avait pas de délai à la Commission
des droits de la personne et la situation empire de mois en mois,
d'année en année; maintenant, vous dites qu'il faut faire le
rattrapage. Je comprends qu'il faut faire le rattrapage, il y a des
délais de mois et d'années...
M. Bédard: ...
M. Marx: ... avant qu'on entende une enquête, avant que la
commission commence à faire une enquête à partir...
M. Bédard: C'est évident qu'il...
M. Marx: ... d'une plainte déposée,
c'est-à-dire que vous avez causé le problème et maintenant
vous dites: II faut faire le rattrapage. Si c'est cela votre
constatation...
M. Bédard: C'est une manière pas très
rigoureuse et sérieuse d'analyser la situation; c'est évident
qu'il n'y avait pas de délai au début...
M. Marx: C'est cela.
M. Bédard: La commission venait presque d'être mise
en place; soyez donc sérieux.
M. Marx: Vous avez permis que la situation empire avec les
années.
M. Bédard: Avec le volume, avec le temps, l'information
faite au niveau de la population, comme l'a dit d'ailleurs Mme la
présidente, a assurément, et c'est heureux, contribué
à une augmentation des cas soumis à la commission. Il faut,
autrement dit, trouver le moyen de faire face à la situation.
M. Marx: Mais, M. le Président, ces questions que je pose
aujourd'hui, je les ai posées lors de l'étude des crédits
de 1980 et j'ai eu à peu près la même réponse: des
constatations qu'il faut faire quelque chose. J'ai posé la même
question l'an dernier et j'ai eu les mêmes réponses. Je pose la
question aujourd'hui et on me dit: Oui, mais on n'a pas pensé à
cela, parce qu'on a préparé les crédits il y a un an.
Chaque année, c'est la même réponse, à savoir, on
n'a pas pensé à cela, on va penser à cela à
l'avenir.
M. Bédard: Vous remontez jusqu'à 1976. M. Marx:
Jusqu'à 1980.
M. Bédard: Voulez-vous comprendre une chose? Cela va vous
aider dans vos remarques. Les premières demandes de ressources
additionnelles, étant donné l'évolution de la situation,
remontent autour de l'année 1979. On ne remonte pas à 1976.
M. Marx: Trois ans.
M. Bédard: Soyez sérieux. En 1979-1980, il faut
quand même prendre le...
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Marx: Oui, d'autres questions. Dans le même ordre
d'idées, supposons qu'on donne plus de responsabilités à
la commission, comme on l'a dit hier, l'orientation sexuelle, les
handicapés, etc. Une bonne planification pourrait prévoir que la
commission ait plus de ressources. Vous avez donné plus de
responsabilités et pas plus de ressources. C'est évident qu'il va
y avoir un problème. De toute façon, je suis prêt à
passer à une autre question, si le ministre est prêt.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Élément 1, adopté.
M. Marx: J'ai une autre question à poser en ce qui
concerne ce programme.
M. Bédard: Je pense que ce que vient de dire le
député de D'Arcy McGee n'est pas une question. S'il veut passer
un autre commentaire, je suis bien d'accord, c'est son droit.
M. Marx: Hier, je vous ai demandé si vous aviez une
politique globale, une philosophie globale en ce qui concerne les droits de la
personne au Québec. Je vous ai parlé, hier, de l'affaire Johnson,
décidée par la Cour supérieure à Gaspé
où les procureurs de la couronne ont plaidé la jurisprudence la
plus conservatrice de la Cour suprême du Canada en ce qui concerne
l'interprétation de la Charte des droits et libertés de la
personne du Québec. Le ministre a-t-il donné des indications?
A-t-il défini une politique juridique pour ses procureurs en ce qui
concerne l'interprétation et la portée de ladite charte?
Qu'est-ce qu'il demande à ses procureurs? Est-ce qu'il rencontre ses
procureurs en ce qui concerne la charte ou si le sous-ministre le fait? Je sais
que d'autres provinces ont une ligne de conduite que le ministre, dans sa
sagesse, donne aux procureurs de la couronne. J'ai l'impression ici que c'est
pêle-mêle, que chacun fait ce qu'il veut, qu'il n'y a pas de
politique, qu'il
n'y a pas de philosophie. J'aimerais savoir...
M. Bédard: Est-ce votre affirmation? Avez-vous
terminé?
M. Marx: Non, c'est ma question.
M. Bédard: C'est votre affirmation. En tout cas, dans le
domaine de la protection des droits et libertés, j'ai demandé aux
avocats et avocates des ministères impliqués dans la mise en
forme juridique des volontés de l'État de sensibiliser les
gestionnaires des ministères à la recherche du meilleur
équilibre possible entre les exigences de l'administration et les droits
et libertés des administrés. De même, les avocats qui
représentent le Procureur général devant les tribunaux
doivent également favoriser la mise en oeuvre de la charte. Leur
rôle à cet égard doit évidemment se faire dans le
cadre de la procédure contradictoire qui est la nôtre et que vous
connaissez. Les tribunaux, je crois, s'attendent de nos avocats, payés
à même les fonds publics, qu'ils leur exposent de la façon
la plus complète possible les arguments de droit fondés sur les
lois et la jurisprudence au soutien de leur position de demandeurs ou de
défendeurs et c'est au tribunal de trancher. (10 h 30)
Voilà l'ensemble des demandes et des directions très
claires données à nos avocats d'aller dans le sens du respect et
de la promotion de la Charte des droits et libertés. Le sous-ministre me
fait remarquer qu'on pourrait peut-être ajouter que, de plus, la Loi sur
l'aide juridique permet aux justiciables les moins favorisés
d'être en mesure de faire valoir leurs droits et libertés devant
les tribunaux, comme ce fut le cas dans l'affaire Wade Johnson. Si ces
décisions judiciaires ne sont pas satisfaisantes quant à leur
effet sur les droits et libertés de la personne, l'Assemblée
nationale, comme on le sait, peut intervenir. C'est elle, d'ailleurs,
plutôt que les juges qui doit assumer en dernier ressort la
définition de nos droits et libertés. C'est une opinion que j'ai
déjà exprimée dans d'autres débats que celui des
crédits, à savoir que je crois qu'il faut que l'Assemblée
nationale garde tous ses pouvoirs, tous ses droits en fonction de la
possibilité de faire évoluer les droits et libertés de la
personne, de légiférer quand cela est approprié. Cette
méthode est, pour moi, de beaucoup préférable à
l'évolution des droits qui est remise seulement, avec tout le respect
que j'ai, entre les mains des tribunaux et des juges.
M. Marx: Je ne vois pas ce que cette réponse a à
voir avec ma question.
M. Bédard: C'est le début.
M. Marx: Cela n'a rien à voir avec ma question.
M. Bédard: II y a des instructions. Vous demandez s'il y
en a.
M. Marx: Est-ce que vous voulez que les juges interprètent
la charte, oui ou non? C'est évident que les juges interprètent
la charte et que l'Assemblée nationale a toujours le dernier mot. C'est
évident dans la loi. Cela ne veut rien dire de me dire:
l'Assemblée nationale et tout cela.
M. Bédard: Je vous ajoute ce commentaire parce que vous
savez très bien, avec la charte constitutionnelle
fédérale, entre les mains de qui va surtout être remise
l'évolution des droits et libertés.
M. Marx: On ne parle pas de la charte fédérale et
de la charte constitutionnelle.
M. Bédard: Non, au niveau de la Charte des droits et
libertés du Québec, tous les procureurs, avocats, avocates ont
nécessairement les instructions de tout faire pour la plus grande
promotion possible, le plus grand respect possible des droits et
libertés de la personne.
M. Marx: Oui, c'est cela. En ce qui concerne la charte
québécoise, pour ne pas mêler les cartes avec la charte
constitutionnelle, c'est encore - si j'ai bien suivi mon droit - la Cour
suprême qui est la cour de dernière instance. Ce sont les
mêmes tribunaux qui vont décider de la portée des deux
chartes. Je ne veux pas aborder cette question. Ce que je veux savoir, c'est si
vous avez préparé un guide, par exemple, pour les procureurs de
la couronne pour leur dire comment le gouvernement voit l'interprétation
de la charte.
M. Bédard: Vous parlez de la Charte des droits et
libertés du Québec.
M. Marx: Oui, on parle toujours du Québec. Par exemple, en
ce qui concerne une autre charte, le ministère de la Justice
fédéral a préparé un guide pour expliquer à
ses propres procureurs comment ils doivent plaider la charte ou dans quel sens
ils doivent interpréter la charte. Dans d'autres provinces, pour ne
nommer que la Saskatchewan, le Procureur général, le ministre de
la Justice va avoir des réunions avec ses procureurs pour des
discussions sur la charte, parce que je pense que le gouvernement a cette
responsabilité. Si les procureurs généraux n'ont pas de
directives, on arrive avec des cas comme Johnson où on plaide la
jurisprudence la plus conservatrice de la Cour suprême pour, à mon
avis, donner
une interprétation assez restrictive à la charte. Je me
demande si c'est cela que le ministre veut.
M. Bédard: II ne faut pas partir d'un cas pour en faire
une politique. Pour être plus précis en fonction de la question
que avez posée...
M. Marx: Si vous voulez suspendre, je vais vous chercher dix
autres causes...
M. Bédard: Pour répondre...
M. Marx: ... semblables à celle de Johnson, où les
procureurs plaident cette jurisprudence très conservatrice pour donner
une interprétation très restreinte à la charte. Je veux
savoir si c'est à partir de vos directives qu'ils font cela ou s'ils
font cela eux-mêmes ou... Comment est-ce que cela fonctionne?
Peut-être que la présidente peut nous renseigner sur cette
question.
M. Bédard: J'ai déjà donné la
réponse. Je ne me répéterai pas pour rien. Mais, pour
préciser, peut-être que le sous-ministre peut ajouter quelques
remarques. Il est clair que nos avocats et avocates sont sensibilisés
à la nécessité de faire en sorte que la Charte des droits
et libertés s'applique. Je demanderais...
M. Marx: M. le ministre.
M. Bédard: Oui, mais attendez. On va vous répondre.
Je demanderais...
M. Marx: Non, non, pas sur cette question. Je veux juste...
M. Bédard: Pas sur cette question. Répondons
à cette question et on ira sur une autre question après.
M. Marx: Non, juste pour éclairer un petit point pour
moi-même. Dans d'autres dossiers, est-ce que vous donnez des directives
aux procureurs en matière criminelle? Est-ce que vous allez dire aux
procureurs d'intenter des poursuites, d'être plus vigoureux, disons, en
matière de pornographie? Est-ce que vous faites cela?
M. Bédard: Non.
M. Marx: C'est dans ce sens, ce sont des directives dans ce
sens.
M. Bédard: II y a une différence entre le criminel
et le civil. C'est clair que dans le domaine criminel...
M. Marx: Je ne vois pas la différence. M.
Bédard: ... il peut y avoir des directives très
précises. Alors, pour régler une question...
M. Marx: On va écouter le sous-ministre.
M. Bédard: ... concernant le droit civil auquel vous avez
référé, je demanderais peut-être à M. le
sous-ministre d'ajouter par rapport à ce que j'ai dit.
M. Marx: Juste une petite correction. La charte n'est pas de
droit civil, c'est de droit civil et de droit pénal.
M. Bédard: Mais oui, je sais. Je sais.
M. Marx: Bon. Je ne vois pas la distinction.
M. Bédard: Avez-vous fini? Posez votre question une fois
pour toutes et on va essayer de vous répondre. Avez-vous fini
là?
M. Marx: Pour le moment.
M. Bédard: Bon.
En fait, ce que je pourrais ajouter c'est qu'il n'y a pas de directives
précises qui sont données soit aux substituts du Procureur
général, soit aux avocats et notaires du gouvernement, aux
plaideurs du gouvernement, quant à l'interprétation qui doit
être donnée à la charte. Il y a un état d'esprit.
Les avocats du gouvernement ont été sensibilisés aux
contradictions que peut comporter une plaidoirie devant un tribunal. La charte,
normalement, doit être interprétée dans le sens des droits
et libertés de la personne, mais, par ailleurs, nous avons les lois du
gouvernement qu'il faut aussi défendre devant les tribunaux. Il faut
concilier ces contraintes. Si on a un conflit entre une loi
déterminée et la charte, finalement, c'est le tribunal qui est le
meilleur arbitre là-dedans, mais il ne faudrait pas renoncer - je ne
pense pas du moins - du fait que nous avons une Charte québécoise
des droits et libertés de la personne, à présenter une
défense ou à présenter un plaidoyer quelconque dès
que la charte est mise en cause. Dans plusieurs domaines, nous sommes dans des
situations de conflits, d'éthique et tout cela, mais cela ne se
règle pas à coups de directives. Pour aller plus loin, d'une
manière générale, les avocats, les avocates et les
plaideurs du gouvernement ont une autonomie professionnelle, mais il s'agit de
concilier des choses qui sont parfois inconciliables. Il serait peut-être
intéressant éventuellement que nous puissions dispenser plus de
perfectionnement aux avocats et notaires du gouvernement à partir de
toute la jurisprudence qui a été établie.
M. Marx: Merci. Je remercie le sous-ministre qui a
expliqué qu'il y a un état d'esprit, que les avocats
étaient sensibilisés, mais, en ce qui concerne mes questions
précises, avez-vous un guide sur la charte?
M. Bédard: J'ai dit qu'il n'y en avait pas.
M. Marx: Vous n'avez pas de guide. D'accord. Est-ce que vous avez
des réunions avec les procureurs de la couronne où l'on discute
des orientations qu'on veut donner à la charte? Vous avez parlé
de l'autonomie professionnelle. Cela existe aussi pour les procureurs qui
plaident les causes criminelles, quoiqu'il y ait des directives. On va dire aux
procureurs - cela a déjà été dit dans cette
commission - qu'ils doivent, par exemple, mettre l'accent sur les poursuites en
matière de pornographie, et ainsi de suite; cela n'enlève pas
leur autonomie professionnelle, mais ce...
M. Bédard: C'est différent, M. le
député.
M. Marx: Pourquoi est-ce que c'est différent?
M. Bédard: Parce que ce sont des politiques de poursuites.
Là, vous posez un autre problème, c'est la question de savoir
comment la charte doit être interprétée ou plaidée
devant les tribunaux par nos avocats. Je vous ai dit tout à l'heure
qu'il n'y avait aucune directive précise qui avait été
émise, qu'il n'y avait aucune réunion institutionnelle qui avait
été faite. Il y a des messages qui ont été
passés par le ministre de la Justice, par moi-même et le
sous-ministre associé aux affaires civiles et pénales, et
également au niveau des réunions des procureurs de la
couronne.
Il y a des réunions qui se font, mais il n'y a pas de directive
précise; on ne peut pas encarcaner non plus, dicter dans les moindres
détails l'attitude de nos avocats devant les tribunaux. C'est sûr
qu'il faut admettre tous ensemble qu'il y a des conflits possibles entre
l'application d'une charte et l'application du droit pénal, par exemple,
ou l'application du droit statutaire, du droit administratif, et cela
crée un certain déséquilibre. Il faut tenter de trouver
l'équilibre et, dans le fond, la personne qui est la mieux placée
pour réaliser cet équilibre, c'est encore le tribunal qui est
l'arbitre suprême là-dedans. Ultimement, comme le disait M. le
ministre tout à l'heure, si les décisions des tribunaux, qu'elles
soient dans un sens ou dans un autre, ne sont pas satisfaisantes, je pense que
c'est à l'Assemblée nationale soit à modifier la charte,
soit à modifier les lois qui sont entrées en conflit avec la
charte, pour lui donner le sens que le gouvernement veut bien lui donner.
M. Marx: Vous avez dit avant que c'était une question de
défendre les lois devant les tribunaux. Moi, je ne vois pas cela dans
cette optique, parce que je vois cela comme défendre, donner une
interprétation ou plaider une interprétation d'une loi
québécoise devant les tribunaux en ce qui concerne un conflit
possible entre cette loi et la charte. Je pense que, dans la charte, il y a
aussi un article où l'Assemblée nationale a précisé
qu'on veut qu'on donne une interprétation large et libérale
à la charte; si ce n'est pas dans la charte, c'est dans la loi
d'interprétation qui s'applique à toutes les lois.
J'ai vraiment l'impression qu'on ne fait pas assez pour donner une
orientation, pour donner une philosophie globale aux procureurs de la couronne
en ce qui concerne la charte québécoise, quoiqu'on fasse cela
dans d'autres provinces et au niveau fédéral. Je pense que c'est
peut-être quelque chose à étudier, c'est-à-dire
préparer un autre mémoire ou une autre étude, parce que je
trouve que souvent on donne un mauvais visage au gouvernement dans certaines
causes où on plaide la jurisprudence la plus conservatrice qui vraiment
va à l'encontre de ce que le ministre aimerait faire dans ce dossier,
j'en suis certain.
M. Bédard: Je crois que je remercie le
député de D'Arcy McGee de nous dire maintenant que ce sont
plutôt des impressions. Quoiqu'elles ne soient pas fondées, c'est
plus facile de répondre à des questions qu'à des
impressions, mais je crois que son impression est mal fondée parce que,
comme je l'ai dit et comme l'a répété le sous-ministre, il
y a effectivement une sensibilisation de tout l'ensemble des avocats et
avocates du ministère concernant le respect et la promotion des droits
et libertés. Lorsque le député de D'Arcy McGee
évoque le cas de Wade Johnson pour dire qu'il lui semble que le
gouvernement plaide dans un sens plutôt conservateur, ce n'est pas exact;
dans Wade Johnson, il y avait, d'une part, le contentieux gouvernemental, mais,
au niveau de la défense, c'était l'aide juridique qui assumait la
défense de M. Wade Johnson. Il y a eu un débat... (10 h 45)
M. Marx: Cela peut être un avocat de pratique
privée.
M. Bédard: Oui, mais, dans ce cas-ci, je vous le dis,
c'est peut-être bien de le mentionner, parce que l'aide juridique aussi
d'une certaine façon est rattachée pas très loin de ce
qu'on appelle l'ensemble des contentieux gouvernementaux, deux points de vue se
sont fait valoir et le tribunal a
décidé que la Loi de l'aide sociale du Québec, sous
l'angle bien particulier que vous connaissez, n'était pas
discriminatoire. À partir du moment où nous adoptons une loi,
où nous croyons avec conviction qu'elle n'est pas discriminatoire,
qu'elle ne va pas à l'encontre des droits et libertés, je pense
qu'il est élémentaire de donner la possibilité à un
gouvernement, de par son contentieux, de faire valoir cette prétention
ou cette conviction devant les tribunaux quitte à ce que les tribunaux
tranchent.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Chapleau.
M. Bédard: Si on procédait autrement, cela pourrait
donner comme résultat qu'à partir du moment où une
affirmation est faite au niveau des droits et libertés, il n'y a plus de
possibilité d'avoir une interprétation différente, de
faire valoir des arguments à moins d'être taxé d'être
contre les droits et libertés. Il me semble que, quand on parle de
droits et libertés, nous sommes dans un système contradictoire,
c'est normal et c'est souhaitable qu'il y ait des points de vue
différents qui soient plaidés et, au bout du compte, la cour
tranche. Comme on l'a mentionné tout à l'heure, si un
gouvernement ou l'Assemblée nationale pense, après qu'un jugement
ait été rendu, qu'il y aurait lieu d'être plus clair quant
à la formulation de la charte de manière à obtenir des
résultats différents, l'Assemblée nationale prend ses
responsabilités.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Chapleau.
M. Marx: Oui, c'est cela. Ce n'est pas nécessairement de
rendre invalide ou inopérante une loi du Québec, c'est souvent
l'interprétation à donner à sa loi; la loi pourrait bien
rester en vigueur.
Je demande au ministre de définir une politique globale en ce qui
concerne la charte et peut-être de préparer un guide pour les
procureurs de la couronne, comme on le fait ailleurs et peut-être d'avoir
des réunions avec les procureurs de la couronne pour essayer de
définir une politique globale. Je sais que, comme le sous-ministre vient
de le dire, il y a un état d'esprit; on a sensibilisé les
avocats, mais je pense qu'il y a plus à faire, parce que, en comparaison
avec d'autres juridictions, avec d'autres provinces et avec le gouvernement
fédéral, on fait davantage ailleurs.
Passons à une autre question.
Le Président (M. Laplante): Avant de passer à une
autre question...
M. Bédard: C'est votre affirmation; je ne la partage pas;
je tiens seulement à vous dire cela, parce que, s'il y a une
place...
M. Marx: Mais je vous ai donné deux exemples. Le
fédéral a publié un guide ou est en train de publier un
guide et la Saskatchewan...
M. Bédard: Vous partez de deux exemples, alors que
l'ensemble de la situation au Québec est très convaincante, en ce
sens que, s'il y a une terre de liberté, si je peux employer
l'expression, c'est bien au Québec. Cela ne veut pas dire que c'est
parfait, par exemple.
M. Marx: Je pense que le problème n'est pas de...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee, je voudrais bien que les autres membres aussi aient justice, en
parlant de justice, de droits et de libertés.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Le député peut finir.
Le Président (M. Laplante): Cela fait trois fois que vous
me faites signe que vous voulez avoir la parole. Écoutez, il faudrait
s'ajuster.
M. Kehoe: Une question pratique concernant la commission. Vous
avez mentionné, M. le ministre, que vous allez déposer un projet
de loi avec des amendements assez sérieux et assez étendus sur
les pouvoirs et les obligations de la commission. Je me pose la question
à savoir si, avec les amendements que vous allez apporter, la commission
va siéger en dehors des grandes villes pour la rendre plus accessible
à la population. Que ce soit les avocats, les contribuables, ou le
public en général. J'ai eu, dans mon expérience comme
avocat, à écrire à plusieurs reprises des lettres à
la commission et, à toutes fins utiles, par la suite, l'affaire s'est
réglée sans que la personne qui se plaignait ou que l'avocat qui
était impliqué ait l'occasion d'aller soit plaider ou faire ses
présentations devant la commission. La bonne et simple raison, c'est la
question de l'éloignement, la distance à couvrir. Actuellement,
c'est plutôt concentré à Montréal et Québec.
Je pose la question suivante: Avec ces amendements, il y aura
énormément plus de plaintes déposées; à ce
moment, est-ce que vous avez dans vos projections des idées ou des
indications que vous allez implanter une sorte d'accessibilité pour
être plus près de la population dans les régions?
M. Bédard: À court terme, je crois que c'est bien
difficile dans l'état actuel des ressources de la commission. À
partir du moment où nous aurons réglé le problème
des ressources, je crois que ce sera un aspect à envisager qui serait
très positif.
M. Kehoe: C'est-à-dire qu'à court terme la
réponse est non; tout va être concentré encore à
Montréal et à Québec.
M. Bédard: À l'heure actuelle, c'est cela.
M. Kehoe: La question du harcèlement sexuel, cela ne prend
pas une grosse enquête pour savoir les détails d'une affaire
semblable. Quand vous avez une plainte strictement sur cette question, à
ce moment, que ce soit des procureurs, que ce soit le plaignant, que ce soit la
famille, les témoins, il faudra absolument qu'ils se déplacent
d'endroits assez éloignés pour se rendre à Québec
ou à Montréal pour faire valoir leurs griefs. À ce moment,
vous prétendez que la justice est accessible; je parle de la
commission.
M. Bédard: Je n'ai pas évoqué de
prétention. Je sais très bien qu'il y a des améliorations
qui peuvent être apportées. Maintenant, je note les observations
du député.
M. Kehoe: L'année passée, je pense que vous avez
noté la même chose.
M. Bédard: Pas sur cela. L'année passée,
vous avez fait le débat surtout sur les délais; je l'ai
très bien noté. Vous avez connu les résultats cette
année.
M. Kehoe: Oui, cela aussi. L'année passée, j'ai
posé la même question. J'ai lu le journal des Débats avant
de venir ici, j'avais posé la même question.
M. Bédard: II y a une priorité dans...
M. Kehoe: Excusez-moi, je n'ai pas encore posé cette
question. Cette année, vous avez des amendements assez importants qui
vont élargir de beaucoup le mandat ou les obligations, les devoirs de la
commission. Si on a actuellement 1500 à 2000 plaintes par année,
avec les amendements que vous allez apporter à la loi, cela va augmenter
de beaucoup. Je pose la question: Qu'est-ce que cela donne d'avoir de belles
lois avec des droits si la population en général n'a pas
accès à ce mécanisme pour les faire valoir?
M. Bédard: Vous comprendrez qu'il y a des
priorités, à un moment donné, à se fixer. Cette
année, j'ai mis la priorité sur les amendements à la
charte. C'est dans ce sens qu'il y a eu des commissions parlementaires qui ont
été tenues et que nous travaillons d'arrache-pied au
ministère pour en arriver à déposer le projet de loi qui,
je l'espère, sera le plus progressif possible dans le domaine des droits
et libertés.
M. Marx: La question que le député de Chapleau a
posée, comme il l'a dit, a été posée l'an dernier,
il y a deux ans aussi. Chaque année, on pose la même question. La
raison est évidente. C'est parce que la commission demande depuis 1977
qu'on établisse des bureaux régionaux. Par exemple, en Abitibi,
c'est difficile, c'est-à-dire que les citoyens de l'Abitibi n'ont pas
vraiment accès à la justice qui est dispensée par la
Commission des droits de la personne. On pose cette question chaque
année depuis 1977. Le ministre en prend note maintenant depuis cinq ans.
Finalement, on arrive à la fin et il dit: Ce n'est pas pour l'an
prochain, mais peut-être vers la fin de quoi?
M. Bédard: Je vous ai répondu tout à
l'heure.
M. Marx: La réponse, c'est quoi?
M. Bédard: Vous lirez le journal des Débats. Vous
savez au moins lire.
M. Marx: Oui, c'est cela. Je vais la résumer pour ceux
qui...
M. Bédard: Ce que vous oubliez de dire...
M. Marx: Oui.
M. Bédard: ... c'est que, même s'il n'y a pas de
bureau comme tel de la commission dans les régions, ce qui serait
souhaitable, il n'y a aucun doute là-dessus, il y a quand même des
inspecteurs et des enquêteurs qui se déplacent et qui vont dans
les régions. Vous pouvez facilement me dire que cela ne règle pas
la situation. C'est évident que ce serait mieux qu'il y ait des bureaux
sur place dans toutes les régions, je vous dis oui, mais je ne peux pas
tout faire en même temps.
M. Kehoe: M. le ministre, la seule question que je pose, je
comprends que mon confrère de D'Arcy McGee a dit que, depuis cinq ans,
la même question est posée et la même réponse est
donnée, mais...
M. Bédard: Ah bien! Tantôt, c'était
l'année passée et, là, vous me dites depuis cinq ans.
M. Kehoe: Si vous me permettez, la question est bien
différente maintenant, compte tenu du fait que des amendements
vont changer de beaucoup la situation. À ce moment-là, je
pense que vous avancez des projets très louables de changements qui
s'imposent, mais par contre vous ne donnez pas les ressources
nécessaires. Vous parlez d'inspecteurs; j'ai déjà eu
affaire à un inspecteur de la commission qui couvre des territoires
énormes et il n'a lui-même aucune possibilité de commencer
à résoudre des problèmes ou des plaintes qui lui sont
acheminés. À ce moment-là, la critique que je fais et la
question que je pose: Qu'est-ce que cela va donner de faire des changements qui
vont rendre la charte beaucoup plus humaine, beaucoup plus applicable à
beaucoup plus de personnes, si vous ne donnez pas les structures
nécessaires pour laisser les gens se prévaloir de ces
droits-là?
M. Bédard: J'ai répondu à cette question. Je
n'en fais pas reproche au député qui pose la question parce qu'il
n'était pas présent tout au long des travaux de la commission sur
le sujet que nous traitons présentement. J'ai dit, et je le
répète, qu'à l'occasion des amendements qui seront
apportés il est clair que je vais faire les pressions
nécessaires, les représentations nécessaires pour que des
ressources additionnelles soient données pour permettre à la
commission de répondre à de nouvelles responsabilités et,
également, des pressions pour faire en sorte qu'il y ait aussi des
ressources additionnelles qui pourraient permettre le rattrapage qu'a
évoqué Mme la présidente de la commission.
M. Kehoe: Je pense que la commission elle-même fait des
représentations dans le même sens...
M. Bédard: Je pense que ma réponse va dans le sens
des représentations que vous faites.
M. Marx: Depuis cinq ans, depuis cinq ans, depuis cinq ans, je le
répète trois fois pour que le ministre saisisse la portée
de cette remarque.
M. Bédard: Pensez au journal des Débats. Vous
pouvez le dire dix fois. Il me semble que les gens sont assez intelligents pour
lire.
M. Marx: II faudra peut-être dix fois avant que le ministre
comprenne.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le programme 4 sera
adopté?
M. Marx: J'ai deux autres petites questions. Premièrement,
il y avait un avis au ministre, le 20 mars 1981, en ce qui concerne le
dépliant "Faut pas se faire avoir". Je n'ai pas vu cet avis avec la
liste de tous les avis. Je ne veux pas me faire avoir. Est-ce qu'il y a eu un
avis? Est-ce que c'est juste la lettre? C'est à la première page
dans le cahier que vous avez, M. le ministre, mais est-ce que c'est seulement
cela? Est-ce qu'il y a un avis? Dans la liste des avis que vous m'avez fournie,
cet avis ne s'y trouve pas.
M. Bédard: Je pense que Mme la présidente pourrait
vous le confirmer, il n'y avait pas d'avis. Il y avait la lettre dont je vous
ai fait parvenir la copie.
M. Marx: Je vois qu'on a envoyé une copie de cette lettre
à M. Jean-Roch Boivin.
M. Bédard: La lettre que Mme Fournier nous avait fait
parvenir, ça va?
M. Marx: C'est cela, l'avis? Il n'y a pas d'autre chose en ce qui
concerne...
M. Bédard: II n'y a pas d'autre chose.
M. Marx: Est-ce que le gouvernement a changé sa politique
après avoir reçu cette lettre? Est-ce que la phrase a
été retirée? Qu'est-ce que le gouvernement a fait? (11
heures)
M. Bédard: La phrase n'a pas été
retirée.
M. Marx: Non, le gouvernement trouve cela un bon...
M. Bédard: C'est le respect des uns et des autres. Nous ne
sommes pas toujours de la même opinion.
M. Marx: Vous êtes... C'est cela, c'est une autre fois.
Ma dernière question: Est-ce que la commission donne des
commandites aux contractuels pour faire des études? Est-ce qu'on donne
des commandites aux personnes à l'extérieur de la commission?
M. Bédard: Mme la présidente serait la mieux
placée pour répondre à cette question.
Cela peut arriver, cela dépend des ressources qu'on a là
aussi pour se permettre de le faire, mais, à l'occasion... À
titre d'exemple, je peux vous dire que nous avions consulté un
politologue sur un aspect de la définition de conviction politique, et
cette personne nous avait fait une analyse de concept, une analyse
comparée du concept de conviction politique en littérature
scientifique de science politique.
M. Marx: Cette année, par exemple, l'année
passée, combien de contrats de ce genre avez-vous octroyés?
M. Bédard: Très peu. En affaire
judiciaire, nous avons demandé l'aide d'un juriste pour la cause
que nous avions devant la Cour suprême.
M. Marx: Oui, cela est fourni par... ce n'est pas fourni par le
ministère de la Justice.
M. Bédard: Non.
M. Marx: La commission engage un avocat de la pratique
privée et la commission paie cet avocat à même ses
fonds.
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Globalement, combien la commission a-t-elle
dépensé pour engager des personnes à l'extérieur de
la commission?
M. Bédard: Dans l'année 1981?
M. Marx: Oui. Disons que l'exemple que je viens de vous donner va
être payé en 1982; alors, il faut l'oublier.
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: Ce n'est pas énorme, c'est...
M. Marx: 50 000 $?
M. Bédard: Autour de cela, peut-être moins; si vous
le permettez, je vais...
M. Marx: D'accord, juste une idée, si c'est 50 000 $.
M. Bédard: Sans doute moins.
M. Marx: Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Marx: J'aimerais remercier la présidente pour avoir
été avec nous; cela a été long, mais je pense qu'il
y a plus de problèmes à cette commission que dans d'autres
commissions et donc cela a pris plus de temps.
M. Bédard: Je remercie également Mme la
présidente.
Le Président (M. Laplante): Merci, madame. Programme no 4,
adopté?
M. Marx: Non. Il y a la commission de la protection de la
jeunesse, mais je ne pose pas de questions parce que je pense...
M. Bédard: C'est très important, cela rejoint
beaucoup les droits et libertés des jeunes; j'imagine que l'Opposition a
peut-être beaucoup de questions à poser là-dessus et nous
avons ici présent un représentant de la commission...
M. Marx: Oui, mais je me demande...
M. Bédard: ... dans la personne de M. Pinard, parce que M.
le président doit ce matin, je crois, être entendu par la
commission Charbonneau au sujet de la délinquance juvénile, de la
criminalité juvénile, de la protection des droits des jeunes. On
sait que cela a fait l'objet d'une loi très importante, unanime de
l'Assemblée nationale. L'importance qu'y consacrent les parlementaires
est telle qu'au moment où on se parle, il y a un "select committee" qui
se penche sur l'ensemble de la législation en fonction
d'améliorations qui pourraient peut-être y être
apportées. Alors, je laisse la parole à mon collègue.
M. Marx: C'est cela. Avant que vous m'interrompiez, j'ai voulu
dire qu'étant donné qu'on a une commission spéciale qui
siège sur cette question et surtout sur la loi qu'on a au Québec,
et je sais que la commission de la protection de la jeunesse va
comparaître devant la commission, je n'ai pas de questions à poser
aujourd'hui, étant donné que je suis aussi membre de l'autre
commission spéciale. Je pense que ce sera possible de régler un
paquet de problèmes quand la commission va produire son rapport.
M. Bédard: Alors, je remercie M. Pinard de sa
présence.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
L'élément 2 est adopté. Programme 4 en son entier,
adopté.
Aide aux justiciables
J'appelle le programme 5, Aide aux justiciables. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, ce programme comprend
trois éléments, à savoir l'élément 1,
Commission des services juridiques; l'élément 2, Aide aux recours
collectifs et l'élément 3, Aide socio-économique aux
justiciables.
Les crédits requis pour le financement du programme d'aide
juridique s'établissent à 46 620 200 $; ceux de l'aide aux
recours collectifs, à 352 000 $ et ceux de l'aide
socio-économique aux justiciables, à 713 600 $.
Le budget de la Commission des services juridiques comprend une
enveloppe budgétaire de 2 564 100 $; celui du financement des
corporations régionales de 31 818 150 $ et celui du financement des
mandats confiés aux avocats de la pratique
privée de 12 237 750 $.
Le budget de 352 000 $ pour le programme d'aide aux recours collectifs
comprend des crédits de 188 390 $ au titre du budget de fonctionnement
et des crédits de 163 610 $ au titre de l'aide accordée aux
bénéficiaires en vertu des articles 23 et 26 de la loi.
Le budget de 713 600 $ au titre de l'aide socio-économique aux
justiciables comprend une enveloppe de 487 800 $ au titre des services
professionnels. Cette enveloppe comprend un somme de 170 000 $ pour les
services de conciliation familiale au Centre des services sociaux du
Montréal métropolitain; une somme de 10 000 $ pour le
perfectionnement des personnes désignées par le ministre de la
Justice en vertu de la Loi de la protection de la jeunesse et une somme de 292
300 $ au titre des honoraires pour les services rendus par les personnes
désignées.
Le budget de la Commission des services juridiques passe de 42 500 000 $
à 46 620 200 $, soit une augmentation de 4 120 200 $ résultant
principalement des modifications aux conditions de travail des avocats et
cadres de la Commission des services juridiques.
Le budget des honoraires aux avocats de la pratique privée est
établi sur la base des dépenses probables des honoraires sans
tenir compte des engagements non liquidés à la fin de
l'année financière, selon les pratiques comptables qui furent
adoptées à la suite de modifications législatives
apportées à la Loi de l'aide juridique, en 1979. Les
dépenses sont comptabilisées sur la base des comptes produits par
les avocats, tandis que les engagements non liquidés à la fin de
l'exercice financier sont indiqués aux états financiers au titre
des engagements financiers.
Je pense que cela représente les remarques
préliminaires.
M. Marx: Premièrement, j'aimerais savoir, sur les 42 500
000 $ que la commission...
M. Bédard: Avant, si vous me le permettez, je pourrais
peut-être présenter le président de la Commission de l'aide
juridique, M. Lafontaine, et le secrétaire du fonds d'aide aux recours
collectifs, M. Lauzon.
M. Marx: J'aimerais les remercier d'être venus nous voir et
nous fournir des explications, le cas échéant, sur leur
organisme.
Premièrement, en 1981-1982, la Commission des services juridiques
a dépensé 42 500 000 $. Combien de ce montant est venu du
gouvernement fédéral?
M. Bédard: Environ 5 500 000 $. M. Marx: 5 500 000
$.
M. Bédard: Comme vous pouvez le voir, il y a place pour
l'amélioration.
M. Marx: Si vous voulez donner la juridiction au
fédéral, il va dépenser davantage.
M. Bédard: Non.
M. Marx: J'espère que ce n'est pas ce que vous avez voulu
dire.
M. Bédard: Vous avez vraiment des manières
d'interprétation qui, le moins qu'on puisse dire...
M. Marx: Vous aussi. Le problème avec les...
M. Bédard: Non, mais je veux continuer. Le moins qu'on
puisse dire, elles ne sont pas très rigoureuses. À l'occasion de
conférences fédérales-provinciales auxquelles j'ai
participé, l'ensemble des provinces, qui en aucune façon ne
veulent donner la juridiction au fédéral, a fait des
représentations pour, justement, que le fédéral consacre
des montants plus importants. Toutes ces représentations ont
été presque sans succès.
M. Marx: Je suis heureux d'apprendre que le ministre a fait son
travail. Il demande plus d'argent au fédéral pour ce programme.
Le grand problème avec l'aide juridique - je reçois beaucoup
d'appels - c'est que les avocats de la pratique privée se plaignent de
ne pas être payés pendant des mois, pendant presque une
année. Il y a des avocats en pratique privée qui me disent que,
s'ils ne reçoivent pas bientôt leur chèque de l'aide
juridique, ils vont faire faillite. Le ministre est au courant; je lui ai
écrit à maintes reprises depuis un an pour réclamer que
les chèques soient envoyés aux avocats de la pratique
privée. J'aimerais savoir où est le problème et quel est
le problème.
M. Bédard: Avant que le député de D'Arcy
McGee m'ait écrit, j'étais au courant. J'ai eu l'occasion de
faire certaines représentations auprès de la commission.
Effectivement, il y a eu des problèmes là-dessus, mais qui se
corrigent. M. le président pourrait peut-être ajouter quelques
mots là-dessus.
Ce qui arrive, c'est qu'au niveau de l'entente qui a été
signée avec le Barreau et qui est ratifiée par un
règlement, un délai de 45 jours est accordé à la
commission pour faire l'étude des réclamations qui lui sont
soumises. Ce qui est arrivé, c'est qu'on avait
l'excellente habitude pendant des années de payer dans un
délai d'environ trois semaines ou un mois. Il y a eu des
difficultés financières qui sont survenues dans le cours de
l'année dernière qui ont fait qu'on a excédé
effectivement la période de 45 jours. L'entente prévoit aussi
qu'à ce moment on doit payer un montant d'intérêt qui est
l'équivalent, si je me rappelle bien, du taux préférentiel
plus 1%. Le dernier taux préférentiel auquel on pouvait se
référer, c'était celui d'octobre en vertu de l'entente.
Donc, on payait quelque 21% d'intérêt. Ce n'était pas un
mauvais placement, mais ce n'est pas encore comme d'avoir son argent, bien
sûr. Il faut aussi placer cela dans le contexte. Ce n'est peut-être
pas la fin du monde, non plus, si cela prend 60 jours plutôt que 45
jours. J'admets que, dans certains cas, cela en a pris 90 aussi. Ce n'est pas
toujours aussi juste le manque d'argent qui a causé cela; c'est que
souvent les comptes ne sont pas complets et on a besoin de renseignements
additionnels. Si je peux simplement ajouter une comparaison canadienne, c'est
qu'en Ontario on est tout fier cette année de dire que les délais
sont passés de six mois à trois mois pour les paiements. Donc, ce
n'est peut-être pas si pire. Il ne faut pas le cacher, on a eu des
difficultés financières. Avant de faire tout le processus
légal nécessaire pour toutes les approbations, cela a pris du
temps.
M. Marx: Oui, mais je suis heureux d'apprendre qu'en Ontario,
c'est passé de six mois à trois mois. J'ai l'impression, en
parlant à des avocats de la pratique privée, qu'ici au
Québec, c'est passé de trois mois à six mois. Il y a
beaucoup d'avocats...
M. Bédard: Soyez honnête, je vous corrige.
M. Marx: M. le ministre, laissez-moi terminer ma question.
M. Bédard: Ce n'est pas ce qu'a dit M. le président
de la commission. Il a parlé d'un délai de 90 jours.
Peut-être que, dans certains cas, il y a des exceptions.
M. Marx: Puis-je terminer, M. le Président?
M. Bédard: Allez-y!
Le Président (M. Laplante): J'ai vu cela comme une
question de règlement, parce qu'il n'y a pas de question de
privilège. Continuez, M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: J'ai reçu des lettres et des appels des avocats
de la pratique privée qui me disent qu'ils n'ont pas reçu leur
chèque. Ce sont des dossiers qui traînent depuis plus de six mois,
depuis sept mois, huit mois. Il y a des avocats dans la ville de Québec.
Le ministre a reçu des demandes de ces avocats. Il y a un blocage
quelque part. Je ne suis pas heureux que les avocats fassent un tel bon
placement aux frais des contribuables.
M. Bédard: Comme je vous l'ai dit, dès que ce
problème m'a été signalé, je l'ai mentionné
au président de la Commission des services juridiques. Il vient de nous
donner des explications. Si vous avez d'autres questions.
M. Marx: Qu'est-ce que vous allez faire cette année pour
que les paiements soient faits à temps? Est-ce que vous allez prendre
des mesures correctives ou quoi, M. le ministre? C'est la question. On ne peut
pas demander au président de faire l'impossible. Ce n'est pas lui qui
établit le budget. Ce n'est pas lui qui vote les crédits. C'est
à vous de prendre votre responsabilité au lieu de refiler la
patate chaude à quelqu'un d'autre. (11 h 15)
M. Bédard: Je ne refile la patate chaude à
personne. Vous posez une question; M. le président de la commission est
bien placé pour y répondre et dire ce qu'il a fait. Je pense
qu'il a laissé entendre qu'il ferait tout en son pouvoir pour que la
situation se régularise.
M. Marx: Est-ce que vous allez prendre des mesures, M. le
ministre, surtout en fournissant assez d'argent à la commission pour
payer ses comptes? Je pense c'est aussi simple que cela.
M. Bédard: Au début de mai, nous allons donner
toutes les sommes qui permettront de payer tous les comptes excédant le
délai de 45 jours.
M. Marx: Dès le 1er mai, la commission...
M. Bédard: Au début de mai...
M. Marx: Au début de juin pour être sûr, si je
comprends bien, la commission aurait assez d'argent pour payer les avocats de
la pratique privée dans les 45 jours.
M. Kehoe: C'est seulement le rattrapage ou si cela va être
la même politique dans l'avenir? Est-ce qu'on peut tenir pour acquis
qu'à partir de maintenant...
M. Bédard: Normalement, c'est un droit des avocats
d'être payés, puis de...
M. Kehoe: Le député de D'Arcy McGee, quand il parle
de six mois, sept mois, c'est
loin d'être exagéré. C'est une situation que je vis
personnellement, chez nous, dans le district de Hull; j'ai eu des plaintes
à maintes et maintes reprises à cet effet. Cela dépasse
souvent de beaucoup six et sept mois, surtout tenant compte du fait qu'il y a
eu un jugement rendu; je n'ai pas le jugement, mais cela a été
rapporté dans la Revue du barreau; je ne sais pas exactement quelle
était la conclusion, mais c'était certainement que les comptes
produits par les avocats de la pratique privée devraient être
payés dans les 45 jours. Même à la suite de ce jugement,
les avocats n'ont aucun recours contre le gouvernement. Si le gouvernement
retarde l'affaire de six mois, de neuf mois, je comprends qu'il paie
peut-être le taux d'intérêt requis mais, entre-temps, si
l'avocat fait faillite avant que l'argent rentre... Je ne veux pas
exagérer. Ce n'est peut-être pas à ce point, mais il reste
que les délais qui dépassent six mois pour le paiement d'une
facture... Ici, ce sont des avocats de la pratique privée; si
c'était généralisé, si les autres clients faisaient
la même chose...
M. Bédard: Si c'était
généralisé, ce serait inacceptable. Maintenant, lorsque
vous parlez de délais de six, sept ou huit mois, on me mentionne
qu'assez souvent ce sont des cas où il y a manque d'information ou
encore la commission - non, mais je vous dis les informations qui me sont
données - est en désaccord avec l'évaluation qui est faite
par l'avocat qui produit son compte.
M. Kehoe: Des excuses plutôt qu'autre chose; c'est parce
qu'ils n'ont pas les fonds nécessaires pour les payer. J'ai vu à
maintes reprises des exemples où la commission a retourné des
factures demandant de fournir des explications que je qualifie de farfelues. Ce
n'était certainement pas sérieux. Je pense que la vraie raison,
on l'a eue ce matin. Les fonds n'étaient pas là. Si vous dites
que les correctifs seront apportés à partir du 1er mai et que,
pour l'avenir, ce sera payé dans un délai raisonnable de 45 jours
et même 60 jours, je trouve que ce serait très acceptable. Si, par
contre, la même situation continue, où le délai
dépasse souvent de beaucoup six mois, c'est complètement
inacceptable. L'explication que vous donnez qu'il y avait des erreurs dans la
facturation ou certaines informations qui manquaient...
M. Bédard: Je n'ai pas donné ces explications pour
tous les cas, vous le savez bien. Soyons donc honnêtes dans notre
discussion. Je vous ai répondu tout à l'heure, nous allons - je
vous en donne l'assurance -poser les gestes nécessaires pour apporter
les correctifs qui s'imposent parce que - c'est ma conviction - les avocats de
la pratique privée, comme n'importe quel avocat ou n'importe quelle
personne qui travaille, ont le droit d'être payés. Pour ce qui est
du placement de leur argent avec intérêt, cela leur appartient.
C'est beaucoup mieux d'être payé que...
M. Kehoe: II y a beaucoup d'avocats de la pratique privée
qui disent justement cela. On dirait que c'est une politique du gouvernement de
favoriser des avocats permanents de l'aide juridique plutôt que des
avocats de la pratique privée.
M. Bédard: En aucune... C'est une affirmation que vous
faites, je puis vous dire que ce n'est pas du tout...
M. Kehoe: Si vous me permettez de continuer ma phrase.
M. Bédard: Je puis vous dire que ce n'est pas une
politique du gouvernement.
M. Kehoe: Peut-être que non, mais il reste quand même
que, lorsque des avocats qui remplissent des mandats pour l'aide juridique
doivent attendre six mois et plus pour être payés, je trouve
qu'à ce moment-là, c'est sûrement une manière de
décourager des praticiens privés de prendre des mandats.
D'ailleurs, je ne dis pas que c'est une politique du gouvernement au pouvoir,
mais il reste quand même qu'on peut se poser des questions quand cela se
produit sur une base régulière. Dans le passé, vous
n'aviez pas les fonds; c'est évident, à ce moment-là, si
vous n'avez pas mis à la disposition de la commission les fonds
nécessaires, qu'on peut facilement interpréter cela comme une
politique visant à empêcher des praticiens privés de
prendre des mandats de l'aide juridique.
M. Bédard: Tout ce que je peux vous dire, c'est que ce
serait une interprétation qui serait fausse, et les correctifs seront
apportés.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions sur le
programme no 5? Adopté, le programme no 5?
M. Marx: Non, vous êtes trop vite pour nous, M. le
Président. Hier, le président était...
M. Bédard: On peut toujours être en désaccord
avec lui.
M. Marx: On va faire onze heures et demie, même si on ne
termine pas les programmes; on va les voter en bloc à la fin, si
nécessaire.
Le Président (M. Laplante): II est de
mon devoir, quand il y a un vide qui se fait, de faire avancer les
travaux. Je pense que c'est...
M. Marx: II n'y a pas de vide.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de vide?
M. Marx: Non.
Le Président (M. Laplante): Allez-y, monsieur.
M. Marx: Oui. J'aimerais demander au ministre s'il y a des
études comparatives en ce qui concerne les coûts pour
régler un dossier au niveau de la Commission de l'aide juridique et un
dossier de la pratique privée. Est-ce que cela coûte plus cher
à la commission ou plus cher d'envoyer le dossier à la pratique
privée?
M. Bédard: II y a un travail d'évaluation,
effectivement, qui a été fait concernant le sujet que vous
évoquez; il y a des décisions qui doivent être prises;
lorsqu'elles le seront, ce sera rendu public.
M. Marx: Est-ce qu'on peut nous donner une indication de ces
coûts? Est-ce que cela coûte plus cher pour régler un
dossier à la commission ou en pratique privée? Je pense que
le...
M. Bédard: Je rendrai le tout public, cela va être
mieux que des indications...
M. Marx: Non, mais chaque question qu'on pose ici...
M. Bédard: ... lorsque la décision sera prise.
M. Marx: Quelle décision? Je vous demande s'il y a des
études pour...
M. Bédard: Je vous dis oui.
M. Marx: II y a une étude et vous avez des coûts
comparatifs, et cela est secret.
M. Bédard: C'est cela. C'est-à-dire que cela est
secret dans le sens que ce sera rendu public dès que les
décisions seront prises au Conseil du trésor, au Conseil des
ministres.
M. Marx: Est-ce que c'est plus cher à la commission ou
plus cher en pratique privée? Cela n'est pas divulguer quoi que ce
soit.
M. Bédard: Non, il y a un coût de revient plus cher
à la pratique privée. Maintenant, il y a bien des
considérations dont il faut tenir compte, et vous serez à
même d'évaluer tout cela lorsque le rapport sera rendu public.
M. Kehoe: Est-ce qu'il y a des avocats, des praticiens
privés, l'avez-vous comparativement?
M. Bédard: Je vous l'ai mentionné tout à
l'heure.
M. Kehoe: D'accord, c'est cela.
M. Marx: Est-ce que les coûts de la commission et les
coûts de l'avocat de la pratique privée sont comptabilisés
d'une façon vraiment comparative?
M. Bédard: M. le Président, peut-être pour se
situer dans le contexte - c'est une question qui a toujours été
mise de l'avant par différents tenants, soit de la théorie des
praticiens privés, soit de la théorie des salariés - et
peut-être pour être capable de répondre plus
adéquatement à cette question, la commission, il y a
déjà trois ans, quatre ans, avait demandé à une
firme spécialisée si elle était capable de faire une
comparaison avec les renseignements qu'on possédait tant sur ordinateur
qu'avec le tarif de la facturation, etc. Effectivement, il y a une maison de
comptables reconnue qui a fait cette étude et qui nous l'a soumise. Nous
l'avons regardée. Elle a été soumise aussi au barreau.
L'étude a été jugée valable par les parties
impliquées. Elle a été reprise aussi dans le cadre d'une
étude complète sur l'évaluation du réseau d'aide
juridique dans l'année courante. Ce sont les mêmes principes de
base qui ont été suivis, mais elle n'a pas été
reprise par la même firme comptable, parce qu'on avait déjà
acheté le programme pour être capable de refaire cette
étude tant que cela nous plairait pour que cela nous coûte moins
cher. Elle a été reprise à ce moment-là par des
gens du Conseil du trésor et l'évaluation et méthodes du
ministère de la Justice, mais à même le programme qui avait
déjà été bâti par cette firme.
M. Marx: D'accord. Le ministre va donc rendre ce rapport public
un jour.
En ce qui concerne les appels à la Commission de l'aide
juridique, quelle est la politique? Quand va-t-on en appel? Est-ce qu'on va en
appel à la demande de celui qui a demandé l'aide juridique?
Est-ce qu'il y a une politique établie pour ces appels? J'aimerais que
le ministre m'explique quelle est la politique de la commission en ce qui
concerne les appels.
M. Bédard: II ne peut pas y avoir de politique
générale disant qu'on va en appel ou non; l'évaluation se
fait à partir des
dossiers par les avocats de l'aide juridique, avec leur sens...
M. Marx: Est-ce qu'il y a un comité? Quelle est la
politique?
M. Bédard: ... du professionnalisme. Peut-être que
M. le président peut ajouter autre chose là-dessus.
C'est comme en pratique privée, sauf qu'il n'y a pas la question
des ressources, bien entendu, qui se pose de la même façon que
pour un client de pratique privée, mais, pour pallier à cette
différence, l'avocat salarié doit faire approuver cela par son
directeur de bureau, comme on l'appelle. Dans les plus gros bureaux, dans les
corporations comme Montréal, il y a des corporations qui s'occupent
seulement d'appels où il y a des gens qui font seulement des appels.
À ce moment-là, si un autre avocat veut faire un appel, il doit
consulter ceux qui ne plaident qu'en appel pour être autorisé
à exercer ce recours. Les paramètres dans lesquels ont doit
fonctionner sont toujours aussi dans le cadre de l'autonomie professionnelle,
de la Loi du barreau, de la Loi de l'aide juridique et selon la convention
collective aussi.
M. Marx: Les journaux ont fait état d'un certain nombre
d'appels et j'aimerais qu'on nous explique si c'étaient des appels
frivoles ou non. J'ai seulement lu cela dans les journaux; je n'ai pas eu le
temps de fouiller dans ces dossiers, mais j'aimerais que le président
nous réponde peut-être avec...
M. Bédard: Je vous remercie de m'offrir l'occasion d'en
parler.
M. Marx: Avec plaisir.
M. Bédard: L'une des réponses va peut-être
vous satisfaire et l'autre, vous décevoir. La première
réponse que je peux donner, c'est que, dans le cadre de
l'évaluation du réseau de l'aide juridique, un bruit nous a
été rapporté dès le début selon lequel
l'aide juridique se trouvait à encombrer les tribunaux d'appel depuis
qu'elle était là, étant donné que des appels
étaient peut-être pris d'une façon
inconsidérée. Ce qu'on a fait - vous verrez le résultat
quand l'étude sera publiée - on a relevé par ordinateur,
maintenant que les greffes sont informatisés, le nombre de causes qui
pouvaient venir de l'aide juridique par rapport au nombre de causes qui
pouvaient venir d'autres sources. Je dois dire qu'on n'a pas honte du tout de
la façon dont cela s'est passé et, même dans certaines
régions, des directeurs généraux se sont plaints qu'il n'y
ait pas assez d'appels. C'est plutôt le contraire qu'on a
vérifié en pratique par rapport au bruit qui circulait.
Quant à l'autre article de journal auquel vous faites
peut-être allusion, qui date de quelques jours, c'est difficile de se
prononcer immédiatement. C'est une question de droit, qui est en appel,
qui doit se plaider le 12 mai prochain. Comme avocat, je ne peux quasiment pas
dire que notre cause est bonne et qu'on va la gagner, mais, s'il y a des abus,
on va peut-être voir de quel côté ils sont une fois que le
jugement sera rendu. C'est tout ce que je peux dire dans l'immédiat.
M. Marx: Oui, ce n'est pas seulement une question de savoir que
la cause est bonne, c'est aussi une question des coûts. En pratique
privée, quelqu'un qui doit payer ne va pas en appel pour une affaire de
15 $ ou de 100 $. Ce serait plus rentable de payer le montant que d'aller en
appel. (11 h 30)
M. Bédard: Je pense que c'est une évaluation qui
est quand même difficile à faire sur l'opportunité ou pas
d'aller en appel. Je crois que cela s'évalue dossier par dossier. Il
faut connaître les faits qui sont contenus dans chacun des dossiers.
Comme on l'a mentionné tout à l'heure, cela doit se faire
également avec les paramètres de la Loi sur le barreau et de la
Loi sur l'aide juridique. C'est dur de tirer des conclusions là-dessus,
parce que, s'il y a une décision qui est prise, d'en appeler et qu'on
obtient un jugement qui est défavorable, on peut très rapidement
dire: C'était farfelu, etc., alors qu'on ne peut pas raisonnablement
tirer une telle conclusion.
M. Blank: On doit surveiller ces appels pour savoir si vraiment
ils sont nécessaires. On a vu l'exemple qui est arrivé ici. Je
faisais partie du groupe qui a voté pour en 1964, quand on a
changé le Code de procédure civile. Quand on a
éliminé la question de la caution en Cour d'appel, le nombre
d'appels a augmenté. Aujourd'hui, pratiquement tout cas qui a un
jugement considérable va en appel parce que cela ne coûte
pratiquement rien pour aller en appel. Je trouve qu'il y a un peu d'abus.
À un moment donné - peut-être que c'est parce que cela a
été changé - la Cour d'appel est très stricte et,
quand on demande un cautionnement dans des cas frivoles, elle l'accorde. Si
c'était possible qu'un groupe spécial ou quelqu'un dans le bureau
surveille cela "at large" pour voir s'il n'y a pas d'abus en
général. Je ne dis pas cas par cas; c'est difficile cas par cas,
Avec le Code de procédure civile, on ouvrait l'appel à tout le
monde. C'est très démocratique, c'est très juste,
j'étais pour. L'effet est un peu différent. La même chose
peut arriver aux bureaux de l'aide juridique. On doit surveiller cet
aspect.
M. Bédard: II est très important que les
appels ne soient pas futiles. Je pense qu'il est important aussi
d'apprendre du président que la décision d'aller en appel
n'appartient pas seulement à l'avocat qui est chargé du dossier,
mais qu'il y a une évaluation qui est faite par un groupe d'avocats. Il
est évident qu'il s'agit là des deniers publics. Il faut qu'ils
soient utilisés - tout le monde est d'accord - pour la meilleure
défense des droits des citoyens, mais lorsque la situation est
sérieuse.
M. Marx: J'ai l'impression par cet article de journal - ce n'est
pas plus que cela - que l'avocat à la Commission des services juridiques
a voulu faire valoir le droit en général et pas le droit de
l'individu impliqué dans la cause. Vous comprenez la différence
et la distinction. C'est pour cela que j'ai posé cette question.
J'imagine que la politique de la commission, c'est de faire valoir les droits
des individus.
M. Bédard: Permettez-moi de vous dire que je crois que
c'est une question très opportune. C'est important qu'on en parle.
M. Marx: La politique de la commission, est-ce de faire valoir
les droits et les libertés des Québécois en
général ou est-ce que la commission essaie de faire valoir
plutôt les droits de l'individu impliqué dans la cause? Il y a une
distinction et une différence entre ces deux approches.
M. Bédard: Je crois que M. le président nous a
donné des indications tout à l'heure en nous disant qu'ils sont
confrontés, lorsqu'il s'agit de prendre une décision d'aller en
appel, au même problème auquel est confronté un avocat de
la pratique privée; ils se doivent de l'exercer en tenant compte de la
Loi sur le barreau.
M. Marx: Ce n'est pas la même chose.
M. Bédard: Je sais que ce n'est pas la même
chose.
M. Marx: Quelle est la politique de la commission? C'est cela que
je vous demande.
M. Bédard: M. le président vous a dit qu'on
fonctionnait selon le même barème, selon les mêmes
paramètres avec lesquels fonctionnent les avocats de la pratique
privée.
M. Marx: Qu'est-ce que cela veut dire? Quelle philosophie? Quelle
position?
M. Bédard: Un avocat, c'est un mandataire. On ne peut pas
dire qu'il a une philosophie de lui-même en partant. Il est d'abord le
représentant de son client. En partant, c'est la première chose
qu'il doit faire. Il doit d'abord se consacrer aux intérêts de son
client. Cela me semble assez évident. La relation client-avocat, c'est
ce qui est privilégié dans le professionnalisme de l'avocat. Je
pense qu'en partant, là-dessus, il ne faut pas hésiter. C'est
sûr qu'à l'aide juridique aussi, on est dans une situation
particulière, si on peut, à l'occasion d'une jurisprudence, faire
régler un paquet d'autres cas semblables qu'on peut avoir. À ce
moment-là, il y a tout intérêt, dans le but aussi de
ménager les deniers publics, de régler une situation
particulière, mais qui, à la fois, peut régler un ensemble
de situations. Parfois, cela peut avoir l'air anodin, cette situation
particulière, mais, pour nous, étant donné la
multiplicité des recours dans lesquels on est impliqué, cela peut
valoir la peine, justement, de faire valoir ce droit. Mais je ne voudrais pas
aller plus loin non plus étant donné le sub judice.
M. Marx: D'accord.
M. Kehoe: M. le ministre, depuis un an existe... Ce n'est pas au
troisième volet du programme no 5. Je ne sais pas si vous en avez
d'autres pour les deux personnes, mais je voudrais poser une question
concernant le service de perception des pensions alimentaires.
M. Marx: Ce n'est pas ici. C'est dans quel programme?
M. Kehoe: C'est dans le même programme, le programme no 4,
le service de perception...
Le Président (M. Laplante): C'est au programme no 5.
M. Kehoe: D'accord.
M. Marx: On peut fournir l'occasion au président de la
commission de nous dire s'il y a d'autres problèmes, de nous expliquer
d'autres problèmes de la commission, le cas échéant. Y
a-t-il...
M. Bédard: C'est dans le programme concernant la
perception des pensions alimentaires? C'est au programme 2, qui est
déjà adopté.
M. Marx: On va y revenir après.
M. Kehoe: D'accord, on y reviendra après.
M. Bédard: D'accord, on y reviendra un peu plus tard.
M. Marx: Oui, mais j'ai posé une...
M. Bédard: Je remercie M.... Y a-t-il
d'autres questions?
M. Marx: Oui, j'en avais juste posé une avant que vous
n'interveniez.
Y a-t-il d'autres problèmes à la commission dont vous
aimez faire état devant cette commission?
M. Bédard: ... l'évaluation complète de tous
les régimes doit être en mesure de jeter un coup d'oeil à
l'enfant qu'il a mis au monde cela va faire bientôt dix ans. À ce
moment-là, c'est difficile pour moi de donner des orientations sur ce
qu'il va faire. Je ne suis pas placé pour faire cela.
M. Marx: L'évaluation a-t-elle été faite
cette année ou en 1981?
M. Bédard: Elle a été faite en 1980-1981.
C'est cela. Elle s'est terminée à la fin de 1981, au début
de 1981.
M. Marx: Par une compagnie privée? Par des comptables
à l'extérieur de...
M. Bédard: Cela a surtout été fait par
organisation et méthodes du ministère de la Justice, mais aussi
en collaboration avec les fonctionnaires du Conseil du trésor et aussi
deux consultants extérieurs à l'occasion d'études
spécifiques qui ont été demandées.
M. Marx: Sur la question que j'ai posée l'an dernier sur
les cliniques juridiques, la situation a-t-elle changé ou reste-t-il
encore seulement une clinique juridique à Pointe-Saint-Charles? Y a-t-il
eu des demandes durant l'année?
M. Bédard: II y en avait une autre aussi à
Hull.
M. Marx: Une autre à Hull. Cela était
établi...
M. Bédard: II n'y a pas eu de demandes de faites durant
l'année qui vient de s'écouler.
M. Marx: À Hull, c'est depuis combien d'années?
Quelques années?
M. Bédard: Depuis 1974-1975.
M. Marx: II n'y a pas eu de demandes cette année?
M. Bédard: Non, il n'y a pas eu de demandes
d'acheminées à la commission.
M. Marx: II n'y a pas eu de demandes cette année. Donc, il
n'y a que ces deux cliniques.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 5 est-il
adopté?
M. Marx: Un des éléments.
Le Président (M. Desbiens): Un des éléments?
L'élément 1?
M. Marx: Oui.
Aide aux recours collectifs
Le Président (M. Desbiens): Élément 2.
L'élément 2 est-il adopté?
M. Marx: Sur l'aide aux recours collectifs, le responsable de ce
programme a-t-il fait un rapport au ministre? Y a-t-il des problèmes en
ce qui concerne cette aide aux recours collectifs?
M. Bédard: Comme vous le savez, beaucoup de
représentations ont été faites concernant des
améliorations qui pourraient être apportées concernant le
recours collectif. Effectivement, il y a, au moment où je vous parle,
une décision qui sera prise dans un délai très court et
qui débouchera sur des amendements.
M. Marx: Sur des amendements de la loi.
M. Bédard: Sur des amendements de la loi, concernant la
loi.
M. Marx: D'ici la fin de la session?
M. Bédard: Oui, qui seront connus avant la fin de la
session.
M. Marx: Avant la fin de la session. Vous allez déposer
beaucoup de projets de loi avant la fin de la session.
M. Bédard: C'est-à-dire que vous serez à
même de voir comment cela sera déposé et dans quel cadre
cela sera situé, mais des amendements législatifs concernant le
recours collectif seront déposés avant...
M. Marx: Pour rendre cela plus facile, plus efficace,
j'espère.
M. Bédard: Effectivement.
M. Marx: On ne peut pas nous donner une indication
aujourd'hui.
M. Bédard: Pourquoi me posez-vous la question? Vous savez
bien que non. Ce n'est pas parce que cela ne me ferait pas plaisir. Mais je
peux vous dire que ce sera dans les jours qui viennent.
M. Marx: J'ai fait l'addition des projets de loi que vous allez
déposer cette session-
ci.
M. Bédard: Vous êtes impressionné, n'est-ce
pas? Cela va tout se réaliser.
M. Marx: Ce sera très impressionnant. Ce sera la session
la plus "busy" que vous n'ayez jamais eue comme ministre. Cela fait
déjà cinq ou six en six semaines.
M. Bédard: C'est-à-dire qu'il y a plusieurs
dépôts. J'espère que vous ne me ferez pas le reproche de
travailler au ministère de la Justice.
M. Marx: Non.
M. Bédard: II resterait seulement celui-là.
M. Marx: Cela commence à être temps.
Des voix: Ah!
M. Marx: Cela commence à être temps.
M. Bédard: Je prends avec un grain de sel les
évaluations du député de D'Arcy McGee. C'est un peu comme
ses rapports. On les corrige.
M. Marx: Comme je vous l'ai dit hier, ce ne sont pas les
fonctionnaires qui ne travaillent pas. Dans leurs valises, ils ont tout. C'est
vous qui ne prenez pas la responsabilité politique. C'est le
problème.
M. Bédard: J'ai répondu à cette affirmation
de votre part qui n'a aucun fondement. Nous travaillons la main dans la main
avec les fonctionnaires et, justement, si cela va très bien au
ministère de la Justice, c'est parce que nous sommes...
M. Marx: À une autre occasion, je vais vous citer mes
sources.
M. Bédard: ... sur la même longueur d'onde, pas
toujours d'accord, mais assez régulièrement sur la même
longueur d'onde, ce qui fait que nous débouchons sur des gestes
pratiques.
Le Président (M. Desbiens): L'élément 2
est-il adopté?
M. Marx: Peut-être que le responsable du recours collectif
pourrait nous expliquer les problèmes, sans nous dire ce que le ministre
se propose de faire, juste pour avoir une idée des problèmes de
cet organisme.
M. Bédard: Les principaux problèmes ont
été posés dans le rapport annuel du fonds. Je suppose que
les propos du ministre, à savoir d'y apporter des changements, doivent
faire suite à ces recommandations. C'est un rapport qui a
été déposé à l'Assemblée nationale.
Est-ce que vous voulez avoir les thèmes précis?
M. Marx: Oui, juste une idée. Comment voyez-vous cela?
M. Bédard: Sommairement, il y a les frais ou les
honoraires judiciaires, dans l'ensemble, qui posent des problèmes. C'est
bien connu. Il y a aussi le problème des délais à cause de
l'appel, du droit d'appel au niveau préliminaire. Puis, en
complément ou en corrélation au problème des frais, qui
fait qu'il y a un coût qui peut être important, il y a le
problème des pouvoirs financiers du fonds d'aide. Le problème des
frais et le problème des pouvoirs financiers du fonds mis ensemble ont
constitué probablement un des obstacles importants à l'exercice
de certains recours. Ce sont les principaux problèmes.
Évidemment, il y en a d'autres mineurs, mais je peux dire que les
principaux problèmes, c'étaient justement les délais, un
peu comme dans les recours individuels, mais dans un recours collectif, cela a
peut-être plus d'impact. Puis, il y a la question financière qui
fait que le représentant peut se retrouver avec un risque très
important. Ce sont les principaux problèmes qui sont dans notre rapport
annuel.
M. Marx: Vos recommandations précises, quelles
sont-elles?
M. Bédard: C'est dans le rapport également.
M. Marx: C'est dans le rapport.
M. Bédard: Je pense qu'il appartiendra au ministère
de...
Rapport qui a été déposé d'ailleurs à
l'Assemblée nationale.
M. Marx: Oui, j'en ai reçu une copie, j'imagine.
M. Bédard: Vous pourriez le lire. C'est
intéressant.
M. Marx: Je vais lire tous les rapports du ministère.
M. Bédard: Cela aide pour faire un projet de loi. (11 h
45)
M. Marx: Je suis prêt à lire tous les rapports du
ministère que le ministre lit lui-même.
M. Bédard: Mais auxquels je donne suite.
M. Marx: Je ne suis pas sûr que je vais
passer à travers tous les rapports. Terminé pour le
programme 5.
M. Bédard: Cela montre la complexité du
travail.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 5 est
adopté. J'appelle le programme 6. Est-ce que le programme 6 est
adopté?
Administration
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 6 est
adopté.
M. Marx: Comment ça, adopté?
Le Président (M. Desbiens): Excusez-moi, j'avais entendu
dire adopté.
M. Bédard: Adopté avec un point d'interrogation. Ce
programme contient l'ensemble des services de soutien du ministère
concernant la gestion des ressources humaines, physiques et financières.
On y retrouve donc toutes les activités ayant trait au cabinet du
ministre, au cabinet du sous-ministre, à la direction des
communications, au bureau de l'administration de la Loi sur les huissiers,
à la direction générale du personnel, au service de la
documentation, à la direction de l'équipement, à la
direction du budget, à la direction de la vérification interne,
à la direction de l'informatique, à la direction de l'analyse et
de l'organisation administrative, ainsi qu'au service de la coordination des
activités ministérielles en milieu autochtone.
On retrouve également sous la responsabilité de ce
programme les activités du Conseil consultatif de la justice dont le
rôle principal est de donner son avis au ministre de la Justice sur toute
question que celui-ci lui soumet relativement aux sujets qui relèvent de
sa compétence dans le domaine de l'administration de la justice.
Un total de 445 personnes-année seront nécessaires
à la réalisation des activités prévues, soit 372
employés réguliers et 73 employés occasionnels. La
répartition de tous ces effectifs, selon les différentes
directions, a été communiquée à mon collègue
de l'Opposition avant les crédits.
En termes de commentaires sur une variation budgétaire, on
pourrait dire que, tel que mentionné précédemment, le
budget du programme 6, administration, a été estimé
à 20 783 200 $ pour l'année financière 1982-1983, ce qui
implique une augmentation de 3 777 300 $ par rapport au budget comparatif de
l'exercice précédent. Cette augmentation de 3 777 300 $ est due
aux facteurs suivants: Mise en application des conventions collectives, 1 273
000 $; bénéfices pour accidents de travail survenus avant le 1er
janvier 1981, 108 000 $; continuité et développement des
systèmes mécanisés, 1 695 600 $; programme d'information
et de publicité du ministère, 482 000 $; dépenses pour
l'application de la loi visant à favoriser le civisme, entre autres
transfert de juridiction du programme 17, indemnisation des victimes d'actes
criminels, 100 000 $; congrès de l'Association de droit international,
50 000 $; augmentation générale des autres dépenses due
à l'augmentation du coût de la vie, 68 700 $, pour un grand total
de 3 777 300 $.
M. Marx: Est-ce que la liste des contrats de moins de 25 000 $
octroyés à des professionnels tombe dans ce programme ou est-ce
que cela tombe partout?
M. Bédard: Cela tombe dans ce programme-là.
M. Marx: Cela tombe dans ce programme-là.
M. Bédard: Si vous voulez l'aborder, ça pourra
peut-être... À la demande de l'Opposition, avant l'étude
des crédits, j'ai fait parvenir certains des renseignements qui
m'étaient demandés.
Nous avons fourni toute la liste, à la page 23, des engagements
de professionnels pour les contrats de moins de 25 000 $ depuis le 1er avril
1981.
M. Marx: Est-ce que c'est Rosalie qui suggère les noms des
personnes à qui on donne des contrats ou comment est-ce qu'on choisit
les personnes à qui on octroie des contrats?
M. Bédard: Dans le cas des contrats pour les
professionnels, en ce qui a trait au service de génie, etc., oui, c'est
évident que cela passe par Rosalie. Pour ce qui est des contrats de
professionnels, non. C'est-à-dire pour ce qui est des contrats des
avocats ou des mandats des avocats par rapport à des causes, non. C'est
tout à fait normal. Je ne vois pas comment Rosalie pourrait
régler cela.
M. Marx: Non, Rosalie a ses amis aussi, mais c'est une autre
question.
M. Bédard: Bon, vous avez le droit de vous amuser.
M. Marx: À la page 33, CGI Inc. Il y a un montant
déboursé de 24 982,14 $. Bon, quel est l'objet de ce contrat?
C'était quoi, ce contrat?
M. Bédard: Si vous me le permettez,
nous avons ici, avec nous, le sous-ministre responsable de ce secteur,
M. Halley, et je lui demanderais de donner les informations.
C'est un contrat à une firme privée en informatique pour
un développement de système en cours d'année.
M. Marx: Un système en cours d'année?
M. Bédard: C'est un contrat qui a été
donné en cours d'année 1981-1982 pour le développement
d'un système en informatique.
M. Marx: Ah! Bon! Et l'autre, Jean-Pierre Duclos, pour un contrat
d'environ 29 000 $. Vous n'avez pas précisé l'objet de ce
contrat.
M. Bédard: Effectivement, cette information n'est pas dans
le cahier. Je vous la donnerai cet après-midi; cela va?
M. Marx: Parfait. Il y a aussi, à la page 49, un contrat
accordé à Verge, Lebel et Associés pour la production de
six diapositives dans le cadre du programme Action-Prévention, 1200 $.
Est-ce exact? C'est à la page 49, dernière ligne.
M. Bédard: C'est une erreur dans la description.
M. Marx: Dans la description.
M. Bédard: Oui, cela constitue un travail beaucoup plus
important que ces six diapositives.
M. Marx: Six diapositives. Ah! Bon. C'était combien, M. le
ministre, sept ou huit?
M. Bédard: C'était de très belles
photos.
M. Marx: C'est plus que six, c'est quoi?
M. Bédard: C'est un diaporama avec des photos, etc. et non
six diapositives. J'avoue que...
M. Marx: On ne sait jamais. Avec Rosalie, on ne sait jamais.
M. Bédard: Ah! Vous avez beau fouiller...
M. Marx: On a vu cela avec Luc Cyr.
M. Bédard: ... vous ne trouverez pas grand...
M. Marx: Avec Luc Cyr, on a vu que Rosalie a des amis.
M. Bédard: Au ministère de la Justice, on vous a
fourni tous les détails que vous avez demandés, tous les
renseignements.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: M. le ministre, j'ai regardé la liste des
dépenses d'avocats, les mandats confiés et les tarifs
établis, lesquels varient beaucoup, de 35 $ l'heure jusqu'à 105 $
l'heure. Enfin, je sais en partie la réponse que vous allez me donner,
mais sur quoi vous basez-vous? Avez-vous un tarif, une base pour établir
les tarifs en question autrement que par l'expérience ou la
difficulté de la question en jeu?
M. Bédard: II y a un critère très simple,
c'est le nombre d'années de pratique du barreau.
M. Kehoe: Est-ce le critère de base dont vous vous servez
toujours?
M. Bédard: Assurément.
M. Kehoe: Je reviens avec une question. Quand il s'agit d'un
avocat de pratique privée qui a certainement un "overhead" beaucoup
supérieur à celui d'un professeur de droit constitutionnel
à l'université, est-ce qu'il y a une différence, une
variation ou est-ce que c'est uniquement la question d'années de
pratique? Quand vous plaidez en Cour supérieure, en Cour suprême
ou en Cour d'appel ou enfin quand vous donnez une opinion, est-ce qu'il y a une
variation dans les critères. Est-ce que c'est le nombre d'années
de pratique, point?
M. Bédard: II y a celui-là. Je crois que c'est une
question très valable que vous posez. Nous avons avec nous le
sous-ministre responsable dans la personne de M. Paul-Arthur Gendreau. Je lui
demanderais de donner des renseignements additionnels.
En fait, les mandats sont accordés à partir du nombre
d'années de pratique, mais ils sont donnés à partir d'un
maximum. C'est 35 $, 50 $ ou 75 $ l'heure. Cependant, on tient compte de la
difficulté de la cause. On tient compte aussi du secteur dans lequel
l'individu travaille. Ainsi, par exemple, un professeur d'université,
comme vous le soulignez, a un "overhead" qui est bien différent de celui
d'un praticien de pratique privée. On tient compte de ce facteur. Dans
certains cas, le Conseil du trésor va nous autoriser à accorder
des sommes supérieures, mais ce sont des maximums.
M. Kehoe: C'est toujours le même qui décide le
montant? À la page 27, je vois Georges Emery, 105 $ l'heure, pour
représenter le commissaire Raymond Boily dans l'affaire Gilles Rivard;
105 $ l'heure, à
ce moment, cela saute aux yeux, parce qu'il s'agit d'un montant assez
important.
M. Bédard: II y en a un autre qui peut sauter aux yeux
aussi. Me Yves Pratte. On comprend pourquoi aussi.
M. Kehoe: Ah oui, c'est une cause devant la Cour suprême.
Quand je vois "représenter le commissaire", j'imagine que c'est devant
un tribunal administratif.
M. Bédard: Non, il ne s'agit pas de cela. Georges
Émery est un praticien de Montréal, chez Blain et Piché,
qui a 15 ou 20 ans d'expérience, peut-être 25 maintenant. Une
poursuite a été intentée contre M. le juge Raymond Boily,
commissaire à la SECO. M. Boily voulait être
représenté et nous avons confié un mandat à M.
Émery à la demande du juge Boily comme tel. Maintenant, pour
fixer son honoraire, nous avons fait une demande spéciale au Conseil du
trésor pour obtenir qu'il soit payé 105 $ l'heure et non pas 75
$.
M. Kehoe: Y a-t-il des maximums? Quand vous confiez le mandat,
est-ce qu'il y a un chèque en blanc? Est-ce que cela dépend du
nombre d'heures que cela va prendre?
M. Bédard: C'est difficile pour un avocat...
M. Kehoe: Je sais que c'est difficile de répondre à
ma question. Dans le sens que lorsque vous confiez un mandat à ces prix,
100 $, 105 $ l'heure, avez-vous un contrôle quelconque
là-dessus?
M. Bédard: On demande un compte détaillé
avec le nombre d'heures quotidiennes...
M. Kehoe: Je dis avant.
M. Bédard: C'est extrêmement difficile. Un avocat
qui va prendre une procédure, que ce soit n'importe quelle, que ce soit
en droit constitutionnel pour M. Pratte ou n'importe quel autre, il est
extrêmement difficile d'établir à l'avance le nombre
d'heures qu'il va mettre sur le dossier. Il peut très bien arriver que
le dossier se règle très rapidement. À l'inverse, il peut
très bien se rendre en Cour suprême. Le dossier peut faire l'objet
de nombreuses procédures incidentes. On peut avoir de nombreuses
procédures, motion pour détails, requête pour amender,
examen au préalable, examen après défense, bref, toute une
série de procédures. Il est extrêmement difficile, avant
même qu'on ne commence, de prévoir à quel niveau cela va se
situer. Cela devient extrêmement difficile. Le contrôle se fait a
posteriori parce que les comptes sont détaillés; pour chaque jour
de travail, l'avocat doit indiquer le nombre d'heures qu'il a faites et
à quelles fins.
M. Kehoe: D'accord. Une dernière question dans ce domaine.
Pour le choix de ces avocats, avez-vous une banque d'avocats
spécialistes dans certains domaines, ou comment procédez-vous
pour le choix d'un avocat? Dans le cas qui nous occupe, vous avez
mentionné le juge qui est impliqué dans une poursuite quelconque,
est-ce qu'il a un mot à dire dans le choix de son avocat?
M. Bédard: C'est arrivé quelques fois qu'un juge
soit poursuivi, ou un commissaire. À chaque fois nous laissons à
celui qui est directement impliqué le soin de nous indiquer celui avec
qui il se sent le plus à l'aise et celui avec qui il semble qu'il
pourrait avoir les meilleures relations dans le but de le représenter au
mieux de ses intérêts.
M. Kehoe: Dans les autres cas? (12 heures)
M. Bédard: Évidemment, on ne donne à peu
près pas de mandat à l'extérieur. Il y a ce que
j'appellerais trois grandes catégories de mandats, il y a les mandats de
ceux qui sont dans des situations où ils sont poursuivis
individuellement. Un fonctionnaire ou un juge, dans le cas qui nous occupe, est
poursuivi individuellement. C'est un premier cas. Il y a des cas plus
difficiles où on a besoin de spécialistes. Je pense, notamment,
à certaines causes qu'on a eues en regard avec les Indiens. Me Georges
Émery a travaillé et a participé à la cause de la
Baie James, il y a quelques années, et avait participé à
la négociation de la convention de la Baie James. Partant, il avait,
à cette époque, acquis une expérience très
particulière en droit des Indiens. Quand nous avons un problème
particulièrement difficile en droit des Indiens, on va faire appel
à Me Émery, notamment. Il y a quelques autres cas où on
utilise des spécialistes dans des domaines très particuliers, les
droits d'auteur, par exemple, mais de façon générale, en
droit administratif, en droit constitutionnel et en droit civil, on utilise nos
propres avocats. En fait, l'an dernier, en incluant des dossiers
constitutionnels, je me demande s'il s'est donné au-delà de 80
mandats, en incluant l'équipe de M... C'est très peu par rapport
au nombre de dossiers qu'on traite annuellement.
C'est très différent du tableau que nous avions en 1976.
En fait, on plaide 98% de nos causes. Je crois qu'il y a avantage à ce
qu'il en soit ainsi. On a déjà indiqué, en fait, des
épargnes importantes que nous trouvions le moyen de faire de cette
façon. En plus, ceci a l'avantage de constituer un contentieux
gouvernemental de plus en plus
valable et - c'est le cas de le dire - aguerri, spécialisé
également. Je crois qu'en fin de compte, comme cela coûte moins
cher également, c'est tout le monde qui en profite.
M. Kehoe: Y a-t-il eu des études qui prouvent que cela
coûte moins cher qu'auparavant, des études disponibles au
public?
M. Bédard: Oui, régulièrement. Je vous
invite à relire les crédits de l'an dernier. J'avais fourni une
évaluation, l'autre année aussi.
M. Kehoe: Je ne parle pas de l'aide juridique et ces
affaires-là mais, dans l'orientation de votre gouvernement, depuis 1976,
de prendre l'avis de praticiens privés et établir un contentieux
dans toute la province dans tous les domaines légaux, y a-t-il eu une
étude globale qui a été faite?
M. Bédard: On l'a faite deux ans de suite. Cela ressortait
très clairement qu'il y avait des épargnes très
importantes.
M. Kehoe: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Oui, seulement une petite remarque. Si on prend les
avocats par année d'expérience, je vois qu'il y en a un qui a 25
ans d'expérience et qui est payé 105 $ l'heure, alors que
l'autre, qui a seulement dix ans d'expérience, est payé 105 $
l'heure aussi. Je ne veux pas mentionner les noms, mais...
M. Bédard: Non, allez-y.
M. Marx: Je pense que Michel Décarie, cela fait...
M. Bédard: Dans le cas de Michel Décarie, M. le
député, c'est vrai.
M. Marx: Ma classe de promotion,...
M. Bédard: Cependant, dans le cas de Michel
Décarie, le mandat a été accordé pour un dossier
qui était du même calibre. En fait, il y a eu deux juges de
poursuivis sur la même question. Il y avait le juge Boily et le juge...
Un instant! Je ne me souviens plus du nom de l'autre juge, mais je le
retrouverai rapidement. On trouvait un peu incorrect que pour la même
cause, pour des faits qui s'apparentent, il y ait des traitements qui soient
différents.
M. Marx: Je suis heureux d'apprendre que mes confrères de
classe sont bien payés, mais...
M. Bédard: Je ne suis pas son confrère de
classe.
M. Marx: Non, non, un de ces avocats...
M. Bédard: Excusez-moi, c'est le juge Maurier.
M. Marx: Oui, c'est cela. Je vois aussi des professeurs
d'université, deux sur la même page, un qui travaille pour 100 $
l'heure et l'autre pour 300 $ par jour.
M. Bédard: À quelle page? M. Marx: À
la page 24.
M. Bédard: Ah oui! mais je pense que, dans ce cas-ci, il y
a deux éléments. Je pense que M. Bergeron a sa propre
étude en dehors de la faculté et, deuxièmement, le juge
Robichaud, dans ce cas, avait été poursuivi personnellement. Le
juge Robichaud voulait avoir M. le bâtonnier Bergeron comme avocat. Pour
le motif que j'ai exprimé tantôt, on essaie, dans la mesure du
possible, de laisser à celui qui est poursuivi le soin de choisir
personnellement son avocat. On connaît les relations qui doivent
exister.
M. Marx: Peut-être faut-il dire aux professeurs
d'université qu'ils peuvent réclamer plus. Je pense qu'il sont
souvent sous-payés, si on fait la comparaison avec les autres
avocats.
M. Bédard: On tient compte du fait qu'ils ont...
Qu'en pense votre collègue?
M. Marx: On peut demander son opinion au sous-ministre.
M. Bédard: II vient de la pratique privée.
M. Marx: Pour Terre-Neuve, je vois qu'on a dépensé
pas mal d'argent pour des opinions sur la cause de Churchill Falls.
M. Bédard: Cela se comprend, étant donné
l'importance...
M. Marx: Je vois ici 42 000 $. Y a-t-il plus que cela aussi?
Est-ce qu'il y a des avocats du ministère qui ont travaillé sur
ce dossier?
M. Bédard: Oui, des avocats du ministère ont
travaillé sur ce dossier. L'une des difficultés qu'il y avait
dans ce dossier, c'est qu'il s'agissait d'un renvoi constitutionnel. Vous
connaissez le "Reversion Act" que le gouvernement terre-neuvien avait
adopté et dont la validité était testée par
la
Cour d'appel de Terre-Neuve à la suite d'un renvoi que le
gouvernement terre-neuvien avait fait.
M. Marx: À la page 27, première ligne, il n'y a pas
de montant; il y a une étude, mais elle n'était peut-être
pas complétée encore. C'est sur la même question,
Terre-Neuve, Churchill Falls. Cela fait pas mal d'études sur Churchill
Falls.
M. Bédard: J'espère que cela ne vous surprend pas.
Vous connaissez l'ampleur de la cause...
M. Marx: Je ne sais pas comment...
M. Bédard: ... l'importance et la complexité de
cette cause. Je ne veux pas en dire plus long étant donné les
circonstances.
Dans notre cahier, c'est 750 $.
M. Marx: 750 $... il y a eu beaucoup de mandats en ce qui
concerne cette cause de Churchill Falls. J'espère que...
M. Bédard: Ils vont servir évidemment pour la
deuxième manche qui s'appelle la Cour suprême.
M. Marx: Pour la Cour suprême. M. Bédard:
C'est cela.
M. Kehoe: Seulement une autre question, M. le Président.
À la page 25, au dernier élément, Me Marcel Cinq-Mars, je
vois 93 $ l'heure. Je me demande ce qui arrive, quand il s'agit d'un chiffre
comme cela... La plupart demandent combien? 90 $? 95 $? 105 $? Etc.? Pourquoi
est-ce que ce n'est pas 93,28 $, quelque chose comme ça? Qu'est-ce qui
arrive?
M. Bédard: Dans ce cas-ci, M. le bâtonnier Cinq-Mars
avait été requis pour représenter des membres du Tribunal
d'expropriation. De mémoire, je pense que M. Cinq-Mars avait requis un
tarif horaire supérieur à 93$ et, comme il était
supérieur à 75 $, nous avons fait une demande spéciale du
Conseil du trésor qui l'a réduit à 93 $, ce qui m'a
obligé d'appeler M. Cinq-Mars et de lui demander s'il acceptait de
continuer d'agir pour ce prix et il m'a dit oui. C'est pour cela que vous
retrouvez ce prix.
M. Marx: Pour tous ces mandats, vous devez passer au Conseil du
trésor?
M. Bédard: S'ils sont supérieurs à 75 $
l'heure.
M. Marx: Ah! supérieurs à 75 $ l'heure.
Normalement, est-ce automatiquement accordé?
M. Bédard: Pas nécessairement. M. Marx: Pas
nécessairement.
M. Bédard: Pas seulement par les temps qui courent, mais,
d'une façon générale, il y a toujours des discussions avec
le Conseil du trésor.
M. Marx: Mais l'autorisation du Conseil du trésor n'est
pas nécessaire pour le montant global, seulement pour le tarif
horaire?
M. Bédard: Pour le tarif horaire inférieur à
75 $, on ne va pas au Conseil du trésor, évidemment.
M. Marx: Oui, c'est cela.
M. Bédard: On a cette marge de manoeuvre jusqu'à 75
$ l'heure, maximum, pour ceux qui ont plus de dix ans de pratique.
M. Marx: Dix ans de pratique. Si c'est 300 $ par jour, ce n'est
pas nécessaire d'y aller?
M. Bédard: Non, si on divise par sept et demi, cela
donne...
M. Marx: C'est cela, oui, d'accord, parfait.
Le Président (Desbiens): Le programme 6 est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (Desbiens): Programme 6, adopté.
M. Marx: Je m'excuse, M. le Président, le
député de Chapleau a une question à poser. Je suis
sûr que le ministre aimerait répondre à sa question,
même si on a déjà adopté le programme.
M. Kehoe: Concernant le contentieux criminel, je pense que cela
vient au programme 12.
Une voix: Oui.
M. Kehoe: L'autre question que je voulais poser, c'est au sujet
de la perception des pensions alimentaires et on l'a déjà
passé. Peut-être voulez-vous remettre cela à plus tard?
M. Bédard: Vous pourriez peut-être y
aller avec votre question. C'était dans le programme 2 qui est
adopté. Je n'ai pas d'objection à ce que vous formuliez une
question quand même. Je ne veux pas être trop conventionnel.
Cependant, le responsable de ce secteur n'est pas avec nous. Il nous a
quittés, mais allez-y quand même avec votre question. Si nous
sommes capables...
M. Kehoe: D'ailleurs, c'est seulement une question
générale.
M. Bédard: Allez-y! D'accord.
M. Kehoe: Probablement que vous-même ou le sous-ministre
êtes au courant du taux de succès ou comment cela fonctionne
depuis - c'est juste dans l'ordre général - que vous avez
vécu l'expérience, depuis un an. Et, quel est le résultat,
le bilan général du succès que vous avez obtenu depuis que
le programme en question est en vigueur?
M. Bédard: Au cours de l'exercice 1981, les percepteurs
ont reçu plus de 8000 demandes d'exécutions forcées. Pour
le moment, il est difficile d'établir, de tirer des conclusions sur
l'issue finale de ces dossiers. Il y a eu au-delà de 8000 demandes qui
ont été présentées. On a eu là-dedans... Il
y en a plusieurs qui ont abouti à un règlement volontaire. Il y a
eu aussi des brefs de saisie qui ont été émis,
au-delà de 5400 brefs de saisie pour l'année 1981. Il y a eu 1164
demandes de recherche de débiteurs pour la même année. Sur
ces 1164, il y en a 677 qui furent localisés et 320 qui ne le furent
pas. Quant aux débiteurs retrouvés, les chiffres que nous avons
indiquent que ceux-ci sont solvables dans une proportion de 55%. Quant aux
deniers qui ont été recouvrés par le service de perception
des pensions alimentaires, nos centres de distribution dans les palais de
justice ont versé, pour l'année 1981 seulement, la somme de 1 044
000 $. Ce sont des deniers qui ont été recouvrés à
titre de pensions alimentaires à la suite de saisies-arrêts de
traitements ou de salaires et ainsi de suite, dans les mains des
employeurs.
M. Kehoe: Dans l'ensemble, avez-vous un mécanisme, des
fonctionnaires ou des employés - je pense que le plus gros
problème est de rechercher les débiteurs -avez-vous des personnes
qui font seulement ce travail?
M. Bédard: Nous utilisons les services d'enquêteurs
au ministère de la Justice qui font ce travail.
M. Kehoe: Dans chaque district judiciaire?
M. Bédard: C'est-à-dire que les enquêteurs
que nous avons au ministère de la Justice travaillent dans les
régions. C'est un service qui est situé ici à
Québec.
M. Kehoe: Dans les régions aussi? Est-ce installé
dans toute la province?
M. Bédard: Non, ce n'est pas installé. Ce sont nos
enquêteurs de Québec qui vont faire enquête dans les
régions.
M. Kehoe: C'est justement le problème auquel on a à
faire face, je pense, le plus souvent, parce que la plupart du temps, si le
débiteur est solvable, s'il travaille normalement, quand un jugement est
rendu, il est certain qu'il va payer la pension alimentaire, mais le
problème qu'on rencontre, c'est lorsque le débiteur quitte le
district où il vivait auparavant avec sa femme et s'installe ailleurs.
C'est le problème, je pense, qu'on rencontre le plus souvent en pratique
privée, les dépenses que cela peut occasionner pour retracer la
personne. À ce moment-là, c'est bien facile de saisir son
salaire. Je veux dire que le programme que vous avez en marche est très
louable, mais si vous n'avez pas le personnel requis dans tout le
système judiciaire de la province pour le mettre en application, souvent
il est évité et on peut se poser des questions.
M. Bédard: Je pourrais vous dire aussi que
déjà depuis quelques semaines, on a commencé à
engager des enquêteurs dans les régions. Quand le programme a
commencé, les enquêteurs étaient localisés à
Québec, strictement. On commence à s'implanter dans les
régions au niveau de la localisation des débiteurs. (12 h 15)
M. Kehoe; D'ailleurs, je pense que c'est l'utilité du
programme, c'est de trouver le débiteur.
M. Bédard: C'est cela.
M. Kehoe: Effectivement, c'était le problème qu'on
avait, c'était toujours le débiteur qui avait quitté la
région où il demeurait.
M. Bédard: II est sûr aussi, à partir du
moment où le système donne des résultats positifs,
significatifs, que cela incite - on ne peut compiler cela dans les
résultats - ceux qui sont dans certaines situations à
régulariser leur situation avant que le service de perception ne se
mette de la partie. Je pense que c'est un autre élément important
qui est difficile d'évaluation et dont il faut tenir compte.
Le Président (M. Desbiens): Cela va? Programme 7.
Enregistrement officiel
M. Marx: Programme 7. Est-ce que le programme 7 touche les
bureaux d'enregistrement? Je suis sûr que le ministre aimerait nous
parler de ces bureaux d'enregistrement. Est-ce que le ministre est prêt
à discuter de ce programme? Sinon, si cela l'embête, on pourra y
revenir. Comme le ministre le veut.
M. Bédard: Non, nous sommes prêts à discuter
du programme. En ce qui a trait aux bureaux d'enregistrement, je l'ai
déjà dit à l'Assemblée nationale, sous peu, une loi
-parce que c'est nécessaire - sera présentée et ira dans
le sens de diminuer le nombre des bureaux d'enregistrement. D'ailleurs, cela
faisait partie, du point de vue administratif, d'une recommandation qui avait
été faite par le Vérificateur général. C'est
une chose, comme on le sait, extrêmement délicate. Chose certaine,
ce ne sont pas les considérations politiques qui sont à la base
de cette démarche puisque, vous serez à même de le
constater, il y a autant de comtés dits de l'Opposition ou au pouvoir
qui sont touchés.
C'est un geste qui était nécessaire par souci
d'administration et d'épargne des deniers publics. Les postulats qui ont
servi de base à notre analyse sont les suivants: En 1982, la demande de
services, dans l'ensemble des bureaux d'enregistrement, sera la même
qu'en 1981. Les effectifs requis en 1982 ont été établis
en fonction d'une productivité de l'ordre de 2650 documents par
employé. Il est clair qu'à partir de ces critères purement
administratifs il y a des bureaux qui seront fusionnés, qui doivent
être fusionnés parce qu'ils n'ont tout simplement pas le volume
nécessaire en termes d'opération. Les bénéfices
escomptés de l'ensemble de cette opération se
concrétiseront par une économie de personnel de l'ordre de 22
postes, un gain net d'espaces qui sont loués et qui ne le seront plus,
à partir du moment où certains bureaux seront fermés.
Également, le résultat de l'opération représentera
un accroissement de productivité de 28% par rapport à 1981. Ceci
représentera globalement une économie d'au-delà de 600 000
$ par année.
Je pense que ceci est de nature à faire réfléchir.
Je sais très bien que les bureaux d'enregistrement qui existent depuis
parfois au-delà de 100 ans dans certaines circonscriptions
représentent presque des constructions historiques. Cela fait partie du
patrimoine, mais d'un autre côté je pense que, quand on se rend
compte que dans certains bureaux il n'y a carrément pas le volume qu'il
faut pour les justifier, pas seulement à cause du contexte
économique actuel, mais rationnellement c'est bien difficile de
justifier le maintien de tels bureaux lorsque la compilation des statistiques
est éloquente.
Je disais tout à l'heure qu'il y aurait une économie de
personnel, un gain net d'espaces et un accroissement de la productivité
qui est loin d'être à négliger. Dans certains cas, cela va
représenter une amélioration du service à la
clientèle au niveau de la continuité du service et de la
réduction des déplacements, une. amélioration aussi de
l'aménagement des bureaux et l'amélioration de la gestion du
personnel, du fait que la grosseur moyenne des bureaux concernés passe
de trois à cinq employés. L'analyse qu'on a faite par rapport
à ce qui existe démontre très clairement que, lorsqu'il y
a plus d'employés et que le tout est rationalisé, cela se traduit
par une productivité plus grande, accrue. Ceci peut facilement
s'évaluer par le nombre de dossiers traités selon le nombre
d'employés.
Cette opération est également nécessaire si on
pense à l'avenir et à la nécessité de la
préparation de la mécanisation qui s'en vient. Je pense avoir
explicité les principales considérations qui nous animent dans
l'évaluation de chacun des dossiers et de chacune des décisions
qu'on aura à prendre.
Une voix: C'est cela, M. le ministre. M. Marx: J'aimerais
poser une question.
M. Bédard: C'est l'essentiel de ce que j'ai à dire,
parce que je ne crois pas que ce soit l'intention de l'Opposition d'y aller cas
par cas. Je ne pourrais pas entrer dans la discussion cas par cas. Avant
longtemps, il y aura un projet qui sera déposé et qui permettra
la discussion cas par cas. Ce qui me semble important, c'est de bien expliciter
l'ensemble des motivations et des considérations qui nous motivent
à mener à bien cette opération tout en sachant qu'elle
n'est pas facile tant sur le plan administratif, parce que cela dérange
du monde, que sur le plan politique. On est à même de le constater
par la production des pétitions qui sont déposées, en tout
cas, celles qui me sont acheminées, les représentations qui me
sont acheminées. Ce que je demande - on aura l'occasion d'aller, lors de
l'étude du projet de loi, plus loin dans l'appréciation du cas
par cas - tant aux députés de l'Opposition qu'aux
députés gouvernementaux, c'est de bien comprendre que c'est le
genre de dossier dont pourrait se passer avec plaisir le ministre de la
Justice. Je sais très bien que cela n'amène pas un concours de
popularité, mais je suis convaincu que nous serons capables de justifier
rationnellement, tant du point de vue économique qu'en tenant compte des
services qui doivent être donnés à la population, nous
serons capables de justifier
chacun des cas, lorsque nous procéderons à l'analyse.
M. Marx: En créant les municipalités
régionales de comté, le gouvernement s'est engagé à
consulter ces municipalités avant de faire des changements importants
dans les MRC, par exemple, la fermeture des bureaux d'enregistrement. De plus,
le ministre lui-même a pris l'engagement de consulter le milieu avant de
fermer des bureaux d'enregistrement, par exemple, concernant les bureaux de
Bedford et de la ville de Brome. C'est évident que la fermeture des
bureaux va causer des difficultés énormes et qu'elle va
entraîner des coûts additionnels aux citoyens dans beaucoup de
régions. Par exemple, il y a un bureau d'enregistrement à
Campbell's Bay, dans Pontiac. S'il est fermé comme prévu, cela va
forcer les gens à aller à Hull. Cela fait un voyage de plus de
100 milles pour enregistrer un document.
En ce qui concerne les coûts additionnels, le ministre peut bien
relire le mémoire qu'il a reçu de la MRC d'Acton concernant le
bureau d'enregistrement de Saint-Liboire et, en ce qui concerne le louage des
bureaux, il a déjà eu l'offre d'une MRC de lui fournir un espace
sans que le gouvernement paie de loyer. Maintenant, je me demande si le
ministre va respecter ses propres engagements et les engagements du
gouvernement. Est-ce que le ministre va consulter le milieu avant de
procéder dans ce dossier, comme cela a été promis à
maintes reprises, ou est-ce qu'il va faire du "bulldozing", comme il a
déjà commencé à le faire?
M. Bédard: Vous savez très bien que, politiquement,
il n'y a aucun plaisir, aucune satisfaction à "bulldozer" qui que ce
soit. Je suis très conscient qu'au niveau des services à la
population on doit en tenir compte. Il faudrait peut-être souligner que,
quand on parle de services à la population, on parle surtout de services
à une clientèle spécialisée. Ce sont surtout, vous
en conviendrez avec moi, les notaires et les avocats...
M. Marx: Ce sont tous les citoyens. M. Bédard: Je
parle...
M. Marx: Si les notaires doivent faire 100 milles, qui va payer
ça? C'est le citoyen qui veut faire enregistrer un document.
M. Bédard: Écoutez, si vous prenez certains cas, il
y a des bureaux d'enregistrement qui sont situés à un endroit,
alors que les professionnels sont plutôt situés ou résident
à un autre endroit que celui où est le bureau d'enregistrement.
Il y a des situations comme celle-là qui existent.
M. Kehoe: Les notaires sont situés autour du bureau
d'enregistrement, normalement.
M. Bédard: C'est clair, il y a un facteur distance. Je
peux vous dire qu'on en a tenu compte.
M. Marx: À Stanstead, les notaires vont aller à
Sherbrooke.
M. Bédard: Je ne discuterai pas cas par cas. Il n'y a pas
de notaire à Stanstead et il n'y en a pas à l'île
d'Orléans.
M. Kehoe: II y en a à Campbell's Bay, par exemple.
Là, ils seront obligés de faire 100 milles.
M. Bédard: On ne discutera pas cas par cas.
M. Kehoe: Je suis d'accord, mais c'est le principe.
M. Bédard: C'est clair que, politiquement, j'en suis
conscient, on peut animer rapidement toute une population parce qu'à un
moment donné il y a un édifice qui fait presque partie du
patrimoine qui peut être susceptible de disparaître. Quand on fera
l'analyse cas par cas, il y a aussi une responsabilité qu'on aura. Dans
certains cas, il y a des bureaux qui sont maintenus avec l'argent des citoyens
aussi. Lorsqu'il paraît clair que le volume est absolument inexistant,
c'est-à-dire que le volume ne justifie pas les dépenses
qu'implique le fait de garder en place un bureau d'enregistrement, je crois
qu'on doit en tenir compte parce que c'est l'argent des citoyens ça
aussi. Cela fait partie des responsabilités qu'on doit assumer.
M. Marx: Est-ce que vous allez consulter le milieu? Vous l'avez
promis, c'est ça la question.
M. Bédard: Au niveau de la consultation, je dirais autant
que possible, mais je suis bien conscient...
M. Marx: Ce sont des discours inutiles.
M. Bédard: Ce ne sont pas des discours inutiles,
écoutez.
M. Marx: On vous pose des questions et vous répondez par
toute autre chose.
M. Bédard: Je vous l'ai donné tout à
l'heure. Vous avez posé deux aspects de la question.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marx: Je vous ai posé une question précise.
M. Bédard: Pour le service à la clientèle,
je vous ai donné tous les paramètres. Si vous voulez faire une
discussion sérieuse, faites-la. Si vous voulez faire une discussion
politique, je suis conscient que vous êtes en bonne position.
M. Marx: Maintenant, ce sont des questions précises:
Est-ce que vous allez consulter le milieu sur la question? Les gens veulent le
savoir.
M. Bédard: Je vous l'ai dit: Pour autant que c'est
possible, tout en étant bien conscient que vous pouvez faire la
consultation que vous voudrez auprès d'un milieu par rapport à un
bureau d'enregistrement où il est très clair que le volume
suffisant n'existe pas, je sais d'avance, je pense qu'on sait tous, que ce soit
au niveau gouvernemental ou au niveau de l'Opposition, on sait tous quelle va
être la réponse de la population concernée. Ce qui me
semble être sérieux en termes de discussion, c'est de vous faire
part de l'élaboration de tous les éléments dont on tient
compte à l'heure actuelle, avant de prendre les décisions finales
quitte, après, à étudier cas par cas lorsque la
législation sera prête.
M. Marx: En consultant le milieu, vous trouverez des solutions
auxquelles vous n'avez pas pensé, ni vos fonctionnaires. L'idée
est de consulter le milieu. Peut-être pourrez-vous avoir un local sans
frais, comme on vous l'a déjà offert.
M. Bédard: II y a une consultation du milieu. Cela, je le
comprends.
M. Marx: Voici des lettres où on dit non.
M. Bédard: Oui, mais laissez-moi donc répondre.
M. Marx: Oui, mais...
M. Bédard: Faites-les donc seul, les crédits, si
vous voulez les faire!
M. Marx: Allez-y. Je vais les faire moi-même, pas de
problème.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Marx: Laissez-moi avec vos fonctionnaires.
M. Bédard: C'est évident qu'au niveau de la
consultation...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marx: Je vais les faire avec vos fonctionnaires, c'est
tout.
M. Bédard: Continuez tout seul, allez-y. Voulez-vous une
demi-heure encore?
M. Marx: Non, il y a le député de Berthier qui
aimerait poser une question.
M. Bédard: Quand on vient pour répondre, il passe
la parole à un autre. Vous n'êtes pas très sérieux
dans cette discussion. Je n'attends pas de sérieux de la part du
député de D'Arcy McGee. Au niveau de la consultation, depuis
qu'on en a fait mention dans les journaux, à l'occasion de la visite des
fonctionnaires dans certaines régions qui devaient être
touchées, dans certains comtés qui pouvaient être
touchés, c'est évident -on a été à
même de le constater - qu'il y a eu des rebondissements dans le milieu.
Depuis ce temps, régulièrement - je l'ai d'ailleurs
indiqué à l'Assemblée nationale -nous recevons des
représentations faites par des citoyens, par des groupements. Je puis
vous dire que nous essayons d'en tenir compte. Dans ce sens, il y a une
consultation du milieu qui se fait par la force des choses puisque, à
partir du moment où il y a des rumeurs de fermeture d'un bureau, la
population ou les organismes concernés réagissent rapidement.
Si vous recevez des lettres et des commentaires, soyez sûr que
vous n'êtes pas le seul. Au niveau du ministère de la Justice,
habituellement, nous recevons l'original et vous avez la copie ou vice versa.
C'est clair que ces représentations sont faites au niveau du
ministère. J'ai des personnes qui, d'une façon tout à fait
spéciale, se penchent et analysent l'ensemble de ces
représentations.
M. Marx: Consulter, ce n'est pas ériger...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Mme la députée de Johnson a demandé la
parole.
Mme Juneau: Je m'excuse, M. le ministre, mais moi aussi, à
mon bureau, j'ai reçu beaucoup de protestations à ce sujet. Je
voudrais savoir s'il y a une possibilité de renseigner les gens qui
veulent savoir pourquoi vous le faites, pour des raisons d'économie ou
autres. Vous pourriez donner les raisons pour lesquelles vous êtes
obligé de faire de telles fermetures. Bien des fois, des
inquiétudes existent parce que les gens ne savent pas le pourquoi d'un
geste. Dans mon comté, en tout cas, je trouve important qu'il y ait une
information sur les fermetures
en question pour que les gens comprennent ce qui se passe.
M. Bédard: C'est d'autant plus nécessaire qu'il y a
eu des fuites...
Mme Juneau: C'est cela.
M. Bédard: ... qui ne refléteront pas
nécessairement les décisions qui seront prises.
Mme Juneau: Les gens sont très inquiets.
M. Bédard: J'ai eu l'occasion de le mentionner à
l'Assemblée nationale, en réponse à une question.
Mme Juneau: En tout cas, j'aimerais bien que de la
publicité soit faite à ce sujet pour répondre aux
questions des gens.
M. Bédard: J'ai indiqué, à
l'Assemblée nationale, que tous les individus ou groupes qui voulaient
faire des représentations pouvaient le faire au ministère de la
Justice, au niveau de mon cabinet. Un membre de mon cabinet travaille d'une
façon assidue sur ce dossier...
Mme Juneau: J'en ai envoyé beaucoup
déjà.
M. Bédard: ... des bureaux d'enregistrement et je puis
vous dire que mes gens sont très attentifs et bien disponibles pour
recevoir toutes les représentations.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je voudrais sensibiliser
le ministre et le gouvernement en ce qui concerne mon comté, d'abord. Je
peux vous donner quelques chiffres qui ont été relevés par
une personne qui a travaillé pendant 16 années comme registraire
au bureau d'enregistrement de Berthierville. Si on prend l'année 1970 -
je vais vous donner seulement quelques chiffres, parce que je pourrais vous en
donner pendant une heure - il y a eu 5185 documents qui ont été
enregistrés au bureau d'enregistrement de Berthier, ce qui a
donné un total de revenus de 30 101,50 $. Il y avait deux
employés qui y travaillaient régulièrement et qui avaient
un total de 15 000 $ de dépenses. C'est vite compté, je pense
qu'il y avait un revenu appréciable pour le bureau d'enregistrement de
Berthier.
En 1981, 7839 documents, ce qui donne une augmentation d'un peu plus de
50%, avec un revenu - retenez bien le chiffre - de 90 546,50 $. Les
dépenses: d'abord, quatre employés. Salaires, 67 000 $. Loyer,
300 $ par mois, soit 3600 $ pour l'année.
Lorsqu'on voit le ministre nous dire: II faut couper les
dépenses, je suis bien d'accord pour couper les dépenses
où cela est nécessaire. Lorsqu'on dit: Coupez-les où il
faut les couper, je pense que c'est bien important. Lorsque j'entends le
ministre nous dire qu'il va falloir enlever le bureau d'enregistrement de
Berthier...
M. Bédard: Je m'excuse, je n'ai pas dit ça.
M. Houde: Peut-être pas lui directement, mais les journaux
en tout cas...
M. Bédard: Ah! eh bien! là!
M. Houde: Oui, mais écoutez, les journaux ne prennent pas
cela dans les airs. Ils ne l'ont certainement pas pris du député
de Berthier, je peux vous en assurer.
M. Bédard: Bon, et ils ne l'ont sûrement pas pris du
ministre...
M. Houde: Du ministre? Bon, d'accord.
M. Bédard: ... parce que je n'ai donné aucune
indication pour quelque bureau que ce soit au niveau de l'ensemble du
Québec.
M. Houde: De toute façon...
M. Bédard: On étudie le dossier et c'est ce que
j'ai dit jusqu'à maintenant.
M. Houde: Cela ne vient pas de l'Opposition et cela vient encore
bien moins du fédéral, couper ces choses-là, je peux vous
assurer de cela.
Lorsqu'on entend le gouvernement nous dire qu'il faut créer des
emplois...
M. Bédard: Je peux vous dire...
M. Houde: Qui est-ce qui parle, M. le Président? Est-ce le
ministre ou moi?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: II se prend pour un autre, le ministre!
M. Houde: Tout à l'heure, il ne laissait pas parler le
député de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
député de Berthier, continuez votre intervention.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je sais que le ministre
est capable de parler facilement et, tout à l'heure, quand j'aurai
fini, il sera capable de répliquer.
Le Président (M. Desbiens): Sur le sujet, s'il vous
plaît!
M. Houde: Je ne doute pas de ça du tout.
C'est pour vous dire que lorsqu'on a des emplois déjà en
place, lorsque ces mêmes employés donnent un service formidable
à la région de Berthier, qui comprend plusieurs paroisses de mon
comté, et lorsqu'on voit toutes les dépenses que ça pourra
occasionner en fermant le bureau d'enregistrement de Berthier, cela va d'abord
coûter du temps et de l'argent. Je pense que tout le monde sait que
l'essence coûte énormément cher. Cela va demander des
déplacements énormes pour les individus, des déplacements
pour les notaires, les avocats, et ce qui va arriver de plus grave encore,
c'est que les notaires et les avocats vont s'installer à Joliette
plutôt qu'à Berthier, parce que le bureau d'enregistrement est
là. Une partie, je ne dis pas tous, mais le bureau d'enregistrement sera
à Joliette, ce sera plus facile pour eux, ça va leur prendre
moins de temps.
C'est pour ça que je vous dis qu'on ne peut pas se permettre de
laisser faire cette chose-là par les personnes responsables.
Tantôt j'ai parlé du ministre, mais les personnes responsables du
dossier, qu'on ferme le bureau de Berthier, quand on fait des profits... Si le
bureau est déménagé à Joliette - je n'ai rien
contre le comté de Joliette, remarquez bien - est-ce qu'on va construire
une bâtisse nouvelle? Est-ce qu'on va engager des personnes de Joliette
plutôt que celles de Berthier? Je ne pense pas que ça diminue le
nombre les employés dans un bureau.
En 1970, pour y revenir, le gouvernement ne payait pas de loyer ni de
chauffage, tout était absolument gratuit. Ceci était fourni par
le conseil de comté. Lorsqu'on voit le gouvernement péquiste
actuel manifester une forte tendance à vouloir protéger les
vieilles maisons, je pense que vous pouvez constater, M. le Président et
M. le ministre, que ce n'est pas une maison d'hier. Elle pourrait servir encore
longtemps parce que des réparations y ont été faites il
n'y a pas tellement d'années. (12 h 45)
On a dépensé de l'argent pour rénover cette maison
et on y avait logé un CLSC. Il s'en va dans les jours qui viennent.
Même qu'il est peut-être parti au moment où je vous parle,
parce qu'il est question de journées pour aménager dans une
bâtisse nouvelle le CLSC de Berthier. Je pense qu'on aurait tout à
gagner à garder le bureau d'enregistrement dans Berthier. Si on veut des
chiffres pour enfin comprendre qu'on n'est pas déficitaire au bureau
d'enregistrement de Berthier, qu'on fait de l'argent... Je ne vois pas comment
le gouvernement, ses fonctionnaires pourraient justifier un
déménagement et fermer le bureau d'enregistrement de Berthier
pour l'installer ailleurs quand on n'est pas en déficit.
Il y a bien assez de choses qui sont déficitaires dans le
gouvernement péquiste, au moins, de grâce, laissez-nous une chose
qui est payante, qui nous fait faire de l'argent et qui ne coûte rien au
gouvernement! Si vous êtes capables de me produire des chiffres pour me
prouver que cela ferait faire des économies que de fermer Berthier pour
l'installer ailleurs, on s'assoira et on regardera ce que vous apportez comme
argument valable pour que le bureau d'enregistrement de Berthier soit
fermé et installé ailleurs. Le ministre n'est pas sans savoir, M.
le Président, qu'il y a eu environ 4000 signatures à Berthier,
provenant des maires des municipalités, du préfet de
comté, qui est aujourd'hui une MRC, appelez-la comme vous voudrez -
avant, c'étaient les conseils de comté - qui ont
revendiqué que le bureau ne soit pas déménagé
ailleurs, pour qu'on le garde chez nous. Si on ferme le bureau
d'enregistrement, ce ne sera pas la première fois qu'on nous ferme
quelque chose, on nous a fermé bien autre chose avant aujourd'hui dans
le comté de Berthier.
Les petites créances ont déménagé à
Joliette, la petite cour qu'il y avait à Berthier a
déménagé aussi. Beaucoup d'autres choses ont
déménagé pour aller s'installer ailleurs. Si vous ne
voulez pas faire du comté de Berthier un comté fantôme...
Je comprends que c'est un comté libéral, que c'est un
comté qui a élu un député libéral à
la dernière élection, que je sache... Pardon? Temporaire? Non, je
pense que c'est plutôt pour longtemps, parce qu'on nous avait
parachuté le chef de l'Union Nationale comme candidat dans le
comté de Berthier. On l'a battu aussi. On a battu les deux. Le candidat
péquiste était nouveau parce que le député, vous
l'avez fait battre à la convention, le député
péquiste qui était là, et vous avez trouvé un autre
candidat pour représenter le Parti québécois. Ce n'est pas
une nouvelle à vous apprendre, mais je pense que beaucoup savent que le
chef de l'Union Nationale, lorsqu'il est parti d'Ottawa pour s'en venir au
Québec et se présenter dans le comté de Berthier, pour
brouiller probablement les cartes à l'élection qu'on a eue en
1981, on l'a battu pareil...
M. Bédard: C'est une manière de défendre
votre point de vue. Pourriez-vous revenir au dossier? En ce qui me regarde, je
vous le dirai, il n'y a rien de politique dans l'affaire et, si vous aviez
été ici au début des crédits, vous l'auriez
compris.
M. Houde: M. le Président, j'ai toujours la parole. C'est
pour vous dire que le comté de Berthier est sur la "map" et pour
longtemps, j'espère, à moins qu'il y ait un remaniement de
comtés, comme il s'en est déjà fait, pour l'enlever de la
carte. S'il reste sur la carte, je tiens énormément à ce
que le bureau d'enregistrement reste à Berthier et on a des raisons pour
prouver qu'il est rentable et je ne vois en aucune façon qu'il soit
déménagé à Joliette. C'est pour ça que je
demanderais, M. le Président, au ministre et à toutes les
personnes près de lui qu'on laisse le bureau d'enregistrement à
Berthier et je peux vous assurer qu'il va être rentable encore longtemps.
Aussi longtemps que je serai député du comté de Berthier,
je me chargerai d'amener des personnes dans mon comté pour qu'on puisse
continuer à l'occuper dans les années qui viendront. Merci, M. le
Président.
M. Bédard: Je puis dire au député de
Berthier que dans notre évaluation nous tenons compte de tous les
facteurs qu'il a pu évoquer aujourd'hui. Comme il le sait très
bien également, l'exécutif du Parti québécois du
comté de Berthier m'a fait des représentations peut-être
mieux articulées, moins agressives que celles du député de
Berthier...
M. Houde: Pas de patronage!
M. Bédard: ... nous allons en tenir compte aussi.
Justement, il n'y en a pas de patronage parce que, que le député
de Berthier soit bien tranquille, la décision ne sera pas prise en
fonction de lui; elle sera prise en fonction de l'évaluation la plus
objective de l'ensemble de la situation et des facteurs qu'il a
évoqués. Je l'ai mentionné au début de cette
commission, je comprends que le député de Berthier n'était
pas présent, ce n'est pas une opération politique, parce qu'il y
a autant de comtés de l'Opposition que de comtés du
côté gouvernemental qui sont touchés. Ce n'est pas une
opération politique.
M. Marx: C'est une mauvaise opération.
M. Bédard: En fait, cette opération, je l'ai
déjà dit, a été demandée par le
Vérificateur général qui a fait des remarques, des
recommandations dans le sens qu'il y avait trop de bureaux d'enregistrement et
qu'une meilleure administration des fonds publics commandait qu'on essaie de
rationaliser dans ce domaine. Le Vérificateur général,
d'ordinaire, vous y attachez quand même pas mal d'importance.
M. Houde: II n'a pas spécifié Berthier
là-dedans.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Houde: II n'a pas spécifié que c'était un
comté en trop.
M. Bédard: Le député n'était pas ici
tout à l'heure, j'ai expliqué cela.
M. Houde: Non, on était de l'autre côté,
là-bas.
M. Bédard: J'ai expliqué les principaux
paramètres qui nous animent dans l'évaluation qui est faite de
chacun des cas concernés, chacun des bureaux d'enregistrement
concernés. C'est une évaluation qui est faite à partir de
critères objectifs, avec une préoccupation qui est celle
d'épargner des deniers qui sont quand même payés par le
public, d'essayer de diminuer des coûts qui sont payés avec les
deniers du public aussi, une opération qui est faite avec, comme
préoccupation, une augmentation de la crédibilité, enfin
une rationalisation de l'ensemble du travail qui se doit d'être fait dans
ce secteur des bureaux d'enregistrement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nicolet.
M. Bédard: On l'a dit, l'ensemble de l'opération
représente une économie nette annuelle d'au-delà de 600
000 $. C'est une considération, je pense, dont on doit tenir compte
parce que, comme député de l'Assemblée nationale, que ce
soit du côté de l'Opposition ou du point de vue gouvernemental,
l'administration des fonds publics, l'affectation des fonds publics, c'est de
toute première importance. Ce que je dis ne doit pas, dans l'esprit du
député, préfigurer au départ une décision
négative par rapport à l'ensemble des représentations qui
m'ont été faites en ce qui a trait au comté de Berthier,
que ce soit par le député, je l'ai dit, l'association du Parti
québécois. Quand on parle des bureaux d'enregistrement, du point
de vue politique, assez curieusement, je retrouve souvent et les
exécutifs du Parti québécois et les exécutifs du
Parti libéral qui fonctionnent sur la même longueur d'onde.
M. Houde: Dans les comtés.
M. Bédard: Je suis d'autant plus conscient que chaque
décision se devra d'être bien justifiée du point de vue
administratif et en tenant compte du service qui doit être donné
à l'ensemble des citoyens concernés.
M. Houde: Puis-je vous poser une question rapide?
Le Président (M. Desbiens): Sur le même sujet.
M. Houde: M. le Président, pouvez-vous me dire si certains
bureaux d'enregistrement du Québec sont déficitaires? Y en a-t-il
qui sont déficitaires ou est-ce qu'ils sont tous rentables?
M. Bédard: C'est clair qu'il y en a qui sont
déficitaires...
M. Houde: II y en a qui sont déficitaires.
M. Bédard: ... parce que, manifestement, ils n'ont pas le
volume nécessaire.
M. Houde: C'est pour cela que, je vous disais tantôt que
c'est important...
M. Bédard: Je peux vous dire que même dans ces cas
où manifestement nous serons en mesure de prouver qu'il n'y a pas le
volume suffisant pour justifier la dépense que cela implique, je puis
vous dire que, même dans ces cas, la réaction est la même
dans tous les comtés qui peuvent être concernés, et c'est
normal. La population a le réflexe normal de ne pas voir
disparaître un service qui existait.
M. Marx: Le problème...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
député de Nicolet.
M. Beaumier: M. le Président, je pense qu'on en est rendu
à discuter quasiment cas par cas, ce qui n'était pas
nécessaire, mais je laisse de toute façon au ministre la
responsabilité de l'économie générale de cette
opération et des paramètres qu'on peut entrevoir qui
m'apparaissent extrêmement acceptables. Je suis d'autant plus à
l'aise et mal à l'aise d'en parler que j'ai été
particulièrement sensibilisé surtout dans mon comté
où il existait effectivement trois bureaux d'enregistrement. Des
hypothèses circulent actuellement selon lesquelles il y en aurait deux
sur trois qui disparaîtraient. J'ai été sensibilisé
assez tôt par mon monde aussi de cette hypothèse. J'ai dû
prendre un certain nombre d'informations auprès du ministère et,
à partir de ces informations, j'ai commencé un dialogue assez
continu. Je pense d'ailleurs que c'est le rôle du député
qui est responsable des fonds publics à ce niveau de voir un peu clair
avec les gens du milieu et à partir l'information venant du
ministère. Il s'avérait entre autres - j'ai envoyé des
lettres d'ailleurs au bureau du ministre - que les grands usagers étant
les notaires, cela est connu de tout le monde, 80% des notaires m'ont
répondu ou m'ont contacté parfois spontanément. C'est
sûr que cela ne fait pas nécessairement plaisir sauf qu'ils se
rangeraient très probablement et des discussions ont lieu aussi dans ce
sens. Ils pourraient se ranger sur une fusion des trois bureaux de
comté. Il y avait un peu de problème sur la localisation, cela se
réglera, j'imagine, éventuellement et à l'avantage de tout
le monde.
J'ai reçu la semaine passée des propositions, des
résolutions des deux MRC. J'ai deux MRC en gros dans mon comté et
on s'est entendu sur une rencontre qui va se passer dans deux ou trois
semaines. La situation est plus facile, je l'avoue, dans mon coin. C'est
peut-être plus facile d'être bon prince à ce moment mais
avec la collaboration et la compréhension des gens du milieu, je pense
qu'une opération comme celle-là, du moins en ce qui nous
concerne... C'est pour cela que je voulais sortir mon cas parce qu'il me
semblait différent des autres. Je ne pense pas non plus être moins
bon député si je défends toujours chacun de mes os et
qu'on peut s'en sortir. Sans préjuger des autres cas, je pourrais dire
moralement que c'est une opération qui sera sûrement, si elle est
retenue, acceptable pour un coin comme le nôtre. Je ferai remarquer
qu'étant du côté du pouvoir sûrement que le patronage
n'a pas dû exister pour m'en fermer deux sur trois.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre et M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Le député de Nicolet a fait un discours
éloquent, mais ce n'est pas cela le problème. Le problème,
c'est que le ministre a promis d'entreprendre une vaste consultation dans les
milieux, ce qu'il n'a pas fait. Maintenant, il attend des
représentations, des pressions. De temps en temps, si la pression est un
peu forte, il va dire: Je ne vais peut-être pas fermer ce bureau
d'enregistrement. Quand la pression est moins forte, on a l'impression que ce
bureau sera fermé.
M. Bédard: Mais parfois il y a des députés
qui... (13 heures)
M. Marx: Une minute, je n'ai pas terminé, M. le
Président; est-ce que vous allez lui permettre de nous interrompre
toujours?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! En complétant, parce qu'on arrive à 13 heures.
M. Marx: C'est-à-dire que le ministre et le gouvernement
n'ont pas tenu leur promesse de mener une vaste consultation dans les milieux.
Et le problème commence là, parce qu'en allant dans les milieux,
ils
auraient trouvé qu'il y a des solutions, que les gens sont
peut-être d'accord que tel et tel bureau soit fermé, mais il n'a
pas préparé le terrain, il n'a pas consulté les gens dans
les milieux. Il y a eu une fuite d'un document du ministère en ce qui
concerne la fermeture des bureaux et sur ce document, par exemple, on lit:
Fermeture des bureaux d'enregistrement de Ham-Sud et la raison donnée
est: Bureau isolé. Pour Berthierville, on lit: Économie de
personnel, pôle d'attraction. On a juste entendu le député
de Berthier et on voit que c'est un bureau d'enregistrement qui est rentable et
ainsi de suite pour toute la liste. Par exemple, pour Nicolet et
Saint-François-du-Lac, on lit: Local déficient à Nicolet,
accès plus facile à Bécancour, développement futur
surtout prévu à Bécancour, mais cela est prévu
depuis des années; on ne sait pas ce qui va arriver.
C'est-à-dire que quelqu'un a rédigé des raisons,
sans avoir vraiment, pas du tout, consulté le milieu, comme
c'était promis par le ministre. Ce n'est pas seulement dans ce dossier
que le ministre a fait toutes sortes de promesses qu'il n'a pas tenues, et on
lui demande s'il va respecter ou non ses promesses. C'est la question, c'est
très simple, on aimerait que le ministre réponde par un oui ou
par un non.
M. Bédard: II y a certaines consultations qui ont
été faites au niveau de la clientèle
spécialisée qui se sert de ces bureaux. Je pense entre autres
à la Chambre des notaires, également au barreau et
également à l'Association des registraires.
M. Marx: Dans quels comtés, M. le ministre, pour les
précisions?
M. Bédard: Vous non plus, vous ne nous laissez pas...
M. Marx: Les précisions...
M. Bédard: Laissez-moi répondre. Si vous en
ressentez le besoin, vous poserez d'autres questions.
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: Alors, contrairement à ce que dit le
député, il y a des consultations qui ont été faites
auprès de la Chambre des notaires, du barreau, de l'association des
registrateurs. Également, je voudrais mentionner que le document de
travail auquel se réfère le député de D'Arcy McGee,
je l'ai dit et je le redis, c'est un document de travail à partir duquel
une réflexion et des évaluations se font. Ce ne sont pas des
décisions auxquelles se réfère le député de
D'Arcy McGee, il devrait en être conscient et ne pas donner cette
impression. Il s'agit d'une ébauche qui est nécessaire et qui se
doit d'être faite, une évaluation sommaire qui est faite par la
machine administrative, à partir de laquelle une évaluation
beaucoup plus poussée est poursuivie, avant de déboucher sur des
décisions.
C'est peut-être le meilleur exemple que je peux fournir du danger
qu'il y a lorsque, en fait, sont portés à la connaissance du
public des documents de travail qui constituent des ébauches et non pas
un ensemble de décisions. Le député de D'Arcy McGee
demande souvent des documents sur lesquels nous nous basons pour continuer une
réflexion, une analyse. Il sera à même de constater
jusqu'à quel point cela peut être négatif, cela peut
contribuer à instaurer l'insécurité dans des endroits
où elle n'a aucune raison de s'installer parce que les décisions
qui seront prises ne seront pas nécessairement dans le sens des
ébauches qui ont été rendues publiques, dans le sens des
documents qui ont été rendus publics. Je vous le dis, il y a des
consultations qui ont été faites déjà, je le
répète. Il y a également toutes les réactions dont
nous tenons compte, celle du député aujourd'hui. C'est
peut-être la première fois en commission parlementaire mais tout
le monde sait que dans chaque comté où il y a eu rumeur de
fermeture de bureau d'enregistrement, tout de suite, chacun des
députés s'est empressé d'aller aux renseignements, ces
renseignements ont été donnés par le ministère de
la Justice.
Une voix: ... responsable.
M. Bédard: C'est normal tant du côté de
l'Opposition que du côté gouvernemental. Également, il y a
des réactions de la part de la population. Il me semble que, s'il y a un
dossier où on va pouvoir parler d'une grande consultation au bout du
compte, c'est bien celui-là à cause, j'en suis conscient, du
côté très chaud et très politique que cela peut
représenter.
Le Président (M. Desbiens): II est 13 h 06.
M. Marx: On va revenir sur cette question à 17 heures.
Le Président (M. Desbiens): Alors, la commission
élue permanente de la justice ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 07)
(Reprise de la séance à 17 h 42)
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente de la justice est réunie pour étudier les
crédits du ministère
pour l'année financière 1982-1983.
Les membres de la commission sont: MM. Beaumier (Nicolet), Bédard
(Chicoutimi), Marquis (Matapédia), qui remplace Boucher
(Rivière-du-Loup), Brouillet (Chauveau), Charbonneau (Verchères),
Dauphin (Marquette), Mme Juneau (Johnson), MM. Kehoe (Chapleau),
Lafrenière (Ungava), Marx (D'Arcy McGee), Paradis
(Brome-Missisquoi).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Bissonnet
(Jeanne-Mance), Blank (Saint-Louis), Brassard (Lac-Saint-Jean), Ciaccia
(Mont-Royal), Dussault (Châteauguay), Mme Lachapelle (Dorion), MM. Martel
(Richelieu), Pagé (Portneuf).
M. Marx: Peut-on substituer le député de Berthier
au député de Mont-Royal?
Le Président (M. Desbiens): D'accord. Alors, M. Houde
(Berthier) remplace Ciaccia (Mont-Royal) comme intervenant.
Nous étions à l'étude du programme no 7.
M. Marx: Est-ce que je pourrais dire un mot, M. le
Président?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Bédard: Concernant les bureaux d'enregistrement.
M. Marx: M. le Président, nous nous sommes entendus, le
ministre et moi, pour siéger après 18 heures jusqu'à la
fin de nos travaux. J'ai accepté cette entente même si le mercredi
soir est censé être la soirée des députés et
qu'on ne siège pas. Mais, étant donné que toute
l'équipe du ministre est ici, ses sous-ministres, ses présidents
de commission et ainsi de suite, j'aimerais que, même si c'est la
soirée des députés, ils soient libérés
après ce soir et que ce ne soit pas nécessaire pour eux de
revenir, soit demain, soit un autre jour. Donc, on va faire les 3 h 45 qu'il
nous reste...
Le Président (M. Desbiens): On ne s'entendra pas sur le
temps qui reste, je crois que c'est 3 h 10 minutes.
M. Bédard: Je pense que c'est cela.
Le Président (M. Desbiens): On pourra faire
vérifier, de toute façon. On verra par la suite.
M. Marx: Si c'est une question de deux minutes, M. le
Président, on ne va pas insister.
Le Président (M. Desbiens): Si c'est une question d'une
demi-heure... Est-ce qu'il y a consentement?
M. Bédard: II y a consentement, M. le Président, et
je remercie mon collègue de l'Opposition de sa collaboration, de
même que tous les membres de la commission parlementaire qui acceptent de
ne pas se servir en aucune façon du règlement et acceptent de
prolonger les heures de travail afin de pouvoir disposer des crédits du
ministère de la Justice et permettre à chacun de vaquer à
d'autres occupations.
M. Marx: Oui.
M. Bédard: Alors, nous en étions, M. le
Président, au programme no 7 qui concerne les bureaux d'enregistrement.
Si je résume là-dessus, encore une fois, c'est le genre de
dossier - je le sais très bien - qui ne recèle pas des
approbations politiques sur l'ensemble du territoire. C'est évident que
chaque population qui peut être concernée est soucieuse de garder
ce service. Je veux réitérer qu'il ne s'agit en aucune
façon d'une opération politique parce que, encore une fois il y a
autant de comtés de l'Opposition qui sont touchés que de
comtés du côté gouvernemental. C'est vraiment en termes de
rationalisation des dépenses, tout en ayant constamment à
l'esprit la préoccupation des services à donner aux citoyens.
Cela fait suite également à une recommandation qui a
été faite par le Vérificateur général,
à savoir qu'il y avait trop de bureaux d'enregistrement et qu'il fallait
trouver le moyen de rationaliser cela.
Je peux assurer mes collègues que cette opération sera
menée à terme, je l'espère, en ayant toujours à
l'esprit des paramètres qui nous permettent de bien évaluer
à sa juste mesure chacun des dossiers concernés. Il y a eu des
fuites concernant certains documents de travail, des ébauches - ce qui
est normal - faits par des fonctionnaires et qui nous permettent de continuer
d'approfondir chacune des situations. Je le redis, ce que nous espérons
là-dedans... Je m'excuse de le répéter, mais il y a
d'autres membres à la commission, c'est clair que les
bénéfices escomptés par cette opération vont se
traduire par une économie de personnel de l'ordre de 22 postes, un gain
net d'espace d'au moins 1268 mètres carrés. Tout le monde
connaît les coûts de location par les temps qui courent. Je crois
que nous serons en mesure également de démontrer que cela se
traduira par un accroissement de la productivité de 28%, mais je
comprends qu'il y aura peut-être d'autres évaluations à ce
moment. Il y a des avantages qui sont difficilement qualifiables mais qui,
à mon sens, doivent être présents à notre esprit et
à l'esprit de chacun des députés, puisqu'il s'agit de la
dépense de services aux citoyens, mais également de la
dépense de deniers publics. Je pense, entre autres, à
l'amélioration du
service à la clientèle, l'amélioration de
l'aménagement des bureaux et de la réalisation du plan
d'équipement. Il va y avoir une amélioration de la gestion du
personnel, du fait que la grosseur moyenne des bureaux va passer de trois
à cinq employés. Cela va nous permettre également de nous
préparer en fonction de la mécanisation qui s'en vient et qui
sera de nature à donner encore un meilleur service à la
population. Ce sont toutes ces motivations qui nous amènent à
bouger dans ce dossier. Je suis sûr que je ne vous apprendrai rien en
vous disant que ce dossier des bureaux d'enregistrement, c'est le premier
dossier qui a toujours été déposé sur le bureau des
ministres de la Justice les uns après les autres.
M. Marx: Est-ce que vous avez...
M. Bédard: Souvent, il a été refermé
rapidement suite aux réactions qui sont compréhensibles. Je pense
que tout le monde en est convaincu, il ne s'agit pas d'une opération
politique mais d'une évaluation qu'on fera tous ensemble, lorsque le
projet de loi sera déposé, de chacun des cas. Nous serons
très réceptifs à toutes les représentations comme
nous le sommes présentement. Tous les députés de
l'Assemblée nationale, je l'ai déjà dit, tous les
organismes et les individus qui veulent faire des représentations
peuvent le faire à mon cabinet. Il y a des gens qui sont affectés
uniquement pour prendre note de ces représentations pour ensuite
poursuivre les analyses quand il y a vraiment des éléments
nouveaux.
M. Houde: Quand serait-il déposé?
M. Bédard: Pardon?
M. Houde: Quand serait-il déposé?
M. Bédard: Normalement il doit être
déposé avant la fin de la présente session. Si c'est
possible, adopté avant la fin de la présente session.
M. Marx: Le ministre démontre beaucoup de courage dans ce
dossier.
M. Bédard: Comme je l'ai déjà dit, il y a eu
quand même des consultations de la Chambre des notaires, du Barreau du
Québec, de l'Association des registraires. C'est évident que,
dans ces cas, on ne s'attend pas à des appuis publics. Je trouve
remarquable, je ne veux pas le mentionner et en faire un cas particulier, je
pense que nous avons entendu avant l'ajournement des travaux les
représentations faites...
M. Marx: Remarquables.
M. Bédard: ... remarquables faites par le
député de Nicolet qui se voit...
M. Marx: C'est un bon mouton.
M. Bédard: ... où il y avait trois bureaux
d'enregistrement et on trouve le moyen de centraliser le service dans un
bureau, plutôt que d'être réfractaire au départ, ce
qui, je le comprends, peut être la première réaction
politique. Le député a approfondi le dossier et peut convenir
avec nous, tel qu'il l'a dit, que, si on se place sous l'angle de la
rationalisation des dépenses, de l'administration des deniers du public
qui est la responsabilité des députés, on en vient
à la conclusion que c'est possible de le faire et d'en parler avec la
population d'une façon positive.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Juste une question. Si je peux comprendre, je conclus
de vos commentaires que les décisions ne sont pas encore prises.
M. Bédard: Les décisions...
M. Kehoe: Les sujets sont encore sous étude. S'il y a des
représentations à faire, que ce soit par les différentes
personnes intéressées ou les députés, à
votre bureau, c'est le temps de le faire. Il n'y a aucune décision de
prise dans aucun cas?
M. Bédard: C'est-à-dire que les décisions
finales ne sont pas prises. Je n'ai pas besoin de vous dire que je commence
à en avoir une idée.
M. Kehoe: Oui, oui.
M. Bédard: Mais dans l'ensemble, au niveau de chacun des
cas, comme je vous l'ai dit, et je vous le répète, je suis quand
même très réceptif. Si des représentations sont
faites sur un point que je n'ai pas considéré ou qui
n'était pas contenu au dossier, à ce moment cela me fera plaisir
de pousser plus loin l'évaluation. Cela ne veut pas dire que la
décision changera, mais si c'est un point qui est important et qui peut
être déterminant même, à ce moment, je vais le
faire.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, le ministre a
répété déjà trois fois sa position. On
comprend, là!
M. Bédard: Heureux que vous compreniez!
M. Marx: Je pense qu'on comprend, mais on n'est pas d'accord. Je
pense que je peux expliquer la position de l'Opposition dans trois paragraphes.
C'est très simple.
Personne ne conteste le fait qu'il est fort possible que ce sera
nécessaire de fermer certains bureaux d'enregistrement; ce n'est pas
ça, le problème. Le problème, c'est que le ministre a pris
l'engagement de consulter les milieux. Ce matin, le ministre nous a dit: Oui,
j'ai consulté la Chambre des notaires, oui, j'ai consulté le
barreau. Mais le barreau et la Chambre des notaires ne sont pas des milieux
dans les comtés qui sont affectés par la fermeture de ces bureaux
d'enregistrement. Le ministre a déjà promis d'entreprendre une
vaste consultation du milieu, il n'en a pas été question. C'est
cela qu'on reproche au ministre.
Quand le ministre parle d'économie en ce qui concerne le
personnel, en ce qui concerne des mètres carrés, bien sûr,
il peut nous donner ces chiffres, il peut nous donner ces statistiques parce
qu'il n'a pas consulté le milieu. S'il consulte le milieu, il va
apprendre, par exemple, qu'à Lachute la municipalité de
comté est prête à donner au gouvernement un bâtiment
pour le bureau d'enregistrement sans qu'un loyer soit exigé de la part
du gouvernement. C'est la même chose dans d'autres comtés et
même les municipalités de comté ont le devoir, la
responsabilité de fournir un bâtiment. C'est ça le
problème.
Maintenant, le ministre dit: On peut faire des représentations
à mon cabinet. On peut courir après le député du
comté et lui demander d'exercer des pressions auprès des gens de
mon cabinet. Je connais des députés, des notaires, des maires qui
sont allés voir quelqu'un au cabinet du ministre, et il y a des gens qui
sont ressortis avec l'impression que le bureau de leur comté ne serait
pas fermé et d'autres avec l'impression qu'il serait fermé. De
toute façon, votre affaire n'a pas été bien menée.
Vous avez été ministre pendant six ans, vous devez comprendre
que, dans un tel dossier, ce serait préférable de faire la
consultation que vous avez promise.
Je pense que maintenant c'est vous qui avez vraiment semé cette
peur, si je peux m'exprimer ainsi, dans beaucoup de comtés. Il y a une
mauvaise compréhension de ce que vous voulez faire. Il n'est pas trop
tard et je voudrais demander au ministre de tenir sa promesse - ce sera une des
rares promesses que le gouvernement péquiste aurait respectée -
de faire cette vaste consultation dans le milieu et, par la suite,
déposer un projet de loi, comme il l'a promis. Tout le monde sera
satisfait. Il n'est pas trop tard. D'ici au mois de septembre ou octobre, il
pourra faire cette consultation.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: Comme marchand de peur, le député
de D'Arcy McGee est fantastique, il s'améliore de jour en jour. Il ne
s'agit pas de fermer des autoroutes, ayons un peu les pieds sur terre, il
s'agit de bureaux d'enregistrement. On ne ferme pas des autoroutes quand
même!
M. Marx: C'est important. Et votre promesse?
M. Bédard: Je vous ai laissé parler. Si vous voulez
continuer, continuez.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Bédard: Le député sait très bien
que... Je comprends la population, mais on n'est quand même pas pour
tenir des référendums pour demander à la population
d'être d'accord pour fermer un édifice auquel elle est
attachée, etc.
M. Marx: Question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee, sur une question de règlement.
M. Marx: J'aimerais savoir si le ministre...
M. Bédard: II connaît d'avance la
réponse.
M. Marx: ... a pris l'engagement de faire cette consultation dans
le milieu, oui ou non. C'est ça que je veux savoir.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee, ce n'est pas une question de règlement.
M. Marx: C'est pour clarifier le débat, la discussion.
M. Bédard: J'ai toujours dit que je ferais toutes les
consultations possibles, et c'est ce que je fais.
M. Marx: J'ai des lettres ici dans lesquelles on a promis...
M. Bédard: Vous définirez à votre
manière ce que peut être une consultation, mais je peux vous dire,
au moment où on se parle... Faites-en de la politique, ça ne me
fait rien, c'est normal.
M. Marx: Vous faites du patinage, vous patinez. (18 heures)
M. Bédard: Au moment où je vous
parle, vous avez vous-même - vous l'avez évoqué ce
matin - un courrier très imposant à ce sujet. J'en ai un qui est
peut-être encore dix fois plus imposant que celui que vous avez. Des
groupes qui ont été rencontrés, des gens sont venus faire
des représentations; si cela ne commence pas à ressembler
à une consultation, c'est comme rien. Je l'ai dit, les décisions
ne sont pas encore définitivement prises parce que je veux tenir compte
de toutes ces représentations. Il va y avoir le dépôt d'un
projet de loi et, à ce moment-là, il y en a qui apprendront
probablement qu'il y a certaines personnes, pour faire de l'animation
politique, qui ont véhiculé des peurs qui n'avaient aucun
fondement. Il y en a qui vont apprendre que, contrairement à ce que leur
député leur dit ou encore à ce que les rumeurs disent, il
n'y a pas de fermeture. Il ne faut pas faire exprès pour énerver
tout le monde non plus. Je comprends qu'il y a eu une fuite à un moment
donné et cela a compliqué énormément notre
travail.
M. Marx: Ce n'est pas cela qui a compliqué votre travail.
Ce sont vos promesses.
M. Bédard: II y a eu une fuite sur un document de travail,
une ébauche préparée -c'est normal à part cela -
par les fonctionnaires. Je le dis et je le redis, ce ne sont pas des
décisions. C'est un document de travail, et je pourrais même
être en mesure de vous dire ceci après analyse. On parlait de 26
ou 27 fermetures de bureaux. Ce ne sera pas le cas parce que, à
l'analyse, à l'évaluation des dossiers, on se rend compte que
dans certains - sans blâmer les fonctionnaires ou qui que ce soit - une
évaluation plus approfondie a été faite. Des
représentations ont été faites, pas des
représentations politiques, mais des représentations sur le fond
même du sujet nous amènent, à un moment donné,
à reconsidérer des choses. Je pense que vous pouvez être
convaincu, au départ, que, quand ce projet de loi va être
adopté, pas besoin de s'inquiéter, toutes les consultations,
toutes les opinions vont avoir été exprimées de part et
d'autre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Si je comprends bien - je vais faire le
résumé pour moi-même - votre gouvernement a pris
l'engagement de consulter les MRC avant de prendre une telle décision.
Vous avez pris l'engagement de faire une vaste consultation dans les milieux,
ce qu'on n'a pas fait. Vous pouvez dire ce que vous voulez, M. le ministre. Les
faits restent les faits. Passons à l'autre programme.
M. Bédard: Vous aussi, vous pouvez dire ce que vous
voulez.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 7.
M. Bédard: Mais j'ai consulté les principaux
intéressés et les consultations continuent.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 7 est-il
adopté?
M. Marx: Oui, c'est cela. Vous patinez toujours. Patinez pendant
une autre couple de pages dans le journal des Débats.
Le programme 6 est adopté. C'est le programme 7.
Contrôle des permis d'alcool
Le Président (M. Desbiens): Le programme 7 est
adopté. Le programme 8.
M. Marx: Contrôle des permis d'alcool.
M. Bédard: M. le Président, nous avons avec nous le
président de la Régie des permis d'alcool, M. Ghislain Laflamme.
Comme les membres de la commission le savent, la Régie des permis
d'alcool a pour fonction de délivrer, de renouveler, de suspendre et de
révoquer les permis d'alcool et d'en contrôler l'exploitation. La
loi précise d'ailleurs de quelle façon s'exercent ces fonctions,
soit, notamment, en établissant les conditions de délivrance des
permis, les causes de révocation, de suspension ou de non-renouvellement
des permis et la procédure à suivre devant la régie.
Le budget de la Régie des permis d'alcool est de 5 107 600 $ pour
l'exercice 1982-1983, soit 4 387 900 $ pour les traitements et 379 700 $ au
chapitre des autres dépenses. L'effectif est de 171 employés
permanents et de quatre employés occasionnels. Le poste communications
comprend principalement les frais de voyage des enquêteurs ou les frais
de publication dans les journaux.
Alors, les crédits qui sont prévus à ce programme
pour le fonctionnement de la Régie des permis d'alcool
s'établissent à 5 107 600 $ comparativement au budget de 4 555
000 $ pour l'année 1981-1982, soit une hausse d'environ 12,1%. Cette
hausse est imputable principalement à la mise en application des
conventions collectives pour une somme de 455 400 $ et à une
augmentation au poste communications.
Ce sont les commentaires généraux que j'avais à
faire au début de l'étude de ce programme.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je remercie le président de la régie
d'être présent avec nous cet après-midi. La régie,
si je comprends bien, accorde des permis aux clubs de nuit, aux magasins pour
la vente de boissons alcooliques, n'est-ce pas? Maintenant, est-ce qu'il y a
une politique en ce qui concerne les clubs de nuit? S'il y a un club de nuit
où il y a des danseurs ou des danseuses, est-ce que ces clubs se voient
accorder un permis selon les mêmes conditions qu'un autre club de nuit ou
si une enquête est faite en ce qui concerne la possibilité
d'obscénité qui pourrait exister dans certains lieux et pas dans
d'autres, etc.?
M. Bédard: Je m'excuse.
M. Marx: J'ai posé la question en pensant que ce serait le
président qui répondrait. C'est une question non politique.
Le Président (M. Desbiens): M. le président, au nom
du ministre.
M. Bédard: En principe, un permis d'alcool est émis
après qu'il y a eu publication de la demande dans les journaux, dans le
journal local, pour informer la population environnante de cette demande. Le
permis est accordé après enquête publique. Les gens peuvent
penser qu'il serait contraire à l'intérêt public qu'un
permis soit décerné tel que demandé ou que ce serait de
nature à nuire à la tranquillité publique. Ces principes
s'appliquent dans toutes les catégories de permis, sauf un permis
d'épicerie, qui n'est pas l'objet de votre question.
Donc, dans le cas d'un club de nuit, ce serait un permis de bar. Le
permis de bar ne peut permettre de spectacle, de danse ou quoi que ce soit s'il
n'est pas accompagné d'une autorisation précise de danse,
spectacle ou projection de films qui, elle-même, est mentionnée
dans l'avis publié dans les journaux et qui peut faire l'objet
d'opposition des gens environnant cet endroit. Donc, s'il n'y a pas opposition,
en général, le permis est émis sur la demande telle que
formulée, après une déclaration du requérant
indiquant qu'il n'a pas d'antécédents judiciaires. S'il y a
opposition, le permis ou la demande est traitée par enquête
publique et la régie entend les témoins ou les gens qui ont des
choses à reprocher ou à dire contre le requérant.
M. Marx: Est-ce qu'il y a souvent de l'opposition à
l'octroi des permis ou si c'est plutôt rare?
M. Bédard: II y a une espèce d'évolution
dans ce domaine. Lors de la première année de fonctionnement de
la régie, en 1981, il y avait relativement beaucoup d'opposition qui
était basée sur la concurrence. Des gens venaient nous dire: Nous
avons déjà un bar, n'émettez pas un autre permis de bar,
vous allez diminuer notre clientèle. Comme ce ne sont pas des
critères qui sont dans la loi, qu'on doit considérer, on a
clarifié notre position là-dessus et les oppositions ont de
beaucoup diminué. Il reste un pourcentage relativement faible,
peut-être 15%, de demandes qui font l'objet d'opposition.
M. Marx: D'accord. Combien de permis la régie
émet-elle par année? Combien y a-t-il eu de demandes pour 1981,
environ?
M. Bédard: Pour 1981, il y a eu 5866 demandes.
M. Marx: Combien de permis ont été
accordés?
M. Bédard: Environ 5500.
M. Marx: J'ai lu dans les journaux que des brasseries aimeraient
avoir la permission de présenter des danseurs et des danseuses. Il y a
une certaine opposition à cela. Est-ce que la régie a une
politique en ce qui concerne cette question?
M. Bédard: La loi permet aux brasseries une autorisation
de spectacle, de danse ou de projection de films. Elles ont déjà
l'autorisation. Il s'agit pour les gens entourant cet établissement, de
faire opposition à la régie s'ils sont d'avis qu'il ne devrait
pas y avoir de spectacles à l'intérieur, ou de laisser la demande
filer s'ils sont d'accord avec celle-ci. Les brasseries ont ce droit.
M. Marx: Elles ont ce droit. Est-ce qu'il y a des brasseries qui
ont bénéficié de ce droit à Montréal,
disons?
M. Bédard: Oui, je crois que la majorité des
brasseries a une autorisation ou de spectacle ou de projection de films...
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: ... parce qu'elles y ont droit. Et même
de danse également.
M. Marx: C'est donc possible qu'elles aient eu l'autorisation,
mais qu'elles ne s'en soient pas prévalues. Donc, la lutte sur cette
question se situe dans les journaux et non pas au niveau de la régie
parce que c'est déjà prévu dans la loi.
M. Bédard: C'est exact. M. Marx: Bien.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Si une demande est faite à la régie par
une brasserie, une taverne ou autre, dans laquelle vous savez d'avance qu'il va
y avoir des serveuses et des serveurs complètement nus, est-ce une
raison pour refuser une telle demande?
M. Bédard: La régie base sa décision sur la
tranquillité publique. Elle considère que la tranquillité
publique varie d'une région à une autre de la province de
Québec. La tranquillité publique sur la rue Sainte-Catherine,
à Montréal, n'est pas la même que dans un petit village. On
pense aussi que les meilleurs juges de la tranquillité publique sont les
habitants, les personnes qui vivent autour de cet établissement.
En publiant la demande dans les journaux, en informant le public du
petit village qu'il y a un permis de brasserie demandé avec autorisation
de spectacles, cela autorise les gens à dire: Non, nous ne sommes pas
d'accord pour qu'un permis de spectacles soit accordé à cette
brasserie. Une enquête publique est instituée et, selon les motifs
qui nous sont apportés, on refuse ou on accorde l'autorisation.
M. Kehoe: Si un permis est déjà accordé
à une brasserie où il y a des serveuses nues et que le conseil
municipal ou des personnes de la municipalité demandent la
révocation de ce permis-là à cause, je ne sais pas, que
les moeurs ont changé ou, mettons, qu'une ville veut faire un nettoyage
de son image en enlevant les danseuses nues ou les serveuses nues, est-ce que
votre commission considère la demande d'une façon quelconque?
M. Bédard: Dans le sens suivant: si un permis est
émis en tenant compte de la tranquillité publique, un permis peut
être retiré si la tranquillité publique est
troublée. Donc, si les forces policières d'une
municipalité, si les autorités municipales, si des
enquêteurs font des rapports à la régie démontrant
que la tranquillité publique est troublée, la régie va
convoquer le détenteur du permis, va confronter celui-ci avec les
rapports d'enquête, les accusations, etc, qui nous sont
présentés et va prendre une décision sur la preuve qui va
lui être formulée.
M. Marx: 11 peut arriver qu'un concurrent fasse en sorte qu'il
n'y ait pas de tranquillité dans la boite de son concurrent. Je pense
que cela s'est déjà produit à Québec.
M. Bédard: Là-dessus, c'est une question
d'évaluation de la preuve et de la crédibilité des
plaignants aussi. Il peut arriver, évidemment, qu'un concurrent veuille
faire du trouble à un autre, mais ce sont les régisseurs qui
l'évaluent lors de l'enquête publique.
M. Kehoe: À toutes fins utiles, une fois qu'une personne
possède un permis pour l'exploitation d'une brasserie dans laquelle il y
a des danseuses et des serveuses nues, il sera très difficile pour votre
commission de révoquer, à la demande d'un concurrent ou du
conseil municipal, le permis, pour cette raison-là.
M. Bédard: S'il n'y a pas de preuve que la
tranquillité publique est troublée, c'est évident qu'on ne
remet pas le permis en cause. Il y a une sécurité quant aux
permis existants pour que des gens ne puissent pas attaquer un permis
futilement, simplement pour faire du trouble. Il faut qu'il y ait une preuve
que ce permis-là nuit.
M. Marx: Les motifs sont soit la tranquillité ou... Est-ce
qu'il y a d'autres motifs? (18 h 15)
M. Bédard: La tranquillité publique ou que ce soit
contraire à l'intérêt public, ce qui est plus difficile. La
tranquillité publique recouvre généralement la
présence de mineurs, la corruption des moeurs, la présence de
drogue, tout ce qu'on peut voir.
M. Marx: Et l'intérêt public?
M. Bédard: L'intérêt public peut toucher cela
également, mais peut verser du côté économique. S'il
y avait des tactiques d'exploitation du permis qui finissaient par être
de la concurrence déloyale à l'égard d'autres
détenteurs de permis, évidemment, c'est une question
d'évaluation de la preuve et chaque cas est un peu un cas en soi.
M. Marx: Le refus de l'an dernier de 300 permis - vous avez bien
souligné que votre régie avait refusé 300 demandes
-c'était pour des raisons de tranquillité ou
d'intérêt public?
M. Bédard: Dans la majorité des cas, c'était
parce que des opposants avaient réussi à prouver que
c'était contraire à la tranquillité publique ou à
l'intérêt public et, dans un certain nombre de cas, c'était
simplement parce que le requérant ne remplissait pas les exigences.
C'est que la régie ne peut pas dire non sans entendre le
requérant.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Berthier. Excusez-moi, M. le député a demandé la
parole.
M. Houde: Merci. Ma question s'adresse à M. le
président de la régie. N'est-il pas vrai...
M. Bédard: Pour les fins du journal des Débats, je
ferai remarquer que c'est M. le président de la régie qui
répond.
M. Marx: II lie le ministre.
M. Houde: En même temps, on va faire reposer le
ministre.
M. Marx: II parle au nom du ministre.
M. Houde: M. le Président, n'est-il pas vrai que les
permis de 24 heures en ce qui concerne les soirées, il y aurait des
pressions qui se feraient pour que vous en donniez moins? Deuxièmement,
que vous seriez plus sévère et plus exigeant pour donner ces
permis de 24 heures?
M. Bédard: C'est exact.
M. Houde: C'est exact? Est-ce que je pourrais avoir la raison
pour laquelle il se fait des pressions pour en donner moins?
M. Bédard: Votre question était au départ:
Est-il exact que des pressions sont faites auprès de la régie
pour qu'on en donne moins? Oui, c'est exact. Ces pressions viennent des
détenteurs de permis réguliers.
M. Houde: D'accord.
M. Bédard: Les détenteurs de permis
réguliers disent: Nous avons un permis de restaurant, un permis de bar,
vous devriez demander aux gens qui veulent des permis de réunion, des
permis de 24 heures, de venir chez nous. On répond évidemment:
Vous avez vos droits comme détenteurs de permis mais le citoyen a son
droit comme citoyen qui veut organiser quelque chose. Sauf que, pour respecter
les droits de chacun, la réglementation est assez stricte pour qu'un
permis de 24 heures, un permis de réunion, ne soit pas donné pour
faire une exploitation commerciale qui soit, à toutes fins pratiques, de
la concurrence à un détenteur de permis régulier.
M. Houde: Est-ce que vous n'êtes pas assez
sévère à l'heure actuelle? Je pense que oui, vous
êtes assez sévère pour les permis de 24 heures. J'ai fait
partie de beaucoup d'associations, et c'était un problème d'avoir
un permis. Cela prenait beaucoup de documentation. On avait, bien des fois, le
permis à la dernière minute, si bien qu'on se posait des
questions: Est-ce qu'on va l'avoir ou si on ne l'aura pas? La veillée
s'en vient. Ce sont des soirées à but non lucratif pour des
organismes. Il me semble que vous êtes assez sévère
là-dessus et, d'après ce que vous me dites, vous allez
l'être encore davantage. Est-ce que c'est pour les épeurer un peu,
les éloigner, quoi?
M. Bédard: C'est difficile de répondre à
cela. Sévère, cela dépend du point de vue. Les
détenteurs de permis réguliers considèrent qu'on n'est pas
assez sévère. Ceux qui veulent avoir des permis
considèrent qu'on l'est trop lorsqu'on leur impose des exigences.
Là-dedans, il y a une espèce de sagesse. On essaie
d'établir un équilibre, sachant qu'on ne sera pas capable de
satisfaire tout le monde parce que les intérêts sont un petit peu
contradictoires.
M. Houde: II ne faudrait pas l'être plus, en tout cas,
parce que je pense que c'est assez à l'heure actuelle.
M. Bédard: Je crois que M. le président a raison
là-dessus, c'est bien difficile de satisfaire tout le monde.
Peut-être, lorsqu'on parle des permis de réunion, y aurait-il lieu
d'envisager de soumettre l'émission de permis de réunion au
critère de la tranquillité publique, ce qui n'est pas le cas
à l'heure actuelle. Je peux dire aux membres de la commission que j'ai
eu l'occasion de rencontrer récemment, il y a une semaine environ,
l'Association des propriétaires de tavernes et de brasseries qui m'a
fait un ensemble de représentations que j'aurai l'occasion de discuter
avec M. le président de la commission.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Par le biais des journaux, on a appris que soit la
régie, soit le gouvernement étudie la possibilité de
laisser les brasseries et/ou les tavernes ouvrir le dimanche. Pourriez-vous
nous dire où en est rendue l'étude sur cela? Y a-t-il une
possibilité?
M. Bédard: II n'y a aucune étude
là-dessus.
M. Kehoe: Où est rendu le dossier?
M. Bédard: Le dossier, c'est que j'ai eu l'occasion de les
rencontrer, justement lors de ma rencontre avec l'Association des
propriétaires de tavernes et de brasseries. Contrairement à ce
qui avait pu être perçu au niveau de ce qui avait
été publié dans les journaux, ils m'ont indiqué
qu'ils étaient plutôt opposés à cette ouverture le
dimanche.
M. Kehoe: Cela a été fait par quelle
organisation?
M. Bédard: Selon les informations que j'ai eues, cette
demande a été faite par quelques membres au niveau de
l'association.
M. Kehoe: D'ailleurs, quelle est la position du gouvernement
là-dessus? Y en a-t-il une? Avez-vous étudié cela?
M. Bédard: Personnellement, je puis vous dire qu'il y
aurait une bonne côte à remonter avant de me convaincre qu'on doit
prendre une décision dans le sens d'ouvrir le dimanche.
M. Marx: Seulement une dernière question.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Est-ce que le nombre de postes, c'est-à-dire le
personnel, a diminué depuis deux ou trois ans? Je pense qu'il y en avait
255, en 1980.
M. Bédard: Lorsque j'en ai pris la responsabilité,
en juin 1980, il y en avait 184 et, maintenant, il y en a 171. On a
diminué en rationalisant les procédures.
M. Marx: D'accord. Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 8 est-il
adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Programme 8, adopté.
Programme 9. Le programme 9 est-il adopté?
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants
M. Marx: Le programme 9, c'est le programme
préféré du ministre. Le ministre m'a dit qu'il va faire
une tournée des prisons pour voir si j'ai raison ou non.
M. Bédard: J'en ai visité plusieurs non seulement
comme ministre, mais comme procureur.
M. Marx: Non pas comme détenu?
M. Bédard: J'imagine que le député de D'Arcy
McGee n'a pas cette expérience non plus.
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: M. le Président, quelques commentaires.
Je comprends que c'est un programme assez important.
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire de nous faire lecture de
ce document, parce qu'on ne touchera pas à tous les détails; on
va seulement toucher à quelques questions.
M. Bédard: C'est cela, j'essaie de l'éviter le plus
possible.
M. Marx: Si le ministre insiste, pour les fins du journal des
Débats, on n'a pas d'objection.
M. Bédard: Non, je n'insisterai pas plus concernant ce
programme que pour les autres. Pour expliquer ce que c'est, d'une certaine
façon, disons que c'est à la Direction générale de
la probation et des établissements de détention, dont le
titulaire par intérim est Me Pierre Verdon, qui est avec nous, qu'est
confiée la responsabilité du programme 9, Garde des
détenus et réinsertion sociale des délinquants, à
l'exception de l'élément 4, Commission québécoise
des libérations conditionnelles, dont la présidence est
assumée par M. Maurice Gauthier qui est également avec nous
aujourd'hui.
Le programme se compose de quatre éléments,
Détention, Participation communautaire, Surveillance des personnes en
probation et en libération conditionnelle et Commission
québécoise des libérations conditionnelles.
La Direction de la détention, qui administre
l'élément 1, possède 30 établissements de
détention dans la province, tandis que la Direction de la probation, qui
administre l'élément 3, possède 36 bureaux.
En ce qui a trait à la participation communautaire, la Direction
de la participation communautaire administre centralement, mais paie les
services sur facturation ou subvention d'un ensemble de ressources
communautaires et spécialisées.
En ce qui a trait à la Commission québécoise des
libérations conditionnelles, elle exerce sa juridiction sur les
personnes détenues pour une période de six mois et plus dans un
établissement de détention au Québec. En plus, en vertu
d'un accord de transfert, elle a juridiction sur certains détenus qui
purgent une sentence de deux ans et plus dans un établissement du
Québec plutôt que dans un pénitencier
fédéral.
Les ressources financières requises pour la réalisation
des activités de ce programme s'élèvent à 96 234
400 $. Pour ce qui est des ressources humaines, celles-ci se composent de 2598
postes permanents et 50 personnes-année occasionnelles.
De l'ensemble des crédits prévus pour 1982-1983, on
prévoit consacrer une somme de 77 000 653 $, ou 80,7%, pour
défrayer le coût des traitements des employés permanents et
à temps partiel; 16 709 300 $, ou 17,4%, pour les autres
dépenses de fonctionnement telles que l'alimentation,
l'habillement et l'utilisation de services professionnels rendus par des
organismes oeuvrant au niveau de la participation communautaire.
Enfin, nous constatons qu'un montant de 769 400 $, soit 8%, est
prévu pour les dépenses de capital et 1 102 700 $ pour les
dépenses de transfert.
Au niveau de chacun des éléments, la répartition
des ressources humaines et financières est la suivante:
détention, 80 972 900 $, 2287 permanents, 37 occasionnels; participation
communautaire, 6 619 600 $, 15 permanents, aucun occasionnel; probation, 7 649
800 $, 228 permanents et 13 occasionnels; et la Commission
québécoise des libérations conditionnelles, 992 100 $,
soit 18 permanents et aucun occasionnel. Voilà ce qui forme le total de
96 234 400 $ dont j'ai parlé tout à l'heure.
Je crois que c'est suffisant comme commentaires généraux.
La manière la plus rapide est peut-être d'y aller avec des
questions de mes collègues.
M. Marx: On ne peut pas aller dans les détails, parce que
ça prendrait trop de temps, mais en faisant une tournée des
prisons et en écoutant le ministre, on a souvent l'impression que le
ministre voit le problème de la détention comme un
problème de logement, c'est-à-dire que la solution serait de
construire une prison à LaSalle, une autre à Sherbrooke et une
troisième à Trois-Rivières, chacune avec 200 cellules. On
se pose des questions sur la construction de ces prisons. On aimerait commencer
avec la prison qui est en construction maintenant, j'imagine, à
LaSalle...
M. Bédard: Avant d'aborder le cas précis de
LaSalle, je voudrais quand même répondre à l'affirmation du
député...
M. Marx: On va revenir à ça. (18 h 30)
M. Bédard: Non, on va y répondre maintenant et
ça va régler la question au sujet de l'affirmation voulant qu'on
semble traiter l'ensemble du problème du secteur correctionnel comme
étant une question de logement. Il n'y a rien de plus faux que cette
affirmation du député de D'Arcy McGee. Je l'inviterais à
approfondir un peu ses connaissances de l'ensemble non seulement des lois, mais
des initiatives et des programmes qui ont été mis de l'avant
depuis cinq ans, avec comme préoccupation de faire en sorte d'aider la
réinsertion sociale et non pas seulement de loger des détenus. Je
pense, entre autres, à une loi qui a été adoptée
dès 1976 ou 1977, qui permettait le travail
rémunéré dans les institutions de détention. Nous
avons présenté, à ce moment-là, un projet de loi
très élaboré. J'ai également procédé
à l'établissement non seulement de programmes pilotes, mais de
programmes qui ont été appliqués sur le territoire du
Québec. Je pense, entre autres, au programme de travaux communautaires,
au programme de restitution, avec la préoccupation de trouver des
solutions de rechange à l'emprisonnement. Comme on le sait, le programme
de travaux communautaires, qui s'applique maintenant à l'ensemble du
Québec, permet à un juge, plutôt que de condamner quelqu'un
à la prison, de le condamner à effectuer des travaux pour la
communauté. Également, la sentence de restitution permet au juge,
plutôt que de condamner un individu à la prison, d'y aller d'une
sentence qui comporte une restitution ou une sorte de réparation envers
la victime du délit.
Nous avons également mis sur pied la Commission
québécoise des libérations conditionnelles qui fait un
travail - je crois pouvoir le dire - très efficace. La libération
conditionnelle constitue, à mon humble avis, un instrument de
réhabilitation. Lorsque quelqu'un est condamné à la
prison, si, après étude de son cas, une demande ayant
été faite de libération conditionnelle, on en vient
à la conclusion, parce que ce serait à l'avantage non seulement
du détenu mais aussi de la société, qu'il doit être
libéré, c'est un instrument qui aide à la
réinsertion sociale. On sait que les prisonniers et les
délinquants coûtent très cher à la
société. Je ne pense pas seulement en termes de coût
économique, mais je pense également en termes de coût
social. C'est un élément qui me préoccupait et qui m'a
amené à faire adopter des lois et à mettre au point des
programmes qui vont dans le sens de la réinsertion sociale.
Jamais je n'ai considéré le secteur correctionnel comme
étant un problème de logement, loin de là. C'est pour cela
qu'il y a un an et demi - on en a discuté un peu au début des
travaux de cette commission -constatant qu'il y avait peut-être beaucoup
trop de gens dans les prisons pour non-paiement d'amendes, j'ai demandé
de mettre sur pied un groupe de travail qui en est arrivé à des
conclusions quand même intéressantes...
M. Marx: Est-ce qu'on a le droit de le répéter
trois fois?
M. Bédard: ... qui font l'objet de consultations ou
d'analyses par le Conseil consultatif de la justice et qui déboucheront
sur une série de mesures qui, je l'espère, seront de nature
à améliorer la situation. Une chose est sûre, en termes de
philosophie, je ne crois pas et je n'ai jamais cru à la prison comme
étant un moyen de
réhabilitation. Je crois, au contraire, qu'une
société doit essayer de consacrer le plus d'efforts possible,
tant du point de vue social que du point de vue économique, à
faciliter la réinsertion sociale. Au bout de la ligne, c'est la
société qui y trouve son compte.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: S'il y a un dossier où le ministre ne
mérite pas d'éloges, cela devrait être le dossier de la
détention. Il peut parler vingt minutes pour nous expliquer tout ce
qu'il a fait, mais quand j'ai visité les prisons, j'ai trouvé une
tout autre situation. Je ne veux pas revenir sur ce que j'ai trouvé. Les
médias ont fait état de la situation pénible dans certains
établissements de détention. Je ne veux pas revenir sur
ça. Les conditions, les coûts, j'ai assez parlé de cela. Je
pense qu'il faut parler d'autres problèmes et surtout cette construction
des prisons que le ministre envisage. Une minute! M. le Président,
pouvez-vous demander au ministre de se retenir pour quelques minutes? Il aura
tout le temps nécessaire pour répondre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee, vous avez la parole.
M. Marx: Laissez-moi terminer, M. le ministre. Le ministre a
déjà promis, et j'espère que c'est une promesse qu'il va
tenir, de donner suite à mes recommandations d'abolir l'emprisonnement
pour le non-paiement d'amende. J'espère - il n'a pas
précisé - qu'il va aussi abolir la détention à la
suite de l'arrestation pour une infraction pour laquelle une peine
d'emprisonnement n'est pas prévue. Donc, en suivant une telle politique,
on va diminuer la population dans les prisons par, disons, 10% peut-être,
parce que ce n'est pas seulement ceux qui sont là pour le non-paiement
d'amende, mais aussi ceux qui sont détenus à la suite d'une
arrestation pour une infraction pour laquelle une peine d'emprisonnement n'est
pas prévue. Il y en a beaucoup qui passent une nuit ou quelques heures
en prison quand ils sont arrêtés pour des infractions mineures.
Supposons que c'est 8%, 10%, 12%, je n'ai pas les chiffres exacts. Je ne veux
pas faire toute une histoire, tout un drame pour 1% ou 2%. En suivant une telle
politique, on va réduire la population dans les établissements de
détention. Pour cela, tout le monde est d'accord.
Maintenant, le ministre nous a annoncé qu'on va construire une
prison à Sherbrooke, et j'ai l'information que ce sera une prison de 200
cellules. Il a aussi parlé d'une prison, à Trois-Rivières,
de 200 cellules. Quand j'étais à Sherbrooke, il y avait 52
détenus et prévenus dans la prison. Donc, où est-ce qu'on
va trouver la clientèle pour 150 cellules de plus? J'imagine qu'on va
remplir les cellules vides, ou bien ce ne serait pas rentable. Quand
j'étais à Trois-Rivières, la population dans la prison
était de 33. Si on construit une prison de 200 cellules, je me demande
où est-ce qu'on va trouver 167 détenus ou prévenus. Aussi,
il y en a une, bien sûr, à LaSalle que le ministère est en
train de construire; 200 cellules. Donc, cela fait 600 cellules de plus en
tout.
Je me demande si on a pris le bon chemin en construisant 600 cellules de
plus. En marge de ce commentaire, j'aimerais demander au ministre s'il y a des
prisons qui ne sont pas utilisées. J'ai appris que, finalement, on
utilise la prison à Amos qui a été vide pendant un bout de
temps et j'aimerais savoir s'il y a d'autres prisons construites qui sont vides
et pour lesquelles on paie l'électricité et le chauffage, qui ne
sont pas utilisées. Après ça, on aimerait poser certaines
questions assez précises au ministre en ce qui concerne la prison
à LaSalle.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, le député
de D'Arcy McGee dit tellement n'importe quoi qu'il faut toujours prendre la
peine de corriger. Il sait très bien que ce n'est pas à la suite
de ses recommandations qu'on y va d'une loi concernant...
M. Marx: Chronologiquement, c'est ça.
M. Bédard: Vous voulez parler là, allez-y.
M. Marx: Oui, bon, chronologiquement, c'est ça, parce que
j'ai fait des recommandations et votre attaché de presse a dit: On va
donner suite à ça. Est-ce qu'il a parlé en votre nom, oui
ou non? Si on ne peut pas se fier aux paroles de votre attaché de
presse, il y a lieu de se poser des questions.
M. Bédard: Avez-vous terminé?
M. Marx: Pour le moment. Je suis prêt à y revenir
à l'occasion.
M. Bédard: Avez-vous terminé? M. Marx: Pour
le moment.
M. Bédard: M. le Président, je pense que je vais me
décourager d'essayer de convaincre le député pour lui
faire réaliser...
M. Marx: Surtout pas de me convaincre de faussetés.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de D'Arcy McGee, la parole est au
ministre.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee sait
très bien que ce n'est pas à la suite de ses recommandations que
nous avons débouché sur un projet de loi parce que nous en avions
parlé auparavant.
M. Marx: Oui? Où?
M. Bédard: La meilleure preuve en est le travail au niveau
du ministère. Je m'évertue à le lui dire. Je comprends
qu'il est tellement préoccupé pour obtenir du crédit
concernant son rapport qu'il en vient..
M. Marx: Non, non, non, juste la vérité pour une
fois.
M. Bédard: Arrêtez-vous. Je me demande s'il n'est
pas plus préoccupé d'obtenir du crédit concernant son
rapport que de parler véritablement des problèmes dans le domaine
carcéral.
M. Marx: La vérité. Tout ce que je veux, c'est la
vérité.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Bédard: II sait très bien, je m'évertue
à le lui dire et je vais le lui dire pour la dernière fois, qu'au
moins un an et demi avant même qu'il ne se préoccupe du
problème des prisons, déjà cette préoccupation de
la présence de citoyens dans les prisons, faute de paiement d'amende,
était présente à l'esprit du ministre - de celui qui vous
parle - puisqu'un groupe de travail a justement été mis sur pied
pour étudier cette question ainsi que bien d'autres. Ce groupe de
travail a débouché sur un rapport qui fait l'objet - je l'ai dit
- d'analyses et d'études au niveau du Conseil consultatif de la justice
et qui débouchera éventuellement sur un projet de loi.
Le député parle de 10% d'occupation des prisons par des
citoyens qui sont condamnés faute de paiement d'amende. Encore
là, ce n'est pas exact. Au grand maximum, ça pourrait être
8% si c'était l'abolition complète de toute peine de prison faute
de paiement d'amende. Cela ne peut être que moins parce que ce qu'on peut
faire, c'est de restreindre, d'une façon très importante, les
peines de prison qui sont imposées à des citoyens faute de
paiement d'amende. C'est dans ce sens-là que portera le projet de
loi.
Concernant le secteur de la détention, j'ai eu l'occasion hier de
donner des chiffres au député de D'Arcy McGee qui montrent que,
sur une période de quatre ans, je pense que nous avons
dépensé des sommes qui représentent le triple de ce qui a
été dépensé par les administrations
précédentes aux fins, justement, d'améliorer l'ensemble
des équipements dans le secteur correctionnel. Justement, cela fait
partie de l'humanisation parce que nous essayons d'avoir non pas des salons,
mais des endroits de détention qui soient quand même
acceptables.
C'est évident que tout n'a pas été fait parce qu'il
y a eu une négligence incroyable de la part des administrations
précédentes en ce qui a trait aux sommes à consacrer pour
au moins l'amélioration des équipements, que ce soit dans le
secteur correctionnel ou dans d'autres secteurs, comme les palais de justice ou
la Sûreté du Québec, etc. Je l'ai mentionné. (18 h
45)
Je dis au député de D'Arcy McGee, et je ne le redirai pas,
qu'il est dans l'erreur quand il dit que nous allons construire 600 cellules de
plus. Ce n'est pas le cas; je lui ai dit, au début des travaux de la
commission, qu'un plan global de construction...
M. Marx: Combien de cellules?
M. Bédard: ... des institutions de détention ne
représentera aucune... Je vous le dis; j'espère que vous allez le
comprendre. C'est évident que de nouvelles cellules vont être
construites, mais, au total, il n'y aura, dans ce plan global, aucune addition
de faite au total des cellules qui existent à l'heure actuelle.
M. Marx: Mais combien de cellules allez-vous vous construire
à LaSalle? 200?
M. Bédard: Oui, mais c'est un réaménagement
d'abord à LaSalle.
M. Marx: Combien de cellules allez-vous avoir à
LaSalle?
M. Bédard: Cela peut aller jusqu'à 300, 350
cellules.
M. Marx: 350 cellules à LaSalle. Combien de cellules
allez-vous avoir à Sherbrooke?
M. Bédard: À un moment donné, dans un plan
global, il va y avoir nécessairement des prisons qui vont devoir se
fermer. Ce que je vous dis...
M. Marx: Je ne vous demande pas combien de cellules, je peux
additionner.
M. Bédard: Laissez-moi donc vous l'expliquer; il va y
avoir des regroupements, mais cela...
M. Marx: Je peux faire l'addition moi-même.
M. Bédard: Ce que je vous dis, c'est que votre
manière de procéder ne tient pas debout. Ne faites pas l'addition
des constructions des nouvelles cellules pour conclure qu'il y aura au bout du
compte plus de cellules qui n'y en a à l'heure actuelle dans nos
institutions de détention. Je vous dis d'avance que c'est faux;
même s'il y a la construction de nouvelles cellules à l'heure
actuelle, dans un plan global, cela devra s'ajuster au regroupement de
certaines institutions déjà existantes, à la fermeture de
certaines prisons déjà existantes, ce qui, à la fin du
compte, je vous le dis et je vous le répète, donnera comme
résultat qu'il n'y aura pas d'unités cellulaires additionnelles
au nombre qui existe déjà dans l'ensemble du territoire du
Québec.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Mais puis-je demander au ministre de me rendre un petit
service?
M. Bédard: Si vous permettez, pour être clair sur ce
point, il y a 3137 cellules au moment où on se parle.
M. Marx: Aujourd'hui, oui.
M. Bédard: Quant au plan global que j'aurai l'occasion de
faire connaître dans quelques semaines, il n'y en aura pas plus, mais il
y aura des regroupements; il y aura la nécessité de fermer des
institutions existantes.
M. Marx: Mais pouvez-vous seulement répondre à mes
questions précises, ne pas me faire un procès d'intention, me
dire combien je vais additionner et ce que je vais comprendre à la fin?
Vous avez déjà répondu à la première
question. Il va y avoir jusqu'à 350 cellules dans la ville de LaSalle.
À Sherbrooke, est-ce que ce sera une prison de 10, 15, 20, 100, 200
cellules? C'est tout ce que je veux savoir.
M. Bédard: Je vous ferai connaître cela en temps et
lieu.
M. Marx: J'ai déjà appris à Sherbrooke qu'il
y aura 200 cellules. À Trois-Rivières...
M. Bédard: Fonctionnez avec vos renseignements; on vous
corrigera en temps et lieu.
M. Marx: C'est cela, de vos fonctionnaires. À
Trois-Rivières, avez-vous décidé combien il y aura de
cellules ou si c'est un secret d'État?
M. Bédard: C'est décidé et ce sera connu en
temps et lieu.
M. Marx: C'est un secret d'État.
M. Bédard: Ce n'est pas un secret d'État, c'est un
plan global de rationalisation.
M. Marx: Dites-nous aussi combien.
M. Bédard: Je vous ai dit au début de nos travaux
que nous travaillons depuis - ce ne sera pas à la suite de votre rapport
- des semaines et des mois à une rationalisation...
M. Marx: Comme ministre de la Justice, je ne construirais pas de
prisons.
M. Bédard: ... de l'ensemble de nos institutions de
détention. Nous présenterons l'ensemble de ce plan qui va se
traduire par un changement de philosophie...
M. Marx: C'est cela.
M. Bédard: ... du secteur correctionnel, par une
diminution des coûts en termes de construction pour répondre aux
besoins et également par une diminution des coûts
d'opération, étant donné la nouvelle philosophie
d'approche dans le domaine correctionnel.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: D'accord, je vais me fier aux chiffres que j'ai eus
ailleurs.
Je sais que la prison à Amos a été non
opérationnelle pendant quelques années, deux ou trois ans. Est-ce
qu'il y a d'autres prisons non opérationnelles au Québec? Je
pense qu'il y en a deux ou trois autres. Thetford-Mines en a une, oui.
M. Bédard: II y a d'anciens établissements de
détention, mais qui sont désaffectés depuis un bon moment
déjà. Il n'est pas de notre intention, pour le moment, de faire
revivre ces établissements qui, pour la plupart, étaient petits
en termes de capacité et fort coûteux à administrer.
M. Marx: Mais ils sont où? Un à Thetford Mines.
M. Bédard: II y en a un à Arthabaska et un autre,
je pense, à Ville-Marie.
M. Marx: Celui d'Arthabaska a été construit en
quelle année? Je pense que c'est dans les années soixante-dix,
non?
M. Bédard: En 1969.
M. Marx: À Arthabaska, c'est assez neuf comme centre de
détention.
M. Bédard: On me dit que ce sont des ministres sous un
gouvernement "fédéral" qui l'ont refusé.
M. Marx: II faut blâmer le fédéral, je
comprends.
M. Bédard: Non, libéral provincial.
M. Marx: Les libéraux, bon. C'est toujours la faute soit
des libéraux à Ottawa ou des libéraux à
Québec. Bon, passons à une autre question.
M. Bédard: II a été mal construit et il ne
répondait en aucune façon aux besoins. Ce fut une dépense
complètement inutile.
M. Marx: J'aimerais faire une autre suggestion au ministre, mais
je suis sûr qu'il a déjà pensé à cela et
qu'il a déjà demandé à une de ses équipes de
faire une étude. Il a peut-être même l'étude dans sa
poche. Ma suggestion est la suivante: Souvent, dans les prisons, on trouve des
gens qui sont là à cause d'une incapacité de fournir un
cautionnement de 100 $, 200 $, 300 $. Par exemple, à Parthenais -
j'imagine que vous avez déjà commandé une étude sur
cette question - on trouve des gens qui sont détenus là pendant
des semaines, souvent pendant des mois, à cause d'une incapacité
de fournir un cautionnement de 200 $ ou 300 $. J'ai rencontré un
prévenu qui était là à la suite d'une bagarre dans
un restaurant avec un ami. C'est quelqu'un qui est malade, donc qui
bénéficie de l'aide sociale. Le juge a exigé 300 $ de
cautionnement. Une fois entré à Parthenais, son aide sociale a
été coupée. Comme il n'a pas d'amis ou une famille riche
pour le faire sortir, il a passé quelques semaines ou des mois
même à Parthenais aux frais du gouvernement. Peut-être
a-t-il été innocenté après, je ne sais pas ce qui
est arrivé.
Est-ce que le ministre pourrait trouver un moyen pour que les gens qui
n'ont pas d'argent pour fournir un cautionnement ne restent pas en prison?
Finalement, les prisons sont des institutions pour les pauvres. Je n'ai pas
rencontré beaucoup de riches dans les prisons. Il y avait un avocat,
à Bordeaux, qui travaillait à la bibliothèque, mais les
prisons sont généralement des institutions pour les pauvres.
C'est clair et net si on fait la visite des prisons et si on fait une
étude des dossiers de ceux qui purgent des sentences. Le ministre
pourrait-il envisager une politique pour que ces gens pauvres, qui ne peuvent
pas fournir un cautionnement, ne soient pas incarcérés? C'est
l'incarcération des pauvres et non pas des riches.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: Peut-être que le député
devrait penser aussi à s'adresser à un autre palier parce qu'on
me fait remarquer -d'ailleurs, le député doit le savoir aussi
-que ces personnes sont détenues en fonction des dispositions de la loi
fédérale concernant le Code criminel du Canada.
M. Marx: Est-ce la réponse? Le ministre n'est pas
prêt à envisager d'autres possibilités? L'administration de
la justice au Québec relève de sa compétence.
M. Bédard: Je ne dis pas...
M. Marx: II ne faut pas oublier que l'administration de la
justice relève de sa compétence.
M. Bédard: Oui, mais...
M. Marx: Un instant, M. le ministre. Le ministre,
peut-être, pourrait établir un fonds qui permettrait de
prêter de l'argent, le cas échéant, à ceux qui sont,
par exemple, sur le bien-être social. Je trouve que c'est une injustice
flagrante de mettre en prison quelqu'un qui reçoit déjà de
l'aide sociale parce qu'il ne peut pas fournir un cautionnement de 200 $,
quoique quelqu'un qui est aisé va le fournir sans problème. Cela
ne fait rien pour quelqu'un qui a l'argent.
M. Bédard: Même si je vous ai évoqué,
tout à l'heure, le fait que je pense qu'il faut que cela soit dit, que
cela relève des dispositions du Code criminel. La situation dont parle
le député de D'Arcy McGee est assurément une situation qui
peut être de nature à créer des injustices. Je peux
l'assurer que nous...
M. Marx: Faire une étude.
M. Bédard: ... allons faire les évaluations
nécessaires pour voir jusqu'à quel point, par des
représentations, peut-être, qu'il me sera permis de faire
auprès de mon collègue, le ministre de la Justice au
fédéral, ou encore par d'autres moyens, nous pouvons essayer de
voir quelles initiatives pourraient être prises concernant ce sujet qui
rassureraient tout le monde sur le fait qu'effectivement il n'y a pas
d'injustice qui se crée.
M. Marx: Est-ce que cela veut dire que le ministre n'a pas
déjà donné le mandat pour qu'on fasse une telle
étude et qu'il n'y a pas d'étude semblable en préparation?
Pour le journal des Débats, je pense que ce serait intéressant.
À la prochaine étude des
crédits...
M. Bédard: Parlez-vous à vous-même si vous
voulez, je viens de vous répondre.
M. Marx: Non, je parle au président toujours. Donc, il n'y
a pas d'étude sur cette question qui est demandée à ce
moment-ci. J'espère que le ministre...
M. Bédard: M. le Président, je pense que j'ai
répondu à la question.
M. Marx: Juste une dernière remarque sur ce
problème. Si le ministre trouvait bien d'instaurer une politique sur le
cautionnement, et sans que ce soit nécessaire de demander à des
avocats de la pratique privée de faire une étude de cette
question, je peux l'assurer tout de suite qu'il a la compétence. S'il
instaure une telle politique de cautionnement, cela pourrait dégager
encore des cellules dans le système.
M. Bédard: Le député conviendra que c'est
très peu, que c'est vraiment marginal, mais quand on parle de
justice...
M. Marx: Comment pouvez-vous avancer cela? Avez-vous des
chiffres?
M. Bédard: ... je crois qu'il n'y a pas de
marginalité. Vous-même vous avez parlé d'un cas qui vous a
été mentionné.
M. Marx: J'ai rencontré des dizaines de cas comme
ça.
M. Bédard: Vous dites les choses à peu
près.
M. Marx: Non, mais...
M. Bédard: Écoutez, moi j'ai fait quelque chose de
plus que vous. Je n'ai pas été professeur dans une
université, j'ai pratiqué le droit criminel durant dix ans de
temps et je peux vous dire une chose...
M. Marx: À Chicoutimi, peut-être...
Le Président (M. Desbiens): S'il vous plaît!
M. Marx: ... ce n'est pas la même pratique qu'à
Montréal.
M. Bédard: Vous ne voulez pas que je vous réponde.
Je peux vous dire moi que j'ai une expérience que vous n'avez jamais eue
et que vous n'aurez probablement jamais dans votre vie; j'ai pratiqué le
droit criminel durant dix ans et des cas comme celui que vous mentionnez sont
absolument des cas marginaux. Cependant, je puis vous dire que ce n'est pas
parce que c'est marginal que cela ne doit pas faire l'objet d'une
préoccupation. Je vous ai assuré que j'aurai une
préoccupation. J'ai noté votre remarque que si...
M. Marx: Pour l'information du ministre, j'ai inventé le
cours Droit et pauvreté, à l'Université de
Montréal, que j'ai donné durant dix ans.
M. Bédard: Je vous parle de la pratique du droit criminel.
Je ne parle pas des volumes.
M. Marx: Un instant, M. le ministre. Pour son information, j'ai
travaillé auprès des pauvres à Montréal; je sais ce
qui arrive et je ne parle pas à travers mon chapeau. Je parle à
travers mon expérience à Montréal avec des
clientèles pauvres avant même qu'on ait établi le
système d'aide juridique au Québec. Je peux assurer le ministre
qu'il y a beaucoup de personnes qui font du temps en prison parce qu'elles
n'ont pas quelques piastres pour fournir un cautionnement. Je demande au
ministre de penser à ça aussi avant qu'il dépose son
projet de loi pour l'abolition de l'emprisonnement pour le non-paiement
d'amende.
M. Bédard: Je n'ai pas dit au député qu'il
parlait à travers son chapeau. Je lui ai dit que j'avais quand
même une expérience de dix années de pratique qui m'a
permis aussi de constater certaines choses...
M. Marx: II a dit que je n'ai jamais pratiqué pendant dix
ans.
M. Bédard: Je ne vous ai pas dit que vous n'aviez pas
pratiqué. Arrêtez de niaiser.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marquette. (19 heures)
M. Dauphin: Merci, M. le Président. On a touché un
peu à la prison de LaSalle tantôt. J'aurais quelques questions
à poser au ministre là-dessus. Je pense que je n'ai pas à
faire l'historique non plus, ni le cheminement de tout ce qui s'est produit
relativement à la prison de LaSalle durant la dernière campagne
électorale.
Ce dont je me souviens, par contre, c'est qu'à l'étude des
crédits de l'an passé, à la suite d'une question
précise de ma part et de certains autres collègues, j'avais
demandé au ministre quelles étaient ses intentions maintenant que
la campagne électorale était passée, maintenant que
l'attitude s'était refroidie quelque peu, ce qu'il était pour
faire avec cela. Il nous avait répondu bien clairement - c'est dans le
journal des Débats du 15 juin 1981 - qu'effectivement une
décision avait été prise en ce sens, qu'on
avait acheté la bâtisse et tout cela. C'est pourquoi nous
allons recommencer une consultation avec la population et essayer de faire
valoir tous les arguments qui militeraient en faveur de la réalisation
de cette décision.
Évidemment, ayant acheté la bâtisse, le
gouvernement, voyant que la population de LaSalle était totalement
contre l'instauration de ladite prison, voyant aussi que le conseil municipal,
à l'unanimité, s'était prononcé contre... Je crois
qu'il y a quelques semaines, vous avez reçu copie du
procès-verbal du conseil de ville de LaSalle vous disant qu'il
était contre l'instauration de ladite prison. Je crois que vous
êtes également toujours en possession d'une pétition de 13
000 citoyens de LaSalle environnant la prison projetée par le
gouvernement. Ce que j'ai fait après, à la suite des
crédits du 15 juin 1981, j'ai publié dans les journaux de LaSalle
le journal des Débats disant que le ministre s'était
engagé, avant de faire quoi que ce soit avec ladite prison, à
consulter les citoyens.
Malheureusement, un cadeau de Noël en retard! En janvier 1982, on
apprenait dans les médias d'information de la région de
Montréal que la construction était commencée et que la
prison était pour être ouverte l'automne suivant, sans
consultation, contrairement à l'engagement du ministre ici même en
ce salon rouge, en date du 15 juin 1981.
Évidemment, il y a eu un tollé de protestations et
là je demande au ministre s'il va finalement respecter sa parole et
consulter les citoyens avant de faire les travaux de rénovation.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Marx: C'était bon. Il ne faut pas publier ses
promesses. Ses promesses ne sont pas sérieuses.
Il consulte son sous-ministre pour se préparer.
M. Bédard: Comme vous aussi. On ne vous pas reproche de
consulter, quand vous devez le faire.
M. Marx: C'est un dossier tellement politique. On peut suspendre
la séance pendant dix minutes, si vous voulez, pour vous
préparer.
Une voix: C'est dans le journal des Débats.
M. Marx: C'est cela, c'est dans le journal des Débats.
Est-ce qu'on fait une suspension de quelques minutes?
M. Bédard: D'accord, M. le Président.
M. Marx: Trois minutes.
Le Président (M. Desbiens): La commission suspend ses
travaux pendant quelques minutes.
(Suspension de la séance à 19 h 04)
(Reprise de la séance à 19 h 10)
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente de la justice reprend ses travaux.
M. Marx: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): La parole était...
M. Marx: Au ministre.
Le Président (M. Desbiens): C'est cela.
M. Marx: Je voulais seulement, pour les fins du journal des
Débats dire que le ministre...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: ... a consulté tout son monde pour trouver la
réponse en ce qui concerne la prison de LaSalle.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Marx: Pauvre ministre! Il est découragé.
M. Bédard: Avez-vous fini?
M. Marx: Oui, pour le moment.
M. Bédard: En êtes-vous sûr?
M. Marx: Allez-y, M. le ministre.
M. Bédard: Je voudrais mentionner au député
que beaucoup de consultations avaient été faites avant
l'étude des crédits auxquels il se réfère. II y a
même eu une assemblée publique convoquée par le
sous-ministre, à l'époque, M. Aubert Ouellet. À ce qu'on
me dit, il y aurait eu deux assemblées publiques. Naturellement, dans ce
temps-là, il y a eu des échanges avec la municipalité. On
le sait, le dossier a été grandement politisé et je ne
fais pas de reproche à qui que ce soit qu'il en ait été
ainsi. À la suite des consultations déjà faites,
après une réévaluation de la situation, j'en suis venu
à la conclusion qu'il était peut-être
préférable d'en arriver d'abord à une décision qui
est celle que je vous ai annoncée, à savoir
l'aménagement d'une prison à LaSalle dans des locaux qui
avaient déjà fait l'objet d'une acquisition par le gouvernement
provincial. J'ai demandé qu'un programme - il est fait au moment
où on se parle - d'information soit préparé de
manière - je pense que nous allons être capables de relever le
défi - à être en mesure de convaincre la population du
bien-fondé de cette décision. Je sais que l'aménagement
d'une prison à LaSalle représente un investissement d'environ 7
000 000 $ à 9 000 000 $, donc, représentera, pour les citoyens et
la municipalité, des revenus puisque, comme vous le savez, le
gouvernement paie des redevances aux municipalités sur ces
constructions. Ce projet va créer près de 150 emplois. Je suis
convaincu qu'avec une information adéquate, il y a certaines
réticences bien compréhensibles des citoyens qui ont des chances
de disparaître. C'est ma conviction. Lorsque ce projet a
été annoncé, toutes sortes de craintes ont vu le jour dans
la population concernant la sécurité. Je crois qu'on est capable
de prouver et de démontrer que la sécurité des gens qui
habitent soit autour ou dans LaSalle ne peut pas être compromise de
quelque manière que ce soit par cet aménagement d'une prison.
Je pense qu'il n'y a rien de fait depuis les derniers crédits.
Après évaluation, si on veut avancer dans ce dossier, j'en suis
venu à la conclusion qu'il fallait plutôt que je prenne une
décision, d'autant plus que nous avons en même temps, vous le
savez, des pressions pour la fermeture de Parthenais, pour un
réaménagement de tout ce qui existe dans le secteur correctionnel
sur l'ensemble du territoire de la communauté urbaine. Quand on fait
pression sur moi pour fermer Parthenais, ce sur quoi je suis bien d'accord, je
ne peux quand même pas...
M. Marx: Question de règlement. Le ministre...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: ... a déjà pris l'engagement
lui-même dans une lettre en 1977...
M. Bédard: C'est ça que je vous dis, je suis
d'accord.
M. Marx: ... de fermer Parthenais. Ce n'est pas des pressions;
c'est le ministre qui a pris l'engagement.
M. Bédard: Cet engagement a été pris, vous
le savez, à la suite de toutes les représentations bien
fondées qu'il fallait essayer de fermer cette institution, étant
donné les conditions de détention qui y existaient, ce sur quoi
je suis d'accord. Mais je ne peux quand même pas fermer
Parthenais et mettre les gens dans la rue. Il faut qu'à un moment
donné d'autres décisions se prennent aux fins de relocaliser ces
personnes-là. C'est en ayant l'ensemble de ces considérations et
ce tableau général à l'esprit que j'en suis venu à
la conclusion qu'il était peut-être préférable de
prendre la décision concernant LaSalle et de l'accompagner - je peux en
assurer le député d'une campagne ou d'un programme d'information
à la population qui sera, j'en suis convaincu, de nature à
diminuer les réticences qu'on pouvait percevoir.
M. Dauphin: Si vous me le permettez.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Effectivement, cela confirme. Comme vous venez de le
dire, voyant qu'il n'y avait rien à faire au niveau des consultations de
la population - vous dites qu'il y en a eu deux - avant la campagne
électorale, à ce moment-là vous avez dit que ça ne
valait pas la peine de la consulter parce qu'il n'y avait rien à
faire.
M. Bédard: Je n'ai pas dit que ça ne valait pas la
peine de la consulter. Je veux être bien compris; je pense bien que le
député n'essaiera pas de me faire dire des choses que je n'ai pas
dites. Le député a, d'ailleurs, été à
même de le constater, ces consultations qui ont été faites,
entre autres deux assemblées publiques ou rencontres avec la
municipalité, ont clairement indiqué une opposition à la
réalisation de ce projet. Il y a eu quand même des consultations,
mais je vous explique le plus correctement possible le cheminement ou la
réflexion que j'ai faite qui m'a amené à prendre la
décision que je vous ai annoncée.
M. Dauphin: Sans s'éterniser non plus, vous comprendrez
que...
M. Bédard: Me permettez-vous une phrase de plus? Je
m'aperçois que le problème, quand on parle des prisons, est que
c'est souvent faute d'information qu'est faite une contestation lorsqu'on
décide d'en bâtir une ou d'en aménager une à un
endroit. Nous assistons également à une contestation lorsqu'il
s'agit d'en fermer une parce que cela représente une perte de revenu,
d'activité économique pour la population concernée.
M. Marx: Laquelle allez-vous fermer?
M. Bédard: Vous serez en mesure de le voir. Quand on ferme
une prison, cela représente une perte d'activité
économique pour le milieu, la ville, donc, une perte de revenu, au bout
du compte.
M. Marx: Ils sont opposés à quelle fermeture?
M. Bédard: On n'a jamais d'acquiescement à une
fermeture.
M. Marx: Ils sont contre la fermeture de la prison de quelle
ville? Avez-vous un exemple concret ou si c'est une supposition?
M. Bédard: Je peux vous le dire à l'avance parce
qu'il va y avoir des fermetures de prison. Vous verrez, à ce
moment-là, que la réaction résultera en une contestation,
dans bien des cas, contre la fermeture. C'est sûr que c'est un domaine
délicat, le domaine correctionnel, et la présence d'institutions
peut, dans l'image populaire, représenter des complications pour la
sécurité quoique, au bout du compte, ma conviction est qu'avec un
bon programme d'information on sera en mesure de répondre tout au moins
aux craintes exprimées.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Comme je le disais, c'est l'information. Il y a une
différence entre la consultation et l'information. Je pense que tout le
monde l'a compris, la décision est déjà prise. Vous
comprendrez également que, dans le cas de LaSalle, c'est en plein coeur
d'un quartier résidentiel. Autrement dit, il y a des résidences
en avant et en arrière. Ce n'est pas zoné résidentiel,
mais à 50 ou 75 pieds de l'édifice - je le sais, c'est dans mon
comté - c'est plein de duplex; en arrière aussi.
On a souvent donné l'exemple de Cowansville.
M. Bédard: C'est zoné industriel.
M. Dauphin: C'est-à-dire que, où est situé
l'édifice, ce n'est pas résidentiel, mais à 100 pieds de
l'édifice, c'est rempli de résidences.
M. Bédard: C'est zoné industriel. Comme le dit le
député, à une certaine distance, on trouve des industries
et des maisons, comme vous le dites, mais vous savez, quand on parle de
Montréal, il faut bien que je les situe quelque part.
M. Dauphin: Oui, mais sans les installer dans le
désert...
M. Bédard: Avec la population qui existe, c'est
évident...
M. Dauphin: Sans les installer dans le désert...
M. Bédard: J'aimerais peut-être aller les
installer...
M. Marx: À côté de Bordeaux, il y a plein de
terrains qui appartiennent au gouvernement.
M. Bédard: II y a d'autres problèmes.
M. Dauphin: Est-ce qu'il y a une différence entre Bordeaux
et Cowansville? On nous a souvent cité l'exemple de Cowansville.
Cowansville est quand même à cinq milles du centre-ville. On nous
parle de Bordeaux, on dit qu'il y a des résidences autour de Bordeaux,
mais la prison de Bordeaux a été construite avant que des gens
s'installent aux alentours alors qu'à LaSalle, c'est le contraire.
Vous avez dit vous-même qu'il est normal que les citoyens aient
une certaine réticence. En fait, c'est toujours préférable
d'avoir un lac en face que d'avoir une prison; je pense que tout le monde le
conçoit. On me dit qu'il va y avoir quatorze pieds de fil
barbelé. Il faut comprendre ces gens d'avoir une certaine
réticence. C'est pour cela que je leur ai garanti, selon les paroles
mêmes du ministre, qu'il y aurait des consultations avant que quoi que ce
soit se fasse. Maintenant, le ministre me confirme le contraire, qu'il a commis
une erreur l'an passé en disant qu'il était pour consulter de
nouveau. Je sais ce que je vais leur dire en retournant chez nous, demain soir.
Je vous remercie.
M. Marx: Vous pourrez leur dire qu'il ne tient pas ses
promesses.
M. Bédard: Vous pourrez leur dire que cela
représente un investissement de 7 000 000 $ à 9 000 000 $, la
création d'environ 150 emplois, des revenus additionnels pour la
municipalité mais, comme vous le mentionnez, cela peut
représenter certains inconvénients, j'en conviens.
M. Dauphin: On nous disait que c'était dans le but
d'économiser, que c'était pour coûter 3 900 000 $ au lieu
de 12 000 000 $. C'est maintenant rendu à 8 000 000 $?
M. Bédard: II y a des réaménagements qui
sont très importants, mais on fait une épargne
considérable car pour obtenir le même genre de construction, s'il
y avait une construction nouvelle, cela coûterait plus du double. Je
m'excuse, votre intervention me permet de le mentionner, cela représente
assurément une épargne de près de 10 000 000 $ par rapport
à ce que serait le coût d'une nouvelle construction. La
création d'emplois, l'épargne sur les coûts, les nouveaux
revenus pour la municipalité, il me
semble que, dans un contexte économique tel que celui que nous
vivons, en plus de cela, je suis convaincu que ce ne sont pas des
considérations qui sont absentes de l'idée du
député du comté.
M. Dauphin: M. le Président, si vous me le permettez.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Vous êtes au courant que, administrativement
parlant, lorsque l'autorité fédérale est
propriétaire d'un édifice, conventionnellement, on l'offre
à l'autorité provinciale. Si l'autorité provinciale n'en
veut pas, on l'offre à l'autorité municipale. J'aimerais savoir
du ministre si vous avez eu des consultations avec le conseil de ville. Le
conseil de ville m'a informé que, si jamais l'autorité
provinciale n'avait pas acheté cet édifice, il aurait eu
l'intention de faire des ateliers municipaux à LaSalle. C'est
l'information que j'ai depuis un an. Je me demande s'il y a eu des
consultations avec l'autorité locale, avec la municipalité.
M. Bédard: Cela n'a jamais été
mentionné...
M. Dauphin: Cela n'a jamais été
mentionné.
M. Bédard: ... lorsqu'il y a eu des rencontres avec M.
Aubert Ouellet, qui était sous-ministre en titre responsable à ce
moment.
M. Marx: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je trouve drôle comment le ministre explique la
construction de la prison à LaSalle. Il a dit au député de
Marquette: Expliquez à vos électeurs qu'en construisant une
prison, on va donner du travail. La suite, si on veut être logique, c'est
qu'il faut construire plus de prisons, mettre plus de gens en prison, on va
avoir plus de travail, plus de postes.
M. Bédard: Ce n'est pas du tout la conclusion, il faut en
construire.
M. Marx: Au lieu de construire une prison pour procurer du
travail, on peut construire des logements, on peut construire une usine
à la place d'une prison à LaSalle. Je pense qu'on a
déjà fait le débat, mais je ne suis pas convaincu. Je suis
loin d'être convaincu qu'on a encore besoin de prisons et de cellules au
Québec. Je pense qu'une saine politique carcérale sera de faire
en sorte qu'on réduise le nombre des cellules au Québec, dans la
mesure du possible. J'ai déjà constaté que, depuis
l'arrivée du ministre de la Justice au pouvoir, le nombre des
Québécois en détention a pas mal augmenté. Ce sont
les chiffres de 1976 à 1982. La population dans les prisons a beaucoup
augmenté quoique la population de Québec n'ait pas
augmenté dans la même proportion. La politique du ministre, s'il y
a politique... Je vois qu'il consulte ses fonctionnaires - je n'ai pas
terminé...
M. Bédard: Non?
M. Marx: Non - pour répondre à chaque question. Je
me demande s'il a une politique en tête, une politique globale en ce qui
concerne les établissements de détention et toute la
problématique des prisons au Québec. En fin de compte, il fait le
"patchage" comme il le fait dans d'autres dossiers. Je ne vois aucune
politique. Je vois des excuses. Il essaie de se défendre, mais il n'a
pas défini vraiment une politique en ce qui concerne cette question. Je
suis prêt à passer à un autre programme.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: Je ne peux pas laisser passer cela sans
relever, encore une fois, les faussetés affirmées par le
député. Enfin, je ne recommencerai pas le débat. Quand il
dit qu'on n'a pas de politique, c'est le contraire. Je lui ai fait tout
à l'heure...
M. Marx: II y avait la politique du logement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député, M.
le ministre a la parole. (19 h 30)
M. Bédard: En tout cas, ceux qui liront le journal des
Débats seront en mesure de le voir; je lui ai indiqué toutes les
mesures qui ont été prises depuis 1976 dans le sens d'une
politique très précise axée vers la réinsertion
sociale. On aurait pu y ajouter également, au moment où j'y
pense, des lois comme le droit de vote qui a été accordé
aux détenus, la refonte de tous les règlements relatifs aux
établissements de détention, le travail
rémunéré, les travaux communautaires, etc. Je ne
recommencerai pas la liste.
M. Marx: Le travail rémunéré? Dans cette
prison?
Le Président (M. Jolivet): M. le député:
M. Bédard: J'invite, tout simplement, le
député à avoir une certaine logique. Au
niveau du travail rémunéré, ces programmes
fonctionnent tellement bien que le député de D'Arcy McGee devrait
se rappeler qu'à l'Assemblée nationale un de ses collègues
m'a posé des questions ou a exprimé des inquiétudes sur
certains programmes, justement sur le fait que certains travaux qui
étaient effectués par des détenus pouvaient venir,
à un moment donné, en concurrence avec d'autres industries ou
d'autres commerces.
M. Marx: Demandez à votre sous-ministre quel est le
travail rémunéré à Sherbrooke.
Le Président (M. Jolivet): M. le député! M.
le député!
M. Bédard: M. le Président, voulez-vous le rappeler
à l'ordre?
M. Marx: II dit n'importe quoi, le ministre. N'importe quoi.
C'est incroyable:
Le Président (M. Jolivet): M. le député!
M. Bédard: Ils venaient en concurrence avec des commerces
déjà existants. Je pense, entre autres, à tous les travaux
effectués dans le domaine de la buanderie. Rappelez-vous, ayez un peu de
mémoire. C'est le député en face de moi, le
député de Notre-Dame-de-Grâce, qui a posé ces
questions. Durant ce temps, par exemple, vous vous êtes tu. Vous essayez
d'être sur tous les plans en même temps sans vous situer. J'ai dit
- et je le redis encore une fois - qu'il n'est pas question d'augmenter le
nombre de cellules qui existent à l'heure actuelle au niveau d'un plan
global dont je ferai part dans quelques semaines concernant l'ensemble d'une
réorientation de la philosophie carcérale, également de
l'aménagement des institutions de détention. Le
député fait toujours des affirmations comme s'il n'avait pas
entendu les réponses que je lui donne. Cela ne trompera personne, M. le
Président.
Concernant la ville de LaSalle, ce n'est pas avec le
député de D'Arcy McGee que je pense pouvoir régler de
quelque façon que ce soit le dossier. Je crois que l'ensemble des
nouvelles considérations que j'ai portées à la
connaissance du député de Marquette sera pris en
considération, même si le député de D'Arcy McGee dit
que je raisonne comme si ces considérations n'existaient pas:
l'investissement, la création d'emplois. Contrairement à ce
qu'affirme le député de D'Arcy McGee, ce n'est pas parce qu'on
dit qu'il y a une construction, que cela va créer des emplois, que cela
peut créer une activité économique, que la conclusion,
c'est qu'on va s'embarquer dans un programme de construction de prisons dans
tout le Québec. Je répète qu'il n'y aura pas
d'augmentation du nombre de cellules, mais, à un moment donné, il
arrive qu'il faut qu'il y ait une construction ou encore un aménagement,
comme c'est le cas à LaSalle, avec certaines conséquences qui
sont négatives, mais avec d'autres conséquences qui peuvent,
peut-être, être plus positives dans le contexte actuel.
M. Marx: M. le Président, je trouve qu'on devrait passer
à un autre programme, parce que c'est impossible d'avoir des
réponses du ministre sur ce programme.
M. Bédard: D'accord.
M. Marx: Tout ce qu'on a, ce sont des plaidoiries pour qu'on
l'applaudisse à la fin de la session. Je trouve impossible de continuer
sur ce programme. On n'a pas de réponses.
M. Bédard: Ceux qui liront le journal des Débats
seront en mesure de voir jusqu'à quel point le...
M. Marx: On n'a pas de réponses. Tout ce qu'on a, c'est du
patinage. Donc, adopté.
M. Bédard: Quelle autre question voulez-vous poser? Je
vous ai dit qu'on construisait à LaSalle. Avez-vous d'autres
questions?
M. Marx: Adopté. Adopté. Adopté.
M. Bédard: Vous n'avez pas de questions.
M. Marx: Vous voulez parler encore?
Le Président (M. Jolivet): Programme 9,
éléments 1, 2, 3 et 4, adopté. Programme 10?
M. Marx: M. le Président, j'aimerais demander au ministre
son consentement pour passer au programme sur les services de police...
M. Bédard: À un moment donné, on pourra
passer...
M. Marx: ... parce qu'il nous reste seulement une heure et demie
ou deux heures.
M. Bédard: On va continuer, comme nous sommes...
M. Marx: Mais peut-on sauter...
M. Bédard: Quitte à mettre moins de temps, le
député peut aménager le temps, je pense qu'on peut...
M. Marx: Parce qu'il y a d'autres
députés qui sont ici durant...
M. Bédard: ... procéder assez rapidement dans les
programmes.
M. Marx: Est-ce une objection du ministre de ne pas
procéder sur les services...
M. Bédard: Non, je n'ai pas d'objection. Nous sommes
rendus au programme...
Le Président (M. Jolivet): Programme 10.
M. Bédard: ... 10.
M. Marx: Mais j'aimerais passer tout de suite...
Le Président (M. Jolivet): À quel programme?
M. Marx: ... qui touche aux services de police.
Une voix: Le programme 13.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce le programme 13? Il y en
a plusieurs. Les fonctions de police, c'est au programme 14; la
Sûreté du Québec, c'est le programme 15.
M. Marx: Non pas la Sûreté du Québec, les
services de police.
Le Président (M. Jolivet): Coordination des
activités de la sécurité publique, programme 13. Les
activités policières, c'est celui-là.
M. Marx: Je pense que ce sont les programmes 13 et 14.
Le Président (M. Jolivet): Les programmes 13 et 14.
M. Marx: Si on fait l'erreur de poser une question qui tombe sur
un programme qui ne fait pas partie de ces discussions, j'espère que le
ministre va répondre de toute façon.
M. Bédard: Ce seraient les programmes 13, 14, 15.
Le Président (M. Jolivet): Les programmes 13, 14.
Commission de police
M. Marx: Les programmes 13, 14, 15, si vous voulez, mais on n'a
pas beaucoup de questions sur la Sûreté du Québec, on en a
surtout sur les services de police en général et sur la
Commission de police, le cas échéant.
M. Bédard: Nous avons ici avec nous -je lui demanderais de
nous rejoindre - ...
Le Président (M. Jolivet): II y aurait accord pour passer
au programme 13.
M. Bédard: ... M. le président de la Commission de
police, M. le juge Gosselin.
M. Marx: On peut peut-être poser une question assez
brève sur la Commission de police, étant donné...
M. Bédard: M. Beaudoin n'est pas ici.
M. Marx: Mais on n'a pas de question vraiment sur la
Sûreté du Québec en tant que telle.
M. Bédard: De toute façon, on pourrait commencer
avec M. le juge Gosselin, concernant la Commission de police.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
D'Arcy McGee, sur le programme 13.
M. Marx: Oui, j'aimerais remercier le juge Gosselin d'être
parmi nous aujourd'hui en tant que président de la Commission de police.
Vous savez, M. le Président, que le gouvernement du Québec a
chargé, en 1968, la Commission de police du Québec de favoriser
l'efficacité des services de police au Québec. À cette
fin, la commission jouit d'un pouvoir de réglementation qu'elle a
d'ailleurs utilisé pour déterminer des caractéristiques
uniformes et des insignes pour les policiers, les déclarations et les
citations qui peuvent être décernées, le contenu des
rapports d'accidents ainsi que les normes d'embauche des agents.
En plus d'être la conseillère des forces de l'ordre, la
commission possède aussi des pouvoirs de nature quasi judiciaire, lui
permettant de faire enquête sur la conduite de ceux qu'elle est
censée former. Cet exercice de pouvoir d'enquête est cependant
bien limité, lorsqu'on regarde ce qui arrive aux recommandations de la
commission. Je ne veux pas faire état de ce qui arrive aux
recommandations de la Commission de police, le président le sait bien,
le ministre le sait bien aussi, parce que le ministre n'a pas vraiment
défendu le travail de la commission lorsque les recommandations ont
été faites à partir des événements du 20 mai
1980, mais j'aimerais demander...
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, sur une
question de règlement.
M. Bédard: Est-ce que je peux répondre tout de
suite concernant l'affirmation du député?
M. Marx: C'est une information, ce n'est pas une question de
règlement.
M. Bédard: C'est une affirmation du député
qui réfère aux événements du 20 mai. Je le ferai
quand...
Le Président (M. Jolivet): C'est cela, dans votre
intervention. M. le député de D'Arcy McGee.
M. Bédard: Je vais le laisser aller.
M. Marx: Tout ce que j'ai voulu dire -si le ministre veut bien
répondre après - en ce qui concerne le rapport de la Commission
de police, c'est que sa seule réaction, à la suite des propos
tenus par les responsables du service de la police de la CUM, fut de demander
au directeur Henri-Paul Vignola les noms des responsables des
événements survenus sur le mont Royal le soir du 20 mai 1980.
Dans son rapport annuel de 1980, la Commission de police indiquait que son
nouvel organigramme réalisé en 1979, à la suite d'une
révision de ses structures administratives, afin de lui permettre de
satisfaire davantage aux obligations conférées par la loi,
n'avait pas encore été ratifié par le Conseil du
trésor. Comment faut-il apprécier ces faits? Peut-être que
le ministre nous répondra plus tard.
La question que j'aimerais poser au ministre est la suivante: Est-ce
qu'il a l'intention de donner plus de pouvoirs à la Commission de police
ou de modifier les pouvoirs dont elle bénéficie?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bédard: Comme le député le sait, il n'y a
quand même pas si longtemps, j'avais présenté un projet de
loi - no 48 - qui, en passant, a été adopté à
l'unanimité, je crois, à l'Assemblée nationale...
M. Marx: ...
M. Bédard: ... sanctionné le 21 décembre
1979 et entré en vigueur le 1er juin 1980.
Ce projet de loi n'a pas réglé tous les problèmes.
J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer au président de
la Commission de police qu'une évaluation se faisait au ministère
sur une possibilité qui irait dans le sens de faire de la Commission de
police un organisme peut-être plus carrément judiciaire et qu'il y
aurait peut-être lieu que certaines responsabilités reviennent au
niveau de la direction générale de la sécurité
publique. Je dois vous dire que ma réflexion n'est pas terminée
là-dessus.
M. Marx: J'aimerais suggérer au ministre que les
commissions d'enquête Keable et McDonald ont fait état du nombre
relativement élevé d'infractions commises par certains corps de
police et ces révélations, ainsi que les événements
survenus le soir du référendum, ont créé chez le
public l'impression que les forces policières peuvent jouir d'une sorte
d'immunité en cas d'inconduite.
Comme le soulignait le journaliste Marc Laurendeau: "II faudrait bien un
jour qu'on donne suite à ces divers rapports et qu'on enquête
davantage sur le travail des policiers."
La nécessité d'instaurer des mécanismes de
contrôle efficaces sur le comportement policier n'a plus à
être démontrée. Le livre blanc du ministre Choquette, le
ministre libéral du gouvernement qui a précédé ce
gouvernement, avait proposé, par exemple, en 1971, que les
recommandations de la Commission de police du Québec puissent devenir,
le cas échéant, exécutoires sur avis favorable du ministre
de la Justice ou du gouvernement du Québec.
Comme le disait le professeur Rico de l'École de criminologie de
l'Université de Montréal: "Le contrôle de la
Législature sur la police, bien que très indirect, semble
déterminant car il commande en somme les contrôles plus directs
que peuvent exercer les autres organismes de l'administration de la justice
pénale." (19 h 45)
Bref, l'exemple doit venir de plus haut et je demande une autre fois au
ministre, premièrement, de préciser quels sont les
problèmes qu'on n'a pas réglés avec la loi de 1979 et,
deuxièmement, de nous dire ce qu'il va faire pour les régler.
C'est bien beau de nous dire "je sais qu'il y a des problèmes", mais
c'est une autre chose de laisser traîner des problèmes pendant des
années et ne rien faire.
En ce qui concerne la Commission de police, il est temps de faire
quelque chose. Est-ce un autre projet de loi que le ministre va déposer
avant la fin de la session ou si cela sera mis aux oubliettes?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee a
référé à des déclarations faites par M.
Choquette, l'ancien ministre de la Justice, dans son livre blanc, en 1971.
M. Marx: Son livre blanc, ses recommandations.
M. Bédard: Entre autres, il a fait une
recommandation pour que les décisions de la Commission de police
soient exécutoires. Il est à même de réaliser que de
1971 à 1976 rien ne s'est fait.
M. Marx: On a compté sur vous.
M. Bédard: J'ai l'impression que c'est un peu pour la
même raison...
M. Marx: Vous n'êtes pas dans la même ligue que
Choquette.
M. Bédard: Pardon?
M. Marx: Vous n'êtes pas dans la même ligue que
Choquette, donc, on a compté sur vous.
M. Bédard: II y a des réalités qui ne
changent pas. On sait que du point de vue des municipalités, c'est une
attitude qui ne va pas dans le même sens. Quand vous parlez avec les
représentants de l'Union des municipalités, c'est évident
qu'à cause des conventions qui existent, il y a une réticence
très forte de ce côté. Quand on parle des
événements du 20 mai, je dois vous dire que dès que la
Commission de police a fait connaître son jugement et ses remarques, j'ai
communiqué rapidement avec le directeur de la police de Montréal,
c'est-à-dire le directeur du service de police de la Communauté
urbaine pour lui demander d'agir, ce qu'il a fait en menant une enquête
disciplinaire très serrée qui, comme on le sait, en est venue
à la même conclusion, faute de preuve, que la Commission de
police. Là-dessus, quand le député dit qu'on n'a rien
fait, il est dans l'erreur puisque des gestes ont été
posés. Je pense qu'il comprendra que le ministre n'a pas le pouvoir de
décider des preuves. Cela fait partie du travail d'enquête qui a
été fait et qui n'a peut-être pas donné le
résultat escompté par certains.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Marx: Je me demande...
M. Bédard: II y a des choses qui n'ont pas
été réglées complètement - en fait, on le
voit avec le temps - par la loi 48. Je pense, entre autres, au partage des
responsabilités entre la Commission de police et la Direction
générale de la sécurité publique. Je suis convaincu
que non seulement au ministère, mais aussi à la Commission de
police, la réflexion s'est poursuivie.
M. Marx: Le ministre a dit qu'il y a des problèmes. Je lui
ai demandé de préciser ces problèmes. Maintenant, la
deuxième question...
M. Bédard: Je m'excuse, mais si vous me demandez s'il y a
une loi qui s'en vient dans un avenir rapproché, ma réponse est
négative.
M. Marx: Non, parce qu'on attend des études. J'aimerais
souligner un problème au ministre, cela va peut-être lui donner de
la matière à réflexion. La Commission de police
possède des pouvoirs de nature quasi judiciaires lui permettant de faire
enquête sur la conduite de ceux qu'elle est censée former, comme
je l'ai déjà dit. L'exercice du pouvoir d'enquête est
cependant bien limité lorsqu'on regarde ce qui arrive aux
recommandations de la commission. Il suffit, à ce sujet, M. le
Président, de se rappeler l'accueil récent réservé
au rapport de la Commission de police sur les événements du 20
mai 1980 par le président du Conseil de la sécurité
publique et le directeur du Service de police de la CUM. Ces derniers ont non
seulement refusé de suivre les recommandations de la commission faites
à la suite d'une longue enquête, mais ils ont même
attaqué la crédibilité des membres de la commission. De
telles attaques qui proviennent de personnes en autorité font
certainement sourire la Fédération des policiers municipaux de
Québec qui avait décidé en février 1981 de
boycotter les journées annuelles de la Commission de police en lui
reprochant d'être un instrument patronal ne faisant qu'exécuter
les souhaits des politiciens. D'autres groupes de policiers, telle la
Fédération des policiers de la CUM, profitent aussi de l'occasion
pour dénoncer le travail de la commission en n'assistant pas à
ces journées d'études.
Il y a un problème. Il y a un malaise. Je demande au ministre ce
qu'il a l'intention de faire pour mettre de l'ordre dans tout ça. S'il a
l'intention de ne rien faire, de commander une autre étude...
M. Bédard: Je vais vous répondre et vous conclurez
après si on ne fait rien.
M. Marx: M. le Président, si le ministre doit nous dire:
Je n'ai pas décidé encore, je vais faire une autre
étude... Qu'il nous dise cela et je vais poser la même question
l'an prochain: Est-ce que l'étude est terminée? On va
procéder d'année en année comme ça jusqu'aux
prochaines élections.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bédard: Vous avez terminé? Effectivement, lors
des journées de la Commission de police, on était à
même de constater, pas seulement à ce moment, qu'il y avait des
malaises au niveau des corps municipaux en général. Nous avons
mis sur pied, au moment où je vous parle, une table
ronde qui rejoint, d'une part, les représentants des
municipalités, des représentants des corps policiers municipaux
et qui, je pense, est de nature à développer non seulement un
dialogue, mais à nous permettre de nous acheminer vers des solutions qui
pourraient être intéressantes. Dans ce sens, mon sous-ministre
responsable au niveau de la sécurité publique est présent
continuellement à ces réunions. Je lui demanderais,
peut-être, de nous faire part du cheminement et du travail qui a
été fait.
M. Marx: Si M. le président aimait expliquer quels sont
les problèmes, comment il voit le travail de la commission, ce serait
intéressant.
M. Bédard: Peut-être dans un premier temps. Ensuite,
je demanderai à M. Verdon de nous...
Voici ce qui s'est produit. C'est que nous organisons des
journées d'études depuis nombre d'années. Nous organisons
aussi des journées régionales pour rejoindre non seulement tous
les paliers hiérarchiques policiers, mais aussi les maires, conseillers
et administrateurs municipaux. En vertu des dispositions de la loi, la
commission doit conseiller les municipalités et les corps policiers en
matière policière. Il arrive, à l'occasion d'une
étude qui est faite soit à la demande de la direction du corps
policier ou à la demande de la municipalité, que nous formulions
des recommandations. À titre d'exemple, si nous constatons que le
travail est réparti inégalement et que les relèves de
travail sont égales, à ce moment, nous formulons la
recommandation que les relèves soient proportionnelles à la
charge de travail.
La Fédération des policiers du Québec a
prétendu, à ce moment, que nous empiétions sur ses
conventions de travail. À ce moment, la loi nous donnant l'obligation de
conseiller les municipalités ou corps policiers, nous avons dit que,
dans l'état actuel de la loi, nous devions continuer à faire ce
travail. C'est là qu'est venu le malaise. À nos dernières
journées d'études, l'Union des municipalités était
présente et les maires et conseillers étaient présents. La
Fraternité des policiers de Montréal, bien que n'ayant pas
assisté à ces journées d'études, a continué
à bénéficier des services de la commission et nous a
soumis divers problèmes, comme d'ailleurs l'Association des policiers
provinciaux. Mais la Fédération des policiers du Québec a
décidé, par déclaration publique, de boycotter les
activités de la commission bien que plusieurs présidents de
syndicat font appel aux services de la commission et cela, d'une façon
continue.
M. Marx: Le président estime-t-il que la commission a
assez de pouvoirs pour remplir son mandat?
M. Bédard: Dans le domaine des études sur les corps
policiers, nous avons fait un inventaire des recommandations formulées
aux municipalités et aux corps policiers au cours des cinq
dernières années et nous avons constaté que, dans 85% des
cas, les recommandations formulées avaient été
implantées telles que formulées ou, dans certains cas, avec
certaines modifications. Nous sommes d'avis qu'il s'agit là d'un
excellent rendement lorsqu'on considère que certaines des
recommandations n'ont pas été implantées à cause
possiblement de dépenses de deniers publics.
M. Marx: Est-ce que... Oui, je m'excuse.
M. Bédard: Dans le domaine des enquêtes, c'est
différent. Dans le domaine des enquêtes, nous exerçons un
pouvoir quasi judiciaire. Nous formulons des recommandations aux
autorités, mais elles ne sont pas exécutoires.
M. Marx: Mais pensez-vous qu'il serait bénéfique
pour la commission d'avoir un pouvoir décisionnel? Cela aidera-t-il plus
la commission à s'acquitter de sa tâche?
M. Bédard: Je pense qu'on place peut-être les
municipalités dans une mauvaise situation. Dans l'état actuel des
choses, nous faisons une enquête et nous produisons parfois, à la
suite d'une enquête où il y a 3000 ou 4000 pages de notes
sténographiques, un rapport qui contiendra peut-être 100 à
150 pages. Cela ne constitue qu'un résumé de la preuve et on
invite à ce moment-là les municipalités à nous
endosser en blanc ou à reprendre l'enquête. Il n'y a pas d'erreur
que, si nous avions un pouvoir décisionnel dans ce domaine, ce serait
plus efficace.
M. Marx: Merci, M. le Président. J'ai beaucoup
apprécié ces explications.
M. Bédard: Je partage - et je l'ai dit tout à
l'heure...
M. Marx: Je veux seulement remercier le président, parce
que vous savez, M. le président, que je n'ai pas accès à
tous les documents et à tout ce qui passe au ministère. Je dois
me fier beaucoup sur les reportages dans les journaux et je suis heureux que
vous ayez expliqué que ce que j'ai lu dans les journaux n'était
pas tout à fait ce qui s'était passé. Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: Concernant l'aspect de l'importance qu'il y
aurait que les décisions de la Commission de police soient
exécutoires, je pense qu'à première vue cela ne
fait aucun doute que, si c'était le cas, la Commission de police aurait
beaucoup plus d'autorité encore qu'elle n'en a présentement. Tout
à l'heure, j'ai mentionné qu'on avait certains problèmes -
et, effectivement, ce n'est pas réglé - avec les
municipalités. C'est normal qu'elles soient très jalouses de leur
autonomie.
Pour autant qu'elles dirigent les enquêtes, mais, dans les
études, elles seraient moins satisfaites.
Également, il y aussi des problèmes qui se situent au
niveau des conventions collectives des associations policières, parce
que ces associations ont quand même des conventions collectives. Je
n'apprends rien au député de D'Arcy McGee sur le fait qu'elles
considèrent que, dans certains cas, cela pourrait venir en conflit avec
des conventions collectives qui sont signées avec les
municipalités. (20 heures)
M. Marx: En conclusion, j'aimerais...
M. Bédard: Sur un autre point, j'avais mentionné
que nous avions mis en place une table ronde où se retrouvent les
municipalités, le ministère de la Justice et d'autres pour
traiter de tous ces problèmes et de bien d'autres. Je demanderais
à M. le sous-ministre, quant à la Direction
générale de la sécurité, de nous dire ce qu'il en
est.
Il faut bien se rappeler que, si on se reporte à la fin de
l'été dernier en particulier, il régnait une certaine
effervescence dans le monde de la police municipale, des tensions
s'étaient créées entre les différentes
fraternités de policiers et les différentes municipalités,
d'autant plus qu'à l'époque l'Union des municipalités se
proposait de faire un colloque spécial, à Jonquière,
portant sur les relations entre les municipalités et les
différents corps de police municipaux.
J'avais eu un mandat du ministre de la Justice d'essayer d'amener
à une même table les principaux intervenants dans ce secteur de la
police municipale, ce qui s'est fait. Nous avons formé une mini-table de
concertation à laquelle étaient représentés l'Union
des municipalités, l'Association des chefs de police et pompiers du
Québec, la Fédération des policiers et, évidemment,
le ministère de la Justice. J'avais demandé à ce
moment-là à chacun des intervenants d'identifier quelles
étaient ses principales préoccupations et quels étaient
les principaux dossiers dont il voudrait traiter autour d'une telle table de
concertation.
Effectivement, tout le monde a accepté de participer à
cette démarche. Nous avons eu jusqu'à maintenant trois
réunions. La dernière s'est tenue le 15 avril. Je peux, si cela
vous intéresse, vous énumérer les dossiers qui sont
discutés. Je pense que ce qu'il est important de retenir, c'est qu'il y
a eu une espèce de désarmorçage de la situation qui
pouvait exister à une certaine époque et que l'exercice a permis
aux gens de se mieux connaître et de mieux échanger des propos sur
une série de dossiers qui les préoccupaient
particulièrement.
M. Marx: Seulement pour conclure sur la question de la Commission
de police, j'aimerais faire une suggestion. Afin de permettre à la
Commission de police de s'acquitter adéquatement de ses
responsabilités et d'affirmer son autorité sur les
différents corps de police qu'elle a pour mission de conseiller et de
contrôler, j'aimerais suggérer que le gouvernement, le ministre de
la Justice plus précisément, précise la vocation de cet
organisme de contrôle et lui donne non seulement des pouvoirs de
recommandation, mais aussi des pouvoirs décisionnels. Je fais cela comme
suggestion. Le ministre pourrait commander une étude en ce qui concerne
ce qu'il faut faire avec la Commission de police, mais je pense qu'il y a
quelque chose à faire. On a soulevé le problème, l'an
dernier, et j'espère que le ministre trouvera une solution pour l'an
prochain.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: D'accord. C'est un sujet qu'avait abordé
le député de D'Arcy McGee au début de nos travaux
préliminaires. Je lui avais dit que je lui donnerais des renseignements
supplémentaires, parce que ce qui a été soulevé par
le député de D'Arcy McGee est important en ce qui a trait au
coût des services de la Sûreté du Québec.
M. Marx: On n'a pas besoin de cela maintenant, parce qu'on...
M. Bédard: On va répondre. Vous ne
m'empêcherez toujours pas de répondre!
M. Marx: ... n'est pas sur la Sûreté du
Québec.
M. Bédard: Oui, on étudie ensemble les programmes
13, 14, 15 à l'heure actuelle.
M. Marx: Je n'ai pas posé cette question. Si le ministre
veut faire des déclarations, qu'il fasse des déclarations
ministérielles en Chambre.
M. Bédard: M. le Président, le député
de D'Arcy McGee...
M. Marx: M. le Président, il nous reste une heure
vingt-cinq minutes à peine.
M. Bédard: Ce sont quelques minutes seulement. Il me
semble que c'est un sujet...
M. Marx: Cela ne m'intéresse pas. J'ai des chiffres, M. le
Président, et je n'ai pas besoin de ceux du ministre.
M. Bédard: Puis-je avoir la parole?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: Dans sa déclaration préliminaire,
le député de D'Arcy McGee a référé...
M. Marx: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Oui, question de
règlement?
M. Marx: Une question de règlement. J'aimerais m'entendre
avec le ministre. Après qu'il aura répondu à nos
questions, moi je suis prêt à rester pour entendre tout ce qu'il
veut nous dire jusqu'à minuit ou une heure du matin, mais j'aimerais
passer à travers nos questions pour commencer.
M. Bédard: D'accord.
M. Marx: Je pense que j'ai été bien aimable
aujourd'hui d'avoir donné mon consentement pour siéger ce soir
pour ne pas causer d'ennui au ministre. J'aimerais passer à travers nos
questions; après cela, il peut...
M. Bédard: M. le Président, j'avais promis un
complément de réponse.
M. Marx: Est-ce que j'ai le consentement qu'on va passer à
travers toutes nos questions même si cela dépasse l'heure?
M. Bédard: Nous avons un temps qui nous est imparti. Le
député de D'Arcy McGee, dans sa déclaration
préliminaire, a parlé des coûts de la police; je pense que
c'est très important pour les citoyens, et je demanderais seulement
l'espace...
M. Marx: La déclaration à la presse.
M. Bédard: Ce n'est pas une déclaration à la
presse.
M. Marx: Cela ne nous intéresse pas à ce moment-ci.
Si vous voulez dire quelque chose, vous irez dire cela à
l'extérieur du salon rouge. Vous pourrez dire n'importe quoi, n'importe
quand.
M. Bédard: M. le Président, il faut quand
même que je réponde aux questions.
M. Marx: II a déjà répondu à cette
déclaration.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee, s'il vous plaît.
M. Marx: II nous fait perdre notre temps.
M. Bédard: C'est vous qui le perdez. On dirait que vous ne
voulez pas avoir de réponses sur certaines choses.
M. Marx: On va l'avoir à la fin.
Le Président (M. Desbiens): La parole est au ministre.
Corps policiers
M. Bédard: Vous êtes rendu que vous vous opposez
à des réponses. Ce serait quelques instants. Vous avez
posé la question suivante: Je me pose alors la question, pourquoi
avons-nous au Québec plus de policiers par habitant? Vous avez
élaboré sur le coût des services de la Sûreté
du Québec en comparaison avec l'Ontario. Je demande seulement quelques
instants. Je lui ai demandé d'être très concis. M. le
directeur de la Sûreté du Québec est avec nous; il pourra
nous donner quelques explications, mais rapidement.
M. Marx: Si vous voulez nous donner des explications, cela ne
m'intéresse pas en ce moment, mais...
M. Bédard: C'est une réponse, c'est vous qui...
Est-ce que je dois conclure, M. le Président, que le
député pose des questions et qu'il n'est pas
intéressé aux réponses?
M. Marx: On veut avoir des réponses après qu'on
aura posé nos questions. Faites ce que vous voulez.
M. Bédard: J'avais dit à ce moment-là qu'il
y aurait un complément de réponse; je pense que cela va
l'intéresser. Très rapidement, M. le directeur de la
sûreté.
Si on regarde, pour s'en tenir à la question de la
Sûreté du Québec versus l'OPP, le nombre de policiers de la
Sûreté du Québec est de 4445 versus 3396 de l'OPP et, pour
l'année 1980, le budget de la Sûreté du Québec
était de 174 000 000 $ versus 163 000 000 $ avec l'OPP, faisant un
coût par policier de 39 306 $ versus 40 781 $.
Il faut comprendre, lorsqu'on compare l'Ontario au Québec, que
nous avons une démographie différente. La population est beaucoup
mieux distribuée en Ontario et on y compte beaucoup plus de corps
policiers importants, ce qui fait que la prise de responsabilité est
beaucoup plus partagée au niveau des corps policiers municipaux qu'on
appelle tout simplement les polices régionales. On a seulement à
comparer le
nombre de villes importantes en Ontario et au Québec, et cela
donne déjà une idée de la structure d'organisation.
La police provinciale de l'Ontario a 17 districts et aussi 134 postes,
alors que la Sûreté du Québec n'a que 9 districts
régionaux et 107 postes. Dans le cadre de ce que je viens
d'énoncer, la Sûreté du Québec, au cours de
l'année écoulée, a conduit 10 000 dossiers d'assistance,
ce qui en Ontario est presque minime parce que les corps policiers sont
beaucoup mieux distribués, mieux organisés, ce qui fait que le
rôle de la Sûreté provinciale de l'Ontario est
peut-être laissé sur un plan plus secondaire quant à
l'assistance municipale.
Dans le domaine des stupéfiants, la Sûreté du
Québec a 150 personnes qui s'occupent de l'application de la Loi sur les
permis d'alcool, des stupéfiants, moralité et jeux, alors que
l'Ontario laisse presque totalement aux soins de la Gendarmerie royale et des
corps policiers municipaux la drogue, ce qui fait une différence dans
les coûts. Aussi, rapidement il faut faire attention aux méthodes
de comptabilité, dans le sens qu'à la Sûreté du
Québec on a un budget de plus de 20 000 000 $ affecté à la
gérance de la flotte automobile, alors qu'en Ontario, c'est le
ministère des Transports de l'Ontario qui gère la flotte.
De plus, on a un service, le Centre de renseignements policiers du
Québec, qui a été implanté en 1971, relié
avec le Centre canadien de renseignements policiers, qui cette année
coûtera 26 000 000 $. En Ontario, c'est fourni à travers les
services canadiens de police de la Gendarmerie royale.
M. Marx: Je remercie le directeur de la Sûreté du
Québec pour ses précisions. J'imagine que ce n'est pas le
directeur de la Sûreté du Québec qui est responsable pour
la politique des services de police au Québec, ni pour les coûts
engendrés. Si le ministre veut bien répondre à la question
que je lui ai posée hier et qui était bien précise.
C'était la suivante: Pourquoi les Montréalais paient-ils 20% de
plus pour leurs services de police que les Torontois, sans parler des corps de
police parallèles qu'on a Montréal? À Montréal,
à la CUM, pour les services de police, par tête de pipe, on paie
peut-être 25% de plus que les Torontois. C'est la question. Ce n'est pas
en demandant au directeur de la Sûreté du Québec de donner
des précisions qu'on a répondu à ma question.
M. Bédard: M. le Président, je vois que le
député de D'Arcy McGee change de question lorsqu'il
s'aperçoit qu'il a une réponse et des précisions sur des
affirmations qu'il a faites qui n'étaient pas nuancées, d'abord
concernant la Sûreté du Québec.
Contrairement à ce qu'il a affirmé, il semble que le
coût par policier est moins élevé que pour le corps
provincial de police de l'Ontario, ce qui est bien différent de ce
qu'avait affirmé le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Je ne suis pas prêt à accepter cela, mais
j'écoute.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee peut ne
rien accepter, c'est son choix, mais les faits sont là et les chiffres
sont là.
M. Marx: Mes chiffres viennent de sources officielles.
M. Bédard: Comme je l'avais mentionné au
député de D'Arcy McGee, il faut être prudent dans ses
comparaisons, parce qu'il y a des choses qui sont comptabilisées dans
les coûts...
M. Marx: Expliquez la différence entre Montréal et
Toronto.
M. Bédard: J'y viens. Il y a des choses qui sont
comptabilisées pour le budget du Québec dans ce qu'on appelle les
coûts de la Sûreté du Québec, alors qu'elles ne sont
pas comptabilisées pour l'Ontario, ce qui peut expliquer, à
première vue, des différences notables qui, dans le fond,
n'existent pas quand une analyse sérieuse et serrée est faite de
la situation.
M. Marx: Montréal et Toronto maintenant.
M. Bédard: Je pense que non seulement le
député de D'Arcy McGee, mais également tous les
députés, je dirais l'ensemble de la population peuvent
assurément s'interroger sur la différence des coûts qu'il
peut y avoir entre Montréal et Toronto. Je rappelle au
député de D'Arcy McGee que je n'ai pas la responsabilité
de l'administration du Service de police de la communauté urbaine.
M. Marx: Qui a fait adopter cette loi, les structures et tout? On
est prêt à suspendre la séance pour que le ministre sache
qui a fait adopter la loi, si vous voulez.
M. Bédard: C'est votre question. C'est une loi provinciale
qui a été adoptée lorsqu'il y a eu la formation... C'est
M. Choquette, à ce qu'on me dit.
M. Marx: La loi est sous votre responsabilité, si elle a
été adoptée par M. Choquette.
M. Bédard: Essayons d'être clairs. Est-ce que vous
demandez qui a la responsabilité de la loi ou qui a la
responsabilité du corps
de police du point de vue administratif?
M. Marx: La loi est très déterminante sur les
coûts. Cela dépend de ce qu'il y a dans la loi, les structures,
les pouvoirs, comment cela va fonctionner.
M. Bédard: Si cela peut vous...
M. Marx: Est-ce que le ministre va nous dire que cela n'est pas
sa faute, que ce n'est pas sa responsabilité?
M. Bédard: Dans le cadre de la loi...
M. Marx: C'est comme cela qu'il va se tirer de cette
question?
M. Bédard: Cela ne détermine pas les coûts
administratifs. Il y a une loi qui a été adoptée, vous
vous le rappelez, au niveau de la communauté urbaine. Je n'étais
pas là, à ce moment. Alors, M. le président peut
continuer.
La Loi sur la communauté urbaine a été
adoptée en décembre 1969. L'intégration des corps
policiers est survenue le 1er janvier 1972. Cela a été fait, que
je sache, sous un gouvernement libéral...
M. Marx: J'accepte cela.
M. Bédard: ... par un ministre que vous connaissez bien.
Je ne suis pas ici pour dire qu'il a mal fait ou bien fait. Le problème
n'est pas là. Ce que je vous dis, c'est qu'au niveau des
responsabilités administratives, il est clair que cela relève en
majeure partie de la responsabilité des élus municipaux. (20 h
15)
M. Marx: On va passer à une autre question plus
générale.
M. Bédard: Ce que je veux vous dire, c'est que je n'ai pas
de juridiction sur les coûts de fonctionnement du Service de police de la
communauté urbaine.
M. Marx: D'accord, j'ai compris.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il s'agit toujours
des programmes 13, 14, 15?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: En ce qui concerne les services de police en Ontario et
au Québec, le directeur de la Sûreté du Québec nous
a dit qu'il y a moins de corps de police en Ontario qu'au Québec. Les
corps de services de police en Ontario sont régionalisés. Il y a
des services de police régionaux. Est-ce que le ministre a pensé
à créer des corps de police régionaux au Québec? Le
ministre doit savoir qu'au Québec il y a 190 corps de police et qu'en
Ontario il y en a environ 125. Est-ce que le ministre a pensé à
réorganiser les corps de police au Québec?
M. Bédard: C'est un des principaux sujets qui sont
traités à la table ronde dont je vous ai parlé tout
à l'heure. Vous vous le rappelez, le gouvernement avait
énoncé comme politique, dès 1976, qu'il n'était pas
contre la régionalisation, mais qu'elle se devait d'être faite
avec le consentement des municipalités qui sont concernées au
premier chef également. J'espère que les travaux de cette table
ronde pourront faire avancer le dossier.
M. Marx: Voilà que le ministre est en train de faire une
autre étude. Est-ce que le ministre a lu les recommandations du rapport
Saulnier...
M. Bédard: Ce ne sont pas des études, ce sont des
échanges qui se font.
M. Marx: ... de 1978 où on a proposé le
regroupement des corps policiers municipaux?
M. Bédard: J'ai pris connaissance aussi des coûts
que cela pouvait représenter. À ce moment, je vous l'ai dit tout
à l'heure, le gouvernement avait pris une position qui était dans
le sens que la régionalisation pouvait se faire, mais avec le
consentement, que ce ne soit pas imposé, mais que ce soit sur une base
volontaire. J'espère, encore une fois, que les travaux qui se font au
niveau d'échanges, de collaboration entre municipalités, corps
policiers et ministère de la Justice à la table ronde pourront
permettre de dégager des consensus qui seraient de nature à faire
avancer le dossier.
M. Marx: Je me demande quel leadership le ministre donne dans ces
dossiers. Dans le regroupement des corps policiers...
M. Bédard: Le leadership, c'est d'avoir fait en sorte,
alors qu'il y avait... On vous l'a dit.
M. Marx: Le leadership est nul. Laissez-moi poser ma question. Il
m'interrompt toujours.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Dans le regroupement des corps policiers, qu'est-ce que
le ministre envisage comme politique? Quel genre de regroupement?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: Je viens de vous répondre.
M. Marx: Est-ce qu'il a des idées sur ce sujet?
M. Bédard: Je viens de vous répondre. Je vous l'ai
dit, la position gouvernementale a été non pas d'être
contre la régionalisation, mais même de s'y montrer favorable
pourvu qu'elle se fasse sur une base volontaire. Est-ce assez clair?
M. Marx: Dans quel territoire?
M. Bédard: Laissez-moi répondre. Pour essayer
d'accentuer ou de dynamiser le volontariat dans cette direction - je viens de
vous le dire et je vous le redis une nième fois - nous avons
créé cette table ronde. Ne dites pas qu'il n'y a pas de
leadership et pas de direction. Je l'ai demandé. Cette table ronde
existe au moment où on se parle. Il y a des échanges, quoi qu'en
dise le député de D'Arcy McGee, très fructueux qui
existent entre le ministère de la Justice, les corps policiers
municipaux et les municipalités. J'espère que cela va aboutir
à des résultats positifs.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je suis très heureux d'apprendre que cela a
été fructueux. Est-ce qu'il y avait...
M. Bédard: Est-ce que vous me permettez d'ajouter une
chose?
M. Marx: ... déjà des regroupements qui
étaient faits? Où et comment?
M. Bédard: II faut dire que, lorsqu'on discute avec des
représentants des municipalités de regroupements en
matière de police, ils sont fort méfiants au point de
départ, parce que l'exemple que vous avez cité de la CUM est une
démonstration que des regroupements ne signifient pas toujours des
économies d'échelle. Ne voulant avoir auprès des
municipalités qu'une approche incitative, on tente à l'heure
actuelle de les convaincre, non pas nécessairement de regrouper ou de
fusionner des corps de police, mais peut-être de mettre en commun
certains services à l'intérieur des corps policiers. Par exemple,
il est peut-être anormal que, dans une région donnée,
plusieurs petits corps de police soient dotés chacun de son service
d'enquête ou chacun de son service d'identité judiciaire ou chacun
de son système de communication propre. Ce que nous essayons de vendre
comme idée ou comme orientation, c'est de dire aux municipalités
dans des régions: Essayez donc d'explorer cette possibilité de
mettre en commun certains services à tout le moins pour débuter.
Déjà, je peux vous dire que, dans certaines régions, il y
a des pourparlers de commencés et, en particulier, dans la région
de l'Estrie où les municipalités ont pris les devants pour nous
dire: Écoutez, laissez-nous le temps. On voudrait regarder la
possibilité de régionaliser certains services. On pense
également que l'avènement des municipalités
régionales de comté crée un autre forum où les
municipalités sont portées à se parler, à
échanger et à mettre en commun certains types de services. Les
services de police vont probablement suivre dans cette voie.
M. Marx: Si j'ai bien compris le directeur de la
Sûreté du Québec, il y a moins de corps policiers en
Ontario, donc il y a une économie. J'ai tiré la conclusion qu'en
Ontario il y a une économie parce qu'il y a moins de corps policiers.
L'exemple de la CUM peut-être que ce n'est pas le meilleur exemple.
M. Bédard: Peut-être que ça nous montre qu'il
faut être plus nuancé que cela avant de tirer des conclusions.
M. Marx: Peut-être que ce n'est pas le meilleur exemple
parce qu'à Montréal ce n'est pas la même chose qu'à
l'extérieur et dans la province. Quand vous parlez des corps policiers
régionaux, est-ce que, pour vous, une région c'est un territoire
délimité? Est-ce que vous avez pensé d'avoir des corps
policiers régionaux dans les MRC? Est-ce que cela peut être une
possibilité?
M. Bédard: L'orientation prise jusqu'à maintenant a
été de laisser décider par les municipalités les
regroupements qu'elles voudraient bien faire. Par ailleurs, notre option, c'est
évidemment de privilégier ou de favoriser ces regroupements et de
les y inciter.
M. Marx: Je remercie le sous-ministre pour avoir défini la
politique du ministre. Je ne trouve pas que c'est une politique qui est
très bien pensée. Je pense qu'il laisse des choses à
désirer. Maintenant, on aimerait passer à un cas
spécifique, le problème à Sainte-Julie. Peut-être
qu'il serait possible pour le ministre de nous fournir des informations plus
précises.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie, M. Saintonge.
M. Bédard: Je tiens simplement à dire que le
sous-ministre n'a rien ajouté en ce qui a trait à la politique
que nous avons
adoptée. Je vous l'ai répété à
maintes et maintes reprises que c'était sur une base de volontariat que
nous avons indiqué comme gouvernement que nous procéderions.
M. Marx: J'ai dit que je ne trouve pas que vous avez une
politique qui fait l'affaire. Si vous pensez que vous avez une bonne politique,
tant mieux! Je trouve qu'il y a beaucoup de lacunes dans votre politique et que
cela n'aboutit pas.
M. Bédard: S'il n'y avait pas place pour des
améliorations, il n'y aurait pas de table ronde.
M. Marx: Vous n'avez pas de politique et vous avez peur de
prendre des décisions qui s'imposent. C'est cela, le
problème.
M. Bédard: Ce n'est pas le cas du tout, au contraire. J'ai
indiqué au député de D'Arcy McGee que la politique du
gouvernement a été arrêtée et, dès le
départ, que dans ce domaine, nous procéderions sur une base de
volontariat. Que le député ne soit pas content, c'est une autre
chose.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. M. le ministre, un
cas particulier, celui de Sainte-Julie. On est dans le cadre. Vous parliez
tantôt de concertation entre le gouvernement et les corporations
municipales intéressées, les citoyens, les consultations, le
consentement, l'établissement de nouvelles structures.
Je note à cette commission l'absence du député de
Bertrand, qui est concerné directement par la question de
l'établissement du corps policier à Sainte-Julie, qui est le
ministre Lazure. En fait, je rappellerai au ministre qu'en date de novembre
dernier il y avait le décret 3279-81 qui imposait à Sainte-Julie
l'obligation d'établir un corps policier municipal pour le 1er juin
1982. Certaines représentations ont été faites par la
ville de Sainte-Julie auprès des représentants du
ministère. Même le juge Gosselin de la Commission municipale a
rencontré les autorités municipales et je pense aussi des
représentants de certains groupes de citoyens qui se sont
regroupés afin de faire valoir leurs points de vue.
Sainte-Julie, en fait, d'après la position que j'ai pu constater
lors d'une assemblée récente du conseil il y a dix jours, n'est
pas contre l'établissement d'un corps policier à long terme.
Cependant, actuellement pour des raisons d'ordre économique, cela
apparaît très difficile à l'administration municipale de
Sainte-Julie. Je peux vous assurer que les citoyens de Sainte-Julie partagent
également l'opinion du conseil. Il y a une pétition que j'ai
déposée à l'Assemblée nationale, hier, qui
contenait plus de 5000 signatures de citoyens, citoyennes de Sainte-Julie qui
représenteraient, à ce qu'on me dit, environ 90% de
l'électorat de Sainte-Julie, spécifiant que la
municipalité de Sainte-Julie et ses citoyens ne sont pas prêts
à accepter l'imposition d'un corps policier provincial. On demande un
sursis au ministère dans l'établissement d'un tel corps policier.
Ce sursis demandé a certains motifs précis. On note que la ville
et les citoyens sont satisfaits des services de la Sûreté du
Québec. La ville est desservie actuellement par la Sûreté
du Québec par un poste régional. Ce poste de Sainte-Julie serait
un des plus considérables de la Sûreté du Québec. On
remarque également que beaucoup de policiers de la Sûreté
du Québec demeurent à Sainte-Julie.
Maintenant, il y a une implication aussi des citoyens de Sainte-Julie
par le biais du comité de citoyens qui est en place. Le taux de
criminalité à Sainte-Julie est plus bas -d'après les
statistiques qu'on mentionne - que celui des villes voisines. Effectivement,
dans l'année 1981, le taux de criminalité à Sainte-Julie
aurait baissé de 21%.
Quant à la charge financière de la municipalité de
Sainte-Julie je note que, dans une lettre qu'il faisait parvenir à la
municipalité de Sainte-Julie en date du 10 décembre 1981, le
ministre mentionnait être conscient du fardeau financier additionnel qui
serait imposé à Sainte-Julie par l'établissement d'un
corps policier. Actuellement le fardeau financier de Sainte-Julie semble dans
un état assez lamentable, assez difficile à supporter pour les
citoyens en partie à cause de certaines dettes qu'ils ont dû
contracter au niveau de la Régie des eaux par une décision du
ministère des Affaires municipales.
Il faut dire que Sainte-Julie est une municipalité qui a
progressé rapidement au cours des cinq ou six dernières
années pour atteindre un potentiel de développement
peut-être trop considérable eu égard aux coûts que
cela engendrait. Donc, le rythme de croissance exceptionnel de la ville a eu
pour effet d'amener un fardeau fiscal très élevé pour les
citoyens. Pour l'année courante, la hausse de la taxation de la
municipalité s'établirait à 18,6% par rapport à des
municipalités environnantes qui n'ont pas à subir une telle
hausse de taxe.
Donc, la position de la ville de Sainte-Julie dans ce dossier, c'est le
maintien des services de la Sûreté du Québec sans imposer
le service de police. Mais, en contrepartie, la ville se déclare
prête - du moins selon la déclaration du maire à cet
égard - à débourser certains frais pour la continuation du
service de la Sûreté du Québec. (20 h 30)
Ma question, M. le ministre, est la suivante. Je comprends que selon la
Loi de police, les municipalités de plus de 5000 habitants doivent
établir un corps de police, mais il reste qu'il y a une
discrétion possible au niveau du ministère pour établir
une espèce d'entente. Dans un télégramme que vous faisiez
parvenir, en date du 19 avril, à Sainte-Julie, vous mentionnez que la
situation présente de la municipalité ne justifie pas que l'on
retienne ce type de solution, c'est-à-dire la continuation des services
par la Sûreté du Québec. Je voudrais avoir de vous
l'explication. Qu'est-ce que ne justifie pas la situation présente de
Sainte-Julie, considérant les énoncés que je viens de
mentionner et le lourd fardeau financier de la ville, de telle sorte que les
citoyens ne pourront pas assumer, semble-t-il, un déficit ou un
coût supplémentaire que le service de police amènerait? Le
délai qu'on demande à Sainte-Julie est un délai de
quelques années.
Je pense qu'avec ce que le ministre mentionnait tantôt
relativement à l'établissement de corps de police
régionaux, de services régionaux, si on retarde à
Sainte-Julie, pour quelques années, l'implantation d'un corps de police
municipal, c'est-à-dire si elle peut continuer à
bénéficier des services de la Sûreté du
Québec, peut-être justement, que l'attitude que vous mentionniez
tantôt, d'écoute des municipalités, de participation aux
décisions communes avec le gouvernement pour établir des services
communs avec d'autres municipalités de la région, permettrait
à Sainte-Julie de souffler d'une certaine façon pendant ce
délai pour pouvoir récupérer un peu dans le cadre de ses
obligations financières et fournir à ses citoyens un service
adéquat. Autrement, d'après les informations que j'ai pu obtenir
des citoyens en assistant à l'assemblée, il m'apparaît
évident qu'on va causer des problèmes énormes à ces
citoyens qui ne sont pas dans une situation pour accepter une telle
dépense dans les prochaines années.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je comprends que le
député de Laprairie veut faire de la politique avec le dossier.
Je dois dire, au départ, que je trouve très grossière la
remarque faite par le député de Laprairie concernant l'absence du
député de Bertrand et ministre d'État au
Développement social au niveau des travaux de cette commission. Il sait
très bien que les ministres ne sont pas présents au niveau des
travaux de l'étude des crédits des ministères...
M. Saintonge: Je voudrais faire une question de règlement,
M. le Président, là-dessus.
M. Bédard: ... sauf pour leur ministère.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie, sur une question de règlement.
M. Saintonge: Sur les remarques du ministre, je dirai simplement
que j'ai noté l'absence du ministre Lazure, du député de
la région, parce qu'on nous a demandé d'être
présents et de faire part des recommandations et des demandes de la
ville lors de l'étude des crédits, M. le ministre. Je m'acquitte
de mon devoir, comme on me l'a demandé.
M. Bédard: Je peux vous dire une chose. Le ministre Lazure
a été beaucoup plus présent que vous dans ce
dossier-là, vous qui m'en parlez pour la première fois, pour la
bonne et simple raison que cela fait déjà plusieurs semaines que
le député de Bertrand...
M. Saintonge: A pris part pour la ville.
M. Bédard: ... me fait des représentations...
M. Saintonge: En faveur de la municipalité.
M. Bédard: ... en faveur de la municipalité de
Sainte-Julie, tout en étant très conscient qu'il y a une loi
à respecter qui est la loi 48 qui a été adoptée, en
passant, à l'unanimité de cette Assemblée nationale, donc,
également par l'Opposition actuelle. J'espère que le
député de Laprairie est conscient qu'une loi doit être
respectée tout en essayant de comprendre des situations qui puissent
permettre des aménagements qui ne vont pas à l'encontre du
principe de la loi, mais qui peuvent tenir compte des différents
facteurs qui ont été évoqués par le
député de Laprairie. Avant même que le député
de Laprairie ne fasse état ici de tous ces facteurs auxquels il s'est
référé concernant la situation financière de
Sainte-Julie et le fait que la Sûreté du Québec fournit des
services au moment où on se parle, avant même que le
député de Laprairie ne l'évoque ici, bien longtemps avant,
le député de Bertrand a fait toutes ces
représentations.
Je dirais également qu'il a eu le courage d'aller aux
assemblées qui ont été tenues, que ce soit par le conseil
de ville ou que ce soit au niveau d'assemblées publiques. Il a eu le
courage d'aller expliquer qu'effectivement il y a une loi dont le principe doit
être respecté et il m'a fait toutes les représentations
utiles pour me convaincre qu'il y a nécessité, tout en
sauvegardant le principe, étant donné la condition
financière de Sainte-Julie, de penser à un étalement au
niveau de la mise
en place du service policier. Je voudrais être très clair
parce qu'il y a des limites à vouloir faire de la politique sur le dos
de collègues qui se sont occupés, entre autres, dans le cas du
député de Bertrand, du dossier dont parle le député
de Laprairie d'une façon beaucoup plus active que le
député de Laprairie. Je' veux que ce soit clair de ce
côté.
M. Saintonge: M. le ministre, si vous le permettez.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je n'ai jamais dit, M. le ministre, que le ministre
Lazure ne s'en était pas occupé. J'ai simplement noté que
les représentations qu'on nous demandait de faire auprès du
ministre, je les ai faites, je les fais ce soir, ici, car c'est la
première occasion où je peux le faire, dans ce
sens-là.
M. Bédard: Vous avez...
M. Saintonge: Je suis d'accord que le ministre Lazure a suivi le
dossier.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre! M. le député de Laprairie a la parole, s'il vous
plaît!
M. Saintonge: Je n'ai jamais dit que le ministre Lazure n'avait
pas rencontré les citoyens ou le conseil municipal. J'étais
présent à ce moment-là, avec lui, aussi. D'accord? Je n'ai
jamais dit le contraire. Je vous transmets les représentations que la
municipalité me demande de vous transmettre. Disons que je n'ai pas
été présent à toutes les assemblées
antérieures, pas autant que le ministre Lazure pour la bonne raison
que...
M. Bédard: C'est normal, c'est son comté.
M. Saintonge: ... c'est son comté et je n'avais pas
été convoqué, non plus, à cela. On m'a
demandé d'être présent au niveau de l'Opposition et j'y
suis allé.
M. Bédard: Je ne suis pas un néophyte en politique.
Vous avez essayé, au début de vos propos, de faire une
interprétation au niveau de l'absence du député de
Bertrand aux travaux de cette commission. Je voulais être très
clair: il n'y a aucune interprétation négative à faire
puisque le député de Bertrand - je vous l'ai dit et vous le
répète - avant même que vous me fassiez des
représentations, depuis des semaines, s'est préoccupé de
ce dossier avec ses concitoyens, avec les autorités municipales. Nous
avons eu plusieurs discussions ensemble et c'est suite à ses
représentations que j'ai convenu que, étant donné les
différents facteurs que vous avez évoqués...
M. Marx: Ce n'est pas la même chose dans son bureau et
devant la commission. Ce n'est pas la même chose.
M. Bédard: ... et les conditions financières de la
ville, il y avait lieu de penser à un étalement en fonction de
l'instauration d'un corps de police, pourvu que le principe de base de la loi -
et j'espère que le député est d'accord pour respecter la
loi - soit respecté en fonction de l'institution, de la mise en place
d'un corps de police. Vous savez que la loi...
M. Marx: Est-ce que le ministre va me permettre une petite
question? Juste une petite question.
M. Bédard: Laissez-moi terminer, vous.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Bédard: La loi a été votée en
décembre 1969. Elle établissait une norme objective de 5000
habitants, à partir duquel nombre une municipalité devait se
constituer un corps de police. La Commission de police s'est penchée sur
le dossier, a déterminé un nombre de policiers, a tenu compte
de...
Dans le cas de Sainte-Julie, nous avons examiné la question, nous
avons formulé notre avis au gouvernement. Je vous demanderai
peut-être d'intervenir tout à l'heure, M. le Président, si
vous le croyez à propos, mais je tiens à dire qu'on ne peut pas
faire autrement que d'être très au courant de ce dossier puisque
tous les jours ou presque, le député de Bertrand - on le comprend
- fait des représentations auprès de mon cabinet, des membres de
mon cabinet, ce qui est tout à fait normal. Nous allons continuer de
travailler solidairement et je suis convaincu que, tenant compte de tous les
facteurs, avec la collaboration des autorités municipales, nous allons
réussir à trouver une solution qui, tout en sauvegardant le
principe de la mise en place d'un corps policier, tiendra compte aussi des
conditions financières de la municipalité de Sainte-Julie et des
autres facteurs qui ont été évoqués tant à
cette commission que par le député de Bertrand.
Pour ce qui est de la Sûreté du Québec, c'est clair
que, à l'heure actuelle, elle rend des services à la population
au niveau de la sécurité. Je voudrais simplement rappeler au
député de Laprairie que la Sûreté du Québec
est payée avec l'ensemble des deniers des citoyens et qu'il y a une
question de justice qui se pose et qui est fondamentale, c'est qu'il y a
des
municipalités, au moment où je vous parle, qui sont
placées presque dans la même situation que Sainte-Julie, tant au
niveau du nombre d'habitants qu'en ce qui a trait aux conditions
financières et qui maintiennent un corps de police. Donc, il y a des
citoyens qui contribuent au niveau de ces municipalités au maintien de
services policiers. Je pense qu'il faut essayer de traiter les
municipalités sur une base de justice et c'est pour cela que nous avons
fait adopter la loi no 79, qui a été acceptée par tout le
monde, qui fixait une norme objective de 5000 habitants de manière
à essayer de traiter tout le monde sur une base de justice. N'oublions
pas qu'à Sainte-Julie, vous le savez, qui a été
incorporée en 1971 ça fait déjà plusieurs
années qu'il y a une population qui peut-être aurait
justifié la mise en place d'un corps policier municipal. Je pense que
vous êtes d'accord avec moi.
M. Saintonge: On a dépassé les 5000 depuis 1976, je
pense.
M. Bédard: C'est cela. Si on compare la situation de
Sainte-Julie avec d'autres municipalités, je peux assurer le
député de Laprairie, comme j'en ai assuré le
député de Bertrand, que nous allons tenir compte de tous les
facteurs qui ont été portés à notre connaissance.
Ne me demandez pas de violer la loi, je pense qu'on est d'accord sur ce
point-là.
M. Saintonge: M. le ministre, je suis d'accord. De toute
façon, avant le décret du mois de novembre 1981, je pense qu'il y
avait eu d'autres décisions antérieures pour permettre à
Sainte-Julie de continuer de bénéficier des services.
Ce que je veux noter au ministre, c'est le nouvel article 64 de la Loi
la police, remplacée par le projet de loi no 48. Le paragraphe 2 dit que
le gouvernement peut, pour la période et aux conditions qu'il
détermine, dispenser une municipalité de se conformer à
son obligation d'établir et maintenir un corps de police ou l'autoriser
à réduire, etc. Dans ce cas, il peut aussi, s'il le juge
important, déterminer les effectifs du corps de police.
Ce que Sainte-Julie demande au ministre actuellement, c'est un
délai. Je pense que dans le même décret 3279-81, si je
regarde cela, il n'y avait pas simplement Sainte-Julie qui était
concernée; il y avait d'autres municipalités. Mais je remarque
aussi que, dans ce décret-là, pour certains autres motifs que
j'ignore, des municipalités comme Gaspé, Percé,
Bécancour, ont été dispensées d'établir et
de maintenir dans leur territoire un corps de police pour la période
allant du 1er décembre 1980 au 31 décembre 1985.
Dans le cas de Sainte-Julie, ce que les citoyens et l'administration
municipale demandent actuellement, c'est un certain délai. Le 1er juin,
si je regarde bien, c'est un mois, c'est trente jours; ce n'est pas tellement
loin pour établir le corps de police. Le ministre dans sa lettre qui
date d'une semaine environ, a mentionné à Sainte-Julie de prendre
peut-être des moyens pour retarder l'implantation complète du
corps de police. De toute façon, il faut être réaliste; je
pense que pour le 1er juin, ce serait impossible pour Sainte-Julie de mettre
sur pied un corps de police valable dans un mois. Donc, ils demandent un
délai supplémentaire. Le délai supplémentaire que
Sainte-Julie demande, en fait, ce n'est donc pas un délai, pour le 1er
juin, partiel d'implantation du corps de police, mais on voudrait le repousser
à janvier 1983 ou même à un an ou deux ans suivant des
ententes ou des études qui pourraient être faites par le
ministère avec les autorités municipales pour suivre la
consultation dans laquelle les citoyens se sont prononcés. Il reste,
quand même, qu'il y a 5000 citoyens et citoyennes qui se sont
prononcés contre l'établissement actuel. On parle
d'équité, mais c'est d'une possibilité, à un moment
donné, d'une capacité de payer des citoyens qu'il faut tenir
compte.
M. Bédard: On ne peut pas voter - vous êtes d'accord
avec moi - contre une loi par référendum. Je vous le dis, je ne
pense pas que ce soit nécessaire de le répéter.
M. Saintonge: La possibilité de 64.2.
M. Bédard: Je suis en discussion continue avec le
député de Bertrand et ministre d'État au
Développement social afin de trouver une solution qui tienne compte du
respect du principe de la loi et qui tienne compte aussi des différents
facteurs dont vous avez parlé. (20 h 45)
M. Saintonge: Est-ce que, dans le respect du principe de la loi,
l'article 64.2...
M. Bédard: Je suis convaincu qu'avec la collaboration des
autorités municipales on peut être en mesure de trouver une
solution acceptable.
M. Saintonge: Avec l'article 64.2, n'y a-t-il pas une
possibilité de maintenir le régime actuel?
M. Bédard: L'article 64.2, ils en ont déjà
bénéficié depuis deux ans.
M. Saintonge: Oui, mais ils demandent peut-être d'en
bénéficier, vu la circonstance, pour une certaine
période.
M. Bédard: Je vous demanderais...
M. Saintonge: De toute façon, on parle de la Commission de
police. D'après les consultations qu'ils ont analysées avec le
juge Gosselin, c'était une des solutions possibles à envisager,
de retarder l'implantation du corps de police pour un certain temps pour
permettre à la municipalité de faire face aux
dépenses.
M. Bédard: Vous êtes d'accord avec moi. L'article
64.2, déjà, Sainte-Julie en a bénéficié
depuis deux ans, vous le savez vous-même. Depuis neuf ans, en respect
avec la loi qui existait auparavant, il aurait dû y avoir un corps
policier municipal, ce qui n'a pas été le cas. Je pense que
Sainte-Julie en a bénéficié, alors que d'autres
municipalités, qui étaient placées dans la même
situation, se sont constitué un corps de police. Les citoyens de ces
municipalités ont été obligés de débourser
pour assumer les frais de leur corps policier municipal. Durant une
période de presque neuf ans, c'est la Sûreté du
Québec qui a assuré des services dans ce secteur. Et la
Sûreté du Québec, je vous le rappelle, est payée par
l'ensemble des citoyens. Je crois qu'il y a là l'ensemble d'une
situation qui fait qu'en y mettant de la bonne volonté de part et
d'autre, on est capable d'en arriver à une solution qui va respecter le
principe de la loi qui a été votée par l'Assemblée
nationale concernant le commencement de l'instauration d'un corps policier et
une solution qui va tenir compte aussi de la situation financière et des
autres facteurs qui ont été évoqués.
M. Saintonge: M. le ministre, dans votre télégramme
du 19 avril, quand vous parlez de la situation de la municipalité qui ne
justifie pas que l'on retienne ce type de solution, c'est du fait que
Sainte-Julie a bénéficié pendant un certain temps et qu'il
est temps de s'intégrer au système régulier. Quelle est la
situation?
M. Bédard: Au moment où on se parle, il y a
d'autres municipalités qui sont aux prises avec certaines
difficultés, qui se doivent de constituer un corps de police au 1er juin
et qui, à l'heure actuelle, font toutes les démarches
nécessaires pour se conformer à la loi. Je pense que le
député de Laprairie sera d'accord avec moi pour comprendre qu'en
termes d'équité je ne peux pas traiter toutes les autres
municipalités d'une façon et la municipalité de
Sainte-Julie d'une autre. Je pense, entre autres, à
Sainte-Anne-des-Monts, à Lachenaie, à Saint-Luc. Il y a eu
Val-Bélair, à un moment donné, où nous avons tenu
compte d'une situation spéciale pour en arriver à une entente. Il
y avait également dans cette municipalité -vous en savez quelque
chose - des problèmes économiques encore plus aigus que ceux qui
existent à Sainte-Julie. Pourtant, nous avons réussi à en
venir à une entente. Avec de la bonne volonté, encore une fois,
de la part des autorités municipales - j'y crois - le travail de
pression et de médiation fait par le député de Bertrand et
l'ouverture d'esprit que je suis prêt à manifester pour tenir
compte de la situation, avec tous ces facteurs, je suis convaincu qu'on peut
arriver à une solution. Nous allons continuer à travailler dans
ce sens.
M. Saintonge: Je transmettrai les commentaires du ministre aux
autorités municipales en espérant...
M. Bédard: Vous transmettrez mes très bonnes
dispositions et ma collaboration.
M. Saintonge: ... qu'on pourra arriver à une situation de
compromis et de consultation pour en arriver à une solution acceptable
aux citoyens. Je pense que le ministre Lazure, le député de
Bertrand, pourra vous faire part des réactions assez violentes de la
population à cet égard et même des menaces qu'on semble
vouloir mettre à exécution advenant qu'on décide de
pousser obligatoirement les...
M. Bédard: Je compte que le député de
Laprairie prendra ses responsabilités...
M. Saintonge: Je suis pour le respect de la loi,
évidemment.
M. Bédard: ... en disant aux autorités municipales
que le ministre de la Justice ne peut pas faire autrement que de faire
respecter le principe de la loi qui a été votée, tout en
essayant de trouver un compromis...
M. Saintonge: ... acceptable, mais qui pourrait être
possible dans le fond par l'article 64, paragraphe 2. La ville de Sainte-Julie
offre même de compenser d'une certaine façon pour éviter
d'avoir un fardeau supplémentaire trop considérable pendant un
certain temps.
M. Bédard: Vous le savez très bien que c'est un
fardeau. Tout le monde le sait que c'est un fardeau additionnel. Toutes les
municipalités seraient tentées de me demander de me servir de
l'article 64.2.
M. Saintonge: Sauf que ce ne sont pas toutes les
municipalités.
M. Bédard: À ce moment, par exemple, on
créerait des injustices, à mon avis.
M. Saintonge: II y a eu des recommandations par un rapport
Besré, du ministère des Affaires municipales, recommandant dans
certains cas...
M. Bédard: 1977.
M. Saintonge: C'est en 1978.
M. Bédard: En 1977-1978.
M. Saintonge: Mais cela continue de s'appliquer et cela va grever
les budgets municipaux de Sainte-Julie d'une façon assez importante par
rapport à d'autres municipalités qui peuvent également
avoir des difficultés financières.
M. Bédard: Je vous le dis. Dans Val-Bélair, il y
avait une situation économique extrêmement difficile, encore plus
difficile que celle de Sainte-Julie, et on a trouvé le moyen d'en
arriver à une entente qui respecte, encore une fois, le principe de la
loi et qui est acceptable tenant compte de différents facteurs. Je suis
convaincu - et je vous le répète - qu'avec de la bonne
volonté de tous les intervenants dans le dossier de Sainte-Julie nous
trouverons le moyen d'arriver également à un compromis
acceptable.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je vais prendre l'engagement ferme d'envoyer une copie
du journal des Débats au ministre Lazure pour qu'il puisse lire
les...
M. Bédard: Avec plaisir.
M. Marx: ... propos du ministre qu'il a bien défendu d'une
façon non politique. Tout ce que je veux souligner, c'est qu'il y a une
différence entre faire des représentations au cabinet des
ministres et faire des représentations devant une commission de
l'Assemblée nationale. Si le ministre ne comprend pas la
différence, bon, bien!
M. Saintonge: J'ai noté son absence, mais je n'ai pas
fait...
M. Bédard: Je comprends très bien la
différence. La seule remarque que j'ai faite et je n'ai pas besoin de la
répéter parce que je crois qu'on se devait de la faire...
M. Saintonge: Oui, oui, cela peut prêter à
interprétation, mais j'ai noté, point.
M. Bédard: ... c'est de ne pas essayer de la part du
député de Laprairie...
M. Marx: II connaît la différence.
M. Bédard: ... d'interpréter l'absence du
député de Bertrand.
M. Saintonge: Je n'ai pas interprété, j'ai
noté simplement, M. le ministre.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Je vois qu'on a dépassé l'heure.
Il reste quelques minutes à peine à la commission.
M. Bédard: Le député de Bertrand s'occupe de
son dossier, vous pouvez être sûr de cela.
Le Président (M. Desbiens): Vous avez mentionné que
vous aviez...
M. Marx: Nous avons onze heures et demie, M. le
Président.
M. Saintonge: Oui, et les onze heures et demie
achèvent.
M. Marx: On veut profiter de chacune de ces minutes.
Le Président (M. Desbiens): On a onze heures et demie.
M. Marx: On a suspendu quelques fois pour que le ministre puisse
consulter ses fonctionnaires. On a deux ou trois questions à poser.
Le Président (M. Desbiens): II resterait 25 minutes.
M. Marx: On va arrêter à 9 h 30, s'il n'y a pas
d'autres suspensions.
Le Président (M. Desbiens): À 9 h 20, à
moins qu'il n'y ait consentement.
M. Marx: On a deux ou trois autres questions.
Le Président (M. Desbiens): Oui. Mais M. le
député de Chapleau a demandé la parole.
M. Marx: Si le ministre est prêt à donner son
consentement pour que le député de Chapleau pose une question qui
n'est pas dans ce programme. Il doit partir tout de suite. Après cela,
on a deux ou trois autres questions et on va s'en aller.
M. Bédard: Pas d'objection. Vous avez ma collaboration
depuis les débuts des travaux de cette commission.
Contentieux criminel
M. Kehoe: Merci. C'est à propos du programme du
contentieux criminel. La situation qui prévaut à Hull, plus
précisément dans le bureau de la couronne. Chaque année,
la couronne s'occupe de quelque 17 000 dossiers. Actuellement, il y a six
procureurs de la couronne en permanence. Il y en a un qui était
là auparavant et qui a été nommé coroner; il en
reste maintenant six. Si on prend le district judiciaire de
Saint-Jérôme qui inclut Montréal-Nord, Joliette,
Mont-Laurier, etc, il y a quelque 22 000 dossiers qui sont ouverts par
année et, à cet endroit, il y a quatorze avocats de la couronne
permanents.
Je note qu'il y a deux semaines la situation était rendue au
point où, dans le journal régional, on voyait qu'une situation
s'était produite à Hull mettant en cause deux accusés, un
avec une accusation assez sérieuse, soit un vol de plus que 200 $, et un
autre qui était accusé de ne pas s'être
présenté pour un prononcé de sentence. L'avocat de la
couronne a fait la remarque suivante: Ces deux accusés auraient
été inculpés, tous les témoins étaient
présents, mais trois comparutions avaient lieu ce matin-là et
nous n'étions que deux procureurs disponibles pour trois salles. Le juge
a dû les acquitter. Ce à quoi je veux en venir, M. le ministre,
c'est qu'on est rendu au point où, à cause du manque de
procureurs - cela en prend seulement un ou deux au maximum pour administrer
convenablement la justice à Hull - il y a des acquittements - c'est
seulement un exemple que je porte à votre attention - de personnes dont
on ne sait pas leur culpabilité ou non. Tout le monde était
présent: le juge, les témoins et, à cause du manque de
procureurs, ils ont été obligés d'acquitter les
accusés.
Je vous pose la question: Est-ce que vous trouvez cela normal ou est-ce
qu'il y a des correctifs qui seront apportés dans un délai assez
court? Est-ce que la situation va continuer de se détériorer? Je
ne veux pas faire un drame et dire que c'est rendu à un point où
la justice n'est pas faite à Hull, mais quand les procureurs sont
débordés, quand ils ne sont pas capables de faire le travail,
quand ils sont obligés de faire venir des procureurs de la couronne de
Trois-Rivières, de Montréal et d'autres districts judiciaires
pour des assises criminelles, je trouve qu'à ce moment, il est temps que
le ministre de la Justice agisse.
Juste pour terminer. Premièrement, cela concerne les procureurs
et je pense qu'une situation existe aussi en ce qui concerne les
secrétaires. Actuellement, si je ne me trompe pas, il y a trois
secrétaires permanentes, mais il y a plusieurs occasionnelles. Les
occasionnelles sont là pour une période de moins de six mois.
Quand c'est rendu à six mois, ils sont obligés de les renvoyer
parce qu'elles deviendraient permanentes à ce moment. La situation se
répète continuellement depuis plusieurs années où
les femmes secrétaires, lorsqu'elles commencent à avoir
l'expérience requise pour exécuter les travaux, sont
obligées de partir à cause de cela. Le résultat global de
cette situation, c'est que l'administration de la justice à Hull,
incontestablement, en souffre. Je pose la question: Avez-vous, dans un
délai assez court, des correctifs à apporter à ces
situations?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: Je crois que c'est tout à fait normal
que le député évoque cette situation. Il y a effectivement
peut-être une trop lourde tâche qui incombe aux procureurs
étant donné le nombre de dossiers qu'ils ont à traiter. Je
peux assurer le député que des correctifs seront
apportés.
M. Kehoe: Y compris pour la situation des secrétaires?
Est-ce que vous étiez au courant?
M. Bédard: Des efforts seront faits aussi pour essayer de
rationaliser de manière que les secrétaires puissent faire le
travail normal qui doit être fait.
M. Kehoe: Ce n'est pas la question qu'elles puissent faire le
travail normal.
M. Bédard: Vous me permettrez? Vous m'évoquez
aujourd'hui la situation qui fait qu'après six mois, on les renvoie afin
d'éviter la permanence. On va analyser la situation.
M. Kehoe: Des correctifs seront apportés dans un
délai...
M. Bédard: Permettez-moi de commencer par voir ce qu'il en
est avec mon sous-ministre.
M. Kehoe: Est-ce que le sous-ministre n'est pas au courant de la
situation à Hull?
M. Bédard: Oui, il est au courant. Il s'y est rendu la
semaine dernière, d'ailleurs, pour discuter avec les procureurs de la
région et des représentations lui avaient été
faites sur le fardeau très lourd qu'ils assumaient. Déjà,
il est allé vérifier lui-même la semaine dernière.
(21 heures)
M. Kehoe: Est-ce que c'est la première fois que vous
êtes mis au courant de la situation ou si c'est depuis des années?
Les statistiques sont rendues à 14 000 dossiers, 6 procureurs permanents
et il y en avait 7 avant que M. Letellier soit nommé coroner. Quand on
compare cela avec Saint-Jérôme où pour 22 000 dossiers
ouverts, il y a 14 permanents, je pense que la situation dure depuis assez
longtemps.
M. Bédard: La situation est critique en fait, c'est ce
qu'on m'a signalé, depuis que
M. Letellier a été nommé coroner. Avant on pouvait
raisonnablement effectuer le travail; en tout cas, c'est cette
représentation qui m'a été faite. Sauf, évidemment,
qu'avec un procureur en moins la situation est devenue critique. Le procureur
en chef de la région me l'a signalé et je suis allé sur
place pour constater quelle était véritablement la situation. J'y
suis allé la semaine dernière et comme l'a dit M. le ministre,
les correctifs seront apportés sous peu.
M. Marx: J'ai une question...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: ... qui n'est pas dans ce programme. C'est une question
assez précise et assez simple. J'aimerais savoir quelle est l'intention
du ministre concernant l'avenir des constables spéciaux du Tribunal de
la jeunesse, parce qu'à Montréal, avant 1980, il y avait 67
constables spéciaux du Tribunal de la jeunesse; maintenant, ils sont
rendus à 37. J'aimerais savoir quelle est l'intention du ministre dans
ces dossiers. Est-ce qu'il a l'intention d'abolir le poste de constable
spécial ou d'en diminuer le nombre? En fait, qu'est-ce qu'il a
l'intention de faire?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bédard: Je demanderais, M. le Président, au
sous-ministre à l'administration de répondre, étant
donné que M. Lachapelle n'est pas ici.
Pour les constables au Tribunal de la jeunesse, à la suite de
l'adoption de la Loi sur la protection de la jeunesse, la responsabilité
de la garde des jeunes a été confiée aux Affaires
sociales. Dans le partage des responsabilités, cette
responsabilité a été dévolue aux Affaires sociales.
Dans le cadre de la réaffectation de ce personnel, il y a eu une
diminution et actuellement, dans ce personnel, depuis tout près de 18
mois au plus, des efforts sont faits pour replacer les quelque 10 ou 11 cas qui
restent à resituer pour fermer ce dossier en termes de partage des
responsabilités entre les deux ministères.
M. Marx: Donc, le nombre sera réduit à 25?
M. Bédard: Tel qu'il a été convenu dans le
dossier il y a deux ans.
M. Marx: Et cela va rester à 25? M. Bédard:
Actuellement, oui.
M. Marx: Est-ce que les constables sont au courant de cette
politique? Je pense qu'il y a un problème d'information au niveau des
constables qui ne sont pas au courant que la politique du ministère est
de réduire leur nombre jusqu'à 25.
M. Bédard: L'information que j'ai, c'est qu'ils sont au
courant du partage; il y a même eu des rencontres avec eux. Maintenant,
ce n'est pas toujours facile, il faut comprendre leur situation. Ces gens
bénéficient quand même de la sécurité
d'emploi et des efforts sont faits pour respecter leurs droits et les resituer
correctement dans le système.
M. Marx: J'ai l'impression que le système de constables
spéciaux coûte moins cher que le système qu'on est en train
d'instaurer. Il y a un problème au niveau de l'efficacité. Vous
pouvez faire enquête sur cette question, le cas échéant.
Bon, c'est la réponse?
M. Bédard: On peut dire qu'il n'y a pas eu d'enquête
de faite, mais selon les représentations qu'on me fait il ne semble pas
que cela coûterait plus cher. Je peux, à la suggestion du
député de D'Arcy McGee, faire de plus amples...
M. Marx: Revoir cela, voir ce que les constables font et comment
le travail est fait.
M. Bédard: Au programme 9, peut-être pour être
rationnel...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que les programmes 13,
14 et 15 sont adoptés, d'abord?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Les programmes 13, 14 et 15
sont adoptés. Alors, on revient aux programmes 10, 11 et 12.
Services juridiques du gouvernement
M. Bédard: Au programme 10, M. le Président, il
s'agit des services juridiques du gouvernement. Quelques commentaires rapides.
Ce programme comprend essentiellement la Direction générale des
affaires civiles et pénales, dont le responsable est Me Paul-Arthur
Gendreau, sous-ministre associé. Cette direction générale
a le mandat de satisfaire, en tant que jurisconsulte, aux besoins juridiques
des ministères et organismes du gouvernement du Québec. Elle se
voit aussi confier le triple rôle de conseiller juridique, d'avocat
plaideur et de notaire. Elle est chargée, en effet, de donner aux divers
ministères et organismes du gouvernement du Québec son avis sur
toutes les questions de droit qui les
concernent, de diriger la demande et de la défendre dans tous les
litiges mettant en cause le gouvernement ou l'un de ses ministères et,
enfin, d'établir et de ratifier les actes juridiques et administratifs
du gouvernement. Elle a également...
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire de continuer, M. le
ministre.
M. Bédard: Est-ce que cela va?
M. Marx: Oui. On a déjà eu l'occasion, ce matin, de
poser certaines questions au sous-ministre. On était bien satisfait de
toutes les réponses, sauf que le sous-ministre en titre nous a dit que
nous aurons une réponse ce soir en ce qui concerne une dépense de
29 000 $.
M. Bédard: Nous avons la réponse.
M. Marx: Je pense qu'il y a une ou deux questions comme cela.
M. Bédard: II y a eu une erreur dans les papiers. Ce n'est
pas 29 000 $ pour le contrat, mais 2 100 $.
M. Marx: J'espère que le chèque n'était pas
de 29 000 $, mais bien de 2 000 $.
M. Bédard: Me demandez-vous de vérifier?
M. Marx: J'espère que le Vérificateur
général va faire son travail.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 10 est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 11 est-il
adopté?
Affaires législatives
M. Marx: Une seconde. Au programme 11, j'aimerais juste poser une
ou deux questions au ministre.
M. Bédard: Nous avons ici avec nous M. Rioux. On a
beaucoup parlé de la refonte des lois et des règlements aux
crédits, l'an dernier. J'ai mentionné, dans mon introduction, au
début des travaux de cette commission, qu'un travail très
important avait été fait dans ce domaine. Je ne pense pas qu'il
soit nécessaire de recommencer les représentations que je vous ai
faites.
M. Marx: Si vous voulez, vous pouvez commencer à
répondre à mes questions de l'an dernier.
M. Bédard: Justement, cela répond à vos
questions de l'an dernier. Je ne sais pas en quoi consistaient les questions de
l'an dernier exactement.
M. Marx: Je les ai posées l'an dernier, mais je ne m'en
souviens pas maintenant.
M. Bédard: Vous ne vous souvenez pas de vos questions?
M. Marx: De l'an dernier.
M. Bédard: On va faire état du travail qui a
été fait. J'ai le journal des Débats, de toute
façon, pour une bonne partie. Je sais que vous avez posé des
questions en ce qui concernait, entre autres, nos intentions de rencontrer le
barreau aux fins de déterminer quelle serait notre attitude en
matière de refonte de règlements et de lois. Nous avons
effectivement rencontré le barreau et le barreau nous a fait part de ses
diverses vues quant au délai de sortie de nos lois et de nos
règlements qui, d'après lui, perturbaient de façon
significative la sécurité juridique, à la suite de quoi
nous avons pris les mesures nécessaires pour raccourcir d'une
façon significative la mise à jour de nos lois, de sorte que la
mise à jour des lois du 1er novembre 1980 est maintenant rendue sur le
bureau des avocats depuis le mois de décembre, du moins pour ceux qui
avaient rempli le bon de commande à temps.
En ce qui concerne la mise à jour des lois du 31 décembre
1981, cette mise à jour des lois sera non seulement terminée,
mais des copies seront disponibles dès le 13 mai, de sorte que le
délai de production de la mise à jour de nos lois est maintenant
d'environ quatre mois, si on exclut le délai nécessaire pour en
arriver à la promulgation qui vient dans les semaines qui suivent. On
peut dire qu'aujourd'hui les délais ne sont plus un argument valable
pour justifier l'insécurité juridique dont on taxait les feuilles
mobiles. En ce qui concerne les règlements, on nous reprochait la
lenteur des travaux; lenteur des travaux qui, somme toute, était
très relative étant donné qu'il s'agit d'un corpus
juridique qui remonte tout de même à 1867 et qu'il fallait, en
plus, traduire en anglais à une époque où ce
n'était pas prévu. Tous les bouleversements qui se sont produits
ont tout de même permis de sortir, pour le mois de juin 1982 la mise
à jour des règlements arrêtée au 31 décembre,
alors que la date initiale était au mois de juin 1981. On a
réussi, malgré tout, à raccourcir de six mois le
délai, non pas de désuétude, je n'ai pas le mot, disons
simplement le décalage entre l'arrêt de la refonte des
règlements et leur arrivée sur le marché.
Alors, c'étaient, en gros, les questions que vous avez
posées à l'époque, et j'espère
que cela y répond.
M. Marx: C'est la seule réponse précise que j'aie
jamais eue à cette commission.
M. Bédard: C'est agréable d'étudier ces
crédits avec vous.
M. Marx: J'aimerais juste vous poser une question. Oui, c'est
agréable que cela arrive une fois par année. J'aimerais vous
poser la question suivante: Est-ce que le ministère a l'intention de
changer la façon dont on cite les lois? Je pense qu'au Manitoba ou dans
d'autres provinces il y a une façon de citer des lois sans mentionner
l'année.
M. Bédard: II faut faire une distinction fondamentale. Au
Manitoba, en Alberta, ainsi qu'en Saskatchewan, ils ont adopté ce
système double de la codification administrative et celui aussi du
recueil des lois et de la refonte annuelle. En matière de refonte
annuelle et dans les recueils annuels, c'est évident qu'ils vont les
désigner par le titre qui leur a été donné. Si on
adopte un système de codification ou un système sur feuilles
mobiles, on est obligé de prendre un moyen différent afin
d'intercaler au fur et à mesure des lois qui sont
désignées sous un système quelconque.
Ce système, pour être logique, doit répondre
à certains impératifs dont celui de ne pas venir perturber
inutilement la séquence logique des lois. Le meilleur système qui
a été étudié jusqu'à maintenant et qui a
fait ses preuves est celui de l'alphanumérique, que le gouvernement
fédéral utilise depuis plusieurs années, et que toute la
communauté juridique a adopté de façon tellement unanime
que je n'ai jamais entendu un seul reproche sur ce système. On peut dire
que le système qu'on a actuellement pour désigner les lois telles
qu'elles sont rapportées dans les feuilles mobiles est un système
universel adopté par le fédéral, le Manitoba pour les
feuilles mobiles, ainsi que la Saskatchewan et l'Alberta. Ceci n'empêche
pas les refontes générales de se faire sur un système qui
n'est pas nécessairement numéroté de façon
numérique parce qu'alors il n'est pas question d'intercalation. Il n'est
pas question pour nous de changer notre système parce que notre
système fonctionne à feuilles mobiles. Ce serait illogique d'en
adopter un autre.
M. Marx: On garderait le système alphanumérique
comme au fédéral; c'est cela. Comme celui qu'on a
aujourd'hui.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 11 est-il
adopté?
M. Marx: Cela m'a toujours intéressé parce que je
sais que le sous-ministre en titre a commencé ce programme au
ministère. Sur la rédaction des lois, je sais qu'on a
apporté beaucoup d'améliorations depuis que le sous-ministre a
pris charge de ce programme, il y a quelques années. Est-ce qu'on
continue de publier des brochures qui traitent de cette question? (21 h 15)
M. Bédard: Oui, nous avons un programme de publication de
bulletins légistiques qui ont été distribués, comme
vous le savez, à tous les membres de l'Assemblée nationale, ainsi
qu'à un certain nombre de fonctionnaires, notamment aux fonctionnaires
juristes. Nous avons donc sorti déjà deux bulletins, un portant
sur la méthode générale d'examen des lois, qui a
été vraiment le fondement de notre méthode. Nous avons
émis un second bulletin sur la mise en vigueur des lois. Un
troisième doit sortir incessamment - il devrait déjà
être sorti; il y a eu quelques ennuis de dernière minute, mais il
aurait dû sortir pour la présente commission - sur l'abrogation et
le remplacement, une question complexe qui pose beaucoup de difficultés.
Nous avons quatre autres bulletins sur le chantier, ce qui fait que j'estime
que d'ici un an nous aurons peut-être sorti une dizaine de bulletins - ce
n'est peut-être pas exagéré de s'engager à cela -
couvrant l'essentiel des matières qui posent le plus de
difficultés quotidiennes.
M. Marx: Personnellement, je trouve qu'on a
amélioré substantiellement la rédaction des lois au
Québec depuis un certain nombre d'années. Je pense qu'il faut
continuer dans ce sens.
M. Bédard: Dans les deux versions.
M. Marx: Non, je ne dirais pas dans les deux versions, c'est une
autre histoire. Il y a beaucoup d'erreurs dans la version anglaise, mais c'est
une autre histoire.
M. Bédard: Cela s'est amélioré surtout
depuis novembre 1976.
M. Marx: II y a aussi des lois qui sont imprécises et qui
causent des difficultés, mais c'est une autre question, ce n'est pas la
faute des légistes. C'est la faute des politiciens qui ont souvent mis
la main à la rédaction de certaines lois. Tout le monde sait ce
que je veux dire. Je laisse passer cela. On va passer à un autre
programme.
M. Bédard: Du point de vue...
M. Marx: Ce n'est pas un reproche que je fais, c'est juste une
constatation.
M. Bédard: Je voudrais quand même mentionner ceci.
On se rappelle que lorsqu'à
un moment donné on a mis fin à la politique des mandats,
on a en même temps mis en place un service interne pour les lois du
ministère de la Justice et externe pour les lois de tous les
ministères. On a eu la mise en place du Bureau des lois qui, je pense, a
contribué à une amélioration de la qualité
législative. Ce Bureau des lois que j'ai constitué au
ministère s'est penché sur au moins 117 dossiers
législatifs et 773 dossiers réglementaires. Il y a eu toute
l'étude des règlements aussi. Ce service contribue pour beaucoup
à l'amélioration.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 11 est
adopté. Le programme 12 est-il adopté?
Contentieux criminel (suite)
M. Marx: Au programme 12, j'aimerais poser une question au
ministre.
Le Président (M. Desbiens): Ce sera une dernière
question, si je considère le temps qui est déjà
dépassé.
M. Marx: Le ministre va consentir à une minute ou deux de
plus.
M. Bédard: Oui, sûrement, une dernière
question.
M. Marx: On va terminer dans douze minutes au plus. Sur le
programme 12...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a consentement?
On va s'entendre...
M. Bédard: Entendons-nous, je ne veux pas avoir l'air
de...
M. Marx: Douze minutes, M. le ministre. J'ai passé toute
la journée ici. J'ai même donné mon mercredi soir.
M. Bédard: Vous faites votre travail comme je fais le
mien, n'exagérons pas! Il faut s'entendre à 21 h 25, on
termine.
M. Marx: Vous êtes tellement pris ce soir...
Le Président (M. Desbiens): Si on gagne du temps, on en a
pour une question.
M. Marx: On va voir.
M. Bédard: Combien de questions?
M. Marx: J'ai une ou deux questions, c'est tout, mais pas de
questions contentieuses.
M. Bédard: On peut s'entendre. Allez-y pour deux
questions, cela va. Cela me fait plaisir.
M. Marx: Au programme 12, quoi que le gouvernement entende faire
en ce qui concerne la charte fédérale, la charte
fédérale va s'appliquer au droit criminel. On ne peut pas
éviter cela. Est-ce que le ministre entend sensibiliser, informer,
préparer un guide en ce qui concerne la charte fédérale
pour les procureurs de la couronne? Comment le ministre va-t-il sensibiliser
les procureurs de la couronne en ce qui concerne la charte
fédérale? Je sais que la Sûreté du Québec a
déjà sensibilisé les policiers en ce qui concerne la
charte constitutionnelle et ses exigences.
Maintenant, j'aimerais savoir ce qu'on va faire au niveau des
procureurs.
M. Bédard: Comme l'a mentionné le
député de D'Arcy McGee, la charte fédérale
s'applique nécessairement aux lois fédérales et au Code
criminel. Les procureurs-chefs sont en train d'examiner l'ensemble des
dispositions de l'application de la charte par rapport au Code criminel et des
instructions seront données en conséquence.
M. Marx: Admettons que le gouvernement...
M. Bédard: ... une loi provinciale et la charte, vous
serez en mesure de connaître la réponse un peu plus tard.
M. Marx: Oui. En rédigeant votre projet de loi, j'aimerais
vous suggérer de penser à...
M. Bédard: II y aura un projet de loi.
M. Marx: ... un certain nombre de problèmes et à un
certain nombre de situations ridicules dans lesquelles on pourrait se trouver
en faisant un "nonobstant" pour une loi provinciale pénale; ce
nonobstant ne s'appliquant pas à une loi criminelle
fédérale, on peut se trouver dans des situations ridicules.
J'aimerais que le ministre prenne toutes les mesures nécessaires afin
d'éviter ces situations ridicules.
M. Bédard: Pour le moment, tout ce que je peux dire au
député de D'Arcy McGee, c'est qu'il y aura une loi d'affirmation
des droits et pouvoirs de l'Assemblée nationale concernant les droits et
libertés. Le député pourra en parler à ce moment et
nous aurons toute la latitude pour connaître les désirs de la
population.
M. Marx: J'espère que ce sera aussi une loi pour affirmer
les droits des Québécois, non pas seulement pour affirmer des
pouvoirs.
M. Bédard: Concernant l'affirmation des droits et
libertés, je pense que le Québec -la preuve en est faite - n'a de
leçon à recevoir de personne. Nous allons continuer dans ce
sens.
M. Marx: Cela ne relève pas seulement de
l'Assemblée nationale, il y a une grande partie des droits et des
libertés au Québec qui relèvent aussi du gouvernement
fédéral. Une charte constitutionnelle couvre les deux, mais on va
faire la discussion sur ce point la semaine prochaine, je l'espère. Je
n'ai pas d'autres questions sur ce programme.
Le Président (M. Desbiens): Programme 12,
adopté.
Programme 16, Protection civile.
Protection civile
M. Bédard: Protection civile. Nous avons ici avec nous M.
Brown qui a accepté, contractuellement, de continuer à assumer
les responsabilités de la protection civile. Est-ce que vous avez des
questions?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Protection civile. Il y a quelques années, le
ministre de la Justice a déposé en première lecture un
projet de loi sur les sinistres. Qu'est-il arrivé avec ce projet de loi?
Cela n'a jamais été adopté.
M. Bédard: II a été adopté.
M. Marx: II y en a un qui a été retiré.
M. Bédard: Je m'excuse de faire une annonce comme cela au
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Un a été retiré. Un a
été adopté et un a été retiré.
Non?
M. Bédard: Non, non il a été
adopté.
M. Marx: Quelqu'un a fait un article sur ce projet de loi dans le
Devoir en critiquant le ministre qui aurait voulu faire adopter une mini-loi
sur les mesures de guerre sur cette question.
M. Bédard: Cela a été corrigé.
M. Marx: Cela a été corrigé? Le
sous-ministre dit que cela a été corrigé.
M. Bédard: Corrigé dans le sens qu'il y a eu des
discussions au niveau de l'étude du projet de loi, article par article.
Il a été adopté en première, deuxième et
troisième lectures. J'invite le député de D'Arcy McGee
à en prendre connaissance.
M. Marx: Est-ce que la protection civile a eu à intervenir
souvent en ce qui concerne les sinistres en 1981-1982?
M. Bédard: Les principales interventions de la protection
civile se sont faites l'an dernier lors des inondations de février. Je
voudrais dire, lorsque je parle d'intervention de la protection civile, que
l'intervention se fait au niveau de la municipalité qui, elle, lorsqu'un
sinistre se produit, met en application son plan de mesures d'urgence qui est
préparé avec les conseils du Bureau de la protection civile.
Lorsque les ressources de la municipalité sont dépassées,
le Bureau de la protection civile s'assure d'aller trouver d'autres ressources,
soit dans d'autres ministères ou autres organismes gouvernementaux ou
ailleurs dans l'entreprise privée, s'il y a lieu.
M. Marx: S'il y a lieu, au gouvernement fédéral
aussi.
M. Bédard: S'il y a lieu, au gouvernement
fédéral, que ce soit en faisant appel à l'armée ou
en faisant appel à d'autres organismes du fédéral.
M. Marx: M. le Président, j'imagine...
M. Bédard: C'est le directeur du service, l'ex-directeur
du service.
M. Marx: Ex-directeur de ce programme. Est-ce que vous avez le
pouvoir de faire appel à l'armée ou est-ce que ça prend
l'intervention du ministre?
M. Bédard: II faut faire une distinction entre assistance
au pouvoir civil et aide au pouvoir civil. Lorsqu'il s'agit tout simplement de
sinistre, par une décision administrative, le directeur du bureau de la
protection civile peut faire appel à l'armée.
M. Marx: Et vous êtes facturé pour les frais
encourus.
M. Bédard: Dans certaines circonstances, oui, nous sommes
facturés; dans d'autres circonstances, lorsqu'il s'agit de raisons
humanitaires dans certains cas, il n'y a pas de facture.
M. Marx: II n'y a pas de facture. C'est décidé au
niveau de l'armée, au niveau du ministère de la Défense
nationale.
M. Bédard: De la Défense nationale.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le programme 16 est
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Le programme 17
est-il adopté?
Indemnisation des victimes d'actes criminels
M. Marx: 17, un instant.
M. Bédard: La Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels. Comme on peut le constater, les montants ont augmenté,
beaucoup d'informations qui ont été données de
manière que les gens puissent se prévaloir de ce programme.
M. Marx: L'enquête Keable, cela n'a rien à voir avec
cela? Je voulais poser des questions sur l'enquête Keable, je vais garder
cela pour l'an prochain.
Le Président (M. Desbiens): Le programme 17 est
adopté. Les crédits de 1982-1983 du ministère de la
Justice sont adoptés. La commission élue permanente de la justice
a rempli le mandat qui lui avait été confié par
l'Assemblée nationale. Je demande au rapporteur de faire rapport.
M. Bédard: Merci, M. le Président.
M. Marx: Juste un mot, M. le Président. Je veux qu'on
constate qu'on n'a pas eu assez de temps cette année. On a
demandé 12 heures, on nous a alloué seulement 11 h 30.
J'espère que l'an prochain nous aurons au moins 12 heures pour faire le
travail.
M. Bédard: Cela me fera plaisir.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente de la justice ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 29)