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(Douze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la justice est réunie ce matin pour
étudier article par article le projet de loi no 97, Loi sur les cessions
de biens en stock.
Le membres de cette commission sont M. Bédard (Chicoutimi), M.
Beaumier (Nicolet), M. Charbonneau (Verchères), M. Dauphin (Marquette),
Mme Juneau (Johnson), M. Kehoe (Chapleau), Mme Lachapelle (Dorion), M.
Lafrenière (Ungava), M. Polak (Sainte-Anne), M. Martel (Richelieu), M.
Marx (D'Arcy McGee).
Les intervenants sont M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blank
(Saint-Louis), M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Dussault
(Châteauguay), M. Fallu (Groulx), M. Guay (Taschereau), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Marquis (Matapédia), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Mathieu (Beauce-Sud).
Il conviendrait maintenant de désigner un rapporteur pour cette
commission.
Une voix: Mme Lachapelle (Dorion).
Le Président (M. Brouillet): Mme Lachapelle (Dorion) sera
rapporteur de cette commission.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Maintenant, avant de
procéder à l'étude article par article, si le ministre
avait quelques explications à donner, et le représentant de
l'Opposition.
Projet de loi no 97 Remarques
préliminaires
M. Bédard: On sait que le projet de loi a pour objet
d'accorder aux entreprises un moyen additionnel d'obtention de crédit
à court terme auprès des institutions financières.
Essentiellement, l'effet du projet de loi équivaut à donner
à des institutions financières, comme nos caisses populaires,
etc., les mêmes moyens que les banques en ce qui a trait à ce
domaine concerné par le projet de loi. Je n'aurais pas d'autres
commentaires avant de donner suite à l'ordre de la Chambre et de
procéder à l'étude du projet de loi article par
article.
M. Marx: J'aimerais dire que l'Opposition est d'accord avec le
principe de ce projet de loi et aussi avec les buts poursuivis. J'aimerais
souligner que le ministre a déposé le projet de loi no 73 au mois
de mai 1982, cela a été retiré. Il a déposé
ensuite le projet de loi no 97. J'aimerais souligner, en ce qui concerne le
projet de loi no 73, que nous avons reçu un mémoire du professeur
McDonald, de la faculté de droit de l'Université McGill; le
ministre l'a déjà remercié et moi aussi pour le travail
qu'il a fait. J'aimerais seulement mentionner que nous avons reçu un
autre mémoire du professeur McDonald en ce qui concerne le projet de loi
no 97 et j'ai envoyé une copie de ce mémoire au ministre pour
qu'il puisse l'étudier avant qu'on discute le projet de loi
lui-même. On est prêt à procéder.
Étude article par article
Remplacement du titre de la Loi sur les
connaissements
Le Président (M. Brouillet): Article 1.
M. Bédard: L'article 1 vise tout simplement à
remplacer le titre actuel de la loi sur les connaissements par un titre
indiquant tous les objets de cette loi, y compris celui proposé par le
présent projet.
Le Président (M. Brouillet): L'article 1 est-il
adopté? Adopté. Article 2.
Nouvelles sections à la Loi sur les
connaissements
Des cessions de biens en stock
M. Bédard: L'article 2 du projet de loi ajoute au texte
actuel de la Loi sur les connaissements trois nouvelles sections, les sections
III, IV et V. L'article 10 de la loi rend obligatoire l'enregistrement d'un
transport par endossement d'un reçu pour bois de construction
prévu au premier alinéa de l'article 6 afin qu'il soit opposable
aux tiers puisque ces lois peuvent faire également l'objet de la cession
créée par ce projet de loi.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que les membres de
l'Opposition ont des questions ou des commentaires?
M. Mathieu: Si je comprends bien, les règles
d'enregistrement vont revenir plus tard dans ledit article.
M. Bédard: C'est cela. D'accord? Accepté? Cela
va?
Le Président (M. Brouillet): L'article 2 modifie toute une
série d'articles. Est-ce que l'article 2 dans sa globalité est
adopté? À moins qu'il n'y ait des amendements concernant
l'article 2. J'aimerais qu'on me les apporte parce qu'on est en train d'adopter
l'article 2.
M. Marx: On ne peut pas adopter l'article 2. Il faut adopter les
modifications une par une.
Le Président (M. Brouillet): C'est la question que j'ai
posée. Est-ce que vous voulez qu'on adopte...
M. Bédard: Les modifications.
Le Président (M. Brouillet): Nous allons donc passer au
paragraphe 10 de l'article 2.
M. Marx: On va procéder...
M. Bédard: Paragraphe par paragraphe.
M. Marx: C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Bédard: Au niveau de l'article 2, dont on se
réserve l'adoption globale après qu'on aura, j'imagine,
été au fond des choses concernant le contenu, je dois dire que
des articles 10 à 19, il n'y a pas de projet de modification. Je viens
de donner les commentaires sur l'article 10. S'il n'y a pas d'objection on peut
donner rapidement les commentaires sur chacun des articles. Ensuite, il y a
quelques amendements. On est en mesure de le constater, on le sait et je pense
qu'on se l'est dit, c'est un projet extrêmement technique. Le
député de D'Arcy McGee vient d'en faire l'illustration.
Jusqu'à la dernière minute, on en a des représentations
qui ont été faites tant par M. McDonald - il y a des points sur
lesquels nous sommes d'accord avec lui, d'autres sur lesquels nous ne sommes
pas d'accord -que...
M. Marx: Nous sommes tout à fait d'accord, M. le
ministre.
M. Bédard: Je dois dire que la même chose est
arrivée concernant les caisses populaires, concernant même les
banquiers qui, encore hier, nous faisaient des représentations. On
essaie de tenir compte de tout cela pour autant que cela ne va pas au fond des
choses, de manière à amener toutes les petites
améliorations possibles dans les circonstances.
Le Président (M. Brouillet): Je vous pose encore la
question. On pourrait voter d'un bloc les articles 10 à 19; ou est-ce
que vous préférez qu'on passe paragraphe par paragraphe? C'est la
question que je pose.
M. Marx: Paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Brouillet): Bon, c'est bien. Alors, le
paragraphe 10.
M. Bédard: Au paragraphe 10, j'ai donné les
explications, alors adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Le paragraphe
10 est adopté.
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): Paragraphe 11?
M. Bédard: Cet article institue au premier alinéa
la cession de biens en stock c'est-à-dire les biens en réserve de
l'entreprise ou ce que l'on appelle communément les biens en inventaire.
Cette cession opère en faveur du créancier prêteur un
transfert des droits de propriété sur les biens de
l'entrepreneur, afin d'assurer le remboursement d'un emprunt ou d'une ouverture
de crédit. Cette cession n'implique pas la dépossession du stock
d'entre les mains de l'entrepreneur, ce qui lui permettra de poursuivre
normalement les activités de son entreprise, ce qui n'était pas
le cas auparavant. Enfin, ce droit peut être consenti par tout
entrepreneur, quelle que soit la nature de l'entreprise en faveur de tout
bâilleur de fonds. Le second alinéa précise les biens qui
peuvent faire l'objet d'une cession.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
M. Marx: L'article 11, un instant: Ahl Je ferai mes commentaires
à l'article 14. D'accord.
Le Président (M. Brouillet): L'article 11 est
adopté. Article 12?
M. Bédard: Article 12. Cet article clarifie la nature des
droits consentis en les assimilant à ceux conférés par
l'endossement d'un connaissement ou d'un reçu en vertu des sections 1 et
2 de la loi actuelle. Alors,
comme vous le savez sans doute, il est reconnu par la jurisprudence
qu'un tel endossement confère à son bénéficiaire la
propriété des biens mentionnés au connaissement ou au
reçu avec droit de retrocession.
Le Président (M. Brouillet): L'article 12 est-il
adopté?
M. Bédard: Cela va de soi.
M. Polak: J'ai juste une question sur l'article 12. Quel est le
rang de cette cession générale parmi les créanciers? Il y
a toutes sortes de moyens d'obtenir du crédit, de donner des biens en
garantie et donc, c'est plutôt une question de principe, en tout cas cela
se trouve un peu partout. Quel est le rang de cette cession pour quelqu'un qui
la fait?
M. Bédard: On y revient un peu plus loin aux articles 27.
Cela prime toute créance de vendeur impayé, y compris le droit
à la résolution de la vente. En fait, c'est une créance
prioritaire. C'est comme cela dans la Loi sur les banques et cela passe avant
toute autre créance, sauf, évidemment, les créances pour
taxes ou pour l'impôt qui sont toujours exemptées.
M. Polak: Donc, cela prime certains privilèges qui se
trouvent dans le Code civil.
M. Bédard: Oui. D'accord, adopté.
Le Président (M. Brouillet): Le paragraphe 12 est-il
adopté? Le paragraphe 12 est adopté. Paragraphe 13.
M. Bédard: M. le Président, on a pu le remarquer
tout à l'heure. Des explications additionnelles ont été
données à la suite de la question du député. Les
remarques additionnelles ont été faites par le directeur
général adjoint à la législation
ministérielle. Etant donné l'aspect très technique du
projet, je le mentionnerai à chaque occasion, lorsque les explications
seront données par...
M. Marx: M. le Président, quand l'adjoint à
la...
M. Bédard: ... M. Gilles Létourneau.
M. Marx: Oui, mais quand M. Létourneau parle, est-ce qu'il
ne serait pas plus utile qu'il s'identifie chaque fois, pour qu'on sache que
c'est lui et pas le ministre.
M. Bédard: Oui. Ou encore, je lui donnerai la parole. On
verra.
M. Marx: C'est cela, vous lui donnerez la parole ou il
s'identifie et ce sera au journal des Débats.
M. Bédard: Je pense qu'il est important dans les
circonstances...
M. Marx: Je pense que dans les circonstances comme aujourd'hui,
ce serait bon que ce soit M. Létourneau qui figure au journal de
Débats.
M. Bédard: C'est cela, étant donné les
explications très techniques et...
Le Président (M. Brouillet): Très bien,
alors...
M. Marx: C'est bien clair, M. le Président, que s'il y a
des coquilles dans la loi, cela sera la faute du ministre et non pas de M.
Létourneau.
M. Bédard: Cela ne change rien.
M. Marx: Le responsabilité ministérielle reste.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Bédard: C'est cela, soyons sérieux. On continue,
M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Alors le paragraphe 13?
M. Marx: Paragraphe 13... Une voix: M. le ministre.
M. Bédard: Cet article stipule que la cession n'affecte
que les biens dont le cédant est propriétaire et est conforme aux
principes généraux de notre droit selon lesquels on ne peut
vendre ou céder les biens d'autrui. Cela va de soi.
M. Marx: Tout ce que je veux dire sur cet article, c'est que je
sais que c'est une dérogation au droit civil. Mais pourquoi adopte-t-on
ces lois en dehors du Code civil? Pourquoi n'intègre-t-on pas ces lois
comme le projet de loi no 97 dans le Code civil? Parce que maintenant, le droit
civil n'est pas dans le Code civil - si je peux m'exprimer de cette
façon - c'est partout, dans les statuts, à l'extérieur de
codes. D'une certaine façon, cela déforme notre droit civil, je
peux le dire.
M. Bédard: Éventuellement, ceci sera
rattaché au Code civil, lorsqu'on aura fait l'étude ou la
révision du Code civil concernant tout le chapitre des
hypothèques. Pour le moment, cela serait prématuré,
puisque nous allons dans une réforme du Code civil. Présentement,
il y a le droit de
la famille, comme on le sait, qui est rendu à terme. Cette
semaine je déposerai le chapitre concernant les personnes et les
successions. Ensuite, les biens; le chapitre concernant les biens sera
déposé au cours du printemps. Après cela, tout ce qui
restera du Code civil fera l'objet - le travail est déjà
commencé - d'un autre projet de loi avec l'amplitude qu'on peut
imaginer. Quand on aura fait la réforme concernant tout le
problème des hypothèques, etc, à ce moment-là, il
sera indiqué d'intégrer tout cela au Code civil.
M. Marx: Ce sera intégré dans le chapitre du Code
civil qui traite ces matières?
M. Bédard: C'est cela. M. Marx: Parfait.
Le Président (M. Brouillet): Le paragraphe 13 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Le paragraphe 13 est
adopté. Paragraphe 14?
M. Bédard: Compte tenu du roulement dont font l'objet les
biens en stock, cet article établit, au premier alinéa, que la
cession affectera tout bien acquis en remplacement d'un bien
cédé. Il maintient ainsi au bénéfice des parties la
valeur de la garantie offerte au prêteur sans qu'il soit
nécessaire de recourir à d'autres formalités. De plus,
concernant le second alinéa, l'article édicté une
règle visant à empêcher qu'une cession n'ait plus effet,
faute d'objet, pour autant que l'entrepreneur remplace, dans un délai
raisonnable, les biens perdus ou encore les biens qui ont été
détruits.
M. Marx: Sur cet article, le professeur McDonald a fait toute une
analyse. Il a fait une analyse de cet article et je me demande si le ministre a
tenu compte de cette analyse, parce que sur quelques petits points techniques,
il semble que les améliorations seront possibles. Je peux lire ce que le
professeur McDonald a écrit, mais...
M. Bédard: M. Létourneau, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): M.
Létourneau. (12 h 45)
M. Létourneau (Gilles): La remarque principale du
professeur McDonald, M. le député de D'Arcy McGee, était
à l'effet que le deuxième paragraphe serait inutile, parce qu'on
peut prévoir que les gens vont prendre des cessions et à
l'égard des biens présents et à l'égard des biens
futurs, de sorte que, à ce moment-là, les biens futurs, une fois
qu'ils deviennent la propriété du cédant, vont
automatiquement entrer dans la cession. C'est vrai ou cela serait vrai si les
prêteurs n'étaient que des banques ou des caisses populaires qui
sont habituées de faire affaires et qui vont, j'imagine, avoir des
contrats en vertu desquels elles vont toujours prévoir la cession de
biens futurs. On peut facilement envisager une cession qui ne se ferait que sur
les biens présents, lesquels biens étant détruits. On
aboutirait alors à un contrat sans objet. C'est ce qu'on a voulu
prévoir ici, dans le cas où la cession ne se ferait que sur les
biens présents. Si jamais ces biens-là étaient
détruits, le but du deuxième alinéa est de dire que le
contrat n'est pas sans objet dans la mesure où on les remplace dans un
délai raisonnable.
M. Polak: Qu'est-ce qui arrive si on ne remplace pas? Quelqu'un a
un petit commerce, il a donné une cession totale et il y a un incendie.
Il n'avait pas d'assurances. Il ne reste plus rien, l'objet est disparu.
Qu'arrive-t-il dans un cas comme celui-là?
M. Létourneau: Evidemment, cela est un peu
hypothétique. Il n'y a pas un prêteur qui va sortir de l'argent
sans s'assurer qu'il y a des assurances. Si jamais cela était le cas, ce
prêteur imprudent - c'est le moins qu'on puisse dire - se retrouverait
avec une créance personnelle contre l'emprunteur.
M. Polak: J'imagine que lorsque la cession est accordée,
ils vont exiger en même temps le transfert du produit de l'assurance au
cas où...
M. Létourneau: II y a déjà une disposition
qui est prévue au projet dans ce sens-là.
M. Marx: L'amendement que le professeur McDonald a proposé
à l'article 26 ne serait-il pas la solution au problème que vous
soulevez, M. Létourneau? Parce que le professeur McDonald a
suggéré qu'on élimine l'article 14 et qu'on ajoute un
troisième paragraphe à l'article 26.
M. Létourneau: Non. Cela est un point fondamental. Si on
allait dans le sens de la proposition du professeur McDonald, il n'y aurait
plus de transfert de propriétés en faveur du cessionnaire de
sorte que tout ce que le cessionnaire obtiendrait serait une espèce de
gage un peu comme un nantissement agricole, un nantissement commercial et il
serait dans une position nettement défavorable par rapport à la
banque qui, elle, en vertu de la Loi sur les banques, obtient le transfert du
droit de
propriété avec droit de rétrocession. Cela voudrait
dire que les prêteurs québécois ou les institutions de
crédit québécoises seraient nettement
défavorisées et n'obtiendraient qu'un gage qui passerait
après la cession de la Loi sur les banques.
M. Bédard: M. le Président, on me permettra
d'ajouter ceci aux propos de M. Létourneau. Il est fondamental au niveau
du projet de loi, parce que si on procédait autrement, je dois dire
qu'on irait à l'encontre de toutes les recommandations qui nous ont
été faites par les institutions bancaires, les caisses
populaires. Je voudrais également faire remarquer que ce projet de loi
ne s'applique pas seulement aux institutions financières, mais peut
s'appliquer à n'importe quel entrepreneur. C'est clair que nous
divergeons d'opinion avec M. McDonald sur ce point - ce sont des choses qui
arrivent - pour les raisons très précises qu'a expliquées
M. Létourneau.
M. Marx: Comme M. Létourneau a expliqué, est-ce que
l'amendement à l'article 26 ne serait pas la réponse au
problème que vous avez soulevé? Parce qu'il propose un amendement
à l'article 26. Je vais le lire en anglais: "Nevertheless, the
transferees' right pass into any proceeds resulting from the sale of the
transferred property in the ordinary course of business." Il a proposé
cet amendement à l'article 26 étant donné qu'il propose
que l'article 14 soit biffé.
Le Président (M. Brouillet): M.
Létourneau.
M. Létourneau: Enfin, il y avait trois propositions de M.
McDonald. On vient d'en traiter deux. Vous vous reportez à la
troisième qui est la question du produit de la vente qui serait
transféré au cessionnaire au fur et à mesure que les biens
sont vendus dans le commerce. Pour nous, cela nous apparaissait clair et
inutile parce qu'il a les pouvoirs d'un mandataire du cessionnaire et, à
ce moment, le produit de la vente entre dans la cession et appartient au
cessionnaire. Évidemment, suivant les modalités de l'emprunt
qu'ils ont entre eux. Si l'emprunt se rembourse 1000 $ par mois, dans la mesure
où l'emprunteur rembourse 1000 $ par mois, il n'y a pas de
problème. S'il cesse de rembourser, à ce moment, tout le
prêt est rappelable. Ce n'est pas faux ce qu'il dit, loin de là.
Ce n'est pas nécessairement utile parce qu'il ne faut jamais oublier que
le contrat qui est intervenu entre le prêteur et l'emprunteur vise des
remboursements mensuels. Dans la mesure où il rembourse mensuellement,
s'il fait des profits, il les utilise à autre chose. Dans la mesure
où il honore ses obligations, le prêt n'est pas rappelable.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que le article 14 est
adopté? Article 14, adopté. Article 15?
M. Bédard: Cet article prévoit que dans le cas
d'une entreprise agricole, la cession des biens qui y sont mentionnés et
qui sont de la nature des engrais ou des semences affectera la récolte
qui résultera de l'utilisation de ces biens cédés lorsque
ceux-ci n'ont pas été remplacés.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je demandais à mes collègues s'ils ont
des...
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que d'autres membres
auraient des commentaires?
Une voix: Cela va.
Le Président (M. Brouillet): L'article 15 est
adopté. Article 16?
M. Bédard: Cet article vise à permettre à
l'entrepreneur de continuer normalement l'exploitation de son entreprise
même si les biens cédés appartiennent aux
créanciers.
Le Président (M. Brouillet): L'article 16 est-il
adopté? Adopté. Article 17?
M. Bédard: Conséquemment à l'article 16,
l'article édicte les obligations de l'entrepreneur à
l'égard des biens faisant l'objet d'une cession. On y dit que "le
cédant doit apporter à la garde des biens cédés le
soin d'un bon père de famille". C'est une notion qu'on retrouve dans
notre Code civil. Toutefois, la perte ou la détérioration d'un
tel bien incombe au cédant, sauf si elle survient par la faute du
cessionnaire.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Quand on dit que le cédant doit apporter "le
soin d'un bon père de famille", est-ce que le prêteur pourrait
dire à un moment donné: Vous, monsieur, vous n'avez pas
apporté le soin d'un bon père de famille, je rappelle tout le
prêt, payez-moi? Il y a une clause dans leur contrat de cession. Je
comprends très bien que le texte est pas mal innocent, mais je pense
qu'il y a toujours la possibilité, pour un cessionnaire non scrupuleux
qui veut en prendre avantage, de dire: Moi je pense que vous ne gérez
pas bien votre affaire, je rappelle l'emprunt. Je veux éviter cela parce
que je veux protéger le cédant.
M. Bédard: Je pense qu'à ce moment, on s'en
reporterait aux critères objectifs du
Code civil qui fait que quelqu'un ne peut quand même pas en venir
à la conclusion que quelqu'un n'apporte pas le soin d'un bon père
de famille sans préalablement avoir des raisons très
spécifiques. Ce n'est pas simplement une initiative qui...
M. Polak: Non, mais disons...
M. Bédard: ... pourrait camoufler en fait des mauvaises
intentions.
M. Polak: Disons que je ne voudrais pas que le prêteur
prenne avantage de cette clause en rédigeant le contrat de prêt
avec une clause draconienne se basant sur ce principe, disant: Moi, je suis
l'arbitre qui détermine si vous agissez en bon père de famille.
Si vous n'agissez pas en bon père de famille, le gars va en prendre
possession tout de suite. D'ailleurs, vous savez, cela arrive souvent...
M. Bédard: M. Létourneau pourrait ajouter quelques
mots.
M. Létourneau: M. le député, voici. C'est un
critère objectif, c'est le critère du bon père de famille
et ce n'est pas si le cessionnaire croit, lui, que le cédant dilapide
les biens ou détruit les biens. C'est un critère objectif qui est
reconnu dans le droit civil. À ce moment il devra en faire la preuve. On
verra un peu plus loin que pour la prise de possession des biens par le
cessionnaire, il faut s'en remettre au juge. Il faut obtenir un ordre du juge
qui va garantir une certaine protection au cédant.
Le Président (M. Brouillet): L'article 17 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Marx: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Article 17, adopté.
Article 18?
M. Marx: Peut-on ouvrir une parenthèse entre les
paragraphes 17 et 18 parce que j'ai juste une remarque que j'ai oubliée
sur le paragraphe 14. Allez-vous me le permettre, M. le ministre?
M. Bédard: Je vous en prie.
M. Marx: Sur le paragraphe ou l'article 14, le professeur
McDonald a aussi soulevé le problème des manufacturiers et il a
proposé une nouvelle rédaction de l'article 14 que j'ai
oublié de mentionner, il y a quelques minutes. Il a donné des
exemples où il peut y avoir des difficultés en ce qui concerne
les manufacturiers. M. Létourneau a-t-il pensé à ce
problème?
Le Président (M. Brouillet): M. Létourneau.
M. Létourneau: Oui, nous avons examiné cette
question et dans la mesure où un deuxième créancier ou un
deuxième prêteur voudrait faire un prêt et se le faire
garantir par une cession de biens, lesquels biens sont sujets à
être incorporés, il est évident, à ce
moment-là, qu'il va exiger de son emprunteur une répartition au
prorata des biens ou du bien final. Si, par exemple, le produit qu'il prend en
cession de biens entre dans la composition d'un produit fini à 20%, il
va exiger, à ce moment-là, une garantie proportionnelle à
la valeur du produit qu'il accepte en cession. Cela va se négocier entre
eux.
M. Marx: N'y a-t-il pas un problème de priorité,
parce que le premier prêteur va avoir la priorité et il va avoir
une créance sur toute la propriété, sur le produit fini,
je veux dire?
M. Létourneau: Ce qui va régler cela, c'est
l'entente entre les parties, parce qu'il ne faut pas oublier qu'ici c'est le
cadre qui détermine quel est l'effet de l'entente, c'est-à-dire
le transfert de propriété, mais entre les parties, les
modalités de la cession, du prêt et des conditions vont être
négociées entre elles. Si le deuxième prêteur ne
tient pas garantie que les biens qu'il possède vont avoir, à ce
moment-là, une valeur au prorata dans le bien fini, il ne prêtera
pas.
M. Marx: Ce serait une négociation entre qui? Entre le
deuxième et le premier prêteur?
M. Létourneau: Entre le deuxième et le premier
prêteur à l'égard des biens cédés.
M. Marx: Mais si le premier prêteur n'est pas d'accord, il
pourrait bloquer un autre prêt que le deuxième prêteur
aimerait bien faire.
M. Létourneau: C'est un peu, si vous me le permettez,
comme sur une hypothèque. Si, à un moment donné, la
première hypothèque est tellement forte qu'il n'y a plus de
valeur, il n'y en a pas un deuxième qui va vouloir prêter en
seconde hypothèque, à ce moment-là, s'il a
hypothéqué au complet.
M. Marx: Oui, mais je pense que le professeur McDonald a
prévu dans l'amendement qu'il propose à l'article 14 la solution
à un tel problème.
M. Létourneau: II semble que s'il n'y a pas d'entente
négociée entre les parties, ce serait, en pratique, difficilement
applicable
parce que, de toute façon, le deuxième prêteur va
refuser de prêter. S'il n'est pas assuré qu'il a la collaboration
du premier là-dessus à l'égard du bien fini, il sera
toujours dans l'incertitude, parce que si, à un moment donné, le
premier prêteur s'empare du bien, s'il n'y a pas d'entente
négociée entre eux ou une convention, le deuxième va
passer deuxième à ce moment-là.
M. Marx: Même en vertu de l'amendement proposé par
le professeur à la page 3 de son mémoire?
M. Létourneau: L'amendement proposé par M.
McDonald, à ce moment-là, amène les parties devant le
tribunal, parce que le premier prêteur va évidemment revendiquer
la totalité du bien et le deuxième va en revendiquer une partie.
À ce moment-là, on va aboutir devant le tribunal, tandis que si
on les laisse négocier entre eux, ils vont pouvoir faire une convention
sur la répartition des biens.
Le Président (M. Brouillet): Remarquez qu'il est 13
heures.
M. Marx: Nous sommes à la disposition du ministre si vous
voulez continuer une quinzaine de minutes ou comme vous le voulez.
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection à continuer pour
une quinzaine de minutes.
M. Charbonneau: ... avoir un consentement, parce que si on
continue, il y en a qui ont des engagements et... Qu'on n'ait ni de
problème de quorum ou de vote, sinon... (13 heures)
Une voix: Bon, d'accord.
M. Marx: Bien, c'est évident. C'est dispensé
jusqu'à ce soir.
Le Président (M. Brouillet): Alors si le ministre et
l'Opposition sont consentants...
M. Bédard: M. le Président, continuons pour une
quinzaine de minutes.
Le Président (M. Brouillet): ... nous pouvons continuer
pour une quinzaine de minutes. Bon.
M. Bédard: Parce que je dois également...
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Alors, nous
continuons jusqu'à...
M. Bédard: ... être présent au Conseil des
ministres.
Le Président (M. Brouillet): ... 13 h 15.
J'avais déjà appelé le paragraphe 18. Nous revenons
donc au paragrahe 18.
M. Bédard: Alors, cet article établit qu'une
indemnité serait payable à la suite de la perte totale et
partielle d'un bien cédé. Cette indemnité devra être
versée au créancier; celui-ci pourra la créditer à
l'entrepreneur ou la lui remettre afin qu'il puisse réparer le bien ou
encore le remplacer.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Bédard: Disons que cette mesure est déjà
prévue par l'article 2586 du Code civil, mais comme la session n'est pas
un privilège, il s'avère nécessaire de l'inscrire dans la
présente section.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, merci M. le Président. Est-ce qu'on a
pensé à la possibilité de donner plutôt une option
au cédant? Je pense qu'au temps où nous vivons, il est
très important que les établissements puissent continuer à
fonctionner. Je prends encore mon exemple, celui d'un incendie. Il serait
peut-être préférable de - je sais que c'est un principe qui
va un peu loin - donner une option au cédant qui voudrait dire que, si
je veux avoir le produit de l'assurance pour rebâtir mon commerce tout de
suite, le cessionnaire serait obligé de l'accepter. Peut-être que
c'est une opinion qui va un peu loin, mais comme cela, on pourrait
éviter que le prêteur encaisse l'argent, que le commerce soit
terminé, qu'il ne reste plus rien et que beaucoup de gens perdent leur
emploi.
M. Létourneau: M. le député, à cause
de la destruction des biens, le risque du prêteur peut s'aggraver. Alors,
cela devient une cause susceptible pour lui de rappeler le prêt. Il ne
faut pas oublier qu'évidemment, le prêteur met de l'argent
là-dedans, mais il a besoin de garantie. À partir du moment
où le bien est détruit ou détérioré, sa
garantie vient de tomber et à ce moment, le prêt est rappelable.
Alors, ce que l'article vient dire, finalement, c'est que le cessionnaire
obtient l'argent, mais ils peuvent quand même, s'ils réalisent
vraiment que le cédant est crédible, bien intentionné et
qu'il a bien des chances de repartir en affaires, il peut toujours lui
prêter de nouveau, mais autrement...
M. Polak: Oui, mais...
M. Létourneau: ... sa garantie est diminuée
considérablement.
M. Polak: ... disons que cela dépend de la bonne
volonté du cessionnaire qui pourra dire: Je vous remets cet argent pour
vous donner la possibilité de relancer votre commerce. Sur un plan
personnel, j'aurais peut-être préféré avoir une
option de bonne foi du cessionnaire disant: Je veux relancer mon commerce, avec
le produit de l'assurance, et ne pas être obligé de
congédier une vingtaine de mes employés.
M. Bédard: Je pense que si...
M. Polak: Peut-être que ma solution est un peu trop
social-démocrate, mais, personnellement, je pense un peu dans cette
direction de protéger...
M. Bédard: Ce n'est pas qu'elle est trop
social-démocrate, mais elle donne l'ouverture à la personne qui
veut ainsi relancer son commerce. Si ce n'est pas possible parce qu'il n'a pas
les sommes nécessaires, étant donné l'action de l'autre
partie, si les chances de reprise et de succès en affaires sont bonnes,
il n'y a rien qui l'empêche d'aller voir un autre emprunteur. Mais de
là à enlever à celui qui a prêté, à ne
pas tenir compte du fait que celui qui a prêté voit ses garanties
complètement diminuées, c'est le cas de le dire si c'est un
incendie...
M. Polak: Mais il aura la même garantie parce que le
produit de l'assurance, selon ma solution, serait utilisé pour relancer
le commerce, alors la garantie est là. C'est juste une question d'un peu
de temps où cet argent est utilisé pour...
M. Bédard: II faut protéger celui qui emprunte,
mais je pense qu'il est fondamental de protéger celui qui prête
aussi.
M. Kehoe: On peut faire un transfert sur les polices
d'assurance.
M. Bédard: C'est tout. D'accord.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Beauce-Sud est-ce que vous avez quelque chose à ajouter sur ce
paragraphe?
M. Mathieu: Oui, ce n'est pas sur cet article. Si mes
collègues et le ministre sont d'accord, j'aimerais avoir une
précision sur l'article 11.
Le Président (M. Brouillet): Même s'il est
adopté, M. le ministre?
M. Bédard: Bien, on peut...
Le Président (M. Brouillet): Si vous n'avez plus d'autres
commentaires sur l'article 18, on peut l'adopter.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais tout simplement
savoir...
Le Président (M. Brouillet): Excusez, M. le
député de Saint-Laurent, oui, c'est qu'au début, je ne
vous ai pas mentionné comme membre de la commission parce que vous avez
été remplacé par M. Polak. Il faut tout simplement
l'autorisation officielle.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Cela va. Alors la commission
vous autorise à intervenir.
M. Leduc (Saint-Laurent): En fait, je veux seulement savoir ce
qu'on veut dire par "avant dénonciation". Qu'entendez-vous par
dénonciation?
Le Président (M. Brouillet): M.
Létourneau.
M. Létourneau: II faut que le cessionnaire avise la
compagnie d'assurances qu'il y a eu cession de biens et que dorénavant
il est propriétaire. Si jamais la compagnie d'assurances fait paiement
au cédant avant d'avoir été avisée par le
cessionnaire, le paiement est libératoire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je comprends cela. Mais quelle sera la
formule? Est-ce que ce sera une simple lettre? Vont-ils s'en remettre à
une lettre? Vont-ils demander la preuve? Je pense que...
M. Létourneau: C'est un simple avis, comme c'est
déjà prévu au Code civil. La formule de
dénonciation est prévue au Code civil. C'est un avis que le
cessionnaire enverra à la compagnie d'assurances. Il pourrait même
envoyer une copie de l'avis de cession.
M. Leduc (Saint-Laurent): Sans en prendre connaissance, sans
prendre avis qu'il y a eu une cession? Cela me semble aller très loin.
Il aura seulement à envoyer une lettre. Je ne pense pas que la compagnie
d'assurances puisse payer sur cette preuve. Elle demandera plus que cela. Je me
demande ce qu'est la dénonciation. Il faudra sûrement envoyer le
contrat. Est-il encore en vigueur? N'y a-t-il pas eu une libération?
Comment allez-vous?...
M. Bédard: La compagnie d'assurances est au courant de
l'article 2586 du Code civil.
M. Leduc (Saint-Laurent): La compagnie d'assurances sait-elle que
la cession existe
encore? Elle ne le sait pas. Peut-être que le contrat a
été signé depuis un an. Peut-être que l'argent a
été remboursé. Peut-être qu'il y a eu quittance. Il
faudrait la signature du cédant, comme lorsqu'on fait une
hypothèque, s'il n'y a pas de transfert sur la police d'assurance
à l'occasion de l'hypothèque, il n'est pas question... Je pense
que cela devrait être la même chose. Sans cela, cela créera
des problèmes. Quelle sorte de preuve demandera-t-on?
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre. M.
Létourneau.
M. Létourneau: C'est un peu le même principe que
pour une hypothèque. Par exemple, si vous avez une hypothèque sur
une maison, vous prenez une assurance contre l'incendie, vous avisez votre
compagnie d'assurances, ou votre créancier hypothécaire le
demande ou le fait lui-même, à savoir qu'il détient une
hypothèque sur la maison.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est-à-dire que cela prend la
signature de l'emprunteur. Sinon, on ne peut pas décider...
M. Létourneau: C'est-à-dire que cela va
apparaître sur le document de l'hypothèque.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non. Cela va prendre plus que cela.
C'est évident qu'une compagnie d'assurances ne sait pas si la
créance existe encore. Le fait qu'on produise un document n'est pas une
preuve que la créance subsiste.
M. Bédard: Non, mais une chose est certaine, c'est que la
compagnie d'assurances, ayant reçu un tel avis, prendra toutes les
précautions nécessaires pour aller au fond des choses avant de
faire un paiement. C'est suffisant.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non. Si elle n'a pas la signature du
propriétaire lorsqu'il y a une hypothèque, elle ne paiera jamais
au créancier.
M. Bédard: Cela ne sera pas le cas par rapport à la
loi. À partir du moment où elle reçoit un avis,
conformément à la loi que nous votons, cela règle...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est ce que vous entendez pas
dénonciation? Une simple dénonciation...
M. Létourneau: C'est cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): ... va lier la compagnie d'assurances?
En tout cas, si c'est ce que cela veut dire, cela me semble un peu fort,
mais...
M. Bédard: Cela ne la lie pas, mais cela l'oblige à
prendre ses responsabilités conformément à l'avis qui lui
est donné. Je pense qu'on n'a pas intérêt, tant pour une
partie que pour l'autre, à multiplier les procédures ou...
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, mais à ce moment, le
cessionnaire pourra envoyer un avis, sans plus. Hypothétiquement, c'est
possible. Je ne pense pas que les compagnies d'assurances pourront accepter
cela.
M. Bédard: Elles vont devoir l'accepter. À partir
du moment où elles ont l'avis conformément à la loi, elles
doivent se conformer à la loi, point.
M. Leduc (Saint-Laurent): Y a-t-il une preuve que la
créance existe?
M. Bédard: Quand viendra le temps de payer, si elles ont
reçu un avis conformément à la loi, si elles ont des
vérifications à faire, elles les feront.
M. Leduc (Saint-Laurent): Avez-vous vérifié
auprès des compagnies d'assurances si elles seront d'accord avec cela?
Par une simple dénonciation de la part du cessionnaire, je trouve cela
fort.
M. Bédard: Cela ne doit pas être très fort
puisque le projet de loi est déposé depuis très longtemps
et qu'on n'a eu aucune représentation dans le sens de ce que dit le
député de la part des compagnies d'assurances.
M. Leduc (Saint-Laurent): Dans un contrat d'assurance, vous avez
deux parties. Il faut avoir la signature des deux parties.
M. Bédard: Tout ce que je vous dis, c'est que c'est
conforme au Code civil, alors c'est tout.
M. Leduc (Saint-Laurent): Que dit le
Code civil?
M. Bédard: Le Code civil, article 2586: "Les
indemnités exigibles sont attribuées aux créanciers ayant
des privilèges ou des hypothèques sur la chose endommagée,
suivant leur rang et sans délégation expresse, moyennant simple
dénonciation et justification de leur part." Cela ne donne rien de
multiplier les procédures.
Le Président (M. Brouillet): Sur l'article 18, est-ce
qu'il y aurait d'autres interventions?
M. Leduc (Saint-Laurent): J'aurais seulement...
M. Mathieu: M. le Président.
Le Président (M. BrouiUet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Bédard: C'est sur l'article 11 que vous voulez...
M. Mathieu: Non, sur l'article 18 avant. Dans le cas
d'hypothèques, on fait toujours signer un transfert d'indemnité
d'assurance par l'emprunteur en faveur du créancier et on prend le
transfert signé par l'emprunteur, on l'envoie à la compagnie
d'assurance. Dans le cas présent, ce serait seulement le
créancier qui signerait le transfert.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que vous avez des
commentaires? Monsieur... Quel est 1j nom de monsieur?
M. Pleau (Yves): Yves Pleau.
Le Président (M. Brouillet): M. Yves Pleau.
M. Pleau: En matière d'hypothèque, lorsqu'il s'agit
d'une police d'assurance existante, on fait signer un tranfert. Mais lorsqu'il
s'agit d'une maison en contruction, d'un nouveau prêt
hypothécaire, d'une nouvelle police d'assurance, on fait une simple
dénonciation, conformément au Code civil, article 2586.
Le Président (M. Brouillet): Le paragraphe 18 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Le paragraphe 18 est
adopté. Avant d'aborder l'autre article, est-ce que le
député de Beauce-Sud a demandé de revenir sur d'autres
articles?
M. Mathieu: Avec la permission de la commission, si possible.
M. Bédard: C'est une question sur l'article...
M. Mathieu: C'est une question pour éclaircir, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Mathieu: Je me pose la question suivante: Pour un bien
agricole, soit une récolte de pommes, une récolte de sirop
d'érable, supposons que le producteur lui-même n'est pas une
entreprise commerciale, est-ce qu'il a la faculté, en tant que
producteur agricole, de céder, en vertu de l'article 11, sa
récolte en stock?
Le Président (M. Brouillet): M.
Létourneau.
M. Létourneau: II a cette possibilité. C'est ce que
nous avons prévu à l'article 11 en mentionnant qu'il s'agissait
soit d'un bien ou d'un service et que l'entreprise soit à
caractère commercial ou non. Toute personne qui fait une exploitation,
même si... On savait que les sociétés agricoles n'ont pas
nécessairement le caractère commercial, c'est la raison pour
laquelle nous avons inséré cette mention qu'elle ait un
caractère commercial ou non. Des représentations nous avaient
été faites dans ce sens par l'Association des banques et par les
Caisses populaires pour s'assurer d'élargir le champ pour permettre cela
aux sociétés agricoles.
M. Mathieu: Très bien.
Le Président (M. Brouillet): Tel que c'est entendu, nous
allons suspendre les travaux de cette commission jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 13)
(Reprise de la séance à 15 h 28)
Le Président (M. Paré): À l'ordre! La
commission de la justice reprend ses travaux pour étudier le projet de
loi no 97 article par article. Nous étions rendus à l'article 19.
La parole est à M. le ministre.
M. Bédard: Je voudrais simplement m'excuser, M. le
Président, du retard de quelques minutes, étant donné que
j'ai dû m'absenter afin d'être présent au Conseil des
ministres pour certaines décisions. Aussi, j'ai eu l'occasion de
rencontrer, à la demande de M. le député...
Une voix: Nous pouvons le confirmer. M. Bédard:
Vous pouvez le confirmer.
M. Polak: Est-ce qu'on peut enregistrer le nombre de
députés qui ont demandé au ministre de sacrifier son
temps?
M. Bédard: M. Kehoe a rencontré... M. Polak:
Ah! c'était M. Kehoe...
M. Bédard: ... certains de ses commettants pour un cas
important.
Le Président (M. Paré): Je m'excuse, mais
j'aimerais, avant qu'on entreprenne l'étude de l'article 19, rappeler
que M. le député de Sainte-Anne va remplacer cet
après-midi, M. Dauphin, député de Marquette, au lieu de
remplacer M. Leduc, député de
Saint-Laurent, qui est présent cet après-midi.
M. Marx: Quand nous avons suspendu la séance avant l'heure
du lunch, nous avons voulu aborder la question du transfert de
propriété. M. Létourneau nous a promis une explication
à savoir pourquoi on va procéder de la façon prévue
dans le projet de loi. M. Létourneau va répondre à cela?
Oui, merci.
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: Oui, M. le député de D'Arcy
McGee. En fait, ce que l'on retrouvait et ce que l'on retrouve actuellement, en
vertu de la Loi sur les banques fédérales, c'est un transfert de
propriété des biens scellés en stock en faveur du
prêteur. Ce que nous retrouvons dans le projet de loi no 97 est
exactement la même chose. Mais c'est différent, il faut
l'admettre, du Code civil. Le Code civil, dans sa teneur actuelle, contient des
gages ou des privilèges qui n'opèrent pas le transfert de
propriété. Alors, comme ce qui était demandé par
les institutions de crédit québécoises était des
dispositions analogues finalement ou du moins qui donnaient les mêmes
garanties que les banques obtiennent en vertu de leur loi
fédérale, c'est la raison pour laquelle nous avons mis des
dispositions qui opéraient le transfert de propriété dans
ce sens-là.
M. Marx: C'est-à-dire que sur ce point, la loi est
plutôt collée au "Common Law" qu'au droit civil. C'est cela?
M. Létourneau: C'est bien cela.
M. Marx: Oui. Juste une autre petite question au ministre. Est-ce
que le ministre des Finances, M. Parizeau, est au courant de ce projet de loi?
Est-ce qu'il l'a suivi?
M. Bédard: Oui. M. Marx: Oui.
M. Bédard: II est au courant du projet de loi. Cela a fait
l'objet de discussions entre le ministère des Finances et le
ministère de la Justice également.
M. Marx: Est-ce que ce projet de loi va permettre, par exemple,
à la Caisse de dépôt et placement de faire des
prêts?
M. Bédard: À tout prêteur. M. Marx:
À tout prêteur? M. Bédard: C'est cela.
M. Marx: Est-ce qu'on a des... Est-ce que cela ferait partie de
la politique du ministre de la Justice de faire en sorte que la Caisse devienne
prêteuse vis-à-vis ce projet de loi?
M. Bédard: La Caisse de dépôt a
déjà ses règles et ses habitudes. À partir du
moment où une nouvelle loi peut constituer une ouverture additionnelle,
ce sera à elle à prendre les décisions qu'elle jugera
à propos dans le meilleur intérêt du placement des avoirs
des Québécois.
M. Marx: Est-ce que ce projet de loi était voulu vraiment
par le ministre des Finances?
M. Bédard: Certainement. C'est clair, c'est le
résultat d'échanges continus entre le ministère des
Finances, comme il se doit, et le ministère de la Justice.
Alors à l'article 19, M. le Président, nous avons un
amendement. Nous avons d'ailleurs donné une copie de tous les
amendements. Pour la plupart, ils sont de concordance pour clarifier, etc.
L'amendement aurait pour effet de remplacer dans les troisième et
quatrième lignes du premier alinéa de l'article 19, les mots
"l'ouverture de crédit visée peut être remboursée"
par ce qui suit: "les sommes avancées en vertu de l'ouverture de
crédit peuvent être remboursées". Il s'agit d'une
modification technique puisque l'ouverture de crédit ne peut faire
l'objet d'un remboursement.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bédard: II est établi au premier alinéa
qu'advenant un changement de créancier, le débiteur qui ne
désire pas faire affaires avec le nouveau créancier pourra
rembourser l'emprunt sans pénalité. Le second alinéa
prévoit que ce remboursement devra être effectué dans un
délai de 30 jours.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Polak: Quand vous parlez de cession à une autre partie
qui devient débiteur de la créance, est-ce que le
cédant...
M. Bédard: Non, non, les créanciers. Lorsqu'il y a
échange de créanciers.
M. Polak: Echange de créanciers. Je veux dire est-ce que
le débiteur a, en tout temps, le droit de payer d'avance, de rembourser
sans pénalité? Est-ce qu'on trouve cela dans le projet de
loi?
M. Bédard: C'est-à-dire que le débiteur qui
ne désire pas faire affaires avec le
nouveau créancier pourra rembourser son emprunt sans
pénalité.
M. Polak: Moi, je parle d'une autre affaire.
M. Bédard: C'est la convention des parties qui prime
à ce moment-là.
M. Polak: Je comprends. Mais disons que je suis débiteur,
j'ai acquis une cession et je veux avoir le droit de payer. Comme dans mon
hypothèque, par exemple, il y a des clauses de pénalité.
Il faut payer trois mois, six mois. Il y a toutes sortes de
possibilités. Est-ce qu'on ne pourrait pas inscrire dans ce projet de
loi que le débiteur en tout temps a le droit de payer sans
pénalité? Cela l'aiderait. On pense aux petits
commerçants.
M. Bédard: L'imposer serait se priver d'être
concurrentiel dans le domaine.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Bédard: L'article 20 oblige les parties à mettre
par écrit leur convention relative à une cession. Il propose un
modèle pouvant servir de base à cet écrit.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 20 est
adopté? Article 21?
M. Bédard: S'il n'y a pas de remarque chez nos
collègues, quoique peut-être pour le journal des Débats,
c'est mieux pour ceux que la loi intéresse...
M. Marx: D'expliquer.
Le Président (M. Paré): Article 21?
M. Bédard: L'article 21 détermine les
éléments essentiels qui devront apparaître à
l'écrit constatant une cession afin d'identifier suffisamment les biens
cédés pour qu'ils puissent être reconnus facilement par
toute personne intéressée.
Le Président (M. Paré): Article 21,
adopté?
M. Bédard: Article 22... Cela va?
M. Marx: II n'y a pas d'autres commentaires?
M. Bédard: S'il n'y en a pas... L'article 22 rend
l'enregistrement de la cession obligatoire pour la rendre opposable aux
créanciers éventuels. La protection des tiers.
Le Président (M. Paré): Article 22, adopté.
Article 23?
M. Bédard: Nous avons un amendement à l'article 23,
à savoir de remplacer l'article 23 par le suivant: "L'enregistrement
d'une cession est valide pour une période de cinq ans à compter
de la date où il est fait. Toutefois, il peut être
renouvelé avant l'expiration de ce délai." Cet article
établit que l'enregistrement doit être renouvelé à
tous les cinq ans. Outre le fait que ce délai correspond à une
durée normale d'un crédit à court terme, l'obligation de
renouveler l'enregistrement permet l'épuration du registre parce que
quand on garde tout cela dans le registre, à un moment donné plus
personne ne s'y retrouve et le registre ne représente plus une
sécurité pour ceux qui veulent avoir des informations.
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Bédard: À l'article 24, M. le
Président...
Le Président (M. Paré): Un instant: Je vais relire
l'article 23. L'amendement consiste à remplacer l'article 23 par le
suivant: "L'enregistrement d'une cession est valide pour une période de
cinq ans à compter de la date où il est fait. Toutefois, il peut
être renouvelé avant l'expiration de ce délai." Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Polak: II y a une amélioration.
M. Marx: Quelqu'un m'a signalé que, dans les autres
provinces, les délais sont de trois ans. Cela veut dire le
délai...
M. Bédard: Pour le renouvellement? M. Marx:
Oui.
M. Bédard: Non, on a la même chose que le
fédéral: ne pas imposer des frais à tous les trois
ans.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Paré): Article 24?
M. Bédard: II y a un amendement à savoir de
remplacer l'article 24 par le suivant: "La cession cesse d'avoir effet à
l'encontre des tiers lorsque l'enregistrement est radié ou lorsque
expire la période prévue à l'article 23 s'il n'y a pas eu
renouvellement." On peut voir que c'est une simple concordance avec la
modification que nous avons apportée à l'article 23.
M. Polak: J'ai une question là-dessus. Plus loin dans le
projet vous parlez de la manière dont on effectue la radiation.
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Paré): Article 24 amendé,
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
25?
M. Bédard: L'article 25 établit l'enregistrement
obligatoire de tout transport de créance relative à une cession,
de même que de toute subrogation qui pourrait être consentie
à la suite d'une cession. Cet article, autrement dit, ne fait que rendre
applicable la règle déjà prévue à l'article
2127 du Code civil en matière de privilège et
d'hypothèque.
Le Président (M. Paré): Article 25, adopté.
Article 26?
M. Bédard: À l'article 26, nous avons une
modification dans le sens suivant. Au premier alinéa de l'article 26,
remplacer les mots "est inopposable à l'acheteur de bonne foi" par les
mots "même enregistrée, est inopposable à
l'acheteur..."
M. Marx: Est-ce qu'on suit la recommandation du professeur
McDonald?
M. Bédard: Disons que cela vise à protéger
l'acheteur, même si la cession a été enregistrée et
était connue, pourvu qu'il achète dans le cours normal des
affaires du cédant. Cela donne suite...
M. Marx: Cela donne suite à la suggestion du professeur
McDonald.
M. Bédard: Oui.
M. Polak: On retient les mots "de bonne foi"?
M. Bédard: Non, pas "de bonne foi".
M. Polak: Pour quelle raison a-t-on enlevé les mots "de
bonne foi" après le mot "acheteur"?
M. Létourneau: C'est que la bonne foi est
présumée; à l'inverse, la mauvaise foi doit être
prouvée et les tribunaux n'acceptent jamais, évidemment, une
transaction qui aurait été faite de mauvaise foi au
détriment des créanciers. Donc, la bonne foi est toujours
présumée. C'était inutile et c'est d'ailleurs ce qui nous
a été suggéré, de l'enlever.
M. Marx: D'ailleurs il y a de la jurisprudence dans ce sens.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Enlève-t-on le deuxième
alinéa? Oui? Le cessionnaire ne peut être tenu responsable des
vices cachés.
M. Bédard: Non, on le garde.
M. Leduc (Saint-Laurent): Qu'est-ce que cela veut dire? S'il
revend?
M. Bédard: Le premier alinéa - on l'a dit - assure
à l'acheteur que le bien qu'il acquiert de l'entrepreneur ne pourra
être revendiqué par le créancier. Le second alinéa
établit cependant - ce qui est normal - que le cessionnaire ne peut
être tenu responsable des vices cachés et que l'acheteur devra
exercer ses recours contre son vendeur, c'est-à-dire l'entrepreneur.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est-à-dire qu'il est
propriétaire. Je ne vois pas...
M. Bédard: II n'est que le prêteur. Le cessionnaire
ne peut quand même pas être tenu responsable des vices
cachés. C'est le fabricant, l'entrepreneur et le vendeur qui peuvent
être tenus responsables des vices cachés et non pas une personne
qui est complètement en dehors du tableau.
M. Leduc (Saint-Laurent): L'acheteur aura un recours contre le
cédant. Ce ne sera pas fort.
M. Létourneau: Non, c'est un peu comme si vous alliez
acheter une automobile chez un concessionnaire et que le concessionnaire, pour
se financer, avait fait des emprunts, par exemple, à la Banque
Nationale. Si votre automobile devient défectueuse, a des vices
cachés dans la mécanique, vous vous adressez à votre
concessionnaire et vous avez aussi un recours contre le fabricant par la
garantie contre les vices cachés. Ici, on faisait le transfert du droit
de propriété en faveur du prêteur, mais après tout,
c'est un artifice, parce qu'il n'est que le prêteur. On ne peut pas
substituer la responsabilité du fabricant et du vendeur qui est tenu
à la garantie contre des vices cachés et la passer au
prêteur qui, lui, ne fait rien.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, mais si sa dette est
assumée par le fait qu'il a repris... Il était
propriétaire, mais il a disposé et il a été
payé suivant le montant de sa dette. Je ne vois pas pourquoi il ne
serait pas responsable. Il est propriétaire. En fait, cela veut dire que
le propriétaire... Encore là, c'est un accroc au Code civil.
M. Létourneau: Oui, à partir du moment où il
y a un transfert de propriété, mais c'est le vendeur,
l'entrepreneur qui est l'emprunteur qui continue à diriger son
commerce normalement tout comme si de rien n'était, qui fait les
ventes dans le cours normal de ses affaires et qui donne les garanties
habituelles. Je suis convaincu que plusieurs d'entre nous avons même
acheté des automobiles chez des concessionnaires qui avaient fait des
cessions de biens en stock en vertu de la Loi sur les banques et on ne l'a
jamais su. Quand on s'adresse à son concessionnaire pour faire
réparer son automobile, on obtient la garantie de la compagnie ou du
fabricant et la garantie aussi du concessionnaire. Cela ne change rien.
M. Polak: Oui, mais je voudrais faire une remarque
là-dessus. En vertu du Code civil, celui qui obtient un droit de
cessionnaire ne peut jamais, en principe, obtenir de meilleur droit que celui
qui cède ce droit, parce qu'on a déjà eu des causes en
cour où on pouvait soulever contre le cessionnaire la même
objection qu'on avait contre le cédant. Cela a du bon sens. Je me
rappelle très bien, à un moment donné, que des machines
à tricoter avaient été importées du Japon ici au
Québec et qui ont été vendues à des dames au prix
de 400 $ chacune. Cela ne valait pas 5 $, cette machine-là. Cela ne
marchait pas du tout. Ensuite, il y avait une autre compagnie qui promettait de
donner du travail à la maison. Je me rappelle avoir plaidé cette
cause. Je ne parle pas ici des caisses populaires, je comprends très
bien que c'est complètement différent, mais il peut y avoir des
compagnies de finance non scrupuleuses qui achètent ces créances
et poursuivent le pauvre débiteur pour le plein montant de la valeur,
sachant même de temps en temps que l'affaire n'est pas bonne dès
le début. Donc, là, il y a de la jurisprudence. Il y a des
jugements rendus où la Cour a dit qu'on a le droit de soulever contre le
cessionnaire les mêmes objections qu'on avait contre le
cédant.
Je comprends très bien ce que vous dites. On ne peut pas
être tenu responsable des vices cachés. Je comprends le principe,
mais d'autre part, on ferait peut-être mieux de rayer cela
complètement, de ne pas en parler et de laisser cela vraiment aux
circonstances particulières à chaque cas, parce que si vous
l'inscrivez dans le texte, cela peut donner ouverture à un gars non
scrupuleux de prendre avantage de ce texte. Si vous ne dites rien, pour moi, si
on raye ce paragraphe, probablement que votre principe va être
respecté par la Cour, mais au moins, la Cour a la possibilité,
dans des cas de mauvaise foi d'un cessionnaire, de se baser sur les
règles du droit civil et de dire à cette compagnie: Je vous tiens
responsable, je n'accorde pas plus que la valeur de la machine qui a
été achetée, par exemple. En d'autres termes, je crois
vraiment, M. le ministre, qu'avec ce texte, on peut donner ouverture à
quelqu'un de non scrupuleux qui veut en prendre avantage. Si on laisse tomber
ces mots complètement, vous retombez dans les règles de droit
ordinaires. C'est un peu comme la faire de bonne foi, savez-vous. Donc, vous
n'enlevez rien au principe, mais vous ne donnez pas une chance à
quelqu'un d'en prendre avantage.
M. Bédard: Je vous ferais remarquer que si on ne le met
pas, il y a toujours un danger que l'acheteur se tourne contre le prêteur
ou l'inverse.
M. Polak: Oui, mais...
M. Létoumeau: Mais à l'inverse, si vraiment, on
était en présence d'une situation frauduleuse de prêteur
qui veut frauder un acheteur - ce qui est à peu près impensable,
mais si c'était le cas - le tribunal a toujours le pouvoir de
sanctionner la fraude. On ne légifère jamais sur la fraude parce
qu'on ne peut pas invoquer sa propre fraude à son avantage. Mais
à l'inverse, si tout le monde est de bonne foi... Ici, on peut vraiment
imaginer un prêteur, par exemple une banque ou une caisse, qui se
retrouverait poursuivi parce qu'il n'est plus solvable ou parce que c'est
peut-être plus facile que d'aller contre le cessionnaire, on paralyserait
absolument tout le système du prêt.
M. Bédard: C'est ce qui arriverait de toute
évidence. Normalement, les prêteurs sont plus solvables...
Une voix: Cela, évidemment.
M. Leduc: Mais vous êtes d'accord que si cela se produit,
cela veut dire qu'il n'est plus solvable. Si, par exemple, il n'acquitte pas sa
dette...
M. Bédard: Cela dépend. Quelquefois, il peut
être encore solvable, mais, à sa face même, le prêteur
est encore plus solvable. C'est évident que si une personne a le loisir
de poursuivre, il essaiera de poursuivre celui qui est le plus solvable, sans
se demander, sans se poser plus de questions, si l'on garde un lien de
droit.
M. Leduc: Alors, l'acquéreur n'aura jamais de garantie. Je
prétends que cela se produira chaque fois qu'il y aura une faillite ou,
je ne sais pas, un abandon sûrement.
M. Bédard: Si tu fais faillite, tu tombes sous les lois de
faillite. Mais s'il y a de la fraude, il y a un tribunal qui est là. On
ne peut pas présumer. D'accord?
Le Président (M. Paré): Est-ce que
l'article 26, tel qu'amendé, est adopté? Une voix:
Adopté. Le Président (M. Paré): Article 27? M.
Bédard: L'article 27...
M. Polak: Excusez-moi, M. le ministre, à l'article 26 - je
ne veux pas prendre trop de temps - si on laissait le deuxième
paragraphe: "Le cessionnnaire ne peut être tenu de vices
cachés..." Si on ajoutait quelque chose, comme "... sujet aux
règles de droit commun..." ou quelque chose comme cela, pour
démontrer tout de même qu'il y a une ouverture pour ceux qui... Je
veux protéger les victimes possibles, s'il y a moyen. Cela est tellement
dans le ciment, tel qu'on le lit maintenant, il n'y a pas d'exception possible.
Je voudrais tout de même, s'il y a moyen, ajouter quelques mots pour
ouvrir la porte.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Bédard: En fait, je crois que même si on
indiquait quelque chose dans ce sens, cela existe déjà. Il est
évident qu'il n'y a absolument rien dans le projet de loi ou de cet
article qui ne prive, de quelque façon que ce soit, le débiteur
des recours qu'il peut avoir en vertu du droit commun, sinon il faudrait mettre
cela... À partir du moment où on le met dans un article, cela
commencerait à poser un moyen problème par rapport aux articles
où on ne le met pas.
M. Polak: D'accord, vous m'avez convaincu.
M. Leduc: Est-ce que le tiers acquéreur sera avisé
maintenant que ces biens dont on dispose ont fait l'objet d'une garantie? Il ne
le sait pas. Si c'est vendu de gré à gré en vertu de... Le
tiers acquéreur ne le sait pas.
M. Bédard: On l'a dit, il faut que ce soit
enregistré pour que ce soit...
M. Leduc: Non, il en dispose de gré à gré.
Il ne le sait pas.
M. Bédard: L'acheteur est toujours protégé
à n'importe quel moment, pourvu que cela se fasse dans le cours normal
des activités. Il est toujours protégé. C'est pour cela
qu'à l'article 26, on a apporté l'amendement; c'était pour
protéger l'acheteur, même si la cession était
enregistrée et connue, pourvu qu'il achète dans le cours normal
des affaires...
Le Président (M. Paré): Article 27.
M. Bédard: À l'article 27, on aurait un amendement
au deuxième alinéa: Insérer à la cinquième
ligne, après le mot "date", le mot "de"; supprimer la virgule
après le mot faillite; également, ajouter à la fin de cet
alinéa, la phrase suivante, et je cite: "II en est de même pour
les créances d'un cultivateur ou d'un producteur agricole détenu
à l'encontre du cédant aux conditions et pour les fins et le
montant prévu au sous-paragraphe b du paragraphe 6 de l'article 178 de
la Loi sur les banques (Statuts du Canada, 1980-1981-1982, chapitre 40).
M. le Président, les deux premières modifications, on peut
s'en douter, ne visent qu'à corriger des erreurs d'impression du projet
de loi; la troisième modification vise à accorder priorité
aux créances d'un cultivateur ou d'un producteur agricole advenant la
faillite du cédant à qui il a livré des produits
agricoles. Cette modification est justifiée par le fait que, couramment,
les producteurs agricoles vendent leurs produits à un même
grossiste. Leur créance n'est donc perçue qu'en un seul paiement
global de sorte que, advenant une cession de ses produits par le grossiste,
puis une faillite de celui-ci, cette faillite entraînerait presque
inévitablement celle du producteur agricole dans les cas où le
grossiste n'aurait pas payé le producteur agricole. D'accord? Même
chose que la Loi sur les banques. D'accord, M. Mathieu?
Le Président (M. Paré): L'amendement est-il
adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): L'article 27, c'est-à-dire que
le privilège de vendeur saute. Encore là, il faut...
M. Polak: Le brimer.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous dites qu'il saute, il n'y en a
plus de privilège de vendeur. C'est capital à mon sens. On fait
sauter le privilège de vendeur?
M. Bédard: C'est une loi un peu particulière.
L'ensemble de l'article, en ce qui regarde le premier alinéa,
établit la relation qui existe entre les droits du créancier et
les autres droits que des personnes pourraient avoir sur les biens
cédés. Dans le deuxième alinéa, il accorde une
priorité au salaire des employés advenant une faillite de
l'entrepreneur.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui. Je n'aime pas les mots à l'article 27,
"sauf celle qui est connue du cessionnaire au moment de la cession". Cela veut
dire qu'un débiteur est en pourparlers avec une institution
financière pour faire la
cession, et entre-temps, la marchandise arrive dans un
établissement. Nous avons le cas d'un vendeur impayé et il est
protégé, sauf si c'est connu du cessionnaire. Comment peut-on
faire la preuve de cela si le cédant ne révèle pas qu'il
est en train d'acheter? On a toujours dans le cas de faillites frauduleuses,
par exemple, l'envoi du bois, vous connaissez cela. Il y a des wagons de bois
qui sont arrivés des États-Unis à Montréal. La cour
était là; les wagons ont été
déchargés d'environ 100 000 $ de bois et le cessionnaire a dit
que c'était tout à lui. Le vendeur impayé perd tout son
recours qui existait, jusqu'à maintenant en vertu de l'article 143. La
connaissance du cessionnaire? On peut dire: "Monsieur, vous, aux institutions
financières, vous saviez." On ne peut jamais faire la preuve de cela
parce qu'on ne sait même pas quelle sera la compagnie d'assurances. Si je
suis vendeur et que je reçois une commande, je ne peux pas m'informer si
le débiteur est en train de faire un "deal" de cession avec des
centaines de possibilités de compagnies de finance ou de
prêteurs.
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: Cette mention "sauf celle qui est connue du
cessionnaire au moment de la cession" est extrêmement importante parce
qu'il ne faut pas oublier l'article 13 que nous avons adopté qui dit que
le cédant ne peut céder que les biens dont il est
propriétaire. C'est-à-dire que le prêteur, avant de prendre
les biens en stock en garantie, exigera une preuve à savoir que le
cédant est propriétaire. Alors, il saura si le cédant est
propriétaire et si les biens ont été payés ou pas.
À partir du moment où il sait que les biens n'ont pas
été payés parce qu'il a encore un privilège de
vendeur impayé, ce qu'il va faire, en pratique, il dira: "Vous allez
payer votre vendeur. Je vous prête 100 000 $ et vous allez payer votre
vendeur." Parce que le cessionnaire est intéressé que le
cédant lui cède des biens qui sont à lui et qui sont
libres de tout droit de propriété autre qui pourrait être
au vendeur. Pour le savoir, il doit vérifier s'il y avait un vendeur et
si le vendeur a été payé. À partir de ce moment, il
le sait. Alors, sa créance ne brimera plus celle du vendeur
impayé parce que cela devient connu du cessionnaire que le vendeur n'est
pas payé. Que fera le cessionnaire? Il mettra comme condition de son
emprunt de payer le vendeur.
M. Polak: Qu'arrive-t-il dans le cas d'une vente pas à
terme ou à crédit? Le Code civil dit que par le fait même
de la livraison, l'acheteur devient propriétaire. Disons que je suis
vendeur et sur la bonne foi de mon acheteur, je lui fais la livraison de la
marchandise. Je suis protégé en vertu de l'article 143 et je ne
prends pas de précaution en disant "vente à terme, etc." Je reste
propriétaire et il y a moyen de me protéger, mais disons que je
ne fais pas cela. Par le fait même de la livraison, il devient
propriétaire, cela tombe dans la cession, alors comment suis-je
protégé?
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: Dans votre exemple, le cessionnaire - parce
qu'il faut toujours partir du cessionnaire - qui veut avoir une garantie, qui
fait un prêt et qui veut être sûr de la valeur de sa
garantie, il faut qu'il soit sûr que les biens appartiennent au
cédant. Si on est en présence d'un cédant qui a
acheté des biens pour les fins de son commerce, pour les revendre, ou il
les a payés ou il ne les a pas payés.
M. Polak: D'accord. S'il les a payés, d'accord, mais s'il
ne les a pas payés?
M. Létourneau: S'il ne les a pas payés, le
cessionnaire, lui, en devient informé. À partir du moment
où il en devient informé, sa créance passe après
celle du vendeur; donc celle du vendeur passe avant. Donc, il n'obtient qu'une
créance de deuxième rang. Le vendeur, en cas de litige, passe
avant -c'est la priorité des rangs - le cessionnaire.
M. Polak: Oui, mais dans...
M. Létourneau: Alors le cessionnaire ne prêtera pas
dans ces conditions.
M. Polak: Oui, mais dans l'article 13, vous ne parlez pas de
payer ou de ne pas payer, vous parlez d'être propriétaire ou de ne
pas être propriétaire. On peut ne pas être payé et
l'autre partie peut être devenue propriétaire. Vous savez cela.
Quand vous achetez quelque chose, le simple fait de la livraison rend
l'acheteur propriétaire et la créance existe encore. En vertu de
l'article 13, je ne suis pas protégé, à moins que, dans
l'article 13, vous ne parliez de protection pour celui qui n'a pas
été payé. Vous ne parlez pas des mots "payé" et
"non payé", à l'article 13, vous parlez de
propriété, mais la propriété passe, en vertu du
Code civil, par le phénomène de la livraison.
M. Létourneau: Le cessionnaire, avant de prêter, va
exiger du cédant, de son emprunteur, une preuve qu'il est bien
propriétaire.
M. Polak: II va dire: Je suis propriétaire, parce que j'ai
reçu livraison. Il n'y a pas de protection que le pauvre vendeur a
dû prendre, je l'ai pris et je l'ai convaincu. Voici, la marchandise est
livrée,
la facture est là, elle n'est pas payée. La loi ne dit pas
qu'il est protégé parce qu'elle n'est pas payée.
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: On me fait remarquer que, en matière
commerciale, vous avez toujours des connaissements, des factures. Par exemple,
si vous avez Massicotte Sports qui s'approvisionne en matériel sportif
chez un fournisseur, il a son connaissement, sa facture; à ce
moment-là, on sait qui est le fournisseur. Il appartient au cessionnaire
-c'est important pour lui - de savoir si cela a été payé.
Si vous regardez la formule en annexe, le cédant doit garantir qu'il est
propriétaire des biens, donc...
M. Polak: Quelle annexe?
M. Létourneau: "Je garantis que les biens dont je suis
propriétaire et qui sont -je lis à partir de l'annexe, du contrat
-l'objet de cette cession sont libres de toute cession et de tout
privilège, sauf... - il doit, à l'égard du cessionnaire,
indiquer s'il y en a - et je m'engage à ce que les biens futurs dont je
deviendrai propriétaire (...) soient aussi libres de toute cession et de
tout privilège." Il va le dénoncer, il est obligé de le
dénoncer et à partir du moment où le cessionnaire le sait,
il passe en deuxième. Ce qu'il fera, c'est exiger qu'il paie.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est une formule, ce n'est pas une
nécessité, cette formule. C'est ce que vous proposez, c'est une
formule, il peut y en avoir d'autres. À ce moment-là, pourquoi
mettre les deux premières lignes de l'article 27? Il n'y en aura jamais
de privilège de vendeur. Vous dites qu'il doit vérifier s'il a
payé, donc ne mettez pas cela. Vous dites qu'il doit vérifier si
ces stocks, ces biens ont été payés. Donc, s'il faut qu'il
vérifie, enlevez cela. Est-ce que c'est nécessaire de le
vérifier ou non? Je veux le savoir.
M. Létourneau: À l'inverse, on ne peut pas
vérifier, par le système d'enregistrement actuel, s'il y a un
privilège de vendeur ou pas. Ce qu'on fait, c'est qu'on lui donne la
priorité, évidemment, sauf s'il y a un privilège de
vendeur qui est porté à sa connaissance. On exige, à
toutes fins utiles, du cessionnaire - pour une fois on met une obligation sur
lui - de vérifier s'il y a un vendeur qui est payé ou pas et si
les biens sont bien au cédant, s'il veut se protéger.
Évidemment, s'il ne veut pas se protéger, c'est lui qui avoir le
problème. (16 heures)
M. Leduc (Saint-Laurent): Je veux avoir une réponse. Je
suis une caisse populaire et je veux savoir si je dois vérifier si des
biens ont été payés ou non. Je veux savoir si c'est
nécessaire de le faire. Est-ce que c'est nécessaire? Je veux
avoir une réponse là-dessus. Ce sera la première question
que les caisses nous poseront. Est-ce qu'on doit vérifier les biens sur
lesquels on prend une garantie, enfin ceux qui nous sont cédés?
Est-ce qu'ils sont payés? Parce qu'il est dit ici que ce n'est pas
nécessaire. "Prime toute créance de vendeur impayée."
Là, vous semblez dire qu'il faut aller vérifier si cela a
été payé ou non. Il faut bien se comprendre. Ce n'est pas
parce que votre formule dit qu'il n'y a pas d'autres attaches, d'autres liens,
cela peut être une autre formule qui n'ait pas cette clause. Je pense
bien qu'on s'entend là-dessus. Je veux avoir une réponse
là-dessus. Je veux savoir si c'est nécessaire ou non.
M. Bédard: Oui.
M. Létourneau: Oui, c'est nécessaire pour lui,
parce qu'en vertu de l'article 13 il doit s'assurer, à moins qu'il
veuille prendre une chance de ne pas avoir de garantie du tout, de prêter
200 000 $ sans savoir si le type est vraiment propriétaire des biens ou
non et prendre en garantie des biens qui n'appartiennent pas au cédant;
il n'y a alors aucune garantie à l'égard de son prêt.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, il est proprétaire, mais il
a une créance impayée, il a un solde impayé. C'est
là la question. C'est ce que je veux savoir. Le propriétaire a
une balance due, est-ce qu'on doit aller vérifier si cette balance a
été payée, enfin est-ce qu'on doit vérifier si ces
biens ont été payés en entier ou non? D'après
l'article 27, je dis non, parce qu'il n'a pas le privilège.
C'est-à-dire que le privilège ne prime pas. Il n'a plus de
privilège.
M. Bédard: Nous pourrions peut-être suspendre. Il y
aurait peut-être un amendement mineur qui pourrait être de nature
à rassurer.
M. Polak: Juste une suggestion sur le même sujet.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui. Nous venons de lire l'annexe...
M. Bédard: Si on s'éloigne trop de ce qui est
déjà...
M. Polak: Au moins, parce que le renseignement provient de la
part du cédant. C'est lui qui va dire... Le cessionnaire ne va pas se
rendre sur les lieux pour vérifier ce qui se passe. Donc, il se fie
à la déclaration
du cédant. Au moins, on devrait exiger que le cédant donne
une déclaration sous serment, par affidavit. Vous savez très bien
que d'après la formule que vous avez ici, je suis certain qu'il y a des
débutants qui ont besoin de sous et ils prennent cela un peu
étroitement. Ils diront: Écoute, j'ai signé cela, c'est
vrai, mais je vais demander à ma femme d'envoyer le chèque
aujourd'hui même. Elle a oublié de le faire... Donc, il fait la
déclaration qu'il ne doit plus rien à personne. Il garantit qu'il
est bien le propriétaire. Plus tard, il dira: C'est ce que je pensais.
Je ne savais pas que le chèque était resté chez moi
quelques jours. Il y a toujours des excuses. Au moins, mettez la pression sur
le cédant, par une formule comme dans une vente en bloc, par affidavit,
qu'il sache que c'est une déclaration qu'il signe et que s'il va contre
cela, cela devient une offense criminelle.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce n'est même pas fait sous
serment.
M. Polak: Rien sous serment. Au moins, cela mettrait un peu le
fardeau de l'honnêteté sur le cédant. Parce que le type qui
cherche des prêts de cette nature joue un peu avec la
révélation véridique de l'état financier.
Le Président (M. Paré): D'accord. Allez-y, M.
Létourneau.
M. Létourneau: Le fait que cela ne soit pas sous serment,
en fait, ne pose pas tellement de problèmes et il est même
souhaitable, parce qu'en matière de commerce il faut procéder
quand même avec le moins de formalité possible, le plus
rapidement, et commencer à les faire assermenter, on sait fort bien
aussi qu'il y a bien des assermentations qui se font sur le coin d'une table et
qui ne sont pas une garantie. Mais à l'inverse, je dirais qu'il y a
quand même en matière criminelle deux infractions qui sont
prévues. L'une, pour les actes faits sous serment et l'autre pour les
actes juridiques qui, même s'ils ne sont pas faits sous serment, sont
faux.
Quant au fraudeur, il n'y a de problème, il sera couvert par le
Code criminel. Qu'il le fasse sous serment ou non, sa responsabilité
criminelle sera engagée dans la mesure où il certifie, où
il atteste, où il signe un document qui est faux, le sachant faux et
l'ayant utilisé surtout pour obtenir du crédit. Quant à
cela, il n'y a pas de problème sur le plan du droit criminel.
M. Polak: Vous savez très bien que lorsqu'on est
obligé de signer une formule par le biais d'un affidavit, on prend
beaucoup plus de soin d'être prudent avec ce que l'on dit. La Cour
criminelle fait une grande distinction entre une déclaration
assermentée et une déclaration qui ne l'est pas. Au point de vue
de la technique commerciale, cela ne crée pas de problèmes.
Chaque caisse populaire, chaque gérant est commissaire à
l'assermentation. Ils sont là. Tout le monde presque, de nos jours, est
devenu commissaire à l'assermentation. Ce n'est pas grave. Il y aura des
abus avec des formules telles quelles. Les gens diront: Je croyais, je pensais.
Mais sous serment, cela n'est pas la même chose. Ce n'est pas difficile
d'exiger cela.
Le Président (M. Paré): On suspend donc l'article
27. On passe à l'article 28.
M. Bédard: Pour l'article 27, on l'a dit tout à
l'heure, c'est la réplique de ce qui existe dans la loi
présentement, dans la loi fédérale. On va regarder s'il
pourrait y avoir des changements mineurs qui pourraient être de nature
à apporter des améliorations. On va le suspendre.
Le Président (M. Paré): On appelle donc l'article
28.
M. Bédard: Cet article vise à protéger les
droits des créanciers advenant la fusion d'entreprises. Il s'agit d'une
disposition semblable à celle qui est prévue au paragraphe 6 de
l'article 18 de la Loi sur les compagnies. Il faut faire des
corrélations avec la Loi des compagnies. Le Code civil quand on s'en
écarte...
M. Polak: Sauf que cela peut créer des problèmes.
Je pense, par exemple, à la fusion de deux commerces. Je prends
l'exemple d'un manufacturier de bicyclettes et un autre qui est manufacturier
de roues de bicyclettes et de pneus; ils décident de se fusionner.
L'institution financière qui a fait la transaction avec le manufacturier
de pneus - le pneu sera incorporé aux bicyclettes parce qu'ils combinent
leurs opérations. À qui cela bénéficie-t-il? Il
peut y avoir, dans un cas de fusion le problème que le matériel
de l'un est incorporé dans le matériel de l'autre pour donner un
produit final. Cela peut enlever la protection de l'un et augmenter la
protection de l'autre.
M. Létourneau: Non, parce qu'il ne faut jamais oublier que
c'est un cadre général et que les conventions des parties ont
trait aux prêts. On retrouvera généralement dans ces
conventions qu'en cas de fusion cela devient un motif de rappel du prêt.
À ce moment-là les deux créanciers-prêteurs - cela
revient à ce que je disais ce matin - vont se concerter pour s'entendre
entre eux sur ce qu'ils vont faire.
Le Président (M. Paré): Est-ce que
l'article 28 est adopté? Une voix: Adopté.
M. Bédard: L'article 29. Le Code civil prévoit
déjà que le privilège des locateurs s'étend
à tous biens qui se trouvent sur les lieux loués, même ceux
appartenant à un tiers, sauf qu'il est possible pour ce tiers de
distraire ses biens du privilège du locateur. L'article 29 reprend cette
règle du Code civil et établit une façon pour le
cessionnaire d'informer le locateur du fait que les biens du locataire lui ont
été cédés.
M. Polak: Mais cela est seulement pour les loyers à venir.
Pas pour le loyer antérieur.
M. Létourneau: Tant que l'avis n'a pas
été...
M. Bédard: Comme le Code civil. Cela prime même la
garantie.
M. Létourneau: Non, ce que cela veut dire c'est
qu'à partir du moment - et c'est la règle que l'on connaît
actuellement en droit civil et qui régit les relations locateurs et
locataires - où il y a des biens dans un établissement qui
appartiennent à un tiers et qui n'appartiennent pas au locataire, le
privilège du locateur s'étend aux biens du tiers dans le local
jusqu'au moment où le tiers informe le locateur que les biens X, Y, Z,
n'appartiennent pas au locataire, mais qu'ils lui appartiennent. À
compter de ce moment-là, le privilège du locateur ne
s'étend plus aux droits des tiers.
Le Président (M. Paré): L'article 29
adopté.
M. Bédard: L'article 30. Nous avons un amendement visant
à remplacer l'article 30 par le suivant: À défaut par le
cédant, qui est en possession des biens cédés, de remplir
à l'égard du cessionnaire les obligations résultant de
l'emprunt ou de l'ouverture de crédit, le cessionnaire a droit à
la possession des biens. À défaut, par le cédant de les
lui remettre, le cessionnaire peut obtenir par requête une ordonnance
enjoignant au cédant de remettre les biens au cessionnaire. Cette
requête est présentable sans signification devant le juge en
chambre ou le protonotaire spécial. L'opposition à l'ordonnance
suit les règles fixées au Code de procédure civile pour
l'opposition à la saisie avant jugement. Elle est entendue d'urgence en
cours de pratique. C'est une modification qui précise les règles
applicables lors de la prise de possession des biens par le
créancier.
Le Président (M. Paré): Est-ce que le nouvel
article 30 est adopté? Adopté. Article 31?
M. Bédard: L'article 31 constitue un corollaire des
articles 11 et 15. Il accorde le droit au créancier de déterminer
la transformation d'un bien, d'effectuer la récolte et d'extraire
l'hydrocarbure ou la substance minérale faisant l'objet de la
cession.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 31 est
adopté? Adopté. Article 32?
M. Bédard: Cet article établit une règle
similaire à celle de l'article 31 lorsque le bien cédé est
un animal.
Le Président (M. Paré): Article 32 adopté.
Article 33.
M. Bédard: L'article 33 vise à protéger le
débiteur et édicte l'obligation pour le créancier de
procéder à la vente des biens dans le meilleur
intérêt de l'entrepreneur. À cette fin, le créancier
pourra les vendre en bloc ou séparément selon ce qui sera le plus
avantageux pour l'entrepreneur.
Le Président (M. Paré): Article 33, adopté.
Article 34?
M. Bédard: L'article 34 accorde au créancier le
pouvoir de vendre les biens selon l'un des modes mentionnés.
M. Polak: Ah, bon, votre explication, oui. J'ai une
question...
M. Bédard: Étant donné la nature des biens
cédés, il a été jugé
préférable de permettre au créancier d'utiliser le mode de
vente qu'il juge le plus approprié pour pallier aux fluctuations des
prix. Cependant, l'entrepreneur et ses autres créanciers sont
protégés par l'impératif édicté par
l'article 33, soit le meilleur intérêt du cédant et par les
règles qui suivent dont on va prendre connaissance.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: On parle qu'un cessionnaire peut vendre de gré
à gré et j'aimerais qu'on essaie d'établir le principe que
cela doit être exceptionnellement de gré à gré parce
que vraiment c'est bien beau de parler de la protection du cédant, mais
vraiment très souvent on voit cela avec la loi fédérale et
fiduciaire, cela se vend vite. Je crois qu'on ne pense pas tellement aux
intérêts du débiteur. Donc, le gré à
gré, cela peut aller vite et cela peut donner des résultats
beaucoup moins désirés que ceux qu'on recherche. J'aime mieux
l'idée d'appel
d'offres. Au moins une annonce dans le journal. Je comprends que dans
une affaire de marchandise périssable, il peut faire une exception. On
ne parle pas de cela. De gré à gré et vous ne faites
aucune distinction. À un moment donné, tu as un commerce, il y a
du matériel, il n'y a rien de périssable là-dedans,
pourquoi donner la permission de vendre de gré à gré et ne
pas faire une annonce dans un journal une semaine et au moins tu peux avoir des
soumissions là-dessus et obtenir un bien meilleur prix.
M. Bédard: Souvent, l'appel d'offres donne les
résultats contraires. Les gens le savent, se concertent et des fois
à des prix beaucoup plus bas que lorsqu'on permet le mode qui est
préconisé.
M. Leduc (Saint-Laurent): On suppose que le cessionnaire est
solvable et responsable parce qu'il pourrait vendre, il pourrait y avoir des
"gimmicks" graves là-dedans.
M. Polak: Certainement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Parce que...
M. Polak: Je ne comprends pas le raisonnement. On dit que quand
on va pour l'appel d'offres, si on obtient un prix inférieur
pourquoi?
M. Bédard: D'abord, en ce qui regarde les biens
périssables, pas besoin de démonstration.
M. Polak: Je comprends cela.
M. Bédard: Deuxièmement, selon le mode du
marché, peut-être que des délais peuvent contribuer
à la perte de certains biens. Si on commence à établir les
procédures et la manière de fonctionner... (16 h 15)
M. Leduc (Saint-Laurent): Moi je trouve que c'est dangereux parce
que la section 88, ce sont des banques, de grandes institutions solvables,
responsables, tandis qu'ici, cette loi s'applique également aux
individus. Je ne vois pas comment, en fait, avec une vente de gré
à gré, le cédant pourrait être
protégé. Ce n'est pas la même chose du tout que la section
88.
M. Bédard: C'est quand même le critère - on
l'a dit - du meilleur intérêt. S'il y a une tractation ou encore
des gestes qui sont posés dans le sens que vous dites, il y a des moyens
de s'opposer à la vente. Le critère est celui du meilleur
intérêt.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela va être fait.
M. Bédard: Pas nécessairement. Même si c'est
fait, il y a des moyens qui sont possibles en termes d'opposition.
M. Polak: Non, mais sur le plan...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): La section 88 s'applique aux banques,
alors qu'ici, ce n'est pas seulement pour les caisses populaires. Je ne crains
pas, quand cela va être une caisse populaire ou une institution,
peut-être une caisse d'entraide ou une caisse d'établissement,
mais ici on dit que "toute personne", parce que c'est bien cela, "toute
personne"...
M. Bédard: Je comprends la préoccupation du
député. Tel qu'on le dit à l'article 34, j'ai bien
indiqué qu'on accorde au créancier le pouvoir de vendre des biens
selon les modes mentionnés. Il faudrait voir les autres articles, parce
qu'à l'article 35, déjà, il y a des restrictions qui sont
indiquées, si on prend seulement cet article. Peut-être, comme
vous le dites, qu'on peut se poser des questions, mais on pourrait
peut-être regarder les autres articles. À l'article 35, on
édicte que le créancier doit -tout à l'heure, le
député parlait d'un délai d'une semaine pour faire des
appels d'offres et tout cela - avant de vendre les biens, attendre cinq jours
après la dénonciation de son intention à l'entrepreneur,
à moins qu'il ne s'agisse de biens périssables. Je pense
qu'on...
M. Polak: L'avis de cinq jours, ce que cela donne plus loin dans
la loi, c'est que le pauvre cédant a le droit de dire: Je veux payer ma
dette. Essayer dans cinq jours de se refinancer, c'est impossible. Tout ce que
cela signifie, les cinq jours, c'est une formule polie de dire: Je
procède par le biais d'une vente de gré à gré, et
la vente aura lieu, boum! dans cinq jours.
M. Bédard: Si l'affaire est bonne...
M. Polak: Le pauvre cédant ne peut rien faire.
M. Bédard: Non, si le crédit est bon...
M. Polak: Mais le crédit n'est pas bon à ce
moment-là, parce que quand il ne paie plus, quand on procède
à la vente, c'est que cela ne marche pas.
M. Bédard: Le délai de cinq jours, entre autres,
donne le temps de s'opposer à la vente si on croit que la vente n'est
pas dans le meilleur intérêt. Il y a des moyens.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous n'allez avoir que des ventes de
gré à gré, parce que vous dites qu'ils ont le choix entre
vendre de gré à gré, par appel d'offres ou à
l'enchère publique. Il est sûr que les deux autres modes sont
coûteux. On va aller assurément à la vente de gré
à gré. Pourquoi mettre les deux autres modalités, les deux
autres formules?
M. Bédard: On doit quand même les mettre. Cela
représente des moyens qui, dans certains cas, peuvent être
utilisés. Autrement dit, si je prends le raisonnement à
l'inverse, on n'a pas de raison, même s'ils sont moins utilisés,
de ne pas mettre ces moyens à la disposition d'une personne qui croit
être de son intérêt de s'en prévaloir.
M. Polak: En tout cas, je voudrais seulement dire, M. le
Président, que les mots "de gré à gré" qu'on
retrouve dans le texte sans aucune restriction, cela peut amener beaucoup
d'abus, comme vient de le dire le député de Saint-Laurent, parce
qu'on va se retrouver en face d'une tout autre catégorie de
prêteurs. Ce ne sont pas seulement les caisses populaires. J'ai autant
confiance en elles que dans les banques, mais on parle d'une petite compagnie
de finance qui va dire: Je vais faire un bon "deal". J'en ai vu, des ventes de
gré à gré, à 5% de la valeur, parce que la boutique
ne fonctionnait plus. Il faisait froid. C'était l'hiver. Les
employés étaient tous partis. Essayez d'obtenir un bon prix!
Donc, de gré à gré, il faut le faire dans le cas de
marchandises périssables, mais je pense...
M. Bédard: À ce moment-là, il y a un recours
contre la compagnie de finance.
M. Polak: Mais...
M. Bédard: On reste toujours avec les règles...
M. Polak: ... M. le Président...
M. Bédard: Oui. Je sais. Je sais bien, quand vous avez des
recours qui existent, on peut toujours faire la réflexion que cela prend
des délais, mais pour mener à terme les procédures...
Essayez donc de m'inventer un système judiciaire qui n'a pas besoin de
procédures. À ce moment-là, on pourra peut-être bien
régler rapidement ensemble...
M. Polak: Non, mais avec tout le respect que je dois au ministre
de la Justice, ce recours ne s'exerce pas. Un recours de ce type ne s'exerce
pas. Le pauvre cédant qui a perdu son affaire, elle sera vendue. Essayer
de faire la preuve que j'aurais pu obtenir plus pour la marchandise,
poursuivre... Il n'y a pas de recours dans ce sens.
M. Bédard: Sauf que l'obligation de dénonciation
permet - un délai de cinq jours peut permettre de se refinancer, de
procéder à d'autres emprunts, etc. - tout au moins d'utiliser une
procédure qui est l'opposition.
M. Polak: De toute façon, je suis encore convaincu, ayant
vu comment cela fonctionne en pratique, que ces mots "de gré à
gré" peuvent devenir très dangereux. Cela deviendra le grand
principe et, quant à moi, cela devrait devenir l'exception.
M. Bédard: C'est ce qui existe dans la Loi sur les
banques. D'un autre côté, si on s'éloignait un peu trop de
ce qui a déjà fait ses preuves, on se ferait dire par
l'Opposition: Écoutez, vous allez un peu dans l'inconnu. Après
cela, peut-être qu'on pourrait se faire accuser de ne pas tenir compte
des habitudes et de ce qui existe dans la réalité qu'on a
à vivre dans ce domaine. Je crois beaucoup plus prudent d'aller dans le
sens de ce qu'est une réalité qui est déjà connue,
quitte, après cela, à surveiller la situation. Si des situations
s'accumulaient dans le sens des craintes que vous avez évoquées,
je pense que tout législateur consciencieux pourrait apporter les
amendements qui s'imposeraient.
M. Leduc: En fait, on attendait cette loi depuis longtemps,
surtout pour les caisses populaires qui sont devenues très importantes,
mais...
M. Bédard: Cela aura un très grand effet
économique.
M. Leduc: ... j'ai été surpris que vous l'ayez
étendue à tout le monde. Quand vous dites: C'est dans la Loi sur
les banques... Attention! C'est pour les banques et seulement les banques. Ce
sont des institutions absolument solvables et responsables. Quant à moi,
c'est sur cela que j'ai été estomaqué, qu'on l'ait
étendue. Comme disait simplement le député de Sainte-Anne,
les petites compagnies de finance auront un vrai pique-nique là-dedans.
Je vous dis que ces stocks se vendront à bon marché.
M. Marx: Adopté, sur division.
Le Président (M. Paré): D'accord, l'article 34 est
adopté sur division. Article 35?
M. Bédard: C'est adopté sur division, mais je
voudrais quand même faire remarquer que tout ce qu'on nous reproche,
c'est de vouloir l'étendre à tout le monde et...
M. Marx: On vous reproche ce qu'il y a
au journal des Débats.
M. Bédard: Oui, mais c'est cela qu'il y a au
journal...
M. Marx: Celui qui lira le journal des Débats verra ce
qu'on vous reproche.
M. Bédard: ... qu'on l'étend à plus que les
banques ou que les institutions financières, sauf que je voudrais quand
même redire que dans le présent cas, on se colle à une
réalité qui est déjà connue et qui se retrouve dans
la loi fédérale sur les institutions financières.
M. Leduc (Saint-Laurent): On ne pourrait pas limiter... Moi
aussi, cela me fatigue un peu...
M. Bédard: Si on nous demande de...
M. Leduc (Saint-Laurent): ... qu'on enlève le gré
à gré pour les caisses populaires, mais est-ce qu'il n'y aurait
pas moyen de limiter le gré à gré à certaines
catégories de prêteurs? Je pense que c'est cela qu'il aurait fallu
faire, mais de l'enlever pour les caisses populaires ou les institutions
sérieuses, cela m'ennuie. Je pense qu'on devrait être aussi
près de la Loi sur les banques pour ces institutions.
M. Bédard: Je crois que, dans un premier temps, on doit
prêter autant de bonne foi, en fait, à n'importe quel entrepreneur
qu'à des banques...
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, non.
M. Bédard: ... ou à des institutions
financières...
M. Leduc (Saint-Laurent): Ah non! M. Bédard: ...
sur la bonne foi
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, je dirais qu'il faut être un
peu naïf là-dessus...
M. Bédard: En tout cas, on verra en fonction de l'avenir
si le reproche qu'on nous fait de l'étendre à tout entrepreneur
se justifie.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Je pourrais juste dire qu'il ne faut pas non plus
toujours copier aveuglément le fédéral. Même dans
l'affaire des banques, il y a une énorme critique maintenant - oui parce
qu'on parle de votre banque du fédéral - qu'il y a une tonne de
fermetures d'établissements et on ne donne aucune chance à un
débiteur de continuer à fonctionner. On parle déjà
de cela maintenant. Ils demandent leur prêt trop vite, trop rapidement
et, à la fin, ils restent au point de vue de la
récupération, avec beaucoup moins que s'ils avaient eu la chance
de continuer. Déjà, il y a aussi des objections contre cette
affaire de gré à gré.
Le Président (M. Paré): L'article 34 est
adopté sur division. Article 35?
M. Bédard: L'article 35 édicte que le
créancier doit, avant de vendre les biens, attendre cinq jours
après la dénonciation de son intention d'entrepreneur, à
moins qu'il ne s'agisse de biens périssables.
M. Marx: M. le ministre, vous aviez un amendement à
l'article 35.
M. Bédard: L'amendement consistait à remplacer
à la cinquième ligne de l'article 35 le mot "et" par le mot "ou".
Cette modification vise à donner aux créanciers la
possibilité de vendre sans avis des biens non périssables lorsque
la formalité de l'avis pourrait entraîner une diminution
importante de leur valeur.
Le Président (M. Paré): L'amendement est-il
accepté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Paré): L'article 35 amendé
est-il accepté?
M. Marx: II y a une minute, on a parlé de l'article 34 et
dans le mémoire du professeur McDonald, je vois aussi qu'il s'est
penché sur cette question qui a été discutée
à l'article 34. Il a proposé qu'un deuxième paragraphe
soit ajouté à l'article 35. Je peux le lire et je cite: "The
transferee who elects to sell the property himself is deemed to have received
from such sale the fair market value of the property sold and must dispose of
the deemed proceeds according to the provisions of section 42 remitting any
deemed surplus to the transferor." Le ministre s'est-il penché sur cet
amendement?
M. Bédard: Cela a été examiné.
M. Marx: M. Létourneau va nous expliquer cela.
M. Létourneau: Cela a été examiné.
Effectivement, cela va très loin. C'est présumé donner aux
biens une valeur au marché même si, de fait, ces biens n'ont
jamais été vendus et ne pouvaient pas être vendus à
ce prix. Cela devient beaucoup trop onéreux. C'est absolument impossible
de penser qu'une telle "deeming clause" qu'une telle présomption puisse
s'appliquer dans ce
domaine. Cela va complètement changer tout le système.
M. Marx: Le professeur McDonald a, si je comprends bien son
mémoire, voulu empêcher des "sweetheart contracts" en vertu de
l'article 34. Il a envisagé cette solution. Comme vous avez
rejeté la solution que nous avons proposée à l'article 34,
peut-être êtes-vous prêt à faire un amendement
à l'article 35?
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: Non, parce que si jamais on mettait une
disposition de cette nature, cela vient finalement, à toutes fins
utiles, régler le problème de la vente de gré à
gré. Il n'y en aura pas, parce que le créancier
c'est-à-dire le cessionnaire ou le prêteur ne prendra pas de
chance. S'il vend à la valeur du marché, il sera toujours
présumé avoir vendu à la valeur du marché. Et
même s'il n'a pas eu ce montant, il diminue...
Une voix: II y a une présomption.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 35, tel
qu'amendé, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 36.
M. Bédard: À l'article 36, corrige "Le cessionnaire
a utilisé les deux modes usuels d'appel d'offres."
Le Président (M. Paré): L'article 36 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 37?
M. Bédard: Cet article prescrit les règles devant
servir à la rédaction d'un appel d'offres qui pourront être
précisées en cas de besoin par règlement
conformément à l'article 44.
Le Président (M. Paré): Article 37 adopté.
Article 38?
M. Bédard: Cet article établit le principe de
l'acceptation de la soumission la plus élevée. Toutefois, le
créancier peut la refuser si cette soumission est assortie de conditions
désavantageuses telles qu'une offre de paiements
échelonnés ou une prise de possession tardive entraînant
des frais supplémentaires.
Le Président (M. Paré): L'article 38 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
39?
M. Polak: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 39 Adopté.
Article 40?
M. Polak: Adopté.
M. Bédard: À l'article 40, il y aurait un
amendement, à savoir de remplacer à la deuxième ligne et
à la troisième ligne de l'article 40 les mots "acquittant au
cessionnaire toute somme qui lui est alors due en capital" par ce qui suit:
"remboursant au cessionnaire l'emprunt ou les sommes avancées en vertu
de l'ouverture de crédit ainsi que les". Cette modification vise
à préciser les sommes que le cédant doit payer pour
reprendre possession des biens. Et l'ensemble de l'article établit le
droit de l'entrepreneur de reprendre possession des biens avant la vente en
payant sa dette aux créanciers. (16 h 30)
Le Président (M. Paré): L'amendement est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
l'article 40 tel qu'amendé est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
41?
M. Bédard: Cet article important limite les frais auxquels
le créancier pourrait prétendre aux seuls frais raisonnables.
Le Président (M. Paré): Est-ce que la...
M. Polak: ... une quesion sur l'article 41.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Bédard: Parce que cela pouvait représenter
certaines...
M. Polak: Ici, M. le Président... Excusez-moi, M. le
ministre...
M. Bédard: Non, vous pouvez y aller.
M. Polak: Je voudrais parler, à l'article 41, de frais
raisonnables. Il n'y a aucune définition de ce que cela veut dire. Je
sais, dans la pratique, ce qui arrive. Le fiduciaire, très souvent, on a
une réclamation pour le
créancier, on écrit au fiduciaire ce qui est
arrrivé avec l'administration et, finalement, de temps en temps, si on
est chanceux, on reçoit un bilan et les frais sont incroyables. Il y a
des frais de 50 000 $, 80 000 $ sur une masse totale de 200 000 $, en tout cas,
on a des exemples...
M. Bédard: On a même des cas où les frais se
sont soldés par des déboursés de l'ordre d'au-delà
de 200 000 $, cela crée une situation inacceptable.
M. Polak: Maintenant, on parle de frais raisonnables, mais on ne
dit pas ce que veut dire "frais raisonnables". Eux, ils vont dire que c'est
raisonnable, parce que...
M. Bédard: C'est le tribunal. S'ils ne s'entendent pas sur
ce que doivent être des frais raisonnables, à ce moment-là,
il y a une manière, c'est d'aller au tribunal qui, lui, aura à
trancher.
M. Polak: Ce qui arrive, c'est que...
M. Bédard: Je pense qu'on est tous d'accord sur une
amélioration importante.
M. Polak: C'est une amélioration qui est trop vague, des
frais raisonnables. Ce qui arrive, vous le savez très bien, c'est que ce
ne sont pas les institutions prêteuses qui s'occupent de cela, elles
engagent des fiduciaires qui sont spécialisés, des syndics en
faillite qui ont maintenant un fiduciaire qui s'occupe de cela. C'est eux qui
envoient le compte. Qu'est-ce que vous voulez dire par des "frais
raisonnables"? À un moment donné, on veut protester, on vient
devant la Cour et le gars dira: En vertu d'une loi sur les banques, j'ai une
masse d'à peu près la même valeur, j'ai eu un tarif de
temps, qu'est-ce que veut dire "raisonnable" là-dedans. Il faut aller un
peu plus loin dans les détails pour dire... Je suis d'accord avec le
principe de vouloir mettre fin à une situation qui est vraiment devenue
aberrante. Il faut aller un peu plus loin que de dire "des frais raisonnables"
et laisser toujours le soin à la Cour d'en décider. Est-ce qu'il
n'y a pas moyen d'imposer des restrictions un peu plus fortes que seulement le
beau principe? Je sais...
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je ne crois pas que
cela soit vague, loin de là, parce que, effectivement, en fin de compte,
il va se faire une jurisprudence, s'il n'y pas entente, le tribunal va avoir
à se prononcer. S'il fallait commencer, n'étant pas au courant
des montants en cours, etc, à essayer d'accoucher d'un genre de
règlement de ce qu'on entend par des frais raisonnables, j'ai
l'impression qu'on risquerait d'être encore plus imprécis et vague
et de ne pas répondre à toutes les situations. Là, les
parties, au départ, ont une bonne idée de ce qui doit être
raisonnable. Sachant que s'ils ne sont pas d'accord, un juge aura à se
prononcer, j'ai l'impression que cela aidera beaucoup à amener les
parties à s'entendre sur ce qu'on peut convenir d'appeler la
"raisonnabilité".
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Est-ce que vos conseillers ont pensé, par
exemple, à la possibilité d'avoir un tarif qui peut être
ajusté par règlement. Il y a des tarifs dans beaucoup de
matières, ce sont des tarifs judiciaires, quasi judiciaires,
administratifs, etc. Je comprends qu'on ne peut pas dire dans la loi: Cela ne
doit pas excéder 50% de la récupération. Je comprends
qu'on ne peut pas dire cela dans une loi. Mais ici, on pourrait peut-être
dire, par exemple, j'aimerais voir des frais raisonnables qui peuvent
être déterminés, de temps en temps, par règlement,
par le gouvernement. Avec un tarif, on a au moins quelque chose. Dans la
pratique, vous allez trouver qu'il y a certains barèmes.
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: Cela serait extrêmement difficile,
parce qu'on peut imaginer une prise de possession avec ordonnance du tribunal,
à ce moment-là, cela peut consister en des extractions
d'hydrocarbure. Cela peut consister en des extractions de minerai, à la
transformation d'un bien ou même le déplacement de ce bien. On ne
peut pas le savoir exactement. Cela peut être une récolte à
faire.
M. Bédard: Je crois vraiment que c'est un cas où
à partir du moment où on introduit la notion de
"raisonnabilité", plus l'intervention du tribunal si c'est
nécessaire, il va se dégager une jurisprudence qui pourrait faire
que, peut-être dans cinq ans, après usage, on pourrait
reconsidérer la question très normale que se pose le
député.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 41 est
adopté?
M. Marx: Adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
42?
M. Bédard: À l'article 42, nous avons une
modification pour supprimer, à la troisième ligne du premier
alinéa de l'article,
les mots "en vertu de l'article 27". Au deuxième alinéa de
l'article, insérer, à la cinquième ligne, après le
mot "échéant", une virgule.
La première modification tient compte de l'existence d'autres
créances, tels les droits d'accise qui permettent une saisie des biens
en quelque main qu'ils soient. La seconde modification ne vise qu'à
corriger une erreur d'impression du projet de loi.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): ... l'article?
M. Bédard: L'ensemble de l'article établit au
premier alinéa l'ordre de collocation auquel le créancier est
tenu pour la distribution du prix de vente. Il édicte, au second
alinéa, que tout surplus doit être remis à l'entrepreneur.
Par contre, si le montant du prix de vente est insuffisant, le créancier
conserve une créance pour le solde qui lui est dû.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Et non pas à un deuxième
cessionnaire. Cela veut dire que le deuxième cessionnaire n'a aucune
garantie.
M. Bédard: Est-ce que cela va?
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, maintenant, disons qu'il y a un solde qui reste
pour le cédant. On dit que l'on paie le solde au cédant, mais
où se trouve l'obligation du cédant de payer, par exemple, ses
salariés, du monde qui n'a pas été payé...
M. Bédard: On en a parlé tout à l'heure,
dans un article précédent, l'article 27...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est-à-dire qu'il y a un
privilège...
Le Président (M. Paré): L'article 27 est
suspendu.
M. Bédard: Oui, on a suspendu...
M. Leduc (Saint-Laurent): Dans le deuxième paragraphe.
M. Bédard: Cette partie ne faisait pas l'objet de...
M. Polak: Mais cela est en cas de faillite.
M. Bédard: Ah! c'est cela.
M. Polak: II y a aussi des cas où il n'y a pas de
faillite. Le gars ferme son commerce. Ce n'est pas un cas de faillite, il
arrête simplement de l'exploiter. Ensuite, il y a vente...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): II me semble qu'il y a un autre article
là-dessus.
M. Bédard: C'est bien normal, à ce
moment-là, qu'il doive payer ses employés.
M. Polak: Oui, mais entre-temps, le cédant a mis la main
sur le solde qui reste et il n'y a pas de protection pour ses autres
créanciers, par exemple.
M. Bédard: II a la protection de tout le droit civil.
M. Polak: Sauf qu'il part avec l'argent et on ne sait pas ce
qu'il fait avec...
M. Bédard: Bien oui, mais des choses pareilles existent.
Tant dans ce domaine que dans d'autres domaines cette situation que le
député évoque peut exister.
M. Polak: Dans les cas de faillite, cela n'existe pas, parce que
le syndic distribue l'argent selon la priorité de
réclamation.
M. Bédard: C'est clair pour les cas de faillite, mais je
veux dire les autres cas.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que vous trouvez normal qu'un
cessionnaire de deuxième rang, on l'oublie complètement?
M. Bédard: Nous pourrions peut-être terminer avec la
question du député de Sainte-Anne.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, allez donc.
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: C'est que le salarié qui a une
créance pour salaire dû pourra s'opposer à l'ordre de
collocation, c'est-à-dire s'opposer à ce que l'argent soit remis
au cédant. En vertu des ordres de collocation prévus au Code
civil, il va pouvoir s'y opposer. Il ne pourra pas s'opposer évidemment
à la créance du cessionnaire, parce qu'on l'a dit, elle prime
tous les privilèges et toutes les créances, mais pour
le reste, avant que cela soit remis au cédant, il va pouvoir, en
vertu du Code civil, s'opposer à l'ordre de collocation et dire: Moi, je
dois être payé.
M. Polak: Mais il doit s'opposer auprès de qui? Il n'y a
pas un liquidateur comme tel qui s'en occupe. Si l'institution
financière avait l'obligation de mettre le restant quelque part,
à part, ou de le déposer en Cour, ce serait parfait. Ensuite, que
le créancier produise une réclamation. Mais ce n'est pas ce que
vous dites.
Dans le texte ici, vous dites que le surplus doit être remis au
cédant. L'institution financière va dire: II y a un surplus qui
me reste, je le retourne au cédant. Quant à moi, au moins, on
aurait dû dire qu'il doit le déposer en cour pour qu'ensuite la
collocation soit faite. Ce n'est plus le problème de l'institution
financière. Je comprends très bien qu'elle ne doit pas être
impliquée dans cela, mais ce serait peut-être une méthode
de protéger les créanciers.
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: À ce moment-là, il va faire
une opposition en main tierce, une saisie-arrêt en main tierce. Il va
dire: Cette somme que vous devez remettre, que vous vous apprêtez
à remettre au cédant m'appartient parce que j'ai un
privilège garanti comme salarié impayé et, à ce
moment-là, il se la fera remettre. Il peut utiliser tous ses recours
habituels. Il fera alors la saisie en main tierce pour éviter le
versement au cédant.
M. Polak: Sur le plan pratique, ce qui arrive, c'est que le
pauvre salarié ne peut pas, chaque jour, appeler l'institution
financière pour lui demander si elle a déjà vendu, s'il y
a un surplus et quand le remettre au cédant. Il faut faire la saisie
avant jugement. Cela ne tient pas debout. Sur le plan pratique, il n'est pas
organisé pour faire cela. C'est bien beau de lui dire qu'il a des
recours...
M. Bédard: Je comprends très bien et je partage les
préoccupations du député de Sainte-Anne. À un
moment donné, le député de D'Arcy McGee m'a demandé
si on intégrerait tout cela dans un Code civil lorsque la réforme
aura lieu. Qu'on ne nous demande pas d'intégrer le Code civil à
cette loi. Il reste que c'est clair qu'il y a des cas qui sont soulevés
par le député de Sainte-Anne. Ce que nous lui disons, c'est que
lorsque ces cas arriveront, ils sont déjà prévus, il y a
des recours qui sont prévus par le Code civil.
M. Polak: J'en ai eu des recours comme cela...
M. Bédard: II ne faut pas que cela devienne une loi
d'exception à ce point.
M. Polak: Ces recours sont illusoires sur le plan pratique. J'en
ai eu des recours comme cela où quelqu'un vient faire une
réclamation et, à toutes fins utiles, c'est trop tard. Pourquoi
ne pas dire dans le projet de loi que le surplus, s'il y en a, sera
déposé par le cédant au protonotaire de la Cour
supérieure du district où le commerce se trouve. Cela
règle le problème. L'institution financière n'a plus rien
de cela entre les mains et, au moins, la somme qui reste est
protégée pour le bénéfice des créanciers.
Ensuite la collocation a lieu. C'est une demande qui ne va pas loin. Je ne veux
pas bloquer le trafic commercial normal. Je comprends cela. Tout ce que je
demande, c'est le surplus. Vous dites qu'il faut payer le surplus au
cédant. L'institution financière remet un chèque et c'est
la fin de l'affaire. Dans le moment, il faut courir après.
Pourquoi ne pas dire - je pense que cela serait une amélioration
claire et nette -que, quant au solde, tout va bien? Ils vendent de gré
à gré, ils déduisent leurs frais et il reste environ 2000
$, déposez cela à la Cour. Ensuite les cédants, les
salariés et tous les créanciers s'arrangent entre eux. Là
au moins il y a une protection parce que la somme est protégée
à la Cour. Avant que la collocation, la division soit faite. Tandis que
dans votre suggestion, vous le payez directement au cédant et tout
recours devient totalement illusoire.
M. Leduc: Pourquoi le prévoit-on au cas de faillite et
que, dans les autres cas, on ne le prévoit pas? Ce n'est pas logique.
Vous dites que dans le cas de faillite priment les droits du cessionnaire et,
dans les autres cas, pas du tout.
M. Létourneau: Dans le cas de faillite, il est en
déconfiture et tombe sous le régime de la loi de faillite et on
ne peut pas enlever cela.
M. Mathieu: ... il est dans la déconfiture et les
prêts de la déconfiture...
M. Létourneau: II peut ne pas payer son prêteur mais
peut fort bien avoir payé tous ses salariés.
M. Bédard: Ce sont vraiment deux situations
différentes.
M. Leduc: J'ai des doutes. En pratique, j'ai des doutes.
M. Polak: Dans le cas de faillite...
M. Bédard: Le salarié le sait qu'il a des recours
à exercer, il a des moyens pour les faire valoir ces recours.
M. Polak: Dans le cas de faillite, il y a une protection. Il y a
un syndic qui selon la loi est obligé de faire la distribution selon
l'ordre établi parmi les créanciers. Mais s'il n'y en a pas...
Qu'y a-t-il de mauvais dans ma suggestion de déposer simplement le solde
à la Cour supérieure pour qu'il soit distribué?
M. Bédard: S'il n'y a pas de salarié, sauf s'il n'y
en a pas...
M. Polak: II ne dépose rien.
M. Bédard: Le salarié n'a qu'à faire une
demande de paiement et il l'aura.
M. Polak: À qui?
M. Létourneau: II y a facilement des paiements
où...
Une voix: À son employeur.
M. Polak: Le cédant dira qu'il n'en a plus de cet argent:
Je m'excuse, j'ai reçu 20 000 $ et j'ai payé d'autres dettes,
c'est malheureux. On courra après quelqu'un qui n'a plus un sou.
M. Bédard: Mais vous avez le droit de la
saisie-arrêt en main tierce. On ne reprendra quand même pas le Code
civil. Il y a déjà des droits. Si on veut changer tous ces
droits-là en ce qui a trait au Code civil, quand on fera la
réforme, on pourra changer des choses. Je ne vois pas pourquoi ce qui
semble représenter une sécurité jusqu'à
maintenant... Je comprends la préoccupation du député de
Sainte-Anne, mais comme il existe déjà des moyens, il n'est pas
question de faire en sorte que ces moyens ne soient plus à la
disposition des salariés. Ceux-ci doivent s'en prévaloir.
M. Polak: On peut dire: Déposer cela en Cour
supérieure et si dans un délai de deux semaines, il n'y a aucune
réclamation de produite, cela va être payé au
cédant. Tout ce que je veux, c'est de protéger la masse qui
existe pour le bénéfice de ses créanciers, s'il y en a. On
peut même dire que, si pendant deux ou trois semaines de
dépôt il n'y a pas de réclamation de faite, la Cour
remettra l'argent sur simple demande du cédant. De cette façon au
moins, on protège; parce que ce sont toujours les salariés qui
sont...
M. Bédard: II ne faudrait pas laisser l'impression qu'ils
ne sont pas protégés. Ce n'est pas vrai. Ils sont tellement
protégés que pour quelqu'un qui suit l'affaire - et je pense bien
que quand des salaires sont dus, on est intéressé à ce
qu'ils soient payés - il y a la possibilité même de prendre
une saisie-arrêt avant jugement. Vous pouvez même prendre la saisie
préventive. Est-ce qu'on doit présumer que les gens ne se servent
pas des moyens qui sont à leur disposition. Il me semble que tout en
étant d'accord avec la préoccupation du député de
Sainte-Anne...
M. Polak: Je crois vraiment que ma suggestion n'est pas une chose
très grave et qu'on peut vraiment protéger ces
créanciers.
Qu'au moins le recours ne soit plus illusoire.
Il y a des recours qui sont sur le plan pratique illusoires. Ils
existent, c'est vrai, sur le plan théorique.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement
à l'article 42 est adopté?
M. Bédard: On parle de la saisie-arrêt avant
jugement. Ce n'est pas illusoire. C'est même moins qu'illusoire, c'est
même très pratique et préventif.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais revenir...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Simplement pour demander si on est bien
d'accord qu'un créancier de deuxième rang ou d'un rang
postérieur au premier rang, en fait, on lui enlève toute garantie
quand on dit: La balance doit être remise; cela veut dire qu'on l'ignore
complètement, même si c'est enregistré. C'est cela que
l'article dit.
M. Létourneau: Lui la même chose, c'est qu'il peut
faire une opposition avant que la somme soit remise au cédant parce
qu'il a une créance privilégiée. À ce moment,
si...
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, en vertu de quoi pourrait-il faire
cela? Il n'y a pas de créance privilégiée. C'est en vertu
de cette loi.
M. Létourneau: Deuxième cessionnaire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui. Pas en vertu du Code civil. Les
ouvriers, je comprends, ils ont un privilège.
M. Létourneau: Le deuxième cessionnaire il ne peut
pas y en avoir.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pourquoi?
M. Létourneau: Parce que pour que le
cédant puisse céder, il faut qu'il soit
propriétaire des biens. À partir du moment où il a
cédé à un premier cessionnaire, il n'est plus
propriétaire, alors il ne peut pas céder à un
deuxième cessionnaire. Ce qui peut arriver c'est un transport de
créance du premier cessionnaire au deuxième.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord. En fait, il ne peut pas avoir
un enregistrement au cas où la première créance serait
payée, la deuxième arriverait... Donc, ce n'est pas possible.
M. Létourneau: Pas un deuxième cessionnaire.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement
à l'article 42 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 42 tel
qu'amendé est adopté? Article 43?
M. Polak: Article 42, je veux juste faire ma dernière
remarque. Si j'ai bien compris, ma suggestion est rejetée. Non...
M. Bédard: Je ne vous dis pas qu'on ne continue pas
à l'évaluer. Je n'ai pas dit que c'était
complètement négatif, parce que les préoccupations du
député de Sainte-Anne rejoignent celles de ceux qui sont ici
autour de la table. On en est à la rédaction d'un projet de loi.
Maintenant, je crois qu'il n'est pas opportun, pour le moment peut-être,
d'y aller d'un amendement.
Le Président (M. Paré): Article 42 amendé
adopté. Article 43?
M. Bédard: L'article 43 oblige le créancier
à rendre compte à l'entrepreneur de la vente des biens.
Le Président (M. Paré): Article 43 adopté.
Article 44?
M. Leduc (Saint-Laurent): Adopté. Le Président
(M. Paré): Article...
M. Bédard: Cet article établit le pouvoir du
gouvernement pour réglementer le contenu, la procédure et les
délais de l'appel d'offres.
De l'enregistrement
Le Président (M. Paré): Article 44, adopté.
Article 45?
M. Bédard: L'article 45 crée un registre
informatisé des enregistrements découlant des articles 2 et
3.
Le Président (M. Paré): Article 45 adopté.
Article 46?
M. Bédard: II y a un amendement à savoir de
remplacer... Est-ce que vous voulez le lire vous-même?
Le Président (M. Paré): Oui. L'article 46:
Remplacer dans les troisième et quatrième lignes de l'article 46
les mots "enregistré, la date et le numéro d'enregistrement,
ainsi que" par ce qui suit "présenté, le numéro". Ensuite,
insérer après l'article 46 l'article suivant, 46.1: "Tout
enregistrement de droits prévus par la présente loi se fait par
l'inscription de ces droits au registre." L'amendement est-il
adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Le nom du cessionnaire n'apparaît
pas dans ce registre?
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: Non. Ce serait à peu près
inutile, parce que, par exemple, vous pourriez avoir 5000 inscriptions au nom
de la Banque Nationale. On tourne en rond à ce moment-là. Ce qui
est important, c'est de savoir qui a fait cession des biens.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, d'accord. Cela veut dire quoi, "le
nom des endosseurs et des cédants"? Pourquoi mettre "endosseurs"?
M. Létourneau: Si vous vous le rappelez le premier article
de ce projet, l'un des premiers, nous avons aussi prévu l'enregistrement
pour les bois de construction en vertu de la section 2 de la Loi sur les
connaissements qui existe déjà. Ce sont des endosseurs de
connaissements. C'est la raison pour laquelle on véhicule dans la
formule le concept d'endosseurs selon qu'on agit en vertu de la section 2 pour
les bois de construction ou cédants si on agit en vertu de la section
3.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord. La Loi sur les
connaissements.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Seulement une précision. Si, à
l'article 46, on n'a pas le nom du cessionnaire, comment va-t-on faire pour
obtenir une radiation si on a affaire à...
M. Bédard: On n'en a pas besoin.
M. Mathieu: Si le cédant, comme cela arrive souvent, ne
peut pas nous fournir... Il
dit: J'ai signé une cession. À qui? Je ne sais pas trop.
Si on a affaire, dans le cas d'un prêt agricole ou d'un nantissement
commercial ou n'importe quoi, au cessionnaire pour une radiation ou... Ce n'est
pas le cédant qui va, si on n'a pas son nom... Ou parfois, faire un acte
de rectification de cette fameuse affaire, c'est possible que...
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: L'avis est donné par le cessionnaire
et l'avis est conservé au bureau d'enregistrement de Montréal,
une fois l'inscription faite dans le registre. Il va faire le lien parce qu'il
conserve l'avis et le numéro.
M. Leduc (Saint-Laurent): Le nom sera-t-il mentionné
quelque part?
M. Létourneau: Dans l'avis.
M. Bédard: Dans l'avis, les deux noms sont
mentionnés.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord. M. Mathieu:
D'accord.
Le Président (M. Paré): L'amendement à
l'article 46 est-il adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Paré): L'article 46 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
47?
M. Bédard: Nous avons un article 46.1 qui se lirait comme
suit: "Tout enregistrement de droits prévus par la présente loi
se fait par l'inscription de ces droits au registre."
Le Président (M. Paré): Adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): On n'a pas de copie de cet
amendement.
M. Bédard: Non.
Le Président (M. Paré): II est compris dans le...
On le trouve sur la même feuille.
M. Bédard: Oui, il est...
M. Marx: L'article 46.1 a déjà été lu
par le président. Merci.
Le Président (M. Paré): Exactement.
Article 47?
M. Bédard: L'article 47...
Une voix: II y a un amendement.
M. Bédard: Oui. L'amendement a pour but de remplacer dans
les deux premières lignes de l'article 47 les mots "tout enregistrement
de droits prévus par la présente loi se fait par le
dépôt" par ce qui suit: "Toute personne qui désire faire
inscrire un droit au registre le fait par la présentation en deux
exemplaires." C'est de la concordance tout simplement avec l'article 46.1 que
nous venons d'adopter.
Le Président (M. Paré): L'amendement est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 47 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Mathieu: Un instant, M. le Président! Rapidement, sur
l'article 47...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Beauce-Sud.
M. Mathieu: ... il m'aurait semblé très utile que
l'enregistrement puisse prévoir ce qui est inscrit à l'annexe.
À la troisième ligne, après l'annexe 2, je
suggérerais qu'on ajoute "comportant en annexe une copie de
l'écrit prévu à l'article 20". Voici pourquoi. Supposons
qu'un individu a cédé une récolte de pommes, de sirop
d'érable ou de n'importe quoi, on va au bureau d'enregistrement et ce
qui est enregistré, c'est seulement l'avis donné par le
cessionnaire. Cet avis ne fait pas mention de la nature des biens qui ont
été cédés. Il me semblerait utile qu'on connaisse
la nature des biens cédés. Si, à l'annexe 2, vous ajoutiez
une copie du document prévu à l'article 20, on saurait ce que le
cédant a cédé exactement.
Le Président (M. Paré): M. Létourneau.
M. Létourneau: Voici, M. le député, c'est
que la finalité du registre auquel l'avis à été
envoyé, c'est d'informer un tiers que le cédant a
déjà fait une cession de ses biens. Alors, si le cédant
désire obtenir à nouveau du crédit d'un autre)
cessionnaire, celui-ci, avant de lui prêter, vérifiera dans le
registre et il saura qu'il a déjà fait une cession. Il dira au
cédant: Vous avez déjà fait une cession de vos biens,
apportez-moi votre acte de cession pour que je voie quels biens vous avez
cédés parce que vous ne pouvez plus me céder ces biens. Ce
sera la relation entre cédant et nouveau cessionnaire
qui jouera et aucun prêteur n'acceptera de prêter sans avoir
vu l'acte de cession qu'il pourra demander à son emprunteur.
M. Mathieu: II me semblerait que ce serait beaucoup plus simple -
parce que, souvent, le cédant dira: J'ai perdu cela, j'ai
égaré mon document - si on ajoutait quatre ou cinq lignes. De
plus, comme je l'ai dit, à la troisième ligne, après
"annexe 2", si on ajoutait "comportant en annexe une copie de l'écrit
prévu au paragraphe 20", on saurait exactement la nature des biens qui
ont déjà été cédés. Si, dans un
premier temps, il a cédé sa récolte de pommes, dans un
autre temps, il peut céder des porcs d'élevage, supposons. On
sait que ce ne sont pas les mêmes biens; on n'a pas d'affaire
à...
M. Létourneau: Encore là, le but du registre n'est
pas de garantir le contenu des cessions. C'est simplement un registre
d'information...
M. Bédard: C'est un index; après cela, s'il veut
prendre d'autres informations, il les prendra.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, c'est cela.
M. Mathieu: Mais l'acte n'est pas enregistré, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ah, oui! L'acte est
enregistré.
M. Bédard: Ce n'est quand même pas là que se
retrouveront toutes les informations parce qu'on aurait un drôle de
registre. Mais il y a des informations principales qui permettent à
quelqu'un qui est intéressé d'aller plus loin dans son
investigation.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je ne veux pas prolonger le débat, mais je me
mets à la place d'un gérant de caisse populaire dans le cas d'un
nantissement commercial ou agricole. Le gérant va au bureau
d'enregistrement où il se renseigne. L'emprunteur peut avoir 10
nantissements commerciaux ou agricoles, mais on voit, pour chacun, les biens
qui ont été donnés en nantissement, alors que dans ce cas,
on ne le verra pas. On demandera au cédant d'apporter son acte et il
répondra: Ah! Je ne l'ai pas; je l'ai égaré.
M. Bédard: D'un autre côté, un registre,
c'est un registre, quand même. Prenez le registre de l'état civil,
on n'y fait pas état de l'ensemble de la vie d'un individu; on met les
indications importantes qui font que si quelqu'un a besoin de plus amples
informations, il fait sa recherche. On n'est pas là pour faire le
travail.
M. Mathieu: Je regrette qu'on n'agisse pas dans le cas
présent comme dans le cas du nantissement commercial ou agricole.
M. Bédard: Éventuellement, on modifiera le
nantissement commercial pour en venir à cela.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement
à l'article 47 est adopté? Est-ce que l'article 47, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
48?
M. Bédard: II y a des modifications à l'article 48.
Remplacer, dans la première ligne de l'article 48, les mots
"enregistré dans" par les mots "présenté à".
Ajouter, à la fin de l'article 48, la phrase suivante: "II certifie
alors, sur les deux exemplaires de l'avis, cette inscription avec mention du
numéro, de la date et de l'heure de celle-ci, remet l'un des exemplaires
à la personne qui a requis l'inscription et transmet l'autre au
registrateur de Montréal qui le dépose dans ses archives."
Le Président (M. Paré): Est-ce que
l'amendement...?
M. Bédard: La première modification est de
concordance avec l'article 47; la seconde modification impose le devoir au
registrateur de certifier, sur les deux exemplaires de l'avis, l'inscription de
celui-ci au registre, avec mention du numéro, de la date et de l'heure
de cette inscription, afin de permettre à la personne qui a requis
l'inscription d'avoir immédiatement toutes les informations relatives
à celle-ci. Cette modification précise de plus où le
second exemplaire sera conservé.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement
à l'article 48 est adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 48,
tel qu'amendé, est adopté? Adopté. Article 49?
M. Bédard: À l'article 49, il y a des modifications
de concordance que vous pouvez lire, M. le Président, si vous le
voulez.
Le Président (M. Paré): Oui. Remplacer, à la
première ligne du premier alinéa de
l'article 49, les mots "enregistré dans" par les mots
"présenté à". Ensuite, remplacer, à la
quatrième ligne du deuxième alinéa de l'article 49, les
mots "d'une reproduction" par les mots "d'un exemplaire". Est-ce que
l'amendement à l'article 49 est adopté? (17 heures)
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. L'article 49
tel qu'amendé est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
50?
M. Marx: L'article 49.1.
Le Président (M. Paré): On a maintenant un ajout
qui est l'article 49.1. Insérer après l'article 49, l'article
49.1 suivant: "À la suite de l'inscription au registre, le registrateur
de Montréal en informe immédiatement, à la manière
établie à l'article 49, le registrateur ayant reçu l'avis
et ce dernier certifie, sur les deux exemplaires, l'inscription de l'avis au
registre avec l'indication du numéro, de la date et de l'heure de
l'inscription et, le cas échéant, avec une mention indiquant que
cette information lui a été donnée verbalement; l'un de
ces exemplaires est remis à la personne qui a requis l'inscription et
l'autre est transmis au registrateur de Montréal qui le dépose
dans ses archives. "Lorsque la certification sur les exemplaires a
été effectuée à la suite d'une information verbale,
tout registrateur peut y apporter les corrections requises à l'aide d'un
état certifié des avis inscrits au registre."
Cet article 49.1 est-il adopté?
M. Polak: Oui, vraiment, j'aime des mesures comme
celles-là.
Le Président (M. Paré): Adopté? M. Marx:
Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 49.1 est
adopté. Article 50?
M. Bédard: Nous aurions un amendement en ajoutant à
la fin de l'article 50, la phrase suivante: "Le registrateur de Montréal
inscrit au livre de présentation la date et l'heure de l'inscription au
registre."
Cette modification est de concordance avec l'article 46.1. Elle vise
à éviter qu'un avis soit inscrit au livre de présentation
à une heure différente de celle de l'inscription au registre.
Le Président (M. Paré): L'amendement à
l'article 50 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. L'article 50
tel qu'amendé est-il adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Adopté. Le Président
(M. Paré): Article 51?
M. Bédard: L'article 51 est supprimé en fonction
d'une concordance nécessaire avec les autres concordances qui ont
été apportées aux articles 47 et 49?
Le Président (M. Paré): L'article 51 est
supprimé. Adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
52?
M. Bédard: On a un amendement qui a pour but de remplacer
l'article 52 par le suivant: "Tout document visant la radiation d'une
inscription au registre doit être présenté, en deux
exemplaires, à l'un des bureaux d'enregistrement prévus par
l'article 47. Cette radiation se fait, sous réserve de l'article 53,
conformément au chapitre cinquième du titre dix-huitième
du livre troisième du Code civil; toutefois, lorsqu'une garantie
enregistrée en vertu de l'article 10 n'a plus d'effet en vertu de
l'article 8 ou lorsque l'enregistrement d'une cession n'est plus valide en
vertu de l'article 23, la radiation se fait au moyen d'une réquisition
à cet effet présentée par toute personne
intéressée. "Mention de la radiation est inscrite au registre et
les articles 48 à 49.1 s'appliquent en faisant les adaptations
nécessaires."
Le Président (M. Paré): Le nouvel article 52 est-il
adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Contredit-il l'article 53?
M. Bédard: Non, ces modifications sont nécessaires
sous réserve de l'article 53.
Cette radiation se fait sous réserve de l'article 53.
M. Leduc (Saint-Laurent): L'article 52 dit que cette radiation se
fait confomément au chapitre cinquième du titre
dix-huitième. Qu'est-ce que cela dit?
M. Bédard: C'est plutôt de la concordance
avec...
M. Leduc (Saint-Laurent): L'article 53 dit qu'on peut
procéder pour la radiation par une simple déclaration, est-ce
cela? Sans témoin, sans acte notarié, rien? L'article 52
réfère-t-il à ces formalités?
M. Létourneau: Oui, parce qu'on réfère
à l'article 52. Au chapitre cinquième du titre
dix-huitième du livre troisième du Code civil, c'est tout le
chapitre sur la radiation.
M. Leduc (Saint-Laurent): Lui ne dit pas que l'obligation... Il
ne parle pas des deux témoins, ni de l'acte notarié par
radiation, l'article 52. Quand on réfère au chapitre V...
M. Létourneau: II l'inclurait, mais on l'exclut par
l'article 53, qui dit que le cinquième alinéa de 2131 ne
s'applique pas et le deuxième alinéa de 2151.
M. Bédard: On pourrait le faire en relation avec l'article
53, cela va vous donner une idée.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si cela ne contredit pas.
M. Létourneau: Cela ne contredit pas, non.
Le Président (M. Paré): Est-ce que le nouvel
article 52...
M. Marx: Sur la foi du ministre, on l'adopte.
Le Président (M. Paré): Le nouvel article 52 est
adopté. Article 53?
M. Bédard: Article 53... Si je comprends bien, j'ai droit
seulement aux erreurs, pas aux bons coups.
M. Marx: Ce sera clair, s'il y a des coquilles, qui les a
faites.
M. Bédard: C'est cela. Alors M. le Président,
là, on va les avoir faites ensemble. À l'article 53, M. le
Président.
M. Marx: Sans notre consentement.
M. Bédard: En vertu de cet article, le document
présenté pour enregistrement n'a pas à être
attesté par deux témoins et prouvé par le serment de l'un
d'eux. Étant donné que le système d'enregistrement
proposé vise l'information et non la conservation de documents, il n'a
pas été jugé nécessaire de retenir cette
obligation. S'il fallait le faire, cela deviendrait tellement formaliste,
qu'à un moment donné, on ne serait pas devant un registre, on
serait presque devant le tribunal.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, mais l'enregistrement
disparaît quand même. Cela veut dire que le droit
réel...
M. Bédard: Cela n'est pas la conservation de
documents.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, mais si la radiation...
M. Bédard: Cela vise seulement l'information.
M. Leduc (Saint-Laurent): ... est faite, le droit n'existe plus.
Je trouve que c'est exorbitant de dire qu'un acte sous seing privé peut
être signé par n'importe qui. On ne parle pas, encore là,
des institutions comme les caisses populaires. Cela veut dire qu'un individu...
Il n'y a plus aucune formalité. La radiation peut être faite par
simple acte.
M. Bédard: Cela ne peut... Une fois que c'est
radié, l'enregistrement n'a plus d'effet vis-à-vis de ses
tiers.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, c'est fini.
M. Bédard: Oui, c'est normal que cela soit comme cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, mais un instant, je suis bien
d'accord que la radiation ait cet effet. Mais qu'on radie aussi facilement, je
ne suis pas d'accord. On ne demande aucune formalité, pas de
témoin assermenté, rien. Je trouve que c'est une façon
trop facile.
M. Bédard: La dette a été payée et il
faut que le créancier soit d'accord. Qu'est-ce qu'on veut de plus en
termes de...
M. Leduc (Saint-Laurent): À ce moment-là, pourquoi
exiger deux témoins pour un acte notarié, une hypothèque,
à ce moment-là...
M. Bédard: Pourquoi quelqu'un irait-il signer une
radiation s'il n'est pas payé?
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, non.
M. Bédard: Si les obligations ne sont pas satisfaites?
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, je comprends que cela ne sera pas
lui qui la signera. C'est bien plus dangereux que l'autre la signe. C'est une
question de protéger l'enregistrement. Pourquoi, dans l'acte
notarié, demande-t-on deux témoins?
M. Bédard: C'est pour l'information.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est pour qu'il n'y ait pas de faux.
Là, vous pouvez avoir des faux tous les jours là-dessus.
M. Bédard: La question demeure valable entre les
parties.
M. Leduc (Saint-Laurent): II n'y a plus d'enregistrement.
M. Bédard: On en est seulement sur l'opposition par
rapport aux tiers.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais il n'y a plus d'effet quant
à l'enregistrement. Je dis que c'est une question de protéger
l'enregistrement et vous ne le protégez pas du tout. Il peut y avoir des
faux qui peuvent être signés tous les jours. Sûrement pas de
la part du cessionnaire.
M. Létourneau: II y a déjà même, si on
veut reprendre l'exemple de la fraude, en matière de nantissement, des
nantissements qui sont annulés parce qu'il y a des affidavits qui sont
faux. Il n'y a pas un système juridique qui peut être
étanche au point d'empêcher la fraude. Le fraudeur qui est habile
va passer au travers.
M. Leduc (Saint-Laurent): II faut avoir, autant que possible, des
minimas. Ici, vous n'avez rien, rien. N'importe qui peut signer cela. On
emmène cela au bureau d'enregistrement. En somme, l'enregistrement saute
n'importe quand. Je ne suis pas d'accord avec cela, pas du tout. Si cela vaut
la peine de procéder à un enregistrement, je pense qu'on doit
prendre les moyens pour le conserver, cet enregistrement. Vous ne prenez pas
les moyens pour le conserver. Cela peut être radié par un simple
bout de papier.
M. Bédard: Cela deviendra plus difficile... Si on prend
votre raisonnement, cela va devenir plus facile pour enregistrer que pour
radier.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je suis bien d'accord avec cela.
M. Bédard: C'est peut-être un peu normal que...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est cela, le Code civil. Tout le
chapitre de l'enregistrement, c'est cela. C'est qu'on ne radie pas facilement.
Alors quand le registrateur radie, en fait, chaque fois, il porte jugement.
C'est un jugement qu'il rend chaque fois qu'il radie. Notre système est
basé sur la facilité de l'enregistrement et la difficulté
de radiation...
M. Bédard: II me semble que...
M. Leduc (Saint-Laurent): Je maintiendrais au moins les deux
témoins.
M. Bédard: Oui, mais il me semble que s'il y a des gens
qui sont très "précautionneux" concernant l'enregistrement, c'est
bien la Chambre des notaires. En tout cas, je peux vous dire que la Chambre des
notaires ne nous a fait absolument aucune remarque négative par rapport
au libellé.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est parce qu'elle ne l'a pas
regardé.
M. Bédard: C'est décider un peu vite de l'attention
des notaires à ce projet de loi, parce que, honnêtement, je suis
convaincu que la Chambre des notaires l'a regardé en entier; on peut en
convenir, par les représentations qui nous ont été
faites.
M. Leduc (Saint-Laurent): Êtes-vous d'accord que c'est la
première fois qu'une radiation va s'effectuer de cette façon? On
n'a jamais vu cela auparavant dans le Code civil.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je dis cela. Je le pense.
M. Marx: Le ministre a-t-il eu un mémoire de la Chambre
des notaires...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est une innovation. On ne fait pas
sauter un nantissement agricole...
M. Bédard: C'est en fonction de l'information. C'est clair
que c'est une innovation.
M. Leduc (Saint-Laurent): Prenez le nantissement,
l'enregistrement est très facile. Simple déclaration
assermentée, pas de témoin. Simplement une déclaration
assermentée de celui qui procède à l'enregistrement. Je
pense qu'il faut protéger l'enregistrement. Je pense qu'on ne le
protège pas du tout.
M. Bédard: Nous pourrions peut-être suspendre
jusqu'à la fin. Je comprends très bien votre
préoccupation.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous ne voulez pas que ce soit un
acte notarié, prenez au moins deux témoins.
M. Bédard: Nous pourrions le suspendre, nous donner
quelques minutes, quitte à continuer avec les autres. Il est clair, je
pense, qu'on fait une étude sérieuse du projet et que les
représentations faites par le député de Saint-Laurent sont
quand même... On va le suspendre.
M. Mathieu: Je partage entièrement...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je partage entièrement les
préoccupations du député de Saint-Laurent, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, est-ce que le ministre de la
Justice a reçu un mémoire de la Chambre des notaires sur ce
projet de loi?
M. Bédard: Ce sont des remarques que nous avons eues. On
peut dire que c'est un mémoire.
M. Marx: Alors, vous avez reçu un mémoire de la
Chambre des notaires, peut-on en avoir une copie, M. le ministre?
M. Bédard: Ce sont des commentaires verbaux que nous avons
eus. Maintenant, cela doit être suivi d'un mémoire écrit,
nous a-ton dit. Lorsqu'on l'aura, cela nous fera plaisir de vous le
remettre.
M. Marx: Trop tard pour ce projet de loi...
M. Bédard: Bien oui! Bien oui, mais je vous dis qu'on en a
déjà eu un, mais à la suite du dépôt... On en
a déjà eu un et celui-là on peut le mettre à votre
disposition, il n'y a pas de problème. Ce que je veux vous dire et cela
a peut-être prêté à confusion, c'est que par
après, de la même façon qu'on a eu des commentaires des
institutions sur le nouveau projet, on en a eu également de la Chambre
des notaires. Ce sont des commentaires verbaux dont on nous a dit qu'ils
seraient suivis de commentaires écrits. Je m'engage à vous en
faire parvenir une copie dès qu'on l'aura.
Le Président (M. Paré): D'accord. L'article 53 est
suspendu. Article 54?
M. Bédard: L'article 54 traite de la délivrance et
de la certification d'un état des avis inscrits au registre. Cet
état sera constitué d'un relevé informatique et pourra
être certifié par tout registrateur responsable d'un bureau
informatique.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 54,
adopté.
M. Polak: Juste une question à l'article 54. On parle
d'informatique, des inscriptions non radiées. Si je suis une institution
financière et que je veux savoir si mon débiteur qui a fait
application, l'a déjà fait trois ou quatre fois auparavant
ailleurs, comment puis-je obtenir ce renseignement? Cela a été
radié ou cela n'existe plus, mais je veux tout de même savoir sa
feuille de route, est-ce qu'il y a moyen?
M. Bédard: Bien non. Ce n'est pas un dossier. C'est un
choix à faire. Ce n'est pas un dossier de toutes les activités
d'une personne dans semblable matière. On a un choix à faire
entre épurer le registre de manière qu'il serve
véritablement pour ceux qui veulent le consulter ou encore y conserver
toute annotation de telle façon, comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, que le registre en vienne à n'être d'aucune
utilité pour ceux qui veulent le consulter. Alors, il y avait un choix
à faire et je pense qu'on a fait le choix le plus heureux dans les
circonstances.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Paré): D'accord. L'article 54 est
adopté. Il faudrait ajouter l'article 54.1.
M. Bédard: Article 54.1. (17 h 15)
Le Président (M. Paré): Insérer,
après l'article 54, l'article suivant: 54.1. "Lorsque la transmission
entre registrateurs d'un avis ou d'un document est effectuée par
télécopie, tout fac-similé en résultant est
réputé conforme à l'avis ou au document ayant fait l'objet
de la transmission et fait preuve de son contenu sans qu'il ne soit
nécessaire d'en prouver la signature ou le certificat qui peut y
être apposé."
Est-ce que l'article 54.1 est adopté?
Une voix: Oui, d'accord.
Le Président (M. Paré): Adopté. Il faudrait
maintenant revenir à l'article 27.
Des cessions de biens en stock (suite)
M. Bédard: II y a un amendement qui peut apporter plus de
précision par rapport à une préoccupation qu'avaient
évoquée le député de Saint-Laurent et le
député de Sainte-Anne. Cela aurait pour effet de remplacer le
premier alinéa de l'article 27 par le suivant: "27. Le cédant
doit dénoncer au cessionnaire dans l'écrit constatant la cession
les créances de vendeur impayé affectant les biens
cédés et les créances ainsi dénoncées
priment les droits du cessionnaire. "Sous réserve de l'article 26, les
droits du cessionnaire priment tous ceux que le cédant a consentis sur
ce bien postérieurement à la cession et suivent ce dernier en
quelques mains qu'il passe." Cela
ne remplace que le premier alinéa de l'article 27. Il ne faut pas
oublier le deuxième alinéa de l'article 27.
Le Président (M. Paré): Cela veut dire, pour
clarifier les choses, que l'amendement qu'il y avait à l'article 27,
dont on a discuté tantôt et qui avait été
adopté, est toujours maintenu et adopté. Celui-ci est
considéré comme un deuxième amendement.
M. Leduc (Saint-Laurent): En pratique comment cela se
passera-t-il? Supposons que je suis une caisse populaire et que je dois
consentir un prêt. Comment cela se passe-t-il? On dit que le
cédant doit dénoncer au cessionnaire... S'il ne dénonce
pas? Je ne suis pas enchanté de votre rédaction. Je veux savoir;
c'est l'un ou l'autre. Si on me dit que le vendeur n'est pas
protégé pour la balance de vente, parfait, d'accord. Je veux
avoir une situation claire. Cela n'est pas clair. Qu'on dise l'un ou l'autre.
Votre article 27 disait "sauf celle qui est connue du cessionnaire au moment de
la cession". Cela contredit les premières lignes. Qu'on dise qu'il est
protégé ou qu'il ne l'est pas. Qu'on n'en parle pas du tout,
c'est donc le Code civil; ou qu'on en parle et qu'on dise qu'il n'est pas
protégé. Le vendeur n'a pas de privilège dans ce
cas-là. Ce n'est pas avec un article comme celui-là que vous
réglerez... Vous ne réglez absolument rien. Le cédant doit
dénoncer... Viendra le temps de faire un prêt, il doit
dénoncer et s'il ne dénonce pas, qu'arrive-t-il? Je ne suis pas
d'accord avec cela. Protégez ou ne protégez pas les vendeurs pour
les balances de vente. Si on maintient le privilège de vendeur, on le
maintient. Si on ne le maintient pas, on l'enlève.
M. Bédard: II y aura un recours contre le cédant
à ce moment-là.
M. Leduc (Saint-Laurent): Laissez faire les recours. Je veux bien
des recours, mais je veux qu'il y ait une situation claire pour le
prêteur. Est-ce qu'il sera obligé de faire des enquêtes?
M. Létourneau: Non. Tout à l'heure, ce qui
était suggéré, c'était de mettre l'obligation sur
le cessionnaire, comme cela était prévu dans l'annexe, de
dénoncer les créances de vendeur qui sont demeurées
impayées de façon qu'elles puissent primer la créance du
cessionnaire. C'est ce qu'on a fait. Je pense que c'était une bonne
suggestion. Il est évident que si l'emprunteur ment, fraude et cache des
choses, il n'y a pas un système dans le monde qui permet de le savoir.
On ne le saura jamais. Il est évident qu'il engage sa
responsabilité en cas de fraude, non seulement pour les dommages que le
prêteur pourrait subir, les dommages conséquents à l'acte,
mais aussi pour tous les dommages-intérêts additionnels qui
résulteraient de la fraude. Il n'y a pas un système qui peut
empêcher la fraude. Si vous mettez l'obligation pour quelqu'un de
déclarer quelque chose et qu'il ne le fait pas, il engage sa
responsabilité civile et sa responsabilité criminelle comme
fraudeur. Je pense que c'était bon parce qu'on l'avait mis dans la
formule de venir bien préciser ici l'obligation pour lui de les
dénoncer. Ce faisant, il a sur lui une obligation qui va engager sa
responsabilité civile et même sa responsabilité criminelle
comme fraudeur s'il ne le fait pas.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, mais je me demande si la
rédaction est suffisamment claire.
M. Bédard: En tout cas, le but poursuivi est très
clair, je pense qu'on est d'accord là-dessus.
M. Polak: Je trouve qu'il y a une amélioration sur ce qui
existait auparavant avec cela, sauf que vous avez donné quelque chose au
député de Saint-Laurent. Il faut donner quelque chose au
député de Sainte-Anne. Je vais demander tout à l'heure de
dénoncer sous serment parce que pour moi dans ces dénonciations,
c'est très important que le cédant écrive ou souscrive une
formule sous serment. Cela va vraiment éviter des abus parce que
dénoncer, je suis bien d'accord avec le principe qu'on protège un
peu plus. C'est comme dans une vente en bloc. Dans une vente en bloc, c'est la
même chose. Une vente en bloc, un affidavit, le Code civil le demande.
Cela ne crée pas de problème.
M. Bédard: On en est juste sur le fait que ce soit
assermenté ou pas parce que dénoncer, c'est évident que
c'est par écrit.
M. Polak: On ne dit même pas que c'est par
écrit.
M. Bédard: C'est l'acte lui-même. C'est dans l'acte,
pourquoi faire un usage de l'affidavit quand c'est dans l'acte? Cela peut
risquer d'en faire un usage abusif. Je ne dis pas que ce n'est pas important,
mais je pense qu'à partir du moment où la dénonciation est
très claire dans notre esprit que c'est un écrit. Comme on sait
que le but poursuivi pourrait être atteint tant par le
député de Sainte-Anne que le député de
Saint-Laurent et nous aussi.
M. Polak: Le député de Saint-Laurent m'a convaincu
de laisser tomber ma
demande.
Le Président (M. Paré): Dans l'amendement, on
ajoute "dans l'acte de cession" après "le cédant doit
dénoncer".
M. Leduc (Saint-Laurent): Le cédant doit dénoncer
au cessionnaire dans l'écrit constatant la cession. C'est comme cela
qu'on l'a intitulé.
M. Marx: Est-ce que c'est possible de nous en donner une copie,
s'il vous plaît?
Le Président (M. Paré): Oui, on va vous donner
cela.
M. Marx: Le cédant doit dénoncer... M.
Létourneau: Au cessionnaire. M. Marx: Oui.
M. Létourneau: Dans l'écrit constatant la cession,
les créances de vendeur impayé.
M. Bédard: Constatant la cession.
Le Président (M. Paré): L'amendement à
l'article 27 c'est: Le cédant doit dénoncer au cessionnaire dans
l'écrit constatant la cession, les créances... et tout ce qui a
été énuméré tantôt.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'amendement à
l'article 27 est adopté. Est-ce que l'article 27 avec les deux
amendements est adopté?
Des voix: Adopté.
Application de la loi
Le Président (M. Paré): Adopté. Donc, on
revient à l'article 55.
M. Bédard: Cet article ne vise qu'à confirmer
expressément le pouvoir du ministre de la Justice.
Le Président (M. Paré): Un instant, je m'excuse, M.
le ministre. On avait aussi suspendu l'article 53. Il faudrait revenir à
l'article 53 avant 55.
M. Leduc: Je voudrais qu'on respecte le Code civil. C'est un
enregistrement. Il n'y a pas d'exception à ce jour dans le Code civil.
Qu'on respecte le Code civil. C'est un enregistrement et on doit le traiter
comme tout enregistrement.
Le Président (M. Paré): II faut absolument qu'on
accepte l'article 53 avant de finir 55 le dernier.
M. Leduc: Un acte notarié ou bien demander aux
témoins dont l'un est assermenté.
M. Marx: La parole des péquistes pour les
syndiqués...
M. Bédard: C'est cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si à un moment donné on
veut changer le mode de radiation dans le Code civil, on le changera dans le
Code civil.
M. Bédard: De toute façon, on va avoir à
le... Si cela peut faire l'unanimité autour de cette table concernant le
sérieux qui a été apporté à l'étude
du projet de loi...
Le Président (M. Paré): D'accord. On n'est pas
prêt pour l'article 53.
M. Bédard: Cela nous obligerait, M. le Président,
à revenir au paragraphe 2 de l'article 52 où il y a une
modification de concordance. À l'article 52, il s'agirait de supprimer
ce qui suit: "sous réserve de l'article 53", pour commencer.
D'accord?
Le Président (M. Paré): Est-on d'accord pour...
M. Bédard: Je ne sais pas si c'est nécessaire pour
l'amendement.
Le Président (M. Paré): ... apporter une correction
à l'article 52 tel que proposé, même si l'article 52
était déjà adopté?
M. Bédard: À l'article 53, on biffera la partie "et
le deuxième alinéa de l'article 2151 du Code civil". Ce qui donne
comme résultat que c'est le Code civil qui s'appliquera. D'accord?
M. Leduc (Saint-Laurent): Parfait.
Le Président (M. Paré): D'accord? Donc,
malgré le fait qu'on avait adopté l'article 52, on est d'accord
pour rouvrir cet article 52 et supprimer ce qui suit: "Sous réserve de
l'article 53". Adopté?
M. Bédard: Et nous adopterions l'article 52 tel
qu'amendé. D'accord, M. le Président?
M. Marx: ... déjà appelé l'article 52, parce
que c'est l'article 52 "tel que modifié".
Le Président (M. Paré): C'est la même chose
quand même. C'est "sous réserve de l'article 53" qu'on
enlève.
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: Et nous réadapterions l'article 52 tel
que modifié.
Le Président (M. Paré): L'article 52 tel que
modifié. Si j'ai bien compris, cela veut dire que l'article 53...
M. Bédard: Non. Réglons le cas de l'article 52.
Le Président (M. Paré): D'accord. Adopté tel
que modifié.
M. Bédard: Adopté tel que modifié. À
l'article 53, il s'agirait d'un amendement à savoir de supprimer dans
l'article 53 les mots "et le deuxième alinéa de l'article 2151"
et de remplacer "s'appliquent" au pluriel par "s'applique" au singulier.
M. Leduc (Saint-Laurent): Le deuxième alinéa, c'est
relatif à la radiation.
M. Bédard: C'est cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord.
Le Président (M. Paré): D'accord. Accepte-t-on
l'amendement à l'article 53?
Une voix: Cela va.
Le Président (M. Paré): Donc, le nouvel article 53
tel qu'amendé est adopté. D'accord. L'article 53 est
adopté. Nous passons maintenant à l'article 55.
M. Bédard: L'article 55 - je l'ai dit tout à
l'heure - vise à confirmer expressément le pouvoir du ministre de
la Justice quant à l'application de la présente loi.
M. Marx: Je suis tout à fait d'accord avec cet article, M.
le Président.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 55 est
adopté.
M. Polak: Seulement une remarque à l'article 55.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Aux États-Unis, on appelle toujours les lois par
le nom de leurs parrains. Peut-on appeler désormais cette loi la loi
Bédard?
Une voix: La loi Leduc.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je n'ai pas d'objection.
M. Polak: Ah! Ah! Le député de Saint-
Laurent accepte.
M. Bédard: Ou la loi Polak.
M. Polak: Non, mes amendements ne sont pas encore
acceptés.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article...
M. Bédard: Ah! Ah! Non, je pense qu'on va garder les
choses telles qu'elles sont. On n'a pas à créer de la confusion.
On comprend que vous ayez joué votre rôle d'amélioration et
nous en sommes très heureux. (17 h 30)
M. Polak: II faut avoir une bonne atmosphère...
M. Bédard: Je pense que tous les membres de la commission
sont heureux d'avoir...
Le Président (M. Paré): Article 55. M.
Bédard: ... un projet de loi qui... Annexes
Le Président (M. Paré): L'article 55 est
adopté. Donc, il y a des modifications à apporter. Modifier
l'article 2 du projet comme suit: 1° Enlever le guillemet et le point
à la fin de l'article 55. 2° Insérer, après l'article
55, les annexes 1 et 2. 3° Ajouter, avant le mot annexe 1, un guillemet.
4° Inscrire en chiffres arabes le chiffre 1...
Une voix: Écrire.
Le Président (M. Paré): Oh! Excusez! Écrire
en chiffres arabes le chiffre 1 dans l'expression "Annexe 1". 5° Remplacer
au milieu de la page 10 du projet de loi les mots "(Autres clauses convenues
entre les parties)" par les mots "(Inscrire ici les autres clauses convenues
entre les parties)". 6° Remplacer l'annexe 2 par le suivant...
M. Bédard: Par la suivante.
Le Président (M. Paré): Oui, ce serait plutôt
par la suivante...
M. Bédard: C'est cela. Alors ces modifications visent
à insérer à l'intérieur de l'article 2, les annexes
1 et 2, à corriger certaines erreurs d'impression et à faire les
concordances nécessaires avec l'article 46.1. Il est à noter
qu'il y a lieu d'intervertir les pages 12 et 13 de l'annexe 2 que dans la
version française du projet de loi.
Le Président (M. Paré): D'accord. Est-
ce que ces modifications sont adoptées? M. Leduc
(Saint-Laurent): Adopté.
Le Président (M. Paré): D'accord. Les modifications
sont adoptées. Est-ce que les annexes sont adoptées?
M. Leduc (Saint-Laurent): Adopté.
Le Président (M. Paré): Est-ce que les notes
explicatives sont adoptées?
M. Leduc (Saint-Laurent): Adopté.
M. Bédard: Est-ce que je dois faire une motion de
renumérotation? Est-ce que c'est nécessaire?
Le Président (M. Paré): Ah oui! Un instant. Il
faudrait aussi une motion pour renuméroter les articles...
M. Bédard: Alors, aux articles 46.1 à 55 et
à l'annexe 2 de la Loi sur les connaissements, les reçus et les
cessions de biens en stocks, effectuer les concordances quant à la
renumérotation des articles 46,1 à 55 de cette loi, étant
donné l'insertion des articles 46.1, 49.1 et 54.1 et la suppression de
l'article 51. Il s'agit d'une concordance avec les modifications qu'on a
apportées au projet de loi.
Le Président (M. Paré): D'accord. Est-ce que
l'amendement de renumérotation est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Il y aurait
aussi une autre correction à l'article 3.1: Insérer après
l'article 3, l'article suivant: 3.1 Les sommes requises pour l'application de
la présente loi au cours des années financières 1982-1983
et 1983-1984 sont prises sur le fonds consolidé du revenu. Est-ce que
vous avez cela?
M. Bédard: L'article 3 n'a pas été
discuté. Cela est l'article 3.1.
Le Président (M. Paré): Oui. C'est qu'on avait
adopté l'article 55 en totalité.
M. Bédard: Ahl L'article 3 est adopté, d'accord. Ce
qui veut dire que l'article 3 est adopté.
Le Président (M. Paré): C'est qu'on avait pris
l'article 55 en totalité.
Une voix: Oui mais l'article 3, ce n'est pas 55.
Le Président (M. Paré): Cela entre dans l'autre.
C'est l'autre ici qui est à part. M. Bédard: Je pense
qu'il faudrait...
Le Président (M. Paré): Ah bon! II faudrait
reprendre les articles 3, 4 et 5. D'accord, on doit reprendre d'abord... Quand
on a approuvé l'article 55 tantôt, il fallait ensuite approuver
l'article 3 du projet de loi. L'article 3 comme tel n'a pas
été... Avant la dernière proposition qu'on a
apportée, il faudrait approuver l'article 2 du projet de loi...
M. Bédard: Article 2, adopté.
Le Président (M. Paré): ... tel qu'amendé.
D'accord. Article 3 du projet de loi.
M. Bédard: M. le Président, il s'agit d'une
disposition de nature transitoire.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
3.1.
M. Bédard: L'article 3.1 aurait pour effet
d'insérer après l'article 3, l'article suivant: "Les sommes
requises pour l'application de la présente loi au cours des
années financières 1982-1983 et 1983-1984 sont prises sur le
fonds consolidé du revenu. Alors, c'est pour assurer la
disponibilité des fonds nécessaires à l'instauration du
système d'enregistrement qui a été proposé.
M. Marx: Espérons qu'il restera des fonds.
M. Bédard: C'est ce que j'espère aussi avec le
député de D'Arcy McGee. C'est ce que tous les
Québécois...
M. Marx: C'est pourquoi on a coupé les fonctionnaires pour
avoir des fonds.
M. Bédard: On ne commencera tout de même pas un
débat...
Le Président (M. Paré): Alors, l'article 3.1 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
4?
M. Bédard: L'article 4 découle de l'application de
la loi constitutionnelle de 1982.
M. Marx: Le ministre tient-il vraiment à l'article 4?
M. Bédard: Absolument, M. le Président.
M. Marx: Parce que la charte canadienne s'applique aux autres
lois dans les autres provinces et même à la Loi sur les banques.
Elles n'ont pas de problèmes.
M. Bédard: On verra. À chacun ses
problèmes.
Le Président (M. Paré): L'article 4 est-il
adopté?
M. Polak: C'est ce qu'on appelle l'article péquiste.
M. Bédard: Cet article a trait à la date
d'entrée en vigueur de la présente loi.
Le Président (M. Paré): Article 4 adopté.
Article 5.
M. Marx: On n'est pas d'accord avec l'article 4.
M. Bédard: C'est l'habitude libérale de
division.
M. Marx: On va abroger l'article 4. On pourra peut-être
même durant l'hiver...
M. Bédard: Tout ce que je veux dire, c'est que, et
d'ailleurs cela n'est pas nécessaire sinon on va commencer un
débat...
Le Président (M. Paré): D'accord, l'article 4 est
adopté sur division.
Le Président (M. Paré): ... qui ne sera pas de
nature à améliorer l'ensemble du projet de loi.
Le Président (M. Paré): L'article 5.
M. Bédard: Cet article 5 a trait à la date
d'entrée en vigueur de la présente loi.
Le Président (M. Paré): L'article 5 est
adopté.
M. Bédard: On a remplacé les annexes tout à
l'heure.
Le Président (M. Paré): On a remplacé les
annexes tantôt. Les annexes du projet de loi sont-elles
adoptées?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Les notes
explicatives sont-elles adoptées?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Le titre du projet de loi
no 97, Loi sur les cessions de biens en stock est-il adopté?
M. Polak: J'aimerais...
Le Président (M. Paré): Tout le monde
félicite le ministre, alors...
M. Polak: ... féliciter le ministre et les membres de la
commission et d'une façon très spéciale mes
collègues de l'Opposition qui ont vraiment bien travaillé
aujourd'hui et ont apporté un certain nombre de suggestions que le
ministre a acceptées. J'aimerais aussi remercier les conseillers
juridiques des ministres. On a vu aujourd'hui la grande valeur d'avoir comme
conseiller juridique un ancien professeur de droit, M. Létourneau et
aussi, bien sûr, les autres conseillers qui entourent le ministre.
M. Bédard: M. le Président, ceux qui auront
l'occasion de lire le journal des Débats, seront en mesure de constater
dans l'étude de ce projet de loi qu'il y a eu une collaboration de tous
les instants entre les membres de l'Opposition et les membres du
côté gouvernemental et qu'effectivement, étant donné
le côté technique de la loi, nous avons pu compter sur une
expertise très importante de la part de nos principaux légistes
et d'une façon tout à fait particulière du directeur
général adjoint à la législation
ministérielle en la personne de M. Gilles Létourneau. Merci,
monsieur.
Le Président (M. Paré): J'aimerais seulement
rappeler que j'ai oublié de mentionner que le projet de loi est
adopté avec amendements. J'aimerais aussi demander au rapporteur
d'essayer de faire rapport à l'Assemblée dans le plus bref
délai. Ceci étant dit, la commission ajourne sine die, ayant
rempli le mandat qui lui était confié. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 40)
(Reprise de la séance à 17 h 53)
Projet de loi no 101
Le Président (M. Paré): Je déclare la
commission de la justice ouverte, commission qui a le mandat d'étudier
le projet de loi no 101, Loi modifiant diverses dispositions
législatives.
Les membres et les intervenants seront les mêmes que ceux qui ont
été énumérés tantôt pour le projet de
loi no 97. À ce moment-ci, j'aurais besoin d'un rapporteur.
Une voix: Mme Juneau.
Le Président (M. Paré): Mme Juneau,
députée de Johnson.
M. Marx: Je pense qu'elle est déjà...
Le Président (M. Paré): Un peu d'ordre, s'il vous
plaît.
M. Marx: Je pense qu'elle est déjà rapporteur pour
ce projet de loi.
Le Président (M. Paré): Un peu d'ordre, s'il vous
plaît. Est-ce que vous avez quelque chose à dire au
début?
M. Bédard: II n'est pas nécessaire d'ajouter les
deux autres intervenants en tant que membres de la commission. Tout
simplement.
Le Président (M. Paré): Oui, d'accord. Ajouter ou
remplacer...
M. Marx: On peut ajouter. M. Bédard: Ajoutez,
ajoutez.
Le Président (M. Paré): ... en tant
qu'intervenants, M. Johnson, député d'Anjou...
M. Bédard: Mme Lavoie-Roux.
Le Président (M. Paré): ... et Mme
Lavoie-Roux, députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je suis comme intervenante ou comme
membre de la commission?
M. Marx: Comme vous voulez.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais être comme membre de la
commission, si je fais un amendement, je voudrais au moins avoir le plaisir de
le voter.
Le Président (M. Paré): D'accord, un instant, on va
faire les changements qui s'imposent.
Mme Lavoie-Roux: ... si on prend un vote.
M. Bédard: Non, je m'excuse, si on prend un vote, si
l'intention est de prendre un vote, on va...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, peut-être qu'on ne sera
pas obligé d'en prendre si le ministre reçoit mes amendements,
mais je ne peux pas présumer que...
M. Johnson (Anjou): ... voir les amendements...
Mme Lavoie-Roux: S'ils peuvent nous les apporter.
M. Bédard: Est-ce qu'on peut convenir que - tout le monde
connaît la manière de procéder - s'il y a un vote, il
faudra avoir le temps de faire en sorte que d'autres députés
ministériels soient ici.
M. Marx: Si on n'est pas d'accord, au lieu de prendre un vote, on
peut dire seulement "division".
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, il y a des principes
là-dedans, monsieur...
M. Johnson (Anjou): Sur division, vous pourrez le déposer
et on pourra dire que c'est sur division.
Mme Lavoie-Roux: Vote enregistré. M. Marx: On va
faire venir d'autres...
Mme Lavoie-Roux: Attendez, cela ne se passera peut-être
pas.
M. Johnson (Anjou): Peut-on réviser cela à 18
heures?
M. Bédard: ... s'il vous plaît.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'on peut suspendre
quelques minutes, s'il vous plaît?
M. Bédard: Suspendez deux minutes. Le Président
(M. Paré): C'est fait.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, M. le Président, on a
l'air de faire des difficultés, mais il reste que c'est normal que,
quand on est en commission parlementaire, même s'il est 18 heures moins
trois, s'il y a un vote qui doit se prendre...
(Suspension de la séance à 17 h 55)
(Reprise de la séance à 17 h 56)
Le Président (M. Paré): À l'ordre! Les
travaux de la commission de la justice reprennent. Cette fois-ci, je vais
nommer les membres et les intervenants.
Les membres de la commission sont: MM. Bédard (Chicoutimi),
Beaumier (Nicolet), Charbonneau (Verchères), Mmes Lavoie-Roux
(L'Acadie), Juneau (Johnson), Lachapelle (Dorion), MM. Kehoe (Chapleau),
Lafrenière (Ungava), Leduc (Saint-Laurent), Johnson (Anjou), Marx
(D'Arcy McGee).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Blank
(Saint-Louis), Boucher (Rivière-du-Loup), Dussault (Châteauguay),
Fallu (Groulx), Guay (Taschereau), Marquis (Matapédia), Paradis
(Brome-Missisquoi), Mathieu (Beauce-Sud).
Donc, la parole est à vous, M. le ministre.
M. Bédard: C'est simplement pour vous dire que nous
aborderons d'une façon spéciale les articles 60, 61, 69, 70, 71
et 72. Il peut se présenter d'autres articles, mais en gros, ce sont les
articles où le ministre des Affaires sociales est concerné d'une
façon spéciale par les amendements proposés.
Conformément à une entente que nous avons eue, à des
nouvelles règles mises de l'avant en ce qui a trait au projet de loi
omnibus, lorsque des articles concernent des ministères en particulier,
les titulaires de ministère, à la demande de l'Opposition,
doivent être présents. C'est le cas aujourd'hui. Je laisserais la
parole à mon collègue, le ministre des Affaires sociales, pour
procéder tout de suite à l'adoption de l'article 60 et les
autres.
Le Président (M. Paré): D'accord, mais juste avant,
la parole sera au député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Oui, ce que le ministre a dit est vrai, nous avons une
entente. Nous voulons que les ministres soient présents quand il s'agit
d'une modification de substance, d'une modification de fond et non de
modifications techniques. Mais dans ce projet de loi omnibus, il y a beaucoup
de modifications de fond. Donc, il est nécessaire que les ministres
soient présents.
M. Bédard: Nous sommes d'accord.
Modifications à la Loi sur la protection de la
santé publique
Le Président (M. Paré): J'appelle donc l'article
60.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, comme il n'est pas
tout à fait 18 heures, je tiens pour acquis que nous pouvons continuer
au-delà de 18 heures.
Le Président (M. Paré): D'accord. Donc, nous avons
le consentement pour poursuivre.
M. Johnson (Anjou): Merci, M. le Président. Alors
l'article 60 est un article ou loi qui modifie la Loi sur la protection de la
santé publique. Je pense que la députée de L'Acadie a une
question. Je serais prêt à y répondre plutôt que de
faire un long préambule. Je sais qu'elle connaît les articles de
la loi.
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de L'Acadie.
M. Lavoie-Roux: Je comprends que c'est parce que les colonies de
vacances vont être du ressort du ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche, mais voici ma question. Il reste que ce n'était
pas par hasard qu'elles étaient dans la Loi sur la protection de la
santé publique. C'est qu'il y a quand même des conditions
d'hygiène, des conditions de salubrité, d'autant plus qu'on a
développé des camps de vacances qui ont maintenant des vocations
presque paramédicales, je dirais, camps de santé, camps pour
diabétiques, camps pour enfants infirmes, etc.
Je veux seulement demander au ministre s'il s'est assuré ou s'il
peut nous assurer qu'on aura cette même préoccupation au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, que l'on a
normalement dans la loi de la santé publique, qui relève d'une
façon générale du ministère des Affaires sociales
dont les premières préoccupations sont la santé et les
services sociaux. (18 heures)
M. Johnson (Anjou): À l'origine, la plupart de ces camps
ont été établis avant même que le Québec ne
se dote du type d'infrastructure qu'il a maintenant à l'égard du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Deuxièmement, dans le fond, la vérification des conditions que
j'appellerais sociales reliées à ces colonies de vacances, on y
pourvoit à travers l'intervention des CSS - ce qui est le cas, par
exemple, de certaines colonies de vacances spécialisées où
les professionnels finalement ont un rôle à jouer au niveau du
placement - l'autre dimension qui pourrait éventuellement toucher cela
et qui était le motif initial de l'insertion dans la loi de la
santé publique étant l'existence maintenant de la protection de
la jeunesse. En ce sens, nous avons vécu l'été dernier
quelque chose d'un peu analogue. On se souviendra qu'un groupe de
l'extérieur du Canada s'est installé dans une certaine
région au nord de la Mauricie, au Québec, et finalement faisait
l'équivalent de ce qu'est une colonie de vacances. Les sanctions qui ont
été prises pour mettre fin à ces activités qui
menaçaient les jeunes ont été prises à partir d'un
processus émanant du directeur de la protection de la jeunesse.
Quant aux conditions générales de salubrité,
d'hygiène, ce sont des choses qui assortissent, maintenant dans beaucoup
de cas, à des organismes municipaux et, dans d'autres cas, au
ministère du Travail par sa section de la sécurité, sa
section des édifices publics, etc. Finalement, l'intervention du
ministère se limitait en pratique à la présence et
à l'évaluation par des professionnels du contexte dans lequel ces
enfants passaient leurs vacances. Cela est assuré d'une part par le DPJ
s'il y a menace aux enfants, en vertu de la loi no 24, et d'autre part par
l'intervention habituelle des CSS et autres professionnels.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux simplement
mettre le ministre en garde contre des problèmes possibles qui ne
sont
pas de la nature de la protection sociale mais qui vraiment
relèvent de la santé. Si le ministre se trouve satisfait que ces
conditions soient observées, compte tenu de la spécificité
de certains camps en particulier... Je pense que ce n'est pas par hasard que
cela a été mis dans la santé publique. C'est à lui
d'en prendre la responsabilité. Je voulais au moins lui souligner que
des fois quand il y a un accident qui se produit... Je ne parle pas d'un
accident vraiment isolé, mais d'une épidémie ou d'une
chose comme celle-là; il peut y avoir des épidémies dans
une colonie de vacances...
M. Johnson (Anjou): La juridiction du ministère reste sur
des phénomènes comme ceux-là comme partout sur le
territoire. Ce à quoi on met fin dans le fond c'est l'exigence
préalable d'un permis du ministère, cette exigence
préalable devant relever maintenant du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche.
Mme Lavoie-Roux: Cela va pour l'article 60, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 60 est
adopté?
M. Johnson (Anjou): Adopté. L'article 61 est de
concordance.
Le Président (M. Paré): L'article 61 est
adopté. Nous passons donc à l'article 69.
Modifications à la Loi
sur les services de santé
et les services sociaux
M. Johnson (Anjou): J'ai déjà exposé en
deuxième lecture les motifs et les notions sous-jacentes aux articles
69, 70, 71 et 72. Je pense que la députée de L'Acadie a des
questions et des propositions. Je lui laisserai la parole.
Mme Lavoie-Roux: Vous me donnez la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Paré): Oui, avec plaisir Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais très brièvement, en
dix secondes, réitérer ce que j'ai dit à
l'Assemblée nationale touchant la présentation dans un projet de
loi omnibus d'articles qui viennent chambarder et modifier en profondeur un
principe fondamental de l'autonomie des établissements. Comme je le
signalais à l'Assemblée nationale, je ne crois pas que ce soit
une façon de procéder qui honore notre parlementarisme. Tous les
établissements de santé et de services sociaux sont
touchés par ces deux articles et sont touchés d'une façon
importante. À moins que le ministre ne nous apporte plus tard un
amendement dans le sens où pour l'établissement des budgets,
d'abord, on réfère à une notion de budget
détaillé, alors qu'on avait le concept de budget global. Je
comprends que le ministre nous a fait l'historique de l'évolution de ce
concept en réplique aux représentations que j'avais faites. Il
nous avait également assuré que l'Association des hôpitaux
du Québec, qui représente quand même tous les
établissements hospitaliers, s'était rendue d'une certaine
façon à ses arguments. En tout cas, il les avait convaincus du
bien-fondé de procéder de cette façon.
Les informations que j'ai eues ne sont pas à cet effet. Les
établissements de santé et maintenant d'autres
établissements de qui j'ai eu certains échos s'opposent à
cette nouvelle façon de procéder du ministère. C'est que
dans le passé - il se peut que la discussion que je fasse recouvre 69 et
70, parce que dans le fond ils se complètent, si on peut dire - ce sont
les établissements qui engageaient le processus budgétaire. Les
établissements présentaient au ministère leur budget pour
l'année à venir. À ce moment, le budget était
examiné, approuvé; il pouvait y avoir un aller-retour selon qu'on
s'entendait ou qu'on ne s'entendait pas. Finalement, le budget était
approuvé par le ministre. Avec ce qu'il y a dans le projet de loi -
là cela touche peut-être davantage l'article 70 - l'initiative se
déplace, c'est-à-dire que maintenant, l'initiative vient du
ministre ou du ministère qui donne un budget à l'institution ou
à l'établissement. Ce dernier réagit et il retourne au
ministère et finalement on va arriver à une étape
où le ministère adoptera ou approuvera le budget.
Il y a une chose qui reste la même: si le budget n'est pas
approuvé par le ministre, le budget de l'année antérieure
s'applique. C'est identique à ce qui existait. Je tiens à
indiquer que cette façon de procéder, de faire initier le budget
non pas des établissements, mais du ministre, change la philosophie
même de l'autonomie et de la décentralisation dont on avait
beaucoup parlé et dont on parle encore beaucoup. Que le gouvernement et
que le ministère exercent des contrôles, je pense que c'est tout
à fait naturel. D'un côté et de l'autre de la table on est
d'accord avec ceci. Mais en donnant les initiatives au ministère et non
pas aux établissements, vous modifiez - et cela aussi fait partie de la
philosophie qui a prévalu au moment de la loi 65, une philosophie de
participation du milieu - le fonctionnement des conseils d'administration.
Les conseils d'administration avaient comme fonction d'approuver le
budget qui était préparé à l'intérieur de
l'établissement. Désormais, avec la façon dont on
procède au ministère des Affaires sociales et selon
laquelle on propose de procéder dans le projet de loi qui est
devant nous, les conseils d'administration ne seront plus qu'un instrument qui
verra à l'application du budget déterminé ou
présenté dans un premier temps par le ministère. Comme je
dis, c'est un rôle de contrôle de l'application du budget tel
qu'approuvé par le ministre et ceci, je pense est mauvais.
J'espère, le ministre m'a laissé entendre que peut-être il
y aurait une petite modification à apporter... Vous réduisez, par
exemple, cette notion d'appartenance au milieu d'un établissement. Vous
enlevez cette motivation des conseils d'administration d'avoir une
responsabilité à examiner les priorités de leur milieu,
à établir les priorités de leur milieu ou même de
budgétiser d'une façon responsable, de déplacer l'accent
à l'intérieur de leur établissement, d'un programme
à l'autre, selon les problématiques qui se présentent
à une époque donnée. Dans ce sens, M. le Président,
je trouve d'abord, que c'est extrêmement regrettable et déplorable
qu'on modifie, par ces deux articles de loi, non seulement qu'on modifie, mais
qu'on accentue cette centralisation du ministère sur les
établissements du réseau; une deuxième chose que je
déplore, c'est qu'on utilise cette loi omnibus pour le faire et que les
principaux intéressés ne soient pas invités à
donner leur opinion là-dessus. J'ai téléphoné
à l'AHQ, mais je pense que cela aurait dû dépasser un coup
de téléphone à la suite d'un télégramme que
le ministre a reçu. Je pense que, petit à petit, le gouvernement
fait son nid dans le sens d'une centralisation toujours plus grande et de plus
en plus grande des établissements du réseau. Là, on ne
parlera que des affaires sociales. Je ne veux pas m'étendre sur le
reste. C'est dans ce sens que j'ai deux projets d'amendement, à moins
que le ministre en ait un qui pourrait éliminer les miens. Si vous
voulez que je présente les miens, il y en a un à l'article 69 et
l'autre à l'article 70. Je vais en présenter un à la fois
pour commencer. Cela va être moins compliqué.
M. Johnson (Anjou): Oui. Je ne sais pas si la
députée de L'Acadie a dit au début de son intervention
qu'elle entendait faire ses remarques sur les deux articles, mais je comprends,
parce que tout cela se touche, finalement...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): ... et les articles sont
complémentaires les uns aux autres. Pourrais-je lui demander si elle est
d'accord pour nous présenter ses deux amendements et, dans ma
réaction, je pourrai évoquer le type de précisions qu'on
pourrait apporter à certains articles et par la suite, répondre
à certaines de ses préoccupations?
Mme Lavoie-Roux: Le premier amendement, M. le Président,
aurait pour but de remplacer le sous-paragraphe i) du paragraphe m) du premier
alinéa de l'article 69 - quand je dis "remplacer", ce sont seulement des
mots qui sont remplacés pour que ce soit plus bref - qui pourrait se
lire comme suit: "L'élaboration du budget global et, le cas
échéant, du plan d'équilibre budgétaire visé
dans l'article 178 et la date de la soumission..." Le reste continue comme dans
l'article. "... au ministre, dans le cas d'un établissement au conseil
régional concerné..." C'est déjà prévu.
L'idée de remplacer le terme "détaillé" par le terme
"global", c'est de retourner à la philosophie qui a prévalu
depuis une dizaine d'années. Le ministre nous avait même fait un
historique à ce moment qui est de laisser de l'initiative aux
établissements et de ne pas les encarcaner dans des dispositions qui,
finalement, vont les scléroser. J'avais pris la peine de faire remarquer
qu'il y avait des établissements qui, pour des raisons que je ne veux
pas juger, ne se sont pas rendus dans les dernières années aux
demandes du ministère, par exemple, quant au plan de redressement
budgétaire auquel ces institutions devaient se soumettre. J'en suis fort
consciente et le ministre, je pense, est aussi conscient que c'est un nombre
limité d'établissements, même si ce sont de gros
établissements qui n'ont pas respecté cette
échéance. Si le besoin s'en fait sentir, que le ministre prenne
les moyens nécessaires - et là, il prendra ceux qu'il voudra, il
en a à sa disposition - pour que ces redressements s'accomplissent, mais
pour corriger des erreurs, un mauvais fonctionnement ou peut-être un
mauvais contrôle de certaines institutions, qu'on n'aille pas encarcaner
l'ensemble de nos établissements. C'est le premier amendement. Je ne
sais pas si le ministre veut commenter ici là-dessus ou s'il veut que je
lui donne le deuxième. Peut-être que je peux vous les remettre
pour les distribuer. Voulez-vous que je lise tout de suite le
deuxième?
M. Johnson (Anjou): Oui, peut-être, parce que je pense que
cela se touche.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Le deuxième, qui a trait à
l'article 70 du projet de loi proposant de remplacer l'article 178 de la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, devrait se lire comme
suit: "178. Les conseils régionaux, les établissements publics et
les établissements privés visés à l'article 177
doivent préparer et soumettre au ministre avant le 1er février
leur budget global pour l'exercice financier subséquent. (18 h 15) "Tant
que ce budget n'a pas été approuvé par le ministre, avec
ou sans modification, les conseils régionaux des
établissements publics et des établissements privés
- je ne le lis pas, c'est la même formule existante - le cas
échéant, les conseils régionaux des établissements
privés et des établissements privés visés dans
l'article 109 doivent, de plus, préparer et transmettre au ministre,
dans un délai raisonnable, un plan d'équilibre budgétaire.
Les éléments de ce plan, que les règlements identifient,
sont sans effet tant qu'ils n'ont pas été approuvés par le
ministre. Le budget global et le plan d'équilibre budgétaire
doivent être rédigés conformément aux normes
prévues par les règlements et en la forme prescrite par le
ministre."
M. le Président, je voudrais d'abord que vous me disiez si mes
amendements sont recevables, pour qu'on ait un journal des Débats qui
soit un peu cohérent.
Le Président (M. Paré): Le premier est
recevable.
D'accord, Mme la députée de L'Acadie, les deux amendements
sont recevables.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous
permettez...
Le Président (M. Paré): Oui.
M. Johnson (Anjou): ... sur cette question, je ne veux pas faire
un long débat pour toutes sortes de raisons qui nous animent ici. Je
dirai qu'il y a effectivement une différence de points de vue entre ce
que défend l'Opposition et ce que défend le gouvernement
là-dedans. Néanmoins, je pense qu'il y a une zone grise que nous
pourrions remplir de part et d'autre. Ce que je retiens essentiellement de
l'argumentation de la députée de L'Acadie, c'est qu'elle
considère que l'introduction de la notion de budget
détaillé à m)i, à toutes fins utiles,
élimine le concept de budget global, qui est si important dans le
réseau, avec la concordance qu'il faut y faire à l'article 178
qui prévoit le processus dans le fond.
Mme Lavoie-Roux: C'est un élément. Le
deuxième, c'est le changement d'initative du buget.
M. Johnson (Anjou): Bon, le deuxième étant le
changement d'initiative. Je pense que sur la notion de changement d'initiative,
la pratique étant ce qu'elle est depuis trois ans, les contraintes du
réseau des affaires sociales étant ce qu'elles sont et
reflétant les contraintes de l'État de façon
générale, c'est devenu quelque chose d'un peu faux que de
s'imaginer que 1000 établissements du réseau des affaires
sociales au Québec pouvaient présenter des budgets qui seraient,
par la suite, analysés, scrutés et approuvés par le
ministre. Ce n'est plus la pratique depuis trois ans.
La pratique veut que le ministère transmette, à toutes
fins utiles, une enveloppe globale aux établissements qui, à
l'intérieur de cette enveloppe, font des aménagements et
présentent, dans bien des cas, l'équivalent d'un budget
détaillé ou d'un plan d'équilibre budgétaire. Il
faut que ce soit l'État qui tranche quelque part. La loi, telle qu'elle
existe actuellement, fait que c'est le ministre qui tranche. Ce qu'on fait,
c'est qu'on enlève l'illusion d'optique que créait cette notion
des budgets initiés par les établissements, ce qui valait
à une époque où le réseau était en
très vaste expansion, alors qu'il n'est plus en vaste expansion.
Cependant, il faut s'assurer d'un processus administratif que les
établissements peuvent, auprès du ministère,
déposer des préoccupations précises; cela relève
essentiellement des procédures administratives.
À partir de ces notions et de ces données, pour rassurer
à la fois la députée de L'Acadie et ceux qui verraient
quelque danger à cette formulation, je serais prêt à faire
un amendement qui viserait à introduire à l'article 69 du projet
de loi un remplacement du paragraphe i) par le paragraphe suivant: "Le budget
global visé dans l'article 178." Par la suite, renuméroter i)
à v), à toutes fins utiles, à 5, de telle sorte qu'on ait
jusqu'à 6, et d'introduire au nouveau iii), l'actuel ii), les
éléments de ce budget détaillé ou de ce plan pour
lesquels l'approbation du ministre est requise avant leur mise en
application.
Quant à l'article 70, il serait modifié en introduisant,
à la première ligne: "Le ministre doit, le 1er avril de chaque
année" et on ajouterait les mots "et conformément aux normes
prévues par les règlements, transmettre à chacun des
conseils régionaux, des établissements publics et des
établissements privés visés à l'article 177 son
budget global pour l'année financière en cours. À
défaut, le budget global transmis par le ministre pour l'année
financière précédente est reconduit jusqu'à ce que
le conseil régional des établissements, l'ait reçu."
Au paragraphe suivant, il se lirait comme suit: "Dès la
réception du budget global transmis par le ministre, le conseil
régional ou l'établissement doit préparer et transmettre
au ministre, en la forme qu'il prescrit et conformément aux normes
prévues par les règlements, un budget détaillé
conforme au budget global", encore une fois.
L'avantage de l'introduction de ces amendements dont je remets le texte
à la députée de L'Acadie, au président et aux
membres de la commission, est finalement de consacrer cette notion de budget
global pour
la première fois d'ailleurs, étant donné qu'il
n'existait pas. En d'autres termes, l'application de la loi donnerait lieu et
décrit le processus qui est le suivant: Le 1er avril, le ministre fait
parvenir à chacun des établissements un budget global; la
réaction des établissements se fait sur la base d'un budget
détaillé, tel que prescrit au règlement. À toutes
fins utiles, c'est là reconnaître ce qu'est la pratique; la notion
de budget global, dans ces circonstances, n'empêchant aucunement les
établissements de faire des permutations budgétaires comme les
établissements le font en ce moment, sauf dans ce qu'on appelle les
budgets protégés qui, eux, pourraient être définis
par règlement. Je pense ici à un sujet qui a
préoccupé beaucoup la députée de L'Acadie, les
services à domicile, où le ministère disait aux
établissements, dans le cadre de la loi actuelle, qu'il voulait voir
certains budgets protégés, notamment le maintien à
domicile, et on a vu que, dans certaines régions, certains
établissements n'ont pas protégé ces budgets.
Le concept de budget global et de budget détaillé dont le
contenu serait défini par règlement permet, d'une part, de
respecter la notion d'une enveloppe globale et donc de permutabilité des
sommes pour qu'on accentue une dimension plus spécifique à
l'hôpital, etc., mais donne également l'instrument de
définir très clairement qu'il y a des budgets qui sont non
permutables pour des fins évidentes de répondre à des
besoins de la population tels que définis par le ministère des
Affaires sociales, ce qui est aussi son rôle après tout.
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas certaine de vraiment saisir. On
réintègre la notion, non seulement on la réintègre,
mais on intègre officiellement la notion de budget global à l.i).
À l.ii), l'élaboration du budget détaillé. Cette
notion de budget détaillé serait utilisée en relation avec
quoi exactement? Parce qu'à un moment donné, il me semble que
vous pouvez bien dire: Je vous envoie votre budget global qui est de 12 000 000
$", mais vous devez me présenter un budget détaillé parce
que, dans le fond, c'est la même chose.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne changez rien.
M. Johnson (Anjou): Ce qu'on change, c'est d'abord la pratique
actuellement qu'on transmet des budgets qui sont globaux et on se fait
répondre, au niveau des plans d'équilibre budgétaire, par
l'équivalent de budget détaillé. Cela dure depuis deux ans
systématiquement. Cela avait été amorcé, il y a
trois ans. Les établissements vivent avec cela en pratique. Il faut
d'abord lire l'article 178 pour revenir, parce que, dans le fond, l'article 69
qui se réfère à l'article 173, doit se lire après
l'article 178. Le processus est celui qui serait décrit dans l'article
178, tel qu'amendé. Le ministre, le 1er avril de chaque année et
conformément aux normes prévues par les règlements de
l'article 69, transmet à chacun des établissements le budget
global. Dès que les établissements ont reçu le budget
global, ils répondent en la forme prescrite telle que prévue
à l'article 69 par un budget détaillé qui est conforme
à ce budget global, c'est-à-dire qu'ils nous disent où ils
vont, finalement, insérer ces catégories budgétaires,
comme ils le font depuis d'ailleurs deux et trois ans dans certains cas.
Finalement, le ministre réagit en approuvant le budget, ce qui est la
procédure qui était prévue antérieurement.
Le Président (M. Paré): Je m'excuse,
étant...
M. Bédard: Je ne voudrais pas prendre par surprise les
autres membres de la commission parlementaire. Il avait été
convenu qu'on puisse prolonger un peu la période de nos travaux. Si nos
amis qui sont concernés par ces amendements de façon
particulière sont en mesure de nous dire si, à 18 h 30, cela ne
sera pas terminé, je pense qu'il y aurait avantage à ce que nous
suspendions. Peut-être peut-il y avoir des échanges, entre-temps,
et que nous revenions à 20 h 30 pour les travaux de la commission.
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'à 18 h 30, ne serait-ce
qu'au point de vue de la procédure, il faut ...
M. Bédard: Je ne veux pas faire de...
Mme Lavoie-Roux: ... qu'on vote sur mes amendements, ou ils sont
acceptés ou rejetés. Il y a les vôtres dont il faut...
M. Bédard: Non, mais si un...
Mme Lavoie-Roux: Dans trois minutes, je ne suis pas sûre
qu'on soit capable de faire cela.
M. Bédard: Je veux dire qu'il semble y avoir des choses
qui concordent, à moins qu'il y ait le principe de faire en sorte que
cela soit les amendements appartenant totalement à un membre par rapport
à un autre, mais ...
Mme Lavoie-Roux: Non, là-dessus, on n'a pas à se
chicaner, je veux améliorer la chose, cela ne me dérange pas
s'ils sont à moi ou à d'autres.
M. Bédard: ... c'est tout simplement ce qu'on demande. Si
vous prévoyez qu'on ne peut pas terminer à 18 heures 30, il reste
trois minutes.
Le Président (M. Paré): Est-ce que vous avez une
idée... C'est qu'il y avait eu consentement pour prolonger de quelques
minutes, on avait dit à peu près un quart d'heure, de prolonger
de 18 heures à 18 h 15. On a commencé un peu en retard, c'est
évident, sauf que si on veut poursuivre maintenant, cela fait
près d'une demi-heure, cela me prendrait le consentement, sinon, les
travaux vont être suspendus. Est-ce qu'il y a consentement pour
poursuivre les travaux?
M. Bédard: M. le Président, ce qui arrive - pour
que cela soit bien compréhensible pour les lecteurs du journal des
Débats - c'est que les deux intervenants, présentement, une fois
leur article fait, peuvent disposer, mais nous, nous avons à revenir
dès 20 heures 30 pour continuer jusqu'à ce que tout le projet
soit adopté, alors...
Le Président (M. Paré): Est-ce que je peux...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis prête
à continuer jusqu'à 20 h 30, après je ne serai pas
là, mais...
M. Bédard: Non, pas continuer jusqu'à 20
heures.
Mme Lavoie-Roux: ... si cela embarrasse tout le monde, on peut
partir et revenir à 20 h 30, cela me va aussi.
Le Président (M. Paré): D'accord. À la suite
de cela, les travaux sont suspendus jusqu'à 20 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 28)
(Reprise de la séance à 20 h 37)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, mesdames
et messieurs! Bonsoir! La séance de la commission de la justice reprend
ses travaux pour étudier le projet de loi no 101 article par article.
Tel qu'entendu, nous étions rendus aux articles 69 et 70
simultanément, avec les amendements qui ont été
proposés de part et d'autre.
Lorsque nous avons suspendu, la parole était au ministre des
Affaires sociales. Est-ce que vous voulez intervenir?
Mme Lavoie-Roux: Ce que je proposerais, M. le Président,
pour qu'on ne passe pas la nuit ici, ce serait de disposer de mes deux
propositions pour ensuite passer à celles du ministre. On ne peut pas
amender de l'un à l'autre, etc. J'avais deux amendements. Je vais les
relire, parce qu'on a fait vite un peu avant le souper.
J'avais proposé, à l'article 69, de remplacer le
sous-paragraphe i) du paragraphe m) du 1° de l'article 69 par le suivant:
"l'élaboration du budget global et, le cas échéant, du
plan d'équilibre budgétaire visés dans l'article 178 et la
date de leur soumission au ministre et, dans le cas d'un établissement,
au conseil régional concerné;"
Je voudrais seulement en deux mots dire que l'objet de mes deux
amendements est de tenter vraiment de contrer ce que je juge être une
action du gouvernement qui se veut plus interventionniste dans la vie des
établissements. C'est l'esprit de ces deux amendements. Je suis
prête à ce qu'on prenne le vote.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, rejeté sur
division.
Mme Lavoie-Roux: D'accord pour l'article 69. Si vous me
permettez, je vais lire l'article 70 qui est un peu plus long.
L'article 70 du projet de loi proposant de remplacer l'article 178 de la
Loi sur les services de santé et les services sociaux devrait se lire
comme suit: "178. Les conseils régionaux, les établissements
publics et les établissements privés visés dans l'article
177 doivent préparer et soumettre au ministre, avant le 1er
février, leur budget global pour l'exercice financier subséquent.
"Tant que ce budget n'a pas été approuvé par le ministre,
avec ou sans modification, le conseil régional, l'établissement
public ou l'établissement privé visé dans l'article 177
doit considérer que le budget approuvé par le ministre pour
l'année financière précédente est reconduit. "Le
cas échéant, les conseils régionaux, les
établissements publics et les établissements privés
visés dans l'article 179 doivent de plus préparer et transmettre
au ministre, dans un délai raisonnable, un plan d'équilibre
budgétaire. Les éléments de ce plan que les
règlements identifient sont sans effet tant qu'ils n'ont pas
été approuvés par le ministre. "Le budget global et le
plan d'équilibre budgétaire doivent être
rédigés conformément aux normes prévues par les
règlements et en la forme prescrite par le ministre."
Dans ce cas précis, il s'agit, pour les établissements
qui, à l'heure actuelle et évidemment depuis un bon bout de
temps, ont l'initiative quant au plan budgétaire, de leur conserver
cette initiative et non pas de
la donner au ministère ou au gouvernement lui-même. C'est
l'esprit, en gros, de ce projet de résolution.
Le Président (M. Paré): Toujours relativement au
projet de loi, mais à l'article 70 sur la motion de Mme la
députée de L'Acadie.
M. Johnson (Anjou): L'amendement est rejeté, M. le
Président, sur division.
Le Président (M. Paré): D'accord, l'amendement est
rejeté sur division. Maintenant on revient à l'amendement
proposé par le ministre des Affaires sociales au projet de loi 69.
M. Johnson (Anjou): Je pourrais peut-être en faire lecture.
Le paragraphe premier de l'article 69 est remplacé par le suivant: "m)
établir des normes relatives à la comptabilité, aux
finances et au budget des conseils régionaux des établissements
publics et des établissements privés visés dans l'article
177 notamment en ce qui concerne: i) le budget global visé dans
l'article 178; ii) l'élaboration du budget détaillé du
plan d'équilibre budgétaire visé dans l'article 178 et la
date de leur soumission au ministre et dans le cas d'un établissement au
conseil régional concerné; iii) les éléments de ce
budget détaillé ou de ce plan pour lesquels l'approbation du
ministre est requise avant leur mise en application; iv) les dépenses
admissibles au financement par le ministre, les activités auxquelles
elles sont reliées et les cas où les circonstances dans
lesquelles un établissement ou un conseil régional a droit en
plus du financement des dépenses admissibles au remboursement par le
ministre d'autres dépenses que le règlement identifie; v) les
modalités de paiement par le ministre des sommes qui doivent être
versées aux conseils régionaux et aux établissements; vi)
l'utilisation des revenus par le conseil régional ou par
l'établissement, soit la part de ces revenus qui doit être
défalquée des dépenses ou retournée au ministre et
celle qui doit être conservée ou dans le cas d'un
établissement être versée au conseil régional
concerné pour être utilisée aux fins que le
règlement prévoit ou permet au ministre de prescrire.
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont deux questions d'éclaircissement.
Que voulez-vous dire par budget détaillé?
M. Johnson (Anjou): Le budget détaillé est celui
qui est décrit dans le règlement qui suivra les dispositions de
l'article 69 du projet de loi omnibus, c'est-à-dire l'article 177 de la
Loi de la santé et des services sociaux. À toutes fins utiles,
cette notion de budget détaillé est celle qu'on retrouve dans
l'échange qui a lieu entre le ministère et les
établissements depuis trois ans. En pratique, cela se
réfère d'une part à la structure par programmes qui est
conforme aux crédits adoptés par l'Assemblée nationale
d'une part et d'autre part des éléments spécifiques qui,
sans être prévus dans la structure des crédits
budgétaires, sont des éléments sur lesquels il y a des
espèces de procédures administratives reconnues. Ce
règlement - je dois le dire - fera l'objet, encore une fois, d'une
consultation avec les établissements et, dans le cas de certains
déboursés que l'on voudrait voir les établissements
contraints d'effectuer - je pense et je reviens sur cet élément
que j'ai déjà soulevé, les services à domicile - on
pourrait, dans le cadre de ce règlement ou par directive
ministérielle, spécifier que certains éléments
impliquent que ces fonds ne sont pas permutables à d'autres
éléments du programme du budget détaillé ou du plan
d'équilibre budgétaire.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre pourrait me dire si, dans
le fond, la préoccupation principale et normale du ministère des
Affaires sociales c'est d'assurer que les établissements aient un plan
d'équilibre budgétaire, c'est-à-dire qu'ils
équilibrent leur budget. Il me semble que cela soit une
préoccupation tout à fait normale. Est-ce que à partir
strictement de cette notion-là, vous n'arrivez pas, de toute
façon, à un plan de budget détaillé qui atteindrait
la même fin?
M. Johnson (Anjou): Je pense que cette notion, même si elle
est centrale notamment dans la période économique qu'on vit et
qui fait qu'on a des préoccupations importantes à l'égard
de l'équilibre budgétaire des établissements, pour faire
en sorte qu'ils fonctionnent dans le cadre si ce n'est pas d'un budget
fermé tout au moins d'une enveloppe qui n'est pas atteinte autrement que
par des règlements d'emprunt approuvés, il est vrai que tout cela
est normal et préoccupant dans le contexte actuel. Cependant je pense
qu'il faut aller au-delà de cela et c'est ce que permettrait la loi:
permettre spécifiquement de voter des postes, non pas de voter mais
d'accorder des postes budgétaires spécifiques pour s'assurer que
les établissements du réseau des affaires sociales
répondent aux politiques et aux exigences du ministère. (20 h
45)
Encore une fois, je pense que les mutations que l'on connaît au
niveau desservices en ce moment en ce qui a trait,
disons, à une extrémité, la pédiatrie et,
à une autre extrémité, la gériatrie,
c'est-à-dire les services aux enfants et les services aux personnes
âgées, si, comme société, dans les années qui
viennent, on pense qu'il faut mettre de plus en plus de ressources dans le
secteur visant les services aux personnes âgées, il faut se donner
des instruments pour s'assurer que les établissements le font et, parmi
ces instruments, il y aurait des postes spécifiques; ou bien en allouer
dans le cadre des crédits budgétaires par programme ou encore
dans le cadre de postes protégés à l'intérieur du
budget détaillé.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre pourrait me donner
quelques explications sur le 6 ? L'utilisation des revenus par le conseil
régional ou par l'établissement, est-ce que c'est une question...
Moi, j'ai cru la comprendre comme étant une question d'utilisation de
surplus.
M. Johnson (Anjou): Essentiellement, c'est ce qu'on peut amener
sous le vocable "revenus". Or, les revenus pour les hôpitaux sont
essentiellement les revenus de chambres privées et semi-privées.
Les revenus, en d'autres termes, autonomes des établissements.
Mme Lavoie-Roux: II ne s'agit pas du tout de surplus que
pourrait...
M. Johnson (Anjou): Je ne veux pas m'aventurer dans une
interprétation juridique qui va au-delà de ce que je vois dans le
texte et de l'intention que je sais derrière ce texte. Je pense que la
politique des surplus est une chose dont doit disposer le Conseil du
trésor et, de toute façon, les surplus sont constitués par
les établissements à partir des subventions que le
ministère verse à chacun des établissements. D'ailleurs,
les établissements eux-mêmes nous demandent, depuis un certain
nombre de mois, et ils l'auront à l'occasion du prochain budget,
d'élaborer une politique précise de disposition des surplus.
Donc, dans mon esprit, je pense, au niveau du texte, qu'il y a une distinction
entre la notion de revenu et la notion de surplus.
Mme Lavoie-Roux: À l'heure actuelle, est-ce que
l'élaboration du budget à partir de normes précises ou la
notion de budget détaillé exclut la possibilité de
transférabilité? Disons, par exemple, que, dans un service, on
avait prévu, je ne sais pas... On prend des exemples bien concrets. On a
prévu tel budget pour les pansements ou, du côté de la
cuisine, tel budget pour l'alimentation et, à un moment donné, il
y a un surplus de ce côté. On sent que, dans le service X, il y
aurait intérêt peut-être à ajouter quelqu'un. Est-ce
qu'il y a aussi cette possibilité de transfert que ce budget
détaillé va geler d'une certaine façon?
M. Johnson (Anjou): Votre question est fort pertinente. Encore
une fois, la règle générale suivie depuis 1971, c'est la
notion de budget global. Donc, elle implique une notion de permutabilité
d'un poste à l'autre. Cependant, on a élaboré, au cours
des années, une notion purement administrative qui s'appelait le budget
protégé, par exemple santé mentale, services de soins
à domicile; il n'y en a pas d'autres qui me viennent à l'esprit
ou à l'esprit de ceux qui me conseillent.
Mme Lavoie-Roux: J'en ai un autre, mais j'oublie lequel.
M. Johnson (Anjou): En voilà deux qui sont de taille quand
même. Je sais qu'il y en a quelques autres. Cette notion a
été élaborée purement sur une base administrative.
Je dois dire que, dans l'ensemble, encore une fois, les établissements
ont respecté cette notion. L'encadrement que l'on donne à ce
document qui nous est transmis par les établissements à la suite
de la réception du budget global accordé par le ministère
nous permettra de distinguer certains éléments où il n'y a
pas de permutation possible. Je dois dire que la notion de budget global,
cependant, établit que la règle, c'est qu'il y a des permutations
possibles.
Mme Lavoie-Roux: Mais là, il n'y en aura plus.
M. Johnson (Anjou): La règle va continuer d'être
qu'il y a des permutations d'un élément budgétaire
à l'autre. Cependant, voilà un instrument précis qui
permettra de protéger des budgets spécifiques pour les fins des
politiques que le ministère des Affaires sociales entend adopter,
notamment, par exemple, à l'égard des personnes
âgées ou des services à domicile.
Mme Lavoie-Roux: Mises à part les priorités que le
ministère pourrait identifier comme celles que vous avez nommées,
une certaine marge de manoeuvre dans un secteur pourrait être
transférée dans un autre secteur pour répondre à un
besoin, étant donné que les prévisions peuvent être
différentes de celles qu'on a faites ou de priorités que l'on
identifie en cours de route.
M. Johnson (Anjou): Je dirais oui aux deux conditions suivantes:
D'une part, que ces montants n'affectent pas des éléments des
budgets détaillés qui sont des budgets dits
protégés, ce qui est un objectif normal, et deuxièmement
que ces budgets
n'impliquent pas de développement additionnel pour lequel le
ministère ou l'établissement encourrait de façon
récurrente des dépenses additionnelles dans les budgets
suivants.
Le Président (M. Paré): L'amendement à
l'article 69 est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, compte tenu des
principes dont j'ai parlé au point de départ, et compte tenu du
fait que même s'il y a une amélioration par rapport à la
proposition initiale, si je prenais l'article 69 isolément, je pourrais
peut-être voter pour, mais comme l'article 70 découle de l'article
69 ou vice versa, je vais l'accepter sur division, parce que je crains vraiment
que les priorités locales ou les besoins locaux ne soient pas aussi bien
respectés qu'ils devraient l'être. Il y avait surtout cette marge
de manoeuvre qui était possible aux institutions et qui m'apparaît
plus fragile à partir de cette proposition. Accepté sur
division.
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement est
accepté sur division.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Paré): L'article 69 est-il aussi
accepté sur division? Il y a deuxièmement et
troisièmement.
Mme Lavoie-Roux: Ah, oui! C'est vrai. Il y avait un
amendement.
Le Président (M. Paré): L'amendement au
premier...
M. Johnson (Anjou): L'article 69 est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui, sur division.
M. Johnson (Anjou): Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): Adopté sur
division.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, il y a un amendement
à l'article 70. L'article 70 est remplacé par le suivant: "178.
Le ministre doit, au 1er avril de chaque année, conformément aux
normes prévues par les règlements, transmettre à chacun
des conseils régionaux des établissements publics et des
établissements visés dans l'article 177, son budget global pour
l'année financière en cours. A défaut, le budget global
transmis par le ministre pour l'année financière
précédente est reconduit jusqu'à ce que le conseil
régional ou l'établissement l'ait reçu." "Dès la
réception du budget global transmis par le ministre, le conseil
régional ou l'établissement doit préparer ou transmettre
au ministre dans la forme qu'il prescrit et conformément aux normes
prévues par les règlements un budget détaillé
conforme au budget global reçu et, le cas échéant, un plan
d'équilibre budgétaire. Les éléments de ce budget
détaillé et ce plan que les règlements identifient, sont
sans effet tant qu'ils n'ont pas été approuvés par le
ministre. - M. le Président, si vous me le permettez, le "il" sur votre
copie prend un "s". "Les fonctions particulières confiées par le
gouvernement à un conseil régional en vertu du paragraphe g) de
l'article 18 doivent être interprétées de manière
à ne pas augmenter, restreindre ou modifier la portée du
présent article ou des règlements qui en découlent, sauf
dans la mesure prévue expressément par le gouvernement."
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Paré): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... le ministre pourrait-il expliciter un peu le
dernier paragraphe, à savoir que les fonctions particulières
confiées par le gouvernement à un conseil régional doivent
être interprétées de manière à ne pas
augmenter, restreindre ou modifier la portée du présent
article..."?
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'un article qui permet, je ne
dirais pas rétroactivement, mais en tout cas, qui permet de formaliser
un peu l'expérience qui est en cours dans deux régions du
Québec depuis 1979 dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le
conseil régional 02 et dans la région de l'Estrie, le conseil
régional 05 où, à toutes fins utiles, des mandats
spécifiques, en vertu de l'article 18, paragraphe g) de la loi, ont
été donnés à ces conseils régionaux,
notamment pour qu'ils fassent des réallocations de ressources dans le
secteur de la réadaptation. Il s'agit essentiellement d'une assise
juridique qui sera plus précise pour les fins d'application de ces
expériences au niveau régional.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela vous ouvre aussi la porte dans tous
les conseils régionaux pour agir de la même façon,
c'est-à-dire que vous pourrez toujours intervenir par règlement
ou par réglementation pour modifier, en fait, la portée de
l'article, si je comprends bien. Vous avez toujours ce pouvoir
réglementaire qui le permet.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que je
l'interpréterais plutôt de la façon suivante.
On dit à l'article 18g que les conseils régionaux peuvent
être appelés à faire certaines choses, notamment,
finalement, gérer une partie du budget sur une base régionale
pour des fins spécifiques. On vient dire, à l'article 178...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, est-ce que cela pourrait être
une partie du budget qui, normalement, serait affectée à un
établissement?
M. Johnson (Anjou): C'est le cas actuel des expériences
qui sont en cours.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est au conseil régional qu'on
délègue la responsabilité d'administrer une partie du
budget qui...
M. Johnson (Anjou): Oui, mais tel qu'adopté dans les
crédits, cependant, dans le budget par programme.
Mme Lavoie-Roux: Oui, dans les crédits.
M. Johnson (Anjou): Ce qu'on fait, c'est qu'il y a la sommation,
l'ensemble des montants qui, normalement, visent un programme qui, lui, est
appliqué horizontalement à l'ensemble des établissements.
On prend une région; on fait la somme de ces montants et on a
donné juridiction aux conseils régionaux de voir à la
réallocation des ressources. Il faut bien voir qu'en pratique,
cependant, cela ne signifie pas qu'on puisse mettre fin à des
activités auxquelles s'adonnent des établissements dans un
secteur donné. Cela donne simplement la juridiction, en pratique, pour
réallouer des excédents de ressources, par exemple. C'est le type
d'expériences qui est en cours dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean et dans
L'Estrie depuis trois ans maintenant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant qu'on vote sur
division sur cet amendement du ministre, je voudrais simplement rappeler - cela
ma servira de conclusion en même temps - que déjà la loi no
27 était venue encadrer d'une façon beaucoup plus contraignante
le fonctionnement des établissements de santé et de services
sociaux. J'ai bien l'impression - je peux me tromper - que ces deux articles
qui nous sont présentés aujourd'hui sont des oublis qu'on avait
faits à la loi no 27 et qu'on vient remplir ou réparer les
trous...
M. Laurin: ... colmater...
Mme Lavoie-Roux: ... colmater - je vous remercie; le ministre de
l'Éducation a un bon vocabulaire - les trous ou les brèches. Dans
ce sens, l'an dernier, nous nous étions prononcés fortement
contre cette modification de l'esprit de la loi no 65. J'admets, par exemple,
que le gouvernement se trouve dans un contexte économique particulier -
sans faire d'autre parenthèse là-dessus - et que ceci le justifie
peut-être à court terme de prendre les mesures qu'il... ou, enfin,
il trouve peut-être là la justification, devrais-je dire, de
prendre des mesures de surveillance ou de contrôle beaucoup plus grandes
que celles qui étaient exercées dans le passé. Je pense
que ceci va se faire aux dépens du dynamisme des milieux, de la
motivation des personnes qui s'impliquaient dans le milieu, de cette
philosophie de participation. Dans ce sens, même si je peux, dans une
certaine mesure, comprendre l'objet de cette démarche qui est
conséquente avec celle de la loi no 27, j'y suis encore opposée.
Nous sommes encore, comme parti politique, opposés à ce
contrôle toujours plus grand que le gouvernement exerce sur nos
institutions et nos établissements pour lesquels, dans le fond, on
devrait s'appliquer à trouver des modalités de fonctionnement qui
assureraient une prise en charge et une "responsabilisation" beaucoup plus
grande des personnes qui fonctionnent sur le plan local. Ceci est ma conclusion
pour le tout. J'imagine que ce sera adopté par la majorité
gouvernementale sur division.
Le Président (M. Paré): Est-ce que vous voulez
conclure ou si...?
M. Johnson (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Paré): Donc, le nouvel article 70,
tel que proposé ici, est adopté sur division. J'appelle l'article
71.
M. Johnson (Anjou): C'est de concordance.
Mme Lavoie-Roux: Non, je pense que c'est un autre sujet, si je ne
m'abuse. C'est un autre sujet, attendez une minute! Non, c'est sur la
question...
M. Johnson (Anjou): Ah non, non! C'est le financement.
Mme Lavoie-Roux: Cela va, d'accord.
M. Johnson (Anjou): C'est de concordance, je devrais dire, avec
l'éducation.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 71 est
adopté.
Une voix: Cohérence...
M. Johnson (Anjou): Cohérence avec
l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Ahl Bien, on laissera cela au ministre pour
qu'il ne soit pas trop démoralisé.
Le Président (M. Paré): D'accord. J'appelle donc
l'article 72.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, il y a une question.
M. Ryan: J'ai une question à poser au ministre.
Le Président (M. Paré): Ohl Excusez-moi! Oui, M. le
député d'Argenteuil. (21 heures)
M. Ryan: Vous voulez bien avoir le pouvoir de requérir
toute information concernant la situation financière d'un
établissement sur votre demande n'importe quand? Vous allez vous mettre
le nez si loin que cela dans la vie des établissements?
M. Johnson (Anjou): Oui, d'autant plus que...
M. Ryan: Aucune confiance. Ils vous soumettent un budget global,
ensuite un budget détaillé avec tous les renseignements dont vous
avez besoin. À part cela, vous pouvez arriver n'importe quand et dire:
"Est-ce vrai que vous avez mis 5 $ pour envoyer quelqu'un prendre un taxi?"
M. Johnson (Anjou): Non.
M. Ryan: Avec cela, toute information...
M. Johnson (Anjou): Non. M. le Président, ce dont il
s'agit... Je vois un peu où veut en venir le député
d'Argenteuil...
M. Ryan: Parce que je me dis que si c'est le plan du ministre de
l'Éducation pour ses corporations d'écoles, c'est aussi bien d'y
penser dès maintenant.
M. Johnson (Anjou): Oui? M. le Président...
M. Laurin: Ne complotez pas de noirs desseins.
M. Johnson (Anjou): ... Je voudrais très brièvement
expliquer ce que vise l'article 71.
Mme Lavoie-Roux: II y en a assez qui vous en prêtent,
n'est-ce pas?
M. Johnson (Anjou): Ce qu'il vise essentiellement c'est de
permettre une normalisation du financement par emprunt des
établissements auprès des institutions financières, de
telle sorte qu'on ne se retrouve pas avec le genre de surprise qu'on a
découvert il y a un certain nombre d'années et comme l'Ontario
d'ailleurs est en train d'en découvrir. Ils ont découvert tout
récemment en Ontario que plusieurs des établissements
hospitaliers avaient fait des emprunts auprès d'institutions
financières, et c'est le ministre des Finances d'Ontario qui a
découvert par les institutions financières qu'une bonne partie du
réseau des hôpitaux était en train, à toutes fins
utiles, de passer à côté des budgets en empruntant un
à un. Il s'agit seulement de s'assurer qu'il y a une certaine
cohérence au niveau des procédures qui sont prises, des
autorisations qui sont exigées pour qu'un établissement aille
au-delà du financement à court terme et finalement, à
toutes fins utiles, endette l'ensemble des contribuables par le
ministère des Affaires sociales.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont à découvrir d'aussi
grands trous que ceux découverts par le gouvernement actuel au
ministère de l'Éducation.
M. Laurin: Ils sont plus nombreux.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous en avez beaucoup.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 71 est
adopté?
M. Johnson (Anjou): Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
72?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je dois vous dire: je
pense que le ministre sera obligé de jeter un petit coup d'oeil à
l'article 72 mais j'ai eu une explication d'un des membres de son cabinet, et
j'en suis satisfaite. Alors, cela épargnera du temps.
M. Johnson (Anjou): Excellent.
Le Président (M. Paré): L'article 72 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Donc, cela
conclut pour ce qui touche le ministère des Affaires sociales. Nous
allons maintenant aller dans les articles concernant le domaine de
l'Éducation.
Une voix: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Paré): C'est moi qui vous
remercie.
M. Bédard: M. le Président, concernant les articles
qui relèvent du ministre de l'Éducation, je lui demanderais de
nous indiquer quels sont les articles...
M. Laurin: Ils sont nombreux, mais ils sont mineurs, M. le
Président. Articles 20, 42, 27, 28, 36, 37, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35,
38, 39, 40, 41, 82, 84 et 85 et un petit amendement sur les limites.
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Paré): M. le ministre de
l'Éducation, j'aurais seulement une question à vous poser. Comme
vous les avez donnés pas nécessairement en ordre...
M. Laurin: Ils sont tous regroupés par sujet.
Le Président (M. Paré): Donc, vous désirez
qu'on aille dans l'ordre où vous nous les avez donnés?
M. Laurin: Oui.
Le Président (M. Paré): Pas d'objection, M. le
député d'Argenteuil qu'on aille dans l'ordre qui a
été donné?
M. Ryan: Non.
Modifications à la Loi suies Collèges
d'enseignement général et professionnel
Le Président (M. Paré): D'accord. J'appelle donc
l'article 20.
M. Laurin: M. le Président, l'an dernier, on a
adopté une Loi sur les emprunts des commissions scolaires. La loi no 32
qui, je pense, a été favorablement accueillie par les commissions
scolaires parce qu'elle a pour but de favoriser les emprunts, d'alléger
les délais et les contrôles, de diminuer les frais
également. Il s'agirait maintenant d'étendre les mêmes
dispositions aux collèges par l'article 20, et aux universités
par l'article 42. C'est pour empêcher par exemple qu'à l'occasion
de chaque emprunt, on soit obligé de faire un décret et qu'on
soit obligé de demander des contrôles. On va utiliser maintenant,
comme pour les commissions scolaires des formules standardisées que les
collèges et les universités pourront remplir, qui
éviteront beaucoup de contrôles, beaucoup de vérifications
et qui éviteront de passer par le Conseil des ministres chaque fois
comme on était obligé de le faire jusqu'ici. C'est donc une
procédure qui, je crois, sera à l'avantage de tout le monde, dans
le sens que les emprunts seront accélérés et que cela se
fera plus facilement et plus rapidement qu'auparavant. C'est le but de
l'article 20 et de l'article 42.
Le Président (M. Marquis): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Voulez-vous expliquer encore la procédure
actuelle? Vous dites que vous voulez éviter que, chaque fois, vous soyez
obligé de demander une nouvelle décision du Conseil du
trésor.
M. Laurin: Actuellement, c'est long, parce qu'il faut
procéder aux démarches préliminaires et il faut, quasiment
à chaque étape, que le ministère de l'Éducation
soit mis au courant, que les textes soient préparés; ensuite,
cela doit toujours aller au Conseil du trésor. Les contrôles se
font par tout le monde. Finalement, cela prend beaucoup de temps. Avec la
nouvelle formule qui est en vigueur depuis un an maintenant, tout le monde s'en
félicite, parce que cela va beaucoup mieux, plus rapidement, c'est plus
facile, il y a moins de contrôles, c'est moins tatillon. On
épargne aussi de l'argent, parce qu'une justice prompte est mieux
rendue, dit-on. En même temps, en évitant du travail de
fonctionnaire, on se trouve à alléger la fonction publique, aussi
bien celle des commissions scolaires que celle du gouvernement. Il s'agit
maintenant d'uniformiser cela à tout le système.
M. Ryan: Oui, je pense que cela va, M. le Président...
Le Président (M. Marquis): Article 20...
M. Ryan: D'après les renseignements que j'ai pu obtenir de
mon côté, ce changement apporterait de fait une
amélioration à des procédures qui sont beaucoup trop
lourdes actuellement, qui entraînent des délais inutiles et
coûteux. Le changement serait approuvé de notre
côté.
Le Président (M. Marquis): L'article 20 est
adopté.
Modifications à la Loi sur l'enseignement
privé
M. Laurin: L'article 27, M. le Président, c'est un oubli
qu'on a fait quand on a fait adopter la Loi sur le transport scolaire. Tel
qu'il est rédigé, l'article actuel 59.3 de la Loi sur
l'enseignement privé soumet à l'approbation du Conseil du
trésor chacun des montants de subventions à être
versés pour le transport des écoliers fréquentant une
institution privée déclarée d'intérêt public.
Or, ces montants sont déterminés selon des règles
budgétaires établies par le ministre des Transports et
approuvées par le Conseil du trésor qui ne devrait pas avoir
à approuver chacun des
montants, puisque cela fait partie du même programme que celui de
l'aide financière accordée aux commissions scolaires. C'est par
oubli que la référence à des règles
budgétaires établies par le ministère des Transports a
été omise. Il s'agit de corriger cet oubli en ajoutant les mots
"selon des règles budgétaires établies par le Conseil du
trésor". Là aussi, cela nous épargnera d'avoir à
revenir pour chacune des institutions privées. Cela sera dans les
règles budgétaires, cela sera uniforme, cela sera automatique
pour tout le monde, pour tous les établissements privés.
Là aussi, cela épargnera du temps.
M. Ryan: Lorsque...
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, ce changement est aussi une amélioration.
Maintenant, je me demande pourquoi on ajoute dans le texte les mots suivants
"fréquentant une institution..." Je vais lire toute la phrase pour que
cela soit clair: "Le ministre des Transports peut accorder une subvention pour
le transport de personnes fréquentant une institution
déclarée d'intérêt public qu'il désigne." Ces
deux mots, est-ce qu'ils sont vraiment nécessaires? Que viennent-ils
ajouter au texte? Est-ce qu'ils ne créent pas une ouverture vers un
arbitraire possible?
M. Laurin: ... vous allez pouvoir répondre beaucoup mieux
que moi.
Le Président (M. Paré): M. Drolet, s'il vous
plaît.
M. Laurin: Michel Drolet du contentieux du ministère des
Transports. C'est qu'il y a deux situations au niveau des subventions qui sont
accordées pour le transport d'élèves fréquentant
une institution déclarée d'intérêt public.
Lorsqu'une institution déclarée d'intérêt public a
conclu une entente avec une commission scolaire pour faire effectuer, à
même les circuits d'une commission scolaire, le transport de certains ou
de la totalité de ses élèves, les règles de
subvention sont prévues à l'article 431.9 de la Loi sur
l'instruction publique et cela entre dans le montant global versé
à titre de subvention à la commission scolaire. Lorsque, par
ailleurs, l'institution privée déclarée
d'intérêt public ne conclut pas une entente avec la commission
scolaire et qu'elle exploite elle-même ou organise elle-même le
transport de ses élèves, en vertu de l'article 59.1, elle doit
obtenir l'autorisation du ministre des Transports pour exploiter ou organiser
son transport et, justement, elle est subventionnée à ce
moment-là suivant l'article 59.3. Il y a aussi des règles
budgétaires mais qui peuvent être quelque peu différentes
de celles qui permettent le versement de subventions lorsque c'est
organisé par la commission scolaire.
M. Ryan: Si je comprends bien, cela voudrait dire la même
chose que si on écrivait, par exemple, "fréquentant une
institution déclarée d'intérêt public avec laquelle
il y a une entente en vertu de l'article 59.1"?
M. Laurin: Non, l'entente... M. Ryan: Non?
M. Laurin: ... est avec une commission scolaire. Elle est
prévue à l'article 431.1 de la Loi sur l'instruction publique.
À ce moment-là, la subvention qui est versée pour le
transport des élèves de l'école privée est
prévue à l'article 431.9, c'est-à-dire selon des
règles budgétaires établies et approuvées par le
Conseil du trésor. Mais on a aussi des règles budgétaires
qui permettent l'établissement de subventions lorsque c'est
l'institution privée qui fait elle-même le transport.
Celles-là sont prévues à l'article 59.3. Ce qu'il
désigne, c'est les institutions privées déclarées
d'intérêt public qui font elles-mêmes leur transport et non
celles qui le font faire par une commission scolaire.
À l'heure actuelle, dans les règles budgétaires, je
peux confirmer que les institutions privées déclarées
d'intérêt public qui sont désignées sont justement
celles qui ont obtenu, en vertu de l'article 59.1, l'autorisation du ministre
d'organiser elles-mêmes leur circuit de transport.
M. Ryan: Je reviens à ma question. Vous avez
clarifié mon affaire. Supposons qu'il serait écrit
"fréquentant une institution déclarée
d'intérêt public qui organise elle-même son service de
transport avec l'autorisation du ministre, conformément à
l'article 59.1", c'est ce que cela veut dire?
M. Laurin: À l'heure actuelle, oui, suivant les
règles budgétaires que nous avons. Cependant, il y a aussi...
M. Ryan: Est-ce que vous ne seriez pas mieux de le dire, parce
que ce "qu'il désigne", en général, comme cela, cela
provoque des interrogations dans les institutions. Cela provoque certaines
inquiétudes...
M. Laurin: En fait... Excusez-moi!
M. Ryan: Je comprends très bien le sens de ce que vous
dites et cela ne crée aucun problème pour moi, comme vous le
dites.
M. Laurin: En fait, on pourra se référer aux
travaux de la commission pour interpréter.
M. Ryan: Non. Non, justement. Cela va être perdu dans la
brume.
M. Laurin: II y a aussi une autre situation qui n'a pas encore
été mentionnée. C'est la suivante. Il y a des institutions
privées déclarées d'intérêt public qui n'ont
jamais organisé de transport et qui n'en ont jamais fait faire par une
commission scolaire. Ce qu'a fait le projet de loi no 31, cela a
été de préserver les acquis des institutions
privées qui avaient une entente ou qui, dans le passé,
organisaient leur transport avec l'approbation du ministère.
Maintenant, pour ce qui est des nouvelles institutions, on pourrait
imaginer des institutions privées déclarées
d'intérêt public qui obtiendraient pour l'avenir - enfin, de
nouvelles institutions - le pouvoir d'organiser un service de transport, mais
pour lesquelles nous ne sommes pas nécessairement aptes à
accorder des subventions. On ne voudrait pas empêcher justement ces
institutions privées, qui n'ont jamais fait de transport, de pouvoir le
faire si elles sont prêtes à le faire à leurs frais.
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais poser une question. Est-ce que vous
pourriez me donner des exemples de ces institutions privées
désignées? Je pense que, peut-être, selon les
localités ou les régions, de temps à autre, il se
développe des tensions entre la commission scolaire et l'école
privée, à savoir si la commission scolaire va continuer
l'entente, etc. J'aimerais que vous me disiez, d'une part à
l'extérieur des grands centres comme Montréal et Québec,
où sont ces ententes particulières avec les commissions
scolaires. Dans les autres cas d'écoles privées qui ne font pas
d'entente, donnez-moi des exemples d'écoles privées que vous
désignez. Est-ce que ce sont, par exemple, à Montréal, des
écoles privées de groupes culturels minoritaires comme les
séfarades, les Grecs?
Je pense un peu comme mon collègue d'Argenteuil, il y a
passablement d'arbitraire dans cette formulation. Que ce soit fondé ou
pas, ce sont des échos qui nous arrivent. Cela ne semble pas aussi clair
que ce qu'il y a dans les articles de la loi ou, du moins, les gens ne semblent
pas capables de s'en prévaloir aussi facilement que dans les articles
que vous nous signaliez. (21 h 15)
M. Laurin: En fait je ne peux pas vous donner d'exemple concret
et précis ce soir parce qu'il aurait fallu qu'on ait avec nous les
règles budgétaires où justement on a une liste des
institutions privées déclarées d'intérêt
public qui ont été autorisées par le ministre des
Transports en vertu de l'article 59.1 à organiser leur propre circuit de
transport. Ce dont je peux vous assurer cependant c'est que cette liste a
été reproduite à partir de la liste que nous avions dans
l'ancien règlement sur le transport des écoliers quant aux
subventions qui étaient données aux institutions privées
déclarées d'intérêt public qui organisaient
elles-mêmes déjà leur transport, puisqu'à ce
moment-là aussi il fallait qu'elles aient une autorisation du ministre
des Transports. On ne fait que reproduire dans le nouveau régime
exactement la situation qui existait.
Cependant, lorsqu'on a apporté la modification en corrigeant la
mention "concernant les règles budgétaires établies par le
ministre des Transports après consultation du ministre de l'Education et
approuvées par le Conseil du trésor", nous nous sommes rendu
compte évidemment que des institutions privées
déclarées d'intérêt public il en existait qui
n'avaient aucun moyen de transport et il pouvait arriver que ces institutions,
dans l'avenir, demandent au ministre des Transports l'autorisation de
l'organiser en vertu de l'article 59.1, mais que nous n'ayons pas, à ce
moment-là, la possibilité de leur donner cette autorisation parce
que, suivant les crédits disponibles pour le versement de subventions,
on ne pouvait pas accepter de nouvelles demandes pour de nouveaux services.
M. Ryan: J'ai un collège dans mon comté, le
collège de Pointe-aux-Chênes, un collège privé qui a
son propre service de transport...
Mme Lavoie-Roux: ... qui est subventionné.
M. Ryan: ... qui reçoit une subvention pour cela.
M. Laurin: Cela doit être en vertu de l'article 59.3.
M. Ryan: Je reviens à la formulation... Je ne sais pas si
le ministre serait disposé à considérer une formulation
plus nette que celle-là, qui dirait plus exactement ce que nous avons
entendu? Ceci semble ouvrir la porte, à un moment donné, si vous
avez un ministre capricieux... S'il y avait une chose comme celle-ci - c'est
seulement à titre d'exploration que je dis cela - le ministre peut
accorder une subvention pour le transport de personnes fréquentant une
institution déclarée d'intérêt public qui a
reçu du ministre une autorisation à cette fin en vertu de
l'alinéa 59. 1. C'est cela...
M. Laurin: Je pense que c'est plus bref comme cela et je pense
que cela tient compte de la diversité des situations. J'ai l'impression
que les listes qu'on utilise ne font que reconduire des listes qui existent
depuis longtemps et qui existent probablement depuis plusieurs années.
Le mot "désigne" peut tenir compte du fait qu'il peut y avoir des
changements de statut. Par exemple, il n'y a rien qui interdit à une
école qui élaborait ses propres modes de transport de signer une
entente avec une commission scolaire. À ce moment-là, elle tombe
sous la coupe d'un autre article: 59.1. Par ailleurs, on peut envisager le cas
inverse aussi. Une entente entre une commission scolaire qui se
détériore et cette institution-là organise son propre
transport; à ce moment-là on est obligé de la
désigner, en ce sens qu'on est obligé de l'inclure à la
liste qui existait auparavant. Il me semble que cela est assez clair.
M. Ryan: Je ne l'aime pas celui-là. Je vous avertis, je ne
voterai pas pour cela. Je vais être obligé de voter contre parce
qu'on doit également tenir compte d'un climat d'insécurité
qui existe présentement dans les institutions d'enseignement
privé pour des raisons qui n'ont rien à voir avec ce projet-ci et
qui ont beaucoup à voir avec les décisions du ministre de
l'Éducation au cours des deux dernières années et la
fameuse loi no 11 qui a été adoptée par l'Assemblée
nationale, sous pression, dans un projet de loi budgétaire omnibus, il y
a maintenant deux ans. Les institutions privées ont vu les ressources
qu'elles retirent de l'État glisser d'environ 75% qu'elles
étaient, avant la loi no 11 à un niveau qui se situe beaucoup
plus autour de 53%, 54%, 55% aujourd'hui. Ce qui fait quand même un
changement considérable, alors qu'en fait il n'y a jamais eu de
déclaration d'intention annonçant une modification de politique
de la part du gouvernement. Ces gens sont dans un état de
méfiance et d'inquiétude. Ils ont l'impression fondée par
les chiffres que je viens de citer, à moins qu'on ne soit capable de les
réfuter, qu'on est en train de les étrangler à petit feu,
de les prendre ici et de les prendre là. Peut-être qu'il n'y a
rien là-dedans. Je vous souligne, en tout cas, qu'on m'a fait part
d'inquiétudes et j'ai pris soin de demander des opinions avant de m'en
former une moi-même. C'est là que nous en sommes.
M. Laurin: Mais les inquiétudes ne portent pas sur le
transport. Je n'ai eu aucune plainte à ce sujet, au ministère de
l'Éducation, aucune plainte d'institution qui portait sur le transport
et je serais bien étonné qu'au ministère des Transports,
il y ait eu des inquiétudes exprimées à cet égard,
des plaintes ou des doléances exprimées à cet
égard.
M. Ryan: Je n'ai pas entendu de plaintes au sujet des politiques
suivies par le ministère des Transports en matière de subventions
sous l'empire de 59.1. J'ai sollicité des opinions de personnes
compétentes et représentatives au sujet du projet de modification
que nous discutons présentement. On m'a fait part d'inquiétudes
au sujet de la formulation que j'ai portées à l'intention du
ministre et je dis que, dans le climat où nous sommes, si le ministre
pouvait faire un effort pour arriver avec quelque chose de plus concret, je
pense que ce serait plus satisfaisant. Moi, cela me ferait bien plaisir de
voter pour celui-ci, comme j'ai dit qu'on voterait pour la modification que
nous avons discutée tantôt à propos des collèges.
Cela manque de limpidité à mon goût et au goût des
personnes qui sont dans le secteur. Cela ne met pas en question, encore une
fois, les politiques administratives présentement suivies par le
ministère des Transports sous l'empire de cette loi-ci.
M. Laurin: Je suis heureux d'apprendre cette préoccupation
et cette inquiétude et nous nous emploierons à les rassurer lors
d'une prochaine rencontre parce que nous en avons plusieurs depuis quelque
temps avec elles.
M. Ryan: M. le ministre, je tiens à souligner qu'on a
entendu ces propos de votre bouche très souvent depuis quatre ou cinq
ans, des propos rassurants dont les effets ont plus souvent qu'autrement
tardé à se faire sentir.
M. Laurin: Pas de cet ordre-là, parce que, encore une
fois, je pense que jamais nous n'avons eu autant de rencontres avec les
institutions privées que nous n'en avons eu au cours de la
dernière année et c'est destiné à
s'accélérer, à s'intensifier.
M. Ryan: J'affirme que jamais les inquiétudes n'ont
été aussi grandes qu'au cours des deux dernières
années, dans ces milieux, à l'endroit des politiques du
gouvernement.
M. Laurin: On va s'employer à les rassurer.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 27 est
adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): Sur division, d'accord.
J'appelle l'article 28.
Modifications à la Loi sur l'instruction
publique
M. Laurin: Les articles 28, 36, 37 ont trait à des
problèmes d'interprétation légers, mineurs qui ont
été soulevés depuis que la loi 32 s'applique, depuis que
les emprunts sont négociés selon le nouveau mode que je
décrivais tout à l'heure. Ces problèmes
d'interprétation ont trait, par exemple, à l'utilisation d'un
fac-similé au lieu d'une écriture écrite et,
deuxièmement, au fait que les formules doivent être signées
par deux personnes, le président et le
secrétaire-trésorier. Pour rassurer encore davantage les
institutions prêteuses ou financières et pour enlever tout doute,
toute inquiétude de la part des commissions scolaires, nous profitons de
l'occasion pour clarifier ces projets de loi. Par exemple, on dit, à
l'article 28, que les commissions scolaires régionales sont
véritablement touchées comme toutes les autres commissions
scolaires par ces nouvelles modalités d'emprunt.
Aux articles 36 et 37, cela a trait justement à la signature du
secrétaire-trésorier qui peut lui aussi utiliser un
fac-similé et non pas être obligé de signer de sa belle
longue main toutes les obligations. Là aussi, je pense que c'est pour
enlever tout doute à cet égard. Par exemple, à l'article
36, on ajoute: On remplace le quatrième alinéa par le suivant:
"Le fac-similé des signatures du président et du
secrétaire-trésorier est suffisant." Et à l'article 37,
c'est la même chose. On insère, dans la première ligne,
après le mot "quant"... On parle du statut juridique pour bien prouver
que les commissions scolaires régionales ont un statut juridique et non
seulement les commissions scolaires locales. En somme, c'est pour clarifier
hors de tout doute des questions, inquiétudes ou préoccupations
qui ont été exprimées depuis octobre à l'occasion
de l'introduction de cette nouvelle procédure d'emprunt. Ce sont les
trois petits points qu'on veut clarifier d'une façon
définitive.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Peut-être que le mieux, c'est de les prendre l'un
après l'autre. Je pense que cela va être la meilleure
procédure.
Le Président (M. Paré): Article 28?
M. Ryan: À l'article 28, je n'ai pas de question.
Le Président (M. Paré): L'article 28 est
adopté?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
36?
M. Ryan: L'article 29?
M. Laurin: Les articles 28, 36 et 37 touchent aux mêmes
sujets. C'est la clarification des problèmes d'interprétation qui
se sont posés.
M. Ryan: Oui, à l'article 36, cela va. Le
Président (M. Paré): D'accord. M. Ryan: Article
37?
M. Laurin: L'article 36, c'est la signature... Le
secrétaire-trésorier peut utiliser un fac-similé de sa
signature au lieu de signer de sa main. Quant à l'article 37, c'est pour
affirmer le statut corporatif de toutes les commissions scolaires, y compris
les commissions régionales, parce qu'il faut mettre les points sur les
"i" et les barres sur les "t" quand il s'agit de faire affaires avec les
institutions prêteuses.
M. Ryan: Les autres mots demeurent. M. Laurin: Oui.
M. Ryan: Ce serait "quant au statut juridique ou aux pouvoirs,
devoirs et obligations".
M. Laurin: "... quant au statut juridique, aux pouvoirs, devoirs
et obligations".
Le Président (M. Paré): L'article 36 est
adopté. L'article 37 est adopté. On revient à l'article
29.
M. Laurin: C'est cela. À l'article 29, c'est un peu la
même chose. L'article 16 de la Loi sur l'instruction publique accorde au
gouvernement un pouvoir général de réglementation en vertu
duquel étaient adoptés les conditions de travail, recours et
droits d'appel des membres du personnel des commissions scolaires qui ne sont
pas membres d'une association accréditée. Or, de l'avis des
conseillers juridiques du gouvernement, cette disposition ne serait pas
suffisante. Éventuellement, les conditions de travail, selon eux,
pourraient être soumises à la sanction des tribunaux et
déclarées illégales. Nous proposons donc d'ajouter un
pouvoir spécifique de réglementation aux fins de permettre au
gouvernement de réglementer les conditions de travail, recours et droits
d'appel des membres du personnel qui ne sont pas membres d'une association
accréditée, ce qui veut dire, par exemple, que le gouvernement
peut faire des règlements. Si vous retournez à la loi
générale, on voit sept genres de règlements qu'on peut
faire. Le premier, ce sont des
pouvoirs généraux d'administration et de gestion. Nous
proposons d'ajouter un paragraphe 8° qui se lirait ainsi: "Pour
déterminer, dans toutes ou certaines commissions scolaires, des
conditions de travail, recours et droits d'appel des membres du personnel qui
ne sont pas membres d'une association accréditée." Cela touche,
par exemple, la PAS, la politique administrative et salariale. Cela touche les
personnels non syndiqués, alors que le paragraphe 1° touchait d'une
façon générale l'administration des commissions scolaires
pour tous les personnels. Nos juristes nous recommandent d'être plus
spécifiques encore et de faire un article spécial pour les
personnels non syndiqués. C'est peut-être un luxe de
précautions, mais il vaut mieux prévenir que guérir.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Avec quel alinéa avez-vous fait un lien? J'ai mal
suivi le raisonnement, pour être franc. Avec l'alinéa...
M. Laurin: Dans l'article 16 de la loi générale de
l'instruction publique...
M. Ryan: Oui.
M. Laurin: ... on dit que le gouvernement peut faire des
règlements sur sept points.
M. Ryan: Oui.
M. Laurin: Le premier paragraphe touchait aux pouvoirs
généraux pour tous les personnels. Là, on ajouterait un
paragraphe 8 qui toucherait plus spécifiquement les conditions de
travail des personnels qui ne sont pas membres d'une association
accréditée, c'est-à-dire les non syndiqués.
M. Ryan: Vous allez avoir le pouvoir de décret
général.
M. Laurin: Le pouvoir général demeurerait dans le
paragraphe 1°.
M. Ryan: Vous avez fait des décrets pour les
employés qui se pensaient autorisés à la
négociation collective libre. Là, vous voulez pouvoir
émettre des décrets en ce qui concerne tous les personnels autres
que ceux qui sont syndiqués.
M. Laurin: Remarquez que nous le faisons déjà. La
PAS, ce n'est pas d'aujourd'hui. Cela se fait déjà...
M. Ryan: Mais...
M. Laurin: ... mais on veut mettre dans la loi le pouvoir
habilitant pour être à toute épreuve.
M. Bédard: Parce que cela pourrait être
contesté légalement s'il n'y a pas le pouvoir habilitant dans la
loi.
M. Laurin: C'est cela. Cela ne l'a jamais été,
remarquez. Les partenaires non syndiqués sont bien contents de vivre
avec leur PAS, mais le législateur doit tout prévoir. (21 h
30)
M. Ryan: Je vais vous dire franchement que je trouve
qu'introduire cela dans un projet de loi omnibus en fin de session... Ceci est
une clause qui a bien des répercussions. Cela donne au ministre le
pouvoir de déterminer jusque dans le détail...
M. Laurin: Bien, c'est ce que nous faisons.
M. Ryan: ... les conditions de travail de tous les personnels non
syndiqués.
M. Laurin: Nous le faisons présentement en vertu de
l'article 1.
M. Ryan: En vertu de l'article 1, vous lui donnez une jolie
extension si vous faites cela.
M. Bédard: Non. On a donné tous les renseignements
depuis une semaine concernant chacun des articles.
M. Ryan: On trouve déjà qu'en matière de
normes administratives, on va beaucoup trop dans les détails. Un article
comme celui-ci est de nature à donner une autorité pour y aller
encore davantage. On pensait qu'on s'en allait vers un régime de
décentralisation. Plus on lit les textes législatifs qu'on nous
fait approuver et plus on constate qu'on s'en va vers un régime
où tout sera minutieusement contrôlé jusque dans le
détail; franchement...
M. Bédard: M. le député d'Argenteuil, le
fait de l'article, c'est simplement que ce pouvoir général de
réglementation existe déjà, sauf que du point de vue
juridique, son assise n'était pas suffisamment solide et ce sont les
conseillers juridiques qui ont fait des représentations à l'effet
qu'il fallait apporter un article dans la loi pour nous donner le pouvoir
habilitant, parce que l'ensemble de ce qui était couvert en termes de
pouvoirs de réglementation, cela se fait déjà par le
ministre, c'est simplement la sécurité juridique.
M. Marx: Si cela existe, pourquoi...
M. Bédard: C'est au niveau de la
sécurité juridique, c'est parce qu'il y a
déjà...
M. Marx: Si cela existe et si c'est tout...
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous déjà eu des
plaintes?
M. Bédard: Non, non, mais eux-mêmes le disent
qu'éventuellement, ces conditions de travail pourraient
être...
M. Ryan: On prépare la décentralisation en faisant
la centralisation.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Exactement.
M. Ryan: Après cela, ils pourront déléguer
plus magnanimement.
Une voix: C'est cela.
M. Bédard: On peut donner les explications qu'on avait
données d'avance.
M. Laurin: Voyez-vous, dans l'article 16 de la loi actuelle, au
premier paragraphe, le gouvernement peut faire des règlements, 1 pour
l'organisation, l'administration et la discipline des écoles publiques
et des écoles sous le contrôle du ministre de l'Éducation;
mais il est bien entendu que ce ne sont pas seulement des règlements
pour les personnels syndiqués qu'on peut faire, on peut en faire pour
tous les personnels. Mais il y a une question que les conseillers juridiques
nous posent; c'est à la suite de certaines représentations qui
nous ont été faites par d'autres aussi d'une façon
générale depuis quelque temps. Est-ce que les lois contiennent
tous les articles habilitant le gouvernement à faire des
règlements? C'est pour répondre à cette
préoccupation générale que nous ajoutons cet article.
M. Ryan: Oui, c'est vrai. Si vous consultez les légistes
là-dessus - ce n'est pas que je leur en veux, c'est une classe de
citoyens très intéressants et très utiles -mais il n'y en
aura jamais assez pour leur goût. Il faut être réalistes
là-dessus. Je trouve que, dans l'article 1 que vous citez justement,
vous avez tout ce qu'il faut pour faire une réglementation de
caractère général qui permettra un encadrement efficace.
Ce n'est pas nécessaire d'aller définir des clauses comme
celles-ci qui viennent ajouter encore à ce carcan extrêmement
étouffant à l'intérieur duquel doivent évoluer les
commissions scolaires. Franchement, je n'ai pas les arguments qu'on a
apportés. Le seul argument que j'ai entendu de la bouche du ministre
c'est un argument de sécurité, au cas où il arriverait
quelque chose.
Mme Lavoie-Roux: II y a combien d'années que la PAS
existe? Cela fait au moins 12 ans. Vous n'avez jamais eu une seule plainte, une
seule protestation juridique.
M. Laurin: Parfois, on nous menace. M. Bédard: Oui,
mais il faut bien...
Mme Lavoie-Roux: Que des gens vous menacent un peu, ce n'est pas
mauvais.
M. Ryan: ... dans une insécurité semblable. C'est
effrayant;
M. Marx: Vous êtes dans l'insécurité n'est-ce
pas?
M. Bédard: II faut bien se brancher. À un moment
donné, on se fait reprocher de ne pas avoir les assises juridiques
à l'appui de la législation dans les lois. Quand on veut
sécuriser juridiquement, on nous fait le reproche également,
c'est essentiellement cela. D'ailleurs, dans un cahier où nous avons
donné les explications pour chacun des articles, il y a
déjà quelques jours, au député de D'Arcy McGee,
l'explication concernant cet article était résumée.
C'était qu'il y avait un danger que ces conditions de travail pourraient
être soumises à la sanction des tribunaux et
déclarées illégales.
Conséquemment, il y avait une nécessité de mettre
une disposition de sécurité juridique. Ce n'est pas le fait qu'il
n'y ait pas eu de contestation jusqu'à maintenant qu'il n'a pas lieu
d'améliorer d'avance.
Mme Lavoie-Roux: II y a autre chose à améliorer
avant cela.
M. Bédard: Non, non, mais je ne vous dis pas... Je ne veux
pas faire de débat sur l'ensemble de l'éducation, je suis
ministre de la Justice. Mais je vous dis une chose c'est que - parce que c'est
l'omnibus au ministère de la Justice - la préoccupation
concernant cet article n'en est pas une dans le sens de ce qui a
été évoqué; c'est une préoccupation de
sécurité juridique. On ne nous en voudra certainement pas de
prendre les devants, quand c'est possible, sachant toujours qu'il y en a encore
d'autres insécurités juridiques dans nos lois, pas seulement
celles qu'on a votées, mais également celles qui ont
été adoptées par d'autres gouvernements. Bon, il n'y a
vraiment rien là.
Mme Lavoie-Roux: On ne défend aucun gouvernement.
M. Laurin: Pour permettre à tout le monde de dormir sur
ses deux oreilles.
M. Ryan: Comme le ministre le sait
très bien, bien des fois, il y a des éléments qu'il
vaut mieux laisser dans une certaine indéfinition.
M. Bédard: Ah! Si le député d'Argenteuil me
dit que c'est mieux d'être dans l'insécurité juridique,
enfin!
M. Ryan: Vous devez savoir qu'on n'a pas du tout de
sécurité.
M. Bédard: Ah cela!
M. Laurin: C'est parce que vous voulez faire vivre les
psychiatres que vous dites cela.
M. Bédard: Connaissant le député
d'Argenteuil et ayant lu tous ses propos, tous ses articles, dans le Devoir
concernant le droit de veto, on s'aperçoit que c'est un homme qui aime
les choses claires tant du point de vue juridique qu'à d'autres points
de vue.
M. Laurin: Quand j'étais psychiatre, je vivais de
l'insécurité des autres, mais, maintenant que je suis
législateur, je vise à la sécurité
complète.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas sûre que vous ayez
abandonné l'autre complètement. Je pense maintenant que vous en
êtes rendu à deux volets.
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de L'Acadie.
M. Bédard: Si vous voulez nous donner une chance, il y a
d'autres ministres qui doivent venir à cette table. Je ne sais pas
si...
Mme Lavoie-Roux: II vit des deux maintenant.
M. Marx: C'est cela. Maintenant, c'est "Québec on the
couch".
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de L'Acadie avait demandé la parole, non?
Mme Lavoie-Roux: Je passe.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil avait demandé la parole.
M. Ryan: Oui, j'allais dire ceci, M. le Président. Nous
sortons d'une ronde de négociations collectives dans le secteur public
qui s'est une nouvelle fois soldée par un échec
déplorable. À la suite de cet échec, le gouvernement a
été amené à proposer à l'Assemblée
nationale une loi d'exception qui entraîne une centralisation plus grande
que jamais du processus même des négociations collectives au point
que les expressions comme l'expression de conventions collectives qui
apparaît dans les décrets sont de véritables travestis de
ce qui sera désormais la réalité au cours des trois
prochaines années. Une des conclusions que l'on peut tirer...
J'écoutais le ministre des Finances l'autre jour, à
l'Assemblée nationale, s'interroger sur les voies que nous devons
envisager pour l'avenir. Évidemment, tout le monde doit être
extrêmement modeste en face de ce défi parce qu'il n'y a personne
qui ait trouvé de formule magique, il n'y a personne, je pense, qui soit
capable d'en trouver à brève échéance. Mais une
hypothèse qu'on peut nourrir très sérieusement, c'est
qu'il faudra aller vers une certaine forme de décentralisation des
négociations et des pouvoirs dans ces questions si on veut éviter
ces affrontements massifs, suicidaires que nous avons connus à trois
reprises depuis 1972. Je trouve que cet article-ci, à moins qu'il n'ait
été rigoureusement nécessaire pour faire face à des
problèmes qu'on aurait identifiés, m'apparaît comme allant
encore une fois de plus dans l'autre sens, dans le sens de la centralisation.
Je vous avoue que je ne peux pas être enclin à approuver cet
article.
M. Laurin: Encore une fois, M. le Président, cela n'est
pas une centralisation puisque nous le faisons depuis longtemps. C'est
seulement pour donner une assise juridique plus sûre, à toute
épreuve. C'est la raison pour laquelle, visant la
sécurité, je me vois obligé de maintenir cet
amendement.
M. Bédard: II pourrait être adopté sur
division.
Le Président (M. Paré): L'article 29 est-il
adopté?
M. Ryan: J'insiste encore une fois pour dire qu'à mon
point de vue, cet article vous permet d'aller beaucoup plus loin que ne le
permet une clause générale comme celle qui était
l'alinéa 1 et, par conséquent, c'est sur division.
Le Président (M. Paré): D'accord. L'article 29 est
adopté sur division.
M. Marx: Sur division ou pas adopté.
Le Président (M. Paré): J'appelle donc l'article
30.
M. Bédard: M. le Président, je ne voudrais en rien
restreindre le droit de nos deux parlementaires qui sont ici, concernant le
ministère de l'Éducation, le député d'Argenteuil et
le ministre de l'Éducation. Comme vous le savez, d'autres ministres
seront appelés à venir concernant les articles
qui regardent leur ministère. Je me permettrais de demander
peut-être à nos deux collègues s'ils prévoient que,
d'ici dix minutes ou un quart d'heure...
M. Ryan: M. le Président, on ne peut pas le savoir de
manière aussi limitée parce que tout dépend des
explications qu'on va nous donner. Je pense qu'on n'a rien fait pour retarder
ou prolonger inutilement le travail jusqu'à maintenant.
M. Bédard: Mais non, je ne veux pas, M. le
député d'Argenteuil...
M. Ryan: On va collaborer au maximum.
M. Bédard: ... je ne veux pas laisser entendre que qui que
ce soit a retardé quoi que ce soit. Entendons-nous bien. C'est
seulement...
Mme Lavoie-Roux: J'espère. C'est de la diligence.
M. Bédard: ... que, comme il y a d'autres ministres qui
doivent être sur la liste et comme aussi, de votre côté, il
y a des critiques de ces ministres, je voudrais seulement savoir si, d'ici une
vingtaine de minutes...
M. Marx: On peut faire venir... Il y a aussi un autre ministre
qui est censé venir.
M. Bédard: II y a nous qui devons continuer.
M. Marx: Nous sommes ici jusqu'à la fin de nos travaux.
Mais on peut faire venir le ministre de l'Énergie, même si cela
sera nécessaire pour lui d'attendre cinq ou dix minutes.
Le Président (M. Paré): Ceci étant dit, je
pense que la façon la plus rapide de procéder, c'est de le
prendre article par article et d'essayer d'accélérer.
M. Ryan: ... de prendre des sujets...
M. Bédard: On peut quand même demander à des
collègues, M. le Président, pensant aux autres collègues,
s'ils croient avoir terminé d'ici une demi-heure.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne voudrais pas
être désagréable, parce que je sais que le ministre de la
Justice est surchargé, mais cela n'est certainement pas la faute de
l'Opposition, c'est la faute de son gouvernement.
M. Bédard: J'ai pris la peine de dire tout à
l'heure que...
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai laissé parler, je peux parler
maintenant. Je pense que, avant le souper, aux Affaires sociales, devant deux
articles de loi extrêmement importants qui sont passés en fin de
session dans un projet de loi omnibus, un peu par la voie d'évitement,
je comprends que c'est difficile pour vous, surtout qu'on n'a aucunement
l'intention, de quelque façon que cela soit, de "filibuster" votre
projet de loi, parce que nous aussi, on aimerait bien cela s'en aller.
M. Bédard: Je ne dis même pas que j'aimerais cela
m'en aller, je sais que je suis ici jusqu'à la fin des travaux et cela
me fait plaisir d'y être, mais je demande tout simplement à des
collègues quelle est leur expectative de temps employé pour
permettre que d'autres collègues puissent ne pas attendre plus longtemps
qu'il ne le faut. Je pense que cela fait partie des règles de
civilité. Ce n'est pas plus que cela. Concernant le fait que cela vienne
par un projet de loi omnibus, cela n'est pas la voie d'évitement,
puisque, il y a déjà une semaine, on avait fait parvenir des
explications. Maintenant, le projet de loi omnibus prendra le temps qu'il
prendra. Cela n'est pas plus grave que cela. Je ne faisais que m'informer sur
les expectatives de temps.
M. Marx: Cela, c'est le premier projet de loi omnibus, vraiment,
où il y a beaucoup d'articles de fond.
M. Bédard: II y a des questions de fond. Il y a des...
M. Marx: Cela n'est pas un projet de loi omnibus de
technique...
M. Bédard: Seulement technique.
M. Marx: ... avec des erreurs de rédaction.
M. Bédard: D'accord.
M. Marx: C'est un projet de loi de fond, avec beaucoup d'articles
de fond. Vraiment, il faut procéder comme si cela était un projet
de loi ordinaire où tout le monde prend tout le temps
nécessaire.
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection.
M. Marx: Je trouve même que cela est injuste de mettre des
articles concernant l'Éducation dans un tel projet de loi, mais on n'a
pas le choix, c'est la fin de session. Cela n'est pas le bâillon, mais
c'est à peu près la même chose, franchement. C'est à
peu près la même chose, parce qu'on met deux ou trois articles
dans un projet de loi. Qu'est-ce
qu'on va faire maintenant? Est-ce qu'on va faire un "filibuster" sur
trois articles? C'est impossible. Cela veut dire qu'on est bousculé un
peu, pas par vous, M. le ministre, mais par le gouvernement.
M. Bédard: On ne comprendra pas l'obstination, parce qu'on
va prendre plus de temps à s'obstiner qu'à arriver à des
conclusions, alors je vais laisser nos deux collègues continuer leurs
délibérations.
Le Président (M. Paré): Donc, on revient à
l'article 30.
M. Laurin: À l'article 30, M. le Président, je veux
apporter un changement au mode d'engagement et de congédiement du
directeur général. Jusqu'ici, dans la loi, il était
prévu qu'il était engagé et congédié
à la majorité simple et, à la suite de nombreuses
représentations, particulièrement des directeurs
généraux qui n'ont pas de sécurité d'emploi, on
voudrait maintenant faire en sorte que les directeurs généraux
puissent être engagés et congédiés aux deux tiers
des voix.
M. Ryan: M. le Président...
M. Laurin: Je voudrais seulement ajouter à l'intention du
député d'Argenteuil que cette modification a reçu, non
seulement l'accord de l'Association des directeurs généraux, mais
celui de la Fédération des commissions scolaires catholiques et
de l'Association des commissions scolaires protestantes. Donc, il y a une belle
unanimité dont je me réjouis.
M. Ryan: Je pensais que vous insistiez sur la
Fédération des commissions scolaires catholiques dans le but de
m'influencer. Je m'aperçois que je me trompais, parce que vous avez
ajouté le mot "protestantes". Je n'ai qu'une réserve à
propos de cet article. Je comprends très bien et je suis au courant des
problèmes qui ont été soulevés de ce
côté, mais je m'étonne qu'on mette sur le même pied
l'acte d'engager et l'acte de mettre fin à l'engagement du directeur
général. Autant je comprends l'opportunité de la
règle des deux tiers lorsqu'il s'agit de mettre fin à
l'engagement, autant je trouve qu'on se met un autre carcan inutile quand on
met la règle des deux tiers pour l'engagement. L'engagement est un geste
positif qu'il faut faire. Il peut arriver qu'il y ait deux clans, à un
moment donné, à la commission scolaire. Il faut que cela se
décide, qu'on nomme un directeur général. Mais pour le
relever de ses fonctions, je pense que les deux tiers est une règle qui
est très sage, très souhaitable. Je ne sais pas si... (21 h
45)
M. Laurin: Je pense, au contraire, que l'engagement d'un
directeur général, étant donné l'importance du
rôle qu'il assume dans une commission scolaire, revêt une telle
importance que ce n'est pas mauvais de demander aux gens de
réfléchir assez longuement et de demander un vote des deux tiers
pour son engagement. Une fois engagé, le directeur général
se sent beaucoup mieux appuyé, beaucoup mieux assis, du fait qu'il a
reçu le vote des deux tiers des commissaires.
M. Ryan: Mais en cas d'impasse, qu'est-ce qu'on fait?
M. Laurin: Cela prend le vote des deux tiers.
M. Ryan: Si on perd six mois parce que la majorité des
deux tiers ne peut pas être atteinte?
Une voix: On revote.
Une voix: Le gouvernement le nomme.
M. Ryan: C'est intéressant. Comme à la CUM. Je
trouve que c'est légiférer en trop. Personnellement, autant
j'approuve encore une fois la deuxième partie de la proposition, autant
la première partie...
M. Laurin: On peut peut-être essayer cela, M. le
député d'Argenteuil. On verra à l'usage, dans deux ans,
trois ans, et on pourra y revenir si la procédure ne donne pas
satisfaction ou si elle conduit à des impasses.
M. Ryan: Je trouve que c'est typique de la mentalité du
gouvernement actuel qui veut trop mettre dans les lois. Cela engendre toutes
sortes de complications inutiles dans le fonctionnement concret des
institutions par la suite.
M. Laurin: Je pense que l'argument que j'ai utilisé, que
le directeur général se sentira sûrement dans une position
plus forte du fait qu'il sera toujours conscient, une fois nommé, qu'il
a reçu l'accord des deux tiers des commissaires, cela va sûrement
lui donner une sécurité, une assise, une autorité plus
grande aussi, au sein de la commission scolaire, sur le nombreux personnel
qu'il peut être appelé à gérer.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 30 est
adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): Adopté sur division.
J'appelle l'article 31.
M. Laurin: Les articles 31, 32 et 33
sont des articles de concordance, parce qu'en fait on les retrouve dans
la loi 105. Ils correspondent à une promesse qu'avait faite mon
prédécesseur, soit de voir à mieux baliser les
procédures d'engagement, de congédiement de personnel. Je peux
dire au député d'Argenteuil que ces articles de la loi 105, comme
ceux-là, reproduisent l'essence même des ententes qui avaient eu
lieu en 1979 entre la partie patronale et la partie syndicale. Ce sont des
articles de concordance.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, nous avons procédé
aux vérifications nécessaires, autant dans l'ancienne convention
que dans la loi 105 et il n'y a pas de problème. Cela va pour ces
articles, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 31 est
adopté. Article 32? Adopté. Article 33? Adopté. Donc, nous
en sommes à l'article... Un instant!
M. Laurin: II faut bien se comprendre, M. le
Président...
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'on parlait bien
des articles 31, 32 et 33?
M. Ryan: Je voudrais seulement poser une question. Est-ce qu'on
pourrait y aller l'un après l'autre, M. le Président?
Le Président (M. Paré): Ah! excusez-moi.
M. Ryan: Là, nous sommes à l'article 32.
M. Laurin: C'est-à-dire que nous adoptons l'article 31 et
nous retirons les articles 32 et 33 pour la concordance.
Le Président (M. Paré): Ah, bon!
M. Laurin: J'aurais dû être plus complet dans mes
explications. Pour fins de concordance, nous adoptons l'article 31 et nous
retirons les articles 32 et 33 du projet de loi, puisqu'ils ont
été transférés dans la loi 105.
M. Ryan: C'est cela. Vous les retirez d'ici.
M. Laurin: Les articles 32 et 33 se retrouvent maintenant dans la
loi 105.
M. Ryan: Vous les retirez. On les retrouve dans la loi 105.
M. Laurin: C'est cela.
M. Ryan: Pour fins de vérification, est-ce bien cela?
L'article 32 serait l'article 14 de la loi 105?
M. Laurin: C'est cela.
M. Ryan: L'article 33 serait l'article...
M. Laurin: C'est cela. C'est l'article 14 du projet de loi no
105.
M. Ryan: II serait peut-être mieux de vérifier comme
il faut pour être sûrs.
M. Laurin: Oui.
M. Ryan: Est-ce que vous vous opposez à ce qu'on le
vérifie?
M. Laurin: Non, non.
M. Ryan: Dans le cas de l'article 32, il n'y a pas de
problème, cela correspond à l'article 14 de la loi 105.
M. Laurin: C'est cela.
M. Ryan: On va prendre la loi 105. Je l'ai ici.
M. Laurin: Les articles 32 et 33 correspondent aux articles 208
et 209 de la loi 105.
M. Ryan: Aux articles 208 et 209 de la Loi sur l'instruction
publique, pas de loi 105.
M. Laurin: Non, non, dans la loi 105, voyez-vous, à
l'article 15... Ah, oui! J'aurais dû dire l'article 15...
M. Ryan: D'accord, article 15...
M. Laurin: ... et l'article 16, c'est cela.
M. Ryan: Je veux vérifier comme il faut, pour l'article
15, si vous me le permettez.
M. Laurin: Oui, c'est cela.
M. Ryan: Dans le cas de l'article 14, il n'y a pas de
problème encore une fois. On va seulement vérifier...
M. Laurin: L'article 32 correspond à l'article 15 et
l'article 33 à l'article 16.
M. Ryan: II manque quelque chose. À moins que je ne me
trompe, M. le Président, l'article 15 de la loi no 105 correspond
à l'article 208 de la Loi sur l'instruction publique, tandis que
l'article 33 de notre projet de loi correspond à l'article 209 de la Loi
sur l'instruction publique. Il y a quelque chose qui nous manque entre les
deux, à
moins que je ne me trompe.
M. Laurin: C'est que l'article 208 n'était pas dans la loi
no 101. Il était dans la loi no 105.
M. Ryan: Cela va.
M. Laurin: Les articles 190 et 209 étaient dans la loi no
101 et dans la loi no 105.
M. Ryan: L'article 33 de la loi no 101, à quel article de
la loi no 105 correspond-il?
M. Laurin: À l'article 16.
M. Ryan: L'article 16.
M. Laurin: C'est cela.
M. Ryan: C'est cela qu'on va voir.
M. Laurin: Qui porte sur l'article 209.
M. Ryan: Pour l'article 15, il n'y a pas de problème. Cela
va. D'ailleurs, il n'en est pas question ici. C'est inclus dans la loi no 105.
Cela finit là.
Maintenant, l'article 33 correspond à l'article 16. On va le
regarder comme il faut.
M. Laurin: Qui porte sur l'article 209.
Le Président (M. Paré): Est-ce que cela va?
M. Ryan: Cela va.
Le Président (M. Paré): D'accord.
M. Polak: Excusez-moi. J'ai une question à cet article
où on donne le droit de résilier l'engagement de cette personne.
Ensuite, il y a une procédure de grief et d'appel. Qu'est-ce qui arrive?
Tout le monde sait que ces poursuites en appel peuvent prendre
énormément de temps. On ne dispose pas de cela en trois ou quatre
semaines. Donc, la commission scolaire décide qu'elle a de bons motifs
de congédier quelqu'un. Ensuite, elle est obligée de remplacer
cette personne par une autre. Entre-temps, il y a un appel. Cela prend un an.
À un moment donné, le tribunal rend la décision de
réintégrer la personne dans ses fonctions. Qu'est-ce qui arrive
au point de vue financier pour la commission scolaire? Est-ce que c'est elle
qui subit complètement la perte ou si c'est le gouvernement qui paie la
note à la fin?
M. Laurin: En général, comme les procédures
d'arbitrage et de grief sont financées à quasi 100% par le
gouvernement, c'est toujours le gouvernement qui paie.
M. Polak: Si la personne est réintégrée dans
ses fonctions, et le poste est déjà occupé par une autre
personne, est-ce que le gouvernement paie rétroactivement le salaire que
la commission est obligée de payer?
M. Laurin: Je ne pourrais pas vous dire. Je ne le sais pas. Je
peux noter la question et essayer d'y répondre, mais je ne pourrais pas
vous répondre sur-le-champ.
Le Président (M. Paré): Article 34?
M. Laurin: M. le Président, encore une fois, c'est une
clarification. En 1971, on a regroupé, comme vous le savez, les
commissions scolaires. Mais on a fait un oubli dans le sens que la loi n'a pas
rendu inapplicables les dispositions particulières relatives aux
emprunts dans des lois ou chartes spéciales des anciennes commissions
scolaires, et on sait qu'il y en avait plus de 1000. L'absence d'une telle
disposition a obligé et obligerait encore la vérification
auprès des milliers de commissions scolaires encore existantes pour
déterminer si, dans ces lois-là, il n'y avait pas certaines
dispositions qui avaient pour effet de restreindre leur pouvoir d'emprunt. Une
telle vérification, évidemment, pourrait se révéler
très onéreuse et retarder d'une façon significative le
processus d'emprunt des commissions scolaires. C'est la raison pour laquelle,
en vertu de l'article 34, on veut rendre inapplicable aux commissions scolaires
toute disposition spéciale relative aux emprunts, d'où l'ajout:
"malgré toute disposition d'une loi générale ou
spéciale ou charte particulière", qu'on ajouterait au
début du paragraphe.
M. Ryan: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Article 35?
M. Laurin: L'article 35, c'est toujours pour les emprunts. C'est
pour les nouvelles...
M. Ryan: C'est la même clause pour les collèges,
pour les universités. Il n'y a pas de problème là-dessus.
Cela va.
M. Laurin: C'est cela. C'est pour l'institutionnalisation d'un
fonds d'amortissement.
Le Président (M. Paré): L'article 35 est
adopté. Article 38?
M. Laurin: Les articles 38 et 39, les deux ensemble, M. le
Président. C'est un cas spécial. Dans certaines écoles, il
y a certains élèves qui sont transportés le midi pour
aller manger chez eux et ils reviennent ensuite
pour leurs cours de l'après-midi. Ces personnes doivent payer le
coût du transport à la commission scolaire. C'est quelque chose
qui existe actuellement.
Cependant, l'article était rédigé "à sa
clientèle scolaire". Un problème d'interprétation a
été soulevé sur la signification de l'adjectif "sa" parce
que cela pouvait vouloir signifier juste la commission scolaire
régionale, alors qu'en fait c'est dans les écoles et dans les
commissions scolaires locales que ce service est rendu. Nous proposons donc de
remplacer l'adjectif "sa" par l'article "la", de façon que cela soit
applicable aussi bien aux commissions scolaires locales qu'aux commissions
scolaires régionales.
M. Ryan: En somme, vous voulez élargir le concept de
clientèle de manière qu'il ne soit pas interprété
restrictivement.
M. Laurin: Oui, et dissiper toute ambiguïté à
cet égard.
M. Ryan: Je crois que cela va, M. le Président.
Le Président (M. Paré): L'article 38 est
adopté.
Est-ce que l'article 39 est adopté?
M. Laurin: À l'article 39 c'est la même chose, c'est
pour ajouter, comme on l'avait fait à un autre article, "selon des
règles budgétaires établies".
Le Président (M. Paré): L'article 39 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Polak: J'ai une question à l'article 39.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: On parle ici de subvention d'un montant
déterminé selon des règles budgétaires
établies par le ministre des Transports. Est-ce que ces règles
sont établies après consultation des commissions scolaires en
question?
M. Laurin: Oui, c'est établi après consultation du
ministère de l'Éducation qui consulte les commissions scolaires.
Cela a toujours été fait comme cela.
Modifications à la Loi sur les investissements
universitaires
On a adopté l'article 40 tout à l'heure, M. le
Président. Cela touche les investissements universitaires de la
même façon qu'on avait touché aux collèges
précédemment par l'article 20.
Le Président (M. Paré): On ne l'avait pas
adopté spécifiquement.
M. Laurin: Oui. L'article 41 est de concordance aussi.
Le Président (M. Paré: L'article 40 est
adopté.
L'article 41 est adopté.
On devra aussi adopter l'article 42 qu'on n'a pas adopté
spécifiquement tantôt. Est-ce que l'article 42 est
adopté?
M. Ryan: M. le Président, j'ai fait des
vérifications auprès d'institutions universitaires pour m'assurer
que les changements proposés ici avaient vraiment pour objet les
résultats qu'a mentionnés le ministre dans sa présentation
initiale, c'est-à-dire une simplification des procédures en vue
d'une plus grande efficacité. Les opinions que j'ai reçues de
sources autorisées confirment l'intention qu'a décrite le
ministre et, en conséquence, je n'ai pas d'objection à ces
modifications.
M. Laurin: Parfait. Nous pouvons donc passer à l'article
82. C'est une autre modification de concordance avec l'article 29 pour ajouter
un pouvoir réglementaire à l'article 16 de la Loi sur
l'instruction publique. Cette modification vise à valider
rétroactivement les règlements qui ont été
adoptés en vertu du paragraphe 8 dont on parlait tout à l'heure,
de l'article 16 de la Loi sur l'instruction publique, en ce qui concerne les
personnels non syndiqués, paragraphe 8 qui permet maintenant au
gouvernement de réglementer les conditions, recours et droits d'appel
des membres du personnel qui ne sont pas membres d'une association
accréditée.
Cela veut dire que c'est aujourd'hui qu'on ajoute le paragraphe 8, mais
on voudrait aussi, par la même occasion, pour une plus grande
sécurité encore, valider rétroactivement au moment de
l'adoption du règlement de la PAS, par exemple. C'est pour fermer...
M. Ryan: On était déjà opposé
à l'autre article, à plus forte raison à celui-ci. Je
n'aurais jamais pensé que des personnes de votre profession avaient
besoin de tant de sécurité.
M. Laurin: Ah! Ce sont nos contentieux qui nous donnent de bons
conseils. Article 84.
M. Ryan: Jusqu'où remontez-vous avec cela?
Indéfiniment?
M. Laurin: Jusqu'au moment où la première PAS a
été approuvée.
M. Ryan: Douze ans en arrière.
M. Laurin: Mais oui.
M. Ryan: D'un seul coup.
M. Laurin: Pour être sûr que...
M. Ryan: Dans trois lignes.
M. Laurin: ... c'est validé, qu'il n'y a pas de poursuites
pénales qui...
M. Ryan: Oui. Franchement, je trouve cela absolument
inacceptable, M. le Président, remonter si loin en arrière, se
protéger à ce point-là, rétroactivement. Je trouve
que c'est manquer de confiance envers les institutions à un degré
inouï et je suis profondément réservé à ce
sujet-là, ce qui va m'obliger à voter sûrement sur
division.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 82 est
adopté sur division. (22 heures)
M. Ryan: Cela fait allusion à un règlement
précis, particulier, qui aurait pu être une source de
difficultés qu'on comprendra très bien. Là, c'est le
caractère omnibus qui me semble vraiment exagéré.
M. Laurin: Article 84. C'est véritablement un des articles
de concordance qui s'appliquent aux articles 28 et 37 qu'on a adoptés
tout à l'heure. En somme, c'est la définition plus exacte d'une
corporation scolaire de façon que cela s'applique bien aux commissions
scolaires régionales. L'article 137 est pour bien spécifier que
ces commissions scolaires ont un statut corporatif reconnu. Donc, ce sont des
articles de concordance.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 84 est
adopté?
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait demander à vos conseillers
de nous dire ce que veut dire "sont déclaratoires"? J'aimerais avoir
quelques explications là-dessus à l'aide, au besoin,
d'illustrations puisées dans ces articles.
M. Laurin: L'interprétation, pour l'aspect corporatif de
la commission scolaire régionale, et l'application des dispositions de
la Loi sur l'instruction publique à la corporation régionale ont
toujours été connues et interprétées comme telles,
sauf qu'au moment où on a fait les premiers emprunts, les avocats qui
ont travaillé dans les dossiers ont soulevé des doutes à
cet effet. Pour régler le problème, on a modifié ces
articles pour déclarer le droit tel qu'il était. Ceci a aussi un
effet rétroactif depuis l'adoption de dispositions à cet
effet.
Le Président (M. Paré): Pourriez-vous vous nommer,
s'il vous plaît?
M. Dubé: Richard Dubé.
Le Président (M. Paré): Merci.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 84 est
adopté?
M. Polak: Juste une petite question.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Je suis d'accord avec le député
d'Argenteuil sur le mot "déclaratoire". Chaque article, dans chaque loi,
est déclaratoire. Quand le législateur parle, il déclare,
il dit quelque chose. Pourquoi le dire ici? Pourquoi dire ici que tel article
est déclaratoire? Est-ce que cela veut dire que les autres articles ne
sont pas déclaratoires? En nommant quelques articles
spécifiquement, vous semblez faire exception à d'autres articles.
Pour moi, c'est superflu.
M. Laurin: C'est aussi pour lui donner un effet rétroactif
depuis que les modifications de la loi ont été faites à
cet effet. Depuis que la loi existe, à laquelle on a donné une
telle interprétation, l'article doit être applicable.
M. Polak: Mais vous n'avez qu'à le dire dans l'article. Je
trouve bizarre qu'à un moment donné, on insère un article
spécialement dans un texte de loi qui dit: N'oubliez pas que tel article
est déclaratoire. Dites-le donc dans l'article même, ce sera
clair. De la manière que vous le mentionnez ici, on peut mettre le doute
sur d'autres articles. En invoquant cela, on va dire: L'article 84 ne couvre
que 7, 9 à 11, 28, 37 et 59; donc, les autres ne sont pas
déclaratoires. Il peut y avoir une contestation là-dessus,
à un moment donné.
M. Laurin: Si on l'insère dans l'article, c'est une
disposition qui demeure dans le texte de loi. Une disposition
déclaratoire n'a pas à demeurer dans un texte de loi justement
parce qu'elle a un effet déclaratoire.
M. Polak: D'accord. M. Laurin: Article 85.
Le Président (M. Paré): Je voudrais
spécifier, pour les fins de l'enregistrement, que l'article 84, ce qu'on
vient d'accepter, ce n'est qu'une partie seulement, étant donné
que les articles spécifiés déclaratoires ne concernent pas
tous l'éducation. Donc, c'est une partie de l'article 84 qui est
acceptée seulement.
J'appelle maintenant l'article 85.
M. Laurin: L'article 85 touche les deux articles...
M. Ryan: Avant d'aborder l'article 85, si vous me le permettez,
M. le Président, est-ce qu'il y a d'autres modifications ou additions
que le gouvernement veut déposer ce soir?
M. Laurin: Oui.
M. Ryan: Est-ce qu'on ne pourrait pas reporter l'article 85
à la fin, comme c'est un article qui traite de l'entrée en
vigueur, et prendre les autres avant?
M. Laurin: Bon, comme vous voudrez, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Vous avez raison, M. le
député d'Argenteuil. Il faudrait me soumettre le texte.
M. Laurin: II y a d'abord 39.01 qui comporte une petite
modification de concordance. L'article 208 de la Loi sur l'instruction
publique, auquel l'article 673 se réfère, a été
modifié par le projet de loi no 105, encore une fois, Loi concernant les
conditions de travail dans le secteur public. Le premier alinéa de
l'article 208 est devenu le paragraphe premier du deuxième alinéa
de cet article. Donc, on n'a plus besoin, dans l'article 673, des mots "premier
alinéa de l'article 208" puisqu'il a été
transféré. C'est une modification de concordance.
M. Ryan: Si vous voulez m'excuser, est-ce que je pourrais avoir
le texte, s'il vous plaît?
M. Laurin: L'article 208 a été modifié
à l'article 15.
M. Ryan: Cela va.
M. Laurin: Comme cela apparaît maintenant dans cette loi,
il faut l'enlever de cette loi.
M. Ryan: C'est cela. Il n'y a pas de problème.
M. Laurin: C'est tout.
M. Ryan: Vous étiez dans un autre article.
M. Laurin: Non. Celui-là est le premier. J'en ai deux sur
les Inuits. Le premier, c'est une modification de concordance et, le
deuxième, c'est un amendement que je voudrais déposer.
M. Ryan: Est-ce qu'il y a plusieurs amendements que le ministre
veut déposer?
M. Laurin: Non, seulement un.
M. Ryan: Seulement un.
M. Laurin: Celui-là était inclus.
Modifications à la Loi sur l'instruction
publique (suite)
M. Ryan: Très bien. À quel article correspond votre
amendement?
M. Laurin: À l'article 39.1. M. Ryan: 39.01. M.
Laurin: 39.1. M. Ryan: 39.1.
M. Laurin: Celui dont je viens de parler.
M. Ryan: Ici vous avez un texte, 39.01.
M. Laurin: Oui, mais il faut le modifier, c'est 39.2.
M. Ryan: Est-ce que c'est un autre amendement?
M. Laurin: C'est un amendement, oui.
M. Ryan: Vous venez de dire qu'il n'y en avait qu'un.
M. Laurin: Non, mais 39.1 est un amendement de concordance.
M. Ryan: Ah, bon!
Le Président (M. Paré): S'il vous plaît, M.
le ministre; de toute façon, vous parlez exactement de la même
chose.
M. Laurin: Je sais cela; d'accord, vous avez raison.
Le Président (M. Paré): Oui, juste un instant, s'il
vous plaît.
M. Laurin: Je vais être obligé de revenir sur ce que
je viens de dire au député d'Argenteuil. On me signale
qu'effectivement, c'est bien 39.01 parce que, dans la loi, il
devra venir avant l'autre.
M. Ryan: II me semblait. M. Laurin: 39.01.
M. Ryan: Si vous aviez toujours cette ouverture, ce serait
tellement intéressant. On va avoir le texte. 39.01... Si vous voulez
commencer par...
M. Laurin: L'amendement de concordance.
M. Ryan: On va le regarder comme il faut, par exemple, pour
être sûr qu'on ne se trompe pas.
Le Président (M. Paré): Là, on va y aller
dans l'ordre. Étant donné que vous en avez deux, on va commencer
par le premier, dont vous venez de parler. Le premier va être l'article
39.01.
M. Laurin: D'accord.
Le Président (M. Paré): D'accord. Qui est
spécifié comme suit: Insérer l'article suivant: "39.01.
L'article 657 de cette loi est modifié par l'addition, à la fin,
des alinéas suivants: "À défaut d'un comité
d'éducation, les parents peuvent constituer un comité
d'école. La composition, les modalités de mise en place et de
fonctionnement de ce comité sont déterminées par ces
parents. "Ce comité exerce les droits, pouvoirs et obligations qui lui
sont délégués par la commission scolaire à la suite
d'une entente relative à la gestion d'une école. Cette entente
entre en vigueur après approbation du ministre."
M. Laurin: Cet article ne s'appliquerait qu'à la
commission scolaire de Kativik. Il vise à rendre possible une entente
qui a été proposée par le médiateur du gouvernement
dans le conflit qui oppose depuis plusieurs mois la commission scolaire de
Kativik aux parents qui résident dans les communautés de
Provungnituk et Ivujvik qui refusent d'envoyer leurs enfants dans les
écoles de la commission scolaire. Par cet amendement, il sera possible
d'accorder à ces parents l'autonomie qu'ils réclament
relativement à la gestion de leur école. C'est une longue
histoire, comme vous le savez. À la suite de conflits chroniques
permanents et aigus entre la commisison scolaire de Kativik et les parents de
Provungnituk et d'Ivujvik, il avait été conclu qu'il fallait
créer une école du ministre dans ces deux localités. Cette
mesure qui avait été prise afin de permettre aux enfants d'aller
à l'école a été déclarée nulle et non
avenue par le juge Hannon au mois d'avril. La commission scolaire de
Kativik avait intenté une poursuite contre le gouvernement et
elle a gagné.
En vertu de cet arrêt du juge Hannon, le gouvernement ne pouvait
plus maintenir l'école du ministre. Nous avons donc recommencé
les discussions, en étant au centre, entre la commission scolaire de
Kativik et les deux communautés, Provungnituk et Ivujvik qui,
malgré le jugement négatif du juge Hannon, ne voulaient pas que
la commission scolaire catholique ait le contrôle sur les écoles
de Provungnituk et d'Ivujvik. On a envoyé trois missions, en fait, dans
le Nord pour essayer de régler le problème et on revenait
toujours sur le même type de solution. Les parents de Provungnituk et
d'Ivujvik voulaient avoir l'autonomie absolue, la gestion absolue de leur
école, ce que refusait évidemment d'entériner la
commission scolaire de Kativik qui prétendait avec raison, en vertu de
la Convention de la Baie-James, qu'elle avait autorité sur ces
écoles. Finalement, un dernier essai de médiation semble devoir
réussir. L'entente que les deux parties seraient prêtes à
accepter, c'est que l'autorité de la commission scolaire Kativik sur les
deux écoles resterait théoriquement pleine et entière,
mais en fait, elle confierait à des comités de parents
constitués de parents de ces deux localités le pouvoir de gestion
sur les écoles, du moins pour l'année qui vient. Et en même
temps, dans cette entente, on prévoirait la constitution d'un
comité spécial paritaire conjoint composé de gens de
Kativik et de ces deux localités qui aurait pour mission de proposer aux
diverses parties concernées une solution permanente. Mais pour qu'on
puisse appliquer cette entente, il faut une disposition habilitante dans la loi
et c'est celle que nous vous proposons, qui recoupe à peu près la
solution qui semble devoir rallier les deux parties. Donc, il faudrait ajouter
à l'article 657, qui prévoit la formation d'un comité
d'éducation, qui n'a pas fonctionné en fait, ces deux paragraphes
où on dit qu'à défaut d'un comité
d'éducation, tel qu'il apparaît dans la loi actuelle, les parents
peuvent constituer un comité d'école dont la composition et les
modalités de fonctionnement sont déterminées par les
parents. Ce comité exerce, à toutes fins utiles, les droits,
pouvoirs et obligations qu'avait le comité d'éducation
prévu par la loi. C'est donc pour permettre de régler,
après trois mois, un problème aigu dans le Grand-Nord.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, M. le Président. Je ne voudrais pas que le
ministre échappe à la même critique que celle que j'ai
exercée hier soir contre le ministre de la Justice et
contre sa manière de procéder, parce que je trouve qu'il
est même impossible de faire un commentaire. Je ne suis pas aussi rapide
que le député d'Argenteuil et peut-être que j'aurais
aimé appeler quelqu'un de la commission catholique pour savoir si c'est
vrai ce que vous dites, parce que je dois me fier à ce que vous dites.
Vraiment, hier soir, on a eu le même exemple avec le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. On vient de nous
donner - et votre cas est encore pire, parce que vous nous avez donné
cela il y a cinq minutes et lui, au moins, il l'a donné au moins une
heure ou deux avant... Ce n'est pas une manière sérieuse de
procéder. Je crois que c'est un mépris de notre institution, du
travail des parlementaires. Indépendamment de ce qui est bon
là-dedans ou pas, je veux que mon abstention soit enregistrée. Je
ne peux pas voter là-dessus. Je m'abstiens de voter sur cet article
comme je l'ai fait hier soir, parce que je ne peux jamais parler en
connaissance de cause. Je le regrette.
M. Laurin: II faut bien remarquer, M. le Président, que
nous avons affaire à une situation fluide. Les négociations entre
ces deux parties se poursuivent intensément depuis cinq ou six mois. La
situation évolue tous les jours, change tous les jours. Je
déplore, moi aussi, de n'avoir pu informer les membres de la commission
à temps pour qu'on puisse avoir une discussion encore plus
étoffée ou plus élaborée. Mais, encore une fois, il
s'agit, je crois, de faire l'impossible pour apporter la solution la plus
adéquate possible à un problème aigu et criant.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: ... nous sommes à la fin de la session.
L'argument qui a été soulevé par le député
de Sainte-Anne est très fondé. Le ministre pourrait-il nous dire
s'il a des indications explicites de la part des deux parties concernées
voulant qu'elles soient prêtes à accepter une solution comme
celle-ci? Pourrait-il nous donner des précisions sur le genre
d'indications qu'il a reçues des deux parties? (22 h 15)
M. Laurin: Évidemment, je ne mettrai pas ma chemise au
feu, parce que souvent, dans ce cas-là, on est reparti, après des
rencontres avec les deux parties, avec l'assurance que des solutions seraient
mises en place. Il est arrivé qu'à la dernière minute, en
vertu d'antagonismes profonds, en vertu de paroles peut-être acerbes qui
ont échappé à l'une ou l'autre partie, un accord s'est
défait. Donc, je ne peux pas assurer à 100% le
député d'Argenteuil. Mais, comme on dirait en français, le
"weight of the evidence" va dans le sens de la conclusion imminente d'un
accord, en se croisant les doigts pour que cet accord puisse être
réalisé. J'espère que cette disposition législative
permettra l'accord.
M. Ryan: Vu qu'il s'agit d'une communauté autochtone dont
les problèmes sont très particuliers et où les
problèmes de vérification et de confirmation soulèvent
réellement des difficultés spéciales qu'on ne rencontrera
pas dans un territoire ou une communauté plus facilement accessible, je
pense bien qu'il faudra s'appuyer, surtout à ce stade tardif où
nous sommes... Ce conflit dure depuis combien de temps?
M. Laurin: Ah! Depuis six ou sept ans.
M. Ryan: Actuellement, est-ce que les enfants sont privés
de cours?
M. Laurin: Les enfants sont privés de cours
actuellement.
M. Ryan: C'est ce qu'il ne faut pas oublier. Les enfants sont
privés de cours depuis longtemps. Je pense que c'est capital. Je pense
qu'il faut donner une certaine marge pour que ce problème puisse se
régler. Cela ne peut pas continuer de traîner.
Une question que je voudrais poser avant d'aller plus loin. On dit, au
premier paragraphe de l'amendement proposé: "À défaut d'un
comité d'éducation, les parents peuvent constituer un
comité d'école. La composition, les modalités de mise en
place et de fonctionnement de ce comité sont déterminées
par ces parents." Ensuite: "Ce comité exerce les droits, pouvoirs et
obligations qui lui sont délégués par la commission
scolaire." À première vue, en lisant ce texte, on a l'impression
que vous donnez beaucoup aux parents, sans aucune forme de droits de regard ou
même d'approbation par l'organisme délégateur en
occurrence.
M. Laurin: C'est précisément, M. le
député, que cela reproduit les thèmes des discussions et
de l'accord auxquels ces deux communautés seraient parvenues.
M. Ryan: Qui était le médiateur dans ce
conflit?
M. Laurin: C'était le sous-ministre du
développement social, M. Guy Rocher.
M. Ryan: Est-ce qu'il a remis un rapport écrit?
M. Laurin: J'imagine qu'il a dû remettre un rapport
écrit. C'est le premier ministre lui-même qui avait
envoyé...
M. Ryan: Le ministre n'a pas eu connaissance du contenu
écrit d'un tel rapport.
M. Laurin: Oh! J'ai eu connaissance...
M. Ryan: Est-ce que le ministre pourrait faire des
démarches pour vérifier s'il y a un rapport écrit et le
mettre à notre disposition s'il existait?
M. Laurin: D'accord, parfait.
M. Ryan: Maintenant, je voudrais souligner, bien amicalement,
à l'attention de mon collègue de Sainte-Anne que, dans les
conflits de travail, on ne peut jamais, dans des moments très complexes
comme celui-ci, arriver avec des textes complets. À la fin d'un conflit,
et vous en avez vu plusieurs vous aussi, M. le député, il arrive
souvent que les parties ne veulent pas mettre des choses par écrit.
C'est vraiment la bonne foi qui est le seul trait d'union possible. Je crois
que nous devons faire confiance - ce serait mon attitude - tout en souscrivant
aux objections de principe qui ont été soulevées parce
qu'elles nous paraissent très justes, mais je pense qu'on est
obligé de considérer, vu la longue durée qui a
caractérisé ce conflit et les effets très négatifs
qui en découlent pour les enfants, la possibilité d'une solution
s'appuyant sur le travail d'un médiateur dont nous espérons
pouvoir connaître les conclusions écrites si elles existent; si
elles n'existent pas, j'aimerais que le ministre nous en informe par
écrit. Je pense que, dans ces conditions, pour favoriser un
règlement de ce problème, je serais disposé à voter
pour l'amendement.
M. Laurin: Je m'informerai, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 39.01 est
adopté.
M. Laurin: C'est cela.
Le Président (M. Paré): D'accord. On appelle donc
maintenant...
M. Laurin: ... 39.1.
Le Président (M. Paré): ... 39.1 qui
consiste...
M. Laurin: ... dont on a déjà discuté. C'est
un amendement de concordance puisque cet article se retrouve maintenant dans la
loi no 105. Peut-être que M. Dubé pourrait vous aider
à...
Le Président (M. Paré): Pour le
bénéfice des membres de la commission, cela se lit comme suit:
Insérer, après l'article 39, le suivant: 39.1. L'article 673 de
cette loi est modifié par le remplacement, à la première
ligne, des mots: "premier alinéa" par les mots: "paragraphe premier du
deuxième alinéa". Est-ce que c'est bien cela?
M. Bédard: Effectivement, il s'agit d'une modification de
concordance. L'article 208 de la Loi sur l'instruction publique, auquel se
réfère l'article 673, a été modifié par le
projet de loi no 105, Loi concernant les conditions de travail dans le secteur
public. Le premier alinéa de l'article 208 est devenu le paragraphe 1 du
deuxième alinéa de cet article. Il n'y a pas plus concordance que
cela.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 39.1
est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. On revient
à l'article 85.
M. Laurin: M. le Président, à l'article 85, nous
demandons que la nouvelle procédure d'emprunt dont on a discuté
et qui doit être étendue aux collèges et aux
universités, soit proclamée un peu plus tard parce qu'il y a des
obligations en cours actuellement et qui sont en train de se fermer. Donc, il
faut permettre que ces opérations se terminent et se ferment avant que
le nouveau système soit publié et annoncé à tout le
monde et que l'on puisse commencer, comme pour la loi no 32 d'ailleurs,
à procéder autrement.
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Paré): L'article 85 est-il
adopté?
M. Ryan: Seulement un mot...
M. Laurin: Je pense qu'on peut l'adopter sur proclamation.
M. Ryan: Pardon!
M. Bédard: On l'adoptera à la fin avec un autre
article qui est...
Le Président (M. Paré): On va garder l'article 85
pour la fin.
M. Ryan: C'est cela. Si vous ne voulez pas, cela ne nous fait
rien, on va partir.
Le Président (M. Paré): Donc, on va garder
l'article 85 pour la fin de l'étude du projet de loi.
M. Laurin: M. le Président, je tiens à remercier la
diligence efficace, comme à
l'accoutumée, de mon collègue d'Argenteuil ainsi que de
tous les collègues qui l'ont assisté dans son travail.
Le Président (M. Paré): Merci à tous les
intervenants du ministère de l'Éducation.
M. Ryan: N'y a-t-il pas autre chose?
Une voix: Pour nous, il y a autre chose, le quart de nuit.
M. Laurin: II y a autre chose pour vous, mais pas pour moi.
M. Ryan: À propos du décret, vous n'avez rien
apporté...
M. Bédard: On va le faire plus tard. Cela concerne
quoi?
Le Président (M. Paré): Les travaux de la
commission sont suspendus pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 22)
(Reprise de la séance à 22 h 27)
Le Président (M. Jolivet): Nous allons reprendre nos
travaux. S'il vous plaît! S'il vous plaît! À l'ordre! Vous
discuterez de cela ailleurs. C'est moi qui dois mener les débats. Je
dois demander de remplacer Mme Lavoie-Roux, de L'Acadie, par M. le
député Polak, de Sainte-Anne. Est-ce qu'on a le consentement?
M. Duhaime: On va consentir, mais c'est parce qu'il est tard.
Modifications à la Loi sur les mines
Le Président (M. Jolivet): Les articles... M. le
député de Terrebonne, vous n'avez pas le droit de parole ici.
Donc, nous avons les articles 43, 44, 45, 46 et 47 à discuter. La parole
est au ministre de l'Énergie et des Ressources pour l'article 43.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais d'abord
féliciter nos collègues de l'Opposition qui sont tous
montréalais et qui manifestent beaucoup d'intérêt pour la
Loi sur les mines...
M. Kehoe: Chapleau, ce n'est pas montréalais.
M. Duhaime: ... et leur dire, au départ, que nous avons
quatre points à régler. L'article 43 est un amendement qui couvre
un vide dans la Loi sur les mines telle qu'elle existe. Nous vivons
actuellement dans la situation où les superficies de 20 hectares, mais
ne dépassant pas 45 hectares, ne sont pas couvertes sur le plan de
l'interprétation stricte, et cet amendement vient couvrir ce manque dans
la loi. Je pense que nous pourrons écourter nos débats si je dis
tout de suite à l'Opposition que nous avons l'intention de proposer un
amendement pour retirer du projet de loi l'article 44, et cela pour une raison
assez simple. Au départ, nous avions l'intention de joindre des annexes
à ce projet de loi, qui auraient fait que nous aurions situé les
heures matinales du jalonnement à 5 heures, 6 heures, 7 heures ou
même 4 heures du matin, 3 heures du matin, selon la latitude à
laquelle nous travaillons, eu égard à la dimension
géographique du Québec. Mais, après réflexion et
consultation dans le milieu et avec les représentants de l'Opposition,
j'en suis venu à la conclusion, purement et simplement, de retirer cette
proposition d'amendement. L'article 45...
Le Président (M. Jolivet): Un instant! Vous faites
le...
M. Duhaime: Oui, je fais un survol, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Parfait!
M. Duhaime: Je pourrai y revenir ensuite. Cela va peut-être
nous épargner du temps.
Le Président (M. Jolivet): Juste pour vous dire aussi que
je... D'accord.
M. Duhaime: À l'article 45, nous nous retrouvons en face
d'autres substances non minérales. Quand j'étais plus jeune, on
m'annonçait que les rois mages, c'étaient l'or, l'encens et la
myrrhe. Les prochaines seront peut-être la stéatite, l'ocre et la
marne qui sont des substances non minérales qu'il faudrait exclure et
bien cerner dans la loi de façon qu'elles ne soient pas assujetties au
jalonnement.
Le dernier paragraphe de la loi est une bonification de la Loi sur les
mines telle qu'elle existe, en ce sens que nous précisons, en
particulier, la fin du paragraphe, pour éliminer cette notion de "ou
à toutes fins utiles", que vous allez retrouver dans la Loi sur les
mines, à l'article 296k, pour retenir plutôt la notion
"d'intérêt public". Ce qui veut dire que c'est le gouvernement qui
aura le fardeau de faire cette preuve, plutôt que cela soit laissé
purement et simplement à l'arbitraire.
En résumé, ce sont les amendements que comportent les
articles 43 à 47 inclusivement du projet de loi no 101.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Je félicite le ministre d'avoir
été assez bref et de ses explications à point. Par contre,
j'aurais seulement une courte question à poser pour mieux comprendre la
situation que vous avez décrite ainsi que les amendements que vous
apportez à la loi.
Premièrement, sur la demande de qui ces amendements ont-ils
été apportés? Je ne trouve pas cela très clair
quand vous parlez de retirer complètement l'article 38.1. Pourquoi? Pour
quelle raison? Si l'Opposition n'avait pas porté à votre
attention cet amendement, les prospecteurs auraient subi un préjudice
assez sérieux, parce que cela ne fait pas du tout leur affaire. J'ai
communiqué avec l'association des prospecteurs et l'Association des
mines de métaux et, chacune de leur côté, elles ont dit,
surtout concernant cet article, qu'elles ne sont pas principalement
affectées et qu'elles n'ont pas demandé l'amendement. Je vous
félicite de l'enlever. Mais si ce n'était que pour nous, je
soutiens que l'affaire serait classée, comme cela a été le
cas souvent dans le passé. Et je fais référence surtout au
mois de juin de l'an passé, lorsque - le ministre de la Justice en est
témoin - l'on a fait adopter une certaine loi plus ou moins
inaperçue; c'était plus spécifiquement, M. le ministre, la
Loi sur la Société des alcools. Quand on a posé la
question: À quoi la loi s'applique-t-elle? vous nous avez donné
la réponse: Elle s'applique aux bars. Je ne sais pas si vous le saviez
à ce moment-là, mais nous avons appris, au détriment non
seulement de nous-mêmes, mais surtout au détriment de l'industrie
de l'hôtellerie, quel effet frappant cette loi a eu.
C'est un peu la même chose qui se produit maintenant avec
l'article 38.1. Si on ne l'avait pas porté à votre attention et
si on n'avait pas eu une surveillance assez étroite concernant cette
partie de la loi, je pense bien que l'affaire serait passée comme une
flèche, tout comme la dernière fois.
Encore une fois, je vous demande qui a demandé ces amendements
que vous appportez aujourd'hui? Vous avez donné la raison pour laquelle
vous retirez l'article 38.1, mais qui a demandé cet article?
M. Duhaime: Je dirai, pour commencer, qu'il n'y a aucun bon
gouvernement qui ne peut fonctionner sans une bonne Opposition. Ce que le
député de Chapleau vient de nous dire vient simplement
renchérir sur ce que j'appellerais un certain adage. Dans mes propos,
tantôt, j'ai dit que nous avions l'intention de joindre des annexes au
projet de loi qui auraient indiqué sur quelle partie du territoire -
parce qu'on a des variantes quant aux heures de clarté et de
noirceur...
M. Kehoe: À la demande de qui cela a-t-il
été fait?
M. Duhaime: Essentiellement par le ministère pour la
raison suivante: quand un territoire s'ouvre au jalonnement, il y a du
va-comme-je-te-pousse, il y a des gens qui sont des prospecteurs très
enthousiastes qui jalonnent à 11 h 30 le soir, à minuit, à
une heure du matin, à deux heures du matin, etc. Mais faire du
jalonnement autour de Fort-Chimo à quatre heures du matin, il n'y a rien
là, il fait clair. C'est ce qui explique que, normalement, nous aurions
dû avoir en annexe une description du territoire et on n'a pas pu en
arriver à produire ce document. À la suite aussi des discussions
que j'ai eues avec mon administration, et je dois rendre hommage au
député de Chapleau pour le travail qu'il a fait, à sa
suggestion aussi, j'en suis venu à la conclusion que la meilleure chose
à faire était de retirer purement et simplement cet article pour
l'instant, quitte à revenir plus tard avec un nouvel article qui le
préciserait en fonction des régions minérales du
Québec où, à cause de l'étendue du territoire, les
heures de noirceur et de clarté peuvent varier. C'est essentiellement le
sens de notre proposition.
M. Kehoe: Ma deuxième question, et sans m'attarder
davantage, c'est à l'article 46 k, l'avant-dernière ligne:
"à la création de parcs ou de réserves..." Pourriez-vous
nous dire - encore une fois, c'est une demande -quelle association a fait cette
demande-là et quel est le but recherché? Je comprends que
tantôt vous avez donné une explication selon laquelle c'est
lorsque c'est jugé d'intérêt public, c'est une
amélioration à apporter à la loi. Mais je demande encore
pourquoi vous avez décidé d'inclure la création des parcs
et des réserves dans votre amendement.
M. Duhaime: Je pense que la question est très pertinente.
Je répondrai de la façon suivante: depuis que la Loi sur les
parcs a été adoptée par l'Assemblée nationale - si
mon souvenir est bon, c'était la loi no 19 qui remonte à 1977 ou
1978 - en ce qui est de la création de parcs, soit de parcs de
conservation, de récréation ou encore de la mise en place de
réserves fauniques ou de réserves écologiques, nous avons
décidé d'introduire une procédure de consultation qui
implique nécessairement des audiences publiques.
À partir du moment où un territoire est
délimité comme étant susceptible de devenir parc ou
réserve, il est évident, qu'on le veuille ou non - et je le dis
sans vouloir prêter d'intention à quiconque - qu'il y a toujours
des gens qui font du jalonnement que j'appellerais du jalonnement de nuisance.
À partir du moment où le gouvernement n'aurait pas ce pouvoir de
soustraire au jalonnement, nous sommes dans l'obligation de négocier des
montants d'argent expropriant le jalonnement. Maintenant,
j'ajoute que la Loi sur les mines, à l'article 296 k, telle
qu'elle est, permet de toute manière au gouvernement d'atteindre le
même but, c'est-à-dire réserver et soustraire au
jalonnement tout terrain. À la fin, c'est indiqué: "ou à
toutes autres fins". Autrement dit, on fait une enumeration et on ajoute
ensuite: "ou à toutes autres fins". Ce qui signifie que, sur le plan de
la rédaction des règlements qui vont nécessairement
découler de l'adoption de cette loi, cela nous crée des
complications. L'article 296 k est très précis lorsqu'on parle
d'usines de fonte, tandis que la proposition qu'on vous formule parle
d'installations minières, industrielles, donc un sens beaucoup plus
générique, ce qui m'apparaît normal. À la fin,
plutôt que de retenir cette notion de "ou à toutes autres fins",
nous retenons l'expression "qu'il juge d'intérêt public". C'est
donc notre fardeau de faire cette preuve-là.
M. Kehoe: Le fardeau de faire cette preuve, est-ce qu'il
s'applique? Le dernier paragraphe, la dernière partie, le "proviso" que
vous avez lorsque vous êtes obligé de prouver que c'est dans
l'intérêt public s'applique pour tout, non seulement pour la
création des parcs et des réserves, mais à tout
l'article.
M. Duhaime: Oui.
M. Kehoe: Je pense que cela clarifie pas mal la situation.
M. Bédard: Les articles 43, 44, 45...
Le Président (M. Jolivet): Non, l'article 43 est
adopté. L'article 44 est retiré. L'article 45 est adopté.
L'article 46 est adopté. L'article 47 est adopté.
M. Kehoe: Oui, c'est cela, mais, par contre...
M. Bédard: Je voulais être sûr que le
député...
Le Président (M. Jolivet): L'article 44 étant
retiré, tous les autres sont adoptés.
M. Kehoe: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): On va maintenant aux articles
49 à 55 inclusivement qui concernent les services
d'électricité dans certains immeubles. M. le ministre.
M. Bédard: ... Une voix: ...
M. Polak: C'est moi qui ai trouvé la coquille dont je vous
parlais tout à l'heure.
Le Président (M. Jolivet): D'abord, M. le ministre a le
droit de parole.
M. Polak: Évidemment.
Modifications au titre et à la
Loi sur le mode de paiement du
service d'électricité dans
certains immeubles
M. Duhaime: M. le Président, les articles 49 à 55
du projet de loi no 101 sont des propositions d'amendements à la Loi sur
le mode de paiement du service d'électricité dans certains
immeubles. Je devrais dire au départ que nous voulons, d'une
façon générale, étendre l'application de cette loi;
le premier article 49 est justement dans le but de changer le titre même
de la loi pour étendre au gaz naturel les dispositions de la Loi sur le
mode de paiement.
La deuxième chose qui m'apparaît très importante,
c'est que l'amendement qui me semble être le coeur du projet de loi qui
est devant nous est l'article 51, où non seulement nous
établissons une présomption, mais nous allons au-delà et
nous disons qu'un locateur ou propriétaire d'immeuble ou son ayant droit
est réputé débiteur du prix du service, que ce soit pour
le gaz naturel ou encore pour l'électricité, et ceci, même
pour une dette contractée auparavant.
Qu'est-ce que cela veut dire, à toutes fins utiles? Cela veut
dire essentiellement que nous ne voulons pas établir un privilège
ou encore une obligation qui serait reliée à l'immeuble comme tel
et qui pourrait être ensuite assujettie à cette lourde
procédure d'enregistrement, mais nous voulons considérer une
créance ayant trait à l'électricité ou au gaz
naturel comme étant - ce serait le meilleur rapprochement que je
pourrais faire - similaire à une taxe foncière, avec la
différence près cependant que le paiement d'une créance
reliée à une taxe foncière est exigible contre l'immeuble,
alors que la disposition de l'article 51, n'ayant pas la portée de cette
créance à l'immeuble, reste une obligation personnelle.
Aujourd'hui, des taxes foncières sur une base annuelle et
ramenée sur deux mois peuvent, dans beaucoup de cas, être moindres
qu'un compte dû à Hydro-Québec ou encore à Gaz
Métro ou encore à Gaz Intercité. Je sais la
préoccupation de mes collègues de l'Opposition, puisqu'ils m'en
ont parlé, mais actuellement cela se déroule de la façon
suivante lorsqu'une transaction immobilière se fait. On s'informe des
créances en capital et intérêts dus auprès de
l'institution financière prêteuse; on s'informe ensuite du montant
des taxes foncières, municipales ou scolaires qui pourraient être
dues. Les comptes qui sont dus quant à l'hydroélectricité,
par exemple, ou au gaz naturel, cela ne fait pas partie des
préoccupations.
Or, on sait qu'aujourd'hui beaucoup de maisons d'appartements sont
louées sur la base d'un loyer qui inclut la fourniture du gaz ou encore
de l'électricité, selon le cas. De la même manière
que nous ajoutons des responsabilités, finalement, à
Hydro-Québec et aux compagnies de distribution qui ne peuvent plus
couper le courant ou encore le gaz parce qu'un propriétaire serait en
défaut d'honorer ses obligations, nous disons essentiellement que les
compagnies de distribution devront utiliser la procédure qui est
déjà connue dans la Loi sur le mode de paiement et
dénoncer leurs créances, donner les avis, obtenir une ventilation
par une cour de justice et ensuite exécuter. C'est dans ce
sens-là qu'on croit pouvoir maintenant régler ce
problème-là. (22 h 45)
Le dernier aspect du projet est une modification très technique
qui touche les montants de répartition à l'article 52. Autrefois,
je crois que les planchers étaient à 15%, et 25% pour un plafond
en fonction du prix du logement. Nous les ramenons à 10% et 20%.
L'article 54 est un article de concordance. Le gouvernement, bien
sûr, se lie par cet amendement, de même que ses ministères
et ses organismes, donc, Hydro-Québec, ce qui explique que nous
supprimons l'expression "y compris Hydro-Québec" à l'article 20
de la loi actuelle par la modification introduite par l'article 53 du projet de
loi.
En gros, ce sont les objectifs que nous voudrions introduire pour
améliorer la situation. Nous voulons améliorer la Loi sur le mode
de paiement du service d'électricité dans certains immeubles. Si
l'Assemblée nationale l'accepte, elle deviendra la Loi sur le mode de
paiement des services d'électricité et de gaz dans certains
immeubles.
Le Président (M. Jolivet): Avant de donner le droit de
parole au député d'Outremont, je dois vous aviser qu'on remplace
le député de Chapleau par le député d'Outremont.
D'accord? Allez-y.
M. Fortier: Je dois vous dire, d'une façon
générale, qu'à part les points de droit que discuteront
des collègues plus savants que moi, qui ont reçu une formation
plus intense que la mienne, que j'ai reçue à l'École
Polytechnique, nous sommes d'accord avec l'ensemble des dispositions de cette
loi qui s'appliquait déjà au service d'électricité,
comme l'expliquait le ministre, dans les immeubles où il y avait
location de logement et où le chauffage était fourni. Cela peut
même, à la limite, s'appliquer - le ministre me corrigera si je
n'ai pas raison - par extension à un duplex où le locataire du
dessus bénéficierait d'un logement chauffé alors que le
propriétaire, occupant le logement du dessous, ne s'acquitterait pas de
ses factures de gaz ou d'électricité. C'était
déjà la norme pour l'électricité; que cela devienne
la norme pour le gaz, je crois qu'on va s'en réjouir. Les journaux,
depuis plusieurs années, nous parlent de situations très
critiques alors que de nombreux occupants de logements ont subi des coupures de
gaz parce que la compagnie Gaz Métropolitain, n'ayant pas reçu le
paiement d'une facture, devait avoir recours à des coupures, purement et
simplement, pour faire valoir ses droits.
Ma critique à l'endroit du ministre et à l'endroit du
gouvernement, je l'ai faite en deuxième lecture. On m'a dit qu'il y a
déjà quatre ans que la compagnie Gaz Métropolitain a
demandé au gouvernement d'agir dans ce dossier. Je déplore un
délai de cette importance dans la correction de situations
extrêmement pénibles au cours de ces dernières
années, de fait, depuis quatre ans, alors que la compagnie Gaz
Métropolitain avait fait cette demande. Je dois admettre que ce n'est
pas le ministre en titre aujourd'hui qui était responsable à ce
moment-là, mais il y a eu des situations qui auraient pu être
corrigées si cette loi avait été votée au moment
où la demande a été faite. Est-ce à dire que le
gouvernement est plus sensible aux compagnies publiques qu'aux compagnies
privées? On ne le dira pas. En tout état de cause, je crois qu'on
doit se réjouir du fait que ce genre de situation ne se
répétera pas dans l'avenir.
J'aimerais quand même poser quelques questions au ministre. Si on
applique cette loi à l'électricité et au gaz, pourquoi ne
pas l'appliquer également à d'autres formes de combustible?
Pourquoi avoir limité cela à l'électricité ou au
gaz d'une façon plus particulière? Dans le cas de l'huile
à chauffage ou d'autres formes de combustible, si de telles situations
se produisent, est-ce qu'on ne retrouverait pas là les mêmes
principes qui nous commanderaient d'avoir les mêmes dispositions
permettant à la société qui se verrait privée de
revenus d'appliquer ces clauses pour aller chercher une portion des loyers afin
de se payer elle-même, continuant ainsi à fournir le combustible
nécessaire pour maintenir les logements chauffés? D'une
façon plus générale, cela amène la discussion sur
tout le système qui permet aux gens qui utilisent le gaz et
l'électricité d'avoir des recours. Dans le cas du gaz, chose
assez curieuse, on sait que ces gens ont des recours à la Régie
de l'électricité et du gaz et qu'ils peuvent, dans des cas de
coupures, dans des cas de différences d'opinions sur le tarif, faire
valoir leurs droits.
Mais là n'est pas notre point aujourd'hui et je voulais
simplement indiquer notre accord là-dessus, laissant à mes
collègues le soin de discuter du point de droit qui est
extrêmement important sur le genre de privilège qu'on semble
accorder aux compagnies de gaz et d'électricité... quoiqu'on
m'indique que ce sont toutes les compagnies de gaz et toutes des compagnies
d'électricité. Je crois que ces articles s'appliquent non
seulement à Hydro-Québec ou à Gaz Métropolitain ou
à Gaz Inter-Cité, mais à toute compagnie qui fournit du
gaz et de l'électricité au Québec. Ils pourraient
s'appliquer à des sociétés ou à des compagnies
d'utilité publique qui sont des propriétés de
municipalités ou d'autres compagnies de gaz qui exercent leur
juridiction dans l'Abitibi ou ailleurs, dans la Gatineau, en particulier.
De fait, ils s'appliquent à l'ensemble des compagnies fournissant
du gaz et de l'électricité. Compte tenu de la justesse, je crois,
de cette loi, nous sommes d'accord. J'aimerais que mes collègues fassent
connaître notre point de vue en ce qui concerne le point de droit plus
particulièrement où on dit qu'il s'agirait de la création
d'un genre de privilège.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Duhaime: Je pourrais peut-être répondre à
la question qui a été soulevée par le député
d'Outremont: pourquoi est-ce que ces dispositions ne s'appliquent pas à
d'autres formes d'énergie que l'électricité et le gaz
naturel? Je ne vous cacherai pas qu'on s'est posé la question, qu'on a
examiné à fond cette possibilité. Je donnerai deux raisons
fondamentales. Tout le monde sait qu'Hydro-Québec, à peu
près partout, est dans une situation de monopole, sauf qu'il existe
encore quelques îlots de distribution faite par des distributeurs autres
qu'Hydro-Québec. C'est la même chose pour le gaz naturel quand on
parle de Gaz Métro ou de Gaz Inter-Cité pour l'ensemble du
Québec.
Nous n'avons pas cru bon d'étendre cette disposition aux
fournisseurs d'huile à chauffage, par exemple, pour une raison
très simple, c'est qu'ils ne se retrouvent pas dans une situation de
monopole. Un fournisseur d'huile à chauffage qui va douter de la
solidité financière de son débiteur n'a tout simplement
qu'à prendre la décision de cesser de lui livrer ou encore
d'exiger d'être payé au comptant. Tandis que, dans le cas de
l'hydroélectricité et du gaz naturel, la facturation se fait
après que la comptabilisation de la consommation a été
faite; ce qui veut dire, dans le cas d'Hydro, deux mois; dans le cas du gaz
naturel, la facturation est faite sur une base mensuelle.
Il nous est apparu qu'obliger une entreprise dans la distribution
d'huile à chauffage à continuer de livrer le service alors qu'il
y a des concurrents, l'obliger, pour protéger sa créance,
à s'adresser à un tribunal et à retenir la
procédure qui existe déjà dans la loi, cela nous
apparaissait être un fardeau difficilement réconciliable avec la
situation de concurrence. C'est fondamentalement pour cette raison qu'on a
décidé de passer outre. Maintenant, je pense que nos
collègues de l'Opposition veulent nous parler sur un point de droit. Je
vais écouter avec beaucoup d'attention ce que veut me dire mon
collègue de Sainte-Anne et les autres intervenants.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Anne, d'abord.
M. Polak: À l'article 51, pour moi, on retrouve de tout
nouveaux principes qu'on n'a jamais vus, parce qu'on dit ici que le nouvel
acquéreur devient responsable de l'ancienne dette, la dette
antérieure. C'est vrai à certaines conditions parce qu'il s'agit
d'un édifice, c'est vrai à trois conditions; on est au courant
des conditions. Mais ce qu'on fait vraiment, c'est qu'on protège ici
l'électricité et le gaz contrairement aux intérêts
d'autres fournisseurs, parce que l'électricité et le gaz, ce ne
sont que deux fournisseurs. Pourquoi ne pas protéger... J'irai plus loin
que le député d'Outremont, qui parle de fournisseurs d'huile.
Qu'est-ce qui arrive avec les compagnies de nettoyage et de gardiennage?
À Montréal, il y a des édifices avec quatre cents
logements. Il y a des gars qui viennent là pour nettoyer et cela
coûte cher. Le propriétaire ne paie pas deux ou trois mois. Ce
sont de grosses sommes d'argent. Ils ne sont pas protégés. Il y a
aussi le téléphone et les gars du tapis. Très souvent, ils
changent de tapis partout dans l'édifice. Cela coûte très
cher. On ne protège pas ces fournisseurs, mais, soudainement, on
protège l'électricité et le gaz. Pour moi, c'est une
distinction qui ne devrait pas exister. Le ministre a dit tout à
l'heure: Ce n'est pas une charge réelle, parce que c'est une dette
personnelle. Mais, à toutes fins utiles, cela devient une charge
réelle, parce que, si je deviens acquéreur, si j'achète un
édifice, je sais que désormais je suis pris avec la dette
antérieure. À toutes fins utiles, c'est la même valeur
qu'une hypothèque. C'est une charge réelle. Je suis pris pour la
payer.
Il y a un autre problème. Comment va-t-on s'informer si telle
dette existe réellement? Vous savez très bien - j'en ai
donné un exemple lors de la deuxième lecture à
l'Assemblée nationale - qu'il y a beaucoup de transactions
immobilières qui auront lieu à la fin du mois de décembre,
la dernière semaine du mois de décembre, de grosses transactions
immobilières au point de vue des impôts. À un moment
donné, quelqu'un va acheter un édifice de ce genre pour des fins
d'impôt. En vertu de la loi
actuelle - c'est très clair - le notaire vérifie les
comptes de taxes, l'hypothèque, etc. C'est clair, pas autre chose.
Maintenant, il est obligé d'appeler Hydro-Québec et la compagnie
de gaz pour savoir s'il y a une dette qui existe. J'ai donné un exemple.
Si tu appelles le 29 décembre, la fille va répondre:
Écoutez, monsieur, on est en "party" du Jour de l'An. Rappelez-moi au
mois de janvier. La transaction doit être signée avant le 31
décembre. Même HydroQuébec...
M. Duhaime: Même le 15.
M. Polak: C'est cela, même le 15, comme vous dites. C'est
encore pire. Donc, va-t-on avoir en même temps une sorte de registre ou
un bureau d'enregistrement pour Hydro-Québec et la compagnie de gaz pour
vérifier? Il y a un autre problème. On sait très bien que,
pour Hydro-Québec et la compagnie de gaz, quand un compte est dû,
ce n'est pas tout de suite qu'on commence à le réclamer. Cela
peut devenir un compte de deux, trois ou même quatre mois, des comptes
commerciaux de cette nature. À un moment donné,
l'acquéreur va être pris avec une dette. Ce ne sont pas de petits
montants. Ce sont des montants de milliers de dollars par mois quand on parle
de grands édifices avec beaucoup de logements. D'après moi, c'est
une dérogation à la loi générale, au Code civil
où, tout de même, on a établi des privilèges. Le
ministre a dit tout à l'heure: On enregistre un privilège. Je
suis d'accord, pour le gars qui a vendu, on peut le faire. Le fournisseur peut
enregistrer un privilège contre l'édifice, mais pourquoi
Hydro-Québec et la compagnie de gaz seraient-elles dans une position
préférentielle par rapport aux autres créanciers? Cela va
devenir, d'après moi, un problème qui créera des
complications. Le gros problème, ce sera la vérification qui va
devenir très difficile sur le plan pratique. Vraiment, je ne vois aucune
raison pour laquelle un nouvel acquéreur deviendrait responsable de la
dette. Il y a des compagnies du Liechtenstein qui achètent et qui
gèrent des édifices. On ne connaît même pas le
propriétaire. On paie le loyer à quelqu'un, à un
superviseur dans l'édifice. Ce que fait cette compagnie, de temps en
temps - ce sont de mauvais administrateurs - c'est de laisser tomber cela
complètement. Elle ne paie rien à personne. Un nouvel
acquéreur, à un moment donné, va être pris avec ces
dettes. Il va être puni à cause de la mauvaise administration de
l'ancien propriétaire.
Je voudrais laisser le reste du notariat, au point de vue pratique, au
député de Saint-Laurent, parce qu'il en a parlé. Il en a
parlé aussi à l'Assemblée nationale. Je pense qu'il
pourrait également faire la démonstration qu'au plan pratique,
cela va encore devenir une dérogation qui ne va pas
bénéficier à la transaction commerciale en
général sauf que ce sera au bénéfice
d'Hydro-Québec et de Gaz Métropolitain.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, y a-t-il une
réponse avant que je donne la parole au député de
Saint-Laurent?
M. Duhaime: Je laisse la parole à mon collègue de
Saint-Laurent.
Le Président (M. Jolivet): Non? M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si je comprends bien, on veut
protéger les comptes, les factures d'électricité et de
gaz. Évidemment, à ce moment-là, on va les protéger
simplement lorsqu'il va y avoir une vente. On dit: C'est un droit personnel.
C'est faux. Je ne vois pas comment on peut créer un droit personnel de
cette façon. C'est sûr que c'est un droit réel. Il est
dit... Oui. À ce moment-là, c'est quoi? Il y a une vente. Il faut
absolument que l'acheteur voie, vérifie si les comptes ont
été payés. C'est un droit réel, qu'on le mette dans
le Code civil. Sans cela, c'est très dangereux pour les transactions qui
pourraient se faire si ce n'est pas un droit réel, si on nous dit que
c'est un droit réel et que cela n'en est pas un. C'est sûr que
cela suit la propriété. Je comprends cela de cette façon.
On dit: Quel lien y a-t-il entre le vendeur et l'acheteur? Il n'y a pas de
lien, sauf que c'est sa propriété qui est le lien, non pas les
personnes. C'est sûr que c'est un droit. Je n'appellerais pas cela une
hypothèque, un privilège. Il n'en est pas question, mais c'est
une charge. C'est une charge sur la propriété. Qu'on le dise.
Qu'on le mette dans le Code civil. (23 heures)
Vous dites que c'est comme les taxes, c'est exactement cela; donc, des
taxes, c'est un privilège. C'est exactement la même chose. Je
trouve que c'est excessivement dangereux quand vous commencez à mettre
des clauses en disant que ce n'est pas une charge ni un droit réel, de
mettre cela partout, dans toutes les lois. D'ailleurs, pourquoi pas le
fournisseur d'huile? Cela sert à chauffer la propriété
exactement de la même façon. On va chercher jusqu'au duplex;
est-ce qu'on va chercher également la propriété
unifamiliale? Je pense que oui. Quand vous dites: le propriétaire, alors
c'est également la maison unifamiliale. Je trouve que c'est absolument
inacceptable. C'est de la réglementation à outrance. On est rendu
à statuer jusque pour percevoir des factures. Qu'on le dise, qu'on le
mette dans le Code civil. Ce sera clair et on le saura. C'est évident
que nous ne pourrons plus effectuer aucune transaction sans vérifier le
compte,
la facture d'électricité ou du gaz. Vous dites qu'on le
fait pour les taxes, c'est sûr, c'est prévu dans le Code civil. Je
trouve qu'on touche au Code civil d'une façon indirecte. C'est sûr
que c'est relié à l'immeuble et personne ne me fera croire que
c'est un droit personnel, je ne vois pas comment, quelle sorte de lien. Nous ne
sommes pas habitués en droit à connaître ce lien entre un
acheteur et un vendeur et à dire: l'acheteur sera responsable de la
dette du vendeur. En vertu de quoi? Ce n'est pas un ayant droit. Mais c'est le
nouveau propriétaire, donc le lien est sur la propriété,
c'est définitif. Je pense qu'on devrait définitivement enlever
cet article. Qu'on le mette dans le Code civil, c'est tout. D'ailleurs, on doit
le réviser, on le mettra dans le Code civil.
M. Polak: En terminant, il y a un autre point...
M. Leduc (Saint-Laurent): Qu'on soit clair.
M. Polak: ... que je voudrais faire, c'est que...
M. Fortier: La révision du Code civil est...
M. Leduc (Saint-Laurent): Bien on mettra les taxes et on mettra
ensuite les factures.
M. Bédard: Je voudrais juste faire remarquer à mon
collègue que...
M. Polak: Juste un point...
M. Bédard: ... s'il fallait attendre la fin de la
réforme du Code civil, c'est un délai d'au moins deux, trois ans
quand même.
M. Leduc (Saint-Laurent): À part cela, vous faites...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous permettez, pour terminer...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce qu'il y a, à part cela,
dans la société, des institutions - parce que cela en est - mieux
équipées pour percevoir leurs comptes que ces entreprises. Ce
sont les institutions les mieux équipées, qui ont les meilleures
ressources pour percevoir les comptes d'électricité et de gaz.
C'est justement celles-là qui en bénéficieront
davantage.
Qu'on protège le vendeur d'huile également parce qu'il
peut avoir fourni...
Le Président (M. Jolivet): Un instantl M. le ministre.
M. Polak: M. le Président, j'ai un autre point à
ajouter...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Anne, allez.
M. Polak: C'est que lorsqu'on parle de fournisseurs en
général, ceux-ci, pour accorder du crédit, se posent la
question: Qu'est-ce qu'il y a de frais sur une propriété? Il peut
voir qu'il y a des taxes, il y a l'hypothèque; il peut vérifier
cela. Mais le fournisseur qui accorde du crédit, quand il sait que le
propriétaire de l'édifice, le nouvel acquéreur est encore
responsable de l'ancienne dette, cela réduira la marge de crédit
qu'il accordera parce qu'il dira: À toutes fins utiles, cela devient
comme une dépense réelle, de la même valeur qu'une
hyptohèque, aussi grave, parce que l'acquéreur est obligé
de les payer. Cela a la même valeur qu'une hypothèque sur le plan
pratique. Donc, les dettes sur l'édifice seront augmentées encore
plus. Cela empêchera encore un fournisseur de tapis, par exemple, ou
quelqu'un d'un autre métier qui fournit les matériaux, de dire:
II faut que je calcule, avant de faire la cotation sur le contrat que je veux
avoir avec M. Untel comme propriétaire. Maintenant, il y a
déjà l'hypothèque, il y a les taxes, il y a cela,
maintenant le gaz et l'électricité, cela n'a plus de fin.
À part cela, quelle était la raison pour que le gaz et
l'électricité soient protégés et qu'ils doivent se
trouver au rang d'un créancier privilégié en comparaison
avec les autres créanciers. C'est un autre principe. Les autres
fournisseurs n'accepteront jamais cela. Ils disent qu'il n'y a aucune raison de
les protéger. Maintenant, la situation est que si on est pris avec un
investisseur, par exemple, de Liechtenstein qui laisse tomber son
édifice à terre, tout le monde est aux prises avec la dette.
Proportionnellement, tout le monde prend une chance avec lui, même Bell
Téléphone.
On veut faire une exemption pour le gaz et l'électricité.
Pourquoi les traiter de manière préférentielle? Il y a
peut-être plus raison pour traiter ainsi le pauvre petit gars qui est
fournisseur pour 2000 $ au lieu d'Hydro-Québec et Gaz
Métropolitain qui peuvent absorber la perte plus facilement. Cela est un
autre principe.
Le Président (M. Jolivet): Avant de donner la parole au
ministre, j'aimerais faire une petite correction de typographie, le mot
"envers" dans le paragraphe de l'article 51 s'écrit avec un "s" et non
pas un "t". M. le
ministre.
M. Duhaime: Où est-ce, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): "Aux fins de la présente
loi, à la troisième ligne, le deuxième mot, "envers", qui
est marqué avec un "t", prend un "s" en français.
Une voix: Nous sommes d'accord avec cela.
M. Duhaime: On avait tous compris.
Le Président (M. Jolivet): Je le savais, mais je voulais
que ce soit inscrit au journal des Débats. M. le ministre.
M. Duhaime: Je croyais que vous vouliez nous parler d'Anvers et
j'en avais déjà la nostalgie.
M. le Président, je voudrais dire au député de
Saint-Laurent que j'ai écouté avec beaucoup d'attention, pour ma
part, il y a environ 20 ans, quand j'étais à l'université,
nos professeurs qui nous faisaient des cours sur la différence entre les
droits réels et les droits personnels. Je pense que le problème
n'a pas encore trouvé sa solution. Il y a encore des thèses qui
s'écrivent là-dessus. Je vois un de mes collègues opiner
du bonnet. On pourrait, bien sûr, en faire une très longue
discussion, mais je ne pense pas que ce soit le but de nos échanges ce
soir. Je voudrais tout simplement dire que nous essayons de corriger une
situation qui est devenue de plus en plus difficile à
Hydro-Québec.
Quand le député de Sainte-Anne me parle d'un
parallèle entre Hydro-Québec et un distributeur d'huile à
chauffage, je lui réponds ceci: Hydro-Québec a 2 300 000 clients;
Gaz Métro et Gaz Inter-Cité ensemble doivent tourner autour de
250 000 à 300 000 clients. Nous souhaitons tous que ces compagnies
offrent un service efficace au meilleur prix possible et que l'on puisse
bonifier nos investissements dans ces entreprises. Comme citoyens du
Québec, on est en droit de s'attendre à cela. Il faut donc se
poser la question: N'y a-t-il pas lieu de protéger les revenus de ces
entreprises qui, dans le cas d'Hydro-Québec, comme je l'ai dit
tantôt, arrivent 60 jours, - à cause du délai de
facturation - après consommation et 30 jours après pour ce qui
est des compagnies de distribution de gaz naturel? Je comprends mal parce que
ma courte expérience personnelle m'a appris que, dans beaucoup de
contrats et dans beaucoup de transactions, il y a cette clause qui
protège les frais du courtier, par exemple, et aussi les frais du
notaire dans certain cas. Cela ne fait par partie du contrat comme tel, mais
cela fait partie des documents que l'on signe avant que les échanges de
montants d'argent comptant se fassent.
Finalement, la question qu'il faut se poser et qui m'apparaît
être au coeur des propositions du projet de loi est: Que
recherchons-nous? Il se fait des transactions immobilières par centaines
de milliers. Nous ne voulons pas assujettir ces dispositions à la
procédure d'enregistrement des créances pour une raison assez
évidente. On tourne autour de 2 500 000 comptes courants sur une base
mensuelle ou bimestrielle. Ce que nous disons tout simplement, c'est qu'en
rendant par cette loi l'acquéreur responsable de la dette
antérieure qu'aurait encourue l'ancien propriétaire pour ce qui
est du gaz naturel ou encore d'Hydro-Québec, nous allons bien sûr
protéger ces créances. Vous avez parfaitement raison de le
souligner, c'est le but de ces dispositions. Mais en quoi pénalise-t-on
quelqu'un? Supposons que je désire acheter un immeuble. Le
propriétaire me dit qu'il n'y a pas de créance à
HydroQuébec. Mon courtier ou mon notaire va s'en informer. On veut
protéger cette créance. Lorsqu'il se produit une transaction
à la suite d'un avis de 60 jours et une dation en paiement,
qu'arrive-t-il? Le compte de taxes foncières sera protégé
mais le compte de fourniture de courant hydroélectrique ou encore de gaz
naturel ne le sera pas. Il sera balayé, est-ce exact?
M. Marx: Exact. Et le mazout?
M. Duhaime: Le député de Saint-Laurent, si j'ai
bien compris son intervention tout à l'heure, est d'accord avec la
mesure. Sa réserve est que cette disposition devrait plutôt se
retrouver au Code civil. Tous les praticiens du droit, qu'ils soient avocats,
notaires ou autres, ne peuvent pas exercer ce métier aujourd'hui sans
travailler avec leur Code civil, leur Code de procédure civile et toute
la législation qu'on appelle le droit statutaire. Je pense qu'un de ces
jours, cette disposition qui se retrouve dans une loi statutaire pourrait
théoriquement se retrouver dans le Code civil, mais de là
à retenir cet argument pour ne rien faire, ne rien bouger dans
l'immédiat et laisser en péril des créances qui sont dues
ou qui pourraient être dues à des compagnies de distribution, que
ce soit le gaz naturel pu Hydro-Québec, je pense qu'il y a une marge. Je
suis convaincu que ce n'est pas là l'objectif de l'Opposition. J'avoue
honnêtement que, dans mon esprit, en tout cas, si on compare
Hydro-Québec avec une créance, par opposition à celui qui
a fait la livraison de douze mètres carrés de tapis, je ne suis
pas en mesure de suivre le député de Sainte-Anne
là-dessus. Il y a actuellement, à Hydro-Québec, des
comptes de fourniture de courant pour des 40 logements, pour des 60 logements
et même des 100 logements, ce
qui représente des milliers de dollars par mois. Pour deux mois,
vous multipliez par deux. Ils sont, dans certains cas, même
supérieurs aux comptes, ramenés sur la base de deux mois, des
taxes foncières. En quoi est-ce qu'on heurte quelqu'un, en quoi est-ce
qu'on brime quelqu'un? Il est très facile de faire des
vérifications au moment de la transaction et même d'avoir une
provision dans ce genre de contrat, comme cela se fait couramment de toute
façon.
M. Marx: M. le ministre, une brève question. Quelle est la
différence entre les fournisseurs d'électricité, de gaz st
de mazout? Est-ce que c'est parce qu'Hydro-Québec a 2 300 000 clients,
les fournisseurs de gaz, 300 000, et les fournisseurs de mazout,
peut-être seulement 30 000? Est-ce que c'est le nombre de clients qui
fait la différence ou si c'est parce qu'Hydro-Québec et Gaz
Métropolitain appartiennent à l'État et que le mazout
n'appartient pas à l'État? Quand le gouvernement de Québec
va acheter BP, on va apporter un amendement au prochain projet de loi omnibus.
Quelle est la distinction, pour vous, entre HydroQuébec, le gaz et le
mazout? Pourquoi ne pas protéger les trois si on veut protéger le
fournisseur, si je puis dire, d'énergie au propriétaire?
Une voix: ...
M. Marx: Pardon?
M. Duhaime: Je vais répondre...
M. Marx: Mais j'ai...
M. Duhaime: ... d'abord, dans un premier temps, pour apporter une
précision. Nous n'avons aucune intention d'acheter BP. BP vient
d'être achetée par Petrocan et au prix qu'ils ont payé,
à 647 000 000 $, je vous déclare tout de suite que je ne suis pas
acheteur.
Une voix: ... faire de la politique.
M. Duhaime: Deuxièmement, j'ai indiqué tantôt
qu'il y avait une très nette différence. Je vous avoue qu'au
départ, j'avais moi-même pensé étendre cette loi aux
distributeurs d'huile à chauffage. J'ai indiqué tantôt
qu'Hydro-Québec est dans une situation de monopole, Gaz
Métropolitain est aussi dans une situation de monopole à
Montréal et dans la grande région métropolitaine, de la
même façon que Gaz Inter-Cité se retrouve dans une
situation de monopole dans toutes les autres régions, sauf en Abitibi.
Imposer à un distributeur d'huile à chauffage de continuer
à livrer - c'est ce que la loi dit - à Hydro-Québec et aux
compagnies de distribution: même si un compte est en souffrance et n'est
pas payé, vous allez obligatoirement continuer à livrer et, pour
vous faire payer, vous irez devant un tribunal faire une requête, donner
un avis précédemment et, ensuite, ventiler en fonction de 10% ou
de 20% suivant les dispositions que nous étudions pour
récupérer votre créance.
Dans le domaine de l'huile à chauffage et de la distribution,
vous avez des centaines d'entreprises qui font la distribution d'huile à
chauffage; tandis que dans le cas du gaz naturel, il y en a deux ou trois, et
de l'hydro, il y en a un. Il est très facile pour un distributeur
d'huile à chauffage qui a un mauvais débiteur de dire: Vous allez
me payer comptant ou je cesse de vous livrer. C'est une pratique qui se fait.
Hydro-Québec ne peut pas faire cela. Hydro-Québec ne peut pas
dire à un client, même s'il est mauvais débiteur: Vous
allez me payer comptant ou je vais tirer la manette, comme le souhaiterait M.
Peckford. C'est la même chose dans le cas du gaz naturel. Je vous ai
expliqué tantôt que, dans le cas d'Hydro-Québec, il faut
laisser aller le compteur pendant deux mois avant d'envoyer une facture et,
dans le cas du gaz, c'est un mois. Alors, ce sont deux choses
complètement différentes.
M. Marx: Donc, votre distinction entre Hydro-Québec, le
gaz et le mazout, c'est le fait qu'il y a un monopole. D'accord?
M. Duhaime: Oui. Cela me paraît assez évident.
M. Marx: N'y a-t-il pas certaines villes où il y a
vraiment seulement un fournisseur de mazout? Il y a des villes où il y a
seulement un fournisseur de mazout, des petites villes. Deuxièmement, il
y a un monopole pour l'électricité, mais jusqu'à un
certain point parce que le gouvernement est en train d'encourager les gens
à avoir des fournaises où on peut utiliser soit
l'électricité, soit le mazout. Donc, il n'y a pas de monopole.
Cela veut dire que vos distinctions ne tiennent pas vraiment. (23 h 15)
M. Duhaime: Elles ne tiennent peut-être pas pour vous. Nous
avons consulté l'Association des distributeurs d'huile à
chauffage en lui disant: Voulez-vous que cette disposition vous soit
appliquée? Réponse: Non.
M. Marx: Est-ce qu'on peut avoir l'échange de
correspondance avec ces compagnies, ces associations?
M. Duhaime: Sans aucun problème. Je vais déposer
tout cela à l'Assemblée nationale, s'il y a eu
correspondance.
M. Marx: C'est parce qu'on ne veut pas ici imposer aux compagnies
qui vendent l'huile à chauffage quelque chose qu'elles ne veulent pas
avoir.
M. Duhaime: C'est justement ce qu'on fait. On ne leur impose rien
parce qu'elles ne voulaient rien.
M. Marx: J'aimerais voir la correspondance de toutes ces
associations et compagnies.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'aimerais aborder la discussion sous un autre angle.
Quand j'ai vu ces dispositions... Et je pense que le ministre nous disait, en
discutant de cet article en particulier, qu'il voulait protéger
Hydro-Québec et Gaz Métropolitain. Mais je crois que l'ensemble
des dispositions qui sont devant nous ne sont pas à l'effet de
protéger Gaz Métropolitain et Hydro-Québec. Elles sont
à l'effet de protéger les gens qui vivent dans des immeubles
d'appartements. C'est le sens de ces articles. C'est tellement vrai que, si on
oublie l'article qui est l'objet de notre discussion maintenant, la loi
existante ne contient pas cette addition et elle protège les individus
et les locataires. Quand j'ai vu l'ensemble des ces lois appliquées au
gaz, je me suis dit que le but du ministre est de protéger des
individus, des gens qui sont locataires dans un immeuble d'appartements. C'est
le but.
En ajoutant cet article, le ministre apporte une autre dimension, celle
de protéger indirectement les compagnies de gaz et
d'électricité. Je me demande pour quelle raison cet article a
été apporté, parce que, premièrement, la loi qui
existait antérieurement ne s'appliquait pas à HydroQuébec.
À ma connaissance, ce n'est pas Hydro-Québec qui a demandé
d'ajouter cet article. C'est plutôt Gaz Métropolitain. Mais je ne
suis pas certain qu'Hydro-Québec soit solidaire de Gaz
Métropolitain dans cette demande pour ajouter la phrase dont on discute
présentement.
Mais je crois qu'il est malheureux, en apportant des articles de loi
avec lesquels nous sommes d'accord, comme je l'ai dit au début, qui sont
à l'effet de protéger des locataires dans des immeubles
d'appartements, que le ministre apporte la dimension de protéger les
compagnies elles-mêmes, alors que le but de la loi devant nous est bien
plus de protéger des individus. Alors là, nous sommes en train de
fausser le débat complètement. Parce que, si le ministre
s'était contenté d'ajouter à la loi existante les
compagnies de gaz et d'électricité... Quoique je me pose la
question à savoir pourquoi on enlève y compris
Hydro-Québec, lorsqu'on dit que la loi s'applique au gouvernement,
à ses ministères et à ses organismes. Est-ce qu'on est
bien sûr qu'elle s'applique à Hydro-Québec, à ce
moment-là?
M. Duhaime: Oui, mais...
M. Fortier: Parce que, habituellement, on parle des
mandataires...
M. Duhaime: Oui, je vais répondre là-dessus d'une
façon...
M. Fortier: C'est le sens de mon interrogation. Je pense qu'on
est en train de fausser le débat parce que tout le sens de cette loi
était de protéger des individus et non pas les compagnies.
M. Duhaime: Je suis très content de l'intervention du
député d'Outremont. J'espère que ses collègues,
à gauche et à droite, l'ont bien entendue. C'est bien sûr
une loi qui va protéger le locataire d'abord.
La loi actuelle ne visait qu'Hydro-Québec et les compagnies de
distribution de courant hydroélectrique, tout comme autrefois, quand on
avait des municipalités qui achetaient en gros d'Hydro-Québec et
qui faisaient ensuite la distribution. Je pense à la ville de
Grand-Mère, à celle de Jonquière. Enfin, il y en a eu une
multitude. C'est bien sûr une loi qui protège les consommateurs
finalement. Mais c'est une opération dans le genre donnant-donnant. Il y
a des comptes en souffrance à Hydro et aux compagnies de distribution
qui représentent plusieurs millions de dollars.
M. Fortier: Excusez-moi, M. le ministre. Le donnant-donnant,
c'est qu'on donne un privilège à ces compagnies de percevoir une
partie des loyers et on impose une obligation, celle de continuer à
fournir le combustible nécessaire. Je pensais que c'était le
donnant-donnant. Là, vous ajoutez un autre aspect au
donnant-donnant.
M. Duhaime: II est drôlement important, parce que vous
allez vous retrouver dans des transactions courantes en matière
immobilière avec des comptes en souffrance à Hydro-Québec
pour plusieurs dizaines de milliers de dollars. Ils donnent un avis de 60 jours
et l'exercice d'une clause de dation en paiement qui vient balayer un compte
d'Hydro-Québec. Je pense que votre collègue de droite va le
confirmer car cela se fait couramment. C'est dans ce sens que le projet de loi
vient corriger cette situation. Il n'y a pas beaucoup de choses que je pourrais
vous dire de plus pour vous convaincre. On étend la disposition actuelle
qui s'appliquait seulement à l'hydroélectricité au secteur
du gaz naturel. Je dois vous dire
que si l'Association des distributeurs d'huile à chauffage nous
avaient donné son accord pour l'étendre à l'huile à
chauffage no 2 ou no 6 qui est livrée n'importe où au
Québec, on l'aurait fait. Mais, cette association nous a dit: Non, nous,
on aime mieux livrer et si on n'est pas content, on va dire à notre
client: Vous nous payez comptant ou on va cesser de livrer et aller
ailleurs.
M. Fortier: Pour terminer, M. le ministre, pour terminer le
débat...
M. Duhaime: Ces gens ne sont pas dépourvus, parce que cela
n'est pas un monopole.
M. Fortier: ... en tant que porte-parole de l'Énergie, je
vais vous dire que je suis d'accord avec les explications que vous m'avez
données à savoir que c'est bien évident que cela ne peut
pas s'appliquer aux compagnies de pétrole pour les raisons que vous
venez de donner. Mais vous dites que vous ajoutez cela au gaz et ce n'est pas
là le contentieux. Le contentieux n'est pas là du tout. On est
d'accord pour l'appliquer à l'électricité et au gaz, pour
autant que je suis concerné. Cependant, ce qui a été
ajouté et qui ne s'appliquait même pas à
Hydro-Québec auparavant, c'est la phrase que mon ami de Sainte-Anne a
discutée et qui indique qu'il y a une espèce de privilège
de créé. Cela n'existait pas dans loi actuelle qui s'appliquait
à Hydro-Québec. Donc, c'est cet ajout qu'on discute. On est en
accord avec le restant de la loi.
M. Duhaime: Je suis parfaitement d'accord avec vous que c'est de
cela dont on parle. On est au moins au coeur du sujet, depuis le début,
d'ailleurs. Je ne voudrais pas répondre à vos questions, toujours
fort pertinentes, à l'Assemblée nationale concernant le fait
qu'Hydro-Québec aurait perdu, en mauvaises créances, plusieurs
millions de dollars. Là, je pourrai vous répondre qu'avec ces
modifications qui sont introduites par le projet de loi no 101, les
créances sont protégées. Cela ne me paraît pas
être un fardeau terrible de s'enquérir du montant dû
à Hydro-Québec, à Gaz Métropolitain ou à Gaz
Inter-Cité et ensuite de faire les provisions nécessaires au
moment des transactions immobilières. D'autant plus que cela ne
s'applique pas - pour donner l'information au député de
Saint-Laurent qui l'a demandée tantôt - aux maisons unifamiliales,
c'est à partir des duplex et plus.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): On mentionne des duplex, moi, je lis
"le propriétaire", est- ce que cela ne couvre pas la maison
unifamiliale, le propriétaire? En fait, ce qu'on fait par cet article,
c'est qu'on protège les grandes institutions qui, à mon sens,
n'ont peut-être pas tellement besoin d'être protégées
et on fait du droit nouveau. C'est du droit nouveau. Je ne connais aucun cas
où, en somme, un tiers peut être responsable d'une dette autrement
que par un droit réel, cela veut dire une hypothèque, un
privilège. Il n'y en a pas. Vous faites du droit nouveau.
M. Duhaime: C'est une vision.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est du droit nouveau. Cela n'est pas
un privilège, cela n'est pas une hypothèque, c'est quoi?
Une voix: C'est très dangereux.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est très dangereux. Vous allez
vous servir de cela à l'avenir pour n'importe quoi.
M. Duhaime: Boni Je vais répondre à la
première question, M. le Président...
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que, d'abord - si vous permettez
- c'est couvert pour la maison unifamiliale?
M. Duhaime: Vous ne l'avez pas dans ce projet, parce que ce
projet de loi amende une loi existante. Alors si vous référez
à la loi existante, à l'article 1, paragraphe C, vous allez
trouver ceci, je vais vous le lire: La présente loi s'applique... Les
paragraphes a, b, c. Paragraphe c): "... et dont au moins un local est
occupé par un locataire résidentiel." Donc, cela veut dire au
moins deux. Cela m'apparaît assez clair. Je réponds donc à
la première partie de votre point de vue. La deuxième chose. Je
pense qu'il ne faut pas avoir une - je vais le dire comme je le pense - une
espèce de vision notariale des choses...
M. Polak: ... ici...
M. Leduc (Saint-Laurent): Prenez le Code civil...
M. Polak: Retirez l'amendement.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est le Code civil, cela n'est pas une
pratique notariale.
M. Duhaime: Non, je n'ai pas parlé d'une pratique, j'ai
parlé d'une...
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce ne sont pas les notaires qui ont
institué les privilèges pour les hypothèques, M. le
ministre, c'est le Code civil.
M. Duhaime: Je n'ai pas parlé d'une pratique, M. le
Président, j'ai parlé d'une vision.
M. Marx: Adopté sur division.
M. Duhaime: Alors adopté sur division? Il n'y a pas
d'amendement.
Le Président (M. Paré): Donc, est-ce que les
articles...
M. Fortier: Est-ce qu'on peut passer article par article...
Le Président (M. Paré): Boni D'accord. On y va
article par article des articles... Je m'excuse, s'il vous plaît! Il
semble qu'on a eu les discussions. Est-ce l'article 49 est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 50 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 51 est
adopté?
M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 51 est
adopté sur division.
M. Polak: On ne prend pas avantage du fait qu'on a plus de votes
que vous, ce soir, ici.
Le Président (M. Paré): Article 52? M. Fortier:
Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 52 est
adopté. Article 53?
M. Fortier: À l'article 53, je voudrais seulement avoir
l'assurance que l'article 54 couvre Hydro-Québec.
M. Duhaime: Oui, M. le Président. C'est une concordance.
Dans un cas on exclut l'expression "y compris Hydro-Québec" et l'article
qui suit couvre le gouvernement, ses organismes, etc. Or dans la loi 16, que
vous devez connaître très bien maintenant, Hydro-Québec est
un organisme du gouvernement.
M. Fortier: Je m'en souviens fort bien, mais je me souviens que
selon la loi constitutive d'Hydro-Québec, Hydro-Québec n'est pas
sujette aux lois générales.
M. Duhaime: Hydro-Québec est incluse.
À l'article 54 du projet, lorsqu'on mentionne "s'applique au
gouvernement, à ses ministères et à ses organismes", cela
veut dire à toutes les sociétés d'État du
gouvernement, tous ses organismes et tous ses organes, si vous me passez
l'expression.
M. Fortier: Merci. Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 53 est
adopté. Article 54?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 54 est
adopté. Article 55?
M. Fortier: À l'article 55 je vais laisser parler
mon...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est absolument inacceptable. Cela
veut dire que s'il y a une transaction qui se fait avant l'adoption de la loi,
que si on fait une transaction demain à ce moment-là l'acheteur
sera responsable. Cela n'a pas de bon sens.
M. Marx: Si cela n'a pas de bon sens, on pourrait peut-être
dire que l'article 55 entrera en vigueur d'ici quelques mois ou on peut fixer
une autre date que celle de la proclamation.
Le Président (M. Paré): Article 55?
M. Duhaime: On pourrait en parler longtemps, mais je dirai
à mes collègues de l'Opposition qu'ils sont en retard de quatre
ans. C'est en novembre 1978 que nous avons modifié la Loi sur le mode de
paiement du service d'électricité dans certains immeubles, et
l'article 25 de la loi qui est devant vous - je ne sais pas si vous avez
examiné cela -se lit comme suit: "La présente loi s'applique
même à l'égard du prix du service
d'électricité non acquitté avant le 27 juin 1975."
M. Polak: Savez-vous quand cela a été
discuté? La dernière journée de la session. C'est une
autre affaire qui a été discutée la dernière
journée de la session. J'ai vérifié cela. Cela a
été discuté avec quelques députés ici. C'est
cela que vous faites. Vous allez revenir demain et nous dire: Voici, vous avez
voté pour cela.
M. Duhaime: Vous n'avez pas un bon argument, je parle du mois de
novembre 1978. Je ne parle pas de décembre.
M. Polak: Excusez-moi...
M. Leduc (Saint-Laurent): Moi, j'ai posé la question
tantôt. Est-ce que l'acheteur,
est-ce que l'acquéreur va être responsable s'il y a une
transaction qui se fait demain? Je veux savoir. Savez-vous qu'il peut y avoir
une facture de 20 000 $? Qui sera responsable? Moi, je veux savoir si
l'acheteur va être responsable. On va aviser immédiatement tous
les...
M. Duhaime: Demain, je ne pourrais pas le jurer, mais ce sera la
date de la sanction de la loi.
M. Leduc: Et ce sera rétroactif. Cela veut dire que tout
compte non payé doit être payé par l'acheteur.
M. Fortier: Est-ce qu'on ne pourrait pas proposer... Si je
comprends bien l'objection de mon collègue c'est que si on dit ça
et que la loi est sanctionnée demain-Une voix: N'importe quand.
C'est rétroactif.
M. Fortier: Je croyais que le problème auquel vous faisiez
allusion c'était que s'il y avait une proclamation à une date qui
serait connue de tout le monde, à ce moment-là il y aurait un
préavis public de la proclamation à venir.
M. Leduc: Si elle est sanctionnée, disons, le 5 janvier,
cela veut dire que les factures qui n'ont pas été
acquittées auparavant sont payables par l'acquéreur.
M. Polak: On est mieux d'aviser tous les agents d'immeubles de ne
plus faire de transaction.
M. Duhaime: Je vais vous proposer un règlement rapide si
vous êtes de bon compte. Si vous n'êtes pas de bon compte
là-dessus, on va être dans la douloureuse obligation de vous faire
voir que nous pourrions quand même procéder. Les comptes
d'Hydro-Québec sont payables dans les 60 jours. On s'entend
là-dessus. Le gaz est payable dans les 30 jours. Ce que je pourrais vous
proposer serait: "La présente loi s'applique même à
l'égard du prix du service d'électricité ou de gaz non
acquitté dans les 60 jours suivant l'adoption de cette loi" ou "dans les
60 jours de la sanction". À ce moment-là on répondrait
à votre interrogation.
M. Marx: Suivez mon conseil.
M. Fortier: C'est un bon compromis.
M. Duhaime: .On va rejoindre Hydro-Québec et on va inclure
en même temps les comptes qui pourraient être dus sur
l'électricité et le gaz. (23 h 30)
M. Marx: Que le ministre fasse un amendement formel.
M. Bédard: Je vais faire faire l'amendement et, ensuite,
on l'adoptera.
M. Marx: Le ministre a déjà fait l'amendement.
C'est simplement pour le répéter pour les fins du journal des
Débats, et ce sera fait.
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement se
lirait comme suit: "Article 55.25. La présente loi s'applique même
à l'égard du prix du service de l'électricité ou du
gaz non acquitté dans les 60 jours de la sanction."
M. Marx: Pas dans les 60 jours. Des voix: Non.
Le Président (M. Paré): C'est ce qui avait
été dit.
M. Marx: Non.
M. Duhaime: On peut suspendre 120 secondes et on va
pouvoir...
M. Marx: On suspend pour une minute, une minute ou deux.
Le Président (M. Paré): Nos travaux sont suspendus
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 31)
(Reprise de la séance à 23 h 35)
Le Président (M. Paré): Les travaux de la
commission reprennent.
M. Duhaime: À l'article 51 du projet de loi, ajouter un
alinéa qui se lirait comme suit: "Le présent article s'applique
à compter du 1er mars 1983."
M. Marx: C'est ma suggestion intégrale que vous avez
acceptée.
Le Président (M. Paré): C'est l'article 55.
M. Marx: C'est l'article 55.
M. Bédard: II en fait tellement qu'à un moment
donné, il y en a une qui colle.
M. Duhaime: Est-ce que l'amendement sera adopté?
M. Marx: Adopté.
M. Polak: L'amendement sera adopté, mais l'article tel
qu'amendé sera encore
adopté sur division. Le principe de...
Le Président (M. Paré): Je m'excuse, est-ce qu'il
s'agit de l'article 51 ou de l'article 55?
M. Duhaime: Pardon?
Le Président (M. Paré): L'amendement que vous
apportez concerne l'article...
M. Duhaime: L'article 51.
Le Président (M. Paré): 51. Est-ce que vous
acceptez qu'on rouvre l'article 51 qui a déjà été
adopté?
M. Duhaime: Je suis bien prêt à donner mon
consentement là-dessus.
M. Marx: Consentement.
Le Président (M. Paré): Consentement. Est-ce que
l'amendement qui est proposé, tel que lu par le ministre de
l'Énergie et des Ressources, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 55 est
adopté?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Paré): Adopté sur
division.
M. Duhaime: M. le Président, c'est-à-dire l'article
51 tel qu'amendé. J'ai entendu 55.
Le Président (M. Paré): D'accord. Est-ce que
l'article 51 tel qu'amendé est adopté?
M. Polak: Sur division.
Le Président (M. Paré): Sur division.
M. Marx: M. le Président, est-ce qu'il faut...
M. Duhaime: II reste l'article 55 qui est en suspens; on pourrait
maintenant l'adopter, M. le Président.
Le Président (M. Paré): L'article 51 tel
qu'amendé est adopté sur division. Nous sommes maintenant rendus
à l'article 55.
M. Marx: Pouvez-vous lire l'article 51 pour que ce soit
clair?
Le Président (M. Paré): Oui. Donnez-moi le texte de
votre résolution, s'il vous plaît.
Des voix: ...
Une voix: On vous l'a donné.
M. Polak: Non, vous le donnez pour trois mois, mais pas pour
l'avenir. Le principe est aussi mauvais qu'avant.
M. Bédard: En tout cas... Il ne semble pas que ce soit la
même...
M. Marx: Bientôt, ce sera ... On verra comment cela
fonctionnera.
Le Président (M. Paré): L'amendement à
l'article 51 se lit comme suit: "Le présent article s'applique à
compter du 1er mars 1983." Est-ce clair?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): On est maintenant rendu
à l'article 55 puisque l'article 51 amendé est adopté sur
division.
M. Duhaime: II y a un amendement de concordance, M. le
Président, à l'article 55. Il faudrait lire, avant les mots "la
présente loi", les mots suivants: "Sauf quant à l'article 51, la
présente loi s'applique, etc."
Le Président (M. Paré): Un amendement à
l'article 55. L'article 25 commencerait par: "Sauf quant à l'article
51". Est-ce que l'amendement est adopté?
Est-ce que l'article 55 tel qu'amendé est adopté?
M. Duhaime: Adopté.
Le Président (M. Paré): La section rattachée
à l'énergie et aux ressources est complétée. Est-ce
qu'on revient à l'article 1?
Article 1.
Modifications au Code civil
M. Bédard: II s'agit d'une modification de concordance
afin de rendre la version anglaise de l'article 1078.1 conforme à celle
de l'article 1056c du Code civil qui lui est analogue.
M. Marx: M le ministre, est-ce une correction à une
coquille qu'on retrouve dans la loi 67?
M. Duhaime: II n'y a pas de coquille, là.
M. Marx: II n'y a pas de coquille? Pourquoi fait-on cette
correction maintenant?
M. Bédard: C'est une correction. M. Marx: C'est une
correction.
Une voix: C'est parce qu'on est allé trop vite.
Le Président (M. Paré): M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Modifications au titre et à
la Loi sur le mode de paiement
du service d'électricité dans
certains immeubles (suite)
M. Duhaime: Je ne voudrais pas que mon collègue, parrain
de ce projet de loi, qui a maintenant des chances de passer à
l'histoire, ou encore mes collègues de l'Opposition me fassent un
reproche. Je voudrais être précis. Nous avons proposé un
amendement à l'article 51. Je voudrais faire motion pour rouvrir
l'article 51 afin que l'amendement que j'ai proposé s'applique non pas
à l'article 51, mais au premier alinéa de l'article 51.
M. Marx: C'est la troisième fois ce soir que le ministre
suit mon conseil.
M. Duhaime: Le deuxième alinéa inclut le gaz
naturel et cela n'a rien à voir avec la discussion. Pour consoler le
député de... De quel comté?
M. Marx: De D'Arcy McGee.
M. Duhaime: ... de D'Arcy McGee, je dois dire que d'excellents
juristes nous conseillent et on serait bien gauche de ne pas retenir leurs
conseils, à l'occasion.
M. Marx: C'est bien évident. Les conseils de l'Opposition,
n'est-ce pas?
Le Président (M. Paré): Ai-je le consentement pour
rouvrir l'article 51?
M. Marx: Oui, consentement.
Le Président (M. Paré): Le texte, qui dit que le
présent article s'applique à compter du 1er mars 1983, s'applique
uniquement au premier alinéa de l'article 51.
M. Marx: Un instant. C'est le deuxième alinéa.
Le Président (M. Paré): On m'a dit le premier.
M. Marx: M. le ministre, c'est le deuxième
alinéa.
Le Président (M. Paré): M. le ministre, voulez-vous
répéter, s'il vous plaît? Donc, vous maintenez que cela
touche le premier alinéa, M. le ministre?
M. Duhaime: Le premier alinéa de l'article 51.
Le Président (M. Paré): Pour clore la discussion et
être clair, on ajoute à l'article 51 le paragraphe qui suit: "Le
présent article s'applique à compter du 1er mars 1983." Je
spécifie que le texte que je viens de lire s'applique au premier
alinéa de l'article 51. Est-ce exact?
M. Duhaime: Oui.
Le Président (M. Paré): Est-ce adopté?
M. Marx: Sur division.
M. Polak: Sur division.
Le Président (M. Paré): Sur division.
M. Marx: Si je devais faire des corrections en troisième
lecture, je les ferai.
Le Président (M. Paré): Nous allons suspendre les
travaux de la commission pendant quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 44)
(Reprise de la séance à 23 h 51)
Le Président (M. Paré): La commission reprend ses
travaux. La parole est au ministre de l'Énergie et des Ressources pour
un amendement à l'article 51. Pour être bien sûr qu'on va
être dans les règles, je voudrais à nouveau avoir une
approbation pour rouvrir l'article 51 déjà adopté.
M. Marx: Consentement.
Le Président (M. Paré): Adopté.
Consentement. Donc, toujours sur l'article 51.
M. Duhaime: Je voudrais retirer la proposition d'amendement que
je faisais tout à l'heure à l'article 51 et proposer...
M. Marx: Je soupçonne ce que le ministre veut faire
là. Si on ajoute cela à l'article 85, les gens qui vont avoir une
copie de la Loi sur le mode de paiement du service d'électricité
dans certains immeubles ne vont pas voir que l'article en question entre en
vigueur le 1er mars 1983. Ils ne verront pas cela parce que cette
notation...
M. Duhaime: Vous êtes en train de faire comme mon dentiste,
vous m'arrachez tout de la bouche. Je viens de mentionner que je retire
l'amendement à l'article 51. Je crois que j'ai besoin d'un
consentement.
M. Marx: Consentement.
M. Duhaime: Je proposerais que tout à l'heure, lorsque
vous arriverez à l'article 85, nous ayons un cinquième paragraphe
quant à l'entrée en vigueur.
M. Marx: C'est cela le problème, M. le ministre. Supposons
que quelqu'un fasse venir la Loi sur le mode de paiement du service
d'électricité dans certains immeubles; il va voir les amendements
à la loi, d'accord, mais il ne verra pas l'entrée en vigueur de
l'article 51 qui modifie l'article 1. Comprenez-vous ce que je veux dire? Cela
veut dire les gens qui sont juste intéressés par la loi en
question ne sauront jamais, en achetant cette loi seulement ou les amendements
à cette loi, que l'entrée en vigueur...
M. Duhaime: Dans les lois omnibus, les dispositions transitoires
et finales sont toujours rappelées dans le projet de loi tel qu'il est
amendé. Vous le retrouvez. Autrement, il n'y a rien qui tient.
Le Président (M. Paré): De toute façon,
j'aimerais que la proposition ou l'amendement soit lu avant qu'on en
discute.
M. Duhaime: Oui, je voudrais le lire. Ce serait un amendement
dans le sens d'ajouter à l'article 85 le paragraphe suivant: "5 le
deuxième alinéa de l'article 1 de la Loi sur le mode de paiement
du service d'électricité dans certains immeubles, remplacé
par l'article 51, entre en vigueur le 1er mars 1983.
M. Marx: Ce n'est pas la meilleure rédaction possible,
mais on accepte sur division.
M. Duhaime: Je ne peux pas demander mieux.
Le Président (M. Paré): L'amendement...
M. Duhaime: Je dois dire que nos collègues de l'Opposition
nous ont fait une suggestion intéressante, que nous retenons. Je ne
voudrais pas que dans le tohu-bohu d'une commission parlementaire, même
s'il est tard... Il faut considérer que certains de nos concitoyens vont
vivre avec ces lois. Il m'apparaîtrait parfaitement normal que mon
collègue de la Justice et moi-même prenions toutes les
précautions pour être bien certains que nous n'allons ni
au-delà ni en en-deçà de ce que nous voulons introduire
dans notre loi. J'imagine, M. le Président, que tout à l'heure,
de façon formelle - à moins que nous ayons un consentement pour
le faire maintenant - on pourrait introduire l'amendement à l'article
85.
Le Président (M. Paré): M. le ministre de la
Justice.
M. Bédard: Si on veut bien s'entendre, ce serait le sens
de l'amendement qui serait apporté à l'article 85. On pourrait
s'en tenir au contenu en termes d'information des membres de la commission qui
se disent tous d'accord. Mais nous l'introduirons formellement lorsque nous
étudierons l'article 85.
M. Marx: Adopté sur division.
M. Bédard: Vous n'avez rien à adopter. Vous n'avez
qu'à dire si vous êtes d'accord.
M. Marx: Consentement sur division.
M. Bédard: C'est une coquille du député de
D'Arcy McGee. Il adopte.
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement...
M. Marx: C'est difficile de faire des coquilles quand on n'a pas
de pouvoirs.
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement
proposé à l'article 85...
M. Bédard: C'est toujours ce que j'ai pensé, que
vous n'aviez pas de pouvoirs. Vous avez le pouvoir d'en faire.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Paré): Donc, on revient maintenant
à l'article 51 non amendé. Est-il adopté?
M. Marx: Sur division. M. Polak: Sur division.
Le Président (M. Paré): D'accord. L'article 51 est
adopté sur division.
On revient maintenant à l'article 1 du projet de loi 101.
Le Président (M. Paré): J'aimerais seulement
demander un renseignement, avant que le ministre de l'Énergie et des
Ressources s'absente, à savoir si l'amendement qui a été
apporté à l'article 55 est maintenu, dû au changement qu'on
vient d'apporter à l'article 51.
M. Duhaime: II faudrait, M. le Président... On disait...
l'amendement c'était...
Le Président (M. Paré): Sauf quant à
l'article 51.
M. Duhaime: II faudrait, plutôt que de lire ces mots, avoir
"sauf quant au cinquième
alinéa de l'article 85.5", la présente loi s'applique,
etc.
M. Bédard: M. le Président, j'aurais une
suggestion, à savoir que nous laissions l'article 55 ouvert et lorsque
nous arriverons à l'article 85, à ce moment-là, selon le
libellé qui sera retenu, nous verrons ce que nous devons faire
concernant l'article 55 afin de le fermer comme les autres.
Le Président (M. Paré): Donc, ai-je l'autorisation
de rouvrir l'article 55 qui a été adopté?
M. Marx: Oui.
M. Bédard: Et de le garder ouvert jusqu'à ce que
nous adoptions le projet de loi. (Minuit)
Le Président (M. Paré): Donc, on suspend l'article
55 jusqu'à ce qu'on discute de l'article 85.
M. Marx: D'accord.
M. Polak: Bon, on commence, article 1.
M. Bédard: Alors, M. le Président...
M. Marx: J'ai juste une question, M. le ministre. Est-ce que le
ministre de l'Énergie et des Ressources reviendra quand on rouvrira
l'article 85, paragraphe 5?
M. Bédard: Je crois que le ministre de l'Énergie et
des Ressources a pas mal dit ce qu'il devait dire sur cet article. Si nous
avons besoin de ses précieux conseils...
M. Marx: On le dispensera des travaux de la commission.
M. Duhaime: Ah! Que vous êtes donc gentil.
Le Président (M. Paré): En fonction des
règlements de l'Assemblée nationale, comme il est minuit, est-ce
que j'ai le consentement pour qu'on poursuive les débats?
Une voix: Non. M. Marx: Oui.
Le Président (M. Paré): C'est pour cela qu'il
faudrait s'entendre.
M. Bédard: M. le Président, nous avons le
consentement des membres de la commission pour continuer nos débats.
D'ailleurs, je remercie l'Opposition de sa collaboration. Nous pourrions
commencer à l'article 1, autrement dit commencer l'étude des
articles qui me concernent d'une façon tout à fait
particulière comme ministre responsable, maintenant que nous avons
disposé d'articles, comme nous avons pu le constater, qui étaient
de la responsabilité d'autres ministres.
Modifications au Code civil (suite)
Le Président (M. Paré): Merci. À la suite de
ce consentement des membres de la commission, les travaux se poursuivent et on
commence avec l'article 1. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, l'article 1 est
simplement une amélioration de la version anglaise. Je pense que
personne n'y aura d'objection.
M. Marx: J'ai deux petites questions. Premièrement, est-ce
que l'erreur, dans la première rédaction de la loi no 67,
était d'avoir mis en anglais le mot "interest", c'est pourquoi il a
été nécessaire de refaire la traduction? Mettre le mot
"interest", ce serait inconstitutionnel; est-ce que c'est cela?
M. Bédard: C'est que l'amendement que nous apportons rend
la version conforme à l'article 1056 du Code civil.
Une voix: C'est cela.
M. Marx: II faut que ce soit une indemnité et pas un
intérêt. Je pense que c'est cela.
M. Bédard: Oui, c'est cela.
M. Marx: Deuxièmement, juste une autre petite question
pour l'intérêt des membres de la commission: Qui fait les
traductions de ces projets de loi? Est-ce que c'est fait par le
ministère de la Justice ou par l'Assemblée nationale?
M. Bédard: C'est le service de traduction de
l'Assemblée nationale.
M. Marx: Est-ce que c'est pour tous les projets de lois de tous
les ministères?
M. Bédard: De tous les ministères.
M. Marx: Toute traduction de projets de loi est faite à
l'Assemblée nationale. Est-ce que c'est la même chose...
M. Bédard: Par le service de traduction de
l'Assemblée nationale, ce qui indique jusqu'à quel point, comme
ministre responsable, on ne peut pas...
M. Marx: Dans le même ordre d'idées, est-ce que, par
exemple, les chapitres du
Code civil que vous déposerez cette semaine ont été
traduits par le service de traduction de l'Assemblée nationale?
M. Bédard: C'est le cas. M. Marx: C'est aussi le
cas. M. Bédard: Oui, oui.
M. Marx: J'ai une dernière question: Est-ce que les
règlements des gouvernements sont traduits par le service de traduction
de l'Assemblée nationale?
M. Bédard: C'est par le Bureau des règlements.
M. Marx: Par le Bureau des règlements. M.
Bédard: D'accord? M. Marx: Merci.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
2?
M. Marx: Oui, pas de problème.
M. Bédard: C'est simplement d'éliminer la
répétition inutile d'inscription d'un même droit à
l'index des immeubles.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 2 est
adopté. Article 3?
M. Bédard: C'est une concordance, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): L'article 3 est
adopté. Article 4?
M. Bédard: L'article 4 est simplement pour permettre qu'un
même registrateur puisse assumer la direction de plus d'un bureau
d'enregistrement. Je l'ai déjà expliqué.
M. Marx: Le ministre a parlé l'an dernier de fermer
certains bureaux d'enregistrement.
M. Bédard: Ce n'est pas relié à cela. M.
Marx: Ce n'est pas relié à cela? M. Bédard:
Mais non. M. Marx: Mais...
M. Bédard: Pour fermer des bureaux d'enregistrement, il
faut amender la loi.
M. Marx: C'est cela, mais... M. Bédard:
Alors...
M. Marx: ... ici, on aura un registrateur pour deux bureaux
d'enregistrement; donc les bureaux d'enregistrement ne seront pas ouverts
à longueur de journée.
M. Bédard: Lorsqu'il y a des cas d'absence de maladie,
etc., on s'aperçoit que comme les délais de remplacement
deviennent quelquefois très longs, on en vient à priver la
clientèle. C'est déjà le cas d'ailleurs dans une couple
d'endroits.
M. Marx: Si c'est le cas, cela n'est pas nécessaire de le
mettre dans la loi. Pourquoi est-ce nécessaire de le mettre dans la loi
si c'est la pratique?
M. Bédard: Cela n'est pas officialisé.
M. Leduc (Saint-Laurent): II confie la garde, cela ne veut pas
dire qu'il administre le bureau d'enregistrement. Cela veut dire que le bureau
d'enregistrement fonctionne quand même, c'est évident. Il y a des
registrateurs et du personnel. On y travaille.
M. Marx: Donc, le ministre nous assure que les bureaux seront
ouverts même si la garde est confiée à un registrateur qui
n'a pas dans ce bureau...
M. Bédard: M. le Président, l'article dit ce qu'il
veut dire. Si j'avais à faire un débat sur la fermeture des
bureaux d'enregistrement, cela serait une autre sorte de débat. Tout ce
qui est demandé ici est de permettre qu'un autre registrateur puisse
assumer la direction de plus d'un bureau d'enregistrement. C'est tout.
M. Marx: La direction, donc...
M. Bédard: II n'y a rien à voir avec les
fermetures. On parle de travail à l'intérieur des bureaux
d'enregistrement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pourquoi avez-vous ajouté ce
paragraphe? En pratique, c'est ce qui existe. Y a-t-il une raison
particulière?
M. Bédard: C'est pour assurer une base juridique à
des situations qu'on essayait de corriger le mieux possible.
M. Marx: N'est-ce pas possible de confier la garde d'un bureau
d'enregistrement ou de deux bureaux d'enregistrement à un même
registrateur? Ne serait-ce pas possible
de le faire sur le plan administratif?
M. Bédard: L'article 21.82 du Code civil dit que les
registres servant d'enregistrement aux termes de l'article 21... Excusez-moi.
L'article 21.59: "Le ministre de la Justice nomme par un arrêté,
un registrateur chargé de la garde du bureau d'enregistrement." Cela
provient historiquement de l'ancien système où le registrateur
était à son compte et était responsable de son bureau.
Cela fut légalisé lorsque les registrateurs sont devenus à
salaire. On a gardé à peu près la même expression.
D'où à ce moment-là, il faut conclure que c'est la garde
d'un bureau et non pas de plus d'un bureau. Dans certains petits bureaux
où il n'y a qu'un registrateur et qu'un technicien, si le registrateur
est obligé de s'absenter, le technicien qui n'a pas la
compétence, on tombe devant un vide pour pouvoir assumer la
responsabilité judiciaire du registrateur.
Le Président (M. Paré): L'article 4 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
5?
M. Bédard: Cet article vise à autoriser un
registrateur à se départir de ses livres et de ses registres
devenus vétustes pour en faciliter le remplacement ou la
reconfection.
Le Président (M. Paré): L'article 5 est
adopté. Article 6?
M. Polak: Pas de problème. M. Bédard: Pas de
problème?
Le Président (M. Paré): L'article 6 est
adopté.
M. Marx: Un instant, l'article 6... Adopté.
Modifications à la Loi sur l'administration
financière
Le Président (M. Paré): L'article 6 est
adopté. Article 7?
M. Bédard: M. le Président, je vous fais remarquer
pour ceux qui lisent le journal des Débats, que si nous procédons
rapidement à l'adoption de plusieurs articles, cela n'est pas parce que
nous le faisons d'une façon mécanique, tant du côté
de l'Opposition que du côté gouvernemental, bien entendu. Mais, du
côté de l'Opposition cette année nous avons même fait
parvenir des notes expliquant le pourquoi de chacun des articles qui permettent
de se faire une idée avant les travaux de la commission. Même si
on améliore, vous ne comprenez pas plus.
Le Président (M. Paré): Article 7?
M. Bédard: L'article 7, cela permet de clarifier le
domaine d'application de l'article relativement à toute valeur
émise ou garantie par le Québec, quelle que soit leur appellation
usuelle.
Le Président (M. Paré): L'article 7 est-il
adopté?
M. Marx: Article 8.
Le Président (M. Paré): L'article 7 est
adopté. Article 8?
M. Bédard: Essentiellement, M. le Président, la
meilleure preuve d'un document est son original. La Loi sur la preuve
photographique de documents permet une exception à cette règle
moyennant certaines conditions en accordant une épreuve tirée
d'une pellicule photographique la valeur probante de l'original, sauf que dans
le cas du gouvernement, cet original doit avoir été
conservé au moins quinze ans avant de pouvoir être détruit.
Le nouvel article élimine ce délai en ce qui concerne les
documents en possession du ministère, il en est de même, mais avec
l'autorisation préalable du ministre pour les documents du
ministère confiés à des tiers, notamment les
chèques en consignation dans les banques. Cela représente une
épargne très importante.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 8 est
adopté. Article 9?
M. Bédard: C'est le même commentaire qu'à
l'article 7. Cela permet de clarifier le domaine d'application de l'article
relatif à toute valeur émise ou garantie par le
Québec.
M. Polak: J'aurais seulement un commentaire sur l'article 9 pour
démontrer que j'ai bien lu le texte. Le mot "émis" devrait
maintenant devenir le mot "émise", dans l'article 67 de la loi. Vos
jurisconsultes sont d'accord, M. le ministre.
Le Président (M. Paré): Merci pour l'information.
Article 9.
Des voix: C'est un amendement.
M. Polak: Merci, M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Bédard: Magnifique contribution!
Merci. Alors...
M. Marx: C'est difficile de faire une contribution plus
importante à cet article.
Le Président (M. Paré): Donc l'article 9 est
adopté? Article 10?
M. Bédard: À l'article 10, ce sont les mêmes
commentaires qu'à l'article 7, il s'agit simplement de
clarifications.
Le Président (M. Paré): L'article 10 est
adopté. Article 11?
M. Bédard: II s'agit d'une précision
apportée à l'interprétation reconnue du terme "rachat d'un
titre", laquelle est d'ailleurs déjà incluse dans l'article 63 de
la loi.
M. Marx: Le député de Vaudreuil-Soulanges a dit:
Pas de problème, adopté.
Le Président (M. Paré): Donc l'article 11 est
adopté.
M. Bédard: Sur ces sujets, on ne doit pas se fier aux
suggestions du député de D'Arcy McGee.
Modifications à la Loi
sur la Société de développement
industriel
Le Président (M. Paré): Article 12?
M. Bédard: Article 12, cette modification a pour objet
d'éviter que les trois représentants du gouvernement au conseil
d'administration de la société ne proviennent nommément
d'un ministère en particulier. Cela va?
Une voix: D'accord.
M. Bédard: Adopté, M. le Président.
Modifications à la Loi sur l'aide
sociale
Le Président (M. Paré): L'article 12 est
adopté. Article 13?
M. Bédard: C'est une modification de concordance qui est
destinée à préciser à qui une personne peut
s'adresser lorsque l'aide juridique, à titre de besoin spécial
d'aide sociale, doit refuser.
Le Président (M. Paré): L'article 13 est-il
adopté?
M. Marx: Le ministre va nous expliquer cet article. (0 h 15)
M. Bédard: C'est une modification qui découle de la
modification qu'on a apportée à la loi 71, Loi sur l'aide
juridique. Elle prévoyait que l'aide juridique pouvait être
fournie comme besoin spécial en vertu de la Loi sur l'aide sociale,
amendement qui avait été fait pour se conformer à la Loi
sur la langue.
M. Marx: Est-ce que c'était encore une autre correction de
la loi 67?
M. Bédard: Non, non.
M. Marx: Non, pas dans la loi 67, je m'excuse, M. le
Président. Dans la loi 71 plutôt, où on a modifié la
Loi sur l'aide juridique.
M. Bédard: C'est une amélioration. C'est qu'on
précise les choses à savoir que plutôt que de s'adresser au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
puis à la Commission des affaires sociales, le
bénéficiaire de l'aide juridique, à titre de besoin
spécial d'aide sociale, s'adressera au comité de révision
prévu aux articles 74 et suivants de la Loi sur l'aide juridique,
étant donné que c'est celui qui est le plus apte à juger
de ces questions. Donc, nous évitons des dérangements aux
contribuables qui, autrement, seraient obligés d'aller d'un bureau
à l'autre pour aboutir en fin de compte à l'aide juridique.
Adopté?
M. Marx: Un instant, M. le ministre. C'est-à-dire que
maintenant l'aide juridique est fournie comme besoin spécial en vertu de
la Loi sur l'aide sociale. C'est cela?
M. Bédard: II y avait un amendement nécessaire par
rapport à des sommes que nous voulons récupérer du
fédéral. Vous en rappelez-vous? Ce sont des suites normales.
M. Marx: D'accord.
Modifications à la Loi sur
l'assurance-maladie
Le Président (M. Paré): L'article 13 est
adopté. Article 14?
M. Bédard: L'article 13.1 était déjà
adopté.
Le Président (M. Paré): II était
déjà adopté.
M. Marx: L'article 13.3...
M. Bédard: Alors, cela découle des autres...
M. Polak: Bien oui, hier, nous avons vu cela avec M. Marois.
M. Bédard: Article 14, est-ce que cela va?
M. Marx: Article 14, qu'est-ce que c'est, M. le ministre?
M. Bédard: "Cet article a pour but d'éviter qu'une
personne qui a droit à l'aide sociale uniquement aux fins du besoin
spécial d'aide juridique ait également droit, par le fait des
articles 70, 71 et 71.1 de la Loi sur l'assurance-maladie, à des
médicaments gratuits, étant donné que ce privilège
n'a rien à voir avec le besoin d'aide juridique."
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Marx: Oui, il faut que cela soit dans les...
Modifications à la Loi sur les bureaux
d'enregistrement
Le Président (M. Paré): Article 15?
M. Bédard: "Cet article a pour but de permettre la
reconstitution d'un livre ou d'un registre perdu ou détruit et prescrit
certaines formalités essentielles à cet égard."
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Bédard: Adopté? Cela a pour but de permettre...
Peut-être que je peux le répéter pour le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: D'accord. M. Bédard: Cela va?
Le Président (M. Paré): Article 15 adopté.
Article 17?
M. Bédard: L'article 15.1 a déjà
été adopté. Article 16. Article 17?
Le Président (M. Paré): Oui, article 17? Il y a un
article 15.1? Oui, il y a un amendement qui consiste à insérer,
après l'article 15, le suivant: "15.1, l'article 33 de cette loi est
abrogé."
M. Bédard: C'est cela. Il s'agit d'une modification de
concordance avec l'article 4 du projet de loi qui modifie l'article 2159 du
Code civil, afin de permettre qu'un même registrateur puisse avoir la
garde de plus d'un bureau d'enregistrement.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 15.1
est adopté?
M. Bédard: C'est de concordance uniquement avec ce que
nous venons d'adopter.
M. Marx: Pour l'article 15.1, nous n'avons pas reçu
l'amendement.
M. Bédard: Bien oui.
M. Marx: Bien où est-il? On ne l'a pas reçu. J'ai
l'article 15 et l'article 16. Je n'ai pas l'article 15.1. Je ne l'ai pas, M. le
Président.
M. Bédard: Non, mais l'article...
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'on peut avoir des
copies s'il vous plaît?
M. Bédard: ... dit: "Tout registrateur doit résider
dans un rayon de cinq lieues de son bureau. Cette disposition s'applique
à tout registrateur adjoint." Comme tout à l'heure on a permis
qu'un registrateur puisse aller dans plus d'un bureau d'enregistrement,
à ce moment-là, il faut apporter la concordance
nécessaire. Il faut l'abroger.
M. Marx: Je ne m'y oppose pas. Mais comme maintenant j'ai
l'amendement, je l'accepte.
M. Polak: L'emploi chez nous.
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement de
l'article 15.1 est adopté. L'article 16 est déjà
adopté. Article 17?
Modifications au Code de procédure
civile
M. Bédard: L'article 16 est adopté. Article 17.
"Cet article a pour objet de porter de 6000 $ à 10 000 $ le montant
maximum de la juridiction de la Cour provinciale. Il ajoute également un
alinéa qui est le corollaire de l'actuel deuxième alinéa
de l'article 34."
M. Marx: Sur l'augmentation de 6000 $ à 10 000 $ pour la
juridiction de la Cour provinciale, nous sommes tout à fait d'accord
étant donné que nous avons proposé cela au mois de mai
1982.
M. Bédard: Vous l'avez évoqué mais je
l'avais évoqué un an avant que vous en parliez. Le seul
problème était de voir s'il n'y avait... C'est qu'il y a eu une
première augmentation... Enfin, on ne commencera pas un débat. Si
le député veut s'attribuer le mérite, il se l'attribuera.
Il n'y a rien là.
M. Marx: Non, non, non. Ce n'est pas le mérite du
député, c'est le mérite de l'Opposition.
M. Bédard: Ce n'est même pas de
l'Oppostion. En réalité c'est qu'avant même que vous
en disiez un mot en quelque endroit que ce soit; il y avait eu une
première augmentation et j'avais indiqué à ce
moment-là que pour une augmentation additionnelle nous
évaluerions jusqu'à quel point cela pouvait comporter un
problème constitutionnel. L'étude à été
faite...
M. Marx: Quelles étaient les conclusions de vos
évaluations?
M. Bédard: Nous ne voyons pas de problème.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Quelles étaient vos craintes?
M. Bédard: Qu'il y ait un problème et nous avons
fait les études nécessaires. C'est tout.
M. Polak: Quelle sorte de problème?
M. Bédard: Je viens de vous le dire, constitutionnel.
M. Polak: Constitutionnel, qu'on donne trop de juridiction
à la Cour provinciale, le cas échéant.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Sainte-Anne...
M. Bédard: Vous répétez ce que j'ai
déjà dit dans le temps.
M. Polak: Une question additionnelle là-dessus. Est-ce que
le ministre est prêt à produire l'avis juridique qu'il a
reçu là-dessus sur le plan constitutionnel? Avez-vous une opinion
légale d'une firme d'avocats de l'extérieur ou si cela vient du
contentieux du ministère?
M. Bédard: J'ai eu l'avis de mes conseillers juridiques et
je n'ai pas l'intention de le produire.
M. Polak: De chez vous mais non pas d'une firme de
l'extérieur.
M. Marx: Depuis que cela a été augmenté
à 6000 $ en avril 1983, l'inflation serait d'environ 4000 $.
M. Bédard: Cela tient compte de l'inflation, tout
simplement.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Paré): Article 18?
M. Bédard: Article 18. Il s'agit d'une modification
destinée à faciliter les preuves hors cour et qui confirment une
pratique existante et généralisée.
M. Marx: Un instant.
M. Bédard: Cela a été discuté avec le
barreau. Le barreau était d'accord. De même que cela a
été discuté avec la Cour supérieure.
M. Polak: II faut faire la preuve en dehors...
M. Bédard: Pour faciliter...
M. Polak: Pas directement devant les juges.
M. Bédard: Pour faciliter les preuves hors cour. L'article
19, M. le Président...
Le Président (M. Paré): L'article 18 est
adopté. Article 19?
M. Bédard: II y a un amendement. Non, non, il n'y a pas
d'amendement. Ah oui, un amendement dans le but de remplacer dans le paragraphe
deuxième de l'article 19 le mot "quatrième" par le mot
"deuxième". Il s'agit d'une modification de concordance avec la loi
fédérale sur la saisie-arrêt et la distraction de pensions
qui prévoit que les salaires des fonctionnaires fédéraux
seront désormais saisissables.
M. Polak: Vous allez perdre le vote militaire.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bédard: Est-ce que vous croyez que c'est
équitable comme mesure?
M. Marx: Oui. M. Bédard: Merci.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté? L'amendement est adopté. Est-ce que l'article 19
amendé est adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. L'article 20
a déjà été adopté. Nous sommes donc rendus
à l'article 21.
M. Bédard: Cet article est supprimé. La
modification avait pour but de corriger une erreur de traduction dans le texte
anglais de
l'article 61 de cette loi. Or, l'article a été
abrogé. Il n'y a plus de correction à faire.
Le Président (M. Paré): L'article 21 est
supprimé. Article 22?
M. Bédard: II est supprimé également, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): L'article 22 est
supprimé.
M. Bédard: Pour les mêmes raisons. Une voix:
...
M. Polak: Excusez-moi. Je commence à devenir un peu
fatigué. Quelle est la raison pour le retirer? J'avais compris que
c'était simplement une traduction.
M. Bédard: C'était pour faire une correction du
texte anglais dans un article qui, par la suite, a été
abrogé. Donc, on n'a pas...
M. Polak: Ah bon! D'accord.
M. Marx: Cela a été abrogé dans le projet de
loi omnibus qui est actuellement devant la Chambre.
M. Bédard: Dans le projet de loi omnibus des Affaires
municipales.
M. Marx: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 23?
M. Bédard: Comme vous pouvez le voir, on fait tous les
efforts pour améliorer la version anglaise.
M. Marx: Ce n'est pas le ministre qui est en faute.
Modifications à la Loi sur la consultation
populaire
Le Président (M. Paré): Article 23? À
l'article 23, il y a aussi un amendement.
M. Bédard: C'est cela.
Une voix: Non, on n'en tient pas compte.
Le Président (M. Paré): Vous n'en tenez pas
compte.
M. Bédard: L'article tel que rédigé. Cette
modification est de nature technique; elle corrige une erreur qui s'est
glissée lors de l'impression du texte de l'article 119.
M. Marx: Je vois que le ministre fait tout pour corriger la
version française et aussi la version anglaise.
M. Bédard: Je pense qu'on est d'accord de part et
d'autre.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Paré): L'article 23 est
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 24?
M. Bédard: L'article 24, c'est la même chose, M. le
Président, sauf que nous avons...
Une voix: II y a un amendement.
M. Bédard: II y a un amendement indiquant d'ajouter,
à la fin de l'article 24: "et, dans la quatrième ligne, des mots
"official agent"."
M. Marx: Un instant!
Le Président (M. Paré): Cela veut dire que cela
n'est pas bon. C'est cela qui est bon.
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Paré): L'amendement à
l'article 24, c'est l'addition à la fin de ce qui suit: "et, dans la
quatrième ligne, des mots "official agent". Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Marx: "Official agent".
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
l'article 24 tel qu'amendé est adopté?
M. Bédard: Adopté.
Modifications à la Loi sur la division
territoriale
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
25?
M. Bédard: II s'agit d'une modification de concordance
avec l'article 26 qui crée un nouveau district judiciaire.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 25 est
adopté? Adopté. Article 26?
M. Bédard: L'article 26 crée le district judiciaire
d'Alma et modifie en conséquence le territoire du district de
Roberval.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 26 est
adopté.
M. Polak: On vous félicite au nom des libéraux
d'Alma.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je n'ai pas dit
"adopté". Est-ce qu'on a le droit de corriger les fautes qui sont
à l'article 26?
M. Bédard: Ah oui!
Le Président (M. Paré): Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À la page 11 du projet
de loi...
M. Bédard: Tout le monde a le droit de se faire
plaisir.
Une voix: II n'est pas intervenant vu qu'il n'est pas membre.
M. Bédard: Peut-être que le député de
Vaudreuil-Soulanges...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... le long paragraphe, dix
lignes avant la fin, il y a une coquille.
Une voix: Ah non!
M. Marx: C'est quoi l'erreur?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): "rans". À moins que ce
soit la nouvelle façon d'épeler "rang", dix lignes avant la fin
du long paragraphe.
Le Président (M. Paré): Vous avez tout à
fait raison. À la page 11, le premier paragraphe, dix lignes avant la
fin, c'est "rangs".
M. Polak: C'est aussi brillant que la mienne de tout à
l'heure.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Paré): Consentement pour la
correction.
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 26 est
adopté. Les articles 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39,
40, 41, 42, 43, 44, 45, 46 et 47 sont adoptés. Article 48?
Une voix: Là-dedans, il y a l'article 27.1.
Le Président (M. Paré): Je m'excuse. (0 h 30)
M. Bédard: II y a 27.1, M. le Président.
Pour terminer, vous dites: Adopté jusqu'à...
Le Président (M. Paré): Ce serait adopté
jusqu'à 47 inclusivement. On sera rendu à l'article 48.
Modifications à la Loi
sur les heures d'affaires
des établissements commerciaux
M. Bédard: II y aurait à ajouter 27.1. C'est
très important pour certains établissements commerciaux, entre
autres, nos libraires. Je pense que tout le monde était d'accord.
M. Marx: Est-ce que l'article 27.1 est adopté?
M. Bédard: Non. Nous allons l'adopter.
Le Président (M. Paré): II s'agirait
d'insérer, après l'article 27, le titre et l'article suivant: Loi
sur les heures d'affaires des établissements commerciaux. 27.1 L'article
5 de la Loi sur les heures d'affaires des établissements commerciaux
(LRQ, chapitre H-2) est modifié: 1° par le remplacement du
paragraphe a du premier alinéa par le suivant: a) de journaux, de
périodiques ou de livres; 2° par l'insertion, dans la
troisième ligne du deuxième alinéa, après le mot
"périodiques", du mot "livres".
M. Marx: Cela veut dire que le Palais du livre sera ouvert
à Montréal le dimanche.
M. Bédard: Cette modification permettra aux libraires
d'être exemptés de l'application de la Loi sur les heures
d'affaires des établissements commerciaux. Le but poursuivi est de
tenter d'ajuster les heures d'ouverture des libraires à celles des
loisirs habituellement accordés aux travailleurs, étant
donné que l'achat de livres s'effectue différemment de la plupart
des produits de consommation courante. Le choix d'un livre demande en effet un
certain temps et doit être soumis à un minimum de contraintes.
L'Association des libraires et le ministre des Affaires culturelles se
sont montrés tout à fait d'accord.
M. Polak: Les libéraux aussi l'ont
réclamé.
M. Bédard: Je pourrais ajouter, pour l'information de nos
concitoyens, que les libéraux sont d'accord aussi avec cette initiative
heureuse du gouvernement.
M. Marx: Après beaucoup de pressions, je vois que le
gouvernement s'est penché sur cette question.
M. Bédard: II n'y a pas eu de pressions de l'Opposition
là-dedans.
M. Marx: Est-ce que le gouvernement a l'intention de changer les
heures d'affaires d'autres établissements commerciaux? Est-ce qu'on
étudie cette question?
M. Bédard: Je pense que le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme serait mieux placé pour répondre à
la question. Comme je le connais, il doit sûrement
réfléchir sur les possibilités d'améliorer d'autres
aspects.
M. Marx: Cela ne relève pas de la compétence du
ministre de la Justice, c'est plutôt de celle du ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme. C'est cela?
M. Bédard: Nous travaillons toujours en collaboration.
M. Marx: Je l'espère.
M. Bédard: Merci. L'article 28.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 27.1 est
adopté?
M. Bédard: C'est cela.
Modifications à la Loi
sur le ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche
Le Président (M. Paré): On serait rendu à
l'article 48.
M. Bédard: Cette modification vise à
transférer la responsabilité de l'agrément des colonies de
vacances du ministère des Affaires sociales au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Marx: On en a déjà discuté dans un autre
article. C'est cela?
Le Président (M. Paré): Cela a été
adopté.
M. Bédard: Voilà.
M. Polak: Quand est-ce que cela a été
adopté?
M. Bédard: Non, cela a été
discuté.
Le Président (M. Paré): On l'adopte
présentement.
M. Bédard: On l'adopte.
M. Marx: On l'adopte maintenant, mais, quand le ministre des
Affaires sociales était ici, on a discuté de la portée de
cet article-là.
M. Bédard: Exact.
M. Polak: Je voudrais juste faire un commentaire
là-dessus. Dans le texte, on dit: "aux conditions
déterminées par le gouvernement". Cela veut dire, en d'autres
termes, par règlement. C'est toujours le même problème, on
a un beau principe sur les colonies de vacances et, ensuite, on ne sait plus de
quoi il s'agit. J'aurais préféré que cela fasse partie
d'une loi spécialement là-dessus et qu'on ait l'occasion d'en
discuter. C'est important, il y a beaucoup de principes là-dedans.
Là, on nous donne un petit bonbon et, ensuite, on n'a rien à dire
au sujet de la réglementation.
M. Bédard: ... au député de Sainte-Anne que
ce n'était pas important. C'était d'autant plus important que
nous légiférons justement en conséquence. Je crois que
c'est un domaine où c'est par la réglementation... Il y a des
situations qui peuvent changer régulièrement. On n'en est quand
même pas rendu, lorsque des situations changent, à devoir
procéder à l'amendement des lois. On peut souhaiter qu'il y ait
le moins de règlements possible...
M. Polak: C'est cela.
M. Bédard: ... tout en étant conscient qu'il en
faut.
M. Polak: Mais ici, on trouve très peu de choses. Comme
tout le système sera basé sur ce petit article, on aurait pu
détailler plus que cela.
M. Bédard: Ce sera au ministre de lui donner de la
consistance. D'accord?
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 48 est
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Modification à la Loi sur la
Législature
Le Président (M. Paré): Si l'article 48 est
adopté, j'aimerais qu'on revienne à l'article 42.1.
Insérer, après l'article 42, les titre et article suivants: "Loi
sur la Législature. "42.1. L'article 85 de la Loi sur la
Législature (LRQ, chapitre L-l) est modifié par l'insertion,
après la septième ligne du deuxième alinéa, de ce
qui suit: "d'un leader parlementaire adjoint du gouvernement qui n'est pas
membre du Conseil exécutif, d'un leader parlementaire adjoint du parti
de l'Opposition officielle,"
"Le premier alinéa a effet depuis le 4 mars 1982."
M. Bédard: C'est un article de concordance avec certains
amendements que nous avions apportés à la Loi sur la
Législature.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 42.1 est
adopté.
M. Marx: Si je comprends bien, c'est avec le consentement des
deux leaders, celui du gouvernement et celui de l'Opposition.
M. Bédard: C'est exact. C'est une concordance
nécessaire.
Le Président (M. Paré): Article 42.1,
adopté. Les articles 49, 50, 51, 52, 53, 54...
M. Bédard: C'est une concordance qui aurait dû
être faite à ce moment-là, ce qui explique qu'elle
s'applique à partir de ce moment.
Modifications à la Loi sur les poursuites
sommaires
Le Président (M. Paré): ... 55 et 56 sont
adoptés. Nous sommes rendus à l'article 57.
M. Polak: Excusez-moi. À l'article 55, n'est-ce pas
là qu'on a dit qu'on verra cela plus tard?
M. Bédard: Non. Lorsque nous serons rendus à
l'article 85, selon l'amendement que nous apporterons à l'article 85,
nous verrons s'il y a lieu ou non...
M. Polak: De rouvrir l'article 55 ou de l'insérer à
l'article 85.
M. Bédard: Nous fermerons l'article 55 qui est
demeuré ouvert et nous ajusterons selon l'amendement apporté
à l'article 85.
M. Polak: D'accord.
M. Bédard: S'il n'y a pas d'autres remarques, les articles
55.1 et 55.2 sont adoptés.
Le Président (M. Paré): Les articles 55.1 et 55.2
avaient été adoptés sous réserve.
M. Bédard: Ils avaient été adoptés
sous réserve d'autres commentaires. Comme il n'y a pas d'autres
commentaires, nous allons les adopter définitivement.
M. Marx: Parfait.
Le Président (M. Paré): L'article 56 est
adopté; donc, nous sommes rendus à l'article 57.
M. Bédard: II s'agit d'une modification de concordance qui
a pour but de corriger une imprécision étant donné que la
durée des travaux compensatoires se calcule en unités et non pas
en jours.
Le Président (M. Paré): L'article 57 est-il
adopté? Article 58.
Une voix: Non.
Le Président (M. Paré): Excusez.
M. Bédard: Nous apportons un amendement à 57.1.
J'ai informé le député de D'Arcy McGee du contenu; c'est
une concordance nécessaire par rapport à la loi 67, dans le cas
où une personne refuse ou néglige de faire les travaux
compensatoires prévus dans la loi 67 devant tenir lieu de sentence pour
éviter l'emprisonnement. Si cette personne refuse ou néglige de
faire lesdits travaux, il est évident qu'il faut un moyen qui permette
qu'un mandat d'emprisonnement soit émis pour que la sentence soit
satisfaite.
M. Polak: Avant qu'un tel mandat soit exécuté,
a-t-il toujours le droit de payer l'amende?
M. Bédard: Oui. M. Polak: Toujours. M.
Bédard: Toujours.
M. Polak: Pas besoin de faire de changement.
M. Bédard: Ce n'est pas nécessaire. Je voudrais
proposer le texte suivant: "57.1. L'article 64.2 de cette loi,
édicté par l'article 9 du chapitre 32 des lois de 1989, est
modifié par l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant: "Si
le défendeur refuse ou néglige de faire les travaux
compensatoires auxquels il s'est engagé, un juge de paix, sur demande
verbale et ex parte, peut délivrer un nouveau mandat d'emprisonnement et
les articles 63.13 à 63.19 s'appliquent."
M. Marx: Supposons qu'il refuse ou néglige de faire les
travaux compensatoires auxquels il s'est engagé et qu'un juge de paix
émet un mandat d'emprisonnement, est-ce que cette personne pourrait
s'engager à faire une autre fois des travaux compensatoires ou si elle
va purger...
M. Bédard: Assurément, à ce moment,
le mandat serait...
M. Marx: Exécutoire.
M. Bédard: ... exécuté, à moins qu'il
n'y ait paiement de l'amende.
M. Marx: Supposons qu'elle néglige de faire les travaux
compensatoires pour des raisons valables. Elle est malade, elle a manqué
l'autobus, vous comprenez, je ne veux pas qu'on soit trop dur pour la personne
qui néglige pour des raisons valables, disons, de bonne foi.
M. Bédard: En fait, s'il y a des raisons valables, il n'y
a pas négligence. C'est qu'il y a impossibilité de le faire pour
des raisons très précises. L'officier de justice en tient compte
et donne les délais nécessaires avant. C'est juste lorsqu'il y a
refus ou encore vraiment négligence de faire les travaux. Je comprends
les craintes du député de D'Arcy McGee. Cela ne pose pas de
problème. Je pense qu'on ne peut pas répéter
indéfiniment le processus parce que cela serait trop facile pour une
personne de faire en sorte que de mandat d'emprisonnement en mandat
d'emprisonnement elle ne satisfasse jamais à la sentence qui a
été rendue.
Le Président (M. Paré): Article 57.1,
adopté. Article 58?
M. Bédard: L'article 58 est une modification de
concordance qui vise à corriger une imprécision qui pourrait
laisser croire que le paragraphe 2 de l'annexe A ne s'applique qu'à
l'égard de la détention alors qu'il doit s'appliquer
également au travail compensatoire.
M. Marx: Assister à une commission parlementaire, est-ce
que ce serait considéré comme des travaux compensatoires?
M. Bédard: Passé minuit, sûrement.
Modification à la Loi sur les pouvoirs
spéciaux des corporations
Le Président (M. Paré): Article 58, adopté.
Article 59?
M. Bédard: L'article 59, c'est une modification purement
technique concernant la transcription.
Le Président (M. Paré): Article 59, adopté.
Les articles 60 et 61 étaient déjà adoptés. Article
62?
Loi sur la qualification professionnelle des
entrepreneurs en construction
M. Bédard: Articles 60 et 61, adoptés.
Article 62. Cette modification vise à soustraire la Régie
des entreprises en construction du Québec de l'obligation de publier
chaque année la liste des titulaires de licences dans la Gazette
officielle du Québec, ce qui fera économiser environ 27 000 $ par
année au trésor public. De toute façon, elle ne sert
pas.
Loi sur la Régie des installations
olympiques
Le Président (M. Paré): Article 62, adopté.
Article 63?
M. Bédard: C'est une modification purement technique
visant à corriger une omission dans l'article 16.1 où le titre du
ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement n'est pas complet.
Loi sur la Régie du logement
Le Président (M. Paré): Article 63, adopté.
Article 64?
M. Bédard: Article 64, modification de concordance
également.
M. Marx: Ce n'est pas une question de concordance, à
l'article 64.
M. Bédard: Oui. Compte tenu des modifications qui suivent
et qui ont trait aux pouvoirs du greffier spécial de la Régie du
logement. Disons que ce n'est peut-être pas visible au moment où
on l'adopte, mais cela va se voir avec les articles qui vont suivre.
M. Marx: C'est l'article 64? (0 h 45)
M. Bédard: Cela va pour l'article 64?
M. Marx: Qu'est-ce qu'on fait ici? On est en train de modifier
les pouvoirs du greffier spécial? C'est cela?
M. Bédard: C'est cela. On ajoute un pouvoir.
M. Marx: C'est cela. On modifie ses...
M. Bédard: C'est pour cette raison que je vous dis que
c'est de concordance, en fait...
M. Marx: Quel est le pouvoir qu'on va ajouter?
M. Bédard: C'est celui qui est prévu à
l'article 65. C'est pour cette raison que je vous dis que c'est de
concordance.
M. Marx: D'accord. M. Bédard: D'accord?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Paré): L'article 64 est
adopté. Article 65?
M. Bédard: L'article 65, justement, a pour but d'accorder
au greffier spécial le pouvoir de décider des demandes ayant pour
objet la fixation du loyer et la modification d'une condition du bail
introduite en vertu de l'article 1658.6 du Code civil.
M. Marx: C'est-à-dire qu'on va permettre aux greffiers
spéciaux d'agir comme régisseurs. C'est cela?
M. Bédard: C'est cela, étant donné
l'accumulation, comme on le sait, imposante...
M. Marx: À la Régie du logement.
M. Bédard: ... à la Régie du logement...
M. Marx: Et ces greffiers spéciaux sont des avocats, si je
comprends bien.
M. Bédard: Oui, c'est le cas.
M. Marx: Tout régisseur est aussi avocat.
M. Bédard: Oui, c'est le cas. D'accord? Le
Président (M. Paré): L'article...
M. Polak: Je trouve qu'il est très important que cette
personne soit un avocat ou ait au moins un bon entraînement
juridique.
M. Bédard: Oui.
M. Polak: N'y a-t-il pas une possibilité qu'à un
moment donné, on ait trop de personnes à la fonction publique ou
ailleurs et qu'on dise: On va les envoyer à cette régie, et ces
gens n'ont pas d'entraînement juridique. Donc, si...
M. Bédard: Ce sont les conseillers juridiques qui sont
nommés automatiquement greffiers spéciaux.
M. Polak: Ne peut-on pas prendre quelqu'un en dehors de la
fonction publique et lui dire: Vous allez agir maintenant comme
régisseur, même s'il n'est pas avocat?
M. Bédard: Non, non, on n'en a pas besoin à l'heure
actuelle, pour le moment. On enrichit, autrement dit, la tâche, si je
peux employer cette expression, du greffier spécial. On trouve le moyen
de faire plus avec les mêmes personnes.
M. Polak: Je suis d'accord sur cela, à condition que cette
personne ait toujours une compétence juridique, que cela ne devienne pas
quelqu'un qui a travaillé...
M. Bédard: Comme vous dites, qu'elle soit un avocat ou
qu'elle ait des connaissances juridiques qui...
M. Polak: Ou même des notaires... Ils sont partis.
Le Président (M. Paré): L'article 65 est-il
adopté? Adopté. Article 66?
M. Bédard: À l'article 66, il y a une modification
de concordance compte tenu des nouveaux pouvoirs qu'on vient de donner au
greffier spécial.
Le Président (M. Paré): L'article 66 est
adopté. Article 67?
M. Bédard: C'est la même chose pour l'article 67, M.
le Président.
Loi sur la santé et la sécurité
du travail
Le Président (M. Paré): L'article 67 est
adopté. Article 68?
M. Bédard: C'est une modification de nature technique. Les
mots "les dangers pour la santé et la sécurité des
travailleurs" n'apparaissent pas dans le texte anglais du premier paragraphe de
l'article 23. Ils y apparaîtront désormais.
Je comprends que l'article 69 est adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 68 est
adopté. Les articles 69, 70, 71 et 72 sont déjà
adoptés.
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Paré): On est rendu à
l'article 73. Il y a une chose que je voudrais vérifier.
M. Bédard: On va aller au bout. Il nous restera l'article,
les conventions...
Loi sur les travaux publics
Le Président (M. Paré): Avant de passer à
l'article 73, il y aurait un article 72.1 qui consiste à insérer,
après l'article 72 et le titre "Loi sur les travaux publics", l'article
suivant: "72.1. L'article 8 de la Loi sur les travaux publics (L.R.Q., chapitre
T-15) est modifié par le remplacement, dans la troisième ligne du
premier alinéa, du nombre 65 000 par le nombre 100 000". Est-ce
que...
M. Bédard: D'accord? Cela tient compte de l'inflation.
Le Président (M. Paré): L'article 72.1 est-il
adopté?
M. Bédard: C'est tout simplement une augmentation du
montant qui tient compte de l'inflation.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quelle sorte de montant?
M. Bédard: De 65 000 $, il est porté à 100
000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À l'égard de
quoi?
M. Bédard: Cela vise à augmenter le montant minimum
du coût estimatif des travaux faits à l'entreprise qui devront
faire l'objet d'une soumission par annonce publique. C'est normal qu'il y a ait
une indexation.
M. Polak: On a vu, avec le ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement, tous les engagements financiers là-dessus. Est-ce
qu'il y a un règlement là-dessus?
M. Bédard: C'est pour cela que c'est nécessaire.
Est-ce que cela va?
Le Président (M. Paré): L'article 72.1 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté.
M. Polak: Quand c'est adopté, c'est moi qui suis
responsable. Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
73.
M. Bédard: Cette modification a pour but de donner au
ministre des Travaux Publics et de l'Approvisionnement le pouvoir
d'acquérir des immeubles grevés d'un droit réel
affecté à l'acquittement d'une obligation qui est due au
gouvernement.
Le Président (M. Paré): Article 73. M. Marx:
Qu'est-ce qui amène cette... Une voix: Les Travaux publics.
M. Bédard: Les Travaux publics.
M. Tremblay (Gilles): Si vous me permettez, Gilles Tremblay, des
Travaux publics...
M. Bédard: Cela va.
M. Tremblay (Gilles): ... je peux peut-être...
M. Marx: Oui, s'il vous plaît.
M. Tremblay (Gilles): ... à la suite de votre question. En
fait, actuellement, il n'y a aucun texte qui confirme le droit de la couronne
de se porter enchérisseur, par exemple, lors d'une vente à
l'enchère. Dans les faits, il pourrait se produire que ce soit utile
pour la couronne de faire monter le prix de vente d'un immeuble pour pouvoir
réaliser la créance du ministre du Revenu. C'est dans ce contexte
seulement que l'article est présenté.
M. Polak: ... et pour payer l'électricité, n'est-ce
pas?
M. Tremblay (Gilles): C'est une confirmation, notamment.
Une voix: Est-ce que la loi est sanctionnée?
Le Président (M. Paré): Je vous inviterais s'il
vous plaît à vous nommer pour l'enregistrement.
M. Tremblay (Gilles): Gilles Tremblay. Je l'avais fait, je
m'excuse.
Le Président (M. Paré): Merci, monsieur
Tremblay.
M. Bédard: Merci, M. Tremblay.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 73 est
adopté?
M. Marx: Oui.
Loi sur les tribunaux judiciaires Le Président (M.
Paré): Article 74? M. Marx: Voilà.
M. Bédard: L'article 74 a pour objet de délimiter
l'obligation faite au protonotaire ou au greffier d'un tribunal de mettre
à la disposition d'un juge, lors d'une audience, un
huissier-audiencier.
M. Marx: M. le Président, j'ai eu l'occasion de lire un
arrêt de la Cour d'appel du Québec où le juge Bisson a
écrit: "Le législateur prévoit la présence
d'auxiliaires des juges afin d'assurer l'ordre à l'audience et de temps
immémorial le huissier-audiencier a joué ce rôle." Cet
auxiliaire fait tellement partie de l'administration de la justice qu'on ne
saurait le supprimer ou en
réduire les services par une directive administrative. L'absence
de dispositions sur le statut de huissier, lors de la réfonte des
règles de la Cour supérieure, en 1966 et 1974, n'a pas pour effet
de les rendre moins nécessaires. L'ordonnance était
légitime et nécessaire et elle s'inscrit dans le cadre des
pouvoirs généraux des juges."
Il y a un autre juge, M. le juge Jacques, qui est d'accord avec le juge
Bisson et il y a aussi un juge dissident, c'est l'arrêt Shatilla c.
Shatilla. Si je comprends bien l'amendement que le ministre apporte, c'est
qu'il veut contourner les faits de ce jugement pour qu'il ne soit pas
nécessaire de fournir un huissier-audiencier à chaque juge.
M. Bédard: Je ne mets pas en cause le bien-fondé du
jugement avec le libellé de la loi, telle qu'elle était.
Maintenant, effectivement, s'il fallait donner suite à ce jugement, cela
voudrait dire 38 postes additionnels qu'il nous faudrait avoir. C'est pour cela
que nous faisons la modification qui nous permettra de donner suite à la
politique que nous avions mise en place et qui, j'en suis convaincu, correspond
quand même à une saine administration de la justice qui doit, en
même temps, tenir compte des coûts que peut représenter
l'administration de la justice.
M. Marx: J'ai oublié de mentionner que c'était un
jugement de cette année, 1982. Est-ce que le ministre a discuté
de cette modification avec les juges en chef des différentes cours?
Est-ce que les juges en chef sont d'accord avec cette modification?
M. Bédard: II y a eu des discussions. Maintenant, je ne
peux pas évoquer l'accord.
M. Marx: Ils n'étaient pas d'accord. M. Bédard:
C'est-à-dire...
M. Polak: C'est un peu comme à Kativik, n'est-ce pas.
M. Bédard: Ce qu'on me dit, c'est que par le comité
de support, ils ont été informés de la
décision.
M. Marx: Ils ont été informés de la
décision, mais ils n'étaient pas nécessairement d'accord.
Si je comprends bien la réponse du ministre...
M. Bédard: Je suis en mesure de dire qu'il n'y a pas eu
d'enthousiasme.
M. Marx: Ils étaient en désaccord avec...
M. Bédard: Vous êtes capable de comprendre. On a
chacun notre manière de s'exprimer.
M. Marx: Je veux que cela soit clair au journal des
Débats: les juges ou les juges en chef n'étaient pas
d'accord.
M. Bédard: M. le député de D'Arcy McGee a
employé les expressions qu'il fallait.
M. Marx: Le ministre ne pense-t-il pas que cela serait utile?
M. Bédard: Dans un contexte comme celui qu'on a à
passer, je ne pense pas que cela serait utile, toujours en ayant présent
à l'esprit l'objectif d'une saine administration de la justice, tout le
monde doit faire sa part. Je crois que cette mesure ne sera en rien
préjudiciable au service concernant l'administration de la justice.
M. Marx: Si tout le monde doit faire sa part, pourquoi pas les
députés?
M. Bédard: D'accord.
M. Marx: C'est cela le débat autour de la loi no 110.
M. Bédard: Non, je pense...
M. Marx: On va augmenter les salaires des députés.
Si tout le monde doit faire sa part...
M. Bédard: Arrêtez donc! Ne faites pas la même
erreur que d'autres ont faite avant vous.
M. Marx: Qui l'a faite avant nous?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Nommez-les.
M. Bédard: Cela a été une démagogie
trop facile.
Le Président (M. Paré): Je voudrais seulement
rappeler que cette loi doit être discutée dans une autre
commission.
M. Bédard: Je peux vous dire que je suis très
heureux, dès que j'ai pris la responsabilité du ministère
de la Justice, d'avoir proposé des amendements à la Loi sur les
tribunaux judiciaires concernant le salaire des juges parce que cela nous
évite d'avoir des débats que vous connaissez et qui ne sont pas
toujours très justes...
M. Marx: Cela n'est pas pertinent.
M. Bédard: ... à l'égard des personnes qui
ont à assumer de lourdes responsabilités.
M. Marx: Le ministre ne pense-t-il pas que cela serait utile pour
les juges d'avoir un mot à dire dans l'administration des palais de
justice?...
M. Bédard: Oui, c'est évident...
M. Marx: Un instant, M. le ministre.
M. Bédard: II y a beaucoup de collaboration... Ah! vous
voulez terminer.
M. Marx: II ne faut pas m'interrompre à chaque mot. Je
pense qu'un des problèmes dans les palais de justice - vous pourrez me
corriger le cas échéant - c'est peut-être que les juges
n'ont pas assez à dire dans l'administration des palais de justice. On
peut penser à d'autres juridictions, par exemple, aux États-Unis
où ce sont les juges qui décident comment le palais de justice
sera administré. Ici, si un juge veut un crayon ou un stylo à
bille de plus, il doit faire une demande et ainsi de suite. Les juges n'ont pas
vraiment le contrôle de ce qui se fait au palais de justice,
c'est-à-dire qu'on ne peut pas les blâmer quand cela marche mal.
Cela marche mal dans beaucoup de palais de justice.
M. Bédard: Je peux dire qu'il y a des échanges
continuels entre les juges et les juges en chef au niveau du comité
tripartite, justice, barreau, magistrature, également au niveau du
comité de support aux tribunaux. Il est évident que nous pouvons
compter dans la plupart des cas sur la collaboration des juges pour les
suggestions à apporter et pour l'amélioration. Comme le dit le
député de D'Arcy McGee, il est vrai qu'il y a des
problèmes dans les palais de justice et il y en aura toujours parce
qu'il y a toujours des problèmes qui se posent auxquels on doit apporter
des solutions. Cela se fait en collaboration.
M. Marx: Le ministre a-t-il déjà fait des
études pour voir ce que cela donnerait de mettre l'administration des
palais de justice dans les mains des juges?
M. Bédard: C'est une discussion que nous avons
actuellement au comité de support aux tribunaux.
M. Marx: Est-ce à dire qu'il est possible que le ministre
donne le pouvoir d'administrer les palais de justice aux juges d'ici quelque
temps?
M. Bédard: Je ne m'avancerai pas davantage. C'est un sujet
qui fait l'objet d'analyse au comité de support aux tribunaux.
M. Marx: Y a-t-il des documents déjà
rédigés? (1 heure)
M. Bédard: Je vous ai donné ma réponse.
M. Marx: S'il y a des études, j'aimerais les voir, le cas
échéant.
M. Bédard: Je vous dis que cela fait l'objet de
discussions. Déjà, il y a eu le rapport Deschênes qui
...
M. Marx: Ce sont des discussions à partir de ...
M. Bédard: ... a été proposé et,
avant même qu'il y ait le rapport Deschênes, nous avions introduit
ce sujet de discussion au niveau du comité de soutien des tribunaux.
M. Marx: Comment le ministre voit-il tout cela? Est-ce qu'il est
plutôt favorable ou est-ce que...
M. Bédard: Je ne me prononce pas, d'ordinaire, avant
qu'une étude soit terminée. On verra. Je pense que c'est
l'attitude la plus responsable.
M. Marx: Est-ce que le ministre favorise plutôt le rapport
Deschênes? Est-ce qu'il s'est déjà prononcé sur le
rapport Deschênes?
M. Bédard: M. le Président, conformément
à mon habitude, je préfère conclure une fois qu'on a tous
les éléments en main plutôt que d'en discuter d'une
façon...
M. Marx: Je trouve malheureux, dans le cas qu'on discute
maintenant, celui des huissiers-audienciers, qu'il n'y ait pas entente entre le
ministère et les juges sur cette question, parce que je peux dire tout
de suite au ministre que plusieurs juges ne sont pas tellement heureux de cette
décision, l'imposition d'une telle règle dans les palais de
justice.
M. Bédard: Je crois que vous avez raison de dire cela.
Nous en sommes conscients, de même que nous sommes confiants que ceci
n'empêchera pas la continuation de la collaboration qu'on sait
nécessaire pour une meilleure administration de la justice à des
coûts les moins élevés possible.
M. Polak: J'ai seulement une petite question sur ce sujet: Est-ce
que, dans la fonction publique, il n'y aurait pas des personnes disponibles -
de toute façon, l'État doit les payer, parce qu'elles ont la
sécurité d'emploi - pour occuper de tels emplois? Je ne veux pas
dire qu'il faut envoyer 32
"tablettes" pour devenir des huissiers-audienciers. Par exemple, au
ministère du Revenu, on a pris tout de même une centaine de
personnes qui travaillent, certaines tâches leur sont confiées. Je
comprends très bien l'idée de la compression budgétaire,
je suis pour cela, mais, avant d'abolir graduellement ce poste, qu'il n'y ait
plus de huissiers-audienciers, aussi longtemps qu'il y a du personnel quelque
part dans la fonction publique, sur le territoire où est situé un
palais de justice. Est-ce qu'on ne pourrait pas se servir de ces personnes?
D'un côté, on aide les juges et, d'un autre côté, on
fait travailler ceux que l'État paie de toute façon.
M. Bédard: Je vois que le député de
Sainte-Anne y va de suggestions intéressantes.
M. Marx: Dans ce cas, on peut suspendre l'adoption de cet article
et y revenir dans le prochain projet de loi omnibus, au printemps.
Une voix: ... l'a accepté.
M. Marx: Peut-être pourrait-on suspendre ou ne pas adopter
cet article et voir, plus tard, d'ici au printemps... Non, mais je suis
très sérieux, M. le ministre.
M. Bédard: Moi aussi, je suis très sérieux
et je considère - mon idée est claire et a été dite
à qui de droit, ce n'est pas la fin du monde quand on n'est pas
d'accord, même quand on essaie de collaborer, je crois, je vous l'ai dit
tout à l'heure - avec toute la déférence que j'ai pour les
juges et pour le travail important qu'ils font, qu'il est possible de donner
suite à ce que représente, en fait, l'adoption de cet article.
Cela ne préjudiciera pas, à condition que la bonne volonté
soit là, à la bonne marche et à la bonne administration
des tribunaux pour le meilleur intérêt des justiciables parce que,
finalement, ce sont eux qu'il faut servir.
M. Marx: Étant donné qu'à mon avis le
ministre n'a pas justifié la nécessité de cet article, on
va l'adopter sur division.
M. Bédard: Libre à vous.
M. Marx: Adopté sur division.
Le Président (M. Paré): Article 74.
M. Bédard: Je ferai seulement remarquer que cela aurait
représenté 38 postes additionnels. Quand l'Opposition me parlera
de compressions et de la nécessité de faire des épargnes,
on y reviendra.
M. Marx: On est pour des compressions, on est aussi pour une
saine administration des palais de justice.
M. Bédard: Vous avez surtout peur de votre ombrage.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 74 est
adopté sur division. J'aimerais spécifier qu'à l'article
75 il y a un amendement qui se lit comme suit: Remplacer, dans le premier
alinéa de l'article 21, "cent dix-huit" par "cent vingt".
M. Polak: Où vont-ils ces deux-là?
M. Bédard: Alors, M. le Président, est-ce que
l'amendement est adopté?
Le Président (M. Paré): Non. Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Bédard: Bon. Vous l'avez lu, M. le
Président?
Le Président (M. Paré): Oui, il s'agit de remplacer
118 par 120.
M. Bédard: Cela va?
M. Polak: Cela veut dire neuf juges de plus au lieu de sept.
M. Marx: De 118 à 120? M. Bédard: C'est
cela.
M. Marx: C'est-à-dire une augmentation de combien de
juges?
M. Bédard: Une augmentation de deux juges...
Des voix: Neuf.
M. Bédard: Vous verrez tout à l'heure que...
C'est-à-dire...
M. Marx: Ce seront neuf juges en tout. M. Bédard:
C'est cela.
M. Marx: Est-ce que le fédéral était
prêt à nommer plus de neuf juges?
M. Bédard: J'imagine qu'il est toujours prêt
à en nommer autant que c'est possible.
M. Marx: Non, parce que c'est le fédéral qui paie
leur salaire. Autrefois, il y avait des différences entre le
ministère de la Justice du Québec et le ministère de la
Justice fédéral en ce qui concerne la nomination des juges. Ces
juges sont nommés par le gouvernement fédéral. Maintenant,
je comprends que le gouvernement fédéral est prêt, à
ce moment-ci, à nommer onze juges
de plus à la Cour supérieure. Je vois que le ministre
était prêt à en accepter seulement sept et maintenant neuf.
Pourquoi ne pas accepter onze nouveaux juges, étant donné que ce
n'est même pas le ministère de la Justice du Québec ou le
gouvernement du Québec qui paie les salaires de ces juges?
M. Bédard: Après analyse, nous croyons pouvoir
répondre aux besoins. Entre autres à certains besoins urgents,
problématiques qui se posent dans certains districts, les districts de
Montréal, de Québec et deux autres districts, soit Sherbrooke et
Chicoutimi. Pour le moment, nous nous limitons à ce nombre. Nous
espérons qu'avec ce nombre de juges additionnels, nous arriverons
à améliorer très sensiblement la situation.
M. Marx: Est-ce que mon information est exacte à savoir
que le fédéral est prêt à nommer onze nouveaux juges
à la Cour supérieure du Québec?
M. Bédard: II ne faut quand même pas oublier que, si
le fédéral paie le salaire des juges, nous avons à payer
les frais administratifs, les secrétaires, etc. Alors nous croyons, dans
les circonstances, que neuf juges pourront répondre aux besoins que nous
avons.
M. Marx: Oui, mais je crois...
M. Bédard: Je ne peux pas vous donner d'autres
explications.
M. Marx: Non, mais je vois dans l'article, tel que
présenté, qu'on a prévu la nomination de sept nouveaux
juges.
M. Bédard: C'est cela.
M. Marx: Donc, le ministre a eu une entente avec le ministre
fédéral.
M. Bédard: Non, nous n'augmentons pas à la suite
d'une entente avec le fédéral. C'est qu'on m'a
présenté, hier et aujourd'hui, des dossiers indiquant qu'il y
avait des problèmes particuliers dans les délais dans le district
de Sherbrooke, l'Estrie, et dans le district de Chicoutimi. Après
analyse de la situation, j'ai tout simplement acheminé une demande au
Conseil des ministres afin d'apporter l'amendement que j'apporte ce soir.
M. Polak: Quand vous parlez de Sherbrooke, est-ce
Saint-François, le district judiciaire?
M. Marx: Je vais revenir à cette question, M. le
Président. Est-ce que le ministre a l'assurance du gouvernement
fédéral qu'il va nommer neuf nouveaux juges à la Cour
supérieure du Québec?
M. Bédard: Règle générale, lorsque
des postes sont ouverts, les nominations suivent assez rapidement.
M. Marx: Donc, si le Québec veut ouvrir deux ou trois
autres postes, il ne sera pas nécessaire de négocier avec le
gouvernement fédéral. Ils vont nommer des juges automatiquement
en vertu de l'article 96 de la constitution de 1867. C'est cela?
M. Bédard: Oui. Tel que je vous le dis, normalement,
à partir du moment où les postes sont ouverts, il ne
s'écoule pas une longue période de temps avant que ces postes
soient comblés par des nominations.
M. Marx: Et le ministre et le gouvernement du Québec
pourraient augmenter le nombre de juges à la Cour supérieure du
Québec et ces juges seront nommés à peu près
automatiquement par le gouvernement fédéral.
M. Bédard: C'est la procédure qui est suivie
présentement. Il n'y a rien de différent de ce qui existait
auparavant.
M. Polak: II n'y a pas de problème non plus avec les
candidats.
M. Marx: Mais les candidats sont choisis et nommés par le
gouvernement fédéral après une consultation avec le
barreau et d'autres instances.
M. Bédard: C'est-à-dire que, jusqu'à
maintenant, il n'y a pas eu de consultation. Peut-être qu'avec un
changement concernant le titulaire du ministère fédéral de
la Justice, il y aura des consultations.
M. Marx: Mais, jusqu'à maintenant, il n'y avait jamais eu
de consultations avec le ministre de la Justice du Québec.
M. Bédard: Nous étions informés. M. Marx:
Informés, toujours.
M. Bédard: Sauf qu'avec... Informés,
informés après...
M. Polak: Vous étiez invités à
l'inauguration.
M. Bédard: Je suis en mesure de vous dire qu'il semble
maintenant, avec le nouveau titulaire du ministère fédéral
de la Justice, qu'on s'oriente vers des consultations.
M. Marx: Vous étiez informés de ces nominations
après le fait comme les juges
seront informés qu'ils n'auront pas de huissiers-audienciers
après qu'on aura adopté ce projet de loi.
M. Bédard: Du tout, ils sont au courant de la politique du
ministère depuis plusieurs mois. C'est d'ailleurs à la suite de
la connaissance de la politique du ministère de la Justice qu'il y a eu
des procédures qui ont abouti au jugement que vous avez
évoqué tout à l'heure, lequel jugement nous amène
à proposer l'article que vous connaissez.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté? Est-ce que l'article 75 tel qu'amendé est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
76.
M. Bédard: L'article 76 vise à insérer,
à la fin de la troisième ligne, après ce qui suit:
"d'Abitibi", le mot "Alma". Il s'agit d'une modification de concordance compte
tenu de la mise en place et de la création du nouveau district
judiciaire d'Alma.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 76 est
adopté?
M. Bédard: Article 77, M. le...
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
77.
M. Bédard: C'est cela. J'aurais un amendement qui aurait
pour effet d'ajouter à l'article 77 les paragraphes suivants: 4 par le
remplacement, dans la première ligne du paragraphe 6 , du mot "deux" par
le mot "trois"; 5 par le remplacement, dans la deuxième ligne du
paragraphe 8°, des mots "un juge" par les mots "deux juges". Il s'agit de
modifications de concordance compte tenu de la création du nouveau
district judiciaire d'Alma et de l'augmentation du nombre de juges de la Cour
supérieure.
M. Marx: Peut-on avoir une copie de cet amendement?
M. Bédard: Parmi les neuf juges supplémentaires de
la Cour supérieure, cinq sont nommés pour le district judiciaire
de Montréal, deux pour le district de Québec, un pour celui de
Chicoutimi et un pour celui de Saint-François et Bedford.
M. Marx: Un pour Saint-François et Bedford?
M. Bédard: C'est le district de Saint-François et
Bedford.
M. Marx: II s'agit de quel article?
M. Bédard: C'est l'amendement. Je vous donne les
explications pour lesquelles on passe de sept à neuf et comment ces
juges-là seront affectés.
M. Marx: Un sera affecté à Chicoutimi, le
comté du ministre, et l'autre...
M. Bédard: Non, je m'excuse. Ne soyez pas
démagogue. Je vous l'ai dit...
M. Marx: Non, non, je ne suis pas démagogue...
M. Bédard: J'aurais même eu des hésitations,
tenant...
M. Marx: Ce n'est pas un reproche que je fais.
M. Bédard: ... compte que peut-être l'Opposition se
laisserait aller à de la démagogie. Ce n'est pas
compliqué, c'est qu'une analyse des faits et des délais fait que
les affectations dont je viens de faire état sont
nécessaires.
M. Marx: Ce n'était pas un reproche, M. le ministre. (1 h
15)
M. Bédard: Merci.
M. Marx: J'ai voulu dire une pour le comté de Chicoutimi,
le comté du ministre, et un pour le comté du député
de Brome-Missisquoi.
M. Bédard: Le comté de Chicoutimi dessert une
grande partie de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Marx: Oui, on n'a pas...
M. Polak: J'ai juste une question. Je sais que, dans le district
de Saint-François, il y a un besoin criant, mais dans le district...
M. Bédard: C'est pour cela qu'à la suite des
analyses des besoins qui ont été faites au ministère de
même que des demandes de la part de la population concernée, des
principaux représentants, sur le plan judiciaire, de la...
M. Marx: Oui, nous avons reçu aujourd'hui un
télégramme du bâtonnier à ce sujet.
M. Bédard: Mon collègue, M. Fréchette, et
moi, nous avons acheminé une demande au Conseil des ministres aux fins
de procéder à la nomination d'un juge additionnel de la Cour
supérieure pour le district de Saint-François et Betford.
M. Polak: Je comprends pour Saint-François, je suis
totalement d'accord et j'étais au courant du problème, mais, pour
Chicoutimi, est-ce que c'était un problème qui était aussi
connu?
M. Bédard: Les délais sont à peu près
les mêmes que ceux du district de Saint-François et Bedford.
M. Polak: II n'y a pas d'autres districts qui peuvent dire: Nous
avons la même situation, pourquoi avoir pris Chicoutimi et pas nous, par
exemple? Est-ce que les statistiques démontrent que vraiment
Chicoutimi... Je ne veux pas accuser le ministre...
M. Bédard: Écoutez, je suis mal à l'aise
pour en parler, mais j'ai ici avec moi M. Lachapelle qui est sous-ministre.
Assurément, c'est dans ces deux districts judiciaires que les
délais sont les plus importants. Bien sûr, les autres districts
judiciaires pourront en profiter puisqu'il y a quand même sept juges pour
les divisions 5 et 2; alors, ils pourront sûrement profiter de
l'environnement et de la distribution de ces juges.
M. Marx: II faut aussi ajouter qu'en augmentant la
compétence de la Cour provinciale de 6000 $ à 10 000 $, on
allégera...
M. Bédard: On estime à 20% l'allégement de
la Cour supérieure.
M. Marx: C'est cela.
M. Bédard: Normalement, toutes ces mesures-là, plus
des amendements qu'on a proposés aux fins de faciliter la preuve hors
cour, tout cela devrait contribuer à diminuer les délais. C'est
clairement l'objectif qui est poursuivi, qui fait l'unanimité dans cette
Chambre.
M. Polak: On a déjà eu à Chicoutimi un juge
Bédard, ce sera...
Une voix: Nommé par le fédéral.
M. Bédard: Je pense que nommé par le
fédéral...
M. Polak: C'est pour cela.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Marx: Adopté.
M- Bédard: Nommé par le fédéral, je
pense que le juge Marx a beaucoup d'avance sur le juge Bédard.
M. Marx: Pas à Chicoutimi.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 77 tel
qu'amendé est adopté?
M. Bédard: Si vous avez des nouvelles plus fraîches
que moi...
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 77 tel
qu'amendé est adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
l'article 78.
M. Bédard: Cet article crée des juridictions
concurrentes entre certains districts judiciaires en vue de régler
certaines difficultés d'accessibilité aux tribunaux en raison des
déplacements impliqués.
Une voix: Pas de problème. Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 78 est
adopté.
Loi sur la Société du Grand
Théâtre de Québec
J'appelle l'article 79.
M. Bédard: II s'agit simplement de la correction d'une
erreur technique commise lors de la préparation du texte anglais, en
amélioration...
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 19 est
adopté. J'appelle l'article 80.
M. Bédard: L'article 79.1, M. le Président?
Nous allons laisser l'article 79.1 ouvert. Il doit être
discuté plus tard en présence du député
d'Argenteuil qui a demandé à être présent.
M. Marx: L'article 79.1 on le fera demain matin.
M. Bédard: C'est cela. M. Marx: Ce matin
plutôt. M. Bédard: Oui.
M. Marx: On en est déjà à 1 h 20 du
matin.
M. Bédard: L'article 80.
Dispositions transitoires et finales
Le Président (M. Paré): Article 80.
M. Bédard: Comme il s'agit de dispositions transitoires et
finales, est-ce que les membres de l'Opposition ont des remarques
particulières?
M. Marx: Je pense qu'il serait utile que le ministre...
M. Bédard: Plus techniques.
M. Marx: ... donne ses commentaires pour les fins du journal des
Débats.
M. Bédard: Cet article 80 vise à valider
l'enregistrement d'avis d'adresse faits entre le 23 juin 1982 et le 1er
septembre 1982 conformément à l'article 2161c du Code civil, tel
qu'il se lisait avant l'entrée en vigueur de l'article 72 de la Loi
modifiant la Loi sur les poursuites sommaires, le Code de procédure
civile et d'autres dispositions législatives. J'espère que
quelqu'un comprendra très facilement.
Le Président (M. Paré): L'article 80 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quatrième ligne, s'il
vous plaît!
Des voix: Ah!
M. Bédard: II va falloir garder avec nous constamment le
député de Vaudreuil-Soulanges.
Le Président (M. Paré): Ah oui! Enlever un "a"
à "article".
M. Bédard: II a des contributions très
positives.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 80
corrigé est adopté.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 81?
M. Bédard: Article 81, dispositions transitoires
découlant de l'article 17 qui modifie le Code de procédure civile
afin de porter de 6000 $ à 10 000 $ le montant maximal de la juridiction
de la Cour provinciale.
Le Président (M. Paré): L'article 81 est-il
adopté?
M. Bédard: C'est une modification de concordance avec ce
que nous avons adopté concernant la Loi sur l'instruction publique.
Le Président (M. Paré): L'article 81 est
adopté. L'article 82 l'a déjà été. Article
83?
M. Bédard: II s'agit de l'article d'exception qui
apparaît maintenant dans toutes les lois du Québec depuis le 1er
juillet 1982 et qui a été adopté sur division.
Une voix: ...
M. Marx: Est-ce que cela veut dire que le ministre est contre
l'adoption de cet article? Il a dit que cela a été adopté
sur division.
M. Bédard: Sur division par l'Opposition, de la même
façon que c'est une...
M. Marx: Avant que le ministre parle en mon nom, j'aimerais
comprendre la nécessité de cet article dans ce projet de loi
omnibus, parce que ce projet de loi omnibus modifie des lois qui comportent
déjà cet article. Je trouve que c'est inutile de mettre cet
article dans un projet de loi omnibus parce que toutes les lois
modifiées par le projet de loi omnibus contiennent cet article.
J'aimerais demander au ministre de biffer cet article dans ce projet de
loi.
M. Bédard: Contrairement à une coquille de la part
du député de D'Arcy McGee, contrairement à l'affirmation
qu'il fait que tous ces articles vont se retrouver dans d'autres lois, ce n'est
pas exact parce que les dispositions transitoires demeurent.
M. Marx: Sûrement que le ministre n'a pas peur que la
charte canadienne va contrer ou rendre...
M. Bédard: C'est une petite coquille. J'avoue que c'est
une petite coquille, ce que vous avez dit.
M. Marx: Est-ce que le ministre a peur que la charte canadienne
rende invalide un des...
M. Bédard: Les coquilles?
M. Marx: ... articles transitoires qui se trouvent dans ce projet
de loi omnibus?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... ce que cela prouve.
M. Bédard: M. le Président, on sait que...
M. Marx: Adopté sur division.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Après avoir fait
remarquer que...
M. Marx: Adopté sur division.
M. Bédard: C'est ce que j'avais prévu.
M. Marx: Si le ministre insiste, on peut prendre un vote
enregistré, mais j'imagine qu'il n'insistera pas.
Le Président (M. Paré): L'article sera
adopté sur...
M. Bédard: Je ne verrais pas pourquoi j'insisterais.
Le Président (M. Paré): L'article sera
adopté sur division après la correction, à la
deuxième ligne, du mot "article".
M. Bédard: L'article 84.
Le Président (M. Paré): Article 84? Il y a un
amendement. Il avait été adopté en partie seulement en ce
qui concernait les paragraphes 28 et 37 de l'article 84 apparaissant au projet
de loi, sauf qu'il y a un amendement qui consiste à remplacer l'article
84 par le suivant: "Les articles 7, 9 à 11, 27, 28, 37 à 39 et 59
sont déclaratoires."
M. Bédard: Cela va.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Paré): L'article 84 amendé
est adopté.
M. Bédard: L'article 85, nous le verrons demain. Nous
allons le garder ouvert avec l'article 55.
Le Président (M. Paré): II y aurait deux
corrections à apporter, dont une, à l'article 40, qui se lirait
comme suit: remplacer, dans la dernière ligne de l'article 40, le nombre
"41" par le nombre "40". Je dois avoir le consentement pour rouvrir l'article
40 qui avait été adopté.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Marx: Oui.
Le Président (M. Paré): Je dois aussi avoir un
consentement pour rouvrir l'article 41 et y apporter un amendement.
M. Bédard: Consentement.
Le Président (M. Paré): Consentement. L'amendement
serait: remplacer, dans la dernière ligne de l'article 41, le nombre
"42" par le nombre "41". Est-il adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Les deux
articles, 40 et 41, sont adoptés tels qu'amendés.
M. Bédard: C'est cela. Vous êtes un président
très vigilant.
Le Président (M. Paré): On avait aussi suspendu
l'article 55.
M. Bédard: C'est cela, nous allons le garder ouvert.
Le Président (M. Paré): On le garde en suspens.
M. Marx: Trois articles demeurent en suspens: 55...
M. Bédard: ... 85...
M. Marx: Non, 79.1 et 85.
Le Président (M. Paré): L'article 79.1.
M. Marx: ... 79.1 et 85.
Le Président (M. Paré): Exactement.
M. Marx: On va les voir ce matin.
Le Président (M. Paré): Bon, d'accord, nous gardons
ces trois articles ouverts.
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 1 h 28)