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Étude du projet de loi no 3
(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre,
messieurs!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
est réunie pour étudier le projet de loi no 3. Normalement, nous
siégerons à partir de maintenant jusqu'à 12 h 30. Pour
l'étude du projet de loi no 3, les membres de cette commission sont: M.
Bédard (Chicoutimi) remplacé par M. Dussault (Châteauguay);
M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Alfred (Papineau); M.
Charbonneau (Verchères); M. Forget (Saint-Laurent) remplacé par
M. Lavoie (Laval); M. Grenier (Mégantic-Compton) remplacé par M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Laberge (Jeanne-Mance); M. Levesque
(Bonaventure) remplacé par M. Gratton (Gatineau); M. Morin
(Louis-Hébert) remplacé par M. Burns (Maisonneuve); M. Paquette
(Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Comme intervenants, M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond); M.
Ciaccia (Mont-Royal) remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M.
Clair (Drummond), M. Guay (Taschereau); M. Lavoie (Laval) remplacé par
M. Marchand (Laurier) et M. Lévesque (Taillon).
Le rapporteur de cette commission, M. Laberge.
M. Laberge: Pas de problème.
Le Président (M. Jolivet): Pas de problème.
Le projet de loi no 3, Loi sur le registre des électeurs, est
donc appelé. Article 1 ? M. le ministre.
M. Burns: Adopté, M. le Président. M. Lavoie:
M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Laval.
Remarques générales
M. Lavoie:... avant d'attaquer de front l'article 1, même
s'il y a une coutume de faire souvent, avant de passer directement à
l'article 1, des remarques préliminaires générales, ce
n'est pas directement mon intention de faire ces remarques
préliminaires. D'ailleurs, je ne voudrais pas répéter, en
ce qui me concerne, l'intervention que j'ai faite hier.
M. Burns: Vous avez bien fait cela, d'ailleurs, M. le
député.
M. Lavoie: Je vous remercie.
M. Burns: J'apprécie beaucoup votre intervention. Cela a
permis à beaucoup de mes fonction- naires de se pencher sur les
questions que vous posiez hier.
M. Lavoie: Je n'ai pas l'intention de répéter ce
que j'ai dit hier. Je remercie, d'ailleurs, le ministre d'avoir
accédé à notre demande de suspendre la deuxième
lecture justement pour passer à l'étude article par article pour
les différentes raisons que nous avons soulignées,
spécialement à cause du caractère tout à fait
technique de ce projet de loi, et de l'importance du fait qu'on touche
l'exercice de la démocratie, si on peut dire, un des droits primordiaux
des citoyens dans notre système.
Ce que je proposerais, par contre, c'est qu'à une séance
comme la présente séance, actuellement, on puisse faire
peut-être un genre de séance exploratoire. Parce que vous savez
comme moi que dans un projet de loi tous les articles se tiennent. Souvent, si
on nous soumet pour adoption l'article 2, il peut y avoir des incidences
à l'article 78. Ce ne serait pas mon intention, si on passait
directement à l'article 1, d'être dans la position de suspendre
constamment des articles. On pourrait être rendu à l'article 30 et
il pourrait y en avoir 25 suspendus si on ne peut avoir les réponses que
dans les articles 75 ou 80. Je vois que vous êtes entouré de vos
experts, des fonctionnaires de votre ministère qui ont
rédigé, j'imagine, le projet de loi. Je souligne la
présence du directeur général des élections, Me
Côté, ainsi que celle de ses adjoints, je crois.
M. Burns: Me Carignan qui a travaillé de façon
très proche.
M. Lavoie: Pourriez-vous nous les présenter?
M. Burns: Sûrement. À part mes collègues
ministériels qui sont ici le député de
Châteauguay...
M. Lavoie: II nous présente les députés,
maintenant!
Une voix: Eux, on les connaît!
M. Burns:... le député de Rosemont, le
député de Papineau et le député de Jeanne-Mance
il y a Me Carignan, qui a été notre conseiller juridique
depuis le début dans ces amendements, qui vient du bureau du directeur
général, qui est actuellement prêté à mon
ministère; évidemment, nous avons Me Pierre-F. Côté,
qui est directeur général des élections; mon
sous-ministre, M. André Larocque, qui a eu une grande part
là-dedans et il y a des adjoints, M. Fournier, du bureau du directeur
général des élections, Me Lionel Levert, qui est du
comité de législation; du ministère de la Justice, M.
Tremblay; de mon cabinet, en fait, même plus de mon cabinet maintenant,
du Conseil exécutif, M. Bougie. M. Giguère et M. Lavoie sont ici,
me dit-on. Oui, je les vois là-bas. Ce sont les personnes ressources qui
sont mises à votre
disposition au point de vue de la commission.
Maintenant, sur votre première remarque, M. le
député, j'ai offert déjà aux partis de l'Opposition
de rencontrer directement le directeur général des
élections pour qu'il puisse vous faire valoir son point de vue
là-dessus. C'est technique, il n'y a rien de politique là-dedans,
il ne s'agit pas de vendre une idée, du côté
gouvernemental, ni quoi que ce soit. Cette offre est toujours maintenue; si
vous pensez que c'est utile de le faire, je suis même prêt à
suspendre les travaux de la commission pour que vous rencontriez le directeur
général des élections hors ma présence.
M. Lavoie: Non. Ce que je proposerais...
M. Burns: Maintenant, si vous voulez continuer, on va continuer
tout simplement.
M. Lavoie: Bien, ma proposition est bien simple, ce n'est pas une
proposition formelle. Surtout sur un projet de loi de cette importance, nous
préférerions il ne s'agit pas de faire de rencontre in
camera ou privément je pense que c'est l'endroit ici, dans une
commission parlementaire, c'est un des buts de la commission
parlementaire...
M. Burns: D'accord, il n'y a pas de problème.
M. Lavoie:... de dialoguer, de vous poser des questions. Si vous
voulez qu'on vous les pose directement, vous nous apporterez des
réponses. Même, je serais consentant, comme cela se fait dans
certaines commissions, que surtout le premier responsable de l'application de
cette loi, Me Côté, puisse s'asseoir à la table et qu'il
réponde directement, comme cela se fait dans plusieurs commissions. Je
crois qu'il est prévu, comme aux engagements financiers, qu'il parle en
son nom; aussi aux crédits. Quand même, ce n'est pas un
fonctionnaire ordinaire; je ne dis pas que les autres sont ordinaires mais
celui-là a un statut spécial du fait qu'il est nommé,
comme quatre ou cinq uniquement au Québec, par les deux tiers de
l'Assemblée. Il doit être au-dessus de tout reproche, de tout
soupçon. Je pense qu'il doit parler librement en commission
parlementaire, si des membres de cette commission veulent lui poser des
questions sur l'application de la loi.
Je verrais très bien surtout Me Côté prendre part
à...
M. Burns: Je dis tout de suite que je suis entièrement
d'accord avec cela.
M. Lavoie: Très bien.
M. Burns: Alors, il n'y aura pas de problème
là.
M. Fontaine: M. le Président, je ne vois aucune objection
à ce que Me Côté puisse prendre la parole à cette
table; au contraire, je pense que ce serait un avantage pour tous les membres
de la commission de pouvoir entendre ses commentaires.
M. Burns: Sûrement.
Le Président (M. Jolivet): Donc, étant tous
d'accord, Me Pierre-F. Côté peut s'installer maintenant à
la table.
M. Lavoie: Ici, peut-être, à côté du
président. Le Président (M. Jolivet): II peut s'installer
ici.
M. Burns: Je n'ai aucune espèce d'objection parce que,
comme vous dites, M. le député de Laval, je pense que le
directeur général des élections, étant élu
aux deux tiers de l'Assemblée, est une personne qui non seulement est
une personne-ressource mais une personne qui est bien au-dessus des
débats politiques que nous pouvons avoir en commission parlementaire.
Dans ce sens, je n'ai même pas l'intention de demander que, lorsqu'il
parlera, il parle en mon nom...
M. Lavoie: Je pense qu'il devrait même...
M. Burns:... je pense, qu'il parle en son nom à lui.
M. Lavoie: Ah oui! pas en votre nom, exactement.
M. Marchand: C'est parce qu'il y a des implications politiques
là-dessus.
M. Burns: Non, et d'ailleurs...
M. Marchand: Je pense qu'au point de vue des implications
politiques M. Côté ne devrait pas se prononcer. Cela devrait
être le ministre.
M. Burns: ... je n'ai aucune autorité sur lui, c'est
l'Assemblée nationale qui a autorité sur lui. Dans ce sens, je
pense qu'il peut parler vraiment en son nom.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Une directive simplement, M. le Président.
Généralement, quand un fonctionnaire intervient dans une
commission parlementaire, cela paraît au journal des Débats au nom
du ministre. Comme le ministre vient de dire tantôt qu'il faudrait que Me
Côté parle en son nom, est-ce que des directives peuvent
être données au journal des Débats?
Le Président (M. Jolivet): Pour clarifier la situation
dans le contexte d'un consentement unanime, comme président, j'autorise
que M. Côté apparaisse au journal des Débats comme M.
Côté.
M. Lalonde: Très bien.
M. Burns: Je ne dirais pas la même chose si vous demandiez
à mon sous-ministre...
Des voix: Non, non.
M. Burns: ... de répondre. À ce moment-là,
il parlerait en mon nom.
M. Lalonde: Je suis parfaitement d'accord.
M. Burns: Ce n'est pas quelqu'un sous mon autorité. C'est
le directeur général des élections.
M. Lavoie: Le but de ma demande maintenant, M. le
Président, c'est de ne pas procéder immédiatement d'une
manière chronologique par les articles 1, 2, 3, 4... Au cours de cette
séance exploratoire qu'on pourrait faire ce matin, entre autres,
j'aurais cinq points à soulever qui pourraient faire l'objet de
discussions avant d'attaquer les articles un par un, parce que cela pourrait
nous apporter une réponse globale pour nous faire connaître la
philosophie générale du gouvernement dans l'étude du
projet. Nécessairement, si on a des réponses satisfaisantes, cela
pourrait même accélérer l'étude du projet de loi et
empêcher une multitude de questions à chacun des articles. Je vais
poser ces questions tout de suite, brièvement, quitte à y revenir
après. Le ministre me disait lors d'une rencontre que nous avons eue
hier matin, que vous entendez déposer à l'Assemblée
nationale en première lecture la refonte complète de la Loi
électorale à la suite du comité Dussault.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
ne sais pas, à ce niveau-là, de quelle façon on va
procéder, mais j'aimerais avoir une forme de consentement afin de
procéder... J'ai appelé l'article 1 simplement pour les besoins
du journal des Débats, mais si, au bout de la course, on s'entend sur
une formule de travail qui nous permette d'accélérer le processus
de discussion, si on s'entend au niveau de chacun des partis...
M. Burns: M. le Président, là-dessus, je pense que
le porte-parole de l'Opposition a le droit ce n'est sûrement pas
moi qui va contester ce droit de faire des remarques à
caractère général avant d'entreprendre l'examen de
l'article 1. Dans ce sens, je consens, M. le Président, que le
député de Laval et le député de Nicolet-Yamaska
fassent des remarques à caractère général.
Peut-être qu'on reprend de façon un peu moins formelle le
débat de deuxième lecture, mais je pense que cela peut aider
à la discussion. Au fur et à mesure qu'on abordera les articles,
il y aura peut-être un certain nombre de réponses que je pourrai
donner dès le départ qui amélioreront la discussion au
niveau des articles X, Y ou Z.
Le Président (M. Jolivet): C'était simplement pour
les besoins du journal des Débats. À ce moment-là, je
pense qu'on pourrait permettre les demandes de l'Opposition officielle,
ensuite, celles de l'Union Nationale...
M. Burns: Consentement.
Le Président (M. Jolivet): ... sans considérer les
20 minutes habituelles, pour accélérer le dossier.
M. Lavoie: Cela ne prendra pas 20 minutes. (10 h 30)
M. Burns: Consentement, M. le Président.
M. Lavoie: Cela remplace en quelque sorte des remarques
préliminaires. Un des premiers points, je disais que le ministre hier
nous annonçait qu'il déposerait à la fin de mai ou dans le
courant du mois de juin, à la fin de la présente partie de la
session, c'est-à-dire d'ici un mois environ, un projet de loi en
première lecture faisant une refonte complète de la Loi
électorale. Cela a nécessairement des incidences sur
l'étude du projet de loi actuel et, si je comprends bien, c'est qu'en
adoptant la loi 3 dans les jours prochains le nouveau projet de loi qui sera
déposé, la refonte complète, apportera
nécessairement des amendements au projet de loi qu'on étudie
actuellement.
M. Burns: C'est un fait.
M. Lavoie: Bon! Cela veut dire que, pour bien comprendre, si nous
adoptons la loi 3 d'ici, disons, une semaine ou quinze jours, l'autre projet de
loi de la refonte, qui sera déposé en première lecture et
qui est prévu pour étude ou adoption cet automne, amendera
déjà la loi 3 dans peut-être plusieurs articles.
M. Burns: C'est exact.
M. Lavoie: Deuxième point: une question clef à mon
point de vue, je l'ai soulignée hier. Je pense que c'est surtout
relativement à l'article 50 du projet de loi. Il s'agit de la
primauté, des listes provisoires que le directeur général
des élections est en train de mettre en place actuellement à la
suite de l'adoption de la loi 123 au mois de décembre, de la mise en
place du registre avec les informations qu'il obtient de la Régie de
l'assurance-maladie, du BVA, le Bureau des véhicules automobiles, et
d'autres ministères. Ces listes provisoires avec le numéro
d'assurance-maladie, qui seront remises au recenseur lors d'un recensement qui
devrait se faire on ne sait pas quand avant le 30 septembre,
auront-elles une certaine primauté je dirais ou
peuvent-elles être totalement amendées, corrigées lors du
recensement? Si les personnes qui seraient sur cette liste ne pouvaient pas
être atteintes par les recenseurs à cause d'absence ou quoi que ce
soit, est-ce que les recenseurs pourraient rayer ces gens-là? En somme,
est-ce que ce sont les listes provisoires qui ont une primauté ou si
c'est le travail final des recenseurs? C'est assez important de clarifier
cela.
M. Burns: Je pense que là-dessus...
M. Lavoie: Je n'ai pas besoin de réponse tout de
suite.
M. Burns: D'accord.
M. Lavoie: Je vais vous donner mes cinq points...
M. Burns: D'accord.
M. Lavoie: ... le plus brièvement possible. La relation
avec les nouvelles circonscriptions électorales. Encore là, le
ministre m'a dit hier que d'ici quatre ou cinq semaines, un projet de loi sera
déposé sous son autorité à l'Assemblée
nationale en première lecture, élargissant la commission
permanente de la révision des districts électoraux. Suivant une
déclaration qu'il a faite lors d'une question avec débat, un
vendredi matin, changeant la philosophie de cela, la délimitation ne
serait plus la prérogative ou la décision de l'Assemblée
mais ce serait cette commission qui aurait le pouvoir final de
déterminer les délimitations électorales, comme cela se
fait à Ottawa entre autres.
Je vois des implications graves en adoptant tout de suite la loi 3. Je
ne suis pas un expert en informatique, mais vous devez dresser actuellement des
listes provisoires dans 110 circonscriptions électorales, plus que cela,
dans près de 20 000 sections de vote qui sont contenues dans ces 110
circonscriptions. Par des mécanismes d'informatique, etc., que vous
avez, suite à la loi 123, au coût de $3 millions ou $3 500 000,
vous êtes en train de dresser 20 000 listes dans chaque bureau de vote
actuellement, tel que la loi le prévoit, avec les numéros
civiques dans l'ordre et tout. Cela va être remis aux recenseurs lors du
prochain recensement. Quelles en sont les implications si, en déposant
votre projet de loi qui va éventuellement être adopté d'ici
la fin de l'année, parce que votre projet de loi sur les districts
électoraux va être déposé en mai ou en juin pour
première lecture, étude à l'automne et adoption possible
à l'automne ou au début de l'année prochaine...
M. Burns: À moins que vous me disiez que la loi est
tellement bien faite qu'on pourra l'adopter au mois de juin.
M. Lavoie: Déposez-la votre loi, c'est fort possible.
M. Burns: Elle va être déposée; j'en ai fait
la promesse mais cela dépendra de vous. Je ne veux pas la "bulldozer"
mais, d'autre part, si elle peut être adoptée, je n'ai pas
d'objection à ce qu'elle le soit d'ici la fin juin.
M. Lavoie: On sait que, dans le dernier rapport de cette
commission permanente, il y avait 74 districts électoraux sur 110 dont
les frontières étaient modifiées. Ce sont les implications
qu'il y a en adoptant la loi 3 aujourd'hui, mettant en marche le
mécanisme de la confection de près de 20 000 listes pour les
sections de vote si, dans quelques mois à peine, on change les
frontières des districts électoraux qui vont amener un grand
ajustement de vos listes provisoires, comme je le prévois. C'est
là mon troisième point.
J'aurai nécessairement des questions sur le recensement qui est
prévu dans cette loi, lorsque vous abolissez, si j'ai bien compris la
loi, une révision automatique de ce recensement. Je crois que le
recensement a lieu mais qu'il n'y a pas de révision, il n'y a pas
d'affichage c'est secondaire plus ou moins la révision est
reportée uniquement lors de l'émission d'un bref
d'élection ou bref référendaire. Quant à cette
question de révision, ce recensement doit être la première
base de votre registre pour le futur; c'est à partir de là que le
registre va être fait. Est-ce qu'en faisant disparaître cette
révision, qui est là pour améliorer la liste, on ne part
pas, comme je disais hier, avec un dossier incomplet, avec une béquille,
avec des fondations mal faites d'un registre qui doit rester et qui doit servir
dans toutes les élections et tous les référendums à
venir?
Dernier point, le fait que la loi dit que le directeur
général doit voir à ce que le recensement soit fait avant
le 30 septembre. On nous dit verbalement qu'il sera fait uniquement en
septembre. Mais tel que la loi est rédigée, si la loi est
adoptée, il pourrait être fait aux mois de juin, juillet ou
août. On n'a pas de garantie que c'est uniquement en septembre. J'aurais
énormément de réserves à le faire en juillet ou
août lorsqu'on sait qu'il y a 700 000 déménagements.
Surtout s'il n'y a pas de révision, quelle sorte de liste aurait-on? Il
faudrait avoir plus de garanties qu'il sera fait en septembre. C'est la date
normale qu'on avait dans notre ancienne loi du recensement annuel. Septembre,
octobre, je pense, c'est le quatrième lundi après la fête
du travail, quelque chose comme cela. Effectivement, s'il est fait à peu
près aux mêmes dates qu'il se faisait avant suivant la loi qui
nous régit actuellement, pourquoi changer les conditions, les
modalités de recensement s'il se fait à la même date? J'ai
soulevé cela hier. Ce sont les cinq points majeurs que je soulève
dans cette séance exploratoire. J'aimerais avoir des réponses sur
ces cinq points. J'en ai peut-être d'autres, mais qui viendront en cours
de route, mais j'aimerais qu'on ait des réponses claires et
précises sur cela avant d'entamer l'étude article par
article.
Juste une autre chose. J'ai terminé cela. C'est une demande qui
m'a été faite par mes collègues; plusieurs
députés dans notre parti et dans le vôtre seraient
intéressés peut-être en cours de route à venir
participer au débat ici, s'ils ont des questions, étant
donné que cela regarde l'exercice du droit de vote. Est-ce que vous avez
objection à ce que tous les députés puissent participer
à cette commission?
M. Burns: Aucune objection. Je pense qu'un projet de loi comme
celui-ci est un projet de loi qui concerne tous les députés.
Évidemment, si on
veut me faire un "filibuster", à ce moment, peut-être que
je devrai modifier mon attitude, mais je n'ai pas senti que c'était
l'attitude de l'Opposition jusqu'à maintenant. Je pense que c'est une
attitude franche, une attitude qui veut améliorer la loi, la rendre la
plus acceptable possible par tous les partis d'Opposition et le parti
ministériel. Dans ce sens, je suis entièrement d'accord pour que
la commission soit, si on peut dire, ouverte à tous les
députés qui voudront venir intervenir. En ce qui me concerne, je
ne ferai pas d'opposition à cela, à moins que, M. le
Président, je sente vraiment qu'on veut bloquer le projet de loi, auquel
cas je me référerai au leader du gouvernement. À ce
moment, c'est une question de stratégie et cela ne relève pas de
moi.
Sur le plan, purement et simplement, de la discussion du projet de loi,
je vous dis que cette commission, en ce qui me concerne, est tout à fait
ouverte à n'importe quel député qui veut venir faire ses
remarques, les faire valoir auprès du ministre et possiblement
améliorer le projet de loi, parce que, comme je le disais hier dans mon
intervention de deuxième lecture, on n'a pas le monopole de la
vérité et de l'intelligence. Souvent, des suggestions de
l'Opposition, surtout dans cette matière, dans un domaine
électoral, peuvent être très constructives et on est
disposé à écouter ces suggestions. Qu'elles viennent du
côté ministériel ou qu'elles viennent du côté
de l'Opposition, pour moi c'est la même chose. Ce sont des gens qui
connaissent le domaine électoral.
Je vois, par exemple, le député de Laurier qui est ici et
qui nous a fait un travail très positif je tiens à
souligner cet apport au comité Dussault élargi. Justement,
c'est un député d'Opposition qui nous a donné, grâce
à son expérience, des suggestions très positives, qu'on a
respectées d'ailleurs dans l'éventuel projet de loi qui sera
déposé. Dans ce sens, M. le député de Laval, je
suis entièrement d'accord avec vous, s'il y a d'autres
députés qui veulent venir participer à la commission.
M. Lavoie: Ils n'auront pas de permission à demander pour
poser des questions?
M. Burns: Bien non!
Le Président (M. Jolivet): Je tiens pour acquis, pour le
journal des Débats, qu'il y a consentement pour que toute personne
voulant intervenir puisse le faire, à moins qu'en cours de route il y
ait objection. Mais il n'y en a pas de prime abord.
M. Burns: C'est cela.
M. Lavoie: J'ai soulevé ces cinq points, mais je me
réserve, avant de donner la parole... Je pense bien que l'Union
Nationale n'a pas d'objection à ce que tous les députés
puissent participer aux travaux de la commission. Le contraire m'aurait surpris
d'ailleurs.
Il y a deux petits points que je voudrais aborder dans cette
séance exploratoire, en dehors de mes cinq points: la question de la
citoyenneté canadienne et les contraintes sur la question de la
citoyenneté.
M. Burns: Les articles 17 et 101, soit dit en passant, visent ce
problème-là et je suis bien prêt à ouvrir la
discussion là-dessus lorsque vous voudrez l'aborder.
M. Lavoie: Bon, un dernier point. Je ne sais pas si le
comité Dussault s'est penché sur cela, je pense que oui. Il y a
eu je l'ai mentionné hier et je ne voudrais pas
répéter mes accusations de mauvaises expériences
dans les comtés d'Argenteuil et de Jean-Talon sur la question des croix
faites à la mine. Je l'ai vécu moi-même dans le bureau de
scrutin 53 à Brownsburg, où j'ai été collé
jusqu'à 9 h 30 ou 10 heures le soir.
M. Burns: M. le député, je peux vous dire que nous
nous sommes penchés de façon très sérieuse sur ce
problème et je pense que vous allez avoir la réponse lorsque nous
déposerons la loi qui refond la Loi électorale. En fait, si vous
vous en souvenez, lors de la question avec débat que vous m'avez soumise
il y a quelques semaines, j'avais dit que notre but est de faire de la Loi
électorale du droit de citoyen et non pas du droit de politicien.
Actuellement, l'approche est d'en faire un droit de politicien. La loi
actuelle, qu'on le veuille ou non je ne sais pas si M. le directeur
général des élections va m'appuyer là-dessus
a été faite par des gens qui étaient en place, qui
étaient des politiciens, des hommes politiques qui ont voulu, à
toutes fins utiles, voir à leur propre intérêt plutôt
qu'à l'intérêt des citoyens. Notre approche est
complètement différente et, là-dessus, je peux vous dire
que j'ai l'appui total même si on fait toute sorte de baratin
là-dessus du Conseil des ministres pour voir à ce que la
Loi électorale soit un droit d'électeur et non pas un droit de
politicien.
(10 h 45)
Dans ce sens, je pense qu'il faut essayer d'ouvrir le plus possible le
droit de vote à tout le monde. On l'a prouvé par certaines
annonces, dans le sens qu'on voulait même faciliter le droit de vote des
détenus, des gens qui sont au pénitencier je ne fais
aucune relation avec cela et des juges aussi, des procureurs de la
couronne qui n'ont pas le droit de vote actuellement. Nous trouvons que,
normalement, ces gens-là devraient avoir le droit de vote. S'ils ne
veulent pas l'exercer, c'est leur droit aussi de ne pas l'exercer. S'ils
veulent se faire rayer de la liste, c'est leur droit également de le
faire pour ne pas utiliser leur droit de vote. Mais, au moins, qu'on leur donne
cette possibilité. Dans ce sens, cela veut dire que plutôt que
d'essayer de trouver des façons d'empêcher des gens de voter, il
faut plutôt essayer de trouver des façons de permettre à
des gens de voter.
M. Lavoie: Bon, M. le Président...
M. Burns: Dans ce sens, c'est ce qui va nous guider dans la
réforme électorale. C'est ce qui va
nous guider dans la refonte de la Loi électorale. Je pense que
les remarques, M. le député de Laval, que vous m'avez faites hier
d'ailleurs, vous avez remarqué que j'ai applaudi à votre
discours, de façon non partisane je trouvais que cela avait du
bon sens, ce que vous disiez. C'est exactement dans ce sens que nous nous en
allons. Vous allez avoir des réponses de façon très
concrète, je pense, à la suite des travaux du comité
Dussault, à la suite de la collaboration d'ailleurs, je l'ai
souligné tout à l'heure du député de
Laurier, je pourrais également parler de celle de M. Giasson qui a
été très utile à cette commission. Je pourrais
parler également de M. Fontaine, le député de
Nicolet-Yamaska, qui nous a donné également un bon coup de main
et qui a éventuellement permis une espèce de consensus qui a
été accepté, soit dit en passant, par le Conseil des
ministres et qui va se traduire par un projet de loi que,
éventuellement, vous allez reconnaître comme ayant
été fabriqué par des députés et
suggéré de façon très précise par des
députés et grâce à la collaboration des
députés ministériels, entre autres du député
de Châteauguay qui a présidé cette commission.
M. Lavoie: M. le Président...
M. Burns: Pour le moment, évidemment, je ne peux pas vous
donner le texte du projet de loi, il est en fabrication, mais je peux vous dire
tout de suite que les recommandations qui viennent du comité Dussault et
de la régie sont les tenants et aboutissants du projet de loi qui,
éventuellement, sera déposé à l'Assemblée
nationale.
M. Lavoie: M. le Président, juste un petit mot, avec votre
permission, pour répondre à certains commentaires. Moi, je l'ai
exprimé hier, la position de notre parti; c'est clair, il faut
élargir l'accès à tous les citoyens qui ont le droit de
vote afin qu'ils puissent exercer ce droit de vote avec le moins de contraintes
possible.
M. Burns: Je suis entièrement d'accord avec vous.
M. Lavoie: Maintenant, il ne faudrait pas que les propos du
ministre se limitent à des voeux pieux. C'est bien beau d'élargir
en donnant le droit de vote aux détenus, aux juges, nous sommes
d'accord. Mais il y a également les quatre millions de
Québécois qui ont le droit de vote. Il faut qu'il y ait le moins
de contraintes possible. Si le ministre a applaudi à mon discours hier,
il ne faut pas oublier non plus qu'il y a eu des critiques
sévères à l'adresse du Parti
québécois...
M. Burns: C'est vrai.
M. Lavoie: ... dans certaines pratiques que nous avons
vécues tout récemment, soit l'expérience du recensement de
1978. Vous m'avez même interrompu hier pour dire que vous étiez
d'accord avec moi pour empêcher ce fichier qui était monté
par le Parti québécois...
M. Burns: C'est vrai.
M. Lavoie: ... avec des rapports que les recenseurs,
d'après moi, n'avaient pas le droit de faire, c'était
illégal. Je termine là.
M. Burns: M. le député, voulez-vous que ce soit
plus clair que cela? Je suis en total désaccord avec la façon
dont on a donné des instructions à nos recenseurs. D'accord?
Est-ce clair?
M. Lavoie: Bon.
M. Burns: Je suis en total désaccord avec cela. Je pense
qu'il n'est pas normal qu'un parti politique, quel qu'il soit, y compris le
mien, demande aux personnes qui agissent comme recenseurs de pointer, à
l'occasion du recensement, les gens. Je suis en total désaccord avec
cela. Écoutez, si je suis ministre d'État à la
réforme électorale, je suis également je pense que
cela va de soi un ministre d'État qui doit avoir comme
préoccupation l'utilisation la plus complète de la
démocratie au Québec. Si mon parti fait cela, je suis en total
désaccord avec cela.
M. Lavoie: Je remercie le ministre et je le félicite des
déclarations et de la position qu'il prend ce matin. C'est la base
même. On n'aurait plus confiance dans les partis; même un parti
élu n'aurait plus de légitimité si on continuait cette
pratique. Également, dans d'autres aspects, soit sur la question des
immigrants, il y a certaines pratiques qui ont été faites; comme
les 24 heures, le jour franc qui est donné. Une pratique qui a
été employée dans le comté d'Anjou.
Des centaines je pense que c'étaient des Italiens entre
autres de personnes ont reçu la fameuse formule 7 du recenseur
qui dit: J'ai un doute sur la qualité d'électeur. Si on le fait
à l'échelle de 3000 ou 5000 personnes dans 20 comtés, cela
fait plus de 20 000 personnes qui pourraient être convoquées
devant la commission de révision avec un seul délai d'un jour
franc et qui ne pourraient pas se déplacer, soit que leur emploi ne le
leur permettrait pas et qu'elles ne voudraient pas perdre une journée de
salaire; cela peut être fait à une échelle de 100 000 ou
150 000 électeurs qui n'ont qu'une seule journée pour aller voter
et qui ont le fardeau de la preuve pour prouver leur citoyenneté.
Autrement, ils seraient brimés dans leur droit de vote. J'ai peur d'un
certain fanatisme qui peut exister dans certains partis politiques
particulièrement à l'occasion du référendum, entre
autres, qui est la base même de l'existence de votre parti.
M. Burns: Là-dessus, M. le député, je ne
veux pas entrer dans le détail puisqu'on n'est pas arrivé
à ce stade, mais vous avez une réponse aux articles 17 et 101 du
projet de loi. Je pense qu'il y a une sérieuse...
M. Lavoie: Mes remarques préliminaires... M. Burns:
... amélioration de ce côté-là.
M. Lavoie: ... sont faites pour le moment quant au fardeau de la
preuve.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. J'avais
également deux ou trois questions à poser au ministre, mais
auparavant, étant donné qu'on a abordé la question du
comité Dussault, je voudrais quand même on en fait
l'éloge, l'apologie et tout ce qu'on veut remémorer aux
membres de la commission que, pendant que nous étions en train
d'étudier une réforme à la Loi électorale et
également, à l'intérieur de cette loi, une nouvelle forme
de nomination des présidents d'élection, le premier ministre
nommait 30 nouveaux présidents d'élection ou peut-être
même plus...
M. Burns: 50.
M. Fontaine: 50? Je pense qu'il faut rappeler à la
population qu'alors que le premier ministre était au courant qu'une
nouvelle loi devait être présentée pour amender la
façon de nommer les présidents d'élection il se
dépêchait d'en nommer 50 nouveaux de la façon habituelle.
Pour un premier ministre qui se veut tout à fait ouvert et de
façon démocratique...
M. Burns: M. le député de Nicolet-Yamaska, puis-je
répondre immédiatement à cela?
M. Fontaine: Puis-je terminer avant?
M. Burns: J'ai participé à cela, moi aussi. Je le
sais très bien, et je n'accepte pas les accusations que vous portez
à l'endroit du premier ministre. Le premier ministre a
résisté vous ne pouvez pas savoir comment à
des pressions venant de tous les côtés possibles et impossibles au
Québec et il a résisté à cela en disant...
M. Fontaine: De toutes les associations du Parti
québécois de différents comtés.
M. Burns: Oui, des associations du Parti québécois,
et c'est tout à la gloire du premier ministre d'avoir
résisté à cela sauf qu'à un moment
donné...
M. Fontaine: Trop longtemps.
M. Burns: Non. Sauf qu'à un moment donné on s'est
rendu compte dois-je le répéter? je l'ai dit lorsque la
question avec débat m'a été soumise par le
député de Laval qu'il y avait un certain nombre de
présidents locaux d'élection je ne sais pas si le mot est
français, l'Office de la langue française nous suggère un
autre nom que les directeurs locaux d'élection qui étaient
morts ou qui avaient changé de comté. Dans le texte actuel de la
loi, vous êtes obligé de les remplacer. On s'est rendu compte en
même temps qu'il y avait un paquet d'incompétents
là-dedans, aux dires même de l'ancien directeur
général des élections et de l'actuel directeur
général des élections. Alors, on les a changés.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? On a été
obligé passez-moi l'expression de tordre les bras du
premier ministre pour qu'il agisse ainsi, parce qu'on a dit: Écoutez!
Quand même, cela n'a pas de bon sens, M. le premier ministre;
résistez le temps que vous voudrez à toutes les pressions
d'associations politiques, comme vous le voudrez, mais il reste quand
même qu'il faut que cette affaire fonctionne. Il faut qu'à un
moment donné, si jamais il y a un référendum sur l'avenir
politique du Québec, ces gens-là soient capables d'administrer la
loi. C'est cela qui est arrivé. Maintenant, pendant ce temps-là,
vous, M. le député de Nicolet-Yamaska, avec mes collègues
du comité Dussault, vous avez trouvé une formule qui est
fantastique, soit dit en passant, que nous allons adopter, que nous allons
inclure dans la loi éventuelle, qui empêchera toute
possibilité d'intervention politique au niveau du bureau du premier
ministre. Actuellement, la loi est ainsi et si vous voulez vous croiser les
bras et dire: On laisse les incompétents, les morts et les gars qui ont
déménagé comme présidents d'élection locaux,
à ce moment-là, c'est de l'incompétence de la part...
M. Fontaine: Est-ce que vous pouvez me dire...
M. Burns: ... du premier ministre que d'agir comme cela.
M. Fontaine: ... ce qui vous aurait empêché
d'inclure ces amendements dans un projet de loi comme celui-là? Par
exemple...
M. Burns: C'est impossible dans ce projet de loi là.
M. Fontaine: ... que les présidents d'élection
auraient été nommés de la nouvelle façon.
M. Burns: Ce projet de loi, M. le député de
Nicolet-Yamaska...
M. Fontaine: Vous avez même amendé la loi des
référendums là-dedans.
M. Burns: Oui.
M. Fontaine: Vous auriez pu amender la Loi électorale.
M. Burns: On va en amender d'autres. Je vous le dis. À
part cela, cette loi n'est pas terminée. On va l'amender après.
Vous allez l'adopter. Je vous l'ai dit dans mon discours de deuxième
lecture hier: Tant qu'on n'aura pas une bonne loi électorale, moderne,
dans un langage moderne et engagée en faveur de la protection du droit
de vote des électeurs et non pas un droit de politicien, un droit de
protection des politiciens, comme la Loi électo-
rale actuelle l'est, je vais être obligé de vous dire: Je
vous présente un projet de loi no 3 qui sera amendé
éventuellement. Je vous le dis, je ne vous le cache pas. Si vous pensez
que ce projet de loi est le fin des fins, je vous dis que vous vous trompez
parce que...
M. Fontaine: Mais de toute façon...
M. Burns:... c'est un projet de loi temporaire. C'est un projet
de loi dont le directeur général des élections a besoin,
d'ici au mois de septembre...
M. Fontaine: De toute façon...
M. Burns: ... pour pouvoir mettre en place sa liste
électorale permanente.
M. Fontaine: De toute façon, M. le Président, c'est
une question d'opinion. Le ministre pense que cela s'est passé de telle
et telle façon. Je vous dis mon opinion personnelle, à
savoir...
M. Burns: Vous avez le droit de penser cela...
M. Fontaine: Est-ce que je peux continuer à parler, M. le
Président?
M. Burns: ... mais je vous dis les faits. Je ne me suis pas
caché. Je vous ai dit les faits.
M. Fontaine: Qui a la parole, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): Écoutez! Jusqu'à
maintenant, cela avait l'air de bien aller. Je n'ai pas voulu insister
davantage. Si vous voulez avoir la parole, je vais vous la donner. C'est
à vous.
M. Fontaine: C'est une question d'opinion, M. le
Président. Le ministre donne son opinion sur les faits.
M. Burns: Si je suis intervenu, M. le Président, c'est
parce que...
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
M. Burns:... je trouve cela tout à fait injuste à
l'endroit du premier ministre ce que vous dites là.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. le ministre, on va
laisser la possibilité...
M. Burns: M. le Président, je m'excuse... Le
Président (M. Jolivet):... au député...
M. Burns:... mais je pensais qu'il était de mon devoir de
défendre le premier ministre dans cette affaire parce que c'est
absolument injuste ce que vous dites à l'endroit du premier
ministre.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, pour le moment, le député de Nicolet-
Yamaska a le droit de parole et je le lui concède; il l'a. Je
vous demande de le lui laisser. Vous aurez la chance de répliquer
ensuite.
M. Fontaine: M. le Président, je vous dis... M. Burns:
M. le Président, j'ai... M. Fontaine: ... que mon opinion...
M. Burns: ... reconnu que j'avais tort.
M. Fontaine: C'est que le premier ministre et le ministre
délégué à la réforme électorale et
parlementaire étaient fort bien au courant...
Une voix: ... d'État.
M. Fontaine: ... de la façon dont se déroulaient
les travaux. On savait même déjà que le projet de loi sur
la réforme électorale devait être présenté
à l'Assemblée nationale l'automne dernier et que,
malheureusement, à cause de circonstances probablement
ministérielles, il n'a pas été présenté tel
que prévu. Or, on en a profité, pendant ce temps-là, pour
changer une cinquantaine de présidents d'élection. C'est mon
opinion. Le ministre peut dire le contraire, mais je pense que c'est la
réalité des faits que j'exprime aujourd'hui.
M. Burns: Vous êtes complètement dans les
patates.
M. Fontaine: C'est votre idée à vous. Je sais ce
que vous avez dit au comité Dussault lorsque vous êtes venu nous
visiter. Vous nous avez dit: Cette loi-là sera présentée
pour être adoptée avant Noël. C'était l'année
dernière. Je prends à témoin mes collègues qui
étaient présents à ce moment-là. La loi n'a jamais
été présentée et vous en avez profité,
pendant ce temps-là, pour changer des présidents
d'élection. C'est cela la réalité.
Maintenant, sur le projet de loi 3, hier, j'ai posé deux
questions importantes, je pense. La première concernait la carte
d'identification. On sait qu'avec ce projet de loi on en arrive presque
à pouvoir identifier les électeurs à l'aide d'une carte.
Cela n'est pas inclus dans le projet de loi, bien sûr. Le ministre nous a
dit verbalement qu'il ne voulait pas qu'une telle façon de
procéder soit mise en vigueur, bien qu'on sache que le directeur
général des élections a encore le mandat du Conseil des
ministres d'étudier cette façon de procéder à
l'identification. (11 heures)
Ce qu'on demande au ministre aujourd'hui, c'est d'être bien clair
là-dessus et, dans l'actuel projet de loi no 3, d'indiquer clairement
par un article qu'aucune pièce d'identification ne sera exigée
pour voter. Je pense que la confusion qui a été
créée dans le public à savoir si oui ou non il y aurait
une carte d'identification justifie le fait que le ministre demande d'inclure
dans ce projet de loi un article spécifique qui dise qu'on n'exigera
pas
une carte d'identification pour voter. À ce moment-là,
cela donne une assurance que cela ne pourra pas se faire sans un amendement
à la loi. Également, j'avais demandé au ministre, hier,
lors de mon discours en Chambre, de déposer, si c'était possible,
les ententes conclues ou les lettres d'intention échangées entre
le directeur général et les différents ministères
ou organismes du gouvernement quant à l'application de cette loi. Je
pense que c'est important de savoir qu'est-ce qu'on a conclu comme ententes
afin de savoir exactement quels renseignements, par exemple, le directeur
général des élections va fournir à ces organismes
et, en contrepartie, quels renseignements les organismes ou les
ministères en question vont fournir au directeur général
des élections. Je pense que cela doit être d'ordre public et que
ces documents devraient nous être remis s'ils sont disponibles; s'il y a
eu des ententes signées, quelles sont-elles et quelle en est la
teneur?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse auprès du
député de Nicolet-Yamaska, mais je trouvais que c'était
vraiment injuste à l'endroit du premier ministre, ce qu'il disait.
M. Fontaine: C'est bien injuste!
M. Burns: Je pense que c'est injuste.
M. Fontaine: Pauvre premier ministre!
M. Burns: Je suis un témoin immédiat de la
non-véracité de ses avancés et c'est dans ce sens que je
pense que je devais pas parce que c'est mon "boss", pas parce que c'est
mon patron défendre le premier ministre parce qu'il a
été celui qui a résisté le plus à ce que
tentait d'impliquer le député de Nicolet-Yamaska.
Je veux simplement dire que la plupart des questions qui ont
été posées tant par le député de Lavai que
par le député de Nicolet-Yamaska devraient normalement avoir
réponse par l'entremise du directeur général des
élections. Le directeur général, soit dit en passant, nous
a conseillés de façon régulière tout au cours de la
préparation de ce projet de loi parce que c'est lui qui va avoir
à le mettre en application. Il aura sans aucun doute des commentaires
à vous donner. Quant au dépôt des ententes que le
député de Nicolet-Yamaska demandait, je n'ai aucune espèce
d'objection si le directeur général des élections est en
mesure de faire ce dépôt. On n'a rien à cacher dans cette
loi; c'est une loi, comme je le disais tout à l'heure, pour les
électeurs; ce n'est pas une loi pour les politiciens.
Je n'ai qu'une seule remarque relativement aux remarques qui ont
été faites par le député de Laval. La loi de la
représentation électorale c'est à peu près
ainsi qu'elle va s'appeler; je ne peux pas vous dire d'avance quel va
être son nom n'a rien à faire avec la liste. La liste des
électeurs sera là; peu importe ce qu'on décidera de faire
avec la loi de la représentation électorale, la liste des
électeurs va continuer à être là. Elle sera
permanente et elle sera utilisable au niveau municipal, au niveau
régional éventuellement peut-être, dépendamment,
comme je le disais hier, de ce que décidera mon collègue, le
ministre d'État à l'aménagement, et de ce que
l'Assemblée nationale décidera à propos d'un certain
nombre d'orientations.
Il reste quand même que ce n'est pas du temps perdu de monter une
liste peu importent les districts électoraux tels qu'ils seront
formés. Dans la loi de la représentation électorale, nous
aurons éventuellement un certain nombre de critères qui vont
être imposés à la future commission. Ces critères
vont, évidemment, respecter un certain nombre de règles qui sont
probablement d'ordre démographique, d'ordre géographique et
d'ordre numérique ou mathématique, si vous voulez, mais on
passera à cela quand on y viendra. Quand on arrivera à cela, on
pourra en discuter à fond.
Il reste qu'en attendant, la liste électorale permanente peut
être faite. Elle n'aura qu'à être ajustée aux
districts électoraux. Et les critères qui vont apparaître
dans la Loi électorale ou la loi de la représentation
électorale éventuelle vont être des critères qui
peuvent très bien s'accommoder avec la loi actuelle. Quant au reste, je
laisse le soin au directeur général des élections de
répondre aux diverses questions qui sont, dans beaucoup de cas,
très techniques, et je pense que M. Pierre-F. Côté est en
mesure d'y répondre facilement.
M. Lavoie: Est-ce qu'on pourrait commencer, peut-être,
à la première question que j'ai posée, pour qu'on puisse
se comprendre et que tout le monde comprenne bien...
Le Président (M. Jolivet): II y a juste une question que
je voulais poser avant. Il y a deux autres personnes qui, dans le tour de
table, ont demandé la parole. Je me demandais si on ne pourrait pas
entendre le député de Marguerite-Bourgeoys et le
député de Châteauguay.
M. Lalonde: Voici, M. le Président, merci. Comme ma
question est un peu de la nature de celle dont on traite actuellement, je
pourrais peut-être la poser. On sait que ce projet de loi, même si
ce n'est pas la Loi électorale, touche de façon directe le droit
de vote dans la mesure où la loi actuelle, et j'ai raison de le croire,
à moins de changements dans la loi à venir, exige pour voter
qu'on soit sur la liste. Or, il existe dans la Charte des droits et
libertés de la personne, comme vous le savez, M. le Président, au
chapitre des droits politiques, un droit fondamental exprimé à
l'article 22 et qui se lit comme suit: "Toute personne légalement
habilitée et qualifiée a droit de se porter candidat lors d'une
élection et a droit d'y voter." Oublions la question de se porter
candidat pour l'instant. Cela se lit donc comme suit: "Toute personne
légalement habilitée et qualifiée a droit de voter
à une élection." C'est un droit qui est inclus de façon
assez spéciale dans la charte dans
la mesure où le droit de voter est qualifiée par la loi,
donc, c'est toute personne, pas n'importe qui, légalement
habilitée. Ce droit fondamental se réfère donc à
toute loi qu'on peut adopter ici.
Dans cette mesure, étant donné aussi que la Commission des
droits de la personne, selon l'article 67d, a reçu un mandat de
procéder à l'analyse des lois du Québec antérieures
à la présente charte, je suis sûr que le
député de Maisonneuve, le ministre qui était alors
député de Maisonneuve, qui a participé à
l'étude de cette charte qui a été présentée
par M. Choquette, se souvient de cela. Donc, ce mandat de la commission ne
s'adresse qu'aux lois antérieures. Il est possible que la commission, de
son propre chef, soit appelée ou enfin décide de regarder ce
projet de loi ici. Mais comme c'est arrivé dans certains autres cas
où un ministre avait pris l'initiative de soumettre son projet de loi
à la commission pour être sûr, être certain qu'il n'y
avait pas d'accroc, qu'il n'y avait pas d'orientation, disons, inacceptable par
la commission, est-ce que le ministre, vu que le droit de vote reconnu par la
Charte des droits et libertés de la personne est qualifié par la
loi, est-ce qu'il trouve, peut-être qu'il l'a déjà fait,
désirable de soumettre le projet de loi à l'attention de la
Commission des droits de la personne?
M. Burns: Nous avons soumis à la Commission des droits de
la personne non pas le projet de loi, parce qu'il n'était pas prêt
à ce moment, mais les grandes orientations concernant le cens
électoral au niveau de la Loi électorale. Ce n'est pas cette
loi-ci qui va amener cela. Jusqu'à maintenant, à ma connaissance,
en tout cas, je pourrai vous donner plus de détails là-dessus, je
pense que la Commission des droits de la personne nous a appuyés sur
l'orientation que nous voulions donner. Maintenant, je suis prêt à
vous donner plus de détails là-dessus, malheureusement, je ne les
ai pas avec moi. Mais je suis à peu près certain que
l'orientation du cens électoral que nous voulons donner à
l'éventuelle Loi électorale est endossé par la Commission
des droits de la personne, c'est-à-dire dans un but d'élargir,
évidemment, le plus possible le droit de vote.
Soit dit en passant, je le mentionne parce qu'il y a beaucoup de gens
qui ne le savent pas. Les détenus, en vertu de la loi actuelle, ont le
droit de vote. Ils ne l'ont jamais exercé, ils ne peuvent pas l'exercer.
Pour les sentences de deux ans et moins, évidemment, c'est de notre
juridiction au Québec, comme vous le savez; comme ancien Procureur
général, c'était de votre compétence. J'ai
parlé de cela à l'ancien directeur des prisons du Québec,
le Dr Gauthier, qui m'a dit que c'était facilement faisable, qu'on
pouvait organiser quelque chose de possible. On a même envoyé une
commission rogatoire, par l'entremise du comité Dussault, rencontrer
directement des détenus, des prisonniers de moins de deux ans de
sentence. Quant à ceux qui sont sous sentence de plus de deux ans, il
faudra passer par l'entremise du ministère des Affaires
intergouvernementales pour avoir une entente avec le gouvernement
fédéral, pour savoir comment on pourrait régler cette
situation.
Mais nous sommes disposés à ce que le plus de gens
possible puissent voter lors des élections. Dans ce sens, je pense que
la Commission des droits de la personne n'a rien à redire sur notre
approche qui est une approche d'ouverture plus qu'une approche de fermeture sur
le droit de vote.
M. Lalonde: Si on me permet, M. le Président, seulement
une question additionnelle. Étant donné maintenant qu'on a le
projet de loi, non pas seulement les grandes orientations, mais le
mot-à-mot...
M. Burns: Ce n'est pas dans ce projet de loi qu'on va
régler cela.
M. Lalonde: L'inclusion du nom sur la liste est une condition
extrêmement importante pour l'exercice du droit de vote. C'est dans cette
mesure que je pose la question. Je sais que ce n'est pas ici que le cens
électoral est créé, non plus que tout le cadre
légal de l'élection, le droit de se présenter, les
obligations, etc. Ce n'est pas ici, mais on sait que dans notre économie
juridique, au moins au Québec ce n'est pas partout pareil;
jusqu'à maintenant, je ne sais pas si le ministre a l'intention de
changer il faut être sur la liste pour exercer son droit de vote.
Donc, cela crée...
M. Burns: Non, je n'ai pas l'intention de changer cela.
M. Lalonde: Surtout s'il n'a pas l'intention de changer cela,
à ce moment, tout mécanisme, toute restriction, toute
difficulté, toute tracasserie enfin, je suis sûr que le
ministre ne veut pas faire de tracasserie qui pourrait résulter
de l'existence d'un concept juridique qu'on met là-dedans affecte
directement l'exercice d'un droit qui est défini dans la charte. C'est
pour cela que je me demande si le ministre trouverait je le souhaite
désirable de soumettre le projet de loi et de demander par lettre
au président de la commission: Écoutez, on a un projet de loi,
voulez-vous le regarder?
M. Burns: Je n'ai aucune espèce d'objection. M.
Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, sur le même sujet.
M. Burns: Je vais même aller plus loin, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je prends l'engagement de le
faire dès aujourd'hui.
M. Lalonde: Merci. M. Burns: D'accord?
M. Gratton: M. le Président, mon intervention visait
à obtenir du ministre l'engagement qu'il vient de prendre.
M. Burns: Je vais le faire aujourd'hui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Si je tiens à intervenir avant que M. le
président des élections prenne la parole, c'est que ce serait
probablement à déphaser, si je le faisais après. Je
voudrais revenir sur les propos qu'a tenus le député de
Nicolet-Yamaska. J'ai remarqué qu'il revient constamment sur le
même clou rouillé qu'il essaie d'enfoncer jusqu'au tétanos
politique, probablement. Je voudrais rappeler que, lorsque le ministre est
intervenu à une réunion où il était présent
relativement à l'objectif qu'il visait quant à la date de la
présentation de la réforme électorale à
l'Assemblée nationale, le ministre n'a pas été aussi
catégorique que l'affirme le député de Nicolet-Yamaska.
Son objectif, son intention, ce qu'il visait véritablement,
c'était de présenter cette réforme pour l'automne. Je me
rappelle très bien que nous travaillions dans ce sens, nous le
souhaitions aussi, mais évidemment, comme moi, bien sûr...
M. Fontaine: Parce que cela n'a pas été aussi bien
qu'il pensait au Conseil des ministres.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska, je vous rappelle votre demande de tout à l'heure.
M. Dussault: Comme moi, bien sûr, le député
de Nicolet-Yamaska est nouveau à l'Assemblée nationale. Comme il
est dans l'Opposition, il n'est peut-être pas aussi près des
mécanismes de conception d'une loi, il ignore peut-être un peu que
cela ne se fait pas aussi rapidement qu'on le voudrait. Dans ce domaine, il ne
faut pas prendre nos désirs pour des réalités, je pense
que c'est bien important.
M. Fontaine: Dites cela au ministre, il va comprendre.
M. Dussault: En plus, nous travaillons sur une matière
fort délicate, c'est toute la démocratie qui est mise en cause.
Je pense que, dans ce domaine, il n'y a pas de bousculade souhaitable, et c'est
vraiment dans cet esprit que tout s'est passé. Ce ne sont pas vraiment
des blocages du type qu'imagine le député de Nicolet-Yamaska qui
expliquent le fait que nous sommes à la veille de regarder cette
matière de la réforme électorale. (11 h 15)
Je tiens à le dire parce que j'étais aussi témoin,
j'étais présent à ces réunions, et largement
présent. Je voulais rectifier cette chose parce que c'est trop facile
d'enfoncer un clou rouillé de cette nature sans que cela ait des
répercussions mauvaises. Je voulais en témoigner.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval, vous aviez l'intention de poser des questions au président des
élections.
M. Lavoie: La première question que j'ai soulevée
tout à l'heure est la difficulté dans laquelle nous nous trouvons
actuellement d'avoir à étudier et à adopter une loi assez
rapidement, qui sera sujette, fort probablement, sûrement,
déjà à des amendements dès l'adoption, j'imagine,
cet automne.
M. Burns: Pour des raisons de cohérence juridique.
M. Lavoie: De concordance et de cohérence, tout cela. Elle
sera appelée à être amendée dans quelques mois,
dès que la refonte complète de la Loi électorale,
après le comité Dussault, sera adoptée. On nous dit, par
contre, que cette refonte globale de la Loi électorale sera soumise
à l'Assemblée dans quelques jours ou quelques semaines.
M. Burns: Quelques semaines.
M. Lavoie: Dans deux ou trois semaines. Je me pose la question
c'est la demande que je ferai à savoir s'il n'y aurait pas
lieu de déposer... Elle est au comité de législation ou
pas loin, elle est dans l'antichambre de l'Assemblée nationale, cette
loi...
M. Burns: Elle est à l'impression.
M. Lavoie: Elle est à l'impression! Cela veut dire qu'elle
est rédigée.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Je trouverais tout à fait logique, étant
donné que cette loi 3 est tellement intégrée, étant
donné qu'elle fait tellement partie de la Loi électorale globale,
qu'on dépose, qu'on suspende pour quelque temps... Cela
n'empêchera pas le recensement de septembre. Je vous demanderais,
à cause de l'importance de cette loi et des événements qui
doivent se passer au Québec on prévoit possiblement un
référendum cet automne, possiblement, on se dirige vers cela,
à mon point de vue pourquoi vous ne déposeriez pas la
refonte globale de la Loi électorale. Brusquez-la d'ici une semaine ou
deux. Je vous propose, de la part de l'Opposition officielle, qu'on se penche
immédiatement là-dessus et qu'on adopte la Loi électorale
globale avant la fin de juin.
M. Burns: Des cadeaux de Grec!
M. Lavoie: Je n'aimerais pas adopter une loi et être
appelé à la refouiller, à la refaire dès cet
automne.
M. Burns: M. le député, je vous ai dit hier
je pense être très réaliste en disant ce-
la que je ne voulais pas... D'ailleurs, si j'étais
à votre place, je crierais, je déchirerais ma chemise et mes
vêtements si jamais le ministre d'État à la réforme
électorale d'un parti autre que le mien arrivait avec une loi refondant
ou révisant complètement la Loi électorale et tentait de
nous la faire avaler en l'espace de deux semaines. Cette loi est tellement
substantielle, tellement importante; elle comporte tellement d'implications,
tant sur le cens électoral, dont on parlait tout à l'heure, que
sur les droits et libertés de la personne, qu'il serait anormal,
même si le comité Dussault à siégé
là-dessus, même si l'Opposition a participé à ce
travail, même si c'est vraiment une première le
Conseil des ministres a pu prendre connaissance du mémoire du ministre
d'État chargé de cette loi, même si tout cela s'est
passé, d'essayer de vous faire adopter cette loi en l'espace de quelques
semaines.
Si, évidemment, la loi répond tellement aux vues de
l'Opposition et des gens du côté ministériel qu'on
s'aperçoit qu'on serait en mesure de l'adopter avant la fin de juin,
tant mieux, je suis bien d'accord, mais l'offre que vous me faites n'est pas
réaliste, M. le député de Laval. Elle n'est pas
réaliste en ce sens que j'aurais l'impression de vous forcer la main en
vous présentant un projet de loi de cette nature, avec l'importance
qu'il a, en vous demandant de l'adopter en dedans de deux semaines.
D'autre part, ce projet de loi-ci, lui, est à caractère
technique et il permet... D'ailleurs, le principe en est déjà
adopté par le projet de loi no 123, qu'on a adopté le 22
décembre, c'est-à-dire qui a été sanctionné
le 22 décembre dernier, qu'on a adopté le 15 décembre. Le
principe est déjà là, on a déjà
accepté le principe d'une liste, d'un registre des électeurs.
Ce qu'on fait, c'est que de façon plus spécifique avec le
projet de loi no 3 on donne ces pouvoirs au directeur général des
élections pour mettre en oeuvre cette liste et, si possible... Non
seulement si possible, mais on lui ordonne on s'excuse, Me
Côté par le projet de loi de mettre en vigueur cette liste
d'ici au 30 septembre.
Maintenant, il y a peut-être des accommodements que vous avez
suggérés dans votre intervention de tout à l'heure, M. le
député de Laval, qui peuvent être examinés, qui
peuvent être évalués en particulier par le directeur
général des élections parce que ce n'est pas moi qui vais
mettre en application cette loi. Je suis un instrument pour l'amener devant
l'Assemblée nationale, tout simplement. La personne qui aura à la
mettre en application, c'est le directeur général des
élections. Mais je pense qu'il faut dès maintenant, très
franchement et très clairement, se dire que cette loi devra être
aménagée selon ce qu'on fera avec la Loi électorale
elle-même. Il devra y avoir corrélation, cohérence entre
les deux projets de loi. Je pense que déjà on a pris les
précautions pour qu'il y ait le moins d'amendements possible à ce
projet de loi no 3 lorsqu'on amènera le projet de loi concernant la
refonte de la Loi électorale
M. Lavoie: Cette nouvelle loi qui est à l'impression,
combien contient-elle d'articles?
M. Burns: Oh! mon Dieu. Je ne peux pas vous dire le nombre
d'articles. C'est de l'ordre de 300 articles à peu près.
M. Lavoie: Bon. Il ne faut pas oublier qu'on prend une grosse
bouchée actuellement. Ce projet de loi a plus de 100 articles.
M. Burns: Mais l'autre, c'est une bien plus grosse
bouchée.
M. Lavoie: D'accord, mais n'oubliez pas qu'on touche actuellement
toute la confection des listes électorales. C'est un gros morceau de la
Loi électorale, toute la question du recensement, de la révision,
et tout. D'ailleurs, on amende...
M. Burns: Mais les principes...
M. Lavoie: ... une centaine d'articles, je crois, de la Loi
électorale.
M. Burns: M. le député, les principes que vous
retrouvez dans le projet de loi qu'on étudie actuellement, je peux vous
dire et vous garantir d'avance... D'ailleurs, on me confirme que c'est à
peu près 300 articles, l'autre projet de loi...
M. Lavoie: Ce n'est pas la fin du monde.
M. Burns: ... de sorte que je ne voudrais pas vous faire avaler
cela comme une couleuvre en fin de session. C'est dans ce sens-là...
M. Lavoie: J'ai un bon estomac.
M. Burns: Je sais que vous avez un bon estomac, mais je vous
avoue que, personnellement, à votre place, cela me déplairait
beaucoup si un ministre arrivait avec un projet de loi en me disant: II faut
que tu avales cette couleuvre en l'espace de deux semaines. Ce n'est pas cela.
D'autre part, je peux vous garantir et vous assurer que le projet de loi que
nous présentons actuellement n'est pas incohérent au point de vue
de son orientation avec le projet de loi qu'on s'apprête à vous
amener, qu'on va laisser traîner dans le décor, de façon,
je pense, très démocratique, pour que les gens puissent nous
dire: Ce projet de loi n'a pas de bon sens ou bien cela a du sens.
Jusqu'à maintenant, j'ai plutôt l'impression que les gens vont
nous dire que cela a du bon sens parce que c'est un projet de loi qui a
été bâti littéralement par des
députés, non pas par des ministres; il a été
bâti par des députés de l'Opposition qui se sont
associés au comité Dussault. Que voulez-vous que je vous dise? Je
vous dis qu'à 90% et plus ce projet de loi, qui a été
suggéré par des députés du comité Dussault
élargi, a été adopté par le Conseil des ministres.
Que voulez-vous que je vous dise? Il y a déjà un consensus sur
cette affaire.
M. Lavoie: Raison de plus pour l'apporter. M. Burns: Bien
oui, mais il faut...
M. Lavoie: II y a déjà eu de la consultation et un
consensus.
M. Burns: Sauf que vous avez aussi...
M. Lavoie: On est dans le bain actuellement. Aussi bien
l'adopter.
M. Burns: ... énormément de détails quand
même qui devront être examinés et scrutés. Je
souhaite d'ailleurs que les députés en commission parlementaire
scrutent chacun des textes de cette loi qui, éventuellement, sera la loi
principale au point de vue des élections. Je n'ai pas l'intention de
vous la pousser de force dans la gorge.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Je tiens pour acquis que vous
reprenez le débat au début, mais qu'on reviendra aux questions au
directeur général des élections.
M. Gratton: ... très brièvement sur le sujet qu'on
discute. Je pense qu'on se méprend, de part et d'autre. Lorsque le
député de Laval demande, à toutes fins utiles, s'il n'y
aurait pas moyen de n'étudier le projet de loi no 3 qu'après le
dépôt de la loi sur la refonte de la Loi électorale, ce
n'est pas nécessairement pour nous engager d'ores et déjà
à dire: On devra adopter la réforme de la Loi électorale
avant l'ajournement d'été. Si c'est possible, on le fera. Si,
à cause de l'ampleur du projet de lof...
M. Burns: C'est souhaitable, quant à moi.
M. Gratton: Par contre, le ministre devra convenir qu'au moment
où on étudie une loi qui, de son aveu même, sera
modifiée et amendée par le projet de loi qui est
présentement à l'impression, il me semble qu'il y aurait
avantage, pour la commission qui étudie le projet de loi article par
article présentement, de connaître dès maintenant les
amendements qui seront apportés aux articles du projet de loi par le
projet de Loi qui est à l'impression.
M. Burns: C'est de la concordance, purement et simplement.
M. Gratton: Je comprends, M. le Président.
D'ailleurs...
M. Burns: Je vous l'ai dit hier, en deuxième lecture, M.
le député...
M. Gratton: Laissez-moi finir.
M. Burns: Je m'excuse de vous interrompre. Je vous laisserai
continuer après. D'ailleurs, ce n'est pas à moi de vous laisser
continuer. Je vous demande simplement la permission d'intervenir.
M. Gratton: D'accord.
M. Burns: J'ai dit, en deuxième lecture hier, que nous
avions une alternative qui était très claire: soit de bâtir
un projet de loi sur le registre des électeurs qui tiendrait compte de
l'éventuelle loi, ou encore de bâtir une loi du registre des
électeurs qui tiendrait compte de l'actuelle loi. Nous avons pris
l'option prudente, je pense, beaucoup plus simple et beaucoup plus prudente, de
faire un projet de loi comme le projet de loi no 3 qui se réfère
à la loi actuelle. Je ne peux pas présumer de la décision
de l'Assemblée nationale. Même s'il y a un consensus d'à
peu près 90% sur l'éventuel projet de loi, je ne peux pas tenir
pour acquis que l'Assemblée nationale adoptera d'ici le mois de juin le
projet de loi que je déposerai dans quelques semaines. J'ai pris
l'attitude prudente de dire tout simplement: Avec la loi actuelle, nous allons
bâtir une loi du registre pour permettre à M. le directeur
général des élections de se mettre en fonction et de nous
présenter un registre des électeurs pour le mois de septembre.
À partir du moment où cette décision... C'est un choix
politique que j'ai fait, je ne le cache pas, j'ai fait ce choix. Les deux
projets de loi sont après. J'avais celui-ci et j'avais l'autre qui ne
tenait pas compte de la loi actuelle, mais tenait compte d'une
éventuelle loi électorale. Je trouvais que cela aurait
été, je pense, vexant pour l'Assemblée nationale que
j'arrive avec un projet de loi qui modifiait d'avance quelque chose qui,
éventuellement, devrait être modifié.
M. Gratton: Je ne conteste pas au ministre... M. Burns:
C'est une attitude que j'ai prise.
M. Gratton: Oui, oui.
M. Burns: C'est un choix que j'ai été obligé
de faire. Je l'ai fait, je pense, en respectant les droits de l'Opposition et
en respectant surtout les droits de l'Assemblée nationale. C'est dans ce
sens que j'ai fait ce choix.
M. Gratton: M. le Président, on s'entend là-dessus.
Il ne s'agit pas pour moi de suggérer que le ministre aurait dû
procéder d'une autre façon. Tout ce que je dis, essentiellement,
c'est que le fait que la Loi modifiant la Loi électorale viendra
modifier certains articles de la loi que nous étudions
présentement, le fait que cette même loi est déjà
à l'impression, il n'est pas nécessaire que qui que ce soit
s'engage à l'adopter avant ou après l'ajournement de juin. Ce
qu'on demande, en fait, c'est que le ministre...
M. Burns: Vous voulez l'avoir.
M. Gratton: ... s'engage à la déposer...
M. Burns: Je peux vous dire que je m'engage à la
déposer le plus vite possible.
M. Gratton:... le plus vite possible, mais avant qu'on ait
avancé trop loin dans l'étude des articles du projet de loi no 3,
qui vient modifier la Loi électorale, et qui devront eux-mêmes
être modifiés à cause du texte du projet de loi que
déposera le ministre. C'est dans ce sens-là. Je vous donne
l'exemple suivant, M. le ministre.
M. Burns: Là-dessus, je m'excuse, M. le
député de Gatineau, j'ai trop d'expérience dans ce domaine
pour prendre cet engagement sans en parler à mon leader parlementaire.
Je n'ai pas d'objection, en principe. Je suis peut-être le ministre le
plus ouvert à toutes vos "moses" de suggestions. (11 h 30)
M. Lavoie: Des "moses'' de bonnes suggestions. Il ne faut pas
oublier un mot.
M. Burns: II y en a de bonnes et il y en a de moins bonnes. En
tout cas, il y en a beaucoup de bonnes. Je dois dire que vous avez fait de
bonnes suggestions, M. le député de Laval, et le
député de Nicolet-Yamaska également, même si je n'ai
pas aimé son discours hier, mais cela est une autre affaire. J'ai le
droit de m'ennuyer quand j'entends un discours. C'est mon droit personnel.
Il reste quand même que je ne peux pas prendre ce type
d'engagement, et vous le savez, M. le député de Gatineau et M. le
député de Laval. Vous savez que je ne peux pas prendre cet
engagement sans parler au leader du gouvernement, sans tenir compte de ses
plans par rapport aux travaux parlementaires. Si, à l'époque
où j'étais moi-même leader du gouvernement, un ministre
avait pris un engagement comme celui-là sans m'en parler, je serais
devenu furieux. Je respecte ce droit du leader du gouvernement de planifier ses
travaux parlementaires. Je vous demande tout simplement de garder en suspens
cette demande jusqu'à ce que j'aie l'occasion de parler au leader du
gouvernement-Une voix: Dans quelques heures.
M. Burns:... que je rencontrerai probablement à l'heure du
lunch.
M. Gratton: M. le Président, j'accepte volontiers que le
ministre en parle au leader parlementaire. Je soulignerai tout simplement que,
si, effectivement, comme le ministre vient de l'affirmer, le projet de loi est
déjà à l'impression, je dois tenir pour acquis qu'il a
passé l'étape du comité de législation...
M. Burns: II a passé le...
M. Gratton: ... qu'il a été approuvé par le
Conseil des ministres.
M. Burns: II a passé l'étape du Conseil des
ministres, il a passé l'étape du comité de
législation et il est actuellement à l'impression.
M. Gratton: Bon! Ce qu'on demande pour que cela soit bien
clair...
M. Burns: Sauf que, comme il est très substantiel, comme
il est également... Comme vous le savez, tous les projets de loi doivent
être traduits, à un moment donné. Ce sont des délais
qui nous sont imposés lorsqu'un projet de loi est assez substantiel
comme celui-ci.
M. Gratton: M. le Président, je dirai, pour aider le
ministre dans sa discussion qu'il aura avec le leader du gouvernement, que,
pour ma part, en étudiant le projet de loi 3 article par article, sans
avoir aucune indication de ce que fera le gouvernement par rapport, par
exemple, à la nomination des présidents d'élection,
j'aurai la tentation ici...
M. Burns: Je vous l'ai dit ce qu'on ferait là-dessus.
M. Gratton: Oui, mais ce n'est pas de cela... M. Lavoie:
Les paroles s'envolent.
M. Gratton: Je ne l'ai pas vu dans un texte de loi.
M. Burns: C'est un engagement ministériel. M. Gratton:
M. le Président, si on me permet...
M. Burns: C'est quelque chose qui a été
adopté par le Conseil des ministres.
M. Gratton:... c'est une courte phrase que j'ai à
dire.
M. Blank: Avant qu'il soit nommé juge.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, c'est à vous la parole.
M. Gratton: Vous pourriez faire valoir au leader du gouvernement
qu'on pourra travailler beaucoup plus rapidement et beaucoup plus efficacement
à la commission parlementaire sur le projet de loi 3 si on sait
d'avance, dans le projet de loi sur la refonte de la Loi électorale, ce
que le gouvernement propose. Je ne serais pas tenté de profiter de
l'étude du projet de loi 3 pour apporter un amendement qui viendrait
satisfaire mes objectifs. C'est dans ce sens-là que, si j'ai cela en
particulier je pense que cela doit s'appliquer à la plupart des
membres de la commission on pourra faire une étude plus
éclairée du projet de loi 3...
M. Burns: Je ne vous dis pas, M. le député...
M. Gratton: ... et par le fait même plus efficace.
M. Burns: Je ne vous dis pas que c'est dénué de
fondement ce que vous dites là. Ce que le
député de Laval a dit, non plus, cela n'est pas
dénué de fondement. D'ailleurs, son discours de deuxième
lecture, hier, m'indiquait directement qu'il y avait des choses qui
concernaient la Loi régissant le financement des partis politiques qui,
éventuellement, pourraient peut-être en tout cas,
même si cela n'était pas directement relié au projet de loi
ne pas être considérées; comme telles, comme
étant non reliées au projet de loi 3. Je n'ai pas d'objection de
principe là-dessus. Alors, dans les circonstances, si la commission est
d'accord, je vous suggérerais que nous ajournions nos travaux, M. le
Président, pour que je parle au leader du gouvernement. Je pourrai, soit
directement au député de Laval et au député de
Nicolet-Yamaska et à mes collègues ministériels, vous
donner le point de vue du leader du gouvernement. Je ne peux pas prendre de
décision en son nom. Là-dessus, je serai le dernier à
croire que c'est la chose normale à faire que je prenne des engagements
qui aient un effet direct sur les travaux parlementaires. Je pense que je ne
peux pas prendre cet engagement-là.
Une voix: Cela prend le consentement. Le Président (M.
Jolivet): Avant...
M. Burns: Maintenant, si vous avez d'autres choses à
ajouter, ne vous gênez pas.
M. Blank: Oui, il y a une autre possibilité.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela. Un instant. Je
pense qu'on pourrait tenir comme acquis qu'à l'ajournement de 12 h 30
ces consultations pourront se faire de telle sorte que, d'ici 12 h 30, on
pourrait continuer et poser des questions au président
général des élections. Cela va?
M. Lavoie: Oui, cela va. D'ailleurs, on voudrait continuer
à travailler, quitte à ce que nous ayons une réponse cet
après-midi. Il y a d'autres points. Me Côté est ici et
j'espère qu'il y sera tout au long de l'étude de ce projet de
loi, avec ses adjoints. On peut continuer à déblayer sur ce
projet de loi.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Je veux ajouter quelques mots au débat. Du
côté pratique... Le ministre ne m'écoute pas; on va
l'attendre. M. le ministre, j'ai un message à vous passer.
M. Burns: Oui, M. le député de Saint-Louis, passez
votre commercial.
M. Blank: Oui, je passe mon commercial. Ce projet de loi 3
créant le nouveau registre des électeurs, tout le monde est au
courant que la première fois qu'il sera utilisé, ce ne sera pas
pour une élection générale, mais pour un
référendum. Nonobstant les grimaces que...
M. Burns: C'est possible.
M. Blank: C'est très possible que cela arrive plus vite
qu'on ne pense. Cela veut dire qu'on va faire le référendum avec
une liste préparée suivant cette loi-ci; c'est une grande
possibilité.
M. Burns: Cela se peut bien.
M. Blank: Mais dans le même ordre, le ministre parle de la
loi sur la refonte de la Loi électorale. Il semble qu'il veuille avoir
une discussion plus longue sur cette loi, et il y a de grandes chances qu'elle
ne sera pas adoptée avant le référendum. Cela veut dire
qu'on fonctionne avec une liste ou, si on préfère, un premier
essai. On ne sait pas si la liste sera très bonne ou très
mauvaise, on ne le sait pas. C'est un premier essai qu'on fait. Cela veut dire
qu'on s'en va vers un référendum avec une nouvelle chose. Mais le
ministre, dans son sens démocratique, veut aussi avoir le plus de gens
possible ayant le droit de vote. Je dois dire qu'il est possible que cette
liste ait besoin de beaucoup d'amendements. On parle de révision. Or, il
n'y a rien sur la révision dans le projet de loi no 3. Je suis certain
que dans la réforme de la Loi électorale, il y a toutes sortes de
changements à apporter au système de révision, parce que
tous les partis de la Chambre sont insatisfaits du système. C'est
antidémocratique, cela prive des gens de voter, etc. Je trouve
incroyable qu'on n'ait pas inclus le système de révision dans
cette loi-ci pour avoir au moins la meilleure liste possible. Si on
procède seulement avec cette étape, il est possible qu'on arrive
au référendum avec une liste qui ne sera qu'à un premier
essai. Je ne blâmerais personne parce que si on commence avec quelque
chose de neuf, on ne sait jamais ce qui arrive. Le système de
révision serait l'ancien système qui prive des gens de leur droit
de vote au lieu de le leur donner.
M. Burns: M. le député, je le dis en toute
gentillesse, vous n'avez peut-être pas pris connaissance, à la
page 18, d'une section qui s'appelle "De la révision des listes
électorales".
M. Blank: Oui, il est question de révision, mais
révision suivant l'ancien système dont personne n'est
satisfait.
M. Burns: C'est cela.
M. Blank: Je suis certain que dans votre nouvelle loi, vous aurez
un autre système de révision.
M. Burns: Possiblement.
M. Blank: Oui, et je demande pourquoi ce nouveau système
de révision qui est plus large que l'ancien ne serait pas inclus dans
cette loi-ci.
M. Burns: Au risque de me répéter... M. Blank:
C'est cela le problème.
M. Burns: ... je vous dis à nouveau que je trouverais cela
absolument anormal de vous forcer à adopter rapidement des amendements
qui vont se retrouver dans la nouvelle Loi électorale.
M. Blank: Je ne demande pas toute la loi; je demande seulement la
section de la révision.
M. Burns: Par contre, je vous demande tout simplement l'adoption
du projet de loi no 3 parce qu'on en a besoin...
M. Blank: Oui.
M. Burns: ... parce que le directeur général des
élections en a besoin, parce que le principe a déjà
été accepté.
M. Blank: Je suis d'accord. Nous avons besoin de la loi no 3,
mais il y a de grandes chances qu'on procède au référendum
avec cette loi sans la nouvelle Loi électorale.
M. Burns: C'est possible.
M. Blank: Je pense que la modalité de la révision
devrait faire partie de cette loi-ci parce qu'on parle de la liste, et la
révision, c'est celle de la liste. Je ne demande pas toute la loi, je
demande qu'on inclue dans cette loi-ci les nouvelles modalités sur la
révision pour avoir une liste bien préparée. C'est cela
que je suggère.
M. Burns: J'ai bien entendu votre remarque.
M. Gratton: Si on a la copie du projet de loi, on pourra proposer
en amendement au projet de loi no 3 le contenu de ce que propose le projet de
loi sur la refonte de la Loi électorale, l'ayant devant nous, ayant eu
son dépôt en première lecture et, à ce
moment-là, on satisfera les appréhensions du député
de Sant-Louis.
M. Burns: Écoutez, je vous dis tout de suite que je ne
peux pas vous remettre ce projet de loi...
M. Gratton: Non.
M. Burns:... dans les jours qui viennent. C'est dans les semaines
qui viennent que je pourrais le déposer.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'on revient aux
questions au directeur général des élections, M. le
député de Laval, ou bien si vous voulez continuer encore le
débat?
M. Lavoie: Cela va. J'étais à vérifier
combien d'articles dans la Loi électorale actuelle concernent la
révision. Il n'y en a pas une quantité énorme; c'est de
l'article 80, je crois, à l'article où on fait disparaître
le recensement dans les sections rurales. Il y a à peine 20 ou 25
articles qui concernent la révision. Je crois que cela serait essentiel,
si on touche à la confection des listes électorales, qu'on touche
peut-être aux 20 articles de la révision. S'il est vrai que le
directeur général a besoin de cette loi pour faire ses listes
provisoires et mettre en marche le mécanisme de la liste permanente, je
pense que les 4 millions d'électeurs ou possiblement une grande partie
d'entre eux ont besoin, eux, des rédactions nouvelles ou d'un
système nouveau de révision. D'ailleurs, nous attendrons la
réponse du ministre après le lunch.
Deuxième point et cela s'adresse directement au directeur
général des élections: Pourriez-vous nous expliquer
peut-être l'économie de cette liste? Je pense que c'est par un
exemple que je peux poser le plus clairement possible ma question. Si j'ai bien
compris la loi qui est assez complexe, je le reconnais, actuellement, à
la suite de l'adoption de la loi 123, vous avez une soixantaine
d'employés qui travaillent en collaboration avec les offices
gouvernementaux et paragouvernementaux, avec la Régie de
l'assurance-maladie, avec le Bureau des véhicules automobiles et avec
d'autres ministères qui sont autorisés. Toute personne, cela peut
être l'Hydro-Québec, cela peut être, je ne sais pas, moi,
Bell Canada; peut-être pourriez-vous nous expliciter avec quelles
personnes vous travaillez? Vous préparez ces listes provisoires qui
contiennent le nom, le prénom, l'âge, je crois le sexe,
l'occupation, l'adresse et le numéro d'assurance-maladie. Ces listes
il y en a un grand nombre, pour chaque section de vote, pour chaque
district électoral vont être remises au recenseur lors du
recensement qui doit avoir lieu en septembre.
De la manière que j'ai lu l'article 50, ils vont au domicile
comme dans un recensement normal, les deux recenseurs, un nommé par le
parti ministériel et l'autre par le parti d'Opposition. Dans une section
de vote en particulier, disons qu'il y a 250 noms, que vous avez
dénichés, que vous avez inscrits à la suite de toutes les
informations gouvernementales qui sont à votre disposition. Les
recenseurs vont là une fois dans une conciergerie ou ailleurs, deux
fois, ils ne sont pas là. Je crois qu'il faudrait lire l'article 50, si
vous me le permettez: "Lors du recensement, les recenseurs, dûment
assermentés, doivent, par une visite commune de maison en maison dans la
section de vote qui leur est assignée, informer les citoyens des
conditions nécessaires pour être électeur et recueillir les
renseignements prévus à l'article 4 de la Loi nom,
prénom, occupation, âge, etc sur le registre des
électeurs concernant les personnes qui ont la qualité
d'électeur selon l'article 47 de la présente loi, qui
désirent être inscrites sur la liste, en omettant les personnes
mentionnées à l'article 48. Les recenseurs procèdent alors
à la vérification de la liste et, s'il y a lieu, à sa
correction."
Deuxième alinéa: "Seuls les renseignements concernant les
personnes domiciliées dans l'habitation visitée peuvent
être inscrits sur la liste et l'inscription doit être faite dans
l'habitation même. Seuls les noms des personnes au sujet desquelles les
renseignements prévus audit article 4 sont disponibles peuvent
être inscrits sur la liste.
Toutefois, à défaut de pouvoir fournir la date de
naissance et le numéro inscrit sur la carte délivrée en
vertu de l'article 8 de la Loi de l'assurance-maladie... un seul de ces deux
renseignements suffit." (11 h 45)
Les recenseurs se présentent au domicile et, pour une raison ou
pour une autre, ne trouvent pas les personnes, elles ne sont pas là. Ils
retournent une deuxième fois tel que prévu par la loi je
pense que c'est cela le mécanisme et durant la période
prévue au recensement, n'atteignent pas ces gens, ils ne peuvent pas
vérifier. Est-ce qu'ils les rayent de votre liste provisoire? Ils vous
retournent cela et après cela, c'est la confection des listes
électorales. Je veux savoir: Qu'est-ce qui prime? Est-ce que ce sont vos
listes provisoires que vous avez obtenues avec tous les renseignements à
votre disposition ou uniquement les personnes qui seront atteintes, ou vos
listes amendées par vos recenseurs, radiées ou corrigées?
Je pense que c'est un point important de cette loi. S'il y en a 250 et qu'ils
en atteignent seulement 200, est-ce que cela veut dire qu'il y en a
déjà 50 qui sont radiés? C'est ce que je veux savoir.
M. Côté (Pierre-F.): M. le député de
Laval, peut-être qu'on me permettra, au tout début, un très
bref commentaire préliminaire à l'égard des observations
qui ont été faites au début de la séance par tous
les membres de la commission concernant mon statut. Je voudrais juste
préciser que je suis en complet accord sur les remarques qui ont
été faites au tout début disant que je n'ai pas à
défendre le point de vue de quelque parti ou de quelque membre de
l'Assemblée nationale et que mon principal devoir est évidemment
de fournir des explications d'ordre technique et de répondre aux
questions du genre de celles que vous me posez présentement.
Évidemment, s'il m'arrivait par hasard d'avoir un écart,
je pense bien que vous vous chargeriez de me rappeler à l'ordre. Je m'en
voudrais d'en avoir à ce sujet parce que je me considère
évidemment au service de tous les membres de l'Assemblée
nationale.
La façon dont on envisage de procéder pour la constitution
du registre est, comme le soulignait M. Lavoie, évidemment complexe. Je
vais essayer de la résumer et je pense que ce serait peut-être la
meilleure façon de répondre à votre question
précise: la façon dont on envisage de procéder pour le
recensement qu'on qualifie, dans notre jargon cette expression, on ne la
retrouve pas dans la loi de recensement initial, c'est-à-dire le
premier de tous, celui qui va servir à constituer le registre
lui-même.
On envisage de procéder de la façon suivante. D'abord on
va fournir aux recenseurs une liste de noms d'électeurs qui va
être cueillie auprès d'un seul organisme gouvernemental. Je vais
vous dire tout à l'heure quelles relations on envisage d'avoir avec
d'autres organismes gouvernementaux. Je veux être bien clair sur un
point, c'est qu'on veut demander à la Régie de
l'assurance-rnaladie de nous fournir les noms des personnes âgées,
qu'elle possède dans sa banque de données, de 18 ans et plus.
À partir de cette donnée, on va aboutir à quelques
millions de noms, évidemment. Ces noms vont être répartis
par une technique, selon le jargon employé par les informaticiens,
d'appariement. Vous savez que les sections de vote ont été faites
différemment, la description des sections de vote a été
faite différemment cette année. Cela a été fait
précisément pour envisager la possibilité de rencontrer
ces exigences, cela a été fait de façon informatique. De
sorte qu'avec les 19 450 ou 20 000 sections de vote dans la province, on doit,
en principe, être capable d'effectuer l'opération suivante:
prendre les quelques millions de noms d'électeurs et les répartir
automatiquement dans les 19 000 ou 20 000 sections de vote par groupes d'un
maximum de 300, parce qu'une section de vote ne couvre que 300
électeurs.
Donc, le premier instrument de travail que vont posséder les
recenseurs, que vont avoir en main les recenseurs, c'est ce qu'on appelle une
liste provisoire. Une autre façon de la désigner si on veut
être explicite je reprends l'expression de la loi même
on peut appeler cela une liste préliminaire, une préliste,
mais c'est avant tout un instrument de travail. C'est un point important, je
pense, qu'il ne faudra pas oublier, c'est un instrument de travail qui est
fourni aux recenseurs. Prenons un cas précis, le recenseur se
présente à une demeure, a sur la liste le nom, le prénom,
le sexe, le numéro d'assurance-maladie de la personne et l'adresse et
vérifie auprès des gens qu'il rencontre si la désignation
qu'il a, qu'on a obtenue, nous par la Régie de l'assurance-maladie, est
exacte ou non. C'est là où intervient, ce qu'on dit dans le
texte, sa correction.
Prenons un exemple. Un nom de famille. Je prends un exemple au hasard.
N'importe quel nom qu'on puisse imaginer. Je ne veux pas citer de nom pour ne
blesser personne. Prenons mon propre nom. Au lieu de Côté, ce
serait Coty, par exemple. Évidemment, c'est un mauvais exemple parce que
mon nom n'a pas le droit d'être sur la liste électorale. Je
l'utilise, mais... À ce moment-là, une correction sera
apportée par le recenseur parce que, dans le nom fourni, une erreur
d'inscription, une erreur orthographique a été faite.
Deuxièmement, les recenseurs arrivent à un domicile et le
nom de la personne qu'ils recensent n'est pas sur la liste qu'ils
possèdent. Ils ont donc un deuxième document en main pour
procéder à l'inscription de ces personnes. Il y a un principe que
je voudrais vous mentionner au départ, qui est sous-jacent à
cette façon de procéder, qui est le principe qu'on retrouve dans
la loi actuelle, qui est le suivant: La responsabilité de l'inscription
de son nom sur une liste électorale est d'abord la responsabilité
de l'électeur. Il n'y a aucun mode de coercition, il n'y a aucune
façon qui est prévue d'obligation d'inscription. À partir
de ce principe de base, c'est évidemment par le mode de recensement,
comme cela se fait traditionnellement mais avec des méthodes et
des techniques
différentes; le recensement sera plus long, va durer plusieurs
jours de plus que celui qu'on a présentement c'est à
partir du recensement, de la cueillette de données des recenseurs
auprès des électeurs qu'on va constituer la liste.
Donc, on arrive à la fin du travail des recenseurs. Ils ont en
main deux instruments de travail: la liste provisoire qu'ils ont ou non
corrigée, s'il y a lieu, et une formule d'inscription. Je reviendrai
peut-être dans le détail sur ce que comprendront ces formules
subséquemment. Une fois ce travail terminé, les recenseurs... Je
dois vous dire que notre estimation actuellement est à l'effet qu'on
évalue à environ 4 300000 le nombre d'électeurs au
Québec. Parce qu'il y a un problème de délai pour
l'obtention des noms exacts de la liste de la RAMQ, il est plus que possible
et cela peut affecter un grand nombre de noms qu'il y ait sur la
liste provisoire plus de noms que d'électeurs en réalité.
La raison en est très simple. Au moment où on va passer, on va
avoir la liste de la régie, par exemple, et on peut avoir sur la liste
des noms de personnes qui sont décédées, mais qui n'ont
pas été rayées sur la liste de la régie. On peut
donc avoir plus de noms, de sorte qu'à la fin les recenseurs auront deux
instruments pour dresser, en vertu de l'article 12 du projet je parle
toujours évidemment du premier recensement la liste
électorale.
Ils auront l'instrument de la liste provisoire et la formule
d'inscription. Le tout rejoint la formule 8 actuelle. La façon
habituelle de procéder est d'avoir ce qu'on appelle la formule 8; on
inscrit le nom au registre. Là, on procède à l'inverse; on
a une inscription et on la vérifie. Si on ne l'a pas, on l'inscrit. On
désire fournir à chaque électeur qui va être vu un
certificat d'inscription; on veut laisser au domicile de la personne
visitée un certificat d'inscription.
Venons-en à la dernière partie de la question, si vous
permettez, qui est à l'effet qu'un électeur, après toutes
ces démarches, ne serait pas recensé. Ce qui est prévu
dans la procédure actuellement, c'est le mode habituel de
procéder; lorsqu'une personne ne retrouve pas son nom sur une liste
électorale, elle doit se présenter à l'occasion d'une
révision à un bureau de dépôt pour faire une demande
auprès d'une commission de révision afin que son nom soit
inscrit. J'en parle au début parce que subséquemment, lorsque le
registre va être en marche de façon continue, il y a l'article 15
qui prévoit qu'il y a possibilité qu'il y ait de façon
systématique des inscriptions de noms sur le registre des
électeurs.
J'attire tout de suite votre attention sur un fait, que je voudrais
très clair, parce qu'il peut vraiment y avoir un vocabulaire qui est un
peu compliqué. Il faut distinguer très nettement entre le
registre et la liste. Il faut être très clair là-dessus. Le
registre des électeurs va comporter des noms de personnes qu'on ne
retrouvera pas nécessairement sur la liste électorale. Par
exemple, il est dit dans le projet de loi qu'un électeur a la
liberté de demander que son nom ne soit pas sur la liste
électorale. À sa demande, cela n'apparaîtra pas sur la
liste électorale. C'est la liberté de choix de l'individu. Il
faut qu'on donne suite à cette demande, c'est un principe exprimé
dans la loi. À ce moment-là, il y aura une indication dans le
registre que la personne ne désire pas que son nom apparaisse sur la
liste électorale, de sorte que quand on tirera du registre une liste
électorale, son nom n'apparaîtra pas. Mais on va conserver quand
même son nom chez nous sur le registre pour la raison suivante: c'est que
dans le système d'une liste électorale permanente sur ordinateur
la loi le prévoit également il faut une
possibilité de mise à jour continue.
Prenons encore le même exemple que je viens de vous donner, la
personne qui ne veut pas que son nom soit inscrit sur la liste
électorale. On va conserver son nom sur le registre et il
n'apparaîtra jamais sur la liste électorale. Si on a une
information c'est là où je reviens aux autres organismes
gouvernementaux, et je termine par cela, si vous permettez, si la vue
d'ensemble est suffisante la mise à jour va requérir pour
nous et peut-être que je pourrais répondre à M.
Fontaine à l'égard des ententes qu'on ait des ententes
avec les autres organismes gouvernementaux à l'égard des
changements d'adresse. Un cas concret: un organisme gouvernemental qui a une
information concernant un changement d'adresse obligatoire dans sa loi, c'est
le Bureau des véhicules automobiles. Aussitôt qu'une information
est communiquée au Bureau des véhicules automobiles disant qu'il
y a un changement d'adresse, pour nous, cela a une conséquence si une
personne déménage et change d'adresse.
C'est dans ce sens qu'avec les autres organismes gouvernementaux on veut
signer des ententes, avoir des ententes qui vont nous permettre d'obtenir ces
informations concernant les changements d'adresse. Si un changement d'adresse
affecte la personne qui a demandé que son nom ne soit pas sur la liste
électorale je reviens toujours au même exemple que tout
à l'heure il faut qu'on la retrouve quelque part; il faut que
dans notre registre on ait cette personne, même si son nom
n'apparaîtra pas sur la liste électorale. J'espère que cet
exemple est assez précis, assez clair, exemple où on a une
information qui est sur le registre mais qui n'apparaît pas sur la liste
électorale parce que c'est à la demande même de
l'électeur.
Au sujet des ententes, M. Fontaine, je voudrais vous mentionner qu'il
n'y a, à ce jour, aucune entente conclue avec les organismes en cause,
sauf une entente à caractère purement administratif sur le plan
de l'informatique avec la régie.
Pour répondre à une autre question de M. Lavoie en
même temps, pour le moment on n'est pas rendu à cette
opération cette liste provisoire n'est pas constituée.
Cette opération d'appariement n'est pas faite. On n'a pas en main
actuellement la liste provisoire dont on parle; on n'est pas rendu à
cette étape.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis avait une question.
M. Blank: M. le Président, je m'adresse à M.
Côté, je suis vraiment choqué. Quand on a discuté ce
projet de loi en Chambre, quand on a adopté la loi 123, on a
parlé d'une liste électorale permanente. Tout le monde est
d'accord. Mais ici on a quelque chose de différent. Comme M.
Côté l'a expliqué, il y a un registre des électeurs
et une liste électorale. On est rendu tout près de l'État
policier avec une liste qui n'est pas pour les fins électorales. Pour
quelles fins, pour quelle raison a-t-on cette autre liste? Des gens qui ne
veulent pas être sur la liste électorale sont forcés
d'être sur un registre qu'on donne au gouvernement, au chef de
l'Opposition. C'est vrai! Maintenant, tout le monde à Québec est
enregistré pour une fin qu'on ne connaît pas, pas pour les fins
électorales. Pour les fins électorales, c'est la liste
électorale. Ici, maintenant, on fait une distinction entre la liste
électorale et le registre des électeurs. Le registre des
électeurs, pour moi, c'est le "Big Brother", et, pour ma part, je ne
voterai pas pour cette affaire-là. (12 heures)
M. Marchand: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laurier.
M. Marchand: ... je voudrais seulement poser une petite question.
M. le Président, vous avez dit que chaque personne recevra comme
auparavant un certificat, lorsqu'on se présente. Maintenant, pour
renchérir sur ce qu'a dit le député de Saint-Louis, en
partant de votre liste préliminaire, êtes-vous certain que la
personne votera dans le district électoral? Ma carte d'assurance-maladie
peut être à Montréal, mon permis de conduire à
Montréal et je suis naturellement inscrit par vous à
Montréal. Si je m'en viens passer une année à
Québec où j'ai un domicile secondaire, à ce
moment-là, mon droit de vote s'en vient à Québec. J'ai un
droit de vote à Québec si j'habite plus de six mois à
Québec. Je vote à Québec et je serai quand même sur
la liste à Montréal. Je peux être sur les deux listes.
L'étudiant, par exemple, qui s'en vient passer six ou huit mois à
Québec et qui demeure à Montréal ou partout à
l'extérieur de la province, a le droit de vote à Québec
actuellement dans une élection générale. Pourtant, sa
carte d'assurance-maladie et son permis de conduire sont enregistrés
à sa résidence ou à la résidence de ses parents
où il demeurera le plus longtemps.
Le Président (M. Jolivet): M. Côté.
M. Côté: Si vous me le permettez, je voudrais
d'abord faire une remarque à l'égard de la première
observation qui a été faite par M. Blank. Je pense qu'il faut
être clair sur la question du vocabulaire. La façon dont je le
vois peut-être me suis-je mal exprimé ou peut-être
cela vous donne-t-il l'impression de...
M. Blank: Non, c'est le texte de la loi. Je l'ai vu. Seulement,
je serais très heureux que vous expliquiez cela quant à la
loi.
M. Côté: J'attire votre attention sur l'article 14
qui dit quand même que: "Le directeur a la garde du registre des
électeurs, lequel ne peut être utilisé qu'aux fins d'une
élection ou d'une consultation populaire." Je vous signale, si vous me
le permettez...
M. Blank: Oui, excusez-moi, mais dans la loi, vous donnez votre
liste provisoire, votre registre à tout le monde. Votre liste
provisoire, vous la donnez à tout le monde, à tous les chefs de
parti. C'est là que cela devient public.
M. Lavoie: Plus que cela.
Le Président (M. Jolivet): Une minute, s'il vous
plaît! Je pense qu'on ne s'engagera pas dans une discussion comme cela.
M. Côté, vous pouvez continuer.
M. Côté: Je pense qu'il est important de bien
distinguer que les informations contenues dans ce qu'on appelle le registre le
sont pour des raisons vraiment techniques. C'est un point important à
souligner. Il y a un problème; puisqu'on procède par voie
d'utilisation d'un ordinateur et de l'informatique, il y a des contraintes que
cela nous impose sur le plan technique dont il faut vraiment tenir compte. Sans
cela, il n'y a pas possibilité d'avoir une liste électorale
permanente qui soit mise à jour de façon continue, de
façon satisfaisante pour tout le monde. C'est la raison pour laquelle on
a distingué la question d'un registre dans lequel on a des informations,
mais des informations qui sont vraiment de base, je veux dire uniquement des
choses comme le nom, prénom, adresse, sexe, numéro
d'assurance-maladie, date de naissance. Ce ne sont pas d'autres informations
que celles-là qu'on aura dans le registre.
M. Blank: Oui, mais, M. Côté, n'est-il pas vrai que
le chef de l'Opposition et le premier ministre auront deux listes, la liste du
registre et la liste électorale? Le registre vous donne toutes les
informations. La liste provisoire est donnée au chef de l'Opposition.
Vous donnez, au chef de l'Opposition chaque année les modifications que
vous avez dans vos ordinateurs, etc.
M. Burns: M. le député de Saint-Louis, vous pensez
en termes...
M. Blank: Une minute! Laissez-moi finir. M. Burns: ...
très petits, c'est-à-dire que... M. Blank: Pas petits.
Très dangereux. M. Burns: Non, très petits.
M. Blank: Je n'ai aucune confiance en des gens qui ont des listes
où les gens ne veulent pas être inscrits. D'accord?
M. Burns: Vous avez vraiment la tête...
M. Blank: Pour la liste électorale, on a un choix.
M. Burns: ... entre les deux genoux. M. Blank: Oui, oui.
Mal à la tête, "my foot"! Une voix: C'est une attaque
personnelle. Le Président (M. Jolivet): À l'ordre!
M. Burns: Non. Ce n'est pas une attaque personnelle. C'est une
image pour dire que vous regardez très...
M. Blank: Did you read Orwell's 1984 Big Brother? Read it! You
find it right here.
M. Burns: Pas de problème. Je dis tout simplement
qu'actuellement ce que cette loi fait, c'est mettre en place un
mécanisme pour qu'un registre soit établi. Par la suite, que
voulez-vous, cela va suivre son cours! Cela sera mis à jour
régulièrement.
M. Lavoie: Une fois qu'il va être prêt, oui. Mais
c'est assez grave, M. le Président.
M. Blank: ... je suis d'accord là.
M. Lavoie: Un instant. Il y a le registre, et il y a un article
dans la loi qui dit que toutes les modifications que vous allez faire
après, en cours de route je pense que c'est l'article 18
vous en notifiez ceux qui vous ont fourni les renseignements, que ce soit la
Régie de l'assurance-maladie, que ce soit le Bureau des véhicules
automobiles, cela peut même être l'Hydro-Québec ou le Bell
Téléphone. Vous êtes tenu, en vertu de la loi, de les
aviser de toute modification à votre registre, toute addition, toute
radiation. Il est vrai qu'il est dit à un endroit on avait
insisté d'ailleurs sur cela; cela a été un de nos
amendements qu'on a apportés à la loi 123 qu'il doit y
avoir un secret de confidentialité pour votre personnel, etc. J'ai
l'impression que votre registre, il n'y en aura plus seulement un. Votre
registre sera partout.
M. Côté: M. Lavoie, me permettez-vous juste une mise
au point à ce stade-ci?
M. Lavoie: Oui.
M. Côté: Je pense que, quand on va procéder
à l'étude article par article, je vais pouvoir clarifier ce
point-là de façon très précise, de l'observation
que vous faites.
M. Lavoie: La loi prévoit actuellement... M. Fontaine:
M. le Président...
M. Lavoie:... que vous devez aviser, si c'est le Bureau des
véhicules automobiles qui vous donne des renseignements ou la
Régie de l'assurance- maladie, le Bell Téléphone ou
l'Hydro-Québec, vous devez les mettre au courant, vous, de toutes les
modifications que vous faites à vos listes ou de vos radiations ou de
vos additions.
M. Côté: Mais je vous signale que vous vous
référez à l'article 18. C'est pour cela que je vous dis
qu'on doit attendre l'étude article par article parce que vous signalez
l'article 18.
M. Lavoie: Je ne sais pas si...
M. Côté: Ces modifications découlant de la
mise à jour impliquent des changements aux listes électorales
uniquement. Ce sont uniquement ces informations-là qui sont transmises.
Ce sont les modifications qui impliquent des changements à la liste
électorale et non pas d'autres informations, d'aucune façon.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Gratton: Justement à ce point de vue-là.
Le Président (M. Jolivet): Juste une minute. Avant, il y a
le député de Châteauguay, le député de
Nicolet-Yamaska et vous, M. le député de Gatineau.
M. Dussault: M. le Président, ce que je voulais dire a
été largement couvert par les propos du président, sauf
que lui, ce qu'il ne peut pas dire et ce que je peux dire, c'est que le
député de Saint-Louis est en train de nous sortir les
épouvantails habituels...
M. Lavoie: Attention! Attention! M. Dussault: Je pense
que...
M. Lavoie: C'est très délicat un sujet comme
celui-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval, je m'excuse. Le député de Châteauguay a la
parole.
M. Lavoie: Je connais également le...
M. Dussault: Je le répète, M. le
député de Laval: je ne crains pas ce que je dis. M. le
député de Saint-Louis est en train de nous sortir les
épouvantails habituels...
M. Lavoie: Ah bon! M. Blank: Habituels?
M. Dussault: ... parce que ce que l'article 14 dit...
M. Blank: Dites-moi quand j'ai fait une déclaration
semblable ici en commission.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: II n'y a jamais eu de projet de loi comme celui-ci
devant moi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis.
M. Lavoie: ...
M. Blank: II m'attaque et j'ai le droit de répondre.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. On a
été assez large ce matin, mais cela n'empêche pas que, s'il
a le droit, il peut invoquer une question de règlement, mais pas
intervenir sans au moins demander la permission. M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, je disais que l'article 14
donne une réponse aux préoccupations du député de
Saint-Louis. Ce que le président ne pouvait pas dire, c'étaient
les réponses à l'état policier et tout cela. C'est
à cela que je fais référence quand je dis qu'on a encore
les épouvantails habituels. Il y aura un registre qui sera la base, il y
aura les listes provisoires à partir desquelles on pourra vraiment, dans
la continuité... C'est fini le perpétuel recommencement. On aura
enfin un instrument stable à partir duquel on pourra faire des listes
sérieuses. À partir de cela, M. le député de
Saint-Louis nous dit: L'état policier, etc. Je dis que ce sont des
épouvantails.
M. Blank: Oui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
M. Blank: Oui, mais l'article 18, comment...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Blank: ... conciliez-vous cet article avec l'article 14?
Le Président (M. Jolivet): Monsieur...
M. Lavoie: II demande la permission de poser une question au
député de Châteauguay.
M. Blank: Oui. Comment conciliez-vous l'article 18 avec l'article
14?
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Burns: Si vous voulez qu'on entreprenne l'étude, M. le
Président, article par article...
Le Président (M. Jolivet): C'est cela. Je pense que...
M. Fontaine: Oui, M. le Président.
M. Lavoie: ... c'est nécessaire.
M. Fontaine: Dans la même optique...
M. Burns: Cela ne me fait rien.
M. Lavoie: Autrement, cela va bloquer vite tantôt.
M. Burns: Moi, cela ne me fait rien. Le Président (M.
Jolivet): À l'ordre!
M. Fontaine: M. le Président, dans la même optique
que les questions qui ont été posées par le
député de Saint-Louis et par le député de Laval, je
posais des questions concernant les ententes qui ont été conclues
ou qui vont être conclues avec les différents ministères ou
organismes du gouvernement. Il y a possibilité qu'il y ait, dans ces
ententes, des éléments de réciprocité, et que les
renseignements recueillis par les recenseurs puissent être retransmis
à ces organismes-là.
M. Burns: C'est la raison d'être de l'article 18.
M. Fontaine: Justement, le président des élections,
M. Côté, nous disait tantôt que ces ententes ne sont pas
encore conclues. On pourrait peut-être nous dire dans quel délai
elles vont être conclues. À ce moment-là, on pourrait en
faire prendre connaissance par les parlementaires. Il y a un danger, comme je
le disais tantôt. Par exemple, on sait actuellement que le numéro
d'assurance sociale est utilisé à toutes sortes de sauces. Si ces
renseignements sont rendus publics, les renseignements fournis dans le
registre, par exemple les compagnies de finance vont pouvoir se servir de ces
numéros pour retracer des clients éventuels. Les compagnies
d'assurance feront la même chose. Est-ce qu'on doit rendre cela public?
C'est important de le savoir. Qui est-ce qu'on va inclure dans ce registre?
Est-ce qu'on va inclure, lorsqu'on va faire le recensement...
M. Burns: Saviez-vous qu'actuellement...
M. Fontaine: Est-ce qu'on va inclure, M. le
Président...
M. Burns: ... vous-même comme citoyen et d'ailleurs comme
avocat...
M. Fontaine: M. le Président...
M. Burns: ... vous devriez le savoir?
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
M. Burns: Au Bureau des véhicules automobiles...
M. Fontaine: Est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Burns: ... vous avez toutes les informations...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Burns: ... que vous voulez là-dessus. Voyons donc!
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, je
m'excuse.
M. Fontaine: Est-ce qu'on va inclure dans ce registre des
électeurs les enfants, par exemple, parce que, quand ils vont avoir 18
ans, on pourra les inscrire sur la liste électorale? Est-ce qu'on va
inclure tout le monde?
M. Burns: Non, ils n'ont pas le cens électoral.
M. Fontaine: Je ne parle pas de la liste électorale, je
parle du registre parce qu'à ce qu'on nous dit ce sont deux choses bien
différentes.
M. Burns: Quand ils vont avoir 18 ans, ils vont être sur le
registre.
M. Fontaine: Je ne suis pas sûr de cela. Le
Président (M. Jolivet): M. Côté.
M. Côté: Sur le plan, en tout cas, de la
constitution du registre des électeurs, des listes électorales
permanentes, je veux revenir sur certaines notions qui me semblent importantes,
tout en essayant de les exprimer un peu différemment. La liste
provisoire est avant tout un instrument de travail qui est fourni aux
recenseurs. Le registre, si on peut le définir ou le décrire un
peu, je le ferais peut-être de la façon suivante: C'est
l'équivalent informatique d'une liste électorale, plus des
données à caractère administratif, par exemple, des
numéros informatiques; ce ne sont pas des numéros
d'électeurs ou des numéros pour identifier des personnes. Quand
je parle de données administratives, pour pouvoir faire l'appariement
dont on parlait tout à l'heure, il faut évidemment avoir une
donnée administrative pour pouvoir dire que telle personne appartient
à telle section de vote.
La liste électorale est une liste qui sera tirée du
registre au fur et à mesure qu'on en aura besoin. Évidemment,
dès l'émission du bref d'élection, on a besoin d'une liste
électorale, il est prévu qu'on doit la fournir, dans le projet de
loi, qu'on doit en fournir un exemplaire complet une fois par année. Et,
comme c'est un système qui va être vivant, qui va fonctionner de
façon permanente, la mise à jour de cette liste doit être
faite de façon continue; c'est dans ce sens que je dis que c'est une
liste vivante. On prévoit fournir, par l'information des partis
politiques, les modifications qu'on va apporter à la liste
électorale tous les trois mois. Je vous signale qu'il y a
également dans la loi l'article 6 qui prévoit que la
confidentialité de ce qu'il y a dans le registre est prévue par
le serment que doit prêter...
M. Blank: Vous, mais pas moi.
M. Côté: Si vous me le permettez, je vais tout de
suite attirer votre attention sur un point où je pense qu'il y a une
confusion. Je pense que c'est important. Je vais vous faire une proposition qui
va être très claire, je pense, et qui va être une
modification à apporter, soit un mot qui est de trop et qui n'est pas
exact, à mon avis, mais on pourra en discuter. Si je me trompe, je suis
prêt à revenir... Je vais répondre à votre autre
question dans deux minutes, M. Fontaine.
À l'article 61, quand on dit qu'on remet des listes provisoires
à partir du registre des électeurs ou, en cas
d'impossibilité, à partir des dernières listes
électorales dressées... Je m'excuse, je suis un peu confus, je
vais être plus clair. Je reprends l'article 51 d'abord.
Si vous me laissez juste un instant, je vais retrouver l'article pour
être plus clair. Le voilà, c'est l'article 18. L'article 18 dit
qu'on "fait parvenir, à tous les trois mois, aux personnes
mentionnées au premier alinéa du paragraphe 3 de l'article 74...
"Or, si vous permettez...
M. Lavoie: Les chefs de parti.
Le Président (M. Jolivet): Article 18.
M. Côté: Article 18. C'est à tous les chefs
de parti qu'on fait parvenir les renseignements qui concernent uniquement des
modifications à la Loi électorale.
M. Lavoie: L'article 18, on va le lire: "Le directeur
général des élections fait parvenir, à tous les
trois mois, aux personnes mentionnées au premier alinéa du
paragraphe 3 de l'article 74 ce sont les chefs de parti, en
général... (12 h 15)
M. Burns: C'est cela.
M. Lavoie: ... de la Loi électorale et, à
intervalles réguliers, aux personnes, ministères et organismes de
qui il reçoit des renseignements en vertu de l'article 3 on va
revenir à l'article 3 tout à l'heure les modifications
découlant de la mise à jour du registre on ne dit pas des
listes électorales, mais du registre; il va devenir public votre
registre et qui impliquent des changements... "On dit les amendements au
registre, quand même."
M. Burns: Oui. "Et qui," c'est conjonctif, cela. M. Blank:
Je voudrais poser une question...
Le Président (M. Jolivet): Un instant, le
député de Gatineau avait... Je ne sais pas si M.
Côté a terminé. M. Côté.
M. Côté: Si je comprends bien, M. Fontaine, vous
avez demandé si le registre doit comprendre les noms des personnes qui
n'ont pas 18 ans accomplis. La réponse est oui. C'est qu'on va avoir
dans le registre des noms de personnes qui ont 17 ans et quelques mois pour
qu'elles soient automatiquement inscrites sur le registre au moment de leur
anniversaire. C'est à cause du fait que le registre est
informatisé. Il faut qu'il y ait une possibilité pour les
nouveaux électeurs de les inscrire de façon automatique. Quand on
va avoir cette information qu'une personne à 17 ans et qu'elle a son
anniversaire le 1er mai, ce qu'on veut faire c'est communiquer avec la personne
concernée, lui envoyer une carte, une lettre, enfin, peu importe le mode
de communication, et lui dire, normalement: Si vous répondez à
toutes les conditions pour être électeur, étant
donné que vous avez l'âge de 18 ans, vous serez inscrite sur les
listes électorales à venir. Est-ce que vous êtes d'accord?
À ce moment, on lui dit, dans quelle section de vote elle va être
inscrite? Il faut qu'on reçoive l'accord de la personne
concernée.
M. Fontaine: À ce moment, où prenez-vous la notion
de dire qu'on commence à 17 ans? Vous pourriez commencer à 16
ans.
M. Burns: C'est une question, je dirais, purement de pratique
administrative, parce qu'il faut que la personne ait 18 ans accomplis. Je ne
veux pas me mêler dans les dates. La disposition c'est qu'elle ait 18 ans
accomplis le dernier jour c'est cela de la révision, soit
le dernier jour de la révision ou le jour du scrutin.
M. Fontaine: Cela veut dire que, étant donné que
vous avez dans votre registre toutes les personnes qui ont 17 ans ou même
16 ans si vous le désirez, si le gouvernement décidait de
présenter un projet de loi, par exemple, qui permettrait de voter
à 16 ou 17 ans lors d'une consultation populaire, vous seriez en mesure
immédiatement d'inscrire toutes ces personnes sur la liste
électorale?
M. Côté: En ce qui me concerne, je ne me suis
même pas posé la question. Vous posez une question qui
relève d'un autre que moi.
M. Fontaine: Non, mais vous auriez techniquement les outils
nécessaires pour les inscrire immédiatement?
M. Burns: M. le Président, pour désamorcer cela
tout de suite, je pense que nous avons été très clairs, le
premier ministre et moi-même, en disant qu'il n'était pas
question...
M. Fontaine: On sait que vous changez d'idée souvent.
M. Burns: Si c'est cela votre inquiétude, cela fait quinze
fois que je prends cet engagement; je vais le prendre pour une seizième
fois et le premier ministre l'a pris, je ne sais pas, probablement autant de
fois que moi; il n'est pas question pour le référendum sur
l'avenir politique du Québec de faire voter des gens de seize ans.
Est-ce clair ou si ce n'est pas clair? Il n'en est pas question.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Pour revenir... M. Fontaine: De 17 ans?
M. Burns: Même pas 17, cela va être le même
cens électoral qu'on a actuellement qui va s'appliquer. Justement, on ne
pourrait pas défendre la position de modifier les règles du jeu
pour le référendum sur l'avenir politique du Québec. On ne
pourrait pas défendre cela publiquement. On n'a pas du tout l'intention
de le défendre et on n'a pas du tout l'intention de changer la
situation. Est-ce clair?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, parce que là il va...
M. Burns: Arrêtez de nous achaler avec cela, c'est fini,
cela fait longtemps.
M. Gratton: II va s'impatienter. M. Lavoie: II va
s'impatienter.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, le directeur
général des élections s'est servi d'un exemple
tantôt; il a parlé de la loi du Bureau des véhicules
automobiles qui oblige une personne détentrice d'un permis à
aviser le Bureau des véhicules automobiles d'un changement d'adresse.
Pour rejoindre ce que disait le député de Saint-Louis
tantôt, en vertu de l'article 18, le directeur général des
élections doit, à tous les trois mois, transmettre les
changements aux personnes visées au paragraphe 3 de l'article 74 de la
Loi électorale là, il n'y a pas de problème
et à tous ceux de qui il reçoit des renseignements en vertu de
l'article 3 du projet de loi, donc au Bureau des véhicules automobiles,
à tous ceux, en fait, avec qui le directeur général aura
pu conclure des ententes. C'est donc dire que la personne qui a changé
d'adresse et qui, pour une raison ou une autre, n'en a pas avisé le
Bureau des véhicules automobiles, se verra, par le fait même,
dénoncée, auprès du Bureau des véhicules
automobiles de façon systématique à tous les trois mois de
par une loi qui ne vise qu'à fournir une liste électorale aussi
complète, aussi conforme à la réalité que
possible.
Est-ce que le directeur général des élections peut
retrouver quelque part dans le projet de loi une garantie pour cette personne?
Ce n'est peut-être pas tellement grave pour ce qui est de l'adresse, de
la résidence d'une personne vis-à-vis du Bureau des
véhicules automobiles, mais cela pourrait s'appliquer, par exemple,
à la compagnie Bell Canada et à l'Hydro-Québec en
supposant qu'ils auraient conclu une entente avec le directeur
général des élections, qui recevraient, eux aussi, toutes
les modifications qui impliquent des changements aux listes électorales.
Il se trouverait, par le fait même, dénoncé auprès
de ces organismes.
Le député de Châteauguay, tantôt, a fait
allusion à l'article 14 qui dit bien: "Le directeur
général des élections a la garde du registre (...) aux
seules fins d'une élection et d'une consultation populaire."
Ce n'est pas au directeur général des élections
qu'on s'en prend, mais c'est à tous ceux qui recevront du directeur
général des élections, en vertu de l'article 8, toutes ces
informations qui impliquent des changements à la liste
électorale. Est-ce qu'on n'est pas en train, au nom d'une liste
électorale la meilleure possible, d'instaurer un système
d'informations pour les divers organismes gouvernementaux et même
extra-gouvernementaux dont ils pourront se servir à des fins qui n'ont
absolument rien à voir avec la liste électorale, ou la tenue
d'élections ou un référendum.
M. Burns: Je vais répondre à cette question en vous
disant que lorsqu'on arrivera à l'article 40, il y a une
précision qu'on a l'intention d'apporter au projet de loi,
précision qui va satisfaire les inquiétudes exprimées par
le député de Gatineau.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je reviens à la question initiale qui a
amorcé ce mini-débat, M. le directeur général des
élections. J'ai compris, à la suite de votre réponse, que
ce qui va primer, c'est le travail des recenseurs, c'est le résultat de
leur travail. Pourquoi avons-nous ce projet de loi? Pourquoi avons-nous un
registre? C'est exactement le système que nous avons dans le moment.
M. Burns: Sauf qu'il ne sera pas répétitif. C'est
cela, la différence.
M. Lavoie: Oui, mais...
M. Burns: On a besoin d'un premier recensement. Bien sûr,
le directeur général des élections ne peut commencer
à bâtir un registre "out of the blue", si on peut dire, il va
être obligé de faire un premier recensement. Nous espérons
que ce sera le dernier recensement. Par contre, la loi lui permet, si jamais il
en sent le besoin en cours de route, de faire d'autres recensements. L'objectif
du projet de loi est qu'il y ait un dernier recensement, celui du mois de
septembre, et que, par la suite, nous ayons un registre des électeurs
qui soit constamment mis à jour afin qu'on n'ait plus besoin de faire de
recensement. C'est l'objectif du projet de loi. Cela n'écarte pas la
possibilité...
M. Gratton: C'est très louable...
M. Burns: ... que le directeur général des
élections, à sa discrétion, se rende compte, à un
moment donné, qu'il a besoin de faire un autre recensement. En principe,
ce n'est pas le but de la loi; le but de la loi est qu'il n'y ait plus de
recensement.
M. Gratton: On ne prête pas d'intention, mais...
M. Lavoie: Le résultat est le même avec le
recensement normal qu'on a actuellement. Une autre chose, tant qu'à
mettre ce mécanisme en marche...
M. Burns: Sauf qu'actuellement on est obligé,
d'année en année, de mettre de côté le recensement
parce qu'il nous coûte de $10 millions à $15 millions à $20
millions selon les années.
M. Lavoie: Quant à prendre le système que vous
avez, avec les dangers que cela peut représenter... D'ailleurs, on a
modifié la rédaction des articles qu'on a retransposés
dans la loi ici. Entre autres, dans la loi 123, c'était clair: À
cette fin, le directeur général peut conclure une entente avec
toute personne et requérir d'un ministère ou d'un organisme
mandataire du gouvernement qui doit les lui fournir les renseignements
pertinents à la préparation du registre, à savoir
là, c'est bien délimité quels sont ces renseignements
à l'égard d'une personne physique: le nom, le cas
échéant, le nom du mari, le nom patronymique, le prénom,
l'occupation, le numéro d'assurance-maladie, la date de naissance, le
sexe... C'était circonscrit.
M. Burns: Vous l'avez...
M. Lavoie: Mais c'est bizarre...
M. Burns: Vous l'avez à l'article 4.
M. Lavoie: ... que dans la nouvelle loi vous l'ayez
modifié.
M. Burns: Vous l'avez à l'article 4.
M. Lavoie: Et je vais vous dire qu'il y a une énorme
différence. Avec cet article qui était très limitatif dans
la première loi, vous avez fait deux articles dans la nouvelle loi et
vous ouvrez la porte énormément. On va lire l'article 3 de la
nouvelle loi: "Le directeur général des élections peut,
aux fins d'obtenir les renseignements pertinents à la confection du
registre à l'égard d'une personne physique, conclure une entente
avec toute personne; il peut également requérir de tels
renseigne-
ments d'un ministère ou d'un organisme du gouvernement, et ces
derniers doivent les lui fournir." Bon, la restriction qu'on avait
apportée contre le ministère du Revenu, la Sûreté du
Québec, le ministère de la Justice...
M. Burns: C'est encore là, cela. C'est encore
là.
M. Lavoie: Au lieu d'avoir mis cela dans le même article
qu'on avait circonscrit dans la loi 123, vous avez fait un autre article,
l'article 4.
M. Burns: Bien oui.
M. Lavoie: "Le registre comprend, pour chaque électeur,
les renseignements suivants: son nom, son prénom, son adresse, son sexe,
sa date de naissance", etc. Pourquoi avez-vous disséqué en deux
parties cet article? Je vous dis que cela peut ouvrir des portes parce que le
mot "pertinent", en haut, n'est pas restrictif.
M. Burns: Voyons donc! M. Lavoie: Pour le registre.
M. Burns: Vous cherchez vraiment des poux, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Les droits civiques, les libertés
individuelles, il faut faire attention aux poux dans cela. C'est clair?
M. Burns: Essentiellement, ce que le projet de loi no 123
faisait, c'est qu'il habilitait le directeur général à
commencer à mettre sur pied les préliminaires d'un registre.
C'est ce que le projet de loi faisait. On admettait, par l'adoption du projet
de loi, le principe d'un registre d'électeurs. Ce que cette loi-ci vient
ajouter, c'est de préciser exactement ces choses. Que se retrouve dans
l'article 3 et dans l'article 4 ce qui se retrouvait dans l'article 1 de la loi
123, que voulez-vous que je vous dise? Il faut vraiment chercher des poux pour
imaginer un sombre complot pour changer la situation fondamentale et les
libertés civiques des personnes. On dit tout simplement, d'une part,
dans l'article 3, que le directeur général a le droit de faire
ces ententes, ce qu'on disait d'ailleurs dans la loi 123, et on dit tout
simplement ce qu'il doit y avoir comme renseignements, dans l'article 4. C'est
tout!
M. Lavoie: Bon. M. le Président, je vais continuer. Je
pense que je vais annoncer nos couleurs, à nous.
M. Burns: Annoncez donc cela.
M. Lavoie: Avec tous les dangers que cela peut
représenter, cette multitude de registres qui vont se balader partout,
surtout lorsqu'on pense qu'à partir du registre, on fera des listes
provisoires qui vont se balader dans les mains de 20 000 réviseurs et
des présidents d'élection, si ce n'est pas même dans celles
des chefs de parti... les 20 000 ou 40 000 réviseurs, parce qu'il y en
a... non, non, les recenseurs... Il va y avoir des noms, dans cela, des
indications, des numéros d'assurance sociale et tout, des gens qu'on ne
retrouvera pas sur les listes, soit qu'ils n'ont pas voulu être inscrits
ou qu'ils iront au bureau de révision pour se faire radier s'ils ne
veulent pas être sur la liste électorale, des gens qu'on n'aura
pas atteints et qui ne pourront pas exercer leur droit de vote, qui ne sont pas
intéressés à l'exercer. Vous avez dit vous-même que
si on ne les rejoint pas, il peut y avoir beaucoup plus de noms sur les listes
provisoires qu'il pourrait y en avoir effectivement sur les listes
électorales. Lors d'une autre consultation, soit électorale ou
référendaire, ces renseignements seront encore là, et
tout. J'aime autant, tant qu'à mettre un mécanisme comme cela en
marche avec tout ce que cela peut représenter, j'aime autant, si vous
voulez faire des économies, abolir le recensement annuel. Abolissez le
recensement annuel. Prenons ce qui se fait peut-être, ce qui se faisait
avant et ce qui se fait à Ottawa dans la présente
élection, un recensement complet avec une politique d'ouverture, en
améliorant nos mécanismes de recensement, notre système.
Qu'on améliore notre révision. Je ne pense pas qu'il y ait de
plaintes et de scandales dans l'élection fédérale
actuellement. Y a-t-il beaucoup de gens privés de leur droit de
vote?
M. Burns: C'est tellement bien fait, M. le député,
que j'ai le droit de vote à deux places au Québec...
M. Lavoie: Laissez-moi terminer.
M. Burns: ... au fédéral actuellement. C'est
niaiseux, mais c'est comme cela.
M. Lavoie: Mais vous n'allez en exercer qu'un seul.
M. Burns: J'en ai exercé un jusqu'à maintenant et
pour l'autre, je me suis fait radier. Que voulez-vous que je vous dise?
M. Lavoie: À cause de tout cela, je me demande je
vais le soumettre à notre caucus... D'ailleurs, avant d'aller plus loin
dans l'étude de ce projet de loi, je vous demande si on ne ferait pas
mieux de revenir à un recensement ad hoc à l'occasion d'une
consultation populaire ou d'un référendum... (12 h 30)
M. Burns: Non, il n'en est pas question. Vous remettez...
M. Lavoie:... au lieu de s'embarquer dans une galère de la
sorte.
M. Burns: ... en question le principe qu'on a déjà
adopté à l'Assemblée nationale...
M. Blank: Oui, mais...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis, je m'excuse.
M. Burns: ... de fonctionner à même un registre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Burns: Je vous dis que le gouvernement n'a pas du tout
l'intention de reculer là-dessus.
M. Lavoie: Peut-être que l'Opposition n'a pas l'intention
de reculer non plus. D'accord?
M. Burns: Vous ferez ce que vous voudrez. D'accord? Et vous aurez
la collaboration que vous méritez à ce moment-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais seulement poser une question.
M. Burns: Je pense que je vous ai montré ma collaboration
à partir de ce matin, mais si vous ne voulez pas cette collaboration,
vous allez l'avoir d'une drôle de façon.
M. Lavoie: On souhaite une liste électorale permanente et
non pas un registre permanent et un fichier permanent.
M. Burns: Voyons donc! Arrêtez donc de vous "enfarger" dans
les fleurs du tapis!
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure,
j'ajourne sine die. En attendant je vous dis que, normalement, nous devrions
revenir après la période des questions, mais on verra ce qui se
passera au cours du déjeuner.
Fin de la séance à 12 h 31