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Etude du projet de loi no 92
(Douze heures quatre minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer l'étude article par
article du projet de loi no 92, Loi sur la consultation populaire.
Les membres de la commission sont: M. Bédard (Chicoutimi), M.
Bisaillon (Sainte-Marie) est remplacé par M. Vaillancourt
(Jonquière); M. Charbonneau (Verchères), M. Clair (Drummond) est
remplacé par M. Dussault (Châteauguay).
Une Voix: Ce n'est pas clair.
Le Président (M. Clair): Cela l'était. M. Garneau
(Jean-Talon) remplacé par M. Lavoie (Laval); M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Levesque (Bonaventure)
est remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Paquette
(Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud) et M.Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Bertrand (Vanier) remplacé par M. Godin
(Mercier), M. Brochu (Richmond), M. Dussault (Châteauguay)
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Guay (Taschereau), M. Lavoie
(Laval) remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal)...
M. Lavoie: M. Ciaccia.
Le Président (M. Clair): ... M. Lévesque (Taillon)
remplacé par M. Beauséjour (Iberville); M. Morin
(Louis-Hébert) et M. Raynauld (Outremont)...
M. Lavoie: Par M. Gérard D. Levesque.
Le Président (M. Clair): ... remplacé par M.
Levesque (Bonaventure). Au moment où nous avons...
M. Grenier: Comme intervenant, M. Brochu (Richmond) est
remplacé par M. Fontaine.
Le Président (M. Clair): M. Brochu (Richmond), comme
intervenant, est remplacé par M. Fontaine.
M. Grenier: De Nicolet-Yamaska.
L'objet de la consultation
Le Président (M. Clair): Au moment où nous avons
ajourné nos travaux hier, nous en étions toujours à
l'étude de l'article 6. C'est le leader de l'Opposition officielle, le
député de Laval, qui était en train de nous annoncer une
motion d'amendement.
M. le député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, nous en sommes toujours
à l'article 6 où nous avons apporté, jus- qu'à
maintenant, quelques amendements qui ont été malheureusement tous
refusés par le gouvernement. On avait la confiance et l'impression que
certains amendements auraient pu être acceptables, entre autres celui qui
demandait un oui ou un non ou se référant à l'opinion de
la Commission des droits et libertés de la personne.
M. Bédard: Pas oui et non
M, Lavoie: La question de oui et de non c'est à cet
article-là que nous l'avons apportée, que la réponse
n'apporte qu'un oui ou un non.
M. Bédard: On vous a donné les assurances.
M. Lavoie: En ce qui a trait au projet de loi et également
à cet article, nous avons eu l'avis de la Commission des droits de la
personne. Cette commission se pose encore des questions sur l'esprit et la
philosophie qui animent ce projet de loi. Je pense qu'en général,
l'opinion de la commission je le reconnais se
réfère d'une manière peut-être plus
particulière à d'autres articles, à un autre chapitre du
projet de loi, c'est-à-dire les articles 21 et suivants.
M. Bédard: Là-dessus, vous allez voir qu'on va
être très ouvert concernant les...
M. Lavoie: Si vous êtes ouvert comme vous l'avez
été jusqu'à maintenant, je ne sais pas quelle garantie
nous avons.
M. Bédard: Quand vient le temps! M. Lalonde:
...
M. Lavoie: A ce jour, je n'ai pas encore eu la lueur d'une
ouverture. L'Opposition officielle a soumis un document, hier, une proposition
au gouvernement et à la commission, relativement à ces
comités-parapluies, ces comités nationaux au financement,
à la liberté qu'auraient certains individus et groupes à
participer activement à la campagne référendaire sans
être astreints à s'incorporer obligatoirement dans les
comités nationaux.
Nous serons en mesure, dès lundi, de soumettre des amendements
précis relativement à la proposition de l'Opposition officielle
sur ces comités nationaux et sur le financement de la campagne
référendaire. Nous sommes d'avis que la proposition que fait
l'Opposition officielle, justement, répond à certaines
interrogations, certaines questions que se pose la Commission des droits de la
personne.
Est-ce que le gouvernement et le ministre seront en mesure, aujourd'hui
ou demain, de nous faire également... D'apporter des réponses aux
questions de la Commission des droits de la personne? Il avait
été question, d'ailleurs, lorsque nous avons...
M. Bédard: Concernant le chapitre particulier qui traite
des comités nationaux...
M. Lavoie: ... spécialement ce chapitre. Je pense que pour
le bon déroulement des travaux de cette assemblée, pour garder
une atmosphère de confiance et possiblement d'ouverture, n'y aurait-il
pas lieu que le gouvernement, étant donné que nous avions
discuté, lundi ou mardi je ne me rappelle plus, la semaine est
bousculée où nous avions pris connaissance...
M. Lalonde: C'est hier; on n'a pas siégé
avant-hier.
M. Bédard: Cela dépend à quoi veut
référer le député de Laval.
M. Lavoie: Si vous vous rappelez bien, M. le Président,
lorsque ces commentaires de la commission ont été
déposés, il avait été question de
considérer, de prendre peut-être une heure ou deux heures de la
commission pour disséquer, analyser les commentaires de la commission.
Je ne sais pas ce que le ministre en pense. Il devrait peut-être
éclairer cette commission, possiblement avec la proposition que je lui
ai faite tout à l'heure à l'effet que le ministre pourrait,
aujourd'hui ou demain, nous annoncer sa réaction ou les amendements
possibles qu'il pourrait proposer. Je pense que cela faciliterait,
améliorerait et pourrait permettre d'accélérer les travaux
de cette commission.
M. Bédard: On peut peut-être en reparler demain
matin, au début des travaux de la commission.
M. Lalonde: D'accord.
M. Bédard: Nous verrons ce qu'il y a lieu de faire,
nous-mêmes sommes en train d'analyser les recommandations, les
suggestions qui ont été faites par la Commission des droits de la
personne, concernant les comités nationaux et il y a des propositions
qui ont été portées à notre connaissance par le
leader de l'Opposition. Soit demain après-midi ou demain soir, il y aura
peut-être lieu de faire le point étant donné que nous
recommençons nos travaux la semaine prochaine, dès le
début, il faut l'espérer.
M. Lavoie: Tel que je l'ai annoncé hier soir, je pense que
nous avons encore une couple d'amendements à apporter à l'article
6 qui est un des articles neufs du projet de loi. Par la suite, de l'article 7
à l'article 21, il n'y a pas, sauf quelques amendements de technique ou
de concordance concernant les délais sur les brefs...
M. Bédard: De l'article 7 à je ne peux
préciser ... nous avons certains amendements que nous avons
soumis également...
M. Samson: Les articles 7, 9, 14, 16.
M. Bédard: ... à l'Opposition. J'imagine qu'elle a
pu en prendre connaissance, et que la discussion ne sera pas longue
là-dessus.
M. Samson: Les articles 7, 9, 14, et 16, c'est cela. (12 h
15)
M. Lavoie: Revenant à l'article 6, M. le Président,
nous avons un amendement qui est tout à fait dans la tradition
référendaire surtout puisque le parrain initiai du projet de loi,
le député de Maisonneuve, voulait se rattacher ou invoquer le
plus souvent possible l'expérience britannique de 1975, le
référendum sur le marché commun, alors que, lorsque le
mécanisme référendaire s'était mis en marche, le
gouvernement travailliste de M. Wilson, dans une déclaration formelle,
avait déclaré que le gouvernement prenait un engagement moral de
respecter la décision majoritaire de la population. D'ailleurs en
Angleterre, cela avait été établi bien clairement,
même avant l'adoption de la loi, lors du dépôt d'un livre
blanc qui avait été distribué en Grande-Bretagne. J'ai ici
ce livre blanc où il est dit, à la page 3, dans
l'expérience britannique: "The Government have agreed to be bound by the
verdict of the British people as expressed in the referendum result."
Nos recherches nous ont amenés à étudier les
expériences vécues lors de plusieurs référendums
dans plusieurs pays ainsi que d'états américains, des pays
notamment comme l'Australie, le Danemark, la France, l'Irlande, l'Italie, la
Norvège, le Royaume-Uni je l'ai mentionné tout à
l'heure la Suisse et dans des états américains comme la
Californie et le Massachusetts où, dans tous les cas, l'autorité
en place s'obligeait à respecter la décision majoritaire de la
population consultée.
Je crois que c'est une... D'ailleurs, lors de l'étude du livre
blanc sur le projet de loi 92, à plusieurs reprises, le
député de Maisonneuve, parrain du projet de loi, avait
déclaré qu'il était tout à fait normal, tout
à fait logique que le gouvernement le gouvernement du Parti
québécois, actuellement respecte la décision qui
sera rendue majoritairement par la population.
Le contexte québécois nous force et nous invite à
exiger une garantie de la part du gouvernement, parce que nous vivons dans un
contexte différent. Entre autres, le gouvernement du Parti
québécois, actuellement je ne voudrais pas faire le
procès d'avant ou d'après le 15 novembre, mais c'est quand
même une expérience vécue. Il y a des choses, des
déclarations, des décisions qui ont été prises.
Notamment, on se rappelle qu'au 15 novembre, vous aviez mis la pédale un
peu plus douce sur la question de la séparation que vous ne l'aviez mise
lors des deux campagnes électorales précédentes de 1973 et
1970 où l'option initiale, la raison d'être du Parti
québécois, soit l'indépendance, soit la
souveraineté, soit la séparation du Québec, avait
été mise plus en lumière.
En 1976, si je me rappelle bien, j'étais moi-même un des
acteurs, un des participants à cette campagne électorale; on sait
qu'après l'expérience étapiste ou la proposition
étapiste, le gouvernement avait mis en veilleuse cette option
indépendantiste et proposait d'être élu dans le
régime actuel, comme étant un bon et vrai gouvernement
provincial. Depuis ce temps, je dois reconnaître, et plusieurs personnes
de mes collègues et des
média reconnaissent que vous êtes revenus, vous avez
accentué d'une manière plus précise, surtout avec les
déclarations du premier ministre, soit à New York, soit ailleurs,
les déclarations récentes du ministre des Finances. Je pourrais
citer plusieurs gestes posés et déclarations faites, souvent
ambiguës, mais à d'autres occasions plus claires, notamment du
ministre des Finances que tout ce qui est fait actuellement par le
gouvernement, tout ce qui a été fait depuis le 15 novembre, c'est
dans l'optique référendaire, cela fait partie de
l'opération référendaire. Le dernier budget, le budget de
l'année dernière, tout ce qui anime le gouvernement est
dirigé vers l'indépendance du Québec. Cela a
été des déclarations claires, précises et plus
limpides du ministre des Finances.
Ce qu'on veut, dans cet amendement, c'est un engagement que dans des
référendums de nature constitutionnelle et, de façon
particulière, dans le référendum qui doit se tenir, un
certain référendum dont tout le monde parle actuellement, on
voudrait de la part du gouvernement un engagement moral à l'effet que
l'opinion de la majorité sera respectée, du moins tel que le
projet de loi est rédigé, jusqu'à la fin de la
présente législature, parce que la loi prévoit qu'il ne
peut pas y avoir deux référendums, je le reconnais, durant une
même législature.
Ce qu'on ne voudrait pas, c'est que, lors de la tenue d'un
référendum bien connu, bien qualifié et bien prévu
et prévisible... on ne connaît pas la date, que ce soit en 1978,
dans le courant de 1979 ou au début de 1980... Dans l'hypothèse
que la population rejeterait, d'une manière majoritaire vous
êtes fort pour la majorité 50%, plus un si vous voulez,
mais on prévoit que ce sera beaucoup plus majoritaire que cela, ce sera
certainement une majorité qualifiée qui sera exprimée lors
de ce référendum, on voudrait que le gouvernement respecte la
décision qui sera rendue par la population et que le jeu, cette
politique d'affrontement permanente du gouvernement actuel, notamment
vis-à-vis du gouvernement fédéral, sur tous les dossiers
où il y a affrontement permanent et chronique, que cette politique
d'affrontement ne se perpétue pas et ne débute pas, ne recommence
pas dès le lendemain du référendum. Cette politique que je
considère négative, que vous pouvez peut-être
considérer positive quant à votre option, mais que nous, nous
considérons tout à fait négative pour l'économie et
l'état actuel de la Constitution canadienne.
Cet amendement, M. le Président, dont je vous donne une copie, se
lit comme suit: "Un référendum portant sur le statut
constitutionnel du Québec ne peut être ordonné sans que le
gouvernement, avant l'émission du bref référendaire
ou au moment que vous voudrez, si vous voulez l'amender, soit lors de la
question ou avant l'émission du bref référendaire
n'ait pris, devant l'Assemblée nationale, l'engagement moral de
respecter l'opinion de la majorité des électeurs qui exprimeront
leur avis lors d'un tel référendum."
Je crois que le contexte actuel, les agissements, le comportement du
gouvernement dans ses négociations autant avec les autres partenaires
canadiens, les autres provinces, nous forcent à exiger du gouvernement
un tel engagement. Je pense que c'est un minimum; cela n'empêchera,
d'aucune façon, la tenue du référendum, cela ne brime en
rien les droits du gouvernement de tenir ce référendum, de
formuler la question comme il l'entend, de la soumettre à
l'assemblée, de respecter les délais des brefs, mais je pense que
c'est un minimum de clarté, d'honnêteté, de
crédibilité que la population nous demande d'exiger du
gouvernement par le biais de cet amendement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, avant de vous laisser continuer, nous allons devoir, d'abord,
décider de la recevabilité de la proposition d'amendement. Je ne
sais si des membres ont l'intention de soulever la question de la
recevabilité de l'amendement mais je vous indique immédiatement,
M. le député de Laval, qu'en vertu du règlement, le
président se doit de signaler toute violation au règlement
proprio motu, etc. La question sur laquelle j'apprécierais être
éclairé par vous-même et par les autres membres, au sujet
de la recevabilité de l'amendement, est en résumé la
suivante: En vertu de la Loi de l'excécutif et de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique qui nous régissent, je me demande
dans quelle mesure, dans une loi, vous connaissez bien la théorie de la
possibilité d'avoir, dans le cadre de la constitution actuelle et de la
Loi sur l'exécutif, des référendums qui lient
effectivement le gouvernement, la Législature et, finalement, le
lieutenant-gouverneur et Sa Majesté elle-même?
Je me souviens d'avoir étudié cette question dans mes
cours de droit constitutionnel. Je m'excuse de ne pas m'en souvenir en
détail mais chose certaine, c'est que dans la mesure où ce
référendum, en vertu de l'amendement que vous proposez, lierait
de façon définitive le gouvernement, il m'apparaît que ce
serait anticonstitutionnel. A la limite, je relisais même je suis
convaincu que ce n'est pas votre intention la définition de la
sédition, et étant donné que ce serait, en quelque sorte,
permettre au peuple de passer par-dessus l'autorité établie, ce
serait quelque chose qui se rapprocherait de la sédition.
Je me demande dans quelle mesure c'est re-cevable comme amendement. Il
ne s'agit pas d'un voeu que formulerait la commission; il ne s'agirait pas
comme vous l'avez vous-même expliqué en Angleterre,
d'un engagement moral pris par le gouvernement de respecter la décision
majoritaire mais d'un engagement qui serait prévu dans une loi. Sans
rendre de décision, je pense que j'ai le devoir, comme président
de cette commission, de vous soulever cette difficulté qui
m'apparaît bien réelle et bien sérieuse au point de vue
constitutionnel.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
la recevabilité.
Le Président (M. Clair): Peut-être que...
M. Lavoie: Je reconnais le bien-fondé de votre point de
droit, M. le Président, mais je voudrais bien clarifier
d'ailleurs, je vais le modifier pour la forme, si vous voulez que ce
qu'on vise par là, ce n'est pas un engagement juridique.
M. Lalonde: Un engagement politique.
M. Lavoie: C'est un engagement moral, un engagement politique. Si
vous n'aimez pas le mot engagement, que ce soit précédé
d'une déclaration ministérielle. Un engagement moral, une
déclaration morale. Nous allons prendre la parole du gouvernement.
M. Bédard: Je peux vous le donner tout de suite
l'engagement moral, mais de là à le mettre dans une loi, vous
savez que, constitutionnellement, on ne peut pas.
M. Lavoie: Tout dépend de la façon dont c'est
formulé. Ce n'est pas un engagement physique, M. le Président,
c'est un engagement moral.
M. Bédard: C'est clair que le Parti
québécois...
Le Président (M. Clair): Je peux vous indiquer, M. le
député de Laval... Et on sait qu'on ne respecte peut-être
pas le règlement en discutant comme on le fait, mais je pense que pour
l'avancement de nos travaux, cela peut être profitable. Je vous indique
immédiatement je ne veux pas que cela ait l'air d'une menace, en
aucune façon, ce n'est vraiment pas cela...
M. Lavoie: Nous vous respectons tout à fait, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Je vous en remercie.
M. Lavoie: Je dois vous féliciter pour la façon
dont vous dirigez les travaux de cette commission.
Le Président (M. Clair): Je vous en remercie. Je vous
indique tout de suite qu'il me semble que c'est très délicat
d'insérer, dans une loi, quelque engagement que ce soit parce que la loi
ne tolère pas tellement les notions d'engagement politique, je pense. On
fait une loi pour que cela ait force de loi, justement. Je serai chatouilleux
là-dessus, de sorte que si vous avez l'intention de retirer cet
amendement pour en présenter un nouveau, si vous acceptez le point de
droit que j'ai soulevé, peut-être qu'il vaudrait mieux je
n'ai pas de conseil à donner à votre formation politique ni
à aucune autre le travailler à nouveau parce que je
n'aimerais pas avoir à vous rejeter des amendements rapidement.
M. Lavoie: Une minute ou deux, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Avec plaisir, M. le
député... La commission suspend ses travaux pour cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 12 h 40
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A moins que des membres de cette commission ne demandent une nouvelle
suspension, je pense que les cinq minutes sont largement
écoulées. Si on pouvait reprendre les travaux...
M. le député de Laval, vous avez la parole.
M. Lavoie: Je vais proposer un autre amendement...
Le Président (M. Clair): Si je comprends bien, la motion
d'amendement que vous aviez faite est retirée. Je pense bien qu'il n'y a
pas de problème là-dessus.
M. Lalonde: Elle n'est pas reçue, de toute
façon.
M. Lavoie: Oui, elle est retirée. Dans le respect
sacré de la constitution qui nous régit, voici le nouvel
amendement. Ce que nous voulons, par cet amendement, c'est donner l'occasion au
gouvernement de dire, d'un côté ou de l'autre, s'il entend lui
donner la plate-forme privilégiée qui est l'Assemblée
nationale pour que le gouvernement puisse vraiment déclarer s'il entend
respecter l'opinion, avec toutes les subtilités qu'il pourra se
permettre, avant la tenue d'un référendum.
L'amendement se lit comme suit, et il ne s'agit plus d'un engagement
moral ou quoi que ce soit, cela donne uniquement une plate-forme, une tribune
au gouvernement, lors d'un débat à l'Assemblée nationale,
pour établir ses positions: "Un référendum portant sur le
statut constitutionnel du Québec ne peut être ordonné sans
que le gouvernement, avant l'émission du bref
référendaire, n'ait requis l'avis de l'Assemblée
nationale, sur les mesures qui devraient être éventuellement
prises, par le gouvernement, pour que l'opinion de la majorité des
électeurs soit traitée d'une façon adéquate ".
Le Président (M. Clair): Je n'ai pas eu l'occasion de
noter.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'on pourrait en
avoir une photocopie, M. le Président? Je pense que ce serait
nécessaire; il y a eu du patinage... du travail.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! M. Lavoie:
C'est une subtilité.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense qu'on va
avoir...
M. Bédard: La subtilité...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
est-ce que le député de Laval...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
En vertu de notre règlement, normalement
on a droit à une copie. Je sais gré à l'Opposition
officielle d'avoir toujours eu l'amabilité de distribuer une copie.
Personnellement, je n'ai pas eu le temps de le noter. Je me demande si, pour la
meilleure marché de nos travaux je ne veux pas vous inciter
à faire d'autres amendements on ne pourrait pas passer à
un autre et vous auriez l'occasion, à l'heure du déjeuner, de le
faire dactylographier. Non?
M. Lavoie: II reste une quinzaine de minutes.
Le Président (M. Clair): C'est peut-être le temps
que cela va prendre pour le faire transcrire et pour que les membres
l'aient.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Avant de le recevoir, au moins,
vous allez me permettre de le transcrire pour moi, pour que je puisse le
lire.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sous
réserve de nos commentaires sur la recevabilité, nous aimerions
que l'Opposition officielle nous explique, en gros...
M. Lalonde: Seulement une espèce d'avant-propos et cela ne
s'adresse pas nécessairement au président parce que,
tantôt, on s'adressera à lui sur la recevabilité, pour
expliquer la raison pour laquelle on procède par ce biais. C'est vrai
que cela reste un problème constitutionnel mais le problème
constitutionnel, ce n'est pas que le gouvernement prenne un engagement. Un
gouvernement peut prendre n'importe quel engagement. Si un engagement de se
sentir lié par le résultat d'un référendum
était anticonstitutionnel, je soumets que l'engagement du gouvernement
de briser le Canada serait d'autant plus anticonstitutionnel. L'engagement du
gouvernement comme tel, c'est là le problème, le
député de Jonquière a compris, M. le Président, il
faut le souligner, c'est de le mettre dans la loi, l'engagement du
gouvernement, qui pourrait être anticonstitutionnel.
M. Vaillancourt (Jonquière): Au contraire, j'ai dit: II ne
faut pas le mettre dans la loi.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le mettre dans la loi...
M. Lalonde: Le mettre dans la loi pourrait être
anticonstitutionnel. Que le gouvernement prenne un engagement de se lier aux
résultats pourrait donc être coloré au point de vue de la
constitu-tionnalité, et c'est ce que le nouvel amendement du
député de Laval évite. Au fond, on veut et c'est
notre opinion, l'Opposition officielle que le gouvernement se lie mais
on ne peut pas le lier dans la loi. On va donc, dans la loi, lui donner le
forum, c'est-à-dire que l'obligation de requérir, de
l'Assemblée nationale, un avis, c'est parfaitement constitutionnel.
C'est pour cela qu'on doit passer par cette espèce de pirouette
législative, peut-être, ou cet exercice de subtilité
à cause de la constitution, mais le résultat... Ce qui nous
importe, c'est que le gouvernement prenne un engagement, à un moment
donné, qui va être constitutionnel, sauf qu'on ne peut pas
l'engager à prendre ces engagements dans la loi. (12 h 45)
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que le
député de Marguerite-Bourgeoys me permettrait une question?
Lorsqu'il parle de requérir un ou des avis de l'Assemblée
nationale, de quel avis s'agit-il, de quelle sorte d'avis s'agit-il?
M. Lalonde: L'amendement le dit, je n'ai pas le texte devant moi;
le président l'a. C'est un avis...
M. Lavoie: Cela peut être une résolution.
M. Lalonde: Au point de vue des procédures, je ne le sais
pas. Cela peut être n'importe quel... Je suis sûr que le
règlement prévoit assez de flexibilité pour que le
gouvernement demande l'avis de l'Assemblée nationale. Cela pourrait
être une motion inscrite au feuilleton, débattable, et qui
demanderait l'avis de l'Assemblée nationale à savoir s'il y a des
mesures à prendre pour, éventuellement, traduire dans les
politiques du gouvernement l'opinion majoritaire du
référendum.
Au moment de ce débat, il n'y a aucun doute que le gouvernement
va, soit prendre un engagement, soit ne pas en prendre. Mais au moins, on
jugera et ce sera dans le meilleur forum possible.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le but de votre amendement
est d'amener le gouvernement, par le moyen de cet avis ou de ces avis, à
prendre ou non un engagament.
M. Lalonde: C'est cela, mais en discutant, quand même.
M. Vaillancourt (Jonquière): A partir du moment où
vous envisagez la possibilité de prendre un engagement, cela devient
anticonstitutionnel.
M. Lalonde: Non, l'engagement c'est ce que j'ai dit
tantôt l'engagement n'est pas anticonstitutionnel; c'est
l'obligation du gouvernement... D'ailleurs le ministre le disait tantôt,
au début: Si c'est un engagement que vous voulez, on peut le faire
maintenant.
M. Vaillancourt (Jonquière): La réforme
électorale, entre nous, a pris plusieurs engagements moraux.
M. Bédard: Cela s'est déjà fait.
M. Lalonde: Je ne me souviens pas de l'avoir eu formellement, cet
engagement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le ministre d'Etat
à la réforme électorale a dit plusieurs fois
qu'un gouvernement qui passerait outre à la volonté
exprimée démocratiquement par la population serait très
mal vu et...
M. Lalonde: II ne faut pas que ce soit trop dilué, quand
même.
M. Vaillancourt (Jonquière): En fait, je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys admettra avec moi que le ministre
d'Etat à la réforme électorale a tenu plusieurs fois,
depuis le début de nos travaux, ce genre de propos. Je me rappelle fort
bien qu'une fois entre autres, devant un mémoire qui nous était
présenté je ne sais pas trop par qui il avait
maintes fois répété que d'abord, on avait eu des experts
en droit constitutionnel qui nous avaient dit qu'un référendum
sur l'avenir constitutionnel du Québec ne pouvait qu'avoir une valeur
consultative et non délibérative. On nous l'a dit plusieurs
fois... décisionnelle, délibérative, une valeur
consultative.
J'ai entendu personnellement, plusieurs fois, le ministre
répéter quelle serait l'attitude de la population face à
un gouvernement qui, le lendemain d'une décision affirmative ou
négative, passerait outre et agirait comme si de rien
n'était.
M. Lalonde: C'est cela, M. le Président. Je pense que
je n'ai pas les textes devant moi c'est fort possible que cela
ait été fait, mais notre rôle est de
légiférer, actuellement, d'améliorer une loi, de mettre
toutes les balises possibles; les engagements et les discours, on a vu ce que
cela donnait. J'ai tenté de m'en rapporter à un discours et
à un engagement ou enfin, à une expression d'opinion du ministre
d'Etat à la réforme parlementaire sur le oui ou le non et cela
n'a pas donné grand-chose, législativement. J'aimerais qu'on
fasse un peu plus de progrès à propos d'un élément
qui n'est plus du formalisme, qui n'est plus de la formalité, mais qui
est réellement fondamental au point de vue de l'avenir des
Québécois.
Les Québécois veulent savoir si le gouvernement va se
sentir lié par le résultat du référendum et c'est
important quant au large consensus que le gouvernement veut avoir pour cet
exercice, pour toute activité référendaire.
Le Président (M. Clair): La copie de la motion devrait
être disponible dans les instants qui viennent; elle est manuscrite, mais
je pense que c'est une belle main qui nous a rédigé cela et cela
devrait être lisible.
Si vous êtes prêts à discuter de la
recevabilité, si quelqu'un a l'intention de prendre la parole sur la
recevabilité... Peut-être que vous aimeriez mieux attendre d'avoir
le texte entre les mains?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, M. le
Président.
M. Lavoie: On peut donner notre point de vue sur la
recevabilité, quitte à ce que le ministre...
Le Président (M. Clair): Sur la recevabilité.
M. Lavoie: C'est que nous respectons la Constitution du
Québec, la Constitution canadienne et les réserves que vous
aviez, M. le Président, on les a enlevées. Il n'y a plus aucune
obligation juridique, légale, contenue dans un projet de loi et nous
acquiesçons à votre décision, nous l'acceptons d'ailleurs,
à savoir que ce serait irrégulier.
Ce que nous ajoutons, c'est uniquement une étape comme cela
existe dans la réglementation de l'éducation: il doit y avoir,
dans certains cas, l'opinion du Conseil supérieur de l'éducation.
Ici, c'est une formalité de plus à l'effet qu'il y aura un
débat limitez-le dans le temps, si vous voulez, un débat
à l'Assemblée nationale, je n'ai aucune objection mais
c'est une simple formalité à l'effet qu'il y aura une
résolution à l'Assemblée nationale et que cela
occasionnera un débat public, limité. A ce moment-là, il
ne faudra pas oublier que la question sera connue; on veut un débat
public, on veut informer la population, cela donnera... D'ailleurs c'est
relevé par la Commission des droits et libertés de la personne
où il est dit qu'il doit y avoir le plus d'information possible, le plus
d'éclairage possible pour la population.
C'est pour expliquer la question de recevabilité, cette
formalité qui donnera l'occasion, au gouvernement et à
l'Opposition, sur la question, d'établir sa position constitutionnelle.
Je ne veux pas aller trop au fond, mais je vous dis qu'il y a...
Le Président (M. Clair): Pas sur cela... C'est une
question dans le but de m'éclairer; cela m'ap-paraît comme
étant une question très importante, pour rendre la meilleure
décision possible sur la recevabilité. J'aimerais que, dans votre
argumentation, vous me parliez de ce que vous étiez en train de me dire,
mais également de deux autres points: Est-ce que, quelque part dans nos
lois, il y a des précédents qui obligent le gouvernement à
demander l'avis à l'Assemblée nationale sur une question
précise? Et d'autre part, en vertu de la Constitution, de la loi sur la
législature et de la loi sur l'exécutif, est-ce que ce n'est pas,
justement, le rôle continu de l'Assemblée nationale de donner des
avis au gouvernement sur les choses qu'il est en train de faire? Est-ce que,
dans la mesure où on mettrait cela dans un texte de loi, cela ne vient
pas changer un peu quelque chose à notre statut constitutionnel, parce
que de mémoire, je n'ai pas de cas où il y aurait obligation
spécifique, hormis celle qu'il y a dans la Constitution, pour le
gouvernement, de consulter l'Assemblée nationale? Comprenez-vous mon
idée?
M. Lavoie: Oui. Vous me demandez un exemple où il faut
demander l'avis de l'Assemblée nationale; nous en avons un exactement
dans le projet de loi actuel où avant le référendum, il
doit y avoir un débat sur la question.
C'est un débat qui est analogue à la question, mais qui
donnera l'occasion aux tenants, une fois la question connue, aux tenants du oui
ou du non de faire leur lit et de le faire connaître à la
population pour apporter l'éclairage à la population. Prenons
comme hypothèse ce que je vous dis.
Admettons que la question soit sur la souveraineté-association,
cela donnera l'occasion au gouvernement si cette option est acceptée par
la population, cela donnera l'occasion au gouvernement de dire: Oui, nous
respecterons cette décision de la souveraineté-association et
voici les mécanismes que nous mettrons en marche pour la
réaliser. Cela donnera également l'occasion au gouvernement de
dire si cette option de souveraineté-association était
rejetée, que le fédéralisme demeurerait et cela donnerait,
dans ce débat, l'occasion de dire au gouvernement de quelle
manière il va respecter la décision fédéraliste de
la population.
C'est un débat public, c'est un éclairage nouveau,
additionnel et qui est suggéré même par la Commission des
droits et libertés de la personne qui dit qu'il doit y avoir le plus
d'information possible. Je pense qu'une information que la population est en
droit d'exiger, c'est une déclaration formelle à un endroit, le
seul endroit où cela doit se faire, encore plus que sur la scène
politique ou sur les tribunes électorales, c'est à
l'Assemblée nationale qui sera homologuée, reconnue par une
résolution.
C'est un débat additionnel, si vous voulez il y a un
débat sur la question qui est limité dans le temps mettez
un autre débat limité dans le temps, sur les engagements ou sur
ce que le gouvernement entend faire si l'option est acceptée ou si
l'option est rejetée. C'est ce que je veux vous dire et c'est un
éclairage additionnel, une information additionnelle qu'on procure
à la population sur une question aussi importante qu'une décision
constitutionnelle.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... sous réserve de
faire d'autres commentaires au début de l'après-midi à 15
heures, j'aimerais vous dire que je pense qu'il est manifeste que, par ce
nouvel amendement modifié et corrigé, l'Opposition essaie de
faire indirectement ce que son premier amendement lui refusait de faire
directement. C'est que l'esprit et l'essence, et les intentions qui animent
l'Opposition officielle en présentant ce nouvel amendement
modifié, sont exactement les mêmes que pour celui qui vous a
été présenté. Je pense qu'il faut le constater et
c'est important. Il ne suffit pas de constater, dans un amendement, la
formulation même de l'amendement mais de regarder toutes les implications
de cet amendement, même modifié.
Regardez l'esprit de l'amendement, dans quel esprit, dans quelle
intention il est fait. M. le Président, en regardant l'amendement tel
que rédigé, je pense que c'est le premier argument qui me saute
aux yeux; on fait obligation légale au gouvernement je pense que
là on parle des privilèges de l'exécutif de
requérir l'avis de l'Assemblée nationale. Je pense qu'il est
manifeste que le gouvernement, lorsqu'il veut présenter une loi
pas un exemple loufoque comme vient de nous présenter le
député de Laval, de l'Opposition officielle, la question
prévue à l'article 6 est obligé d'aller devant
l'Assemblée nationale pour la présenter. La loi doit être
adoptée par l'Assemblée nationale. C'est l'Assemblée
nationale qui joue de rôle du législatif.
A partir du moment où la loi est adoptée, à partir
du moment où l'Assemblée nationale a joué son rôle
de législateur, je me pose la question avec vous: Quels sont les
précédents, dans nos lois qui forcent un gouvernement, à
partir du moment où une loi est adoptée, à retourner
devant cette même Assemblée nationale? Je pense que l'article en
question, tel que rédigé, force le gouvernement à aller
devant l'Assemblée nationale et, en conséquence, M. le
Président, c'est manifestement une atteinte aux privilèges de
l'exécutif qui doit gouverner et le législatif doit faire les
lois.
Je pense que la question que vous avez posée, relativement aux
précédents qui font obligation au gouvernement de consulter
l'Assemblée nationale, est extrêmement pertinente. Je vais
essayer, à l'heure du dîner, de faire des recherches pour voir si
ces précédents existent.
M. Lalonde: Vous avez besoin d'avoir de meilleurs arguments que
cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'autre part, M. le
Président, un argument qui saute aux yeux, c'est que l'Opposition
officielle s'est déclarée d'accord avec votre argumentation
à l'effet qu'on ne pouvait, dans la loi, inclure un engagement du
gouvernement à être lié par la décision des citoyens
québécois. Je pense que tout le monde se doit d'être
d'accord. Il y a eu de nombreux experts, lors de l'étude du livre blanc,
qui sont venus témoigner, nous avons reçu des avis
là-dessus, tout le monde était unanime à dire qu'un tel
référendum, celui dont on parle, ne peut avoir qu'une valeur
consultative, non pas une valeur délibérative.
M. le Président, à partir de cet état de
faits...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, je regrette que le texte de l'amendement soit un peu par
négation: "Un référendum portant sur le statut
constitutionnel du Québec ne peut être ordonné sans que le
gouvernement n'ait requis l'avis de l'Assemblée nationale sur les
mesures, etc." L'obligation qui serait faite...
M. Lavoie: Ce n'est pas au gouvernement.
Le Président (M. Clair): ... c'est celle de
requérir si on le mettait au positif au lieu du
négatif...
M. Lalonde: Vous avez le négatif...
Le Président (M. Clair): C'est une obligation, c'est
seulement pour éclairer le débat parce que la question qui
m'apparaît vraiment importante, évi-
dente, à ce stade-ci, c'est l'obligation pour le gouvernement de
requérir l'avis de l'Assemblée nationale. C'est surtout sur cela
que j'aimerais entendre votre argumentation parce que...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, vous
avez demandé des précédents, j'ai dit que j'allais
vérifier cela à l'heure du dîner. Je suis sûr que
l'Opposition officielle le fera également. Si ces
précédents existent, je dis et je ne suis pas un expert en
procédure parlementaire ou en droit constitutionnel qu'un
gouvernement pour adopter une loi, se doit d'aller devant l'Assemblée
nationale. C'est le législatif. (13 heures)
Ici, nous forçons le gouvernement à aller requérir
l'avis de l'Assemblée nationale, cela est déjà important,
mais sur quoi? Sur les mesures que devrait prendre le gouvernement
éventuellement pour que l'opinion de la majorité soit
adéquatement traitée. Ce n'est pas sans raison qu'on met les mots
"adéquatement traitée". C'est évidemment, M. le
Président, parce qu'on ne peut pas placer les mots "respect de la
décision" qui avaient été mis dans la motion initialement
présentée.
Or, M. le Président, par hypothèse, supposons même
que l'Assemblée nationale émet l'avis que le gouvernement devrait
prendre la mesure de respecter la volonté des citoyens. Est-ce que cette
réquisition, est-ce que cet avis de l'Assemblée nationale est
lui-même constitutionnel? C'est une autre question qui se pose.
Là-dessus, je pense, qu'il y aurait lieu de suspendre nos travaux.
M. Lavoie: S'il y a des précédents ou des cas
où le gouvernement est obligé de prendre l'avis, en somme, de
l'Assemblée nationale pour mener à bonne fin une décision,
il y a quelques cas qui sont des exceptions. Le gouvernement c'est une
analogie que je fais en général, nomme les fonctionnaires
ou les hauts commis de l'Etat par arrêté en conseil. Dans le cas
justement du président général des élections, les
six nominations qui doivent se faire par l'Assemblée nationale pour
mener à bonnes fins...
M. Lavoie: II va les...
M. Lavoie: ...une décision gouvernementale, cela prend une
décision de l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
comprends que j'aurai le droit de parole à 15 heures cet
après-midi.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est 13 heures. S'il
vous plaît, avant qu'on se quitte, j'aimerais vous indiquer une
dernière question sur laquelle j'aimerais être
éclairé, soit celle de la présomption qui pourrait
je dis bien qui pourrait se dégager par l'amendement selon lequel
l'exécutif ne traiterait pas de façon adéquate le
résultat qui serait connu de façon telle que cela pourrait,
encore là, avoir des répercussions sur le droit constitutionnel
canadien et le pouvoir de l'exécutif.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 3)
Reprise de la séance à 15 h 17
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs. La
commission permanente de la présidence du conseil et de la constitution
reprend ses travaux, soit l'étude article par article du projet de loi
no 92 intitulé: Loi sur la consultation populaire.
Au moment où nous avons suspendu nos travaux, nous avions eu des
propos préliminaires sur la recevabilité de la motion du
député de Laval à l'effet d'ajouter l'alinéa
suivant à l'article 6: "Un référendum portant sur le
statut constitutionnel du Québec ne peut être ordonné sans
que le gouvernement, avant l'émission du bref
référendaire, n'ait requis l'avis de l'Assemblée nationale
sur les mesures qui devraient être éventuellement prises par le
gouvernement pour que l'opinion de la majorité des électeurs soit
adéquatement traitée".
Sur la recevabilité de cet amendement, est-ce que quelqu'un
désire intervenir?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très brièvement, d'abord je voudrais tout simplement
répéter très brièvement les arguments que vous avez
vous-même soulevés à l'endroit de la motion initialement
présentée par le député de Laval...
Le Président (M. Clair): J'ai soulevé des
interrogations.
M. Vaillancourt (Jonquière):... ou vos interrogations,
pour vous dire que la deuxième motion cherche à faire
indirectement ce que la première visait à faire directement. Dans
son esprit, dans son essence et dans l'intention de l'Opposition officielle,
c'est manifestement le cas, sauf qu'il y a quand même, au niveau de la
formulation, une différence non pas dans l'esprit entre
les moyens prévus.
Dans la première motion initialement présentée, on
demandait que le gouvernement s'engage formellement, dans une loi, à
déclarer à l'Assemblée nationale qu'il respecterait la
volonté exprimée par les citoyens lors d'un
référendum sur le statut constitutionnel. Dans la deuxième
motion qui a été modifiée par le député de
Laval, cette fois-ci, au lieu de demander cet engagement formel à
l'Assemblée nationale, on demande au gouvernement de requérir
et là, je souligne bien le mot l'avis de
l'Assemblée nationale.
M. le Président, je pense que cette motion, telle que
rédigée, nous amène nécessairement à parler
du rôle de l'Assemblée nationale par rapport à
l'exécutif. Le dictionnaire Robert définit le mot avis comme
ceci: Ce que l'on pense, ce que l'on exprime sur un sujet; jugement,
estimation, opinion, pensée, point de vue, sentiment. Donc, demander un
avis, c'est demander une opinion, un point de vue, un conseil à
l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
l'Assemblée nationale n'est pas un conseil consultatif.
L'Assemblée nationale est un organisme de décision, organisme qui
adopte des lois et à laquelle l'exécutif est soumis. Elle vote
des budgets; elle adopte des crédits; elle adopte des lois.
L'Assemblée nationale n'est pas un conseil consultatif. A l'occasion,
i'Assemblée nationale émet des voeux mais jamais en
matière législative. Exemple, M. le Président, nous avons
assisté, hier ou aujourd'hui, à une motion du
député de Mégantic-Compton pour que l'Assemblée
nationale émette un voeu de bonne fête au député de
Johnson.
Ce n'est pas le rôle premier de l'Assemblée nationale
d'émettre des voeux mais, à l'occasion, elle peut émettre
des voeux mais toujours en matière non législative. En
matière législative, ce qui est son principal mandat,
l'Assemblée nationale n'émet pas de conseil, ne donne pas
d'opinion; elle prend des décisions.
M. le Président, le député de Laval a donné
quelques exemples parce que vous avez posé la question suivante: Quels
sont les précédents qui obligent le gouvernement à
consulter?
Le Président (M. Clair): Messieurs, je demande votre
collaboration, s'il vous plaît, parce qu'il m'apparaît que la
décision que je vais avoir à rendre est importante et j'aimerais
pouvoir prendre attentivement connaissance des arguments des deux
côtés. Je vous remercie.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
à la question que vous avez posée: Quels sont les
précédents qui obligent le gouvernement à consulter, donc
obtenir l'avis, l'opinion, le point de vue, le sentiment de l'Assemblée
nationale, le député de Laval a donné quelques exemples,
je pense qu'il a choisi celui du Protecteur du citoyen. M. le Président,
l'Assemblée nationale n'émet pas le voeu que telle personne soit
nommée Protecteur du citoyen; l'Assemblée nationale décide
que telle personne est nommée Protecteur du citoyen. Le président
de l'Assemblée nationale ne voit pas l'Assemblée nationale
émettre un voeu à l'effet qu'il soit nommé
président; l'Assemblée nationale décide de ratifier la
nomination de tel président. Le directeur général du
financement des partis politiques est nommé par l'Assemblée
nationale. Il y a des lois qui obligent le gouvernement, non pas à
consulter, non pas à obtenir des opinions, un avis, un conseil, mais
à obtenir la ratification, à obtenir la décision de
l'Assemblée nationale sur des sujets bien précis.
Donc, M. le Président, effectivement, l'Assemblée
nationale est un organisme de décision, de législation, et ce
n'est pas un conseil consultatif. La motion du député de Laval,
telle que rédigée, demande à l'exécutif d'aller
obtenir l'opinion de l'Assemblée nationale, opinion à laquelle
l'exécutif pourrait se soustraire puisque là il n'y a plus
d'obligation. On demande donc à l'Assemblée nationale
d'émettre une opinion à laquelle l'exécutif peut se
soustraire. L'Assemblée nationale contrôle l'exécutif; elle
le contrôle, par exemple, à la période des questions. La
période des questions est une période qui permet au
législatif de contrôler l'exécutif. Mais adopter la motion
telle que présentée, M. le Président, cela voudrait dire
que l'Assemblée nationale, qui est au-dessus de l'exécutif,
à laquelle l'exécutif est soumis parce que c'est elle qui adopte
les lois, cela voudrait dire que, dans ce cas-ci, l'Assemblée nationale
ne ferait qu'émettre un conseil, un avis, une opinion à laquelle
l'exécutif pourrait facilement se soustraire dans cette deuxième
motion.
Donc, M. le Président, on demande dans cette motion, telle que
rédigée, en demandant l'avis de l'Assemblée nationale
d'émettre un avis, d'abord de dévier à son rôle
premier qui est de prendre des décisions, de jouer un rôle de
conseil consultatif auprès de l'exécutif alors que le rôle
de l'Assemblée nationale n'est pas de conseiller le gouvernement, mais
de prendre des décisions, M. le Président. Je pense que recevoir
une motion semblable serait accepter le fait que l'Assemblée nationale
puisse jouer, auprès du gouvernement, le rôle d'un conseil
consultatif. Ce serait faire en sorte que l'exécutif, M. le
Président, qui est soumis au contrôle de l'Assemblée
nationale, aux décisions de l'Assemblée nationale, pourrait, du
revers de la main, dire: L'avis de l'Assemblée nationale je n'en tiens
pas compte. Donc l'exécutif, M. le Président, prendrait le pas
sur le législatif. Comme nos bons amis d'en face ne pouvaient pas, M. le
Président, dans leur première motion, imposer dans la loi cet
engagement du gouvernement de le respecter ou non, on a dit: On va prendre la
façon de requérir l'avis de l'Assemblée nationale pour
qu'elle émette une recommandation, un conseil, à savoir que le
gouvernement devrait faire pour que l'opinion de la majorité des
citoyens soit traitée adéquatement.
Or, M. le Président, je pense que, manifestement, à sa
face même, cette motion est irrecevable, puisque l'Assemblée
nationale n'est pas un organisme qui donne des avis. M. le Président, je
sais que cela fait, comme moi, seulement un an et demi que vous êtes ici,
mais posez-vous des questions à savoir si l'Assemblée nationale a
déjà, en matière législative, en un an et demi,
émis des avis. Lorsqu'une motion, parce que l'Assemblée nationale
procède par motion, est adoptée exemple, le
député de Laval présente un mercredi après-midi,
à la journée des députés, une motion qui est
débattue, un vote sera enregistré, un vote majoritairement
positif ou négatif lorsque ce vote sera pris, ce sera une
décision de l'Assemblée nationale, non pas un voeu, non pas une
opinion. Ce sera une décision de l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: C'est arrivé dans le passé.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense, M. le
Président, que la motion telle que présentée est d'avis
que, mais à partir du moment, M. le Président, et c'est cela qui
est important, il va y avoir un vote sur la motion, à partir du moment
où le vote est enregistré, il y a une décision que
l'Assemblée prend, aussi bien dans le domaine des lois. Est-ce que le
gouvernement, lorsqu'il présente son budget, vient recevoir le voeu de
l'Assemblée nationale? Il vient faire adopter son budget, il vient faire
adopter ses crédits.
M. Lalonde: C'est une loi.
M. Vaillancourt (Jonquière): II vient présenter des
lois, il vient faire décider de ses lois, par l'Assemblée
nationale.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense, M. le
Président, que cette motion, justement, a pour effet de donner, de
vouloir donner, de vouloir accorder à l'Assemblée nationale un
mandat qui n'esr pas le sien.
M. le Président, ces arguments avaient surtout comme principale
raison d'être les mots "avis de l'Assemblée nationale"
demandés et écrits dans la motion du député de
Laval. Mais je pense que les arguments majeurs sont quand même que cette
deuxième motion d'amendements essaie de faire, par un moyen
détourné, indirect, ce que la première motion
défendait de faire, ou voulait faire. D'ailleurs, j'ai demandé ce
matin au député de Laval: Comment l'avis sera-t-il donné
pour obtenir l'avis de l'Assemblée nationale? Comment?
L'Assemblée nationale, M. le Président, procède par
motion, nous avons des motions de première lecture...
M. Lavoie: L'Assemblée nationale ne peut pas agir
autrement que par motion. C'est un grand principe.
M. Vaillancourt (Jonquière): Bon, alors comment l'avis
sera-t-il donné? M. le député de Laval me répond:
Par motion.
M. Lavoie: Par motion. Une résolution.
M. Vaillancourt (Jonquière): Résolution ou
motion.
M. Lavoie: Une résolution devient une motion
votée.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est cela, et à
partir du moment où l'Assemblée nationale a voté une
motion, l'Assemblée nationale n'a pas émis un voeu,
l'Assemblée nationale a pris une décision, soit d'adopter un
budget, soit de blâmer le gouvernement, soit d'adopter telle loi, soit
d'adopter telle motion. Et, M. le Président, l'Assemblée
nationale n'émet des voeux qu'en matière non législative.
A part cela, elle prend des décisions.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Or, M. le Président,
les arguments que je voulais invoquer, plus tous les arguments de nature
constitutionnelle qui ont été soulevés ce matin et qui
font en sorte que cette motion est irrecevable, aussi bien la première
que la deuxième. (15 h 30)
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: J'aurais une définition à vous donner.
Je crois que l'intervention du député de Jonquière
renforce notre position. Loin de la détruire, il l'appuie...
M. Vaillancourt (Jonquière): Expliquez-moi cela!
M. Lavoie: ... et il ajoute des arguments. C'était un
allié inconnu. Je le remercie beaucoup.
M. Vaillancourt (Jonquière): ...
M. Lavoie: C'est sûr qu'on fait... Nous avons reconnu que
le premier moyen que nous voulions employer attaquait les prérogatives
du lieutenant-gouverneur en conseil. Nous avons retiré de bon gré
cette motion, parce que c'était contre, nous le reconnaissons, la
tradition et le droit constitutionnel même. Il est vrai que nous prenons
un autre moyen, qui est tout à fait légal. On le fait
indirectement. On n'a pas le droit de faire indirectement illégalement
ce qu'on n'a pas le droit de faire directement illégalement, mais on
peut faire indirectement légalement quelque chose qu'on n'a pas le droit
de faire directement illégalement. C'est très simple. Ce qu'on
veut...
M. Lalonde: Distinction très importante.
M. Lavoie: Très importante! Ce qu'on veut, on l'a dit,
c'est un débat à l'Assemblée, c'est une prise de position.
On ne veut pas d'engagement du gouvernement qui soit toujours chapeauté
par une décision du lieutenant-gouverneur en conseil. On a mis cela de
côté. On veut une tribune. On veut un débat. Notre
débat sera d'autant plus fort que ce ne sera pas un débat
unilatéral; c'est même un débat bi et trilatéral
à l'Assemblée nationale. Tous les partis politiques auront une
plate-forme, une tribune pour informer la population avant un
référendum, c'est tout.
Vous dites que le gouvernement n'est pas assujetti à l'opinion de
l'Assemblée nationale. Bien plus que cela, dans la
réglementation, c'est prévu à bien des places, et c'est
prévu dans des lois que l'exécutif ne peut agir dans certains cas
avant de consulter... C'est depuis quelques années. C'est prévu
dans la loi que des règlements ne peuvent être adoptés
avant qu'une commission parlemen-
taire ne puisse siéger sur de tels règlements. C'est
l'opinion d'un démembrement de l'Assemblée nationale. La preuve
de toute la réglementation, c'est qu'il y a des avis pour consulter la
population. On donne l'occasion à la population en
général, dans la Gazette officielle, de donner son avis, non
seulement à l'Assemblée nationale, mais à toute la
population.
Il n'y a rien d'irrégulier pour le gouvernement d'être
forcé à demander l'avis, s'il considère que, justement,
par cette motion nous invitons...
Cet avis, cette opinion, le gouvernement, en aucune façon, dans
notre motion n'est même tenu de la respecter. Nous voulons
institutionnaliser une espèce de motion le mercredi pour que
l'Opposition puisse faire cela. Il peut arriver fort bien, c'est une simple
formalité, qu'au moment où on discutera de la motion ou des
brefs, on soit soumis aux règles que nous avons actuellement où
il n'y a plus de motion le mercredi. Il n'y en a plus actuellement. Cela peut
fort bien arriver. Il y a trois semaines dans le mois de juin et trois semaines
dans le mois de décembre où il n'y a aucun moyen pour un
député de présenter une motion le mercredi. C'est une
sauvegarde additionnelle. On institutionnalise, si vous voulez, une
espèce de débat public.
Plus que cela c'est là que je ne rejoins pas le
député de Jonquière une motion c'est quelque
part dans le règlement. Je ne sais pas si on l'a mis dans le nouveau
règlement, mais c'était dans l'ancien une motion peut
être un ordre de l'Assemblée; c'est dans les prérogatives
de l'Assemblée. La preuve, c'est que l'Assemblée ou une
commission donne l'ordre de faire comparaître un témoin. Il est
prévu dans les lois de la Législature ou le règlement
qu'on peut forcer cela devient un ordre de l'Assemblée ...
Il est sûr que le législatif ne peut donner d'ordre, même
pas à l'exécutif. Je diffère complètement de...
Je vais vous donner un exemple qui est arrivé dans le
passé et que le député de Chicoutimi a connu. Lors des
motions du mercredi, on émet un voeu où l'Assemblée est
d'avis que le gouvernement devrait faire ci ou faire ça. On en a eu une
dernièrement qui a été adoptée par
l'Assemblée, mais qui n'a aucun moyen de coercition, aucun pouvoir.
C'était une motion demandant au gouvernement de produire son dossier ou
les documents sur sa position sur la souveraineté-association. Cela a
été adopté par l'Assemblée. Je vais vous donner un
autre cas qui est arrivé il y a une couple d'années.
Si le gouvernement ne faisait pas suite à la motion
adoptée il y a un mois ou un mois et demi, par la majorité et par
l'Assemblée, unanimement, que le gouvernement devrait produire des
documents, on n'a aucun moyen de coercition devant le gouvernement. Le seul
moyen qu'on a serait une motion de blâme, motion de censure.
C'est arrivé, le député de Chicoutimi va s'en
souvenir, il y a eu une motion de l'Union Nationale qui a été
adoptée par l'Assemblée, il y a trois ou quatre ans,
déclarant que l'Assemblée est d'avis que le 24 juin ou quelque
chose comme ça, soit déclaré journée du drapeau du
Québec. Par oubli ou autre chose, il n'y a pas eu de suite donnée
par le gouvernement, et cela n'a pas été fait, cela est
resté là.
Ce que je vous dis, c'est que cette motion, lorsque c'est un avis de
l'Assemblée nationale, même si c'est adopté, ou un voeu de
l'Assemblée nationale, même si c'est adopté, le
gouvernement n'est pas tenu de les respecter, du tout. Il n'y a aucune
obligation juridique, peut-être morale ou d'éthique, de les
respecter. Si ce n'est pas respecté, il y a seulement un recours, c'est
une motion de blâme.
Je termine, parce que je ne veux pas parler tellement longtemps sur la
recevabilité. Je vous dis que c'est seulement une formalité de
plus. D'après moi, c'est totalement recevable, M. le Président,
et si ça ne fait pas l'affaire du gouvernement ou de la majorité,
cela arrive couramment qu'une motion ne fasse pas l'affaire, le moyen n'est pas
de la rejeter lors de la recevabilité, c'est de voter contre. Si toutes
les motions qu'on présente ne font pas l'affaire du gouvernement, est-ce
qu'elles doivent être rejetées dès la recevabilité?
Ce n'est pas ça le parlementarisme, même si ça ne fait pas
son affaire. Je pense qu'il n'y a rien contre le règlement, contre le
droit parlementaire, contre quoi que ce soit. C'est une motion. Si on disait
qu'on va faire une motion un peu plus tard, parler d'un débat sur la
question de 30 heures, on pourrait dire: Non, il va y avoir trois débats
de 30 heures. Ce seraient des emfarges ou des formalités de plus.
Ce n'est pas parce qu'on dit qu'il y aurait trois débats de 30
heures que ça ne serait pas recevable. Si cela ne fait pas l'affaire du
gouvernement qu'il vote contre. C'est la même chose. Je crois que c'est
totalement recevable quitte à ce que vous votiez contre.
M. Bédard: Cela existe, des règles de
recevabilité, cela se plaide, la recevabilité.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Lavoie: Oui, je ne vous le reproche pas... Je plaide, mais,
par contre...
M. Bédard: Votre argument qu'on n'a qu'à voter
contre ou pour n'est pas tout à fait vrai, on a le droit de plaider sur
la recevabilité.
M. Lavoie: D'accord.
M. Bédard: C'est ce qu'a fait le
député...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Lavoie: Mais je plaide, je dis que c'est recevable, vous dites
que c'est non recevable.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
M. Bédard: Le président tranchera.
M. Lavoie: C'est au président à décider et
vous voterez contre.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière.
M. Bédard: C'est ce qu'on aura à faire après
la décision du président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très brièvement. D'abord, pour dire au député de
Laval, par votre intermédiaire, que c'est la première fois qu'on
argumente sur la recevabilité...
M. Lavoie: Ce n'est pas un reproche que je vous fais.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... ce n'est pas avec
l'intention d'en abuser, M. le Président, mais lorsqu'on pense
sincèrement que ce n'est pas re-cevable, je pense que c'est de notre
devoir de le faire.
Deuxièmement, M. le Président, je voudrais prendre acte de
l'aveu du député de Laval, qu'il voulait institutionnaliser le
débat du mercredi. Alors...
M. Lavoie: Dans ce cas précis.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, dans ce cas
précis. Je ne pense pas dans ce cas précis, qu'une loi soit le
lieu privilégié pour remplacer le règlement de
l'Assemblée nationale.
M. le Président, le règlement de l'Assemblée
nationale existe, toutes les sortes de motions sont possibles pour discuter
d'un sujet bien précis. Je pense que le député de Laval a
très clairement avoué qu'il voulait se donner une arme
supplémentaire pour s'assurer que le débat ou que ce débat
bien précis pourrait avoir lieu. Il n'y a personne, je pense, ici,
à cette commission parlementaire, qui connaît mieux son
règlement, puisque c'est lui qui l'a fait en très grande partie,
que le député de Laval.
Le député de Laval, qui connaît très bien ce
règlement, veut se donner, et il l'a dit, une arme supplémentaire
et, à l'entendre parler, on se demande si ce n'est pas une sorte de
moyen de procédure supplémentaire, qu'au lieu de le mettre dans
le règlement, il vient le mettre dans la loi 92 pour que, dans ce cas
bien précis, il puisse obtenir ce débat précis. Je ne
pense pas que ce soit le but de notre commission que de venir donner des
garanties supplémentaires à l'Opposition par un moyen de
procédure qui pourrait et qui se retrouve d'ailleurs... Je ne connais
pas tous les articles par coeur, comme le député de Laval, mais
j'ai l'article 24 en avant de moi. Je ne sais pas si c'est un article qui
pourrait s'appliquer. Il y a la journée des députés le
mercredi, il y a les motions privilégiées qui ont priorité
sur tout autre sujet en discussion. M. le Président, je suis convaincu
que mon argumentation n'a pas aidé la tâche de l'Opposition, mais
je puis vous dire que celle du député de Laval a aidé la
mienne, puisqu'il a admis qu'il voulait se donner une garantie
supplémentaire de pouvoir obtenir ce débat.
Donc, ce que veut l'Opposition, c'est un débat là-dessus.
Et le règlement de l'Assemblée nationale lui donne
déjà les moyens d'obtenir ce débat.
M. le Président, très brièvement, le
député de Laval dit que le législatif ne peut donner
d'ordres à l'exécutif. Je vous dis bien franchement qu'il y a
beaucoup de lois au Québec, presque toutes les lois, où, à
un moment donné, l'exécutif est soumis au législatif, en
ce sens que si, dans un article de loi, on impose une obligation à
l'exécutif, celui-ci se doit de respecter cet article de loi qui a
été adopté par l'Assemblée nationale.
M. Charbonneau: C'est d'ailleurs l'exécutif...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est régulier. Je
n'ai même pas besoin de nommer de loi. Je pense que dans toutes les
lois...
M. Charbonneau: C'est le législatif qui ordonne
l'exécution.
M. Lavoie: A la condition que ce soit ratifié par le
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est le lieutenant-gouverneur qui ratifie
les lois.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que le
parlementarisme viendrait à en manger un bon coup s'il fallait que
l'exécutif ne soit plus soumis au législatif. A ce
moment-là, on aurait le droit d'abolir la période des questions.
Plus de contrôle, plus de questions.
M. Charbonneau: C'est le législatif qui ordonne
l'exécution.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un beau sujet.
M. Lalonde: M. le Président, les arguments ont
porté jusqu'à maintenant, dans une certaine mesure j'avoue
que la frontière est assez grise. Cela peut porter un peu sur
l'opportunité d'appuyer ou de ne pas appuyer l'amendement... Je me
rappelle, juste avant l'ajournement, une question que vous aviez posée.
Je pense que vous aviez touché le point de la recevabilité.
Auparavant, je vais faire une petite digression. Relativement à
la première motion du député de Laval, vous aviez
vous-même, comme le règlement vous le permet, soulevé des
doutes sur la recevabilité. Ces doutes s'adressaient à la
constitu-tionnalité de l'amendement en présumant que l'amendement
aurait été adopté.
Je me pose une question, et ce n'est pas du tout pour faire appel
à votre réaction. Au contraire, je pense que c'était
très sain au point de vue de nos travaux. Dans quelle mesure la
constitutionnalité ou les doutes relatifs à la
constitutionnalité s'adressent-ils à la recevabilité d'une
motion d'amendement?
II faut faire une certaine rétrospective, donc, je ne veux
accuser personne d'avoir fait cela à dessein. On a, dans la loi 101, un
chapitre qui a été déclaré inconstitutionnel par
une cour. Ce n'est pas final, c'est en Cour d'appel. Ce n'est pas
décidé encore, mais il y a une Cour supérieure qui a
décidé que cela allait contre la constitution.
Lorsque le gouvernement a proposé ces articles comme motion
principale, à l'étape de l'étude article par article, le
président n'a pas eu, je pense peut-être qu'il n'y a pas
pensé, il n'avait peut-être pas votre vigilance à se
prononcer sur la constitu-tionnalité possible ou
l'inconstitutionnalité de chacun des articles.
Alors, pourquoi devrait-on l'avoir? Pourquoi nous autres, comme motion
d'amendement, on aurait ce traitement? Ce n'est pas qu'on veuille faire des
choses inconstitutionnelles à cet égard. Je pense que nous
accueillons vos réactions, vos lumières sur l'aspect
constitutionnel, mais je me pose la question sur l'opportunité d'une
telle considération au niveau de la recevabilité d'une motion.
(15 h 45)
Je reviens donc, après avoir fermé ma parenthèse,
sur votre dernière question qui m'apparaît la plus pertinente.
Vous vous êtes attaché au dernier mot de la motion d'amendement,
que l'opinion de la majorité des électeurs soit
adéquatement traitée. Vous vous posez la question à savoir
si le traitement adéquat de l'opinion des électeurs lors d'un
référendum ne serait pas équivalent à cet
engagement du gouvernement de respecter son opinion. C'est comme cela que j'ai
compris votre interrogation et je vous remercie de l'avoir faite. On pourrait
discourir assez longtemps sur la signification de ces mots, sur
l'interprétation qu'on peut en donner, sur l'interprétation que
les cours pourraient en donner a niveau constitutionnel, mais je pense qu'au
niveau de la recevabilité, nous avons écarté, je pense, de
façon assez sûre, le nuage qui pouvait exister au niveau
constitutionnel pour vous permettre de déclarer recevable un tel
amendement, parce que traitement adéquat pourrait peut-être dire
oui. C'est là que je rejoins votre question. La pertinence de votre
question pourrait vouloir dire le respect de cette décision, mais elle
pourrait vouloir dire autre chose aussi. Elle pourrait vouloir dire une
traduction dans des politiques du gouvernement, pas nécessairement
exactement, comme on l'aurait prévu, mais adéquatement. Ce n'est
pas une équation, une adéquation, on le sait, ce n'est pas
exactement une équation.
Par exemple, le dictionnaire Robert, que le généreux
député de Jonquière m'a prêté, dit à
adéquation: "Rapport de convenance parfaite, équivalence". Ce
n'est pas une équation, ce n'est pas nécessairement un engagement
du gouvernement de respecter exactement la volonté des
électeurs.
Je pense que, compte tenu des propos que j'ai tenus relativement
à l'à-propos des questions constitutionnelles dans la
recevabilité, le libellé de la motion donne assez de jeu pour
permettre à cette commission d'en discuter, parce qu'en cas de doute, je
crois que la règle ou la tradition veut qu'on n'empêche pas une
commission de discuter d'un amendement, s'il y a seulement un doute quant
à sa recevabilité.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, me permettriez-vous une question pour m'éclairer?
N'est-il pas déjà arrivé dans le passé qu'à
l'Assemblée nationale même des motions d'urgence, au niveau de la
recevabilité, n'aient pas été accueillies, justement parce
qu'elles comportaient un certain aspect anticonstitutionnel? Je n'ai pas de
précédent que je peux vous nommer, mais j'ai eu l'occasion en me
préparant un peu pour prendre ma décision, de parler au
secrétaire général de l'Assemblée nationale qui a
une longue expérience, et il m'a dit que, de mémoire, il
était déjà arrivé des cas. C'est sous toute
réserve que je le rapporte, c'est du ouï-dire ce que je vous dis
là, mais n'est-il pas déjà arrivé que des motions
d'urgence, par exemple, à l'Assemblée nationale n'aient pas
été reçues, parce qu'elles traitaient de sujets
carrément de juridiction du gouvernement fédéral?
M. Lalonde: C'est fort possible, M. le Président.
M. Lavoie: L'Assemblée nationale ne peut traiter que dans
sa compétence, mais il y a quelque chose sur cela.
Le Président (M. Clair): N'en est-il pas de même
pour une commission parlementaire?
M. Lalonde: M. le Président...
M. Lavoie: II y a une extension, mais il y a quelque chose dans
le règlement je ne peux pas le trouver dans une note
où il est dit qu'il n'est pas de l'autorité du président
j'en suis sûr que le président ne peut pas trancher
à propos d'une question si c'est constitutionnel ou non.
M. Bédard: Trouvez-nous cela dans le nouveau
règlement.
M. Lavoie: Quand même! On n'a pas
répété l'ancien, parce qu'il serait deux fois plus
épais que l'ancien. Il y a une tradition qui dit qu'il n'est pas de la
compétence...
M. Bédard: M. le député de Laval, on en a
fait justement un nouveau.
M. Lavoie: ... du président de l'Assemblée ou d'une
commission de trancher sur une question constitutionnelle. Cela n'appartient
pas au président, il y a des tribunaux pour cela, si une loi n'est pas
constitutionnelle.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je ne
sais pas si le député de Laval...
M. Bédard: Sauf que vous admettrez avec moi qu'on n'est
pas obligé de faire exprès pour mettre des choses, risquer de
mettre des choses anti-
constitutionnelles dans une loi pour la voir contester devant les
tribunaux surtout.
Le Président (M. Clair): Attendez.
M. Lalonde: Vous m'avez posé une question.
Le Président (M. Clair): Oui.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Lavoie: Mais le président n'est pas un juge, ce n'est
pas à lui à trancher si c'est constitutionnel ou non. Ce n'est
pas son rôle. Ce sont les tribunaux qui font cela.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre,
messieurs!
M. Bédard: II vient d'en trancher une tantôt et vous
avez accepté la décision.
M. Lavoie: J'ai retiré la motion.
M. Bédard: Vous avez accepté la décision.
Non seulement vous l'avez acceptée, vous avez retiré votre
motion.
M. Lavoie: Je l'ai reconnu.
M. Bédard: Là, vous ne le reconnaissez pas, c'est
tout.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, vous m'avez posé une
question. Je ne peux pas répondre d'expérience, dans les trois ou
quatre ans que j'ai été ici, je ne peux pas témoigner d'un
cas dont je me souvienne. Les seuls cas dont je me souvienne, c'est lorsque le
président évaluait le degré d'urgence. Je ne me souviens
pas d'un cas où on aurait décidé qu'il s'agissait d'un
champ de compétence fédérale à propos duquel
l'Assemblée nationale ne pouvait pas se prononcer.
Dans un cas c'est par hypothèse carrément
anticonstitutionnel, par exemple, si l'Assemblée nationale, sur une
motion d'urgence, voulait, je ne sais pas, moi, se prononcer sur la conduite
d'un ambassadeur du Canada à Paris. A ce moment-là, ce serait
possible, et je serais d'accord avec vous. Mais dans un cas de doute,
"borderline", dans un cas, réellement, où on se pose des
questions, il me semble que c'est l'obligation du président de laisser
la commission en délibérer.
Je me souviens d'un précédent où un autre
président, que je ne désignerai pas, M. le
Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... seulement regarder.
M. Lalonde: Je vous regarde, M. le Président. ...avait
justement décidé je pense que c'était pour
l'amiante que, dans un cas de doute... Naturellement, le
député de Jonquière a présidé plusieurs de
ces séances. D'ailleurs, il a fait un excellent président, je
dois l'avouer, je dois le reconnaître, mais dans un cas de doute,
à un moment donné, on a eu une décision. Il a dit: Dans un
cas de doute, je laisse la commission en délibérer. J'aurais de
la difficulté à trouver exactement quel amendement, parce qu'il y
en a eu quelques-uns.
Mais, dans ce cas-ci, le libellé de la motion écarte, de
façon assez éloignée, le problème constitutionnel.
On vous a dit très franchement pourquoi on l'avait fait. C'est possible
qu'une obligation législative du gouvernement de prendre un engagement
relativement à un référendum soit inconstitutionnelle. On
vous a donné les raisons. A ce moment-là, ça devient tout
à fait une question de libellé. Là, il n'y a pas
d'obligation du gouvernement de prendre un engagement.
Le député de Jonquière dit: Bon! On fait
indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Ce n'est pas tout
à fait le cas. Laissez-moi vous le proposer, avec tout le respect que
j'ai pour le député de Jonquière. On a simplement
écarté le problème constitutionnel, sauf la question que
je vous ai posée quant au traitement adéquat de la
décision.
Je vous dis que l'ombre au tableau est relativement marginale pour que
vous ne tranchiez pas de la constitutionnalité, compte tenu des propos
que j'ai tenus là-dessus, sur votre pouvoir de le faire, d'ailleurs.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: On se rend compte rapidement que le
député de Marguerite-Bourgeoys en est rendu à plaider en
fonction des présomptions pour essayer de faire accepter cette motion
qui est présentée. Il nous avoue très carrément que
nous sommes dans une zone grise par rapport à cette motion qui est
présentée, par rapport à la recevabilité. Il plaide
qu'en cas de doute il faudrait laisser délibérer la commission,
sauf que sur le fait d'accepter un amendement qui pourrait être
constitutionnel ou pas, nous avons quand même... le président,
également, comme représentant de l'Assemblée nationale, ne
doit pas fonctionner en cas de doute. Il doit fonctionner en raison d'une
décision à prendre d'une très grande importance.
Je ne vois pas pourquoi on se permettrait, en plaidant la
présomption du doute, d'accepter une motion qui, de l'avis de chacun,
pourrait être contestée quant à sa
constitutionnalité, alors qu'il y a d'autres moyens très simples
qui existent dans notre règlement et qui peuvent permettre d'atteindre
les mêmes buts, à savoir si le gouvernement se sent lié,
par exemple, par un référendum ou une consultation qu'il veut
tenir. Il y a d'autres moyens qui existent, qui sont dans notre
règlement. Il y a la période des questions; ça se pose,
une question, au gouvernement, pour savoir s'il va être lié par la
consultation qu'il veut tenir auprès de la
population, il y a l'autre moyen que constitue la motion du mercredi.
Etant donné, justement, les représentations du
député de Marguerite-Bourgeoys, qui avoue que nous sommes dans
une zone grise, dans un cas de doute, je pense que nous devons... Je me
permettrais, M. le Président, de nous inviter tous et de vous inviter
aussi à la plus grande prudence.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président,
à cause des propos que le ministre a cru bon interpréter de ma
part, je n'ai pas fait d'aveu qu'on était dans une zone grise, je n'ai
fait que l'hypothèse que votre question nous amènerait dans une
zone grise, si vous aviez raison.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, rapidement, parce que vous intervenez
régulièrement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense qu'on parle beaucoup de constitutionnalité. Un dernier argument,
j'ai parlé tout à l'heure de notre règlement, le ministre
de la Justice en a parlé. Il y a une section à notre
règlement, et je fais suite aux propos, encore une fois, du
député de Laval je m'excuse de me répéter,
mais je voudrais donner un exemple il y a une section dans notre
règlement qui s'appelle "motion d'urgence". Si on va à la page 37
de notre règlement, il y a d'autres genres de motions qui peuvent
être présentées, des motions privilégiées,
des motions d'urgence.
M. Lavoie: Vous savez qu'elle est à la discrétion
du président, le président de l'Assemblée peut la rejeter.
C'est uniquement le président qui décide si elle est d'urgence ou
non.
M. Bédard: On n'a pas besoin d'une motion d'urgence...
M. Vaillancourt (Jonquière): Une motion d'urgence ou une
motion privilégiée.
M. Lalonde: On n'est pas pour défendre la décision
du président de...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: On les fait pour la population, pas pour les
députés.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ou une question au
feuilleton, M. le Président, une question à l'Assemblée
nationale.
M. Lalonde: On est là seulement pour la population, les
députés...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un moyen de
procédure qu'on veut introduire dans une loi. On vous demande de
méditer sur cette question.
M. Bédard: On vous pose des questions pour la population,
aussi.
M. Lavoie: Le gouvernement peut attendre quatre mois avant de
répondre à une question. Voyons! Apportez des arguments.
Le Président (M. Clair): Un dernier intervenant, s'il vous
plaît, le député de Mont-Royal, sur la
recevabilité.
M. Ciaccia: La question de constitutionnalité du sujet a
été soulevée. Je peux voir qu'avec la motion
antérieure, il y avait une question de constitutionnalité parce
que, si le gouvernement est lié, il se peut qu'avec la matière,
il ne puisse pas agir; ce ne serait pas constitutionnel de donner effet
à cela. Dans la motion qui est devant nous, on dit que, pour que...
l'avis de l'Assemblée nationale sur les mesures qui devraient être
prises, éventuellement, par le gouvernement, pour que l'opinion de la
majorité des électeurs soit adéquatement
traitée...
Franchement, en regardant le libellé de cette motion et en
examinant la façon dont elle est rédigée, il n'y a rien
d'inconstitutionnel dans ce libellé, parce qu'il peut y avoir
différents moyens de traiter l'opinion adéquatement. Il n'a rien
d'inconstitutionnel à la face même; vous pouvez prendre certaines
mesures ou essayer de prendre certaines mesures qui ne seront pas
constitutionnelles, mais il ne faut pas présumer d'avance que vous allez
prendre des mesures qui ne seront pas contitutionnelles. Vous pouvez prendre
des mesures très constitutionnelles pour vous assurer que la population
va être adéquatement traitée. Alors, pourquoi
présumer que quelque chose d'illégal sera fait, quand il est
possible, en regardant la motion et en la lisant, de dire: On va le faire par
des moyens constitutionnels?
Je ne crois pas, M. le Président, que, dans votre
décision, la question de constitutionnalité devrait être un
problème, parce que le libellé même n'est pas
inconstitutionnel.
M. Vaillancourt (Jonquière): On est prêt à
entendre votre décision, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le rôle d'un
président, c'est un peu le rôle d'un juge, et on dit parfois que
la qualité des décisions des juges dépend de la
qualité de l'argumentation des plaideurs. Si ma décision est
à la hauteur de la qualité des plaidoiries qui ont
été faites sur ce sujet, je pense que vous serez satisfaits de ma
décision. De toute façon, je ferai mon possible en
exerçant mon jugement.
Le rôle premier d'un président de commission parlementaire,
comme celui du président de l'Assemblée nationale, c'est de
veiller au respect des droits des membres de la Législature, des membres
de l'Assemblée nationale. Si on regarde dans la Loi de la
Législature, par exemple, cela s'étendrait jusqu'à
l'exécutif, puisque, en vertu de la Loi de la
Législature, la Législature de la province de
Québec se compose du lieutenant-gouverneur et de l'Assemblée
nationale. Est-ce que c'est le rôle d'un président de commission
parlementaire ou du président de l'Assemblée nationale de
décider de la constitutionnalité d'une motion de fond comme d'une
motion d'amendement? On peut se poser la question, mais je pense que, pour les
fins de la décision que j'ai à rendre, je n'aurai pas à me
prononcer sur la constitutionnalité comme telle de la motion
d'amendement, mais plutôt sur la mesure de légalité ou de
respect des droits et privilèges de l'Assemblée nationale en
rapport avec cette motion d'amendement. (16 heures)
Si on revient au texte intégral de la motion d'amendement qui est
proposée, on y lit ce qui suit: "Un référendum portant sur
le statut constitutionnel du Québec ne peut être ordonné
sans que le gouvernement, avant l'émission du bref
référendaire, n'ait requis l'avis de l'Assemblée nationale
sur les mesures, etc". Le député de Jonquière argumente
que le rôle de l'Assemblée nationale, c'est de décider et
que, partant, l'Assemblée nationale ne devrait pas à avoir
seulement à donner un avis, mais bel et bien à
décider.
De son côté, le député de Laval dit en
résumé: Ce qu'on veut, d'une part, c'est une prise de position
officielle du gouvernement et j'ai mis entre guillemets "institutionnaliser le
débat du mercredi". Dans la mesure où les mots "que le
gouvernement n'ait requis l'avis de l'Assemblée nationale" signifient ce
que je viens de dire, soit d'institutionnaliser le débat du mercredi, il
m'ap-paraît c'est là, je pense, le rôle d'un
président de commission comme du rôle du président de
l'Assemblée nationale qu'il y a à tout le moins un danger
de réduire le pouvoir de l'Assemblée nationale de décider,
effectivement.
Est-ce que l'Assemblée nationale ne fait que décider? Je
ne pense pas. Mais une chose est claire, c'est que l'Assemblée nationale
peut toujours décider et, à la lecture de l'amendement, il
m'apparaît qu'on pourrait, éventuellement, et assez facilement, en
venir à la conclusion qu'en rapport avec les mesures qui doivent
être prises par le gouvernement pour que l'opinion de la majorité
des électeurs soit adéquatement traitée, si ce n'est qu'un
avis, l'Assemblée nationale peut donner, bien sûr qu'elle a le
pouVoir, actuellement, de donner un avis là-dessus, bien sûr que
l'Assemblée nationale, du moins au point formel, par les motions qui y
sont adoptées le mercredi ou les motions de blâme,
l'Assemblée nationale est d'avis que, bien sûr que
l'Assemblée nationale a le pouvoir de donner un avis, mais il
m'apparaît qu'en cette matière, comme dans toute autre d'ailleurs,
l'Assemblée nationale peut faire beaucoup plus que donner un avis. Elle
peut décider, et c'est dans la mesure où la motion d'amendement
peut diminuer les pouvoirs des membres de l'Assemblée nationale, comme
législateurs, pour prendre des décisions, que l'amendement est
irrecevable.
De plus, les pouvoirs et privilèges des mem- bres de
l'Assemblée nationale, comme je l'ai dit précédemment,
sont intimement liés à ceux du Conseil exécutif et,
partant, du lieutenant-gouverneur, du gouverneur général.
D'ailleurs on voit au début des lois, on a lu pendant longtemps, si on
ne le lit pas encore: Du consentement de Sa Majesté, l'Assemblée
nationale est d'avis que...
Si je porte maintenant mon attention sur les derniers mots de la
motion", pour que l'opinion de la majorité des électeurs soit
adéquatement traitée", il me semble que, dans cette partie,
encore une fois dans la mesure du respect des droits et privilèges de
l'Assemblée nationale et indirectement de l'exécutif, on
porterait atteinte au vieux principe qui dit: "The King can do no wrong".
Il y a une certaine présomption qu'on retrouve dans ces
expressions qu'effectivement le gouvernement pourrait, que l'Assemblée
nationale du Québec pourrait ne pas adéquatement traiter le
résultat qui serait connu après la tenue du
référendum, ou qu'on envisagerait, en tout cas. Pour cette raison
aussi, il m'apparaît qu'on risque de toucher non pas à
l'équilibre constitutionnel, puisque je ne veux pas rendre de
décision sur le pouvoir d'un président de décider de
choses constitutionnelles ou pas, mais on risque d'avoir des implications sur
l'équilibre fragile de la structure constitutionnelle du Québec,
pour autant que les membres de l'Assemblée nationale et que
l'institution de l'Assemblée nationale sont concernés.
Enfin, dernier argument qui me motive à rejeter, à
déclarer irrecevable la motion d'amendement, c'est que le
député de Marguerite-Bourgeoys, comme le député de
Laval, ont bien indiqué que le but visé était de faire
indirectement mais légalement, ce qu'ils avaient eux-mêmes reconnu
comme étant directement illégal. Bien que je reconnaisse la
volonté des représentants de l'Opposition officielle pour faire
légalement, mais indirectement ce qui, directement, était
illégal, il m'apparaît que les déclarations faites par les
membres même de l'Opposition officielle dans leur argumentation sont
clairement que si leur amendement veut dire quelque chose, c'est bel et bien
dans le sens direct qui était poursuivi. En conséquence,
malgré tous les efforts qu'ils ont faits, le résultat, si je
déclarais l'amendement recevable, serait de considérer, dans les
circonstances, que ce serait de permettre de faire indirectement ce qu'on a
soi-même reconnu qu'il était directement illégal de
faire.
Pour toutes ces raisons, je déclare l'amendement proposé
par le député de Laval irrecevable.
M. Lavoie: Est-ce que je peux vous poser une question? Je
respecte votre décision et je ne reviens aucunement sur votre
décision. Je vous pose une question à titre de président
de commission. Si je voulais faire une motion à ce moment-ci sur un
article du projet de loi, l'article 20, par exemple, amorcer un débat,
une décision ou un amendement à l'article 20, je n'aurais pas le
droit de le faire, parce que ce serait irrégulier, ce que j'ai voulu
vous dire, mais je pourrais le faire à
l'article 20, je pourrais faire, légalement, à l'article
20, ce que je n'ai pas le droit de faire illégalement
immédiatement, c'est seulement ça.
Le président (M. Clair): Je pense vous avoir
indiqué, M. le député de Laval, je pense que j'ai bien
saisi votre distinction, même si ma décision est rendue, j'ai bien
compris votre distinction, vous avez tenté de faire indirectement, mais
légalement, ce qui directement, vous le reconnaissiez vous-même,
était illégal.
Je comprends vos efforts, mais, dans la discrétion que je dois
humblement exercer, il m'ap-paraît que vous n'avez pas réussi,
c'est la raison pour laquelle j'ai considéré irrecevable votre
motion d'amendement.
M. Lalonde: M. le Président, question de directive. Comme
le règlement vous permet, proprio motu, de suggérer des
changements, des motions pour les rendre acceptables, comment pourriez-vous
faire des suggestions, quelles suggestions pourriez-vous faire relativement
à cet amendement, pour qu'il soit recevable, étant donné
que vous avez déjà dit que si la motion permet d'obtenir les
mêmes résultats que celle qu'on a retiré, elle serait
irrecevable fatalement?
Le président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur votre demande de directive, je n'ai pas l'intention
de vous donner la directive que vous demandez, pour la raison que le
président dispose de la recevabilité des amendements, rend des
décisions sur les questions de règlement au fur et à
mesure qu'elles lui sont présentées, mais il m'apparaîtrait
que de vouloir répondre à votre demande de directive serait de
m'écarter de ce rôle qui est celui du président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté, M. le
Président?
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: L'article 6 est un article qui est le noeud de ce
projet de loi. Vous avez déjà et je vous en remercie
déclaré recevables des motions d'amendement tendant
à disposer de questions relatives à un référendum
en particulier, c'est-à-dire celui, le seul, parce qu'il faut quand
même arrêter de ce conter des histoires, de se chanter des
chansons, le seul qui soit la véritable raison de ce projet de loi,
c'est-à-dire le référendum sur l'indépendance. On
va oublier pour l'instant le référendum présidentiel, sur
la largeur des routes et tout cela.
Or, si on parle du référendum...
M. Bédard: C'est votre opinion.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre veut m'in-terrompre?
M. Bédard: C'est votre opinion.
M. Lalonde: C'est toujours mon opinion quand je parle.
M. Bédard: Vous pouvez vous conter des histoires.
Le Président (M. Clair): Je suis sûr que le ministre
ne voulait pas vous interrompre.
M. Lalonde: A ce moment-là, vous pourrez le rappeler
à l'ordre.
Le Président (M. Clair): Vous avez la parole, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Si on parle donc du référendum sur
l'indépendance, on accroche immanquablement la
souveraineté-association, parce que c'est la théorie de la
souveraineté-association qui exprime l'option constitutionnelle
indépendantiste du Parti québécois. Formellement promis
par le Parti québécois, au cours de la dernière campagne
électorale, le référendum sur l'indépendance doit
en conséquence, nécessairement porter sur l'option de
souveraineté-association.
Or, cette notion de la souveraineté-association n'a jamais
été clairement définie, et le gouvernement
péquiste, et même des députés ministériels,
l'ont explicitement reconnu lorsque avec tous les autres membres de
l'Assemblée nationale, ils ont voté, le 12 avril 1978, je crois,
une motion de l'Opposition officielle demandant au gouvernement de
définir sans délai la théorie de la
souveraineté-association. On sait aussi que le conseil national du Parti
québécois a même exigé qu'un congrès
spécial soit tenu à cet effet.
Par ailleurs, et à même les fonds publics, il faut le dire,
le gouvernement a fait faire des études élaborées,
précisément pour définir le contenu de cette option
constitutionnelle de la souveraineté-association.
Ce sont des études techniques, dit-on, qui doivent être
sous peu rendues publiques dans leur version originale, ainsi que l'a
finalement compris le premier ministre, après plusieurs volte-face, et
quelques valses hésitation.
Ces études, toutefois, ne sauraient tenir lieu et place de la
définition elle-même de l'option constitutionnelle du
gouvernement, définition promise aux membres de l'Assemblée
nationale et aux membres du Conseil national du Parti québécois.
Le gouvernement péquiste ne peut sûrement pas, dans les
circonstances, refuser de dire aux Québécois ce que la
souveraineté-association signifie exactement ou se contenter de
dévoiler, au compte-gouttes et au gré de sa stratégie de
simples hypothèses générales ou de conclusions partielles,
au sujet de son option indépendantiste dite de la
souveraineté-association.
Le Parti québécois s'est formellement engagé
à ce que le référendum porte sur son option
constitutionnelle. Ce n'est pas un engagement de l'Opposition officielle, ce
n'est pas un engagement d'aucun parti politique autre que le Parti
québé-
cois, les Québécois ont le droit de savoir ce que veut
dire au juste la théorie de la souveraineté-association. En
conséquence, le gouvernement péquiste doit le dire de
façon concrète, précise et complète, et cela
nécessairement avant la tenue du référendum sur
l'indépendance, pour qu'un débat valable, public, puisse, avec
avantage, s'engager véritablement sur cet élément
fondamental de notre avenir collectif et individuel. (16 h 15)
C'est donc notre intention, M. le Président, de présenter
un amendement au projet de loi 92 qui fera au gouvernement une obligation
légale de déposer à l'Assemblée nationale,
plusieurs mois avant l'émission du bref référendaire, un
document définissant concrètement et définitivement son
option constitutionnelle de la souveraineté-association. Il devra alors
nécessairement s'agir d'un document fondamental qui permettra aux
Québécois de connaître la nature véritable de la
notion de la souveraineté-association et d'évaluer toutes les
conséquences pratiques qui en résulteraient.
A cette fin, la proposition d'amendement que nous avons l'intention de
présenter maintenant obligera le gouvernement à satisfaire, dans
un document, à un ensemble précis de critères qui
serviront de base au jugement que les Québécois auront à
rendre. Ces critères ont d'ailleurs été
évoqués à la suite de questions de l'Opposition officielle
dans la déclaration du premier ministre à l'Assemblée
nationale le 16 mars 1977 et le 2 mai 1978. Ils sont même inscrits comme
tels dans le programme électoral du Parti québécois,
édition 1978.
Je présente donc l'amendement suivant: Ajouter les alinéas
suivants à l'article 6, et je lis:
Dans le cas d'une consultation populaire portant sur le statut
constitutionnel du Québec, il doit s'être écoulé un
délai d'au moins trois mois avant le moment où le gouvernement a
déposé à l'Assemblée nationale un document
définissant clairement son option constitutionnelle et le jour
fixé pour l'émission du bref référendaire.
Le document mentionné à l'alinéa
précédent doit établir si l'option constitutionnelle
proposée par le gouvernement comporte: a) pour le Québec:
premièrement, son retrait définitif de l'ensemble
fédéral canadien, et, deuxièmement, son accession à
l'indépendance et à la pleine souveraineté politique; b)
pour les Québécois: premièrement, la perte de leur
citoyenneté canadienne; deuxièmement, l'abandon de leur droit
d'élire des députés à la Chambre des communes du
Canada et d'avoir des représentants québécois au
Sénat canadien; troisièmement, la cessation de leur droit
d'accès aux cours de justice fédérales, et, en
particulier, à la Cour suprême du Canada; quatrièmement,
leur inhabilité à occuper quelque poste que ce soit dans la
Fonction publique canadienne et dans les organismes publics et parapublics du
Canada.
Ledit document doit, le cas échéant, établir les
modalités de mise en branle du processus d'accession du Québec
à l'indépendance et à la souveraineté politique, en
particulier au titre du transfert conséquent des compétences
étatiques et de la répartition des avoirs et dettes et de la
propriété des biens publics entre le Québec et le
Canada.
Ledit document doit également établir si l'option
constitutionnelle proposée par le gouvernement comporte un ou des
éléments d'association économique éventuelle du
Québec avec le Canada, auquel cas, ledit document doit, le cas
é-chéant, établir les modalités d'une telle
association, en particulier, au titre de la monnaie, de la libre circulation
des biens, des personnes et des capitaux et des organismes communs
d'administration d'une telle association économique.
C'est la fin de mon amendement. Je ne sais pas s'il a été
distribué. On me dit qu'il a été distribué.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur la recevabilité,
M. le Président.
Le Président (M. Clair): Sur la recevabilité, M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
lorsque j'ai soulevé, à la motion précédente, un
argument sur la recevabilité, j'ai dit que je n'avais l'intention d'en
soulever que lorsque j'estimais, en fonction du règlement qui nous
guide, qu'une motion d'amendement qui nous était présentée
me semblait irrecevable.
Or, je dois vous dire que c'est le cas relativement à cette
motion. Avant de vous livrer mes trois arguments à l'encontre de la
recevabilité, j'aimerais vous lire, au soutien de cette argumentation,
quelques références que l'Opposition officielle a faites
relativement à la recevabilité de deux motions antérieures
qui n'ont pas été débattues sur le plan de la
recevabilité. "Nous n'avons malheureusement pas pu obtenir du
gouvernement qu'il procède, dans le cas du référendum sur
l'indépendance du Québec, par une loi spéciale comportant
le texte de la question posée. Il n'est cependant pas dit que nous ne
puissions pas amener le gouvernement à reconnaître, à
l'intérieur de la loi-cadre, le caractère tout à fait
particulier d'une consultation populaire portant sur le statut constitutionnel
du Québec."
A la séance de jeudi dernier, une motion d'amendement à
l'article 6 du projet de loi 92 présentée par le
député de Marguerite-Bourgeoys, n'a posé aucun
problème de recevabilité, alors qu'elle avait
précisément pour effet de reconnaître le caractère
particulier d'une consultation populaire portant sur le statut constitutionnel
du Québec. M. le Président, ce préambule est pour vous
dire que les arguments que je vais employer maintenant n'ont aucunement pour
but de venir porter atteinte au jugement sur la recevabilité que vous
avez déjà posé. C'est parce qu'il y a...
M. Lalonde: J'aurais une question. Il a lu un texte, pourrait-on
savoir quel texte?
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un texte qui m'a
été remis par l'Opposition officielle d'ailleurs, que je
remercie.
M. Lalonde: Ah! c'est le texte de la conférence de
presse.
M. Vaillancourt (Jonquière): Probablement.
M. Lalonde: C'est simplement ce que je voulais savoir.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le 7 juin 1978. M. le
Président, tout cela pour dire qu'il y a une différence
c'est le premier argument fondamentale entre cette motion que nous avons
devant nous, actuellement, et ce que l'on qualifie, de façon très
subtile, de jurisprudence, relativement à la recevabilité des
deux motions antérieures à l'article 6.
Dans les deux motions initiales, on disait: Dans le cas d'un
référendum sur le statut constitutionnel du Québec.
C'était une allusion à un type de référendum,
à une espèce de référendum, à un genre de
référendum.
Je pense qu'à ce titre, nous étions bien fondés,
comme membres du parti ministériel, de ne pas intervenir sur la
recevabilité, puisque je pense qu'il peut en être question, dans
une loi générale, on pourrait dire, dans le cas d'un
référendum, d'un type de référendum.
Mais la motion que nous avons devant nous est tout à fait
différente. Elle n'a pas trait à un type de
référendum. Elle n'a pas trait à une espèce de
référendum, mais, au contraire, elle a trait à un
référendum bien particulir, bien précis, et que le
député de Marguerite-Bourgeoys d'ailleurs a précisé
lui-même avec moult arguments, c'est-à-dire le
référendum que le gouvernement ou que le parti ministériel
a lui-même promis durant la campagne électorale qui a amené
les élections du 15 novembre 1976 et l'élection du Parti
québécois.
Ce n'est pas à un type de référendum auquel on fait
allusion, mais à un référendum bien précis. Je
pense que c'est un argument de poids. C'est d'ailleurs pour cette raison, et je
le répète, que nous ne sommes pas intervenus sur la
recevabilité des deux premières motions présentées
par l'Opposition officielle, puisqu'elles avaient trait à un type de
référendum et non pas à un référendum
particulier.
Deuxième argument, M. le Président. Le projet de loi que
nous étudions actuellement sur la consultation populaire est une loi
organique. C'est une loi organique qui prévoit quoi? Les
mécanismes qui vont régir la tenue des consultations populaires
qui seront entreprises en vertu du projet de loi 92, quelle que soit la
consultation populaire.
Quels étaient les objets des deux premières motions de
l'Opposition officielle? La première motion, c'était relativement
à un de ces mécanismes.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Messieurs, encore une fois, j'ai besoin de votre collaboration sur les
questions de recevabilité, pour pouvoir prendre bien en détail...
Tout ce que vous dites m'apparaît important. Je fais appel à votre
collaboration. M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
disais donc que c'est une loi organique qui prévoit des
mécanismes. C'est quoi ces mécanismes? C'est qui va avoir le
droit de vote. Comment seront calculés les suffrages des citoyens?
Est-ce que telle ou telle personne sera habilitée à voter? Quelle
est la majorité nécessaire pour adopter la question à
l'Assemblée nationale? Comment se déclenche le processus du
référendum? Ce sont des mécanismes régissant tous
les référendums. C'est donc de la tuyauterie, de la
plomberie.
Les deux premières motions de l'Opposition officielle avaient
trait à quoi? Elles avaient trait également à de la
plomberie, à des mécanismes. La première motion: Cela
prendra deux tiers des membres de l'Assemblée nationale pour pouvoir
adopter la question. Ce n'est pas une question de fond, M. le Président,
c'est une question de mécanique, c'est un mécanisme qu'on voulait
introduire dans la loi pour régir les types de référendums
mis en branle en vertu de la loi 92.
La deuxième motion avait trait à la question. La question
doit être unique et la réponse doit être oui ou non. Ce
n'est pas une question de fond. On ne parlait pas de quoi doit être la
réponse. On disait: La réponse doit être oui ou non. C'est
de la mécanique encore, M. le Président.
Or, qu'est-ce qu'on nous demande par l'amendement? Non seulement, M. le
Président, on parle d'un référendum bien précis,
mais l'objet même de cette consultation populaire est d'amener une
question de fond, de définir une question de fond, pas de la plomberie.
Ce n'est pas de la tuyauterie. Là, on parle du Canada, du Québec,
on parle de retrait, on parle de citoyenneté, on parle du droit
d'élire des députés. Cela, M. le Président, vous
admettrez avec moi, à moins que je me trompe, que ce n'est pas une
question de plomberie et de mécanismes pouvant régir les
consultations populaires de type constitutionnel, mais c'est bel et bien une
question de fond. On demande au gouvernement d'émettre une opinion, de
déposer à l'Assemblée nationale un document
émettant une question de fond, une opinion de fond sur le contenu de la
signification d'une notion bien précise.
Je pense, M. le Président, que cette motion pourrait être
déclarée peut-être recevable dans le cadre d'une loi
spéciale et, encore là, M. le Président, j'ai de fortes
réserves. Mais mes réserves, M. le Président, sont
complètement disparues, à partir du moment où nous
étudions une loi organique, complètement disparues.
Le troisième argument, M. le Président, et je pense que ce
n'est pas le moindre, c'est que l'article 64, paragraphe 3, de notre
règlement, prévoit que seul un ministre peut présenter une
motion qui a comme objet d'imposer une charge additionnelle sur les revenus
publics ou sur les contribuables.
Or, M. le Président, et je pense que même s'il est
présenté comme troisième argument, il aurait
peut-être dû être présenté comme premier,
manifestement, en imposant par la loi au gouvernement de déposer un
document à l'Assemblée nationale,
donc de faire des études, c'est bien beau de déposer et de
définir des choses, mais il faut faire des études; il faut
confectionner le document, et nous sommes après la deuxième
lecture, M. le Président. Donc, on demande à cette commission
parlementaire d'accepter un amendement, de déclarer recevable un
amendement qui a pour but de forcer le gouvernement à poser un geste qui
va amener des dépenses supplémentaires de la part du
gouvernement. Et si on lit l'article 64 de façon très
brève, on se rend compte: Une motion ne peut être
présentée que par un représentant du gouvernement
on ne se contente pas de ça après recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil donc le représentant du
gouvernement doit avoir l'autorisation du Conseil des ministres
lorsqu'elle a pour objet direct: 3. L'imposition d'une charge additionnelle sur
les revenus publics ou sur les contribuables.
M. le Président, très brièvement, je pense que l'un
ou l'autre de ces trois arguments, ou l'un ou l'autre de ces trois arguments
sont suffisants pour vous convaincre de déclarer irrecevable la motion
du député de Marguerite-Bourgeoys. Donc, article 64, paragraphe
3.
Deuxièmement, ce n'est pas un type de référendum,
mais un référendum bien précis, et, troisièmement,
dans le cadre d'une loi organique, ce que nous demande le député
de Marguerite-Bourgeoys, c'est non pas d'introduire un nouveau
mécanisme, d'introduire un nouvel élément qui va
régir les référendums au Québec, mais, au
contraire, d'émettre une opinion de fond sur une question bien
précise.
Je suis sûr, M. le Président, que l'Opposition officielle
savait fort bien et sait fort bien que cet amendement est irrecevable, mais que
ses membres veulent, probablement comme l'autre, discuter de la
recevabilité pour faire passer leur message.
De toute façon, M. le Président...
M. Lalonde: Ce dernier argument est très faible.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas un argument au
soutien de...
M. Lalonde: Non...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, ça ne milite...
M. Lalonde: C'est presque prêter les...
Le Président (M. Clair):... nullement en faveur de...
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, je l'avoue...
Le Président (M. Clair): ... la recevabilité ou de
l'irrecevabilité de la motion.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... M. le Président,
mais je n'ai pu résister à la tentation...
M. Lalonde: C'est son problème. C'est qu'il ne
résiste jamais aux tentations, lui. On l'a vu hier soir.
Le Président (M. Clair): Je vais l'aider à
résister.
Le Président (M. Vaillancourt): Cela dépend des
heures.
M. Lalonde: On ne veut pas qu'il nous raconte sa vie.
M. Vaillancourt (Jonquière): Tout ça pour dire, M.
le Président, que je pense que, pour chacune de ces trois raisons, et
pour celle que vous jugerez la plus convenable, cette motion devrait être
déclarée irrecevable.
M. Lavoie: J'aurais une question à poser au
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne m'engage pas à y
répondre.
M. Lavoie: Non, mais je pense que vous avez soulevé,
mentionné ou invoqué trois points d'argumentation. J'en a
noté deux.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui.
M. Lavoie: Une, que ce serait une dépense publique;
l'autre, qu'il s'agit d'un projet de loi d'ordre général... (16 h
30)
M. Vaillancourt (Jonquière): Ou organique.
M. Lavoie: ... organique et qu'on ne pourrait pas particulariser,
disons une certaine consultation populaire.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur le fond. M. Lavoie:
Et votre troisième, c'est quoi?
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est-à-dire que
j'aimerais préciser le deuxième, c'est une loi organique
où on peut introduire, par des amendements, de nouveaux
mécanismes. Ce n'est pas un mécanisme de consultation que nous
introduisons par cet amendement, mais c'est une demande d'opinion sur le fond
d'une question même, sur l'objet de ce que sera le
référendum plus tard, d'un référendum. Le premier,
c'est que ce n'est pas un type de référendum, mais un
référendum bien précis: celui qui a été
promis par le parti ministériel durant la campagne électorale et
par l'actuel gouvernement. Donc, ce n'est pas un type de
référendum sur l'avenir constitutionnel; c'est un
référendum bien précis.
M. Lavoie: Sur votre dernier point, si vous voulez qu'on le
particularise davantage, on peut changer la motion de forme. Le
président peut le faire lui-même, si vous voulez qu'on
particularise
vraiment. S'il s'agit de la consultation populaire que le gouvernement
entend tenir on n'a pas d'objection, c'est une modification de forme. Si vous
le suggérez, on peut faire cette modification.
Je dis donc qu'il y a eu des décisions rendues depuis les
quelques jours que nous siégeons où la présidence,
à bon droit, a accepté des motions d'amendement qui identifient
ou qui particularisent les consultations populaires, comme cela existe dans
beaucoup de législations, par exemple dans la loi organique des
assurances, il peut fort bien y avoir un chapitre, un paragraphe ou des clauses
portant sur l'assurance-incendie ou même sur l'assurance-vie. D'ailleurs,
mon collègue de Marguerite-Bourgeoys va vous donner de multiples
exemples dans des lois-cadres d'ordre général, des lois
organiques où à certains chapitres, dans certaines clauses, dans
certains articles, on particularise dans des cas assez particuliers, assez
précis.
Il est évident d'ailleurs, ce serait une continuité
dans les décisions du président que même si on parle
de consultation populaire, de référendum en
général, il est tout à fait permis de particulariser,
premièrement, soit d'une manière semi-générale, en
disant que, sur des consultations d'aspect ou de portée
constitutionnelle, comme cela a été fait avant, c'est une
particu-larisation si on peut dire un peu plus
générale. Cela, on peut certainement particulariser encore d'une
manière plus définie sur un référendum particulier,
que le gouvernement entend tenir ou s'oblige à tenir
j'enlève le mot "obliger", ce n'est pas une obligation qu'on veut faire
au gouvernement comme il pourrait y avoir une loi...
D'ailleurs, il y a des lois tellement particulières qu'on peut
avoir dans une loi organique sur la Loi des cités et villes, et faire
une particularité en ce qui concerne telle élection qui aurait
lieu telle année, en 1978. C'est fort possible, comme on l'a vécu
une certaine nuit. Il peut y avoir...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est une nouvelle loi.
M. Lavoie: II peut y avoir une loi organique pour...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Laval, s'il vous plaît.
M. Lavoie: ... oui, mais je vous dis que dans une loi...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est une nouvelle loi.
M. Lavoie: ... générale, il pourrait y avoir un
"déterminisme ' ou un "particularisme" spécial.
M. Lalonde: C'est ça...
M. Lavoie: Cela peut arriver. Je vais vous donner un exemple, il
peut y avoir...
Le Président (M. Clair): Messieurs, je trouve les
arguments du député de Laval très intéressants,
aussi intéressants que ceux...
M. Vaillancourt (Jonquière): Les miens aussi, oui?
Le Président (M. Clair):... autant que ceux qui ont
été soumis jusqu'à maintenant. Encore une fois, je vous
dis...
M. Lavoie: On ne vous a pas interrompu d'ailleurs dans votre
argumentation.
Le Président (M. Clair): Ce n'est pas facile de rendre des
décisions sur des questions délicates comme celles-là.
Alors j'aimerais avoir votre collaboration.
M. Lavoie: Je peux vous donner un autre exemple où il peut
y avoir une loi organique sur les négociations dans le domaine public,
où on peut viser les négociations qui auront lieu, d'ici 1978 ou
en 1979; il n'y a rien en droit parlementaire ou dans la rédaction des
lois qui empêche ça, d'aucune façon.
On ne va aucunement contre le principe même des consultations
populaires, d'aucune façon. On dit qu'il peut y avoir dans cette loi des
consultations populaires sur quoi que ce soit, on pourrait dire dans un
paragraphe que, sur une consultation particulière sur le zonage
agricole, telles règles s'appliqueront; on pourra apporter un autre
amendement sur des expropriations généralisées, il
pourrait y avoir telle application. Vous savez, le cadre d'une loi peut
être général à condition qu'on ne démolisse
pas et qu'on n'attaque pas le principe même de la loi. On peut, sans
attaquer ce principe-là, justement...
Notre amendement ne détruit le principe de la consultation
populaire d'aucune façon. C'est qu'on particularise dans un cas
précis. Quant à l'autre argument apporté par le
député de Jonquière, c'est-à-dire que cela serait
soumis à l'article 64 et que cela créerait une dépense
d'argent, mercredi, on a vu une demande de dépôt de documents d'un
député et on peut demander le dépôt... Il y en a eu
un, je pense que c'est le député de Mont-Royal, et cela a
amené à peu près trois pieds de documentation comme
réponse à une question, à une motion, d'ailleurs du
député; c'était une demande au ministre de déposer
toutes les négociations ou tout...
M. Lalonde: La correspondance.
M. Lavoie: La correspondance et tout. C'est de la photocopie,
c'est de la papeterie. S'il fallait, M. le Président, interpréter
cela d'une manière aussi restrictive, on ne pourrait plus demander,
même un député ne pourrait pas présenter un projet
de loi d'ordre public parce que cela amène de l'impression, cela
amène une dépense, cela va chez l'imprimeur et tout, 100, 300
copies. Je pense que...
M. Bédard: Cent est pas fort.
M. Lavoie: Ce n'est pas plus fort que l'argumentation du
député de Jonquière.
M. Bédard: II y a une différence entre
déposer des documents et faire des recherches.
M. Lavoie: Ce n'est pas plus faible non plus. On vit cela d'une
manière courante, constamment. Au feuilleton, il y en a. On ne pourrait
même plus faire des demandes au feuilleton, des questions au feuilleton
ou des demandes de dépôt de documents, parce que cela allonge le
feuilleton et cela coûte... Le feuilleton du mercredi coûte
tellement cher qu'on a décidé, il y a quelques années, de
ne plus le répéter les autres jours que le mercredi. Dans ce
cas-là, enlevez-le le mercredi aussi.
Je pense que cet argument n'a vraiment pas de poids. Je pense bien que
pour ces deux principes, encore une fois, la commission pourra discuter de
cette motion, la majorité ministérielle, si elle ne veut pas
l'accepter, votera contre, c'est tout. Il y a également une autre
décision qui a été rendue par un vice-président ou
par les présidences de l'Assemblée nationale, décision
selon laquelle en cas de doute, le président doit toujours permettre une
expression. Le président n'est pas là pour restreindre le
débat. Même en cas de doute, et je dis qu'il n'y a pas tellement
de doute dans ce cas-ci, même s'il y avait un doute, M. le
Président, suite à une décision du député de
Prévost, une décision très sage, selon laquelle le
rôle du président est de permettre la discussion la plus large
possible, celui-ci n'est pas là pour restreindre le débat. Je
pense qu'en refusant d'une manière trop draconienne toutes les motions
ou une deuxième motion ou cette motion-ci, vous pourriez directement
restreindre le droit de parole, la liberté de parole des
députés. Pour le moment, je n'ai pas d'autre chose à
ajouter.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie de me
permettre d'intervenir sur la recevabilité. Je sais que vous vous rendez
compte jusqu'à quel point votre décision est importante. Depuis
plusieurs années, on parle d'une question qui préoccupe, non
seulement tous les Québécois, mais tous les Canadiens; nous
sommes actuellement, à étudier un projet de loi qui vise à
donner la solution à ce problème, la réponse à
cette question, et nous sommes actuellement, avec cet amendement, à
toucher le noeud même de la question qui préoccupe tous les
Québécois.
Je résume les arguments du député de
Jonquière. Tout d'abord, l'article 64, troisièmement, et les deux
autres qui, je pense, appartiennent à peu près à la
même famille; tout d'abord on demande par cet amendement d'injecter dans
la loi un caractère de spécificité, comme disait le
député de Terrebonne, non seulement pour une catégorie de
référendums, mais pour un référendum, celui sur
l'indépendance. C'est très clair, dans notre amen- dement, que
c'est celui-là ou plusieurs autres, mais relativement à
l'indépendance ou relativement à une option constitutionnelle qui
serait le choix du gouvernement parce que l'amendement demande au gouvernement
de faire son lit sur son option.
Quant à ce dernier argument sur le référendum, un
référendum précis, on a déjà rejeté
des motions d'amendement de l'Opposition officielle parce qu'on voulait
conserver à cette loi le caractère de loi-cadre. On l'a fait
quant à la motion de sous-amendement qui voulait qu'il y ait une
réponse oui ou non, qu'il y ait les deux tiers de l'Assemblée
nationale pour la question, etc., strictement pour des
référendums à caractère constitutionnel. C'est un
des arguments invoqués par le côté ministériel pour
voter contre. Mais cela n'a pas décrété je crois
que vous allez le reconnaître une question soulevée au
niveau de la recevabilité. Je pense que vous avez reconnu et
c'est important de le dire le fait que le caractère plus
spécifique de cet amendement n'allait pas à l'encontre de la
recevabilité.
Je vais vous mentionner et je vous demanderais de me donner le
temps de le faire des exemples où, dans des lois-cadre, on est
allé jusqu'à des détails réellement très
restreints. Par exemple, dans le Code des professions, le chapitre 43 dit,
à l'article 44 et le Code des professions, vous savez
jusqu'à quel point c'est une loi-cadre, qui veut régir toutes les
professions du Québec ceci: "A l'exception de la Corporation
professionnelle des avocats du Québec, de la Corporation professionnelle
des notaires du Québec et de la Corporation professionnelle des
arpenteurs-géomètres du Québec, une corporation ne peut
refuser de délivrer un permis à une personne, uniquement pour le
motif que cette personne ne possède pas la citoyenneté
canadienne, etc.". Donc, là, on donne des exceptions bien
précises.
Un peu plus loin, à l'article 179, on dit; "A l'exception d'un
médecin, d'un médecin vétérinaire ou d'un dentiste,
agissant conformément aux lois et aux règlements qui les
régissent, nul professionnel ne peut faire de radiologie sur les
êtres vivants, sans déternir un permis visé à
l'article 180".
Encore là, détail bien spécifique d'une
loi-cadre...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Détail bien spécifique d'une loi-cadre
qui dit: On va parler de radiologie et on va appliquer cela strictement aux
médecins, aux médecins vétérinaires et aux
dentistes.
Dans la Charte de la langue française, une loi qui a
été adoptée sur proposition du gouvernement actuel, on
dit, à l'article 81, et je cite: "Les enfants présentant des
difficultés graves d'apprentissage doivent être exemptés de
l'application du présent chapitre". Un cas bien précis.
A l'article 88, encore de façon plus précise, parce que
les enfants ayant une difficulté d'apprentissage pourraient
peut-être appartenir à une
catégorie qu'on retrouverait dans divers milieux et on pourrait
invoquer un caractère à demi général dans ce
cas-là, on dit: "Malgré les articles 72 à 86, dans les
écoles relevant de la Commission scolaire crie ou de la Commission
scolaire Kativik, contor-mément à la Loi de l'instruction
publique, etc., les langues d'enseignement sont respectivement le cri et
I'inuttituuit, etc".
On a une loi générale sur le traitement du français
au Québec et, dans cette loi générale, on a l'article 88
qui détermine le traitement de la langue dans une, deux ou trois
écoles. Combien y a-t-il de commissions scolaires? Peut-être plus,
mais une commission scolaire en particulier.
A l'article 97 de la même loi, on dit: 'Les réserves
indiennes ne sont pas soumises à la présnte loi". Encore
là, une disposition particulière qui ne s'applique qu'à
une très petite minorité de personnes vivant au
Québec.
La Loi des jurés, que vous connaissez sûrement, M. le
Président, à l'article 41, dit: "La présente loi
s'applique aux territoires d'Abitibi, de Mistassini et du
Nouveau-Québec, dans le district judiciaire d'Abitibi, sous
réserve des articles suivants..."
Donc, toute la question 6 qui a pour titre "Dispositions
spéciales" pour les mêmes territoires que je viens de mentionner
et injectée par le gouvernement, est sûrement acceptée par
le président de la commission qui a présidé aux
délibérations de l'étude article par article, dans cette
loi générale qui est la Loi des jurés. (16 h 45)
Dans le Code des professions, on a adopté des amendements
éventuellement, et je vous en lis un. A l'article 48 du chapitre 80, on
dit: "Nonobstant les paragraphes b), c), et e), une personne qui, avant le 1er
février 1974, était détentrice d'un certificat d admission
à l'étude de l'arpentage... Cela commence à être
détaillé. Il ne s'agit pas de tous ceux qui détiennent des
permis partout. Il s'agit simplement de quelqu'un qui détient un
certificat d'admission à l'étude de l'arpentage, et pas n'importe
quel permis, c'est avant le 1er février 1974. Est-ce qu'on peut
être plus détaillé que cela dans une loi-cadre?
M. le Président, je pense que le principe qui vous a permis
d'accepter des amendements concernant le caractère constitutionnel du
référendum vous permet, dans le cadre qui a justement
été évoqué par le député de Laval, de
la présomption qu'une commission parlementaire devrait pouvoir
connaître et discuter d'un tel amendement, pour vous permettre d'accepter
un amendement qui a trait à un référendum ou
peut-être plusieurs, mais référendum sur l'option
constitutionnelle du gouvernement, parce que c'est cela, au fond, que
l'amendement prévoit, parce qu'il peut y avoir plusieurs
référendums là-dessus... Le gouvernement lui-même
l'a dit. Peut-être un maintenant c'est la même loi qu'il y
aurait dans cinq ans ou dans dix ans, alors qu'il y en aurait d'autres
mais, à chaque cas, le gouvernement serait obligé de
déposer à l'Assemblée nationale un document en
question.
Sur l'article 64.-3., le député de Laval a
mentionné quelques arguments. Je voudrais simplement ajouter ceci. Je
pense que le président d'une commission ne peut pas ignorer ce fait.
Comme membre de l'Assemblée nationale, il doit quand même tenir
compte de ce qu'il sait. Il n'en a pas une connaissance judiciaire, comme un
juge qui n'a pas été informé dans la preuve d'un tel ou
tel fait, mais je pense qu'un président de commission diffère
d'un juge à ce point de vue. Il doit tenir compte de ce qu'il
connaît parlementairement. Il sait que le gouvernement fait des
études actuellement. C'est admis, c'est public. Il sait que le
gouvernement a pris l'engagement de les rendre publics. Donc, notre motion n'a
pas pour effet de faire faire d autres dépenses au gouvernement. Le
gouvernement a déjà décidé de faire ces
dépenses. La seule chose que la motion forcerait le gouvernement
à faire, au-delà de ces études, c'est de prendre ces
études, d'en faire une définition et en faire une
déclaration ministérielle. Qu'est-ce que cela coûte?
Sûrement pas plus cher que d'imprimer un projet de loi d'un
député de l'Opposition. A ce point de vue, je pense que l'article
64.-3. devrait être interprété de façon à
tenir compte de tout le contexte. Si on demandait au gouvernement de faire
faire cinq sondages d'ici le référendum, qui coûteraient
$20 000 chacun, d'accord. A ce moment, je pencherais vers l'objection du
député de Jonquière. Dans ce cas-ci, le président
de la commission sait très bien que ces études sont faites
à l'initiative du gouvernement, que ces études vont être
rendues publiques et que notre motion d'amendement ne requiert du gouvernement
que de faire une définition, un document qui définit. Cela peut
être un document de cinq pages, de dix pages ou de vingt pages, mais un
document qui définit son option constitutionnelle. Je pense qu'à
ce point de vue, l'article 64.-3., qui m'apparaît quand même
être peut-être l'argument le plus sérieux du
député de Jonquière, beaucoup plus sérieux
sûrement que les deux autres, ne devrait pas empêcher la commission
de tenir compte et de délibérer de cet amendement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très brièvement, je suis obligé de constater qu'on a
parlé beaucoup de mon premier argument, à savoir la
différence entre un type de référendum et un
référendum bien particulier, mais qu'on a totalement omis de
l'autre côté de la table, de parler du deuxième argument,
relativement au fait que la loi organique est une loi qui a pour effet de
prévoir des mécanismes qui vont régir la tenue d'une
consultation populaire, alors que l'objet même de l'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys est de faire en sorte que le
gouvernement émette une opinion de fond sur l'objet d'un
référendum bien particulier. Donc, si l'amendement était
déclaré recevable et était adopté dans une
loi-cadre, d'abord, M. le Président, j'aime mieux ne pas voir un pareil
amendement dans une loi organique
sur les consultations populaires, puisque, M. le Président, si
j'étais légiste d'un gouvernement, j'aurais presque honte de le
soumettre au comité de législation, mais je me dis, M. le
Président, sur le fond, que cela oblige le gouvernement, non pas
à prévoir un mécanisme qui va régir les
consultations, mais à dire: Quelle est votre opinion sur l'objet de la
consultation? Or, la loi que nous étudions actuellement, M. le
Président, ce sont les balises qui vont régir les consultations
populaires.
Qu'on parle d'un type de référendum bien particulier ou
des référendums, actuellement, c'est comme si, M. le
Président, on disait: Si le référendum avait lieu sur
l'avortement, le gouvernement est obligé, dans les trois mois avant la
tenue du référendum, de dire son opinion sur l'avortement, par
exemple; le gouvernement est obligé de dire son opinion sur la peine de
mort, deuxième exemple. M. le Président, dans le cadre d'une loi
générale ou d'une loi-cadre, d'une loi organique, appelez-la
comme vous voudrez, et je suis surpris qu'on n'en ait pas parlé, je
pense que c'est un argument fondamental, vous voyez cela, une loi-cadre qui
prévoit des mécanismes. Ce n'est pas un mécanisme. C'est
une opinion qu'on demande au gouvernement. Le gouvernement donnera son opinion
mais non pas par une obligation légale dans le cadre d'une loi
organique, parce que cela n'a aucunement affaire aux mécanismes qui vont
régir.
Deuxièmement, le dernier argument du député de
Marguerite-Bourgeoys, les dépôts de documents, M. le
Président, ce n'est pas sérieux. Vous êtes lié par
le règlement et il y a des articles de notre règlement qui
prévoient qu'un ministre qui cite un document, article 177, peut
être contraint de le déposer à la demande d'un
député. Le député qui le demande exerce un droit.
On ne peut jamais être pénalisé à exercer un droit.
Le dépôt de documents est prévu, M. le Président,
à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale, lorsque nous
siégeons tous les jours. C'est un droit, cela fait partie de... C'est
même prévu dans le règlement, je ne connais pas l'article,
mais on parle de dépôt de rapports de commissions élues, de
dépôt de documents. C'est prévu cela. C'est un droit. C'est
un droit que les députés ont de poser des questions. C'est un
droit également pour le gouvernement, au lieu de donner une
réponse verbale, de donner une réponse écrite, de
déposer les documents demandés par l'Opposition et, d'autre part,
c'est une obligation pour le ministre de déposer un document lorsqu'un
député exerce ce droit, de l'obliger à le déposer
en vertu de l'article 77. Mais l'article 64 vous fait interdiction, M. le
Président, il en fait interdiction. Ce n'est plus un droit, c'est une
prohibition, à un autre député qu'un membre du
gouvernement, un ministre, après recommandation du
lieutenant-gouverneur.
Je suis content de constater, M. le Président, que le
député de Marguerite-Bourgeoys admet que son amendement
amène le gouvernement à faire des dépenses, cette demande
qu'il fait, j'en prends acte, M. le Président, je vous demande d'en
prendre acte, cela amène des dépenses.
Justement, le député de Marguerite-Bourgeoys a fait
allusion au fait que le gouvernement aurait déjà commencé
cet études et que vous ne pouvez ignorer ce fait. Mais le
problème n'est pas là. Ce n'est pas un problème
d'étude ou non, c'est le problème d'en faire une obligation
légale. Ce que le règlement interdit, M. le Président, ce
n'est pas de faire des études, c'est de faire une motion autre que par
un ministre, qui implique une dépense d'argent. Le gouvernement a le
droit d'entreprendre des études, il en a entrepris, vous le savez et
tout le monde le sait, mais le problème, ce n'est pas une
dépense, de faire des études, c'est la défense de
présenter une motion en commission parlementaire ou à
l'Assemblée nationale qui implique une dépense de fonds, cela ne
peut être fait par une autre personne que le ministre. Donc, M. le
Président, je tenais à relever cet argument, qui peut être
pertinent, du député de Marguerite-Bourgeoys, que les
études sont commencées, mais l'exécutif conserve encore
ses pouvoirs. Ici, nous ne sommes pas à l'exécutif, nous sommes
au législatif, et nous sommes en commission parlementaire. C'est un
prolongement de l'Assemblée nationale. L'exécutif a le droit, par
arrêté en conseil ou autrement, de faire certaines
dépenses, mais, ici, ce n'est pas la question qui se pose. La question
qui se pose, c'est si c'est la bonne personne qui présente l'amendement.
Est-ce la bonne personne? Je dis que seul le ministre de la Justice,
actuellement, pourrait présenter cet amendement, avec recommandation et
autorisation du Conseil des ministres.
Le Président (M. Clair): Messieurs, si vous... M.
Lalonde: M. le Président...
M. Levesque (Bonaventure): Ce ne sera pas long. M. le
Président, je pense que vous voulez suspendre. Sur un point, si vous me
le permettez, soulevé par le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
suis heureux de constater que mon argumentation a fait lever de son
siège le chef de l'Opposition officielle. C'est un honneur, M. le
Président.
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez certainement bien
plaidé, M. le député de Jonquière, mais je voulais
simplement soulever un point, qui est plutôt un point de procédure
plutôt qu'autre chose, parce que vous avez fait référence
au règlement et vous avez semblé vous accrocher, comme principal
argument, à celui que cela constituerait une dépense de fonds
publics. Je dois immédiatement m'inscrire en faux, car il s agit
simplement d'un document comme n'importe quels documents qui peuvent être
requis par... Je comprends que c'est un document important, mais, au point de
vue de dépense publique, il ne comporte pas une dépense telle que
celle qui est prévue au règlement. Lorsqu'on parle de cela dans
le règlement, on dit qu'un ministre doit introduire
un projet de loi où il y a une dépense d'argent, lorsque,
par exemple, il s'agit de construire une route c'est le budget
lorsqu'il s'agit de dépenses substantielles. Mais, supposons qu'un
député un exemple, M. le Président
présente une motion d'amendement au cours de l'étude d'un projet
de loi, suggérant qu'avant qu'une telle disposition puisse être
adoptée, ou tel règlement doive être imprimé dans la
Gazette officielle, il y a la une dépense d'argent évidente, rien
n'empêche un député de l'Opposition de suggérer,
dans une motion d'amendement, qu'un tel règlement doive faire l'objet
d'une publication dans la Gazette officielle.
A ce moment-là, on a vu la Gazette officielle produire des
règlements très substantiels, mais jamais je n'ai entendu dire
que ceci était une contravention aux dispositions de notre
règlement. C'est tout ce que je voulais dire.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est peut-être parce
que ça n'a jamais été soulevé, M. le chef de
l'Opposition officielle.
M. Ciaccia: Les mots importants dans l'article 64, c'est
r'imposition d'une charge additionnelle". C'est ça que vous oubliez, je
crois, dans votre argumentation. Dans l'article 6, l'amendement qui a
été proposé, il n'y a pas d'imposition d'une charge
additionnelle, parce que ce sont des documents que vous pouvez obtenir par
l'entremise du personnel qui existe déjà, ou certains documents
qui existent déjà. Alors, ça ne va pas à rencontre
de l'article 64.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... je pense que cette intervention du
député de Mont-Royal est pertinente, parce qu'il faut bien lire
"charge additionnelle". Additionnelle, c'est-à-dire que si, moi, par un
amendement, je propose la création d'une régie, qui va demander,
je ne sais pas, un budget de $1 million ou de $11 millions comme on le voit,
à ce moment-là, oui, je suis d'accord. Mais, "charge
additionnelle", il faut quand même qu'il y ait une charge
additionnelle.
Maintenant, je voudrais m'en prendre au deuxième argument. Je
m'excuse, je n'avais peut-être pas été assez
impressionné par le deuxième argument, mais il l'a plaidé
d'une façon sûrement beaucoup plus cohérente, enfin, plus
claire la deuxième fois.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... des exemples comme
l'avortement, la peine de mort...
M. Lalonde: Oui, l'avortement, la peine de mort;
l'indépendance, c'est la promesse du Parti québécois,
c'est la promesse du gouvernement actuel. Le président ne peut pas
l'oublier, ça, ne peut pas ne pas le savoir. Il ne peut pas ne pas le
savoir, il n'a pas besoin d'avoir une connaissance judiciaire. Il en a une
connaissance parlementaire.
M. Ciaccia: Excusez, M. le Président... est-ce que c'est
par accident que vous avez utilisé ces exemples? L'indépendance,
l'avortement, la peine de mort?
M. Charbonneau: Soyez donc sérieux!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Charbonneau: Soyez donc sérieux!
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, parce que nous ne sommes
pas compétents en matière de peine de mort, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Non, mais je voulais savoir s'il y avait un lien.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous le savez fort
bien...
M. Charbonneau: Soyez donc sérieux!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Lalonde: Non, je peux répondre à la question du
député de Mont-Royal.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Brièvement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: C'est qu'hier soir, lors d'une discussion, on a
donné ça comme exemple aussi.
M. Ciaccia: C'est ça que je voulais savoir.
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Mais, dans ce cas-ci, dans le cas de notre
amendement, M. le Président, je m'adresse au deuxième argument du
député de Jonquière, qui dit: Si on accepte l'amendement,
le gouvernement va être obligé de prendre position sur un
référendum en particulier. C'est exact. Parce que, et vous le
connaissez, vous le savez, parlementairement, vous le savez, ce gouvernement a
promis un référendum sur l'indépendance, en se rattachant
au principe que vous avez accepté, en recevant des motions qui se
référaient à des référendums
constitutionnels. A ce moment-là, je ne vois pas pourquoi, puisqu'on
parle d'un référendum en particulier, ce principe devrait
être brisé; je ne vois pas pourquoi ce principe de la
spécificité que vous avez accepté pour recevoir... C'est
rejeté, d'accord, pour d'autres raisons, mais à ce
moment-là, il s'agira d'en discuter et peut-être de le rejeter
s'ils ne le veulent pas. (17 heures)
Quant à la recevabilité, la seule question que je veux
vous poser c'est: est-ce qu'on peut, dans
une loi générale, comme vous l'avez permis pour les
amendements qu'on a présentés hier, permettre de discuter
à cette commission d'une motion d'amendement qui prévoit un
référendum en particulier, une catégorie de
référendums en particulier, une catégorie
particulière de référendums ou un référendum
en particulier, je pense qu'au niveau des principes, il n'y a pas de
différence.
Le Président (M. Clair): Messieurs, vous
comprendrez...
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Un autre argument, M. le Président, en faveur
de la recevabilité de la motion...
Le Président (M. Clair): A l'odre s'il vous plaît,
Messieurs!
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais vous
référer à quelques commentaires de la Commission des
droits de la personne sur le projet de loi no 92, Loi sur la consultation
populaire. Elle dit, quant à la question du droit à
l'information, et je cite l'opinion de la commission: "La commission des droits
de la personne avait proposé, dans ses commentaires sur le livre blanc,
d'étudier, en rapport avec le modèle britannique, la
possibilité d'accorder au public le droit à une information la
plus objective et la plus complète possible. Le projet de loi no 92 n'a
pas répondu à ces attentes."
M. Bédard: Je vais répondre à cela tout
à l'heure si la proposition...
M. Ciaccia: M. le Président, c'est un autre argument qui
doit militer en faveur de la recevabilité de notre amendement, parce que
l'amendement, spécifiquement, vise ce but d'accorder l'information
additionnelle au public, tout en conformité avec les voeux qui ont
été émis par la Commission des droits de la personne, en
plus de répondre à toutes les autres exigences de notre
règlement.
Le Président (M. Clair): Messieurs,, si vous
permettez...
M. Lalonde: J'ai oublié une chose...
Le Président (M. Clair): Etant donné que depuis 15
heures cet après-midi je n'ai pu me faire remplacer parce qu'il y a eu
des questions de règlement et des questions de recevabilité de
façon continuelle, vous conviendrez sûrement qu'il serait bienvenu
pour tout le monde de suspendre pour cinq minutes.
Une Voix: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): La commission suspend ses travaux
pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 3)
Reprise de la séance à 17 h 13
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Au moment où nous avons
suspendu, c'est le député de Marguerite-Bourgeoys qui avait
demandé la parole.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Je voudrais faire un
résumé des arguments. Le premier argument du député
de Jonquière indique que c'est une loi générale, une
loi-cadre, qu'on ne doit pas parler d'un référendum
spécifique. J'ai apporté des arguments là-dessus et je ne
veux pas y revenir.
Le deuxième argument, c'est qu'on ne peut pas forcer le
gouvernement à donner sa position dans une loi de cette nature, sur un
référendum en particulier. L'avortement, par exemple: Comment
pourrait-on forcer le gouvernement à prendre position et, ensuite, faire
un référendum ou à l'occasion d'un
référendum? La question de la peine de mort je nomme ces
deux-là parce qu'on les a mentionnés.
M. le Président, c'est l'argument qui est le plus sérieux,
je pense, il serait très sérieux et s'il était aussi
sérieux que cela, il aurait fallu que vous déclariez le
sous-paragraphe de l'article 6 irrecevable. Le sous-paragraphe b de l'article 6
prévoit justement un cas où le gouvernement, par un projet de loi
à l'Assemblée nationale, conformément à l'article
9, ferait son lit. Sur le zonage agricole, par exemple: II décide de
prendre telle décision, il décide d'adopter telle politique et
ensuite, une fois que la loi est adoptée et avant que la loi n'entre en
vigueur c'est ce que l'article 9 dit on procède à
un référendum. Mais à ce moment-là, le gouvernement
a réellement donné son opinion; il a explicité dans un
projet de loi. C'est tout ce que nous demandons.
C'est tout ce que nous demandons pour un référendum sur
l'indépendance; on n'en demande pas plus. Si vous avez accepté,
formellement ou non, le sous-paragraphe b de l'article 6 comme recevable,
à ce moment-là, cela élimine le deuxième argument
du député de Jonquière.
Quant au troisième, je pense qu'on a tout dit.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, quand l'Assemblée
nationale, en deuxième lecture, a adopté le projet de loi 92,
elle a adopté à ce moment-là une loi-cadre, et c'est en
adoptant l'article 6 que l'on reconnaîtrait effectivement ce principe de
la loi-
cadre que l'Assemblée nationale a acceptée en
deuxième lecture. L'Assemblée nationale l'a acceptée
purement comme une loi-cadre, parce que le projet de loi ne contient pas de
particularité, n'en contient aucune, ce que voudrait changer
effectivement l'Opposition par son amendement.
Si vous acceptez, M. le Président, une particularité et
que l'Opposition, par la suite, veut en ajouter une deuxième et une
troisième, je vous pose une question, vous n'êtes pas
obligé d'y répondre. Quand considérerez-vous que le
principe de la loi-cadre existe encore ou n'existe plus? Je voudrais vous
donner un exemple. Nous avions un projet de loi, le projet de loi 67. A
l'intérieur de ce projet de loi l'Opposition nous l'a dit tout
à l'heure il y avait des particularités. Quand nous avons
voulu en ajouter une supplémentaire, nous du parti ministériel,
relativement à une régie, le président a
déclaré cet amendement irrecevable, alors même que nous
avions déjà une loi, qu'on a dit loi-cadre, loi organique ou loi
générale, avec des particularités, et on a refusé
d'en ajouter une. Ici, nous avons une loi-cadre sans particularité et
l'Opposition voudrait en ajouter une. Je vous dis, M. le Président, que
si vous en acceptez une, vous aurez des problèmes. C'est pour cette
raison que je vous demande de juger cet amendement irrecevable.
M. Lalonde: Est-ce que le député me permettrait une
question à la fin de son intervention, comme le règlement le
permet?
M. Dussault: Je ne sais pas si c'est régulier que sur de
telles questions on pose une question à un député
intervenant.
M. Bédard: ... argument intéressant.
M. Lalonde: Oui, c'est tout à fait régulier. C'est
prévu par les règlements qu'à la fin d'une intervention
d'un député, un autre député peut lui demander la
permission de lui poser une question.
M. Dussault: Je suis à votre disposition, M. le
député.
M. Lalonde: M. le député, vous avez affirmé
à plusieurs reprises que ce projet de loi 92 ne contenait aucune
particularité. Vous l'avez affirmé très
vigoureusement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur le type de
référendum.
M. Dussault: Sur le référendum, bien sûr!
M. Bédard: Non, ce n'est pas sur le mécanisme.
M. Lalonde: Ecoutez, le député de Jonquière
vient de lui souffler la réponse. Ce n'est pas ce qu'il a dit
tantôt. Aucune particularité, c'est ce que vous avez dit
tantôt. Je demande au député s'il a lu l'article 20 qui dit
que pour les réserves indiennes, les bulletins de vote sont faits de
telle ou telle façon. Est-ce que ce n'est pas une
particularité?
M. Dussault: Je pense bien, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, que vous aviez très bien compris que je parlais
implicitement de type de référendum.
M. Lalonde: Je pense que vous n'avez pas parlé en
connaissance de cause.
M. Bédard: Ce n'est pas une particularité sur le
type de référendum, c'est une particularité au niveau de
la technique.
M. Lalonde: N'essayez pas de le sauver!
M. Bédard: Non, mais quand même l'article 19.
M. Vaillancourt (Jonquière): On est solidaire!
M. Lalonde: Plutôt, essayez de le sauver, il a besoin
d'aide! Au nom de la solidarité, je comprends.
M. Dussault: M. le Président, je sais que mon
argumentation dérange M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, mais c'est quand même un fait que...
M. Lalonde: C'est la vérité que cela
dérange, pas tellement moi!
M. Dussault: ... le principe voté à
l'Assemblée nationale, ici, prend beaucoup de place. Je pense que c'est
l'argument majeur, l'argument de fond et c'est là-dessus que je vous
demande, M. le Président, de juger de la recevabilité.
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je n'ai pas voulu intervenir sur la
recevabilité de la motion précédente qu'on a
rejetée et je n'ai pas l'intention de faire perdre le temps de la
commission sur celle-ci, puisque c'est bien plus du domaine des avocats de
discuter de la recevabilité des motions et c'est ce qu'on fait depuis 15
heures cet après-midi. Ce n'est pas un reproche que je fais, mais
j'apprends, je suis à l'école. J'aurai dès demain un
conseiller juridique qui m'accompagnera, en tant que
député...
M. Lalonde: Vous n'en avez pas besoin, vous êtes bien
capable!
M. Grenier: C'est parfois utile d'en avoir.
Je ne vous cache pas, M. le Président, que je ne voudrais pas que
vous rejetiez cette motion pour l'argument qui a été
soulevée par le député de Châteauguay, afin qu'on ne
mette pas à une loi
générale des particularités. On l'a signalé
hier; c'est dans le même esprit que dans la soirée d'hier,
à savoir qu'une loi générale peut quand même avoir
un a) ou un b) qui sert dans une loi-cadre et avoir quand même un c) qui
peut servir dans une loi particulière; ce n'est pas principalement
l'amendement qui est apporté ici, pas plus lui qu'un autre, mais il me
semble que si, à l'occasion, on décidait d'ajouter un c) ou un d)
à un amendement qui pourrait servir, à un article qui pourrait
servir en cas de référendum portant sur l'avenir constitutionnel,
cela ne dérangerait pas le programme d'une loi-cadre, auquel programme
j'ai souscrit, auquel ma formation a souscrit, mais ce serait quand même
une prudence à se donner dans une loi.
Ce pourrait être intéressant afin de voir le nid que se
fait le gouvernement. Bien honnêtement vous allez me rappeler
à l'ordre si je suis trop longtemps sur ce sujet je voudrais
quand même signaler qu'à certaines occasions, on va
peut-être vouloir connaître avant la position du gouvernement dans
certains secteurs. C'est le deuxième élément,
c'est-à-dire que l'autre amendement qui a été
apporté aurait pu nous donner une certaine orientation. Ici, je ne vous
dis pas et je ne plaide pas, parce que cela prend probablement des
qualités d'avocat pour comprendre si cela sera constitutionnel oui ou
non, mais j'aimerais bien qu'on sache que je ne voudrais pas que vous rejetiez
cet amendement à cause, principalement, de l'argument qui vous a
été soumis parce que j'aimerais, dans cette loi-cadre, qu'on
puisse reconnaître, à l'occasion, des couleurs propres à
une loi particulière.
La loi-cadre que nous sommes appelés à voter va servir,
bien sûr, à un référendum en particulier, un
référendum qui aura beaucoup d'importance. Je ne voudrais pas non
plus que le gouvernement se serve d'une loi-cadre pour se faire un nid si large
qu'il n'y aura aucun contrôle par l'Opposition et qu'on ne pourra savoir
où le gouvernement fait son nid. Pour nous, c'est important. On en a vu
d'autres; on l'a vu dans une élection quand j'ai entendu le ministre des
Finances nous dire que le gouvernement a été élu pour
faire l'indépendance, qu'il travaille dans ce sens; cela m'a un peu
choqué les oreilles.
Je ne voudrais pas qu'on dise qu'on s'est donné une loi du
référendum et qu'on nous fasse dire, après la loi, que
c'était dans ce but que c'était fait et que ce n'était pas
ce qu'on avait mis dans la loi. Pour les mêmes raisons, si, à
l'occasion, on doit arriver avec des amendements qui feraient que, dans la loi,
on puisse se donner une certaine sécurité sur ce
référendum en particulier, je ne voudrais pas que vous vous
serviez de cela pour dire que c'est cela qui rend l'article irrecevable.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président, je vais essayer
d'être très bref. Je pense qu'il y a un point sur lequel nous
devons nous référer, au point de départ. La
non-recevabilité d'une motion, c'est une chose; le rejet d'une motion,
cela en est une autre.
Lorsque j'ai entendu, tout à l'heure, faire
référence, à un moment donné, à la loi 67
pour dire qu'à l'occasion de l'étude de la loi 67, nous avions
attiré l'attention de la présidence de l'Assemblée
nationale sur le fait qu'un nouveau principe était introduit dans le
projet de loi, je pense qu'il n'y a aucun élément de comparaison
entre cet argument qui a été invoqué et la motion
d'amendement qui a été proposée par l'Opposition
officielle. Je pense qu'il ne faudrait pas aller trop loin de ce
côté-là en risquant, par une jurisprudence, de se
créer des camisoles de force pour fonctionner dans l'avenir.
Sur la motion qui a été présentée, on a
aussi fait allusion au fait que l'amendement qui vient d'être
présenté pourrait comporter des dépenses pour le
gouvernement. Je vous dis, M. le Président, que vous ne pourriez pas,
à mon humble avis, tenir compte de cette remarque. Je vous
référerais à la décision qui a été
rendue par la présidence en date du 15 mai 1974: Une motion
présentée par un député de l'Opposition et qui n'a
pas un caractère exécutoire à vie, qui n'a pas une
implication directe sur des dépenses d'argent, qui est exprimée
en termes généraux ce qui est le cas présentement
sans chiffres, est une motion abstraite dans le sens du dernier
paragraphe de l'article 64. Ainsi, la motion suivante est acceptable
c'est le jugement qui a été rendu par la présidence
Cette assemblée est d'avis que l'impôt sur le revenu des
particuliers doit être modifié de façon à annuler
l'accroissement du fardeau fiscal provenant de l'inflation, en relevant les
exemptions de base à un taux acceptable pour les célibataires et
les couples mariés ainsi que les enfants à charge. Cela a
été accepté.
Je pense, M. le Président, que les deux arguments qui viennent
d'être invoqués ne méritent pas d'être retenus. En ce
qui a trait au fond de la motion, c'est une autre chose qui pourra faire
l'objet d'un débat autour de cette table, mais, sur la question de
recevabilité, M. le Président, les arguments qui ont
été évoqués du côté ministériel
ne m'ont pas du tout convaincu que vous deviez juger la motion irrecevable.
Le Président (M. Clair): Messieurs, je
répéterai ce que je vous ai dit tantôt. Si la
décision que je vais rendre est à la mesure des argumentations
qui m'ont été offertes, elle saura sûrement satisfaire les
membres de cette commission. Au moment où je m'apprête à
rendre cette décision, vous avez sûrement remarqué que j'ai
été très attentif à l'argumentation de chacun des
membres de cette commission. Je demanderais la collaboration de tous pour le
temps que je vais utiliser afin de rendre ma décision.
Le premier argument dont je disposerai est relatif à l'article
64, alinéa 3, de notre règlement, soulevé par le
député de Jonquière. Cet argument veut démontrer
que la motion d'amendement
proposée par le député de Marguerite-Bourgeoys
entraînerait, pour le gouvernement, l'imposition d'une charge
additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables. Si on lit
attentivement l'article 64, il y a trois points qui m'apparaissent
particulièrement importants, soit le fait, premièrement, qu'une
motion qui engage des fonds publics ne peut être présentée
que par un représentant du gouvernement. Dans ce cas, la motion
d'amendement est proposée par un député de l'Opposition,
de sorte que si on en venait à la conclusion qu'effectivement cette
motion engage des fonds, une charge additionnelle sur les revenus publics, on
devrait la déclarer irrecevable.
L'autre point important, qu'on n'a pas souligné cependant dans
l'argumentation, à ma connaissance, c'est qu'à l'article 64, au
premier alinéa, on dit bien: "Une motion ne peut être
présentée que par un représentant du gouvernement,
après recommandation du lieutenant-gouverneur en conseil, lorsqu'elle a
pour objet direct: Le dernier mot m'apparaît être
particulièrement important l'imposition d'une charge
additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables."
Dans le cas actuel, sans déterminer si le président a ou
n'a pas à connaître, présidentiellement parlant, des
études qui sont actuellement menées par le gouvernement sur le
sujet en question, étant donné que le lien entre les
études et l'engagement de fonds ne m'apparaît pas direct, du moins
s'il était direct, il le serait pour des sommes qui m'apparaissent ne
pas être d'une importance telle qu'elles constituent effectivement une
imposition directe d'une charge additionnelle sur les revenus publics...
Sur ce point, je tiens à signaler qu'en vertu de notre
règlement, il n'y a pas, comme pour la juridiction des tribunaux, des
montants prévus; effectivement, tous les gestes, toutes les motions qui
sont présentées par des membres de l'Assemblée nationale
entraînent finalement toujours, à un degré plus ou moins
élevé, non pas l'imposition d'une charge additionnelle mais,
à tout le moins, l'engagement de revenus. On n'est pas à la Cour
des petites créances, à la Cour provinciale, ou à la Cour
supérieure, où il y a des montants fixes. Alors, le
président doit exercer sa discrétion. Pour disposer de ce premier
argument, je donne effectivement raison à ceux qui ont défendu le
point de vue voulant que l'article 64, alinéa 3, dans les circonstances,
ne soit pas déterminant; du moins il ne l'est pas en faveur de
l'irrecevabilité de la motion. (17 h 30)
Vient maintenant l'argument concernant le sujet d'une loi-cadre contre
une loi spéciale.
Je pense que, depuis le début des travaux de la commission, de
part et d'autre, on a reconnu, tant au niveau des oppositions qu'au niveau du
gouvernement, que le principe numéro un, si on veut, de la Loi sur la
consultation populaire était qu'il s'agissait bel et bien là
d'une loi-cadre. D'ailleurs n'est-ce pas là-dessus que tout le
débat a porté, loi-cadre contre loi spéciale? Loi
organique contre loi sur le référendum, sur l'avenir
constitutionnel du Québec?
Maintenant, vient la question de déterminer, dans les
circonstances, si l'amendement tel que proposé en langage
parlementaire ou en langage réglementaire, si on veut contredit
un principe déjà affirmé et, en conséquence, si tel
était le cas, devient-il irrecevable?
Il m'apparaît, sur cette question, qu'un amendement peut, dans le
cadre d'une loi organique, d'une loi-cadre, effectivement particulariser un
mécanisme pour un cas particulier. C'est d'ailleurs même si
je n'ai pas à revenir sur les décisions que j'ai
déjà rendues la raison pour laquelle j'ai
déclaré recevables d'autres motions d'amendement qui avaient
trait à l'introduction, dans le cadre d'une loi générale
sur la consultation populaire, de mécanismes plus précis,
relativement à un type de référendum. Je pense ne pas me
tromper quand je dis que ces cas étaient tous des cas de
référendums sur des questions constitutionnelles. Cependant,
à la lecture de la motion d'amendement, s'il n'y avait que le premier
alinéa de la motion d'amendement, je pense que, même si cette
motion d'amendement particularise un mécanisme pour un type de
consultation, soit une consultation en matière constitutionnelle, la
question serait délicate pour déterminer s'il s'agit, oui ou non,
d'un particularisme qu'il est acceptable d'accueillir au niveau de la
commission. Cependant, à la lecture complète de la motion
d'amendement à l'article 6, on voit, immédiatement après
le premier alinéa, toute une série de précisions qui,
à mon avis, ne constituent pas, à proprement parler, une
particularisation d'un mécanisme à l'égard d'un type de
consultation, mais constituent, à proprement parler, la
définition d'un contenu, ce qui en fait véritablement une
question de fond sur un référendum en particulier, soit
le-référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec qu'on
peut même identifier comme étant celui que le gouvernement actuel
s'est engagé à tenir.
Le député de Marguerite-Bourgeoys, dans son argumentation,
disait en substance ceci: L'amendement proposé pourra être
utilisé, peut s'appliquer à plusieurs référendums
sur l'option constitutionnelle, sur des questions constitutionnelles d'un
gouvernement. Je pense que si son amendement était à la mesure de
son affirmation, la question serait d'autant plus délicate à
trancher. Mais il me semble que, à la lecture même des paragraphes
2, 3 et 4, il ne s'agit vraiment plus d'un type de référendum, il
ne s'agit plus d'un mécanisme qui pourrait être utilisé
pour l'ensemble des référendums en matière
constitutionnelle, mais il s'agit bel et bien d'une question de contenu, d'une
question de fond pour le référendum sur l'avenir constitutionnel
du Québec, soit celui qui a été promis par le gouvernement
actuel.
Si maintenant, on prend cette constatation selon laquelle l'amendement
proposé par le député de Marguerite-Bourgeoys, au moins en
partie et c'est suffisant pour déterminer de tout l'amendement
proposé ne constitue pas une particularisation d'un
mécanisme à l'égard d'un type de référendum
mais constitue plutôt la définition d'un contenu d'un
référendum en particulier, il faut regarder maintenant, en vertu
de notre
règlement, si c'est possible d'introduire ce genre d'amendement
au niveau de l'étude en commission parlementaire.
Les amendements qu'on peut introduire en commission parlementaire sont
régis par les articles 70, 154, 158 et même par l'article 99,
alinéa 1 que j'aimerais vous citer. A l'article 70, on dit, à la
fin: "Un amendement est irrecevable si son effet est d'écarter la
question principale sur laquelle il a été proposé et il en
est de même d'un sous-amendement par rapport à un amendement". A
l'article 154 qui prévoit la possibilité pour une commission
parlementaire d'amender un projet de loi, on lit ce qui suit à
l'alinéa 2: "La commission peut amender un projet de loi, pourvu que
l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du projet et qu'il ne
s'oppose pas au principe affirmé en deuxième lecture." Je note
qu'à l'article 154, alinéa 2, on lit "au principe", au singulier,
alors qu'à l'article qui prévoit l'étude en
deuxième lecture d'un projet de loi, on rapporte en substance je
ne retrouve pas l'article rapidement que le débat doit porter sur
"les principes " du projet de loi. Il y a peut-être une petite
difficulté qui se présente à ce niveau mais, quant
à moi, je prends les mots au singulier contenus à l'article 154,
alinéa 2, "au principe affirmé en deuxième lecture", comme
devant être interprétés dans le contexte
général de notre règlement. Au niveau de l'étude en
commission parlementaire, après la deuxième lecture, il n'y a pas
qu'un seul principe en débat mais il y a effectivement un certain nombre
de principes en discussion.
Je disais que ce qui nous permet de disposer de la recevabilité
de l'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys, tenant compte
du fait qu'il s'agit d'un amendement qui vient spécifier un contenu,
définir une question de fond, on doit tenir compte des articles qui
régissent la réception d'amendements en commission
parlementaire.
En ce qui concerne l'article 70, il m'apparaît que lorsqu'on y lit
"l'amendement est irrecevable si son effet est d'écarter la question
principale sur laquelle il a été proposé", il
m'apparaît que dans la mesure où l'article 6, que nous sommes
actuellement à étudier, est probablement l'article par excellence
dans le projet de loi qui établit le principe d'une loi-cadre sur la
consultation populaire, d'une loi organique vous pourriez sûrement
me permettre l'expression d'une loi de tuyauterie, de plomberie,
jusqu'à un certain point, je pense que l'amendement, face à
l'article 70, écarte en partie, et à un niveau suffisant pour que
je considère qu'il y a matière à application à
l'article 70, l'amendement, dis-je, au moins en partie, écarte par toute
la place qu'il viendrait prendre, s'il était introduit dans le projet de
loi, écarte la question principale sur laquelle il a été
proposé.
De plus, en vertu de l'article 154, alinéa 2, "la commission peut
amender un projet de loi, pourvu que l'amendement ne soit pas étranger
à l'objet du projet"; je pense que l'amendement n'est pas
étranger à l'objet de projet. Cependant, il s'oppose au principe
affirmé en deuxième lecture, ce prin- cipe m'apparaissant
être celui d'une loi organique sur la consultation populaire, d'une loi
qui peut sûrement, par des amendements, connaître des
particularismes, relativement à la mécanique de consultation
à l'égard d'un type particulier de référendum, de
consultation populaire, mais qui ne peut, cependant, souffrir de
définition de particu-larisation, de spécification du contenu
même, finalement, la question de ce que serait l'objet d'un
référendum en particulier.
A l'appui de cette interprétation de l'article 70 et de l'article
154, j'aimerais également vous rappeler que l'article 158 prévoit
spécifiquement qu'"une commision ne peut modifier, dans son principe,
une proposition qui a déjà été acceptée par
l'Assemblée. A l'article 99, alinéa 1, on lit: "II est interdit
à un député qui a la parole de revenir sur une question
qui a été décidée pendant le cours de la session."
Ces articles n'ont pas d'application précise, stricte au cas qui nous
occupe, mais ils tissent quand même la toile de fond dans le cadre duquel
on doit décider de la recevabilité d'amendements au niveau de la
commission parlementaire, après la deuxième lecture du projet de
loi.
M. Lalonde: C'était un sursis...
Le Président (M. Clair): Non, je voulais simplement
vérifier les notes que j'avais prises sur les argumentations des
différents intervenants. Je voudrais simplement, pour le
député de Marguerite-Bourgeoys, relativement à ses
arguments que des particularismes ont déjà été
introduits dans d'autres lois comme la loi sur les professions, évoquer
la loi 101, la loi des jurys. Effectivement, je reconnais que, dans les cas
cités par le député de Marguerite-Bourgeoys, autant que
j'ai pu en prendre connaissance pendant l'argumentation, que ces lois
prévoient des mécanismes particuliers, des cas particuliers, mais
ne peuvent en aucune façon, selon moi je le dis en toute
humilité, mais je suis forcé d'exercer ma discrétion
être apparentées au cas qui nous occupe
présentement, où encore une fois, l'introduction de l'amendement
proposé par le député de Marguerite-Bourgeoys
constituerait l'introduction d'une question de fond dans le cadre d'une loi
organique, mais ne constituerait pas ce qu'il appelait lui-même, dans son
argumentation, l'introduction d'un particularisme au niveau d'un
mécanisme pour un type particulier de référendum.
J'ajouterai même que si, en ce qui concerne la première
partie de son amendement, il peut effectivement s'agir de l'introduction d'un
mécanisme particulier à l'égard d'un
référendum, dans la deuxième partie de l'amendement, il ne
s'agit plus du tout de l'introduction d'un mécanisme, mais bel et bien
d'un contenu. (17 h 45)
Pour toutes ces raisons, je déclare l'amendement, proposé
par le député de Marguerite-Bourgeoys, irrecevable.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie. Vous voyez
jusqu'à quel point...
M. Paquette: ...
Le Président (M. Clair): Vous aviez des bons points.
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'est pas fini.
M. Lalonde: ... l'art parlementaire exige de renoncement.
Une Voix: Vous gigotez encore sur cela? M. Bédard:
Et d'humilité!
M. Lalonde: Et le Président, j'ai bien
écouté votre décision et j'y ai vu une lueur...
Une Voix: Une invitation!
M. Lalonde: Non, pas une invitation, M. le Président, je
ne vous ferai pas l'injure de vous dire que vous m'avez invité à
faire autre chose. Mais j'ai bien compris, très humblement, que vous
avez jugé très sévèrement à bon droit
probablement et ce n'est pas le but de mon propos de vous chicaner
là-dessus la deuxième partie de l'amendement, tout ce qui
suit le premier paragraphe. Quand vous avez parlé de contenu, par
exemple, dans la dernière partie de votre jugement, quand vous avez
parlé de mécanisme de tuyauterie, il me semble que la...
Le Président (M. Clair): Je ne voulais pas l'employer dans
un sens péjoratif, mais dans une allégorie.
M. Lalonde: Oui, d'ailleurs on l'a fait d'un côté et
de l'autre de la table.
Quand vous avez parlé de tuyauterie, j'ai l'impression que mon
premier paragraphe avait un certain espoir de survie...
M. Vaillancourt (Jonquière): On verra tantôt! Le
Président (M. Clair): A l'ordre!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, j'aimerais
simplement ajouter une précision à ce que j'ai dit. C'est que,
dans la mesure où je me prononce sur une partie spécifique de
l'amendement, dans la mesure où je déclare une partie de
l'amendement irréguiière, c'est tout l'amendement qui s'en trouve
vicié et déclaré irrecevable.
M. Lalonde: Mais comme je veux sauver l'autre partie qui
m'apparaît moins coupable que la deuxième, M. le Président,
je vais...
M. Bédard: II y avait un danger!
M. Lalonde:... vous donner la chance de vous prononcer sur cette
première partie.
Le Président (M. Clair): C'est fort aimable à
vous!
M. Lalonde: M. le Président, je veux simplement ajouter
l'alinéa suivant, comme amendement: "Dans le cas d'une consultation
populaire portant sur le statut constitutionnel du Québec, il doit
s'être écoulé un délai d'au moins trois mois entre
le moment où le gouvernement a déposé, à
l'Assemblée nationale, un document définissant clairement son
option constitutionnelle et le jour fixé pour l'émission du bref
référendaire". C'est la fin de mon amendement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
la recevabilité.
Le Président (M. Clair): Sur la recevabilité de
l'amendement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très brièvement, je voudrais, à l'encontre de la
recevabilité, soulever l'argument fondamental que vous avez
vous-même soulevé dans votre décision.
M. Lalonde: ...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'était le meilleur,
il a pris le deuxième d'ailleurs, c'est celui dont le
député de Marguerite-Bourgeoys a parlé en dernier.
M. Lalonde: Le 64 ne vaut pas cher, là, n'est-ce pas?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, mais je l'avais
dit...
M. Bédard: C'était le troisième
argument!
M. Vaillancourt (Jonquière): J'avais dit l'un et l'autre
ou l'un ou l'autre. Or, cela a été l'un des trois.
M. Lalonde: II en reste un. Il y en a deux de partis.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, il y en a deux de
partis.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Charbonneau: Cela prend trois coups pour faire tomber un
adversaire.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais, M. le Président,
je voudrais tout simplement reprendre le deuxième argument que vous avez
vous-même repris puisque, moi-même, dans mon argumentation j'avais
dit que, dans le cadre d'une loi
générale, on pouvait prévoir un type de
référendum particulier. Vous avez reconnu cela dans votre
décision, même en reconnaissant la recevabilité de deux
autres motions antérieures qui avaient été
présentées par l'Opposition officielle, sauf que vous avez fait
la précision suivante et que vous avez également employé
le mot "tuyauterie", le mot "mécanisme" et les mots "particularisation
du contenu, spécification du contenu". Or, M. le Président,
justement dans ce premier alinéa ou dans le seul alinéa de
l'amendement nouveau que vient de nous présenter le député
de Marguerite-Bourgeoys, nous voyons encore une allusion au contenu, puisque
nous y voyons les mots "définissant clairement son option
constitutionnelle". Or, M. le Président, ce n'est plus du
mécanisme; vous permettez, dans votre décision, l'introduction
d'un amendement ayant trait au mécanisme, même dans le cas d'un
type de référendum particulier, mais vous ne voulez pas permettre
et c'est normal, je pense, l'introduction de particularisation du
contenu ou de spécification du contenu.
Que fait le deuxième alinéa, en fait, que vous avez
déclaré irrecevable, la deuxième partie de l'amendement?
Il ne fait que spécifier, que détailler la définition de
l'option concernée ou les sujets sur lesquels on voulait que
l'Opposition officielle... du contenu du document. Mais l'idée
maîtresse qui a amené l'Opposition, dans son premier amendement,
à faire un deuxième alinéa, ce sont les mots
"définissant clairement son option constitutionnelle. Logiquement,
l'Opposition, voulant que le gouvernement la précise de façon
particulière dans certains domaines, dit: Le document mentionné
doit établir.
Quelle est la cause de l'existence du deuxième alinéa du
premier amendement? Ce sont les mots "définissant clairement son option
constitutionnelle". A partir du moment où les mots "définissant
clairement son option constitutionnelle" apparaissent dans un amendement
quelconque, cela devient contraire à votre propre décision, cela
devient non plus un mécanisme, non plus un élément de
tuyauterie, mais une allusion au fond sur un sujet bien particulier qui est un
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec.
M. le Président, en terminant, la différence entre le
deuxième amendement et le premier est tout simplement la suivante: Dans
le premier amendement, de façon générale, on disait
"l'option constitutionnelle" et on venait c'est une question de fond
davantage préciser'ce qu'on voulait savoir, les
éléments que l'on voulait connaître à
l'intérieur de cette option. Dans le deuxième amendement, on
enlève les détails, mais on n'en demeure pas moins dans une
question de fond qui est l'option consitutionnelle de celui qui prendra
l'initiative du référendum.
Je pense, M. le Président, malgré la petite lueur d'espoir
qu'a pu, à raison ou à tort, y voir le député de
Marguerite-Bourgeoys, que cette lueur d'espoir est mince, si j'ai bien compris
votre décision qui a été rendue tout à l'heure. M.
le Président, je pense que tant que les mots "option constitutionnelle"
voudront dire "fond d'une ques- tion", tant que ces mots apparaîtront
dans un amendement de l'Opposition officielle, ils viendront contredire ce que
vous avez rendu comme décision tout à l'heure et amèneront
inévitablement les membres de cette commission parlementaire à
parler du fond. Au lieu de parler précisément de l'ensemble du
fédéralisme canadien, de la question d'indépendance, de la
citoyenneté, du droit d'élire des députés, du droit
d'élire des sénateurs, des cours de justice, de la Cour
suprême, de leur inhabilité à occuper quelque poste que ce
soit dans la fonction publique fédérale, on pourra quand
même en parler sauf qu'ils n'apparaîtront pas de façon
formaliste dans l'amendement.
Autrement dit, M. le Président, déclarer recevable cet
amendement serait, encore une fois et mes collègues m'excuseront
d'employer cet argument permettre tout simplement à l'Opposition
de faire déclarer recevable un amendement qui, autrement, serait
irrecevable. M. le Président, c'est exactement la même motion,
sauf qu'on ne demande pas au gouvernement de préciser dans quel domaine
on voudrait que cette option soit définie. Mes collègues de
l'Opposition, avec le brio que je leur connais, que je leur attribue, pourront
encore parler, à partir du moment où vous admettrez qu'on parle
d'option, puisqu'une option ce n'est pas limitatif. Le chef de l'Opposition
officielle sera bienvenu de venir nous parler de la Cour
fédérale, des sénateurs canadiens, de la fonction publique
fédérale. A partir du moment où on permet le débat
sur le fond, sur l'option constitutionnelle, vous permettez l'option non
seulement sur les sujets compris dans le deuxième alinéa du
premier amendement, mais sur tout autre sujet de fond qui peut être
compris dans les mots "option constitutionnelle".
M. le Président, j'estime même, à la rigueur, pour
raisonner par l'absurde, que la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys, telle quelle, est encore plus large que la
première, puisqu'au lieu de délimiter les sujets sur lesquels on
pourrait discuter du fond, non seulement on pourra discuter de ceux-là,
mais de tous les autres qu'on voudra bien imaginer, à partir du moment
où on peut penser que cela entre à l'intérieur d'une
option constitutionnelle. M. le Président, le tout soumis
respectueusement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval. Dans l'ordre, s'il vous plaît.
M. Lavoie: Je ne suis pas du même avis que le
député de Jonquière. Le député de
Jonquière dit que l'option constitutionnelle que le gouvernement devra
établir dans son document est une question de fond. Je suis d'accord
avec lui que, lorsqu'il s'agit du contenu du document, il s'agit de fond, mais
que, pour la production du document, c'est de la forme. C'est uniquement un
mécanisme. Même si je discute de cette manière, cela ne
veut pas dire que j'ai l'intention de revenir sur votre première
décision. Mais la production d'un document, c'est uniquement de la
forme,
c'est de la tuyauterie ou c'est un mécanisme quelconque.
C'est bien beau de s'attacher au fond de tout ce que contenait le
deuxième paragraphe qui a été rejeté, mais si on
lit l'amendement, on dit que, dans le cas d'une consultation populaire portant
sur le statut constitutionnel du Québec, il doit s'être
écoulé un délai d'au moins trois mois à partir du
moment où le gouvernement a déposé à
l'Assemblée nationale un document. Quand on parle de la production d'un
document, on ne va pas au fond du document. C'est le fait de déposer un
document. C'est un simple mécanisme, c'est une simple question de forme.
On ne parle pas du tout du fond dans cela. C'est uniquement une
modalité. Comme pour les trois premières motions qui ont
été reçues devant cette commission dans le cas d'une
consultation populaire sur le statut constitutionnel du Québec, on a
demandé que la question n'amène qu'un oui ou un non, cette motion
a été reçue. Elle a été battue,
rejetée par la majorité gouvernementale.
Un autre cas, celui des deux tiers, c'est encore du mécanisme, de
la formalité, des détails. Cette motion a également
été reçue.
La troisième, c'était pour demander l'opinion de la
Commission des droits de la personne. Elle a également été
reçue.
Il faut que vous fassiez bien la différence entre la question de
fond là, c'est le contenu du document et la production du
document, qui est uniquement de la forme.
Je reviens aux articles que vous avez mentionnés dans votre
décision précédente, l'article 70. "La motion d'amendement
est irrecevable si son effet est d'écarter la question principale sur
laquelle elle a été proposée ". Si je lis la motion
principale, qui est l'article 6, je ne vois pas comment cet amendement nous
fait écarter la question principale, qui est l'article 6. C'est
uniquement une modalité qu'on ajoute, c'est une simple modalité
à l'article 6.
Vous avez également cité l'article 154: "La commission
peut amender un projet de loi, pourvu que l'amendement ne soit pas
étranger à l'objet du projet de loi". En apportant cela, je pense
bien que ce n'est pas étranger du tout à l'idée de la
loi-cadre particularisée ici dans le cas de consultations populaires sur
le statut constitutionnel de la même façon que trois autres
amendements précédents ont été reçus. Enfin,
comme dernier argument, je vous cite ici une décision qui a
été rendue à l'Assemblée nationale le 26 avril
1978, très récemment, par le vice-président, le
député de Prévost. C'était une très longue
décision. Je cite la page 1155 du journal des Débats de
l'édition de la 31e Législature: "Considérant qu'à
moins qu'un amendement ne soit contre l'essence même ou la nature
c'est du thomisme je cite au texte d'une motion principale, il ne
faut point, dans le régime parlementaire de type britannique,
restreindre la discussion il faut, au contraire, avoir tendance, au
niveau de la présidence, à être permissif plutôt que
restrictif; c'est une des règles de notre démocratie c'est
pourquoi, en conséquence, je déclare la motion d'amendement
proposée encore une fois je pèse mes mots par le
député de Beauce-Sud, recevable ".
Je ne peux pas avoir cet esprit, je crois, trop restrictif, et, s'il y a
un doute, je ne peux pas peser, établir le poids de ce doute, mais, dans
tout doute, cela doit être en faveur de la liberté d'expression
des députés, quitte... Ecoutez, c'est seulement une étape,
cela, la question de la recevabilité. Le gouvernement, la
majorité ministérielle, si cela ne fait pas son affaire,
rejettera notre motion. Mais un Parlement est un endroit pour discuter, pour
donner notre opinion. Je pense que vous devriez prendre, dans ce cas-ci et en
général, l'esprit qui existe dans notre droit parlementaire.
C'est un esprit plutôt permissif que restrictif.
M. Lalonde: M. le Président, si elle avait
été reçue de consentement, on en aurait déjà
disposé, concernant les travaux de la Chambre.
Une Voix: Oui.
M. Bédard: II est six heures, on aura peut-être
l'occasion de se parler.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est 18 heures. La
commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 22
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution reprend ses travaux pour étudier, article par article, le
projet de loi no 92, Loi sur la consultation populaire. Nous en étions,
au moment de la suspension de nos travaux à 18 heures, à
l'étude de l'article 6 et plus particulièrement à une
motion d'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys, dont nous
n'avions pas encore disposé de la recevabilité.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous avez la
parole.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que c'était
le député de Laval qui parlait. Maintenant, si vous voulez que...
à moins que... C'est parce qu'il avait commencé à
expliciter sur la recevabilité de la motion.
J'ai entendu les propos du député de Jonquière sur
la recevabilité. Cela me semblait tendre davantage à refuser de
discuter de la souveraineté association qu'à démontrer que
ma motion est irrecevable.
M. le Président, ma motion serait irrecevable si elle allait
à l'encontre du principe de la loi que vous avez vous-même, non
pas défini de façon exhaustive, mais décrit, dans une
certaine mesure, comme étant un constituant, un mécanisme de
tuyauterie. Tout ce que je fais avec ma motion, c'est d'ajouter un tuyau
à la tuyauterie, c'est de dire qu'à telle étape de
l'examen, c'est-à-dire du processus référendaire, se
produira ce que ma motion suggère, c'est-à-dire le
dépôt à l'Assemblée nationale d'un document.
Faire de la prospective, comme le député de
Jonquière en fait, en disant: "Etant donné qu'on parle d'un
document, immédiatement, on parle d'un contenu", je serais d'accord avec
lui si j'avais conservé le reste de ma motion, mais vous-même
l'avez qualifiée d'irrecevable cet après-midi. J'ai conclu, avec
plusieurs ici à cette table, que vos doutes s'adressaient davantage
à cette partie de la motion qui décrivait justement le contenu du
document. Maintenant, si on ne peut plus parler d'un document sans qu'on
devienne irrégulier, parce qu'on ouvrirait la porte à parler du
contenu du document, M. le Président, je pense que c'est abuser de
l'interprétation du règlement. Je pense que votre devoir, comme
président, est d'interpréter le règlement, naturellement
de façon rigoureuse, dans ce sens qu'au niveau des principes, lorsque
c'est clair, à ce moment-là, il n'y a rien à faire.
Mais lorsque nous sommes à une question d'interprétation,
à savoir quand on parle du dépôt d'un document, est-ce
qu'on ouvre la porte à ce que vous avez refusé, dans la
deuxième partie de ma motion que j'ai enlevée, pas à votre
suggestion, mais en interprétant vos propos? Je pense, M. le
Président, que dans une situation semblable, votre devoir est de laisser
la commission disposer de la motion. Les règlements s'appliquent
là aussi, il n'est pas question de faire dévier le débat;
on va toujours dire, si on discute de la motion, que dans le cas d'une
consultation populaire portant sur le statut constitutionnel du Québec,
ce que vous avez déjà permis, on va parler du délai de
trois mois. Peut-être que du côté ministériel on va
trouver le délai trop court, peut-être trop long; est-ce qu'on
pourrait s'entendre sur un délai différent? C'est ce qui importe,
au fond, c'est là qu'est le noeud. Entre le moment où le
gouvernement a déposé à l'Assemblée nationale un
document qui définit clairement son option constitutionnelle,
naturellement, on pourrait enlever le mot "clairement" si c'est cela qui est le
gros problème du côté ministériel. Mais il me
semble, cela va sans dire, que si le gouvernement 'définit son option
constitutionnelle, cela va être clairement défini. C'est pour cela
qu'on l'a mis là. Donc, un document définissant clairement son
option constitutionnelle, il me semble que c'est tout à fait dans
l'ordre. On ne fait qu'ajouter une étape que, comme législateurs,
on demande au gouvernement de franchir.
Je ne vois pas pourquoi le député de Jonquière
s'acharne à refuser de permettre des amendements dans le sens que nous
voulons le faire, surtout étant donné le contexte dans lequel
nous étudions actuellement ce projet de loi, qui est un projet de loi
général, d'accord, mais qui, aussi, se fait dans le contexte d'un
référendum, comme tous les Québécois le savent, sur
l'indépendance, tel que promis par le présent gouvernement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est simplement pour dire
qu'il y a des règlements qui se doivent d'être respectés et
je ne m'acharne aucunement à ne pas vouloir parler d'un sujet ou d'un
autre. Bien sûr, M. le Président, que si votre décision est
d'accepter cet amendement, nous en discuterons. Mais je pense que mon
collègue ne peut m'en vouloir de soulever des questions de
recevabilité, lorsque je pense sincèrement, M. le
Président, qu'il y a des problèmes de recevabilité. Je le
fais en toute bonne foi et je suis sûr que mon collègue I
admettra, on n'en a pas abusé et ce n'est pas notre intention de le
faire. Je pense que c'est le devoir de tout parlementaire, lorsqu'il croit
qu'un problème de réglementation se pose, de le soulever tout
bonnement, et à l'Opposition de dire les arguments pour lesquels elle
n'est pas d'accord, et au président de décider.
C'est dans cet esprit-là. Cela pourrait être dans le sens
contraire, également, que ces mêmes propos pourraient être
adressés à l'occasion. Je pense que, comme je n'ai pas à
en vouloir à l'occasion au député de Marguerite-Bourgeoys
de soulever des problèmes de règlement, je pense que c'est de
bonne guerre que l'Opposition accepte également que je joue pleinement
mon rôle de parlementaire. C'est dans cet esprit que je le fais, tout
simplement.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai oublié deux
éléments. Au fond, mon amendement prévoit deux
obligations. L'obligation de produire un document. Il me semble qu'à ce
moment-là, on ne parle que d'une chose à faire, d'un
élément qui est tout à fait facile à
définir, à circonscrire, et que nous sommes réellement
dans la tuyauterie, pour employer un terme que vous avez employé.
Deuxièmement, l'obligation de définir une option.
Là, le député de Jonquière, c'est là qu'il a
fait une objection, à savoir qu'on s'adresse, à ce
moment-là, au contenu. Mais je vous ferai remarquer, comme je l'ai fait
d'ailleurs vous ne l'avez pas relevé dans votre propos, je pense,
sur la décision que vous avez rendue qu'à l'article 6b,
lorsque le gouvernement fera adopter un projet de loi à
l'Assemblée nationale, conformément à l'article 9, si ce
projet de loi contient une disposition à l'effet qu'il est assujetti
à la consultation populaire, le gouvernement aura défini son
option, à ce moment-là, quel que soit le sujet sur lequel le
gouvernement se sera penché. Par exemple, si c'est sur le zonage
agricole, mais que le gouvernement pense qu'on doive soumettre à la
consultation populaire une politique qui affecte un grand secteur de la
population. On aurait des objections au niveau des libertés
individuelles des minorités, comme j'ai tenté de l'apporter hier
soir, mais c'est en dehors du propos. (20 h 30)
Dans le cas de l'article 9, le gouvernement sera obligé de
définir son option. On ne le demande pas davantage dans mon amendement,
dans le document qui sera... A l'article 9: "Lors-
qu'un projet de loi adopté par l'Assemblée nationale du
Québec contient une disposition à l'effet qu'il est assujetti
à la consultation populaire, il ne peut être
présenté pour sanction avant d'avoir été soumis aux
électeurs par voie de référendum". Le projet de loi est
adopté. L'option choisie, la politique choisie par le gouvernement est
définie en long et en large et, ensuite, on soumet cela aux
électeurs. Je ne demande rien d'autre dans mon amendement. Je ne vais
pas au-delà de la mécanique qui est déjà
prévue par les articles 6b et 9, à savoir qu'il y a un document
qui définit l'option. Cela ne va pas plus loin que cela. Il me semble
que, si vous refusez mon amendement, le plus modeste que je puisse avoir
présenté, en l'ayant coupé j'allais dire
amputé, non, c'est le reste que j'ai enievé dans les
quatre cinquièmes, vous devriez réviser votre décision
d'avoir accepté l'article 6, comme motion principale, et que l'article
6b ne devrait pas être accepté, comme motion principale, si mon
amendement va à l'encontre du principe.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, cet amendement qui est
amené par le député de Marguerite-Bourgeoys, c'est un
réduit de l'amendement qui avait été proposé et qui
est conservé dans son premier paragraphe.
D'abord, je dois noter que nous discutons de procédure depuis 15
heures, cet après-midi, et, il est de toute évidence que si cela
fait l'affaire des gens qui ont des études de droit, ce n'est
peut-être pas le bout le plus efficace que nous ayons passé
à cette commission jusqu'à maintenant, et je pense bien que si on
avait accepté les amendements, on en aurait même disposé
dans le même temps et on aurait vu le fond de la question.
M. Lavoie: Exactement.
M. Grenier: Ce n'est pas un reproche, mais c'est probablement ce
qui se serait produit. Je m'en voudrais et je serais malheureux s'il arrivait
que vous rejetiez cet amendement pour la raison qui précise cette
loi-cadre. Encore une fois, cela ressemble à l'argumentation qu'on a
apportée, puisque c'est quand même une partie du premier
amendement. Il me semble que ce n'est pas possible qu on ne demande pas dans la
loi que le gouvernement précise sa pensée. Il me semble que c'est
normal que l'Opposition demande que le gouvernement précise à
l'avance sa pensée. Si on le fait dans un alinéa qui n'est pas le
a) ou le b) et qu'on arrive dans le c) avec cette requête qu'on fait ici
au gouvernement, il me semble qu'on ne va pas contre le principe qu'a
émis le ministre, quand il a dit qu'il serait contre il n'a pas
dit qu'il serait jugé irrecevable, bien sûr tout amendement
qui viendrait préciser sa loi-cadre pour en faire une loi
spécifique.
Encore une fois, je vous le répète, l'amendement qui est
apporté actuellement nous permet d'éclaircir certaines questions
avant le référendum, un certain temps avant le
référendum pour savoir à quoi s'en tenir.
J'amerais bien, si c'était possible, qu'on ne se base pas
là-dessus, puisqu'il y aura des amendements, et j'ai moi aussi des
amendements qui viendront préciser cette loi, qui viendront ajouter des
lettres et qui garderont, si vous le voulez, on en a fait notre voeu, cette
loi-cadre, mais qui nous permettront d'avoir des ajouts pour clarifier
certaines positions.
Personnellement, je pense que c'est impossible que, dans cette loi, on
n'ait pas, à un moment donné, précisément sur cela,
un endroit bien précis où on pourrait connaître la
pensée du gouvernement, à l'avance. On avance, les jours
avancent. On se donne la loi. On est rendu à presque deux ans de
gouvernement et on ne connaît pas encore les termes
généraux. Ce serait une façon... Je pense que si on ne l'a
pas dans la loi, on ne l'aura pas dans les règlements. On va demander
l'étude des règlements. On ne les aura pas, bien sûr, avant
que le projet de loi soit voté. Dans un contexte comme celui-là,
pour un référendum aussi important que celui qui s'en vient, il
me semble qu'on devrait accepter l'un ou l'autre des amendements qui nous
permettent de préciser la pensée du gouvernement.
Alors, je serais malheureux s'il arrivait que vous rejetiez cet
amendement, parce que cela correspond à ce que le ministre nous disait
à savoir qu'il ne voudrait pas voir préciser sa loi-cadre en une
loi particulière.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, on est toujours sur la
recevabilité de l'amendement nouveau, parce que cela m'apparaît
comme un amendement nouveau. A mon humble avis, ce genre d'amendement est
complètement...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, vous avez la parole.
M. Samson: Je disais donc qu'à mon humble avis, cet
amendement, tel que rédigé maintenant, est complètement
recevable, car il ne contrevient en aucune façon, au principe de la loi.
Il me semble que tout amendement qui ne contrevient pas au principe d'une loi
est recevable. L'amendement tel qu'il se lit ne peut que venir préciser
l'un des articles de la loi, c'est-à-dire l'article 6. En passant, cet
amendement pourrait aussi bien se retrouver et revenir à l'article 7.
C'est donc un argument qui milite davantage en faveur de sa
recevabilité, parce qu'il pourrait tout aussi bien se retrouver à
l'un ou l'autre de ces deux articles et, tel que rédigé, ne fait
que préciser la portée de l'article 6 présentement. Il
pourrait revenir à l'article 7 et on pourrait avoir le même
débat si actuellement on le déclare irrecevable. A l'article 7,
on pourrait avoir un amendement qui aurait, dans le fond, peut-être les
mêmes fins, mais sous
une autre forme. Il me semble que la question de recevabilité,
présentement, doit être absolument considérée
objectivement et positivement. Si cet amendement était
déclaré non recevable dans sa forme nouvelle, je ne parle pas de
l'ancienne, je soumets respectueusement que ce serait là dévier
de beaucoup de l'économie générale de notre
règlement. En effet, un amendement proposé en commission
parlementaire hors de l'étude d'un projet de loi article par article
peut être présenté en aucun moment. La seule condition qui
pourrait nous empêcher ou qui pourrait empêcher normalement la
présidence de le déclarer recevable, ce serait que cet amendement
vienne complètement en contradiction avec le principe de la loi, et ce
n'est pas le cas. C'est, au contraire, à l'intérieur du principe
de la loi, parce que, quand même, le principe de la loi est assez large.
La Loi sur la consultation populaire, c'est un principe qui pourrait permettre
des amendements beaucoup plus poussés que celui-là. Il me semble
que c'est un amendement absolument régulier et très facile
à faire accepter. Évidemment, si on veut parler sur le fond de la
question de l'amendement, là, c'est une autre chose. Chacun pourrait
avoir son point de vue. Bien sûr, il faudra s'en tenir à la
majorité.
Je soumets très respectueusement que ce serait un
précédent que je n'aimerais pas du tout que de voir
déclarer irrecevable un amendement comme celui-là qui est
parfaitement dans la forme normale, parfaitement dans la tradition, dans nos
traditions parlementaires et qui a toujours été accepté,
quant à sa recevabilité, dans le passé.
M. le Président, je demande que cet amendement soit
déclaré recevable par vous.
Le Président (M. Clair): Messieurs, pour disposer de la
recevabilité de cette motion d'amendement, pour la rendre recevable dans
sa forme et sans me prononcer immédiatement sur la recevabilité
de la motion, simplement pour être bien sûr que la forme même
de la motion facilite la détermination de sa recevabilité ou de
sa non-recevabilité, je modifie, comme j'en ai le pouvoir en vertu de
l'article 65, alinéa 2, le libellé de la motion de la
façon suivante, de sorte que la motion se lirait comme suit...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Non, c'est ma décision que
je suis en train de rendre. "Dans le cas d'une consultation populaire...
à l'ordre, messieurs, s'il vous plaît, à l'ordre. "Dans le
cas d'une consultation populaire portant sur le statut constitutionnel du
Québec, le gouvernement doit déposer, à l'Assemblée
nationale, un document définissant son option constitutionnelle, au
moins trois mois avant le jour fixé pour l'émission du bref
référendaire ".
Cela ne change pas le fond de la motion, cela ne change que la forme,
cela la rend plus limpide et cela m'apparaît que ce sera plus facile de
déterminer, de cette façon, la recevabilité de la
motion.
Alors, je répète: "Dans le cas cadre d'une consultation
populaire portant sur le statut constitutionnel du Québec", rayez le
tout jusqu'au mot "gouvernement", on reprend là, "le gouvernement doit
déposer à l'Assemblée nationale un document
définissant son option constitutionnelle, au moins trois mois avant le
jour fixé pour l'émission du bref référendaire
".
Pour déterminer maintenant de la recevabilité de cette
motion, refaite dans sa forme, je pense que tout le monde comprendra que je
dois faire appel aux mêmes notions que celles auxquelles j'ai fait appel
cet après-midi pour rendre une décision sur la
recevabilité de la "motion mère", si on peut l'appeler ainsi, et
il me semble que l'aspect particularisation de la mécanique dans cette
motion devient plus important que l'aspect contenu, référence,
définition, d'un contenu précis.
L'argument déterminant dans cette question m'apparaît
être celui du député de Marguerite-Bourgeoys en rapport
avec l'article 9 du projet de loi. En effet, en matière
constitutionnelle, comme en toute autre matière, le gouvernement
pourrait éventuellement procéder par un projet de loi, auquel
cas, effectivement, la position du gouvernement et de l'Assemblée
nationale se trouverait reproduite dans cette loi, puisqu'il
m'apparaîtrait complètement illogique de penser qu'un gouvernement
puisse voter jusqu'à la troisième lecture un projet de loi, en
matière constitutionnelle comme en d'autres matières, et que ce
ne soit pas là sa position.
Etant donné que, déjà dans le projet de loi,
même si on n'en est pas encore rendu là, à l'article 9, il
serait possible, dans le cas où le gouvernement... Il serait non
seulement possible, mais ce serait réalité, le gouvernement qui
procéderait par un projet de loi en matière constitutionnelle,
aurait nécessairement dévoilé au préalable sa
position. (20 h 45)
Qu'on vienne spécifier, par l'amendement du député
de Marguerite-Bourgeoys, que dans le cas d'une consultation populaire portant
sur le statut constitutionnel du Québec, le gouvernement doit
déposer à l'Assemblée nationale un document
définissant son option constitutionnelle au moins trois mois avant le
jour fixé pour l'émission du bref référendaire, il
m'apparaît que c'est beaucoup plus un mécanisme, de la
particularisation des mécanismes à l'égard d'un type de
consultation, qu'une définition de contenu. C'est la raison fondamentale
pour laquelle je déclare cet amendement recevable.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie, de la
même façon que je vous ai remercié pour d'autres
décisions.
Le Président (M. Clair): Sur l'amendement maintenant.
L'amendement sera-t-il adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Je suis prêt à intervenir
sur l'amendement.
M. Bédard: Allez-y.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Bonaventure.
M. Lalonde: ... intervenant.
Le Président (M. Clair): Vous avez raison.
M. Lalonde: Cela faisait partie de notre stratégie.
M. Vaillancourt (Jonquière): De toute façon, M. le
Président, on aurait donné notre consentement.
M. Lalonde: C'est facile à dire quand on est intervenant,
mais je n'en doute pas une seconde.
M. Paquette: On l'a déjà fait dans le passé.
M. Lalonde: A la loi 101, oui.
Le Président (M. Clair): M. le chef parlementaire de
l'Opposition officielle, vous avez la parole.
M. Grenier: Quand il nous dit que cela pouvait être le
député de Jacques-Cartier à la place, on aime pas mal
mieux cela.
M. Lavoie: Le député de Jacques-Cartier, c'est
demain qu'il est intervenant.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je veux
d'abord vous remercier de l'occasion que vous me fournissez de prendre la
parole sur cet amendement et je vous félicite de la façon dont
vous avez disposé de l'amendement en reconnaissant la
recevabilité, après en avoir amélioré la forme.
M. le Président, je n'ai pas à vous rappeler l'importance
de la question à l'étude, et particulièrement de
l'amendement que nous présentons à ce stade-ci, de l'étude
du projet de loi 92.
Vous vous rappelez sans doute, M. le Président, la lutte que nous
avons faite afin que ce projet de loi soit un projet de loi spécifique
plutôt qu'un projet de loi-cadre. Nous avons fait valoir nos arguments
vis-à-vis du gouvernement qui est demeuré insensible à cet
aspect extrêmement important des conditions préalables à
une consultation populaire vraiment démocratique. Nous a-vons voulu
mettre de l'avant l'importance d'avoir un projet de loi spécifique,
à ce stade-ci, quelques mois avant la tenue du référendum,
parce que nous voulions que la population soit mise au courant
immédiatement des conditions de ce rédérendum promis par
le Parti québécois, particulièrement au cours de la
campagne électorale qui a précédé le scrutin du 15
novembre 1976.
Le gouvernement s'est entêté et a
préféré ce gendre d"'étapisme" qui fait qu'il
semble bien qu'il veuille procéder à la pièce, à
petits pas cela devient une expression péquiste de plus en plus
de sorte que le scénario va permettre au gouvernement de pouvoir
envelopper ce référendum de tout ce qui est contraire à la
transparence.
Cependant, nous pensons que cet amendement serait de nature à
servir au moins un début de transparence. Nous croyons que ces trois
mois permettraient au moins à la population d'être au courant de
l'option constitutionnelle du gouvernement actuel. Et Dieu sait qu'il est
difficile d'être au courant de cette option. On n'a qu'à se
rappeler l'évolution, même dans la terminologie utilisée
par le gouvernement, relativement à son option constitutionnelle. Cela a
été l'indépendance ou la séparation du
Québec, du reste du Canada. Cela est encore conservé par des gens
comme le ministre des Finances qui nous dit que c'est l'indépendance
pure et simple. Il en a toujours été ainsi pour lui et il en est
encore ainsi, mais ce n'est pas cela pour le chef du gouvernement. Ce n'est pas
cela pour plusieurs amis du chef du gouvernement ou des porte-parole du
gouvernement actuel qui disent: II n'est pas question de rupture du Canada. Il
n'est pas question du tout de briser le pays. Il s'agit simplement d'un
réaménagement qui s'appelle la souveraineté-association,
lorsque l'orî pousse un peu, comme je l'ai fait en Chambre. J'ai
reçu une réponse le 16 mars 1977 du premier ministre: Voyons,
indépendance et souveraineté, cessez les chinoiseries, cela veut
dire la même chose. Et pourtant on n'emploie pas facilement le mot
indépendance depuis quelque temps, sauf de la part du ministre des
Finances, comme je l'ai mentionné tout à l'heure. Les autres font
des discours à gauche et à droite, surtout aux Etats-Unis, parce
que les Américains semblent plus informés que nous depuis quelque
temps sur certains aspects de la souveraineté-association et sur
l'option constitutionnelle du gouvernement. Si on est à Washington ou
à New York ou à Boston, ou même à Paris, on peut
avoir certains renseignements inédits et tout cela est commenté
par des journalistes qui essaient d'interpréter pour les
Québécois, ce qu'est cette supposée option
constitutionnelle du gouvernement.
M. le Président, à l'Assemblée nationale, j'ai
même été accusé de revenir continuellement sur le
sujet. Chaque fois que je me lève en Chambre, j'ai vu plusieurs
éditorialistes, journalistes, reporters, analystes qui disaient: Le chef
parlementaire de l'Opposition officielle revient continuellement avec son dada.
Il essaie quoi? Il essaie simplement de demander au gouvernement de se
définir et de définir sa position constitutionnelle. C'est bien
simple. Simplement, parce que je n'ai pas de réponse, je reviens
continuellement à la charge. Nous avons même vu une motion qui a
été présentée par le Parti libéral à
l'Assemblée nationale et une motion qui a reçu , imaginez-vous,
l'unanimité de la Chambre. Cette motion, justement...
M. Paquette: ...
M. Levesque (Bonaventure): Cette motion, M. le Président,
a reçu, comme je viens de le mentionner, l'unanimité de la
Chambre. Or, elle demandait au gouvernement de définir sans délai
la théorie de la souveraineté-association, théorie qui
correspond à l'option indépendantiste du gouver-
nement, telle que nous pouvons le deviner du moins. La motion se lisait:
"Que cette Assemblée est d'avis que le gouvernement doit définir
clairement et sans délai sa théorie de la
souveraineté-association afin que les Québécois soient en
mesure de bien connaître les implications du projet
indépendantiste véhiculé par le présent
gouvernement." C'était le 12 avril 1978. Il y a un peu plus de deux
mois. De la part de tous les députés, de quelque parti que ce
soit, incluant les ministériels, cette motion a été
adoptée à l'unanimité. Cela n'a pas fait avancer les
choses. Nous n'avons sûrement pas, depuis ce temps-là, su ce
qu'était cette fameuse théorie de la
souveraineté-association.
Au ministère des Affaires intergouvernementales, les
études se poursuivent, les dossiers s'accumulent, les hypothèses
s'ajoutent aux hypothèses, le scénario se prépare,
l'étapisme se continue. On dit: Voyez-vous, on ne peut pas vous livrer
ces documents parce qu'ils sont d'ordre technique. Vous risqueriez de ne pas
les comprendre, ou si vous les comprenez, ce serait assez dangereux, parce
qu'on pourrait les interpréter, comme a dit le premier ministre, de 25
000 façons. Ce sont des dossiers qui ne sont pas pour le monde
ordinaire. C'est plutôt pour des gens qui savent les manier, les
manipuler.
M. le Président, nous avons eu de ces réactions qui sont
assez surprenantes dans un régime qui se veut démocratique,
tellement que je dois dire que, tout récemment, le gouvernement devant
les réactions non équivoques de la part de l'opinion publique,
des media, etc., a semblé faire volte-face et est revenu en disant: Nous
allons vous les livrer, ces documents, mais pas tout de suite. Vous savez,
c'est un peu dangereux, particulièrement, à cause des
élections fédérales. Il ne faudrait pas mêler les
choses. Il ne faudrait pas que, dans une campagne fédérale, on
soit pris avec ces documents, ces renseignements, ils ne sont pas de nature
à favoriser la sérénité d'une élection
fédérale. Peut-être que nous pourrions attendre
après. Il était question, à ce moment, d'une
élection fédérale, évidemment, prévue pour
la fin de juin, le début de juillet. Cette élection n'ayant pas
lieu, on demeure silencieux, pas plus de dossiers, pas plus de documents, pas
plus de transparence. C'est encore un sujet tabou.
Si on voulait faire venir des témoins, est-ce qu'on ne pourrait
pas faire venir un témoin supposément crédible? Le Conseil
national du Parti québécois qui a fait venir ces gens du
gouvernement? Il a dit: Eh! les amis, qu'est-ce que vous voulez dire par
souveraineté-association? Venez donc nous expliquer cela! N'allez pas
dire cela à la Chambre et n'allez pas prendre de décision quant
à ce que cela veut dire, sans revenir devant nous autres. Vous allez
nous expliquer ce que c'est, la souveraineté-association. Le Conseil
national du Parti québécois ne le sait pas, et, en bon
français, il ne "truste " pas ces gens, quant à leur conception
de la théorie de la souveraineté-association.
M. le Président, c'est un témoin dont on voudrait bien
mettre en doute la crédibilité, mais, tout de même, on le
voit, le Conseil national, qui a toujours eu une grande influence, une grande
autorité même, sur les parlementaires du Parti
québécois, somme ses parlementaires de venir se rapporter pour
expliquer ce qu'est la souveraineté-association. Le parti ne le sait
même pas, et pourtant, on se fait dire par le premier ministre: C'est
clair, cela fait dix ou douze ans que cette option est la nôtre et nous
n'avons jamais changé d'idée. De quelle idée s'agit-il?
S'il faut que le Conseil national du Parti québécois n'en ait pas
la moindre idée, de cette idée... On veut absolument que le
gouvernement ne s'engage pas, que les parlementaires ne se prononcent
pas...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): Cela ne fait pas votre affaire?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, sur une question de règlement.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais il me semble que j'ai
été poli, gentil, parlementaire. Je n'ai pas employé de
mots...
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, ce n'est pas l'article
99, ni 96.
M. Levesque (Bonaventure): Ah bon!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Levesque (Bonaventure): La pertinence?
M. Vaillancourt (Jonquière): Voilà!
M. Levesque (Bonaventure): Voyons! Si c'est impertinent de parler
de Conseil national du Parti québécois, je suis bien
prêt...
M. Vaillancourt (Jonquière): Si le chef de l'Opposition
officielle admet qu'il était un petit peu en dehors du sujet, non pas
impertinent, puisqu'il ne l'est jamais, mais M. le Président, c'est
seulement pour vous dire que vous avez admis vous-même que, dans la
motion qui était présentée, il y avait beaucoup plus de
mécanique que de contenu, que de fond. Je pense que les interventions
doivent également comprendre beaucoup plus de cette mécanique que
de fond...
M. Samson: Voyons donc! Mécanique de fond...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière. M. le chef parlementaire de l'Opposition officielle...
M. Charbonneau: Les lumières viennent de s'allumer, 100
000 watts. (21 heures)
Le Président (M. Clair): ... je vous ai
écouté avec beaucoup d'attention depuis le début de votre
intervention. Effectivement, vous avez parlé beaucoup de consultation
populaire portant sur le statut constitutionnel du Québec. Cependant, il
me semble que vous oubliez peut-être un tout petit peu je ne veux
pas être impertinent, je sais tout le respect qui vous est dû
à titre de chef de l'Opposition officielle mais j'aimerais quand
même ça vaut pour tous les membres de cette commission
qu'on essaie de rester sur la motion d'amendement, telle qu'elle a
été adoptée, soit une motion d'amendement d'ordre
général. Je suis convaincu, M. le chef de l'Opposition, que vous
alliez... D'ailleurs, à plusieurs reprises, vous y êtes venu,
à cette question générale du devoir pour un gouvernement,
parce que c'est bien de ça qu'il s'agit, de déposer, dans toutes
circonstances où il y aurait une consultation populaire sur le statut
constitutionnel du Québec, au moins trois mois avant le jour fixé
pour l'émission du bref référendaire, un document
définissant sa position. Ceci étant dit le plus
délicatement possible, M. le chef de l'Opposition vous avez la
parole.
M. Levesque (Bonaventure): Vous êtes bien gentil et bien
délicat, M. le Président, mais je dois continuer dans ce sens-ci.
C'est que je dois prouver, M. le Président, à cette commission,
le bien-fondé de l'amendement que nous suggérons, et cet
amendement, je vous le rappelle, M. le Président, au cas où les
membres de la commission l'auraient oublié, c'est que, dans le cas d'une
consultation populaire portant sur le statut constitutionnel du Québec,
et je prends vos propres mots, le gouvernement c'est vous qui nous les
avez mis dans la bouche, M. le Président doit déposer,
à l'Assemblée nationale, un document définissant son
option constitutionnelle, au moins trois mois avant le jour fixé pour
l'émission du bref référendaire.
Pourquoi présentons-nous un tel amendement? C'est simplement
parce que, dans les circonstances que je vous décris, il y a grand
risque que si nous n'avons pas ces trois mois, nous soyons dans
l'obscurité et la confusion qui existent présentement, dans un
cas bien précis, et, M. le Président, ce serait de la tartuferie
si j'oubliais le contexte actuel dans lequel nous nous trouvons, parce que, M.
le Président, ce n'est pas nous qui avons demandé un
référendum sur le statut constitutionnel du Québec, et
vous savez fort bien ne nous le cachons pas que s'il y a un
projet de loi no 92, ce n'est pas pour établir une loi-cadre pour les
référendums à venir, c'est simplement parce que le
gouvernement s'est engagé à un référendum sur
l'option constitutionnelle. Il a promis, ce gouvernement qui est ici en chair
et en os devant nous, à la population du Québec, de la consulter
relativement à son option constitutionnelle.
Or, je dis, M. le Président, que ces trois mois sont
nécessaires, parce que s'ils n'étaient pas dans la loi, ce
gouvernement pourrait continuer à agir comme il a agi depuis le 15
novembre 1976, c'est-à-dire, à jeter de la confusion, à
voir des membres, par exemple, du gouvernement disant une chose, d'autres
membres du gouvernement disant d'autre chose, et certains
délégués et mandataires plus ou moins officiels ou
officieux, qui s'en vont à gauche et à droite, les
députés, et qui donnent leur interprétation, pendant que
le parti qui forme le gouvernement, lui le conseil national, c'est pour
ça que j'y ai fait référence demande à ses
parlementaires de revenir expliquer ce que c'est dans l'opinion de ce
gouvernement et de ses parlementaires l'option constitutionnelle du
gouvernement.
Or, si ces gens ne le savent pas, la population risque de ne pas le
savoir et risque d'avoir à voter un référendum sans avoir
été suffisamment informée. C'est pourquoi j'insiste, M. le
Président, et je pense que je ne vais pas à l'encontre du
règlement, sur l'état de confusion que nous connaissons
présentement, et je n'ai pas de meilleur témoin, M. le
Président, après ceux, évidemment, que j'ai pu invoquer,
je n'ai pas de meilleur témoin encore qu'une association dont je n'ai
pas toujours d'ailleurs évidemment partagé l'ensemble des vues et
que je n'ai pas évidemment citée à satiété
depuis que je suis dans cette Chambre, mais je dois dire que la CSN s'interroge
sur la souveraineté-association du Parti québécois.
Une Voix: Cela fait longtemps.
M. Levesque (Bonaventure): Pardon? Il y a longtemps qu'elle
s'interroge, mais cela a été assez précis,
récemment, et vous me permettrez, M. le Président, dans ce
contexte, de dire, de citer la Presse de Montréal. Ce n'est pas une
vieille histoire, c'est le mercredi 7 juin, c'est hier, et on y lit: "La
thèse de la CSN est d'ailleurs exposée dans un volumineux rapport
du comité d'orientation de la centrale, sur lequel siègent seize
personnes dont le président et deux vice-présidents de la
centrale, et est centrée sur le fait que le projet du Parti
québécois pose une multitude de questions auxquelles il n'a pas
lui-même commencé à répondre. A quelques mois du
référendum, affirme le document de la CSN, nous ne savons
à peu près rien du contenu de la
souveraineté-association.
Evidemment, M. le Président là, je quitte la
citation pour un instant si c'était la thèse de M.
Parizeau qui prévalait, et si la question était, par exemple:
Voulez-vous l'indépendance du Québec, oui ou non, et si vous
aviez parlé de ça continuellement, ne pensez pas que
j'insisterais comme ça. Ce serait clair. Le gouvernement actuel a
été élu en promettant un référendum sur
l'indépendance; le premier ministre va à New York et dit:
"L'indépendance est irréversible; " le ministre des Finances dit:
"Toute notre action est préréférendaire, nous sommes des
indépendantistes, nous voulons être appuyés par le
gouvernement dans un référendum sur l'indépendance."
Si c'était ça! M. le Président, pensez-vous qu'on
serait ici, ce soir, à vous fatiguer avec des subtilités. C est
la confusion la plus... Je continue
le document de la CSN, c'est intéressant. "A quelques mois du
référendum M. le Président, d'affirmer ce document
nous ne savons à peu près rien du contenu de la
souveraineté-association. Tout se prépare ", dit la CSN; la CSN,
M. le Président...
M. Lalonde: Ils n'ont pas leur carte de membre du parti...
M. Levesque (Bonaventure): Ecoutez, il y en a qui ont... oui, je
pense bien qu'il y en a. Pas la CSN... il doit y avoir des gens de la CSN qui
en ont. "Tout se prépare dans le secret", écoutez ça, M.
le ministre de la Justice, c'est intéressant de voir ce que la CSN dit
de vous autres, avec la Commonwealth Plywood, je vais vous en dire
d'autres.
M. Bédard: Ne mêlez pas les débats, si vous
voulez parler de la Commonwealth Plywood, on va en parler à deux.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord, c'est vous qui êtes
intervenu, à ce moment-là.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): Excusez-moi, M. le Président,
je reviens. Il n'y a plus de Commonwealth Plywood, il y a simplement
l'intervention du ministre de la Justice, la CSN; cela m'a fait penser à
ça, mais je n'en parle pas, je n'en parle plus.
M. Bédard: On n'aura même pas le droit de la
regarder tantôt. On n'aura pas le droit de la regarder tantôt.
M. Levesque (Bonaventure): Mais ce que vos amis de la CSN disent,
M. le ministre de la Justice, "tout se prépare dans le secret des Dieux.
Avec la multiplication des tournées des ministres aux Etats-Unis
je ne parle pas du ministre de la Justice, c'est réservé de ce
côté, je parle de ses collègues, ils travaillent, oui
le pouvoir économique et politique américain en
connaît probablement plus que les Québécois. "Cette
attitude qui a commencé par le discours de Levesque à l'Economic
Club de New York et qui est maintenant devenue une habitude, est un signe clair
de sa faiblesse devant le grand capital américain et commence à
manifester du mépris pour le peuple québécois. "
C'est la CSN qui dit ça. Je reviens à la motion, M. le
Président.
M. Bédard: Seulement une petite question. Admettez-vous
avec moi que lorsque le premier ministre a parlé à l'Economic
Club de New York, tous les Québécois ont pu suivre le discours
autant que tous les Américains? Arrêtez de charrier.
M. Levesque (Bonaventure): Cela a été la fois
où les Québécois ont pu suivre ça davantage, parce
que justement, il y avait tous les media d'information...
M. Bédard: A Paris, la même chose.
M. Levesque (Bonaventure): ... qui étaient là, mais
ça venait d'où, ça? C'était dit à qui et
quand...
M. Bédard: II faut que ce soit dit où?
M. Levesque (Bonaventure): ... dans quel contexte? Si le premier
ministre a quelque chose à nous dire, qu'il parle d'abord aux
Québécois. Même si les media d'information nous
ramènent ça, ça ne veut pas dire que nous, les
Québécois, on n'a pas le droit d'être les premiers
informés et directement informés.
Je vois mal le ministre de la Justice me dire ça.
M. Bédard: Puis-je dire que nous, du gouvernement, que
nous parlions à Paris, que le premier ministre parie à Paris,
à New York ou au Québec, il parle toujours aux
Québécois. Le message ne change pas. C'est la différence
avec le gouvernement qui nous a précédé.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, il y a une
intervention à laquelle je dois répondre comme ceci, c'est que je
n'ai pas d'objection à ce que le premier ministre s'adresse à un
auditoire américain, mais quand la plus grande partie des renseignements
qu'on peut avoir sur l'option constitutionnelle du gouvernement nous parvient
de l'étranger, on a à s'inquiéter. Je continue, M. le
Président.
La CSN, par conséquent, s'interroge sur le projet de
souveraineté-association du Parti québécois qu'on pourrait
résumer ainsi, et ce sont les questions auxquelles on voudrait avoir les
réponses, au moins trois mois avant que la population soit
appelée, avant le bref référendaire. C'est ça qui
est l'objet de notre motion. Les questions que se posent la CSN, il y a
beaucoup de gens qui s'en posent. On dirait que la CSN s'est inspirée
des questions que l'on pose continuellement en Chambre, nous de l'Opposition
officielle du moins. Je suis convaincu que les autres oppositions se joignent
à ce genre de questions auxquelles on veut avoir des réponses.
Quelles questions, mentionne la CSN? Quel est le sens de toutes les formules
que l'on emploie depuis quelque temps, selon lesquelles on ne peut pas casser
le Canada au régime fédéral? Quels sont les objectifs de
la stratégie "étapiste" de Claude Morin? Quel est le type
d'association économique que l'on préconise? S'agit-ii d'une
communauté économique impliquant le libre échange complet
des biens du capital et de la main-d'oeuvre? S'agit-il d'un marché
commun basé sur le strict échange des biens? Quel est
l'intérêt des autres provinces à accepter une union
douanière qui favoriserait surtout les industries
québécoises en déclin et qui réclame des mesures
protectionnistes? En cas d'échec de
l'union douanière, le gouvernement recherchera-t-il des alliances
économiques plus poussées avec les Etats-Unis? Quels seraient
alors les effets de notre dépendance? Y aurait-il ou non une union
monétaire? Quelte serait alors notre autonomie dans l'élaboration
des politiques fiscales et monétaires?"
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Levesque (Bonaventure): Je continue de citer la CSN qui
s'interroge justement. C'est pourquoi ces trois mois que nous suggérons
sont tellement importants; cela devrait être six mois, cela devrait
être un an, mais c'est un minimum ces trois mois-là. Je continue
les questions de la CSN qui dit: "Sur le plan de la politique
étrangère et de la dépense, de quel droit le gouvernement
s'est-il engagé d'avance à faire partie des deux alliances
militaires NORAD et OTAN? De quel droit s'est-il engagé à
demander son admission au sein du Commonwealth? Quant au processus
démocratique qu'il suivra pour accéder à un nouveau statut
politique, il y a là affirme la CSN encore matière
à se poser des questions sérieuses. Tout est entouré de
mystère." C'est la CSN qui parle, M. le Président. Cela vous
surprend, je sais que cela vous surprend.
Mais la CSN se réveille, M. le Président. Cette attitude
relève-t-elle seulement de la tactique vis-à-vis des forces
fédéralistes? On continue ainsi.
Je ne veux pas exagérer, mais la population du Québec dont
l'avenir fait l'objet de tous ces caprices du gouvernement, cet avenir de la
collectivité québécoise, on ne peut pas jouer avec cela et
ensuite demander au peuple du Québec de se prononcer sur une option. On
peut appeler cela souveraineté-association. Pourquoi n'a-t-on pas
continué avec l'indépendance, comme M. Parizeau continue...
Pourquoi pensez-vous qu'on a parlé de souveraineté-association?
C'est clair, la souveraineté, le monde comprend moins cela que la
séparation et l'indépendance, c'est clair. Commençons par
cela. La souveraineté, cela a l'air d'un petit mot comme la
fierté et tout cela. La souveraineté, cela va bien. Tout le
monde, hum! pas mal, parce que...
M. Bédard: Avez-vous quelque chose contre la
fierté?
M. Levesque (Bonaventure): Non, justement, parce que les
Québécois, à juste titre, sont fiers.
M. Charbonneau: Ils n'ont pas de fierté.
M. Levesque (Bonaventure): Je dis que le mot "souveraineté
" a été utilisé simplement pour flatter cette
fierté légitime des Québécois dont on a
parlé pendant... J'ai été député du temps de
l'autonomie; vous ne l'avez pas été. De l'autonomie, on en a
mangé, on en a mangé pendant des années ici. Ce
n'était pas la souveraineté dans ce temps-là;
c'était l'autonomie. Il n'y avait rien. On pouvait donner des contrats
sans soumission; L'autonomie! On pouvait faire n'importe quoi.
M. Paquette: Statut particulier.
M. Levesque (Bonaventure): On pouvait faire des millionnaires
avec les Canadiens français, comme disaient certains grands
stratèges de l'Union Nationale, du temps.
M. le Président, dans ce temps-là, ils disaient: On va
faire des millionnaires avec des Canadiens français. Cela, c'est de
l'autonomie. On va arrêter de voir des Anglais seulement millionnaires et
on va donner des contrats sans soumissions. On va donner quelques millions
à un tel et un tel. Là, on va servir l'autonomie. Là, ce
qu'on est en train de faire, c'est la souveraineté.
M. Charbonneau: Cela va faire, le bouffon!
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): Vous n'avez pas vécu.
M. Charbonneau: Cela m'écoeure, cela. Cela
m'écoeure, cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): Cela vous écoeure; c'est la
vérité qui vous écoeure.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Charbonneau: Des gens qui n'ont pas plus de... et qui lisent
leur texte comme cela.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Charbonneau: Maudit que cela m'écoeure.
M. Levesque (Bonaventure): Vous sauriez cela.
M. Charbonneau: Vous ne viendrez pas me donner de leçon
à moi, en tout cas.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, je vais vous donner des
leçons. Vous pouvez en prendre, comme n'importe qui peut prendre des
leçons.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Levesque (Bonaventure): Vous en prendrez de qui vous voudrez,
mais vous en avez besoin.
M. Charbonneau: Pas de vous certainement.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Charbonneau: Maudit que c'est écoeurant.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière invoque le...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, est-ce que je
peux continuer sans avoir des invectives comme celles que je viens de recevoir
de quelqu'un qui est probablement bien intentionné mais qui devrait se
contrôler?
M. Charbonneau: Non, mais il y a des limites.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière a soulevé une question.
M. Charbonneau: Ce n'est pas un cirque ici.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de
règlement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Verchères, le député de
Jonquière invoque le règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
dois dire que cela fait au moins quinze fois que je le dis.
M. Charbonneau: ... ici.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): Pas de malice.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
évidemment...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, sur une question de règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne voudrais pas
déplaire au chef de l'Opposition, mais malgré...
M. Levesque (Bonaventure): Mais vous êtes à la
veille de me déplaire, j'en suis convaincu.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
malgré tout le respect que je lui dois et que je lui rends il n'en reste
pas moins que le règlement, malgré la délicatesse dont
vous faites preuve à l'endroit du chef de l'Opposition...
M. Levesque (Bonaventure): J'achève, M. le
député.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... s'applique...
M. Levesque (Bonaventure): Mon temps achève. Je voudrais
simplement avoir l'occasion de terminer. (21 h 15)
M. Vaillancourt (Jonquière): Je vais vous donner
l'occasion de terminer. C'était pour souligner, M. le chef de
l'Opposition officielle, que votre temps était expiré et que le
règlement ne fait pas de...
M. Levesque (Bonaventure): Je le comprends fort bien. Et je suis
très respectueux du règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que le parti ministériel a fait preuve de souplesse. Nous aurions
pu soulever plusieurs questions de règlement sur la pertinence du
débat. Nous ne l'avons fait qu'à une seule reprise. Mais en ce
qui concerne la question des 20 minutes, j'aimerais que ce soit
respecté.
M. Levesque (Bonaventure): C'est la
générosité dont faisaient preuve mes adversaires assis
à cette table dans les années cinquante.
Le Président (M. Clair): Messieurs.
M. Levesque (Bonaventure): Nous pourrions nous défaire de
l'Opposition complètement, vous savez. Cela se disait, dans ce
temps-là.
Le Président (M. Clair): Messieurs, tenant compte des
interruptions dont le député de Bonaventure a fait l'objet, j'ai
peut-être eu un peu plus de difficulté à minuter le temps.
Je pense que le député de Bonaventure peut terminer en trois
minutes.
M. Levesque (Bonaventure): Je vous remercie beaucoup, M. le
Président. Je disais tout simplement, avant d'avoir suscité l'ire
de certaines personnes qui n'aiment peut-être pas que je sois historien
pour un instant, je voudrais simplement... On pourrait faire un autre
scénario pour Charbonneau et le Chef, vous savez.
M. Charbonneau: C'est de l'histoire.
M. Levesque (Bonaventure): Je reprends mes trois minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Profitez-en, M. le
député.
M. Levesque (Bonaventure): Je disais simplement que le mot
"souveraineté" pouvait être associé facilement à une
fierté légitime des Québécois, mais
qu'ajouté au mot "association ", pourquoi pensez-vous qu'on a
ajouté le mot "association"? Pourquoi n'a-t-on pas gardé le mot
"indépendance " purement et simplement? "Souveraineté", je vous
l'ai dit. Et "association ", c'est parce qu'il est important de
sécuriser. Ces gens-là ont été des
spécialistes, M. le Président.
Vous avez vous-même participé à la campagne
électorale où on a voulu rassurer le peuple.
M. Vaillancourt (Jonquière): II est neutre.
M. Levesque (Bonaventure): Je sais qu'il est neutre, mais il se
rappelle.
On a voulu être bien rassurants. Ne vous énervez pas, ne
vous inquiétez pas, il n'est pas question d'indépendance, on vous
consultera plus tard sur l'indépendance. Pour le moment, votez pour
nous, nous serons un bon et vrai gouvernement.
Aujourd'hui, qu'est-ce que vous dites? Ne vous inquiétez pas. Il
n'est pas question de rupture du pays, de se séparer. N'employez pas le
mot. Et même les instructions que vous recevez un peu intimement, pas
secrètes, mais un peu personnelles, n'employez plus le mot
"séparation" n'employez plus le mot "indépendance". Probablement
que M. Parizeau n'a pas reçu la directive. Il faut employer le mot
"souveraineté-association" et rassurer le peuple, ne pas
inquiéter, endormir. C'est de l'intoxication, M. le Président, et
c'est cela que nous voulons éviter par les trois mois que nous
suggérons. Et je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, l'amendement qui est
proposé...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! M. le
ministre de la Justice.
M. Bédard: L'amendement qui est proposé par
l'Opposition, M. le Président, origine d'un souci respectable et que
nous respectons, à savoir le droit du public à l'information, une
information la plus objective possible, à l'occasion d'un
référendum pour lequel il a à se prononcer.
Je pense que nous pouvons dire très facilement et très
clairement que non seulement nous sommes d'accord avec l'idée et la
préoccupation de l'Opposition à l'effet que la population ait une
information objective, mais que nous sommes prêts à mettre au
point un mécanisme qui puisse permettre cette information objective
à l'intention de la population à l'occasion, non seulement du
référendum promis par le gouvernement du Québec, mais
à l'occasion de tous les référendums. Il ne faut jamais
oublier qu'on travaille sur une loi-cadre, dont on va essayer de rendre
je l'ai dit à plusieurs reprises le mécanisme le plus
parfait possible, au point de vue démocratique.
Lorsque nous parlons de démocratie, à moins d'en parler
dans le vide, je crois que nous devons avoir un souci tout à fait
particulier, pour que, à l'occasion de quelque référendum
que ce soit, on s'assure, on prévoie des mécanismes pour que la
population soit bien informée et, en conséquence, puisse exercer
un choix libre et éclairé. Mon opinion, M. le Président
et je pense bien que là- dessus l'Opposition est d'accord
est qu'une période du référendum n'est pas une
période d'agitation, quelque référendum que ce soit, mais
plutôt une période privilégiée d'information au
niveau de la population, sur un sujet précis sur lequel on veut que
celle-ci se prononce.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
Vous avez parlé de mécanismes à mettre en place pour
informer la population; pourriez-vous nous indiquer quels sont ces
mécanismes?
M. Bédard: Si vous me laissez continuer, vous allez...
M. Lavoie: D'accord.
M. Bédard: Je crois que justement la Commission des droits
de la personne, dans son opinion préliminaire qu'elle a rappelée
d'ailleurs à l'attention du gouvernement et des membres de la commission
lorsqu'elle a exprimé sa dernière opinion, est très
sensible et c'est normal à cette nécessité
d'une information objective de la population à l'occasion de tous les
référendums. La Commission des droits de la personne ne parle pas
du référendum de l'indépendance, elle parle et
c'est normal parce qu'elle a compris le projet de loi, elle a compris
que c'est une loi-cadre, elle parle de tous les référendums.
Ce que la commission a très bien compris, c'est-à-dire que
c'est une loi-cadre, qu'on doit se soucier d'une information objective de la
population, l'Opposition ne l'a pas encore compris que c'est une loi-cadre. Si
elle veut nous aider, dans l'optique d'améliorer le mécanisme le
plus valablement possible, on doit s'orienter en fonction non seulement d'un
référendum, mais de tous les référendums puisqu'il
s'agit d'un mécanisme qui pourra servir à plusieurs
référendums et qu'il s'agit d'une loi-cadre que pourront
utiliser, non pas un gouvernement, mais plusieurs gouvernements. Je pense que
dans ce sens-là un amendement doit s'adresser à tous les genres
de référendums.
Je comprends que le chef de l'Opposition je ne veux pas lui
répondre sur le ton de la polémique qui a
caractérisé son intervention a parlé de la
confusion qui semblait exister chez les membres du gouvernement ou chez ceux
qui, effectivement sont orientés en fonction... Ceux chez qui cela a
été une promesse de la tenue d'un référendum bien
précis sur l'avenir constitutionnel du Québec. Si je voulais
m'aventurer dans cette manière de discuter, je pense qu'on pourrait
parler aussi de l'imprécision ou des imprécisions dont font
preuve les oppositions, toutes les oppositions, tant ici à Québec
qu'au fédéral, concernant l'avenir constitutionnel du
Québec ou du Canada.
M. Levesque (Bonaventure): Nous n'avons pas de
référendum, nous.
M. Bédard: Pardon, vous le saurez, vous aurez à
vous mêler du référendum. Vous aurez à expliquer
comme le gouvernement...
M. Lalonde: On n'a pas parlé de
référendum.
M. Bédard: ... vous aurez à définir votre
position, vous aurez à expliquer à la population et aux citoyens
du Québec, vous aurez à expliquer... Ne fuyez pas vos
responsabilités. Vous savez très bien, parce qu'il ne faut pas
prendre les gens pour moins intelligents qu'ils ne le sont, vous savez
très bien que ce n'est pas le seul fait pour vous de dire: non, on n'est
pas d'accord avec le gouvernement ou avec ceux qui préconisent une
option en faveur d'un oui, que vous allez régler le problème.
Tout au cours de la campagne référendaire, vous savez très
bien, si vous ne voulez pas fuir vos responsabilités, que vous aurez
à expliquer vos positions. Si vous avez des solutions de rechange, que
ce soit la troisième voie de M. Ryan, ou encore le statut
renouvelé ou tout ce que vous voudrez...
M. Lavoie: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Bédard:... vous aurez à les expliquer. Vous le
savez très bien. Un référendum...
Le Président (M. Clair): M. le ministre, le
député de Laval invoque le règlement.
M. Lavoie: Je pense bien que l'amendement dont il est question
actuellement, c'est qu'il y a une obligation pour le gouvernement de
déposer devant l'Assemblée nationale, trois mois avant, son
option constitutionnelle. Voulez-vous sous-amender que l'Opposition doit
également le faire? Là, vous pourrez en parler de
l'Opposition...
M. Vaillancourt (Jonquière): Qu'est-ce que c'est, la
question?
M. Lavoie: Si vous voulez la pertinence du débat...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que je peux
répondre sur la question de règlement?
M. Lavoie: Je pense bien que c'est clair. C'est une obligation
imposée au gouvernement d'éclairer...
M. Bédard: M. le Président, je pense qu'on a droit
au même respect qu'a eu le chef de l'Opposition concernant la pertinence
du débat.
M. Lalonde: On va vous laisser terminer.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'ailleurs, notre
règlement... M. le Président, sur la pertinence du débat,
notre règlement, évidemment, nous dit qu'on doit être
pertinent, qu'on doit parler du sujet, à moins que ce ne soit pour
répondre brièvement à quelques digressions. Je ne me
rappelle pas du numéro de l'article, mais comme président, je me
le suis fait citer dans la nuit d'avant-hier. D'ailleurs, j'ai pris
connaissance pour la première fois de cet article.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière...
M. Vaillancourt (Jonquière): Comme le chef de l'Opposition
officielle a fait quelques digressions, je pense qu'il est permis au ministre
de répondre brièvement à ces quelques digressions.
M. Lavoie: Sur cette question de règlement, le chef de
l'Opposition officielle n'a même pas fait de digression. On n'a pas le
droit de répondre à des digressions qui n'existent pas. Il a
parlé sur le fond de la question, ce qui n'est pas le cas de...
M. Bédard: Alors...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est bien mieux un avocat
qu'un notaire pour défendre une cause, si vous saviez!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Avec la même délicatesse, je ferai, à l'endroit du ministre
de la Justice, miens les propos que je tenais tantôt pour le chef de
l'Opposition officielle. J'attendrai de lui les mêmes résultats.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, je n'en crois pas mes
oreilles encore. Lorsque j'ai entendu tout à l'heure le chef de
l'Opposition dire qu'il n'y a pas de référendum pour eux, c'est
vraiment une attitude irresponsable. Le référendum, ce n'est pas
seulement le référendum du gouvernement. C'est un
référendum où, vous le savez très bien, à
moins de vouloir fuir vos responsabilités, vous aurez également
à vous adresser à la population, vous aurez également
à faire valoir l'option que vous aurez choisie. Ce genre de
réflexion ou de digression du chef de l'Opposition m'incite, m'explique,
en fait, que...
M. Levesque (Bonaventure): Vous me permettrez quand même!
Vous me permettrez, vu que vous avez dit cela, d'apporter seulement une
précision. Tout ce que j'ai dit, c'est que nous n'avons pas commis de
référendum. Nous ne nous sommes pas engagés dans un
référendum.
M. Bédard: Vous avez dit: II n'y a pas de
référendum pour nous.
M. Levesque (Bonaventure): Non, j'ai dit... M. Bédard:
On n'a pas de référendum.
M. Lalonde: N'essayez donc pas de noyer le poisson!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: Laissez-moi terminer!
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège, s'il y
en a une en commission!
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, il n'y en a pas.
M. Bédard: Non.
M. Levesque (Bonaventure): J'ai dit: S'il y en a une en
commission.
Le Président (M. Clair): Vous savez fort bien qu'il n'y en
a pas, M. le député de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): Alors, je ne peux pas
répondre.
Le Président (M. Clair): Messieurs, je vous invite
à être respectueux les uns et les autres du droit de parole des
uns et des autres. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, cette réflexion
du chef de l'Opposition, à savoir que, pour eux, il n'y a pas de
référendum...
M. Lalonde: Non.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que je peux poser une
question?
M. Bédard: Je m'explique très bien que...
M. Levesque (Bonaventure): Vous n'avez pas le droit de dire
cela.
M. Bédard:... concernant la loi-cadre, l'Opposition essaie
de fuir ses responsabilités...
M. Lalonde: ... épouvantable.
M. Bédard: ... pour nous aider à l'améliorer
et essaie de fuir ses responsabilités d'avance, responsabilités
qu'elle aurait assumées à l'occasion d'une campagne
référendaire.
M. Lavoie: II va bien.
M. Lalonde: II nous donne la mesure.
M. Bédard: Je vais revenir sur le sujet principal qui me
semble de beaucoup le plus important, à savoir le droit du public et des
citoyens à une information la plus objective possible, à
l'occasion d'un référendum pour exercer le choix le plus
éclairé possible. Je pense qu'il y a lieu... Ce qui est
nécessaire, ce ne sont pas les trois mois qui sont contenus dans
l'amendement présenté par le Parti libéral. Ce qui est
nécessaire, c'est fournir un mécanisme qui permette aux
différentes options d'avoir des chances égales de faire valoir
leurs opinions et également de fournir le mécanisme possible pour
que ces options donnent à la population ce à quoi elle a droit:
une information objective. C'est ce qu'a compris la Commission des droits de la
personne, lorsqu'elle nous dit, à la page 5, dans son opinion
préliminaire, et je cite: "Un dernier point, avant de conclure sur cette
partie du livre blanc, concerne le droit à l'information, tel que
proclamé par la Charte des droits et libertés de la personne
à l'article 44. La commission considère en effet que
l'égalité des chances entre les diverses options ne va pas sans
le droit du public à une information la plus objective et la plus
complète possible, non seulement sur les aspects financiers de la
campagne référendaire, ce qui est garanti dans le livre blanc,
mais sur l'ensemble de ces aspects techniques et politiques, enjeux et options
en présence." (21 h 30)
La commission poursuit son idée en disant qu'elle "propose donc
qu'on s'inspire de l'exemple britannique et que l'on étudie:
Premièrement, la possibilité de publier, de distribuer, sous la
responsabilité et avec l'accord des options en présence, une
brochure explicative sur chacune des options proposées par le
référendum. "Deuxièmement, la possibilité
d'attribuer des périodes de temps égales à la radio et
à la télévision à toutes les parties en
présence".
Je pense que le gouvernement a déjà donné
satisfaction à la deuxième recommandation, à l'effet
d'attribuer des périodes de temps égales à la radio et
à la télévision, à toutes les parties en
présence, et je crois qu'il faut trouver le moyen de mettre au point un
mécanisme qui permette justement une information objective de la part
des différentes options en présence à l'endroit des
citoyens québécois.
Je pense qu'en s'inspirant de l'exemple britannique, il y a lieu de
penser là, je ne formule pas le mot à mot de ce que nous
avons à l'esprit à la possibilité, au début
de la campagne référendaire proprement dite
peut-être sous la responsabilité du directeur du financement
de permettre aux différentes options justement de publier et de
distribuer, sous leur responsabilité et en accord peut-être avec
les comités représentant les différentes options, une
brochure explicative, où l'égalité des chances serait
respectée, sur les options présentées dans le
référendum, afin non seulement que les options aient la
possibilité de s'exprimer, mais que la population ait la
possibilité également de recourir à une publication qui
ferait état, le plus objectivement possible, des différentes
options. Ceci pourrait se faire... Je n'ai pas à formuler
présentement, mot à mot, l'amendement, mais je pense qu'on
pourrait examiner la possibilité que, sous la responsabilité du
directeur du financement et avec l'accord des présidents des
différents comités nationaux, on puisse mettre au point une
publication qui, à ce moment-là, obligerait chacune des parties
à faire très bien connaître les tenants et aboutissants de
son option, à chances égales, et qui serait un outil de
référence privilégié pour l'ensemble des citoyens
québécois. C'est dans ce sens-là que... Je n'ai pas
demandé à l'Opposition de retirer ou de continuer à
discuter l'amendement qui est en cause. Je le sais très bien, comme je
l'ai dit au début, que cet amendement provient d'un souci, que nous
respectons, d'informer tous les Québécois; une information
objective. Le premier ministre l'a dit souvent et il s'agirait
simplement de mettre au point ce genre de mécanisme.
Autrement dit, nous voulons donner suite à cette recommandation
de la Commission des droits de la personne qui me semble très à
propos. Ce mécanisme-là doit être pensé, non pas en
fonction d'un référendum, mais en fonction de tous les
référendums. Ce n'est pas seulement pour le
référendum sur l'autonomie constitutionnelle du Québec que
les citoyens ont besoin d'être informés, c'est sur tous les
référendums qu'un gouvernement ou que des gouvernements
croiraient devoir être nécessaires. Je crois qu'avec de la
collaboration de l'Opposition nous sommes capables, d'ici la fin de nos
travaux, d'inclure une disposition très précise à
l'intérieur de cette loi-cadre, qui va garantir ce que nous avons
à coeur et ce que, j'espère, l'Opposition a à coeur,
à savoir tous les mécanismes nécessaires pour une
information objective et complète de l'ensemble des citoyens
québécois.
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement.
M. Grenier: M. le Président.
M. Lalonde: J'invoque le règlement simplement qui me
permettrait de présenter une question au ministre, simplement.
M. Bédard: Cet amendement-là, que je ne peux
formuler, je pense que c'est l'intention qui est importante et on demandera la
collaboration de l'Opposition pour que la rédaction réponde
vraiment aux objectifs que nous poursuivons et que semble poursuivre
l'Opposition dans son amendement, cet amendement-là pourrait se situer
autour des articles 24 et 25.
M. Lavoie: Si le ministre veut donner ce genre d'obligation
d'information, si vous voulez l'étendre à tous les
référendums, vous n'avez qu'à amender l'amendement
proposé pour l'appliquer à tous, le a), sur toute question
approuvée par l'Assemblée nationale. Si vous voulez, on va
l'adopter, si vous voulez l'apporter.
M. Bédard: Je pense qu'on se comprend très bien. Le
but qu'on poursuit c'est qu'il y ait le plus d'information objective possible
qui soit donnée à l'ensemble des citoyens qu'on veut consulter.
Alors, vous avez présenté un amendement, vous pouvez
peut-être le retenir au niveau de la discussion, jusqu'à ce que,
en collaboration, nous en venions... Tel que je le disais tout à
l'heure, ce n'est pas une question... Ce ne sont pas les trois mois qui sont
importants dans l'amendement présenté par l'Opposition; je pense
bien que c'est le souci de donner une information adéquate et objective,
la plus objective possible aux citoyens que nous voulons consulter.
Le Président (M. Clair): Messieurs. Avant de donner la
parole au député de Mégantic-Compton, il peut se passer
trois choses, selon moi: soit qu'on suspende l'étude de cet amendement,
soit qu'il soit retiré, ou soit qu'on en continue quand même
l'étude et auquel cas je donnerais la parole au député de
Mégantic-Compton dans l'alternance des partis habituels.
M. Lalonde: M. le Président, comme je suis l'auteur de
l'amendement, je pense que les trois choix que vous avez suggérés
couvrent le terrain, soit le retirer en faisant un acte de foi aveugle, soit
suspendre. A ce moment-là, on pourrait considérer, après
avoir entendu les propos des autres députés, l'opportunité
de suspendre l'étude de l'amendement et de l'article 6.
Le Président (M. Clair): Mais quand vous dites: Entendre
les autres députés, non pas sur la motion d'amendement comme
telle?
M. Lalonde: Sur l'amendement, s'ils veulent.
Le Président (M. Clair): C'est parce qu'à ce
moment-là...
M. Lalonde: C'est parce qu'ils ont demandé la parole. Le
député de Mégantic-Compton... Je ne veux pas lui enlever
l'occasion de parler s'il a d'autres suggestions brillantes à nous
faire.
M. Vaillancourt (Jonquière): En ce qui nous concerne, M.
le Président, l'ouverture dont a fait preuve le ministre, on est
prêt à considérer et à préparer un amendement
en ce sens-là, mais en ce qui nous concerne, nous ne verrions pas cet
amendement à l'article 6, mais plutôt dans les articles impliquant
les comités nationaux.
M. Levesque (Bonaventure): C'est ce qu'on a dit d'ailleurs.
M. Lalonde: ... on pourrait suspendre 6 jusqu'à ce qu'on
arrive là.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non pas suspendre
l'étude de l'amendement, mais...
M. Lalonde: Parce que sans cela, il ne faut pas être
naïfs...
M. Lavoie: On ne peut pas vous donner un blanc-seing.
M. Lalonde: On ne peut pas vous donner un blanc-seing.
L'idée a été acceptée, mais...
M. Vaillancourt (Jonquière): II me semble que c'est assez
clair...
M. Bédard: Vous pouvez le retirer et le
représenter, si vous voyez qu'on n'arrive pas.
M. Lavoie: On va le représenter? Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): On donnera notre consentement
à la présentation si...
M. Lalonde: On est un peu naïf, mais pas tant que
ça.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... si on ne respecte pas
notre parole.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Ce ne sera pas la première fois. M.
Bédard: M. le Président... M. Lalonde: Si vous aviez
un texte... Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lalonde:... précis, peut-être qu'on pourrait
s'arranger. Mais là...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: ... je pense que j'ai fait état,
j'espère, le plus clairement possible, de nos intentions et du souci
que...
M. Lalonde: Cela nous prendrait un texte.
M. Bédard: ... nous apportons au fond de la question dont
nous venons de parler.
M. Vaillancourt (Jonquière): La confiance
règne.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, c'est votre ministre qui a la parole.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'étais
interpellé, M. le Président.
M. Bédard: Parce qu'il est clair que, comme c'est
rédigé, je pense que vous connaissez la ligne de conduite que
nous avons adoptée, très respectueusement, il ne nous serait pas
possible de...
Le Président (M. Clair): Moi, j'aimerais demander au
député de Mégantic-Compton, au député de
Rouyn-Noranda et au député de Beauce-Sud, de qui relève
peut-être, finalement, la décision, au moment où ils
s'apprêtent à demander la parole, si c'est pour exprimer un choix
sur la suspension de l'étude de l'article 6 ou s'ils veulent parler sur
la motion et exercer leur droit de parole immédiatement sur la motion
d'amendement?
M. Bédard: M. le Président, j'aurais
peut-être une suggestion. Enfin, on s'essaie de chaque côté
avec une suggestion. Si vous voulez le suspendre, peut-être le reporter,
il ne se situe pas au niveau on vous le dit de l'article 6; on
peut s'entendre en ce sens qu'au niveau des articles 24 et 25, vous reviendrez
avec cet amendement. Je n'ai aucune objection...
M. Levesque (Bonaventure): II faudrait qu'il s'applique à
l'article 6.
M. Lalonde: II faudrait qu'il s'applique à l'article 6,
parce que...
M. Bédard: Non, écoutez! Il pourrait y avoir... Je
pense que le droit à l'information est suffisamment important pour qu'il
y ait un article, situez-le où vous voulez dans le projet de loi, qui
parle uniquement de ça.
M. Lalonde: Non, pas là.
M. Bédard: Je ne crois pas que ça devrait se situer
nécessairement à l'article 6 ou à un autre article.
M. Lalonde: Sur la suggestion du ministre, j'aurais
peut-être des choses à dire, parce qu'il nous suggère de...
Il ne veut pas suspendre l'article 6. Il nous suggère de le mettre dans
le chapitre VIII qui est intitulé: La campagne
référendaire.
Je vous vois, M. le Président, réellement tiraillé
pour décider de l'opportunité ou de la recevabilité de
notre amendement dans ce chapitre, étant donné que notre
amendement se situe bien avant la campagne référendaire.
Le Président (M. Clair): La suggestion que je ferais
peut-être, messieurs, puisque tout le monde a annoncé ses
couleurs, je pense que si l'Opposition officielle était d'accord, on
pourrait laisser parler le député de Mégantic-Compton, le
député de Rouyn-Noranda et le député de Beauce-Sud
et, ensuite, disposer de la motion d'amendement.
M. Lavoie: Ou on pourrait suspendre l'article 6.
Le Président (M. Clair): Oui, mais on ne s'entend pas.
M. Lavoie: On passerait à l'article 7. M.
Bédard: M. le Président...
M. Levesque (Bonaventure): Si vous voulez faire avancer les
choses...
M. Bédard: Mais oui, je veux taire avancer les choses. Je
ne vois pas la nécessité de suspendre l'article 6...
M. Lavoie: L'article 3 est encore suspendu.
M. Bédard: ... puisque nous disons nous-mêmes que le
contenu de cet amendement peut venir aux articles 24 et 25, où nous
arriverons avec une proposition...
M. Levesque (Bonaventure):... à cette fin, on peut
s'engager.
M. Bédard: Non, un moment donné...
M. Levesque (Bonaventure): On peut s'engager seulement à
cette fin-là.
M. Lalonde: L'article 3 est encore suspendu. Il ne faut pas
s'exciter là-dessus. Le député de Maisonneuve n'avait pas
de problème à suspendre les articles. On a suspendu l'article 3,
je pense qu'on avait suspendu l'article 4 à un moment donné.
L'article 3 est encore suspendu.
Le Président (M. Clair): Je pose une question, à
tout hasard. Quelqu'un fait-il une motion pour suspendre l'étude de
l'article 6? On fait ça dans les formes.
M. Lalonde: M. le Président, je la ferais si j'avais une
indication selon laquelle les ministériels sont d'accord. Parce qu'il ne
faut pas commencer à aller jusqu'à minuit sur une motion formelle
de suspendre l'article 6. On va perdre deux heures là-dessus.
Le Président (M. Clair): Quelqu'un ferait-il... M.
Bédard: Nous ne ferons pas de débat... M. Lalonde:
Non. M. Bédard: ... sur le fait de suspendre ou pas.
Le Président (M. Clair): Si le député de
Jonquière faisait une motion formelle pour suspendre...
M. Samson: Question de règlement! On a une motion sur la
table, il faut en disposer avant de passer à une autre motion et je
pense qu'on est aussi bien d'en disposer.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: ... étant donné qu'il semble bien qu'on
ne peut pas reporter l'article, c'est réglé, et qu'il y a ici un
point qui est extrêmement important pour ce côté-ci de la
table, je ne sais pas si ça fera l'unanimité de tous ces gens qui
sont ici, mais je pense que c'est une question importante qu'on discute depuis
le début de la journée. L'amendement qui est là, qui a
été accepté après pas mal de discussion sur
l'acceptation des amendements, celui-là l'a été, et on a
un amendement de fond qui nous permet de donner véritablement notre
opinion sur ce que devrait faire le gouvernement face à... Cela ne vous
dérange pas? Je ne dérange personne, non? (21 h 45)
Nous avons devant nous un véritable amendement qui nous permet
d'établir des positions plus fermes, de rendre des choses plus
précises, des choses qu'on demande depuis déjà plusieurs
jours et même depuis plusieurs semaines et plusieurs mois dans certains
cas. Nous allons voir le fond de cette question et nous allons voter; on saura
à quoi s'en tenir à partir de là.
M. le Président, on a un amendement qu'on relit et qui est
peut-être important: "Dans le cas d'une consultation populaire portant
sur le statut constitutionnel du Québec, le gouvernement doit
déposer, à l'Assemblée nationale, un document
définissant son option constitutionnelle au moins trois mois avant le
jour fixé pour l'émission du bref référendaire.
J'ai l'impression... vous y avez travaillé, M. le Président, vous
y avez ajouté, il y avait déjà un bon fond sur
l'amendement, vous l'avez rendu acceptable c'était votre droit
et je pense qu'on doit en disposer après qu'on aura dit, chacun
de nous, ce qu'on en pense.
A cet amendement, M. le Président, il y a eu plusieurs
débats mais il y en a eu un autour de cette table, ici, qui a eu lieu il
y a environ deux mois, où le chef de l'Union Nationale, M. Biron, a
demandé au ministre des Affaires intergouvernementales, le ministre
étapiste, de préciser sa pensée sur le mouvement, sur
cette définition de souveraineté-association. Inutile de vous
dire qu'on a les idées un peu mêlées quand on regarde les
définitions que peut nous servir l'actuel gouvernement. On a
parlé, au début de ce gouvernement, de séparation et on a
mis de côté...
M. Charbonneau: Jamais, on n'a jamais parlé de cela.
Une Voix: Surtout pas.
M. Grenier: On n'a pas vécu aux mêmes
années.
M. Charbonneau: On n'a jamais parlé de cela.
M. Grenier: II y a un dénommé Marcel Chaput qui en
a parlé et c'était le premier souverainiste. Je m'en souviens, si
vous ne vous en souvenez pas.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Charbonneau: Le Parti québécois n'était
pas formé à ce moment-là.
M. Grenier: Le mouvement souveraineté-association existait
à ce moment-là.
M. Charbonneau: Non, monsieur. Une Voix: Exactement.
M. Grenier: Je vous en reparlerai; c'est votre journal que j'ai
ici.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, j'aimerais bien faire mon
intervention en paix.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton, puis-je vous assurer de mon
appui pour le respect de votre droit de parole. Vous avez la parole.
M. Grenier: Bon. On a parlé de séparation au
début; ce terme est devenu tabou dans l'esprit de bien des gens. On a
parlé par la suite, d'indépendance; ce terme est également
devenu tabou.
M. Vaillancourt (Jonquière): Excusez-moi, M. le
Président. Afin d'aider à avancer le débat, je m'excuse
auprès du député...
Le Président (M. Clair): Est-ce que c'est une question de
règlement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, non, même pas, M.
le Président; c'est une tentative de suggestion que je voudrais faire
aux Oppositions. On parlait tout à l'heure de suspendre ou non l'article
6, ou d'adopter l'article 6, ou l'amendement du député de Laval.
Le parti ministériel serait disposé à suspendre
l'étude de l'article 6, à continuer à étudier les
articles l'un après l'autre, à soumettre l'amendement qu'il aura
à proposer dans le chapitre VIII, les articles 20, 21, 22, 23, 24, et
laisser l'article 6 ouvert, laisser l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys sur la table mais, tout cela à la condition
d'être sûr que si on revenait à l'article 6,
éventuellement, on reviendrait seulement sur cet amendement et non sur
deux, trois ou quatre autres.
M. le Président, j'ai déjà M. le
député de Laval m'autorise à le dire, je pense
rencontré le député de Laval et l'Opposition officielle me
garantit qu'elle n'a plus d'autres amendements à présenter
à l'article 6, de sorte qu'on laisserait l'amendement sur la table et on
reviendrait éventuellement à l'article 6, seulement pour cet
amendement. Evidemment si c'est le cas de l'Union Nationale également,
si c'est le cas du député de Rouyn-Noranda et si c'est le cas du
député de Beauce-Sud; à ce moment-là, on pourrait
passer à l'étude des articles 7, 8, etc. Si l'amendement ne
satisfait pas l'Opposition, à l'article 24, nous serions prêts
à revenir à l'étude de l'article 6, à l'amendement
du député de Marguerite-Bourgeoys et une fois qu'il en sera
disposé, voter l'article 6 et non pas revenir avec d'autres
amendements.
M. Grenier: Question de règlement, M. le Président.
Je n'ai pas fait partie des négociations mais je peux vous dire une
chose, c'est qu'on a déposé des amendements mais notre formation
politique a l'intention de faire préciser cette partie-ci. Si cet
amendement devait être rejeté, je n'entre pas dans l'arrangement,
j'aurais voulu le faire ailleurs, ce n'est pas l'endroit pour négocier
des choses...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Grenier: ... mais j'aurais voulu quand même qu'on ait la
possibilité d'être consultés pour dire qu'on aura
peut-être d'autres amendements, nous, à apporter.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Mégantic-Compton, je m'excuse, vous étiez en train de prendre la
parole lorsque j'ai... C'est une tentative; la tentative n'a pas réussi,
c'est tout, il n'y a pas de...
M. Lalonde: Pour que ce soit dans le journal des Débats,
M. le Président. Effectivement, comme le député de Laval
l'a sûrement exprimé avant, il nous restait on l'avait
annoncé hier soir deux amendements...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est cela.
M. Lalonde:... un a été déclaré
irrecevable ce matin, c'est notre dernier. Si l'article 6 reste tel quel, nous
n'avons pas d'autre amendement à apporter que celui qui est actuellement
notre dernier sur la table.
M. Vaillancourt (Jonquière): On continue.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Le consentement, ce n'est pas moi qui le refuse; ce
n'est pas cela qu'on entend, n'est-ce pas? Ce n'est pas là-dessus que
vous vous basez, parce que je n'ai pas de raison de refuser le
consentement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Bien oui! C'est
là-dessus qu'il se base. Vous voulez disposer de l'amendement
immédiatement. C'est cela que vous voulez?
M. Grenier: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Lalonde: II aura peut-être des amendements.
M. Grenier: J'ai dit que j'avais des amendements; si jamais on
suspend l'article, j'aurai peut-être d'autres amendements.
M. Samson: Si on revient à un processus, il ne faut pas se
barrer...
M. Lalonde: II n'y en a pas eu jusqu'à maintenant
et...
M. Grenier: Si le Parti libéral n'en a pas, j'ai dit que
je n'ai pas...
M. Vaillancourt (Jonquière): A ce moment-là,
l'offre du parti ministériel ne tient plus.
M. Lalonde: Cela ne change rien.
M. Vaillancourt (Jonquière): On veut être sûr
qu'il n'y aura qu'un seul amendement et non pas cinq, six, huit ou dix. C'est
la garantie que nous voulons avoir.
M. Grenier: Voyons donc! M. Roy: M. le
Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Quand même, il y a des limites... Je pense qu'on
était en train...
M. Samson: On est bâillonné
rétroactivement!
M. Roy: Nous étions en train d'en venir à constater
plus de souplesse du côté gouvernemental, et je pense que la
décision que nous étions en train d'accepter, à cette
commission, était une décision sage, très sage.
Maintenant, si l'Opposition officielle n'a plus d'amendement à apporter
à l'article 6, évidemment, c'est son droit, c'est son
privilège. Si mon collègue, le député de
Mégantic-Compton, peut avoir des amendements à apporter, compte
tenu de ce qui sera accepté, de ce qui sera modifié ailleurs,
accepté ou refusé, je pense qu'il ne faudrait quand même
pas fermer la porte.
Je pense que, de toute façon, cela ferait avancer le débat
que de suspendre l'article 6 et d'aller plus loin; on ferait avancer le
débat. Je suggère fortement au gouvernement de laisser passer un
peu de vapeur et de procéder à l'étude des autres articles
du projet de loi, plutôt que de passer encore une semaine à
l'article 6, pour tenter de connaître les intentions et d'avoir plus de
détails sur les intentions du gouvernement. Qu'on accepte donc, tout
simplement, de suspendre la motion et je peux vous assurer que, de ma part,
vous n'aurez pas 25 motions d'amendement à l'article 6.
Le Président (M. Clair): Je me demande dans quel cadre de
notre règlement on se situe. M. le député de
Verchères.
M. Roy: C'est assez compliqué.
M. Samson: Dans le cadre du consentement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, la
confiance règne de la part du parti ministériel. Nous faisons
confiance aux propos du député de Rouyn-Noranda, à ceux du
député de Mégantic-Compton et du député de
Beauce-Sud et, .évidemment, aux propos tenus par l'Opposition
officielle. Tenant pour acquis qu'il n'y aura pas une tonne d'amendement, M. le
Président, à l'article 6, nous serions donc disposés
à suspendre l'article 6 pour aller à l'étude de l'article
7. J'en fais, M. le Président, une...
M.Grenier: Je vous garantis immédiatement vous
connaissez notre position qu'il n'est pas question de retarder les
débats. Nous aurions désiré, à cet article, faire
préciser la position du gouvernement; si cet article était
défait, on en aura un qui ressemblera probablement à
celui-là, mais il n'y en aura pas plus que cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord.
Le Président (M. Clair): De consentement...
M. Samson: Evidemment, c'est une question de principe que,
lorsque nous suspendons un article, on ne conditionne pas cette suspension;
c'est simplement une question de principe. Vous aurez notre collaboration, on
ne fera pas de "filibuster" inutile et ce qui est suggéré...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'était pas de la
mauvaise volonté, M. le députe de Rouyn-Noranda. Je suis
heureux...
M. Samson: Evidemment, il y a une motion sur la table et, en
vertu du règlement, il faudrait en disposer, mais, par consentement
unanime, on peut tout faire.
A ce moment-ci, compte tenu de ce qui est dit, je serais prêt
à donner mon consentement pour suspendre l'étude de l'article 6,
sans condition, mais, quand même...
M. Vaillancourt (Jonquière): On se fait confiance.
Le Président (M. Clair): De consentement, on suspend
l'étude de l'article 6 et, partant...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
fais motion pour que l'étude de l'article 6 soit suspendue et qu'on
entreprenne immédiatement l'étude de larticle suivant,
c'est-à-dire l'article 7. C'est sans condition.
M. Lavoie: Votre motion, c'est que le débat sur
l'amendement à apporter à l'article 6 soit suspendu.
M. Lalonde: C'est tout l'article 6...
Le Président (M. Clair): C'est tout l'article 6, y compris
l'étude des amendements. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Messieurs, pour être bien
certain qu'on se comprendra quand on y reviendra, ie député de
Marguerite-Bourgeoys avait fait une motion d'amendement et, jusqu'à
maintenant, nous considérons que seulement le député de
Bonaventure a exercé complètement son droit de parole et il y a
deux ou trois minutes que le député de Mégantic-Compton a
pu utiliser; on considérera qu'il n'y a eu aucun temps utilisé
par les autres intervenants, ni du côté ministériel, ni du
côté de l'Opposition, sur la motion d'amendement.
M. Grenier: J'aurai la parole en commençant...
Le Président (M. Clair): Nous entamons donc l'étude
de l'article 7.
Débat privilégié
M. Bédard: Nous avons un amendement, nous en avons fait
parvenir la teneur aux membres de l'Opposition. C'est un amendement qui a pour
effet d'ajouter, à la fin de l'article, la phrase suivante: "Le
débat de cette proposition est privilégié et a
priorité sur toute autre question, y compris le débat sur le
discours inaugural."
Je ne crois pas que cela fasse une longue discussion. Cette disposition
était déjà contenue dans le livre blanc. C'est simplement
une omission de ne pas l'avoir reproduite dans le projet de loi. Je crois que,
jusqu'à maintenant, les interventions tant des partis d'Opposition que
du parti au pouvoir ont été à l'effet de souligner
l'importance d'un référendum, peut-être celui auquel nous
pensons tous; je crois qu'il est tout à fait normal qu'on puisse
prévoir que, lorsque le gouvernement prend une décision de cette
importance, à savoir celle de consulter la population d'une façon
tout à fait spéciale, il y ait la possibilité qui est
réservée par l'amendement que je propose à votre
attention.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question
à poser. Etant donné qu'on a une connaissance de l'amendement, je
pense qu'on peut en parler maintenant. Est-ce que le débat sur le
discours inaugural est un élément essentiel dans votre
amendement?
Je vais vous dire pourquoi: C'est qu'il nous apparaît... on
n'aimerait pas que le premier ministre fasse son discours inaugural, dans une
situation suivante, quel que soit le premier ministre, et que, tout de suite
après, on suspende et on passe à la motion; qu'on donne au moins
aux chefs des partis reconnus le temps de faire leur discours pour avoir un
certain équilibre avant de suspendre le discours inaugural, ou qu'on
enlève complètement le débat de cette motion.
C'est pourquoi je posais la question à savoir si c'est si
important que le discours inaugural soit compris là-dedans. Pendant
qu'on discute...
M. Bédard: Si nous sommes d'accord sur le principe, on
peut peut-être chercher une formulation. Vous amenez une interrogation
qu'on doit se poser. Il me semble que l'idée, c'est que le débat
sur la motion privilégiée a priorité sur toute autre
question, y compris le débat sur le discours inaugural. Je
conçois que, dans l'éventualité où le premier
ministre ferait le discours inaugural, il me semble normal qu'il y ait la
réplique des chefs de partis reconnus.
M. Lalonde: Ce serait conforme à la tradition et pour le
discours du budget et pour le discours inaugural.
M. Bédard: Je pense que tout le monde est d'accord
là-dessus, c'est d'éviter le délai qui est imparti au
niveau du discours inaugural. (22 heures)
M. Lavoie: Ce que vous suggérez, c'est de... vous allez
faire une nouvelle rédaction?
M. Vaillancourt (Jonquière): L'idée vient de M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. C'est difficile à
exprimer...
M. Lavoie: Je pense bien qu'il serait facile qu'après que
le premier ministre aura prononcé le message inaugural et les discours
des chefs des partis il faudrait couvrir cela, "à l'exception des
interventions du premier ministre et des chefs des partis"...
M. Lalonde: C'est-à-dire qu'il n'y a pas de discours
inaugural à moins que le premier ministre en fasse un. Je pense qu'on
pourrait dire quelque chose comme ceci... vous avez l'amendement: "... y
compris le débat sur le discours inaugural après les
interventions des chefs des partis reconnus ou représentés, ou
leurs représentants."
M. Lalonde: Est-ce que c'est "représentés " ou
"reconnus "...
M. Bédard: Reconnus.
M. Lavoie: Non, c'est "représentés"...
M. Roy: Pourquoi ne pas prendre le mot
"représentés" dans un débat de ce genre? Quand une
formation politique est représentée par plus d'un
député à l'Assemblée nationale, évidemment,
on peut couvrir un nombre de sujets en partageant le temps entre les
députés. Mais, lorsqu'une personne est seule pour
représenter sa formation politique et qu'elle a seulement vingt minutes
dans un débat au cours duquel les autres députés et les
partis peuvent s'exprimer pendant beaucoup plus de temps, je ne pense pas qu'on
brimerait les droits de personne en faisant en sorte que les partis
représentés aient au moins une heure pour pouvoir s'exprimer dans
une assemblée. Cela ne représenterait même pas un jour de
plus pour le débat. Il y a déjà des dispositions dans la
loi, notamment en matière de finance, qui permettent que les partis
"représentés" aient droit de parole, et non pas les partis
"reconnus".
Dans ce débat, je suggère, je demande fortement qu'on
parle de partis "représentés" à l'Assemblée
nationale.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: C'est une motion, la motion d'amendement à
l'article 7, qui dit que le débat sur... Je pense que pour le bon
entendement du journal des Débats, il faut lire l'article 7:
"L'Assemblée nationale peut, sur proposition du premier ministre,
adopter le texte d'une question devant
faire l'objet d'une consultation populaire. Le débat de cette
proposition est privilégié et a priorité sur toute autre
question, y compris le débat sur le discours inaugural." C'est la partie
qui deviendrait amendée.
M. le Président, je vous soumets très respectueusement que
le discours inaugural est, dans nos traditions parlementaires, un discours
privilégié. Non seulement j'ai cru comprendre qu'il y aurait un
sous-amendement pour couvrir les chefs de partis représentés,
mais je me dois et je pense qu'il ne serait pas normal que nous ne le
fassions pas de plaider en faveur du droit des parlementaires, de
l'ensemble des parlementaires, parce qu'on n'est pas élus seulement pour
venir écouter des chefs de partis à l'Assemblée nationale;
il y a des membres qui sont élus et qui représentent des
comtés, qui représentent une population et pour qui leur
réponse au discours inaugural est une des occasions
privilégiées qu'ils aient de pouvoir parler en faveur des
électeurs qu'ils représentent.
Je dis que c'est l'une des rares occasions, M. le Président, pour
plusieurs députés, car tous les députés n'ont pas
cette chance de participer à tous les débats, n'ont pas cette
chance, compte tenu des différentes stratégies, soit du
gouvernement ou d'autres partis, de pouvoir s'exprimer aussi souvent qu'ils le
voudraient et que leurs électeurs le voudraient.
C'est donc, pour moi, un droit fondamental que tous les
députés, nonobstant leur formation politique, puissent exercer
leur droit de parole sur le discours inaugural qui, en vertu de l'article 23 de
notre règlement, est quand même limité à 25
heures.
M. Lalonde: 20 heures.
M. Samson: 20 heures, pardon. Cela a été
modifié parce que c'était 25 heures, avant... Déjà,
si nous introduisions la notion de chefs de partis représentés,
techniquement, on prendrait six heures. Donc, il y a quatorze heures de
différence pour, ou bien respecter la tradition qui est celle qu'un
parlementaire est élu dans une circonscription; ce n'est pas un parti
qui est élu, c'est un député. C'est l'élu du peuple
qui a droit de discourir, à l'occasion du discours inaugural et je vous
soumets que le discours inaugural et le discours du budget sont les deux seuls
discours privilégiés qui permettent à tous les
députés qui veulent prendre la parole sur n'importe quel sujet
qui les intéresse. Alors que dans d'autres discussions, dans d'autres
débats, les discussions sont évidemment limitées par des
balises qui s'appellent la pertinence du débat vis-à-vis soit
d'un projet de loi ou d'une motion à l'Assemblée nationale.
Or, je dis que pour le peu de différence que cela peut faire,
entraver un droit aussi fondamental que celui que nous retrouvons depuis
toujours dans le règlement de l'Assemblée nationale, soit le
discours inaugural où tout le monde peut parler sur n'importe quel
sujet, je dis que c'est aller un petit peu loin. Je n'accuse pas le ministre,
au contraire, de vouloir nous passer un sapin; ce n'est pas du tout
l'idée. Je pense que cet amendement du gouvernement a sûrement
été présenté de bonne foi, mais nonobstant cet
amendement de bonne foi, je souligne que l'amendement devrait être
sous-amendé je ne suis pas formaliste, si le ministre me fait un
signe qu'il est d'accord, je ne ferai pas de sous-amendement pour se
lire de la façon suivante: "Le débat de cette proposition est
privilégié et a priorité sur toute autre question, sauf le
débat sur le discours inaugural. ' C'est le seul débat, il me
semble, qu'il nous faut absolument protéger.
S'il arrivait que le gouvernement veuille présenter sa
proposition alors que nous avons l'étude des crédits, alors que
nous avons l'étude du discours du budget, alors que nous avons
l'étude de certains projets de loi, ce qui, comme nous le savons, est
déjà pas mal, il me semble qu'il serait valable et normal que la
proposition qui serait faite en vertu de l'article 7 pour la question à
être posée à l'occasion d'un référendum soit
privilégiée et qu'elle ait priorité sur toutes les
matières. Mais je pense que le ministre va convenir avec moi... Il a
été dans l'Opposition lui aussi, il sait comme les membres de
l'Assemblée nationale aiment bien utiliser cette période du
discours inaugural et comme il est au pouvoir aujourd'hui, je suis sûr
que le ministre sait également que c'est à peu près la
seule chance que peuvent avoir plusieurs ministériels de parler
je pense que c'est 20 minutes en vertu de l'article 23 et de
représenter leurs électeurs, de présenter devant
l'Assemblée nationale les griefs de leurs électeurs.
M. Lavoie: M. le Président, pourriez-vous ramener
Charbonneau et le chef à l'ordre, s'il vous plaît?
M. Samson: M. le Président, ce coup de
théâtre étant passé, je demande au ministre de nous
accorder cela. Je le fais tout en sachant à quel point c'est important
que cette question ait priorité sur les autres matières. Mais
quatorze heures de différence, ce n'est pas cela qui va mettre en danger
la nation. Quatorze heures de débat, cela peut vouloir dire deux ou
trois jours, selon les cas.
M. Bédard: Non, plus que cela, M. le député.
M. Samson: Bien, M. le Président...
M. Bédard: Vingt heures de débat sur le discours
inaugural.
M. Samson: Attention! Je viens de soustraire les heures qui sont
permises pour le premier ministre, le chef de l'Opposition officielle, les
chefs de partis reconnus, les chefs de partis représentés; il y a
là six heures. Si on enlève ces six heures, de toute
façon, vous sembliez disposé à en enlever, il vous en
reste quatorze. Pour quatorze heures, je pense que faire un accroc à une
tradition longue et qui est le seul moment, au fond, où un
député surtout les députés
ministériels, M. le Président je ne parle pas parce
que
c'est l'actuel parti qui est au pouvoir. J'ai vécu sous d'autres
gouvernements, M. le Président, où j'étais dans
l'Opposition, et je sais, comme le ministre le sait, d'ailleurs, que nous
avions dans l'Opposition beaucoup plus de chance de parler que nos
collègues du gouvernement. C'est normal. Cela n'a pas changé
parce que le gouvernement a changé. C'est la même chose. Le seul
moment où vous avez réellement, du côté
ministériel, les députés, une chance de parler en faveur
de votre comté et en faveur de vos électeurs et de parler sur
n'importe quel sujet, c'est le discours inaugural. Je dis que c'est un droit
que nous devons protéger, M. le Président. On n'enlève pas
du jour au lendemain comme cela un droit aussi fondamental pour les
parlementaires.
M. Bédard: Je pense que le ton de la discussion est bien.
On ne se prête pas de mauvaises intentions.
M. Samson: M. le Président...
M. Bédard: Vous savez très bien...
M. Samson: ... je m'excuse auprès du ministre, si je parle
d'une voix ferme, je ne voudrais pas que le ministre pense que je voudrais
l'injurier.
M. Bédard: Non, je ne le crois pas.
M. Samson: Je pense en être demeuré à des
termes polis, M. le Président.
M. Bédard: Je ne tremble pas, soyez sans
inquiétude.
M. Samson: Oui, même s'il n'y a pas plus de Tremblay dans
votre coin. M. le Président, je ne voudrais pas que le ministre
interprète le ton de ma voix comme étant coléreux. Au
contraire. Le ton de ma voix, M. le Président, reflète la
profonde conviction de mes propos. Je pense que le ministre va l'admettre. Le
ministre, avec qui j'ai eu l'occasion de travailler dans l'Opposition assez
régulièrement, lorsque nous n'étions que huit, le ministre
va s'en souvenir. Nous avions souvent à défendre de petites
choses comme cela qui n'avaient l'air de rien, qui n'avaient pas l'air
malicieuses du tout, mais qui entamaient... Vous savez, M. le Président,
depuis que je suis à l'Assemblée nationale, le règlement a
changé. On est plus restreint dans notre pouvoir de prendre la parole,
M. le Président.
Les débats sont déjà plus restreints. Je ne veux
pas dire que c'est une mauvaise chose, parce que l'actuel Code Lavoie est une
code qui s'est voulu une amélioration. On a réduit quand
même le message inaugural, et on a réduit le droit de parole dans
d'autres matières. Ecoutez, je pense que les électeurs que nous
représentons...
M. Bédard: II ne faudrait pas se tromper. Il ne s'agit pas
de faire disparaître le discours inaugural.
M. Samson: Non, mais...
M. Bédard: Mais de raccourcir le temps qui est normalement
alloué au discours non, mais vous me permettez
inaugural.
M. Samson: M. le Président, attention, je permets, si vous
me demandez une question. Mais si vous ne me posez pas de question, laissez-moi
parler.
M. Bédard: Si vous voulez faire vos 20 minutes
conventionnelles.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, c'est justement sur cela que je veux intervenir en votre faveur.
Actuellement, je suis forcé de compter le temps de parole que vous
utilisez et je ne suis pas sûr de ce sur quoi vous voulez vraiment
l'utiliser. Si vous l'utilisez sur l'article 7, je veux juste vous
indiquer...
M. Samson: II est sur l'amendement, M. le Président.
L'amendement est déposé.
Le Président (M. Clair): Maintenant, est-ce que vous
considérez réellement qu'il s'agit d'un amendement? Est-ce que
vous ne considérez pas plutôt que les amendements proposés
par le ministre font partie intégrante de sa motion?
M. Samson: Ah non! Cela a été déposé
au tout début, M. le Président.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
M. Samson: On nous les a donnés à part cela, projet
de loi no 92, article 7.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, juste pour prendre notre temps, deux minutes.
M. Samson: Oui. Avec vous, M. le Président, je suis
prêt à prendre beaucoup de temps.
Le Président (M. Clair): Vous êtes gentil. M. le
député de Rouyn-Noranda, regardez bien. Si vous considérez
la motion du papillon distribuée par le ministre de la Justice comme
étant une motion d'amendement, prenez garde tantôt de ne pas
pouvoir faire de motion de sous-amendement parce que, si l'Opposition
officielle fait une motion de sous-amendement, automatiquement, les autres
partis ne pourront plus faire de motion de sous-sous-amendement. Cela
m'apparaît de l'intérêt même...
M. Samson: M. le Président, l'Opposition officielle n'a
pas l'habitude de "jambetter" les autres Oppositions, que je sache.
M. Lalonde: Non, surtout pas le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, conscient de cette longue
tradition, je pense que si on regarde le rouleau du journal des Débats,
M. le Président, le ministre a bien dit: On a un amendement
là-dessus.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière invoque le règlement. (22 h 15)
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
prends à témoin le député de Marguerite-Bourgeoys,
je ne veux pas interrompre le député de Rouyn-Noranda, non
seulement c'est dans son intérêt, mais il est également de
tradition, mon expérience n'est pas longue, mais depuis au moins un an
et demi, il est de tradition que lorsque le ministre propose ce qu'il a
appelé un amendement, à toutes fins pratiques, les
députés s'entendent toujours, loi 101, loi 67, loi ceci, loi
cela, pour considérer ce que le ministre a appelé amendement
comme faisant partie de la motion principale, ce qui avantage les
députés qui ont des amendements et des sous-amendements. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys est là pour en
témoigner, je pense que c'est ce qu'on a toujours fait.
M. Lalonde: II me semble, lorsque le ministre d'Etat à la
réforme parlementaire les avait déposés, qu'on avait dit
que ce serait considéré comme des motions principales.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est cela.
M. Lalonde: Mais puisqu'on m'a pris à témoin, je
voulais dire que dans le cas de 67, ce n'étaient pas des motions
principales. C'étaient des émotions principales.
M. Roy: M. le Président...
M. Bédard: Vous faites un bon témoin.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je dois dire qu'ici autour de la table on a assez de
difficultés à suivre actuellement. C'est assez pénible.
Habituellement, je pense que le ministre est le premier à prendre la
parole lorsqu'un nouvel article est appelé. Le ministre fait part de
l'amendement qui n'est pas inclus dans le projet de loi original, et
l'amendement qu'il doit soumettre devient automatiquement et constitue
l'article que le gouvernement propose. Par la suite, nous entreprenons le
débat, nous entreprenons les discussions. C'est ce qui s'est fait,
malgré toutes les émotions que nous avons vécues durant
l'étude de la loi 67, malgré les émotions ou les motions
que nous avons eues dans l'étude d'autres projets de loi. Il
m'apparaît que c'est une formule beaucoup plus souple et qui ne nuit pas
aux possibilités de proposer des amendements de la part de l'Opposition,
voire des sous-amendements.
Là-dessus, je vous rejoins, M. le Président. Je pense
qu'on devrait tout simplement se reprendre selon une procédure
cohérente, parce que j'imagine que ceux qui vont lire le journal des
Débats vont avoir des petits problèmes.
Le Président (M. Clair): Messieurs, là-dessus
disons que c'est une décision, une directive que je donne. Effectivement
c'est dans l'intérêt du député de
Rouyn-Noranda que j'avais soulevé la question je considère
que les amendements ou les changements, si vous voulez, qui sont introduits par
le ministre au début de l'étude d'un article ne constituent pas
en fait des motions de fond, mais sont réputées faire partie
intégrante de la motion principale que fait le ministre en proposant
l'adoption d'un article. En conséquence, je dis au député
de Rouyn-Noranda qu'il a déjà sept minutes de son droit de parole
d'utilisées sur la motion principale. Je profitais de l'interruption qui
lui avait été faite pour lui signaler le danger d'utiliser tout
son droit de parole sur la motion principale et qu'il risquait ainsi de perdre
son droit de parole pius tard.
C'était dans l'intérêt du député de
Rouyn-Noranda que je faisais cette intervention. Ceci dit, je vous redonne la
parole, M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je ne veux pas entraîner
de question de règlement pour retarder les travaux de cette commission.
Au contraire. Je considère que la façon dont vous venez
d'indiquer pour l'avenir... J'avais compris que c'étaient des
amendements que le ministre avait déposés, mais je n'ai pas
d'objection qu'on les considère comme faisant partie intégrante
pour l'avenir. Etant donné que j'ai sept minutes
d'écoulées, M. le Président, et que la réponse qui
viendra du parti ministériel pourra peut-être nous donner
satisfaction, pour le moment je n'irai pas plus loin. Je vais conserver les
treize minutes qui me restent au cas où ce serait utile sur la motion
même, l'article 7, et ainsi conserver mon droit de parole pour les
amendements ou ies sous-amendements qui pourront venir. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Merci sincèrement de votre
collaboration, M. le député. M. le ministre.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
seulement quelques mots pour dire tout d'abord qu'en principe, si on vient
à trouver la formulation précise et exacte, je serais
plutôt personnellement d'accord à prévoir le cas qu'a
soulevé le député de Marguerite-Bourgeoys, à
savoir, en supposant que la proposition soit présentée
après le discours du premier ministre, qu'il serait absolument essentiel
et conforme d'ailleurs à notre tradition que les chefs des autres partis
reconnus...
M. Lalonde: Tous les autres partis de l'Opposition.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, le terme du
règlement, je pense, c'est le parti reconnu. Je ne partirai pas
un débat là-dessus.
M. Lalonde: Non parce que s'il est reconnu, cela les
enlève.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas là-dessus
que je veux parler, mais sur le principe que vous avez soulevé et qui
est un principe d'équité. M. le Président, je pense
cependant que, même s'il n'y a pas eu d'amendement formel
présenté par le député de Rouyn-Noranda, je dois
dire ici qu'à part les discours de ceux que je viens de nommer, il me
semble que la proposition prévue à l'article 7 doit être
privilégiée, y compris pour le discours inaugural, sauf pour les
quatre discours, cinq ou six discours que je vous ai mentionnés. M. le
Président, si on commence à accepter le discours inaugural,
pourquoi ne pas accepter le discours du budget?
Le député de Rouyn-Noranda a fait grand état que
les députés ministériels, entre autres, avaient peu
d'occasions d'intervenir dans les débats et que les deux grands
débats de l'année étaient le discours inaugural et le
discours du budget. M. le Président, je considère personnellement
que le fait de ne pas mentionner ce qui est prévu à l'article 7
est aussi très important. On veut lui donner un statut de débat
privilégié et je pense qu'il serait tout à fait normal
qu'à part les discours, les interventions des chefs de partis reconnus
et du premier ministre, au cas où le discours inaugural serait
commencé au moment de la proposition, il serait tout à fait
normal de faire une halte de quelque quatorze heures de travaux parlementaires
qui peuvent représenter en fait beaucoup plus que deux jours en termes
de calendrier.
Quatorze heures de travaux parlementaires, M. le Président, je
pense qu'on n'a pas encore fini le discours sur le budget. Pourtant, il est
censé durer 15 ou 20 heures. On a commencé le discours du budget
le 18 avril, c'est vrai qu'on a été interrompu par toutes sortes
de choses, mais on est rendu, je pense, au 8 juin 1978, et nous n'avons pas
encore terminé le discours du budget.
M. Samson: Cela fait déjà quelques semaines que
cela n'a plus de sens, non plus. Six semaines après que c'est
prononcé, vous en avez déjà amputé un discours.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: Je ne sais pas, en essayant de se situer dans
le temps, je pense avec raison que le député de Rouyn-Noranda a
souligné qu'avec notre amendement il n'était en aucune
façon prévu de vouloir diminuer l'importance que nous
reconnaissons au discours inaugural. Je pense également que chacun des
partis d'Opposition, chacun des membres de l'Assemblée nationale a
déjà énoncé l'importance capitale qu'il attachait
au référendum, soit celui que nous avons en tête ou celui
qu'un gouvernement pourrait avoir à présenter à
l'Assemblée nationale. Si nous suivons l'argument du
député de Rouyn-Noranda, il y a bien d'autres discours qui sont
très importants au niveau de l'Assemblée nationale. Je pense au
discours du budget. Le député de Rouyn-Noranda peut penser
à d'autres exemples. Je pense qu'il faut en venir peut-être, en
nous référant à la situation actuelle, à une
solution qui pourrait, j'espère, satisfaire tous les membres de la
commission parlementaire et qui ferait en sorte que, ce n'est pas l'amendement,
il ne s'agit pas d'amendement, non, il s'agirait d'ajouter à la fin
ceci: "Le débat de cette proposition est privilégié et a
priorité sur toute autre question y compris le débat sur le
discours inaugural, à l'exception du message inaugural prononcé
par le premier ministre et du discours des chefs des partis d'Opposition
représentés à l'Assemblée ou de leurs
représentants." Tout à l'heure, on parlait de partis
reconnus.
M. Samson: II n'y a personne qui a eu cela en tête.
M. Lalonde: II n'y a personne qui a eu le culot d'avoir cela en
tête.
M. Samson: Pas du côté de l'Opposition. Pas nous
autres. Voyons donc. Ne soyez pas trop dur. Depuis le début que vous
n'acceptez rien. Tâchez au moins d'être... Ne touchez donc pas au
discours inaugural. Quant aux autres affaires, cela va. Il y a tellement
d'autres choses.
M. Bédard: Je pense que tout le monde reconnaît
l'importance du discours inaugural. Tout le monde reconnaît l'importance
aussi d'une décision politique à savoir de commencer le processus
qui mène à la tenue d'un référendum. Je pense
qu'à partir de ce moment, c'est une décision politique importante
que doit prendre un gouvernement.
M. Samson: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. Bédard: II faut la situer dans le temps.
M. Samson: Est-ce que le ministre me permet une question à
ce moment-ci? Est-ce que le ministre est en train d'essayer de me faire
comprendre, nonobstant bien sûr l'importance de la question du
référendum, que le gouvernement ne pourrait pas savoir au moins
trois jours d'avance qu'il va présenter une question? Voyons donc. Si
vous ne le savez pas avant le discours inaugural que vous êtes pour
présenter une question, vous ne me ferez pas croire que vous allez
arriver avec elle durant le discours inaugural. Si vous le savez avant et que
vous nous coupez le discours inaugural pour l'apporter, ce sera une
stratégie à ce moment. Voyons donc, n'essayez pas de bourrer la
population de cette façon.
M. Bédard: Franchement, vous allez très loin pour
essayer de faire valoir votre point de vue.
M. Samson: Le ministre est-il capable de
m'assurer que le gouvernement ne serait pas prêt à
présenter sa question, qu'il n'y aurait pas pensé au moins trois
jours d'avance? Tout ce que je vous demande...
M. Bédard: Vous savez qu'un discours inaugural avec
l'intervention de chacun des députés, selon les règles
normales...
M. Samson: Cela dure deux semaines.
M. Bédard: ... c'est au moins deux semaines.
Reconnaissez-le.
M. Samson: Là, si vous donnez le droit de parole aux chefs
de partis à l'Assemblée nationale, cela prend une semaine.
L'autre, si vous le donnez à tout le monde, cela prend l'autre semaine.
Vous ne me ferez pas croire que vous ne serez pas prêts au moins une
semaine d'avance. Si cela vous prend cela absolument et que vous ne pouvez pas
être prêts une semaine d'avance, je vous dis: Votre affaire, c'est
de la foutaise.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Rouyn-Noranda, messieurs, puis-je d'abord
demander au ministre de nous lire le texte définitif de sa motion
principale à l'article 7?
NI. Bédard: "Le débat de cette proposition est
privilégié et a priorité sur toute autre question y
compris le débat sur le discours inaugural à l'exception du
message inaugural prononcé par le premier ministre et des discours des
chefs des partis d'Opposition ou de leurs représentants. "
M. Roy: On pourrait mettre le mot "reconnus ' ou
"représentés " après les chefs des partis
d'Opposition.
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Clair): Est-ce que je peux avoir le
texte?
M. Bédard: En fait, s'il y a la possibilité qu'il
puisse y avoir, je ne sais pas... pour des circonstances incontrôlables,
le chef, un des chefs d'Opposition ne peut donner la réplique, au moins
qu'un représentant la donne pour lui en son nom. C'est ce que je voulais
couvrir.
M. Samson: Si on trouvait acceptable la proposition du ministre,
son libellé serait correct. Le premier ministre et les chefs de partis
représentés ou leurs représentants. Le libellé est
correct.
M. Bédard: Dans l'état actuel des choses, cela
permettrait également au député de Rouyn-Noranda,
même s'il n'appartient pas à un parti reconnu, et au
député de Beauce-Sud de faire leurs représentations en
réponse au discours inaugural.
M. Samson: Ce qu'il vient de lire est conforme à ce qu'il
pense. Si cela nous était acceptable. Le libelle est correct. Il n'y a
pas de problème. Il me semble que tout ce qu'on demande de plus, pour ne
pas créer un précédent dans l'histoire de tout notre
règlement, il faut au moins, ne pas toucher au discours inaugural. (22 h
30)
Le Président (M. Clair): L'article 7, tel que
proposé par le ministre, à ce stade-ci, se lirait comme suit:
"L'Assemblée nationale du Québec peut, sur proposition du premier
ministre, adopter le texte d'une question devant faire l'objet d'une
consultation populaire. "Le débat de cette proposition est
privilégié et a priorité sur toute autre question, y
compris le débat sur le discours inaugural, à l'exception du
message inaugural prononcé par le premier ministre et des discours des
chefs des partis d'Opposition."
Une Voix: Des partis représentés. M. Lavoie:
Ou de leurs représentants.
M. Bédard: Des partis d'Opposition ou de leurs
représentants, je tiens à le mettre.
M. Lalonde: Oui, parce que c'est prévu par le
règlement.
M. Bédard: C'est cela, c'est conforme à notre
règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, vous avez dit tantôt que vous en faisiez la demande, la
suggestion. Est-ce que vous faites une motion formelle d'amendement, auquel cas
je vous donnerais le droit de parole sur votre motion d'amendement, ou si on
dispose immédiatement de cette motion principale d'adopter l'article 7
tel que proposé par le ministre?
M. Bédard: J'ai apporté cet amendement en essayant
de tenir compte, en partie, des représentations du député
de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je préférerais
grandement, sans être formaliste, que le ministre revoie et qu'ilnous fasse lui-même la proposition, tenant compte des droits
légitimes de tous les parlementaires dans un discours inaugural, et
tenant compte du fait que cela représente seulement trois jours de
session de différence; je préférerais cela. Je supplie le
ministre d'accéder à cette demande qui n'est pas contraire
à ce qu'il nous a indiqué au début de ses remarques, quand
il est arrivé à cette commission. Cela ne change le cadre de la
loi d'aucune façon, cela ne change non plus le coeur de la loi d'aucune
façon; aucun principe n'est remis en cause dans la loi comme telle, il
s'agit là d'une technicité qui fait qu'on risque de priver des
députés de leur droit de parole qui est reconnu dans le
règlement.
M. Bédard: Dans un effort d'essayer de concilier des
représentations faites par le député de Rouyn-Noranda, par
rapport au texte initial que
j'avais présenté et qui aurait pu permettre la situation
qu'il y ait seulement le premier ministre qui fasse le discours inaugural et
que personne d'autre ne puisse lui donner la réplique, je crois avoir
fait preuve d'un assouplissement, peut-être pas complet, je ne me rends
peut-être pas jusqu'au bout des revendications du député de
Rouyn-Noranda, mais je pense qu'avec cet amendement, je tiens compte du fait
que le premier ministre, ayant prononcé le discours inaugural, il est
normal que tous les partis d'Opposition puissent donner la réplique et
puissent faire valoir leur point de vue au nom de leur parti.
M. Samson: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. Bédard: C'est le droit de parole tant du point de vue
des députés ministériels... je comprends ce que dit le
député de Rouyn-Noranda; bien des députés auraient
des choses à dire au niveau du discours inaugural, ce qui ne veut pas
dire que cela met fin au discours inaugural, cela le suspend simplement. Les
députés auront toujours l'occasion...
M. Samson: Quand on le reprend cinq semaines après, cela
ne veut plus rien dire.
M. Bédard: Ce n'est pas tout à fait vrai, ce que
vous dites, et vous le savez. Le discours du budget dure depuis combien de
temps? Cela n'empêche pas les députés de s'exprimer encore
à l'heure ac-> tuelle et de voir leurs propos retransmis pour le
bénéfice de leurs électeurs, cela ne change absolument
rien de ce côté-là. Je pense qu'on essaie de faire chacun
notre bout de chemin.
M. Samson: J'aimerais poser une question au ministre, une seule,
et je lui demande de me répondre clairement. Est-ce que le ministre, qui
a déjà été député dans l'Opposition,
alors qu'il était député de lOpposition sans un poste
officiel, aurait accepté ce genre de chose?
M. Bédard: Oui, je pourrais l'accepter.
M. Samson: Non, est-ce que vous auriez accepté, quand vous
étiez député? Soyez honnêtes, quand vous
répondez.
M. Bédard: Vous me demandez...
M. Samson: Vous ne l'auriez jamais accepté, jamais de la
vie; je vous connais trop.
M. Bédard: Vous avez le droit... c'est une question
hypothétique, au moment où on se parle.
M. Samson: Ce n'est pas hypothétique; quand vous
étiez dans le troisième banc en arrière, ces
choses-là, vous ne les laissiez jamais passer.
M. Bédard: Je ne sais pas si c'est hypothétique,
mais vous vous permettez de répondre à ma place après
m'avoir posé une question. Franchement, laissez-moi répondre, au
moins.
M. Samson: D'accord, est-ce que vous auriez accepté
cela?
M. Bédard: Moi, je vous dis que je l'accepterais. Je
n'accepterais pas...
M. Samson: L'auriez-vous accepté, dans le temps?
M. Bédard: Me laissez-vous répondre?
M. Samson: Vous dites: Je l'accepterais aujourd'hui. Vous
êtes ministre aujourd'hui, cela ne vous dérange plus.
M. Bédard: C'est cela, pourquoi posez-vous une question si
vous ne voulez pas avoir de réponse ou si vous voulez la
discréditer d'avance?
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Samson: Mais quand vous étiez député,
vous n'auriez jamais accepté ce genre de chose.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs. A l'ordre! J'ai l'impression qu'on s'éloigne passablement du
sujet qui est discuté.
M. Bédard: Permettez-moi simplement de...
M. Samson: C'est parce que je lui rappelle des souvenirs
embêtants pour lui un peu.
M. Bédard: M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... vous donne le droit
d'intervenir dans ce débat.
M. Bédard: Le député de Rouyn-Noranda donne
l'impression je ne sais pas si cast une faute de compréhension
que, par l'adoption de cette proposition, on a privé d'une
façon irrémédiable les députés de pouvoir
intervenir au niveau du discours inaugural. Mais non, ils gardent leur droit de
parole, simplement que lorsque le discours inaugural continuera, ils vont
garder leur droit de parole, tant du point de vue de l'Opposition que du point
de vue ministériel.
Si le fait de cet article était d'abolir le discours inaugural,
d'abolir le droit des députés pour parler au niveau du discours
inaugural...
M. Samson: Abolissez l'Opposition et vous n'aurez plus de
problème.
M. Bédard: Non, non.
M. Vaillancourt (Jonquière): On pourrait abolir la
Commission des droits de la personne.
M. Bédard: Je ne serais certainement pas d'accord parce
que les députés ministériels ont le droit de parler aussi
sur le discours inaugural.
M. Samson: Oui, mais vous êtes en train de leur enlever
leur droit.
M. Bédard: Mais non, vous ne comprenez pas. C'est tout
simplement qu'on reporte à ce moment le discours inaugural.
M. Samson: C'est de l'inconscience totale que vous faites. Vous
n'avez aucune bonne raison.
M. Bédard: Vous employez des gros mots.
M. Samson: II y a trois jours de différence; vous n'avez
aucune bonne raison, si vous êtes un gouvernement responsable, voyons
donc!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je me dois de vous rappeler encore une fois que votre temps
s'écoule sur la motion de fond. Si vous avez l'intention de
présenter un amendement...
M. Samson: Mon temps s'écoule peut-être mais les
droits des parlementaires sont en train de s'écouler bien plus que mon
temps s'écoule, je vous le jure, M. le Président. Quand vous
occuperez votre siège de député au lieu d'un siège
de président vous verrez que, ce que je viens de faire aujourd'hui,
c'est pour vous défendre.
Le Président (M. Clair): Votre temps s'écoule
toujours.
M. Samson: Bien oui, mon temps s'écoule, mais s'il y a
quelque chose qui s'écoule c'est le gouvernement.
Le Président (M. Clair): Je voudrais juste vous indiquer
et vous rappeler, M. le député de Rouyn-Noranda que si vous le
voulez...
M. Lalonde: Le gouvernement s'écroule.
M. Samson: II s'écroule. Je m'excuse, j'ai fait une faute
de langage.
Le Président (M. Clair): Si vous le voulez, vous pouvez
présenter une motion d'amendement. Cela permettrait de disposer plus
facilement de la question. Actuellement là...
M. Samson: J'essayais que cela vienne du ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Cela ne vient pas.
M. Samson: Depuis le début qu'on parle de consensus. Ma
foi du Bon Dieu, je commence à penser que le consensus, le PQ ne
connaît pas cela du tout.
M. Bédard: Vous avez toujours dit qu'un consensus
s'obtient à partir du moment où chacun fait son bout de chemin.
Là, on a fait chacun notre bout de chemin...
M. Samson: Depuis deux semaines qu'avez-vous fait comme bout de
chemin, vous?
M. Bédard: Vous avez droit à votre opinion. Si vous
voulez faire un "show", faites-le.
M. Samson: Rien.
M. Bédard: Si vous voulez faire un "show", faites-le.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Samson: II y a une limite à rire du monde.
Le Président (M. Clair): Sur la pertinence du
débat, M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, même si mon temps
s'écoule puis au risque que cela s'écoule, je dis que c'est
inacceptable de priver les parlementaires de leurs droits qui leur sont
conférés par leurs électeurs, quand ils se font
élire. Les parlementaires ne sont pas ici seulement pour servir un
parti. Ils ne sont pas ici seulement pour servir le gouvernement. Ils sont
là pour servir d'abord les électeurs. Ces parlementaires ont des
droits. On est en train de proposer un article qui va à l'en- contre du
règlement. Il va falloir amender le règlement par la suite pour
que ce soit concordant. Et, de quoi allez-vous avoir l'air? Cela a toujours
été dans les traditions parlementaires; on n'a jamais
touché à cela. Il me semble qu'il y a eu des gouvernements, dans
le passé, qui auraient eu des raisons de procéder rapidement
à des choses qui pressaient. Le discours inaugural, on n'y a jamais
touché. Depuis que le PQ est au pouvoir, M. le Président, il n'y
a plus d'ordre. C'est simple, on se retrouve devant la négation des
droits stricts et fondamentaux des parlementaires.
Il y a des députés qui ne sont pas ministres de ce
côté et je suis sûr que je défends leurs droits bien
que c'est délicat pour eux de le faire eux-mêmes. Si le ministre
ne veut pas lâcher un peu, c'est délicat pour eux autres. J'en
conviens, M. le Président. Mais, n'oublions pas qu'on est en commission
parlementaire, on est une dizaine autour de la table, puis qu'il reste encore
une centaine de députés qui ne sont pas ici, pour qui on
protège des droits. Quand on veut protéger le droit du discours
inaugural, on protège ceux aussi qui ne participent pas au
présent débat. S'ils avaient la chance de venir parler à
ce débat, chacun viendrait vous dire la même chose. Chacun
voudrait protéger ses droits.
Quand on se fait élire, c'est pour représenter une
population et on n'a pas le droit de faire défaut à cette
population. Là, on est en train, par des lois qui ont l'air de rien...
Cela a l'air de rien, cette affaire, mais goutte à goutte, chaque fois,
le gouvernement nous arrive avec des choses qui ont l'air de rien, et goutte
à goutte, il est en train de remplir le vase, puis, petit à
petit, on en perd un peu tout le temps. Le jour où on n'aura plus de
droits ou presque plus, c'est pour quand ce jour? C'est une question de
délai, c'est une question de temps. Je ne peux pas vous dire quand, mais
cela s'en va vers cela tranquillement.
Je suggère, M. le Président, que l'article 7... Je le
propose, cela va vous rendre service, M. le Président. Ai-je besoin de
l'écrire? Je pense que vous avez devant vous le papillon. Je propose
qu'on change les mots "y compris", dans la deuxième ligne et la
troisième ligne de votre papillon par le mot "sauf" et qu'on mette un
point après le mot "inaugural". De sorte que le nouvel article se lirait
comme suit: "L'Assemblée nationale du Québec peut, sur
proposition du premier ministre, adopter le texte d'une question devant faire
l'objet d'une consultation populaire. Le débat de cette proposition est
privilégié et a priorité sur toute autre question, sauf le
débat sur le discours inaugural." C'est le sens de l'amendement que je
fais, M. le Président. C'est un sous-amendement.
M. Lalonde: Non, c'est un amendement. Le Président (M.
Clair): L'amendement.
M. Samson: Amendement, parce qu'on a dit que cela faisait partie
de l'article, tantôt. Cela devient un amendement que je propose en
espérant que j'aurai l'appui de mes collègues pour cet
amendement, qui n'a pas de conséquence, qui ne met en danger, d'aucune
façon, le gouvernement, qui n'a que trois jours de différence
dans le discours inaugural entre ce que j'amende et ce qui a été
proposé par le ministre et qui, en fin de compte, ne risque pas non plus
de déranger la bonne marche d'un référendum
éventuel, d'aucune façon.
Ce référendum, c'est le ministre des Finances qui l'a dit
dernièrement, et il l'a répété en Chambre: "Je
plaide coupable" on s'en rappelle, il y a deux jours "Tout ce que
le gouvernement a fait depuis le 15 novembre a été fait en
fonction du référendum." C'est vrai que le ministre des Finances
l'a dit, parce qu'on le lui a fait répéter en Chambre. Il a dit:
"Je plaide coupable d'avoir dit cela". Il l'a dit, il y a deux jours. Si depuis
le 15 novembre 1976, tout ce qui a été fait par le gouvernement a
été en fonction du référendum, vous ne me ferez pas
accroire que trois jours de différence sur le discours inaugural, cela
va déranger votre préparation. Ce serait ridicule de tenter de
nous faire croire cela. Ou bien le ministre des Finances, qui est un ministre
et dont nous devons prendre la parole en vertu de notre règlement, je
n'ai même pas le droit de mettre la parole du ministre des Finances en
doute... Il faut que je la prenne, sa parole, je l'ai prise. J'ai pris sa
parole, il a dit: "Tout ce qu'on a fait, depuis le 15 novembre 1976, c'est
préréférendaire, en fonction du
référendum".
Si, depuis le 15 novembre, le gouvernement a tout fait cela, il ne sera
pas encore prêt au moment d'un discours inaugural à
présenter une question, ou après un discours inaugural. Je lui
dis que cela lui prend pius de temps à accoucher qu'un
éléphant. Cela n'a pas de bon sens. Il faut quand même
qu'on soit plus sérieux que cela.
Si le premier ministre était ici ce soir, il rougirait de honte.
Je ne dis pas qu'il ne ferait que rougir, parce que rougir, c'est moins pire,
mais il rougirait de honte devant cette proposition. Il n'accepterait pas cela,
parce que je sais que le premier ministre, qui a déjà
siégé en cette Chambre avant de revenir, vous savez, il a
été ici avant 1970 il se battait pour les droits
fondamentaux des parlementaires. Il avait cette réputation, et il l'a
encore d'ailleurs, cette réputation.
M. Bédard: Pariez pour vous, ne parlez pas pour le premier
ministre.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ne donnez pas de leçon
aux autres, on n'en a pas à recevoir de vous.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs! (22 h 45)
M. Samson: M. le Président, le radical
député de Jonquière devrait se contenir un peu.
Je dis que le premier ministre n'accepterait pas cela, et s'il acceptait
cela, ce serait parce qu'il a bien changé. Je ne pense pas qu'il ait
changé autant que cela.
M. Lalonde: Oui, il a changé.
M. Samson: Oui? Si vous me dites qu'il a bien changé, cela
se pourrait peut-être. Mais je n'ai pas eu cette impression.
M. Paquette: II a changé de relations; il a de bonnes
relations depuis...
M. Lalonde: II a de mauvaises fréquentations depuis dix
ans.
M. Samson: M. le Président, je ne veux surtout pas qu'il y
ait un doute, d'aucune façon, qui subsiste après l'adoption de
cet article-là, à savoir la possibilité pour le
gouvernement d'introduire sa proposition pour une question de
référendum en cours de débat sur le message inaugural; je
ne voudrais surtout pas qu'un doute subsiste à l'effet que le
gouvernement utilise cette période d'une façon stratégique
pour venir couper un discours inaugural et pour promouvoir ou pour mettre
toutes les chances de son côté de façon absolument partiale
dans un référendum.
Là-dessus, le député de Chicoutimi nous a
mentionné, à plusieurs reprises, qu'il voulait que cette loi soit
une loi juste, honnête, qui donne l'apparence de justice et
d'honnêteté. On nous l'a dit souvent et on nous
répète souvent, du côté du gouvernement, et le
ministre du Saguenay-Lac-Saint-Jean nous dit souvent que ce n'est pas
l'intention du gouvernement de poser une mauvaise question. Il veut poser une
question claire, précise, unique, on veut que cela se fasse dans les
formes, que tout le monde soit informé et ne soyez pas inquiets.
Le Président (M. Clair): Je pense que vous vous
éloignez un tout petit peu de votre motion d'amendement...
M. Samson: Non, parce que je suis en train de faire la
preuve...
Le Président (M. Clair): ... qui dit de remplacer les mots
"y compris" par le mot "sauf".
M. Samson: Je suis en train de faire la preuve que ce que le
gouvernement présente à l'article 7 est contraire aux
déclarations du ministre, depuis le début de la commission. Il me
semble que c'est pertinent cela. A quel moment doit-on croire ou ne pas croire?
Est-ce maintenant qu'il faut croire? Mais si on croit maintenant, il ne faut
pas croire tout ce qu'on nous a dit avant, ou si on croit ce qu'on nous a dit
avant, il ne faut plus croire maintenant. C'est là le problème
qui se pose. Il va subsister un doute, je vous le dis. Si vous adoptez cela de
cette façon, du côté gouvernemental, il va subsister un
doute. Si vous amenez votre question en pleine période
référendaire, vous aurez pris les dispositions pour faire
subsister des doutes dans la population, à savoir que votre fameux
référendum, vous l'aviez piégé d'avance. On m'a dit
souvent que ce n'était pas le cas. Je veux prendre la parole du
ministre, il nous l'a dit. Là, je suis mal pris, je ne le sais plus. Le
ministre est tellement contradictoire et le règlement m'oblige à
prendre sa parole. Dites-moi, M. le Président, à quel moment la
prendre et à quel moment ne pas la prendre, parce que je ne peux pas
prendre la contradiction. C'en est de la contradiction flagrante.
Vous vous apprêtiez à me le dire, M. le Président,
quand je dois le croire et quand je ne dois pas le croire? Je comprends que
vous préfériez ne pas me le dire. C'est tellement évident
que tout le monde le comprend.
Le Président (M. Clair): Ce que je m'apprêtais
à vous dire, M. le député de Rouyn-Noranda, c'est que j'ai
beaucoup de difficulté, présentement, à relier vos propos
à l'amendement que vous avez proposé. C'est seulement cela.
M. Samson: Je vais vous aider.
Le Président (M. Clair): Je vous invite à...
M. Samson: Je vais vous aider, M. le Président, dans ce
cas.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
est-ce que vous avez déclaré la motion d'amendement
recevable?
M. Roy: Bien oui, elle est recevable.
M. Samson: Si le débat est engagé, c'est parce
qu'elle a été reçue. Il n'y a personne qui a
soulevé l'irrecevabilité.
Le Président (M. Clair): Si je n'ai pas soulevé
proprio motu la question de la recevabilité de l'amendement, c'est que
je l'ai reçue; sans quoi, le député de Rouyn-Noranda
aurait expiré depuis longtemps son droit de parole.
M. Samson: Merci, M. le Président.
Je dis que cet article 7, si on ne l'amende pas dans le sens que je
suggère à la commission, deviendra un article qui permettra au
gouvernement de l'utiliser avec toute la force, toute la capacité
gouvernementale, comme moyen privilégié afin de favoriser sa
stratégie à l'occasion du référendum. C'est cela
que je veux éviter.
D'abord, le gouvernement n'a pas le droit moralement de s'introduire
dans un discours inaugural pour amener cette question à ce
moment-là, pour en faire une stratégie. Il n'a pas le droit,
moralement, de le faire. Il a encore moins moralement le droit de laisser dans
un article la porte ouverte à ce genre de choses, et surtout au fait que
cela puisse être contesté parce que, justement, on aura
laissé une porte ouverte volontairement.
Ce que j'essaie de faire, M. le Président, tout en
protégeant les droits stricts, légitimes et fondamentaux des
parlementaires, c'est en même temps de tenter de faire accepter un
amendement qui va rendre plus crédibles les vues, les actes qui seraient
ou qui seront posés par le gouvernement, le cas échéant,
relativement à l'article 7 du présent projet de loi. C'est cela
que je tente de faire, M. le Président.
On a souvent dit, au cours de l'étude de ce projet de loi, qu'il
ne fallait surtout pas, qu'après l'adoption du projet de loi 92 par
l'Assemblée nationale, il y ait matière à contestation,
surtout par ceux qui l'ont voté. M. le Président, c'est justement
ce qu'on est en train de préparer et, par analogie à d'autres
lois, je dis que ce genre de loi devrait être voté à
l'unanimité, parce que c'est un genre de laboratoire, en fin de compte.
C'est le premier projet de loi qu'on a comme cela, qui va être
appliqué éventuellement. Nous n'avons pas encore rodé le
système et, à ce chapitre, on peut prendre à titre
d'exemple la loi 2 qui a été votée le 26 août 1977,
en troisième lecture, et où à la suite de nombreuses
heures de discussions, nous avions fait un consensus, parce que le ministre
d'Etat à la réforme parlementaire, à ce moment, avait fait
preuve d'une grande souplesse, de bonne volonté, d'esprit de
collaboration et nous avait promis que cette loi serait appliquée avec
le conseil consultatif, qu'ils seraient rodés ensemble, et qu'on ne
devrait pas avoir de problème. Nous avons pris sa parole, bien
sûr, et bien sûr le ministre a tenté de tout faire pour que
cela aille bien et que cela se rode bien, mais il reste que nous sommes, avec
la loi 2, encore dans du droit nouveau. Puis avec le projet de loi no 92, c'est
encore plus nouveau que la loi 2, parce que cette dernière a
été votée il y a bientôt un an et qu'elle est
appliquée depuis très peu de temps avec beaucoup de
difficultés.
C'est un très bon exemple qui vous fait comprendre...
Le Président: La pertinence.
M. Samson:... qu'on aura des problèmes avec l'article 7. C
est cela la pertinence, M. le Président. La pertinence, c'est faire
comprendre au gouvernement que si on répète les mêmes
erreurs que
dans le passé, l'article 7 va amener les mêmes
problèmes ou des problèmes semblables. Puis là, on est
orienté vers un problème qui, au départ, va
façonner, va amener une possibilité de contestation avant
même que la loi s'applique, la contestation des parlementaires
mêmes qui n'auront pas eu satisfaction et qui pourront dire, si on
l'adopte de cette façon: On nous a amputé notre droit
fondamental, on nous a voté cela avec de la pression, on a refusé
la collaboration avec l'Opposition, on a refusé le gros bon sens, et
à ce moment, ils auront raison de dire à la population: le
gouvernement, avec sa loi, a ouvert un grand piège et il attend de
prendre la population du Québec dans ce piège.
Je ne voudrais pas que cela arrive. Parce que le
référendum pourrait être utilisé à d'autres
fins que celle à laquelle tout le monde pense. D'ailleurs, la loi-cadre,
on s'est fait casser les oreilles avec l'affaire de la loi-cadre. La loi-cadre
est justement prévue pour en faire d'autres
référendums.
M. le Président, il ne faut pas penser seulement au
référendum sur l'indépendance du Québec ou encore
sur la souveraineté-association, ou encore, sur un nouveau je ne
sais pas comment on appelle cela. Le gouvernement a tellement de mots à
utiliser pour qualifier l'inqualifiable qu'on ne sait plus quel genre de choses
il va nous présenter au premier référendum.
De toute façon, il reste que c'est une loi-cadre et, bien que
nous eussions préféré un autre genre de loi je ne
remets pas en cause le principe, c'est seulement pour mieux me faire comprendre
il reste une chose, c'est que c'est une loi-cadre et elle va rester
là même après; comme dit le proverbe: Le gouvernement va
passer et la loi va rester. Il y en a d'autres gouvernements qui vont venir,
par la suite, qui vont avoir, probablement, l'occasion d'utiliser cette loi et
là on est en train d'attacher par les deux mains les
générations futures avec ce genre de loi.
M. le Président, si nos ancêtres parlementaires avaient
été de la forme ou du style de ceux qu'on connaît au sein
du Parti québécois, on n'en aurait plus depuis longtemps de
Parlement. Si nos ancêtres parlementaires n'avaient pas prévu que
des droits fondamentaux, s'ils n'avaient pas surtout respecté le fait
que des droits fondamentaux, ce sont des choses auxquelles on ne touche pas,
s'ils n'avaient pas prévu cela, vous n'en auriez plus de Parlement
aujourd'hui. Vous seriez dans quelle sorte de régime? On ne le sait pas.
Cela pourrait être n'importe quoi. Du côté du Parti
québécois, on est tellement fort en histoire, on nous fait
même des cours d'histoire que je trouve magnifiques, parce qu'il y a des
professeurs d'histoire qui connaissent l'histoire, mais il y en a qui vous
parlent de l'histoire du Canada d'une façon et d'autres professeurs
d'une autre façon, et d'autres d'une autre façon. Je pense qu'il
y a 6 millions d'histoires du Canada au Québec.
M. Grenier: II y en a dans la poésie.
M. Samson: Je reviens à l'article 7, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): J'allais vous le demander, M.
le député.
M. Samson: Parce qu'autrement, je serais obligé de vous
citer des passages du recueil de poèmes qu'a déposé
à l'Assemblée nationale, il y a une couple de jours, le ministre
d'Etat aux Affaires culturelles.
M. Charbonneau: Vous auriez besoin de le lire.
M. Samson: Le petit minet qui vient de se réveiller! Allez
le flatter quelqu'un pour qu'il se rendorme, parce que quand il dort, cela va
bien.
M. Charbonneau: Cela fait pitié de vous entendre, en tout
cas.
M. Samson: M. le Président...
M. Charbonneau: On a le goût de faire autre chose dans ce
temps-là.
M. Samson: Mais au moins il y a quelque chose, il m'a entendu,
s'il ne me comprend pas.
M. Charbonneau: Continuez, vous êtes un bon bouffon.
M. Samson: M. le Président, je m'adresse à
vous.
Le Président (M. Dussault): Je vous écoute.
M. Samson: ... en vous disant que jamais je M'accepterai que nous
enlevions la priorité qui est donnée dans notre règlement
à l'article 23 au discours inaugural. Il n'y aura pas de mesures
d'assouplissement camouflées du ministre qui vont me faire accepter ce
genre de chose. Les députés ministériels seront les
premiers, si jamais cet article est appliqué dans sa forme
présentée par le ministre, à s'en plaindre le jour
où cela va s'appliquer. Pour le moment, ils ne leur ont sûrement
pas dit de quelle façon ils ont l'intention de les bâillonner,
mais c'est le jour où ils seront bâillonnés qu'ils
s'apercevront que du côté de l'Opposition on avait tenté de
préserver leurs droits. Ce jour-là, hélas! il sera trop
tard.
Quand on légifère, on légifère pour l'avenir
et quand on étudie un projet de loi, comme un parlementaire aguerri l'a
dit en cette Chambre un jour, il faut étudier un projet de loi comme
s'il devait être appliqué par le pire des hommes. (23 heures)
M. Lalonde: On l'a; c'est le cas.
M. Samson: Non seulement on risque de le faire appliquer par le
pire des hommes, mais on est en train de se le faire passer par quelqu'un qui
risque de devenir le pire des hommes si on le laisse aller comme cela.
J'espère qu'on va pouvoir...
M. Lalonde: On ne parle pas du ministre de la Justice, on parle
du gouvernement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Une chance qu'il y a
l'immunité parlementaire.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Bédard: Laissez-le donc s'amuser, il a vingt minutes
pour parler.
M. Vaillancourt (Jonquière): Dites donc ce que vous voulez
dire; on vous laisse parler.
M. Samson: Voyons donc!
M. Charbonneau: Comment est-ce que cela s'écrit?
M. Samson: Cela s'écrit comme cela se prononce; vous en
parlerez à vos élèves.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous irez le dire à la
télévision si vous en avez le courage.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
Un député, selon nos traditions parlementaires, n'a pas le droit
regardez le règlement actuel et l'ancien règlement
de défier un autre parlementaire.
M. Lalonde: Qu'est-ce qu'on fait ici?
M. Bédard: II ne s'aperçoit pas qu'il fait rire
tout le monde.
M. Samson: II n'a pas le droit de dire et c'était
à l'article, je pense, 233, huitièmement, 21, où les mots
antiparlementaires étaient inscrits à un parlementaire
qu'il manquait de courage, qu'il représentait des intérêts
obscurs, des choses comme cela.
De toute façon, cela ne me dérange pas parce que venant du
député de Jonquière, on peut s'attendre à n'importe
quoi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Continuez, ça va
bien.
M. Charbonneau: Franchement...
M. Vaillancourt (Jonquière): Une chance que vous avez
l'immunité parlementaire.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rouyn-Noranda, je vous prierais, s'il vous plaît, de conclure, parce
qu'il vous reste à peine trente secondes.
M. Samson: Comme cela a été vite!
M. Charbonneau: Votre numéro s'achève.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour vous, cela a
été très vite, mais pour nous...
M. Samson: Cela me prendrait trois jours pour faire comprendre au
gouvernement qu'il est en train de se mettre une corde autour du cou pour se
pendre. Dans vingt minutes, ce n'est pas possible, mais quand même, il y
a une chose que j'ai faite: j'ai tenté de faire des efforts pour sauver
le droit de parole de certains innocents qui ne l'ont pas compris.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne vous rendez
même pas compte que cela fait vingt minutes que tout le monde rit de
vous.
M. Samson: Ne me dites pas que vous riez sur un ton
choqué!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plait! M. le
député de Beauce-Sud.
M. Charbonneau: Donner le droit de parole à quelqu'un pour
faire des bouffonneries comme vous en faites, cela ne vaut pas la peine de le
donner.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères.
M. Samson: Allez soigner vos petits mines, vous reviendrez
après.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud, vous avez la parole.
M. Roy: M. le Président...
M. Charbonneau: Votre langage de basse-cour, vous le garderez
pour vous.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Vaillancourt (Jonquière): Parce que les gens de
Rouyn-Noranda vous regardent.
M. Samson: Ne vous inquiétez pas pour moi. J'étais
là avant que vous ne soyez là et j'y serai après.
M. Charbonneau: On n'est pas sûr de cela.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud, vous avez la parole.
M. Samson: Boutonnez vos bretelles, un peu.
M. Roy: Je me demande si j'ai la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Je vous la donne.
M. Roy: Merci! Je pense que dans toute cette question, il y a une
précision à faire; je m'adresserai tout particulièrement
au ministre de la Justice, parrain du projet de loi. Il y a une question qui
devrait être précisée au point de départ. C'est
très difficile de suivre le débat à l'heure actuelle et
c'est très difficile de pouvoir, une fois l'article 7 adopté,
entreprendre l'étude des autres articles.
J'aimerais qu'on me dise clairement, avant
d'expliciter mon point de vue sur la motion de sous-amendement qui vient
d'être proposée, en vertu de quel article du règlement le
débat va avoir lieu. Il y a trois possibilités: on peut se servir
de l'article 23 concernant le message inaugural, parce que le message inaugural
comporte quand même des motions d'acceptation ou de refus, mais on ne
peut pas parler sur les motions que les députés peuvent faire
inscrire au feuilleton de l'Assemblée nationale; le débat peut
aussi avoir lieu sur la motion de fond en vertu de l'article 94 du
règlement; si c'est une motion de fond, elle peut avoir des amendements,
elle peut avoir des sous-amendements pendant le débat. Si la motion est
faite, si la question posée qui sera l'objet de la consultation, fait
l'objet d'une motion, elle est présentée sous forme de motion;
mais une motion de fond qui est discutée en tenant compte des
dispositions de l'article 94, c'est une motion qui peut être
amendée en vertu des dispositions du règlement de la Chambre.
Nous avons un règlement pour régir les travaux de
l'Assemblée nationale; alors moi je n'ai pas eu d'éclairage
là-dessus.
Cela peut être aussi un projet de loi. Si c'est un projet de loi
et si je me réfère à l'article 114 du règlement, il
y a l'étape de la première lecture, de la deuxième
lecture, l'étude en commission pléniè-re ou en commission
élue, le rapport de la commission élue ou de la commission
plénière et l'étape de la troisième lecture. Si la
question est présentée à l'intérieur d'un projet de
loi, il y a des dispositions qui régissent la présentation d'un
projet de loi en vertu de nos règlements. Moi, ce que je ne sais pas
aujourd'hui, c'est qu'il est très difficile de faire un débat
objectif à ce moment-ci parce qu'il n'y a pas de décision de
prise et il n'y a aucune indication dans le projet de loi qui nous indique en
vertu de quelles dispositions du règlement la question sera soumise
à l'Assemblée nationale.
Je pense qu'avant d'entreprendre les débats concernant le nombre
d'heures, pour savoir si cela doit dépasser le discours inaugural, si
cela peut se faire à l'intérieur du discours inaugural, en
suspendant le discours inaugural, voire même d'autres motions, j'aimerais
bien, M. le Président, que la commission puisse nous éclairer
là-dessus. Cela change du tout au tout, M. le Président. Sur
l'étude d'un projet de loi, il y a des étapes à franchir
et, si c'est une motion de fond, il y a des dispositions dans le
règlement qui permettent de l'inscrire en avis au feuilleton, comme
toute question de fond, comme toute motion de fond qui est
présentée par les députés peut être
débattue devant l'Assemblée nationale. L'article 94.
J'aimerais bien savoir, à ce moment-ci, moi, quels sont les
articles du règlement de l'Assemblée nationale auxquels le
gouvernement veut se référer pour présenter l'objet de la
consultation à l'Assemblée nationale comme telle. Je pense qu'il
y a un manque dans le projet de loi à ce niveau et j'aimerais bien qu'on
nous apporte un éclairage à ce niveau, M. le Président,
puisqu'à partir de la décision ou du contenu de ce que contiendra
le projet de loi, à partir de la décision que le gouvernement
prendra relativement aux règlements de l'Assemblée nationale, on
pourra entreprendre le débat de l'article 7 et on pourra reprendre le
débat aussi des articles qui suivent l'article 7.
C'est en vertu de quoi, de quel article l'objet de la consultation
populaire, la question à être posée qui sera
présentée aux membres de l'Assemblée nationale. Est-ce que
ce sera une motion de fond ou un projet de loi?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que la question que pose le député de Beauce-Sud est
pertinente, comme d'habitude d'ailleurs, et...
M. Roy: Merci.
M. Vaillancourt (Jonquière):... je pense manifestement, M.
le Président, que la motion dont on parle à l'article 7 est
effectivement une motion de fond, puisque cette motion, qui sera initiée
ou proposée, dis-je, par le premier ministre, comprendra la formulation
de la question. Je pense que c'est manifestement une motion de fond et, en ce
sens, je serais porté, parce que évidemment je ne parle jamais au
nom du gouvernement, je parle en mon nom, à dire que cette motion de
fond donc serait soumise à l'article 94. Donc, motion de fond qui est
amendable, motion de fond qui est dé-battable. Les droits de parole sont
prévus à l'article 94, c'est-à-dire que tous les
députés peuvent parler, parler pendant combien de temps, vingt
minutes, conformément à l'article 160, mais l'article 94 le
prévoit également. Le premier ministre, leader parlementaire,
chef d'un parti reconnu ou le représentant...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière. Je m'excuse de vous interrompre, M. le député
de Jonquière, mais j'ai l'impression que la conversation s'engage en
dehors de la motion d'amendement du député de Rouyn-Noranda, dont
on pourrait peut-être disposer immédiatement.
M. Roy: M. le Président, sur un point de règlement,
moi, avant de me prononcer sur la motion présentée par le
député de Rouyn-Noranda, j'aimerais quand même savoir quels
seront les moyens ou les dispositions du règlement que le gouvernement
entend utiliser. Le député de Jonquière vient de me dire
que c'est une motion de fond, alors, c'est une motion de fond, mais une motion
de fond peut être amendée, il peut y avoir des propositions
d'amendement par les députés. Ces propositions d'amendement font
l'objet d'un droit de parole additionnel au député. Il peut y
avoir également des motions de sous-amendement qui accorderaient un
troisième droit de parole au député. Il faudra qu'on y
pense.
M. Lavoie: Je voudrais répondre au député
qu'il ne faut pas oublier qu'il y a une clôture automatique.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est cela.
M. Roy: II y a une clôture automatique, mais moi, ce que je
veux savoir à ce moment-ci...
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous avez une question bien
precise.
M. Roy: C'est une question bien précise. C'est que s'il
arrive une motion de fond qui est présentée par le premier
ministre, qu'une motion d'amendement est proposée par l'Opposition
officielle, qu'une motion de sous-amendement est proposée par un
collègue de l'Union Nationale, alors, on commence par disposer du
sous-amendement, et, par la suite, on disposera de l'amendement, et nous
risquons justement de prendre un temps de parole important qui nous laissera
très peu de temps pour aborder à nouveau la question de fond, et
le deuxième intervenant va revenir avec une autre motion
d'amendement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela est l'article 8.
M. Roy: Nous avons là, M. le Président, tout le
défi devant nous, tout le défi parlementaire qui se pose à
la question qui pourra être posée au moment où le premier
ministre décidera d'appeler la question référendaire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: Moi, je voudrais bien savoir où on s'en va
là-dedans, parce que c'est passablement ténébreux.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud, ce que vous dites est sûrement très
intéressant, cependant, la motion d'amendement du député
de Rouyn-Noranda était de changer les mots "y compris" par le mot
"sauf", et je pense que peut-être que ce que vous soulevez serait encore
plus pertinent, même si je ne vous dis pas qu'au point de vue de
l'article 7 vous ne seriez pas dans la pertinence du débat, mais il
serait peut-être encore plus pertinent à l'article 8 qui parle des
trente heures. C'est juste pour faire mon travail le mieux possible, et il me
semble que cela devient difficile de tenir le temps des gens pour savoir ce sur
quoi on parle. Peut-être qu'on pourrait disposer immédiatement de
la motion d'amendement du député de Rouyn-Noranda et, je ne sais
pas, mais soit que vous décidiez de revenir sur la motion de fond, sur
ce sujet-là, à ce moment je déciderai si c'est pertinent
ou pas, ou revenir à l'article 8.
Je ne veux pas être directif, dirigiste...
M. Roy: Non, merci de cette précision, puis d'ailleurs, je
pense que cela va donner le temps quand même, au gouvernement, puis aux
conseillers du gouvernement de se pencher sur cette question, et, dès la
reprise de nos travaux, demain matin, on pourra avoir des précisions de
ce côté. Alors, je suis prêt à accepter, en ce qui me
concerne, cette proposition, cette sage proposition que vous faites, M. le
Président, mais je pense qu'on aura compris, à cette table,
l'importance de préciser de la façon la plus claire possible, la
question du règlement de la Chambre, de la façon dont le
débat pourra se dérouler, en vertu de quel article le
débat pourra se dérouler, de façon que nous sachions
à quoi nous en tenir.
Dans sa motion d'amendement le député de Rouyn-Noranda, M.
le Président, a proposé que dans les mots "y compris le
débat sur le discours inaugural" les mots "y compris" soient
remplacés par le mot "sauf". Or, M. le Président, j'aimerais vous
rappeler les dispositions de l'article 23 de notre règlement. Les
dispositions de l'article 23 se lisent comme suit: "Le débat sur le
message inaugural ne peut pas durer plus de vingt heures, mais on ne tient pas
compte dans ces vingt heures du temps consacré au vote." C'est vingt
heures, en vertu du dernier amendement qui a été adopté.
"A l'occasion de ce débat, un député ne peut prononcer
qu'un seul discours dans lequel tous les sujets peuvent être
abordés nonobstant les dispositions, le paragraphe 2 de l'article 99, et
dont la durée limite est de trente minutes à l'exception des
discours du premier ministre, du chef de l'Opposition officielle, des autres
chefs des partis reconnus et de celui qu'un représentant du gouvernement
peut prononcer à la fin du débat, pour exercer un droit de
réplique général." (23 h 15)
Le paragraphe 6 de cet article est très important, tant que le
débat sur le message inaugural n'est pas terminé, il n'est
procédé à aucune affaire importante, sauf en cas
d'urgence, mais il est permis de former des commissions, de les faire
siéger, de présenter des projets de loi, de déposer des
rapports, de déposer le budget principal, de déposer, de voter un
budget supplémentaire, de voter des crédits provisoires et de
prononcer le discours du budget.
M. le Président, je ne sache pas, en ce qui me concerne, que la
question référendaire va devenir une question d'urgence, au point
de suspendre le débat sur le discours inaugural. Je pense qu'on devrait
mettre le discours inaugural de côté, seulement sur des questions
exceptionnelles et lorsqu'il est prouvé qu'il est d'une extrême
urgence et que l'Assemblée nationale doit agir. Si nous
commençons par mettre le discours inaugural de côté pour
des questions référendaires, demain, nous allons mettre le
discours inaugural de côté pour d'autres motions, et nous allons
finir par adopter une coutume, par adopter une habitude à
l'Assemblée nationale qui fera en sorte que le discours inaugural n'aura
plus aucune signification.
J'aimerais que le gouvernement y pense très sérieusement,
qu'on veuille procéder au moment où la question
référendaire sera apportée devant l'Assemblée
nationale, que cette question soit privilégiée et ait
priorité sur toute autre question, je suis entièrement d'accord
avec le principe, cela m'apparaît élémentaire, mais je ne
verrais pas pourquoi cette question pourrait donner d'avoir priorité sur
le débat qui suit le discours inaugural. C'est mon opinion, je veux
souligner mon opinion à votre attention, M. le Président, et
à mes collègues de l'Assemblée, et à mes
collègues de cette commission, mais je pense, M. le
Président,
que, sur ce point, cela ne devrait même pas être
nécessaire de faire un long débat, mais qu'on garde donc les
prérogatives et les attributions, le prestige que doit conserver le
discours inaugural, lorsque nous entamons une nouvelle session.
Cela m'apparaît élémentaire, et je pense que, pour
les députés, c'est un droit de parole qu'ils peuvent exercer et
non seulement qu'ils peuvent exercer, mais qu'ils doivent exercer, c'est un
droit de parole qui est privilégié, et je pense qu'on devrait
laisser le caractère privilégié et très
exceptionnel du discours inaugural au début de chaque session.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien rapidement, pour donner quelques impressions sur
cet amendement qui est apporté c'est bien un amendement et non
pas un sous-amendement, c'est un amendement, c'est bien cela par le
député de Rouyn-Noranda. Sur cette question à cet article
7 proposé par le gouvernement, je veux vous dire, M. le
Président, que j'écoute les propos depuis que la discussion est
commencée, que je comprends mal qu'on soit rendu à parler d'une
quinzaine d'heures de débat. Au maximum une quinzaine d'heures de
débat suffiraient. J'aurais peut-être dû prendre des
informations dans d'autres milieux, mais je vois mal ce qui deviendrait si
urgent, au moment d'un référendum, et s'il devait advenir au
moment de l'un ou l'autre référendum, une question si urgente, il
me semble qu'il pourrait même y avoir un consensus de la part de bien des
partis pour accepter de suspendre le discours inaugural. Mais, pour ce
référendum qu'on a à l'esprit, depuis le début de
la soirée, sur une éventuelle indépendance du
Québec, cela fait 111 ans qu'on attend, je pense bien que, quand on
présentera le référendum, ce n'est quand même pas
une quinzaine d'heures qui vont changer la face du monde. Je comprends mal tant
d'acharnement et je vois mal le gouvernement ne pas céder à une
chose comme cela rapidement. Qu'il ne dise pas: II n'y a rien là, il n'y
a pas de quoi fouetter un chat.
On ne parle pas du discours du budget, du discours inaugural. Il n'y a
rien qui empêche cela à mon sens et je ne vois pas pourquoi ce
n'est pas accepté. J'espère au moins que ce n'est pas parce qu'on
a décidé de ne rien céder aux partis d'Opposition, ce
n'est pas pour cela, mais il doit y avoir une raison et j'aurais aimé
qu'un député ministériel prenne la parole pour nous
l'expliquer. Des arguments ont été soulevés par les deux
députés qui ont parlé avant moi. Il y a eu des choses
passablement sérieuses qui ont été dites de ce
côté. On a également soumis certains arguments et on a
oublié un argument qui est important. Par les temps qui courent, il peut
y arriver des députés indépendants. On en connaît un
qui n'a pas le droit de parole, je n'ai pas de raison particulière de
vouloir le sauvegarder...
M. Lalonde: Question de souvenir, de bons souvenirs!
M. Grenier: Mais il reste qu'il y a certainement d'autres
députés qui pourraient le devenir et on sait que, quand on a
laissé le bipartisme, encore une fois, c'est le cas de certains
députés. J'ai connu, dans une autre période, soit de 1966
à 1970, d'autres députés qui étaient
indépendants et qu'on aurait aimé entendre là-dessus... Je
me rappelle le député de Sainte-Anne, je me rappelle le premier
ministre actuel, je me rappelle le député Yves Michaud, le
député Jérôme Proulx, le député
Antonio Flamand, le député Gaston Tremblay, autant de personnes
qu'on aurait peut-être aimé entendre sur un discours comme
celui-là et qui en auraient été privés s'il
était arrivé une loi à ce moment-là.
Je pense que, parmi les personnes que j'ai nommées, pour n'en
citer que trois, soit M. Michaud, M. Lévesque et M. Proulx,
c'étaient des personnes, à mon sens, qu'il aurait
été agréable d'entendre et qui auraient eu des opinions
à émettre. Cela a l'air un peu farfelu, mais il ne faut pas
oublier que, dans cinq ans ou dans dix ans, on l'aura, ce sera devenu une loi,
on privera des personnes et on courra peut-être après des
consensus, à ce moment-là, qu'on refusera. Des consensus, cela
s'accepte, quand il y a des urgences; on l'a suspendu avec consensus le
débat sur le discours du trône, pour la loi 70, la Loi sur les
mines.
On l'a fait pour cela, et le gouvernement en face de nous est au courant
que ce n'était pas de gaieté de coeur, nécessairement, que
l'Opposition le faisait, puisque cela a été un vote si je
fais erreur par l'ensemble des formations politiques contre le
gouvernement, sur cette loi. A partir de là, s'il y a eu un consensus,
je ne verrais pas pourquoi il n'y aurait pas un consensus sur une loi qui
intéresse les deux côtés de la Chambre depuis nombre
d'années.
Je ne veux pas éterniser le débat et j'ai hâte qu'on
dispose de cet amendement, mais, encore une fois, j'aimerais, sans qu'on passe
la nuit à discuter d'un amendement comme celui-là, qu'on nous
dise les vraies raisons pour lesquelles on ne peut pas laisser terminer le
discours inaugural. J'ai été député d'une formation
politique qui était le gouvernement et qui comptait deux ou trois voix
de majorité. Nous étions alors 56 ou 57 et notre tour de parler
comme "back-bencher" c'est de ceux-là qu'on parle venait
deux fois par année, c'était sur le discours inaugural et sur le
discours du budget. Le restant, c'étaient des interventions que le
président ne permettait pas qu'on avait aux débats.
Je pense qu'il ne faudrait pas aller au point qu'on puisse priver les
députés de la majorité de leur droit de s'exprimer. C'est
un amendement, à mon sens, qui est important.
M. le Président, je n'éterniserai pas le débat et
je voudrais bien qu'un député de la formation
ministérielle, un député du gouvernement, nous dise les
vraies raisons pour lesquelles on ne peut pas accepter cette quinzaine
d'heures, pour n'importe quel des référendums qui pourraient nous
être soumis.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais remettre
l'amendement dans la perspective du débat. On se souvient que le
ministre a apporté un amendement qui est la motion principale, ce qui a
provoqué tout de suite, de notre part, une question qui m'apparaissait
fondamentale, laquelle a été réglée à
l'amiable, disons, en consultation.
Maintenant, l'amendement du député de Rouyn-Noranda pose
un problème différent qui n'est pas réglé par la
réponse qui nous a été donnée par le ministre
à la question que j'avais posée. Il faut, je pense, se souvenir
que le débat sur le discours inaugural est à peu près le
seul qui soit, en quelque sorte, privilégié et qui
n'obéisse pas au désir, à l'organisation des travaux que
le leader du gouvernement est appelé à faire, autrement dit, pour
suspendre le discours inaugural.
Je vous donne l'exemple de l'amiante, la loi 70, il a fallu un
consentement unanime. Tant que le débat sur le message inaugural n'est
pas terminé, dit le paragraphe 6 de l'article 23, il n'est
procédé à aucune affaire importante on ne dit pas
à aucune affaire, mais à aucune affaire importante sauf en
cas d'urgence. Je pense qu'étant donné que c'est le
règlement qui a été accepté par tous les partis,
qui a été unanimement adopté il y a quelques
années, qui a fait l'objet d'une réflexion en profondeur de la
part des parlementaires à ce moment-là, qui a fait ses preuves,
il me semble qu'il y a un principe qui serait naturellement nié, qui
serait contredit par la loi. Je ne dis pas que le législateur n'a pas le
droit de le faire; le législateur a le droit, il n'y a aucun doute, de
changer la tradition ou le principe qui est reconnu par notre règlement.
Mais il me semble que cela prendrait une explication.
Je dois reconnaître que le ministre n'a pas eu l'occasion, ou du
moins, il n'a pas demandé la parole depuis ce temps, il ne nous a pas
dit pourquoi. J'aimerais que le ministre me tende une oreille; il n'a pas eu
l'occasion, depuis le dépôt de son amendement qui est devenu
motion principale, de nous expliquer pourquoi. Pourquoi on voudrait rendre la
motion du premier ministre, prévue par l'article 7,
privilégiée, et aussi en priorité sur toute autre affaire,
même sur le discours inaugural? Etant donné l'économie de
notre droit parlementaire, ce sont seulement les choses urgentes qui peuvent
être apportées pendant le discours inaugural. Est-ce que c'est
à ce critère que le ministre se rattache pour nous proposer cet
amendement? Est-ce que c'est le caractère d'urgence? Cela
m'apparaît peu probable. Je ne veux pas d'avance réfuter cet
argument qui peut être fait par le ministre, mais un
référendum m'apparaît quelque chose qu'on
prépare.
J'ai de la difficulté à imaginer un cas où il
faudrait absolument, tout de suite après le début du discours
inaugural, deux jours, disons, après le début du débat,
suspendre les règles, suspendre le discours inaugural pour discuter
d'une question référendaire. Cela m'apparaît peu probable.
Je pense que le gouvernement aurait beaucoup de difficulté à nous
convaincre, nous, de ce côté de la table, que ce serait sage de
prévoir cela dans la loi, dans cette perspective. Il n'y a aucun doute
que j'appuie tous les plaidoyers qui ont été faits par les
députés, ici, pour respecter fondamentalement les principes qui
sont énoncés à l'article 23, respecter la priorité
que notre règlement a donnée au débat sur le discours
inaugural. Cela va au-delà de la question qu'on a réglée
ensemble au pis aller, mais c'est sûrement au pis aller cet arrangement
que nous avons fait et qui a fait modifier l'amendement du ministre. Ce n'est
pas, d'ailleurs, la dernière question que j'ai à poser
là-dessus.
Je pense que le ministre a une petite côte à remonter pour
nous convaincre que l'on doive ce n'est sûrement pas l'urgence,
alors qu'est-ce que c'est? suspendre un règlement, suspendre un
principe; naturellement, la loi dépasse le règlement, mais
suspendre un principe qui a été incorporé à notre
règlement et qui a toujours fait partie de notre tradition
parlementaire... C'est tout ce que j'ai à dire, M. le Président,
et j'espère que le ministre va nous donner, très franchement, les
réponses là-dessus.
M. Bédard: Pour ne pas allonger le débat, je dois
réfléchir aux représentations qui viennent d'être
faites concernant le sujet et peut-être qu'on pourrait suspendre et
aborder l'article 8. On avait parlé de l'importance de situer...
M. Lalonde: J'ai un autre point, si vous suggérez de
suspendre, avant de suspendre. Je voudrais soulever un autre point qui se
rattache à celui que nous avons réglé ensemble, à
savoir que... je voudrais plaider la similarité, l'analogie entre, au
point de vue de la tradition, le discours inaugural et le discours du
budget.
Si, par exemple, cette proposition de l'article 7 devait être
faite immédiatement après le discours du budget, sans que les
chefs, au moins les chefs des partis d'Opposition... Je reconnais que le
discours du budget n'a pas la priorité du discours inaugural, mais la
tradition est la même, celle qui veut qu'on permette... Et jamais, je
pense, cela n'a été suspendu, à ma connaissance, au cours
des quatre ans que j'ai passés ici; je pense que d'autres plus
chevronnés que moi pourraient en témoigner; jamais on n'a
suspendu la réponse à moins que ce soit de consentement
du chef de l'Opposition officielle ou de son représentant et des
chefs des autres partis d'Opposition ont trait au discours sur le budget. Il me
semble que cette tradition devrait être aussi respectée que le
ministre l'a fait pour le discours inaugural. (23 h 30)
M. Bédard: C'est bon d'apporter cet élément
à notre réflexion. En ce qui me concerne, je suis
également à même de dire, d'après
l'expérience des quatre ans où j'ai été à
l'Assemblée nationale...
M. Lavoie: Des deux côtés de la table, on est ici
pour faire de la politique. Si on avait un dis-
cours sur le budget qui était archifavorable aux
Québécois...
M. Bédard: Fantastique.
M. Lavoie: ... fantastique et même s'il y avait un
déficit de $5 milliards-I'année suivante et
qu'immédiatement après on commençait le débat sur
la question sans que les représentants de l'Opposition aient pu
s'exprimer sur le budget, je pense qu'il y aurait un préjudice quelque
part.
M. Lalonde: Un budget qui propose, par exemple, une loi
abolissant le chômage.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
propose une motion ayant pour effet de suspendre l'étude de l'amendement
à l'article 7, pour entreprendre immédiatement l'étude de
l'article 8.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Samson: Suspension sans conditions.
M. Vaillancourt (Jonquière): Avez-vous entendu des
conditions? Quand vous n'en entendez pas, c'est parce qu'il n'y en a pas!
M. Samson: Ne vous énervez donc pas!
M. Vaillancourt (Jonquière): Ne m'énervez pas, non
plus.
M. Samson: Parce que vous ne pouviez pas proposer votre motion
avant qu'on n'ait fini l'autre. Cela prend notre consentement et on vous le
donne. Reconnaissez-le!
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que l'article 8 sera
adopté, M. le Président? Cela ne prend pas le consentement pour
adopter une motion.
M. Samson: Cela prend le consentement pour...
Le Président (M. Clair): Messieurs! Nous en arrivons
maintenant à l'étude de l'article 8. L'article 8 est-il
adopté?
M. Samson: L'article 7 est suspendu.
M. Roy: Est-ce qu'on le suspend lui aussi?
Le Président (M. Clair): C'est l'article 7 qui est
suspendu. Les articles 6 et 7 sont suspendus.
M. Lalonde: Ce qu'on devrait faire, M. le Président, c'est
suspendre le gouvernement.
M. Lavoie: M. le Président, je voudrais faire une
première intervention sur l'article 8.
M. Bédard: On devrait suspendre l'Opposi- tion, c'est elle
qui nous a demandé de suspendre à l'article 6.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval sur l'article 8.
M. Lavoie: Dans ma première intervention, je vais me
limiter aux problèmes que peut provoquer la clôture. Je profite du
fait que le leader parlementaire du gouvernement est ici.
Je pourrais traiter je voudrais laisser cela à un autre de
mes collègues le premier rapport de la Commission des droits de
la personne et le deuxième, où il est question de ce débat
limité. La commission se pose des questions à savoir si les cinq
heures additionnelles qui ont été ajoutées aux 25 heures
proposées dans le livre blanc sont suffisantes, elle se pose des
questions sur cela.
M. Bédard: ... aussi donné suite.
M. Lavoie: Mais, en tant que parlementaire, je vais vous poser
une difficulté technique: un fouillis peut-être insoluble pourrait
se présenter dans un débat limité de trente heures, tel
que proposé dans le projet de loi. Je vous donne l'exemple suivant: La
question est amorcée, le débat est amorcé par le premier
ministre qui parle prenons un exemple pendant une heure,
proposant une question sur la souveraineté-association. Normalement, le
président va reconnaître le chef de l'Opposition officielle comme
deuxième intervenant. Le chef de l'Opposition officielle fait un
discours d'une heure et termine avec un amendement à la question. Il n'y
a rien de prévu dans ce règlement, ce n'est pas comme pour le
message inaugural où les motions d'amendement sont suspendues comme les
motions de blâme. Le président devra respecter le règlement
et dire que la...
M. Lalonde: Question de fond.
M. Lavoie:... pertinence du débat est limitée
à la motion d'amendement. Là, l'Union Nationale ne veut pas se
prononcer tout de suite, elle veut attendre que la question de l'amendement
soit vidée pour faire un débat de fond sur la question
principale, peut-être avec l'idée d'apporter un autre amendement.
A ce moment, un député ministériel ou un ministre
ministériel...
M. Lalonde: Un ministre ministériel, c'est fort!
M. Lavoie: Un membre du cabinet, à cette heure-ci, avec la
semaine qu'on a eue...
M. Lalonde: Excusez-moi.
M. Lavoie: D'accord. Un membre du cabinet ou un
député ministériel se lève et fait un
sous-amendement mineur, mais modifiant quand même la motion d'amendement
du chef de l'Opposition officielle. L'Union Nationale, le Parti
créditiste, le PNP, les ministériels veulent revenir au plus
coupant, soit à l'amendement, soit à la question, mais tous les
députés ministériels au nombre de 50 ou
60 reviennent, à tour de rôle, pendant une dizaine de
minutes, uniquement sur le sous-amendement. Les 30 heures se terminent, la
clôture arrive, le chef de l'Union Nationale, le Parti créditiste
et les autres ne sont pas intervenus sur la question de fond.
M. Roy: C'est cela!
M. Lavoie: Le président, dans un débat aussi
strict, va faire respecter la pertinence du débat, j'imagine. La
clôture arrive au bout de 30 heures et les principaux interlocuteurs,
représentant les partis, n'ont pas pu intervenir et se prononcer sur la
question. C'est la première difficulté que je veux vous
soulever.
M. Roy: C'est cela et cela rejoint les préoccupations et
les points que j'ai soulevés tout à l'heure.
M. Lavoie: C'est technique, mais c'est dans le domaine du
possible.
M. Charron: Me donnez-vous le droit d'intervenir, M. le
Président?
M. Lavoie: On vous donne consentement.
Le Président (M. Clair): II y a, à présent,
le leader parlementaire du gouvernement, qui requiert l'autorisation
d'intervenir aux travaux de cette commission.
M. Roy: Consentement.
M. Lalonde: Je pense qu'on va y consentir, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): De consentement unanime.
M. Charron: Très brièvement, M. le
Président, parce que je veux simplement intervenir sur cette
hypothèse du député de Laval et non pas sur le contenu du
projet de loi, ce que je laisse à d'autres.
Je ne peux pas dire que l'hypothèse soulevée ne peut pas
exister; elle peut exister, mais le député conviendra avec moi
que c'est la plus invraisemblable. Pourquoi? Parce que le gouvernement joue
beaucoup sur cette question tout le monde le sait et, en aucun
temps, politiquement, se paierait les frais de "filibuster" lui-même sa
question sur un amendement de l'Opposition et ensuite s'en aller en
référendum, sans avoir occasionné un débat
ordinaire, à tout le moins, sinon serein et largement
démocratique sur la question.
Prenons un réflexe de politicien...
M. Lavoie: Là, c'est caricaturé!
M. Charron: Oui...
M. Lavoie: Mais coupons la caricature de moitié. Sans
être odieux ou sans charrier, vous pouvez quand même brimer des
gens de partis reconnus ou de tiers partis d'intervenir même sur la
question de fond.
M. Roy: Sur le même point, si on me le permet, M. le
Président parce que j'ai constaté que le leader
parlementaire de l'Opposition est très modeste cela pourrait
être aussi les députés de l'Opposition qui
décideraient eux aussi de parler sur les sous-amendements et sur les
amendements et présenter des sous-amendements, de faire en sorte que les
députés de l'Union Nationale, le député de
Rouyn-Noranda et moi-même n'ayons aucune possibilité d'intervenir
sur le fond de la question...
M. Charron: Ou même nos propres députés du
parti ministériel.
M. Roy: Et même les députés du Parti
québécois.
M. Lavoie: C'est peut-être normal, on voit souvent la
paille dans l'oeil du collègue d'en face...
M. Roy: Alors, nous sommes en face d'une situation que nous
devons examiner à son mérite et ce n'est pas pour rien, tout
à l'heure, que j'ai parlé des dispositions de l'article 23 qui
s'appliquent à l'occasion du débat sur le discours inaugural.
M. Bédard: II y a quand même des attitudes
politiques responsables à adopter, à l'occasion d'un débat
comme celui-là, si manifestement l'Opposition ou le parti
ministériel, use de procédures qui, très clairement,
tendent à démontrer vous aurez les débats
télévisés en plus qu'on ne veut pas, que tout cela
est fait en vue de ne pas aborder le fond de la question, je crois que la
population sera à même d'évaluer.
M. Roy: Oui, mais on fait quoi?
M. Charron: Moi je suis bien... M. le Président...
M. Roy: II y a une question qui va plus loin que cela et je
voudrais y attirer l'attention du ministre de la Justice. Sur une question
aussi fondamentale, je verrais très mal que des représentants de
partis reconnus, comme le chef de l'Union Nationale, ne puissent même pas
intervenir sur la question de fond à cause d'une procédure sur
laquelle on jouerait. Alors, il faut prévoir, dès maintenant,
cette possibilité et faire en sorte que, dans la loi, il y ait des
dispositifs clairement établis, bien précisés, pour nous
assurer et nous mettre à l'abri de ce genre de chose.
M. Charron: M. le Président, je pense qu'il n'y a pas un
projet de loi qui peut remplacer et imposer le bon sens dans la tête des
gens. On peut, par un projet de loi, éviter les excès de manque
de bon sens, mais on ne peut pas l'exiger.
Est-ce que je me trompe? Mais je soutiens que de tous les débats
que cette Assemblée à connus depuis des années et qu'elle
connaîtra encore pendant des mois d'autant plus que la
télévision sera introduite à nos débats il
n'y en a pas un qui sera suivi plus attentivement par la population que celui
dont on parle ce soir. Je ne pense pas me tromper. De plus, les
côtés de la Chambre réclameront, de nos militants, de nos
partisans, de nos sympathisants de suivre attentivement ce débat, parce
que beaucoup des opinions des gens se feront à partir des opinions
émises par leurs parlementaires, par les gens qu'ils ont élus le
15 novembre 1976, de part et d'autre de la table, et qui les influenceront.
Je pense qu'il y aura à moins que je ne me trompe
les amis des media y collaboreront sans doute une cote d'écoute
invraisemblable à ce débat. Or, un parti politique qui se
mettrait à faire, dans ces circonstances, des manoeuvres parlementaires,
pour ne pas dire jusqu'à des pitreries parlementaires, comme on en
connaît sur certains débats, certains "filibusters", j'en ai fait,
mes collègues en font...
M. Grenier: Vous les regrettez?
M. Samson: Vous étiez même bon là-dessus.
M. Charron: Je vous remercie beaucoup, je ne voulais pas le dire,
mais... Ce que je veux dire par là, c'est que le sérieux
fondamental de la question exigera qu'un certain nombre de manoeuvres
parlementaires de bonne guerre, que l'on décrie à certaines
occasions, mais qui sont utiles dans d'autres, tout le monde en conviendra,
deviennent donc un peu caduques ou très inappropriées et que le
parti politique qui utilisera ces manoeuvres comme il peut en utiliser en
"filibustant" le projet de la baie James, ou en "filibustant" le projet de la
nationalisation de l'amiante, ce qui, dans ces deux cas, est justifiable
ce sont des manoeuvres parlementaires utilisables celui qui le fera sur
cette question fondamentale déjà limitée, prend
littéralement ses votes et les transmet à son adversaire.
M. Roy: Je n'en suis pas sûr.
M. Grenier: M. le Président, j'écoute le ministre
délégué au haut-commissariat, mais il ne me convainc pas
que des partis politiques n'auraient pas avantage à accaparer
principalement les é-crans de télévision et à les
conserver. Le ministre dit que le public pourrait juger une pareille formation
politique, voire un transfert de votes. Je n'en suis pas assuré. Je
n'irai pas dire qu'il faudrait laisser le débat s'éterniser et je
pense que ce n'est pas une règle du jeu qu'on doive observer, non plus.
Si on accepte un minimum, je pense qu'il faudrait également accepter un
maximum, aussi, sur cette question principalement.
C'est trop facile de jouer là-dedans et s'il est une question sur
laquelle on ne peut pas se permettre je vais être objectif en
disant cela de laisser éterniser le débat juste pour le
plaisir, c'est bien celle-là. Je pense qu'entre les deux, quand on aura
décidé d'un minimum et d'un maximum, il faudra absolument trouver
des règles qui permettront à chaque formation de pouvoir
s'exprimer.
Il faut, bien sûr, se donner peut-être un temps, ce soir, si
on ne doit pas suspendre cet article, mais il faudra se donner une limite, et
en haut et en bas, et, ensuite, permettre à chaque formation de pouvoir
s'exprimer. Je ne voudrais pas qu'on passe sur un article de loi aussi
rapidement et laisser de côté des personnes. On n'en a
peut-être pas de présentes à l'esprit, dans le moment,
parce qu'on rejoint les deux formations qui sont un député par
formation, on rejoint notre chef et on rejoint le chef de la formation du Parti
libéral, mais on laisse déjà de côté un
indépendant; il pourrait peut-être y en avoir d'autres, à
ce moment-là, pour des questions aussi importantes, qui pourraient
devenir indépendants.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je me demande si on a assez réfléchi
sur la technique de cette proposition. Je ne sais pas si on s'est imposé
un scénario pour voir comment cela peut marcher. Je ne suis pas un
procédurier en droit parlementaire, je ne connais pas mon
règlement à fond comme les leaders qui sont appelés
à jouer là-dedans depuis plusieurs années, mais je pense,
d'après la réponse du député de Jonquière,
tantôt, à une question du député de Beauce-Sud, que
cette proposition qu'est l'article 7, qui pourrait être limitée
à 30 heures, d'après l'article 8, est une motion de fond. Ce
n'est pas comme une motion de blâme qui est limitée à un
temps bien précis, qui ne peut pas être amendée, je crois,
ou dont les amendements sont très limités, ce n'est pas comme une
motion de député qui ne donne pas de résultat obligatoire,
péremptoire.
M. Lavoie: Qui est battue d'avance...
M. Lalonde: ... de toute façon, qui est battue, c'est une
motion de fond comme la première lecture, la deuxième lecture, la
troisième lecture d'un projet de loi sont des motions de fond.
Prévoir au départ que c'est limité à 30 heures
change toute la perspective dans laquelle, normalement, une motion de fond est
débattue. C'est cela, je pense, qui est la difficulté. (23 h
45)
Ne devrait-on pas s'en tenir à la technique qui est prévue
par notre règlement, la clôture, si c'est trop long, de la mettre
"built in" dans le projet de loi et tous les mécanismes normaux,
habituels sont déréglés à l'avance. Je vous dis
cela, M. le Président, simplement pour la réflexion du ministre
et ce n'est pas un expert qui vous parle; mais j'écoutais tantôt
les propos, et naturellement, tous les propos qui ont été tenus
sont valides. Quand le
leader du gouvernement dit: Si un parti commence à faire des
manoeuvres là-dedans, il va peut-être transposer ses votes.
Peut-être, mais ce n'est pas cela qui nous intéresse comme
législateurs quand on écrit l'article 8. C'est de faire en sorte
que cela marche et que les droits des députés ne soient pas
brimés.
Parce que l'on parle dans l'article 8 d'une procédure
parlementaire actuellement relative à un débat bien particulier
et qu'une formation politique fasse des excès et transporte ses votes,
oui, c'est possible. Mais ce n'est pas cette possibilité qui va faire en
sorte qu'on ne doive pas, nous, comme législateurs, s'arranger pour que
cela marche, que les droits des parlementaires ne soient pas brimés et
que le débat se déroule normalement, comme notre règlement
veut généralement que cela se déroule.
M. Bédard: Si nous nous permettons de
réfléchir tout haut, je pense bien que c'est ce que nous
faisons... Que ce soit par un projet de loi ou encore par une question
posée par le premier ministre, le but que nous poursuivons, c'est qu'il
y ait un débat à l'Assemblée nationale sur la question ou
le projet de loi. Je dis bien un débat parce que tout cela est en
fonction de déboucher sur une consultation de la population. Autrement
dit, c'est un débat qui ne décide pas, mais qui permet à
chaque parti, chaque député, de pouvoir exprimer ses opinions.
Effectivement, ce n'est pas le débat qui se termine par une
décision au niveau de l'Assemblée nationale, sinon celle
qu'à un moment donné il faut aller le plus rapidement possible
à une consultation de la population puisque c'est le but que se propose
le gouvernement quel qu'il soit qui pose une question ou introduit un projet de
loi pour fins de consultation populaire.
On a parlé de toutes les difficultés que pourrait amener,
je pense, à bon droit, la procédurite. Si on commençait
à en faire à partir d'une question de fond avec
possibilité d'amendement, etc. Je pense qu'il faut y
réfléchir sérieusement parce qu'il faut quand même
que le débat permette essentiellement de discuter sur la question de
fond et non pas sur des questions de procédure ou d'amendements qui
seraient mineurs. Mais discuter, c'est ce que tous les parlementaires veulent,
je pense. C'est ce que la population veut aussi. C'est le député
de Mégantic-Compton qui soumettait tout à l'heure l'idée
en tout cas, je réfléchis tout haut pour en arriver
à avoir des règles précises, peut-être de la
nécessité... Il parlait de la nécessité d'un
minimum et d'un maximum c'est bien cela qui pourrait permettre,
à ce moment, comme cela se fait dans certains débats, au
président de l'Assemblée nationale, sachant quel est le minimum,
quel est le maximum, cela pourrait lui permettre de partager
équitablement le temps entre les différents partis politiques ou
les partis représentés à l'Assemblée nationale et
chacun des partis utiliserait ce temps à sa manière.
Mais il est clair que la seule manière, à mon sens, qui
peut être rentable pour les formations visées, que ce soit pour
les ministériels ou pour l'Opposition, c'est d'employer ce temps, non
pas pour faire de la procédurite, mais pour discuter essentiellement sur
la question de fond. Dans ce sens, je crois que peut-être l'idée
que nous amenait le député de Mégantic-Compton
mérite qu'on y réfléchisse dans le sens qu'elle
permettrait en plus peut-être d'éviter la procédurite, que
tous les parlementaires discutent sur le fond de la question et qu'il y ait une
division du temps qui soit honnête et équitable pour chaque parti
représenté à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Châteauguay.
M. Bédard: Qu'on évite en fait un débat sur
de la procédurite qui nous empêcherait de discuter le fond de la
question.
M. Lalonde: J'aurais une question à poser au ministre en
vertu du règlement qui me permet de la lui poser. Est-ce que ce n'est
pas d'après vous, enfin, on peut réfléchir
là-dessus, le fait qu'on impose une limite, qu'on fasse un débat
limité comme on le fait par exemple pour le débat sur le discours
inaugural, tout en recourant à la motion de fond qui permet des
amendements, qui est le problème? Oui, mais dans tous les débats
limités prévus par le règlement, il n'y a pas de
possibilité d'amendement.
M. Paquette: Sauf le débat sur le discours inaugural.
M. Lalonde: Oui, des amendements bien limités, à la
deuxième lecture, pour reporter à six mois.
M. Paquette: Le débat du mercredi?
M. Lavoie: Sur le message, il y aurait une technique...
M. Lalonde: Ecoutez, je parle à vous.
M. Lavoie: Sur le message inaugural, le discours du budget, les
députés ont le droit de faire des motions de blâme.
M. Lalonde: Oui.
M. Lavoie: Et qui restent au garage jusqu'à la fin, et le
vote est pris à la fin. Je ne sais pas si...
M. Lalonde: Les motions des députés
peut-être, qu'on peut amender, mais qui n'engagent le gouvernement
d'aucune façon, même s'il vote pour ces motions.
M. Bédard: Si on ne veut pas entrer... En tout cas, il
s'agit de l'analyser. Si on ne veut entrer dans la procédurite d'aucune
façon, c'est que ce soit...
M. Lalonde: II faut qu'il attende la clôture.
M. Bédard: Si le débat est introduit par une
question, il me semble que c'est assez clair que peut-être l'idée
mise de l'avant par le député de Mégantic-Compton pourrait
résoudre bien des problèmes. C'est une question, en fait, avec un
temps minimum, un temps maximum et une répartition équitable du
temps pour chacun des partis de discuter de la question.
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais poser une question au ministre?
Elle est très brève, à cause de l'heure.
M. Bédard: Oui.
M. Lavoie: Parce que, avant qu'on ajourne, ce soir, étant
donné que le ministre et ses experts vont prendre cela en
considération, je voudrais lui soumettre une autre difficulté au
sujet de cette fameuse clôture automatique prévue à
l'article 8. Avez-vous considéré le fait que, si le
référendum est mis en branle par une question qui serait le cas,
dans un référendum constitutionnel question capitale
importante pour l'avenir du Québec il y aurait une clôture
automatique en vertu de la loi 8 après 30 heures? Avez-vous
considéré que, sur un autre sujet beaucoup moins important,
même s'il est très important, disons la réforme de la
fiscalité municipale où l'on procéderait à un
projet de loi, formule B prévue à l'article 6, la question doit
être dans le projet de loi pour une chose moins importante qu'une
question sur un référendum sur l'avenir constitutionnel? Dans le
deuxième cas, il n'y aurait pas de clôture automatique pour une
chose moins importante, alors qu'il y aurait une clôture automatique pour
une chose plus capitale.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est-à-dire
qu'actuellement la clôture n'est pas automatique. C'est au moins 30
heures.
M. Lavoie: Elle est automatique en vertu de l'article 8. Le
couperet tombe à 30 heures.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pas automatiquement.
M. Lavoie: "II peut". "Il peut" veut dire "doit".
M. Lalonde: C'est-à-dire qu'il n'y a pas de débat,
il n'y a pas de motion de clôture.
M. Lavoie: En rédaction de loi, "peut" veut dire "doit".
C'est impératif.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'y a rien qui
empêche que le débat dure 32 heures.
M. Bédard: Je ne suis pas si sûr que cela de
l'interprétation.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'y a rien qui
empêche le débat de durer 32 heures, M. le député de
Laval, actuellement.
M. Lavoie: Pendant au moins 30 heures.
M. Bédard: Quand c'est "peut", c'est "peut", quand c'est
"doit", c'est "doit".
M. Lalonde: Oui, mais c'est quasi automatique.
M. Bédard: Quand on dit "peut", cela veut dire qu'il peut
ne pas mettre cela...
M. Lavoie: Oui, d'accord, mais on est à la merci.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous êtes à la
discrétion de, mais ce n'est pas automatique.
Le Président (M. Clair): Messieurs...
M. Lalonde: Comme on peut aller se coucher bien sûr.
M. Lavoie: Dans le contexte qu'on connaît, le couperet ne
serait pas loin.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: J'ai terminé, mais je voudrais qu'on prenne
cela en considération.
Le Président (M. Clair): Cela va. Simplement parce que je
voudrais donner l'occasion au député de Châteauguay, qui
attend depuis un bon moment d'intervenir. M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, le projet de loi
prévoit effectivement un maximum de 30 heures. Je m'excuse, un minimum
de 30 heures, vous avez raison. Nous, du parti ministériel, nous
considérons que c'est généreux.
M. Lalonde: Merci beaucoup, on ne le savait pas. On est donc
ingrat.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dussault: Et si, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je me permets de le dire, c'est que je pense bien que
pour l'évaluer, on a besoin de points de comparaison et nous en avons un
exemple qui peut nous servir de point de comparaison, c'est le projet de loi
déposé à la Chambre des communes par le gouvernement
fédéral qui lui prévoit un maximum de 40 heures de
débat sur la question. Je n'apporte pas la comparaison pour narguer qui
que ce soit.
M. Lavoie: Trente heures, c'est plus généreux que
40 heures?
M. Dussault: Je pense que c'est sérieux effectivement de
dire que le projet de loi d'Ottawa peut
se comparer au nôtre ou que le nôtre puisse se comparer
à celui d'Ottawa. On va faire une évaluation, M. le
Président, si vous le permettez. Si nous prenons nos 30 heures et que
nous les partageons entre les députés de l'Assemblée
nationale, nous avons une moyenne de seize minutes par député de
débat sur la question.
M. Lalonde: On vous remercie, monsieur.
M. Dussault: Si nous appliquons les seize minutes en question aux
265 députés d'Ottawa, nous aurions là un débat de
70 heures. Or, la loi fédérale prévoit qu'il y a un
débat de 40 heures, ce qui veut dire, à toutes fins pratiques, au
plus neuf minutes par député. Si on appliquait les neuf minutes
en question à notre débat à l'Assemblée nationale,
nous aurions un débat d'au maximum seize heures et demie. Le projet de
loi, tel qu'il a été conçu par le gouvernement,
prévoit 30 heures, c'est-à-dire quasi le double de ce que
prévoit, à toutes fins pratiques, le gouvernement
fédéral. Nous avions un autre point de repère, M. le
Président, qui était le discours inaugural qui prévoyait
20 heures.
La Commission des droits de la personne nous a demandé, lors de
son témoignage sur le livre blanc, de prolonger le temps prévu
pour le débat sur la question. Nous l'avons écoutée. Nous
l'avons prolongé de 30 heures et, lors de son dernier témoignage,
mais sous forme de lettre, la commission nous a fait valoir qu'elle
appréciait effectivement que nous ayons augmenté. Nous l'avons
augmenté de dix heures par rapport à ce point de repère
qui est celui du discours inaugural. Je pense que nous avons fait preuve de
générosité. Je l'ai dit au début et j'y crois.
M. Lalonde: Vous êtes d'accord.
M. Dussault: A mon point de vue, M. le Président, les 40
heures du gouvernement fédéral seraient un très
très, j'insiste, un très strict maximum puisque si nous donnions,
comme on le fait habituellement dans des débats sur des motions, 20
minutes à chacun des députés, nous atteindrions au maximum
37 heures de débat. C'est pour ces raisons, M. le Président, que
je demande aux membres de cette commission d'appuyer l'article du gouvernement
relativement au temps à consacrer au débat sur la question.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
est-ce que le député de Châteauguay me permettrait une
question?
M. Dussault: Oui, sûrement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que le projet de loi
fédéral prévoit un minimum de temps?
M. Dussault: Non, effectivement, le projet de loi dit: Un maximum
de 40 heures.
M. Vaillancourt (Jonquière): Si je comprends bien, ils
pourraient terminer cela au bout de 15 heures ou 18 heures.
M. Dussault: Effectivement. Cela pourrait être
terminé bien avant les 40 heures.
M. Samson: C'est une suggestion que je veux faire au ministre
avant...
M. Lavoie: On a apporté des choses qui se tenaient, mais
on n'a pas discuté...
M. Bédard: Je pense qu'il est normal...
M. Lalonde: Quand c'est dit de travers... On a dit, cela ne
marche pas.
Le Président (M. Clair): Messieurs...
M. Bédard: Autant pour le député qui vient
de parler que pour ceux qui ont parlé précédemment, vous
me permettez... je pense que chacun y est allé de réflexions dans
le sens de voir quelles sont les embûches qui nous guettent et en
même temps avec la préoccupation que la procédure soit
réduite au maximum, la préoccupation que lors de ce débat,
que ce soit à l'occasion d'une question ou d'un projet de loi, on ait
l'assurance, pour la population et pour les parlementaires, qu'on discute
véritablement du fond de la question et non pas de la
procédurite. Je crois qu'on est à même de constater qu'il y
a peut-être matière à réflexion le plus rapidement
possible. Nous-mêmes on va le faire et dès demain, chacun pourra
peut-être y aller de propositions plus précises.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est minuit, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)