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Étude des crédits du Conseil
exécutif
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre,
messieurs!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour étudier les crédits
budgétaires du Conseil exécutif.
Les membres de cette commission sont: M. Bédard (Chicoutimi)
remplacé par M. Lévesque (Taillon); M. Bisaillon (Sainte-Marie),
M. Charbonneau (Verchères), M. Forget (Saint-Laurent), M. Grenier
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Biron (Lotbinière); M.
Laberge (Jeanne-Mance), M. Levesque (Bonaventure) remplacé par M. Ryan
(Argenteuil); M. Morin (Louis-Hébert), M. Paquette (Rosemont), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M.
Ciaccia (Mont-Royal) remplacé par M. Levesque (Bonaventure); M. Clair
(Drummond), M. Dussault (Châteauguay), M. Guay (Taschereau), M. Lavoie
(Laval), M. Lévesque (Taillon).
Je proposerais comme rapporteur de... En fait, je pense que, selon les
règlements, c'est le président qui devrait faire rapport de cette
commission.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président... Le
Président (M. Jolivet): Oui.
M. Levesque (Bonaventure): ... pendant que vous êtes en
train de suggérer certains changements, puis-je suggérer une
certaine flexibilité quant aux changements à venir au cours de la
séance, justement à cause du fait que plusieurs ministres
d'État sont appelés à venir à la commission et,
à ce moment-là, les intervenants, de notre côté du
moins, peuvent changer.
M. Charron: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): On considère au
départ que les ministres d'État devant venir s'expliquer, il y
aura au niveau des intervenants des changements. Cela va, il n'y a pas de
difficulté.
Nous débutons par la présentation du premier ministre, M.
Lévesque.
Observations préliminaires
M. Lévesque (Taillon): Je pense que je vais reprendre ce
que j'ai je pense que tout le monde a trouvé une excellente
habitude à acquérir déjà fait, c'est que je
ne ferai pas de discours ou de grandes démarches préliminaires,
je vais plutôt, si vous permettez, attendre vos questions. La seule chose
que je voudrais souligner à part le fait que on vient de le noter
les ministres d'État sont disponibles pour les programmes qui les
con- cernent, il y avait trois questions, je crois, qu'on avait reçues
et auxquelles on a envoyé des réponses concernant la liste des
sous-ministres, les titres, les traitements, etc., la liste du personnel
politique avec les détails qui paraissaient requis et, finalement, les
sommes dépensées aux fins de publicité en 1978/79 et
1979/80. On a répondu le mieux possible. Je pense que vous avez
reçu ces réponses-là. Pour le reste, j'attends celles que
vous avez préparées en surplus. Est-ce qu'on peut y aller?
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Opposition
officielle.
Si vous voulez, pour les besoins du journal des Débats, je vais
appeler le programme 1, mais je ne sais pas si vous voulez avoir une souplesse
aussi au niveau des programmes. Je pense que... Oui.
M. Biron: M. le Président, puis-je suggérer de
discuter un peu surtout au début... On accepterait les programmes
facilement à la fin, lorsque les discussions seront
terminées.
Le Président (M. Jolivet): Je n'ai pas d'objection
à cette façon d'agir.
M. Charron: Cela a fonctionné comme cela dans plusieurs
commissions...
Le Président (M. Jolivet): C'est cela, quoique M. le chef
de l'Opposition officielle...
M. Lévesque (Taillon): Autrement dit, le programme 1 peut
être le tremplin général.
M. Ryan: Je n'ai pas très bien compris si on commence par
le programme 1 ou si...
Le Président (M. Jolivet): En fait, je pense qu'on peut
parler d'une discussion globale de l'ensemble des programmes. Vous pouvez poser
des questions sur les programmes que vous voulez, en tenant compte que, quand
je les appellerai, je les appellerai programme par programme.
Une voix: En termes d'adoption.
Le Président (M. Jolivet): Ce sont des questions
générales que vous avez à poser avant d'aborder les
programmes. M. le député de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): Si on regarde simplement le programme
2, est-ce qu'à ce moment, nous le remettrions pour considération
uniquement par le ministre d'État à la réforme
électorale et parlementaire ou est-ce que le premier ministre accepte
des questions là-dessus?
M. Lévesque (Taillon): C'est prévu que le ministre
d'État, M. Burns, qui s'occupe de ce sec-
teur, sera avec vous vers 21 heures. Cela dépend. Si vous tenez
à faire l'examen un peu exhaustif avec M. Burns, on risquerait
peut-être de se répéter pour rien, mais c'est comme vous
voulez.
M. Levesque (Bonaventure): Peut-être qu'on pourrait poser
une question générale, relativement au ministre d'État,
parce que, si on défère les questions au ministre d'État,
il s'agit de savoir, à ce moment, vu l'annonce faite par le ministre
d'État à la réforme électorale et parlementaire de
sa démission... Il est important de savoir ce qu'il advient de son cas
et s'il continue de s'occuper des dossiers avec la même autorité
qu'auparavant.
M. Lévesque (Taillon): Oui, tant et aussi longtemps qu'un
ministre fait partie du cabinet, il a à s'occuper de ses dossiers. Aussi
longtemps que M. Burns fera partie de l'équipe ministérielle, il
va continuer à piloter ses dossiers. Quand on parle, par exemple, de la
Loi sur le financement des partis, je pense qu'il est celui qui est
peut-être le mieux placé pour répondre, aussi longtemps
qu'il tiendra le fort de ce côté, parce qu'après tout,
c'est lui qui l'a pilotée et cela faisait partie de sa tâche
essentielle pendant les deux premières années, avec certains
autres projets de loi.
Il y a la Loi électorale parce qu'il y a les deux qui sont
prévues dans ce programme et c'est M. Burns aussi et son
équipe qui sont chargés de préparer on
espère bien pouvoir les présenter ou en présenter une
partie les amendements à cette loi fondamentale. On espère
les présenter ou en présenter une partie substantielle avant
l'ajournement du mois de juin. Tout ça fait partie des fonctions de M.
Burns et, aussi longtemps qu'il sera membre du Conseil des ministres, il a la
même autorité de travail et d'exécution que n'importe quel
autre de ses collègues, c'est tout.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que dans une question aussi
primordiale et fondamentale que le mode de scrutin, le premier ministre aurait
des commentaires à faire?
M. Lévesque (Taillon): Le seul commentaire...
M. Levesque (Bonaventure): Parce qu'à ce moment-ci, on
touche une politique d'ordre beaucoup plus général que
technique.
M. Lévesque (Taillon): ... que j'aurais à faire est
le suivant: Comme le leader de l'Opposition le sait, une tournée avait
été prévue, parce qu'il y a un livre vert qui a
été publié sur cette question du mode de scrutin et qui
évoque, en particulier, trois hypothèses spécifiques de
réforme...
M. Levesque (Bonaventure): Exclusives.
M. Lévesque (Taillon): Non, pas nécessairement.
C'est un livre vert. Ce n'est pas un livre blanc. Si c'était un livre
blanc, il n'y aurait qu'une discussion, normalement. Non, c'est pour ouvrir la
discussion. On ne tient pas à la faire continuer jusqu'à la
semaine des quatre jeudis, mais ouvrir la discussion, sauf qu'une
tournée avait été fixée au moment où,
à cause de l'échéancier parlementaire, le ministre
d'État était retenu à deux places. On a été
obligé d'annuler cette tournée jusqu'à nouvel ordre.
M. Levesque (Bonaventure): Mais la question que je posais...
M. Lévesque (Taillon): Mais, de toute façon,
ça va continuer.
M. Levesque (Bonaventure): ... si on me permet, est celle-ci:
Est-ce que le premier ministre est d'accord c'est une question de
principe ou préconise-t-il que des non-élus siègent
à l'Assemblée nationale sur le même pied que les
élus?
M. Lévesque (Taillon): Je ne le préconise pas, mais
je ne vois pas en quoi on pourrait s'y opposer mordicus si, à un moment
donné, la tendance consent, l'opinion démocratique dit que, pour
contrebalancer les distorsions qui arrivent, très souvent, dans le
résultat des scrutins, c'est sûrement une des formules qui sont
employées.
On connaît il est inutile de revenir là-dessus, on
l'a assez dit le cas de l'Allemagne de l'Ouest, par exemple, qui a
adopté ce système. Il y a, je pense, quelques autres pays, qui
ont une formule équivalente. Non, en Israël, c'est proportionnel
complet, mais là, on parle de proportionnel partiel. Je ne vois pas
d'objections fondamentales, autrement dit, et l'expérience qui a
été faite ailleurs semble indiquer que cela peut se
digérer, devenir efficace et entrer dans les moeurs.
Il ne faut pas faire un dogme absolu du fait que ce sont seulement des
élus. Prenez ce qui se passe à Ottawa. J'ai l'impression qu'on va
manquer d'élus et on va trouver un moyen, je pense bien que si ce
moyen-là permet à des non-élus d'équilibrer un tout
petit peu mieux un gouvernement fédéral, il y a des gens qui
pourront critiquer, il y a des gens qui pourront applaudir, mais de toute
façon, je ne vois pas de dogme fondamental qui serait
écorché par ça.
M. Levesque (Bonaventure): Parlant de ce sujet, relié au
ministre d'État à la réforme électorale et
parlementaire, ça nous amène immédiatement à la
question suivante, à laquelle le premier ministre a déjà
répondu de diverses façons, à savoir à quel moment
jugera-t-il à propos d'effectuer un remaniement ministériel?
M. Lévesque (Taillon): Le député de
Bonaventure sait comme moi qu'il n'aura pas de réponse là-dessus,
mais qu'il sera parmi les premiers avertis le jour, si et quand, comme on le
dit en anglais "if and when", ça arrive.
M. Levesque (Bonaventure): Le premier ministre vient de
décevoir plusieurs des auditeurs autour de la table,
particulièrement certains députés.
M. Paquette: Vous l'avez dit l'année passée.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, je le sais; c'est pour ça
que je l'ai répétée; elle était bonne.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale.
Réforme des ministères
M. Biron: Je voudrais poser une question sur l'économie
générale au premier ministre.
L'an dernier, je lui avais posé une question concernant la
réforme globale des ministères, des différents
ministères et j'avais posé une question en particulier concernant
M. Pierre Martin. Le premier ministre m'avait dit: S'il n'en tient qu'au
Conseil des ministres, il sera nommé et il y aura une révision
générale de nos ministères, on va voir jusqu'où on
peut aller là-dedans. Je voudrais savoir ce qu'on a fait. Est-ce qu'on
évolue toujours dans la même direction? Est-ce que, joint à
la question du leader parlementaire de l'Opposition officielle, cette
réforme globale des ministères pourrait amener, dans un jour
prochain ou éloigné, un remaniement ministériel, mais en
fonction d'une plus saine administration des finances publiques, au niveau des
différents ministères du Québec, surtout compte tenu de ce
qu'on connaît depuis deux ans et demi, les superministres ou les
ministres d'État qui s'occupent de développement beaucoup plus
spécifique de certains projets, pour les mener à point, et des
ministres qui s'occupent véritablement d'administration.
M. Lévesque (Taillon): Je vais essayer de mettre ça
dans un ordre approximatif pour donner une idée de l'enchaînement
au moins intellectuel dans lequel ça se présente. Depuis deux ans
et demi, on fonctionne avec le système des ministres d'État qui
se regroupent au comité des priorités et se "dégroupent"
ensuite pour aller présider chacun un comité permanent de
développement pour lequel on a employé les termes classiques:
culturel, social, économique et aménagement, qui est quand
même une dimension nouvelle, mais que tout le monde reconnaît comme
une des choses de l'avenir, enfin, une des choses du présent, alors
ça pose des problèmes et, évidemment, il y a le ministre
d'État à la réforme électorale et parlementaire. On
a constitué ce cabinet, qui n'en n'est pas un, à deux paliers,
mais qui est un cabinet où il y a des distinctions entre les
responsabilités. Il y a un rôle de coordination, de pilotage
interdépartemental qui est extraordinairement précieux, je pense,
dans le cas des ministres d'État. Ils ont également des projets
qu'ils peuvent piloter eux-mêmes; c'est arrivé souvent. Le
ministre d'État au développement social, par exemple, a
piloté la Loi de la protection de la jeunesse ou la loi 45. Mais,
l'essentiel de leur travail, c'est de coordonner avec leurs collègues
des dossiers qui interfèrent les uns sur les autres et il faut souvent
élargir les comités parce que le social a souvent des
implications économiques... Il faut des pilotes.
La rumeur veut que peut-être on ait un cabinet à deux
niveaux au fédéral. On sait à quel point cela existe dans
d'autres pays, et je crois qu'on n'évitera pas une formule du genre.
Dans notre cas, on n'a pas voulu mettre deux niveaux, ce n'est pas un cabinet
à deux niveaux. Tout le monde est sur le même pied quand ça
revient au Conseil des ministres. Mais il y a des définitions des
tâches différentes. Il y en a qui ont des départements, au
sens classique du mot, à administrer, sectoriels, si vous voulez, et il
y a des ministres d'État qui ont à coordonner, à amorcer
souvent la discussion finale ou à essayer de déblayer le terrain
avec deux, trois ou quatre de leurs collègues, des fois davantage.
Je crois que, de toute façon, après deux ans et demi, il
peut y avoir des ajustements dans les comités, il peut y avoir, par
exemple, des redéfinitions de tâches internes dans le cas du
comité de priorités, mais, de toute façon, ce
système-là nous paraît bon. La perfection n'est pas de ce
monde, mais il donne de bons résultats.
Pour ce qui est du sujet de blocs qu'évoquait le chef de l'Union
Nationale, à propos de l'ensemble des ministères, maintenant, les
fusions, les combinaisons, les changements qui peuvent venir, il y en a qui
sont déjà en marche, mais on y est allé par étapes.
À un moment donné, ça va peut-être prendre une forme
beaucoup plus il ne s'agit pas de commencer à dire: On va changer
le monde organisée, qui sera plus impressionnante, mais, pour
l'instant, les morceaux sur lesquels on pouvait logiquement décider, il
y a déjà des changements qui sont en marche. Par exemple, le
département des eaux, enfin, la division des eaux, qui se trouvait au
ministère des Richesses naturelles, est allée rejoindre les
services de l'environnement. Il n'y a pas encore de ministère de
l'environnement, mais c'est en marche aussi. On devrait déposer le
projet de loi avant le 21 juin pour la création du nouveau
ministère de l'environnement, mais, entre-temps, ce morceau-là
qui est très important, les eaux, nous a paru logiquement devoir
être greffé avec l'environnement.
De la même façon pour les mines, c'est-à-dire
l'essentiel de ce qui reste aux Richesses naturelles, qui, comme le chef de
l'Union Nationale le sait, est administré par un ministre qui est en
même temps ministre des Terres et Forêts, M. Bérubé,
il y a une sorte de préfusion ou de prémariage qui est en train
de s'effectuer, parce que, là aussi, il nous semble, logiquement, que
ça devrait... (10 h 30)
Ce seraient maintenant deux morceaux à vocation
économique, essentiellement économique. Il n'y a pas de raison
qu'ils ne fonctionnent pas ensemble, à notre avis, pour les prochaines
années. Il y aura d'autres changements, éventuellement, qui
seront annoncés et qui pourront évidemment amener des
remaniements, mais on n'est pas rendu là.
M. Biron: Une question additionnelle là-dessus au premier
ministre. Est-ce que ce qu'on pour-
rait qualifier de comité Martin ou quelque chose comme ça,
dont le premier ministre nous avait parlé l'an dernier, ça veut
dire que ça se continue constamment, en vue d'une amélioration de
la gestion gouvernementale?
Le premier ministre nous parle du comité des priorités.
Là-dessus aussi, on sait que, dans le courant de l'année, ce qui
est à peu près normal dans tout gouvernement, surtout si on n'a
pas une forme organisée, pour reprendre la parole même du premier
ministre, très rigide de chacun des ministères, on se pile sur
les pieds quelque part et il arrive certaines frictions. Est-ce que ce
comité continue? J'ai en exemple les sociétés
d'État. Je sais qu'il y a eu certaines frictions à ce niveau,
mais parce qu'un ministre pilote un dossier et que, finalement, le dossier
revient dans les mains de l'autre ministre, est-ce que ça veut dire que
le comité, qui étudie depuis un an et qui a probablement
apporté certaines améliorations, continuera dans ce sens, en vue
de définir un peu plus clairement ou de façon plus
organisée les responsabilités des différents
ministres?
M. Lévesque (Taillon): De quel comité le chef de
l'Union Nationale parle-t-il? Parce qu'on vient d'en repérer un.
M. Biron: L'an dernier, M. le premier ministre, vous nous avez
parlé de la nomination possible de M. Pierre Martin, qui
présiderait un comité qui, selon vos paroles mêmes, aurait
à examiner le fonctionnement de l'appareil gouvernemental et les centres
de décision.
M. Lévesque (Taillon): Écoutez, il y avait un
comité de réforme administrative qui était plutôt
dormant; cela a pris un peu plus de temps qu'on le pensait, mais, il y a
quelque temps, on l'a refait pour qu'il étudie, de façon beaucoup
plus concrète et beaucoup plus suivie, toute cette question de la
réforme administrative, c'est-à-dire de l'aménagement, si
on veut, le plus efficace possible de l'administration publique au niveau
central. M. Pierre Martin est là, c'est présidé par le
secrétaire général, M. Bernard. Il y a le
secrétaire du Conseil du trésor, il y a le sous-ministre de la
Fonction publique, parce que, dans ces trois cas-là, ça allait de
soi, et il y a M. Martin qui est secrétaire général
adjoint. Il y a aussi trois autres sous-ministres qui ont été
chargés de reconstituer un comité de réforme
administrative et de lui donner un nouveau souffle, parce qu'on voudrait
justement déboucher sur une sorte de perspective concrète qui
aurait été analysée comme il faut.
C'est ce que j'évoquais tout à l'heure, en disant: On
travaille là-dessus et on espère déboucher sur des
résultats plus je ne dirais pas globaux, il ne s'agit pas de tout
chambarder substantiels et qui seraient rationnels aussi, afin de donner
une sorte d'allure, de rythme de croisière plus adapté aux
besoins et plus adapté aux problèmes, tels qu'ils se
présentent. Ce n'est pas la critique de ceux qui étaient
là avant. De cinq ans en cinq ans ou de dix ans en dix ans, c'est
évident qu'il y a de l'évolution dans la société,
tout change. Il est évident qu'il faut répondre à ce
changement le mieux possible, sans tout chambarder, question d'ajuster nos
instruments.
M. Biron: Cela veut dire que le comité dont M. Martin est
le secrétaire général va continuer à fonctionner.
On peut s'attendre à avoir des changements.
M. Lévesque (Taillon): Non seulement il va continuer
à fonctionner, mais tel que réorganisé, en mettant les
trois clés, fonction publique, Conseil du trésor et
secrétariat général, plus d'autres sous-ministres pour
aérer les discussions, de même que M. Martin et du personnel de
soutien, je pense qu'on pourra déboucher plus rapidement.
M. Biron: Est-ce que ce comité a pour fonction de
travailler davantage l'administration gouvernementale ou s'il a aussi une
fonction politique plus partisane?
M. Lévesque (Taillon): Non. Le secrétaire du
Conseil du trésor, le secrétaire général, le
sous-ministre de la Fonction publique et les autres n'ont rien à voir,
en particulier, dans une fonction comme celle-là, avec quoi que ce soit
qui touche la politique partisane. C'est purement une perspective
d'administration publique.
M. Biron: Je voudrais demander au premier ministre de nous
définir, encore une fois, je sais qu'il a répondu à
quelques questions en Chambre là-dessus, en particulier de la part du
leader parlementaire de l'Union Nationale, M. Bellemare, la fonction des agents
de liaison.
M. Lévesque (Taillon): Là, on entre dans le
personnel politique. C'est autre chose. On pourrait peut-être le
retrouver à ce qu'on appelle l'élément 1, le cabinet du
premier ministre, des ministres d'État.
M. Biron: On s'est entendu pour poser des questions d'ordre
général, surtout.
M. Lévesque (Taillon): Si on veut, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Jolivet): Un instant.
M. Levesque (Bonaventure): M. le chef de l'Opposition aimerait
pouvoir avoir l'occasion...
Le Président (M. Jolivet): Comme il changeait de sujet, je
suivais le sujet du député de Bonaventure. Mais le chef de
l'Opposition officielle aurait d'autres questions sur un autre sujet. Je pense
qu'on devrait lui laisser...
M. Lévesque (Taillon): De toute façon, si on veut
revenir là-dessus, on peut revenir, soit dans cette espèce de
discussion préliminaire, ou alors, au moment de l'élément
1, qui, forcément, parle du personnel du cabinet. C'est au choix.
M. Levesque (Bonaventure): Si vous voulez, on peut disposer du
bureau du lieutenant-gouverneur assez rapidement, immédiatement.
Ensuite, on passera à l'autre élément.
M. Biron: M. le Président, dans ce cas-là, je
voudrais continuer à poser des questions d'ordre général.
Autrement, on va mêler notre discussion.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je le
suggère respectueusement, si les questions d'ordre général
prennent la plupart des deux heures, il reste à peu près une
heure et demie, selon notre entente. Je pense bien que nous sommes mieux de
passer aux programmes. Autrement, on ne pourra pas parler réellement des
choses...
M. Lévesque (Taillon): C'est à vous de
décider.
Le Président (M. Jolivet): En fait, j'avais compris tout
à l'heure qu'on parlait de questions générales, cependant,
en alternant sur les questions, les genres de questions. Je sais qu'on
était parti sur une trajectoire. On vient, je pense, de régler
cette question-là. Compte tenu du rôle alternatif, je donnerais la
parole au chef de l'Opposition officielle sur un autre sujet et vous pourriez
enchaîner. On pourrait continuer de cette façon-là.
M. Lévesque (Taillon): De toute façon, je pourrais
dire au chef de l'Union Nationale que, pour ce qui est des agents de liaison,
ce qui a déjà été évoqué, en
particulier par le député de Johnson, en Chambre, on pourrait y
revenir au moment de l'étude de l'élément 1, qui concerne
directement l'administration de mon bureau ou du secrétariat
général.
M. Biron: M. le Président, sur cette question-là,
jusqu'à maintenant, j'ai trouvé beaucoup plus facile de vider les
questions d'ordre général en prenant souvent deux minutes
à la fin pour accepter les crédits à tous les
éléments possibles, alors qu'on a vidé, qu'on est
allé véritablement partout. Je pense bien que, là-dessus,
les parlementaires ne se sentent pas lésés.
Le Président (M. Jolivet): C'est ce que je comprends. Sur
ce point-là, je pense qu'on ne s'entend peut-être pas sur la
façon de procéder. Je sais que ce sont des questions
générales. Tout à l'heure, au niveau de l'Opposition
officielle, si on avait agi de la même façon, on aurait pu poser
des questions pendant deux heures. J'ai cru comprendre qu'on a laissé la
possibilité de vider une question et de revenir sur un autre genre de
question générale posée par le chef de l'Oppostion
officielle, à laquelle vous pourrez ajouter vos questions et y revenir
alternativement de cette façon. On pourra vider l'ensemble des questions
générales, quitte à revenir ensuite aux programmes.
M. Biron: M. le Président, je voudrais seule- ment
soumettre en plus de cela qu'il peut arriver que j'aie des questions qui ne
soient pas touchées par l'Opposition officielle et vice versa. C'est
pour cela que je tiendrais aussi à laisser le temps nécessaire
à l'Opposition officielle c'est vingt minutes pour chaque
porte-parole; je pense qu'habituellement on fait toujours cela et que
nous ayons nos vingt minutes nous aussi. On alternera finalement. Certaines
questions seront touchées en priorité par l'Union
Nationale...
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Biron: ... d'autres questions en priorité par
l'Opposition officielle. Je ne vois pas d'objection à cela du tout, mais
nous devrions avoir aussi notre priorité, une fois que les vingt minutes
du porte-parole de l'Opposition officielle seront écoulées.
Le Président (M. Jolivet): La parole est au chef de
l'Opposition officielle.
M. Ryan: Je ne connais pas les répartitions
mathématiques de temps au niveau des commissions et je ne voudrais pas
faire de calculs arithmétiques là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): On sera assez large.
M. Ryan: Je ne suis pas tellement intéressé
à des discussions générales à ce moment-ci,
j'aimerais mieux qu'on aborde l'étude des programmes le plus tôt
possible. Si on veut disposer du programme du lieutenant-gouverneur rapidement,
je n'ai pas d'objection. Celui qui nous intéresse le plus, ce matin,
c'est évidemment le programme no 3 dont est immédiatement
responsable le premier ministre. Je voudrais qu'on prenne le plus de temps
possible là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Quant à moi, on s'est
entendu tout à l'heure sur une forme de présentation des
questions. Si vous voulez revenir à ce que j'avais annoncé
dès le départ, le programme 1, nous allons le faire et,
après cela, on pourrait procéder je pense que cela
clarifierait peut-être la question en prenant les questions
générales du programme 1 et en finissant le programme 1 sur
lequel, je pense, il n'y aura pas tellement de questions. Puis, on passerait au
programme 3 qui touche directement le premier ministre et, à ce
moment-là on irait aux questions générales dans ce
programme.
M. Biron: M. le Président, je ne veux pas empêcher
le chef de l'Opposition officielle de poser ses questions. Il peut les poser
sur tous les programmes qu'il veut. Enfin, c'est comme cela qu'on s'entend,
c'est beaucoup plus flexible et cela passe rapidement. Il peut poser des
questions sur le programme 3, s'il veut les poser. Je n'ai pas d'objection
à cela du tout, mais je voudrais avoir moi aussi une certaine
latitude.
M. Lévesque (Taillon): II suffirait peut-être de
s'entendre sur le mot "latitude".
M. Biron: C'est cela. Posez vos questions.
M. Lévesque (Taillon): Le chef de l'Union Nationale
poserait ses questions comme cela lui plaît...
M. Biron: C'est cela.
M. Lévesque (Taillon):... et le chef de l'Opposition aussi
et on essaiera de suivre les programmes le mieux possible.
M. Ryan: On veut faire trop d'arithmétique. Je veux faire
un travail consciencieux sur les crédits du lieutenant-gouverneur et
passer dix minutes là-dessus. Je ne voudrais pas qu'on pense que je ne
m'intéresse pas aux autres questions et qu'on dise: Toi, tu as
vidé les questions qui t'intéressent, on s'occupe des autres.
Le Président (M. Jolivet): Soyez assuré, M. le chef
de l'Opposition officielle, que je serai très large sur cette
façon de calculer. Allez-y.
M. Ryan: Si vous n'avez pas d'objection, on peut commencer par
l'étude sur le bureau du lieutenant-gouverneur.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y.
Bureau du lieutenant-gouverneur
M. Ryan: ... Est-ce que les changements qui surviennent de ce
côté sont uniquement des changements attribuables à
l'indexation. Il n'y a pas de changement de personnel, il n'y a pas
d'augmentation d'effectif...
M. Lévesque (Taillon): Si vous regardez aux
employés permanents, employés à temps partiel, l'an
dernier, c'est 16 et 1, et cette année, 16 et 1. C'est purement et
simplement de l'indexation reliée aux indexations qui...
M. Ryan: Est-ce que des changements sont envisagés dans
l'installation du lieutenant-gouverneur, les services qui lui sont
accordés? Tout reste au même point?
M. Charron: Non. Quant à l'installation au point de vue de
la qualité, mais il y a déménagement, toutefois, de
prévu et de consenti. Les bureaux du lieutenant-gouverneur, qui sont
seulement derrière vous ici, qui sont occupés jusqu'à la
fin de juin, semble-t-il, le lieutenant-gouverneur les quittera pour
s'installer là où les journalistes sont maintenant
installés dans l'édifice E.
M. Lévesque (Taillon): Je pensais que le chef de
l'Opposition parlait de la résidence, mais, enfin, s'il s'agit des
bureaux, cela a été négocié, c'est correct. On
s'est entendu.
M. Charron: Oui, il était parfaitement d'accord.
M. Ryan: Je n'ai pas d'autres questions sur le
lieutenant-gouverneur.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union Nationale
avait des questions sur...
M. Biron: M. le Président, j'ai compris tout à
l'heure qu'on posait des questions d'intérêt
général...
Le Président (M. Jolivet): ...
M. Biron:... une certaine flexibilité, autrement, cela ne
me donne rien de venir ici. Cela prend une sorte de flexibilité quand
même.
Le Président (M. Jolivet): Allez, M. le chef de
l'Opposition officielle, sur le programme 3, si vous voulez poser des
questions.
M. Biron: N'importe quel programme, mais qu'il ait son temps de
parole et moi aussi. Finalement, je pense qu'on fera un travail sérieux.
Autrement...
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, est-ce que
je pourrais demander au chef de l'Union Nationale au moins pour nettoyer
celui-là, je m'excuse de l'expression sur le programme 1, le chef
de l'Opposition parle, en ce qui concerne le lieutenant-gouverneur, de son
installation, son rôle, etc., et dit qu'il n'a pas d'autre question. Si
le chef de l'Union Nationale n'en a pas, on pourrait peut-être adopter
celui-là et on n'y reviendrait plus. D'accord?
M. Biron: Je reviens aux mêmes choses. Je voudrais avoir le
droit de parole pour poser des questions d'intérêt
général au début. Je voudrais accepter rapidement tous les
programmes après cela. La seule chose, c'est que je ne veux pas
être brimé dans mon droit de parole. C'est seulement cela. Je
pense qu'on est mieux d'être flexible, comme on a toujours
été on ne commencera pas à faire une nouvelle
règle à compter de ce matin il faut être flexible
à l'étude des crédits. On posait des questions
d'intérêt général. Après, on acceptait tous
les crédits facilement. Cela a toujours été comme
cela.
Le Président (M. Jolivet): Pour le moment, je vais
continuer à laisser la parole au chef de l'Opposition officielle sur les
questions sur les programmes qu'il désire poser. J'ai cru comprendre
tout à l'heure qu'il voulait poser des questions spécifiquement
sur le programme 3.
M. Lévesque (Taillon): On va prendre le programme 2 et on
va attendre le ministre d'État à la réforme
électorale et parlementaire.
M. Biron: C'est cela.
Organismes-conseils
M. Ryan: C'est cela. J'aurais une question à propos du
programme 3. J'aimerais que le premier ministre nous donne une description de
la manière dont est aménagée l'organisation du bureau du
premier ministre, une description des fonctions, des employés, des
collaborateurs qui travaillent dans ce bureau. J'aimerais qu'il nous dise
peut-être avec le plus de précision possible ceux parmi les
collaborateurs qui sont affectés à la préparation du
référendum, ce qu'ils font, qu'il nous donne aussi des
précisions sur le rôle et les attributions respectives de chacun
des agents de liaison qui sont rattachés à son bureau. Il y aura
d'autres questions qui viendront par la suite.
M. Lévesque (Taillon): Pour ce qui est de la liste du
personnel politique, je pense que cela faisait partie de vos questions...
Alors, vous l'avez.
M. Ryan: Oui, mais nous n'avons pas la répartition des
attributions.
M. Lévesque (Taillon): D'accord. Je pense que les
attributions dans la plupart des cas sont assez clairement indiquées. Je
pourrais peut-être donner une sorte de petit tableau
général. L'an dernier, une soixantaine de postes avaient
été prévus je parle de l'ensemble du programme 3
qui vous mène, si le chef de l'Opposition officielle veut regarder,
à la page 8-8 ...
M. Ryan: Je cherche un autre document.
M. Lévesque (Taillon): Je donne le total pour les quatre
éléments du programme 3, c'est-à-dire
l'élément 1, qui est le cabinet du premier ministre et des
ministres d'État; l'élément 2, qui est le
secrétariat général; l'élément 3, c'est le
SAGMAI, c'est-à-dire le bureau du secrétariat pour les affaires
indiennes et inuit; et l'élément 4, qui est le groupe
administratif, ce qu'on pourrait appeler le soutien administratif du
ministère, si on peut dire que le Conseil exécutif est un
ministère. Le total, c'était 372 postes qui étaient
impliqués l'an dernier. On prévoit 372 postes requis, parce qu'il
y avait 60 personnes qui avaient été inscrites comme addition
prévue et nécessaire dès 1978/79. Comme on le sait, ces
additions ne se font pas tout de suite, elles se font en cours de route.
Actuellement, pour revenir spécifiquement à la question du chef
de l'Opposition, dans le cas des ministres d'État et du cabinet du
premier ministre, on est rendu à 106, plus quatre employés
à temps partiel, ce qui fait 110. Là, il faut enlever 35
personnes chez les ministres d'État, parce qu'elles sont incluses. Donc,
ça laisse un total, si je calcule bien, de 66 pour 1979/80. Est-ce que
ça donne ça? (10 h 45)
M. Ryan: Moi, j'arrive à 71, oui.
M. Lévesque (Taillon): C'est-à-dire 71, oui, mais
il y a cinq postes...
M. Ryan: II y en a quatre à temps partiel...
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais, parmi les 71 qui sont
autorisées, en fait, il y a 66 personnes qui sont là. Alors, il y
a 66 personnes. Juste pour faire une référence, je pense
qu'à la dernière année de M. Bourassa, il y avait 62
personnes. Oui, c'est le chiffre.
M. Rivest: Pas au même niveau.
M. Lévesque (Taillon): Dans les comptes publics... Je
pourrais donner... Peut-être pas, mais, de toute façon...
M. Rivest: Absolument pas. Simplement dans le secteur des
communications, par exemple, les agents de liaison, il y avait trois
personnes.
M. Lévesque (Taillon): Non, d'accord...
M. Rivest: Là, vous en avez je ne sais pas combien, une
quinzaine.
M. Lévesque (Taillon): Oui. Cela nous a paru important de
développer d'un côté et de réduire de l'autre. Mais,
enfin, ce que je veux dire, c'est que ça correspond, mais chacun a le
droit de définir ses besoins. 66 en 1979/80, c'est ce qu'on
prévoit, avec cinq postes autorisés; vu les compressions
budgétaires qu'on subit comme les autres, il est fort probable qu'on
peut trouver le moyen de remplacer, mais non pas d'aller chercher les cinq
autres.
Là-dessus, il y a 26 postes qu'on peut appeler politiques, y
compris les trois, enfin, deux contractuels et un employé occasionnel,
sur lesquels on peut revenir si vous voulez, 26 postes politiques,
dirigés par le chef de cabinet qui est M. Boivin. Là, on entre
dans la liste.
Il y a également un certain nombre de gens, par exemple le chef
de cabinet adjoint, M. Carpen-tier, qui s'occupent beaucoup plus de la
dimension politique, ce qui est normal, parce qu'on est encore dans un parti
politique, comme vous autres. Deuxièmement, il y a M. Claude Mallette,
qui est secrétaire exécutif, et M. Gilles Tremblay, qui est venu
de la fonction publique et qui est chef de cabinet adjoint administratif; et il
y a un groupe d'agents de liaison qui ont trois rôles essentiels à
jouer et qui les jouent le mieux possible, et qui sont du personnel politique.
D'abord, ils travaillent sur les dossiers, parce qu'il y a beaucoup de dossiers
qui émanent des régions. Ils ont chacun, en quelque sorte, une
sorte de définition régionale; enfin, ils sont chargés,
disons, de s'occuper des choses, des dossiers qui, parfois, bloquent, qui
rebondissent, de certaines choses sur lesquelles il faut avoir des
explications. Il se fait un certain volume de correspondance où il faut
quand même préparer des réponses adéquates. Disons
l'Estrie, la Mauricie, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, etc. Ce
travail et de dossiers et de contacts avec les citoyens est une partie
essentielle... en fait, c'est la partie peut-être la plus
essentielle, parce que c'est de la liaison véritable avec la
population, que ce soient les autorités municipales, les groupes... Par
exemple, on a eu récemment je parle de l'Estrie parce que je l'ai
à l'esprit l'histoire de CRIP, où ça traînait
dans la machine; c'est un groupe bénévole d'étude de
l'Estrie qui n'avait pas reçu la subvention vitale dont il avait besoin.
Il a été obligé de fermer ses portes. Il fallait
débloquer la subvention. Tout ça fait partie des choses que
doivent accompagner, comme dossiers, les agents de liaison quand, à un
moment donné, ça vient jusqu'à chez nous.
Deuxièmement, ils ont également des liens à garder
à l'intérieur de tout ça avec le parti. Il y a des
associations dans les comtés. Il y a le caucus qui, très souvent,
partant des régions que représentent les députés,
tout ça nous fait rebondir des dossiers, parce que, après tout,
ils ne débloquent pas ailleurs parfois, ça peut arriver
et il peut y avoir légitimement besoin non pas
d'ingérence, mais de certaines insistances. Cela aussi fait partie du
travail des agents de liaison. Finalement, une partie de leur temps, c'est
sûr, est aussi dans la perspective référendaire, mais c'est
vraiment une partie de leur temps. Seulement, c'est une partie de leur travail,
c'est-à-dire qu'étant du personnel politique, et on s'en va vers
un référendum, ils aident à la préparation de ce
référendum de notre côté.
Je ne sais pas si le chef de l'Opposition veut beaucoup d'autres
détails, mais enfin, en gros, j'ai essayé de synthétiser
le mieux possible.
M. Ryan: Alors, ils ne sont pas spécialisés par
région. Est-ce qu'il y en a un parmi les cinq, par exemple, qui serait
responsable d'une région...
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Ryan: ... ou s'ils vont de l'une à l'autre selon la
disponibilité ou la nature des problèmes?
M. Lévesque (Taillon): Écoutez, ça peut
alterner. À l'occasion, ils peuvent se prêter un coup de main,
mais...
M. Ryan: II n'y a pas d'organigramme disant: Telle partie...
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Ryan: Oui?
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Ryan: Est-ce qu'il y en a un qu'on pourrait nous
déposer?
M. Lévesque (Taillon): Si ce n'est pas indiqué,
oui. Bien, vous le déposer... on peut vous le fabriquer peut-être,
d'ici à la fin de la matinée, c'est parce que ce ne sont pas des
organigrammes scientifiques. C'est simplement M. Untel s'occupe, disons,
spécifiquement de l'Estrie, parce que sinon, ils ne connaissent pas leur
territoire. Ils s'occupent spécifiquement du Bas-Saint-Laurent et de la
Gaspésie...
M. Levesque (Bonaventure): Ce sont les députés
ministériels, je suppose?
M. Lévesque (Taillon): Cela peut aussi... pour vous donner
un exemple, j'ai fait, au cours d'une tournée, il n'y a pas si
longtemps, connaissance avec des problèmes concernant le comté de
Richmond. À un moment donné, c'est l'agent de liaison, qui
à ce moment, fonctionnait dans la direction de l'Estrie, qui a
été chargé, dans le jargon administratif, le suivi de
certains dossiers, ce qui l'a amené en contact avec le
député de Richmond, M. Brochu, parce qu'il n'y a pas de raison
d'ignorer le député. C'est évident, neuf fois sur dix,
ça vient des députés ministériels, les autres, on
les consulte moins souvent.
M. Levesque (Bonaventure): Si on avait les noms et les
affectations par régions, peut-être qu'on pourrait consulter.
M. Lévesque (Taillon): Mais il n'y a pas de mystère
là-dedans.
M. Rivest: C'est parce qu'on pourrait les appeler.
M. Levesque (Bonaventure): Je serais intéressé de
savoir lequel s'occupe de la région de Québec.
M. Lévesque (Taillon): D'accord, je pourrais vous le
nommer, mais je peux faire une erreur. Il y a souvent des nouvelles
affectations à l'occasion.
M. Levesque (Bonaventure): Si le premier ministre nous dit que
nous aurions ces renseignements avant la fin de la séance, on pourrait
passer...
M. Ryan: J'ai d'autres questions au sujet du bureau du premier
ministre, si vous me le permettez.
M. Lévesque (Taillon): D'accord. Une voix: ... sur
une question...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Les
agents de liaison, le chef de l'Union Nationale.
M. Rivest: ... d'autobus...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, M. le
député de Jean-Talon.
M. Biron: On peut retrouver dans les différents
ministères, un agent de liaison aussi. Est-ce qu'il y a des relations
entre les agents de liaison des ministères ou si c'est exactement la
même description de tâche, par rapport aux agents de
liaison au bureau du premier ministre et quelle sorte de relation y
a-t-il entre les deux?
M. Lévesque (Taillon): Non, quant à l'agent de
liaison qui fonctionne au cabinet d'un ministre, dans son personnel politique
parce qu'on parle toujours de personnel politique, selon la tradition
établie et reconnue dans ce cas, il y a beaucoup de travail de
dossiers, c'est entendu, parce que le ministre a ses dossiers politiques et il
a également les dossiers de comté qui lui viennent, parce qu'il
est également député. Il y a le lien autant que possible
et dans certains cas, ça va tout seul et dans d'autres, il y a des
accidents de parcours ou des accrochages, parce qu'il y a des pressions
constantes de lien avec les organismes dans le milieu qui ont toujours leurs
revendications ou leurs opinions à donner et il y a également le
lien entre le ministre et le caucus.
M. Biron: Est-ce qu'il y a une certaine coordination...
M. Lévesque (Taillon): Donc, c'est un travail
politique.
M. Biron: ... ou une responsabilité de la part de M.
Bertrand Bélanger qui est responsable des agents de liaison au bureau du
premier ministre? Est-ce que, lui, a une certaine responsabilité
vis-à-vis de tous les autres agents de liaison? Est-ce qu'il y a une
coordination? Il y a des réunions fréquentes, je suppose, entre
tous les agents de liaison de tous les ministères et ceux du bureau du
premier ministre pour coordonner leurs efforts.
M. Lévesque (Taillon): Je ne sais pas quelle est la
fréquence exacte, mais normalement, oui, il y a une sorte de
coordination qui s'établit au moins périodiquement et cette
coordination est assumée, mais ce n'est pas un organigramme rigide, par
Bertrand Bélanger.
M. Charron: Je voudrais ajouter, M. le Président, si le
chef de l'Union Nationale permet, et pour répondre à la question
du député de Bonaventure, que l'agent de liaison attaché
à un ministère y en a un par ministère
reçoit et pilote des dossiers qui émanent des
députés de tous les partis politiques de l'Assemblée
nationale. Selon mon expérience, les députés de chez vous
qui ont des cas précis chez eux, qui sont rapportés à leur
bureau de comté, qu'ils m'en parlent ici des fois entre deux portes sur
le parquet de l'assemblée, pour me dire: Sais-tu où c'est rendu?
Très fréquemment, je leur donne très volontiers le nom et
le numéro de téléphone au Haut-Commissariat de l'agent de
liaison. Il va rendre le même service pour informer le
député sur l'état du dossier, et au besoin, hâter la
démarche parce que le député a dit que ça pressait
dans le coin, ou quelque chose comme ça.
M. Biron: Une autre question, le premier ministre a dit tout
à l'heure qu'une partie de leur temps, peut-être une infime partie
de leur temps, mais une partie de leur temps est consacrée
également au référendum. Est-ce en vue de la
préparation technique ou de l'organisation du référendum?
Est-ce en vue de planifier un genre de question, ou une approche
différente?
M. Lévesque (Taillon): Dans leur cas, c'est
essentiellement en vue de la partie référendaire. Donc, c'est
pour ça qu'elle est greffée automatiquement et qu'il n'y a pas de
moyen de faire l'évaluation du temps. Mais c'est sûrement une
partie seulement de leur temps. C'est greffé à leur travail
normal. C'est-à-dire, ils connaissent leur région; ils sont
censés la connaître. Puisqu'ils sont du personnel politique, ils
essaient d'évaluer dans le milieu, ce qu'on pourrait appeler les
perspectives pour et contre et de préparer les contacts
nécessaires, quand viendra le moment de la campagne
référendaire.
M. Biron: Lorsque vous dites: Evaluer les perspectives pour et
contre, ça veut dire évaluer les différentes questions,
les différentes possibilités, et, eux, à partir du milieu,
peuvent faire rapport au bureau du premier ministre ou...
M. Lévesque (Taillon): Oui, et aussi comment ça se
présente dans les esprits. Par exemple, chez les gens qui sont dans le
monde officiel, que ce soit municipal, scolaire, etc., il y a des
problèmes qu'on a à discuter tout le temps vis-à-vis de
l'administration, c'est le travail essentiel de l'agent de liaison de suivre
ça, mais ils ont également des opinions
préréférendaires et doivent essayer d'évaluer
comment se présente le climat. Est-ce favorable, est-ce
défavorable, est-ce qu'il y a des contacts à établir?
Après tout, il va y avoir une campagne référendaire.
M. Biron: C'est ce qui regarde le contenu de la question, mais
est-ce que...
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas le contenu de la
question, mais la perspective. La question n'a rien à voir avec les
agents de liaison.
M. Biron: Non, mais, la perspective, d'accord. Est-ce que ces
agents de liaison voient aussi à l'organisation purement partisane ou de
structure de base du référendum? Ont-ils des relations avec les
organisations de comté ou...
M. Lévesque (Taillon): Oui, je l'ai dit tout à
l'heure. Une partie de leur travail est nettement politique et reliée au
parti, je l'ai dit tout à l'heure. J'ai dit: Une partie de leur travail
c'est d'essayer de maintenir le meilleur contact possible avec les associations
de notre parti et d'avoir leur point de vue sur des dossiers qui concernent le
gouvernement: comment ça marche dans le milieu, est-ce que ça
chiâle parce que ça n'avance pas, est-ce qu'un tel dossier a
débouché, est-ce qu'il y a des compléments d'actions qui
sont requis, enfin la chose normale pour voir le suivi des décisions
ou
des dossiers. C'est également quelque chose qu'ils vont faire
avec les associations de comté, de voir quel est le climat, est-ce que,
dans l'ensemble, le gouvernement a un bon contact, par l'entremise des
dossiers, des tournées, etc., avec la population ou si ce serait le
temps de se réveiller parce qu'il y a eu de la négligence.
M. Biron: D'accord. Toujours sur les agents de liaison, la
semaine dernière ou cette semaine, on a fait état en Chambre
d'une convocation d'une réunion spéciale des agents de liaison et
des chefs de cabinet. Est-ce que cette réunion a eu lieu?
M. Charron: Oui, elle a eu lieu dans le cadre d'un caucus
régulier du parti. C'était au caucus.
M. Lévesque (Taillon): C'était vraiment pour
essayer d'examiner ce qui présente toujours des problèmes et qui
sera toujours complexe, c'est-à-dire les relations entre le caucus et
les cabinets ministériels, comprenant forcément les agents de
liaison.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon, toujours sur la même question. Un instant. Le
député de Jean-Talon avait une remarque à faire sur la
même question.
M. Charbonneau: C'était sur la remarque du chef de l'Union
Nationale. C'est uniquement pour dire que, finalement, la fameuse
réunion avait même été demandée par les
députés. Il n'y a rien de sorcier.
Le Président (M. Jolivet): Donc...
M. Charbonneau: On était deux ou trois.
Le Président (M. Jolivet): ... dans l'optique d'être
très large sur les intervenants, le député de Jean-Talon,
sur la même question.
M. Rivest: Je comprends un peu le sens de ça. La seule
chose dont je m'étonne, c'est la croissance... Vous avez mis une
structure, l'ensemble de ces agents de liaison par rapport à ce qui
existait... Je veux simplement apporter ça comme élément;
il y avait une personne, de 1970 à 1973, au cabinet du premier ministre,
à l'époque, qui faisait ce genre de travail et la même
chose de 1973 à 1976. Les correspondants, vous en avez
créé au niveau de chacune des régions, je ne veux pas
contester le principe même, parce qu'il faut que le cabinet du premier
ministre et le premier ministre en particulier soient informés de
ça, mais cela a donné lieu également à la
création de postes à l'intérieur de tous les
ministères, en dehors des fonctions traditionnelles qui étaient
celles du chef de cabinet et des secrétaires particuliers adjoints,
etc.
J'aimerais bien qu'on voie combien il y a de monde là-dedans,
quand le premier ministre dit: Sans doute qu'on peut communiquer avec les
députés, par contre c'est du travail politique, je sais que ces
gens-là, normalement, dans la définition même que le
premier ministre a donnée, sont en contact avec les associations de
comté du Parti québécois, ce qui...
M. Lévesque (Taillon): Vous ne l'étiez pas dans le
temps, vous?
M. Rivest: Oui, absolument, mais, à ce moment-là,
si ça devient des choses qui...
M. Ryan: ... il y en a cinq...
M. Rivest: II y a d'autres groupes qui peuvent être
conscients aussi des problèmes qui traînent dans le décor.
Je ne veux pas remettre en cause le principe, je veux simplement dire et
souligner que c'est vraiment une croissance, un nouveau service qui a
été créé et qui est très politique comme
opération.
M. Lévesque (Taillon): Oui, c'est très politique et
il n'y a pas raison que ce soit autrement, la première chose.
M. Rivest: Non.
M. Lévesque (Taillon): La deuxième chose, c'est
qu'alors qu'il y en avait 62 au cabinet de M. Bourassa il y en a 66
actuellement au cabinet du premier ministre. On peut bien se chicaner sur la
définition des termes, ce qu'on peut appeler agent de liaison nous, ce
que vous appeliez secrétaire particulier adjoint, etc. (11 heures)
Je dois dire une chose, c'est que, si vous n'aviez pas un contact un peu
organisé avec les régions, c'est peut-être ce qui explique
1976, en partie. De toute façon, c'est à nous d'organiser notre
travail, dans les limites qui nous paraissent décentes, il y a une
croissance entre 1976 et 1979, de 62 à 66, la dernière
année de M. Bourassa, ça ne me paraît pas abusif, si je
regarde, par exemple, le fait que le chef de l'Opposition, quand c'était
le Parti québécois en 1973, avait 13 personnes à son
cabinet et il y en a 22 chez le chef de l'Opposition actuel, à moins que
cela ait changé ces derniers temps.
Il faut faire attention que la croissance ne devienne pas
pléthorique, je suis parfaitement d'accord. D'un autre
côté, il faut répondre aux besoins.
M. Ryan: Le danger qui peut se présenter, je pose une
question dans le prolongement de ce qui vient d'être dit au sujet d'un
nouveau règlement qui a été mis en date du 1er avril, il y
a une augmentation considérable du budget du bureau du premier ministre,
des chefs des partis d'Opposition, des ministres, etc. C'est une question qu'on
veut soulever, parce qu'à notre connaissance, cela n'a fait l'objet de
discussions élaborées nulle part. On a reçu ce
règlement avec les montants qui sont attachés aux
différents postes, il y a des choses très importantes
là-dedans, ce n'est peut-être pas
la place pour en discuter. Mais, en tout cas, en ce qui regarde le
bureau du premier ministre, ça m'intéresse de poser la question
suivante: Est-ce qu'il n'y a pas un danger qu'en gonflant trop vite ces budgets
je vois qu'il y a un gonflement assez considérable qui intervient
cette année on multiplie, à l'intérieur de
l'appareil parlementaire ou administratif, le personnel politique, que
ça devienne une manière indirecte de financer des partis
politiques?
M. Lévesque (Taillon): La seule chose que je peux dire
là-dessus, c'est que je voudrais qu'on distingue un peu les torchons et
les serviettes. On parle normalement du programme 3, ce dont le chef de
l'Opposition parle également, en ajoutant cet élément. Ce
n'est quand même pas relié directement à ça.
Peut-être que le leader parlementaire pourrait en dire un mot.
M. Charron: Ce à quoi le chef de l'Opposition vient de
faire référence émane du comité de régie
interne de l'Assemblée nationale. En vertu de la Loi de la fonction
publique adoptée en juin l'année dernière, en vigueur
depuis le 1er avril, les cabinets de ministre, du chef de l'Opposition, du chef
de l'Union Nationale fonctionnent désormais par une enveloppe globale
qui leur a été votée et qui a été
calculée je ne voudrais pas entrer dans les détails ici
mais ils ont été largement communiqués à
l'Opposition et agréés par l'Opposition lorsqu'on les leur a
présentés, calculés sur un percentile moyen.
M. Levesque (Bonaventure): II n'y a pas eu de discussion.
M. Charron: Je dis "agréés", pour avoir eu les
échos de la réunion, on semblait, selon les officiers qu'on a
délégués, largement satisfait de cette enveloppe. On n'a
pas dit, au contraire, que nous avions été mesquins à
l'endroit de l'Opposition. Le nombre de postes qui avait été
reconnu à chaque endroit et le salaire attaché, pour calculer la
masse globale, étaient calculés selon un percentile moyen de ce
que les gens qui font la même fonction dans la fonction publique,
à 60% entre le plus haut et le plus bas, devraient normalement recevoir
pour ce cas. Ils sont maintenant en vigueur.
Il faut bien noter une chose, toutefois, c'est qu'en échange de
quoi il faut bien reconnaître la modalité le
personnel politique n'a plus la sécurité absolue dans la fonction
publique. Si on fait le calcul en termes de coût, pas sur une base
actuarielle, mais sur une base raisonnable, je suis convaincu, pour
répondre à la question du chef de l'Opposition, que
c'était peut-être beaucoup plus coûteux, à long
terme, à l'État québécois de maintenir de
façon permanente dans la fonction publique du personnel politique que de
le faire sur la base nouvelle qui a été acceptée.
M. Ryan: J'aurais une question à poser, M. le
Président, si ça va à l'encontre du règlement ici,
je vais cesser d'en discuter immédiatement. Dans le document que nous
avons reçu, il y avait, pour le cabinet du premier ministre, un montant
de $1 722 095, n'est-ce pas?
M. Charron: La masse salariale.
M. Ryan: Ce montant doit être compris dans les montants
qu'on étudie ce matin. Je suppose qu'il y a certains comptes du
personnel proprement politique dans la liste qu'on nous a soumise. J'essaie de
faire la réconciliation avec les deux... vous me comprenez?
M. Lévesque (Taillon): Parfois, on a de la misère
à les réconcilier.
Le Président (M. Jolivet): Pendant qu'on fait la
recherche, j'aimerais faire une correction. Au début de la
séance, j'avais confondu les crédits du Conseil exécutif
avec les crédits de l'Assemblée nationale. J'avais dit que
c'était le président qui était rapporteur de la
commission. C'est une erreur de ma part, et je vous proposerais le
député de Jeanne-Mance, M. Laberge, comme rapporteur de cette
commission.
M. Lévesque (Taillon): Très brièvement, en
gros, ça se retrouve dans le programme 3, dans les traitements.
M. Ryan: Ce que j'aimerais avoir, si c'était possible, M.
le Président, ce serait une liste du personnel qui relève de ce
budget d'environ $1 million. À moins que vous ne nous indiquiez tout
simplement, avec vos adjoints, M. le premier ministre, ceux qui relèvent
de ce budget, ceux qui relèvent du budget général du
Conseil exécutif.
M. Lévesque (Taillon): Si vous excluez les noms...
M. Ryan: Je veux voir s'il n'y en aurait pas d'autres qui
relèveraient de l'administration générale; vous
comprenez?
M. Lévesque (Taillon): Si vous excluez l'administration,
c'est bien simple, si vous excluez tout ce qui est administratif
là-dedans, vous n'avez pas le secrétaire général,
ou les secrétaires généraux associés, etc., enfin,
ceux qui sont dans la fonction publique. Mais si vous commencez avec le cabinet
du premier ministre, dans les réponses qu'on vous a données avec
M. Boivin, ils sont tous inclus. Ils sont tous là.
M. Charron: L'enveloppe de $1 600 000 dont parlait le chef de
l'Opposition, c'est tout le personnel politique qu'il a dans sa liste, plus, il
faut bien comprendre, le personnel de soutien de ces gens-là.
M. Lévesque (Taillon): Forcément, cela est
dans...
M. Charron: Cela aussi fait partie de la masse.
M. Ryan: Ce dont je veux m'assurer, c'est que les additions
soient les mêmes. Vous comprenez ma question? Si j'avais une liste du
personnel que vous classez sous le montant de $1 722 000, avec l'addition, je
vais pouvoir savoir ce que coûte le reste.
M. Lévesque (Taillon): Tout ce qu'il faudrait ajouter,
c'est le personnel de soutien...
M. Ryan: Je n'ai pas les additions, je n'ai pas le temps de les
faire, je n'ai pas de machine à ma disposition.
M. Lévesque (Taillon): ... qui fournit l'intendance
à ceux dont vous avez les noms.
M. Ryan: Si on pouvait nous faire ces totaux pendant que nous
discutons d'autre chose, pour ne pas perdre de temps.
M. Lévesque (Taillon): On ne pourra pas, mais on pourra
vous le faire parvenir.
M. Ryan: Très bien.
M. Lévesque (Taillon): On peut essayer.
M. Charron: Ce qu'il est important de noter, j'avais à
l'esprit qu'on me le confirme, c'est qu'on pourrait, pour rejoindre l'intention
du chef de l'Opposition, reprendre le salaire des 66 personnes, plus le salaire
du personnel de soutien, selon la classe où elles sont dans la fonction
publique, et ne pas arriver au total de $1 million, puisqu'il s'agit de la
masse permise, en vertu du calcul que j'ai noté tantôt.
M. Ryan: ... vous arriveriez à $3 millions au lieu de $1
700 000. C'est cela qui m'intéresse.
M. Charron: Je serais bien curieux de le faire.
M. Ryan: Je ne fais pas d'insinuation, remarquez bien, ce n'est
pas mon genre. C'est le contraire. Je voudrais nettoyer cette question. Je veux
que vous compreniez mon souci.
M. Lévesque (Taillon): Tout ce que je peux dire au chef de
l'Opposition... Franchement, on comprend votre souci. On va essayer d'y
répondre le mieux possible. Cela n'arrivera pas au même total,
pour la bonne et simple raison qu'il s'agit d'une masse permise. Donc, cela va
être moins.
M. Ryan: Mais vous admettez que ce serait bon qu'on ait
l'assurance que cela n'arrive pas au-delà.
M. Lévesque (Taillon): II n'y a pas de danger
là-dessus. C'est une masse permise.
Le Président (M. Jolivet): Si c'est bien compris, vous
aurez, comme membres de cette com- mission, de la part du bureau du premier
ministre, les renseignements pertinents, à la suite de cette commission,
le plus tôt possible.
M. Ryan: On pourrait peut-être passer au personnel qui est
affecté à l'information, aux relations publiques, aux
communications, dans le bureau du premier ministre, avoir une vue de
synthèse de cela; ce serait intéressant.
Le Président (M. Jolivet): La parole est à
vous.
M. Lévesque (Taillon): La vue de synthèse,
très rapidement?
M. Ryan: Particulière aussi, parce qu'il y a un certain
nombre de personnes et c'est bon de savoir ce qu'elles font.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que cela se décrit
assez bien, en partant des personnes. Il y a M. Robert Mackay, journaliste, que
le chef de l'Opposition a déjà connu dans le temps, et qui est
directeur des communications, coordonnateur de tout cela; dans le quotidien, la
personne la plus active dans le domaine des communications, des relations
publiques ou des relations avec la presse, c'est Mme Gracia O'Leary, qui est
attachée de presse.
Je vais reprendre ma liste...
M. Ryan: ... des relations publiques.
M. Lévesque (Taillon): Attendez un petit peu.
M. Ryan: II y a un adjoint de M. Mackay pour les
négociations. Il y a un agent d'information, à la page 5. Il y en
a au moins cinq.
M. Lévesque (Taillon): Adjoint au directeur des
communications. Il y a M. Gauthier.
M. Ryan: Oui, M. Gauthier, ça va.
M. Lévesque (Taillon): M. Michel Gauthier. Ensuite, il y a
M... les communications, c'est sur divers plans. Par exemple, M. René
Hamel, adjoint de M. Mackay, c'est vraiment le bloc moteur de ce qu'on peut
appeler les communications; une partie de leur travail, d'ailleurs, est
reliée, ces temps-ci, à ce qu'on pourrait appeler
l'accompagnement, information interne d'abord et éventuellement,
forcément, du côté du public, des négociations dans
le secteur public.
Pour ce qui est des communications, par exemple, quand il s'agit de
communications au sens de textes à préparer, etc., mais qui vont
dans le public, il y a M. Pontaut, ancien journaliste chargé de la
recherche, mais essentiellement du côté des publications, des
préparations de textes que j'ai, par exemple, à produire,
à pondre de mon mieux, pas ceux de la Chambre, mais...
M. Ryan: Pas celui d'hier, non.
M. Lévesque (Taillon): Pas celui d'hier. Mme Martine
Tremblay s'occupe de préparer la période des questions en
particulier et les conférences de presse. Je pense qu'on couvre à
peu près le tableau.
M. Ryan: Mme Lauzon, qu'est-ce qu'elle fait?
M. Lévesque (Taillon): Là, vous entrez dans le
sujet de trois personnes qui sont non pas des employés à temps
partiel, mais des employés non permanents. Il y a deux contractuels,
sauf erreur. Oui. M. Daniel Latouche, qui était de l'Université
McGill, est spécialisé je pense qu'il est assez connu par
ses publications dans les questions constitutionnelles au sens
très large. Il est également expert en sondages d'opinions
publiques, en évaluation, etc. Il est conseiller aux affaires
canadiennes et aussi aux affaires constitutionnelles. Autrement dit, il suit
cela comme liaison dans un sens en même temps qu'il produit avec le
ministère des Affaires intergouvemementales pour nous. Il y a Mme Evelyn
Dumas, autrefois du Star, du Devoir, je pense, et ensuite du Jour, qui est
conseiller dans le domaine des relations interculturelles. J'ai perdu une
personne au bout de huit mois, dix mois, Mme Smith, parce que, comme on le
sait, on n'a pas eu beaucoup d'élus du côté anglophone. On
a essayé au moins de maintenir le minimum vital de contacts, on a
essayé de les maintenir et de les amplifier, si possible. Mme Dumas joue
ce rôle-là essentiellement depuis quelque temps. Il y a
finalement, Mme Lauzon, journaliste également, qui est agent
d'information à titre occasionnel.
M. Ryan: Là, vous n'avez pas un membre anglophone dans le
bureau du premier ministre?
M. Lévesque (Taillon): Actuellement, non.
M. Ryan: II n'y en a pas depuis que Mme Smith est partie?
M. Lévesque (Taillon): Non.
M. Ryan: J'avais entendu dire, M. le Président vous
avez parlé de M. Latouche qui s'intéresse aux sondages
qu'il faisait des sondages sous l'autorité ou la responsabilité
du bureau du premier ministre ou je ne sais de quel service. On a parlé
d'autres personnes qui auraient été engagées à
contrat ou autrement pour assister M. Latouche ou d'autres personnes
là-dedans. Y a-t-il des fondements quelconques là-dedans? Est-ce
que M. Latouche a été chargé de faire des sondages?
M. Lévesque (Taillon): Non.
M. Ryan: II n'y a pas de sondages qui ont été
commandés par le bureau du premier ministre en rapport avec le
référendum, la fameuse question, etc.?
M. Lévesque (Taillon): Non. M. Ryan: II n'y a rien
de cela?
M. Lévesque (Taillon): Non, ces genres de sondages, je
pense, que tout le monde pratique, sont commandés, quand il y a lieu,
quand il s'agit vraiment de sondages politiques, par le Parti
québécois, à même son budget à lui et
à ses sources de fonds, à ses campagnes de financement et les
adhésions des membres et une partie de son budget qui est modeste
d'ailleurs, parce qu'il ne peut pas se lancer dans des "Gallup poll" qui
servent à des sondages, comme, je pense bien, tous les partis en font,
mais, au bureau du premier ministre, si jamais il y a des sondages
occasionnellement, ce serait plutôt sur des réactions à des
choses administratives et je n'en ai pas en mémoire. Il n'y en a pas
eu.
M. Ryan: J'aurais une dernière question à propos du
personnel. Le bureau de Montréal, comment est-il organisé? Vous
avez un bureau permanent à Montréal. Est-ce qu'il y a un
personnel permanent qui y travaille?
M. Lévesque (Taillon): Oui et un tout petit personnel,
parce que beaucoup de gens sont obligés de faire la navette entre
Montréal et Québec, à commencer par votre serviteur. Il y
a une secrétaire, Mme Simard, dont vous avez le nom ici. Il y a une
réceptionniste-téléphoniste et il y a, je pense, deux
secrétaires additionnelles qui forment le personnel en place. Il y a
évidemment ceux, comme M. Boivin, comme moi-même et d'autres, qui
doivent avoir au moins un bureau à Montréal, parce qu'il ne faut
pas oublier que Montréal représente encore 35%, 40% de la
population. Il y a énormément de dossiers qui passent par ce
canal ou qui aboutissent là et qu'on doit traiter quand on peut y
être le vendredi ou le lundi.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale, avez-vous des questions sur ce sujet? M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Une courte question sur les employés en
matière de communications. Je comprends que c'est du personnel politique
qui s'inscrit dans... ce qui s'est toujours fait. Quel est leur point de
contact avec les différents ministères? Est-ce que ce sont les
directeurs d'information des ministères ou les attachés de presse
de ministre? Je comprends que les agents de liaison se sont donné... On
a créé maintenant des correspondants. C'est clairement
établi que cela fonctionne ainsi. (11 h 15)
Sur le plan des relations avec le service des communications du premier
ministre, d'abord, est-ce qu'il y en a un d'affecté au Conseil
exécutif? Est-ce qu'il y a un service d'information au Conseil
exécutif en tant que tel, c'est-à-dire qui relèverait, qui
se situerait au niveau purement de l'information administrative du Conseil
exécutif, auprès de M. Bernard?
M. Lévesque (Taillon): Non.
M. Rivest: C'est assumé c'était comme cela
auparavant également par l'attaché de presse M.
Mackay.
M. Lévesque (Taillon): C'est cela, par ce petit
groupe.
M. Rivest: Quels sont leurs points de contact à
l'intérieur de chacun des ministères?
M. Lévesque (Taillon): Leur point de contact essentiel est
normalement l'attaché de presse du ministre. Évidemment, quand il
s'agit de suivre des politiques, par exemple, je me souviens que l'Union
Nationale parlait beaucoup des budgets de publicité et des choses comme
cela, forcément, l'expertise, le "know how", en autant qu'on en a un peu
chez nous, sous la forme de gens qui sont des spécialistes, nous
amène à communiquer avec le ministère des Communications
pour savoir si, en Chambre, le chef de l'Union Nationale houspille à
propos des budgets de publicité ou quelqu'un d'autre. Je voudrais au
moins avoir l'essentiel des réponses. À ce moment, la
communication se fait avec les organismes ad hoc dans le ministère pour
qu'on ait les renseignements et qu'on fasse le suivi.
M. Rivest: Par rapport...
M. Lévesque (Taillon): Normalement, s'il s'agit de
politique, c'est avec l'attaché de presse du ministre.
M. Rivest: Par rapport aux services qui relèvent du
ministère des Communications, par exemple, M. Jean Laurin...
M. Lévesque (Taillon): M. Laurin, le sous-ministre
adjoint.
M. Rivest: Oui, c'est cela. Est-ce qu'il y a des réunions
ou des rencontres entre le personnel de communication du premier ministre et M.
Laurin, etc.?
M. Lévesque (Taillon): Je pense qu'à l'occasion,
oui, il y en a eu. Je ne sais pas s'il y en a encore, parce qu'il ne faut pas
oublier qu'il y avait tout un réaménagement, surtout je me
souviens pour faire mettre sur pied une politique qui répartirait
un peu plus équitablement les budgets d'annonces du gouvernement, parce
qu'il y a de l'annonce statutaire, institutionnelle constamment,
carrières, professions, etc., que cela aille vers les hebdos un peu plus
convenablement et que cela n'aille pas seulement vers les quotidiens. À
ces moments, où il y a eu des décisions à orientation
politique, mais pas au sens partisan, je sais qu'il y a eu des rencontres sur
des sujets comme cela, et il peut y en avoir encore.
M. Rivest: Le premier ministre sera d'accord avec moi que ce
genre de rencontres politiques, comme vous dites, mais pas dans le sens
partisan je comprends votre point cela peut être
extrêmement délicat, parce que M. Laurin et le ministère
des Communications sont clairement dans la filière administrative, alors
que le personnel de communication du premier ministre est dans la
filière politique. S'il y a des rencontres...
M. Lévesque (Taillon): Des choses délicates...
M. Rivest: Non, je ne veux pas faire de...
M. Lévesque (Taillon): ... on va passer notre vie...
M. Rivest: À vivre là-dessus! Oui, c'est cela.
M. Lévesque (Taillon): ... tant qu'on est dans ce domaine
où la politique est côte à côte avec l'administration
et où, finalement, l'impulsion politique doit orienter quand même
des décisions administratives...
M. Rivest: Ce que je veux dire, c'est quand on se plaint,
à tort ou à raison, dans certains milieux et
particulièrement dans le nôtre, comme vous le savez, de certains
contenus de messages publicitaires du gouvernement je ne veux pas
discuter le mérite de cela on m'avait dit qu'il pouvait y avoir
à l'occasion des rencontres entre les services de communication du
premier ministre, qui sont fondamentalement politiques, et l'administration,
que cela pourrait venir de là, ou enfin, l'apparence de politisation
d'une certaine... Non, je ne veux pas faire un débat là-dessus.
Je veux simplement signaler le caractère absolument délicat, pour
employer un euphémisme, des relations de ce type de rapport entre le
personnel politique des communications du premier ministre et la filière
administrative du service de communication du gouvernement en tant que tel.
M. Lévesque (Taillon): Je vais vous donner un exemple. Je
pense que celui qu'on a le plus discuté, et cela venait surtout de nos
amis de l'Union Nationale, c'était la question de la publicité de
OSE, le programme d'opération solidarité économique. On
n'a rien eu à voir avec cela dans mon coin, pour la bonne et simple
raison que la définition générale du genre d'image, de
publicité qui devait se dégager est venue du comité
interministériel qui s'est occupé de l'opération
solidarité économique. La commande a été
passée normalement au ministère des Communications. Il y a une
agence qui a fait le travail. Il y a eu des critiques, surtout dans le sens que
cela faisait appel ou que cela évoquait des critères
d'identité québécoise, mais je me souviens d'avoir
répondu en Chambre: Quand c'est rendu qu'il y a des brasseries qui
disent: On est six millions, il faut se parler!, et qu'à peu près
tout ce qu'il y a de marque de commerce fait un certain appel à
l'identité québécoise, on ne voit pas pourquoi le
gouvernement, quand il s'agit d'expliquer ou de
donner une image aussi favorable que possible, pour qu'ils marchent
à ces programmes, ne se servirait pas de ce même critère
d'identité. Tout le monde s'en sert. Elle existe, l'identité
québécoise. Je ne vois pas pourquoi ce serait délicat de
s'en servir.
M. Rivest: Le seul sens de ma question, c'est que j'aurais
préféré que ça vienne spontanément de la
direction des communications d'utiliser le thème d'identité
québécoise.
M. Lévesque (Taillon): Cela vient spontanément
à n'importe qui qui a une tête sur les épaules et qui
regarde l'évolution de la société
québécoise, je crois.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Ryan: Je vois que, parmi le personnel attaché au
cabinet du premier ministre, il y a le nom de M. Yves Michaud...
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Ryan: ... et celui de M. Michel Chaloult. J'aimerais savoir ce
que font ces deux personnes, et si le premier ministre estime qu'il a
réellement besoin de deux conseillers aux affaires internationales
à son bureau, en plus de tous les fonds que le Québec
dépense au ministère des Affaires intergouvernementales...
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais je ferais remarquer au
chef de l'Opposition que je pense qu'il n'y a pas de semaine qui se passe sans
que se présentent des dossiers internationaux, qui peuvent être
des visites anticipées là, je ne parle pas de grandes
visites officielles je parle de visites, par exemple, d'un ambassadeur,
bon, ça, c'est à peu près deux fois par mois, que
quelqu'un qui représente un pays étranger vienne faire son tour
à Québec, demande de rencontrer un certain nombre de ministres
et, assez régulièrement, votre serviteur, surtout quand c'est la
première fois. Cette année, on est privilégié. Il y
a, par exemple, avant la fin de juin, une réunion annuelle qui se tient
au Québec, cette fois-ci, des gouverneurs de l'Est américain et
des premiers ministres des Maritimes.
Il y a la conférence annuelle qui, encore une fois
ça tombe comme ça, c'en est le 20e anniversaire est au
Québec, des premiers ministres du Canada, c'est-à-dire les
premiers ministres des provinces. Se greffent à ça des visites
internationales. Par exemple, récemment, il y a des gens qui arrivaient
d'Arabie pour parler d'investissements au Québec. Sans compter que tout
ça implique tous les liens qui ont été tissés avec
les délégations étrangères, mais qui nous envoient
des choses qui rebondissent aux Affaires intergouvernementales, chez nous et
vice-versa, et l'ensemble de liens de plus en plus permanents qui se sont
développés avec la francophonie, en particulier avec la France et
la Belgique. Tout ça exige non seulement du temps plein, mais aussi du
va-et-vient. Qu'il y ait deux personnes, M. Michaud et son adjoint, M.
Chaloult, qui est d'ailleurs dans la fonction publique, mais qui s'occupe
strictement justement de ce fondement des dossiers internationaux, je ne crois
pas que ce soit excessif.
M. Ryan: Je remarque...
M. Lévesque (Taillon): Vous savez, le chef de l'Opposition
doit savoir que le Québec est beaucoup plus présent au monde
d'année en année qu'il ne l'a jamais été. Ce n'est
pas commencé d'hier.
M. Ryan: Mais c'est parce que je pensais qu'on avait un
ministère qui s'occupait de ça, c'est tout.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que vous trouverez dans
tous les gouvernements...
M. Ryan: Je ne veux pas mettre en question la
nécessité de relations avec l'étranger, M.
Lévesque, pas du tout.
M. Lévesque (Taillon): Vous trouvez dans tous les
gouvernements au moins une ou deux personnes, près du chef du
gouvernement, qui sont obligées de faire ce travail et ce lien.
M. Ryan: Maintenant, pour les relations avec le reste du Canada,
une personne à temps partiel, un contractuel, ça suffit, dans le
personnel?
M. Lévesque (Taillon): Écoutez, pour les relations
avec le reste du Canada, je ferais remarquer au chef de l'Opposition que la
vocation initiale c'est resté très ancré de
tout le ministère des Affaires intergouvernementales, c'était le
fédéral-provincial. Je peux dire que, grosso modo, les quatre
cinquièmes du travail ça, c'est une tradition
établie, ça ne se change pas du jour au lendemain et il n'y a pas
de raison de le changer dans le contexte actuel de l'attention du
personnel du ministère des Affaires intergouvernementales sont
reliés à cette espèce d'échanges continuels, par
voie de conférences sectorielles il y en a à tout bout de
champ de conférences interprovinciales,
fédérales-provinciales et, par conséquent, ce n'est pas
négligé, loin de là.
Le Président (M. Jolivet): Un instant! Sur le même
sujet, M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Le premier ministre a répondu à des
questions concernant les affaires internationales, les affaires canadiennes
aussi. Je voudrais savoir, lorsqu'il y a des conférences
interprovinciales ou fédérales-provinciales, qui, à son
bureau et comment cela fonctionne s'occupe justement de ces
conférences. Est-ce que la responsabilité est dévolue
totalement au ministère des Affaires intergouvernementales ou si, au
bureau du premier ministre, il y a des personnes responsables
auprès du premier ministre qui s'occupent de ces dossiers?
M. Lévesque (Taillon): Selon l'expérience...
D'abord, il y a M. Daniel Latouche. C'est un des éléments
essentiels de son travail comme contractuel, conseiller aux affaires
canadiennes, puis, selon son expérience, ça peut être l'un
ou l'autre de ceux...
Voyez-vous, si on parle d'économique, par exemple, il est
évident que je vais consulter M. Marcil chez moi, puisqu'il est
conseiller économique, parce qu'il y a beaucoup de thèmes
économiques dans les affaires canadiennes qui nous concernent. S'il
s'agit de choses sociales, forcément, je vais plutôt lâcher
un cri chez Pierre Marois, disons, et au groupe du développement social,
et quelqu'un va être chargé de le coordonner; c'est ad hoc, parce
que l'essentiel du travail fédéral-provincial, encore une fois,
se fait aux Affaires intergouvernementales. Mais, pour autant qu'on est
concerné, on s'arrange ad hoc, avec un pilote qui peut être M.
Latouche ou alors quelqu'un d'autre qu'on charge de s'en occuper, selon le
point d'impact de la question à discuter.
Révision constitutionnelle
M. Biron: II y a des questions importantes qui ont
été posées au premier ministre là-dessus au cours
des dernières semaines, sur la position du gouvernement dans sa
révision constitutionnelle canadienne. Le premier ministre va
peut-être me dire: On est en révision constante et ça
avance à petits pas, mais, quand même, on en entendait parler hier
et on questionnait, d'ailleurs, le premier ministre là-dessus. Le
ministre des Affaires intergouvernementales disait que le Québec
demandait un moratoire au gouvernement fédéral, pour ne pas
discuter de renouvellement de la constitution canadienne.
Quand même, au bureau du premier ministre, il y a des gens qui
doivent suivre l'évolution. Le premier ministre lui-même a
répondu à beaucoup de questions. Alors, je voudrais savoir la
position du premier ministre là-dessus, si c'est vraiment la même
position que celle de son ministre des Affaires intergouvernementales, s'il y a
des gens dans son entourage qui réétudient les positions, qui
évaluent les positions décrites par le ministre des Affaires
intergouvernementales, M. Morin.
M. Lévesque (Taillon): C'est suivi constamment, le mieux
possible. La liaison se fait essentiellement par M. Latouche là-dessus,
parce que je l'ai dit c'est le travail essentiel du
ministère des Affaires intergouvernementales. Maintenant, pour ce qui
est de la discussion qu'il y a eu hier, bien oui, je suis du même avis,
en gros; on ne s'exprime pas nécessairement toujours de la même
façon, mais l'idée me semble assez claire. En gros, il ne s'agit
pas de refuser d'assister à une rencontre quelconque à l'automne.
M. Clark, paraît-il, dit qu'il voudrait peut-être en faire une
à l'automne. S'il y en a une, on verra. Il s'agit de savoir ce qui va
être mis sur la table. Il ne faut pas oublier qu'on a lâché
une ronde qui a duré au-delà d'un an, qui a épuisé
tout le monde. Une ronde de soi-disant révision constitutionnelle, dans
la dernière année du gouvernement Trudeau, qui avait
commencé par un grand spectacle télévisé à
Ottawa, dont on se souvient, qui s'est enchaîné par la suite, par
une préparation à ne plus finir, par des conférences
sectorielles de tous bords et de tous côtés, qui a mobilisé
trois fois de suite, pendant des jours, les ministres chargés des
affaires constitutionnelles dans chaque gouvernement provincial et
fédéral, et qui a finalement abouti à ce qu'on sait,
c'est-à-dire c'est en février la discussion de ce
qu'on a appelé la "short list", la liste courte de M. Trudeau, sur
laquelle, dans laquelle il y avait quoi? Une quinzaine de points, dont deux
à peine ont émergé avec un semblant de commencement de
solution. Quand on voit ce que ça représentait comme travail,
comme mobilisation d'énergies, comme dépense d'argent, comme
dépense de temps également, il me paraît absolument
conforme à la plus pure des logiques qu'on se dise: II n'y aura pas de
cheminement de ce genre, ni de marécage de ce genre dans lequel on
pourra s'engager, quand même qu'on le voudrait, avant qu'on soit en
pleine campagne référendaire. Il me semble que ça
découle... Et je ne reprendrai pas les citations qu'on donnait hier de
certains de nos amis d'en face qui sont du même avis, peu importent les
raisons pour lesquelles ils aboutissent à la même conclusion. Il
me semble que ça tombe sur le sens.
M. Biron: Je veux juste revenir sur la question de la
réponse du premier ministre dans laquelle il disait que la plus pure
logique, c'est qu'on finisse notre référendum. Pourtant, il y a
plusieurs mois, en tout cas depuis l'élection du Parti
québécois, on dit: C'est impossible d'avancer dans nos
discussions constitutionnelles avec le gouvernement canadien, en particulier
avec le premier ministre d'alors, M. Trudeau. Même le Parti
québécois s'est embarqué à fond pour essayer de
défaire M. Trudeau. Dans le fond, le premier objectif est atteint. On a
changé de premier ministre et on a un nouveau gouvernement qui va
être assermenté lundi prochain. C'est ça que je me demande.
La logique même de l'actuel gouvernement du Québec nous dit: On ne
pouvait pas négocier avant, on veut changer l'homme, parce que ce n'est
pas possible de négocier, et maintenant qu'on a un nouvel homme à
la tête du gouvernement canadien, on dit: Non, il ne faut pas
négocier, il faut mettre un moratoire. Alors, je reprends la parole
même du premier ministre. Je me demande où est la logique
là-dedans et qui conseille le premier ministre dans son ministère
pour prendre de telles positions.
M. Lévesque (Taillon): La logique n'est pas aussi absente
que ça, à condition qu'on corrige un peu les prémisses du
chef de l'Union Nationale, parce que je ne les accepte pas. On s'est
lancé à fond pour sortir le gouvernement de M. Trudeau.
Je ferai remarquer au chef de l'Union Nationale que c'est faux. On s'est
beaucoup moins lancé, à tout point de vue, que l'Union Nationale
a pu se lancer, peut-être, du côté des conservateurs, avec
les affinités qu'ils peuvent avoir. Il ne faut tout de même pas
charrier. (11 h 30)
Je me souviens d'avoir il n'y a pas de mystère
là-dedans, je pense que tout le monde était quasiment sur la
même longueur d'ondes endossé en Chambre, sous la forme de
voeux de bon succès dans sa nouvelle carrière, au moment de son
départ qu'il avait organisé solennellement, l'ancien
député de Beauce-Sud, M. Fabien Roy. Je pense que tout le monde
était d'accord pour lui souhaiter bonne chance, c'était un bon
parlementaire, l'expérience l'avait prouvé.
À part cela, les endossements qui pouvaient toucher la campagne
fédérale, je me souviens d'avoir très nettement dit: des
gens qui sont reliés aux intérêts du Québec ne
risquent pas de les oublier, autant que le jugement de ceux qui veulent bien
écouter ce que j'avais à dire, c'est la seule fois que j'en ai
parlé... s'ils sont d'accord avec nous pour essayer de trouver ce
critère-là, chez des candidats, ce n'est pas un mystère
qu'on n'est pas en mauvais termes, par exemple, dans la région de
Joliette, avec M. Lasalle. Qu'ils soient créditistes, conservateurs ou
libéraux, il serait intéressant s'il y avait le plus possible de
Québécois qui n'entreront pas muets, silencieux et inertes dans
quelque troupeau ministériel que ce soit, mais qui n'oublieront pas que
des fois, comme les gens des Maritimes le font à l'occasion, comme les
gens de l'Ouest le font des fois, on peut se souvenir de son coin d'origine et
de ses électeurs et des intérêts qu'ils peuvent avoir et ne
pas oublier d'en parler à Ottawa, tant qu'on est dans ce
régime-là.
Donc, il n'y avait pas de charge à fond de train pour
débarquer tel gouvernement en faveur de tel autre. Au contraire, je me
souviens, je l'ai dit je ne sais pas combien de fois, et je le
répète pour la nièrne fois, ce contre quoi nous en avons,
ce n'est pas contre tel homme, que ce soit Trudeau, Clark ou Broadbent ou
quiconque, ce n'est pas contre tel homme ou tel groupe à la tête
du gouvernement fédéral, c'est le régime
fédéral lui-même tel qu'il fonctionne, tel qu'il a
évolué et le genre de carcan qu'il est devenu, à notre
avis, pour le développement, que nous croyons essentiel, l'orientation
que nous croyons essentielle pour le Québec.
M. Biron: Justement là-dessus, M. le Président, je
voudrais poser une autre question au premier ministre. La semaine
dernière, je lui ai posé une question en Chambre demandant
l'attitude du gouvernement du Québec. Je disais: "Est-ce que le
gouvernement du Québec va adopter la position traditionnelle des
gouvernements du Québec antérieurs, soit libéraux, ou de
l'Union Nationale, à l'occasion des conférences
constitutionnelles ou s'il se bornera à défendre simplement sa
position souveraineté-association?" Le premier ministre a
répondu: "Je vais vous répondre cet après-midi, à
l'occasion de ma réponse à la motion du chef de l'Opposition
officielle."
Hier après-midi, je n'ai pas entendu de réponse sur la
position du Québec. C'est ce que je voudrais savoir. Dans le fond, il y
a deux attitudes différentes soit le gouvernement du Québec
actuel, souveraineté-association ou indépendance, mais se borner
là-dessus, ou soit prendre l'attitude traditionnelle,
c'est-à-dire le minimum vital requis par les Québécois,
l'attitude traditionnelle de tous les gouvernements antérieurs du
Québec.
On a appuyé le gouvernement actuel il y a quelques mois, lors
d'une commission parlementaire, alors que M. Morin, le ministre des Affaires
intergouvernementales disait: "C'est la position sur la "short list", c'est la
position traditionnelle des gouvernements du Québec et on reste dessus,
on n'en demande pas plus". C'est ce que je veux savoir. Est-ce qu'au cours des
prochaines conférences M. Clark nous a dit encore hier qu'il
allait convoquer une conférence constitutionnelle avant même le
référendum le gouvernement va adopter la position
traditionnelle des gouvernements du Québec qui l'ont
précédé depuis 20 ou 25 ans ou s'il va adopter la position
souveraineté-association?
M. Lévesque (Taillon): Écoutez, je ne le sais pas.
Je dois dire au chef de l'Union Nationale que quand viendra le moment, s'il
vient, où M. Clark gouvernement minoritaire en instance
d'administration pour, selon la tradition, un an et demi ou deux ans, on ne le
sait pas convoquer une conférence constitutionnelle, je
présume qu'il aura la courtoisie de dire de quoi il veut discuter, de
quelle façon il veut orienter son dossier et, à ce
moment-là, on jugera.
Ce que j'ai dit hier répondait quand même, pour autant
qu'on puisse répondre, à la question du chef de l'Union
Nationale, actuellement et ça correspond à l'attitude qu'on a
maintenue le mieux possible depuis deux ans et demi. Dieu sait qu'à
travers cette cascade de conférences, on l'a maintenue le mieux
possible. On n'a jamais caché nos couleurs. Dès le début
je l'ai dit, je l'ai répété, mais sans écoeurer les
gens dans les réunions, que le gouvernement actuel du Québec
avait une option pour l'avenir mais qu'il s'en allait vers un
référendum, parce que c'était aux citoyens de
décider là-dessus et que cette option-là on ne la
lâcherait pas. D'autre part, on était quand même
mandaté, comme gouvernement provincial dans le contexte actuel, pour
défendre le mieux possible et élargir, chaque fois que c'est
possible, la zone de souveraineté partielle ou d'autonomie du
Québec. On a fait de notre mieux pour ça. On est même
allé, ce qui était un précédent, jusqu'à
compiler et mettre sur la table en les défendant, en soulignant avec le
plus d'insistance possible qu'on était là pour essayer de voir
s'il y avait moyen que quelque chose débloque, on a mis à jour,
on a ajusté pour le monde d'aujourd'hui, dans le système
fédéral actuel, les positions qui avaient été
développées au Québec depuis 15 ou 20 ans.
M. Clark a ce dossier, parce que les copies sont à Ottawa. Tout
ça, c'est la position du Québec dans le contexte actuel, en ce
qui concerne la révision constitutionnelle.
Pour revenir à la "short list", à travers tout cet
ensemble de demandes québécoises qui sont devenues de plus en
plus insistantes à mesure que la pression montait, l'évolution
faisait changer le Québec depuis 15 ou 20 ans, dans tout ça,
quand est venue la "short list" de M. Trudeau qu'il avait dressée
lui-même, on a extrait les positions qui s'appliquaient à ces
sujets, les 15 sujets qui étaient évoqués, 14 ou 15, on a
poussé au maximum pendant le temps qu'a duré cette
conférence pour essayer d'obtenir quelque chose.
Par exemple, dans le domaine des pêcheries, en essayant de
travailler avec les Maritimes, dans le domaine des ressources naturelles, en
essayant de travailler avec les gens de l'Ouest, dans le domaine de la Cour
suprême, en voyant s'il y avait moyen de trouver un consensus pour
l'ajuster de façon un peu plus convenable pour le Québec, mais
qui puisse en même temps être soutenu par d'autres. Tout le travail
normal, je crois, de ces conférences, a donné les
résultats que vous savez. C'est pour ça qu'à mon humble
avis, je reviens au point de départ, je ne vois pas, pendant les
quelques mois qui viennent, avec un gouvernement minoritaire qui n'a pas encore
pris connaissance de ses dossiers, qui va avoir de la difficulté
à ajuster ses positions, ses bases dans l'Ouest, l'Ontario, etc., je ne
vois pas à quoi on pourrait arriver, sauf à des contacts, le
moment venu, s'il vient, à une espèce d'exploration de l'attitude
du nouveau gouvernement fédéral.
Je ne vois pas ce qui peut arriver de plus.
M. Biron: Justement là-dessus...
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale, il y avait le chef de l'Opposition officielle qui avait aussi des
questions à poser.
M. Biron: Je n'ai pas terminé, ce ne sera pas long, par
exemple, M. le Président.
Justement là-dessus, je ne veux pas connaître l'attitude du
gouvernement fédéral de M. Clark, le premier ministre va dire: Je
ne la connais pas. Mais j'ai demandé clairement au premier ministre si
l'attitude du gouvernement du Québec va être de défendre la
position traditionnelle des gouvernements antérieurs, je ne veux pas
qu'il me dise: Je ne la connais pas. Est-ce que ça va être de
défendre ça, le minimum vital requis pour le Québec
à l'intérieur de ce qu'il appelle le maquis constitutionnel
canadien, appelez ça n'importe comment, le minimum réclamé
par tous les gouvernements antérieurs du Québec, ou si la
position du gouvernement du Québec, maintenant, va s'éloigner un
peu de cette position pour devenir plus souverainiste, pour défendre la
souveraineté-association. C'est ça que je veux savoir.
M. Lévesque: C'est évident que la position du
gouvernement du Québec, qui est une des parties activement
intéressées au référendum qui se profile maintenant
de plus en plus proche à l'horizon va être de plus en plus en
fonction de la souveraineté-association. Cela ne veut pas dire qu'on va
en faire un tremplin à Ottawa s'il y a une conférence qui serait
essentiellement une prise de contact avec le gouvernement Clark et une reprise
de contact avec les autres gouvernements.
Écoutez, la façon dont on le traitera, je pense que si le
chef de l'Opposition, à un moment donné, veut me donner ses sages
conseils, je vais en tenir compte le mieux possible, mais la position qu'on
prendra sera dessinée au moment où elle devra être prise,
parce qu'on ne va pas commencer à franchir une conférence qui est
encore tout simplement une espèce d'annonce pas tellement précise
de la part d'un premier ministre qui va être assermenté seulement
lundi prochain, donnez-nous le temps un peu.
M. Biron: On ne peut donc pas s'attendre à des discussions
sérieuses de la part du gouvernement du Québec, à l'heure
actuelle, à cause de l'option du référendum et à
cause de sa perception de dire que c'est un nouveau gouvernement qui ne sait
pas trop...
M. Lévesque (Taillon): Je crois que je dois dire au chef
de l'Union Nationale qu'il ne doit pas s'attendre à beaucoup de
discussions sérieuses et substantielles de la part d'aucun des
gouvernements qui seraient convoqués dans une première
conférence par M. Clark.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Ryan: Je reviens aux crédits budgétaires. M.
Latouche, on l'a décrit comme un contractuel. Est-ce un contractuel
à temps plein, est-ce prévu dans son contrat qu'il ne doit pas
avoir d'autres engagements à l'extérieur ou si c'est un
contractuel volatile, comme il y en a beaucoup?
M. Lévesque (Taillon): Je dirais que ce n'est pas un
couvent, ni une caserne. C'est un contractuel à temps plein, mais
ça ne l'empêche pas d'écrire des articles, s'il le veut, ou
d'accepter des invitations à donner des conférences. Il n'est pas
de la fonction publique.
M. Ryan: La question que je pose, est-ce que, dans son contrat,
il est laissé libre d'avoir d'autres engagements
rémunérateurs à l'extérieur? C'est votre seul
conseiller, d'après ce que je peux voir, en affaires intercanadiennes,
c'est un rôle très important qu'il est appelé à
jouer, il est au contact de renseignements de nature hautement
privilégiée. Je voudrais m'assurer que c'est sa seule source de
revenu.
M. Lévesque (Taillon): C'est un homme consciencieux et on
vient de me signaler que ce n'est pas prévu dans le contrat, qu'il est
à temps plein et, en fait, il n'a rien d'autre, sauf qu'à
l'occasion,
il peut participer à des colloques ou répondre à
des invitations.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection, c'est un sport que j'ai
pratiqué longtemps moi-même.
M. Lévesque (Taillon): Dans le concret, il est à
temps plein et à temps plein temps plein.
M. Ryan: J'aimerais savoir du premier ministre quels sont les
collaborateurs, dans son personnel politique, qui travaillent plus
immédiatement aux questions référendaires. On avait
parlé, à un moment donné, d'un comité dirigé
par M. Carpen-tier, si mes souvenirs sont bons. Est-ce que cela existe? Est-ce
qu'on pourrait avoir des précisions là-dessus?
M. Lévesque (Taillon): Je les ai données, ces
précisions. Il n'y a pas eu tellement de changements. Il y a un
comité référendaire qui a été formé
par moi, à la demande de pas mal de gens de notre côté de
la patinoire politique, parce qu'il fallait une certaine coordination de
préparation du référendum.
Le comité se réunit assez régulièrement
cela va probablement s'accentuer une fois par mois, le
comité complet. Il est composé de votre serviteur, de quatre
ministres, M. Parizeau, M. Claude Morin, M. Marcel Léger, M.
Marc-André Bédard. Il est composé de deux
députés représentant le caucus, M. Paquette et M.
Jean-François Bertrand. Il est composé de représentants du
parti, de l'exécutif du parti, qui sont présentement M. Renaud,
M. Pierre Harvey, le trésorier, M. Philippe Bernard, et Mme Francine
Jutras, qui est membre de l'exécutif. Évidemment, il y a un
groupe de soutien qui est tiré en partie de mon cabinet, pour donner un
coup de main, et en partie de deux ou trois autres cabinets
ministériels, selon les cas, mais qui, eux, travaillent sur la partie
technique. Tout cela est coordonné par M. Michel Carpentier que vous
nommiez.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait avoir les noms des membres du
groupe de soutien?
M. Lévesque (Taillon): Cela change, mais, dans l'ensemble,
vous avez M. Raymond Ba-chand... On peut dire que le seul employé
à temps plein, en ce moment, sur la question référendaire,
dans ce personnel politique, c'est M. Raymond Bachand, qui est avocat.
M. Ryan: II est adjoint de M. Carpentier.
M. Lévesque (Taillon): Lui, il est vraiment à temps
plein. Je pense que vous devez faire la même chose, ou enfin, vous
êtes mieux d'y penser, les implications juridiques de la loi 92, si on
arrive à des comités, l'organisation, en fonction de la loi, elle
est là maintenant, l'organisation d'une campagne
référendaire, ce que cela implique quand on étudie les
tenants et les aboutissants de la loi 92. C'est vraiment du travail qui doit
être très systématique et qui est à temps plein.
C'est à peu près le seul. Les autres, je pense que c'est une
partie de leur temps.
M. Ryan: Je suis peut-être indiscret, le président
me rappellera à l'ordre. Supposons qu'on entend parler dans le public
qu'on joue avec des questions pour le référendum. On a
essayé telle question l'autre jour. Il y en a une qui m'a
été refilée et on m'assurait qu'elle venait directement du
bureau du ministre des Affaires intergouvernementales. Est-ce que c'est ce
comité qui joue avec les questions, qui les essaie, qui les discute?
M. Lévesque (Taillon): Je dois dire au chef de
l'Opposition que, si cela l'amuse, il pourrait peut-être retrouver dans
sa bibliothèque, ou dans la bibliothèque du Parlement, ou
ailleurs, cela d'épais, sous forme de gros pavés, cela
d'épais d'écritures, qui a été publié juste
sur le débat, la préparation, les longues approches et les
débats autour de la question, dans le référendum que la
Grande-Bretagne a eu, en ce qui concerne l'appartenance ou la non-appartenance
au Marché commun.
M. Ryan: En Grande-Bretagne, la question était connue six
mois d'avance, comme vous le savez.
M. Lévesque (Taillon): Mais je dois dire ceci. Le travail
de la question, c'est une des choses parce qu'on a la
responsabilité d'arriver à l'Assemblée nationale avec une
question les plus délicates. Il est évident, quelles que
soient la transparence et la cohérence de la question, que nos amis de
l'Opposition, s'ils s'en vont du côté d'un non, vont trouver tous
les défauts possibles et imaginables à n'importe quelle question.
C'est à peu près, comme on le dit en anglais, "part of the
course", c'est classique. Je présume que ce sera cela. (11 h 45)
On sait très bien que pour nous, c'est très important
d'évaluer comment elle doit venir. Cela dit, je dois ajouter cela
a l'air paradoxal, mais c'est vrai qu'on n'a absolument
empêché personne, tout ce qu'il y a d'amateurs
éclairés, d'envoyer soit dans la conversation, soit sur des
papiers, soit par la poste si cela les intéresse, il y en a dans
le paysage les idées de questions qu'ils peuvent avoir. Je ne
vois pas pourquoi on se gênerait. C'est parfaitement légitime et
ce n'est pas cela qui sera la question. Quand viendra le moment de la
définir techniquement pour l'Assemblée nationale, moment qui
n'est pas encore venu, quant à nous, on fera notre travail le mieux
possible, mais, entretemps, c'est évident que cela mijote sur le
contenu, sur ce qu'il devrait y avoir dedans, sur la forme que cela devrait
prendre. Si le chef de l'Opposition a vu un bout de papier sur lequel il y
avait une question possible, il peut venir, le Bon Dieu sait d'où. S'il
ne me le montre pas et s'il n'a pas de références, qu'est-ce que
vous voulez que je vous dise? Il doit y en avoir des douzaines qui
traînent dans le paysage.
M. Ryan: Ma question visait à savoir si toutes les
questions qui sont rédigées à l'état d'essai ou de
projet passent par ce comité dont vous nous avez parlé
tantôt, par exemple.
M. Lévesque (Taillon): Jusqu'à nouvel ordre, non.
J'avais demandé simplement que ce soit filtré, examiné par
ceux que cela intéresse et, à un moment donné, on va se
mettre là-dessus et on verra.
M. Ryan: J'aurais seulement une petite question additionnelle
là-dessus. Est-ce que les difficultés que l'on éprouve
à trouver une question qui définirait clairement un objectif qui
l'est plus ou moins seraient une des raisons majeures qui expliquent les
délais de l'annonce de la date du référendum ou de la
décision du gouvernement?
M. Lévesque (Taillon): Je ferai remarquer au chef de
l'Opposition qu'il est bien chanceux que ce ne soit pas un
référendum qui va probablement avoir un choix à proposer,
parce que, s'il fallait avoir un choix, le fédéralisme
renouvelé dont on parle depuis les treize mois, je pense, que le chef de
l'Opposition est chef du Parti libéral et depuis les élections de
1976, grâce à l'insistance constante de mon excellent ami, le
député de Bonaventure, et de son entourage, n'a pas donné
des lumières particulièrement flaboyantes jusqu'ici. Il n'y a
personne qui comprend ce que cela mange en hiver, le fédéralisme
renouvelé, mais je dois dire...
C'est pour cela que je dis que vous êtes chanceux, il n'y aura pas
de choix, probablement.
Pour ce qui est de l'option souveraineté-association, je ferai
remarquer au chef de l'Opposition que c'est d'autant plus confus qu'on veut
entretenir la confusion. J'en donne un exemple très concret. Je suis
sûr qu'avec ses lectures abondantes, le chef de l'Opposition est au
courant de cela. Il y avait là-dedans le fédéralisme
reconstitué, réarticulé, renouvelé, etc. Il y a eu
tout un remarquable dictionnaire des termes qui a été
publié par la commission Pépin-Robarts comme supplément
à son rapport il y a quelques mois. Il y a là-dedans je
pense que ce serait indiscret, mais ce serait amusant de dire au chef de
l'Opposition qui a rédigé cela en 24 heures; c'est un membre de
la commission Pépin-Robarts deux pages sur la
souveraineté-association que j'ai trouvées extraordinairement
claires, lucides de la part de quelqu'un qui travaillait dans le sens
d'examiner l'état du fédéralisme, qui avait pris 24 heures
pour mettre cela au point et qui, pour lui, n'y voyait aucune confusion.
J'avoue que, quand on rencontre des gens dans le Québec on va les
rencontrer de plus en plus sur ce plan-là et qu'on parle de la
souveraineté-association, de ce que cela représente, de ce que
cela implique dans le monde d'aujourd'hui, par exemple, de correspondance avec
l'évolution d'autres pays, en Europe en particulier ce sont
également des choses qui se dessinent en Amérique latine
les gens n'ont pas l'air de trouver cela confus. C'est surtout mes amis d'en
face qui, je crois, ont une confusion que je soupçonne d'être un
peu volontaire, mais enfin, c'est leur droit.
M. Ryan: Justement, si c'était si clair, il me semble que
la question pour le dire devrait être facile à concevoir et facile
à communiquer au public. On ne devrait pas être obligé de
se torturer, comme vous avez l'air de le faire depuis plusieurs mois.
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas la même chose.
La question, ce n'est pas la même chose.
M. Ryan: En Angleterre, on a trouvé vite la question, il
n'y a pas eu de débat autour de cela, rien, cela a été
clair dès le début.
M. Lévesque (Taillon): La question, ce n'est pas la
même chose. Il va y avoir des documents d'appui. Il est prévu, si
j'ai bonne mémoire, par la loi 92, que ceux qui se regrouperont pour
engager les citoyens à dire oui, comme ceux qui se regrouperont pour
engager les citoyens à dire non, auront le droit, avec
l'équité la plus mathématique le même nombre
de pages, je suppose que c'est quasiment le même nombre de mots, le
même format, etc. d'envoyer aux citoyens leur point de vue
explicatif. On est conscient de cela, certaines des explications essentielles
de la position négative, qui probablement n'aura rien d'autre à
proposer mais enfin, comme c'est parti là et de la
position positive qui auront à sous-tendre l'option
souveraineté-association, tout cela sera entre les mains des citoyens.
On le sait. C'est hélas un fait que beaucoup de gens... Il y a
même des gens qui disent: 18% à peine des citoyens lisent les
choses qui leur sont distribuées. Il va falloir faire bien attention
pour que quiconque, y compris ceux qui...
M. Levesque (Bonaventure): ... qui sont pour
l'indépendance.
M. Lévesque (Taillon): Cela, on en reparlera. Cela
pourrait être dangereux pour le député de Bonaventure.
Faites attention.
Une voix: ...
M. Lévesque (Taillon): On ne s'embarquera pas
là-dessus, parce qu'on va reconstituer certains climats. Tout
simplement, parce qu'on ne peut pas être sûr c'est nous qui
avons la responsabilité de la question que tout le monde va tout
lire cela. Il y a des gens qui ne le feront pas. Ce n'est pas péjoratif
de le dire, il ne faut pas oublier que dans nos générations
d'âge plus avancé, il y a des gens qui n'ont même pas fini
l'école primaire, ce n'est pas leur faute, ils n'ont jamais eu la
chance, ils ont commencé à travailler tôt; j'en rencontre,
tout comme tout le monde, qui vont avoir à venir dans un bureau de
scrutin et dire: Ces quelques lignes, cela rappelle des choses dont j'ai
entendu parler en pour et en contre, et je suis incapable de répondre
oui ou non. Il faut tout de même le faire très soigneusement. Je
ne vois pas en quoi... même la plus grande clarté d'une option
pour les gens politisés, les gens qui en discutent tous les jours, comme
c'est le cas au Parlement, que cette
clarté doit nous amener à soigner la clarté
maximum, l'"exposure" maximum dans la question pour ceux qui, justement, n'ont
pas cette préoccupation tous les jours. Il y en a beaucoup.
M. Levesque (Bonaventure): Ce serait trop confus, vu qu'on a un
référendum qui a été promis sur
l'indépendance du Québec, il y avait un trop grand danger de
confusion de demander aux gens s'ils veulent, oui ou non, l'indépendance
du Québec. Ce ne serait pas assez clair?
M. Lévesque (Taillon): Seigneur! Le député
de Bonaventure se répète à n'en plus finir! Je sais qu'il
y a un bon vieux principe qui dit: II faut que tu cognes sur le même clou
tout le temps si tu veux que le clou entre. Alors, il faut faire peur aux gens.
Il ne sait pas cela.
M. Levesque (Bonaventure): L'indépendance fait peur aux
gens?
M. Lévesque (Taillon): C'est un fait que
l'indépendance, surtout de la manière...
M. Levesque (Bonaventure): C'est ce que Doris Lussier a dit.
M. Lévesque (Taillon):... dont elle est contre-battue.
Pourquoi se conter des histoires? L'indépendance a pris une connotation
que Dieu sait et le député de Bonaventure et toute une bande
d'éteignoirs de notre paysage colonial ont répandu le mieux
possible, c'est que cela voulait dire: Les murs de Berlin, le fossé
autour du Québec, il n'y a plus personne qui va nous parler, etc. Or,
cela pourrait très bien être débattu dans ce sens et dire:
C'est complètement abusif. C'est même quelque chose de
méprisant pour une population de dire qu'elle n'est pas capable d'avoir
l'indépendance si elle le veut, parce que Dieu sait que dans un monde
où il y a 160 ou 170 pays, y compris des poussières de pays
le Québec a sa consistance que tout le monde connaît
il n'y a rien qui empêcherait que le Québec puisse avoir
l'indépendance au sens pur, si on veut. Si on a dit
souveraineté-association, c'est parce qu'on y croit. C'est simple. C'est
parce qu'on voit aussi que dans l'évolution du monde, les
indépendances s'ajustent avec des interdépendances, surtout entre
voisins, de plus en plus étroites et que si on ne le faisait pas,
probablement quelques années après, on serait obligé de le
faire de toute façon. Je ne vois pas ce qui justifie cette
éternelle insistance du député de Bonaventure de voir s'il
n'y a pas moyen de faire peur aux gens.
M. Levesque (Bonaventure): C'est simplement le bien des
Québécois qui m'inspire et non pas ce genre de vocabulaire
utilisé par le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): De toute façon, chacun voit
le bien comme il peut.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: J'ai demandé déjà au premier
ministre, il y a quelques mois, si souveraineté-association voulait dire
la même chose que souveraineté politique. Il m'a dit que
souveraineté-association, c'est la façon moderne de dire
souveraineté politique. Or...
M. Lévesque (Taillon): ... quelque chose.
M. Biron: Est-ce qu'il est encore du même avis, d'abord?
Est-ce qu'il est encore du même avis que l'automne dernier, alors qu'il
disait que la souveraineté, c'était essentiel, mais que l'un
n'allait pas sans l'autre? C'est là que cela commence à se
compliquer un petit peu. Est-ce que l'association, dans le fond,... Il faut
avoir des scénarios différents, bien sûr, mais on sait que
les provinces canadiennes peuvent négocier l'association
économique avec le Québec, préserver l'espace
économique canadien, comme il peut avoir une réaction
émotive et dire: On ne négocie pas pendant X années, ou,
je ne sais quoi. Est-ce que c'est encore les deux ensemble ou si la
souveraineté est essentielle, et l'association, c'est...
M. Lévesque (Taillon): À mon humble avis, les deux
sont j'espère, parce que je serais obligé de formuler un
souhait inévitables. La souveraineté du Québec
implique qu'il y a un peuple ici, que la dualité que même la
commission Pépin-Robarts reconnaît très éloquemment,
il y a deux peuples: II y en a un qui a ses régionalismes de tous bords
et de tous côtés, des Maritimes jusqu'au Pacifique, mais qui est
quand même un peuple anglophone, qui a ses racines, ses traditions, et le
peuple québécois, dont la majorité constitue un
élément national, un peuple aussi, c'est-à-dire le
Québec français, ce qui n'exclut pas les autres
Québécois, parce que c'est comme dans tous les pays, il y a des
minorités, mais tout le monde fait partie de la même famille
politique, mais il y a, culturellement, linguistiquement, traditionnellement,
ce peuple au Québec.
Ce peuple, quand on parle de souveraineté, on dit: II faut qu'il
ait l'essentiel de tout ce qui s'appelle, en anglais, le "self-government" et
ça peut se résumer très simplement aux impôts, aux
revenus publics à Québec et non pas divisés en deux,
à deux niveaux, aux lois faites à Québec, comme on
continue de le faire dans les pays qui ont leur souveraineté depuis
longtemps, comme l'Europe, par exemple, mais, en même temps, de maintenir
c'est ça, l'association dans le sens vraiment de
l'évolution du monde civilisé c'est ça qui se passe
un peu partout de plus en plus des liens qui permettent un espace
économique commun, parce que c'est entre voisins, qui ne créent
pas des frontières artificielles qui brimeraient soit les
échanges de personnes ou les échanges de biens ou de services,
à ce compte-là. Et on a ajouté à ça ce que
l'Europe essaie
péniblement, par exemple, d'ajuster avec ce qui s'est
appelé le serpent, maintenant l'écu, c'est-à-dire nous, on
pourrait le faire tout d'un coup, une communauté monétaire, parce
que si on a une communauté de marchés, il n'y a pas de raison
qu'il n'y ait pas la même devise qui puisse permettre, si vous voulez, de
lubrifier tout ça et, à ça, peuvent se greffer bien
d'autres choses, d'entreprises en commun, de comités de
développement et tout ça, mais, essentiellement, que nous
puissions percevoir, garder nos revenus publics chez nous pour notre propre
développement et, deuxièmement, faire nos propres lois.
M. Biron: Si je comprends bien le premier ministre, ça
veut dire qu'à l'occasion d'une question qui traiterait de
souveraineté-association, si je dis oui, je dis oui à
souveraineté. Si je dis avec une association, oui, possible, bon,
d'accord!
M. Lévesque (Taillon): Là...
M. Biron: Mais, je veux savoir de la part du premier ministre,
parce qu'il n'ignore pas que nos Québécois, dans le fond, sont
très nationalistes, mais tiennent à des liens
fédéraux pour la plupart, je pense que c'est Yvon Deschamps qui
dit: Un Québec indépendant dans un Canada fort, alors, c'est dire
peut-être l'attitude un peu de la grande majorité de nos
Québécois, celui qui dit non non à une question
vis-à-vis de la souveraineté-association, telle que je l'ai
mentionné tout à l'heure, est-ce que, dans l'esprit du premier
ministre, celui-là dit oui au statu quo?
M. Lévesque (Taillon): Écoutez, pas
nécessairement. Je ne suis pas l'ange traditionnel des Arabes qui
sondait les reins et les coeurs. Je ne le sais pas. Êtes-vous capable,
vous, de nous dire pourquoi quelqu'un vote libéral en 1973, vote Parti
québécois en 1976, peut voter encore comme
Québécois libéral en 1979 au fédéral? Allez
le leur demander! Il y a toutes sortes de sondeurs professionnels qui essaient
d'examiner ça, mais...
M. Levesque (Bonaventure): II y a Jean-Talon et Argenteuil.
Une voix: ... par-dessus.
M. Lévesque (Taillon): II y a Jean-Talon et Argenteuil; il
y a les vieilles missionnaires revenues de l'Ouganda, etc., dont le
député de Jean-Talon...
M. Rivest: II en revient tout le temps.
M. Lévesque (Taillon): Oui, autrement dit, c'est tellement
complexe. Je pense que ce n'est pas directement relié aux
crédits.
M. Biron: Ce n'est pas la question. Oui, je pense que c'est
important de savoir où le gouvernement se dirige. Le but de ma question,
dans le fond, c'est que beaucoup de Québécois veulent changer le
statu quo, à aller jusqu'à l'indépendance complète,
et beaucoup de ces gens-là sont à réfléchir
à l'heure actuelle, en disant: Si je dis non, je vais être
"poigné" avec le statu quo, et c'est même le chef du Parti
libéral actuel qui, je pense, disait, il y a deux ou trois ans...
M. Ryan: Je regrette, on a déformé mes propos
là-dessus depuis le début. Je les clarifierai moi-même
bientôt.
M. Biron: Bon! Alors, d'une façon ou d'une autre...
M. Ryan: Ce sont des exagérations...
M. Biron: ... il y a beaucoup de Québécois...
M. Ryan: ...
M. Lévesque (Taillon): Qu'on est donc mal cité
souvent!
M. Biron: II y a beaucoup de Québécois qui,
à l'heure actuelle, M. le Président...
M. Ryan: Je me suis fait dire que c'était différent
sur le plan...
M. Biron: M. le Président, à l'heure actuelle, il y
a beaucoup de Québécois, en tout cas, qui sont devant ce dilemme
et je pense que c'est la responsabilité du gouvernement ou, en tout cas,
de celui qui pose la question d'éclairer les Québécois
là-dessus. Les Québécois veulent changer le statu quo de
quelque façon à 85%, je pense, les sondages sont là pour
le dire, mais, d'un autre côté...
M. Lévesque (Taillon): Je vais dire une chose. Si
le...
M. Biron: ... ils ne veulent pas être pris devant un
dilemme, à savoir: Je dis oui à ce qu'on peut charrier
jusqu'à la séparation du Québec. C'est là qu'il va
falloir les éclairer d'une façon précise.
M. Lévesque (Taillon): Écoutez, quant à moi,
je pense que, dans le processus de l'évolution démocratique, on y
va de la façon la plus correcte possible et qui va permettre, je pense,
de réduire ce genre d'inquiétude que le chef de l'Union Nationale
partage peut-être avec d'autres. Dans le référendum qui est
prévu et dont j'espère pouvoir donner, comme je l'ai
annoncé, l'échéancier général, en tout cas,
avant l'ajournement, il va tout d'abord s'agir de
souveraineté-association. Souveraineté implique forcément
qu'il y a un désir de souveraineté, dans le sens où on la
décrit, mais également, qu'il y a un désir de coexistence
maintenue sur des bases qui ont été proposées,
économiques, monétaires, marché, etc., de ce désir
de coexistence et de coopération intime, comme entre partenaires, avec
le reste du Canada. C'est évident que ça implique, par
définition,
qu'on s'en parle après, si on a le mandat d'en parler au reste du
Canada, mais ça voudra dire, pour la première fois de son
histoire, que l'ensemble du peuple québécois aura
décidé qu'il est capable d'exprimer lui-même, et non pas se
faire parachuter de l'extérieur, ses préférences pour le
statut qu'il veut. (12 heures)
Là, on verra la réaction du Canada anglais, parce que,
forcément... ou la réaction du fédéral ou, enfin,
l'interlocuteur qui se présentera ou ne se présentera pas, ce
serait normalement le gouvernement fédéral, pour dire: Bon, on
s'assoit et on discute. C'est ce que M. Crombie, qui va avoir un certain poids
dans le gouvernement de M. Clark, s'était permis de dire mais
c'était avant les élections, et toute une série de gens
l'ont houspillé, lui ont tombé sur le dos, en disant...
Même le chef de l'Opposition libérale je ne sais pas s'il a
été mal cité a dit: C'est mauvais dans la
stratégie fédéraliste, ce que dit M. Crombie.
C'est une question de stratégie. Je comprends les calculs, mais,
enfin, ça ne change pas le fait qu'il y a des gens qui sont ouverts
à cette possibilité. Sans trop en discuter au point de vue
juridique, la commission Pépin-Robarts, au point de vue politique, au
point de vue socio-politique, le poids que ça représente, je
pense, aboutissait à cette conclusion. C'est que, normalement, en toute
équité, dans un climat civilisé, à ce mandat, ce
oui du Québec, il devrait y avoir une réponse de
négociation, au moins de discussion, du Canada anglais, s'il vient
clairement et fermement.
Je dis simplement ceci: Si c'est oui j'en suis
profondément convaincu il ne faut pas sous-estimer l'importance
d'une consultation comme celle-là, politiquement et moralement,
ça a un poids énorme, surtout avec tout le suspense qui
l'entoure. À ce moment, on verra la suite. Si c'était non, ce que
je ne crois pas, une fois la campagne passée, à ce moment, il y
en a d'autres qui s'arrangeront avec le problème fort probablement,
quelque temps après. Je dis, même s'il a été mal
cité, que le chef de l'Opposition actuelle, quand il écrivait ou
qu'on lui prêtait des propos disant que, s'il y avait un non au
référendum, on retournerait à l'immobilisme traditionnel
je parle en phrases à peine je crois qu'il avait
profondément raison. S'il n'a pas dit... c'est quand même
vrai...
M. Ryan: Ce n'est pas ce que j'ai dit; je regrette infiniment, on
me cite de travers.
M. Biron: Justement, sur cette négociation ou cette
association, on sait qu'en Europe, à l'heure actuelle, on se
prépare à un vote sur le Parlement européen. Est-ce que le
bureau du premier ministre, à travers ses délégués
aux Affaires internationales, suit l'évolution de ce vote dans les
différents pays d'Europe où ça se passe, et est-ce qu'on
essaie de l'analyser en fonction d'une association économique, dans le
fond, qui est là-bas, mais qui pourrait éventuellement amener
quelque chose comme ça ici?
M. Lévesque (Taillon): On ne suit pas ça à
la trace comme s'il s'agissait de nos élections, mais, quand même,
on suit. Tout homme éclairé, toute personne
éclairée doit suivre ça. Il s'agit quand même d'une
potentielle Europe, d'une potentielle grande puissance continentale avec
laquelle nos liens traditionnels, culturels et autres sont très
importants. Donc, on suit ça. C'est évident que ça a un
grand impact. Il ne faut pas oublier, tout de même, que le nouveau
Parlement européen est un peu ambigu, parce qu'il va y avoir, pour la
première fois, le suffrage universel pour élire des gens avec des
espèces de quota pour chaque pays. Mais des gens qui vont aller
siéger avec exactement les mêmes pouvoirs, c'est-à-dire
absence totale de pouvoirs normaux d'un Parlement, sans le droit de faire des
lois et de lever des impôts. Autrement dit, ils vont être
élus pour coordonner le travail qui est basé sur le traité
de Rome, c'est-à-dire sur la charte de l'Europe des neuf, bientôt
l'Europe des dix, avec la Grèce, et on ne voit pas très bien
comment cette élection d'un Parlement qui ne fonctionnera pas comme un
Parlement classique va pouvoir se greffer. Mais enfin, attendons, c'est le 10
juin, sauf erreur, qu'il va être élu et, dans les semaines qui
suivront, on verra comment ça va évoluer.
J'avoue que ce sera étrange comme évolution, c'est tout ce
que je peux dire.
M. Biron: Moi aussi, je trouve ça assez étrange,
parce que...
M. Lévesque (Taillon): Non, parce qu'en même temps
je fais remarquer au député de Bonaventure qu'il faut
suivre les affaires, il ne faut pas toujours parler à travers son
chapeau il y a, au contraire, l'établissement et la consolidation
d'une structure cofédérale, au sens classique du mot,
c'est-à-dire les souverainetés qui s'assoyaient ensemble, et qui
est au niveau des chefs de gouvernement, qui a été mis en place
depuis deux ans. Que ce soient M. Schmidt, M. Giscard d'Estaing, M. Callaghan
maintenant, ce sera Mme Thatcher et les autres, qui comptent le
premier ministre de l'Italie, etc., ils ont pris maintenant l'habitude de ce
forum des souverainetés, c'est-à-dire, l'Europe des patries de de
Gaulle, qui est décisionnel. Quand les chefs de gouvernement se
réunissent périodiquement, maintenant, le Conseil des ministres,
les chefs de gouvernement eux, ont la décision, et le Parlement, lui,
représentera des ailes de tous les partis européens qui
communiquent entre elles, mais qui, sans avoir siégé, sans le
droit de faire des lois, sans le droit de lever des impôts, autrement
dit, sans les droits les plus fondamentaux...
M. Levesque (Bonaventure): J'ai parlé de
l'évolution...
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais c'est ça qu'on ne
sait pas.
M. Levesque (Bonaventure): ... vers...
M. Lévesque (Taillon): II y a évolution vers les
deux, on ne sait pas exactement où ça va.
M. Biron: Cela me fait penser un peu, dans le fond, à un
genre de Parlement Québec-Canada avec l'association proposée, qui
n'aura pas beaucoup de pouvoir de faire des lois, ni de lever des impôts.
Si j'écoute le premier ministre, ce sera peut-être un peu ce qui
arrivera là-bas. Ma question...
M. Lévesque (Taillon): C'est évident, ce serait un
énorme soulagement à notre point de vue.
M. Biron: J'ai aussi une autre question là-dessus pour le
premier ministre, toujours dans la même optique. C'est sur la
coopération ou l'association avec les autres provinces canadiennes. Le
premier ministre sait très bien qu'il y a environ un an et demi ou deux
ans, il a proposé lui-même, à St. Andrews au
Nouveau-Brunswick, une entente de réciprocité sur la langue,
l'éducation à l'école française ou à
l'école anglaise selon les différentes provinces. Comment le
premier ministre peut-il prévoir négocier une association
économique lorsqu'une entente aussi simple, aussi facile à
accepter que l'offre de réciprocité a été
refusée par les autres provinces canadiennes? J'ai questionné le
ministre des Affaires intergouvernementales là-dessus et il me disait:
"On continue quand même nos négociations". Je l'ai
questionné la semaine dernière, je crois. Il me semble que
l'essentiel, la base même de toute entente, c'est de donner une chance
aux francophones qui s'en vont à l'extérieur du Québec
d'être éduqués en français, comme aux anglophones de
l'extérieur du Québec d'être éduqués en
anglais ici. Il me semble que ce serait facile d'accepter, alors que les
premiers ministres des autres provinces refusent cette entente de
réciprocité.
Le premier ministre ne pense-t-il pas que, lorsqu'on arrivera à
négocier l'économie, ce sera encore plus difficile?
M. Lévesque (Taillon): Je pense que c'est exactement
l'inverse, pour la bonne et simple raison qu'il ne faut pas oublier une chose.
À partir du CPR qui est allé chercher la Colombie-Britannique
entre autres, le Canada s'est bâti, parce que c'était un lien qui
a été littéralement forcé sur la nature, cette
espèce de long ruban canadien juste au Nord des États-Unis. C'est
un lien qui a été bâti à même des instruments
de développement économique. Cela est enraciné, ce n'est
pas pour rien que, par exemple, en pleine campagne électorale
fédérale, dans le climat de Toronto, un des hommes d'affaires les
plus éminents de l'Ontario, tout à coup et Dieu sait qu'on
ne s'était pas parlé avant dit: "C'est évident, le
bon sens le dit, si les Québécois votent oui à leur
référendum et exigent un nouveau statut, il va falloir se parler
parce que l'économie a besoin de ce lien-là".
Par ailleurs, quand on parle des questions linguistiques, surtout dans
le contexte extraordi- nairement hargneux qui s'était
développé à ce point de vue-là depuis quelques
années, qui ne s'est pas complètement atténué, les
fous qui, au Canada, chantaient en français à Toronto et certains
incidents qui ont pu se produire au Québec, les deux solitudes de ce
côté-là, il y a une espèce d'affrontement qui s'est
développé et cela a été entretenu par toutes sortes
d'effervescences politiques, des élections provinciales, des
conférences fédérales-provinciales. Il est évident
que, de ce côté-là, on touche ce que les Anglais appellent
le "got issue", quelque chose qui va... On sait que c'est fondamental dans la
structure psychologique des gens, des questions de langue, d'éducation,
etc., cela l'a toujours été depuis le temps des écoles du
Nord-Ouest et le règlement 17 en Ontario, ce n'est pas d'hier.
C'est normal qu'on se cogne sur quelque chose de plus résistant
là-dessus que dans le domaine économique, mais ça
n'empêche pas de signer des accords deux la semaine
dernière avec l'Ontario, par exemple, quand il s'agit de boggies
pour de futurs véhicules de transport en commun et des choses comme
ça.
M. Levesque (Bonaventure): II y a un an que vous êtes sur
le règlement. Simplement dans le domaine de la construction, ce n'est
pas réglé encore.
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais...
M. Levesque (Bonaventure): Voyons donc, c'est un aspect...
M. Lévesque (Taillon): ... c'est parfaitement normal dans
le contexte actuel, ce qui ne veut pas dire que c'est normal que ça
s'éternise à n'en plus finir. Mais c'est assez complexe puisqu'on
a ici une structure à laquelle on doit se rapporter en fonction du
règlement, l'Office de la construction du Québec, tandis qu'en
Ontario, les gens n'ont rien d'équivalent. Dieu sait que ce n'est pas
facile d'ajuster des positions qui font que, là-bas, tout se
règle localement tandis qu'ici... Cela découle, comme on le sait,
du rapport Cliche et de bien d'autres exigences, avec les difficultés de
parcours que ça crée, mais c'était la jungle et
tranquillement, dans cette jungle, on essaie de mettre un ordre qui permette
aux honnêtes véritables travailleurs de la construction d'avoir le
plus d'emplois possible et d'arrêter un peu l'espèce de
"fly-by-night" de ceux qui entrent et qui sortent à tout bout de champ.
Cela se fait tranquillement et il y a des problèmes, et l'Ontario n'a
pas du tout le même système. Alors, c'est sûr qu'il y a des
problèmes, on les a dans le système actuel et on les aurait dans
n'importe quel système.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Verchères.
M. Biron: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Une dernière
question?
M. Biron: Sur les ententes de réciprocité. Est-ce
que le premier ministre ne croit pas qu'on...
M. Lévesque (Taillon): Si le chef de l'Union Nationale me
le permet, je n'ai pas à décider pour la commission, mais l'ordre
du jour avait été fixé de façon que M. Laurin
puisse, autour de midi, commencer à son tour. Comme on a commencé
en retard, si on veut continuer...
M. Biron: Une question très brève, ma
dernière. Sur les ententes de réciprocité, est-ce que le
premier ministre ne croit pas qu'on devrait faire un effort précis
à ce temps-ci, vis-à-vis de ces ententes de
réciprocité sur la question de la langue d'éducation qui
me semble essentielle, facile, dans un climat normal, à accepter de part
et d'autre, parce que c'est le gros bon sens.
M. Lévesque (Taillon): C'est moi qui dois présider
la réunion des premiers ministres cette année au Québec,
puisque c'est le 20e anniversaire, à tous les dix ans, elle revient. Je
n'ai pas de pouvoir discrétionnaire pour établir l'ordre du jour,
mais cette occasion me donne quand même le droit de suggérer plus
que les autres années, j'ai nettement l'intention, après
consultation avec mes collègues des autres provinces, s'il y a le
moindre consensus, non pas nécessairement pour s'entendre
là-dessus, mais au moins pour en rediscuter et, de toute façon,
trouver un moyen d'inclure ce sujet à l'ordre du jour de la
conférence qui doit avoir lieu au mois d'août.
Je crois que ça peut avoir mûri dans certains esprits. Il
ne faut pas oublier que le commissaire aux langues, qui est M. Yalden, avait
dit: Que ce soit bilatéral ou multilatéral, je pense qu'il
préférait que ce soit multilatéral, c'était une
idée qui avait du sens, que cette idée de
réciprocité. Peut-être que l'idée fait son chemin,
en tout cas, on verra.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je ne serai pas
très long, mais c'est quelquefois difficile d'entendre certains propos
sans au moins faire des remarques. La première remarque qui me vient
à l'esprit, c'est sur une répartie du leader de l'Opposition
officielle, député de Bonaventure, comme quoi l'Europe se dirige
vers le fédéralisme. Il faudrait peut-être que le
député de Bonaventure se rappelle la déclaration du
président de la France, l'année dernière, qui disait
clairement: On n'acceptera jamais un régime fédéral en
Europe, mais un régime confédéral. C'est ce vers quoi on
se dirige. Je pense que c'est important de clarifier les mots. Ce n'est pas
pour rien que la commission Pépin-Robarts a pris la peine de faire un
dictionnaire des définitions pour que les gens sachent de quoi ils
parlent.
En Europe, on ne se dirige pas vers du fédéralisme, il n'y
a pas un pays des neuf membres de la Communauté économique
européenne qui va accepter d'abdiquer sa souveraineté
actuellement et dans le futur, au profit d'un Parlement européen qui
aurait la souveraineté totale. On a un bon exemple de ce qui s'est
passé, il y a quelque temps, la Communauté économique
européenne devait signer un accord de pêche avec le Canada. Or, la
Grande-Bretagne a dit: Non, l'accord de pêche ne nous intéresse
pas pour le moment, parce qu'il ne correspond pas à nos
intérêts. Si cela avait été un régime
fédéral en Europe, les Anglais qui sont minoritaires à
l'intérieur des neuf se seraient fait imposer la décision par un
Parlement fédéral.
M. Lévesque (Taillon): C'est Roméo LeBlanc qui
aurait décidé.
M. Charbonneau: Ce qui est arrivé, c'est qu'il y avait un
droit de veto, parce que dans un régime de
souveraineté-association, il y en a une douzaine dans le monde qui
fonctionnent, les États membres ont des droits de veto, la
possibilité de dire non quand leurs intérêts sont en jeu.
C'est ce qu'a fait la Grande-Bretagne et, la communauté est
obligée de repenser l'accord qu'elle était sur le point de signer
avec le Canada.
Une autre chose, le chef de l'Union Nationale disait que les
Québécois sont nationalistes, mais à la fois veulent
conserver un lien fédéral. Je ferai une correction. Les
Québécois veulent être maîtres chez eux
viscéralement, mais en même temps, ils veulent conserver des liens
qui leur permettent de garder le niveau de bien-être qu'ils ont
actuellement. Les liens ne sont pas nécessairement
fédéraux, des liens oui, mais il y a différentes sortes de
liens. Je pense que c'est dangereux d'extrapoler sur le type de liens que les
Québécois veulent, comme c'est dangereux d'extrapoler comme l'a
fait le chef de l'Opposition la semaine dernière sur les
élections fédérales en disant: Les Québécois
ont voté pour un lien fédéral.
Non, ils ont voté pour un certain nombre de raisons, comme je
l'ai dit dans un discours que j'ai eu l'occasion de faire, mais ils ont
voté aussi pour un lien. Un lien, ce n'est pas nécessairement un
lien fédéral. Il y en a un, lien en Europe, et c'est un lien
confédéral, un lien d'association d'États souverains.
C'est la définition dans le dictionnaire, c'est la définition de
la commission Pépin-Robarts.
En terminant, je voudrais indiquer une troisième chose, à
la suite de ce que le premier ministre a dit, on l'a surtout questionné
pour lui faire préciser l'objectif, mais il y a une différence
entre un objetif et une démarche. Ce que propose actuellement
l'exécutif du Parti québécois dans le document
"D'égal à égal", ce n'est pas de changer l'objectif, mais
c'est de changer la démarche. L'objectif étant une association
d'États souverains, il y a différentes façons d'y arriver.
On peut y arriver en deux étapes, en faisant d'abord la
souveraineté et, après l'association, la méthode
traditionnelle, ou on peut y arriver en une étape. Il y a un cas unique,
qui est le cas du Québec et du Canada: ici, l'association existe. Il ne
s'agit pas de faire une brisure pour remariage après, il s'agit de
maintenir une union économique, mais de changer la façon
dont les décisions sont prises dans l'union actuelle. (12 h 15)
Je pense que si le chef de l'Union Nationale prenait la peine de
regarder non seulement l'objectif, mais également la démarche qui
va devenir cohérente avec cet objectif, il va se rendre compte que,
finalement, ce n'est pas bien loin de ce que lui veut, et de ce que bien
d'autres Québécois, qui se disent actuellement
fédéralistes mais qui, dans le fond, veulent deux choses:
être maîtres chez eux et garder des liens qui leur maintiennent
finalement leur niveau de vie, c'est ce que les gens veulent.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Ryan: Je regrette de devoir répondre brièvement
au député de Verchères, parce que j'appréciais
beaucoup plus le travail de ce matin, quand il portait sur les crédits
du Conseil exécutif. J'ai bien apprécié les
réponses qu'on a reçues là-dessus. Je n'ai pas de plainte
à formuler. Au contraire, je pense que cela s'est fait dans un esprit
constructif et réaliste. Mais peut-être que c'est dans l'esprit de
cette institution, avec laquelle je suis moins familier que la plupart des
collègues ici, de faire dévier les discussions vers de grandes
conversations à caractère de propagande politique. Si c'est cela,
je vais faire ma part pour corriger une couple de points qui ont
été énoncés par le député de
Verchères.
D'abord, je comprends que le député de Verchères
aime se donner des allures larges, à parler au nom de bien du monde,
à parler souvent au nom des Québécois, par exemple. Mais
je voudrais l'inviter à ne pas parler trop vite au nom des neuf pays qui
font partie de la Communauté économique européenne et des
gouvernements qui dirigent chacun de ces pays.
Il a cité M. Giscard d'Estaing, le président de la France,
c'est très bien. Il aurait pu citer des propos du chancelier Schmidt, en
Allemagne, qui énonçait des pensées très
différentes. Il aurait pu citer des propos des premiers ministres, des
chefs de gouvernement d'Italie, qui ont tenu des propos très
différents. Il aurait pu citer des propos des chefs de gouvernement des
Pays-Bas, de la Belgique aussi, qui, à plusieurs reprises, ont tenu des
paroles très différentes de celles qu'il voudrait leur
imputer.
En fait, en Europe, nous allons vers une situation grise actuellement.
On a créé un Parlement que, par certains points de vue, est
bâtard, qui, par d'autres, jouit déjà de certains pouvoirs
inhérents à un Parlement. On ne sait pas ce qui va arriver. Le
moins qu'on puisse dire, si on voulait être honnête, c'est qu'il y
a en Europe des partisans de la thèse confédérale. Il y a
également des partisans très convaincus de la thèse
fédérale, et il y en a dans les gouvernements
également.
Prendre exemple d'une déclaration du président de la
France pour dire que cela résume tout le sentiment de l'Europe, il ne
faut pas être allé en Europe souvent pour dire cela. Je pense
qu'il ne faut pas fréquenter beaucoup la littérature
européenne non plus.
M. Charbonneau: Arrêtez donc d'imposer votre
suffisance.
M. Ryan: Moi-même, je n'y suis pas allé depuis un
bon nombre d'années. Je lis les journaux de là-bas et je sais ce
qui se passe. J'ai lu encore la semaine dernière, dans le Monde, un
article d'un professeur de faculté de droit, qui disait que
l'idée confédérale n'a jamais marché nulle part.
Elle marche pendant un petit bout de temps et elle s'écroule
après. Il aurait fallu le citer, il a paru dans le Monde la semaine
dernière. Non, c'est un gars d'une nouvelle
génération.
Je finis la parenthèse sur ceci, un deuxième point, et je
vais être très bref là-dessus. Le député de
Verchères dit: Les Québécois veulent être
maîtres chez eux. Ils veulent maintenir avec le Canada des liens qui vont
assurer la conservation de leur niveau de bien-être. Je prête plus
de largeur de vue, de générosité,
d'élévation que cela aux Québécois. Je pense qu'ils
veulent maintenir le lien fédéral canadien pour d'autres raisons
que des raisons strictement reliées au confort matériel. Je peux
au moins leur prêter cela. Nous autres, en tout cas, je peux vous assurer
d'une chose...
M. Lévesque (Taillon): J'espère que le chef de
Bonaventure vous entend.
M. Ryan: Je veux vous assurer d'une chose, M. le
Président, dans la présentation que nous faisons et que nous
ferons, qui est la position fédérale dans le débat
référendaire, nous élèverons le débat
à des considérations plus nobles que celles-là, sans
négliger celles-là.
Le Président (M. Jolivet): Nous en sommes rendus au moment
où nous devions être rendus tout à l'heure, à
l'article concernant le ministre d'État au développement
culturel.
M. Lévesque (Taillon): Est-ce que je peux présumer
que le lieutenant-gouverneur est sûr de son budget, que ses
crédits sont approuvés?
M. Ryan: Je ne sais pas. Si vous voulez avoir mon opinion, sur
les deux programmes que nous avons étudiés ce matin, je ne ferai
pas de difficultés. Je ne sais pas si je suis hétérodoxe
en disant cela, mais j'ai eu les explications que je voulais.
Le Président (M. Jolivet): Programme 1, adopté. On
pourrait l'adopter. Nous avons passé par-dessus le programme 2. Le
programme 3. Oui.
M. Biron: M. le Président, sur le programme 3, est-ce que
les ministres d'État sont compris dans le programme 3?
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Biron: Avant d'adopter le programme, je pense qu'on devrait
questionner tous les ministres d'État et on l'adoptera à la fin.
Je remercie le premier ministre de ses réponses, je pense que j'ai eu
les réponses que j'attendais.
M. Lévesque (Taillon): Ils sont inclus uniquement au
niveau de leur personnel et non pas des programmes...
M. Biron: C'est pour cela qu'il faudrait...
M. Lévesque (Taillon): Leur personnel est dans le
programme 3, leur personnel politique.
M. Biron: ... je pense, les questionner et, à la toute
fin, accepter le programme.
M. Charron: Gardez cela pour ce soir.
M. Lévesque (Taillon): ... les fonctionnaires...
M. Charron: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon, vous avez une...
M. Rivest: Le bureau du Conseil exécutif de Louis Bernard,
c'est à quel programme?
M. Lévesque (Taillon): Le secrétariat
général, cela fait partie du programme 2.
M. Biron: Ah! c'est le programme 2. On a passé
par-dessus.
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais... C'est le programme
3.
M. Biron: II n'y a rien de... On peut...
M. Lévesque (Taillon): Non, programme 3,
élément 2.
M. Biron: Elément 2, d'accord.
M. Lévesque (Taillon): C'est-à-dire celui...
Une voix: A-t-on fait l'élément 1?
Une voix: Oui, c'est cela.
Une voix: Oui.
Secrétariat général et greffe du
Conseil exécutif
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, pour le moment, je pense que, sur le programme 3, nous allons continuer
notre travail. On l'adoptera...
M. Rivest: Tout ce que je voulais dire, à moins que M.
Ryan ait des choses à dire...
M. Charron: ... peut-être féliciter M....
M. Rivest: ... il n'y a rien de particulier au niveau du
personnel, cela roule, vous avez un excellent secrétaire
général.
M. Lévesque (Taillon): Cela va de soi. Pour ce qui est de
l'élément 2, cela tient sur petite feuille, ce que j'avais comme
élément. Il y a eu 35 additions. Dans les 60 postes qui avaient
été prévus l'an dernier, il y a 35 postes additionnels qui
étaient pour renforcer, enfin mettre au niveau de ce qu'on pourrait
appeler le rythme de croisière, le secrétariat, les
fonctionnaires, autrement dit, qui soutiennent les ministres d'État.
Cela peut vous intéresser de savoir que les ministres d'État
je l'ai dit tout à l'heure au niveau politique, en tout et
pour tout, ont dans l'ensemble de leur cabinet c'est à
l'élément 1, cela, c'est inclus dans le personnel politique
35 personnes. Du côté des fonctionnaires, cela fait une
moyenne d'à peu près une dizaine de fonctionnaires, y compris le
secrétaire général adjoint, qui est leur sous-ministre, et
sept membres du personnel politique comme moyenne, à peu près 17
personnes, plus ou moins 17 personnes chacun, auxquelles s'ajoutent vous
trouverez cela dans les services un certain nombre constant de
contractuels ou d'occasionnels, parce que, pour des dossiers spéciaux,
avec un personnel aussi microscopique et qu'on a voulu garder léger, il
faut tout de même faire appel à des compétences
extérieures chaque fois qu'il y a des dossiers ad hoc.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le secrétariat
général s'implique dans des questions d'ordre politique?
M. Lévesque (Taillon): Je pense qu'il est bien
connu...
M. Levesque (Bonaventure): ... remarque faite par le
secrétaire général.
M. Lévesque (Taillon): Je pense qu'il est bien connu que
le secrétaire général n'a jamais caché ses
couleurs. Cela a toujours été vrai que les secrétaires
généraux étaient un peu colorés politiquement
depuis un bon nombre d'années, mais, pour la première fois, il y
en a un qui ne se cache pas pour le dire. Donc, cela nous permet de parler
à l'occasion de politique, mais le secrétariat
général n'a rien à voir avec les questions politiques.
M. Levesque (Bonaventure): À propos du comité de
législation dont il a été question l'an dernier, est-ce
que le premier ministre pourrait me dire s'il a réussi sa
réorganisation?
M. Lévesque (Taillon): Non, c'est-à-dire qu'elle
est en marche, mais ce n'est pas facile. Cela nous rappelle le temps de M.
Pigeon quand il y
avait un seul homme pour faire toute la législation, ou à
peu près. On n'était pas tellement mieux équipé en
1976, je dois l'avouer. On a encore M. Jules Brière comme légiste
en chef du comité de législation, juristeconsulte. On
espère le garder le temps qu'il va falloir, parce que l'équipe se
forme. On a recruté, par exemple, un légiste remarquablement
compétent au fédéral, il y a quelque temps. Il y a des
"juniors" qui se sont ajoutés. En même temps, le ministère
de la Justice continue à bâtir son équipe de
légistes. Vous savez qu'il est quand même au service de tous les
ministères qui en ont besoin. On n'est pas rendu au point où on
pourrait dire: On a un service permanent qui nous permet d'éviter
d'engager des contractuels, en particulier un homme de la taille de M.
Brière, ce n'est pas possible.
Le Président (M. Jolivet): M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Seulement une question très courte; au niveau
des affaires amérindiennes et inuit, on a $17 millions, c'est l'entente
de la baie James. Il n'y a pas d'autre chose de nouveau là-dessus, c'est
l'administration et le personnel.
M. Lévesque (Taillon): Le personnel, comme vous voyez, a
à peine augmenté pour acquérir à peu près sa
taille normale. Je pense que l'année ou les deux ans qui viennent, il y
a les $15 millions qui sont prévus comme versement annuel et dans les
transferts, comme vous voyez, l'essentiel, à part certaines subventions
nécessaires en cours de route dans le Grand-Nord, ce sont des paiements
sur une autre partie de l'entente qui se font au 1er janvier de chaque
année. Il y en a eu un au premier janvier 1979. C'est rendu à $1
600 000 ou $1 700 000 au 1er janvier 1980, ce qui est prévu à la
catégorie transfert de SAGMAI.
M. Biron: Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas de grands
programmes nouveaux; l'an dernier, on avait $27 millions. C'est diminué
cette année à $18 millions à cause des paiements, des
ententes qu'on avait déjà prises. Il n'y a rien de nouveau cette
année?
M. Lévesque (Taillon): Non, parce que les $27 millions,
c'était essentiellement un gonflement par un budget
supplémentaire d'environ $7 millions qui, là encore, impliquait
des paiements pour la mise en marche des échéanciers
prévus dans les ententes. Il y a deux ententes fondamentales et il faut
les alimenter.
Le Président (M. Jolivet): Nous revenons au programme du
ministre d'État au développement culturel.
M. Lévesque (Taillon): II ne reste pas grand temps.
Le Président (M. Jolivet): Maintenant, on avait
normalement prévu, selon les règlements, terminer à midi
trente.
Une voix: Bien oui!
Le Président (M. Jolivet): Je pense qu'on pourrait
déjà avoir le consentement pour continuer un peu plus loin.
M. Lalonde: Jusqu'à 12 h 35, 12 h 40, oui, n'importe
quand.
Le Président (M. Jolivet): Jusqu'à 13 heures.
M. Lalonde: 13 heures, par exception, oui, forcément.
Le Président (M. Jolivet): Par exception. Donc, nous
reprendrons la demi-heure du début qui a été
manquée?
M. le ministre?
M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, je voudrais limiter...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Vous pourrez discuter ça à l'extérieur.
M. le ministre.
M. Laurin: Je n'aurai pas le temps, dans les trois minutes qu'il
me reste, d'aborder à fond les activités du...
Le Président (M. Jolivet): Nous allons jusqu'à 13
heures, M. le ministre.
Ministère d'État au développement
culturel
M. Laurin: Ah, jusqu'à 13 heures, parfait! Cela me
rassure.
Évidemment, le ministère d'État au
développement culturel a déposé, au mois de juin dernier,
une politique de développement culturel qui était assez large,
qui comportait aussi bien une discussion sur le fond, les principes, les
orientations de la politique de développement culturel que sur les
activités, les programmes, les mesures impliquant les divers secteurs du
développement culturel, c'est-à-dire le ministère de
l'Éducation, le ministère des Affaires culturelles, le
ministère des Communications et le Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports.
Si vous vous rappelez bien, M. le Président, dans le dernier
chapitre de cette politique du développement culturel, il y avait un
programme de deux ans de relance qui paraissait s'imposer d'une façon
plus immédiate et le gouvernement s'engageait, dans cette politique de
développement culturel, à réaliser, dans un délai
de deux ans, les principaux éléments de ce programme de
relance.
Au cours de l'année, c'est principalement à ces
engagements que nous nous sommes attachés et je suis heureux et fier,
aujourd'hui, après un an, de rapporter progrès sur la très
grande partie des éléments qui figuraient à ce programme
de relance pour les deux prochaines années.
Pour citer en vrac les mesures qui sont soit réalisées,
soit déjà en cours, par exemple, nous avons publié un
livre vert sur la politique de recherche scientifique, qui a été
déposé le 8 mars de cette année. Cet énoncé
hypothétique de politique en matière de recherche scientifique
est actuellement l'objet d'une consultation dans tous les milieux, fera l'objet
d'une consultation plus formelle, à la lumière des
mémoires qui nous seront présentés d'ici le 30 juin,
présentation plus formelle qui se poursuivra à partir de
l'automne dans les divers milieux intéressés, ceux de la
recherche universitaire, ceux de la recherche gouvernementale, ceux de la
recherche industrielle. Il fera aussi l'objet de colloques sectoriels où
les principaux intéressés pourront dialoguer avec le
gouvernement, afin que nous puissions en arriver à
l'établissement d'une politique de recherche scientifique dans les plus
brefs délais possibles, par exemple et je le souhaite au
début de 1980.
Dans d'autres domaines, également, nous avons
complété la rédaction des différents livres verts
et blancs sur les réformes qui nous paraissent s'imposer dans le domaine
de l'éducation. Par exemple, nous avons fait paraître
l'énoncé de politique sur l'école
québécoise, qui touche l'enseignement primaire et secondaire.
Nous avons fait paraître le livre blanc qui est l'énoncé de
politique final également en matière d'enseignement
collégial et ces divers livres blancs ou énoncés de
politique ou plans d'action se retrouvent dans des mesures ou
réglementations déjà effectuées par le
ministère et se retrouveront aussi, pour une partie d'entre eux, dans
les projets de loi qui feront bientôt l'attention de l'Assemblée
nationale.
Je dois dire que dans ce domaine de l'éducation, nous avons
travaillé ferme et très bientôt la population
québécoise pourra profiter de l'effort de réflexion qui a
été poussé...
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président, on ne s'entend
pas, j'aimerais entendre les propos...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M.
Shaw: Not a word came from...
Une voix: La langue française... (12 h 30)
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, vous pouvez
continuer.
M. Laurin: ... le plus loin que l'on pouvait, avec la
concertation et la collaboration de tous les éléments du milieu
les plus intéressés. C'est une réforme dont nous sommes
très fiers et nous sommes sûrs qu'elle redressera ce qui devait
être redressé et approfondira ce qui devait être approfondi
et qui procurera, j'en suis sûr, dans nos diverses écoles
publiques, un enseignement de qualité.
Dans le domaine des Affaires culturelles, il y avait beaucoup de
réformes annoncées dans la politique de développement
culturel du gouvernement. Nous avons travaillé surtout, au cours de
l'année qui vient de se terminer, à la mise en place de la
Société de développement des industries culturelles, qui,
comme on le sait, avait pour but d'aider nos entreprises industrielles
culturelles qui ont eu beaucoup de difficultés à s'établir
dans le passé, en raison de tous les facteurs que nous avons
soulignés: exiguïté du marché; apparition
récente de ces entreprises sur le marché; compétition
difficile avec les entreprises déjà installées et qui sont
souvent étrangères, soit américaines, soit
françaises. Il nous paraissait important d'effectuer dans ce domaine les
réformes qui s'imposaient pour être bien sûrs que nous ne
nous avancions pas d'une façon inconsidérée. Là
aussi, nous avons soumis nos projets à l'attention du milieu lors du
sommet sur les industries culturelles qui a eu lieu en décembre 1978, un
sommet qui a réuni tous les intéressés des divers domaines
des industries culturelles durant trois jours; intéressés qui se
situaient aussi bien dans le domaine de l'édition que dans le domaine du
disque, de l'industrie du spectacle, de l'artisanat. C'est avec les
recommandations que ces partenaires nous ont faites que nous avons
procédé à la révision de notre projet de loi sur la
Société de développement des industries culturelles et que
nous avons réussi à piloter cette loi qui a été
adoptée finalement par l'Assemblée nationale.
Par la suite, nous avons mis sur pied cette Société de
développement des industries culturelles, nous en avons nommé
récemment les membres du conseil d'administration et il me fait plaisir
de dire que cette société est maintenant établie, qu'elle
a commencé en partie ses opérations et que je pense bien que le
poids de son influence et de son action se fera sentir déjà au
cours de l'année qui vient.
Nous avons aussi, dans ce domaine, apporté une grande attention
à une politique de la lecture, qui comprend plusieurs volets, qui
comprend aussi bien une aide à la création littéraire
qu'une aide au plan de développement des bibliothèques publiques,
qu'une collaboration avec le ministère de l'Éducation pour
insuffler le goût de la lecture aux étudiants de tout niveau et
pour leur donner les outils, les instruments dont notre population
étudiante a besoin pour augmenter son intérêt et son
utilisation de cet outil essentiel que constitue le livre.
Mais nous avons également étudié tous les autres
problèmes que pose l'industrie ou la politique du livre, qu'il s'agisse
de l'édition, qu'il s'agisse de la distribution, qu'il s'agisse des
librairies également. Il me fait plaisir d'informer cette commission
que, dès ce matin, nous avons mis la dernière main à la
politique du livre et de la lecture, que ce projet de loi et les projets de
règlements également seront soumis, dans les semaines qui
viennent, au Conseil des ministres. Nous avons bon espoir de déposer
cette loi sur l'industrie du livre et l'agrément de certaines
entreprises ayant trait à cette industrie avant la fin de la
présente session. Nous avons aussi beau-
coup travaillé, comme nous l'avions dit dans le programme de
relance, à une politique archivis-tique québécoise
où, malgré tous les progrès que nous avons pu faire au
cours des récentes années, il y a encore un effort de
concertation à faire, un effort d'approfondissement.
Nous avons tenté de rassembler tous les règlements et
mesures ad hoc qui ont pu être adoptés au cours des années
pour en faire une sorte de corpus, pour en faire une sorte de loi unique
réunissant tous les éléments s'intéressant à
toutes les facettes du problème. Cette loi des archives a
été étudiée au comité ministériel
permanent du développement culturel durant de très nombreuses
semaines. Il me fait aussi plaisir d'informer qu'elle a également fait
l'unanimité des membres de ce comité et qu'elle sera
présentée incessamment au Conseil des ministres, d'ici quelques
semaines. Là aussi, nous espérons pouvoir déposer cette
loi, avec ses règlements, avant que ne se termine la présente
session de la Législature.
Ce sont là deux très gros morceaux que nous avions
hâte de compléter et de soumettre à l'attention de la
population. Nous avons également accordé beaucoup d'attention au
programme de relance de l'art lyrique ainsi qu'à la relance des
activités de l'Opéra du Québec. Là aussi, nous
avons consulté abondamment le milieu, nous avons eu des rencontres, des
entrevues avec tous les milieux intéressés. Dans ses grandes
lignes, on peut dire que ce projet de relance de l'art lyrique et de
l'opéra a été accepté par le Conseil permanent du
développement culturel.
Une dernière étape reste à franchir avec la
consultation du mouvement d'art lyrique qui aura lieu au début de juin
et si tout se déroule comme nous l'espérons, là aussi nous
espérons présenter au Conseil des ministres, d'ici deux ou trois
semaines, le projet définitif de relance de l'art lyrique et de
l'opéra et nous espérons que dès cette année, au
cours de l'été, nous pourrons mettre sur pied ce programme d'une
façon définitive, à la grande satisfaction, je
l'espère bien, de tous les milieux intéressés.
Nous avons également poursuivi notre étude de la politique
patrimoniale du Québec, la Loi des biens culturels ayant
été adoptée au mois de novembre, le ministre des Affaires
culturelles a rencontré systématiquement tous les maires de
grandes villes ou de centres semi-urbains qui ont bien voulu se
prévaloir des dispositions de la loi et déjà le ministre a
pu signer, avec cinq ou six municipalités, des accords, des ententes
extrêmement intéressants et importants qui assureront dans ces
villes et centres semi-urbains ou ruraux, la préservation
d'éléments précieux et importants de notre patrimoine.
Nous attendons très prochainement, de la part de ministre des
Affaires culturelles, un plan de continuation des travaux qui se font à
la Place Royale selon une nouvelle optique qui a résulté du
colloque qu'a tenu à ce sujet le ministre des Affaires culturelles et
qui s'inspire aussi d'expé- riences patrimoniales très
intéressantes entreprises par d'autres pays et nous espérons bien
que ce projet de relance des travaux de la Place Royale pourra s'effectuer au
cours des mois qui viennent.
Nous avons également poussé d'une façon intense
l'étude de conception et d'implantation des divers musées dont
faisait état notre plan de relance du développement culturel.
Nous avons mis sur pied des équipes de travail aussi bien au
ministère d'État au développement culturel qu'au sein du
ministère des Affaires culturelles. Nous pouvons rapporter
progrès en ce sens. Plusieurs expériences canadiennes,
américaines, européennes ont été
étudiées dans la conception que traçait le livre blanc du
développement culturel d'un musée qui serait avant tout
pédagogique, un écomusée qui se donnerait comme but
d'intéresser les populations de toutes les régions du
Québec et aussi, bien sûr, la population étudiante, afin
qu'il puisse relier le passé au présent et le présent
à l'avenir, encore une fois dans une optique pédagogique de
stimulation de la curiosité et de prise en charge des
réalités de l'environnement.
Ces études sont en cours actuellement. D'une part, elles nous
aideront à apporter la dernière touche au plan de
réfection du Musée de Québec et nous espérons
pouvoir entrer en appel d'offres à cet égard dès le mois
de septembre. Nous espérons pouvoir régler le problème de
la relocalisation du Musée d'art contemporain et, surtout, nous
entendons procéder le plus rapidement possible encore une fois à
l'élaboration des projets, des concepts pour les trois musées
dont nous avions parlé, le Musée de science et de technologie, le
Musée d'art et de traditions populaires et le Musée des sciences
naturelles.
Le travail se poursuit avec intensité dans ces divers
domaines.
Je viens de résumer à grands traits, M. le
Président, les divers travaux qui s'effectuent au ministère des
Affaires culturelles dans la foulée de la politique du
développement culturel. J'aurais pu faire état d'autres
programmes qui sont également en cours, particulièrement en ce
qui concerne l'aide à la création, mais je pense que le ministre
en a amplement parlé lors de la défense de ses
crédits.
Au ministère des Communications, les grands travaux en cours
ont...
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président, je vais
simplement... Je m'excuse d'interrompre le ministre. Cela fait
déjà quinze minutes qu'il a la parole. Je suis prêt
à l'entendre longtemps, vous savez.
M. Laurin: C'est parce qu'on fait tellement de choses.
M. Lalonde: Ma patience a déjà été
exercée en d'autres temps. Est-ce que, M. le Président, vous
pouvez m'informer si on a seulement jusqu'à 13 heures pour
étudier les crédits du programme 8?
Le Président (M. Jolivet): Je ne connais pas l'horaire qui
a été, semble-t-il, déterminé, mais je pense
qu'on...
M. Lalonde: Je vais poser ma question au ministre à ce
moment-là.
M. Laurin: Je crois qu'il a été prévu que
nous aurons encore une heure après la période des questions.
M. Lalonde: Ah bon! très bien. Merci.
M. Rivest: Le ministre pourra nous en parler davantage.
M. Lalonde: Oui.
M. Laurin: Dans le domaine des communications, le grand effort
que nous avons fait a porté surtout sur le domaine du cinéma.
Comme tout le monde le sait, la loi qui a été adoptée en
1975 était loin de donner satisfaction à la population et
particulièrement aux milieux intéressés.
Depuis un an, nous n'avons pas cessé de regarder à nouveau
cette politique. Nous avons abondamment consulté, lors d'une
première tournée effectuée avant la présentation du
livre blanc sur le développement culturel, et nous avons continué
cette consultation lors du sommet sur les industries culturelles. À la
suite du sommet, conformément aux voeux qui avaient été
émis à cette occasion, le ministre a entrepris lui-même,
cette fois, une tournée de consultations qui lui a fait rencontrer tous
les producteurs, tous les distributeurs, tous les exploitants. Cette
tournée est à la veille de se terminer et nous avons bon espoir
de présenter une loi qui tiendra compte de tous les aspects et
éléments qui nous ont été signalés lors de
la session d'automne. Nous avons aussi visé à étendre
l'aire d'action des services de Communication-Québec, afin que les
services très précieux que rendent actuellement les divers
bureaux de Communication-Québec puissent être étendus
à toutes les régions et même à toutes les
sous-régions du Québec, de même qu'à tous les
groupes ethniques également. Ici, je pense particulièrement
à Montréal. Ce travail d'information apparaît d'autant plus
nécessaire que la production de lois, de règlements ne cesse de
s'accélérer au fur et à mesure que notre
société se modernise et au fur et à mesure que les besoins
des citoyens se répercutent facilement et rapidement auprès des
diverses instances gouvernementales. Il nous a donc paru nécessaire
d'étendre l'aire de ces bureaux de Communication-Québec afin
d'augmenter l'information qui peut être donnée aux citoyens et
aussi afin d'en améliorer la qualité et aussi afin d'en
évaluer l'action par la mise au point de mécanismes de
rétroaction. (12 h 45)
Nous avons poussé également intensément
l'étude des media communautaires, autre engagement que nous avions pris
dans la politique de développement culturel. Beaucoup de rencontres ont
été tenues dans les diverses régions avec les
représentants de ces media communautaires, qui peuvent être aussi
bien écrits qu'électroniques et qui témoignent d'un
dynamisme et d'une vitalité de plus en plus marqués.
Nous avons recueilli leurs représentations, leurs commentaires,
parfois leurs doléances et je pense que nous serons en mesure
d'annoncer, d'ici quelques mois, une politique d'aide aux media communautaires
qui ira dans le sens des besoins, justement, de la communauté
québécoise en général et des communautés
régionales en particulier.
Évidemment, je ne dois pas oublier également les autres
mesures à plus long terme qui apparaissent aux divers chapitres du livre
blanc sur le développement culturel. Je pense, par exemple, à
l'action qui doit être menée, sur le plan culturel, dans le
secteur du tourisme, dans le secteur de l'habitation, dans le secteur de
l'environnement, dans le secteur de" la santé, dans le secteur de
l'immigration. Tout au cours de l'année, nous avons maintenu nos
contacts, développé nos contacts avec ces divers
ministères et nous travaillons actuellement à
l'élaboration de pians plus proprement sectoriels, par exemple, je pense
à la lutte contre le tabagisme ou l'alcoolisme en ce qui concerne le
ministère de la santé, ou encore à une étude que
nous sommes en train de mener avec ces gens sur la personnalisation des soins,
sur l'humanisation des soins et nous espérons que ce travail à
plus long terme va se poursuivre au cours des prochains mois et se traduira
finalement par la mise en place de mesures ou de programmes qui auront pour but
d'améliorer la qualité de la vie.
Nous avons aussi, conformément à l'engagement que nous
avions pris, fait énormément d'efforts pour améliorer la
cohésion sociale de notre société québécoise
en ce qui concerne le rapprochement, la compréhension des diverses
communautés culturelles qui la composent. Même si le Québec
est majoritairement francophone, il reste que le Québec comprend aussi
plusieurs communautés culturelles autres, surtout et d'abord la
communauté anglophone, qui a joué et continue de jouer un
rôle extrêmement important dans le développement du
Québec et qui a apporté une précieuse contribution au
progrès de cette société. Il y a aussi, bien sûr,
à côté de cette communauté culturelle, surtout
depuis une quarantaine d'années, d'autres communautés qui
comportent des effectifs également nombreux. Je pense à la
communauté grecque, à la communauté italienne, portugaise
et aux quelque 50 ou 60 autres qui s'y sont ajoutées. Nous
considérons que ces communautés qui ont les mêmes droits
que les autres, apportent une contribution très précieuse
à notre héritage commun et qu'il importe de se pencher davantage
qu'on ne l'a fait dans le passé, sur leurs besoins propres afin de les
aider non seulement à maintenir, mais également à
développer leur identité et à enrichir encore, s'il se
peut, leur apport à la société
québécoise.
Nous avions établi les principes de notre action dans le livre
blanc sur le développement
culturel. Il nous restait maintenant à traduire ces principes en
action. C'est la raison pour laquelle nous avons entrepris, depuis
déjà trois mois, une série de colloques qui nous
amèneront dans tous les coins du Québec où existent ces
communautés, par exemple, la région de Québec, la
région de l'Estrie, la région de l'Outaouais, la région de
la Gaspésie, la région de la Côte-Nord, et lors de ces
colloques, nous nous mettons à l'écoute de ces communautés
culturelles pour avoir d'abord leurs opinions, leurs doléances, leurs
désirs, leurs souhaits, et nous espérons, qu'à la suite de
ces nombreux colloques, on pourra dégager des recommandations qui nous
sont faites, des éléments communs qui nous permettront
d'élaborer une politique globale, visant, encore une fois, comme je le
disais tout à l'heure, le rapprochement de ces diverses composantes de
la société québécoise, une meilleure connaissance,
une meilleure compréhension et une plus grande amitié et une
harmonisation plus grande des efforts de tous pour les intérêts de
notre société commune.
Jusqu'ici, nous avons tenu deux de ces colloques, nous en tiendrons deux
au cours des prochaines semaines. Par exemple, dès la semaine prochaine,
je serai dans la région de Hull, au cours de la semaine suivante, je
serai dans la région de l'Estrie. Nous espérons qu'une fois
terminée, la ronde de ces colloques, c'est-à-dire vers la fin de
septembre ou d'octobre, nous aurons apporté une contribution à
l'harmonie, à la paix sociale, à la cohésion de notre
société, et surtout, que nous comblerons les carences que nous
aurons constatées, que nous redresserons certains biais, certains
préjugés que nous aurons pu observer et que nous aboutirons
à une meilleure concertation de tous les éléments de la
société québécoise pour le plus grand plaisir et la
satisfaction de ces groupes et aussi pour le plus grand progrès de notre
société.
Enfin, M. le Président, je n'oublie pas que je suis le ministre
responsable des divers organismes qui ont été créés
en vertu de la Charte de la langue française. Tout au long de cette
année, j'ai accordé une extrême attention aux
activités, aux travaux de ces divers organismes. Il y en a trois,
même quatre, comme vous le savez. Il y a d'abord l'Office de la langue
française, qui est chargé de la mise en oeuvre de la charte dans
le domaine de l'administration, dans le domaine de l'entreprise
particulièrement, dans le domaine de l'éducation. Il y a aussi la
Commission de surveillance qui doit surveiller l'application de la loi et il y
a le Conseil de la langue française, qui doit donner son avis au
ministre sur l'application et l'interprétation de la loi en même
temps qu'il doit surveiller le statut de la langue française, quant
à sa qualité, dans toutes les régions du Québec. Il
y a aussi la Commission de toponymie qui a succédé à la
Commission de géographie et qui doit, conformément à ce
que la loi lui indique, compléter les travaux commencés depuis
quelques années en ce qui concerne la nomenclature, la bonne appellation
de tous les lieux du Québec. Nous savons qu'ils ne sont pas encore tous
recensés et qu'on doit accélérer le travail
commencé dans ce sens.
Encore une fois, j'ai suivi de très près les
activités de ces divers organismes; j'ai même
préparé, pour le bénéfice des membres de la
commission, un rapport, un bilan partiel et provisoire sur les activités
de ces divers organismes.
Comme vous le savez, M. le Président, ce n'est que le 31 octobre
que ces divers organismes doivent déposer leur rapport annuel à
l'Assemblée nationale, mais, pour satisfaire les membres de la
commission, j'ai préparé un bilan partiel et provisoire de ces
activités qui, je crois, indique assez bien, pour l'essentiel, les
activités de ces divers organismes au cours des quelque six mois qui se
sont écoulés depuis la présentation du dernier rapport
annuel.
Avec votre accord, M. le Président, je pourrai déposer ces
bilans partiels et provisoires des divers organismes.
Le Président (M. Jolivet): On va les faire distribuer.
M. Laurin: Je termine là ce trop bref résumé
de nos activités, M. le Président, en disant que la politique de
développement culturel déposée en juin dernier constitue
évidemment l'axe fondamental de nos activités, que nous n'avons
rien négligé pour accélérer la réalisation
de ce plan d'action, que nous avons mis sur pied, à cet égard, un
comité d'implantation de la politique du développement culturel
où siègent tous les sous-ministres des ministères
sectoriels, que ce comité travaille régulièrement toutes
les semaines, qu'il prépare le travail pour le comité
ministériel permanent du développement culturel.
C'est probablement aux efforts intenses de ce comité que nous
devons déjà la multitude des réalisations dont nous
pouvons déjà faire état.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure, je
pense qu'on pourrait, après avoir passé les derniers
documents...
M. Lalonde: On pourrait donner la parole à
l'Opposition...
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui.
M. Lalonde: ... qui a déjà été assez
patiente.
Le Président (M. Jolivet): Vous dire que si vous voulez
continuer plus tard que 1 heure c'est votre privilège.
M. Lalonde: Je ne demanderai pas le consentement pour
dépasser 1 heure, parce qu'on siège à 2 heures, il y a les
caucus, etc. J'aimerais quand même dire seulement quelques mots.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Lalonde: C'est la première fois que nous avons
l'occasion d'étudier les crédits du ministère. L'an
dernier, l'étude des crédits était arrivée en
conflit avec un important voyage du ministre, alors, nous avons simplement
consenti à remettre
à cette année un examen plus détaillé de ses
crédits. Lorsque j'ai lu dans les journaux, quelques jours plus tard, un
certain rapport du voyage du ministre qui fêtait la Fête nationale
en France, j'ai espéré que notre consentement à ne pas
étudier ses crédits immédiatement ne se résumait
pas simplement à ce bain qui était naturellement excellent pour
le métabolisme national du ministre mais qui ne donnait peut-être
pas la mesure de l'importance du voyage qui nous avait fait remettre
l'étude des crédits.
Heureusement que nous avons actuellement l'occasion de le faire. Il faut
dire aussi que, l'an dernier, les crédits du ministre, en ce qui
concerne les activités et les responsabilités
ministérielles directes du ministre, à savoir la Charte de la
langue française, en étaient à moins d'un an d'exercice
et, comme on le sait, on peut difficilement tirer des conclusions et dresser un
bilan après un si court temps. C'est la raison pour laquelle nous
n'avons pas fait cette étude l'an dernier. Je remercie le ministre de
ses très courtes remarques préliminaires qui ont, en grande
partie, couvert ses activités non pas de ministre responsable de la loi
101, mais ses responsabilités au niveau du développement
culturel.
D'ailleurs, lui-même trouvait quelque peu difficile d'entrer dans
les détails des explications de ses activités, parce qu'on sait
qu'au-delà de la recherche, de l'étude, de la consultation,
lorsqu'on arrive au niveau de l'application des mesures, des mesures
législatives, réglementaires, généralement, ce sont
d'autres ministres qui en répondent à l'Assemblée
nationale et je présume qu'au niveau de la commission parlementaire qui
a étudié les crédits du ministre des Affaires culturelles
ou du ministre des Communications, on a passé en revue l'application de
ces mesures.
M. Laurin: Sauf celles que je me trouvais à anticiper en
les annonçant aujourd'hui.
M. Lalonde: Oui, on a eu, naturellement, l'expression de la
satisfaction du ministre, de lui-même et de son travail. Naturellement,
je ne m'attendais pas qu'il dise autrement, même si vous
reconnaîtrez, M. le Président, que c'est assez difficile pour moi
d'apporter une contribution positive et sensible aux études, ou
même une critique aux études qui sont faites, par exemple, sur la
politique du livre. On peut faire comme le ministre et exprimer des bons voeux
en ce qui concerne, par exemple, les bibliothèques publiques, en ce qui
concerne la relance de l'art lyrique et de l'Opéra du Québec. Je
ne sais pas si plusieurs membres autour de cette table partagent les
mêmes goûts que le ministre et celui qui vous parle, c'est à
peu près les deux seules choses qui nous rapprochent. Je sais qu'il y en
a un à ma gauche qui ne les partage pas, mais je souhaite que cette
relance de l'art lyrique et de l'Opéra du Québec se fasse dans
les meilleurs délais avec tout le succès. (13 heures)
Quant à la politique patrimoniale, l'étude de conception
et d'implantation des musées, oui, on a eu une expression de
satisfaction du travail accompli, mais on n'est pas en mesure d'aller plus
loin. J'espère que le ministre acceptera qu'on s'attache à des
questions beaucoup plus pratiques, beaucoup plus concrètes. C'est cet
aspect que j'ai l'intention d'aborder cet après-midi lorsque nous
reviendrons et, plus particulièrement, en ce qui concerne l'application
de la Charte de la langue française.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die,
sachant que nous reviendrons après la période des questions sur
l'ordre de la Chambre. Vous serez devant un autre président, puisque je
ne serai pas ici.
M. Lalonde: C'est malheureux. Fin de la séance à 13
h 1
Reprise de la séance à 16 h 5
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
est réunie pour étudier les crédits du Conseil
exécutif. Les membres de la commission sont: M. Laurin (Bourget) en
remplacement de M. Bédard (Chicoutimi); M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Charbonneau (Verchères), M. Forget (Saint-Laurent), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Levesque
(Bonaventure), M. Morin (Louis-Hébert), M. Paquette (Rosemont), M.
Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drommond), M. Dussault (Châteauguay), M.
Guay (Taschereau), M. Lavoie (Laval), M. Léves-que (Taillon).
Cette liste de membres et d'intervenants n'est pas limitative, suivant
l'entente prise ce matin, étant donné que les membres de
l'Opposition, comme les ministres, pourront venir à tour de rôle
en remplacement les uns des autres selon le sujet traité,
évidemment.
À l'ajournement de ce matin, nous en étions à
l'Office de la langue française. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys avait demandé la parole.
M. Lalonde: Oui, M. le Président. Vous avez dit
tantôt que la commission se réunit; heureusement que le journal
des Débats ne comporte pas la photo de la commission, c'est un petit peu
présomptueux, malgré tout le respect que j'ai pour le ministre et
moi-même, puisque nous ne sommes que tous les deux actuellement. J'ai dit
que je ne demandais pas le quorum, parce que je sais que nos collègues
sont bien occupés dans d'autres
débats, mais il reste que je ne voudrais pas insister pour que la
commission siège de cette façon. Il y a une question de
décence à l'égard de nos collègues qui sont membres
de cette commission, mais il y a aussi le fait que vous ayez attendu cinq
minutes avant d'ouvrir la séance.
M. le Président, j'avais seulement commencé quelques
remarques à la fin de notre dernière séance. Le ministre a
passé en revue les activités de son ministère, en
insistant surtout on ne peut pas le lui reprocher sur le
développement culturel dans la foulée du livre publié par
le ministre et en nous informant des mesures, des interventions faites. On en
connaît plusieurs, naturellement, celles qui ont occupé le temps
de la Chambre, qui ont trouvé leur forme dans des projets de loi
adoptés à l'Assemblée nationale.
C'est assez difficile, étant donné que, lorsqu'il s'agit
de mesures déjà soumises à l'administration d'autres
ministres, elles ont fait l'objet de l'examen des crédits à
d'autres commissions parlementaires. Lorsqu'il s'agit d'études en cours,
de recherche, de tournées, de consultations, tout ce qu'on peut dire
à ce moment-ci au ministre, c'est: Dans un tel cas, vous avez nos
meilleurs voeux; dans l'autre cas, attention à ci et à
ça.
En ce qui concerne l'effort de rapprochement et de compréhension
des diverses communautés culturelles que le ministre a
évoqué tantôt, je me permettrai de lui rappeler que non
seulement les communautés culturelles de diverses origines doivent
corriger ce que le ministre a appelé des carences... ou voir à ce
que des carences soient corrigées à leur égard, surtout
par le gouvernement, lorsqu'il y a des préjugés que le ministre
mentionnait tantôt, à corriger aussi, à faire
disparaître. Je rappellerais au ministre que beaucoup de réactions
et de comportements de ces groupes actuellement sont le résultat direct
de certaines politiques du gouvernement actuel, une certaine approche
d'affrontement qui a été adoptée surtout en ce qui
concerne la loi 101. Il ne suffira pas de faire des tournées et des
sommets, mini ou autres, au niveau de ces groupes, pour savoir ce qui ne
fonctionne pas ou, enfin, pour définir des mesures à prendre.
C'est au gouvernement, je pense, tout de suite, immédiatement, dans ses
propres gestes, dans ses comportements, à démontrer un respect
des valeurs auxquelles sont attachées ces communautés
culturelles.
La définition de la culture en comporte nécessairement la
limitation. Définir, c'est limiter, disait l'historien Brunet, lorsque
la loi 22 avait été adoptée. Oui, définir, c'est
limiter, mais lorsqu'il s'agit de définir pour les autres, nous voyons
une résistance, surtout au niveau culturel, et je pense que le ministre
ne devrait pas, que le gouvernement actuel ne devrait pas avoir une attitude
paternaliste. Se pencher sur un problème, c'est souvent
l'écraser.
Je sais que l'attitude du gouvernement actuel en est une d'enveloppement
et nous l'avons reproché au gouvernement et aux ministres actuels
à plusieurs reprises. Nous avons répété ce reproche
lors de l'étude du projet de loi qui occupe actuellement une commission
parlementaire, c'est le projet de loi no 7, no 2 excusez-moi; il y en a
tellement de ce temps-ci sur la création de l'institut
québécois sur la recherche en matière de culture. Alors,
ce sont à peu près les seules réflexions que nous pouvons
faire, étant donné que les conclusions n'ont pas encore
été atteintes et que les décisions n'ont pas encore
été prises. Nous attendons naturellement, là comme
ailleurs, que ce soit dans la politique du livre, dans la politique
patrimoniale, dans l'étude de la conception et de l'implantation de
musées, les décisions du gouvernement.
En ce qui concerne la loi sur la langue, le ministre nous a
distribué, juste avant le lunch, des rapports qui veulent couvrir les
sujets qu'on retrouve généralement dans des rapports annuels et
je comprends que le rapport d'activité de l'Office de la langue
française couvre une période qui s'accommode mal avec le
calendrier d'étude des crédits.
Je remercie donc le ministre de nous avoir distribué ces
documents, quoique j'eusse souhaité les recevoir plus longtemps avant la
convocation de cette commission. J'ai tenté de les parcourir durant les
deux heures qui ont séparé les deux séances. J'ai surtout
porté mon attention au rapport concernant les activités de
l'Office de la langue française. J'ai dû, malheureusement,
négliger un peu les autres rapports.
Pour ce qui concerne le rapport de l'office, j'aurais plusieurs
questions à poser et quelques remarques à faire. On voit qu'il
met l'accent sur l'information qui semble avoir été la principale
occupation pour l'office au cours de l'année 1978. D'ailleurs, on lit,
en titre, à la page 2: 1978, l'année de l'information.
Naturellement, l'information dans ce secteur d'activité, sur la question
linguistique est extrêmement importante, pour, d'abord, faire
connaître à la population ses droits et, aussi, pour faire
connaître à tous les intéressés les mesures qui ont
été adoptées par l'Assemblée nationale et mises de
l'avant par le gouvernement. J'aurais cependant souhaité que ce rapport
soit plus loquace sur les problèmes quotidiens rencontrés par
l'office dans ce qui m'apparaît être sa principale activité
c'est-à-dire de présider à la francisation du
Québec, surtout à la francisation des entreprises. (16 h 15)
Je sais, parce que c'est inévitable, étant donné
qu'il y a plusieurs centaines d'entreprises qui ont fait leur travail d'analyse
linguistique, que des problèmes ont été rencontrés,
que des difficultés se sont présentées, mais on est assez
muet là-dessus dans le rapport. Donc, j'aurai des questions
là-dessus, soit au ministre, soit au président de l'office s'il
préfère l'inviter à nous répondre.
J'aurai aussi des questions en ce qui concerne les sièges
sociaux. On a eu c'était l'effet du hasard, naturellement,
quoiqu'on ait des questions à peu près hebdomadaires, sinon
quotidiennes à l'Assemblée nationale lors de la
période de questions tantôt, des questions sur justement la
situation des sièges sociaux au Québec. Je cite
une phrase à la page 7 du rapport de l'office: "Ce travail s'est
notamment manifesté par deux règlements sur les sièges
sociaux". J'aimerais savoir si la définition de siège social que
considèrent l'office et le ministre, concorde avec la définition
qu'a semblé favoriser le premier ministre en réponse à une
question cet après-midi, à savoir: le siège social
québécois, le siège social d'activités
québécoises simplement. On ne parlera pas alors du tout de la
même chose. Il ne fait aucun doute que le siège social d'une
entreprise, qui ne fait affaires qu'au Québec, ne présente
à peu près aucun problème linguistique. C'est lorsque
l'entreprise sort du territoire du Québec qu'elle rencontre
nécessairement des contraintes linguistiques, que ce soit au Canada ou
aux États-Unis ou à l'extérieur du continent.
J'ai toujours présumé, d'après la petite
expérience que j'ai eu lorsque j'étais responsable de
l'application de la Loi sur la langue officielle, j'ai toujours cru que le
problème des sièges sociaux, c'est celui des compagnies qui ont
des opérations à l'extérieur du Québec. Donc, cette
définition de siège social, je la prends comme telle, mais
j'étais étonné d'entendre le premier ministre,
tantôt, nous dire, en réponse à la question,
qu'après la séparation, il n'y aura pas de problème,
toutes les entreprises qui voudront faire affaires avec le Québec auront
nécessairement leur siège social au Québec, ce qui est le
cas actuellement.
Cela ne changera absolument rien, parce que l'entreprise qui n'a
d'opération qu'au Québec a, presque à 100%, son
siège social au Québec. Il y a des entreprises qui ont des
opérations au Québec, qui n'ont pas leur siège social au
Québec, mais celles dont les opérations sont exclusivement
québécoises ont toutes leur siège social au
Québec.
J'aurai des questions aussi, encore à la page 7 où on lit
ceci: "Enfin, l'office a proposé un nouveau projet de règlement
relatif à la langue du commerce et des affaires." J'aimerais savoir ce
qui ne fonctionne pas avec le règlement actuel, même si ce
règlement n'est pas publié, donc n'est pas accepté par le
Conseil des ministres, je ne demande pas de secret, de révélation
de secret. Je comprends qu'avant que ce soit adopté par le Conseil des
ministres, il y a un élément de confidentialité, mais
j'aimerais savoir quelles sont les défectuosités du
règlement actuel.
J'aimerais qu'on me dise aussi quelle est la position sur des
problèmes particuliers, mais qui font appel, qui ont peut-être une
résonnance plus importante, quelle est la position de l'office en ce qui
concerne l'adoption du mot "stop" ou "arrêt"? Il m'avait semblé
que l'office avait déjà émis son opinion. Il semble qu'un
ministre ne soit pas d'accord. À un moment donné, il y a eu un
débat public, je ne veux pas répéter les articles de
presse, les éditoriaux, c'était même un peu tourné
au ridicule. Ce qui m'intéresse là-dedans, c'est de savoir quel
est le comportement de l'office. Comment l'office conçoit-il son
rôle là-dedans? Il m'est apparu que la loi et l'intention du
gouvernement, c'était de donner à l'office, ou à un
organisme apparenté, une certaine autorité, pour définir
ce qui est français et ce qui ne l'est pas.
Est-ce qu'un ministre peut passer outre à cette décision
des experts, soit les linguistes, soit des autres experts de l'office? Il me
semble que c'est une maison divisée qui fait face aux problèmes
et ce n'est pas très rassurant pour la population.
Il y a aussi la question de la Presse. Le président a dit,
à quelques reprises, qu'il n'y aurait pas d'exception dans l'application
de la loi, que la loi était faite pour tout le monde. Pourtant, il
semble qu'en ce qui concerne la Banque provinciale, on ait fait une sorte de
règlement, on ait accepté une certaine situation d'exception, en
acceptant un comité qui n'est pas véritablement un comité
formé comme la majorité ou la presque totalité des
entreprises ont dû le faire.
Comment, à ce moment-là, concilier la décision du
président qu'il n'y aurait pas d'exception avec la décision
concernant la Banque provinciale? Qu'est-ce qui va arriver à l'avenir?
On sait qu'actuellement, l'office est occupé à la francisation
immédiate des grandes entreprises, des plus grandes entreprises. Mais,
à mesure que vous allez vous attaquer aux entreprises moins grandes, de
moins de 50 ou de 100 employés, vous allez, de plus en plus, avoir
affaire à des entreprises francophones ou qu'on appelle francophones.
C'est très difficile à définir concrètement,
mais... Vous allez laisser le champ de la grande entreprise internationale
anglophone, la Banque royale, etc. À ce moment-là, est-ce qu'on
va demander à toutes ces entreprises de faire leur analyse linguistique,
comme la Presse, par son président, M. Lemelin, refuse de le faire?
Je sais que ce n'est pas un problème facile. Et je ne veux pas
faire de petite politique là-dessus. Mais je voudrais quand même
savoir comment le gouvernement et l'office ont défini ce
problème-là. J'ai déjà eu à le
considérer lorsque j'étais en charge de l'application de la Loi
sur la langue officielle. Ce n'est pas facile de dire: On applique la loi pour
tout le monde, mais, d'un autre côté, ce n'est pas facile de
forcer toutes les entreprises, surtout celles qui sont moins munies au point de
vue des ressources humaines et des ressources financières,
c'est-à-dire d'une taille plus petite, à faire une analyse
linguistique alors qu'elles fonctionnent presque entièrement en
français ou ont fonctionné traditionnellement en français.
Je vais en rester à ces questions-là pour l'instant. J'aurai
d'autres questions qui sont plutôt de nature politique et que je voudrais
poser au ministre pour ce qui concerne l'avenir de la loi 101. J'aurai aussi
des questions on peut peut-être commencer immédiatement
là-dessus à poser sur l'augmentation du budget. On voit
une augmentation, pour l'année en cours, au programme 8, à
l'Office de la langue française, de $8 300 000, en 1978/79, à $12
054 000. Est-ce qu'on pourrait nous donner les détails de cette
augmentation-là?
M. Laurin: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, je voudrais d'abord
réagir aux premiers propos du député de
Marguerite-Bourgeoys. Il a parlé des efforts que nous faisons lors des
colloques dont je parlais pour rapprocher les communautés culturelles
les unes les autres. Il a dit qu'une bonne partie des réactions
supposément négatives, dans son esprit j'entends, de ces
communautés culturelles provenait surtout des politiques actuelles du
gouvernement. Je pense que je voudrais m'inscrire en faux contre cette
affirmation de sa part. Pour autant que nous avons pu voir les réactions
à la loi 22 que nous avons pu mettre en lumière à partir
de novembre 1976 ou les premiers mois de l'année 1977, elles
étaient autrement plus négatives que celles que nous avons
constatées en rapport avec la loi 101. Je ne sais pas si c'était
à cause de la question des tests en matière d'éducation
qui a fait l'objet de discussions très vives lors de la campagne
électorale de 1976 ou je ne sais pas si c'était causé par
le fait que la loi 101 mettait sur le même pied, pour ce qui concerne
l'accès à l'école, toutes les communautés
culturelles.
De toute façon, je peux affirmer à cette commission et
aussi à l'attention du député de Marguerite-Bourgeoys, que
l'accueil des communautés culturelles à l'endroit de la loi 101 a
été beaucoup plus positif qu'il ne le croit. Si nous en croyons
les sondages qui ont paru, et nos propres sondages, nous pouvons dire que
l'acceptation de la loi 101 par les diverses communautés culturelles a
été très positive, d'une façon
générale. Même dans la communauté anglophone, lors
de l'audition des mémoires de la loi 101, presque tous les groupes
anglophones qui, par ailleurs, s'opposaient à tel ou tel article du
projet de loi, disaient qu'ils étaient parfaitement d'accord avec les
objectifs de la loi. Là aussi, les commentaires que nous avons
recueillis depuis deux ans, montrent que l'acceptation pratique de cette loi ne
cesse de gagner en étendue et en profondeur. Je pense donc au contraire
que la loi 101 est en train de devenir un instrument de paix et de
cohésion sociale chez la plupart des communautés culturelles, et
même, fait des progrès à l'intérieur de la
communauté anglophone.
Je ne voudrais pas aussi que le député de
Marguerite-Bourgeoys reste dans l'ambiguïté. Quand je disais que
les communautés culturelles qui composent le Québec ont
intérêt à se connaître, à se comprendre et
pour ce, doivent corriger certains préjugés ou malentendus ou
méfiances ou carences que nous connaissons tous, je pense que je
m'adressais non seulement aux diverses communautés culturelles, mais
aussi à la communauté francophone qui, elle aussi, a des choses
à se reprocher à l'endroit des diverses communautés
culturelles. Je pense que par une prise de conscience de tous les
côtés de chacune des deux grandes communautés culturelles,
en tout cas, en ce qui compose le Québec, des efforts sont à
faire. D'ailleurs, c'est un des objectifs de ces colloques que de sensibiliser,
aussi bien les francophones que les anglophones ou les autres
communautés à l'importance de ce problème, à la
réalité de ces préjugés, méfiance,
incompréhension, afin qu'ils puissent les corriger en vue d'objectifs
communs. Il a aussi fait quelques remarques sur la conception que nous pouvons
nous faire de la culture. Je ne veux pas moi non plus répéter le
débat qui a eu lieu à l'Assemblée nationale ou en
commission, à propos de l'étude de l'Institut de recherche sur la
culture. Je ne peux quand même pas accepter qu'il décrive notre
conception comme paternaliste. Il n'y a aucune visée paternaliste dans
la définition que nous donnons de la culture, puisque nous affirmons
à plusieurs endroits, quant à la politique de
développement culturel nous l'avons prouvé depuis un an
que nos intentions, loin d'être paternalistes, sont, au contraire,
très démocratiques, puisque nous disons à plusieurs
reprises que ce sont les hommes et les groupes qui font la culture, et non pas
les gouvernements, et que le rôle de l'État est plutôt
d'aider les hommes, aussi bien que les groupes à définir leur
culture en fonction de leurs aspirations sectorielles, en fonction de la classe
sociale à laquelle ils appartiennent, en fonction des régions
qu'ils habitent. (16 h 30)
Le rôle de l'État, en somme, n'est que de favoriser, de
permettre l'accès de tous les hommes, où qu'ils soient, à
la culture et leur accès à des biens culturels aussi complets que
possible et dans ce qu'ils ont de meilleur. En somme, le rôle de
l'État est plutôt de servir d'outil, d'instrument à la
création et à la créativité. Il n'y a aucune
tentative de dirigisme culturel, ni aucune visée en ce sens.
Nous pouvons maintenant en arriver à la Charte de la langue
française. Il est vrai que la première année de l'Office
de la langue française a été plutôt consacrée
à l'information et, comme l'a dit le député de
Marguerite-Bourgeoys, cela était tout à fait naturel. Il
convenait d'abord, dans un premier temps, d'informer tous les organismes ou les
citoyens visés par la loi des droits que leur conférait cette
charte, aussi bien que des devoirs et obligations qui en découlaient
pour eux. Comme la loi est ample, couvre plusieurs domaines, plusieurs
secteurs, il convenait évidemment d'y consacrer tout l'effort
nécessaire. Cet effort a été intense. Il a porté
aussi bien sur les ministères et organismes administratifs du
gouvernement que sur les entreprises de tout genre, de toute taille et a aussi
porté sur les citoyens, en ce qui concerne particulièrement les
articles qui sont déjà impératifs et qui s'adressent
à tout le monde. C'est la raison pour laquelle, dans une deuxième
année, nous consacrerons, bien sûr, moins d'argent à cette
entreprise d'information.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys me pose des questions
additionnelles sur les problèmes quotidiens auxquels l'office a eu
à faire face, particulièrement dans la francisation des
entreprises.
Je ne sais si c'est à cause de l'effort d'information qui a
été fait ou en raison des procédures d'implantation du
français que prévoyaient la loi et les règlements, mais je
dois avouer je deman-
derais au président de donner plus de détails à ce
sujet que cette opération de francisation des entreprises a
marché beaucoup plus rondement, beaucoup plus facilement que nous ne
l'avions nous-mêmes espéré. Je pourrais même ajouter
que, malgré le retard initial attribuable à la mise en place de
ces nouveaux organismes et au délai de nomination des principaux
responsables, le retard que nous avions initialement a été
rattrapé en cours de route et il est en train de se rattraper, de telle
façon que nous pouvons affirmer maintenant, sans trop de risques de nous
tromper, que nous effectuerons ces opérations de francisation des
entreprises dans les délais que prévoyait la loi.
M. le Président donnera des détails plus précis
à ce sujet-là, mais, tout de suite, je peux dire que pour les
entreprises de catégories A et B, nous affichons un succès
presque complet, puisque 99% des entreprises ont mené les
opérations que prévoyait la loi avec toute la latitude qu'on leur
a donnée et dans tous les délais requis.
En ce qui concerne les sièges sociaux, je pense qu'il n'y a pas
de problème auquel on a consacré autant d'attention que
celui-là. Cet effort a été mené en consultation
répétée, pour ne pas dire constante, avec le milieu des
affaires, aussi bien les multinationales que les entreprises de 100 à
500 employés et plus. Bien sûr, l'office a d'abord
élaboré un projet de règlement, mais nous l'avons ensuite
présenté au cours de rencontres privées avec les
principaux intéressés, rencontres auxquelles j'ai parfois
participé avec mon collègue le ministre du développement
économique, ou rencontres qu'a menées personnellement le
président de l'office.
Déjà, à la suite de ces premières
rencontres, nous avons corrigé notre avant-projet, par la suite, nous
l'avons envoyé, comme il se doit, selon la loi, au Conseil de la langue
française, qui nous a fait tenir ses remarques et ses commentaires. Nous
l'avons ensuite remis à l'office, qui en a fait une nouvelle mouture, un
nouveau projet. À nouveau, nous avons consulté le milieu. Nous
n'y étions pas obligés, mais nous voulions véritablement
en satisfaire la légitime représentation. Par la suite, une
nouvelle version a été préparée, qui, cette fois, a
été soumise au comité du développement
économique, puisqu'il y est vitalement intéressé, aussi
bien qu'au comité du développement culturel. Ce n'est
qu'après tous ces efforts de consultation, que le projet a
été publié dans la Gazette officielle.
Même alors, nous avons reçu plusieurs mémoires qui
ont été étudiés. Nous avons retenu plusieurs des
recommandations qui nous ont été faites et, lorsque le Conseil
des ministres a donné son aval final au projet, on peut dire que ce
projet tenait compte de toutes les contraintes de la réalité en
même temps que des objectifs de la loi, et on peut même dire qu'il
a satisfait, grosso modo, tous les intéressés et, en particulier,
les sièges sociaux de multinationales.
Dans les règlements que le député de
Marguerite-Bourgeoys connaît sûrement pour les avoir lus, nous
donnons une définition du siège social, une définition
qu'il a été difficile d'établir, d'élaborer, une
définition qui tient compte de tous les aspects techniques complexes de
ce qu'est un siège social. Je ne voudrais pas opposer cette
définition réglementaire à l'affirmation que faisait
aujourd'hui le premier ministre, puisqu'il n'a pas véritablement
donné une définition du siège social, mais plutôt
une sorte de commentaire at large sur la perception qu'il s'en fait.
Mais, de toute façon, la définition que nous avons
donnée, encore une fois, est conforme à ce que prévoyait
la loi et aussi conforme à toutes les mouvances de la
réalité que nous ont représentées les
intéressés eux-mêmes.
En ce qui concerne le nouveau règlement du commerce et des
affaires, je pourrais dire que le premier règlement,
déposé au mois d'août 1977, tout en étant largement
satisfaisant, n'épousait quand même pas tous les détours
d'une réalité qui, comme le député de
Marguerite-Bourgeoys le sait, est très mouvante et très complexe
aussi, puisque, dans ce domaine, nous avons affaire à un très
grand nombre d'entreprises possédant chacune leurs
caractéristiques.
Les modifications que nous avons présentées, au fond,
tiennent compte de cette complexité et de cette mouvance, d'une part,
et, d'autre part, tiennent compte également de l'expérience
acquise par nos responsables dans les premiers mois d'application de la loi.
Lorsqu'on nous faisait part de certaines difficultés
d'interprétation ou d'application de la loi à telle ou telle
réalité du commerce et des affaires, nous le prenions en note et,
quand nous en avons eu un nombre suffisant, nous en avons fait l'objet d'un
projet de modification, qui lui aussi, d'ailleurs, a été soumis
à cette ronde de consultation très intense que nous avons
menée avec le milieu. Après avoir recueilli et inclus les
commentaires du milieu, du Conseil de la langue française et de mes
collègues du secteur économique, là aussi, nous en sommes
arrivés à la période de publication et, lorsque les
mémoires que nous avons reçus à la suite d'une
première publication du projet dans la Gazette officielle auront
été étudiés, ce qui est en train d'être fait
actuellement, nous aurons en main un règlement plus
étoffé, plus nuancé, plus souple, plus flexible, tout en
respectant les objectifs de la loi, que celui que nous avions auparavant.
En ce qui concerne stop-arrêt, la Presse, le certificat des
entreprises francophones et l'augmentation du budget, j'aimerais laisser la
parole au président de l'office, quitte à revenir pour donner
quelques précisions supplémentaires.
En ce qui a trait à "arrêt-stop", je dois vous dire M. le
député, que dans un premier temps, la régie avait
approuvé le mot "stop" comme étant un mot français, mais
cette décision n'a pas été normalisée
officiellement.
L'Office de la langue française, nous avons été...
M. le ministre m'a demandé une consultation que je lui ai donnée
d'ailleurs. Est-ce que vous voulez...
Oui, je l'ai d'ailleurs communiquée au ministre des Transports.
Alors, voulez-vous qu'on parle du
contenu? Nous en sommes venus à la conclusion, en ce qui a trait
à arrêt, stop... Si vous considérez le mot "stop" comme
tel, vous pouvez dire: Oui, le mot stop est un mot français. Par contre,
au Québec, depuis plusieurs années, vous avez toujours vu sur les
enseignes le mot "arrêt" et le mot "stop". Dans l'esprit de la
population, le mot "arrêt" est un mot français puisqu'il y avait
deux mots, et le mot "stop" est un mot anglais. Il faut voir les
différents endroits où le mot "stop" a été
biffé et où le mot "arrêt" a été biffé
pour constater qu'il y a là, pour ces gens, une signification en ce qui
a trait à cette enseigne.
L'office en est venu à la conclusion que, ayant analysé la
situation, nous, ce que nous recommandions, c'est l'utilisation d'un
pictogramme et la loi est précise à l'article 28 ou 29, je crois;
elle permet l'utilisation de pictogrammes dans ces cas-là. Je lis
l'article 29: "Seule la langue officielle peut être utilisée dans
la signalisation routière. Le texte français peut être
complété ou remplacé par des symboles ou
pictogrammes."
En d'autres termes, nous en sommes venus à la conclusion que
l'utilisation du mot "arrêt" ou du mot "stop" n'était pas un
problème que nous considérions un problème linguistique,
mais un problème socio-linguistique. Donc, nous en sommes venus à
la conclusion qu'il n'était pas dans l'intérêt de l'office,
de nos responsabilités, de nous pencher et de normaliser, si vous
voulez, le mot "stop" et le mot "arrêt".
M. Lalonde: Oui, mais écoutez, M. Gosselin, je vous
remercie de ces précisions. Naturellement, c'est un problème
sociologique ou socio-linguistique, si vous voulez, mais toute la langue a une
dimension sociale ou économique. D'ailleurs c'est une des conclusions
importantes de la commission Gendron, à savoir qu'il fallait redonner
à la langue française une valeur économique. On choisit
nos moyens. Nous autres, on avait choisi la loi 22, sans coercition avec une
autre approché. Le gouvernement actuel a la loi 101. Quant aux
objectifs, comme le ministre le disait tantôt, tous les gens sont venus
ici pour dire qu'ils étaient d'accord avec les objectifs de la loi 101.
Oui, toute la population est d'accord, même les anglophones, pour donner
au français sa place en fonction de la population francophone, mais il
reste que ces linguistes ou les terminologues ne peuvent pas agir en vase clos
et abstraitement quand il s'agit de normaliser un terme. Il va falloir le
prendre dans sa conception dans le milieu, dans son acceptation dans le milieu.
Alors, est-que l'office va dire que stop... Autrement dit, est-ce que la
conclusion de l'office c'est que stop, c'est anglais et arrêt, c'est
français, tout en...
M. Laurin: Non, ce n'est pas ça...
M. Lalonde: ... espérant, en favorisant l'usage d'un
pictogramme?
M. Laurin: Vous savez, M. Lalonde, je vais me permettre d'ajouter
ceci. En ce qui a trait à la normalisation des mots, à l'office,
nous avons l'intention de procéder au compte-gouttes,
c'est-à-dire que nous allons procéder de façon très
délicate. Nous n'avons pas l'intention de normaliser des mots en grande
quantité, parce qu'il est bien entendu que, dans toute question de la
normalisation, il y a une période de rodage, une période de
"testage", en fait. (16 h 45)
Je crois qu'il ne serait pas dans notre intérêt d'imposer
des mots à la population québécoise. C'est dans ce sens
que je dis que nous en sommes venus à la conclusion que ce
problème, si on le pose comme un problème linguistique,
d'après moi, ce n'est pas la situation réelle
reflétée au Québec et nous devons tenir compte de la
situation, nous devons tenir compte du fait que nous n'avons pas l'intention
d'imposer des mots aux Québécois.
M. Lalonde: Cela, c'est correct. Mais voici la question que les
gens se posent: Est-ce que "stop" est français ou non? Si c'est
français en France, est-ce que c'est français au Québec?
Là, vous dites qu'il y a une connotation sociale qui fait que c'est
possible que ce soit un mot anglais, parce que cela a toujours
été considéré comme de la traduction anglaise du
mot "arrêt", si j'ai bien suivi votre raisonnement. Alors, quelle est la
décision, "stop" est-il un mot anglais ou non?
M. Laurin: Je pense qu'il faut tenir compte ici des
différences régionales ou nationales à l'intérieur
d'une même famille culturelle. Il y a des mots que les Français,
par exemple, considèrent comme français: footing, week-end,
ferry-boat. Ce sont des mots qui, même s'ils sont français,
paraissent dans les dictionnaires de France, ne seraient jamais employés
ici, en raison d'usages, en raison de contraintes sociologiques, historiques
qui nous sont particulières.
Je pense qu'avant de normaliser, comme l'a dit le président, il
faut tenir compte, non seulement de la pure sémiotique ou de la pure
sémantique, ce qui est une discipline proprement linguistique, mais
également de toutes les autres composantes et en particulier de la
composante sociologique et historique. C'est la raison pour laquelle,
après m'en être entretenu à plusieurs reprises avec le
président de l'office, j'ai incité le président à
faire montre d'une extrême prudence, même d'une lenteur tout
à fait saine, dans la normalisation des mots, justement parce qu'on ne
peut pas faire montre de dirigisme culturel, qu'on ne veut pas être
paternaliste, qu'on veut sanctionner un usage, beaucoup plus que d'imposer des
usages.
On ne veut pas être des gardes-chiourme en la matière, mais
on veut laisser le temps aux déterminismes propres à une
société d'imposer et de laisser leur marque sur les
habitudes.
M. Lalonde: Mais avant l'époque ou le stade de la
normalisation, d'imposition officielle par l'État ou par ces organismes,
il y a l'étape d'information. La population veut savoir et va
consulter les organismes privilégiés, à savoir si
tel mot est français ou non. Il ne s'agit pas de normaliser dans le sens
formel du mot, mais quelle est l'opinion de l'office? Jusqu'à
maintenant, j'ai toujours compris que l'office a dit que "stop" était
français. Là, les remarques du président et du ministre me
portent à penser que l'office est en tain de changer d'idée, ou
ne veut pas...
M. Laurin: Le mot a été considéré...
M. Lalonde: C'est encore français.
M. Laurin: Oui, le mot est encore français, comme week-end
est français, comme tant d'autres mots sont français. Mais de
là à conclure qu'il faille le normaliser, il y a un pas que nous
n'avons pas franchi et que nous ne désirons pas franchir pour le
moment.
M. Lalonde: Je ne parle pas au ministre des Transports, il n'est
pas ici, mais récemment encore, il est revenu un peu sur cette question.
S'il n'y était pas revenu il y a quelques jours, je l'aurais
abandonnée. Il me semblait que c'était au moins en état
d'être réglé ou de se résorber. Est-ce que
maintenant, le fait qu'on ne veuille pas normaliser ce mot "stop" va quand
même permettre au ministre des Transports d'imposer aux
municipalités, entre autres, d'enlever "stop" sur leurs enseignes?
M. Laurin: Selon ce que j'en sais, M. le Président, le
ministre des Transports poursuit, pour le moment, sa réflexion, ses
études et, comme les lois constitutives de son ministère lui
donnent le droit de proposer au Conseil des ministres une solution finale, eh
bien, je le laisse à sa réflexion et à ses études
en attendant le projet qu'il pourrait éventuellement nous soumettre.
Mais tout en ajoutant évidemment que ce n'est pas un problème qui
va mettre en danger, en quoi que ce soit, l'assiette économique ou
culturelle du Québec.
M. Lalonde: Je ne veux pas lui donner une dimension...
M. Laurin: Les colonnes du temple ne s'écrouleront pas en
vertu de quelque retard qu'on pourra apporter à prendre une
décision dans ce domaine.
M. Lalonde: Mais on dit que le ridicule tue. C'est faux, parce
qu'il y aurait un paquet de morts à l'Assemblée nationale tous
les jours.
M. Laurin: Dans tous les partis, probablement.
M. Lalonde: Mais, étant donné que vous êtes
plus nombreux, il y en aurait probablement plus chez vous. Si le ridicule ne
tue pas, du moins, il est tout à fait désagréable en ce
qui concerne les organismes officiels du gouvernement. Même si ce n'est
pas un problème fondamental pour notre société, il reste
qu'on souhaite qu'au moins le gouvernement donne l'apparence de nous donner une
opinion et non pas d'être divisé.
Je pense que le problème soulevé par la Presse,
c'est-à-dire l'obligation de faire une analyse linguistique pour des
entreprises qui semblent tout à fait francophones, est plus important
que cette question. C'est pour cela que j'aimerais peut-être qu'on...
M. Laurin: Comme vous dites, cela pose le problème de
toutes les entreprises francophones. Nous en étions très
conscients et je pense que je vais laisser la parole au président
là-dessus.
M. le député, dans un premier temps, je crois qu'on vous a
mentionné que, dans le cas des entreprises de catégorie A,
c'est-à-dire celles qui emploient plus de 500 personnes au
Québec, 99% ont déjà reçu un certificat provisoire
de francisation; 14 de ces entreprises ont déjà reçu un
certificat dit permanent de francisation. À l'intérieur de ces
14...
M. Lalonde: Je ne veux pas vous interrompre, M. le
Président, mais, vous savez, notre temps est compté. Je ne
voudrais pas que vous répétiez ce que j'ai lu dans votre rapport.
Dites-moi simplement où vous en êtes dans votre réflexion,
à savoir si on va obliger toutes les sociétés commerciales
à faire une analyse linguistique, le problème de principe
soulevé par la Presse.
M. Laurin: D'accord. Le problème de principe
soulevé par la Presse, je dois vous dire que j'ai rencontré le
président de la Presse. Naturellement, sa position, je crois qu'elle est
bien connue. Il dit qu'il n'a pas l'intention de former un comité de
francisation. Je l'ai rencontré tout récemment et j'ai
l'intention de le revoir.
En ce qui a trait aux analyses linguistiques, la loi ne souffre pas
d'exception. La loi dit: Toute entreprise qui emploie plus de 50 personnes et
qui a des opérations au Québec doit, d'ici la fin de 1983,
posséder un certificat de francisation.
Pour obtenir un certificat, dans un premier temps, vous faites une
analyse et le processus est assez rapide. Vous me parlez du cas de la Presse.
Je me permets de vous souligner que le Soleil de Québec a
déjà reçu, de la part de l'office, c'est-à-dire
qu'on a approuvé s'il ne l'a pas reçu, il va le recevoir
d'ici quelques jours un certificat de francisation. Pour une entreprise
comme le Soleil, j'imagine, qui est francophone, elle a fait cela très
rapidement et elle a déjà son certificat. La chose est
réglée.
En ce qui a trait aux entreprises francophones, je crois que c'est un
processus. Dans le cas des entreprises, je dois vous avouer que je n'ai pas
encore rencontré une entreprise qui a pu, à la lumière de
l'analyse, dire qu'elle était francisée à 100%. Je dois
vous dire que plusieurs de ces entreprises, quoiqu'on y parle français,
par exemple, ont de la documentation faite en anglais, à
l'intérieur de l'entreprise. C'est-à-dire que le système
est là et on force des employés à travailler en
anglais, tandis qu'ils pourraient travailler en français. Je
voué parle de factures, par exemple, et de ces choses-là.
Je vous parle aussi des manuels d'entretien des presses de la Presse,
par exemple. Je ne les ai pas vus, parce qu'on n'a pas voulu se prêter
à l'analyse, mais dans le cas des manuels d'entretien et tout cela, il
est logique qu'au Québec, un francophone qui travaille là puisse
avoir un manuel en français qui lui dit de quelle façon on
entretient une presse ou on fait fonctionner certains outils qui servent
à produire le journal.
Il y a aussi tout l'aspect de la terminologie, il y a l'aspect de l'aide
que le service terminologique peut apporter à ces entreprises, dans le
but de les aider à se franciser. Je dois vous avouer que dans la plupart
des entreprises, même les plus francophones, les employés
travaillent utilisant une terminologie anglaise, parce que, c'est malheureux,
mais ils ne connaissent pas la terminologie française.
Nous offrons à ces entreprises une collaboration de la part de
nos services terminologiques et de la banque de terminologie pour les aider
justement à se donner un lexique ou une terminologie française.
Dire de prime abord qu'une entreprise au Québec, même si elle est
francophone, n'a absolument rien à faire pour se franciser, ce n'est pas
juste. Dans le cas d'une entreprise comme la Presse, dans le cas d'une
entreprise comme le Soleil, il est évident qu'il ne reste pas beaucoup
à faire d'après moi. Il y a de petites choses à faire et,
pour elles, ce serait très facile d'obtenir un certificat de
francisation.
Dans un autre ordre d'idées, je crois que des entreprises comme
celles-là, des entreprises francophones peuvent, elles aussi, avoir un
effet d'entraînement dans la francisation pour aider les employés
en exigeant d'être servies en français. Par exemple, dans le cas
de catalogues, de manuels et de tout ce qu'elles reçoivent des
compagnies, elles peuvent exiger d'avoir des catalogues en français. Non
seulement cela servira aux employés, mais cela servira aussi à la
clientèle qui veut s'en servir. Il y a tout cet aspect-là.
M. Lalonde: Je comprends que le problème n'est pas encore
réglé à la Presse.
M. Laurin: Non.
M. Lalonde: Vous y apportez une attention spéciale.
M. Laurin: Oui.
M. Lalonde: J'aurais cinquante questions à vous poser sur
le programme de francisation. La première étape, c'est l'analyse
linguistique...
M. Laurin: Oui.
M. Lalonde: ... et l'émission du certificat de
francisation.
Le dessin du programme de francisation est fait dans combien de cas? Le
programme de francisation a été terminé dans combien de
cas?
M. Laurin: Des programmes de francisation, nous en avons
reçu deux jusqu'à maintenant.
M. Lalonde: Ah bon! C'est cela. C'est important. Je veux que vous
le disiez, parce que vos chiffres sont impressionnants. Faire une analyse
linguistique, c'est une chose, mais s'entendre sur un programme de
francisation, c'en est une autre, parce qu'il y a des coûts
attachés naturellement au programme de francisation. Vous mentionnez,
par exemple, les manuels d'entretien. On sait que, dans les entreprises
industrielles, la machinerie provient souvent d'autres pays, que ce soit des
États-Unis ou d'ailleurs. Elle est accompagnée de très
volumineux manuels qui souvent ne sont pas en français. Allez-vous
exiger la traduction de tous ces manuels ou allez-vous employer une mesure de
raison?
M. Laurin: Dans certains domaines industriels, M. le
député, il y a des problèmes particuliers. Je pense
à l'aéronautique, par exemple, la haute technicité et tout
cela.
L'informatique.
L'informatique aussi est un autre problème. Par exemple, je peux
vous dire que, si, demain matin, on voulait traduire les documents qui servent
non pas à la publicité ou à l'utilisation d'un terminal
informatique, mais à l'entretien du système que, dans la
première année, 50% du manuel sont désuets, doivent
être remplacés.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Laurin: Vous comprenez?
M. Lalonde: Oui.
M. Laurin: Dans la deuxième année, c'est 30% et,
dans la troisième année, c'est à peu près 20%, ce
qui signifie que dans trois ans ce manuel-là est refait. Si on disait
à la société IBM, par exemple: Vous allez traduire tous
vos manuels d'entretien elle a extrapolé des chiffres cela
pourrait lui coûter au-delà de $100 millions. Il est bien
évident qu'il y a deux choses. Premièrement, nous avons
formé un comité bien spécial pour étudier ce
problème-là en particulier et l'office devra prendre une
décision en ce qui a trait aux manuels d'entretien. Il est
évident qu'il y a là un problème particulier et nous en
tenons compte.
Pour ce qui a trait à la traduction de certains manuels, par
exemple, il y a de grandes sociétés qui nous ont bien surpris. On
a dit aux gens: Vous devriez exiger des catalogues en français. Ils en
ont fait la demande à de grandes sociétés multinationales
d'automobiles et, à leur grande surprise, ils en ont reçu, parce
qu'ils étaient disponibles, mais ils ne les demandaient pas. C'est parce
qu'ils étaient habitués à travailler avec les documents
en
anglais. Vous savez, il y a une foule de choses comme cela. Demandez et
vous allez recevoir.
M. Lalonde: Je pourrais vous raconter une chose que j'ai dite
avant que vous soyez là.
M. Laurin: Oui.
M. Lalonde: IBM Canada cherchait à obtenir des documents
en français des États-Unis. Elle est allée les chercher en
France. Ils existaient déjà. Elle a simplement été
les chercher là-bas, ils étaient là. (17 heures)
M. Laurin: D'ailleurs, le groupe s'est rendu en France. Tout cela
pour vous dire que, dans la francisation, de la façon que je
perçois toute la francisation, c'est que les objectifs de la loi et des
règlements, ce n'est pas négociable, mais le temps et les moyens
que nous allons prendre, c'est négociable, et c'est cela, un programme
de francisation. Je peux vous assurer que nous n'imposerons pas aux entreprises
québécoises des contraintes qui ne seraient pas raisonnables.
Nous n'avons pas l'intention de faire cela.
M. Lalonde: Sur les analyses linguistiques, j'ai vu des chiffres,
plusieurs centaines d'analyses ont été faites,
nécessairement, puisque les certificats de francisation ont
été émis.
M. Laurin: Permanents, oui.
M. Lalonde: Oui. Est-ce que chacune des analyses a
été faite sous la surveillance ou avec l'assistance de
l'office?
M. Laurin: Pas chacune, mais plusieurs d'entre elles.
M. Lalonde: Dans quelle proportion?
M. Laurin: Je demanderais à M. Lavigne de répondre
à cela.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, pour le
journal des Débats, pourriez-vous vous approcher du micro.
M. Laurin:... le vice-président. M. Lalonde: Quel
est son nom?
M. Laurin: M. Jean-Guy Lavigne, vice-président de
l'office.
Au moment où on se parle, il y a 663 entreprises qui nous ont
fait parvenir les formulaires pour obtenir un certificat provisoire de
francisation, parce que le certificat provisoire intervient avant l'analyse
linguistique. Nous en avons décerné 524. Il y en a un certain
nombre qui seront décernés le 7 août, parce qu'il faut
attendre il y a des dates spécifiées dans le
règlement la journée où on peut décerner,
pour la première fois, le certificat à une catégorie
d'entreprises.
Nous avons reçu 241 analyses linguistiques. De ces 241 analyses
linguistiques, nous en avons traité plus de 100. Le président a
mentionné tantôt que nous avons émis un certain nombre de
certificats permanents, une vingtaine. Nous avons demandé à 85
entreprises, il y a quelques jours, de préparer un programme de
francisation tel que la loi autorise l'office à le faire.
M. Lalonde: Vous me permettrez de vous interrompre. Dans la
vingtaine de certificats permanents émis, combien l'ont
été sur la foi d'un programme de francisation ou sur l'analyse
seulement?
M. Laurin: Ici, je dois préciser qu'au moment de l'analyse
linguistique, l'office, à l'analyse de l'analyse, détermine si
l'entreprise a atteint le niveau de francisation voulu par la loi et les
règlements. Si elle l'a atteint, on donne immédiatement le
certificat. Si elle ne l'a pas atteint, on demande à l'entreprise de
préparer un programme de francisation dans des domaines
précis.
M. Lalonde: De là ma question. Il y a sûrement des
certificats qui ont été émis sur la foi de l'analyse de
l'analyse...
M. Laurin: Oui.
M. Lalonde: ... démontrant que le niveau de francisation
était atteint, et d'autres ont exigé la composition d'un
programme de francisation. Il y a deux programmes de francisation qui
étaient déjà entrés, à ce qu'on m'a dit.
Est-ce cela?
M. Laurin: Oui. Il faut peut-être préciser un peu
plus. Les certificats qui ont été accordés par l'office,
à la suite de l'examen de l'analyse linguistique, à la suite de
visites à l'entreprise pour bien vérifier si ce qu'on nous disait
était exact, ce sont ces certificats qui ont été
délivrés. Autrement, on a demandé aux entreprises de
préparer un programme. Nous avons déjà reçu deux
programmes et nous en recevrons sûrement au cours des prochaines
semaines. Cela commence à entrer.
M. Lalonde: Le taux de satisfaction, naturellement, qui est de
bon aloi, du président dans son rapport j'imagine que ce rapport
sera fait par l'office et non pas par le ministre ainsi que du ministre
dans ses propos tantôt, est à peu près à 100%. On
est très satisfait. Je ne veux pas être un prophète de
malheur, mais je veux quand même qu'on examine sur quoi on se fonde pour
être satisfait à ce point du succès de la loi. On en est
rendu au programme de francisation. C'est à peine amorcé.
L'analyse, ce sont plusieurs centaines de cas où vous avez pu...
M. Laurin: Cela va très bien.
M. Lalonde:... vous déclarer satisfait à l'examen
de cette analyse, à savoir que cela avait été bien fait.
On va passer...
M. Laurin: Je dois vous avouer que, dans certains cas, on a
demandé que ce soit repris. Il y a une autre question à laquelle
le ministre m'a demandé de répondre. Je me permettrai de le
faire. Vous avez soulevé le cas de la Banque Provinciale.
M. Lalonde: Oui.
M. Laurin: Le cas de la Banque Provinciale, ce qui s'est
passé dans ce cas-là, vous l'avez lu dans les journaux, mais je
crois que la dernière déclaration qui a été faite a
été probablement mal traduite dans les journaux. Moi, je n'ai pas
jugé bon de vouloir essayer de corriger ça, mais je vous dis que
j'ai l'intention de le faire dans le rapport annuel officiel de l'office que je
déposerai au mois d'octobre au ministre responsable.
Donc, le cas de la Banque Provinciale, quand nous avons des cas comme
ceux-là, que j'appellerais des cas problèmes, j'ai
décidé de convoquer les cinq membres à l'office. Ils
viennent nous rencontrer et nous discutons avec eux. Dans le cas de la Banque
Provinciale, il a été décidé, de concert avec
l'office, de former un comité de francisation et on voulait que le
comité, c'est-à-dire que le bureau de direction du comité
de la caisse de retraite des employés serve de comité de
francisation. Nous avons dit: Si vous voulez donner à ce comité
un double rôle, du moment que c'est à l'intérieur de la
loi, que les employés soient ils le sont effectivement
représentés au pourcentage voulu, c'est-à-dire 1/3, 2/3
représentant l'entreprise, nous n'avons pas d'objection à
ça, mais il faudra que votre comité soit élu, mais
élu avec ce double rôle, ce double mandat, représenter la
caisse et aussi agir comme comité de francisation.
Donc, à la suite de notre entente, il a été convenu
que, oui, il y aurait cette élection à l'intérieur de
l'entreprise. L'élection a eu lieu tout dernièrement et, que je
sache, si les choses se passent tel que prévu, ce comité aura
reçu, de la part des employés, ce double mandat d'agir comme
représentant de la caisse et comme comité de francisation.
Donc, ce qui a été rapporté dans les journaux n'est
pas juste. Maintenant, j'aurais pu retourner sur la place publique pour essayer
de faire une autre correction. J'ai décidé de le faire dans le
rapport officiel de l'office.
M. Lalonde: Je vous remercie de cette précision. Je vais
laisser la parole à d'autres.
M. Laurin: Pour répondre à votre dernière
question, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je dirais que
l'écart de $3 700 000 est dû au facteur suivant: Augmentation
prévue à l'enveloppe de base, $548 000; ajustements
mécaniques pour les dépassements de la masse salariale en raison
des modifications à la convention collective, $ 1923 000; vieillissement
du système, $210 000; effectifs additionnels accordés, 35
hommes-année, $760 000; amélioration de programmes qui nous a
été consentie cette année, $150 000 et priorités,
$270 000.
M. Lalonde: Est-ce que le budget de publicité a
été augmenté?
M. Laurin: Non, il a été diminué. Il passe
de $676 000 à $166 000 et ça comprend surtout des annonces qui
paraissent dans les journaux pour les concours.
M. Lalonde: C'est une exception dans votre gouvernement.
M. Laurin: Oui.
M. Rivest: Vous devriez vous en vanter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Au régime de la loi aussi, dans le cadre de la
francisation des entreprises, il y a évidemment un régime de
sanctions qui est prévu dans la loi. Je comprends, d'après la
discussion et les déclarations antérieures du ministre, que ce
n'est pas dans cet esprit que, autant le ministre et davantage le
président, enfin, l'office, procède à la mise en oeuvre de
la loi. Quel est l'état actuel du contentieux judiciaire, s'il y en a
un, bien sûr, de la loi?
M. Laurin: II n'y en a pas. Parce que, comme on l'a dit depuis le
début, nous avons d'abord fait inclure dans la loi des délais
pour que ceux qui dérogent à la loi puissent obtempérer
aux demandes de la Commission de surveillance et, dans plusieurs cas, nous
avons étendu ces délais de façon à tenir compte des
contraintes de l'entreprise. Je dois dire que sur les 3000 plaintes que nous
avons reçues, il y en a près de 2100 qui ont été
réglées, simplement bona fide de bonne foi par des
rencontres entre les commissaires-enquêteurs et les entreprises ou les
individus délinquants, le tout s'est réglé dans un minimum
de temps.
Il y a encore 900 demandes qui sont en traitement et nous avons tout
lieu de croire que ça se réglera dans les moyennes de temps
habituelles. Il n'y a que quatre cas qui ont été soumis à
l'attention du procureur général, qui décidera
lui-même s'il y a lieu d'intenter des poursuites.
M. Rivest: À quel moment et dans quels domaines ces quatre
cas ont-ils été transmis au ministère de la Justice?
M. Laurin: Cela fait très peu de temps. Enfin, ça
fait à peu près deux mois.
M. Rivest: Ils avaient trait à quoi?
M. Laurin: Dans un cas, là, mon souvenir est
peut-être un peu flou, il s'agissait d'étiquetage de produits
alimentaires. Dans un cas, il s'agissait d'affichage pour un restaurant. Je
pense que c'est à peu près ça.
M. Rivest: II n'y en a pas eu d'autres? Il n'y en a pas d'autres
qui ont été transmis à ce moment?
M. Laurin: II n'y en a pas d'autres actuellement.
M. Rivest: Que quatre?
M. Laurin: Oui, qui sont à l'étude
actuellement.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que nous avons
terminé avec...
M. Lalonde: Je pense qu'on pourrait passer encore plusieurs
heures. Je me demande si on accorde assez de temps à cette loi qui est
extrêmement importante, mais je sais qu'on a une entente entre les partis
qu'à 17 heures ça devait être à 17 heures
on laissait la place à un autre ministre. Je regrette, quant
à moi, mais nous nous arrangerons pour faire valoir nos points de vue en
d'autres endroits: à la période de questions, aux motions de
blâme, aux élections partielles également. C'est
très efficace. Alors, aux prochaines élections partielles, M. le
ministre.
M. Laurin: Remarquez, M. le Président, que nous sommes
aussi frustrés que le député de Marguerite-Bourgeoys de ne
pas pouvoir passer plus de temps à l'étude de ce dossier, car
nous aurions eu grand plaisir à répondre en plusieurs heures
à toutes les questions des membres de la commission.
M. Lalonde: Est-ce que je peux terminer avec le voeu que le
ministre, étant donné qu'il a peut-être un peu plus de
pouvoir que nous auprès du leader du gouvernement, insiste, la prochaine
fois pour qu'on puisse consacrer au moins deux ou trois heures, surtout l'an
prochain, alors que nous allons à moins que le gouvernement
actuel soit déjà remplacé, mais enfin...
M. Rivest: C'est possible.
M. Lalonde: L'office va toujours rester là et les
parlementaires seront toujours intéressés à avoir plus
d'information sur le déroulement et le travail de l'office. Je compte
qu'enfin, l'an prochain, si la situation n'est pas changée, le ministre
insistera auprès de son collègue pour qu'on puisse accorder
beaucoup plus de temps à ce sujet et non pas attendre à la
dernière minute, aux dernières heures de l'étude des
crédits.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. M. le ministre, vos affaires
économiques.
M. Lalonde: Pour rassurer le ministre, le député
d'Outremont s'en vient. À moins qu'il préfère le
député de Notre-Dame-de-Grâce. En fait, on pourra...
M. Landry: L'un et l'autre me sont très sympathiques. (17
heures)
Ministre d'État au développement
économique
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, je vais vous
donner la parole immédiatement pour les remarques préliminaires.
Ensuite, en attendant le député d'Outremont, M. le
député de Lotbinière pourra commencer. M. le ministre.
M. Landry: Bon! Il n'y a pas tellement de tradition à
l'étude des crédits des ministères d'État pour la
simple raison que cette institution est relativement récente. Cependant,
déjà, l'an dernier, on a eu l'occasion de parler de
l'expérience des premiers mois, car il s'agissait des premiers mois
en fait, ça se comptait en mois de cette formule.
Je voudrais rappeler essentiellement que, dans le secteur
économique, le rôle du ministre d'État au
développement économique est premièrement d'assurer la
coordination des nombreux intervenants ministériels de ce secteur, et il
y en a beaucoup. C'est le comité ministériel permanent qui
regroupe le plus de ministres. En fait, il y a pratiquement le tiers du Conseil
des ministres qui en sont membres et assistent au comité
ministériel de développement économique dont j'ai la
présidence. Le ministre des Finances, pour des raisons évidentes,
y est souvent invité, même s'il n'est pas membre, pour donner son
avis à cause de ses responsabilités et de sa compétence
personnelle sur les grands dossiers économiques.
On peut dire virtuellement qu'aucun dossier majeur de nature
économique ne se rend au Conseil des ministres sans avoir subi l'examen,
la critique, l'analyse et l'enrichissement du travail conjoint de tous les
ministres économiques, avec le résultat que nous avons pu, d'une
part, enlever beaucoup d'incohérence dans la politique
économique. J'en ai déjà parlé en d'autres
occasions au chef de l'Union Nationale, on a eu des questions avec débat
récemment, qui nous ont permis d'aller pas mal en profondeur dans ces
sujets, mais il n'est pas rare, dans l'histoire administrative du
Québec, qu'on ait vu des ministères avoir des programmes dont
l'objet et le but étaient diamétralement opposés à
d'autres programmes financés par les taxes et prônés par
d'autres ministères.
Souvent les ministres économiques faisaient en toute bonne foi et
avec leur équipe de fonctionnaires des choses qui combattaient l'action
d'un collègue. C'était un des premiers problèmes. Le
deuxième problème était la difficulté d'acheminer
rapidement des dossiers économiques importants à travers le
processus du Conseil des ministres. En effet, faire un arbitrage à 25
personnes sur un dossier hautement technique est extrêmement
compliqué. Pour cette raison, des dossiers d'importance majeure n'ont
jamais pu apporter la décision des gouvernements antérieurs. Je
vous donne un exemple, le zonage agricole. Le zonage agricole était une
opération complexe, nécessaire, mais complexe. Plusieurs
gouvernements antérieurs avaient promis de faire cette opération,
mais ils n'ont jamais pu y parvenir et n'ont jamais pu se
décider ni au Conseil des ministres, et donc, a fortiori, n'ont
pu amener le Parlement à se prononcer sur une loi de cette nature.
On en a eu un signe par les commentaires de deux anciens ministres
libéraux favorables au zonage agricole, M. Kevin Drummond et M. Toupin,
qui avaient été ministres de l'Agriculture et qui ont dit tous
les deux qu'ils reconnaissaient le bien-fondé d'une telle loi. Les deux
avaient été ministres mais n'avaient jamais pu la passer. Ils
n'avaient jamais pu la passer à mon avis, pour deux facteurs. Le premier
est parce qu'il y avait et cela est un peu plus politique des
tendances opposées dans le gouvernement antérieur, il y avait des
gens extrêmement rétrogrades...
M. Rivest: M. le Président, question de règlement.
Je pense que si le ministre veut faire l'historique de cela, il pourrait me
convoquer à la barre pour agir comme témoin. Je pense que
l'information serait beaucoup plus objective.
M. Landry: J'ai pris l'information donnée par deux anciens
ministres libéraux, MM. Toupin et Drummond, mais je le faisais pour
illustrer le rôle des comités ministériels. Donc, le
premier facteur peut être purement politique...
M. Rivest: Si le ministre le permet, sérieusement,
là-dessus, je vais peut-être faire son point également. Il
donne l'exemple du zonage agricole, il est vrai que la réunion à
l'intérieur des comités qui ont plus ou moins
procédé l'institutionnalisation des ministres d'État a
freiné un projet comme celui du zonage agricole en termes d'adoption ou
de présentation à la Chambre, mais l'expérience que j'en
retiens, peut-être que, dans les délais, on aurait dû le
faire ou ne pas le faire, peu importe, avant 1976, c'était qu'avant
l'existence de ces comités, de cette réunion qui était
informelle avant 1976, il y avait beaucoup de projets de loi qui étaient
présentés dans une texture certainement insuffisante, surtout
sans avoir la perspective ou l'arbitrage de tous les intervenants au niveau
ministériel autour d'un problème.
M. Landry: Le député m'aide à faire ma
démonstration et c'est ce que je voulais démontrer. Si j'ai fait
des allusions politiques qui l'ont piqué, elles étaient
événementielles. Le fond de la question, c'est de savoir si,
effectivement, le fait que les ministres aient le loisir de consacrer plusieurs
heures à l'examen d'une politique ou d'un projet, en dehors du Conseil
des ministres, pour ensuite le véhiculer au Conseil des ministres, est
une institution utile ou non. Sans ambages, je réponds que c'est une
institution utile qui permet de désencombrer la table du premier
ministre, parce que, si on veut aller à la limite, les comités
ministériels de développement et les ministres d'État se
chargent de préarbitrage de ce qui, autrefois, allait directement sur la
table du premier ministre, ce qui fait que plusieurs premiers minis- tres du
Québec ont été M. Johnson en parlait volontiers sur
un ton humoristique littéralement inondés de dossiers pour
arbitrage. "It is where the box stops". M. Johnson disait qu'il se faisait des
piles de dossiers et qu'il faisait ce qu'il pouvait pour les régler, les
étudier, mais il constatait que, quand il prenait son temps, bien
souvent, quand le dossier était enfin sur sa table, le problème
ne se posait plus. C'était une façon humoristique de voir les
choses, mais ça montre bien ce que le chef d'un gouvernement
contemporain peut avoir comme encombrement.
Donc, les comités ministériels de développement et
le comité ministériel de développement économique
en particulier ont grandement aidé à faire que le gouvernement
légifère et ait un volume très important de lois et qu'il
le fasse évidemment, c'est mon opinion personnelle mieux
et d'une façon plus cohérente que dans le passé.
Un autre point qui tourne autour du fonctionnement de ces
comités, c'est ce que j'appelle l'impérialisme
ministériel, qui est bien connu par tous ceux qui connaissent la
fonction publique. Le chef de l'Union Nationale est un homme du secteur
privé, il n'a pas connu ces affres que nous, certains d'entre nous,
anciens fonctionnaires, avons connues, de ministères qui
développent, souvent indépendamment du ministre lui-même,
des empires. Ils se disent: Tel sujet, c'est nous. Je vais donner des exemples
qui s'appliquent plus ou moins, peu importe; le ministère de l'Industrie
et du Commerce dit: Une scierie, c'est une industrie. L'entreprise
manufacturière, les Terres et Forêts n'ont rien à voir
là-dedans, que les gens nous apportent du bois, on se
débrouillera avec le reste.
Le ministre de l'Agriculture dit: Le fromage et le sirop d'érable
qu'on exporte, ce sont des produits agricoles, je dois m'occuper de
l'exportation des fromages et du sirop d'érable, alors que le MIC dit:
Non, les agents commerciaux à l'étranger, c'est nous. Il
s'était développé des impérialismes dont certains
frôlaient le ridicule et comme les hommes politiques passent, mais que
les fonctionnaires restent, une inimitié entre deux sous-ministres,
ça peut durer un quart de siècle, si les deux gars sont un peu
chanceux et restent en place. On a vu ça, tous ceux qui connaissent la
fonction publique connaissent ça.
Les comités ministériels de développement peuvent
faire ces genres d'arbitrage. Je vais vous en donner un exemple: le programme
des pâtes et papiers, de rééquipement des pâtes et
papiers, qui a été, pour d'autres raisons par ailleurs, tenant
à notre régime fédéral, retardé d'à
peu près un an, parce que les fédéraux ne voulaient pas
signer, voulaient mettre leur nez dans nos affaires, nous imposaient toutes
sortes de conditions. À la faveur de la campagne électorale, ils
ont fini par casser et par signer, quelques jours avant l'élection,
très bien. Ils nous ont fait perdre un an.
Depuis longtemps, il aurait fallu amorcer ce programme. Nous avons
réussi, dans la première année de notre prise du pouvoir,
à mettre le programme au point. Pourquoi? Parce qu'il fut
conjointement et solidairement décidé au comité
ministériel de développement économique que le ministre
des Terres et Forêts prendrait le leadership d'une équipe
pluridisciplinaire comprenant Terres et Forêts, environnement, Industrie
et Commerce, coordonnée par le secrétariat du comité
ministériel permanent de développement économique,
c'est-à-dire par mon sous-ministre et ses adjoints, ce qui nous a permis
de passer à travers un travail de géant, parce qu'il fallait
analyser toutes les usines de pâtes et papiers du Québec l'une
après l'autre, avoir les commentaires des compagnies, les
réactions des compagnies, des syndicats, des autorités
municipales. On a fait ça en moins d'un an et on était
prêt, au bout d'un an. Ce qui avait traîné sous les anciens
gouvernements, et la nécessité n'était pas moindre,
pendant des années, à cause du phénomène que j'ai
décrit, des impérialisrnes.
Par conséquent, un des rôles du ministre d'État au
développement économique, c'est de coordonner, de diriger
l'action du comité ministériel de développement
économique qui se réunit aux 15 jours pour ses réunions
régulières, mais qui a des réunions spéciales
quelquefois qui peuvent durer une journée ou deux sur des grands
projets, comme pâtes et papiers, comme l'amiante, qui est un autre
exemple.
Les ministres d'État sont dégagés des rôles
administratifs quotidiens. Je n'ai pas à signer une pile
d'arrêtés en conseil, chaque matin, ni à voir si tel
directeur adjoint, qui est en rogne envers tel autre, doit être
remplacé, ou si c'est l'autre qui a tort. La routine
ministérielle. Vous voyez les ministres qui traînent des cahiers
de signatures. Cela prend quasiment une camionnette pour les suivre, pour
qu'ils aient le temps de signer simplement un courrier et les divers documents
ministériels administratifs.
Les ministres d'État n'ont pas cela à faire. Cela donne
l'avantage de les libérer pour être en contact avec les divers
agents de leur secteur. Cela permet de rencontrer, en ce qui me concerne, les
hommes d'affaires, les syndicats, d'aller parler à une chambre de
commerce d'une localité modeste, mais qui n'a pas vu un ministre depuis
25 ans. C'est arrivé, dans une petite ville industrielle et
industrieuse, qui s'appelle Plessisville, que tout le monde connaît. J'ai
pu aller passer une demi-journée, pratiquement...
M. Rivest: Un ministre des Finances résidait
là.
M. Landry: Oui, et qui n'y allait pas, parce qu'il disait: Je
connais tout le monde, qu'est-ce que je vais aller faire là?
M. Rivest: Je crois bien qu'ils ont dû être content
de vous voir.
M. Landry: Exactement. Le dernier qui avait failli y aller,
plusieurs années plus tôt, c'était Jean Marchand, un
ministre fédéral, et il s'était décommandé
trois ou quatre heures avant.
Donc, possibilité de dialoguer avec les agents de cette
manière, mais aussi et cela a été un des fers de
lance de la politique du gouvernement on a eu un succès
considérable et même spectaculaire. Ce sont nos efforts de
concertation sur le plan économique. Cela a été de notre
responsabilité d'organiser les sommets, les minisommets, deux grands
sommets économiques, dont le dernier, en particulier, a
été qualifié de succès, par à peu
près tous les intervenants, sauf le chef de l'Union Nationale, ce qui
m'a surpris, lui qui, habituellement a un esprit d'analyse assez
pénétrant pour les questions d'affaires.
M. Raynauld: II n'avait pas le droit de parler, et moi non
plus.
M. Landry: Je relisais les coupures de presse sur le dernier
sommet économique: concert d'éloges avec une note discordante,
celle du chef de l'Union Nationale. C'est peut-être tombé comme
cela, sa pensée a peut-être été mal
interprétée. Quoi qu'il en soit, toute cette action dans le
domaine de la concertation a été un phénomène
économique marquant des deux dernières années et
demie.
Nous avions connu les affres d'une rupture totale du contrat social,
dans les dernières années, particulièrement du
régime qui nous a précédés. Les agents
économiques discutaient entre eux à coups d'injures et dans
l'absence la plus totale de dialogue; même les hommes d'affaires
admettent volontiers qu'en dépit du fait que le gouvernement qui nous a
précédés avait un préjugé soi-disant
favorable pour les hommes d'affaires, et qu'il y avait, paraît-il,
quelques hommes d'affaires dans le cabinet, ce qui n'était pas d'une
évidence aussi claire qu'on le dit, avaient moins de contacts avec
l'ancien gouvernement qu'ils n'en avaient avec le nôtre. Vous me direz
que dans nombre de cas, ils ont des contacts avec vous autres pour vous
engueuler, ce qui est rigoureusement vrai. Cependant, c'est mieux d'avoir des
contacts et de se parler. On ne s'est pas parlé de façon
artisanale, décousue et désorganisée. On s'est
parlé dans les séances de concertation organisées, avec
une préparation intellectuelle intense, celle des sommets
économiques, qu'ils soient généraux ou qu'ils soient
sectoriels, et les mini-sommets, ceux du vêtement, textile, chaussure en
particulier, et meuble, ont été suivis de résultats
spectaculaires. Je ne veux pas dire que c'est uniquement parce qu'il y a eu des
mini-sommets que la conjoncture a changé. Mais le consensus fait au
mini-sommet a permis en particulier de débloquer, au niveau du
gouvernement fédéral, une meilleure analyse des secteurs
traditionnels, qui a fini par être partagée par M. Jean
Chrétien en particulier, qui avait bien connu cela quand il était
ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Rivest: ... pour débloquer... (17 h 30)
M. Landry: Ces questions constitutionnelles sont parmi les
majeures qu'une nation ou qu'une
collectivité puisse affronter et même un instrument utile
et pratique comme un sommet ne peut pas les régler, bien que M. Johnson
avait déjà proposé, vous vous en souvenez, qu'on tienne
une constituante, ce qui, à l'époque, n'était
peut-être pas une mauvaise idée. Quoi qu'il en soit, comme
résultat pratique, le gouvernement a été près des
milieux syndicaux, des milieux d'affaires avec un échange d'information
continu et je sais que cela intéresse beaucoup le chef de l'Union
Nationale c'est de ces sommets que découleront nos
stratégies de développement économique, certaines
étant déjà promulguées et ayant
découlé de sommets, comme notre stratégie sur les secteurs
traditionnels et celles qui s'en viennent, découlant partiellement des
informations, des suggestions, des consultations du dernier sommet
économique de Montebello.
Pour lancer notre discussion et vous donner tous les droits de parole
qu'il faut, je ne veux pas me faire avare de mon temps, mais je pense bien que,
quand j'aurai été avec vous jusqu'à 18 heures,
peut-être 18 h 30, ce serait le maximum, puisqu'à 20 heures, vous
avez déjà convoqué un autre de mes collègues et je
ne sache pas que vous vous priviez de manger. Je vous réitère que
je ne suis pas pressé, mais je ne veux pas abuser de mon droit d'ouvrir
la séance. Il dépasse déjà 17 h 30. J'aimerais
mieux maintenant réagir à vos objections et à vos
questions que continuer à monologuer.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'apprécie que le
ministre termine ses remarques préliminaires. Si on veut poser quelques
questions... Je voudrais saisir l'occasion de cette commission pour demander si
le ministre pourrait nous donner quelques détails sur le nouveau plan de
relance qu'il a encore annoncé hier. Le ministre passe son temps
à annoncer des plans de relance. Depuis deux ans, je pense que cela doit
faire cinq ou six fois. Je voudrais savoir si celui-là est
différent des autres.
Ensuite, comme deuxième question qui s'inscrit dans le cadre des
sommets et des mini-sommets, je voudrais lui demander si les sommets qu'il a
avec M. Drapeau et M. Desmarais II sont productifs, s'il y a déjà
eu des réunions à cet égard-là et ce qu'il pense va
sortir de ce comité, pour être sérieux c'est un
comité sur Montréal. On m'a déjà
informé qu'à Montréal il y avait eu des changements
importants quant à l'organisation interne, pour ce qui concerne le
développement économique de Montréal. Comment
l'appelle-ton?
M. Landry: CIDEM.
M. Raynauld: C'est cela, CIDEM. Évidemment, au niveau de
la Communauté urbaine de Montréal, il y avait déjà
des structures. Je ne sais pas dans quelle mesure elles sont très
sophistiquées, mais il y avait des structures internes également.
Il existe votre comité, le comité au sommet. J'aimerais que le
ministre nous parle un peu de l'agencement de ces choses-là en relation,
évidemment, avec les problèmes de Montréal, sur lesquels
je ne m'étendrai pas cet après-midi faute de temps.
M. Landry: L'interprétation est abusive, bien que c'est en
toute bonne foi, de ce que j'ai dit hier au sujet de la relance de
Montréal. J'ai dit effectivement au colloque des Hautes Études
Commerciales que le mini-sommet qui se tiendra sur Montréal à
l'automne devrait déboucher sur un plan de relance. C'est ma conviction
profonde. Plusieurs analyses avaient été faites dans les milieux
académiques et universitaires, remarquablement bien faites d'ailleurs,
de la question de Montréal. J'y puise aujourd'hui une partie de mon
argumentation contre certaines tentations démagogiques que peuvent avoir
les membres de l'Opposition officielle, mais ces études
académiques ont été complétées, même
lorsque le député d'Outremont a cessé de pratiquer son
métier d'économiste, par d'autres. J'ai rencontré
d'ailleurs, aux Hautes Études Commerciales, ce brave M. Martin, homme
effacé, mais un intellectuel de grande classe qui m'a rappelé
l'époque où il travaillait avec vous.
Je pense que la recherche sur Montréal est pratiquement
terminée. On sait ce qui s'est passé. On le sait sur le plan
historique, on le sait sur le plan structurel, sur le plan conjoncturel.
L'objectif du sommet devrait vraiment être l'action. Quelles douze ou
quinze mesures couplées à une nouvelle mentalité des
hommes d'affaires montréalais pourraient mettre cette grande
agglomération sur la voie de la prospérité et lutter
contre les facteurs adverses? La canalisation du Saint-Laurent est faite. On
peut le déplorer souvent. Il y a M. François-Albert Angers qui
était là justement, qui est à sa retraite aujourd'hui,
mais qui rappelait le temps où il avait dénoncé le projet
de canalisation, parce qu'il en avait prévu avec une lucidité
fantastique toutes les conséquences néfastes pour
Montréal. Ne plus s'apitoyer sur le passé, cesser les
jérémiades et déboucher sur la relance, c'est dans ce sens
que j'en ai parlé hier.
Maintenant, qu'est-ce qui a été fait depuis un certain
nombre de mois, précisément, comme le mentionnait le
député d'Outremont, avec M. Drapeau et M. Pierre Desmarais II? Il
y a eu d'abord plusieurs rencontres avec le maire de Montréal,
même si sa municipalité est souveraine dans ses juridictions, tout
en étant une créature du gouvernement du Québec, pour le
sensibiliser au fait que, dans les grandes agglomérations
nord-américaines, les municipalités jouaient un rôle
économique et de développement économique
déterminant.
Je ne dis pas que le maire de Montréal n'a pas tenté,
à sa manière, de faire un brasse-camarades économique
important à Montréal, mais il l'a fait à la manière
d'un médecin qui injecte de l'adrénaline. Cela peut avoir un
effet fabuleux, l'adrénaline. C'est une hormone aux effets prodigieux,
sauf qu'au bout de deux heures elle est éliminée
par l'organisme, et le malade est aussi malade qu'avant. Alors, il a
fait de grosses injections d'adrénaline, comme Expo 67, cela a
été fabuleux comme les Olympiques. En termes
macroéconomiques, indépendamment des retombées plus ou
moins odoriférantes qu'on y découvre aujourd'hui, le
député d'Outremont le sait très bien et moi aussi, si tu
tires $1 milliard dans un paysage, cela va faire des effets. Ce n'est pas
toujours ce qu'il y a de mieux. C'est Adam Smith qui disait qu'on pourrait
enterrer l'or dans les mines et aller le rechercher. En termes
macroéconomiques, cela aurait à peu près le même
effet.
En tout cas, à Montréal, cela s'est fait, ces choses, mais
on voit bien que c'était de l'adrénaline. Dès que l'effet
est passé, on retombe avec une tension artérielle
économique basse. Je me suis évertué à convaincre
de cela le maire de Montréal, et ses adjoints aussi, comme le
président du conseil exécutif, M. Lamarre. Je pense bien que ce
sont MM. Lamarre et Drapeau qui, avec leurs collaborateurs, ont
décidé de réviser de fond en comble la structure d'action
économique de la ville. C'est là qu'ils ont fait le CIDEM, le
Comité industriel de développement économique de
Montréal, qui est divisé en six sous-comités si ma
mémoire est fidèle un pour l'industrie, un pour le
tourisme, un pour le logement, un pour les sièges sociaux, un pour
l'aéroport. C'est sur papier. C'est une structure, mais cela
dénote une volonté nouvelle des autorités de la ville de
Montréal d'aborder le développement économique autrement
que par l'adrénaline, mais plutôt par le conditionnement physique,
le jogging, si on veut prendre des images médicales.
Quant à M. Pierre Desmarais, qui a la responsabilité de la
Communauté urbaine de Montréal, il est également
sensibilisé à la question et il fait partie d'un comité,
avec le maire de Montréal, avec M. Roger Beaulieu et moi-même, sur
la question de l'action à prendre pour favoriser l'expansion, la
rétention et la venue des sièges sociaux à
Montréal. Nous nous sommes réunis à quatre ou cinq
reprises jusqu'à ce jour. Nous avons préparé un protocole,
parce que vous savez que nous allons donner à la communauté
environ $500 000 dans les quelques années qui viennent uniquement au
titre de son action sur les sièges sociaux. Cette somme, qui vient des
deniers publics, sera consacrée à la sensibilisation des diverses
clientèles par la publicité, par la création d'un esprit
plus encourageant parmi les hommes d'affaires anglophones de Montréal,
également pour le soutien d'un poste permanent d'un commissaire aux
sièges sociaux dont le processus de choix est en cours, il est
pratiquement choisi, en fait, qui sera la cheville ouvrière de cette
action de la communauté.
Il y a une autre chose que je veux vous signaler que nous avons faite
avec M. Pierre Desmarais. On est allé à New York et on a vu ce
qu'étaient les problèmes d'une grande ville. On a vu que nos
difficultés montréalaises n'ont rien de commun avec le presque
cauchemar économique que peut être la ville de New York. Nos
cadres nous parlent d'une petite différence de taxes ici, mais la
différence des taxes entre l'État voisin du New Jersey et la
ville de New York, qui est elle-même dans l'État de New York,
c'était quand ils ont commencé leur action, je pense, de un
à treize, et il était tout content de dire que les taxes
n'étaient plus que sept fois plus élevées que dans le
Connecticut et le New Jersey.
Les sièges sociaux, à New York, c'est un exode absolument
invraisemblable. On était là et il y en a eu un majeur qui a
annoncé son départ, American Airlines, qui était à
New York et qui s'en va à Dallas-Fort Worth. Comme je l'ai dit à
plusieures reprises, les hommes d'affaires new-yorkais ont fait un peu ce que
le monde de Montréal a fait avec la Sun Life, ils ont pris d'autres
lignes aériennes. Mais ce n'est pas une façon d'aborder
globalement ce problème.
On a pris des leçons à New York. On a vu des gens qui
avaient des problèmes beaucoup plus compliqués que les
nôtres. On a vu ce qu'ils ont fait. Ils ont travaillé surtout sur
la rétention plutôt que d'en amener d'autres et sur l'expansion.
Figurez-vous c'est vrai à Montréal aussi qu'il y a
des sièges sociaux qui ont quitté New York simplement parce que
ça faisait sept, huit, dix mois qu'ils se battaient avec
l'administration municipale pour avoir un permis de construire, pour avoir des
terrains et pour avoir des services. Ils se sont tannés et ils sont
allés au Connecticut et au New Jersey.
À Montréal, on a connu des phénomènes qui
ressemblent à ça. Le président de la Banque Provinciale,
par exemple, je pourrais vous raconter sa bataille épique avec les
services municipaux de Montréal pour avoir le droit de faire la tour
qu'elle commence à construire bientôt, de même que Bell
Téléphone qui a eu ses dernières autorisations il y a
seulement quelques jours. Je ne veux pas charger l'administration, parce que,
comme m'a dit M. Desautels, qui est le chef du service d'urbanisme, ces gens se
considèrent ils n'ont pas tout à fait tort comme
des espèces de magistrats de la protection de l'environnement. Il a dit:
Nous autres, on a des normes. Je comprends que vous voulez développer
Montréal rapidement, vous voulez construire, mais, dans cinquante ans,
Montréal se développera encore et ni les hommes d'affaires
d'aujourd'hui ni vous-mêmes ne serez encore là pour voir les
dégâts.
C'est dans ce contexte-là qu'on a travaillé jusqu'à
maintenant et, après le mini-sommet, comme je vous dis, on essaiera de
mener une action plus systématique, mais le fardeau étant sur les
épaules de la Communauté urbaine de Montréal et de la
ville de Montréal, comme c'est la meilleure façon de le faire sur
le plan décentralisé.
J'ajoute aussi je me sers peut-être de ma participation aux
crédits, mais c'est pertinent, vous allez le voir que, si on
parle de l'île de Montréal, il ne faut pas oublier qu'il y a
d'autres choses tout autour. Si on franchit la rivière des Prairies, on
tombe dans une municipalité de 225 000 habitants, la deuxième
plus grande ville du Québec, qui s'appelle Laval et qui, cette
année,
m'a confié le maire il y a quelques jours, dépassera ou
atteindra son record de construction, de permis de construction dans toute
l'histoire de la ville.
Il faut bien considérer qu'il y a l'île, où certains
problèmes se posent. Il faut considérer que la rive sud est
très dynamique et en expansion et que la ville de Laval continue sur sa
lancée de développement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Merci, M. le Président. Je voudrais poser
quelques questions au ministre sur deux sujets particuliers, parce qu'on n'a
pas tellement de temps quand même.
Le premier sujet, c'est le Fonds de développement
régional. On voit que, cette année, son budget est
augmenté de $30 millions à $38 millions. Je voudrais
savoir...
M. Landry: Je m'excuse. Pour ne pas vous faire perdre votre temps
et faire perdre celui de la commission, M. le Président, c'est une
espèce de question de règlement que je fais.
C'est mon collègue Léonard qui répondra de tout ce
qui touche le Fonds de développement régional, qui n'est pas aux
crédits du Conseil exécutif, mais aux crédits de l'OPDQ,
et nous reviendrons tous les deux pour défendre les crédits de
l'OPDQ. Mais le Fonds de développement régional, le ministre qui
en a la charge, c'est mon collègue Léonard.
M. Biron: D'accord, parce que le président m'a dit tout
à l'heure que c'était le programme 4 et qu'on passait à
travers. C'est bien le programme 4?
Le Président (M. Boucher): C'est ça? L'OPDQ, c'est
au programme 6, je pense?
M. Landry: Cela ne me fait rien, je peux toujours répondre
à certaines questions, mais vous êtes mieux comme on le
disait en droit d'avoir la meilleure preuve et le meilleur
témoin.
M. Biron: Je reviens à quelque chose de semblable. J'ai
noté tout à l'heure que le ministre nous parlait de l'entente
avec les pâtes et papiers, ministère des Terres et Forêts.
L'an dernier, à une de mes questions justement, c'est vous-même,
M. le ministre... non, c'est le ministre à l'aménagement qui me
répondait que c'était encourageant, c'est à ce point
encourageant que je pense que d'ici quelques jours ou quelques semaines, en
tout cas, bientôt, le ministre des Terres et Forêts sera en mesure
de faire des déclarations à ce sujet, concernant l'entente
Québec-Canada. (17 h 45)
M. Landry: C'est toujours ce qu'on pense avec le
fédéral, mais on est toujours déçu.
M. Biron: Lorsque vous avez mentionné tout à
l'heure cette entente, c'était la même entente de laquelle le
ministre nous parlait l'an dernier. C'est la seule entente dans le domaine des
pâtes et papiers.
M. Landry: Vous ne l'avez pas décrit beaucoup, j'imagine
que c'est la même.
M. Biron: Je vais poser une autre question vis-à-vis des
entreprises françaises ou des entreprises québécoises, des
relations France-Québec entre entreprises manufacturières. Je
lisais dernièrement que la France a l'intention de
déléguer, d'envoyer beaucoup de ses hommes d'affaires au
Québec, pour essayer de vendre des produits français au
Québec. Est-ce qu'on a quelque chose de comparable ici?
C'est beau d'acheter des produits français, mais c'est
peut-être aussi important, sinon plus important pour les industriels
québécois ou pour les travailleurs québécois, de
vendre nos produits en France également, ou en tout cas, de se servir de
la France comme d'une ouverture, comme d'une porte sur l'économie
européenne. Alors qu'est-ce qu'on fait à votre ministère,
justement, pour aider les hommes d'affaires du Québec? J'ai un exemple
très clair vis-à-vis de la France et après ça,
l'Europe, mais il faut commencer par la France. Si on ne réussit pas
là, on ne se rendra pas dans les autres petits pays tout autour.
M. Landry: D'abord, la priorité est américaine,
bien entendu, continentale. Mais il est vrai que notre balance commerciale avec
la France est déficitaire. Elle est déficitaire pour des facteurs
très lourds, des explications historiques et culturelles: les livres,
les disques, les vins, tenant, pour les deux premiers facteurs, à la
culture et, le troisième, à la culture et à
l'agro-alimentaire, qui nous créent des trous assez profonds dans nos
relations commerciales avec la France. L'objectif est d'arriver à une
balance équilibrée. Ce qui nous aide, par ailleurs,
évidemment, c'est que ce sont des matières premières et,
dans ce domaine, vous savez qu'on a signé des ententes sur le cuivre et
qu'on a des travaux conjoints sur l'uranium. D'après une action qui a
été posée par le gouvernement et la chambre de commerce,
nous avons fait se rencontrer à Montréal, l'an dernier, une
soixantaine de chefs de PME françaises et une soixantaine de chefs de
PME québécoises, d'une façon structurée, non pas en
vue de conversations intellectuelles et de théoriques ententes de
développement. Mais on a dit, si on met les hommes d'affaires ensemble,
ils vont parler affaires. Au bout de deux jours, il y avait des séances
de travail, mais ils allaient visiter des usines, ils allaient manger ensemble
dans les restaurants, etc. Au bout de deux jours, il y avait déjà
une quarantaine d'accords de signés, de transferts de technologie, mais
également de transferts de produits dans les deux sens, les transferts
de technologie de France au Québec, après ce qui nous vient des
États-Unis d'Amérique, la France est en deuxième place. Il
y a beaucoup de trans-
ferts de technologie, de brevets, etc. Cela n'équilibre pas notre
balance avec elle, bien qu'il y ait déjà un signe de
redressement. Les hommes d'affaires mis ensemble ont parlé
d'affaires.
Cependant, c'est notre effort vis-à-vis de l'exportation, pas
seulement pour la France, mais pour tous les pays, qui est en train de prendre
forme au niveau décisionnel, regroupement des services d'exportation du
Québec et nouvelle politique des exportations qui devrait nous permettre
de combler notre déficit. Mais, encore une fois, si la France est un
pays fondamental pour nous, en termes de relations de tout ordre, la
priorité reste continentale et nord-américaine pour
l'instant.
M. Biron: Sur le même sujet est-ce qu'on a eu des
retombées économiques à la suite de la visite du premier
ministre de la France ici, M. Barre, l'hiver dernier? Je sais que le premier
ministre du Québec, à l'occasion de courtes vacances en Europe au
mois de mars ou février, a aussi rencontré le premier ministre de
la France, encore une fois. Est-ce qu'il y a eu des retombées
économiques qui feraient qu'on pourrait dire aux
Québécois: Cela a apporté tel investissement ou on
espère créer tant de centaines d'emplois, de dizaines ou de
milliers d'emplois, justement à cause de ces relations
France-Québec?
M. Landry: D'abord vous n'êtes pas sans savoir que, depuis
deux ans, il y a un nombre impressionnant d'entreprises françaises, des
PME mais des grandes aussi, qui ont établi une fabrication au
Québec. La dernière, c'est celle qui s'installe chez Wayagamack,
Forges HPC de Rive-de-Gier, dans une technologie extrêmement
sophistiquée avec possibilité de marché pour l'ensemble du
continent, des cylindres pour contenir des gaz à haute pression. Or, au
moment même où on parle, la Commission économique
France-Québec est en réunion et mon sous-ministre qui n'est pas
avec moi aujourd'hui est présentement à Paris, c'est le tour des
Québécois d'aller en France. On a eu l'inverse quand M. Barre est
venu, où la commission s'est également réunie, et les
retombées de la visite Barre sont précisément
analysées. Il s'est déjà passé quelque chose dans
un domaine intéressant, celui de l'avionnerie, la semaine
dernière. Les confirmations seront données bientôt. Un
avion de tourisme français, qui est un excellent avion, probablement un
des meilleurs produits sur le marché, l'avion Robin, sera
fabriqué dans le comté d'Argenteuil, dans la ville de
Lachute.
M. Rivest: On voit qu'Argenteuil commence à être sur
la carte.
M. Landry: C'est pas mal. Et vous voyez que ce n'était pas
une question d'élection partielle, si on avait voulu faire de la
politique avec ça, on aurait pu l'annoncer avant...
M. Rivest: Oui, c'est parce que ce n'est pas
complété.
M. Landry: ... mais comme c'est un comté où nos
chances étaient minimes...
M. Rivest: Ah Seigneur!
M. Landry: Si on avait pris, aux élections
générales de 1976, le comté d'Argenteuil et le
comté de Jean-Talon, on les aurait pratiquement tous pris et ça
nous aurait mis dans la position de Bourassa où, quand tu en prends
trop, tu peux manger une méchante claque aux élections suivantes.
Notre objectif n'est pas de prendre tous les comtés, on est en
démocratie, on aime mieux l'équilibre.
M. Rivest: C'est pour ça que vous avez pris la rue dans
Jean-Talon.
M. Biron: M. le Président.
M. Landry: Cela nous éloigne des relations
commerciales.
M. Biron: Je voudrais savoir, justement, en parlant d'entreprises
qui viennent au Québec, d'entreprises françaises, est-ce qu'il y
a eu des pourparlers au cours de la dernière année ou au cours
des derniers mois avec l'entreprise Le Creuset? On sait que ces gens-là
devaient établir une fonderie au Québec, les négociations
avec la Société de développement industriel ont
duré des années, ainsi qu'avec le ministère de l'Industrie
et du Commerce. Est-ce qu'on a eu des pourparlers dernièrement, parce
qu'il était question de 350 emplois à l'époque, si je me
souviens, et de $6 millions d'investissement au début, peut-être,
avec possibilité d'un autre...
M. Landry: Cela devait être à Montmagny, je
pense.
M. Biron: À Montmagny, oui.
M. Landry: Malheureusement je crois que ce dossier est mort et je
ne peux pas vous donner d'information aujourd'hui. Je m'engage cependant
à vous fournir, si ça vous intéresse, un état par
écrit du dossier, que je vous ferai parvenir dans les jours qui
viennent. Cela devait aller à Montmagny; par ailleurs, on prévoit
une expansion importante de la demande de main-d'oeuvre à Montmagny et
pour Montmagny, je me demande si, après les projets que nous connaissons
au sujet de cette ville, il n'y aurait pas eu un problème de
main-d'oeuvre si Le Creuset y était allé en plus.
M. Biron: II était aussi question pour eux de s'associer
avec un brillant industriel du Québec qui a décidé d'aller
ailleurs que dans la fonderie.
M. Landry: Ah bon!
M. Biron: M. le Président, pour parler de choses
sérieuses maintenant...
M. Landry: Je pense que j'ai saisi l'allusion.
M. Biron: Je voudrais parler d'une autre question. Le programme
OSE, vous allez peut-être me dire que c'est de l'emploi communautaire,
mais pouvez-vous m'expliquer un peu les choses, parce que j'ai eu un petit
problème dernièrement, avec une entreprise qui a
bénéficié, à même le programme OSE, d'une
subvention de $60 000, à condition d'intéresser les travailleurs
de l'entreprise, c'est une entreprise de Drummondville? Depuis ce temps,
l'entreprise, aussitôt qu'elle a reçu le chèque de $60 000,
avec la participation des travailleurs, a mis à pied lentement ses
travailleurs ou les a forcés à démissionner. On
s'aperçoit aujourd'hui que l'entreprise a bénéficié
de la subvention et n'a pas respecté sa partie des engagements. Je peux
même vous donner le nom de l'entreprise, ça peut vous
éclairer, les Publications Plus Inc. de Drummondville.
Je voudrais savoir si le gouvernement, pour ne pas critiquer
l'entreprise, ce sont peut-être des questions économiques, a
certaines garanties pour qu'on ne donne pas de l'argent à gauche et
à droite, pour s'apercevoir que les travailleurs sont
pénalisés.
M. Landry: Encore là, à mon grand regret, je vais
vous servir de nouveau la théorie de la meilleure preuve. Mon
collègue Marois, qui sait que vous allez lui poser cette question, qui
est responsable du programme d'emplois communautaires, a fait préparer
par ses services une réponse élaborée et qu'il vous
donnera lui-même. Il sera même en mesure de vous donner un
aperçu par écrit de l'aventure de cette firme dont je dois vous
dire, personnellement, que je ne sais rien.
M. Biron: Quand même, est-ce que vous pouvez, si vous
siégez à ce comité, vous assurer qu'à l'avenir,
lorsqu'on distribue des subventions, les entreprises respectent le
minimum...
M. Landry: Oui.
M. Biron: ... de conditions.
M. Landry: II y a des conditions. Évidemment, il y a une
procédure d'attribution, il y a le Conseil du trésor, il y a
toutes les précautions habituelles, sauf que, dans ces programmes
d'aide, il faut, et j'imagine que le chef de l'Union Nationale l'admet comme
une fatalité, admettre que, sur le plan statistique, il va y avoir un
certain nombre de cas où ça ne marchera pas. C'est cela
l'intervention d'un capital de risque et, par définition, le capital de
risque, ça comporte comme fatalité qu'un certain nombre
d'entreprises vont s'accrocher les pattes et c'est dans le jeu. On raconte que
The Small Business Administration, aux États-Unis, a eu des taux de
trois quarts d'échecs, certaines années, sauf, que quand elle
réussissait, elle réussissait. Il y a eu la Xerox Corporation
parmi ses réussites. Il faut s'attendre à de bons et de moins
bons résultats.
M. Biron: Maintenant, avez-vous quelque cho- se à nous
annoncer dans le domaine de l'automobile. On en a parlé, au cours des
deux dernières années. Une usine nous a glissé sous les
pieds, Ford, pour aller en Ontario. Est-ce qu'on a d'autres pourparlers
sérieux avec d'autres usines? On a parlé longtemps de GM, de bloc
de moteurs d'automobile. Il semble aussi que c'est éliminé, GM a
décidé d'aller dans le diesel. Pour les moteurs de fonte, est-ce
qu'on continue les pourparlers avec les entreprises dans le domaine de
l'automobile?
Et, encore une fois, particulièrement GM, parce qu'on lui a
donné un contrat d'autobus, il y a deux ans, cela a fait couler beaucoup
d'encre, avec des retombées économiques qui devaient être
énormes de la part de GM. Je sais qu'elle a respecté une partie
de cet engagement avec l'usine de montage des autobus, mais on devait avoir
plus que cela. Est-ce qu'il y a des démarches sérieuses,
systématiques de faites? Qu'est-ce qu'on fait dans ce domaine?
M. Landry: Je commence par les autobus. Pour les autobus, il n'y
avait aucune espèce d'engagement de GM sur les retombées autres
que celles concernant les autobus. Et là-dessus, ces gens se sont
acquittés parfaitement de leurs obligations. Ils ont même
construit une nouvelle usine à Saint-Eustache, qui doit être en
production au moment où on se parle. Ils ont même
dépassé nos expectatives, peut-être pour des raisons de
conjoncture, mais il y a eu un besoin d'autobus et, avec la crise
d'énergie, il peut y avoir un besoin d'autobus de plus en plus grand. Et
comme cela sera une des meilleures usines et une des plus modernes de la firme,
il y a des chances que ce soit non seulement le marché
québécois et canadien qui soit desservi, mais
éventuellement d'autres marchés, à cause de la demande
d'autobus dans le monde. Mais cela n'était pas lié à
d'autres retombées économiques que celles-là.
Quant au dossier de l'automobile comme tel, vous connaissez notre
position là-dessus. On en a parlé souvent, on a
considéré comme une infamie que le gouvernement du Canada aille
subventionner Ford dans une région qui était déjà
en surchauffe économique. La suite nous a tellement donné raison
que l'industrie automobile ontarien-ne recrute des travailleurs en Angleterre
et en Allemagne présentement, alors qu'on a 10,2% de chômeurs.
Le dossier GM, comme l'a dit mon collègue de l'Industrie et du
Commerce, n'est pas fermé. Elle n'a pas fait l'usine au Québec.
Elle ne l'a pas fait ailleurs non plus. Il y avait des incertitudes
technologiques qui pesaient là-dessus, on l'a dit longtemps, en
particulier des questions d'alliage, pas d'alliage, mais de composé
résine-graphite, pour créer un matériel léger aussi
résistant que l'acier, que l'aluminium et qui, éventuellement,
pourrait être intégré. Il l'est déjà pour
certains pare-chocs, dans la fabrication d'automobiles. L'approche du
ministère de l'Industrie et du Commerce, pour l'instant, et de
l'ensemble du gouvernement, porte surtout sur les pièces, parce que les
pièces, c'est également très important.
II y a un certain nombre de fabricants québécois qui se
débrouillent bien. Vous savez que la Société nationale de
l'amiante, maintenant, est partie à cette entreprise qui s'appelle
Distex, qui fabrique des plaquettes de freins, et qu'avec cette nouvelle
association, cette nouvelle prise de participation, Distex va tripler sa
production. Vous savez également que Canam Manac, qui fabrique des
remorques c'est un des beaux fleurons du réveil beauceron, en
particulier est en expansion considérable, vient d'obtenir des
commandes importantes. Tout cela s'intègre dans la balance automobile.
Cela reste très insuffisant.
Mais avec les nouveaux développements dans le magnésium,
en particulier le magnésium-métal qui est une autre des
réalisations en cours de la Société nationale de
l'amiante, nous pensons, à cause de facteurs purement économiques
de coûts pour tout ce qui est magnésium, de tout ce qui peut
être intégré à la production automobile et qui est
en magnésium, être en mesure de concurrencer vivement sur le grand
marché des pièces d'automobiles des États-Unis, mais tout
cela n'est qu'événementiel comparé à l'implantation
d'une grande usine de moteurs ou d'une grande usine de montage. À moins
que le gouvernement du Canada ne se dessille les yeux avec un nouveau
gouvernement, on ne sait jamais ce qui peut arriver et qu'il
décide de rééquilibrer les retombées du pacte de
l'auto à travers l'ensemble du territoire canadien, nous ne pourrons pas
compenser rapidement un déficit aussi lourd que celui que nous avons,
30% de la production et pratiquement 5% des véhicules et des
pièces. Cela va prendre une action énergique du gouvernement qui
a le véritable pouvoir là-dedans et c'est le gouvernement du
Canada. Il a encore un certain nombre de mois pour le faire dans le vieux
système. Il est évident qu'en contexte de
souveraineté-association, notre position de négociation sera
incommensurablement plus élevée et il ne sera plus question
d'importer 30% des bagnoles et n'en point fabriquer.
Sous réserve qu'il se pourrait très bien c'est un
peu théorique ce que je dis qu'on dise: D'accord, vous faites les
bagnoles, faites les bagnoles. On va continuer d'acheter vos bagnoles, sauf
qu'on va faire les avions et on va faire tous les avions.
En d'autres termes, dans une vraie discussion économique entre
deux partenaires égaux, ce n'est pas toujours le même qui gagne.
Il se pourrait que l'on renonce à l'industrie automobile à la
condition que dans le marché commun canadien nous ayons la concession de
certaines spécialités, que ce soit entendu entre partenaires
égaux et qu'on ait une activité économique
équivalente qui pourrait être dans une autre branche.
Pour l'instant, on se bat sur les fonds qu'on contrôle et c'est
celui des pièces, c'est celui de la PME québécoise ou la
moyenne entreprise québécoise incluant Bombardier que l'on pousse
à la fabrication la plus importante possible dans le domaine de
l'automobile. (18 heures)
M. Biron: Est-ce qu'il y a des études...
Le Président (M. Boucher): Messieurs, il est dix-huit
heures, je dois vous demander votre consentement si vous voulez continuer.
M. Biron: J'aurais peut-être encore une question et j'aurai
terminé.
Le Président (M. Boucher): Alors, allez-y!
M. Biron: Est-ce qu'il y a des études qui sont faites,
dans ce domaine-là, par votre ministère ou par le gouvernement?
Dans le domaine de l'automobile, on sait que cette année on va
être en déficit d'un montant de l'ordre de $3 milliards. Il y a
trois ou quatre ans, c'était $2 500 000 000 et peut-être que dans
trois ans, ce sera $3 500 000 000, en tout cas, on s'en va très
rapidement... Il y aurait peut-être lieu d'avoir une grand usine ou des
grandes usines, vous avez donné l'exemple de Distex, Manac, Bombardier,
des entreprises de taille moyenne qui peuvent concurrencer dans le domaine des
pièces d'automobile.
Je n'entrevois pas que, demain matin, on construise nos propres
automobiles, mais il y aura peut-être lieu de fabriquer beaucoup de
pièces d'automobiles. Je connais d'autres entreprises qui en fabriquent
à l'heure actuelle, mais qui sont dynamiques et qui n'ont pas peur
d'affronter les marchés. Est-ce qu'il se fait des études dans ce
domaine. Chez vous, est-ce qu'on publie des espèces de dossiers ou de
catalogues, pour employer le terme du premier ministre au sommet
économique, de ce qu'on peut fabriquer au Québec, de ces
pièces, de ce qui est requis à travers le marché
nord-américain? Est-ce qu'on peut orienter de quelque façon nos
entreprises de taille moyenne? Ce ne seront pas les petites entreprises qui
vont aller dans ce domaine, mais beaucoup d'entreprises de taille moyenne
pourraient aller dans les pièces d'automobiles.
M. Landry: Oui, il se fait, comme vous dites, des études
chez moi dans le cadre des énoncés de politique économique
et du plan de l'action économique du gouvernement à moyen terme,
sauf qu'il y a au MIC des équipes réellement
spécialisées et sectorielles qui font ces genres d'études
et poussent les entreprises, dans toute la mesure du possible, avec l'aide de
la SDI, le programme PME innovatrice, à aller chercher notre part de ce
créneau. C'est du grappillage. Cela peut être très
significatif si c'est un grappillage efficace. À la longue, cela finit
par en faire beaucoup, mais ce n'est pas le développement spectaculaire
qu'on aurait pu entrevoir avec une fabrique de moteurs.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, si on me le permet, à
la fin de cette séance, j'aimerais deman-
der au ministre s'il est au courant qu'il existe une étude sur la
Voie maritime du Saint-Laurent, qui a été produite depuis deux ou
trois mois et qui montre j'ai eu l'avantage de la lire que le
Québec bénéficie de la Voie maritime du Saint-Laurent
jusqu'à concurrence et ici je donnerai simplement un ordre de
grandeur, parce que je ne me souviens pas des chiffres exacts, d'environ $100
millions par an; la Voie maritime du Saint-Laurent rapporte aux producteurs de
blé américains ou canadiens à peu près $50 millions
à $55 millions et la Voie maritime du Saint-Laurent rapporte environ $20
millions par année à l'Ontario. Compte tenu de ces chiffres, qui
sont évidemment fondés sur le fait que 85% du trafic de la Voie
maritime consiste en du minerai de fer et du blé, il serait fort injuste
et fort inexact de continuer à invoquer la Voie maritime comme
étant une des causes du ralentissement de l'activité
économique à Montréal et une des causes de progrès
économique de l'Ontario.
M. Landry: Je m'excuse de vous interrompre, M. le
député, mais je ne pourrai pas répondre à votre
question si vous n'identifiez pas mieux l'étude. Je vous écoute
parler et ça ne me situe pas. Qui l'a faite? Quelle date? Quels
commanditaires?
M. Raynauld: Je ne peux pas le dire moi non plus, parce que c'est
une étude qui n'a pas encore été rendue publique...
M. Landry: Ah bon!
M. Raynauld: ... qu'on m'a demandé de commenter
lorsqu'elle a été faite, mais je suis surpris... En fait, il y en
a une...
M. Landry: Moi, j'attends une étude dans les jours qui
viennent.
M. Raynauld: ... qui vient je ne sais pas si elle est
sortie, celle-là du CD. Howe Research Institute, par une dame
dont je ne me souviens pas du nom...
M. Landry: Ce n'est pas Caroline Pestiau encore, non?
M. Raynauld: Non, Seligman, et ça, c'est une
étude... Ce n'est pas de celle-là que je parle, mais on me dit
que cette étude confirme l'autre, que j'ai vue également. Dans
tous les cas, c'est une étude qui va sûrement sortir, mais je
trouve que les résultats sont tout à fait invraisemblables,
compte tenu de la nature du trafic qui existe. Je suis surpris que le ministre,
chaque fois qu'il parle de Montréal, invoque la construction de la Voie
maritime du Saint-Laurent comme étant une des raisons de
l'affaiblissement de la région de Montréal. Je souligne
simplement que ceci n'a pas de fondement, compte tenu de l'existence,
maintenant, d'études qui prouvent exactement le contraire.
M. Landry: Oui, mais les études sont contradictoires,
comme le sait le député d'Outremont. Je ne recommanderai
sûrement pas des études que je n'ai pas vues et que je n'ai pas
lues.
M. Raynauld: II n'y en a pas d'étude.
M. Biron: Mais vous affirmez, par exemple...
M. Landry: Non, non. Nous, nous avons des études de l'OPDQ
sur la canalisation du Saint-Laurent et j'en attends une autre dans les jours
qui viennent et que je n'ai pas vue. Ce que l'OPDQ m'a remis comme analyse,
jusqu'à maintenant, confirme tout à fait notre thèse.
D'abord, même ce que vous dites là, $100 millions que le
Québec retirerait de la Voie maritime, mais ce n'est pas quatre fois la
récolte de sirop d'érable. Je ne veux pas minimiser, $100 000
000, c'est quand même de l'argent, mais vous savez quel est le PNB du
Québec. Si cette affaire nous rapporte $100 millions par année,
cela illustre totalement ma thèse. C'est absolument scandaleux. La
récolte de sirop d'érable, cette année, va être
à peu près de $40 000 000.
M. Raynauld: Voyons! Voyons! Écoutez! Là, on ne
parle pas...
M. Landry: Écoutez, pour une production artisanale qui
dure deux mois... Ce que je sais, c'est que, chronologiquement...
M. Raynauld: On ne parle pas du tout de la même chose.
Écoutez, il ne faut pas accepter cela. Vous parlez de la production de
sirop d'érable, ce sont les ventes. Ici, je vous parle des
bénéfices nets, compte tenu de tout ce qui est payé,
compte tenu de la contribution que le Québec a faite à la
dette.
M. Landry: Là, vous le dites. Vous ne l'aviez pas dit tout
à l'heure. Vous avez dit: Cela rapporte au Québec $100
millions.
M. Raynauld: Cela rapporte un bénéfice net,
oui.
M. Landry: C'est cela.
M. Raynauld: Un bénéfice net qui rapporte $100
millions par année.
M. Landry: On verra l'étude.
M. Raynauld: On dit: La Voie maritime du Saint-Laurent a
été l'occasion d'un retard immense, considérable.
J'aimerais bien voir les études sur lesquelles vous vous basez pour dire
des choses comme celle-là. Vous venez de faire le rappel de l'existence,
non pas d'une étude, mais d'une prise de position de Françoise
Béranger, en 1958.
M. Landry: Non, mais j'ai parlé aussi de l'étude de
l'OPDQ...
M. Raynauld: II y a d'autres études qui...
M. Landry: ... qui a été publiée et celle
que nous publierons dans les semaines qui viennent. Mais il me semble que cela
tombe sous le sens. D'ailleurs, cela a été mentionné au
colloque des Hautes Études Commerciales hier. Essayons de sortir de la
technocratie et de l'académisme économique pour un instant et
imaginons que Montréal, la ville de Montréal, est le point
terminal de tous les navires à fort tonnage, le point terminal
occidental le plus éloigné de tout l'arrière-pays canadien
et d'une partie des États du Mid-West. Il est entendu que celui qui
profite d'une situation sur ce port est avantagé du point de vue
économique par rapport à tous les autres, parce qu'il peut
recevoir de la matière première dans de gros bateaux, il peut
expédier, dans de gros bateaux, son produit fini et expédier par
chemin de fer plus à l'ouest. Cela lui donnait un avantage de situation
extraordinaire, à telle enseigne que les investissements industriels qui
avaient toujours été, suivant la tendance historique, deux fois
plus élevés dans la région de Montréal que dans la
région de Toronto, dès qu'un navire a pu franchir la Voie
maritime à l'écluse de Saint-Lambert, avec un tonnage important
je ne parle pas des petits canaux, d'autrefois pour les bateaux de bois
le rapport s'est inversé totalement. Je l'ai vu dans une de vos
propres études, et on a eu deux fois plus d'investissements industriels
dans la région de Toronto et dans les ports desservis des Grands Lacs.
Cela tombe sous le sens.
Autrefois, Halifax avait une position privilégiée, parce
que le fleuve Saint-Laurent était fermé six mois sur douze. Il y
a des industries qui étaient à Halifax parce qu'elles ne
pouvaient pas être plus à l'ouest. Le jour où il y a eu des
brise-glace et qu'on a fait le travail, cela a déplacé la
prospérité vers l'Ouest et vers Montréal. C'est comme cela
que Montréal est devenu la métropole économique du Canada.
La Banque Royale, vieille institution de la Place Ville-Marie, a
été fondée à Halifax, avait son siège social
à Halifax parce que c'est l'action qui était à Halifax,
tant qu'on n'a pas été capable de se rendre avec de gros bateaux
à Montréal, par dragage et par ouverture de la Voie maritime
jusqu'à Montréal, à cause des brise-glace. Cela tombe sous
le sens. C'est aussi vrai que l'aéroport de Montréal a
été plus prospère tant que les avions ne pouvaient pas
aller plus à l'ouest, parce que le gouvernement fédéral
n'avait pas donné de droit d'atterrissage.
C'est un phénomène de transport qui est fondamentalement
le même. Si on ne veut pas être des théoriciens et des
académiciens... Je sais que le député d'Outremont est
savant et que je ne suis pas dans les matières économiques
totalement ignorant, je n'ai pas la prétention, sur le plan
académique d'en connaître aussi long que lui, mais parlons comme
le monde ordinaire, si les gros bateaux peuvent aller plus loin, c'est entendu
qu'ils vont y aller et s'ils vont plus loin, ils vont priver Montréal
d'industries qu'elle avait parce qu'elle pouvait recevoir des gros bateaux et
que Toronto ne pouvait pas les recevoir.
M. Raynauld: Mais s'il n'y avait pas eu cela, il n'y aurait pas
eu de minerai de fer. Grand Dieu! Il ne faut pas être un génie
pour comprendre cela, ni un docteur en économique.
M. Landry: Un instant, l'industrie...
M. Raynauld: II n'y aurait pas eu de minerai de fer, si vous
voulez faire des associations dans le temps, comme vous faites... Vous dites il
y a une porte ouverte et l'autre s'est ouverte. Donc l'une est la cause de
l'autre, avec les investissements de 1958.
M. Landry: Écoutez, l'industrie canadienne...
M. Raynauld: Si vous permettez, avec les investissements de 1958,
vous faites une association dans le temps qui est exacte, mais dont il n'a
jamais été démontré que l'un était la cause
de l'autre. En ce qui concerne votre exemple de bateaux, cela tombe sous le
sens peut-être, mais il arrive que la Voie maritime a permis d'exploiter
des mines de fer. Cela ne vous frappe pas, vous qui faites une association dans
le temps, que les mines de fer ont été mises en exploitation en
même temps qu'on a ouvert la Voie maritime? C'est important
ça.
M. Landry: Vous ne connaissez pas les chiffres et vous ne
connaissez pas l'histoire non plus, à mon sens. Premièrement, la
sidérurgie canadienne n'emploie pratiquement pas de minerai de fer du
Québec, une quantité infinitésimale. Le minerai de fer du
Québec était destiné à l'approvisionnement du
marché américain et se fait, en partie, et pouvait se faire
à partir de la côte est des États-Unis. Regardez le tonnage
du port de Sept-Îles. Si votre théorie était vraie, le port
de Sept-lles travaillerait pour la Voie maritime. Or la majorité du
tonnage du port de Sept-lles va vers les États-Unis d'Amérique
par la côte est et vers l'Europe de l'Ouest. Si Sept-lles était
surtout orientée vers la Voie maritime, le tonnage de Sept-lles serait
un tonnage "west-bound" comme on dit, or le tonnage majoritaire de Sept-lles
est "east-bound"
M. Raynauld: C'est parce qu'il y a des transbordements.
M. Landry: Avec des bateaux de 200 000 et de 300 000 tonnes qu'il
faut voir évoluer dans la baie de Sept-lles, quand vous les aurez vus
une fois, vous verrez bien qu'ils ne peuvent pas passer à
l'écluse de Saint-Lambert.
M. Raynauld: Mais pensez bien qu'à Sept-lles il n'y a pas
seulement cela, il y a du blé aussi qu'on transborde à Sept-lles.
Cela a été un des principaux effets de la Voie maritime et
ensuite vous parlez d'aujourd'hui. Étant donné que ces mines ont
été mises en exploitation, c'est bien sûr qu'il y a de
nouveaux marchés qui se sont développés, etc., mais ce qui
a donné le coup de pouce pour l'exploitation des mines de fer de
Sept-Îles, cela a été l'ouverture de la Voie
maritime.
Pour être plus exact, je dirai que la Voie maritime du
Saint-Laurent a été ouverte principalement à cause du
minerai de fer; l'association va plutôt dans l'autre sens, c'est la Voie
maritime qui a été ouverte pour transporter le minerai de fer. Il
n'y aurait probablement pas eu de voie maritime, s'il n'y avait pas eu de
minerai de fer dans le Nouveau-Québec. C'est dans ce sens que j'ai dit
qu'on ne peut pas simplement se fonder sur le sens commun que vous voulez
mettre de l'avant, je n'en ai pas contre ça, mais, parfois, le sens
commun est trompeur. Il ne suffit pas de dire: C'est bien évident que,
lorsque les bateaux arrêtaient là, l'activité se faisait
là, parce qu'il y a eu d'autres activités qui ont
été rendues possible, avec l'ouverture de la voie, qui n'auraient
pas été possible sans ça. À ce moment, il faut
pondérer les deux facteurs et ce n'est plus du tout évident, ce
n'est pas le sens commun qui vous dit ça, ce sont des études un
peu plus avancées, un peu plus poussées qui permettent de
déceler ces facteurs et qui permettent de déterminer si,
effectivement, on a tiré avantage ou non d'un moyen de transport comme
la Voie maritime du Saint-Laurent.
Je ne veux pas dire qu'il n'y a pas eu des effets pour Montréal;
il y a eu des effets négatifs pour Montréal...
M. Landry: Ah! voilà!
M. Raynauld:... mais il y a eu aussi des effets positifs par
exemple.
M. Landry: Je n'ai jamais nié cela, mais ma
prétention est que, pour gagner $100 millions, on perd peut-être
$1 milliard par année; c'est là qu'est le problème. Quand
on se fait avoir de un à dix...
M. Raynauld: Non, c'est un bénéfice net dont je
vous parle: $100 millions par année que rapporte la Voie maritime du
Saint-Laurent au Québec, une fois qu'on a tenu compte de tout ce que
ça nous coûte, de ce que la Voie maritime nous a
coûté, de la contribution du Québec au paiement des
déficits, au paiement de la dette de la Voie maritime, etc. Tout
ça compté, c'est $100 millions. La raison pour ça, c'est
que l'on calcule de tels bénéfices, le trafic et qui a
bénéficié de l'économie du coût de transport,
compte tenu du tonnage. Alors, les $100 millions s'appliquent évidemment
à 1976, avec un trafic qui était un peu moindre avant, qui a
baissé un peu, mais c'est annuel, ce n'est pas un "once-over change",
c'est $100 millions par année, en fonction du tonnage. Alors, en 1960,
disons, ça ne devait pas être $100 millions à cause des
prix, etc.; ça devait être beaucoup moins que ça. Mais, en
1976, c'était $100 millions par année; en 1977, ça
pourrait être $110 millions ou $120 millions.
Je trouve curieux que vous puissiez je ne sais pas sur quelle
étude vous vous basez pour ça...
(18 h 15)
M. Landry: Vous vous basez sur une étude non
publiée, il me semble que ce n'est pas une très bonne
façon de discuter, que de lancer... Vous avez avoué
vous-même que l'étude n'était pas publiée, vous en
avez eu la primeur. Je me demande pourquoi d'ailleurs, quel chercheur...
M. Raynauld: Je ne veux pas lancer de...
M. Landry:... sur le plan intellectuel, donne ça à
un député du Parti libéral qui ne la rend pas publique.
Rendez votre étude publique et on en parlera.
M. Raynauld: Ce n'est pas un député qu'on a
consulté, malheureusement, ça a été un
économiste; c'est ainsi que j'en ai eu connaissance avant. Cela n'a rien
à voir...
M. Landry: Je ne vous reproche pas d'en avoir eu connaissance,
mais vous ne pouvez pas me reprocher de ne pas argumenter avec vous sur la base
d'une étude que je ne connais pas.
M. Raynauld: Non, non, je ne voulais pas en faire une accusation.
Je voulais simplement vous informer que cette étude existait. Je pensais
que vous en étiez informé. C'est pour cela que je l'ai
soulevé la question.
M. Landry: Bien non, vous avez dit vous-même qu'elle
n'était pas publique et que vous en aviez eu la primeur.
M. Raynauld: Vous avez des centaines d'études qui ne sont
pas publiées et auxquelles vous avez accès, c'est bien connu, et
nous ne les avons pas. Mais, celle-là, je pensais que vous l'aviez,
étant donné que je l'avais vue. Deuxièmement, compte tenu
de l'existence d'une étude comme celle-là, évidemment, je
me pose des questions depuis que vous faites des références
à un jugement que vous avez sur la Voie maritime du Saint-Laurent. Je me
demande sur quelle étude vous vous basez pour fonder ces jugements. Vous
me dites qu'il y a une étude de l'OPDQ sur la Voie maritime.
M. Landry: Je l'ai rendue publique. Elle ne portait pas
uniquement sur la Voie maritime. Elle portait sur les effets pervers du
fédéralisme canadien sur l'économie du Québec.
M. Raynauld: Ah! vous parlez de celle-là? M. Landry:
Je parle de celle-là.
M. Raynauld: II y a un paragraphe de dix lignes, ce n'est pas une
étude sur la Voie maritime, cela, un paragraphe de dix lignes.
M. Landry: Non, non. Vous savez très bien que nous avons
rendu publiques les études de l'OPDQ en plusieurs occasions. Toutes ces
études ont été reprises dans un document plus volumineux
que j'ai déposé en Chambre il n'y a pas plus que trois ou quatre
mois, vous le savez.
M. Raynauld: En tout cas, celle que j'ai vue n'était pas
une étude.
M. Landry: Le groupe Tellier essaie de prouver n'importe quoi. Il
va peut-être avoir plus de difficultés maintenant. J'espère
qu'un nouveau gouvernement va réintroduire un peu d'éthique dans
les travaux du Conseil privé du Canada, qui n'est pas censé
être une instance de propagande.
M. Raynauld: Maintenant, vous savez, ce qui nous rend le plus
service, ce sont les études Bonin, de ce temps-ci.
M. Landry: Oui, elles sont tellement honnêtes que vous
pouvez en tirer des arguments tandis que, pour les études Tellier, tout
est du même bord, le fédéralisme est bon.
M. Raynauld: C'est pour cela qu'on n'a pas besoin du groupe
Tellier, on a l'étude Bonin, qui est en train de démontrer
exactement ce que nous disons depuis deux ans et demi. Pour ma part, j'en suis
très heureux, parce qu'on dirait que cela a plus de
crédibilité.
M. Landry: Cela ne me déplaît pas que vous trouviez
des arguments dans nos groupes d'étude. Cela veut dire que ce sont des
gens assez objectifs pour présenter la réalité telle
qu'elle est. Quand le groupe Tellier parle de perte de 300 000 ou 400 000
emplois et que ce sont des...
M. Raynauld: C'est 500 000 dans la dernière étude
du groupe Bonin. Ce n'est pas 300 000.
M. Landry: Oui, et si Marc Lalonde était encore ministre,
la perte d'emplois aurait monté de 100 000 par mois; on serait rendu au
million.
M. Raynauld: C'est 500 000 dans la dernière étude
du groupe Bonin. Peut-être qu'elles sont objectives mais elles ne
prouvent pas votre point. Je suis très heureux de cela. De toute
façon, il est 18 h 20, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Vous êtes d'accord pour
qu'on suspende les travaux?
M. Raynauld: On pourrait continuer encore longtemps.
M. Landry: C'est même la seule chose sur laquelle nous
sommes d'accord.
Le Président (M. Boucher): Après que vous aurez
terminé, M. le ministre, à 20 heures, nous entreprendrons
l'étude avec...
M. Landry: Est-ce que vous voulez que je revienne à 20
heures?
Le Président (M. Boucher): ... M. le ministre au
développement social.
M. Landry: Ce n'est pas nécessaire. Merci, messieurs!
Le Président (M. Boucher): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 20
Reprise de la séance à 20 h 17
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs!
À la suspension de la séance, on en était à
l'étude des crédits du ministre d'État au
développement social à qui je cède la parole pour des
remarques préliminaires.
Ministère d'État au développement
social
M. Marois: M. le Président, très rapidement, parce
que je sais que le temps va filer très rapidement également ce
soir et qu'il y a encore les crédits d'un certain nombre de
secrétariats, de ministères d'État. Je n'ai pas
l'intention de faire quelque remarque que ce soit de démarrage, je veux
plutôt... Je sais que, notamment, le chef de l'Union Nationale a des
questions à poser. Bien sûr, il y a les crédits du
ministère à même la masse des crédits du Conseil
exécutif et il y a aussi... Je sais que le député de
Lotbinière, le chef de l'Union Nationale, a indiqué cet
après-midi... Mon collègue, le ministre d'État au
développement économique, m'en a fait part, puisque je suis
responsable de l'administration du programme expérimental de
création d'emplois communautaires qui apparaît aux crédits
de l'Office de planification et de développement, programme...
Le Président (M. Boucher): Programme 4,
élément 1.
M. Marois: ... 4 et il y a $16,5 millions du budget. Si, en
particulier, le chef de l'Union Nationale a des questions, il me fera plaisir
d'y répondre et d'en profiter, peut-être, en même temps,
pour faire le point sur ce programme et l'évaluation qu'on en fait,
l'expérience et les perspectives de développement.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lotbinière.
M. Biron: Mon intervention sera aussi brève, M. le
Président, que celle du ministre et c'est lui qui est assez gentil pour
poser la question que j'étais pour lui poser en premier: Son
évaluation
du programme OSE, ses perspectives de développement, ce qui peut
arriver au cours de l'avenir avec ce programme et surtout vis-à-vis des
emplois communautaires. J'ai eu une expérience très heureuse dans
le comté de Lotbinière avec ce programme.
M. Marois: II y en a même deux dans votre comté, si
le député me le permet.
M. Biron: Oui, mais il y en a une tout à fait
spéciale et on a même revu certaines décisions. J'ai
d'autres questions à poser, justement, sur une entreprise qui est
peut-être un petit peu plus malheureuse, mais c'est pour ça que je
veux savoir la définition du ministre, comment ça fonctionne et
comment on s'assure que les fonds servent véritablement ou que les
entreprises respectent les engagements qu'elles ont pris.
M. Marois: Très bien, je remercie le député
de sa question, et je vais essayer quand même de limiter mon intervention
le plus possible, de ne pas déborder inutilement. Le
député se souviendra, M. le Président, et on se souviendra
que le programme a été commencé comme un des volets, pour
reprendre notre jargon compliqué, de l'Opération
solidarité économique, mais c'est un programme en soi. On m'en a
confié l'administration pour la première étape
expérimentale, donc sur une période de 18 mois qui se terminait
à la fin de la dernière année, de l'année
financière qui s'est terminée. On y avait affecté un
budget de $15 millions: $2 millions sur les premiers six mois, $13 millions sur
la dernière année.
Je peux vous dire qu'à la fermeture des livres, donc, à la
fin de l'année financière, il y avait eu un montant de $14 691
421 accepté je pense qu'il vaut la peine de le signaler,
tenons-nous bien pour 257 petits projets de localité, de
région ayant cette chance raisonnable de s'autofinancer sur une
période de deux ans et, au fond, c'est l'économie
générale du projet et du programme qui était cette
idée que nous, Québécois, sommes certainement
peut-être pas plus que les autres, il n'y a pas de prétention
à avoir, mais certainement autant que n'importe quel autre peuple au
monde c'est souvent l'expression qu'on utilise dans notre jargon quand
on en parle des patenteux, c'est-à-dire qu'on a le sens de la
création et souvent aussi la capacité de le transposer en petits
projets industriels ce mot étant pris dans un sens très
large qui peut développer des projets ayant une chance d'ouvrir
de l'emploi durable et non pas de l'emploi qui s'éteint comme des PIL,
des Canada au travail, comme la neige, quand arrive le printemps, elle fond ou
comme les feuilles quand arrive l'automne, elles tombent des arbres puis c'est
fini.
Donc, d'avoir ce caractère durable et de privilégier dans
cette ouverture d'emploi, les assistés sociaux aptes au travail,
ça rejoint des débats qu'on a eus en particulier autour du projet
de loi 1, l'idée de l'accrocher à l'ouverture du programme
d'emploi pour donner une chance aux assistés sociaux qui, bien plus
souvent qu'on le pense, veulent retourner au travail, à la condition
d'avoir des possibilités et d'être capables de gagner
convenablement leur vie.
Donc, il y a eu le montant que j'ai évoqué sur 257 projets
dans plus de 82 comtés du Québec, dans toutes les régions
du Québec, ces $14 691 421 ont été complétés
par des fonds provenant soit de contributions financières du
fédéral dans la mesure où il y avait des programmes, et
ces gens y ont droit comme d'autres, de $1 882 833 et d'autres sources
d'investissement, c'est-à-dire des fois les promoteurs eux-mêmes y
placent leur propre argent, des hommes et des femmes impliqués au
travail dans ces entreprises qui y mettent leurs propres ressources
financières. Je pense en particulier aux travailleurs de l'entreprise
BMK, à Sainte-Thérèse, entreprise écossaise qui
fabriquait entre autres les tapis du Parlementaire et du Salon bleu, qui a
fermé ses portes après avoir consolidé ses affaires et les
propriétaires ont concentré leurs opérations en Ecosse.
L'entreprise a été reprise par les cadres Québécois
et les hommes et les femmes qui travaillaient à l'entreprise. On pourra
entrer dans les détails tantôt, le cas est intéressant. On
pourrait même aussi évoquer la société populaire
Tricofil si on veut, parce qu'on en a parlé beaucoup.
On pourrait avoir des données qui peuvent être
intéressantes à communiquer à cette étape-ci, sans
verser dans l'enthousiasme délirant, mais d'autres sources
d'investissement et, en plus, le cas échéant, des prises en
charge d'intérêts par la Société de
développement industriel, des coopératives du milieu qui ont mis
des fonds, des municipalités qui se sont impliquées; au fond
l'idée que la communauté fasse son effort, de sorte que les $14
691 000 ont engendré, au total, $36 598 414, le tout consolidé,
incluant nos $14 691 000. Tout ça pour donner je pense que c'est
l'autre chiffre intéressant 2701 emplois créés
hommes/année, de façon plus précise: 2490 emplois
permanents et 211 emplois à temps partiel. Donc, je ne vous cacherai pas
que je suis plus heureux de voir que le programme a atteint les objectifs qu'on
croyait répondre àdes besoins réels.
J'ai reçu et entendu beaucoup de témoignages de promoteurs
qui disaient: S'il n'y avait pas eu ce petit programme, on ne pouvait pas
tomber sous la coupe du programme 4012 du MIC, 3218 de l'Agriculture et,
souvent, quand ce sont des petits promoteurs, ils n'ont pas les moyens, comme
une multinationale, de se payer le consultant qui vient faire le tour de toute
la batterie des ministères et de tous les programmes. C'est un programme
le dernier élément, je m'arrête là-dessus, M.
le Président, sauf très rapidement, par la suite, pour
évoquer la perspective d'avenir qui est
décentralisé, on dirait, à la vérité,
déconcentré, vraiment et cela aussi, c'est une
première. C'est-à-dire qu'il est administré pleinement en
région, par des fonctionnaires en région, dans les
conférences administratives régionales qui regroupent l'ensemble
des représentants en milieu de tous les ministères, avec un petit
comité
d'approbation dans les régions. On favorise que soient
représentés, notamment, le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et le ministère des Affaires sociales, en plus de la
contribution des ministères économiques, comme le MIC.
C'est vraiment très décentralisé, ils peuvent
approuver, en région, directement, toute demande justifiée,
répondant aux critères, bien sûr, jusqu'à
concurrence de $75 000. Si la subvention demandée excède $75 000,
ça vient à un comité directeur, à Québec,
qui examine la recommandation qui lui vient de la région. Il y a eu deux
cas d'exception où on est allé au-delà du comité
directeur pour aller au Conseil des ministres, étant donné les
sommes en jeu. Cela a été le cas de la société
populaire Tricofil et le cas que j'ai évoqué de BMK qui s'appelle
Les tapis Elite Inc. du Québec.
Je crois que, dans l'ensemble, le programme a plus que répondu
aux besoins des gens et aux objectifs qu'on s'était donnés, si
bien que, cette année, par rapport à $13 millions pour la
dernière année financière, c'est, pour la nouvelle
année, $16 500 000, ce qui est donc une progression. Le programme
continue d'être administré sur les mêmes bases que
maintenant.
Il y a eu aussi examen, mise au point, de toutes les procédures
de contrôle, de vérification, pour qu'on obtienne toutes les
pièces justificatives et un suivi, le plus près possible, de
chacun des projets. Bon nombre de projets ont même été
encadrés de ce qu'on a appelé des comités conseils.
Quelquefois, ce n'est pas tout de fournir le soutien financier, on a besoin
d'un appui technique, d'équipes, de gens du milieu, très souvent
même, ce sont des gens du milieu, un spécialiste de tel et tel
domaine, un entrepreneur, des gens de la région, qui donnent un coup de
main, des comptables, par exemple, qui viennent aider pour une période
de temps, quelquefois six mois, d'autres fois un an, soit un comité,
dans le sens d'une équipe qui est là, qui épaule, qui
aide, ou une personne qui suit de plus près le projet.
On nous fournit, au fur et à mesure, les pièces
justificatives, parce que cela est exigé normalement par le
Vérificateur général, cela va de soi, d'autant plus que
c'est une expérience, une première, d'administrer directement, de
façon très déconcentrée jusqu'à $75 000 en
région. Les résultats, jusqu'à maintenant, sont
passablement intéressants.
Voilà pour l'essentiel et, en même temps, la perspective.
Il n'est pas question de l'arrêter, bien au contraire. On injecte plus de
crédits cette année, sur la base des résultats
obtenus.
M. Biron: M. le Président, je suis heureux des
premières réponses du ministre. J'ai fait un calcul rapide. On a
peut-être distribué en salaires, par ces entreprises, $25 millions
au cours de la première année. Cela veut dire que,
déjà, le gouvernement, comme tel, a récupéré
une grande partie des sommes qu'il a investies à même les
impôts ou les taxes directement ou indirectement payés par les
travailleurs de ces entreprises.
J'ai noté au ministre que j'avais pris connaissance, il y a
quelques jours, d'un problème arrivé dans le cas d'une de ces
subventions pour emplois communautaires, à l'entreprise je vais
la lui nommer, pour être sûr qu'il soit au courant les
Publications Plus Inc., de Drummondville.
Ces gens apparemment, d'après mes informations, ont
bénéficié d'une subvention de $60 000, et, aussitôt
le chèque reçu, il semble qu'on ait eu des plaintes de la part
des travailleurs de l'entreprise. Les travailleurs auraient été
forcés de démissionner, ou il y aurait eu des mises à pied
au cours des semaines qui ont suivi la réception de cette subvention,
même si les responsables du programme OSE d'emplois communautaires
avaient demandé à la compagnie de créer un bloc d'actions
indivises pour les travailleurs.
Je ne sais pas si le ministre est au courant, je sais que j'ai
communiqué avec son bureau pour qu'il sache le nom de l'entreprise et
peut-être pour avoir la réponse. C'est peut-être un cas
isolé, mais je voudrais quand même qu'on s'assure que, lorsqu'on
donne des subventions, il n'y a pas de tels accidents de parcours qui arrivent.
(20 h 30)
M. Marois: Je suis très heureux. Le député
est dans son droit, M. le Président, de poser des questions, même
sur des projets très précis. Je voudrais d'abord faire une double
remarque d'ordre général, parce que le chef de l'Union Nationale
l'a signalé et c'est vrai que c'est intéressant. Il est certain
que c'est plus rentable, dans tous les sens du mot, même sur le plan des
fonds publics, d'une bonne utilisation des fonds publics et sur le plan humain
aussi, de la dignité des humains, de débloquer des perspectives
d'emplois. On évalue j'attends des chiffres plus précis,
c'est donc une indication préliminaire à quelque chose
comme 18% à peu près les emplois créés qui seront
allés du côté des assistés sociaux aptes au travail,
d'une part. C'est vrai, quand on remet des gens au travail, que cela donne
forcément des retombées et des retours.
En d'autres termes, on pourra prendre le cas de Tricofil dont tout le
monde a tellement parlé. On peut prendre d'autres cas. Je parlais de
18%. Il est certain que c'est moins coûteux et plus rentable aussi, sur
le plan humain, de les voir au travail, parce que c'est vrai qu'il y a un
retour. Je n'ai pas encore le détail. On est en train de procéder
à des premiers calculs pour voir les... Je ne peux pas confirmer le
chiffre qu'a évoqué le chef de l'Union Nationale,
c'est-à-dire $25 millions en salaires. Il faudrait voir, ce n'est
peut-être pas tant que cela sur la première année, parce
qu'il faut dire qu'évidemment il y a des projets qui ont
été approuvés, si vous voulez, à tous et chacun des
mois, des fameux 18 mois. Il y en a qui sont plus récents, d'autres qui
datent davantage.
On a eu une communication tout récemment, si ma mémoire
est bonne, mais je vous le donne sous réserve, c'est hier ou avant-hier,
concernant le projet que vous évoquez. Si on a eu des problèmes
dans peut-être une dizaine de projets jusqu'à maintenant sur 257,
je trouve touchons
du bois que ce n'est quand même pas si mal que cela. J'ai
demandé qu'on procède à une première
vérification pour être à même au moins de vous
fournir les premiers éléments. On a reçu une plainte,
effectivement, concernant ce projet-là. Il s'agit des Publications Plus
de Drummondville, dans la région Mauricie-Bois-Francs. Le projet a
été approuvé le 11 avril pour une subvention de $66 400.
Au moment où on se parle, de cette subvention, un montant de $60 000 a
été versé. La plainte va dans le sens, exactement dans le
sens de ce qu'a évoqué le chef de l'Union Nationale.
Cependant, je dois dire que la plainte ne nous a été
formulée que verbalement. Il a été demandé à
la personne je crois que cela va de soi qui a formulé
cette plainte verbalement de nous la retransmettre par écrit en une
plainte formelle, prce qu'il se peut, sur la base des renseignements, que les
ententes ou le protocole d'entente avec l'entreprise soit respecté ou
qu'il n'ait pas été respecté; par ailleurs, il se pourrait
aussi que, si c'était fondé, d'autres lois ou une autre loi n'ait
pas été respectée, notamment la loi qui concerne les
délais d'avis de mises à pied. Donc, il faudra voir. J'ai
demandé dès aujourd'hui à l'équipe de
fonctionnaires qui s'occupent du programme, comme il y a un solde de $6000, sur
réception d'une plainte formelle écrite de geler le solde et que
l'on procède véritablement parce qu'une médaille a
toujours un revers, et je veux, en toute équité, pouvoir quand
même avoir un rapport permettant d'avoir un point de vue de chacune des
parties en plus, par nos équipes en région, à une
vérification sur place. Partant de là, on verra quelles sont
le cas échéant, si la plainte devait s'avérer
fondée les mesures additionnelles qu'il nous est possible de
prendre, notamment d'examiner... Je n'hésiterais pas deux minutes
à demander aux fonctionnaires d'examiner toutes les possibilités,
même, le cas échéant, de voir quels sont les moyens dont on
dispose pour récupérer le montant qui a été
versé, parce que, quand des montants sont versés dans le cadre
d'un projet ou d'un programme comme celui-là et que c'est fait sur la
base d'un protocole d'entente, cela va de soi qu'il soit respecté.
Pour l'instant, ce sont les données dont je dispose. Je ne veux
pas préjuger et tirer une conclusion. Encore une fois, il s'agit d'une
plainte verbale. Si elle nous est formulée, on va lui donner une suite
rigoureuse dans le sens que j'ai évoqué.
M. Biron: Cela nous ouvre la porte quand même, à
savoir quelle sorte de garantie le gouvernement a-t-il pour des entreprises qui
ne respecteraient pas les conventions, c'est-à-dire qui recevraient un
montant d'argent, et le lendemain, le surlendemain, ne respectent pas les
conventions. On peut toujours passer à côté des lois ou des
conventions, c'est sûr. Comment votre ministère peut-il s'assurer
que lorsque vous décidez d'une convention quelconque où les
travailleurs doivent participer à la direction de l'entreprise je
crois que cela peut être non seulement rentable du côté
économique, mais rentable du côté humain, de les faire
participer cela fonctionne et que ce n'est pas simplement un jeu de mots
et qu'on nomme un ou deux représentants des travailleurs au conseil
d'administration ou à un comité de gestion et que cela
règle tout le problème.
À court terme, ça peut peut-être être bien,
bien paraître, mais, dans six mois ou un an, on aura peut-être le
"blacklash" de ça en s'aperce-vant qu'on a donné des subventions
sous de faux prétextes, parce que ce n'est pas ça qui a
été respecté. Est-ce qu'il y a des méthodes que
votre ministère emploie pour s'assurer de ça?
M. Marois: Oui. Au fond, il y a deux dimensions, je pense, et il
faut peut-être les distinguer. D'une part, M. le Président, si le
chef de l'Union Nationale fait allusion à une convention collective qui
pourrait exister, il peut arriver que, dans certains projets, les travailleurs
soient syndiqués, qu'il y ait une convention collective, qu'il y ait des
clauses à cet effet. Donc, c'est cette convention et les règles
générales qui s'appliquent.
Par ailleurs, il y a un protocole d'entente qui est convenu avec le
promoteur et ceux qui sont concernés. C'est ce que j'ai
évoqué tantôt en parlant des Publications Plus. Il y a,
bien sûr je l'écarte, parce que ça va de soi
que l'ensemble des lois existantes, que ce soient des lois fiscales, que ce
soient des lois de l'administration publique, l'ensemble des lois normales et
les recours auxquels l'ensemble de ces lois donne normalement ouverture, que ce
soit sur des projets comme ceux-là ou sur d'autres, puisqu'il s'agit de
projets qui ont généralement leur existence juridique, une
personnalité juridique, tous ces recours ne sont donc pas exclus.
Comme je l'ai évoqué tantôt, effectivement,
jusqu'à ce jour, on a eu que très peu de problèmes,
à vrai dire, dans l'administration. Il y a le cas que le
député vient d'évoquer. La plainte est entrée, si
ma mémoire est bonne encore une fois, hier ou avant-hier. Le
député en a été informé, M. le
Président, très rapidement, à ce que je vois, ce qui n'est
pas mauvais. Cela permet de suivre les choses de près.
J'ai également demandé qu'on procède à un
examen, puisqu'il y a une phase d'évaluation à laquelle on
procède, dans l'ensemble du programme, pour voir s'il n'y a pas des
ajustements à faire après une expérience d'un an et demi,
pour voir s'il n'y a pas des coins qu'il faut resserrer. J'ai également
demandé qu'on procède à un examen très approfondi,
le cas échéant, pour raffermir, sur le plan juridique, les
protocoles d'entente signés avec les promoteurs pour s'assurer que le
gouvernement, qui est un des intervenants aux protocoles forcément
puisque c'est signé entre lui et un promoteur puisse
vraiment disposer, en vertu de ce protocole, des recours normaux.
J'évoquais un certain nombre de choses tout à l'heure. Nous avons
là cette possibilité de geler, quand il y a un solde de
subvention à verser, mais aussi, que je puisse être assuré,
les promoteurs aussi et l'ensemble des administrateurs des fonds publics, la
possibilité de pouvoir disposer de
moyens pour récupérer, le cas échéant, si
quelqu'un ne respecte pas les ententes, les fonds qui ont été
versés.
Donc, voilà à la fois les éléments, les
instruments aussi dont on dispose maintenant et l'examen auquel on est en train
de s'astreindre normalement pour essayer de voir si les protocoles sont
vraiment étanches et, sinon, le cas échéant, de voir
à les resserrer beaucoup plus.
M. Biron: M. le Président, j'aurais une dernière
question à ce sujet. Après ça, je pourrai céder la
parole au député de Laval. Ma dernière question est sur ce
même programme. Est-ce qu'on a déjà commencé
à étudier la deuxième année de vie
économique des entreprises qu'on a aidées il y a un an? Comment
ça se comporte au bout d'un an? La première année, c'est
peut-être facile; on est enthousiaste, on reçoit l'argent, mais,
la deuxième année, déjà, ça commence
à être un peu plus difficile pour l'entreprise. Après
ça, la troisième, ça se replace. La deuxième est
une des plus difficiles. Est-ce que déjà, on a commencé
à étudier ça? Est-ce qu'on a un pourcentage des 257
projets à travers les différentes régions du
Québec? Est-ce qu'il y a des régions qui ont fait plus de
demandes ou qui ont eu plus de projets acceptés que d'autres
régions? Finalement, est-ce qu'on a une grille des secteurs
d'activité économique qu'on a aidés? Le textile
comparé à la fonderie ou aux meubles ou je ne sais pas quelle
sorte d'autres activités économiques? Cela serait
intéressant de savoir la répartition des 257 projets, qui sont
surtout dans le domaine du textile ou surtout dans le domaine de la
métallurgie ou ainsi de suite. Est-ce qu'on a une grille de
l'activité économique là-dessus?
M. Marois: Je vais commencer par la dernière question. Je
m'excuse, j'ai escamoté, je prenais des notes, votre deuxième
question.
M. Biron: Dans quelles régions du Québec a-ton eu
le plus de projets ou le pourcentage le plus fort en fonction des
différentes régions?
M. Marois: Je vais commencer par votre dernière question.
On a établi une première grille, c'est-à-dire une grille
classée par secteurs, par nature, par groupes. Pour les premiers
projets, on avait commencé à le faire. Je vous donne ça
sous réserve. Si ma mémoire est bonne, déjà
après six ou huit mois, il y a une première, en voie d'être
complétée, dont je ne peux pas, en toute honnêteté,
ce soir, vous donner le détail. On avait eu d'ailleurs, si ma
mémoire est bonne, je ne me souviens pas si ce n'était pas le
député de Laval, mais en tout cas une question d'un
député de l'Assemblée nationale qui m'avait demandé
de déposer la liste complète à un moment donné, du
déroulement des projets. Cela fait quelques mois. On avait
déposé la liste complète à l'Assemblée
nationale, par région, par comté même, si ma mémoire
est bonne, des divers projets, liste qui a été acceptée
à ce moment.
Il y en a vraiment de toute nature. Il y en a vraiment dans le secteur
manufacturier. Cela va de l'alpha à l'oméga, l'ensemble des
projets. Je ne pourrai pas vous les donner, je n'ai honnêtement pas en
tête les pourcentages dans tel secteur plutôt que tel autre. Mais
ça va à des choses comme le projet qui a été
accepté dans le comté du chef de l'Union Nationale, les
entreprises JPL. On parlait tantôt des Publications Plus. On est dans un
tout autre domaine. Pensez au fameux projet de Hull, à cette personne
d'un certain âge, qui, à toutes fins utiles, est aveugle et qui a
conçu un ordinateur qui est à l'étape d'une
première génération, qu'elle transforme maintenant pour en
faire un ordinateur qui pourrait être mis sur le marché, qui
traduit en braille des textes écrits en français ou en anglais ou
en très gros caractère pour les personnes âgées.
Pensez aux Ateliers mécaniques du Nord-Ouest, à ce
Québécois qui a conçu un style de "lift" d'automobiles, un
élévateur. Mais, au lieu d'être hydraulique, il est
électrique et à quatre pivots. On est vraiment dans un tout autre
secteur.
Il y a effectivement les entreprises de textile, le cas classique le
plus connu, c'est évidemment Tricofil; vous avez le cas des entreprises
BMK, Les tapis Elite qui ont conçu d'ailleurs les tapis de
l'Assemblée nationale, entre autres. Il y a un projet aussi, c'est
frappant parce que c'est dans la région où on a toujours dit: On
est né pour la pêche, c'est dans le comté du leader de
l'Opposition officielle, dans Bonaventure, Les entreprises Magella
Bois-sonneau. Vous avez là un fils de pêcheur; l'entreprise est
là, elle marche et elle a cette chance raisonnable de devenir une
entreprise rentable; on fabrique et on vend maintenant, non seulement sur le
marché québécois, mais sur le marché canadien et
même sur le marché américain, des manteaux fabriqués
à partir de peaux de lapins. Donc, il y en a vraiment et on n'a pas
voulu, au point de départ, en toute honnêteté, bloquer,
éliminer des secteurs.
Bien sûr, dans l'examen des projets, cependant, ceci est fait en
région, avec la collaboration, forcément... Dans le cadre des
conférences administratives régionales des représentants
des divers ministères, il va de soi qu'on regarde en région,
c'est une des choses qu'on regarde, si ce projet-là s'insère dans
tel ou tel type de secteur économique ou industriel, s'il vient vraiment
en concurrence, une concurrence telle que ça risque d'avoir un effet
négatif sur d'autres entreprises. Il ne s'agit pas de faire
exprès; donc, on tient compte de ces facteurs-là; en d'autres
termes, on tient compte de l'opinion des ministères sectoriels.
Vous voyez, au 31 août 1978, en agriculture, il y avait cinq
projets d'acceptés, pêche, chasse, piégeage, 1 ; abattage
forestier, 5 projets, c'est sur 155; industrie de la viande, 1 ;
préparation de fruits et légumes, 2; boulangerie, 3; autres
industries alimentaires, 2; industrie du cuir, 1, ce sont Les ateliers du cuir
d'Acton; bonneterie, 1; industrie du vêtement, 15; industries diverses de
textile, 6; scierie, 3; meubles et articles d'ameublement, 15; industries
diverses du bois, 12; imprimerie, édi-
tion, industries connexes, 12; fonte et affinage de l'aluminium, 1 ;
autres industries métalliques, 2; construction de machinerie, 3;
construction et réparation de navires et embarcations, 1 ; industrie du
ciment, béton, 2; produits minéraux non métalliques, 2;
industrie des produits du pétrole, 1; industrie pharmaceutique,
savonnerie, 2; fabrication plastique, résine synthétique, 1.
Il y a le fameux petit projet, si ma mémoire est bonne, du
Nord-Ouest ou de l'Outaouais, le projet des huiles à essence, dont
l'essentiel de la production, je crois... Une firme de New York s'est
présentée au moment où ces gens ont appris qu'il y avait
ce projet-là, pour offrir d'acheter à l'avance, quelle qu'elle
soit, toute la production d'huile à essence à partir des branches
de sapin, de pin et d'épinette que l'on utilise pour des
désodorisants, etc.; manufactures diverses, il y en avait 3;
bâtiments, 2; commerce de gros, 1; commerce de détail, 15;
transport routier de personnes, 1 ; radio, diffusion et
télévision, 2; établissement financier, 1 ;
cinématographie et loisirs, 3; services extérieurs des
entreprises, 9; hôtels et restaurants, 4; services du personnel et le
reste. (20 h 45)
Donc, vous voyez, il y en a une gamme et c'était au mois
d'août. La liste doit être maintenant complétée pour
qu'on voit ce qui commence à se dégager. C'est vraiment
très largement ouvert. Maintenant, très rapidement, je vais
essayer de ne pas m'étendre plus qu'il ne le faut; cela a varié,
effectivement, d'une région à l'autre du Québec.
Un phénomène a été frappant. Au point de
départ, c'est comme si les projets nous étaient partis des
régions excentriques du Québec, cela a démarré dans
ce sens beaucoup plus rapidement et des régions qui, pour toutes sortes
de raisons, soit leur dynamisme propre connu, régional, je pense entre
autres au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à la Beauce et le reste, et
tranquillement, avec beaucoup de temps, cela a pris passablement de temps
à le voir émerger, pour tranquillement se rabattre sur les grands
centres urbains, Québec et Montréal.
Il faut dire aussi que, dans le cas de Montréal, comme il n'y a
pas de conférence administrative régionale organisée, on a
dû mettre sur pied des conférences administratives ad hoc pour
l'île de Montréal, ce qu'on a appelé le Nord, qui comprend
Laval jusqu'à Saint-Jérôme, le comté de
Prévost notamment et Laurentides-Lanaudière, la même chose
pour la rive sud immédiate de Montréal. Cela varie je
pourrais vous donner des chiffres d'une région à l'autre.
Mais il n'y a pas de limite, le budget n'a pas été
plafonné par région. On renfloue la caisse régionale au
fur et à mesure, selon le dynamisme régional.
M. Biron: La première partie de ma question porte sur la
deuxième année. Est-ce qu'on a quelque chose pour surveiller la
deuxième année économique de la vie de l'entreprise?
M. Marois: Oui. D'une part, comme je l'ai évoqué
tantôt, bien sûr, le programme a un an et demi d'expérience
vécue, forcément les projets n'ont pas tous déjà
même un an ou un an et demi d'existence. Il y en a qui ont
été acceptés au cours du dernier mois de l'année
financière. Donc, on procède présentement, c'est
déjà largement engagé, à l'évaluation la
plus serrée sur toute une série de plans du programme et, en
plus, on a procédé à un resserrement du suivi des projets
qui ont le plus d'ancienneté pour voir s'ils font face à un
certain nombre de problèmes et si oui, de quelle façon, notamment
sur le plan technique, il nous serait possible de leur donner le meilleur coup
de main pour les aider à franchir le cap de la fin de la deuxième
année.
C'est déjà en place. Cependant, on poursuit
l'évaluation et, le cas échéant, s'il le faut, on verra
à trouver les mesures appropriées pour essayer d'aider au maximum
à franchir le cap de la deuxième année, puisque c'est le
délai qu'on s'est donné. Certains nous ont demandé, dans
la révision des critères, s'il n'y aurait pas lieu de prolonger
quand on évalue le projet, on dit sur une base raisonnable de
s'autofinancer sur une période de deux ans à trois ans.
J'en suis venu à la conclusion, sur la base des recommandations qu'on a
faites, qui étaient peut-être prématurées, qu'il
aurait peut-être été mieux de laisser rouler encore une
année, quitte à voir. Parce que c'est vrai que, selon les
secteurs industriels ou économiques, le temps pour atteindre le seuil
d'autofinancement peut varier, selon la nature même du secteur industriel
ou économique donné.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, j'ai deux ou trois
questions. Il s'agit d'un programme, tout le monde le reconnaît, assez
expérimental qui a à peu près une couple d'années
d'existence. C'est à la troisième estimation que le programme
existe, si je me rappelle bien, 1977/78, 1978/79 et nous entamons la
troisième. Le ministre a déposé, il est vrai, à
l'Assemblée, un certain document que je n'ai pas devant moi.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu et cela pourrait
complémenter le désir d'information du chef de l'Union Nationale,
pas ce soir si ce n'est pas disponible d'avoir, d'ici quelques jours, en
dépôt à l'Assemblée... Si je me rappelle bien, le
programme était de $13 millions.
M. Marois: Si le député me le permet, $2 millions
en 1977/78, sur le budget supplémentaire.
M. Lavoie: Combien?
M. Marois: $2 millions. $13 millions.
M. Lavoie: Pour 1978/79.
M. Marois: Et pour la nouvelle année, $16 500 000.
M. Lavoie: Pour porter un jugement sur ce programme, est-ce que
ce serait possible d'avoir,
dans les prochains jours, soit en dépôt à
l'Assemblée, parce qu'il n'y a pas de dépôt en commission,
la liste des programmes de 1977/78, totalisant les $2 millions et de 1978/79,
totalisant les $13 millions?
Cela nous donnerait déjà des réponses de la
deuxième année d'expérimentation, indirectement, suite
à la question du député de Lotbinière, chef de
l'Union Nationale. On pourrait voir où cela va, s'il y a une
répétition. Il n'y a rien de malsain à ce qu'il y ait une
répétition de la subvention d'une année à une
autre. C'est déjà un signe de vie.
M. Marois: Si le député me permet de
répondre tout de suite à sa question, il me fera plaisir de la
déposer. Je ne vous garantis pas que je la déposerai dans les
deux ou trois jours.
M. Lavoie: Dix jours, disons.
M. Marois: Dans les plus brefs délais, je le ferai avec
plaisir. Je veux être sûr que je comprends bien quand le
député évoque la répétition. Est-ce que vous
faites allusion au fait que, peut-être, il y aurait des cas où on
aurait ajouté en cours de route?
M. Lavoie: Non, d'une année à l'autre? M.
Marois: D'une année à l'autre?
M. Lavoie: Disons que si vous avez donné, dans les
programmes de 1977/78...
M. Marois: Qu'on aurait redonné à une entreprise
une deuxième année?
M. Lavoie: II n'y a rien de mauvais à cela. Cela peut
arriver.
M. Marois: À ma connaissance, je peux vous répondre
tout de suite là-dessus, je pense qu'il n'y en a pas. Il n'y en a aucun,
sur les 256.
M. Lavoie: Cela prouve deux choses. Il y a deux
possibilités: soit qu'ils ont vraiment survécu et ils volent de
leurs propres ailes après l'autre année, ou ils ont
capoté. L'un ou l'autre.
M. Marois: Ou pas encore, parce que si le projet a
été accepté il y a deux ou trois mois...
M. Lavoie: En tout cas, vous voyez, pour porter un jugement.
M. Marois: Est-ce que, comme détail, cela vous
intéresserait d'avoir, bien sûr, par région, par
comté, le nom du projet, le montant?
M. Lavoie: Si c'est possible. M. Marois: Bien.
M. Lavoie: Est-ce que le montant de $13 millions pour 1978/79 a
été complètement épuisé? Il n'y a pas eu de
crédits périmés?
M. Marois: J'ai indiqué...
M. Lavoie: Je m'excuse, je suis arrivé en retard.
M. Marois: Des $15 millions parce que j'ai des notes
consolidées sur l'opération de 18 mois la première
étape, il y a eu $14 691 421 d'engagés, ce qui a donné
lieu à des contributions et à des investissements additionnels,
pour l'information du député, je tiens à le signaler, de
$1 882 833 du gouvernement fédéral; s'ils étaient
admissibles à l'un ou l'autre des programmes, il n'y a pas de raison
qu'ils ne l'aient pas. Les autres sources d'investissement, souvent provenant
des travailleurs, des hommes et des femmes qui y travaillent et des promoteurs
eux-mêmes, ou d'autres formes de soutien financier du milieu, les
municipalités, caisses populaires, peu importe, la communauté en
général, pour $20 024 000, ce qui veut dire que l'ensemble du
programme a engendré $36 598 414 d'investissement, pour 257 projets,
donnant lieu à la création de 2701 hommes/année, plus
exactement 2490 emplois permanents et 211 emplois temporaires.
M. Lavoie: Brièvement, pour 1979/80, alors qu'on vote des
crédits de $16 500 000, combien avez-vous d'engagé jusqu'à
maintenant?
M. Marois: Si le député nous donne deux secondes,
on va vous donner la réponse.
M. Lavoie: Quatre.
M. Marois: Si vous avez une autre question en attendant.
Je peux tout de suite vous indiquer une partie de la réponse. Je
vous ai dit que sur le montant de $15 millions, on avait $14 691 421
d'engagés, ce qui ne veut pas dire que tout a été
versé. Dans certains cas, on échelonne les paiements de la
subvention, par prudence, c'est normal.
M. Lavoie: Des crédits périmés, je
crois?
M. Marois: Cela devient des crédits engagés qui
sont reportés sur l'année suivante.
M. Lavoie: Qui entrent dans votre budget de $16 500 000?
M. Marois: C'est exact, pour $3 500 000, exactement.
M. Lavoie: $3 500 000. D'accord.
M. Marois: D'engagés, mais de non payés à la
fin du dernier exercice financier.
M. Lavoie: Cela veut dire que vous aviez quand même $3 500
000 de crédits périmés dont le ministre des Finances a pu
bénéficier?
M. Marois: Là, oui, si vous le prenez dans ce sens. Ce que
je veux dire, ce qui me préoccupe,
c'est qu'on pouvait engager jusqu'à $15 millions de
crédits effectivement, c'est à peu près cela qui a
été engagé mais, par mesure de prudence, sur la
base, par exemple, des bilans pro forma qui nous sont présentés,
on verse maintenant de plus en plus rarement la subvention d'une claque. C'est
vraiment échelonné après entente convenue avec le
promoteur.
M. Lavoie: De toute façon, c'est une question de technique
budgétaire. Si vous ne l'avez pas déboursé, c'est
périmé en somme. En tout cas! Le ministère a-t-il des
informations... Cela complète encore la question du chef de l'Union
Nationale, je ne sais pas si ce serait possible d'avoir un rapport, du fait que
votre programme est expérimental. Je juge votre programme d'une
manière positive...
M. Marois: Moi aussi. M. Lavoie: Pardon? M. Marois:
Moi aussi.
M. Lavoie: D'accord. Avez-vous des informations sur ceux que vous
avez aidés, avez-vous des rapports sur ces entreprises qui ont
réussi, qui peuvent maintenant avoir des fondements plus solides et
possiblement aller de leurs propres ailes, et un rapport également sur
ces entreprises qui n'ont malheureusement pas pu survivre?
M. Marois: Oui. Encore une fois, forcément, sur une
année et demie...
M. Lavoie: C'est encore expérimental.
M. Marois: C'est-à-dire que bon nombre d'entre elles n'ont
pas forcément franchi le cap des deux ans, en particulier toutes celles
qu'on a acceptées durant la dernière année. Au mieux, il y
a une année, peut-être un peu plus, pour un certain nombre
d'autres qui ont été retenues dans les premiers six mois.
J'aimerais dire que, dans l'ensemble, sans entrer dans tous les détails,
dans le relevé qu'on a fait jusqu'à maintenant, on assure un
suivi j'ai évoqué cela tantôt au tout début
de nos travaux dans le cas de projets d'une certaine taille ou alors de
projets qui peuvent présenter des aspects techniques plus particuliers,
non seulement on fournit un soutien financier, mais on donne un coup de main en
région pour mettre sur pied une petite équipe conseil autour de
l'entreprise, que ce soient des comptables du milieu, même des notaires,
dans certains coins, qui donnent un coup de main, des personnes
équipées dans le domaine financier ou des administrateurs.
M. Lavoie: J'espère qu'il y a des avocats
également.
M. Marois: Je n'ai pas relevé le nombre d'avocats,
j'espère qu'il y en a. Ce ne serait pas mauvais qu'il y en ait
d'ailleurs et qu'ils donnent un coup de main dans ce domaine.
M. Lavoie: Si vous aviez...
M. Marois: Vous êtes en train de me faire perdre le fil.
Seulement pour finir, dans l'ensemble, sur les projets qui...
M. Lavoie: Ma prochaine question justement est sur Tricofil.
M. Marois: Oui, d'accord. J'avais eu un rapport
préliminaire sur des projets en difficulté. Si ma mémoire
est bonne je vous donne le chiffre sous réserve cependant, je
crois que cela date déjà de quelques mois il y en avait
cinq ou six qui présentaient des difficultés, qui supposaient un
suivi plus particulier, plus proche.
Il n'y a donc pas une évaluation finale. Comme je l'ai
évoqué tantôt, depuis maintenant un peu plus d'un an
à peu près, on procède à une évaluation de
l'ensemble du programme forcément accrochée à la
réalité, c'est-à-dire des divers projets. Dans l'ensemble,
jusqu'à maintenant, même pour les projets qui ont beaucoup
d'ancienneté, ce qui est remarquable... Je vais vous citer un cas, parce
que cela en était un, on parlera de Tricofil après, on verra
celui-là, mais je vais en prendre un autre. Il y a eu deux gros cas. Je
l'ai évoqué tantôt au tout début. Les projets sont
acceptés en région, quand il s'agit de subventions de moins de
$75 000, par le comité directeur à Québec, quand cela
implique plus de $75 000. (21 heures)
II y a eu deux cas où on est allé plus loin que
l'étape de l'acceptation par le comité directeur, parce que cela
impliquait des sommes plus considérables. C'est le cas de la
société populaire Tricofil et le cas de BMK, devenue Les Tapis
Elite Inc., du Québec, où c'est allé au Conseil des
ministres dans les deux cas. Dans le cas du projet Les Tapis Elite, selon le
projet mis au point, les ententes, les études et toute la planification
du bilan pro forma, l'entreprise devait normalement, selon les pronostics,
après cinq mois, la cinquième période, avoir un
déficit prévu initialement de $187 301 pour six mois de
fonctionnement. Après cette période, le déficit n'est que
de $63 854. On prévoit que, sur la base des données
présentement en main, l'entreprise pourrait atteindre son seuil de
rentabilité avant même la fin des deux premières
années, dans ce cas. On avait essayé de le calculer sur des bases
très serrées, parce que c'était un gros projet à
faire démarrer. Il y avait 102 hommes et femmes qui travaillaient
là. Présentement, tout indique que la prévision de 140
emplois va être atteinte, et plus rapidement qu'on ne l'avait
prévu.
M. Lavoie: Ma dernière question avant d'inviter le
ministre d'État à la réforme électorale qui attend,
qui fait le pied de grue actuellement...
M. Marois: Le pied de grue, je trouve qu'il est plutôt
assis, il ne fait pas le pied de grue.
M. Lavoie: Les deux cas que vous avez mentionnés...
M. Marois: Je suis certain qu'il va se faire un grand plaisir de
répondre à vos questions.
M. Lavoie: Les deux cas qui sont allés au Conseil des
ministres, suivant votre réglementation, BMK et la société
populaire...
M. Marois: Tricofil.
M. Lavoie:... Tricofil. Les montants impliqués
étaient de quel ordre?
M. Marois: Dans le cas de la société BMK ou Les
Tapis Elite, c'est $960 000. Pour les hommes et les femmes qui y travaillent,
les employés et les cadres, il est prévu qu'ils souscrivent $300
000, il y a déjà $100 000 de souscrits. Il y a un prêt de
la Banque économique de Saint-Jérôme de $220 000 et une
marge de crédit de la Banque Impériale de Commerce d'environ $450
000. Tous les actifs ont pu être achetés à $1 500 000. Dans
le cas de la société populaire Tricofil, si ma mémoire est
bonne, c'est $1 147 000.
M. Lavoie: Est-ce que cela s'additionne en plus, le montant de $1
147 000, à même le budget de l'année 1978/79? Est-ce que
c'est en surplus, en sus des subventions qui avaient été
données...
M. Marois: Par votre gouvernement, autrefois?
M. Lavoie: Au tout début, par le gouvernement Bourassa, et
également par votre gouvernement avant que votre programme n'existe.
M. Marois: C'est tout à fait exact. Il reste, si ma
mémoire est bonne, sur la subvention en question... J'ai
évoqué tantôt cette idée que les paiements sont
échelonnés. Dans tous les cas, on ne verse pas la subvention d'un
seul coup. Dans ce cas, dans les derniers chiffres que j'ai vus, il y avait
encore un solde à verser, qui est gardé en réserve pour
l'instant, de $77 000.\
M. Lavoie: Sur un million quelque cent mille dollars. Est-ce que
vous avez le total jusqu'à maintenant de ce que cette
société populaire Tricofil a reçu depuis les
débuts, depuis le premier versement par le ministre Saint-Pierre?
M. Marois: Je n'ai pas, honnêtement en tête,
l'ensemble des montants. Il y a des sommes qui ont été mises,
comme vous le savez... Il y a eu des sommes versées sous forme de
subventions. Il y a eu aussi des sommes qui ont été mises sous
forme de prises en charge d'intérêts par la Société
de développement industriel et sous forme, si ma mémoire est
bonne, de capital-actions privilégiées.
M. Lavoie: Bon.
M. Marois: Je ne l'ai pas en tête, mais on peut sortir les
chiffres cependant.
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais vous demander on termine
l'étude de vos crédits dans les meilleurs délais,
d'ici quelques jours, d'avoir un portrait, d'avoir une liste de l'aide
gouvernementale de l'ancien gouvernement et du nouveau gouvernement, dans
quelque programme que ce soit, à la société populaire
Tricofil, tous les montants, et tenant compte des $70 000 qui ne sont pas
versés?
Dernière question, on pourrait l'avoir d'une manière
différente, le dernier rapport annuel de la société
Tricofil. N'importe quel actionnaire peut l'avoir, mais j'imagine que vous
devez certainement l'avoir en main, parce que vous devez suivre le
déroulement de ses activités.
M. Marois: Oui, bien sûr, on a même un
comité-conseil qui est là présent.
M. Lavoie: Bon! Cela termine mes questions.
M. Marois: Je vais vérifier, M. le député.
Je n'ai pas d'objection à procéder au relevé. On va le
faire dans les plus brefs délais possible. Je n'ai pas d'objection
à déposer ça, ce sont des fonds publics. C'est normal que
ce soit là.
M. Lavoie: C'est juste.
M. Marois: II y a une chose que je peux vous indiquer, par
exemple, et qui est intéressante. Je pense que ça doit quand
même se savoir, parce que je veux bien qu'on en parle, mais que les
données soient là complètes.
Depuis quelques mois, l'entreprise, qui a été
complètement réorganisée, parce qu'on n'a pas mis que les
$147 000, on a mis là une équipe-conseil avec, entre autres, des
gens du secteur. On avait déposé la liste à la suite d'une
question du député de Laurier, si ma mémoire est bonne,
les noms, les fonctions et les secteurs d'où provenaient les membres de
l'équipe-conseil. Il y avait, entre autres, un M. Popliger, qui venait
du secteur industriel. L'entreprise a été passablement
réorganisée au niveau de sa gestion, au niveau de sa mise en
marché, au niveau de ses contrôles financiers, etc., pour se
recycler aussi davantage du côté du tissé et, depuis
maintenant quelques mois, l'entreprise réalise des ventes mensuelles qui
varient entre $350 000 et $425 000 et son seuil de rentabilité avait
été établi par l'équipe qui a étudié
le dossier à $350 000 par mois. Effectivement, si ma mémoire est
bonne, durant les mois de mars et avril, l'entreprise a réalisé
des ventes de $683 000 et un premier profit de $17 000.
M. Lavoie: Non, ça, écoutez! Vous voyez que mon
approche...
M. Marois: Non, mais je pense que c'est important que ce soit
connu.
M. Lavoie: ... n'est pas négative, en aucune
façon.
M. Marois: Pas du tout, mais ça me semblait
intéressant de vous le signaler au passage.
M. Lavoie: Bon! Mais, vous savez, il ne faut quand même pas
s'attacher à dire qu'il y eu des ventes de $300 000, $500 000 ou $600
000. À première vue, ça peut être très
éblouissant, mais il est important de savoir...
M. Marois: Non, c'est parce que je voulais simplement...
M. Lavoie: ... combien est le coût des ventes
également, à la base.
M. Marois: Bien sûr.
M. Lavoie: Un autre point qui m'intéresse, c'est que les
gens du milieu, soit les travailleurs, les employés de cette usine, qui
ont investi eux-mêmes de leur argent, il va falloir qu'on pense
également à ce qu'il y ait une protection pour l'investissement
de ces gens-là. Le gouvernement peut toujours se permettre de faire des
investissements...
M. Marois: C'est essentiellement...
M. Lavoie: ... on sait que, souvent, c'est un peu à fonds
perdus, mais il ne faudrait pas que les investissements des travailleurs du
milieu soient faits à fonds perdus également.
M. Marois: C'est particulièrement en pensant à tout
ça qu'on a mis un tel effort non seulement financier, mais technique en
croyant que le projet, qui impliquait du courage d'hommes et de femmes de
relever la tête et de dire: Nous autres, on n'a pas l'intention de vivre
aux crochets de la société et on pense qu'on peut passer à
travers, de leur donner la chance réelle mais réelle
complète cette fois-là, d'en faire la preuve, de cette
possibilité. C'est évident qu'il ne faut pas crier, monter sur
les tables et dire: Tous les problèmes sont réglés. Je
pense que ce ne serait pas correct, mais ce qu'on entrevoit maintenant, c'est
qu'il y a une lumière au fond de ce tunnel et la possibilité,
malgré tous les plans qui ont pu être faits sur le dossier de la
société populaire Tricofil. Je serai très heureux de
fournir les chiffres que les députés pourraient juger pertinents
sur ce dossier-là.
M. Lavoie: En tout cas, je remercie le ministre, et si vous
pouviez nous fournir les renseignements...
M. Marois: Je vais faire le relevé avec plaisir.
M. Lavoie: D'ailleurs, je ne veux pas les limiter. Si vous jugez
à propos qu'il y a d'autres renseignements qui pourraient
éclairer davantage ce projet, soit Les Tapis Elite de BMK, de
Sainte-Thérèse, nous serions tout à fait réceptifs
à ces renseignements.
M. Marois: D'accord. Avec plaisir. Le Président (M.
Boucher): Merci. M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
M. Biron: ... j'aurais une autre question au ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Ce ne sera pas long, par exemple. Le ministre de
l'environnement annonçait, il y a quelques jours, une semaine au plus,
tout un programme d'environnement industriel...
M. Marois: Vous voulez dire le soleil.
M. Biron:... c'est ça, un programme d'amélioration
de l'environnement industriel possiblement par étapes, qui
coûterait passablement cher. Je voudrais savoir si votre ministère
s'est impliqué dans ces travaux ou ces études du ministre de
l'environnement, et comment ça va marcher ça, avec les maladies
industrielles, avec la santé et la sécurité des
travailleurs? Vous avez vous-même publié un livre blanc
là-dessus. Est-ce qu'il y a eu une collaboration entre les deux
ministères et quelles sont les prochaines étapes en vue de cette
guerre aux maladies industrielles ou l'amélioration de la
sécurité et de la santé des travailleurs?
M. Marois: Oui, très rapidement, M. le Président,
pour ne pas abuser du temps. Je sais que les députés ont aussi
des questions à poser à mon collègue, le ministre
d'État à la réforme électorale et parlementaire.
Comme vient de le rappeler le chef de l'Union Nationale, j'ai reçu le
mandat du gouvernement du Québec de piloter, de mettre au point et de
présenter en conséquence une loi-cadre concernant une
réforme visant à mieux protéger la santé et la
sécurité des hommes et des femmes qui sont au travail et à
assainir le climat d'insalubrité dans bon nombre d'entreprises
québécoises. Dans ce contexte, j'ai l'intention de
présenter incessamment au Conseil des ministres mes recommandations
concernant un projet de loi que je souhaiterais c'est la décision
du Conseil des ministres voir déposer à l'Assemblée
nationale avant l'ajournement de nos travaux, pour qu'il puisse y avoir
convocation d'une commission parlementaire durant l'été, je
présume, quelque part vers la fin d'août, pour donner quand
même le temps à tous ceux qui sont concernés, les
entreprises, les représentants des travailleurs de se préparer en
conséquence.
J'ai, comme le député, pris connaissance, très en
détail, d'un projet, semble-t-il, de mémoire au Conseil des
ministres, publié dans le journal Le Soleil, il y a quelques jours. Je
dois dire en toute
honnêteté que je l'ai moi-même reçu. Je savais
que ces travaux étaient en marche; je suis quand même tenu au
courant, même si le dossier de la santé et de la
sécurité implique et c'est un de nos problèmes
toute une batterie de ministères, de services, et d'inspecteurs
un peu partout, tout est émietté dans le paysage. J'ai
reçu, il n'y a pas tellement longtemps, le projet de mon
collègue, le ministre délégué à
l'environnement.
Je n'ai pas eu, dans les derniers jours, le temps, parce que
j'étais pris sur d'autre chose, sur la loi no 1, notamment, d'en prendre
connaissance de façon sérieuse, de le lire. Les fonctionnaires du
ministère d'État sont en train de procéder à un
examen très attentif de ce projet de règlement. Il va maintenant
suivre son cheminement normal. Il doit passer par le développement
social et le développement économique, parce qu'on essaie de plus
en plus, sur des projets comme ceux-là, de mettre en jonction le plus
possible nos perspectives et nos travaux pour être à même de
formuler les recommandations les plus pertinentes au Conseil des ministres. On
va le faire également, bien sûr, en s'assurant que dans un projet
comme celui-là, toutes les consultations ont bel et bien
été faites, que les coûts ont bel et bien été
évalués, de façon serrée, et que ça s'est
bien accroché aux perspectives que pourrait retenir le Conseil des
ministres d'une loi-cadre sur la sécurité et la santé au
travail pour éviter de recommencer les émiettements dans toutes
les directions.
C'est un projet qui date de longtemps, incidemment. Ce projet de
règlement a été commencé, si ma mémoire est
bonne, en 1974. Il y avait eu une publication d'un règlement en 1975, de
nombreuses réactions, et ça dormait sur les tablettes
jusqu'à ce que mon collègue décide de reprendre ça
pour mener à terme le projet. Alors, il va être examiné et
les démarches vont suivre dans les meilleurs délais possible.
Mais je ne peux pas donner plus d'indications que ça dans le temps,
parce qu'on veut s'assurer quand même que ces choses, bien sûr,
visent à éliminer à la source même les causes
d'accidents et de maladie, assainissent le milieu industriel, mais que c'est
aussi fait de façon responsable, parce que personne ne veut en
même temps jeter des entreprises sur le dos. Donc, il faut que ce soit
calibré, mais en maintenant bien, quand même, la perspective de
changement que ça implique.
M. Biron: Mais avant de faire quoi que ce soit, il y aura
consultation avec vous, avec le ministre d'État au développement
économique. Quant à votre projet vis-à-vis de la
santé et de la sécurité des travailleurs, des maladies
industrielles et tout ça, ça va être présenté
prochainement pour étude, consultation et commissions parlementaires
s'il le faut, dans le courant de l'été pour que les gens...
M. Marois: Cela va d'abord être présenté au
Conseil des ministres. Je compte soumettre incessamment un mémoire et un
projet de loi. Si le Conseil des ministres et le premier ministre l'aceptent et
le retiennent, il nous sera possible, je le crois et je l'espère, de
déposer le projet de loi-cadre avant l'ajournement de la session pour
convocation d'une commission parlementaire vers la fin de
l'été.
Ministère d'État à la
réforme électorale et parlementaire
Le Président (M. Boucher): Nous allons passer maintenant
aux crédits du ministre d'État à la réforme
parlementaire.
M. Burns: La chaise musicale.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, si vous avez
des remarques préliminaires...
M. Burns: Je n'ai pas de remarques préliminaires, M. le
Président. Je suis ici à votre disposition et à la
disposition de la commission.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval. M. le député de Jean-Talon, vous avez des questions?
Allez-y.
M. Rivest: Les districts électoraux, réforme de la
délimitation des districts électoraux ou révision de la
délimitation des districts électoraux. (21 h 15)
M. Burns: Oui.
M. Rivest: Quand?
M. Burns: Je pense que le député de Laval est en
mesure de confirmer mes dires là-dessus. Je pense avoir dit que nous
aurons éventuellement un projet de loi... Est-ce que vous
m'écoutez, M. le député de Jean-Talon?
M. Rivest: Oui, je pense avoir dit que nous aurons un projet de
loi... Est-ce que vous m'écoutez, M. le député de
Jean-Talon?
M. Burns: Bon, d'accord. Il a l'air à ne pas
écouter; comme ça, et il écoute quand même.
M. Lavoie: II ne faut pas oublier qu'il est nouveau
député. Un peu comme dans le droit, le Code civil, le mort saisit
le vif.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Les générations se succèdent
comme cela.
M. Burns: C'est ça. J'ai dit, je pense, lors de notre
question avec débat de la part du député de Laval, que la
loi qui concernait ce problème serait éventuellement
déposée, probablement dans le cours du mois de juin et, si tel
est le cas, vous allez avoir réponse à votre question à ce
moment-là.
M. Rivest: Loi électorale, révision
générale de la Loi électorale...
M. Burns: Déposée au cours du mois de juin.
M. Rivest: Au cours du mois de juin?
M. Burns: Oui.
M. Rivest: Réforme complète?
M. Burns: Oui.
M. Rivest: D'accord. Président d'élection...
M. Burns: À l'intérieur de la Loi électorale
déposée au cours du mois de juin.
M. Rivest: Mode de scrutin...
M. Burns: Mode de scrutin. Vous avez un livre vert, qui est vert,
qui est toute verdeur et qui est très bien fait, soit dit en passant. Je
le dis parce que ce n'est pas moi qui l'ai écrit au complet. Je n'ai
fait que l'introduction et la conclusion, mais mes fonctionnaires ont fait un
très bon livre vert. Il est actuellement soumis à la population.
J'ai été obligé d'annuler, à cause du
député de Laval principalement, la tournée d'information
que j'avais prévue au cours du mois de juin, pour une raison bien
simple, je me suis rendu compte que c'était plus important, et ceci
après avoir parlé avec le premier ministre, que je sois à
l'Assemblée nationale que dans le décor un peu partout à
expliquer ce qu'est le livre vert, alors que...
M. Rivest: Mais, de toute manière, il y aura consultation
éventuellement.
M. Burns: II va sûrement y avoir consultation.
M. Rivest: Registre électoral des électeurs, liste
permanente et tout ça, où est-ce que ça va?
M. Burns: La loi sur le registre est justement une des raisons
pour lesquelles j'ai annulé ma tournée d'information, c'est que
l'on considérait que la loi sur le registre, si elle doit être
adoptée, devrait l'être au cours du mois de juin.
Évidemment, à ce moment-là, comme j'ai toujours pris
l'attitude qu'une loi à caractère électoral n'a pas
à être forcée dans la gorge de l'Opposition, la loi 3 ne
sera pas non plus forcée dans la gorge de l'Opposition. Je peux vous
dire d'avance que, même s'il y avait "filibuster", je vais être
entièrement contre le fait qu'il y ait une possibilité de
clôture sur un projet de loi comme celui-là.
M. Rivest: L'autre partie du mandat du ministre au niveau des
institutions parlementaires proprement dites, la Loi de la
Législature...
M. Burns: Oui, la Loi de la Législature, M. le
député de Jean-Talon, vous avez parfaitement raison de me poser
cette question. Actuellement, j'ai mis sur pied un comité qui, à
l'avenir, va s'appeler le comité Michaud...
M. Rivest: Michaud? Yves Michaud? M. Burns: Gilles
Michaud. M. Rivest: Ah! Gilles Michaud!
M. Burns: Oui, du nom du député de Laprairie.
Déjà, des rapports nous sont donnés par ce
comité-là, selon une méthode qui a été, je
pense, très utile, par rapport au comité Dussault, du nom du
député de Châteauguay qui présidait cette
commission. Nous avons réussi quand même à faire des pas
absolument énormes. Nous avons associé l'Opposition à nos
démarches.
Je dirais qu'à 90%, les recommandations du comité Dussault
sont ce qui va devenir le projet de loi. Dans le cas du comité Michaud,
évidemment, il faut regarder ce que ça va donner, on verra. C'est
exactement dans le même but et dans le même objectif qu'on l'a
fait.
M. Rivest: Je n'ai pas d'autres questions, Le témoin a
couvert l'ensemble...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Pour les districts électoraux, je me rappelle
les déclarations du ministre, ses intentions ministérielles en
vue d'élargir cette commission permanente des districts
électoraux et d'effectuer un transfert des pouvoirs de
l'Assemblée nationale à ce comité, un pouvoir
décisionnel sur les districts électoraux, un peu comme cela
existe à Ottawa.
On nous dit que cette loi sera effectivement déposée et,
d'ici la fin du mois de juin, j'imagine, avec le consentement de tout le monde,
elle pourra être adoptée. Cela pourrait être possible.
M. Burns: Je pense, écoutez, je vous dis bien
honnêtement que je ne m'attends pas qu'elle soit adoptée. S'il y a
quelque chose, je ne forcerai pas pour qu'elle soit adoptée.
M. Lavoie: D'accord. Nous sommes curieux de voir ce projet de
loi, parce qu'il serait possible, s'il n'y a pas de difficulté, qu'on
l'approuve rapidement. Mais les plus grandes chances sont que ce projet de loi
ne pourrait pas être adopté avant la fin effective de la
présente session, qui va en décembre 1979. Au point de vue
technique, je voudrais demander au ministre, pour qu'il obtienne des
renseignements de Me Côté qui est à ses côtés,
combien de temps il lui faut, une fois... Il ne faut pas oublier que le
mécanisme de cette loi va peut-être élargir le nombre de
commissaires, un mécanisme quelconque de consultation, j'imagine.
Une fois que les districts électoraux seront
déterminés, d'une manière finale et décisive par
cette commission, je vois même... Écoutez, c'est mon
appréhension; s'il y a des élections... Normalement, pour le
gouvernement actuel, d'après la tra-
dition, les élections seraient pour la fin de 1980, quitte au
gouvernement de prolonger, suivant la loi, à 1981. Mais combien faut-il
de temps à la machine, à la tuyauterie du directeur
général des élections, une fois que les comtés sont
déterminés, pour être prête à permettre aux
électeurs de s'exprimer dans une élection
générale?
M. Burns: Vous l'avez dit, M. le député de Laval,
je ne suis peut-être pas la personne la plus compétente pour
répondre à ça; comme Me Côté est à mes
côtés, c'est peut-être à lui de donner une
réponse là-dessus.
Si j'ai bien compris, M. Lavoie, je pense qu'il faut peut-être
distinguer deux choses; dans le cadre de la loi actuelle, le délai n'est
pas excessif. Il s'agit de revenir devant la commission parlementaire. À
la suite de la première présentation qui a été
faite, il y a eu plusieurs remarques faites par les députés, il y
a eu des travaux; je peux vous dire que les travaux de la commission sont
très avancés à cet égard.
Les propositions qui ont été faites par certains partis en
vue de considérer d'autres bases de calcul, c'est assez avancé,
de sorte que, s'il y avait, dans la ligne de la loi actuelle,
nécessité de présentation de commentaires à la
suite de la présentation du cinquième rapport, cela pourrait
être fait dans les délais assez brefs.
Si on envisage, dans la perspective d'une nouvelle loi, où il y
aurait des commissaires qui seraient itinérants, je crois que... C'est
peut-être difficile d'évaluer de façon très
précise le temps que ça peut prendre, mais il faut évaluer
la période de temps que prendrait la consultation, selon la forme
qu'elle prendrait. Là encore, je ne pense pas que ce soit
extrêmement long, parce qu'il y a quand même une base de travail
qui est très intéressante, à mon avis, dont on dispose
présentement, à partir du cinquième rapport, et qui
pourrait servir de base de travail pour une tournée de la part des
commissaires.
M. Lavoie: II s'agit de savoir la décision
ministérielle de l'exécutif, si son intention est de
procéder avec cette loi, qui sera déposée, mettre le
mécanisme en marche, cela veut dire adoption de la loi, fin de session,
fin de l'année 1979, nomination possible de nouveaux membres,
consultation; comme vous l'avez mentionné, des commissaires pourraient
se déplacer, aller consulter le milieu, refaire la carte. Cela peut
prendre facilement une bonne partie de l'année 1980.
Si nous sommes sur la nouvelle loi pour les... Ce que je crains, je vais
vous le dire, c'est qu'il est fort possible que la prochaine élection
générale soit à la fin de 1980 ou au début de 1981,
et qu'on n'ait pas le temps de modifier les districts électoraux pour la
nouvelle loi.
M. Burns: Si vous me permettez une précision, M. Lavoie,
tout dépend évidemment des dispositions de la nouvelle loi et ce
qui sera imposé aux commissaires, le travail qu'ils auront à
faire, le genre de consultation qu'ils auront à faire.
Ce sera déterminé dans la loi. Il faudra voir. Mais la
chose que je peux vous assurer, c'est que, présentement, les
employés et les membres de la commission actuelle ont des documents en
main qui peuvent permettre de faire des travaux assez rapidement. C'est la
seule chose que je peux vous dire présentement. Tout dépend des
dispositions de la loi.
M. Lamontagne: M. le Président, sur le même
sujet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Je ne me souviens plus trop à quelle date
nous avons tenu une commission parlementaire...
M. Burns: C'est le 6 décembre, si je ne me trompe.
M. Lamontagne: ... concernant le cinquième rapport.
À cette occasion, au nom de l'Opposition officielle, j'avais produit un
document, comme vous vous en souvenez sans doute, M. Côté.
C'était une période où le ministre actuel était
possiblement pour être muté à un autre ministère, de
sorte qu'il avait choisi, à cette occasion, de ne donner aucune opinion
au nom du gouvernement, sur le cinquième rapport.
On a fait toute sortes de représentations. Depuis ce temps, et
surtout au cours des deux dernières semaines, j'ai demandé au
leader du gouvernement ce qui se passait en réalité
là-dedans. Aujourd'hui, le leader du gouvernement m'a répondu
que, d'ici neuf jours, j'aurais réponse à toutes mes questions.
Mais, en même temps que vous avez pris connaissance du rapport que j'ai
produit et également de la loi qui confine presque les commissaires
à structurer suivant des critères donnés, on se demande ce
que cela peut bien être, un sixième rapport, après un
cinquième rapport tel qu'il était auparavant, et qui modifiait 74
comtés.
Je crains fort et c'est là le but de mes questions
répétées à l'Assemblée nationale que
le sixième rapport soit extrêmement décevant pour
l'ensemble des parlementaires, comme le cinquième rapport l'était
pour une très grande majorité des parlementaires. À partir
de cela, pour les populations concernées, c'est déposé
à l'Assemblée nationale ou, de toute façon, des questions
sont posées à l'Assemblée nationale d'ici neuf jours,
qu'est-ce qui se passe après cela? Est-ce qu'on va voir ces
gens-là? On parle évidemment d'un nouveau mandat. Mais, avant de
poser des questions sur des nominations additionnelles de personnes, je
voudrais savoir véritablement ce qui va se passer, sans connaître
le fond même.
M. Burns: Si je m'en réfère à ce qui s'est
passé dans les années antérieures, à ce qu'on m'a
dit de la façon dont cela a procédé, quand il y a eu des
auditions, la commission parlementaire a
siégé pour entendre des commentaires sur un rapport de la
commission, il y avait des remarques, des observations, qui étaient
faites, comme on en a eu au mois de décembre. Cela veut dire que les
remarques, les suggestions que vous avez faites au mois de décembre non
seulement ont été étudiées, mais il y a eu un
très gros travail de fait.
Il faudrait soumettre je ne sais pas si on peut appeler un
sixième rapport, je ne sais trop la terminologie, mais je pense qu'il
faudrait...
M. Lamontagne: Excusez-moi, M. Côté. Tout à
l'heure, vous avez employé l'expression que le cinquième rapport
servirait de base... (21 h 30)
M. Burns: D'accord. Vous faites bien de me demander cette
précision. Quand je me servais comme exemple du cinquième rapport
pour une éventuelle tournée d'information, si la nouvelle loi le
prévoit. Cela fait bien des "si". Je vous signale qu'il y a une base de
travail que nous possédons à la commission qui peut être le
cinquième rapport amélioré ou un sixième rapport.
C'est tout ce que je veux vous signaler. On possède actuellement, je
pense, assez d'éléments et assez de données à la
commission pour avoir les éléments nécessaires afin de
pouvoir, au moins, soumettre ou, enfin, échanger sur des propositions de
renouvellement ou de changement des limites des districts
électoraux.
M. Lamontagne: Mais proposez-vous de soumettre à
l'Assemblée nationale un sixième rapport dans neuf jours?
M. Burns: Évidemment, tout dépend. Je ne suis pas
maître des délibérations de l'Assemblée nationale,
mais s'il y a une autre...
M. Lavoie: Mais le leader parlementaire du gouvernement je
ne sais pas si le ministre d'État à la réforme
électorale et parlementaire était là aujourd'hui
nous a dit que, d'ici à neuf jours, il y aurait le dépôt
d'un sixième rapport.
M. Lamontagne: Excusez-moi, il n'a pas employé
l'expression "sixième rapport". C'est pour cela que je pose cette
question-là. Il a employé l'expression: "J'aurais réponse
à toutes les questions." Mes questions consistaient à savoir
quand le sixième rapport de la refonte des districts électoraux
serait déposé.
M. Burns: Là-dessus, M. le Président, je pense que
le leader... En tout cas, j'interprète sa réponse comme voulant
dire que d'ici à neuf jours...
M. Lavoie: Ce serait le dépôt du projet de loi.
M. Burns: ... il y aurait un dépôt de projet de
loi.
M. Lavoie: Et cela ne serait pas un sixième rapport?
M. Burns: Et ce ne serait pas un sixième rapport.
M. Lamontagne: Ah bon! c'est beaucoup de précisions, c'est
clair.
M. Burns: Je préférerais quand même que le
leader du gouvernement nous donne son point de vue. Il était ici tout
à l'heure.
M. Lamontagne: Mais quand même...
M. Burns: Mais ce n'est pas un sixième rapport qu'on a
l'intention de déposer, c'est un projet de loi qu'on a l'intention de
déposer.
M. Lamontagne: M. le Président, compte tenu de cette
réponse-là qui s'inscrit, à mon avis, un peu dans toutes
les discussions que nous avons eues au cours des derniers mois, là, vous
travaillez à la suite du cinquième rapport et des
représentations qui vous ont été faites par nous et par
d'autres le 6 décembre.
M. Burns: C'est pour cela que je n'ai pas appelé cela le
sixième rapport, parce qu'on travaille sur le cinquième.
M. Lamontagne: Mais à quoi tout le travail que vous faites
actuellement va-t-il servir s'il y a un projet de loi de déposé
et si on procède autrement?
M. Burns: On verra selon les dispositions de la loi ce qu'elle
requerra de la part de la commission.
M. Rivest: Je suppose que la loi va déterminer les
nouvelles délimitations des districts?
M. Burns: Non.
M. Lavoie: Elle va élargir, d'après les
déclarations du ministre. Je ne voudrais pas répondre pour lui,
mais l'intention du ministre, c'est d'élargir la commission qui a un
certain nombre de membres actuellement qui serait élargi...
M. Rivest: Ils vont recommencer?
M. Lavoie: ... et le pouvoir décisionnel pour les
districts électoraux n'appartiendrait plus à l'Assemblée
nationale, mais à cette commission-là.
M. Rivest: Comme au fédéral, comme à
Ottawa.
M. Burns: C'est cela.
M. Rivest: J'espère qu'elle ne changera pas les
délimitations du comté de Jean-Talon.
M. Burns: Je l'espère, mais en tout cas, c'est une autre
affaire.
M. Lamontagne: M. le Président, comme on ne connaît
pas la lenteur de la loi, mais qu'on sait d'autre part que c'est un sujet qui
vous préoccupe, la restructuration des districts électoraux, je
ne sais pas si vous étudiez des suggestions qui nous sont faites
occasionnellement ici et que je n'ai pas faites dans mon rapport, à
savoir qu'au Québec, il y a douze régions administratives et on
pourrait désigner certain nombre de comtés, de districts
électoraux par région administrative. Une région
administrative, disons le Saguenay-Lac-Saint-Jean, aurait droit, à titre
d'exemple, comme on a actuellement, à cinq comtés. Il y a cinq
comtés dans ce district-là et on arrange ces
comtés-là suivant le meilleur moyen possible. Ce serait la
même chose pour l'Abitibi, la Gaspésie, etc. un peu comme on fait
au fédéral. Là, on divise par province, ici on diviserait
par région.
M. Burns: Je vais vous faire une remarque un peu personnelle
comme président de la commission. Je vais vous dire que j'aurais
aimé, à l'occasion de la séance qui s'est tenue au mois de
décembre, et j'aimerais, si l'occasion se présente, pouvoir
peut-être expliciter le cinquième rapport. Je pense qu'à
cet égard, il y a certaines observations, certaines remarques qu'on
pourrait faire qui rejoindraient la préoccupation que vous exprimez.
M. Lavoie: C'est assez simple. Si je me rappelle bien
l'exposé, le document, les idées que nous avons mises de l'avant,
on trouvait qu'il y avait beaucoup trop de chambardements dans le
cinquième. On touchait à 74 comtés et on prévoyait
que ce n'était pas nécessaire.
M. Burns: M. Lavoie, je me réfère plus
spécifiquement à des principes ou à des grandes lignes qui
ont présidé au travail... C'est évident, je le
concède tout de suite, qu'il n'y a aucun rapport d'une commission qui
soit parfait. C'est évident qu'il n'y en aura aucun. Trouver la
perfection dans la limitation des districts électoraux, c'est assez
difficile.
M. Lavoie: La quadrature du cercle.
M. Burns: Ce que veut dire le député de Roberval,
c'est que cette préoccupation régionale était quand
même présente au moment de la rédaction du cinquième
rapport.
M. Lavoie: J'aurais une suggestion à faire au ministre. Au
lieu de nous arriver avec ce projet de loi dans le courant du mois de juin, en
appendice, ce qu'on appelle en avis, et, après cela, à l'endos de
la première page du feuilleton, précédé d'une
lettre alphabétique, et, à un certain moment, en première
lecture, dans l'esprit qui a animé les parlementaires depuis
récemment et depuis plusieurs années, dans toutes les lois qui
touchent le processus démocratique, comme vous avez fait d'ailleurs, et
je vous en félicite, dans la refonte de la Loi électorale,
où il y a eu un précomité de fait ou un comité de
tous les partis politiques, ne croyez- vous pas qu'avant qu'un tel projet de
loi également n'aille à l'impression, s'il ne l'est pas encore,
devrait y avoir une consultation des partis politiques? Cela pourrait faciliter
beaucoup l'adoption de la loi. C'est une suggestion positive que je vais faire
au ministre.
M. Burns: Je pense que la suggestion du député de
Laval est très positive. Je n'ai pas d'objection à utiliser cette
formule dans le cas qui est mentionné. Comment cela va-t-il se faire?
Cela reste à déterminer.
M. Lavoie: Je pense que...
M. Burns: Je n'ai pas d'objection.
M. Lavoie: Avec notre expérience mutuelle, au lieu de
garder cela, aujourd'hui, on vous pose des questions, on ne veut pas aller trop
loin dans le chaudron, on sait que le directeur général des
élections je le comprends, à sa place, je serais pareil
a beaucoup de réserves. Le ministre a des réserves,
peut-être parce que ce n'est pas encore adopté au Conseil des
ministres, ou je ne sais quoi, mais cela établit déjà un
climat qui devrait être sain, je crois, surtout lorsqu'on touche à
des districts électoraux. Vous l'avez fait pour la refonte de la carte
électorale.
M. Burns: Vous savez, M. le député, que, depuis le
début, j'ai manifesté l'intention qu'en matière
électorale, on ait, si possible, le plus large consensus possible. Je ne
crois pas, par exemple, qu'une loi comme la loi 3, qui va être
discutée dans les semaines à venir, fasse l'objet d'une motion de
clôture.
M. Lavoie: D'accord, mais vous avez...
M. Burns: Je ne crois pas que quelque loi que ce soit en
matière électorale fasse l'objet d'une motion de
clôture.
M. Lavoie: Je suis bien d'accord avec vous.
M. Burns: Dans ce sens, on est prêt à faire beaucoup
de pas en votre direction, si cela amène un consensus.
M. Lavoie: Bon. Vous m'apportez d'ailleurs un argument
supplémentaire. Vous savez que nos positions sont déjà
raidies je n'ai rien à vous annoncer sur la loi 3.
M. Burns: Elles sont déjà raidies? M. Lavoie:
Oui, elles sont déjà... M. Burns: En parlant de
raideur? M. Lavoie: Disons qu'elles sont déjà...
M. Burns: Utilisez le mot "raideur", c'est encore mieux! Vous
dites que vous vous raidissez,
c'est-à-dire que vous y mettez de la raideur. C'est cela?
M. Lavoie: Écoutez! C'est une expérience qu'on vit
actuellement. Peut-être parce qu'il y a eu ce défaut de
consultation.
M. Burns: C'est possible.
M. Lavoie: On nous arrive avec une loi qui n'est pas un enfant
naturel de la loi 123 du registre des électeurs.
M. Burns: Si je vous amène la semaine prochaine des
amendements qui assouplissent votre position, est-ce qu'à ce moment,
cette raideur va continuer à exister?
M. Lavoie: Non, cela peut facilement s'adoucir...
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: ... parce qu'il n'y a pas de position de "filibuster"
de notre côté...
M. Burns: Bon. On s'entend.
M. Lavoie: ... mais, du fait que vous nous arrivez avec un projet
de loi qui est très consistant, dans le sens qu'il y a beaucoup de
questions de fonds dedans, par défaut de consultation, on s'attendait
que ce soit une suite normale et naturelle de la loi 123, alors que ce n'est
plus cela, à notre avis. S'il y avait eu consultation avant impression
et présentation à l'Assemblée, peut-être que nous ne
serions pas dans la position où nous sommes devant ce projet de loi 3
actuellement.
M. Burns: Je pense, M. le député...
M. Lavoie: ... et c'est pour ça que je vous fais cette
suggestion pour cette future loi de la commission permanente des districts
électoraux.
M. Burns: D'accord, et je pense que, dans le cas du projet de loi
no 3, vous allez voir une certaine souplesse de notre côté et
même des amendements que vous nous avez suggérés, auxquels
on disait non au départ et auxquels, éventuellement, on va dire
oui.
M. Lavoie: C'est votre raideur à vous qui s'amollit. Ce
n'est pas le nôtre.
M. Burns: Ce n'est pas ma raideur, parce que je pense que dans ce
domaine je n'ai jamais été bien raide. J'ai été,
quoique, écoutez, je ne veux pas...
M. Lavoie: On ne fera pas de jeu de mots. On ne fera pas de jeu
de mots.
M. Burns: Non, ne faites pas de jeu de mots là-dessus.
Mais, ce n'est pas une question de raideur...
M. Lamontagne: M. le Président...
M. Lavoie: Parce qu'on va demander de déposer les
documents.
M. Burns: Oui, et je serais gêné, M. le
député, de déposer le document. Mais, effectivement, on a
l'intention de revoir le projet de loi no 3, selon les conséquences qui
sont prévues par le député de Laval.
M. Lamontagne: M. le Président, pour revenir un peu
à la question de la réforme des districts électoraux, le
député de Laval mentionnait la possibilité d'avoir une
commission.
Je vais vous donner un exemple. Moi, comme porte-parole de l'Opposition
officielle, le 6 décembre, on était en commission, j'émets
un rapport. Il est bien évident que j'aurais souhaité
personnellement avoir l'occasion, tant en mon nom personnel comme
député, que comme membre d'une région et
représentant de l'Opposition, d'en discuter avec les personnes
responsables. Pour ça, c'est bien facile, prenez un rendez-vous. C'est
ce que je n'ai pas voulu faire, aller mettre des personnes dans l'embarras. On
s'est dit: II doit y avoir un mécanisme qu'on est capable de trouver,
entre nous, pour nous empêcher de faire ce qu'il ne faut pas, à
mon avis: aller indisposer des gens, faire des représentations, de tous
bords et de tous côtés. J'ai choisi le moyen d'essayer de le faire
publiquement, de trouver un moyen ensemble, parce que le ministre sait fort
bien, pour avoir participé, en 1971 ou 1972... Je ne me souviens pas en
quelle année, c'est moi qui présidais ces débats
jusqu'à cinq ou six heures tous les matins. Il ne faut pas se lancer de
nouveau là-dedans. On a vécu cette expérience, donc, on
sait qu'il ne faut pas le faire. Cela, c'est à combattre, à
proscrire. Il y a d'autres moyens modernes à prendre. Le meilleur moyen,
c'est faire un peu ce qu'on fait là et dire: Écoutez, il y a
peut-être un moyen d'avoir... Au mois de juin, avant le
dépôt de la loi, on pourrait se rencontrer. On l'a fait... J'ai
participé, en plusieurs circonstances, à des rencontres avec les
autres formations politiques, le parti ministériel, et cela a
donné de bons résultats.
M. Burns: M. le député de Roberval, je prends
immédiatement l'engagement, correct? qu'avant que le projet de loi soit
déposé, les gens de l'Opposition vont être
convoqués, soit par mon bureau ou soit par l'entremise du directeur
général des élections pour prendre connaissance de ce
qu'on veut faire dans ce domaine et, justement, c'est quelque chose qui, dans
le fond, satisfait les représentations du député de Laval
et du député de Roberval.
M. Lamontagne: Nous acceptons d'avance cette invitation.
M. Burns: Je prends cet engagement. Je vous invite
éventuellement, en tout cas à très court terme, à
voir d'avance le projet de loi et à nous dire si cela a du bon sens ou
si cela n'en a pas.
M. Lamontagne: Excellent.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, juste là-dessus, puis-je dire, sous
réserve, bien sûr, des dispositions du projet de loi, mais je sens
que cela glisse vers une formule qui s'apparenterait à ce qui existe
à Ottawa, que pour ma part, en tout cas, sous réserve des
dispositions et sous réserve de la rencontre dont vient de parler le
ministre, je pense préférable que l'Assemblée nationale ou
les députés, sur la question des délimitations des
districts électoraux, conservent un droit de regard, si ce n'est un
droit de décision, et que ce ne soit pas simplement... Ce que je veux
dire, en somme, c'est que je n'ai pas tellement... Ma préférence,
encore là je mets toutes les réserves au niveau de ce que
le ministre ou le gouvernement a en tête est que ce soient des
fonctionnaires, enfin, qui, avec toute la déférence qu'on leur
doit, bien sûr, décident finalement de cette question. (21 h
45)
M. Burns: Je prends bonne note de votre remarque, mais je vous
dis également qu'il n'y a rien de plus précieux qu'une remarque
qui est faite par un député à l'occasion de l'étude
d'une carte électorale. Sur le plan de la pression morale, il n'y a rien
de plus fort que des députés qui puissent dire: Cela n'a pas de
bon sens, cette carte.
M. Rivest: C'est dans ce sens que j'ai dit "un droit de regard,
si ce n'est un droit de décision". Mais je veux que le droit de regard,
si la décision revient finalement à ça...
M. Burns: Le projet de loi, M. le député de
Jean-Talon, je l'ai déjà mentionné, j'ai
déjà dit ça, tiendra compte de ce facteur que les
députés sont intéressés, que les associations de
comté sont intéressées, que même possiblement des
organismes...
M. Lavoie: La population est intéressée, encore
plus que les députés.
M. Burns: ...oui, bien oui... extérieurs au gouvernement
et tout parti politique sont intéressés, la population
également, comme le dit le député de Laval, tous sont
intéressés à vendre leur idée et à faire
passer leur point de vue.
M. Rivest: Je ne veux pas chicaner le ministre... Vendre leur
idée je pense que le ministre l'a dit tantôt mais
surtout évoquer et parler de certaines réalités
concrètes sur le terrain. Il y a des liens, il y a toutes sortes
de...
M. Burns: Le projet de loi, M. le député de
Jean-Talon, pourrait très facilement imposer à la commission un
certain nombre de critères qui, dans le fond, rendraient la commission
un peu moins libre, mais qui également assureraient les
députés d'un certain nombre de critères à
être respectés. Je n'ai pas, à ce moment, à vous
dévoiler...
M. Rivest: En tout cas, on verra, oui, c'est ça.
M. Burns: ...le projet de loi, mais je vous dis que c'est dans ce
sens qu'on se dirige.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Juste un éclaircissement. Il y avait le
comité Dussault qui s'occupait de la refonte de la loi
électorale. Vous avez parlé du comité Michaud. Qu'est-ce
que c'est, ça?
M. Burns: Je m'excuse auprès des membres qui ont fait
partie du comité Dussault, mais c'est, en mieux, le comité
Dussault.
M. Lavoie: Vous allez avoir une question de privilège du
député Dussault, non?
M. Burns: Je pense que tous les gens qui en font partie
comprennent ce que je veux dire; même ceux qui ont fait partie du
comité Dussault comprennent ce que je veux dire.
M. Rivest: C'est mieux, parce qu'il n'y a pas de membres de
l'Opposition?
M. Burns: Non, ça va être un comité qui aura
pour objet de revoir la Loi de la Législature. Quand je dis en mieux,
c'est parce qu'on se base sur l'expérience du comité Dussault
pour améliorer cette situation. Il n'y a pas à l'avance de raison
d'écarter l'Opposition des travaux de ce comité. Tapez sur le
bureau autant que vous voudrez, M. le député de Laval, mais je
vous dis que tout simplement, c'est la première fois, depuis que je
siège à l'Assemblée nationale, que des ministres je
ne dis pas que je suis le seul confient à des
députés et cela est revalorisant pour des
députés...
M. Lavoie: II n'y a aucune primeur dans ça...
M. Burns: Bien, voulez-vous...
M. Lavoie: Arrêtez donc de charrier.
M. Burns: C'est correct.
M. Lavoie: II n'y a pas de primeur, j'ai siégé, il
y a dix ans, au comité des condominiums et cela a été
laissé aux députés à ce moment-là.
M. Burns: Voulez-vous une réponse ou vous n'en voulez
pas?
M. Lavoie: Ce que je veux vous dire, c'est: arrêtez donc de
pontifier vos députés, le député Michaud, le
député Dussault. Il y aura des élec-
tions d'ici un an ou un an et demi et ils ne seront peut-être plus
là, dans la position où ils sont. Vous voulez...
M. Burns: Moi, je pense que ceux dont vous parlez vont être
là en mosus! Il n'y a pas de problème, ils vont être
là. Je vous dis tout simplement qu'il est normal qu'à un moment
donné, dans le cadre de la revalorisation du rôle du
député, vous puissiez donner à un certain nombre de
députés des fonctions et, entre autres, M. Michaud, M. Dussault
sont justement des personnes qui ont présidé des commissions, qui
se sont associé d'autres députés. Dans le cas de la
commission Dussault, on s'est rendu compte jusqu'à quel point
l'utilisation des gens de l'Opposition pouvait être absolument
parfaite.
M. Lavoie: M. le Président, je voudrais inviter encore une
fois... Il ne faut pas oublier que ce comité Michaud touche la Loi de la
Législature...
M. Burns: Oui.
M. Lavoie:... et cela n'appartient pas au gouvernement, ça
n'appartient pas à l'équipe ministérielle. La Loi de la
Législature, c'est quasiment notre constitution interne du
Québec.
M. Burns: Écoutez, M. le député...
M. Lavoie: Dès qu'il fut formé, il aurait dû
y avoir une participation de tous les députés, de quelque
côté de la Chambre qu'ils soient...
M. Burns: M. le député de Laval, je vais vous dire
quelque chose que...
M. Lavoie: Écoutez! Vous partez avec une
béquille.
M. Burns:... vous connaissez déjà. Si j'avais,
à l'intérieur de mon ministère, décidé de
faire purement et simplement une révision de la Loi électorale,
je l'aurais faite avec mes fonctionnaires, je l'aurais faite avec quelques
collaborateurs, peut-être de l'extérieur. Ce que nous faisons
actuellement, nous disons à des députés
ministériels...
M. Lavoie: Ministériels...
M. Burns: Oui, bien oui, bien oui...
M. Rivest: C'est pour les amuser.
M. Burns: Pas du tout, pas pour les amuser; le comité
Dussault se rend compte que ce n'était pas pour les amuser parce...
M. Rivest: Les sortir de...
M. Burns: ... que tout ce qu'ils ont recommandé, à
90%, va se retrouver dans le projet de loi, avec...
M. Rivest: Avec la participation de l'Opposition, c'est
ça...
M. Burns: ... la participation de l'Opposition, bien oui.
M. Rivest: ... mais dans la Loi de la Législature, c'est
quand même la Législature...
M. Burns: Est-ce qu'il n'est pas normal, M. le
député de Jean-Talon, que d'abord et avant tout, je demande
à des députés ministériels de regarder ce
problème-là? Est-ce qu'il n'est pas normal...
M. Lavoie: Non, ce n'est pas normal. M. Rivest: C'est la
Législature.
M. Burns:... que, par la suite, je demande à ce
comité Michaud de s'associer des gens de l'Opposition? Exactement comme
dans le cas du comité Dussault où cela a été
merveilleux comme résultat, parce qu'on s'est rendu compte que le
travail de déblayage qui avait été fait au début
avait été fait sans aucune partisanerie politique.
Quand on s'est retrouvé vraiment au coeur du problème, on
a dit: On va demander à des gens de l'Opposition de s'associer à
cela. Les gens de l'Opposition nous ont dit qu'ils étaient très
heureux de participer à ça, parce que le déblayage avait
été fait. Sans aucune partisanerie, le travail a
été fait de façon absolument extraordinaire. C'est ce que
j'ai personnellement demandé. Justement, il y a un député
qui est à la table et je pense que le député de
Jeanne-Mance pourrait vous dire exactement comment cela s'est passé.
C'est rare qu'un ministre je vous le dis, c'est important qu'on
se le dise c'est rare qu'un ministre dise à un comité:
Faites votre boulot et je ne veux pas intervenir. Je ne viendrai pas vous dire
quoi dire, quoi penser et quoi faire.
M. Rivest: Où est-ce qu'il en est rendu en ce moment? Vous
avez dit tout à l'heure que ce projet de loi serait déposé
quand? Ou enfin... sur la Législature.
M. Burns: Vous parlez de... M. Rivest: ... de la
Législature. M. Burns: Pas avant l'automne.
M. Lavoie: M. le Président, très brièvement,
c'est peut-être la voix de l'expérience...
M. Rivest: La sagesse.
M. Lavoie: ... je ne voudrais pas exagérer les conseils
que je veux donner au ministre d'État à la réforme
électorale. S'il se rappelle bien, il y a très peu
d'années, pour des choses qui n'étaient pas à la base
même de l'exercice de la démocratie, comme la Loi
électorale ou la Loi de la Législature, des
choses vraiment secondaires, il va se le rappeler, pour créer un
nouveau service à l'Assemblée nationale, un service d'accueil et
d'information, dirigé par M. Beaulieu, avant même que le service
soit créé, avant que le directeur soit nommé, il y a eu un
comité multipartite dont le député de Maisonneuve faisait
partie alors qu'il était dans l'Opposition. Dès que l'idée
a germé, à ce moment-là, invitation à tous les
partis d'Opposition pour avoir leur opinion sur la création loi
d'une loi d'un service d'accueil et d'information, parce qu'on voulait
garder cette crédibilité, cette objectivité à
l'institution qui s'appelle l'Assemblée nationale.
On a fait un film, il y a quelques années. Dès que
l'idée a germé, avant quoi que ce soit, avant le scénario,
avant de donner le contrat, avant de penser au format ou au contenu, il y a eu
un comité ad hoc formé, dont faisait partie le
député. Toutes ces choses se sont bien déroulées,
il y a eu un consensus, ces services ont été créés,
le film a été fait, les projections ont été
montrées. Même lors d'un certain "filibuster", alors que, pour des
raisons qu'on n'a pas à juger, vous avez changé d'idée, de
réviser le salaire des députés en 1974, dès que
l'idée a germé, elle venait de l'Opposition, il y a eu un
comité formé de trois membres et consultation du
député de Maisonneuve, qui était leader parlementaire. Il
nous a suggéré celle qui est sénatrice aujourd'hui, une
permanente de la CSN, Mme Dussault, de Sherbrooke, du Conseil du statut de la
femme.
Dès que l'idée a germé, même pas
germé, elle n'était pas encore en terre, on consultait
l'Opposition et on faisait participer l'Opposition. Avec votre refonte de la
Loi électorale, vous avez formé votre comité Dussault,
cela a été concocté. Il y a eu un comité
ministériel seulement, on a discuté au caucus, votre lit
était fait, et, après, vous nous avez invités. Pour la Loi
de la Législature, qui est en dehors de toute décision
gouvernementale et ministérielle, le comité est
déjà formé. Vous nous annoncez qu'on n'est même pas
invité encore à y participer. Je vous dis que vous allez encore
une fois manquer le bateau.
Pourquoi ne pas avoir cette politique pour tout ce qui touche la
démocratie ou l'institution de l'Assemblée nationale, pour tout
ce qui touche les députés et la représentation de la
population? Pourquoi ne pas avoir une politique ouverte, même trop
ouverte, au lieu de faire ce que vous faites actuellement? Je vous dis que vous
allez manquer le bateau encore une fois. Dans votre caucus, vous faites votre
lit, vous concoctez, vous vous décidez et, une fois que votre lit est
fait, vous invitez l'Opposition. Ce n'est pas comme cela que cela doit
marcher.
M. Burns: Ce que je tiens à vous dire, M. le
député de Laval, c'est que je n'ai pas demandé au caucus
de former le comité en question, ni le comité Dussault, ni le
comité Michaud. Ce que j'ai fait, j'ai demandé à un
député, dans le cas du député Dussault et dans le
cas du député Mi-chaud, je leur ai demandé personnellement
s'ils étaient prêts à prendre charge de ce
comité.
L'un et l'autre, dans chacun des cas, m'ont dit: Oui, je suis prêt
à prendre cela. Et je leur ai dit: Choisis ton monde, choisis le monde
qui va travailler avec toi...
M. Lavoie: Dans votre gang.
M. Burns: Bien oui, ce sont les députés
ministériels... et fais-moi un déblayage. C'est pas mal quelque
chose. Je n'ai pas vu...
M. Lavoie: Le déblayage peut venir de l'Opposition
également.
M. Burns: Je n'ai pas vu, du côté du gouvernement
précédent, de ministres qui aient dit: Je ne me mêlerai pas
de cela. Fais-moi un déblayage. Et, éventuellement, on va
s'associer l'Opposition à cela.
M. Lavoie: II sera trop tard.
M. Burns: Tant et aussi longtemps que le déblayage n'aura
pas été fait, ce ne sera pas normal.
M. Lavoie: Juste pour corriger, le ministre me le permettra. Il y
a dix ans en 1967 ou en 1968, je me demande si ce n'est pas sous l'Union
Nationale, lorsque la Loi de la copropriété est venue, les
condominiums n'existaient pas au Québec, cela a été un
comité de députés auquel j'ai apporté une humble
contribution. Il n'y avait aucun ministre qui siégeait. Et cette loi qui
régit la copropriété et les condominiums, cela a
été fait il y a dix ans. Vous n'avez rien inventé depuis
le 15 novembre 1976.
M. Burns: Je ne vous dis pas que j'ai inventé quelque
chose.
M. Lavoie: Et ce comité ne portait pas le nom d'un
député non plus. On ne les met pas dans le béton, nos
députés. Ils sont pas mal plus mobiles que vous pensez, surtout
les vôtres.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, compte tenu de
l'heure, je suis obligé de vous demander s'il y a consentement pour
prolonger la séance.
M. Lavoie: Oui. J'ai terminé, j'ai une question ou
deux.
Il y a une chose dans les crédits. Vous nous dites qu'avec le
projet de loi 3, pour abolir le recensement annuel vous êtes pour
faire un nouveau recensement si la loi 3 est adoptée à l'automne
cela coûterait $20 millions ou $21 millions.
M. Burns: $20 millions.
M. Lavoie: Comment se fait-il que dans vos crédits vous
reportiez toujours les $10 millions qui sont le coût d'un recensement
annuel? J'imagine
que ce sont des crédits supplémentaires. Cela n'a pas
été prévu dans vos priorités
législatives?
M. Burns: Au moment où les prévisions
budgétaires ont été préparées, on n'avait
pas d'idée assez précise de ce que pouvait coûter le
recensement du mois de septembre.
M. Lavoie: Une dernière question.
M. Burns: J'ajoute à ce que Me Côté vient de
dire le fait que le recensement tel que prévu va durer beaucoup plus
longtemps.
M. Lavoie: On le sait. C'est seulement le fait qu'au point de vue
budgétaire vous avez prévu $10 millions, alors que vous nous
annoncez une vingtaine de millions.
M. Burns: C'est $20 millions. (22 heures)
M. Lavoie: Si le projet de loi est adopté, ce sera des
crédits supplémentaires, nécessairement...
M. Burns: Possiblement.
M. Lavoie: ... comme pour l'élargissement de votre
commission permanente où, avec plus de membres, vous avez toujours
reporté le montant de $166 000 qui est le coût de cette
commission-là. C'est le même montant qui est reporté.
M. Burns: C'est possible.
M. Lavoie: Cela pourrait faire l'objet de crédits
supplémentaires.
M. Burns: C'est vrai.
M. Lavoie: Une dernière question. Je vois ici Me Olivier
Boucher, le directeur du financement des partis politiques. On aurait sans
doute plusieurs questions à lui poser. Il y a un projet de loi que vous
devez déposer incessamment, possiblement, qui n'est peut-être pas
dans la forme normale, sur des galées. Le leader parlementaire du
gouvernement nous a annoncé qu'il serait déposé d'ici
quelques jours. Je sais égale ment - cela relève des discussions
que nous avons eues au comité consultatif - qu'il y a des amendements
possibles. Voici la question que je peux vous poser. Encore là, il y
aurait peut-être eu avantage à ce qu'il y ait consultation avant
le dépôt du projet de loi, mais cela n'a pas été
fait. Elle est peut-être prématurée vu qu'on aura le projet
de loi peut-être la semaine prochaine. Est-ce qu'il y a beaucoup
d'amendements dans ce projet de loi là ou uniquement dans la partie qui
couvre le paiement d'annonces à caractère politique par des
personnes morales dans des journaux?
M. Burns: J'ai l'intention de présenter deux projets de
loi, l'un qui va concerner directement le problème qui a
été soulevé, c'est-à-dire le financement de
journaux par l'entremise de personnes morales. C'est donc le premier projet de
loi. C'est celui-là qui nous paraissait le plus urgent et qui devait
normalement recevoir une réponse par l'entremise d'un projet de loi. Il
y a un deuxième projet de loi amendant la Loi régissant le
financement des partis politiques, qui va tenir compte des recommandations du
Conseil consultatif sur le financement des partis politiques et des
recommandations du directeur général.
M. Lavoie: De ces deux projets de loi, je comprends que le
premier concernant la publicité dans les journaux par les compagnies ou
personnes morales sera déposé d'une journée à
l'autre.
M. Burns: Le premier sera déposé d'ici une
semaine.
M. Lavoie: Est-ce que le deuxième sera
déposé avant...
M. Burns: Avant le mois de juin.
M. Lavoie: ... la fin du mois de juin?
M. Burns: Oui, avant la fin du mois de juin.
M. Lavoie: D'accord.
M. Burns: Je fais une différence, si vous voulez, ou une
distinction entre les deux, c'est que, dans un cas, c'est un engagement du
premier ministre en vue de tenter de trouver une solution et, dans l'autre cas,
c'est l'application normale de la loi où on a trouvé des trous.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? C'est à la suggestion du
DGFPP...
M. Lavoie: Et du comité consultatif.
M. Burns:... et du conseil consultatif. On s'est dit: II y a des
choses à améliorer, mais, dans le deuxième cas, c'est
moins urgent que dans le premier cas.
M. Lavoie: J'ai terminé, M. le Président. Je
voudrais remercier le ministre de tout l'éclairage même partiel
qu'il nous apporte. J'espère qu'on pourra continuer encore plusieurs
jours, plusieurs mois et, selon mon voeu, même plusieurs années.
Si ces efforts n'ont pas été faits de la part du chef de
l'État de le conserver dans le cabinet, je regretterai le départ
du député de Maisonneuve du club parlementaire.
M. Burns: Je vous remercie beaucoup, M. le député
de Laval. Vous savez que moi aussi, cela va me blesser quand je vais être
obligé de prendre rendez-vous avec vous pour vous rencontrer, alors que
maintenant, on n'a pas besoin de prendre rendez-vous, on se voit dans les
corridors. Je vous remercie énormément de votre collaboration et
aussi de votre compréhension pour un certain
nombre de problèmes qui sont souvent très difficiles
à manier.
Je veux simplement dire que dans le domaine électoral, nous avons
jusqu'à maintenant tenté d'associer l'Opposition à toute
étude et à toute évolution du dossier. Je pense avoir
exprimé cette opinion au cours de la commission que nous n'avons pas
l'intention d'écarter l'Opposition de ce type d'amendement. Au
contraire, je pense que lorsque nous arrivons avec quelque chose qui est
fondamental au point de vue de l'amélioration de la Loi
électorale, il faut que l'Opposition y soit associée.
Peut-être qu'à certaines occasions on n'a pas respecté cet
objectif, malheureusement. Dans l'ensemble, on est très
sincèrement intéressé à ce que l'Opposition
participe à l'évolution d'une loi électorale. Dans ce
sens, je suis même prêt à revoir un certain nombre de mes
positions, si j'ai oublié de vous y associer.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre
d'État à la réforme électorale et parlementaire.
J'inviterais maintenant M. le ministre d'État à
l'aménagement.
M. Burns: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre à
l'aménagement, je vous laisse la parole immédiatement pour votre
exposé préliminaire.
Ministère d'État à
l'aménagement
M. Léonard: M. le Président, avant d'aborder la
description de l'Office de planification et de développement du
Québec et de le comparer avec le budget de 1978/79, je voudrais faire un
certain nombre d'observations de nature à préciser le rôle
de cet organisme.
Il m'est apparu pertinent à cet égard de décrire sa
place dans le processus décisionnel et de faire une revue rapide d'un
certain nombre de ses réalisations, l'an dernier, dans le domaine de la
planification, celui du développement régional et celui des
ententes.
L'an dernier, lors de l'étude des crédits de l'OPDQ, le
député d'Outremont et le député de
Lotbinière avaient demandé des clarifications sur l'insertion
factuelle de l'office dans le processus de décision. J'avais alors
décrit comment l'arrimage de l'OPDQ était réalisé.
Aussi, je ne veux pas reprendre l'ensemble des descriptions que nous avons
faites le 21 juin 1978, mais il peut être bon d'en rappeler les
principaux éléments.
Lorsque le premier ministre m'a demandé d'assurer la
responsabilité administrative de l'office, il m'a chargé aussi
d'assurer l'orientation des travaux de la Direction générale du
développement régional et de la négociation des ententes.
Il a demandé au ministre du développement économique
d'assurer l'orientation des travaux de la direction de la planification. Ainsi,
les programmes de travail de l'office correspondent aux priorités et aux
besoins de cohérence intersectorielle du gouvernement.
Mais il y a plus. Les hauts fonctionnaires de l'office sont membres de
comités très importants dans l'appareil gouvernemental. C'est
ainsi que, par exemple, le président-directeur général,
qui est à mes côtés, qui a rang de sous-ministre, assiste
aux réunions de coordination du secrétariat général
du Conseil exécutif. La présence de fonctionnaires de l'office
à certaines réunions de comités permanents permet une
importante osmose,. D'une part, le personnel de l'office est mis en relation
constante avec les priorités du gouvernement et, d'autre part, il est
bien placé pour faire valoir son expertise à divers dossiers
sectoriels ou horizontaux du gouvernement. Bref, l'OPDQ fait maintenant
réellement partie du ministère du Conseil exécutif et la
question de l'insertion de ses travaux dans le processus décisionnel ne
se pose plus.
La Direction générale de la planification. Cette direction
a développé, au cours des années, une expertise
particulière dans les travaux de nature intersectorielle, dans les
prévisions à court et à moyen terme, dans les
études aussi bien qualitatives que quantitatives et dans les recherches
sur le développement économique régional qui se font en
consultation avec les représentants du milieu.
De par la mission de l'OPDQ, la Direction générale de la
planification a aussi acquis une grande expérience dans la
réalisation de mandats à caractère interministériel
provenant d'organismes centraux du gouvernement.
Dans ce contexte, elle est appelée à réaliser deux
types généraux de mandats. Les premiers proviennent de la
régie de l'OPDQ, qui fait alors appel à ses services pour
effectuer divers projets d'études, tout particulièrement dans le
domaine du développement économique régional. Les seconds,
en nombre croissant, lui sont confiés par les comités
ministériels permanents dans le cadre général de la
mission de l'office.
Est-ce que l'Opposition consentirait au dépôt du discours
qui serait inscrit au journal des Débats comme s'il avait
été prononcé?
M. Goldbloom: Volontiers, M. le Président. M.
Léonard: II a 21 pages...
M. Goldbloom: Je n'aurais pas osé le suggérer. Je
n'aurais pas voulu couper la parole au ministre, mais s'il est prêt
à se contenter de la publication de son texte, nous en prendrons
connaissance. À lui de choisir. Nous n'insisterons pas. Nous sommes
à sa disposition.
M. Léonard: Si c'est inscrit au journal des Débats,
ça va.
M. Rivest: Peut-être que le ministre peut simplement, dans
cinq ou six minutes s'il a des éléments d'information qui
lui paraissent plus importants résumer, sinon mon collègue
de D'Arcy McGee pourrait passer immédiatement aux questions.
M. Léonard: Je pourrais en faire un résumé
très rapide.
M. Rivest: Si le ministre pense qu'il y a des orientations qui
apparaissent nouvelles...
M. Léonard: On peut les déposer de toute
façon. Est-ce qu'on est d'accord pour le dépôt.
Le Président (M. Boucher): II est possible que les
réponses soient contenues dans le texte.
M. Rivest: S'il y a des éléments...
M. Goldbloom: M. le Président, peut-être que je
pourrais m'exprimer très brièvement sur la façon dont nous
nous proposons de procéder, indépendamment de la décision
que prendra le ministre quant à la publication ou à la lecture de
son texte. Nous faisons face à un dilemme; nous ne voulons pas
sous-estimer l'importance des crédits ni du rôle du ministre. Le
ministre a attendu, comme nous, une heure tardive pour faire le débat
sur ses crédits. Il a gardé des fonctionnaires autour de lui pour
le seconder dans ce débat. Par contre, nous sommes à 22 h 15 du
soir et, de notre côté, nous pourrions facilement nous contenter
de deux ou trois questions et après cela, nous pourrons déclarer
les crédits adoptés. Alors, nous offrons cette collaboration et
nous sommes à votre disposition et à celle du ministre.
Le Président (M. Boucher): En résumé, disons
que le texte du discours préliminaire du ministre sera inscrit au
journal des Débats et je vais donner immédiatement la parole au
député de D'Arcy McGee pour les questions qu'il a à poser.
(Voir annexe)
M. Goldbloom: M. le Président, vous comprendrez
également que le projet de loi no 125 s'en vient et fera l'objet d'un
important débat. Nous aurons donc l'occasion d'examiner avec le ministre
des éléments majeurs de la responsabilité qu'il
détient. Je n'entrerai donc pas dans les matières qui pourront
faire l'objet de ce débat, sauf pour poser une seule question au
ministre. Il a commencé la lecture de son texte; cette partie dont il a
fait lecture portait sur l'OPDQ. Il a décrit l'intégration de
l'OPDQ au ministère du conseil exécutif. J'aimerais lui demander
comment il envisage le rôle de l'OPDQ après l'adoption de la loi
125. Des responsabilités seront identifiées qui, en partie,
appartiennent aujourd'hui à l'OPDQ. J'aimerais savoir que deviendront,
par exemple, les projets de grands schémas régionaux qui ont fait
l'objet d'un travail considérable chez l'OPDQ depuis un certain temps.
Alors, c'est essentiellement la seule question que j'aimerais poser pour
l'instant, et mon collègue de Jean-Talon en aura une par la suite. (22 h
15)
M. Léonard: Oui. Alors, je ne voudrais pas en parler en
termes de structure ou de structuration de l'organisme; c'est une autre chose,
je pense, qui pourrait être vue en temps et lieu. Il reste qu'avec la loi
125 l'orientation qui a été prise sur la confection de
schémas est différente de celle des grands schémas
régionaux qui avaient été conçus dans les
années antérieures. Mais, pour nous, ce travail-là n'est
pas du tout mis de côté ou mis sur les tablettes; il nous semble
qu'il va servir beaucoup au gouvernement, notamment dans l'application des
articles 11 et 21 du projet de loi, où le gouvernement donne ses
orientations, dit à peu près ce qu'il veut faire. Tout le travail
de réflexion, de cueillette de données statistiques qui a
été fait au cours de la confection de ces grandes orientations va
servir.
Maintenant, je pense bien qu'il va falloir réarticuler le
travail. Il reste que d'ores et déjà on en est rendu à
consulter très bientôt sur les orientations qu'on va
déposer pour le public, ce qui va amorcer, je pense bien, une
réflexion. Mais ça n'aura pas le caractère contreignant
qu'on aurait pu y voir au départ, parce que, pour nous, le schéma
d'aménagement qui donne origine à des plans d'urbanisme et
à de la réglementation, c'est celui du comté et non pas
celui de ce qu'on a appelé les grands schémas régionaux.
C'est pour ça d'ailleurs que nous avons modifié, changé le
terme. Au lieu d'appeler le travail qui a été fait des
schémas régionaux, nous avons parlé plutôt
d'orientation régionale.
M. Goldbloom: Une question en guise de corollaire, M. le
Président. Le ministre, une fois la loi 125 adoptée, recevra des
projets de schémas préparés dans les
agglomérations, dans les territoires concernés, les territoires
qui seront définis, et il aura à se prononcer là-dessus
dans une certaine mesure. Il aura, advenant une négligence ou une
incapacité chez les autorités locales de produire un
schéma convenable, à intervenir et poser des gestes
lui-même. Est-ce que c'est précisément l'OPDQ qui sera sa
ressource intellectuelle, technique et professionnelle pour ce
travail-là ou est-ce qu'il compte créer autour de lui une autre
équipe pour s'occuper de ce genre de travail?
M. Léonard: Je pense bien qu'il y a des gens à
l'OPDQ qui ont pris une bonne expertise dans la confection de schémas et
de travaux de ce genre, d'orientation régionale. Il y a aussi beaucoup
d'autres personnes au gouvernement et ailleurs dans d'autres ministères
qui en font aussi et je pense que le moment venu, lors de l'application de la
loi 125, nous y verrons en temps et lieu.
M. Goldbloom: Je ne peux m'empêcher de constater que ma
deuxième question a provoqué chez le ministre un sourire que la
première a manqué d'obtenir.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: La politique du gouvernement, relative
ça va bien aller au journal des Débats à la
relocalisation des services, et à la relocalisation des services
existants en dehors de la région de Québec ou à la
localisation de nouveaux services
en dehors de la région de Québec, où le
gouvernement en est-il rendu? Est-ce que, dans l'implantation de cette nouvelle
politique, les résistances majeures qui viennent sont au niveau des
fonctionnaires impliqués? Finalement, à quel moment pourra-t-on
avoir une politique assez claire, assez ferme, assez précise de ce
côté, de façon qu'on puisse évaluer, je parle en
tant que député de la région de Québec, l'impact
réel ou la signification réelle, en termes d'activités,
pour la région de Québec, ça va constituer
nécessairement une perte, en termes d'effectifs et de ressources
humaines dans notre région, parce que je trouve qu'au plan des
principes, c'est une politique tout à fait légitime de faire
profiter les autres régions du Québec de la présence des
services gouvernementaux.
Est-ce que le gouvernement envisage d'établir clairement les
objectifs? On comprend assez facilement le volume et l'importance de cette
politique, la signification exacte de cette politique.
M. Léonard: Nous avions pris position là-dessus au
cours de l'été 1977 et il y avait deux volets, la relocalisation
d'organismes existants ou la localisation de nouveaux organismes. En ce qui
concerne la relocalisation d'organismes existants, il y a eu une
décision qui a été prise, c'est celle concernant les
pêcheries. Vous la connaissez, on est en train de l'appliquer. C'est le
seul organisme qui a fait l'objet d'une telle décision.
Je pense bien que, sur ce plan ça sert d'expérience en
même temps, puisqu'on voit tous les problèmes que cela
entraîne, cela en entraîne un certain nombre, je pense qu'il faut
le constater, mais je pense bien aussi que le gouvernement tient encore
à son objectif et va le réaliser, celui de déconcentrer la
direction des pêcheries vers Gaspé.
L'autre volet est la localisation de nouveaux organismes, ce qui est
plus facile, parce que ce sont des organismes neufs à créer. Il y
en a eu un qui a été localisé à Drummondville,
celui de l'Office des handicapés. Cela ne posait pas de problème
majeur, je pense, que ce soit là, la décision a été
prise. Maintenant, chaque fois qu'un nouvel organisme est créé,
nous demandons un mémoire sur la localisation, avant de prendre une
décision là-dessus. Notre objectif est de faire prouver que ce
serait impossible de fonctionner ailleurs, parce qu'ils demandent d'être
à Montréal ou à Québec.
M. Rivest: Actuellement, ce contenu est vraiment très
expérimental.
M. Léonard: II faut tenir compte de la clientèle
à desservir. Il y a trois critères utilisés: la
clientèle à desservir, la proximité de la
clientèle, les relations avec d'autres organismes et la
disponibilité en personnel. C'est en termes d'exclusion.
C'est bien sûr que, si on regarde cela de façon positive,
il y a toujours le meilleur personnel dans les grands centres habituellement,
généralement, disons, et la clientèle est,
généralement aussi, dans les grands centres, etc. Il faut prouver
qu'il ne serait pas possible de le faire ailleurs qu'à Montréal
ou à Québec.
M. Rivest: Très bien. On m'a dit qu'il y avait des
études, qu'il y avait une expertise particulière au niveau du
gouvernement fédéral à ce sujet. Est-ce que le ministre ou
les services du ministre sont au courant de ces dossiers?
M. Léonard: II y a eu des communications, au niveau
technique, avec des fonctionnaires fédéraux sur ce plan.
M. Rivest: Cela veut dire qu'en termes pratiques ce n'est
vraiment pas, pour l'instant, à tout le moins, une opération qui
peut avoir une signification très grande. Vous y allez très
prudemment. Je suppose que vos collègues de la région de
Québec freinent un peu cette hémorragie de la...
M. Léonard: Pour être prudents, nous sommes un
gouvernement prudent.
M. Rivest: Le député de Taschereau est un
député extrêmement vigilant. Je veux lui éviter
d'intervenir.
M. Guay: Je vais intervenir de toute façon. M. Rivest:
C'est tout.
M. Guay: Je suis heureux d'entendre le député de
Jean-Talon me dire que je suis un député vigilant. Cela prend
cela pour compenser les lacunes reconnues du et des députés de
Jean-Talon, surtout son prédécesseur.
M. Rivest: M. le Président...
M. Goldbloom: Cela allait bien jusqu'à il y a quelques
secondes.
M. Guay: M. le Président, le député de
D'Arcy McGee n'a pas à en prendre ombrage. Mon bon ami, le
député de Jean-Talon, est tout nouveau, il vient d'arriver...
M. Rivest: C'est parce que c'est mon député, M. le
Président; c'est la seule raison pour laquelle j'ai dit cela. Il faut
être en bons termes avec son député.
M. Guay: Le nouveau député de Jean-Talon, vous en
conviendrez avec moi, est un néophyte en la matière, qui ne
connaît pas encore le Parlement, qui arrive dans le milieu et qui, par
conséquent, n'a pas encore...
M. Goldbloom: M. le Président, l'actuel
député de Jean-Talon est bien capable de se défendre, mais
je préférerais que le député de Taschereau n'en
implique pas d'autres.
M. Guay: II est exact que le député de D'Arcy McGee
et l'ancien député de Jean-Talon étaient
proches compagnons d'armes; c'est pourquoi je m'abstiendrai, M. le
Président.
M. Rivest: Le nouveau également. M. Goldbloom:
Merci.
M. Guay: Tout cela pour dire, sur la lancée du
député de Jean-Talon, si on peut dire, que, dans la
décentralisation, il y a un autre phénomène possible.
J'aimerais savoir, de la part du ministre, si des études plus
poussées ont été faites sur l'impact qu'aurait sur la
région de la capitale l'avènement de la souveraineté du
Québec. Une étude préliminaire a été faite
par un comité de la Commission d'aménagement de la
Communauté urbaine de Québec à la demande du
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement, lors de
l'étude du schéma d'aménagement de la colline
parlementaire. Cette étude sommaire indiquait très clairement que
la région urbaine de Québec connaîtrait un essor
substantiel, digne de mention, fort appréciable si le Québec
devait accéder au rang d'État souverain et rapatrier par le fait
même un certain nombre de pouvoirs qu'il n'exerce pas à l'heure
actuelle comme État et qui sont exercés à sa place par le
gouvernement d'Ottawa, ce qui impliquerait forcément des
ministères, des bureaux, des fonctionnaires, de l'emploi dans la
région de Québec, avec les services accessoires.
Est-ce que, du côté du ministère ou de l'OPDQ, on
envisage de pousser plus à fond l'étude sommaire, l'étude
préliminaire qui a été faite par le comité
spécial de la Commission d'aménagement de la Communauté
urbaine de Québec, d'autant plus que l'avènement du Québec
au rang d'État souverain doit faire l'objet éventuellement, dans
l'optique de la réalisation de cette hypothèse, d'une
planification en vue de pouvoir créer ici les structures d'accueil
nécessaires ou ailleurs au Québec mais essentiellement
dans la région de Québec pour pouvoir prendre en charge
ces pouvoirs que le Québec assumerait désormais à la place
du gouvernement d'Ottawa.
M. Léonard: Je dois dire que je n'ai pas donné de
tel mandat à mes fonctionnaires, ni à l'OPDQ, ni à
l'aménagement.
M. Rivest: Je félicite le ministre de ne pas se lancer
dans une futurologie aussi illusoire que celle que lui suggère le
député de Taschereau.
M. Léonard: Non, c'est un problème qu'on va
résoudre, parce que cela va arriver très vite, maintenant.
M. Guay: Mais j'imagine que le ministre est quand même fort
conscient de l'impact qu'aurait sur la région de Québec
l'avènement...
M. Léonard: Non pas qu'aurait, mais que cela aura.
M. Guay: C'était pour ménager la
susceptibilité du député de Jean-Talon que je disais
cela.
M. Léonard: II y a de l'espace encore amplement dans la
région de Québec.
M. Guay: Si je comprends bien...
M. Léonard: II n'y a pas de mandat de donné aux
fonctionnaires.
M. Guay: Si je comprends bien, en temps utile ou en temps
opportun les démarches, les études nécessaires seront
effectuées afin que le tout se déroule de la meilleure
façon, pour que cet essor de la région de Québec se fasse
d'une manière bien planifiée.
M. Léonard: On saura bien traverser le pont lorsqu'on y
arrivera.
M. Rivest: Le ministre a parfaitement raison. En parlant de pont,
il y a...
M. Guay: J'invite le député de Jean-Talon à
se préoccuper de cette question-là, parce que, pour l'avenir de
la région, c'est important. (22 h 30)
M. Rivest: Pardon?
M. Guay: Pour l'avenir de la région que représente
très partiellement le député de Jean-Talon, c'est
extrêmement important. Il devrait se pencher sur cette question-là
beaucoup plus à fond.
M. Rivest: J'ai parlé effectivement aux gens de la
région, du comté de cette question-là du Québec et
du Canada, et la réponse a été assez significative. Je
pense...
M. Guay: C'est évident que, quand on compare à
l'Ouganda...
M. Rivest:... que la population de la région de
Québec était assez peu intéressée à la
futurologie du député de Taschereau. Mais, parlant de pont, au
niveau fédéral, il y a des gens qui sont en train de franchir un
pont, de l'ancien au nouveau régime. L'ancien régime s'est quand
même bien terminé avec le ministre par la signature d'ententes
extrêmement concluantes. Y a-t-il encore des ententes qui traînent
dans le décor?
M. Léonard: On a toujours de la soupe qui mijote, mais il
n'y a pas de projet à court terme présentement. Il n'y a pas
d'entente... Excusez-moi...
M. Goldbloom: Je savais que nous étions dans la soupe avec
le gouvernement actuel.
M. Léonard: M. le député de D'Arcy McGee, je
vous signalerai simplement ou je vous rappellerai que j'avais répondu au
leader de l'Opposition officielle que, pendant les 32 mois qu'il a
négocié, il a signé pour $383 millions d'ententes. Nous en
avons signé, en 30 mois, pour $1 212 000 000. Notre soupe est meilleure
que la vôtre.
M. Rivest: Non, c'est signe que les ingrédients
étaient très bien apprêtés au moment où vous
êtes arrivés.
M. Goldbloom: C'est cela, disons, en plus.
M. Léonard: ... y avoir des ententes qui pourraient
avancer, sur lesquelles nous pourrions discuter, comme sur SIDBEC, par
exemple...
M. Rivest: Encore?
M. Léonard: II y a toujours une entente sur le
développement minier sur laquelle nous avions déposé des
demandes en 1977, mais qui n'avaient pas reçu de réponse
favorable de la part du gouvernement fédéral. Nous pourrions la
ressusciter bientôt.
M. Rivest: II n'y en a pas d'autres actuellement?
M. Léonard: Non, je ne crois pas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aurais peut-être
une dernière question, mais, avant de la poser, j'aimerais m'informer,
puisque je n'ai pas été en mesure de suivre les travaux de la
commission toute la soirée, si elle a déjà
été posée. Elle concerne un cas particulier, une
subvention accordée par le gouvernement à une entreprise qui
semble en train de vider sa boîte depuis...
Le Président (M. Boucher): Exactement, M. le
député de D'Arcy McGee. La question a été
posée à M. le ministre d'État au développement
social...
M. Goldbloom: D'accord. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): ... par le chef de l'Union
Nationale.
M. Goldbloom: On m'avait informé que c'était dans
le domaine du ministre d'État à l'aménagement, mais si
c'est un autre ministre...
Le Président (M. Boucher): Cela concerne un projet
communautaire. Cela concerne une subvention du programme OSE à
Drummondville.
M. Goldbloom: Oui, c'est cela.
M. Léonard: Les crédits budgétaires du
programme expérimental d'emplois communautaires sont inscrits au budget
de l'OPDQ dont je suis responsable. C'est quand même le ministre...
Le Président (M. Boucher): C'est l'élément
1.
M. Léonard: ... d'État au développement
social qui s'occupe plus précisément de ces projets.
M. Goldbloom: M. le Président, si la question a
été soulevée, je n'ai pas l'intention de la
renouveler.
Le Président (M. Boucher): C'est l'élément 1
du programme 4.
M. Goldbloom: Quant à nous, si vous voulez déclarer
adoptés les crédits du ministre...
Le Président (M. Boucher): Vous aurez la tâche,
comme derniers assistants à cette commission, d'approuver les programmes
un à un.
M. Rivest: Le ministre est chanceux.
Adoption des programmes
Le Président (M. Boucher): Ce sont les derniers qui
adoptent. Programme 1...
M. Léonard: Vous êtes déjà
fatigué, M. le député?
Le Président (M. Boucher):... Bureau du
lieutenant-gouverneur, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 2: Administration des
élections et financement des partis politiques, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 3:
Organismes-conseils auprès du premier ministre et du Conseil
exécutif, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 4: Coordination du
développement économique et régional et interventions de
développement régional, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 5: Planification
économique et régionale, consultation et administration de
l'OPDQ, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 6: Consultation des
agents socio-économiques, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 7: Promotion du droit
et du statut de la femme, adopté?
M. Goldbloom: Adopté, avec enthousiasme.
Le Président (M. Boucher): Programme 8: Charte de la
langue française, adopté?
M. Guay: Avec enthousiasme aussi?
M. Goldbloom: Adopté, sans commentaire.
Le Président (M. Boucher): Les crédits du Conseil
exécutif pour l'année 1979/80 sont donc adoptés. Je prie
le rapporteur de la commission d'en faire rapport au nom des membres de la
commission à l'Assemblée nationale.
M. Goldbloom: M. le Président, vous me permettrez de
remercier le ministre de sa patience et de remercier par son
intermédiaire les fonctionnaires qui l'entourent. Nous avons voulu,
comme je l'ai dit au début, trouver un juste équilibre entre la
prolongation indue de nos travaux et le sérieux que nous devons accorder
au secteur dont le ministre est responsable. J'espère que nous avons
trouvé un équilibre raisonnable.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee. Je remercie tous les membres de la
commission en mon nom personnel; merci de votre collaboration. La commission de
la présidence du conseil ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 22 h 36
ANNEXE
Notes pour la présentation des crédits
de l'O.P.D.Q.
par M. Jacques Léonard, ministre de l'Office de
planification
et de développement du Québec
à la commission permanente de la
présidence du conseil et de la constitution
Mai 1979
Avant d'aborder la description du budget de l'Office de planification et
de développement du Québec (OPDQ) et de le comparer avec le
budget de 1978-1979, je voudrais faire un certain nombre d'observations de
nature à préciser le rôle de cet organisme. Il m'est apparu
pertinent, à cet égard, de décrire sa place dans le
processus décisionnel, et de faire une revue rapide d'un certain nombre
de ses réalisations l'an dernier dans le domaine de la planification,
celui du développement régional et celui des ententes.
L'an dernier, lors de l'étude des crédits de l'OPDQ, le
député d'Outremont et le député de
Lotbinière avaient demandé des clarifications sur l'insertion
factuelle de l'Office dans le processus de décision. J'avais alors
décrit comment l'arrimage de l'OPDQ était réalisé.
Aussi, je ne veux pas reprendre l'ensemble des descriptions que nous avons
faites le 21 juin 1978, mais il peut être bon d'en rappeler les
principaux éléments.
Lorsque le premier ministre m'a demandé d'assumer la
responsabilité administrative de l'Office il m'a chargé aussi
d'assurer l'orientation des travaux de la direction générale du
développement régional et de la négociation de l'entente.
Il a demandé au ministre du Développement économique
d'assurer l'orientation des travaux de la direction de la planification. Ainsi
les programmes de travail de l'Office correspondent aux priorités et aux
besoins de cohérence intersectorielle du gouvernement.
Mais il y a plus. Les hauts fonctionnaires de l'Office sont membres de
comités très importants dans l'appareil gouvernemental. C'est
ainsi que, par exemple, le président directeur général de
l'Office qui a rang de sous-ministre, assiste aux réunions de
coordination du secrétariat général du Conseil
exécutif.
La présence de fonctionnaires de l'Office à certaines
réunions de comités ministériels permanents permet une
importante osmose: d'une part le personnel de l'Office est mis en relation
constante avec les priorités du gouvernement, d'autre part, il est bien
placé pour faire valoir son expertise à divers dossiers
sectoriels ou horizontaux du gouvernement.
Bref, l'OPDQ fait maintenant réellement partie du
ministère du Conseil exécutif; la question de l'insertion de ses
travaux dans le processus décisionnel ne se pose plus.
La direction générale de la
planification
La direction générale de la planification, a
développé au cours des années une expertise
particulière dans les travaux de nature intersectorielle, dans les
prévisions à court et à moyen terme, dans les
études aussi bien qualitatives que quantitatives et dans les recherches
sur le développement économique régional qui se font en
consultation avec les représentants du milieu. De par la mission de
l'OPDQ, la
Direction générale de la planification a aussi acquis une
grande expérience dans la réalisation de mandats à
caractère interministériel provenant d'organismes centraux du
gouvernement.
Dans ce contexte, elle est appelée à réaliser deux
types généraux de mandats. Les premiers proviennent de la
Régie de l'OPDQ, qui fait alors appel à ses services pour
effectuer divers projets d'études, tout particulièrement dans le
domaine du développement économique régional. Les seconds,
en nombre croissant, lui sont confiés par les comités
ministériels permanents dans le cadre général de la
mission de l'Office.
La Direction générale de la planification comprenait, en
1978-1979, 5 modules principaux, soit la direction des Études et
synthèses socio-économiques, la direction des Études et
synthèses quantitatives, la direction des Politiques gouvernementales,
un nouveau service des Études sur les industries culturelles et le
service de l'Armature urbaine.
Les mandats de la Planification
Pendant la dernière année financière et
malgré la taille réduite de ses effectifs, la Direction
générale de la planification a réalisé en 1978-1979
une quarantaine de mandats de recherche, d'étude et de consultation.
Quinze d'entre eux provenaient de la Régie de l'OPDQ et vingt-six des
comités ministériels permanents, du Secrétariat des
conférences socio-économiques et de divers autres mandataires
gouvernementaux. Des vingt-six mandats confiés à cette direction
par des organismes autres que l'OPDQ, quatorze originaient du ministre
d'État au Développement économique, monsieur Bernard
Landry, trois du ministre d'État au Développement social,
monsieur Pierre Marois, trois du ministre d'État au Développement
culturel, monsieur Camille Laurin et six de divers organismes tels le
Secrétariat des conférences socio-économiques et le groupe
de travail Bonin.
Comme le rapport annuel de l'OPDQ décrira en détail chacun
des mandats réalisés par la Direction générale de
la planification, je ne ferai ressortir ici que certains des projets les plus
significatifs.
Direction des Études
socio-économiques
Concernant les travaux confiés à la direction des
Études et synthèses socio-économiques, j'aimerais
mentionner la réalisation de trois mandats prioritaires provenant du
comité ministériel permanent au Développement social, soit
la participation de l'Office au groupe de travail sur la sécurité
du revenu, sa participation aussi au comité d'études des
politiques de création d'emplois pour les jeunes et sa collaboration au
comité interministériel sur l'allocation au logement des
personnes âgées.
Je voudrais ajouter aussi que le directeur de ce module assiste, depuis
1978, le directeur général adjoint à la planification dans
la gestion des travaux sur les sièges sociaux, dont le mandat provient
de mon collègue Bernard Landry; en particulier, il faut signaler que la
Direction des Études et synthèses socio-économiques a fait
effectuer une analyse comparative de la rémunération des cadres
des sièges sociaux en Ontario, en Alberta et au Québec; ce
rapport a été publié dans la collection "Dossiers" de
l'OPDQ, en décembre 1978.
Service des Études sur les industries
culturelles
Pour sa part, le service des Études sur les industries
culturelles a d'abord effectué la rédaction finale du texte de
base du mini-sommet sur les industries culturelles et participé au
projet de création d'une société de développement
des industries culturelles. Il a aussi collaboré aux travaux de
plusieurs groupes de travail du comité d'implantation des politiques de
développement culturel. Et enfin, pour ne citer qu'un autre exemple, ce
service a aussi initié un projet de mise au point de comptes culturels.
Ces mandats provenaient du comité ministériel permanent au
Développement culturel.
Direction des Études et synthèses
quantitatives
Un autre module, le service des Études et synthèses
quantitatives, en plus de continuer à opérationaliser et à
développer les divers blocs du modèle économique ANNE a
prêté les services de ses économistes à divers
projets globaux de la Direction générale de la planification,
dont notamment une analyse de l'impact des politiques fédérales
sur l'économie du Québec et une étude préliminaire
sur l'emploi dans les sièges sociaux au Québec, documents qui ont
d'ailleurs été publiés dans la collection "Dossiers". Ce
service a également contribué aux travaux du groupe
d'étude sur l'épargne, travaux qui ont été requis
par mon collègue Bernard Landry.
Ce module a réalisé d'autres mandats dont la
rédaction d'une partie du texte de base du sommet de Montebello.
Service des Études sur l'armature
urbaine
Pour sa part, le service des Études sur l'armature urbaine, a
complété deux projets commencés en 1975, l'un portant sur
l'évolution économique des agglomérations de 4500
habitants et plus, l'autre sur l'évaluation de quatre options
d'aménagement.
Direction des politiques
gouvernementales
La Direction des politiques gouvernementales a réalisé une
étude sur les formalités administratives du gouvernement à
l'endroit des PME dans le but de suggérer des recommandations de
simplification au Secrétariat du Comité ministériel
permanent au Développement économique.
En plus des projets réalisés par ces cinq modules, il faut
aussi mentionner ceux qui ont été effectués sous la
supervision immédiate du directeur général adjoint
à la planification; en particulier, celui-ci a présidé le
comité interministériel de coordination des travaux de
construction; il a coordonné l'équipe de rédaction finale
du texte de base du mini-sommet sur le tourisme; il a animé le
comité d'orientation et de gestion des divers projets portant sur les
sièges sociaux.
Évidemment, pour réaliser tous les mandats qui ont
été confiés à la Direction générale
de la planification, et compte tenu du personnel restreint dont dispose cette
direction, il a fallu faire appel à des consultants extérieurs
assez nombreux.
Ainsi donc, pour la Direction générale de la
planification, l'année 1979-1980 qui est commencée se
déroule dans la continuation de la précédente: l'accent
est encore mis sur les travaux des comités ministériels
permanents sans pour autant négliger ceux qui sont exigés par la
mission régionale de l'OPDQ.
La Direction générale du
développement
Au cours de l'exercice financier de 1978-1979, les principaux mandats
confiés à la Direction générale du
développement ont tous été liés de près au
développement de chacune des régions. Ces mandats,
étroitement interreliés, ont pour objet la planification du
développement de chaque région, la coordination des interventions
gouvernementales en région, l'administration d'interventions
spécifiques de développement et, finalement, la consultation du
milieu régional dans la définition des orientations de
développement susceptibles d'influencer son milieu de vie.
Les orientations du développement
régional
Ces derniers mois, la Direction générale du
développement a complété l'élaboration
d'orientations de développement pour chacune des régions
administratives du Québec. Je rappelle que la préparation de ces
documents d'orientation fait suite à de nombreux travaux d'inventaire,
d'analyse et de problématique amorcés en 1975 visant à
faire le point sur la situation de chacune des régions, leur potentiel
comme leur faiblesse, pour ensuite en dégager des objectifs
réalisables.
Depuis le début de ces travaux, la plupart des ministères
et organismes gouvernementaux ont été associés
étroitement à la préparation des dossiers; non seulement
leur collaboration était essentielle pour que les travaux d'ensemble
soient le plus complet possible, mais encore la mise en commun des
connaissances a été fort importante pour les ministères,
puisqu'ils ont pu réaliser l'impact intersectoriel de leurs
interventions.
En 1978-1979, les ministères se sont surtout impliqués par
le biais des conférences administratives régionales dont la
contribution à la préparation des documents de
problématique et d'orientation a été constante; de plus,
dans plusieurs régions, les CAR et les CRD ont mis sur pied des
comités techniques régionaux qui ont été importants
dans la mise au point des documents de consultation.
L'approche générale qui a inspiré les auteurs des
travaux portant sur les orientations de développement de chaque
région est la suivante: le développement des régions doit
d'abord s'appuyer sur le dynamisme des populations qui y vivent. Ainsi, le
rôle du gouvernement consiste surtout à appuyer les dynamismes
locaux et régionaux.
C'est pour respecter cette approche que les documents d'orientation de
l'OPDQ ont été soumis à la consultation populaire par
l'intermédiaire des CRD. Cette consultation devrait se terminer à
la fin de juin et le résultat de cette opération permettra au
gouvernement de convenir d'un ensemble d'orientations et de priorités
aptes à éclairer ses programmes et projets de
développement. Le projet de loi 125
Ainsi, le résultat de ces consultations populaires aura un impact
déterminant sur le contenu des documents que le gouvernement devra
fournir aux municipalités régionales de comté en vertu du
projet de loi sur l'aménagement et l'urbanisme, de façon à
ce que ces municipalités connaissent à l'avance les orientations
que le gouvernement entend poursuivre en matière d'aménagement et
les grands travaux qu'il entend réaliser dans chaque région
d'appartenance. On assurera d'autant la cohérence des interventions.
Je mentionne ici que la Direction générale du
développement a participé de façon active aux
différentes étapes préparatoires du projet de loi 125. La
connaissance des milieux régionaux acquise par cette équipe de
travail et son approche décentralisée ont ainsi été
mises à contribution dans la préparation des fascicules qui ont
suscité la réflexion sur l'aménagement et la
décentralisation, dans la préparation d'exemples de
découpage territorial des municipalités régionales, dans
l'explication du
contenu du projet de loi durant la période de consultation et
dans l'analyse des mémoires qui ont été
déposés en commission parlementaire.
Les moyens d'intervention en
région
Les actions de l'OPDQ dans le domaine du développement ne portent
pas uniquement sur la préparation de documents. L'Office a aussi
à sa disposition des moyens pour appuyer le développement
régional.
En plus des ententes Canada-Québec dont je parlerai plus loin,
l'Office et les conférences administratives régionales qu'il
anime disposent d'un moyen d'intervention spécifique à savoir le
fonds de développement régional.
Ce fonds a été institué en 1975-1976 et
était d'abord conçu comme une enveloppe budgétaire apte
à terminer les projets entrepris sous ARDA et FODER à se
substituer aux ententes au fur et à mesure qu'elles devaient se
terminer.
Compte tenu que sous le gouvernement actuel les ententes ont connu un
nouvel essor et compte tenu aussi de notre approche du développement
régional, le fonds de développement sert essentiellement la
poursuite de quatre (4) objectifs, à savoir le support aux dynamismes
locaux, la concertation des agents de développement, l'initiation de
nouveaux programmes et l'expérimentation de nouvelles techniques.
Je me limiterai ici à donner quelques exemples d'utilisation du
fonds dans chacun des volets que je viens d'énumérer.
Comme appui aux dynamismes locaux, le fonds a versé une
subvention au conseil des coopératives de l'Outaouais pour favoriser
l'intercoopération dans cette région; il a aidé à
l'agglomération de Chicoutimi à profiter du déplacement du
terminal maritime vers la Baie des Ha-Ha pour rénover son centre-ville
(acquisition de terrains, déplacement de réservoirs, etc.). Cette
initiative de la municipalité, appuyée par le fonds de
développement régional, permettra entre autres la
réalisation d'un complexe administratif de l'ordre de $11 millions par
les agents économiques de la région.
Sur le plan de la concertation des agents de développement, le
fonds est intervenu pour continuer la réalisation du plan
d'aménagement intégré des ressources de deux unités
d'aménagement du Bas Saint-Laurent soit celles de Basques et de
Neigette, un territoire de 1200 milles carrés; le fonds s'est
également associé à des entrepreneurs de l'Outaouais,
SOQUIA, le MAQ et le SAO pour aider à l'implantation d'un
abattoir-charcuterie à Gatineau.
Sous le volet de l'initiation de nouveaux programmes, je voudrais
mentionner l'aide à l'implantation du système Sysvac
c'et-à-dire le système de tubulures pour la collecte sous vide de
l'eau d'érable dans cinq régions du Québec, l'essai d'un
grand nombre de programmes nouveaux en agriculture, programmes qui tablent
à la fois sur les potentiels de chaque région et les initiatives
des agents du milieu.
Le fonds a de plus servi à faire des expériences, comme
par exemple la préparation des schémas d'aménagement par
quatre (4) comtés à caractéristiques différentes;
ces expériences m'ont permis de faire un certain nombre de
vérifications en vue de la préparation du projet de loi 125.
Le fonds de développement hérite de sommes encore plus
importantes en 1979-1980 que l'an dernier, témoignant ainsi de la
volonté du gouvernement d'utiliser davantage cet instrument de
développement pour des projets émanant des régions et
supportés par les conférences administratives régionales.
Le programme expérimental de
création d'emplois communautaires
Les conférences administratives régionales ont
également été fort impliquées dans l'administration
du programme expérimental de création d'emplois communautaires.
Je rappelle que la responsabilité ministérielle de ce programme,
qui constitue un des éléments du fonds de développement
régional, est dévolue à mon collègue du
Développement social, monsieur Pierre Marois.
Ce programme expérimental, institué le 21 octobre 1977,
lors du démarrage du programme OSE, est un autre exemple de l'approche
au développement que j'ai parlé tout à l'heure. D'ailleurs
en lançant le programme OSE, le premier ministre indiquait que: "dans
une économie comme la nôtre, le gouvernement ne peut pas
être le seul ni même le principal agent de développement...
Chez-nous comme d'ailleurs chez d'autres peuples, le progrès
économique ne peut être qu'une affaire collective... Il faut que
chaque Québécois, quelle que soit sa place dans
l'économie, accepte de faire sa petite part pour la
prospérité du Québec".
Le programme expérimental est donc un instrument additionnel que
le gouvernement a voulu se donner pour appuyer les dynamismes locaux et
régionaux. Les projets auxquels il s'adresse doivent respecter les trois
critères suivants: ils doivent être créateurs d'emplois, en
particulier chez les chômeurs et les assistés sociaux; ils doivent
avoir des chances raisonnables de s'autofinancer sur une base de deux (2) ans;
les projets doivent aussi comporter une dimension communautaire significative,
c'est-à-dire associer la communauté locale ou les travailleurs
à la propriété et la gestion.
Ce programme est aussi une primeur dans son administration: il est
déconcerté largement, les conférences administratives
ayant le pouvoir de prendre les décisions en regard des projets qui
requièrent des subventions de moins de $75 000. Le gouvernement a voulu
ainsi utiliser à fond ses fonctionnaires régionaux qui sont en
mesure de vérifier l'impact local de chaque projet
présenté, d'associer les agents de développement du milieu
à la préparation et la gestion des projets, de prendre les
décisions plus rapidement que ne l'exigerait le processus courant
d'approbation; enfin, comme les CAR réunissent
généralement les directeurs régionaux des
ministères impliqués dans le développement et
l'aménagement, et que les projets présentés ne sont pas
limités sur le plan sectoriel, il est bien sûr que l'instrument de
concertation qu'est la CAR permet une expertise variée.
Il nous apparaît que le PECEC répond à un
réel besoin: au 31 mars 1979, 257 projets avaient été
approuvés dans le cadre du programme, pour des subventions totalisant
$14,7 millions favorisant la création de 2490 emplois permanents.
Nous aurons à décider dans les prochains mois, suite
à une évaluation, si le programme doit devenir permanent et quel
organisme doit en assurer la gestion.
Les ententes
Dans le domaine des ententes avec le gouvernement du Canada, l'Office a
poursuivi son rôle de négociateur et de coordonnateur et a
proposé au Conseil des ministres la signature de deux nouvelles
ententes.
Tout d'abord, le 6 avril 1978 j'ai signé une entente sur le
développement touristique au montant de $76 millions. Cette entente
comprend trois volets soit le tourisme, le plein air et les affaires
culturelles. Depuis, pas moins de 27 projets ont été mis en
branle par les ministères concernés.
Le 31 mars 1978, j'ai signé une autre entente de $34,9 millions
sur le financement des équipements publics. Elle vise à fournir
une aide financière à l'aménagement des équipements
municipaux en vue de favoriser le développement économique de
centres urbains du Québec.
En plus de la signature de ces deux ententes, l'OPDQ a
complété, en 1978-1979, l'entente sur les zones spéciales
et l'entente auxiliaire visant l'implantation d'une usine de pâte kraft
blanchie à Saint-Félicien. Il poursuit aussi l'administration de
sept autres ententes auxiliaires portant sur le développement minier,
les axes routiers prioritaires, le développement agricole, les
infrastructures industrielles, l'épuration des eaux de la CUM, le
développement forestier et le parc industriel et commercial
aéroportuaire.
Enfin, s'il m'est permis de déborder quelque peu l'année
financière commencée le 1er avril dernier, j'ajouterai que le 15
mai courant, j'ai signé une nouvelle entente auxiliaire de $150 millions
pour la modernisation de l'industrie des pâtes et papiers. À cette
même occasion, un amendement à l'entente auxiliaire sur le
développement forestier, impliquant une somme additionnelle de $184
millions, a aussi été signée. Cette somme servira à
poursuivre les programmes de construction des routes en forêt et à
intensifier les programmes de reboisement et de sylviculture.
C'est là une manifestation de la volonté du gouvernement
du Québec de tirer au maximum sa part des revenus du
fédéralisme actuel et son désir de faire profiter le
Québec des impôts que les citoyens québécois paient
à Ottawa. Je crois bien que depuis deux ans, nous avons prouvé
hors de tout doute que nous avons atteint nos objectifs. Alors que, du
début de l'entrée en vigueur de l'accord cadre de
développement en mars 1974 jusqu'au 15 novembre 1976, le gouvernement
qui nous a précédé avait signé sept ententes pour
un montant de $383 867 000, au nom du gouvernement actuel, j'ai signé
pour ma part, cinq nouvelles ententes et en ai amendé cinq autres pour
un montant total de $1 212 925 000. Remarquons que ces gestes ont
été posés en moins de 30 mois.
Par ailleurs, il faut indiquer ici que les négociations de ces
ententes ont été longues et que ça prend une bonne dose de
patience au gouvernement pour faire valoir ses priorités.
Mon prédécesseur comme ministre de l'OPDQ, monsieur
Gérard D. Levesque, en sait quelque chose.
Les crédits pour 1979-1980
À la lumière des réalisations que je viens de
décrire, on constate que le gouvernement du Québec attache une
grande importance à la planification et au développement
régional. Et pour atteindre les objectifs visés en 1979-1980, les
crédits inscrits au budget de l'Office de planification et de
développement du Québec pour cette année se chiffrent
à $64,2 millions comparativement à $53,7 millions en 1978-1979,
soit une augmentation de 19,6%.
L'inscription, aux fins des ententes Canada-Québec, de $186,6
millions de crédits aux programmations des ministères porte le
budget global d'intervention de l'OPDQ à $250,8 millions comparativement
à $236,6 millions en 1978-1979. Ce dernier chiffre inclut les budgets
supplémentaires votés au cours du dernier exercice.
L'augmentation du budget global est de $14,2 millions, soit 6%. Pendant les
deux derniers exercices financiers, le budget total de l'OPDQ aura donc connu
une hausse de 67,8%.
J'aimerais signaler également que l'entente que j'ai
signée le 15 mai et celle que j'ai amendée à cette
même date impliquent pour l'année en cours des sommes
additionnelles d'environ $19 millions
pour porter à $269,8 millions les budgets auxquels l'Office est
directement associé, soit une augmentation de 14% sur l'an dernier.
Les crédits pour l'année qui est commencée, en plus
de permettre à l'OPDQ de terminer de multiples travaux amorcés en
1978-1979, serviront aussi à initier des activités nouvelles qui
lui sont dictées par l'évolution socio-économique du
Québec.
En ce qui concerne d'abord les ententes Canada-Québec
l'augmentation du budget, d'après le livre des crédits, est de
$3,7 millions pour l'année 1979-1980, soit 2%. Pour expliquer cette
variation, il faut considérer la terminaison, au 31 mars 1979, de
l'entente sur la Donohue à Saint-Félicien et à laquelle
une somme de $25,0 millions a été affectée l'an dernier.
Par contre, la signature de nouvelles ententes vient hausser l'enveloppe
budgétaire de $33,2 millions pour l'année qui vient. Si on ajoute
les ententes du 15 mai dernier, le budget des ententes pour l'année
1979-1980 passe à $205,6 millions soit une augmentation de 12,4%
comparativement à l'an dernier.
Le budget de l'OPDQ est inscrit aux programmes 04 et 05 des
crédits du Conseil exécutif. Le programme 04, intitulé
"Coordination du développement économique et régional et
interventions de développement régional" se voit attribuer $54,8
millions comparativement à $45,3 millions l'an dernier, soit une hausse
de 21%. Ces crédits se répartissent comme suit: $16,5 millions
à l'élément 1, pour le programme expérimental de
création d'emplois communautaires, $38,2 millions inscrits à
l'élément 2 pour le fonds de développement
régional, et une provision de $100 000 à l'élément
3.
Les crédits affectés au programme 5, intitulé
"Planification économique et régionale, consultation et
administration", augmentent cette année de 14,5% passant de $8,4
millions à $9,4 millions. L'élément 1, travaux de
planification, se voit attribuer $1,4 millions; l'élément 2,
l'aide à la consultation, $1,8 millions; et l'élément 3,
direction et soutien administratif, $6,2 millions.
En ce qui concerne les effectifs autorisés de l'OPDQ en
1979-1980, ils sont identiques à ceux de l'an passé au niveau des
postes permanents, soit 197. Par contre, l'enveloppe hommes/années
occasionnels de l'Office a été ramenée à 51
hommes/années en 1979-1980 comparativement à 58
hommes/années l'an dernier.
Enfin, je voudrais signaler, qu'au cours de cette année, nous
avons procédé à la nomination du directeur
général adjoint au Développement et du directeur du
service des Communications et que tous les postes supérieurs sont
maintenant comblés. Nous sommes d'ailleurs heureux de constater que la
direction de l'Office forme une équipe dynamique et je voudrais la
remercier pour la collaboration qu'elle m'a manifestée depuis que je
dirige cet organisme.
Messieurs les députés, je termine ici mon rapide survol
des activités de l'OPDQ pour l'an dernier et de celles qu'il entend
mettre de l'avant au cours de l'année. Mon collègue Bernard
Landry et moi sommes à votre disposition pour répondre à
vos questions.