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Etude du projet de loi no 3
(Onze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la présidence du conseil et de la
constitution se réunit à nouveau pour étudier le projet de
loi no 3.
Les membres de cette commission sont: M. Bédard (Chicoutimi)
remplacé par M. Burns (Maisonneuve); M. Bisaillon (Sainte-Marie); M.
Char-bonneau (Verchères); M. Forget (Saint-Laurent) remplacé par
M. Lavoie (Laval); M. Grenier (Mégantic-Compton) remplacé par M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Laberge (Jeanne-Mance); M. Le-vesque
(Bonaventure) remplacé par M. Gratton (Gatineau); M. Morin
(Louis-Hébert) remplacé par M. Dussault (Châteauguay); M.
Paquet (Rosemont); M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Lavoie (Laval) remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Au moment où nous nous sommes...
M. Lalonde: II y a seulement un intervenant?
Le Président (M. Jolivet): Oui, les intervenants possibles
sont: M. Bertrand (Vanier); M. Brochu (Richmond); M. Ciaccia (Mont-Royal); M.
Clair (Drummond); M. Guay (Taschereau); M. Lé-vesque (Taillon).
M. Lavoie: II y a consentement unanime...
Le Président (M. Jolivet): Oui, c'est M. Lalonde qui
remplace M. Lavoie.
Donc, au moment où nous nous sommes quittés...
M. Burns: Je voudrais savoir qui sont les membres. C'est M.
Clair, M. Lavoie, M. Gratton, et comme intervenants, M. Ciaccia et M. Lalonde.
C'est parfait.
M. Lavoie: Au moment où on se parle, il y en a vingt-deux
autres qui siègent dans une autre salle qui peuvent intervenir sur cette
question, tant que le président n'aura pas rendu sa décision et
que la commission n'en aura pas décidé autrement.
Le Président (M. Jolivet): M. Brochu (Richmond).
M. Fontaine: Remplacé par M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe).
Le Président (M. Jolivet): M. Brochu (Richmond)
remplacé par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe).
Droit de parole (suite)
Au moment où nous nous sommes quittés la dernière
fois, j'avais une décision à rendre, mais j'avais promis de
donner la parole aux deux derniers intervenants sur la question, M. Bisaillon
(Sainte-Marie), qui n'est pas ici, et M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys). La
parole lui est donnée.
M. Lalonde: M. le Président, très brièvement
j'avais promis d'être bref les faits qui sont devant vous,
c'est une décision de cette commission qui a été prise de
façon unanime par voie de consentement. Il n'y avait pas eu vote, si je
me souviens bien, à savoir que tous les députés auraient
droit de parole, sans demander la permission de la commission et ce,
jusqu'à ce qu'il y ait objection. Si vous vous souvenez bien, vous
l'avez décrit jeudi, vendredi ou mercredi dernier dans cet ordre.
Donc, la question est de savoir comment, si la commission a
changé d'idée, on doit procéder. Est-ce que simplement
l'expression d'un député comme quoi il retire son consentement
suffit ou si cela doit prendre une autre décision?
La règle générale, c'est que seuls les membres et
intervenants ont le droit de parole. Pour un autre député, il
doit demander la permission pour parler. Vous trouvez cette règle
à l'article 148a de notre règlement. C'est la règle
générale. L'exception c'est que tous les députés
ont le droit de parole, sans demander la permission à la commission.
C'est l'exception s'il y a une décision de la commission à ce
moment-là.
C'est ce que voulait produire la motion du député de Laval
qui a donné lieu au consentement que vous avez décrit à la
commission, c'est-à-dire consentement jusqu'à ce qu'il y ait des
objections. Donc, la question c'est: Peut-on retirer ce consentement
donné? Je pense que la réponse est oui, on peut changer cette
décision-là, mais n'oublions pas qu'il ne s'agissait pas de
consentement individuel, mais d'une décision de la commission,
décision que vous avez exprimée et rappelée la semaine
dernière. Or, la commission ne peut agir que par des motions. C'est donc
par une motion adoptée à la majorité des membres ou
à l'unanimité que la commission peut changer sa décision.
Je pense, M. le Président, qu'il est important de tester cette situation
juridique contre un principe de droit.
Je vais vous rappeler qu'il y a un principe de droit voulant qu'une loi,
un règlement, un contrat, une motion, c'est-à-dire toute
décision d'une assemblée délibérante doit
être interprétée comme devant produire des effets. C'est
une règle d'interprétation fondamentale qui s'applique dans tout
setteur de droit, y compris le droit parlementaire. Or, accepter la suggestion
du député de Châteauguay, à savoir que sa seule
objection suffirait à annuler l'entente, équivaudrait à
enlever tout effet à la décision unanime de la commission. Donc,
et je termine là-dessus, je suis d'avis et je vous suggère que la
seule façon par laquelle la commission peut changer sa décision,
c'est qu'une mo-
tion soit présentée, soit débattue et soit
adoptée par la commission.
Décision du président
Le Président (M. Jolivet): Merci. Justement toute la
question repose donc sur ce fait: Est-ce qu'on peut retirer un consentement en
commission parlementaire? Je ne parlerai pas de ce qui pourrait se passer
à l'Assemblée nationale, je ne parlerai que du
phénomène que l'on vit ici à la commission parlementaire.
Il y a un premier fait que personne ne peut contester, c'est que le 16 mai
dernier, lors de la première séance de cette commission, il y a
eu un consentement unanime pour donner le droit de parole à tout
député qui le voulait, compte tenu, comme on l'a dit à
l'époque, de la teneur du projet de loi. Ce consentement mettait donc de
côté la règle qui est édictée justement par
l'article 148 du règlement, qui se lit comme suit: "Tous les
députés ont accès aux commissions, mais ceux qui n'en sont
pas membres et les autres personnes doivent obtenir la permission de la
commission pour s'y faire entendre."
Donc, cet article va consacrer le principe que ce ne sont pas un ou deux
membres de la commission, ni tous les membres de la commission pris
individuellement qui doivent accorder ce droit, mais la commission
elle-même, comme corps constitué. Ce droit de parole
accordé à tous les députés lors de cette commission
l'a donc été à la suite d'un consentement unanime que j'ai
eu, comme président, simplement à constater. La seule
façon pour la commission comme pour l'Assemblée de se prononcer,
lorsqu'il s'agit de mettre une règle formelle de côté,
c'est par la formule d'une motion.
En commission, la coutume a toujours voulu qu'on discute de part et
d'autre, souvent sans aucune forme de motion directe, mais, lorsque le
président constatait qu'il y avait consentement unanime, cela donnait la
valeur d'une motion en bonne et due forme. Il aurait pu, s'il n'y avait pas eu
de consentement de la part du député de Laval, faire une motion
en conséquence, qui aurait pu être discutée.
Une autre règle veut qu'une motion dûment adoptée
équivaille à un ordre qui est donné à la
commission. Or, il est incontestable qu'on ne peut mettre un ordre de
côté sans procéder à une nouvelle motion qui devrait
être dûment adoptée. Si un consentement unanime a donc
été donné, comme on l'a vu le 16 mai dernier, il ne peut
être retiré rétroactivement par la volonté d'un seul
ou de plusieurs des membres d'une commission. C'est la commission qui a
donné le consentement et c'est seulement elle qui doit le retirer ou qui
peut le retirer. Une commission, je le répète, ne peut agir comme
corps collectif, à sa façon, que par une motion.
Il reste cependant un autre aspect qui a été bien
décrit dans la présentation faite par le ministre, à
l'effet d'y mettre une condition. Est-ce qu'on peut accorder un consentement
assorti d'une condition? En effet, le 16 mai, on a consenti unanimement
à accorder le droit de parole à tous les députés.
Seulement, le ministre, dans ses propos que j'ai résumés par la
suite j'en avais fait mention aussi a mentionné que ce
consentement pourrait être retiré, si, en cours de route, il y
avait une objection qui était placée. Le ministre avait
même fait allusion, à ce moment-là, au fait qu'il pourrait
y avoir une forme éventuelle de contestation par la formule de ce qu'on
appelle un "filibuster". Or, même si le ministre a mis un si à la
suite d'un consentement qui devenait celui de toute la commission, je ne suis
pas d'avis que ce "si" était intégré à la motion de
consentement. L'eût-il été que la présidence aurait
été dans l'obligation de le retirer motu proprio, parce qu'il est
inconcevable qu'on puisse assortir une motion d'une condition soumise à
une interprétation subjective, c'est-à-dire la constatation par
la présidence ou un membre de cette commission de l'existence ou non
d'un "filibuster". (11 h 45)
En somme, si j'interprète bien les propos qui avaient
été tenus à l'époque par le ministre, le 16 mai
dernier, en regard de notre règlement et de nos traditions, il y a eu un
consentement pour que tous les députés qui le voulaient aient un
droit de parole d'ici la fin de nos travaux.
Cependant, le ministre a voulu signifier et je l'avais
interprété à la fin de la constatation du consentement
unanime son intention claire qu'il pourrait révoquer cette
décision si jamais il constatait telle ou telle situation.
C'était donc parfaitement le droit du ministre de le dire, tout
comme n'importe quel membre de cette commission pouvait aussi l'utiliser.
Cependant et pour toutes les raisons que j'ai données je
dois dire que ce consentement du 16 mai est devenu celui de la commission et
non des membres pris individuellement. Il doit donc être
révoqué par la commission comme corps politique et ceci ne peut
être fait sans la présentation d'une motion en bonne et due forme.
Je me dois donc de constater que le consentement existe toujours pour que tous
les députés aient le droit de parole et cela, aussi longtemps que
la prescription de l'article 148 du règlement n'aura pas
été rétablie, selon la procédure normale que j'ai
indiquée, c'est-à-dire par la présentation d'une motion
débattable en bonne et due forme. C'est la décision que je
rends.
Motions diverses
M. Dussault: M. le Président, vous comprendrez que je
respecte votre décision. J'ai souvent à jouer le rôle que
vous jouez présentement et je comprends très bien en quoi cela
consiste.
Etant donné que c'est moi qui avais demandé la
possibilité de retirer mon consentement, je vais faire une motion. Je
voudrais expliquer plus précisément au départ pourquoi
j'avais voulu retirer mon consentement. Au moment où nous avions
accepté de donner notre consentement, nous l'avions fait d'une
façon conditionnelle en nous
appuyant évidemment sur les paroles que vous aviez dites, surtout
à la fin des interventions sur cette question. J'avoue qu'à mon
esprit, il était très clair que c'était dans ces
conditions que je l'acceptais. Si vous n'aviez pas dit, sur cette question, ce
que vous avez dit, je pense que je n'aurais peut-être pas donné
mon consentement. Je pense que c'est important.
Toute la question d'un "filibuster" potentiel avait été
évoquée par le ministre et, dans mon esprit, c'était clair
que mon consentement ne pouvait pas être donné si on devait vivre
un "filibuster", une "filibuste", comme j'ai eu souvent l'occasion de le
dire.
M. le Président, il me semble que, dans un contexte nouveau comme
celui que l'on sait maintenant, où l'Opposition officielle ne s'est pas
gênée pour nous dire qu'à toutes fins utiles nous vivrons
une "filibuste", il me semble important de se comprendre, de voir dans quel
esprit on devrait normalement travailler maintenant. Il me semble que
l'Opposition officielle devrait convenir elle-même que, dans un contexte
comme celui-là, le "fair play" le plus grand, le plus total devrait nous
guider. C'est dans l'esprit britannique, le "fair play", c'est l'esprit de nos
règlements. Il me semble qu'avant même que j'aie à en faire
motion, l'Opposition officielle devrait admettre elle-même que, dans ce
nouveau contexte-là, on devrait convenir, tout le monde, qu'on devrait
vivre les prochaines heures dans un "fair play" le plus total. Jusqu'à
maintenant, rien ne nous amène à penser que c'est ce que nous
offrirait l'Opposition officielle. C'est pour cela que je vais faire motion, M.
le Président, que la présidence revienne à l'application
stricte de l'article 148 de notre règlement quant aux travaux sur le
projet de loi no 3. J'ai dit l'article 148, j'aurais dû dire l'article
148, paragraphe 1.
Le Président (M. Jolivet): Cette motion est recevable et
débattable.
M. Dussault: Je peux relire le texte de ma motion, M. le
Président: Que la présidence revienne à l'application
stricte de l'article 148, paragraphe 1 de notre règlement.
Le Président (M. Jolivet): L'article 148, paragraphe 1. se
lit comme suit: "Tous les députés ont accès aux
commissions, mais ceux qui n'en sont pas membres et les autres personnes
doivent obtenir la permission de la commission pour s'y faire entendre". La
motion vise à l'application stricte de l'article 148, paragraphe 1.
M. Lalonde: Question de directive, M. le Président. On ne
parle pas de l'article 148a dans la motion. Je comprends bien que vous seriez
lié quand même par l'article 148a qui donne le droit aux
intervenants de se faire entendre à la commission aussi.
M. Dussault: C'est l'article 148.1. Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Lalonde: Oui, mais il y a l'article 148a qui est ajouté
dans le règlement sessionnel, je pense. C'est sessionnel ou... Il y a un
amendement, en tout cas, au règlement.
Le Président (M. Jolivet): Non, actuellement, il est
intégré au niveau du règlement à l'article 148.1,
mais, d'une façon ou d'une autre, les intervenants et les membres ont
droit de parole. La seule condition qui est apportée, c'est que, quand
une personne veut se faire entendre comme intervenant, elle peut venir ici
à la commission et la commission lui donne, au moment où elle
arrive, le droit ou non de parole.
M. Lalonde: Oui, mais ce que je veux dire, c'est que l'article 13
du règlement sessionnel ajoute, à l'article 148a qui se lit comme
suit: Par dérogation au paragraphe 1 de l'article 148 qui est justement
celui qui est mentionné dans la motion, peuvent se faire entendre d'une
commission les députés qui ont été
désignés comme intervenants auprès de cette commission. Je
veux être bien sûr que lorsque la motion parle de l'article 148.1,
on ne veut pas écarter l'article 148a non plus.
M. Dussault: C'est exact que je ferai ma motion en
intégrant, en pensant, en faisant appliquer en même temps
l'article 13 du règlement sessionnel.
M. Lavoie: Je pense que ce serait quand même utile pour
vous, M. le Président, sans retarder les travaux de cette
Assemblée, dans le respect du règlement, que le
député de Châteauguay rédige sa motion. On pourra
même amorcer la discussion entre-temps.
M. Burns: En commission, on n'est pas obligé de
déposer une motion écrite.
M. Lalonde: On en a toujours demandé, nous autres.
M. Lavoie: On les a toujours écrites.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, je pense que, pour éviter tout imbroglio, il va l'écrire
pour qu'elle soit donnée au journal des Débats et qu'on puisse en
faire faire les photocopies nécessaires. Je pense qu'on a entre les
mains les articles nécessaires pour pouvoir maintenant entreprendre la
discussion. M. le député de Laval.
M. Lavoie: Je crois qu'il serait important, avant de traiter
directement de cette motion, de rappeler que les membres de cette commission
avaient demandé au directeur général des élections,
jeudi dernier, la production de certains documents, demande qui avait
été reçue et agréée par le directeur
général des élections. Je pense que ce serait utile, pour
l'étude même de la motion qui est devant nous, que ces documents
soient distribués. Personnellement, j'avais demandé quelle
était l'opinion juridique sur laquelle se basait le directeur
général des élections pour tenir un recensement pilote
dans quatre circonscriptions électorales, dans quatre sections de
vote...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
ne veux pas vous interrompre, mais, personnellement, je ne vois pas
actuellement le lien direct entre les documents qui ont été
demandés la semaine dernière et la motion voulant qu'on revienne
au règlement. Je pense qu'on devrait s'en tenir à
celle-là, la régler. Quand on aura réglé
celle-là, on passera à l'autre.
M. Lavoie: Oui, mais vous savez que le règlement de la
motion peut être long. Hier, j'ai téléphoné
moi-même... Je demande le consentement de la commission... Question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Vous n'avez pas... M.
Lalonde:... les travaux de la commission...
M. Lavoie: Vous ne voulez pas qu'on ait les documents que le
directeur général des élections s'est engagé...
M. Burns: On va procéder dans l'ordre. C'est cela. Vous
avez déclaré que vous faisiez un "filibuster". On est d'accord,
on va le prendre, on va le subir. Je suis bien d'accord là-dessus. C'est
votre droit le plus strict de le faire, mais vous allez procéder selon
l'ordre. C'est ce que veut dire la motion.
M. Lavoie: Attention! Il y a eu des articles dans les journaux.
Ne vous énervez pas tropl Cela peut être dangereux.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval, je voudrais qu'on aille dans l'ordre, paisiblement, pour en revenir
à la motion qui est sur la table. Je vous donne le droit de parole sur
cette motion à l'effet de revenir à l'application stricte du
règlement, à 148.1 et 148a.
M. Fontaine: M. le Président... Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Fontaine: ... jusqu'à maintenant, en tant que membre de
la commission et délégué de mon caucus à cette
commission, je n'ai pas personnellement annoncé que je ferais un
"filibuster " et je demande si les renseignements qui nous avaient
été offerts gracieusement par le directeur général
des élections pourraient nous être fournis?
M. Burns: Oui. Je vous remercie. D'ailleurs, vous avez
été, le député de Johnson et vous-même, d'une
collaboration exemplaire à cette commission, quoique à certaines
occasions, je vous aie reproché de ne pas suivre la même ligne que
le député de Johnson avait commencé à nous
démontrer le matin. Bien honnêtement, maintenant que c'est clair,
maintenant que c'est déclaré in camera, comme en commission, que
nous faisons face à de l'obstruction systématique de la part de
l'Opposition officielle, je pense qu'on doit disposer d'abord de la motion du
député de
Châteauguay je vous le soumets respectueusement, M. le
Président et, par la suite, on entreprendra une discussion sur ce
sujet.
Le Président (M. Jolivet): Pour ma part, je
déclare, pour le moment, qu'on est sur une motion et que la discussion
doit porter sur la motion. Quant aux autres, vous poserez des questions par la
suite.
M. le député de Laval, sur la motion.
M. Lavoie: Je vais intervenir immédiatement sur cette
motion. Il est convenu, et ça, c'est une coutume et une tradition, que,
lorsque nous abordons l'étude de projets de loi qui touchent l'exercice
du droit démocratique, du droit de vote ou tout ce qui touche le droit
électoral, il y ait une ouverture totale. D'ailleurs, cela existe
lorsque ça concerne tous les députés. C'est la raison pour
laquelle on a apporté, il y a quelques années, des amendements au
règlement entre autres pour permettre à tous les
députés d'intervenir lors de l'étude des crédits
lorsque c'est une étude globale de toutes les dépenses publiques
et des budgets des ministères.
S'il y a quelque chose qui est encore plus important, entre autres, que
l'étude même des budgets et des dépenses
financières, c'est bien l'exercice du droit de la
démocratie...
Une Voix: Bien sûr!
M. Lavoie: ... et chacun des députés qui
siègent à l'Assemblée nationale représente, en
moyenne, entre 24 000, 25 000 et jusqu'à 60 000 et 70 000
électeurs. Nous représentons tous des démembrements ou des
secteurs de la population, et je pense bien que, dans l'exercice de ce droit
démocratique, pour préserver ces droits, non seulement pour
l'exercice du droit de vote, mais pour avoir accès et pouvoir être
inscrit sur les listes électorales, il est bien important que tous les
députés puissent participer à ces débats.
Dans le passé, à ma connaissance, jamais cela n'a
été refusé. Depuis de très nombreuses
années, pour tous les projets de loi qui concernaient la Loi
électorale ou l'exercice du droit démocratique, il y a une
coutume d'établie que tous les députés y ont eu
accès et ils n'ont pas à se soumettre à une permission de
la commission pour pouvoir intervenir. Je pense bien que c'est la base de notre
argumentation.
C'est la raison pour laquelle je vais faire un sous-amendement à
cette motion...
M. Lalonde: Un amendement. M. Lavoie: Un amendement...
M. Lalonde: Cela n'est pas un amendement.
M. Lavoie: Non, c'est une motion principale. Je vais faire un
amendement à la motion principale du député de
Châteauguay qui semble vouloir refuser cet accès. Il y a plusieurs
moyens de
parvenir à cette fin, parce que je tiens à la
liberté d'information que nous devons avoir, surtout les membres de
l'Assemblée nationale, pour pouvoir discuter le plus librement possible
d'un projet de loi aussi important.
A la suite d'une demande qui a été faite par les membres
de la commission, également à la suite de l'acquiescement du
directeur général des élections de nous produire, entre
autres, trois ou quatre documents, soit un avis juridique sur lequel il se
fonde pour tenir un projet de recensement pilote dans quatre sections de vote
se trouvant dans quatre districts électoraux, cela veut dire seize
sections de vote...
Il y a également un document préparé par des
experts en informatique, la maison Drouin, je crois... la maison Drouin et
Paquin qui, en somme, a supervisé l'opération de la confection du
registre, et des documents confiant à six groupes de travail des mandats
bien particuliers, soit la confection de la liste provisoire, qui est tout
à fait pertinente au débat que nous tenons actuellement...
Premièrement, la confection de la liste provisoire avec adresse exacte,
nom des rues, code postal perfectionné. Un deuxième groupe...
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Lavoie: Je fais ma motion immédiatement...
Le Président (M. Jolivet): J'aimerais cela, parce que je
ne comprends pas votre argumentation.
M. Lavoie: Vous allez la comprendre, M. le Président. Je
pourrais faire un amendement, mais je vais faire une motion directe: "Que
l'étude de la motion en discussion soit suspendue jusqu'au moment
où la commission aura reçu les documents que le directeur
général des élections s'est engagé à lui
remettre."
Le Président (M. Jolivet): Je vais me laisser un temps de
répit, s'il vous plaît, et suspendre la séance pendant
quelques minutes.
Suspension de la séance à 12 h 2
Reprise de la séance à 12 h 5
Le Président (M. Jolivet): En commission parlementaire,
les motions qui sont recevables sont des motions principales et des motions
amendant des motions principales. Ordinairement, quand nous en sommes à
l'étude d'un projet article par article, comme c'est le fait
actuellement, nous pouvons suspendre l'étude d'un article en attendant
d'avoir eu un approfondissement des articles qui s'y rapportent à
l'intérieur du projet de loi ou en attendant d'avoir certaines
informations. Donc, c'est une motion qui permet de suspendre un article d'un
projet de loi. C'est la forme de motion de suspension.
La deuxième chose, c'est qu'une motion de report d'un projet de
loi ou d'une question peut être faite seulement en Chambre et n'est
possible qu'une fois au cours de la séance. Les documents avaient
été demandés, et le ministre ou la commission avait
reçu, de la part du ministre, un avis comme quoi elle ne s'opposait pas
à ce qu'ils soient non pas, dans le sens prévu par le
règlement, déposés en commission parlementaire par le
directeur général des élections mais, plutôt, qu'on
fasse une distribution à l'ensemble des membres. A l'intérieur de
la commission, c'est la coutume de demander si tel ou tel document, sans
être déposé selon le règlement parce qu'en
commission il n'y a pas de dépôt de documents est
distribué à chacun des membres selon la volonté du
ministre qui est présent à cette commission.
La motion qui est devant nous, à l'effet de suspendre une autre
motion, n'existe pas dans nos règlements. Il ne peut pas y avoir de
motion suspendant l'étude d'une autre motion parce que la seule
façon de faire en sorte qu'une motion additionnelle s'ajoute à
une motion principale, c'est la formule d'amendement. Pour ces raisons, je
déclare irrecevable la motion du député de Laval de
suspendre la motion déjà en discussion. Nous revenons à la
discussion.
M. Lavoie: Je respecte votre opinion, M. le Président, je
crois qu'elle peut être fondée, soit que nous avons
déjà devant nous une motion principale et qu'on ne peut pas,
suivant votre interprétation, proposer une autre motion principale.
Dans ce cas là, je vais prendre un autre moyen, je vais vous
proposer effectivement une motion secondaire à une motion principale,
qui va être une motion d'amendement. Cette fois-là,
j'espère que vous pourrez l'accepter.
Le Président (M. Jolivet): On verra.
M. Lavoie: Je conserve la motion principale du
député de Châteauguay, et à l'amendement, comme
motion secondaire, j'ajoute, tel que les articles 69, 70, 71 et 72 du
règlement, le permettent, après la motion principale, les mots
suivants: "dès que la commission aura reçu ou que soit
distribué" si vous voulez qu'il n'y ait pas de dépôt
"dès que sera ou que seront distribués aux membres de la
commission, par le directeur général des élections, des
documents demandés et qu'il s'était engagé à leur
remettre jeudi dernier".
Le Président (M. Jolivet): Voulez-vous me le donner s'il
vous plaît? Quelques moments de répit, encore une fois. Nous
pouvons reprendre. Ce matin.
M. Burns: Est-ce qu'on peut avoir une copie de la motion, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Vous n'en aurez peut-être
pas besoin, M. le ministre. Pour la
raison... Je m'excuse, je n'aurai même pas besoin d'avoir vos
éclairages, j'ai déjà rendu une décision ce matin,
je vais la répéter, si vous voulez, vous allez comprendre la
raison pour laquelle je n'ai pas besoin de vos éclairages sur la
question. Ce matin, au début de la commission, j'ai justement pris une
décision et je vous disais qu'on ne pouvait assortir une condition
à une motion. J'en ai fait longuement mention en disant que, proprio
motu, j'aurais dû, lors de la présentation d'une demande de
consentement la dernière fois, lors de la réunion du 16 mai
dernier, en arriver à enlever de mon propre chef la condition à
laquelle était assorti le consentement unanime.
On m'apporte maintenant un amendement qui, encore une fois, est une
condition à une motion principale, condition qui, si on s'en souvient,
au niveau d'une commission parlementaire...
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse, seulement une
phrase...
Le Président (M. Jolivet): Allez.
M. Burns: Depuis quand interrompez-vous le président?
M. Lavoie: Avec sa permission, très poliment.
M. Gratton: Avec sa permission, je peux interrompre n'importe
qui.
M. Burns: Si le président y consent.
M. Gratton: Est-ce que le président y consent, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Pourvu que vous ne preniez pas
un temps immense à me le dire.
M. Gratton: Simplement pour vous dire que c'est justement sur
l'aspect de la condition et en regard de décisions que vous avez rendues
plus tôt ce matin que j'aimerais intervenir maintenant sur la
recevabilité de la motion d'amendement du député de Laval.
Il me semble qu'il y a une nuance à apporter entre ce que vous avez dit
ce matin dans votre décision et ce que vous semblez vous apprêter
à dire présentement.
Le Président (M. Jolivet): Je n'en vois pas, pour la
raison suivante: nous avons une motion principale assortie d'une condition et
je continue. C'est une condition qui dépeint en commission
parlementaire... je m'excuse, je vais rendre ma décision, elle est
claire pour moi. Je m'excuse.
M. Lavoie: Faites-vous éclairer quand même...
M. Ciaccia: Cela prendrait quelques secondes...
Le Président (M. Jolivet): J'ai la possibilité en
commission parlementaire, de me faire éclairer si je pense que je ne
suis pas assez éclairé et j'ai le pouvoir de prendre une
décision si je pense que je suis assez éclairé. Pour moi,
dans les commissions parlementaires, il ne peut y avoir ni dépôt
ni distribution si le ministre qui est responsable au niveau de la commission
parlementaire ne le veut pas, à moins que la commission l'y oblige par
une décision. Cependant, normalement, en commission parlementaire, si on
se souvient de la façon dont ça s'est produit, nous avions, lors
de la décision rendue de présenter le document, à
l'époque demandé à chaque fois, à toutes les
commissions parlementaires, si le ministre consentait à ce qu'une
distribution soit faite, non pas un dépôt, on s'en souvient. De
telle sorte que, quant à moi, la deuxième motion qui est
présentée donne une condition pour l'application de la motion, ce
que j'ai refusé lors de l'entrée même en cette
Assemblée ce matin.
Donc, je considère que cette deuxième motion est aussi
irrecevable.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: ... non pas pour contester votre décision,
mais peut-être bien pour vous demander une directive. (12 h 15)
Lorsqu'on a le cas où on a une motion d'adoption de l'article 1
d'un projet de loi et qu'un député membre de la commission
demande qu'avant l'adoption de cet article 1, on fournisse des documents, des
informations, voire qu'on entende des témoins, comme c'est arrivé
en combien d'occasions, c'est là assortir la motion d'adoption de
l'article 1 d'une condition qui suspend la discussion sur l'adoption de
l'article 1.
Je vois mal comment il nous est possible de procéder de cette
façon lorsqu'il s'agit d'adopter un article, et qu'il ne soit pas
possible de procéder de la même façon lorsqu'il s'agit
d'adopter ou de rejeter une motion. Je dirai, M. le Président, qu'il est
de coutume qu'au début d'un...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
ne voudrais pas vous interrompre, mais j'aimerais cependant bien
connaître la directive que vous voulez me demander. Cela irait plus
rapidement.
M. Gratton: D'accord, M. le Président. Je voudrais vous
demander si, dans une commission parlementaire qui se réunit pour
étudier un projet de loi article par article, il est permis à des
députés et la tradition, les précédents
l'ont bien établie à un membre de la commission de
présenter des motions dites préliminaires, soit pour le
dépôt d'information, soit pour entendre des témoins, soit
pour questionner, en l'occurrence, le directeur général des
élections. Compte tenu que nous avons, au début de cette
commission, le 16 mai, je pense, obtenu un consentement unanime quant au droit
de parole, si, à ce moment-là, la
commission avait décidé, et comme vous le disiez si bien
tantôt, le ministre avait décidé que non, les membres de
l'Assemblée nationale n'auraient pas droit de parole, à moins
d'être membres de la commission...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
vous interromps à nouveau. Je ne vois pas en quoi vous me demandez une
directive.
M. Gratton: Laissez-moi terminer, M. le Président, vous
allez voir que c'est une directive que je vous demande.
Le Président (M. Jolivet): J'aimerais que vous arriviez le
plus rapidement possible à votre directive. Je vous le demande.
M. Gratton: M. le Président, il n'y a pas le feu quand
même.
Le Président (M. Jolivet): Non. Vous m'avez dit que vous
vouliez me demander une directive. Je voudrais bien savoir quelle directive
vous voulez me demander. Je ne voudrais pas que, par le moyen d'une demande de
directive, vous en veniez à contester la décision que je viens de
rendre. C'est ce que je veux vous éviter.
M. Gratton: Je veux simplement savoir de votre part, vous qui
dirigez nos travaux, comment les membres de la commission peuvent obtenir des
informations qu'ils auraient normalement obtenues si on n'avait pas eu le
consentement pour que tous les membres de l'Assemblée nationale puissent
s'exprimer à la commission parlementaire, au début de nos
travaux.
J'imagine que si je vous dis que je voudrais faire une motion dite
préliminaire aujourd'hui, trois semaines après qu'on a
commencé l'étude du projet de loi article par article, vous me
diriez: Ce n'est plus une motion préliminaire. Ma motion
préliminaire serait à l'effet d'obtenir du directeur
général des élections les informations très
précises qu'il s'est engagé à nous fournir en commission
parlementaire la semaine dernière.
Mais, M. le Président, parce qu'on avait le consentement au
début de nos travaux le 16 mai, on n'a pas cru nécessaire...
D'ailleurs, il y avait non seulement consentement pour que les membres puissent
intervenir, mais il y avait également consentement pour qu'on puisse
questionner le directeur général des élections.
Aujourd'hui, on se retrouve avec une motion qui demande de limiter le
droit de parole aux seuls membres permanents de la commission parlementaire.
Comment pouvons-nous exprimer ce voeu et cette demande, nous, de l'Opposition
officielle, pour obtenir les informations que le directeur
général s'est lui-même engagé à fournir?
Est-ce que ce sera par la présentation d'une motion principale, une fois
qu'on aura disposé de celle du député de
Châteauguay? Est-ce que ce sera par un autre moyen? C'est la directive
que je vous demande, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Cela, c'est plus clair. Cette
dernière partie aurait suffi. Pour la raison suivante...
M. Gratton: M. le Président, vous m'excuserez, je n'ai
peut-être pas le don de certains autres députés de
m'exprimer aussi succinctement. Je le fais au meilleur de mes capacités,
M. le Président. J'aimerais mieux que vous ne portiez pas de jugement
sur ma façon de m'exprimer.
Le Président (M. Jolivet): Non. Ce que je veux vous dire,
c'est que vous demandiez une directive, et la demande de directive, elle est
venue à la fin de votre exposé.
M. Gratton: Un court préambule.
Le Président (M. Jolivet): Cela va. Pour les raisons
suivantes, et je pense que c'est bien clair, dans une commission parlementaire,
il n'y a pas de dépôt de documents. Donc, on ne peut pas forcer le
ministre à en déposer. Il n'y a pas non plus de distribution de
documents, si le ministre ne veut pas. Je pense bien avoir entendu bien
clairement ce matin le ministre dire que son intention n'était pas de
distribuer les documents maintenant, qu'il attendait que la motion
déjà en place soit débattue, et qu'il verrait ensuite.
Normalement, si le ministre le désire, la distribution se fait.
S'il ne le désire pas, elle ne se fait pas. Compte tenu de cela, cela
prend donc le consentement du ministre. Si vous voulez forcer le ministre
à distribuer les documents, vous avez le droit de le faire par une
motion. Vous le déciderez en temps et lieu, sauf que vous ne pouvez pas
le faire en mettant une condition à la motion déjà en
discussion.
Commençons par discuter de cette motion-là et,
après cela, on passera à d'autres motions.
M. Gratton: Dois-je comprendre, M. le Président, que vous
permettrez alors la présentation d'une motion dans le sens...
Le Président (M. Jolivet): Si c'est nécessaire,
parce que le ministre a bien dit tout à l'heure qu'il n'acceptait pas de
les distribuer pour le moment; si, après l'étude de la motion, le
ministre en fait la distribution, vous n'aurez plus de questions à vous
poser ni de motion non plus...
M. Gratton: Cela, c'est vrai.
Le Président (M. Jolivet):... et, s'il ne le désire
pas, vous agirez en conséquence.
M. Gratton: Puis-je faire remarquer, M. le Président, que,
si le ministre acceptait de les faire distribuer tout de suite, on
éviterait une perte de temps énorme?
Le Président (M. Jolivet): C'est sa décision
à lui.
M. Ciaccia: Une directive, M. le Président. Le
Président (M. Jolivet): Oui.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, une des raisons pour lesquelles
vous avez déclaré la motion irrecevable, c'est parce qu'on
demandait la distribution de certains documents et que le ministre...
Le Président (M. Jolivet): Non, c'est parce qu'on
assortissait une motion d'une condition dont, dès le départ,
j'avais fait mention, dans le laïus du début, concernant la
décision conditionnelle, supposée conditionnelle du 16 mai
dernier sur le droit de parole.
M. Ciaccia: La raison que vous avez donnée, c'est que vous
avez dit que vous ne pouviez pas mettre une condition au consentement. Ici, on
ne parle pas de consentement, on a une motion pour revenir à
l'interprétation de l'article 148. Si je comprends bien, vous avez dit
que le consentement ne peut pas être accompagné d'une condition;
ou c'est le consentement ou cela ne l'est pas.
Le Président (M. Jolivet): Non, ce n'est pas le
consentement, c'est qu'il y a une motion. Quand on regarde la motion comme
telle le but d'un amendement à une motion, c'est de retrancher ou
d'ajouter quand on regarde la condition qui est posée, qui est
tout à fait étrangère à la motion principale, qui
n'a aucunement l'effet d'ajouter ou de retrancher, dans ce contexte-là,
c'est une condition qu'on veut mettre à l'application de la motion. Je
pense qu'à ce niveau-là, si vous voulez bien revenir à la
discussion de la motion principale, à ce moment-là, la parole
sera au député de Laval.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on ne pourrait pas, d'après vous,
ajouter, si on ne parle pas de la question de distribution, si on se
réfère à l'invitation qu'on pourrait faire au directeur
général, de la même façon, par exemple, que les
motions préliminaires... Avant d'entreprendre l'étude du premier
article d'un projet de loi, on a le droit de faire une motion, d'inviter
certaines personnes. C'est une condition. Dois-je comprendre qu'on ne pourrait
pas ajouter cette condition à la motion?
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas ce que j'ai voulu
dire. Ce que j'ai voulu dire, c'est que la motion que l'on a devant nous
dépend d'une condition qui dépend de la volonté même
du ministre qui a déjà exprimé dès le début
qu'il n'avait pas l'intention, tant et aussi longtemps que la motion
n'était pas débattue, approuvée ou rejetée... Dans
ce contexte-là, compte tenu que la distribution de documents
dépend de la volonté du ministre, à moins que la
commission ne le force, par une motion additionnelle, à les
déposer, ce qui est autre chose, pour le moment, je pense que la
condition qui est assortie à la motion en place... Je ne parlerai pas du
début d'une com- mission où on veut inviter des gens, où
on veut faire en sorte que des personnes viennent donner leur opinion, ce qui
est autre chose que ce que l'on a devant nous actuellement.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une directive à
vous demander. S'il y avait une motion simplement pour suspendre
l'étude...
Le Président (M. Jolivet): Cela a été
refusé. La discussion de la motion, c'est ce que vous demandez?
M. Lalonde: De suspendre la discussion de la motion, comme on
suspend l'étude d'un article; cela a été
refusé?
Le Président (M. Jolivet): Cela a été
refusé tout à l'heure. J'ai donné les raisons pour
lesquelles c'était refusé.
M. Lalonde: Ce n'est plus légal de suspendre
l'étude d'un article?
Le Président (M. Jolivet): Si vous aviez été
ici, vous auriez compris l'argumentation.
M. Lalonde: J'étais en Chambre.
Le Président (M. Jolivet): Je sais, mais j'ai donné
l'argumentation et je ne la répéterai pas.
M. Gratton: Une demande de directive. Est-ce que la motion
présentée par le député de Châteauguay est
susceptible d'amendement selon notre règlement? Je ne veux pas vous
tendre un piège, j'ai la jurisprudence ici qui me fournit la
réponse affirmative à ma question, mais je voudrais savoir de
votre part si, ce matin, vous accepterez que cette motion du
député de Châteauguay puisse être amendée, en
vertu des dispositions de notre règlement.
Le Président (M. Jolivet): Veuillez me laisser quelque
moment de réflexion encore une fois. Suspension.
Suspension de la séance à 12 h 25
Reprise de la séance à 12 h 27
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, messieurs! Nous
reprenons les travaux.
La réponse que j'aurais eu tendance à donner tout à
l'heure et que je vais dire maintenant, c'est que c'est oui, un amendement est
possible. La seule chose, ce n'est pas à moi à vous
déterminer quelle sorte d'amendement vous devez proposer. Je suis
assuré que vous ne me demandez pas cela. Vous n'avez qu'à
présenter les amendements. A ce moment, je jugerai s'ils sont recevables
ou non au fur et à mesure. La seule chose que je tiendrais cependant
à vous dire, c'est que le but de
l'amendement est de retrancher ou d'ajouter à une motion
principale. Si vous aviez demandé qu'en plus de revenir à
l'application stricte de l'article 148.1, on avait ajouté autre chose,
d'autres articles que vous vouliez, ou encore, fait en sorte que la motion
telle que présentée, avec un amendement possible, soit
directement reliée au sujet, je verrai à ce moment.
Cependant, je dois vous dire qu'on ne peut pas, par l'objet d'une motion
qui est déjà en débat, faire indirectement ce qu'on ne
peut pas faire directement, de telle sorte que, sur la question de la condition
assortie à une des premières motions ou à la motion
d'amendement, qui est à l'effet d'obliger le ministre à donner
des documents qu'il ne veut pas donner pour le moment, ce qui est son droit le
plus strict, je ne peux accepter cette condition à une motion qui n'a
aucunement, de près ou de loin, à faire, comme contenu, à
la motion déjà en discussion.
Vis-à-vis de cela, je dois vous dire, pour répondre
directement à votre demande de directive, oui, il est possible d'avoir
des amendements. Amenez-en des amendements. C'est votre droit le plus strict.
On verra, au fur et à mesure, s'ils sont acceptables ou non, selon le
sens du règlement que l'on connaît. M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais, en vous
demandant une directive également, revenir sur certaines paroles que
vous avez prononcées. Vous me permettrez d'être un petit peu en
désaccord avec l'opinion que vous avez émise concernant le droit
strict du ministre de ne pas distribuer les documents dès à
présent. (12 h 30)
J'avais compris je ne sais pas si les autres membres de la
commission avaient également compris la même chose
lorsqu'on avait demandé, la semaine dernière, au directeur
général des élections de nous donner ces documents, qu'il
avait été convenu que les documents nous seraient donnés
à. la prochaine séance. On avait même dit vendredi,
à ce moment-là, parce qu'on prétendait qu'on
siégerait vendredi. Or, on n'a pas siégé vendredi.
Normalement, nous devrions avoir ces documents depuis vendredi. Pour ma part,
j'avais compris que dès l'ouverture de la séance aujourd'hui, les
documents nous seraient distribués et ce, du consentement de la
commission.
Alors, si on suit ce raisonnement et le raisonnement que vous nous avez
servi ce matin dans votre jugement, je pense que pour retirer le consentement
que le ministre nous avait donné, il faudrait qu'il fasse
également une motion pour retirer son consentement qu'il nous avait
donné la semaine dernière de distribuer les documents.
Le Président (M. Jolivet): La coutume veut que tout
document distribué en commission parlementaire, ce soit le ministre qui,
au moment où il le désire, le fasse.
M. Fontaine: Je m'excuse, M. le Président, mais...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse...
M. Fontaine: ... il y avait eu un consentement, donc, un ordre de
cette commission qui voulait qu'on les distribue.
Le Président (M. Jolivet): Non...
M. Fontaine: Pour retirer, tel que vous l'avez dit dans votre
jugement, ce consentement, il faut une motion.
Le Président (M. Jolivet): Non, d'une façon ou
d'une autre, qu'on le veuille ou non, à ce niveau-là, les
documents auraient pu être prêts ou ne pas être prêts.
Le ministre les distribue au moment où il le juge opportun et je ne
pense pas que ce soit un ordre de la commission. On a simplement, à ce
niveau-là, demandé au directeur général des
élections s'il voulait, oui ou non, distribuer les documents. Le
directeur général des élections avait dit, à
l'époque, qu'il les aurait le plus tôt possible le lendemain, si
on siégeait le lendemain, sauf qu'il appartient au ministre de les
distribuer ou de ne pas les distribuer. C'est sa décision propre.
M. Lalonde: Simplement une question de directive, M. le
Président. Vous savez, pour avoir présidé à
plusieurs reprises des commissions parlementaires et avoir participé
à l'étude article par article de projets de loi, qu'il est usuel
qu'une commission suspende l'étude d'un article pour passer à un
autre article. Des motions ont été reçues et
débattues dans ce sens, sauf dans la mesure où de telles motions
étaient assorties de conditions. Je me souviens que des motions pour
suspendre l'étude de tel article jusqu'à ce que quelque chose
arrive ont été refusées, parce qu'elles étaient
assorties d'une condition, mais des motions pour suspendre l'étude d'un
article de loi ont été reçues et débattues dans le
passé... Je voudrais terminer, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): ... rendre une décision,
M. le député...
M. Lalonde: Oui, mais écoutez, c'est important, ça,
parce que n'oubliez pas que l'appel d'un article...
M. Burns: La décision a été rendue.
M. Lalonde: L'appel d'un article... Je demande une directive.
Est-ce que le député de Maisonneuve...
Le Président (M. Jolivet): Non, allez de votre demande,
s'il vous plaît!
M. Lalonde: Bon! L'appel d'un article, lors de l'étude
article par article, c'est considéré comme une motion principale
et on assimile donc l'étude d'un article, l'appel d'un article à
une motion principale du gouvernement ou du ministre. Si on peut suspendre
l'étude d'un article, on peut sus-
pendre aussi l'étude d'une motion principale en commission
parlementaire. C'est différent à la Chambre.
M. Burns: II n'y a pas d'appel d'une décision...
Le Président (M. Jolivet): Ecoutez, M. le
député, je vous ai répété tout à
l'heure, quand vous avez tenté de poser la question, je vous ai dit
qu'il y avait une décision de rendue sur la question. Je ne reviendrai
pas sur ma décision. Je vous expliquerai seulement qu'il a
été prévu, dans l'ancien règlement, et la coutume
veut, l'habitude veut qu'on puisse suspendre des articles d'un projet de loi,
mais il n'y a rien dans le règlement qui permette la suspension d'une
motion qui n'est pas, elle, un article. Je comprends votre argumentation en
disant qu'un article d'un projet de loi qui est présenté devient
une motion, mais le principe même de la motion que j'ai devant moi n'est
pas un article de projet de loi.
M. Lavoie: M. le Président, on va enlever les conditions.
Pour ma part, je vais faire un amendement, tel que le prévoit l'article
70 du règlement: "Un amendement doit se rapporter directement au sujet
de la motion proposée et ne peut avoir que les objets suivants:
retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par d'autres. Il est irrecevable
si son effet est d'écarter la question principale sur laquelle il a
été proposé et il en est de même d'un
sous-amendement par rapport à un amendement." Je propose qu'on ajoute,
à la motion principale du député de Châteauguay, qui
se lit comme suit: Que la présidence revienne à l'application
stricte de l'article 178...
Le Président (M. Jolivet): 148.
M. Lavoie:... 148 de notre règlement et que le DGE soit
invité à répondre aux questions des membres de la
commission. Tel que prévu à l'article 154, la commission peut
consentir à ce qu'il y ait des auditions. Je ne pose pas une condition
et je crois qu'il est utile que tous les membres de cette commission, que ce
soient tous les députés de cette chambre ou uniquement un
démembrement de l'Assemblée, tel que cela a été
d'ailleurs amorcé durant plusieurs séances, qui puissent demander
que le directeur général des élections participe. Cela a
été même un engagement, une invitation du ministre à
savoir que, pour étudier de la manière la plus complète et
la plus parfaite cette loi, le DGE soit invité à répondre
aux questions des membres de la commission. Voici mon amendement.
M. Dussault: Les mots précis, M. le Président,
sont?
Le Président (M. Jolivet): Je vais vous les
répéter: "Que le DGE soit invité à répondre
aux questions des membres de la commission".
Si je reprends l'article 70: "Un amendement doit se rapporter
directement au sujet de la motion proposée", je crois que c'est bien
clair. Le sujet de la proposition qui est présentée est à
l'effet de revenir à l'application stricte de l'article 148.1.
Deuxièmement, je ne sais pas si les gens vont se souvenir du
journal des Débats, lors de la présentation faite par le
directeur général des élections, lors de sa
dernière intervention. J'avais demandé comme président
s'il y avait d'autres questions au directeur général des
élections. A l'époque, on m'avait dit que c'était
terminé. Compte tenu de cela, j'avais donc déclaré que
l'invitation qui avait été faite au début d'entendre le
directeur général des élections était
terminée.
M. Lavoie: M.le Président, tel que la commission l'a
décidé depuis le début, tous les membres de cette
commission peuvent, jusqu'à nouvel ordre, participer aux travaux de
cette commission.
M. Paquette: Après cinq ou six questions de directives, le
député de Laval ne prend même plus la peine...
M. Lavoie: Cela n'est pas fini.
M. Paquette: ... de tourner cela en questions de directives,
mais, en fait, toutes ces questions de directives visent à remettre en
question certaines de vos décisions.
Le Président (M. Jolivet): Je voudrais bien qu'on me
laisse au moins la chance de la rendre.
M. Lavoie: Je ne sais pas qui en a eu des directives avant cette
décision.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Laval, est-ce que vous faites des allusions à quelque chose que je ne
connais pas?
M. Lavoie: Prenez-le, je ne le sais pas.
Le Président (M. Jolivet): J'aimerais bien, s'il vous
plaît, si vous avez des accusations à porter, que vous les
portiez.
M. Lavoie: II y a d'autres moyens pour le faire, je vais suivre
le règlement.
Le Président (M. Jolivet): J'aimerais bien que vous vous
expliquiez, si vous pensez que vous avez des... Quant à moi, je
n'accepte pas des allusions comme celle-là.
Je continue où j'étais rendu. A cette époque,
j'avais demandé s'il y avait d'autres questions au président et
directeur général des élections, excusez, au directeur
général des élections on est tellement habitué avec
l'ancienne appellation de président. Quant à moi, je dois dire
que, quand on reprend l'amendement tel que proposé et qu'on relit
l'article 70, qui dit bien que l'amendement doit se rapporter directement au
sujet de la motion. Le sujet de la motion est de revenir à l'application
stricte de l'article 148.1 de notre règlement, avec toujours en
tête l'amendement
sessionnel que seulement cette partie doit être
discutée.
Je ne pense pas que le fait de vouloir ajouter que le directeur
général des élections soit invité à
répondre aux questions se rapporte à l'application stricte de
l'article 148.1 de notre règlement. Pour ce fait, je ne pense pas
s'il n'y a pas consentement de part et d'autre de la commission que cet
amendement soit recevable.
M. Lavoie: M. le Président, j'ai un autre amendement. On
va ajouter à la fin: "Que la présidence revienne à
l'application stricte de l'article 148.1 de notre règlement, à la
fin de la présente séance". Je vous dirai pourquoi dans mon
argumentation je voudrais que ces applications strictes s'appliquent à
la fin de la présente séance.
Le Président (M. Jolivet): Un instant, s'il vous
plaît!
Suspension de la séance à 12 h 40
Reprise de la séance à 12 h 41
Le Président (M. Jolivet): Je permets la discussion de
cette motion. M. le député de Laval.
M. Lalonde: Bravo, bravo!
M. Lavoie: Bon, je vais vous dire pourquoi ces règles
strictes qu'on vous demande dans l'application de l'article 148, règles
qui, en somme, limiteraient aux membres et aux intervenants de la commission de
pouvoir participer à l'étude du projet de loi article par
article... Je vous demande que ça ne devienne en application qu'à
la fin de la présente séance, possiblement minuit ce soir.
Entre-temps, nous aurons l'occasion, nous, du côté libéral,
à l'heure du lunch ou à l'heure du dîner ce soir, de
consulter nos collègues et, si jamais cette motion principale
était adoptée par la majorité gouvernementale
représentée en commission, nous aurions le temps de recueillir
tous les renseignements des autres membres de la commission qui avaient
l'intention et d'autres membres du caucus libéral de venir
participer à l'étude de ce projet de loi, pour connaître
leurs interventions. Nous pourrions être leur porte-parole par la
suite.
Ce qui est encore plus important, et j'attache une importance capitale
à cela, c'est qu'à l'heure du déjeuner également ou
cet après-midi, je pourrai m'absenter de la commission pour entrer en
communication avec le directeur général des élections, qui
est un officier de l'Assemblée nationale qui doit être au-dessus
de tout soupçon et de tout reproche, ce qu'il est, je crois, pour qu'il
nous produise de main à main, qu'il nous remette et c'est
moi-même qui en ai fait la demande des documents que nous
considérons essentiels à la poursuite de l'étude de ce
projet de loi.
Je vais me rendre sur la rue Saint-Louis j'ai l'adresse ici
où je me suis rendu d'ailleurs la semaine dernière. Je suis
convaincu que le directeur général des élections, dans sa
neutralité, dans son objectivité, qui est au-dessus de
l'Exécutif, qui est nommé par les deux tiers de
l'Assemblée nationale, comme d'autres fonctionnaires qui jouent des
rôles importants, le Vérificateur général des
comptes ou l'Ombudsman ou les membres de la Commission des droits de la
personne, le directeur général du financement des partis
politiques, je suis convaincu qu'à la suite de son engagement de jeudi
dernier, il va me produire des documents dont nous avons absolument besoin pour
poursuivre l'étude de ce projet de loi.
Un premier document, c'est un projet de recensement-pilote dans quatre
sections de vote, quatre districts électoraux. Personnellement, j'aurais
émis des doutes sur l'autorité ou le pouvoir du directeur
général de tenir un tel recensement-pilote où les listes
provisoires, entre autres, contenaient le numéro d'assurance-maladie. Il
y a eu des discussions, et on a dit que, possiblement, ce numéro
disparaîtrait et qu'il pourrait être remplacé par un autre.
(12 h 45)
II y a des doutes, à mon point de vue, sur l'autorité qui
a été confiée au directeur général en vertu
de la loi 123 pour tenir un tel recensement-pilote. D'ailleurs, je lui ai
demandé, jeudi dernier, vous en êtes tous témoins, une
copie de son opinion juridique, et le directeur général s'est
engagé à nous produire ce document, cette opinion juridique pour
le lendemain, vendredi dernier. Etant donné que nous n'avons pas
siégé vendredi, je trouvais tout à fait normal, s'il y
avait l'ombre seulement de transparence, que le ministre ait accepté que
ce document soit remis aux membres de la commission dès ce matin.
Deuxièmement, j'ai demandé, lors de notre visite de jeudi
dernier, des documents essentiels, qui existent, qui nous ont été
promis par le directeur général des élections et par ses
techniciens, ses experts, sur la question du travail d'informatique et des
ordinateurs, pour la banque de données nécessaires à la
confection du registre. J'ai pris des notes, c'est un document qui a
été préparé par la firme Drouin et Paquin, experts
reconnus en informatique, qui a préparé des mandats de travail,
des attributions à six sous-groupes de travail. Je trouve que c'est
essentiel. Nos appréhensions, qui ne sont pas disparues, loin de
là, jusqu'à nouvel ordre, tournent autour du fichage, du
numérotage de tous les citoyens du Québec. C'est ça, la
pierre d'achoppement. Qu'on fasse disparaître ce numéro qui est
indestructible et qui suivra les citoyens jusqu'au cimetière.
M. Burns: Vous lirez les projets de loi que vous avez
préparés dans le temps où vous étiez le
gouvernement.
M. Lavoie: Si on nous dit qu'on peut faire des listes
électorales, nous sommes d'accord, sur des listes électorales
permanentes avec tous les ren-
seignements que les ministères et les organismes gouvernementaux
possèdent. Il doit être possible de faire une liste permanente, la
plus parfaite possible, la plus démocratique possible sans
numérotage, avec le danger de la mise à jour et tout.
Je reviens au document. Ce document qu'on nous a expliqué, qu'on
nous a promis, couvre des mandats bien précis, confiés à
six groupes d'experts en informatique. Un premier groupe doit préparer
un travail sur les listes provisoires, avec son contenu, l'adresse, comment
avoir l'adresse exacte de tous les citoyens du Québec, avec un nom de
rue. On nous a expliqué dans l'appariement et tout, que ce n'est pas
facile. A des endroits, c'est la rue de la Montagne, ou la rue Mountain. A
Québec ici, la rue Saint-Louis se change en boulevard Laurier, etc. On
veut un perfectionnement sans équivoque et le plus parfait possible des
noms de rue. Et on nous a parlé d'un code postal perfectionné.
C'est le premier mandat du groupe de travail.
Le deuxième mandat, c'est l'attribution d'une espèce de
cahier des charges pour le deuxième groupe qui, lui, s'occupe des
sections de vote, ce qu'on appelle la "clé de poll", qui fait partie du
registre, et qui a été faite d'une manière intense, dans
les mois de janvier et février dernier. C'est fait et cela a
été livré aux partis politiques.
Au troisième groupe, on a confié le travail du
recensement, la formation des recenseurs, des chefs d'équipe, la
formation des présidents d'élection et le contrôle des
listes provisoires. Je veux tout savoir en détail, et cela va nous
éclairer, car nous avons également des gens qui nous conseillent
en informatique, pour nous dire ce que cela veut dire, ce contrôle des
listes provisoires.
Le quatrième mandat est confié à un
quatrième groupe de travail, qui couvre l'administration du registre et
sa mise à jour. C'est encore une autre pierre d'achoppement, cette mise
à jour du registre tous les trois mois, mise à jour dont on
informe entre autres les partis politiques par un article qui est contenu au
projet de loi. En somme, ceci permettra au directeur général des
élections et possiblement aux autres, là où il y a
réciprocité ou non, de pouvoir poursuivre et suivre tous les
citoyens du Québec qui décident de déménager de la
Gaspésie à la Côte-Nord ou dans la région de
Montréal. Tous les trois mois, on saura où retracer ces gens. Je
veux avoir des informations sur ce quatrième mandat.
Le cinquième mandat s'occupe de l'impression des listes obtenues
du registre, l'imprimante de l'ordinateur on sait que, par certains
moyens, on peut imprimer directement les renseignements qui sortent de
l'ordinateur et la distribution des listes obtenues du registre. J'ai
besoin de tous ces renseignements avant de... D'ailleurs, on n'a pas encore
voté sur le principe du projet de loi et je pense bien que c'est
essentiel qu'on ait tous ces renseignements avant de pouvoir se prononcer sur
le principe même et également de passer à l'étude
article par article.
Sixièmement, un sixième mandat a été
confié à un groupe de travail. C'est sûr, avant d'occuper
150 personnes, c'est compréhensible qu'il y ait six groupes de travail
qui s'occupent de tous les services techniques, de l'informatique, la formation
du personnel, et on s'est attaché, on a insisté beaucoup sur le
mandat de ce sixième groupe, sur le contrôle de la qualité,
pour que ce soit archi-parfait, le contrôle total que l'Etat devrait
avoir sur le va-et-vient et sur la circulation des citoyens pour avoir,
à ce qu'on dit, la liste électorale la plus parfaite.
C'est le deuxième document que nous exigeons. Je pense bien que
tous les membres de cette commission interviendront d'ailleurs pour appuyer ma
motion, parce que, comment voulez-vous qu'on étudie un projet de loi
aussi délicat et aussi complexe, si on n'a pas tous ces renseignements?
C'est le deuxième document dont le directeur général des
élections nous avait promis la distribution.
Il y en a un troisième très important. D'ailleurs, le
député de Gatineau a fait d'autres demandes. D'ailleurs, il
pourra enchaîner sur ma motion. Le troisième document qu'on nous a
promis également pour vendredi dernier, c'est une entente ou une amorce
d'entente administrative entre le directeur général des
élections et la Régie de l'assu-rance-maladie. On sait
actuellement que tous les renseignements, tous les fichiers de
l'assurance-maladie sont rendus au terminal, de l'autre côté de la
rue, aux deux étages qu'occupe le bureau du directeur
général des élections, pour la confection de ce registre.
On sait que ces renseignements sont assez importants pour qu'on ait jugé
à propos d'avoir des surveillants spéciaux la nuit et que
même tous les 500 programmes de l'ordinateur qui ont été
faits, sur une possibilité de 800, sont confiés à la
maison Brink's. Vous pouvez voir toute la gravité et le danger qu'il y a
que ces documents puissent passer entre des mains non autorisées par la
loi. Ce document, cette entente administrative entre la RAMQ et le directeur
général des élections, doit nous être fourni
également. Je pense bien que c'est assez important. Je me refuserais
à continuer d'étudier ce projet de loi, si je n'avais pas tous
les renseignements que je ne possède pas. Les conseillers qui nous
entourent pourraient peut-être faire disparaître des
appréhensions tant mieux que nous avons sur ce
numérotage, sur ce "fichage", mais soyez assuré que nous allons
prendre tous les moyens pour obtenir ces documents.
On ne voudrait pas aller jusqu'à l'article 153, auquel nous donne
droit le règlement. Lorsqu'une commission élue a requis une
personne de se présenter devant elle pour se faire entendre ou pour
produire des documents, surtout lorsqu'il y a eu consentement à la
production de ces documents et que cette personne refuse de le faire... Je sais
que le DGE ne refuse pas de le faire. C'est le ministre qui refuse au DGE de le
faire. Dans ce cas, si une personne refuse de le faire, par personne
interposée ou autre, la commission fait rapport de ce refus au
président de l'Assemblée. Celui-ci prend les moyens
nécessaires pour que la demande de la commission soit satisfaite.
J'espè-
re, M. le ministre, que, dans votre transparence proposée, vous
ne nous acculerez pas à prendre ces moyens. Pour le moment, j'ai
terminé sur ma motion.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais ajouter quelques mots. Je ne voudrais
pas répéter les mêmes paroles que celles que le
député de Laval a prononcées concernant, en particulier,
trois documents que la commission a demandés au DGE, au directeur
général des élections, et qu'il avait accepté de
nous déposer. Selon moi, ce que j'avais compris, cela devait être
à la séance de vendredi dernier qui n'a pas eu lieu. Je suis
assuré que le directeur général des élections a en
main ces documents. D'ailleurs, il les avait la semaine dernière,
lorsqu'on a visité ses bureaux. Il s'agissait tout simplement d'en faire
des copies pour pouvoir nous les distribuer.
Le député de Laval a fait mention de trois choses:
premièrement, un avis juridique concernant le recensement pilote. A cet
effet, la semaine dernière, j'avais également émis des
doutes, à savoir que le directeur général des
élections, se basant sur la loi 123, pouvait être autorisé
à effectuer ce recensement pilote. L'avis juridique que nous attendons
devrait nous être fourni dans les plus brefs délais, puisque ce
recensement pilote, à ce que j'avais compris la semaine dernière,
doit avoir lieu cette semaine. Avant que le directeur général des
élections procède au recensement pilote, il me semble qu'il
serait normal pour les membres de cette commission, et aussi pour tous les
membres de l'Assemblée nationale, par la demande qui est faite à
la suite de la motion du député de Laval...
M. Burns: Est-ce qu'on me permet d'intervenir très
brièvement?
M. Fontaine: Non, je voudrais continuer mon argumentation. Il ne
me reste que deux ou trois minutes. Je pense que ce document serait essentiel
à tous les membres de l'Assemblée nationale avant qu'on laisse
procéder à ce recensement pilote. Le député de
Laval a fait également une description des tâches qui devaient
être faites par les six groupes de travail, les firmes
spécialisées qui ont été engagées pour
effectuer le travail demandé par le directeur général des
élections et, également, un document concernant une entente
administrative.
Cependant, le député de Laval a oublié, je pense,
de parler également d'un autre document qu'on avait demandé. Il
s'agissait de l'échéancier de travail qui était
affiché, comme une espèce de tableau, au mur dans un bureau du
directeur général des élections. On nous avait
également promis cet échéancier de travail. A mon avis, il
serait important que nous puissions prendre connaissance de cet
échéancier de travail, puisque nous savons que le Conseil des
ministres a déjà adopté, je ne sais pas si c'est un
arrêté en conseil ou une décision, en fin de compte, une
résolution voulant qu'on procède à certaines
études. Dans une réunion du Conseil des ministres, le 16 mai
1978, on avait bel et bien décidé d'accepter la création
d'une liste unique et permanente des électeurs, suivant les
recommandations contenues au mémoire soumis par le ministre d'Etat
à la réforme électorale et parlementaire le 3 mai 1978 et
intitulé: La liste électorale et l'identification des
électeurs, de façon à prévoir là, on
donne une série de choses à prévoir et, au
paragraphe i) on dit: L'obligation, pour tout électeur, de s'identifier
avant de voter, en présentant sa carte d'assurance-maladie.
Pour ma part, M. le Président, j'aimerais bien savoir et
je suis assuré que tous les membres de l'Assemblée nationale
seraient intéressés aussi si, dans
l'échéancier de travail prévu par le directeur
général des élections, il est également
prévu l'obligation, pour tout électeur, de s'identifier avant de
voter en présentant sa carte d'assurance-maladie. Même si le
ministre nous a déjà dit, en commission parlementaire je
pense même à l'Assemblée nationale que ce
n'était pas son intention de le faire dans l'immédiat, je pense
quand même que le mandat, n'ayant pas été
révoqué à ma connaissance, est toujours là. Il
serait important que dans cet échéancier de travail, les membres
de l'Assemblée nationale puissent savoir si cette carte
d'assurance-maladie pourrait devenir obligatoire pour se prévaloir du
droit de vote.
Nous avons déjà manifesté notre opinion selon
laquelle nous étions contre cette façon de procéder, car
il s'agit, en quelque sorte, d'une carte d'identité permanente qu'on va
exiger et nous sommes opposés à cette façon de
procéder. Nous ne sommes pas d'ailleurs les seuls, M. le
Président. Le ministre a eu l'occasion également de recevoir les
commentaires de différents organismes, entre autre la Commission des
droits de la personne, qui a émis son opinion là-dessus. Il a
églement reçu dernièrement un mémoire du Barreau
qui faisait allusion à ce problème du fichage des citoyens.
Le Barreau, entre autres, a recommandé au ministre l'adoption
d'une loi-cadre pour réglementer la constitution des différents
fichiers gouvernementaux. Cela nous apparaissait évident...
M. Burns: En réponse à cela, j'espère.
M. Fontaine: Oui, le ministre a répondu à cela,
mais je pense qu'il n'a pas répondu à cet argument du Barreau du
Québec, qui demandait qu'avant qu'on étudie la loi 3 pour
constituer un registre des électeurs, on adopte une loi-cadre pour
réglementer la constitution des différents fichiers
gouvernementaux. Je ne pense pas que, dans sa lettre, le ministre ait
répondu à cet argument.
M. Burns: J'ai répondu à l'argument en disant tout
simplement que tout le mémoire du Barreau
est basé sur le fichage par l'Etat, alors que je prétends
et je maintiens toujours qu'il ne s'agit pas de fichage par l'Etat mais de
fichage par le directeur général, si on veut parler de
fichage...
M. Fontaine: Je suis d'accord là-dessus.
M. Burns: Le fichage...
M. Fontaine: Advenant le cas où...
M. Burns: ... non pas par l'Etat, mais par le directeur
général des élections.
M. Fontaine: ... ce numéro d'identification viendrait
à être connu du public, à ce moment, le fichage serait
connu de tout le monde et pourrait être utilisé par n'importe
qui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
voudrais savoir si vous avez terminé votre intervention.
M. Fontaine: Non, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, vous avez donc le
droit de parole à la reprise des travaux à 15 heures.
Suspension.
Suspension de la séance à 13 heures
Reprise de la séance à 15 h 15
Le Président (M. Jolivet): La commission continue ses
travaux là où elle en était rendue lors de l'ajournement
à 13 heures. La parole sur la motion d'amendement du
député de Laval est à l'effet d'ajouter à la fin de
la motion principale du député de Châteauguay les mots:
"à la fin de la présente séance". Nous en étions au
député de Nicolet-Yamaska et il avait parlé pendant cinq
minutes. Donc, il avait encore quinze minutes sur son droit de parole.
M. Fontaine: Merci, M. le Président... M. Gratton:
Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Gatineau sur une question de règlement.
M. Gratton: Je m'excuse auprès de mon collègue de
Nicolet-Yamaska, mais je crains que, ce matin, nous ayons mené cette
séance dans l'illégalité la plus complète. Je vous
en ai d'ailleurs fait part au cours de la suspension de ce midi. Il me semble
que la motion présentée par le député de
Châteauguay, qui donnait suite à une décision que vous
aviez rendue vous-même ce matin, n'était pas recevable. Si vous me
permettez, j'aimerais vous expliquer pourquoi, au moment où elle a
été faite et au moment où nous en discutons encore, cette
motion du député de Châteauguay n'est pas recevable.
On se rappellera que, jeudi dernier, nous étions à
étudier, à débattre une motion d'amendement à
l'article 4 qui avait été présentée par le
député de Laval, je crois.
On discutait d'une motion d'amendement à l'article 4,
présentée par le député de Laval. A ce
moment-là, au moment où le député de Laval a
proposé sa motion d'amendement, nous avions le consentement unanime pour
que tous les membres de l'Assemblée, membres de la commission ou pas,
puissent s'exprimer.
Or, au cours de cette discussion sur l'amendement, le
député de Châteauguay prenait la parole sur l'amendement du
député de Laval, a remis en question ce consentement unanime et a
même déclaré qu'il désirait mettre fin à ce
consentement unanime qui durait depuis trois semaines.
Le ministre, d'ailleurs, devait l'appuyer dans ce sens. Je ne reprendrai
pas les motifs que j'ai pu évoquer qui ont pu motiver les
députés ministériels à retirer ce consentement
unanime, ce sera pour un autre moment. Mais vous avez pris la chose en
délibéré, M. le Président, et vous avez rendu ce
matin une décision à savoir que le consentement unanime ne
pouvait pas être par la simple expression d'un député qui
désirait le retirer, qu'il fallait à cet effet une motion
principale, puisque cela visait à renverser une décision de la
commission, décision avec laquelle nous avions vécu pendant
quelque trois semaines.
Or, je maintiens que la motion qu'a présentée le
député de Châteauguay ce matin était irrecevable
à ce moment-là et l'est toujours à ce moment-ci
puisqu'elle est complètement contraire à l'objet de la motion
d'amendement dont nous discutions. Je m'inspire de la décision que vous
avez rendue ce matin, c'est-à-dire qu'un amendement ne peut pas
être déclaré recevable s'il écarte la motion en
discussion. M. le Président, c'est exactement ce que la motion du
député de Châteauguay a fait. C'est tellement vrai que,
toute la matinée, on n'a fait allusion ni à l'article 4, ni
à l'amendement du député de Laval, mais qu'on a
discuté strictement pour savoir si on devait, oui ou non, permettre aux
députés non-membres de cette commission d'y prendre la parole et
aussi pour savoir si on devait agir dans ce sens avant la fin de la
séance d'aujourd'hui, comme le libellé de la motion d'amendement
du député de Laval l'a soulevé.
D'ailleurs, on pourrait citer l'analogie suivante: un
député fait une motion non annoncée à
l'Assemblée nationale. On sait que ça prend le consentement
unanime des membres de l'Assemblée nationale pour qu'elle soit mise en
délibération. Il y a consentement unanime, la motion est
débattue pendant un certain temps; à un moment donné, un
député fait une intervention sur la motion et un autre
député n'est pas satisfait ou n'aime pas l'intervention du
député en question. Il se lève sur une question de
règlement et dit: M. le Président, je voudrais maintenant faire
motion pour que vous retiriez mon consentement à ce moment-ci. Le
président de l'Assemblée nationale la déclarerait
sûrement irrecevable, puisque contraire à l'objet de la motion en
discussion.
A mon avis, il aurait fallu, pour le député de
Châteauguay, soit attendre que la commission dispose de la motion
d'amendement à l'article 4 et même possiblement qu'on dispose de
l'article 4, ou tout au moins qu'il procède par une motion d'amendement
à l'article 4 pour en suspendre l'étude jusqu'à ce que la
motion visant à retirer le consentement unanime pour le droit de parole
des députés soit adoptée ou rejetée.
J'attire votre attention, M. le Président, sur l'article 65 de
notre règlement qui dit: "Le président doit mettre en
délibération toute motion, mais dès qu'une motion lui
paraît irrégulière, en elle-même ou par les buts
qu'elle veut atteindre, il doit le signaler à l'Assemblée et il
peut, après avoir motivé sa décision, refuser qu'on en
délibère ou qu'on la mette aux voix."
M. le Président, les dispositions de notre règlement qui
s'appliquent à l'Assemblée s'appliquent également aux
commissions parlementaires; l'article 65 exige de vous que vous statuiez sur la
recevabilité de la motion qu'a présentée le
député de Châteauguay. Je vous ferai remarquer que c'est la
nature même de la motion du député de Châteauguay qui
la rend irrecevable et non le règlement en général. En
fait, le règlement de l'Assemblée nationale permet à un
député qui intervient soit sur un article de projet de loi, soit
sur une motion d'amendement à cet article de faire certaines motions.
Mais on prend bien soin, dans le règlement, d'en indiquer la nature. On
peut, par exemple, lorsqu'on prend la parole sur une motion d'amendement
à un article d'un projet de loi, faire motion pour que la commission
fasse un rapport spécial à l'Assemblée. On peut
également, en vertu de l'article 157, faire une motion d'ajournement des
travaux de la commission.
Mais nulle part, dans le règlement, il n'est indiqué qu'un
député qui prend la parole sur une motion d'amendement à
un article d'un projet de loi puisse écarter toute possibilité de
discuter de la motion d'amendement qui est devant la commission, par la
présentation d'une motion complètement étrangère
à cette première motion d'amendement. Le député de
Châteauguay, pour atteindre ses fins, pourrait peut-être
procéder par motion de sous-amendement à la motion d'amendement
du député de Laval présentement en discussion. Je lui
laisse le soin, à lui comme à vous, de décider si cela est
possible. Mais je maintiens que nous sommes présentement dans
l'illégalité, en discutant de la motion du député
de Châteauguay, et qu'il nous faudra revenir immédiatement
à la motion d'amendement du député de Laval, à
l'article 4, qui vise à rayer les mots "le numéro
d'assurance-maladie", tel que le libellé de la motion l'a
indiqué.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay, sur la question de règlement.
M. Dussault: Vous avez jugé cette motion recevable ce
matin et, que je sache, personne du côté de l'Opposition
officielle, n'a tenté de vous donner un éclairage dans le sens de
ce qui se fait actuellement. Au contraire, on a eu...
M. Burns: On a eu un amendement...
M. Dussault: C'est cela. J'allais ajouter que cela paraissait
tellement recevable aux yeux de l'Opposition officielle qu'elle a fait des
amendements, l'un à la suite de l'autre, pour essayer de modifier cette
motion qui, au départ, avait été jugée
recevable.
Je voudrais ajouter, M. le Président, que...
M. Gratton: M.le Président, est-ce que le
député de Châteauguay me permettrait une question?
Une Voix: A l'ordre!
M. Dussault: Non, M. le Président, je voudrais terminer
mon argumentation.
Le Président (M. Jolivet): C'est non.
M. Dussault: Je voudrais ajouter, M. le Président, que la
motion que j'ai faite ce matin, dans le sens de revenir à l'application
stricte de l'article 148.1 de notre règlement, est une motion incidente
sur la motion principale débattue, comme elle est incidente sur la
motion d'amendement dont parle M. le député de Gatineau, puisque,
si cette motion était votée, elle aurait pour effet de
réduire à ce qui se fait habituellement le temps de parole autant
sur les amendements à des articles du projet de loi qu'aux articles
eux-mêmes. Justement, parce que c'est une motion incidente autant sur les
uns que sur les autres, je pense, M. le Président, que vous devez
maintenir votre décision dans le sens que cette motion était
recevable.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Gratton: M. le Président, me permettez-vous de poser la
question?
Le Président (M. Jolivet): Oui, s'il le désire.
M. Gratton: En fait, c'est simplement pour demander au
député de Châteauguay s'il accepte ma parole que ce n'est
qu'au moment de la suspension de nos travaux ce midi que je me suis rendu
compte de la question de règlement que j'ai soulevée et que, si
j'y avais pensé plus tôt au cours de la séance de ce matin,
je l'aurais soulevée à ce moment-là. Je ferai remarquer,
M. le Président, qu'à l'article 65, c'est le président
lui-même qui, dès qu'une motion lui paraît
irrégulière en elle-même ou par les buts qu'elle veut
atteindre, doit le signaler à l'Assemblée. Si cela s'applique au
président, j'imagine que cela s'applique à tout membre de la
commission qui, de façon...
M. Burns: M. le Président, permettez-moi, sur la question
de règlement, de dire que cela ne permet pas un droit d'appel. Il y a
une décision du président dans le sens que la motion du
député de Châteauguay était recevable. Elle
était tellement recevable, justement comme le disait le
député de Châteauguay il y a quelques minutes, que
les membres de l'Opposition ont tenté de l'amender à je ne sais
pas combien de reprises. Cela m'apparaît et c'est là-dessus
que je soulève ma question de règlement
M. Gratton: Parce que nous pensions, nous aussi, qu'elle
était recevable à ce moment-là...
M. Burns: ... comme un appel de votre décision qui n'est
absolument pas recevable, selon notre règlement. Je n'ai pas d'autres
choses à dire là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval. J'aimerais entendre encore quelques représentations avant de
prendre une décision. M. le député de Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, parce que je pense que
l'exposé du député de Gatineau est très clair et
bien fondé en droit; mais je voudrais, sans trop insister,
résumer encore la situation. Il faut penser que, jeudi dernier, on
était à une motion secondaire. Il y avait une motion principale
qui avait été proposée je pense que tout le monde
reconnaît cela en commission que lorsqu'un ministre dit: Je
propose que l'article 4 soit adopté, on débat une motion
principale. A ce moment, j'ai fait une motion secondaire d'amendement. Il y a
un grand principe en droit parlementaire qu'il faut vider une question avant
d'en aborder une autre. D'ailleurs, cela a été le fondement d'une
décision que vous avez rendue ce matin, qu'il faut vider une motion
avant d'en aborder une autre, sauf les exceptions prévues au
règlement. C'est très intéressant, pour notre
éclairage, de lire l'article 56 du règlement, qui donne les
définitions des motions. Il y a plusieurs espèces de motions. Il
y a, premièrement, les motions principales qui sont faites à un
moment où l'Assemblée ou la commission n'est saisie d'aucune
motion. On avait fini l'article 3 où il y avait eu une motion de
suspension. Il n'y avait rien devant la commission. Le ministre fait une motion
principale pour adopter l'article 4. Deuxièmement, il y a l'article 56:
Les motions secondaires qui sont faites en vue de mieux disposer d'une motion
principale dont l'Assemblée peut être saisie. C'est le cas de la
motion secondaire. Notre prétention, c'est que la commission est
toujours saisie, on ne l'a pas vidée, de la question secondaire
d'amendement que je proposais à l'article 4. Il n'y a pas encore eu de
décision, elle est encore dans les airs. Il faudrait la terminer avant
d'aborder quoi que ce soit.
Il y a des motions incidentes. On a voulu dire que c'était une
motion incidente, soit le député de Châteauguay ou le
ministre, mais lisons une motion incidente: Les motions incidentes se
rapportent à des questions se produisant incidemment à l'occasion
de toute motion dont l'Assemblée est actuellement saisie. Je vous donne
un exemple d'une motion incidente qui a affaire à une motion dont la
commission est saisie. Si le ministre, dans son intervention, disait: Je
renonce au numéro d'assurance-maladie à l'article 3, j'accepte
que... Il y aurait une motion si on veut suivre toutes les formes
incidente de retrait de ma motion d'amendement. C'est cela, une motion
incidente, qui se rattache quand même à la motion dont la
commission est saisie. Ce n'est certainement pas une motion... Couvrons les
cas... Je dis que la motion du député de Châteauguay est
une motion principale. Elle ne se greffe nulle part. Pour faire une motion
principale, il faut que la commission ne soit saisie d'aucune motion. J'ai dit
que ce n'était pas une motion secondaire, ce n'est pas une motion
incidente non plus, parce que ce n'est pas un incident à l'occasion de
la motion qui est à l'étude. (15 h 30)
Quatrièmement, les motions privilégiées ce
n'est certainement pas une motion privilégiée qui, en
raison de leur importance ou de leur usage, ont priorité sur d'autres
questions. Ce n'est pas une motion dilatoire non plus dont l'objet est
d'écarter ou de différer la considération d'une affaire en
cours. Ce n'est pas une motion de fond, les motions de fond qui sont des
motions principales se rapportant à une affaire dont l'Assemblée
n'a pas encore été saisie. Des motions de forme... Je dis que
c'est... Il faut vider la motion principale et même plus que ma motion
secondaire d'amendement; il faut même vider la motion principale, qui est
l'adoption de l'article 4 du projet de loi no 3. Bon! Cela, c'est un point.
D'ailleurs, il y a eu des précédents et le
député de Maisonneuve va se les rappeler. Il y a eu une motion du
mercredi, et c'est la raison d'être de l'article 65; autrement, pourquoi
l'article 65 serait-il au règlement lorsqu'il est dit qu'à
l'article 65 c'est très important le président doit
mettre en délibération toute motion, mais dès qu'une
motion lui paraît irrégulière... Notre question de
règlement, on vous la présente. C'est à ce moment-ci qu'on
vous dit qu'elle est irrégulière. Pas dans la forme, elle
pourrait être faite, mais un fois qu'on aura vidé l'article 4.
Bon! Mais dès qu'une motion lui paraît irrégulière
en elle-même ou par les buts qu'elle veut atteindre, le président
doit le signaler à l'Assemblée. Il peut, après avoir
motivé sa décision, refuser qu'on en délibère.
Ecoutez, si vous l'avez déjà accepté... L'article 65 doit
dire quelque chose et je pense que c'est votre devoir de dire qu'on ne peut pas
en délibérer ou qu'on la mette aux voix.
Je vais même vous donner un précédent qui est
arrivé à l'Assemblée et le député de
Maisonneuve va se le rappeler. C'est sur une motion de deux mercredis et, un
premier mercredi, tout s'était bien passé. Il y avait eu une
motion d'amendement. Si je me rappelle bien, c'était le
député de Chicoutimi, Jean-Noël Tremblay, et, le
deuxième mercredi, à peu près une demi-heure avant la fin
du temps permis pour ce débat de deux mercredis, un député
a soulevé la question, parce que personne ne s'en était rendu
compte à l'Assemblée. C'était un "money bill", la motion
d'amendement. On s'est rendu compte, au bout d'une semaine, que cela amenait
une dépense
d'argent et un membre de l'Assemblée a dit: M. le
Président, vous voyez bien que la motion... Effectivement,
c'était ça, mais c'était passé inaperçu
à tout le monde et le président a dû, même si dix
députés avaient déjà parlé sur la motion,
refuser qu'on en discute parce que cela amenait une dépense d'argent et
on est revenu à la motion principale. On pourrait le retrouver
facilement au journal des Débats. C'est pour vous dire que que c'est
irrégulier, notre procédure actuellement. C'est à la suite
d'une décision que vous avez rendue ce matin, lorsque vous avez
refusé une motion, parce que vous disiez qu'on était sur la
motion du député de Châteauguay, qu'on ne pouvait pas la
laisser là, la suspendre même, parce que la suspension, c'est une
motion principale qui suspend un article...
Pour toutes ces raisons et la raison d'être de l'article 65, c'est
lorsque justement l'erreur est humaine et qu'on se rend compte, au bout d'un
certain temps, qu'une motion n'aurait pas dû être reçue;
c'est le pouvoir que vous avez dans le règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci M. le Président. Effectivement, je
n'avais pas pensé à cette situation, mais le député
de Gatineau nous fait ouvrir les yeux, à tous les membres de la
commission. Je pense que c'était passé inaperçu.
Mais il reste qu'il y a des principes, des régies des
assemblées délibérantes qu'il faut respecter. Même
si cela n'est peut-être pas clairement indiqué dans nos
règlements de l'Assemblée nationale, la tradition, dans les
assemblées délibérantes, veut que lorsqu'une motion
principale est en discussion, est sur la table, on ne discute d'aucune autre
motion principale en même temps. C'était, je pense, indiqué
dans notre code Morin, que plusieurs d'entre nous avons étudié
à l'université. C'est un principe qu'il faut admettre. Nous
sommes en train de passer par-dessus, en acceptant de discuter de la motion du
député de Châteauguay.
Ce n'est pas que la motion, en tant que telle, dans sa forme, soit
irrecevable. Elle est parfaitement recevable, je pense, M. le Président.
Vous aviez raison de la juger recevable, sauf que, d'après moi, vous
auriez dû la juger prématurée, en accepter la
recevabilité mais en retarder la discussion jusqu'au moment où
l'article 4 tel qu'amendé aurait été adopté.
On dit, par exemple, à l'article 159: "Lors-qu'en commission
plusieurs amendements sont proposés, le président met d'abord en
délibération ceux qui viennent du député qui a
charge de l'affaire." Je pense que le président de la commission aurait
d'abord dû mettre aux voix la motion d'amendement du député
de Laval et ensuite la motion, si elle avait été amendée,
telle qu'amendée, sinon la motion principale. Une fois que les deux
motions auraient été soit acceptées ou rejetées, on
aurait pu revenir à une autre motion de fond qui aurait
été celle du député de Châteauguay.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, pendant que nous serions
à discuter sur un amendement, si l'article 148.1 s'appliquait, et si un
député qui n'est pas membre de la commission venait vous demander
de prendre la parole sur l'amendement en question, il demanderait à la
commission le droit de parler sur l'amendement. Et tel que le prévoit
l'article 148.1, il pourrait y avoir une motion visant à laisser parler
le député en question.
Si cette motion pour permettre à la personne de parler sur
l'amendement était recevable, pourquoi, au moment où il s'agirait
d'empêcher quelqu'un de parler, donc de faire le contraire, ça ne
serait plus recevable? Je dis, M. le Président, dans ce sens-là,
c'est incident. J'ajoute même que le député de Laval, s'il
avait vraiment voulu vous faire une lecture complète tout à
l'heure, quand il a lu l'article 56, aurait dû ajouter en plus le
septièmement, qui dit: "Les motions de forme, qui sont des motions
principales, consécutives à une résolution ou un ordre
adopté pendant la session, ou ayant pour objet de mener à fin une
affaire dont l'Assemblée est déjà saisie." Peut-être
qu'à ce moment-là, il vous aurait donné un
éclairage plus complet et il aurait rejoint ce que disait M. le
député de Nicolet-Yamaska tout à l'heure, que dans sa
forme c'est recevable. Effectivement, c'est en même temps, je pense; cela
a ces deux facettes-là, c'est en même temps une motion de forme.
C'est dans ce sens-là que je vous demande de ne pas revenir sur votre
décision et de considérer la motion que j'ai faite ce matin comme
toujours recevable.
M. Lavoie: M.le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Lavoie: Très brièvement, je ne sais pas si le
député de Châteauguay a voulu insinuer quoi que ce soit
à mon égard, mais au cas où ce serait une insinuation, je
n'ai pas cité le septièmement, le dernier, parce que je trouvais
qu'il ne s'appliquait pas du tout, lorsqu'on dit: "Les motions de forme, qui
sont des motions principales..." Je vous dis que mon argumentation, c'est qu'on
ne peut pas amener une motion principale, une nouvelle motion, lorsqu'il y en a
déjà une surtout greffée à une motion secondaire,
dont la commission est déjà saisie. C'est pour ça que je
n'ai pas cité le septièmement. Ce n'était pas à
l'appui d'aucun point, ni du vôtre ni à l'appui de mon
argumentation, parce qu'on dit qu'une motion de forme est une motion principale
et je dis que la commission est déjà saisie d'une motion
principale à laquelle on a greffé une motion secondaire
d'amendement.
Par analogie, dans l'économie de notre règlement, en droit
parlementaire et dans les débats de l'assemblée
délibérante, il faut qu'il y ait une logi-
que. Il faut qu'on vide toujours la motion dont un corps
délibérant est saisi avant d'entamer une autre motion. Lisez 75,
par comparaison: "Quand un amendement ou un sous-amendement est rejeté,
la motion principale ou l'amendement principal est de nouveau mis en
délibération"...
C'est dans la logique normale qu'actuellement nous sommes saisis d'une
motion secondaire, qui est la motion d'amendement à l'article 4, il faut
la vider. Une fois que c'est vidé, on revient à la motion
principale sur l'article 4, on peut y greffer une autre motion secondaire
d'amendement, il faut la vider. C'est la suite normale des travaux, autrement
on ne se comprendrait plus.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Très brièvement. Le
député de Châteauguay disait dans son exemple tantôt
que si on n'avait pas le consentement unanime et qu'un député
non-membre de la commission voulait intervenir à l'article 4, par
exemple, il en demanderait la permission. Si la commission disait non, si le
président disait non, un député pourrait faire une motion
pour l'entendre, mais, justement, à mon avis, ce serait là une
motion recevable tant dans la forme que dans le temps, parce qu'il s'agirait
d'une motion incidente, de dire: Ce député en particulier peut
intervenir sur cet article ou cette motion. Cela répondrait à
l'article 56, troisièmement: Les motions incidentes, qui se rapportent
à des questions se produisant incidemment à l'occasion de toute
motion dont l'Assemblée est actuellement saisie. Ce n'est pas de
ça qu'il s'agit dans le cas de la motion de ce matin du
député de Châteauguay, mais d'une motion principale qui
vise à mettre fin à un consentement unanime.
Je n'irai pas plus loin là-dessus, M. le Président, je
dirai simplement, à l'intention du ministre d'Etat à la
réforme électorale, qui disait que vous ne devez pas renverser
votre décision, que je vous soumets respectueusement que votre
décision portait sur la forme que devait prendre l'intervention du
député de Châteauguay pour mettre fin au consentement
unanime qui existe toujours, que, dans votre décision, on pourrait
reprendre le texte que vous avez pris le soin de préparer pour rendre
votre décision, que vous n'avez fait aucune allusion quant à la
dimension temps de présenter la motion que vous avez, à raison,
jugé qu'il devait y avoir, pour atteindre les fins que recherchait le
député de Châteauguay.
Si vous n'avez pas statué sur la recevabilité dans le
temps, c'est que, pour vous, comme pour nous, ça vous avait tout
simplement échappé et que, maintenant qu'on l'a souligné,
vous devez trancher en vertu de l'article 65.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de tout ce qui a
été dit, compte tenu que le débat est commencé
depuis une heure et demie ce matin et une heure jeudi la semaine
dernière, sur la façon dont nos travaux doivent se continuer, on
a fait mention de part et d'autre, en oui ou en non, de la définition
d'une motion incidente se produisant au moment où une motion est
déjà en discussion, pour savoir si la motion incidente devait
être discutée avant ou après l'acceptation de la motion
déjà en discussion.
Une motion incidente est une motion qui, à certains moments, peut
avoir trait je pense que celle qui est en discussion a certainement
trait à la façon dont nos travaux doivent se dérouler
de telle sorte que s'il fallait accepter l'argumentation qu'aucune
motion ne puisse être amenée alors qu'une motion est
déjà en discussion, il faudrait donc bannir de notre
règlement la motion incidente, parce que la motion incidente a pour
effet, premièrement, de permettre, comme disait le député
de Châteauguay, à une personne qui est non membre et non
intervenant à la commission parlementaire, d'intervenir à la
suite d'une motion présentée par une ou l'autre des personnes de
la commission.
Quant à l'autre possibilité, c'est qu'en cours de
discussion, et c'est arrivé souventefois, on demande à un
ministre, à la suite de la discussion amorcée sur une motion,
à la suite de sa façon de présenter sa motion, qu'il en
arrive à devoir dire que tel et tel document existe et par une motion,
même si elle n'est pas annoncée, de dire: Je demande que ou
j'aimerais que le ministre nous dépose le document. C'est une forme de
motion et, si le ministre, dès le départ, dit oui, j'accepte, la
motion n'est aucunement débattue, parce qu'elle est acceptée.
C'est une forme de consentement unanime. C'est aussi une forme de motion qui
n'est peut-être pas faite dans les formes, mais qui arrive au même
but que la motion que l'on connaît.
Il pourrait arriver, à un certain moment, en termes de discussion
d'une motion, que quelqu'un compte tenu de la personne qui est là lors
d'une commission où il y a des documents qui sont
présentés par des organismes ou des individus, demande, pour une
raison ou pour une autre, le huis clos. S'il fallait accepter la discussion,
l'argumentation apportée qu'aucune motion ne puisse être
acceptée alors qu'une motion est déjà en discussion, il
faudrait donc, cette motion incidente ayant lieu, la refuser alors qu'il serait
du bien public qu'elle soit acceptée.
Nous avons aussi, depuis un bon bout de temps, discuté de la
motion, quelle que soit la forme de la motion, parce que, lors de la
dernière journée, soit jeudi de la semaine dernière, on
avait fait mention d'un individu, membre de cette commission, qui retirait son
consentement. Il a fallu, comme le disait le député de Gatineau,
qu'une décision de ma part soit prise en ce sens et que j'indique
fermement à la commission que la seule façon d'enlever un
consentement unanime, c'était de procéder par motion.
Je pense que cette motion avait trait à la façon dont nos
travaux devaient se dérouler, tout comme, lorsque l'on appelle l'article
1, le ministre en fait une présentation et que quelqu'un, quel que soit
le côté de la table, indique qu'il voudrait faire entendre tel et
tel individu et qu'il propose une
motion. Je pense qu'il a été dans la coutume de ne jamais
interpréter que ces motions incidentes aient pour effet d'être
étudiées seulement après que l'article 1 a
été accepté.
Dans ces circonstances, je considère...
M. Lavoie: M.le Président... Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Lavoie: Ce n'est pas une mise en garde, mais cela ouvre la
porte, un peu sous forme de directive. Une fois que cette motion sera
vidée, la motion principale qui demande l'application de l'article 148,
et dans l'hypothèse qu'elle serait acceptée et où
uniquement les membres et les intervenants auraient le droit de parole, si
c'est incident à celle-ci c'est l'hypothèse que je mets
sur la table chaque fois qu'un député viendrait ici, un
député qui n'est pas membre de la commission ni intervenant, sur
n'importe quel article, sur n'importe quelle motion, et demanderait la
permission de parler, on pourrait faire une motion incidente pour autoriser le
député de Jean-Talon, le député d'Argenteuil ou le
député de Rosemont, s'il n'est pas membre, de parler. Vous allez
en avoir des motions incidentes, M. le Président. On va faire des
motions chaque fois, si c'est cela. Et tous les membres auraient le droit de
parler pendant 20 minutes.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, la façon de procéder en commission, dans le cas où
on permet à une personne qui est non intervenante ou non membre de
pouvoir intervenir, c'est une coutume de demander le consentement de l'ensemble
des membres de la commission qui ont droit de vote.
Cependant, je sais très bien qu'une commission a
étudié jusqu'à maintenant une motion semblable à la
nôtre, mais celle-là, en bonne et due forme, de faire en sorte que
chaque personne qui le veut puisse y participer. Une telle motion a
été discutée.
Je pense qu'il ne serait même pas dans l'économie du
règlement que l'on vienne, chaque fois qu'une personne et c'est
une question qu'il est peut-être important de bien regarder; je me
réserverai le droit de la vérifier plus à fond si
la commission, chaque fois qu'une personne se présente, demande que la
personne soit entendue et qu'il y a une motion en ce sens, le président
sera obligé de l'accepter.
Cependant, il pourra y avoir une autre motion, qui pourrait être
présentée par une autre personne de la commission, dans laquelle
on dit qu'on interdit à tout intervenant futur, autre que les membres de
la commission et les membres intervenants, de participer. A ce
moment-là...
M. Lavoie: Ce serait contre l'article...
Le Président (M. Jolivet): Et, à ce
moment-là, c'est une décision de la commission, un ordre de la
commission de n'entendre que les membres et les intervenants. Ce pourrait aussi
être une motion acceptable.
Compte tenu de cela, je pense que la motion qui est devant nous est
incidente aux travaux de notre commission et, en conséquence,
étant donné qu'on a déjà commencé à
la discuter, on peut maintenant continuer. Nous en étions au
député de Nicolet-Yamaska sur la motion d'amendement.
M. Dussault: M. le Président, si le député
de Nicolet-Yamaska me le permet, cela va peut-être nous éviter des
problèmes inutiles. Nous, du parti ministériel, nous serions
prêts à accepter l'amendement à notre motion qu'a fait ce
matin l'Opposition officielle.
M. Gratton: Est-ce que vous seriez prêts à accepter
la motion principale amendée?
M. Lalonde: Non, un instant.
M. Dussault: Nous, nous avons fait la motion parce qu'on y
croyait. M. le Président, si l'Opposition officielle a fait une motion
d'amendement, c'est parce qu'elle croyait qu'en acceptant cet amendement, le
principe de cette motion lui semblait valable, puisqu'elle a fait un amendement
pour la rendre intéressante.
Nous sommes prêts à accepter cet amendement qu'elle a fait
et à voter pour la motion que nous avons faite ce matin.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Burns: M.le Président, j'endosse entièrement les
propos du député de Châteauguay. Nous serions d'accord pour
accepter l'amendement, que cet amendement soit adjoint à la motion
principale et qu'on accepte également la motion principale.
M. Fontaine: M. le Président, puis-je avoir la parole sur
la motion d'amendement?
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Non, je veux dire la motion non pas
d'amendement...
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas de motion de la
part du député de Châteauguay, je pense, c'était
simplement...
M. Paquette: M. le Président, si on est unanime
là-dessus, on peut adopter l'amendement et la motion amendée.
Le Président (M. Jolivet): Sauf que le
député de Nicolet-Yamaska a son droit de parole. Il lui restait
quinze minutes.
M. Paquette: Ah bon! Vous ne voulez pas qu'on intègre
votre amendement à la proposition principale.
M. Fontaine: Pendant qu'on réfléchit...
M. Dussault: Nous sommes prêts à voter sur
l'amendement et ensuite à voter sur la motion, puisqu'on serait tous
d'accord.
Le Président (M. Jolivet): Sauf que je dois entendre les
personnes qui avaient déjà le droit de parole sur la question,
dont le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Etant donné la
décision que vous venez de rendre sur une question de règlement
et sur la marche de nos travaux, il m'apparaissait important que nous vidions
la question de l'amendement à l'article 4 qui était
proposé par le député de Laval, parce que cela concernait
le noeud du problème de ce projet de loi qui est le numéro
d'assurance-maladie du Québec. Etant donné votre décision,
je pense qu'il serait quand même important que tous les
députés de l'Assemblée nationale, étant
donné le nombre de ceux-ci, puissent intervenir devant cette commission.
Même si on acceptait de voter pour cette motion-là telle
qu'amendée par le député de Laval dans le sens qu'on
suspende l'application de l'article 148.1 jusqu'à la fin de la
présente séance, cela ne pourrait probablement pas permettre
à tous et chacun des députés de venir se faire entendre
devant cette commission. Etant donné les travaux chargés de
l'Assemblée nationale et étant donné également les
travaux chargés en commissions parlementaires, il n'y aurait sans doute
pas possibilité que les députés puissent intervenir. Je
vous donne simplement un exemple, pour ma formation politique: le
député de Saint-Hyacinthe est actuellement en commission
parlementaire sur le projet de loi 126 avec le leader de l'Union Nationale, M.
Bellemare. C'est justement un député qui aurait
intérêt à venir prendre la parole sur...
Le Président (M. Jolivet): Je dois vous dire cependant, M.
le député, qu'il est intervenant et qu'il a droit de parole.
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Fontaine: Je veux vous dire qu'avant la fin de la
présente séance, ce soir, ce sera probablement impossible pour le
député de Saint-Hyacinthe de venir faire des
représentations devant la commission, étant donné que
l'étude du projet de loi 126, qui est en commission parlementaire
également, ne sera probablement pas terminée avant minuit, ce
soir. Je ne vois pas quel serait l'intérêt...
Le Président (M. Jolivet): Je dois vous faire simplement
remarquer, M. le député je ne veux pas vous interrompre
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Jolivet):... que, comme vous l'avez fait
ce matin à l'ouverture de la commission, vous avez remplacé le
député Brochu (Richmond) par le député Cordeau
(Saint-Hyacinthe), comme intervenant...
M. Fontaine: C'est cela.
Le Président (M. Jolivet): ... vous auriez la
possibilité, demain, de le faire, si la commission siège
encore.
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Je ne peux pas vous garantir
qu'elle va siéger demain matin, mais concernant ce dont vous faites
mention, je dois vous dire qu'il a le droit de parole.
M. Fontaine: Sauf que le député de Richmond pourra
peut-être demander, demain matin, d'être inscrit comme
intervenant.
Le Président (M. Jolivet): Cela, c'est une autre
question.
M. Fontaine: A ce moment-là, je ne pourrai pas demander
d'inscrire le député de Saint-Hyacinthe. Ce sont les remarques
que je voulais livrer, M. le Président, quant à la marche de nos
travaux.
Sur la motion d'amendement, telle que proposée par le
député de Laval, j'avais commencé à parler ce matin
des arguments qui ont été invoqués par le Barreau du
Québec à l'endroit du projet de loi 3 qui nous est
présenté et qui est à l'étude actuellement. Le
Barreau du Québec a émis un communiqué, daté du 6
juin 1979, dans lequel il mentionnait, entre autres: "Pour le Barreau du
Québec, le problème de la confidentialité de tous les
renseignements accumulés par l'Etat n'est pas une fiction
d'intellectuels ni une élucubration de juristes. On commence
déjà à dénoncer la piraterie électronique,
et ce que nous en savons ne représente sans doute que la pointe d'un
iceberg".
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Question de règlement.
Question de règlement, M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Ce n'est pas du tout opportun, M. le
Président, ce n'est pas du tout pertinent. M. le député de
Nicolet-Yamaska traite vraiment du fond, alors que la motion
d'amendement...
M. Fontaine: Non, M.le Président.
M. Dussault:... et la motion principale ne traitent pas du tout
de cela.
M. Fontaine: M.le Président, j'avais commencé
à expliquer ce matin que, dans mon optique, il était
réellement important que chacun des députés prenne
connaissance, tel que proposé par le député de Laval,
avant la fin de la présente séance, de documents qui nous avaient
été promis par le DGE, le
directeur général des élections, surtout un
document se rapportant à un échéancier de travail. Je
voyais cet échéancier de travail en référence
à l'identification des électeurs par une carte qui s'appelle la
carte d'assurance-maladie.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président. C'est une forme de conditionnement à la motion qui a
été refusée ce matin parce qu'irrecevable. Il ne faudrait
pas que le député de Nicolet-Yamaska fasse indirectement ce qu'il
n'a pu faire directement ce matin.
Le Président (M. Jolivet): Je veux simplement dire ceci,
M. le député: Actuellement, la motion d'amendement qui est
proposée semble retenir, du moins, je le pense, l'assentiment de ceux
qui l'ont présentée et de ceux qui, en face, viennent de dire
qu'ils sont prêts à l'accepter. Si on veut permettre je
vais y revenir à la question de la motion principale... Pour le moment,
si vous voulez simplement discuter de l'amendement qui est à l'effet de
le faire jusqu'à la fin, après cela, vous pourrez discuter de la
motion de fond au niveau du droit de chacun d'intervenir ou pas.
M. Fontaine: C'est justement.
M. Dussault: C'est inutile de voter, puisqu'on est tous d'accord
là-dessus.
M. Lalonde: Non, on n'est pas d'accord...
M. Fontaine: Un instant! On présume que tout le monde est
d'accord, mais je pense que...
M. Dussault: Sur l'amendement, oui.
M. Fontaine: Je ne sais pas si tout le monde l'est...
M. Dussault: C'est votre amendement. Vous n'êtes plus
d'accord avec votre amendement?
M. Gratton: Oui... notre amendement, certain.
M. Dussault: Si vous êtes d'accord, pourquoi ne vote-t-on
pas?
M. Lalonde: D'accord.
M. Gratton: On ne veut pas...
Le Président (M. Jolivet): Un instant!
M. Burns: Je m'excuse auprès de la commission. Je dois
m'absenter pour quelques minutes. Continuez les travaux. Je pense que vous
allez très bien, cela va très bien. Je vous invite à
continuer les travaux. D'ailleurs, mes collègues, le
député de Rosemont, le député de Jeanne-Mance et le
député de Châteauguay sont sûrement là pour
parler en mon nom, puisque j'ai parlé avec eux ce midi et ils savent
exactement quelle est la position ministérielle là-dessus.
M. Lalonde: M.le Président...
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je regrette, mais il nous est impossible de continuer
les travaux de la commission en l'absence du ministre, qui est celui qui refuse
de nous laisser obtenir les renseignements du directeur général
des élections. C'est de cela qu'on discute depuis ce matin.
M. Dussault: Pas du tout.
M. Gratton: Si le ministre s'en va donner une conférence
de presse, il me semble que nous devons suspendre les travaux jusqu'à
son retour, parce qu'il pourrait s'avérer que, durant l'absence du
ministre, le directeur général des élections se voit
contraint ou décide de lui-même de fournir les renseignements dont
il est question. Le ministre pourrait lui en vouloir pour le reste de ses
jours.
M. Paquette: Sur la question de règlement...
M. Gratton: Je fais donc motion pour que la commission suspende
ses travaux jusqu'au retour du ministre responsable du projet de loi dont nous
discutons.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que je dois la
considérer comme incidente?
M. Lalonde: Oui, il vient de partir.
M. Gratton: M. le Président, je ne sais plus comment vous
la considérez...
M. Lavoie: C'est un incident qui vient de se produire.
M. Lalonde: Cela a l'air d'un accident plus qu'autre chose.
M. Fontaine: J'espère qu'il ne s'en va pas offrir sa
démission encore une fois.
Le Président (M. Jolivet): Je ne lésinerai pas
davantage sur le temps. Elle est recevable et discutable. M. le
député de Gatineau, veuillez, s'il vous plaît, la
présenter à nouveau, si vous voulez, sinon on passe à
d'autres personnes qui veulent intervenir.
M. Gratton: Je demande simplement qu'on l'adopte.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Rosemont.
M. Gratton: C'est la logique même qui impose que...
M. Paquette: M. le Président, on nous demande une
suspension des débats. Je pense qu'étant donné la nature
des débats que nous avons, la présence du ministre pour quelques
instants n'est absolument pas nécessaire. En effet, nous sommes
entrés dans un dédale de procédure. Peut-être qu'en
discutant encore quelque temps, quinze minutes, une demi-heure, une heure, nous
pourrons convaincre nos amis d'en face de cesser leur "filibuster" sur la
procédure et de parler du fond du dossier. Ce matin, le
député de Laval nous a présenté plusieurs
amendements à la proposition de revenir au règlement. Il en a
présenté un, à savoir qu'on revienne au règlement,
article 148.1, à condition qu'on y revienne seulement à la fin de
cette séance. Il a apporté plusieurs arguments à cet
effet, le fait que plusieurs de ses collègues auraient des choses
à nous dire sur le projet de loi. Je tiens à lui souligner que la
meilleure façon que ses collègues puissent se faire entendre,
c'est que nous adoptions son amendement, de même que la motion du
député de Châteauguay. Nous sommes prêts à le
faire immédiatement. Cela donnera l'occasion... (16 heures)
M. Gratton: La pertinence, M. le Président.
M. Paquette: ... à ses collègues...
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président.
M. Paquette: ... de venir nous raconter pourquoi ils ont
changé d'attitude.
M. Gratton: Motion de suspension, M. le Président.
M. Paquette: Pourquoi, par exemple, le chef de l'Opposition qui
écrivait, lorsque le gouvernement précédent...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Paquette: ... a adopté...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont, il y a une question de règlement.
M. Paquette: Je suis en train de justifier, M. le
Président, pourquoi nous n'avons pas besoin de suspendre...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Non, mais c'est parce que j'ai
une question de règlement de la part du député de
Gatineau.
M. Paquette: D'accord.
M. Gratton: M. le Président, je pense que si vous aviez
écouté le député de Rosemont, vous auriez
constaté comme moi qu'il était tout à fait impertinent,
puisqu'il traitait du fond de la motion du député de
Châteauguay, en même temps que de la motion d'amendement du
député de Laval, alors qu'il s'agit pour lui, à ce
moment-ci, de traiter de la motion de suspension des travaux jusqu'au retour du
ministre responsable du projet de loi.
M. Paquette: M. le Président, je pense que j'étais
dans la pertinence du débat, parce que j'étais en train de vous
expliquer, M. le Président, en quoi la présence du ministre n'est
absolument pas nécessaire ici, puisque nous sommes, depuis ce matin,
dans un dédale de procédure et nous ne parlons pas sur le
fond.
M. Lalonde: Les absents ont tort.
M. Gratton: II n'a pas encore démissionné.
M. Paquette: Le ministre est impatient de parler du fond du
projet de loi...
M. Lalonde: II n'a pas encore démissionné...
M. Paquette:... de même que les députés
ministériels qui sont ici présents et...
M. Gratton: Mais pas le ministre.
M. Paquette: ... je pense que c'est inutile de suspendre le
débat, M. le Président, parce que ça va peut-être
nous permettre, en le continuant, de convaincre nos collègues de
l'Opposition de l'opportunité de laisser parler leurs propres
collègues. Ils sont plusieurs à vouloir intervenir d'ici à
ce soir.
M. Gratton: 26.
M. Paquette: Je pense qu'il serait opportun qu'on leur donne la
chance de parler, particulièrement le chef du Parti libéral qui,
alors qu'il était éditorialiste et que ces messieurs
étaient au gouvernement, avait noté que le régime actuel
de soi-disant liste permanente et de registre permanent des électeurs
était une façade, parce qu'en fait, on a perpétué
l'ancien système.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Rosemont...
M. Paquette: Je comprends, M. le Président, vous ne voulez
pas me laisser parler sur le fond, c'est justement ce que nous voulons faire.
Nous sommes impatients d'arriver au fond. Nous espérons, pendant
l'absence du ministre d'Etat à la réforme parlementaire, pouvoir
convaincre nos collègues de l'Opposition de l'opportunité de
parler sur le fond de ce projet de loi, de sortir du dédale de motions
procédurières, dilatoires dans lequel nous sommes, parce que
justement les gens de l'Opposition savent qu'ils ont un mauvais dossier entre
les mains. Ils savent que la confidentialité des dossiers n'est qu'un
prétexte, que le registre
des électeurs sera probablement le moins riche, en termes
d'information, de tous les fichiers que le gouvernement a, puisqu'on n'y
retrouve que le nom, l'adresse, le sexe de la personne et le numéro
d'assurance-maladie. Tous les fichiers gouvernementaux sont infiniment plus
riches en information. C'est évident que la confidentialité est
un prétexte et que les gens de l'Opposition ne veulent pas parler sur le
fond. C'est pourquoi, M. le Président, je trouve extrêmement
important qu'on fasse ce débat pour revenir sur le fond, qu'on ne
suspende pas nos travaux. J'aimerais avoir l'occasion de convaincre nos amis de
l'Opposition de la nécessité de parler sur le fond, puisqu'en
effet, on a là un projet de loi qui va coûter moins cher aux
citoyens, qui donne de meilleures garanties de protection du droit de vote et
qui dégage les partis politiques d'un travail, soit le recensement des
électeurs, qui ne devrait pas être partisan, comme le disait le
chef de l'Opposition officielle lorsqu'il était éditorialiste au
Devoir. Ce n'est pas l'affaire des partis de faire la liste électorale.
Cela doit être fait par un organisme indépendant, qui est le
directeur général des élections.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
vous êtes...
M. Paquette: M.le Président, je pense qu'on ne devrait
absolument pas suspendre nos travaux, parce qu'en adoptant l'amendement du
député de Laval qui, donc, reconnaissait le bien-fondé de
la proposition de mon collègue de Châteauguay, qui voulait qu'on
puisse laisser parler tout le monde jusqu'à ce soir, quitte à
revenir au règlement demain, nous pourrions, par ce biais, grâce
à la souplesse que nous manifestons face aux amendements de
l'Opposition, revenir le plus rapidement possible sur le fond de cette
motion.
Je pense que, si les députés de l'Opposition veulent
suspendre les travaux ou encore n'acceptent pas leur propre amendement à
la motion du député de Châteauguay, ils nous indiqueront
qu'ils ne veulent pas revenir sur le fond; la vraie raison, c'est qu'ils
veulent continuer à faire le ren-censement comme avant, continuer
à payer du personnel politique qu'ils ne peuvent pas avoir par
"bénévolat" pour travailler entre les recensements, continuer
à avoir une liste moins parfaite des électeurs et faire le
référendum là-dessus.
M. Gratton: Vous divaguez, M. le député...
M. Paquette: M. le Président...
M. Gratton: Vous divaguez, M. le député...
M. Paquette: Je pense que...
Le Président (M. Jolivet): ... un instant.
M. Paquette: ... il est important de ne pas suspendre la
séance.
Le Président (M. Jolivet): J'ai une question de
règlement.
M. Gratton: Etes-vous pour ou contre la suspension?
M. Paquette: Je suis absolument contre la suspension du
débat.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Quand on fait une motion de suspension du
débat, on doit donner des arguments, pourquoi on veut suspendre le
débat et pourquoi on ne veut pas le suspendre.
A ce moment, on parle tout simplement de la forme de nos travaux. On ne
parle pas du fond de la question, on ne parle pas du fond du projet de loi. Le
député de Rosemont est justement en train de parler du fond et
c'est pourquoi je vous demanderais de le rappeler à l'ordre.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
seulement un instant; j'ai cru comprendre, dans l'argumentation que vous
apportiez, que vous dépassiez un petit peu la question. J'aimerais que
vous y reveniez.
M. Paquette: C'est possible, M. le Président. Je vais
faire mon possible...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Paquette: ... pour rester sur la motion.
M. Gratton: Je m'excuse auprès du député de
Rosemont que je trouve très intéressant, même s'il est
impertinent. J'aimerais vous demander, M. le Président, quelle est la
durée du droit de parole du député sur cette motion de
suspension.
Le Président (M. Jolivet): En fait, si on revient sur le
mot "suspension" plutôt qu'"ajournement", parce qu'on pourrait vouloir
faire un débat sur les mots "suspendre" ou "ajourner", durant le temps
où le ministre n'est pas présent; je pense qu'on aurait
peut-être pu faire mention plutôt d'une motion d'ajournement durant
le temps où le ministre était absent. A ce moment, nous devons
considérer que chacun des partis a droit à dix minutes.
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse, je n'ai pas
voulu faire de motion d'ajournement des travaux en vertu de l'article 150,
parce que, justement, cette motion n'est permise qu'une seule fois et on
pourrait avoir des raisons très valables de vouloir se prévaloir
des dispositions de l'article en question, à un moment ultérieur
de nos travaux. J'ai bel et bien proposé une motion de suspension de nos
travaux, en l'assortissant d'une
condition, mais d'une condition dont on n'a pas besoin de faire une
évaluation subjective; c'est une condition qui est très
facilement vérifiable de façon tangible, en spécifiant
bien que ma motion de suspension visait à suspendre les travaux jusqu'au
retour du ministre d'Etat à la réforme électorale.
Donc, si vous me dites que ma motion de suspension assortie de la
condition que je viens d'énoncer n'était pas recevable,
j'aimerais que vous me le disiez tout de suite, parce que, si la motion
n'était pas recevable, le député n'a pas le droit de
parole. Si elle est jugée recevable, à ce moment, je
répète ma question. Quelle est la durée du...
M. Lalonde: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Seulement un instant, je vous
laisserai la parole après.
M. Lavoie: Vous pouvez suspendre la séance
peut-être.
M. Paquette: J'attends une décision.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président, je ne suis pas sûr que la motion telle que
libellée par le député de Gatineau est recevable, parce
qu'elle est assortie d'une condition. On sait que le député qui
est en état de démissionner... Tout à coup qu'il
démissionne et qu'il ne revient pas? Cela veut dire que la commission ne
pourra plus jamais se réunir. Je pense que vous devriez faire
état d'autant de rigueur que pour une autre motion auparavant et
demander au député de Gatineau de simplement demander de
suspendre les travaux.
Le Président (M. Jolivet): De suspendre ou d'ajourner les
travaux. Faites bien attention à vos mots parce qu'actuellement, le
président seul a le droit de suspendre pour quelques instants les
travaux de la commission ou encore de les suspendre pour l'heure des repas.
Mais, si on veut vraiment jouer sur les mots, je devrais donc dire qu'à
ce moment, la motion de suspension des travaux de la part d'un
député n'existe pas. C'est une motion d'ajournement des travaux
qui est possible, selon les règles de procédure de notre
règlement, et, à ce moment, il peut être d'une durée
variable. Cette motion d'ajournement demandée ne peut revenir qu'une
fois et chacun des membres des partis reconnus a droit de parole pendant dix
minutes. Dans l'autre conséquence, je devrai donc dire que la motion de
suspension est irrecevable.
M. Lalonde: Si la motion est irrecevable, il faut que vous
effaciez du journal des Débats l'intervention du député de
Rosemont, n'oubliez pas.
M. Paquette: M.le Président...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant. Je pense que,
d'une façon ou d'une autre, je n'ai pas besoin de le notifier. On le
prend en note au journal des Débats.
M. Paquette: Je n'ai pas d'objection à ce que mon
intervention soit effacée du journal des Débats, en autant qu'on
efface toutes celles des députés de l'Opposition depuis deux
semaines.
Le Président (M. Jolivet): II faudrait peut-être
s'entendre. Si c'est une motion de suspension, je devrai donc la
déclarer irrecevable et nous devrions continuer sur la motion
d'amendement... Non, sauf que vous m'avez bien fait comprendre tout à
l'heure qu'il pourrait y avoir, de la part du président, une
décision contraire, si, à l'occasion la plus proche, il
s'aperçoit qu'il y a eu erreur. C'est bien ce que vous m'avez
amené comme argumentation tout à l'heure.
M. Gratton: Je vous trouve tellement habile à reprendre
nos arguments à l'occasion...
Le Président (M. Jolivet): II faut bien que je me
défende.
M. Gratton:... et malheureusement pas à d'autres.
Pourrais-je vous demander une directive?
Le Président (M. Jolivet): Oui, allez, ça pourrait
régler mon problème.
M. Gratton: Serait-il permis que je fasse motion pour que la
commission exprime le voeu que nous suspendions nos travaux jusqu'au retour du
ministre d'Etat à la réforme électorale?
M. Lavoie: Sur la même question...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le
député, vous allez m'aider à
réfléchir...
M. Lavoie: Oui, je pense que je vais vous trouver une issue. Je
pense que vous êtes au service de cette commission. Il est reconnu que le
président de l'Assemblée ou le président d'une commission
est là pour défendre les minorités, les côtés
minoritaires devant cette grosse machine gouvernementale. L'article 44 du
règlement vous donne un pouvoir que j'aimerais vous voir exercer.
L'article 44...
Le Président (M. Jolivet): Vous me faites apprendre mon
règlement par coeur aujourd'hui...
M. Lavoie: Oui, l'article 44 dit "Au cas de désordre grave
à la Chambre...
Le Président (M. Jolivet): Je pense que la cloche me
sauve.
M. Lavoie: ... je vais finir...
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que je peux suspendre le
temps du vote?
M. Lavoie: M. le Président, je fais motion pour qu'on
sonne les cloches toutes les demi-heures.
Le Président (M. Jolivet): Suspension le temps du
vote.
Suspension de la séance à 16 h 12
Reprise de la séance à 17 h 2
Le Président (M. Jolivet): Essayons de voir où nous
étions rendus. Si je me souviens, le député de
Nicolet-Yamaska avait presque épuisé son temps de parole sur la
motion d'amendement du député de Laval. Les représentants
du parti ministériel avaient fait mention qu'ils voteraient pour
l'amendement. Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui veulent... Le
député de Marguerite-Bourgeoys, sur l'amendement du
député de Laval.
M. Lalonde: M.le Président, l'amendement du
député de Laval a pour but de permettre à tous les
députés de l'Assemblée nationale d'intervenir, en
commission parlementaire, à l'étude article par article du projet
de loi no 3. Le député de Laval a exprimé les raisons qui
l'ont inspiré lors de la présentation de son amendement ce matin.
Il avait, dit-il, l'intention de permettre, par son amendement, à tous
les députés de communiquer avec le directeur
général des élections, dans le cadre de l'engagement pris
par ce dernier de communiquer aux membres de cette commission des documents qui
avaient été requis la semaine dernière.
Maintenant, compte tenu du déroulement des travaux depuis ce
matin, où l'amendement a été proposé par le
député de Laval, un amendement qui se voulait inspiré par
la bonne foi, le respect des engagements pris et aussi l'espoir que le
déroulement des travaux nous permettrait d'aborder, après avoir
obtenu les documents du directeur général des élections,
l'étude des principaux articles de ce projet de loi, tout en
étant très optimistes, il faut le reconnaître, et
peut-être avoir l'occasion d'adopter les principaux articles du projet de
loi, avant la fin de la présente séance, c'est-à-dire
avant minuit ce soir...
C'est pour ça que le député de Laval, il me semble
je dois lire entre les lignes puisqu'il avait plutôt
insisté sur l'espoir qu'il avait d'obtenir les documents qui lui avaient
été promis par le directeur général des
élections, mais qui sont bloqués par la volonté du
ministre d'Etat à la réforme électorale.
Ce premier but de l'amendement du député de Laval est
terminé. Ce premier but n'a pas été atteint. Nous sommes
à 17 h 5, il nous reste une heure avant l'ajournement pour le
dîner et, de toute évidence, le ministre n'a indiqué aucun
changement d'intention en ce qui concerne les documents qui devaient être
remis à la commission. Donc, ce but principal de l'amendement du
député de Laval, c'est-à-dire d'obtenir avant
l'ajournement de cette séance ces documents, n'est pas atteint, est
impossible à atteindre, à cause de la mauvaise foi
exprimée par le ministre, malgré l'ouverture que je trouve
extrêmement généreuse de la part du député de
Laval.
Deuxièmement, la possibilité d'aborder et d'étudier
les principaux articles du projet de loi avant l'ajournement de la
présente séance étant très illusoire, il y a en
fait un peu plus d'une vingtaine d'articles organiques à cette loi, les
autres articles étant des articles d'amendement de la loi existante, il
est maintenant impossible d'espérer, avec quelque réalisme que ce
soit, que nous puissions, premièrement, obtenir les documents qui nous
ont été refusés par le ministre, et, deuxièmement,
aborder, étudier et aussi adopter les principaux articles.
J'ai l'impression, M. le Président, que la bonne foi du
député de Laval a été trompée par son
amendement et le déroulement des travaux me force à corriger cet
amendement, qui est devenu illusoire, à cause de la mauvaise foi du
gouvernement, et de changer son amendement par une motion de sous-amendement,
pour rendre possible l'expression de tous les députés ici,
à cette commission parlementaire, du moins en ce qui concerne les
principaux articles de ce projet de loi.
C'est pourquoi je fais l'amendement que la motion d'amendement du
député de Laval soit amendée. Je fais la motion suivante:
Que la motion d'amendement du député de Laval soit
amendée, en remplaçant, à la fin, les mots "la
présente séance" par les mots "l'étude des 24 premiers
articles du projet de loi no 3", de sorte que la motion principale, si elle
était amendée et sous-amendée, se lirait comme suit: "Que
la présidence revienne à l'application stricte de l'article 148.1
de notre règlement à la fin de l'étude des 24 premiers
articles de la loi no 3."
Je vous donne le texte de cette motion, M. le Président, qui, si
vous me permettez quelques mots sur la recevabilité, n'a pas pour effet
d'écarter l'objet principal et accomplit ce qu'une motion
d'amendement doit faire, c'est-à-dire changer des mots ou en
remplacer.
Le Président (M. Jolivet): Aucune difficulté quant
à l'acceptation de cette motion. Cependant, selon les droits qui me sont
départis comme président, et sans vouloir vous bousculer,
j'aimerais mieux, si c'est possible, que vous l'acceptiez comme cela, que la
motion principale du début, quand on dit "que la présidence
revienne à l'application". Comme vous le savez, la présidence ne
revient que si la commission le désire. Pourquoi ne dirions-nous pas
plutôt "que la commission revienne à l'application?"
M. Lalonde: 65, deuxième paragraphe, je pense, peut le
changer.
Le Président (M. Jolivet): L'article 65,
deuxièmement, simplement pour les besoins...
M. Dussault: M.le Président, là-dessus, je pense
que j'ai bien choisi les mots. On ne peut pas dire que la commission revienne
à l'application, parce que ce n'est pas la commission qui applique le
règlement, c'est le président.
Le Président (M. Jolivet): On y reviendra, s'il le faut,
c'était simplement comme besoin... Je n'ai
pas d'objection majeure à laisser les mots "que la
présidence..." sauf que je vous disais que, pour les besoins, il
était peut-être possible de considérer l'objet que l'on
visait. Mais revenons plutôt...
M. Burns: Je pense, M. le Président, que la commission est
d'accord de laisser les mots "que la présidence". Cela a d'ailleurs
déjà été discuté.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, cela va.
M. Lalonde: Mon sous-amendement est recevable, je pense, n'est-ce
pas?
M. Burns: II est tout à fait recevable.
Le Président (M. Jolivet): II est recevable.
M. Burns: II est même "cute".
M. Lalonde: M.le Préisident, je veux quand même
expliquer, en quelque sorte, les raisons pour lesquelles je présente cet
amendement. Dans l'introduction, j'ai expliqué pourquoi je me permets,
après en avoir parlé au député de Laval,
après avoir considéré... J'aimerais que le
député de Laval me comprenne bien là-dessus pour ne pas me
tenir rigueur d'avoir amendé son amendement. C'est que j'ai bien
perçu que son amendement était inspiré par la bonne foi.
C'est une qualité, M. le Président, qu'on voit peu de l'autre
côté de la table et que, probablement, le député de
Laval ne se pardonnera pas pendant longtemps, c'est-à-dire d'avoir cru
que sa bonne foi serait reçue, de ce côté-ci de la table,
par les gens de l'autre côté, avec respect et avec un esprit
positif.
Il a dit: D'accord, nous serions prêts à réduire le
nombre des députés, quoique, encore là, ce soit une
question très importante. Quand même, fort de l'appui du caucus,
le député de Laval était prêt à
réduire le nombre des députés aux membres et aux
représentants et aux intervenants prévus par le règlement
pour l'étude de ce projet de loi pourvu que, premièrement, le
gouvernement respecte son engagement de laisser le directeur
général des élections remettre aux membres de la
commission les documents qu'il s'était engagé à leur
remettre et, deuxièmement et cela n'était pas dans...
M. Burns: ... à ce moment-là, il a
été jugé irrecevable.
M. Lalonde: II a été jugé irrecevable. Je ne
plaide pas sur la recevabilité...
M. Burns: Que voulez-vous? Pourquoi revenez-vous
là-dessus?
M. Lalonde: J'essaie de vous... Ce n'est pas sur la
recevabilité. M. le ministre, écoutez, vous n'êtes plus en
conférence de presse, c'est à mon tour à parler.
M. Burns: Non,non.
M. Lalonde: J'essaie de vous convaincre que le
député de Laval a vu sa bonne foi trompée. Vous êtes
d'accord avec cela?
M. Burns: Non.
M. Lalonde: Non, vous n'êtes pas d'accord. Il va falloir
que je recommence, M. le Président.
M. Burns: Notre bonne foi à nous a été
trompée et la malhonnêteté avec laquelle vous avez agi
depuis le début de la commission nous démontre exactement
jusqu'à quel point...
M. Lalonde: Est-ce que j'ai le droit de parole, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Oui, je m'excuse.
M. Lalonde: J'ai le droit de parole, je pense. Pouvez-vous
rappeler à l'ordre le député à votre droite, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): M.le ministre... M. Burns:
C'est d'accord.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez le droit de parole,
mais non pas le droit de vote pour le moment. Vous ne l'avez pas du tout au
niveau de la commission.
M. Lalonde: Je ne l'ai d'ailleurs pas. Je suis intervenant et je
vais laisser mes collègues voter.
M. le Président, il faut bien comprendre que la motion
d'amendement du député de Laval, lorsqu'elle a été
faite, était parfaitement valide et pertinente, mais elle est devenue
inapplicable à cause du refus du ministre de laisser le directeur
général des élections remettre aux membres de cette
commission les documents qu'il s'était engagé à leur
remettre, ce qui est d'ailleurs, de la part du ministre, M. le
Président, un geste qu'on peut lui reprocher très
sévèrement. Je me demande dans quelle mesure, d'ailleurs, le
directeur général des élections ne devrait pas remettre,
par-dessus la tête du ministre, les documents qu'il s'était
engagé à leur remettre. Je me demande de quel droit le ministre
peut actuellement dire: Non, je ne laisse pas le directeur
général des élections remettre les documents.
M. Dussault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Question de règlement,
M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: M.le Président, j'invoque la question de la
pertinence, parce que M. le député de Laval et c'est
là-dessus que s'appuie M. le député de
Marguerite-Bourgeoys nous a offert de fausses prémisses pour
faire un sous-amendement à l'amendement qui avait été fait
dans ma motion, en invoquant qu'il y avait une question de
dépôt de documents, alors qu'on sait très bien que,
ce matin, à une motion d'amendement à ma motion, on avait
essayé de fixer une condition et que cela avait été
jugé irrecevable par le président de la commission.
M. Lalonde: Ce n'est pas une question de règlement, M. le
Président, il parlera, il a le temps...
M. Dussault: On invoque encore, M. le Président, cet
argument et on en fait une prémisse au dépôt d'un autre
amendement qui sous-amenderait l'amendement du Parti libéral. On avait
vraiment donné l'occasion au Parti libéral de prouver sa bonne
foi en lui disant que nous étions prêts à voter sur cet
amendement...
M. Lalonde: M.le Président, question de règlement.
Ce n'est pas du tout sur la question de règlement qu'il parle, il parle
sur le fond.
M. Dussault: Non seulement il est de mauvaise foi, mais il
s'enlise encore davantage et il nous en fait une preuve flagrante.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Question de règlement.
S'il vous plaît!
M. Lalonde: Si le député de Châteauguay veut
parler contre ma motion, il aura le loisir de le faire. Il a vingt minutes.
M. Burns: Vous parlez plus ici que devant la commission Malouf.
(17 h 15)
M. Dussault: J'invoque la pertinence, dans les propos de M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, parce qu'il invoque des faits qui
ne sont pas pertinents à la motion d'amendement à l'amendement
qu'il avait déjà déposé.
Le Président (M. Jolivet): Je voudrais bien que chacun...
Je sais que cela va être très difficile, dans ce débat, de
faire la différence entre la pertinence et la non-pertinence. Ce que je
ne voudrais pas, c'est devoir appeler les gens je m'excuse, M. le
député parce qu'ils deviennent impertinents. Donc, s'il
vous plaît, restez à la pertinence du débat.
M. Lalonde: M. le Président, c'est mon devoir encore plus
que mon droit d'expliquer les motifs pour lesquels je propose un
sous-amendement, c'est-à-dire un amendement à la motion
d'amendement du député de Laval, parce que je respecte
l'amendement et l'intention qu'il avait lorsqu'il l'a présentée,
mais elle est devenue inopérante à cause de la mauvaise foi du
gouvernement. C'est cela que j'explique. Il y avait aussi une autre raison pour
laquelle le député de Laval croyait qu'il pourrait respecter le
droit que tous les députés ont ac- tuellement de se
présenter à la commission et d'être entendus en
présentant son amendement, c'est qu'il croyait que les principaux
articles, les 24 premiers articles pourraient être étudiés
normalement d'ici minuit ce soir, si le gouvernement avait simplement
respecté son engagement. Mais non, le ministre est parti faire une
conférence de presse. On a été retardé je ne sais
durant combien de minutes, peut-être une demi-heure. Les travaux de cette
commission sont menés pas par vous, M. le Président
d'une façon où il y a un manque de leadership épouvantable
de la part du gouvernement. Le ministre empêche le directeur
général des élections de transmettre les documents aux
membres de cette Chambre, je ne sais pas encore de quel droit. J'en
étais là lorsque j'ai été interrompu. C'est la
raison pour laquelle je pense qu'on doit conserver, mais très
scrupuleusement, le droit de tous les députés de se
présenter à cette commission et d'exprimer leurs opinions, leurs
points de vue sur au moins les 24 premiers articles de la loi no 3.
Naturellement, mon sous-amendement va un peu dans le sens de la motion
du député de Châteauguay. Lui, voudrait l'enlever
complètement. Comme compromis, je dis: Allons à mi-chemin. J'ai
examiné le projet de loi et il m'apparaît que la partie
organique...
M. Dussault: ... commission.
M. Lalonde: ... de la loi, ce sont les 24 premiers articles. Les
autres sont importants aussi, mais ont moins d'importance au niveau des
principes. C'est pour cela que je me dis: Faisons une entente, allons à
mi-chemin. Le ministre, en particulier, dit: Cela va être trop long si
tous les députés viennent s'exprimer. On ne pourra pas l'adopter
avant le 22 juin.
Je propose aux membres de cette commission de permettre à tous
les députés, par mon amendement, de l'Assemblée nationale
de s'exprimer ici, comme c'était le désir de toute la commission
jusqu'à ce que le gouvernement change d'idée ce matin, par la
motion du député de Châteauguay, mais au moins sur les 24
premiers articles, les articles de fond, les articles qui concernent la
confection du fichier d'électeurs, du registre d'électeurs. C'est
ce qu'il est important de protéger actuellement par notre motion
d'amendement et de sous-amendement. C'est ce droit des députés de
venir s'exprimer. Je pourrais vous lire les 24 premiers articles pour vous
prouver que ma motion d'amendement est pertinente, mais je vais attendre que
les autres membres de cette commission, peut-être en voyant la
lumière, en y pensant un peu, se rendent compte qu'eux aussi, s'ils ne
peuvent penser que de façon partisane, de leur côté, ils
ont des collègues, des députés péquistes qui ne
font pas partie de cette commission, qui voudraient s'exprimer sur une question
aussi fondamentale. Je vais les laisser s'exprimer, après avoir
réfléchi un peu sur cet amendement qui permettrait, lorsque
l'étude des 24 premiers articles aura été
complétée, de réduire le nombre des in-
tervenants, tel que le règlement le veut, de façon
normale.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay. M. le ministre.
M. Burns: Question de règlement, en vertu de 96. Je n'ai
pas empêché le dépôt de document de la part du
directeur général des élections. J'ai tout simplement dit
préalablement que lorsqu'on aurait disposé de cette motion, on
regarderait l'opportunité de déposer ces documents. Je pense que
cela a été très clair. Evidemment, le député
de Marguerite-Bourgeoys qui fait l'estafette entre l'Assemblée nationale
et le salon rouge où nous siégeons actuellement, doit
nécessairement manquer un certain bout... Ne vous en faites pas, je ne
vous traite pas d'un nom...
M. Lalonde: Non, ça me rappelle l'incident qui est
arrivé à l'Assemblée nationale il y a quelques
années.
M. Burns: Cela vous rappelle l'incident, oui. Moi aussi, j'ai
pensé à la même chose en disant l'estafette. Mais, il n'y a
pas de danger, je ne vous traite pas de...
M. Lalonde: De quoi que ce soit. M. Burns: ... quoi que ce
soit. M. Lalonde: Sauf d'estafette.
M. Burns: Je dis tout simplement que vous faisiez l'estafette.
Pour les fins du journal des Débats, ça s'épelle:
e-s-t-a-f-e-t-t-e, en un seul mot.
Je dis tout simplement que je n'ai pas empêché le
dépôt de documents. Je veux tout simplement dire qu'on a une
motion qui est sur la table. Il ne faut pas mêler les choux et les raves.
Disposons de cette motion et, ensuite, on verra ce qu'on fera sur le
dépôt des documents.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M.le Président, sur le sous-amendement de
l'Opposition officielle, nous savons à quoi nous en tenir. Le Parti
libéral avait fait un amendement que nous croyons valable. Nous pensions
qu'il nous avait offert l'occasion de faire la preuve de sa bonne foi et c'est
comme ça qu'on l'avait pris. Ses représentants nous ont dit:
D'accord, vous avez permis à tout le monde de parler. Là, on est
bien prêt à restreindre ça, mais on va restreindre
ça seulement à la fin de la présente séance. On
s'est dit: Cela, c'est vraiment la preuve de leur bonne foi, c'est
évident.
Ils ne l'ont pas conditionné d'aucune façon, puisque les
conditions qu'ils avaient essayé de fixer ont été
jugées irrecevables ce matin. Donc, ils ont dit: A la fin de cette
séance-ci, le principe étant valable, on le reconnaîtra
implicitement; alors, nous allons permettre qu'à la fin de cette
séance, nous revenions à l'application du règlement,
c'est-à-dire à l'article 148.1.
C'est comme ça, je pense, et c'est l'unique interprétation
que l'on pouvait vraiment faire de cet amendement qu'avait fait le Parti
libéral. Maintenant, il nous fait la preuve d'une mauvaise foi
évidente en retardant encore de plusieurs heures la possibilité,
qu'il avait acceptée au départ, de réduire au
règlement le droit de parole habituel en commission parlementaire. Je me
dis que, devant une telle mauvaise foi, nous n'avons pas d'autre choix que de
nous taire maintenant et de les regarder aller et de les regarder s'enliser
davantage dans leur argumentation et dans leur attitude perfide devant le
projet de loi no 3, parce que nous pourrions agréablement, M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Châteauguay, j'ai une question de règlement.
M. Forget: Je trouve que l'expression utilisée par le
député de Châteauguay est d'une violence...
Une Voix: Laquelle?
M. Dussault: Est très parlementaire, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget:... assez peu coutumière de perfidie et de
mauvaise foi. Je suis plus froid, M. le Président, je n'ai pas
assisté à tous ces débats. Je comprends que les...
Une Voix: Vous êtes chanceux!
M. Forget: ... le tempérament normalement calme du
député de Châteauguay a pu vraiment céder sous la
pression, mais il me semble qu'il pourrait revenir à des expressions
plus civilisées que d'attribuer à ses collègues
parlementaires perfidie et mauvaise foi; il me semble que c'est un peu
abusif.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay, votre droit de parole...
M. Dussault: Alors, je continue, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): Une autre question de
règlement, M. le député...
M. Paquette: Ma question de règlement, je voudrais
simplement dire que ce sont des mots qu'a utilisés également
notre collègue de Marguerite-Bourgeoys, à tort, et que le
député de Châteauguay avait parfaitement raison de les
utiliser dans le cas de nos collègues de l'Opposition.
M. Dussault: D'ailleurs, M. le Président...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président,
l'article 96.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M.le
député.
M. Lalonde: J'ai dit que la bonne foi du député de
Laval dans son amendement a été trompée. J'ai
probablement, et, à ce moment-là, je m'en excuse auprès de
mon collègue de Saint-Laurent, utilisé aussi l'expression "de
mauvaise foi" pour les gens de l'autre côté, mais je n'ai pas
utilisé l'expression "perdifie" et, à mon grand dam, je dois dire
que je n'y ai même pas pensé.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay, la parole est revenue à vous.
M. Dussault: Merci, M. le Président. C'est vrai,
effectivement, que je n'ai pas l'habitude d'employer ces mots. On me
connaît un tempérament plus doux et plus calme. Il y a des
circonstances parfois qui nous amènent à changer nos habitudes,
mais je comprends l'attitude et l'intervention du député de
Saint-Laurent, lui, qui a l'habitude d'utiliser régulièrement et
à profusion ce genre de langage, je comprends qu'il comprenne
très bien la portée du langage que j'utilise aujourd'hui.
M. Forget: Vraiment!
M. Gratton: Voulez-vous dire un langage perfide?
M. Dussault: M. le Président, j'ai parlé de
perfidie effectivement, parce que l'attitude de l'Union Nationale... Pas de
l'Union Nationale, je m'excuse, quoiqu'on a pensé cet après-midi
qu'ils embarquaient dans ce jeu, mais les quelques heures qui suivront nous
prouveront peut-être le contraire. Mais l'attitude de l'Opposition
officielle jusqu'à maintenant nous fait la preuve évidente que
ces gens veulent maintenant tenir les débats sur une voie
d'évitement sur d'autres questions tout à fait accessoires et
peut-être même sans rapport avec le projet de loi, de façon
à éviter véritablement le fond de la question. C'est ce
qui se passe actuellement.
En plus, ils font la preuve qu'ils ne sont pas capables de vraiment
faire preuve de "fair play", exactement comme l'esprit de notre
règlement nous appelle à le faire normalement, puisqu'on nous a
annoncé qu'on allait faire un "filibuster", une "filibuste". Je pense
que si l'Opposition officielle voulait faire preuve de raisonnabilité,
comme il arrive parfois qu'elle en fasse preuve, elle accepterait de revenir
aux règles habituelles de débat en commission parlementaire,
à savoir que le nombre d'interventions est réduit. C'est
l'article 148.1 qui prévoit cela. Or, nos amis d'en face veulent se
donner une force disproportionnée, par rapport au règlement que
nous avons.
Nous avions accepté de bonne foi de contrer ces règles, de
façon à ouvrir les débats à plusieurs membres de
l'Assemblée nationale. On remarque qu'effectivement ils sont nombreux
aujourd'hui, ces gens du Parti libéral, à vouloir en faire une
utilisation disproportionnée. On en voit un, deux, trois, quatre, cinq,
six, sept, huit, ils sont huit actuellement.
Des Voix: Ils sont neuf.
M. Dussault: Ils sont neuf, M. le Président, à
vouloir faire une utilisation disproportionnée de cet acquiescement que
nous avions donné à l'ouverture des débats à
plusieurs membres de l'Assemblée nationale. Je pense que leur mauvaise
foi est suffisamment faite qu'il sera peut-être inutile que j'interviene
à nouveau pour faire remarquer ce genre de chose, puisque c'est
évident à mon point de vue.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, la parole est à vous.
M. Gratton: Vous me permettrez sûrement de rappeler au
député de Châteauguay que la perception des membres de la
commission, quant à l'utilisation de ce qu'il a appelé le "fair
play", la bonne foi ou la mauvaise foi, peut être fort différente
selon qu'on a bien suivi le déroulement des travaux de cette commission
depuis trois semaines ou qu'on a fait les efforts voulus pour bien la
comprendre.
Il est utile, je pense, de rappeler que, jeudi dernier et ce, depuis
plus de deux semaines, la commission, de par le consentement unanime qui avait
été exprimé clairement dès la première
séance du 16 mai dernier, avait reconnu le droit de tous les membres de
l'Assemblée nationale de s'exprimer en commission parlementaire sur ce
projet de loi.
Encore plus, M. le président, il faut se rappeler que nous sommes
ici de façon exceptionnelle pour faire l'étude du projet de loi
article par article, après la première lecture, avant même
qu'on adopte le principe du projet de loi. Cela découle d'une demande de
l'Opposition officielle, qui voulait se renseigner auprès des experts
conseils, en l'occurrence auprès du directeur général des
élections, sur les mécanismes de mise en marche et de confection
de ce registre des électeurs.
Pendant les quelques séances qui ont précédé
celle de jeudi dernier, les membres de la commission, tant les membres
ministériels que les membres de l'Opposition, ont eu l'occasion de
questionner le directeur général des élections, ont obtenu
des informations de lui, de ses adjoints, de ses experts conseils en
informatique, du ministre même. Ces éclaircissements qui ont
été très valables et qui ont été fort
utiles, en tout cas pour l'Opposition officielle, ont finalement permis de
cerner de quoi relevait la confection de ce fameux registre des
électeurs.
Au moment où nous nous sommes quittés jeudi dernier, nous
avions abordé l'étude de l'article 4 et l'amendement...
M. Burns: Pertinence...
M. Gratton: Oui, j'y viens.
M. Burns: II est temps que vous y veniez.
M. Gratton: ... de l'article 4 qui visait à rayer...
Le Président (M. Jolivet): Une minute, M. le
député de Gatineau, cela n'est pas par rapport à vous.
J'accepte bien que la motion en discussion incite ces gens à être
présents, mais je voudrais bien qu'ils nous laissent la chance
d'entendre. J'ai eu de la difficulté, malgré sa proximité,
à entendre le député de Gatineau. M. le
député de Gatineau. (17 h 30)
M. Gratton: Je suis complètement d'accord avec vous, M. le
Président. Les membres de la commission et ceux qui ne le sont pas, mais
qui ont présentement le droit de parole à cette commission,
devraient respecter le droit de parole de celui qui l'exerce.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas dans ce
sens-là, M. le député, que j'ai voulu inviter les membres
de la commission, parce que ce n'étaient pas les membres de la
commission, c'étaient des gens qui s'étaient ajoutés aux
membres de la commission.
Une Voix: Qui ont droit de parole.
Le Président (M. Jolivet): Qui ont droit de parole,
cependant, mais qui ne sont pas membres de la commission.
Une Voix: En autant qu'ils le demandent au Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je disais donc que, jeudi dernier, alors que nous
étudiions la motion d'amendement du député de Laval
à l'article 4, le député de Châteauguay,
appuyé par le ministre d'Etat à la réforme
électorale, a voulu retirer ce consentement unanime qui permettrait
à tous les membres de l'Assemblée nationale de s'exprimer devant
la commission. Vous avez rendu une décision ce matin suivant laquelle il
fallait procéder par présentation d'une motion pour en arriver
à ce retrait du consentement unanime.
Ce matin, nous avons tenté je vous le rappelle parce que
c'est très pertinent à la défense que l'on fait de la
motion de sous-amendement que vient de formuler le député de
Marguerite-Bourgeoys en présentant trois motions d'amendement
différentes à la motion du député de
Châteauguay, le député de Laval visait un but. Pas
simplement de présenter une motion d'amendement pour le plaisir de
discuter d'une motion d'amendement, mais surtout d'obtenir l'assurance que nous
aurions du directeur général des élections les
informations qu'il s'était engagé, jeudi dernier, à nous
fournir dès le lendemain, c'est-à-dire vendredi dernier, si la
commission avait siégé.
C'est finalement au gouvernement que revient la responsabilité de
nous retrouver ici dans ce débat essentiellement de procédure
parce que, si le ministre avait dit ce matin que le directeur
général des élections distribue aux membres de la
commission les informations qu'il s'était engagé à leur
fournir la semaine dernière, à ce moment-là, on aurait pu
tout de suite discuter et disposer de la motion du député de
Châteauguay sur le droit de parole des députés de
l'Assemblée nationale, mais nous avons dû, parce que vous l'avez
déclarée recevable et même après la suspension du
midi, pour nous conformer à vos décisions, nous greffer, greffer
notre intention d'obtenir des informations du directeur général
des élections à la motion du député de
Châteauguay. Dans un premier temps, le député de Laval a
proposé que la motion du député de Châteauguay soit
amendée de façon à entendre le directeur
général des élections. Vous avez déclaré que
cette motion d'amendement était irrecevable. Dans un deuxième
temps, on vous a proposé d'ajouter à la fin de la motion "et que
le directeur général des élections soit invité
à répondre aux questions des membres de la commission", et vous
l'avez encore déclarée irrecevable. Nous avons dû...
Le Président (M. Jolivet):... que j'ai prises ce matin
sont déjà prises, mais j'aimerais bien que, dans l'ensemble...
Parce que, quand on regarde le sous-amendement à l'amendement, on dit
bien de remplacer les mots "la présente séance" par "la fin de
l'étude des 24 premiers articles du projet de loi no 3". Je comprends
votre droit d'essayer d'expliquer le plus possible pourquoi vous êtes
pour ce sous-amendement, mais j'aimerais bien... Comme je le
répète, j'ai de la difficulté à savoir où se
trouvent la pertinence et la non-pertinence, mais j'aimerais bien essayer de
restreindre la pertinence.
M. Ciaccia: M. le Président, question de règlement,
une question de directive. Quand le député de Gatineau vous
rappelle certains incidents qui sont arrivés durant la commission
parlementaire, est-ce que ce n'est pas aussi un moyen de parler aux autres
députés? Parce qu'il ne peut pas s'adresser directement aux
députés, alors il s'adresse à vous pour arriver à
donner son information aux autres députés. Si, quand le
député fait ce rappel, vous lui dites que ce n'est pas
nécessaire, est-ce que cela peut être interprété
comme vouloir enlever un certain droit de parole au député de
Gatineau? Quand il s'adresse à vous, il veut vraiment rappeler certains
faits aux députés, qui, peut-être, n'étaient pas ici
ou dont ils ne se rappellent pas, pour situer le contexte de la discussion.
Le Président (M. Jolivet): Je comprends que le
député, en d'adressant à la présidence, par son
intermédiaire, s'adresse à l'ensemble des membres de la
commission, mais je voudrais vous rappeler que cela ne lui donne pas le droit
de dépasser la pertinence du débat. C'est dans ce sens que je lui
disais d'essayer de restreindre davantage vers la pertinence que vers la
non-pertinence du débat ces propos qu'il tenait.
M. le député de Gatineau, vous pouvez continuer, en
rappelant au député de Mont-Royal que le
mot "incident" indique des choses qui ne se sont pas produites à
la commission.
M. Gratton: M.le Président, vous savez, c'est toujours une
sorte de révélation pour moi de constater comment
différents membres de cette Assemblée nationale peuvent mettre
plus ou moins de temps à saisir le sens de mes interventions. Je me
rends compte que, dans votre cas, vous semblez piger un peu plus vite que
certains membres de la commission, certains membres ministériels en face
de moi. C'est peut-être ce qui explique que vous trouvez un peu longues
mes explications, mes rappels aux faits vécus à cette commission,
mais vous conviendrez avec moi que c'est fort utile pour certains membres
ministériels, pour replacer le débat dans son vrai contexte, je
pense, par exemple, au député de Frontenac qui nous honore de sa
présence pour la première fois depuis trois semaines. Je suis
sûr que cela lui est fort utile, ce rappel des faits que je suis en train
de faire, pour comprendre le vrai sens de la motion de sous-amendement que
vient de faire le député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous parlez sur la
question de règlement ou sur la motion? Je pense que ce serait mieux de
revenir à la motion, la question de règlement étant
réglée pour moi.
M. Gratton: Vous voyez, vous avez encore dépassé,
et de loin, la compréhension du député de Frontenac sur la
question de règlement.
Je reviens donc à la motion de sous-amendement, M. le
Président, en vous disant que si, ce matin, la motion d'amendement du
député de Laval était tout à fait à point,
c'est-à-dire de revenir à l'application stricte de l'article
148.1 de notre règlement, à la fin de la présente
séance ce n'est pas un reproche que je fais au
député de Laval, loin de là au moment où
nous parlons, c'est-à-dire à 6 heures moins vingt minutes, elle
n'est plus valable, cette motion d'amendement. Cela ne nous permettrait pas, du
côté de l'Opposition, d'obtenir satisfaction quant aux
informations que nous attendons du directeur général des
élections et ça ne nous permettra pas non plus de faire un
débat consistant sur les articles les plus importants du projet de loi
qui se retrouvent dans les 24 premiers articles du projet de loi no 3. C'est
donc dire que, pour revenir à mes propos du début, lorsque le
député de Châteauguay prétend que l'Opposition
officielle manque de bonne foi, je lui dirai que si le ministre ou quelque
membre ministériel de la commission nous avait dit, dès ce matin,
que le gouvernement était prêt à faire en sorte que le
directeur général des élections nous fournisse les
informations qu'il s'était engagé, la semaine dernière,
à nous fournir, avant que nous retournions à l'étude de
l'article 4, il me semble qu'on aurait pu éviter de longs débats
de procédure.
Je ne veux pas revenir à une décision que vous avez
rendue, M. le Président. Si vous nous aviez donné raison lorsque
nous avons allégué que la motion même du
député de Châteauguay était irrecevable dans le
temps, nous serions immédiatement retournés à l'article 4.
Nous aurions alors pu intervenir auprès du ministre pour obtenir les
informations du directeur général des élections et
peut-être bien que l'étude article par article serait passablement
avancée au moment où nous nous parlons.
Mais non. On a tenu pour acquis, du côté du gouvernement,
que, l'Opposition officielle ayant annoncé ses couleurs jeudi dernier,
ayant dit au gouvernement: Nous n'accepterons pas de voter ce projet de loi ni
dans sa forme actuelle, ni avec les amendements qu'on connaît
déjà, il fallait mettre fin à toute discussion utile.
C'est à se demander, M. le Président, si, effectivement, le
gouvernement lui aussi n'a pas fait son lit. Mais le gouvernement ne veut pas
l'annoncer de façon transparente, de façon franche.
Peut-être bien, M. le Président, que nous siégerons
à cette commission pour quelques heures seulement et que nous n'aurons
pas le plaisir de nous retrouver, à compter de ce soir minuit, pour
débattre ce projet de loi.
Je dis donc que si les députés de l'Assemblée
nationale doivent être privés de leur droit d'intervenir sur ce
projet de loi qui ne concerne pas seulement les députés, mais
l'ensemble de la population, il s'agit d'un projet de loi fort important, qui
touche à l'essence même du droit de vote et de la capacité
des citoyens du Québec d'exercer ce droit de vote, M. le
Président, si on est pour limiter le droit de parole des
députés, on ne souscrit pas à ce principe de limiter le
droit de parole des députés en commission.
On dit, par le sous-amendement qu'a présenté le
député de Marguerite-Bourgeoys: Qu'on ne le fasse pas, qu'on ne
le pose pas, ce geste, au moins avant d'avoir adopté les articles les
plus importants du projet de loi, c'est-à-dire les 24 premiers. Quant
à moi, M. le Président, si j'étais député
ministériel, je serais bien mal à l'aise de voter contre cette
motion de sous-amendement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M.le Président, je pense que dans
cette commission, on vient d'assister à un bel échantillon d'un
déluge de mots dans un désert d'idées. Cela parle, cela
parle et cela n'avance pas vite. Je comprends l'Opposition libérale de
ne pas vouloir passer ce projet de loi. Je les comprends très bien de
présenter des amendements et vouloir que tout le monde puisse parler ad
vitam aeternam sur le projet de loi, ils ne veulent pas que cela passe. Le
registre des électeurs, ils n'en veulent pas.
Je vais vous raconter une histoire qui me vient à l'idée.
Chubby Power disait un jour à Louis Saint-Laurent: M. Saint-Laurent,
depuis que votre soeur est morte, elle vote pour moi. On était
habitué de faire voter les morts dans le temps. S'il y avait eu un
registre des électeurs, cela aurait été enregistré.
Le député de Laval sait très bien de
quoi je veux parler il se rappelle de ce temps-là lui aussi,
c'est un vieux politicien. Il sait que les morts ont voté longtemps dans
le Parti libéral. C'était surtout un parti où les morts
votaient.
M. Lavoie: Question de règlement. Est-ce que le
député de Frontenac me permettrait une question?
M. Grégoire: Oui.
M. Lavoie: Comment se fait-il qu'il a tellement
d'expérience sur le passé? Est-ce qu'il a vécu cela
lui-même?
M. Grégoire: Oui, j'en ai vu beaucoup. J'ai vu un bon
organisateur libéral venir voter, sachant qu'il y avait une
majorité créditiste dans le poll. Il s'est organisé pour
renverser un encrier pour que l'encre pénètre dans l'urne qui
contenait les bulletins de vote et ainsi annuler tous les bulletins. Et je
connaissais très bien l'organisateur libéral. Oui, j'en ai vu des
expériences. Cela fait presque aussi longtemps que lui que je vois des
élections.
Le Président (M. Jolivet): Je ne voudrais pas que la
question rouvre un nouveau débat. Vous êtes sur le
sous-amendement. Je vous demanderais de revenir au débat qui a lieu
actuellement sur le sous-amendement.
M. Grégoire: Je répondais à la question du
député de Laval, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, je sais, mais
c'était pour éviter qu'on entre dans un nouveau débat.
J'ai compris.
M. Grégoire: Mais le député de Laval sait
fort bien ce que je veux dire quand je parle des manigances électorales
du Parti libéral. Ce n'est pas pour rien que cela a été
appelé pendant longtemps le parti des voleurs d'élections. C'est
une expression qui était bien connue. Je me rappelle une autre histoire,
M. le Président, si le député de Laval veut
l'entendre.
Une Voix: C'est qui, le parti des voleurs de
référendums?
M. Grégoire: Attendez, il n'y en a pas encore eu un.
M. Gratton: II n'y en aura pas non plus avant le registre, je
pense bien. (17 h 45)
M. Grégoire: Vous allez peut-être essayer de voler
cela aussi. Vous allez peut-être essayer de voter cela aussi. Je me
rappelle qu'à la fin du régime d'Alexandre Taschereau et tout
cela, dans... C'est pour mentionner...
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Depuis le début, c'est vrai qu'il y a beaucoup
de questions procédurières, mais il n'y a pas tellement de folies
qui se sont dites avant l'arrivée du député de Frontenac.
Je connais le respect que vous avez de la pertinence du débat.
Pourriez-vous inviter le député à respecter au moins cet
article du règlement?
Le Président (M. Jolivet): J'avais fait un appel,
j'espérais que ce serait compris. J'espère que ce sera compris.
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, la pertinence du
débat dans cela, c'est que je vois ces amendements et sous-amendements
et cette procédure continuelle dans un seul but, non pas pour discuter
d'un amendement ou pour avoir tout le monde présent pour les 24 premiers
articles, je vois que le seul but de ce sous-amendement, c'est d'essayer de
retarder et d'empêcher l'adoption de ce projet de loi, et c'est ce sur
quoi je discute. Je dis que les libéraux ne veulent pas voir adopter un
tel projet de loi, parce que, par tradition, ils se sont habitués
à des manigances électorales à des vols
d'élections, à des "trichages" de listes, à des "passages"
de télégraphes...
M. Lavoie: La pertinence, M. le Président.
M. Grégoire: ... et, tout à coup, pour eux arriver
et faire des élections dans ces conditions-là... C'est pertinent,
M. le Président. Je dis pourquoi ils ne veulent pas changer la Loi
électorale. On a changé la Loi sur le financement des partis
politiques. Là, ils ne pourront plus recevoir de $500 000 ou de $250 000
des gros entrepreneurs, mais ils voulaient quand même garder certaines
traditions auxquelles ils sont habitués, les tripotages
d'élections, les tripotages de bulletins de vote. Je me rappelle, M. le
Président c'est cela, entre autres, dans les traditions du Parti
libéral dans les élections que, du temps d'Alexandre
Taschereau, l'industrie qui devenait la plus prospère au moment des
élections dans les années vingt-cinq, dans les années
trente, quand Alexandre Taschereau était au pouvoir, c'était une
montée en flèche de la vente de garcettes. La première
chose qu'un organisateur libéral faisait lorsqu'une élection
était déclenchée dans ce temps-là, c'était
de se présenter dans une industrie où il se vendait des garcettes
et d'en acheter 300 à la fois. Il y en avait deux par bureau de scrutin
où on essayait d'intimider les électeurs; on essayait de casser
les assemblées des autres. Quand on arrive avec une réforme de la
Loi électorale, je comprends le Parti libéral de ne pas vouloir
accepter cette réforme. Il n'y a qu'une manière de
l'empêcher, c'est de présenter des amendements, des
sous-amendements. Vous vous apercevez, M. le Président, que je suis dans
la pertinence du débat. Pour eux, ce n'est que de présenter des
amendements et des sous-
amendements pour essayer d'empêcher la loi d'être
adoptée.
Je pourrais donner d'autres exemples au député de Laval et
au député de Gatineau.
M. Gratton: Cela m'intéresse.
M. Grégoire: Oui, on peut se rappeler les
télégraphes, en 1970 et en 1973. Ils ont fait de faux certificats
d'élection.
M. Gratton: Répétez-moi donc cela, je
n'étais pas en politique dans le temps.
M. Grégoire: S'il y avait eu un registre des
électeurs... On a retrouvé toute une série de certificats
d'enregistrement des électeurs sur les listes d'électeurs dans
une case à la gare d'autobus à Montréal; ils
étaient bien empaquetés, et on se préparait à faire
inscrire faussement des citoyens sur des listes électorales, pour
empêcher de voler les élections. Est-ce que le
député de...
M. Gratton: Qui exactement était responsable de cela?
M. Grégoire: Vous ne vous rappelez pas cela? M.
Gratton: Non.
M. Grégoire: M. le Président, je pense bien qu'on
veut m'amener à faire un cours, je n'étais pas mêlé
à cette élection. Remarquez bien que c'était une
élection provinciale, en 1962, je crois.
M. Gratton: Vous avez l'air d'être pas mal au courant.
M. Grégoire: J'étais député au
fédéral, à ce moment, et je suivais cela. Je voyais vos
collègues fédéraux faire sensiblement la même chose,
mais je vous avais vu jouer la manigance des faux certificats
d'élection. J'étais député fédéral,
c'était une élection provinciale. J'avais trouvé cela
assez fort comme stratagème et comme manigance. Un registre des
électeurs vous empêcherait de faire des choses comme cela.
M. Gratton: C'était complètement
répréhensible, ce n'était pas correct.
M. Grégoire: Vous n'en voulez pas, de registre des
électeurs. C'est pourquoi vous essayez d'empêcher cette loi
d'être adoptée.
M. Dussault: C'est ce qu'ils ont compris.
M. Grégoire: Même si on me parlait chinois ou si on
me lançait toutes sortes de déluges de mots dans un désert
d'idées, comme le député de Gatineau a fait tantôt,
il y a une chose qui demeure. Ce n'est pas nécessaire d'être bien
fin pour comprendre cela.
M. Gratton: Vous, vous n'êtes pas comme ça. Avec
vous, il n'y a pas de désert.
M. Grégoire: Vous êtes en train de m'amener dans
votre désert et j'essaie de fuir cela. Fort heureusement, à
l'intérieur du Parti québécois, il y a une oasis et j'y
retrouve la pluie...
M. Lavoie: Un style créditiste, pas mal.
M. Grégoire: M. le Président, je m'aperçois
que cela fait mal. Je m'aperçois que leur rappeler leurs vieux
péchés, cela fait mal.
M. Paquette: Quand c'est vrai, cela fait mal.
M. Grégoire: Quand c'est vrai, cela fait mal. Je
m'aperçois que cela fait mal. Surtout leur dire que toutes leurs petites
manigances, toutes leurs longues paroles, leurs longues phrases, cela n'a qu'un
but: Empêcher une loi d'être adoptée, parce qu'ils ont
toujours voulu se servir justement d'une loi pleine de trous, d'une loi qui
était mal faite, d'une loi où tout le monde pouvait s'inscrire,
d'une loi où tout le monde pouvait passer des
"télégraphes"; cela a existé, surtout dans
Montréal, même dans Québec. On voudrait garder le
même vieux système, et on veut empêcher une loi qui
réformerait tout cela. Tout le restant, le public le sait; votre
"filibuster", à l'heure actuelle, ce n'est pas parce que la loi est
mauvaise, elle est bonne. Votre "filibuster", c'est pour essayer de conserver
les anciennes traditions que vous avez toujours eues. Pourquoi n'apprenez-vous
pas, en 1979, que c'est fini, ce temps? Pourquoi n'apprenez-vous pas, en 1979,
que la population est assez instruite, est assez éduquée, est
assez formée pour que vous laissiez les gens libres de voter sans
essayer d'aller voter à leur place?
M. Lavoie: Question de règlement.
M. Grégoire: Cela fait mal.
M. Lavoie: Nous avons les oreilles ouvertes à toutes ces
sornettes, mais je voudrais bien que, pendant les vingt minutes qui sont
attribuées au député de Frontenac, il nous parle un petit
peu quand même, pendant les trois ou quatre minutes qui restent, de la
pertinence, pourquoi nous voulons que tous les députés puissent
participer, autant les ministériels que ceux de l'Opposition, à
l'étude d'au moins les 24 premiers articles. En passant, je pense que
c'est cela, la pertinence du débat.
M. Ciaccia: Vous avez le droit de parole. Pour-riez-vous nous
dire pourquoi vous voulez parler et pourquoi les autres qui ne sont pas membres
devraient aussi avoir le droit?
M. Grégoire: Oui, je passais et j'ai vu ces grandes
digressions parlementaires et procédurières. Dans ce
temps-là, quand je vois que cela dépasse les limites, quand je
vois que cela dépasse les bornes, tous les moyens que vous employez pour
essayer de retarder des lois comme celle d'hier soir, quand je réalise
qu'à tout bout de champ, vous essayez d'empêcher des lois
d'être adoptées...
M. Lavoie: M. le Président...
M. Gratton: J'ai soulevé une question de règlement
tout à l'heure.
M. Lavoie: Je n'ai pas entendu votre décision, M. le
Président.
M. Grégoire: On m'a posé une question et j'y
réponds.
Le Président (M. Jolivet): Non, c'est parce que,
justement, une question subséquente a été posée.
Comme je veux être très large dans ce débat, comme vous
l'avez tous été depuis le début de cette commission, je
pensais qu'il était logique de répondre à une question qui
était posée. Si on ne permet aucune question, à ce moment,
je devrai revenir au niveau du débat quant à la pertinence
même. Dans ce contexte, je n'accepterai plus aucune question, ni en vertu
de 96... Vous pourrez peut-être m'accuser, à ce moment...
M. Lavoie: Non, ce n'est pas la question. C'est une question de
pertinence.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais c'est parce qu'il y a
une question qui a été posée par un des membres de
l'Opposition officielle. Je pense qu'il répondait à cette
question. Vous avez, de mon côté, à gauche, fait allusion
au fait qu'il n'était pas membre de la commission et qu'il participait
au débat et vous avez posé quelques questions. Il
répondait à ça.
M. Lavoie: Non, mais je vous ferai savoir qu'il argumente
à savoir pourquoi le député de Frontenac, tel que la
motion le dit, désire participer au débat pour au moins
l'étude des 24 premiers articles, qu'il nous dise un peu pourquoi.
Le Président (M. Jolivet): Sauf que ce n'était pas
la question qui était posée par le député de
Mont-Royal.
M. Gratton: M.le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Gatineau, question de règlement?
M. Grégoire: Est-ce que c'est parce qu'on veut
m'empêcher de parler parce que...
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire, malheureusement.
M. Grégoire: Je m'aperçois qu'on veut
m'empêcher de parler.
M. Gratton: M. le Président...
M. Grégoire: Qu'on veut violer mon droit de parole.
M. Gratton: Celui qui veut empêcher le député
de Frontenac de parler, c'est le député de Châteauguay qui
a présenté une motion...
M. Burns: M. le Président...
M. Gratton: ... qui empêcherait le député de
Frontenac de parler.
M. Burns: ... jusqu'à maintenant, la motion n'est pas
adoptée et le député de Frontenac a le droit de parole
comme n'importe qui d'autres.
M. Gratton: C'est ça. M. le Président, sur ma
question...
M. Burns: Bien oui, autant que le député de
Gatineau l'a respecté tout à l'heure.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, vous avez une question de règlement, s'il vous plaît,
rapidement, si vous en avez une.
M. Gratton: Oui, je voudrais vous demander une directive, M. le
Président.
M. Burns:... on invite le chef de l'Opposition...
Le Président (M. Jolivet): Cela m'en fera une autre.
M. Gratton: Alors, M. le Président, que j'intervenais sur
ma motion de sous-amendement, vous avez cru bon, probablement à juste
titre, de me rappeler à la pertinence. Je voudrais savoir, M. le
Président, si j'avais, dans mon intervention tantôt, parlé
des trous de la loi 2 sur le financement des partis politiques qu'a
utilisés le Parti québécois pour ses journaux partisans
dans les comtés, si j'avais parlé de la nomination des
présidents d'élections, à la bonne vieille manière,
une quarantaine qui ont été remplacés par le gouvernement
actuel depuis un an, si j'avais parlé des 5% de bulletins
rejetés...
M. Grégoire: Je pense bien qu'on me permettrait de faire
les mêmes suggestions...
M. Gratton: ... dans le comté d'Argenteuil, alors que la
moyenne provinciale, depuis toujours, est quelque chose comme 2%, si j'avais
parlé du pointage des listes électorales par des
énuméra-teurs nommés par le directeur
général des élections, par des énumérateurs
nommés par le Parti québécois, M. le Président,
aurais-je été...
M. Paquette: Cela continue.
M. Gratton: ... pertinent? Je tiens pour acquis que vous pouvez
me répondre soit oui ou non. Si vous me répondez oui, M. le
Président, j'en serai fort aise lors de ma prochaine intervention. Si
vous me répondez non, M. le Président, j'aimerais que vous
exerciez la même rigueur à l'endroit du député de
Frontenac au cours de son intervention.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement, s'il vous plaît. Ce sera très bref. Je suis avec
intérêt les propos du député de Frontenac depuis
tout à l'heure et ce que le député de Frontenac est en
train de nous expliquer, ça m'apparaît tout à fait
pertinent.
S'il avait droit de vote, puisqu'il n'est qu'un membre participant de la
commission sans droit de vote, il est en train de nous expliquer pourquoi il ne
voterait pas pour cet amendement, parce que, selon lui, il décèle
une manoeuvre absolument malhonnête de la part de l'Opposition, de
l'hypocrisie absolument totale de la part de l'Opposition. Il
décèle cela et dit exactement pourquoi il le
décèle. Il dit que si c'est comme cela que je l'ai
compris, en tout cas, le député de Frontenac me corrigera si j'ai
mal compris ses propos il avait le droit de vote, il voterait contre
l'amendement. C'est exactement ce que j'ai compris et cela m'a paru tout
à fait pertinent par rapport à un amendement, alors que, du
côté ministériel, on a encore une fois
démontré notre bonne foi en disant: On est prêt à
accepter même la motion du député de Châteauguay,
amendée par le député de Laval. On avait
déjà dit cela, je pense même que le député de
Châteauguay l'a dit clairement. Les autres collègues, du
côté ministériel, qui ont droit de vote ont dit
également qu'ils étaient prêts à le faire, je l'ai
dit moi aussi.
Le député de Frontenac, outré par une attitude
qu'on qualifie de malhonnête, de mauvaise foi, d'hypocrite de la part de
l'Opposition, est en train de nous dire pourquoi il ne voterait pas pour et
pourquoi il décèle cette manoeuvre de la part de l'Opposition
officielle.
Le Président (M. Jolivet): Bon... M. Gratton:
Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, un instant! J'ai
quand même droit de donner une réponse sur la demande de
directive. N'ayant pas à me prononcer selon Salomon, mais ne voulant pas
non plus me prononcer ni par un oui, ni par un non, je dois dire que votre
question était, en termes de demande de directive, tellement
hypothétique qu'il m'aurait fallu connaître l'ensemble de votre
argumentation pour savoir si oui ou non vous auriez été
antiréglementaire. Donc...
Une Voix: ...
Le Président (M. Jolivet): Non, j'aviserai en
conséquence lors de votre prochaine intervention, si vous y avez
droit.
Une Voix: ...
Le Président (M. Jolivet): Sur une question de
règlement, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Je voudrais m'assurer que, lorsque le ministre a
indiqué tantôt avoir compris les propos du député de
Frontenac, qu'il a dit avoir compris, il a bien compris nos propos à
nous, de l'Opposition officielle, à savoir que nous considérons
la manoeuvre initiée par le ministre ce matin...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse M. le
député...
M. Gratton: ... comme malhonnête, hypocrite...
Le Président (M. Jolivet): ... de Gatineau... M.
Gratton: ... et de mauvaise foi...
Le Président (M. Jolivet):... cela n'est pas une question
de règlement...
M. Gratton: ... que de refuser que le directeur
général des élections...
Le Président (M. Jolivet): ... je m'en excuse,
M. Gratton: ... fournisse les informations qu'il s'était
engagé... Le Président (M. Jolivet):... je vous rappelle
à l'ordre...
M. Gratton: ... à fournir jeudi dernier.
Le Président (M. Jolivet): Al'ordre, M. le
député de Gatineau.
M. Lavoie: Je peux vous demander une question de
règlement?
Le Président (M. Jolivet): Non.
M. Lavoie: J'aurais une question à vous poser.
Le Président (M. Jolivet). Non.
M. Grégoire: On veut m'empêcher de parler à
ce que je vois! Est-ce que cela fait si mal que cela? Cela blesse. Cela vous
rappelle des vérités. Vous m'empêchez de parler.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Frontenac, je ne voudrais pas avoir le devoir de vous arrêter, non
plus,...
Une Voix: Cela fait mal!
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais une question, un
genre de directive. J'aimerais que vous m'indiquiez en vertu de quel article du
règlement le ministre a toute la latitude voulue sur une question de
règlement alors que le député de Gatineau n'a pas une
telle latitude, car vous l'avez interrompu à chaque moment, alors que
personne n'a interrompu le ministre responsable du projet de loi. Je n'ai rien
trouvé à cet effet dans le règlement. Est-ce qu'il y a un
article spécifique ou...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval, si j'ai interrompu le député de Gatineau sur sa demande,
sous forme de question de règlement, c'est qu'il posait une question au
ministre, c'est ce que j'ai cru comprendre, et je voulais le vérifier
avec lui, il posait une question au ministre, et je ne pense pas, à
moins que le ministre accepte il a dit que c'était en rapport aux
propos du député de Frontenac, ce que le ministre avait cru
comprendre et c'est dans ce sens-là que j'ai voulu interrompre le
député de Gatineau, parce que le droit de parole n'est pas au
député de Gatineau, ce n'est pas à lui à
questionner le ministre, c'est au député de Frontenac sur le
droit de parole.
M. Ciaccia: M. le Président, question de directive...
M. Grégoire: Puis-je terminer en disant...
réellement M. le Président, sur une question de règlement
à mon tour?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Grégoire: C'est évident qu'on veut
m'empêcher de parler.
M. Ciaccia: Je pourrais vous demander, si le ministre a eu le
droit de donner son interprétation des propos du député de
Frontenac, si je pourrais avoir le même droit de donner mon
interprétation de ces propos.
M. Burns: Sûrement, ce soir, à 8 heures. Vous
allez...
M. Grégoire: Quand vous aurez le droit de parler.
M. Ciaccia: Sur une question de règlement. Le
Président (M. Jolivet): Je m'excuse...
M. Burns: Laissez donc terminer le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Laissez-moi donc terminer en une minute.
M. Lavoie: II est 6 heures, M. le Président.
M. Grégoire: Non, 5 heures 59. (18 heures)
Le Président (M. Jolivet): Pas encore. Juste pour
répondre à la demande de directive du député de
Mont-Royal, je ne suis pas sûr que je lui accorderai le droit
d'intervenir sur la question de règlement pour la raison suivante. Le
député de Gatineau a posé une question de règlement
en termes de demande de directive, le député ministre a
parlé sur la question de règlement et j'ai donné ensuite
les raisons pour lesquelles je ne répondrai ni par un oui ni par un non
à la question posée en termes de directive par le
député de Gatineau.
M. Ciaccia: Ce n'était pas ma question. Ma question se
référait aux propos du ministre qui, sur une question de
règlement, a donné son interprétation des propos du
député de Frontenac. Je voudrais savoir si je pourrais donner moi
aussi mon interprétation sur une question de règlement sur les
niaiseries qu'il vient de dire.
Le Président (M. Jolivet): Je serais, à ce
niveau-là, plus prompt à vous accorder votre droit de parole que
vous avez sur le sous-amendement et vous donnerez l'interprétation que
vous voudrez du discours plutôt que sur une question de
règlement.
M. Ciaccia: Donc, pas une question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Donc, ajournement des travaux
à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 1
Reprise de la séance à 20 h 19
Le Président (M. Jolivet): La commission de la
présidence du conseil et de la constitution continue ses longs travaux
sur la loi no 3. La parole, au moment de la suspension du débat,
était au député de Frontenac. Il lui restait environ une
dizaine de minutes.
M. Grégoire: M.le Président, vous avez dit que la
parole était à moi, mais je crois qu'avant la période du
souper, l'Opposition faisait tout en son possible pour essayer de violer mon
droit de parole et m'empêcher de parler...
Le Président (M. Jolivet): II est à vous, pour le
moment.
M. Grégoire: Je vous remercie, M. le Président. Je
sais que les vérités que j'ai énoncées sont des
vérités qui font mal. Je sais que ça les blesse, je sais
qu'ils n'ont pas tous participé personnellement à ça, M.
le Président, il faut le reconnaître. Mais j'ai voulu simplement
parler de la tradition ancrée qui existe dans le Parti libéral.
Vous savez, l'histoire de ce parti est nettement assimilée à
l'histoire des trichages d'élection, des "tronqua-ges"
d'élection, des vols d'élection, des manipulations de vote. C'est
pour ça que le Parti libéral, à l'heure actuelle, ne veut
pas voir s'ériger un registre des électeurs. Comme disait si bien
Chubby Power à M. Saint-Laurent: M. Saint-Laurent, depuis que votre
soeur est morte, ça fait trois fois qu'elle vote pour moi. S'il y avait
eu un registre des électeurs dans le temps, les morts n'auraient pas
voté comme ils ont voté en si grand nombre pour le Parti
libéral. C'est le parti des morts.
M. le Président, il y a cependant un autre point sur lequel, en
revenant spécifiquement à la motion, je voudrais parler. Je suis
tout à fait surpris de voir le député de
Marguerite-Bourgeoys pré-
senter une telle motion, un tel sous-amendement. Un de nos
députés présente une motion, un parlementaire
compétent, un bon procédurier, le député de Laval
présente un amendement. Aussitôt, le député de
Marguerite-Bourgeoys juge que le député de Laval a tort, il juge
qu'il a présenté un mauvais amendement, le député
de Marguerite-Bourgeoys juge que le député de Laval s'est
trompé, qu'il est un pas bon et il se dépêche de
présenter un amendement pour corriger le député de
Laval.
M. Gratton: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Grégoire: Est-ce que vous allez me permettre d'y
répondre?
M. Gratton: Oui.
M. Grégoire: Vous m'en avez posé une avant le
souper et vous ne m'avez jamais permis d'y répondre.
M. Gratton: Vous venez de faire allusion à quelque chose
qui n'est pas bon, il est un pas bon, avez-vous dit. Est-ce que vous parlez de
l'amendement ou du député?
M. Grégoire: II faudrait bien spécifier; j'ai dit:
Le député de Marguerite-Bourgeoys juge que le
député de Laval est un pas bon, parce que, dès que le
député de Laval a présenté un amendement, le
député de Marguerite-Bourgeoys se dépêche de
présenter un sous-amendement pour corriger l'amendement du
député de Laval.
M. Gratton: Vous allez vous faire chicaner par le
député de Laval, quand il va arriver.
M. Grégoire: Non. J'essaie de prendre la défense du
député de Laval.
M. Gratton: Vous le faites bien maladroitement.
M. Grégoire: Le député de Laval a
présenté un bon amendement que, de ce côté-ci de la
table, nous étions prêts à accepter. Nous sommes
prêts à voter pour l'amendement du député de Laval.
Mais ce qui me surprend, c'est de voir que c'est son propre parti, les membres
de son parti, qui sont là à le condamner ouvertement, en venant
dire, ni plus ni moins, que l'amendement du député de Laval,
même s'il a été notre leader parlementaire, n'est pas bon,
il faut le changer. Et ils présentent un sous-amendement.
M. le Président, vous admettrez avec moi que c'est
incompréhensible. Je me demande à quoi le député de
Marguerite-Bourgeoys a pu penser en présentant, d'une façon si
ouverte, ce qu'on pourrait qualifier d'une motion de blâme à
l'endroit du député de Laval, à l'endroit de son ancien
leader parlementaire. Le sous-amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys, M. le Président, ce n'est rien d'autre qu'une
motion de blâme à l'endroit du député de Laval. Et
je vois que cela leur fait mal, je vois qu'ils se mettent le nez dans leurs
livres. Je vois qu'ils se cachent quand on dit une vérité comme
celle-là. Je ne comprends pas le député de
Marguerite-Bourgeoys d'avoir blâmé son ancien leader parlementaire
comme il l'a fait avec ce sous-amendement.
M. le Président, je vous dirai bien franchement que l'amendement
nous convient, mais la correction intempestive du député de Laval
par le député de Marguerite-Bourgeoys, je n'accepte pas cela. Je
comprends mal que le député de Marguerite-Bourgeoys se charge de
censurer le député de Laval, qui est un homme
d'expérience, qui a présenté un bon amendement, qui est un
bon parlementaire, mais dès qu'il présente son amendement, le
député de Marguerite-Bourgeoys dit: Ce n'est pas bon. Il
blâme le député de Laval, il corrige le
député de Laval et dit: On ne fait pas confiance au
député de Laval, on change l'amendement de notre collègue
du Parti libéral, on change tout cela, parce que ce n'est pas bon. Je ne
comprends pas le député de Laval d'accepter cela. Je ne comprends
pas le député de Laval de se laisser corriger publiquement par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lavoie: Est-ce que l'honorable député de
Frontenac me permettrait une question?
M. Grégoire: Est-ce que vous allez me permettre d'y
répondre?
M. Lavoie: Oui.
M. Grégoire: J'ai l'expérience maintenant. Avant le
souper, vous m'avez posé des questions auxquelles vous ne me permettiez
pas de répondre. Mais si vous me permettez d'y répondre...
M. Lavoie: Ce que je crains, c'est que vous disiez à la
commission et c'est une mise en garde que je vous fais quel prix
cela m'a coûté, durant l'heure du dîner, pour avoir cet
éloge.
M. Godin: Ce sont des réactions libérales. M.
Grégoire: Ce sont des réactions libérales.
M. Godin: Penser qu'il faut payer pour avoir des compliments.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mercier.
M. Godin: On les fait de bon coeur, M. le Président, c'est
gratuit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mercier, s'il vous plaît!
M. Lavoie: C'est un échange de pièces d'oeuvres
d'art.
M. Godin: Mais c'est un acte gratuit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Frontenac, ne vous faites pas enlever votre droit de parole.
M. Grégoire: En guise de réponse, M. le
Président, je vais vous dire que si c'est l'habitude de distribuer des
pots-de-vin dans le Parti libéral, ce n'est pas notre habitude ici. Je
pense que vous n'avez jamais entendu dire qu'il y a eu des chèques de
$100 000 ou de $250 000 qui ont revolé pour si peu. Non, on vous laisse
cela. Et l'une des raisons, c'est que c'est dans votre mentalité. C'est
dans vos traditions. Vous ne faites que penser comme cela et
réfléchir comme cela et c'est pourquoi, dès qu'on dit un
mot, la première chose qui nous vient à l'idée: les
pots-de-vin. Qu'est-ce que je vais recevoir en cadeau?
Une Voix: C'est automatique.
M. Grégoire: C'est automatique. On ne
réfléchit même pas, c'est automatique. Même si cela a
été notre option, je dois dire, M. le Président, que je
comprends mal la position du député de Laval de se laisser
réprimander ouvertement comme cela par son propre parti qui vient
blâmer son amendement ou le corriger, comme si ce n'était pas bien
fait. C'est drôle, on le trouvait bon et on est prêt à le
voter, non pas celui du député de Marguerite-Bourgeoys, d'abord,
parce qu'on ne peut pas admettre un blâme aussi direct que cela, une
réprimande aussi directe que cela à l'endroit du
député de Laval. On va admettre celui du député de
Laval, mais non pas celui du député de Marguerite-Bourgeoys.
En terminant, je voudrais dire, parce que c'est tellement
évident: II y a d'autres moyens de s'y prendre pour faire valoir votre
point de vue. Pourquoi empêcher un projet de loi d'être
adopté? On veut corriger des choses. Chaque fois que vos traditions, vos
méthodes habituelles d'agir sortent, cela vous fait du mal. Si on
pouvait empêcher cela complètement, s'il n'y avait plus de ces
vieilles tactiques électorales de trichage et de "tron-quage" de votes,
si on pouvait empêcher cela, ce serait la démocratie qui s'en
porterait mieux. Essayez donc pour une fois de voter pour une bonne loi qui
voudrait respecter le droit des citoyens à leur vote, qui voudrait
respecter la démocratie, qui voudrait que les élections soient
honnêtes, M. le Président, c'est la recommandation que je fais au
Parti libéral aujourd'hui.
Le Président (M. Jolivet): Avant d'accorder le droit de
parole au député de Jacques-Cartier, j'aimerais, pour les besoins
du journal des Débats et pour le représentant de l'Union
Nationale, vous demander s'il est possible, sans créer de
précédent pour l'avenir, de remplacer le député
Fontaine (Nicolet-Yamaska) par le député Goulet (Bellechasse),
compte tenu que M. Fontaine a dû s'absenter.
Des Voix: Consentement.
Le Président (M. Jolivet): Sauf que c'est comme membre
simplement.
M. Burns: Est-ce que le député de Bellechasse est
intervenant ou membre de la commission?
M. Goulet: Pour ce soir, M. le Président, comme membre, si
c'est possible.
Des Voix: Consentement.
Le Président (M. Jolivet): C'est pour la fin de la
séance.
M. Burns: Je suis d'accord. Il est tellement gentil le
député de Bellechasse qu'on ne peut rien lui refuser.
M. Goulet: Merci.
M. Paquette: Mon collègue de Mercier solliciterait le
même privilège.
M. Godin: Sur le même principe qui vient d'être
reconnu, je voudrais bénéficier du même traitement qui
consisterait à faire remplacer un membre du parti ministériel, M.
Charbonneau, qui n'est pas ici ce soir et que je remplacerais...
M. Burns: Le député de Verchères.
D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M.Godin (Mercier) remplace M.
Charbonneau (Verchères)...
M. Lalonde: Un instant! Je n'ai pas exprimé mon opinion
là-dessus. Je voudrais exprimer mon plaisir, ma satisfaction de voir le
député de Mercier remplacer le député de
Verchères. D'autant plus que cela ne fait aucune différence,
étant donné que, grâce à la décision de la
commission au début de ses travaux, tous les députés ont
le droit de parole, malgré l'intention du député de
Châteauguay de bâillonner tous les députés ici par sa
motion.
M. Burns: Cela fait une différence au point de vue du
vote, cependant.
M. Lalonde: Vous avez peur de vous faire battre?
M. Burns: Non, s'il y a un vote à ce moment, c'est
important... Peut-être qu'on va voter l'article 4 ce soir.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M.le député de Frontenac a
commencé ce soir son intervention d'une façon très
brillante et d'une façon très appropriée pour la
qualité du débat qui a eu lieu avant son intervention. Il nous a
dit que le débat se faisait par un déluge de mots, mais un
désert d'idées.
M. Godin: Nous avons de la difficulté à entendre
l'hydromel mental qui coule de la bouche du député. Est-ce que
vous pourriez parler dans le micro, s'il vous plaît, parce que
déjà mes neurones commençaient à se réjouir
à la seule pensée de vous entendre? Merci beaucoup.
M. Saint-Germain: Au bénéfice du
député de Mercier, je vais approcher mon micro et je vais
répéter ce que j'ai dit, sans que cela compte, j'espère
bien. J'ai dit que le député de Frontenac avait commencé
son allocution en faisant une déclaration excessivement brillante et qui
collait à la réalité des choses. Il nous a dit que le
débat était un déluge de mots dans un désert
d'idées. J'avoue qu'à la suite de ces paroles, je me suis assis
bien confortablement dans mon siège, et c'est avec beaucoup de
satisfaction que j'ai écouté la déclaration du brillant
député de Frontenac. J'ai très bien vu qu'il avait cette
facilité d'élever la qualité du débat à des
sommets qu'on atteint très rarement au niveau de cette commission. (20 h
30)
Une Voix: Pas dans votre cas.
M. Saint-Germain: II faut tout de même admettre que le
député de Frontenac est un homme rempli de talent, qui a une
vaste formation...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier, j'aimerais vous rappeler qu'actuellement, si on se souvient
des amendements et des sous-amendements apportés, nous sommes
actuellement à étudier le sous-amendement qui se lit comme suit:
"De remplacer, à l'amendement du député de Laval, les mots
"la présente séance" par les mots "l'étude des 24 premiers
articles du projet de loi no 3" et qu'il n'est pas question de discuter du
contenu de quelque intervention que ce soit.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'essayais simplement
de tenir le débat au même niveau que le député de
Frontenac...
Le Président (M. Jolivet): Oui, vous avez le droit.
Continuez!
M. Saint-Germain: ... l'a fait, et puisque vous avez permis au
député de Frontenac de parler sur l'amendement tout en le
laissant tenir de tels propos, je croyais que, tous les deux, on était
tout à fait au même diapason et que j'avais le droit d'intervenir
au même palier où M. le député l'a fait.
Considérant sa vaste formation, sa mémoire
phénoménale, sa délicatesse, sa distinction, je dois
avouer qu'il a réellement permis d'apporter une contribution très
positive à nos débats. Il avait peut-être quelques
préjugés défavorables, M. le Président, envers le
Parti libéral, mais il l'a dit avec tellement de finesse et tellement de
gentillesse que nous l'avons écouté très silencieusement
et que nous avons tout de même regretté que son intervention soit
terminée. On lui aurait certainement accordé quelques minutes de
plus.
Pour terminer cette intervention...
Le Président (M. Jolivet): Oui, vous parlez de la
deuxième partie d'une intervention qui a commencé tout à
l'heure et non pas de la première, j'espère, qui a fini à
18 heures.
M. Saint-Germain: Franchement, je n'ai pas fait de
différence entre les deux. Cela m'a semblé être
réellement positif du début à la fin, M. le
Président.
Mais, tout de même, je ne veux pas être brusque, je ne veux
pas être méchant...
M. Lalonde: Mais vous allez l'être...
M. Saint-Germain:... envers le député, mais je veux
simplement lui dire, de façon qu'il puisse bien apprécier la
sagesse que je lui reconnais, peut-être devrait-il penser, pour rester
sage de temps à autre, que, lorsqu'on est dans un château de
verre, on ne lance pas de pierres à qui que ce soit.
Mais enfin, de toute façon, M. le Président, cette motion
d'amendement est, à mon avis, importante...
Le Président (M. Jolivet): Sous-amendement.
M. Saint-Germain: ... de sous-amendement. Elle est importante
parce qu'elle permettra aux députés de s'exprimer sur une loi qui
a réellement son importance.
Je crois sincèrement que tous les députés devraient
avoir, lors de ces débats, au moins l'occasion de s'exprimer sur les
articles mentionnés au sous-amendement. Car, voyez-vous, M. le
Président, pour une fois que les députés n'ont pas
à faire appel à des experts, à des recherchistes pour
s'exprimer d'une façon positive sur une loi et savoir de quoi ils
parlent, c'est bien dans cette loi, parce que cette loi ou les modifications
qu'elle apporte, les députés ont une expérience pratique
de son application.
Nous avons tous fait des élections ici, si je ne m'abuse, et nous
avons tous, d'une façon ou d'une autre, expérimenté ce
genre de loi dans les faits. D'autant plus que l'article 5 du projet de loi
dit: "Le registre est constitué de façon à permettre que
la liste électorale de chaque district électoral soit
adressé suivant la délimitation des sections de vote et selon
l'ordre des numéros de maison là où ils existent et,
ailleurs, selon la méthode déterminée par le directeur
général des élections".
L'article dit bien...
M. Burns: M. le Président, la pertinence du débat.
J'invoque le règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député...
M. Saint-Germain: Vous dites monsieur?
Le Président (M. Jolivet): Non, j'étais simplement
à vous demander de ne pas lire l'ensemble des articles. Je m'excuse,
mais vous devez dire pourquoi vous êtes pour ou contre le
sous-amendement.
M. Saint-Germain: Mais le sous-amendement dit...
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement. Je ne veux pas interrompre le député de
Jacques-Cartier qui commençait son intervention, mais si vous vous
souvenez de mon sous-amendement, c'était de permettre, au fond, à
tous les députés de s'exprimer sur l'étude des 24 premiers
articles. Alors, qu'un député, à l'occasion de son
intervention soità l'encontre ou en faveur de la motion de
sous-amendement, se réfère à un des 24 premiers articles
pour exprimer son appui à la motion, je pense que non seulement c'est
pertinent, mais il pourrait même lire les 24 premiers articles pour dire
pourquoi il approuve que tous les députés soient libres de
s'exprimer sur ces articles, je pense que l'intervention du
député de Jacques-Cartier est parfaitement pertinente, même
si cela ne fait pas l'affaire du ministre d'Etat à la réforme
électorale, je ne sais pas s'il est encore ministre actuellement, mais
en tout cas il est assis là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier, restez le plus près de la pertinence. Comme je le
disais cet après-midi, il est difficile de déterminer si la
personne est pertinente ou non-pertinente en évitant l'impertinence. M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Alors, M. le Président, je vous ai lu
l'article 5 parce qu'il dit bien que le registre sera le registre de chaque
district électoral et que cela concerne et intéresse tous les
députés personnellement et directement. Je crois que c'est tout
à fait pertinent au sous-amendement, puisque l'article 5 fait partie des
24 articles considérés dans l'amendement.
Inutile de vous dire que les députés libéraux sont
très intéressés par ce projet de loi. Je ne vous annonce
pas que nous avons des réticences très sérieuses et que
nous avons réellement apprécié à sa juste valeur le
fait que la commission nous permettait à tous de s'exprimer sur le
sujet. Cette motion de sous-amendement, M. le Président, qui amende la
motion d'amendement pour en arriver à la motion principale, qui est un
refus total de s'exprimer à tout député qui n'est pas
membre de la commission, je crois que le sous-amendement est un pis-aller mais
qu'il mériterait tout de même d'être retenu. Vous
savez...
M. Gratton: M. le Président... Est-ce que le
député de Jacques-Cartier me permettrait une question?
M. Saint-Germain: A la condition que ce ne soit pas pris sur mon
temps, M. le député.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, elle sera prise
sur votre temps.
M. Gratton: J'y vais quand même. J'aimerais demander au
député de Jacques-Cartier s'il ne croit pas que la motion de
sous-amendement du député de Marguerite-Bourgeoys comporte essen-
tiellement un problème politique qui appelle une solution politique?
M. Saint-Germain: C'est certainement un projet de loi politique
qui exige un débat politique et, comme on peut s'en rendre compte, c'est
un débat qui est fait par des politiciens. Mais pour en revenir aux
choses plus sérieuses, le gouvernement devrait savoir que toute
législation, que toute motion principale, amendement ou motion qui veut
empêcher les députés de l'Opposition de parler, ce n'est
certainement pas là une façon d'abréger un débat,
parce que si les députés sont sensibles à leurs droits,
surtout leur droit de parole, et si on veut les empêcher de parler, il y
a constamment une réaction vive. Le gouvernement s'organise certainement
pour que le projet de loi à l'intérieur duquel cette motion est
soumise, que le débat va s'éterniser, croyez-moi!
Les députés sont excessivement sensibles au droit de vote
des citoyens et ils sont très sensibles au fait que la loi ne doit
permettre aucune manipulation et que le droit du citoyen au vote doit
être respecté. Il ne s'agit pas, comme le député de
Frontenac l'a dit, de voir à ce que les morts votent, il s'agit, avec
une telle loi, de voir à ce que les vivants aient le droit de vote. Si
cette loi était acceptée telle quelle, je ne suis absolument pas
certain que tous les vivants auraient le droit de vote. Je crois que, puisqu'on
peut parler du fédéral, on en a souvent parlé au niveau de
cette commission, la réglementation et la Loi électorale du parti
fédéral sont en avance sur la nôtre, et encore plus en
avance sur celle que nous édifions dans le moment.
Vous savez, M. le Président, qu'au niveau de la Loi
électorale, le droit de vote du citoyen est protégé.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Jacques-Cartier, je ne veux pas vous enlever votre droit de parole, je ne veux
pas vous brimer dans votre droit, je veux simplement vous faire mention que
nous étudions le registre des électeurs et que nous
n'étudions pas les amendements à la Loi électorale. Je
pense que ça dépasse un peu les bornes de ce que le projet
lui-même donne.
M. Saint-Germain: Permettez-moi de vous soumettre, M. le
Président, que le registre des électeurs est l'outil de base sur
lequel... et sa modification, c'est l'outil de base. N'importe quelle
modification qu'on fait dans la loi ou dans le registre électoral a une
portée, et c'est ce sous-amendement qui me permet d'être ici et
d'intervenir dans le débat ce soir.
Je disais qu'au niveau du fédéral, même si une
personne n'est pas au registre de la Loi électorale, elle peut faire
appel au président d'élection du comté et, après
avoir été assermentée, elle a le droit de voter. C'est
dire...
M. Lavoie: M. le Président, j'entends...
M. Burns: M. le Président...
M. Lavoie: ... question de règlement.
M. Burns:... j'invoque le règlement justement, parce
que...
M. Lavoie: C'est ce que j'ai fait, M. le Président.
M. Burns: Oui, c'est ça, écoutez, je n'ai pas
d'objection...
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que j'ai demandé
la parole sur une question de règlement?
M. Burns: ... qu'on barratine tant qu'on voudra...
Le Président (M. Jolivet): Je vais en entendre un à
la fois, pour être capable de prendre une décision à la
fois.
M. Burns: Je suis prêt à céder mon droit au
député de Laval.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval, vous avez une question de règlement?
M. Lavoie: C'est justement sur ce point, ça fait trois ou
quatre fois, à la place où je suis assis, à votre gauche,
et votre voisin immédiat, à droite, est le ministre d'Etat
à la réforme électorale, qui constamment, sans demander la
parole, fait des commentaires sur la pertinence ou sur autre chose. Je
l'inviterais à demander la parole, comme je l'ai fait moi-même de
manière régulière, sur une question de
règlement.
Maintenant, sur la question de règlement, deuxième volet,
je ne voudrais pas que mon collègue le député de
Jacques-Cartier soit interrompu constamment, du fait que, dans son propos, il
traite des modifications à la Loi électorale, parce que le projet
de loi 3 est une modification, globale ou partielle ou importante, à
notre Loi électorale. Tout au long de la loi 3, on amende la Loi
électorale, et je vous rappellerais également, dans votre
largesse d'esprit, votre largesse d'interprétation, que nous avons subi,
nous avons entendu, exerçant sont droit de parole de façon
régulière, le député de Frontenac, quand il a fait
l'historique des tournées il était dans les années 1925,
du temps de M. Taschereau, de Chubby Power et tout.
On a tenté de l'interrompre à quelques occasions et
vous-même, vous avez tenté de le faire, et cela a
été peine perdue. On lui a laissé son droit de parole. On
n'était même pas nés lors des incidents qu'il relatait. Je
n'étais pas né à ce moment-là. Taschereau, je ne
l'ai pas connu.
M. le Président, je pense bien que, lorsque le
député de Jacques-Cartier parle de modifications importantes
à la Loi électorale et qu'il faut des comparaisons avec un autre
système de loi électorale que nous avons dans un gouvernement de
notre pays qui s'appelle le Canada, il a le droit d'en parler et cela ne doit
pas être à l'index. On fait le tour de la Loi électorale,
du mode de scrutin et du droit au citoyen de s'exprimer, à l'occasion,
lors des votes, mais c'est un droit sacré aux députés, en
commission parlementaire, de pouvoir s'exprimer le plus librement possible, sur
un sujet qui n'est pas étranger au principe. Le principe n'est
même pas encore adopté. Vous pouvez regarder votre
règlement et voir qu'on peut même apporter des amendements qui ne
sont pas nécessairement étrangers au principe du projet de loi,
qui est une étude globale de la Loi électorale et de l'exercice
des droits démocratiques. Je pense que vous devriez permettre au
député de Jacques-Cartier une latitude dont il n'abuse pas.
Le Président (M. Jolivet): Sauf, M. le
député, que nous sommes sur un sous-amendement et que j'ai voulu
simplement rappeler le député à la pertinence de ce
sous-amendement, en évitant ce qu'il a fait comme digression. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M.le Président, permettez-moi de vous
dire très humblement que les 24 articles mentionnés dans le
sous-amendement sont exactement dans le sens de mon intervention et que je veux
faire ressortir que c'est un projet de loi important. Par conséquent, il
serait nécessaire que le sous-amendement soit adopté, de
façon que tous les députés puissent venir nous donner leur
opinion sur les 24 premiers articles du projet de loi. Il me semblait que les
membres du gouvernement qui sont ici ce soir avaient déjà compris
le sens de mon intervention.
Je disais qu'au point de vue canadien, le droit de vote était
sacré, qu'il dépassait même l'obligation pour un
électeur de se voir enregistré sur la liste électorale et
que, pour aucune raison, on ne pouvait empêcher un électeur de
voter s'il en avait le droit. Ce droit était considéré
comme tellement fondamental et sacré que, même étant absent
de la liste électorale, il peut intercéder auprès du
président d'élection local, se faire assermenter, prouver
à la satisfaction du président qu'il est citoyen canadien et
qu'il a le droit de vote, et le président est obligé de lui
donner le bénéfice du doute. Et si ce citoyen a fait un faux
serment, c'est après les élections que les cours de justice
pourront juger de son comportement.
Mais, pour aucune considération, on ne peut empêcher un
citoyen de voter. Ceci, comme je le disais, si on accepte les 24 premiers
articles de ce projet de loi, il ne ressort pas qu'au gouvernement provincial,
on soit imbu et qu'on permette à chaque citoyen de voter s'il en a le
droit.
M. Marchand: Librement.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qui arrive, en fait? C'est qu'on le
fait passer par tout un labyrynthe de technicités et si, par ignorance
ou par négligence, ou parce qu'il est simplement en dehors du pays
temporairement, il arrive pour voter la journée de l'élection et,
s'il ne s'est pas soumis à toutes ces technicités et s'il n'est
pas sur la liste, il perd par le fait même son droit de vote.
J'aimerais bien entendre tous les députés s'exprimer sur
ce projet de loi. Ou le droit de vote est sacré pour les citoyens, M. le
président, ou il ne l'est pas. S'il ne l'est pas, on ne doit pas
compliquer nos lois à un point tel qu'elles puissent occasionner la
perte du droit de vote de certains citoyens. C'est cela que les 24 articles du
premier...
M. Burns: Le député me permet-il une question?
M. Saint-Germain: Certainement.
M. Burns: Certainement. Elle sera très brève, mais
on va voir la compréhension que le député peut avoir du
projet de loi, même si on dépasse, M. le Président, je m'en
excuse. Vous avez été, je pense, à raison, très
large sur le débat. Le député de Jacques-Cartier peut-il
me dire s'il sait si la loi actuelle permet aux citoyens qui sont absents du
Québec de voter?
M. Saint-Germain: Ce n'est pas le sens de mon intervention, M. le
Président.
M. Burns: Vous venez de parler de cela. M. Saint-Germain:
Oui, si le citoyen...
M. Burns: La loi actuelle permet-elle aux citoyens qui sont
absents du Québec ou même absents de leur lieu de domicile normal
de voter en temps d'élection?
M. Saint-Germain: Vous voulez dire en temps d'élection, la
journée de l'élection?
M. Burns: Oui.
M. Saint-Germain: Oui, on peut voter par anticipation, si c'est
le sens de votre question.
M. Burns: Oui. Dans combien de cas?
M. Saint-Germainn: Ce n'est pas cela que je voulais dire, ce
n'est pas cela le sens de mon intervention.
M. Burns: Non? De quoi voulez-vous parler, là?
M. Saint-Germain: Je veux vous dire qu'il y a tellement de
technicités dans votre projet de loi que le citoyen qui n'est pas sur la
liste perd son droit de vote. Votre projet de loi, qu'est-ce qu'il fait?
M. Burns: Et la loi actuelle dit quoi?
M. Saint-Germain: Elle oblige le citoyen à prouver qu'il a
le droit de vote. En fait, c'est cela.
M. Burns: Et selon la loi actuelle, M. le député de
Jacques-Cartier, si vous n'êtes pas sur la liste, est-ce que vous avez le
droit de vote?
M. Saint-Germain: Si on n'est pas sur la liste, on n'a pas le
droit de vote.
M. Burns: Actuellement. C'est donc la même chose.
M. Gratton: ... qui est différent.
M. Saint-Germain: Je ne défends pas le statu quo.
M. Burns: C'est d'accord.
M. Saint-Germain: Je ne défends pas le statu quo, mais je
ne défends pas l'ancienne loi non plus, M. le Président, mais je
dis qu'il est temps au Québec qu'on ait une Loi électorale qui va
faire...
M. Burns: Je m'excuse, M. le député, mais c'est
parce que j'avais compris... Non, j'ai posé une question.
Une Voix: Cinq questions, voyons.
M. Burns: J'avais compris que vous m'aviez dit, M. le
député, que le projet de loi actuel, qui vous semble si draconien
et vraiment contre les intérêts de la population, enlevait des
droits à la population, droits qu'elle avait en vertu de la loi
actuelle. Il faudrait peut-être nous dire quels sont les droits que ce
projet de loi enlève.
M. Lavoie: Oui, voulez-vous me poser la question? Je vais
répondre.
M. Saint-Germain: ... enlève des droits...
M. Burns: On va commencer à parler du contenu
là.
M. Lavoie: Posez-moi la question, je vais répondre.
M. Burns: Non, c'est le député de Jacques-Cartier
qui a la parole. Je vais vous la poser à vous aussi.
Le Président (M. Jolivet): La parole est au
député de Rosemont.
M. Saint-Germain: Non, je n'ai pas terminé, M. le
Président, je vous en prie.
Le Président (M. Jolivet): Oui, votre temps est
écoulé.
M. Saint-Germain: Non, je m'excuse. J'avais le droit de parole
lorsque M. le ministre est intervenu.
Le Président (M. Jolivet): Certainement.
M. Saint-Germain: Vous ne considérez certainement pas les
déclarations de M. le ministre comme étant les miennes? Je vous
en prie.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez commencé
à parler à 20 h 28. Regardez l'horloge, il est 20 h 50.
M. Lalonde: II a été Interrompu tout le temps.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez eu une seule partie,
à la fin de tout, où le ministre vous a demandé si vous
acceptiez une question, ce qui fait partie de votre temps, et il y a eu deux
questions de règlement. Finalement, votre temps est
écoulé. Le député de Rosemont.
M. Saint-Germain: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Vous n'avez pas à vous
excuser.
M. Saint-Germain: Je ne veux pas critiquer votre décision,
mais je crois que vous êtes relativement sévère, parce
qu'avoir pensé que vous auriez calculé le temps de la sorte, vous
savez pertinemment que je n'aurais pas laissé au ministre le droit de me
questionner.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier, vous savez très bien que, selon le règlement
je n'ai pas besoin de vous le répéter vous avez un
droit de parole de vingt minutes. Vos vingt minutes sont
écoulées. Vous connaissez très bien le règlement et
vous êtes assez, je n'emploierai pas le mot "vieux" à
l'Assemblée nationale dans le sens de connaissance du
règlement, c'est dans le sens d'ancienneté. Vous savez
très bien quelle est la teneur du règlement dans le sens
d'expérience.
M. Saint-Germain: M.le Président...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président,
je demande une directive. J'ai vu d'autres présidents, et sûrement
vous à l'occasion, accorder quelques secondes, parfois trente à
soixante secondes, à un intervenant pour terminer son intervention
lorsque le président lui a indiqué que son temps était
terminé. C'est une question, comme vous le savez, de courtoisie, de
délicatesse. Je suis sûr que vous considéreriez cette
décence élémentaire à l'égard du
député de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Jolivet): Certainement. Je lui ai permis
de dépasser de deux minutes le temps réglementaire.
M. Saint-Germain: Laissez-moi conclure tout simplement, comme la
tradition le veut tout de même, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Je peux vous laisser conclure
en une minute. Allez.
M. Saint-Germain: Pour terminer ma réponse au ministre, je
ne veux pas défendre le statu quo nécessairement, mais là
où il aurait pu y avoir une amélioration, en permettant à
tout citoyen de voter et de prendre la responsabilité du serment s'il
juge à propos de le faire, cette loi complique davantage, pas ses
technicités, la permission ou la capacité du votant, si vous
voulez, à déposer son vote dans l'urne, c'est cela que je veux
dire.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'employer mes vingt minutes, à moins que, comme c'est probable, on m'y
force par de multiples interruptions.
M. Lalonde: C'est une invitation ou une provocation?
M. Paquette: Je ne pense pas que j'aie besoin de vous y inviter,
vous allez y penser tout seul.
M. Lavoie: ... si on ne le faisait pas. M. Lalonde: On
vous promet de dormir.
M. Paquette: Je regrette qu'en vingt minutes, le
député de Jacques-Cartier n'ait pas réussi à nous
convaincre de laisser le droit de parole à tout le monde, y compris
à lui-même, en particulier. C'était ce qu'il
réclamait. Il a eu vingt minutes pour le faire. Imaginez-vous, si on le
laissait parler sur les différents articles du projet de loi, à
quel point nos débats pourraient être éclairés. On
ne serait pas plus éclairé, sur aucun des articles du projet de
loi, qu'on ne l'est sur les raisons pour lesquelles on devrait laisser parler
le député de Jacques-Cartier sur la motion.
Au début de son intervention, on aurait pu croire que
c'était une question de micro. Mon collègue de Mercier, qui a
fait une brève apparition remarquée à cette commission,
nous a dit qu'il souhaitait comprendre l'hydromel qui coulait du cerveau du
député de Jacques-Cartier. Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai
demandé au député de Mercier ce que cela voulait dire.
L'hydromel, c'est le liquide qu'on retrouve à l'intérieur de la
ruche de miel. Quand on a entendu le député de Jacques-Cartier,
on s'est aperçu qu'il ne s'agissait pas d'hydromel, mais plutôt de
diarrhée mentale, parce qu'évidemment, les idées
étaient aussi vides que le temps que prenait le député de
Jacques-Cartier pour les exprimer. Evidemment, une diarrhée mentale,
cela suit généralement un repas gastronomique trop plantureux, et
je dirais même un repos olympique, ces repas olympiques dont s'est
engraissé le parti d'en face. Je pense que c'est une des raisons pour
laquelle ils nous ont présenté ce sous-amendement.
Le Président (M. Jolivet): J'aimerais, bien entendu,
revenir au sous-amendement.
M. Paquette: Certainement, M. le Président. Je pense que,
justement, nos amis de l'Opposition
nous ont présenté ces amendements pour faire durer le
débat, parce que la loi 2 les empêche dorénavant de faire
ces repas gastronomiques olympiques, ils ne peuvent plus tripoter les caisses
électorales et ils aimeraient pouvoir tripoter le vote, M. le
Président. Je pense que mon collègue de Frontenac a donné
plusieurs raisons pour lesquelles on se retrouvait dans un dédale de
motions, de procédures, d'amendements d'un député
libéral, sous-amendés par un autre, qui joue à ne pas
être d'accord avec le premier. Mais il y a aussi principalement ceci:
c'est que non seulement les députés libéraux ne sont pas
d'accord entre eux, mais ils ne sont pas d'accord avec leur chef. Etant
incapables de se mettre d'accord sur une position, M. le Président, ils
étirent le débat.
Toute nouveauté leur fait peur. Ils sont habitués,
maintenant qu'ils ne peuvent plus tripoter les caisses électorales, dans
leur histoire politique, à tripoter le vote et, pourtant, lorsqu'ils
étaient dans l'Opposition en 1973, leur nouveau chef j'avais dit
précédemment dans un débat précédent que le
chef avait changé, mais que le Parti n'avait pas bien changé et
les pratiques électorales non plus l'ancien chef disait, ceci en
1973: On a adopté au Québec le principe d'une liste
électorale permanente, mais on continue de fonctionner comme si l'ancien
système avait été maintenu.
Vous voyez, M. le Président, qu'avec ces motions dilatoires, on
veut maintenir l'ancien système. Si la liste permanente doit être
valable, il faudra que le président général des
élections soit équipé de manière à pouvoir
la dresser et la tenir à jour dans des conditions qui interdisent la
précipitation qui se renouvelle et qu'on voulait
précisément éviter.
Ces motions dilatoires ont pour but d'empêcher le directeur
général des élections d'être équipé de
façon à pouvoir dresser une liste électorale qui
protège le droit de vote des électeurs de façon que les
morts ne votent pas trois ou quatre fois. Avec des moyens adéquats, le
directeur général des élections serait
équipé pour empêcher ce genre de pratique. Le chef du Parti
libéral, qui était éditorialiste dans le temps, disait: II
faudra, en particulier, que la première étape de la confection
des listes se fasse sans l'intervention des partis politiques. M. le
Président, on nous présente ces motions pour maintenir
l'intervention des partis politiques à l'automne, avec l'approche du
référendum, alors que le chef du Parti libéral disait en
1973 c'est vrai qu'il a probablement changé d'idée encore
une fois depuis ce temps-là qu'il ne faut pas que ça se
fasse avec l'intervention des partis politiques. C'est vrai que c'est
embêtant. C'est embêtant que les partis politiques interviennent
dans la confection des listes et ça permet de lever toutes sortes de
débats et de jeter de l'incertitude, de faire accroire aux
électeurs qu'ils sont menacés dans leur droit de vote, et c'est
vrai qu'ils le sont avec un parti comme on a en face, M. le
Président.
Il faut, je pense, donner, comme le disait le chef de l'Opposition, dans
le temps où il était éditorialiste au Devoir
ça fait longtemps de ça, dans le temps qu'il écrivait
bien, il écrivait beaucoup; maintenant, il parle peu sur ce genre de
questions il faut que le président général des
élections soit équipé et il ne faut pas que les partis
politiques interviennent là-dedans.
M. Lavoie: Est-ce que le député de Rosemont me
permettrait une question?
M. Paquette: Si vous voulez.
M. Lavoie: Est-ce qu'il pourrait m'expliquer, en vertu de la loi
qui est devant nous, la loi 4, de quelle manière le recensement... (21
heures)
M. Paquette: La loi no 3.
M. Lavoie: La loi no 3, excusez-moi, l'article 4 suspendu, la loi
no 3, de quelle manière le recensement qui est prévu dans la loi
no 3 se fera-t-il? S'il ne désire pas cette intervention des partis
politiques, par qui sont recommandés les recenseurs, tel que
prévu dans la loi no 3?
M. Paquette: J'aurais le goût de répondre au
député de Laval, par une autre question: Est-ce que vous voudriez
qu'on ne fasse pas intervenir les partis politiques? Est-ce que c'est ce qui
conditionnerait votre acceptation du projet de loi? Le député de
Laval me répondrait non. Même s'il n'y avait pas l'intervention
des partis politiques pour la dernière fois, c'est ce que la loi dit. Le
président des élections va faire une liste et on va faire un
test, on va confronter cela avec un dernier recensement de recenseurs
nommés par les partis politiques. Cela sera la dernière fois.
Cela n'est pas seulement les partis politiques qui vont pouvoir
vérifier. Le directeur général des élections va
avoir ses instruments en main lui aussi. Le Parti libéral ne pourra pas
inscrire des morts pour les faire voter. On va le savoir. On va pouvoir
confronter les listes des recenseurs avec la liste du directeur
général des élections, voilà une des raisons.
L'autre raison, c'est qu'on dirait que le Parti libéral a
tellement de difficulté à recruter son personnel
d'élection qu'il se sent obligé d'avoir un certain nombre de
"fioles" payées pour attirer du monde dans l'organisation et leur donner
des petits travaux à faire, c'est du petit patronage. S'il était
privé de ce genre de recensement où il recommande les recenseurs,
il aurait de la difficulté à se recruter du monde, parce
qu'évidemment, son option fondamentale est une option négative.
Les gens n'embarquent pas là-dedans, que voulez-vous? C'est retarder
l'évolution du Québec, c'est une option de défense, une
option négative. On est contre quelque chose, on est contre la
séparation alors qu'il n'est pas question de cela.
Evidemment, il faut payer le monde. Non seulement, il faut payer le
monde et mettre des banderoles sur des balcons, mais il faut payer le monde en
regroupant des recenseurs et en se servant d'une opération qui,
essentiellement, ne
devrait pas être sous l'égide des partis politiques. Cela
ne devrait pas être les partis politiques qui aident à la
confection des listes. C'est ce que disait le nouveau chef du Parti
libéral en 1973.
Il y a aussi une autre raison pour laquelle on nous présente
à la chaîne des motions dilatoires, on veut faire parler tout le
monde alors que tout le monde manifestement n'a rien à dire. On a vu la
diarrhée mentale du député de Jacques-Cartier tantôt
et on va en voir d'autres, et de plus belles, d'ici minuit ce soir et
demain.
Il y a une autre raison. Vous savez qu'au dernier recensement, le Parti
québécois a dû contrôler le vote des immigrants
reçus. Le Parti libéral, dans Jean-Talon, a contrôlé
le vote des étudiants. Il y a toujours un problème de
vérification du droit de vote, soit que ce soit la citoyenneté ou
encore l'âge ou le domicile. Je suis obligé de soupçonner
le Parti libéral, avec tous les amendements dilatoires et la
façon dont ils se débattent comme de beaux diables dans l'eau
bénite pour que ce projet de loi ne soit pas adopté avant la fin
de la session, je suis obligé de me poser la question s'ils n'aimeraiemt
pas cela, ces incidents, s'ils n'aimeraient pas cela pouvoir en parler à
l'Assemblée nationale. C'est une autre affaire intéressante.
En 1973, le chef du Parti libéral disait: Justement, il faudrait
améliorer le processus de confection des listes..
Une Voix: ...
M. Paquette: Oui, il disait cela en 1973, il a dit cela plusieurs
fois, au moins cinq ou six fois.
Une Voix: Dans le Devoir.
M. Paquette: Bien oui, dans le Devoir. Il disait:
Particulièrement dans le cas des immigrants, cela peut être
très délicat pour un immigrant et c'est très
délicat pour tout parti politique qui essaie de le faire, de se voir
contrôlé par des membres d'un parti politique, à savoir
s'il a le droit de vote. Pourtant, les partis politiques doivent le faire.
Contrairement à ce qu'a dit récemment en contradiction
complète avec ses écrits de 1973 le chef du Parti
libéral, il a dit: Les immigrants devraient avoir le droit de vote,
même s'ils n'ont pas le diplôme.
Le diplôme, M. le Président, c'est la citoyenneté
canadienne, qui est une condition expresse pour avoir le droit de vote à
nos élections. M. le Président, la meilleure façon
d'éviter, encore une fois, l'intervention des partis politiques, qui est
nécessaire dans le contexte actuel, mais qui ne le serait plus dans le
contexte de la loi no 3, la même chose en ce qui concerne le vote des
étudiants que nos amis libéraux s'efforcent de contrôler de
la même façon, j'espère, en tout cas, en faisant respecter
la loi, je l'espère, avec cette loi, nous aurions un processus
indépendant où les partis politiques n'interviendraient pas.
Je suis obligé de conclure, devant le "filibuster" qui dure
depuis deux semaines, où on nous ramène des propositions qu'on
nous avait amenées il y a deux semaines, où on veut entendre,
encore une fois, le directeur général des élections
c'était la motion de ce matin, alors que la dernière fois on nous
avait dit qu'on l'avait assez entendu où on nous amène des
motions dilatoires, contradictoires, je suis obligé de conclure que
l'Opposition libérale aime ces incidents-là. Elle aimerait que
ça se continue. Elle aimerait qu'on puisse mettre en cause la protection
absolue du droit de vote de tous les citoyens, particulièrement dans le
contexte du référendum. Je relie ça à tout le
contexte de dénaturer à l'avance la question: la question ne sera
pas claire, le processus référendaire va avoir des accrocs...
M. Lalonde: Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
question de règlement.
M. Lalonde: J'ai écouté attentivement le
député de Rosemont, j'ai attendu qu'il se dirige tranquillement
vers la pertinence de la motion...
M. Paquette: Vous voulez dire que parler sur le fond du projet de
loi, ce n'est pas pertinent? Je comprends, vous ne voulez pas qu'on parle sur
le fond du projet de loi.
M. Lalonde: Excusez-moi. M. le Président, est-ce que vous
m'avez donné le droit de parole? Tout ce que recherche ma motion, c'est
de permettre à tous les députés de parler sur le fond des
24 premiers articles. Est-ce que le député de Rosemont est contre
ça? C'est ce qu'il doit dire, s'il est pour ou contre.
M. Paquette: Quand j'ai entendu tous les députés de
l'Opposition, en particulier le député de Jacques-Cartier, nous
donner tellement peu d'arguments à l'appui de cette proposition, je me
demande pourquoi on leur donnerait le droit de parole. Qu'est-ce que ça
apporterait de plus au débat? Ils disent tous la même chose...
M. Lalonde: Je vous remercie au nom de la démocratie.
M. Paquette: Si je comprends bien, il y a des dissensions dans le
Parti libéral. Vous ne pouvez pas consulter vos collègues, vous
ne pouvez pas faire de caucus. Il y en a qui sont pour, il y en a qui sont
contre. Si je comprends bien, vous allez me dire que votre chef a gardé
les mêmes idées et qu'il pense que le registre des
électeurs devrait être fait de façon indépendante
des partis politiques, et que si on refuse la motion il ne pourra pas venir
nous le dire. Vous pensez qu'on ne le laissera pas parler ou qu'il n'y en a pas
un de vous qui va lui céder la place s'il est en divergence d'opinions
aec les représentants de votre parti qui sont ici.
M. Lalonde: Est-ce que c'est une question que vous me posez?
M. Paquette: Bien oui.
M. Lalonde: Bon, le chef du Parti libéral a
été présent lors d'une dernière séance, et
immédiatement au moment où il s'est assis sur une chaise comme
observateur, le député de Châteauguay s'est empressé
de l'empêcher de parler.
M. Dussault: M. le Président, ce n'était pas du
tout pour empêcher le chef du Parti libéral de parler. On lui a
même offert, cet après-midi, d'ici minuit, quand il y avait un
amendement à l'effet de faire durer le temps de parole de tous les
députés jusqu'à minuit jusqu'à la fin de la
séance, on a offert au chef du Parti libéral de venir parler ici.
On a voulu écouter le chef du Parti libéral, il n'est pas venu.
Il en a eu l'occasion et il n'est pas venu encore, et on peut bien s'attendre
qu'il ne vienne pas non plus d'ici minuit parce qu'il va venir contredire les
gens de son parti. Cette motion n'a pas été faite du tout, n'a
pas été demandée, au départ, pour empêcher le
chef du Parti libéral de parler. S'il voulait s'exprimer ici, je serais
le premier à lui donner mon consentement pour parler. Eux ne tiennent
pas à ce qu'il vienne, ne veulent surtout pas qu'on lui donne le temps
qu'il faut pour ça parce qu'il contredirait ses propres troupes.
M. Paquette: J'ajouterais à ça que ça fait
un maudit bout de temps qu'à cette commission à peu près
tout le monde a droit de parole. Tout le monde peut venir ici s'exprimer,
ça fait une couple de jours, et on n'a pas vu le chef du Parti
libéral se présenter. Je pense qu'il est bien mal pris avec la
position de son parti. Il est pogné entre ses intérêts
partisans et le tripotage des listes électorales et l'espèce de
halo, de brouillard qu'on veut créer dans la population avec le travail
que doivent faire les partis politiques dans la loi, mais qu'ils n'auraient
plus besoin de faire si c'était rendu indépendant du travail des
partis politiques, donc, les intérêts partisans du Parti
libéral et les intérêts des électeurs, en termes de
protection du droit de vote. Parmi les droits et libertés de la
personne, s'il y en a un qui est important, c'est bien celui de choisir, en
toute liberté et dans le respect absolu de son droit de vote, un
gouvernement, ou, encore, de se prononcer sur l'avenir politique de son peuple,
de sa nation. S'il y a quelque chose d'important, c'est bien ça.
M. le Président, je pense que c'est bien clair que les
députés de l'Opposition ne veulent pas qu'on parle sur le fond de
la motion, ça fait assez longtemps qu'on niaise sur des amendements qui
n'ont ni queue, ni tête et qui se contredisent, ils ne veulent pas qu'on
parle sur le fond, parce qu'ils font passer leurs intérêts
partisans avant les droits des électeurs, le droit de vote des
électeurs qui est sacré. Le pire, c'est qu'ils essaient de
masquer ça devant une soi-disant protection des droits de la
personne.
M. le Président, je pense qu'il y a une autre raison pour
laquelle ils ne veulent pas parler du fond et qu'ils nous présentent ces
motions, ils ont peur que leur tartuferie soit démasquée, M. le
Président, tartuferie bien évidente quand on regarde ce que
disait, encore une fois, le chef du Parti libéral en 1973. Il disait
ceci: "Le plus simple serait de prévoir qu'auront droit de vote tous les
citoyens qui résident au Québec depuis un an et qui peuvent
montrer une pièce d'identité sérieuse, carte
d'assurance-sociale ou d'assurance-maladie, permis de conduire". Il a dit
ça. Non seulement on avait le numéro d'assurance-maladie, comme
dans le projet de loi sur le registre, mais il voulait qu'avant de voter...
J'entendais le député de Jacques-Cartier, tantôt,
dire: II ne faut priver personne de son droit de vote. Votre chef, en 1973,
disait: II faut montrer la carte d'assurance-maladie, parce qu'il connaissait
le Parti libéral dans ce temps-là, il connaissait les machines
à télégraphe du Parti libéral, qu'il y a eu dans le
comté de Rosemont entre autres. Je peux vous dire qui était
dedans, des gars de la FTQ-Construction, ils opéraient
régionalement et ils passaient quelques télégraphes dans
Rosemont, quelques-uns dans Mercier et quelques-uns dans Lafontaine. Le
député de Laval sourit, il est bien au courant de tout
ça.
Evidemment, il y a des membres de son parti qui sont beaucoup plus
naïfs, le député de Laval sait ce que je veux dire.
M. Godin: Dans le document du chef actuel du parti
libéral...
M. Lavoie: Ils sont en train de faire un "filibuster", M. le
Président.
M. Godin:... qui était à l'époque
journaliste au Devoir, il parle d'un permis de conduire comme pièce
d'identité. Est-ce que ça voudrait dire que quelqu'un qui n'a pas
de permis ne pourrait pas voter, d'après la proposition du chef
libéral;
M. Paquette: On comprend qu'il y avait trois cartes: la carte
d'assurance-sociale, la carte d'assurance-maladie...
M. Godin: Un permis de conduire... M. Paquette: ... le
permis de conduire.
M. Godin: ... c'est un peu gênant. Si mon permis est
suspendu pour une raison ou pour une autre, je ne peux pas voter.
M. Grégoire: Oui, et les personnes âgées qui
n'ont plus de permis de conduire, ça voudrait dire qu'on suspendrait
leur droit de vote?
M. Paquette: Bien oui.
Mais je pense que quand même, je suis en désaccord avec mes
collègues, parce que la proposition de l'éditorialiste du Devoir
partait d'un bon naturel. Il voulait empêcher le Parti libéral de
tripoter les votes avec les machines à télégraphe. C'est
ça qu'il voulait faire.
M. Grégoire: Ce sont des voleurs d'élection par
tradition.
M. Paquette: Evidemment, ils ne respectaient pas tout à
fait le droit de vote et il aurait fallu qu'il améliore sa proposition,
mais ça partait d'un bon naturel, M. le Président, il connaissait
le député de Laval, ces gens-là, qui connaissent
ça, les élections, le tripotage du droit de vote. C'est pour
ça qu'ils ne veulent pas...
M. Lavoie: Question de règlement. Avec toutes les
insinuations coulantes et malhonnêtes du député de
Rosemont, est-ce qu'il a des accusations précises à mon
égard?
M. Paquette: M. le Président, j'ai dit que le
député de Laval souriait d'une façon qui laissait entendre
qu'il était au courant que ça se faisait.
M. Lavoie: Vous ne vous rendez pas compte que je souris de votre
intervention.
M. Paquette: Ecoutez, si c'était visible pour tout le
monde, si on a vu, en 1973, cela a été rapporté devant la
commission Cliche, M. Dédé Desjardins qui se promenait dans le
comté de Rosemont et dans d'autres comtés, M. le
Président...
M. Ciaccia: Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Un instant, M. le
député de Rosemont, question de règlement.
M. Paquette: Si, nous, on le savait, le député de
Laval le savait.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont, question de règlement. Avant de vous accorder votre question
de règlement, je dois dire que le temps du député de
Rosemont est écoulé.
M. Ciaccia: Très bien, mais je voudrais soulever ma
question de règlement quand même.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Ciaccia: Je me réfère à l'article 99, je
pense qu'il est temps qu'on cesse les attaques personnelles sur...
M. Grégoire: Ce n'est pas personnel. M. Ciaccia:
Oui, sur les membres...
M. Paquette: Parlez du fond et on va commencer à discuter
sérieusement.
M. Ciaccia: ... de l'Assemblée nationale. Il y a un
article, dans notre règlement, l'article 99, qui empêche
spécifiquement, il y a une prohibition du genre d'attaque que les
membres du Parti québécois font à l'endroit des membres du
parti de l'Opposition officielle. Je me réfère aux attaques
personnelles à l'endroit du député de Laval, l'ancien
président de l'Assemblée nationale qui a rédigé
notre règlement.
M. Paquette: M. le Président... M. le Président...
M. le Président.
M. Ciaccia: II y a des limites, M. le Président, et je
vous demande de ramener à l'ordre le député de Rosemont et
de donner un avertissement. S'ils veulent discuter de la motion, qu'ils en
discutent, s'ils n'ont rien à dire, excepté des accusations
personnelles, qu'ils tiennent compte du règlement et qu'ils s'y
conforment. (21 h 15)
M. Paquette: En vertu de l'article 96, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: J'aimerais dire que je n'ai pas accusé le
député de Laval d'avoir monté une machine à
télégraphes, je ne l'ai pas accusé d'y avoir
participé. J'ai dit que si, nous autres, on était au courant,
lui, avec le temps qu'il a passé en politique dans ce parti, il devait
être au courant lui aussi. C'est tout ce que j'ai dit, M. le
Président.
J'aimerais ajouter une chose. Dans le Parti libéral, il y avait
des gens honnêtes et il y en avait d'autres qui ne l'étaient pas.
Ce n'est pas une question de parti. C'est une question d'empêcher que
cela se reproduise à l'avenir, comme on l'a fait dans le financement des
partis politiques. C'est pour cela qu'il est important d'adopter cette loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, me permettez-vous de
conclure, comme vous l'avez permis au député de
Jacques-Cartier?
Le Président (M. Jolivet): Brièvement. Des Voix:
Consentement.
M. Paquette: Je vais être très bref. Si on
soulève toutes ces choses-là du député de...
M. Ciaccia: De Mont-Royal.
M. Paquette: De Mont-Royal, c'est cela. Cela fait longtemps qu'on
ne s'est pas vus à une motion. Le député de Mont-Royal
dit: On devrait embarquer dans la discussion du projet de loi. C'est cela qu'on
attend, M. le Président. Et je constate que ce sont les
députés d'en face, avec toutes leurs motions dilatoires, qui ne
veulent pas, qui ne veulent donc pas discuter du fond du projet de loi. Si vous
voulez faire un "filibuster", vous pourriez le faire sur chacun des articles
contenus dans le projet de loi. Mais, au moins, on pourrait discuter du fond,
vous ne voulez même pas qu'on discute du fond.
M. Dussault: Ils ont peur.
M. Paquette: Vous avez peur, parce que votre dossier est
mauvais.
M. Gratton: Qui a fait la première motion?
M. Paquette: Votre prétexte de la confidentialité,
c'est un prétexte poreux, M. le Président, parce que le registre
des électeurs est celui qui contient le moins d'information, qui
n'attaque aucunement la vie privée des citoyens.
M. Gratton: Avez-vous besoin d'aide, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Paquette: En tout cas, bien moins que les propositions du chef
du Devoir en 1973. Et c'est un prétexte...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont, je m'excuse. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je voudrais vous
donner les raisons pour lesquelles nous devons voter en faveur de la motion
d'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys.
Premièrement, quelle est l'origine de cette motion? Il est bon de se le
rappeler. On nous parle d'un "filibuster" de notre côté. Je suis
ici depuis 20 h 15 et, depuis ce temps, je n'ai entendu parler que les membres
du parti ministériel. Qui fait le "filibuster"? Ce n'est pas nous
autres, c'est vous autres.
L'origine de notre motion, c'est le consentement unanime de la
commission, qui a donné le droit de parole à tous les
députés devant cette commission. Arrive un moment où le
chef du Parti libéral se présente en commission...
Une Voix: A titre d'observateur.
M. Ciaccia: Exactement, il est venu à titre d'observateur
et, tout d'un coup, les membres du parti ministériel ont grimpé
dans les rideaux. Le député de Châteauguay a voulu retirer
son consentement, M. le Président.
M. Dussault: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Question de
règlement.
M. Ciaccia: II y a une question de règlement.
Le Président (M. Laberge): M.le député de
Châteauguay.
M. Ciaccia: Ce n'est pas sur mon temps que cela va être
pris.
M. Dussault: M. le député de Mont-Royal revient
continuellement sur la motion qu'il dit être venue du
député de Châteauguay qui voulait éviter les effets
d'un "filibuster", qui voulait diminuer l'ampleur d'un "filibuster".
M. Ciaccia: Arrêtez de parler. Arrêtez donc de
parler, si vous voulez éviter les "filibusters". D'accord?
Le Président (M. Laberge): A l'ordre!
M. Ciaccia: Je vais expliquer et, à ma façon, non
pas à votre façon, les raisons pour lesquelles je suis en faveur
de cette motion.
M. Dussault: C'est sur l'amendement qu'il doit parler
actuellement, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Mont-Royal, un instant! Avez-vous terminé, M. le député de
Châteauguay?
M. Dussault: Oui, M. le Président, je voudrais revenir
à la pertinence. Le député de Châteauguay tient
à dire que, s'il a apporté la motion, c'était pour
diminuer l'ampleur du "filibuster" qui était annoncé, qui
était clair. Toutes les couleurs étaient sur la table, toutes les
cartes étaient sur la table, on les connaissait, M. le
Président.
M. Lalonde: Ce que vous vouliez faire, c'était de
museler.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Ciaccia: Le grand démocrate de Châteauguay.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Gatineau.
M. Ciaccia: II va y avoir des inondations dans votre
comté, faites attention à vous.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Mont-Royal, M. le député de Gatineau a la parole.
M. Marchand: C'est la meilleure façon... un voyage de bois
mort.
M. Gratton: M. le Président, je maintiens... M. le
Président, est-ce que j'ai le droit de parole?
J'interviens sur une question de règlement. Je m'en excuse
auprès du député de Mont-Royal. Il me semble qu'il est
tout à fait dans l'ordre, pour le député de Mont-Royal, de
rappeler en vertu de quel geste, du geste de quel député, nous
sommes appelés à débattre une motion d'amendement. S'il
n'y a pas de motion du député de Châteauguay, il y a, bien
entendu, pas de motion d'amendement ou de sous-amendement de l'Opposition
officielle, M. le Président. Et je dirais que si, jeudi dernier, le
député de Châteauguay et le ministre d'Etat à la
réforme électorale n'avaient pas pris peur lorsqu'ils ont vu le
chef du Parti libéral se présenter à la commission,
même pas demander le droit de parole.
M. Dussault: Oui, on tremblait.
M. Gratton: Vous en trembliez assez, en tout cas, pour refuser
votre consentement unanime,
pour présenter une motion qui a accaparé tout le
temps...
M. Paquette: Allez le chercher tout de suite, vous avez encore
une heure et demie, et on peut dépasser minuit à part cela, si
vous voulez.
M. Gratton: M. le Président, j'ai la parole.
M. Dussault: On est prêts à l'écouter, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre!
M. Dussault: Allez le chercher, on a hâte de
l'entendre.
M. Grégoire: Allez le chercher.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre!
M. Dussault: Cela va être intéressant. On est
convaincus de cela.
M. Grégoire: II a peur de venir. Une Voix: Je suis
venu pour lui.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Laberge): Un instant! M. Gratton:
Ai-je la parole, M. le Président? M. Dussault: On va voir qui
a peur.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! M. le député de Gatineau n'a pas
terminé.
M. Dussault: II ne viendra pas, M. le Président. On est
sûr qu'il ne viendra pas. Ils ont peur que vienne le député
d'Argenteuil, parce qu'ils savent très bien qu'on va l'arranger avec ses
déclarations en contradiction avec celles des députés du
Parti libéral qui sont ici actuellement.
M. Gratton: Oui, comme vous l'avez arrangé dans
l'élection complémentaire d'Argenteuil.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
M. Gratton: 9200 de majorité. Parlez-en au
député de Maisonneuve qui s'en va en arrière du
trône.
M. Dussault: C'est une autre question.
M. Paquette: Attendez que les gens le connaissent mieux.
M. Gratton: Demandez-lui comment cela a bien été,
les menaces d'Emilien Maillé et... dans Argenteuil.
Le Président (M. Laberge): Messieurs, à
l'ordre!
M. Dussault: Faites venir votre chef ici, "gang " de peureux.
Une Voix: Retirez votre motion.
M. Gratton: Parlons-en des résultats dans Argenteuil, si
vous voulez.
Urte Voix: Museau! Une Voix: Bâillon!
Le Président (M. Laberge): Je suspends les travaux de la
commission pour trente secondes.
Suspension de la séance à 21 h 21
Reprise de la séance à 21 h 22
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, messieurs!
Le député de Gatineau a toujours la parole. Vu que vous
avez tous respiré comme il faut, pris une longue respiration, M. le
député de Gatineau, reprenez votre parole.
M. Gratton: Je terminerai ma question de règlement en
disant que si on a passé toute la journée d'aujourd'hui à
débattre une motion visant à enlever le droit de parole aux
députés qui ne sont pas membres de cette commission, ce n'est pas
au parti de l'Opposition officielle qu'il faut le reprocher, c'est au parti
ministériel, au député de Châteauguay et au ministre
qui l'a endossé.
Quant à nous, si nous avions continué, comme
c'était le cas depuis trois semaines...
M. Grégoire: A l'ordre!
M. Gratton: ... nous aurions, il y a longtemps, disposé de
la motion d'amendement sur l'article 4 et nous aurions sûrement
adopté un certain nombre d'articles au cours de la journée, avec
des amendements, bien entendu. M. le Président, si nous n'avons pu le
faire, c'est uniquement et strictement à cause d'une motion du
député de Châteauguay que nous nous sommes vus
forcés d'amender et de sous-amender, et que nous continuerons de
discuter tant et aussi longtemps que le gouvernement n'aura pas compris.
M. Dussault: On est prêt à voter, M. le
Président, nous autres.
Le Président (M. Jolivet): Seulement un instant! Je vais
vous la donner, cela ne sera pas long. Je vais répéter ce que
j'ai répété cet après-midi. Les membres
intervenants de cette commission, ainsi que les membres, ont le droit de
parole. J'ai-
merais que toute personne qui vient s'ajouter... M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet):... au groupe elle a le
droit encore, la motion n'est pas votée pour me permettre de bien
suivre le débat, ne vienne en aucune façon déranger par
des interventions en petit caucus. M. le député de Frontenac, sur
une question de règlement.
M. Grégoire: A la suite de l'accusation qui a
été portée par le député de Gatineau, disant
que nous faisons un "filibuster", nous sommes prêts à voter
immédiatement sur le sous-amendement.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une question de règlement,
cela!
M. Grégoire: Immédiatement. On verra qui fait un
"filibuster".
Une Voix: Question de règlement!
M. Grégoire: Alors, nous défierons le chef du Parti
libéral de venir ici. Il a peur, votre chef, de venir ici. On le
défie!
Une Voix: Question de règlement!
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, messieurs!
M. Grégoire: Relevez le défi!
M. Ciaccia: Retirez votre motion!
Le Président (M. Jolivet): La tempête est-elle
passée?
M. Grégoire: C'est un défi! Relevez le défi!
Qu'ils amènent leur chef.
Le Président (M. Jolivet): Merci.
Une Voix: C'est un orage.
Le Président (M. Jolivet): Oui, je crains.
M. Grégoire: Amenez votre chef.
M. Dussault: II ne viendra pas, le chef, ils ont peur des
contradictions.
M. Grégoire: Amenez le Saint-Esprit.
Le Président (M. Jolivet): La parole était au
député... Quand bien même vous répéteriez
cinq fois le même argument, je l'ai entendu depuis tout à l'heure,
mais la parole était au député de Mont-Royal. Si on veut
bien lui permettre de l'utiliser, de part et d'autre, je tiendrai compte, dans
le droit de parole du député, de ce qui vient de se passer.
M. Lalonde: Seulement trois minutes.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. J'ai à peine
commencé mon intervention qu'on m'a interrompu immédiatement sur
des questions de règlement. M. le Président, la mauvaise foi
existe du côté du parti ministériel. Depuis 11 heures ce
matin, il essaie d'empêcher que tous les députés puissent
venir à cette commission pour intervenir sur le projet de loi.
Après cela, ils veulent nous accuser, nous, de faire un
"filibuster".
Si le député de Châteauguay n'avait pas introduit sa
motion, on aurait pu commencer la discussion sur les articles. On aurait
commencé sur le fond... Non seulement le député n'a pu
réussir à retirer son consentement, parce que le
président, dans sa décision, a dit qu'on ne pouvait pas retirer
un tel consentement, pour démontrer qu'ils ne voulaient pas qu'on
discute sur le fond, c'est le député de Châteauguay qui a
introduit la motion.
M. Dussault: Pour diminuer l'ampleur du "filibuster", M. le
Président.
M. Ciaccia: A la suite de cette motion, M. le Président,
pour rétablir un peu les faits...
M. Dussault: Et faire preuve de la mauvaise foi du Parti
libéral.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre! Ma patience va en
prendre un coup ce soir.
M. Dussault: Ils ne sont pas contents de le faire à cinq,
le "filibuster", M. le Président, ils ont besoin de le faire à
dix. Ils étaient dix cet après-midi.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Lavoie: Pouvez-vous rappeler le député de
Châteauguay à l'ordre...
M. Ciaccia: M. le député de Châteauguay,
allez donc aux toilettes pour quelques minutes, pour que je puisse finir mon
intervention! Allez donc aux toilettes!
Une Voix: C'est parce qu'ils ne sont pas assez bons.
M. Dussault: Ils ne peuvent pas faire ça à cinq, un
"filibuster", ils ont besoin d'être dix, M. le Président, pour
faire ça.
M. Paquette: Ils ont peur de ne pas être capables à
cinq.
M. Lavoie: Est-il assez fatiguant, celui-là! M.
Lalonde: II est énervé...
M. Gratton: C'est un président de commission, M. le
Président.
M. Grégoire: Appelez-là, la main de Dieu! M.
Dussault: C'est une autre question.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, vous avez la parole.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Alors, à la
suite de la motion du député de Châteauguay, le
député de Laval a fait un amendement, mais ça,
c'était ce matin. Les conditions ont changé cet
après-midi. Ils ne nous ont pas donné le droit... encore
contesté... Ils n'ont pas accepté les interventions de tous les
députés ministériels. C'était leur droit. Mais,
est-ce qu'ils voulaient qu'on débatte le fond des articles du projet de
loi? On était à l'article 4... Là, ils ne nous ont pas
permis.
Cet après-midi, tard cet après-midi, tout d'un coup, ils
ont dit: Maintenant, on pourrait peut-être accepter la motion du
député de Laval. A ce moment-là, il était trop
tard, parce que les conditions étaient changées. La durée
de la séance venait d'être réduite de cinq heures. Alors,
le député de Marguerite-Bourgeoys, non pas pour contredire le
député de Laval, mais pour nous permettre de faire nos
interventions qui sont nécessaires, a été obligé
d'apporter cet amendement...
M. Dussault: Les arguments qu'on a apportés cet
après-midi sont tout à fait le contraire de ça.
M. Ciaccia:... pour donner à tous les
députés le droit de parole.
Le Président (M. Jolivet): Messieurs, un instant. M. le
député de Châteauguay, je vais avoir l'obligation de vous
rappeler à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Dussault: Oui, M. le Président. M. Lavoie: ...
une deuxième fois.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. C'est bien difficile,
franchement, de faire nos interventions...
M. Lalonde: ... des valiums pour eux?
M. Ciaccia: M.le Président, ce sont un peu les raisons
pour lesquelles nous sommes devant cette motion. C'est vraiment la faute du
parti ministériel S'ils sont tellement intéressés à
discuter sur le fond, qu'ils retirent la motion du député de
Châteauguay. Qu'ils la retirent et qu'ils permettent à tous les
députés de l'Assemblée nationale d'intervenir.
M. Dussault: Est-ce que c'est une offre, M. le
Président?
M. Ciaccia: Savez-vous pourquoi c'est important, M. le
Président, que chaque membre de l'Assemblée nationale puisse
intervenir?
M. Dussault: C'est une offre, M. le Président? Est-ce que
c'est une offre qu'on nous fait là? C'est une offre qu'on nous fait de
retirer notre motion?
M. Lavoie: Vous le regrettez?
M. Dussault: Mais, pas du tout! Pas du tout! Si on nous fait une
offre, peut-être peut-on la considérer.
M. Gratton: ...
M. Ciaccia: Autrefois, M. le Président, il y avait une
bibliothèque ici. Si la bibliothèque existait encore,
j'inviterais le député de Châteauguay d'y aller, parce que
ça me permettrait de continuer mon intervention.
M. le Président, pourquoi est-ce important que chaque
député puisse avoir le droit d'intervenir dans ce projet de loi?
Je vais vous donner un exemple concret. Il y a eu des expériences
très pénibles dans certains comtés dans la région
de Montréal à la suite du dernier recensement. Des
représentants du Parti québécois ont essayé
d'enlever, sur la liste des électeurs, des personnes qui faisaient
partie de groupes ethniques. Cela s'est produit à Saint-Léonard.
Cela s'est produit même dans le West Island. Il y a même des
membres de ma famille, M. le Président, on a essayé d'enlever
leur nom de la liste électorale dans le comté de Pointe-Claire.
Alors, pourquoi... C'est important, même si je ne fais pas partie de
cette commission, que je vienne ici intervenir, donner mon point de vue,
à savoir comment rédiger ce projet de loi pour empêcher que
ces choses se produisent encore. Cela s'est produit dans toute l'île de
Montréal, dans tous les districts où il y avait des
électeurs qui faisaient partie de groupes ethniques. On essaie d'accuser
le Parti libéral, on retourne à Taschereau. Pas besoin de cela.
En 1976, en 1977, le Parti québécois veut que seulement les
personnes qui vont voter pour le Parti québécois soient sur la
liste électorale c'est pour cela qu'on veut intervenir. (21 h 30)
M. Grégoire: Les faux certificats?
M. Ciaccia: C'est pour cela qu'on n'accepte pas le projet de loi
3. C'est seulement ceux qui vont voter pour le Parti québécois
qui vont être sur la liste électorale, les autres n'auront pas le
droit. M. le Président, cela n'est pas notre démocratie. Pour ces
raisons, tous les membres de l'Assemblée nationale doivent avoir le
droit de venir ici.
A part de cela...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, seulement une minute, parce qu'il y a deux personnes de part et
d'autre de la salle qui se font des menaces.
M. Gratton: Qui sont-ils? Nommez-les, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): J'aimerais ne pas les nommer
pour ne pas être obligé de me faire servir le règlement 99.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que le député de
Châteauguay, par sa motion, ou pour son refus, ou les
députés ministériels, par leur refus d'accepter la motion
du député de Marguerite-Bourgeoys veulent dire à la
population et à l'Assemblée nationale que des
députés comme le député de Johnson, par exemple,
qui a une expérience vaste dans ce domaine, n'aura pas le droit de venir
donner son opinion; que le député de Mégantic-Compton, que
le député de Brome-Missisquoi, que le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, que ces gens ne pourraient pas apporter un point de
vue valable, leurs expériences, leurs suggestions pour bonifier votre
projet de loi? Est-ce que c'est cela que le Parti québécois nous
dit? Cela n'est pas une question de... s'ils sont tellement
intéressés à discuter sur le fond, qu'ils permettent
à tous les députés de le faire. Vous venez de perdre toute
une journée, cela fait depuis 11 heures ce matin...
M. Paquette: M. le Président, est-ce que le
député peut me permettre une question?
M. Ciaccia: ... que vous faites de la procédure...
Le Président (M. Jolivet): Seulement une minute, il y a
une question...
M. Paquette: Est-ce que je pourrais vous poser une question, M.
le député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: A la fin de mon intervention... M. Paquette:
D'accord, je ne veux pas...
M. Ciaccia: ... parce que je suis limité dans mon droit de
parole.
M. Godin: M. le Président, il y a eu un... M. Paquette:
II ne veut pas. Ah bon!
M. Ciaccia: Je suis limité dans mon droit de parole.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Question de
règlement au député de Papineau.
M. Alfred: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): J'espère que cela va
être une question de règlement.
Des Voix: On écoute.
M. Alfred: Depuis que je suis arrivé, le
député...
M. Lalonde: Cela ne sera plus pareil.
M. Alfred: ... de Mont-Royal et je n'ai pas pu savoir ce qu'il
veut dire. Il répète, il répète, il
répète, est-ce qu'il le fait par exprès pour faire perdre
le temps de la commission?
Le Président (M. Jolivet): M.le député de...
M. Alfred: C'est l'argent des Québécois qui...
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Papineau.
M. Paquette: C'est cela, on comprend vite, cela ne fait que cinq
secondes qu'il est ici et il l'a vu tout de suite.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Mont-Royal, la parole est à vous. Je n'ai pas...
M. Alfred: Mais...
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Papineau...
M. Alfred: Excusez-moi, mais il ne dit rien.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Papineau, c'est votre droit de penser ce que vous voulez. Vous aurez le droit
d'intervenir tout à l'heure, vous pourrez le faire en temps et lieu.
M. Paquette: Cela ne prend pas grand temps pour s'en
apercevoir.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Alfred: J'aurai à parler des vérités
libérales bientôt.
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Gratton: Cela serait préférable que vous ne
livriez pas le fond de votre pensée trop souvent.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Alfred: Je vous parlerai des Régis Trudeau aussi.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Papineau.
M. Alfred: Je parlerai des caisses occultes.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Papineau, je ne voudrais pas avoir besoin de vous rappeler à l'ordre. M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: C'est malheureux, je regrette, si le
député de Papineau ne comprend pas ce que je dis, les raisons que
j'ai invoquées pour donner le
droit à tous les députés de l'Assemblée
nationale de venir intervenir, je sais que cela fait partie de nos droits
démocratiques, mais j'aurais pensé que je n'aurais même pas
eu besoin de répéter ce que j'ai dit pour le
bénéfice du député de Papineau. Je tenais seulement
à lui rappeler que si la motion du député de
Châteauguay était adoptée, le député de
Papineau n'aurait même pas eu le droit d'intervenir.
M. Lavoie: La motion du député de
Marguerite-Bourgeoys est autant au bénéfice du
député de Papineau qu'à celui du leader parlementaire et
le chef de l'Opposition officielle. Comprenez-vous? Les droits individuels,
vous ne le comprenez pas. Vous voulez bâillonner, arrêter, couper
les discussions. La seule chose que vous faites, c'est que vous critiquez
personnellement et vous remontez à 1929...
M. Paquette: Non, non.
M. Ciaccia: Ce qui est arrivé, le "crash"...
M. Paquette: On parlait de 1970, de 1973 et de 1976, M. le
Président.
M. Ciaccia: Tout, excepté de parler sur le fond,
écoutez, il y a une limite.
M. Blank: Vous parliez du carré Saint-Louis.
M. Paquette: On parlait de Dédé Desjardins, la
machine à "télégraphes".
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre!
M. Ciaccia: Vous voulez parler de 1976? On va vous en parler de
1976...
M. Godin: Je vais vous en parler tout à l'heure de
1976.
M. Ciaccia: Au cas où vous n'auriez pas entendu quand je
vous ai dit ce qui s'est produit à Saint-Léonard et dans le
comté de Pointe-Claire, quand les représentants de votre parti
enlevaient, sur la liste électorale, les noms des groupes ethniques.
D'accord? C'est arrivé aux membres de ma famille.
M. Paquette: Ah, vous voulez mettre fin à ça?
Adoptez le projet de loi.
M. Godin: Votez pour le projet de loi.
M. Ciaccia: C'est pour cette raison que je veux intervenir parce
que je ne veux pas que ça se reproduise. Comprenez-vous?
M. Godin: M. le Président, question de
règlement.
M. Ciaccia: Des robots sur vos ordinateurs, George Orwell,
"1984", je n'en veux pas du tout de ça. Comprenez-vous?
M. Godin: Question de règlement...
M. Dussault: ...
Une Voix: M. le Président.
M. Ciaccia: Si je veux être sur la liste, c'est de mes
affaires et je ne veux pas être sur votre ordinateur. Comprenez-vous?
"1984", ça va se produire en 1979 avec votre projet de loi.
Comprenez-vous?
M. Godin: C'est pour éviter ces
problèmes-là, le projet de loi.
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre! A l'ordre!
Suspension des travaux pour...
Suspension de la séance à 21 h 36
Reprise de la séance à 21 h 39
Le Président (M. Jolivet): En espérant que les
esprits ont eu le temps de se calmer, le député de Mont-Royal,
avec l'interruption de cinq minutes, a encore près de dix minutes.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. M. le
Président, un nommé George Orwell a écrit un livre qui
s'appelle 1984. Dans ce livre, on préconise un genre de
société où Big Brother, le gouvernement, va tout
contrôler, jusqu'au point où il y aura des
téléviseurs dans les chambres des maisons des personnes,
reliés directement au gouvernement. On pourrait bien dire, selon le
raisonnement que vous nous donnez: Si, dans ta chambre à coucher, tu ne
fais rien de mal, ça ne te fait rien d'avoir un téléviseur
là. C'est le même raisonnement que vous nous donnez sur votre
ordinateur. On ne veut pas être là-dessus. C'est le genre de
société que vous préconisez dans le projet de loi no 3,
non seulement dans le projet de loi 3, dans tous vos projets de loi. Je
pourrais vous en faire une liste: le 4, le 2.
C'est pour ces raisons, ce n'est pas parce qu'on ne veut pas discuter du
fond qu'on a fait les amendements et les sous-amendements. C'est parce que tous
les députés de l'Assemblée nationale qui sont
attaqués directement par le projet de loi doivent être en mesure
de venir ici et défendre les intérêts de la population pour
empêcher ce genre de société que veut imposer le Parti
Québécois au Québec. Vous pensez qu'on ne veut pas
discuter sur le fond? J'aurais une proposition. Je n'en ai pas discuté
avec mes collègues, mais c'est le gros bon sens. Si le
député de Châteauguay est prêt à retirer sa
motion, je pense bien que l'Opposition officielle va retirer ses amendements et
ses sous-amendements. Montrez votre bonne foi. Je vous défie de montrer
votre bonne foi. Retirez votre motion, vous allez voir qu'on va commencer
à discuter immédiatement sur le fond, sur les articles du projet
de loi.
M. Dussault: M. le Président, je voudrais dire au
député de Mont-Royal que je réfléchis très
sérieusement à l'offre qu'il nous fait, et j'aurai
peut-être quelque chose à dire d'ici quelques minutes. Je
l'écoute parce qu'il m'a l'air de s'ouvrir vraiment sur le contenu et
sur la question fondamentale du projet de loi...
M. Ciaccia: Question fondamentale.
M. Dussault: C'est ce qui nous préoccupe et cela me fait
réfléchir bien gros. Je vais revenir d'ici quelques minutes.
M. Ciaccia: Question fondamentale pour laquelle vous venez nous
faire perdre notre temps depuis 11 heures, ce matin.
M. Dussault: Je vais revenir d'ici quelques minutes, j'ai
réfléchi beaucoup.
M. Gratton: Me permettez-vous de dire que j'appuie
entièrement l'offre que vient de faire le député de
Mont-Royal? Quant à moi, je me rends garant de l'acceptation de mes
collègues de Marguerite-Bourgeoys et de Laval, ils accepteront je
m'en fais fort de les en convaincre de retirer leurs motions
d'amendement et de sous-amendement, si le député de
Châteauguay retire sa motion et nous passerons, dès lors, à
l'étude de l'article 4, auquel il nous apparaît plus qu'urgent de
revenir M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, vous avez toujours la parole.
M. Ciaccia: M. le Président, je pense que j'ai fait une
offre, de bonne foi et je pense que j'ai été appuyé par
mon collègue de Gatineau, pour démontrer au gouvernement, au
parti ministériel, que nous sommes de bonne foi et que nous voulons
discuter sur le fond. Nous sommes prêts et c'est seulement cela qu'on
attend.
M. Dussault: M. le Président, si le député
de Mont-Royal me le permet, il nous offre le retrait de leur sous-amendement et
de leur amendement en échange du retrait de ma motion.
M. Ciaccia: Oui.
M. Dussault: Je voudrais savoir du président si, sur
simple consentement, il sera possible de réaliser cet échange, et
je voudrais avoir la garantie qu'il y aura consentement de la part de tous les
membres de la commission. Il ne faudra pas que quelqu'un regimbe et qu'on ait
des problèmes. Cet échange se ferait simultanément,
évidemment.
Le Président (M. Jolivet): Sur la même
frontière, j'espère.
M. Lalonde: Un échange de prisonniers.
M. Burns: Le député de l'Union Nationale, est-ce
qu'il est...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse?
M. Goulet: Consentement.
Le Président (M. Jolivet): Je constate les faits comme
président. A moins qu'une personne qui a le droit de vote je fais
bien mention du droit de vote s'y refuse, je serais prêt à
constater qu'il y a consentement pour que les motions de sous-amendement,
d'amendement et la motion principale soient retirées toutes à la
fois, de façon qu'on puisse revenir à la motion d'amendement du
député de Laval sur la motion principale, à l'article no
4.
M. Dussault: Ce serait cela l'effet, effectivement, M. le
Président. (21 h 45)
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas le droit de vote,
mais, comme intervenant, j'ai le droit d'être informé. Est-ce que,
ceci étant fait, comme président, vous considérez que tous
les députés auraient le droit d'intervenir à cette
commission?
Le Président (M. Jolivet): Si les trois motions
disparaissaient, de consentement, je tiendrais pour acquis qu'il n'y a jamais
eu de motions principales, d'amendement et de sous-amendement, de telle sorte
que la motion principale déjà existante, qui est celle du
consentement du 16 mai dernier, est toujours existante, ce qui fait en sorte
que l'article 148.1 et l'amendement 148a du règlement permettent
à l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale
d'intervenir sur le projet de loi.
M. Paquette: M. le Président, constatant que,
manifestement, les députés de l'Opposition officielle ont besoin
de renfort et ont besoin de faire parler tous leurs collègues, je vais
donner mon consentement.
Le Président (M. Jolivet): N'ayant personne qui s'y
oppose, d'après ce que je conçois, nous sommes donc prêts
à revenir à l'amendement du député de Laval sur
l'article 4, amendement, si on se souvient, qui se lisait comme suit: "A
l'effet de soustraire à l'article 4 du projet de loi, après les
mots "sa date de naissance", les mots "et le numéro inscrit sur la carte
qui lui a été délivrée en vertu de l'article 8 de
la Loi de l'assurance-maladie (1970, chapitre 37)." C'est sur cet amendement
que nous en étions au moment de ce début de discussion qui nous a
amenés jusqu'à 21 h 46, ce soir.
M. Gratton: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Peut-être que vous alle2
me demander qui a le droit de parole,
combien de temps reste à chacune des personnes. Je dois vous dire
que, compte tenu de tout ce qui s'est passé, compte tenu du temps qui a
été tenu à l'époque, nous n'avions presque pas, en
aucune façon, de part et d'autre, discuté de cet amendement.
M. Gratton: M. le Président, je vous remercie et je suis
sûr que vous comprendrez que cela fait maintenant sept heures et trois
quarts que nous avons passées aujourd'hui à débattre la
motion que vient de retirer le député de Châteauguay, plus
une heure, jeudi dernier. Cela étalé sur quatre jours, vous
comprendrez sûrement pourquoi il m'avait échappé et j'avais
oublié si on avait abordé l'étude de la motion
d'amendement du député de Laval ou non, jeudi dernier, M. le
Président, j'en profite pour vous dire combien je suis réjoui que
le gouvernement et le député de Châteauguay aient enfin
compris. On va avancer beaucoup plus vite dans nos travaux en laissant les
députés s'exprimer librement plutôt qu'en tentant de leur
enlever un droit de parole qui existait depuis trois semaines du consentement
unanime de cette commission.
M. Dussault: M. le Président, je pense bien que le
député de Gatineau s'attend, à la suite de ses propos, que
j'ajoute quelque chose. Si, en concertation avec mes collègues, j'ai
accepté de retirer cette motion, c'est parce que j'avais l'impression
et j'espère que c'est une impression qui ne sera pas
déçue que les députés d'en face avaient
l'intention très sérieuse de travailler très
profondément sur les articles du projet de loi, puisqu'ils ont tellement
dit avant que nous arrivions à cette entente qu'ils désiraient
travailler sur le fond...
M. Lalonde: C'est cela, exactement.
M. Dussault: ... ce qui n'était pas le cas jusqu'à
maintenant. Même, ils avaient avancé le contraire de cela,
puisqu'ils nous avaient dit qu'ils nous feraient un "filibuster" et qu'ils
déposeraient un amendement...
M. Lalonde: On va faire le "filibuster" sur le fond.
M. Gratton: On va le faire sur le fond, comme vous l'avez
souhaité.
M. Paquette: ... un "filibuster".
M. Dussault: M. le Président, je n'ai pas
terminé.
Une Voix: Quand votre chef...
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît! Ne recommencez pas. On a pris quelques minutes tout à
l'heure pour se reposer. Continuons comme cela, cela va bien.
M. Dussault: Je n'ai pas terminé. M. le Président,
ce que je considère fondamental, même si on nous annonce un
"filibuster", c'est qu'au moins nous aurons la certitude que les
députés du Parti libéral sont prêts à
travailler sérieusement sur le fond de la question.
M. Lalonde: Cela fait longtemps...
M. Dussault: Jusqu'à maintenant, ce à quoi nous
avons eu droit...
M. Paquette: C'est un "filibuster".
M. Dussault: Cela m'importe peu que les députés
nous annoncent des amendements. Ils seront jugés à leur
mérite et on les regardera en conséquence.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Je voudrais... M. Lalonde:
Est-ce un sermon ou...
M. Dussault: Non, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, ce n'est pas un sermon, c'est que je suis prêt
à vous prêter de la bonne foi et j'espère que les
prochaines minutes ne me décevront pas.
M. Gratton: Question de règlement.
M. Lalonde: Je n'ai pas besoin de votre prêt.
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Ne recommençons pas,
s'il vous plaît! Seulement avant qu'on ait une question de
règlement, j'aimerais qu'on termine ici le débat. Nous avons
accepté de part et d'autre d'enlever des amendements. Ne
recommençons pas le débat sur ceci, s'il vous plaît! Allons
sur le fond, c'est ce que tout le monde désire. Etant donné que
nous sommes sur le fond, sur l'amendement de l'article no 4, le
député de Mercier, il me semble, m'avait demandé la parole
sur l'amendement à l'article 4.
M. Godin: Exactement.
M. Ciaccia: Brièvement, quelques remarques avant qu'on
commence sur l'amendement...
Le Président (M. Jolivet): Des remarques sur quoi, M. le
député?
M. Ciaccia: C'est sur le résultat de l'offre que j'ai
faite au député de Châteauguay. Je suis heureux de voir
qu'il a accepté l'offre que je lui ai faite de retirer sa motion si nous
retirions les
nôtres. Je peux l'assurer que c'est pleinement notre intention de
discuter sur le fond, si c'est une de ses inquiétudes. C'est la raison
pour laquelle j'ai fait cette offre. J'espère que c'est dans cette
optique qu'il a compris. Nous allons étudier sérieusement les
articles du projet de loi sur le fond.
Le Président (M. Jolivet): Quant à moi, c'est tout
ce que j'espère. M. le député de Mercier.
M. Blank: ... pour un moment. C'est sur le consentement...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis, j'ai demandé, je vous exhorte de clore le débat.
M. Blank: Sur une question de règlement. C'est très
sérieux, parce que, si vous vous souvenez, M. le Président,
j'étais ici quand tout ce débat a commencé, l'autre jour,
en bas, à la salle 81-A. Le député de Châteauguay a
même sorti la transcription du journal des Débats pour parler de
son consentement à ce moment. Le ministre a accepté que tous les
députés aient le droit de parler à une condition. J'ai
entendu la condition. Actuellement, le député de
Châteauguay... Je veux savoir si ce consentement qu'il donne est
conditionnel ou absolu, parce qu'il dit que, si l'Opposition discute
sérieusement... Il ne veut pas qu'on fasse face à notre
motion...
Le Président (M. Jolivet): Je ne permettrai pas au
député de Châteauguay de répondre à cette
question. Je constaterai simplement. Je m'excuse...
M. Paquette: Vous ne voulez pas discuter sérieusement.
M. Blank: Quand on fait un "filibuster", ce n'est pas
sérieux. Vous commencez cela. Vous savez cela.
Le Président (M. Jolivet): Non, si vous voulez revenir sur
le fond; il me semble que j'ai constaté, comme président, qu'on
voulait revenir sur le fond. C'est ce que je retiens.
M. Blank: Est-ce que le consentement est inconditionnel?
M. Dussault: Inconditionnel. M. Blank: Inconditionnel.
Le Président (M. Jolivet): Je l'ai bien dit. M. le
député, vous avez bien compris tout à l'heure qu'on
revenait à la motion de départ et, à cette motion de
départ, nous avons dit que tout le monde avait le droit de parole. Dans
ce contexte, il n'y a pas, à mon avis, de condition au droit de parole
de quelqu'un. Il a simplement dit qu'il espère que les gens seront
sérieux dans la discussion. M. le député de Mercier.
M. Grégoire: Cela veut dire qu'ils ne sont pas
obligés d'être sérieux.
M. Blank: Oui, si on vous a dit qu'on fait un "filibuster"...
Le Président (M. Jolivet): Vous pouvez aller le lui dire,
mais je ne permettrai pas de le faire au micro. M. le député de
Mercier.
Contenu du registre
M. Godin: M.le Président, merci de me donner enfin la
parole. Je pense que l'article 4 et l'amendement que propose à ce sujet
le député de Laval touchent le fond de la question,
effectivement. On a cité tout à l'heure, le député
de Mont-Royal, le député de Laval ont cité, dans leurs
interventions que j'ai lues à l'heure du souper, des cas absolument,
disaient-ils, déplorables de personnes qui n'avaient pas le droit de
vote, à qui on a demandé s'ils avaient le droit de vote, et parce
qu'on leur a demandé s'ils avaient le droit de vote, c'était une
violation des droits des citoyens. C'est quelque chose d'invraisemblable. Je
voudrais vous rappeler une expérience personnelle que j'ai vécue
dans le beau comté de Mercier, en novembre 1976. Il y a, dans le
comté de Mercier, 20% de citoyens dits anglophones, Portugais et Grecs.
Le président des élections de l'époque... J'évoque
un précédent juridique qui va justifier pourquoi je serai contre
l'amendement proposé par le député de Laval. Est-ce que
c'est... De toute façon, vous n'êtes pas président, ce
n'est pas vous qui allez décider de la pertinence, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: On peut quand même soulever des questions de
règlement, même si cela vous déplaît.
M. Godin: Dans quelques arrondissements de vote, j'ai fait du
porte-à-porte un beau dimanche après-midi du mois de novembre. En
visitant les demeures de certains Portugais, ils m'ont dit: Comment se fait-il
que je sois inscrit sur la liste, puisque je n'ai pas la citoyenneté
canadienne? J'ai dit: Comment? Vous n'êtes pas citoyen canadien et vous
êtes inscrit sur ma liste? Qu'est-ce qui se passe? Il a dit: Je ne sais
pas. Quelqu'un est venu et il m'a inscrit sur la liste sans me demander si
j'avais droit de vote ou non. J'ai vérifié après et
c'étaient précisément des bureaux de votation où
les gens qui avaient fait le recensement étaient tous deux du même
parti, il n'y avait pas eu de péquiste.
Sur 150 arrondissements de vote, il y en avait 90 où le
recensement avait été fait par des représentants des deux
partis, et 60 où le recensement n'avait été fait que par
deux libéraux, parce que le président des élections, M.
Jacques Grenier, n'avait pas trouvé de péquistes au
téléphone, le jour où les équipes étaient
constituées.
Par conséquent, systématiquement...
M. Gratton: Vous étiez bien mal organisés.
M. Godin: ... aussi mal organisés que nous étions,
nous avons jeté par terre votre idole de plâtre, un nommé
Robert Bourassa, vous en souvenez-vous?
M. Gratton: Ah! vous étiez dans ce comté?
M. Godin: Oui. Voyant cela, j'ai transmis ces renseignements aux
gens de mon comté et nous avons, à la suggestion première
des citoyens non encore détenteurs du certificat de l'Immigration
canadienne, donc, par conséquent, n'ayant pas le droit de vote, n'ayant
pas le diplôme, comme dit votre chef, nous avons constaté qu'ils
avaient été inscrits sur les listes systématiquement, sans
aucune vérification et que, par conséquent, à la faveur de
telles listes, ces noms auraient pu être utilisés, ces votes
auraient pu être utilisés et des gens auraient pu se
présenter à leur place pour passer ce que nous appelons des
télégraphes. Nous avons donc pris les mesures pour
prévenir le président des élections, M. Grenier, que ces
personnes n'avaient pas le droit de vote.
Je pense qu'il est du devoir des citoyens de voir à ce que seuls
ceux qui ont droit de vote puissent voter, non pas vérifier s'ils sont
ici depuis dix ans, quinze ans, qu'ils ne sont pas encore citoyens, mais
vérifier s'ils sont citoyens.
M. Gratton: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Lalonde: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Godin: Vous m'interromprez après. Vous me poserez une
question après.
M. Gratton: Est-ce que vous me permettriez une question?
Le Président (M. Jolivet): Non, il ne permet pas.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, c'est une question de
règlement.
M. Gratton: C'est parce... M. Godin: Je pense...
Le Président (M. Jolivet): Un instant! Un instant!
M. Godin: Question de règlement?
M. Lalonde: S'il m'avait permis une question, il aurait pu la
régler par la réponse, mais la question de règlement est
la suivante: Etant donné que l'amendement, c'est de retirer "le
numéro inscrit sur la carte qui lui a été
délivrée en vertu de l'article 8 de la Loi de
l'assurance-maladie...
M. Godin: J'y arrive, M. le Président.
M. Lalonde: ... je voulais poser la question, mais qui s'adresse
à la pertinence, au fond: Est-ce que la citoyenneté a quelque
chose à voir avec le numéro...
M. Godin: M. le Président, j'allais...
M. Lalonde:... sur la carte délivrée en vertu de la
Loi sur l'assurance-maladie? C'est ça.
Le Président (M. Jolivet): Je pense que si vous laissiez
la...
M. Lalonde: II a beau nous raconter ses histoires, M. le
Président, il faut quand même faire avancer le débat.
M. Godin: M.le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je pense que le député vous dit depuis tout
à l'heure qu'il a pris cet exemple pour expliquer pourquoi il
était contre l'amendement.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je ne veux pas être déplaisant à
votre endroit, ni à l'endroit d'aucun des membres de cette commission,
mais cet après-midi, au moment où j'intervenais et tentais, moi
aussi, tant bien que mal, de me rendre à la pertinence, c'est
vous-même qui m'avez interrompu, à deux ou trois occasions, pour
me dire que j'avais suffisamment exposé mon préambule et que je
devrais normalement en arriver à la pertinence.
M. Godin: M. le Président, question de
règlement.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais que ce
soit...
M. Lalonde: Laissez terminer la première! Il faut laisser
terminer la première.
Le Président (M. Jolivet): On va commencer par terminer
ce...
M. Godin: Non, il n'y a pas d'appel des décisions du
président. Vous êtes en appel actuellement.
M. Gratton: Pas du tout, voyons donc! Laissez-moi donc finir,
vous allez voir que je ne suis pas en appel.
M. le Président, tout ce que je voudrais vous demander,
très respectueusement, c'est que les mêmes critères servent
pour les interventions des deux côtés de cette table. J'ai
compris, dans
l'intervention du député de Marguerite-Bourgeoys et
j'allais moi-même la faire, qu'il était temps qu'il aboutisse, le
député de Mercier. Il semble que ce n'est pas à vous, en
tant que président, de lui donner raison alors que, cet
après-midi, vous m'avez fait un reproche diamétralement
opposé à trois reprises, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, je dois vous dire qu'à chaque fois que je vous ai
rappelé à l'ordre, c'était sur une question de
règlement ou une demande de directive, et je voulais que vous arriviez
le plus rapidement possible à votre demande de directive ou à
votre question de règlement.
M. Gratton: Vous voulez la même chose du
député de Mercier. C'est ce que je veux savoir. Est-ce que vous
désirez que le député de Mercier y arrive aussi rapidement
que moi cet après-midi?
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas une question de
règlement, c'est sur la motion d'amendement et, à deux occasions,
j'ai cru comprendre...
Une Voix: II n'en a pas parlé encore.
Le Président (M. Jolivet): ... à moins que je sois
sourd, qu'il a dit qu'il prenait cet exemple en vue de prouver pourquoi il
était contre l'amendement. C'est ce que j'ai compris, c'est ce qu'il a
dit.
M. Gratton: Espérant qu'il va y arriver avant que son
droit de parole soit écoulé, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mercier.
Une Voix: Cela s'en vient trop clair...
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que le
député de Mercier me permettrait une question?
Le Président (M. Jolivet): J'ai cru comprendre tout
à l'heure qu'il ne permettait aucune question avant la fin de son
intervention.
M. Ciaccia: Je n'avais pas demandé, peut-être...
M. Godin: Non, c'est la même décision. M.
Ciaccia: C'est la même décision?
M. Godin: Oui. M. le Président, j'accorderai volontiers,
sur le temps de ces messieurs, toutes les questions qu'ils voudront et
j'espère que mes réponses les satisferont. (22 heures)
Mais j'en arrive à l'essentiel. Je pense qu'effectivement s'il y
avait un registre d'électeurs basé sur des documents officiels,
cela simplifierait le travail des recenseurs, premièrement, et cela
éli- minerait, cela éviterait la situation déplorable que
certains citoyens ont pu vivre, soit certains citoyens qui étaient
inscrits sans y avoir droit et qui savaient qu'ils n'y avaient pas droit, soit
d'autres qui, tout en y ayant droit, ont été radiés et ont
dû procéder légalement pour être réinscrits
sur les listes.
La raison pour laquelle nous pensons qu'il faut une telle loi, puis un
tel article, la raison pour laquelle je m'opposerai à l'amendement du
député de Laval, c'est que nous connaissons ce parti qui est en
face de nous, il a l'habitude de camoufler ses saletés sous le manteau
de la vertu.
Je voudrais vous citer, par exemple, la campagne de financement du chef
libéral Claude Ryan, qui a déclaré publiquement...
M. Gratton: Mais, M. le Président... Il n'y avait pas de
numéro d'assurance-maladie sur les reçus...
M. Lavoie: Voulez-vous une bataille de rue...
M. Lalonde: On est habitué d'entendre le
député de Mercier cracher, M. le Président, mais
là, au moins, ramenez-le à la pertinence.
M. Lavoie: Faites-nous donc un poème à coup de
"crisses".
M. Godin: Non, mais j'en viens au principe d'avoir une loi...
M. Lalonde: Oui, la stupidité nous fait mal.
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre!
M. Godin: Je voudrais citer un document...
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que je devrais
redemander encore aux esprits de se refroidir?
M. Godin: Moi, je suis très froid.
M. Lalonde: Demandez tout simplement au député de
Mercier de se nettoyer un peu.
M. Lavoie: S'autodiscipliner et arrêter ses crachats
à l'adresse de tout le monde.
M. Godin: Je suis très froid.
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre! Cependant, je vous
demanderais M. le député de Mercier...
M. Gratton: On va vous citer votre poème "J'ai mal au
pays", tantôt.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'on pourrait me
permettre de faire une intervention? M. le député de
Mercier...
M. Godin: II est publié, il est public. Oui, on se
réfère... excusez-moi.
Le Président (M. Jolivet): J'aimerais que vous reveniez
à la pertinence du débat.
M. Godin: J'y arrive.
M. Lalonde: Cela veut dire que c'était pertinent?
M. Gratton: II ne peut pas y revenir, il n'y a jamais
été.
M. Godin: Dans un document émanant de l'organisation
électorale du chef du Parti libéral, on dit: Notre campagne de
financement c'est le titre...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Godin: ... de l'article s'inspirant de l'esprit...
M. Lalonde: Question de règlement...
M. Godin:... et de la lettre de la nouvelle loi...
M. Lalonde: Question de règlement...
M. Gratton: Question de règlement...
M. Lalonde: Est-ce que vous m'entendez quand je vous dis:
Question de règlement, M. le Président?
M. Gratton: Cela n'a pas l'air...
M. Lalonde: Cela fait trois fois que je soulève une
question de règlement...
Si j'élève la voix, M. le Président, c'est que j'ai
dû le dire trois fois.
Le Président (M. Jolivet): J'ai entendu au moins à
trois occasions, de part et d'autre, des choses que je ne pouvais
m'empêcher d'entendre. Vous allez quand même me permettre d'essayer
de garder le calme, d'aller tranquillement. J'ai rappelé le
député de Mercier à l'ordre, sur la pertinence. Je lui
rappelle encore une fois que j'aimerais qu'il revienne à la pertinence
du débat.
M. Gratton: Dites-lui donc ce qu'est l'amendement, M. le
Président, il ne le sait pas.
Le Président (M. Jolivet): Je sais très bien que
votre question de règlement est pour que je l'invite à aller vers
la pertinence du débat.
M. Lalonde: Ma question de règlement, c'est non seulement
que vous l'invitiez, mais que vous soyez très vigilant ensuite, quand il
reprendra la parole, parce qu'il se fout entièrement de ce que vous
venez de dire. Il continue dans le même sens de son salissage du chef du
Parti libéral. C'est tout ce qu'il veut faire.
M. Grégoire: Une question de règlement.
M. Godin: Si citer un document du chef, c'est le salir, ce n'est
pas moi qui le salis, c'est lui-même. Il a sali son nid. Citez-le, c'est
public et plus vous en parlez, plus cela se vend.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question
de...
M. Gratton: Vous voulez dire qu'il y a des gens qui paient pour
cela.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plait.
M. Lalonde: II y a des masochistes.
Le Président (M. Jolivet): Un instant!
M. Gratton: Je n'en connais pas des gens comme cela.
M. Grégoire: C'est une question de règlement. J'ai
entendu tout à l'heure le député de Marguerite-Bourgeoys
se conduire, vis-à-vis de la présidence, d'une façon
inacceptable. Je voudrais le dire bien calmement. Il l'a fait à deux
reprises, en essayant d'abord de dicter votre ligne de conduite, ce que
personne ne peut accepter. Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys réalisera qu'une commission ne peut pas fonctionner
comme cela. Je l'ai entendu également essayer alors que, moi
aussi, cela m'est arrivé de soulever une question de privilège et
d'avoir à attendre au moins dix ou quinze secondes j'ai entendu
le député de Marguerite-Bourgeoys se choquer d'une façon
non convenable.
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Grégoire: J'emploierai un terme très tranquille
à cette occasion. Je lui demanderais de garder un peu de décence
et de convenance dans cette commission parlementaire.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Gratton: ...
M. Lalonde: Les propos du député de Frontenac
s'adressaient à mon comportement. J'espère que vous n'y avez vu
aucune agressivité à votre égard. Cela n'était
qu'à l'égard des propos du député de Mercier et,
surtout, à l'égard de la rigueur avec laquelle j'espère
qu'on va pouvoir appliquer le règlement ici.
Le Président (M. Jolivet): J'essaie le mieux possible dans
les circonstances, étant donné qu'on m'avait garanti à 21
h 44 que l'on reprendrait avec le plus de sérieux possible le fond de la
question. C'est pour ça qu'on avait appelé l'amendement à
l'article 4, de telle sorte que je deman-
derai à chacun d'entre vous, encore une fois, d'essayer et
là c'est plus clair que sur les autres questions de règlement ou
les autres motions d'amendement ou de sous-amendement, tout à l'heure
il est plus clair de déterminer si on est oui ou non dans la
pertinence du débat.
Compte tenu de ce fait, je rappelle pour la deuxième fois au
député de Mercier d'être le plus pertinent possible au
débat.
M. Ciaccia: M. le Président, question de règlement.
Je voudrais porter à l'attention du député de Mercier et
à votre attention l'alinéa 7 de l'article 99, et je voudrais le
lire, parce que je suis convaincu que le député de Mercier n'en
est pas conscient, il ne sait pas que ça existe. L'article 99 dit: "II
est interdit à un député qui a la parole d'attaquer la
conduite d'un membre de l'Assemblée, sauf à l'occasion d'une
motion mettant sa conduite en question". Et, à l'alinéa 8, on
dit: "De se servir d'un langage violent ou blessant à l'adresse de qui
que ce soit ou irrespectueux pour l'Assemblée."
A maintes et maintes reprises, on n'a entendu que des attaques
personnelles contre les membres de l'Assemblée nationale siégeant
comme membres de l'Opposition officielle. Je vous demande de nous assurer que
l'article 99 sera respecté, que les membres du Parti
québécois réalisent que cet article est dans les
règlements. C'est une des raisons pour laquelle j'ai fait l'offre au
député de Châteauguay de retirer les amendements de
l'Opposition officielle afin de revenir au fond. Ce n'était pas pour
continuer des attaques personnelles. Je vous demanderais de porter ce
règlement à l'attention spécifique du député
de Mercier et de nous assurer qu'il va le respecter.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant! M. Godin:
M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, sur la question de
règlement ou sur...
M. Godin: ... Non, c'est sur mon intervention.
Le Président (M. Jolivet): Juste avant, simplement pour
dire une chose. Jusqu'à maintenant j'ai essayé de faire respecter
le plus possible la pertinence, je vais essayer encore une fois. Je sais
très bien que vous avez chacun de votre côté le droit de me
rappeler votre partie subjective, vous avez tous le droit de dire que sont
pertinents ou non pertinents au débat les propos de la personne qui les
tient. De sorte que, sur l'article 99, alinéa 7 en particulier, vous
l'avez bien rappelé, je pense que je n'ai pas besoin de le rappeler
à nouveau, si jamais vous pensez qu'il y a des attaques, vous avez
toujours le droit de l'invoquer et on verra à ce moment-là.
M. Lalonde: J'ai une question de directive à vous
demander.
Le Président (M. Jolivet): Allez, M.le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Etant donné que vous avez le devoir, et que
vous le faites le mieux possible, de maintenir la pertinence du débat,
étant donné l'amendement du député de Laval
à l'effet d'enlever de l'article 4 du projet de loi les
références à la carte...
Le Président (M. Jolivet): ... d'assurance-maladie...
M. Lalonde: ... d'assurance-maladie, est-ce que vous pouvez me
dire si les financements de chefferie de partis politiques, c'est pertinent
à la carte d'assurance-maladie relativement à l'article 4 du
projet de loi no 3?
Le Président (M. Jolivet): Je vous dis simplement, sans
vouloir prendre parti sur la question que vous posez, que j'ai demandé
au député de Mercier de s'en tenir à la pertinence du
débat, ce que j'ai réitéré à deux
occasions.
M. Lalonde: Alors, je n'ai pas de directive.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Mercier.
M. Godin: Ce que je veux dire, c'est que je veux entendre le chef
du Parti libéral sur cet amendement aussi bien que sur l'article 4. Je
voudrais qu'il vienne ici en cette commission parlementaire. Je veux qu'il nous
explique un certain nombre de choses. Je veux qu'il nous explique, par exemple,
comment il se fait que son ex-leader vient en contravention directe avec ce que
son nouveau chef a écrit en 1973 relativement à la
nécessité, pour avoir un registre digne de ce nom, d'avoir une
référence...
M. Lalonde: Ce n'est pas pertinent à l'article 4.
M. Godin: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
est-ce que j'ai la parole? C'est pertinent à 4.
M. Lalonde: Ce n'est pas pertinent à 4. Vous avez la
parole, mais vous vous en servez contre le règlement.
M. Godin: Est-ce vous qui êtes président ici?
M. Lalonde: Non, mais je suis membre et j'ai le droit de demander
au président de vous inviter à vous en tenir à la
pertinence.
M. Godin: Alors, si vous n'êtes pas président,
laissez donc le président...
Une Voix: Rappelez-le donc à l'ordre, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je pense...
M. Lalonde: II y a des limites à rire du président
comme ça.
Le Président (M. Jolivet): ... je ne pense pas qu'il rit
de moi, M. le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: II rit du règlement s'il ne rit pas de
vous.
Le Président (M. Jolivet):... et je ne pense pas qu'il rit
du règlement non plus, je lui demande de continuer son...
M. Lavoie: J'espère qu'il ne rit pas avec vous.
Le Président (M. Jolivet): J'espère, M. le
député de Laval, que vous n'en faites pas la même forme de
question que celle de cet après-midi.
M. Lavoie: Je ne trouve pas ça drôle du tout.
Le Président (M. Jolivet): Moi non plus, M. le
député.
M. Godin: Ce n'est pas ma faute si c'est tragique, ce qui est
écrit là-dedans, M. le Président. Il n'y a rien de violent
là-dedans, c'est un texte du chef du Parti libéral, et on
m'accuse d'être violent parce que je cite ça ici. S'il y a
violence, elle vient du chef du Parti libéral, elle ne vient pas de moi.
Je veux l'entendre ici, ce chef du Parti libéral...
M. Lavoie: Faites une motion à cet effet,
convoquez-le.
M. Godin: Je veux l'entendre...
M. Lavoie: Faites une motion, appelez-le.
M. Godin: ... pour qu'il nous explique...
M. Lalonde: Appelez-le, vous avez son numéro de
téléphone.
M. Godin:... je veux l'entendre pour savoir... Il a peur de
venir, il est peut-être dans le "bull pen" ou dans l'aire de
réchauffement, comme on dit maintenant...
M. Ciaccia: ... ce que cela a fait la dernière fois qu'il
est venu.
M. Godin:... il est peut-être dans le "bull pen", comme on
dit au baseball, en train de se réchauffer avec ses balles
mouillées, ses balles courbes ou ses balles olympiques, on ne sait pas
trop. Ce que je veux dire, c'est qu'il serait important d'entendre le chef du
Parti libéral sur cet article, parce que ça contredit un certain
nombre de choses qu'il a écrites et ça illustre peut-être
son compor- tement dans une autre instance. On veut rester dans le flou en
enlevant le recours à la Loi de l'assurance-maladie et à la carte
d'assurance-maladie, on veut rester dans le flou. Je parle du flou relativement
à la motion d'amendement du député de Laval, et je
voudrais citer comme exemple de flou, si vous me le permettez, M. le
Président, ce document du leader Claude Ryan. "S'inspirant de l'esprit
et de la lettre de la nouvelle Loi sur le financement des partis politiques",
c'est clair jusque-là; je pense que l'article 4 est clair et sera encore
plus clair si la motion du député de Laval est battue. Il dit,
dans ce document, le député actuel d'Argenteuil, que dans sa
campagne de financement, il se réfère à une loi
adoptée ici: "aucune souscription de compagnie ou de corporation ne doit
être acceptée", c'est conforme à la loi.
Deuxièmement...
M. Lavoie: Question de règlement, M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Laval.
M. Lavoie: J'ai été bien patient, comme tout le
monde d'ailleurs, personne n'a interrompu le député de
Mercier...
M. Godin: Vous n'avez pas été bien patient. On m'a
interrompu sept fois, M. le Président.
M. Lavoie: ... est-ce que j'ai la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Laval, vous avez la parole.
M. Lalonde: Allez donc faire des vers, allez donc faire des
vers.
M. Godin: Cela vous fait mal, hein? M. Lavoie: J'ai
laissé...
M. Lalonde: Vous pouvez écrire les saletés que vous
voulez...
M. Godin: Cela vous fait mal; la "bullshit" libérale, la
"bullshit" libérale!
M. Lalonde: Vous pouvez faire les saletés que vous voulez,
en poésie, si vous voulez.
M. Godin: La "bullshit" libérale, la "bullshit"
libérale.
M. Lalonde: Vous êtes indigne même de la
poésie.
M. Godin: C'est ça, la "bullshit " libérale!
M. Gratton: Amenez-nous donc trois ou quatre blasphèmes
pour nous impressionner.
M. Godin: La "bullshit libérale"! M. Lalonde: Envoyez
donc.
M. Gratton: Montre que tu es un homme, sacre, sacre.
M. Godin: On va étaler les règlements du parti.
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, à l'ordre!
Suspension.
Suspension de la séance à 22 h 14
Reprise de la séance à 22 h 19
Le Président (M. Jolivet): En essayant encore une fois
dans le calme, après la tempête, de revenir, avec...
M. Paquette: Le député de Mercier m'a convaincu de
la pertinence de son intervention, j'aimerais vous en convaincre, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Je ne veux, en aucune
façon, me faire convaincre, pour le moment. C'est simplement pour dire
au député de Mercier qu'il lui reste cinq minutes.
M. Godin: Sur vingt?
M. Grégoire: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Non, il avait
déjà... M. Grégoire: Question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Cela va venir, ne vous
découragez pas. M. le député de Laval m'avait
demandé avant, sur une question de règlement. Un à la
fois. M. le député de...
M. Rivest: Je voudrais savoir...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, c'est M. le
député de Laval.
M. Rivest: Mon Dieu.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval, c'est vous qui avez la première question de règlement.
M. Lavoie: M. le Président, vous avez remarqué que
je n'ai pas voulu interrompre, du moins, le moins possible, je me retiens
à deux mains pour ne pas interrompre un député qui
intervient, qui a obtenu le droit de parole. Mais lorsque le
député de Mercier a abordé une citation du chef du Parti
libéral, on lui a laissé l'occasion d'amorcer pour voir vraiment,
pour juger si c'était pertinent. Il nous a parlé de la loi 2, du
financement. Il aura sans doute l'occasion un peu plus loin, dans le projet de
loi qui amende la loi du financement, de vider son soûl et son sac. J'ai
dit soûl au masculin.
M. Godin: S-o-û-l?
M. Lavoie: J'ai vu qu'il voulait parler du financement, alors
qu'il n'y a aucune ouverture à l'article 4, à l'amendement de
l'article 4, lorsqu'on parle strictement de la Loi de l'assurance-maladie.
S'il veut citer M. Ryan, le chef du Parti libéral,
député d'Argenteuil, sur cette question de la carte
d'assurance-maladie en ce qui concerne le registre, je vous inviterais à
le faire. C'est ce qu'on appelle la pertinence du débat.
M. Paquette: M. le Président, sur la question de
règlement du député de Laval.
Le Président (M. Jolivet): C'était la
deuxième que je voulais accorder. M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je vais vous demander une
question de directive. Est-ce qu'il est permis, lorsqu'on discute un article
d'un projet de loi qui parle, dans le fond, puisque l'amendement du
député de Laval vise à éliminer le numéro
d'assurance-maladie, et donc à réintroduire les partis politiques
à la confection de la liste électorale essentiellement, parce que
cela enlèverait tout moyen au directeur général des
élections, selon nous, en tout cas...
M. Lavoie: Parlez sur le fond.
M. Paquette: Laissez-moi terminer. Est-ce qu'il est interdit de
prendre l'exemple d'une autre loi, comme la Loi sur le financement des partis
politiques, et de se servir de cette analogie pour démontrer que le
numéro d'assurance-maladie est nécessaire au directeur
général des élections, pour faire en sorte que les partis
politiques ne contrôlent plus la confection de la liste
électorale? C'est exactement ce que le député de Mercier
est en train de faire. Si on le laissait parler, M. le Président, en
face, on s'en apercevrait.
M. Rivest: Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant. On m'a
demandé une directive, je vais au moins essayer d'y répondre. On
m'a demandé si on pouvait se servir d'exemples pour faire la preuve, sur
un amendement, de sa pertinence ou non, dans le sens de dire si on est pour ou
contre. Je crois qu'on a le droit de prendre tous les exemples qu'il faut. Ce
n'est pas à moi à déterminer quels exemples il faut. Mais
je maintiendrai toujours qu'il faut le faire dans la pertinence du
débat.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Avant, M. le
député de Jean-Talon avait une question de règlement.
M. Rivest: M. le Président, simplement parce que je
voudrais bien m'assurer, de façon à ne pas enfreindre les
dispositions de votre règlement...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, de notre
règlement.
M. Rivest: Non, je n'ai pas dit cela?
Le Président (M. Jolivet): Vous avez dit "de votre
règlement", c'est "de notre règlement".
M. Rivest: Ah! c'est parce que je me considère encore
comme un citoyen ordinaire, je n'ai pas encore pris les travers
parlementaires.
Une Voix: ... extérieur.
Une Voix: Ahbon!
Le Président (M. Jolivet): Cela viendra.
Une Voix: Vous avez gardé les travers de conseiller
politique.
M. Paquette: Ils n'ont plus de bons recher-chistes depuis que
vous n'êtes plus là, n'est-ce pas?
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! s'il
vous plaît! c'est M. le député de Jean-Talon qui a la
parole.
M. Rivest: Comme deuxième directive, j'aimerais demander
si ces gens-là ont le droit de m'interrompre sans cesse.
Le Président (M. Jolivet): Non, article 100. La
première, s'il vous plaît, cependant.
Une Voix: Allez-y.
M. Rivest: Je voudrais simplement bien m'assurer, de façon
à ne pas enfreindre les dispositions du règlement, si tous les
députés ont effectivement gagné de haute lutte, j'imagine,
le droit de parole à cette commission.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas une question de
règlement, c'est peut-être une question de renseignement...
M. Rivest: C'est une directive. Oui, c'est cela.
Le Président (M. Jolivet): ... qui n'existe pas, mais je
dois vous dire que tout le monde a le droit de parole à cette
commission.
M. Rivest: Tout le monde, c'est seulement les
députés?
Le Président (M. Jolivet): Oui, c'est cela, c'est bien
dans ce sens. M. le député de...
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): ... Frontenac avant.
J'étais rendu à celui-là. C'est mon quatrième,
avant M. le député de Gatineau. M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement. Vous avez dit tout à l'heure que le
député de Mercier n'avait plus que cinq minutes.
Le Président (M. Jolivet): Oui, effectivement.
M. Grégoire: Vous remarquerez, M. le Président
c'est là ma question de règlement que depuis le
début, on l'a empêché de parler d'une façon
systématique et volontaire. Je vais donner un exemple. Quand, lors de sa
dernière intervention, le député de Jean-Talon a pris la
peine de venir demander ici si ce sont seulement les députés qui
ont le droit de parole, en mentionnant que tout le monde pourrait avoir le
droit de parole, même ceux qui ne sont pas députés, cela
met en évidence que c'est systématique et volontaire que
l'Opposition veuille empêcher le député de Mercier de
parler; l'Opposition a voulu lui enlever son droit de parole et viole les
droits les plus élémentaires du député de
Mercier.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Frontenac, je n'ai en aucune façon compris...
M. Rivest: Question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): ... dans votre demande une
question de règlement.
M. Rivest: Question de privilège.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
de...
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Non, M. le député
de Gatineau, attendez, on va y aller dans l'ordre, un par un.
M. Rivest: Y a-t-il des questions de privilège?
Le Président (M. Jolivet): Non, M. le
député. M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je vais pour une fois donner
raison au député de Frontenac. Effectivement, nous avons
empêché le député de Mercier de s'exprimer,
c'est-à-dire de s'exprimer de façon non pertinente à la
motion d'amendement qui est en discussion. Je voudrais dire, M. le
Président, pour votre bonne compréhension, que, lorsque le
député de Rosemont vous demande s'il est possible d'invoquer un
exemple à partir d'une autre loi, il a basé sa question sur une
fausse prémisse, soit qu'avec le projet de loi no 3, il n'y aurait plus
de participation des partis politiques. Or, le député de Rosemont
en conviendra, lors du
recensement initial, il devra y avoir un recenseur désigné
par le parti ministériel, un recenseur désigné par le
parti de l'Opposition officielle. Donc, le recensement initial sera fait de la
même façon qu'avec la loi actuelle, sauf que les recenseurs auront
des pouvoirs presque d'inquisition lors du recensement.
M. Paquette: Voyons donc!
M. Gratton: Dans ce sens, j'aimerais finalement faire appel
à votre bonne compréhension du débat et vous rappeler que
l'article 45 de notre règlement dit que le président peut
interdire la parole à un député pour le reste de la
séance: 1- S'il ne se soumet pas à deux appels à l'ordre
consécutifs; 2- Si, lorsqu'il a la parole, il continue à
s'éloigner de la question en discussion, après avoir
été rappelé à l'ordre deux fois. Vous avez
vous-même jugé que le député de Mercier s'exprime
maintenant depuis quinze minutes, qu'il n'a pas encore touché à
la pertinence de l'amendement du député de Laval qui vise
à rayer le numéro d'assurance-maladie des renseignements qui
devront être contenus au registre des électeurs. Je vous cite, M.
le Président, le dernier paragraphe de l'article 45: "En cas de
récidive, le président peut avertir le député une
dernière fois, et, si ce dernier ne se soumet pas, il peut ordonner son
exclusion de l'Assemblée à entendre de la commission
pour le reste de la séance".
Je vous demande donc, M. le Président, si j'ai bien compris,
lorsque tantôt, vous avez dit avoir rappelé deux fois le
député à la pertinence du débat, et, si tel est le
cas, si le député de Mercier devait digresser également
à nouveau, vous vous prévaudrez du deuxième paragraphe de
l'article 45, et, finalement, du dernier paragraphe, pour l'empêcher de
continuer son intervention qui est complètementà l'encontre du
règlement depuis le début.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M.le Président, le député de
Frontenac vient d'accuser le député de Jean-Talon d'avoir
interrompu les travaux, d'accuser le parti de l'Opposition officielle que cela
fait partie de notre "filibuster", parce qu'il a posé cette question. Je
voudrais porter à l'attention du député de Frontenac que,
jusqu'à 21 h 55, ce soir, il y avait une motion du député
de Châteauguay, à savoir que c'était...
M. Grégoire: A l'ordre! Ce n'est pas une question de
règlement.
M. Paquette: Quelle est la question de règlement?
M. Ciaccia: Permettez-moi de terminer.
M. Grégoire: C'està l'encontre du
règlement.
M. Dussault: C'està l'encontre du consentement qui est
donné...
M. Ciaccia: Non? A savoir que le député de
Châteauguay s'opposait à ce que tous les députés
aient le droit de parole. C'était parfaitement dans l'ordre pour le
député de Jean-Talon, qui vient d'arriver à cette
commission, parce qu'il était à l'Assemblée nationale pour
faire des interventions sur d'autres projets de loi, de demander une directive
à la présidence. Ce n'est aucunement une raison pour subir encore
une fois une accusation du côté ministériel, comme quoi on
veut retarder les travaux.
Le Président (M. Jolivet): Simplement pour les besoins de
la cause et pour éviter qu'une question semblable revienne, j'inviterais
chacun des partis politiques à avertir tout intervenant nouveau, sans
que besoin soit fait de le demander au président. Compte tenu que la
décision a été rendue, chacun des membres de
l'Assemblée nationale peut lire la transcription du journal des
Débats. Il n'a pas besoin de le demander au président. Je
m'excuse. Je prends sur moi de demander à chacun des partis politiques
d'avertir chacun des nouveaux intervenants possibles qui viendront de leur
droit d'intervenir. Je ne voudrais en aucune façon avoir besoin de le
leur rappeler de mon siège. M. le député de
Bellechasse.
M. Rivest: J'ai une question de règlement. Je m'excuse,
c'est très rapide.
Le Président (M. Jolivet): Oui, cela viendra. M. le
député de Bellechasse.
Motion d'ajournement
M. Goulet: M. le Président, sur une question de
règlement, en vertu de l'article 157, considérant
l'objectivité des propos que nous constatons depuis vingt heures,
constatant que, depuis 130 ou 150 minutes, les débats n'ont aucunement
avancé et considérant également que nous sommes en mesure
de croire que les travaux n'avanceront pas davantage d'ici minuit,
considérant cette pure perte de temps, je veux me prévaloir de
l'article 157, les deux dernières lignes, pour proposer la motion
suivante: Que la commission ajourne ses travaux sine die. (22 h 30)
Le Président (M. Jolivet): Un instant, s'il vous
plaît, pour me permettre... Vous parlez de 157.1?
M. Goulet: 157.1, les deux dernières lignes et 157.2.
Le Président (M. Jolivet): C'est une motion recevable. Je
la reçois. Selon l'article 157.2, cette motion est donc mise aux voix,
ne peut pas être amendée, ne peut être faite qu'une seule
fois au cours d'une séance et, à ce moment-là, je demande
qu'on me désigne, de part et d'autre, dans
chacun des partis reconnus, quelle est la personne qui interviendra sur
cette motion d'ajournement des travaux. Donc, le député du Parti
libéral sera?
M. Lavoie: A tout seigneur, tout honneur. Avec le rouleau
compresseur, on va laisser le gouvernement se prononcer; ensuite, on pourra se
prononcer.
Le Président (M. Jolivet): Non, mais ce que je vous
demande, c'est de m'indiquer... Cela va, à ce moment-là... Quelle
est la personne qui interviendra de votre côté?
M. Lavoie: D'après notre stratégie, on veut savoir
qui va se prononcer du côté du gouvernement.
Le Président (M. Jolivet): Ah bon, d'accord! M. le
député de Nicolet-Yamaska...
M. Goulet: Bellechasse.
Le Président (M. Jolivet): J'ai passé la
journée avec le député de Nicolet-Yamaska; vous avez
d'abord le droit de parole. Allez-y, on verra ensuite.
M. Goulet: Très brièvement, M. le Président,
je ne prendrai pas mes dix minutes et je répéterai les propos que
j'ai fait miens il y a quelques secondes.
M. le Président, considérant le consentement qui a
déjà été donné à cette commission, de
façon que tous les députés puissent parler sur ce projet
de loi, considérant, M. le Président je ne lance la pierre
à personne le degré d'objectivité que nous avons pu
constater dans les propos, de part et d'autre, depuis 20 heures,
considérant que, depuis 130, M. le Président, depuis 20
heures...
Une Voix: Vote.
M. Goulet: Est-ce que vous me permettez, M. le Président,
de...
Le Président (M. Jolivet): Oui, je pense qu'on a le temps
si vous... D'une façon ou d'une autre, je ne serai pas sauvé deux
fois par la cloche aujourd'hui, j'espère.
M. Goulet: Considérant que, depuis 20 heures, M. le
Président, tout près de deux heures et demie, les débats
n'ont aucunement avancé et considérant également que,
d'ici minuit, pour être vraiment objectif, M. le Président, je ne
prévois pas et j'aimerais que les membres de la commission puissent me
démontrer qu'on pourrait avancer davantage; alors, considérant
cette pure perte de temps, M. le Président, j'ai proposé cette
motion et, quant à moi, ça termine mes propos et je serais
prêt à passer au vote sur cette motion.
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant avant...
M. Lalonde: Ce doit être un quorum. Cela ne peut pas
être un vote.
M. Blank: Oui, c'est un vote sur... M. Lalonde: Bien non!
Une Voix: Ahnon!
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut envoyer une estafette, M. le
Président?
M.. Dussault: Quelqu'un peut-il aller voir? M. Gratton:
Qui est l'estafette? M. Lalonde: C'est sur mon papier. M.
Dussault: M. le Président...
M. Lavoie: Je propose le député de Mercier pour
aller vérifier.
Le Président (M. Jolivet): Donc, quelqu'un va
vérifier, ce ne sera pas long, pour savoir si c'est un...
Une Voix: Je propose le député de Frontenac.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, je pense que c'est
évident que c'est un vote qui nous appelle à l'Assemblée
nationale. Nous dirons ce que nous pensons de cette motion en revenant de ce
vote, M. le Président.
M. Goulet: Un instant! Ce n'est peut-être pas un vote,
c'est peut-être juste le quorum.
Le Président (M. Jolivet): Dans ce cas-là, nous
allons attendre, si vous avez l'intention...
Une Voix: C'est le quorum.
Le Président (M. Jolivet): Donc, c'est un quorum.
Une Voix: Est-ce que c'est un vote?
M. Lalonde: ... n'est pas capable de faire le quorum.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
de... M. Lalonde: 70...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, pour le moment, nous ne
voyons pas pourquoi nous ajournerions
nos travaux, puisque nous avons consenti à retirer une motion
pour que nous puissions travailler sérieusement sur le contenu du projet
de loi. Ce sera, évidemment, et je pense qu'on n'aura pas à
parler de ça très longtemps, ce sera au Parti libéral et
à l'Union Nationale de nous prouver que nous ne pouvons pas travailler
sérieusement. Jusqu'à maintenant, nous avons voulu parler sur
l'amendement du député de Laval et on a empêché
systématiquement le député de Mercier de parler
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez terminé, M. le
député de Châteauguay?
M. Dussault: Oui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
de?
M. Lavoie: Laval.
Le Président (M. Jolivet): Laval. Je m'excuse, il n'a pas
l'obligation de recommencer. M. le député de Laval.
M. Godin: Un peu de discipline dans le parti!
M. Pagé: On est en train de parler de la grève de
la CTCUQ à Québec.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. M. le
député de Laval.
M. Pagé: Si vous la régliez.
M. Lavoie: M. le Président, le député de
Bellechasse est sans doute bien fondé de proposer cette motion. Il vient
travailler avec nous, depuis ce soir, en remplacement du député
de Nicolet-Yamaska qui a suivi d'une manière assidue, les travaux de
cette commission depuis plusieurs semaines. Tout en appréciant la
participation du député de Bellechasse, je me permets de lui
faire savoir parce que sans doute il n'a pas eu le temps, comme moi,
d'ailleurs, de lire toute la transcription des travaux en commission
parlementaire, il y a deux commissions ou trois qui siègent en
même temps, en plus des travaux de la Chambre que cela nous place,
en ce qui nous concerne, nous du Parti libéral, dans une position assez
délicate sur la décision que nous devrons prendre sur cette
motion.
C'est un peu loufoque, la manière dont les travaux se
déroulent depuis plusieurs heures. Pour l'information du
député de Bellechasse, c'est jeudi dernier que nous étions
à étudier déjà l'article 4. A ce moment, les
travaux avaient gardé un certain niveau. S'il avait été
ici jeudi dernier, il n'aurait pas vécu le spectacle disgracieux qui
l'incite d'ailleurs à amener une telle motion, parce qu'on se rend
compte, surtout depuis aujourd'hui, de la qualité des travaux.
Ce qui est arrivé, pour l'information du député de
Bellechasse, c'est que nous étions, jeudi dernier, à discuter de
la question de fond et nous avions dit pourquoi nous avions
abordé le débat pourquoi nous ne voulions pas la
présence du numéro d'assurance-maladie dans le registre. Nous
développions l'opinion de la Commission des droits de la personne qui,
elle-même, comme plusieurs autres organismes qui se sont penchés
sur cette question, le barreau, entre autres on pourrait citer des
volumes et des experts craignent la constitution d'un genre de dossier
cumulatif qui est ouvert par un tel numérotage. La Commission des droits
de la personne avait reconnu qu'il n'y avait aucun lien, aucune
nécessité d'avoir le numéro d'assurance-maladie pour la
constitution d'une liste électorale.
C'est à ce moment que nous étions à discuter de
cette question de fond, lorsque le chef du Parti libéral est venu
visiter, comme nouveau député d'ailleurs, un peu comme le
député de Jean-Talon ce soir, se renseigner et voir comment se
déroulaient les travaux de la commission. Il n'avait même pas
demandé la parole, même si, comme ce soir, tous les
députés avaient le droit de participer aux travaux de cette
commission.
Déjà, la panique s'empare de nos amis d'en face et
même avant que le député d'Argenteuil ne sollicite le droit
de parole, le jeune député de Châteauguay, contre
l'économie du règlement, met de côté l'étude
de l'amendement de la motion sur l'article 4 et retire, dans sa panique subite,
son consentement qu'il avait donné, il y a plusieurs semaines, pour que
tous les députés puissent participer aux travaux de la
commission.
Nous sommes dans cet imbroglio depuis jeudi dernier, une semaine
après-demain.
M. Rivest: J'apprends cela.
M. Lavoie: ... qui nous fait tourner en rond depuis ce temps et
qui a invité, sans doute, le député de Bellechasse
à présenter cette motion.
La preuve que nous voulons parler du fond de la question, et je crois
que c'est le député de Mont-Royal qui, tout à l'heure, a
lancé une invitation pour que... D'ailleurs, entre temps, il y a eu une
multitude de motions. J'ai eu l'occasion, entre temps, de faire une motion, la
semaine dernière, dans notre intention de discuter du fond de la
question et d'étudier article par article... Non, cela ne
m'intéresse pas.
M. Bisaillon: Cela ne fait pas partie du spectacle, cela ne fait
pas partie du scénario, les questions.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît.
M. Lavoie: Tout en nous accusant, depuis 20 heures environ, de
nous refuser à débattre la question de fond. J'ai
présenté moi-même une motion à un certain moment
pour que la commission, en vertu du règlement, fasse un rapport
spécial à l'Assemblée et qu'on reconsidère le
mandat que l'Assemblée avait donné à cette commission
d'étudier ce projet de loi article par article, en deuxième
lecture. J'ai même proposé qu on révoque l'ordre de
l'Assemblée et qu'on passe immédiatement en deuxième
lecture en Chambre.
Si ce n'est pas parler du fond du sujet, de la question du principe,
c'est quoi? Nous nous sentions, après plusieurs séances, assez
éclairés. Le but de cette commission, c'est d'avoir des
renseignements et des éclaircissements du directeur
général des élections. On a fait une motion pour retourner
en Chambre et parler du principe de la loi, motion débattue et battue
par la majorité gouvernementale.
M. Rivest: Vous êtes allé loin.
M. Lavoie: J'essaie justement de comprendre cette motion
d'ajournement bien fondée, d'ailleurs, du député de
Bellechasse. Alors que le mandat de cette commission était d'avoir
l'éclairage des experts, entre autres du DGE, du directeur
général des élections, jeudi dernier le directeur
général des élections, alors qu'il participait aux travaux
il est venu à plusieurs séances, vous n'étiez pas
là ...
M. Paquette: Plusieurs séances, bien oui, j'étais
là.
M. Lavoie: ... s'est engagé à nous produire des
documents essentiels à l'étude de ce projet de loi, des
documents, entre autres, sur le mandat de travail confié à six
groupes en informatique. Alors que le ministre nous a prêché dans
des commissions qu'il n'avait aucun ordre à donner au directeur
général des élections, qu'il était un
fonctionnaire, un peu comme la femme de César, qui doit être
au-dessus de tout soupçon, qui est nommé par les deux tiers de
l'Assemblée, aujourd'hui, alors que je suis sûr que le directeur
général des élections était prêt à
nous fournir ces documents qu'il s'était engagé jeudi dernier
à nous produire le lendemain, vendredi dernier, le ministre je ne
sais pas n'a pas donné des ordres, mais a refusé son
consentement à ce que le directeur général fournisse ces
documents. Soyez assuré que cette commission, respectueuse de ses
droits, prendra les moyens pour avoir ces documents. C'est vraiment un
déni de justice à l'égard des parlementaires qui doivent
étudier une loi aussi importante de se faire refuser des documents par
un fonctionnaire qui doit être au-dessus d'attaques contre sa
partialité ou son objectivité. On n'a pas donné l'occasion
au directeur général de nous fournir ces documents et le ministre
on peut le voir au journal des Débats a refusé
aujourd'hui que le directeur général des élections
produise ces documents.
M. Paquette: II a refusé une motion dilatoire que vous
avez faite; c'est très différent.
M. Lavoie: Etes-vous consentant, M. le ministre, à ce que
le directeur général produise ces documents?
M. Burns: Sûrement. M. Lalonde: Maintenant?
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut demander à l'adjoint, M.
Giguère, s'il a ces documents en main actuellement?
M. Burns: Je vous dis tout simplement que ce devrait être
le directeur général qui déposerait ces
documents-là.
M. Lavoie: Mais est-ce qu'on peut l'envoyer chercher?
M. Burns: Je ne sais pas où il est actuellement. Je lui ai
demandé, parce qu'il est pris ailleurs...
M. Lavoie: A cette heure-ci, il est pris ailleurs!
M. Burns: II est pris ailleurs dans un autre dossier où il
agit comme consultant.
M. Lavoie: Etant donné qu'on a interrompu mon
intervention...
M. Burns: Ecoutez, c'est...
M. Lavoie: ... pourquoi aviez-vous des objections aujourd'hui
à ce qu'il produise ces documents?
M. Burns: C'est parce que vous avez décidé de faire
du baratin à propos d'une motion qui n'a strictement rien à faire
avec ça. J'ai dit: Disposons de la motion et, par la suite, on disposera
également de votre demande.
M. Lavoie: Est-ce que vous avez objection, même si la
commission ne siège pas demain... D'ailleurs, je n'ai pas de permission
à vous demander parce que c'est moi-même qui ai demandé ces
documents. Nous avons obtenu ici l'assurance et l'engagement du directeur
général des élections de les avoir.
M. Burns: Vous les avez déjà, d'ailleurs.
M. Lavoie: Non, non, je ne les ai pas.
M. Burns: Cela me surprendrait bien gros.
M. Lavoie: Non. Je vais agir avec le plus d'ouverture possible.
Je ne les ai pas, ces documents-là, mais je pense que nous allons exiger
de les avoir. Bon.
M. Paquette: Quand il va les avoir, il va vous les donner.
M. Lavoie: Pour toutes ces raisons, nous ne sommes pas d'accord
sur beaucoup de principes de ce projet de loi, nous voulons débattre la
question de fond et spécialement l'amendement à l'article 4,
parce que nous ne voulons pas de fichage, nous ne voulons pas de
numérotage à base d'un genre de contrôle étatique du
va-et-vient des contribuables, de cette mise à jour du
secret de la vie privée des gens qui est contre toute tradition
démocratique. Pour toutes ces raisons, en ce qui nous concerne, nous
voulons vider cette question et nous voulons débattre, nous voulons dire
pourquoi nous ne voulons aucun fichage étatique.
M. Paquette: Alors, vous allez être contre la motion
d'ajournement, pour qu'on en parle.
M. Lavoie: Vous avez parfaitement raison, nous sommes contre la
motion d'ajournement...
M. Paquette: Parfait.
M. Lavoie: Nous voulons continuer jusqu'à minuit,
même si nous sommes sympathiques à la motion du
député de Bellechasse.
M. Paquette: Nous aussi. M. Grégoire: Nous aussi.
M. Godin: Nous aussi.
M. Paquette: Vous auriez pu le dire au début, cela aurait
été moins long.
M. Rivest: Je ne suis pas allé relire le journal des
Débats, mais est-ce que tous les députés ont le droit de
vote?
Le Président (M. Jolivet): Non. M. Burns, pour ou
contre?
M. Burns: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Bisaillon?
M. Bisaillon: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Godin?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Lavoie?
M. Lavoie: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Goulet?
M. Goulet: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Laberge?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Gratton?
M. Gratton: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Dussault?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Paquette? M. Paquette:
Contre.
Le Président (M. Jolivet): Motion rejetée, 8,
contre, 1, pour. Nous revenons à la motion d'amendement du
député de Laval sur l'article 4. Il restait cinq minutes au
député de Mercier.
Une Voix: Contre.
Contenu du registre (suite)
M. Godin: Merci, M. le Président. Cela fait 45 minutes que
je veux parler 5 minutes.
M. Burns: Pourtant, vous ne bégayez pas. M. Godin:
Non, je ne bégaie pas, mais... Le Président (M. Jolivet):
Allez, allez.
M. Godin: Nous avons en face de nous, M. le Président, des
gens qui ne veulent pas entendre certaines choses. Revenons à la
pertinence et à l'amendement du député de Laval. Le
député de Laval vient de dire directement ce que son amendement
laisse entendre, il ne veut pas de contrôle étatique, pas de
contrôle du gouvernement sur la liste des électeurs, le registre
des électeurs. Le seul moyen d'avoir ce contrôle, c'est la carte
d'assurance-maladie ou toute autre carte émise par le gouvernement. La
suggestion du député d'Argenteuil allait dans cette direction
aussi, en 1973. Nous nous en sommes inspirés d'une certaine
manière. La raison pour laquelle il est important d'avoir ce registre,
d'avoir ce recours, oui...
M. Lavoie: ... s'il veut respecter la pertinence, je ne voudrais
même pas que ce soit pris sur son temps.
M. Godin: Si cela ne touche pas mon temps, je n'ai pas
d'objection.
M. Lavoie: Voulez-vous me dire où le député
d'Argenteuil, dans un article, en 1973, vous a parlé du numéro
d'assurance-maladie, parce que vous n'avez pas le droit de dire n'importe quoi,
en commission parlementaire?
M. Godin: Exactement ici, "Le plus simple, dit-il, serait le fait
de prévoir qu'auront droit de vote tous les citoyens qui résident
au Québec depuis un an et qui peuvent montrer une pièce
d'identité sérieuse (carte d'assurance sociale ou
d'assurance-maladie, permis de conduire, etc.). Toute autre formalité
devrait être éliminée."
M. Lalonde: Ah! Toute autre formalité, c'est le fichage
dans un fichier. C'est ça la formalité.
M. Godin: Par conséquent... M. le Président, est-ce
que j'ai la parole?
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui.
M. Godin: La raison pour laquelle nous voulons avoir ce registre,
qui est contre-indexé par le registre d'assurance-maladie, c'est pour
éviter que les partis adoptent des règlements comme le
règlement no 1, qui a été adopté à
l'occasion du congrès à la chefferie libérale; c'est un
règlement d'un parti, qui a été adopté par le Parti
libéral, et ce règlement de parti annule, à toutes fins
utiles, le sens d'une autre loi qui est la Loi du financement des partis
politiques. Est-ce que vous me suivez? Est-ce que vous voyez la pertinence?
S'il n'y a pas ce registre et cette carte pour contre-indexer le registre, les
partis peuvent adopter des règlements qui viendraient à
l'encontre de la loi, comme le règlement no 1 du dernier congrès
pour le choix du chef du Parti libéral du Québec.
L'article 3, paragraphe 6, dit: "Le rapport des contributions
versées dans une campagne à la chefferie, ce rapport..."
Malgré que le document de M. Ryan soit très clair, que ce soit
dans l'esprit et la lettre de la nouvelle loi, donc de la loi 2, ce document
d'un parti dit: Ce rapport est confidentiel. La liste des souscripteurs dans la
loi citée par le chef est remise entre les mains du président
d'élection et elle est publique.
Voici un règlement d'un parti, le Parti libéral, qui
annule le sens de la loi 2. Et c'est en ce sens, M. le Président...
M. Lavoie: Est-ce que le député me permet une autre
question?
M. Godin: Oui, certainement, je vous le permets.
M. Lavoie: Est-ce que, premièrement, vous voulez dire que
c'est illégal? Comment voulez-vous qu'un règlement de parti
puisse contrevenir à une loi?
M. Godin: Non.
M. Grégoire: Avec vous autres, on ne sait jamais.
M. Lavoie: Etes-vous au courant que, dans la loi 2...
M. Godin: Me permettez-vous de répondre à votre
question?
M. Lavoie: Deuxième volet de ma question. Est-ce que le
député est au courant, est-ce qu'il connaît la loi 2?
M. Godin: Très bien. J'ai travaillé sur cette
loi.
M. Lavoie: II y a une disposition qui s'applique à tous
les partis du Québec, autant provinciaux que municipaux...
M. Godin: Oui.
M. Lavoie: Que les campagnes à la chefferie ne sont pas
couvertes par la loi 2?
M. Godin: Non, je n'ai pas dit qu'elles étaient couvertes,
mais je dis que, dans le document...
M. Ciaccia: Voilà.
M. Lalonde: Vous avez bien pris soin de ne pas le dire.
M. Ciaccia: Des journaux comme "Le Québécois", eux
autres...
M. Godin: M. le Président, le député de
Laval me pose une question.
Une Voix: Vous faites de la poésie.
M. Godin: Est-ce que je peux répondre au
député de Laval?
M. Ciaccia: Vous observez la loi, dans vos journaux?
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
M. Godin: Est-ce que je peux répondre au
député de Laval?
Une Voix: Pharisiens!
M. Ciaccia: Des annonces aux compagnies de pavage, aux
entrepreneurs.
M. Godin: Est-ce que je peux répondre? M.
Grégoire: Cela fait mal! M. Gratton: ...
M. Lalonde: Allez-vous rembourser les compagnies qui ont fourni
à vos journaux?
M. Gratton: Les compagnies de pavage qui veulent annoncer dans
votre...
M. Lalonde: Sintra qui annonce partout. Avez-vous
remboursé?
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que les esprits vont
revenir?
M. Gratton: Est-ce que ça va contre la lettre ou l'esprit
de la loi?
Une Voix: Sépulcres blanchis!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau. Je pense que je vais essayer de...
M. Grégoire: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Non. M. le député
de Mercier, vous avez la parole.
M. Godin: C'est sûr que ce qui m'a inspiré cette
intervention, c'est que le document ici dit: "S'inspirant de l'esprit et de la
lettre de la nouvelle Loi sur le financement des partis politiques, il y aura
une liste, etc., des "contributeurs"...
M. Lalonde: Oui.
M. Godin: ... mais cette liste est confidentielle." Cela veut
dire que l'esprit et la lettre sont violés, parce que l'autre
règlement dit: "Le rapport des contributions est confidentiel." C'est
pour cela qu'on se méfie d'eux, de l'autre côté, M. le
Président. Ce n'est pas de 1929, c'est de quelques mois. Ce sont deux
documents qui émanent de votre parti. Vous contredisez l'esprit et la
lettre d'une loi qui est pourtant citée en exemple par le chef du Parti
libéral.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Question de règlement, M. le Président.
M. Godin: Pour cette raison, j'ai répondu à la
question...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur une question de règlement.
M. Lalonde: J'ai tenté de ne pas interrompre le
député de Mercier qui a insisté pour aller à
l'encontre de vos directives à l'extérieur de la pertinence,
mais, au moins, est-ce qu'on pourrait lui demander un minimum
d'honnêteté...
M. Godin: Question de règlement. Est-ce que je peux faire
une question de règlement?
M. Lalonde: Non, je n'ai pas terminé la mienne, M. le
Président. Est-ce qu'il pourrait au moins lire tout ce qui est
écrit là-dedans sur ce à quoi il fait
référence?
M. Godin: D'accord.
M. Lalonde: L'esprit et la loi, c'était de ne pas accepter
des donations de compagnies, ce que vos journaux de parti, de quartier font
depuis deux ans,à l'encontre de l'esprit et de la lettre de la loi.
M. Grégoire: Parlez donc des $500 000 des
ingénieurs.
M. Blank: Parlez-nous donc du million des corporations, vous
autres.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Mercier. M. le député de Saint-Louis...
Une Voix: Cela fait mal.
M. Paquette: ... du Parti québécois est public ou
confidentiel?
Une Voix: Question de règlement. Question de
privilège.
M. Paquette: II est public. Il n'y a rien de plus public que
cela.
M. Godin: M. le Président, question de
privilège.
Le Président (M. Jolivet): Si vous voulez continuer, je
vais suspendre de mon propre chef, encore une fois.
M. Godin: M. le Président, question de
privilège.
M. Gratton: Les bilans dans les journaux sont publics. Vous
privez...
M. Godin: Je vous ferai remarquer...
Le Président (M. Jolivet): Ah non! Il n'y a pas de
question de privilège en commission parlementaire.
M. Godin: Ou de règlement, ou de directive, disons de
directive. Le député de Laval me pose une question. J'y
réponds. Je lui réponds ou je réponds à la question
de la façon la plus pertinente qu'il soit, puisqu'il me pose une
question.
M. Lalonde: Incomplète. Elle est incomplète, votre
question, elle est incomplète.
M. Godin: J'entends le député de
Marguerite-Bourgeoys dire que je ne suis pas dans la pertinence... Je peux
déposer le document, si vous voulez.
M. Lalonde: Oui.
M. Godin: Je peux vous le lire au complet, si vous voulez.
M. Lalonde: Ah oui! C'est un bon document à part cela.
M. Godin: Je vais vous le lire parce qu'il dit: "Point A: Aucune
souscription de compagnie ou de corporation n'est acceptée."
Une Voix: Ah!
M. Godin: C'est dans la loi, c'est d'accord. D'accord, je vous le
concède.
M. Blank: ...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis, c'est la deuxième fois.
M. Godin: "B, deuxième point: Le montant maximal est
fixé à $3000." C'est dans la loi aussi.
M. Lalonde: J'ai mon voyage!
M. Godin: D'accord. "Une liste des souscripteurs ayant
donné plus de $500" ce n'est pas dans la loi, la loi dit $100, n'est-ce
pas, M. le ministre?
M. Lavoie: Quel rapport cela a...
M. Godin: Je réponds à votre question et je
réponds à la question du député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Allez-y, allez-y, continuez. Très bien.
M. Godin: "Tous les chèques devront être
libérés, etc. Une liste des souscripteurs sera
déposée auprès du directeur général du Parti
libéral du Québec." Or, elle est confidentielle. Donc, l'esprit
et la lettre sont violés, dans un document officiel du nouveau chef pur,
drapé dans le manteau de la pureté.
M. Gratton: Le prochain premier ministre du Québec.
M. Godin: Peut-être, mais il reste qu'il est bien
habillé le premier ministre du Québec...
M. Lalonde: Voilà pourquoi votre fille est muette.
M. Godin:... mais sa couche n'est pas propre.
M. Lavoie: Vous êtes bien placé pour porter un
jugement sur cet homme.
M. Gratton: Là, vous êtes rendu à votre
niveau, quand vous parlez de couche.
M. Godin: Je ne fais que citer des documents officiels du Parti
libéral.
M. Gratton: Vous êtes à votre image.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M.le Président, la Commission des droits de la
personne joue, dans notre société, un rôle
extrêmement important.
Le Président (M. Jolivet): J'en aurais besoin pour moi ce
soir.
M. Rivest: Je me rappelle, puisque...
M. Paquette: M. le Président, est-ce que le
député parle sur une question de règlement ou si vous
êtes rendu à son tour de parole?
Le Président (M. Jolivet): C'est son tour de parole.
M. Paquette: Parfait, très bien.
M. Rivest: Non, je parle sur le fond, l'article 4.
M. Godin: Un instant! Est-ce que...
M. Rivest: Vous m'avez donné la parole. Je vais soulever
une question de règlement.
M. Godin: Une question de directive.
M. Rivest: Vous m'avez donné la parole, question de
règlement. Est-ce qu'il crie tout le temps comme cela? Il n'y a pas
moyen que je fasse mon discours!
M. Godin: Une question de directive. Il y avait, me semble-t-il,
une entente au terme de laquelle, si je répondais aux questions de ces
messieurs, cela ne m'enlevait pas du temps qui m'était
réservé. C'est vrai ou faux?
Une Voix: Cela t'apprendra à leur faire confiance!
Le Président (M. Jolivet): Effectivement...
M. Lalonde: Allez-y! Consentement à deux minutes.
M. Rivest: Non! Je veux faire mon discours! M. Lalonde: On
veut consentir, nous autres.
M. Rivest: M. le Président, j'ai des hésitations
quant à moi.
M. Godin: Je demande au président...
Le Président (M. Jolivet): C'est moi qui vais
répondre, s'il vous plaît!
M. Rivest: Tant mieux!
Le Président (M. Jolivet): Je vous ai donné les
cinq minutes auxquelles vous aviez droit et, avec les questions qui se sont
ajoutées, cela dure depuis douze minutes. Donc, je pense que vous n'avez
en aucune façon été brimé. M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Merci, M. le Président. M. Grégoire:
Question de règlement...
M. Rivest: Au projet de loi 3, l'article 4... Franchement!
M. Grégoire: Sur une question de règlement, c'est
celle que je voulais soulever, d'ailleurs, depuis un bout de temps. Le
député de Mercier avait vingt minutes de droit de parole. Vous
soustrayez de son droit de parole le temps...
M. Lavoie: Question de règlement!
M. Grégoire: Je parle sur une question de
règlement.
M. Lavoie: J'ai le droit de soulever une question de
règlement.
M. Grégoire: Je parle sur une question de
règlement, pas deux en même temps, s'il vous plaît!
Le Président (M. Jolivet): Un instant! J'aimerais savoir,
M. le député de Frontenac, si c'est votre intention de mettre en
doute ce que je viens de dire en rapport au droit de parole du
député de Mercier.
M. Grégoire: Non.
Le Président (M. Jolivet): Allez!
M. Grégoire: Ce que je mets en doute, c'est le respect par
l'Opposition du droit de parole du député de Mercier. Je dis que
c'est contraire au règlement que de violer le droit de parole du
député de Mercier lorsqu'on l'interrompt tout le temps sur des
questions de règlement futiles, qu'on l'empêche de parler, qu'on
l'empêche de se prononcer. Je dis, à ce moment, que l'Opposition
joue systématiquement, volontairement et d'une façon voulue et
contraire au règlement le jeu d'empêcher un député
de ce côté-ci de parler, pour la simple et unique raison qu'il est
en train de dire de grosses vérités que l'Opposition ne pouvait
pas accepter, parce qu'elle savait que c'était vrai, ce que le
député de Mercier disait était vrai.
Le Président (M. Jolivet): Bon! M. le député
de Frontenac, je devrais vous avertir que, de part et d'autre, ce soir, les
droits de parole ont été brimés.
M. le député de Jean-Talon.
M. Grégoire: Surtout celui du député de
Mercier.
M. Rivest: M.le Président, la Commission des droits de la
personne, a été, sans doute, lors de sa création, un geste
des plus positifs, je pense. Je ne l'attribue pas au gouvernement de
l'époque, mais la société québécoise se
l'est donnée de façon à protéger les droits de la
personne dans une société qui devient de plus en plus complexe et
qui, par le fait même, enrégimente, d'une façon ou de
l'autre, les droits des citoyens.
M. le Président, je crois qu'au moment de l'adopter je
vais l'attribuer à l'Assemblée nationale, étant
donné que je ne veux pas vanter les mérites de l'ancien
gouvernement l'Assemblée nationale en adoptant cette loi, a
manifestement pris parti au nom des droits et libertés de la
personne.
Or, M. le Président, dans le cadre du projet de loi no 3 du
présent gouvernement, voulant instituer un registre des
électeurs, à l'article 4, on lit que le registre comprend, pour
chaque électeur, les renseignements suivants: son nom, son
prénom, son adresse, son sexe, sa date de naissance et le numéro
inscrit sur la carte qui a été délivrée en vertu de
l'article 8 de la Loi de l'assurance-maladie, 1970, chapitre 37.
M. le Président, mon intervention va porter sur ce dernier
élément de l'article 4, c'est-à-dire le numéro
inscrit sur la carte qui a été délivrée en vertu de
l'article 8 de la Loi de l'assurance-maladie, 1970, chapitre 37.
Est-ce que je vais à l'encontre du règlement?
Le Président (M. Jolivet): Vous n'allez pas à
l'encontre du règlement.
M. Rivest: Je constate qu'il faut être très original
ce soir pour être...
M. le Président, quel rapport, pouvez-vous vous demander, y
a-t-il avec cet article 4 que j'ai lu et que je ne crois pas avoir à
relire une nouvelle fois, et le commentaire de la Commission des droits de la
personne, tel que délivré au ministre d'Etat à la
réforme parlementaire en date du 29 mai 1979?
M. le Président, je pense que, pour les fins de mon
exposé, je dois brièvement donner lecture des points de la
Commission des droits de la personne. Je pense simplement illustrer ici que
c'est une autorité qui, bien au-delà des préoccupations
des députés de chaque côté de la table, est sans
doute empreinte d'une très grande objectivité sur le
problème qui nous concerne et, en particulier, sur la proposition
d'amendement formulée par le député de Laval, à
savoir retirer l'élément suivant de l'article 4,
c'est-à-dire le numéro inscrit sur la carte qui a
été délivrée en vertu de l'article 8 de la Loi de
l'assurance-maladie, 1970, chapitre 37. (23 heures)
M. le Président, que dit la Commission des droits de la personne?
Pour les fins de la discussion, de toute évidence, c'est le sens de la
motion du député de Laval, qui veut faire en sorte, par son
amendement, que ce ne soit pas le législateur qui impose aux citoyens
d'être fichés à partir de la carte qui a été
délivrée en vertu de l'article 8 de la Loi de
l'assurance-maladie, 1970, chapitre 37.
Pour l'instant, c'est simplement une proposition du ministre d'Etat
à la réforme parlementaire, qui représente le
gouvernement, et la motion du député de Laval veut faire en sorte
que ce ne soit pas le législateur, c'est-à-dire l'autorité
suprême, l'Assemblée nationale exprimant sa
souveraineté.
Alors, je reviens aux commentaires: le législateur, en mettant
à la disposition des électeurs et de l'administration je
pense que c'est l'élément important de l'opinion et de
l'administration c'est dans ce sens que la question des droits et
libertés, en particulier, de la vie privée des citoyens doit
être envisagée, c'est-à-dire, en regard des pouvoirs que
l'article 4 confère à l'administration...
Je reprends: le législateur, en mettant à la disposition
et des électeurs et de l'administration un instrument comme le registre
des électeurs c'est l'objet même de la loi ne
devrait cependant pas perdre de vue les autres droits fondamentaux inscrits
dans la charte, tel le droit au respect de la vie privée. Je pense que
c'est là
l'essence du débat que nous avons ce soir et que, pour ma part,
depuis une demi-heure, j'ai eu assez de difficulté à retracer
à travers toutes les interruptions intempestives qui sont venues de
l'autre côté de la table.
M. Burns: Continuez.
M. Paquette: ... Revenez à la pertinence du débat,
au débat de fond. Allez-y, on est content. Vous ne pouvez pas le
savoir.
M. Rivest: M.le Président, est-ce que... M. Burns:
Continuez la citation, allez-y.
M. Rivest: Ah oui! J'arrive. Je vais par étape, de toute
façon, pour vous faire bien comprendre, mais j'ai l'impression qu'on en
perd.
Une des modalités que peut prendre le respect de la vie
privée consiste pour l'Etat, c'est-à-dire l'administration,
à renoncer à mettre sur pied des fichiers, et je pense que c'est
ce dont a parlé le député de Laval et c'est, de ce
côté à tout le moins, ce à quoi nous nous opposons,
je pense que c'est le sens de la motion, qui pourraient mener à la
constitution de dossiers cumulatifs. Il s'agit effectivement...
M. Burns: Non, mais continuez.
M. Rivest: M. le Président, je vais continuer, que le
ministre ne soit pas inquiet. Il s'agit manifestement de dossiers cumulatifs,
exactement ce à quoi va conduire un registre, n'est-ce pas. Bien, il
faut établir ce point. C'est quand même la base de
l'argumentation.
M. Paquette: Comprenant toutes les données disponibles sur
un citoyen.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
s'il vous plaît! Le droit de parole appartient au député de
Jean-Talon, s'il vous plaît.
M. Rivest: M. le Président, pour les fins du journal des
Débats, je rappelle que mon argumentation est partie de l'article 4 et,
en particulier, de l'amendement qu'a proposé le député de
Laval à l'effet de retrancher de l'article 4 les mots "et le
numéro inscrit sur la carte qui a été
délivrée en vertu de l'article 8 de la Loi de
l'assurance-maladie, 1970, chapitre 37." Je poursuis, à l'invitation du
ministre d'Etat à la réforme parlementaire, l'expression
d'opinion de la Commission des droits de la personne. J'en étais aux
mots "dossiers cumulatifs" et je vais identifier les mots "dossier cumulatifs",
comme se référant expressément au registre des
électeurs, comprenant toutes les données disponibles sur un
citoyen. Je conviens immédiatement que le registre des électeurs
ne contient pas toutes les données disponibles sur un citoyen. Certaines
données, dont...
M. Paquette: Lesquelles?
M. Rivest: II y en a une qui m'apparaît... Je peux
répondre à la question, M. le Président, le
règlement le permet?
Le Président (M. Jolivet): Oui, seulement pour
éviter que vous soyez toujours interrompu, je demanderais aux
députés...
M. Paquette: Oui, avec plaisir.
Le Président (M. Jolivet): Donc, continuez.
M. Lalonde: Cela n'est pas provocant.
M. Rivest: J'ai ici la version originale, je l'avais simplement
retranscrite. C'est le chapitre 37, l'article 8.
M. Burns: Qu'est-ce que cette affaire?
Le Président (M. Jolivet): Vous étiez bien parti,
continuez.
M. Rivest: Ce n'est pas le bon article, il y a confusion. C'est
toujours sur la motion du député de Laval qui propose de
retrancher le numéro inscrit. Je vous épargne le reste, je pense
l'avoir déjà dit. "La Commission des droits de la personne,
poursuit l'opinion, à quelques reprises, s'est opposée à
la constitution de tels fichiers", et on donne, je pense, six ou sept cas et
des avis. Est-ce qu'on a eu, effectivement, les avis?
M. Lalonde: On n'en a pas eu encore.
Le Président (M. Jolivet): Je n'ai pas à
vérifier cette chose.
M. Lalonde: Pardon?
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas à moi
à vérifier cette chose.
M. Rivest: Mais c'est parce que cela me serait très utile
pour les fins de...
Le Président (M. Jolivet): Vous pouvez le demander
à d'autres niveaux qu'à la commission.
M. Rivest: Est-ce que je peux faire une motion pour demander le
dépôt?
Le Président (M. Jolivet): Non, pas ici. M. Rivest:
Où, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): A l'Assemblée
nationale.
M. Rivest: Merci, je ferai cette motion à
l'Assemblée nationale. Elle n'a pas déjà été
faite?
Le Président (M. Jolivet): Vous pouvez le demander
à votre collègue de Laval.
M. Rivest: Très bien, M. le Président. Alors je
poursuis l'avis à la page 2 de la Commission des droits de la personne.
Dans ses interventions, elle a cru devoir proposer les principes suivants.
Cette introduction étant posée à mon intervention,
l'essentiel de mes remarques va porter sur les quatre principes posés
pas la Commission des droits de la personne. "Un fichier ce à
quoi s'oppose, je pense, l'amendement du député de Laval
ne devrait contenir que les données qui sont absolument indispensables
à la poursuite des objectifs de la loi." Or, il s'agit de faire en sorte
qu'au Québec nous puissions disposer d'une liste d'électeurs
convenable qui permette à tous les électeurs habilités
à voter, d'exercer leur droit de vote, compte tenu de certaines
faiblesses qu'a eues, dans le passé, la constitution de nos listes
d'électeurs.
En ce sens, je ne sais pas ce que mes collègues en ont dit, je
pense que la constitution d'une liste électorale, la mieux faite
possible, qui n'a pas de trou, est un objectif tout à fait
légitime, mais un objectif qui, à mes yeux, ne nécessite
pas la constitution d'un registre, lequel constitue un fichier, lequel fichier
est condamné par la Commission des droits de la personne et lequel
fichier va être, malheureusement, constitué si nous acceptions la
proposition du ministre d'Etat à la réforme parlementaire et
électorale, dans le cadre de son projet 3, à l'article 4.
Or, ayant pris connaissance je ne dis pas d'une façon
littérale de tous les débats de cette commission depuis
fort longtemps, je ne pense pas que le ministre ou le
président-directeur général des élections ait
démontré à la commission je pense que le fardeau de
la preuve repose sur lui que l'inscription du numéro sur la carte
qui a été délivrée en vertu de l'article 8 de la
Loi de l'assurance-maladie, 1970, chapitre 37, était indispensable au
sens du premier principe établi par la Commission des droits de la
personne. Je pense que c'est un premier point pour soutenir l'amendement du
député de Laval. Je pense que c'est incontestable, et le silence
que je constate de la part des députés ministériels me
prouve qu'effectivement, sur ce point, je peux avoir raison puisqu'ils ne le
contestent pas.
M. Godin: Question de règlement. Quand on écoute
poliment l'intervenant de l'autre côté, ils disent que c'est parce
qu'on est d'accord avec eux. C'est parce qu'on est polis, tout simplement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon.
Une Voix: Depuis quand?
M. Godin: On écoute religieusement les interventions qui
ont de la valeur.
M. Rivest: On peut être en désaccord et être
poli également.
M. Paquette: C'est ce qu'on fait.
Le Président (M. Jolivet): Continuez, M. le
député.
M. Rivest: Est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Jolivet): Vous avez toujours la
parole.
M. Rivest: Donc, sur ce plan, je pense avoir établi
clairement qu'un fichier ne devrait contenir que les données qui sont
absolument indispensables à la poursuite des objectifs de la loi. C'est
ce que la Commission des droits de la personne a dit au ministre d'Etat. Je
pense que l'amendement que le député de Laval propose à
l'article 4, pour retrancher la dernière partie de l'article que j'ai
citée précédemment, satisfait au premier principe de la
Commission des droits de la personne. Je pense que tout le monde est d'accord
là-dessus.
Deuxième principe, M. le Président. C'est au gouvernement,
dit la Commission des droits de la personne qu'appartient le fardeau de
démontrer c'est exactement ce que je disais, sans avoir
analysé en détail l'opinion, il y a quelques instants le
fardeau de la preuve, sous-entendu sans doute de démontrer que la
cueillette de tel ou tel renseignement est essentielle. Dans le premier
principe, la commission avance l'idée du caractère indispensable,
et je pense avoir démontré à cette commission que le
gouvernement n'avait pas démontré que c'était
indispensable.
Dans le deuxième principe, la commission avance l'idée du
caractère essentiel. Donc, même si cela peut être utile, ce
n'est pas nécessairement essentiel. A ce moment-là, on doit
simplement discuter et analyser ce qu'on appelle en droit une valeur
familière au ministre d'Etat la balance des inconvénients,
même si cela peut être utile, voire nécessaire, pour autant
que ce n'est pas essentiel.
Il faut vraiment que ce soit essentiel. Il est facile de comprendre
pourquoi la commission parle du caractère essentiel des renseignements.
C'est parce que ces renseignements sont fichés et constituent, au sens
même la Charte des droits et libertés de la personne, charte qui
donne naissance à la Commission des droits de la personne... Si le
gouvernement n'a pas montré, dans un premier temps, le caractère
indispensable et je pense que le fardeau de la preuve est au
gouvernement, là-dessus, je pense que j'ai eu l'accord des membres de la
commission, que malheureusement le gouvernement ne pouvait pas démontrer
le caractère indispensable. Enfin, j'ai interprété votre
silence comme étant un acquiescement à mes propos. Je pense donc
et c'est le deuxième principe de la commission que le
gouvernement a maintenant, et c'est la commission qui le dit, c'est au
gouvernement, ce n'est pas à l'Opposition qu'il parle, c'est au
gouvernement, le fardeau, de démontrer que la cueillette de tel ou tel
renseignement est essentielle, en l'occurrence les renseignements obtenus
à partir de la carte d'assurance-maladie. Or, M. le Président, je
reviens au même argument que sur le premier principe, je ne pense pas,
ayant pris connaissance des faits, je l'avoue,
assez rapidement, mais, d'après ce qu'on m'a dit, que le ministre
d'Etat à la réforme électorale et parlementaire a
démontré que les renseignements étaient essentiels. Je
pense que les membres de la commission seront d'accord là-dessus. Tous
les membres qui ont suivi les travaux savent que cette démonstration n'a
pas été fournie malheureusement. Il a peut-être
évoqué, à l'occasion, la possibilité que cela
pourrait été utile, mais cela ne satisfait pas la Commission des
droits de la personne. La commission veut que la preuve soit faite, que le
fardeau de la preuve repose sur le gouvernement. Elle veut que la preuve soit
faite que c'est un critère essentiel.
M. Godin: M. le Président, je vois le leader qui est assis
sur une chaise droite. Nous serions prêts à lui passer un de nos
fauteuils si cela peut lui rendre service.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon.
M. Paquette: C'est vrai, il n'y a plus de place.
M. Rivest: Je pense que, sur ce deuxième point, les
membres de cette commission sont d'accord et j'invite le ministre d'Etat
à la réforme parlementaire et électorale à fournir
ces preuves que je lui demande.
M. Burns: Certainement.
Le Président (M. Jolivet): Monsieur... Excusez-moi, je
pensais que vous aviez terminé.
M. Rivest: Non.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre m'ayant
demandé la parole, je pensais qu'on enfilait. (23 h 15)
M. Rivest: Est-ce que le temps est écoulé?
Le Président (M. Jolivet): II vous reste trois
minutes.
M. Rivest: Trois minutes. Effectivement j'arrive à mon
troisième point...
M. Burns: Vous pouvez faire ça en trois minutes. Envoyez
donc, envoyez donc, faites-nous donc ça en trois petites minutes.
Le Président (M. Jolivet): La parole est à
vous.
M. Rivest: J'ai encore trois minutes.
M. Burns: Trois petites minutes.
Le Président (M. Jolivet): Ne les perdez pas.
M. Godin: Avez-vous remarqué qu'on vous laisse parler, M.
le député de Jean-Talon?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mercier, ça allait bien.
M. Godin: J'ai eu 47 interruptions tout à l'heure, bien
comptées.
M. Rivest: Vous les méritiez.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon, ne perdez pas vos trois minutes.
M. Rivest: Non, j'en arrivais au troisième point. Les
échanges de données personnelles entre ministères et
organismes devraient être limitées au strict minimum et, dans le
cas où ces échanges sont nécessaires, la personne
concernée devrait en être avisée.
Là-dessus, je voudrais convenir, je pense, avec l'ensemble des
membres de la commission que le numéro inscrit sur la carte qui a
été délivrée en vertu de l'article 8 de la Loi de
l'assurance-maladie 1970, chapitre 37, et les informations qui y sont
contenues, dépassent de beaucoup le strict minimum dont parle la
Commission des droits de la personne.
M. Paquette: Je m'excuse, M. le Président, est-ce que le
député me permettra une question? Je pense que ça va
l'aider à finir ses trois minutes. La Commission des droits de la
personne vous venez de le mentionner précise que le
citoyen doit avoir accès à tous les renseignements qui sont sur
quelque fichier que ce soit, ce avec quoi nous sommes parfaitement d'accord.
Connaissez-vous beaucoup de citoyens qui vont vouloir consulter le registre des
électeurs pour savoir son nom, son adresse, son sexe, à moins
qu'il y en ait qui soient incertains, sa date de naissance et son numéro
d'assurance-maladie? Est-ce que ça vous préoccuperait? Vous iriez
voir le registre des électeurs pour connaître votre nom?
M. Rivest: Moi, personnellement, oui. M. Paquette: Oui.
Votre sexe aussi?
M. Burns: Dans votre cas, c'est compréhensible.
M. Rivest: Oui, entre autres, je veux voir si c'est inscrit
que...
M. Burns: Non, mais il y a des gens comme ça qui ne se
reconnaissent pas. C'est mieux d'aller voir dans un registre.
M. Rivest: La victoire de Jean-Talon.
Le Président (M. Jolivet): Bon! Cela allait bien pourtant.
M. le député de Jean-Talon...
M. Lalonde: Cela a commencé à aller mal quand le
député de Rosemont s'en est mêlé.
M. Paquette: Cela va réveiller le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon, est-ce que vous avez terminé?
M. Rivest: Non.
Le Président (M. Jolivet): Parce que vos trois minutes
sont terminées.
M. Rivest: C'est très important...
Le Président (M. Jolivet): Simplement faire une
conclusion.
M. Rivest: Ce qui est très important, c'est qu'il me
semble, et, là-dessus, j'inviterais... C'est que le ministre, compte
tenu de l'opinion, nous dise quelles dispositions il entend prendre, il
entendrait prendre, si la motion du député de Laval était
malheureusement rejetée par cette commission, pour satisfaire aux
préceptes, aux exigences de la commission, quelles mesures il entendrait
prendre pour que la personne impliquée soit avisée. Ce serait
très intéressant d'entendre le ministre qui, sans doute, a du
respect pour l'opinion de la Commission des droits de la personne.
Et je passe rapidement, parce que mon temps est écoulé,
quelles mesures administratives et concrètes le ministre projette-t-il?
A-t-il les budgets, les autorisations du Conseil du trésor, pour mettre
en place un mécanisme non seulement pour informer la personne de tout ce
qui sera écrit dans le fichier, mais, deuxièmement, prendre les
mesures, étant donné la transmission qui va être faite un
peu partout, pour qu'elle puisse en connaître l'existence, pour l'aviser
et, deuxièmement, quelles sont les dispositions administratives
prévues par le ministre pour que chaque citoyen ait la
possibilité de faire corriger ce registre. C'est important que le
ministre ait prévu déjà, au moment où il propose
l'adoption de cette loi par l'Assemblée nationale, le genre de mesures
qu'il entend prendre sur le plan administratif pour donner suite aux
propositions de la Commission des droits de la personne sur l'information des
citoyens à la condition, et je termine là-dessus, et ce n'est pas
encore démontré, que ces renseignements soient absolument
indispensables, tel que le dit la commission, et, deuxièmement, à
la condition que ces renseignements soient absolument essentiels, chose que le
ministre n'a malheureusement pas démontrée.
Le Président (M. Jolivet): M.le ministre.
M. Burns: Je m'excuse d'être obligé de
répondre à nouveau, un de mes collègues dit que c'est pour
la cinquième fois, je me demande si ce n'est pas plus que ça,
mais, quand même...
M. Dussault: C'est le désavantage, M. le ministre, d'avoir
des gens qui ne suivent pas les travaux de la commission et qui rebondissent
comme ça comme un cheveu sur la soupe.
M. Burns: C'est ça.
M. Rivest: Question de règlement.
M. Burns: Je pense vraiment que le député de
Châteauguay a parfaitement raison.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon, question de règlement.
M. Burns: Allez-y, on va vous écouter.
M. Rivest: Simplement pour m'inscrire en faux contre les propos
du député de...
M. Burns: Cela fait deux fois que vous venez et, chaque fois,
vous nous ramenez des choses qui ont été discutées
avant.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Rivest: Non, c'est faux.
M. le Président, je veux rétablir...
M. Gratton: Le ministre, avec ses gros sabots...
M. Rivest:... je pense que je me suis présenté
à la commission trois ou quatre fois, mais j'ai pu prendre connaissance
d'une très grande partie de la transcription et, deuxièmement,
j'ai discuté amplement avec mes collègues, membres de la
commission, de la nature exacte des informations que le ministre a fournies
à la commission. Je dois malheureusement conclure que le ministre n'a
pas répondu aux questions que je lui pose de nouveau.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Burns: Aujourd'hui, quelqu'un m'a fourni une citation que je
ne peux pas identifier, malheureusement, mais qui peut peut-être nous
aider à nous calmer tous. Je trouvais qu'elle s'appliquait beaucoup aux
travaux de cette commission. La citation, apparemment, est d'un journaliste, il
y en a au moins un dans la salle, je n'en ai pas vu d'autres, mais il y en a au
moins un; deux, un de mes collègues qui est journaliste. J'ai
trouvé que c'est... On pourra retracer l'auteur, mais simplement en
guise d'introduction, je vous dirais que ce journaliste disait: S'il est des
scrupules qui honorent ceux qui les ont, ceux qui prêtent des intentions
sont habituellement ceux qui en ont.
Il fallait que je la passe parce que je la trouve trop bonne. Comme un
bon vin, elle va prendre de la valeur avec le temps, j'ai l'impression.
Je dis tout simplement que ça m'étonne beaucoup, de la
part du député de Jean-Talon et du député de
Marguerite-Bourgeoys je pardonne aux autres d'être intervenus de
cette façon ça m'étonne surtout, de la part de ces
deux députés, de venir nous faire le gros baratin de la
protection des libertés fondamentales des individus, etc. J'ai pris la
peine de retracer un projet de loi qui portait le nom de M. Lalonde, si je ne
me
trompe pas, qui est le député actuel du... Non, pas Marc,
Fernand Lalonde. M. Lalonde était, à l'époque, Solliciteur
général, et, le 15 juin, il nous déposait le projet de loi
no 41, Loi modifiant la Loi de police, la Loi des commissions d'enquête
et d'autres dispositions législatives. Il y a eu une première
lecture le 15 juin, il y a eu une deuxième lecture le 29 juin.
Le projet de loi, heureusement, n'a jamais été
accepté par l'Assemblée nationale. Mais je retrouve, dans ce
projet de loi, deux dispositions qui peuvent nous être utiles au point de
vue parallèle. Je pense que le député de Jean-Talon,
à ce moment-là, était très proche du bureau...
M. Rivest: En quelle année?
M. Burns: En 1976, au mois de juin. Je pense que le
député de Jean-Talon était très proche du bureau du
premier ministre. L'article 42 de cette loi 41 édictait une section II
qui comportait, entre autres, un article 23. cela a peut-être
l'air compliqué, mais c'étaient des amendements à la Loi
de police qui disait: "Les commissaires ou, s'il est juge, l'un d'entre
eux, peuvent, à la suite d'une dénonciation faite sous serment,
émettre un mandat pour autoriser un commissaire ou une personne qui y
est désignée à pénétrer et à
perquisitionner, en tout temps, dans tout endroit indiqué
généralement ou spécialement, à y examiner, y
saisir et emporter tout objet qui s'y trouve."
C'était un amendement à la Loi de police. C'est le parti
qui nous reproche actuellement de faire fi des droits individuels qui avait
présenté ce projet. L'article 25 disait écoutez,
c'est de toute beauté "En cas d'urgence...
M. Rivest: En cas d'urgence. M. Lalonde: ...
M. Burns: "En cas d'urgence, une personne autorisée par
les commissaires à faire enquête, si elle a un motif raisonnable
de craindre qu'un objet qui peut être utile à l'enquête ne
disparaisse ou ne soit détruit, peut exercer, sans mandat et
j'insiste bien sur les mots "sans mandat" les pouvoirs prévus par
les articles 23 et 24." Je vous ai cité l'article 23.
Bien sûr, vous allez me dire que c'est uniquement dans un domaine
d'enquête policière, etc. Je me suis dit: Est-ce que le parti qui,
actuellement, est en train de déchirer ses vêtements, vraiment sur
la place publique, parce que nous brimons les droits de la population, en
ajoutant, imaginez-vous, le numéro d'assurance-maladie, est-ce que ce
parti, d'autre part, a tenté de ficher les gens?
Et j'ai découvert le projet de loi no 28 qui, lui aussi, datait
du mois de juin 1976. Et à l'article 14, soit dit en passant, on peut
lire ceci d'assez intéressant... Le projet de loi no 28, en passant,
s'appelait la Loi du ministère de la population et de l'immigration. Je
me suis dit: Dans le domaine policier, peut-être qu'à un moment
donné, ils se sont dit, de bonne foi: On va essayer de protéger
la population, etc.
Mais quand on arrive aux droits et libertés de la personne, je me
suis dit: II n'est plus question d'urgence ni d'enquête policière,
ni de pègre, ni de quoi que ce soit. Et on trouve à l'article 14
de ce projet de loi no 28, qui, lui non plus, heureusement, n'a pas
été adopté, et je cite: "Le ministre en
l'occurrence le ministre de l'Immigration maintient un système
central d'enregistrement et de conservation des actes de l'état civil et
un système de collecte des données sociales. Il compile, pour
fins démographiques et scientifiques, des données sur les
naissances, les adoptions, les mariages, les divorces, les nullités de
mariages, les décès, ainsi que les mouvements de population,
à l'intérieur du Québec, des personnes qui
s'établissent au Québec et celles qui le quittent."
Et l'article suivant, l'article 15...
M. Godin: Cela quittait dans le temps aussi?
M. Burns: Oui, cela quittait aussi dans le temps. Et l'article 15
qui est le suivant, dit: "Le ministre effectue des études et des
recherches sur la répartition des différents
éléments de la population, sur la contribution et
l'intégration à la société de toutes les ressources
humaines, notamment les femmes, les jeunes, les personnes âgées et
les immigrants ainsi que sur les moyens de faciliter cette contribution et
cette intégration."
C'est de toute beauté pour des gens qui, aujourd'hui, viennent
crier aux vierges offensées, parce que...
Une Voix: Cela n'a pas été adopté.
M. Burns: Heureusement que cela n'a pas été
adopté. Mais cela a été déposé. Et je
connais très bien le processus.
M. Ciaccia: Voulez-vous suivre le même exemple avec le
projet de loi no 3?
M. Burns: Et je pense que j'ai au moins devant moi un ancien
ministre qui sait fort bien comment un projet de loi arrive à
l'Assemblée nationale, même en première lecture. Je connais
un député, celui de Jean-Talon, qui est très familier avec
cette procédure, c'est-à-dire que des projets de loi comme
ceux-là sont des projets de loi dont le principe est adopté au
Conseil des ministres et qui, par la suite, sont soumis au comité de
législation et qui, par la suite, prennent forme de projet de loi. Ce
sont deux projets de loi qui ont été déposés
à l'Assemblée nationale, par le gouvernement
précédent.
Ceux qui viennent aujourd'hui me crier aux vierges offensées,
cela m'étonne beaucoup de les entendre parce qu'il y a au moins deux
députés... J'exempte de cela le député de Laval
qui, à l'époque, officiellement, devait être neutre et je
pense qu'il l'était d'ailleurs, on peut lui rendre cet hommage, par
rapport à la fabrication des projets de loi. (23 h 30)
Mais qu'on vienne me dire aujourd'hui que par l'addition, à
l'article 4 et c'est vraiment cela l'addition du numéro
d'assurance-maladie, on brime les droits individuels des gens, que ce
même parti encore une fois j'exempte l'Union Nationale de cela qui
n'a pas participé à la fabrication de ces deux projets de loi
dont je vous ai cité des extraits vienne aujourd'hui jouer les
vierges offensées là-dessus, vraiment, je ne le comprends pas. Je
ne le comprends surtout pas lorsque...
Je vous avoue que je remercie d'ailleurs le bâtonnier du Barreau
du Québec, Me Paul Vézina, qui m'a mis la puce à l'oreille
relativement à ces projets de loi, parce qu'il m'a écrit, le 11
juin dernier, en me disant: Je vous rappelle le mémoire que le Barreau
du Québec soumettait à l'Assemblée nationale. Le
mémoire est en date du 2 juin 1976 relativement aux services de
santé et aux services sociaux. Le bâtonnier, Dieu le
protège, parce qu'il m'a vraiment ouvert les yeux et m'a fait
découvrir dans le fond, même s'il ne le voulait pas, les lois 41
et 28 que je viens de vous citer, me signalait aux pages 12 et suivantes, qu'il
y avait des remarques très pertinentes auxquelles je devais m'attacher
dans l'étude du projet de loi no 3 où à la page 13 plus
particulièrement, on lit ceci: "Le Barreau a déjà eu
l'occasion de se prononcer contre la carte d'identité." J'ai
répondu à cette lettre-là cette lettre-là
est publique et, si vous en voulez une copie, je vous en fournirai des copies
en lui disant que le projet de loi no 3 ne mettait pas en vigueur de
carte d'identité, que, bien au contraire, lorsque j'étais membre
de l'Opposition, je m'étais non pas battu, mais opposé de
façon très sérieuse à un projet qui avait
été mis de l'avant à l'époque par Me
Jérôme Choquette qui était ministre de la Justice, sauf
qu'il est clair que dans le projet de loi no 3 il n'est pas question de carte
d'identité.
Je pense que mes déclarations là-dessus ont
été assez claires. Pour le moment, il n'en est pas question tant
que nous n'aurons pas reçu une recommandation qui puisse être
utilisable par l'Assemblée nationale et venant du directeur
général des élections. Mais je me suis attaché plus
particulièrement dans ma réponse à la page 14 du
mémoire et plus particulièrement au troisième
alinéa de la page 14 qui se lit comme suit: "On peut donc d'ores et
déjà entrevoir que l'Etat s'achemine vers un registre central de
la population dans lequel seront inscrits tous les résidents du
Québec pour servir d'épine dorsale aux nombreux fichiers
spécialisés de l'Etat. Ce fut, en effet, la recommandation du
comité de l'Office on parle de l'Office de révision du
Code civil et des nombreux fonctionnaires qui en faisaient partie." Il y
a une référence qui apparaît. C'est un document d'ailleurs
que tous les députés normalement ont en leur possession. S'ils ne
l'ont pas, en tout cas, il est accessible à tous les
députés, puisqu'il a été déposé par
le Barreau devant une commission parlementaire.
Or, je me suis arrêté au mot même, puisque
c'étaient de mes confrères qui m'écrivaient via leur
mémoire, surtout mon bâtonnier qui m'écri- vait via son
mémoire du mois de juin 1976, je me suis attaché au mot qui
était utilisé dans ce paragraphe-là: "On peut donc
je répète la citation d'ores et déjà
entrevoir que l'Etat et je pense que le mot important, c'est justement
l'Etat s'achemine, etc."
J'ai répondu à Me Vézina que justement ce
n'était pas, en ce qui concernait le projet de loi no 3, l'Etat qui
essayait d'obtenir des informations, mais peut-être le fonctionnaire le
plus neutre qui existe au Québec, c'est-à-dire le directeur
général des élections qui voulait...
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais poser une question?
M. Burns: Non, pas de question.
M. Lavoie: C'est pour celui-là que vous refusez de
produire des documents?
M. Burns: Non. Vous avez refusé à certains de mes
collègues tout à l'heure des questions. Je vous rends la
politesse, M. le député de Laval. Ce n'est pas l'Etat qui demande
actuellement des renseignements. Ce n'est que le plus haut, un des plus hauts
fonctionnaires au Québec, et surtout un des plus neutres fonctionnaires
au Québec, puisqu'il est élu par les deux tiers de
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire le directeur
général des élections. Ce n'est qu'à lui qu'on veut
donner cela. Si on veut faire tout un plat à propos des renseignements
et du dossier cumulatif et de tout ce que vous voudrez, et même de ce que
la Commission des droits de la personne peut dire à ce sujet, je vous
dis tout de suite que, personnellement, je trouve qu'on est en train d'essayer
de faire une tempête dans un verre d'eau.
Le député de Laval me suggère de dire "enculer des
mouches", je ne le dirai pas, parce que j'ai beaucoup de respect pour l'opinion
de la Commission des droits de la personne. Je ne pense pas que la Commission
des droits de la personne essaie d'enculer des mouches en nous donnant son
opinion telle que celle qui vous a été soumise
précédemment.
Je peux dire une chose: Le législateur cela va
peut-être même surprendre les gens de l'Opposition ne doit
pas démissionner devant la Commission des droits de la personne. C'est
très sérieux ce que je dis, j'y ai bien pensé avant de
vous le dire. Quand la Commission des droits de la personne nous dit que le
problème de la réciprocité est une attaque à
l'endroit des droits individuels des personnes, je vous avoue que cela
m'impressionne, la réciprocité, c'est-à-dire le
phénomène d'information qui est reçu par le directeur
général des élections et les renseignements que le
directeur général des élections peut donner à des
organismes gouvernementaux, paragouvernemen-taux, ou même
extérieurs au gouvernement. Cela m'impressionne beaucoup, parce que
c'est tout à fait dans le domaine de la Commission des droits de la
personne. Lorsque la Commission des droits de la personne je m'excuse de
le dire à l'endroit
et avec tout le respect que j'ai pour la Commission des droits de la
personne ne se mêle pas de ses affaires, à ce moment, je
pense que ça fait partie du rôle normal du législateur
je vous dis que c'est pour tous les députés que je dis
cela, ce n'est pas pour le gouvernement lorsqu'elle ne se mêle pas
de ce qui est véritablement de la protection des droits individuels, je
dis que le législateur, c'est-à-dire nous tous ensemble, avons le
droit strict, et je dirais même le devoir de dire à la commission:
Merci pour votre opinion, mais elle dépasse votre compétence.
Celle qui dépasse, à mon avis, la compétence des droits de
la personne, est la suivante: C'est celle sur laquelle, justement, on discute
depuis déjà quelques jours, et je me demande même si ce
n'est pas rendu à quelques semaines. Cela se retrouve à la page 3
du document qui a été déposé en commission, au
deuxième alinéa. Mais, je cite le texte de la commission: "Outre
le fait que nous nous sommes déjà opposés à cette
mesure, nous croyons que le numéro d'assurance-maladie ne se rattache
pas à l'exercice du droit de vote, car il n'est pas nécessaire
à la confection des listes électorales."
Je dis carrément et clairement, et je le dis avec tout le respect
que j'ai pour le magnifique travail que fait la Commission des droits de la
personne depuis que cette commission existe, que ce n'est pas de la
compétence de la Commission des droits de la personne. Il n'y a personne
qui va me faire pleurer sur un texte comme celui-là. Si la Commission
des droits de la personne était composée de spécialistes
en matière de confection de listes électorales, je dirais:
Chapeau, je vais être obligé de m'incliner. Je dis justement que
la Commission des droits de la personne n'est pas ce n'est pas son
rôle un spécialiste en matière de confection de
listes électorales.
On en a un, au Québec, un spécialiste de cette nature. Son
nom est Me Pierre-F. Côté, il est le directeur
général des élections et lui nous dit il nous dit
ça, d'ailleurs, pendant deux séances qu'il ne peut pas
monter sérieusement un registre des électeurs sans, au moins, un
indicateur informatique et que l'indicateur informatique actuel le plus
sûr qui existe au Québec, c'est le numéro
d'assurance-maladie. C'est le seul, pour lui... En tout cas, c'est le minimum.
Il nous a dit d'ailleurs, dans un rapport qui vous a été remis,
que, s'il avait vraiment son point de vue, il en demanderait plus que
ça. Il demanderait le numéro d'assurance sociale, il demanderait
le numéro du Bureau des véhicules automobiles, le permis de
conduire. Il en demanderait d'autres. Et j'ai dit, à ce
moment-là, comme ministre responsable du projet de loi no 3, que
j'acceptais qu'on se limite au numéro d'assurance-maladie, même si
cela allait moins loin que la recommandation du directeur général
des élections et même si, comme résultat, ça voulait
dire, à toutes fins utiles, une liste électorale provenant d'un
registre, partant un registre qui aurait le même défaut, une liste
électorale et un registre électoral moins parfaits qu'on le
voudrait, dans le fond, que le voudraient tous les gens qui sont imbus du droit
des citoyens à élire leur gouvernement, à élire
leurs députés. Je le répète et je ne le dirai pas
assez souvent: Le droit électoral n'est pas un droit de politiciens. Il
est un droit d'électeurs. Il est un droit qui appartient aux citoyens.
C'est important qu'on se le dise, qu'on se le répète, parce que,
mon Dieu! qu'il n'y a pas grand monde qui est convaincu de ça au
Québec, y compris les électeurs!
Les électeurs ont toujours tenu pour acquis que le droit
électoral, c'est une bebelle qui appartient aux politiciens. La
tentative, et je le dis, très timide que comporte le projet de loi no 3,
est une tentative qui va dans cette foulée, dans la foulée qui
dit: C'est votre droit, à vous autres, les citoyens. C'est à vous
autres que cela appartient, le droit électoral. Ce n'est pas aux hommes
politiques. Ce n'est pas aux politiciens. Je n'ai pas le droit, moi, Robert
Burns, de fabriquer une loi qui va me permettre de me faire élire ou
réélire ou mieux élire la prochaine fois. Je n'ai pas le
droit, décemment, de faire ça. C'est à vous autres que
cela appartient et c'est dans cette même foulée que nous avons,
purement et simplement, M. le Président, déposé un livre
vert dans le respect du fait qu'on aurait pu j'ouvre une
parenthèse... M. le Président, mon temps est illimité en
commission. Bon!
M. Lalonde: Alors, est-ce que le ministre pourrait me
permettre... Est-ce qu'il va me laisser...
M. Burns: Non, je ne vous le permets pas. Je suis dans un bon
"bag" et laissez-moi continuer.
M. Lalonde: Oui, mais est-ce qu'il va me laisser quelques minutes
pour répondre avant minuit?
M. Burns: Laissez-moi vous dire ce que je pense pour vrai,
d'accord? Est-ce que ça vous tente?
M. Lalonde: D'accord, d'accord.
M. Burns: Vous n'aimez pas ça que je vous dise ce que je
pense?
M. Lalonde: Non, ce n'est pas ça. C'est parce que je
voulais avoir l'occasion de répondre avant minuit.
M. Burns: Non, vous avez été gentils jusqu'à
maintenant, je vous remercie.
M. Lalonde: ... interrompu...
M. Burns: Je veux continuer. Je veux vous dire tout simplement ce
que je pense. Je n'ai pas de discours écrit. Je vous dis ce qui vient de
mes tripes, d'accord?
Je dis tout simplement, M. le Président, que c'est dans ce
même sens-là que le gouvernement a décidé,
respectant justement cette idéologie, que... En tout cas, bien
humblement, j'ai été un des artisans pour faire comprendre
à mes col-
lègues, et j'espère le faire comprendre également
à mes collègues de l'Opposition... Quand je parle de mes
collègues, je parle de mes collègues de l'Assemblée
nationale, en général. (23 h 45)
Je pense que j'ai réussi à faire comprendre ça
à mes collègues du côté ministériel. Je
voudrais le faire comprendre à mes collègues du côté
de l'Opposition également. C'est dans cette même foulée que
nous avons purement et simplement décidé de ne pas imposer
à la population une refonte complète du mode de scrutin. C'est
exactement dans la même philosophie et c'est exactement dans cette
même philosophie que nous arrivons à dire qu'il est important que
le droit des électeurs soit véritablement un droit qui appartient
aux citoyens et non pas aux politiciens. C'est dans ce sens là qu'on
dit: si on fait un registre, malgré ses imperfections, si on se limite
dans les choses qu'on doit y inscrire, au moins on aura fait un pas dans le
sens de dire que l'on protège davantage le droit du citoyen à
choisir son gouvernement, à choisir son député, à
défaire son gouvernement et à défaire son
député. C'est son droit le plus élémentaire. Et
qu'est-ce qu'on vous demande de plus dans le fond?
Je regarde l'amendement que l'article 4 vous propose et dans le fond si
vous regardez la Loi électorale actuelle et encore une fois on
peut faire tout un plat là-dessus qu'est-ce qu'on demande de plus
comme information pour la fabrication du registre j'y reviendrai par la
suite non pas de la liste électorale mais la fabrication du
registre, qui elle, cette fabrication va nous mener à une autre
fabrication qui s'appelle la liste électorale? Qu'est-ce qu'on demande
de plus? On demande purement et simplement la date de naissance alors que la
loi actuelle dit l'âge et on demande le numéro
d'assurance-maladie. C'est la seule chose qu'on change.
Evidemment vous allez me dire: Pourquoi vous ne dites pas l'âge et
vous dites la date de naissance? Encore une fois ça me tenterait de vous
répéter ce que je disais au début, s'il est des scrupules
qui honorent ceux qui les ont, ceux qui prêtent des intentions sont
habituellement ceux qui en ont. Je suis très tenté de vous le
répéter. D'ailleurs je l'ai fait.
Je vous dis purement et simplement que la loi actuelle c'est
important qu'on le sache prévoit que la fabrication de la liste
électorale doit comporter le nom de l'électeur, son
prénom, son adresse, son sexe, sa date de naissance actuellement
on dit son âge on dit sa date de naissance et le numéro
inscrit sur la carte d'assurance-maladie. C'est ça qui est changé
dans la loi actuelle. C'est ça qu'on vous propose, c'est ça qui a
l'air de faire tergiverser tellement l'Assemblée nationale qu'on en soit
rendu encore à 11 h 50 ou presque, après trois ou quatre jours
complets de discussions, à n'avoir aucun article d'adopté. C'est
ça qui justifie apparemment un "filibuster" de la part de
l'Opposition.
Encore une fois je le dis, c'est tout à fait le droit de
l'Opposition de le faire et Dieu sait que nous en avons fait lorsqu'on
était dans l'Opposition, des "filibusters", et on ne se gênait pas
pour en faire, et on ne se gênait pas pour les annoncer, et on sait
actuellement qu'on fait face dans ce cas-là à un "filibuster".
Mais l'une des raisons principales pour lesquelles il y a un "bilibuster",
c'est qu'on vient d'ajouter à toutes fins utiles le numéro
d'assurance-maladie. C'est purement et simplement quelque chose de
mécanique et je répète encore une fois, je pense
que le directeur général des élections a été
plus éloquent que moi là-dessus que c'est un indicateur
électronique sans lequel un registre n'existe pas de façon
véritable.
Or, ce numéro-là, on craint de le voir distribué
à travers le Québec, qu'on dise à toutes les compagnies de
finance, voici le numéro d'assurance-maladie de M. John Ciaccia. Bon, il
n'y a aucune espèce de danger par rapport... Et si vous en voyez plus
loin dans le projet de loi, on le corrigera. Je vous dis que nous sommes
prêts à corriger ça. Ce qu'on veut c'est justement que
cette information-là soit strictement confidentielle, uniquement sous la
charge et la garde... Le texte du projet de loi dit: "Sous la garde du
directeur général des élections". C'est ça qu'on
veut et qu'à partir de ce registre il faut faire la distinction
on fabrique une liste électorale qui elle, ne comporte aucune
autre information que celles qui apparaissent actuellement sur la liste
électorale qu'on connaît, sauf qu'on parle de date de naissance
plutôt que d'âge.
C'est la seule modification. Mais le numéro d'assurance-maladie,
je vous l'ai dit et je vous le répète, ne devrait pas
apparaître et c'est la volonté du gouvernement si le texte
n'est pas clair là-dessus, on va le clarifier que le
numéro d'assurance-maladie ne soit pas quelque chose qu'on puisse
distribuer de l'un à l'autre n'importe quand, n'importe où et
n'importe comment.
Je reconnais, d'ailleurs, les remarques que l'Union Nationale a faites,
tant en deuxième lecture, au début de la deuxième lecture,
qu'au cours des travaux de la commission, à savoir qu'il faut même
protéger les partis contre le fait et je trouve que c'est une
très bonne remarque de la part de l'Union Nationale qu'on puisse
être sollicités et se faire tordre les bras pour remettre des
informations confidentielles. Là-dessus, j'invite l'Union Nationale
à nous faire des suggestions précises d'amendement, je vous dis
que l'idée qu'il y a derrière ça me plaît beaucoup.
Je suis prêt à me rendre à des amendements qui pourraient
satisfaire cela.
Je dis également... écoutez, je vous écoute depuis
quelques jours, écoutez-moi pendant au moins une demi-heure, c'est
à mon tour un peu.
M. Saint-Germain: M.le Président, si le ministre me permet
une question, ce n'est pas la question...
M. Burns: Non. Je veux simplement vous dire... j'ai des choses
à vous dire et il me semble que c'était le moment de vous les
dire.
M. Saint-Germain: J'aurais aimé que vous explicitiez un
peu plus sur une affirmation que vous avez faite, c'est toute l'explication que
je voulais, je ne veux pas vous faire perdre le sens de votre
déclaration. C'est une question très simple. J'aimerais
simplement vous entendre expliquer un peu plus...
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président, mais j'accepterai
des questions à la fin de mon exposé qui achève
d'ailleurs. Vous aurez sans doute le temps... je n'essaie pas de faire un
"filibuster". Je vous dis simplement ce que j'ai à vous dire, ce qui
vient de mon ventre actuellement. D'ici minuit, vous aurez l'occasion de me
poser des questions et ça me fera plaisir d'y répondre si je suis
capable d'y répondre. Sinon, je prendrai avis de votre question et j'y
répondrai à une séance subséquente. Ce n'est pas du
tout dans le but de vous empêcher de me poser des questions que je refuse
ça. Je veux simplement qu'il y ait une espèce d'unité dans
ce que je suis en train de vous dire.
Je vais terminer par ceci, il y a peut-être beaucoup de gens qui
vont dire que c'est par ironie que je le fais, mais ce n'est sûrement pas
par ironie. C'est pour ça que mes collègues du côté
ministériel, toute la journée, ont réclamé la
présence du chef de l'Opposition, parce qu'il y a des choses que M.
Claude Ryan, dans le temps où il était journaliste, maintenant
député d'Argenteuil, a écrites. On dit souvent que les
paroles passent, mais les écrits demeurent. C'est assez fantastique,
quand même, quand on voit une constance absolument extraordinaire de la
part du chef de l'Opposition et une inconsistance de la part de l'Opposition
officielle actuelle relativement au projet de loi no 3. J'insiste beaucoup sur
ce fait, il y a une constance de pensée chez le député
d'Argenteuil qui n'est absolument pas respectée actuellement. J'aimerais
qu'au cours de nos travaux, on nous dise si vraiment l'Opposition officielle a
changé d'avis là-dessus, si le chef du Parti libéral a
changé d'avis là-dessus. Si c'est ça, remarquez qu'on
devra se rajuster. Mais quand j'ai présenté le projet de loi no
3, j'étais à peu près certain d'une unanimité,
c'est bizarre, j'étais peut-être naïf, mais justement
c'était en me fondant sur des éditoriaux de M. Claude Ryan,
journaliste.
Entre autres, je vais vous citer un extrait du 15 octobre 1973, qui
s'intitule: Les conséquences d'une loi mal faite. Je pense bien
qu'à ce moment-là, ce n'est pas à nous que s'adressait le
reproche d'une loi mal faite. Le gouvernement actuel n'était pas au
pouvoir au mois d'octobre 1973.
M. Lavoie: Vous avez voté pour. Vous êtes
très consistants!
M. Burns: Nous étions... Oui, nous avons voté pour.
Nous étions une pure et simple Opposition qui tentait, avec les moyens
qu'elle avait, de faire le meilleur boulot possible, et dans cet
éditorial, M. Claude Ryan dit, et je cite: "Le plus simple serait de
prévoir qu'auront droit de vote tous les citoyens qui résident au
Québec depuis un an il n'inventait rien, ce qui est
déjà dans la Loi électorale actuelle et qui peuvent
montrer une pièce d'identité sérieuse (carte d'assurance
sociale ou d'assurance-maladie, permis de conduire, etc.)".
M. Lavoie: Faites une loi comme cela et on va voter pour.
M. Burns: "Toute autre formalité devrait être
éliminée."
M. Lavoie: Faites une loi comme cela et on va voter pour tout de
suite.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Lavoie: II n'y a pas de registre dans cela, par exemple. C'est
monté individuellement...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Lavoie: Passez une loi comme cela et on vote pour.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval, vous m'aviez rappelé à l'ordre...
M. Burns: M. le Président, il me semble que malgré
mon tempérament d'Irlandais, j'ai été bien gentil toute la
journée et je n'ai presque pas interrompu les intervenants.
M. Gratton: Presque pas, c'est vrai.
M. Burns: Alors, il me semble qu'on devrait aussi me rendre la
pareille.
M. Gratton: On ne vous interrompt presque pas depuis une
heure.
M. Burns: Vous avez été bien gentils depuis le
début, c'est juste le député de Laval qui vient de perdre
les pédales.
Je continue. Il y a un autre éditorial et je veux vous montrer la
constance de la part du chef du Parti libéral et l'inconsistance de
l'attitude de l'actuelle Opposition officielle, je tiens bien à le dire,
à l'endroit de notre collègue de Bellechasse qui n'a pas
montré d'inconsistance.
M. Rivest: ...
M. Burns: Ne vous en faites pas, on a le droit de le dire. Et le
jour où on s'engueulera, ne vous en faites pas, on va s'engueuler bien
comme il faut...
M. Goulet: On a le droit de reconnaître la cohérence
des gens.
M. Burns: C'est cela. Il y a un autre éditorial,
daté du mercredi 13 décembre 1972.
M. Lalonde: 13 décembre? M. Burns: 13
décembre 1972. Une Voix: Le titre?
M. Burns: Le titre, c'est: "Les voix nouvelles" se font
attendre.
M. Gratton: Un mois après mon élection.
M. Rivest: C'est parce que les voix sont venues en 1973.
M. Gratton: Je pensais qu'il commentait mon élection du 15
novembre 1972.
M. Burns: Non.
M. Lavoie: Je me demande pourquoi c'est au pluriel, les voix?
M. Burns: Vous auriez voulu qu'il parle de vous, M. le
député de Laval?
M. Lavoie: Je vous en laisse le soin.
M. Burns: C'est déjà fait.
Je fais ce tout petit extrait et, encore une fois, toujours dans cette
constance. Je m'excuse, j'ai dit que je ne me rendrais pas à minuit,
mais j'ai l'impression que je vais me rendre à minuit.
Je cite M. Ryan qui dit: "Ni la carte électorale refondue, ni
l'instauration d'une liste permanente, ne sauraient toutefois être
considérées comme ouvrant décisivement ces "voies
nouvelles" dont parlait M. Bourassa il y a deux ans et demi. Le premier
ministre était alors à la recherche de voies capables de
permettre "la juste expression de la volonté populaire".
Et il continue: "Or, avec les instruments dont semble vouloir se
satisfaire le gouvernement, on n'assistera guère qu'à une
révision louable des mécanismes actuels, mais aucunement au
changement...
M. Gratton: C'est pas pire.
M. Burns: Ecoutez la fin. Ne prenez pas juste les mots qui vous
plaisent dans cela.
M. Gratton: Non, on en cherche quelques-uns. M. Rivest: II
y en a quelques-uns au passage. M. Burns: Le mot louable vous a plu?
M. Gratton: On en trouve.
M. Burns: Je vais le reprendre et j'espère que le
député de Jean-Talon ne sursautera pas et ne jouira pas
totalement lorsque je dirai le mot "louable". Je reprends: "Or, avec les
instruments dont semble vouloir se satisfaire le gouvernement, on n'assistera
guère qu'à une révision louable des mécanismes
actuels, mais aucunement aux changements en profondeur que laissaient entrevoir
les propos post-électoraux de 1970."
M. Lavoie: Je pensais qu'il parlait d'un fichier en quelque
part.
M. Rivest: II ne parle pas de fichier.
M. Lavoie: II ne parle pas de fichier encore.
M. Burns: Et il y a un dernier editorial que j'aimerais vous
citer, qui, lui, est daté du 11 octobre 1973, qui s'intitule "Des listes
électorales mal faites".
M. Lavoie: Bon.
M. Burns: Bon. Et toujours dans ce document, dans cette
épître de M. Ryan, on lit ceci:
M. Rivest: Ne faites pas l'ironique, c'est l'Evangile.
M. Burns: "On a adopté au Québec le principe d'une
liste électorale permanente, mais on continue de fonctionner comme si
l'ancien système avait été maintenu. Si la liste
permanente doit être valable, il faudra que le président
général maintenant il s'appelle le directeur
général des élections, soit équipé,
de manière à pouvoir la dresser et la tenir à jour dans
des conditions qui interdisent la précipitation qui se renouvelle cette
année et qu'on voulait précisément éviter.
(Minuit)
M. Lalonde: Je vote pour cela.
M. Burns: Vous retrouvez dans cela une constance assez
régulière de vouloir avoir la meilleure liste électorale
possible.
Une Voix: C'est cela.
M. Lavoie: Pas au prix d'un fichier.
M. Burns: C'est un autre problème. On en discutera au fond
et au mérite; je n'y ai aucune espèce d'objection.
Si vous voulez, on va faire revenir, à part cela, le directeur
général des élections qui encore une fois va vous
expliquer...
M. Lavoie: J'espère qu'il va apporter ses documents.
M. Burns: ... ce qu'il a dit pendant quelques semaines. Je vous
fais, M. le Président, une dernière citation je
m'aperçois qu'il est rendu minuit toujours dans les
éditoriaux de M. Claude Ryan, toujours du Devoir, le 12 octobre 1973,
à la page 4. On lit ceci:
M. Rivest: ... éditoriaux du jour, dans les archives, je
ne le sais pas.
M. Burns: Je ne cite jamais les éditoriaux du jour, parce
qu'ils nous sont trop favorables.
Une Voix: Ahbon!
M. Rivest: Ah! journal complaisant, n'est-ce pas?
M. Burns: J'aime mieux vous dire... Bien non, c'est un journal
qui est intelligent tout simplement.
M. Rivest: C'est pour cela qu'il est mort d'ailleurs le
journal.
M. Burns: A la page 4, on lisait ceci: "La liste permanente dans
les conditions très imparfaites où on a voulu l'instaurer est un
luxe inefficace..." Je pense que je vous ai dit cela j'ouvre une
parenthèse au début. Ce sont les fouillis des listes
électorales que cela s'appelle. C'est encore M. Ryan, je pense.
M. Lavoie: A quelle date?
M. Lalonde: Le 12 octobre 1973.
M. Burns: C'est Claude Ryan encore. Le 12 octobre 1973, à
la page 4. Il écrivait beaucoup sur les listes électorales
pendant cette semaine-là apparemment.
M. Lavoie: ... un fichier.
M. Burns: Je continue: "La liste permanente dans les conditions
très imparfaites...
M. Rivest: IIécrivait beaucoup.
M. Lavoie: Ce n'est pas bête ce qu'il dit. M. Lalonde:
Très bien.
M. Burns: "... où on a voulu l'instaurer est un luxe
inefficace. Tant qu'on n'aura pas touché à la racine des maux que
l'on constate à l'occasion des élections, les millions de dollars
déboursés à cette fin serviront mal le but visé par
le législateur."
M. Lalonde: Excellent!
M. Burns: Je vous incite, même si ce sont des choses qui
remontent à 1972 ou 1973, à lire ces éditoriaux et ils
vont vous donner le cadre dans lequel sont ces citations.
M. Lavoie: On les connaît par coeur.
M. Burns: Vous ne les connaissez sûrement pas par coeur,
parce que vous me demandez les dates.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu du temps...
Une Voix: C'est pour savoir si c'était les mêmes que
nous.
M. Burns: Je dis tout simplement, M. le Président: Nous
avons, d'une part, un rôle à jouer comme législateurs tout
en tenant compte là-dessus, le gouvernement est prêt
à en tenir compte de l'opinion de la Commission des droits de la
personne, mais quand même un rôle de législateur. Là,
je m'adresse aux deux côtés de la table. Nous devons, je pense,
garder cette constance qui nous apparaît par les quelques
éditoriaux que je vous ai cités. Nous devons tenir compte du fait
là-dessus, je ne repasserai pas une journée
complète à vous dire ce que déjà le directeur
général des élections vous a dit qu'il est
absolument impossible défaire un registre des électeurs qui va
nous amener à une liste électorale efficace, comme le demande M.
Ryan, sans qu'on ait un indicateur électronique ou un indicateur...
Une Voix: Informatique.
M. Burns: ... informatique, pardon.
Une Voix: On trouve d'autres choses.
M. Burns: Si vous pensez que vous avez d'autres solutions pour y
arriver, si vous pensez qu'on est en mesure j'ai posé cette
question, c'est la deuxième fois que je la pose si vous pensez
que vous avez une meilleure solution que ce numéro-là qui soit
aussi efficace, je vous dis d'avance qu'on est prêt à l'examiner.
Je l'ai examinée avec mes fonctionnaires, comme ministre d'Etat à
la réforme électorale et parlementaire. J'en ai parlé lors
de conversations informelles avec le directeur général des
élections. On m'a fourni justement l'expertise que vous avez
été en mesure tous les députés qui ont voulu
s'en servir d'aller voir sur les lieux, ce qui se passait et je suis
arrivé à la conclusion... Vous m'avez dit que je pouvais
dépasser un peu minuit, je m'excuse, je l'ai dépassé, mais
je termine.
Je vous dis qu'il me semble que lorsqu'on se met carrément
à regarder ce projet de loi, lorsqu'on met de côté la
partisanerie politique, lorsqu'on ne se met pas dans la tête qu'il va y
avoir un référendum nécessairement à l'automne et
que, dans ce sens, on est inquiet par rapport à la création d'un
registre, parce que c'est ce que j'ai dénoté de la part de
l'Opposition, c'est une certaine inquiétude vis-à-vis de cette
chose absolument inconnue qui s'appelle une liste électorale qui soit la
plus parfaite possible. Lorsqu'on se sera enlevé toutes ces
inquiétudes de la tête, et qu'on voudra vraiment parler du projet
de loi no 3, je vous dis, au nom du gouvernement, au nom de mes
collègues du côté ministériel, que je suis
prêt à discuter. Je vous offre, messieurs, si jamais votre
collègue féminin vient se joindre à nous, je vous dis,
messieurs et madame, que je suis prêt à vous donner mon
entière collaboration en vue de l'adoption de la meilleure liste
électorale possible au Québec. C'est ce que j'avais à vous
dire.
M. Lavoie: Je n'irai pas au fond de la question. Est-ce que vous
avez une indication quand la présente commission est-ce que vous
en avez discuté avec le leader parlementaire du gouvernement
siégera de nouveau?
M. Burns: Je sais qu'elle ne siégera pas demain, parce
que, demain, il y a un Conseil des ministres, et comme vous le savez, la
période des questions ayant lieu à 10 heures ou aux environs de
10 heures, le Conseil des ministres devrait commencer à 11 h 30. Je ne
serai probablement pas disponible de la journée, surtout que j'ai un
engagement à l'extérieur de Québec demain soir. Je suis
absolument certain que, demain, elle n'aura pas lieu.
M. Lavoie: Est-ce qu'elle siégera cette semaine?
M. Burns: Je n'ai pas de date précise, je ne pourrais pas
vous donner une indication, je le regrette. Malheureusement, ce sont des choses
qui évoluent de jour en jour. Je vois le leader du gouvernement qui
arrive justement. Je suis convaincu que, demain, nous discuterons de cela au
niveau du Conseil des ministres.
M. Lavoie: J'aurais une deuxième question.
M. Burns: Le leader du gouvernement, probablement demain, sera
peut-être en mesure de vous donner la réponse.
M. Rivest: Est-ce que le ministre vient d'indiquer qu'il va
être question du projet de loi 3 demain matin au Conseil des
ministres?
M. Burns: Sûrement. Je ne vous fais pas de cachette. Toutes
les semaines, et surtout en fin de session, nous discutons des travaux
parlementaires, de leur organisation. Le leader du gouvernement nous fait
régulièrement rapport de la progression des travaux et de la
projection ou, si vous voulez, la prospective des travaux parlementaires. Sans
violer de secret, je pense bien...
M. Rivest: Non, je pose la question.
M. Burns: ... que le leader du gouvernement nous fera rapport
demain de la situation, et moi aussi, de la situation relativement au projet de
loi no 3.
Le Président (M. Jolivet): Donc, compte tenu de tout cela,
j'ajourne les travaux de la commission sine die.
Fin de la séance à 0 h 8