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(Midi onze minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la justice est réunie ce matin pour
étudier le projet de loi no 86, Loi modifiant la Charte des droits et
libertés de la personne. S'il vous plaîti À l'ordrel
Les membres de la commission sont M. Bédard (Chicoutimi), Mme
Marois (La Peltrie), M. Charbonneau (Verchères), M. Dauphin (Marquette),
Mme Juneau (Johnson), M. Kehoe (Chapleau), Mme Lachapelle (Dorion), M.
Lafrenière (Ungava), M. Leduc (Saint-Laurent), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Marx (D'Arcy McGee).
Les intervenants sont M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blank
(Saint-Louis), M. Dussault (Châteauguay), M. Fallu (Groulx), M. Guay
(Taschereau), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Marquis (Matapédia), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Saintonge (Laprairie).
À l'ajournement d'hier soir, nous en étions à
l'article 5. J'appelle donc l'article 5.
Droit à l'égalité dans la
reconnaissance et
l'exercice des droits et libertés
(suite)
M. de Bellefeuille: Adopté.
Le Président (M. Boucher): II y a des amendements à
proposer, M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je pense qu'on pourrait
accorder deux ou trois minutes au député de D'Arcy McGee pour lui
permettre de mettre de l'ordre dans ses papiers. 11 m'avait informé
qu'il serait quelques minutes en retard pour des raisons très
justifiées.
M. Marx: Mes papiers sont maintenant en ordre. En deuxième
lieu, je vais mettre mes idées en ordre.
M. Bédard: Je n'osais pas le dire.
M. Marx: Tout est fait. Est-ce que je peux vous demander une
copie de l'amendement à l'article 2?
M. Bédard: À l'article 5, il y aurait un amendement
qui est surtout de concordance. Remplacer, à la deuxième ligne de
l'article 5 du projet de loi, les mots "du suivant" par les mots "des
suivants".
Ajouter, à la fin de l'article 18.1 de la charte, les mots "ou
à l'application d'un programme d'accès à
l'égalité".
Supprimer, à la fin de l'article 18.1 de la charte, le guillemet
et le point.
Comme on peut le voir, la modification à l'article 18.1 de la
charte est de concordance avec l'article 19 du projet de loi. Cet article
prévoit l'interdiction de demander, dans un formulaire de demande
d'emploi ou lors d'une entrevue, des renseignements concernant l'un des motifs
illicites de discrimination, à moins qu'il ne s'agisse de renseignements
utiles pour l'emploi. Cet article répond à plusieurs
représentations qui nous ont été faites par les
différents groupes que nous avons eu l'occasion d'entendre en commission
parlementaire sur ce projet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Est-ce que le ministre propose seulement cet amendement
à l'article 18.1 ou s'il propose aussi, en même temps, l'article
18.2?
M. Bédard: Non, tout à l'heure.
M. Marx: Tout à l'heure. Sur l'article 18.1, j'ai
trouvé d'autres formules, par exemple, les formules des caisses de
dépôt, où on demande l'origine ethnique des personnes qui
veulent ouvrir un compte de banque. J'ai déjà écrit
à la Commission des droits de la personne parce que quelqu'un a
déposé une plainte en ce qui concerne ces formulaires et je vois
que cela n'est pas couvert par l'article 18.1. Est-ce que c'est couvert par un
autre article?
M. Bédard: L'article 18.1 couvre... M. Marx:
L'emploi.
M. Bédard: ... l'emploi, les demandes d'emploi,
formulaires, les renseignements, en fait, requis à l'occasion de la
demande d'emploi et vise à ce qu'on ne puisse pas, par des motifs, faire
de la discrimination.
M. Marx: À l'article 12 de la charte... M.
Bédard: L'amendement fait que c'est
possible lorsqu'il s'agit de l'application d'un programme d'accès
à l'égalité.
M. Marx: Je comprends bien, M. le ministre. Je suis tout à
fait d'accord que c'est un amendement qui se tient et qui est sûrement
nécessaire. Je vois qu'à l'article 12 la discrimination dans la
formation d'un acte juridique est interdite. J'aimerais lire l'article 12 de la
charte qui se lit comme suit: "Nul ne peut, par discrimination, refuser de
conclure un acte juridique ayant pour objet des biens ou des services
ordinairement offerts au public." On ne peut pas faire de la discrimination en
ce qui concerne la formation d'un acte juridique, mais on peut demander toutes
sortes de renseignements qui ne sont pas nécessaires, chose qui
maintenant serait interdite en vertu de l'article 18.1. Pour d'autres actes et
dans d'autres situations, ce serait possible.
Quand c'est porté à l'attention de la commission, la
commission écrit, par exemple aux caisses populaires, pour dire: Si
quelqu'un veut ouvrir un compte de banque, ce n'est pas nécessaire de
lui demander son origine ethnique, nationale, sa religion et ainsi de suite. Je
ne veux pas dire que les caisses populaires font de la discrimination, ce n'est
pas là la question. La question, c'est: Pourquoi demandent-elles cette
information qui n'est pas nécessaire en ce qui concerne l'ouverture d'un
compte de banque? Je vois que cette situation pourrait continuer dans le sens
où on n'a pas trouvé une formule pour faire à l'article 12
ce qu'on fait à l'article 18.1.
M. Bédard: Dans un premier temps, il est tout à
fait normal que la préoccupation se situe au niveau de l'emploi, de
l'embauche.
M. Marx: Je soulève le problème.
M. Bédard: II y a déjà la Commission des
droits qui pose des gestes dans de telles circonstances, en espérant que
cela donne le résultat escompté.
M. Marx: Maintenant, quelqu'un m'a dit qu'un employeur peut dire
en fonction de cet article: J'ai besoin de cette information parce que je songe
à établir un programme d'accès à
l'égalité. Je soulève cela comme possibilité.
L'employeur va dire: Je songe à cela. On a un programme d'accès
à l'égalité dans notre entreprise, donc, je vous pose ces
questions et, comme il va y avoir sûrement des programmes d'accès
à l'égalité dans beaucoup d'entreprises
québécoises, cela laisse une porte ouverte à certaines
personnes pour poser des questions non pertinentes.
M. Bédard: Cela ne constitue sûrement pas une grande
ouverture.
M. Marx: Le ministre... M. Bédard: Une seconde!
Mme Marois: La question est intéressante. Vous dites dans
votre affirmation: Un employeur qui y songe ne pourrait pas le faire. Il s'agit
d'un employeur qui dit: J'applique un programme d'accès à
l'égalité et, en fonction du fait que j'applique un programme
d'accès à l'égalité, il m'est nécessaire
d'avoir telle et telle information. À partir du moment où il y a
la notion du "je songe à appliquer", il ne pourrait pas poser ce genre
de question.
M. Marx: Oui, peut-être. Je ne le conteste pas. C'est
possible.
M. Bédard: Oui, et je pense qu'il serait peut-être
facile de faire la preuve qu'un employeur qui refuse de se conformer à
une telle disposition n'est pas, normalement, l'employeur qui a la
facilité de faire la preuve de sa bonne foi concernant ses intentions
sur l'application d'un programme d'accès à
l'égalité.
M. Marx: Oui, c'est une interprétation possible que la
ministre a donnée. À l'article 18.1, on interdit les questions
qui touchent les motifs prévus à l'article 10. Donc, on convient
bien que l'employeur éventuel ne peut pas poser des questions sur le
sexe de la personne, la religion et ainsi de suite, mais on convient...
M. Bédard: À moins qu'il ne s'agisse d'un
renseignement qui soit utile pour l'emploi au niveau de l'article...
M. Marx: Oui, mais la religion peut être...
M. Bédard: Pardon?
M. Marx: ... pour utiliser les mots...
M. Bédard: II faudrait qu'il prouve que c'est utile pour
l'emploi au sens de l'article 20.
M. Marx: II y a eu des cas à Montréal où des
personnes qui travaillaient dans une entreprise étaient membres de
l'Église universelle de Dieu - je pense que c'est le nom de
l'Église - et elles ont exigé d'être exemptées de
travailler le vendredi comment dirais-je? - quand le soleil se couchait,
après le coucher du soleil. Elles ont demandé d'être
exemptées. Elles ont demandé d'être exemptées le
samedi aussi. Donc, cela pourrait être nécessaire pour un
employeur de savoir si ces personnes seront
disponibles pour travailler le vendredi après-midi et le samedi
durant l'hiver, oui ou non. Donc, je vois qu'il serait impossible pour
l'employeur de poser ces questions. Normalement, il serait impossible pour
l'employeur de poser ces questions lors de l'entrevue ou de prévoir ces
questions sur un formulaire, mais une fois engagé...
M. Bédard: Toujours avec la nuance suivante: à
moins que ce ne soit utile pour l'emploi. C'est à lui d'en faire la
démonstration dans le cadre de l'article 20.
M. Marx: On convient qu'une fois que la personne est
engagée...
M. Bédard: D'autres articles s'appliquent à ce
moment-là.
M. Marx: ... l'employeur pourrait poser ces questions pour des
fins d'assurance-maladie, de régime de retraite et ainsi de suite.
M. Bédard: II a toujours à se conformer, encore
là, à la loi, au fait que les renseignements qu'il demande sont
utiles ou nécessaires.
Le Président (M. Boucher): Les amendements à
l'article 5 sont-ils adoptés?
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: ... à propos de l'article 18.2...
M. Bédard: Non, une seconde!
M. de Bellefeuille: Ah! On n'est pas encore rendu à
l'article 18.2.
M. Bédard: Si vous me le permettez, M. le
député de Deux-Montagnes, nous allons y venir tout de suite
après.
M. de Bellefeuille: Bon! Le député de D'Arcy McGee
n'a pas encore trouvé le fil.
M. Marx: Pardon?
M. Bédard: Je conçois qu'il y a eu confusion pour
le député de Deux-Montagnes parce que l'amendement à
l'article 18.2 était...
M. de Bellefeuille: II fait partie de l'article 5, sauf que je
veux bien que...
M. Marx: Je n'ai pas d'autre remarque à l'article 18.1. Je
vois un certain nombre de problèmes possibles et je voulais les
soulever, mais je trouve que l'article 18.1 est drôlement
nécessaire pour qu'on évite vraiment d'avoir des cas de
discrimination. C'est surtout pour les agences d'emploi qui ont des
formules.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les amendements
à l'article 5 sont adoptés?
M. Bédard: Permettez, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris, on a
commencé par parler des amendements et maintenant on parle de l'article
5.
M. Bédard: Oui, on en a parlé.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on pourrait revenir
aux amendements? Avant d'adopter l'article 18, il faut qu'on adopte les
amendements.
M. Bédard: D'accord. C'est que nous aurions
peut-être une petite correction sur l'amendement.
M. de Bellefeuille: L'article 5 comporte l'insertion de l'article
18.2.
M. Bédard: Non, tout à l'heure.
M. de Bellefeuille: II ne le comporte pas?
M. Bédard: II le comporte, mais c'est que nous voulons
terminer la discussion, si vous n'avez pas d'objection, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je n'ai pas d'objection, mais le
député de D'Arcy McGee nous a indiqué qu'il n'avait rien
à dire sur l'article 18.2 et le président nous a demandé
si nous adoptions l'article 5.
Le Président (M. Boucher): J'ai demandé si on
adoptait les amendements.
M. Bédard: M. le Président, pour ce qui est des
amendements, il y aurait peut-être un ajout, à la suite des
remarques qui ont pu être faites, pour éviter toute
ambiguïté. Ce serait d'ajouter, à la fin de l'article 18.1
de la charte, les mots: "ou à l'application d'un programme
d'accès à l'égalité existant au moment de la
demande." Cela évitera à des employeurs d'essayer de se
défendre en prétextant des intentions plus ou moins confuses de
vouloir mettre une programme en application. D'accord? Il s'agit de
l'incorporer à celui déjà déposé. Cela
évite les problèmes d'interprétation. Puisque nous sommes
d'accord, je proposerais de procéder à l'adoption de ces
amendements.
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous les adopter un par
un ou si vous voulez les adopter en bloc?
M. Bédard: En bloc, nous les avons discutés.
Le Président (M. Boucher): En bloc? Le
député de Deux-Montagnes avait des questions sur l'article
18.2.
M. Bédard: Oui, une seconde, j'aurais un autre amendement.
Insérer, après l'article 18.1 de la charte, le suivant: "Nul ne
peut congédier, refuser d'embaucher ou autrement pénaliser dans
le cadre de son emploi une personne du seul fait qu'elle a été
reconnue coupable ou s'est avouée coupable d'une infraction
pénale ou criminelle, si cette infraction n'a aucun lien avec l'emploi
et s'il s'est écoulé cinq ans depuis la condamnation, ou si cette
personne en a obtenu le pardon." Le libellé même nous indique
qu'il s'agit d'un amendement visant a interdire la discrimination basée
sur les antécédents judiciaires dans le domaine de l'emploi. Tant
la Commission des droits de la personne que des députés qui sont
intervenus lors de la deuxième lecture de ce projet de loi, entre
autres, le député de Deux-Montagnes, nous ont demandé que
cette disposition soit incluse dans la charte. Nous en venons à la
conclusion que cette suggestion est très positive. (12 h 30)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je suis
très heureux que le ministre nous présente un amendement dans le
sens général de cette recommandation qui nous a été
faite en particulier par la Commmission des droits de la personne, mais je me
demande s'il serait opportun de tenir compte de la gravité du
délit. Je ne sais pas comment on pourrait le faire. Je ne suis pas
juriste, mais je vois que là on fixe un délai de cinq ans depuis
la condamnation, sans aucune allusion à la gravité du
délit. Le délai de cinq ans s'applique, qu'il y ait ou non un
lien avec l'emploi, puisque c'est la conjonction "et" qui est là: "si
cette infraction n'a aucun lien avec l'emploi et s'il s'est
écoulé cinq ans depuis la condamnation." Il me semble que, s'il
n'y a aucun lien avec l'emploi, le délai pourrait être plus court.
Par ailleurs, je répète que je me demande comment on pourrait
tenir compte de la gravité du délit. Qu'est-ce que c'est le
pénal et le criminel? Voler trois pommes dans un étalage
d'épicier, c'est...
M. Marx: Le pénal, c'est le droit pénal provincial.
Cela veut dire qu'une infraction en vertu du Code de la route, c'est une
infraction pénale.
M. Bédard: Ou criminelle.
M. Marx: Pardon?
M. Bédard: Pénale ou criminelle.
M. Marx: Mais il y a criminel et pénal. Pénal
réfère au droit pénal provincial et criminel au droit
criminel fédéral.
M. Bédard: Oui, oui, provincial.
M. de Bellefeuille: Le monsieur qui aurait été
trouvé coupable d'un très léger délit serait soumis
aux mêmes règles que quelqu'un qui aurait fraudé pour 10
000 000 $ ou assassiné son associé?
M. Bédard: Bien, je dirais au député de
Deux-Montagnes que la rédaction, le contenu de cet article se retrouve
déjà dans le projet de loi no 74, Loi modifiant diverses lois
fiscales, du ministère du Revenu. Il y avait eu des consultations avec
la Commission des droits de la personne et celle-ci s'était dite
complètement d'accord avec la formulation telle que nous la retrouvons
présentement et qui rejoint essentiellement la formulation contenue dans
la loi no 74 du ministère du Revenu.
M. Marx: Dans les chartes des autres provinces, je pense qu'on a
aussi une telle clause. Est-ce que c'est rédigé de la même
façon?
M. Bédard: La clause ontarienne va beaucoup moins loin que
la nôtre puisqu'elle ne vise que les cas de pardon.
M. Marx: Elle ne vise que les cas de pardon?
M. Bédard: C'est cela.
M. Marx: Parce qu'un pardon, en ce qui concerne, comment
dirais-je...
M. Bédard: Une offense au criminel? M. Marx: ...
une infraction...
M. Bédard: II doit s'écouler un délai de
cinq ans.
M. Marx: ... sommaire, c'est après trois ans.
M. Bédard: J'ai regardé d'autres clauses dans
d'autres chartes et je suis en mesure de vous dire que nous sommes nettement
à l'avant-garde avec ce texte. Évidemment, il y avait une
nécessité de mettre des balises. Les balises en question, tel que
je vous l'ai
dit tout à l'heure, sont dans un article de même nature que
dans une loi du ministère du Revenu, lequel a fait l'objet de
consultations avec la Commission des droits de la personne qui s'est dite
d'accord sur la nécessité qu'il y ait des balises. On innove un
peu. On va un peu plus loin que...
M. de Bellefeuille: M. le Président...
M. Bédard: ... ce qui est déjà contenu dans
d'autres chartes, avec une prudence normale.
M. de Bellefeuille: Je reconnais qu'il faut baliser la chose. Il
n'y a pas de désaccord là-dessus parce que, si on ne la balise
pas, cela peut nuire à l'exercice d'autres droits d'autres personnes.
Mais je me demande si on ne pourrait pas remplacer la conjonction "et",
à laquelle j'ai fait allusion, par la conjonction "ou". Dans les trois
dernières lignes, cela se lirait: "si cette infraction n'a aucun lien
avec l'emploi ou s'il s'est écoulé cinq ans depuis la
condamnation, ou si cette personne en a obtenu le pardon."
M. Bédard: Je crois ne pas me tromper en disant qu'il n'y
a pas de telles dispositions dans la Charte canadienne des droits et
libertés.
M. Marx: Peut-être que cela existe dans la loi canadienne
sur les droits et les libertés.
M. Bédard: Oui, mais, à l'heure actuelle, on sait
jusqu'à quel point la prépondérance est maintenant
à la charte.
M. Marx: II ne faut pas oublier que la charte canadienne ne
s'applique pas aux actes juridiques passés entre individus. La charte
canadienne s'applique seulement aux lois et aux règlements.
M. Bédard: Oui, d'accord.
M. Marx: Ce n'est pas la même chose que cet article. En ce
qui concerne les actes juridiques, entre personnes, c'est la loi canadienne sur
les droits de la personne.
M. Bédard: D'accord. Je ne veux pas faire un débat,
je ne faisais que l'évoquer.
M. Marx: Non, non.
M. Bédard: Je n'en suis pas à faire des
comparaisons pour le plaisir de les faire...
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: ... mais je pense que le député
de D'Arcy McGee reconnaîtra que cette disposition ne s'y retrouve
pas.
Maintenant, pour des explications additionnelles au député
de Deux-Montagnes en ce qui concerne le remplacement de "et" par "ou", cela
aurait pour effet d'élargir l'application de l'article proposé
dans le sens suivant. Prenons l'hypothèse d'une personne qui aurait
commis un crime économique, un détournement de fonds, et qui se
présente, à une certaine époque après avoir
été condamnée, dans une institution financière pour
postuler un emploi de caissier ou autre chose. Si on met "ou", on risque
d'être obligé d'engager cette personne.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je crains que le
ministre ne se trompe. En fait, ce n'est pas le ministre, c'est le
sous-ministre. Mais, évidemment, vu nos règles
désuètes, cela passera au nom du ministre.
M. Marx: II parle au nom du ministre.
M. de Bellefeuille: II parle de quelqu'un qui aurait commis un
crime économique et qui se présenterait pour postuler un emploi
dans une caisse populaire. Il est clair que les mots "si cette infraction n'a
aucun lien avec l'emploi" ne s'appliqueraient pas à ce cas-là
parce qu'il y a un lien avec l'emploi. Il y a clairement un lien avec l'emploi.
Donc, on pourrait refuser sa demande sans que ce soit discriminatoire,
même avec la conjonction "ou".
Ce qui me semble gênant avec la conjonction "et", c'est qu'on met
tout le monde dans le même panier. Il y a au moins un avantage avec la
conjonction "ou": c'est que, s'il n'y a pas de lien avec l'emploi, on permet
à la personne de postuler le poste. Il me semble que c'est ce qu'on
devrait viser, s'il n'y a pas de lien avec l'emploi.
M. Bédard: Les remarques du député de
Deux-Montagnes sont très constructives. On pourrait peut-être,
même si on est en mesure de dire qu'on serait à l'avant-garde avec
un tel article dans notre charte par rapport à d'autres, quand
même suspendre temporairement l'article pour apporter des exemples plus
convaincants ou en arriver à un amendement, si on en vient à la
conclusion que cela ne pose pas de problème majeur.
M. Marx: Si on change le "et" pour "ou", ce serait possible pour
quelqu'un qui a un pardon d'avoir l'emploi même si l'infraction a un lien
avec l'emploi.
M. Bédard: Un lien avec l'emploi, c'est cela qui...
M. Marx: C'est le problème.
M. Bédard: C'est ce que j'ai essayé...
M. de Bellefeuille: M. le Président, je m'excuse, mais
c'est déjà le cas. Il y a un "ou" avant les mots "si cette
personne en a obtenu le pardon". Si la personne a obtenu le pardon, l'autre
condition ne s'applique pas. C'est déjà le cas.
M. Marx: Alors, le député de Deux-Montagnes, sans
être avocat, a l'oeil d'un avocat. Peut-on le suspendre?
M. Bédard: Suspendons-le, si vous voulez.
M. Marx: Mais j'ai une autre question sur cette article, je
m'excuse. J'ai une autre question qui touche un autre petit point concernant
cet article. On sait qu'il y a de la discrimination en ce qui concerne
l'embauche des ex-détenus. Mais il y a aussi un problème dans les
lois du Québec en ce sens que l'ex-détenu n'a pas accès
à certaines professions. Quand la commission a siégé en
1981, nous avons eu le cas d'un étudiant en droit qui ne pouvait pas
devenir avocat, parce que la Loi sur le Barreau ne permet pas à un
ex-détenu de devenir avocat. Je vous souligne, M. le ministre, qu'il y a
d'autres lois où l'accès à un certain emploi ou à
une certaine vocation est interdit aux ex-détenus. Quoique l'article
18.2 soit le bienvenu, il y a d'autres trous à remplir.
M. Bédard: Je crois que c'est une préoccupation que
les légistes auront présente à l'esprit dans le cadre de
l'examen de toutes les lois antérieures à partir du moment
où cette disposition sera incluse dans la charte.
M. Marx: Je ne veux pas que le ministre s'engage formellement
à quoi que ce soit; je sais que...
M. Bédard: Non, je ne m'engage pas, mais...
M. Marx: ... ce n'est pas son style.
M. Bédard: ... il est évident qu'à partir du
moment où nous adoptons cet article il sera présent à
l'esprit de ceux qui auront à analyser le cadre de toutes nos lois
antérieures dans le délai qui est imparti par la charte.
M. Marx: Oui, mais la Loi sur le Barreau ne contrevient pas
à cet article, parce que c'est l'accès à la profession
d'avocat; ce n'est pas l'embauche et le congédiement. Le cas se
présente ou se présentera bientôt. L'étudiant en
droit, exdétenu, qui veut être admis au barreau, qu'est-ce qu'on
lui donnera? Est-ce que le ministre est prêt à dire: On adoptera
une loi privée pour faire admettre cet étudiant? Comment
procédera-t-on? Cet étudiant a déposé un
mémoire à la commission permanente de la justice l'an dernier
pour traiter ce problème.
M. Bédard: C'est clair qu'à mon humble avis il
n'existe pas de disposition à l'heure actuelle dans nos lois permettant
de régler le problème. On ne l'aura pas.
M. Marx: On va le régler d'une façon ad hoc, cas
par cas, le cas échéant. C'est cela?
M. Bédard: Pour le moment, ce serait la seule issue
possible.
M. Marx: Est-ce que le ministre serait prêt, dans le cas
d'un étudiant ex-détenu qui aimerait accéder à la
profession d'avocat, à procéder par un projet de loi privé
pour faire exception à la Loi sur le Barreau le cas
échéant?
M. Bédard: Je ferai comme à l'habitude. Si un tel
projet de loi privé est présenté, nous l'étudierons
ensemble au niveau de la commission. Je ne crois pas que je doive me prononcer
d'avance sur une hypothèse.
M. Marx: Moi, je suis prêt à me prononcer. Je suis
plus favorable que défavorable à un tel processus.
M. Bédard: Quand on a à se prononcer sur un projet
de loi précis, ce n'est pas dans le sens d'être plus ou moins
favorable; c'est oui ou non. Je pense que non seulement
l'élémentaire prudence, mais l'élémentaire
comportement est d'attendre. Si un tel projet de loi nous était
présenté, on en fera l'étude d'une façon
très sérieuse. (12 h 45)
M. Marx: Mais, dans des cas semblables, je pense que ce serait,
peut-être pas au ministre, mais à l'Assemblée nationale de
faire une exception aux lois, parce que maintenant les lois au Québec
interdisent, comme j'ai dit, l'accès à certaines professions.
Franchement, je ne sais pas pourquoi on a de telles interdictions dans
certaines lois. Souvent, cela n'a pas de bon sens.
Le ministre peut-il prendre l'engagement...
M. Bédard: II faut qu'il y en ait.
M. Marx: ... de nous fournir, d'ici quelques mois, un
mémoire dans lequel on va relever toutes ces lois
québécoises où se trouvent de telles dispositions
empêchant les ex-détenus d'accéder à un certain
nombre de professions? Après avoir obtenu l'information,
peut-être que ce sera plus facile d'agir.
M. Bédard: Dans le cadre de l'examen de nos lois et
règlements, tel que prévu dans la charte, en ce qui regarde les
lois antérieures, on sait que c'est un travail énorme qui ne se
fait pas en l'espace de deux ou trois mois ou de cinq ou six mois; c'est pour
cela que nous avons prévu un délai de trois ans. D'ailleurs,
c'est un peu le même cas.
M. Marx: Oui, mais c'est une autre question.
M. Bédard: Non, non. Ce que je veux dire, c'est qu'en
même temps ce sera sûrement l'occasion de faire le grand
ménage dans l'examen de nos lois qui prévoient des permis.
M. Marx: Concernant le problème que j'ai soulevé,
le ministre peut-il s'engager à ce que cette petite étude soit
faite au ministère et non par la commission qui est tellement
débordée? De toute façon, la commission n'a pas ce
mandat.
M. Bédard: Je peux vous dire que cela va être
étudié au ministère. Je crois que c'est plutôt
à l'Office des professions que la demande ou le mandat pourrait
être donné.
M. Marx: Oui, mais il y a, je ne veux pas dire des professions,
mais des lois qui ne tombent pas sous le contrôle de l'Office des
professions. Bon, je laisse cela au ministre. J'ai fait mon devoir. J'ai
soulevé le point. Le ministre a la responsabilité sur cette
question.
M. Bédard: Tel que je vous l'ai dit, nous allons
sûrement procéder à une étude.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 5 est
suspendu. Article 6? Il y a un amendement, M. le ministre?
M. Bédard: À l'article 6, il y aura un amendement.
Insérer, dans la première ligne du dernier alinéa de
l'article 20 de la charte, édicté par le deuxième
paragraphe de l'article 6 du projet de loi, après le mot "assurance",
les mots "ou de rente". Il s'agit tout simplement d'une modification de
concordance afin que les contrats de rente soient également visés
par cet article.
M. de Bellefeuille: Et non pas seulement les régimes de
rentes?
M. Bédard: Est-ce que nous adoptons l'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Bédard: Adopté, mais on n'adopte pas
l'article.
Le Président (M. Boucher): On va adopter l'amendement,
d'abord.
M. Bédard: Oui. Quelques commentaires sur l'ensemble de
l'article. À l'article 6, l'ensemble de ces modifications a pour objet,
premièrement, de faire en sorte que les qualités exigées
pour un emploi soient réellement requises pour cet emploi.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, j'ai
demandé si l'amendement était adopté d'abord, avant de
discuter l'article.
M. Marx: Vous voulez dire les mots "ou de rente"?
Le Président (M. Boucher): Oui. M. Marx: Oui,
adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 6? M. le
ministre.
M. Bédard: Les modifications prévues à cet
article ont pour objet, premièrement, de faire en sorte que les
qualités exigées pour un emploi soient réellement requises
pour cet emploi et de rendre l'application de l'article 20 plus objective.
Deuxièmement, elles ont pour objet de réputer non
discriminatoires, dans un régime d'avantages sociaux et dans des
contrats de rente et d'assurance, les distinctions, exclusions ou
préférences fondées sur des facteurs de
détermination de risques. En effet, l'article 90 de la charte, qui,
actuellement, n'interdit pas la discrimination pour certains motifs dans le
domaine, est abrogé de sorte que le principe de base devient la
non-discrimination.
Toutefois, considérant certaines pratiques actuarielles
équitables et afin de ne pas augmenter radicalement les coûts dans
les domaines des rentes et de l'assurance, le gouvernement fixera par
règlement les facteurs de détermination de risques qui ne
constituent pas de la discrimination par le biais d'un mécanisme auquel
on a déjà fait allusion, soit que ce règlement devra
être étudié par la commission parlementaire de la justice
avant que l'on puisse procéder de quelque façon que ce soit
à sa mise en application.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Est-ce que le ministre a reçu le mémoire
du Bureau d'assurance du Canada? C'est une lettre datée du 7
décembre 1982.
M. Bédard: Oui, j'ai reçu cette communication. Nous
avons pris la décision non pas d'aller dans le sens de la suggestion qui
nous est faite, à savoir de s'en remettre à des règlements
sectoriels, mais de procéder par un règlement en bonne et due
forme de la charte où il est prévu un mécanisme de
sécurité, un mécanisme plus rigoureux qui est l'obligation
que ce règlement soit discuté en commission parlementaire de la
justice. Je pense aussi que cela permettra aux citoyens et aux citoyennes de
considérer la charte comme un tout; la loi et très clairement les
règlements qui découlent de cette loi et qui seront en annexe
formeront un tout. Si cela se retrouvait dans des réglementations
sectorielles, je pense que ce ne serait pas à l'avantage des citoyens et
des citoyennes. D'autant plus qu'on prévoit un mécanisme beaucoup
plus rigoureux.
M. Marx: Je pense que le mémoire du Bureau d'assurance du
Canada suggérait qu'on biffe les mots "par règlement" et qu'on
ajoute les mots "par le Surintendant des assurances". Ils veulent, si je
comprends bien, que ce soit le surintendant qui prévoie les
règles et que ce ne soit pas l'Assemblée nationale par le
truchement de sa commission de la justice.
M. Bédard: C'est exact et, comme je vous l'ai dit tout
à l'heure, notre décision ne va pas dans le même sens. Avec
tout le respect qu'on peut avoir pour le Surintendant des assurances, je crois
que l'Assemblée nationale est très bien placée, surtout
quand on parle de la Charte des droits et libertés et de ses
règlements, pour prendre les décisions qui s'imposent en tenant
compte, naturellement, des considérations qui peuvent être faites
par le Surintendant des assurances.
M. Marx: Je vais le répéter pour les fins du
journal des Débats: Nous avons voulu que les règlements soient
déposés, en vertu de cet article et d'autres articles qu'on
étudiera plus tard aujourd'hui, avant l'étude du projet de
loi.
M. Bédard: M. le Président...
M. Marx: Juste un autre petit point. Quand la commission
permanente de la justice siégera concernant les règlements
proposés en vertu de l'article 20, est-ce qu'on va inviter les personnes
concernées à venir nous expliquer leur point de vue?
M. Bédard: Évidemment, nous allons nous faire un
devoir de le faire.
M. Marx: On va siéger en commission comme on siège
pour l'étude d'un projet de loi. Les personnes seront les bienvenues
pour nous expliquer...
M. Bédard: Avec possibilité d'entendre des
personnes ou des groupes qui pourraient avoir des représentations
à faire. Autrement dit, on va se donner toute la sécurité
nécessaire, toute la consultation nécessaire, pour s'assurer que
ces règlements vont bien répondre au pouvoir habilitant qui est
dans la loi et répondre aux critères que nous nous fixons dans la
Charte des droits et libertés de la personne.
M. Marx: Si je me souviens bien...
M. Bédard: C'est pour cela que cette formule est de
beaucoup - le député de D'Arcy McGee en conviendra
peut-être -supérieure à la suggestion de remettre
l'ensemble de cette appréciation entre les mains du Surintendant des
assurances.
M. Marx: Si je me souviens bien pour les règlements
touchant les programmes d'accès à l'égalité, c'est
prévu dans le projet de loi qu'il sera nécessaire de passer par
la commission permanente de la justice.
M. Bédard: De la justice, avec le même processus
dont je viens de vous parler.
M. Marx: Oui, le même processus. Mais c'est prévu
expressément dans le projet de loi.
M. Bédard: C'est cela.
M. Marx: En ce qui concerne l'article 6, le processus n'est pas
expressément détaillé.
M. Bédard: L'article 86.10 s'applique à tous les
règlements. "Le gouvernement, après consultation de la
commission, publie le projet de règlement à la Gazette officielle
du Québec." On parle des règlements qui sont
édictés à l'article 86.9.
M. Marx: Quel article?
M. Bédard: L'article 86.9. On spécifie les
règlements, à savoir deux règlements: un pour
"déterminer les données actuarielles et les facteurs de
détermination de risque qui ne constituent pas de la discrimination dans
les contrats d'assurance, les régimes d'avantages sociaux, de retraite,
de rentes ou d'assurance ou dans les régimes universels de rentes ou
d'assurance". Il y a un autre règlement "pour fixer les critères,
normes, barèmes, conditions ou modalités concernant
l'élaboration, l'implantation ou l'application de programmes
d'accès à l'égalité, en établir les
limites...
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: ... et déterminer toute mesure
nécessaire ou utile à ces fins". À l'article 86.10, vous
voyez là un mécanisme très original.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: On joue un peu à saute-mouton. On est
rendu à l'article 19. À propos de l'article 19 qui comporte
l'article 86.10 dont le ministre vient de parler, il y a un projet de
réforme parlementaire qu'on trouve principalement dans la loi no 90 qui
est devant la Chambre à l'heure actuelle, d'une part, et, d'autre part,
dans une proposition gouvernementale qui est à l'étude devant une
sous-commission de l'Assemblée nationale. Dans cette proposition
gouvernementale, il est prévu que les commissions élues
permanentes, réparties selon les ministères, seront
remplacées par d'autres commissions. Je ne pense pas que ce soit le lieu
pour s'étendre sur la description des autres commissions, mais les mots
qu'on trouve à l'article 86.10 risquent de devenir caducs d'ici quelques
mois, puisqu'on y parle de "la commission parlementaire élue de la
justice". Si le projet gouvernemental de réforme parlementaire est
adopté, cette commission n'existera plus. Alors, je me demande si,
à ce moment-là, on ne pourrait pas parler de la commission
parlementaire compétente ou de quelque chose du genre.
M. Bédard: Je crois qu'il faut être plus
précis, quitte à ce que nous fassions les concordances
nécessaires...
M. de Bellefeuille: Au moment où...
M. Bédard: ... en temps et lieu, lorsque les
décisions auront été prises. Je pense que le
député de Deux-Montagnes comprend qu'on ne peut pas anticiper
plus qu'il ne faut ces décisions. (13 heures)
M. de Bellefeuille: Je comprends, M. le Président, qu'on
fait de façon assez automatique les concordances quand il s'agit de
l'adoption d'une loi. Là, les propositions dont je parle devant la
sous-commission de l'Assemblée nationale n'aboutiront pas à des
lois; elles vont aboutir à des modifications au règlement de
l'Assemblée nationale. Je ne sais pas s'il y a le même genre de
mécanisme automatique pour apporter des modifications de concordance aux
lois en fonction de changements apportés au règlement de
l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Comme le député de Deux-Montagnes
le sait, nous travaillons présentement à une réforme
globale dans ce domaine. Je ne voudrais pas anticiper ou présumer des
décisions à prendre. Une chose est certaine: s'il y a lieu de
faire des concordances, cela ne présente pas de difficulté.
M. de Bellefeuille: Peut-on le faire à partir de
modifications au règlement de l'Assemblée?
M. Bédard: Je ne veux pas présumer du
mécanisme que va arrêter l'Assemblée nationale. C'est pour
cela qu'il nous est nécessaire d'avoir un mécanisme très
précis, quitte à devancer, d'une certaine façon, certaines
conclusions de la réforme. Nous nous devons d'être précis,
quitte à ajuster tout cela en fonction de la réforme globale qui
s'en vient. Cela va?
Le Président (M. Boucher): L'article 6 est adopté
tel qu'amendé.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 02)
(Reprise de la séance à 15 h 11)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaîtî La commission permanente de la justice reprend ses travaux
aux fins d'étudier article par article le projet de loi no 86, Loi
modifiant la Charte des droits et libertés de la personne. À la
suspension de nos travaux, nous en étions à l'article 7. M. le
ministre.
M. Bédard: M. le Président, je pense que nous
avions laissé un article ouvert.
Le Président (M. Rochefort): Oui, l'article 5 était
en suspens.
M. Bédard: L'article 5.
Le Président (M. Rochefort): On peut y revenir
maintenant.
M. Bédard: J'aurais un amendement qui, je pense, pourrait
satisfaire tout le monde et nous permettrait de terminer l'article.
Le Président (M. Rochefort): Vous en avez des copies, M.
le ministre?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Oui, merci.
M. Bédard: Alors, l'amendement aurait pour effet
d'insérer, après l'article 18.1 de la charte, le suivant: "Nul ne
peut congédier, refuser d'embaucher ou autrement pénaliser
dans le cadre de son emploi une personne du seul fait qu'elle a
été reconnue coupable ou s'est avouée coupable d'une
infraction pénale ou criminelle, si cette infraction n'a aucun lien avec
l'emploi ou si cette personne en a obtenu le pardon." Je pense, à partir
de ce moment-là, qu'on couvre tout.
M. Marx: Donc, on enlève...
M. Bédard: On enlève l'idée de
délai...
M. Marx: ...le délai de cinq ans.
M. Bédard: ... en retenant plutôt l'idée de
pardon et, naturellement, l'idée importante concernant le lien avec
l'emploi.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 18.2?
L'amendement proposé ce matin au même article est-il aussi
adopté? La première partie de l'article 18.1 aussi?
M. Bédard: La première partie, oui.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Est-ce que
l'article 5, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 7?
M. Bédard: L'article 6 a été
adopté?
Le Président (M. Rochefort): Oui, l'article 6 a
été adopté ce matin, M. le ministre.
M. Bédard: Cela va. Alors, l'article 7. Ce nouvel article
prévoit une protection contre les saisies, perquisitions ou fouilles
qui, même si elles sont légales, peuvent être abusives. Avec
l'article 7, nous entreprenons une série d'ajouts concernant les droits
judiciaires...
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Bédard: ... en fonction de droits nettement
reconnus.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Qu'est-ce que cela pourrait être
"abusives"? C'est large, "abusives". C'est très subjectif.
M. Marx: Cela peut être les fouilles qu'on a
déjà pratiquées dans le corps d'une personne, dans
certains cas...
M. Bédard: Non.
M. Marx: ... qui ont fait jurisprudence par exemple.
M. Bédard: C'est qu'une saisie peut, à un moment
donné, avoir été pratiquée après avoir
obtenu toutes les autorisations légales, mais se révéler
par la suite très abusive. Par exemple, une fouille qui brise tout.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce serait dans ce sens-là.
M. Bédard: C'est cela. D'ailleurs, cela rejoint... Je ne
sais pas, le député de D'Arcy McGee doit...
M. Marx: Allez-y, M. le ministre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais ce n'est pas plus clair dans la
charte canadienne, quand on parle d'"abusives".
M. Bédard: Non, rapidement une jurisprudence va
s'établir là-dessus et la notion d'abus, même à
partir d'une autorisation légale, me semble être carrément
la notion de base. Je pense qu'aucun des membres de cette commission n'est pour
qu'un abus se fasse.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si la Sûreté du
Québec pénètre à l'intérieur d'une maison et
fouille de fond en comble, est-ce que c'est abusif?
M. Bédard: Tout est question de preuve. C'est à
partir de faits précis, de la connaissance de l'objet de
l'exécution d'un mandat qu'on est en mesure de voir s'il y a eu abus ou
pas par rapport à l'objectif qui devait être atteint.
M. Leduc (Saint-Laurent): II a un mandat.
M. Bédard: C'est cas par cas. On ne peut pas dire que les
critères de l'abus seront les suivants. Je pense que c'est à
partir de l'évaluation de chacune des situations qu'on peut conclure
s'il n'y a eu que l'exécution normale d'un ordre de perquisition ou si
des gens ont profité de cet ordre délivré
légalement pour abuser dans son exécution.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce serait simplement si on brisait
certains équipements, certains matériels. Mais le fait
de faire une fouille de A à Z, ce n'est pas abusif
nécessairement.
M. Bédard: Cela peut être d'autres cas aussi. Un
mandat de perquisition aux fins de saisir un objet bien précis si la
preuve est faite que dès l'entrée dans la propriété
il y avait possibilité de mettre la main sur l'objet en question et
qu'une fois ce travail fait on a profité de la situation pour
procéder à du harcèlement, à une fouille
complète.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour fins fiscales où on apporte
tout.
M. Bédard: Non, là par exemple... Je pense que les
exemples que vous apportez ne font que confirmer que c'est cas par cas que peut
se faire l'évaluation. Il ne peut pas y avoir de règles
générales qui règlent tous les cas. On peut fort bien
avoir un mandat aux fins d'aller chercher des documents et qu'il n'y ait aucun
abus à ce que tous les documents soient réquisitionnés
d'une certaine façon. Il peut s'agir d'un mandat pour obtenir un
document en particulier. Si la preuve est faite que, dès la demande, le
document en question leur a été remis et qu'on en a
profité après pour se livrer à d'autres manoeuvres de
harcèlement, c'est cas par cas qu'on peut l'évaluer.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est plutôt relié aux
dommages qui pourraient être causés à la suite de ces
fouilles. D'accord.
M. Bédard: Je dirais que le critère, c'est le
critère de raisonnabilité dont on a fait preuve dans
l'exécution d'un ordre légalement donné. Quand cela
dépasse manifestement la raisonnabilité...
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela dépasse toujours la
raisonnabilité normalement quand il y a une fouille.
M. Bédard: Écoutez. On peut avoir chacun notre
opinion là-dessus. Je ne pense pas qu'on soit en mesure de passer des
jugements sur des cas particuliers quand on ne les a pas devant nous.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est bien sûr.
M. Bédard: Les tribunaux sont là pour cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce sont des agents qui outrepassent
bien des fois leur mandat.
M. Marx: M. le Président, j'aimerais poser une ou deux
questions au ministre. Premièrement, cela va de soi que c'est la charte
canadienne qui doit s'appliquer au Code criminel. Le plus grand nombre de
saisies, perquisitions ou fouilles abusives sont faites en fonction du droit
criminel; donc, la Charte des droits et libertés du Québec ne
s'applique pas. Maintenant, j'aimerais demander au ministre pourquoi on n'a pas
rédigé cet article comme celui qui se trouve dans la charte
canadienne et qui se lit comme suit: "Chacun a droit à la protection
contre les fouilles, les perquisitions ou les saisies abusives? L'article que
vous avez rédigé et qu'on étudie maintenant se lit: "Nul
ne peut faire l'objet de saisies, perquisitions ou fouilles abusives." J'aurais
pensé qu'on rédigerait un article semblable ou exactement comme
celui qui est dans la charte fédérale parce que, de cette
façon, la jurisprudence serait de la même portée.
M. Bédard: On dit la même chose en meilleur
français.
M. Marx: Vous pensez que c'est un meilleur français, c'est
la raison.
M. Bédard: "Chacun a droit à la protection contre".
La protection de qui?
M. Marx: C'est une question de français, si je comprends
bien. Ce serait utile pour les gens qui lisent le journal de comprendre que la
différence tient à la langue.
M. Bédard: En fait, vous êtes à même de
constater, sans y aller nécessairement de comparaisons, que la
formulation est plus claire nettement.
M. Marx: Je voulais juste savoir. Parfait. Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 8?
M. Bédard: Article 8. Cette modification est la
confirmation législative d'un droit reconnu par la jurisprudence qui
veut qu'un accusé soit informé sans délai de l'infraction
qu'on lui reproche.
M. Marx: Je vais juste faire remarquer ceci: "Tout accusé
a le droit d'être promptement informé de l'infraction
particulière qu'on lui reproche." Est-ce que le ministre a
demandé à ses fonctionnaires de faire une étude sur le mot
"promptement"? Quelle est la portée de "promptement" dans la
jurisprudence?
M. Bédard: Pardon?
M. Marx: Quelle est la portée ou la signification de
"promptement" dans la jurisprudence? Dans la charte canadienne, on
dit: Sans délai anormal. Est-ce à cause de la langue,
encore là, ou si vous avez une raison plus...
M. Bédard: Écoutez, dans la charte, c'est "sans
délai anormal". Moi, je préfère l'expression "promptement"
parce que notre charte prévoit déjà des comportements.
M. Marx: II y a toujours un délai, cela prend du
temps.
M. Bédard: "Promptement", cela inclut
nécessairement la notion de délai. Ce n'est pas indiqué
"sans délai". C'est pour garder une uniformité de terminologie,
puisque le terme "promptement" se retrouve dans d'autres articles de notre
charte, entre autres, à l'article 28, à l'article 30.
M. Marx: Un instant, je vais vérifier notre traduction
anglaise pour voir ce que cela veut dire. "Promptly", cela n'aide pas
beaucoup.
M. Bédard: Cela se ressemble.
Le Président (M. Rochefort): Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 9?
M. Bédard: Cette modification a pour objet d'affirmer avec
plus de force qu'à défaut d'être promptement conduite
devant le tribunal compétent la personne arrêtée ou
détenue doit être relâchée.
M. Marx: Cette charte est modifiée par l'addition... Un
instant!
M. Bédard: M. le Président... M. Marx:
J'aimerais savoir...
M. Bédard: Une seconde! Il y a peut-être une
erreur.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bédard: Est-ce qu'on était à l'article
10?
Le Président (M. Rochefort): Article 9, M. le
ministre.
M. Bédard: Bon. L'article 9 concerne le droit d'être
informé promptement de ses droits. Alors, cela confirme le droit pour
une personne arrêtée ou détenue de prévenir ses
proches et de recourir aux services d'un avocat. Maintenant, cette pratique
risque d'être illusoire si la personne n'est pas informée
promptement de l'existence de ces droits. C'est donc l'objet de cette
modification que de prévoir l'obligation d'informer la personne
arrêtée ou détenue de ses droits.
M. Marx: Mais j'aimerais faire part de la recommandation du
barreau sur cet article. Le barreau a suggéré qu'on adopte la
formulation suivante: "Toute personne arrêtée ou détenue a
droit, sans délai, d'en prévenir ses proches et de recourir
à l'assistance d'un avocat. Elle doit être promptement
informée de ses droits."
Les commentaires du barreau sont les suivants: Bien que le principe
ajouté à l'article 29 de la charte soit excellent, on peut
s'interroger sur la capacité qu'aurait le détenu d'exercer les
droits qui y sont énoncés. Par ailleurs, quant au mot "services"
utilisé à l'article 29, nous suggérons de le remplacer par
le mot "assistance" ce concept étant plus vaste. Il permettrait, en
effet, à la personne détenue de parler à un avocat sans
être obligée de retenir ses services. C'est subtil, mais je pense
que le barreau a une vaste expérience dans ces matières. Je pense
qu'il est bon de faire part de ses recommandations pour que le ministre se
prononce d'un côté ou de l'autre.
M. Bédard: Remarquez que je crois que les deux
formulations nous donnent le même résultat. Je n'ai pas
d'objection à changer le mot "services" pour le mot "assistance" si le
député de D'Arcy McGee le préfère. Je ne voudrais
pas faire de papillon pour rien. Je crois qu'on peut recourir aux services d'un
avocat ou à l'assistance d'un avocat sans nécessairement retenir
ses services. Mais plutôt que de faire une longue argumentation...
M. Marx: On ne veut pas faire de longue argumentation.
M. Bédard: ... je peux vous dire que je suis très
disposé...
M. Marx: Cela peut être une amélioration.
M. Bédard: Le barreau reconnaît que l'article est
excellent.
M. Marx: Oui.
M. Bédard: Je ne crois pas qu'il deviendra "très
excellent", il demeurera excellent.
M. Marx: Bien, on essaie de faire la meilleure charte possible et
pas seulement une bonne charte si le ministre est d'accord.
M. Bédard: Oui, oui, je n'ai pas d'objection. Nous
proposons de biffer les mots "aux services" et de les remplacer par "à
l'assistance".
Le Président (M. Rochefort): À l'article 9?
Une voix: C'est cela. M. Marx: C'est dans l'article...
Une voix: C'est ajouté à la fin.
Une voix: C'est ajouté à l'article 29.
Le Président (M. Rochefort): Ah bon!
Je n'ai pas l'article 29. Vous m'excuserez, mais je n'ai pas l'article
29.
M. Bédard: "...et de recourir à l'assistance d'un
avocat."
M. Marx: Bon. On biffe les mots "aux services". (15 h 30)
M. Bédard: Nous les remplaçons par les mots
"à l'assistance". L'article se lirait donc comme suit: "Toute personne
arrêtée ou détenue a le droit, sans délai, d'en
prévenir ses proches et de recourir à l'assistance d'un
avocat."
Le Président (M. Rochefort): L'amendement est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): L'article 9, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Marx: Non, j'ai une autre question à poser au ministre.
Supposons que ce droit n'est pas respecté, quel sera le recours du
prévenu? Peut-être devrais-je poser la question préalable:
Quelles instructions le ministre entend-il donner à la
Sûreté du Québec et aux autres corps policiers en ce qui
concerne cette exigence? C'est bien de le mettre dans la charte, mais je pense
que le ministre doit avoir une politique qui sera diffusée et qui sera
suivie.
M. Bédard: C'est plus qu'une politique qui sera suivie. Il
y aura des cours de formation adéquats tenant compte des nouvelles
dispositions que contient la charte. De toute façon, ils sont
déjà prévenus du fait que, comme on l'a dit tout à
l'heure, la charte canadienne s'applique lorsqu'il s'agit des dispositions
concernant le Code criminel.
M. Marx: Oui, mais il y a souvent des arrestations et le policier
décide après s'il va poursuivre en vertu d'une loi provinciale ou
d'une loi fédérale. Souvent, ils arrêtent quelqu'un pour
délit de fuite. C'est seulement après qu'ils décident si
ce sera en vertu du Code de la route ou du Code criminel.
M. Bédard: Cela règle le problème parce que,
dans l'une comme dans l'autre, la disposition sera effectivement la
même.
M. Marx: Oui, mais je veux seulement être sûr que le
ministre prendra les mesures nécessaires pour développer une
politique, pour que ce soit diffusé et que les corps policiers
soient...
M. Bédard: Même si vous me le dites trois fois, il
n'y...
M. Marx: ... informés.
M. Bédard: ... aura pas plus de mesures que celles que je
viens d'évoquer qui, à mon sens, répondent à la
situation. Avant même qu'on nous en fasse la demande, nous avons
prévu des cours de formation pour que les policiers soient bien en
mesure de connaître et d'appliquer les nouvelles dispositions de la
charte qui peuvent les concerner dans leur travail.
M. Marx: Ma deuxième question est: Quel sera le recours
d'un prévenu qui ne sera pas promptement informé de ses droits?
Le ministre envisage-t-il un recours quelconque?
M. Bédard: Lorsqu'il y a atteinte aux droits fondamentaux,
les recours prévus sont l'injonction, le recours aux dommages et
intérêts.
M. Marx: Ce n'est pas tellement fort comme recours.
M. Bédard: Que voulez-vous qu'il y ait de plus?
M. Marx: Je voudrais vous expliquer pourquoi je trouve que cela
n'est pas tellement fort.
M. Bédard: Non, non. Je suis prêt à accepter
des suggestions, si vous en avez.
M. Marx: Je vous donnerai ma suggestion en 33 secondes. Le
recours en dommages et intérêts est souvent théorique dans
le sens que cela prend des années et, pour que le policier ne subisse
pas des dommages lui-même, c'est la ville ou le gouvernement qui paye. Ce
n'est pas facile, lorsqu'on est en prison, d'aller chercher une injonction et,
de toute façon, c'est trop tard parce qu'il n'a pas été
informé. L'injonction ne peut pas avoir un effet curatif. Mais, je vois
dans la...
M. Béclard: Les plaintes...
M. Marx: Le ministre va-t-il me permettre de terminer?
M. Bédard: Oui, oui, vous pouvez terminer.
M. Marx: Je vois dans la charte canadienne, à l'article
24, paragraphe 2, qu'on prévoit ceci: "Lorsque, dans une instance
visée au paragraphe 1 - c'est-à-dire la violation ou la
négation des droits et libertés qui lui sont garantis par la
présente charte -le tribunal a conclu que les éléments de
preuve ont été obtenus dans des conditions qui portent atteinte
aux droits ou libertés garantis par la présente charte, ces
éléments de preuve sont écartés s'il est
établi, eu égard aux circonstances, que leur utilisation est
susceptible de déconsidérer l'administration de la justice." Cela
veut dire que, dans la charte fédérale, le policier qui pose un
acte qui va à l'encontre de la charte...
M. Bédard: II ne faudrait pas mêler -je vous le dis
tout de suite - la commission d'un acte criminel avec le problème de
l'obtention d'une preuve. C'est quand même différent.
M. Marx: Je pense à l'arrêt décidé par
la Cour suprême, à l'arrêt Hogan, par exemple. Hogan a
demandé les services et l'assistance d'un avocat, cela a
été refusé. Il s'est soumis au test de
l'ivressomètre sans avoir la possibilité de discuter l'affaire
avec son avocat. Mais, avec la nouvelle charte canadienne, ce serait possible
pour la Cour d'exclure la preuve obtenue d'une façon illégale.
Cela irait aussi pour des infractions provinciales, le cas le
échéant, parce que la preuve peut être obtenue d'une
façon illégale en vertu des lois provinciales comme en vertu des
lois fédérales.
M. Bédard: Je crois qu'il y a avantage à garder
l'article tel qu'il est libellé, sachant très bien que les
tribunaux en feront une interprétation.
M. Marx: Mais le recours n'est pas donné ici comme dans la
charte canadienne.
M. Bédard: Pour ce qui est du recours, ce sont ceux que je
vous ai exprimés tout a l'heure. C'est le choix que nous avons fait par
rapport...
M. Marx: Est-ce que le ministre serait d'accord...
M. Bédard: ... au recours qui est prévu dans la
charte canadienne qu'évoque le député de D'Arcy McGee.
Maintenant, je lui rappelle que l'article 24, qui concerne les recours à
la suite d'atteintes faites aux droits et libertés, stipule que "toute
personne victime de violation ou de négation des droits et
libertés qui lui sont garantis par la présente charte peut
s'adresser à un tribunal compétent pour obtenir la
réparation que le tribunal estime convenable et juste eu égard
aux circonstances." Toute la latitude nécessaire est laissée,
à ce moment-là, au tribunal.
M. Marx: Cela, c'est la charte fédérale. Vous avez
seulement lu l'article dans la charte canadienne.
M. Bédard: Permettez-moi de terminer. Ce sont des
amendements; il faut lire la charte dans son ensemble. À l'article 49 de
notre charte qui traite de la réparation de préjudices pour
atteinte illicite à un droit, on peut lire le libellé suivant:
"Une atteinte illicite à un droit ou à une liberté reconnu
par la présente charte confère à la victime le droit
d'obtenir la cessation de cette atteinte et la réparation du
préjudice moral ou matériel qui en résulte. En cas
d'atteinte illicite et intentionnelle, le tribunal peut, en outre, condamner
son auteur à des dommages exemplaires." Ce sont des dommages et
intérêts.
M. Marx: II n'y a pas de réparation possible une fois que
le gars est en prison. L'idée ici, c'est d'exclure la preuve
illégalement obtenue.
M. Bédard: Je vous l'ai dit que sur la question de la
preuve, cela n'est pas pareil, c'est vrai.
M. Marx: Je vais vous donner mon opinion, M. le ministre. Il y a
deux points sur cela. Premièrement, cela donne un recours au
prévenu et, deuxièmement, cela a un effet dissuasif sur les
policiers de poser des actes illégaux, parce que le policier qui pose un
acte illégal va savoir que la preuve obtenue d'une façon
illégale ne peut pas être utilisée devant les tribunaux. En
conclusion, j'aimerais dire que les garanties de protection des droits
légaux dans la charte canadienne sont plus fortes que les garanties que
nous sommes en train d'encadrer dans la charte québécoise. Les
Canadiens dans les autres provinces auront une meilleure protection face
à leurs lois provinciales, face à leurs règlements
municipaux, que les Québécois.
M. Bédard: Je ne le crois pas, parce que...
M. Marx: C'est un fait, ce n'est pas une opinion.
M. Bédard: ... dans le texte - vous n'allez jamais
jusqu'au bout - cela n'est pas clair que ces éléments de preuve
sont écartés. Ce n'est cela dans la charte. La charte canadienne
le dit bien, à l'article 24, paragraphe 2, que "ces
éléments de preuves sont écartés - il y a une
soupape - s'il est établi - c'est très général - eu
égard aux circonstances, que leur utilisation est susceptible de
déconsidérer l'administration de la justice." Qu'est-ce que cela
va vouloir dire dans l'interprétation des tribunaux? Je pense qu'on sera
en mesure de le voir. Je crois que, dans un premier temps, contrairement
peut-être à ce que vous avez dit, à savoir qu'il n'y avait
pas de recours civil, il y a effectivement des recours civils pour une personne
dont les droits auraient été atteints en vertu de l'article que
nous étudions. Il y a aussi la possibilité pour le tribunal - il
a toute la latitude possible - de prendre les autres décisions qui
peuvent s'imposer dans le meilleur intérêt de l'administration de
la justice.
M. Marx: En vertu de quel article?
M. Bédard: C'est pour cela que les tribunaux sont
là.
M. Marx: En vertu de quel article de notre charte?
M. Bédard: Bien oui, mais je vous l'ai dit tout à
l'heure.
M. Marx: L'article 49?
M. Bédard: Je vous l'ai donné. Je vous ai tout
donné. Je peux bien répéter. Vous avez l'article 49. J'ai
cité également...
M. Marx: Oui, mais l'article 49 n'a pas la même...
M. Bédard: Non, non, mais je vous parle des dommages
civils. Franchement!
M. Marx: Mais ce n'est pas la même chose, M. le ministre.
Vous devez savoir cela. Vous avez pratiqué assez longtemps le droit
criminel.
M. Bédard: Bien oui, mais vous-même! Écoutez,
vous ne m'apprendrez pas qu'il y a une différence entre les dommages
civils et d'autres dommages comme ce que vous évoquez par rapport
à la charte canadienne.
M. Marx: Je vais vous donner l'exemple suivant: il y a des
policiers au Québec qui ont déjà cherché un
évadé et ils ont défoncé la porte de la maison. Ils
n'ont pas trouvé le type, il n'était pas là. Sa femme a
déposé une plainte au ministère de la Justice contre le
corps policier impliqué. Les policiers ont dit: "Pas de problème!
Envoyez une facture pour cette porte. On va faire les réparations ou
payer pour les réparations." Un recours civil n'est pas la même
chose que le recours que je propose qui va avoir un effet dissuasif. Les
policiers ne vont pas défoncer des portes s'ils savent que la preuve
qu'ils pourraient obtenir de façon illégale ne sera pas
utilisée. Si le ministre veut vraiment faire une
amélioration...
M. Bédard: Est-ce que vous voulez dire que, s'il
était clair qu'une preuve, si elle pouvait être produite, aurait
pour l'effet d'amener la condamnation d'une personne qui aurait commis un
meurtre, parce que cette preuve n'aurait pas été obtenue selon
tous les critères de la légalité, on en arriverait
à la conséquence que la preuve produite ne serait pas
acceptée et que la personne serait purement et simplement
libérée?
M. Marx: Aux États-Unis, c'est la jurisprudence. Si les
policiers ne peuvent pas se prévaloir d'une preuve particulière,
cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas d'autres preuves pour faire en sorte que
la personne soit condamnée. Cela veut dire que la preuve qui est
illégalement obtenue ne serait pas utile, mais d'autres preuves le
seraient.
M. Bédard: Je pense que ceci peut amener à des
abus. Tel que je viens de vous le dire, c'est une question
d'appréciation. Je crois que le paragraphe 2 de l'article 24 de la
charte canadienne...
M. Marx: Canadienne.
M. Bédard: ... quand on regarde sa formulation, cela ne
protège pas plus.
M. Marx: Mais il y a plus. Le paragraphe 2 de l'article 24 ne
veut rien dire.
M. Bédard: Écoutez, lisez-les! M. Marx:
Oui.
M. Bédard: On dit: "Ces éléments de preuve
sont écartés s'il est établi, eu égard aux
circonstances..." Je vous citais un cas tout à l'heure.
M. Marx: D'accord.
M. Bédard: Je voudrais bien savoir quelle serait la
décision d'un tribunal qui aurait manifestement à décider
s'il écarte une preuve et que cela constitue la preuve principale qui
peut amener la condamnation d'une personne accusée de meurtre. S'il
écarte cette preuve et que cela veut dire l'acquittement pour le seul
motif que vous
évoquez, je serais curieux de voir quelle serait la
jurisprudence. De toute façon, la formulation du paragraphe 2 de
l'article 24 de la charte canadienne parle de circonstances et explicite aussi
que les éléments de preuve ne sont écartés que s'il
est établi que "leur utilisation est susceptible de
déconsidérer l'administration de la justice. Ma conclusion est
très simple. C'est que nos tribunaux, avec les moyens qu'ils ont, si une
action tendait à déconsidérer l'administration de la
justice, prendraient les décisions qui s'imposeraient. Enfin, c'est une
manière différente de voir les choses. (15 h 45)
M. Marx: Mon point de vue est que -je pense que c'est une
appréciation objective de l'article 24 de la charte canadienne - cet
article offre une meilleure protection que les recours que l'on trouve dans la
charte québécoise. Parce que le Québec s'est
exempté de la charte canadienne, les garanties des
Québécois seront, par conséquent, affaiblies.
M. Bédard: Vous pouvez le prétendre. Vous pouvez
même le répéter dix fois. Ce n'est pas vrai que c'est un
fait, parce que vous ne lisez dans l'article de la charte canadienne...
M. Marx: C'est un fait. Demandez-le à n'importe quel
juriste.
M. Bédard: ... que ce qui vous va, sans les nuances qui y
sont contenues. Et vous oubliez une chose fondamentale, c'est qu'il y a des
tribunaux qui sont là et qui ont, tant au Québec qu'ailleurs,
à entendre des causes et à toujours tenir compte de la
considération ou de la déconsidération de l'administration
de la justice.
M. Marx: Je suis prêt à proposer un amendement, si
le ministre est prêt à faire de la charte québécoise
vraiment la meilleure charte possible, c'est-à-dire que toute preuve
illégalement obtenue serait inadmissible devant les tribunaux.
M. Bédard: Vous admettriez...
M. Marx: Une preuve illégalement obtenue,
c'est-à-dire une preuve qui est obtenue à l'encontre des
garanties et droits légaux de la charte, serait inadmissible devant les
tribunaux.
M. Bédard: Vous voudriez me faire accepter qu'une personne
qui, manifestement, serait condamnée parce qu'elle a commis un meurtre
pourrait...
M. Marx: Ce n'est pas de notre compétence.
M. Bédard: On ne commencera pas à faire des
différences selon les plaintes. Ce sont des principes
généraux ou ce n'en sont pas.
M. Marx: Ce n'est pas pour le meurtre, c'est pour...
M. Bédard: Une fraude fiscale? M. Marx: Oui, c'est
cela.
M. Bédard: Vous voudriez que j'accepte que, parce qu'il
aurait pu y avoir une illégalité technique - cela peut être
technique - dans l'obtention d'une preuve, quelqu'un qui pourrait être
condamné a payer 1 000 000 $, par exemple, à la suite d'une
fraude fiscale, puisse être carrément acquitté à
partir du moment où ce serait la seule preuve qu'on pourrait offrir
contre lui? Honnêtement, je ne suis pas capable d'accepter cela.
M. Marx: C'est cela la jurisprudence aux États-Unis.
M. Bédard: Quand cela fait votre affaire, vous vous en
allez aux États-Unis; quand cela fait votre affaire, vous vous
référez à la charte canadienne. La seule chose que je
remarque, c'est que vous n'êtes jamais capable d'insister sur les points
où la charte québécoise des droits et libertés est
en avance sur toutes les autres chartes au monde. Elle est plus progressiste.
On voit que vous en faites l'étude d'une façon partisane, ce que
je n'accepte pas.
M. Marx: En ce qui concerne ces recours, je pense que, dans la
hiérarchie des recours, le recours américain serait le meilleur,
la charte canadienne serait en deuxième place et la charte
québécoise en troisième place.
M. Bédard: C'est votre appréciation. Vous partez
d'un fait et vous tirez des conclusions générales, alors que vous
savez très bien qu'il s'agit d'aller dans les conférences
constitutionnelles, les rencontres interprovinciales concernant les droits et
libertés pour se rendre compte - et on se le fait dire par toutes les
autres provinces et même par le fédéral - jusqu'à
quel point la charte des droits et libertés du Québec est en
avance par rapport aux autres, par rapport à leur propre charte.
M. Marx: M. le Président, je pense qu'on a
déjà adopté l'article.
Le Président (M. Rochefort): Non, pas encore, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee
accepte vite quand les propos ne font pas son affaire.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'article 9, tel
qu'amendé, est adopté?
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
10?
M. Bédard: Cette modification a pour objet d'affirmer avec
plus de force qu'à défaut d'être promptement conduite
devant le tribunal compétent la personne arrêtée ou
détenue doit être relâchée. C'est un principe qu'on
doit inclure, qui empêche des détentions prolongées.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'article 10 est
adopté? Adopté. Article 11?
M. Bédard: Cet article prévoit le droit pour un
accusé d'être jugé dans un délai raisonnable.
Le Président (M. Rochefort): Adopté? Adopté.
Article 12?
M. Bédard: Cette modification inscrit dans notre charte un
principe connu depuis longtemps par la jurisprudence qui veut que nul ne soit
tenu de s'incriminer lui-même.
Le Président (M. Rochefort): Adopté? M. Marx:
Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
13?
M. Bédard: Cette modification a pour objet de permettre
l'assistance gratuite d'un interprète lorsque l'accusé est
atteint de surdité.
Le Président (M. Rochefort): Adopté?
M. Bédard: La gratuité est en avant de tout ce qui
existe ailleurs.
Le Président (M. Rochefort): Adopté? M. Marx:
D'accord.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
14?
M. Marx: On a ajouté la surdité. Malheureusement,
on n'avait pas d'interprète pour...
Le Président (M. Rochefort): Article 14?
M. Bédard: Je pensais que vous vouliez dire qu'on
était en avance sur tout le monde sur ce point.
M. Marx: Sur la question de surdité, oui, M. le ministre,
surtout ce gouvernement.
M. Bédard: Cela montre encore une fois votre
partisanerie.
Le Président (M. Rochefort): J'ai appelé l'article
14.
M. Bédard: La modification à l'article 14
prévoit qu'une personne ne peut être jugée de nouveau pour
une infraction dont elle a été déclarée coupable ou
acquittée en vertu d'un jugement ayant force de chose jugée. Ici
encore, il s'agit de la codification d'une règle reconnue par la
jurisprudence.
Le Président (M. Rochefort): Adopté? M. Marx:
Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
15?
M. Marx: Cela veut dire que l'article 14, c'est pour faire la
concordance avec la charte canadienne étant donné que le
Québec s'est exempté de la charte. C'est ce qu'on fait.
Le Président (M. Rochefort): Article 15?
M. Bédard: Pas une concordance. C'est la charte
québécoise des droits et libertés. Ce n'est pas de
concordance, cela.
M. Marx: Vous savez que, lorsque les libéraux seront au
pouvoir bientôt, on va faire appliquer la charte canadienne au
Québec intégralement.
M. Bédard: Vous ferez ce que vous voudrez. J'ai bien
hâte de voir cette charte libérale. Je suis convaincu qu'elle
n'est pas à l'avant-garde comme celle que nous allons avoir avec les
amendements que nous proposons.
M. Marx: II ne faut pas faire de politique comme vous faites avec
les droits et libertés des personnes.
Le Président (M. Rochefort): Cela va bien?
M. Bédard: Article 14 adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Rochefort): Oui, article 14,
adopté. Article 15?
M. Bédard: Je vois le député de D'Arcy
McGee sourire.
Le Président (M. Rochefort): Article 15?
M. Bédard: L'article 15. En vertu de l'article 38 actuel,
la règle voulant qu'un témoignage ne puisse servir à
incriminer son auteur, sauf le cas de parjure, et s'appliquera que si le
témoin a requis du tribunal la protection de la loi. Par notre
modification, la règle s'appliquera, que le témoin ait ou non
demandé cette protection.
M. Marx: C'est l'article...
Le Président (M. Rochefort): 15.
M. Marx: ... 15. Je vois que vraiment on a ajouté les deux
mots qui se trouvent maintenant dans la charte canadienne.
Le Président (M. Rochefort): Adopté?
M. Bédard: Bon, si c'est le seul commentaire que vous avez
à faire à tous les articles, on pourrait le faire par
répétition.
M. Marx: C'est cela que j'ai trouvé. Le
Président (M. Rochefort): Adopté.
M. Marx: Si le ministre n'est pas d'accord, qu'il nous explique
que j'ai eu tort.
M. Bédard: Non, vous avez fait une magnifique étude
de la charte.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
16?
M. Marx: Avant...
M. Bédard: Article 16...
M. Marx: ... d'aborder l'article 16, M. le Président,
puis-je poser une question au ministre? Peut-être que j'aurai un
amendement à faire. Je vais tâter le terrain.
Le Président (M. Rochefort): À quel endroit?
M. Marx: Entre 15 et 16.
Le Président (M. Rochefort): Vous voulez proposer un
nouvel article? Est-ce que vous avez une copie de votre proposition
d'amendement?
M. Bédard: Est-ce que cela concerne 16?
M. Marx: Non, cela concerne l'article 43. Si le ministre se
souvient, dans mon discours de deuxième lecture, j'ai parlé de
l'article 43 qui dit: "Les personnes appartenant à des minorités
ethniques ont le droit de maintenir et de faire progresser leur propre vie
culturelle avec les autres membres de leur groupe." Dans mon discours de
deuxième lecture - je ne veux pas reprendre tout le discours - j'ai fait
remarquer que le Québec a déjà signé une entente
internationale ou a donné son consentement pour que le Canada signe
cette entente internationale...
M. Bédard: J'ai remarqué que dans... Voulez-vous
terminer?
M. Marx: Je cherche le titre de cette entente internationale que
le Québec a signée. C'est le pacte international relatif aux
droits civils et politiques. Dans ce pacte, on trouve un article 27 qui se lit
comme suit: "Dans les États où il existe des minorités
ethniques, religieuses ou linguistiques, les personnes appartenant à ces
minorités ne peuvent être privées du droit d'avoir en
commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre vie culturelle, de
professer et de pratiquer leur propre religion ou d'employer leur propre
langue." J'aimerais savoir si le ministre est prêt à substituer
cet article 27 dans le pacte international auquel le Québec a
donné son consentement à l'article 43 qui se trouve dans la
charte québécoise actuelle. Si on est d'accord avec le pacte
international auquel on a donné notre accord, je pense que ce serait
tout à fait logique de remplacer l'article 43 de la charte
québécoise actuelle par cet article 27 du pacte
international.
M. Bédard: M. le Président, je me rappelle que,
dans son discours, tant en français qu'en anglais, le
député de D'Arcy McGee a très bien dit à
l'Assemblée nationale que le Québec était à
l'avant-garde de toutes les autres communautés concernant la protection
des minorités. Je pense le citer presque au texte. Il a également
affirmé que le Québec n'avait de leçon à recevoir
de personne dans ce domaine.
M. Marx: Dans mon discours, j'ai dit que les
Québécois n'ont rien à apprendre des autres en ce qui
concerne la protection des libertés publiques, mais que le Parti
québécois a beaucoup à apprendre des
Québécois. C'est cela que j'ai dit.
M. Bédard: Cela est votre opinion, vous y avez droit. Mais
je pense avoir cité correctement l'essentiel, c'est-à-dire le
côté raisonnable de votre intervention. Je pense que cela
répond.
M. Marx: Mais, je me demande comment...
Le Président (M. Rochefort): Sur une motion d'amendement,
M. le député?
M. Marx: Oui, mais je veux juste aborder cette question. Si le
ministre est contre le principe, je ne vois pas la nécessité
de...
Le Président (M. Rochefort): Oui, j'en conviens facilement
avec vous, peut-être que, pour faciliter le déroulement de nos
travaux, vous pouvez vérifier cela au départ pendant quelques
minutes, mais il faudrait qu'on en vienne à discuter d'un amendement ou
pas. Actuellement, on discute de rien, d'aucun article.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Non, non. Je n'ai aucun
article devant moi. Vous avez refusé...
M. Marx: Oui, mais c'est la substitution que je propose à
l'article 43.
Le Président (M. Rochefort): Ah! Donc, vous avez un
amendement.
M. Marx: Cela peut être sous forme d'amendement, mais si le
ministre est carrément contre, je ne vais pas le proposer. Avant de
proposer l'amendement formellement, j'aimerais savoir si le ministre est
favorable à ce principe.
M. Bédard: Ce n'est pas que je suis contre. D'abord, j'ai
rappelé des propos tenus par le député de D'Arcy McGee
lui-même mentionnant que le Québec n'avait de leçon
à recevoir de personne sur le plan de la protection des
minorités. Deuxièmement, je n'ai rien contre
l'énoncé de principe du député de D'Arcy McGee,
mais je ne crois pas qu'on doive y aller d'un amendement pour la bonne et
simple raison que ce qu'il dit est déjà contenu dans l'article 43
de notre charte où on dit: "Les personnes appartenant à des
minorités ethniques ont le droit de maintenir et de faire progresser
leur propre vie culturelle avec les autres membres de leur groupe." Je pense
que tout est là.
M. Marx: Mais je pense que les garanties dans l'article 27 du
pacte international sont, à la face même de l'article, plus fortes
parce que l'article 27 dans le pacte international protège les droits
des groupes minoritaires; cela n'est pas fait dans l'article 43 de la charte
actuelle. Si le Québec est d'accord avec l'article 27 du pacte
international, pourquoi ne pas le mettre dans notre charte
québécoise, en toute logique?
M. Bédard: On n'est pas obligé de copier mot
à mot tout ce qu'il y a dans une charte.
M. Marx: Mais on était d'accord.
M. Bédard: On a le droit de s'exprimer. Je vous ai dit
qu'à l'article 43 il y avait tout ce qu'il fallait pour rejoindre la
préoccupation que vous avez exprimée. Vous-même avez
ajouté que, sur le plan des gestes et des actions, le Québec
n'avait de leçon à recevoir de personne jusqu'à
maintenant.
M. Marx: Si on dit cela, on n'a pas besoin de charte du tout.
Mais est-ce que le ministre est d'accord avec l'article 27 qui se trouve dans
le pacte international?
M. Bédard: Vous retrouvez l'essentiel de cet article
à l'article 43.
M. Marx: Les deux articles sont différents. Le ministre
n'est pas d'accord pour amender et substituer l'article 27 à l'article
43?
M. Bédard: Ce n'est pas ce que je vous dis. On n'est pas
ici nécessairement pour copier. Peut-être que le
député de D'Arcy McGee aimerait cela.
M. Marx: J'aimerais savoir ce que vous voulez faire: le
substituer ou non, mais ne pas patiner partout autour. (16 heures)
M. Bédard: Nous avons déjà un article
concernant les minorités. Je pense qu'il englobe l'ensemble des
préoccupations qui sont évoquées par le
député de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je conclus qu'il serait inutile pour moi de faire un
amendement formel parce que le ministre ne l'acceptera pas.
M. Bédard: Ne vous méprenez pas. Ce n'est pas parce
qu'on est contre; c'est parce que c'est déjà contenu dans
l'article 43.
Le Président (M. Rochefort): Article 16?
M. Marx: Si c'est déjà contenu...
Le Président (M. Rochefort): M. le député,
avez-vous une proposition d'amendement formelle à faire?
M. Marx: Puis-je avoir le consentement pour parler quelques
minutes de plus sur cet article, M. le Président?
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Y a-t-il consentement unanime
pour entamer une discussion qui n'est pas prévue à l'étude
article par article du projet de loi? Je n'ai pas de proposition
d'amendement.
M. Marx: Le ministre a dit qu'il était d'accord que l'on
en discute deux ou trois minutes.
M. Bédard: Non, mais votre dernière...
Le Président (M. Rochefort): M. le député,
je pose la question aux membres de la Commission.
M. Marx: Parce que si on m'empêche de parler, faute de
consentement unanime ici, il y aura beaucoup de problèmes, au salon
bleu.
M. Bédard: M. le Président, jusqu'à
maintenant...
Le Président (M. Rochefort): La demande de consentement se
fait sans débat, M. le député de D'Arcy McGee.
M. Bédard: ... on discute de la Charte des droits et
libertés. On s'est dit dès le départ - et nous avons tenu
parole - que tout le monde aurait le temps de s'exprimer et je pense que nous
devons continuer dans cette voie. Alors, si le député de D'Arcy
McGee veut ajouter quelque chose.
M. Marx: Le consentement unanime, c'est un jeu dangereux de temps
à autre.
Le Président (M. Rochefort): M. le député,
je vous ferai remarquer que ce n'est pas une question de jeu pour moi; c'est
une question d'appliquer notre règlement. Vous avez la parole.
M. Marx: Oui, oui. Pour moi, c'est une question de
règlement et de jeu.
Le Président (M. Rochefort): Pourvu que cala ne s'adresse
pas à la présidence de la commission.
M. Marx: Non, non, pas du tout. Le Président (M.
Rochefort): Merci.
M. Marx: Si les deux articles ont la même portée, ce
dont je ne suis pas convaincu, pourquoi ne pas faire la substitution?
M. Bédard: Moi, j'en suis convaincu; à partir de ce
moment-là, pourquoi ferais-je un amendement pour ajouter un autre
article qui a le même contenu que celui qui est déjà
là? Franchement, il y a une logique là-dedans.
M. Marx: Je laisse le soin aux lecteurs du journal des
Débats de voir où se trouve la logique.
M. Bédard: La logique, c'est qu'on ne fait pas un
amendement pour dire la même chose.
M. Marx: Ils n'ont pas la même portée.
M. Bédard: Vous avez votre conviction et je la respecte,
mais la logique, c'est par rapport à ma conviction, à savoir
que...
M. Marx: Laissons cela aux lecteurs du journal des
Débats.
M. Bédard: ... le contenu s'y retrouve. M. Marx:
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Article 16?
M. Bédard: Cela me surprend que le député de
D'Arcy McGee ne m'ait pas rappelé l'article 27 de la charte canadienne
qui dit: "Toute interprétation de la présente charte doit
concorder avec l'objectif de promouvoir le maintien et la valorisation du
patrimoine multiculturel des Canadiens? Je vous jure que, lorsqu'on a cela et
qu'on regarde celui qu'on a dans notre charte, c'est le jour et la nuit. Le
député de D'Arcy McGee avait raison de dire qu'on n'a de
leçon à recevoir de personne.
M. Marx: M. le ministre, je suis prêt à faire une
critique de la charte canadienne le cas échéant. Il y a beaucoup
d'articles, il y a beaucoup de dispositions avec lesquelles je ne suis pas
d'accord. Je me suis déjà prononcé sur la place publique
sur cette question.
M. Bédard: Si vous ne voulez pas que je vous en parle,
arrêtez de m'en parler, de la charte canadienne.
Le Président (M. Rochefort): J'ai appelé l'article
16.
M. Marx: Je ne vous parle jamais; je parle au
président.
Le Président (M. Rochefort): Je vous écoute
attentivement. J'ai appelé l'article
16.
M. Bédard: J'ai bien parlé au député
de D'Arcy McGee. L'article 16, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Oui.
M. Bédard: Actuellement, seuls les articles 1 à 38
de la charte sont prépondérants sur les lois postérieures
à son adoption, c'est-à-dire adoptées après 1975.
La modification proposée a pour objet de rendre les articles 9 à
38 prépondérants sur les lois antérieures à la
charte; de rendre également prépondérants les articles 1
à 8 et ce, tant sur les lois antérieures que sur les lois
postérieures à la charte, en tenant compte, cependant, de
certains délais qui sont indiqués en ce qui a trait aux lois
antérieures - on verra un peu plus tard, je pense, que cela se justifie
- puisqu'il faut effectuer un travail de recherche et d'étude
nécessaire avant que cela puisse être en application par rapport
aux lois antérieures. Le député de D'Arcy McGee conviendra
avec moi, sans être d'accord avec tout l'article ou avec tout mon
raisonnement, que ceci représente une amélioration très
importante de notre Charte des droits et libertés de la personne.
M. Marx: Sur la question des délais, parce qu'on ne parle
pas de délais dans cet article...
M. Bédard: On pourra en parler plus tard.
M. Marx: On discutera de cela à la fin. Dans la charte,
les articles 1 à 38 auraient préséance sur toute loi du
Québec et tout règlement; je suis tout à fait d'accord
avec cela. Je pense que cela est une nette amélioration. Je me demande
pourquoi cela n'a pas été fait en 1975 quand on a adopté
la charte pour la première fois. J'ai toujours pensé qu'on aurait
dû faire cela à cette époque. Au sujet de la clause
"malgré" dans l'article 52 de la charte, est-ce que le ministre ne pense
pas que cette clause "malgré" est assez forte par rapport à la
clause "nonobstant" qu'on trouve dans la charte canadienne? Dans la charte
canadienne, la clause "nonobstant" est limitée dans le temps, il faut
renouveler à tous les cinq ans. Ici, c'est pour toujours. Une fois qu'on
met "malgré" dans une loi, c'est pour toujours. Dans la charte
canadienne, on prévoit une limitation dans le temps. C'est-à-dire
que, si on veut adopter une loi, nonobstant la charte canadienne, il y a une
limitation dans le temps de cinq ans. Il faut que la loi revienne à tous
les cinq ans devant le Parlement pour que cela soit renouvelé, dans le
sens qu'on renouvelle le "nonobstant".
M. Bédard: Je crois que nous avons une formule
d'amendement - on en conviendra -beaucoup plus souple de notre Charte des
droits et libertés qu'il n'en existe une au niveau de la charte
constitutionnelle. Cela permet non seulement de faire en sorte que la
discussion puisse se refaire après cinq ans, mais, dans certains cas,
qu'elle puisse se refaire même avant ce délai.
M. Marx: Supposons que maintenant, à l'Assemblée
nationale, on adopte une dizaine ou une douzaine de lois où on a mis
"malgré la charte" pour une raison ou une autre. D'ailleurs, je pense
que, dans certaines lois où on a mis la clause "malgré", cela
n'était pas nécessaire, mais, par une prudence mal placée,
cela a été jugé nécessaire. Une fois qu'on a
adopté une loi malgré la charte, c'est pour toujours, pour 50
ans, 75 ans, cela n'est pas nécessaire de revoir la loi et
d'étudier pourquoi on a mis la clause "malgré". Dans la charte
fédérale, il y a un renouvellement nécessaire à
tous les cinq ans.
M. Bédard: C'est sur cela que nous différons
d'interprétation. Si, comme le dit le député de D'Arcy
McGee, lorsque nous adoptons une loi ou une disposition d'une loi avec la
mention "malgré la charte" ou "nonobstant la charte", c'était
pour toujours et ne pouvait être changé, je serais d'accord avec
le député de D'Arcy McGee. Mais, au contraire, notre processus
d'amendement nous permet même d'enlever le "malgré" ou le
"nonobstant" avant cinq ans si on le juge à propos. Il s'agit que
l'Assemblée nationale en décide ainsi.
M. Marx: Au fédéral aussi.
M. Bédard: On peut toujours faire un amendement
constitutionnel.
M. Marx: Au fédéral aussi, on peut amender la loi
et faire en sorte que le "nonobstant" ne joue pas. Mais, au moins, au
fédéral, il y a un rappel qu'à tous les cinq ans le
Parlement va se pencher sur la nécessité d'adopter une loi
malgré la charte canadienne. Cela s'appliquera à toutes les
provinces qui ont accepté que la charte canadienne s'applique à
leurs lois. Donc, je pense que, en ce qui concerne les lois provinciales des
autres provinces, on va avoir un rappel à tous les cinq ans. On va se
poser la question: Est-ce que c'était nécessaire d'adopter cette
loi malgré la charte? On portera aussi à l'attention du public
qu'on a procédé de cette façon. Je pose la question au
ministre. Cela va de soi que c'est au ministre de décider. Moi, je le
ferais.
M. Bédard: Oui, je comprends le député
de D'Arcy McGee. Ce sont deux manières différentes de voir
les choses. Lorsqu'il y a un "nonobstant" concernant nos lois par rapport
à notre Charte des droits et libertés, cela pourrait être
théoriquement pour toujours, comme cela peut être pour très
peu de temps. Cela implique qu'il y avantage à ce qu'il y ait une
surveillance continuelle de nos lois de manière que lorsqu'un
"nonobstant" ou un "malgré la charte" n'est plus nécessaire, on
fasse les démarches indiquées auprès de l'Assemblée
nationale pour que ce "nonobstant" ou ce "malgré la charte"
disparaisse.
Le Président (M. Rochefort): Adopté?
M. Marx: Non, j'ai une autre question qui touche aussi cet
article. On n'a pas enchâssé la charte par la loi, disons, pour
prévoir qu'un changement prendrait une majorité des deux tiers
à l'Assemblée nationale. Je me souviens que l'actuel vice-premier
ministre du Québec et ministre des Affaires intergouvernementales, quand
il était professeur de droit à l'Université de
Montréal, a proposé que le Québec adopte une charte et que
le Québec enchâsse cette charte par le biais de la
procédure. Est-ce que le ministre est favorable à un tel
enchâssement ou est-ce que cela a été refusé par le
Conseil des ministres?
M. Bédard: Non, le Conseil des ministres a toujours la
même opinion qu'il avait, lorsque nous avons eu le débat
concernant la loi constitutionnelle et la loi no 62, en juin dernier,
concernant les avantages ou les désavantages de l'enchâssement
d'une charte par rapport à la situation qui existe en ce qui a trait
à notre Charte des droits et libertés qui n'est pas
enchâssée et qui comporte donc une capacité de l'amender
plus facilement que ce n'est le cas pour une charte constitutionnelle ou une
charte enchâssée. Le Conseil des ministres n'a pas changé
d'idée là-dessus. Il y a des avantages et des désavantages
dans les deux formules. À un moment donné, il faut...
M. Marx: Cela m'a beaucoup surpris et beaucoup
déçu, cette décision du Conseil des ministres dans le sens
que, lors d'une de nos commissions sur les droits et libertés de la
personne, l'ancien ministre des Affaires intergouvernementales, M. Claude
Morin, et même l'actuel ministre des Affaires intergouvernementales
étaient d'accord pour enchâsser les droits fondamentaux dans la
constitution canadienne. Ils ont dit: Si c'est cela, nous serons d'accord. Je
me souviens de ce que le ministre de la Justice a dit à
l'époque.
M. Bédard: Je pense que le député de D'Arcy
McGee se rappelle - je ne voudrais pas le reprendre ici nécessairement -
le long débat que nous avons eu en commission parlementaire, lors de
l'adoption de la loi no 62, où nous avions eu à échanger
au cours de l'argumentation à l'appui d'une et de l'autre des
thèses avec le député de D'Arcy McGee et le
député d'Argenteuil qui était à ce moment-là
chef de l'Opposition. (16 h 15)
M. Marx: Est-ce que le ministre...
M. Bédard: Je ne sais pas si le député de
D'Arcy McGee veut qu'on reprenne toute cette discussion. Je n'ai pas
d'objection.
M. Marx: Non, pas du tout.
M. Bédard: Je pense que ce sont deux manières de
voir les choses. Chaque manière a son mérite. Je pense que la
vérité n'est pas seulement d'un bord quand on discute de ce
sujet. Si c'est le désir du député de D'Arcy McGee, on
peut reprendre la discussion.
M. Marx: Non, non, je ne veux pas reprendre la discussion. Tout
ce que j'aimerais suggérer, c'est que, si le ministre n'est pas
prêt à enchâsser toute la charte -je conviens qu'il pourrait
avoir de bonnes raisons pour ne pas le faire - pourquoi ne pas enchâsser
seulement les droits fondamentaux dans la charte québécoise par
le biais de la procédure qu'il faudrait un vote des deux tiers des
députés pour modifier ou passer outre aux droits fondamentaux
inscrits dans la charte? Moi, je pense que c'est une faiblesse de la charte
canadienne de ne pas avoir enchâssé ce qu'on appelle dans la
charte canadienne les libertés fondamentales. Je ne vois aucune raison
de ne pas enchâsser ces droits et de laisser soit le gouvernement
fédéral, soit les gouvernements provinciaux s'exempter de ces
libertés fondamentales.
M. Bédard: Remarquez que lorsque les gouvernements s'en
exemptent, ils ont à en porter la responsabilité. Si on regarde
le nombre de "nonobstant" ou de "malgré la charte" qui existent dans nos
lois, il est très limité.
M. Marx: 11 au Québec, rien en Saskatchewan.
M. Bédard: Là, vous allez prendre l'exemple d'une
place.
M. Marx: II n'y en a pas d'autres.
M. Bédard: Entre vous et moi, la charte des droits et
libertés de la Saskatchewan et celle du Québec, je vous
demanderais d'en faire l'analyse objective.
M. Marx: Ce n'est pas la même chose. M. Bédard:
Non.
M. Marx: Non, je ne blâme personne, je ne blâme
personne.
M. Bédard: Je sais que que vous ne le faites pas comme une
critique. J'essaie de répondre sérieusement.
M. Marx: Ce n'est pas une critique. Ce n'est pas une
critique.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee sait
que, sur ces onze "nonobstant" ou "malgré la charte" depuis l'adoption
de la charte des droits et libertés, la plupart, au moins dix sur onze,
ont été adoptés à l'unanimité de
l'Assemblée nationale.
M. Marx: Mon dernier point, c'est qu'on va adopter ce projet de
loi à l'unanimité, mais je vous assure que je ne serai pas
d'accord avec chacun des articles.
M. Bédard: Cela se comprend.
M. Marx: Ce n'est pas assez de lire le vote en troisième
lecture et de dire que tout le monde était d'accord; il faut lire le
journal des Débats et le président a déjà
enregistré un vote dissident. Je comprends la position du ministre;
passons.
Le Président (M. Rochefort): Article 16, adopté?
Adopté.
M. Marx: Oui.
M. Bédard: Article 17. Étant donné que la
charte deviendra prépondérante sur les lois antérieures
à son adoption et à l'adoption du présent projet, les
ministères et organismes seront chargés de réviser les
lois dont ils ont l'administration afin de vérifier leur
conformité avec la charte. Dès lors, il paraissait
nécessaire d'étendre le rôle-conseil de la commission sur
la conformité des lois avec la charte à toute la
législation et non seulement à la législation
antérieure à l'entrée en vigueur de la charte, tel que
prévu par l'article 67 actuellement.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cet article est
adopté?
M. Marx: Un instant. Tout ce que j'ai à dire en ce qui
concerne l'article qui se trouve dans la charte actuelle, c'est que la
commission avait les mêmes devoirs et je pense que, depuis sept ans, la
commission n'a pas fait beaucoup de rapports au gouvernement, faute de
ressources et à cause d'un travail énorme. Peut-être que je
pourrais suggérer au ministre de penser à demander à un
institut de recherche - disons à l'Université de Montréal
qui a un excellent centre de recherche en droit public - de faire le travail.
Si on veut vraiment que le travail soit fait, le laisser à la Commission
des droits de la personne, c'est le remettre aux calendes grecques.
M. Bédard: Disons que la commission a le pouvoir de faire
des recommandations. Maintenant, le travail sera assumé sous la
direction du ministère de la Justice en coordination avec tous les
autres ministères. Je puis assurer le député de D'Arcy
McGee que la décision est déjà prise de mettre tout en
oeuvre pour qu'effectivement l'analyse des lois du Québec soit
faite.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Marx: Je suis très pessimiste parce que, depuis sept
ans, il n'y a pas grand-chose qui a été fait. Souhaitons qu'on
discutera de cela l'an prochain comme on en discute chaque année.
Le Président (M. Rochefort): Article 18?
M. Bédard: Article 18. L'objet de cette modification, M.
le Président, est de permettre que soit suspendue la prescription de
tout recours civil relatif à une demande d'enquête à la
commission jusqu'à ce que celle-ci ait rendu sa décision sur
l'enquête, ou pour un an au maximum, selon le plus court de ces
délais. Cette suspension évitera que des recours ne soient perdus
à cause des délais d'enquête ou que des actions ne soient
prises inutilement en Cour supérieure seulement afin d'interrompre une
prescription.
M. Marx: J'ai une remarque.
M. Bédard: C'était une demande faite par la
commission et agréée par tous les groupes qui se sont fait
entendre devant nous.
M. Marx: Bien, nous savons que, maintenant, il y a des plaintes
devant la commission qui traînent depuis deux ou trois ans. Ici, une fois
qu'une demande d'enquête est faite, la prescription est suspendue. C'est
cela?
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Donc, si je fais la demande aujourd'hui, la prescription
sera suspendue pour un an. C'est cela le problème que le Congrès
juif canadien et B'nai B'rith ont soulevé dans leur mémoire.
C'est un point technique, mais il faut maintenant plus d'un
an pour que la commission fasse vraiment enquête. Cela prend un an
et demi ou deux ans et il y a déjà des causes qui traînent
depuis trois ans. On se demande si une prescription d'une année sera
suffisante. J'aimerais que le ministre se penche sur cette question technique.
Peut-être peut-il le demander à ses fonctionnaires.
M. Bédard: II faut bien remarquer que c'est un an, plus la
prescription qui peut être prévue par nos lois. Par exemple, si
une prescription de deux ans est déjà prévue,
l'année en question qu'on accorde s'ajoute aux deux années du
délai de prescription qui peut déjà être
prévu par nos lois ordinaires. Ce que nous dit le député
de D'Arcy McGee, c'est qu'effectivement il y a engorgement des plaintes qui
peuvent être portées auprès de la Commission des droits de
la personne. Cela peut prendre plus d'un an avant que celles-ci soient
entendues ou qu'un jugement soit rendu. Vous voudriez qu'on pense à
allonger encore ce délai d'un an?
M. Marx: Je pose cette question parce que, supposons que
quelqu'un dépose une plainte devant la commission, la prescription sera
suspendue pour un an. Supposons que cette même personne, qui en a bien le
droit, dépose une action en cour, ce sera suspendu jusqu'à la fin
de l'action. Je conviens que le ministre a un bon point quand il dit qu'il y a
la prescription normale et par la suite celle d'une année. Mais
supposons que la prescription est de deux ans. Souvent, la personne va arriver
à la commission, disons, après 19 mois; donc, il ne resterait que
5 mois de la prescription normale plus un an. Je ne veux pas prolonger la
prescription, si ce n'est pas nécessaire. Mais est-ce que le ministre a
une étude de la Commission des droits de la personne sur cette question?
Est-ce que la Commission des droits de la personne a demandé une
prescription d'un an ou est-ce que la commission, en fonction de son
expérience, a demandé une prescription plus longue?
M. Bédard: Je peux dire au député de
û'Arcy McGee que la commission est satisfaite du délai d'un an
prévu dans cet article.
M. Marx: Je voudrais juste voir le mémoire de la
commission sur cette question.
M. Bédard: D'accord.
M. Marx: Le mémoire de la commission.
M. Bédard: Pourquoi avez-vous des lunettes?
M. Marx: Je ne veux pas être pris pour changer, non plus.
Je lis qu'effectivement le ministre a raison. À la page 34 du
mémoire de la Commission des droits de la personne, c'est écrit:
"La commission est satisfaite du libellé de l'article 18 du projet sur
la suspension de la prescription." Je pense que, si c'est nécessaire, on
va revenir à un autre moment.
M. Bédard: Le député de D'Arcy McGee devrait
nous faire confiance plus souvent.
Le Président (M. Rochefort): L'article 19? Excusez-moi. Il
y a des propositions d'ajout d'articles, M. le ministre. 18.1 pour commencer,
ensuite on fera 18.2.
M. Bédard: Est-ce que vous voulez que je le lise?
Le Président (M. Rochefort): Ce n'est pas
nécessaire. Tout le monde en a une copie. Vous pouvez en faire la
présentation, toutefois.
M. Bédard: Tout le monde en a une copie. Il s'agit
d'insérer, après l'article 18 du projet de loi, un amendement,
c'est-à-dire deux articles, 18.1 et 18.2. Pour ce qui est de 18.1,
j'aurais le commentaire suivant à faire: Les articles 83.1 et 83.2 ont
pour but de permettre qu'une injonction soit prise pour empêcher que des
représailles ne soient exercées contre une personne qui aurait,
par exemple, demandé à la commission de faire enquête.
Présentement, ce recours en injonction est prévu à
l'article 87.1 édicté par l'article 21 du projet de loi. Il
apparaît toutefois préférable de déplacer à
l'article 83.1 ce recours afin de bien séparer à
l'intérieur de la charte les recours civils des recours pénaux.
Quant aux modifications à l'article 84, elles ont pour but de permettre
à la victime, en plus d'exercer personnellement son recours, de le
joindre à celui exercé par la commission. Elle lui permet
également de poursuivre elle-même en appel un recours entrepris
par la commission. L'article 87.1 pouvait être considéré
comme un accroc à la présomption d'innocence, d'où la
nécessité de séparer les recours civils et
pénaux.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Bédard: C'était une recommandation du barreau.
Nous y avons donné suite parce que, étant donné l'endroit
où nous avions placé le contenu de cet article, cela pouvait
être considéré comme un accroc à la
présomption d'innocence, nous avait fait remarquer le barreau. Nous
avons fait la séparation entre civil et pénal pour que ce soit
clair et qu'il n'y ait pas confusion. Si
vous voulez prendre une ou deux minutes pour l'examiner. (16 h 30)
M. Marx: Sur la capacité de la commission d'ester en
justice, la commission a la capacité d'ester en justice dans la mesure
prévue dans la charte, parce que la commission n'a pas le statut d'une
corporation. Donc, elle n'a pas le droit d'accès en justice, sauf si
c'est prévu expressément dans la charte. C'est cela?
M. Bédard: Le député n'a pas fait ses
devoirs?
Le Président (M. Rochefort): Adopté? M.
Bédard: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Article 18.2?
M. Bédard: Article 18.2.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce adopté aussi?
Adopté. Article 19?
M. Bédard: L'article 19 a pour objet de permettre
l'adoption de programmes d'accès à l'égalité pour
corriger la situation de personnes faisant partie de groupes victimes de
discrimination, que ce soit dans l'emploi, l'éducation ou dans un
service offert au public et de les réputer - ces programmes -non
discriminatoires du moment qu'ils sont conformes à la charte.
M. Marx: M. le Président, je m'excuse. Peut-on suspendre
pour cinq minutes, parce que la députée de L'Acadie aimerait
participer à ce débat?
Le Président (M. Rochefort): Ne pourrait-on pas passer
plutôt à l'article 20 maintenant?
Réglementation M. Marx: Oui, mais c'est une...
M. Bédard: D'accord. On pourrait peut-être terminer.
Il nous resterait cela.
M. Marx: Tout ce qui a trait aux programmes d'accès
à l'égalité. On est prêt à adopter l'article
20 sans discussion.
M. Bédard: 20, sans discussion.
Le Président (M. Rochefort): L'article 20 est
adopté. Article 21?
Mme Marois: D'accord. Vous n'avez pas de commentaires, M. le
député?
M. Marx: Sur l'article 20...
Mme Marois: Aucun?
M. Marx: ... sauf s'il y a une faute d'orthographe que je
n'aurais pas vue.
M. Bédard: Vous comprendrez que je n'avais pas de
commentaires à faire sur cet article.
Le Président (M. Rochefort): Article 21, proposition
d'amendement.
M. Bédard: Oui, M. le Président, il y a un
amendement. Remplacer l'article 21 du projet de loi par le suivant: "21.
L'article 87 de cette charte est modifié, premièrement, par le
remplacement du paragraphe a) par le suivant: "a) quiconque contrevient aux
articles 10 à 19 et 83.1; deuxièmement, par la suppression des
paragraphes d) et e)."
Il s'agit, tout simplement, d'une modification de concordance avec
l'article 18.1 du projet de loi que nous venons d'adopter.
Le Président (M. Rochefort): L'amendement est-il
adopté?
M. Bédard: C'est la séparation du civil et du
pénal.
Le Président (M. Rochefort): Adopté? M. Marx:
Oui.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
22?
M. Marx: Non, c'est l'amendement qui est adopté, mais pas
l'article en entier...
Le Président (M. Rochefort): Excusez-moi. Vous avez
raison.
M. Marx: ... parce que j'aimerais...
M. Bédard: L'amendement est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Je comprends à demi,
parce que l'amendement vise à remplacer totalement l'article. Alors, si
on adopte l'amendement...
M. Bédard: Enfin!
M. Marx: Oui, oui, d'accord.
Le Président (M. Rochefort): Dans ce cas, cela va.
J'essaie de suivre.
M. Bédard: Adoptons-le, quitte à le rouvrir si les
questions du député de D'Arcy McGee ne trouvent pas
réponse.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Rochefort): L'article 21, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Article 22?
M. Marx: J'ai vu, dans le mémoire du barreau, que celui-ci
demande la suppression de l'article 87.1.
Le Président (M. Rochefort): II y a une confusion, mais je
prends ce que je lis. C'est bien ce que j'ai compris.
M. Bédard: Vous avez raison, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Vous voyez que je suis
attentif! Article 22?
M. Marx: On n'a pas terminé l'article 21.
Le Président (M. Rochefort): Je suis prêt à
vous écouter, sauf que...
M. Bédard: On avait dit qu'on l'adoptait, mais vous aviez
des questions à poser et c'est normal.
M. Marx: Parfait.
Le Président (M. Rochefort): Donc, l'article 21, tel
qu'amendé, est adopté. M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Oui, à l'article 21, le barreau a demandé
la suppression de cet article et j'aimerais citer un extrait de son
mémoire: "Seule la Cour supérieure détient un pouvoir
relativement à l'outrage au tribunal commis ex facie. Le comité
ne voit pas de raison de privilégier la Commission des droits de la
personne en lui donnant un semblable pouvoir; pourquoi, par exemple, le
Tribunal du travail ne devrait pas avoir un pouvoir d'obtenir une injonction
contre des personnes qui exercent des représailles au même titre
que celles qui sont mentionnées aux paragraphe d) et e) de l'article 87.
Ce pouvoir risquait de devenir, dans certains cas, un instrument de chantage
à l'égard des personnes qui font l'objet d'une plainte à
la commission. Dans notre droit, la victime de représailles peut
toujours s'adresser à la Cour supérieure qui corrige, le cas
échéant, la situation. Enfin, on voit mal en vertu de quel
principe la commission pourrait exercer un tel recours au nom d'autrui contre
la personne qui fait l'objet d'une plainte ou d'une enquête, avant
même de décider de la recevabilité de la plainte ou avant
même de statuer sur le bien-fondé d'une telle plainte."
Je pense que c'est un argument sérieux qui mérite
peut-être d'être étudié ou commenté.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bédard: On me fait remarquer que l'ensemble de
l'article 21 a été adopté à l'article 18.1 qui
avait pour effet de remplacer l'article 21.
M. Marx: Donc, les commentaires du comité du barreau
s'appliquent.
M. Bédard: Oui, c'est simplement du point de vue
technique, pour notre président.
M. Marx: Oui, d'accord, mais j'ai remarqué cela parce que
le mémoire a été écrit avant qu'on ait fait les
amendements d'aujourd'hui. D'accord. Est-ce que le ministre a des
commentaires?
M. Bédard: Je dois honnêtement dire au
député de D'Arcy McGee que, pendant qu'il faisait son petit
exposé, nous étions en train de nous poser des questions sur
l'aspect technique de l'adoption de l'article 18.1 par rapport à
l'article 21, ce qui fait que j'ai été distrait. Est-ce que le
député de D'Arcy McGee pourrait reprendre?
M. Marx: Si le ministre veut bien se référer
à la page 29 du mémoire du barreau.
M. Bédard: M. le Président, avec votre permission,
je demanderais, vu l'aspect très technique de la procédure,
à M. Gilles Létourneau, sous-ministre...
M. Marx: Est-ce que M. Létourneau a été
promu, il y a une seconde ou deux? Parce qu'on est prêt à
l'adopter! Ce serait unanime.
M. Bédard: Vous savez, c'est le temps des fêtes!
Une voix: On ne sait jamais ce qui peut arriver.
M. Marx: Ce serait unanime.
M. Bédard: Je demanderais au directeur
général adjoint, M. Létourneau, de nous faire quelques
commentaires en fonction des remarques qui nous avaient été
faites par le barreau sur ce sujet.
Alors, M. le député, le pouvoir n'est pas accordé
à la commission. On comprendra que ce que la commission obtient ici
n'est pas un pouvoir d'émettre des injonctions, mais plutôt un
pouvoir de demander à la Cour supérieure l'émission d'une
injonction dans les situations visées là. C'est une
première correction ou une nuance à
apporter par rapport aux commentaires du barreau.
Ensuite, que ce soit la commission qui ait ce pouvoir, cela se situe
dans la ligne des pouvoirs qui sont déjà conférés
dans la charte, aux articles 83 et suivants, où un choix avait
déjà été fait, dans la Charte des droits et
libertés de la personne du Québec, de faciliter le recours de la
victime en accordant à la commission le pouvoir de le faire pour la
victime, avec son consentement. C'est un peu dans cette ligne que cela se
situe. En ce sens, cela vient faciliter l'exercice du recours par la victime
qui, souvent, dans ces domaines, se trouve démunie. Elle pourra à
ce moment-là se faire représenter par la commission.
M. Marx: Le comité du barreau a dit que dans notre droit,
la victime de représailles peut toujours s'adresser à la Cour
supérieure qui corrige, le cas échéant, la situation.
Donc, qu'est-ce qu'on ajoute ici? C'est que la commission peut le faire au
nom...
M. Bédard: C'est tout simplement qu'on donne à
cette personne le soutien de la commission pour requérir l'injonction
devant le tribunal.
M. Marx: Est-ce que d'autres commissions ont ce pouvoir, disons
le Tribunal du travail ou la commission du travail?
M. Bédard: Non. M. Marx: Non.
M. Bédard: Parce que ce sont des organismes quasi
judiciaires.
M. Marx: La Commission des droits de la personne est purement
administrative?
M. Bédard: Non, non, elle possède un pouvoir de
recommandation et de conciliation.
M. Marx: Ce n'est pas quasi judiciaire?
M. Bédard: Ce n'est pas un organisme quasi judiciaire.
M. Marx: Les cours n'ont pas décidé de
trancher...
M. Bédard: Vous en conviendrez avec moi.
M. Marx: ... cette question encore.
M. Bédard: Bon, on ira en cour.
M. Marx: Est-ce que les cours ont tranché cette question,
à savoir si la commission est un organisme quasi judiciaire ou purement
administratif?
M. Bédard: Non et je ne crois pas qu'elles aient à
trancher ce qui n'est pas un litige parce que, à la face même de
la loi, ce n'est pas un organisme quasi judiciaire.
M. Marx: Le ministre comprend bien que quelqu'un va soulever cela
dans un litige, étant donné que la commission fait des
enquêtes publiques.
M. Bédard: S'il y a un tel...
M. Marx: La commission va tenir des enquêtes publiques au
mois de janvier, avec le droit d'émettre des subpoenas, etc. Comment
dire que ce n'est pas quasi judiciaire?
M. Bédard: Elle n'a pas de pouvoir d'adjudication.
Écoutez, je vous livre notre conviction par rapport à la question
que vous posez.
M. Marx: Le droit d'adjudication n'est pas nécessaire pour
qu'un organisme soit désigné organisme quasi judiciaire.
M. Bédard: Je pense vous avoir répondu sans nuance.
Si des litiges doivent s'inscrire, on verra jusqu'à quel point notre
opinion se vérifie.
M. Marx: Non, on ne fera pas cette discussion, mais il n'y a pas
d'autres commissions qui ont ce pouvoir. C'est une innovation. C'est ce qui a
fait craindre le barreau.
M. Bédard: Oui, mais c'est que cette demande - et le
député de D'Arcy McGee se le rappelle sûrement, je pense -
nous a été faite par de nombreux groupes qui se sont fait
entendre à la commission parlementaire. Ils évoquaient la
situation des gens qui sont démunis, qui ont besoin d'une assistance
pour faire valoir leurs droits et user de tous les moyens de droit qui sont
à leur disposition, entre autres l'injonction.
M. Marx: Adopté. M. Bédard: Cela va?
Le Président (M. Rochefort): Article 22,
adopté?
M. Marx: Nous sommes à l'article 22?
M. Bédard: À l'article 22, il y aura un
amendement.
Le Président (M. Rochefort): Oui,
excusez-moi, il y a un amendement.
M. Bédard: Ajouter à la première ligne de
l'article 89 de la charte, après le mot "poursuite", le mot
"pénale". C'est tout simplement une précision qui est
destinée à éviter toute ambiguïté sur la
nature des poursuites dont il est question à cet article.
Le Président (M. Rochefort): L'amendement est-il
adopté?
M. Marx: Oui. (16 h 45)
M. Bédard: L'ensemble de l'article a pour objet de
permettre à la commission de prendre, elle aussi, des poursuites
pénales pour des infractions à la charte. Actuellement, comme on
le sait, seul le Procureur général peut le faire. Non seulement
tous les groupes, mais également le barreau avaient demandé
un...
M. Marx: C'est cela. Je pense que le barreau a proposé cet
amendement.
Le Président (M. Rochefort): L'article 22, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Marx: Un instant! M. le Président.
M. Bédard: Est-ce que cela va pour l'article 22, M. le
Président?
M. Marx: Oui, je pense. Je vois que la modification...
M. Bédard: C'est dans la lignée de certaines
représentations que nous avons faites tout à l'heure.
M. Marx: Dans le mémoire du barreau, je vois que le
comité du barreau aurait préféré qu'on ajoute,
à l'article 89, le paragraphe suivant: "Les poursuites sont prises
suivant la Loi sur les poursuites sommaires (chapitre P-15) et la partie II de
ladite loi s'y applique." Cela est dans la charte actuelle et cela existait
avant. Pourquoi a-t-on enlevé ce paragraphe? C'est M. Jacoby,
sous-ministre...
M. Bédard: Le barreau n'a pas vu que la Loi sur les
poursuites sommaires avait été amendée à une
certaine époque pour prévoir que la partie II c'est-à-dire
la peine, s'appliquait nécessairement à toutes les
décisions rendues en vertu de la Loi sur les poursuites sommaires. Donc,
la demande du barreau est superfétatoire à ce sujet.
M. Marx: ... superfétatoire.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'article 22, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Marx: Je porterai cette observation à la connaissance
du comité du barreau.
M. Bédard: Et vous l'endosserez, j'imagine?
M. Marx: Pardon?
M. Bédard: Et vous l'endosserez parce que c'est
l'évidence même.
M. Marx: Bon, si...
M. Bédard: C'est dit gentiment.
M. Marx: Je prends la parole du sous-ministre. D'accord.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'article 22, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Bédard: L'article 22 est adopté.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cela va, M. le
député de D'Arcy McGee?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
23?
M. Marx: L'article 23 est adopté. C'est nous qui avons
proposé cela depuis cinq ans maintenant.
Le Président (M Rochefort): Article 24?
M. Bédard: Le député me fait sourire.
Le Président (M. Rochefort): Article 24?
M. Bédard: On est en train de corriger ce qui aurait
dû être fait il y a cinq ans par un gouvernement qui nous a
précédés.
M. Marx: C'est l'abrogation de l'article 90 de la charte.
M. Bédard: On corrige les coquilles des autres.
Le Président (M. Rochefort): Avant d'adopter l'article 24,
il y a une proposition pour ajouter deux nouveaux articles, 23.1 et 23.2.
M. Bédard: II reste que ce serait peut-être utile,
ne serait-ce que pour le journal des Débats et ceux qui ont à le
lire, qui ont à s'interroger quelquefois sur le fait de certains
articles. Dans ce cas, c'est un article très important puisqu'il met fin
à des pratiques discriminatoires que l'on fait disparaître
naturellement par l'abrogation de l'article 90. Par exemple, concernant
l'âge, c'est la disparition d'un âge maximal pour
être admis à participer à un régime de
retraite ou pour continuer à participer à un régime
d'assurance-maladie. En ce qui a trait au sexe, cette abrogation comporte la
disparition de l'exigence pour les femmes d'un plus grand nombre
d'années de service pour participer à un régime de
retraite. Il y a aussi la disparition de la non-accessibilité des femmes
mariées à des régimes d'assurance-accident et
d'assurance-maladie. Ce que nous venons de faire fait en sorte que la grossesse
ne soit plus exclue des régimes d'assurance-accident et
d'assurance-maladie et permet de légaliser la pratique voulant que, dans
les régimes à prestation déterminée, l'employeur
paie plus pour une employée femme que pour un employé masculin.
Également, l'effet de l'abrogration de l'article 90 a des
conséquences sur l'état civil. Cela représente la
disparition de la pratique voulant que le versement d'une rente à un
conjoint soit interrompu en raison de son remariage. Cela représente
également la disparition de la pratique voulant que seuls les enfants
d'un employé marié puissent bénéficier de la rente
à l'enfant survivant. Ce sont quelques exemples, on pourrait en ajouter
d'autres. Je n'irai pas plus loin.
M. Marx: L'histoire législative et politique de cet
article démontrera que le gouvernement aura abrogé cet article il
y a quatre ou cinq ans.
M. Bédard: M. le Président, l'histoire pourrait
démontrer aussi qu'il n'aurait peut-être jamais dû y
être...
M. Marx: C'est admis...
M. Bédard: ... lorsque la charte a été
faite, a été adoptée. D'ailleurs je me rappelle - nous
étions dans l'Opposition à ce moment-là - que nous nous
étions opposés à cet article tel que libellé dans
la charte qui nous avait été présentée par le
gouvernement qui nous avait précédés. Nous corrigeons ce
qui aurait dû...
M. Marx: Le ministre a fait un aveu. Si le ministre était
opposé à cet article quand il était dans l'Opposition,
comment se fait-il que cela ait pris six ans pour l'abroger?
M. Bédard: Pas seulement... C'est qu'à ce
moment-là on avait plusieurs groupes de travail - vous vous rappelez les
groupes de travail qui avaient été mis sur pied, je pense
à la commission Boutin - et à partir du moment où ces
groupes étaient en place, il fallait quand même attendre le
résultat de leurs travaux. À la suite des travaux que la
commission Boutin a faits, nous avons formé un comité
interministériel qui a procédé à l'analyse de tout
ce rapport, étant donné toutes les implications que cela pouvait
représenter. Ce qui veut dire que nous avons procédé avec
toute la célérité nécessaire et toute la prudence
nécessaire dans les circonstances.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Nouveaux
articles 23.1 et 23.2.
M. Bédard: Merci d'applaudir. M. le
Président...
M. Marx: J'ai dit ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Rochefort): Nouveaux articles 23.1 et
23.2.
M. Bédard: Insérer, après l'article 23 de la
charte, les articles suivants: "23.1 La loi assurant l'exercice des droits des
personnes handicapées (L.R.Q., chapitre E-20.1) est modifié par
l'insertion, après l'article 72, du suivant: 72.1 Les articles 63
à 63.3 s'appliquent malgré la Charte des droits et
libertés de la personne (L.R.Q., chapitre C-12). "23.2 L'article 68.1 de
la Loi sur la fonction publique (L.R.Q., chapitre F-3.1), édicté
par l'article 100 du chapitre 32 des lois de 1982, est abrogé."
Ces articles sont des articles de concordance découlant des
dispositions de la charte relatives aux programmes d'accès à
l'égalité.
M. Marx: Ce sont des articles pour permettre les programmes
d'accès à l'égalité des personnes
handicapées et des fonctionnaires.
Le Président (M. Rochefort): Adopté? M. Marx:
Oui.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 24. Il
y a un amendement.
M. Marx: Je pense que cela touche des programmes d'accès
à l'égalité...
M. Bédard: Oui, qui sont prévus dans la loi...
Mme Marois: ... de la fonction publique et la loi sur les
handicapés.
M. Marx: Non, non. L'article 24, je veux dire...
M. Bédard: Pour l'article 23 il va falloir mettre un
"malgré la charte", naturellement, qui se retrouvera dans la loi sur les
handicapés.
Mme Marois: La loi sur les personnes
handicapées.
M. Marx: C'est nécessaire parce qu'on n'a pas
adopté les amendements à la charte à ce moment-ci. Ce sera
superflu...
Mme Marois: C'est cela. C'est exactement cela.
M. Marx: ... une fois qu'ils auront été
adoptés.
M. Bédard: Vous voulez dire superfétatoire, c'est
cela?
M. Marx: Oui, c'est cela que j'ai voulu dire.
Le Président (M. Rochefort): Article 24. Il y a un
amendement.
M. Marx: L'article 24 touche les programmes d'accès
à l'égalité. Non, cela ne touche pas les programmes
d'accès à l'égalité?
M. Bédard: Un instant. M. le Président,
peut-être qu'en lisant une petite note supplémentaire concernant
l'article 23.1, cela pourrait aider à la compréhension des autres
articles.
L'article 23.1, relatif à la loi assurant l'exercice des droits
des handicapés, a pour objet d'éviter un problème entre
les plans d'embauchage prévus par cette loi et les programmes
d'accès à l'égalité prévus par la charte. En
effet, les règles applicables aux plans d'embauchage diffèrent
légèrement de celles applicables aux programmes de la charte.
Ainsi, les plans pour les personnes handicapées sont obligatoires pour
toute entreprise de 50 employés et plus, qu'il y ait discrimination
systémique prouvée ou pas. Un programme d'accès à
l'égalité suivant la charte doit se faire par suite d'une preuve
de discrimination systémique, à moins qu'il ne soit volontaire.
De plus, ce programme doit être approuvé par la Commission des
droits de la personne alors que les plans pour handicapés doivent
être approuvés par l'Office des personnes handicapées du
Québec.
Le problème posé par la discrimination envers les
handicapés nécessitait une loi particulière avec une
philosophie et des principes différents, un handicapé ayant
besoin d'une plus grande protection, étant moins formé de
façon générale que les autres groupes victimes de
discrimination, et les plans d'embauchage, naturellement, reflétant
cette préoccupation. Ils nécessitent beaucoup de
négociations, déjà entamées d'ailleurs avec les
employeurs, car ils peuvent signifier des changements importants dans la
structure d'une entreprise. Une modification de concordance était donc
nécessaire.
Puisqu'il y a un "malgré" dans la charte, je pense qu'il est
important d'en expliquer le pourquoi et cela s'impose. C'est très
positif.
M. Marx: II n'y a rien de négatif. C'est très
positif.
Mme Marois: C'est un plus.
M. Marx: C'est un plus, je suis d'accord.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que c'est
adopté?
M. Marx: Oui, c'est adopté, mais juste une petite
remarque. En ce qui concerne les programmes d'accès à
l'égalité des handicapés, la loi a été
adoptée en 1978 par l'Assemblée nationale mais les programmes ne
sont pas encore en vigueur. C'est-à-dire, cela fait plus de quatre ans
qu'on attend; on attend, on attend.
M. Bédard: Je sais que Mme la ministre qui siège au
Conseil du Trésor a toujours suivi ce dossier avec intérêt
et je lui laisserai la parole.
Mme Marois: Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que tout cet
article exigeait que des plans soient prévus avec les entreprises sur
l'embauchage et il y a tout un travail préalable qui est fait, qui est
prêt. Je peux vous le dire, j'ai vu ces plans, j'ai vu ces
règlements, les contrats possibles à passer avec les entreprises.
Ce qui est intéressant, c'est que, au moment où l'article va
entrer en vigueur - et je puis vous dire que ce sera dans les quelques semaines
à venir, cela a même failli être la semaine dernière
- les plans vont commencer à être mis en application. Il n'y aura
donc pas de délai entre la mise en vigueur de l'article et sa mise en
application, ce qui est intéressant. Avant d'appliquer l'article nous
avons donc fait tout le travail de concertation, tout le travail de
préparation et d'analyse de telle sorte que dès que l'article
sera prêt, il sera mis en application. On verra donc les résultats
dans six mois ou dans un an, alors que des entreprises auront commencé
à embaucher des personnes handicapées.
M. Marx: Cela fait plus de quatre ans. Peut-être que cela
va prendre jusqu'à cinq ans. Je signale que c'est un fait et non pas une
opinion.
Une voix: ...
M. Marx: Oui, oui. La loi a été adoptée en
1978. J'ai vérifié il y a quelques semaines
et j'ai vérifié il y a une semaine.
M. Bédard: ... la complexité. Je pense que
madame...
M. Marx: Si l'article était proclamé en vigueur...
ce n'était pas fait encore. Mais, comme Mme la ministre l'a dit, ce sera
fait bientôt, espérons-le.
Mme Marois: Avec les instruments prêts.
M. Marx: J'espère que pour les programmes d'accès
à l'égalité, en vertu de la charte, on n'attendra pas
quatre ou cinq ans.
Mme Marois: Je serai d'une vigilance...
Le Président (M. Rochefort): L'amendement à
l'article 24 est-il adopté?
M. Bédard: Je puis vous assurer que dans des délais
raisonnables la commission parlementaire de la justice aura à se
réunir pour étudier les projets de réglementation qui sont
prévus à la charte.
M. Marx: La promesse du ministre, en 1977, de fermer la prison
sur la rue Parthenais...
M. Bédard: ...
M. Marx: Ses promesses ne m'impressionnent pas.
M. Bédard: Sauf que chaque fois que j'ai un programme pour
fermer Parthenais vous êtes toujours contre. Entre autres, vous
êtes contre l'institution de la ville de LaSalle...
M. Marx: Chaque fois que vous faites une promesse vous avez les
manchettes.
M. Bédard: ... qui me permettrait de fermer Parthenais...
Il faudrait que vous vous décidiez.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Est-ce que l'amendement à l'article 24 est
adopté?
M. Bédard: 24, c'est de concordance. C'est un article de
droit transitoire.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Est-ce que
l'article tel qu'amendé est adopté? (17 heures)
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Article 25, il y a un
amendement.
M. Bédard: Article 25, il y a un amendement:
Insérer, dans la troisième ligne de l'article 25 du projet de
loi, après le mot "assurance", les mots "ou de rente".
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Marx: "Les contrats d'assurance ou de rente." C'est cela?
M. Bédard: C'est la même modification que celle que
j'ai apportée déjà à d'autres articles, entre
autres à l'article 6 qui a été adopté.
Le Président (M. Rochefort): L'amendement est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Article 25 tel
qu'amendé, adopté?
M. Bédard: C'est également un article de droit
transitoire. Il prévoit que le gouvernement a deux ans, à compter
de l'entrée en vigueur du règlement concernant les facteurs de
détermination de risque, pour apporter les modifications
législatives nécessaires à la mise en application du
principe de non-discrimination dans les régimes et contrats de rente ou
d'assurance y compris les régimes universels.
M. Marx: Si cela ne se fait pas, la sanction sera politique.
M. Bédard: Donc, cela se fera. M. Marx:
Espérons.
Le Président (M. Rochefort): Article 26?
M. Bédard: À l'article 26, il s'agit aussi d'une
disposition transitoire prévoyant qu'un programme d'accès
à l'égalité existant lors de l'entrée en vigueur de
la présente loi et nécessitant l'approbation de la commission
sera présumé valide jusqu'à ce que la commission se soit
prononcée sur cette demande d'approbation.
M. Marx: Est-ce qu'il y a un tel programme au Québec?
M. Bédard: ...
Mme Marois: II y en a dans la fonction publique.
M. Marx: Un instant, cet article ne s'applique pas à la
fonction publique.
Mme Marois: Cet article ne s'applique
pas à la fonction publique. On verra qu'il y a cependant un
certain nombre de correctifs qu'on songe à apporter à la
commission, tout à l'heure, à cet effet. Il y en a dans la
fonction publique. Je sais qu'il y a eu certaines expériences dans des
entreprises sur des projets très particuliers qui, s'ils avaient
été remis en cause, auraient pu être déclarés
non possibles, étant donné que la charte ne prévoyait pas
la possibilité de mettre en place des programmes d'accès à
l'égalité. Cela permettra de les reconnaître.
M. Marx: II y avait des programmes d'accès à
l'égalité qui étaient illégaux en vertu de la
charte.
Mme Marois: Ils sont légaux tant que personne ne les
conteste pas. À partir du moment où il n'y avait pas de
contestation, ces programmes ont pu faire l'objet de certaines
expériences. Ils deviennent légaux maintenant et cela permet
qu'il y ait un délai pour tous les objets de la charte.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cet article est
adopté?
M. Bédard: Article 27...
Le Président (M. Rochefort): Non, M. le ministre, ce n'est
pas adopté encore.
M. Marx: Article 26. Est-ce qu'il serait possible pour la
commission de se prononcer maintenant? Non, cela prendra la
réglementation avant que la commission puisse se prononcer.
Mme Marois: Je vais donner un autre exemple au
député de D'Arcy McGee. Actuellement dans les discussions qu'il y
a eu avec les syndicats, il y a un certain nombre de programmes qui vont
être mis en oeuvre dans certains organismes du parapublic. Ces programmes
ne pourraient pas être mis en oeuvre si on n'avait pas un tel article
transitoire.
M. Marx: D'accord. Article 27. On peut l'adopter.
Le Président (M. Rochefort): Article 26, adopté.
Article 27, adopté.
M. Marx: À l'article 27, j'ai juste une question à
poser. Est-ce qu'il va rester de l'argent dans le fonds consolidé du
gouvernement?
M. Bédard: C'est la même question que...
M. Marx: La prévision des sommes.
Le Président (M. Rochefort): Article adopté?
M. Bédard: C'est une question que je débattrai avec
le Conseil du trésor.
M. Marx: J'espère que le ministre va gagner.
Le Président (M. Rochefort): Article 28?
M. Bédard: D'habitude...
M. Marx: En ce qui concerne les sommes...
M. Bédard: ... on s'entend.
M. Marx: Cet article se lit comme suit: "Les sommes requises pour
l'application de la présente loi au cours de l'année
financière 1982-1983 et 1983-1984 sont prises sur le fonds
consolidé du revenu."
J'imagine qu'il va rester quelques sous.
M. Bédard: On va faire les négociations
nécessaires. Je peux dire au député de D'Arcy McGee que je
peux compter sur l'appui d'une alliée de toute première valeur en
la personne de Mme Marois qui est membre du Conseil du trésor.
M. Marx: À l'article 27, est-ce que le ministre
connaît maintenant le budget de la Commission des droits de la personne?
À peu près.
M. Bédard: Je m'excuse. Je ne savais pas qu'on
étudierait les crédits aujourd'hui en même temps.
M. Marx: Parce que j'ai posé cette question en
deuxième lecture.
M. Bédard: Je vais garder la question du
député de D'Arcy McGee en mémoire, quitte à lui
donner l'information.
M. Marx: Oui. Ma deuxième question est la suivante: Est-ce
que cela va coûter beaucoup plus d'argent pour appliquer les amendements
qu'on est en train d'adopter à la charte? Ces amendements vont-ils
nécessiter des dépenses additionnelles substantielles?
M. Bédard: Nous sommes présentement à faire
les estimations au ministère de la Justice. J'en ai discuté, il y
a quelques jours, avec mon sous-ministre en titre. Je pense que ce serait un
peu prématuré d'y aller d'un montant précis, mais,
très rapidement, nous allons être en mesure de savoir quels
montants additionnels cela peut comporter.
M. Marx: J'ai déjà signalé au ministre hier
- mais je ne me souviens pas si c'était en commission ou en dehors de la
commission - qu'en Ontario 70% des plaintes sont pour des motifs de
harcèlement sexuel. On ajoute le harcèlement sexuel dans notre
charte. Cela va engendrer beaucoup plus de plaintes à la Commission des
droits de la personne et cela va prendre beaucoup plus de ressources. C'est
très facile pour l'Assemblée nationale d'adopter des lois qui ne
seront jamais appliquées. Je ne veux pas faire le procès de qui
que ce soit, mais c'est souvent fait ici. On adopte des lois. C'est bien. Ce
sont de belles lois, mais elles ne sont jamais appliquées. Pour que les
plaintes de harcèlement sexuel - parce que je pense que c'est cela, le
problème - soient vraiment traitées d'une façon efficace,
il faut prévoir des ressources additionnelles ou prévoir un
mécanisme. La commission est présentement surchargée et
débordée, comme le ministre le sait bien. Si la commission
reçoit beaucoup plus de plaintes l'an prochain que cette année,
tout sera bloqué. Ce sera pire qu'aujourd'hui.
M. Bédard: II est évident qu'une fois ce projet de
loi adopté, nous nous devrons de faire l'évaluation approximative
de l'augmentation du volume de travail que cela peut représenter pour la
commission et de déterminer les ressources humaines nécessaires
en conséquence. Je suis conscient des éléments
soulevés par le député de D'Arcy McGee. Le budget actuel
est de l'ordre de 3 000 000 $. Nous serons en mesure de déterminer les
montants additionnels qui seront requis.
M. Marx: Mais 3 000 000 $, cela veut dire que c'est une
commission qui coûte vraiment cher, si on fait la comparaison avec
d'autres provinces. Boni J'espère que le ministre va prévoir des
ressources.
M. Bédard: Je prends note des propos du
député de D'Arcy McGee qui est...
M. Marx: Parce que maintenant...
M. Bédard: ... un défenseur des droits et
libertés, ce qui n'empêche pas qu'on doive dans cette commission,
comme ailleurs dans tous les autres organismes, faire un inventaire le plus
scrupuleux possible de ce qui est nécessaire, en termes de ressources
humaines, pour répondre à la demande et au travail
demandé.
M. Marx: Je veux signaler au ministre un élément
que je trouve très important. Parce que la commission est
débordée, supposons que quelqu'un dépose une plainte pour
le motif de harcèlement sexuel. La commission est tellement
débordée qu'elle va dire à cette personne: Si vous voulez
attendre, on va instituer une enquête d'ici quelques mois ou, si vous
voulez, vous pouvez vous adresser directement aux tribunaux. La commission
écrit de telles lettres aux personnes qui déposent des plaintes.
Mais déposer des plaintes à la commission, c'est une chose. La
commission a des pouvoirs d'enquête. La commission peut bien faire une
enquête. Si on dépose une plainte devant les tribunaux, les
tribunaux n'ont pas le pouvoir de faire des enquêtes et ils n'ont pas les
mêmes recours. Je pense que c'est très sérieux. Je ne veux
pas qu'on adopte certaines protections et qu'on dise à tout le monde
qu'on est en train de faire telle et telle chose, mais que les recours sont
inexistants. C'est une mise en garde au ministre.
M. Bédard: Oui. Je dois dire au député de
D'Arcy McGee que, lorsque nous adoptons des lois, en ce qui a trait au
ministère de la Justice, elles sont mises en vigueur le plus promptement
possible. Lorsque des délais sont prévus concernant la mise en
vigueur, c'est parce qu'il y a des raisons très précises de
nécessité d'information du public ou d'autres raisons qui peuvent
justifier que les lois n'entrent pas en vigueur immédiatement.
Le Président (M. Rochefort): L'article 27 est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Article 28?
M. Marx: L'article 28 est l'article qui exclut cette loi de
l'application de la charte canadienne et on va l'adopter sur division.
Le Président (M. Rochefort): Adopté sur division.
Article 29?
M. Bédard: Ce qui montre qu'on peut adopter une loi et
encore plus une charte des droits plus progressistes que d'autres, même
en en mettant une de côté.
Le Président (M. Rochefort): Article 29?
M. Marx: Je pense que...
M. Bédard: Cet article prévoit que la...
M. Marx: M. le ministre, avant d'adopter les articles 29, 30 et
31... Ce sont trois articles qui touchent la mise en vigueur de la charte.
Voulez-vous les adopter maintenant, quitte à...
Le Président (M. Rochefort): Ce serait
préférable, on a suspendu des articles et on
terminerait avec l'article 19, qui a été suspendu.
M. Marx: D'accord, c'est parfait.
Le Président (M. Rochefort): L'article 29 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Marx: Un instant...
M. Bédard: Cet article prévoit que l'abrogation de
l'article 90 et l'entrée en vigueur du deuxième alinéa de
l'article 20 de la charte concernant l'application du principe de
non-discrimination dans les régimes et contrats de rente et d'assurance
se feront lors de l'entrée en vigueur du règlement sur les
facteurs de détermination de risque dans les régimes et contrats
de rente et d'assurance.
M. Marx: On n'aura pas d'autre choix que de l'adopter, mais nous
avons déjà demandé que toute la réglementation, en
ce qui concerne les programmes d'accès à l'égalité,
soit déposée avec le projet de loi qui amende la charte. Cela n'a
pas été fait.
M. Bédard: M. le Président, je dois dire que ces
règlements sont en train de se préparer et que nous serons en
mesure, dans un délai raisonnable, de les proposer à l'attention
de nos collègues de l'Assemblée nationale, à l'attention
de la commission parlementaire de la justice. Je crois, au contraire, qu'il
était beaucoup plus opportun d'avoir à fixer le cadre de ces
programmes d'accès à l'égalité concernant les
avantages sociaux et de déterminer un cadre juridique très
précis, ce que nous faisons avec la charte. Ensuite, plutôt que de
mêler les discussions et risquer de mêler tout le monde, il y aura
un débat, comme il se doit, sur les règlements et tout le monde
sera en mesure de voir jusqu'à quel point ils respectent le cadre que
nous avons décidé ensemble de mettre au point,
législativement parlant.
Le Président (M. Rochefort): Cet article est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
M. Marx: J'accepte les excuses du ministre.
M. Bédard: Non, ce ne sont pas des excuses...
M. Marx: Ce n'est pas un raisonnement non plus.
M. Bédard: ... même si je les avais
complètement préparés, je crois que, pour ne pas rendre le
débat confus, il est bon, dans un premier temps, de fixer le cadre,
ensuite, dans un deuxième temps, de procéder à l'adoption
des règlements avec toutes les remarques qu'on pourra avoir à
faire à ce moment-là.
M. Marx: On accepte les excuses du ministre.
Le Président (M. Rochefort): Article 29, adopté.
Article 30?
M. Bédard: Alors, je ne répéterai pas.
Cet article prévoit le mode d'entrée en vigueur de la
prépondérance des articles 1 à 38 de la charte. Il faut
d'abord souligner que la préséance des articles 9 à 38 sur
les lois postérieures à l'entrée en vigueur de la Charte
des droits et libertés de la personne, soit le 27 juin 1975, continuera
à s'appliquer.
Quant à la préséance des articles 1 à 8 sur
les lois postérieures, elle entrera en vigueur sur proclamation,
laquelle devrait suivre d'assez près la sanction du présent
projet de loi.
Enfin, la préséance des articles 1 à 8 sur les lois
antérieures à la date de cette proclamation ainsi que la
préséance des articles 9 à 38 sur les lois
antérieures au 27 juin 1975 entreront en vigueur par d'autres
proclamations ou au plus tard le 1er janvier 1986. Comme je l'ai dit, ceci est
nécessaire parce qu'il y a tout un travail d'analyse, d'études
qui se doit d'être mené à terme concernant l'ensemble de
nos lois, travail qui est énorme avec un délai qui me semble
raisonnable dans les circonstances.
M. Marx: C'est à l'article 30?
Le Président (M. Rochefort): Oui. (17 h 15)
M. Marx: Je trouve que l'article 30, avec l'article qui traite de
la clause restrictive, est l'article le plus décevant du projet de loi.
C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la protection des droits fondamentaux de la
charte canadienne ne s'applique pas au Québec et la protection des
droits fondamentaux qui se trouve dans la charte québécoise ne
s'applique pas aux lois québécoises. J'aimerais citer le
mémoire du barreau en ce qui concerne cet article et j'aimerais faire
miens les propos du barreau: "Le comité du barreau soulève avec
inquiétude l'existence d'un vacuum juridique en ce qui concerne la
primauté des droits fondamentaux énumérés aux
articles 1 à 8 de la charte. En effet, si la proclamation des
gouvernements visés au présent article tarde, l'article 52 de la
charte, tel que proposé par le présent projet de loi, n'aurait
aucun effet pendant ce temps et les droits fondamentaux
énumérés aux articles 1 à 8 ne se seront
aucunement garantis ni les articles équivalents de la charte
constitutionnelle et ce, à cause de l'existence de la loi concernant la
loi constitutionnelle de 1982."
Autrement dit, cette loi no 62 empêche l'application de certains
articles de la charte constitutionnelle au Québec. Tant que l'article 52
n'aura pas été promulgé, toutes les lois
québécoises pourront contrevenir aux articles 1 à 8 de la
charte québécoise. C'est-à-dire qu'au Québec,
pendant au moins quelques années, nous n'aurons pas de protection en ce
qui concerne nos droits fondamentaux que les citoyens d'autres provinces
auront. Je trouve totalement inacceptable de laisser un tel vacuum. Je ne veux
pas faire tout le débat en ce qui concerne les distinctions et les
différences entre la charte québécoise et la charte
canadienne, qui est une charte constitutionnelle, donc il y a de meilleures
garanties dans une charte constitutionnelle. Ici, dans l'article 30, le
ministre laisse un vacuum pour quelques années. Je trouve cela
totalement injustifié. J'aimerais au moins demander au ministre de faire
en sorte que les articles 1 à 8 de la charte aient
préséance sur toute loi et tout règlement
québécois, dès aujourd'hui ou dès demain, lorsqu'on
adoptera la loi.
M. Bédard: M. le Président, c'est en tenant compte
de ces représentations, lorsqu'on parle de vacuum, il existait
déjà parce que 1 à 8 n'étaient pas
prépondérants. Ils le deviendront sur les lois
postérieures dès la proclamation de ce projet de loi. Il y avait
déjà un vacuum qui existait en quelque sorte;
l'interprétation est très légaliste. De toute
façon, c'est pour cela que j'ai dit que la sanction de ce projet de loi
devrait suivre d'assez près l'adoption du présent projet de
loi.
M. Marx: Est-ce que le ministre a d'autres commentaires à
faire?
M. Bédard: Je l'ai fait pendant que vous étiez
parti.
M. Marx: Ah non! Je n'étais pas parti. J'ai entendu chacun
des mots. J'ai pensé que...
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'article 30 est
adopté?
M. Marx: Un instant!
M. Bédard: Ce que vous oubliez... Une seconde!
M. Marx: Je ne vois pas de difficulté...
M. Bédard: Mais non! Mais attendez que je termine.
M. Marx: Bien je vous l'ai demandé et vous avez dit
oui.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Marx: D'accord. Allez-y.
M. Bédard: Non, mais je voulais ajouter quelque chose. Je
vous ai dit que dans un délai très rapide, le plus rapide
possible, il y aura la sanction, la proclamation ou la mise en vigueur. Il y a
lieu de dire que la protection concernant la discrimination accordée par
notre charte s'applique immédiatement. Elle s'applique depuis 1975 alors
que les mêmes dispositions qui sont dans la charte canadienne ne
s'appliqueront pas avant trois ans, après l'entrée en vigueur du
présent article, tel que stipulé au paragraphe 2 de l'article 32
de la charte canadienne concernant l'application.
M. Marx: Croyez-vous que celui qui va lire le journal des
Débats va comprendre tout cela? Parce que, aujourd'hui, en vertu de la
charte canadienne, les droits fondamentaux ont préséance...
M. Bédard: Je ne vous dis pas... Une seconde! Je ne vous
dis pas que vous n'avez pas raison de dire qu'il y a un vide juridique. Je vous
l'ai dit tout à l'heure. Je vous ai même dit que ce vide
juridique, au moment où l'on parle, existe déjà, puisque
les articles 1 à 38 ne sont pas prépondérants. Donc, je
vous l'ai dit même avant que vous m'en fassiez la demande. J'ai vu tout
de suite la nécessité, je l'ai donc énoncée
à l'étape du discours de deuxième lecture. Je le redis
présentement, cette nécessité de faire en sorte que la
mise en vigueur de ce que nous adoptons aujourd'hui, que la
prépondérance des articles 1 à 38 se fasse le plus
rapidement possible.
M. Marx: Aujourd'hui même? Est-ce que le ministre est
prêt à accepter...
M. Bédard: Je vous dis le plus rapidement possible.
M. Marx: Oui, c'est cela. Je comprends. Le plus rapidement
possible...
M. Bédard: Vous serez en mesure de voir si c'est un
délai raisonnable.
M. Marx: Non, mais le ministre dit: le plus rapidement possible,
cela veut dire d'ici le 1er janvier 1986. Je suis prêt à combler
le vide juridique tout de suite et à dire que les articles 1 à 38
auront préséance dès l'adoption de la loi.
M. Bédard: J'ai fait allusion à la charte
canadienne et, comme vous vous y référez tellement
souvent, je veux vous dire qu'il y a aussi tout un vide juridique concernant la
charte canadienne. Quant à notre charte, entre autres, l'article 10
concernant la discrimination s'applique depuis 1975, alors que la charte
canadienne ne fait entrer en vigueur que dans trois ans les articles concernant
la discrimination. Je cromprends qu'il peut y avoir des vides juridiques.
M. Marx: Supposons qu'il n'y ait pas de vide juridique...
M. Bédard: Vous ne trouvez pas cela si extraordinaire que
cela...
M. Marx: ... en ce qui concerne l'égalité au
Québec, tant mieuxl Maintenant, quant à la
préséance des articles 1 à 8 sur toutes les lois du
Québec, nous sommes prêts à l'accepter.
M. Bédard: Je vous ai dit qu'il y avait un vide juridique
des deux côtés, tant au niveau de la charte canadienne que de la
charte québécoise, et que nous allons...
M. Marx: Cela fonctionne mal en Ontario et cela ne me rend pas
heureux...
M. Bédard: Je ne vous dis pas que cela fonctionne mal en
Ontario.
M. Marx: ... je ne veux pas que cela fonctionne mal au
Québec.
M. Bédard: Non, mais je ne vous dis pas que cela
fonctionne mal en Ontario, nécessairement. Peut-être qu'il y a des
vides juridiques qui sont nécessaires, à un moment donné.
Ce que je vous dis, je pense que c'est en termes de responsabilité qu'il
faut le dire. Conscients de cette réalité, nous allons faire en
sorte que la proclamation de la mise en vigueur se fasse le plus rapidement
possible concernant ces articles.
Le Président (M. Rochefort): Article 30?
M. Marx: Puis-je demander, M. le Président, d'inscrire la
députée de L'Acadie à la place du député de
Marquette?
Le Président (M. Rochefort): Vous proposez que nous
substituions le nom de Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) à celui de M. Dauphin
(Marquette) comme membre de la commission?
M. Marx: Parce que M. Dauphin (Marquette) a le droit de vote;
c'est cela?
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a consentement
unanime?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Il y a consentement.
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Rochefort): Alors, cela va pour le
changement à la liste des membres de la commission. Est-ce que l'article
30 est adopté?
M. Marx: Je demande le vote enregistré.
Le Président (M. Rochefort): Vote enregistré.
J'appelle donc le vote sur l'article 30.
M. Bédard: Est-ce que vous faites un amendement? C'est un
vote enregistré sur quoi?
Le Président (M. Rochefort): Sur l'article 30. J'appelle
donc le vote sur l'article 30.
M. Bédard (Chicoutimi)?
M. Bédard: Pour, M. le Président. M. Marx:
Contre.
Le Président (M. Rochefort): Mme
Marois (La Peltrie)?
Mme Marois: Pour.
Le Président (M. Rochefort): M.
Charbonneau (Verchères)? Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Rochefort): Mme
Juneau (Johnson)?
M. Bédard: Elle vient juste d'arriver.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, cela fait un petit bout de temps, mais
vous ne m'aviez pas vue...
Le Président (M. Rochefort): II faut le dire.
Mme Juneau: Je l'ai dit, je m'excuse. Je n'étais pas
vis-à-vis d'un micro.
Le Président (M. Rochefort): D'accord, excusez-moi!
M. Marx: ... de la commission depuis quelques heures
maintenant.
M. Bédard: Franchement!
Le Président (M. Rochefort): M. Kehoe (Chapleau)? Mme
Lachapelle (Dorion)?
Mme Lachapelle: Pour.
M. Marx: Elle était ici pour la discussion de cet
article.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lafrenière (Ungava)?
M. Lafrenière: Pour.
Le Président (M. Rochefort): M. Leduc
(Saint-Laurent)?...
M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes)?... M. Marx (D'Arcy McGee)?...
M. Marx: Contre.
Le Président (M. Rochefort): L'article 30 est
adopté: 5 pour, 3 contre. J'appelle l'article 31.
M. Marx: L'article 31 prévoit que le ministre
présentera l'article 31?
M. Bédard: II s'agit de l'article de l'entrée en
vigueur de toutes les autres dispositions du présent projet de loi.
M. Marx: Je n'aime pas l'article 31 et je vous dirai pourquoi, M.
le Président.
Le Président (M. Rochefort): Vous ne l'avez pas?
M. Marx: Non, je ne ne l'aime pas.
Le Président (M. Rochefort): Excusez-moi.
M. Marx: Je l'ai et je ne l'aime pas. Je vais vous dire pourquoi.
J'ai déjà fait un discours en deuxième lecture sur cette
question. Cela permet au gouvernement de mettre la loi en vigueur disposition
par disposition, article par article. Je trouve que c'est une
délégation trop large au gouvernement. L'article 31 tel que
rédigé devient une clause, disent-ils, dans nos lois. J'ai
trouvé cet article dans un grand nombre de lois cette session-ci et je
trouve que c'est une délégation exorbitante. Si le ministre le
veut, je peux lui citer des exemples où une loi a prévu, dans le
paragraphe d'un article, une infraction et, dans un autre, une défense,
et où le gouvernement concerné a mis en vigueur l'infraction mais
pas toute la défense. Je trouve que c'est une délégation
trop large. Même si je ne veux pas faire tout un plat de cette
disposition, je trouve que c'est un peu exagéré.
Je ne sais pas d'où vient cette conception d'adopter de tels
articles, mais j'imagine que cela vient des fonctionnaires qui trouvent que ce
serait une façon plus efficace de mettre en vigueur des lois. Les
ministres sont influencés par leurs fonctionnaires, pas seulement dans
votre ministère, mais dans d'autres, parce qu'ils disent que l'on trouve
cette clause dans toutes les lois ces jours-ci.
M. Bédard: J'espère que le député de
D'Arcy McGee a bien lu le même projet de loi que nous. Ce projet que nous
adoptons présentement n'est pas une invention des fonctionnaires. C'est
tout simplement une nécessité. Il est à même de
constater qu'il y a certains articles qui ne peuvent pas entrer en vigueur
dès maintenant, qui ne peuvent entrer en vigueur que sur proclamation du
gouvernement.
M. Marx: Énumérez-les.
M. Bédard: Tous les articles qui impliquent que des
règlements soient faits et adoptés par la commission
parlementaire de la justice ne peuvent être mis en vigueur
maintenant.
M. Marx: Énumérez-les. Cela s'est fait
déjà dans des projets de loi.
M. Bédard: M. le Président, je crois qu'à
partir d'un cas particulier que nous ramène régulièrement
le député de D'Arcy McGee, il en tire des conclusions
générales qui, à mon sens, résistent mal à
l'analyse parce que je crois qu'on est en mesure de dire que le gouvernement a
toujours fait en sorte qu'entrent en vigueur le plus rapidement possible les
lois qu'il vote, les dispositions de ces lois. Dans certains cas il y a des
délais nécessaires. Prenez, par exemple, le droit de la famille.
Lorsque nous l'avons adopté, nous avons adopté tout le droit de
la famille de même que tout ce qui concernait le Code de
procédure. Dès ce moment-là j'avais indiqué qu'il
ne serait en vigueur que vers le mois de décembre 1982 puisque
c'était nécessaire d'avoir une période d'information. (17
h 30)
II y a des ajustements techniques, pas au niveau des lois mais
simplement du point de vue pratique, qui sont nécessaires. L'information
du public, par exemple, pour que tout au moins les praticiens du droit aient
une certaine connaissance, même soient un peu familiers avec la loi. Cela
s'explique. Le député de D'Arcy McGee en a fait état lors
de l'adoption de la loi no 67 concernant les mesures alternatives à
l'emprisonnement, faute de paiement d'amendes. À ce moment, j'avais dit
que ces dispositions s'appliqueraient au mois de janvier puisqu'il fallait
mettre en place les mécanismes
administratifs nécessaires pour son application. On ne peut quand
même pas mettre ces mécanismes-là en place avant que la loi
ne soit adoptée sans savoir exactement ce que sera le contenu final
d'une loi qu'on propose à l'Assemblée nationale. Il arrive qu'on
propose des lois à l'Assemblée nationale et qu'elles soient
modifiées. Il arrive même qu'elles soient retirées. La
logique et le réalisme font que certaines lois sont adoptées et
ne peuvent logiquement être mises en application qu'après un
certain délai.
M. Marx: On peut dresser une liste des articles et prévoir
quand les articles seront en vigueur ou prévoir que tel et tel article
pourraient être proclamés en vigueur. Je trouve...
M. Bédard: Je dis qu'on est mieux... J'admets qu'on doit y
apporter une attention particulière. Je peux vous dire que comme
président du comité de législation depuis seulement
quelque temps, je vais employer tous mes efforts à apporter le plus
d'améliorations possible, tout en étant conscient...
M. Marx: Vous trouvez que c'est une amélioration...
M. Bédard: ... que d'une façon
réaliste...
M. Marx: Est-ce que le ministre accepte que c'est une
délégation assez large de l'Assemblée nationale au
gouvernement qui permettra - je ne veux pas faire un procès d'intention
- à un gouvernement de frustrer l'intention des députés
qui ont adopté une loi à l'Assemblée nationale. C'est
très simple...
M. Bédard: Non, ce n'est jamais...
M. Marx: ... il y a toute une jurisprudence sur cette
question.
M. Bédard: Voyons donc, ce n'est jamais arrivé
jusqu'à maintenant.
M. Marx: C'est déjà arrivé.
M. Bédard: Quand une loi représente des avantages
pour les citoyens, il n'y a pas un gouvernement qui n'a pas avantage à
ce que cette loi-là s'applique le plus possible. Il y a quand même
une logique de bon sens.
M. Marx: Mais lisez...
M. Bédard: Quand il y a, à un moment donné,
un excès par rapport à un cas particulier, je pense qu'il y a
aussi une sanction politique qui peut se faire par des représentations
qui peuvent être faites par les instances concernées, que ce soit
un député, que ce soit l'Opposition. On ne peut pas régler
tous les cas.
M. Marx: Dans la jurisprudence de la Cour suprême du Canada
on a d'excellents exemples: l'arrêt sur l'ivressomètre. Vous allez
voir qu'une telle clause a permis qu'une injustice légale se
produise.
M. Bédard: Sauf erreur, c'est le gouvernement
fédéral qui a fait cette loi.
M. Marx: Vous êtes en train de copier les mauvaises
habitudes du gouvernement fédéral.
M. Bédard: Non. Ce n'est pas cela. On sait que depuis
quelque temps, vous vous servez de ce libellé pour essayer de laisser
croire qu'il y a des excès commis par le gouvernement concernant les
délais de mise en vigueur des lois ou des dispositions alors que ce
n'est pas vrai.
M. Marx: Je l'ai prouvé une fois...
M. Bédard: Vous n'avez rien prouvé.
C'est cela. Le député de D'Arcy McGee prend un cas et
généralise. Je préfère prendre...
M. Marx: Je vais prendre...
M. Bédard: Ne vous en faites pas. C'est ce cas-là
qu'il nous a ramené... En passant, vous n'avez pas besoin de vous
parler, tous les membres de l'Opposition, c'est toujours de ce cas-là
dont vous parlez. Ne vous en faites pas.
M. Marx: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: II y en a aussi dans la loi no 77 sur l'Office
des services de garde.
M. Marx: C'est cela. La Loi sur le commerce
extérieur...
Mme Marois: C'est vrai, mais les articles majeurs...
Mme Lavoie-Roux: Moi, je vous dis cela spontanément.
Imaginez-vous si je les examinais, j'en trouverais beaucoup.
Le Président (M. Rochefort): L'article 31 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté, malgré nos interventions,
malgré les droits des députés qui deviennent des machines
à voter.
Le Président (M. Rochefort): Avant... À
l'ordre, s'il vous plaît! Avant de revenir aux articles
suspendus...
M. Bédard: On ne recommencera pas la discussion
quand...
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! Avant de revenir aux articles suspendus, il
y a une proposition d'amendement aux articles 19 et 26 dans la version
anglaise. M. le ministre pouvez-vous nous...
M. Bédard: Nos collègues... Est-ce que vous voulez
qu'on procède? Les articles 19 et 26. Dans la version anglaise des
articles 19 et 26 du projet de loi, remplacer, chaque fois qu'ils y
apparaissent, les mots "equal opportunity programs" par les mots "affirmative
action programs".
M. Marx: Oui, c'est la Commission des droits et libertés
de la personne qui a proposé cette modification.
M. Bédard: C'est correct?
M. Marx: C'est correct.
M. Bédard: Vous êtes content?
M. Marx: Je suis content parce que la commission a trouvé
la raison d'être de cette correction de texte français dans les
définitions de l'Office de la langue française.
Le Président (M. Rochefort): Finalement...
M. Bédard: Bravo pour l'Office de la langue
française.
M. Marx: Pour protéger la langue anglaise dans nos
statuts.
Le Président (M. Rochefort): Finalement, il y a la
motion...
M. Bédard: Elle protège les deux langues. Il y a
également un amendement aux articles...
Les programmes d'accès à
l'égalité
Le Président (M- Rochefort): Pour faire l'amendement
relatif à la nouvelle numérotation, il faudrait peut-être
revenir à l'article qui est concerné par cela. Donc, on revient
à l'article 19 dont nous avions suspendu l'étude pour permettre
à la députée de L'Acadie de se joindre à nous.
M. Bédard: On est capable de terminer cela avant le
dîner.
Le Président (M. Rochefort): Alors, l'article 19, M. le
ministre.
M. Bédard: J'ai quelques amendements, mais ce sont des
amendements techniques, je peux le dire à Mme la députée
de L'Acadie. D'ailleurs, ces amendements ont été signalés
à l'attention des membres de l'Opposition depuis quelques jours.
Alors, l'article 19. Cet article a pour objet, je l'ai
déjà dit, de permettre l'adoption de programmes d'accès
à l'égalité pour corriger la situation de personnes
faisant partie de groupes victimes de discrimination, que ce soit dans
l'emploi, l'éducation ou dans un service offert au public et de faire en
sorte que ces programmes d'accès à l'égalité soient
réputés non discriminatoires du moment qu'ils sont conformes
à la charte et aux règlements. D'accord sur le principe, M. le
Président?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
La Présidente (Mme Lachapelle): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II est plutôt question de renseignement
que je veux avoir. C'est strictement relié à l'emploi que la
discrimination ou la non-discrimination s'applique?
M. Bédard: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non.
Mme Marois: Mme la Présidente, si vous lisez l'article
86.1, "... la situation de personnes faisant partie de groupes victimes de
discrimination dans l'emploi, ainsi que dans les secteurs de l'éducation
ou de la santé et dans tout autre service ordinairement offert au
public."
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que...
M. Bédard: Mais, c'est toujours dans l'emploi.
Mme Lavoie-Roux: Mais, c'est toujours dans l'emploi.
M. Bédard: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Parce que, par exemple...
M. Bédard: Cela concerne toujours l'emploi.
Mme Marois: Non.
M. Bédard: Non, pas nécessairement?
Mme Marois: Non. Imaginons, dans le
secteur de l'éducation...
Mme Lavoie-Roux: Bien, justement, la discrimination quant
à l'accès à certains programmes de formation. Est-ce que
ceci va être touché?
Mme Marois: Voilà, c'est cela. À partir du moment
où on a "ainsi que dans les secteurs - parce qu'il faut bien dire dans
l'emploi - de l'éducation ou de la santé et dans tout autre
service ordinairement offert au public."
Mme Lavoie-Roux: Alors, ce n'est pas relié strictement
à l'emploi. Je veux être bien certaine de cela et que ce soit
enregistré.
Mme Marois: Oui. Pour moi, il a toujours été
très clair que cet article couvrait d'autres secteurs que l'emploi. On
peut donner des exemples. Que l'on pense à la formation professionnelle
où il y a eu de longs débats sur cette question. Cela pourrait
s'appliquer à la formation professionnelle, c'est dans le secteur de
l'éducation.
M. Marx: Si on a rédigé cet article en
prévoyant "dans l'emploi, ainsi que dans les secteurs de
l'éducation ou de la santé et dans tout autre service
ordinairement offert au public", pourquoi pas partout?
Mme Marois: On aurait pu dire partout. Est-ce que cela aurait
nécessairement rendu l'article plus clair? Je n'en suis pas tellement
certaine. Cela aurait sûrement prêté à
interprétation beaucoup plus qu'autre chose.
M. Marx: "Dans l'emploi, ainsi que dans les secteurs de
l'éducation ou de la santé et dans tout autre service
ordinairement offert au public". Parce que, une fois qu'on fait une liste, il y
a des exclusions. Est-ce qu'on est sûr que...
Mme Marois: II pourrait y avoir des exclusions.
M. Marx: Mais, est-ce qu'en faisant cette liste on exclut
certains domaines? Quel était l'objectif?
Mme Marois: L'objectif n'était pas d'exclure certains
domaines, mais de s'assurer des domaines principalement visés: l'emploi
comprenant le secteur travail, ensuite les secteurs de l'éducation et de
la santé et la notion de services publics. À ce moment-là,
cela nous apparaissait suffisamment large pour couvrir les situations qu'on
voulait couvrir.
M. Bédard: D'ailleurs, le libellé de l'article le
dit. Ce n'est pas restrictif. Quand on parle du secteur de l'éducation,
etc., on dit: "Un programme d'accès à l'égalité a
pour objet de corriger - c'est cela le principe - la situation de personnes
faisant partie de groupes victimes de discrimination dans l'emploi ainsi que
dans..." Cela aurait pu être "notamment". Ce n'est pas uniquement dans
les secteurs...
M. Marx: C'est cela, j'ai voulu suggérer "notamment".
M. Bédard: Ce n'est pas uniquement de...
C'est la même chose.
Mme Lavoie-Roux: Si vous dites "notamment", cela se
réfère juste à l'emploi.
Mme Marois: C'est très différent. Voilà,
c'est justement cela. C'est très différent. Si on avait mis
"notamment", cela aurait été: L'emploi, notamment, dans les
secteurs de... Au contraire, je ne pense pas qu'il faille mettre "notamment",
parce que cela devient beaucoup plus restrictif.
M. Marx: Mais "notamment" avant le mot "emploi", cela devient
plus large parce que ce sont des exemples. Ici, c'est compréhensible; si
on met "notamment" avant l'emploi, c'est plus large, parce qu'on donne des
exemples.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Bédard: II me semble que...
Le Président (M. Rochefort): Je crois qu'on va fonctionner
en donnant la parole, parce qu'on va se perdre.
M. le ministre.
M. Bédard: Je vais y aller et je reviendrai à ce
que vous disiez tout à l'heure. Lisons-le attentivement. Le principe:
"Un programme d'accès à l'égalité a pour objet de
corriger la situation de personnes faisant partie de groupes victimes de
discrimination dans l'emploi". On pourrait arrêter là. On ajoute
"ainsi que". On ne dit pas seulement dans tel ou tel secteur, il est là:
"Ainsi que dans les secteurs de l'éducation ou de la santé et
dans tout autre service ordinairement offert au public."
Le Président (M. Rochefort): Vous êtes ma prochaine.
Cela va?
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si vraiment l'objectif est ceci, comme ce n'est
pas mon habitude de rédiger des textes juridiques... Est-ce que cela
n'aurait pas été plus clair ou est-ce qu'on ne serait pas plus
certain de
couvrir ce qu'on dit vouloir couvrir si on avait mis "ainsi que dans
toutes les activités du secteur de l'éducation et de la
santé"? Je ne suis pas sûre à savoir comment cela sera
interprété. Je ne suis pas sûre que vous ne laissez pas...
Vous dites: "de groupes victimes de discrimination dans l'emploi..." Je pense
que cela peut porter à ambiguïté.
M. Bédard: Je crois que l'expression "secteur de
l'éducation" est plus large que "secteur d'activités de
l'éducation". C'est vraiment plus général.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Marx: Je pense qu'après les explications et
l'échange, les craintes que j'avais n'étaient pas tellement bien
fondées.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait me dire à quoi se
réfère - je pense que c'est un adverbe - "le mot "ordinairement"
dans la phrase "et dans tout autre service ordinairement offert au public"?
On doit avoir dans l'esprit d'en exclure quelques-uns, j'imagine.
Le Président (M. Rochefort): Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine.
Mme Marois: Je dois dire que je n'ai pas eu à l'esprit
d'en exclure mais, au contraire, d'en couvrir le plus possible. Par exemple,
les services financiers dans les institutions financières sont des
services habituellement offerts au public. Je pourrais même prendre des
services gouvernementaux. Prenons des bureaux d'aide sociale - je ne sais pas
si mon exemple serait bon - or un ensemble de services du même ordre
offerts au public.
Quand on a travaillé, avec le ministre de la Justice, sur cet
article-là, l'idée était de couvrir, au contraire, le plus
largement possible, et, d'autre part, de faire en sorte qu'il y ait quand
même certaines balises. Je pense que la notion de "tout autre service
ordinairement offert au public" est cette balise.
M. Bédard: On nous signale aussi que c'est par
uniformité de vocabulaire avec d'autres articles, entre autres,
l'article 12. (17 h 45)
Mme Lavoie-Roux: À l'article 86.1, j'accepte vos
explications. Je pense que cela permet de clarifier. Il reste que cela exclut -
et ceci vous avait été signalé par au moins, je pense, la
Commission des droits de la personne et le Conseil du statut de la femme - les
organismes gouvernementaux qui ne feraient pas, si je puis dire, directement
affaire avec la population, par exemple, certaines régies, certains
offices. Est-ce que ces organismes se trouvent exclus? Ils ne sont pas
cités.
M. Bédard: On pourra peut-être faire la discussion
à 86.8, si vous n'avez pas d'objection.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Si vous voulez...
Mme Marois: Parce qu'ils sont couverts par cela.
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas d'objection.
M. Bédard: Vous n'avez pas d'objection. Article 86.2,
est-ce que cela va?
Mme Lavoie-Roux: Oui. 86.1.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pourquoi n'aurait-on pas mis: Faisant
partie de groupes victimes de discrimination aux termes de la présente
loi? Cela couvre tout.
M. Bédard: On veut que ce soit spécifique. L'autre
c'est trop large. On veut que ce soit spécifiquement dans le domaine de
l'emploi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous dites que ce n'est pas cela.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): On veut savoir si c'est seulement
l'emploi.
M. Bédard: Pardon?
M. Leduc (Saint-Laurent): On veut savoir si c'est seulement
l'emploi. Vous dites que c'est seulement l'emploi...
Mme Lavoie-Roux: Vous venez de dire que ce n'est pas cela.
M. Bédard: Le secteur public par rapport au secteur
privé.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas là-dessus qu'on fait la
différence.
M. Bédard: Peut-être que j'ai mal compris votre
question.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je dis: On veut une clause
générale sans exclusion. Pourquoi ne dit-on pas: Faisant partie
de groupes victimes de discrimination aux termes de la présente loi?
À ce moment, on couvre tout.
Mme Marois: Cela va, M. le Président? La notion de
discrimination se retrouve définie, tout compte fait, à l'article
10, si je ne me trompe pas. À partir du moment où on s'entend sur
ce que couvre la notion de discrimination, cela peut rendre
l'interprétation de l'article très large. Si vous revenez
à l'article 10...
M. Leduc (Saint-Laurent): Aux termes de l'article 10,
peut-être. Il faudrait se référer à l'article
10.
M. Bédard: J'ai des hésitations à ce qu'on
change le libellé sur le bord de la table. Je voudrais, par exemple,
être en mesure de donner toutes les explications que vous êtes en
droit de demander, si vous permettez.
Mme Lavoie-Roux: Moi je voudrais savoir du ministre de la
Justice, parce que là il semble qu'il y ait eu une petite
ambiguïté, vous n'avez pas l'air d'être tout à fait
d'accord, cela ne couvre pas uniquement...
M. Bédard: Ce n'est pas que nous ne sommes pas
d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Quand je dis pas d'accord, écoutez...
M. Bédard: C'est que je crois que j'avais mal compris la
question du député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'est pas uniquement une discrimination
à l'égard de l'emploi, M. le ministre de la Justice. C'est vous
qui êtes le ministre de la Justice.
M. Bédard: Non, c'est clair. Ce n'est pas seulement
concernant le domaine de l'emploi.
Mme Lavoie-Roux: C'est tout type de programme offert par le
gouvernement.
M. Bédard: Ayant pour but de corriger des
discriminations.
Mme Lavoie-Roux: Et dans tous les aspects de ces programmes.
M. Bédard: Oui, tout l'aspect de l'activité.
Mme Marois: Des activités qui vont avec de l'emploi, du
travail, des activités pouvant être l'utilisation de services, des
activités pouvant être d'ordre éducatif, entre autres; je
pense à certains programmes à l'université, dans les
collèges, la formation professionnelle.
Mme Lavoie-Roux: Je le sais, mais je veux être bien
sûre que c'est cela que le ministre pense parce que c'est quand
même le ministre de la Justice qui a la responsabilité.
M. Bédard: Non, je sais que vous n'essayez pas de nous
mettre en contradiction, mais simplement d'avoir les explications
nécessaires. Je puis vous confirmer que cela ne doit pas être
interprété comme étant simplement restrictif à
l'emploi.
Mme Lavoie-Roux: Restrictif à l'emploi. M.
Bédard: C'est général. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pourquoi tenez-vous à ce moment
à limiter? Oui, vous parlez de l'éducation ou de la
santé.
M. Bédard: Comme cela arrive dans bien des lois. À
un moment donné, on sent le besoin, parce que peut-être dans ces
secteurs des questions peuvent se poser particulièrement, de les
mentionner.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que vous voyez des
exclusions?
M. Bédard: Encore une fois, ce n'est pas d'une
façon restrictive selon les termes qui sont employés dans
l'article.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que vous pensez à
certaines exclusions, non?
Mme Lavoie-Roux: Parce qu'à ce moment vous auriez pu
mettre...
M. Leduc (Saint-Laurent): Bien oui, mettre une clause
générale. Cela règle le problème.
Mme Lavoie-Roux: Ainsi que dans tous les secteurs
d'activités gouvernementales; vous auriez pu mettre cela.
Mme Marois: Cela est couvert par un autre article cependant.
Là je pense qu'il faut se référer à 86.8.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais pourquoi le restreindre ici? Je ne
veux pas faire de longs débats. Je ne veux pas me chicaner sur les
mots.
M. Bédard: Je vous le dis honnêtement. On ne le
restreint pas.
Mme Marois: D'ailleurs, j'aimerais revenir...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est-à-dire que le texte ne dit
pas...
Mme Marois: Je pense qu'il faut... Évidemment, chacun des
articles s'interprète en fonction des articles qu'il y a
déjà dans la charte aussi. Il faut bien s'entendre. La notion de
discrimination, on l'interprète en fonction de l'article 10. Cela va? Si
on revient à l'article 10, on se rend compte que c'est quand même
très large, les réalités que cela peut couvrir et par la
suite, on l'accole à la notion de secteurs d'activités, d'emplois
et de services publics ou des services offerts généralement au
public, ce qui est beaucoup plus large, d'ailleurs, que les services publics,
parce que les services offerts généralement au public... Je
prends toujours l'exemple des institutions financières que j'ai
utilisé tout à l'heure, alors que si on disait seulement les
services publics ici, ce seraient les services offerts par un État ou un
gouvernement.
Le Président (M. Rochefort): L'article 86.1 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Un instant; Je vais vous donner un exemple. Par
exemple, dans le bureau du Vérificateur général, qui est
un service offert au public d'une façon bien indirecte - c'est en fait
un service offert au gouvernement qui vérifie les comptes des
différents ministères - cela pourrait-il être exclu? parce
que si vous référez à la notion des services offerts
généralement au public, je ne crois pas qu'on puisse strictement
parler des services offerts au public, peut-être indirectement,
mais...
Mme Marois: Cela dépend, à ce moment-là, en
fonction de quoi on demanderait au vérificateur d'offrir des programmes
d'accès à l'égalité. Si c'est en fonction de
l'emploi, à ce moment-là, mon interprétation, c'est
d'aller à l'article 86.8 et de le considérer comme un organisme
du gouvernement. Si c'est en vertu de l'accès à des services
qu'offre le vérificateur, cela se pose différemment, je
pense.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais dans votre article 86.8, vous n'en
faites plus une obligation. Vous en faites une possibilité.
Mme Marois: C'est là que j'avais suggéré un
amendement...
Mme Lavoie-Roux: Là, c'est...
Mme Marois: ... pour que cette notion d'obligation vienne aussi
toucher les organismes.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela va être "doit", dans votre
amendement?
M. Bédard: Oui.
Mme Marois: Un des amendements sera "doit".
M. Bédard: Je dois vous dire que Mme...
Mme Lavoie-Roux: Si c'est "doit", à ce moment-là,
je suis d'accord avec vous que cela s'appliquera si c'est un organisme au
service du gouvernement. Il est quelque part ici, mais je ne l'ai pas vu.
M. Bédard: ... la ministre a fait les
représentations nécessaires au Conseil des ministres et
obtenu...
Mme Lavoie-Roux: Bon!
Le Président (M. Rochefort): L'article 86.1 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Bédard: ... l'assentiment du Conseil des ministres pour
procéder à un amendement...
Le Président (M. Rochefort): Article 86.2.
M. Bédard: ... qui sera sûrement bien
accepté.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord. M. Bédard:
Adopté? Mme Lavoie-Roux: Un instant! M. Bédard:
À l'article 86.3...
Le Président (M. Rochefort): Juste un moment, M. le
ministre! Cela va, pour 86.2?
Mme Lavoie-Roux: Je pourrai en discuter à l'article
à... Oui, d'accord, d'accord.
Le Président (M. Rochefort): Adopté?
M. Bédard: Je pense qu'on pourrait tenir pour acquis, Mme
la députée, qu'on ne se limitera pas. On n'est pas ici pour
être très techniques et légalistes...
Mme Lavoie-Roux: Mais pourrait-on faire des retours en
arrière s'il y avait des...
M. Bédard: Pour l'ensemble du programme, à quelque
article que ce soit concernant les programmes d'accès à
l'égalité...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bédard: ... on s'entend qu'on peut poser n'importe
quand les questions qu'on a à l'esprit...
Mme Lavoie-Roux: Mais une fois qu'on a adopté les
articles, on ne peut pas...
M. Bédard: ... si on a adopté les articles et qu'on
juge opportun de les rouvrir...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, alors. M. Bédard: ...
soyez convaincue... Mme Lavoie-Roux: Parfait.
M. Bédard: ... que vous aurez notre collaboration.
Le Président (M. Rochefort): À l'article 86.3, il y
a une proposition d'amendement.
M. Bédard: II y a un amendement à savoir de
supprimer à la dernière ligne du premier alinéa de
l'article 86.3 de la charte les mots "qu'elle a élaboré
conformément à la charte"; deuxièmement, remplacer au
deuxième alinéa de l'article 86.3 de la charte par le suivant:
"La commission peut, lorsque sa recommandation n'a pas été
suivie, s'adresser au tribunal et, sur preuve d'une situation visée dans
l'article 86.1, obtenir dans le délai fixé par le tribunal,
l'élaboration et l'implantation d'un programme. Le programme ainsi
élaboré est déposé devant le tribunal qui peut, en
conformité avec la charte, y apporter les modifications qu'il juge
adéquates." M. le Président, en vertu de la première
modification, la commission n'aura plus à élaborer
elle-même les programmes dont elle recommande l'implantation, ce qui
pouvait s'avérer, en pratique, difficile de réalisation pour la
commission. La deuxième modification est de concordance.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si je ne m'abuse, c'est
probablement dans cet article que l'on se réfère à
l'entreprise privée ou enfin aux entreprises non gouvernementales.
Mme Marois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Mais, si je comprends bien, dans les
modifications qui sont apportées à la charte, il n'y a pas de
disposition qui prévoit d'étendre d'une façon obligatoire
au secteur privé ce qui est un devoir pour le secteur public. Ce n'est
qu'à la suite d'une plainte que la commission peut intervenir et peut
même obliger à implanter des programmes d'égalité
des chances. Qu'est-ce qui a motivé le gouvernement à agir de
cette façon? La raison pour laquelle je pose la question, c'est que vous
savez que ce sont des démarches extrêmement difficiles à
faire pour des individus, cela prend des gens - on en a vu à l'occasion
d'une commission, j'oublie laquelle, c'était peut-être à
celle qu'on a eue l'automne dernier -qui, je pense, venaient de chez Pratt
& Whitney...
Mme Marois: De Pratt & Whitney et aussi le CN.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela prend du monde
décidé. Alors, quelle est la motivation pour faire cette
différence entre les deux? Vous l'avez peut-être dit en
deuxième lecture, M. le ministre, mais je ne vous ai pas
écouté ou je n'y étais pas.
Mme Marois: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Mme la ministre.
Mme Marois: C'est vrai que cela aurait pu être
envisagé comme cela, à savoir qu'il y ait une notion d'obligation
pour toutes les entreprises. Il faut bien se rendre compte cependant qu'on
avance sur un terrain neuf à certains égards. Il y a des
expériences dans d'autres pays, il y a des expériences à
d'autres niveaux et je pense qu'il est important d'acquérir
progressivement l'expérience en se disant... Il y a au moins deux
éléments qui permettent d'intervenir de façon
peut-être plus importante: sur preuve de discrimination et, d'autre part,
dans l'appareil public et parapublic. On s'oblige et on voit qu'il y a quand
même un grand nombre d'entreprises qui pourront être
touchées. Par contre, cela n'empêche aucune entreprise de le
faire, aucune entreprise qui, sur une base volontaire, voudrait ou souhaiterait
implanter des programmes en collaboration avec la commission.
Dans cette perspective, ce que j'imagine, dans les quelques mois et
années qui viennent - parce qu'on sait que cela prend un certain temps
à bâtir ces programmes - c'est de faire en sorte qu'on puisse
travailler avec des entreprises d'une grande importance ou d'une taille
relativement importante, travailler avec ces entreprises, sur une base
volontaire, pour voir à en implanter, et que ces entreprises servent de
projet pilote ou de témoin, de telle sorte qu'on puisse par la suite
voir, s'il
y a lieu, en venir à la notion d'obligation pour le secteur
privé aussi, avec peut-être un certain nombre de règles qui
feraient en sorte qu'on dise: Les entreprises de 100 employés et plus,
par exemple.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bédard: Dans le sens de ce qu'a dit ma collègue,
je référerais la députée de L'Acadie à
l'article 73 de la charte, qui stipule très clairement que la commission
-c'est un droit général - peut faire enquête de sa propre
initiative. Cet article demeure, donc cela consacre très clairement la
réalité qui fait que, sur une plainte ou encore sur l'initiative
de la commission, certaines situations discriminatoires ayant été
constatées, on peut à ce moment enclencher le mécanisme
qui est prévu dans tous les programmes d'accès à
l'égalité.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre conviendra que les chances ou les
risques -cela dépend à quel point de vue on se place - ne sont
pas très grandes ou grands que la commission puisse, à moins d'un
événement majeur qui est signalé dans les journaux, etc.,
faire enquête, compte tenu de ses ressources, à moins que
quelqu'un ne porte plainte ou que...
M. Bédard: II y a des personnes qui peuvent porter plainte
très officiellement, de telle façon que n'importe qui est en
mesure de savoir qui a porté plainte. Dans d'autres cas, il y a
certaines informations qui ne sont pas identifiées proprement à
des plaintes en bonne et due forme, qui peuvent être acheminées
à la commission et qui permettent à la commission d'agir de sa
propre initiative. (18 heures)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est le choix que le
gouvernement a fait. C'est peut-être sage, dans un premier temps, mais il
ne faut quand même pas se leurrer. Je vous parlerai, par exemple, d'une
profession où les femmes ont beaucoup de difficulté à se
placer lorsqu'elles demandent un emploi dans le secteur public: ce sont les
ingénieurs, particulièrement dans un contexte économique
difficile où justement on sait que, du côté des
ingénieurs, il y a peut-être de plus en plus des
difficultés particulières. C'est peut-être le domaine,
enfin, c'est le domaine que je connais le plus; je ne devrais pas dire le
domaine où c'est le plus... Ce serait tout à fait injuste de dire
cela, il faudrait que j'ai des données plus précises. Je ne suis
pas sûre que... Vous savez, c'est difficile à prouver. Quand
quelqu'un fait le choix d'un employé, il y a toutes sortes de facteurs
qu'on peut invoquer pour dire: Non, c'est le candidat A, même si le
candidat B a porté plainte. Je pense que, s'il n'y a pas une
espèce d'incitation un peu plus vigoureuse à dire:
Écoutez, il faut que la discrimination disparaisse... En tout cas, c'est
peut-être ce que vous avez choisi de faire, dans un premier temps...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: ... mais je pense qu'à la longue, ce ne
sera pas satisfaisant.
Le Président (M. Rochefort): Juste un moment, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Bédard: Sauf que les cas individuels continuent
toujours d'être protégés par la commission. On est en train
de parler des groupes.
Le Président (M. Rochefort): II est 18 heures.
M. Bédard: Je pense qu'il y a une distinction. D'autre
part, je pense que, dans une première étape, vous l'avez
peut-être laissé entendre, il serait peut-être sage de
procéder en présumant de la bonne foi des personnes et des
entreprises qui peuvent être visées. Comme l'a dit Mme la ministre
tout à l'heure, si ceci ne devait pas s'avérer efficace, je pense
qu'il nous faudrait réévaluer la situation tous ensemble.
Mme Marais: II y a peut-être deux autres
éléments... Oui.
Le Président (M. Rochefort): Je prends acte qu'il y a
consentement pour que nous poursuivions nos travaux.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bédard: Oui, oui. C'est fait
Mme Lavoie-Roux: M. Mon patron, est-ce qu'il y a
consentement?
Le Président (M. Rochefort):
Consentement.
M. Marx: Jusqu'à la fin de nos travaux. Mme
Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Mme Marois: II y a deux autres éléments que je
voudrais ajouter. Le premier, c'est, entre autres, la négociation
patronale-syndicale où, là aussi, à partir du moment
où l'on mettrait une notion d'obligation, est-ce qu'on
n'enlèverait pas de l'ordre de la négociation ce type de
programme, alors que déjà certains groupes ont commencé
à négocier ces programmes avec leur employeur? D'accord? L'autre
élément auquel
je pensais, c'est, pour revenir à l'article 73, que la commission
a déjà un certain nombres de dossiers sur des entreprises qui,
notoirement, ont un certain nombre de pratiques discriminatoires d'ordre
systémique, ce qui, évidemment, est différent de la
pratique discriminatoire individuelle. À partir de ces dossiers, en
vertu de l'article 73, je pense qu'on pourrait faire un certain nombre de tests
intéressants avec peut-être quatre, cinq, six entreprises de
différente taille, de telle sorte qu'on accumule une expérience
à ce niveau pour conclure, par exemple, que: Oui, il faut que cette loi
ait plus de dents et donc on oblige l'entreprise privée, ou dire: Non,
on finit par y arriver avec les moyens qu'on s'est donnés. Moi aussi, je
partage cette crainte - je l'ai dit d'ailleurs lors du débat de la
deuxième lecture - sur cette question. Je pense que c'est un premier pas
dans la bonne direction. L'évaluation de ce premier pas nous
amènera à corriger dans un sens ou dans l'autre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je remercie Mme la
ministre, mais il ne faut pas se faire d'illusion. Dans le moment, dans mon
esprit, je me référais surtout à l'égalité
de l'emploi pour les femmes, mais il y a aussi la question des personnes
handicapées, la question des groupes minoritaires. C'est peut-être
encore plus facile à l'endroit de ces groupes de trouver un
prétexte à la discrimination. Je ne veux pas retarder le
débat, j'accepte les explications qui ont été
données. Je ne voudrais quand même pas qu'on s'illusionne. Je dois
vous dire que j'ai eu...
M. Bédard: Soyez convaincue qu'on ne s'illusionne pas de
ce côté.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier, à la fonction publique - je
pense que c'est important qu'on le dise - il y avait une circulaire - que j'ai
à mon bureau - un formulaire qu'on faisait circuler à
l'intérieur de la fonction publique demandant à chaque chef de
service ou de bureau... C'était même très discriminatoire
à l'endroit des personnes handicapées de dire le nombre de
personnes qui étaient handicapées. Finalement, cela devenait
quelque chose de très subjectif, la définition du handicap par le
chef de service ou le chef de bureau. On risquait même de créer
des handicapés avec des personnes qui n'en étaient pas, parce
qu'on veut aussi augmenter les statistiques. Peut-être que, si j'ai un
doigt ou une jambe croche ou je ne sais trop, on considère qu'on a
donné un emploi à un handicapé et c'était le chef
de service qui faisait cette tâche. Je ne sais pas si elle est
arrêtée, parce que je n'ai pas dit cette chose publiquement.
Mme Marois: II faudrait que je pose la question moi-même
à la ministre de la Fonction publique, à savoir si c'est
arrêté. Mais le domaine que vous soulevez, vous le savez, est
très subjectif. On sait qu'il n'est pas facile actuellement de
s'entendre sur un certain nombre de critères qui définissent la
lourdeur du handicap. D'ailleurs, ce problème est posé dans
l'emploi, mais il est aussi posé dans le domaine des services sociaux et
des services de santé. Par exemple, quant à la classification des
centres d'accueil, on sait que ce problème se pose chaque fois. Il n'est
pas nécessairement facile de trouver des solutions.
On s'entend pour dire qu'un certain nombre de critères sont
établis. On fonctionne à partir de ces grilles. S'il arrive que
ces grilles ne sont pas adéquates, on les modifie au fur et à
mesure de l'expérience. Je pense que c'est l'expérience
accumulée qui permet de raffiner les instruments, d'arriver à
quelque chose de plus cohérent et de répondre davantage aux
besoins des personnes concernées.
Mme Lavoie-Roux: À l'endroit des groupes minoritaires,
c'est la même chose. L'été dernier, une personne a
été refusée pour un emploi d'été sous
prétexte qu'elle n'écrivait pas suffisamment bien son
français. Alors que l'emploi qu'elle avait était celui de commis
de bureau qui faisait du fichage. Il a fallu intervenir pour que, finalement...
Alors, on peut utiliser différents prétextes, même si on
parle d'égalité.
Mme Marois: Soit dit en passant, avec les correctifs qu'on
apporte aux textes de loi actuellement, on va corriger ces notions d'exigences
à l'emploi, entre autres.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'amendement
à l'article 86.3 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Est-ce que
l'article 86.3 tel qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
86.4?
M. Bédard: L'article 86.4 permet à la commission de
surveiller l'application des programmes d'accès à
l'égalité et de faire les enquêtes nécessaires.
Lorsqu'elle constate qu'un programme n'est pas implanté ou
observé, l'article 86.5 lui permet, s'il s'agit d'un programme qu'elle a
approuvé, de retirer son approbation, rendant ainsi le programme
illégal, ou encore d'aller devant
le tribunal, s'il s'agit d'un programme dont elle a recommandé
l'imposition, conformément à l'article 86.3.
Le Président (M. Rochefort): Alors, l'article 86.4...
M. Bédard: Comme vous le voyez, nous sommes dans la
mécanique.
Le Président (M. Rochefort): L'article 86.4 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Article 86.5?
M. Bédard: L'article 86.5, je viens d'en parler, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): L'article 86.5, c'est la
même chose?
M. Bédard: Bien oui.
Mme Lavoie-Roux: Pendant que vous appeliez l'article 86.4, il
nous lisait l'article 86.5.
Le Président (M. Rochefort): Ah bon! M. Bédard:
Non, c'était l'article 84...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, c'est le Président qui est en
retard sur vous.
M. Bédard: D'accord. C'est parce que les deux articles
s'étudient l'un en relation avec l'autre.
Le Président (M. Rochefort): Donc, l'article 86.5,
adopté? Permettez-moi de reprendre mon retard. Est-ce que l'article 86.5
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. À
l'article 86.6, il y a un amendement?
M. Bédard: C'est cela, il y a un amendement. Dans le
troisième alinéa de l'article 86.6 de la charte, l'amendement est
à l'effet de...
M. Marx: Est-ce qu'on a reçu une copie de cet
amendement?
Des voix: Oui.
M. Bédard: L'amendement est à l'effet de retrancher
les mots "et qu'il détermine le délai après lequel le
programme initial ou modifié devra être appliqué". La
modification à cet article élimine une partie de cet article qui
n'était pas nécessaire et qui, de plus, risquait de créer
une certaine confusion avec l'article 86.3. En effet, le tribunal aurait pu se
trouver à rendre obligatoire, dans certains cas, un programme
recommandé par la commission sans qu'une preuve de discrimination ait
été faite.
Le Président (M. Rochefort): Cet amendement est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, il restera à la
commission à déterminer le délai? Est-ce bien ce que le
ministre a dit? M. le ministre, est-ce que cela resterait à la
commission de déterminer le délai puisque cela ne sera plus le
tribunal? Est-ce cela que je dois comprendre?
M. Bédard: C'est le tribunal.
Mme Lavoie-Roux: Mais là, vous le lui enlevez. "Et qu'il
détermine le délai". Est-ce que cela resterait à la
commission?
M. Bédard: Une seconde, s'il vous plaît; C'est le
tribunal qui décidera. Dans une telle situation, il peut décider
de reporter le programme à plus tard. C'était inutile.
Le Président (M. Rochefort): L'amendement à 86.6
est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est enlevé, c'est
retranché. L'amendement consiste a retrancher cela.
M. Marx: M. Létourneau.
M. Bédard: Gilles Létourneau, directeur
général adjoint des affaires législatives. Cette partie du
troisième alinéa était inutile, parce que le tribunal
étant saisi d'une demande d'annulation, de modification ou de report du
programme, adjugera pleinement sur la question, à savoir si le programme
doit être reporté et, si oui, pour quelle durée. Si on
laissait cet alinéa relativement au délai d'un programme initial
qui devenait modifié, on laissait entendre que ce programme pouvait
être implanté sans qu'on ait eu besoin finalement de faire la
preuve de la discrimination systémique telle que requise dans le
deuxième alinéa de l'article 86.3.
Cela nous reportait à une possibilité
d'interprétation voulant que le tribunal pouvait ordonner, dans un
délai déterminé, l'implantation d'un programme initial
sans qu'on ait eu besoin de passer par l'article
86.3, deuxième alinéa.
Cette ambiguïté nous avait été
soulignée par des gens et c'est la raison pour laquelle nous avons
proposé le retrait de ce membre de phrase qui était ambigu.
Le Président (M. Rochefort): Adopté? M. Marx:
Adopté.
Le Président (M. Rochefort): L'amendement à 86.6
est adopté. L'article 86.6 tel qu'amendé est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Il y a un
amendement à l'article 86.7.
M. Bédard: Dans le but de supprimer l'article 86.7 de la
charte. Comme les décisions du tribunal prises en vertu des articles
86.3, 86.5 et 86.6 sont de la même nature qu'une injonction, l'article
86.7 devient superflu.
Mme Marois: Superfétatoire.
M. Bédard: Certains diraient superfétatoire.
M. Marx: Au moins, le ministre a appris quelque chose
aujourd'hui.
M. Bédard: D'où sa suppression...
M. Marx: Est-ce que vous faites cet amendement pour la
première fois aujourd'hui?
M. Bédard: Je pensais que c'était le
député de D'Arcy McGee qui avait appris quelque chose.
M. Marx: Est-ce que vous faites cet amendement pour la
première fois aujourd'hui?
M. Bédard: Non, il était dans vos amendements.
Le Président (M. Rochefort): L'article 86.7 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Bédard: C'est une demande de la Commission des droits
de la personne. Je ne suis pas sûr que le député de D'Arcy
McGee ait fait ses devoirs.
M. Marx: Le ministre m'a donné une liste d'amendements
dans laquelle il en manque. C'est l'efficacité du gouvernement.
M. Bédard: Pouvez-vous nous dire si vous avez eu cet
amendement?
M. Marx: Non, pas moi, mais d'autres membres de la
commission...
M. Bédard: Franchementl
Mme Lavoie-Roux: Je vais regarder si je l'ai eu.
M. Bédard: Si on peut se défendre en se disant que
c'est un autre dans l'Opposition, c'est fort. Mme la députée de
L'Acadie l'a eu.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est de la discrimination contre
le député de D'Arcy McGee, à l'endroit du
député de D'Arcy McGee.
Mme Marois: II pourra porter plainte.
M. Marx: Je demande un programme d'accès à
l'égalité à l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Nous l'avions fait parvenir à la
personne qui était susceptible de comprendre le plus rapidement.
Le Président (M. Rochefort): Boni L'article 86.7 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: C'est de l'injure. Une voix:
Adopté tel qu'amendé.
M. Bédard: M. le Président, nous aurions...
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Lequel? 86.7? Le Président (M.
Rochefort): Oui. Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. J'appelle
l'article 86.8.
M. Bédard: Je voudrais apporter un amendement à
l'article 86.8, à l'effet...
Mme Lavoie-Roux: Celui-là, on ne l'a pas reçu.
Le Président (M. Rochefort): Vous en avez des copies, M.
le ministre?
M. Bédard: Non.
M. Marx: On ne l'a pas reçu. En voilà un autre.
Mme Lavoie-Roux: Discrimination généralisée.
(18 h 15)
M. Bédard: On sait que ce sera unanime.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Mme Marois: M. le
Président...
M. Bédard: Mme la ministre déposera un amendement
qui a été...
Mme Lavoie-Roux: Elle est la marraine. M. Bédard:
Oui, elle est la marraine-Mine Marois: Je pense qu'on a
travaillé...
M. Bédard: Je peux dire qu'elle a plaidé...
Le Président (M. Rochefort): Mme la ministre.
M. Bédard: ... merveilleusement bien pour celles qu'elle a
représentées.
Mme Lavoie-Roux: Cela nous épargne du temps. Une chance
qu'elle a fait le plaidoyer.
Mme Marois: Je pense qu'on va bonifier l'article 86.8 avec les
deux amendements qui viennent. Je vais en déposer un, M. le
Président, qui remplacerait les premier et deuxième
alinéas de l'article proposé à 86.8 et qui se lirait comme
suit: "Le gouvernement doit exiger de ses ministères et organismes
l'implantation de programmes d'accès à l'égalité
dans le délai qu'il fixe." Il y a eu beaucoup de représentations,
dont la mienne en premier lieu, à savoir qu'on était
peut-être trop prudent à certains égards, compte tenu qu'on
n'incluait pas les organismes, qu'on n'obligeait pas les organismes.
Avec la formulation que nous privilégions par la proposition
d'amendement qui est sur la table, nous nous donnons deux moyens, en fait. Le
premier, c'est la notion d'obligation qui est comprise dans l'amendement et le
deuxième élément, qui n'est pas négligeable, c'est
l'exigence: "doit exiger". La seule notion d'obligation comportait souvent pour
le gouvernement des discussions longues avec certains organismes pour les
amener à implanter certains programmes d'accès à
l'égalité, tandis qu'en modifiant l'article comme il l'est
maintenant - il le serait par cet amendement - on se donne des moyens
d'intervention puisqu'on se donne l'obligation et l'exigence vis-à-vis
de nos organismes comme de nos ministères.
Le Président (M. Rochefort): Cet amendement est-il
adopté?
M. Marx: En ce qui concerne les programmes d'accès
à l'égalité au gouvernement, avec ou sans amendement,
c'est une illusion parce que rien ne se fait. On parle de cela pendant des
années, on publie "II y a autant de façons d'être
Québécois" etc., c'est du "sloganeering", pas autre chose. Chaque
fois que j'envoie des femmes anglophones qualifiées au gouvernement,
elles reçoivent toujours la réponse d'aller à une autre
personne, à un autre ministère, à la Fonction publique,
à la Justice, etc., et rien ne se fait. D'une façon ou d'une
autre, ce n'est pas l'amendement qui va changer quelque chose, c'est la
volonté de ce gouvernement et la volonté n'existe pas ou, si cela
existe, elle est bloquée par la situation économique. Comment
peut-on avoir des programmes d'accès à l'égalité
quand il n'y a pas de postes ouverts au gouvernement?
Le Président (M. Rochefort): Mme la ministre.
Mme Marois: M. le Président, je trouve que le
député de D'Arcy McGee réduit énormément,
par son interprétation, la portée des articles qui concernent les
programmes d'accès à l'égalité. On a l'air de se
dire entre nous - il faut bien s'en rendre compte - que les programmes
d'accès à l'égalité ne s'appliquent qu'au processus
d'embauche. On réduit la notion de programme d'accès à
l'égalité à cette seule réalité, alors que
cette notion de programme d'accès est au contraire très large,
peut englober et englobe l'embauche et tous les processus de promotion, les
processus de formation et les processus de recyclage.
M. Marx: Pour les femmes anglophones, il n'y a pas de promotion
possible, elles ne sont pas là.
Mme Marois: II y a des mesures préventives, des mesures
correctives et des mesures de promotion.
Pensons à des mesures préventives; entre autres
l'implantation de services de garderie en milieux gouvernementaux ou ailleurs.
Ce sont des mesures préventives pouvant fort bien s'inscrire dans un
programme d'accès à l'égalité. Des mesures
reliées à la formation, on en a vu des exemples au
ministère de l'Environnement qui n'ont pas été très
heureux, compte tenu qu'on ne pouvait pas le faire, mais cela s'est
corrigé par la suite. Là encore, on ne parle pas d'embauche, on
parle de formation à l'intérieur de certaines unités de
travail, permettant à des groupes, que ce soient des groupes de femmes
ou des groupes venant de communautés ethniques ou présentant
certaines autres formes de discrimination systémique,
c'est-à-dire s'étant trouvées dans
d'autres formes de discrimination systémique, d'avoir
accès à un certain nombre de promotions ou d'implications dans
l'appareil gouvernemental ou ailleurs. Je trouve cela réducteur quand le
député de D'Arcy McGee semble dire qu'étant donné
qu'il n'y a plus d'embauche... En plus, je dois dire que cela est faux. C'est
faux parce qu'il y a ce phénomème d'attrition qui fait en sorte
que la fonction publique réduit un certain nombre d'effectifs par des
départs normaux, mais il y a en même temps l'implantation de
nouveaux programmes. On sait fort bien qu'en adoptant cette loi aujourd'hui -
entre autres, le député de D'Arcy McGee lui-même l'a
souligné - il faudrait de nouveaux crédits à la Commission
des droits de la personne pour faire en sorte qu'elle assume mieux les
nouvelles responsabilités. À ce moment-là, cela impliquera
sûrement l'ajout de personnel nouveau, donc la possibilité
qu'à l'embauche, en plus des autres lieux possibles d'intervention par
des programmes d'accès à l'égalité, on applique la
Charte des droits et libertés telle qu'amendée.
Le Président (M. Rochefort): Mme la député
de L'Acadie.
M. Marx: Je vais juste terminer. La ministre a bien
répondu, mais pas à ma question. Qu'est-ce qui arrive à
mes femmes anglophones bilingues qui aimeraient se trouver une place au
gouvernement, dans les organismes du gouvernement? Pour elles, toutes ces
belles paroles sont des illusions suivies par la désillusion. Cela veut
dire que ce sont peut-être de belles paroles et qu'il sera
intéressant de lire cela dans' le journal des Débats, mais, dans
les faits, sur le terrain, qu'est-ce que vous avez fait? Qu'est-ce que vous
allez faire? Chaque fois que j'envoie quelqu'un poser sa candidature, c'est une
fin de non-recevoir. Qu'est-ce que je vais leur dire? Je vais leur donner une
copie de votre discours, cela n'aidera rien. Je pense que tout cela, au
gouvernement, les programmes d'accès à l'égalité,
c'est souvent de la propagande plutôt que la réalité. Nous
avons eu en commission parlementaire le président du syndicat des
fonctionnaires. Savez-vous ce qu'il a dit? C'est impossible tout cela. Il n'y a
pas de postes. Vous avez parlé de nouveaux programmes. Je ne crois pas
à cela.
Mme Marois: Si vous me le permettez, M. le Président, je
trouve encore une fois injustes les propos du député de D'Arcy
McGee. Injustes parce que ces programmes d'accès à
l'égalité sont rendus possibles à peine depuis quelques
mois. Encore faudrait-il se donner les moyens de mettre en place des programmes
d'accès à l'égalité avant de dire qu'ils ne
fonctionnent pas. Ils ne sont pas en place.
M. Marx: On parle de cela depuis des années.
Mme Marois: D'autre part, il y a eu un effort incroyable fait par
ce gouvernement, par le ministre des Communautés culturelles entre
autres, pour faire en sorte qu'au niveau des nominations - on peut les
reprendre et je fais la même chose du côté des femmes
d'ailleurs - nous appliquions nos propres programmes maisons d'accès
à l'égalité pour que de plus en plus de personnes, venant
de communautés culturelles ou des femmes, soient nommées à
différents secteurs, à différents postes clés ou
à différents lieux de responsabilité dans l'ensemble de
notre appareil. Je trouve cela injuste quand le député de D'Arcy
McGee dit que ce ne sont que de belles paroles, qu'il n'y a pas d'efforts faits
dans ce sens-là. Donnons-nous les moyens à tout le moins de les
rendre possibles - c'est ce qu'on fait en discutant aujourd'hui - et regardons
au moins les efforts qui ont déjà été faits.
M. Marx: J'aimerais donner un exemple à la ministre;
après cela, je ne pense pas que je puisse la convaincre.
M. Bédard: Je vous promets que vous allez parler le
dernier.
M. Marx: Vous avez parlé des nominations. Il y a eu, il y
a un an ou 18 mois, 19 nominations à la Commission de la santé et
de la sécurité du travail. Savez-vous que ces 19 personnes
nommées à cette commission étaient des Canadiens
français, donc pas membres des communautés culturelles? Je n'aime
pas l'expression "communautés culturelles", mais c'est monnaie courante
ces jours-ci. En plus, ce que j'ai trouvé pire, ils ont nommé 19
hommes à cette commission. Il y a toutes sortes d'excuses. Le ministre
Pierre Marois m'a écrit et m'a expliqué. C'étaient des
explications comme celles qu'on a données autrefois au palier
fédéral pour ne pas avoir nommé des francophones pour
siéger aux commission. Comprenez-vous? Autrefois, les explications qu'on
a données, au fédéral, pour l'absence des francophones
dans la fonction publique fédérale, dans les organismes
fédéraux, on les sert maintenant à Québec.
Voilà!
Mme Marois: Alors, M. le Président, j'aimerais bien aussi,
comme le député de D'Arcy McGee, finir ce débat. Je pense
qu'on s'entend sur le fond. Encore une fois, je ne trouve pas cela correct de
prendre un organisme alors qu'on sait fort bien, la preuve en a
été faite, qu'il y avait eu des efforts de faits de ce
côté-là, et qu'au contraire on avait augmenté la
représentation des personnes provenant de différentes
communautés ethniques dans l'ensemble des nominations faites.
M. Marx: Vous avez des exemples, des statistiques?
Mme Marois: Je ne les ai pas avec moi à ce moment-ci, mais
le ministre des Communautés culturelles les a. Je pourrai souligner au
député de D'Arcy McGee qu'il peut se référer au
débat qu'on a eu à l'Assemblée nationale sur cette
question, où le ministre lui-même a apporté des
données statistiques. D'autre part, je pense qu'il y a eu - je ne
voudrais pas faire erreur - la nomination d'une femme à la Commmission
de la santé et de la sécurité du travail, il y a à
peine quelques semaines. Première percée de ce
côté-là.
M. Marx: À cause de mes interventions.
Mme Marois: II y en aura sûrement d'autres à cause
des interventions du député de D'Arcy McGee, de celles de
certains membres du gouvernement et de la ministre
déléguée à la Condition féminine.
M. Bédard: Vous êtes indispensable dans
l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais appuyer les remarques de mon
collègue de D'Arcy McGee. Mais je vais commencer par dire que le fait
qu'on inclut ceci dans la Charte des droits et libertés de la personne
m'apparaît être un progrès. En tout cas, cela donne un
recours de plus. Dans ce sens-là, je suis tout à fait d'accord
avec la ministre déléguée à la Condition
féminine. Mais, je me souviens très bien - et je pourrais
peut-être tirer l'information du journal des Débats - qu'à
chaque année, j'ai fait la révision à toutes les
études des crédits où j'allais. Je faisais quelques
ministères, pas tous évidemment, il y en a 26. Je demandais
l'évolution dans le nombre de femmes et d'hommes et je pense que ce
n'est pas plus tard que l'an dernier -non, l'année
précédente - aux crédits de l'Environnement, le nombre de
femmes avait diminué dans les postes-cadres. C'est pourtant après
que, chaque année, je faisais le tour. J'ai commencé, d'abord, la
première année, à parler des membres dans les cabinets des
ministres. Cela c'est amélioré, je dois dire. C'était
quelque chose. Il y avait Claude Morin, qui était le meilleur, mais les
autres, je vous assure que ce n'était pas fort, en particulier le
ministre de l'Éducation.
Une voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Pardon? Qu'est-ce qu'il dit?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bédard: II en avait trop.
Mme Lavoie-Roux: II y avait trop de femmes dans le cabinet du
ministre? Bon, d'accord. Après cela, je faisais le tour des organismes
ou des commissions qui avaient été nommés. Là, je
puis simplement vous les citer de mémoire. La Commission des normes du
travail, qui avait été créée en 1979 ou 1980,
n'avait aucune femme. Aucune femme. Et c'est toujours ce rappel, ce rappel
constant. Là, je suis prête à admettre que la ministre
déléguée fait des efforts et là on vient de nous
dire qu'on vient de corriger la situation de la Commission de la santé
et de la sécurité du travail. Écoutez, même si on
énonce beaucoup de grands principes et qu'on fait beaucoup de grands
discours, il reste que c'est une surveillance comme celle qu'on donne à
nos enfants de moins de cinq ans quand ils traversent la rue. C'est un rappel
constant et, si nous n'avions pas eu cette vigilance à le rappeler
constamment, à le faire à chaque ministère... Je vous
assure que ce n'est pas facile. Je ne sais pas à qui la faute, mais il y
a un endroit où le gouvernement n'a aucune excuse, c'est dans ses
propres organismes.
M. Bédard: Là-dessus, je veux bien ne pas minimiser
les efforts de l'Opposition, mais je me sens obligé de dire que, s'il y
a une amélioration, je pense, et Mme la députée de
L'Acadie en conviendra aussi, que c'est sûrement à cause du
travail de surveillance - c'est une expression que vous avez employée -
constante de la part de la ministre déléguée à la
Condition féminine. Je peux vous le dire... (18 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Elle est arrivée en 1981, votre ministre
déléguée à la Condition féminine.
M. Bédard: Non, mais elle a été
précédée d'une autre...
Mme Lavoie-Roux: La précédente... En tout cas, on
ne fera pas le procès des absents parce que ce n'est pas correct.
M. Bédard: C'est cela. On ne fera pas le procès des
absentes. Je pourrais bien être plus réservé quant à
la précédente par rapport à ce qu'elle a dit de moi. Je
suis obligé de dire, M. le Président...
M. Marx: Qu'a-t-elle dit de vous, M. le ministre?
M. Bédard: Je suis obligé en toute
honnêteté de dire qu'au niveau du Conseil des ministres, les
ministres déléguées à la
condition féminine qui se sont succédé les unes aux
autres - je pense qu'on peut le dire sans minimiser les rites de l'Opposition -
ont été d'une attention soutenue, continuelle pour qu'une
amélioration soit apportée dans ce secteur.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre m'a
interrompue. C'était de bonne guerre. C'était pour vanter des
mérites. Il n'y a personne du côté du gouvernement qui peut
pavoiser. Est-ce qu'il ne minimise pas les efforts que la ministre
déléguée à la Condition féminine fait
présentement? Ce n'est pas cela que je veux minimiser d'aucune
façon. Ce que j'essaie de démontrer... D'abord, Mme la ministre
est arrivée en 1981. Il faut bien se le dire. L'autre chose, c'est...
Enfin, je ne suis pas pour faire toute l'histoire parce qu'on aurait presque
sept ans d'histoire à faire maintenant. Quand on regarde sept ans, du
côté justement de la promotion de l'égalité quant
aux femmes, aux personnes handicapées et aux minorités
culturelles, je vous assure que je ne sais pas si on est parti. On est à
peine parti. Moi, j'appuie le député de D'Arcy McGee. La ministre
nous dit: Écoutez, ce n'est pas seulement à l'embauche. C'est
à la promotion et au recyclage. Encore faut-il que vous en ayez à
promouvoir et à recycler, que ce soient des gens des groupes culturels,
que ce soient des personnes handicapées.
Il faut bien se rappeler que, chaque année, et étrangement
cela coïncidait avec la journée de la femme, le 12 mars, là
on avait toujours droit à une publicité bien orchestrée.
Je me souviens, en 1979, qu'on avait de beaux panneaux-réclame - ce
n'est pas français - des affiches où il y avait: II y a une place
pour toi. C'était pour dire aux femmes qu'il y avait une place dans la
fonction publique. L'année d'après: L'égalité pour
toi. La première en 1969, la deuxième en 1980. C'est vous qui
avez fait... C'est pour dire que c'est extrêmement difficile et c'est
plus qu'une vigilance. La vigilance, évidemment, cela ramène les
gens à l'ordre un peu et on essaie d'éviter le pire. Ce qu'il
faut, c'est une volonté politique. Ma seule question, M. le
Président, en terminant, c'est: Quel est le délai que le
gouvernement se fixe et que l'on voit dans l'article 86.8? J'ai fini, je
retourne à l'article.
M. Bédard: Je vous assure que vous avez fait un long
détour pour arriver à cette question qui est fort à
propos.
Mme Lavoie-Roux: C'était pour appuyer mon collègue
de D'Arcy McGee que vous avez malmené.
M. Bédard: Mme la députée de L'Acadie, je
pense que nous serons en mesure de faire le point d'une façon plus
précise sur la question des délais lorsque nous aurons la
discussion en commission parlementaire de la justice sur l'ensemble des
règlements. Je crois qu'à ce moment, si vous n'avez pas
d'objection, c'est à ce moment, en tout cas, que je pense être le
plus en mesure de répondre à votre question plutôt que d'y
répondre d'une façon vague, ce qui serait le cas pour le
moment.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être le ministre l'a-t-il dit tout
à l'heure, mais quand prévoit-il que ces règlements seront
présentés en commission parlementaire? Ou sont-ils
déjà...
M. Bédard: Déjà, Mme la
députée de L'Acadie, nous sommes à travailler à
l'élaboration de ces règlements et je compte, dans des
délais très raisonnables, convoquer la commission parlementaire
de la justice pour procéder à leur étude.
Le Président (M. Rochefort): Un dernier mot.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous parlez, par exemple, du
printemps?
M. Marx: Pour ne pas vous demander l'année.
M. Bédard: Oui. Cela n'ira pas plus loin que cela.
Mme Lavoie-Roux: Cela devrait être adopté avant le
printemps, c'est-à-dire avant juin ou juillet.
M. Bédard: Oui, assurément.
Le Président (M. Rochefort): Le dernier mot, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Avant de terminer l'étude de cet article,
j'aimerais féliciter le ministre de la Justice parce qu'à chaque
année, à l'étude des crédits, je lui pose la
question: Pourquoi ne nommez-vous pas une femme sous-ministre? Et
félicitations, M. le ministre, je comprends que vous avez finalement
nommé une femme sous-ministre adjointe. Applaudissements.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'amendement
à l'article 86.8...
M. Bédard: Je dois dire qu'elle ne doit absolument rien au
député de D'Arcy McGee. Si je l'ai nommée, c'est qu'elle
avait la compétence nécessaire pour occuper ce poste.
M. Marx: M. le ministre...
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marx: ... ce n'est pas nécessaire d'arrêter
à une.
Le Président (M. Rochefort): L'amendement à
l'article 86.8 est-il adopté?
M. Marx: Adopté. Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): L'article 86.8, tel
qu'amendé, est-il...
Mme Marois: Non, il y a un autre amendement à
proposer.
Le Président (M. Rochefort): Ah! Il y a un autre
amendement?
M. Bédard: II y a...
M. Marx: Qui est-il, le sous-ministre adjoint?
M. Bédard: M. le Président, à l'article
86.8, j'aurais un amendement à ajouter.
Le Président (M. Rochefort): On en fait la distribution.
Voulez-vous en faire la présentation, pendant ce temps?
M. Bédard: Cet amendement aurait pour effet d'ajouter,
à la fin de l'article 86.8 de la charte, la phrase suivante: "Ceux-ci
doivent toutefois faire l'objet d'une consultation auprès de la
commission avant d'être implantés."
Le Président (M. Rochefort): Cet amendement est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Un instant! Je ne l'ai pas lu, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Excusez-moi.
Adopté?
M. Bédard: Je pense bien que cela va faire
l'unanimité, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. L'article 86.8
tel qu'amendé est-il adopté?
M. Marx: Un instant! Cela veut-il dire que le gouvernement doit
consulter la Commission des droits de la personne avant d'implanter un
programme d'accès à l'égalité?
M. Bédard: C'est exactement ce qui est écrit dans
l'amendement.
M. Marx: C'est un changement de...
M. Bédard: Bah! Consulter... Je crois que, de toute
façon, la commission aura à donner son...
M. Marx: D'accord. Adopté.
M. Bédard: ... opinion. Alors, aussi bien inclure le fait
qu'elle doit être consultée. C'est plus systématique.
Le Président (M. Rochefort): L'article 86.8, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 86.9.
Il y a un amendement.
Réglementation (suite)
Mme Marois: On l'a déjà adopté tout à
l'heure.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Pas celui que j'ai devant
moi.
M. Bédard: M. le Président, il y aurait un
amendement, à savoir de remplacer le paragraphe a de l'article 86.9 de
la charte par le suivant: "a) Déterminer les données actuarielles
et les facteurs de détermination de risque qui ne constituent pas de la
discrimination dans les contrats d'assurance ou de rente, les régimes
d'avantages sociaux, de retraite, de rente ou d'assurance ou dans les
régimes universels de rente ou d'assurance, établir dans quels
cas et selon quel type de contrat ou de régime ces données et
facteurs sont réputés non discriminatoires et prévoir, aux
fins de ces contrats et régimes, toute disposition incidente à
l'application du principe de non-discrimination et les règles relatives
à la notion de conjoint". C'est tout simplement une modification qui a
pour but de mieux préciser le pouvoir réglementaire du
gouvernement...
Le Président (M. Rochefort): Cet amendement est-il
adopté?
M. Marx: ... et de s'assurer que tout le pouvoir reste au
gouvernement.
Le Président (M. Rochefort): Cet amendement est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. L'article
86.9, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Bédard: Adopté. M. Marx: Mais...
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
86.10.
M. Marx: ... l'article 86.9 a deux paragraphes. Il n'y a pas
d'amendement au paragraphe b)?
M. Bédard: Non.
M. Marx: Non? D'accord. Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Article 86.10.
M. Bédard: L'article 86.10, M. le Président,
prévoit qu'un projet de règlement doit, avant d'être
adopté et après consultation de la commission, être
publié à la Gazette officielle et déposé devant la
commission parlementaire élue de la justice. Il pourra être
adopté après les 30 jours suivant le dépôt du
rapport de cette commission devant l'Assemblée nationale. Cette
procédure permet au gouvernement et à l'Assemblée
nationale, aux parlementaires d'obtenir les vues et opinions de la population
et de porter la discussion du projet de règlement devant une commission
élue de l'Assemblée nationale. L'article 86.11...
M. Marx: M. le ministre a oublié de lire le
deuxième paragraphe de l'article 86.10. C'est intéressant.
M. Bédard: Non, mais cela va...
M. Marx: C'est un lapsus intéressant.
M. Bédard: Oui, mais si, après avoir entendu la
commission...
M. Marx: Le deuxième paragraphe se lit comme suit: "Le
gouvernement peut modifier le projet de règlement avant de l'adopter
sans avoir à donner un nouvel avis."
M. Bédard: Oui, mais disons, M. le Président, qu'on
a, à un moment donné, des discussions en commission parlementaire
et qu'il y a des amendements à faire de quelque nature que ce soit,
j'espère que le député de D'Arcy McGee ne voudrait pas
qu'on recommence tout le processus des auditions des personnes et qu'on
recommence les discussions. À un moment donné, après
qu'une discussion a eu lieu... Cette discussion - on le voit - sera très
large. Elle permettra à des organismes d'être entendus. Elle
permettra à tous les parlementaires d'aller au fond des choses
concernant l'à-propos du règlement, son contenu, etc. Il faut
bien qu'à un moment donné, le processus se termine, que des
décisions se prennent.
M. Marx: Oui, je comprends cela, ce n'est pas mon point; c'est
qu'en vertu du deuxième paragraphe, est-ce que c'est nécessaire
pour le gouvernement de passer par la commission ou est-ce que le gouvernement
peut faire des amendements sans passer par la commission?
M. Bédard: Déjà on a parlé de
consultation, c'est moi-même qui ai apporté l'amendement. Je
conçois difficilement...
M. Marx: Quel amendement? Il n'y a pas d'amendement à
l'article 86.10.
M. Bédard: On vient de l'insérer: la consultation
de la commission concernant les programmes.
M. Marx: Ce n'est pas la même chose, le ministre...
M. Bédard: Non, mais on parle du projet de
règlement.
M. Marx: On parle de l'article 86.10.
M. Bédard: Oui, article 86.10, deuxième paragraphe,
qui fait état du projet de règlement et de la possibilité
pour le gouvernement de l'adopter sans avoir à donner un nouvel avis et
de le modifier, si nécessaire. Alors, on a déjà inclus
l'idée de consultation de la commission avant l'implantation de
programmes. À ce moment-là...
M. Marx: Non, mais ce n'était pas seulement pour les
programmes d'accès à l'égalité du gouvernement,
c'est la réglementation générale.
M. Bédard: Oui, d'accord.
M. Marx: Je pense que vous n'avez pas saisi le point que j'ai
fait, c'est-à-dire qu'en vertu du premier paragraphe de l'article 86.10,
il faut que ce soit la commission permanente de la justice qui se penche sur la
réglementation. Mais en vertu du deuxième paragraphe, le
gouvernement peut faire des amendements sans, semble-t-il, passer par la
commission. Est-ce que j'ai tort de dire cela ou est-ce que j'ai raison de dire
cela?
M. Bédard: Non, de ce côté, vous avez
raison.
M. Marx: J'ai raison?
M. Bédard: Oui, mais il ne peut, on l'a dit tout à
l'heure...
M. Marx: Donc le gouvernement peut modifier le règlement
sans passer par la commission permanente de la justice.
M. Bédard: Oui, mais c'est un cercle vicieux. Si on ne met
pas cette disposition, cela pourrait être la meilleure manière
pour un gouvernement de retarder parce que, avant de mettre d'accord tout le
monde qui pourrait être entendu sur un projet de règlement, cela
peut prendre énormément de temps. Je crois que cela s'impose que
ce soit là.
M. Marx: Mais la commission peut siéger et être
d'accord sur un projet de règlement qui serait changé avant que
ce soit adopté. Comprenez-vous ce que je veux dire, M. le ministre?
M. Bédard: Pardon?
M. Marx: C'est-à-dire que la commission peut
siéger...
M. Bédard: Excusez-moi, on en est à la fin de nos
travaux et on jase un peu autour de moi. Enfin, allez-y.
Le Président (M. Rochefort): Oui, à l'ordre tout le
monde, cela va nous permettre de mieux nous comprendre. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Merci, M. le Président. La commission permanente
de la justice pourrait étudier un projet de règlement et
être d'accord pour adopter un certain projet de règlement; mais
avant que le règlement soit adopté, il va passer par le biais du
gouvernement qui pourrait modifier ce règlement à son gré.
Donc, je me demande quelle serait l'utilité de dire que c'est la
commission permanente de la justice qui vraiment va étudier le projet de
règlement. Je pense que le but de faire siéger...
M. Bédard: Ce n'est pas adopté par la commission,
on se comprend bien.
M. Marx: Non, mais si la commission adopte un
règlement...
M. Bédard: Elle ne l'adopte pas, elle...
M. Marx: Non, mais si la commission se penche sur un projet de
règlement et que ce soit adopté en commission, je ne vois pas la
nécessité que le gouvernement ait le dernier mot après que
la commission se soit penchée sur la question; que le gouvernement ait
non seulement le dernier mot, mais le pouvoir de modifier le règlement
à son gré. Qu'est-ce que c'est le...
M. Bédard: Proposez-moi une autre logique. Il faut quand
même que, après auditions, il y ait une décision qui soit
prise. Peut-être que le député de D'Arcy McGee voudrait -
on s'interrogeait là-dessus - qu'il y ait plus de publicité qu'il
n'est prévu sur le deuxième paragraphe. On avait pensé
à un amendement qui aurait pu se lire comme suit... (18 h 45)
M. Marx: Oui.
M. Bédard: ... et qui aurait peut-être rejoint les
préoccupations que nous avons tous, ici autour de la table. L'amendement
aurait pu se lire comme suit: "Le gouvernement peut, par la suite - cela aurait
pour effet de remplacer le deuxième alinéa -
M. Marx: Oui, oui, je comprends.
M. Bédard: ... modifier le projet de règlement. Il
doit alors, dans ce cas, publier le projet modifié à la Gazette
officielle du Québec avec un avis indiquant qu'il sera adopté
sans modification à l'expiration des 30 jours suivant cette
publication."
Peut-être que cela permettrait encore à des groupes de
pouvoir s'exprimer, mais à un moment donné il faut que cela
arrête si on veut que les programmes s'implantent.
M. Marx: Oui, je suis tout à fait d'accord avec le
ministre. Mais supposons le cas suivant: Que le ministre ait un projet de
règlement qu'il dépose devant la Commission permanente de la
justice.
Je répète parce que je vois que le ministre est
distrait.
M. Bédard: Non, non, je ne suis pas distrait.
M. Marx: Vous n'êtes pas distrait?
M. Bédard: Vous voyez très bien que je fais autre
chose. Franchement, ne trompez pas tout le monde. Allez-y!
M. Marx: Le ministre fait autre chose que d'écouter les
membres de la commission... Il n'en a pas assez.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'article 86.10
est adopté?
M. Marx: Non. Le ministre a un projet de règlement qu'il
dépose devant la commission permanente de la justice. À un moment
donné, la commission va se réunir. On va se pencher sur le projet
de règlement. À la fin des travaux de la commission, on aura une
décision et un projet de règlement qui sera adopté par la
commission?
M. Bédard: Non, il y aura un rapport
parce u'il se peut fort bien, avec la bonne foi de tout le monde, qu'on
ne puisse pas se mettre d'accord sur tous les points.
M. Marx: Oui, mais ici, je pense que...
M. Bédard: Est-ce que vous auriez peut-être quelque
chose à suggérer? On peut l'étudier.
M. Marx: Non, mais je pense que le processus
suggéré à l'article 86.10 est innovateur.
M. Bédard: Oui.
M. Marx: Je ne pense pas qu'il y ait d'autres règlements
qui sont...
M. Bédard: C'est exact.
M. Marx: ... discutés en commission parlementaire.
M. Bédard: C'est exact.
M. Marx: Si vous êtes prêt à accepter que
c'est une innovation, je suis d'accord. Maintenant, pourquoi a-t-on
innové? Parce qu'on a trouvé qu'une telle réglementation a
une très grande importance et on a voulu que ce soit discuté en
public comme un projet de loi. Lorsque l'Assemblée nationale fait
l'étude d'un projet de loi en commission, celle-ci fait un rapport et,
après cela, c'est adopté à l'Assemblée
nationale.
Normalement, il n'y a pas d'amendement. Je propose au ministre de biffer
le deuxième paragraphe de l'article 86.10, s'il veut vraiment innover et
ne pas seulement donner l'impression d'avoir innové.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Bédard: Autrement dit, vous êtes contre le
principe de la séparation des pouvoirs. La réglementation, on le
sait, appartient au gouvernement et si, demain, vous avez à assumer ces
responsabilités je ne pense pas que vous en décidiez autrement;
cela va de soi.
M. Marx: Non, la réglementation appartient au gouvernement
parce qu'on veut procéder de cette façon. Mais, ici, j'ai
pensé que le ministre voulait vraiment innover.
M. Bédard: Si on n'adoptait pas le deuxième
paragraphe, on ne pourrait pas adopter le règlement.
M. Marx: Oui, parce que le gouvernement... Non, le
deuxième paragraphe... qui sera fait; nuancel
M. Marx: C'est cela.
M. Bédard: II y aura un rapport fait par la
commission.
M. Marx: C'est cela. Mais la commission va faire un rapport et la
commission...
M. Bédard: II ne sera pas nécessairement
unanime...
M. Marx: ... pas nécessairement unanime, mais au moins
tout aura été discuté devant la commission...
M. Bédard: C'est cela.
M. Marx: On va essayer d'être unanime dans la mesure du
possible, mais si on ne l'est pas, au moins tout le monde aura eu l'occasion de
s'exprimer.
M. Bédard: D'accord.
M. Marx: Ensuite, en vertu du paragraphe 2 de cet article, le
rapport est acheminé au gouvernement et le gouvernement peut en faire ce
qu'il veut et adopter un projet de règlement qui peut être
totalement différent du projet de règlement qui a fait un certain
consensus à la commission permanente de la justice. Donc, la commission
permanente de la justice, dans ce cas, serait une "debating society", une
société de débat.
M. Bédard: Là, je vous trouve moins sérieux,
M. le député de D'Arcy McGee. Je sais que, théoriquement,
il peut sûrement -théoriquement - il pourrait sûrement y
avoir une discussion et même en venir à la conclusion
d'unanimité sur ce que devrait contenir le règlement de la part
de la commission parlementaire et le gouvernement pourrait aller
complètement dans le sens contraire. Mais, entre vous et moi, c'est de
la théorie.
À partir du moment où une discussion a eu lieu, qu'une
commission parlementaire est allée au fond des choses, a même
entendu des groupes, la suite logique, pour le gouvernement, est d'essayer de
tenir compte le plus possible de toutes ces représentations. Si une
unanimité s'est dégagée, à plus forte raison
devra-t-il tenir à se rapprocher ou même à être
complètement d'accord, sur tous les points, avec le rapport de la
commission permanente de la justice. Mais, au bout de ce processus, il faut
bien, à un moment donné, si on veut que les programmes soient mis
en application, qu'il y ait une décision qui soit prise. Sinon, on
risque de tourner en rond avec ce processus
M. Bédard: Adopter le règlement dans le sens
d'avoir la possibilité de faire des modifications. C'est présumer
qu'on en arrive à un règlement avec lequel absolument tout le
monde est d'accord, sur tous les points. Il faut quand même être
réaliste.
M. Marx: On peut changer le deuxième paragraphe pour dire:
Le gouvernement adopte le règlement prévu au premier paragraphe,
si c'est cela.
M. Bédard: C'est cela que je vous dis. Je pense avoir
donné l'explication.
M. Marx: C'est qu'on donne l'impression j'ai eu cette impression
moi-même, faussement, comme je le vois maintenant -que ce sera à
la commission permanente de la justice de déterminer le contenu du
règlement en question. Maintenant, je vois qu'il est vrai qu'on en
discutera en commission, mais le dernier mot viendra du gouvernement,
même à la dernière minute, pour faire des changements.
M. Bédard: Oui, mais, même si vous décidiez
que c'est un autre forum qui doit adopter le règlement, ce serait quand
même le gouvernement qui le proposerait, avec les modifications. Il faut
que le processus aboutisse, finisse, pour en arriver à implanter des
programmes. En tout cas...
M. Marx: Non, mais ce n'est pas le problème.
M. Bédard: ... on pourrait continuer plus longuement la
discussion, mais je ne vois pas comment le député de D'Arcy McGee
peut raisonnablement imposer carrément au gouvernement l'obligation
d'adopter, sans aucune modification, après des audiences publiques
où les gens ne seront pas nécessairement tous d'accord, tout
simplement le rapport de la commission. La commission n'adopte pas, elle fait
rapport; elle fait état d'une unanimité ou de la diversité
des opinions ou de l'ensemble des recommandations qui ont pu être faites
et elle souligne les points d'accord.
M. Marx: Non. J'imagine que le ministre déposera un projet
de règlement à la commission permanente de la justice. On
entendra des personnes. Lors de l'étude de ce projet de
règlement, on peut voter sur les articles...
M. Bédard: Je vous le redis, je ne pense pas que cela
nécessite une longue argumentation: la commission n'adopte pas le
règlement, mais le règlement est adopté par le
gouvernement. Bien oui, c'est cela.
M. Marx: Le ministre ne veut pas me comprendre...
M. Bédard: Mais non...
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que...?
M. Marx: Le ministre a proposé un projet de modification
à l'article 86.10 qu'il m'a remis...
M. Bédard: Qui pourrait peut-être représenter
une préoccupation d'information additionnelle parce qu'à un
moment donné une décision doit être prise. C'est pour cela
que j'ai proposé l'amendement qui pourrait se lire comme suit et qui
pourrait être préférable à ce qui existe
déjà. Je cite: "Le gouvernement peut, par la suite, modifier le
projet de règlement. Il doit alors, dans ce cas, publier le projet
modifié à la Gazette officielle du Québec après un
avis indiquant qu'il sera adopté sans modification à l'expiration
des 30 jours suivant cette publication." Cela permettrait à ce moment
une deuxième information du public. Si le gouvernement allait
carrément à l'encontre de toutes les recommandations qui lui sont
faites, cela permettrait à des groupes de s'exprimer à nouveau et
de faire valoir leur point de vue dans cette période de 30 jours dans
certains cas, s'il fallait que ce soit cela, mais ce ne sera pas cela.
M. Marx: J'accepte l'amendement quoique ce ne soit pas ce que
j'aurais aimé voir...
M. Bédard: C'est mieux.
M. Marx: ... mais c'est mieux que rien.
Le Président (M. Rochefort): L'amendement...
M. Marx: Mais, quand on n'a pas le choix, on l'accepte.
Le Président (M. Rochefort): ... à l'article 86.10
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): L'article 86.10 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Article 86.11.
M. Bédard: L'article 86.11 prévoit qu'un
règlement entre en vigueur à la date de sa publication à
la Gazette officielle ou à une date ultérieure qui y est
fixée.
Le Président (M. Rochefort): Cet article est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): L'article 19 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté.
M. Bédard: Est-ce terminé?
Le Président (M. Rochefort): Non. Seulement un instant.
Finalement, M. le ministre, il y l'amendement aux articles 19, 24, 25 et 29 de
la renumérotation des articles de la charte. Est-ce cela?
M. Bédard: C'est cela. Aux articles 19, 24 et 25...
Le Président (M. Rochefort): Et 29.
M. Bédard: Et 29. Il y a un amendement; aux articles 19,
24, 25 et 29 du projet de loi, effectuer les concordances quant à la
renumérotation des articles 86.8 à 86.11 de la charte,
étant donné la supression de l'article 86.7 de la charte.
Le Président (M. Rochefort): Cet amendement est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort):
Renumérotation de la charte.
M. Bédard: Et une motion de renumérotation
usuelle.
Mme Marois: Je n'ai pas d'objection. Je n'ai pas de question.
Le Président (M. Rochefort): La motion de
renumérotation du projet de loi est-elle adoptée aussi? Le titre
du projet de loi est-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Le projet de loi no 86, Loi
modifiant la Charte des droits et libertés de la personne, est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Bédard: Adopté.
M. le Président, je tiens à remercier tous les
collègues de la commission ainsi que mes collègues de
l'Opposition, qui ont fournit un travail positif au niveau des travaux que nous
avons eu à mener à terme.
M. Marx: J'aimerais à mon tour remercier le ministre, qui
m'a toujours entendu mais qui ne m'a pas toujours compris. J'aimerais aussi
remercier le président pour le travail qu'il a fait, ainsi que les
autres collègues, y compris la ministre déléguée
à la Condition féminine.
Mme Marois: Merci.
Le Président (M. Rochefort): Sur ce, la commission ajourne
ses travaux sine die.