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Etude du projet de loi no 3
(Onze heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Jolivet): La commission de la
présidence du conseil et de la constitution se réunit selon
l'ordre de la Chambre jusqu'à 13 heures; elle reprendra ses travaux
à 15 heures jusqu'à 18 heures, puis de 20 heures à 24
heures.
Les membres de cette commission sont: M. Bédard (Chicoutimi)
remplacé par M. Burns (Maisonneuve); M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Char-bonneau (Verchères) remplacé par M. Dussault
(Châteauguay); M. Forget (Saint-Laurent) remplacé par M. Lavoie
(Laval); M. Grenier (Mégantic-Compton) remplacé par M. Bellemare
(Johnson).
M. Bellemare: Je remplace le député de
Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Jolivet): II n'est pas membre, alors il
faut remplacer M. Grenier. M. Laberge (Jeanne-Mance); M. Levesque (Bonaventure)
remplacé par M. Gratton (Gatineau); M. Morin (Louis-Hébert), M.
Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants, il y a un changement, M. Lavoie (Laval) est
remplacé par M. Verreault (Shefford).
M. Lavoie: M. Ciaccia est remplacé par M. Fernand
Lalonde.
Le Président (M. Jolivet): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal).
Au moment de la fin des travaux de la dernière session,
discussion au niveau de la loi 3, nous étions à l'article 3, les
nos 1 et 2 du projet de loi étant suspendus. La parole est à M.
le ministre.
Dépôt de documents
Commentaires de la Commission des droits de la
personne
M. Burns: M.le Président, j'avais également, au
cours de nos séances antérieures, pris des engagements dont l'un
était de déposer, dans les plus brefs délais, le rapport
de la Commission des droits de la personne. J'ai communiqué, le 17 mai
dernier, avec Me René Hurtubise, président de la Commission des
droits de la personne et j'ai reçu, en date du 23 mai, enfin,
datée du 23 mai, je ne peux pas vous dire exactement à quelle
date je l'ai reçue, une opinion de la part de la Commission des droits
de la personne relativement au projet de loi no 3. C'est à la suite
d'une requête du député de Laval, que j'ai fait cette
demande à Me Hurtubise.
Il me fait plaisir de déposer auprès de la commission ce
rapport de la Commission des droits de la personne, daté du 23 mai, que
j'ai reçu peut-être quelques jours plus tard. Malheureusement, je
n'ai pas pu le déposer, parce que nous n'avons pas eu l'occasion de
siéger. Je vous dépose une copie de ce document et je demanderais
que les copies que nous avons fait faire de cette opinion soient
distribuées, tant aux membres de la commission qu'à toutes les
autres personnes intéressées qui se trouvent ici.
Le Président (M. Jolivet): On va distribuer ce document,
M. le ministre.
Objet du registre des électeurs
M. Burns: Egalement, ce matin, en date du 5 juin, j'ai
reçu de la part de Me Pierre-F. Côté, ledirec-teur
général des élections, un document exposant, comme il le
dit dans sa lettre, succinctement l'objet de la constitution d'un registre des
électeurs, les informations qu'on doit y retrouver, la
nécessité d'un identificateur informatique, la
nécessité de la réciprocité d'échange
d'information et le caractère confidentiel du registre.
C'est un document qui est assez substantiel. Il comporte dix-neuf pages.
Je l'ai lu en diagonale ce matin, quand je l'ai reçu. Je pense qu'il
serait normal que ce document j'ai le consentement du directeur
général des élections soit également
déposé à la commission, si c'est le voeu de la commission,
et que, par la suite, on en prenne connaissance par la voie du directeur
général des élections, Me Pierre-F. Côté.
Si la commission est d'accord, je suis prêt à
déposer ce document. Est-ce que c'est le voeu de la commission de
recevoir ce document?
M. Lavoie: Je crois cela tout à fait opportun. Cela va
certainement nous aider dans l'étude du projet de loi. Etant
donné que c'est un document assez important, d'après ce que je
peux voir, il y aurait sans doute lieu, avant de suspendre l'étude
article par article parce que tout se tient dans ce projet de loi
comme le ministre le suggère, que le directeur général des
élections se joigne à nous à la table et en fasse lecture,
également pour les fins du journal des Débats et pour qu'on en
prenne connaissance ensemble, quitte, si on a des questions à lui poser,
qu'on puisse lui poser les questions pour avoir les renseignements utiles.
M. Burns: Je suis d'accord qu'on suspende l'étude article
par article du projet de loi, justement pour en prendre connaissance. Hier,
j'ai croisé le député de Laval et j'en avais des copies.
Je lui ai remis une copie de l'opinion de la Commission des droits de la
personne. J'ai cherché à rejoindre le représentant de
l'Union Nationale qui était le député de Nicolet-Yamaska
et, malheureusement, je n'ai pas réussi à le rejoindre dans le
courant de la journée; je lui en aurais également remis une
copie, pour qu'il en prenne connaissance.
Mais les autres membres de la commission, quant au rapport de la
Commission des droits de la personne, n'ont pas eu le temps d'en prendre
connaissance et sûrement n'ont pas eu le temps de prendre connaissance de
l'avis que je viens de recevoir ce matin du directeur général des
élections.
Dans ce sens-là, M. le Président, je serais d'accord pour
suspendre l'étude article par article, pour prendre connaissance de ces
deux documents et possiblement qu'avec les explications que le directeur
général des élections pourra nous donner, à la
suite du dépôt de son rapport, on pourra faire du travail plus
fructueux cet après-midi, lorsqu'on reviendra. Je dépose ce
document du consentement de la commission.
Le Président (M. Jolivet): C'est accordé. Le
document sera donc distribué à chacun des membres de la
commission.
M. Lavoie: Pendant la distribution, pour que le dossier
parlementaire soit complet, pour les fins du journal des Débats, est-ce
que vous auriez objection à ce que le président de la commission,
parce que cela fera partie du dossier, les historiens qui étudieront
l'exégèse du projet de loi pourront en prendre connaissance, si
le document est égaré, étant donné qu'il n'y a pas
de dépôt de document en commission...
M. Burns: C'est pour cette raison que j'ai demandé le
consentement de la commission.
M. Lavoie: ... lise les trois ou quatre pages de commentaires
succincts de la Commission des droits de la personne, étant donné
que, par la suite, le directeur général va lire son rapport
également? Ce serait complet.
M. Le Président (M. Jolivet): Cela va. Si la commission me
donne son travail, je suis prêt à le prendre. J'espère que
ma voix ne vous ennuiera pas cependant. "Commentaires de la Commission des
droits de la personne sur le projet de loi no 3, Loi sur le registre des
électeurs. "Comme le soulignent les notes explicatives, ce projet de loi
a principalement pour objet de faciliter la confection des listes
électorales en prévoyant la création d'un registre des
électeurs, sous la responsabilité du directeur
général des élections. "Toute mesure visant à
faciliter l'exercice du droit de vote est certainement souhaitable et, à
ce point de vue, la création d'un registre des électeurs,
favorisant l'exercice des droits politiques est certainement conforme à
la Charte des droits et libertés de la personne qui, à l'article
22, prévoit que "Toute personne légalement habilitée et
qualifiée a droit de se porter candidat et a droit d'y voter." "Le droit
qui est inscrit à l'article 22 de la charte procède d'ailleurs de
cette liberté encore plus générale qu'est la
liberté d'expression, mentionnée à l'article 3 de la
charte. "Le législateur, en mettant à la disposition et des
électeurs et de l'administration, un instrument comme le registre des
électeurs, ne devrait cependant pas perdre de vue les autres droits
fondamentaux inscrits dans la charte, tel le droit au respect de la vie
privée. "Une des modalités que peut prendre le respect de la vie
privée consiste, pour l'Etat, à renoncer à mettre sur pied
des fichiers qui pourraient mener à la constitution d'un dossier
cumulatif comprenant toutes les données disponibles sur un citoyen. "La
Commission des droits de la personne, à quelques reprises, s'est
opposée à la constitution de tels fichiers."
Il y a une note qui est la suivante: "On notera notamment les
mémoires de la CDP sur les lois administrées par le
ministère des Affaires sociales, sur les dossiers du CAD, sur la Loi sur
l'assurance automobile, sur la Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées, sur la Loi sur la protection du consommateur, sur la Loi
sur les agences d'investigation et de sécurité, sur la Loi de
l'assurance-maladie." "Dans ses interventions..."
M. Bellemare: Un instant, M. le Président. Pourriez-vous
définir le CDP et le...
Le Président (M. Jolivet): Le CDP, c'est la Commission des
droits de la personne.
M. Bellemare: Le CAD.
Le Président (M. Jolivet): Le CAD... (12 heures)
M. Dussault: C'est le Parti libéral qui pourrait nous dire
cela.
M. Burns: C'est une chose qu'on a abolie quand on est
arrivé au pouvoir.
M. Bellemare: Oui, mais...
M. Burns: Cela s'appelait le Centre d'analyse et de
documentation.
Le Président (M. Jolivet): D'analyses et de
données.
M. Burns: Non, Centre d'analyse et de documentation.
Le Président (M. Jolivet): Centre d'analyse et de
documentation.
M. Burns: Qui n'a pas été remplacé du tout,
mais qui a été confié, comme il se doit, à des
services de la Sûreté du Québec, même pas au ministre
de la Justice. Evidemment, le ministre de la Justice exerce un contrôle
sur la Sûreté du Québec jusqu'à un certain point,
mais cela a été remplacé. Evidemment, on quitte le sujet
principal.
Le Président (M. Jolivet): Je reviens donc à la
page 2 du document.
Dans ses interventions, elle a cru devoir proposer les principes
suivants: 1-Un fichier ne devrait contenir que les données qui sont
absolument indispensables à la poursuite des objectifs de la loi;
2-C'est au gouvernement qu'appartient le fardeau de démontrer que la
cueillette de tel ou tel renseignement est essentielle; 3-Les échanges,
entre ministères et organismes, de données personnelles devraient
être limités au strict minimum et, dans le cas où ces
échanges sont nécessaires, la personne concernée devrait
en être avisée; 4-Dans tous les cas où un dossier ou un
fichier contient des renseignements sur une personne, celle-ci devrait en
connaître l'existence et avoir la possibilité de le faire
corriger.
A la lumière de ces principes, le projet de loi no 3 nous semble
poser quelques difficultés:
Echange de renseignements. L'article 3 prévoit que le directeur
général des élections peut, aux fins d'obtenir les
renseignements pertinents à la confection du registre à
l'égard d'une personne physique, conclure une entente avec toute
personne; il peut également requérir de tels renseignements d'un
ministère ou d'un organisme du gouvernement et ces derniers doivent les
fournir.
Deux exceptions sont cependant prévues: le directeur ne pourrait
requérir de tels renseignements auprès du ministère du
Revenu, de la Sûreté du Québec ou du ministère de la
Justice sauf, dans ce dernier cas, les renseignements qui permettent d'assurer
le droit de vote des détenus.
Si nous devons nous réjouir de ces exceptions, nous croyons
cependant qu'elles sont insuffisantes. Nous ne croyons pas qu'il faille ouvrir
la porte à un tel échange de renseignements. En effet, ce serait
là, croyons-nous, faire un premier pas dans la direction du dossier
cumulatif à la création duquel nous nous sommes toujours
opposés.
Contenu du registre. L'article 4 prévoit que le registre
comprend, pour chaque électeur, les renseignements suivants: son nom,
son prénom, son adresse, son sexe, sa date de naissance et le
numéro inscrit sur la carte qui lui a été
délivrée en vertu de l'article 8 de la Loi de
l'assurance-maladie.
Evidemment, dans l'hypothèse où l'on légaliserait
l'échange de renseignements entre ministères et organismes, ce
numéro d'identification devient une clé fort utile.
Mais, outre le fait que nous nous sommes déjà
opposés à cette mesure, nous croyons que le numéro
d'assurance-maladie ne se rattache pas à l'exercice du droit de vote,
car il n'est pas nécessaire à la confection de listes
électorales. "Selon nous, il appartient donc au gouvernement de
démontrer que les autres renseignements demandés ne permettent
pas d'identifier suffisamment les électeurs. "3: Mise à jour du
registre. L'article 15 prévoit que le directeur général
des élections voit à ce que les registres soient mis à
jour. A cette fin, il modifie le registre à la demande des
électeurs ou à partir de renseignements qu'il aurait obtenus des
personnes, organismes ou ministères avec lesquels il aurait conclu une
entente. "Même si nous nous opposons au mécanisme d'échange
tel qu'il est prévu à l'article 3, nous comprenons que les
renseignements pourront venir à la connaissance du directeur des
élections. Nous sommes d'avis que, dans ce cas, le directeur devrait
communiquer avec la personne concernée pour vérifier la
pertinence de ses renseignements et lui permettre d'établir, le cas
échéant, les faits réels. "4: Le nom des femmes
mariées. Les articles 4 et 22 permettent maintenant aux femmes
mariées de s'inscrire sous les trois noms que la loi
québécoise, dans son état actuel, autorise. Nous sommes
d'avis que c'est là un progrès par rapport à ce qui a
prévalu jusqu'ici dans la Loi électorale et que ces dispositions
sont nécessaires tant que le nom de la femme mariée n'aura pas
fait l'objet d'une législation précise. "5: La preuve de la
citoyenneté. L'article 17 permet l'inscription de la citoyenneté
à la demande de l'électeur sur présentation du certificat
de citoyenneté ou de l'acte de naissance. Cette disposition nous semble
avoir été prévue pour faciliter la fabrication de listes
électorales et pour éviter à certaines personnes d'avoir
à prouver sur place, le jour du scrutin, leur citoyenneté. "On
n'a pas voulu rendre obligatoire la preuve de la citoyenneté,
peut-être pour éviter une certaine lourdeur. Il nous semble qu'il
s'agit là d'un progrès par rapport à ce qui
prévalait dans l'article 104.3 de la Loi électorale. La
commission avait, en effet, recommandé que l'on modifie cette
disposition qu'elle jugeait discriminatoire parce qu'elle faisait une
distinction entre les citoyens canadiens par naissance et les autres citoyens
canadiens. "Conclusion: Voilà, en peu de mots et en peu de temps, les
quelques réflexions de la Commission des droits de la personne.
Sa principale réserve, vous l'aurez noté, se situe du
côté de la prévention. En effet, par conviction et à
la lumière des abus connus, suite à l'accumulation d'informations
stockées, dans la mémoire d'un ordinateur, par exemple, la
commission émet l'opinion que même le premier pas ouvrant
possiblement la porte à la constitution d'un dossier cumulatif doit
être fait consciemment et dicté par une nécessité
dont on aura préalablement établi la preuve".
Voici donc le mémoire de la commission.
M. Burns: M. le Président, en quelques brefs mots, je veux
simplement remercier la Commission des droits de la personne d'avoir, avec
autant de diligence et de rapidité, répondu à notre
demande. J'ai communiqué avec Me Hurtubise personnellement pour lui
demander s'il était possible qu'en peu de temps il nous sorte un
avis.
J'avais fait cette demande le jour où nous avons
siégé en commission et je lui demandais le rapport pour le mardi
suivant, qui était la date prévue pour une nouvelle séance
de notre commission. Malheureusement, le mardi suivant, je
n'avais pas reçu le texte, mais je pense qu'ils ont fait
diligence; quand vous voyez la date du 23 mai et que la demande a
été faite le 17 mai, je pense qu'on doit les en remercier.
Cette commission, même si ce n'est pas à elle que revient
le droit de légiférer, mais plutôt au gouvernement et
à l'Assemblée nationale, au gouvernement de préparer cette
loi et à l'Assemblée nationale de l'adopter, je pense que son
avis peut être important au cours de l'étude de projets de loi
particuliers. Dans ce sens, je le prends comme ça; ça ne veut pas
dire que je suis prêt à prendre tout ce qu'il contient au pied de
la lettre; d'ailleurs, on l'a prouvé dans d'autres projets de loi
antérieurs; exemple, dans le cas du financement des partis politiques
où nous avons mis de côté un certain nombre d'avis qui nous
était émis par la Commission des droits de la personne. Il est
possible que, dans ce cas-ci, nous mettions de côté
également un certain nombre d'avis qui sont émis par la
Commission des droits de la personne, parce que, justement, cette commission
n'est pas là pour légiférer, c'est l'Assemblée
nationale qui est là pour légiférer.
Cependant, il faut je pense que la commission le souligne
à quelques reprises que le gouvernement justifie sa position de
façon sérieuse, lorsqu'il met de côté certains avis
qui sont émis par la Commission des droits de la personne du
Québec, mais il reste quand même que j'apprécie la
vigilance et la diligence avec lesquelles on a vraiment, dans un délai
très court, pris connaissance du projet de loi no 3 et on nous a soumis
l'avis qui vient d'être lu par le président de la commission.
M. Lavoie: Très brièvement, M. le Président.
Je pense bien qu'on n'a pas à souligner la diligence de la Commission
des droits de la personne pour nous avoir produit un rapport, appelons-le
succinct ou préliminaire; il a été fait dans quatre ou
cinq jours. Il n'y a pas de dommage, mais, quand même, ce document a
été remis au ministre il y a deux semaines aujourd'hui. Je ne
ferai pas de drame avec ça, mais il aurait peut-être
été préférable de l'avoir auparavant, avant
aujourd'hui.
M. Burns: La commission n'a pas siégé avant et
c'était à la demande de la commission que je faisais cette
demande.
M. Lavoie: Non. Mais j'ai soulevé à
l'Assemblée tout à l'heure que je souhaiterais, et c'est un voeu
que j'ai émis à l'Assemblée que dès que des
commentaires sont faits sur quelque sujet que ce soit par la commission, on
m'informe que c'est remis au ministre de la Justice et au président de
l'Assemblée nationale, je maintiens ma position que ça devrait
être porté à la connaissance des membres de
l'Assemblée dans les meilleurs délais, peut-être pas par
vous, mais soit par le ministre de la Justice ou par le président de
l'Assemblée nationale, étant donné que cet organisme en
est un qui relève de l'Assemblée nationale.
M. Burns: Dans ce cas-ci je ne suis pas sûr que cela ait
été adressé aux autres personnes que vous mentionnez.
C'était une demande que je faisais au nom de la commission.
M. Lavoie: Le président de l'Assemblée vient de
m'informer qu'il a reçu une copie de ce document.
M. Burns: Ah bon! Je m'en excuse, mais je ne le savais pas.
M. Lavoie: De toute façon, je pense que nous sommes, de
l'Opposition libérale, heureux des conclusions parce que toutes les
remarques qu'on a faites depuis que cette commission siège je
pense bien qu'on n'a pas à soulever le journal des Débats
notre position était une position préventive sur la question du
fichier, sur la question des dossiers cumulatifs, sur le stockage
d'informations dans les ordinateurs, etc., la commission confirme de A à
Z toutes les appréhensions de l'Opposition officielle; d'ailleurs, c'est
la raison pour laquelle nous avions demandé l'avis de cette commission.
Personnellement, je crois que ce sera fort utile pour l'étude du projet
de loi et sans doute, j'imagine que le ministre y apportera des modifications
à la suite des représentations de cette commission.
Il est vrai que l'exécutif n'est pas tenu dans tous les cas de
suivre les avis ou les commentaires de la commission. Je n'ai pas devant moi la
Charte des droits et libertés de la personne, mais, par contre, il y a
d'autres dispositions, une certaine partie, dont les droits fondamentaux et
autres, qui ont un effet sur les lois postérieures à l'adoption
de la charte. Non pas sur les lois antérieures, on ne force pas l'Etat,
le gouvernement, à amender toutes les lois antérieures à
la charte, mais le gouvernement est tenu à certaines dispositions de
cette charte. La preuve, les modifications apportées à la loi
101, entre autres; à la suite des recommandations, le gouvernement a
dû amender un article.
Par contre, je pense bien que le gouvernement serait mal placé de
ne pas montrer l'exemple et ne pas respecter le fondement même de cette
Charte des droits de la personne. Si vous ne voulez pas en tenir compte dans
tous les cas, on est aussi bien de passer une loi abolissant la charte. Je suis
cependant fort heureux des conclusions. Elles vont exactement dans le sens des
recommandations que nous avons faites, nous, de l'Opposition sur le sujet. Tout
le monde reconnaît et la commission elle-même reconnaît le
point délicat que nous touchons dans les droits individuels, le droit
d'expression, le droit de vote, le respect de la vie privée des gens et
tout, qui faisaient partie de nos représentations lorsque la commission
a siégé préalablement.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Johnson.
M. Bellemare: Je me réjouis fortement que la Commission
des droits de la personne du Québec
ait produit dans si peu de temps une analyse aussi substantielle. J'ai
relu certaines galées, certains rapports de la commission qui a
siégé; l'Union Nationale avait largement demandé qu'il y
ait un droit d'appel pour que le directeur des élections puisse, dans un
cas, communiquer avec la personne concernée pour vérifier la
pertinence des renseignements qui lui ont été donnés et si
les documents sont vérifiques et qu'il puisse les amender, le cas
échéant.
Je pense que c'est une des bonnes choses qui vont éclairer le
gouvernement et permettre un droit d'appel qu'on retrouve dans bien des lois de
la province aujourd'hui; cela permettra pour la Commission des droits de la
personne d'établir plus facilement le bien ou le mal qui doit
résulter, après que certaines personnes auront fait des
déclarations qui sont peut-être pertinentes, mais qui ne sont
peut-être pas véridiques.
Le Président (M. Jolivet): Suite à ça, vous
avez la demande que j'ai acceptée...
M. Burns: M. le Président, si vous permettez... Le
Président (M. Jolivet): Oui.
M. Burns:... simplement une brève remarque. Quand je
disais tout à l'heure que le rôle de législation
n'appartient pas à la Commission des droits de la personne, ça ne
veut pas dire que je ne respecte pas ses opinions. Cela ne veut pas dire que je
ne comprends pas non plus, c'est quelque chose qui est tout à leur
gloire, aux membres de la commission, le fait qu'il est très
délicat pour eux, lorsqu'un projet de loi est en voie de discussion, de
nous donner une opinion. Entre le contenu d'un projet de loi qui puisse mettre
en danger les droits et libertés fondamentales d'une personne et des
décisions à caractère politique, la marge est très
ténue et, dans ce sens, dans ce cas-ci, je pense que la commission a
justement tenu compte de ce phénomène.
M. Bellemare: Le président a été bien
parcimonieux.
M. Burns: Dans d'autres cas, par exemple, dans la loi 2...
M. Bellemare: Si cela peut être utile, il n'a pas dit autre
chose. (12 h 15)
M. Burns: Oui, par exemple, dans la loi 2, j'ai ouvertement
critiqué la position de la Commission des droits de la personne, non pas
parce que je ne respectais pas son opinion, mais parce que je pensais que
c'était une opinion à caractère politique beaucoup plus
qu'une opinion à caractère de protection des libertés
fondamentales et des droits civils des personnes.
Dans ce cas-ci, je pense qu'ils se sont tenus dans une limite où
ils nous disent: Ecoutez, il y a peut-être des droits fondamentaux qui
sont mis en danger, ils nous mettent en garde contre la situation qu'on
pourrait entériner par un projet de loi.
M. Bellemare: Peut-être quelque utilité, je vous
suggère ça, si c'est d'une certaine utilité, d'accord,
mais pas autre chose.
M. Burns: Je pense que c'est très utile, cette opinion,
ça va nous guider tout au long de nos travaux. On pourrait
peut-être passer à l'autre document qui nous est
présenté par le directeur général des
élections, Me Pierre-F. Côté.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, qu'il puisse
s'installer à la table.
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président, MM. les
membres de la commission, je voudrais d'abord préciser la nature du
document qu'on vous a distribué et qui n'a été remis
à M. Burns que ce matin. La raison en est la suivante. Je dois vous dire
que ce texte a été rédigé très rapidement,
puisqu'il a été fait, comme question de fait, en fin de semaine.
Il s'y est peut-être glissé des erreurs, je m'en excuse à
l'avance.
D'autre part, il a été rédigé dans la
perspective suivante. A la suite des séances de la commission
parlementaire qui se sont tenues l'autre semaine en particulier, il y a une
série de questions qui se sont posées à l'égard de
la loi sur le registre. J'ai cru qu'il serait opportun de faire le tour d'un
certain nombre d'aspects qui ont été soulevés pour pouvoir
apporter plus de précision aux explications que j'avais
déjà fournies.
Je dois dire que, dans mon esprit, ce n'est pas une réponse point
par point, à la lettre de M. Hurtubise, qui vient d'être lue, mais
il est fort possible qu'on retrouve dans ce texte des éléments
qui pourraient être des éléments de réponse à
certaines objections, à certains arguments invoqués par M.
Hurtubise.
Une dernière information à préciser, c'est que ce
texte a été rédigé à la suite des
informations que j'ai recueillies, que j'ai réunies à plusieurs
reprises, la semaine dernière, des informations que j'ai recueillies
auprès des spécialistes qui travaillent présentement
à la constitution du registre. Tout au long de la lecture, je serai
disposé à répondre à des questions que vous
aimeriez me poser.
Je passe par-dessus la lettre adressée à M. Burns et
j'attaque tout de suite le texte lui-même, qui a pour titre "Le registre
des électeurs".
M. Lavoie: Ce serait bon de lire la lettre, parce qu'il y a des
éléments importants, je crois, dans le premier paragraphe.
M. Côté: "Québec, le 5 juin 1979. "M. Robert
Burns, "Ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire, "Cité parlementaire, "Québec. "M. le ministre,
"Je vous transmets sous ce pli, un document exposant succinctement
l'objet de la constitution d'un registre des électeurs, les informations
qu'on doit y retrouver, la nécessité d'un identificateur
informatique, la nécessité de la réciprocité
d'échanges d'informations et le caractère confidentiel du
registre. "Ce document vous permettra, je l'espère, de répondre
à certaines objections soulevées à l'égard de la
loi sur le registre, ainsi qu'à certains arguments invoqués dans
la lettre du président de la Commission des droits de la personne du
Québec, M. René Hurtubise, C.R. "Si vous jugez à propos de
distribuer ce document aux membres de la commission parlementaire, j'en aurai
des exemplaires avec moi à la séance de ce matin. "Je vous prie
de croire, M. le ministre, en l'expression de ma très haute
considération. "Le directeur général des élections.
Le titre du document est "Le registre des électeurs." Le texte qui suit
a pour but c'est le premier paragraphe de la lettre qui est repris ici
d'exposer succinctement l'objet de la constitution d'un registre des
électeurs, les informations qu'on doit y retrouver, la
nécessité d'un identificateur informatique, la
nécessité de la réciprocité d'échanges
d'informations et le caractère confidentiel du registre.
En fait, ce que je viens d'énumérer, ce sont les
têtes de chapitre qui suivent:
Chapitre I: L'objet de la constitution du registre.
Chapitre II: Les informations qui doivent être inscrites au
registre. 1) Article 4 de la Loi sur le registre. 2) Registre et liste
électorale.
Chapitre III: La nécessité d'un identificateur
informatique. 1) Les raisons du choix du numéro d'assurance-maladie. 2)
La difficulté d'utiliser un identificateur informatique autre que celui
de l'assurance-maladie.
Chapitre IV: la nécessité de la réciprocité
d'échanges d'informations; c'est divisé en deux grandes parties:
la première, c'est la nécessité d'obtenir des informations
d'organismes; deuxièmement, la nécessité d'échanges
d'informations entre le registre des électeurs et les organismes: a)
absence d'identificateur informatique; b) absence d'identificateur informatique
uniforme; c) la tenue à jour des identificateurs informatiques; d)
empêcher qu'il n'y ait pas plus d'un identificateur émanant d'un
même organisme pour la même personne; e) s'assurer que le registre,
sous la responsabilité du directeur général des
élections, soit autosuffisant; c'est suivi d'une conclusion et, le
dernier chapitre, le caractère confidentiel du registre.
Le chapitre I, l'objet de la constitution d'un registre des
électeurs. L'objet premier de la constitution du registre des
électeurs est la création d'une liste électorale
permanente, tenue constamment à jour, pour assurer et faciliter aux
personnes ayant la qualité d'électeurs l'exercice de leur droit
de vote. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire que l'on
retrouve les caractéristiques ci-après sur la liste
électorale chaque fois qu'il y en aura une qui émanera du
registre:
Tous les électeurs ayant le cens électoral et qui le
désirent doivent être inscrits; l'identification des
électeurs doit être complète et les renseignements les
concernant doivent être exacts; la désignation de l'adresse d'un
électeur (son domicile) doit être exacte.
Chapitre II, les informations qui doivent être inscrites au
registre.
L'article 4 de la Loi sur le registre. On doit retrouver dans le
registre les informations de l'article 4 du projet de loi tel que
proposé. Je vous signale immédiatement que vous allez trouver une
différence entre l'article 4 qui est rédigé à la
page 4 ici et celui qui vous a été soumis par M. le ministre.
C'est une proposition que je voulais soumettre moi-même à M.
Burns. La raison est la suivante: c'est une question de concordance avec
l'article 18 et la nécessité des échanges d'informations.
"Le registre comprend, pour chaque électeur, les renseignements
suivants: son nom, son prénom, son adresse, son sexe, sa date de
naissance, son numéro d'assurance-maladie, son numéro de permis
de conduire, son numéro d'assurance sociale, son numéro de
dossier d'allocations familiales. "Le registre comprend ces mêmes
renseignements au sujet d'une personne susceptible d'acquérir la
qualité d'électeur dans l'année qui suit l'inscription au
registre. "Dans le cas d'une veuve ou d'une femme mariée, le registre
peut également comprendre le nom du mari."
Si vous permettez, au sujet de rénumération que je viens
de faire qui peut peut-être vous surprendre, je pense qu'à la fin
de la lecture du texte, on saisira peut-être avec plus d'exactitude
pourquoi je suggère qu'on ajoute ces informations.
M. Lavoie: On aura sans doute des questions.
M. Côté: C'est pour cela que je prends certaines
précautions oratoires.
Registre et liste électorale. Il est important de distinguer
clairement...
M. Burns: Vous voyez que le ministre d'Etat à la
réforme électorale ne contrôle pas le directeur
général des élections.
M. Bellemare: ... ce matin.
M. Burns: C'est bien qu'il en soit ainsi. Non, j'en suis bien
fier.
Le Président (M. Jolivet): Seulement pour les besoins du
journal des Débats et pour faire une vérification, on avait dit
que, quand M. Côté parlait, c'était en son nom personnel.
Pour les besoins du journal des Débats, je l'annonce comme tel.
M. Burns: Oui, et c'est...
M. Lavoie: Cela fait l'affaire du ministre.
M. Bums: Non, j'ai trop d'amitié pour Me Côté
pour que je tente de me dissocier de lui, sauf qu'au contraire, les
renseignements qu'il nous donne, je pense, sont à caractère
technique et, dans certains pas, ils n'ont pas été
discutés entre lui et moi. C'est tout à fait normal que ce soit
en son nom personnel qu'il parle.
M. Côté: Deuxièmement, registre et liste
électorale. Il est important de distinguer clairement le registre des
électeurs et une liste électorale. Il faut obligatoirement
retrouver inscrite au registre des électeurs toute personne, par exemple
les 17 ans, ayant la qualité d'électeur ou susceptible de
l'acquérir. Une liste électorale ne comprendra que les noms des
personnes ayant la qualité d'électeur et qui désirent
être inscrites.
Le registre comprendra en conséquence les noms de personnes qui
ne sont pas nécessairement inscrites sur une liste électorale,
telles celles susceptibles d'acquérir la qualité
d'électeur et celles ayant exprimé leur désir de ne pas
être inscrites sur une liste électorale.
Dans ce dernier cas, il faudra conserver le nom sur le registre afin de
garantir que le désir de cet électeur sera respecté.
Ainsi, si un changement d'adresse nous parvient à son sujet, nous
saurons qu'il ne s'agit pas d'un nouvel électeur, mais bien de celui
dont le nom apparaît au registre comme ne devant pas être
présent sur une liste électorale. De plus, il pourra arriver que
cette personne exprime le désir d'avoir son nom inscrit sur la liste
électorale, ce qui sera d'autant facilité si son nom est
demeuré au registre.
Chapitre III: La nécessité d'un identificateur
informatique.
Pour atteindre l'objectif de la constitution d'un registre qui soit
pleinement satisfaisant et opérationnel, il faut faire appel aux
ressources de l'informatique pour pouvoir traiter les informations par
ordinateur.
L'ordinateur a besoin d'un "identificateur informatique" pour lui
permettre de distinguer les informations relatives à chacun des 4 100
000 électeurs, selon le dernier recensement.
Il est peut-être opportun de rappeler que l'on retrouve des
identificateurs informatiques spécifiques dans tous les cas où
l'on fait appel à des techniques informatiques. Ils sont
évidemment de différentes natures, par exemple, le numéro
d'assurance sociale, le numéro de plaque d'immatriculation, le
numéro d'un compte de banque.
Toute personne qui fait affaires avec l'un ou l'autre des organismes
utilisant un identificateur informatique est assurée de l'exactitude des
renseignements la concernant à l'égard d'un organisme à la
condition que l'identificateur informatique soit le bon, et non pas celui d'une
autre personne. En conséquence, il doit non seulement être connu
de l'organisme, mais également de la personne concernée.
Les raisons du choix du numéro d'assurance-maladie comme
identificateur pour le registre: L'identificateur informatique utilisé
pour le regis- tre des électeurs est le numéro
d'assurance-maladie (NAM).
La décision d'utiliser cet identificateur pour le registre des
électeurs repose sur les trois raisons suivantes: premièrement,
la très grande majorité des électeurs a en sa possession
une carte d'assurance-maladie, dont l'utilisation, comme on le sait, est
obligatoire à compter du 1er novembre 1979; deuxièmement, ce
numéro est composé des éléments d'information qui
suivent permettant d'identifier la personne concernée:
Les trois premières lettres de son nom de famille à la
naissance, la première lettre de son prénom, sa date de
naissance, son sexe, un code (un chiffre) pour différencier les
personnes qui posséderaient les mêmes premières composantes
du numéro, et finalement, un autre code qui est également un
chiffre qui permet de vérifier l'exactitude des composantes du
numéro. Ces codes sont des exigences du système informatique.
Un identificateur informatique doit nécessairement comprendre des
renseignements qui permettent l'identification d'une personne de façon
certaine et sans erreur.
En plus des raisons qui précèdent, motivant le choix du
numéro d'assurance-maladie comme identificateur, il faut souligner que
ce choix est impérieux pour la constitution du registre. On verra
ultérieurement les difficultés que pose l'utilisation d'un autre
identificateur informatique.
Lors du recensement des électeurs en vue de la constitution du
registre, les recenseurs effectueront leur travail en utilisant une liste
provisoire dont les renseignements proviendront de la Régie de
l'assurance-maladie. Cette liste dont on évalue l'exactitude à
six cas sur dix comprendra évidemment le numéro
d'assurance-maladie. Je vous réfère à la formule 8 qui
vous a déjà été distribuée. L'exactitude du
travail des recenseurs sera donc plus grande que s'ils devaient recueillir dans
tous les cas le numéro d'assurance-maladie ou la date de naissance.
Cette liste provisoire sera constituée après avoir
effectué l'appariement des électeurs dans leur section de vote
respective. Les descriptions des sections de vote étant
présentement sur ordinateur, il est possible d'effectuer l'appariement
des quatre millions d'électeurs par groupe d'un maximum de 300 dans les
20 000 sections de vote.
Il est peut-être nécessaire de souligner que l'appariement
est l'opération informatique qui consiste à répartir
mécanographiquement chaque nom d'électeur dans la section de vote
où il est habilité à voter.
La difficulté d'utiliser un identificateur informatique autre que
celui de la Régie de l'assurance-maladie: Comme il est souligné
précédemment, l'identificateur informatique doit être connu
de l'électeur pour assurer le bon fonctionnement du registre. Il est
possible d'effectuer des vérifications d'exactitude des renseignements
concernant un électeur en utilisant l'identificateur NAM. Le
numéro d'assurance-maladie contient des renseignements
spécifiques à une personne inscrite, ou qui
doit être inscrite sur la liste électorale, et que l'on
peut vérifier facilement comme par exemple son nom, prénom, date
de naissance et sexe.
S'il était impossible d'utiliser le numéro
d'assurance-maladie comme identificateur pour le registre des électeurs,
il faudrait en créer un qui soit propre à la constitution du
registre. Pour porter à la connaissance de l'électeur son
identificateur, il faudrait alors émettre une carte d'identité
sur laquelle seraient inscrits son nom, prénom, date de naissance, sexe
et son identificateur informatique. Cela irait à rencontre d'une
décision à savoir de ne pas utiliser de carte d'électeur
pour le moment.
Pour établir un identificateur informatique propre au registre
des électeurs, il faudrait s'assurer que les renseignements recueillis
auprès des électeurs sont exacts sans qu'il ne s'y glisse aucune
erreur intentionnelle. Il faudrait exiger de chacun des preuves de l'exactitude
des informations fournies.
Chapitre IV: La nécessité de la réciprocité
d'échanges de renseignements: Comme il est mentionné
précédemment, les organismes avec lesquels les ententes auront
été conclues pour le registre des électeurs
possèdent les mêmes renseignements que ceux
énumérés à l'article 4 de la loi. Les organismes en
question sont donc ceux pour lesquels j'ai dit que je reviendrais
subsé-quemment, ils sont donc ceux proposés à l'article 4
tel qu'il est rédigé, à savoir: La Régie
d'assurance-maladie, le Bureau des véhicules automobiles, le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social pour l'assurance sociale
et l'allocation familiale. (12 h 30)
Pour plus de clarté, rappelons les éléments
suivants qu'il ne faut pas oublier dans la poursuite de la lecture du texte:
Premièrement, les organismes gouvernementaux avec lesquels il doit y
avoir des échanges d'information sont les suivants je viens de
les énumérer: la Régie de l'assurance-maladie, la
Régie des rentes du Québec (à l'égard de
bénéficiaires de rentes et des bénéficiaires
d'allocations familiales), le Bureau des véhicules automobiles (les
détenteurs de permis de conduire), le ministère des Affaires
sociales (le registre de la population).
Deuxièmement, les échanges d'information entre le
directeur général des élections ou, plus
précisément, le registre des électeurs, et les organismes
gouvernementaux précités ne porteront, à l'égard
d'un électeur, que sur son nom, prénom, sexe, date de naissance
et adresse.
Il est à noter qu'il n'y aura pas d'échanges
réciproques d'information avec deux autres organismes, soit
l'Hydro-Québec et Télé-Direct (Bell Canada). Des ententes
interviendront avec ces organismes pour obtenir des informations, mais non pas
pour leur en communiquer. L'obtention de ces informations permettra au
directeur général des élections de vérifier la
qualité des informations inscrites au registre; ce mode de
vérification est d'un intérêt très particulier parce
que ces deux organismes obtiennent rapidement les changements d'adresse de leur
clientèle, et pour cause.
Nécessité d'obtenir des informations d'organismes. Aucun
des organismes mentionnés précédemment ne peut fournir
l'avantage pour le registre des électeurs d'être une source
complète, exacte et toujours à date des changements qui
surviennent à l'égard des informations inscrites au registre pour
chaque électeur.
Chaque organisme dessert une clientèle qui lui est propre et des
informations détenues par l'un ou l'autre organisme ne sont pas aussi
rigoureuses qu'elles le sont pour le registre des électeurs, parce que
le directeur général des élections peut être
appelé à dresser une liste électorale du registre des
électeurs en ne disposant que d'un très court intervalle de
temps.
Deux exemples illustreront ce qui précède. D'abord, un
bénéficiaire d'allocations familiales informera rapidement la
Régie des rentes d'un changement d'adresse, afin d'être
assuré de continuer à percevoir ses allocations.
Deuxième exemple: un bénéficiaire de la
Régie d'assurance-maladie ne se pressera nécessairement pas
à informer la régie d'un changement d'adresse puisqu'il
continuera quand même à bénéficier de soins gratuits
à la condition qu'il possède toujours une carte
d'assurance-maladie. On pourrait ajouter ici également qu'il faut se
rappeler que les cartes émises par la Régie de
l'assurance-maladie le sont pour une durée de quatre ans.
M. Bellemare: Quatre?
M. Côté: Pour une durée de quatre ans.
M. Bellemare: Quatre ans, oui, je sais ça.
M. Côté: Alors, le renouvellement,
évidemment, est par groupes de 25% à la fois de la population par
année.
En conséquence, pour la mise à jour continue et exacte du
registre des électeurs, il faut pouvoir obtenir des informations
provenant de différents organismes en raison de la différence qui
existe entre leurs clientèles respectives et la
complémentarité des informations qu'ils possèdent. Les
personnes concernées par la Régie des rentes ne sont pas
nécessairement les mêmes que celles concernées par le
Bureau des véhicules, mais dans les deux cas, ce sont des
clientèles du registre des électeurs.
Nécessité d'échanges d'information entre le
registre des électeurs et les organismes. Premièrement, absence
d'identificateur informatique. Si un électeur recensé n'a pas de
numéro d'assurance-maladie, l'information devra être
acheminée au bureau de l'assurance-maladie afin qu'un NAM puisse
être accordé à cet électeur; condition essentielle
pour que l'information soit enregistrée convenablement au registre.
Absence d'identification informatique uniforme. Chaque organisme a un
identificateur informatique qui lui est propre. Celui de la Régie de
l'assurance-maladie a été identifié
précédemment; celui du Bureau des véhicules automobiles
est composé de la première lettre du nom de famille,
qui n'est pas nécessairement celui du nom de famille à la
naissance; celui du Service des allocations familiales est un identificateur
propre à ce service; celui des bénéficiaires du
Régime des rentes est le numéro d'assurance-sociale; celui des
personnes enregistrées au registre de la population du ministère
des Affaires sociales est le BIN, "birth identification number".
Il est donc essentiel d'établir une table d'équivalence
entre ces différents identificateurs, afin que l'ordinateur puisse
imputer les informations qu'il reçoit au bon endroit,
c'est-à-dire à l'égard du bon électeur, en
traduisant l'identificateur de chaque organisme en NAM.
Cette table d'équivalence ne peut être établie sans
échanger des informations avec les différents organismes
concernés. L'identificateur informatique du registre des
électeurs est le numéro d'assurance-maladie. Puisque les
identificateurs informatiques ne sont pas identiques, il est d'absolue
nécessité d'établir un "dénominateur commun" ou
"table d'équivalence" qui permettra de traiter une information provenant
d'organismes ayant des informations qui concernent la bonne personne.
Pour la mise à jour continue du registre, il est indispensable
d'avoir une "table d'équivalence", afin de procéder avec
exactitude pour situer une information fournie par ces organismes au bon
endroit dans le registre.
A titre d'exemple, sur le registre de la Régie
d'assurance-maladie, il est possible qu'une femme mariée soit
identifiée sous son nom de famille à la naissance, alors que, sur
le registre du Bureau des véhicules automobiles, elle sera
identifiée sous le nom de son mari.
Il peut arriver dans l'exemple qui précède qu'il y ait un
changement d'adresse; s'il n'y a pas alors possibilité d'établir
une table d'équivalence dans ce cas, le changement d'adresse ne pourra
être concilié au registre. c) La tenue à jour des
identificateurs informatiques. Des identificateurs qui sont composés des
nom, prénom, date de naissance peuvent changer ou varier, soit parce
qu'une personne a changé de nom, soit parce que la date de naissance est
erronée. Il est donc nécessaire d'échanger des
informations entre le registre et ces organismes, par l'intermédiaire
d'une table d'équivalence, pour que ces mêmes organismes
possèdent la même information, sinon une même personne
pourra avoir un identificateur informatique différent ou même
avoir un identificateur erroné. d) Empêcher qu'il n'y ait pas plus
d'un identificateur émanant d'un même organisme pour la même
personne. Une des conséquences du recensement qui sera effectué
pour constituer le registre sera de contribuer à mettre de l'ordre dans
le registre de la Régie de l'assurance-maladie du Québec, en
éliminant les faux identificateurs informatiques. En effet, il y a des
identificateurs informatiques qui circulent présentement à
l'égard de personnes, soit qui n'existent pas ou qui en possèdent
deux ou plusieurs. Puisque le numéro d'assurance-maladie est
l'identificateur informati- que du registre des électeurs, si cette
situation n'est pas corrigée, on pourrait retrouver inscrites au
registre des électeurs des personnes inexistantes ou fantômes; on
imagine alors facilement les suppositions de personnes qui pourraient
s'ensuivre à l'occasion d'une élection. e) S'assurer que le
registre, sous la responsabilité du directeur général des
élections, soit autosuffisant. L'échange réciproque
d'information avec les organismes permettra que le registre puisse fonctionner
à l'aide de ses propres tables d'équivalence sans dépendre
d'aucun autre organisme. Le directeur général des
élections aura ainsi ses propres moyens ou outils qu'il contrôlera
lui-même s'il a recours aux services techniques d'autres organismes.
Conclusion. La réciprocité des échanges assurera
une bonne identification de toutes les personnes concernées via les
tables d'équivalence parce que, en fait, cela permettra d'être
rapidement informé des changements d'adresse que l'on évalue
actuellement à 800 000 par année et cela permettra de
procéder à l'inscription de ces changements d'adresse au registre
des électeurs, après vérification, comme on l'a
mentionné précédemment, auprès des électeurs
eux-mêmes.
Il faut souligner, en terminant, que la réciprocité des
informations permettra d'établir des tables d'équivalence les
meilleures possible. Plus elles seront de haute qualité, plus le
processus de mise à jour sera facilité.
Je voudrais ici ajouter une note, avant de passer à la page
suivante, si vous me le permettez. A mon avis, et d'après la
façon dont je comprends le problème actuellement, je serais
prêt à affirmer que la viabilité même du registre est
en cause dans ce problème de la réciprocité des
échanges.
Le caractère confidentiel du registre. Le registre des
électeurs ne contiendra que les informations mentionnées au
début du présent texte et des éléments
d'information purement administratifs, comme des dates d'entrée au
registre, des informations qui sont essentielles au bon fonctionnement du
registre. Il ne contiendra aucune autre information substantive. 2- Les
échanges d'information entre le registre des électeurs et les
organismes mentionnés dans le présent texte seront limités
ou devraient être limités aux seules informations stipulées
à l'article 4 du projet de loi, article 4 qui est évidemment
contenu et tel qu'exprimé dans ce texte. 3- Tout électeur sera
avisé de tout changement d'information au registre le concernant et il
pourra demander qu'on y apporte des correctifs, si nécessaire. C'est une
modification qui devrait être apportée, à mon avis, ou une
précision qui devrait être apportée dans la loi. 4-Tout
électeur pourra, sur demande, prendre connaissance des renseignements le
concernant et requérir une rectification s'il y a lieu. 5-
L'accès au registre des électeurs sera strictement
protégé par un code secret d'accès et par un serment de
confidentialité que devra prêter toute personne ayant accès
au registre.
6- Avec l'autorisation expresse du directeur général des
élections et pour ses propres fins seulement, il sera loisible de
procéder à des analyses statistiques des informations contenues
dans le registre pour des fins de recherche ou de planification. 7- La Loi sur
le registre des électeurs pourrait comprendre des dispositions sur la
confidentialité dont une interdisant à tout organisme qui obtient
des informations du registre de les divulguer à qui que ce soit d'autre
que les organismes mentionnés dans la loi.
C'est la fin de la lecture du texte que vous avez entre les mains. Je
suis évidemment disposé à répondre aux questions
qui ont dû surgir, à la lecture de ce document.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, avez-vous des
questions?
M. Burns: Je n'ai pas de questions. Je pense que c'est
peut-être aux membres de la commission qu'il reviendrait de poser des
questions au directeur général des élections.
D'autre part, je vous dis tout de suite qu'étant donné
qu'il est 12 h 40, si les membres de cette commission veulent
réfléchir davantage avant de poser des questions... Je l'admets,
c'est quelque chose d'extrêmement technique qui vient de nous être
soumis. Si c'est la volonté de la commission de reprendre la discussion
à 15 heures seulement pour qu'on ait le temps d'assimiler davantage ce
texte très dense je remercie le directeur général
des élections de nous avoir fait une présentation d'aussi haute
qualité je n'ai pas personnellement d'objection à ce qu'on
suspende les travaux jusqu'à 15 heures pour revenir en ayant pris
connaissance du texte de façon plus précise.
M. Lavoie: M.le Président, je pense que c'est une
très bonne suggestion. Je suis très heureux qu'on ait ce
document; d'ailleurs, ça répond en partie à toutes les
questions que les membres de la commission se posaient dans nos séances
préliminaires. Je suis bien d'accord qu'on ajourne les travaux à
15 heures, qu'on suspende les travaux jusqu'à 15 heures. J'aurais
peut-être une seule question au ministre. Est-ce qu'il tient encore
à son projet de loi devant la complexité et l'aspect technique
des notes présentées par le directeur général des
élections?
M. Burns: Ecoutez! Je peux vous dire, M. le député
de Laval, que, depuis le début, je n'ai jamais pensé que
c'était un projet simple. J'ai toujours pensé que c'était
complexe. C'est peut-être ce genre de complexité cependant auquel
il faut faire face à un moment donné pour être
éventuellement plus efficace. Je tiens toujours au projet de loi et je
peux vous assurer que je parle au nom du Conseil des ministres à ce
moment-là. Je tiens toujours au projet de loi, même s'il comporte
des difficultés de mise en application au départ; je pense bien
que le texte du directeur général des élections vient de
nous le démontrer.
D'autre part, ce n'est pas parce qu'un problème est complexe
qu'on doit tout simplement l'écarter en se mettant la tête dans le
sable et en disant: II n'y a plus de problème. Parce que c'est trop
compliqué, on va se mettre la tête dans le sable. Je pense qu'il
faut l'aborder de front, ce problème-là, et je pense aussi que
les notes que le directeur général vient de nous donner vont nous
éclairer dans l'élaboration du projet de loi. Mais je tiens
à vous dire que, quant à moi, je tiens toujours au projet de loi
et ce n'est pas moi qui y tiens, c'est le Conseil des ministres qui y
tient.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Johnson vous êtes d'accord pour la suspension?
M. Bellemare: Je voudrais simplement remercier le directeur
général des élections et soumettre à Rosalie,
pendant l'heure du lunch, qu'est-ce qu'on doit comprendre dans l'identificateur
informatique, ce qui, pour bien du monde, est une immense complication. Si on
ajoute tant de choses, je pense qu'on aura autant d'objections.
Le Président (M. Jolivet): Suspension des travaux
jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 12 h 44
Reprise de la séance à 15 h 14
Le Président (M. Jolivet): La commission de la
présidence du conseil et de la constitution reprend ses travaux de
l'étude du projet de loi no 3. Au moment où nous nous sommes
quittés, à l'heure du déjeuner, nous étions
à l'étude du document présenté par le directeur
général des élections, M. Pierre-F. Côté. Les
membres de la commission sont les mêmes qui ont été
inscrits ce matin.
M. le député de Laval.
M. Lavoie: Merci, M. le Président. Il serait normal,
à la suite de l'amorce en Chambre de l'étude de la loi 3, il y a
quelques semaines, à la suite également des quelques
séances de travail que nous avons eues, je pense que notre demande qui a
été acceptée par le ministre, de suspendre la
deuxième lecture, parce qu'on ne se sentait pas assez
éclairé pour pouvoir se prononcer sur le principe du projet de
loi, qui normalement, devant faire suite au projet de loi 123 qui a
été adopté en décembre dernier... Je pense bien que
tout le monde va être d'accord pour en venir à la conclusion que
ces séances exploratoires étaient pas mal nécessaires. (15
h 15)
On a défriché vraiment, on a fait de la cuisine à
deux ou trois reprises lors des premières séances de la
commission. Aujourd'hui, nous avons le rapport de la Commission des droits de
la personne, nous avons un document substantiel du directeur
général des élections qui nous a été
remis ce matin, document qui porte la date de ce jour. Nous sommes,
après consultation avec mes collègues de l'Opposition, à
l'heure du déjeuner, en position d'annoncer la manière dont nous
procéderons relativement à l'étude de ce projet de
loi.
Il aurait été utile, possiblement, de poser quelques
questions au directeur général des élections, après
lecture de son document. A la fin de mes propos, on verra s'il y a lieu de
continuer cette étude. Entre autres, les questions qui auraient
été pertinentes, sans doute que le directeur
général des élections pourra en prendre note
immédiatement, mais sans apporter une réponse immédiate.
Peut-être que plus tard, dans le courant de la séance, s'il y a
lieu, il pourra nous apporter des éclaircissements, entre autres, des
statistiques sur les marges d'erreur qu'il peut y avoir dans le système
actuel du recensement annuel ou d'un recensement fait de la manière
conventionnelle, avec la révision. Avez-vous des statistiques sur la
marge d'erreur des électeurs qui ne seraient pas inscrits, seraient
inscrits ou en double, ou en triple sur les listes, si cela se
présente?
Une autre question qui aurait été pertinente: Si cette loi
était adoptée selon le texte actuel quel est votre
échéancier? On sait que la loi prévoit que le recensement
devrait être terminé pour la fin de septembre. Quel est votre
échéancier pour la nomination d'environ 40 000 recenseurs pour 20
000 sections de vote, grosso modo, soit deux recenseurs par section? On peut
arrondir les chiffres. Cet échéancier, on avait soulevé
cette question déjà, la difficulté que cela peut
représenter pour les partis politiques de choisir des recenseurs
possiblement au début du mois d'août, pour pouvoir leur donner des
instructions, les entraîner selon la nouvelle loi, la nouvelle liste
provisoire, etc. On avait parlé de cela, de la difficulté qu'on
avait, nous des partis politiques, de trouver des recenseurs, même dans
la période normale de septembre. Quelles difficultés aurions-nous
au mois d'août?
Ce sont les deux questions que je pose. Notre position va être
très claire et translucide. En ce qui nous concerne, suite aux
réserves, aux appréhensions que nous avions, que nous avons
établies, que nous avons mis de l'avant dès le début,
autant lors du débat de deuxième lecture qu'en commission
parlementaire, autant nous serions favorables à ce qu'on appelle une
liste permanente nous avions voté pour le principe de la loi 123,
d'ailleurs on se rend compte aujourd'hui et ce n'est pas une
attaque dirigée vers le ministre, c'est une attaque au concept ou
à la philosophie même qui entoure ce projet de loi.
On ne peut pas voir comment, à la suite de nos
appréhensions, qui ont été confirmées d'ailleurs en
partie, je dirais, par la Commission des droits de la personne, sur le respect
de la vie privée des gens, sur notre mentalité, sur notre
coutume, sur nos traditions de liberté, ici en Amérique... Sur
cela, je pense qu'on a beaucoup d'avance sur le bloc européen, où
on a trouvé le moyen de tout ériger en système de
contrôle et de surveillance de papiers, de fichiers cumulatifs, de tout.
Ici, on n'est pas là.
M. Burns: Cela dépend du point de vue, on peut être
en retard aussi par rapport à celui-ci.
M. Lavoie: Plutôt que d'être en retard de cette
façon, je trouve que je veux conserver mon avance.
M. Burns: Cela dépend du point de vue.
M. Lavoie: D'ailleurs, les papiers, le fichage... Sans être
un expert dans les questions d'ordinateur et d'informatique... D'ailleurs, on
avait dit que cela pouvait donner une clef, et c'est le mot qui a
été employé par la commission, qu'on n'avait pas
employé la "clef" qui ouvre une multitude de renseignements sur les
dossiers et surtout cette réciprocité que, d'un
côté, on ne voulait plus... On sentait de la part du ministre,
dans des conversations privées ou des rencontres de la semaine
dernière, qu'il avait l'intention lui-même de donner du lest, nous
avions l'impression qu'on avait convaincu le ministre, du moins en bonne
partie, et qu'il était prêt à donner du lest, entre autres,
sur le numéro d'assurance sociale, d'assurance-maladie sur la liste
provisoire et même au registre. On sentait une politique de
dégagement et d'ouverture de la part du ministre. C'est dans cet
état d'esprit qu'on voulait aborder aujourd'hui l'étude article
par article.
Par contre, il nous arrive ce document choc, je dirais, du directeur
général des élections. Ce ne sont pas des attaques ad
hominem que je fais, c'est sur le principe de la philosophie du registre, c'est
qu'au lieu d'avoir du lest, on semble vouloir proposer des amendements qui
ajoutent encore des contrôles plus sévères et plus
hermétiques. D'ailleurs, il y a eu des termes d'employés, on
pourrait relever la transcription. Je ne blâme pas encore le directeur
général, il a une marchandise à livrer, il veut la livrer
le mieux possible. D'un côté, c'est cela. C'est le
côté je dirais technocratique. C'est sûr que
c'est l'idéal. L'idéal, c'est que tout le monde ait son
numéro au fichier. Si on ne l'a pas tatoué sur le bras, comme
cela s'est déjà vu dans certains pays, qu'on l'ait dans le front.
C'est sûr, on n'a plus besoin de la carte d'électeur avec
cela.
Je comprends le ministre lorsqu'il me dit que, s'il acceptait le
principe de cela... On n'a plus besoin de carte d'électeur ou de papier
que le premier gendarme pourrait nous demander. C'est dans la banque, dans les
rubans magnétiques et tout. Devant cette politique de dégagement
ou d'assouplissement du ministre que nous avions, on a, dans le document choc
d'aujourd'hui, des amendements où, non seulement on voudrait le
numéro d'assurance-maladie...
M. Burns: Je m'excuse, M. le député... M.
Lavoie: Vous allez pouvoir intervenir.
M. Burns: Je ne voudrais pas que vous partiez...
M. Lavoie: Je ne voudrais quand même pas que vous me
coupiez le fil.
M. Burns: Si vous me permettez une question: Est-ce que vous
critiquez la position que le ministre défend en commission ou si vous
critiquez le document du directeur général des élections?
Il faudrait peut-être s'entendre là-dessus...
M. Lavoie: Je vais vous permettre cette question et je vais y
répondre...
M. Burns: ... parce que je l'ai reçu en même temps
que vous ce matin.
M. Lavoie: ... mais je ne voudrais pas que ce soit un dialogue.
J'ai bien dit que je n'attaquais pas... Vous voulez une réponse à
votre question? Je sais que le ministre peut c'est sa liberté, il
l'a dit se dissocier de la position du directeur général
des élections. Comme position du ministre, nous avons la loi 3. C'est un
document qui a l'endossement ou la responsabilité ministérielle
du ministre et nous le critiquons dans l'état où il est, il n'est
pas encore amendé. C'est la critique que nous adressons au ministre
comme membre de l'Exécutif, sur un projet de loi où son nom est
imprimé.
Deuxièmement, nous attaquons également la philosophie ou
le concept qui est présenté par l'aile technocratique, si vous
voulez, ou la prise de position, ou les demandes du directeur
général des élections sur le système qu'il veut
ériger. Je disais tout à l'heure que, dans la loi 3, on
demandait, entre autres, dans le fichier pour les citoyens, les nom,
prénom, adresse, sexe, date de naissance et numéro
d'assurance-maladie. Le DGE nous dit qu'il faudrait ajouter le numéro du
permis de conduire, son numéro d'assurance sociale, son numéro de
dossier d'allocations familiales et tout. Mes attaques sont doubles, autant
dans la philosophie que dans l'approche de ce projet de loi.
On ne voit pas de quelle manière on peut allier ou trouver
même un moyen terme, parce que le directeur général des
élections, ce matin, est même sorti de son texte à un
endroit pour dire que, s'il n'a pas tous ces éléments, y compris
la réciprocité, les échanges de renseignements, s'il n'a
pas dans son entier ce document, il est sorti de son texte pour dire qu'il
s'agit de la viabilité même du registre, en voulant dire qu'on
accepte globalement... Ce qu'on nous a dit maintenant, c'est que, si on
n'acceptait pas ce fichier d'une manière globale, il pourrait être
question de la viabilité même du registre. Cela veut dire que le
registre ne pourrait pas être confectionné. Vous interviendrez
pour me répondre, si vous voulez.
On se pose des questions et elles se dirigent peut-être un peu
vers le ministre. Je ne sais pas si cette philosophie que vous avez du
rôle de l'Etat, de l'ingérence de l'Etat dans tout, je suis
obligé de vous le rappeler, et la Commission des droits de la personne
s'est déjà prononcée sur... Cela, c'est arrivé
ainsi, mais c'est une loi qui avait été présentée
par le ministre qui est devant nous, la loi 2, entre autres, il y avait eu des
commentaires, des réserves de la Commission des droits de la personne.
Sur la loi 92, on avait discuté également. Il y avait eu
plusieurs points de soulevés sur la Loi de la consultation populaire et
je peux même ouvrir une parenthèse, à savoir qu'on les vit,
ces problèmes actuellement.
On les vit, parce qu'on est en train de mettre en marche ce n'est
pas une primeur que je vous donne du côté libéral le
mécanisme du référendum. C'est sûr que la loi, telle
que vous l'avez présentée, fait votre affaire et elle est bien
faite pour vous autres, parce que pour l'organisation
référendaire, votre comité-parapluie, ça va
être une copie conforme du Parti québécois et toutes ses
organisations dans tous les comtés. Vous avez réussi, tandis que
nous, nous avons l'obligation de négocier, nécessairement, avec
l'Union Nationale, les créditistes, les partis fédéraux et
tout. Cela fait 1 à 0 pour vous autres, mais ce n'est pas dit que vous
le gagnerez quand même, votre référendum, mais on vit ces
difficultés. Bon! Je vois ce sourire satisfait du ministre.
M. Burns: Non, c'est parce que je dis que vous me faites une
passe devant les buts. Vos buts sont ouverts, ce n'est pas possible.
M. Lavoie: Bon! Maintenant, on en a eu sur la loi 101. La
Commission des droits de la personne... Il fallait que ce soit grave en maudit
excusez l'expression pour qu'un ministre aussi têtu que le
ministre d'Etat au développement culturel doive reculer sur la loi 101
à la suite de représentations de la Commission des droits de la
personne. Il fallait que ce soit fort pour qu'il amende un article.
On l'a eu dans le règlement des occasionnels au ministère
des Transports. A tout bout de champ, vous avez eu des mornifles un peu de la
Commission des droits de la personne et là, dans un rapport très
succinct, il y a encore énormément de difficultés. Ils
s'opposent à ce fichier. Plus que ça... Ecoutez, on commence
à se poser des questions. Moi, ça fait deux ans et demi que je
m'en pose et je n'ai pas fini de m'en poser. Il y a eu sept rapports au moins
de la Commission des droits de la personne dont copie sur les lois
administrées par les Affaires sociales, sur les dossiers du CAD, sur la
Loi sur l'assurance automobile, sur la Loi assurant l'exercice des droits des
personnes handicapées, sur la Loi sur la protection du consommateur, sur
la Loi des agences d'investigation et de sécurité, sur la Loi de
l'assurance-maladie par un organisme qui relève de l'Assemblée
nationale.
Ces mémoires ont été préparés par un
organisme à même les fonds publics, ça été
remis au ministre de la Justice, ça été remis au
président de l'Assemblée nationale, mais les
députés, eux, n'ont pas le droit d'être mis au courant de
ce qu'il
y a dans ce document. On dirait que tout se passe en cachette, que le
gouvernement a peur de mettre devant l'opinion publique ou devant les membres
de l'Assemblée ces rapports.
Je vous donne une primeur: on va se battre à l'Assemblée
nationale pour avoir ces documents!
On veut ériger un système l'Etat "la sacrée
Etat", il faut qu'il soit partout...
M. Burns: Le sacré Etat. (15 h 30)
M. Lavoie: L'Etat, appelez-le... Je ne sais plus... Il y a de
l'ingérence partout, les gens vont devenir des numéros, ils vont
être fichés, l'Etat va s'occuper des gens du berceau au cercueil:
les dossiers médicaux, les dossiers sociaux, les débiteurs,
l'assurance-maladie. Je pense qu'il faut mettre un frein à
ça.
M. le Président, on se pose des questions, on va se poser encore
des questions sur le coût, on veut faire des économies pour
éliminer le recensement annuel je terminerai là-dessus
tout à l'heure nous sommes d'accord pour abolir ce rencensement
annuel je n'y ai jamais cru qui coûte assez cher, il y a
peut-être d'autres formules. On veut faire des économies et je me
demande combien ça va coûter. Dans cette boîte, c'est
peut-être une autre question il y a déjà près
de cent employés actuellement. J'imagine d'ailleurs ça
été dit en commission qu'il y a des contrats
d'informatique qui sont donnés. Je serais curieux de savoir si ça
ne coûtera pas plus cher qu'un recensement traditionnel, avec la
révision qui se fait, comme à Ottawa, lors des élections
générales ou lors d'une élection partielle dans un
comté ou lors d'un référendum.
Je suis d'accord, on fait des projets. Nous étions d'accord avec
ce projet de liste permanente. Le ministre était rempli de bonne foi et
je pense qu'il y croyait, mais là, aujourd'hui, on est dans un bourbier,
dans un guêpier, on ne sait plus comment le mettre, avec tous les dangers
et toute la prévention qu'on doit avoir avant d'ériger un tel
système et je me demande s'il ne coûtera pas plus cher à la
fin.
On parle d'informer maintenant les citoyens sur tous les changements.
Combien cela va-t-il coûter? Les gens vont recevoir des bulletins, des
informations. On dit qu'il y a 800 000 déménagements par
année au Québec; 800 000, sur 4 millions d'électeurs, si
on calcule qu'il y a un ou deux électeurs par famille, ça veut
dire qu'il y aura 1 500 000 personnes qui vont être informées de
venir vérifier, si on veut l'élargir, suivant la recommandation
de la Commission des droits de la personne, le contenu du registre etc.
J'imagine que ça va coûter peut-être plus cher que le
système conventionnel.
Tout le danger qu'on a mentionné, avec cette clientèle
cible qui avantagerait les partis fortunés; c'est sûr qu'avec tous
ces renseignements, ces numéros d'informatique, les partis
fortunés peuvent prendre $25 000 ou $50 000, les mettre sur des rubans
et s'en servir, ce que des partis non fortunés ou moins bien nantis ne
pourraient faire. Je n'accepte pas que ce soit un avantage que les partis
fortunés aient, que l'argent apporte. Je pense que ce serait un principe
que le ministre n'accepterait pas. Le Parti québécois et le Parti
libéral, avec des souscriptions de $2 millions ou $3 millions par
année, peuvent se servir de cela facilement. On sait qu'avec les moyens
modernes aujourd'hui, on peut envoyer une lettre imprimée d'avance
à tous ceux qui ont 30 ans avec ce numéro, ou ceux qui ont 65
ans, dès que c'est sur le ruban.
Je trouve que c'est d'aller trop loin. Bon! Ce respect de la
liberté des gens, le respect de la vie privée des gens... Je
termine bientôt en disant au ministre qu'on ne peut pas marcher et qu'on
ne marchera pour aucune considération. On ne trouve quasiment pas de
terrain d'entente. S'il y en a un, on est prêt à l'explorer, mais
je ne vois pas de terrain d'entente, lorsque le directeur général
des élections nous dit que ce n'est pas le "bag"...
On comprend qu'il n'y a pas moyen de faire de registre. Au diable le
registre, en ce qui me concerne! Au diable le registre! Il y a
déjà eu des élections depuis 50 ans ou 75 ans, il y en a
eu à Ottawa dernièrement. Ce sont des systèmes qui ont
été éprouvés et qui sont peut-être mieux que
ceux-là. Lorsqu'on dit qu'il y a 800 000 déménagements,
comment allez-vous faire, avec votre informatique pour les rejoindre, les
informer? Comme le directeur générai des élections le dit,
il faut être prêt. Souvent une élection peut être
déclenchée à 30 jours ou 40 jours d'avis.
On peut prendre le système conventionnel jusqu'à nouvel
ordre, à moins de trouver quelque chose de mieux, parce qu'il y a des
listes permanentes en Angleterre, mais il n'y a pas de fichier. On me dit qu'il
y en a aux Etats-Unis, et il n'y a pas de fichier. Il y a peut-être lieu
d'améliorer notre système traditionnel du recensement comme cela
se fait, comme cela se faisait anciennement, lorsqu'une élection ou un
référendum est déclenché et peut-être qu'on a
des moyens de le faire à meilleur prix On peut l'améliorer, ce
système, le rendre plus court, mais adapté, pour qu'il y ait le
plus de gens possible. Les gens qui ont la qualité d'électeur
pourront être sur la liste électorale et sans éterniser des
périodes de campagne électorale de deux mois. On aurait pu se
pencher sur ça. Cela a été éprouvé
d'ailleurs dans le passé.
Je termine en vous disant, M. le ministre, que je ne vois pas comment on
peut s'entendre. Prenez cela comme une annonce de filibuster, prenez-le comme
vous voudrez, mais on ne marchera d'aucune façon dans ça,
à moins que vous ayez un éclair de génie cet
après-midi pour nous trouver un moyen terme. Je n'en vois pas pour ma
part.
M. Burns: J'en ai eu souvent, je vais essayer d'en trouver un
autre.
M. Lavoie: Je ne blâme pas le ministre, parce que j'ai cru
comprendre de ses propos, ce matin, que ce n'était pas tellement lui qui
tenait au projet
de loi, mais que c'était le Conseil des ministres. Le Conseil des
ministres, surtout qu'il n'en fait quasiment plus partie, je vais l'attaquer
encore bien plus allègrement, car je n'ai pas l'intention d'attaquer le
ministre qui est devant moi.
M. Burns: Je m'excuse. Question de privilège. Non,
écoutez! Je n'ai pas dit ça ce matin quand même... J'ai
simplement dit que la position que je défendais était la mienne
et qu'elle était endossée par le Conseil des ministres. C'est
plutôt l'inverse.
M. Lavoie: Quand je vois que ce gouvernement se fend de
concertation, de participation, de tournées ministérielles, de
tournées d'information, de tournées que le ministre, d'ailleurs,
a suspendues sur le mode de scrutin proportionnel...
M. Burns: Je vais à Rimouski jeudi soir; qu'est-ce que
vous voulez que je vous dise?
M. Lavoie: II n'y a même pas de position gouvernementale,
ça va être long avant que la population comprenne et accepte, soit
le système D'Hondt ou les deux systèmes, l'autre...
M. Burns: Le D'Hondt est uniquement un moyen de correction, ce
n'est pas un système en soi.
M. Lavoie: II y a trois ou quatre systèmes proportionnels,
il y a celui de M. Lemieux...
M. Burns: Le système D'Hondt, d'Impériali. M.
Lavoie: ... d'Impériali et d'autres. Avant... M. Burns: Ce
sont des systèmes de correction.
M. Lavoie: II n'y a rien dans le concret, on fait une
tournée pour ça. Mais moi, j'aurais été curieux, si
le ministre avait fait une tournée sur la loi 3, avec les documents de
la Commission des droits de la personne et avec le document du DGE ce matin, de
voir la tournée, la réaction des gens au Québec, qu'est-ce
qui leur pend au bout du nez avec ce fichier, avec ce registre, pour être
"criss-crossé" par tous les offices gouvernementaux, par tous les
ministères et par tous les organismes paragouvernementaux. J'aimerais
connaître la réaction des gens. Je pense que je vais me permettre
je n'ai pas eu l'occasion d'en parler au chef de notre parti de
lui suggérer qu'on fasse une tournée, l'Opposition officielle. On
a le droit d'aller informer la population...
M. Burns: Bien oui!
M. Lavoie: ... sur ce qui lui pend au bout du nez avec le projet
de loi no 3, ce registre et ce fichier; ils veulent contrôler, avoir les
informations sur les gens, à partir même de la conception, je ne
dis pas du cercueil. On va connaître les femmes enceintes et on va savoir
à quel mois elles sont enceintes, si c'est par insémination
artificielle ou autrement. Avec votre fichier, on va tout savoir.
M. Burns: Mais ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai.
M. Lavoie: On va connaître la durée de vie, on va
connaître les maladies, les renseignements sociaux, tout.
M. Burns: C'est complètement faux, Ah, ah, ah, ah!
Le Président (M. Laberge): Messieurs, s'il vous
plaît!
M. Burns: Cela n'a pas de bon sens de dire des faussetés
comme ça. Vous savez bien que l'article 4 du projet de loi va
déterminer quelles informations, normalement, vont être inscrites
au fichier.
M. Lavoie: Surtout amendé tel que proposé dans le
document, il y en avait trop et on vient en ajouter encore.
M. Burns: Je vous dis tout simplement que je suis prêt
à discuter de tout ça.
M. Lavoie: Je vous donne notre position et je vous dis qu'on
n'est pas sorti de l'auberge avec ça.
M. Burns: Ne lancez pas des faussetés quand
même.
M. Lavoie: Je termine, M. le Président; sans doute que le
député de Gatineau et le député de Shefford auront
quelques mots à dire, mais je termine et, sans priver le
député de Johnson de son droit de parole, j'annonce que je vais
faire une motion, une motion pour que cette commission fasse rapport parce que
nous avons atteint notre but, celui d'avoir exploré, d'avoir le plus de
renseignements possible; nous avons ces renseignements. En ce qui nous
concerne, je ne vois même pas qu'il y ait utilité pour le ministre
de continuer l'étude du projet de loi article par article. C'est la
motion que je vais faire, mais je la suspends pour le moment pour ne pas priver
du droit de parole les autres députés et le ministre. Que la
commission fasse rapport et qu'on procède, en Chambre, à la
deuxième lecture.
M. Burns: Juste pour vous aider et peut-être éviter
un discours sans doute intéressant, mais en l'occurrence inutile de la
part du député de Gatineau, je vais vous dire tout de suite que
je vais être d'accord, vu la position qui vient juste d'être
exprimée par le député de Laval, que nous mettions fin aux
travaux, que nous retournions en Chambre pour faire la deuxième lecture
de ce projet de loi. C'est tout. Après cela, on reviendra article par
article. Je ne veux pas brimer le droit du député de Johnson.
M. Lavoie: On n'est pas sorti de l'auberge, n'est-ce pas? C'est
assez clair. Prenez-le comme vous voudrez.
M. Burns: On n'est pas sorti de l'auberge, c'est bien sûr.
Mais je ne veux pas brimer le droit de parole du député de
Johnson qui a sûrement le droit de venir nous dire ce qu'il en pense lui
aussi.
Le Président (M. Laberge): Oui, M. le ministre.
D'ailleurs, M. le député de Johnson m'avait fait signe qu'il
voulait la parole. Je la lui cède.
M. Bellemare: Est-ce que je dois comprendre que le
député de Laval a terminé?
M. Lavoie: Pour le moment, oui.
M. Bellemare: Je suis surpris, extrêmement surpris, qu'un
ministre qui a passé toute sa vie à défendre les
opprimés, à défendre ceux qui manquaient de droits, ceux
qui étaient cadenassés, je suis surpris de voir que c'est le
ministre aujourd'hui qui nous demande d'étudier un projet de loi qui
nous semble antidémocratique, parce qu'on n'a pas le droit, en vertu de
la charte des Nations Unis, de brimer les droits des individus. C'est l'article
9 de la charte.
Et là, je m'aperçois que l'honorable ministre,
secondé par toute une équipe de gens qui sont des personnes
influentes dans l'administration de la loi électorale, au lieu
d'atteindre le but qu'il recherche, de préserver le droit de vote,
empêcher que l'on vole le droit de vote à quelqu'un, va
complètement à l'encontre, en établissant des
critères de base pour empêcher ce vol et pour définir la
personne véritable qui va aller voter.
Là, on est à établir un registre d'électeurs
qui, un jour ou l'autre, en vertu de l'article 14 de la loi, va
s'étendre aux municipalités. Qu'est-ce que cela va produire? Je
dis et je répète que, par principe, je suis contre le fait que
l'on brime le droit d'un électeur et que l'on l'encarcane, par une
série de neuf conditions spécifiques, d'après le rapport
du président général des élections.
Prenons-les une par une, M. le Président, si vous voulez bien,
parce que c'est intéressant. D'abord son nom, son prénom, son
adresse, son sexe, sa date de naissance, son numéro d'assurance-maladie,
son numéro de permis de conduire, son numéro d'assurance sociale,
son numéro du dossier d'allocation familiale, neuf.
M. Burns: Je m'excuse, mais ce n'est pas dans le projet de loi,
ce que vous dites là. D'accord, on s'entend?
M. Bellemare: Non, je parle de la discussion qui nous a
été permise ce matin, d'entendre les deux mémoires...
M. Burns: D'accord.
M. Bellemare:... et de discuter, s'il y a lieu, de reporter en
Chambre, la deuxième lecture du projet de loi. Mais je dis que, comme
principe, M. le ministre, M. le Président, puisqu'on doit s'adresser
à vous, le ministre doit sentir des tremblements dans son for
intérieur, lui qui a été debout, en
Chambre, pendant des heures et des heures devant moi, pour
défendre les droits des opprimés, pour ne pas qu'on les
encarcane. Là, on les a encarcanés, là, on va les
encarcaner, là, on va leur enlever véritablement la
possibilité de dire: Je suis un individu dans une province libre et je
veux être libre.
Avant longtemps, le ministre se repentira de ce principe qui est contre
tout ce qu'on a vu dans la tradition.
M. Burns: Ce n'est pas dans le projet de loi que je vous ai
soumis, M. le député, je m'excuse.
M. Bellemare: Non, mais il y a les neuf conditions qui s'en
viennent qui ont été préconisées par le directeur
général des élections.
M. Burns: Oui, mais voulez-vous critiquer, s'il vous plaît,
mon projet de loi...
M. Bellemare: Oui.
M. Burns:... plutôt que de critiquer la déclaration
du directeur général?
M. Bellemare: Je n'ai pas besoin d'aller plus loin. Cela fait
combien de séances où vous siégez? Vous êtes
à l'article 3 seulement.
M. Burns: On n'est même pas rendu à l'article 3,
tout a été suspendu.
M. Bellemare: Qu'est-ce que vous avez fait? Pourquoi? Vous vous
êtes certainement buté à des choses que des hommes de
connaissance...
M. Burns: Vous me posez une question? M. Bellemare: Pas
tout de suite. M. Burns: Ah!
M. Bellemare: Vous m'avez déjà
dérangé deux et quatre fois le leader de l'Opposition.
M. Lavoie: Le député de Laval.
M. Bellemare: Le député de Laval, bon. Est-ce que
c'est une philosophie qu'a votre gouvernement de vouloir s'ingérer dans
tout ce que...
M. Burns: Vous me posez une question encore?
M. Bellemare: Non, je raisonne. Est-ce que c'est une philosophie
que le gouvernement a actuellement de rentrer dans tous les domaines,
l'assurance automobile, les lois 90, 116 et tout cela? Est-ce que c'est une
philosophie de votre gouvernement d'aller jusque là dans votre projet de
loi? Vous êtes aussi bien de nous percer les oreilles, comme c'est la
mode aujourd'hui, les hommes se font percer les oreilles et se mettent des
petits pendentifs. Mettez-nous un numéro et
ce sera correct. Vous allez voir fini, vous n'en aurez pas besoin
d'autres. (15 h 45)
M. Burns: Est-ce que c'est une suggestion?
M. Bellemare: Non, non, c'est une suggestion de vous faire percer
les oreilles.
M. Lavoie: Attention! il va la prendre!
M. Bellemare: Je pense que ce serait drôle de voir passer
les gens avec des fichiers aux oreilles, surtout après avoir
établi ce qu'on appelle dans le rapport du président un
identificateur informatique pour tâcher de subir les foudres. Non, les
droits des individus, je pense que, d'après le rapport de la Commission
des droits de la personne du Québec, celle-ci a son mot à dire.
Je pense bien que ce sont des gens extrêmement compétents qui ont
été nommés par le gouvernement pour donner le signal
d'alarme. Le signal d'alarme qui a été donné par M.
Hurtubise de la Commission des droits de la personne semble sans
équivoque. Actuellement, on n'a pas le droit... On est sur un chemin qui
nous mène à un abîme, un abîme qui va supprimer des
droits et libertés des individus. Tout à l'heure, il va falloir
avoir en poche, mon cher monsieur, comme en France, son passeport. Il va
falloir l'avoir bientôt, si on n'a pas une carte d'électeur. Le
directeur général des élections, ce matin, nous a dit, si
on relit les galées: Peut-être que cela viendra avant longtemps.
Il a peut-être échappé cela, mais dans les galées,
on relit: Peut-être que cela viendra avant longtemps, la carte.
Voyez-vous, il y a un petit sous-entendu.
Les droits des individus, qui va les défendre si ce n'est pas
nous autres, si ce n'est pas individuellement chaque député
devant cette Assemblée, dans cette commission qui est ici avec des
droits qui sont difficiles à obtenir, M. le Président? C'est
celui de se faire élire. Vous savez ce que c'est que de se faire
élire, mais vous ne savez pas encore ce que c'est de se faire
réélire. Attendez, vous allez voir la côte que vous allez
avoir à monter. Vous allez voir ce qu'on va vous reprocher un jour,
auquel vous n'aurez pas pensé. On va vous imputer toutes sortes de
choses. Votre réélection... Vous allez dire: Maudit, ceux qui ont
été élus huit fois et neuf fois, ils ont du mérite
ces gars-là. Je parle un peu par expérience, je pense.
D'ailleurs, je vous annonce que je vais me présenter pour la
dixième fois aux prochaines élections.
Des Voix: Pauvres électeurs!
M. Bellemare: Pauvres électeurs! Je vous garantis que ce
ne sont pas les électeurs qui sont pauvres, c'est vous qui êtes
pauvre d'esprit! Chose qui reste vraie, allez écrire et relire votre
option, vous! Surtout après le congrès qui vient d'avoir lieu,
vous allez avoir des chapitres à annuler! Tâchez d'aller lire
votre volume! Pardon?
M. Charbonneau: Ne vous choquez pas!
M. Dussault: II pourrait peut-être les lire...
M. Bellemare: Chez nous, c'est probablement le comté
où il y a le plus de porcheries. Il y a 3200 porcheries. Je n'ai pas
besoin de vous dire qu'il y en a chez nous. Je les connais. Comme le droit aux
individus, il y a aussi notre responsabilité d'être ici pour faire
valoir en tout sens tout ce qu'on est capable d'employer pour assurer le
respect des derniers principes qui gardent sa liberté à
l'individu. On est ici pour cela. Je vais faire mon possible contre le fichage
systématique des citoyens. Je pense que l'inscription au fichier sera
obligatoire. On va faire des distinctions subtiles entre le fichier et la liste
électorale. Tous les citoyens seront inscrits au fichier, et un "opting
in" et un "opting out", sur demande sont prévus pour la liste
électorale. Vous avez déjà vu cela? L'admission de cette
opération servira à démêler le fichier des
bénéficiaires dit le président des élections
de la Régie de l'assurance-maladie. Est-ce que c'est vrai qu'il y
a 40% d'inexactitudes au fichier des bénéficiaires
d'assurance-maladie? 40%? C'est votre chiffre que vous avez employé ce
matin, six sur dix? Cela veut dire qu'il y a 40% d'inexactitudes. Je me
surprends énormément d'un pourcentage aussi élevé.
Il faudrait certainement qu'on ait des explications un peu meilleures. Il reste
que la mise en place de ces registres semble pour nous être,
malgré les déné-qations du ministre lui-même, une
porte ouverte à l'utilisation obligatoire de la carte d'électeur.
On voit venir cela. Je pense que la lutte qui a été faite ici par
mon collègue le député de Nicolet, est exactement dans le
même sens.
En conclusion, je pense que l'Union Nationale, mon parti on a eu
un caucus cet après-midi, à 14 h 15 s'oppose à
cette mesure qui est une atteinte directe à la vie privée des
citoyens. On s'y oppose carrément. Nous étions pour formuler une
motion, mais je laisserai le député de Laval la faire. Je
parlerai sur sa motion et je l'appuierai, comme mon parti a
décidé ce midi d'être contre toute mesure qui porte une
atteinte directe à la vie privée des citoyens. Je vous
remercie.
M. Burns: Je vais vous dire simplement que je fais
vérifier actuellement...
Le Président (M. Laberge): M. le député
de...
M. Bellemare: J'avais fini, M. le Président. J'ai
invoqué toutes les bonnes raisons, pendant votre absence surtout, pour
ne pas avoir de réponse immédiate.
M. Burns: Remarquez que je vous écoutais, parce que j'ai
l'habitude, ayant déjà été un plaideur devant les
tribunaux, d'écouter et le juge et mon client en même temps.
M. Bellemare: Vous avez un don extraordinaire!
M. Burns: Oui, c'est une habitude à prendre, que vous
devriez prendre d'ailleurs. Vous devriez développer cela.
M. Bellemare: Je l'ai. Ne me tracez pas de voie!
M. Burns: Parfois, vous avez de la difficulté à
écouter même une seule personne, mais en tout cas! Non, je ne dis
pas cela méchamment, M. le député de Johnson. Je dis
simplement qu'actuellement je suis en train de faire vérifier...
M. Bellemare: Cela dépend. S'il avait essayé...
M. Burns: Je n'ai pas d'objection à la motion
éventuelle je ne parle pas sur la motion
évidemment, vous me permettrez de faire mes commentaires avant qu'on
mette fin aux travaux de la commission.
Je suis en train de faire vérifier par le bureau du leader de la
Chambre si le fait de retourner en deuxième lecture va nous permettre de
revenir à l'étude article par article. Là, je vous avoue
que je m'inquiéterais beaucoup si c'était ça.
M. Bellemare: C'est du chantage. M. Burns: Ce n'est pas du
chantage.
M. Bellemare: Ah oui! Le Parlement a le droit de faire ce qu'il
veut.
M. Burns: Non, écoutez-moi bien!
M. Bellemare: Oui.
M. Burns: L'ordre de la Chambre...
M. Bellemare: C'est démocratique ou ça ne l'est
pas.
M. Burns: ... à ce moment-là, il faudrait qu'il
soit changé. D'accord?
M. Bellemare: C'est démocratique ou ça ne l'est
pas.
M. Burns: Si la conception que j'en ai est exacte, à ce
moment-là, il faudra que l'ordre de la Chambre soit changé;
d'accord? Cela veut dire qu'il faudra revenir à l'étude article
par article, parce que nous avons des amendements à vous proposer. Je
sais que vous, du côté de l'Opposition, vous avez des amendements
à nous proposer. Il y en a un certain nombre je l'ai
déjà annoncé auquel je suis prêt à
souscrire. C'est simplement ça que je vous mets comme mise en garde,
mais, à ce moment-là, ce que la Chambre va décider...
Quant à moi, je ne peux pas présumer des décisions de la
Chambre, à savoir si elle va changer son ordre ici c'est comme
ça que je l'ai compris est-ce qu'elle va changer son ordre?
Est-ce qu'elle va nous dire: Retournez en commission à l'étude
article par article? A ce moment-là, c'est ça, la question.
M. Bellemare: Voyons donc! Voyons donc! Le Président
(M. Jolivet): M.le député de...
M. Burns: Je vous mets en garde contre ça, c'est tout.
M. Bellemare: Voyons donc!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'assure d'avance le ministre
que ce ne sera pas un discours inutile que j'ai l'intention de faire. Je
voudrais qu'on se rappelle, à la commission, ce qui nous a amenés
à venir ici, de façon exceptionnelle, avant l'adoption en
deuxième lecture, c'est-à-dire avant l'adoption du principe du
projet de loi sur le registre des électeurs, à l'Assemblée
nationale, procéder à l'étude article par article du
projet de loi.
Il s'agissait, bien entendu, de faire l'étude article par
article, mais il s'agissait surtout, pour les membres de la commission, pour
les députés intéressés, d'obtenir du ministre,
d'obtenir du directeur général des élections et de ses
adjoints toutes les informations qui nous permettraient d'évaluer de
quelle façon, par quel mécanisme, par quelle tuyauterie on en
arriverait à atteindre l'objectif du projet de loi, qui est celui de
créer un registre des électeurs le plus complet, le plus exact et
le plus juste possible envers les électeurs.
On a procédé, M. le Président, dans un premier
temps, à demander, du côté de l'Opposition je pense
que c'est le député de Marguerite-Bourgeoys qui l'avait fait le
premier l'avis de la Commission des droits de la personne sur l'impact
que pourrait avoir le texte du projet de loi no 3 quant aux libertés
fondamentales des Québécois.
On a reçu ce matin le ministre l'avait reçu avant;
on en a pris connaissance, quant à nous, ce matin des
réserves très claires de la Commission des droits de la personne
et je n'en citerai que quelques passages, M. le Président.
La commission dit: "Le législateur, en mettant à la
disposition des électeurs et de l'administration un instrument comme le
registre des électeurs, ne devrait cependant pas perdre de vue les
autres droits fontamentaux inscrits dans la charte, tel le droit au respect de
la vie privée".
Donc, M. le Président, c'est de ce droit au respect de la vie
privée qu'il s'agit ici. La commission continue: "Une des
modalités que peut prendre le respect de la vie privée consiste,
pour l'Etat, à renoncer à mettre sur pied des fichiers qui
pourraient mener à la constitution d'un dossier cumulatif comprenant
toutes les données disponibles sur un citoyen".
M. le Président, le projet de loi no 3, à l'article 4,
définissait un certain nombre de renseignements que contiendrait, ce
qu'on n'a pas voulu, du côté du gouvernement, qualifier de
fichier, ce qu'on a appelé le registre. Le fait demeure, qu'il
s'agissait de renseignements qui, même la Commission des droits de la
personne le dit, vont trop loin.
A la page 3 du mémoire, on lit ce qui suit: "Evidemment, dans
l'hypothèse où l'on légaliserait l'échange de
renseignements entre ministères et
organismes, ce numéro d'identification devient une clé
fort utile" on parle du numéro d'assurance-maladie "mais,
outre le fait que nous nous sommes déjà opposés à
cette mesure, nous croyons que le numéro d'assurance-maladie ne se
rattache pas à l'exercice du droit de vote". Je répète, M.
le Président: "... que le numéro d'assurance-maladie ne se
rattache pas à l'exercice du droit de vote, car il n'est pas
nécessaire à la confection des listes électorales."
Le ministre disait tantôt, au député de Johnson: Ne
nous parlez pas de ce que contient le document du DGE, de ce matin, quant aux
autres informations additionnelles que l'article 4 devrait contenir.
Parlez-nous de ce qui est dans le projet de loi.
Dans le projet de loi, il y a l'inclusion du numéro de
l'assurance-maladie et déjà la Commission des droits de la
personne nous dit: Ce n'est pas nécessaire à la confection d'une
liste électorale complète.
M. Burns: ...
M. Gratton: Bien, on va lire le troisième paragraphe!
M. Burns: Lisez-le comme il faut!
M. Gratton: "Selon nous, il appartient donc au gouvernement de
démontrer...
M. Burns: Voilà!
M. Gratton: ... que les autres renseignements demandés ne
permettent pas d'identifier suffisamment les électeurs". Suivez-moi
jusqu'à la fin et vous allez voir que je veux en arriver à une
conclusion qui se tienne, M. le Président.
Finalement, dans sa conclusion, la commission dit: la principale
réserve de la commission, vous l'aurez notée, se situe du
côté de la prévention "En effet, par conviction et
à la lumière des abus connus suite à l'accumulation
d'informations stockées dans la mémoire d'un ordinateur"
c'est de ça qu'il s'agit dans le projet de loi no 3 "la
commission émet l'opinion que même le premier pas, ouvrant
possiblement la porte à la constitution d'un dossier cumulatif, doit
être fait consciemment et dicté par une nécessité
dont on aura préalablement établi la preuve."
Le directeur général des élections, dans son
document qu'il nous a remis ce matin, a fait la preuve. Il a fait la preuve que
pour avoir un registre valable ça lui prenait non seulement ce qui est
inclus à l'article 4 du projet de loi no 3 tel qu'on le connaît,
mais de plus, le numéro d'assurance-maladie, qui est déjà
inclus, le numéro de permis de conduire, le numéro d'assurance
sociale, le numéro de dossier d'allocations familiales de chacun des
citoyens du Québec.
On vise à faire une liste électorale la plus
complète et la plus exacte possible et on va... Si ce n'est pas
ça un fichier, M. le Président, je me demande bien quelle autre
information on pourrait vouloir posséder sur un citoyen, sur un individu
québécois, une fois qu'on a son nom, son prénom, son
adresse, son sexe, sa date de naissance, son numéro d'assurance-maladie,
son numéro de permis de conduire, son numéro d'assurance sociale,
son numéro de dossier d'allocations familiales. A-t-on besoin de savoir
la couleur de ses yeux?
M. le Président, tout ce qui nous manque c'est sa photographie
dans le fichier et là on a tout.
M. Lavoie: On l'a sur le permis de conduire.
M. Gratton: On l'a sur le permis de conduire.
M. le Président, dans sa conclusion, la commission disait que ce
qui était essentiel, c'est qu'il fallait faire la preuve de la
nécessité d'avoir toutes ces informations pour constituer, non
pas le registre; le registre n'est pas un objectif en soi, ce n'est pas une fin
en soi que d'avoir un registre d'électeurs. L'objectif qu'on poursuit
avec le projet de loi 3, c'est d'avoir une liste électorale, la plus
complète, la plus exacte et la plus juste possible. Qu'on ait un
registre, deux registres ou trois millions d'autres façons d'en arriver
à une liste électorale complète, ça a peu
d'importance. (16 heures)
Ce qu'il faut démontrer, c'est la nécessité d'avoir
un registre ou d'autres mécanismes afin d'atteindre le vrai objectif, le
seul qu'on devrait avoir, d'avoir une liste électorale complète,
juste et équitable pour tout le monde, sans brimer les droits et
libertés de personne. Le DGE nous a fait ce matin exactement la preuve
que le registre des électeurs, sa viabilité même ce
sont les termes qu'a employés le directeur général des
élections nécessite toutes les informations contenues
à l'amendement que nous suggère le directeur
général des élections, quant à l'article 4 qui vise
les informations à recueillir sur chacun des citoyens.
Il nous a fait la preuve qu'on ne peut pas éliminer
l'échange d'information entre les organismes et ministères et le
directeur général des élections et son registre. Pour
avoir un registre qui va servir à quelque chose, ça prend une
réciprocité d'échange d'information avec les organismes.
Il nous a prouvé que toutes ces informations seront, bien entendu,
traitées de façon confidentielle, mais personne n'a encore fait
la preuve, M. le Président, que d'autres personnes que le directeur
général des élections auront accès à ces
informations-là.
Donc, en guise de conclusion, je me dois de reconnaître qu'on
poursuit l'objectif d'une liste électorale la plus complète, la
plus juste, la plus équitable possible. Le gouvernement a pensé
et cela me surprend que le ministre me dise qu'il pense encore
que la façon d'atteindre cet objectif-là, c'était la
confection d'un registre des électeurs. Le ministre nous a
préparé un texte de loi dans lequel il incluait des informations
nécessaires qui vont moins loin que ce que le directeur
général des élections nous dit maintenant être
essentiel, il en va de la viabilité même du registre.
Le ministre ne semble pas partager le point de vue du directeur
général des élections. Je me dis que le directeur
général des élections, qui travaille
à la confection de ce registre depuis un bon nombre de mois,
depuis décembre, a eu les conseils et les avis de tous les techniciens
et de tous les experts en informatique et quoi d'autre? La preuve, c'est que
les questions qu'on lui posait il y a deux semaines et auxquelles il nous a dit
vouloir réfléchir, quand on parlait, par exemple, de la
nécessité de la réciprocité, il nous a dit, et je
pourrais vous lire le texte du journal des Débats: On va regarder tout
ça, ce n'est peut-être pas nécessaire. Ce matin il a
pris la peine de l'écrire pour que ce soit bien clair, c'est comme
ça que je l'ai compris il vient nous dire: Non seulement est-ce
encore nécessaire, mais ça nous en prend encore plus qu'on
n'avait pensé pour en arriver à avoir un registre qui se
tienne.
Je dis qu'on a fait la preuve ce matin, qu'il n'est pas possible d'avoir
un registre des électeurs sans brimer ou sans risquer de brimer les
libertés et les droits fondamentaux des citoyens du Québec.
La seule conclusion qu'on doive tirer et c'est celle-là
qu'on a tirée, quant à nous de l'Opposition officielle, et il
semble que l'Union Nationale partage notre point de vue là-dessus
c'est que si c'est la seule façon d'avoir un registre, qu'on n'en ait
pas de registre, M. le Président.
Quant à moi, je suis sûr que tantôt on dira: Tiens,
les brandisseurs d'épouvantails à moineaux, les
inféodés, les traîtres à la nation parce
qu'on a l'habitude, nous qui ne pensons pas comme le gouvernement, d'être
traités de toutes ces épithètes. Quant à moi,
j'accepte d'être traité de quoi que ce soit, mais je dis que le
projet de loi no 3, tel qu'il est dans sa forme actuelle, tel que le voudrait
le directeur général des élections pour qu'il soit
valable, parce qu'il semble que même son contenu présent n'est pas
encore assez complet, le gouvernement ne doit pas l'avoir. Je dis aussi au
gouvernement que s'il persiste à vouloir par tous les moyens le
passer le ministre nous disait tantôt: Faites votre motion, mais
peut-être bien qu'on ne reviendra plus, à cause de l'ordre de la
Chambre, à l'étude article par article.
Si le gouvernement veut procéder de cette façon-là,
libre à lui de le faire. Quant à nous, je pense que le
député de Laval l'a annoncé, j'aimerais maintenant faire
motion que cette commission...
M. Burns: Voulez-vous me permettre de parler avant que vous
fassiez votre motion, parce que vous allez limiter mon droit de parole?
D'accord?
M. Lavoie: On vous le donnera de consentement.
M. Burns: De consentement? D'accord. M. Lavoie: Oui.
Motion de renvoi du projet de loi à la
Chambre
M. Gratton: J'aimerais faire motion que cette commission fasse un
rapport spécial, selon les dispositions de l'article 161 de notre
règlement, à l'Assemblée, à l'effet de:
premièrement, révoquer l'ordre de l'Assemblée
d'étudier le projet de loi no 3, article par article;
deuxièmement, de recommander la tenue d'auditions publiques avant la
deuxième lecture suivant l'article 118-A du règlement et,
troisièmement, de procéder par la suite aux autres étapes
de l'étude du projet de loi no 3 suivant le règlement de
l'Assemblée nationale.
Mais, M. ie Président, ce n'est pas à nous ici en
commission de trancher sur le principe du projet de loi, c'est le principe du
projet de loi qu'on remet actuellement en cause. On a voulu avoir des
informations et, à la suite des informations qui nous ont
été fournies, nous sommes satisfaits. Quant à nous, nous
ne pouvons souscrire au principe de la confection d'un registre des
électeurs, donc au principe du projet de loi no 3, et nous voulons aller
à l'Assemblée le dire, au moment de l'étude du projet de
loi en deuxième lecture.
Il est possible qu'effectivement, nous ne reviendrons jamais adopter ce
projet de loi, article par article, en commission, pour la bonne et unique
raison qu'il est possible et même souhaitable, en tout cas de notre point
de vue, que les membres de l'Assemblée nationale votent contre le
principe du projet de loi en deuxième lecture, ce qui mettra fin
à des efforts du gouvernement qui ne peuvent que déboucher sur
une chose. Encore là, on me traitera d'épouvantail, mais c'est
l'instauration d'un état policier.
M. Dussault: Bon, le mot est lâché.
M. Gratton: Et, "big brother", auquel faisait allusion le
député de Saint-Louis, parce que, quand on a une fiche quelque
part, M. le Président, personnellement, que je sois député
ou pas, je ne suis pas intéressé à avoir mon nom, mon
adresse, mon prénom, mon sexe, ma date de naissance, mon numéro
d'assurance sociale, mon numéro d'assurance-maladie, mon numéro
de permis de conduire et je ne sais pas trop quelle autre information on
demandera tantôt, sur une fiche qui peut tomber dans les mains, pas plus
de ce gouvernement-ci que d'un autre gouvernement ultérieur.
Je suis bien sûr qu'il y a un maudit bon paquet de
Québécois qui, lorsqu'on les aura informés, parce que le
député de Laval l'a dit tantôt, on verra à en faire
une tournée d'information, si le ministre ne considère pas que
ça en vaut la peine, et on ira dire aux Québécois de quoi
ça relève, les intentions du gouvernement dans le projet de loi
no 3.
Le Président (M. Jolivet): Pour les besoins, je relis la
motion qui serait la suivante: "Que cette commission fasse un rapport
spécial, selon l'article 161 de notre règlement, à
l'Assemblée, à l'effet de, premièrement, révoquer
l'ordre de l'Assemblée d'étudier le projet de loi no 3, article
par article; deuxièmement, de recommander la tenue d'auditions publiques
avant la deuxième lecture suivant l'article 118A du même
règlement, et, troisièmement, de procéder par la suite aux
autres étapes
de l'étude du projet de loi no 3, suivant le
règlement."
Je vais en faire faire des photocopies pour que vous l'ayez devant les
yeux, la parole est au ministre délégué au
Haut-Commissariat, à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports.
M. Charron: M. le Président, je voudrais demander la
permission de m'adresser à la commission, si vous le permettez...
M. Lavoie: II y a eu une motion pour que tous les
députés, à cause de l'importance de ce projet de
loi...
M. Charron: Ah bon, merci!
M. Lavoie: ... puissent intervenir. Est-ce que vous parlez sur la
motion?
M. Charron: Oui, s'il vous plaît.
M. le Président, je viens de suivre une partie du débat et
je pense que le député de Gatineau a abondamment
résumé les intentions de l'Opposition officielle sur ce projet de
loi. Je dois dire que si je n'étais pas au courant de la cuisine
antérieure, je serais probablement comme bien des personnes,
séduit par le tableau de pureté que vient d'offrir le
député de Gatineau, toute la logique y apparaît, aussi
soudaine qu'elle soit, on en conviendra, de vérifier les intentions du
gouvernement par rapport aux intentions annoncées dans le rapport du
directeur général des élections, voir si le gouvernement
est décidé à endosser intégralement ce qui est
contenu dans le rapport du directeur général des
élections, etc.
Donc, le député réclame du temps, comme il vient de
le dire, parce qu'il lui paraît, je le cite, que "si c'est la seule
façon d'avoir un registre, on est mieux de ne pas avoir de registre". Il
faut donc comprendre que, dans cette motion qu'il vient de présenter,
tout à fait conscient, comme il doit l'être, avec toute
l'expérience qu'il a d'un ordre de la Chambre, le député
cherche à tuer le bill.
M. Lavoie: Correction, tuer le registre.
M. Charron: Tuer la loi qui crée le registre et, ni plus
ni moins, à le rendre inopérant, en tout cas, jusqu'à ce
que l'ordre de la Chambre soit changé, c'est-à-dire
jusqu'à ce qu'une nouvelle décision soit prise. Ce serait
très joli, effectivement, M. le Président, si la situation
actuelle n'était pas née à la demande de l'Opposition
officielle elle-même.
Il est plus que rare, pour ne pas dire qu'il est unique, que l'on se
retrouve à l'étude article par article d'un projet de loi, avant
même la deuxième lecture, et que les députés aient
l'occasion de se prononcer sur un principe. Je peux vous dire, M. le
Président, que le gouvernement, lui, puisque j'en ai été
le porte-parole lors de cette discussion, a toujours choisi la logique de notre
règlement dans cette question et qu'il nous semblait tout à fait
opportun que les députés aient à se prononcer pour ou
contre le principe de la création d'un registre des
électeurs.
Une fois ce principe adopté, nous aurions pu discuter des
modalités de ce registre. C'était notre opinion et c'est comme
cela que j'avais demandé à mon collègue de Maisonneuve
d'entamer le débat. C'est-à-dire que c'est à ce
moment-là que nous aurions été mis en confrontation avec
les intentions du gouvernement, par rapport aux demandes du directeur
général des élections, ce que nous choisissions de prendre
dans les demandes du directeur général des élections, et
non pas dans la situation loufoque où, aujourd'hui, on épouse,
où on considère que le gouvernement a épousé
intégralement les demandes du directeur général des
élections comme étant dans la loi 3.
Cette occasion, ce débat n'a pas eu lieu et il aurait normalement
dû avoir lieu à l'Assemblée. Il y a quelques semaines, je
me suis trouvé devant la demande suivante émanant de ceux qui,
aujourd'hui, se drapent dans la vertu. Ils sont venus me trouver et m'ont dit:
Faisons une analyse honnête, article par article, des modalités de
ce que serait un registre des électeurs. Et c'est quand nous
connaîtrons et que nous aurons adopté les modalités de ce
registre que nous nous prononcerons pour ou contre le principe de l'existence
de ce registre.
Aussi inorthodoxe que m'apparaissait cette démarche, M. le
Président, j'ai fait confiance à la nature de cette
démarche, parce que je croyais très sincèrement que les
députés de l'Opposition se rendaient à cette
réforme électorale importante qu'est la création d'un
registre des électeurs. Je me suis dit: Si cela peut faire avancer la
réforme... Après une discussion où je n'ai pas eu à
arracher, mais où j'avais, d'emblée, le consentement du ministre
responsable à cette démarche, on a dit: Tant mieux, si cela peut
faire avancer cette réforme. Et les libéraux nous apparaissaient,
à l'époque, désireux de cette réforme. Employons
cette procédure tout à fait irrégulière, mais,
somme toute, avantageuse pour tous.
Comment nous retrouvons-nous aujourd'hui, M. le Président? Cette
commission a eu plusieurs heures de séance, l'article 1 est suspendu,
l'article 2 est suspendu et l'article 3 sert à tous les palabres
auxquels on vient d'assister et, au fond, à un débat de principe
sur l'existence ou non d'un registre des électeurs.
Je m'aperçois aujourd'hui à eux
d'interpréter comme ils voudront leur geste, je vous dis comment moi je
l'interprète avoir été trompé, par une
manoeuvre inqualifiable, dans un sens, parce que nous n'en connaissons pas le
fond. Mais je considère que nous venons d'être roulés par
l'Opposition qui, au fond, ne désire pas cette réforme
électorale importante; au fond, elle a utilisé des manoeuvres et
utilise des documents qui ne sont pas ceux du projet de loi pour le
discréditer dans l'opinion publique et, maintenant, elle vous
présente une motion pour que, contrairement à l'ordre de la
Chambre que ces gens ont eux-mêmes suscité, celle-ci brise
l'entente qui était intervenue.
Je me dis que, si cette commission adopte la motion qui est
présentée, elle souscrit à l'intention du Parti
libéral d'interdire la création d'un registre des
électeurs au Québec et de maintenir la confection annuelle des
listes électorales permanentes où, il faut l'avouer, le parti
d'en face a pris une certaine habileté à inscrire les citoyens
douteux. Et ce talent étant reconnu à ces gens, je conçois
très bien qu'aujourd'hui, ils aient des doutes quant à
l'opportunité d'un registre des électeurs de façon
permanente, qui garantirait le droit démocratique des citoyens à
être sur la liste électorale. On hésite entre la
réforme attirante par son honnêteté, et la pratique, plus
ou moins équivoque, où on est passé maître dans la
confection des listes.
Je crois que la motion du député de Gatineau indique que
le Parti libéral a choisi la deuxième option. (16 h 15)
M. le Président, je termine cette intervention qui est la mienne
sur un rappel de l'ordre de la Chambre né d'une proposition du Parti
libéral. Je veux bien croire que le Parti libéral a pris
récemment, avec sa nouvelle direction, l'habitude de voter contre ses
propres motions à l'Assemblée nationale, mais il ne faudrait pas
qu'il en vienne à voter contre des ordres de l'Assemblée dont il
est lui-même l'initiateur. Il nous a proposé et je rappelle
l'ordre de la Chambre que le projet de loi soit
déféré à la... Je cite, M. le Président, le
texte que j'ai rédigé moi-même avec le leader de
l'Opposition officielle à proximité de la Chambre. Nous avions
même suspendu la Chambre pour être très nets, pour nous
entendre très clairement sur le texte de l'ordre de la Chambre que je
cite à l'instant: "II est ordonné que le débat sur la
motion de deuxième lecture du projet de loi no 3 soit suspendu,
après l'intervention d'un représentant de chaque parti reconnu,
du député de Rouyn-Noranda et du député de
Pointe-Claire; que le projet soit alors déféré à la
commission permanente de la présidence du conseil et de la constitution
pour étude article par article; que le rapport de cette commission soit
déposé à l'Assemblée à la fin du
débat de la deuxième lecture et que la prise en
considération de ce rapport ait lieu préalablement à la
troisième lecture." Ce qui écarte, M. le Président, dans
le texte comme dans l'esprit de cet ordre de la Chambre, la possibilité
qu'après la deuxième lecture on effectue à nouveau les
spara-ges de l'étude article par article. Je n'y aurais jamais souscrit,
M. le Président, s'il n'avait pas été entendu entre le
leader porte-parole de l'Opposition officielle qui vire son capot aujourd'hui
et moi, que cela n'était que de devancer et de changer de place des
étapes normales dans l'étude d'un projet de loi.
Quand le député de Gatineau disait tantôt: Nous
avons maintenant eu l'information que nous voulions, nous pouvons faire rapport
à la Chambre et retourner, cette commission n'est pas ici pour recevoir
l'information qu'elle cherchait. Cette commission est ici pour effectuer
l'étude article par article du projet de loi et aussi longtemps que dure
l'étude article par article du projet de loi, elle doit s'effectuer
conformément à l'ordre adopté unanimement par
l'Assemblée nationale à la demande de l'Opposition officielle
elle-même.
L'Assemblée nationale n'est pas le jouet, M. le Président,
des changements d'humeur de l'Opposition officielle, elle est l'instrument des
citoyens pour effectuer des réformes et une des réformes les plus
importantes que nous ayons et dont l'Assemblée nationale est saisie
actuellement est celle de la création d'un registre des électeurs
qui aura pour effet d'écarter, nous l'espérons tous une fois pour
toute, le "trafiquage" du droit de vote sacré des citoyens du
Québec. Que nous nous entendions et que nous ayons un débat
âpre, comme il s'annonce et comme il a le droit d'exister, sur les
modalités de création de ce registre, c'est normal. Nous sommes
d'ailleurs mandatés par la Chambre pour le faire actuellement ici, mais
nous ne sommes pas ici pour faire un débat de principe que, par
ailleurs, nous nous sommes tous unanimement entendus à n'avoir
qu'à la fin de l'étude article par article du projet de loi. En
ce sens, M. le Président, il faut qualifier la motion du
député de Gatineau comme étant une motion très
différente de l'intention exprimée par son parti à un
autre moment...
M. Burns: Et irrecevable.
M. Charron:... et irrecevable par le fait qu'elle est contraire
à l'ordre de la Chambre. La Chambre ne peut pas recevoir un rapport de
cette commission contraire à l'ordre qu'elle a elle-même
donné. Nous sommes ici pour effectuer l'étude article par article
et c'est tout ce que nous avons à faire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
Une Voix: ... jamais fait, cela se fait trois fois par jour.
M. Lavoie: M. le Président...
M. Burns: M. le Président, j'aimerais intervenir sur une
question de règlement purement et simplement pour ajouter à ce
que mon collègue, le leader du gouvernement, vient de dire.
M. Lavoie: D'accord, aucune objection.
M. Burns: Je n'entrerai pas dans le fond du débat, je me
réserve là-dessus, mais uniquement sur une question de
règlement. Je ne pense pas qu'une commission parlementaire puisse
prendre une décision qui est contraire à un ordre de
l'Assemblée nationale. Son patron, à cette commission-là,
c'est l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale, tel que vient
de nous le dire le député de Saint-Jacques, nous a donné
un ordre très précis. La motion qui nous est
présentée ici actuellement est tout à fait contraire
à cet ordre.
Je pense qu'il y a une autre façon, si jamais c'est le but des
gens d'en face de nous embêter avec cela, même s'ils n'ont
même pas voulu enten-
dre jusqu'à maintenant ce que j'avais à dire sur le projet
de loi comme tel, même si on a été très patient, les
Anglais diraient "very lenient", par rapport à ce qui s'est
déroulé au cours de cette commission. Je pense que nous sommes
face à une motion qui ne peut être changée. C'est pour cela
que tout à l'heure, j'ai dit: Pensez bien à ce que vous
êtes en train de faire. C'est un ordre de la Chambre. Je n'avais pas le
détail que le député de Saint-Jacques vient de nous
donner, parce que je n'avais pas sous les yeux le détail de la motion.
Je vous le soumets respectueusement, cela m'ap-paraît comme une motion
tout à fait irrecevable.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, sur un propos du
ministre d'Etat à la réforme électorale. Il a
laissé entendre qu'on n'a pas voulu le laisser parler sur le
débat de fond que nous avons tenu tout à l'heure. Vous vous
rappellerez, étant donné que ce doit être au journal des
Débats, que j'ai assuré le ministre de notre consentement,
même si la motion était faite, que son droit de parole ne soit pas
limité à la motion. Je pense que ce serait tout à fait
dans l'ordre d'ailleurs, avant d'aborder, de continuer notre débat sur
la motion ou même sur la recevabilité. Je le proposerais,
étant donné que j'ai eu l'occasion moi-même de me prononcer
autant sur le fond, notre position sur la loi no 3, que sur le document du
directeur général des élections, comme l'a fait le
député de Johnson, comme l'a fait le député de
Gatineau. Je l'invite à nous donner son éclairage ou sa position
et à nous dire ce qu'il entend faire. Peut-être que cela pourrait
nous faire réviser notre position.
M. Burns: Si cela peut faire réviser votre position...
M. Lavoie: On pourra revenir après sur la motion.
M. Burns: ... si c'est du consentement de la commission, je vais
le faire immédiatement. Tout le monde est d'accord?
Des Voix: D'accord.
M. Burns: Bon. D'une part, je vous dis, au départ, M. le
Président, que je suis un peu étonné de l'attitude que nos
amis d'en face nous démontrent quand je relis les débats du 13
décembre 1978, sous le nom de M. Jean-Noël Lavoie, à la page
4638. On peut commencer par le premier paragraphe et vous me permettrez de
faire des élisions et aller aux endroits les plus importants.
L'actuel député de Laval, M. Jean-Noël Lavoie, disait
ceci: "Mme la Présidente, même si ce projet de loi on
parlait du projet de loi no 123 qui, soit dit en passant, autorisait le
directeur général des élections à mettre sur pied
les préliminaires d'un registre des électeurs ne contient
que deux articles, il a quand même plusieurs implications." Donc, il
n'était pas dupe. Il se rendait compte des implications du projet de
loi. "J'ai trouvé un peu avare, le député de Maisonneuve,
le ministre de la réforme électorale, sur les renseignements que
les députés sont en droit d'exiger sur un projet de loi, parce
que durant mon intervention, je crois que je vais soulever des points
très délicats qui vont demander de la prudence de la part des
députés avant d'adopter cette loi" chose avec laquelle,
personnellement, j'ai opiné du bonnet à l'occasion. J'ai dit:
Oui, c'est un projet de loi qui a des conséquences.
Un peu plus loin dans son intervention, le député de Laval
continue: "II est bien entendu également que cette liste, lorsque le
système sera établi, ne pourra pas servir à une
élection ou à un référendum avant qu'il y ait une
autre législation" c'est-à-dire celle-ci, soit dit en
passant, celle qui nous concerne actuellement. Il l'admet tout de suite que les
préliminaires qu'on faisait ne pouvaient pas se faire sans qu'il y ait
une autre loi, une autre autorisation consentie par l'Assemblée, par le
moyen d'une loi, pour mettre en vigueur ce nouveau système de liste
électorale.
Encore un peu plus loin et c'est la dernière citation, toujours
du 13 décembre 1978, de la part du député de Laval. On
peut lire ceci: "Nous avons discuté dans le passé je me
rappelle les interventions, autant des députés libéraux,
que des députés du Parti québécois, de l'Union
Nationale et d'autres, sur le fait qu'on devrait, en 1978, à la fin de
1978, avec toutes les informations, avec tous les moyens de la technologie
moderne, avec tous les renseignements que possèdent certains organismes
gouvernementaux comme..." Ce n'est pas moi qui parle. C'est le
député de Laval. "... comme la Régie de
l'assurance-maladie, comme le Bureau des véhicules automobiles, le
Bureau de la statistique, au moyen possiblement des renseignements de la carte
de l'assurance-maladie, de l'assurance sociale, être capables de dresser
une liste permanente, qui pourrait servir non seulement aux élections
provinciales, mais également aux élections municipales, qui
pourrait servir aussi aux élections scolaires et, partant de là,
il y a toute l'économie qu'on pourrait réaliser par le moyen
d'une liste permanente".
Pour ma part, ça m'étonne, en tout cas, d'entendre
aujourd'hui le même député, qui nous avait dit, le 13
décembre dernier, à toutes fins utiles, que c'était un
effort louable qu'on faisait, qu'on essayait véritablement, d'une part,
de sauver de l'argent au Trésor public, et quand je parle du
Trésor public, je parle non seulement des dépenses au niveau du
Québec, mais au niveau des municipalités, et je pense que la
référence est très claire dans l'intervention que je viens
de citer, cela m'étonne de voir ce député-là
aujourd'hui venir nous dire que, parce que l'opinion qui lui est donnée,
à sa demande d'ailleurs, par le directeur général des
élections ne fait pas son affaire, il est prêt à bousiller
le projet de loi au grand complet. Cela m'étonne
énormément.
En ce qui me concerne, M. le Président, et je l'ai dit ce matin,
je le dis également avec tout le respect que j'ai et pour la Commission
des droits de la personne et pour le directeur général des
élections, ce ne sont pas, ces deux opinions qui
vont, en ce qui me concerne et en ce qui concerne le mandat qui m'a
été donné par le Conseil des ministres, me diriger
exclusivement quant à l'adoption du projet de loi no 3.
Personnellement, ces gens ont fait des efforts pour nous éclairer
et, quant à moi, je les apprécie tous les deux,
c'est-à-dire, tant de la part de la commission que de la part du
directeur général des élections. Ils ont fait des efforts
pour nous éclairer, ils nous disent ce qu'ils en pensent et c'est
quelque chose qu'on leur a demandé de faire. D'autre part, la
législation, c'est l'Assemblée nationale qui la fait. Les
intentions gouvernementales peuvent différer de celles de la Commission
des droits de la personne, comme elles peuvent différer de celles du
directeur général des élections.
Je vous dis, au départ, que si on veut absolument se braquer sur
ces deux opinions pour tenter de mettre de côté le projet de loi
no 3, je pense qu'on commet une grande erreur, parce que j'ai
démontré, je pense, depuis le début de nos travaux, une
grande ouverture d'esprit. Je n'ai pas l'intention, parce que, dans le domaine
électoral, je n'ai jamais cru qu'un projet de loi devait être
forcé dans la gorge de qui que ce soit... Il fallait, autant que
possible, rechercher le plus grand consensus possible. Dans ce sens-là,
il m'apparaît qu'un des gros problèmes qui empêcheraient
d'obtenir le consensus le plus large possible, tourne autour de la
réciprocité.
Je vous dis que, dans ce sens-là, je suis prêt, avec
l'Opposition, mais pas dans le but tout simplement de bloquer le projet de loi,
à essayer de trouver des formules acceptables à tout le
monde.
M. le Président, M. le directeur général des
élections nous a parlé ce matin de la viabilité du
registre et dit que cette viabilité était, quant à lui,
mise en doute si les amendements qu'il nous proposait n'étaient pas
acceptés. Là-dessus, je diffère d'opinion avec lui s'il a
voulu utiliser vraiment le mot "viabilité". Je pense plutôt qu'il
voulait dire que la liste serait encore mieux faite si les amendements qu'il
propose étaient adoptés. (16 h 30)
II pourra toujours préciser sa position là-dessus, mais je
pense que ce vers quoi nous nous dirigeons, c'est soit l'attitude de dire: II
faut avoir la meilleure liste électorale possible, au risque de brimer
certains droits individuels, ou encore avoir une liste un peu moins bonne, ce
vers quoi je me dirigerais, une liste un peu moins bonne, mais qui, au moins,
protégerait les droits individuels.
Je dois vous dire que je suis très impressionné par le
rapport de la Commission des droits de la personne, que j'en ai tenu compte
dans l'évolution de ma façon de voir ce projet de loi, que je
suis prêt à en tenir compte également au niveau de l'examen
des articles du projet de loi no 3 et que je suis réceptif à des
suggestions de l'Opposition qui nous amèneraient à une liste qui
serait peut-être moins parfaite parce que c'est le choix qu'on va
avoir à faire, éventuellement une liste qui ne serait
peut-être pas aussi parfaite qu'on le voudrait, mais qui serait une liste
qui tienne compte des droits individuels des personnes, du respect de
l'intimité et du respect de l'individu.
Personnellement, c'est là-dessus que je suis prêt à
continuer l'examen du projet de loi. Nous avons déjà
annoncé un certain nombre d'amendements, je pense que ces amendements
sont des amendements qui tiennent déjà compte de positions qui
nous ont été soumises par le directeur général des
élections et par la Commission des droits de la personne. Je pense que,
dans un domaine comme celui-ci, à cause, comme le disait le
député de Laval le 13 décembre, du fait que c'est un
domaine qui est très délicat, on est obligé de prendre
toutes les précautions nécessaires et requises pour ne pas
bousculer des gens, tout en gardant cet idéal que nous avons d'avoir une
liste électorale, éventuellement qui doit
nécessairement être précédée par un registre
des électeurs la plus parfaite possible.
Le système actuel le député de Laval
lui-même le reconnaît, il l'a dit tout à l'heure a
d'énormes lacunes. Actuellement, il ne repose, purement et simplement,
que sur la vigilance des partis.
A mon avis, il est temps qu'on ait quelque chose de solide qui, sans
mettre de côté cette vigilance, cet oeil ouvert des partis, soit
quand même quelque chose de solide, qui ne mette pas de côté
cette vigilance, qui permette le militantisme à l'intérieur des
partis, pour se rendre compte que telle partie de la liste électorale
est mal faite, etc. Le projet de loi no 3, justement, ne met pas ça de
côté. Cette vigilance devra être d'autant plus grande qu'on
sera d'autant moins restrictif dans cette loi.
L'article 4, je vous l'ai déjà annoncé, on est
prêt à l'examiner; l'article 3, on est prêt à
l'examiner; l'article 2, on est prêt à l'examiner; 8, 9, 11, 14,
15, 18, 27, 32, 59, 61, 71, 77a, 108, 109, 110a et 110, on est prêt
à tout examiner. Je suis prêt à vous dire, actuellement,
que, malgré et avec tout le respect que j'ai pour l'avis qui nous a
été émis par le directeur général des
élections, je suis prêt à mettre des restrictions
très serrées à la réciprocité des
renseignements. Ce n'est que par l'examen des articles, les uns après
les autres, en commission, qu'on y arrivera.
Je serais très malheureux qu'on ne se donne pas cet instrument
même s'il n'est pas aussi parfait qu'on pourrait le souhaiter
qui s'appelle le registre des électeurs, pour en arriver à
des listes électorales les meilleures possible.
Je suis prêt également à regarder de très
près, et déjà tous mes fonctionnaires et les gens de mon
cabinet ont vraiment travaillé d'arrache-pied pour essayer de trouver
des solutions qui apparaissent acceptables à l'Opposition, qui
respectent en même temps l'opinion qui nous est donnée par la
Commission des droits de la personne, mais tout en pensant au but
éventuel. Là-dessus, je suis obligé de relever ce
point-là qui a été souligné par le
député de Laval ce matin, tout en pensant que le droit
électoral je pense au sens légal du mot "droit" est
d'abord et avant tout un droit d'électeurs et non de politiciens. Je
pense que
c'est ce qui sous-tend tout l'aspect de la réforme que nous
abordons actuellement tant par le projet de loi no 3 que les autres projets de
loi qui, éventuellement, seront soumis dans le courant du mois.
Ce n'est pas un droit qui est fait pour s'assurer de se faire
réélire, c'est un droit qui est fait pour permettre aux
électeurs de s'exprimer. C'est à eux ce droit-là, d'abord
et avant tout. Dans ce sens-là, si on améliore la liste
électorale un tant soit peu, même si ce n'est pas parfait,
même si ce n'est pas encore la fin des fins, même si ce n'est pas
encore exactement ce qui pourrait être l'idéal au point de vue
d'une liste électorale, je me dis qu'au moins on aura partiellement
atteint notre but. Dans ce sens-là je pense que la loi concernant le
registre des électeurs est une chose absolument essentielle. C'est une
des clés, même si le mot a été utilisé de
façon peut-être péjorative par le député de
Laval tout à l'heure en se référant à l'opinion de
la Commission des droits de la personne, c'est une des clés, dis-je,
d'un véritable droit des électeurs, d'un véritable droit
des citoyens et non pas d'un droit des politiciens, non pas un droit des hommes
politiques.
Dans cette optique-là, je suis prêt à discuter du
projet de loi. Je suis très accessible et je suis convaincu que mes
collègues du côté ministériel le sont aussi, pour
examiner chacun des articles; on prendra le temps que ça prendra. Je
n'ai pas du tout l'intention de vous bulldozer et de passer ce projet de loi
à la vapeur, je le trouve trop important, trop essentiel. Je pense
cependant qu'il va falloir qu'on mette un petit peu d'eau dans son vin chacun
des côtés de la table. Pour ma part, je suis prêt à
en mettre beaucoup d'eau dans mon vin. Je pense que, du côté
ministériel en général, on est prêt à le
faire, mais si vous nous dites purement et simplement que ce projet de loi,
vous ne voulez pas en entendre parler et que c'est contre le principe du projet
de loi lui-même que vous en avez, on prendra alors les attitudes
ce n'est pas une menace que je vous fais du côté
gouvernemental, du côté ministériel, qu'on devra prendre en
l'occurrence.
J'avais prévu dès la première séance le fait
qu'il était possible qu'on ait à faire face à une
obstruction systématique à l'endroit de ce projet de loi. Je
pense que l'ouverture d'esprit que j'ai manifestée jusqu'à
maintenant démontrait mon espoir également qu'il n'y ait pas
d'obstruction systématique. S'il doit y en avoir une, je vous dis que je
vais l'assumer avec toute la patience nécessaire, parce que j'ai
déjà été de l'autre côté de la table
et je sais jusqu'à quel point on peut harasser un ministre,
jusqu'à quel point on peut lui faire perdre patience. Je vous dis
d'avance que moi, je ne perdrai pas patience, je vais attendre. Je vous dis
également que l'Opposition a une grande responsabilité dans ce
domaine-là et que si, parce que les délais sont assez courts,
c'est-à-dire que ce projet de loi en principe, devrait être
adopté avant le 22 juin, s'il n'est pas adopté à la suite
de techniques légales, permises, acceptables de la part de l'Opposition,
l'Opposition devra aussi en porter une très grande
responsabilité. Cela non plus, ce n'est pas une menace.
Je vous dis en terminant, M. le Président, qu'un des points sur
lesquels nous ne sommes pas prêts à réviser notre position
là-dessus, le directeur général des
élections a réussi à me convaincre comme ce n'est pas
possible c'est qu'on ait une façon informatique de retrouver les
gens au Québec. Ce n'est pas brimer la liberté individuelle des
gens. Tout le monde autour de cette table et tout le monde dans la salle ici,
on a un acte de naissance. Si je connais votre date de naissance, je peux
même avoir l'information à savoir que vous êtes né
dans la paroisse de Sainte-Anne-des-Plaines ou je ne sais trop où. Tout
le monde est déjà fiché au Québec.
Dans le cas de l'assurance-maladie, on est déjà
fiché au Québec, qu'on le veuille ou non, on l'est, sauf à
peu près, je le disais l'autre jour, 1% de la population qui ne l'est
pas. Dans le cas du droit essentiel du citoyen, peut-être le premier
droit du citoyen, c'est-à-dire de choisir son gouvernement, de choisir
qui va lui imposer des lois, qui va lui donner des solutions à ses
problèmes, qui va tenter de comprendre ses problèmes, il me
semble que ça aussi, c'est un droit drôlement important. A ce
moment-là, autant pour le droit à la santé, on l'a
accepté d'emblée d'être fiché au niveau de
l'assurance-maladie, il me semble qu'au niveau du droit de vote, on devrait
l'être.
Quant aux modalités, je vous dis que je suis tout à fait
prêt à en discuter, je suis même prêt, je vous le dis
tout de suite si ça peut aider à la discussion, à mettre
de côté la clause de réciprocité, concernant les
informations que le directeur général obtiendra de la part d'un
organisme gouvernemental ou d'une personne ou d'autres organismes à
l'extérieur du gouvernement. Je suis prêt à vous dire
d'avance que c'est le genre d'amendement auquel je serai très
réceptif.
D'autre part, il faudra aussi, si on prend cette attitude, si c'est
celle que la commission m'indique de prendre, donner des pouvoirs au directeur
général, qu'il n'a pas dans le projet de loi actuel.
C'est-à-dire qu'il faudra possiblement dire que le directeur
général a le pouvoir, lorsqu'il le requiert, d'ordonner aux
organismes gouvernementaux de lui donner les informations requises, si la
clause de réciprocité n'est pas là.
Je ne sais pas si ça vous montre l'ouverture d'esprit avec
laquelle on est prêt à aborder le projet de loi, mais si ce n'est
pas suffisant, ne vous gênez pas pour me poser des questions. Je tenterai
d'y répondre du mieux possible.
Le Président (M. Jolivet): Justement dans cette veine,
puisqu'on a toujours été large à cette commission sur le
droit de parole et la façon de poser des questions, je donne la parole
à M. le député de Laval. Je tiens à vous dire que
j'aurai quand même une décision à prendre suivant la
motion.
M. Lavoie: Je voudrais enchaîner, le plus rapidement
possible, sur les propos tenus par le dépu-
té de Maisonneuve, sans parler sur la motion elle-même. Je
pense que cela va être très court, parce qu'il m'a cité a
satiété sur le débat de deuxième lecture de la loi
123, le 13 décembre 1978.
Je pense qu'en toute honnêteté le ministre va
reconnaître qu'il s'agissait d'une liste permanente et que mon discours
était quand même cousu de prudence à ce moment-là,
s'il se rappelle bien. D'ailleurs, on a apporté des amendements pour
qu'il y ait des exclusions, notamment au ministère du Revenu, au
ministère de la Justice et ailleurs, la Sûreté du
Québec. Je voudrais citer deux phrases...
M. Burns: Toujours dans la loi 3.
M. Lavoie: ... que j'ai dites à ce moment-là, je ne
voudrais pas me citer nécessairement, mais c'est suite aux propos du
ministre. J'ai bien dit: "II est bien entendu également que cette liste,
lorsque le système sera établi, ne pourra pas servir à une
élection ou à un référendum avant qu'il y ait une
autre législation, une autre autorisation consentie par
l'Assemblée par le moyen d'une loi pour mettre en vigueur ce nouveau
système de liste électorale." C'est ce que nous étudions
actuellement, c'est la deuxième étape.
Je terminais mon intervention en disant: "Enfin, une autre prudence,
c'est: quels sont les renseignements pertinents que le directeur
général des élections a le droit de requérir, a le
droit d'obtenir, soit de la Régie de l'assurance-maladie ou du Bureau
des véhicules automobiles." (16 h 45)
Je pense bien qu'il va falloir déterminer uniquement quels sont
les renseignements pertinents. D'ailleurs, le directeur général
des élections n'a pas à connaître l'état de
santé ou les dossiers médicaux des électeurs du
Québec, qu'il pourrait obtenir à la Régie de
l'assurance-maladie.
Je pense bien qu'il va falloir se limiter, parce que, là, il y a
une question de liberté, une question de confidentialité dans
cela. Les renseignements pertinents doivent se limiter, à mon point de
vue, à l'identité, au nom du citoyen, à sa
résidence, à sa date de naissance et à sa
citoyenneté.
Nulle part, il n'avait été question de cette fiche.
Lorsque le ministre dit que tout le monde est fiché au Québec,
nous avons tous des certificats de baptême et des actes de mariage ou un
numéro d'assurance-maladie. Mais ce n'est tout de même pas
à la disposition des partis politiques, des corporations ou des
organismes du gouvernement, sauf l'assurance-maladie.
S'il fallait qu'un parti politique fasse le tour de tous les
presbytères et de toutes les synagogues du Québec pour avoir la
date de naissance et avoir ces renseignements... Ce n'est pas disponible. Il y
a une différence à faire. Si on le rend disponible aux partis en
donnant ce numéro, ce qu'on appelle identificateur d'informatique qui
serait à la disposition de tous les partis politiques, il y a quand
même une différence.
M. Burns: Je m'excuse, M. le député, je ne veux pas
vous interrompre. Je veux simplement vous dire que cela peut faire l'objet d'un
amendement, à un moment donné. Ce n'est pas parce que ce
point-là vous déplaît que vous devez jeter par-dessus bord
le but du projet de loi avec lequel, apparemment, le 13 décembre
dernier, vous étiez d'accord.
M. Lavoie: Je n'ai pas interrompu le ministre tout à
l'heure. Je ne veux pas me faire interrompre.
M. Burns: Je ne vous interromps pas, mais je veux juste vous dire
cela en passant.
Le Président (M. Jolivet): J'avais cru que vous lui aviez
laissé la possibilité de... A l'avenir, je vous demanderai...
M. Lavoie: II rentre dans ma cour sans me demander la permission,
M. le Président.
M. Burns: Je m'en excuse, M. le député. Le
Président (M. Jolivet): Allez.
M. Lavoie: Je disais qu'il y a encore cette disponibilité
des renseignements; on ne veut pas que ces renseignements soient disponibles
aux partis politiques ou à quiconque au Québec. Il faut bien
s'entendre. Nous avions donné notre accord à une liste permanente
et non pas à un registre ou à un dossier cumulatif des citoyens.
Il y a une grosse distinction, partout dans les documents qui proviennent du
directeur général des élections. Il y a deux volets
très importants. Il y a le fameux registre, ce dossier cumulatif mis
à jour. Ce n'est pas cela. Lorsqu'on a voté la loi 23, on n'a pas
voté pour un registre permanent. On a voté pour une liste
permanente. Dans les documents du directeur général, il nous dit
constamment qu'il y a deux paires de manches à cela. Il y a un registre
et il y a les listes électorales.
Les listes électorales, possiblement, s'il y a moyen d'en avoir
les plus parfaites possible, et permanentes, on est d'accord. Mais c'est sur le
principe du registre. On ne veut pas que le numéro soit disponible
à tout le monde, à des compagnies, à
l'Hydro-Québec, à n'importe qui, à quiconque. On n'en veut
pas de cela. C'est cela, la base de la discussion.
Ce qu'on trouve d'irréconciliable dans les propos qu'on entend
et je ne fais pas de personnalité de l'autre côté de
la table c'est que le ministre dise, d'un côté, qu'il veut
donner du lest, qu'il veut respecter les droits individuels, la liberté
des gens, qu'il est prêt à faire abolir la
réciprocité et d'autres choses, mais on a quand même un
autre document. Et si vous voulez nous éclairer davantage... Dans la
lettre de Me Pierre-F. Côté, directeur général des
élections, qui vous est adressée et qui nous est adressée
aujourd'hui, il y a des mots qui sont forts: Lorsqu'il dit: "On doit y
retrouver la nécessité d'un identificateur informatique, la
nécessité de la réciprocité d'échange."
Comment voulez-vous qu'on essaie de réconcilier? Vous dites qu'il
n'y aura pas de réciprocité
et qu'on va sauver les droits individuels, la liberté des gens et
tout. Mais on a un autre document qui vient également de ce
côté-là, qui n'est peut-être pas de la
responsabilité du ministre, mais nous parle deux fois de la
nécessité de l'identificateur informatique et de la
nécessité de la réciprocité d'échange.
Si vous voulez nous apporter encore ces éclaircissements, on est
ouvert. On veut être éclairé. Si vous nous prouvez que vous
êtes capable de faire une liste permanente, des plus complètes
possible, des plus parfaites possible, sans entrer dans le droit à la
vie privée des gens, en éliminant tout le danger de ce dossier
cumulatif, on va être conséquent avec nous-mêmes et on va
être en faveur d'une liste permanente. Mais on est contre le fichier, on
est contre le registre. Si vous êtes capable de faire le
départage, on peut marcher.
Vous nous avez dit tout à l'heure que vous avez des amendements
aux articles 50, 60, je ne sais pas, les articles 20 et 25. Vous nous avez
donné une liste d'articles. Il faudrait, en toute transparence
c'est un mot que vous n'aimerez peut-être pas parce que tout se
tient dans ce projet de loi là... D'un côté, il y a le
registre, il y a le dossier, il y a le fichier et, de l'autre
côté, il y a la liste. Je pense que c'est normal dans un projet de
loi de la sorte, délicat... On sait que c'est sensible. Tout se tient.
Il faudrait qu'il y ait un consensus, de la consultation, ce que vous souhaitez
à l'occasion entre les partis politiques sur des projets de loi de cette
nature. Il faudrait que tous ces amendements-là soient fournis à
tous les membres de cette commission. Tout se tient. Si cet amendement change
en profondeur votre projet de loi, je vous dis qu'on sera pour une liste
permanente, mais on sera contre le registre. C'est cela, l'affaire. Donnez-nous
tous vos amendements. On va voir si cela se tient et si c'est acceptable, dans
le respect des libertés individuelles des gens.
M. Burns: Le député me permet-il une question?
M. Lavoie: Oui, j'avais pratiquement terminé, à
part cela.
M. Burns: Cela va peut-être vous donner encore plus de
souffle pour continuer, mais je vous pose simplement une question. Vous
souvenez-vous que le projet de loi no 123, pour lequel vous avez voté,
avait comme note explicative, dans le premier paragraphe, les mots suivants:
"Le projet vise à habiliter le directeur général des
élections à prendre les dispositions nécessaires à
la préparation d'un registre des électeurs en vue de la
confection d'une liste électorale"?
M. Lavoie: Voulez-vous me donner une définition de
"registre"? Il peut y avoir mille et un registres.
M. Bums: On vous le dit dans le projet de loi no 3. On vous dit
ce qu'il va y avoir dedans. Là, vous nous dites que vous n'êtes
pas d'accord avec un registre. Vous avez voté pour cela au mois de
décembre. Là, on vous donne, à l'article 4, les
informations qui vont être là et on vous dit ce qui devrait
être éliminé ou ne pas être éliminé.
Que voulez-vous que je vous dise de plus? Je m'excuse de l'anglicisme, mais le
projet de loi "parle pour lui-même".
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lavoie: Vous savez bien qu'il y a "registre" comme "registre"
et "gouvernement" comme "gouvernement". Il y a 1000 sortes de registres.
M. Burns: Le mot "registre" est défini à l'article
4, M. le député.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, question de
règlement.
M. Gratton: M. le Président, j'ai fait une motion. On a
consenti à entendre le ministre à ce sujet-là, comme le
député de Laval. Je voudrais maintenant qu'on revienne à
la motion que j'ai formulée. Comme le ministre d'Etat à la
réforme électorale a mis en doute la recevabilité de la
motion, j'aimerais intervenir sur l'aspect de la recevabilité.
Le Président (M. Jolivet): Seulement un instant! Je serais
prêt à prendre une décision sur la recevabilité. Je
pense qu'on éviterait à ce moment-là l'ensemble de tout ce
débat, on pourrait peut-être procéder directement à
l'étude de la motion.
M. Gratton: M. le Président, si vous me dites d'avance
qu'elle est recevable, je n'essaierai pas de vous convaincre qu'elle l'est.
Le Président (M. Jolivet): C'est justement pourquoi je
vous interromps. Selon l'article 161, on dit: "Une commission peut en tout
temps faire à l'Assemblée des rapports spéciaux ou
intérimaires, sur une motion qui ne peut être faite qu'une seule
fois au cours d'une séance." On m'a demandé tout à l'heure
de rendre irrecevable la motion en disant que c'était un ordre de la
Chambre de venir ici en commission parlementaire, de façon
spéciale, étudier article par article, avant la deuxième
lecture, le projet de loi no 3.
Compte tenu que la proposition qui est faite en termes de motion va dans
le sens de demander parce qu'on n'ordonne pas à
l'Assemblée nationale de révoquer, on lui fait une recommandation
qu'elle aura à accepter ou à refuser compte tenu que la
commission a toujours le droit de faire des rapports spéciaux et que le
règlement n'indique pas quelle sorte de rapports spéciaux la
commission peut faire à l'Assemblée nationale, je pense que je
déclarerai recevable la motion du député de Gatineau de
faire un rapport spécial à l'Assemblée nationale, compte
tenu des trois propositions
faites dans ce rapport. Elle est aux voix; elle est en discussion
plutôt.
M. Gratton: M. le Président, pourrais-je demander tout de
suite, étant donné que le ministre d'Etat à la
réforme électorale, avant même qu'on formule la motion, au
moment où le député de Laval avisait la commission de son
intention de la présenter de notre côté, se disait d'accord
pour qu'on retourne en Chambre aborder la deuxième lecture, s'il est
toujours dans les mêmes dispositions ou si on doit considérer que
ce qu'a dit le leader du gouvernement tantôt à cet effet tient
pour le gouvernement? Bien entendu, si le ministre nous dit: Oui, allons-y,
à ce moment-là, on n'aura pas besoin d'intervenir en plus.
M. Burns: Je vous ai dit tout à l'heure que, s'il n'y a
pas moyen de passer à travers tout cela, que voulez-vous, on va
retourner en Chambre et c'est tout, mais je pense qu'il y a moyen et c'est pour
cela que je vais voter contre votre motion. Je vais faire une tentative de vous
convaincre qu'il y a moyen de passer à travers le projet de loi article
par article.
Si vous me dites qu'il n'y a pas moyen et que vous allez parler quatorze
fois sur chacun des articles et que vous allez me faire 72 amendements à
chacun des sous-paragraphes, à ce moment, je vais vous dire: Prenez vos
responsabilités devant la population. Je vais être obligé
d'aller voir le leader du gouvernement et je vais dire: II n'y a pas moyen de
passer à travers ce projet de loi. Je vous dis d'avance, et je l'ai dit
au début qu'il n'y aura pas de clôture sur un projet de loi comme
celui-là. En matière électorale, on est entre
l'écorce et l'arbre, on est dans un domaine très délicat.
Il n'est pas question de forcer dans la gorge de personne un projet de loi
électoral. Bien sûr qu'à un moment donné on devra
prendre des décisions majoritaires, et probablement que le
côté ministériel l'emportera, puisqu'on est plus nombreux.
Il reste quand même que je veux qu'on ait une saine discussion
là-dessus. Je voudrais qu'on l'entreprenne avant qu'on
démissionne carrément sur le fait de dire: Ce n'est pas possible
qu'on l'ait, cette discussion. Vous êtes minoritaires, si vous comptez de
l'autre côté de la table.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Gatineau?
M. Gratton: Sur la motion, d'abord, je pense qu'il est utile de
rappeler, à la suite des propos qu'a tenus le leader du gouvernement
tantôt, qu'effectivement, si l'ordre de l'Assemblée nationale
indiquait de suspendre la deuxième lecture du projet de loi no 3 et d'en
étudier les articles en commission parlementaire, c'était
justement que l'ensemble des députés, en tout cas, les
députés de l'Opposition officielle ne se sentaient pas en mesure,
n'avaient pas les renseignements nécessaires pour se prononcer sur le
principe en tant que tel sans avoir, au préalable, entendu, entre
autres, le directeur général des élections sur le
mé- canisme qui nous mènerait à avoir un registre des
électeurs aux fins de la confection d'une liste électorale. Si
aujourd'hui, nous nous sentons en mesure de demander à la commission de
faire rapport à l'Assemblée nationale, c'est qu'effectivement, ce
matin, non seulement ce matin, mais au cours des deux semaines de
séances que la commission a tenues avec le directeur
général des élections, et particulièrement, ce
matin au moment où le DGE a déposé un texte sur le
mécanisme et même sur des amendements qu'il jugeait essentiels
d'apporter au projet de loi pour faire en sorte d'avoir un registre qui se
tiendrait, on en est venu, quant à nous de l'Opposition, à la
conclusion que, nonobstant l'ouverture que manifeste le ministre d'Etat
à la réforme électorale sur des amendements possibles, il
n'est pas possible de confectionner un registre des électeurs utilisable
et valable sans brimer les droits fondamentaux, et particulièrement, les
droits à la vie privée des citoyens. C'est pour cette raison que
dans la motion, nous avons inclus la recommandation de tenir une série
d'audiences publiques avant l'adoption en deuxième lecture, parce qu'on
a, d'une part, le ministre qui nous dit: On est même prêt à
laisser tomber la réciprocité ou l'échange de
renseignements entre le directeur général des élections et
les organismes de qui il obtient les renseignements. D'autre part, on a le
directeur général des élections qui, depuis
décembre dernier, se penche sur le problème, avec les avis des
experts-conseils, qui nous dit qu'il en va de la viabilité du registre
même que de pouvoir obtenir, non seulement ce qui est déjà
dans le projet de loi, notamment à l'article 4, mais d'autres
renseignements additionnels, qu'il en va de la viabilité même du
registre de pouvoir avoir cette réciprocité que le ministre est
prêt à rejeter du revers de la main.
M. le Président, on voudra bien croire l'un ou l'autre, mais
lequel des deux a raison? C'est dans ce sens qu'on dit dans notre motion:
Faisons venir des spécialistes en informatique, des gens qui ne sont ni
du gouvernement, ni du bureau du directeur général des
élections. On pourra leur poser les questions pertinentes, à
savoir si c'est le directeur général des élections qui a
raison ou si c'est le ministre qui nous dit qu'on peut faire n'importe quoi.
Quand le ministre nous dit qu'on peut faire n'importe quoi, on est ouvert "au
boutte". Est-ce qu'il est prêt à aller jusqu'à laisser
tomber le numéro d'assurance-maladie, par exemple, sur le registre? On
ne le sait pas encore. (17 heures)
M. le Président, c'est à la lumière de
l'expérience qu'on a déjà vécue à cette
même commission, au moment de l'étude du projet de loi no 92, au
moment où le ministre nous ouvrait les portes, mais combien grandes, M.
le Président? Les organismes venaient nous faire des
représentations et repartaient convaincus que leurs appréhensions
seraient satisfaites par les amendements qu'apporterait le ministre, notamment,
par exemple, les fameux comités parapluies pour la tenue du
référendum. On va trouver un mécanisme, messieurs, disait
le ministre, qui va permettre de tenir le
référendum sans brimer la liberté d'association, la
liberté d'expression des citoyens. On avait, à ce
moment-là, comme dans le cas présent, obtenu un avis de la
Commission des droits de la personne qui mettait en garde le gouvernement
contre certaines dispositions du projet de loi no 92, qui disait au
gouvernement: C'est à vous qu'incombe le fardeau de faire la preuve que
vous ne brimez pas les droits fondamentaux des citoyens.
M. le Président, force nous est de reconnaître que dans les
amendements qu'a apportés le ministre à la loi 92, à la
suite des auditions, dans le texte final adopté par l'Assemblée
nationale, à notre corps défendant, M. le Président, dans
l'Opposition, on se retrouve "poignés" avec des dispositions qui briment
effectivement la liberté d'association, qui vont brimer un grand nombre
de citoyens qui voudraient participer librement à des consultations
populaires et qui ne pourront le faire parce que le ministre, dans sa grande
ouverture, n'a pas jugé bon de faire les modifications qui s'imposaient
au projet de loi no 92. C'est ce que nous voulons éviter dans le cas du
projet de loi no 3.
Le ministre nous disait tantôt: Si c'est au principe du registre
que vous vous en prenez, à ce moment-là, retournons à
l'Assemblée nationale, il n'y a pas lieu de faire l'étude article
par article. Pour être bien candide avec vous, M. le Président,
c'est exactement de ça qu'il s'agit. C'est que nous, depuis deux ou
trois semaines qu'on siège ici en commission, on n'a pas encore la
moindre particule d'assurance qu'il est possible de confectionner une liste
électorale, à partir des registres des électeurs, qui ne
brime pas le droit à la vie privée des citoyens.
D'une part, le directeur général des élections nous
dit: Cela me prend telle ou telle information, encore plus que n'en contient le
projet de loi no 4 et, d'autre part, le ministre nous dit: Non, ce n'est pas
nécessairement ça. Moi, je pense qu'il y a moyen de faire des
accommodements. S'il y a moyen de faire des accommodements, M. le
Président, que le ministre les dépose, qu'il les énonce
clairement sur papier, qu'il nous dise de quelle façon on va
procéder.
Il nous dit: Faites-nous des suggestions dans l'Opposition. Il y en a un
nombre incalculable qui a déjà été fait. Le
registre, comme tel, n'est pas un objectif en soi, M. le Président. Il
s'agit d'avoir une liste électorale valable et, à ce
moment-là, qu'on procède par une révision plus
élargie que celle que nous connaissons présentement dans notre
Loi électorale, qu'on procède par des modifications à la
Loi électorale comme, d'ailleurs, elles nous sont promises par le
ministre pour dépôt bientôt. Encore ce matin, le leader du
gouvernement nous indiquait que nous en prendrions connaissance probablement
demain, si je ne m'abuse. Oui, c'est ça? Bon! Qu'on prenne au moins le
temps de regarder le projet de loi qui sera déposé demain, qu'on
y apporte des correctifs.
Quant au projet de loi no 3, il n'y a aucun amendement que le ministre
pourrait apporter, à mon humble avis, au contenu actuel du projet de loi
no 3 qui ne remettrait pas en cause le principe d'un registre des
électeurs et qui pourrait le rendre acceptable à l'Opposition
officielle. C'est clair, ça, M. le Président? Il n'est pas
question pour nous d'accepter le principe d'un registre des électeurs,
à la lumière des informations que nous possédons
présentement. Bien au contraire!
Si le ministre est réellement soucieux d'avoir un registre des
électeurs qui respecte les droits de la vie privée des citoyens,
qu'il se rende à notre demande. Qu'il se rende à la demande de la
motion que j'ai formulée de révoquer l'ordre de
l'Assemblée nationale pour mettre fin à l'étude article
par article, qui n'est pas commencée de toute façon, mais qui,
par contre, M. le Président, a fait l'objet de discussions depuis deux
semaines, au moins, de plusieurs séances de la commission.
Le leader du gouvernement disait tantôt: Les vire-capots du Parti
libéral ont voulu faire l'étude article par article et ils ne
l'ont même pas commencée. Mais, M. le Président, vous
conviendrez et le ministre conviendra que les discussions que nous avons eues,
les échanges d'information que nous avons eus avec le directeur
général des élections, aussi bien qu'avec le ministre, ont
servi à quelque chose. Quant à moi, en tout cas, ce n'est pas le
débat de deuxième lecture du projet de loi 123 qui m'avait bien
éclairé sur les intentions du gouvernement quant à la
confection des registres.
Le ministre, qui citait le député de Laval, au moment de
l'adoption du projet de loi 123, devrait se rappeler qu'il disait
lui-même, en citant le mémoire du directeur général
des élections: et le 13 décembre 1978 toujours, il ajoute
également, en parlant du directeur général des
élections, dans son mémoire, un peu plus loin "Le registre
des électeurs et la liste électorale permanente ne pourront
être opérationnels au printemps 1979, à moins que ne soit
adoptée la loi mentionnée précédemment le
projet de loi 123 c'est dans ce sens qu'il y a un caractère
d'urgence à l'adoption de cette loi." C'était au mois de
décembre, alors qu'on disait: Si vous adoptez cette loi rapidement, sans
trop faire de débats de fond, en fait ce qui était tout à
fait convenable, ça nous permettra d'avoir un registre des
électeurs non seulement le registre, mais la liste électorale
permanente pour le printemps de 1979.
M. le Président, on est au printemps, presque à
l'été de 1979 et, non seulement n'avons-nous pas de liste
électorale permanente, mais on n'a pas non plus de registre, on ne
connaît même pas le mécanisme pour en arriver à ce
registre, puisque le directeur général des élections et le
ministre ne s'entendent pas sur les données fondamentales, les
données essentielles dont on a besoin pour le confectionner.
M. le Président, il me semble que, à deux ou trois
semaines de l'ajournement, ce n'est pas le but de bloquer la possibilité
d'avoir une liste électorale la plus complète possible qui nous
motive aujourd'hui, c'est, par exemple je le dis très
franchement de bloquer la confection d'un registre à
partir des informations qui nous sont disponibles présentement.
Si le ministre a des amendements ou a des propositions d'amendements
concrètes qui peuvent nous convaincre qu'il est possible d'avoir un
registre des électeurs sans brimer d'aucune façon les droits des
citoyens, qu'il nous les formule.
Personnellement, M. le Président, je n'en ai pas à lui
suggérer. Les seuls que j'aie à lui suggérer, ce sont des
amendements à la Loi électorale actuelle, qui permettraient de
faire un meilleur recensement, sans qu'il soit nécessairement annuel
ça, je vous le dis en toute candeur encore une fois, le
recensement annuel, je conviens avec le ministre, ça ne vaut pas
grand-chose, ça ne sert pas à grand chose et ça
coûte énormément cher mais on pourrait
également élargir la révision qui, elle, est loin
d'être satisfaisante. Pourtant, le ministre nous a annoncé qu'il
n'en serait pas question dans son projet de refonte de la Loi
électorale. On pourrait procéder par des envois sans adresse
comme l'a suggéré, je pense, le député de
Laval pour demander aux gens d'aller s'inscrire; on pourrait
procéder de diverses façons différentes.
Ce n'est quand même pas à moi, M. le Président, ni
à l'Opposition de les formuler, ce qu'il s'agit de faire, aujourd'hui,
c'est de traiter de ce qu'on a de concret devant nous. Un projet no 3 qui vise
à créer un registre des électeurs, il nous apparaît
impossible d'atteindre cet objectif sans brimer les droits des individus. C'est
pourquoi je maintiens que le ministre lui-même devrait souscrire à
la motion que je présente de révoquer l'ordre de
l'Assemblée nationale, d'avoir des auditions ça ne
prendrait pas trois semaines et même si ça prenait trois semaines,
je pense que le jeu en vaut la chandelle et ensuite de procéder
à l'adoption en deuxième lecture.
Si le ministre n'est pas prêt à se rendre à cette
demande, on lui annonce déjà nos couleurs d'avance, nous ne
souscrirons pas au principe du projet de loi, tel qu'il est
rédigé, et, à ce moment, il faudra nécessairement,
par constance, faire les débats qui s'imposent au moment de
l'étude article par article. Mais il me semble que c'est après
l'adoption du principe compte tenu des considérations que je
viens d'énumérer en deuxième lecture qu'on devrait
procéder à l'étude article par article et non pas
maintenant, comme pourrait le souhaiter le ministre.
M. Burns: Si le député me permet une question.
M. Gratton: Avec plaisir!
M. Burns: En quoi trouve-t-il consistant le fait que ce soit
votre parti qui nous ait demandé de suspendre ou, si vous voulez, de
surseoir à la discussion de la deuxième lecture, pour venir
étudier, article par article, le projet de loi? Comment trouve-t-il cela
cohérent avec ce qu'il vient de dire? C'est-à-dire que,
maintenant, il vient de dire le contraire: II faudrait qu'on retourne
adopter... On n'est pas des yo-yo ici, on a décidé tout
simplement de se rendre à votre demande de venir étudier le texte
article par article, avant l'adoption finale, ce qui est une mesure soit
dit en passant vraiment exceptionnelle.
Le leader du gouvernement le disait tout à l'heure, il a
passé je ne sais pas combien de demi-heures ou d'heures à tenter
de rédiger un texte satisfaisant pour l'Opposition et on a dit: Si c'est
de même que vous voulez procéder, d'accord, on va procéder
comme ça. On va aller en commission, on va examiner, avant que le
principe soit adopté, les articles les uns après les autres. Le
ministre, au nom du gouvernement, donnera le point de vue ministériel et
vous pourrez vous prononcer sur le principe.
Maintenant, vous nous dites exactement le contraire. Vous dites: On
devrait retourner en Chambre... C'est parce que vous ne connaissez vraiment pas
tous les détails de l'affaire. On s'est rendu à l'article 3 et
l'article 1 et l'article 2 sont suspendus. Que voulez-vous que je vous
dise...
M. Gratton: M. le Président, pour répondre...
M. Burns: Depuis ce temps-là, il y a eu une
réflexion qui s'est faite chez nous et cette réflexion-là,
je pense que j'ai pu en faire part à certains membres de l'Opposition,
de façon informelle, en dehors de nos travaux réguliers, et ils
devraient savoir à peu près dans quel coin on se dirige.
M. Gratton: Pour répondre...
M. Burns: C'est tout ce que j'ai à vous dire
là-dessus.
M. Gratton: C'est une question que vous m'avez posée. Ce
n'est pourtant pas compliqué, je suis sûr que le ministre le
comprend très bien. Au moment où nous avons fait la demande
d'aborder l'étude article par article, le registre des électeurs,
pour nous, n'était pas ce qu'il s'avère être à la
suite des explications et des informations que nous a fournies le directeur
général des élections aussi bien que le ministre.
C'est tellement vrai qu'au moment du commencement de nos travaux, il y a
une semaine ou deux, au moment où on interrogeait le directeur
général des élections sur la question de la
réciprocité, par exemple, au moment où le ministre
lui-même nous promettait des amendements à l'article 40 et
à l'article 18, le directeur général des élections
est revenu ce matin, après réflexion lui aussi... Le ministre
dit: On a réfléchi, on a fait part de nos réflexions...
Comme nous de l'Opposition l'avons fait et nous en sommes venus à des
conclusions complètement différentes dans le cas du directeur
général des élections et du ministre. S'il y a divergence
d'opinions entre le ministre et le directeur général des
élections, je pense que le ministre ne nous demande pas, à nous
de l'Opposition, d'agir comme arbitre entre les deux.
M. Burns: Bien non.
M. Gratton: Bon! Alors, c'est ce qu'on demande par la motion,
c'est-à-dire de révoquer l'ordre de l'étude article par
article, parce qu'à quoi nous sert d'étudier l'article 58 qui dit
que c'est un article de concordance, une modification de concordance, alors
qu'on s'oppose au principe même de la confection d'un registre, à
partir des données qui sont contenues dans le projet de loi et des
informations additionnelles que nous a fournies le directeur
général des élections? C'est dans ce sens-là qu'on
dit de ne pas retourner à la deuxième lecture maintenant, parce
qu'on vous le dit d'avance: Si on retournait à la deuxième
lecture maintenant, on vous dirait: Non, on vote contre. A ce moment-là,
par contre, il y aurait peut-être des députés
ministériels qui pourraient également voter contre le principe du
projet de loi. Ce serait plutôt inusité, ce n'est pas à
prévoir, mais possiblement qu'il y a des membres de la commission ici
qui commencent à se poser des questions là-dessus, surtout
à la suite de l'avis que nous a fourni la Commission des droits de la
personne. C'est tout ça qu'on dit, M. le Président et je pense
que c'est constant. Ce n'est pas une question de manoeuvre ou quoi que ce soit.
Le ministre a dit lui-même qu'on prendra le temps qu'il faut pour
l'adopter parce que c'est un projet de loi important. Tant et aussi longtemps
qu'il demeure un doute dans l'esprit d'un seul député quant aux
droits fondamentaux des Québécois, quant à la
possibilité d'avoir un registre convenable, il me semble qu'on doit
prendre tous les moyens nécessaire pour faire en sorte qu'on aboutisse,
en fin de compte, à un projet de loi qui se tienne et qui ne brime les
droits de personne. C'est tout ce que veut cette motion que j'ai
présentée.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Si je dois parler exclusivement sur la motion,
peut-être que vous trouverez un peu baroque mon intervention, mais je
voudrais dire qu'à cette période de la session où nous
sommes, il ne faudrait pas manquer non plus le parlementarisme et il ne
faudrait pas aller trop loin parce qu'on a ici de 40 à 60 projets de loi
qui ne sont pas adoptés encore. Il reste véritablement seulement
dix-sept jours possibles entre quinze et dix-sept jours possibles
de session. Si on doit faire un filibuster, comme on apelle communément
la prise de position qu'on semble vouloir adopter, il faudrait être
extrêmement prudent parce qu'on va établir, au point de vue du
parlementarisme, une espèce de bordel qui ne sera pas... qui va finir en
queue de poisson au point de vue législatif. (17 h 15)
Déjà, l'honorable député de Maisonneuve a
déposé douze amendements, que je sache, dans le dossier qui m'a
été remis ce matin. Je n'ai pas eu le temps de les revoir tous.
Mais prendre la responsabilité de briser un ordre de l'Assemblée,
qui nous a été donné, d'étudier, article par
article, la loi 3, c'est une grosse responsabilité et je trouve qu'il
faudrait y penser deux fois. On établirait, par le fait même, une
espèce de boycottage systématique, c'est sûr, c'est
visible, il faut le dire, du projet de loi 3.
Si le ministre nous disait: Non, il n'existera pas de registre, mais il
va exister une liste permanente. Si je me réfère aux commentaires
de la Commission des droits de la personne sur le projet de loi no 3, je trouve
une phrase qui m'impressionne: "Une des modalités que peut prendre le
respect de la vie privée consiste pour l'Etat, à renoncer
à mettre sur pied des fichiers, qui pourraient mener à la
constitution de dossiers cumulatifs, comprenant toutes les données
possibles sur un citoyen." C'est le rapport de la Commission des droits de la
personne.
Je dis que si le ministre est prêt à nous donner, d'ici
quelque temps, ses vues sur les amendements possibles, entre ce qu'on peut
établir fichier et liste permanente, en vertu de l'article 2 de la loi
123, je pense qu'on pourrait peut-être modifier notre attitude nous aussi
et essayer, en bon parlementarisme, de faciliter l'étude article par
article, plutôt que de dire qu'on demande la révocation de l'ordre
de la Chambre, on demande la tenue d'une commission permanente pour entendre
des individus. On a, je pense, les plus hautes autorités qui peuvent
nous être prêtées, le directeur général des
élections qui, dans ce domaine, entouré de conseillers comme il
est, ne peut pas rechercher autre chose qu'une bonne voie.
Nous avons aussi la déclaration de la Commission des droits de la
personne du Québec, probablement la plus haute autorité dans les
circonstances qui peut nous influencer. S'il y avait moyen de trouver un
compromis pour qu'on puisse, raisonnablement, avec des aperçus que nous
donnera le ministre à la réforme parlementaire, dire: Ecoutez, il
n'est pas question d'aller brimer les droits des individus, il n'est pas
question non plus d'établir un principe nouveau sur... D'ailleurs, dans
les listes électorales qu'on a déjà, faites par le
provincial ou le fédéral, on rencontre plusieurs de ces points.
Mais on ne va pas jusqu'à leur demander leur permis de conduire ou bien
le numéro des allocations familiales. Arrêtez-moi ça,
arrêtez-moi ça.
Entre le trop et le pas assez, je pense qu'il y a un juste milieu. Pour
ne pas retarder les travaux de la Chambre, pour ne pas paraître des
enfants quand on étudie des projets aussi sérieux, être des
hommes responsables, pas seulement pour nous laisser guider par un parti
politique, mais par l'intuition qu'on a de bien servir toute une population, je
serais prêt, au point de vue du parlementarisme, à dire au
ministre d'Etat à la réforme parlementaire: Montrez-nous
véritablement vos couleurs, montrez-nous où vous voulez aller. Je
pense que nécessairement, au lieu de révoquer l'ordre de
l'Assemblée, pour moi, d'après ma compétence et mon
expérience dans le droit parlementaire, on aurait difficilement l'appui
de la Chambre pour revenir étudier article par article, le même
projet de loi qu'on aura révoqué; on serait mal placé.
Entendre qui et quoi, je parle toujours d'après la motion? Est-ce
qu'on n'a pas les plus hautes autorités compétentes, le directeur
général des
élections et la Commission des droits de la personne? Je pense
qu'ils représentent les plus hautes autorités. Quitte à
s'ajuster, selon les commentaires qui nous sont faits par la Commission des
droits de la personne, si le ministre d'Etat à la réforme
parlementaire veut bien nous laisser la chance de pouvoir naviguer entre ce qui
est demandé présentement, par la motion, et la deuxième
lecture qu'on fera en Chambre et à laquelle on va s'opposer, c'est
sûr.
Il y a douze amendements proposés par le ministre d'Etat à
la réforme parlementaire. Il y a devant nous deux textes qu'on a pris la
peine de lire ce matin, sur lesquels on a donné notre version.
L'honorable député de Gatineau connaît mes
sentiments, particulièrement ceux d'être véritablement
de vouloir, si je ne le suis pas un bon parlementaire, qui veut
véritablement voir si on est dans la bonne voie ou si on peut
modérer l'enthousiasme que met le ministre d'Etat à la
réforme électorale sur son orientation future de brimer les
droits des individus, chose qu'on aurait de la misère à
croire.
Pour le moment, je vais attendre de voir ce que va nous répondre
le ministre sur ses intentions, ce qui nous rendrait la vie beaucoup plus
facile et qui nous empêcherait de jouer aux enfants, d'être des
"peewee". Nous ne sommes pas des "peewee", nous sommes des hommes qui sommes
passés par là. Entre empêcher le vol d'un vote ou la
représentation fictive d'un électeur par un autre... On va
beaucoup trop loin dans ce texte de loi. Je pense qu'il faudra bien
qu'on...
Je comprends que le ministre va nous dire: Prenez ma parole, je vais
être bien raisonnable. Je le sais d'avance, je le connais. Il va nous
dire: Ecoutez, soyez raisonnable, on va étudier ensemble et on va faire
des progrès. Cela fait deux semaines, cela fait au-delà de
quarante heures qu'on siège, et il n'y a pas eu grand changement sur
trois articles.
Dans les circonstances, j'attends avant de me prononcer sur la motion.
Mais je vous fais savoir qu'au point de vue du parlementarisme,
premièrement, l'ordre révoqué ne sera jamais
redonné par la Chambre. Deuxièmement, entendre, lors des
auditions publiques, des compétences, on les a devant nous autres. Et
procéder ensuite par étapes, comme le veut notre
règlement, en deuxième lecture et revenir en commission
parlementaire pour faire l'étude article par article, cela ne sera pas
permis.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Burns: M. le député de Johnson que j'aime
beaucoup, comme il le sait...
M. Bellemare: Je vais avoir le pot tout à l'heure.
M. Burns: C'est un peu à cause de moi que vous êtes
revenu au Parlement.
M. Bellemare: C'est vrai, vous m'avez fait élire. Vous
êtes même venu dans mon comté.
M. Burns: Remarquez que je ne suis pas allé travailler
pour vous, mais cela a l'air que cela vous a aidé.
M. Bellemare: Non, mais cela m'a donné une chance.
L'accusé Boutin haïssait bien cela.
M. Burns: Pour être sérieux, je pense que le
député de Johnson, cela va peut-être le surprendre lui
aussi que je dise cela et cela va peut-être aussi surprendre tous les
membres de la commission, me donne l'occasion de dire que, pour une des rares
fois, moi qui suis considéré souvent comme un méchant
gauchiste et un radical, je suis dans la position de centre actuellement. Il y
a la position que je dirais de droite, qui est défendue par le
député de Laval, qui dit, à toutes fins utiles, que...
M. Lavoie: Je suis à peu près un pouce plus
à droite que vous, pas plus que cela.
M. Burns: Oui, c'est cela. Mais c'est drôle, je me trouve
au centre actuellement.
M. Lavoie: Plus vous êtes à gauche, plus... M.
Bellemare: ... à gauche.
M. Lavoie: Est-ce que vous voulez dire de l'autre
côté du rideau de fer?
M. Bellemare: Vous avez de la misère à
l'endurer.
M. Burns: II y a la position du député de Laval que
je considère comme étant... En tout cas, je ne la qualifie pas,
mais qui est à un extrême.
M. Lavoie: Qui est à un extrême centriste.
M. Burns: Et qui dit tout simplement: Je n'en veux pas de
registre. Je ne veux pas en entendre parler, etc. Et il y a la position qui est
défendue dans la papier du directeur général des
élections et, encore une fois, il ne faudrait pas voir dans mes propos
une critique à l'endroit du document du directeur général
quand je dis cela. Je dis tout simplement que, lui, il veut avoir la liste la
plus parfaite possible. La liste la plus parfaite possible, c'est
évidemment d'obtenir le plus de renseignements possibles au sujet d'une
personne.
Je vous dis que vous me donnez l'occasion de vous dire: Je suis en plein
centre, je veux un registre, je trouve qu'il est nécessaire, mais je
suis prêt à faire un compromis en disant que je suis prêt
à ce qu'il soit moins bon qu'il pourrait être pour protéger
les droits individuels et, en cela, je respecte la grande majorité des
recommandations de la Commission des droits de la personne. Je suis prêt,
je suis accessible à cela.
Par exemple, j'ai un document devant moi qui me résume à
toutes fins utiles les grandes lignes cela peut peut-être
répondre à votre question, M. le député de Johnson
ou, si vous voulez, l'ensemble des règles ayant pour objectif la
protection des droits individuels. Il y en a cinq, si on les résume. On
n'a pas besoin de relire à nouveau le texte de la commission.
Premièrement, un projet de loi constituant une banque de données
doit contenir uniquement les renseignements nécessaires aux fins pour
lesquelles la banque doit servir. C'est un des grands principes qu'on retire de
l'opinion de la commission.
Je vous dis que les amendements au projet de loi vont préciser de
façon spécifique ce qu'il y a d'essentiel à ces
renseignements à l'article 4. C'est ma réponse que je vous
donne.
Si vous voulez en discuter, on va y venir à l'article 4
éventuellement. Le député de Johnson, avec sa sagesse
habituelle, a quasiment précédé mon argument en disant: On
va commencer à discuter des articles et, là, on le verra, mais je
vous dis que je partage cet avis que ce doit être seulement et uniquement
des renseignements véritablement essentiels. Il y a une chose dans
l'opinion de la Commission des droits de la personne qui a retenu beaucoup mon
attention, c'est qu'on nous dit: Si vous avez besoin d'un certain nombre de
renseignements, c'est à vous le gouvernement de prouver que vous en avez
besoin pour faire une bonne liste. Dans le fond, elle nous met sur les
épaules le fardeau de la preuve. Je suis prêt à l'assumer.
D'accord? Sur ce point-là, je vous le dis tout de suite.
Deuxième point, c'est qu'aucune correction ne devrait être
apportée à la banque de données sans que la personne
concernée puisse être informée et se prononcer sur la
valeur des corrections qui sont apportées à la banque.
Là-dessus, en réponse à cela, je peux vous dire que
l'électeur pourra toujours exercer son droit de correction à deux
étapes, c'est-à-dire que, lors de la mise à jour, un
amendement pourra remplacer la correction automatique qui était
déjà dans le projet de loi no 3 je vous annonce tout de
suite qu'on est prêt à faire un amendement là-dessus. Il y
avait une correction automatique qui devait paraître dans le projet de
loi, on est prêt à l'amender, pour que ce ne soit pas une
correction automatique deuxièmement, que, lors de la
révision, les mécanismes de révision pourront être
améliorés. Là, on entre dans le détail.
J'espère que vous ne me demandez pas de donner tous ces
détails-là immédiatement.
Un troisième point, toujours en réponse au
député de Johnson, c'est que le projet de loi devrait, toujours
selon la protection des droits de l'individu contenir des dispositions
assurant la garde et la confidentialité des données du registre.
Je vous dis tout de suite qu'on est prêt à apporter un amendement
et qu'il est même déjà déposé, pour
établir le serment de confidentialité pour le directeur
général des élections et tout son personnel. Il me semble
que cela protège la confidentialité. Un quatrième point,
l'accessibilité au registre doit être réservée
à la personne concernée. Là-dessus, aucun organisme
je tiens à vous en assurer et on va faire le projet de loi en
conséquence n'aura accès au contenu du registre.
Finalement, le projet de loi devrait contenir, toujours selon ce but de
protéger les droits de l'individu, des dispositions établissant
de façon précise et exclusive les fins pour lesquelles le
registre doit servir. Je pense que, dès les premiers articles du projet
de loi, les fins pour lesquelles le registre est établi sont
précisées, c'est-à-dire la confection d'une liste pour les
élections générales.
Là-dessus, il reste le dernier élément,
l'échange ou l'appariement des données, qui doit être
limité au strict minimum. Je vous ai annoncé tout à
l'heure qu'un amendement serait proposé pour supprimer
entièrement la réciprocité des informations. (17 h 30)
Dans les grandes lignes, c'est cela. Je ne peux pas aller plus loin que
cela, parce que, si je commence à discuter à hue et à dia,
on n'avancera pas plus. La critique que vous venez de faire tout à
l'heure va être encore vraie demain, après-demain, dans trois
jours, la semaine prochaine. On sera toujours rendu au même point, parce
qu'on va discuter de toutes sortes de choses. Je vous suggère
d'entreprendre l'examen des articles avec ces guides que je viens de vous
donner, ces bornes que je viens de vous donner, avec ces balises que je viens
de vous donner. Si vous le voulez, on peut entreprendre l'examen du projet de
loi. C'est ce pourquoi je dit: II me semble que, si on l'entreprend avec, de
part et d'autre, la meilleure bonne foi possible je m'excuse du
pléonasme j'ai l'impression qu'on va s'apercevoir qu'on peut
avancer, qu'on n'a pas besoin d'aller faire rapport à la Chambre et
qu'on n'a pas besoin d'entendre d'autres personnes comme vous le disiez
d'ailleurs, M. le député de Johnson expertes que
peut-être les deux plus grands experts qu'on a au Québec
actuellement dans ce domaine, c'est-à-dire le directeur
général des élections et, sur le plan de la protection des
droits individuels, la Commission des droits de la personne. Je pense bien que,
si n'importe qui d'autre venait nous dire quelque chose, ce serait
superfétatoire et qu'il viendrait tout simplement dire la même
chose que ce que le DGE vient de nous dire ou encore dire la même chose
que ce que la Commission des droits de la personne nous a dit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, sur cette motion, je crois
qu'elle est tout à fait opportune, tout à fait logique, dans le
processus que nous avons entrepris le 15 mai, lors de l'étude
amorcée de la deuxième lecture. C'est tout à fait
consistant et conséquent, parce qu'on disait, à ce moment, le 15
mai 1979: "Je vais essayer de limiter mon intervention à un maximum
d'une trentaine de minutes, même si j'en aurais normalement pour
quelques
heures, tellement ce projet de loi immensément technique
soulève, dans mon esprit et dans celui de mes collègues,
énormément d'appréhension, énormément de
zones grises." Un peu plus loin: "Pour un projet de loi aussi important qui
touche notre système électoral et qui touche l'exercice de la
démocratie, qui touche le droit du citoyen à voter, à
s'exprimer, tant lors d'une élection que lors d'un certain
référendum, il était important d'aller avec les experts,
dès avant le vote de deuxième lecture, en commission
parlementaire, pour dialoguer, pour discuter, pour tenter d'atteindre le plus
grand consensus possible. Egalement, c'est le but de ma suggestion de suspendre
le débat de deuxième lecture pour aller en commission
parlementaire avec le ministre, avec les membres de son cabinet, avec les
légistes qui ont préparé cette loi, avec possiblement le
directeur général des élections et ses adjoints,
étant donné qu'on a étudié, au-delà de cent
articles qui modifient autant la Loi électorale, autant la loi 2 sur le
financement des partis politiques, autant la loi 92 sur la consultation
populaire. On poserait au ministre une vingtaine de questions. Il faudrait
attendre sa réplique pour avoir, en vingt minutes sans doute, des
réponses partielles à nos questions. Comment voulez-vous qu'on
vote librement sur un principe de projet de loi, sur la loi 3, si on n'a pas
toutes ces réponses? C'est la raison pour laquelle je juis heureux que
nous puissions suspendre ce débat pour aller en commission parlementaire
et poser les questions voulues au ministre et à tout son
aréopage, le directeur général des élections et les
autres, pour qu'on puisse après cela, une fois que le projet de loi aura
été étudié article par article, revenir ici et
voter en toute connaissance de cause pour ou contre ce projet de loi".
Cela a été la suggestion, le voeu qui a été
accepté par le côté ministériel. Il n'y a aucune
tromperie, aucune tricherie dans cela. Je n'irai pas sur le terrain du leader
parlementaire du gouvernement, c'est-à-dire ses accusations, son genre
de jérémiades: on aurait trompé le gouvernement, on
était de mauvaise foi dès le 15 mai. Lorsqu'on a fait cette
suggestion... Je pense bien que c'est parent, c'est évident aujourd'hui
qu'à ces séances, on a été loin de perdre notre
temps. Je crois même que tous les renseignements fournis par le directeur
général des élections et, à l'occasion, vos
légistes et autres, ne sont même pas encore complètement...
Cela ne complète pas le dossier et cela ne complète pas encore
tous les renseignements que les membres de cette Assemblée seraient en
droit d'obtenir avant même de se prononcer sur le principe du projet de
loi. C'est la raison pour laquelle, dans un des volets de la motion, c'est
logique qu'on demande de révoquer l'ordre de l'Assemblée
d'étudier le projet de loi no 3, article par article, pour la bonne
raison que je crois que, même présentement, nous serions en mesure
de nous prononcer sur le principe de ce fameux registre, que nous trouvons trop
complet et trop envahissant.
Mais il y a également un deuxième volet qui est assez
important dans cette motion. On recom- mande que la Chambre, dès
après la première lecture, révoque même l'ordre de
deuxième lecture et que la Chambre convoque la tenue d'auditions
publiques avant la deuxième lecture, suivant l'article 118 du
règlement. Je pense que ce serait même nécessaire.
Me Côté nous a donné des renseignements. Pour ma
part, je serais curieux de savoir je ne suis pas un expert en
informatique et en ordinateur mais ce serait intéressant, pour
éclairer notre lanterne, parce qu'il y a encore des zones grises, de
voir les conséquences... On a lancé toutes sortes d'accusations,
il est vrai, qui n'ont pas été réfutées sur ce
fichage, sur cet identificateur informatique. Cela a l'air que c'est bien fort
et on y tient énormément dans certains documents.
Pour ma part, j'aimerais poser des questions. Il y a des experts. Vous
avez donné, je pense, un contrat d'informatique à des experts. M.
De Broux était ici. Plus que ça, il faudrait pratiquement que la
commission se déplace et aille visiter peut-être les lieux de
travail où, actuellement, il y a près de 100 employés
on a dit 70, 75, 80 employés qui travaillent à la
confection de ce registre. Je pense que ce serait utile même, justement,
qu'on suspende l'étude article par article. C'est à Québec
ici, aller voir ce qui se fait. Bon!
Poser des questions aux experts en informatique. Qu'est-ce que ça
veut dire? Quel est le fichage? Quels sont les dangers? J'ai lancé, je
vous l'ai dit, un paquet d'accusations. Elles sont peut-être
fondées à 75%, 80% et si elles ne sont fondées qu'à
25%, en tenant des auditions justement après la première lecture
à cause de toutes les implications, on pourrait le savoir.
Autre chose. Ce serait intéressant, à la suite des propos
et aux commentaires de la Commission des droits de la personne, qui, dans trois
pages, soulèvent quand même le ministre le reconnaît
lui-même que ça l'a frappé la question de la
liberté d'expression qu'un citoyen fait par l'exercice de son droit de
vote, le respect de la vie privée. C'est au gouvernement qu'appartient
le fardeau de démontrer que la cueillette de tel ou tel renseignement
est essentielle. Dans tous les cas où un dossier ou un fichier contient
des renseignements sur une personne, celle-ci devrait en connaître
l'existence et avoir la possibilité de les corriger.
Même les exclusions qu'on a faites dans la loi 123 sur les
informations du ministère du Revenu, de la Sûreté du
Québec, du ministère de la Justice, la commission nous dit
qu'elles sont insuffisantes.
M. Burns: A moins qu'on en fasse la preuve du contraire.
M. Lavoie: En effet, un peu plus loin dans les commentaires de la
commission, ce serait là, croyons-nous, faire un premier pas dans la
direction du dossier cumulatif à la création duquel nous nous
sommes toujours opposés.
Il y a même un organisme au Québec, je pense que c'est la
Ligue des droits et libertés de la personne, je trouve que ce serait sur
un projet de
loi de la sorte, un organisme qui a fait ses preuves, je crois, qui
existe depuis plusieurs années, ces gens-là, d'après moi,
seraient joliment intéressés d'accepter notre invitation pour
venir à la barre, pour nous donner leur point de vue sur un de ces
droits qu'ont les citoyens de voter. C'est reconnu dans la Charte des droits et
libertés de la personne.
Ce n'est pas superflu, ce n'est pas folichon de faire une telle motion.
Il y a un paquet de gens... Il y a des lois qui concernent parfois 10% ou 15%
de la population, soit les agriculteurs, 15% ou 20% sur le zonage agricole, on
a fait des auditions publiques pour qu'ils viennent. Cette loi touche les 4100
000 électeurs qu'il y a au Québec. Cela touche toute la
population. S'il y a un projet de loi au sujet duquel il devrait y avoir des
auditions publiques, c'est bien celui-là. Je suis convaincu que les
syndicats, entre autres, ou d'autres organismes vont être
intéressés à venir se faire entendre sur cette
appréhension de fichier et de dossier cumulatif. On n'a pas le droit de
passer un projet de loi... même si on voulait, il reste douze jours de
session. On n'a pas encore... On a quelques amendements du ministre. On a une
dizaine d'amendements.
On n'est même pas en état de nous prononcer pratiquement
sur le principe. Ces quelques miniamendements qu'il nous propose ne modifient
même pas le concept, la philosophie de ce sacré registre qui est
contenu dans la loi.
Il faudrait lors des auditions et possiblement, alors qu'on aura
vidé cette motion, avant d'aller article par article, poser des
questions au directeur général des élections. Il ne nous a
pas encore apporté de réponses à la
nécessité qu'il y a dans sa lettre d'un identificateur
informatique, de la nécessité de la réciprocité
d'échanges. Même si le ministre nous a dit, tout à l'heure,
qu'il était prêt à apporter des amendements pour abolir
cette réciprocité, une fois qu'on étudiera le projet
article par article, il va falloir qu'on ait le tout. Je crois que c'est un
projet de loi qui touche un droit d'exercice dans une démocratie comme
la nôtre et il faudrait avoir tous les amendements du projet de loi. Il
faudrait possiblement, avec tous ces changements, tous les articles qu'il a
touchés où il y aurait des amendements, une réimpression
de ce projet de loi. On n'a pas le droit, en parlementaires sérieux, de
passer ça à la vapeur, article par article, dans les dix ou douze
jours de session qu'il nous reste.
Le ministre se rappelle qu'on en a passé des projets de loi
à la vapeur article par article? Entre autres, vous vous rappelez,
à la fin d'une session d'été, la loi 2 sur le financement
des partis politiques? On siégait pratiquement jour et nuit. J'avais
apporté un amendement à un endroit, le ministre était bien
d'accord et il a acquiescé, sans que j'aie à argumenter, sur les
pouvoirs délégués qu'on donnait aux directeurs du
financement des partis politiques de poursuivre sur ses directives.
C'était un pouvoir délégué énorme qu'on
donnait à un fonctionnaire, à un technocrate. Je n'ai pas eu
à argumenter, le ministre a dit: Amendement adopté. On a
tellement été à la vapeur que l'amendement n'a pas
été inclus dans le projet de loi et que le projet de loi a
été imprimé, passé en troisième lecture et
sanctionné, sans que l'amendement n'ait été inclus et on a
dû apporter un autre...
M. Burns: C'est peut-être parce que j'ai dit oui trop
vite.
M. Lavoie: Ecoutez, vous vous rappelez, c'est au journal des
Débats, c'était clair, vous avez accepté cet amendement,
mais on l'a tellement étudié à la vapeur que l'article n'a
pas été amendé dans le projet de loi et on a
été obligés, dans une session suivante, d'apporter...
M. Burns: Vous admettrez que ça n'a rien à voir
avec le fait que le projet de loi ait été, ou non, adopté
à la vapeur. Le problème, ça été un
problème purement et simplement de mécanisme.
M. Lavoie: On adoptait les articles comme une mitrailleuse, on
disait: Adopté, adopté, adopté...
M. Bums: C'est que le projet était tellement bon!
M. Lavoie: Vous vous rappelez? A la vapeur. A peu près en
juin, vers le même temps que celui-ci de la session.
M. Burns: On va le modifier.
M. Lavoie: Je ne vois pas comment on peut étudier en
profondeur ce projet de loi, siéger, alors qu'il y a encore, comme le
député de Johnson le disait, une quarantaine de projets de loi au
feuilleton, dans ces mêmes douze jours de session. Je doute de mes forces
pour entreprendre l'étude de ce projet de loi, sans consultation, sans
audition et, si je doute de mes forces, je peux douter également des
forces du ministre pour entamer et s'atteler à l'ouvrage sur une
pièce de législation de la sorte.
Le ministre est sans doute rempli de bonne volonté. Mais, est-ce
suffisant? Il en avait de la bonne volonté dans la loi 92, on se
réveille avec la loi 92 avec les comités-parapluies, avec toutes
les difficultés que ça représente aujourd'hui. Chat
échaudé craint l'eau, vous savez, et on a été
échaudé à quelques reprises par ce gouvernement et,
à l'occasion, par le même ministre.
Votre motion est tout à fait logique, conséquente. Je ne
vois pas qu'on puisse adopter ce projet de loi qui change des traditions, qui
change l'économie de notre droit électoral dans les quelques
jours qui nous restent de session. Si on adoptait cette motion, on irait devant
la Chambre pour révoquer l'ordre de l'Assemblée, qu'on tienne des
auditions au mois d'août, durant l'intersession pour entendre les
personnes intéressées, le recensement devant se faire de toute
façon à l'automne. Il y a un recensement prévu par la loi
à l'automne,
avec, en particulier, une révision. Le présent projet de
loi n'impose pas, c'est uniquement discrétionnaire au directeur
général des élections, mais on aurait... Dans la
période que nous connaissons actuellement il y a un
référendum en vue, vous êtes dans la troisième
année de votre mandat, vous devez aller vers une échéance
éventuellement, d'ici un an ou un an et demi. Le débat politique
est très chaud au Québec, les partis politiques sont bien
structurés, le recensement va se faire normalement, les partis vont y
voir pour que le recensement soit bien fait, que la révision soit bien
faite. Que votre référendum arrive à l'automne ou au
printemps, tout le monde sera prêt. J'espère aller voter non. (17
h 45)
II n'y a aucune tricherie, même avec les jérémiades
du député de Saint-Jacques, ça se tient, notre affaire. En
plus de ça, M. le ministre, vous savez que le principe du projet de loi,
par une mesure exceptionnelle si vous voulez qu'on procède
article par article vous allez être dans une drôle de
position, je vous préviens et je vous le dis. Tel que le
règlement le permet, vous savez que et ce n'est du chantage
d'aucune façon l'article 158 du règlement dit qu'une
commission ne peut modifier dans son principe une proposition qui a
déjà été acceptée par l'Assemblée. Or
le principe de la loi n'est pas adopté. L'article 152 également
nous permettrait et je pense qu'on va en profiter si c'est votre
intention à l'occasion de l'étude de cette loi, on va se
servir de l'article 154, deuxième paragraphe: "La commission peut
amender un projet de loi, pourvu que l'amendement ne soit pas étranger
à l'objet du projet" l'objet, on ne l'a pas encore voté
"et qu'il ne" ce ne sera pas étranger, l'amendement que
l'on va vous apporter "s'oppose pas au principe affirmé en
deuxième lecture" il n'y a pas de principe actuellement.
Cela veut dire que nous allons profiter de l'occasion pour bonifier
notre loi électorale en général, si vous ne voulez pas
accepter notre motion. Cela veut dire que l'on va vous apporter des amendements
pour corriger des abus qui ont été faits notamment par le Parti
québécois lors du dernier recensement pour le pointage de listes.
Nous allons apporter des amendements très sévères pour que
cela ne se répète plus et que ce que vous avez condamné
vous-même, le fichage qui s'est fait sur les personnes qui ne sont pas
citoyens canadiens ou autres, des personnes infirmes ou qui apparaissaient non
saines d'esprit, on va pouvoir apporter ça. On va même apporter,
du fait qu'il n'y a pas de principe, des amendements qui ne sont pas
étrangers au projet de loi. Si vous n'avez pas encore
déposé votre loi sur la refonte électorale, je suis
assuré que le député de Gatineau va vous apporter des
amendements pour corriger la nomination des présidents
d'élection, pour également prévenir des abus qui se sont
commis dans Argenteuil, lors du dépouillement des votes. Cela n'a pas de
sens qu'il y ait 5% des bulletins rejetés, alors que la moyenne est en
bas de 2%. Ce sont des abus qui ont été commis et je pense qu'on
pourra apporter des amendements qui ne seront pas étrangers au projet de
loi mais qui pourront corriger ça. Aller en deuxième lecture,
ça vous donnera le temps de nous donner par écrit, si vous voulez
atteindre un certain consensus, tous vos amendements, soit la
réimpression du projet de loi, comme vous voudrez.
Cela donnera l'occasion de faire suite au comité Dussault;
j'espère qu'on aura, je pense que c'est assez essentiel, avant de passer
en deuxième lecture sur le principe de ce projet de loi, les
concordances qu'il y a avec la refonte de la Loi électorale. Vous nous
avez même dit qu'en adoptant la loi 123, ça va apporter des
amendements à un projet de loi qui n'est pas encore
déposé.
M. Burns: Le projet de loi no 3.
M. Lavoie: Le projet de loi no 3. Ecoutez, c'est drôle, on
adopte une loi qui va apporter des amendements à une loi qui n'est pas
encore déposée. Cela vous donnera quand même le temps de
faire votre concordance. La refonte de la Loi électorale n'est pas pour
adoption avant la fin du mois de juin. Je pense bien...
M. Burns: Je m'excuse, ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Lavoie: Pour toutes ces raisons, je pense que ça se
tient, c'est très logique...
M. Burns: Toute beauté.
M. Lavoie: ... qu'on adopte cette motion, qu'on révoque
l'ordre d'étudier le projet de loi article par article. Parce que je
vous dis encore une fois que, si vous voulez absolument aller article par
article, on n'est pas sorti de l'auberge; soyez assuré de ça. Je
pense que ce serait normal, à la suite des commentaires de la Commission
des droits de la personne, qu'il y ait des auditions, qu'on entende des experts
en informatique, qu'on entende la ligue des droits et libertés de la
personne et tout autre organisme, syndicat ou autre, qui veulent se faire
entendre sur ce dossier cumulatif, sur ce fichier.
Le projet de loi suivra son cours, le recensement se fera quand
même cet automne, avec une révision. Si vous écoutez les
représentations qu'on vous fait, que la population pourrait vous faire
et les recommandations que vous fait la Commission des droits de la personne,
on l'adoptera cet automne, ce projet de loi.
M. Verreault: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: ... depuis ce matin que j'écoute et je me
suis ramassé à cette commission un peu comme un penaud...
M. Burns: Membre ou intervenant.
M. Verreault: ... mais il arrive quand même que je ne fais
pas exception. J'ai l'impression que, sur les 110 parlementaires qui
siègent ici à l'Assemblée nationale, je suis un parmi tant
d'autres qui vient ce matin et qui est surpris du projet de loi no 3.
Evidemment, le temps passe vite. Dans les circonstances, vous comprendrez, M.
le Président, que de souscrire à la motion de mon collègue
de Gatineau, je ne peux faire autrement. Ce matin, j'écoutais et on
étudiait ensemble les rapports qui ont été proposés
par la Commission des droits de la personne et celui du directeur
général des élections. J'ai également ce matin,
très tôt, pris en partie connaissance du projet de loi. Vous
savez, lorsque le député de Gatineau demande, par sa motion, de
révoquer l'ordre de l'Assemblée pour étudier le projet de
loi 3 article par article, je crois que cette partie de la motion a un certain
sens, à mon point de vue. Je crois que la plupart des membres de
l'Assemblée nationale, du moins pour une grande partie, ignorent
probablement le contenu et le fond. Nous avons eu la chance d'entendre un
représentant par parti jusqu'à maintenant.
Moi-même, lorsque le représentant de mon parti s'est
présenté pour faire son boniment, j'ai dû être
absent, j'étais à d'autres commissions. Je n'ai pas pu prendre
connaissance de l'option qu'il avait lui-même prise, aussi bien que celle
du ministre responsable de ce projet de loi. Si je poussais mon enquête
plus loin, je pense qu'il y a beaucoup de députés
ministériels qui seraient dans le même dilemme que moi.
Evidemment ceux qui se sont penchés sur le projet de loi
et c'est le petit nombre les opinions sont partagées. Les
ministériels seront d'accord pour dire: Voici, nous allons appuyer
inconditionnellement le projet de loi du ministre. Et d'autre part,
l'Opposition, par la rigidité de cette loi, va nécessairement s'y
opposer.
Lorsque, d'autre part, en deuxième partie de la motion, le
député de Gatineau demande de recommander la tenue d'auditions
publiques avant la deuxième lecture, mon collègue de Laval le
mentionnait tout à l'heure. Il y a 4 100 000 personnes qui sont
touchées par cela. Actuellement, nous avons entendu, de ma part du
moins, deux groupes de spécialistes, celui du directeur
général des élections et celui de la Commission des droits
de l'homme.
Mais, vous savez, en feuilletant la loi article par article, ce matin,
je m'apercevais également que des copies de ce registre doivent
être remises aux municipalités et il y en a quelques centaines ici
au Québec. Et même les commissions scolaires pourraient en obtenir
des copies. Ce registre sera permanent.
Si, personnellement, je faisais ce que le ministre responsable avait
l'intention de faire, soit une consultation, chez moi, pour connaître
l'opinion de presque 40 000 électeurs que j'ai afin de savoir s'ils sont
d'accord avec un registre permanent, avec les articles qui ont
été énumérés par le directeur
général des élections, je suis presque convaincu que la
majorité de ces électeurs ne se- raient pas tout à fait
d'accord avec le principe même du projet de loi, à savoir que la
vie privée des gens serait étalée. Et même si on
nous garantit une certaine confidentialité, vous savez, j'en prends et
j'en laisse. Je veux quand même donner le crédit à
certaines personnes qui seraient assermentées afin de conserver la
confidentialité, mais j'ai vécu une petite expérience
récemment, en allant visiter, avec les membres de la commission
parlementaire, une petite machine qu'on appelle Rosalie. Vraiment, je n'ai pas
été épaté plus qu'il ne le fallait. Rosalie, c'est
la petite amie du député de Vanier, qui est adjointe
parlementaire aux travaux publics.
M. Bisaillon: ...
M. Verreault: Exact. Mais vous savez, lorsqu'on a eu la chance
d'avoir les explications et les sous-entendus de cette visite, il m'est venu
plusieurs doutes, à savoir jusqu'à quel point la
confidentialité existait. En premier lieu, on nous avait dit qu'une
personne connaissait le code et, finalement, il y en avait pas loin d'une
douzaine qui connaissaient le code.
Dans les circonstances, même si on voulait me faire croire
comme je le disais tout à l'heure, personnellement, j'en doute
que cette confidentialité va être absolue et ferme, je ne peux,
sous aucune considération, le prendre pour du "cash", comme on dit.
Pour ce qui concerne la troisième partie de la motion,
évidemment, le député de Gatineau parlait de
procéder par la suite aux autres étapes de l'étude du
projet de loi no 3, suivant le règlement. J'en déduis depuis ce
matin, depuis que nous sommes en auditions, je voulais plutôt dire en
commission, que le projet de loi du ministre est présenté d'une
façon assez claire. Il veut avoir un registre, une liste permanente des
électeurs, mais, d'autre part, là où il n'est pas
d'accord, de même que la plupart des membres de cette commission
c'est pourquoi la commission a été convoquée avant la
deuxième lecture c'est à savoir où le projet de loi
va nous mener avec tout cela. Etant donné que le ministre lui-même
présente ce projet de loi et qu'il en sera probablement le responsable,
il reste que le directeur général aura à appliquer cette
loi-là et son application sera faite en fonction du contenu de cette
loi-là.
Ce matin, le directeur général, M. le Président,
nous a dit qu'en plus des éléments qui sont exigés
à l'article 4, on va aller plus loin. Où ce "plus loin" là
s'arrêtera-t-il? Cette question, moi-même, avant de pouvoir y
répondre, je vous garantis que j'aimerais la poser à quelques-uns
de mes groupements populaires chez moi, parce qu'il y en a chez moi comme
partout ailleurs, pour connaître leurs commentaires. J'ai eu
l'impression, ce matin, d'arriver ici comme un chien dans un jeu de quilles. Je
l'avoue et je l'avoue en toute honnêteté. Je ne suis quand
même pas surpris, mais...
Une Voix: On n'osait pas le dire.
M. Verreault: ... vous savez, le pire dans tout cela, M. le
Président, c'est que si au moins j'ai l'honnêteté de
l'avouer, il y aurait tellement de ministériels qui pourraient en faire
autant. La naïveté ou encore l'ignorance que j'ai du projet de
loi... Vous savez, on est peut-être seulement 26, je suis peut-être
le seul sur les 26 chez moi à être ignorant du fond de ce projet
de loi, mais sur les 71 péquistes de l'autre côté, à
la droite, je vous garantis qu'il doit y en avoir un maudit paquet qui
l'ignorent davantage.
Une Voix: Qu'il retire ce mot.
M. Verreault: D'accord je le retire, mais je vais dire "dit-mau"
à la place. Tout en me disant qu'il reste quelques minutes avant la fin
de cette commission... Non, laissez-moi parler! Je n'ai pas dit un mot de la
journée.
M. Dussault: Vous n'aviez pas la mission de faire gagner du
temps. Vous avez accompli votre mission!
M. Verreault: Je n'ai pas dit un mot de la journée.
M. Bellemare: C'est ce que vous aviez pensé, mais ce n'est
peut-être pas ce que le député libéral pense.
M. Verreault: Ce que je souhaiterais le plus... M. Bellemare:
Soyez donc raisonnables!
M. Verreault: C'est cela. Vous seriez bien gentils, si vous me
laissiez continuer.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Verreault: Ecoutez, je vais dire une chose. Le registre
demande des choses qui sont abusives. C'est le qualificatif qui a
été soulevé ce matin. On demande le nom de la personne,
son prénom, son adresse. Je ne les répéterai pas tous,
même si mon collègue aurait souhaité que je le refasse pour
étirer le temps. Pour étirer le temps mieux que cela, ce que je
voudrais faire, si je peux me rendre jusqu'à 18 h 1, c'est qu'on puisse
attendre à 20 heures pour prendre le vote, parce que je suis... De toute
façon, je le dis à mon collègue de Laval, cela arrive, si
on attend après 18 heures, donc à 20 heures, pour prendre le
vote, je suis convaincu que le ministre responsable de sa loi va avoir
mûrement réfléchi à la motion de mon collègue
de Gatineau. Cela va permettre également à l'Opposition, aux
fonctionnaires, de peser le pour et le contre. Je suis certain que si le
ministre, en revenant de son dîner ce soir, reconsidère les
demandes qui ont été formulées par la motion de mon
collègue de Gatineau, je suis convaincu qu'il va accepter et qu'il va
revenir sur sa décision. Cela nous laisse entendre qu'il avait
l'intention de voter contre cette motion. Je suis convaincu que s'il prend la
peine de relire et de reconsidérer tous les points qui ont
été soulevés par les membres de l'Opposition, le ministre
responsable va accepter et va voter favorablement pour cette motion.
Le Président (M. Jolivet): Nous suspendons les travaux de
cette commission jusqu'à vingt heures.
Suspension de la séance à 18 heures
Reprise de la séance à 20 h 12
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît.
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
se réunit à nouveau pour entendre les personnes qui ont à
discuter encore sur la motion en cours afin de retourner à
l'Assemblée nationale. Je simplifie. Les membres de la commission sont
les mêmes que ceux d'aujourd'hui, sauf que M. le député de
Nicolet-Yamaska reprend la place qu'il avait, mais il n'est pas inscrit au
niveau des membres de cette commission.
M. Fontaine: Je demanderais le consentement, M. le
Président, pour que je puisse remplacer M. Bellemare qui était
inscrit, je crois.
Le Président (M. Jolivet): M. Bellemare qui
remplaçait M. Grenier. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie beaucoup de
m'accorder cette demande que je n'avais pas encore faite.
Le Président (M. Jolivet): J'ai cru que c'était ce
que vous vouliez faire.
M. Lalonde: J'espère que le gouvernement sera aussi
réceptif que vous, M. le Président. Cette motion qui est devant
nous se lit comme suit: "Que cette commission fasse un rapport spécial
(l'article 161) à l'Assemblée pour, premièrement,
révoquer l'ordre de l'Assemblée nationale d'étudier le
projet de loi no 3 article par article; deuxièmement, recommander la
tenue d'auditions publiques avant la deuxième lecture suivant l'article
118-A du règlement; troisièmement, procéder par la suite
aux autres étapes de l'étude du projet de loi no 3 suivant le
règlement." Il faut rappeler, M. le Président, que cette
commission a été mandatée par l'Assemblée nationale
pour étudier article par article le projet de loi no 3 avant son
adoption en principe à l'Assemblée nationale.
M. Burns: Vous savez de quel projet il s'agit?
M. Lalonde: Le projet de loi no 3, qui est vaillamment
défendu par le ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire.
M. Burns: C'est quoi, le nom du projet de loi? M. Lalonde:
Le nom du ministre?
M. Burns: Le nom du projet de loi. M. Lalonde: Le nom du
projet de loi...
M. Burns: Vite, vite, regardez.
M. Lalonde: ... d'après ce que je vois, il ressemble au
nom du ministre Burns, parce qu'il est en train de brûler, son projet de
loi, d'après ce que je vois. M. le Président, il s'agit donc
d'une étude article par article avant l'adoption en principe. C'est
assez inusité et on le fait généralement lorsqu'il s'agit
d'un projet de loi très technique dont les membres de la commission
pourraient profiter d'une étude plus avant au niveau des articles.
Toutefois, on a posé des questions au départ dont les
réponses ont ouvert un débat de fond sur les principes
mêmes soulevés par le but du projet de loi, c'est-à-dire
celui de former un registre des électeurs. Déjà, ce nouvel
élément, ce nouveau facteur serait en faveur de la motion
à savoir de faire un rapport spécial à l'Assemblée
à l'effet de révoquer l'ordre de l'Assemblée et de
procéder à la tenue d'auditions publiques. (20 h 15)
Maintenant, il nous paraît qu'il ne s'agit plus d'un projet de loi
technique dont on pourrait disposer facilement en commission parlementaire,
à l'examen article par article, simplement en changeant des virgules ou
des mots, mais plutôt d'un projet de loi qui donne ouverture à des
principes de fond qui ont été mis en lumière par les
réponses, les réactions que nous avons obtenues. D'autant plus,
et c'est un élément encore plus important, que nous avons obtenu,
à la suite d'une demande que j'avais modestement faite au ministre au
début, à la première réunion, de la Commission des
droits de la personne du Québec un avis que la commission
elle-même considère modeste, étant donné le peu de
temps qu'elle a eu pour le faire, mais qui, quand même, contient des
éléments extrêmement intéressants pour la commission
dont nous faisons partie et qui soulèvent des questions, en particulier
sur la réciprocité importante au niveau des principes.
Ainsi, cet avis contient, à la première page, ce qui suit:
"La Commission des droits de la personne, à quelques reprises, s'est
opposée à la constitution de tel fichier." Déjà un
avertissement général qui n'est pas un jugement final, il faut
l'admettre, mais qui, quand même, doit nous mettre en alerte, à
savoir qu'on doit considérer notre travail ici comme étant
extrêmement délicat au niveau des droits individuels. La
Commission poursuit, à la page 2: "Dans ses interventions, elle a cru
devoir proposer les principes suivants: premièrement, un fichier ne
devrait contenir que les données qui sont absolument indispensables
à la poursuite des objectifs de la loi. Si on compare cette opinion avec
la lettre qui a été adressée par le directeur
général des élections aujourd'hui, datée du 5 juin,
au niveau des informations qui doivent être inscrites au registre,
à la page 4 de cet avis, on voit que nous sommes plutôt
généreux pour les informations qui sont demandées, qui
sont proposées, qui sont considérées comme étant
essentielles pour la confection du fichier.
On veut le nom, le prénom, l'adresse, le sexe, la date de
naissance, le numéro d'assurance-maladie, le numéro de permis de
conduire, le numéro d'assurance sociale, le numéro de dossier
d'allocations familiales. On se demande, M. le Président, où on
va arrêter. On se demande jusqu'à quel point cette
générosité convient au principe qui a été
énoncé par la Commission des droits de la personne, à
savoir que les données que doit contenir un tel fichier ne devraient
être qu'absolument indispensables à la poursuite des objectifs de
la loi.
La commission poursuit, et je lis encore à la page 2: C'est au
gouvernement qu'appartient le fardeau de démontrer que la cueillette de
tel ou tel renseignement est essentielle. Le gouvernement, jusqu'à
maintenant, ne nous a pas fait cette démonstration, pas du tout. Au
contraire j'y reviendrai tantôt le ministre semble ne pas
partager les mêmes inquiétudes ou les mêmes désirs
que ceux que l'on retrouve à cette lettre du directeur
général des élections.
J'arrive au paragraphe 3, à la page 2, encore, de l'avis de la
commission et je cite: Les échanges entre ministères et
organismes de données personnelles devraient être limités
au strict minimum et, dans le cas où ces échanges sont
nécessaires, la personne concernée devrait en être
avisée. Or, l'avis du directeur général des
élections est que l'on doive conserver à ce registre un
caractère de réciprocité essentiel, d'après ce
qu'on nous dit. Je n'étais pas ici cet après-midi, j'étais
à l'Assemblée nationale en train de discuter de projets de loi du
ministre de la Justice, mais on m'a rapporté que le ministre d'Etat
à la réforme électorale, qui ne préside pas
à la commission mais qui préside aux travaux du gouvernement,
à la représentation du gouvernement, ne s'est pas
déclaré solidaire avec cette demande, avec cette proposition,
à savoir la réciprocité.
Donc s'ouvre le deuxième argument au-delà des principes
qui sont apparus à même les travaux de cette commission depuis le
début. Le deuxième argument, c'est qu'il y a de toute
évidence une différence d'opinion entre le ministre qui pilote ce
projet de loi et le directeur général des élections qui
doit répondre à nos questions. Il me semble que la décence
la plus élémentaire devrait même dicter au ministre de
retourner à sa table de travail et de faire la paix chez lui, de
rechercher un consensus dans son entourage avant même de nous proposer
quelque chose. Nous sommes ici, M. le Président, devant un cas sinon de
zizanie au moins de manque de cohésion de la part du ministre et de ses
troupes. D'autant plus qu'on me rapporte aussi...
M. Burns: Le directeur général des élections
ne relève pas de moi, au cas où vous ne le sauriez pas.
M. Lalonde: Bon. Alors, je m'excuse. D'ailleurs, quand j'ai dit
ses troupes, je ne voudrais pas que ce soit...
M. Burns: Je n'ai aucune autorité sur lui.
M. Lalonde: ... entendu de façon péjorative,
non.
M. Burns: II est nommé par l'Assemblée nationale
aux deux tiers des voix.
M. Lalonde: Oui, bon. L'intervention du ministre...
M. Burns: C'est important.
M. Lalonde:... m'inspire la proposition suivante. La fonction et
la personne même du directeur, en ce qui me concerne, m'assurent de la
plus grande indépendance pour le travail qu'il a à faire et les
représentations qu'il fait ici. Mais, raison de plus! Quand même,
si le directeur général des élections nous dit: II faut
absolument conserver la réciprocité à ce fichier, et que
le ministre dit: Moi, je n'en veux pas, ce n'est pas important, on va
régler cela, il me semble que ce règlement devrait être
fait ailleurs qu'ici, M. le Président, parce que nous ne sommes que de
très modestes députés de l'Opposition, membres de cette
commission. Je ne parle pas des députés ministériels qui
n'ont pas dit un mot de la journée, c'est une autre histoire.
M. Bisaillon: Vous parlez assez comme ça.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai entendu du bruit.
Une Voix: Un écho là-bas.
M. Lalonde: M. le Président, on n'a pas entendu parler les
députés ministériels mais cela arrive qu'ils ne parlent
pas, généralement c'est quand les débats vont bien. Il
reste que le ministre qui est responsable de ce projet de loi et le directeur
général des élections ne semblent pas partager la
même opinion sur un élément essentiel et qui est
soulevé par la Commission des droits de la personne. De la même
façon que le directeur général des élections est
parfaitement indépendant à l'égard du ministre, la
Commission des droits de la personne est aussi parfaitement indépendante
à l'égard du gouvernement.
Donc, nous devons considérer son opinion non pas comme
entachée de partisanerie, mais à sa valeur même. Nous avons
deux questions importantes qui sont posées ici depuis le début de
cette commission. Premièrement, des principes ont été
soulevés qui n'apparaissaient pas au départ lors de
l'étude article par article. Lorsqu'on a reçu le mandat, on
pensait qu'on venait parler de technique ici, qu'on venait parler de cuisine,
qu'on venait de parler de questions qu'on pourrait régler entre nous au
plus grand bénéfice des Québécois. Mais il nous
apparaît que, tout à coup, des prin- cipes fondamentaux sont
soulevés en ce qui concerne le registre des électeurs,
premièrement. Deuxièmement, il y a un manque de cohésion
entre le ministre et celui qui va être appelé à administrer
la loi, si jamais elle est adoptée. Cela ouvre la porte, M. le
Président. Je pense que très sérieusement on devrait
considérer ici les députés ministériels
devraient le faire aussi; même s'ils n'ont pas exprimé leur
opinion de façon très loquace, je pense que d'ailleurs ils se
livrent à une réflexion qui pourrait être très
favorable à notre motion, M. le Président la
possibilité de demander à l'Assemblée nationale de nous
retirer le mandat parce qu'on n'est plus en mesure de discuter d'un projet de
loi devant le fait que des principes qu'on ne soupçonnait pas sont venus
à la surface et, surtout, devant cette espèce de manque de
cohésion qui nous est apparu de l'autre côté de la
table.
Les députés ministériels devraient se rendre compte
qu'ils ne peuvent pas comme nous, de l'Opposition, faire un travail utile
actuellement parce qu'on ne sait plus actuellement où se dirige le
gouvernement. On sait que le directeur général des
élections veut absolument la réciprocité dans le fichier.
On sait que le ministre n'est pas d'accord. Mais qui va décider? A moins
que le ministre ne nous dise immédiatement: On efface cela. A ce
moment-là, il faudrait demander à l'Assemblée nationale de
nous donner un nouveau mandat. Le mandat que nous proposons dans la motion qui
est faite par le député de Gatineau, étant donné
les principes qui sont impliqués dans ce projet de loi, c'est d'entendre
les organismes, d'inviter la population à se faire entendre sur un
projet de loi qui, de plus en plus, à mesure qu'on l'examine, touche aux
libertés fondamentales, aux droits fondamentaux des citoyens, de plus en
plus.
On parle d'informatique, d'ordinateur et de grosses machines. Cela a
l'air impersonnel, mais, d'un autre côté, comme
législateurs, nous ne pouvons pas tout simplement dire: On ne comprend
pas trop ce que c'est. Donc, on va laisser passer. Non! Il faut comprendre. Il
faut qu'on sache exactement ce que cela veut dire, par exemple la
réciprocité.
Cela veut dire qu'un fichier peut échanger des informations avec
un autre, qui peut échanger, ce qu'on va échanger, ce que
ça va donner comme brèche dans notre fichier supposément
confidentiel, en faveur d'organismes gouvernementaux, dans quelle mesure la
mécanique qu'est l'ordinateur, le "software" et le "hardware", dans
quelle mesure ça va être une présence de l'Etat sur chaque
liberté fondamentale, chaque liberté individuelle, chaque
être, chaque citoyen, au fond. C'est ça qu'on veut savoir.
Il me semble que la meilleure façon de le faire, c'est d'adopter
la motion, de retourner à l'Assemblée nationale, de demander un
mandat, de revenir ici en commission pour inviter la population, surtout,
naturellement, les experts en ordinateurs, en fichiers, ceux qui peuvent
répondre à nos questions, à nous éclairer, nous. Au
fond, ce qu'on va faire actuellement, ce qu'on est appelé à
faire,
c'est de déterminer la vie de chacun des citoyens en ce qui
concerne sa place dans le fichier, et tous les effets, toutes les
conséquences que ça peut avoir sur chacun des citoyens
d'être fichés dans ce qu'on a cru comprendre de la part du
ministre comme étant simplement une façon de mieux pouvoir
exercer un droit, c'est-à-dire le droit de vote on est d'accord
là-dessus mais qui semble être une espèce monstre
qu'on est en train de créer.
M. le Président, depuis deux ans, on a eu l'occasion de parler
à plusieurs reprises de ce gouvernement en termes d'apprenti sorcier.
Vous savez, votre culture est grande, vous avez sûrement entendu parler
de ce phénomène qu'est l'apprenti sorcier en musique, entre
autres, et vous savez, quand on déclenche l'avalanche, ça prend
peut-être simplement un geste, un souffle. Mais ce gouvernement n'a
jamais démontré de la capacité à mesurer ses
actions, à mesurer les conséquences, et nous, de l'Opposition,
notre rôle, c'est justement de dire au gouvernement: Attention, vous
êtes en train de créer un petit monstre ici, dont les citoyens
seront simplement les victimes. (20 h 30)
Avant d'aller plus loin; on n'est pas pressé. Le
député de Laval a démontré dans son intervention,
avant le dîner, qu'on pouvait parfaitement continuer avec la loi
actuelle; on procéderait au recensement, à l'automne, il y aurait
une révision, comme cela s'est fait depuis des années, et ce
n'est pas si mal. Il n'y a pas eu d'immense fraude électorale, il n'y a
pas eu d'absence généralisée de citoyens ayant droit de
vote sur les listes; il y a peut-être eu des accidents ici et là.
On veut améliorer, d'accord, mais, si on vivait avec la loi actuelle, il
n'y aurait pas péril en la demeure.
On pourrait facilement consulter, et c'est important de consulter la
population actuellement sur ce qu'on est en train de faire, ce qu'on est en
train de lui imposer. C'est pour cela que je pense que les
députés ministériels devraient... Je vois le
président du comité Dussault qui réfléchit. Il a
déjà commencé sa réflexion là-dessus il y a
plusieurs mois; il devrait être le premier à faire preuve de
prudence en ce qui concerne le fichier. Ce n'est pas lui personnellement qui
sera impliqué, mais ses électeurs. On sait jusqu'à quel
point il attache de l'importance à cela. Il devrait conseiller à
son ministre de faire attention. Oui on devrait peut-être consulter
davantage. C'est cela qu'il devrait dire à son ministre.
Naturellement, je vois je député de Sainte-Marie qui
réfléchit aussi, M. le Président. Lui aussi se propose,
j'en suis sûr, de faire une intervention auprès du ministre pour
lui dire: C'est important de consulter la population.
Si je n'ai pas réussi à convaincre les
députés ministériels au moins d'intervenir, de dire
pourquoi ils sont contre cette motion avant de voter, peine est perdue. Je
pense que j'ai provoqué une main à se lever, et c'est beaucoup
après une journée de silence.
J'ai un message, M. le Président, mais ce n'est pas signé.
Les lettres anonymes, vous savez ce que j'en fais.
M. le Président, c'est quand même extrêmement
important qu'on considère l'urgence de consulter la population, de
consulter ceux qui peuvent nous éclairer avant d'aller plus loin dans
l'étude, soit en deuxième lecture, soit article par article, de
ce projet de loi. C'est pour cela que si j'ai droit de vote je ne pense
pas, je suis seulement intervenant je vais appuyer cette motion, sinon
par mon vote, du moins par mes propos.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay, du comité Dussault.
M. Dussault: M. le Président, très
brièvement, mais très très brièvement.
M. Lavoie: Merci de votre intervention.
M. Dussault: Je voudrais dire à M. le député
de Marguerite-Bourgeoys que je fais preuve de prudence depuis longtemps sur
cette question. J'écoute très attentivement, plus attentivement
que les députés d'en face n'écoutent ce que je dis, tout
ce qu'il dit sur ce projet de loi et j'aurai la même ouverture d'esprit
que le ministre là-dessus. Je tiens à ajouter que c'est fort
habile de la part de M. le député de Marguerite-Bourgeoys
d'essayer de me faire participer à son filibuster, mais cela ne sera pas
le cas. Merci.
M. Lalonde: Cela a réussi pour deux minutes.
M. Fontaine: Je demande la parole sur la motion. C'est mieux que
ce qui a été fait jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Jolivet): Oui, vous voulez intervenir. M.
le député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: M. le Président, moi non plus, ni cet
après-midi ni ce matin, je n'ai pu participer aux travaux de la
commission parce que j'étais retenu à l'Assemblée
nationale avec les projets de loi du ministre de la Justice. J'ai quand
même pu, vers 17 h 30 cet après-midi, au perroquet, écouter
les propos du ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire où il énonçait certaines possibilités
d'amendement au projet de loi no 3, entre autres, au sujet des propos que vient
de tenir le député de Marguerite-Bourgeoys, quant à la
possibilité d'enlever la question de la réciprocité dans
la loi actuelle. Le député de Marguerite-Bourgeoys parlait d'un
manque de cohésion de la part du ministre par rapport aux propos tenus
par le directeur général des élections. Je me pose la
question et je la pose aussi au directeur général des
élections. Est-ce que le directeur général des
élections serait en mesure de vivre, d'appliquer dans les faits un
projet de loi qui ne contiendrait pas la réciprocité, parce que
dans le texte qu'il nous a livré ce matin, le directeur
général des élections disait, à la page 14: "II est
donc essentiel d'établir une table d'équivalence entre ces
différents identificateurs, afin que l'ordinateur puisse imputer les
informations qu'il reçoit au bon endroit, c'est-à-dire à
l'égard du bon électeur, en
traduisant l'identificateur de chaque organisme en NAM. Cette table
d'équivalence ne peut être établie sans échanger des
informations avec les différents organismes concernés."
Je vois que le directeur général des élections nous
dit: On ne pourra pas établir le projet de loi qu'on veut avoir si on
n'a pas cette réciprocité, et le ministre, de son
côté, lui, dit: Je serais prêt à enlever la question
de la réciprocité. C'est ce que j'ai compris au perroquet cet
après-midi. Si je me suis trompé, le ministre me reprendra. Il y
a là, certainement, une question à vider entre le directeur
général des élections et le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire. Quant à nous, nous
avons déjà manifesté nos craintes et nos
appréhensions et nous les avons déjà formulées
depuis le dépôt de ce projet de loi. Elles sont de plus en plus
confirmées, à savoir que ce que nous pensons, c'est que le
système qu'on nous propose sera un système de fichage
systématique des citoyens. Cela nous est encore confirmé par le
texte du directeur général des élections qui nous dit: Le
registre devrait comprendre pour chaque électeur les renseignements
suivants: Son nom, son prénom, son adresse, son sexe, sa date de
naissance, son numéro d'assurance-maladie, son numéro de permis
de conduire, son numéro d'assurance sociale, son numéro de
dossier d'allocations familiales. D'ailleurs, on sait déjà qu'il
n'y aura pas seulement les électeurs qui vont être inscrits sur
cette liste, il y a d'autres personnes qui vont pouvoirs être inscrites
sur ce fichier de citoyens.
Force nous est d'admettre également que l'inscription au fichier
sera obligatoire. On fait des distinctions subtiles entre le fichier et la
liste électorale, mais tous les citoyens seront inscrits au fichier et
il y a seulement les citoyens qui vont juger d'utiliser la formule qu'on dit
d'"opting out" sur demande, qui vont pouvoir être enlevés de la
liste électorale, mais il n'y a personne qui va pouvoir demander
d'être enlevé du fichier. Il va être automatique, le
fichier; tout le monde va être inscrit sur le fichier. Je pense qu'on
s'approche trop du fichage à cause de cela.
On a admis également que cette opération servira à
démêler le fichier des bénéficiaires de la
Régie de l'assurance-maladie. On nous dit comme argument que ce fichier
va servir à démêler le fichier de l'assurance-maladie. S'il
y a des inexactitudes à 40% dans le fichier de l'assurance-maladie, je
ne pense pas que ce soit un bon moyen à utiliser pour faire le fichier
des électeurs. Que la Régie de l'assurance-maladie fasse son
travail, qu'elle réussisse à compléter sa liste à
100% et, après, nous pourrons nous en servir. Je ne pense pas que ce
soit au directeur général des élections d'aider la
Régie de l'assurance-maladie à compléter son fichier.
Le directeur général des élections ou le ministre
d'Etat à la réforme électorale et parlementaire pourraient
peut-être nous dire quel est le pourcentage d'inexactitudes que nous
retrouvons dans la formule actuelle. Si le pourcentage de la formule actuelle
nous donne 10% d'écarts, on serait peut- être mieux de conserver
la formule actuelle que de se lancer dans la formule qu'on nous propose avec
40% d'inexactitudes.
Egalement, la mise en place de ce registre nous semble être,
malgré les dénégations du ministre, une porte ouverte
à l'utilisation obligatoire d'une carte d'électeur. Je pense que,
encore là, le directeur général des élections y a
fait allusion ce matin dans son texte où il disait ceci: "S'il
était impossible d'utiliser le numéro d'assurance-maladie comme
identificateur pour le registre des électeurs, il faudrait en
créer un qui soit propre à la constitution du registre. Pour
porter à la connaissance de l'électeur son identificateur, il
faudrait alors émettre une carte d'identité sur laquelle seraient
inscrits son nom, prénom, date de naissance, sexe et son identificateur
informatique. Cela irait à l'encontre d'une décision à
l'effet de ne pas utiliser la carte d'électeur."
Je ne sais pas si le directeur général des
élections a ajouté d'autre chose pour commenter ce texte, mais,
si je prends le texte tel quel, on arrive à cette idée.
En conclusion, l'Union Nationale s'oppose à cette mesure qui est
une atteinte directe à la vie privée des citoyens. Nous sommes
d'opinion que le système actuel pourrait être conservé,
tout en favorisant l'exercice du droit de vote par de meilleurs
mécanismes de recensement et de révision.
Or, le pourcentage d'inexactitude du système actuel, je ne pense
pas que personne encore nous l'ait donné, mais je pose la question au
ministre ou au directeur général. Qu'il nous informe du
pourcentage d'inexactitude du système traditionnel, et nous verrons
immédiatement si nous faisons fausse route dans l'application du nouveau
système qu'on veut nous imposer.
Il y a également une autre question qu'il faut se poser. On n'a
pas pensé à ce qui arriverait s'il y avait un échec
complet de la formule proposée. Je donne un exemple: Tous les
renseignements qu'on obtiendrait seraient contenus dans un ordinateur
situé dans un édifice de la Régie de l'assurance-maladie
du Québec. Si, par exemple, cet édifice brûlait, on
perdrait tous les renseignements qui seraient à la disposition du
directeur général des élections. Il n'y a aucun
mécanisme dans la loi prévoyant un système de
remplacement. Je pense que ce serait important de prévoir dans cette loi
un système de remplacement, si jamais on décidait de
l'appliquer.
Il y a également le fait que le ministre nous ait
déjà distribué une série d'amendements qu'il nous a
proposés. Encore cet après-midi, il faisait état de
quelques autres amendements qu'il avait l'intention de proposer à cette
commission, si jamais on continuait d'étudier le projet de loi article
par article. A mon avis, le ministre n'a pas fait ses devoirs comme il le faut
et il devrait demander au leader du gouvernement tout simplement de
réimprimer son projet de loi.
De toute façon, je pense que la motion qui est
présentée par le député de Gatineau permettrait,
pendant que les discours à l'Assemblée nationale pourraient
être prononcés sur le principe du projet
de loi, au ministre d'Etat à la réforme électorale
et parlementaire de repenser à la formulation de son projet de loi et de
le faire réimprimer. Cela permettrait également, comme on l'a dit
tantôt, de demander que des auditions publiques soient tenues afin que
les groupes intéressés viennent devant la commission
parlementaire, par la suite, se faire entendre et émettre leurs
commentaires. Plus particulièrement, il serait peut-être
intéressant de questionner ici, à cette commission, le
président de la Commission des droits de la personne, M. Hurtubise. Il
nous a pondu un texte nous donnant son opinion, mais il serait peut-être
avantageux pour les membres de la commission de le questionner encore plus et
d'avoir des commentaires plus précis sur ses positions quant à la
loi qu'on nous propose.
M. le Président, quant à moi, je pense que je voterai
favorablement à l'adoption de cette motion, puisqu'elle permettrait de
faire avancer nos travaux normalement et permettrait également, en
même temps, au ministre de refaire ses devoirs.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'on passe au vote?
M. Gratton: M. le Président!
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Gatineau. (20 h 45)
M. Gratton: Brièvement, j'aimerais reprendre certains des
arguments qui ont été invoqués par ceux qui sont
intervenus dans ce débat, aussi bien en premier lieu par le
député de Saint-Jacques, leader du gouvernement, qui, tout en
n'intervenant pas nécessairement sur cette motion, a quand même
donné diverses raisons qui le justifiaient, à son avis, de la
rejeter. D'ailleurs, vous vous rappellerez qu'à la fin de son
intervention, à court d'arguments, il avait même fait allusion,
à la suggestion du ministre d'Etat à la réforme
électorale, à la recevabilité, ce dont vous avez
jugé très rapidement sans même qu'on ait à
intervenir puisque, effectivement, la commission peut en tout temps faire le
rapport que la motion que j'ai présentée lui demande de
faire.
Le député de Saint-Jacques, cet après-midi, devait
être effectivement à court d'arguments pour invoquer le fait que
si nous adoptions la motion que nous avions annoncée à ce
moment-là et que j'ai depuis déposée, à l'effet de
faire rapport spécial à l'Assemblée nationale, on
risquerait possiblement, compte tenu de l'ordre de l'Assemblée
nationale, de se retrouver dans une situation où nous voterions la
deuxième lecture mais qu'il n'y aurait pas moyen pour l'Assemblée
nationale de déférer le projet de loi en commission parlementaire
pour l'étude article par article parce que c'est déjà ce
qu'on est censé être en train de faire à ce moment-ci,
avant la deuxième lecture.
M. le Président, je pense que cela ne vaut même pas la
peine d'être soulevé plus longuement que pour illustrer
jusqu'à quel point le gouvernement ne sait trop dans quelle direction il
s'en va avec ce projet de loi. D'ailleurs, le ministre d'Etat à la
réforme électorale lui-même nous avait dit, avant
même qu'on présente la motion, au moment où le
député de Laval n'en faisait que l'annonce officieuse,
qu'à toutes fins utiles il n'y avait pas nécessité de
présenter la motion, qu'il acceptait d'avance qu'on retourne à
l'Assemblée nationale. Vous vous souviendrez que c'est seulement
après un petit conciliabule entre le leader du gouvernement et le
ministre d'Etat à la réforme électorale dans le corridor,
après l'intervention du leader du gouvernement, député de
Saint-Jacques, que le député de Maisonneuve, ministre d'Etat
à la réforme électorale, a qualifié ses propos en
disant: Je le maintiens, si on s'accorde pour qu'il n'y ait pas de discussion
possible et si on se rend compte qu'on ne peut pas avancer dans l'étude
article par article, qu'on fasse rapport à l'Assemblée
nationale.
M. le Président, il me semble que c'était clair, tant dans
les propos que j'ai tenus que dans ceux que le député de Laval et
le député de Marguerite-Bourgeoys ont tenus sur la motion; pour
nous, il n'est pas question d'adopter des articles de ce projet de loi tel
qu'il est rédigé présentement, à moins qu'on nous
donne une indication de la part du ministre que des amendements majeurs seront
apportés. Et même là, M. le Président, c'est le
principe même du registre des électeurs qu'on remet en cause,
à la lumière des informations qu'on a obtenues tant de la
Commission des droits de la personne que du directeur général des
élections.
Vous savez, M. le Président, le député de Johnson
disait cet après-midi: On n'a réellement pas besoin de tenir des
auditions pour entendre des experts, on a le meilleur expert possible en la
personne du directeur général des élections. Je souscris
à cela que le directeur général des élections est
effectivement la personne la mieux qualifiée, la mieux informée
pour nous dire ce qui est nécessaire au point de vue information, au
point de vue technique d'informatique, à tous les points de vue, ce qui
est nécessaire pour avoir un registre qui soit valable, qui soit utile.
Or, le directeur général des élections, ce matin, ne nous
a pas seulement dit mais nous a écrit dans le texte qu'il nous a
présenté qu'il y avait des informations additionnelles à
celles qu'on retrouve à l'article 4 du projet de loi qui étaient
essentielles pour que lui, en tant que directeur général des
élections, puisse constituer un registre des électeurs
valable.
Je voudrais ici, M. le Président, que ce soit bien clair pour
tout le monde que lorsque nous faisons allusion aux propos du directeur
général des élections, nous le faisons strictement
à partir de ce qui nous a été présenté ce
matin, et qu'on ne remet absolument pas en cause ni les intentions ni la
façon de voir les choses du directeur général des
élections. C'est tellement vrai, M. le Président, que si je
n'avais pas une confiance absolue dans l'objectivité,
l'intégrité et l'impartialité de la personne de Me
Côté, qui est directeur général des élections
au Québec, je n'aurais pas, par exemple, proposé le projet de loi
195 quant à la nomination des présidents d'élection
où, dans
le texte du projet de loi, c'est au directeur général des
élections seul que nous voulons confier la responsabilité de
nommer les présidents d'élection dans les circonscriptions
électorales du Québec.
Contrairement au projet annoncé par le ministre d'Etat à
la réforme électorale dont nous n'avons pas encore de nouvelles,
qui n'a pas été déposé, qui, semble-t-il, le sera
peut-être avant la fin de la session, mais qui, possiblement, ne sera
sûrement pas adopté avant la fin de la session, on fait allusion
à une sélection de trois candidats possibles pour un comté
donné. La liste de trois candidats serait préparée par le
bureau du directeur général des élections, mais c'est le
gouvernement qui finirait par prendre la décision quant à la
personne à nommer, alors que nous, dans le projet de loi que nous avons
présenté, M. le Président, il ne s'agit pas pour le
directeur général des élections de faire simplement le
travail de cuisine et, ensuite, de laisser la décision au gouvernement.
Il s'agit de lui laisser l'entière responsabilité,
l'entière autorité pour faire ce choix. C'est parce que,
justement, M. le Président, on n'a aucune espèce de
réserve sur l'intégrité, sur l'objectivité de la
personne de Me Côté qui occupe le poste de directeur
général des élections.
Cela étant dit, M. le Président, force nous est de
reconnaître que si le meilleur expert en la matière, comme le
qualifiait le député de Johnson cet après-midi,
c'est-à-dire le directeur général des élections,
nous dit dans un document qu'il en va de la viabilité du registre des
électeurs d'avoir des renseignements additionnels je n'en ferai
pas l'énumération, cela fait déjà trois fois que je
la fais aujourd'hui qu'il est essentiel d'avoir la
réciprocité, l'échange d'information entre le directeur
général des élections, d'une part, et les organismes qui
lui fournissent des renseignements, M. le Président, je ne me satisferai
pas d'une simple déclaration du ministre d'Etat à la
réforme électorale qui dit: C'est l'opinion du directeur
général des élections. Quant à la
réciprocité, je ne la partage pas et je suis même
prêt à m'engager, au moment de l'étude article par article,
à la laisser tout simplement tomber.
C'est une des deux choses, M. le Président.
Si c'est le directeur général des élections qui a
raison et qu'il en va de la viabilité du registre d'avoir cette
réciprocité et cet échange d'information entre le
directeur et les organismes, si c'est cela, à ce moment-là, nous
aurons un registre qui sera valable, mais nous aurons, à notre avis, et
de l'avis de la Commission des droits de la personne, brimé le droit
à la vie privée des citoyens.
D'autre part, si ce n'est pas cela, si ce n'est pas le directeur
général des élections qui a raison, mais si c'est le
ministre d'Etat à la réforme électorale qui lui, nous dit:
On peut laisser tomber la réciprocité et on va quand même
avoir je le présume un registre des électeurs
valable, c'est au ministre de nous en fournir la preuve. Ce n'est pas à
moi en tant que député, non plus qu'aux députés
ministériels, à moins qu'ils aient des renseigne- ments que je ne
possède pas. A ce moment-là, il y a quelque chose qui ne marche
pas quelque part parce qu'en tant que député de l'Opposition,
j'ai autant droit à toute l'information pour prendre une décision
valable que les députés ministériels. Je suis sûr
que ce n'est pas cela. Donc, l'alternative, c'est qu'on aura un registre qui,
sans échange, sans réciprocité d'information, ne vaudra
rien. Et on aura accompli quoi avec cela, M. le Président?
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement. Je m'excuse auprès du député de Gatineau
de faire cette intervention. Si je n'avais pas la certitude que nous sommes en
train de vivre un filibuster, je ne ferais peut-être pas cette
intervention. Mais je la fais. Vous savez je ne vous l'apprendrai pas,
M. le Président que l'article 160 prévoit que sur une
motion, un député a le droit de parler 20 minutes.
J'ai pris bonne note cet après-midi du temps pendant lequel a
parlé M. le député de Gatineau et, actuellement, il est
rendu à 38 minutes. Alors, je voudrais savoir si vous avez l'intention
d'appliquer le règlement, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Bonne question. Le
député de Gatineau a effectivement parlé de 16 h 55
à 17 h 14 cet après-midi, alors qu'il avait droit de parler
jusqu'à 17 h 15, ce qui lui donne une minute. Actuellement, j'ai cru
comprendre qu'il prenait un droit de réplique sur la motion qu'il a
présentée et qu'en conséquence, selon l'article je
n'ai pas le règlement devant moi à la page 51...
M. Gratton: Page 51, au bas de la page.
Le Président (M. Jolivet): ... au bas de la page, il a un
droit de réplique de 20 minutes.
M. Gratton: Paragraphe a) de l'article 101.
Le Président (M. Jolivet): A l'article 101, un
député qui a fait une motion de fond a un droit de
réplique de 20 minutes.
M. Burns: Ce n'est pas une motion de fond; c'est une motion de
forme.
M. Dussault: C'est l'article 160 qui devrait s'appliquer
intégralement qui dit que, sur un même point, on ne peut parler
plus de 20 minutes.
M. Gratton: Pourriez-vous lire l'article 101, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, il lui reste de 20 h 45 à 21 h 5, ce qui lui donne environ dix
autres minutes. Simplement pour vous dire que les règlements de
l'Assemblée nationale s'appliquent, et il a droit à 20 minutes.
Donc, il vous reste dix minutes, M. le député.
M. Dussault: Alors, je serai patient!
M. Gratton: M. le Président, vous êtes on ne peut
mieux dans vos décisions aujourd'hui, comme, d'ailleurs, vous
l'êtes toujours. S'il me reste dix minutes, j'en prendrai à peine
deux pour dire à l'intention de ceux qui se sont
inquiétés... Plutôt, M. le Président, vous me
permettrez, avant, de compléter ma pensée en disant que, bien
entendu, le député de Johnson avait raison cet après-midi
de nous dire que nous avons en la personne du directeur général
des élections l'expert on ne peut mieux qualifié pour nous
renseigner sur toute la technique nécessaire pour la confection du
registre des électeurs. Mais, M. le Président, le ministre
responsable du projet de loi, le ministre d'Etat à la réforme
électorale, nous dit, lui, qu'il ne partage pas le point de vue du
directeur des élections quant à la réciprocité. Il
nous dira peut-être on ne peut en être sûr, M. le
Président, parce que le ministre se refuse à nous le dire
jusqu'à ce que nous entamions l'étude article par article du
projet de loi au moment de l'étude de l'article 4, à
propos des informations que le directeur général des
élections qualifie d'essentielles à la viabilité du
registre: Non, ce n'est pas nécessairement vrai; on peut en laisser
tomber un certain nombre. Je vous rappellerai tout simplement que la Commission
des droits de la personne, avant même de connaître les exigences
que nous a énumérées le directeur général
des élections ce matin, s'opposait même à l'inclusion du
numéro d'assurance-maladie au registre des électeurs. C'est donc,
M. le Président, dire que le texte original du projet de loi comporte
des problèmes de l'avis de la Commission des droits de la personne et en
comporte certainement aux yeux de l'Opposition officielle comme des
députés de l'Union Nationale.
Je dis donc, M. le Président, que la seule solution à
l'impasse où nous sommes placés présentement à la
commission, c'est d'adopter la motion que j'ai présentée afin de
faire rapport à l'Assemblée nationale. Si le ministre nous
disait: On doit fixer des délais; ça nous prend le projet de loi
absolument avant l'ajournement d'été... Moi aussi, j'admets que
ce serait souhaitable que ce projet de loi soit adopté ou, en tout cas,
qu'on puisse se donner un outil quelconque pour avoir la meilleure liste
électorale possible, le plus tôt possible, mais, M. le
Président, je suis prêt à parier avec vous et avec
n'importe qui, et surtout avec le ministre d'Etat à la réforme
électorale, qui a l'habitude de bien se dégager de ses
paris...
Le Président (M. Jolivet): Ma neutralité
m'empêche de parier avec vous.
M. Gratton: Mais je fais le pari suivant, M. le Président:
Même si la loi était votée avant l'ajournement
d'été, même si on donnait au directeur
général des élections la possibilité d'obtenir
toutes les informations qu'il a qualifiées d'essentielles ce matin, je
dis que cela prendrait encore un an, sinon plus, pour en arriver à
obtenir ce registre des électeurs et surtout la liste électorale
qui en découlera. (21 heures)
C'est tellement vrai, M. le Président, que je citais cet
après-midi ce passage du mémoire du directeur
général des élections adressé au Conseil des
ministres quant à la nécessité et à l'urgence
d'adopter le projet de loi 123 que nous avions voté en décembre
dernier. On disait, à ce moment-là: Pour qu'on puisse avoir le
registre des électeurs et la liste électorale permanente pour le
printemps 1979, c'est-à-dire aujourd'hui, il faut absolument adopter le
projet de loi 123 avant décembre. On l'a adopté, le projet de loi
123, au mois de décembre, M. le Président, et on est loin d'avoir
un registre aujourd'hui.
Je dis donc, M. le Président, qu'il n'y a pas péril en la
demeure que de se rendre au désir exprimé dans la motion que j'ai
présentée à l'effet de tenir les auditions
nécessaires pendant le temps qu'il faudra pour entendre les personnes
qui viendront arbitrer cette espèce de conflit qui semble exister entre
le ministre d'Etat à la réforme électorale, d'une part, et
le directeur général des élections, d'autre part, et
peut-être bien, aussi, la Commission des droits de la personne qui,
encore une fois, une huitième fois, semble-t-il, a exprimé des
réticenses et des appréhensions quant à un projet de loi
de ce gouvernement dont, heureusement, nous sommes informés,
contrairement à plusieurs autres projets de loi où les avis de la
commission nous ont échappé.
En terminant, M. le Président, je dirai simplement que toute
cette question de la réciprocité qu'on retrouve essentiellement
à l'article 18, lorsque nous avons commencé nos travaux il y a
deux semaines, on l'avait soulevée. On avait questionné et le
ministre et le directeur général des élections à ce
sujet. On avait obtenu du directeur général des élections
l'assurance qu'il réfléchirait à la chose et qu'il nous
ferait part du résultat de ses réflexions. Nous avons connu le
résultat de ses réflexions ce matin. Il a dit: C'est essentiel
à la viabilité du registre.
Le ministre, lui, pour sa part, nous avait promis un amendement,
amendement qu'il a d'ailleurs déposé, M. le Président. Je
vous ferai remarquer que dans l'amendement que le ministre a
déposé, il y a deux semaines, à l'article 18, on fait tout
simplement sauter les mots "aux personnes", "quant aux personnes qui doivent
recevoir les informations du directeur général des
élections", Dans le libellé de l'amendement qu'on nous a
présenté, un ministère ou un organisme du gouvernement
peut recevoir, et doit même recevoir du directeur général
des élections toute modification qui implique des changements aux listes
électorales. On a bien ajouté que le directeur
général des élections ne peut faire parvenir de tels
renseignements au ministère du Revenu, à la Sûreté
du Québec et au ministre de la Justice. C'est corriger quelque chose qui
manquait déjà au projet de loi puisque c'est inscrit, à
toutes fins utiles, dans le projet de loi 123.
Donc, pour toutes ces raisons, j'invite la commission à adopter
cette motion de façon à donner raison au ministre d'Etat à
la réforme électorale qui se disait lui-même prêt,
cet après-midi, avant
même la présentation de la motion, à retourner cette
question là où elle devrait être, c'est-à-dire
à l'Assemblée nationale.
Mise aux voix de la motion de renvoi
Le Président (M. Jolivet): Le vote étant
demandé, maintenant... M. Burns (Maisonneuve)?
M. Burns: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Bisaillon
(Sainte-Marie)?
M. Bisaillon: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Lavoie (Laval)?
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska)?
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Gratton (Gatineau)?
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Jolivet): La motion est donc
refusée.
M. Lavoie: Le ministre nous a dit qu'il était en faveur
quand on a présenté cette motion.
Le Président (M. Jolivet): Avec le vote que j'ai,
cependant...
M. Burns:... pourquoi je n'étais pas en faveur. Une
Voix: II change d'idée.
Le Président (M. Jolivet): Nous revenons donc à
l'action principale où nous en étions rendus ce matin, au moment
où cette motion est arrivée, après l'heure du dîner,
aux questions qui étaient posées. Je demande à
l'Assemblée si on continue dans ce rythme, sur le rapport du directeur
général des élections, questions posées directement
au directeur général des élections.
M. Bisaillon: ... adopté.
M. Lavoie: A plusieurs occasions, le rapport du directeur
général des élections a été mis en cause. Je
pense qu'en toute justice, on doit lui donner la chance de s'expliquer, en
toute équité; il a certainement des choses à nous
dire.
M. Dussault: ... vous allez participer à leur
"filibuster", faites attention, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. Côté, toujours
parlant en son propre nom.
M. Côté: M. le Président... M. Lavoie:
M. Côté à notre tour...
Objet du registre des électeurs (suite)
M. Côté: Savez-vous, je vais être
obligé de prendre mon temps, M. le député, parce que je ne
m'attendais pas à reprendre la parole ce soir. Je demande si la
meilleure façon serait de repasser les notes pour voir les questions qui
m'ont été posées, de revoir le texte que j'ai
moi-même rédigé et revu dans le courant de la
journée, au sujet duquel je pourrais peut-être apporter certaines
précisions. Je tiens à vous signaler et à vous
répéter, en tous les cas, que ce qui est contenu je l'ai
mentionné au tout début dans ce texte que je vous ai
présenté découle des informations qui m'ont
été communiquées par des spécialistes en la
matière. Peut-être que je pourrais vous rappeler également
que cela découle d'un document qui m'a été remis au mois
de décembre qui est une décision du Conseil des ministres en date
du 3 mai 1978 et de ce que j'ai compris du mandat qui m'était
confié en vertu de la loi 123. Je comprends très bien que les
prises de position qu'il y a dans ce document peuvent en surprendre assez
facilement plusieurs. Il est certain que ces prises de position visent à
la réalisation d'un registre des électeurs qui soit, comme le
député de Maisonneuve l'a mentionné ce matin, d'une
qualité maximale.
Je ne connais pas, évidemment je les connaîtrai au
fur et à mesure les amendements qui pourront être
apportés à la loi qui pourraient, à mon avis, soit
bonifier ou rendre difficile la réalisation du registre; je pense qu'il
est difficile pour moi à ce stade-ci de me prononcer sur des amendements
que j'ignore. Je n'irais pas jusqu'à dire que ce qui est contenu dans le
document est absolument, je dirais, si on me permet l'expression,
vérité d'évangile; pour ma part, je crois qu'il y a
toujours des accommodements possibles dans la réalisation d'objectifs
qu'on se fixe ou des mandats qui nous sont confiés. Si les membres de
l'Assemblée nationale arrivent avec des propositions qui sont
différentes de celles que j'avais comprises dans le mandat qu'on m'avait
confié, je vais me soumettre aux décisions des membres de
l'Assemblée nationale et agir au meilleur de ma connaissance pour
réaliser ce mandat. Evidemment, cela a été souligné
ce matin, la réalisation d'une liste électorale permanente en
plaçant les noms
des électeurs sur ordinateur et quelque chose de complexe et de
difficile.
Personnellement, après plusieurs mois de travail cela fait
déjà plusieurs mois que nous travaillons à ce projet
j'ai le sentiment que dans la ligne de travail que nous nous
étions tracée, nous sommes capables de respecter le mandat qui
nous a été confié. Encore là, je veux
répéter qu'il y a des technicités au sujet desquelles il
est certainement possible d'en arriver à des accommodements, à
des modifications. Il y a toujours sur le plan technique, je crois, moyen de
trouver des façons différentes de procéder de celles qui
ont été. Il va sans dire que, si on en arrivait à des
technicités différentes, pour moi, il faudrait revoir les
échéanciers, il faudrait revoir la façon dont cela se
réaliserait, parce que cela pourrait vouloir dire une orientation
nouvelle dans la réalisation du mandat. Quand j'ai dit j'ai
exprimé une opinion, je tiens à le dire, sous réserve
qu'il me semblait que la viabilité même du registre est en
cause dans le cas de la réciprocité des informations, c'est la
viabilité du registre dans les conditions optimales, dans les meilleures
conditions possible. Un point qu'il est important que vous reteniez, je pense,
c'est qu'une des difficultés dans la réalisation d'un registre
permanent des électeurs, d'une liste électorale permanente sur
ordinateur et cela a été mentionné
précédemment c'est de procéder en ayant un
recensement qui, en principe, ne devrait pas être suivi d'autres
recensements.
Mais quelle est la façon d'en arriver à avoir une liste
électorale qui soit utilisable dès l'émission d'un bref?
C'est évidemment en ayant des techniques de mise à jour de la
liste qui soient satisfaisantes. A cet égard, il y a sûrement une
difficulté qui est majeure, qui est celle des très grands nombres
de déménagements qui se produisent dans une année. Vous
savez peut-être mieux que moi qu'il est bien important qu'un
électeur se retrouve dans sa bonne section de vote le jour du
scrutin.
Quand je cite le chiffre de 800 000, c'est une évaluation
on le verra au bout d'un an ou deux d'après les études
qu'on a faites jusqu'à ce jour. Cela peut être 500 000, 600 000,
c'est certainement quelques centaines de milliers de personnes. Mais s'il
arrivait qu'on n'ait pas les moyens adéquats pour vraiment
contrôler le changement d'adresse des personnes qui
déménagent, il pourrait s'ensuivre une difficulté
réelle de placer les électeurs dans les bonnes sections de
vote.
Si vous me permettez juste un moment de réflexion, il y a un
autre point que je voulais vous mentionner, qui va me revenir à
l'esprit... Un autre point qu'il est important de souligner, c'est le suivant.
Une des raisons, par exemple, qui nécessitaient cette
réciprocité je vais revenir sur un point c'est ce
que je viens de souligner, soit que chacun des organismes avec lesquels on peut
être appelé à faire affaires, les organismes que j'ai
mentionnés dans mon mémoire, desservent une clientèle qui
leur est propre, et les informations qui sont détenues par l'un ou
l'autre ne sont pas aussi rigoureuses à l'égard des adresses,
parce que pour nous, une mauvaise adresse peut signifier quelqu'un qui est
situé dans une mauvaise section de vote. Je veux tout de suite
préciser un point. Quand je mentionne dans le texte qu'il peut y avoir
six cas sur dix qui sont inexacts du côté des informations venant
de la Régie de l'assurance-maladie du Québec, je veux dissiper
une équivoque immédiatement à cet égard.
C'est une évaluation, encore une fois, que nous, nous faisons. Il
ne s'agit pas de six sur dix erreurs dans le registre de la Régie de
l'assurance-maladie, mais notre évaluation est que dans six cas sur dix
des noms inscrits au registre de l'assurance-maladie, la bonne adresse est
indiquée. Il s'agit uniquement de l'adresse, dans ce cas, il ne s'agit
pas des autres informations. La bonne adresse y est indiquée. Notre
évaluation est qu'il y aurait évidemment là encore
on vérifiera seulement à l'occasion du recensement quatre
cas sur dix où l'adresse pourrait ne pas être exacte ou ne serait
pas la bonne. Cela se répartit de la façon suivante... Encore
là, je vous le donne sous toute réserve; cela peut sembler
énorme de donner des chiffres de six sur dix et de quatre sur dix, c'est
40%, c'est 60%. Je les donne avec beaucoup de réserve, parce que cela
peut être huit sur dix qui soient exacts et seulement deux sur dix qui ne
le soient pas, mais d'après les estimations qu'on a faites, nos
études, il y a un certain nombre de personnes qui ont
déménagé et qui n'ont pas manifesté leur
déménagement à la Régie de l'assurance-maladie,
parce que ce n'est pas absolument requis.
Il faut bien se rendre compte que ce n'est pas la même exigence
pour la Régie de l'assurance-maladie; cela n'a pas de conséquence
pour elle d'obtenir ce changement d'adresse. Elle l'obtient très souvent
seulement au moment du renouvellement de la carte, ce qui peut se faire, comme
je l'ai mentionné, à tous les quatre ans. Ce n'est pas là
une déficience, je veux être très clair parce que je
ne voudrais pas être injuste à l'égard de la Régie
de l'assurance-maladie du côté de la Régie de
l'assurance-maladie, mais c'est pour nous une difficulté réelle
par ailleurs, parce qu'il faut vraiment avoir les adresses exactes. Dans 20%
des cas il y a des gens qui ont pu déménager et, dans d'autres
cas, un très grand nombre de cas, il arrive que l'adresse qui est
indiquée au dossier d'après les informations que nous a
fournies la Régie de l'assurance-maladie d'une personne
bénéficiaire de la Régie de l'assurance-maladie, peut, par
exemple, être le code postal. Vous savez évidemment qu'un code
postal n'est pas une adresse d'un domicile pour des fins électorales.
Là encore, il faut vérifier avec exactitude. (21 h 15)
L'hypothèse sur laquelle nous avons reçu le mandat de
travailler, c'était d'établir un fichier permanent des
électeurs, comprenant le nom, l'adresse, l'occupation et le
numéro d'assurance-maladie je fais référence au
document du 3 mai 1978 l'utilisation de ce fichier pour la
réalisation d'une liste électorale sur la base... La constitution
de ce fichier à partir de listes préliminaires prépa-
rées rnécanographiquement à partir du fichier de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec et du moyen du recensement
de porte en porte. C'est cette hypothèse de travail que nous avons
retenue.
Si on retient cette hypothèse dans la réalisation du
registre et qu'on utilise les informations contenues dans le registre de la
Régie de l'assu-rance-maladie ce soir, je vous le donne encore
sous réserve; je vais être très prudent, car c'est sujet
à une étude plus approfondie à mon avis, je pense
qu'il faudrait, tout au moins, avoir des échanges d'informations
très précises de part et d'autre avec la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, si on n'en a pas avec d'autres
organismes. Je pense sur le plan pratique, mais je vous le donne encore sous
réserve; il y a tellement d'éléments à revoir. Cela
n'est pas une hypothèse qu'on a retenue. Je vous signale que, dans le
travail qu'on a effectué, on a retenu de ne pas utiliser ce moyen
d'obtenir des informations.
Je reprends l'exemple de tout à l'heure. S'il y a quatre
personnes sur dix qui n'ont pas la bonne adresse, lors du recensement, nous
allons indiquer cette adresse et il va falloir vérifier avec la
Régie de l'assurance-maladie. Il peut arriver qu'un certain nombre de
personnes n'aient pas, non plus, de numéro d'assurance-maladie. Comment
voulez-vous qu'on puisse, si le numéro d'assurance-maladie et le
numéro de l'identificateur d'informatique... Je comprends que, là
encore, il s'agit d'un grand mot qui est peut-être difficile. Je taquine
souvent les informaticiens. Je leur ai dit que, pour ma part, j'ai appris tout
un vocabulaire nouveau, quand on parle du logiciel, de systèmes, de
sous-systèmes et d'identificateur informatique. Il faut presque un
dictionnaire quand on leur parle. Comme c'est une science assez
particulière et qui rend bien des services, il faut quand même
employer le même langage. L'identificateur informatique est tout
simplement, pour donner l'exemple le plus simple, la même chose qu'un
numéro que vous avez dans un compte en banque. C'est bien certain que le
numéro de folio qu'on a dans une caisse populaire par exemple, c'est un
identificateur informatique. C'en est un, identificateur informatique. Je sais
bien que, pour ma part, si je possédais je donne cela juste entre
parenthèses l'identificateur informatique d'une autre personne,
cela ne veut pas dire que j'aurais accès à son dossier
nécessairement. Je pense que vous le comprenez assez facilement, parce
qu'il y a des moyens de le contrôler.
Si vous me le permettez, je ne vais que repasser rapidement les quelques
notes prises à partir de questions que vous m'avez posées. M.
Lavoie et M. Fontaine m'ont posé la question: Quel serait le pourcentage
d'inexactitudes du système actuel, de la façon traditionnelle de
procéder? En vérité, je n'ai pas de données
précises là-dessus. Il n'y a pas eu de chiffres. Je ne peux que
vous donner des approximations. On me dit que, par exemple, dans certaines
sections de vote rurales, comme elles existent présentement, on peut
dire que l'exactitude est de 100%. Mais, dans certaines sections de vote
urbaines, dans certains secteurs de Montréal, là,
évidemment, cela peut varier énormément. Je ne serais pas
honnête si je vous donnais des chiffres que je ne possède pas,
parce qu'il n'y a pas eu d'étude précise là-dessus.
Seulement une question que M. Lavoie a posée ce matin, je la
retrouve. Il m'a posé deux questions en particulier: l'une sur les
erreurs possibles sur les listes actuelles et l'autre sur les
échéanciers pour la nomination des recenseurs pour le recensement
du mois de septembre. Si le recensement avait lieu au mois de septembre, tel
que prévu, c'est évidemment pendant la période du mois
d'août qu'il faudrait procéder à la nomination des
recenseurs.
Mais si le projet de loi est adopté, on peut procéder
assez rapidement, à mon avis. En tout cas, on a établi un
calendrier. Je pourrais vous donner les grandes lignes de ce que nous
envisageons. Comme je vous ai dit, on a l'intention de communiquer très
rapidement avec les partis politiques impliqués pour nous soumettre des
recommandations de nomination de recenseurs.
Dans l'hypothèse de travail qu'on envisage, le dernier jour, par
exemple, pour la recommandation de la nomination des recenseurs serait vers la
fin du mois d'août, vers le 23. Ce qui veut dire qu'à partir du
milieu du mois d'août au 23... Je vous rappelle à cet égard
qu'on me signale qu'il est arrivé, dans les années
antérieures, que les recensements se sont tenus assez tôt au mois
de septembre, que cette situation s'est déjà
présentée. Evidemment, si les partis politiques qui veulent faire
des recommandations sont prévenus assez longtemps à l'avance, je
pense qu'il y a possibilité de faire des recommandations qui soient
appropriées. Nous envisageons dans le calendrier, évidemment, une
période de formation assez longue, assez précise et notre projet
là-dessus est assez avancé. Le projet, si le projet de loi est
adopté, est assez avancé pour la formation des recenseurs,
étant donné que le recensement de cette année, comme je
l'ai mentionné précédemment, va être très
différent de celui des années antérieures et sera beaucoup
plus long.
M. Lavoie: M. le Président, comme la loi est
rédigée actuellement, le recensement devrait se terminer pour le
30 septembre. On a mentionné que le rencensement pourrait durer une
quinzaine de jours?
M. Côté: Douze jours.
M. Lavoie: Vous avez mentionné que le dernier jour pour la
recommandation des recenseurs par les partis politiques était le 23
août. La question que je voudrais vous poser est la suivante: Quel
mécanisme comptez-vous mettre en marche pour les instructions ou la
formation des recenseurs?
M. Côté: Nous envisageons d'ajouter à la
façon traditionnelle de procéder, qui est celle de confier cette
formation aux présidents d'élection
des districts électoraux, de leur apporter des aides
supplémentaires, de personnes ressources qu'on désignerait sous
le nom de chefs d'équipe. Ces personnes auront reçu, au
préalable, une formation spéciale et auront la
responsabilité c'est, encore là, pas
déterminé de façon définitive de quinze
à vingt sections de vote, et auront la responsabilité de voir
à la formation des recenseurs et au suivi du travail des recenseurs.
Quant à la date que j'ai mentionnée tout à l'heure,
je vous la donne sous réserve. J'ai dit que le dernier jour pourrait
être le 23 août. Le calendrier n'est pas établi de
façon définitive. Ce que nous envisageons, c'est encore au stade
d'une hypothèse de travail. Le recensement doit se faire, d'après
les termes du projet de loi, avant le 30 septembre. Alors, il faut partir du 30
septembre et remonter. Si on le fait dans le milieu du mois de septembre, par
exemple, c'est comme cela qu'on arrive vers le 23 août, si on veut
respecter les délais de nomination, de formation et du recensement
proprement dit.
M. Lavoie: M.le Président, j'ai une autre petite question.
On vit un peu dans nos comtés, autant les députés
ministériels que les députés de l'Opposition. Ce
problème du choix des recenseurs, les choisir dans la période
estivale, ce n'est pas facile, et les enrégimenter pour aller suivre des
cours de formation et tout, je pense qu'au point de vue pratique, cela peut
causer un problème majeur.
Mon autre question, c'est celle-ci: Vous parlez de chefs d'équipe
qui donneraient des instructions ou qui s'occuperaient de la formation. Est-ce
que ce serait un peu des surveillants du travail, qui s'occuperaient du suivi
et tout? Vous parlez d'un chef d'équipe qui pourrait s'occuper de quinze
à vingt recenseurs; cela représente quand même 2000 chefs
d'équipe, à peu près, grosso modo.
M. Côté: Non, cela représente environ 1000.
Ce qu'on envisage, on pourrait partir environ entre 1000...
M. Lavoie: Non, non. C'est parce qu'il y a deux recenseurs par
section de vote. Il y en a près de 20 000. Cela fait 40 000. Près
de 40 000 recenseurs des deux côtés de la clôture et, si
vous divisez par 20, cela fait au moins 2000.
M. Côté: Oui.
M. Lavoie: Cela fait au moins 2000 chefs d'équipe.
M. Côté: II y a 20 000 sections de vote.
M. Lavoie: Si vous voulez me dire par section de vote et non pas
par recenseur...
M. Côté: J'ai dit par recenseur?
M. Lavoie: Oui. En tout cas, ce n'est pas...
M. Côté: Non, je m'excuse. C'est par section de
vote.
M. Lavoie: Disons que cela fait quand même 1000 chefs
d'équipe.
M. Côté: Oui, oui.
M. Lavoie: Ils seraient choisis par qui, ces chefs
d'équipe?
Est-ce un peu comme les recenseurs, 50% par le côté
ministériel, 50% par l'Opposition ou uniquement par...
M. Côté: Non. Si vous me le permettez, avant de
répondre à la question, je vais vous donner une autre
précision. Je pense qu'il serait correct que je vous la rappelle. Je
vous l'ai mentionnée il y a deux semaines. A moins que les membres de la
commission parlementaire nous disent: Cela n'a pas d'allure, ne le faites pas,
nous avons l'intention de procéder à un recensement pilote.
M. Lavoie: Oui, c'est ce que j'ai entendu dire dans mon
comté. On me demande de trouver des recenseurs pour la semaine
prochaine.
M. Côté: Je vous ai mentionné que c'est dans
quatre districts électoraux couvrant chacun quatre sections de vote. Les
deux principaux buts de ce recensement pilote sont les suivants. C'est
justement pour voir ces chefs d'équipe, quelles qualifications, quelle
sorte de chefs d'équipe on peut trouver et voir de quelle façon
le travail peut être effectué par les recenseurs. C'est une
expérience qui devrait normalement se refléter sur la
réalisation du recensement à l'automne. Le choix des chefs
d'équipe pour le recensement du mois de septembre se ferait de la
façon suivante. Nous aurions l'intention de demander aux
présidents d'élection des différents comtés de
soumettre un certain nombre de noms dans chacun de leur district
électoral et, par mode de concours et de jurys constitués par des
membres de mon personnel, il y aurait une sélection qui serait faite
pour voir si ces personnes ont les qualifications requises dont la principale
est d'être pédagogue, capable de communiquer, de comprendre le
système, d'être capable de communiquer avec les recenseurs le
travail qu'il y a à faire.
M. Lavoie: Toujours en période estivale pour les choisir
et les concours et tout?
M. Côté: Non. Notre projet original, M. Lavoie,
était de procéder à essayer d'établir une liste de
chefs d'équipe dans le courant du mois de juin si la loi avait
été adoptée un peu plus tôt, mais évidemment,
au point où on en est rendu, il va falloir procéder plus
tard.
M. Lavoie: D'ici la fin de la session. Cela veut dire que c'est
dans le mois de juillet que vous allez faire...
M. Côté: Je vous donne le plan tel qu'on l'avait
envisagé.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Seulement une minute. M. le
député de Laval n'a pas terminé, je pense.
M. Lavoie: Oui, oui.
Le Président (M. Jolivet): Oui?
M. Lavoie: Pour le moment.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je pense que, lorsqu'il y a recensement en vertu de
la loi actuelle, la façon de nommer les recenseurs, c'est indiqué
dans la loi.
M. Côté: On peut se servir de la recommandation pour
la nomination des recenseurs.
M. Fontaine: Mais lorsqu'il est question de chefs
d'équipe, ici dans la loi, je pense qu'on ne parle pas de ces
détails-là. On parle tout simplement d'un registre des
électeurs. Mais en vertu de quel pouvoir le directeur
général des élections déciderait-il...
M. Côté: ... qu'il y aura des chefs
d'équipe?
M. Fontaine:... qu'il y aura des chefs d'équipe et que la
nomination se ferait tel que vous venez de le mentionner?
M. Côté: II y a dans l'arrêté en
conseil du tarif actuel la possibilité de fournir aux présidents
d'élection des aides pour accomplir leur travail. Appelons-les des
aides, si vous le préférez. Ce seront des aides pour le
président d'élection parce qu'ils seront sous la
responsabilité du président d'élection du district
électoral pour accomplir leur travail. On les appelle chefs
d'équipe. On peut leur donner un autre nom. C'est pour les distinguer
des aides qu'ont habituellement les présidents d'élection.
M. Fontaine: Pourquoi cela ne se ferait-il pas comme se fait la
nomination des recenseurs?
M. Côté: La raison pour laquelle nous pensons
procéder de cette façon, c'est que nous croyons que le choix des
chefs d'équipe doit être fait sur une base avant tout de
compétence. Je ne veux pas dire qu'il n'y aurait pas de
compétence recommandée. Ce sont des employés des
présidents d'élection et je crois que les employés des
présidents d'élection ne doivent pas être des personnes
recommandées par des partis politiques, pour accomplir leur travail
d'une façon totalement indépendante. Je vous donne mon
opinion.
M. Fontaine: Par qui pensez-vous avoir été
recommandé, sinon par les partis politiques? (21 h 30)
M. Côté: Mais une fois désigné, c'est
comme le président d'élection. On doit agir de façon
indépendante quand même.
M. Fontaine: Je suis d'accord là-dessus.
M. Côté: Enfin, remarquez que là-dessus, on
pourrait discuter...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais revenir sur des
considérations un peu plus générales. Je voudrais dire au
directeur général des élections, pour que ce soit bien
clair, que quant à moi je pense que je peux parler au nom de
l'Opposition officielle à ce moment nous reconnaissons que le
directeur général des élections a besoin de ce dont il
nous a dit avoir besoin ce matin pour remplir le mandat de constituer un
registre des électeurs. Il a reçu un mandat de l'Assemblée
nationale, mandat qui sera peut-être clarifié si le projet de loi
no 3 est adopté, et pour remplir ce mandat, moi, en tout cas, je fais
confiance au directeur général des élections, à
l'avis des experts qu'il a obtenus pour préparer le texte qu'il nous a
présenté ce matin disant que ça prend un certain nombre
d'informations, que ça prend la réciprocité, que ça
prend tout ça, sans quoi le registre des électeurs vaudra moins
que celui qui... Vous avez parlé d'un registre à valeur optimale.
C'est tout à fait normal que le directeur général des
élections, qui a le mandat de préparer un registre des
électeurs, se dote des moyens, essaie d'avoir les moyens c'est la
loi qui les lui donnera d'avoir un registre des électeurs dont la
valeur sera la plus grande possible.
Je vous soumets le cas suivant, par exemple. Vous avez une personne
âgée de plus de 65 ans qui est récipiendaire d'une rente de
la Régie des rentes. C'est sûr que si cette personne
déménage, à un moment donné, vous le disiez
vous-même tantôt, elle n'a pas besoin d'aviser la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, parce que quand elle se présente
chez le médecin avec sa carte, que son adresse ait changé,
ça ne l'empêche pas de recevoir les services médicaux avec
sa carte de l'assurance-maladie.
La loi exige qu'elle avise le Bureau des véhicules automobiles de
son changement d'adresse, mais Dieu sait qu'on peut avoir toutes sortes de
raisons pour ne pas vouloir se conformer à l'exigence de la loi quant
à avertir le Bureau des véhicules automobiles, ou on peut tout
simplement l'oublier.
D'ailleurs, une personne âgée de plus de 65 ans serait
probablement plus portée à l'oublier qu'une autre. Pour recevoir
son chèque mensuel de rentes, par exemple, je pense bien qu'il n'y aura
pas de problème. Elle va automatiquement aviser
la Régie des rentes de son changement d'adresse, de façon
à pouvoir recevoir son chèque de pension. Automatiquement, elle
vient de se faire pincer, cette pauvre personne, par le Code de la route ou je
ne sais pas trop quelle loi régissant le Bureau des véhicules
automobiles qui prescrit que c'est une obligation légale de l'aviser de
son changement d'adresse. L'ignorance de la loi n'est pas une excuse, donc,
elle sera passible d'une amende de $25 ou plus, plus les frais. Ce sera $27
d'amende que cette personne devra payer par le seul fait d'avoir avisé
la Régie des rentes de son changement d'adresse. Par le biais du
registre des électeurs, elle se sera fait pincer par le Bureau des
véhicules automobiles.
M. Côté: Dans l'exemple que vous donnez, d'une part,
l'information que communique la Régie des rentes ne peut être
utilisée par un autre organisme. Je vais être plus clair. Je vais
vous donner l'extrait de la disposition qu'on retrouve dans la Loi de la
Régie de l'assurance-maladie. A la page 19 du texte que j'ai transmis ce
matin, je voudrais apporter une clarification. Cela va peut-être
répondre en partie à votre question. Je pense que le paragraphe 7
à la fin n'est pas rédigé de façon suffisamment
claire et je le reprendrai de la façon suivante: La Loi sur le registre
des électeurs pourrait comprendre des dispositions sur la
confidentialité, dont une interdisant tout organisme qui obtient des
informations du registre de divulguer à toute autre personne les
renseignements ainsi obtenus. De sorte qu'une information qui serait transmise
par le registre des électeurs à un organisme, cet organisme ne
pourrait pas la divulguer à un autre organisme.
M. Gratton: Je ne crains pas que la Régie des rentes en
avise le Bureau des véhicules automobiles, mais la Régie des
rentes va aviser le directeur général des élections quant
au registre. En vertu de la réciprocité, le directeur
général des élections va avertir les organismes
gouvernementaux avec qui il a des ententes, dont le Bureau des véhicules
automobiles. Automatiquement, le Bureau des véhicules automobiles va
être averti de ce changement d'adresse.
Je veux que ce soit bien clair, parce qu'on pourrait multiplier les
exemples de ce genre de choses qui vont se produire et qui nous mènent,
malheureusement je ne veux pas employer le terme Etat policier
à un fichier. Pourtant, l'objectif était bon; c'était
d'avoir un registre des électeurs valables. Mais le gars vient de se
faire pincer par le Bureau des véhicules automobiles parce qu'on a voulu
avoir une liste électorale. Je me reporte à ce que dit la
Commission des droits de la personne. Je ne demande pas au directeur
général des élections je veux que ce soit bien
clair de juger de la valeur politique ou morale de cela. Je reconnais,
encore une fois, que le mandat qu'il a de préparer un registre le plus
complet possible exige cela, selon lui, et je suis prêt à accepter
que c'est cela dont nous avons besoin pour avoir un bon registre.
Le ministre nous donnait tantôt l'assurance qu'on va laisser
tomber la réciprocité. Bien, vous n'aurez pas un aussi bon
registre si vous laissez tomber la réciprocité. A ce
moment-là, je me dis que cela remet en cause le principe d'un registre
des électeurs. C'est tout simplement cela. Je dis que la seule
façon pour le directeur général des élections de
s'en sortir, c'est de recevoir un autre mandat de l'Assemblée
nationale.
M. Côté: J'ai seulement une réflexion
à apporter sur la dernière partie parce que je pense qu'on
pourrait épiloguer longtemps sur l'exemple que vous avez donné
tout à l'heure, parce qu'il faudrait apporter certaines nuances. Je
voudrais signaler, en fait, qu'il y a une nécessité que cette
information du changement d'adresse circule parce que, s'il y a un autre
changement qui survient par la suite et qu'on n'en est pas prévenu ou
qu'on n'en prévient pas les autres, il va y avoir confusion, c'est
évident.
Je me dis que, là-dessus, un des "reproches", entre guillemets,
qu'on peut me faire et qu'on m'a signalé amicalement, c'est que je suis
peut-être un peu perfectionniste dans la réalisation du registre.
Je me dis qu'il y a peut-être d'autres façons. Comme je l'ai
signalé au début de mon intervention ce soir, je serais
prêt à accepter qu'on ait un registre qui ne soit pas
fignolé jusqu'à la fine pointe au départ et qui pourrait
être perfectionné avec le temps. Au début, on pourrait
avoir un registre avec d'autres méthodes sans cette
réciprocité. Il y a peut-être possibilité d'en
arriver à avoir un registre qui soit suffisamment à jour si on
reçoit, par exemple, des informations très exactes et qu'on est
capable de les traiter. C'est la grosse interrogation que je me pose: Est-ce
qu'on est capable de les traiter parce que 800 000, cela veut dire 3000 par
jour? Est-ce qu'on est capable de les traiter rapidement? Est-ce qu'on est
capable de traiter les informations qu'on recevrait si c'est seulement à
sens unique? Si les organismes nous donnent des informations au registre et que
nous ne les échangeons pas, à ce moment-là il y a
peut-être possibilité. Il s'agit de trouver les moyens techniques
de le faire, soit par les méthodes informatiques ou par du personnel.
C'est pour cela que je vous dis qu'il y a peut-être des solutions.
Une Voix: 800 000 et vous pouvez en traiter 3000 par jour?
M. Laberge: 250 jours ouvrables.
M. Côté: C'est-à-dire environ 300 000
changements par jour. Evidemment, on ne peut pas dire...
M. Gratton: 3000 par jour. M. Laberge: 3000 par jour.
M. Côté: Combien ai-je dit? M. Gratton: 300
000.
M. Côté: Je m'excuse. Evidemment, il y a des
périodes de pointe parce que les gens démena-
gent au mois de juillet et le retour des déménagements est
connu des organismes, d'après une recherche qu'on a faite, au mois
d'août ou septembre en particulier.
M. Gratton: Justement, M. le Président, je suis
parfaitement d'accord que tout est possible, il s'agit de prendre les moyens,
sauf qu'on doit reconnaître et le directeur général
des élections l'a dit lui-même que le registre sera moins
complet, sera moins viable s'il n'y a pas cette réciprocité.
C'est bien sûr que, s'il n'y a pas d'échange d'informations avec
un organisme quelconque, on ne parlera plus de la même adresse;
tantôt, on ne parlera plus du même numéro d'assurance
sociale et, finalement, le manque d'informations fournies par le directeur
général des élections aux organismes avec qui il fait des
ententes finira par se refléter dans l'exactitude des informations que
le directeur général des élections recevra lui-même
de ces organismes au fur et à mesure qu'on avancera dans le temps.
C'est, encore une fois, M. le Président, ce qui me portait, cet
après-midi, à présenter la motion pour qu'on entende les
experts. Le directeur général des élections vient nous
dire: II y a peut-être des moyens. J'en conviens qu'il y a
peut-être des moyens. Il faudrait que ce soit le directeur
général des élections qui nous dise, de façon assez
précise: Les autres moyens seraient les suivants. Ou que les
experts-conseils, ceux qui conseillent le directeur général des
élections ou d'autres viennent nous expliquer qu'il y a effectivement
possibilité, sans la réciprocité, sans le nombre de
numéros d'assurance, permis de conduire, numéro d'assurance
sociale, numéro de dossier d'allocation familiale, qu'il y aurait
possibilité d'avoir un registre des électeurs qui vaudrait
quelque chose. C'est cela qui m'amène à dire: Si on n'est pas
sûr de pouvoir avoir un registre des électeurs viable sans tout
cela, aussi bien tout simplement laisser tomber l'idée d'un registre des
électeurs et continuer avec la procédure qu'on utilise depuis 112
ans, avec des modifications. Pas nécessairement annuellement, j'en
conviens, je l'ai dit cet après-midi et je le répète, je
n'ai jamais trop compris quelle était l'utilité de ce recensement
annuel. On peut appeler cela une liste électorale permanente, mais elle
sert à personne sauf quand il y a des élections provinciales.
M. Côté: ... d'avoir des listes électorales
pour les municipalités.
M. Gratton: Oui, mais cela n'a jamais servi à cette
fin.
M. Côté: Parce que les dates... Il y a
différents problèmes là.
M. Gratton: Pour toutes sortes de problèmes, oui; il n'est
pas nécessaire d'en parler ce soir.
M. Burns: J'espère qu'au moins vous ne m'imputez pas cette
liste annuelle. Cela a été fait par le gouvernement
précédent, vous allez admettre cela.
M. Lavoie: D'accord.
M. Gratton: Avec les meilleures intentions du monde, j'imagine,
je me demande si je n'ai pas voté pour.
M. Burns: J'ai voté pour, moi.
M. Gratton: Cela m'est arrivé souvent de voter pour des
choses que je regrette maintenant. C'est pour cela que je veux bien
éviter de voter pour celle-là, le projet de loi no 3. Je le sais
d'avance que je vais le regretter.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, j'espère que M. le
député de Gatineau ne prend pas cela comme fondamental, l'exemple
qu'il a apporté tout à l'heure, et le danger que quelqu'un se
fasse pincer parce qu'à un moment donné, par une bonne adresse,
rendue au bon endroit, quelqu'un se ferait prendre pour avoir fraudé le
gouvernement ou quelque chose comme cela. Je me dis que faire une telle
couverture de fraude, cela me paraît gênant un peu. Ce n'est pas
cela quand même que je veux...
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président.
Je n'ai pas parlé de fraude, je n'ai pas parlé de gens qui
fraudaient le gouvernement. J'ai parlé de la personne et j'ai même
spécifié la personne âgée qui aurait omis, par
ignorance, soit par oubli, ignorance de la loi, ou pour des motifs que je ne
connais pas, mais limitons cela seulement à oubli ou ignorance de la
loi, d'aviser le Bureau des véhicules automobiles. On pourrait parler de
l'Hydro-Québec.
M. Dussault: Si c'est seulement ce genre de problème dont
il sera question, on n'en aura pas souvent. J'ai l'impression qu'il n'y aura
pas beaucoup de gens qui vont souffrir de notre registre d'électeurs si
ce genre de questions...
M. Gratton: Y en aurait-il un seul, M. le député,
ce serait déjà un de trop.
M. Dussault: De toute façon, on ne le sait pas. Ce n'est
pas très important. L'essentiel de ce que je veux dire, M. le
Président, c'est qu'il semble que l'Opposition argumente sur un
problème qui me semble être véritablement un mythe. On a
des craintes considérables à cause de l'accès qu'on peut
avoir à un numéro d'assurance maladie. Il me semble que c'est
autour de cela que le problème repose. Je pense effectivement que c'est
un mythe. J'ai vu froncer les sourcils de M. le député de Laval,
tout à l'heure, et cela m'étonne, d'ailleurs, qu'il n'ait pas
posé une question à la suite de cela parce que si c'est cela le
fond de la
question, M. le Président, M. le directeur général
des élections tout à l'heure disait: Ce n'est pas parce qu'on a
un numéro d'assurance maladie d'une personne qu'on peut facilement
obtenir des renseignements sur une personne. J'ai essayé de voir quel
scénario on pourrait vraiment inventer pour prouver qu'avec un
numéro d'assurance maladie on pourrait obtenir un renseignement sur une
personne. Disons, par exemple, que je veux avoir un renseignement sur la
maladie d'une personne. Est-ce que je pourrais, à partir d'un
numéro d'assurance maladie, écrire quelque part pour dire je suis
la personne Unetelle, mon numéro d'assurance maladie est celui-ci,
pourriez-vous me dire en quoi consiste ma maladie?
Il est aberrant de penser qu'au bout de cela il y aura une
réponse qui rebondira juste à l'adresse de la personne qui a
voulu frauder à partir d'un numéro d'assurance maladie pour avoir
une réponse aussi hypothétique. Je sais, je voudrais bien que M.
le député de Laval, puisqu'il attache autant d'importance
à cela, si c'est fondamental, essaie de me trouver des scénarios
à partir desquels on pourra avoir la preuve que, parce qu'on aurait un
numéro d'assurance-maladie en main, on pourrait obtenir une information
qui irait à l'encontre de la discrétion qu'on doit avoir envers
les personnes, parce que c'est fondamental. (21 h 45)
Avec toute la réflexion qu'on a faite depuis le temps qu'on en
parle du côté de l'Opposition officielle, il faudrait
peut-être nous apporter des exemples qui prouveraient qu'effectivement en
ayant un numéro d'assurance-maladie on pourrait faire tort à
quelqu'un. Est-ce que vous avez des exemples, M. le député de
Laval?
Le Président (M. Jolivet): La parole est au
député de Laval.
M. Lavoie: Je ne sais pas là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval, vous n'êtes pas obligé de répondre, c'est à
vous, mais à moins que le député de Châteauguay ait
terminé.
M. Dussault: Je pose une question, je verrai ensuite.
M. Lavoie: Je vais répondre d'une manière
générale. Je ne sais pas si c'est le manque d'expérience
du député de Châteauguay, mais lors...
M. Dussault: C'est facile.
M. Lavoie: Lors de nos séances préliminaires, on a
soulevé certains cas qui sont relevés par la Commission des
droits de la personne sur le respect de la vie privée des gens. J'avais
cité certains cas, entre autres celui d'une personne qui, pour une
raison ou pour une autre, a une ou deux autres femmes dans sa vie, qui a deux
domiciles cela le regarde ou quelqu'un qui est homosexuel ou quoi
que ce soit.
M. Dussault: Alors en quoi le fait d'avoir le numéro
d'assurance-maladie en main puisse vous permettre de porter atteinte à
une personne avec l'exemple que vous me donnez?
M. Lavoie: Ecoutez, c'est qu'au registre...
M. Dussault: Sinon on se parle dans le vide et on fait des
grosses histoires.
M. Lavoie: M. le député de Châteauguay, je ne
voudrais pas élaborer longuement.
M. Dussault: ... M. le député de Laval.
M. Gratton: L'avez-vous lu le document de la Commission des
droits de la personne?
M. Dussault: Je l'ai lu, oui.
M. Gratton: Cela ne vous dérange pas cela, cela ne vous
fait rien?
M. Lavoie: Lorsqu'on touche un projet de loi de la sorte...
D'ailleurs, la Commission des droits de la personne on sait que ce sont des
gens qui pèsent leurs mots. Comment se fait-il que cette commission,
sans aller dans les détails, parce qu'ils ne sont pas obligés de
donner un cours au député de Châteauguay, ils n'ont pas
donné d'exemples, ils ont donné trois pages...
M. Dussault: Ce n'est pas leur rôle non plus.
M. Lavoie: Ils ont soulevé tout le danger de cela, le
respect de la vie privée.
Je termine en disant qu'on ne peut pas prévoir dans un projet de
la sorte toutes les possibilités. Le député de Gatineau a
soulevé un cas tout à l'heure, et c'est comme la pointe de la
banquise; une fois que c'est fait, il peut y avoir 1000, 1001, 1 000 001 cas
où... C'est la raison pour laquelle dans tous les pays
démocratiques... En France, tout le monde a horreur d'entendre: Vos
papiers, monsieur. Combien de fois en Chambre, d'un côté ou de
l'autre de la Chambre, on a eu horreur de ce système. C'est cela, je ne
donnerai pas d'autres exemples. Je vous enverrai peut-être un bouquin et
vous lirez cela à temps perdu, puis vous verrez tous les dangers qu'il
peut y avoir.
Le Président (M. Jolivet): Très bien.
M. Dussault: M. le Président, si le député
de Laval n'est pas capable de m'apporter un exemple d'un genre de
problème que cela pourrait poser, j'ai de forts doutes sur le fondement
des orientations qu'il essaie de nous imposer depuis le début de nos
travaux.
M. Lavoie: J'aurais une question à poser au directeur
général des élections. Il est question actuellement d'un
recensement pilote, possiblement la semaine prochaine. Ma secrétaire de
comté m'a mis au courant de cela et possiblement
il y aurait une rencontre des quatre ou des huit recenseurs pilotes;
cela se tiendrait la semaine prochaine ou dans quinze jours. J'ai deux
questions. On nous a dit une fois, lors d'une séance antérieure,
qu'on remettrait aux recenseurs une liste provisoire pour qu'ils puissent aller
de porte en porte, en vertu de l'article 50 du projet de loi non encore
adopté, vérifier le cens électoral de ces personnes.
Est-ce que ces recenseurs seront équipés de la formule qu'on nous
a montrée avec le numéro d'assurance sociale?
M. Côté: Normalement, oui. M. Lavoie: Normalement,
oui.
M. Côté: Je peux vous donner même un
exemplaire de la formule qui devrait servir la semaine prochaine pour le
recensement.
M. Lavoie: Qui remplace la formule 8A?
M. Côté: Non, c'est la formule 8A mais qui est
modifiée.
Le Président (M. Jolivet): Nous allons en faire des
photocopies.
M. Côté: Je pense que j'en ai suffisamment
d'exemplaires pour tout le monde, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Donc on va demander à la
personne ici de les passer.
M. Côté: II m'en reste trois.
Le Président (M. Jolivet): On en a d'autres ici...
M. Lavoie: Ce que je vois sur ce feuillet, c'est valable pour
trois personnes j'imagine.
M. Côté: Prenez l'exemplaire qui était
évidemment un brouillon lors de la première rencontre, il y a
deux semaines. Il n'y avait que le casier du haut de la page qui était
rempli. Il n'y avait rien d'inscrit dans les deux autres casiers. Chaque
feuille contient trois noms.
M. Lavoie: Je vous pose une question peut-être
légaliste ou juridique. Qu'est-ce qui peut vous autoriser à faire
ce recensement pilote avant que la loi 3 soit adoptée?
M. Côté: A mon avis, c'est le mandat qui m'a
été confié en vertu de la loi 123 pour établir un
registre des électeurs. C'est pour cela qu'on l'a intitulé, et
vous l'avez de biais dans la formule même, comme étant uniquement
un recensement pilote. Cela n'a aucune valeur légale à mon avis.
Cela n'est qu'une expérience administrative.
M. Lavoie: Je ne le sais pas. J'ai la loi 123 devant moi et je me
pose des questions à savoir si elle vous donne le droit de faire
cela.
M. Côté: Je vous signale tout de suite, M. le
député...
M. Lavoie: Cela n'est pas parce que je veux faire de
l'obstruction, c'est une question que je me pose...
M. Côté: Non, je pense que votre question... M.
Lavoie: ... au point de vue juridique...
M. Côté: Je pense que votre question est
légitime et je m'en remettrais, à cet égard, à la
décision des membres de la commission si on arrivait à une
conclusion contraire à la mienne à cet égard. Je l'ai
envisagé uniquement dans une perspective d'une expérience
administrative, parce que si la loi est adoptée, il faut de toute
façon procéder à une espèce de recensement pilote
on a appelé cela un recensement pilote pour pouvoir mener
à bien le recensement du mois de septembre.
M. Lavoie: Je n'ai pas la prétention de vous donner un
avis juridique. C'est sous toute réserve que je pose cette question et
que j'entretiens des doutes sur votre pouvoir de le faire. Cela n'est pas non
plus à la commission de vous donner un avis juridique. Est-ce que vous
avez obtenu un avis juridique?
M. Côté: Oui.
M. Lavoie: A savoir que la loi 123 vou autoriserait à le
faire?
M. Côté: Comme je l'ai mentionné tout
à l'heure, dans le cadre d'un travail purement administratif. Il ne
s'agit pas à proprement parler d'un recensement, comme on le fait
à l'automne.
M. Burns: Cela n'a aucune valeur...
M. Côté: Cela n'a aucune valeur juridique.
M. Burns: C'est une expérience administrative.
M. Côté: C'est uniquement sur le plan administratif.
On va dresser quelques listes. C'est d'ailleurs une raison pour laquelle on
prend quatre sections de vote par district électoral. On ne peut pas en
tirer grand-chose. En fait, le véritable but de l'opération c'est
de voir de quelle façon les recenseurs vont se comporter et vont se
tirer d'affaire ainsi que le temps que cela va prendre pour effectuer
l'opération, pour pouvoir en tirer des conclusions dans la
réalisation du recensement qui est envisagé pour le mois de
septembre. Il va sans dire que si par hasard il n'y avait pas de recensement au
mois de septembre, on emmagasinera les résultats du recensement pilote
pour d'autres moments.
M. Lavoie: Ce ne sont que des doutes que j'entretenais.
Pouvez-vous nous donner des explications, M. le directeur
général, sur ce qu'est la fameuse table d'équivalence dont
vous faites mention dans votre rapport?
M. Côté: On a appelé table
d'équivalence ou dénominateur commun... Si on retient comme
idée de base que l'identificateur informatique du registre est le
numéro d'assurance-maladie, premièrement chaque
électeur a comme identificateur propre le numéro
d'assurance-maladie et qu'on obtient des informations d'un organisme
dont l'identificateur n'est pas le numéro d'assurance-maladie par
exemple, celui du Bureau des véhicules automobiles qui est
composé de la première lettre du nom de famille, d'un
équivalent numérique du nom de famille et de la date de
naissance; ce n'est pas le même indicateur informatique pour
pouvoir vérifier, pour pouvoir contrôler si c'est la même
personne dont il s'agit, on établit une table d'équivalence,
c'est-à-dire que, vis-à-vis du nom de M. Untel, il y a le
numéro d'assurance-maladie et, à côté, il y a son
numéro du Bureau des véhicules automobiles qui permet de faire
une équivalence entre les deux. Quand on reçoit une information
du Bureau des véhicules automobiles, on sait que cela se rapporte
très bien à cette personne parce qu'on a établi
l'équivalence entre les deux numéros. Ce n'est pas plus
compliqué que cela; c'est juste cela, une table d'équivalence. On
peut l'appeler une table de concordance entre des identificateurs
informatiques. Est-ce que cela répond à votre question?
M. Lavoie: Pour le moment, disons que oui.
M. Côté: Je peux essayer d'être plus clair si
ce ne l'est pas.
M. Lavoie: Est-ce que vous avez considéré, avec les
amendements possibles à la loi, les modifications... Entre autres, dans
votre rapport, vous mentionnez que, pour ces registres, les personnes qui font
l'objet d'une modification au registre, d'un changement au registre
c'est un voeu, d'ailleurs, de la Commission des droits de la personne
soient notifiées. Je pense que vous en faites mention.
M. Côté: Oui, on en fait mention et je l'ai
précisé ce matin. Je l'avais déjà exprimé,
d'ailleurs. C'est un des avantages que souligne la Commission des droits de la
personne. Vous me permettrez juste de faire une parenthèse au sujet de
la lettre de la Commission des droits de la personne. Je m'en voudrais de
donner l'impression que je désirais allerà l'encontre de la
Commission des droits de la personne. Je pense bien que cela a
été compris par tout le monde; je veux juste le souligner. Elle
indique qu'il faudrait que les gens soient informés des changements,
mais, pour nous aussi, c'est presque une nécessité, parce que
c'est un mode de vérification de l'exactitude de l'information.
M. Lavoie: Avez-vous fait des estimations sur ce que peut
être le budget annuel pour mettre le système en place ou, une fois
que le système sera établi...
M. Burns: Une mise à jour.
M. Lavoie: Le budget de la boîte qui s'occupera du
registre, de la confection des listes et tout cela, le budget de fonctionnement
une fois que ce sera mis en place. Avez-vous des estimations?
M. Côté: Voulez-vous me donner un instant, s'il vous
plaît?
M. Lavoie: Avec les effectifs et tout.
M. Côté: Je peux vous donner juste un aperçu
très très grossier, très approximatif. Dans ce domaine, je
dois vous dire qu'une constatation que je fais présentement, c'est que
la mise sur pied de ce système se fait au fur et à mesure. On le
bâtit et on découvre au fur et à mesure quels sont les
besoins. Présentement, ce qui est autorisé par le Conseil du
trésor, c'est 42 personnes régulières, employés
réguliers qui seront permanents, et 48 hommes-année occasionnels,
ce qui équivaut à 90 personnes. (22 heures)
Si on prend comme moyenne de salaire je pense que c'est un peu
élevé, la moyenne de salaire qu'on me donne une base de
$20 000 à $25 000, cela voudrait dire $2 millions par année. A
cela, il faudrait ajouter des dépenses de fonctionnement et des
dépenses de communication avec les électeurs. Je dirais que du
côté du bureau central, de mon bureau ici à Québec,
cela pourrait se situer à environ $3 millions à $4 millions par
année. Il faudrait ajouter à cela pour être complet, je
pense, le travail et encore, c'est difficile à évaluer
qui sera effectué par les présidents d'élection. Il
y a des modes de vérification qui seront faits sur le terrain par les
présidents d'élection.
M. Lavoie: Je veux essayer de rejoindre le côté
peut-être économique de l'affaire. Je pense bien que c'est
raisonnable de mentionner peut-être $4 millions, parce qu'il y a des
dépenses. On m'avait donné comme chiffre 700 000
déménagements par année. On n'est pas tellement loin. S'il
y a une couple d'électeurs qui sont concernés par des
déménagements, si c'est à tous les ans... D'ailleurs, il y
a des communications avec ces gens. Egalement, à la suite des
suggestions de la Commission des droits de la personne, je pense que vous en
faites mention vous-même dans votre mémoire, on suggère que
le registre, du moins les informations qui concernent une personne, soit
disponible à cette personne. Cela veut dire que cela peut amener
l'ouverture de bureaux nécessairement à Québec et à
Montréal et possiblement ailleurs en province, si les gens doivent avoir
accès à ces informations qui les concernent, les
informations et tout. Prenons un exemple. Prenons $4 millions, et je
pense que cela peut fort bien être cela, et cela peut aussi bien
être $4 500 000. Mais à $4 millions, si on peut dire qu'il y a un
événement marquant dans le domaine électoral tous les
quatre ans, normalement, comme moyenne, sauf les partielles le
référendum, je ne pense pas qu'il y en aura à
répétition cela fait,sur une période de quatre ans,
à peu près $16 millions, ce que peut coûter un bon
recensement et une bonne révision, si c'est bien fait. Et moi...
M. Côté: Dans l'année si vous me le
permettez du recensement et de la révision, $10 millions,
oui.
M. Lavoie: J'en mets même $16 millions pour remplacer
même, ce que peut coûter le système que vous aurez...
M. Burns: Vous pouvez ajouter également ce que cela
coûte à chacune des 1600 municipalités au Québec et
faites une moyenne sur une base de quatre ans. Vous allez voir que vous arrivez
bien en deçà. Seulement la ville de Montréal, le
recensement de l'année dernière a coûté $1 500 000,
seulement Montréal. Evidemment, cela coûte moins cher aux petites
municipalités et cela ne se fait pas tous les ans. Mais sur une base
moyenne, on joue dans les $15 millions par année à peu
près.
M. Lavoie: En tout cas! De toute façon, il n'y a pas une
économie énorme. On parlait surtout de faire disparaître le
recensement annuel. De notre côté, même si le
député de Maisonneuve avait voté pour une proposition d'un
ministre libéral dans le temps... La question économique, il n'y
a pas d'économie énorme à faire avec le système, et
même là, je n'en suis pas encore convaincu, surtout quand vous me
dites qu'il y a 800 000 changements par année. Il va falloir que vous
les traitiez, comme vous dites souvent; après un bref, vous êtes
appelé à produire des listes électorales très
rapidement.
M. Côté: J'aimerais vous rappeler deux
précisions. Je voudrais être assez précis là-dessus.
Je vous ai dit que les changements d'adresse, on les évalue à 800
000. Cela reste à vérifier définitivement.
M. Lavoie: ...700 000.
M. Côté: Oui, mais cela reste quand même
â vérifier. Je vais le donner sous réserve. C'est ce que je
veux préciser. La deuxième point, c'est quand on parle d'un
chiffre de $3 millions à $4 millions. Je viens de faire des calculs
très rapidement. Je pense qu'il faudrait les réviser.
M. Lavoie: Vous savez comme moi que vous avez un appareil...
M. Côté: Non, non. C'est possible qu'on soit
près de la vérité, mais...
M. Lavoie: ... vous avez de la tuyauterie qui est
dispendieuse.
M. Côté: Je voudrais quand même que ce soit
vérifié.
M. Lavoie: J'aurais une dernière question. Comment peut-on
relier ou faire de la concordance d'un côté c'est
peut-être le noeud de la question lorsque la Commission des droits
de la personne nous dit, d'une part, qu'elle s'oppose à l'emploi ou
à l'usage de la carte de l'assurance-maladie, j'avais cité au
texte... C'est à la page 3, et je cite la Commission des droits de la
personne: "Mais, outre le fait que nous nous sommes déjà
opposés à cette mesure..." Je pense que je vais aller à
l'alinéa précédent: "Evidemment, dans l'hypothèse
où l'on légaliserait l'échange de renseignements
ça c'est l'échange de renseignements entre
ministères et organismes, ce numéro d'identification devient une
clef fort utile. "Mais, outre le fait que nous nous sommes déjà
opposés à cette mesure, nous croyons que le numéro
d'assurance-maladie ne se rattache pas à l'exercice du droit de vote,
car il n'est pas nécessaire à la confection des listes
électorales."
M. Burns: Je m'excuse, mais je vais être obligé
d'intervenir à la place du directeur général des
élections. Il s'agit carrément d'une décision et
ça c'est mon humble opinion qui dépasse la
compétence et du directeur général des élections et
de la Commission des droits de la personne. C'est-à-dire la Commission
des droits de la personne porte un jugement qui, à mon avis, est un
jugement politique et non pas un jugement sur la base de la protection des
droits individuels, particulièrement lorsqu'elle pose un jugement
et ce n'est pas la première fois et lorsqu'elle dit dans sa
dernière phrase du deuxième paragraphe, en haut de la page 3, "il
n'est pas nécessaire à la confection des listes
électorales". Bien, je m'excuse, mais jusqu'à maintenant, je n'ai
pas reconnu que la Commission des droits de la personne était une
experte en matière électorale. On a été
obligé dans le cas du projet de loi no 2, tout en tenant compte de leur
opinion, de mettre de côté un certain nombre de leurs jugements
qui étaient évidemment des jugements qui n'étaient pas de
compétence électorale.
Maintenant, une fois cette précaution prise, le directeur
général des élections est capable de répondre
à cette question sans aucune difficulté. Mais quand je disais ce
matin que je respecte l'opinion de la Commission des droits de la personne et
que même on en a tenu compte dans nos amendements, bien, on a quand
même, jusqu'à un certain point, essayé de faire la
distinction entre ce qui est protection des droits de la personne ce qui
est parfaitement leur compétence et ce qui n'est pas de leur
compétence, mais purement et simplement une question de mise en
application du droit électoral.
M. Lavoie: D'accord, je retire ma question. Je crois, d'ailleurs,
que vous avez parfaitement rai-
son, M. le ministre. C'est à vous plutôt de répondre
à cette question. Une qui est un peu connexe, qui est dans le même
sens. La commission se prononce également sur la
réciprocité, à la page 2, où il est dit: "Si nous
devons nous réjouir de ces exceptions, nous croyons cependant qu'elles
sont insuffisantes. Nous ne croyons pas qu'il faille ouvrir la porte à
un tel échange de renseignements. En effet, ce serait là,
croyons-nous, faire un premier pas dans la direction du dossier cumulatif,
à la création duquel nous nous sommes toujours opposés.
"
Là, il y a deux points clefs, deux prérequis, en somme, en
ce qui concerne l'Opposition libérale avant d'aborder... C'est le noeud
de la question, l'usage de cette carte d'assurance-maladie vous y avez
répondu partiellement et, deuxièmement, la
réciprocité des renseignements; ce sont deux points, d'ailleurs,
sur lesquels la Commission des droits de la personne, d'une manière tout
à fait spécifique, se prononce, ces deux principes d'usage de
numéros d'assurance-maladie et de la réciprocité. Comment
voulez-vous qu'on puisse j'aimerais que vous répondiez
aborder l'étude du projet de loi à partir de l'article 1 ou de
l'article 3 si vous ne nous donnez pas une assurance que ces
difficultés, autant soulevées par l'Opposition que par la
commission, puissent disparaître du projet?
M. Burns: Sur le plan de la réciprocité, je vous ai
donné une réponse et je partage l'avis de la commission.
D'accord? Deuxièmement, sur le plan de l'utilisation du numéro
d'assurance-maladie, je viens de vous donner une réponse. Je
considère que la commission n'est pas compétente pour nous donner
une opinion et, là-dessus, je ne partage pas son opinion.
M. Lavoie: Est-ce que cela veut dire que le ministre ou le
gouvernement, en ce qui concerne l'usage de ce numéro, votre
décision est prise d'une manière irrévocable de passer
outre à ces réserves ou à cette mise en garde?
M. Burns: Sur la réciprocité?
M. Lavoie: Non, sur le numéro de la Régie de
l'assurance-maladie.
M. Burns: Je pense bien que M. le directeur général
des élections pourrait être encore plus éloquent que moi
là-dessus.
M. Lavoie: Tout à l'heure vous avez refusé
de...
M. Burns: Non, j'ai refusé... Vous me demandiez de
commenter indirectement...
M. Lavoie: Je vous demande si c'est absolument essentiel, ce
numéro.
M. Burns: On a absolument besoin d'une façon de retracer,
par l'entremise... on va utiliser l'informatique pour, d'une part, mettre en
place le registre, et aussi pour sa mise à jour. Cela nous prend un
numéro quelconque pour retracer quelqu'un et pour savoir que ce
numéro existe quelque part. C'est pour cela que je dis que
là-dessus M. le directeur général va être beaucoup
plus éloquent que moi. C'est lui et ses experts qui regardent le
problème de près. Si ce n'est pas le numéro de la carte
d'assurance-maladie, cela peut être un autre numéro, mais il va
falloir qu'il y en ait un quelque part.
M. Lavoie: Si c'est un autre numéro, cela revient au
même.
M. Burns: On a déjà un numéro disponible. Si
mes informations sont exactes, je vous mentionnais, au cours des séances
précédentes, que le numéro le plus
généralement existant au Québec, si on peut dire, ou celui
qui s'applique au plus grand nombre de gens possible, c'est le numéro
d'assurance-maladie. Il est déjà là. On me dit qu'il y a
à peine 1% de la population adulte qui n'a pas de numéro
d'assurance-maladie: premier avantage. Ce n'est pas vrai dans le cas du
numéro du BVA, le Bureau des véhicules automobiles, ce n'est pas
tout le monde qui a un permis de conduire au Québec. Je ne connais pas
le pourcentage, mais il est sûrement plus élevé que 1%, le
nombre de ceux qui n'ont pas de permis de conduire.
L'autre avantage, c'est qu'il est déjà là, on n'a
pas besoin de le refaire. Comme je vous le dis là-dessus, je
partage les inquiétudes de la commission si le directeur
général était obligé, dans la fameuse clause de
réciprocité, de remettre, à l'endroit où il prend
ses informations, des informations qu'il obtient lui-même de son
côté, il y aurait peut-être un danger, comme ils disent, de
commencer un dossier cumulatif d'individus. Il y a aussi une chose que la
commission dit à la page 1: "Une des modalités que peut prendre
le respect de la vie privée consiste, pour l'Etat, à renoncer
à mettre sur pied des fichiers qui pourraient mener il faut le
lire au complet, ce paragraphe à la constitution d'un dossier
cumulatif comprenant toutes les données disponibles sur un citoyen."
C'est loin de cela, ce qu'on demande.
M. Lavoie: Vous êtes contre le dossier cumulatif?
M. Burns: Oui, j'ai toujours été contre cela.
M. Lavoie: Voulez-vous répondre pourquoi au
député de Châteauguay, c'est ce qu'il me demandait tout
à l'heure.
M. Burns: Je réponds tout simplement que c'est parce que
je crois aussi au respect de la vie privée des individus.
M. Lavoie: Vous avez deux réponses, là.
M. Burns: C'est ce pourquoi l'article 4 est spécifique en
disant ce qu'on veut obtenir et mettre dans le registre.
M. Dussault: M. le Président...
M. Burns: Quand on arrivera à l'article 4, s'il y a des
choses, là-dedans, qui ne font pas votre affaire, vous proposerez tous
les amendements que vous voudrez. Si vous ne voulez pas qu'on mette le nom de
la personne dans le registre... Etes-vous contre cela, les bottins
téléphoniques?
M. Gratton: M. le ministre, voyons donc, vous savez bien que
non.
M. Burns: Vous n'êtes pas contre cela, les bottins
téléphoniques? Bon! Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise!
Si vous ne voulez pas que le nom apparaisse dans le registre, on ne le mettra
pas. Qu'est-ce que cela va nous donner? On va s'en aller chez nous, c'est
tout.
M. Gratton: Vous n'êtes pas un peu trop ouvert...
M. Lavoie: On va aller au lac Simon.
M. Burns: On va s'en aller au lac Simon et j'invite tout le
monde, à part cela.
M. Dussauit: Brièvement, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant! Juste une
minute parce que le député de Nicolet-Yamaska m'avait
demandé la parole.
M. Fontaine: C'est seulement une très simple question, M.
le Président, adressée au directeur général des
élections. Il nous remet une formule pour le recensement pilote et on
voit, en haut de la formule, à gauche, "article 10". J'imagine qu'on
fait référence à l'article 10 du projet de loi 3.
Cela veut dire que la réponse que vous avez donnée...
M. Burns: Je n'ai pas entendu la question; je parlais au
député de Gatineau. Excusez-moi. Même si la question ne
m'est pas adressée, je veux quand même suivre de près les
questions.
M. Fontaine: Oui, c'est parce qu'à gauche de la formule de
recensement, pilote en haut, on indique (article 10). On m'a répondu que
c'était bien l'article 10 du projet de loi no 3. Je me demande si la
réponse du directeur général des élections, tout
à l'heure, à savoir qu'il se basait sur la loi 123 pour faire le
recensement pilote, tient toujours.
M. Côté: Je vais préciser. J'ai dit que le
recensement pilote qu'on faisait était un recensement qui est
envisagé comme mesure administrative. Ce n'est pas en vertu de la loi
123 que, par exemple, on a désigné que cette formule s'ap- pelait
la formule 8a. C'est encore en vertu de l'article 108 du projet de loi que
cette formule est désignée 8a. L'explication, je l'ai
donnée, il y a deux semaines, quand on a dit, par exemple, que la
formule 8 était modifiée étant donné que c'est une
nouvelle façon de procéder. La même question pourrait
s'appliquer pour savoir pourquoi on a mis 8, 8a et 8b. C'est la même
chose. On a mis la référence à l'article 10 du projet de
loi et, là encore, évidemment, c'est toujours la même
chose.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'aurais d'abord une demande
pour le ministre.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, une question
pour vous.
M. Burns: Excusez.
M. Gratton: J'aimerais lui demander s'il pourrait remettre aux
membres de la commission des copies des arrêtés en conseil
je sais qu'on pourrait les obtenir ailleurs, mais je suis sûr que le
ministre doit les avoir au dossier 78-265 dont je n'ai pas la date,
malheureusement, et 78-1333 qui est daté du 3 mai 1978.
M. Burns: Excusez-moi. 78... M. Gratton: 78-265 et
78-133.
M. Burns: -133.
M. Gratton: Le deuxième est du 3 mai 1978; c'est en
quelque sorte le mandat.
M. Burns: C'est celui qui prolonge le mandat du directeur
général, je pense.
M. Côté: 78-133, M. le ministre, c'est celui qui a
été déposé au mois de décembre, au moment de
l'étude de la loi 123. Il a été déposé
à l'Assemblée nationale.
M. Gratton: Malheureusement, c'est que je n'en ai pas copie.
M. Burns: II y en a un qui a été
déposé pour mandater de façon spécifique le
directeur général à mettre en oeuvre si je me
souviens bien, Me Côté la préparation du registre
pour le 15 mai. On s'est aperçu que ce n'était pas
réalisable et il a fallu en passer un autre pour prolonger son mandat.
Je pense que ce sont ces deux-là auxquels vous vous
référez. Cela me surprendrait que les deux portent le
numéro 78. Je pense qu'il y en a un qui est 79.
M. Côté: Est-ce que vous vous référez
au journal des Débats, M. le député?
M. Gratton: Oui.
M. Côté: M. le ministre, si vous le permettez, ce
sont bien les deux; je les ai ici, les deux.
M. Burns: C'est bien 78, cela me surprend. N'y en a-t-il pas un
qui est 79, celui qui prolonge le mandat?
M. Lavoie: Si je me rappelle, c'est arrivé drôlement
lors du débat sur la loi 123. Vous avez fait votre discours, j'ai fait
le discours au nom de l'Opposition officielle et, après cela, je crois,
le député de Nicolet-Yamaska. Durant l'intervention du
député de Rouyn-Noranda, vous étiez arrivé avec le
document. Vous avez déposé le document juste entre les
interventions et c'est la raison pour laquelle le député de
Rouyn-Noranda...
M. Fontaine: Dans mon discours, j'y avais fait allusion et le
ministre l'avait déposé après.
M. Burns: Ecoutez, vous allez quand même me permettre de
prendre en délibéré votre demande. D'accord?
M. Gratton: Certainement.
M. Lavoie: Je me demande si vous ne l'aviez pas
déposé à l'Assemblée nationale, comme document
sessionnel.
M. Burns: Cela se peut que je l'aie déposé, mais,
de toute façon, comme je n'ai pas de copie disponible ce soir, lors de
notre prochaine séance, je donnerai la réponse là-dessus.
Mais je vous dis qu'en principe, oui, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Jolivet): II sera déposé
à la prochaine séance.
M. Gratton: Ma dernière question, M. le Président,
serait pour le directeur général des élections. Il m'a
déjà répondu substantiellement à ces questions
à la lumière des informations qu'il possède ce soir quant
à la possibilité, quant à la valeur, à la
viabilité, si vous voulez, d'un registre des électeurs qui serait
conçu ou confectionné sans entente de
réciprocité.
J'aimerais lui demander d'approfondir la question avec ses experts, avec
ses conseillers sur les questions techniques, surtout en informatique, pour
que, dès le début de notre prochaine séance, il puisse
nous aviser de quelle valeur pourrait être un registre constitué
sans entente de réciprocité, d'une part, sans autre information
que le numéro d'assurance maladie, en d'autres mots, en se limitant au
texte de l'article 4 dans le texte de loi pour qu'on puisse, nous aussi,
bénéficier de ces informations pour juger de la valeur d'un tel
registre. Aussi, quoique là, je devine bien la réponse, quelles
seraient les possibilités de confectionner un registre des
électeurs sans aucune information quant à des numéros
d'assurance maladie, d'assurance sociale aussi bien que permis de conduire,
etc. Je pense qu'il ne serait probablement pas possible de procéder par
informatique. Est-ce qu'il y a des possibilités de confectionner un
registre des électeurs dans ces conditions?
M. Côté: Si je comprends bien votre deuxième
question, vous me demandez s'il y a possibilité de procéder par
informatique sans avoir de numéro?
M. Gratton: Par informatique ou autrement, une autre
technique.
M. Côté: Une autre façon. Avoir une liste
permanente mais qui ne serait pas...
M. Gratton: C'est cela.
M. Côté: Je prends bonne note de vos questions. Je
veux juste vous signaler que pour la première partie de votre question,
à mon avis, sujet, évidemment, comme vous le mentionnez, à
réflexion plus approfondie, pour ma part, ce soir, il me paraît
je suis prêt à réfléchir à la question
de façon plus approfondie qu'il devrait y avoir des
échanges d'information au moins avec la Régie de l'assurance
maladie. Je veux dire, si c'est exclu avec les autres organismes, pour ma part,
je dis qu'il faudrait qu'il y ait des échanges d'information, la
réciprocité des informations devrait exister entre le registre
des électeurs et la Régie de l'assurance maladie.
M. Gratton: Oui, en tenant pour acquis que le numéro de
l'assurance maladie serait partie de l'information requise à l'article
3.
M. Côté: C'est cela. Je pense que c'est important de
le signaler, parce que si on dit que la réciprocité doit
être éliminée pour tous les organismes, je ne vois vraiment
pas comment on pourrait fonctionner sans avoir cette réciprocité
avec la Régie de l'assurance maladie.
M. Gratton: C'est pourquoi, d'ailleurs, je spécifie que je
voudrais que le directeur général des élections ne nous
donne pas sa réponse ce soir mais puisse faire les consultations
voulues, parce qu'il nous a déjà répondu à la
lumière des informations qu'il possède maintenant et j'imagine
que là il va retourner voir ses experts-conseils pour demander: Est-ce
qu'on aurait encore un registre qui vaudrait quelque chose?
M. Burns: Je pourrais peut-être, M. le Président,
avec votre permission, simplement faire une remarque à caractère
général, c'est qu'on semble faire état, si on regarde
l'article 4, entre autres on ne le discute pas comme tel, mais on en
parle que c'est terrible de monter un registre avec le nom, le
prénom, la date de naissance, le sexe de la personne, le numéro
d'assurance et quoi d'autre?
Une Voix: Et l'adresse.
M. Burns: Et l'adresse. Actuellement, la Loi électorale,
au cas où vous ne le sauriez pas, à l'article 59, entre autres,
exige presque plus que cela. C'est-à-dire qu'on ne demande plus la
profession et l'occupation, mais l'article 59 le prévoit. Dans le fond,
ce que l'article 59 nous dit, c'est que lors du recensement, les recenseurs
doivent recueillir ensemble les nom, prénom, adresse, profession ou
métier et l'âge des personnes. La seule différence c'est
que là, maintenant, c'est la date de naissance qui apparaît via la
carte d'assurance maladie.
M. Gratton: Mais la différence fondamentale...
M. Lavoie: La pierre d'achoppement c'est la carte, c'est tout le
point. C'est assez clair, il y a même plus que cela, M. le
Président.
M. Gratton: C'est même plus que cela, c'est surtout...
M. Lavoie: C'est le numéro.
M. Gratton: ... l'utilisation de l'informatique. C'est que la
liste électorale actuelle n'est nulle part disponible sous la pression
d'un bouton.
M. Burns: C'est cela. En tout cas, je m'emploie à essayer
de vous expliquer depuis le début que le registre, le directeur
général en a la garde. Il ne peut pas remettre le registre
à tout le monde, c'est avec le registre qu'il fait la liste
électorale. Sur la liste électorale, même le projet de loi
no 3 le prévoit, le numéro d'assurance n'apparaît plus.
M. Lavoie: Oui, mais, M. le Président...
M. Burns: C'est uniquement pour permettre au DGE...
M. Lavoie: Mais oui, un instant...
M. Burns:... d'avoir la chance de fabriquer un registre qui se
tienne.
M. Gratton: ... dans le mémoire d'un ordinateur.
M. Lavoie: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Un instant, M. le
député de Laval; avant de vous accorder la parole, j'aurais
d'autres occasions... Le député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, j'aurais pu intervenir tout
à l'heure en vertu de l'article 96 pour rectifier les faits. J'ai
préféré m'en tenir à mon tour, d'autant plus que je
vais pouvoir ajouter des éléments à ce que j'avais
dit.
Je voudrais rappeler au député de Laval que mon
intervention portait sur l'utilisation qu'un individu pouvait faire du
numéro d'assurance maladie. Je me rappelais que vous aviez dit en
commission, lors de nos travaux, que les listes électorales, celles qui
serviraient à faire le recensement, seraient entre les mains des partis
politiques et que le numéro pourrait être utilisé. C'est
là que je vous dis que c'est utopique ce que vous nous dites, c'est un
mythe que ce numéro pourrait être utilisé par des personnes
pour en faire un mauvais usageà l'encontre de l'intérêt des
personnes. C'est ce que je vous disais. Cela n'a aucun rapport avec ce que dit
la commission relativement au dossier cumulatif.
Je sais ce qu'est un dossier cumulatif, M. le député de
Laval. Rappelez-vous le Dr Cloutier, François de son petit nom, qui
avait essayé il y a quelques années d'imposer un dossier
cumulatif aux étudiants dans les écoles. J'avais lutté
contre cela, parce que je savais très bien ce que cela
représente. Dans le texte que nous a soumis la Commission des droits de
la personne, au dernier paragraphe, sa principale réserve vous
l'aurez noté se situe du côté de la
prévention. Elle veut prévenir quoi? Elle le dit plus loin. On
dit: "Le premier pas ouvrant possiblement on dit "possiblement", on ne
dit pas "indéniablement" et "inévitablement", on dit
"possiblement la porte à la constitution d'un dossier cumulatif...". Si
c'est cela qui chagrine M. le député de Laval, on prendra, lors
de l'étude de chacun des articles, les précautions pour s'assurer
qu'il y aura une limite à cumuler des renseignements. Déjà
l'article 4 du projet de loi, je pense, dit quels sont les
éléments qu'on pourra consigner au registre. Ce sont les seuls
éléments qu'on pourra consigner au registre. Donc, on ne pourra
pas cumuler des renseignements.
Je veux dire que là aussi c'est un mythe que répand M. le
député de Laval, parce que la réponse est à
l'article 4.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'allais faire une
intervention un peu dans le même sens. Le député de
Gatineau disait tantôt que le numéro d'assurance-maladie ne sera
pas sur la liste des électeurs, mais dans le registre. Je ne vois pas
d'augmentation d'empiétements sur la vie privée des citoyens,
puisque c'est déjà dans le registre de la Régie de
l'assurance-maladie, avec beaucoup plus de renseignements. Ce qu'il va y avoir
dans le registre des électeurs, c'est le nom, l'adresse, le
prénom, le sexe, la date de naissance et le numéro
d'assurance-maladie. Mais, dans le registre de l'assurance-maladie, vous avez
beaucoup plus de renseignements que cela. Je pense que le directeur des
élections sera tenu à autant de confidentialité que le
directeur de la Régie de l'assurance-maladie. C'est même moins
grave, parce qu'il y a beaucoup moins d'information sur son registre que sur
celui de l'assurance-maladie.
Dans le rapport qui nous a été distribué, cet
après-midi, de la part du directeur général des
élections, il est dit à la page 11: "Les échanges
d'information entre le directeur général des élec-
tions et les organismes gouvernementaux précités ne
porteront à l'égard d'un électeur que sur son nom,
prénom, sexe, date de naissance et adresse". Cela m'apparaît
essentiel. Il me semble que c'est implicite à partir de l'article 3,
mais, si cela ne l'est pas, on pourrait peut-être faire un amendement
pour le rendre plus clair. A mon avis, la clé est là.
L'article 3 dit: "Le directeur général des
élections peut, aux fins d'obtenir les renseignements pertinents
à la confection du registre... conclure une entente avec toute
personne... requérir de tels renseignements d'un ministère..." On
dit bien: "... aux fins d'obtenir les renseignements pertinents...". Je ne sais
pas si légalement cela implique ce qu'il y a en haut de la page 11. Si
cela ne l'implique pas, on pourrait peut-être rendre cela encore plus
clair. Il me semble que c'est assez clair que le directeur
général des élections n'a pas besoin de connaître
l'état de santé et toutes les maladies d'un individu, et qu'il
n'ira pas chercher ces renseignements à la Régie de
l'assurance-maladie. Mais si cela n'est pas assez clair on pourrait
peut-être le mettre... (22 h 30)
M. Burns: M. le député, d'ailleurs, lors d'une
séance précédente où vous n'étiez pas
présent, j'ai déjà dit qu'il faut préciser le mot
"pertinent". Même s'il existe déjà dans la loi 123,
j'étais prêt à le restreindre aux renseignements qui sont
prévus à l'article 4. Alors, on diminue d'autant la
possibilité que le mot "pertinent" puisse être
interprété drôlement.
M. Paquette: A ce moment-là, M. le ministre, je ne vois
pas le problème de la réciprocité. Je ne vois pas comment
on pourrait c'est la crainte de la Commission des droits de la personne
créer une espèce de début de dossier cumulatif.
Peut-être qu'il manque des informations là-dessus et
peut-être que le directeur général pourrait m'en donner,
mais même en supposant qu'il y ait réciprocité, que
pourrait obtenir la Régie de l'assurance-maladie de la part du directeur
général des élections de plus que ce qu'elle a? Tout
simplement un changement d'adresse, parce qu'il n'y aura pas autre chose sur le
registre des électeurs, ou un changement de nom, peut-être un
changement de sexe, avec la loi qu'on a adoptée l'année
passée.
Une Voix: II n'y a plus de problème à ce
moment-là.
M. Paquette: II n'y a pas de problème là-dessus. Je
ne vois pas où est le problème.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je pense que mon intervention sera sans doute utile
parce que cela me permettra de faire d'une pierre trois coups, je crois:
à répondre autant au ministre, au député de
Châteauguay qu'à la demande d'information du député
de Rose- mont. Nous ne voulons pas que le numéro d'assurance-maladie
soit disponible, entre autres, aux partis politiques.
M. Paquette: Je suis d'accord avec vous là-dessus.
M. Lavoie: Bon. Laissez-moi continuer. M. Paquette:
D'accord. M. Lavoie: C'est que...
M. Burns: M. le Président, j'invoque une question de
règlement.
M. Lavoie: Tout le monde m'a attaqué sur cela.
M. Burns: Je n'ai pas insisté là-dessus mais si
vous voulez qu'on prenne l'étude du projet de loi article par article,
cela va. Mais là, on est rendu à étudier des
articles...
M. Lavoie: Cela va être bref, je crois. M. Burns:
Non mais, écoutez.
M. Lavoie: On m'a posé des questions tout à
l'heure.
M. Burns: On fait le tour.
M. Lavoie: Je crois que c'est essentiel, c'est sur cela qu'on
accroche. Et ce sera très bref, très bref. C'est une question que
me pose, d'une manière très gentille, le député de
Rosemont, beaucoup plus gentille que la manière employée par le
député de...
M. Dussault: J'ai toujours été gentil avec vous, M.
le député, voyons donc!
M. Lavoie: ... Châteauguay. On voit qu'il a beaucoup plus
d'expérience.
M. Burns: Répondez gentiment, M. le député
de Laval. Répondez gentiment.
M. Lavoie: Bon, le député de Rosemont est d'accord
avec moi sur le fait que ce numéro qui est, il est vrai, maintenant au
registre de l'assurance-maladie, d'après la loi, demeure là sous
le sceau de la confidentialité. On n'a le droit de le donner à
personne. Bon, c'est prévu dans les lois. Je ne sais pas si le
député de Rosemont était ici au début lorsqu'on a
fait... Cela a été soulevé dans des séances
antérieures il y a une dizaine de jours. Ce numéro va être
remis aux 40 000 recenseurs; il y a une série complète de
numéros qui vont être remis aux 40 000 recenseurs. Là, rien
n'empêche le Parti québécois ou le Parti libéral de
dire aux recenseurs, avant leur assermentation, si vous voulez: Apportez-nous
une copie de toutes ces listes préliminaires provisoires où ce
numéro est
inscrit. Rien n'est plus simple maintenant, pouf les partis politiques
et surtout ceux qui sont les plus munis, de stocker cela sur ruban. C'est
à partir de là que vous pouvez atteindre des clientèles
cibles avec ces moyens et c'est au détriment de certains partis qui n'en
auraient pas les moyens. On m'informe que cela peut coûter $50 000 pour
prendre ces renseignements, les mettre sur ruban et envoyer à des
clientèles cibles des lettres d'une manière
systématique...
Une Voix: D'après les sondages, il n'y a que l'Union
Nationale qui va pouvoir se payer cela.
M. Lavoie: ... et greffer à cela le financement des partis
politiques et tout. Le pointage... Non, vous êtes obligé de le
faire à la mitaine maintenant si vous n'avez pas le numéro
d'assurance-maladie. Je pense que cela commence à sonner une cloche chez
le député de Rosemont. Je ne vois pas la cloche sonner pour le
député de Châteauguay encore.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval, je ne voudrais pas que cela engendre un débat.
M. Paquette: Vous interprétez mal mes
réactions.
M. Lavoie: C'est exactement sur cela qu'on accroche, bon. C'est
sur cela qu'on accroche. On ne veut pas que ce numéro soit disponible
à tout le monde dans le public parce qu'à partir de là,
c'est illimité ce qu'on peut en sortir et les usages qu'on peut en
faire, au point de vue commercial, à n'importe quel point de vue.
Là, on ne peut pas prévoir tous les usages qu'on peut en faire et
tous les emmerdements ou les difficultés que cela peut créer pour
ce qui est du respect de la vie privée des gens.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, j'allais simplement dire
que, compte tenu qu'on avait convenu que les questions... se dirigeaient vers
le directeur général des élections. S'il n'y a plus
d'autres questions au directeur général des élections, je
pense qu'on devrait continuer le travail auquel nous nous étions
astreints compte tenu de la directive donnée par l'Assemblée
nationale de continuer article par article.
M. Burns: Seulement un mot, M. le Président. Je me demande
si... On est quasiment une table de conciliation ici de la façon dont on
se dirige. Cela me rappelle de vieux souvenirs. Je me demande si, dans le fond,
le fait de ne pas avoir de numéro d'assurance-maladie sur la liste
provisoire ne réglerait pas votre problème.
M. Côté: Ce serait possible de la façon
suivante. Si on n'a pas de numéro d'assurance-maladie sur la liste
provisoire, il faudrait qu'on ait un autre numéro qu'on créerait
nous-même qui serait...
Une Voix: Un autre?
M. Côté: Une minute, si vous me le permettez... Qui
serait connu uniquement de nous. Ce serait un numéro qui ne serait pas
accessible à d'autres personnes et qui ne serait pas connu. Avec ce
numéro, lorsque nous recevrons le retour du recensement, nous pourrons
faire l'appariement de notre numéro avec celui de l'assurance-maladie et
les personnes, comme vous l'avez mentionné tout à l'heure, ne
pourraient pas se promener avec le numéro d'assurance-maladie.
M. Lavoie: Mais je voudrais relever et cela s'adresse au
directeur général des élections... Est-ce qu'il y aurait
la possibilité à la page 9 de votre rapport où il est dit:
"S'il était impossible d'utiliser le numéro d'assurance-maladie
comme identificateur pour le registre des électeurs, il faudrait en
créer un qui soit propre à la constitution du registre...
M. Côté: M. le député...
M. Lavoie: Je termine. "... Pour porter à la connaissance
de l'électeur son identificateur, il faudrait alors émettre une
carte d'identité sur laquelle seraient inscrits son nom, prénom,
date de naissance, sexe et son identificateur informatique." On sait
qu'identificateur informatique, c'est un numéro. Cela iraità
l'encontre d'une décision à l'effet de ne pas utiliser de carte
d'identité.
M. Côté: Votrre question est très pertinente.
Je pense que je vais être plus clair, plus précis. Nous
conserverions l'identificateur informatique de la Régie de
l'assurance-maladie; le NAM, le numéro d'assurance-maladie serait
conservé. Ce serait l'identificateur informatique qui serait au registre
des électeurs. Cependant, lorsqu'il y aura le recensement à
l'aide de la liste provisoire la liste provisoire qui comporte des noms
des personnes, des informations nous provenant de la Régie de
l'assurance-maladie on pourrait ne pas y inscrire le numéro
d'assurance-maladie, y inscrire un autre numéro qu'on inventerait, nous,
et quand le retour se produirait, on utiliserait toujours le numéro
d'assurance-maladie parce qu'on établirait la corrélation.
Supposons, par exemple, qu'on a ici le nom Côté et que le
numéro d'assurance-maladie, c'est COTP7, peu importe les quatre chiffres
qui suivent, cela disparaîtrait. A la place, on dirait le numéro
pour cette personne serait le numéro 1253. Le retout qu'on aurait de
1253 pour nous, on sait que cela réfère à tel
numéro d'assurance-maladie, mais ce serait seulement nous qui aurions
cette connaissance-là et personne d'autre ne pourrait reconnaître
ce numéro, cette concordance.
Alors, cela répond à la question que vous posiez à
l'égard de ce qui est mentionné à la page
9, parce qu'on conserverait, on n'inventerait pas un nouvel
identificateur informatique. On conserverait le même identificateur
informatique qui serait toujours le numéro d'assurance-maladie; la seule
différence , c'est qu'au moment du recensement à l'aide de la
liste provisoire, on pourrait... Evidemment, je vous signale que cela va
créer beaucoup plus de travail pour nous et que ce sera plus long, mais
on pourrait enlever le numéro d'assurance-maladie, ne pas l'indiquer et
indiquer un autre chiffre qui nous permettrait, de retour au bureau, de faire
la concordance et de retomber sur nos pattes, si je puis m'exprimer ainsi, avec
le numéro d'assurance-maladie. Suis-je assez clair?
M. Lavoie: C'est une possibilité, sous toute
réserve. Vous vous demandez également si c'est possible. Vous
allez y penser.
M. Côté: Je peux vous dire que cela est possible.
C'est une façon, en somme, de déguiser le numéro
d'assurance-maladie...
M. Lavoie: Ah! de déguiser.
M. Côté:... ou de ne pas le faire
connaître.
M. Lavoie: C'est sûr. Si vous changez les 9 par les 1, les
8 par les 3, les 7 par les 4, on n'a qu'à renverser et...
M. Côté: Non, non. Je m'excuse. Ce que je veux dire,
je veux être très clair: c'est que vous vous souvenez des
objections à savoir que les 40 000 recenseurs auraient en main des
numéros d'assurance-maladie. Ma réponse consiste à
discuter là-dessus. Quand je dis: déguiser, ce serait une
façon de le remplacer. Il n'apparaîtra pas sur la liste, mais cela
demeurerait le numéro de base quand même, le numéro
identificateur d'assurance-maladie, cela demeurerait le numéro de base
pour nous.
M. Lavoie: Vous nous laisserez porter notre jugement.
D'accord?
M. Gratton: M. le Président, très
brièvement... M. Lavoie: D'accord, allez-y.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Tantôt, quand j'ai demandé au directeur
général des élections de s'enquérir auprès
de ses conseillers quant à la possibilité et à la
viabilité d'un registre qui se limiterait, d'une part, aux
numéros de l'assurance-maladie, d'autre part, à une
réciprocité limitée à la Régie de
l'assurance-maladie, je pense bien que ce serait la troisième condition
de cet exemple que je demandais au directeur général des
élections d'étudier, soit que les listes provisoires ne
comportent pas les numéros, le NAM.
M. Côté: Mais ce NAM ne disparaîtrait pas pour
autant.
M. Gratton: Non, j'ai compris ça.
M. Côté: Mais ce que je pourrais vous apporter comme
supplément d'information, je pense que c'est ça que vous m'avez
demandé, si j'ai bien compris, c'est de pouvoir vous préciser ce
que signifierait pour nous, cette façon de procéder, en termes de
travail, ou enfin, en termes de difficultés. Mais je peux vous dire
immédiatement qu'à mon avis, c'est quelque chose qui est
réalisable.
M. Gratton: C'est surtout la valeur, la viabilité du
registre qui en résulterait qui m'intéresse...
M. Côté: Non, si vous permettez, ce ne serait qu'une
seule liste provisoire, mais la réciprocité d'informations entre
le registre et la Régie de l'assurance-maladie demeurerait par la
suite.
M. Gratton: J'ai compris ça également. Sauf, que si
ce matin, il était essentiel, pour que le directeur
général des élections puisse remplir le mandat qu'il avait
reçu, de constituer un registre des électeurs, d'avoir beaucoup
plus que le numéro d'assurance-maladie, beaucoup plus qu'une
réciprocité avec la Régie de l'assurance-maladie, mais
réciprocité avec tous les organismes avec lesquels elle faisait
des ententes, c'est ce que je veux savoir précisément du
directeur général des élections, quelle serait la valeur
comparative du registre dont on parle avec celui dont on parlait?
M. Lavoie: C'est pas mal ma dernière question: Pour quelle
raison lorsqu'on a discuté dans les séances
antérieures, je n'ai pas vu d'amendement à cet effet dans les
projets d'amendements qui nous ont été remis n'y aurait-il
pas, lors d'un tel recensement qui se termine le 30 septembre, une
révision normale qui se fait immédiatement après le
recensement? Pour quelle raison ne nous a-t-on pas apporté un amendement
acquiesçant à notre demande. Si on dit que le premier recensement
serait le recensement de base qui servirait au registre, peut-être que,
dans l'avenir, il n'y aurait même plus de recensement, si c'était
bien fait. Pourquoi ne pas mettre cela dans la loi? C'est peut-être au
ministre que je m'adresse. Pourquoi n'a-t-on pas acquiescé encore
à un tel recensement, à une telle révision statutaire,
prévue dans la loi dans les délais normaux, que ça se fait
immédiatement après?
M. Burns: Quant à la première liste ou, si vous
voulez, le premier recensement qui, espérons-le, serait le dernier, il
est en pratique inutile de faire une révision immédiatement
après s'il n'y a pas d'élection. S'il y a une élection, on
est prêt à tenir compte de vos remarques, et de mettre des
dispositions de révision qui soient claires. Si vous faites une
révision, ma réponse c'est ça. Disons que le 30 septembre,
le recensement est terminé, la liste
est faite, et vous, vous voudriez, si j'ai bien compris vos remarques
l'autre jour, qu'il y ait une révision immédiatement
après. Or, il y a des dispositions dans la loi qui font qu'un
électeur peut toujours demander d'être inscrit au registre alors
qu'il ne l'est pas, mais ce n'est pas une révision au sens technique du
mot. La révision, comme telle, en fait, serait un coût inutile,
des efforts inutiles, s'il n'y a pas d'élection à
proximité ou de référendum à proximité.
M. Lavoie: Si je me rappelle bien, le directeur
général des élections nous avait dit qu'il
prévoyait, tel que la discrétion lui est accordée dans la
loi, de tenir une telle révision au mois de janvier ou de
février, trois ou quatre mois après. Mais pourquoi...
M. Burns: II a la discrétion de le faire.
M. Lavoie: ... ne pas le mettre dans la loi que ça se
ferait tout de suite. Ce n'est quand même pas le coût d'une
révision. Cela coûte beaucoup meilleur marché une
révision qu'un recensement. (22 h 45)
Je crois que si on veut partir avec: Tout le monde dit qu'il n'y a pas
de prix et il faut que le premier travail soit plus que parfait, que la liste
soit la plus idéale possible, la plus complète possible, pourquoi
pas un tel recensement?
M. Burns: Je vais vous donner un certain nombre
d'arguments...
M. Lavoie: On se retrouverait avec une béquille.
M. Burns: Je vais vous donner un certain nombre d'arguments qui
peuvent vous convaincre ou, en tout cas, vous donner au moins notre point de
vue. On pense d'abord que cela accroîtrait sensiblement la période
de recensement; deuxièmement, le recensement se déroulant dans de
bien meilleures conditions qu'avant, c'est-à-dire qu'au lieu
d'être de quatre jours, il est de quinze jours, la révision
devient beaucoup moins nécessaire. Le recensement, je viens de le
mentionner, est étendu sur une période de deux semaines, trois
visites au moins à chaque demeure au lieu de deux cela, c'est
dans le projet et il y a le programme de formation des recenseurs que le
directeur général a mentionné tout à l'heure.
Une autre raison, c'est que le mécanisme permanent de mise
à jour va permettre de corriger les erreurs, si erreur il y a. Le
mécanisme de mise à jour permanent est prévu dans la loi.
Les partis politiques, d'autre part, sachant immédiatement qu'il y aura
un recensement à l'automne prochain, je pense, vont immédiatement
commencer leur propre recrutement de recenseurs. Donc, probablement qu'ils vont
aller chercher ce qu'il y a de mieux comme recenseurs; autre raison qui,
à mon avis, augmente l'efficacité du recensement.
Finalement, tout scrutin devra être précédé
d'une révision. S'il y a un scrutin, que ce soit un scrutin
référendaire ou un scrutin électoral, il y aura
révision. Ainsi, dans l'éventualité où il y aurait
un référendum ou une élection à l'automne, nous
serions placés devant la situation absurde et éminemment
coûteuse de devoir procéder à deux révisions sur une
très courte période, c'est-à-dire une, selon votre
suggestion, immédiatement après le recensement, et l'autre
immédiatement avant la campagne électorale, si c'est une
élection, ou avant le référendum, si c'est un
référendum.
Finalement, l'expérience passée a démontré
que les électeurs attachaient et là-dessus, j'insiste
beaucoup auprès du député très peu
d'importance à cette procédure lorsqu'elle se déroule en
dehors du contexte électoral ou référendaire. Le contexte
référendaire, on ne l'a pas expérimenté encore,
mais le contexte électoral, on l'a expérimenté. Ce serait
une mesure coûteuse et, à notre avis, inutile, surtout que
déjà il y a un certain nombre de protections faites pour que,
justement, quelqu'un qui a le droit de voter ne se voie pas
empêché d'être inscrit sur la liste, même si, au
moment du recensement de septembre, il n'a pas été
recensé. Je pense que les protections sont là et qu'on ne devrait
pas s'inquiéter outre mesure.
M. Lavoie:... pas dans ce débat, mais je dirais que le
ministre ne m'a pas totalement convaincu, mais en tout cas. Mon impression,
c'est que je trouve que, si on met tout cela en marche, ce système
informatisé et les renseignements de tout bord tout côté,
ce n'est pas en nous foutant un élément qui peut
représenter 5% des coûts, dans l'ensemble... Trop fort ne casse
pas et, si on veut avoir la liste la plus parfaite je termine
là-dessus personnellement, je crois qu'après un tel
recensement, surtout qu'il est le premier et possiblement le dernier, il
devrait y avoir une révision. C'est un amendement qu'on ne pourra
même pas proposer lors de l'étude du projet de loi parce qu'on
sait que cela entraînerait une dépense d'argent; on ne peut pas
proposer un tel amendement.
M. Burns: En résumé, ce que je viens de vous dire,
c'est que l'utilisation de ce registre qui amène des listes, c'est
à des fins électorales ou référendaires. S'il n'y a
pas d'élection à l'automne et s'il n'y a pas de
référendum, après un recensement qui est encore plus
parfait, si on peut dire, que les recensements qu'on a connus
déjà, quelle serait la raison de faire cette révision? Je
pense bien que le député ne pourra pas nier cela, en dehors d'une
période électorale, les gens ne sont pas portés à
se faire inscrire sur une liste, si on les a oubliés.
Arrive soudain une élection, et là ils disent: Ecoute
donc, est-ce que j'ai droit de vote? Est-ce que mon nom est sur la liste?
Là, ils s'aperçoivent qu'ils ne le sont pas. Là, la
période de révision est parfaitement utile. C'est pour cela qu'on
vous dit, immédiatement après le référendum qui va
être, à notre avis en tout cas, avec toutes les précautions
que le directeur général va prendre, formation des gens,
durée plus longue du recensement... En principe on peut s'attendre
à ce que ce recense-
ment produise de meilleurs effets que ce qu'on a connu dans le
passé. A ce moment, on ne voit pas pourquoi immédiatement
après ce recensement, alors qu'il n'y a pas d'élections en vue,
ou qu'il n'y a pas de référendum en vue non, je ne vous
dis pas qu'il n'y en aura pas, mais écoutez, c'est hypothétique
ce que je dis là on ne voit pas quelle utilité aurait une
révision immédiatement après un très bon
recensement.
M. Lavoie: Je respecte l'opinion. C'est l'opinion du ministre. Je
diffère totalement d'opinion avec lui.
M. Burns: Je respecte la vôtre également, M. le
député.
M. Lavoie: Le débat politique est assez chaud dans le
moment, je pense que ce serait le moment opportun après le recensement
de faire la révision immédiate pour avoir la meilleure liste
possible. Je ne prêterai pas d'intention au ministre de peut-être
vouloir restreindre le plus possible la liste électorale.
M. Burns: Je vous dis qu'au contraire, si jamais il y a un
référendum, ou si jamais il y a une élection à
l'automne, à ce moment, il y aura une révision.
M. Lavoie: On connaîtra les moyens. Quels sont les gens, de
quelle manière seront-ils obligés de faire corriger le registre
et quels moyens seront à la disposition des gens, à ce moment? En
tout cas, je mets fin. Je doute de l'efficacité de cela et c'est sur un
point non mordicus. Une dernière question.
M. Burns: Je veux juste ajouter quelque chose à ce que le
député vient de dire. Je pense que justement le fait qu'on
étende de quatre jours à quinze jours ou à deux semaines
la période de recensement, c'est justement la preuve contraire de ce que
vous venez de dire, c'est-à-dire, qu'on ne veut pas restreindre
l'enregistrement des gens. Le fait qu'on augmente de deux à trois
visites au minimum requises pour l'inscription des gens, il me semble que c'est
un autre exemple qu'on ne veut pas restreindre l'inscription des gens
là-dessus.
M. Lavoie: J'aurais une dernière question. Dans le rapport
de la Commission des droits et libertés de la personne, à la page
4, et c'est un éclaircissement que le ministre pourrait nous donner, je
crois, et non pas le directeur général des élections,
où il est dit au troisième alinéa, c'est la commission:
"II nous semble qu'il s'agit là là on parle de
citoyenneté d'un progrès par rapport à ce qui
prévalait dans l'article 104-3 de la Loi électorale. La
commission avait en effet recommandé que l'on modifie cette disposition
jugée discriminatoire parce qu'elle faisait une distinction entre les
citoyens canadiens par naissance et les autres citoyens canadiens." A quel
moment, la commission avait-elle recommandé que l'on modifie cette
disposition?
M. Burns: J'avoue que ce n'est pas à ma connaissance. Je
ne suis pas capable de vous répondre.
M. Lavoie: La commission dit qu'elle s'est déjà
prononcée sur cela. C'est une question que je pose: Est-ce que le
ministre a soumis à la commission, a demandé son opinion à
la commission relativement au comité Dussault dans la refonte de la Loi
électorale?
M. Burns: Non, parce que le texte du projet de loi n'est pas
déposé à l'Assemblée nationale. Je pense que je
passerais outre aux privilèges des membres de l'Assemblée
nationale si je le soumettais à une commission extérieure au
Parlement. Je pense que le député connaît mon désir
de respecter les droits des parlementaires. Je pense que n'importe qui, tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
pourrait se plaindre si j'allais avec un projet de loi devant une commission et
lui demandait d'avance, avant que le projet de loi soit soumis à
l'Assemblée nationale, ce qu'il en pense. Vous n'auriez pas
d'objection?
M. Lavoie: N'importe quel individu n'a pas le droit de demander
l'opinion de la commission sur un sujet.
M. Burns: Non, je sais, mais là, j'ai une
responsabilité ministérielle qui est assez différente. Je
suis sûr que si je fais cela et que, peut-être sans le vouloir,
à un moment donné quelqu'un d'autre que les membres de la
commission l'apprend, je vais me faire soulever une question de
privilège en Chambre et...
M. Lavoie: II faudrait lire la charte des droits de la personne
pour cela. Je pense que tout individu...
M. Fontaine: Sur ce point-là, si vous me permettez...
M. Burns: Ce n'est pas en tant qu'individu, là, ce n'est
pas Robert Burns individu qui peut demander comme tel, en l'occurrence,
l'opinion. Je m'excuse de dire cela, cela a l'air pompeux, mais je deviens une
institution à partir du moment où je fonctionne comme ministre en
tant que représentant du gouvernement.
M. Fontaine: M. le Président, je me rappelle avoir
participé aux travaux du comité Dussault et, lorsqu'on arrivait
sur certaines difficultés, on demandait souvent à un
représentant du bureau du ministre ou à un représentant du
directeur général des élections de prendre des avis. Je ne
me rappelle pas, peut-être qu'on avait demandé à ce moment
de prendre un avis de la Commission des droits et libertés de la
personne, mais je ne suis pas sûr; c'est possible.
M. Dussault: C'est possible, effectivement, qu'on ait
demandé un avis, mais pas sur cette
question, parce qu'on ne s'est pas penché là-dessus.
M. Burns: On me dit, pour compléter la réponse que
d'une part, on n'a pas demandé d'avis, mais il est possible que la
commission nous ait fait part, à un moment donné ou à un
autre, de son avis sur les dispositions de l'article 104.3. Je pourrai le
vérifier, puis lors d'une prochaine séance je vous le dirai.
M. Lavoie: Ce que je trouve beaucoup plus grave, moi, et je ne
verrais absolument rien...
M. Fontaine: C'est peut-être à la suite d'une
plainte d'un électeur.
M. Burns: Comme le dit le député de
Nicolet-Yamaska, c'est peut-être à la suite d'une plainte...
M. Fontaine: D'un électeur.
M. Burns: D'un électeur. C'est possible cela. Maintenant,
je vais le vérifier. Personnellement, en tout cas je n'ai pas eu
connaissance à mon bureau qu'on ait reçu un avis, je n'ai pas eu
connaissance non plus qu'on en ait demandé un là-dessus. Mais il
est possible qu'ils aient déjà émis une opinion sans que,
comme tel, le ministre d'Etat à la réforme électorale en
ait fait la demande ou que qui que ce soit à l'intérieur du
gouvernement, ou encore à l'intérieur du comité Dussault
en ait fait la demande. Cela, c'est possible. Mais ça, je peux le
vérifier.
M. Lavoie: M. Dussault est ici. Est-ce que vous avez
demandé des opinions à la commission lors de l'étude de la
refonte de la Loi électorale?
M. Dussault: Comme tel, je ne me rappelle pas si on a fait une
demande dans ce sens-là.
M. Lavoie: Pour ma part, je ne ferais aucun reproche à un
ministre, s'il voulait, pour bonifier sa loi, demander l'opinion de la
commission, avant la rédaction d'un projet de loi, sur des points
délicats, loin de là, comme un député qui pourrait
présenter un projet de loi privé en se servant d'un organisme de
l'Etat, payé par les deniers publics, pour bonifier, améliorer et
recueillir une opinion d'experts sur la question des droits et libertés
de la personne. Ce que je trouve plus grave, par contre, c'est qu'un ministre
ou un ministère quelconque obtienne une opinion d'un organisme et ne la
rende pas disponible à tous les membres de l'Assemblée.
M. Burns: Ah! ça,je n'ai pas...
M. Lavoie: Cela, c'est beaucoup plus grave. Mon reproche est
à cet effet, ce que j'ai mentionné aujourd'hui...
M. Burns: II n'était pas dirigé à mon
endroit, j'espère, parce que je vous ai livré, à chaque
reprise, l'opinion...
M. Lavoie: Non, mais c'est bizarre que dans ce rapport, dans ces
commentaires de la commission, on fasse état d'au moins sept
mémoires que la commission a faits, soit à des ministères,
et que copie en ait été remise au président de
l'Assemblée nationale et que ça n'ait pas été
déposé à l'Assemblée nationale. Cela, j'entends le
soulever à l'Assemblée nationale dès demain matin.
M. Burns: Bien, ça... Je ne pense pas, M. le
député, que vous puissiez me reprocher d'avoir gardé pour
moi des rapports de la Commission des droits de la personne...
M. Lavoie: Non, ce n'est pas à vous...
M. Burns:... à deux reprises, j'ai demandé des avis
et, à deux reprises, je les ai déposés officiellement.
M. Lavoie: D'accord. Mais le reproche peut être
adressé au ministre de la Justice qui reçoit, d'après mes
informations, tous les commentaires, tous les rapports sur des projets de loi
gouvernementaux. C'est remis au ministre de la Justice qui, lui... surtout un
organisme qui dépend, qui relève de l'Assemblée nationale,
et, s'il est vrai que le président a eu communication...
M. Burns: Je passe...
M. Lavoie:... de tous ces documents et que ça n'a pas
été déposé à l'Assemblée...
M. Burns: ... à la défense du ministre de la
Justice, je peux vous dire qu'il reçoit un grand nombre de rapports et
qu'il y en a plusieurs au sujet desquels il doit user de sa discrétion.
Je pense que s'il y a un ministère délicat parmi tant d'autres
je pense bien que tous sont délicats, mais celui-là l'est
peut-être plus que n'importe quel autre le ministre de la Justice,
je pense, tout le monde a toujours reconnu qu'il doit user de sa
discrétion quant à la divulgation des rapports qui lui sont
soumis.
M. Lavoie: Dans ce cas-là, il doit invoquer
l'intérêt public, d'accord, tel que le règlement lui
permet.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je voudrais simplement dire
deux choses. Tout à l'heure, lorsqu'on discutait avec le
député de Laval, il nous disait: Avec la liste électorale,
s'il y a le numéro d'assurance-maladie, et on a eu l'explication que ce
ne serait pas le numéro d'assurance-maladie qu'on aurait et qui serait
disponible au grand public, mais un numéro spécifique, le
numéro d'assurance-maladie se retrouverait seulement sur le registre des
électeurs. (23 heures)
II nous a dit: Avec cette liste, les partis politiques pourraient
eux-mêmes mettre cela sur infor-
matique et se mettre à envoyer de la publicité, par
clientèle et tout cela. Je pense que cette objection-là n'est pas
valable, parce qu'on pourrait le faire actuellement. On n'aurait qu'à
prendre les listes électorales, à les coder. N'importe qui peut
le faire, pas seulement un parti politique, n'importe qui peut prendre la liste
électorale, en faire un fichier, la rentrer sur informatique et s'en
servir. Je ne vois pas ce que cela change dans le cas du registre des
électeurs. Je ne sais pas si le directeur des élections serait
d'accord avec moi, mais il me semble que c'est une possibilité qui
existe maintenant. Comme on nous garantit que, sur la liste des
électeurs le numéro d'assurance-maladie n'apparaîtra pas,
les partis politiques n'auront pas plus d'informations qu'ils en ont
maintenant. Ils n'auront pas plus de possibilités qu'ils en ont
maintenant. C'est un premier point.
Le deuxième point que je voulais souligner, je reviens avec le
fait que, ce qui se trouve à la page 11 du rapport du directeur
général des élections m'apparaît extrêmement
important. On nous dit: "Les échanges d'informations entre le directeur
général des élections et les organismes gouvernementaux
précités ne porteront à l'égard d'un
électeur que sur son nom, prénom, sexe, date de naissance et
adresse." Cela m'apparaît important, parce que je pense que si le
directeur général des élections, lorsqu'il constitue son
registre des électeurs, veut se servir non seulement des listes
d'assurance-maladie, mais également des listes du Bureau des
véhicules-automobiles, par exemple, comme il nous l'expliquait
tantôt, il sera obligé de faire des tables d'équivalence.
Il y a des programmes informatiques qui vont permettre de comparer, de
confronter deux listes et de voir si les renseignements concordent oui ou
non.
A ce moment-là, si au niveau de la Régie de
l'assurance-maladie non seulement les informations du registre des
électeurs étaient disponibles, mais également les tables
d'équivalence, il y aurait moyen qu'au niveau de la Régie de
l'assurance-maladie on puisse communiquer avec le fichier du Bureau des
véhicules-automobiles, avec d'autres fichiers et là, on pourrait
être d'accord avec la Commission des droits et libertés de la
personne qu'il y a danger à un moment donné qu'on perde tout
contrôle là-dessus et que quelqu'un se mette à faire un
dossier cumulatif. Je pense qu'il est important que les fichiers ne puissent
pas communiquer entre eux par l'intermédiaire des renseignements dont le
directeur général des élections a besoin. Mais si on
retrouvait dans la loi je me demande si on ne devrait pas
l'écrire pour être bien sûr ce que nous dit le
directeur général des élections à la page 11,
c'est-à-dire que tout ce qu'il va aller chercher à la
Régie de l'assurance-maladie, ce sont les noms, prénoms, le sexe,
la date de naissance et l'adresse et que les renseignements qu'il va donner
à la Régie de l'assurance-maladie, ce sera exactement la
même chose, il n'y a pas plus de possibilités de communication
entre fichiers qu'il y en a maintenant. Par conséquent, il n'y a aucune
atteinte supplémentaire en tout cas à la vie privée des
citoyens que ce qui existe maintenant. A mon avis, c'est tout à fait
étanche. Je conseille au député de Laval de consulter un
informaticien. Il doit y en avoir dans le cercle des personnes qu'il
connaît et il pourra lui confirmer que c'est exactement exact ce que je
dis, à condition que les échanges se fassent uniquement sur les
nom, prénom, sexe, date de naissance et adresse et qu'on ne puisse pas
avoir de communications indirectes dans le fichier.
M. Lavoie: Encore une fois je respecte humblement l'opinion du
député de Rosemont, mais justement mes appréhensions et
mes réserves viennent d'informations obtenues de mathématiciens
et d'informaticiens également. Toutes ces réserves ne viennent
pas de ma petite tête uniquement.
M. Dussault: M. le député de Rosemont est un
expert.
M. Lavoie: Oui, d'ailleurs je crois qu'il est
mathématicien lui-même. Il a un avantage sur nous d'ailleurs,
heureusement, dans ce domaine spécifique seulement.
M. Paquette: Quant à l'autre objection, M. le
député de Laval, sur le fait que les partis politiques n'auront
pas plus d'informations qu'ils en ont maintenant, qu'est-ce que vous avez
à dire là-dessus?
M. Lavoie: Je n'ai pas l'intention de...
M. Paquette: Ce n'est pas une question de mathématicien ou
d'informaticien, il me semble que c'est une simple question de gros bon
sens.
M. Lavoie: On n'a pas la date de naissance, vous savez, sur les
listes électorales.
M. Burns: Non, mais on a l'âge.
M. Lavoie: On a l'âge, mais 51 ans et le 24 novembre 1927,
il y a une grosse différence.
M. Burns: Oui, mais un de vos arguments tout à l'heure,
non pas tout à l'heure, mais l'autre jour, M. le député de
Laval, allait dans le sens qu'on pouvait sélectionner, par exemple, que
notre clientèle à nous comme Parti québécois, se
situait de tel âge à tel âge. On peut le faire actuellement
avec la liste électorale.
M. Lavoie: A la mitaine, par contre.
M. Burns: Oui, mais on le fait parce que... Je ne vous dis pas
qu'on le fait, je pense qu'on ne le fait même pas. A ma connaissance, on
ne le fait pas. On pourrait actuellement, avec les renseignements que nous
avons, sélectionner une clientèle par âge.
M. Lavoie: A la mitaine? C'est une grosse différence.
M. Burns: A la mitaine! Si on dit que notre clientèle se
situe aux environs de 82 et 83 ans, on sait qui a 82 et 83 ans sur la liste
électorale actuellement.
M. Lavoie: Ecoutez, on ne videra pas la question ce soir. De
toute façon, je n'ai pas d'autres questions pour ce soir.
Le Président (M. Jolivet): Donc, nous pouvons remercier le
directeur général des élections d'avoir bien voulu nous
faire connaître son point de vue et répondre aux questions. Nous
en sommes maintenant à l'article 3.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre a l'intention de continuer ce
soir à 23 h 5?
M. Burns: Oui, je suis prêt à continuer. Tout
à l'heure, j'ai eu un coup de mou, comme on l'appelle, mais là,
c'est revenu. Alors, je suis bon pour la nuit. Une fois que je suis parti, je
ne suis plus "arrêtable".
M. Lavoie: Vous ne pensez pas qu'on a fait du travail
productif?
M. Burns: Je pense que maintenant, on pourrait aborder les
articles.
M. Lavoie: Je peux vous assurer qu'on va rester au premier
article si vous tenez absolument à cela.
M. Burns: Le premier article est suspendu.
M. Lavoie: II est suspendu, le deuxième est suspendu, le
troisième fait l'objet d'une motion de suspension.
M. Burns: C'est cela. On va prendre...
M. Lavoie: Tous les députés ont le droit de
parler.
M. Fontaine: Qui a fait la motion de suspension?
Le Président (M. Jolivet): Je n'ai pas de motion de
suspension au niveau de l'article 3, puisque nous y étions rendus. Vous
voulez dire que vous voulez faire une motion de suspension. Il y en avait
une?
Une Voix: II y en a une de faite.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, ce n'était
pas moi qui présidais à l'époque.
M. Lavoie: Ce n'est pas dans votre registre?
Communication de renseignements
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas dans mon registre,
de mémoire. Donc, l'article 3? Il y avait un amendement, à ma
connaissance, de la part du ministre, dont le but était d'enlever les
mots "pertinents à la confection du registre", pour les remplacer par
"visés dans l'article 4". Donc, l'article 3 se lirait maintenant comme
suit: "Le directeur général des élections peut, aux fins
d'obtenir les renseignements visés dans l'article 4 à
l'égard d'une personne physique, etc."
M. Lavoie: Qu'est-ce que c'est déjà, pour retomber
sur nos pieds? Cela fait déjà quinze jours de cela.
M. Burns: Le texte actuel contre lequel vous... En tout cas, on
peut vous donner l'amendement, on a encore des copies. C'est le même que
j'avais proposé. L'objection qui m'avait été
formulée à l'époque était que les mots "pertinents
à la confection du registre" dans l'article 3, étaient trop
vagues, laissaient beaucoup trop de latitude quant à la confection du
registre. A ce moment, j'ai suggéré qu'on se limite en changeant
les mots "pertinents à la confection du registre" par les mots
"visés dans l'article 4", le débat étant évidemment
à reprendre à l'article 4.
M. Lavoie: C'est la raison pour laquelle il y avait une motion de
suspension, parce qu'on référait à l'article 4. On
proposait que l'article 3, sans connaître... Est-ce que vous avez des
amendements à annoncer à l'article 4? Vous avez des amendements
à annoncer à l'article 4.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: C'est assez difficile d'adopter l'article 3 qui se
réfère à l'article 4, alors qu'il y a des amendements
à l'article 4.
M. Burns: L'article 4, M. le député, est l'article
où on va dire ce qu'on veut obtenir comme renseignement. Il
m'apparaît que si on dit... Je n'ai pas le texte devant moi. Oui, je l'ai
ici. A l'article 3: Le directeur général des élections
peut, aux fins d'obtenir les renseignements le texte actuel dit
"pertinents à la confection du registre" visés dans
l'article 4 à l'égard d'une personne physique, conclure une
entente, etc. Il m'apparaît que juridiquement, on peut très
facilement accepter un article 3, avec les mots "visés dans l'article
4", au lieu de "pertinents à la confection du registre". Ensuite, on
discutera des renseignements à obtenir lorsqu'on parlera de l'article
4.
M. Lavoie: Je maintiens notre position initiale que l'article 3
devrait être suspendu.
M. Burns: Je ne suis pas d'accord avec vous. Je suis prêt
à prendre le vote, n'importe quand.
M. Lavoie: On va débattre cette question. M. Burns:
C'est cela.
M. Fontaine: J'abonde dans le sens du député de
Laval, parce que le ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire nous indique un amen-
dement qu'il voudrait qu'on adopte à l'article 3. L'amendement se
lit comme suit: Les mots "pertinents à la confection du registre" sont
remplacés par "visés dans l'article 4". Si ce n'était que
cela, je pense qu'on pourrait certainement étudier l'article 3, mais le
ministre nous a déjà annoncé qu'il se proposait
d'ailleurs, il nous en a donné une copie d'amender l'article 4.
Alors, si, à l'article 3, on fait référence à
l'article 4 et qu'on ne connaît pas encore le contenu de l'article 4,
moi, il m'ap-paraît illogique d'adopter un article 3 qui fait
référence à un article 4 sans savoir quel va être le
teneur de l'article 4. C'est primordial. Si on veut connaître le contenu
de l'article 4 amendé, à ce moment-là, il faut
nécessairement passer à son adoption tout de suite, pour ensuite
revenir à l'article 3. A ce moment-là, nous serons en mesure de
comprendre la raison pour laquelle nous faisons un amendement, alors que nous
disons "visés à l'article 4", nous saurons ce à quoi nous
faisons référence en disant "à l'article 4".
M. Burns: Je vais vous montrer encore une fois que je suis un bon
gars.
M. Fontaine: Ah!
M. Burns: Je vais accepter de suspendre l'article 3,
d'accord?
Le Président (M. Jolivet): Non, je pense que, compte tenu
que l'acceptation de la suspension est faite, je dois prendre encore, au niveau
des membres...
M. Lavoie: II peut être contre. Une Voix: Oui.
M. Lavoie: II peut être contre la suspension. Il n'est pas
privé de son droit de parole.
Le Président (M. Jolivet): Un instant...
M. Burns: Je vous demande votre collaboration, M. le
député de Jean-Talon...
Le Président (M. Jolivet): Oui, c'est parce que
j'étais pour...
M. Rivest: C'était pour dire une chose très
pratique...
M. Burns: Oui.
Une Voix: Ce serait beaucoup plus simple.
M. Rivest: C'est que moi, qui suis allé à
l'école du juge Pigeon, de M. Lesage et de Robert Normand, d'excellents
légistes qui m'ont appris qu'une des premières règles
c'était qu'un article devait dire ce qu'il avait à dire, je
constate que dans l'article 3, il s'agit justement de déterminer la
nature des renseignements qui doivent être dans le registre. Alors, cette
espèce de jeu...
M. Burns: Ce que M. Pigeon vous a sans doute dit, c'est que le
projet d'amendement que je vous soumets, c'est de la législation par
référence.
M. Rivest: Ah!oui...
M. Burns: Voyez-vous? C'est purement et simplement un texte de
référence. Le texte essentiel... Je ne m'obstinerai pas
là-dessus, écoutez. Pour sauver du temps à la
commission...
M. Rivest: Non, moi non plus, parce que je sais que le
ministre...
M. Burns: ... je suis prêt...
M. Rivest: ... est un excellent garçon, M. le
Président. J'étais contre, mais à une condition
suspensive, je pense qu'avec la bonne volonté du ministre, je peux
retirer mon "contre".
M. Burns: Je suis bien content. Je vais pouvoir dormir cette
nuit.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 3 et
l'amendement sont suspendus. Passons à l'article 4.
M. le ministre, l'article 4.
M. Burns: Alors, M. le Président, à l'article 4,
j'ai un texte complètement nouveau à vous soumettre.
M. Lavoie: C'est une bonne raison pour suspendre l'article 3, on
pensait qu'on l'avait, l'amendement à l'article 4. C'est un nouvel
amendement?
M. Burns: Pas du tout! Pas du tout! M. Lavoie:
Cachottier!
M. Burns: Non, il est... Petit cachottier, va! J'en ai des
copies. Vous pouvez peut-être les faire distribuer.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous les avez eues,
je pense, au niveau des... Non?
M. Burns: Non. C'est un nouvel amendement.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas celui que j'ai
entre les mains?
M. Burns: Non.
Le Président (M. Jolivet): Bon! Merci! Je peux le lire, M.
le ministre, pour les besoins du journal des Débats?
M. Burns: Si vous voulez, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): "Le registre comprend, pour
chaque électeur, les renseignements suivants: Son nom, son
prénom, son adresse, son sexe, sa date de naissance et le numéro
inscrit sur
la carte qui lui a été délivrée en vertu de
l'article 8 de la Loi de l'assurance-maladie (1979, chapitre 37). Le registre
comprend également les renseignements visés dans l'alinéa
précédent pour les personnes susceptibles d'acquérir, en
raison de l'âge, la qualité d'électeur dans l'année
qui suit l'inscription au registre. Dans le cas d'une veuve ou d'une femme
mariée, le registre peut également comprendre le nom du
mari."
Je pense que c'est plutôt "1970, chapitre 37." C'est donc une
correction dans la parenthèse...
M. Burns: C'est "1970, chapitre 37".
Le Président (M. Jolivet): "1970, chapitre 37".
M. Rivest: M. le Président, qu'on se comprenne...
Le Président (M. Jolivet): Un instant! Vous n'avez pas le
premier droit de parole.
M. Rivest: Je serais d'accord à moins qu'on ne me
convainque du contraire, parce que je voudrais collaborer avec le ministre. A
moins qu'on ne me convainque du contraire, je vais attendre ce que mes
collègues vont me dire.
Le Président (M. Jolivet): M.le ministre, à vous la
parole. (23 h 15)
M. Burns: M. le Président, le changement évident
que nous avons apporté est celui qui nous a été
suggéré à la suite de questions qui avaient
été posées au directeur général des
élections, vous vous souviendrez, lors de la première
séance, je crois, où nous avons discuté de ce
problème. Le directeur général, à l'époque,
et à bon droit, nous disait que, sur son registre, il serait normal
qu'il inscrive des personnes qui n'ont pas droit de vote mais qui vont avoir le
droit de vote. Nous avons pensé que, effectivement, c'était
surtout en raison de gens qui vont acquérir le droit de vote à
cause de la majorité. C'est donc ce qui justifie le deuxième
paragraphe que nous avons ajouté. C'est un nouveau deuxième
paragraphe. Dans ce sens, cela reconnaît le fait que quelqu'un... parce
que cela aurait pu laisser croire qu'un citoyen canadien qui en est rendu
à sa deuxième année au Canada, va automatiquement devenir
un citoyen un an plus tard. On a exclu la référence à la
citoyenneté. On s'est dit que, dans la liste préparatoire, si on
peut dire, ou l'aspect préparatoire du registre pour le directeur
général, il y avait une chose de sûre, c'est que quelqu'un
atteindrait sa majorité dans un an.
C'est pourquoi nous disons: "Le registre comprend également les
renseignements visés dans l'alinéa précédent pour
les personnes susceptibles d'acquérir, en raison de l'âge
cela exclut "en raison de la citoyenneté" la qualité
d'électeur dans l'année qui suit l'inscription au registre." Le
reste, c'est l'article 4 qui existe actuellement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval. M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, en principe, je serais
d'accord avec l'adoption de cet article, sauf que, encore une fois, je me
réfère au document livré par le directeur
général des élections, qui demandait que le registre
comprenne, en plus des renseignements demandés à l'article 4
amendé...
M. Burns: M. le député, on a parlé de cela
toute la journée. Le directeur général des
élections, comme je l'ai mentionné ce matin et cet
après-midi, a fait son boulot et l'a bien fait, il nous a dit ce qu'il
en pensait, sauf qu'il y a une décision politique qui doit être
prise à un moment donné, et moi, je la prends, et elle n'a pas
tout à fait la même que nous suggère le directeur
général des élections. Cette décision politique est
traduite par l'article 4 que je vous présente.
M. Fontaine: Ce que je voulais dire, c'est que
j'espère...
M. Burns: Je ne voudrais pas que vous embêtiez à
nouveau le directeur général des élections.
M. Fontaine: Non, là n'est pas la question. Ce que je
voudrais dire, c'est que j'espère que les seuls renseignements que lui
permettra de requérir l'article 4 tel qu'amendé vont lui
permettre de véritablement établir un registre des
électeurs.
M. Burns: On a passé la journée à vous dire
et je pense que le directeur général vous l'a
confirmé ce soir qu'il va être capable de faire un registre
des électeurs avec ces renseignements. Si on lui avait accordé
quand je dis "on", cela inclut la personne qui parle et tout le monde
autour de cette table les autres demandes qu'il faisait dans son
document, peut-être qu'il aurait fait une liste encore plus parfaite. On
a opté, comme je le mentionnais ce matin, pour une liste peut-être
moins parfaite, avec moins de risque, cependant, de brimer les libertés
individuelles des citoyens. C'est uniquement cela qui nous a incités
à vous présenter cet amendement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, au deuxième
alinéa: "Le registre comprend également les renseignements
visés dans l'alinéa précédent pour les personnes
susceptibles d'acquérir la qualité d'électeur...
M. Burns: "En raison de l'âge", c'est bien important.
M. Rivest:... en raison de l'âge." Ce n'est pas le seul
critère, en vertu de l'article 133 de la loi électorale qui peut
habiliter une personne à voter, non plus, d'ailleurs, que celui de la
citoyenneté je comprends les explications du ministre il y
a aussi le domicile.
Dans le contexte futur d'une libre circulation des biens et des
personnes, au sens où on l'a défini tout récemment, il
peut arriver que des
citoyens canadiens associés aient l'idée de venir
s'installer au Québec; avec cet article, ils pourraient rencontrer des
difficultés pour être inscrits sur le registre ou, à tout
le moins, on ne leur donnerait pas, par le deuxième amendement, la
même possibilité que celle qu'on donne aux personnes qui
acquerraient la qualité d'électeur en raison de l'âge.
M. Burns: Le problème, M. le député de
Jean-Talon, c'est qu'on ne peut pas savoir un an d'avance que quelqu'un de la
Colombie-Britannique veut s'en venir chez nous. On ne peut pas...
M. Rivest: Cela fera l'objet...
M. Fontaine: On peut savoir, par exemple, deux ans d'avance,
qu'il y en a un maudit "paquet" qui ne veulent pas s'en venir.
M. Burns: Je pense que oui.
M. Rivest: Mon argument, c'est que c'est plutôt dans le
sens contraire que le mouvement se dessine, actuellement.
M. Burns: Cet individu, M. John Doe, de Winnipeg, décide
de s'en venir au Québec. Il aura, comme n'importe quel autre
électeur, la possibilité de se faire inscrire sur la liste au
moment approprié. Cela, c'est la Loi électorale; actuellement,
comme vous le savez, cela prend un an de résidence au Québec.
C'est la Loi électorale qui le dira lorsque nous déposerons le
projet de Loi électorale. Cela, c'est la technique d'enregistrement au
registre, au recensement; qu'est-ce qu'on met dans le registre? Qui, d'avance,
peut être prévu au registre, même s'il n'a pas droit de
vote? On a limité cela à un an avant la majorité et on
s'est dit: La personne qui n'est pas canadienne a quand même le choix,
même au bout de trois ans, de ne pas devenir canadienne et de garder sa
citoyenneté ukrainienne. On ne peut pas présumer que quelqu'un
qui a deux ans de résidence au Québec va nécessairement
demander et obtenir sa citoyenneté canadienne. Donc, on l'a exclu. C'est
pour cela qu'on a dit: en raison d'âge.
C'est le droit de n'importe quel citoyen on est un pays
très large là-dessus de continuer à résider
et d'être en voie d'acquérir sa citoyenneté, mais de ne pas
la demander. Je connais des gens qui sont au Québec depuis huit ans et
qui sont aptes à obtenir leur citoyenneté canadienne, mais qui ne
l'ont pas demandée. C'est leur choix et c'est pour cela qu'on a exclu
cette possibilité. J'admets que c'était une très bonne
remarque de la part de l'Opposition parce que cela laissait entendre, de par
mes propos et ceux du directeur général, lors d'une séance
précédente, qu'on voulait à tout prix embrigader les
nouveaux citoyens et ce n'est pas du tout notre but. Notre but était de
permettre que le registre soit le plus efficace possible, en vue d'une liste
électorale pour les jeunes. La personne qui arrive à 18 ans n'a
pas le choix, elle devient majeure et elle est susceptible d'avoir le droit de
vote. C'est pour cela qu'on l'a limité à ce cas.
M. Fontaine: A ce moment-là, est-ce qu'elle va être
avisée qu'elle peut se faire retirer de la liste électorale?
M. Burns: Oui, il y a d'autres dispositions dans la loi qui
permettent que quelqu'un refuse d'être sur la liste
électorale.
M. Fontaine: Oui, mais si elle est inscrite automatiquement en
raison de son âge?
M. Burns: Au registre, pas sur la liste électorale.
M. Fontaine: Oui, pas sur la liste.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Fontaine: J'aurais une autre question, si vous me permettez,
M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y si c'est pour une
question.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre pourrait nous dire pourquoi
on demande la date de naissance plutôt que l'âge, comme cela se
fait actuellement? Est-ce qu'il y a une raison spéciale?
M. Burns: A cause de la référence informatique,
purement et simplement. Le numéro d'assurance-maladie, comme vous le
savez, est composé des trois premières lettres du nom de famille,
de la première lettre du prénom et ensuite, en sens inverse, de
l'année, le mois et la date de naissance.
M. Fontaine: On l'aurait déjà.
M. Burns: Oui, c'est cela.
M. Lavoie: Pourquoi exigez-vous ce dédoublement?
M. Burns: Pour des raisons d'informatique.
M. Lavoie: Si vous avez la date de naissance et le numéro
inscrits sur la carte, vous avez deux fois la date de naissance.
M. Burns: Lors du recensement, il est fort possible, et avec
l'entraînement, je pense, que le directeur général
mentionnait tout à l'heure qu'il allait tenter de donner aux
recenseurs... il est possible que la personne n'ait pas sur elle sa carte, mais
cela deviendra obligatoire bientôt de la porter sur soi ou en tout cas de
l'utiliser quand on aura besoin de soins médicaux. Au moins, on pourra
reconstituer facilement, avec la date de naissance, le numéro
d'assurance-maladie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Strictement sur une question de procédure pour
qu'on s'entende bien, il me semble qu'il serait utile que nous
procédions dans l'ordre, c'est-à-dire en faisant des motions
d'amendement au texte du projet de loi qui est devant nous plutôt que
strictement en déposant un papillon qui remplace un article par un
autre. Parce qu'à un moment donné, au cours de l'étude, on
pourra vouloir faire des interventions sur une partie d'un nouvel article qui
est proposé, soit par le ministre ou par un autre membre de la
commission, et cela nous compliquera sûrement la vie et la
procédure, si on commence à remplacer le texte d'un article du
projet de loi par le texte d'un autre article. Par exemple, on pourrait vouloir
intervenir sur l'amendement qu'apporte le nouveau texte qui nous est remis ce
soir par rapport au deuxième paragraphe qui touche uniquement la
possibilité pour le registre de comprendre les renseignements
visés au premier alinéa, alors qu'on voudrait aussi intervenir
sur l'inclusion possible du numéro inscrit sur la carte.
Le Président (M. Jolivet): La procédure, à
ce niveau-là, M. le député, est la suivante, et je pense
que je vais en faire une directive de telle sorte que cela soit clair: Quand le
ministre apporte un amendement en changeant l'article au complet de la
façon dont il l'a fait, en ajoutant un deuxième paragraphe, nous
pouvons dès lors considérer que le nouvel article fait partie
intégrante du projet et c'est celui-là qu'on discute et non pas
l'amendement. C'est la façon la plus rapide et la plus sûre de
procéder. On l'a fait de cette façon à plusieurs occasions
pour plusieurs projets de loi.
M. Burns: Je vous avoue que je l'ai fait aussi, M. le
Président... je vous remercie pour votre directive, mais je pense
que...
Le Président (M. Jolivet): Je vais répéter
parce qu'il y en a qui n'ont pas compris. Ce qui arrive, c'est qu'au lieu de
discuter le projet de loi tel que présenté, le ministre apporte
un nouvel article qui inclut la partie du projet de loi plus l'amendement qu'il
y apporte. Je considère alors que cet article fait partie
intégrante du projet de loi.
M. Burns: M. le Président, j'ai simplement une remarque
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas le... Oui.
M. Burns: Je vous dis simplement qu'il y a aussi une raison
d'ordre pratique. J'aurais pu, techniquement, vous dire: Ajouter après
le premier alinéa les mots "le registre comprend également,
etc.," et mettre le deuxième alinéa, le troisième. Je
pense que pour des raisons de facilité de compréhension... je
vous avoue que, quand j'étais dans l'Opposition, j'appréciais
beaucoup qu'un ministre fonctionne comme cela, j'espère que vous
l'appréciez. Cela me donne à moi l'obligation de vous dire ce que
cela change vraiment, et je vous l'ai dit, le premier alinéa n'est pas
changé, le dernier alinéa n'est pas changé, le
deuxième est nouveau.
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Un instant.
M. Fontaine: Sur cette question de règlement, M. le
Président, je comprends que ce que le ministre vient de dire...
Le Président (M. Jolivet): Non, il n'y a pas eu de
question de règlement comme telle. Moi, comme président...
Une Voix: Vous avez émis une directive.
Le Président (M. Jolivet): ... la façon dont on
fonctionne dans bien des commissions et la façon la plus simple, c'est
de dire que le ministre nous arrive avec un nouvel article...
M. Fontaine: M. le Président, je soulève une
question de règlement sur la directive que vous avez rendue.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, mais vous n'avez
en aucune façon à soulever de question de règlement sur
une directive que j'ai donnée.
Une Voix: Vous manquez de respect envers l'autorité.
M. Fontaine: M. le Président, je vais poser ma question de
règlement et vous verrez si je suis antiréglementaire ou non.
Le Président (M. Jolivet): Si votre question de
règlement a pour effet de me poser des questions sur la directive que
j'ai rendue, si elle a pour effet de renverser la directive que j'ai
donnée, je vous dis qu'il n'en est pas question.
M. Fontaine: Mais laissez-moi parler, si vous voulez le
savoir.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y, on verra. (23 h
30)
M. Fontaine: M. le Président, je veux tout simplement dire
que j'accepte ce que le ministre vient d'énoncer à savoir
qu'habituellement... et c'est plus pratique de procéder de cette
façon en étudiant l'article tel que proposé dans son
amendement.
Cependant, je voudrais vous demander, M. le Président, si cela ne
serait pas plutôt une coutume et une demande de consentement qui se fait
aux membres de la commission plutôt qu'une règle de
procédure écrite qui fait qu'automatiquement cela se passe
comme cela. Je pense que vous devriez peut-être demander le consentement
des membres de la commission pour procéder ainsi, de sorte qu'il n'y ait
pas de précédent qui se crée à savoir que le
président dise que c'est comme cela que cela se passe.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président. J'ai une question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: J'ai entendu l'explication du ministre et la
représentation de mon collègue. Pour moi qui ne suis absolument
pas familier avec votre procédure parlementaire, je crois la formule du
ministre beaucoup plus simple. Mais cependant, je sais que mon collègue
de Gatineau est très au courant des subtilités de votre
règlement et je ne voudrais pas que mon acquiescement à votre
directive, M. le Président, constitue un précédent, parce
que peut-être que mon collègue de Gatineau aura des
subtilités à me dire que je ne connais pas et je ne voudrais pas
me dissocier de ce grand parti auquel j'appartiens.
M. Burns: Je tiens à le souligner et je ne l'ai pas fait
pour tous les articles. Dans le cas de l'article 3, par exemple, il s'agissait
de remplacer un bout de phrase. Il s'agissait de dire: On enlève ces
mots et on les remplace par cela. Dans ces cas c'est facile de savoir ce qu'on
change. Mais quand vous ajoutez tout un paragraphe dans un article, j'ai
pensé que cela serait plus facile et plus simple, pour la
compréhension complète de l'article...
M. Rivest: Vous avez raison.
M. Burns: ... de refaire l'article comme tel.
M. Gratton: Sur la question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): Seulement un instant, il y a le
député de Jeanne-Mance qui m'avait demandé la même
chose.
M. Laberge: M. le Président, d'ailleurs je n'aurai pas
à vous le faire remarquer, parce que je pense que vous avez
présidé la commission ou du moins des séances de la
commission parlementaire qui a étudié le projet de loi de
l'assurance automobile. Au moins à 130 ou 136 reprises cette chose s'est
faite à savoir...
M. Rivest: Avec le consentement d'u député de
Jacques-Cartier, par exemple.
M. Laberge: Avec un consentement du début.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon, je ne voudrais pas...
M. Laberge: Oui, mais disons que...
Le Président (M. Jolivet): ... Seulement un instant. Je ne
voudrais pas rappeler à l'ordre M. le député de Jean-Talon
mais, depuis que vous êtes arrivé, vous intervenez
impunément et indûment.
M. Rivest: Cela n'est pas permis? Je m'en excuse M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: C'est parce que vous m'avez coupé la
parole.
Le Président (M. Jolivet): Je devrais vous rappeler
l'article 100.
M. Laberge: Je voulais simplement dire que si cela s'était
fait maintenant, peut-être que s'il n'y a pas une règle
écrite dans le règlement... Il y a la coutume qui a
été créée et qui a permis de mieux fonctionner, de
mieux comprendre les amendements nombreux qui nous étaient amenés
dans les projets de loi et de voir directement sur une feuille de papier bien
écrite, comme on dit, exactement le texte de ce que serait le nouvel
article de la loi. Nous avons fonctionné là-dessus au cours des
deux dernières années, la coutume étant établie je
respecte tout à fait votre décision, M. le Président.
M. Gratton: M. le Président, on ne peut rien vous cacher
ni à vous, ni à d'autres membres de la commission qui sont
également présidents de commission eux-mêmes. Ce que je
voudrais faire élucider dans votre directive, c'est d'abord...
premièrement je dirai au député de Jeanne-Mance que ce
qu'on fait depuis deux ans et demi n'est pas la coutume. La vraie coutume et on
pourrait la retrouver dans les auteurs Mays et d'autres...
M. Lavoie: Dans l'ancien règlement.
M. Gratton: ... dans l'ancien règlement, interdit de
remplacer un article par un autre, sauf en votant contre l'adoption de
l'article original et ensuite en en proposant un autre. Je l'ai appris
d'ailleurs du ministre d'Etat à la réforme parlementaire au
moment où il faisait un certain débat sur une certaine loi 22, en
1974.
M. Burns: Je ne m'en souviens pas.
M. Gratton: Vous ne vous en souvenez pas, c'est assez curieux. De
toute façon, ce que je voudrais savoir... Je pense que la coutume est
entièrement établie, d'ailleurs le texte de notre
règlement est très éloquent là-dessus. A l'article
70, on dit qu'un amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion
proposée et ne
peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les
remplacer par d'autres. On ne peut pas retrancher un article et le remplacer
par un autre, ajouter des mots et les remplacer par d'autres.
M. Burns: J'ajoute un paragraphe, bout de corde!
M. Gratton: M. le Président, il est irrecevable si son
effet est d'écarter la question principale sur laquelle il a
été proposé et il en est de même d'un
sous-amendement par rapport à un amendement. C'est l'article 70.
A l'article 71, on dit: Quand plusieurs amendements ont
été annoncés, ils doivent être proposés
suivant l'ordre dans lequel se trouvent placés, dans la motion
principale, les mots qu'ils modifieraient, s'ils étaient adoptés.
Si je retrouvais l'article sur le droit de parole d'un député...
C'est en 1960, M. le...
Le Président (M. Jolivet): Je les connais. Vous auriez le
droit, en fait, de parler et sur la question principale et sur
l'amendement.
M. Gratton: Voilà.
Le Président (M. Jolivet): Je suis d'accord avec vous,
sauf que j'ai voulu éviter un débat qui s'est quand même
fait en prenant pour acquis qu'ayant eu à présider plusieurs
commissions parlementaires où il est arrivé le ministre, à
une commission comme la nôtre... Là, je n'établirai pas une
partie des règlements prévus par les anciens règlements ou
par les règlements existant déjà mais je veux vous dire
que dans une commission aussi large que la nôtre, pour éviter
justement, peut-être, des pertes de temps, l'usage était que le
ministre, en présentant un nouvel article dans lequel il faisait un
ajout qui était le paragraphe tel qu'on le voit ici, le paragraphe no 2,
on en arrivait à faire un consensus ou un consentement unanime, ce que
je n'ai peut-être pas demandé, mais me fiant aux
précédents à ce niveau-là, il était de
coutume que le ministre dise que l'article qu'il présentait
remplaçait complètement l'article contenu dans le projet de loi
et qu'il faisait, de fait, partie intégrante du projet de loi. C'est
à partir de ces habitudes adoptées lors des commissions que j'ai
eu à présider depuis maintenant près de deux ans, que j'ai
pris sur moi cette idée de donner une directive pour éviter un
débat qui, malheureusement, a eu lieu quand même. Compte tenu de
cela, je suis prêt...
M. Gratton: Mais, M. le Président, vous conviendrez...
M. Fontaine: Pas malheureusement, heureusement!
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de cela, si on
m'accorde le consentement, je suis prêt à procéder de la
façon qu'on procédait dans le passé.
M. Gratton: M. le Président, tout simplement...
Voulez-vous rappeler le député de Jean-Talon à
l'ordre.
M. Rivest: M. le Président, la demande de consentement, je
vous l'accorde, mais vous voyez la sagesse de ma remarque quand je disais qu'il
ne fallait pas que cela fasse figure de précédent.
M. Gratton: M.le Président, je voudrais simplement vous
dire d'abord que si vous reconnaissez qu'il doit y avoir consentement unanime
pour qu'on puisse procéder de cette façon, je dirai au ministre
tout de suite que je suis tout à fait d'accord sur le fait que c'est une
façon beaucoup plus efficace, beaucoup plus utile pour nous, de
l'Opposition, pour tous les membres de la commission, que de savoir
réellement, connaître l'ensemble des modifications que le ministre
peut vouloir apporter au texte du projet de loi, mais ce que je voudrais savoir
c'est si on vous accorde ce consentement unanime dont vous avez besoin, M. le
Président, pour procéder de cette façon-là, si on
s'entendra également pour que s'il y a plus d'un amendement
apporté par un nouveau texte, on ne soit pas limité dans le temps
dans nos interventions, parce qu'à ce moment-là...
M. Burns: Vous avez le droit de parler 20 minutes sur chacun des
paragraphes, sur chacun des amendements.
M. Gratton: Loin de moi l'intention d'utiliser ces dispositions
du règlement, M. le Président, mais je tenais à ce que ce
soit clair au début de nos travaux de l'étude article par article
de ce projet de loi, parce que, possiblement, on sera ici pendant un bout de
temps et c'est bon qu'on établisse les règles...
M. Burns: Est-ce qu'on a le consentement?
Le Président (M. Jolivet): Un instant, le
député de Laval n'a pas terminé.
M. Lavoie: On sollicite mon consentement. Je dois vous dire, M.
le Président, très brièvement, que c'est contre
l'économie, entre autres, de l'ancien règlement, tel que le
mentionnait et argumentait le député de Gatineau, s'il faut qu'on
ajoute ou qu'on retranche des mots, c'est la manière. D'ailleurs, il y
avait une procédure très bien établie, très
subtile, à cet effet, dans l'ancien règlement. En ce qui me
concerne, et pour préserver nos droits, tel que le mentionnait le
député de Gatineau, je donne mon consentement sur cet article en
particulier, uniquement, pour le moment, et on verra à la pièce,
lors de l'étude d'autres articles, lorsqu'on avancera dans
l'étude du projet de loi.
M. Rivest: M. le Président, quant à moi, je vais me
fier à la sagesse de notre ancien leader parlementaire, étant
donné que je suis peu familier avec cela, je vais me fier à son
jugement et vous avez mon consentement également.
Contenu du registre
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 4 est en
discussion. Je pense qu'il y a eu, jusqu'à maintenant, pas mal de
discussions, mais est-ce qu'il y en a d'autres qui veulent intervenir sur
l'article 4 tel que nouvellement rédigé?
M. Lavoie: Oui, M. le Président, j'avais l'intention
d'intervenir. Me référant aux commentaires de la Commission des
droits de la personne où il est dit, à la page 3, au
deuxième alinéa: "Mais outre le fait que nous nous sommes
déjà opposés à cette mesure, nous croyons que le
numéro d'assurance-maladie ne se rattache pas à l'exercice du
droit de vote, car il n'est pas nécessaire à la confection des
listes électorales." Le ministre a soutenu qu'il était prêt
et que sa décision était de passer outre aux remarques de la
Commission des droits de la personne; il en fait une décision politique,
gouvernementale et exécutive.
Nous ne sommes pas obligés d'être d'accord avec ça,
M. le Président. Personnellement, je désirerais faire un
amendement: "Que tous les mots, après le mot "naissance", dans le
premier alinéa de l'article 4, soient rayés.
Le Président (M. Jolivet): Je comprends bien que seraient
rayés du premier paragraphe les mots "et le numéro inscrit sur la
carte qui lui a été délivrée en vertu de l'article
8 de la Loi de l'as-surance-maladie (1978, chapitre 37)".
M. Lavoie: C'est ça, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): C'est votre proposition.
Discussion sur cet amendement.
M. Lavoie: Brièvement, M. le Président. M.
Fontaine: ... M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Puisque j'ai dit discussion, M.
le député de Laval.
M. Gratton: Est-ce que vous voulez contester la
recevabilité? Vous en avez le droit, vous savez.
M. Burns: Je propose de retrancher des mots.
M. Rivest: Est-ce que la motion est recevable? C'est qu'on me
parlait, on était en train de me conter une histoire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon, je vais devoir vous demander d'être plus sage et plus
tranquille.
M. Burns: Surtout qu'il n'est pas membre de la commission ni
même intervenant, mais on le tolère.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, mon argumentation se base
très clairement sur les réserves et les commentaires tout
à fait explicites que fait la Commission des droits de la personne avec
toute l'expérience qu'elle a et toutes ses connaissances. Ces gens ont
été nommés, certains, par l'ancien gouvernement, d'autres,
et plusieurs autres, à la suggestion du gouvernement actuel. Cela a
été adopté par les deux tiers de l'Assemblée
nationale. Ces gens doivent avoir la confiance absolue des membres de
l'Assemblée nationale. Je respecte totalement leur opinion. Ce sont des
gens qui ont été nommés unanimement par tous les membres
de l'Assemblée nationale, au moins les deux tiers de l'Assemblée.
En bon élève, je suis respectueux des institutions, respectueux
de l'expérience et de la compétence des membres de cette
commission, et je ne vois pas pourquoi on n'accepterait pas leurs
recommandations et leurs suggestions.
Entre autres, également, si je me rappelle bien
excusez-moi, j'ai quelque chose à vérifier ce
numéro d'assurance-maladie est relié à des échanges
possibles de la réciprocité possible de
renseignements avec les autres organismes. Je ne sais pas quel sera le sort que
nous accorderons un peu plus tard lors de l'étude du projet de loi
à cette question d'échange de renseignements, de
réciprocité entre les ministères, entre les organismes
paragouvernementaux qui pourront apporter une contribution à la
confection du registre. Encore là, il y a des réserves
énormes et très catégoriques, très explicites, de
la Commission des droits de la personne qui s'oppose justement à cet
échange d'informations qui permettrait la confection d'un registre ou
d'un dossier cumulatif des électeurs ou des citoyens, non seulement de
tous les électeurs mais de tous les citoyens du Québec, parce
qu'on sait qu'il y a plusieurs personnes qui feront partie des renseignements
du registre et qui n'auront pas nécessairement le droit de vote. Les
personnes qui n'auront pas la citoyenneté canadienne ou autres seront
sur le registre mais elles ne seront pas nécessairement sur les listes
électorales. (23 h 45)
Pour toutes ces raisons, je crois qu'on devrait accepter l'amendement
que je propose. Les renseignements pertinents sont suffisants lorsqu'on dit le
nom, le prénom, l'adresse, le sexe, la date de naissance et on va
même plus loin que ce qu'exige la loi électorale actuelle qui ne
parle pas de date de naissance mais qui mentionne uniquement l'âge, qui
mentionne l'occupation éventuelle également.
Je crois qu'on va déjà plus loin avec la date de
naissance. Une autre raison, c'est que c'est un dédoublement, parce
qu'on a toujours dit que la date de naissance était à la base
même du numéro d'assurance-maladie. Je ne vois pas pourquoi on
aurait deux fois ce renseignement et d'autres indications. Pour le moment, je
n'ai pas épuisé mes vingt minutes, mais je vais laisser mon droit
de parole à d'autres. Ce sont les raisons principales pour lesquelles je
propose cet amendement.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Burns: M.le Président, je pense que tout au long de la
journée, j'ai été, peut-être pas assez convaincant,
mais assez clair sur ce point. Je pense que le directeur général
des élections n'a pas non plus été assez convaincant, mais
il a été très clair, à mon avis. Nous ne sommes pas
prêts à accepter cet amendement du député de Laval.
Lui qui s'autorise de cette remarque de la part de la Commission des droits de
la personne, je tiens à lui dire à nouveau que ce n'est pas par
manque de respect pour la Commission des droits de la personne, mais simplement
pour se rendre compte d'une chose, c'est que ce sont les membres de
l'Assemblée nationale qui vont légiférer, non pas la
Commission des droits de la personne.
Entre autres, je le réfère encore une fois au
deuxième alinéa de la page 3, et plus particulièrement
à la dernière ligne de ce deuxième alinéa qui dit:
"... car il n'est pas nécessaire, à la confection de ce fameux
numéro, à la confection des listes électorales. Je vous
dis tout simplement que je respecte énormément la
compétence de la Commission des droits de la personne en ce qui concerne
la protection des libertés individuelles, mais quand vient le temps de
parler de modes électoraux et de listes électorales, je m'excuse,
mais ce n'est pas sa spécialité. Surtout qu'elle ajoute le
paragraphe suivant à son opinion: "Selon nous, il appartient donc au
gouvernement de démontrer que les autres renseignements demandés
ne permettent pas d'identifier suffisamment les électeurs.
Je pense que là-dessus le directeur général des
élections a été très clair. Pour des raisons
d'informatique il est absolument essentiel qu'on ait ce numéro, qu'on
puisse traiter de façon normale ces informations. Pour nous, ça
devient quelque chose d'absolument essentiel, c'est pour ça que je ne
pourrai pas donner mon appui à l'amendement proposé par le
député de Laval.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Dans le document qui nous a été
livré par M. Hurtubise, le président de la Commission des droits
de la personne, dans le paragraphe concernant le numéro
d'assurance-maladie, il y a trois points importants qu'il faut retenir. Le
premier point est celui qui nous dit que les renseignements entre
ministères et organismes... dans l'hypothèse où on
légaliserait l'échange de renseignements entre ministères
et organismes, ce numéro d'identification devient une clef fort
utile.
Si le ministre, comme c'est son intention, accepte d'enlever la question
de la réciprocité, la clef utile tombe en même temps. De ce
fait, le numéro d'assurance-maladie ne devient plus une clef utile. On
doit se poser la question, est-ce qu'on doit le conserver...
M. Bums: ... le directeur général des
élections, oui.
M. Fontaine: ... quand même. Le deuxième point, on
nous dit, au paragraphe suivant, "outre le fait que nous nous sommes
déjà opposés à cette mesure." Je voudrais bien
savoir du ministre s'il est au courant que la commission s'est
déjà prononcée contre cette mesure et à quelle
occasion. Est-ce qu'il y a un texte qui a été livré
à cet effet?
M. Bums: A ma connaissance, pas dans les projets de loi que j'ai
pilotés devant l'Assemblée nationale.
M. Fontaine: Avant d'adopter un projet de loi comme ça, je
pense qu'il y aurait lieu de demander à la Commission des droits de la
personne...
M. Burns: Qu'elle se soit déjà opposée ou
pas je vous dis qu'on pense que c'est essentiel à la mise en vigueur
d'un registre des électeurs, c'est tout.
M. Fontaine: Mais lorsqu'ils se sont déjà
opposés, ils ont peut-être donné des arguments
supplémentaires à ceux que nous avons ici actuellement. Ce serait
peut-être à vérifier.
Troisièmement, lorsque la commission dit que ce numéro
n'est pas nécessaire à la confection des listes
électorales, je pense qu'on ne peut pas dire que même si ce sont
des experts dans le domaine, ils ont raison. On a déjà une liste
électorale et il n'y a pas de numéro d'assurance-maladie. Ils ont
raison.
M. Burns: II est nécessaire à la confection du
registre.
M. Fontaine: Ce n'est pas ce qu'ils ont dit. Ils ont dit: II
n'est pas nécessaire à la confection de la liste
électorale.
M. Bums: Ils n'ont peut-être pas tout à fait compris
le projet de loi.
M. Fontaine: En tout cas.
M. Bums: Que voulez-vous que je vous dise? Cela fait
peut-être dix fois que je le répète, je ne sais pas, je ne
les compte plus les fois où je le répète. Le registre des
électeurs, c'est une chose; la liste électorale, c'est autre
chose.
M. Fontaine: On sait cela.
M. Bums: Je suis d'accord avec eux que ce n'est pas
nécessaire pour constituer les listes électorales. Mais c'est
nécessaire pour constituer le registre. C'est cela qui est la
différence. Cela vous prouve jusqu'à quel point... Je ne les
blâme pas. On ne peut pas être expert en tout. Le numéro
n'apparaîtra pas sur les listes électorales, c'est clair et net
dans le projet de loi.
M. Fontaine: D'accord.
M. Burns: Deuxièmement, je vous confirme à nouveau
que je suis prêt à proposer un amende-
ment, sur le plan de la réciprocité des informations, qui
va enlever un argument à la Commission des droits de la personne.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, vous vous en doutez bien,
j'ai l'intention d'appuyer la motion d'amendement du député de
Laval, à l'effet de soustraire des renseignements qui devront être
contenus au registre, le numéro inscrit sur la carte ou le numéro
d'assurance-maladie.
La Commission des droits et libertés de la personne, M. le
Président, a bien établi certaines choses qu'il est utile de
rappeler, à mon avis, et je cite la première page du rapport de
la commission: "Une des modalités que peut prendre le respect de la vie
privée consiste, pour l'Etat, à renoncer à mettre sur pied
des fichiers qui pourraient mener à la constitution d'un dossier
cumulatif comprenant toutes les données disponibles sur un citoyen."
C'est d'ordre général. Et si le ministre nous avait soumis une
motion d'amendement qui allait dans le sens de celle dont nous avait
parlé le directeur général des élections dans son
texte ce matin, cela aurait été clair, on s'en allaità
l'encontre de ce qu'exprime la Commission des droits et libertés de la
personne.
Mais spécifiquement, quant au numéro d'assurance-maladie,
à la page 3 le ministre l'a déjà d'ailleurs
cité tantôt la commission dit: "Mais outre le fait que nous
nous sommes déjà opposés à cette mesure,
c'est-à-dire l'utilisation d'un numéro d'identification
quelconque, nous croyons que le numéro d'assurance-maladie ne se
rattache pas à l'exercice du droit de vote, car il n'est pas
nécessaire à la confection des listes électorales."
Le ministre nous dit: On convient avec la commission qu'au point de vue
des droits et libertés de la personne, ils ont raison. Mais au point de
vue de la confection d'une liste électorale, la commission n'a aucune
compétence, ou, en tout cas, n'a pas d'expertise très
spéciale en la matière. Donc, nous faisons fi de cet argument ou
de cet énoncé de la Commission des droits et libertés de
la personne parce que, de l'avis du directeur général des
élections, de l'avis du ministre d'Etat à la réforme
électorale, à mon avis même à moi, il est impossible
de constituer un registre sans un numéro, un code, un numéro
d'identification quelconque.
M. le Président, je répète ce que j'ai
déjà dit au moins à une occasion, sinon à plusieurs
occasions au cours de la journée. Le registre des électeurs, ce
n'est pas une fin en soi. Le registre des électeurs, on voudrait en
avoir un, afin de constituer une liste électorale la meilleure, la plus
complète, la plus ouverte possible.
Or, M. le Président, c'est un principe du projet de loi qu'on
remette en cause l'article 4, lorsqu'on dit que ce n'est peut-être pas la
meilleure façon de constituer une liste électorale valable que
d'avoir un registre des électeurs.
Quand le ministre nous dit que c'est absolument nécessaire
d'avoir son numéro d'assurance-maladie, j'aimerais le
référer à l'article 50 du projet de loi no 3 où, au
dernier alinéa c'est le deuxième alinéa et le
dernier on lit ce qui suit: "Seuls les renseignements concernant les
personnes domiciliées dans l'habitation visitée peuvent
être inscrits sur la liste et l'inscription doit être faite dans
l'habitation même. Seuls les noms des personnes au sujet desquelles les
renseignements prévus audit article 4 sont disponibles peuvent
être inscrits sur la liste. Toutefois, à défaut de pouvoir
fournir la date de naissance et le numéro inscrit sur la carte
délivrée en vertu de l'article 8 de la Loi de l'assurance-maladie
(1970, chapitre 37), un seul de ces deux renseignements suffit."
Dans le texte de loi lui-même, on se trouve à
reconnaître, le gouvernement reconnaît que le numéro
d'assurance-maladie n'est pas essentiel. Il peut être remplacé par
la date de naissance, puisque, lorsque je répète ce que le projet
de loi dit: "à défaut de pouvoir fournir la date de naissance et
le numéro inscrit le numéro d'assurance-maladie un
seul de ces deux renseignements suffit". Je suis sûr que le ministre va
me répondre: Oui, mais là il s'agit d'exceptions, parce qu'en
définitive, on aura...
M. Burns: Ce n'est pas cela.
M. Gratton: Ce n'est pas cela que vous allez me répondre?
Si, par hasard le ministre me répondait: II s'agit d'exceptions, parce
qu'en définitive, il y aura une liste provisoire que les recenseurs
auront en main au moment de recensement. Cette liste provisoire contiendra ou
pas le numéro d'assurance-maladie. On n'a pas tranché cela
encore, on n'est pas rendu là, M. le Président, mais en supposant
que le numéro d'assurance-sociale n'y apparaît pas, à ce
moment-là, on va visiter un domicile, une résidence quelconque.
On va se rendre compte que les résidents, les occupants de ce domicile
ne connaissent pas leur numéro d'assurance-maladie. Il pourrait bien
arriver par contre qu'ils ne connaissent pas non plus leur date de naissance.
Ce n'est pas impossible et je pense que cela se voit assez couramment, surtout
chez les personnes âgées, pour lesquelles on ne peut pas
spécifier la date de naissance. A ce moment-là, ces
personnes-là se trouveraient privées d'être inscrites de
toute façon, mais en supposant qu'elles n'auraient que leur date de
naissance ni leur numéro d'assurance-maladie, l'article 50 vient dire:
Oui, ces personnes pourront être inscrites. On sait fort bien pourquoi
elles pourront l'être, c'est que le numéro d'assurance-maladie est
composé du nom, du prénom et de la date de naissance de la
personne en question.
A toutes fins utiles, M. le Président, c'est dire qu'il n'est pas
absolument essentiel d'avoir le numéro d'assurance-maladie parmi les
informations qui doivent être contenues au registre. Il me semble que, si
on voulait vraiment être aussi ou-
vert qu'on l'a dit cet après-midi du côté du
gouvernement, on accepterait cette motion d'amendement du député
de Laval. On aura à ce moment-là une liste, un registre à
partir duquel on pourra faire préparer des listes électorales et
on y retrouvera à ce moment-là le nom, le prénom,
l'adresse, le sexe et la date de naissance des électeurs. A ce
moment-là, si, pour des fins d'informatique, pour des fins de
compilation du registre, on a besoin d'un code quelconque, on pourra soit faire
ce que l'article 50 nous dit qu'il sera possible de faire dans le cas des
exceptions, c'est-à-dire constituer soit le numéro
d'assurance-maladie ou un autre code quelconque pour fins strictement
d'informatique, mais, à ce moment-là, si on adoptait l'amendement
proposé par le député de Laval, on n'aurait pas à
penser à la solution, quant aux listes provisoires, d'avoir un code
différent du numéro d'assurance-maladie. On ne s'exposerait pas
non plus dans l'autre cas à avoir une liste provisoire qui circulerait
dans les mains de 20 000 recenseurs avec les numéros d'assurance-maladie
ou quelque code que ce soit. (Minuit)
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure et de la
fatigue...
M. Rivest: II est déjà minuit, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): II serait peut-être de
bon aloi...
Une Voix: Comme le temps passe vite! M. Burns: On
arrête pour un commercial.
Le Président (M. Jolivet): II serait peut-être de
bon aloi d'ajourner sine die.
Fin de la séance à 0 h 1