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Etude du projet de loi no 92
(Onze heures quarante et une minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, messieurs!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
est réunie pour étudier le projet de loi 92, article par article.
Les membres de cette commission sont: M. Bédard (Chicoutimi), M.
Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Beausé-jour (Iberville);
M. Charbonneau (Verchères), M. Clair (Drummond) remplacé par M.
Vaillancourt (Jonquière); M. Garneau (Jean-Talon) remplacé par M.
Lavoie (Laval); M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Laberge (Jeanne-Mance)
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Levesque (Bonaventure)
remplacé par M. Gratton (Gatineau); M. Paquette (Rosemont), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M.
Dussault (Châteauguay), M. Guay (Taschereau), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Levesque (Taillon), M. Morin (Louis-Hébert),
M. Raynauld (Outremont) remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal).
Au moment où le président... Oui?
Question de règlement
M. Grenier: M. le Président, j'aurais une question de
règlement au début. Je voudrais ce matin savoir du ministre,
alors que nous sommes à étudier le projet d'une loi-cadre, qui
est la loi 92, si le texte qui apparaît dans le journal Le Devoir, en
date du 14 juin, qui s'intitule "Successif et progressif, le PQ projette une
série de référendums"... Dans le titre ici, on voit, sous
le thème "Québécois demain nous appartient", le document
rappelle, dans un premier temps, que la promesse de tenir un
référendum n'est qu'une stratégie politique et non une
obligation juridique. Je voudrais savoir jusqu'à quel point c'est
sérieux, cet article, puisque le premier ministre lui-même a
déclaré, en date du 2 novembre 1976... C'est le
résumé de ce que M. Levesque disait. M. Levesque promet que la
tenue d'un référendum sur l'indépendance constitue un
engagement solennel.
Inutile de vous dire que cet article, ce matin, m'inquiète
personnellement. Même si je ne suis pas prêt à dire qu'il
n'est pas faux, puisque ça fait déjà plusieurs semaines et
même plusieurs mois que je dis que ce référendum pourrait
se faire par étapes, je suis inquiet un peu, puisque nous sommes
à préparer une loi-cadre des référendums et, ce
matin, on vient contredire ici... Ce document a été
préparé depuis le dépôt du projet de loi no 92.
C'est encore plus inquiétant, alors qu'on prépare le projet d'une
loi-cadre. J'aimerais savoir du ministre si c'est sérieux ce qu'on
annonce ici, d'abord, et si c'est fondé. J'aimerais bien qu'il
réfute ce qui est dit ici plus qu'en nous disant qu'il n'y a rien de
fondé là-dedans.
M. Bédard: M. le Président, selon ce que j'en sais,
ce sont des réflexions qui ont été faites par des
individus, qui ont été acheminées au niveau du parti pour
évaluation. Je pense qu'il faut s'en rapporter à la
déclaration du premier ministre, qui a été très
formelle. Je crois que la meilleure réponse est justement le texte
même de la loi que nous sommes en train d'étudier, article par
article. Je vous réfère à l'article 11, où on dit
très clairement cet article a été adopté par
les membres de la commission qu'il ne peut y avoir, au cours d'une
même Législature, plus d'un référendum sur le
même objet ou sur un objet qui, de l'avis du Conseil du
référendum, lui est substantiellement semblable.
La meilleure garantie qu'on puisse avoir, c'est la loi elle-même,
que nous allons voter. Je pense que ça fait ressortir également
l'importance d'avoir une loi-cadre qui spécifie très bien les
règles du jeu. Qu'il y ait des réflexions à
l'intérieur de quelque parti que ce soit, c'est dans l'ordre normal des
choses, mais les partis, comme les individus, sont soumis à la loi et
celle que nous sommes en train d'adopter est très claire sur ce point,
à savoir qu'il ne peut y avoir, au cours d'une même
Législature, plus d'un référendum sur le même objet
ou sur un objet qui, de l'avis du Conseil du référendum, lui est
substantiellement semblable.
M. Grenier: Le ministre ne fait pas allusion, mais cite
directement un amendement qui a été apporté par l'Union
Nationale, qui était de requérir qu'une seule consultation se
fasse à l'intérieur d'une même Législature.
M. Bédard: C'est ça. C'est d'ailleurs une
suggestion de l'Union Nationale.
M. Grenier: Je voudrais bien aussi, si on avait un petit peu plus
de certitude... Ça répond dans une très large partie
à la question que je me pose. Est-ce qu'on peut nous assurer que pour ce
référendum, on sera dans l'esprit de ce qu'a
déclaré le premier ministre, à savoir que la tenue d'un
référendum sur l'indépendance constitue un engagement
solennel? Que ça ne soit pas à l'eau de rose, comme on en voit
certains, qui pourraient être des référendums, par exemple,
sur l'autodétermination ou sur un thème vague, comme je le dis
autour de cette table depuis longtemps, qui a fait dire par M. Biron que
l'Union Nationale pourrait dire oui et qui a fait dire, 37 jours plus tard, par
M. Ryan qu'il dirait peut-être oui, lui aussi.
M. Bédard: Concernant le principe de
l'autodétermination, je pense que nous avons déjà
déposé à l'Assemblée nationale un projet de loi qui
a été introduit par le député de Beauce-Sud, je
crois.
M. Lavoie: Avez-vous pris connaissance de ce projet de loi
déposé par M. le député de Beauce-Sud.
M. Bédard: Je ne l'ai pas lu textuellement. On m'a dit
qu'il avait été déposé par le député
de Beauce-Sud.
M. Lavoie: Que voulez-vous dire par "je ne l'ai pas lu
textuellement"? Avez-vous lu un avant-projet ou un résumé,
quoi?
Une Voix: Un communiqué de presse.
M. Bédard: Cela a été très clairement
indiqué dans les journaux, et je pense qu'il faut s'en tenir à
une déclaration formelle qui a été faite par le premier
ministre en la matière.
M. Lavoie: Me permettez-vous une question?
M. Bédard: En plus d'avoir la garantie que nous donne la
loi elle-même à l'article 11 du projet de loi-cadre sur la
consultation populaire.
M. Lavoie: M. le Président, sur cette même question
soulevée par le député de Mégantic-Compton. Le
ministre responsable du projet de loi que nous étudions actuellement sur
le référendum peut-il confirmer ou réfuter l'existence
d'un document de formation politique préparé à l'intention
des associations de comtés et dont le Devoir a obtenu copie? Le
comité central du parti va plus loin que le chapitre 2 du programme
quant aux modalités d'accession à l'indépendance et
révèle l'essentiel de sa stratégie
référendaire. Le ministre, ou d'autres membres de cette
commission du côté ministériel, peut-il confirmer ou
réfuter l'existence d'un tel document de formation politique?
M. Bédard: II n'y a pas de cachette là-dedans. Le
leader de l'Opposition sait très bien que c'est un document qui a
été distribué à 3000 copies. Comme je le dis, je
pense que la loi, que nous sommes en train de voter, revêt toute son
importance dans les circonstances.
M. Lavoie: Du fait que le ministre responsable du projet de loi
confirme qu'un tel document existe je n'en ai pas eu de copie parce que
je ne fais pas partie nécessairement et loin de moi l'idée de
faire partie du Parti québécois peut-il déposer une
copie de ce document parce c'est très grave, je crois, à cause de
l'étude que nous faisons actuellement, d'un projet de consultation
populaire. Si ce document existe, comme c'est confirmé, est-il exact que
sous le thème: "Québécois demain nous appartient" le
document rappelle dans un premier temps que la promesse de tenir un
référendum n'est qu'une stratégie politique et non une
obligation juridique?
M. Bédard: M. le Président, la meilleure
réponse est justement dans le projet de loi, qui fait une obligation
juridique au niveau du contenu des articles concernant l'ensemble de la tenue
d'un référendum et, que je sache vous me permettrez de
répondre, quand même les individus, les partis, que ce soit
n'importe quel parti, sont soumis à la loi. Ils devront se conformer
à la loi que nous sommes en train de voter.
M. Lavoie: C'est quand même une drôle
d'interprétation.
M. Bédard: Je pense bien que s'il fallait se
référer à tous les documents qui sont mis en circulation
par les différents partis, les différentes formations politiques,
on n'en sortirait pas rapidement, parce qu'il y a des documents qui ont
été distribués, entre autres par le Parti libéral,
concernant le référendum sur l'indépendance. Il y a des
congrès qui ont été tenus dans chacune des formations. Je
pense qu'on ne peut quand même pas empêcher les partis de
réfléchir.
M. Ciaccia: Nous acceptons, est-ce que vous acceptez ce qui est
écrit dans votre document...
M. Bédard: C'est clair que nous...
M. Ciaccia: ... que vous n'avez pas d'obligation de tenir le
référendum, ce n'est pas une fois que le référendum
est tenu qu'il va y avoir des effets juridiques. Ce n'est pas une obligation
juridique...
M. Bédard: M. le Président, là-dessus, ce ne
sera pas la première fois, je pense, que ceux qui m'ont
précédé l'ont fait aussi, je pense que la
déclaration du premier ministre, qui parle d'engagement formel, non
seulement il en a parlé avant la campagne électorale mais il en a
parlé depuis que nous assumons la responsabilité du gouvernement,
constitue justement la meilleure réponse au fait qu'il y a un engagement
formel.
M. Lavoie: M. le Président, c'est quand même loin
d'être clair de la part d'un ministre de la Justice. Cette question a
été soulevée par le député de
Mégantic-Compton. Sa question a été reçue, on lui a
laissé le droit de s'exprimer sur cela. J'entends avoir le même
privilège.
M. Bédard: Ce n'est pas une argumentation.
M. Lavoie: C'était une question de règlement qui a
été soulevée par le député de
Mégantic-Compton et qui a été reçue par la
présidence.
M. Vaillancourt (Jonquière): Une question de
règlement, M. le Président.
M. Lavoie: Est-ce que c'est à sens unique ces questions de
règlement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas une question de
règlement, de toute façon. Vous le savez fort bien.
M. Lavoie: Mais cela a été reçu, ce n'est
pas à vous à décider.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ne m'écoeurez pas ce
matin, vous. D'accord? Ne m'écoeurez pas.
Vous n'êtes plus président de l'Assemblée
nationale.
M. Gratton: II se prend encore pour le président de la
commission.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît;
à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Vous n'êtes plus président de
commission.
M. Vaillancourt (Jonquière): Soyez poli.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs. Il semble qu'avant mon arrivée, il y ait eu une question de
règlement qui a été reçue. Maintenant, j'aimerais
simplement vous souligner que le président de la commission, peut,
à tout moment...
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai moi-même
soulevé une question de règlement, M. le Président.
M. Gratton: Laissez-le donc finir.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
M. le député de Jonquière. Je veux simplement dire que,
s'il y a eu une question de règlement qui a été
reçue, le président peut disposer d'une question de
règlement au moment où il le juge opportun. Dès que je
serai en mesure de disposer de la question de règlement, je le
ferai.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Lavoie: ... question, je voudrais poser une question au
ministre...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de
règlement.
M. Lavoie:... comme cela a été fait par le
député de Mégantic-Compton.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Clair): Je m'excuse, M. le
député de Laval. Le député de Jonquière
invoque à nouveau le règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, la
question de règlement qui a été soulevée avant que
vous arriviez est une question que le député de
Mégantic-Compton a posée au ministre de la Justice. Celui-ci a
répondu et il n'est pas dans notre intention de repartir un débat
de plusieurs heures sur la question du député de
Mégantic-Compton. Nous en étions hier à l'article 22 du
projet de loi et ma question de règlement est simplement de revenir
à la pertinence du débat, c'est-à-dire à
l'étude de l'article 22?
M. Lavoie: Je voudrais exercer les mêmes droits que ceux
qu'a exercés le député de Mégantic-Compton, M. le
Président; j'aurais une question à poser au ministre sur ce
sujet.
Le Président (M. Clair): Si la question de
règlement qui avait été reçue par le
député de Laviolette consistait en une question posée par
le député de Mégantic-Compton au ministre, je pense qu'il
serait équitable de permettre la même choseau député
de Laval, à condition de le faire brièvement, M. le
député.
M. Lavoie: Le ministre a reconnu que le document de formation
politique distribué par le comité central du parti existait
effectivement. J'en conclus donc, c'est ma question au ministre, qu'un passage
de ce document qui dit... Je veux une réponse claire du ministre parce
que je pense bien que l'Assemblée nationale n'a pas de temps à
perdre à adopter des lois sur un référendum-cadre ou
autre. Ce qui est contenu dans ce document, je voudrais savoir du ministre si
c'est exact, oui ou non. Tout le monde sait que ce n'est pas en adoptant une
loi-cadre que ça donne une obligation juridique au gouvernement de tenir
un référendum.
Je voudrais que le ministre me confirme ou m'infirme le passage suivant:
Sous le thème, Québécois, demain nous appartient, le
document rappelle, dans un premier temps, que la promesse de tenir un
référendum n'est qu'une stratégie politique et non une
obligation juridique. N'allez pas nous dire que le fait d'adopter un projet de
loi est une obligation juridique pour le gouvernement de tenir un
référendum. Il n'y a aucun engagement dans ça. On peut
adopter une loi et elle peut rester sur les tablettes pendant des
années.
Est-ce que le ministre confirme que dans ce document dont il
reconnaît l'existence, il est dit que le document rappelle que la
promesse de tenir un référendum n'est qu'une stratégie
politique? Si c'est cela, on n'a pas de temps à perdre et on va sacrer
notre camp.
Je voudrais savoir, de la part d'un ministre responsable, si c'est vrai
que ce document dit qu'il n'y a pas d'engagement juridique de la part du
gouvernement de tenir un référendum et que ce qu'on fait ici
n'est qu'une stratégie politique. Voulez-vous réfuter cela?
Est-ce que c'est vrai ou non?
Le Président (M. Clair): M. le ministre, je vous invite
à répondre brièvement parce que je pense,
honnêtement, que le débat qui s'est engagé avec le
député de Mégantic-Compton, le député de
Laval, le député de Jonquière et vous-même
s'éloigne passablement d'une question de règlement. Je veux bien
être souple, mais il faudrait qu'on en revienne à l'étude
de l'article 22 le plus rapidement possible.
M. Bédard: M. le Président, j'ai dit, en
réponse à la première question posée par le
député de Mégantic-Compton, que j'avais pris
connaissance,
comme tous les membres de la commission, du contenu de l'article auquel
réfèrent les membres de l'Opposition. Je n'ai pas à
commenter et je pense que les membres de la commission n'ont pas à
commenter les documents qui émanent de quelque formation politique que
ce soit, parce que nous ne terminerions pas nos travaux.
Ce que j'ai dit, c'est que nous avons, à l'heure actuelle, une
loi-cadre à adopter. Certains articles sont très
spécifiques concernant la tenue d'un référendum et des
règles à suivre. Il y a l'engagement formel qui a
été pris par le premier ministre, auquel référait
d'ailleurs le député de Mégantic-Compton.
Le Président (M. Clair): J'appelle l'article 22.
M. Lavoie: II se trouve, par contre, que la présidence du
Parti québécois...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, vous
venez d'appeler l'article 22.
M. Lavoie: ... qui a émis ce document et le chef du
gouvernement est la même personne. C'est la même personne. Le
président du Parti québécois, c'est M. René
Lévesque et le chef du gouvernement du Québec, c'est René
Lévesque. Cela provient de la même tête.
M. Bédard: M. Lévesque n'est pas le
président du conseil exécutif du parti.
M. Lavoie: Est-ce qu'il est président du Parti
québécois?
M. Bédard: Absolument.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: Pour clore ce débat que je ne veux pas
éterniser pendant deux heures...
M. Bédard: M. le Président, comme je l'ai dit tout
à l'heure, il s'agit de documents émanant de différentes
formations politiques. Demain, on pourrait avoir des documents qui
émaneraient de la formation politique du Parti libéral. On ne
commencera pas de discussion...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je veux clore ce débat, M. le
Président, sur la question de règlement que j'ai
soulevée.
Le Président (M. Clair): Vraiment pour clore, M. le
député.
M. Grenier: Voici ce que je veux savoir, si le ministre peut
m'éclairer là-dessus. Quand on parle, dans l'article qu'il a
soulevé tout à l'heure, d'un seul référendum sur un
sujet à l'occasion d'une même Législature, je voudrais que
le ministre m'informe ou me confirme que, quand on parle d'un sujet, en tout
cas c'est une famille de sujets, si vous voulez, à savoir la
souveraineté, comme on dit ici, la future constitution et les accords
avec le Canada... Si je peux avoir la certitude du ministre que ce ne sont pas
des sujets différents, que c'est un même sujet dans une même
Législature, je me satisferais de cela. (12 heures)
M. Bédard: II me semble que l'article 11 est très
clair, il ne peut y avoir qu'un référendum sur le même
objet ou sur un objet qui, de l'avis du Conseil du référendum
nous avons la protection là-dessus du Conseil du
référendum, les membres de l'Opposition il ne peut pas y
avoir deux référendums, à l'intérieur d'une
même Législature, sur deux sujets qui sont substantiellement
semblables.
Le Président (M. Clair): Fin de la période de
question de règlement.
M. Bédard: Les partis politiques, je l'ai dit et je le
redis, comme les individus, sont soumis à la loi.
M. Lavoie: Est-ce qu'on pourrait demander au ministre...
Le Président (M. Clair): A l'ordre...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Lavoie: ... M. le Président, pour le bon
éclairage de cette commission qui étudie le
référendum, est-ce qu'on pourrait quand même nous
déposer une copie de ce document?
M. Bédard: Je ne crois pas qu'il appartienne ici à
la commission parlementaire d'y aller...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le...
M. Bédard: Peut-être à l'Assemblée
nationale.
M. Lavoie: Sans dépôt juridique, est-ce que vous
auriez l'amabilité de nous remettre une copie de ce document?
M. Bédard: Je n'en ai même pas, pour commencer. J'en
ai pris connaissance comme vous.
M. Lavoie: Vos recherchistes, en arrière, n'auraient pas
de copie non plus?
Le Président (M. Clair): A l'ordre s'il vous plaît!
Messieurs, d'une part, ce genre de...
M. Lavoie: Un document secret!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: ... mille copies.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
D'une part, ce genre de question pourrait très bien être
posé à l'Assemblée nationale. D'autre part, c'est à
cent milles d'une question de règlement. Troisièmement, j'appelle
immédiatement l'article 22.
M. Bédard: 22, cela rappelle des souvenirs.
Comités nationaux
Le Président (M. Clair): Je vous indique qu'hier, on avait
commencé à discuter de l'article 22. Plusieurs membres
étaient intervenus. Cependant, je n'avais pas minuté le temps,
parce que je pense qu'on avait pris une dizaine de minutes et probablement que
sept ou huit membres étaient déjà intervenus. Si on peut
passer immédiatement à des discussions un peu plus formelles ou
à l'adoption de l'article 22, je vous en saurais gré.
M. Lavoie: Le ministre nous propose-t-il des modifications,
à la suite de nos représentations d'hier...
M. Gratton: Voyons donc!
M. Lavoie:... sur la discrétion du directeur
général des élections, au cas où il n'y aurait pas
de députés qui s'inscriraient au comité provisoire, pour
améliorer peut-être cette discrétion absolue du directeur
général de choisir parmi les personnes publiquement
identifiées, est-ce qu'il y aurait possibilité de choisir, parmi
les personnes dûment inscrites auprès du directeur
général des élections, dans le même délai
prévu à l'alinéa 1?
M. Bédard: M. le Président, je pense qu'on a fait
hier, ce n'était pas un débat, mais une réflexion sur la
possibilité d'améliorer le contenu de l'article. Je vous dis
très honnêtement que nous n'avons pas trouvé de formule qui
soit de nature à améliorer. Si l'Opposition en a une, parce
qu'elle y a réfléchi elle aussi, je n'ai pas d'objection à
la considérer. Est-ce que l'Opposition aurait quelque chose de
précis à nous formuler? Il me semble que le principe de ce
paragraphe est de laisser au directeur général des
élections le soin de choisir, dans une telle éventualité,
les personnes qui sont carrément identifiées dans l'opinion
publique à une option. Je me demande s'il y a une manière plus
équitable, plus efficace de procéder. Je vous dis très
honnêtement qu'après y avoir réfléchi, je n'en
trouve pas. Si l'Opposition a quelque chose de précis à nous
suggérer pour améliorer, je n'ai aucune objection.
M.Ciaccia: Peut-être que quelques-unes de ces questions ont
été posées hier et que ces points ont été
soulevés, malheureusement je n'ai pu assister à la commission
hier. Dans le troisième paragraphe de l'article 22...
M. Bédard: Je comprends que pour le deuxième, cela
va. En tout cas, on verra.
M. Ciaccia: Non, on peut y revenir. M. Bédard: Oui,
d'accord.
M. Ciaccia: J'ai seulement quelques questions à soulever.
Les délais sont pas mal brefs dans l'article 22 pour former et convoquer
le comité. Au troisième paragraphe, le directeur
général doit convoquer une réunion de chaque comité
le jour et l'heure qu'il indique. A cette réunion, le comité
provisoire a l'obligation d'adopter les règlements devant régir
le comité national. Comment cela peut-il se faire?
M. Bédard: Nous avons, effectivement, eu une longue
discussion sur ce sujet.
M. Ciaccia: Oui, mais est-ce que vous pourriez m'expliquer
brièvement, sans reprendre tout le débat... C'est que les
règlements d'un tel comité, je ne sais pas si vous avez eu...
Vous avez certainement vécu certaines expériences où vous
avez eu à adopter des règlements sur la façon dont un
organisme doit se comporter dans des situations particulières, mais ici
c'est quelque chose qui va se passer dans toute la province. C'est une question
assez importante, la plus importante, pour moi, que le gouvernement ait jamais
posée à la population et on s'attend que ces règlements,
pour un des comités, une des options, on va les faire tous la même
journée. Est-ce que vous pensez que c'est raisonnable, un tel
article?
M. Bédard: Ecoutez! Je ne voudrais pas reprendre toute la
discussion. Je ne dis pas que les questions posées par le
député de Mont-Royal ne sont pas à propos, mais elles ont
déjà été posées. Nous avons eu
là-dessus une discussion générale de moins de deux
à trois heures. Pour résumer rapidement, concernant la nomination
du président, je ne crois pas qu'il y ait là de problème.
Concernant l'autre décision sur les règlements, nous avons
souligné que, effectivement, à partir du moment où la
loi-cadre sera votée, déjà, en fait, les
députés qui doivent faire partie des comités provisoires
et, comme parti, chaque formation politique, peuvent commencer à penser
à ce que pourraient être des règlements.
Il y aura tout le débat à l'Assemblée nationale,
que ce soit une question ou un projet de loi, ce qui constitue des
délais amplement suffisants pour mettre au point peut-être 90% du
contenu de ces règlements. Je ne crois pas que...
M. Ciaccia: Est-ce que la question a été... Il me
semble que si on prend en considération tous les groupements, parce
qu'il n'y en a pas seulement un, admettons que sur une des options, moi, je
parle de l'option fédéraliste, de notre côté, il n'y
a pas seulement un groupe qui a cette option...
M. Bédard: Non, mais ce sont des règlements
généraux. Par exemple, à partir du moment où on
insère des groupes affiliés, on donne le statut de groupes
affiliés, n'importe qui peut déjà, personnellement,
réfléchir à ce que pourrait être une
réglementation dans ce domaine.
M. Ciaccia: Oui, mais ce n'est pas un peu uto-pique, ce que vous
dites?
M. Bédard: C'est loin d'être utopique. M.
Ciaccia: Parce qu'il va y avoir...
M. Bédard: Je ne veux pas recommencer la discussion, M. le
Président, elle a déjà duré trois heures.
M. Ciaccia: Non, mais j'ai le droit de poser la question. Si vous
ne voulez pas recommencer, très bien. Je peux soulever la question quand
même.
M. Bédard: Je crois que c'est opportun, mais...
M. Ciaccia: II va y avoir des groupes avec des divergences
d'opinions, même s'ils sont des groupes fédéralistes. Ils
vont penser... Chacun va...
M. Bédard: Non, mais ces règlements, il ne s'agit
pas...
M. Ciaccia: Chacun va avoir sa façon d'avoir...
M. Bédard: Mais il ne s'agit pas de régie, de
s'attaquer à la régie interne de chacun de ces groupes. Il s'agit
de règlements...
M. Ciaccia: Ce sont les règlements du comité
national.
M. Bédard: ... du comité national. Des
règlements généraux.
M. Ciaccia: Oui. C'est le règlement qui va régir
tous les groupements qui veulent s'attacher à ce comité national.
Est-ce que la question a été soulevée...
M. Bédard: Ce n'est pas compliqué.
M. Ciaccia: Ce n'est pas compliqué pour vous, parce que
vous voulez insister que ça demeure de cette façon. Mais c'est
assez compliqué.
M. Bédard: Non, je ne veux pas insister que ça
demeure de cette façon. Je ne voudrais pas que le député
de Mont-Royal interprète mal mes paroles ou mon attitude.
Je lui rappelle qu'on a eu l'occasion d'en discuter très
longuement.
M. Ciaccia: Est-ce que la question a été
soulevée...
M. Bédard: C'est à l'article 21 que cela a
été soulevé...
M. Ciaccia: ... quand vous dites que le directeur
général doit, dans les meilleurs délais, convoquer une
réunion de chaque comité? On a des délais assez
précis, une fois que le processus est commencé à
l'Assemblée nationale. Est-ce que la question a été
soulevée d'inclure un délai fixe en dedans de tel jour...
M. Bédard: II y a déjà des
délais...
M. Ciaccia: Tout semble croire que pour les délais, c est
laissé à la discrétion du directeur général.
Le comité national ne peut agir avant que ses règlements soient
formés en faveur d'une option ou d'une autre. La question a
été soulevée de fixer un délai.
M. Bédard: A ce moment-là, le comité
provisoire est fixé et formé. Le directeur général
des élections doit, dans les meilleurs délais, procéder
à la convocation d'une réunion des comités provisoires. Je
pense qu'on n'est quand même pas pour indiquer des délais
précis d'une journée, deux jours.
M. Ciaccia: Vous indiquez des délais dans tous !es
autres.
M. Bédard: Non. je comprends que...
M. Ciaccia: Vous donnez trois jours, sept jours...
M. Bédard: Vous oubliez la...
M. Ciaccia: Si vous dites les meilleurs délais, le
comité national ne pourra pas se mettre en marche avant qu'il soit
convoqué et avant que ses règlements existent.
M. Bédard: Le comité provisoire va demander
définitivement a être convoqué très rapidement. A ce
moment-là, le directeur général des élections va
procéder à la convocation et à la réunion qui est
prévue dans le projet de loi.
Le Président (M. Clair): L'article 22 sera-t-il
adopté?
Motion pour que la commission fasse un rapport
intérimaire à l'Assemblée
M. Lavoie: Sur division, M. le Président. Avant que vous
n'appeliez l'article 23, j'aurais une motion a faire en vertu de l'article
161.2 de notre règlement, qui se lit comme suit: "Une commission peut en
tout temps faire à l'Assemblée des rapports spéciaux ou
intérimaires sur une motion qui ne peut être faite qu'une seule
fois au cours d'une séance."
Je fais cette motion.
Le Président (M. Clair): Est-ce que...
M. Lavoie: Je fais motion que la commission fasse un rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Clair): Sur la recevabilité...
M. Lavoie: Je vois que ce n'est pas nécessaire que je le
fasse par écrit, parce que c'est une motion normale et courante de
forme.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... malgré les
derniers propos du député de Laval, je ne pense pas qu'il
s'agisse d'une motion courante que l'on rencontre à toutes les
commissions parlementaires. Au contraire, c'est une motion que l'on fait de
façon très exceptionnelle et on ne peut présenter une
motion sans, au moins, soulever les arguments à son appui.
M. Lavoie: Laissez-moi parler.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pensais que vous aviez
terminé. Vous ne parlez pas.
M. Lalonde: Vous êtes tellement pressé. Le
Président (M. Clair): Messieurs... M. Lalonde: Sur la
recevabilité. M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval...
M. Lavoie: ... je fais cette motion...
Le Président (M. Clair): ... avant de vous accorder le
droit de parole sur cette motion, étant donné qu'à titre
de président de commission c'est la première fois que j'en suis
saisi, j'aimerais suspendre les travaux de la commission pendant cinq minutes
dans le but de consulter le règlement et les dispositions
régissant la présentation d'une telle motion.
Alors, la commission suspend ses travaux pendant cinq minutes.
M. Lavoie: Très bien. (Suspension de la séance
à 12 h 13)
Reprise de la séance à 12 h 15
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! La
commission permanente de la présidence du conseil et de la constitution
reprend ses travaux. Le député de Laval, juste avant la
suspension, avait fait mention pour que cette commission fasse un rapport
spécial...
M. Lavoie: Intérimaire.
Le Président (M. Clair):... un rapport intérimaire
à l'Assemblée nationale. Je déclare cette motion
reçue. M. le député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, si ce n'avait pas
été de l'article paru dans le Devoir ce matin... Cet article
déclare que ce journal a pris connaissance d'un document de formation
politique préparé à l'intention des associations de
comté et dont le Devoir a obtenu copie. Le comité central du
parti, le Parti québécois, va plus loin que le chapitre 2 du
programme quant aux modalités d'accession à l'indépendance
et révèle l'essentiel de sa stratégie
référendaire. Sous le thème: "Québécois,
demain nous appartient", le document rappelle dans un premier temps que la
promesse de tenir un référendum n'est qu'une stratégie
politique et non une obligation juridique. Plus loin, on parle de
référendums successifs.
Je m'attacherai surtout à la première partie. Suite
à la première question soulevée par le
député de Mégantic-Compton, j'a bien demandé au
ministre s'il confirmait ou réfutait l'existence de ce document. Il nous
a confirmé ici, au début de ces travaux, que ce document
existait. On a demandé copie de ce document. Il ne semble pas qu'on
puisse en avoir copie. Le ministre, ayant reconnu que le document existait, n'a
pas réfuté le passage où il est dit qu'il est possible que
le référendum n'ait pas lieu, qu'il ne s'agit pas d'un engagement
juridique, mais uniquement d'une stratégie politique.
M. Bédard: M. le Président, je m'excuse,
là-dessus...
M. Lavoie: M. le Président, c'est la raison pour
laquelle... Vous interviendrez sur la motion.
M. Bédard: Oui, mais vous dites des choses qui ne sont pas
vraies. Je dois attendre la fin de l'intervention, M. le Président?
M. Lavoie: Vous me répondrez, vous rétablirez les
faits, si je vous ai mal interprété.
M. Bédard: D'accord. J'ai dit que la réponse
était très claire dans ce qu'a dit le premier ministre.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: C'est la raison pour laquelle je demande que cette
commission fasse un rapport intérimaire à l'Assemblée. Je
crois que nous sommes en droit d'obtenir du chef de l'Etat, du premier
ministre, du chef du gouvernement, qui est en même temps président
de ce parti et qui prend la responsabilité, étant donné
que c'est un document officiel du comité central du parti, qui lie son
président, je crois que nous sommes en droit, avant de continuer
l'étude d'un projet de loi sur les consultations populaires, d'obtenir
à l'Assemblée nationale au moins une déclaration
ministérielle du
premier ministre, au moins une déclaration ministérielle
pour réfuter cela.
Est-ce que le temps que l'Assemblée consacre à
étudier une loi sur une consultation populaire, le temps que consacre
cette commission est uniquement une perte de temps? Si c'était
uniquement une stratégie politique et que le projet de loi que nous
étudions actuellement ne soit pas mis en application... Je relie cela
à deux amendements qui ont été rejetés par le
gouvernement lors de l'étude, article par article, de ce projet de
loi.
Un premier amendement exigeait du gouvernement trois mois avant
l'émission des brefs que le gouvernement établisse sa position
constitutionnelle en vue d'informer la population et de faire connaître
à la population le bien-fondé ou le mal-fondé de la
position gouvernementale lors d'un certain référendum sur
l'avenir constitutionnel du Québec.
Cet amendement, qui était en somme un engagement du gouvernement,
a été rejeté par la majorité gouvernementale. Je
vois une relation avec cette possibilité de stratégie
référendaire, de stratégie politique qu'un tel
référendum ne se tienne pas surtout à cause du refus du
gouvernement de montrer ses couleurs et d'établir sa position
constitutionnelle.
Un deuxième amendement, qui est encore plus directement
relié à une consultation populaire éventuelle, concernait
l'émission des brefs. On sait que nous avons adopté un article
où il est dit qu'un bref ne peut pas être émis avant au
moins 20 jours après la résolution de l'Assemblée
nationale qui détermine la question. Nous avons proposé un
amendement voulant que le gouvernement soit tenu, au moins dans les 50 jours,
d'émettre les brefs; on l'a argumenté, qu'il y ait un
référendum. Même cet amendement que nous avons
proposé a été encore rejeté par la majorité
gouvernementale.
Cela voudrait dire, en pratique, qu'on pourrait adopter la loi, qu'il
pourrait même y avoir une question à l'Assemblée et que le
gouvernement ne serait pas tenu, tel que nous l'avons proposé de tenir
un référendum. Au moins, l'émission des brefs dans les 50
jours, le ministre nous l'a dit en commission, c'est au journal des
Débats, on pourrait adopter cette loi, l'Assemblée pourrait
adopter une question et le référendum ne se tiendrait pas, il
pourrait rester sur les tablettes, rester dans les airs pendant un an ou deux.
Il n'y aurait aucune obligation de la part du gouvernement de tenir un tel
référendum. Ce refus d'accepter notre amendement est justement
relié à ce que le journal Le Devoir nous rapporte, la
possibilité qu'il n'y ait pas de référendum, que ce soit
uniquement une stratégie politique.
M. Bédard: Vous prêtez des intentions.
M. Lavoie: Le ministre nous a confirmé l'existence de ce
document. Le ministre ne nous a pas refuté l'avancé qu'il y a
dans le document, que la promesse de tenir un référendum n'est
qu'une stratégie politique et non une obligation juridique. Je crois que
nous sommes en droit, M. le Prési- dent, avant d'aller plus avant dans
ce projet de loi, d'obtenir une déclaration en Chambre du premier
ministre réfutant ou éclairant les membres de l'Assemblée
nationale. Parce que je me demande à quoi ça nous sert d'avancer
davantage dans l'étude de ce projet de loi, si on n'est que les acteurs
d'une stratégie politique, M. le Président.
J'arrête pour le moment ma... Je veux savoir si les travaux que
nous faisons ici ne sont qu'un scénario politique, je veux savoir si le
projet de loi présenté par le gouvernement n'est qu'un leurre, je
veux savoir si ce que nous faisons ici est uniquement un maquillage
prétendument démocratique. Je crois que comme président de
cette commission, vous n'avez pas de temps à perdre plus que nous, tous
les efforts que vous apportez à diriger cette commission, je veux savoir
si on s'en va dans un sens positif et si on aura un référendum ou
si c'est uniquement un scénario auquel nous participons.
C'est la raison pour laquelle j'ai fait ma motion, pour qu'on fasse un
rapport intérimaire à l'Assemblée et que si nous avons une
déclaration satisfaisante du premier ministre indiquant qu'il y aura
effectivement un référendum, eh bien, nous continuerons à
étudier ce projet de loi par la suite.
M. Bédard: M. le Président, simplement une petite
correction en vertu de l'article 96, c'est que le leader de l'Opposition laisse
entendre que je n'aurais pas nié qu'il ne s'agissait que d'une
stratégie, c'est bien ça?
M. Lavoie: Une stratégie, tel que le document, le journal
le rapporte.
M. Bédard: Vous vous référez au document.
Mais concernant mes paroles, j'ai dit que je me référais, je n'ai
jamais dit que ce n'était qu'une stratégie, loin de là, au
contraire, aux propos tenus par le premier ministre sur ce sujet, voulant qu'il
y avait un engagement formel de tenir un référendum au cours du
présent mandat. Je pense que c'est bien différent de ce que
laisse entendre le leader de l'Opposition.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière):... lorsque le
député de Laval a présenté sa motion, j'ai
commencé à parler sur la recevabilité et à ce
moment-là, j'ai été arrêté dans mon
intervention puisque le député de Laval n'avait pas donné
les raisons qui étaient à l'appui de sa motion. Je voudrais donc
parler sur la recevabilité de la motion du député de
Laval.
M. Lavoie: Question de règlement, je pense que vous avez
reçu cette motion.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, j'ai déclaré la motion reçue
immédiatement à la reprise de nos travaux, après la
courte
suspension. Je vous indique, M. le député de
Jonquière, au cas où ce serait dans le sens où vous voulez
argumenter, que dans ce genre de motion, le rôle du président est
assez limité et ce n'est pas au président à
déterminer, à décider de l'utilité ou de
l'inutilité, de la nécessité ou de la futilité
d'une pareille motion, cela n'appartient pas au président, c'est
à la commission elle-même de décider si elle doit faire un
rapport intérimaire.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
n'ai aucunement l'intention de mettre votre décision en doute. J'aurais
aimé vous soumettre certains arguments à l'encontre de la
recevabilité. Malheureusement, M. le Président, je n'en ai pas eu
la chance. Mais si j'en avais eu la chance...
M. Lavoie: Voyons...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je parle sur la motion.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous savez très bien, M. le Président,
et le député de Jonquière le sait aussi, qu'on ne peut
mettre en doute votre décision, qu'on ne peut argumenter contre elle.
Vous l'avez rendue, avant que le député de Jonquière ne se
réveille, mais cela est une autre histoire. C'est à lui
maintenant de parler sur le fond de la motion.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous êtes rendu
créditiste?
Le Président (M. Clair): Etant donné, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, que le député de
Jonquière utilisait le subjonctif imparfait, si je ne me trompe...
M. Lalonde: Pardon?
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'en ai pas eu la
chance.
Le Président (M. Clair): ... et qu'il en était au
tout début de son intervention, j'attendrai, pour juger de votre
question de règlement, de savoir s'il entendait mettre en doute la
décision que j'ai rendue sur la recevabilité, auquel cas je
compterai sur votre renfort pour défendre le président.
M. Lalonde: J'ai une autre question de règlement à
propos de la dernière remarque du député de
Jonquière, qui m'a lancé, à cause du siège que
j'occupe actuellement: "Vous êtes créditiste, vous," avec un point
d'interrogation ou d'exclamation, je ne l'ai pas vu. M. le Président, je
dois protester.
M. Vaillancourt (Jonquière): Avec raison, d'ailleurs.
M. Lalonde: Je pense que c'était peut-être à
la blague, mais on ne doit pas juger les opinions en fonction des sièges
qu'on occupe.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous le savez, que
c'était à la blague, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Grenier: Cela ne peut pas déranger le
député de Marguerite-Bourgeoys de passer pour M. Samson, j'ai
passé pour M. Biron, moi.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je dis immédiatement
que j'ai l'intention d'intervenir sur la motion et non pas sur la
recevabilité. J'étais en train de dire que si j'avais eu la
chance mais je ne l'ai pas eue de parler sur la
recevabilité, j'aurais pu vous dire, mais je ne vous l'ai pas dit, que
nous sommes ici en train d'étudier une loi-cadre. J'aurais pu vous dire
également, mais je n'ai pas pu le faire, que les arguments mêmes
employés par le député de Laval au soutien de sa motion,
M. le Président, allaient à l'encontre même de cette
loi-cadre que nous sommes en train d'étudier, puisqu'il faisait
référence et j'aurais aimé vous le dire, mais je
n'en ai pas eu la chance encore une fois à un
référendum bien particulier, alors que nous sommes ici à
étudier une loi-cadre.
Comme vous le voyez, M. le Président, j'aurais eu de très
bons arguments à vous faire valoir, si j'avais eu...
M. Lavoie: Une loi-cadre permet un plus grand maquillage.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Gatineau invoque le règlement. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: II pense qu'il parle contre la recevabilité,
mais, au fond il parle contre le fond. Il ne s'en aperçoit pas, M. le
Président, mais je sais que vous, dans votre lucidité, vous vous
en êtes aperçu.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau sur une question de règlement.
M. Gratton: M. le Président, le député de
Marguerite-Bourgeoys vient de souligner que ce que fait le député
de Jonquière, en pensant argumenter sur la recevabilité de la
motion, effectivement il argumente sur le fond de la motion. Qu'il continue, il
n'y a pas de problème, qu'il nous dise pourquoi il votera contre la
motion, mais qu'il
n'essaie pas de nous dire ce qu'il aurait dit s'il avait
argumenté sur la recevabilité, parce que, à ce
moment-là, il aurait été, encore là, à
côté du règlement. Il y a toujours bien une limite de
violer le règlement comme le député de Jonquière.
Même quand il veut le respecter, ou même quand il veut
l'enfreindre, il s'organise pour le respecter. Il y a toujours bien une limite.
(12 h 30)
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela vous fait mal, n'est-ce
pas? Je l'ai dit que je parlais sur le fond.
Le Président (M. Clair): Pour disposer de cette question
de règlement, il m'apparaît que le député de
Jonquière, dans les propos qu'il tenait, même si cela peut
être compliqué d'utiliser le subjonctif imparfait, n'était
pas en train de remettre en cause la décision du président. Cela
serait peut-être plus simple, cependant, si, comme vous le disiez, M. le
député de Gatineau, il utilisait les propos qu'il tient sur le
fond, en précisant que c'est sur le fond, puisqu'il ne remet pas en
cause la décision du président.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est ce que je faisais.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière, il est midi et trente minutes. Cette décision
était rendue en vertu d'une entente intervenue il y a un bon bout de
temps entre les partis. Il est convenu que, le mercredi, il y a, dans cette
salle, une réunion du caucus ministériel. Cette entente a pour
effet de suspendre les travaux, le mercredi à 12 h 30.
M. Lalonde: M. le Président, avant de suspendre les
travaux, j'aimerais qu'on regarde, dans la transcription du journal des
Débats, pour savoir à quelle heure on a suspendu la séance
mercredi dernier. J'aimerais que vous vous souveniez, mercredi prochain, si
c'est encore vous, même s'il n'y a pas de caucus du Parti
québécois, de suspendre à 12 h 30.
Le Président (M. Clair): Ecoutez...
M. Grenier: M. le Président, est-ce qu'il est vrai...
M. Lavoie: J'aurais une demande à faire au ministre...
M. Grenier: Seulement une seconde. Est-ce que le leader va me
permettre... J'aimerais connaître... On est sur la question. Est-il vrai
que l'article no 1 au caucus du Parti québécois, c'est l'article
du Devoir de ce matin?
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Paquette: ... d'importance pour cela.
M. Lavoie: Si vous voulez nous déposer le document cet
après-midi et si on voit que ce n'est pas inclus dans le document, on va
retirer notre motion.
M. Grenier: Si cela ne va pas contre l'article 11.
M. Lavoie: Pour éclairer, pourquoi ne nous apportez-vous
pas une copie du document? Vous êtes dix membres du Parti
québécois, vous devez avoir une copie de ce document.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Le député de Verchères en a
une.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est 12 h 30. La
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 15 h 20
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer l'étude article par
article du projet de loi no 92, soit la Loi sur la consultation populaire.
Les membres de la commission sont les mêmes que ceux de ce matin,
à une exception, s'il y a consentement unanime; j'ai eu une demande du
député de Jeanne-Mance, M. Laberge, qui avait été
remplacé par M. Fallu (Terrebonne) ce matin, pour la raison qu'il est
membre de la commission des engagements financiers à laquelle il a
participé; s'il y avait consentement, après avoir
été remplacé ce matin par M. Fallu (Terrebonne), il
reprendrait son rôle de membre et M. Fallu (Terrebonne) deviendrait
intervenant.
M. Lalonde: Vous m'avez rassuré, j'avais peur que vous
nous imposiez de nous passer du député de Terrebonne.
Le Président (M. Clair): Effectivement, M. Laberge
(Jeanne-Mance), vous reprenez votre place comme membre et M. Fallu
(Terrebonne), comme intervenant, remplacera M. Bertrand (Vanier).
M. Lalonde: C'est en échange d'un consentement qu'on va
demander un peu plus tard dans la journée, M. le Président.
M. Bédard: On vous a donné deux ou trois
consentements, ce matin, pour des échanges.
Le Président (M. Clair): II y aurait également une
demande de la part de M. Godin (Mercier) à l'effet de remplacer M.
Lévesque (Taillon).
M. Lavoie: A cela, nous avons des réticences, M. le
Président, parce que, justement, à la motion que nous faisons,
nous voulons avoir une déclaration du premier ministre et du
président du Parti québécois que le
référendum n'est pas uniquement un scénario. Je pense que
si on acceptait ce consentement, cela priverait le premier ministre de faire
une déclaration.
M. Bédard: Vous l'avez déjà eue.
Le Président (M. Clair): II pourrait éventuellement
remplacer M. Guay (Taschereau).
M. Lavoie: Cela va.
M. Lalonde: Laissez la place libre pour les
députés.
M. Samson: Le député de Taschereau est mon voisin
de pupitre; il ne peut pas être remplacé par n'importe qui. Je
suis d'accord.
Le Président (M. Clair): II y a consentement unanime pour
que M. Godin (Mercier) remplace M. Guay (Taschereau) comme intervenant. Est-ce
qu'il y a d'autres demandes de consentement unanime sur des remplacements?
M. Lalonde: Non, mais je vois qu'ils ne sont pas tellement
nombreux, M. le Président, ils sont seulement neuf avec le ministre des
Affaires intergouvernementales; s'ils veulent en ajouter d'autres, on
consent.
Le Président (M. Clair): Le ministre des Affaires
intergouvernementales est intervenant.
M. Lalonde: Si vous pensez que vous n'êtes pas assez
nombreux, on peut vous en ajouter d'autres, si vous voulez.
Le Président (M. Clair): Messieurs, au moment où
nous avons suspendu nos travaux, à 12 h 30, le député de
Laval avait fait une motion en vertu de l'article 161, alinéa 2, pour
que cette commission fasse un rapport intérimaire à
l'Assemblée nationale et le député de Jonquière
avait demandé la parole quelques secondes avant la suspension de nos
travaux. M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très brièvement, je voudrais donner les raisons pour lesquelles
je vais voter contre la motion d'amendement présentée par le
député de Laval. La première raison, c'est qu'il s'agit
manifestement non seulement d'une motion exceptionnelle, mais surtout d'une
motion dilatoire. Nous sommes à la veille d'étudier l'article 23
et il est particulièrement intéressant de noter que cet
amendement de l'Opposition officielle vient immédiatement avant
l'étude de l'article 23 où.le ministre a déjà
annoncé un amendement important qu'il avait l'intention d'amener
à cet article 23.
A titre de membre de cette commission par- lementaire, j'ai l'intention
d'étudier tous les articles de la loi, j'ai personnellement hâte
d'étudier l'article 23 du projet de loi, qui est l'un des articles
importants où le ministre a l'intention de nous proposer un amendement
qui est, lui aussi, important et j'estime que la motion du député
de Laval, qui n'est que dilatoire, a justement pour effet de retarder
l'étude de cet article important dont nous parle l'Opposition officielle
depuis des semaines. On nous parle des comités nationaux depuis des
semaines, depuis même des mois, on en a fait le cheval de bataille du
côté de l'Opposition officielle, et alors qu'on est arrivé
à étudier cet article 23, cet article qui, d'après
l'Opposition, est l'article clé du projet de loi, à cette heure
même, l'Opposition nous arrive avec un amendement purement dilatoire qui
fait partie d'un show politique, comme si l'Opposition officielle ne voulait
pas précisément étudier cet article 23.
J'aurais peut-être compris cette motion si elle avait
été présentée ailleurs dans le projet de loi, mais
elle arrive précisément à l'endroit le plus important du
projet de loi, d'après l'Opposition officielle, c'est-à-dire
celui de l'étude des comités nationaux et même celui de
l'étude d'un amendement du ministre relativement aux groupements
affiliés. Je pense qu'il s'agit d'un amendement important et j'ai
personnellement hâte de l'étudier.
D'autre part, je voterai contre, parce que nous avons ici affaire
à une loi-cadre sur les consultations populaires, et que les arguments
invoqués par le député de Laval ont trait à un
référendum bien particulier. Je pense que cet argument va de soi;
tous les arguments invoqués par le député de Laval avaient
trait à un référendum bien précis, alors qu'en ce
qui nous concerne, non seulement nous croyons, mais nous constatons que la loi
que nous étudions depuis le début est une loi
générale, une loi-cadre sur les consultations populaires, sur la
consultation populaire et qui pourra s'appliquer à différents
référendums.
Une dernière raison pour laquelle je me devrai de voter contre
cet amendement, c'est que le député de Laval ne m'a donné
aucun motif valable et sérieux pouvant m inciter à voter en
faveur de sa motion. M. le Président, je suis de ceux qui auraient pu,
éventuellement, avec des arguments convaincants, des arguments valables
et sérieux, me ranger du côté de la motion du
député de Laval, mais, devant la faiblesse de son argumentation,
devant une motion qui n'a d'autre but que d'obtenir des délais, de ne
pas procéder à l'étude d'un article important du projet de
loi, devant une motion aussi purement dilatoire, une motion qui est devenue une
coutume de présenter, lorsque nous ne savons pas trop quelle sorte de
motion d'amendement présenter, un peu comme la motion d'ajournement des
travaux, je me devrai de voter contre l'amendement du député de
Laval.
En terminant, M. le Président, je suis personnellement
très déçu que le député de Laval, qui est
lui-même notaire je sais que le ministre va surtout parler de ce
point, non seulement glisser un mot là-dessus qui a des
connaissances juridiques, non seulement notariales, mais juridiques en
termes
généraux, ne prenne pas conscience de la différence
entre un engagement juridique ou une obligation juridique et une obligation
politique ou morale ou électorale.
Je pense qu'il est manifeste qu'il n'y a actuellement aucune obligation
juridique, légale, de tenir quelque référendum que ce
soit, mais il y a peut-être et certainement des obligations morales, des
obligations électorales, des obligations politiques qui ont
été tenues à un moment donné. Je sais que le
ministre parlera de tous ces points et je cède mon droit de parole.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, inutile de vous dire que, ce
matin, quand j'ai soulevé la question ici à la commission
parlementaire, en voyant cet article du Devoir qui est titré "Successifs
et progressifs, le PQ projette une série de référendums",
pour moi, c'était une déclaration qui confirme ce que je dis aux
gens de mon parti quand je les rencontre, c'est que, suite à des
sondages que j'ai faits au niveau de mon comté, j'ai dit: Le PQ n'est
pas quand même suffisamment suicidaire pour décider de se lancer
dans un référendum alors qu'il sait que si on posait la question
aussi nette que: Etes-vous pour la séparation? les gens sont contre;
Etes-vous pour l'indépendance? les gens sont encore contre; Etes-vous
pour la souveraineté-association? les gens sont encore contre, et c'est
chiffres à l'appui que je peux vous le dire. J'ai déjà
signalé ici que ce n'est pas un sondage qui est fait de façon
scientifique par ICOP ou par CROP, mais le document que j'ai en main, document
qui reflète l'opinion de 989 personnes dans mon comté,
démontre clairement que les gens seraient favorables à la
séparation à 3.5%, seraient favorables à
l'indépendance à 3.15% et favorables à la
souveraineté-association à 8.7%.
M. le Président, vous allez quand même me permettre de
terminer mon argumentation.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: II semble que le député de
Jonquière s'excite un peu.
Une Voix: Laissez parler le président.
M, Vaillancourt (Jonquière): Je n'ai rien dit!
M. Lalonde: M. le Président, vous m'avez donné la
parole?
Le Président (M. Clair): Oui, sur une question de
règlement.
M. Lalonde: II semble que certains députés
s'inquiètent de la pertinence des propos du député de
Mégantic-Compton. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une motion pour
faire rapport à l'assemblée et que le député de
Mégantic-Compton peut invoquer quelque autre raison qui, pour lui,
milite en faveur ou à l'encontre de la motion du député de
Laval. Il n'est pas limité par un cadre très strict comme
lorsqu'il s'agit d'une motion d amendement. (15 h 30)
M. Vaillancourt (Jonquière): Pourriez-vous retirer le nom
du député de Jonquière s'il vous plaît, parce que le
député de Jonquière n'a fait aucune intervention.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s il vous plaît!
Messieurs...
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous vous êtes repris,
mais, dans votre première intervention, vous avez dit: le
député de Jonquière s'inquiète. Or, le
député de Jonquière n'a fait aucune intervention.
J'aimerais que vous le...
Le Président (M. Clair): Messieurs, pour disposer de la
question de règlement...
M. Grenier: M. le Président...
M. Lalonde: J'ai cru voir que le député de
Jonquière s'inquiétait.
Le Président (M. Clair): ... j'allais intervenir
auprès du député de Mégantic-Compton.
Une Voix: II n'a pas exprimé verbalement son
inquiétude.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs! J'allais dire au député de Mégantic-Compton,
j'allais l'interrompre justement pour rappeler à l'ordre les membres de
cette commission, dans le but de permettre au député de
Mégantic-Compton de s'exprimer librement. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci beaucoup, M. le Président.
M. Paquette: Est-ce que le député me permettrait
une question là-dessus?
M. Grenier: Quand j'aurai terminé mon intervention. Quand
je fais une intervention et que je lis le journal des Débats, à
ce moment, on se rend compte que les chicanes entrent dans les micros et il n'y
a pas la moitié des interventions qui sont signalées au journal
des Débats; les choses deviennent insensées et
incohérentes à la lecture du journal. Je l'ai
réalisé à plusieurs reprises. Alors, j'aimerais mieux
qu'on pose des questions à la fin, quand il y aura deux micros
d'ouverts, le vôtre et le mien. A partir de là...
M. Paquette: Si vous préférez, M. le
député, j'attendrai à la fin.
M. Grenier: ... j'aimerais bien faire mon intervention et avoir
la paix.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: Je vous demanderais d'avoir un oeil un peu plus
vigilant à ce bout de la table parce qu'à mesure que les
journées s'étirent, notre formation s'en va à l'autre bout
de la table. L'équipe ministérielle augmente. Les libéraux
augmentent également en nombre.
M. Lalonde: II y en a beaucoup qui se préparent pour les
prochaines élections.
M. Grenier: Je n'ai pas parlé de la qualité, j'ai
parlé du nombre.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: C'est pour préparer les prochaines
élections...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est seulement en
nombre.
M. Lalonde: ... quand il sera rendu de l'autre
côté.
M. Lavoie: ... il n'y aura pas de place du tout après la
prochaine.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
M. Lalonde.
M. Bédard: Le référendum est
commencé.
M. Gratton: C'est de l'autre côté de la
barrière, après les prochaines élections.
M. Grenier: Avant de traverser de l'autre côté, les
libéraux seront rendus ailleurs, et où je souhaite qu'ils
aillent, vous savez, j'aime mieux ne pas le dire autour de cette table.
M. Lalonde: ...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Ciaccia: Cela aussi va être publié dans le
journal des Débats....
M. Grenier: Votre arrogance, M. le député de
Mont-Royal, ne se lit pas dans le journal des Débats. C'est dommage
qu'on ne puisse pas la lire. Cela changerait peut-être bien des choses,
la vôtre et celle de certains autres aussi.
M. Ciaccia: Oui?
M. Grenier: II y a des grands bouts de vos interventions
où vous auriez peut-être avantage à nous laisser
parler.
M. Lalonde: Question de justice...
M. Grenier: J'aimerais que vous me laissiez mon tour, bien
honnêtement.
M. Ciaccia: On a défendu... Question de règlement.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a défendu le droit de
parole du député de Mégantic-Compton...
M. Lalonde: Bien oui...
M. Ciaccia: ... parce qu'il se faisait interrompre. Maintenant,
on se fait attaquer comme si on ne voulait pas qu'il parle.
M. Grenier: ... du député de Marguerite-Bourgeoys.
Quand il a des caméras dans la face, il n'a pas de raison pour ne pas
prendre la parole autour de la table. Je le connais, cela fait longtemps.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Grenier: Je le connais, c'est comme si je l'avais
tricoté.
M. Lalonde: Oh!
M. Bédard: On connaît votre manière de...
M. Grenier: Si je l'avais tricoté, j'aurais choisi la
meilleure laine qu'il y a, elle serait plus résistante.
M. Lalonde: A Tricofil?
M. Grenier: Cela aurait l'air de la laine de Tricofil, la
vôtre!
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Grenier: Elle ne tient pas sa coupe!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, pour disposer de votre question de règlement, il ne
s'agissait visiblement pas d'une question de règlement. J'invite
cependant le député de Mégantic-Compton, qui a requis ma
protection pour pouvoir s'exprimer librement, de m'aider à l'aider. M.
le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: D'accord. Quand Radio-Canada va avoir quitté
la salle, les libéraux vont être plus tranquilles aussi, j'aime
mieux vous dire cela. Cela stimule...
M. Ciaccia: Vous aussi, vous allez être plus calme.
M. Grenier: ... les libéraux quand Radio-Canada est dans
la salle.
M. Gratton: Question de règlement! M. Grenier: Cela
fouette l'énergie.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau invoque le règlement. M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je vous demanderais d'inviter
le député de Mégantic-Compton à être
conséquent. Lorsque les caméras ne sont pas ici, il nous accuse
d'accaparer tout le temps de la commission. Lorsque les caméras sont
ici, il nous accuse de ne pas parler lorsque les caméras sont parties.
Qu'il se décide!
M. Grenier: Laissez-moi donc la paix! Encore un discours!
Le Président (M. Clair): Encore une fois, M. le
député de Gatineau, il s'agit d'un commentaire et visiblement pas
d'une question de règlement. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Gratton: Je m'excuse, M. le Président.
M. Grenier: II a livré son message. M. le
Président, j'espère que vous avez enlevé à mon
temps... Je devais vous dire que l'article de ce matin... Quand je fais appel
au mini-sondage que j'ai fait dans mon comté, auquel ont répondu
989 personnes, 3,5% disaient oui à la séparation; 3,15% disaient
oui à l'indépendance; 8,07% répondaient oui à la
souveraineté-association. Je n'ai pas besoin de vous dire ce que je vous
signalais tout à l'heure. Le Parti québécois, qui compte
pas mal de gens instruits, sait fort bien qu'à la suite du sondage qu'il
a fait lui-même, il n'ira pas poser une question aussi claire que:
Etes-vous pour la séparation? Etes-vous pour l'indépendance? Ou
êtes-vous pour la souveraineté-association? J'ai la conviction que
la question ne sera pas aussi claire que cela puisque ce moment, elle serait
largement défaite. A partir de là, on assistera à un
questionnaire qui sera lui aussi étapiste. C'est cet article que nous
avons ce matin dans le journal et, comme on sait qu'il n'y a pas de
fumée sans feu et qu'on a admis ici que le document existait sans aucun
doute, que c'était peut-être un mauvais "timing" de la part du
parti. Je n'accepte pas, alors que nous étudions ici une loi-cadre des
référendums sur le Québec, qu'on nous arrive avec du
préfabriqué comme on en lit ici. Dans l'article, je veux le
signaler pour le journal des Débats, on dit: Sous le thème
"Québécois, demain nous appartient", le document rappelle, dans
un premier temps, que la promesse de tenir un référendum n'est
qu'une stratégie politique et non une obligation juridique qui
précise les hypothèses de cette démarche. Rien
n'empêche qu'il y ait plusieurs référendums successifs. Ces
consultations pourraient porter sur le même point jusqu'à ce qu'on
obtienne un oui majoritaire." Je cite toujours le Devoir. "Elles pourraient
aussi porter sur des points différents, par exemple, une première
sur le principe même de la souveraineté qui débloquerait la
situation actuelle et enclencherait le processus, et une seconde sur la future
constitution et éventuellement sur les accords avec le
Canada. On dira alors: Référendum successif et
progressif.','
M. le Président, ce qui m'inquiète davantage c'est une
déclaration du premier ministre qui a été faite dans le
journal Le Soleil, le 2 novembre 1976. Je n'ai pas l'article devant moi, mais
un résumé qui dit ici: M. Lévesque promet que la tenue
d'un référendum sur l'indépendance constitue un engagement
solennel. Nous avons également comme argument le programme du Parti
québécois qui nous dit, en première page du programme, je
pense: "En conséquence, un gouvernement du Parti québécois
s'engage à s'assurer par voie de référendum et au moment
qu'il le jugera opportun à l'intérieur d'un premier mandat de
l'appui des Québécois sur la souveraineté du
Québec. "
M. Bédard: C'est très formel.
M. Grenier: II y a une expression qui est claire.
Une Voix: Ce n'est pas juridique.
M. Grenier: Une autre expression qui est bien claire aussi c'est
l'article 11 du projet de loi qui dit: "II ne peut y avoir, au cours d'une
même Législature, plus d'un référendum sur le
même objet ou sur un objet qui, de l'avis du Conseil du
référendum, lui est substantiellement semblable".
Ce que je voudrais faire préciser, c'est ce que j'ai
demandé ce matin au ministre, c'est le mot "objet" et, si le ministre ne
peut le préciser, je pense qu'ici ce projet de loi dépasse le
responsable de cette commission qui est le ministre de la Justice et je pense
que le premier ministre lui-même devrait intervenir. Il est bien
sûr que, ce soir, le chef de l'Union Nationale qui assistera aux
crédits du premier ministre, avec le chef du Parti libéral
également, posera une question au premier ministre.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est sur la motion
d'abord!
M. Grenier: S'il pouvait venir le faire ici, bien sûr que
ce serait la plate-forme appropriée. Je pense qu'on ne peut pas...
M. Bédard: Ce serait peut-être...
M. Grenier: Un instant! On ne peut pas ici permettre de laisser
la loi se préciser sans savoir si c'est nous qui allons décider
des articles de la loi ou si on fait uniquement ici un jeu qui peut faire
l'affaire du public et que, dans le fond, les choses sont en train de se
régler en arrière.
M. le Président, un article de ce genre semble fondé. Ce
document, bien sûr, on ne pourra le faire déposer, puisque c'est
un document de parti. A ce moment-là, on pourrait probablement demander
à l'Union Nationale et à M. Samson ainsi qu'aux libéraux
de déposer les programmes de leur parti ce n'est
peut-être pas dans l'ordre quoiqu'on a déjà fait
connaître assez de fois le programme de l'Union Nationale et qu'on
connaît un peu nos
intentions, parce que ce sont vraiment des choses de partis. Le jour
où on se fait dire que le référendum, qui portera sur la
constitution, n'est qu'une stratégie politique et non une obligation
juridique qui précise les hypothèses de cette démarche
alors qu'on travaille sur une loi-cadre...
M. le Président, on doit admettre que certaines
déclarations sont intrigantes, qu'elles inquiètent aussi alors
qu'on voudrait avoir une loi bien claire, une loi correcte, une loi des
référendums correcte. C'est sur cela que nous nous acharnons
depuis que nous avons commencé notre travail autour de cette commission.
Si on devait se faire dépasser par d'autres documents qui sont en
préparation actuellement qui viendraient influencer largement le travail
qu'on est en train de faire ici, je me demande si la motion qui est
présentée actuellement par le député de Laval ne
mériterait pas la considération du gouvernement et ne permettrait
pas que le premier ministre fasse une déclaration bien solennelle en
nous disant une fois pour toutes que le mot "objet" dans l'article 11 est
défini dans le sens que cela voulait dire à ce moment-là,
que tout ce qui peut tourner autour du terme "souveraineté" ou
"association" ou autour du terme "indépendance du Québec", la
question qui intéressait ce gouvernement lorsqu'il s'est fait
élire, la question qui intéresse les Québécois et
la question qui nous intéresse du côté de l'Opposition. Je
me demande si le premier ministre n'aurait pas avantage à venir
clarifier la situation, d'autant plus qu'il a voix au chapitre, à cette
table, et nous dire bien honnêtement quel est l'objet du
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec,
préciser la question et nous permettre ensuite, en toute
quiétude, de continuer nos débats, nos pourparlers sur
l'étude du projet de loi no 92.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, si je comprends bien, nous
sommes en face d'une motion qui est faite en vertu de l'article 161, 2e
paragraphe, où il est permise un membre d'une commission de faire une
motion, en tout temps, pour que la commission fasse rapport, soit
spécial ou intérimaire, à l'Assemblée.
M. le Président, je pense qu'il est entièrement dans
l'ordre que cette motion arrive, compte tenu de ce qui a été
connu de la commission ce matin, qui a été publié dans le
journal Le Devoir et qui vient, d'une façon très claire,
démontrer à la face de la population que le Parti
québécois, qui est le parti qui a l'exercice du pouvoir
présentement, est en même temps un parti qui prépare, selon
l'article, un document qui verra à ce que les troupes du Parti
québécois fassent de l'action qui serait je dis bien qui
serait parce que je n'ai pas vu le document mais je me fie au journaliste qui
dit l'avoir en main à l'encontre du projet de loi que nous sommes
à discuter et, particulièrement, à l'encontre de l'article
11 du projet de loi qui est adopté actuellement.
Quand je lis que le Parti québécois se propose de tenir
une série de référendums successifs et progressifs sur la
souveraineté-association, je trouve que c'est absolument contraire
à l'article 11 qui dit: "II ne peut y avoir, au cours d'une même
Législature, plus d'un référendum sur le même objet
ou sur un objet qui, de l'avis du Conseil du référendum, lui est
substantiellement semblable". M. le Président, une législature,
c'est le temps du mandat d'un gouvernement. L'article 11 dit bien qu'il ne doit
pas y avoir plus d'un référendum au cours du mandat du
gouvernement, sur un même objet ou sur un objet semblable, qui serait
semblable, de l'avis du Conseil du référendum qui, lui, sera
composé comme nous le savons par trois juges.
M. le Président, je pense que c'est drôlement se foutre de
l'article 11 ainsi que du Conseil lui-même du référendum
qu'on institue, dans cette présente loi, qui sera composé de
trois juges, dont le juge en chef de la Cour provinciale. Quand je lis ces
choses, je ne peux faire autrement que me rappeler les paroles qui ont
été rapportées, qui auraient été
prononcées publiquement par le ministre des Finances, qui, lui, a dit
clairement et l'a même répété en Chambre, que tout
ce que le gouvernement du Parti québécois faisait, depuis son
accession au pouvoir, le 15 novembre 1976, était en fonction de
l'indépendance. Ce qu'il a dit en public et ce qu'il a
répété en Chambre, des rapports d'un journal de ce matin
nous confirme que cela va encore plus loin que ce que le ministre avait dit, et
je considérais que c'était pas mal fort. (15 h 45)
Quand on continue à lire, dans cet article, que, dans un document
de formation politique, préparé à l'intention des
associations de comté et dont le Devoir a obtenu copie et, à ce
moment-ci, si quelqu'un du gouvernement veut nous dire que ce n'est pas vrai,
je pense que c'est son droit de nous le dire, que ce document n'existe pas, que
ce qui est écrit-là est absolument faux. C'est le droit du
gouvernement de le dire. Mais les membres de la commission, du
côté ministériel, savent que si nous avons
été induits en erreur, il y a des provisions à
l'intérieur de notre règlement, je pense que c'est à
l'article 49, et il y a aussi d'autres articles qui peuvent être
utilisés, par lesquels on peut soulever en Chambre une question de
privilège et soit rétablir les faits, soit encore prendre action
contre le journaliste qui aurait écrit une chose fausse. C'est
prévu dans notre règlement. M. le Président, je n'ai pas
l'impression que le Parti québécois va faire une question de
privilège, c'est donc que ce que nous avons devant nous est une
réalité. Ce qui a été rapporté par le
journaliste l'a été en connaissance de cause. Et le journaliste
précise, et ce n'est pas pour rien, c'est surtout ces mots que je trouve
importants, le journaliste précise que son journal, le journal Le
Devoir, a obtenu une copie. Il me semble que c'est assez sérieux. Il est
dit que le comité central du Parti québécois va plus loin
que le chapitre 2 du programme, quant aux modalités d'accession à
l'indépendance, et il révèle l'essentiel de la
stratégie référendaire. J'ai une copie du programme du
Parti québécois, édition 1978, et je
ne sais pas si c'est parce que nous avons eu la loi 101 depuis l'an
passé, mais le programme que j'ai, M. le Président, qui m'a
été envoyé, se lit comme suit: Nineteen seventy eight
edition, Official Program of the Parti Québécois. C'est en
anglais. C'est le programme du Parti québécois.
M. Bédard: Vous avez un reproche à faire
là-dessus?
M. Samson: On retrouve au chapitre 11, conformément
à ce qui est marqué, M. le Président, c'est un programme
en anglais...
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Samson: Je n'ai rien contre cela, M. le Président, mais
peut-être que le ministre pourrait m'en faire parvenir un en
français, j'apprécierais grandement tel geste.
M. Bédard: Prenez-en un, votre compagnon en a un en
français à côté de vous.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pourquoi avez-vous choisi
celui-là? Vous n'aviez qu'à prendre l'autre.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Samson: Non, celui que j'ai... M. le Président, est-ce
qu'on va m'accuser d'avoir en main un programme en anglais? C'est le PQ, M. le
Président, qui a fait éditer ce programme, et s'il n'est pas en
français, ce n'est pas ma faute.
M. Bédard: Et vous avez un reproche à faire? M.
Samson: Cela, c'est "la gang" de limpides. M. Lalonde: La vierge
offensée.
M. Samson: La transparence! Et ce sont les défenseurs du
français ardemment.
M. Charbonneau: Le voulez-vous en français?
M. Samson: Ce sont les radicaux qui n'acceptent pas d'autres
langues. Mais pour des votes...
M. Bédard: La transparence dans toutes les langues.
M. Samson: Vous voyez la différence? Il y en a dans ce
gouvernement pour tous les goûts. Si un vote est en français, il y
a le programme en français et si un vote pouvait être en anglais,
il y a un programme en anglais. Vous pouvez le prendre, Official Program of the
Parti Québécois. C'est comme cela que cela marche dans ce parti.
C'est de cette façon que cela fonctionne.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... soyez donc honnête.
Faites-le donc pour les autres aussi.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Samson: M. le Président, je n'ai de leçon
d'honnêteté à recevoir de personne à cette table et
encore moins du député de Jonquière.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Charbonneau: En avez-vous un programme?
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous n'étiez pas ici
ce matin. Il y a longtemps qu'on ne vous a pas vu d'ailleurs.
M. Samson: C'est moi qui ai la parole?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, actuellement, c'est moi qui l'ai.
M. Samson: Qu'on me laisse parler.
M. Vaillancourt (Jonquière): On était bien mieux
avec votre représentant, le député de
Marguerite-Bourgeoys, ce matin.
M. Samson: M. le Président...
M. Bédard: ... Version anglaise ou française, il
n'en a pas de programme.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Bédard: Avez-vous une version anglaise de votre
programme ou si vous n'avez pas de programme du tout dans votre parti?
M. Samson: Notre programme, pour votre information, est seulement
en français.
M. Vaillancourt (Jonquière): Voulez-vous remettre à
l'ordre le député indépendant de Rouyn-Noranda, M. le
Président?
M. Samson: Vous voyez?
M. Bédard: Qu'est-ce que cela prouve? Regardez où
vous êtes?
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Samson: M. le Président, j'en déduis des paroles
du ministre que les péquistes ont abusé de la bonne foi de
certaines gens, en faisant cela, selon ce qu'il vient de dire...
M. Charbonneau: Les citoyens anglophones de...
M. Samson: Ils ont abusé de la bonne foi de la
population.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, vous avez la parole, mais je vous prie quand même de
revenir à la motion, cela suscitera sûrement moins de
débats.
M. Paquette: Pour votre information, on l'a en italien, en
portugais et en grec.
M. Samson: En espagnol pour les Cubains, en russe pour les Russes
et en chinois pour les Chinois.
M. Bédard: Vous l'avez en italien, en grec, vous l'avez
dans toutes les langues.
M. Paquette: II n'y en a pas en chinois.
M. Samson: Vous ne l'avez pas en chinois? Vous devriez l'avoir.
Vous avez pas mal de gens qui connaissent... le chinois.
M. Bédard: C'est la seule que vous comprendriez, la
version chinoise.
M. Paquette: On aurait dû vous l'envoyer. Dans le fond, ce
sont les chinoiseries...
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre!
M. Samson: M. le Président, le programme en anglais du
Parti québécois va moins loin...
M. Paquette: On va vous en faire un en chinois. Vous êtes
fort sur les chinoiseries.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, M. le
député de Rosemont, je vous invite à être...
M. Samson: Quand j'entends le député de
Rosemont...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda...
M. Samson: ... parler comme cela, M. le Président, je
pense qu'on devrait le laisser manger son bol de riz tranquillement. Mangez-le
avec des baguettes. Cela va vous prendre assez de temps que je vais avoir le
temps de finir mon discours.
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce qu'on peut fermer
le rideau? Le théâtre est terminé.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, cela ne me surprend pas du
député de Verchères, quand je le vois je pense aux
chaloupes.
M. Lalonde: J'ai entendu mon nom quelque part.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... il n'est pas capable de
faire réfléchir.
Le Président (M. Clair): A l'ordre.
M. Samson: M. le Président, les gens qui viennent
d'entendre le député de Jonquière auraient dû
être ici vendredi soir. Ils auraient vu que ce n'est pas de notre
côté que cela venait.
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela fait mal? M. Samson:
Cela venait de votre côté. Le Président (M. Clair):
A l'ordre! M. Samson: Le radical député de
Jonquière.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je reviens, M. le Président, à la
pertinence, parce qu'en parlant du député de Jonquière, je
sais que je ne peux pas être pertinent.
C'est écrit dans le journal... Le ministre rit, il comprend, M.
le Président. Au moins lui comprend quelque chose. Sur le thème:
"Québécois, demain nous appartient". C'est fantastique, cela
aurait pu être écrit par le poète qu'est le
député de Mercier, M. le Président. Le document rappelle,
dans un premier temps que la promesse de tenir un référendum
n'est qu'une stratégie politique et non une obligation juridique. Puis,
il précise les hypothèses de cette démarche. "Rien
n'empêche qu'il y ait plusieurs référendums successifs. Ces
consultations pourraient porter sur le même point jusqu'à ce que
l'on obtienne un oui majoritaire", jusqu'à ce que mort s'ensuive,
autrement dit. "Elles pourraient aussi porter sur des points différents,
par exemple, une première sur le principe même de la
souveraineté qui débloquerait la situation actuelle et
enclencherait le processus..." Ce n'est pas beau cela, M. le
Président?
M. Bédard: Parlez plus fort.
M. Samson: ... "Une seconde sur la future constitution,
éventuellement sur les accords avec le Canada, on dira alors:
référendums successifs et progressifs."
M. le Président, ce genre de chose est complètement
à l'encontre de l'esprit de la loi que nous discutons
présentement. A l'encontre, M. le Président, parce que le Parti
québécois et ce n'est pas un parti d'Opposition qui a
déclaré ces choses-là, c'est le gouvernement qui en a
l'initiative qui les a déclarées il a
déclaré qu'il n'y en aura pas plus d'un à chaque
législature. Alors, qu'est-ce qu'on est en train de faire au PQ
présentement, on est en train de préparer l'organisation dans les
comtés avec de l'animation à partir de cahiers; il y en a eu un
premier, il y a celui-là et il y en a un autre qu'on nous annonce. On
dit qu'il y en a un autre qui va venir, un de ces cahiers. Le premier
était "Le fédéralisme actuel: une impasse", le
deuxième c'est "Québécois, demain nous appartient" et le
troisième ce sera sur le thème de l'identité nationale.
Qu'est-ce qu'on est en train de faire dans le Parti québécois
présentement? On
est en train de préparer et j'avoue, M. le
Président, qu'ils sont pas mal experts là-dedans des
scénarios. Ils sont en train de préparer un scénario qui
est complètement à l'encontre de l'esprit de la loi que nous
discutons. Ce qu'on veut savoir, ce que tout le monde a le droit de savoir,
c'est dans quelle proportion la loi qu'on discute présentement n'est pas
tout simplement pour épater la galerie. Dans quelle proportion cela va
être sérieux, on veut jouer, M. le Président, et impliquer
le législatif dans le scénario. Cela est sérieux. On
induit, de cette façon-là, volontairement ou involontairement, le
législatif en erreur. Quand je vois ce qui est projeté par le
Parti québécois, et ce qui a été découvert,
je me demande on a le droit, honnêtement, de se demander ça
une fois que cette loi sera acceptée dans sa forme actuelle ou
amendée, mais dans son esprit qui ne peut pas changer, comme on le sait,
je me demande si on ne se dirige pas vers un premier référendum
avec cette loi, et si le Parti québécois n'a pas
déjà derrière la tête l'intention d'amener un
amendement à l'article 11, immédiatement après le premier
référendum, pour se permettre d'en faire autant qu'il le voudra
sur le même sujet.
Connaissant les méthodes législatives, nous savons tous
qu'un gouvernement peut présenter des amendements en présentant
un autre projet de loi qui amende le premier, n'importe quand. Pourvu qu'on
soit en période de session, il peut le faire. Comme on sait que la loi
2, votée le 26 août 1977, à la faveur de la fin de session,
comme c'est le cas présentement pour la loi 92, a amené un
amendement, par la loi 102 de 1977 encore une fois. La loi 102a amendé
la loi 2; avant même qu'on mette en application la loi 2, il a falu
l'amender. Cela ne serait pas nouveau qu'il y ait, immédiatement
après un référendum, une autre loi présentée
par le même gouvernement qui dirait, cette fois, qu'il amende l'article
11 de la loi 92 et qu'il peut y avoir plus d'un référendum sur le
même sujet au cours d'une même législature. Ce n'est pas
exclu.
Remarquez, M. le Président, que si c'est là le nid que le
gouvernement s'est fait, il a les pouvoirs de le faire. Mais qu'on ait au moins
l'honnêteté intellectuelle de nous le dire. Quand je parle
d'honnêteté intellectuelle, je n'attaque pas
l'intégrité du ministre, M. le Président, je voudrais
qu'on se comprenne bien là-dessus. C'est le gouvernement que je tiens
pour responsable de cette situation. Le ministre n'est qu'un membre du
gouvernement et par surcroît il n'est ici, avec nous, que pour remplacer
un de ses collègues qui a été malchanceux, retenu par la
maladie. Ce n'est donc pas le ministre actuel qui a préparé cette
loi et qui, normalement, aurait dû la piloter. Donc, je n'attaque pas le
ministre.
Mais il reste qu'on est dans une drôle de situation depuis qu'on
connaît ces choses ce matin, M. le Président. Il me semble que
c'est assez sérieux, assez grave de conséquence, qu'il serait
normal que le ministre qui a la responsabilité de cette commission
parlementaire, au nom du gouvernement il est le seul ministre à
cette table, il y en avait un autre tantôt, mais je pense que par
étapes, il est sorti. Il est le seul en tout cas. Il a utilisé la
théorie des petits pas de Mao et il est sorti.
L'actuel ministre, M. le Président, comme ministre de la Justice
surtout, n'oubliez pas qu on est en face du ministre de la Justice qui doit
protéger la population. Il a des responsabilités autres que le
projet de loi 92. Cela devrait être... De lui surtout, on ne peut pas
s'attendre à autre chose qu'à l'acceptation de cette motion
visant à demander que la commission fasse un rapport intérimaire
à l'Assemblée nationale. La situation qui nous est imposée
ce matin, exige, c'est un minimum, que nous saisissions l'Assemblée
nationale de ce problème.
D'ailleurs, dans la rédaction de l'actuel règlement qui
prévoit ce genre de choses, article 161, deuxièmement...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je m'excuse de vous interrompre, mais les cloches sonnent pour
nous appeler à voter.
M. Samson: Vous entendez des cloches, M. le Président?
M. Paquette: Une grosse cloche!
M. Samson: Je n'ai pas besoin d'en entendre, quand je vous vois,
ça me fait penser à ça quand même.
M. Godin: Qu'il est drôle! Qu'il est drôle...
(Suspension de la séance à 16 heures)
Reprise de la séance à 16 h 36
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution reprend ses travaux. La parole est au député de
Rouyn-Noranda qui a encore quatre minutes sur la motion faite en vertu de
l'article 161, alinéa 2, par le député de Laval. M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, lorsque nous avons
été appelés pour voter, j'étais à tenter de
convaincre le ministre de l'importance d'accepter cette motion et je continue
de prétendre qu'il est important que cette motion soit
acceptée.
Si, du côté gouvernemental, on a des explications
officielles à nous donner qui sont différentes de ce que nous
avons comme nouvelles, cette motion, pour un rapport à
l'assemblée, permettra au chef du gouvernement... Et je pense
qu'à ce moment-ci, dans un débat aussi important que la loi 92,
dans une question aussi importante que celle qui est soulevée par
l'article du Devoir de ce matin, nous ne pouvons accepter moins qu'une
déclaration avec explication officielle du premier ministre, du chef du
gouvernement.
Nous avons et c'est connu de tout le monde à cette
commission eu de nombreuses manifes-
tations, surtout au tout début des travaux de cette commission,
à l'effet que le gouvernement voulait que cette loi soit adoptée
avec le plus large consensus et en toute bonne foi.
On a eu également des professions de bonne foi,
d'intégrité, d'honnêteté, des professions de toutes
les sortes. On nous a répété souvent, à cette
commission, que le gouvernement n'avait que des intentions très pures.
Si tel est le cas et si nous voulons que les membres de la commission soient
tentés de croire ce qui a été dit avec beaucoup de force
et de rigueur je pense que ce serait là une occasion magnifique, pour le
gouvernement, de nous faire cette preuve de sa bonne foi, de sa bonne
volonté et de son souci de transparence.
Cette bonne foi, cette bonne volonté, ce souci de transparence,
actuellement, sont drôlement mis en cause. Je dis, M. le
Président, que les membres de la commission se trouvent, par les
nouvelles que nous avons eues ce matin, compte tenu du débat que nous
avons, compte tenu de l'esprit de la loi que nous discutons, les membres de la
commission se trouvent piégés, peut-être moins du
côté gouvernemental, s'ils sont au courant ou s'ils étaient
au courant de ce qui nous est annoncé ce matin, mais peut-être
autant du côté ministériel, s'il advenait que dans la
déclaration du premier ministre, avec explication, on apprenne que ce
qui a été annoncé peut être explicité avec
d'autres détails que nous ne connaissons pas.
C'est donc un minimum requis, je pense, pour considérer la bonne
volonté et la bonne foi dont se vante le gouvernement, depuis le
début des discussions en commission sur le projet de loi 92.
Nous avons tous, je pense, intérêt, à ce que cette
situation soit clarifiée une fois pour toutes par la plus haute
autorité dans le gouvernement et, compte tenu de ce qui nous sera dit de
façon solennelle à l'Assemblée nationale par le chef du
gouvernement nous serons en mesure, à ce moment-là,
d'évaluer la situation et d'orienter nos débats et nos propos en
fonction de cette clarification que nous attendons.
Pour le moment, il me semble qu'il serait très difficile, pour
les membres de la commission, de continuer à discuter ce projet de loi
dans ces circonstances, car la crédibilité du gouvernement, selon
l'article que nous avons devant nous, dans le Devoir de ce matin, en a pris
pour son rhume. Il n'y a plus de crédibilité. Comment pourrait-on
continuer à étudier un projet de loi, à faire notre
travail de parlementaires d'une façon sérieuse, et tenter de
bonifier le projet de loi, étant piégés comme nous le
sommes présentement?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je m'excuse de vous interrompre, mais votre temps de parole est
expiré. Je vous prierais de conclure.
M. Samson: Je vous remercie, M. le Président. Je conclurai
donc en demandant au ministre d'accepter cet amendement, compte tenu de l'heure
qu'il est et qu'il y a d'autres intervenants, et qu'au moment où nous
aurons à voter l'amendement, il ne restera que quelques minutes avant la
fin de la présente séance; conséquemment, on ne
siège pas sur la même commission, pour le même projet de
loi, avant vendredi matin. Donc, il n'y aurait pas d'ennuis techniques pour le
gouvernement d'accepter cette motion et cela pourrait et c'est le voeu
que je formule clarifier la situation et nous permettre de revenir en
toute connaissance de cause.
Je voterai donc en faveur de la motion, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, très
brièvement, je pense que cette motion a pour but, essentiellement,
d'amener la commission à faire rapport à l'Assemblée
nationale et de faire intervenir le premier ministre. Je soutiens que ce n'est
absolument pas nécessaire dans ce cas-ci. Il s'agit manifestement, de la
part de l'Opposition officielle, d'une espèce de "show" politique, d'une
tempête dans un verre d'eau, à partir d'un document qui n'a
été aucunement adopté par aucune instance
décisionnelle du parti, et encore moins par le gouvernement.
M. le Président, le titre de l'article "Le PQ projette une
série de référendums" est faux et le premier paragraphe
"Le Parti québécois se propose de tenir une série de
référendums successifs et progressifs sur la
souveraineté-association," c'est là l'opinion du rédacteur
du document en question que j'ai eu l'occasion de parcourir il y a deux ou
trois semaines, comme tous les militants à qui cela a été
envoyé pour fins de formation politique.
Le document, M. le Président, comporte des points d'explicitation
du programme du parti et lance des hypothèses. Un exemple
d'explicitation du programme du parti, c'est le quatrième paragraphe de
l'article de M. O'Neill, où on dit: "Le document comporte des
éléments inédits de la stratégie péquiste.
On y apprend ainsi que le PQ s'oriente vers une indépendance assortie
d'une formule d'association intégrée cela sur le seul domaine
économique." Il n'y a rien d'inédit là-dedans, M. le
Président, c'est dans le programme du parti depuis le début.
Comme je le disais tantôt, dans le document, il y a des points
d'explicitation du programme et le document prend bien garde de ne pas aller
au-delà du programme du parti. Dans les autres cas, il met en
évidence des hypothèses. Parmi ces hypothèses, il y a
celles de référendums successifs ou progressifs, ce qui, encore
là, représente essentiellement l'opinion du rédacteur du
document. (16 h 45)
De plus, M. le Président, j'aimerais que les
députés de l'Opposition relisent attentivement l'article du
Devoir, quand on dit et je cite: "Rien n'empêche qu'il y ait plusieurs
référendums successifs"; rien n'empêche, c'est
hypothétique. On ne dit pas dans quel temps ça doit se tenir, ce
n'est aucunement contradictoire avec le projet de loi 92.
Vous allez convenir avec moi que lorsqu'on parle de
référendums successifs, sur le même ou sur
différents sujets, ça pourrait se présenter, si on lit
textuellement, dans plusieurs mandats du gouvernement, conformément
à l'article 11 du projet de loi, lequel d'ailleurs est absolument
étanche à ce sujet, puisque ce n'est pas le gouvernement qui va
décider si un référendum porte sur le même objet,
mais le Conseil du référendum, formé de trois juges,
nommés par la Cour provinciale.
Par conséquent, M. le Président, c'est tout à fait
étanche. Je passe sur l'hypothèse farfelue émise par le
député de Rouyn-Noranda, à l'effet que le gouvernement
changerait la loi par la suite pour pouvoir tenir deux
référendums sur le même objet, alors que depuis le
début de cette commission, on dit qu'on veut une loi-cadre pour ne pas
changer les règles du jeu, à chaque référendum.
C'est justement ce qui est le principe du projet de loi. On perdrait la face
complètement, on perdrait toute crédibilité, si on se
mettait à changer les règles du jeu à chaque
référendum; ça ne tient pas debout.
L'article... Laissez-moi terminer...
M. Lavoie: Le début du troisième paragraphe...
M. Paquette: Vous me poserez vos questions après,
laissez-moi terminer.
M. Lavoie: ... que la promesse de tenir un
référendum n'est qu'une stratégie politique...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, M. le député de Laval...
M. Paquette: J'y arrive justement. M. Lavoie: Merci.
M. Paquette: Le document dit: "le référendum"...
c'est le troisième... attendez que je le retrouve. "Un
référendum n'est qu'une stratégie politique et non pas une
obligation juridique". Prenons le deuxième terme: "ce n'est pas une
obligation juridique, tout le monde va en convenir, le référendum
a une valeur consultative, mais il a un pouvoir moral, et le gouvernement, bien
sûr, s'est engagé à en respecter les résultats".
J'ai entendu plusieurs fois le premier ministre, à l'Assemblée
nationale dire: On va respecter les résultats.
Je prends l'autre terme, on aurait dit, dans le document: "ce n'est
qu'une stratégie politique ". M. le Président, je vais vous citer
un article de Gérald Beaudoin, dans la revue Etudes internationales, du
mois de juin 1977, qui s'appelle Les aspects constitutionnels du
référendum. Tout le monde sait que Gérald Beaudoin est
doyen de la facuIté de droit de l'Université d'Ottawa et membre
de la commission Pepin-Robarts, et c'est un fédéraliste. Il dit
ceci: "Y aura-t-il plus d'un référendum? M. Lévesque a
promis un référendum durant son mandat actuel. Il n'écarte
pas l'idée qu'il puisse y en avoir d'autres plus tard. Si le
résultat du référendum est serré, ce
référendum sera-t-il suivi d'un autre comme ce fut le cas
à Terre-Neuve?" parce qu'il y a des précédents. "Si le
référendum est massivement défavorable à
l'indépendance... "Je passe sur le commentaire du député
de Mégantic-Compton qui nous dit qu'il y a seulement 8% de la population
qui appuie la souveraineté-association, M. le Président, c'est
probablement le plus mauvais comté pour le Parti
québécois, parce qu'il y a un sondage qui montrait que dans le
comté de Saint-Jean, si on veut y aller comté par comté,
il y avait une majorité, et ça varie suivant les sondages. Ce
n'est pas sérieux cela non plus.
M. Grenier: Les gens ne prennent pas de lunch de 2 heures
à 7 heures du matin pour que ce soit bon. Ils n'ont pas les moyens.
M. Paquette: Je continue la citation... Le Président
(M. Clair): A l'ordre.
M. Paquette:... de l'article de Gérald Beaudoin. "Si le
référendum est massivement défavorable à
l'indépendance c'est une possibilité il est
à prévoir qu'il ne sera pas suivi d'un autre, cette question
relève de la science politique ". Qu'est-ce que ça veut dire?
Science politique ou stratégie politique au sens noble du terme. Cela
veut dire ceci, que le référendum essentiellement, c'est un moyen
pour les Québécois de s'entendre sur une option, quelle qu'elle
soit et de se définir un rapport de force devant le
fédéral.
Quand on sait que c'est depuis 1887 qu'on parle de
fédéralisme renouvelé, de réforme du sénat,
de transfert des compétences aux provinces, on se rend compte qu'il faut
bâtir un rapport de force et c'est dans ce sens que cela relève de
la science politique. Si le rapport de force est nul, il n'y aura certainement
pas d'autre référendum, s'il est presque suffisant, il y en aura
peut-être un autre, pas dans le même mandat, le gouvernement s'y
est engagé plusieurs fois. Ce n'est pas nécessaire de retourner
à l'Assemblée nationale pour demander à nouveau au premier
ministre de redire la même chose.
Le projet de loi no 92 est étanche à ce sujet; l'article
11, soumis à la juridiction d'un Conseil du référendum
impartial, formé de trois juges de la Cour provinciale, apporte toutes
les garanties à ce sujet, soit qu'il y ait un seul
référendum dans le même mandat. Tout cela est une
tempête dans un verre d'eau. L'article du Devoir feint d'ignorer ou
ignore ou méconnaît le fonctionnement du Parti
québécois. Avant qu'il y ait une position du parti, il faut que
ce soit voté par une instance décisionnelle. C'est encore moins
une position du gouvernement, c'est simplement un document qui évoque
des hypothèses. C'est là-dessus qu'on fait une tempête dans
un verre d'eau.
Je ne peux en tirer qu'une conclusion: L'Opposition libérale est
déçue de l'échec qu'elle a subi hier en essayant de faire
croire que les comités nationaux étaient à l'encontre des
libertés individuelles. Je pense que le ministre lui a
démontré, avec à l'appui le rapport de la Commission des
droits de la personne, qu'on respectait le
droit à l'information des citoyens beaucoup mieux avec la notion
de groupe affilié qu'avec la proposition de l'Opposition officielle.
Elle a très mal paru là-dessus et elle fait aujourd'hui un show
politique pour essayer de se rattraper.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, la divulgation dans le
journal Le Devoir, ce matin, d'un document dit de formation politique,
préparé par le comité central du Parti
québécois à l'intention de ses animateurs politiques, de
ses associations de comté...
M. Paquette: Cela ne s'appelle même pas le comité
central. On n'est pas un parti communiste.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Gratton: M. le Président, c'est justement ce que je
veux dire. Si ce n'est pas un comité central, si ce ne sont pas les
informations que contient l'article, qu'on nous en donne une copie et nous
serons à même de juger. Mais je regrette, j'ai fini d'accepter des
grandes déclarations solennelles du ministre ou des ministériels
disant qu'il n'y a rien là.
Nous allons exiger des peuves. Je dis donc que cette divulgation vient
confirmer encore une fois le manque de transparence et de franchise de ce
gouvernement. Nous avons là une autre preuve que pour le PQ, le
référendum qu'on a promis de tenir sur l'indépendance du
Québec n'est pas un moyen de consulter la population sur son avenir
constitutionnel, mais plutôt une simple stratégie
électorale dont le seul objectif avant le 15 novembre 1976 était
d'accéder au pouvoir...
M. Paquette: ... à Ottawa.
M. Gratton: ... et depuis, vise à s'y maintenir. Le
journal Le Devoir de ce matin nous apprend que ce document va plus loin que le
chapitre II du programme officiel du Parti québécois, quant aux
modalités d'accession à l'indépendance et
révèle l'essentiel de sa stratégie
référendaire.
Par exemple, on apprend que, sous le thème... cela vous
achale?
M. Paquette: Non, on trouve cela bien correct. Continuez.
Une Voix: C'est ridicule!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: La vérité fait mal!
M. Gratton: Par exemple, sous le thème:
"Québécois, demain nous appartient," le document rappelle, dans
un premier temps, et je cite le journal Le Devoir: ... "que la promesse de
tenir un ré- férendum n'est qu'une stratégie politique et
non une obligation juridique qui précise les hypothèses de cette
démarche."
N'est-ce pas là une indication éloquente, qui s'ajoute
à combien d'autres, que la décision du gouvernement
péquiste de procéder, par exemple, par une loi-cadre plutôt
que par une loi spécifique sur l'avenir constitutionnel du
Québec. Cette décision est inspirée par une seule chose,
soit la stratégie étapiste élaborée par le ministre
des Affaires intergouvernementales et elle vise, essentiellement, strictement,
à confondre la population qui a souvent indiqué son intention de
rejeter l'indépendance du Québec.
Depuis maintenant un an que le livre blanc sur la consultation populaire
a été publié, l'Opposition officielle s'oppose à la
formule de la loi-cadre, parce que, justement, nous soupçonnons depuis
toujours ce gouvernement de vouloir tenter de noyer le poisson. Ce document
vient donc s'ajouter à tous les autres éléments qui nous
convainquent que nous avions raison.
Je l'ai dit tantôt, M. le Président, nous en avons assez
d'entendre les membres du gouvernement, le premier ministre en tête, nous
faire des déclarations solennelles sur leur noble intention de respecter
l'intelligence des Québécois, sur un sujet aussi important que
l'avenir constitutionnel du Québec. Ces déclarations solennelles,
M. le Président, sont d'ailleurs niées tous les jours, non
seulement à cette commission, mais à l'Assemblée nationale
aussi bien qu'à l'extérieur. Est-il nécessaire de rappeler
que, durant l'élection, ces honorables messieurs du Parti
québécois ont rassuré la population en lui disant: II
n'est pas question d'indépendance, il n'est pas question de quoi que ce
soit, sauf d'un référendum tenu dans la liberté la plus
complète, où les Québécois pourront sereinement se
prononcer sur la souveraineté-association. Ce qu'on veut, c'est un
mandat pour être un bon gouvernement. Pourtant, à peine deux
semaines après l'élection, le premier ministre allait à
New York déclarer que l'indépendance, c'était une question
strictement de temps.
D'ailleurs, de l'aveu même du ministre des Finances, tout ce qu'a
fait le gouvernement, depuis l'élection, incluant l'orgie de propagande
publicitaire à même les fonds publics...
M. Charbonneau: ... le député de Mont-Royal. M.
Paquette: Combien à Québec Canada? Le Président (M.
Clair): A l'ordre!
M. Gratton: ... et tout est préréférendaire
pour ces messieurs.
M. Lalonde: Bien oui, le ministre des Finances l'a dit.
M. Gratton: Rappelons-nous le début de la commission
parlementaire sur le livre blanc, la déclaration solennelle du ministre
d'Etat à la réforme électorale, qui se disait ouvert
à toutes les
suggestions des organismes et des partis d'Opposition. Regardons un peu
ce que cela a donné comme résultat concret, M. le
Président, dans le projet de loi no 92.
Bien entendu, on a augmenté la durée du débat de
cinq heures. Quelle magnanimité de la part du gouvernement.
M. Bédard: Lisez votre texte.
M. Gratton: On a fait quelques corrections auxquelles j'ai
moi-même fait allusion. Mais, sur les principes fondamentaux du projet de
loi, sur les comités nationaux, par exemple, rien. Refus
systématique dans le projet de loi no 92. A cette commission
parlementaire, depuis le début de l'étude article par article de
ce projet de loi no 92, pas un seul amendement valable présenté
par l'Opposition n'a été accepté par le gouvernement. Quel
était l'argument principal qu'on utilisait chaque fois pour justifier de
refuser un amendement de l'Opposition? C'était: 11 ne faut pas faire des
amendements pour un référendum spécifique, on discute
d'une loi-cadre. Ce n'est pas facile d'avoir cet instrument de la loi-cadre
pour se cacher, justement, derrière la stratégie le voulant
ainsi, pour refuser de discuter de choses fondamentales comme les
libertés et droits des citoyens vis-à-vis des comités
nationaux.
M. le Président, que de fois n'avons-nous pas
réclamé la publication de la documentation préparée
à même les fonds publics par les fonctionnaires des divers
ministères sur ce que comporterait la souveraineté-association!
Toujours pour recevoir une fin de non-recevoir. La stratégie du PQ,
encore là, veut qu'on livre ces informations à la population au
compte-gouttes et en fonction uniquement des intérêts partisans du
Parti québécois. Or, les minces bribes que nous de l'Opposition
avons pu recueillir, qui nous sont parvenues jusqu'à maintenant, nous
portent à croire, et de façon très claire, que certains
des éléments du document dont parle le journal Le Devoir, ce
matin, émanent directement de ces études payées par le
gouvernement à même les fonds publics. (17 heures)
Bien sûr, les ministériels nous diront, comme le disait le
député de Rosemont tantôt, que l'article du Devoir ne
reflète pas nécessairement le contenu exact du document du Parti
québécois. A ce moment, tout ce que le gouvernement a à
faire, c'est de nous en fournir une copie. Ah, non, non, il n'a pas de copie,
personne n'a de copie. Il y en a 3000 qui circulent dans les parages, tous les
journalistes de la province de Québec en ont, mais apparemment...
peut-être pas tous, seulement ceux qui sont les plus amis du Parti
québécois, je n'en sais rien. Toujours est-il, M. le
Président, que les députés ministériels, eux, n'en
ont pas de copies, sauf que j'entendais le député de
Verchères ce matin nier que le contenuait un
élément...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Je dis donc, M. le Président, que si les
informations que nous retrouvons dans la presse écrite aujourd'hui sur
certains éléments du contenu de ce document ne sont pas
véridiques, la seule façon qu'on acceptera, nous, de croire cela,
ce sera de voir le document lui-même. Je l'ai dit tantôt, moi, je
refuse, et je le regrette, M. le Président, mais je refuse d'accepter
une simple déclaration du ministre ou d'un député
ministériel suivant laquelle, soit que le document n'existe pas, ce qui
serait bien malaisé de dire dans les circonstances puisqu'on a
déjà admis ce matin qu'effectivement il existait, mais quant
à son contenu, M. le Président, je suis comme Thomas, je le
croirai quand je le verrai... M. le Président, en définitive, de
deux choses l'une: soit que le gouvernement n'ait rien à cacher,
à ce moment-là, il nous remet une copie du document pour qu'on
puisse l'étudier et qu'on soit sûrs que le contenu du document
n'émane pas d'études financées par le ministère des
Affaires intergouvernementales à même les fonds publics soit que
le gouvernement ait tout simplement été pris en flagrant
délit, M. le Président. Il se limitera alors fort probablement
à une autre déclaration solennelle de la part de membres du
gouvernement.
Une Voix: Donc, votre motion est annulée. M. Gratton:
Justement, non,... M. Bédard: Non, laissez-le là.
M. Gratton: ... justement, c'est ce que vise notre motion et je
conclus là-dessus, M. le Président. S'il doit y avoir
déclaration solennelle la nième depuis un certain temps, on veut
que ce soit le premier ministre qui la fasse. On veut que ce soit le premier
ministre à l'Assemblée nationale avant qu'on ne
procède...
M. Bédard: C'est contraire à votre exposé.
Vous avez dit au début que vous ne vous contenteriez même pas
d'une déclaration du premier ministre...
M. Gratton: Est-ce qu'il a la parole?
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre!
M. Bédard: Non, non, mais soyez logique.
M. Gratton: II faut bien que je me contente de ce qu'on nous
fournit, M. le Président. Ce gouvernement, le gouvernement ni
transparent...
M. Bédard: C'est une procédure dilatoire.
M. Gratton: ... ne fait que des déclarations solennelles.
Ce n'est pas moi qui refuse de rendre les études sur la
souveraineté-association publiques. Je dis donc, dans cette
deuxième hypothèse où le gouvernement est pris en flagrant
délit et
donc refuse de rendre ce document disponible à l'Opposition,
qu'on ait au moins une déclaration solennelle du premier ministre, le
chef du gouvernement et surtout le chef du Parti québécois.
M. Bédard: Vous en avez deux.
M. Gratton: On en veut une autre. On en veut une autre...
M. Bédard: C'est cela, tous les jours, on va monter
à l'Assemblée nationale.
M. Gratton: ... on veut plus que cela, M. le Président.
Peut-être bien que demain, à l'Assemblée nationale, vous en
aurez la preuve éclatante. On a l'intention d'aller jusqu'au bout dans
cette affaire. On a l'intention de démasquer la stratégie du
gouvernement. Si cela implique de proposer la motion du député de
Laval que j'appuierai il va sans dire M. le Président, si cela implique
d'autres procédures, quant à moi, j'y souscrirai volontiers et
avec la plus grande détermination.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, le comité central du
Parti Québécois publie, indirectement, une déclaration et
je m'attacherai à celle qui nous crée le problème actuel
à cette commission. C'est; et je cite: "La promesse de tenir un
référendum n'est qu'une stratégie politique."
Cette déclaration, qui vient du patron du ministre et du
gouvernement, le comité central du Parti québécois, jette
une ombre sur la transparence que doivent revêtir les travaux de notre
commission. Ce document ravale nos travaux à une vulgaire étape
dans la stratégie politique du gouvernement.
Je sais que le ministre ne peut accepter cette situation. C'est sa
crédibilité et celle de son groupe qui est mise en doute par la
publication d'un tel document. Quant à nous, on nous a accusés de
prêter des intentions au ministre. M. le Président, on n'en
prête pas au ministre. C'est son comité central qui lui en
prête, et je crois que le ministre doit s'affranchir de cette
hypothèque qui handicape nos travaux actuellement.
Il y a une contradiction apparente, en fait évidente, entre le
comité central et le ministre qui s'en réfère à la
promesse du premier ministre. Cette contradiction est aggravée par les
déclarations du ministre, qui vont exactement à l'encontre du
comité central. Le ministre dit: On aura un référendum; le
comité central dit: Ce n'est qu'une stratégie politique. Comment
voulez-vous que cette commission travaille avec toute la
crédibilité essentielle au succès de ce projet de loi et
de la démarche référendaire dans un tel contexte?
Après avoir refusé de nous garantir, premièrement,
une question claire à laquelle on peut répondre par un oui ou par
un non, deuxièmement, l'association qualifiée de
l'Assemblée nationale au processus référendaire par un
vote des deux tiers des membres, troisièmement, l'information
complète de l'option séparatiste avant le
référendum, et, enfin, la liberté des gens dans la
campagne référendaire, après avoir laissé se diluer
la crédibilité du gouvernement relativement à cette loi en
refusant de discuter les vrais problèmes, en se cachant derrière
le caractère de loi-cadre, voilà que le comité central
fait tomber les masques pour de bon.
Les députés ministériels ont eu toutes les
misères du monde à conserver un semblant de sérieux dans
ce débat. A chaque tentative du groupe libéral pour
améliorer ce projet de loi en assurant une information complète
à la population, en donnant aux gens la liberté d'expression et
d'association et d'autres pour une question claire et précise sur le
référendum constitutionnel, coup après coup, les
députés ministériels ont accumulé les refus et cet
hermétisme est tellement contraire à l'ouverture, à la
recherche du consensus que nous avait promis ce gouvernement que nous avons
déjà mis en garde le gouvernement contre le danger de perdre
toute crédibilité dans sa démarche
référendaire sur le statut constitutionnel du Québec.
Nous avons déjà dit qu'avec ces manoeuvres de dire oui et
non en même temps oui à l'idée qu'on émet,
non à l'amendement il devenait de plus en plus clair que, pour le
gouvernement, ce projet de loi n'est qu'une parade, qu'un exercice de
passe-passe pour tenter de cacher le vrai, le seul référendum que
tous attendent impatiemment, sauf les Péquistes, qui savent très
bien que ce seul et vrai référendum va les éloigner du
pouvoir.
C'est dans cette perspective que se situe la publication de l'article du
Devoir. Je le cite encore: "La promesse de tenir un référendum
n'est qu'une stratégie politique, dixit le comité central. Nous
resterions cois, silencieux devant une contradiction aussi flagrante entre le
comité central, qui ne travaille pas à cette commission, qui
ravale le référendum au niveau d'une vulgaire stratégie
politique et, d'autre part, le ministre ici qui nous dit qu'il va en tenir
un.
M. le Président, chacun des membres de cette commission est un
parlementaire, les ministériels comme les députés de
l'Opposition. Chacun de nous doit apporter un soin très attentif au
respect de nos institutions démocratiques que sont l'Assemblée
nationale et son prolongement la commission parlementaire. Je ne vois pas
comment un député peut accepter cette parodie de la
démocratie que le comité central a faite de notre commission par
sa déclaration. Nous sommes l'objet d'un mépris d'institution
démocratique de la part du parti au pouvoir. Les députés
ici si le comité central a raison ne sont que des
marionnettes. Ils sont les acteurs involontaires d'une comédie
théâtrale qui est aux antipodes de la démocratie, M. le
Président.
Nos travaux ne sont donc devenus qu'un vulgaire chapitre dans le bouquin
de la stratégie politique du Parti québécois. Quant
à nous, de l'Opposition officielle, nous voulons dire au gouvernement
que nous refusons de nous prêter à cette comédie. Nous
voulons la dénégation de la plus haute instance du parti et du
gouvernement, le
premier ministre, et de façon claire, formelle. Nous sommes
déjà victimes de cette manoeuvre
préréférendaire du Parti québécois; nous
n'en serons pas les complices. Si les députés ministériels
votent contre notre motion, nous saurons alors, hors de tout doute, qu'ils
n'accordent vraiment aucune importance au consensus de la démarche
référendaire, que nous assistons à une parade qui cache
une vulgaire stratégie préréfendaire, que nous vivons un
chapitre d'une manoeuvre d'intoxication de l'opinion publique. Une pilule, ce
n'est pas suffisant, il y en aura d'autres. C'est cela que le comité
central dit, au fond. C'est de l'intoxication de l'opinion publique et on veut
nous associer à cela.
Les députés du Parti québécois, s'ils votent
contre cette motion, seront définitivement démasqués dans
ce que nous doutions qu'ils faisaient ici et à cette manoeuvre à
laquelle ils voulaient nous associer. On nous a accusés de vouloir faire
un show avec cette motion, quant à moi, ce n'est pas un show de
protéger l'intégrité du processus démocratique de
nos institutions parlementaires. Il y en a peut-être plusieurs de l'autre
côté qui n'y croient pas. Quant à nous, de l'Opposition
officielle, nous y croyons.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, si j'écoute
les interventions de l'Opposition, je suis porté à penser que du
côté gouvernemental il y aurait eu ou il y a des intentions
obscures face au projet de loi, face aux engagements du premier ministre et
face aussi au programme du parti. Pour ma part, quand je vois le texte qu'on
retrouve dans le Devoir, qu'il est question d'hypothèses qui sont
apportées, personnellement, en tant que membre d'un parti, des documents
nous parviennent et qu'on nous parle d'hypothèses, je peux aussi bien
les partager ou ne pas les partager. Puisque les décisions
démocratiques au sein de notre parti viennent d'instances bien connues
et qui sont adoptées souvent par résolution. Tandis qu'ici, dans
le texte dont il est question, il est simplement question d'hypothèses.
Je dirais quand même que l'échange que nous avons eu ici peut
avoir deux choses de bonnes, premièrement de préciser que les
intentions du gouvernement se retrouvent très clairement
indiquées dans le projet de loi, à l'article 11, et aussi, dans
le programme du parti, au chapitre II. Si cet échange a eu pour
bénéfice de dissiper ce qui pourrait paraître à
certains des intentions obscures, tant mieux! Et, il restera toujours que ceux
qui préparent des documents, et c'est peut-être la deuxième
bonne chose, nous donnent le moyen de voir qu'ils doivent quand même
travailler leur texte avec le plus de précision possible. Mais il reste
quand même que ceux qui ont préparé un texte avec
l'intention d'informer les membres d'un parti, ils ont mis le mot
"hypothèse " et pour moi, tant que c'est une hypothèse, je peux
aussi bien la partager ou ne pas la partager, la partager en partie ou pas du
tout. Je ne vois pas les gros problè- mes comme l'a soulevé
l'Opposition, puisque les intentions réelles du parti se retrouvent dans
son programme et les intentions réelles du gouvernement se trouvent
déjà dans un projet de loi, à un article 11 qui a
été adopté d'ailleurs.
C'est pourquoi je ne vois pas l'utilité de faire une discussion
à l'Assemlée nationale là-dessus, même si cela aura
eu le bénéfice d'apporter une certaine précision ici en
commission. (17 h 15)
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je ne reprendrai
pas les propos qui ont été tenus précédemment par
mes collègues, en particulier le député de Rosemont, qui
concluaient à bon droit, j'ai l'impression, que tout ce que l'Opposition
officielle tentait de faire aujourd'hui, c'était un show. On l'a vu
d'ailleurs lorsque les caméras étaient ici tantôt.
C'était une espèce de show, de rattrapage pour une défaite
qu'elle a subie hier soir.
Dans cette optique, il faudrait peut-être se rappeler ce qui a
déjà été dit à cette commission.
M. Gratton: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Charbonneau: Non, je ne vous permets pas de question. Je me
suis fait refuser assez de questions par vous.
M. Gratton: C'est quoi la défaite?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau, vous connaissez bien le règlement. Le
député de Verchères ne vous permet pas de question.
M. Charbonneau: On verra cela après.
M. Paquette: D'avoir été démasqués
dans votre soi-disant défense des libertés. C'est cela la
défaite.
M. Gratton: Vous voulez qu'on recommence là-dessus?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères, vous avez la parole.
M. Lalonde: C'est plutôt la défaite de la
liberté qu'il y a eu hier. Ce n'est pas la défaite du Parti
libéral.
M. Paquette: De votre conception de la liberté, qui est
une drôle de liberté.
M. Lalonde: C'est la défaite de la liberté. On le
verra à l'avenir.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! M. Paquette:
Une drôle de liberté. Le Président (M. Clair): A
l'ordre!
M. Paquette: Une drôle de conception de la
liberté.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! M.
Lalonde: Je ne voudrais pas avoir la vôtre.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! M. le
député de Verchères, vous avez la parole.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. C'est la
conception de la liberté de ce parti qui nous a donné la crise
d'octobre en 1970. M. le Président, pour enchaîner avec les propos
du député de Rosemont qui terminait son exposé en parlant
du show politique et du rattrapage des libéraux, j'enchaînerai en
disant que tout cela s'inscrit également dans la stratégie
libérale parce que, si on nous indique qu'on a une stratégie,
j'ai l'impression qu'en avant également, il y a une stratégie.
D'ailleurs, c'est une stratégie qui est de plus en plus claire, que j'ai
déjà dénoncée ici à cette commission et que
je vais continuer de dénoncer, qui consiste à discréditer
avant coup et à ridiculiser avant-coup on n'a qu'à se
rappeler le comportement de votre chef la semaine dernière tout
ce qui entoure le référendum, la question sur l'avenir du
Québec, sur la façon dont les Québécois doivent
choisir comment ils vont être dirigés, comment ils vont se
gouverner eux-mêmes dans les années qui vont suivre.
Ce qui est important pour vous, c'est d'entourer le mécanisme et
éventuellement les résultats de tout un climat qui ferait en
sorte que les résultats et que le processus de consultation
lui-même ne seraient pas crédibles et perdraient la confiance des
Québécois.
Coup après coup, jour après jour, depuis un an et demi,
ces gens d'en face ne sont guidés que par une seule stratégie:
créer dans la population ce n'est pas à des machines qu'on
s'adresse, ce sont des êtres humains cette psychose du
discrédit du référendum, créer ce climat qui fait
en sorte que les gens, au départ, ne considèrent pas valable la
consultation populaire sur leur avenir constitutionnel.
Le problème, c'est que, contrairement à ce que certains
chiffres pourraient laisser penser, cette stratégie n'est guidée
que par une seule raison. Si les gens d'en face étaient tellement
convaincus du résultat des sondages, que le Parti
québécois n'a pas de chance au référendum, que son
projet politique pour l'avenir des Québécois n'a aucune chance
d'être endossé par le peuple du Québec, pourquoi
perdraient-ils leur temps à discréditer avant coup et le
mécanisme de consultation et le résultat du
référendum?
M. Vaillancourt (Jonquière): Très bonne
question.
M. Charbonneau: Mais non, ils craignent ce résultat. Ils
le craignent tellement qu'ils n'ont pas dérogé à leur
stratégie depuis 15 ou 17 mois. Depuis le 15 novembre au soir et
continuellement, mois après mois, jour après jour, chaque fois
qu'il y aune crotte quelque part, chaque fois qu'ils peuvent accrocher une
virgule quelque part, chaque fois qu'ils peuvent parler ou intervenir, toutes
leurs interventions, leurs actions, leurs gestes, leurs déclarations,
leurs communiqués de presse ne sont faits qu'en fonction de cette
stratégie de discréditer le référendum,
discréditer le mécanisme de consultation, discréditer
celui qui va entreprendre cette consultation et discréditer,
naturellement, les résultats. Une fois que les Québécois
auront dit oui, il faudra également leur dire que leur oui ne compte
pas, qu'on va recommencer, que cela n'était peut-être pas bon,
qu'il y avait des affaires qui ne marchaient pas, que la loi sur la
consultation n'était pas parfaite, qu'on aurait dû la faire comme
cela et comme cela.
Cette stratégie serait compréhensible, même si elle
n'est pas acceptable, venant de la part de députés qui ne sont
pas de notre nationalité. Mais venant de compatriotes, c'est plus
difficile à accepter. Venant de gens qui, finalement, quelle que soit
leur conception, se sont déclarés contre le statu quo, venant de
gens qui ont proclamé, depuis plusieurs mois déjà, leur
adhésion au principe qu'il faut redonner à l'Etat
québécois plus de pouvoirs qu'il n'en a actuellement,
voilà qu'il est curieux de constater cette stratégie et cette
motion qui est devant nous aujourd'hui.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères, M. le député de Gatineau invoque le
règlement.
M. Charbonneau: Alors, il faudrait probablement qu'il nous dise
en vertu de quel article, M. le Président!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'ai l'impression que le
député de Verchères est en train...
M. Charbonneau: Quel article? Le Président (M. Clair):
A l'ordre!
M. Gratton: ... de s'engager sur le fond du débat et c'est
sûrement la campagne préréférendaire qu'il
entreprend sur le référendum, sur l'avenir constitutionnel du
Québec. J'aimerais lui rappeler qu'il s'agit ici d'un projet de
loi-cadre.
M. Charbonneau: Ce n'est pas une question de
règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas une question de
règlement.
M. Gratton: On n'est pas censé discuter sur le
référendum...
M. Vaillancourt (Jonquière): II va s'excuser comme
d'habitude! Il soulève des questions de
règlement et il sait que cela n'en est pas! Un ancien
président de commission, il connaît tous les
règlements!
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Gratton: Est-ce que le député de
Jonquière avait la parole?
M. Vaillancourt (Jonquière): On connaît son
truc!
Le Président (M. Clair): A l'ordre! M. le
député de Gatineau, la question de règlement que vous
soulevez fait référence à la pertinence du débat.
L'article 98 de notre règlement se lit comme suit: "Un
député qui a obtenu la parole doit limiter son discours à
la question qu'il soulève, à la question qu'il entend proposer ou
à la question dont l'Assemblée est saisie, et il ne peut s'en
écarter, à moins que ce ne soit pour répondre
brièvement à des digressions." Alors, la motion qui est
actuellement débattue est faite en vertu de l'article 161, alinéa
2, et consiste à demander à cette commission de faire un rapport
intérimaire, et je pense que le député de
Verchères, au moment où il a été interrompu sur une
question de règlement, argumentait, de façon large, mais il
argumentait quand même, sur cette motion du député de
Laval.
M. le député de Verchères, vous avez la parole.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. M. Gratton:
Merci, M. le Président.
M. Charbonneau: Donc, comme je le disais, cela se prend toujours
quand cela vient de gens qui, de bonne foi, défendent leurs conceptions
différentes des nôtres, et surtout de gens qui ne sont pas de
notre nationalité. Ce n'est pas un péché d'être
d'une autre nationalité, c'est simplement une réalité
humaine, une réalité sociologique. Je comprends que cela fait mal
aux libéraux qui ne sont pas capables de se brancher sur une conception
de la nation. Parfois leur chef, l'ex-directeur du Devoir, parle de deux
nations, leur autre chef d'Ottawa parle d'une nation, on ne sait plus de quoi
on parle, et c'est naturellement difficile pour ces gens d'accepter que
certains des leurs et que certains de leurs alliés puissent être
des gens d'une autre nationalité. Comme je vous le disais, venant de ces
gens-là, je comprends cela. Mais venant de nos compatriotes, c'est plus
difficile à prendre. Ce qui est plus difficile à accepter c'est
de voir cette stratégie de ridiculiser l'avenir du peuple
québécois et les choix qu'il aura à faire dans les
prochains mois et les prochaines années.
Le député de Gatineau nous disait tantôt qu'on
était bien mal partis pour essayer de chercher un consensus. Je suis
d'accord avec lui qu'il y a peu de chances qu'on en arrive jamais à un
consensus autour de cette table. Mais les raisons sont différentes.
C'est que vous n'êtes pas du tout intéressés à faire
l'union des Québécois. Le consensus des Québécois
et de la nation québécoise, cela ne vous intéresse pas!
C'est bien certain que lorsqu'on a un chef qui, les premières minutes
après son élection, vient dire: Mon objectif c'est de battre le
Parti québécois, battre son référendum, reprendre
le pouvoir et maintenir les Québécois dans un régime
fédéral, c'est bien difficile, au départ, de chercher un
consensus sur au moins un certain nombre de choses importantes. Je me suis
rappelé, en écoutant le député de Gatineau, avec un
certain humour, la colère que j'ai faite la semaine dernière en
entendant le chef parlementaire du Parti libéral, je me suis
rappelé les propos d'un historien célèbre du
Québec, le chanoine Lionel Groulx, qui il y a un certain nombre
d'années, déplorait la maladie qu'il a appelée
l'idolâtrie du parti et des chefs de parti; c'est ce qui fait que,
contrairement à l'autre nationalité au Canada, la nôtre a
toujours été désunie. Le chanoine Groulx disait d'ailleurs
la chose suivante: "Peu à peu, l'on verra les passions de parti,
l'idolâtrie du parti et des chefs de parti éclipser les
intérêts supérieurs de la nationalité. Le souci ou
l'esprit national ne domineront plus et encore, sans parfaite unanimité,
causeurs de crise, sous la secousse de vigoureux mouvements d'opinions ou sous
l'empire de chefs à puissante personnalité."
Ecartons les chefs à puissante personnalité du
côté de l'Opposition officielle, pour parler plutôt de
vigoureux mouvements d'opinions lors de la taxe de vente, où je me
rappelle avoir assisté, à l'Assemblée nationale, au
discours du député d'Outremont qui endossait la politique du
ministre fédéral et qui, dix minutes après, se faisait
rabrouer par son chef parlementaire qui venait de nous faire un éclatant
discours pour nous dire qu'il se ralliait à la position du gouvernement
du Québec, parce qu'il y avait un vigoureux mouvement d'opinions, comme
l'indiquait le chanoine Groulx, qui amenait l'unité des
Québécois. Et c'était surtout parce que ce vigoureux
mouvement d'opinions leur rappelait qu'ils étaient d'abord là
pour des intérêts de parti, avant d'être là pour les
intérêts de la nation, qu'il était important de corriger le
tir, de changer de stratégie.
Quand on a une motion comme celle-là devant la table qui tente,
par le biais d'un article de journal, de mêler la population, qui manque
de précision, qui tente de faire croire qu'il y a une confusion dans les
intentions du gouvernement actuel, quand on regarde cette stratégie,
cette attitude et cette motion, on se dit que, finalement, tout cela, il faudra
que les Québécois en soient bien conscients, que tout ce qui se
fait autour de la table, provenant, en particulier, de l'Opposition officielle,
est inscrit dans cette stratégie de discré-ditation, dans cette
stratégie qui vise à ridiculiser le référendum, son
mécanisme et les résultats après coup.
Dans ce sens, je termine en disant que cela fait profondément mal
au coeur de voir un tel comportement de la part des gens qui devraient au moins
défendre les intérêts de leur nation avant de
défendre les intérêts de leur parti.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, nous sommes donc devant une
motion qui nous demande de faire un rapport intérimaire à
l'Assemblée nationale. Il serait peut-être utile, à la
réflexion, de faire quelquefois rapport intérimaire des travaux
des commissions à l'Assemblée nationale, qui, on le sait, n'est
pas censée connaître ce qui se passe dans les commissions. C'est
quelquefois d'ailleurs très malheureux.
Il faudrait peut-être, je dirais, instaurer ce mécanisme
que, à quelques reprises, je dirais peut-être à tous les
mois, pour quelques commissions, peut-être aux deux mois, il serait sage
de faire rapport à l'Assemblée nationale. Elle nous confie des
mandats de deuxième lecture et elle passe des mois quelquefois sans
entendre parler de l'état des travaux, sans même pouvoir en
parler. Il est interdit, même pendant la période des questions, de
poser des questions sur l'état des travaux, de souligner même
à l'Assemblée nationale la marche des travaux dans une
commission.
Je crois très sincèrement qu'il faudrait peut-être
songer à changer nos règlements, parce que l'Assemblée
nationale, qui est souveraine nous ne sommes, à toutes fins
utiles, qu'une émanation de cette souveraineté
déléguée est, je crois, souvent bafouée dans
les mandats qu'elle donne. Que pourraient donc comprendre ces rapports
intérimaires? J'aurais quelques suggestions à faire à nos
collègues, puisque les règlements de l'Assemblée
nationale, d'une façon générale, sont adoptés
à l'unanimité, pour une réunion quelconque au mois
d'août peut-être, avant la reprise de nos travaux d'automne.
M. Gratton: Ne comptez pas sur moi. (17 h 30)
M. Fallu: On pourrait, par exemple, demander
régulièrement le nombre d'avis demandés à la
Commission des droits de la personne. On pourrait peut-être,
également déposer à l'Assemblée nationale un
rapport faisant allusion à toutes les malveillances qui se sont dites
alentour de cette table. On pourrait peut-être également inscrire
toutes les interruptions, les injures. On pourrait peut-être
également faire dépôt à l'Assemblée nationale
de tous les documents que l'on cite sans jamais avoir à les
déposer puisqu'on ne fait pas de dépôt à
l'Assemblée nationale. On pourrait peut-être pour le moins faire
état du nombre d'heures, sinon de minutes, qui sont
dépensées sur un tel ou tel article, le nombre d'intervenants qui
ont pris la parole, le temps qu'ils ont pris sur une motion principale et sur
une motion d'amendement et de sous-amendement. On pourrait peut-être,
à ce compte-là, déposer tous les documents qui servent aux
ailes parlementaires pour appuyer leurs propres motions principales,
d'amendements ou de sous-amendements et faire déposer
régulièrement, sans doute à la limite, tous les travaux
faits par les partis politiques chaque fois qu'ils parlent en-dehors de
l'Assemblée nationale.
Bref, M. te Président, ce que je veux souligner par cette sorte
de boutade, c'est que ces rapports intermédiaires...
Une Voix: Intérimaires.
M. Fallu: Intérimaires, pardon... s'ils étaient
pris au sérieux cet après-midi, devraient aussi comprendre des
choses, des choses que l'Assemblée nationale ne connaît pas.
Une Voix: Et heureusement.
M. Fallu: Et heureusement d'ailleurs. Il faudrait faire
état de nos travaux, des travaux de cette présente commission. Il
faudrait faire rapport des heures que nous avons déjà
passées. Il faudrait faire rapport de toutes les contradictions qui se
sont produites ici. Il faudrait faire rapport, M. le Président, surtout
de la façon dont des membres de cette commission ont bafoué et
ont tenté de bafouer le mandat qui leur était donné par le
vote de deuxième lecture de la loi. Il faudrait peut-être,
à ce compte-là, indiquer à l'Assemblée nationale
à combien de reprises des gens de l'Opposition, notamment de
l'Opposition officielle, ont fait assaut contre la loi, ont fait assaut contre
les principes de base de la loi en voulant briser les comités nationaux,
les effriter...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce serait un gros
rapport...
M. Fallu: ... en voulant également casser un principe qui
existe depuis des années, celui du financement, le contrôle des
dépenses des partis politiques en temps de campagne électorale,
mutatis mutandis en temps que campagne référendaire. Ces assauts,
M. le Président, qui ont été faits non seulement au projet
de loi tel que voté en deuxième lecture, mais à combien
d'autres lois déjà votées par l'Assemblée nationale
souveraine, M. le Président, il faudrait en faire rapport. Il faudrait
faire rapport également de tout ce qui a été dit pour
protéger le mandat que nous avions, de combien d'heures nous avons
dû débattre ou combien d'heures nous avons dû patienter
à entendre toutes sortes de sornettes, toutes sortes de balivernes. Ah!
certes c'est le droit parlementaire. Mais moi qui ne suis pas le personnage
pour m'exprimer quand même continuellement, je vous jure que, comme
parlementaire, détenteur ici d'un mandat de l'Assemblée
nationale, d'un mandat de deuxième lecture, il faut être aussi
patient j'allais dire que le député de
Mégantic-Compton sur qui je prends exemple quelquefois.
M. Grenier: Très bien.
M. Fallu: Mais je trouve que l'Assemblée nationale en
prend aussi pour sa dignité. Je m'arrête là, M. le
Président, pour le moment parce que j'ai l'impression que je suis
à la veille de me fâcher.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Gratton: Vous ne feriez pas cela?
M. Lavoie: Oui, M. le Président, je voudrais dire quelques
mots, j'ai encore quelques minutes. Ce n'est pas mon intention de faire un
cours d'économie politique ou sur les institutions politiques non plus
au gouvernement. Mais il y a une chose que le gouvernement ne semble pas
comprendre, et je voudrais lui rappeler encore une fois les expériences
qui ont été vécues ailleurs, c'est que l'instrument
référendaire est un instrument ce qu'il y a de plus
délicat. L'opération référendaire est un instrument
qui doit être entouré d'un maximum de clarté, de
limpidité. C'est un instrument qui doit être mis en place avec le
plus grand consensus de tous les partis. Il faut que la confiance règne
dans la mise en marche de ce mécanisme. C'est l'expérience qu'ont
connue tous les pays démocratiques où cela a été un
succès. Pour que l'opération référendaire soit un
succès, il faut qu'il y ait le moins de litige possible dans son
institution et dans sa mise en place. Il faut qu'il y ait le moins de
contentieux possible.
La preuve en est que, là où cela a réussi dans
certains pays démocratiques, récemment, entre autres en
Grande-Bretange, il n'y a pas eu de débat difficile, il n'y a pas eu de
contentieux comme nous en vivons actuellement, depuis que vous avez mis ce
mécanisme en place. C'est parce que vous ne connaissez pas ou que vous
ne concevez pas quelle est la délicatesse de cet instrument beaucoup
plus qu'une élection. En Grande-Bretagne, il y a eu tellement de
transparence que, même lors du livre blanc, la date était connue.
La question était connue et cela a été mis en place avec
les plus grandes libertés possible. Le projet de loi, ce n'était
pas une loi-cadre, c'était une loi spécifique d'à peine
trois ou quatre pages, qui ne soulevait pas de difficulté comme votre
projet de loi ici en soulève à toutes ses lignes.
M. Paquette: II va y en avoir une motion, il va falloir la
discuter.
M. Lavoie: La question en Grande-Bretagne était:
Pensez-vous que le Royaume-Uni devrait rester dans la Communauté
européenne (le Marché commun entre parenthèses)? Aucun
parti ne pouvait s'opposer vraiment à une consultation honnête de
la population, qui est le but de l'opération référendaire.
En Australie, en 1933, la question était connue: Etes-vous d'accord pour
que l'Etat d'Australie occidentale se retire du Commonwealth
fédéral établi en vertu du Commonwealth of Australia
Constitution Act? Aucun parti ne pouvait s'accrocher contre cela, la question
était claire, limpide, le débat a passé comme une lettre
à la poste.
Dans les autres pays, en Norvège, en Irlande, où cela a
été mis en place pour le Marché commun, il n'y a pas eu
d'affrontement des partis politiques, parce que la confiance régnait.
L'objectivité régnait. La limpidité régnait. Au
Danemark, le respect des règles du jeu était tellement bien
établi, tellement bien mis en place qu'on a jugé à propos
d'avoir un référendum, même sans question. C'est rare. Il
n'y avait même pas de question sur le bulletin de vote, même pas de
question, tellement la confiance régnait, qu'il n'y avait pas de
complication...
M. Paquette: Cela a dû faire avancer le débat pas
mal.
M. Lavoie: Voulez-vous que je vous l'explique? Vous ne l'avez pas
étudié.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lavoie: L'électorat danois fut appelé à
se prononcer sur le projet de loi autorisant le Danemark à devenir
membre de la Communauté européenne en votant ja, oui, ou nej,
non, il n'y eut pas de question.
M. Bédard: II y en avait une, ils demandaient aux gens
s'ils voulaient voter pour le projet de loi. C'est fort.
M. Lavoie: Sur le bulletin, il n'y avait pas de question,
c'était oui ou non. Laissez-moi finir.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est ce qu'on va faire. Pas
de question.
M. Lavoie: Seuls étaient écrits sur le bulletin de
vote les mots "ja et nej"...
M. Paquette: Cela prouve que la question n'était pas
importante.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est cela que vous voulez
qu'on fasse?
M. Paquette: Cela prouve que la question n'était pas
importante.
M. Lavoie: ... avec un espace pour que le votant indique son
choix. Ce serait facile; ce serait possible si le gouvernement respectait
l'engagement qu'il a pris le 15 novembre sur l'indépendance du
Québec.
M. Paquette: ... association.
M. Lavoie: Si le gouvernement disait: On veut que le
Québec se sépare du Canada, ce serait tellement... et le
répétait, si sa position était tellement bien
établie, on n'aurait même pas besoin de questions sur le bulletin
de vote. C'est à cause des faux-fuyants du gouvernement, du ministre des
Finances qui dit que c'est l'indépendance, du premier ministre qui dit
que c'est la souveraineté-association, du député de
Rosemont qui dit que c'est la confédération, comme il l'a dit
ici... Il y a 71 députés québécois et il y a 71
options ou modalités d'options...
M. Paquette: C'est la même option, n'essayez pas.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, à l'ordre!
M. Lavoie: Au Danemark, on avait joint au bulletin un formulaire
de directives au votant qui se lisait comme suit: Le vote porte sur le projet
de loi relatif à l'adhésion du Danemark aux communautés
européennes adopté par le Folketing. Celui qui est en faveur du
projet de loi l'indique par un X à côté du oui et celui qui
est contre le projet de loi l'indique par un non.
Si on connaissait la position du gouvernement qui s'est engagé le
15 novembre à un référendum sur l'indépendance, on
n'aurait même pas besoin de questions sur le bulletin de vote. Votre
position est tellement ambiguë qu'il faut une question surtout pour les
membres du Parti québécois qui ne sauront pas quelle est la
position de leur propre gouvernement.
M. Charbonneau: On l'a fait la semaine passée.
M. Lavoie: C'est pour cela, M. le Président, qu'on demande
de faire un rapport intérimaire à l'Assemblée nationale
avant de continuer nos travaux; on veut avoir plus de clarté.
D'ailleurs, il y a tellement peu de limpidité, de clarté,
d'objectivité dans les règles du jeu que tous les amendements
qu'on vous a proposés pour qu'on puisse atteindre les critères
qui ont été obtenus ailleurs dans les pays
démocratiques... Il n'y a pas eu de discussion sur la question; il n'y a
même pas eu de vote dans ces pays-là, en Norvège, en
Irlande, en Angleterre, en Australie. La question était claire; elle
était connue.
M. Paquette: Peut-être parce qu'il y avait des oppositions
constructives.
M. Lavoie: Même si vous nous dites aujourd'hui que ce n'est
pas l'indépendance, que vous prônez vraiment la
souveraineté-association, ce que le ministre des Finances ne dit pas,
dites-nous que l'option soumise à la population du Québec, c'est
la souveraineté-association, à la condition que vous expliquiez
ce que cela veut dire, par contre, parce qu'il peut y avoir cent sortes de
souveraineté-association. Il n'y aurait aucune discussion parce qu'on
veut également, nous, consulter la population. On ne s'enfargerait pas
et on ne buterait pas sur la question.
On vous a demandé les deux tiers de l'Assemblée nationale;
ce serait un consensus. Vous avez dit non. Cette demande n'a même pas
été nécessaire ailleurs parce que tout le monde
était satisfait de la question, elle était claire. On vous a
demandé, par un amendement que vous avez encore refusé, que la
question appelle sans vous demander la question, que ce soit clair
un oui ou un non. Vous avez encore dit "niet". On vous a encore
demandé, pour que cela soit assez juste, honnête, clair, limpide,
transparent, on a eu une petite exigence, soit qu'avant quelque
référendum que ce soit, on ait l'opinion de la Commission des
droits de la personne, "Niet" encore. Encore un amendement battu.
Une Voix: "Nniet".
M. Lavoie: On vous a demandé par un autre amendement... on
en veut un, un référendum. On vous a demandé, en vertu de
la loi 92 qu'on étudie, que les brefs soient nécessairement
émis en deçà des 50 jours après la question. On en
veut un, un référendum. On veut vous forcer à le tenir au
moins en deçà des 50 jours. A notre motion, vous avez encore dit
"niet".
C'est cela votre clarté sur les règles du jeu; on est dans
le brouillard, on est dans la soupe depuis le départ. Vous voulez qu'on
vous fasse confiance. Vous ne nous donnez pas, comme le premier ministre le
dit, la demie des trois quarts du commencement de la queue de la confiance.
Comment voulez-vous que le débat se déroule normalement. Il y a
une contradiction d'un bout à l'autre. Au mois de novembre, vous
promettiez un référendum sur l'indépendance: Elisez un bon
gouvernement; le peuple décidera après; quinze jours
après, à New York, l'indépendance était faite;
c'était juste une question de date. Cela a été
l'étapisme; il n'est plus question de consulter la population; c'est
inéluctable, la séparation.
Le ministre des Finances dit: Tout ce que vous faites est en vue de la
séparation. Comment voulez-vous que la confiance règne? Vous vous
attendez qu'on adopte votre loi comme une lettre que l'on met à la
poste? Depuis le début, vous nous donnez toutes les raisons de ne pas
avoir confiance en vous. (17 h 45)
Je termine en disant que vous ne connaissez pas le mécanisme
référendaire. C'est beaucoup plus délicat qu'une
élection. C'est fragile, la consultation populaire. D'ailleurs, je
pourrais vous citer l'opinion de Jean-Charles Bonenfant qui l'a
déjà dit: Le danger dans la plupart des endroits, c'est que cela
se transforme en plébiscite. C'est arrivé en France, parce qu'ils
ne l'ont pas connu peut-être, le vrai mécanisme là-bas. On
ne votait plus sur la question de la décentralisation ou
l'Algérie, parce que le président de la république disait:
Si vous votez non, si vous votez contre la libération de
l'Algérie, je m'en vais à Colombey.
M. Grenier: Colombey-les-Deux-Eglises, pas
Colombo-Les-Deux-Eglises!
M. Lavoie: Toute la question... Il y a de bonnes
expériences référendaires; il y a des endroits où
il y a eu du succès, en Irlande, en Angleterre, en Norvège, au
Danemark, en Australie, parce qu'on y allait avec doigté, avec
délicatesse, avec pureté, avec bonne foi et avec
honnêteté. Tous ces critères, c'est bien malheureux, mais
ils n'existent pas au Québec, en 1978.
Voulez-vous essayer de le comprendre? C'est pour cela que la confiance
ne règne pas. On ne fait plus confiance au gouvernement. On ne fait plus
confiance au ministre de la Justice. Vous voulez l'ouverture, le consensus;
depuis le début, ce sont des niets à répétition,
lorsqu'on veut l'établir cette confiance.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne le voulez pas.
M. Lavoie: C'est la raison pour laquelle on demande de faire
rapport intérimaire à l'Assemblée nationale pour forcer le
gouvernement justement à comprendre ce qu'est une activité
référendaire et à nous donner à nous,
parlementaires et aux Membres de l'Opposition, au moins un début de
confiance dans toutes ces questions qu'on lui pose.
Le Président (M. Clair): M. le ministre de la Justice.
M. Bédard : M. le Président, le leader de
l'Opposition officielle fait référence à plusieurs
réponses négatives que nous avons données concernant
certains amendements qui ont été proposés par
l'Opposition, sauf qu'il oublie de dire justement que l'ensemble de ces
amendements, la grande majorité de ces amendements était à
l'encontre même du principe de la loi-cadre que nous avons à
voter. Nous en avons eu, M. le Président...
M. Gratton: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'y a pas de question de
règlement.
M. Bédard: Vous n'avez pas de question de
règlement, vous!
M. Vaillancourt (Jonquière): On ne l'a pas interrompu,
nous, le député de Laval.
M. Gratton: C'est le président qui décide si c'est
une question de règlement.
Alors question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, le ministre sait fort bien
que si nous avions présenté...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le Président.
M. Gratton: ... des motions d'amendement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! Un instant! Il va
l'exposer et je vais vous le dire.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, vous
connaissez ses tactiques, depuis le début qu'il fait cela.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! Brièvement,
s'il vous plaît!
M. Gratton: M. le Président, je peux vous dire que si les
motions d'amendement que nous avions présentées étaient
allées à l'encontre...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, ce
n'est pas une question de règlement.
M. Gratton: ... du principe du projet de loi, vous les auriez
sûrement déclarées irrecevables.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai une directive à
vous demander, M. le Président.
M. Gratton: II n'a pas le droit de dire cela, M. le
Président. Il fausse la vérité en disant cela.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, j'ai
une directive à vous demander.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
depuis le début des travaux de cette commission, le député
de Gatineau s'évertue à soulever des questions de
règlement. Je comprends que vous êtes obligé de l'entendre,
avant de décider si c'est une question de règlement ou non. Je
comprends cela. J'ai déjà occupé ce fauteuil. Mais, M. le
Président, avec l'expérience qu'il nous a démontrée
depuis quelques jours, les motions et les questions de règlement qu'il a
faites, vous devriez vous rendre compte immédiatement dans ce cas-ci que
ce n'était pas une question de règlement. On a bien beau
s'excuser, mais on ne peut pas se moquer du règlement de
l'Assemblée nationale. N'y aurait-il pas lieu et c'est ma demande
de directive de faire en sorte qu'à l'avenir vous demandiez au
moins au député de Gatineau en vertu de quoi il invoque une
question de règlement. En vertu de quoi?
M. Gratton: En vertu des droits de la vérité, tout
simplement. C'est bien clair.
M. Vaillancourt (Jonquière): Bon, c'est l'article 96 et
c'est à la fin de l'intervention du ministre. D'accord?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! M.
Gratton: Et du respect pour le président.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... Vous le savez, cela.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): On ne vous a pas interrompu,
laissez-nous la paix!
Le Président (M. Clair): A l'ordre! M. le
député de Gatineau, M. le député de
Jonquière, je pense que les propos que vous avez tenus de part et
d'autre s'éloignaient de la question en litige qui était
celle de savoir si oui ou non le ministre avait l'intention de revenir sur des
décisions que j'ai rendues préalablement. Je suis convaincu que
le ministre n'entend aucunement mettre en cause les décisions que j'ai
pu rendre quant à la recevabilité des motions d'amendement.
M. Bédard: En aucune façon, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: Et vous vous rappelez que certaines
propositions, que certains amendements qui ont été
proposés par l'Opposition officielle, vous les avez acceptés en
disant qu'ils étaient sur la limite, mais dans une largesse c'est
normal de vue qui contribuait à rendre la discussion la plus
étendue possible sur ce projet de loi.
Il est très clair que la raison pour laquelle nous avons dit non
à la plupart des amendements c'est parce que c'était notre
conviction, M. le Président. Nous avons au moins droit à nos
convictions, j'espère? Ces amendements allaient à l'en-contre
même du principe de la loi. Nous avons pu le constater hier, en ce qui a
trait à un amendement auquel fait référence le
député de Gatineau qui allait carrément à
l'encontre d'un principe fondamental de la loi qui est l'instauration de
comités nationaux permettant aux différentes options de mieux se
définir et de mieux se faire valoir afin de permettre aux citoyens de
mieux s'exprimer et de voir plus clair dans le débat. Egalement, cet
amendement allait à l'encontre même d'un principe fondamental du
projet de loi concernant le contrôle des dépenses. Je pense qu'il
n'était que de mon devoir, comme ministre responsable et
également comme membre de l'Assemblée nationale, de faire en
sorte que la volonté, non seulement du gouvernement, mais la
volonté de l'Assemblée nationale soient respectées ici, au
niveau de la commission, et d'exprimer nos convictions dans le sens de ce
respect.
C'est pourquoi cet amendement dont parle le député de
Gatineau, a été rejeté; c'était notre devoir de le
faire. Il est évident que c'était notre devoir et cela continuera
d'être notre devoir M. le Président de refuser des amendements de
l'Opposition qui, selon notre conviction, vont à l'en-contre même
des principes de cette loi.
Il est clair que... j'ai écouté le contenu des
différentes interventions aux fins de soutenir cette demande de rapport
à l'Assemblée nationale. Il est clair que c'est une mesure
dilatoire je le regrette qui a pour but d'essayer, encore une
fois, de discréditer cette loi de la consultation populaire avec les
principes qui y sont contenus, parce que fondamentalement, l'Opposition
officielle n'est pas d'accord avec ces principes qui sont le contrôle des
dépenses, la formation des comités, la nécessité
d'insérer, à l'intérieur de ce projet de loi, la notion de
statut affilié tel que recommandé par la Commission des droits de
la personne.
Vous savez je n'ai pas à vous le remémorer
quelle lutte a fait l'Opposition pour essayer de faire croire à la
population que la présente loi était contraire aux droits et
libertés de la personne. Vous le savez, M. le Président, vous
avez été à même de le constater, que la Commission
des droits de la personne a fourni deux avis qui sont très explicites,
qui sont, à mon sens, très significatifs et très
catégoriques sur, justement, le non-contravention de cette loi par
rapport à la préservation des droits et libertés
individuels. On a permis sur ce sujet un débat très large et
hier, les libéraux en particulier ont réalisé
jusqu'à quel point ils ne pouvaient avec crédibilité,
continuer sur cet objectif de faire croire, à la population et aux
personnes ici, que la loi-cadre sur la consultation populaire allait à
l'encontre des droits et libertés individuels. C'est cela leur
défaite d'hier, M. le Président, celle d'avoir montré
très clairement, malgré leurs grandes affirmations de principes,
qu'ils étaient fondamentalement contre le contrôle des
dépenses, contre la formation de comités et qu'ils ne
comprenaient absolument rien à ce qui s'appelle la préservation
des droits et libertés individuels, mais qu'ils
préféraient plutôt, pour des motifs électoraux
très précis, associer cette notion des droits et libertés
individuels à n'importe quelle sauce.
Je pourrais enligner... On a vu tout à l'heure l'Opposition
officielle faire le compte des amendements qu'ils ont présentés
et qui n'ont pas été acceptés et essayer de
préparer tranquillement une stratégie qui semble s'avérer
de plus en plus claire. L'avenir sera à même de nous donner
raison. Mais une chose est claire, c'est que le Parti libéral,
après la journée d'hier, sachant que nous arrivions à
l'article 23 qui montre vraiment l'ouverture que le gouvernement voulait avoir
à la suite de la recommandation faite par la Commission des droits de la
personne, se voyait maintenant obligé de faire face à la musique,
se voyait obligé, en votant contre l'article 23 et l'amendement que nous
y apportions, de dire carrément que non seulement il était contre
le contrôle des dépenses, non seulement il était contre
l'instauration de comités nationaux, mais qu'il était en plus
contre l'avis de la Commission des droits de la personne. A ce
moment-là, il ne lui restait absolument plus aucun argument, sa
crédibilité devenait absolument inexistante.
M. le Président, c'est tellement vrai que cette stratégie
et je le déplore qu'a adoptée l'Opposition
officielle et je parle de l'Opposition officielle d'une façon
tout à fait particulière celle de discréditer la
loi pour essayer d'en faire un instrument non pas délicat, non pas
crédible, mais d'essayer d'en faire un instrument dont ne pourrait se
servir un gouvernement pour tenir une consultation populaire... C'est tellement
vrai que cela fait partie d'une stratégie qui ne vient pas seulement...
Qui est peut-être plus claire maintenant, à la lumière des
débats que nous avons eus, une stratégie qui était
déjà déterminée depuis le dépôt du
livre blanc, qui était déjà déterminée
depuis la présentation en deuxième lecture de ce
projet de loi où les libéraux rappelez-vous-en
ont voté contre le principe d'une loi sur la consultation
populaire. Ils ont voté contre une loi-cadre sur la consultation
populaire. Pensez-y. A ce moment-là, sans même auparavant faire
l'effort de venir ici à cette commission...
M. Lalonde: Bien, il faut voter avant. M. Lavoie: ...
lecture...
M. Bédard: ... en faisant preuve de leur bonne... Mais
non, ils ont voté contre.
M. Lalonde: ... contre le livre blanc.
M. Bédard: Ils étaient contre le livre blanc. Ils
étaient contre en deuxième lecture.
M. Lalonde: Vous appelez cela un livre blanc, vous autres!
M. Bédard: Vous avez parlé tantôt et je ne
vous ai même pas interrompu.
M. Lavoie: C'est un livre gris. Ce n'est pas un livre blanc.
M. Bédard: Si cela fait mal, arrangez-vous avec vos
bobos.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Bédard: Non seulement ils ont voté contre au
niveau du livre blanc... Il s'agit simplement de voir les petites circulaires
du Parti libéral. S'il fallait commencer à parler des circulaires
des différentes partis, on en aurait long à dire, M. le
Président, mais on ne s'amusera pas à cela, parce qu'on croit que
le travail au niveau de la commission est un travail beaucoup plus
sérieux que celui de se laisser influencer par les déclarations
ou par des circulaires ou par des réflexions ou par des
hypothèses qui peuvent être contenues dans des publications de
partis quels qu'ils soient.
M. Lavoie: On veut Burns! On veut Burns!
M. Lalonde: Une motion de très prompt
rétablissement, M. le Président, pour le député de
Maisonneuve.
M. Bédard: Alors, la meilleure preuve, M. le
Président, en deuxième lecture...
M. Vaillancourt (Jonquière): A l'ordre! Le
Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! Kl. Bédard:
Oh oui! Jouez au ridicule. M. Lavoie: On veut Burns!
M. Vaillancourt (Jonquière): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Bédard: Jouez au ridicule parce que si vous pensiez
peut-être que je viendrais ici avec cette souplesse qui irait
jusqu'à renier...
M. Lalonde: Une motion de très prompt
rétablissement.
M. Bédard: ... et aller à l'encontre des principes
fondamentaux qu'il y a dans cette loi, vous vous êtes trompés. Et
si, pour être ministre de la Justice, responsable à vos yeux,
respectable à vos yeux, je dois accepter les amendements qui vont
à l'encontre des principes de cette loi, ne vous faites pas d'illusion,
cela n'arrivera pas.
M. le Président, en deuxième lecture, avant même de
faire la tentative de venir en commission parlementaire pour améliorer
la loi, avant même de faire ce travail...
M. Lalonde: ... ne peut pas être adopté... M.
Bédard: M. le Président, ils ont voté... M.
Lalonde: ...
M. Bédard: Laissez faire, vous avez voté contre le
principe d'une loi-cadre.
M. Lalonde: Oui.
M. Bédard: Contre la consultation populaire.
M. Lalonde: Oui, contre la loi.
M. Bédard: Ces gens-là ne veulent pas consulter la
population.
M. Lalonde: Démagogie. C'est de la démagogie.
M. Bédard: Ils ne croient pas qu'un gouvernement peut
honnêtement consulter la population.
M. Lalonde: Vous êtes démagogique en... M.
Bédard: Ces gens-là ne croient pas que...
M. Lalonde: On voit le peu de valeur de vos arguments.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lalonde: Vous recourez à de la petite démagogie.
Vous n'avez pas honte!
M. Bédard: Ces gens-là ne croient pas au bon sens
de la population.
M. Godin: ... à respecter les droits fondamentaux du
ministre.
M. Bédard: Ces gens-là ne respectent pas la
population.
M. Lalonde: C'est épouvantable!
NI. Bédard: C'est pour cela que le 15 novembre ils se sont
retrouvés dans la position...
M. Lalonde: Vous vous abaissez...
M. Bédard: ... parce qu'ils ont fait depuis longtemps la
preuve qu'ils ne respectaient pas la population.
M. Lalonde: Vous vous abaissez. Vous devriez avoir honte!
M. Bédard: Ils ne la respectaient pas au point de
s'abaisser à la consulter. Eh bien nous, du parti gouvernemental, sur
quelque question que ce soit, et des questions très importantes comme
celle de l'avenir constitutionnel du Québec, nous n'avons pas peur
d'aller consulter la population, de lui demander... (18 heures)
Une Voix: Quand?
M. Bédard: Vous le saurez en temps et lieu, là vous
vous amusez.
Des Voix: Quelle question?
Le Président (M. Clair): A l'ordre! Messieurs...
M. Bédard: Nous n'avons pas peur d'aller consulter la
population, de faire confiance à cette population; elle saura
répondre ce qu'elle doit répondre ou ce qu'elle entend
répondre en fonction de mieux assurer son avenir constitutionnel.
M. Gratton: "Niet!"
M. Charbonneau: Continuez de vous ridiculiser. Continuez votre
stratégie de ridiculiser.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... vous auriez
été interrompus à plusieurs reprises.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: C'est tellement vrai, M. le
Président!
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le ministre...
M. Lalonde: II est 18 heures. M. Lavoie: On veut
Burns.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est 18 heures.
M. Bédard: Vous ne vous amuserez pas...
Le Président (M. Clair): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 18 h 1)