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Etude du projet de loi no 92
(Onze heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer l'étude article par
article du projet de loi no 92. Les membres de la commission sont les suivants:
M. Bédard (Chicoutimi), M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par
M. Vaillancourt (Jonquière), M. Charbonneau (Verchères)
remplacé par M. Godin (Mercier), M. Clair (Drummond) remplacé par
M. Beauséjour (Iberville), M. Garneau (Jean-Talon) remplacé
par...
M. Lavoie: M. Gratton.
Le Président (M. Clair): ... M. Gratton (Gatineau), M.
Grenier (Mégantic-Compton), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Levesque
(Bonaventure) remplacé par M. Lavoie (Laval), M. Paquette (Rosemont), M.
Roy (Beauce-Sud), et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont M. Bertrand (Vanier) remplacé par M. Fallu
(Terrebonne), M. Brochu (Richmond), M. Dussault (Châteauguay)...
M. Grenier: M. Brochu remplacé par M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska).
Le Président (M. Clair): M. Brochu (Richmond)
remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Dussault
(Châteauguay), M. Guay (Taschereau), M. Lavoie (Laval)...
M. Lavoie: Remplacé par M. Ciaccia.
Le Président (M. Clair): ... remplacé par M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Lévesque (Taillon)...
M. Lavoie: Remplacé par M. Lalonde!
Le Président (M. Clair): M. Morin (Louis-Hébert) et
M. Raynauld (Outremont) remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Lavoie: Juste à la dernière minute. Il remplace
M. Raynauld.
M. Gratton: C'est juste s'il n'avait pas été au
Parlement, à la grande joie du ministre.
Campagne référendaire Comités nationaux (suite)
Le Président (M. Clair): Messieurs, au moment où
nous avons ajourné nos travaux hier, j'avais pris en
délibéré la recevabilité de la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys à savoir d'ajouter à
la fin de l'article 21 l'alinéa suivant: Un électeur, un groupe
ou un parti politique peut participer à la campagne
référendaire sans nécessairement adhérer à
un comité national. On s'entend que c'était bien là qu'on
en était rendu. Pour disposer de la recevabilité de cette motion,
je ferai premièrement appel au titre de la section dans laquelle on se
retrouve, la Section 1 s'intitule en effet: Comités nationaux. A I
article 21 comme tel, on retrouve deux principes qui sont I'introduction, si on
veut, du mécanisme de mise en place des comités nationaux.
L'amendement proposé est relativement distinct des principes contenus
à l'article 21 qui est finalement un article technique. Au premier
alinéa, on prévoit l'obligation pour le secrétaire
général de donner certains avis et, à l'alinéa 2,
on prévoit la possibilité pour les membres de l'Assemblée
nationale de "s'inscrire auprès du directeur général des
élections en faveur d'une des options soumises à la consultation
populaire."
Même si l'article 21 comme tel ne constitue à proprement
parler que l'annonce des comités nationaux, il me paraît que ce
serait un peu tatillon de la part du président de déclarer
l'amendement irrecevable parce que prématuré, puisque,
finalement, le titre de la section est "Comités nationaux". Je pense que
le président doit veiller à ce qu'on ne traite pas de questions
de façon prématurée, mais la discrétion que je dois
exercer dans ce cas me porte plutôt à laisser l'initiative aux
députés et, même si le lien est ténu entre l'article
21 et la motion, à interpréter favorablement ce lien, pour, sur
ce point, considérer l'amendement recevable, même si, encore une
fois, il aurait peut-être été plus opportun de le
présenter à l'article 22 ou à l'article 23. Le titre de la
section étant "Comités nationaux", je préfère quand
même laisser l'initiative aux députés, considérant
qu'il n'y a pas de principes fondamentaux de mis en cause.
Le deuxième point sur lequel proprio motu je me suis
penché, c'est celui de savoir si l'amendement contredit, s'oppose, met
à l'écart un principe déjà adopté par
l'Assemblée nationale. Le chapitre VIII prévoit la constitution
de comités nationaux avec une obligation qualifiée si je
peux me permettre l'expression pour tous les électeurs, groupes
ou partis politiques de se rattacher aux-dits comités nationaux. De
sorte qu'il est bien clair qu'à titre de président, je ne pourrai
admettre, déclarer recevables des amendements qui s'opposeraient de
front à ce principe déjà admis en deuxième
lecture.
A la lecture de l'amendement proposé, cependant, deux mots
m'apparaissent importants, soit les mots "sans nécessairement
adhérer à un comité national", de sorte qu'encore
là, en exerçant ma discrétion, malgré l'affirmation
que j'ai faite selon laquelle je ne déclarerai recevable aucun
amendement qui s'opposerait au principe déjà affirmé dans
la deuxième lecture, les mots "sans nécessairement" me laissent
présumer qu'il y aurait des modalités qui seraient
précisées à d'autres articles par le même proposeur
de cette motion d'amendement, qui éviteraient de contredire ce principe
de front. En conséquence, compte tenu du fait que le
député de Prévost, je pense, a déjà
affirmé, à quelques reprises qu'on doit favoriser, autant que
faire se peut, la discussion, c'est sûrement un cas d'amendement qui est
à la limite même de la contradiction du principe affirmé en
deuxième lecture; cependant, en exerçant, au meilleur de mes
connaissances, la discrétion qui m'est confiée, je pense que les
mots "sans nécessairement" me permettent de considérer que
l'amendement proposé ne heurte pas de plein front le principe
affirmé en deuxième lecture au sujet des comités nationaux
et, dans les deux cas, concernant les deux arguments, tant en ce qui concerne
le rattachement de l'amendement proposé à l'article 21,
plutôt qu'à un autre amendement, que sur la question de savoir si
oui ou non l'amendement proposé contredit un principe affirmé en
deuxième lecture, j'exerce ma discrétion dans le sens de
déclarer cet amendement recevable.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vous remercie, M. le Président, de votre
décision. Il a fallu le changer à la dernière minute
je m'en excuse étant donné une question technique
de recevabilité. D'habitude, on les fait dactylographier et
distribuer.
M. le Président, en effet, le principe de la loi, comme vous
l'avez dit tantôt, c'est que l'on doive appartenir au comité
national pour participer au référendum. Vous avez sûrement
songé, sans les mentionner, aux exceptions qui sont contenues au
paragraphe 26, à savoir que ne sont pas considérées comme
des dépenses réglementées un certain nombre de
dépenses, y compris 5300 par personne pour des réunions. Donc,
déjà, le principe souffre des exceptions, mais nous trouvons que
ces exceptions ne sont pas suffisantes.
Que le projet de loi 92 constitue une atteinte à nos
libertés fondamentales, c'est clair, c'est admis, et pour la
nième fois depuis 1976, le gouvernement se voit rappeler à
l'ordre par la Commission des droits de la personne. C'est la raison pour
laquelle nous faisons l'amendement, pour élargir, pour injecter une
mesure de liberté qui m'apparaît absolument essentielle dans le
genre de société dans lequel on veut vivre. (11 h 45)
Le cas qui nous occupe, à l'article 21, concerne la
liberté d'expression et d'association. En imposant le carcan des
comités nationaux, on limite la liberté des gens de s'exprimer.
Je pense que tous l'ont reconnu. Le gouvernement, s'il accordait plus
d'importance aux libertés fondamentales des gens qu'à son option
séparatiste, devrait en rougir jusqu'aux oreilles et s'affairer à
faire disparaître à jamais ces violations des droits fondamentaux
des gens. Mais que nous offre-t-il? Je pense. M. le Président,
qu'étant donné l'économie de la délibération
que vous nous avez permise, hier, sur l'article 21, étant donné
que le ministre lui-même, lorsque nous avons abordé ce chapitre, a
fait connaître un projet d'amendement, l'a fait même distribuer, je
pense que vous me permettrez, étant donné que cet amendement se
veut la réponse à nos critiques, vous me permettrez d'en faire
état.
On nous offre des comités affiliés. Lesquels? Quels seront
leurs droits? Quel sera le fonctionnement? Quel contrôle sur leurs
dépenses devra imposer le comité national? On ne le dit pas. La
commission a lancé l'idée des comités affiliés pour
sortir de l'impasse qui était créée par la contradiction
des objectifs, à savoir, d'une part, le contrôle des
dépenses mais à l'intérieur d'une structure fermée,
et d'autre part, l'objectif de la commission de protéger les
libertés fondamentales des gens. Mais la commission ne les a pas
définis. A la page 7, la commission dit: "II faudra, bien sûr,
assurer une répartition proportionnelle des revenus entre le groupe
majoritaire et le groupe affilié, selon les critères qui pourront
être précisés pour chaque comité national, le cas
échéant, dans ses règlements." Elle a lancé la
perche au gouvernement, espérant que le gouvernement ferait son boulot,
définirait le concept qui a été pensé et
lancé par la commission, mais I'amendement ne définit pas
davantage les droits, les limitations, le mode de fonctionnement des
comités affiliés.
Voyons le raisonnement de la Commission des droits de la personne. A la
page 6, elle dit ceci: En pratique, cependant, le contrôle des
dépenses impliquant nécessairement le contrôle de toute la
stratégie de la campagne référendaire pour chacun des
comités nationaux, il se peut que des groupes refusent de se joindre au
comité national correspondant à leur option, de crainte de se
voir indûment brimés dans leur liberté d'expression, par
exemple parce qu'ils préféreraient mettre davantage I'accent sur
une approche sociale ou culturelle plutôt que sur la dimension
économique du problème débattu". Donc, la raison pour
laquelle la commission pense que les libertés sont brimées, c'est
à cause du contrôle des dépenses. Je pense que c'est
évident que c est justement à cause de I objectif du
contrôle des dépenses que le gouvernement a impose la structure
fermée des comités nationaux et qui brimait la liberté des
gens de participer au référendum...
M. le Président, est-ce que je peux continuer? Je n'aime pas les
interruptions du ministre. S'il a une question à me poser, je pourrai y
répondre, mais pas en plein milieu d'une discussion.
C est donc l'objectif du contrôle des dépenses qui vient en
conflit avec I'autre objectif, soit la liberté des gens. La commission
poursuit: Alors, dans le but d'éviter le boycottage des comités
nationaux et la multiplication des groupes oeuvrant hors de
I'organisme-parapluie et d'atténuer significativement la contrainte
pesant sur la liberté d association et d'expression, la commission
propose d introduire la notion de statut d'affiliés pour les individus
et groupes qui ne voudraient pas s'associer à la stratégie
globale décidée par le comité national, tout en
étant d'accord avec I'objectif visé en définitive ". C'est
clair, d'après la commission, que c'est pour sortir les groupes et
individus de ce carcan qu on suggère la création de groupes
affiliés. Donc, c est à cause du contrôle que le projet de
loi impose des carcans, conclut la commission. Alors sortons les gens
brimés par
le biais des comités affiliés. Mais les a-t-on vraiment
sortis du carcan? Oui, si on les a libérés des contrôles
puisque ce sont les contrôles qui les brimaient. Contrôles qui au
départ les brimaient, de l'avis même de la commission. Non, s'ils
sont encore soumis aux contrôles. Or, les comités affiliés
sont encore et toujours soumis aux contrôles de la loi, d'après
les autres dispositions de la loi. Par conséquent, ils sont encore
soumis à la brimade de la structure du carcan.
M. Fallu: Vous faites de beaux syllogismes.
M. Lalonde: Je pense que c'était clair, mais que l'analyse
devrait être faite parce qu'on a référé à
cette intervention de la commission, mais on n'en a pas fait d'analyse
jusqu'à maintenant. On a simplement lancé un mini-amendement de
trois lignes qui donne le droit de créer par règlement...
Naturellement, lorsque le gouvernement se trouve coincé, on se
réfère à des règlements. Heureusement que dans ce
cas-ci, il ne s'agit pas de règlements du gouvernement. C'est la
façon dont on a cueilli, ni plus ni moins, de la part du gouvernement,
la suggestion de la commission. On ne peut pas reprocher à la commission
de ne pas avoir tout prévu. Elle ne fait pas des lois. Ce n'est pas
à elle de les faire, de toute façon, mais on doit reprocher au
gouvernement d'avoir fait semblant d'emprunter l'idée de la commission
sans l'avoir élaborée et sans lui avoir donné une
charpente, sans en avoir établi les tenants et aboutissants, sans avoir
corrigé le mal dont souffrait le comité national au niveau des
libertés individuelles, sans avoir fait disparaître cette
imposition, cette contrainte qui, de l'avis de la commission, existait au
niveau du comité national.
Dans l'état actuel de l'amendement du ministre, cela
équivaut à dire que ceux qui ne sont pas d'accord, ceux qui ne
veulent pas rester dans la maison la maison, c'est le comité
national, c'est la structure on ne les sort pas de la maison, mais on
les envoie dans la cave. On dit: Vous restez, mais ailleurs dans la même
structure. Cela équivaut à peu près à cela,
étant donné que les contrôles doivent demeurer.
La démonstration du député de Jonquière
à la suggestion de notre amendement, à savoir que des groupes
peuvent exercer leur droit à la dissidence, leur droit d'opinion et
d'association en dehors du comité national, se voulait un argument par
l'absurde. Il n'a réussi qu'à démontrer, en ridiculisant
les gens, le peu de confiance qu'il leur fait. D'ailleurs, la réponse
immédiate qui est venue et qui est tellement facile c'est
malheureux qu'on ait recouru à la facilité c'est que
même l'article 26. avec les S300, si on y appliquait le même
raisonnement que le député de Jonquière, permettrait
à des gens, en dehors des comités nationaux, de dépenser
à peu près S1 800 000 000. C'est tellement absurde de penser que
les gens vont aller jusque là.
M. Bédard: S1 800 000 000 pour des assemblées.
M. Paquette: Pour des assemblées. S300
l'assemblée.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lalonde: Si c'est la seule liberté que le gouvernement
nous laisse, on va s'assembler.
M. Bédard: A l'intérieur des comités.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Lavoie: Carcan...
M. Lalonde:... en laissant aux individus et aux organismes
intermédiaires et sans but lucratif, la liberté de
dépenser leur argent. C'est le but de notre amendement. En ce faisant,
si on assiste à plus de publicité, je préfère cet
inconvénient à la disparition de leur liberté. Au fond,
c'est le choix qui nous est offert. En interdisant les dépenses aux
sociétés commerciales, le résultat, même s'il
dessine un déséquilibre entre les deux options, aura quand
même le caractère démocratique de représenter
l'opinion publique librement exprimée.
D'ailleurs, quand on parle de contrôle des dépenses
électorales et qu'on veut rappliquer de façon carrée aux
dépenses référendaires, je pense qu'on doit s'imposer
l'analyse suivante, un peu de rétrospective. Pourquoi, au départ,
est-ce devenu comme cela, le désir des démocraties de
contrôler les dépenses électorales? C'est pour mettre fin
à cette longue et vieille tradition qui existait depuis des centaines
d'années et qu'on appelle l'achat de charges publiques.
Malheureusement, selon les dépenses électorales de
certains autres secteurs électoraux, par exemple au niveau municipal, le
coût des élections devient tellement exorbitant relativement aux
revenus officiels qui sont attachés à la charge que n'importe
quels doutes et n importe quels soupçons sont justifiés. Alors,
c'est cela qu'on a voulu faire disparaître, au départ cela
fait plusieurs années; ce n'est pas venu depuis un an en faisant
le contrôle des dépenses électorales. Quelqu'un est
élu à une charge. Si cela coûte $100 000 pour se faire
élire marguillier, il y a quelque chose qui ne marche pas, à
moins que ce ne soit le cas très exceptionnel d'un
mécène.
M. Godin: C'est à peu près cela.
M. Lalonde: A ce moment-là, quand c'est
généralisé, c'est un cancer qu'on a voulu faire
disparaître lorsque, d'ailleurs, le Parti libéral a
commencé à imposer le contrôle des dépenses
électorales, il y a plus de dix ans.
Au niveau référendaire, il n'y a personne qui est
éiu. Il y a seulement des idées qui sont communiquées. Il
y a seulement des schémas qui sont développés. Il y a
seulement une persuasion qui est faite. C'est différent. Oui, il faut
quand même éviter l'orgie épouvantable qui pourrait
limiter le libre arbitre, au fond, I'exercice du raisonnement
individuel. Oui, il faut l'éviter, mais il faut peut-être
s'imposer un exercice de réflexion différent en ce qui concerne
les dépenses référendaires qu'en ce qui concerne les
dépenses électorales parce que ce n'est pas le même
mécanisme, ce n est pas le même objectif. Dans le cas des
dépenses référendaires, on n'échange, au fond, que
des idées. Naturellement, vos idées sont rattachées
à des intérêts, oui. Aucun doute que certains seront pour
une idée, non pas seulement abstraitement, mais concrètement
à cause des effets concrets dans la réalité. D'autres
pourraient avoir I'opinion contraire pour des intérêts aussi de
même nature. Mais il n'y a pas de charge attachée au oui ou au
nom. Il me semble que cela devrait imposer au gouvernement le soin,
l'obligation de réfléchir davantage plutôt que, simplement
d un seul trait de plume, enlever les libertés aux gens en les
forçant à se réunir à l'intérieur d'un
comité national.
C'est ce que mon amendement veut changer, M. le Président.
Laissez-moi lire, en terminant, le dernier paragraphe de réflexion de la
Commission des droits de la personne sur cette suggestion qu'elle a faite des
comités affiliés. Et on voit jusqu'à quel point la
commission est fort consciente de ne pas avoir tout réglé, au
contraire, en faisant cette suggestion. Je cite: "Est-il besoin, pour terminer,
de rappeler au gouvernement que les règlements régissant les
comités nationaux seront assujettis à la Charte des droits et
libertés de la personne, et de lui souligner les nombreux écueils
pour les droits et libertés de la personne qui jalonnent
nécessairement la recherche de l'égalité stricte entre les
options." C'est une interrogation qui demeure, surtout de la façon avec
laquelle le ministre a simplement emprunté le mot sans y mettre de
chair, en ne faisant aucun effort pour élaborer le concept, la notion
qui a été proposée par la commission.
Il me semble que pour voter contre l'amendement, M. le Président,
on devrait démontrer... Ici, j'ouvre une parenthèse, M. le
Président. On a déjà annoncé qu'au niveau du
financement, nous aurons des amendements qui vont faire la suite de cet
amendement que je propose. Mon amendement seul, tel quel, ouvrirait une porte
trop grande et les dispositions concernant le financement vont se trouver,
comme vous l'avez dit hier, dans votre décision, dans la deuxième
section, de sorte que nous allons compléter la construction que nous
offrons à la commission dans un autre endroit.
Ceux qui seront contre mon amendement, M. le Président, compte
tenu non seulement de cet amendement mais des autres qui vont venir, devront
démontrer comment on peut, dans un gouvernement, alors que l'on se
félicite de vouloir consulter la population, comment on peut le faire en
limitant indûment la liberté des gens de s'exprimer, de s'associer
comme ils le veulent lors de l'exercice de leurs droits.
Est-ce qu'on a peur, de l'autre côté de la table, que le
jeu normal de la démocratie soit fait? Est-ce qu'on a peur que le
résultat de ce jeu normal de la démocratie soit
défavorable à des options que le gouvernement voudrait mettre de
l'avant? Je l'ignore. Mais à moins que le ministre de la Justice,
responsable devant l'Assemblée nationale de l'application de la Charte
des droits et libertés de la personne, ne puisse démontrer un
dossier absolument transparent au niveau des libertés fondamentales,
tous les soupçons et toutes les spéculations seront possibles.
(12 heures)
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, cet amendement qui a
été déposé hier soir faisait suite au premier qui
avait été jugé irrecevable à cause de l'implication
financière, principalement, à l'article 21. Sur celui-ci, M. le
Président, je dois vous dire: Le principe des comités nationaux
qui apparaît a l'article 8 n'est pas nécessairement mauvais et
n'implique pas que bon non plus. Il est sûr que ce contrôle des
dépenses qui sera fait par ces comités nationaux va obliger des
personnes a vivre ensemble, à cohabiter alors qu'on n'a pas les
mêmes us et coutumes. Cela pose des problèmes.
Moi, je dois vous dire, M. le Président, que la motion qu'on a
devant nous aujourd'hui ne mentionne pas d'aspect financier; autrement il
aurait été jugé irrecevable, mais il ne le dit pas non
plus. A partir de là, j'entendais, hier soir, le député de
Gatineau qui disait: Bien moi, qu'il y en ait des orgies, cela ne me
dérange pas, ou à peu près dans ces termes...
M. Gratton: Non, non, non.
M. Grenier: J'irai au journal des Débats et cela
reflète assez bien la pensée du discours hier soir.
M. Gratton: M. le Président, question de règlement
en vertu de l'article 96.
M. Grenier: Je m'excuse, orgies de dépenses, je veux
dire.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau, vous invoquez le règlement.
M. Gratton: Oui, M. le Président.
M. Paquette: En vertu de l'article 96?
M. Gratton: Oui.
M. Paquette: Vous devrez le faire après
l'intervention.
M. Gratton: On peut le faire avec le consentement du
député. Je sais que le député de
Mégantic-Compton ne me refusera pas de rectifier ce qu'il vient d
affirmer, puisqu'il sait lui-même ce que j'ai dit hier; je n'ai pas
souhaité qu'il y ait des orgies de dépenses
référendaires. Mais j'ai dit
qu'entre plus de liberté et moins de contrôle et plus de
contrôle et moins de liberté, je préférais la
première solution.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je suis justement à l'opposé du
député de Gatineau.
M. Gratton: Vous êtes pour contrôler.
M. Grenier: Oui, contrôler. J'aime mieux voir
contrôler certaines orgies au risque que des groupes puissent plus
difficilement s'exprimer. Je m'explique. Cela peut faire rire, parce qu'il y en
a qui ont le rire facile.
M. Lavoie: Oui, cela fait rire.
M. Grenier: J'aime mieux choisir cette option et je serai en
arrière d'une option comme celle-là, je la défendrai tout
le long, à mesure que cela viendra dans les autres articles qui vont
impliquer des investissements financiers. Je défendrai cette option.
Je n'accepterai certainement pas qu'à l'article 21 on puisse
permettre des individus, des groupes et des partis, et je nomme des gens ici
rien que pour le "fun", rien que pour voir ce que cela donnerait si on mettait
des individus, par exemple, capables de se monter une équipe, puis
d'avoir des sommes d'argent. Je vois arriver un Marcel Chaput, capable d'aller
se chercher de l'argent et partir sans limite de fonds. Ce serait beau. Je vois
arriver un Jean Lesage, avec beaucoup de prestige dans le Québec encore,
président d'un certain comité qui se ramasse de la finance et qui
part défendre une option. Je vois aussi arriver un individu qui est un
Québécois, un nommé Trudeau, qui est à Ottawa
actuellement, qui décide comme individu de se ramasser des fonds et de
venir défendre son option à titre d'individu. Ce sont des
individus. Je vois arriver des groupes, par exemple, c'est l'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys, on va rencontrer mon bon ami qui
est président des Fils du Québec qui va nous arriver. Il nous a
dit qu'ils étaient 6 millions dans son groupe et il m'a même dit
que je faisais partie de son groupe, je ne savais pas cela.
M. Lavoie: Cela ne me surprendrait pas. M. Lalonde: On se
le demande. Le Président (M. Clair): A I ordre!
M. Grenier: Ah, oui! Les libéraux qui font flèche
de tout bois m'écoeurent des fois, quand j'entends des réflexions
de ce genre, surtout quand cela vient du leader. Si cela venait d'un
"back-bencher" libéral, cela ne me dérangerait pas trop.
M. Lavoie: Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est...
M. Grenier: On fait des raisonnements de ce genre, et j'entends
le leader libéral faire des farces là-dessus, tâcher de
faire une mise au point en parlant d'individus et de groupes, c'est cela
l'amendement des libéraux, ce matin, Jésus Marie! C'est cela que
nous amène Lalonde. Est-ce qu'on va se laisser passer cela?
J'espère qu'il y aura des gens assez sérieux qui vont comprendre
une fois pour toutes qu'on ne peut accepter des orgies comme on en propose
là-dedans, sans limite, à l'exemple de la loi du
fédéral, qu'on a rejetée, qui a valu une motion en
Chambre. On le rejette, ce référendum. Vous ne viendrez pas nous
copier un référendum semblable à celui d'Ottawa, qui ne
propose rien. Où les Fils du Québec vont-ils prendre leur argent?
J'aurais peur de cela. J'aurais peur de l'Ordre de Jacques-Cartier. J'aurais
peur des fonds du candidat Bill Shaw, dans l'ouest de Montréal, pour une
campagne référendaire. On ne peut pas les accepter comme groupes.
Cela peut faire sourire les libéraux, qui sont pour les orgies. Cela ne
me dérange pas qu'ils optent pour cette option, ils sont pour cela.
M. Bédard: Vous vous amusez avec les droits et
libertés et vous oubliez le principal!
M. Grenier: II y aurait des groupes farfelus, à part de
ceux qui arriveraient, M. le Président. Il nous arriverait toutes sortes
de groupes farfelus à part cela. La liberté des individus, il y a
aussi une limite à cela. La liberté des uns finit là
où le droit des autres commence. En campagne référendaire,
je ne veux pas que les ondes soient payées et entretenues par les Fils
du Québec, je ne veux pas de cela. Je ne veux pas avoir sur les ondes
l'Ordre de Jacques-Cartier, trois heures par jour, et je ne veux pas avoir sur
les ondes un Marcel Chaput, un Trudeau et un Lesage, avec les finances qu'ils
vont amasser. Ils vont être capables d'en amasser; Dieu sait qu'ils en
sont capables!
Il y aurait les partis politiques aussi, parce que c'est cela... Les
partis politiques, cela paraît bien lorsque ce sont des partis qui sont
autour de la table ici, mais le leader parlementaire du Parti libéral
devrait se rappeler qu'il nous a dit, hier, qu'il y en avait sept. Cela veut
donc dire qu'on va voir arriver le Parti rhinocéros, le Parti communiste
aussi, pendant les campagnes référendaires. Je ne veux pas que le
Parti communiste envahisse les ondes pendant la campagne
référendaire pour venir vendre ses théories. Je n'en veux
pas! Alors, je vous dis qu'à partir de là, le droit des uns finit
là où le droit des autres commence. Mon droit de citoyen du
Québec, c'est de ne pas entendre les théories communistes pendant
la campagne référendaire, ne pas entendre les Fils du
Québec, ne pas entendre l'Ordre de Jacques-Cartier et le candidat Bill
Shaw aussi souvent que le Parti libéral, l'Union Nationale, le Parti
pénépiste. C'est mon droit de Québécois, il
commence là.
Je pense que les arguments que j'ai valent bien les rires sarcastiques
de mes voisins de droite. Je dois vous dire une chose. Même si,
actuellement, le Parti libéral dit qu'il faut être
soupçonneux, face au gouvernement, il faut se méfier quand
j'entends c'est effrayant ce qu'on entend de ce côté-ci de
la table et je commence à avoir mon voyage, ce matin le leader
parlementaire libéral dire qu'il avait donc confiance à l'ancien
ministre qui était ici, ce grand démocrate. Il n'y a rien qu'il
ne dit pas de l'ancien ministre, je l'ai même entendu le traiter de
menteur autour de cette table...
M. Lavoie: II y a des démocrates menteurs aussi!
M. Grenier: Ah oui, faites-nous rire!
Une telle bouffonnerie, même si cela se suit d'une semaine
à l'autre, je ne peux pas l'endurer, j'en suis incapable. Ce matin, la
motion que j'ai, je vais la défendre et la défendre pour notre
formation politique, elle va avoir du sérieux. On n'acceptera
certainement pas de se faire dire des choses dans un tel amendement et que cela
ait un semblant de sérieux de ce côté-ci de la table. Je ne
l'accepterai pas et je ne voterai certainement pas pour un tel amendement.
Le gouvernement nous a dit que la question serait limpide, qu'elle
serait claire. On n'a pas fait préciser encore si à la question
on répondrait par un oui ou un non. Mais l'ancien ministre l'a dit,
ainsi que le ministre actuel, il va y avoir une question claire et un rapport
clair. Je dis que le gouvernement qui n'est pas capable d'obtenir une
réponse claire s'embarque dans des problèmes après un
référendum. Il n'y a personne qui veut, des deux
côtés de la table, que la question recommence le lendemain du
référendum. On était tanné, avant les
dernières élections, et n'oubliez pas qu'on peut bien faire
porter pas mal de poids sur l'actuel gouvernement, on peut bien l'accuser de
toutes sortes de choses, mais je pense que l'ancien a été
accusé pas mal aussi avant les élections, parce que de 102, il
est tombé à 26. Il y a des gens qui n'en voulaient plus de ce
gouvernement, il faut bien se rappeler cela.
A partir de cela, M. le Président, soupçon pour
soupçon, je lui fais confiance dans le moment, on verra ce qui arrivera.
Si la réponse devait être un oui ou un non, il ne se pose pas de
problème. A partir de là il faudra se faire une opinion et entrer
soit dans le oui, soit dans le non, cela ne pose aucun problème. Cela
pose des problèmes à certains partis politiques qui peuvent
retirer des finances d'un autre gouvernement, ailleurs, à d'autres
paliers et qui voudraient avoir toutes sortes de groupes qui pourraient se
former. Pour eux, oui, cela peut poser des problèmes. Mais, pour moi,
bien honnêtement ce sera un référendum qui va se
régler entre Québécois, celui-là, et je ne
permettrai jamais, dans aucun amendement, qu'on ouvre la porte à toutes
sortes de gens qui pourraient financer le Parti communiste ou des formations
politiques, tous les groupes possibles qui pourraient nous arriver par voiliers
du gouvernement central, et on sait à qui je fais allusion. Jamais!
Jamais je n'accepterai un amendement de ce genre. J'aime mieux voir les
libertés des autres finir là où les miennes commencent que
d'opter pour cette orgie de dépenses qui pourraient être
amenées au Québec et faire que
l'après-référendum sera encore plus pénible que ce
qu'on se prépare à voter. Ils vont le gagner avec de tels moyens,
mais "too much is too much" à un moment donné, on ne peut pas
tout accepter non plus. C'est cette position que je défendrai et je ne
vous cache pas que la position que je défends au comité
référendaire dont je fais partie, est celle-ci. Je pense que je
la défendrai tout le temps.
Nous attendrons la question, honnêtement, nous attendrons la
question, puis les personnes qui veulent être honnêtes vont
attendre que la question se pose. Il y aura des jours où on se battra
sur les autres articles pour tâcher de donner le plus de tranparence
possible, le plus de temps possible aux personnes de se faire une opinion
là-dessus. Ce sera le sens de mes interventions et je ne vous cache pas
que jamais je n'accepterai un amendement qui est aussi farfelu que celui qu'on
nous propose ce matin. Cela revient à ce que je vous disais hier.
Après dix heures du soir, vous savez, il n'y a pas bien des choses
sérieuses qu'on peut proposer.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys a encore trouvé le moyen de
triturer le rapport de la Commission des droits de la personne et de nous dire:
On a encore là un projet de loi qui attaque nos libertés. Cela
dépend de ce qu'on entend par "nous", par "nos" libertés. En
fait, la Commission des droits de la personne est consciente de la
difficulté de ce projet de loi qui est, encore une fois, de concilier
l'égalité des chances dans l'information, puis le droit aux
citoyens de ne pas se faire embourber dans un paquet de propagande qui va
à sens unique, et, d'un autre côté, la liberté
d'expression. Dans ce débat fondamental, M. le Président,
l'Opposition libérale privilégie les émetteurs au lieu des
récepteurs des messages. Elle dit: II faudrait permettre à tous
ceux qui veulent parler, qui veulent expédier des dépliants,
faire des assemblées, de dépenser à peu près sans
limites, à peu près sans contraintes. Le droit du citoyen
là-dedans? Le droit du citoyen d'avoir une information
équilibrée, égale de chacune des options, la plus
égale possible, de ne pas se faire enterrer par de la propagande d'un
bord ou de l'autre, qu'est-ce qu'on en fait là-dedans? M. le
Président, pas grand-chose.
Le député de Marguerite-Bourgeoys dit: Vous avez bien peur
de laisser fonctionner le jeu normal de la démocratie. Si c'est cela,
votre démocratie, on n'en veut pas. On n'en veut pas d'une
démocratie qui permet aux gens qui ont le plus d'argent dans la
société de maintenir leur pouvoir en inondant les citoyens de
propagande et en ne leur permettant pas de faire des choix
éclairés et véritables, en étant informés
également sur les deux bords. Il faut que ce soit bien clair au
départ, M. le Président.
Je demanderais aussi au député de Marguerite-Bourgeoys
s'il pense que la Loi électorale est une atteinte aux libertés
fondamentales. Dans la Loi électorale, ce sont seulement les partis
politiques qui peuvent dépenser et, si le groupe untel, le syndicat
untel ou la compagnie une telle ou le Conseil du patronat veulent participer
à une élection, ils sont
obligés de s'acoquiner avec un parti politique. Alors, M. le
Président, il faudrait arrêter de charrier là-dessus,
cesser de triturer et de dénaturer le rapport de la Commission des
droits de la personne dont le ministre a annoncé qu'il retenait la
principale recommandation concernant les groupes affiliés.
La deuxième point que je voudrais mettre en évidence, M.
le Président, c'est que cet amendement et les autres qui nous sont
annoncés en complément ne règlent pas le problème
fondamental des tiers partis et des groupes minoritaires dans des
comités nationaux. Je voudrais lire une partie du document de la
conférence de presse du Parti libéral qui dit: "Au cas où
un parti déciderait de ne pas adhérer à un comité
national et qu'il voudrait dépenser plus que $3000, les dispositions de
la loi 2 s'appliquent, agent officiel et tout cela. Mais ils ajoutent ceci:
"Les partis politiques seraient cependant fortement incités à
travailler au sein des comités nationaux, dans la mesure où une
partie de leurs dépenses référendaires leur serait
éventuellement remboursée par l'Etat".
En somme, c'est clair. Ils disent aux tiers partis; Vous allez pouvoir
dépenser plus que $3000 en dehors des comités nationaux, mais
nous, on va garder les fonds publics, on va garder les subventions de l'Etat,
parce qu'évidemment, ce ne sont que les comités nationaux qui
vont pouvoir dépenser les subventions gouvernementales. Or, le
député de Marguerite-Bourgeoys dit: Avec les groupes
affiliés, le gouvernement voudrait faire passer les tiers partis et les
autres partis d'Opposition de la maison à la cave. Moi, je dirais
qu'avec l'amendement libéral, on ne les envoie pas dans la cave; on les
met dans la rue, on les met carrément dans la rue. On leur dit: Si vous
voulez dépenser plus que $3000, vous n'aurez pas une "cenne ' des fonds
de l'Etat.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont, je m'excuse de vous interrompre; je voudrais simplement m'assurer que
vous avez bien pris connaissance de l'amendement pour respecter la pertinence
du débat. Parce qu'étant donné que j'ai
déclaré le premier amendement prématuré, je pense
qu'on peut se douter qu'à un moment donné il reviendra; on aura
le loisir de revenir là-dessus. Alors, je voudrais simplement vous
rappeler le corridor qui est tracé. (12 h 15)
M. Paquette: M. le Président, je pense... Oui, oui. ce
n'était pas nécessaire parce que, sauf tout le respect que je
vous dois, je pense que cet amendement nous annonce d'autres amendements qui
viennent. Pour comprendre la portée de cet amendement, il faut le placer
dans le sens de l'intervention du député de Marguerite-Bourgeoys
qui nous dit qu'un peu plus loin ils vont avoir des arrangements de type
financier. C'est pour cela que je pense qu'il est important de dire cela et de
dire qu'avec ce groupe d'amendements, dont celui-ci est le premier qui ouvre la
porte aux autres, c'est pour cela qu'il faut le battre. La deuxième
raison pour laquelle il faut le battre, c'est qu'on va envoyer les tiers partis
non pas dans la cave, mais carrément dans la rue. Et on sent,
derrière cela, l'intention de l'Opposition libérale de
monopoliser les comités nationaux et les fonds publics à ses
propres fins et de dire aux autres partis: Vous allez pouvoir sortir, regardez,
la liberté d'expression, vous allez pouvoir sortir du comité,
faire votre campagne à part. Sauf qu'on oublie de dire que c'est
seulement les comités nationaux qui vont pouvoir disposer des fonds
publics et que les tiers partis n'auront pas une maudite "cenne " pour
fonctionner.
Alors, je pense que non seulement à cause du premier aspect que
j'ai soulevé, l'Opposition officielle a une drôle de conception de
la démocratie qui privilégie les riches au détriment du
droit des citoyens d'être informés de façon
équilibrée. Mais en plus, elle attaque la liberté
d'expression des tiers partis en les privant des fonds publics dont ils vont
avoir besoin, comme les autres, pour faire connaître leur option. Encore
une fois, si c'est le genre de liberté, si c'est le genre de
Québec des libertés que l'Opposition libérale veut
installer au Québec, je pense qu'elle va être longtemps dans
l'Opposition et cela va être très bien pour les
Québécois!
Le Président (M. Clair): M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, nous avions de la
difficulté à nous entendre avec l'Opposition sur bien des points,
entre autres des points majeurs au niveau des principes qui sont à
l'intérieur de ce projet de loi, à savoir l'instauration de
comités nationaux, contrôle des dépenses. Je croyais qu'il
y avait une possibilité d'en venir à s'entendre par rapport
à certains amenuisements qui pourraient être apportés,
certaines exceptions qu'on dit insuffisantes qu'on pourrait inclure. Mais je me
rends compte que les possibilités de s'entendre sont très
minimes, à moins que l'Opposition officielle change d'attitude. Cette
résolution, cet amendement proposé par l'Opposition officielle,
à mon humble avis, est la négation même du principe contenu
à l'intérieur du projet de loi qui est la formation de
comités nationaux et à l'intérieur desquels doivent
être les partis politiques. Et c'est la négation même d'un
autre principe qui est le contrôle des dépenses sur lequel
je ne m'étendrai pas qui représente un des moyens qui est
essentiel pour nous au niveau des principes. Les comités nationaux,
comme vous le savez, représentent le moyen, un des moyens pour
contrôler effectivement ces dépenses. Leur résolution met
en cause, complètement, le principe de la formation de comités
nationaux. Et, pour nous, c'est bien beau de parler des droits et
libertés à la manière dont le fait le député
de Marguerite-Bourgeoys, ce qui n'éclaire personne, mais il faut quand
même regarder la Charte des droits et libertés de la personne avec
beaucoup plus de sérieux que ne l'a fait le député de
Marguerite-Bourgeoys. Je l'invite quand même à lire les
considérants qui précèdent la Charte même des droits
et libertés de la personne où sont explicités très
clairement certains principes, où on dit c'est normal
"Considérant que tous les êtres humains sont égaux en
valeur et en dignité et ont droit à une égale protection
de la loi. Considérant
que le respect de la dignité de l'être humain et la
reconnaissance des droits et libertés dont il est titulaire constituent
le fondement de la justice et de la paix on est tous d'accord
là-dessus. Il faut continuer de lire aussi considérant que
les droits et libertés de la personne humaine sont inséparables
des droits et libertés d'autrui et du bien-être
général."
M. le Président, comme le député de
Marguerite-Bourgeoys, il ne faut pas parler des droits et libertés comme
si on parlait d'un jouet avec lequel on s'amuse et avec lequel on essaie de
mêler tout le monde. Il ne faut pas parler du jeu de la démocratie
comme si on parlait d'un jouet avec lequel on essaie de mettre de la poudre aux
yeux de tout le monde. Le gouvernement a quand même été
très prudent concernant la présente loi. Nous avons en main deux
opinions de la Commission des droits de la personne, laquelle nous dit qu'il y
a des écueils, des difficultés et qu'il faut être
très prudent comme gouvernement. Par contre, elle dit des choses qui
sont essentielles qu il faudrait peut-être rappeler aux membres de
l'Opposition officielle.
Entre autres, dans la première opinion de la Commission des
droits de la personne, celle-ci dit textuellement qu'elle souscrit aux
objectifs du livre blanc à savoir la démocratisation de nos
institutions politiques, I'association directe des électeurs à la
gouverne de l'Etat, l'élargissement progressif de la participation
populaire. Je le dis textuellement. La commission se réjouit de trouver,
dans le livre blanc sur la consultation populaire au Québec, le principe
fondamental de l'égalité entre les individus, tel que reconnu
c'est cela qui est important par la Charte des droits et
libertés de la personne. La commission se réjouit de retrouver,
dans le livre blanc, l'autre principe non moins important affirmé dans
la Loi sur le financement des partis politiques, soit celui d une meilleure
réglementation des revenus et dépenses politiques.
Depuis le début, nous assistons à des déclarations
de principe de l'Opposition officielle a savoir qu'ils sont d'accord avec la
constitution de comités nationaux, qu'ils sont d'accord avec le
contrôle des dépenses. Mais nous nous retrouvons toujours avec des
amendements. Celui-ci en est la meilleure illustration. Ce sont des amendements
qui vont à l'encontre de ces principes fondamentaux avec lesquels ils
nous disent être d'accord.
Ou l'Opposition va reconnaître que cet amendement vient en
contradiction pour autant qu'ils y croient avec le principe
même de la nécessité de comités nationaux ou encore
que l'Opposition j'entends l'Opposition officielle nous dise
très clairement qu'ils sont contre les comités nationaux et le
contrôle des dépenses.
Or, nous croyons que la formation de comités nationaux a
l'intérieur desquels s'insèrent les partis politiques est un
principe fondamental de la loi. Ce n'est pas le projet de loi qui me le dit.
comme ministre responsable de l'étude de ce projet de loi, mais c'est
l'Assemblée nationale elle-même qui a voté ce principe et
qui a voté aussi le principe du contrôle des dépenses. Je
ne vois pas en quoi je pourrais m'écarter de quelque manière que
ce soit de ces principes clairement exprimés en deuxième
lecture.
Nous croyons, M. le Président, à cette formule des
comités nationaux qui, comme l'a dit le député de
Mégantic-Compton, n'est pas parfaite comme formule, qui amène
certaines contraintes. La Commission des droits de la personne le dit aussi.
Toutes choses étant pesées, cela représente quand
même, à notre humble opinion, le meilleur instrument qui puisse
nous permettre de présenter a la population des options précises.
Pour cela, la population et les citoyens ont des droits. Entre autres, ils ont
le droit fondamental que le législateur mette en place un
mécanisme qui soit le plus valable possible afin d'en arriver a proposer
aux citoyens des options précises pour qu ils puissent exercer leur
jugement de la façon la plus éclairée possible, de la
même manière, comme on l'a dit tantôt, qu ils sont en droit
d'exiger qu'il y ait une réglementation concernant les dépenses
afin que les deux options puissent avoir des chances égales de s
exprimer le plus objectivement possible, afin que ces citoyens puissent exercer
leur jugement.
L'esprit qui prévaut à la nécessité de
comités nationaux, c'est nécessairement de trouver le
mécanisme qui permet de présenter à la population les
options les plus précises possible. Je pense que l'électeur, lors
d'un référendum, doit être en mesure d'exercer un choix
véritable. Ce n'est pas une campagne électorale. Ce n'est pas un
choix entre des partis politiques. C'est un choix au niveau d'idées. Il
faut faire la différence essentielle entre une consultation populaire,
une campagne électorale où on a à choisir des hommes, un
gouvernement, et une consultation populaire où on propose une
idée sous forme de question ou sous forme de projet de loi à une
population. Le débat se fait sur des idées. A l'heure actuelle,
le Parti libéral, avec sa proposition, voudrait, autrement dit. faire en
sorte que cette consultation populaire qu'on essaie d'avoir devienne, en fait,
une bataille uniquement partisane. Cela, jamais nous ne l'accepterons. C'est
pour cela que nous croyons à la formule des comités,
malgré les inconvénients que cela peut représenter,
puisque c'est une formule qui peut permettre de mieux définir des
options que si vous envoyez dans le décor quatre ou cinq partis
politiques, toute une série de groupes qui voient chacun les choses
à sa manière et. à la fin du compte, au lieu
d'éclairer la population, viennent la mêler à un point tel
qu'elle n'est plus capable d'exercer valablement son jugement.
Lorsqu'on croit à des options ce sera aux
députés à faire leur choix, en temps et lieu, que ce soit
n'importe quel référendum je pense qu'on doit aussi croire
qu'en donnant une information objective à la population, celle-ci
souscrira à l'option dans laquelle on s'est inscrit.
Concernant les comités nationaux, puisque c'est le principe de
tout ce chapitre, vous me permettrez de revenir à ce que disait le
leader du gouvernement et parrain de ce projet de loi. lors du discours en
deuxième lecture, afin de montrer
à l'Opposition la nécessité des comités
nationaux. Je cite: "C'est aussi pour permettre aux citoyens de bien s'informer
sur les différentes options soumises à la consultation populaire
que le gouvernement souhaite, par le biais de la limitation des revenus et des
dépenses, par l'octroi d'une subvention de départ égale
aux représentants de chacune des options, que chaque parti ait une
chance égale de se faire valoir auprès des électeurs". Une
chance égale, cela rejoint les considérants qui prévalent
à la Charte des droits et libertés de la personne. "Cet objectif
de l'égalité des chances vise d'abord à favoriser la
liberté de l'électeur il en a une liberté,
l'électeur, lui et à le mettre à l'abri de toute
tentative de manipulation publicitaire ". Même si vous essayiez de nous
convaincre que si on laissait les portes ouvertes, il n'y aurait pas de danger
de manipulation publicitaire, à ce moment-là, vous seriez
complètement irresponsables de prétendre cela et
complètement irresponsables d'ouvrir des portes qui permettraient cette
manipulation au niveau de la population. Ce sont ces portes qu'on essaie de
fermer; pas le droit des personnes, des individus, des groupes, des partis
politique à émettre leur opinion lors d'une consultation
populaire. On essaie de fermer le plus de portes possible qui ouvrent la voie
à la manipulation populaire, publicitaire ou la manipulation de la
population sous quelque forme que ce soit.
Je continue, M. le Président, avec les propos du parrain
même de ce projet de loi. "Le projet de loi cherche à permettre
à l'électeur d'approfondir un enjeu pendant une campagne
référendaire, et ce dans les meilleures conditions possible. En
ce sens, lors d'un référendum, la formule des
organisations-parapluies ou les comités nationaux, si on veut les
appeler comme cela, permettra, à mon avis, une clarification du
débat qui ne peut être que favorable à l'électeur.
(12 h 30)
En plus de permettre à l'électeur qui veut défendre
une option d'utiliser un autre véhicule que celui du parti politique, la
formule du comité national est souple, car ses structures, sa
composition, la nomination de son président sont laissées aux
députés qui se regroupent sous une même option. En
proposant le regroupement des différents acteurs, le gouvernement actuel
simplifie le débat la population a le droit à cela, qu'on
trouve des moyens de simplifier le débat pour qu'elle puisse mieux
exercer son jugement pour les électeurs qui peuvent ainsi
percevoir plus clairement les différences entre les options que s'il y a
foisonnement d'acteurs et de thèses défendues."
M. le Président, voilà pourquoi fondamentalement nous
croyons à la nécessité de comités nationaux
à l'intérieur desquels doivent s'inscrire les partis politiques
ce n'est pas une campagne électorale, on l'a dit, et, encore une
fois, je ne reviendrai pas là-dessus afin de permettre
c'est un des principes de la loi une expression plus claire de l'option
des citoyens. C'est aussi le moyen pour contrôler les dépenses,
parce qu'il n'y en a pas d'autre moyen de contrôler les
dépenses.
La meilleure preuve, c'est le genre d'amendement que vous venez de nous
proposer où vous ouvrez toutes les portes et celui qu'on a entendu hier
je ne discuterai pas là-dessus qui, lui aussi, ouvre
toutes les portes à toutes les dépenses possibles et
imaginables.
Le député de Marguerite-Bourgeoys nous a parlé
longuement de l'opinion de la Commission des droits de la personne. M. le
Président, on pourrait y revenir. Il semble avoir oublié certains
passages qui me semblent très importants. D'abord, la commission
à la page 5, reconnaît qu'il peut y avoir une contrainte dans le
fait d'assujettir des groupes ou des partis politiques à rejoindre un
comité national. On ne vous a jamais dit le contraire. C'est clair qu'il
y a certaines contraintes, parce qu'on établit des règles du
jeu.
Il ne faut jamais oublier les considérants de la Charte des
droits et libertés de la personne où on dit que "les droits et
libertés de la personne humaine sont inséparables des droits et
libertés d'autrui et du bien-être général. " II ne
faut jamais l'oublier. Lorsqu'on étudie des projets de loi
spécifiques, cela représente toujours une contrainte. Prenez la
Loi électorale où on a fixé les dépenses. Cela
représente des contraintes. Est-ce que cela veut dire que c'est mauvais
pour le bien-être général et pour le bien d'autrui? Au
contraire, je pense que personne ne sera en désaccord si je dis que la
Loi électorale, qui a justement imposé des contraintes en
matière de financement, a contribué à assainir nos moeurs
électorales, nos moeurs politiques. La loi 2 concernant le financement
des partis, a amené des contraintes. C'est clair. Le fait qu'il y ait
des contraintes, cela ne veut pas dire, comme essaie de le faire voir le
député de Marguerite-Bourgeoys, qu'on est en train de fouler aux
pieds, les droits et libertés de la personne, qu'on est en train de
fouler aux pieds toutes les règles de la démocratie. Il y a un
bout à jouer avec cette notion de droits et libertés de la
personne et cette notion de la démocratie. Il faut la replacer dans un
contexte, celui de la vraie démocratie. Les vrais droits et
libertés de la personne, cela se situe dans un contexte, comme le dit la
charte, de poursuite du bien-être d'autrui, de poursuite du
bien-être général. Il ne faut jamais l'oublier et c'est ce
qu'oublie continuellement le député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Parti libéral, avec son slogan "le Québec des
libertés", essaie de poser continuellement avec son grand frère
fédéral je ne donnerai pas d'exemples, mais cela fait rire
des bouts au seul défenseur des droits et libertés de la
personne. Ils viennent nous dire, et je l'ai entendu au cours de ce
débat par le leader de l'Opposition: Vous autres, le gouvernement, vous
êtes plutôt orientés vers la préservation des
libertés collectives, alors que nous, du Parti libéral, ce sont
les droits et libertés individuels. Ce n'est pas vrai, cela. Ce n'est
pas vrai du tout. Vous essayez de vous conter des histoires, parce que, si vous
aviez été si soucieux de cela des droits et libertés de la
personne lorsque vous étiez là au pouvoir, je pense que vous ne
seriez pas dans l'Opposition aujourd'hui.
M. Lalonde: Cela fait mal.
M. Bédard: Non, cela ne fait pas mal du tout. Ce qui fait
mal, par exemple, au député de Marguerite-Bourgeoys et à
l'Opposition officielle, c'est l'avis de la Commission des droits de la
personne. Avant qu'on l'ait, vous avez essayé de charrier à tout
vent qu'on était en train de fouler aux pieds tous les droits et
libertés individuelles avec ce projet de loi du
référendum. Vous vouliez une opinion de la Commission des droits
de la personne. Vous avez tellement insisté que vous en avez eu, une
opinion. Une opinion qui vous a dit que la Commission des droits de la personne
souscrivait entièrement à la démocratisation de nos
institutions politiques, à l'association directe des électeurs
à la gouverne de l'Etat, à l'élargissement progressif de
la participation populaire, au principe fondamental de l'égalité
entre les individus tel que reconnu par la Charte des droits et libertés
de la personne, à l'autre principe non moins important affirmé
dans la loi sur le financement des partis politiques qui est celui d'une
meilleure réglementation des revenus et des dépenses. Vous l'avez
eue l'opinion. Je pense qu'elle est assez claire. A l'intérieur de ces
grands principes, parce que c'est là-dessus surtout qu'il est important
de se pencher, à partir du moment où un projet de loi sur ces
grands principes respecte les droits et libertés fondamentales, on peut
discuter sur la manière de l'améliorer, mais pas, par exemple,
essayer de tout remettre en question avec le genre d'amendement que vous nous
avez apporté.
Il y a eu une deuxième opinion de la commission. Vous en avez
voulu, des opinions de la Commission des droits de la personne, sauf que quand
cela ne fait pas votre affaire, c'est la Commission des droits de la personne
qui est dans l'erreur. On a mal interprété, selon vous, l'avis de
la Commission des droits de la personne. Là, vous redevenez ce que vous
pensez être, les seuls défenseurs des droits et libertés de
la personne. A ce moment, même les avis de la Commission des droits de la
personne, cela ne veut plus rien dire pour vous autres. J'en ai assez de vous
voir continuellement essayer de discréditer un projet de loi sous cet
angle du respect des droits et libertés de la personne.
Lisez-la comme il faut, l'opinion. Elle dit ceci, on va la lire avec
vous autres, et on va vous aider à la comprendre, je l'espère.
Quoique je ne me fasse pas d'illusion là-dessus. A la page 5, elle
reconnaît, dans les deux paragraphes, qu'il y a des contraintes, c'est
clair, à obliger des personnes et des groupes à participer ou
à s'inscrire dans des comités.
M. Lalonde: Bon.
M. Bédard: Ce n'est pas sorcier, on le savait.
Arrêtez d'essayer de nous convaincre qu'il n'y a pas de contrainte, mais
oui il y en a, des contraintes, c'est clair. Il y a des contraintes quand on a
un contrôle des dépenses. Vous devriez lire un peu plus l'avis de
la commission qui dit ceci: "De l'avis de la Commission des droits de la
personne, l'atteinte aux libertés d expression et d'association qui peut
se dégager de cet assujettissement dont je viens de parler doit d
abord être vue lisez-le comme il faut l'avis doit d'abord
être vue a !a lumière de l'objectif qui est poursuivi ici
pas ailleurs, quand ils disent "ici", c'est dans le projet de loi dont on parle
et auquel elle souscrit entièrement..." Elle ne souscrit pas a
moitié, elle souscrit entièrement, comprenez-vous? C'est cela que
cela veut dire. Si vous êtes capable de me dire que cela veut dire autre
chose, c'est clair qu'on ne se comprendra jamais... "à savoir, assurer
aux différentes options soumises à la consultation populaire une
chance égale de faire valoir leurs avantages". Cela rejoint les
considérants de la Charte des droits et libertés de la personne,
et c'est souligné "chance égale".
M. Gratton: Continuez.
M. Bédard: Tout ce que vous nous proposez, c est quoi?
Cela ressemble à quoi, par rapport au principe fondamental des chances
égales? Voyons donc! Dites-le carrément que vous n'êtes pas
pour les comités, que vous n êtes pas pour le contrôle des
dépenses. C'est tout, je ne vous en voudrai pas plus que cela. Mais
arrêtez de niaiser, par exemple, avec les droits et libertés de la
personne, pour essayer de cacher que vous êtes fondamentalement en
désaccord sur la constitution de comités nationaux, sur la
possibilité de se donner un mécanisme pour présenter
à la population des options claires et précises pour qu'elle
puisse se prononcer. Dites-le donc clairement.
La commission continue en disant ceci on est d'accord avec elle
:"La mise en oeuvre de l'égalité des chances entre les
diverses options comporte nécessairement mais oui. elle ne nous
apprend rien, on dirait que vous sortez des nues une part de contrainte
bien oui, c'est vrai et jusqu'à nouvel ordre, la
commission ne demande pas mieux que de l'accepter dans son principe. Elle le
sait qu'il y a des contraintes et cela ne change pas son idée, elle est
d'accord sur les principes fondamentaux qui sont dans ce projet de loi
cependant, dit-elle oui, on va y aller au bout, vous ne l'avez vraiment
pas comprise l'opinion de la commission c'est la mesure de la contrainte
qui l'inquiète.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Gratton: "Mesure" souligné.
M. Bédard: Oui, il y a une contrainte, il faut essayer de
trouver les balises oui, c'est souligné...
M. Lalonde: N'interrompez pas.
M. Bédard: C'est souligné, mais écoutez
jus-qu'à la fin!
C'est la mesure de la contrainte qui l'inquiète encore. Le
projet... Je ne citerai pas seulement des extraits qui font mon affaire, on va
la prendre l'opi-
nion de la commission; on est tanné de s'entendre parler des
droits et libertés de la personne à peu près, comme le
fait continuellement le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Allez!
M. Bédard: "Cependant, c'est la mesure de la contrainte
qui l'inquiète encore." Nous aussi, c'est pour cela qu'on essaie
d'amener des amendements qui vont peut-être améliorer les choses.
Entre autres, la notion de statut affilié ou de groupes affiliés,
si vous la compreniez comme il le faut, si vous nous laissez le temps, on va
vous l'expliquer et vous allez voir que cela répond aux objections que
vous avez émises, vous-mêmes, dans le document que vous avez
présenté à la presse où vous disiez: Oui, mais cela
ne donne pas le droit aux différents groupes d'avoir leur propre
contenu, leur propre stratégie, leurs propres idées sur la
sensibilisation, leurs propres idées concernant l'action de sensibiliser
la population, que ce soit du point de vue culturel par rapport à
l'économique ou au social. Sauf que, avec notre amendement, cela
répond à cela. L'amendement de statut affilié, c'est ce
que cela veut dire, quand on veut le comprendre, c'est l'obligation, pour les
comités, de définir des règles et des règlements
qui permettront une certaine liberté de stratégie, au niveau de
l'action, pour ces groupes affiliés, qu'ils s'appellent
Société Saint-Jean-Baptiste, chambre de commerce ou parti
politique que peut représenter, par exemple, le député de
Rouyn-Noranda ou le député de Beauce-Sud.
Ils disent ceci: "Cependant, c'est la mesure de la contrainte qui
l'inquiète encore. Le projet de loi no 92 ne contribue pas toujours...".
C'est vrai et c'est pour cela qu'on a amené des amendements, parce
qu'ils nous font d'autres recommandations. "... ne contribue pas toujours...".
Cela n'a pas réglé tous les problèmes, je le sais, mais on
va essayer de les régler. Si on les réglait à 90%, parce
que vous n'avez sûrement pas, jusqu'à maintenant, des amendements
qui nous permettent de les régler de quelque manière que ce soit,
au contraire. "Cependant, c'est la mesure de la contrainte qui
l'inquiète encore et le projet de loi no 92 ne contribue pas toujours,
il faut bien le dire, à en situer les paramètres exacts. Une
première réponse se trouve sans doute dans les règlements
eux-mêmes qui régiront, en vertu de l'article 23, les
matières relatives au bon fonctionnement des comités naitonaux et
la façon dont ils seront constitués." Avez-vous vraiment
réalisé ce que cela veut dire? Vous qui prétendez
être les vrais et les seuls défenseurs des droits et
libertés de la personne, des droits fondamentaux des individus. On va
vous donner une occasion en or, une occasion rêvée de montrer que
vous êtes respectueux de tous les groupes qui voudront bien s'affilier
à l'intérieur du comité dont vous ferez partie. Nous, nous
sommes capables de relever ce défi du côté gouvernemental,
à savoir de rédiger des règlements qui sont respectueux
des groupes, des droits de ceux qui voudront s'incorporer à un
comité plutôt qu'à un autre. Relevez donc le défi,
vous autres. Si vous avez tant que cela le monopole de la vérité,
en termes de droits et libertés de la personne, vous ne devez pas avoir
peur de relever le défi d'avoir l'obligation de faire des
règlements qui, effectivement, obtiendront l'assentiment de la
Commission des droits de la personne. C'est ce que la commission a dit, une
première réponse, c'est la réglementation. Elle ne dit pas
que c'est le gouvernement qui doit faire la réglementation, elle dit que
ce sont les comités qui doivent faire une réglementation et, sur
cette réglementation, la commission dit: Nous allons avoir l'oeil, nous
allons I examiner. C'est son droit, en vertu de la loi, de façon
générale, de porter une opinion sur les réglementations
qui viendront de la plupart des différents comités.
Voilà. Vous le voulez le respect des droits et libertés
individuelles? Nous le voulons aussi et je suis convaincu que nous le voulons
encore plus que vous. Il n'y a même pas de comparaison. Vous avez
l'occasion rêvée là, en vous inscrivant à un
comité, en travaillant aux règlements de fonctionnement de ce
comité, de respecter ce que vous prétendez être les seuls
capables de respecter.
Une autre suggestion que nous fait la commission, c'est le statut
affilié. Je ne reviendrai pas là-dessus. Je trouvais que cela
avait de l'allure, quand j'ai lu toutes les notes j'essaie de les
trouver du leader de l'Opposition. Lors d'une conférence de
presse, je ne sais pas à quelle date, il disait ceci, à un moment
donné, à la page 6 de ses notes... D'abord il commençait
par dire qu'il était d'accord sur les comités nationaux, qu'il
était d'accord sur le contrôle des dépenses... (12 h
45)
M. Lavoie: De la même façon que cela existait en
Angleterre.
M. Bédard: ... qu'il était d'accord que des orgies
de dépenses cela représentait au bout de la ligne la violation
des droits des citoyens. C'est un droit fondamental cela aussi. Il disait,
à l'article 6: "Sous aucun prétexte le gouvernement n'a cependant
le droit d'imposer à quiconque veut participer à la campagne
référendaire de le faire nécessairement à
l'intérieur d'un comité donné, de se conformer
nécessairement aux règlements de ce comité".
Notre projet de loi prévoit qu'il y a des personnes, des
individus ou des groupes qui pourront ne pas s'incorporer au comité.
Cependant, ayant fait l'exercice de leur libre choix, il y a des contraintes
qui sont dans la loi et qu'il est normal d'avoir dans la loi quand on croit au
contrôle des dépenses. Il disait également: "Sous aucun
prétexte le gouvernement n'a cependant le droit d'imposer à
quiconque veut participer à la campagne référendaire de se
conformer nécessairement aux règlements de ce comité,
d'accepter nécessairement de travailler sous la direction d'un
président et avec les membres de ce comité". Nous, on n'a pas
peur de travailler en association dans le comité. Je ne sais pas qui
viendra dans le comité, mais on le dit au départ, il faut
travailler ensemble. On croit au même objectif, même si on n'a
peut-être pas les mêmes moyens, si, on a peut-
être des nuances sur la manière de voir les choses.
Il faut trouver un moyen. J'admets que dans le projet de loi initial,
peut-être que cela ne ressortait pas clairement. Même si
c'était l'esprit qui sous-tendait le projet de loi, cela ne resssortait
pas clairement cette idée ou cette nécessité de respecter
quand même des stratégies d'action, des contenus d'idées,
même si des gens partagent le même objectif. Avec raison, le leader
de l'Opposition, dans sa conférence de presse, soulignait que le
gouvernement n'a pas le droit d'imposer à quiconque de se conformer
nécessairement aux règlements de ce comité, d'accepter
nécessairement de travailler sous la direction d'un président et
avec les membres de ce comité et d endosser nécessairement le
contenu, les formes et le style d'action de ce comité.
Cela mérite réflexion. La Commission des droits et
libertés de la personne a réfléchi justement sur cela. A
quelle conclusion en est-elle venue? A la conclusion d'inscrire dans la loi la
possibilité de groupes affiliés qui, dans la
réglementation des comités, serait respectés quant
à la stratégie qu'on entendraitadopter son contenu, son mode
d'action. C'est le statut affilié. C'est exactement ce que dit la
Commission des droits et libertés de la personne, en disant ceci: "En
pratique cependant le contrôle des dépenses impliquant
nécessairement elle est très lucide, la Commission des
droits de la personne, ce que n'est pas l'Opposition officielle à
l'heure actuelle le contrôle de toute la stratégie de la
campagne référendaire pour chacun des comités nationaux,
il se peut que des groupes refusent de se joindre au comité national
correspondant à leur option de crainte de s'y voir indûment
brimés dans leur liberté d'expression, par exemple, parce qu'ils
préféreraient mettre davantage l'accent sur une approche sociale
ou culturelle plutôt que sur la dimension économique du
problème débattu". Ils ont vu le problème. L'Opposition
officielle, le Parti libéral, n'invente rien en nous parlant de ce
problème. Nous l'avions vu, nous aussi. On essaie normalement et
valablement de trouver une solution, pas en foulant aux pieds, par exemple, les
principes fondamentaux du projet de loi, mais en les respectant. C'est ce qu'a
fait la commission qui respecte les principes fondamentaux du projet de
loi.
Et elle nous dit la manière d'en sortir. "Alors, dans le but
d'éviter le boycottage des comités nationaux et la multiplication
des groupes oeuvrant hors de l'organisme-parapluie et d'atténuer
signifi-cativement la contrainte parce qu'on ne pourra pas
complètement la faire disparaître, bon pesant sur les
libertés d'association et d'expression, la commission propose
d'introduire la notion c'est quoi, la solution? de statut
d'affiliés pour les individus et groupes qui ne voudraient pas
s'associer à la stratégie globale décidée par le
comité national, tout en étant d'accord et c'est un
critère, c'est normal pour un comité national, c'est ce que la
commission veut dire avec l'objectif visé en
définitive".
C'est le moyen qu'elle nous propose. Ce n'est pas un moyen, la
commission en est consciente, et on en est conscient, qui règle
tous les problèmes.
Mais il me semble, après analyse très
sérieuse et le gouvernement en a fait l'analyse aussi que
c'était une suggestion qui était très valable, dont
l'esprit, s'il n'était pas très explicité dans le projet
de loi initial, était quand même dans le projet de loi initial.
Cette recommandation tend à particulariser ou à mieux identifier
peut-être le moyen d'en sortir, et nous y donnons suite. Ce sont les deux
principales recommandations de la commission. Ce sont les principaux facteurs,
à savoir la réglementation de la part des comités qui
doivent respecter les droits et libertés de la personne;
deuxièmement, le statut d'affiliés qui permet une plus grande
liberté d'expression et d'action des groupes à l'intérieur
des comités nationaux.
Mais en aucune place dans cette opinion vous ne verrez la commission se
dire en désaccord avec les comités nationaux, se dire en
désaccord avec le contrôle des dépenses, se dire en
désaccord avec le fait que les partis politiques doivent s'inscrire dans
les comités nationaux. Jamais! C'est ce que vous devez retenir.
Je vais vous dire bien franchement, j'ai été bien
long et je m'en excuse que je n ai pas l'intention de revenir sur cela.
Je vois, dans ce chapitre, qu'il va y avoir peut-être bien des
amendements qui vont venir dans le même sens. J'aime autant avoir pris le
temps d'exprimer bien carrément ma conviction personnelle qui rejoint,
à mon sens, les principes mêmes qui ont été
votés en deuxième lecture par l'Assemblée nationale,
plutôt que de revenir continuellement sur cela à chacun des
amendements. J'espère avoir exprimé le plus correctement possible
mes convictions profondes et je ne peux faire autrement que d'être
heureux de voir que I'Union Nationale, parson représentant, partage
cette manière de voir les choses.
Sur les manières d'améliorer le projet de loi à
l'intérieur du respect de ces principes fondamentaux, vous allez me
trouver prêt à entendre ceux qui ont des suggestions constructives
à faire. Mais pour tout amendement, toute résolution ou motion
oui serait à l'encontre des principes mêmes, je n aurai pas besoin
de refaire toujours le même énoncé. Je l'ai fait une fois
pour l'ensemble de ce chapitre. Vous saurez pourquoi je ne serai pas en accord
et pourquoi je recommanderai, chacun étant libre, à ceux qui sont
avec moi dans le travail, au niveau de cette commission, d'exprimer leur
désaccord là-dessus. Merci. M. le Président.
Le Président (M. Clair): Merci. M. le député
de Laval.
M. Lavoie: Oui. M. le Président. C'est sans doute un des
amendements clés de ce projet de loi où nous différons
totalement d'opinion avec le gouvernement sur cet excès de restrictions,
de contrôles et de contraintes.
Je me demande comment le gouvernement pourra voter contre I'amendement
qui se lit comme suit: "Un électeur, un groupe ou un parti politique
peut participer à la campagne référendaire sans
nécessairement adhérer à un comité national". Je
vais respecter la pertinence du débat. En permettant, tel que notre
amendement le
suggère, à un électeur, à un groupe ou
à un parti politique de participer à la campagne
référendaire sans adhérer nécessairement à
un comité national, cela s'applique à d'autres articles du projet
de loi concernant les modalités de cette participation avec des
contrôles de dépenses que nous avons établies dans le
document que nous avons rendu public la semaine dernière, entre
autres...
M. Fallu: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lavoie: Bon, cela va bien.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Terrebonne invoque le règlement.
M. Fallu: C'est une question très technique. Hier soir,
lorsque M. le Président nous a fait lecture j'allais dire "nous
avait dicté" de l'improvisation, au coin de la table, du
député de Marguerite-Bourgeoys, j'ai noté, pour ma part,
l'expression "sans nécessairement adhérer à un
comité national"...
M. Lavoie: C'est cela.
M. Fallu: ... alors que je trouve ce matin "sans
nécessairement appartenir à un comité national"
M. Lavoie: Adhérer ou appartenir...
M. Fallu: J'aimerais savoir...
M. Lalonde: Quelle est la distinction?
M. Lavoie: Quelle est votre sémantique sur cela?
Voulez-vous me laisser parler? Je n'ai pas interrompu une seule fois le
ministre de la Justice.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Fallu: J'aimerais savoir l'amendement que nous
débattons, le verbatim.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est important.
Le Président (M. Clair): Malheureusement, je n'ai pas
entre les mains l'original.
M. Vaillancourt (Jonquière): Apportez-les!
Le Président (M. Clair): Effectivement, il y a une erreur
dans la copie manuscrite qui vous a été distribuée. Au
lieu du mot "appartenir", on devrait lire le mot "adhérer ".
M. Lavoie: Je voudrais invoquer l'un ou l'autre, il n'y a pas
grande différence. Il n'y a aucune différence.
M. Lalonde: II faut appartenir pour adhérer.
M. Fallu: Je voudrais m'excusez auprès du
député de Laval de l'interruption.
M. Lalonde: Très important. Merci.
M. Lavoie: Je me réfère à une intervention
de fond.
M. Samson: Oui, je vous connais.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Je disais donc que nous proposons qu'un
électeur, un groupe et un parti politique, dans le respect des
libertés fondamentales, puisse participer à la campagne
référendaire en dehors des comités-parapluies, en dehors
des carcans, selon certaines modalités que nous apporterons par la
suite, à savoir des contrôles de dépenses comparables
à celles prévues dans la loi 2. Entre autres, les souscriptions
réservées uniquement aux électeurs, ne permettant à
aucune société commerciale ou compagnie à but lucratif d'y
participer, dans les limites des contributions limitées à
l'électeur, tel que prévu par la loi 2, limitées à
S3000, divulgations pour des souscriptions en haut de $100, rapports, etc. Je
pense d'ailleurs que ce sont des limites convenables et raisonnables qui
viennent du gouvernement actuel et qui sont comprises dans la loi 2.
C'est sûr que nous sommes contre cette exagération de
dépenses de publicité et autres. Nous l'avons carrément
établi. Entre cela et défendre à un électeur,
à un groupe ou à un parti politique de participer à la
campagne référendaire, je crois c'est attaquer à sa base
même la charte qui nous régit. Il y a des droits. Je me demande
comment le ministre de la Justice pourra proposer de voter contre cet
amendement, lorsque cela vient carrément en contravention des
dispositions, entre autres, de l'article 3 de la charte où il est dit:
"Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles que la
liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté
d'opinion, la liberté d'expression, la liberté de réunion
pacifique et la liberté d'association." Cela vient également en
contravention flagrante à l'article 10 de la charte où il est
dit: "Toute personne a droit à la reconnaissance et à l'exercice,
en pleine égalité, des droits et libertés de la personne,
sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la
race, la couleur, le sexe, l'orientation sexuelle, l'état civil, la
religion, les convictions politiques, la langue, l'origine ethnique ou
nationale ou la condition sociale."
M. le Président, il est près de 13 heures, je pense que je
pourrais continuer après le déjeuner.
Le Président (M. Clair): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
Reprise de la séance à 15 h 14
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer l'étude article par
article du projet de loi 92. Au moment où nous avons suspendu nos
travaux a 13 heures, c'est le député de Laval qui avait la parole
sur une motion du député de Marguerite-Bourgeoys. M. le
député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, je disais donc que l'article
que nous étudions actuellement est un article clé dans ce
débat. C'est l'endroit précis je crois où on doit profiter
de cet article, en somme, pour faire un débat de fond sur la philosophie
prônée par le parti ministériel et celle
présentée ou soutenue par l'Opposition officielle.
M. Bédard: Si vous me permettez? Quel est l'amendement? Je
sais qu'on a parlé de changer un mot. Est-ce qu'il a été
changé?
Le Président (M. Clair): L'amendement se lit comme suit.
Ajouter, à la fin de l'article 21, l'alinéa suivant: Un
électeur, un groupe ou un parti politique peut participer à la
campagne référendaire sans nécessairement "adhérer"
au lieu d'appartenir" à un comité national.
M. Lavoie: Dans cet amendement, nous établissons un
principe. Nous n'allons pas dans les modalités du champ d action, des
limites ou de ce qui sera permis de faire par un électeur, un groupe ou
un parti politique qui n'adhère pas à un comité-parapluie.
Pour vous prouver notre bonne foi, dans ce que nous avons
présenté, nous nous accrochions le plus possible à
certains principes ou à certaines modalités déjà
établies dans la loi 2. Nous nous sommes accrochés à des
montants prévus à la loi 2. Si le gouvernement trouve que ces
montants sont trop élevés, ce que nous présentons dans les
modalités, dans les moyens que pourra avoir un électeur, un
groupe ou un parti, si le gouvernement trouve que les montants que nous
proposons, que nous avons cueillis dans la loi 2 sont trop
élevés, c'est plutôt comme une suggestion que nous faisons
au gouvernement. Si vous voulez les modifier, si vous trouvez que c'est trop
S3000 pour un groupe ou un syndicat toujours un groupe sans but lucratif
pour respecter la liberté d'association, si vous trouvez que
c'est trop pour un électeur qui a le droit de contribuer à un
comité-parapluie ou à un parti politique, en vertu de la loi 2,
diminuez-le. C'est une ouverture qu'on fait au gouvernement. Nous ne sommes pas
dans le béton, mais nous voulons, par contre, tout en limitant les
moyens d'action des électeurs, des groupes et des partis politiques qui
n'adhèrent pas a un comité national, respecter, à la base
même, les impératifs de la Charte des droits et libertés de
la personne.
Je dis que vous allez trop loin dans votre projet de loi et je crains
même que votre projet de loi pourrait être attaquable devant les
tribunaux. Ce n'est pas un avis juridique que je donne et je veux garder un
certain ton à ce débat. Je ne veux pas en faire un débat
de politicaillerie; c'est une question de principe. Je dis que le ministre va
trop loin dans ses contraintes, dans ses restrictions, dans son contrôle.
Je crains même c'est une opinion personnelle que ce projet
de loi no 92 pourrait être attaqué devant les tribunaux une fois
adopté, parce qu'il y a quand même une charte qui existe. J'ai lu,
ce matin, l'article 3 qui reconnaît dans la charte aux individus des
droits fondamentaux d'expression, d'association et de réunion. L'article
10 répète ces mêmes droits.
Ce n'est pas pour rien qu'il y a les articles 50, 51 et 52 de la charte
que je vais vous lire. Article 50. La charte doit être
interprétée de manière à ne pas supprimer ou
restreindre la jouissance ou I'exercice d'un droit ou d'une liberté de
la personne qui n y est pas inscrit ".
Article 51. La charte ne doit pas être interprétée
de manière à augmenter, restreindre ou modifier la portée
d'une disposition de la loi, sauf dans la mesure prévue par l'article
52".
Je vous lis l'article 52: "Les articles 9 à 38 je vous ai
cité tout à l'heure des droits fondamentaux dont on fait mention
à l'article 10; c'est compris dans cette fourchette des articles 9
à 38 prévalent sur toute disposition d'une loi
postérieure il s'agit d'une loi postérieure ici qui
leur serait contraire, à moins que cette loi n'énonce
expressément s'appliquer malgré la charte". C'est ce que vous
aviez fait dans le projet de loi 101. Il y avait une disposition je
pense que c'est à l'article 172 ou vous disiez que cet article s
appliquait nonobstant les dispositions de la charte. A la suite de la mise en
garde de la Commission des droits de la personne, vous avez retiré cet
article de la loi 101. Je me demande si en limitant et en établissant
des contraintes que nous avons dans le projet de loi no 92, ce projet de loi ne
pourrait pas être attaquable devant les tribunaux. Je vous assure que
cela ferait une belle jambe au ministre de la Justice. Il est dit, à I
article 99, que c'est le ministre de la Justice qui est responsable de
l'application de la charte.
Je voudrais également vous citer certains propos d'un
parlementaire dont on doit respecter l'opinion. C'est un parlementaire qui est
membre du Parti québécois. Je vous cite, entre autres, des propos
tenus par M. Jacques-Yvan Morin on connaît l'expérience de
juriste de M. Jacques-Yvan Morin lors de l'adoption de la charte, le 12
novembre 1974. Je le cite, à la page 2751 du journal des Débats:
"C'est l'un des buts essentiels d'une charte authentique, d'une charte digne de
ce nom. que d'assurer les libertés publiques des citoyens. Je pense, en
particulier, à la liberté de penser, à la liberté
d'exprimer ses idées et de se grouper pour les défendre.
L'exercice de ces libertés, dans une démocratie, ne saurait
être subordonné à des restrictions ces
libertés ne peuvent être subordonnées à des
restrictions autres que celles qui, expressément prévues
dans la loi, constituent des mesures absolument nécessaires au respect
des droits et libertés d'autrui, à la sauvegarde de la paix
publique et à la prévention du crime".
Je vous dis que ces libertés fondamentales, les gens, que nous
connaissons depuis toujours, au Québec, on n'a pas le droit de les
subordonner
c'est le terme de M. Jacques-Yvan Morin ou de les
assujettir, entre autres, à l'option obligatoire, dans le cas A ou B, de
les subordonner à des objectifs. Les objectifs, c'est ce qui couvre vos
organismes et vos groupes affiliés. Ces libertés fondamentales ne
sont pas négociables et je n'accepte pas les propos tenus par le
ministre ce matin, lorsqu'il dit que notre formule simplifie le débat.
Vous avez dit que la formule que nous employons ce sont les mots exacts
que vous avez employés la formule de comités nationaux
simplifiait le débat. C'est ce que vous avez dit et je dis que c'est
mauvais. Vous n'avez pas le droit de subordonner des libertés en vue de
simplifier un débat. Je crois que, dans notre système
démocratique, on doit même amplifier un débat. C'est
là qu'on se détache, c'est là qu'il y a un fossé
qui nous sépare.
Je continue également avec les propos tenus, la même
journée, par M. Jacques-Yvan Morin, sur la question de la charte. En 6e
lieu, les libertés publiques auxquelles il est fait mention de
manière un peu trop rapide à l'article 3 du projet de loi
c'est la charte, lorsqu'on l'a étudiée
c'est-à-dire les libertés de religion, de pensée,
d'expression, sont déjà protégées dans une large
mesure par le droit public de ce pays. En dehors de la charte. C'est
respecté par le droit public de ce pays. Dans la tradition britannique,
c'est la jurisprudence qui joue ce rôle en l'absence de constitution
écrite, mais nombreux sont les cas de conflits de compétences qui
ont démontré que le Québec peut fort bien et n'a
pas hésité à le faire dans le passé, surtout
à l'époque de Duplessis brimer les libertés
fondamentales. Je songe par exemple à la loi du cadenas, à
l'affaire Roncarelli, à l'affaire Saumur, à l'affaire Switzman et
combien d'autres qui ont démontré qu'une loi provinciale, bien
que ses compétences soient limitées, peut empiéter de
façon très abrupte sur les droits de la personne. Et c'est mon
opinion que votre loi 92, avec ses contraintes et ses restrictions,
empiète.
Je respecte votre opinion, je vous demande de respecter la mienne et je
dis que vous empiétez, de façon très abrupte, ce sont les
mots de M. Jacques-Yvan Morin, sur les droits de la personne. Je me pose la
question, et c'est là que la membrane est mince: Où commencent,
où finissent les restrictions, les contraintes, les contrôles dans
les questions de droits fondamentaux? D'ailleurs, ce n'est pas uniquement une
petite digression pour répondre aux propos du député de
Mégantic-Compton, nous ne voulons pas qu'il y ait des disproportions
entre les deux camps. Nous voulons un contrôle des dépenses, j'ai
dit de quelle façon, nous ne permettrons à aucune
société commerciale ou autres de contribuer. Nous voulons que les
principes de la loi 2 s'appliquent, limitent; si c'est trop fort S3000 pour un
référendum il y a S3000 qui sont prévus dans la loi
2 pour un individu diminuez. Un groupe, un syndicat, un parti politique
qui ne veut pas faire partie d'un comité-parapluie j'ai
donné S3000 qui est la limite qu'un individu peut donner si pour
une campagne référendaire vous trouvez que c'est trop
élevé, baissez à $1000.
Mais, si vous fermez les portes, si vous êtes trop
hermétiques, vous empiétez sur la liberté des gens.
D'ailleurs c'est facile à dire, de la part du député de
Mégantic-Compton, que les libéraux voudraient une orgie de
dépenses, etc. Nous avons été les premiers à les
limiter après l'époque duplessiste en 1963, que nous avons
été les premiers à limiter les dépenses lors d'une
campagne électorale. Je vais être conséquent, je crois que
vous attachez trop d'importance à l'argent. On dirait que cette question
vous obnubile, on dirait que cela vous frustre. Je vais vous donner des
exemples. J'ai connu l'époque de Duplessis, j'étais candidat en
1956. J'ai passé dans le tordeur, comme les autres. Lorsque, dans les
campagnes électorales, l'Union Nationale dépensait dix fois plus
dans les comtés, les orgies électorales ne venaient pas du Parti
libéral, elles venaient de l'Union Nationale. Poussez votre principe des
orgies de dépenses que nous voulons contrôler nous-mêmes et
que nous avons déjà commencé à contrôler,
ayant été les premiers à restreindre les dépenses
électorales en 1963. Si on pousse votre propos à l'infini, les
libéraux n'auraient jamais pu prendre le pouvoir en 1960, ceux qui ont
connu l'orgie de dépenses qu'on connaissait à l'époque
duplessiste. Si cela avait eu tellement d'importance, cette publicité,
cet argent, les frigidaires dans les comtés, les libéraux
n'auraient jamais renversé l'Union Nationale dans le temps.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est pour cela que vous
n'avez pas passé...
M. Lavoie: Laissez-moi donc finir, je ne vous attaque pas
là!
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que je pourrais vous
poser une question?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: On en était au douzième projet de la loi
2. C'est justement la difficulté qui se présentait. Si cela n'a
pas été adopté, c'est justement à cause de cette
difficulté, à savoir comment ne pas empiéter sur le droit
des gens. D'ailleurs, aux Etats-Unis les limites de dépenses dans les
campagnes électorales ne sont pas acceptées, même en
dehors... parce que c'est contre...
M. Paquette: Les Etats-Unis ne sont pas un modèle de
démocratie!
M. Lavoie: ... la constitution américaine. Il y a eu un
jugement de la Cour suprême disant que les dépenses et les moyens
d'action des candidats durant les élections, cela est inconstitutionnel
aux Etats-Unis. Vous voyez la difficulté que cela présente.
M. Paquette: II est temps qu'ils réforment leur
constitution.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lavoie: Si on pousse à l'extrême, aux Etats-Unis,
on prétend que le Parti républicain est beaucoup plus près
de la haute finance que le Parti démocrate. Si on attache une importance
absolue aux moyens d'argent et de publicité, si on pousse cela à
l'extrême, disant que c'est l'argent qui contrôle les
décisions électorales et les référendums, cela
voudrait dire que les démocrates ne seraient pratiquement jamais au
pouvoir aux Etats-Unis parce que les républicains sont plus près
des forces d'argent.
Un autre exemple. En Norvège, où il y a eu un
référendum sur l'appartenance au Marché commun, tous les
partis politiques, "l'establishment " du Parlement, tous les partis politiques,
labour, conservateur, libéral et autres étaient pour
l'appartenance au Marché commun. Ils ont perdu. C'est le peuple... Il y
a eu un mouvement des "grassroots" de 130 000...
M. Paquette: Vous parlez de la Norvège!
M. Lavoie: ... qui s'est élevé contre cela, qui est
parti de la base, des ouvriers et des artisans qui ont fait battre
l'appartenance de la Norvège. C'est sûr qu'il y avait beaucoup
plus d'argent pour le camp du oui, même s'il n'y avait pas les
contraintes qu'on a là. Il y avait une liberté en dehors des
comités qui existait en Norvège. Il n'y avait aucune limite de
participation et de dépenses. C'est facile de caricaturer, comme l'a
fait hier soir le député de Jonquière, avec nos montants
de $3000 si tous les syndicats participaient. Je vais répondre à
votre argument. Voulez-vous ne pas m'interrompre, ne pas m'inciter?
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne vous ai pas interrompu.
Je ne vous ai pas parlé.
M. Lavoie: Vous venez de m'interrompre.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai parlé au
ministre. J'ai le droit de parler au ministre. (15 h 30)
Le Président (M. Clair): A l'ordre. Messieurs, je vous
invite à être respectueux.
Une Voix: II ne faudrait pas parler plus fort que celui qui a la
parole.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne m empêcherez
pas de parler à celui qui est à côté de moi. Je n'ai
pas parlé plus fort.
Le Président (M. Clair): Messieurs, si vous interrompez
celui qui a la parole, ne vous surprenez pas, par la suite, si vous êtes
vous-mêmes interrompus. Je vous invite à être respectueux du
droit de parole des uns et des autres. M. le député de Laval,
vous avez encore trois minutes.
M. Lavoie: Je dis, M. le Président, que c'est trop facile
de caricaturer comme le faisait le député de Jonquière
hier, en disant: Si toutes les associations, les Elks, les Kiwanis, les
Richelieu, tous les syndicats dépensaient $3000. Je vais vous donner un
exemple pratique, qui a été vécu il y a à peine
trois ans en Angleterre, où il n'y avait aucune limite de
dépenses autant pour les individus que les groupes, les syndicats et,
plus que cela, pour les compagnies commerciales. C'était quand
même un référendum qui avait soulevé l'opinion
publique en Angleterre, sur lappartenan-ce au Marché commun. Il y avait
ces deux comités auxquels les gens n étaient pas obligés
d'adhérer. Le comité du oui a dépensé dix fois plus
que le comité du non. Savez-vous combien il a dépensé pour
un pays de 50 millions d'habitants? Un million et demi de livres sterling, ce
qui fait, grosso modo, S3 millions. Il y avait des contributions de $50 000,
S30 000 et $25 000 faites par les compagnies. J'ai le livre ici. On donne la
liste de tous les souscripteurs.
Il ne faut quand même pas charrier. Même si les centrales
syndicales, dans chacune des régions avaient le droit de le faire,
pensez-vous qu elles les dépenseraient toutes, leurs $3000? Il ne faut
pas exagérer. Pensez-vous que tous les clubs Kiwanis, Richelieu ou
d'autres embarqueraient et dépenseraient nécessairement $3000. Je
pense bien que votre argumentation... Il faut quand même faire confiance,
jusqu'à une certaine limite, à la démocratie.
Encore une fois, je n'accepte pas les propos du député de
Mégantic-Compton ce matin. Il ne veut pas avoir de communistes dans son
groupe. Il ne faudrait pas que les communistes envahissent la campagne
référendaire ou d'autres. Vous retournez a l'époque de
Roncarelli et de la loi du cadenas. Vous n'êtes pas loin de Sadate qui.
il y a un mois, justement par un référendum, a
éliminé tous les partis d'Opposition. Qu'est-ce que vous avez a
rire? Sadate a éliminé, il y a un mois par un
référendum, tous les partis d'Opposition en Egypte. Selon les
propos du député de Mégantic-Compton, je vous dis qu'on
n'est pas loin d'éliminer les oppositions. Moi, je vous dis que mes
principes, c est que les communistes, les Chaput, les Fils du Québec ont
tous le droit de parole au Québec. Je fais assez confiance à la
population.
Vous aurez probablement des problèmes avec votre carcan dans
l'option du oui, si vous arrivez avec une formule de
souveraineté-association en pantoufles pour ne pas faire peur aux gens.
Comment allez-vous intégrer, même comme groupe associé, des
Vallières ou peut-être des Fils du Québec qui veulent, eux,
une séparation brutale du Québec avec le reste du Canada?
Même s'ils la veulent, la séparation brutale, ces gens ont le
droit de s'exprimer, ils ont le droit de se réunir et ils ont le droit
de défendre leur cause. C'est cela, la démocratie.
M. le Président, je termine en faisant une mise en garde à
l'égard du ministre de la Justice. S'il tient ses positions comme iI
entend le faire même avec ses comités associés, je crains
fort que votre loi pourrait être cela ne serait pas gai, je pense,
pour le ministre de la Justice assez facilement attaquée devant
les tribunaux. Je vois quelle crédibilité pourrait avoir un tel
projet de loi. Soyez
assurés que si vous gardez vos positions, vous êtes loin
d'un consensus. En ce qui nous concerne, cela va être un gros non
à votre loi.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
M. Godin: M. le Président, je vous remercie. Ce qui se
passe ici, c'est qu'en toute bonne foi le gouvernement cherche une solution
à ce problème, au problème de l'égalité des
chances, au fond. Le moyen qu'on a trouvé, c'est la création de
deux comités nationaux: un pour le oui, un pour le non, chacun
doté par le gouvernement de sommes à dépenser en fonction
du nombre d'électeurs dans le Québec. Chacun de ces deux
comités aurait également le loisir, sur le modèle de la
Loi électorale, de recueillir des fonds dont le total ne
dépasserait pas un certain maximum.
Il est peut-être important de remettre cela dans une certaine
perspective. A cette fin. j'ai fait sortir les discussions de la commission
permanente de la constitution, le 27 novembre 1969, sur la loi 55 qui
était une loi sur les référendums. Les principales
interventions de cette époque portent sur la même question de
l'égalité des chances. Je voudrais citer quelques-uns des
ancêtres politiques de nos amis d'en face, entre autres M. Jean Lesage,
qui porte bien son nom en l'occurrence. Egalement, on avait amené
à la table en tant qu'expert M. Jean-Claude Rivest, qui était
recher-chiste pour le Parti libéral. M. Rivest dit: On doit au moins
prévoir une égalité des chances. Deuxièmement, M.
Lesage dit: Supposons qu'on ferait le référendum sur le
français; est-ce qu'il serait juste, à ce moment, que le
gouvernement, par l'Office d'information et de publicité, et les partis
politiques, à même leurs fonds électoraux, fassent de la
publicité pour le oui et laissent les opposants presque sans source de
revenus?
Est-ce que ce serait juste? Donc, il vise l'égalité des
chances. Il vise l'égalité des budgets. C'est une question
très importante, dit-il. Il va même plus loin, il évoque le
fameux référendum, le dernier qu'on ait eu au Canada et qui est
celui sur la conscription de 1942 où on en parlera plus tard
la question est d'une ambiguïté absolument invraisemblable.
Mais je reviens à ce que disait M. Lesage évoquant ces souvenirs
de 1942. Des souvenirs très vifs en ce qui le concerne. Il dit: A ce
moment, en 1942, sur la question du plébiscite, sur la mobilisation des
troupes ou la conscription, comme on disait dans le temps, le gouvernement
s'était prononcé pour le oui. Le premier ministre du
Québec s'était prononcé pour le oui. Les partis politiques
fédéraux, avec leurs caisses électorales, s'étaient
chargés de la publicité.
Les opposants, dont je faisais partie, n'avaient pas de sources de
revenus. Nous avons dû faire des sacrifices financiers
considérables. C'est M. Lesage qui dit cela. Je poursuis: Ce qui est
arrivé, c'est que dans le Québec, avec le
bénévolat, nous avons eu une vaste majorité de la
population qui a dit non. Mais nous n'avons pas pu aller plus loin parce que
nous n'en avions pas les moyens. C'est depuis ce temps, dit-il, que j'ai peur
des référendums à la fédérale, à la
libérale fédérale, les référendums où
il n'y a qu'un paquet d'argent donné à une partie. Et c'est une
préoccupation qui est également présente dans les
interventions, en tant qu'expert à cette même commission
parlementaire, de Me Pierre Beaudoin, qui est conseiller juridique du
gouvernement, à ce moment.
Mais avant de passer à Me Beaudoin, je voudrais évoquer
une autre citation de M. Jean-Claude Rivest, encore amené comme expert
par les libéraux, qui sont à cette époque comme maintenant
l'Opposition officielle. M. Rivest parle d'une nécessité qu'il y
aurait de créer un conseil constitutionnel. La proposition de l'Union
Nationale, nous l'avons acceptée de bonne grâce parce qu'elle
émanait d'une volonté d'améliorer le projet de loi.
L'autre règle que M. Rivest souhaite voir établir, c'est
l'établissement des normes d'équité pour toutes les
tendances. Il dit: "Grâce à de telles règles, je pense
je cite au texte que cela pourrait être une forme capable
de pondérer ce déséquilibre qui existait dans la loi
fédérale. " Je reviens à ce que Me Pierre Beaudoin disait;
il se posait des questions sur les dépenses référendaires
ou électorales. On se rend compte que la réflexion à
l'époque n'allait pas très loin dans le domaine de la limitation
des dépenses électorales. On reconnaissait ce plafonnement dans
la Loi électorale existante en 1966, mais on n'osait pas faire le pas
suivant qui aurait consisté à étendre les règles,
reconnues par cette Assemblée nationale ici, du plafonnement des
dépenses en campagne référendaire.
Entre-temps qu'est-ce qui s'est passé, M. le Président? Il
y a eu le référendum britannique de 1975 où la mère
de notre Parlement a fait un autre pas en avant. Tout cela se situe...
M. Lavoie: La belle-mère.
M. Godin: La belle-mère, d'accord.
Et tout cela se situe dans la réflexion démocratique d'une
solution à des problèmes concrets que les Parlements, les partis
ont vécu ailleurs qu'ici. On a vu, par conséquent, le pire
exemple d'un référendum injuste cité comme tel par M.
Lesage qui, aujourd'hui, dans un autre document, dénonce encore le
référendum par une espèce de tête-à-queue ou
de "U turn" dont on trouve peu d'exemple dans les annales du parlementarisme.
En tout cas, il n'est plus ici, il a le droit de se tromper et surtout le droit
de dire ce qu'il veut sans être contesté, ce qui n'est pas notre
cas puisqu'on ne fait que se contredire les uns les autres. Mais du choc des
idées doit jaillir la lumière, je suis d'accord avec vous
là-dessus, et je ne mets pas en doute votre bonne foi, M. le
député de Laval, ni celle du député de
Marguerite-Bourgeoys. Je dis que nous devons trouver une solution qui nous
fasse résoudre le problème de l'égalité des
chances, principe reconnu par votre parti, par M. Jean Lesage, le
président de la campagne référendaire du non, si j'ai bien
compris, qui, à l'époque, se posait les mêmes questions que
nous aujourd'hui.
II ne semble pas qu'il y ait d'autre solution que celle qui a
été retenue par les Britanniques dans leur
référendum sur l'entrée dans le Marché commun: la
création de deux comités nationaux. Je ne dis pas que c'est le
dernier mot. le nec plus ultra; je ne dis pas que c'est le Bon Dieu qui parle
dans ce document que je vais vous citer. Je dis que cela indique la direction
que ces Parlements, ces partis, ces citoyens ont suivie pour raffiner le
processus. Au fond, ce qu'on fait ici. c'est qu'on tente de raffiner le
processus.
Vous n'êtes pas sans ignorer ce que La Rochefoucauld disait: Dans
certains cas c'est la liberté qui opprime et c'est la loi qui
libère. Je pense que si vous laissiez jouer totalement la liberté
de dépenser de l'argent dans une campagne
référendaire...
M. Lavoie: Mais elle n'est pas totale.
M. Godin: ... sur quelque sujet que ce soit...
M. Lavoie: J'ai des restrictions sévères.
M. Godin: D'accord... vous auriez à ce moment... De deux
maux, il faut choisir le moindre. M. le député de Laval. C'est ce
que nous tentons de faire ici, M. le député de Laval... Oui. M.
le Président de deux maux, on doit choisir le moindre. Le moindre, il
nous a paru que c'était d'encadrer de la façon la plus large
possible les tenants du oui et les tenants du non avec une porte ouverte, qui
est dans la loi, d'un montant à dépenser de $300. Mais en
même temps, la loi n'interdit pas aux gens de s'exprimer, d'écrire
aux journaux. La loi n'interdit pas aux gens de dire tout ce qu'ils ont
à dire. Elle leur interdit de dépenser, parce qu'à ce
moment nous risquerions de nous retrouver devant ce que le député
de Gatineau a appelé hier une orgie de dépenses. Je tiens bien
à dire qu'il n'a parlé que d'orgie de dépenses pour
l'instant. Peut-être que le reste viendra plus tard, mais pour l'instant
il ne s'agit que de dépenses.
D'autre part, il y a une autre citation du député de
Gatineau que je voudrais rappeler ici. Il a dit dans un journal de sa
région: Je viens dans les commissions parlementaires pour mettre le
bordel. Je m'excuse. M. le Président, mais je pense que la solution,
l'amendement proposé par le député de Marguerite-Bourgeoys
équivaudrait à mettre le bordel dans la campagne
référendaire. Si un électeur, un groupe ou un parti
politique peut participer à la campagne sans adhérer à un
comité national, donc dépenser de l'argent, on arrive à
des situations absurdes.
J'étais a Boston, il y a environ un an. Il y avait un
référendum, à l'occasion d'une campagne électorale
municipale, sur, si je me souviens bien, la possibilité de percevoir une
taxe auprès des entreprises qui polluaient la rivière
Saint-Charles qui traverse la ville de Boston.
Aux Etats-Unis, ils n ont pas de limite aux dépenses, de sorte
que vous avez vu les grands pollueurs nationaux, comme les raffineries de
pétrole et autres, dépenser des sommes fantasti- ques pour
défendre le "no" à cette taxe qui les aurait frappés.
C'est précisément devant ce genre de problème que nous
risquons de nous retrouver si nous adoptons la motion du député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lavoie: Qui avait gagné le référendum? Je
ne connais pas le dossier.
M. Godin: Je n ai pas su le résultat, mais je pense que
cela avait été battu. La taxe n'a jamais pu être "levied",
comme ils le disent, perçue, en français.
Donc, si vous laissez un référendum, sur quelque question
que ce soit, naviguer en dehors des cadres qui s'inspirent d'ailleurs de la loi
anglaise, on risque de se retrouver devant le bordel ou le "Racine Greater
Show", pour citer quelqu'un ici qui avait des amis de l'autre
côté. C'est la raison pour laquelle on ne peut pas accepter, a
moins qu'il n'y ait des propositions qui résolvent le problème
soulevé par M. Lesage. votre conseiller, en 1969, et par Me Jean-Claude
Rivest. d'ouvrir la porte à des orgies de dépenses, à des
bordels ou a des "Racine Greater Show . On ne peut pas accepter que des groupes
d'intérêts puissants, qui ne voudraient pas... Prenons comme
exemple, dans le cadre de cette loi générale. un
référendum sur la constitution canadienne. Les
Québécois sont 4% de la population du continent nord-americain.
Si on laissait la porte ouverte. M. le Président, vous avez 96% de la
population de ! autre bord qui peuvent bien être contre le fait qu'il y
ait plus de pouvoirs pour le Québec. Déjà, il y a une
"gang" à Ottawa qui est contre, il y a une "gang" au Québec qui
est contre, peut-être qu'il y a d'autres provinces canadiennes qui
seraient contre, peut-être que des Etats américains seraient
contre. Si vous laissez la porte ouverte, si vous admettez cela, tout est
possible. N'importe qui peut venir ici et participer a une campagne du
référendum québécoise sur I'avenir de sa propre
constitution ou de sa propre place...
M. Lavoie: Est-ce que le députe oublie que je limite les
contributions a un électeur du Québec? Suivart les
impératifs de la loi 2, il n'y a aucune contribution de compagnie,
aucune contribution d'en dehors du Québec.
M. Godin: Vous avez remis cela en doute, tout à
l'heure.
M. Lavoie: C'est important, citez-moi correctement!
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
(15 h 45)
M. Godin: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est que
cet amendement, sous le dehors de vouloir défendre le droit
d'association, le droit de parole. qui n'est nulle part brimé dans notre
loi... Nulle part on interdit aux gens de dire ce qu'ils ont a dire: on leur
dit: Dites-le en éditorial, dites-le en lettre aux lecteurs, dites-le de
toute manière possible.
M. Lalonde: Dites-le devant votre miroir!
M. Godin: Dites-le en conférence de presse, dites-le en
assemblée publique.
M. Lalonde: Dans votre bain!
M. Godin: II peut s'organiser autant d'assemblées
publiques, à $300, au Québec, que les gens veulent en organiser.
Alors, de qui cela brime-t-il les droits? Ce que nous craignons, c'est
de...
M. Lalonde: A votre blonde!
M. Godin: Est-ce que j'ai encore la parole, M. le
Président? Je me suis fait un devoir de ne pratiquer d'aucune
façon...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Godin: ... la pollution par le bruit. Or, j'en suis victime
présentement et j'invoquerai bientôt le ministre de
l'environnement pour venir prendre une mesure de la pollution par le bruit que
j'ai à subir de mes amis d'en face.
Je suis à la veille de terminer, M. le Président. Le
comité des non, au Marché commun anglais, il serait
peut-être bon de voir comment cela a fonctionné là-bas. Je
cite en anglais et je traduirai après. Le comité des non "was
necessarily an uneasy coalition", était nécessairement une
coalition pas facile, ou difficile à vivre dedans pardonnez-moi
le mauvais français parce que, dit-on, il y avait l'extrême
droite et l'extrême gauche qui étaient contre la participation au
Marché commun. Par conséquent, ils ont semblé trouver des
difficultés à se regrouper, mais ils l'ont fait quand même,
M. le Président. Ils se sont habitués à vivre ensemble. Je
suis tout à fait d'accord avec les propos du député de
Laval, M. le Président, que ni le Parti communiste, ni les
maoïstes, ni les trotskystes, ni l'Union bolchévique, qu'on
connaît tous les deux pour avoir participé à Joliette
à une mini-campagne référendaire où je constatais
d'ailleurs c'est peut-être cela qui les défend ici
que les Rouges, les extra-Rouges pas les rouges au sens libéral
du terme, mais au sens international, les communistes, les maoïstes
étaient pour le non au référendum, M. le
Président.
M. Lavoie: Ils se sont abstenus de voter au
référendum. Dites donc la vérité, la
vérité a ses droits. Ils se sont abstenus, à Joliette.
M. Godin: Sur la constitution. M. le Président...
M. Lavoie: Ils se sont abstenus à Joliette, ils ne
pourraient pas tenir une campagne d'abstention, en vertu de la loi 92.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Godin: Pas dans la campagne préréféren-
daire. Ils se sont regroupés en Angleterre, M. le Président, et
cela a été, comme ils disent, "an uneasy coalition", coalition
compliquée. Mais cela s'est quand même fait, et tous ces groupes
se sont dotés d'un comité exécutif, ont réussi
à produire un document demandant aux gens de voter non. "Why you should
vote no", document dont nous avons ici, en annexe à ce livre, un
résumé. "Why you should vote no". Il y avait de toutes les
tendances là-dedans, mais au-delà de ces divisions artificielles
en ce qui concernait le oui ou le non au Marché commun, ils se sont
regroupés, puis ils se sont entendus, en fin de compte. Et si vous
regardez la liste des défenseurs du non, il y avait les femmes contre le
Marché commun, le Front national, les partis marxistes, certains
libéraux, certains conservateurs, certains membres du Parti
travailliste. Tout ce monde a marché sur ses frontières à
lui et s'est regroupé dans un comité. Le comité avait
même le loisir de ne pas accepter en son sein des groupes, en vertu de
ces règlements dont il s'était doté. Je ne dis pas qu'un
comité du non, par exemple, à l'occasion d'une campagne
référendaire quelconque sur quelque sujet que ce soit ne pourrait
pas voter, exclure des groupes. Ces groupes auraient le loisir, en vertu d'un
des articles de la loi 92, de faire des assemblées publiques, d'envoyer
des lettres aux journaux, de faire connaître leur opinion par tous les
moyens que ce soit, sans dépenser une "tôle", parce que les
dépenses relèveraient des deux comités nationaux. Et
à notre avis, M. le Président, les abstentionnistes pourraient
également faire des assemblées publiques, à $300 de la
"shot", ils pourraient envoyer des lettres aux journaux, ils pourraient se
manifester d'une façon ou d'une autre, ils pourraient faire
connaître leur opinion, mais sans qu'il leur en coûte une "cenne",
sauf les $300 de convocation.
Je pense que c'est ainsi que les intérêts réels du
peuple québécois, dans quelque référendum que ce
soit, sont le mieux défendus. S'ils ont d'autres propositions à
faire que d'ouvrir la porte à tous les abus, et en fin de compte
à anéantir je dis bien à anéantir le
sens même de l'article 21, qu'il les fasse et on les étudiera en
toute bonne foi, comme on a étudié depuis le début, depuis
un an et demi et plus que nous sommes ici, leurs propositions. On a retenu
celles qui ne venaient pas en contradiction avec les principes qu'on s'est
donnés comme gouvernement. Si on se trompe sur nos principes, il y aura
des élections dans trois ans, trois ans et demi, ou même avant
on ne sait pas et le peuple nous jugera, nous évaluera,
nous balaiera comme ils ont balayé 70 députés de l'autre
côté, dont un premier ministre. Ils nous balaieront. On accepte ce
jeu-là comme ils l'acceptent. Je ne vois pas pourquoi on devrait,
à l'occasion d'une loi-cadre, venir en contradiction avec ses principes
mêmes sous prétexte de la liberté de tous de faire tout. A
ce moment-là, on risque de se retrouver, pour reprendre l'expression du
député de Gatineau, dans le bordel. C'est
précisément ce qu'on veut éviter.
M. le Président, on trouve que les sujets qui peuvent faire
l'objet d'un référendum sont assez
importants et un référendum n est bon c est M.
Jean-Claude Rivest qui le disait en 1969 en commission parlementaire que
si on n'en abuse pas. Par conséquent, si on en fait tous les six mois,
à un moment donné cela devient une farce. Il ne faut en faire que
de façon réservée et sur des sujets d'importance. Et dans
cette perspective il nous apparaît essentiel... Et ce que nous voulons
faire avec les comités nationaux se situe exactement et tout à
fait dans le sens, dans I'esprit de la fameuse loi électorale du
Québec qui limite les dépenses gouvernementales. Et le
député de Laval citait tout à I'heure le cas des
Etats-Unis. Peut-être que la Cour suprême des Etats-Unis a
décidé que cela violait la constitution américaine de
limiter les dépenses, mais il n'est pas sûr que cela viole le sens
commun ou le droit en soi. Il n'est pas sûr que la constitution
américaine ne gagnerait pas à être améliorée
aussi, parce que ce système a amené les Américains au
Watergate, a amené M. Nixon a devenir un auteur à succès
et à démissionner comme président des Etats-Unis. Donc,
à première vue, la loi américaine amène plus de
torts que de bien. La loi qui ne plafonne pas les dépenses amène
plus de mal que de bien; exemple, le Watergate qui a ébranlé tout
le continent et même une partie du monde.
Dans ces secteurs-là, malgré que nous soyons un petit pays
et on doit la réflexion là-dessus à nos amis d'en
face, dans le temps où ils avaient un peu de jarnigoine, semble-t-il; on
se demande où elle est rendue je pense qu'on a indiqué le
chemin à suivre à certaines démocraties. Et ce qui
m'étonne c'est que, après avoir vu la lumière, ils veulent
retourner dans l'ombre. Après avoir compris où résidait le
respect de la démocratie le plus certain, ils veulent retourner au
duplessisme que le député de Laval dénonçait tout
à l'heure. Nous, étant à cet égard plus
libéraux que les libéraux, nous leur disons: Mais non, ne faites
pas cette erreur. Restez dans le sillon que vous nous avez tracé
vous-mêmes car nous estimons qu'il est bon! Nous estimons que
là-dessus vous ne vous êtes pas trompés. On les torpille
assez souvent sur les erreurs qu'ils ont faites, au moins je dois
reconnaître qu ici ce n'est pas une erreur.
Ce qui m'étonne, c'est que, attiré un peu par la force
d'inertie vers l'erreur, après en être sorti, il va y retourner,
M. le Président, comme un chien malade retourne dans sa cage même
quand la chaîne est coupée. Je dis que pour toutes ces raisons
je termine là-dessus la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys à I article 21 contrevient à l'esprit
même qui est dans l'article 21, qui est dans la Loi électorale,
qui est dans les plus beaux fruits, les plus beaux joyaux de la
réflexion des partis politiques au Québec, qui tendent a limiter
les dépenses. Cela démolit cela. Par conséquent, c'est
inacceptable, surtout dans des matières comme celles qui seraient
soumises au peuple par voie de référendum. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. En somme, si je
résume tout ce que j'ai entendu depuis ce matin, ici, à la
commission parlementaire, et même tout ce que nous avons entendu depuis
les quelque trois semaines...
Le President (M. Clair): Vous avez la parole, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je disais donc que si on
veut résumer tout ce qui a été dit ici ce matin, et
même tout ce qui a été dit depuis les trois semaines que la
commission parlementaire siège, il y a quand même un certain
consensus qui se dégage. C'est que tout le monde est pour la vertu. La
où on ne s'entend pas, c'est sur la façon de pratiquer la
vertu.
Quant a la motion d'amendement qui nous est présentée par
le Parti libéral, je me suis référé à la
conference de presse et au document qui a été rendu public le 7
juin 1978 et qui dit ceci: "Les revenus et dépenses
référendaires. L'Opposition officielle souscrit d'emblée
au principe de la réglementation des dépenses et des revenus
référendaires. Il y a certainement lieu, dans
I'intérêt public, de chercher à l'avance d'empêcher
les abus dans ce domaine. De tels abus seraient assurément contraires
à la liberté des Québécois". Un peu plus loin, c
est-à-dire dans les trois lignes suivantes, à la page
numéro sept du document on lit: Tel que rédigé, cependant,
le projet de loi no 92. loin de protéger cette liberté des
Québécois, constitue une violation directe des droits
fondamentaux des citoyens et des groupes' .
Si je me réfère à ce que j'ai entendu de la part du
Parti québécois, notamment à ce que le ministre de la
Justice nous a dit ce matin, le grand problème, ce qui me semble
I'unique problème, c'est de trouver une formule pour contrôler les
dépenses en vue d'éviter les abus. L'intervention qu'a faite mon
collègue, le député de Mégantic-Compton, de l'Union
Nationale, mérite d'être retenue. Il ne veut pas lui non plus
qu'on ouvre la porte a tous les abus et qu'il se dépense, dans le
Québec, des millions et des millions de dollars pour lessiver le cerveau
des Québécois afin de leur vendre des idées qui pourraient
être contraires a leurs intérêts. Nous souscrivons sans
restriction à ce principe. A mon avis, là où la formule
n'est pas encore trouvée, c'est quand il s'agit de concilier le fait
qu'on doit trouver des formules pour contrôler les dépenses et le
fait qu'on devrait quand même respecter le droit de parole des citoyens
du Québec et leur liberté d'association. Le grand débat
est là. En toute objectivité, ce n'est pas facile.
Je regarde l'amendement du Parti libéral qui se lit comme suit:
"Un électeur, un groupe ou un parti politique peut participer à
la campagne référendaire sans nécessairement
adhérer à un comité national ". Tout à l'heure, mes
collègues du Parti québécois ont parlé de bordel.
Je ne serais pas porté a partager cette opinion. Cependant, je devrais
ajouter que c'est incomplet. On ne peut
pas se satisfaire d'une simple déclaration comme
celle-là.
M. Lavoie: II y a des modalités. (16 heures)
M. Roy: II y a des modalités à apporter. Il ne faut
pas oublier c'est là qu'il faudra s'interroger que, si la
motion était rejetée telle quelle et qu'on n'accepte pas le
principe même de cette motion, cela veut dire qu'un électeur, un
groupe ou un parti politique ne peut pas participer à la campagne
référendaire sans adhérer à un comité
national.
L'amendement dit ceci:"Un électeur, un groupe ou un parti
politique peut participer à la campagne référendaire sans
nécessairement adhérer à un comité national". Si on
rejette cela, prenons l'inverse ou bien je ne comprends rien. Si on prend
l'inverse, cela veut dire qu'un électeur, un groupe ou un parti
politique ne peut pas participer à la campagne
référendaire sans nécessairement adhérer à
un comité national. On accepte l'amendement ou on ne l'accepte pas.
M. Paquette: Voyons donc!
M. Bédard: Cela, c'est une déclaration de principe
dans la loi, par exemple, à l'article 26.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Roy : Je comprends, M. le Président. Contrairement
à mes habitudes selon lesquelles, j'ai parfois tendance à
interrompre mes collègues, je me suis bien gardé ce matin
d'interrompre qui que ce soit. C'est la première fois que je prononce un
mot aujourd'hui, à cette commission parlementaire. C'est tellement vrai
que ce n'est pas facile que je reprends le document dont ont fait état
le leader parlementaire de l'Opposition et le ministre de la Justice. Je
reprends ici le rapport qui nous a été remis par la Commission
des droits de la personne. Dans le haut de la page 8: "Que dire sinon qu'il
s'agit d'un minimum. De plus, si ces trois articles, 23, 26 et 27, du projet de
loi donnent une certaine idée de la mesure de la contrainte que
représentera au niveau de la participation au débat
référendaire la centralisation de toute la campagne à
l'intérieur des comités nationaux, l'équation difficile
entre plusieurs droits et libertés qu'a tenté de réaliser
le gouvernement dans ce projet de loi présente encore des inconnues qui
empêchent la commission de se prononcer catégoriquement sur son
succès ou son échec. Les objectifs sont louables je suis
d'accord et je souscris aux objectifs la mécanique de la mise en
oeuvre est précise, mais tout cela peut-il fonctionner sans danger pour
les libertés d'opinion, d'expression ou d'association? C'est la question
que la commission se permet de poser de nouveau au gouvernement en lui
recommandant une dernière fois la plus grande prudence dans la voie
difficile où il s'est engagé. "C'est exact que c'est une voie
difficile dans laquelle le gouvernement s'est engagé. Il ne faut pas
oublier que, si quelqu'un devait se lever au Québec, pendant la campagne
référendaire et attaquer dure- ment le gouvernement et même
l'Assemblée nationale sur le fait qu'on empêche des citoyens de se
prononcer individuellement". Je donnerai des exemples en posant des questions
au ministre tout à l'heure. Je pense que des questions méritent
d'être posées. Il va falloir que, très sérieusement
et très objectivement, calmement, on cherche à trouver des
réponses à ces questions.
C'est là qu'est la grande question. Avant de prendre le cas des
individus, il y a un point que je voudrais soulever. Tous les objectifs
auxquels le gouvernement souscrit, auxquels nous souscrivons et auxquels le
gouvernement tient mordicus, je me demande si le gouvernement a songé
sérieusement de quelle façon il pourra les appliquer. Il va
falloir songer à l'application, il va falloir songer aux méthodes
qu'on va utiliser. Par exemple, si la loi devait être violée, y
aura-t-il des sanctions, y aura-t-il des arrestations? Il faut penser à
toutes ces choses.
Je vais poser les questions suivantes au ministre parce que je n'ai pas
de réponses, aujourd'hui. Je ne m'en cache pas. Comment les gens
vont-ils se situer par rapport à la loi si, par exemple, une personne
accepte d'aller prononcer des conférences devant un club social et que
cela lui demande des déplacements, que cela lui demande des
dépenses personnelles, même si on lui remboursait une partie de
ses dépenses? A titre d'exemple, prenons un ex-député,
membre de l'Assemblée nationale, de quelque parti que ce soit, un homme
qui a été reconnu comme étant un homme de solide jugement,
et à qui s'identifie encore un certain pourcentage de la population. Je
ne pense pas à M. Lesage, à ce moment-là; je pense
à un ex-député de n'importe quel parti politique du
Québec qui serait invité devant un club social, qui ferait une
bonne conférence à l'occasion de la campagne
référendaire et qui, à la suite de l'impact que cette
conférence pourrait créer, serait également invité
à aller prononcer des conférences ailleurs.
Est-ce que cela veut dire que ce citoyen québécois qui fut
député au Québec je ne parle même pas du
député fédéral, mais je pourrai y revenir tout
à l'heure aurait le droit d'accepter des invitations d'aller
prononcer des conférences devant des clubs sociaux. On pourrait parler
d'un député acadien, d'un député ontarien. On parle
d'une limite de $300. Le club social qui inviterait quelqu'un et qui, pour
tâcher de contribuer à ce qu'une bonne information soit
diffusée pour faire connaître les deux côtés de la
médaille, en s'iden-tifiant comme un club neutre pendant la campagne
référendaire, inviterait des orateurs qui sont en faveur du oui
et également des orateurs qui sont en faveur du non, qui organiserait
ces débats à l'occasion de dîners auxquels assisteraient
200, 300, 400 personnes qui souscrivent $6, $8, $10 pour payer le dîner,
est-ce que ce serait considéré comme des moyens
détournés pour participer à la campagne
référendaire?
Comment ces associations et ces groupes pourraient-ils s'inscrire dans
un comité, si les groupes s'identifient comme neutres, s'ils veulent
faire connaître les deux options à leurs membres, s'ils veulent
inviter des personnes, des tenants,
des propagandistes des deux options à leurs membres? C'est une
question à laquelle j'aimerais qu'on me réponde. Si ce sont des
clubs neutres, je me demande à quelle option ils pourraient s'affilier,
à quel comité parapluie ces gens pourraient s'affilier? On sait
très bien, M. le Président, et je le dis de façon
très sérieuse, que dans toutes les campagnes politiques au
Québec, dans tous les grands débats, dans les CEGEP, dans les
universités, on dispose de budgets pour organiser des colloques et
inviter des participants à des colloques.
Il y a peut-être très peu de membres autour de cette table
qui n'aient pas accepté, à un moment donné, de participer
à un de ces colloques dans nos CEGEP et dans nos universités.
Est-ce que cela veut dire que les CEGEP et les universités qui voudront
organiser des colloques durant la campagne référendaire et
inviter des panelistes des deux côtés, des panelistes qui
s'occupent du oui. des panelistes qui sont des propagandistes du non, et pour
lesquels l'université disposerait de budgets pour la tenue de ces
colloques, pour défrayer les dépenses des invités, ne
pourront pas le faire? J'aimerais qu'on me réponde, M. le
Président. J'aimerais qu'on nous réponde de façon
très sérieuse parce que je ne sache pas que ce soit là
l'intention du gouvernement. Je ne sache pas que ce soit l'intention d'aucun
membre autour de cette table d'empêcher que des débats de cette
nature soient objectifs. Je pense aux CEGEP, aux universités, même
certaines écoles polyvalentes, mais je prends surtout les CEGEP et les
universités, parce qu'ils s'adressent à des étudiants qui
ont l'âge de voter au rôle qu'ils ont joué durant les
campagnes électorales qui ont contribué à faire
connaître les programmes des différents partis politiques, et les
colloques qui ont eu lieu ont permis aux différents partis politiques
d'avoir la même tribune, d'avoir le même temps de parole, d'avoir
la même écoute auprès des personnes qui assistaient
à des conférences, à ces colloques pendant les campagnes
électorales. Est-ce que ce serait interdit pendant la campagne
référendaire?
Est-ce que, nécessairement, s'il y a un ou deux ou trois ou
plusieurs CEGEP dans le Québec qui désirent mousser, faire de
l'activité pendant la campagne référendaire, ils seraient
tenus de s'enregistrer à un comité parapluie? Et s'ils
s'enregistrent à un comité parapluie, étant donné
qu'ils adopteraient supposément une attitude neutre, alors à quel
comité ces organismes pourraient-ils s'affilier ou de quel organisme
pourraient-ils faire partie?
M. le Président, c'est la troisième question que je
pose on a parlé d'une loi-cadre. J'aimerais peut-être
oublier la question constitutionnelle qu'on a peut-être trop souvent
à l'esprit autour de cette table, et parler d'une loi-cadre. A
l'occasion d'un référendum organisé, piégé,
qui pourrait soulever un groupe de citoyens, un groupe d'hommes et de femmes,
un grand comité pour dénoncer le référendum
lui-même, qu'arriverait-il, M. le Président, si les dispositions
qu'on semble vouloir introduire de bonne foi pour atteindre des objectifs fort
louables étaient appliquées.
Je pense. M. le Président, qu'à ce niveau, il va
sûrement falloir qu'on prenne le temps nécessaire, quitte à
prendre encore quelques jours additionnels, pour nous dire, donc, devant la
commission parlementaire ici. quels sont les moyens que le gouvernement entend
prendre pour permettre à un électeur, à un groupe ou
à un parti politique qui désire participer à la campagne
référendaire, mais qui n'est pas intéressé à
adhérer à un comité national, de répondre aux
exigences de la loi pour qu'on n'ouvre pas la porte à des abus et des
orgies de dépenses. Je pense que la question se pose à ce niveau.
On risque d'embarquer tout le monde dans le comité des oui et dans le
comité des non: je pense que ce n'est pas là l'intention de mon
collègue, le député de Mégantic-Compton, qui
pourrait se trouver assis sur la même tribune que les communistes pendant
la campagne référendaire. Si on oblige tout le monde à
aller dans les comités nationaux, il va y avoir des assemblées
qui vont être fort disparates. Il va y avoir toutes sortes de gens assis
sur la même tribune.
En ce qui me concerne, je serais bien intéressé au moins
de choisir mes alliés pour tenir les réunions. Je pense que mon
collègue, le député de Mégantic-Compton, c'est
exactement la même chose aussi. M. le Président, la question que
nous devons nous poser aujourd'hui ce n'est pas de savoir si on doit
enrégimenter malgré eux les électeurs et les groupes, mais
essayons donc de trouver une formule qui nous permettrait d'avoir un compte
rendu des dépenses et un certain contrôle sur les dépenses.
Il faudrait prévoir un mécanisme qui serait assez souple, mais
tout en étant assez efficace pour permettre d'éviter les abus que
tout le monde dénonce autour de cette table. Je dis tout le monde, parce
que je pense que tout le monde ne voudrait pas qu'il y ait des abus pendant
cette campagne et que les millions coulent à flots.
Aussi, il y a peut-être un dernier point auquel on n'a
peut-être pas pensé tellement souvent. On a dit tout à
l'heure autour de cette table que, dans certains endroits du monde, tous les
parlementaires s'étaient ligués pour faire voter un
référendum et que la population avait dit non. N'oublions donc
pas que les citoyens du Québec sont des gens intelligents capables de
prendre leurs responsabilités et de faire des distinctions qui
s'imposent, lorsqu'il y a trop d'abus. On ne pense peut-être pas assez
ici au bon sens populaire de notre population de chez nous qui sait faire les
distinctions qui s'imposent quand le moment est venu et qui sait très
bien s'apercevoir quand il y a trop d'argent mis dans une campagne. Je me
rappelle les élections de 1960, j'ai participé à la
campagne électorale de 1960. J'ai aussi participé à la
campagne électorale de 1973 alors que j'ai été le seul
élu sur la rive sud du Saint-Laurent parmi tous les
députés de l'Opposition. J'ai dû lutter contre une montagne
d'argent. La montagne d'argent a influencé les gens mais n'a pas
influencé l'issue de l'élection dans mon comté. Pourquoi?
parce que quand même la population est là avec son bon jugement.
Je pense qu'on devrait tenir compte de ce fait que la population du
Québec n'est pas
dupe, si jamais il devait se déceler des abus. C'est tout, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Merci. M. le député
de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, le ministre de la Justice, ce
matin, a dit du Parti libéral du Québec qu'il se croyait le seul
défenseur des droits et libertés des citoyens.
M. Bédard: Pardon?
M. Gratton: Je dis que le ministre a dit ce matin que le Parti
libéral du Québec se considérait comme le seul
défenseur des droits et libertés fondamentales des
Québécois. Je ne pense pas que ce soit là notre
prétention, mais je dirai que la performance du Parti
québécois, depuis qu'il est au pouvoir, ne nous a pas convaincu
que lui, il se souciait plus qu'il ne faut du respect de ces libertés et
droits fondamentaux. Je ne ferai pas de démagogie là-dessus, bien
au contraire, je citerai simplement le cas de la loi 2, le cas de la loi 101 et
les deux avis qu'on a reçus par rapport au projet de loi no 92 à
l'appui de cette affirmation.
De toute façon, je pense qu'il faut s'en remettre à l'avis
de la Commission des droits de la personne, que le ministre a d'ailleurs
longuement cité ce matin. L'interprétation qu'il en a faite l'a
amené à conclure que toutes les réserves exprimées
par la commission, par rapport à cette section sur les comités
nationaux, sont automatiquement satisfaites par l'introduction à
l'article 23 de la notion des groupes affiliés aux comités
nationaux. (16 h 15)
M. Bédard: Question de règlement. En toute
honnêteté je n'ai pas dit que cela réglait toutes les
contraintes, mais, selon l'avis de la commission, c'était de nature
à les diminuer de façon très significative. J'ai bien dit
qu'à moins de rêver aux lois parfaites, il y aura toujours
certaines contraintes, comme, dans toute loi qu'on vote, il y a toujours eu
certaines contraintes. Comme la loi électorale que vous avez
votée, dans votre temps; la Loi sur le financement des partis, sous le
présent gouvernement. Il s'agit de voir les droits et libertés de
la personne dans un contexte global des droits d'autrui et des droits d'ordre
général.
M. Gratton: M. le Président, je suis fort aise de la
précision que vient d'apporter le ministre, parce que je lui dirai tout
de suite que je conviens avec lui que l'amendement qu'il apportera à
l'article 23 sera dans la direction ou effectivement servira à assouplir
les contraintes dont il parle et dont la Commission des droits de la personne
parle, par rapport à ces citoyens ou groupes qui, tout en partageant
l'objectif visé par un comité national, ne souscrivent pas
à la stratégie globale de ce comité.
M. le Président, le ministre, lui, devra convenir avec moi que
cet amendement à l'article 23 ne réglera pas, mais pas du tout,
le cas des libertés d'opinion, d'expression ou d'association des
citoyens ou groupes partisans d'une option non représentés dans
la question, dont la Commission des droits de la personne parle et dont a fait
état le député de Beauce-Sud, avant moi. Je ferai
remarquer au ministre que la formule proposée par le
député de Laval, au nom de l'Opposition officielle, laquelle a
été rendue publique dans la presse la semaine dernière et
qu'il a également reprise ici, à la commission, elle,
répond aux interrogations de la Commission des droits de la personne par
rapport à ces groupes et citoyens.
Le ministre ce matin en tout cas, je ne pense pas qu'il puisse le
nier nous a dit: L'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys est la négation même du principe des
comités nationaux et du principe du contrôle des dépenses
référendaires. Je regrette, M. le Président, mais ce n'est
pas du tout correct que de dire cela, parce que le ministre sait fort bien que
I amendement que nous proposons, qui vise à spécifier qu'un
électeur, un groupe ou un parti politique peut participer à la
campagne référendaire, sans nécessairement adhérer
à un comité national, ne représente pas l'ensemble de
notre proposition. C'est strictement l'énoncé d'un principe qu'on
doit inclure à l'article 21, puisqu'il s'agit du premier article de
cette section qui traite des comités nationaux. Il n'y a pas un seul
membre de la commission qui ne sait pas déjà que cet amendement
devra être accompagné d'une série d'autres amendements qui
viendront spécifier dans quelle mesure et selon quels critères
cette liberté pour l'électeur, pour le groupe ou pour le parti
politique de participer au référendum sans adhérer
à un comité national, sera possible. Ce ne sont pas des cachettes
qu'on fait; ce ne sont pas des mystères ou des choses qu'on veut taire.
On l'a inscrit dans un texte, justement, pour que ce soit clair.
Regardons ensemble, très brièvement, de quoi il s'agit.
Pour les individus, ce que nous proposons c'est, à toutes fins
pratiques, de porter le maximum de $300, qui est contenu à l'article 26
alinéa h), à $3000. Parce que le montant de $3000 est inscrit
dans la Loi du financement des partis politiques, la loi 2. Ce n'est pas nous
qui l'avons inventé, on ne l'a pas pris quelque part dans un panier, ce
chiffre magique de $3000; on l'a pris dans la loi 2 sur le financement des
partis politiques. C'est tout ce qu'on propose dans le cas des citoyens. Il
n'est pas question qu'ils puissent dépenser plus, il n'est pas question
qu'ils puissent le faire de façon occulte. Bien au contraire, on
spécifie que, pour un montant au-delà de $100, il doit y avoir
divulgation. Donc, pas de manipulation par je ne sais combien de millions de
Québécois qui viendraient, avec les $3000, changer ce principe ou
nier ce principe de l'égalité des chances. Il ne faut quand
même pas charrier!
Dans le cas des groupes, de quoi s'agit-il? Encore là, il s'agit
d'un groupe qui ne se retrouverait nulle part dans un comité national
quelconque, non seulement sur la stratégie, mais sur le fond de la
question. Ce n'est pas nous, non plus,
qui avons les premiers découvert ces groupes-là. La
Commission des droits de la personne dit à la page 8 de son rapport:
"Plus exactement, ce que voulait faire préciser la commission, c'est la
marge de manoeuvre permise en campagne référendaire aux citoyens
et organismes qui ne favorisent ni l'une ni l'autre des options soumises au
référendum ou qui encore voudraient intervenir à un niveau
différent de celui qui aurait été fixé dans la
question". Elle donne l'exemple de ceux qui voudraient le faire en
prônant l'abstention, soit en se prononçant sur la qualité
du débat, soit en voulant coiffer de l'objectivité ou de la
neutralité la plus stricte leur participation à la campagne
référendaire, dans le cas par exemple d'associations et de
groupes qui voudraient faire un travail d'information sur les
différentes options auprès de leurs membres."
M. le Président, ce sont ces groupes, ces citoyens-là dont
on ne règle pas le cas avec I'amendement que proposera le ministre de la
Justice à l'article 23. Ils ne sont pas couverts, eux; ils n'en auront
pas de liberté d'expression et d'association. Dans sa conclusion sur ce
thème, à la page 9, la commission dit: Et cette réponse
sera vitale. Surtout si le législateur n'accepte pas d'introduire la
notion de groupe affilié mentionnée antérieurement. Il
l'accepte, le gouvernement; j'en suis fort aise. Cela règle le cas de
ceux qui sont d accord avec l'objectif d'un comité national, mais qui ne
sont peut-être pas d'accord avec la stratégie. Parfait, on vient
d'améliorer, on vient d'assouplir les contraintes.
Mais lisons la dernière ligne: "puisqu'alors vraisemblablement le
nombre de ces groupes s en trouverait accru. Alors, si le nombre de ces groupes
se trouve accru par le fait qu'on n'introduit pas la notion des groupes
affiliés, c'est qu'il y en a déjà, des groupes de ce genre
qui sont brimés. Ce sont ces groupes, M. le Président, que la
formule proposée par l'Opposition officielle vise à
libérer, si vous me passez l'expression, en permettant, comme la Loi sur
le financement des partis politiques l'a fait, non pas aux compagnies et aux
corporations, mais aux syndicats, aux associations, coopératives etc.,
à même leurs fonds propres, de dépenser un montant total
n'excédant pas $3000, soit en participant ou en versant une contribution
à un comité national, soit en finançant une initiative ou
une activité de leur choix. Encore là, on introduit la même
notion qui existe dans la loi 2, c'est-à-dire divulgation pour toute
contribution de plus de $100.
Je conviens avec les ministériels que probablement là
où on accroche, c'est lorsque, dans notre proposition, on ajoute qu'un
tel groupe, syndicat, association, coopérative qui désire
dépenser plus que $3000 devra obtenir I'autorisation d'un officier
référendaire et deviendra alors soumis aux règlements de
la loi sur le financement des partis politiques en ce qui concerne entre
autres... On nous fait alors l'énumération des dispositions de la
loi 2. Si c'est cette partie sur laquelle les ministériels accrochent,
au lieu de rejeter du revers de la main la motion d'amendement qu on
présente à l'article 21 et qui introduit le principe permettant
à des groupes et à des individus de participer, qu'on accepte
cela et qu'on amende plutôt, au moment où on sera rendu là,
l'article en question. Qu'on la fasse disparaître, cette
possibilité pour un groupe et pour un parti politique, parce que, dans
le cas des partis politiques, c est la même formulation qu'on propose.
Qu'on la fasse disparaître et qu on limite cela à $3000, de la
même façon qu'on le fait dans le cas d'un groupe pour le
financement des partis politiques.
Je dis donc, M. le Président, que, si la formule que I'Opposition
officielle propose, dans son ensemble... Je répète qu'on ne doit
pas considérer l'amendement que le député de
Marguerite-Bourgeoys a proposé à l'article 21 comme étant
l'ensemble de ce que nous proposons. Ce serait trop facile et ce serait de la
démagogie inexcusable. Ce n'est pas du tout cela qu'on propose. On
propose des choses très spécifiques, des choses qui collent aux
dispositions de la Loi sur le financement des partis politiques, de la Loi
électorale. C'est très clair, c'est même sur papier, blanc
sur noir, de façon que personne ne se méprenne.
D'ailleurs, il est peut-être bon de rappeler que si nous avons cru
bon de proposer une telle formule, c'est à l'invitation et même
à la demande expresse du ministre responsable de la réforme
électorale qui, à la fin des travaux de la commission
parlementaire qui avait entendu des organismes intéressés par le
livre blanc, nous avait proposé trois possibilités de solution
avec, toujours, l'objectif de contrôler les dépenses, dans le
respect des libertés et des droits des citoyens. Il avait proposé
trois formules, et on a retenu, dans le projet de loi, la première qui
était la même que dans le livre blanc, avec certains
assouplissements, j'en conviens. C'est à la demande du ministre que nous
avons fait cette proposition. Et on est loin de croire que c'est la formule
parfaite. Le ministre reconnaissait ce matin que, même avec la notion de
groupes affiliés à un comité national, il reste encore des
contraintes. Je lui dirai que, même avec la formule proposée par
l'Opposition officielle, il y a encore des contraintes. Le seul but qu'on vise,
en faisant cette proposition, c'est d'assouplir ces contraintes le plus
possible.
Je répète donc que l'amendement dont nous discutons
à l'article 21 n'est pas une invitation à I'orgie de
dépenses dont a parlé le député de
Mégantic-Compton. Et je dirai au député de
Mégantic-Compton que, s'il voulait se donner la peine de travailler
à la bonification du projet de loi, il ne tirerait pas des conclusions
aussi facilement qu'il l'a fait ce matin. Mais je suppose que c'est moins
forçant pour l'Union Nationale de faire de la petite politique partisane
à cette commission que de tenter de comprendre d'abord ce dont il s'agit
dans la proposition de l'Opposition officielle et, si elle ne fait pas son
affaire, de tenter de l'améliorer. Mais les affirmations du
député de Mégantic-Compton selon lesquelles la formule que
nous préconisons est une invitation à l'orgie des
dépenses, et le fait qu'il replace dans un contexte tout à fait
différent de celui où nous retrouvions hier soir les propos que
j'ai tenus à ce
sujet, ce n'est pas à l'honneur du député de
Mégantic-Compton. Et si l'Union Nationale se satisfait des
déclarations d'engagement moral qu'ont fait le ministre responsable de
la réforme électorale aussi bien que le ministre de la Justice
à cette commission, voulant que la question soit claire, nette,
permettra aux citoyens québécois de se prononcer sans entraves,
je veux bien accepter les déclarations et les engagements moraux, mais
il me semble et sans en reprendre les détails que l'Union
Nationale devrait, mieux que quiconque, savoir que les engagements moraux d'un
gouvernement ne valent pas un texte de loi clair et limpide. Et c'est tout ce
que nous proposons.
Et je dirai que le député de Beauce-Sud m'a
énormément plu tantôt parce qu'il s'est bien gardé
de descendre dans la petite partisanerie. Il a compris, effectivement, que
l'amendement à l'article 21 qu'a proposé le député
de Marguerite-Bourgeoys n'est pas l'ensemble de la proposition que vous faites.
Et je pense que le député de Beauce-Sud n'est pas reconnu comme
un ami ou un allié du Parti libéral du Québec et ce n'est
pas ce qui l'a motivé à tenir les propos qu'il a tenus. Il
reconnaît que le Parti libéral, avec la proposition qu'il a rendue
publique la semaine dernière, s'est tout simplement rendu à
l'invitation du gouvernement de tâcher de rechercher un consensus pour
faire de cet outil de la démocratie, comme on l'a appelé au
début de la commission parlementaire, qu'on est en train de se donner
avec le projet de loi no 92, un outil crédible en lequel l'ensemble des
Québécois auront confiance. (16 h 30)
En terminant, M. le Président, j'aimerais faire appel au sens du
"fair play" du ministre de la Justice pour qu'il admette, au moins, le
bien-fondé de notre motion d'amendement à l'article 21. C'est
évident que, si cet amendement devait être adopté
relativement à l'article 21, d'autres amendements de concordance avec
notre document seraient proposés aux articles subséquents. Mais
qu'il admette que toute cette formule n'est pas une invitation, n'est pas la
négation du principe du contrôle des dépenses, loin de
là.
L'ouverture de ce côté-ci n'est pas une ouverture
strictement dans les mots, M. le Président. Quant à moi, je
prends à témoin mes collègues du Parti libéral;
s'il y a lieu de modifier la proposition que nous faisons dans certaines de ses
modalités, nous accepterons volontiers d'en discuter, non pas pour
perdre du temps, mais strictement dans l'unique but de bonifier le projet de
loi et d'en arriver à ce consensus que tous prétendent chercher
depuis maintenant près d'un an. Mais on aboutit à cette
commission je suis peiné de devoir l'admettre à un
refus systématique du gouvernement de vouloir considérer quelque
proposition sérieuse que ce soit de l'Opposition officielle sur les
grands principes du projet de loi qui sont, d'une part, les comités
nationaux et, d'autre part, l'article 6 dont nous avons dû suspendre
l'étude.
M. le Président, c'est en toute ouverture que j'invite le
ministre à reconnaître au moins avec nous que ce que nous
proposons n'est pas l'élimination du principe du contrôle des
dépenses. Ce n'est pas non plus la négation du principe des
comités nationaux; c'est une formule sûrement pas parfaite, mais
qui pourrait possiblement être améliorée. C'est une formule
qui assouplirait les contraintes dont on parle tous et qui sont
inhérentes à toute formule ou toute méthode de
contrôler les dépenses durant la campagne
référendaire.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je fais suite à
l'invitation qui est faite par le député de Gatineau voulant
qu'on discute des contraintes ou encore qu'on évalue quelles seraient
les dépenses permises par un groupe, un individu, une association ou un
parti politique qui ne voudrait pas adhérer à un comité
national. Il faudrait considérer cela là où il faut que
cela soit considéré, par exemple, lorsqu'on discutera de la
section II concernant les dépenses réglementées et les
dépenses qui sont non réglementées, où nous serons
au bon endroit. On n'est pas ici pour faire des énoncés de
principe. On est là pour les concrétiser dans des articles bien
précis. Il ne faut pas oublier ce que c'est faire de la
législation.
A la section II, aux articles 25 et suivants, on parle des
dépenses réglementées je m'adresse au
député de Beauce-Sud des dépenses non
réglementées, on traite, d'une façon spécifique,
des moyens qui pourraient être à la disposition des individus, des
groupes ou des partis politiques qui ne voudraient pas adhérer à
un comité national; ce sera I endroit tout indiqué pour en
discuter. C est à ce moment que nous pourrons échanger sur des
possibilités. Par exemple, les $300 dont vous parlez, qu'on puisse en
discuter par rapport à la proposition que vous faites des $3000. Il faut
se situer au bon endroit. On n'est pas là pour faire une série
d'articles d énoncés de principe. On est là pour que les
articles, pour que les dispositions qui sont dans un projet de loi fassent
qu'au bout de la ligne l'ensemble de ces dispositions dégage non
seulement une impression mais une conviction pour tous et chacun de nous que
les droits et libertés de la personne ont été
respectés, que des contingences ou des contraintes ont été
amoindries. C'est là qu'on va en discuter, mais d'une façon
pratique. Là, au niveau de la section dont nous traitons et des articles
que nous abordons, entre autres l'article 21, nous en sommes au niveau du
principe de la formation de comités nationaux, de comités
provisoires, de la manière de s'y insérer, de la technique, de
l'ensemble des dispositions qui feront qu'il y aura une procédure
à suivre qui sera très claire pour ceux qui veulent
adhérer aux comités nationaux. C'est cela, le principe de
l'ensemble de cette section et de ces articles qui sont contenus dans cette
section.
Dans ce sens, l'amendemen tque vous proposez, je le maintiens, va
à l'encontre d'un des principes fondamentaux de la loi au niveau de la
nécessité.
M. Lalonde: M. le Président, si on me le permet, j'ai une
question de règlement à soulever. Il me semble que ces propos
contredisent la décision de la présidence, à savoir que
l'amendement est recevable. S'il avait été à l'encontre de
la loi ou d'un principe de la loi, la présidence aurait dû
déclarer qu'il était irrecevable.
M. Bédard: Rappelez-vous moi, je l'ai noté et
très bien, à part cela que lorsque la présidence a
accepté, a dit qu'elle voulait faire preuve d'ouverture d'esprit,
permettre le plus de discussions, donner la chance au coureur, je suis
parfaitement d'accord, elle a dit, en même temps, qu'on en était
à la limite ténue de ce qui pourrait être permis et de ce
qui ne pourrait pas être permis. Je pense, là-dessus, que la
présidence a très bien fait en prenant cette décision. Il
faut arrêter de se donner des cadres tellement rigides qu'on ne pourra
pas discuter, en fait, du projet de loi. Je pense que lorsqu'on parle des
comités nationaux vous êtes d'accord? on ne peut pas
discuter cela article par article. Il faut discuter cela dans un ensemble.
C'est dans cet esprit qu'hier, je trouvais que la meilleure manière
d'aborder le sujet, ce n'était pas d'esssayer de jouer techniquement
article par article, mais de se permettre une discussion libre qui d'une heure
dont on avait parlé du début est devenue deux heures. Même
si cela continuait aujourd'hui, je crois que c'est dans un ensemble qu'on doit
essayer d'évaluer l'ensemble des principes qui sont contenus
là.
C'est dans ce sens que je vous dis que l'amendement, tel qu'il est
proposé, va à l'encontre d'un principe fondamental de la loi
parce que ouvrir la campagne référendaire aux partis politiques
changerait l'objectif de la loi qui veut que l'on consulte la population
au-delà des partis politiques pour obtenir un avis non partisan qui
permette à un gouvernement, sur des questions importantes, de prendre
des décisions plus éclairées. Cet amendement va à
l'encontre du projet de loi qui veut que la campagne référendaire
c'est cela, l'esprit d'une campagne référendaire ou d'une
campagne de consultation se fasse au-dessus de toute option partisane.
On sait qu'il se peut qu'à l'occasion d'une consultation, il y ait des
députés qui sont au pouvoir qui décident, par rapport
à une option, d'être avec des députés qui sont dans
l'Opposition. L'inverse peut être également vrai. Nous sommes dans
une loi-cadre. Il ne faut pas l'oublier. Il faut le raisonner à partir
du respect d'un principe.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval invoque le règlement.
M. Lavoie: Je ne peux pas accepter, pour les fins du
débat, les déclarations du ministre.
Une Voix: La pertinence.
M. Lavoie: Non, pas seulement la pertinence. Sur la question de
règlement, je ne peux pas accepter que notre amendement soit contre le
principe du projet de loi. Le principe du projet de loi, tel que je le
conçois, c'est d'instituer un système de consultation populaire.
C'est cela, le principe... Je peux finir?
M. Bédard: M. le député, si c'est une
intervention, vous aurez le droit...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est une interruption.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, je pense que le point que vous soulevez ne constitue pas, à
proprement parler, une question de règlement. Il s'agit d'une
matière à interprétation de l'amendement que vous avez
proposé. Dans la mesure où le ministre demeure dans la pertinence
du débat, je pense que, hormis que vous exerciez votre droit
prévu à l'article 96, il ne s'agit pas d'une question de
règlement.
M. Lavoie: C'est également contre la décision que
vous avez rendue.
M. Bédard: Mais non, ce n'est pas contre la
décision.
M. Lavoie: Si cela avait été contre le principe,
notre motion n'aurait pas été acceptée, M. le
Président.
M. Bédard: D'ailleurs, le député de
Marguerite-Bourgeoys a concouru avec moi pour dire que le
président...
M. Lalonde: Faisant preuve d'une grande
générosité.
M. Bédard: Je suis heureux que vous soyez
généreux, mais je sais que vous êtes quand même
toujours d une certaine logique.
M. Lalonde: Je vais en profiter pour soulever une autre question
de règlement, M. le Président. Le ministre, dans ses derniers
propos, s'attache au parti politique et dit qu'on ne peut pas permettre
l'amendement parce qu'on parle d'un parti politique. Cela deviendrait partisan.
Je voudrais, au nom de la pertinence, qu'il relise I'amendement. L'amendement
parle d'un électeur, d'un groupe ou d'un parti politique".
M. Bédard: Si vous me laissez continuer, je vais
essayer...
Le Président (M. Clair): Je ne pense pas qu il s'agissait
d'une question de règlement. M. le ministre.
M. Lalonde: Oui, une question de pertinence.
M. Bédard: M. le Président, alors, sur la question
des partis politiques, je crois que cet amendement va justement à
l'encontre du projet de loi qui veut que la campagne référendaire
se fasse au-dessus de toute politique partisane, dans le sens du parti
politique. Ce serait le cas si on ouvrait la campagne
référendaire à un parti politi-
que avec autant de largesse sur le plan financier. Je ne m'étends
pas là-dessus; on en discutera quand viendra le temps aux articles
concernant les dépenses réglementées ou non
réglementées. Justement, l'esprit de la formation de ces
comités nationaux, c est de permettre une information plus objective de
la population concernant les options, c'est de permettre une définition
plus précise des options afin que la population puisse mieux se
prononcer.
M. le Président, même la Commission des droits de la
personne ne suggère pas un tel amendement. Elle propose plutôt
d'élargir les comités nationaux en y insérant des groupes
affiliés, mais tout en sauvegardant le principe voulant que la
population serait mieux informée si les opinions étaient
rassemblées sous des options claires et précises. Je trouve qu'il
faut penser toute notre mécanique non pas en fonction de nos
intérêts personnels ou de nos intérêts partisans
on a le droit d'en avoir, des intérêts partisans
mais en fonction de la population que l'on veut consulter, envers laquelle on
est redevable, on est responsable de se donner des mécanismes qui nous
permettent de lui présenter des options les plus claires possible, de
rendre le débat le moins compliqué possible, quoiqu'on ne puisse
pas éviter toutes les complications, de manière qu'elle puisse
exercer son jugement.
M. le Président, c'est dans ce sens que je dis que l'amendement
est contre un des principes de la loi. Ouvrir la campagne
référendaire à des partis politiques, même avec des
dépenses réglementées plus substantielles que ce que
propose le projet de loi, ce serait transformer une campagne
référendaire en une campagne électorale. Ce n'est surtout
pas cela qu'on veut. Ce n'est surtout pas cela, je pense, que l'Opposition
veut: qu'une campagne de consultation devienne une campagne proprement
électorale. Si c'est cela, écoutez... M. le Président, si
on veut une campagne électorale, il y a des mécanismes qui
permettent à un gouvernement de déclencher des élections
et de faire une campagne électorale. Si c'est une consultation de la
population, c'est une voie différente et ce sont, par conséquent,
des mécanismes différents qu'on doit mettre au point ensemble, en
s aidant.
Je ne vous dis pas qu'on a le monopole de la vérité. Je
vous dis, par exemple, que les recommandations ou encore les propositions qui
nous sont faites par l'Opposition cela n'est pas faire preuve
d'étroitesse d'esprit; je pense bien qu'on a le droit à nos
principes à l'intérieur de certains projets de loi doivent
s'inscrire à l'intérieur du respect de certains principes
auxquels nous tenons comme gouvernement. M. le Président, le leader de
l'Opposition m'a fait à deux reprises, hier soir et encore tantôt,
des mises en garde comme ministre de la Justice responsable de la Commission
des droits de la personne, à savoir de ne poser aucun geste qui soit de
nature à ce qu'une loi adoptée devienne contestée et soit
contraire à la Commission des droits de la personne.
Je le remercie de sa mise en garde. Je peux lui dire que c'est une de
mes préoccupations pas seulement comme ministre responsable de la
Commission des droits de la personne, mais je dirais comme tout citoyen qui
croit en une option, quelle qu'elle soit comme l'Opposition peut croire
en une option et qui veut essayer de se donner tous les
mécanismes possibles pour qu'une consultation de la population ne soit
pas une farce, mais qu elle s'inscrive dans un cadre bien précis qui
sauvegarde l'égalité des chances par, par exemple, un des moyens
dont on a parlé, à savoir, le contrôle des dépenses.
Le leader de l'Opposition m'a mis en garde de ce côté. Je peux
I'assurer que je vais prendre toutes les précautions nécessaires,
non seulement personnellement mais avec l'aide de tous ceux qui sont ici
à la commission, parce qu'on a tous avantage à faire une loi qui
ne soit pas l'objet de contestation. Je pense que c'est clair. (16 h 45)
Moi aussi je me permettrai de lui faire une mise en garde. Qu'il ne
pense pas que je l'accuse, que j'accuse l'Opposition officielle. Sous le
couvert de défendre les droits et libertés individuelles, il ne
faut pas que cela donne comme résultat, quand on parle du contrôle
des dépenses, de préserver une liberté, pas les
libertés et les droits individuels, mais une liberté qui serait
celle du renard dans le poulailler, c'est-à-dire cette liberté
que peuvent représenter les forces de l'argent, de pouvoir
dépenser autant qu'ils le veulent pour en arriver au résultat de
fausser une consultation.
Moi. j'y crois à la liberté des opinions. Je ne crois pas
que ce soit parce que quelqu'un a le porte-monnaie plus fourni ou mieux garni
que son opinion est nécessairement meilleure, qu'elle a le droit
nécessairement d'être plus véhiculée que l'opinion
de quelque individu qui ne serait pas fourni au niveau des moyens financiers.
C'est dans cet esprit que je dis. sous le couvert de défendre les droits
et libertés de la personne, prenons garde de défendre la
liberté du renard dans le poulailler.
A cette argumentation au niveau du contrôle des dépenses,
j'ai écouté le leader de l'Opposition avec beaucoup d'attention,
qui nous apportait certains exemples. Il nous disait, entre autres je
n'ai pas à qualifier, je prends ses exemples : On a gagné
en 1960 contre le parti de l'Union Nationale, puis on a gagné contre les
forces de l'argent, on a gagné contre le patronage, les forces de
l'argent, etc. Cela a pris 25 ans pour gagner, 20 ans qu'ils ont
été au pouvoir.
M. Lavoie: Pas tout à fait.
M. Bédard: Je suis convaincu que si le Parti
québécois ne s'était pas donné les moyens
financiers mais entre l'exagération puis ce qu'il faut pour
essayer de faire valoir des idées, ce sont deux choses si le
Parti québécois ne s'était pas, malgré toute sa
bonne volonté, malgré le fait qu'il aurait pu avoir raison sur
toute la ligne et c'est vrai pour le Parti québécois comme
pour n'importe quel autre parti s'il ne s'était pas donné
les
moyens financiers, on n'aurait peut-être pas eu le 15 novembre
1976 aussi rapidement. Les forces de l'argent, on a beau dire, à un
moment donné, on en vient à bout.
Vous savez, il y a une question de délai. Si cela prend 50 ans,
est-ce qu'on va être assez hypocrites pour refuser de contrôler les
dépenses en calmant sa conscience en se disant: Si on ne gagne pas le
premier référendum, on gagnera le deuxième, on gagnera le
troisième, on gagnera dans 50 ans? Est-ce qu'on va laisser ce pouvoir
financier empêcher l'expression ce à quoi ont droit les
citoyens l'expression de leurs intentions, l'expression de leurs
convictions? Je pense qu'il faut y arriver le plus rapidement possible. Et la
manière d'y arriver le plus rapidement possible et le plus
sécuritairement possible, c'est justement parce qu'il faut penser
à l'après-référendum qu'au lendemain du
référendum, chacune des parties, chacune des options, pour
quelque référendum que ce soit, ait la conviction qu'il y a eu un
mécanisme, qui n'était pas parfait, mais qui permettait quand
même aux diverses options de se faire valoir, qui a eu un contrôle
des dépenses, qui a été de nature à assurer une
égalité des chances. C'est important un référendum,
c'est important une consultation populaire, mais c'est important aussi
après une consultation populaire puis après un
référendum.
Même si on diffère d'opinion, tant qu'on a la conviction
que les règles du jeu sont égales pour tout le monde, on est
capable d'accepter de perdre n'importe quelle option, quelle qu'elle soit. Je
pense qu'il faut se donner les moyens, et c'est cela qu'on essaie de faire
aujourd'hui. On n'essaie pas de brimer les droits et libertés
individuelles, on essaie de se donner un mécanisme le plus parfait
possible, qui va satisfaire les uns et les autres, mais qui ne sera pas surtout
orienté en fonction de nos intérêts à nous, en
fonction du fait qu'il faut se donner de mécanismes qui nous fassent
gagner, en fin de compte. A ce moment, on ne se comprendra jamais. C'est pour
cela que c'est une loi-cadre. Quelque référendum que ce soit,
quelque importante que puisse avoir une consultation populaire, je pense
qu'elle doit se situer à l'intérieur d'un cadre
démocratique qu'on va se donner, pas parfait, mais suffisamment à
point.
M. le Président, c'est dans ce sens que je crois que l'amendement
qui nous est proposé va à I encontre du principe, au niveau des
partis politiques. On va parler des moyens qu'on donne, au niveau des groupes,
on va essayer de leur donner le plus de moyens possible, tout en ayant à
l'idée la sauvegarde des droits et libertés dont parle
continuellement l'Opposition. La même chose pour les individus; on va
essayer d'avoir cette préoccupation présente à l'esprit
continuellement lorsqu'on décidera des dépenses
réglementées et des dépenses non
réglementées. Par exemple, le député de Beauce-Sud
nous a donné certains exemples. Je pense que c est surtout là que
se situeraient les questions posées par le député de
Beauce-Sud. La loi, déjà, répond à plusieurs de ses
questions. S'il prend la peine de lire correctement les articles 25 et 26,
presque toutes ses questions ont leur contenu à ces articles.
M. Roy: Oui. Si vous me permettez, j'ai une question à
poser pour avoir une bonne explication du ministre.
M. Bédard: Oui.
M. Roy: Ce qui n est pas dit dans la loi, du moins ce que je n ai
pas saisi dans la loi, c est si un groupe social qui décide de tenir des
colloques doit être inscrit. Il a droit à un certain minimum de
dépenses à faire, mais doit-il nécessairement s inscrire
pour tenir ces colloques? C est là qu est le point.
M. Bédard: C'est là qu on discutera. Je ne peux pas
arriver avant le temps; je pense que c est là qu'on va avoir à en
discuter.
Au chapitre où nous sommes, nous discutons d'un mécanisme
bien précis qui est celui des comités nationaux. Nous discutons
aussi et je comprends qu on diverge un peu du principe du
contrôle des dépenses. C'est bien beau de dire que I'argent ne
change rien, mais parfois l'argent contribue à perpétuer des
situations inacceptables, parfois pendant 20 ans, parfois pendant 25 ans. A
moins d'être des gens qui se mettent la tête dans le sable, on a
l'obligation, non seulement comme législateurs responsables, mais comme
citoyens responsables, d'y penser sérieusement. C'est ce que j'ai
à dire à ce stade-ci, M. le Président.
M. Roy: II faut faire attention pour ne pas enfermer les
victimes. On parle des puissances de I'argent. Tantôt, le ministre
parlait du renard et du poulailler. Il y a deux façons de
protéger...
M. Bédard: Non, du renard dans le poulailler!
M. Roy: ... les poules. Les enfermer ou se débarrasser du
renard.
M. Bédard: On pourra peut-être en discuter! Mais il
y a certains renards vous en conviendrez avec moi qu il faudra
toujours accepter dans une société, à moins de brimer les
droits et libertés de la personne. La seule manière de limiter
leurs dégâts je ne parle pas de respecter leurs droits et
libertés c'est quand même, comme législateurs et
comme citoyens responsables, de se donner des règles précises,
comme on s en est donné avec la loi sur les élections, avec la
loi sur le financement et comme on veut s'en donner quand il s agit d'une
consultation.
M. Grenier: II y a aussi les bêtes puantes qui saignent les
poules aussi!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys et...
M. Roy: Prenez Beauce-Sud si vous me permettez.
M. Bédard: Le député de Beauce-Sud parlait
des possibilités pour des clubs sociaux, à l'occasion de soupers
organisés, d'inviter des gens qui ne sont pas dans le comité; il
est évident qu'ils ont le droit de les inviter, il est évident
que ces gens ont le droit d'y aller. Quelqu'un qui croit à une option ou
à une autre peut faire certaines dépenses personnelles par
exemple. Je ne parle pas du conférencier qui, à coups de $1000
comme rémunération, va multiplier les conférences. Il se
peut que, à un moment donné, on puisse douter si c'est pour les
$1000 ou ses convictions qu'il fait la tournée de la province. Ce sont
des choses...
M. Roy: Mais où cela arrête et où cela
commence?
M. Bédard: Où cela arrête, on le dit. On
pourra en reparler au bon moment. C'est qu'on permet à des groupes une
réunion, les frais qu'on pense normaux pour organiser une réunion
puis recevoir quelqu'un qui peut exprimer des idées. La même chose
concernant les individus. Quand vous allez arriver aux dépenses
réglementées et non réglementées, vous allez
être surpris de voir jusqu'à quel point, en fait, tout individu,
tous les individus peuvent participer, ainsi que les groupes, tout en
n'étant pas à l'intérieur. C'est là qu'on en
discutera.
Le Président (M. Clair): Messieurs, j'ai permis les
questions au député de Beauce-Sud parce que celui-ci n'avait pas
épuisé son temps de parole. Cependant, messieurs, le
député de Gatineau, qui a épuisé son temps de
parole, requiert l'autorisation de poser une question. Je pense bien que pour
une trentaine de secondes, personne n'aura d'objection. Son droit de parole est
épuisé.
M. Godin: On va vous faire une faveur. M. Paquette: Si
c'est une idée nouvelle.
Le Président (M. Clair): Je vous offre ma protection pour
une trentaine de secondes, M. le député de Gatineau.
M. Grenier: Vous n'avez pas mon consentement, moi.
M. Godin: Mais cela ne constitue pas un précédent,
M. le Président. M. le Président...
M. Grenier: J'aimerais bien qu'il me le demande, c'est bien
important.
M. Gratton: Moi, je n'ai rien à demander, c'est le
président qui s'occupe de cela.
M. Grenier: Cela me tenterait bien de ne pas le lui donner.
Le Président (M. Clair): Si vous voulez vous formaliser,
messieurs, son droit de parole est expiré.
M. Grenier: Non, non, accordé.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais simplement
demander au ministre...
M. Godin: Premièrement, cela prouve que les limites ont du
bon. Deuxièmement, est-ce que cela va constituer un
précédent?
Le Président (M. Clair): Cela n'a jamais la valeur d'un
précédent.
M. Godin: D'accord. C'est pour les droits, puisqu'on parle de
droits depuis qu'on est ici.
M. Lalonde: Non, la générosité ne
crée jamais de précédent.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je voudrais simplement demander au ministre s'il est
convaincu qu'en adoptant l'amendement qu'on propose à l'article 21, il
s'agit effectivement d'une négation d'un principe fondamental du projet
de loi. Il dit qu'il veut que la consultation populaire se fasse au-delà
de la partisanerie politique, et pourtant toute l'économie du projet de
loi vise, par exemple à l'article 22, les députés membres
d'un parti politique...
M. Bédard: Là vous parlez du comité
provisoire.
M. Gratton: Oui, mais qui va adopter les règlements? Je ne
voudrais pas faire de discours là-dessus parce que je n'en ai pas le
droit, mais est-ce qu'il ne craint pas qu'à ce moment-là on
pourra faire des règlements qui feront intervenir la partisanerie
quelque chose de rare?
M. Bédard: Oui, mais chaque parti, chaque comité
sera jugé. J'ai dit tantôt que c'était un défi qu'on
avait à relever, de quelque option qu'on soit, de faire des
règlements qui soient respectueux de la Charte des droits et
libertés de la personne et respectueux des différents groupes qui
pourront vouloir adhérer à un comité.
M. Gratton: On y reviendra à l'article 22.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
M. Bédard: Je me suis permis d'intervenir parce que, M. le
Président, je ne dis pas que c'est futile l'amendement qui a
été présenté, mais je voulais expliciter pourquoi,
avec conviction, en fait, on était contre. C'est parce qu'on sait qu'on
va en rediscuter l'application lors de l'étude des articles 25 et
26.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier, vous allez devoir requérir le même consentement, parce
que votre droit de parole est également épuisé.
M. Lalonde: Un tout petit consentement.
M. Godin: Une petite question de rien. Est-ce que les...
M. Gratton: On va le faire, mais à titre de faveur.
M. Lalonde: Et de privilège.
M. Godin: M. le Président, les règlements d'un
comité national devront-ils être soumis au conseil ou... Il n'y a
pas...
M. Bédard: II y a un comité national...
M. Gratton: Au jugement de l'opinion publique.
M. Godin: Cela, c'est votre règlement.
M. Bédard: L'opinion publique, c'est très fort. La
même chose, la Commission des droits et libertés de la personne
peut les regarder, peut donner des opinions là-dessus, peut-être.
Moi je pense qu'il y a la possibilité...
M. Lalonde: Mais c'est d'une largesse!
M. Bédard: ... ou la précaution de chacun des
comités quand ces règlements seront à point,
peut-être de les soumettre ou d'aller les soumettre pour analyse au
niveau de la commission. Chaque comité...
M. Lavoie: Vous n'avez même pas soumis votre projet de loi
en commission.
M. Bédard: Chaque comité. Bien oui, mais on...
M. Godin: C'est le Québec des libertés, M. le
Président.
M. Bédard: On ne fera pas un débat, on n'a pas
soumis le projet de loi et il reste une chose, c'est que l'opinion n'est pas si
contraire à ce qui est contenu dans le projet de loi, mais on ne fera
pas un débat là-dessus.
Le Président (M. Clair): Messieurs, la motion...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, le même consentement.
M. Lalonde: Non, non, M. le Président, vous m'avez dit
qu'il me restait trois minutes, je crois.
Ce matin vous m'avez dit cela. En fait vous me l'avez dit comme
cela.
Le Président (M. Clair): Vous avez raison, vous avez
encore trois minutes.
M. Lalonde: J'ai conclu que ce n'était pas trois heures.
Mais avant cela, je voudrais poser une question au ministre. Est-ce qu'il se
rend compte, parce qu'il a dit tantôt qu'il était ouvert à
des changements qui respectaient les objectifs recherchés, mais plus
loin, au niveau du financement, pour réconcilier les deux objectifs
importants, à savoir la liberté et aussi le contrôle des
dépenses. Est-ce qu'il se rend compte qu'en votant contre l'amendement
il se trouve à empêcher la commission de reconsidérer un
amendement semblable? (17 heures)
M. Bédard: Ce que j'ai dit, c'est qu'une loi. ce n'est pas
un ensemble d'articles, ce n'est pas 200 articles qui sont des
énoncés de principes. Il y a certains principes qui
émergent d'une loi. le principe du contrôle des dépenses,
le principe de l'égalité des chances, différents
principes. Mais on ne met pas cela dans chacun des articles. Vous ne voyez pas
l'égalité des chances dans le projet de loi. a aucun des
articles! Pourtant, c'est un des principes essentiels de ce projet de loi. Pour
faire un projet de loi. on part de certains principes qu'on veut respecter,
mais, article par article, les contenus doivent être tels, du point de
vue de la mécanique de rédaction, qu'en ressorte l'image du
respect des principes qu on a mis de l'avant.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Maintenant, est-ce
que. techniquement, s ils votent contre notre amendement, on ne pourra pas le
rapporter un peu plus loin, si jamais il devient acceptable en fonction
d'autres aménagements?
M. Bédard: On en est aux questions des principes. Je
pourrais bien arriver et dire: Je suis d'accord avec votre amendement, mais
sujet à la section II du projet de loi. Est-ce qu'on serait plus
avancé? On ne serait pas plus avancé.
M. Lalonde: II faudrait le suspendre à ce moment-la. Si
vous votez contre, on ne pourra pas le rapporter.
M. Bédard: Je pourrais bien prendre toutes les questions
de principe et dire: Je suis d'accord, mais sujet à l'application de la
présente loi. On ne serait pas plus avancé. Je pense que
l'essentiel de ce que vous vouliez amener, cela va pouvoir se discuter, pas
nécessairement au niveau de l'amendement tel que libellé, de
celui que vous avez présenté, lorsque nous allons discuter des
articles 25. 26. des dépenses, etc. C'est là que va se
dégager, comme je vous l'ai dit une ouverture. On aura une discussion
globale. Vous allez peut-être vous rendre compte que, dans les articles
25 et 26. dans les dépenses accordées, c'est bien plus large
qu'on peut le penser. Il y en a qui ont parlé de S1
milliard qu'il sera possible de dépenser. Si vous êtes
conséquents avec cela, j'espère que vous ne voulez pas que cela
soit plus que $1 milliard au niveau des possibilités. Je badine un peu
sur ce point, mais je crois que c'est là qu'il faut discuter.
M. Lavoie: Est-ce que je peux solliciter le consentement pour une
très brève question?
Une Voix: Avec faveur.
M. Lavoie: L'article 22 prévoit que les règlements
sont adoptés par les députés qui font partie d'un
comité provisoire. On a parlé tout à l'heure des
comités affiliés. Je pense bien que c'est normal que, dans les
règlements, le comité du oui ou du non dise: Pour que les groupes
puissent s'affilier à nous ou s'intégrer, vous allez respecter
I'option et les objectifs du groupe.
M. Bédard: L'objectif fondamental. D'ailleurs, la
Commission des droits de la personne je ne veux pas m'avancer plus qu'il
ne le faut semble dire assez clairement qu'il y a un objectif. C'est
clair qu'a partir du moment où un groupe veut embarquer il faut qu'il
respecte l'objectif.
M. Lavoie: L'objectif, bon. M. Bédard: Les
moyens?
M. Lavoie: Je vous pose I'hypothèse suivante et je ne veux
pas en faire une question politique.
M. Bédard: Mais je ne veux pas m'avancer.
M. Lavoie: Dans le référendum que nous avons tous
à l'esprit, supposons que la question du groupe majoritaire
gouvernemental serait la souveraineté-association, mandat de
négocier ou d'instituer au Canada la souveraineté-association du
Québec, et que vous auriez un groupe comme les Fils de la liberté
qui dise: Non, nous, c'est la séparation totale. Ce ne sont plus les
mêmes options, ni les mêmes objectifs. Comment va faire un groupe
comme celui-là pour participer à la campagne
référendaire? Donnez-moi une réponse à cela.
M. Paquette: Ils vont être pour ou contre. C'est tout.
M. Bédard: Je ne veux pas...
M. Paquette: S'ils sont contre, ils vont voter contre.
M. Bédard: Je ne veux pas préjuger de ce que
seraient les règlements des différents comités. A partir
du moment ou ils sont respectueux des droits et des libertés de la
personne, qu'ils ont des critères qui se défendent très
bien devant la population... Si quelqu'un ne respecte pas ces critères
objectifs, il y a des moyens à ce moment-là... C'est pour cela
qu'on a prévu dans la loi...
C'est un choix. Disons qu'ils ne veulent être ni dans un
comité, ni dans l'autre...
M. Lavoie: Disons qu'ils ne veulent ni l'un ni l'autre, que
peuvent-ils faire?
M. Bédard: On en parle dans les articles 25 et 26.
M. Lavoie: Disons qu'ils sont 2000 membres bona fide, que
peuvent-ils faire?
M. Bédard: Je ne veux pas embarquer dans toute la
mécanique, mais c'est très simple. C'est un choix d'être
dans un comité ou pas.
M. Lavoie: Ils ont le choix de rester en dehors des
comités.
M. Lalonde: Ils ont le droit de se fermer ou de parler.
Le Président (M. Clair): Messieurs...
M. Lalonde: M. le Président, il me reste trois
minutes.
M. Bédard: Vous n'êtes pas correct. M. Godin:
Un instant.
Le Président (M. Clair): Comptons 30 secondes. Il reste
deux minutes et demie au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je n'en aurai pas assez pour repasser tous les
arguments, pas à cause de leur valeur, cela prendrait du temps. Il y en
a eu plusieurs. Par exemple, le député de Rosemont m'a dit qu'on
met les autres partis dans la rue, par mon amendement. C'est faux. C'est
techniquement faux. Les autres partis ont le choix de venir dans le
comité ou non, s'ils veulent bénéficier du remboursement.
Il y a une hésitation à venir dans le comité...
M. Paquette: M. le Président, me permette-riez-vous
des...
M. Lalonde: II me reste deux minutes. Sur la motion principale on
pourra en reparler. Cela m'apparaît donc faux. On a beaucoup
invoqué la loi électorale pour dire: Vous avez vous-même
passé la loi électorale qui limite les dépenses. Mais
là où on fait la confusion, et où on entretient
l'ambiguïté, c'est que, dans la loi électorale, on ne limite
pas les partis. Si on le faisait, je suis sûr que mon voisin de gauche,
le député de Mégantic-Compton, serait le premier à
s'opposer. Il est membre d'un troisième parti en nombre, à
l'Assemblée nationale. Ce serait à bon droit qu'il s'opposerait
à ce que, dans la loi électorale, on limite le nombre des partis
à deux et qu'on oblige tous les électeurs à ne pas
s'impliquer dans le débat électoral ou à faire partie d'un
des deux
partis. C'est ce qu'on fait actuellement avec la structure carcan.
M. Bédard: Vous rendez-vous compte...
M. Lalonde: On oblige les gens soit à participer, alors il
faut que ce soit dans une des deux options, soit à ne pas participer,
sauf peut-être à la faveur de l'article 26, avec des contraintes,
des limitations. La Commission des droits de la personne dit, au
début... M. le Président, est-ce que je pourrais avoir la
parole?
Le Président (M. Clair): Vous avez la parole.
M. Lalonde: Merci. M. le Président. Le ministre parlait
tantôt des S300. Qu'il n'oublie pas qu'en haut de la page huit de son
opinion, la Commission des droits de la personne, à propos de cette
ouverture très minime, dit: "Que dire, sinon pu il s'agit d'un minimum".
C'est un minimum et la commission l'affirme. La comparaison de la loi
électorale vis-à-vis de cette loi référendaire m
apparaît boiteuse et injuste.
Ce que l'on veut, c'est limiter les dépenses. Parfait. Si nos
$3000 sont trop élevés, qu'on en discute. Qu'on dise que c'est
$2000 ou $200. Enfin, on peut en arriver à un consensus, mais qu'on ne
mêle pas les gens. C'est en limitant les options, la participation
à des parapluies, à des comités nationaux qu'on brime la
liberté et l'association. Ce n'est pas en...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, deux minutes et demie, c'est vite passé. C'est
déjà fini.
M. Lalonde: M. le Président, tout ce que j'ai à
dire, je vais le dire sur la motion principale. Je n'ai pas parlé,
d'ailleurs.
M. Grenier: M. le Président, combien de temps me
reste-t-il sur l'amendement?
Le Président (M. Clair): II vous reste neuf minutes.
M. Grenier: Je ne prendrai pas mes neuf minutes bien sûr.
L'appréciation que j'ai donnée cet avant-midi sur l'amendement
qui est présenté par le député de
Marguerite-Bourgeoys, je la maintiens, bien sûr. Je la maintiens parce
que je sais que le gouvernement a fait son nid. Et à notre façon
de nous battre, une fois qu'on a fait valoir nos arguments et qu'on sait que le
gouvernement a fait son nid. on tente d'en sortir. On tente de passer à
autre chose. Se battre à un. on se bat moins longtemps qu'on se bat
à trois, surtout lorsqu'on n'a pas toujours l'intention d'utiliser nos
20 minutes. Malgré l'allusion que faisaient différents
députés du Parti libéral à mon argumentation de cet
avant-midi, je la maintiens. Je sais qu'on va procéder aux articles
suivants principalement à l'article 26. On sait que les individus auront
leur mot à dire. Je sais que ce seront des cas d'exception qui
arriveront. Il est sûr que si la question était la
souveraineté-association, il y aurait des cas marginaux. C'est sûr
que les Fils du Québec seront probablement mal à l'aise dans la
question du oui au référendum. Il est sûr que le
représentant de M. Shaw, de Notre-Dame-de-Grâce, va être mal
à l'aise aussi, dans la question du non. Cela n'ira pas assez loin des
deux côtés. Cela demeure quand même des cas marginaux.
Il reste qu'à l'intérieur de cela il y a des questions qui
ressembleraient à celle-là, celle vers laquelle on semble se
diriger; il n'y a pas un malaise profond dans les comités nationaux. Si
la question devait avoir tous ces volets de toute évidence, je dis
cela depuis le début à savoir qu'on peut offrir dans cette
question soit la séparation, par exemple, l'indépendance et la
souveraineté-asssociation ou bien, encore, l'autodétermination,
là, je peux vous dire une chose, c'est qu'il y aura de
l'hésitation de la part de plusieurs groupes, plusieurs partis
politiques, entre autres. Je vois M. Roy naviguer là-dedans, je vois M.
Samson, l'Union Nationale et le Parti libéral. Je vois également
le représentant de M. Shaw dans le comté de
Notre-Dame-de-Grâce. Ce ne sera pas encore assez loin. Il faudrait une
position pour le statu quo pour certains de ceux-là. C'est même
trop pour les provinces.
D'après moi, ce ne sera pas une question limpide, ce ne sera pas
une question claire, ce ne sera pas une question qui amène une
réponse précise et claire, comme on le dit depuis ledébut.
A ce moment-là, il y a une limite à charrier aussi. Il y a une
limite à le dire. Quand on est une formation politique qui demande un
référendum depuis près de dix ans, on veut aussi, dans les
faits, passer au référendum. Je ne voudrais pas appartenir
à une formation politique qui dit: On veut le référendum
et, ensuite, ne pas vouloir la loi, ou poser des gestes, perdre tant de temps,
comme si on ne voulait pas la loi. C'est à cela que je faisais
allusion.
Ce qui s'est dit, de ce côté-ci, je passerai vite dessus.
On en a fait bien d'autres. On en a fait de pires que cela à l'ancien
ministre qui a quitté. Quand j'entendais le leader parlementaire qui a
dit qu'il était passé dans la tordeuse de Duplessis, il serait
mieux de passer dans la tordeuse d'épinette parce qu'elle extermine
jusqu'au dernier, elle. Cela me fait sourire quand j'entends cela.
M. Lavoie: C'est gentil, cela. C'est très gentil.
M. Grenier: Ce serait gentil, si cela allait comme cela, des
interventions. C'est comme cela que l'Union Nationale n'aimait pas à se
préoccuper et votait à la légère, comme l'a dit le
député de Gatineau. C'est désagréable de se faire
dire cela, de ce côté-ci de la table. On fait notre travail. S'il
est un membre assidu à la commission, c'est celui qui vous parle
actuellement. Je fais des débats tels que je dois les faire. Quand on me
dit qu'on choisit les positions faciles, non, on ne choisit pas les positions
faciles. Je veux répondre selon les aspirations des
Québécois. Je ne suis commandé par personne, moi par
aucune formation politique autre que la mienne, ici. Jen'ai de comptes à
rendre à personne à Ottawa. Je donne ma position.
M. Lavoie: Sauf à M. Clark.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: Ne vous en faites pas. C'est peut-être à
ce moment-là qu'on aura des choses sensées qui se diront, quand
on sera débarrassé de celui qui est là. Quand le journal
La Presse dit qu'il y a du personnel de soutien qui devrait se recycler et
aller à Montréal rencontrer le nouveau chef du Parti
libéral, je pense que ce sont les gens assis à la table qui
devraient aller se recycler. Ce n'est pas le personnel de soutien.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Grenier: Ce n'est pas moi qui l'ai mis à l'honneur,
c'est votre chef qui I'a mis à l'honneur en lui demandant de se rendre
à Montréal et de le rencontrer une couple de fois par semaine. Je
pense bien que je vais faire savoir à M. Ryan que ce n'est pas lui qui a
besoin d'être recyclé. Il a l'air d'être plus dans le
courant que certains autres.
M. Lavoie: Vous devriez aller en pèlerinage.
M. Grenier: M. le Président, la différence, c'est
qu'on ne fera pas de ce référendum une question
électorale, nous. On va passer nos arguments.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: Tout à l'heure, ce que vous avez dit
était fort désagréable pour moi, M. le
député de Gatineau; je me suis tu. J'ai eu cette politesse, moi.
Pourtant, on est allés à la même école. On aurait
dû apprendre les mêmes choses. Comme on n'a pas le même
niveau intellectuel, on n'apprend pas aussi vite l'un que l'autre.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: De grâce, oui! M. le Président, on ne
fera pas de campagne électorale autour de la loi, nous. C'est cela, la
différence, peut-être, entre les deux formations. On a vu que le
gouvernement a fait son nid. Je sais qu'il y a des anomalies dans les
comités nationaux. Je l'ai signalé, le gouvernement l'a
signalé et on le signale. Il faut arrêter et il faut passer
à autre chose. C'est cela, notre but et c'est cela qu'on a compris, nous
autres, depuis qu'on est revenus ici, à Québec. Il y a des
changements. On ne doit plus continuer d'être ce qu'on a reproché
tout à l'heure à un ancien gouvernement qui était celui de
l'Union Nationale, à ce moment-là, et auquel on a fait allusion.
On ne veut pas être cela. On ne veut pas être comme la
dernière formation libérale qu'il y a eu, non plus. On ne veut
pas être cela. On veut être un parti qui a
décidéd'étre efficace, ici, au Québec. C'est le but
de notre formation.C'est désagréable de se faire dire des choses
comme il s'en est dit tout à l'heure. On va faire notre travail comme on
doit le faire ici.
Les comités nationaux, ce n'est pas une fin, bien sûr, ce
sont des outils. Ils sont importants. On le sait et on le réalise. Je
sais que les groupes que j'ai cités cet avant-midi, les Fils du
Québec seront malheureux autant que l'autre groupe du
député de Notre-Dame-de-Grâce, là-bas; ils seront
malheureux dans l'une ou l'autre des formations. C'est ce que je voulais dire.
S'ils ne veulent pas adhérer, ils en auront les moyens, mais ils
représentent quand même des écarts, ils représentent
des extrémistes, des extrêmes dans la province, ce monde. On ne
peut pas faire une loi pour embarquer tout le monde également. Cela
n'est pas possible. Cela n'arrive pas. (17 h 15)
Si la question devait être celle qu'on entend sur le
référendum qu'on a à l'esprit, j'ai l'impression qu'on va
ramasser dans cette loi, dans l'une ou l'autre des options, à peu
près à 95% des Québécois qui vont se satisfaire de
l'une ou l'autre des options. D'ailleurs, M. le Président, vous
n'êtes pas sans savoir que même actuellement, il existe un
comité préréférendaire à Montréal et
je voisine le député de Rouyn-Noranda, je voisine le
député de Beauce-Sud, je voisine également le
député de Laval, je voisine d'autres personnes qui sont dans
d'autres comités, et je n'ai pas l'impression que cela va si mal que
cela...
Ah oui, lui, j'aime mieux ne pas en parler trop longtemps. On en a vu
d'autres là-dedans.
M. Godin: "Strange bedfellows".
M. Grenier: II reste une chose, c'est qu'il y a moyen de
s'entendre et pourtant ce n'est pas du monde qui partage les mêmes
opinions. Arrêtons, de grâce, de faire ici des heures et des heures
de travail pour en arriver à des éléments de solution
qu'on va probablement trouver acceptables dans quelque temps quand on aura
usé assez d'heures. Maintenant, cette différence, c'est que pour
nous c'est notre façon de faire une Opposition qui ne plaît
peut-être pas à certaines personnes pour moi, ce qui vient
du gouvernement, ce n'est pas nécessairement mauvais au départ. J
attends de voir la preuve. Quand ce n'est pas prouvé que c'est
nécessairement mauvais, on appuie, à ce moment. C'est ce qui fait
la différence avec d'autres.
Oui, on a appuyé quand cela a été le temps. Il faut
admettre que tout ce qui s'est fait par ce gouvernement n'a pas
été nécessairement mauvais, comme semble toujours le dire
l'Opposition libérale.
M. Lalonde: Pas toujours.
M. Grenier: Bon. Ce qu'il faut préparer actuellement, je
pense...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs.
M. Grenier: Votre temps est épuisé, cela fait
longtemps. J'aimerais bien qu'on me laisse terminer.
Le Président (M. Clair): A I'ordre, s'il vous
plaît.
M. Lavoie: Avez-vous une formule pour adhérer au oui? Je
vais vous la signer tout de suite.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît. Messieurs, M. le député de
Mégantic-Compton...
Une Voix: On va l'avoir.
Le Président (M. Clair): A I ordre, s'il vous
plaît.
M. Bédard: Si j'ai bien compris les propos du
député de Mégantic-Compton concernant la question, il se
réservait de la connaître évidemment avant de dire oui ou
non. Il y en a d'autres qui ont décidé de dire non avant de la
connaître.
M. Lalonde: Nous autres, on connaît des ajournements.
Le Président (M. Clair): Messieurs, avant de...
M. Grenier: M. le Président, je voudrais terminer...
Le Président (M. Clair): Avant de redonner la parole au
député de Mégantic-Compton ce que je vais dire
s'adresse tant aux ministériels qu'aux députés de
l'Opposition officielle celui-ci est seul à représenter sa
formation politique au niveau des membres de cette commission. Je pense qu'il
ne peut pas compter sur d'autres pour faire du bruit. Je vous prierais donc
d'être respectueux de son droit de parole. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je termine avec cela.
J'espère bien que les gens qui peuvent être présents ici et
les media d'information jugeront les minus habens de ma droite qui n'ont pas
encore compris qu'on peut avoir un droit de parole ici, qu'on peut ne pas
partager les mêmes opinions à l'occasion et qu'on a le droit de
s'exprimer. M. le Président, ce qu'on veut dans cette loi, nous, ici,
c'est qu'on sait que le gouvernement a des idées, qu'il exprime dans ses
articles de loi. Nous allons nous battre honnêtement en faisant nos
amendements, tel qu'on l'a dit et tel qu'on continue de le faire, et ensuite,
on va tenter de faire en sorte que les gens se sentent sécurisés
autant que c'est possible et qu'ils sentent après le
référendum qu'on n'a pas été "hold-uppé"
d'un bord ou de l'autre.
Ce qu'il faut préparer dans cette loi, c'est déjà
l'après-référendum. C'est pour cela que je voudrais que
cela fasse, quand c'est possible, bien sûr, le plus large consensus, mais
la formule des comités nationaux n'est pas nécessairement
mauvaise. Si on prenait l'autre, elle ne serait pas non plus
nécessairement bonne. C'est là-dessus qu'il faudrait s'entendre
et j'ai hâte de voir venir les autres articles. Dans le moment, pour
celui-là, je vais vous dire une chose, c'est que l'amendement qui a
été proposé par le député de
Marguerite-Bourgeoys, je le trouve moins bon que la formule des comités
nationaux et je voterai contre.
Le Président (M. Clair): II n'y a pas d'autres
intervenants sur ma liste, je demande si la motion d'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys sera adoptée.
M. Lalonde: Adopté.
M. Lavoie: Adopté.
Une Voix: Appel nominal.
Le Président (M. Clair): L'appel nominal est demande.
Veuillez indiquer si vous êtes pour ou contre l'adoption de la motion
d'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys. M. Bédard
(Chicoutimi).
M. Bédard: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. Vaillancourt
(Jonquière).
M. Vaillancourt (Jonquière): Contre. Le President (M.
Clair): M. Godin (Mercier). M. Godin: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Beauséjour.
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Gratton.
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Grenier.
M. Grenier: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Laberge.
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie.
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Paquette.
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Roy.
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Samson... A l'ordre, s'il vous
plaît. Le résultat est le suivant: Pour la motion, 3. Contre, 7.
La motion est rejetée.
M. Bédard: M. le Président, nous sommes prêts
à voter sur l'article 21.
M. Lalonde: M. le Président, sur l'article 21...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... je pense que je n'ai pas tellement pris de temps.
J'ai présenté un amendement seulement. Tous les arguments qui
militaient en faveur de la motion d'amendement et qui seraient contre le
règlement comme tels sont valides en ce qui concerne le plaidoyer qu'on
peut faire à l'encontre de l'article 21.
C'est à l'article 21 que se dessine le carcan que le gouvernement
a décidé d'imposer aux Québécois en ce qui concerne
un débat référendaire. On a assimilé la
nécessité de contrôler les dépenses
référendaires à la nécessité de
contrôler les dépenses électorales. Je pense que j'ai eu
l'occasion, un peu plus tôt, de faire la distinction entre la
nécessité de contrôler les dépenses
électorales pour empêcher l'achat de charges publiques et celle de
contrôler les dépenses référendaires pour
empêcher des excès en ce qui concerne la manipulation de l'opinion
publique. Ce sont deux situations différentes.
Je pense que le gouvernement devrait s'imposer une réflexion pour
nous proposer des mécanismes différents, parce que les situations
sont différentes. Mais non, on a simplement appliqué tout le
mécanisme de contrôle des dépenses électorales au
contrôle des dépenses référendaires, sauf qu'on
s'est buté au problème des options. C'est vrai que ce serait
difficile de contrôler les dépenses de façon globale,
disons, au niveau référendaire si on avait plus que deux options,
si on permettait des dépenses à l'extérieur de structures
bien étanches comme on le fait actuellement. C'est vrai que ce serait
plus difficile.
D'ailleurs, je me souviens que le ministre de la Justice tantôt
disait quelque chose comme ceci: II n'y a pas d'autre moyen. C'était la
conclusion qu'il apportait. Je ne pense pas que ce soit vrai. Je pense qu'on
pourrait, quitte à réexaminer le projet de loi, que ce soit au
niveau des contributions individuelles ou autrement, s'arranger pour qu'il n'y
ait pas cet excès, cette exagération de dépenses
globalement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
l'amendement a été défait; nous en sommes maintenant
à parler sur l'article 21. Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys est complètement en dehors de la pertinence du
débat lorsqu'il parle du contrôle des dépenses.
M. le Président, je pense que vous auriez même
intérêt à lire à haute voix l'article 21 où
on parle des devoirs ou des charges que doit remplir le secrétaire
général de l'Assemblée une fois que la question est
adoptée et où on parle des délais qui sont accordés
aux députés pour s'inscrire dans l'une ou l'autre des options.
Mais en aucun endroit, M. le Président, dans cet article, on ne parle du
contrôle des dépenses. Je vous soumets bien respectueusement que
les dépenses réglementées et non
réglementées sont aux articles 25 et 26. Bien calmement, je vous
dis que vu que nous avons été très souples quant à
la pertinence du débat, que nous avons permis une discussion
générale et globale de tout le chapitre, maintenant, je pense
qu'il serait de mise qu'on étudie les articles l'un après l'autre
et qu'on s'en tienne à la pertinence du débat,
c'est-à-dire à l'étude de la motion principale qui est
constituée ici par l'article 21 lui-même.
M. Lalonde: M. le Président, il est étrange
d'entendre le député de Jonquière plaider de cette
façon, alors que le ministre, il y a quelques minutes, vantait les
vertus d'une délibération plus large. Mais, quand même,
c'est son droit de le faire. Sur la question de règlement...
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement.
M. Lalonde: ... je vous ferai remarquer que c'est à
l'article 21 qu'on plante le clou en ce qui concerne la limitation des options.
C'est ici qu'on dit, dans le deuxième alinéa, que le
secrétaire général de l'Assemblée doit faire
parvenir à chaque membre de l'Assemblée nationale un avis
à l'effet que celui-ci peut s'inscrire en faveur dune des options
soumises à la consultation populaire. On a demandé pourquoi, M.
le Président, et vous avez justement permis des
délibérations là-dessus. On a dit: c est pour le
contrôle des dépenses. La seule raison, c'est pour le
contrôle des dépenses.
M. Bédard: Là vous vous excitez, n'importe quel mot
donnerait ouverture...
Le Président (M. Clair): Un instant. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, pour disposer de la question de
règlement soulevée par le député de
Jonquière, j'aimerais vous rappeler que, à mon point de vue,
comme je l'ai déjà indiqué d'ailleurs, l'article 21 fait
surtout état de deux principes: soit celui des obligations du
secrétaire général de l'Assemblée nationale d
informer le directeur général des élections d'un certain
nombre de choses et, deuxième obligation, celle qui est faite aux
députés de s'inscrire auprès du directeur
général des élections en faveur d'une des options soumises
à la consultation populaire.
Vous avez raison sur le fait que, dès l'article 21, tous les
députés ont l'obligation de s'inscrire en faveur de l'une ou
l'autre des options. Cependant, il s'agit là non pas du principe
même de l'article 21, mais d'un aspect qu'on retrouve in fine à
l'article 21. Je vous prierais d'être très attentif à la
pertinence du débat concernant l'article 21. Je ne veux pas être
plus restrictif qu'il ne le faut mais, quand même, je pense que ce n'est
pas être restrictif que de rappeler à un député
qu'il aura l'occasion, à un autre endroit peut-être, de discuter
avec plus de pertinence d'un point de vue qu'il défend.
M. Bédard: M. le Président, est-ce que vous
continuez la discussion sur...
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie de votre
décision.
M. Bédard: Est-ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys me permettrait une chose sur cet article?
M. Lalonde: C'est pertinent?
M. Bédard: Oui, je le crois. Enfin, on verra
après!
Des représentations ont été faites, hier soir, par
le député de Mégantic-Compton et je crois que
d'autres les ont également évoquées concernant le
délai de sept jours qui se situait, tel que rédigé,
à l'intérieur de l'avis de trois jours que devait faire parvenir,
à chaque membre de I'Assemblée nationale, le secrétaire
général de l'Assemblée, aux fins d'informer le
député qu'il pouvait adhérer à une option ou
à une autre. Je n'ai pas d'objection que ces sept jours soient en dehors
des trois jours, qu'ils soient additionnés aux trois jours. Je ne suis
pas un technicien, mais cela permettrait de lire l'article comme suit: "II doit
également, dans les trois jours, faire parvenir à chaque membre
de l'Assemblée nationale du Québec un avis à l'effet que
celui-ci peut, dans les sept jours qui suivent, s inscrire auprès du
directeur général des élections en faveur d'une des
options soumises à la consultation populaire".
M. Gratton: Mais, là, vous venez de couper dans le
délai de 20 jours de I article 13.
M. Bédard: Non, cela ne coupe rien.
M. Gratton: C'est bien sûr! Si vous enlevez trois jours
durant lesquels les députés vont être convoqués par
le président général des élections et adopter les
règlements, etc.
M. Bédard: Non, si vous n êtes pas d'accord...
M. Lalonde: Pour allonger cela, il faut allonger le reste.
M. Roy: II faut allonger les 20 jours nécessairement.
M. Bédard: Non, pas nécessairement.
M. Lalonde: Non, pas nécessairement, mais cela comprime le
reste.
M. Bédard: C'est qu'on a quand même fait ressortir
I'importance de faire des règlements. En tout cas, dans cette optique,
cela n'empêche pas...
M. Gratton: Vous prenez trois jours pour faire les
règlements, en prolongeant... C'est sûr, cela saute aux yeux. On
ne pourra pas être convoqué à la réunion où
on va accepter les règlements avant dix jours, si vous mettez les sept
jours successifs aux trois jours.
M. Bédard: Disons qu on a deux choses à concilier.
J'essaie de le faire, peut-être que je me trompe. D'abord, donner le
temps aux parlementaires, peut-être deux ou trois jours de plus, pour
faire les règlements, puisque c'est un des éléments
importants, au niveau du fonctionnement du comité, ou encore il y a
I'autre préoccupation qu'on peut avoir que cela enlève
peut-être trois jours de délai à des groupes pour
s'inscrire...
M. Gratton: C'est là où il y aurait
peut-être...
M. Bédard: En faisant l'évaluation et je ne
veux pas en faire une longue discussion je serais d'accord.
M. Lalonde: C'est une ouverture. Je pense qu'il faut l'examiner
à sa valeur. Par contre, on peut étendre cela à 20 jours
à 25 ou 30 jours...
M. Bédard: Je n'appelle même pas cela une ouverture,
c'est une réaction à certaines représentations qui ont
été faites.
M. Lalonde: M. le Président, je remercie le ministre de
son ouverture. Il reste que...
(17 h 30)
M. Bédard: Je vous remercie de votre fermeture...
M. Lalonde: M. le Président, je ne suis pas fermé
du tout.
M. Bédard: ... d'esprit.
M. Lalonde: Je ne suis pas du tout fermé à la
suggestion du ministre. Je pense que c'est une ouverture oui mérite
d'être examinée, sauf qu'il est vrai que, si on limite les vingt
jours quoique c'est un minimum et on ouvre trois jours à
l'intérieur, on enlève trois jours pour le reste, c'est
mécanique. M. le Président, cela ne touche quand même pas
le principe: ce qui est important dans cet article, c'est qu'on voit là
déjà l'obligation pour les députés de s'inscrire
pour l'une ou l'autre des options et leur impossibilité qu'ils puissent
militer à I'extérieur des comités nationaux. C'est ce qui
m'apparaît le défaut essentiel de ce projet de loi en ce qui
concerne l'organisation du référendum.
On a tenté de l'ouvrir, cela a déjà
été fermé, M. le Président, mais je dois vous
expliquer pourquoi je suis contre. On tente d'assimiler cette loi à la
Loi électorale, mais jamais dans la Loi électorale on n'aurait le
culot de limiter le nombre des partis, le nombre des mécanismes, le
nombre des instruments politiques que sont les partis politiques. Le
comité national est un instrument politique aussi pour le
référendum. Dans la loi on les limite, à telle enseigne
qu'on ne pourra pas militer à l'extérieur, sauf en ce qui
concerne le bénévolat et les quelque $300 que l'on permet pour
une réunion dans l'articie 26, mais je vais enfreindre le
règlement, M. le Président, si je continue dans cette
ligne.
M. le Président, comment convaincre le gouvernement que la
limitation des comités nationaux est une atteinte directe aux
libertés fondamentales? Ce n'est pas parce qu'on limite plus tard les
dépenses on y verra quand on arrivera là c'est
parce qu'on limite le nombre de canaux au travers desquels les citoyens peuvent
s'exprimer, peuvent militer, peuvent dépenser de l'argent; cela prend de
l'argent, tout le monde le sait, pour vivre et pour s'exprimer. C'est parce
qu'on limite ce nombre de canaux, comme le dit le deuxième alinéa
de l'article 21, qu'on brime. C'est reconnu par la Commission des droits de la
personne, c'est de là et non pas de la limitation des dépenses
que vient la brimade, que vient la contrainte.
La commission a tenté vaillamment, il faut le reconnaître,
d'ouvrir ce carcan en suggérant des comités affiliés, mais
il va de soi que, si on conserve le même contrôle un peu plus loin,
on arrive au même résultat. La contrainte demeure; au lieu d'avoir
un comité, on aura un comité et trois, quatre, cinq ou cent
sous-comités, mais on aura quand même une seule enveloppe et un
seul contrôle. On continuera à être dans une situation
où on brime la liberté d'association, la liberté
d'expression des gens. Il me semble que c'est extrêmement important. Je
vois qu'il semble que les journaux intéressent plus le membre que mes
propos. M. le Président, on voit jusqu'à quel point...
M. Bédard: Vous ne disiez pas cela à mon
endroit.
M. Lalonde: Non, pas à l'endroit du ministre.
M. Bédard: Je n'ai aucun journal dans les mains.
M. Lalonde: Non, non, pas à l'endroit du ministre, le
ministre est très attentif. J'aimerais par exemple qu'il tente de
s'imposer cette réflexion, à savoir que ce n'est pas la
limitation des dépenses, le contrôle des dépenses qui
briment, c'est la structure. Si par exemple vous disiez à chaque
citoyen: Vous avez le droit de dépenser $1...
M. Bédard: Si je comprends bien la ligne de force du
député, c'est qu'on laisse de côté le contrôle
des dépenses; là c'est la structure.
M. Lalonde: Bien c'est cela, parce que je n'ai pas le droit de
parler du contrôle des dépenses c'est plus loin.
M. Bédard: Oui. oui, très bien.
M. Lalonde: II faut que je m'en tienne à la structure, qui
est à l'article 21. Si vous disiez, par exemple, on permet $1 par chaque
citoyen pour dépenser à un référendum. A ce
moment-là, quelles que soient les structures, chacun aurait sa
liberté, limitée, pour éviter justement l'orgie des
dépenses dont on parlait tantôt. J'emprunte le mot à
d'autres. Mais on laisserait aux gens la liberté de s'exprimer comme ils
veulent, quand ils veulent, alors que pour des raisons qui m'apparaissent
beaucoup plus appartenir au paternalisme d'Etat ce qui est très
mauvais, ce que je refuse et ce qui va d'ailleurs militer en faveur de mon vote
contre cet article on devrait justement ouvrir, pour donner la
liberté aux gens de s'exprimer, mais en limitant les dépenses
autrement. Pourquoi, nécessairement, justement en s'inspirant d'un
paternalisme d'Etat, imposer à la population deux canaux d'expression
seulement? C'est cela qui est inacceptable. On est pour, peut-être, on
l'a dit, des comités nationaux pour organiser le débat. Je n'aime
pas le mot "simplifier" le débat que le ministre a emprunté
à son collègue le député de Maisonneuve, parce que
quand on commence à simplifier un débat, on peut terminer en
manipulant l'opinion publique. Il faut faire confiance à l'intelligence
des gens.
M. Bédard: Je l'ai apporté...
M. Lalonde: Quand bien même on aurait 12 comités ou
36 comités, pourvu que, globalement, on ait un certain contrôle
sur les dépenses, les gens sont assez intelligents pour croire ceux qui
sont crédibles. Qu'on fasse confiance aux gens. Cet article et les
articles qui suivent sont dans le même sens, ils sont odieux au niveau de
la liberté d'association. Malheureusement l'amendement qui a
été suggéré par le ministre un peu plus loin ne
réglera pas le problème. Donc, nous allons voter contre cet
article.
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): L'article 21 sera-t-il
adopté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté. M. Grenier:
Sur division.
M. Lalonde: Naturellement, sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Adopté sur division.
M. Lalonde: En fait, M. le Président, si ce n'est pas trop
tard, je demanderais un vote nominal. Je voudrais enregistrer mon vote; que ce
soit dans le journal des Débats que les députés
libéraux sont contre cet article.
M. Bédard: C'est avec plaisir que je voudrais enregistrer
le mien aussi, M. le Président, parce que cela répond à
mes convictions.
Le Président (M. Clair): Veuillez indiquer si vous
êtes pour ou contre l'adoption de l'article 21.
M. Vaillancourt (Jonquière): Avec le consen-
tement, on peut reprendre le vote pour qu'il soit nominal.
Le Président (M. Clair): Je pense qu'on n'a pas avantage
à être formaliste sur cette question.
Veuillez indiquer si vous êtes pour ou contre l'adoption de
l'article 21. M. Bédard (Chicoutimi).
M. Bédard: Pour.
M. Grenier: Avant le vote, c'est bien sûr que l'amendement
a été rejeté tout à l'heure? On ne revient pas sur
cet amendement? Là, on vote sur le principe des deux articles?
M. Bédard: Sur l'article.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur l'article.
M. Godin: II tente d'influencer le vote. Il y a un
règlement qui interdit cela.
Le Président (M. Clair): C'est l'article tel qu'il
apparaît au projet de loi. J'insiste là-dessus. M. Bédard
(Chicoutimi).
M. Bédard: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Vaillancourt
(Jonquière).
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour.
Le Président (M. Clair): M. Godin.
M. Godin: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Beauséjour.
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Gratton.
M. Gratton: Contre.
Le Président (M. Clair): M Grenier.
M. Grenier: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Laberge.
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Paquette.
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie.
M. Lavoie: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Roy. M. Samson. Le
résultat est le suivant. Pour l'adoption de l'article 21, 6; contre, 3.
L'article 21 est adopté.
M. Grenier: M. le Président, je m'excuse... Mais les trois
jours, il n'y a eu que les trois jours d'ajoutés à cela, il n'y a
pas eu autre chose dans les propositions du ministre?
Le Président (M. Clair): II n'y a rien eu.
M. Bédard: J'ai dit que j'étais prêt à
donner suite à votre suggestion qui permettrait de prolonger le
délai, de sept jours, passer à dix jours. Au njveau du
délai qui est donné pour faire les règlements,
permettre...
M. Grenier: Si on enlève les trois jours, cela ne change
rien du côté des trois jours.
Le Président (M. Clair): L'article 21 est adopté
tel qu'il apparaît...
M. Bédard: Je comprends que vous votez contre à
cause des trois jours?
M. Grenier: Oui.
M. Lalonde: Est-ce que vous allez changer quelque chose?
M. Bédard: Non, je voulais juste savoir...
M. Lalonde: Allez-vous le reporter à 10 jours ou si vous
avez retiré votre suggestion?
Le Président (M. Clair): II n'y a pas eu d'amendement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Tel que rédigé
dans le projet de loi.
M. Gratton: M. le Président, je pense qu'il y aurait lieu
de clarifier cela pour dissiper l'inquiétude du ministre. Il se demande
comment il se fait que le député de Mégantic-Compton a
voté contre ! adoption de l'article 21. C'est cela qui préoccupe
le ministre.
M. Vaillancourt (Jonquière): L'article 22, M. le
Président.
M. Bédard: Le député de
Mégantic-Compton... M. Godin: On est dans
l'illégalité.
M. Bédard: ... ma dit que c'était à cause du
délai de trois jours. Ce n'est pas à cause du principe.
M. Gratton: Depuis quand demande-t-on...
M. Vaillancourt (Jonquière): L article 22, M. le
Président.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Gratton: Depuis quand se permet-on en commission ou à I
Assemblée nationale de demander des explications sur un vote
après qu'il a été pris et que la décision est
rendue? Le député de Mégantic-Compton devrait être
libre de voter contre ou pour un article quelles que soient ses raisons.
C'était tout.
M. Bédard: Je pense que vous avez raison. Je n'ai pas
posé de question, d'ailleurs. C'est le député de
Mégantic-Compton qui a ajouté quelque chose.
M. Grenier: Je m'excuse, M. le Président. C'est
arrivé au moment du vote. J'ai posé une question parce que je
n'étais pas ici pendant qu'on en a discuté tout à l'heure
à la table. J'ai voulu avoir une précision là-dessus et
cela s'est fait au moment du vote. Le ministre précise ce que
j'étais en train de lui dire sans que ce soit enregistré. C'est
à cause des trois jours.
M. Gratton: Est-ce que le député de
Mégantic-Compton conviendra avec moi que je protège ses
droits.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
l'article 22.
M. Grenier: J'ai compris cela. Si je t'embrasse, c'est pour mieux
t'étouffer, mon enfant. J'ai compris cela aussi.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs. J'appelle
maintenant l'article 22. L'article 22 sera-t-il adopté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté. M. Gratton:
Un instant, M. le Président.
M. Paquette: Avez-vous un autre amendement irrecevable?
M. Gratton: M. le Président, est-ce une invitation?
M. Lalonde: L'humour du député de Rosemont est
inversement proportionnel à sa pertinence.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs. J'ai appelé l'article 22. Quelqu'un désire-t-il
intervenir sur l'article 22?
M. Lalonde: Oui, M. le Président. J'aurais une question
à poser au ministre sur l'article 22.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le ministre peut-il nous expliquer comment le
directeur général des élections va déterminer les
électeurs qu'il va choisir à former un comité provisoire?
On dit, dans la dernière phrase, que "ces électeurs doivent
être choisis parmi les personnes publiquement identifiées à
cette option". Est-ce qu'il n y aurait pas lieu d'expliciter? Cela donne quand
même une latitude ou une discrétion assez surprenante et
inusitée au directeur général des élections qui est
un fonctionnaire.
M. Bédard: Je vous dis sincèrement que je trouve
que c'est assez formidable peut-être que je rejoins votre
idée comme disposition. Le projet de loi prévoit quand
même tout. Je trouve que cette précision est dans l'article
même, lorsqu'on dit que, si le directeur général des
élections a à se former un comité parce qu'aucun
député ne s'y inscrit, il peut le faire à partir
d'électeurs, au nombre de 20, qui doivent elle est là,
l'explication, claire et précise être choisis parmi les
personnes publiquement identifiées à cette option. Je ne vois pas
quelle explication supplémentaire je pourrais donner. Prenez le cas de
l'avortement. Que ce soit pour le oui ou pour le non, il n'y a personne dans un
des comités. Mais on sait qu'il y a des personnes qui se sont
affichées publiquement contre. Il y en a d'autres qui se sont
affichées carrément pour. Je pense que c'est une bonne
précaution de faire l'obligation au directeur général des
élections de ne pas choisir 20 de ses amis, mais de choisir 20 personnes
qui, dans l'opinion publique, sont carrément identifiées à
une option.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, merci. M. Lavoie:
M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je n'ai pas les amendements spécifiques, mais
si je me rappelle bien, dans la Loi des cités et villes, concernant les
référendums, il y avait une disposition suivant laquelle les
personnes qui s'opposent ou sont favorables à une option peuvent aller
s'inscrire. Est-ce que ce ne serait pas préférable de dire que
ces électeurs le nombre pourrait être entre 3 et 20, je
n'ai pas d'objection pourraient être choisis parmi les
électeurs qui en font la demande dans les délais prévus au
premier alinéa? (17 h 45)
M. Bédard: Je trouve que la suggestion a du bon. Le seul
handicap que j'y vois, c'est que les électeurs, les citoyens ne sont pas
aussi familiers que des parlementaires peuvent l'être avec des
procédures, avec les délais qui sont impartis dans des projets de
loi. Il me semble que cela pourrait donner je ne l'affirme pas
comme résultat que des personnes bien identifiées à une
certaine option ne seraient pas choisies parce qu'elles ne connaissent pas
toute la technique de la loi.
M. Lavoie: Ce serait quand même une meilleure garantie que
de laisser cela à l'entière discrétion du...
M. Bédard: Je ne le sais pas. Comment le formuleriez-vous?
On ne prévoit pas qu'il y ait des inscriptions avant le comité
provisoire. Là. on en est toujours à la formation du
comité provisoire qui, lui, après cela, va se donner des
règlements.
M. Lavoie: Dans le premier cas, c'est prévu que les
députés s'inscrivent dans les sept jours, premier alinéa.
Rien n'empêche que, s'il y a une question qui est soumise au
gouvernement, qui fait l'objet d'un débat de 35 heures, si jamais il n'y
a pas de députés, au moins, ce sera connu dans la population. A
défaut de députés cela me surprendrait
énormément il y aurait quand même des citoyens qui
pourraient aller s'inscrire au bureau du directeur général des
élections. Il y aurait un délai. Ce serait encore une meilleure
précaution.
M. Bédard: Me donnez-vous une minute?
M. Godin: ... initiative, en fait, que les citoyens prennent
l'initiative de s'inscrire.
M. Lavoie: Ils en prendraient entre 3 et 20, parmi ces 100.
M. Bédard: C'est peut-être dans ce sens qu'on met
les mots "peut inviter au moins 3 ou 20 électeurs à former le
comité provisoire en faveur de cette option". De la même
manière, j'imagine, qu'il peut inviter des gens, étant
donné qu'il n'y a pas de député dans le comité,
inviter des gens à s'inscrire et à choisir 3 ou 20 personnes.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je ne
veux pas prolonger le débat mais je me pose une question. En supposant
qu'il n'y ait pas de député qui s'inscrive à une option,
on laisse un pouvoir discrétionnaire au directeur qui peut inviter.
Pourquoi ne pas lui faire obligation d'inviter? Cela prend deux comités
provisoires, un de chaque côté. C'est vrai que, pratiquement, il
va inviter. Pourquoi y aurait-il une objection majeure à ne pas mettre
"doit inviter"? Il faut qu'il se forme un comité provisoire.
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Pour rester...
M. Bédard: Ecoutez, on peut en discuter encore, mais on
est vraiment dans le théorique par dessus...
M. Godin: M. le Président, m'avez-vous reconnu?
M. Bédard: Je ne dis pas si c'était une
consultation de la population à partir d'initiatives populaires ou
encore un autre genre de consultation. Mais à partir du moment où
on sait que c'est un des principes de la loi que c'est une consultation
populaire d'initiative gouvernementale, je vois mal qu'un gouvernement
décide de consulter la population sur un sujet donné et qu'il ne
se retrouve aucun député dans une des options si c'était
une question apportée par le gouvernement. Quoique,
théoriquement, cela peut être possible.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
M. Godin: M. le Président, pour rester sur le terrain du
député de Laval, la loi n'interdit pas que ce que le
député propose se passe. Dans la mesure où elle ne
l'interdit pas, je ne vois pas pourquoi... Enfin, on n'ajouterait pas
grand-chose à le mettre. Effectivement, si un groupe veut manifester en
dehors, si aucun député ne manifeste d'intérêt pour
une option, un groupe qui manifesterait de l'intérêt se ferait
sûrement connaître au président et, à
l'intérieur de ce groupe, il pourrait choisir les gens qu'il veut
provisoirement nommer à la tête du comité. Ce
comité, un peu plus tard, deviendra un comité national et
décidera de ses règlements, qui est président et tout
cela.
Mais il n'y a rien dans la loi qui interdise, même sans qu'on le
mette nommément, le processus du député de Laval. Donc, si
vous aviez une formulation immédiate à soumettre...
M. Lavoie: Le rôle de quoi?
M. Gratton: M. le Président, il y a aussi un autre aspect
de tout cela en supposant qu'on en est rendu au point où il n'y a aucun
député qui s'inscrit auprès d'une option donnée; il
y aura un minimum de sept jours qui se seront passés, à ce
moment. Les brefs référendaires peuvent être émis 20
jours après l'adoption de la question, donc treize jours après le
délai prévu à l'article 22. Cela donne donc treize jours
au président général des élections pour inviter ces
gens à former un comité provisoire, non pas un comité
national, à tenir une première réunion qui, bien entendu,
suppose qu'il y a eu préparation de règlements, puisque cette
première réunion ils doivent effectivement élire un
président et adopter des règlements. On s'expose à ce
moment à ce que le comité provisoire n'ait pu dans le temps
adopter ses règlements avant l'émission du bref
référendaire. Je ne sais pas si c'est une question très
grave que cela puisse se produire, mais sûrement que ce ne serait pas
idéal.
J'aimerais savoir ce que le ministre pense de tout cela et si
peut-être il n'y aurait pas lieu de reconsidérer...
M. Godin: Vous craignez qu'il n'y ait pas
de non lors du référendum sur le rapatriement de la
constitution?
Le Président (M. Clair): A l'ordre.
Une Voix: C'est une loi-cadre, M. le député.
M. Gratton: C'est un exemple que je donne.
M. Bédard: Je pense que le leader de l'Opposition ou les
membres de l'Opposition aussi, tout ce qu'on en est ici, on réalise que
cela peut être assez théorique. Maintenant, cela peut se traduire
en pratique, une situation telle que celle dont le député de
Gatineau vient de parler.
M. Gratton: Je n'en fais pas une question fondamentale, mais je
préviens le ministre que cela pourrait arriver qu'un comité
provisoire doive adopter ses règlements, après l'émission
des brefs.
M. Bédard: C'est pour cela que je serais porté
à croire qu'il faut garder la même formulation, de manière
à permettre, étant donné le mécanisme, une
initiative rapide de la part du président des élections qui
invite comme vous l'avez mentionné, c'est un comité
provisoire rapidement des gens carrément identifiés
à une option à venir former le comité provisoire. Il faut
que cela se fasse quand même assez rapidement pour que ces derniers aient
la possibilité de mettre au point des règlements.
M. Gratton: D'accord.
M. le Président, une autre question, la dernière.
Lorsqu'on parle des députés qui s'inscrivent auprès du
directeur général dans le délai de sept jours, est-ce que
l'esprit de la loi est que si, moi, en tant que député à
l'Assemblée nationale, en prenant l'exemple que le ministre
évoquait lui-même dans le cas de l'avortement où la
question serait: Etes-vous pour ou contre l'avortement? et que moi, en tant que
député, je ne serais ni pour ni contre, je serais pour
l'avortement pour des raisons médicales, mais contre l'avortement pour
des raisons morales, et que je voudrais préconiser ou promouvoir
l'abstention, est-ce qu'à ce moment, l'interprétation qu'on peut
faire de l'article 22 me permettrait de m'inscrire à titre
d'abstentionniste, si vous voulez, et est-ce que le président
général des élections aurait le loisir ou la
possibilité de déclarer ou de décider qu'il y aura un
comité national d'abstention?
M. Bédard: Moi, je pense que ce serait quand même
une situation assez spéciale. Des élections, c est fait pour que
tout le monde vote. Je comprends qu'il y en a qui peuvent ne pas voter, mais
essentiellement, pour l'ensemble de la population, des citoyens, c'est pour que
les gens expriment leur vote. De la même manière qu'une
consultation populaire est orientée de façon que les gens
expriment leur opinion, ce qui n'empêche pas le fait qu'il y a des gens
qui peuvent ne pas vouloir exprimer leur opinion. Il me semble qu'une question
qui serait posée par le gouvernement et qui amènerait
l'obligation de la formation d'un comité de I'abstention, pour
être réaliste, cela pourrait s'avérer nécessaire si,
au cours du débat sur la question ou du débat sur le projet de
loi, il semble ressortir que ce serait peut-être indiqué qu'il y
ait la formation d'un comité. Cela va dépendre du débat,
des demandes qui peuvent être exprimées au cours d'un
débat. S'il s'avère très clair qu'un gouvernement, parce
qu'il a à prendre ses responsabilités, doive aller dans ce sens,
j'imagine que c'est le débat sur la question ou sur le projet de loi qui
l'éclairera dans ce sens.
M. Gratton: Ce serait la garantie qu'auraient les
députés. A ce moment, s'il s'agit d'un projet de loi, il n'y a
pas de problème parce qu'on peut inclure l'amendement voulu dans le
projet de loi. S'il s'agissait d'une résolution qui contiendrait...
M. Bédard: S'il s'agit d'une question, s'il s'agit d'une
motion présentant une question, comme on l'a dit hier, il y a un
débat où on a droit à des amendements et à des
suggestions. Cela pourrait s'énoncer à cette période.
M. Gratton: Qu'il y ait un comité national
d'abstention?
M. Lavoie: Cela n'est prévu d'aucune façon.
M. Bédard: Non. on le dit d'une façon
hypothétique.
M. Gratton: Mais c'est quand même une hypothèse qui
n'est pas impossible.
M. Bédard: Je vous ai répondu sur cela.
M. Lavoie: Disons que vous posez une question dans un
référendum constitutionnel: Accordez-vous le mandat au
gouvernement de négocier la souveraineté-association? Il y a des
gens qui peuvent dire: Je suis contre le oui et le non dans cela, M. Johnson,
en 1966, prônait égalité ou indépendance. C'est ce
qui était sa politique, égalité ou indépendance. Il
n'a pas exigé de référendum pour cela, il n'a pas
exigé un mandat pour cela.
M. Beauséjour: S'il y a des abstentions, il y aura des
"peut-être".
M. Lavoie: Apportez donc une contribution positive. Cela s'est vu
dans des référendums que des gens, à cause de la question
qui ne leur donnait pas satisfaction, voulaient former un comité
d'abstention et cela n'est pas prévu dans le projet de loi.
M. Grenier: Est-ce que cela se défendrait logiquement de
dépenser de l'argent pour demander aux gens de ne pas se prononcer?
M. Lavoie: Oui, cela se fait par des annonces
dans les journaux. Cela s'est fait dans certains pays: des gens
prônent l'abstention à cause de la question
incompréhensible.
M. Roy: II n'y a pas de finances publiques qui interviennent
là-dedans.
M. Lavoie: Pas de finances publiques, mais ils n'auraient
même pas le droit de mettre des annonces dans les journaux.
M. Bédard: Dans une élection, il y a des grands
principes et je ne vois pas comment on peut les changer. Une élection
est orientée pour que les gens expriment leur vote. S'il y en a qui ne
veulent pas l'exprimer, ils ont une possibilité, c est l'abstention.
C'est leur problème.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Bédard: Une consultation, c'est pour que les gens
expriment leur accord avec une option ou avec une autre, essentiellement. Ceci
n'empêche pas les gens de ne pas vouloir s'exprimer. Ils ont des moyens
qui sont prévus dans la loi. s'ils ne croient pas en une option ou dans
une autre.
M. Gratton: II n'y a pas de moyens prévus dans la loi. Ils
ont le droit de vote, c'est tout. Ils peuvent dépenser S300 chacun.
M. Bédard: II y a tous les...
M. Gratton: Vous êtes en train de nous donner raison sur
toute l'argumentation qu'on a faite à l'article 21.
M. Bédard: Ce que je vous ajoute, c'est qu'il y a un
débat qui va avoir lieu. Que ce soit sur le projet, cela ne pose pas de
problème, comme vous le dites: cela peut se soumettre.
M. Gratton: II y a un débat qui a lieu présentement
et cela ne change pas grand-chose au projet de loi. Qu'on puisse en
débattre et qu'on puisse faire des motions d'amendement, si elles sont
toutes rejetées par le gouvernement, cela ne nous mène nulle
part.
M. Bédard: Sauf que le gouvernement aura à prendre
la responsabilité politique, par exemple, de ses décisions.
M. Gratton: Ce n'est pas ce dont il s'agit, M. le
Président, il ne s'agit pas de dire le gouvernement devra en subir les
conséquences électorales et tout cela. Si on veut consulter la
population, il faut supposer que la raison ou le sujet de la consultation vaut
toute cette dépense. Alors si on arrive avec un résultat que
personne ne peut interpréter d'une façon ou d'une autre, parce
que les abstentionnistes n'ont pas pu promouvoir leur cause, pourquoi tenir une
consultation populaire?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député me
permet-il une question?
M. Gratton: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): A partir du moment où
la loi parle d'une inscription en faveur d'une des options, la
définition même du mot opter, c'est décider, choisir
nécessairement. Ne croit-il pas que s'abstenir ce n'est pas une option,
à moins que l'abstention soit l'une des hypothèses, l'une des
options soumises. La question peut comprendre un oui, un non, une abstention.
Mais à partir du moment où la question, supposons, prévoit
un oui et un non, l'option consiste nécessairement à
décider oui ou non. S'abstenir ce n est pas opter.
M. Gratton: Est-ce que je pourrais répondre?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, c'est la question que je
pose.
M. Gratton: Si l'Assemblée nationale, ne nous le cachons
pas, le parti au pouvoir, dans le cas d'un gouvernement majoritaire, s'il
décide, lui. qu'il ne peut y avoir que deux options, le oui ou le non,
il décide d'avance pour les Québécois qu'il n'y a pas de
valeur pour ceux qui voudraient s abstenir. C'est de ce dont il s'agit. La
liberté, ce n est pas de décider pour les autres, ce qu'ils
peuvent faire et ce qu'ils ne doivent pas penser.
M. Beauséjour: La question, M. le Président, il a
la liberté, il ne vote pas.
M. Gratton: Justement, s'ils ne vont pas voter, ils ne s
expriment pas...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Gratton: ... en fonction de leurs convictions.
M. Grenier: Est-ce que ces gens-là qui n ont pas
l'intention d'aller voter, ont vraiment l'intention de mener une campagne? Vous
allez me rappeler la campagne qu'a faite le PQ contre...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs. Est-ce
qu'on adopte l'article 22?
M. Gratton: ... en 1972. Parce que cela n'a pas été
un succès pour le PQ en 1972, cela ne veut pas dire que cela ne pourrait
pas l'être pour d'autres...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! A moins qu
il y ait consentement pour adopter l'article 22. il est dix-huit heures...
M. Vaillancourt (Jonquière): Nous serions disposés
à l'adopter, M. le Président.
Le Président (M. Clair): II est dix-huit heures, la
commission ajourne sine die.
(Fin de la séance a 18 heures)