Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Audition des membres de la
Commission permanente de la réforme
des districts électoraux
(Quinze heures trente minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre,
messieurs!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
est réunie pour étudier les projets de loi no 9 et 10 ainsi que
le document sur l'hypothèse de découpage, de même
qu'entendre les argumentations sur le rapport no 5..
Les membres de cette commission sont: M. Bédard (Chicoutimi); M.
Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Dussault (Châteauguay);
M. Charbonneau (Verchères) remplacé par M. de Belle-feuille
(Deux-Montagnes); M. Forget (Saint-Laurent) remplacé par M. Larnontagne
(Roberval); M. Grenier (Mégantic-Compton) remplacé par M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Laberge (Jeanne-Mance); M. Levesque
(Bonaventure) remplacé par M. Lavoie (Laval); M. Morin
(Louis-Hébert) remplacé par M. Lefebvre (Viau); M. Paquette
(Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants présents cet après-midi sont: M. Bertrand
(Vanier); M. Ciaccia (Mont-Royal) remplacé par M. Gratton (Gatineau); M.
Lévesque (Taillon) remplacé par Mme Denise LeBlanc-Bantey.
Cela me prendrait un rapporteur pour cette commission. M. Lefebvre
(Viau)?
Nous sommes prêts à procéder. Est-ce que le ministre
a des choses à dire?
Remarques préliminaires
M. Bédard: Seulement une phrase, M. le Président,
pour remercier les membres de la commission d'avoir bien voulu accepter de
répondre, d'une façon positive, à l'invitation qui leur a
été faite de venir rencontrer les membres de la commission
aujourd'hui. Je suis convaincu que cette discussion et c'est le voeu que
je formule nous permettra d'apporter un éclairage à
l'ensemble des discussions que nous devrons continuer concernant l'étude
des projets de loi 9 et 10.
Mes propos seront aussi brefs pour permettre à tous les membres
de la commission de profiter pleinement de la présence des membres de la
commission ici cet après-midi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, nous sommes
évidemment très heureux de rencontrer ceux qui ont
présidé à la confection du cinquième rapport de la
réforme des districts électoraux. On doit dire également
que ce midi, à nos bureaux, nous avions une étude,
l'hypothèse de découpage du quotient de 36 000 électeurs.
Je n'ai pas besoin de vous cacher que l'Assemblée nationale
siégeant à 14 heures cet après-midi, nous n'avons pas eu
le temps de prendre connaissance de cette hypothèse.
Comme l'a fait le ministre, M. le Président, je voudrais
immédiatement vous dire que, si nous étions opposés au
cinquième rapport je l'ai mentionné lors de la commission
parlementaire du 6 décembre dernier nous le sommes tout autant
à l'hypothèse de découpage en la voyant un peu rapidement,
parce qu'encore une fois notre inquiétude sur ces hypothèses
présentées par la commission les conclusions sont
là pour le prouver vient du fait qu'on ne tient pas compte de
l'avis même de certains comtés.
Je ne voudrais pas enlever les mots de la bouche du député
des Îles-de-la-Madeleine, mais je voudrais strictement prendre comme
exemple que les parlementaires à l'Assemblée nationale du
Québec, depuis un très grand nombre d'années, sont
unanimes pour dire que le comté des Îles-de-la-Madeleine est une
entité par lui-même. Quelle n'est pas notre surprise, en prenant
rapidement connaissance de cette hypothèse-là, de voir que le
comté des Îles-de-la-Madeleine doit être rattaché
à un autre comté, etc.
Lorsque nous parlons d'hypothèse de 36 000 électeurs, nous
convenons qu'il y a des exceptions au Québec, évidentes pour tout
le monde. Nous convenons que ces exceptions doivent se retrouver dans toute
carte électorale proposée par une commission ou une autre. Sinon,
nous devrons nous sommes disposé à le faire
souscrire entièrement, par exemple, à la proposition que la
députée des Îles-de-la-Madeleine a faite la semaine
dernière à l'Assemblée nationale et demander au ministre
titulaire de cette loi que les exceptions qui font l'unanimité à
l'Assemblée nationale se retrouvent dans un projet de loi.
C'est notre inquiétude. J'arrête là pour donner
immédiatement la parole à d'autres. MM. les commissaires, pour
une région comme l'Abitibi et le Saguenay-Lac-Saint-Jean, vous proposez
maintenant à deux reprises successives d'enlever l'Abitibi pour une
bonne partie; je pense qu'autant les députés de l'Abitibi que
ceux de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean sont évidemment fort
heureux de rapatrier une bonne partie de la baie James, de Chibougamau-Chapais
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce n'est pas nous qui allons
y faire opposition, mais il reste que je n'ai pas besoin de vous dire que, dans
les deux régions concernées, il demeure, depuis un an et demi
déjà, de nombreux points d'interrogation.
En résumé, M. le Président, pour faire une
hypothèse de travail sur 36 000 électeurs, 32 000
électeurs, 33 000 électeurs, 34 000 électeurs, à
mon avis et à l'avis de ma formation politique, on doit toujours tenir
compte d'exceptions évidentes pour tout le monde. Notre exemple que tout
le monde reconnaît ici, c'est les Îles-de-la-Madeleine, et nous en
aurons d'autres au cours de la présente rencontre. Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska, avez-vous quelque chose à dire?
M. Fontaine: M. le Président, je veux tout simplement
remercier moi aussi les membres de la commission d'avoir bien voulu
répondre à l'appel qu'on leur a lancé la semaine
dernière. Je prends connaissance moi aussi, depuis son
dépôt à l'Assemblée nationale, de ce document de
travail d'une hypothèse avec 36 000 électeurs par district
électoral. Avant de donner quelque commentaire que ce soit, il va
falloir en prendre connaissance et approfondir ce document. Nous avons
également des questions à poser aux membres de la commission
concernant le cinquième rapport. Pour l'instant, je m'en tiendrai
à ces quelques commentaires. Je reviendrai tout à l'heure en leur
posant des questions. Je pense que le principal but de la réunion
d'aujourd'hui, c'est d'avoir les commentaires de la commission. Je voudrais
qu'on y procède le plus rapidement possible.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Je voudrais remercier les membres de la commission
d'avoir fait ce travail. J'ai été un peu surpris de voir le
député de Roberval se lancer un petit peu; je suis sûr que
ce n'était pas sous forme de reproche, loin de là, mais cela
avait un peu l'air de cela. Je me disais: Ce sont quand même eux qui ont
demandé ici même, à la commission, que la Commission
permanente de la réforme des districts électoraux prépare
un projet de carte électorale sur la base d'une hypothèse d'une
moyenne de 36 000 électeurs.
M. Lamontagne: Question de règlement. M. Bertrand:
Elle a fait son travail.
M. Lamontagne: Je veux qu'on s'entende bien. Effectivement, la
commission, à la suite de notre suggestion, a demandé une
hypothèse de travail de 36 000. Je n'accepte pas personnellement qu'une
hypothèse de travail sur n'importe quel chiffre ne tienne pas compte
d'exceptions évidentes, tout simplement.
M. Bertrand: Simplement pour terminer, il n'avait pas
été dit à ce moment dans le mandat qui avait
été donné à la Commission permanente de la
réforme des districts électoraux: Tenez compte des exceptions
qu'on vous signale immédiatement, par exemple, les
Îles-de-la-Madeleine. On lui a dit: Faites-nous quelque chose sur la base
de 36 000. On n'a pas à faire un reproche, quel qu'il soit, à la
Commission permanente de la réforme des districts électoraux.
S'il y a des exceptions à faire et s'il y a des comtés qui
doivent être exclus de l'application de la loi dans le cadre
général, c'est à nous, hommes et femmes politiques, de
prendre ces décisions. Je crois que c'est dans ce sens que la
députée des Îles-de-la-Madeleine avait fait ses
représentations à l'Assemblée nationale et qu'elle avait
été appuyée par l'ensemble des formations politiques. La
Commission permanente de la réforme des districts électoraux
n'avait pas, elle, à faire un choix politique qui est de notre ressort
et non pas de sa responsabilité.
Le Président (M. Jolivet): M. Côté...
M. Bertrand: Ce qui prouve bien qu'il n'y a pas eu d'influence de
la part de notre formation politique auprès de la Commission permanente
de la réforme des districts électoraux. Elle a fait ce qu'elle
avait à faire selon le mandat qui lui avait été
présenté par la commission. Nous prendrons nos
responsabilités d'hommes politiques et de femmes politiques en ce qui a
trait aux exceptions.
M. Bédard: M. le Président, je sais gré au
député de Roberval de plaider la cause des
Îles-de-la-Madeleine, d'autant plus qu'elle a été
plaidée avant lui avec brio par la députée des
Îles-de-la-Madeleine et je crois que nous ne sommes pas ici pour discuter
de ce sujet particulier.
Il y a une hypothèse de travail. On avait demandé à
la commission de travailler à cette hypothèse de travail,
à la demande même de l'Opposition. Alors, on aura tout le loisir
de poser des questions. Si le député de Roberval sent le besoin
de plaider la cause des Îles-de-la-Madeleine, je me demande si ce n'est
pas parce qu'il est en train de réaliser qu'avec son hypothèse de
36 000, le Saguenay-Lac-Saint-Jean est en train de perdre un comté par
rapport à ce qu'il avait avec l'autre carte.
M. Bertrand: Ah bon!
Le Président (M. Jolivet): M. Côté, vous avez
la parole. Je vous demanderais, pour le bénéfice du journal des
Débats, de nous présenter les gens qui sont avec vous.
Témoignage de M. Pierre-F.
Côté
M. Côté (Pierre-F.): Merci, M. le Président.
Si vous permettez, je vais d'abord vous présenter les membres de la
commission. À ma droite, M. le juge Alphonse Barbeau, de la Cour
supérieure; à ma gauche, Me Jacques Prémont, qui est le
conservateur de la Bibliothèque nationale. Je pense que la plupart
d'entre vous le connaissent bien. À la droite de M. le juge Barbeau, Me
Eddy Giguère, qui est secrétaire de la commission.
Avec votre permission, M. le Président, pensez-vous que ce serait
opportun que je vous fasse une brève introduction sur le travail oui a
été fait? Ce ne serait pas très long. Enfin, si vous
trouvez que c'est un peu long, vous pourrez me demander d'abréger. Mais
il me semblerait peut-être opportun, avant de discuter de façon
spécifique du rapport V, de vous donner une vue d'ensemble, sans,
évidemment, répéter, relire le texte du rapport V.
Le Président (M. Jolivet): Je vous demanderais simplement,
pour les besoins de notre écoute, d'approcher votre micro de vous, si
c'est possible.
M. Côté: Je pense que ça va être mieux.
Le Président (M. Jolivet): C'est ça.
M. Côté: Merci. Je veux d'abord vous signaler, M. le
Président, messieurs les membres, que le rapport V a été
préparé sous la présidence de mon
prédécesseur, M. le juge François Drouin, qui a
quitté ses fonctions, comme vous le savez, le 25 mai. J'ai, pour ma
part, étudié ce rapport en collaboration avec les
collègues de la commission et nous avons préparé un bref
résumé, une vue à vol d'oiseau, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, de ce rapport.
Il nous semble peut-être opportun au tout début, encore
avec votre permission, de faire simplement une brève mise au point mais,
je ne voudrais pas que cela entraîne de polémique. Nous avons
l'impression que, durant les débats qui ont eu lieu à
l'Assemblée nationale pendant les dernières semaines, certains
membres de l'Assemblée nationale ont peut-être
dépassé leur pensée en faisant certaines allusions
à l'égard du travail de la commission.
Je puis affirmer de façon absolument catégorique, au nom
de mes collègues et après avoir également
vérifié auprès de M. le juge Drouin, que le travail qu'a
eu à faire la commission et son cinquième rapport qui a
été présenté au mois de février 1978, tous
les membres, ainsi que tous les employés de la commission l'ont fait de
façon absolument indépendante et de la façon la plus
professionnelle possible. Il est possible qu'on ne soit pas d'accord sur le
cinquième rapport, mais je pense qu'il faut rendre justice à la
vérité en faisant cette mise au point. Nous croyons tout
simplement que les propos qui ont été échangés
à ce moment-là ont certainement dépassé la
pensée des personnes qui les ont exprimés dans le feu du
débat.
La commission qui a été mise sur pied le 14 juillet 1971
avait déjà produit, avant ce cinquième rapport, quatre
autres rapports. Les deux premiers ont conduit à l'adoption de la loi 62
qui est devenue par la suite le chapitre 4 des lois du Québec, 1972, et
qui constitue la description des districts électoraux actuels.
Les rapport III et IV ont été produits après les
élections de 1973 et ont amené l'Assemblée nationale
à déposer le projet de loi no 16, qui, malheureusement, en est
resté au stade de la première lecture à la dissolution des
Chambres en 1976.
Avec ces quatre premiers rapports, la commission a acquis une grande
expérience dans le domaine du découpage électoral. Elle a
maintenant une connaissance plus approfondie du territoire
québécois et est en mesure de développer des programmes de
recherche qui permettent d'établir ou de prédire, avec une
certaine justesse, l'évolution du nombre des électeurs dans
certaines régions du Québec.
De plus, la commission a pris bonne note des remarques qui lui ont
été faites par les députés lors de l'étude
en commission parlementaire des rapports précédents. Je
m'arrêterai simplement à quatre principales remarques qui avaient
été faites lors d'audiences antérieures. La
première c'est que beaucoup d'électeurs sont
déplacés lors d'un redécoupage de la carte
électorale, ce qui ne facilite pas l'identification de l'électeur
à son milieu ou à son député. La deuxième
c'est qu'on ne tient pas assez compte du milieu de vie naturel des gens ou de
leur sentiment d'appartenance. La troisième c'est que le nombre
d'électeurs est parfois trop élevé dans certains districts
électoraux, et l'augmentation rapide du nombre des électeurs fait
que ces districts électoraux ont rapidement atteint le maximum
prévu par la loi, soit 40 000 électeurs. Quatrièmement, le
découpage électoral est avant tout une opération
strictement mathématique dans laquelle on néglige le
caractère socio-économique des diverses régions du
Québec.
C'est en se basant sur ces commentaires que la commission a
effectué des travaux ayant mené à la rédaction du
rapport V. Ce rapport porte le nombre des districts électoraux de 110
à 121 et respecte la moyenne de 32 000 électeurs, plus ou moins
25% par district.
Cinq critères principaux ont été pris en
considération lors de l'élaboration de ce cinquième
rapport. Le premier de ces critères est la prévision de
l'évolution du nombre d'électeurs. On a tenté
d'évaluer la croissance de la population électorale dans
certaines régions données. Par exemple, en ajoutant deux
districts électoraux aux trois déjà existant sur
l'île Jésus, on en arrivait en 1976 à une moyenne de 30 543
électeurs par district. Si on applique les chiffres du recensement de
1979 avant évidemment la période de révision
à ces cinq districts, la moyenne est de 33 321. En appliquant donc les
chiffres de 1979 dans tous les districts, on constate qu'un seul, celui de
Laprairie, dépasse le maximum de 40 000 prévu par la loi. Ce qui
est une performance assez bonne et montre qu'au cours des années, la
commission a amélioré ses façons de fonctionner et a
raffiné ses recherches. (15 h 45)
À cet égard, je tiens à vous souligner avec
beaucoup d'insistance que la commission doit, évidemment c'est
inutile de vous le rappeler, mais c'est peut-être bon de s'en souvenir
agir uniquement dans le cadre de la loi qui la régit et
particulièrement des dispositions de l'article 9 de cette loi.
Le deuxième critère pour établir le rapport V a
été de s'efforcer, dans toute la mesure du possible,
d'éviter des réactions à chaîne. Le découpage
du rapport V est d'ordre général. Il ne faut pas non plus perdre
cela de vue contrairement peut-être à celui des rapports
antérieurs. Ceci permet d'éviter ce qu'on appelle des
réactions à chaîne ou ce que j'appelle, en langage
peut-être plus coloré, la réaction du ressort. Par exemple,
pour faire le découpage des districts électoraux de la rive sud
du Saint-Laurent, sans diviser ce territoire en régions, il aurait fallu
modifier tous les districts, à partir de celui de Huntingdon à
celui de Gaspé. En divisant le territoire en régions, les
transferts d'électeurs ont moins de conséquence et plusieurs
districts peuvent demeurer inchangés. Je
voudrais peut-être préciser davantage cette idée du
travail qui a été fait par région pour éviter cette
réaction à chaîne. Lorsqu'on travaille à
l'établissement d'une nouvelle carte électorale, en vue de
répartir à nouveau la délimitation des districts, et je
reprends d'une autre façon l'exemple de tout à l'heure, en
partant du comté de Duplessis, en essayant de rétablir
l'équilibre, par voie de réaction à chaîne, on
aboutirait à une situation assez étrange qu'on peut comparer
à un ressort qui se détend. On pourrait donc avoir les situations
suivantes. Du comté de Duplessis, on aboutirait jusqu'au comté de
Gaspé en ayant, évidemment, certaines surprises. Cette
façon de travailler ne peut être considérée d'aucune
façon. Si, par exemple, on change la limite du district de Duplessis et
que par voie de conséquence on est obligé de changer les limites
de tous les districts électoraux, on aboutit, au bout de la carte
électorale du Québec, à des situations assez surprenantes.
La seule façon pratique d'aboutir est d'envisager la carte
électorale du Québec par grandes régions. Le rapport V
fait donc état de cinq grandes régions en fait: le secteur de
Montréal, le secteur de Québec, la rive nord du Saint-Laurent, la
rive sud du Saint-Laurent et finalement les Îles-de-la-Madeleine, qui ont
toujours été considérées comme étant une
exception.
L'autre facteur qui est entré en ligne de compte dans la
rédaction du rapport V, le troisième, c'est le respect des
tendances démographiques. Avant de faire le découpage
électoral d'une région, il faut se demander ce qu'est sa tendance
démographique. Certaines régions, en effet, sont en progression,
alors que d'autres ont des populations assez stables. Ainsi, dans l'île
Jésus, à l'élection de 1976, la moyenne était de 50
904 électeurs par district. En ajoutant un district aux trois existants,
on en arrivait à une moyenne de 38 178; avec cinq districts, la moyenne
était de 30 543. C'est cette dernière solution qui a
été retenue par la commission.
La quatrième caractéristique de ce rapport, c'est le
respect, dans toute la mesure du possible, des caractéristiques
socio-économiques. Je vous signale entre parenthèses que c'est
peut-être l'aspect le plus difficile dont il faut tenir compte dans la
délimitation des districts électoraux. Chaque fois que
c'était possible, les caractéristiques socio-économiques
d'une région ont été prises en considération. Par
exemple, on sait que la municipalité de Beloeil est un pôle
d'attraction pour celles de McMasterville et Mont Saint-Hilaire, entre autres.
Ces municipalités ont donc été placées dans un
même district électoral.
Un autre exemple peut être cité, le découpage de la
région du nord de Montréal. Je vous signale en particulier que
peu de remarques ont été formulées par les organismes de
cette région. La commission y a effectué des études, que
je qualifierais d'études types ou pilotes, qui ont duré
près d'une dizaine de mois. On a tenu compte non seulement des
pôles d'attraction, mais aussi des territoires, d'organismes tels que le
Conseil régional de développement, les commissions scolaires, et
des axes de communication. Encore une fois, je le répète, il
s'agissait là d'une étude à caractère
expérimental.
La cinquième caractéristique est le respect des limites
municipales. Dans le rapport V, plusieurs limites de district ont
été modifiées dans le but de permettre à certaines
municipalités de les situer en entier dans un district.
Voyons maintenant les raisons qui ont amené les propositions du
rapport V par région. Je vais être très bref
là-dessus, quitte à répondre à vos questions de
façon plus précise tout à l'heure parce que je pourrais
détailler, évidemment, dans chacun des cas. L'île de
Montréal d'abord. L'expansion de la population s'étant
effectuée aux extrémités est et ouest de l'île, il
fut décidé de ne pas en modifier le centre. Neuf districts sont
donc demeurés inchangés, ce qui a entraîné des
modifications dans tous les districts électoraux de l'île.
L'île Jésus. La création de deux nouveaux districts,
pour un total de cinq, sur l'île Jésus, a été
dictée par le souci d'une juste répartition des électeurs.
Avec quatre districts, la moyenne aurait été de 38 000 environ,
ce qui est trop près de la limite et ne laisse pas de possibilité
de développement, alors que la ville de Laval connaît une forte
expansion.
La région de Québec. Trois districts avaient une
population électorale de plus de 40 000 électeurs: ceux de
Charlesbourg, Chauveau et Louis-Hébert. Celui de Montmorency
frôlait le maximum permis avec ses 39 743 électeurs. Le district
de Charlesbourg a été modifié pour ne comprendre que la
ville de Charlesbourg. Le district de Neufchâtel a été
créé pour répartir le surplus de population de celui de
Chauveau. Ces modifications ont fait que le district de Vanier a subi de grands
changements.
Le Nord-Ouest. Les villes de Chibougamau et de Chapais ont
été transférées du district d'Abitibi-Est à
celui de Roberval parce que les voies de communication favorisent plus cette
situation. Le district d'Abitibi-Est a donc une nouvelle
délimitation.
Le district de Pontiac-Témiscamingue a été
divisé en ceux de Pontiac et de Témiscamingue, ce qui a eu pour
conséquence de faire disparaître le district électoral de
Rouyn-Noranda.
L'Outaouais. Le district de Gatineau a été
transformé pour ne comprendre que la ville de Gatineau en partie, et
l'ancien district électoral de Gatineau a été, dans sa
majeure partie, transféré dans celui de Pontiac.
Les Laurentides. Comme la population de cette région a
augmenté de façon considérable en 1973 et 1976, des
changements importants y sont proposés. Deux nouveaux districts sont
créés, ceux de Laurentides et de Masson, ce qui entraîne
des modifications territoriales importantes à ceux de Joliette-Montcalm,
L'Assomption, Prévost et Terrebonne. La ville de Mirabel a dû
être divisée entre deux districts.
Le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Dans cette région, on s'est
efforcé de respecter la barrière naturelle que constitue la
rivière Saguenay. Le
district de Roberval voyant sa population augmenter à la suite de
la venue de 5210 électeurs du district de Saguenay et de 9000
électeurs des villes de Chibougamau et de Chapais, le nouveau district
de Tremblay a été créé.
Le sud-est de Montréal et La Plaine. L'expansion
démographique de la région métropolitaine de
Montréal s'est manifestée de façon prononcée dans
la région de Longueuil. Le district de Taillon comportait, avant la
confection du rapport V, le plus grand nombre d'électeurs pour un
district, soit 65 384. On ne pouvait donc échapper à la
nécessité de créer deux districts dans cette zone, ceux de
Bertrand et de Longueuil.
Pour les mêmes raisons, un district a été
ajouté dans la région de La Plaine.
Je dois vous souligner qu'un très grand nombre de commentaires
en fait, nous les avons compilés et nous arrivons au chiffre de
90 en date du mois d'août ont été exprimés et
acheminés à la commission par plusieurs organismes. Il y a
plusieurs de ces remarques qui nous ont été soumises que nous
considérons comme très pertinentes, sans mentionner, ce que nous
avons compilé dernièrement, les commentaires faits par les
membres de l'Assemblée nationale au cours des dernières semaines,
commentaires qui, si je peux me permettre moi-même un commentaire, nous
démontrent de toute évidence que ce n'est pas une tâche
facile de délimiter une nouvelle carte électorale.
Par ailleurs, ce qui, je pense, vaut la peine de vous être
souligné et qui ne rend pas la tâche facile, c'est que chaque
groupement concerné envisage le problème du changement de la
délimitation de son district électoral dans une perspective
parfois trop restreinte. Il faut, de toute nécessité, que les
modifications proposées soient comprises dans une perspective plus vaste
d'une grande région, voire même, dans certains cas, de toute la
province.
Il est relativement facile, pourvu que l'on dispose du personnel et du
temps requis, d'établir ou de dresser n'importe quelle carte
électorale. Le problème, en fait, consiste surtout à
conserver une juste proportion des électeurs pour chacun des districts
électoraux pour que la population soit représentée
équitablement à l'Assemblée nationale.
En terminant, je voudrais vous faire part de brefs commentaires sur
l'expérience que les membres de la commission ont vécue cet
été et l'an dernier à la suite de l'adoption par
l'Assemblée nationale de ce qu'on a appelé dans notre jargon la
loi 44, la loi modifiant la loi concernant les élections municipales. Je
voudrais vous souligner à cet égard que nous sommes assez fiers
du travail qui a été accompli, l'an dernier, à Longueuil
et à Montréal en particulier et, cette année, à
Jonquière, à Mirabel, à Chambly, à Thetford Mines
et à Alma.
Nous avons tenu dans cinq de ces villes, Montréal, Longueuil,
Mirabel, Chambly et Jonquière, des audiences publiques, ce qui a
été une expérience très enrichissante. Une des
principales conclusions, je crois, qu'on puisse tirer de ces audiences
publiques pour la délimitation des districts électoraux
municipaux a été que cela a vraiment permis aux commissaires de
prendre le pouls de la population, de connaître ses objections et d'en
arriver à soumettre des propositions qui, d'après les remarques
ou les commentaires qu'on en a eus subséquemment, rejoignent absolument
les désirs des citoyens des villes concernées.
Vous me permettriez peut-être, en terminant, de faire un
très bref commentaire concernant l'hypothèse de découpage
à 36 000 électeurs. J'avais, lors de l'audience de la commission,
le 6 décembre, signalé aux membres de la commission que nous
étudierions très attentivement la demande qui nous était
faite. Je dois souligner que la demande, telle que nous l'avons comprise
je m'en excuse auprès de M. le député de Roberval, si nous
l'avons mal comprise comportait à ce moment-là deux
exigences: un quotient de 36 000 électeurs et un nombre maximum de 110,
mais ne dépassant pas dans tous les cas 112 districts électoraux.
Nous soumettons une hypothèse de 112 districts électoraux..
À l'égard de cette hypothèse de découpage de 36 000
électeurs, là encore je dois insister sur le fait que ce n'est
qu'une hypothèse de travail. Je pense qu'il est important de le
souligner. Encore là, il y a un très grand nombre d'autres
solutions qui peuvent être trouvées.
À titre d'exemple, je voudrais vous souligner que, pour une
région seulement, en travaillant à cette hypothèse de 36
000 électeurs, nous avons envisagé huit hypothèses de
solution. C'est donc dire que des hypothèses de solution dans le
découpage d'une carte électorale, on peut en établir un
très grand nombre.
M. le Président, messieurs, je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): Les questions maintenant. M. le
ministre. Oui, M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, M. Côté
a mentionné à plusieurs reprises la belle municipalité de
Mirabel qui est, comme vous le savez, dans le tout aussi beau comté de
Deux-Montagnes. Pour ne pas brouiller les cartes, je ne veux pas du tout parler
du découpage fait aux fins des élections municipales, mais
plutôt du fait qui a été signalé par M.
Côté que, dans le cinquième rapport, il est proposé
de partager la municipalité de Mirabel entre deux comtés, ces
deux comtés étant Deux-Montagnes et Prévost, si ma
mémoire est fidèle.
Par ailleurs, M. Côté nous a dit qu'un des principes qui
ont guidé les travaux, un des critères qui ont guidé les
travaux de la commission, c'était justement de ne pas partager les
municipalités entre deux ou plusieurs circonscriptions. Il arrive qu'en
toute modestie je suis d'avis qu'il ne serait pas souhaitable de partager la
municipalité de Mirabel entre deux comtés. Je me demande si M.
Côté pourrait nous dire pourquoi dans ce cas-ci la
commission n'a pas suivi le critère qu'elle avait
fixé.
M. Côté: Je pense que vous avez un très bon
point, M. le député. Dans le cas de la ville de Mirabel, la
raison est la suivante: C'est vrai que, dans la majorité des cas ou dans
la plupart des cas, on s'est efforcé de ne pas couper une
municipalité de quelque façon, mais de tenir compte des limites
d'une municipalité. Dans le cas de la ville de Mirabel, c'est une
municipalité qui est, à notre avis, d'une superficie tellement
grande qu'il a fallu la partager en deux. La façon de le faire, cela a
été de suivre la ligne de partage que présente l'autoroute
du Nord. Mais vous avez raison de dire que cela va à l'encontre du
principe que j'ai émis tout à l'heure. Dans ce cas-là, il
nous a semblé qu'il fallait la partager. On ne voyait pas comment la
garder dans un seul district.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
Commentaires des députés M.
Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, j'aimerais faire quelques
commentaires autant sur votre cinquième rapport que sur le
quatrième et sur le sixième. (16 heures)
Je reconnais et je pense que tous les membres de cette commission
le reconnaissent que ce n'est pas facile de bâtir une carte
idéale. C'est relié sans doute au mode de scrutin. Si on veut
respecter le critère d'une personne un vote, c'est sûr que ce
serait peut-être la proportionnelle absolue qu'il faudrait prendre comme
en Israël. C'est un vote. Il n'y a pas de circonscription. Le pays forme
une seule circonscription. Il y a tant de votes d'exprimés et ce sont
des scrutins de liste. Si un parti a 30% des votes à l'échelle du
pays, il a 30% des députés. Si un autre a 15% des votes, les
quinze premiers sur la liste de ce parti font partie du Parlement. On n'est pas
prêt à adopter ce système. Ce n'est pas facile; on pourrait
avoir quinze commissions comme la vôtre avec des membres aussi
compétents dans chacune des quinze commissions qui pourraient faire une
carte, et je pense qu'il n'y en a pas une qui arriverait avec la même
carte. C'est aussi complexe que cela. C'est aussi difficile que cela. Un
système parfait, il ne faut pas se leurrer, il n'en existe pas.
Même une proportionnelle totale, une proportionnelle dosée, une
proportionnelle régionale, une proportionnelle suivant le système
D'Hondt je pense que c'est le système de l'Allemagne de l'Ouest
n'amène pas, après une élection, un portrait
véridique ou exact de la manière dont la population s'est
exprimée aux élections.
Il s'agit, je pense bien, de trouver un moyen terme. Un reproche que je
veux vous faire il n'est pas malin c'est que vous êtes
peut-être liés, possiblement par la loi, par un système
mathématique. Vous prenez le nombre d'électeurs au Québec
et vous divisez cela par le nombre de comtés, et là, vous arrivez
avec une moyenne. À partir de là, vous essayez d'avoir le moins
de disparités possible. C'est une base qui est valable pour arriver
à l'idéal d'une personne, un vote. C'est pour cela qu'on retrouve
dans votre rapport V une moyenne assez identique dans toutes les
régions. Dans le secteur de Montréal, vous avez une moyenne de 35
370 électeurs. Il faut donner les centaines, parce que c'est pas mal
proche. Dans le secteur de Québec, 35 692; rive nord du Saint-Laurent,
33 052. J'en saute quelques-unes: rive sud du Saint-Laurent, 32 174. Vous
arrivez avec une moyenne provinciale de 33 254.
Je pense que votre premier critère a sans doute été
vous me le direz si ce n'est pas cela le critère
mathématique pour arriver le plus possible à l'idéal d'une
personne, un vote. La réalité est un peu autre chose. Vous
êtes sur un côté de la table, vous êtes nos experts.
Je pense bien que personne ne peut vous porter des accusations. Vous avez fait
votre boulot au meilleur de votre connaissance. C'est sûr qu'il y avait
des choses qui nous sautaient aux yeux. Entre autres, dans votre
quatrième rapport, après l'élection de 1973, vous
proposiez au Parlement l'addition de deux nouveaux comtés, de 110
à 112. Quelques années après, après les
élections de 1976, vous nous proposez, au lieu de deux comtés
additionnels, onze comtés additionnels, pour monter à 121. Encore
votre critère mathématique. C'est une opinion personnelle, mais
je crois qu'une personne, un vote, c'est un principe, mais on ne peut pas
l'atteindre, de toute façon.
On vous a demandé, nous du côté libéral, de
faire une simulation, de faire une pratique, un exercice avec 36 000
électeurs de base, au lieu de 32 000, tel que la loi actuelle vous
ordonne de le faire, avec une variante de 25% en plus ou en moins, ou une
simulation de 36 000, avec 25% de plus ou de moins. Aussi bien le dire tout de
suite, pourquoi vous a-t-on demandé ça? C'est qu'on
considère, nous, du moins, du Parti libéral, que notre Parlement
a assez de députés, soit 110. Si on compare nos barèmes
avec ceux des autres provinces canadiennes ou d'autres pays, c'est
déjà un nombre fort suffisant, 110. Si on prend les
critères de l'Ontario, entre autres, on devrait en avoir 98, je crois,
si je ne me trompe pas, grosso modo. L'Ontario a neuf millions de population,
et nous, près de six millions, grosso modo. On a un Parlement de 125
députés, si je me rappelle bien, en Ontario. Si on prend ce
critère, on devrait avoir une centaine de députés.
Par contre, d'autres peuvent m'apporter d'autres exemples montrant
qu'à l'Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick ou en
Nouvelle-Écosse, il en ont beaucoup trop. Où est le juste
milieu?
Par contre, on peut aller ailleurs. Il faut étudier la carte avec
notre compétence et notre constitution actuelle. Le Parlement du
Québec, je pourrais dire, est un gouvernement, si je fais un
parallèle avec les autres provinces, que je ne compare pas exactement
aux autres provinces, parce
qu'on occupe de compétence que d'autres provinces
désirent, préfèrent déléguer à
Ottawa, comme le ministère du Revenu, entre autres, ou la taxation.
D'autres provinces ne s'occupent pas d'immigration; ici, on s'en occupe.
À cause de notre spécificité ici, au Québec, je
dirais que c'est un gouvernement semi-souverain.
Mais, par contre, on n'est pas un gouvernement souverain; jusqu'à
nouvel ordre, on ne l'est pas encore.
M. Bédard: ... la partie...
M. Lavoie: On ne l'est pas encore. La population se prononcera
à ce sujet, etc., même si vous avez des intentions bien
définies là-dessus.
Dans d'autres pays... Je pense bien que je n'ai pas les chiffres exacts,
mais on peut prendre des comparaisons ailleurs. En France, entre autres, pays
unitaire, il y a un seul Parlement et les députés s'occupent de
toutes les compétences. Le Parlement s'occupe autant des affaires
extérieures que de défense, etc. Ses pouvoirs sont
illimités. La moyenne porte à faux là encore, parce qu'il
y a, en France, des circonscriptions électorales qui ont 40 000 ou 45
000 électeurs et d'autres qui ont 100 000 et 125 000 électeurs.
C'est un peu plus juste, peut-être, en Angleterre, où il y a moins
de disproportion.
Je vous apporte ça pour vous dire que notre point de vue,
à nous, c'est que... Ma première conclusion est la suivante: Dans
notre constitution actuelle, dans notre pratique actuelle, dans notre coutume
actuelle et suivant nos usages parlementaires et le rôle d'un
député, moi, je n'accepte pas votre contrainte
mathématique du cinquième rapport pour l'avoir vécue comme
député depuis près de 20 ans.
Cette proportion mathématique est trop exacte. Vous allez me
dire: Une personne, un vote. D'accord, mais je calcule que mon opinion est
aussi valable, à savoir qu'il faut considérer les régions,
les municipalités, le territoire, la densité de la population ou
la non-densité de la population. Je vous donne un exemple choisi tout
à fait au hasard.
Dans votre région de La Plaine, comme vous l'appelez, je trouve
une disproportion, dans votre cinquième rapport. Nicolet-Yamaska, entre
autres, a 33 000 électeurs, mais on me dit que c'est pas mal grand au
point de vue territoire, avec beaucoup de municipalités et tout, et il y
a Richelieu qui, je pense, est assez petit. Richelieu, ça doit
être Sorel, ce coin-là. Vous n'avez que 600 électeurs de
différence.
Voici d'autres exemples. Pour l'île de Montréal, dans votre
cinquième rapport, vous arrivez avec une moyenne de 35 000
électeurs. Si on compare ça avec l'Outaouais, vous avez la
même proportion de 35 000, mais un député de Saint-Jacques,
de Maisonneuve, de Rosemont ou d'Outremont, à Montréal, a dix
fois moins, non pas de préoccupations, mais de problèmes soumis
par ses électeurs que le député d'Argenteuil, entre
autres, qui peut avoir 30 ou 40 municipalités ou une quinzaine de
commissions scolaires.
Votre barème a une base mathématique, mais c'est
différent quand vous appliquez à Montréal une moyenne de
35 000 électeurs et 35 500 dans l'Outaouais ou 33 000 seulement dans la
Mauricie où vous avez des comtés comme Laviolette,
Maskinongé, Champlain, à ma connaissance, ou Berthier qui ont un
territoire énorme. Or, vous arrivez à peu près à la
même proportion d'électeurs que dans un comté de
Montréal. À l'île Jésus, entre autres, on peut dire
que c'est pratiquement tout urbanisé aujourd'hui. Vos cinq comtés
dans l'île Jésus ont une moyenne de 30 000 qui est peut-être
modifiée à 33 000 avec le dernier recensement. Je trouve que, si
on compare avec la Côte-Nord, le Saguenay et Sept-Îles qui ont 34
000, ils ont plus d'électeurs dans des comtés de Saguenay et de
Duplessis que les comtés de l'île Jésus où il y en a
uniquement 30 000. Je ne sais pas, mon comté, le comté que vous
proposez, va avoir à peu près un mille et demi de long par un
mille de large.
Pourquoi est-ce qu'on vous a demandé cette simulation sur 36 000?
Mon propos va s'en tenir à ça pour le moment: votre contrainte
mathématique, je crois, est trop sévère ou trop
respectée. C'est une opinion personnelle. Il y en a d'autres qui vont
dire: II faut aspirer à cette moyenne ou il faut désirer une
moyenne la plus juste possible. Je vous dis comme conclusion que, dans les
comtés urbains, si on prend 36 000 de moyenne, ça donne 45 000
maximum et 25 000 dans un comté rural. D'après moi, c'est
peut-être un déséquilibre. Peut-être que mes
prémisses sont fausses, mais, dans les comtés urbains assez
limités, vous devriez vous rapprocher le plus possible de 45 000, soit
42 000, 43 000, 44 000. De la manière dont on est payé, pas
nécessairement avec nos salaires qui ne sont pas extraordinaires, mais
avec le personnel d'appoint et les facilités qu'on a aujourd'hui, je
vous dis qu'un député urbain peut facilement représenter
45 000 et même 50 000 électeurs. Vous devriez donc vous rapprocher
dans les comtés urbains le plus possible de 45 000 et dans les
comtés ruraux vous rapprocher le plus possible de 27 000 qui est le
minimum, 27 000 ou 28 000.
L'étude très préliminaire que j'ai faite, c'est
que, si on prenait la base de 36 000, il y aurait très peu de
chambardements dans notre carte électorale actuelle qui a
été à la base des élections de 1973 et de 1976.
Dans votre rapport V je pense que vous touchez à 74 comtés au
point de vue des limites et vous en créez onze nouveaux. Cela fait un
énorme chambardement pour la population parce que les comtés
existent d'abord pour la population et en second et en troisième lieu
pour les députés. Mon étude me disait qu'il y avait
à peu près 17 comtés où il y avait vraiment une
disproportion. Il y en avait quatre sur l'île de Montréal qui
dépassaient les normes de 40 000 et ce serait facile, à
Montréal du moins, de garder le même nombre. Je pense qu'avec 36
000 vous gardez le même nombre. Il y a beaucoup moins de chambardements
si vous changez les limites d'un comté urbain. Si vous ajoutez ou
retranchez deux rues à Montréal, personne ne s'en rend compte et,
parfois, le député ne s'en rend même pas compte, deux rues
de plus ou deux rues de moins! Mais, quand vous
changez des paroisses et des municipalités dans le milieu rural,
tout le monde s'en rend compte. Non seulement la population des comtés
de Montréal n'est pas assez nombreuse, mais dans votre rapport V vous
proposez deux nouveaux comtés dans l'île de Montréal. Dans
l'île de Montréal, vous avez des comtés, dans votre rapport
V, de 31 000 électeurs, de 33 000 électeurs, un paquet de 33 000
et de 34 000. Je trouve que ce n'est pas réaliste avec tout ce que
ça représente. (16 h 15)
Dans Laval, un cas un peu spécial, il y en a trois actuellement,
je pense qu'on pourrait en avoir un seul nouveau au lieu de deux. On pourrait
en faire deux qui seraient saturés, qui ne bougeraient plus, une fois
pour toutes, au sud de l'île, et en garder deux en réserve pour
plus tard, pour en faire peut-être un cinquième ou un
sixième s'il y a expansion. Sur la rive sud de Montréal, il y
aurait sans doute lieu d'en créer un autre, en faisant un
réaménagement sectoriel du sud de Montréal. Dans la
région de Québec, je pense qu'il y a un
réaménagement à faire. Il y a des comtés, à
Québec, on le sait, actuellement, comme Taschereau et Jean-Talon, qui
sont très peu populeux et il y en a d'autres qui sont très
populeux, comme Chauveau et autres. On pourrait faire un
réaménagement de la région de Québec. Dans les
Laurentides également, il y a un problème. Mais pour le reste, je
pense qu'il n'y aurait pas tellement de changement. Je pense qu'il y en aurait
seulement deux qui seraient déficitaires dans les comtés ruraux.
C'est un peu l'approche que je voulais vous soumettre pour le moment.
Le Président (M. Jolivet): M. Côté.
M. Côté: Juste deux brefs commentaires avant que
vous désiriez, M. le député, avoir d'autres
précisions. D'abord, je veux vous remercier de votre introduction
à l'effet qu'il n'y a pas de système parfait. Cela nous rassure
un peu parce qu'il est bien évident que dans ce domaine il n'y en a
aucun. Et surtout, dresser la carte parfaite, je pense que c'est impossible.
Mais, il y a un point que je voudrais souligner avec insistance, parce qu'il me
semble très important à ce stade-ci, c'est que dans la
rédaction du cinquième rapport, il est bien évident que la
commission a senti qu'elle avait une contrainte juridique très claire
à l'égard du critère numérique. Il faut se
référer à l'article 9 de la loi qui nous régit
où cette contrainte est très précise. Quand vous dites que
vous nous adressez un doux reproche parce que nous nous sentons liés par
la loi, je pense qu'on ne peut pas agir autrement.
M. Lavoie: On va lire l'article 9, si vous voulez.
M. Côté: Oui. "La commission doit, en
appréciant le nombre des districts électoraux au Québec,
et l'étendue de chacun d'eux, s'assurer que chaque district
électoral comprend 32 000 électeurs et, à cette fin, elle
devra tenir compte des facteurs de variation de la population; toutefois, elle
peut admettre des districts électoraux dont le nombre des
électeurs est supérieur ou inférieur à ce nombre
d'au plus 25%, chaque fois qu'elle l'estime nécessaire en raison de la
densité de la population"; ce qui fait donc une variation de 40 000.
M. Lavoie: De 24 000 à 40 000. On peut continuer
aussi.
M. Côté: "La commission peut s'écarter des
règles énoncées au premier alinéa pour des
considérations exceptionnelles d'ordre démographique et
géographique telles que la très faible densité de la
population, le taux relatif de croissance de la population d'une région,
son accessibilité, sa superficie, sa configuration".
Depuis le début de l'existence de la commission, ce
deuxième paragraphe n'a trouvé son application que dans un cas,
c'est le cas des Îles-de-la-Madeleine. Je dois vous dire... Pardon? Une
des raisons qui ont motivé la commission ce que j'ai compris des
rapports antérieurs et du cinquième rapport qui ont
motivé la commission à agir de cette façon c'est que cela
pourrait nous entraîner à avoir un très grand nombre de
districts d'exception. Il faudrait essayer de tirer certaines conclusions. S'il
y avait un grand nombre de districts d'exception, dans quelle situation
serait-on placés, en regard du principe qui est énoncé au
paragraphe premier, de 32 000 électeurs? Ce qui nous apparaît
comme étant la règle générale, c'est le paragraphe
1er; ce qui apparaît l'exception, c'est le deuxième paragraphe de
l'article 9. Si on avait un très grand nombre d'exceptions
à notre avis, les Îles-de-la-Madeleine, à cause de sa
situation géographique, peut être justifiée il nous
semble il est possible qu'on se trompe, c'est bien certain que
multiplier les districts d'exception ne serait pas, finalement, rendre service
si je peux exprimer cette opinion à une carte
électorale qui soit satisfaisante pour tout le monde.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme LeBlanc-Bantey: Merci, M. le Président. J'avoue que je
suis un peu surprise de voir avec quelle ardeur l'Opposition officielle...
M. Fontaine: On ne fait pas le tour de l'Opposition?
Le Président (M. Jolivet): Qu'est-ce qu'il y a?
Excusez-moi, madame.
M. Fontaine: Est-ce que, habituellement, M. le Président,
on ne demande pas des commentaires du côté de l'Opposition et
ensuite on retourne du côté gouvernemental?
Le Président (M. Jolivet): Non. Compte tenu que tout le
monde a droit de parole ici cet après-midi, je n'ai pas tenu compte de
cette formule.
Cela ne me dérange pas de dire au député de
Brome-Missisquoi qu'il peut intervenir après, mais...
M. Fontaine: C'est parce que le député de
Brome-Missisquoi doit retourner en Chambre le plus rapidement possible.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord, je lui cède ma place. Je
parlerai après.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: Merci, madame. M. le Président, je serai
très bref d'ailleurs. Ce serait simplement pour vous dire que je
déplore un peu l'effort qu'on fait et le peu de succès qu'on peut
avoir.
J'ai vécu la révision de la carte électorale, en
1972, et je sais quel malaise se sont créé les commissaires pour
tâcher d'arriver à un consensus pour établir ce qu'on vit
actuellement. Je peux vous dire, pour avoir visité la province avant et
depuis ce temps, qu'on a créé un joli chambardement, au point de
vue administratif, en province. Je voudrais prendre comme comparaison des
districts que je connais. Une chose qui est certaine, c'est qu'on ne pourra
jamais arriver à nos fins, dans la province de Québec, quand on
va tenter de comparer nos régions à des provinces comme
l'Ontario; on va se comparer à l'Angleterre, on va se comparer à
la France, c'est complètement impossible de le faire. À mon sens,
il y a deux critères dont il faut tenir compte, l'étendue
géographique et la densité de population. Il est impossible et
impraticable de penser qu'on va pouvoir établir chaque comté par
le nombre d'électeurs et arriver à un consensus acceptable.
Dans la province de Québec, on a un territoire très vaste
et très peu populeux dans certaines régions; je pense à
des comtés comme Abitibi-Est. Il faudrait qu'un commissaire se dirige
vers cette région, qu'il pense qu'il devient député et
essaie de rendre service aux électeurs de ce comté; il se rendra
compte que c'est complètement ridicule à l'extrême. C'est
un exemple. Je pense qu'on pourrait dire la même chose pour le
comté de Duplessis, pour citer simplement ces deux-là. C'est la
question de territoire.
Je pense qu'on devrait examiner ce qui semble un territoire naturel,
indépendamment des densités de population, parce qu'aujourd'hui
c'est nécessaire qu'un député rencontre ses
électeurs, réponde à leurs besoins, à leurs
désirs, rende service. C'est là à mon sens le rôle
d'un député, surtout de connaître leurs problèmes.
S'il veut bien les représenter en Chambre, je pense que c'est le
rôle premier d'un député. Je suis convaincu que, dans ces
comtés, c'est impossible de le faire.
Je voudrais retourner à une autre comparaison que je connais
assez bien, la région des Cantons de l'Est. J'ai
représenté le comté de
Shefford pendant 18 ans; avec les mêmes bornes qu'avant 1972, il y
aurait aujourd'hui, probablement, 50 000 à 55 000 électeurs. Je
peux vous dire, sans crainte de me tromper, que c'est un comté qui
serait plus facile à représenter pour un député
aujourd'hui, avec 55 000 électeurs, que le comté que je
représente, avec 28 000 électeurs, à cause du territoire.
Non seulement à cause du territoire, mais aussi le courant naturel des
affaires d'un comté, qui est drôlement important.
Je jetais un coup d'oeil, rapidement, sur la nouvelle division qu'on
vient de proposer. Il n'y a rien de plus ridicule au monde. Quand on
connaît le territoire physique, c'est impensable. Imaginez-vous, quand
vous parlez de Dunham, de Stanstead, où le député va-t-il
établir son bureau? Vous frappez quatre comtés au point de vue
civil; au point de vue des services de voirie, c'est la même chose, les
affaires sociales, vous déchirez un comté. C'est impraticable au
point de vue administratif. Je pense qu'on s'éloigne complètement
d'une situation qu'on veut essayer de corriger. S'il faut que le
législateur amende cette loi, je pense que la commission devrait
demander au législateur de faire une carte électorale
basée sur des faits réels qui soit homogène, acceptable,
à l'intérieur de laquelle les députés vont pouvoir
travailler avec un personnel convenable. Je suis d'accord avec le
député de Laval pour le nombre de députés; 110, on
est amplement en Chambre pour servir les électeurs de la province de
Québec, j'en suis convaincu.
Je dis que la ville de Montréal, aussi bien que des comtés
comme Shefford peuvent porter beaucoup plus d'électeurs, parce que c'est
un territoire restreint, à cause de la ville de Granby qui se trouve
à l'intérieur de ce comté. Naturellement, la population
est plus élevée mais les services sont là, se tiennent
ensemble et c'est beaucoup plus facile pour un député de
desservir une population de 40 000. La ville de Granby présente 40 000
citoyens et, seulement dans le canton de Granby, il y en a 10 000, ce qui fait
30 000 électeurs dans un territoire de 7, 8 ou 10 milles carrés.
C'est facile à desservir, un groupe de paroisses; quand même on
enlèverait 15 ou 20 autres petites paroisses autour, c'est un
comté facile à servir.
Pour toutes ces raisons, on pourrait en arriver à un consensus
raisonnable. Je vous dis que je ne voudrais pas répéter ce qu'on
a fait en 1972, je trouve que ce n'est pas nécessaire. Si on est des
hommes raisonnables, bien mesurés, si on a dans l'idée
l'intérêt des citoyens de la province qu'on veut servir, on va
s'asseoir ensemble, les députés, on va amender cette loi si c'est
nécessaire et on va vous expliquer un peu les régions. Je ne veux
pas me mêler de la région du Nord, mais pour la région des
Cantons de l'Est, je pourrais m'asseoir avec les commissaires et leur donner de
bons conseils.
Si vous avez des doutes que je puisse le faire, je connais des officiers
d'élection qui se feraient un plaisir de venir vous donner les lignes
naturelles de chacun des comtés. Je pense qu'on peut se rapprocher de la
réalité et faire en sorte d'avoir
quelque chose qui est fonctionnel, pratique, qui ne coûtera pas
plus cher à administrer et qui va être beaucoup plus convenable
que ce qu'on tente de faire actuellement. Je vous dis cela sous toute
réserve et je mets cela au-dessus des personnalités. Je ne vise
personne en particulier.
Je ne voudrais pas qu'on continue à se déchirer. Je
connais la tâche que vous tentez de remplir actuellement. Ce n'est pas
facile. Mais je pense que c'est votre rôle de tenter de demander au
gouvernement, au législateur, d'amender la loi et de tenir compte de
deux facteurs: le territoire et la densité de population.
Je suis d'accord pour que la ville de Montréal ait au moins 50
000 ou 55 000 électeurs, 20% ou 25% de plus ou moins. Je pense que les
comtés ruraux, dans certains territoires, pourraient même aller en
bas de 25 000 électeurs, et cela serait encore beaucoup trop comme
territoire. C'est un critère dont on ne peut pas réellement tenir
compte dans les comtés ruraux, surtout les comtés
éloignés comme la Côte-Nord, l'Abitibi et même le Lac
Saint-Jean, par rapport à la densité de la population.
Je pense qu'il faut choisir ces critères d'une façon
raisonnable. Il faut bien les mesurer et penser au rôle qu'aura à
remplir le député, indépendamment des gouvernements qu'il
y aura en place. Il faut penser aux citoyens qui sont là, qui ont droit
aux mêmes services de la part des députés, autant dans les
comtés du nord que dans ceux des Cantons de l'Est et de la ville de
Montréal.
M. Côté: Oui, M. le député, je ne peux
faire autre chose que de prendre bonne note de vos remarques. Je pense que vous
avez souligné, avec justesse d'ailleurs, que les dispositions de la loi
actuelle qui nous régit, comme je l'ai exprimé depuis le
début, nous imposent certaines limites. En fait, les propositions que
vous faites devraient être transmises ou incorporées dans une
nouvelle loi. En somme, le principe que vous exprimez, je pense qu'il se
résume de la façon suivante: Est-ce qu'il doit ou peut y avoir ou
non une certaine forme de zonage? Par exemple, dans une région
donnée, la plus forte densité de population aurait un quotient
d'électeurs plus élevé et d'autres secteurs de la province
où la densité de population est plus faible devraient avoir un
quotient différent.
Je prends tout simplement note de votre observation et je crois qu'en
guise de réponse tout ce que je peux dire, c'est que c'est une question
à caractère purement politique, puisque cela relève du
rôle du législateur de modifier la loi selon la façon dont
il le désirera.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
Bonaventure... des Îles-de-la-Madeleine.
Des voix: Oh!
Mme Denise LeBlanc-Bantey Mme LeBlanc-Bantey: M. le
Président, ne dire tout à l'heure que j'ai été
surprise de voir quelle ardeur l'intervention que j'ai faite à
l'Assemblée nationale la semaine dernière pour demander au
gouvernement de préserver explicitement l'intégrité
territoriale, si vous me permettez le terme, des Îles-de-la-Madeleine,
avait soulevée dans les rangs de l'Opposition officielle. Je ne l'ai
jamais vue défendre une de mes causes avec autant
d'intérêt. J'espère que le ministre se trompe quand il
laisse entendre que si l'Opposition officielle défend ma cause avec
autant d'ardeur, c'est peut-être parce qu'elle a des
intérêts à négocier par-dessous la table, qu'elle a
d'autres comtés à préserver, à discuter ou à
redécouper, etc. Je veux conserver assez de naïveté pour
croire que ce serait faux, parce que ce serait, à mon avis,
peut-être un peu trop cynique de tenir une population comme celle des
Îles-de-la-Madeleine en otage pour essayer de négocier ou le
principe de la loi, ou d'autre chose.
Ma question, pour le moment, est très simple. Vous avez
amené vous-même...
Un autre commentaire avant de dire cela. Ce qui m'a le plus
rassurée dans tout votre exposé et vous comprendrez
pourquoi c'est que vous avez dit que c'était une hypothèse
de travail. Ma question est la suivante.
M. Côté: Vous parlez de l'hypothèse de 36
000?
Mme LeBlanc-Bantey: L'hypothèse qu'on a entre les mains,
de 36 000 électeurs.
M. Côté: C'est cela. D'accord.
Mme LeBlanc-Bantey: Ma question est la suivante. Vous avez admis
vous-même que vous aviez gardé les Îles-de-la-Madeleine
comme une exception. C'était le seul comté que vous aviez
considéré, probablement à cause de caractères
socio-économiques, géographiques, etc.....
M. Côté: Non. Je m'excuse de vous interrompre,
madame.
Mme LeBlanc-Bantey: Pas dans l'hypothèse de 36 000, mais
dans l'hypothèse de 32 000.
M. Côté: Oui, c'est cela.
Mme LeBlanc-Bantey: Les îles, donc, demeuraient une
exception. Le ministre m'avait assurée de cela d'ailleurs. Les
Madelinots étant méfiants de nature, on a quand même
demandé au gouvernement de consacrer spécifiquement l'exception
parce que nous ne voulions pas qu'éventuellement il nous arrive ce qui
vient de m'arriver entre les mains, c'est-à-dire une hypothèse de
travail où le comté des Îles-de-la-Madeleine subirait le
même sort qu'il a déjà subi au fédéral,
c'est-à-dire disparaître au profit d'un autre comté, celui
de Bonaventure. (16 h 30)
J'ouvre une parenthèse pour vous dire qu'en termes de sympathie
naturelle, en termes d'ac-
cointances, si vous voulez, si vous deviez rattacher les Îles
à un autre comté, ce comté se sentirait davantage
identifié au comté de Verdun ou à un autre comté de
Montréal qu'au comté de Bonaventure. La situation sociologique
aux Îles est comme cela. C'est pour vous dire que ce n'est pas aussi
simple que cela en a l'air, même quand vous parlez de découpage
régional, si vous voulez.
La question est celle-ci, je le répète: Pourquoi, si dans
l'hypothèse de 32 000 électeurs, vous vous étiez
basés sur certaines raisons pour consacrer les Îles comme une
exception, avez-vous changé d'idée dans l'hypothèse de 36
000 électeurs?
M. Côté: Je pense que je l'ai souligné tout
à l'heure. Je vais le répéter, madame. C'est que
l'hypothèse de travail de 36 000 électeurs a été
faite à partir de la demande qui nous a été
adressée par les membres de la commission, le 6 décembre 1978.
Nous avons compris à ce moment-là, en relisant les textes du
journal des Débats j'ai dit au député de Roberval
tout à l'heure que nous l'avons peut-être mal comprise que
l'hypothèse de travail sur laquelle on nous demandait de travailler
était la suivante: d'envisager qu'il y ait un quotient de 36 000
électeurs avec une marge de 25% en plus et en moins;
deuxièmement, qu'on ne dépasse pas le nombre limite de 112
districts électoraux. Il n'a pas été fait mention
c'est ce que j'ai mentionné tout à l'heure qu'on puisse
conserver des districts d'exception.
En partant de l'idée qu'il n'y a aucune exception dans
l'hypothèse qu'on soumet, pour en arriver à découper la
province avec le quotient de 36 000 électeurs, à notre avis, il
n'y avait pas d'autre façon que d'englober les
Îles-de-la-Madeleine dans un autre district électoral. Si on nous
avait demandé de tenir compte d'exceptions, à ce
moment-là, je crois qu'on serait probablement arrivé à la
conclusion, évidemment avec un autre découpage que celui qui est
soumis, de conserver encore l'hypothèse d'exception pour les
Îles-de-la-Madeleine, puisque cela a été une constante du
travail de la commission depuis le début.
Mme LeBlanc-Bantey: Quels étaient les arguments qui,
depuis le début du travail de la commission, vous faisaient
considérer les Îles-de-la-Madeleine comme une exception?
M. Côté: Depuis le début, c'est
l'éloignement des Îles-de-la-Madeleine, son caractère
d'éloignement du reste...
Mme LeBlanc-Bantey: Des centres du Québec.
M. Côté: ... du Québec, son caractère
avant tout géographique.
Mme LeBlanc-Bantey: Si je comprends bien, si le gouvernement
décidait de consacrer explicitement l'exception des
Îles-de-la-Madeleine, vous n'y auriez pas d'objection?
M. Côté: Si je m'en réfère aux
précédents rapports de la commission, si la commission veut
être constante avec elle-même et tenir compte de la jurisprudence
qu'elle a établie à cet égard, je ne crois pas qu'il y
aurait objection à maintenir cette tradition, mais je dois vous
répéter que seul le critère numérique de 36 000
électeurs est intervenu dans notre travail.
Mme LeBlanc-Bantey: Merci.
M. Lavoie: M. le Président, brièvement, sur cette
question, je voudrais faire une courte intervention. Lorsque nous vous avons
demandé, en décembre 1978, de faire une simulation ou un exercice
avec 36 000 électeurs comme base, au lieu de 32 000, je peux
déclarer personnellement, pour avoir suggéré cet
exercice-là, que, dans notre esprit, nous avions toujours
considéré les Îles-de-la-Madeleine comme une exception
restant de beaucoup en bas de la moyenne. Je pense que vous avez 8000 ou 9000
électeurs. Dans notre esprit, on n'a jamais voulu l'intégration
des Îles-de-la-Madeleine avec quelque autre comté au
Québec.
Mme LeBlanc-Bantey: On devrait dire qu'il y a quand même
1000 électeurs de plus depuis la dernière élection. La
natalité va bien chez nous, n'est-ce pas?
M. Lavoie: Oui!
Le Président (M. Jolivet): M.Côté.
M. Côté: Seulement une information
supplémentaire, si vous le permettez. J'ai bien précisé
tout à l'heure que c'est une hypothèse de travail. On s'est
posé la question à un moment donné: Si on gardait
l'exception des Îles-de-la-Madeleine? Il y a peut-être une chose
qu'on doit vous dire tout de suite, c'est qu'en gardant les
Îles-de-la-Madeleine comme un district d'exception, une des
conséquences, c'est que tous les districts de la rive sud auraient
été modifiés considérablement. Je pense qu'il faut
vous le souligner. À cause de la faible densité de population,
tous les districts de la rive sud au complet, je pense que cela regroupe
32 districts électoraux auraient été
modifiés considérablement.
M. Lavoie: Je ne comprends pas. Je vois des comtés
comme...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval, je voudrais...
M. Lavoie: Très brièvement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, c'est parce qu'il y en a
d'autres qui ont demandé la parole, M. le député.
M. Lavoie: Très bien, je n'abuserai pas. Le
Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Lavoie: Je vois votre réaction en chaîne. Les
Îles-de-la-Madeleine auraient pu rester tout à fait
indépendantes. La majorité de ces comtés que vous appelez
de la rive sud, Beauce-Nord, Beauce-Sud, etc., aurait eu le critère de
base de 27 000. Cela ne changeait pas grand-chose dans tous ces comtés
de la rive sud. Il y en a deux qui auraient été
déficitaires. Si on voulait arriver à 110 comtés
votre moyenne actuellement à Montréal est de 35 000 cela
aurait été facile à Montréal d'augmenter la moyenne
à 38 000 ou à 42 000, et vous seriez même arrivés
à beaucoup moins que 110 comtés, à mon point de vue. Vous
auriez pu arriver avec 105 ou 107 comtés. Dans l'île de
Montréal, vous auriez eu peut-être comme moyenne 42 000 ou 43 000,
tout en laissant comme moyenne dans les comtés ruraux 29 000, 30 000 ou
31 000, tel que cela existe actuellement.
Le Président (M. Jolivet): M. Côté.
M. Côté: M. le député de Laval, je
peux simplement prendre note de vos commentaires. Il y aurait probablement lieu
de revoir, peut-être avec plus de détails et plus de
précision, l'hypothèse de 36 000 qui est avancée, parce
qu'une des règles qu'on a essayé de suivre, c'est de ne pas
dépasser le critère. Quand on détermine 36 000, on a un
maximum de 45 000 et un minimum de 27 000. Dans le cas des districts
électoraux de la rive sud, la majorité des districts est plus
près du minimum. Ce que je veux vous signaler tout simplement, comme je
l'ai mentionné tout à l'heure, c'est qu'il y a d'autres solutions
possibles, mais une des choses qu'on a essayé de faire dans
l'hypothèse de 36 000 oublions seulement pour un moment, si vous
permettez, le cas des Îles c'est de chambarder le moins possible
les limites des districts électoraux actuels. Il a fallu le faire, mais
c'est le moins possible.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Vanier.
Mme LeBlanc-Bantey: Je m'excuse, M. le Président, mais je
n'ai pas compris le raisonnement de M. Côté. Ou les Îles
sont une exception ou elles n'en sont pas une. Elles ne sont rattachées
ni de près ni de loin à aucune autre circonscription
électorale. Je ne comprends pas votre raisonnement qui veut qu'en
gardant les Îles comme une exception, cela modifie le découpage
électoral de certains comtés de la rive sud. Honnêtement,
c'est peut-être parce que je n'ai pas suivi les travaux de la commission
que je ne comprends pas comment vous en arrivez à un tel
raisonnement.
M. Côté: C'est parce que le quotient passant de 32
000 à 36 000, quand on l'applique sur la rive sud, on touche à 32
districts électoraux. Si on exclut les Îles-de-la-Madeleine, on
exclut 8000 électeurs qu'on peut inclure dans le chiffre de 27 000, par
exemple. Si on exclut les Îles-de-la-Madeleine, il faut qu'on
répartisse 8000 électeurs différemment sur les 32 autres
districts électoraux. À ce moment, cela a un effet
d'entraînement, un effet de conséquence, un effet à
chaîne qui est considérable. C'est tout ce que je mentionne.
Mme LeBlanc-Bantey: La meilleure solution, quand on fait une
carte électorale, on devrait oublier les Îles complètement,
ne pas du tout les calculer en fonction des électeurs des autres
régions et répartir les comtés en fonction des
électeurs de la région.
M. Côté: C'est juste.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Vanier.
M. Jean-François Bertrand
M. Bertrand: Merci, M. le Président. J'ai l'impression
qu'il y a un certain nombre d'interventions qui ont été faites
par l'Opposition officielle à l'endroit de la commission, qui
étaient carrément des demandes d'interprétation ou
d'opinions politiques sur la base d'un projet de loi qu'on aura à
étudier à compter de demain en commission parlementaire.
M. Lavoie: Correction, c'est le projet de loi 9 demain.
Le Président (M. Jolivet): Allez!
M. Bertrand: Le projet de loi 10 un peu plus tard, qu'on aura
à étudier, de toute façon, en commission parlementaire. On
est en train un peu de vous faire reproche d'avoir obéi à la loi
qui a été votée par les législateurs, comme si vous
aviez à faire autre chose que d'administrer la loi qu'on vous remet et
avec laquelle vous devez par la suite définir la délimitation des
circonscriptions électorales. Le député de Laval et ses
collègues devraient peut-être attendre qu'on soit rendu à
cette étape de nos travaux en commission parlementaire où
justement, en jouant notre rôle d'élus politiques, nous aurons
à définir les termes de la loi que, par la suite, une commission
indépendante sera appelée à appliquer en délimitant
les circonscriptions électorales. Je pense, au-delà même de
cette discussion qui est éminemment politique, que, dans le fond, vous
avez, dans le cadre du cinquième rapport et maintenant de ce
cinquième rapport, annexe A, si on veut, sur la base d'un quotient de 36
000 électeurs, vous avez simplement fait ce que la commission vous avait
demandé de faire.
Vous avez même inclus les Îles-de-la-Madeleine, parce que la
commission ne vous a pas demandé de les exclure. Donc, vous avez
obéi au mandat même qui vous a été donné, et
je pense que personne ne doit vous en faire un reproche.
Mais, cela étant dit, je pense que votre proposition d'une carte
qui aurait comme quotient 36 000 électeurs vient de constituer, à
toutes fins utiles, une espèce de pelure de banane sur
laquelle l'Opposition elle-même va glisser et une pelure de banane
qu'elle s'est elle-même servie.
M. Lavoie: Pourquoi de la petite politique? On discute entre
grandes personnes ici.
M. Bertrand: Vous parlerez quand ce sera votre tour, vous, le
député de Laval.
M. Lavoie: On a l'impression que c'est un Parlement-école
quand vous parlez.
Le Président (M. Lefebvre): Les membres s'adressent
à la présidence, s'il vous plaît.
M. Bertrand: D'accord.
M. Lavoie: II faut qu'il fasse de la politique partout, de la
petite politique partout.
Le Président (M. Lefebvre): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
M. Bertrand: Cela va, à part ça?
M. Paquette: Bon! Qu'est-ce que vous faites, là?
M. Bertrand: Cela va bien, à part ça, M. le
député de Laval?
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Vanier, s'il vous plaît!
M. Bertrand: M. le Président, ce que j'étais en
train de dire, c'est qu'on a soumis, à la Commission de réforme
des districts électoraux, une hypothèse de 36 000, dont le
résultat est exactement celui que l'Opposition officielle a
tenté, à un moment donné, de décrier en disant
qu'il fallait faire attention, parce qu'il y a des comtés, au
Québec, où les députés ont des
responsabilités considérables; ce sont les comtés ruraux,
c'est-à-dire les comtés à territoire très grand,
mais à faible densité de population, mais où il y a
beaucoup de municipalités, il y a beaucoup de variété dans
les problèmes. Je pense que le député de Nicolet-Yamaska,
qui est député de ce genre de comté, sait de quoi je
parle. Je pense que j'ai des collègues ici... Le député de
Frontenac, le député de Matapédia, et d'autres sont des
députés qui, justement, quand ils voient arriver
l'hypothèse des 36 000 électeurs, se rappellent que l'Opposition
nous disait: II faut faire attention pour ne pas davantage grossir nos
comtés, élargir nos frontières, parce qu'on a
déjà suffisamment de problèmes dont on doit s'occuper avec
la carte existante. Comment se fait-il que, tout à coup, avec
l'hypothèse des 36 000, on se rend compte que nos comtés prennent
une mesure sans bon sens par rapport aux types de problèmes qu'on a
à vivre et par rapport à la population et aux
municipalités qu'on a?
Donc, l'hypothèse de 36 000 vient un peu, comment dirais-je?
péter à la face même de l'Opposition officielle. On voulait
régler le problème des députés ruraux qui sont
déjà suffisamment achalandés avec la circonscription
qu'ils ont, le nombre de municipalités et tout. On se voit offrir une
carte électorale qui, à cause de ce quotient de 36 000
vous aviez à l'appliquer comme tel fait justement que, si on ne
veut pas augmenter le nombre de circonscriptions électorales et
maintenir la proportion moins 25% ou plus 25%, on est forcément
obligé, dans certains cas, d'agrandir certaines circonscriptions
rurales.
Or, je pense que ce principe est un principe mauvais, qui consisterait,
à la limite, à faire en sorte que les circonscriptions rurales,
qui sont déjà suffisamment grandes et qui ont déjà
suffisamment de travail dont elles doivent s'occuper, soient davantage
élargies. Le quotient de 36 000, avec plus ou moins 25%, a comme effet
direct d'entraîner justement l'agrandissement de ces circonscriptions
rurales.
Cela, c'est la première chose et je pense qu'il fallait que ce
soit dit justement pour que l'Opposition officielle réalise que, quand
on monte la moyenne des électeurs par comté, on doit faire face
à ce genre de problème, qui était justement le genre de
problème qu'ils voulaient éviter.
Deuxièmement, je pense qu'il y a un principe qui doit être
réaffirmé et qui est fondamental. C'est d'arriver à faire
en sorte que chaque électeur ait un droit égal en ce qui concerne
son choix démocratique au moment d'une élection.
À la limite, si on voulait appliquer ce principe dans l'absolu
théorique, ça voudrait dire que toutes les circonscriptions du
Québec devraient avoir, par exemple, 32 000 partout, ou 36 000
électeurs, si c'était le quotient qu'on retenait. À la
limite, si on voulait que chaque électeur ait un droit égal sur
le plan électoral, il faudrait qu'on ait exactement le même nombre
d'électeurs partout.
Déjà, la loi admet, comment dirais-je? jusqu'à un
certain point, qu'il puisse y avoir une distorsion à ce principe
d'égalité de l'ensemble des citoyens, en admettant que des
comtés vont se rendre jusqu'à plus 25%, donc 40 000 dans la loi
actuelle, ou moins 25%, soit 24 000. Même si, en théorie, j'avoue
que je préférerais, quant à moi, qu'on puisse finalement
arriver mais c'est un absolu théorique qui m'apparaît
irréaliste à ce que toutes les circonscriptions aient 32
000 électeurs, justement à cause de ce travail des
députés dans leur circonscription, tenant compte des
différences qui existent entre le milieu rural et le milieu urbain et du
type de travail qu'un député est amené à remplir
dans un comté rural et dans un comté urbain, je pense que le
législateur, en 1972, quand la loi a été adoptée
et là, M. le député de Laval, je rends honneur
à l'Opposition officielle; vous voyez qu'on peut faire de la petite
politique même en vous flattant, à l'occasion a bien fait
de prévoir que, justement pour satisfaire à ces exigences de
travail supplémentaire dans les circonscriptions rurales, de travail
différent, de grandeur des distances à parcourir, on ait des
circonscriptions qui puissent s'écarter de la moyenne
générale à moins 25%, en mettant justement une
limite, parce que je pense qu'aller à 40%, 50% ou 60%, c'est
tomber dans le ridicule. Mais cela apparaissait raisonnable. (16 h 45)
Les responsables de la réforme des districts électoraux
à l'époque c'étaient vous avaient fait
attention justement pour qu'on situe entre 24 000 et 32 000 électeurs ce
genre de circonscriptions où les problèmes sont
différents, où les distances sont plus grandes, où la
population est certainement moins dense, mais qui apportent peut-être au
député un supplément de travail à cause même
des distances, des problèmes et du nombre de municipalités.
C'était, je pense, une façon tout à fait intelligente
d'appliquer la loi dans son esprit, de faire que ces municipalités
soient entre 24 000 et 32 000.
La même chose dans le sens inverse. Vous avez
découpé une carte électorale à l'époque qui
faisait que les circonscriptions urbaines se retrouvaient entre 32 000 et 40
000, ce qui est tout à fait normal à mon point de vue et qui
correspond tout à fait à l'esprit de la loi qui voulait que dans
ces circonscriptions où les distances sont nettement moins grandes,
où les problèmes sont différents, le député
ait un accès peut-être plus facile à l'ensemble de ses
citoyens parce qu'ils ne sont quand même pas très
éloignés de son bureau de comté. C'était tout
à fait normal de faire que la carte électorale respecte ce type
de principe.
Mais c'est là que le danger arrive dès lors
qu'on accepterait de dire c'est un peu ce qu'on nous sert dans
l'Opposition officielle dès lors qu'on nous dit: Oui, mais
finalement, acceptons que la règle d'exception puisse être
élargie et acceptons que des comtés urbains puissent comprendre
50 000, 55 000 et 60 000 électeurs ou qu'un comté rural puisse en
comprendre 15 000, 20 000 ou 22 000, moi, je dis qu'à ce
moment-là, justement, on sombre dans le ridicule parce qu'on retombe
à l'époque où, avant justement la réforme de 1972,
on avait des comtés... Je me rappelle le comté de Missisquoi, de
mon propre père, qui avait 12 000 électeurs, Bagot qui avait 8000
électeurs, enfin tous les comtés protégés des
Cantons de l'Est, les Îles-de-la-Madeleine, évidemment, mais on
avait à côté de ça des comtés comme
Sherbrooke avec 60 000, 65 000, 75 000 électeurs, des comtés de
Montréal avec 75 000, 80 000 et 85 000 électeurs. Cela a
donné quoi? Cela a donné une élection comme 1966 où
avec 40% du vote je me le rappelle très bien l'Union
Nationale avait pris le pouvoir, alors que les libéraux avaient 47% du
vote. Est-ce qu'on peut appeler ça une carte électorale qui donne
le droit le plus égal possible à chaque citoyen d'être
représenté, alors qu'on obtient un pourcentage inférieur
et qu'on est au pouvoir et qu'avec un pourcentage de vote supérieur on
est dans l'Opposition? C'est sans doute par suite de cette analyse tout
à fait juste des distorsions qui existaient dans la
représentation à cause de la carte électorale, que
l'Opposition officielle d'aujourd'hui, qui a été au pouvoir en
1970, a cru bon de modifier une telle carte électorale, sans doute pour
ne pas revivre l'expérience vécue en 1966 et qui, effectivement,
n'était pas, je pense, tout à fait correcte à
l'époque.
Elle a corrigé la situation. C'est elle qui a introduit la notion
d'une moyenne d'électeurs. C'est elle qui a introduit la notion d'un
maximum de 25% ou d'un minimum de 25%, ce qui m'apparaissait alors tout
à fait convenable, et je doute que l'Opposition de l'époque ait
voté contre un tel principe. Si ma mémoire est bonne...
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander la permission au député de Vanier de poser une
question?
M. Bertrand: À la fin, d'accord?
Alors, ce principe-là m'apparaissait tout à fait
convenable et c'est celui-ci que nous tentons de maintenir aujourd'hui. C'est
sur la base du même principe que vous avez préparé une
hypothèse de travail sur le quotient de 36 000 électeurs. Je dis
une chose, c'est que autant vous avez fait votre travail au moment du
cinquième rapport et au moment du rapport actuel qu'on vous a
demandé de soumettre par suite du mandat qui vous a été
donné par la commission de l'Assemblée nationale, autant je dis
que l'Opposition, dans ce contexte-là, est malvenue de juger le travail
que vous avez fait alors que c'est sur la base même du mandat qui vous
avait été donné que vous avez préparé ce
genre de délimitation des circonscriptions électorales. Mais
là où j'ai des craintes supplémentaires c'est
là qu'on va y revenir en commission parlementaire au moment de
l'étude du projet de loi no 10 c'est au moment où
justement on veut quitter l'esprit des principes qui avaient été
contenus, qui avaient été émis dans la loi de 1972, qui se
référaient à une moyenne, d'abord, et,
deuxièmement, à un écart maximal ou minimal pour justement
s'assurer qu'il n'y aura pas des situations absurdes ou ridicules.
Au moment où on sent qu'il se prépare une espèce de
bataille pour faire en sorte qu'on arrive à des exceptions qui puissent
presque devenir la règle, je me dis: Quel genre de représentation
aurons-nous demain et quel genre de garantie et d'assurance auront les citoyens
qu'ils peuvent justement vivre à l'intérieur d'une loi qui leur
assure le maximum de justice au niveau de la représentation? Dans ce
contexte, je dis que la Commission de la réforme des districts
électoraux n'a fait, finalement, que le travail que la loi l'invitait
à faire à cause des définitions mêmes qui y
étaient contenues. Le mandat qu'elle avait reçu de la commission
elle l'a appliqué sur la base qui a été donnée par
cette commission et pas autrement. Si nous, élus politiques, membres de
la commission parlementaire, qui avons la responsabilité de
définir et de décrire les termes du mandat que nous lui donnerons
comme future commission indépendante, nous n'avons pas ici la prudence,
si nous ne prenons pas nos responsabilités quant à la
définition des termes mêmes du mandat qu'elle aura à
exécuter, je dis que c'est nous qui errons et non pas la Commission de
la réforme des districts électoraux.
Dans ce contexte-là, M. le Président, je pense que le
travail qui a été fait par la commission jusqu'à
maintenant est tout à fait correct sur le plan des principes, même
si évidemment ces gens-là sont très ouverts à une
discussion sur la façon de procéder et ils l'ont dit
eux-mêmes. Il y a huit hypothèses, dix hypothèses, quinze
hypothèses, cinquante hypothèses de découpage d'une carte
électorale. Ce qui m'intéressait, c'était surtout
d'émettre le principe qu'ils ont fait le travail que la commission
parlementaire leur demandait de faire et que c'est à nous et non pas
à eux de définir les termes politiques, les principes politiques
auxquels ils doivent être assujettis à l'avenir. Ce sera le
travail de la commission parlementaire une fois que nous entreprendrons
l'étude du projet de loi no 10.
Le Président (M. Jolivet): M. Côté.
M. Lavoie: Le député m'a permis une question.
Le Président (M. Jolivet): C'est parce que je voulais
voir... D'accord, M. le député de Laval.
M. Bertrand: Même si vous n'êtes pas bien "smart", je
vais vous en permettre une quand même.
M. Lavoie: Vous, vous êtes trop "smart". Vous êtes
chanceux!
Le Président (M. Jolivet): Allez, posez la question.
M. Lavoie: Lorsque vous parlez de disproportion et tout,
êtes-vous au courant qu'on a fait un exercice, nous aussi, et
réalisez-vous qu'aux dernières élections où, avec
41% des voix au Québec, vous avez eu 71 sièges, soit 65% des
sièges, si on avait eu le rapport V tel que soumis, avec une personne un
vote, avec 41% des voix, vous auriez eu 82 sièges, soit 68%? C'est pour
vous dire que l'idéal, ce n'est pas facile à atteindre, parce
que, avec le rapport V, il y aurait encore plus de disproportion qu'on n'en a
connu en 1976.
M. Bertrand: Admettez-vous une chose, M. le député
de Laval je vous donne ma réponse sous forme de question
c'est que les 65% des sièges qui ont été obtenus en 1976
l'ont été sur la base de la loi de la réforme de la carte
électorale qui avait été votée par ce Parlement et
que c'est sous l'empire de la même loi votée par votre
administration que nous obtiendrions, dans le contexte actuel, 81
sièges? Admettez-vous que c'est sur le même principe de carte
électorale avec la même moyenne et le même écart de
plus ou moins 25%?
M. Lavoie: Non.
M. Bertrand: Je m'excuse, c'est parce que vous n'avez pas
exactement compris le sens de votre loi et l'application de la loi telle
qu'elle doit être faite normalement si on respecte le maximum de 40 000
et le minimum de 24 000. S'ils ont préparé le cinquième
rapport, c'est parce qu'il y avait des comtés qui dépassaient 40
000 et d'autres qui étaient en dessous de 24 000. S'ils voulaient
respecter la loi, forcément on arrivait à une
représentation qui aurait été différente avec
l'ajout d'un certain nombre de comtés et, bien sûr, le Parti
québécois aurait obtenu à ce moment-là 81
sièges. C'est très clair, mais c'est sous l'empire de la loi
existante et pas sous l'empire d'une espèce de discrimination qui aurait
existé.
Le Président (M. Jolivet): M. Côté.
M. Côté: Je voudrais juste souligner, M. le
Président...
M. Bédard: Est-ce que je pourrais faire une remarque, M.
le Président? Juste une petite remarque au député de
Laval. Si son calcul l'amène à nous dire que le cinquième
rapport aurait donné 82 sièges au Parti québécois
par rapport aux autres partis, je pense que vous devez tirer la conclusion que,
si nous apportons une réforme, ce n'est pas par calcul électoral.
En effet, si la réforme n'était guidée que par un calcul
électoral, nous aurions essayé de vous imposer le
cinquième rapport en nous cachant derrière l'indépendance
de la commission. Au contraire...
M. Lavoie: Vous auriez pu essayer.
M. Bédard: Vous devez, au moins, nous savoir gré de
ne pas avoir essayé.
M. Lavoie: Quelle garantie avons-nous?
M. Bédard: Je pense qu'on est capable... Vous parlez tout
le temps. Laissez parler les autres. Si vous voulez parler tout seul, parlez
tout seul.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: J'ai appris cela de M. Derome, de Radio-Canada.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bédard: Tout ce que je vous dis, vous le savez
très bien, vous l'avez compris et c'est pour ça que vous voulez
intervenir, si vos calculs sont bons et que le cinquième rapport aurait
donné 82 députés au Parti québécois, je
pense que vous devez admettre que ce n'est pas par calcul électoral que
nous n'acceptons pas le cinquième rapport. C'est simplement que la loi
qui est présentement devant la Chambre n'a qu'un souci c'est de trouver
le moyen qu'au cours d'une élection la volonté populaire soit
mieux respectée qu'elle ne l'a été dans le
passé.
Le Président (M. Jolivet): M. Côté... Une
voix: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Je ne voudrais pas que
ça vienne à ce niveau, pour le moment. Vous allez avoir la
possibilité de parler tout à l'heure, votre nom est sur la liste.
M. Côté.
M. Côté: Seulement une très brève
remarque, M. le Président. Je pense que la discussion qui a lieu
présentement nous démontre à l'évidence que c'est
un travail fort complexe que l'établissement d'une carte
électorale. En ce qui concerne le devoir de la commission, je pense, et
c'est l'idée également des membres de la commission, qu'il est
bien évident que nous avons un mandat à accomplir qui est
défini dans une loi et que nous devons nous efforcer, le plus possible,
de réaliser ce mandat en conformité avec les dispositions d'une
loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: M. le Président, je trouve cette commission
fort instructive, parce qu'on voit déjà commencer le débat
qu'on pourrait avoir si nous n'avions pas, dans ce projet de loi que nous
allons discuter demain, le principe d'une commission indépendante.
Déjà, on commence à parler des avantages que tel ou tel
parti pourrait retirer et chaque député s'inquiète de sa
circonscription. Il y a des préoccupations normales là-dedans, il
y a des principes à dégager. Ma position, c'est qu'on devrait
être assez intelligent pour les mettre dans la loi. Premièrement,
la question du nombre d'électeurs. On a un projet de 36 000
électeurs par comté, en moyenne. Cela démontre bien qu'une
bonne partie des débats qu'on a faits à l'Assemblée
nationale étaient inutiles, parce qu'on voit qu'il est possible de
maintenir le nombre de députés actuels à
l'Assemblée nationale, si tel est l'objectif, tout en
déplaçant probablement moins d'électeurs.
Là, tous les reproches qu'on a faits à ce projet de carte,
jusqu'à maintenant, qui sont justifiés, à mon avis, c'est
qu'on n'a pas tenu compte de la densité de la population. D'ailleurs, M.
Côté nous l'a dit tantôt, ce n'est pas dans la loi, on n'en
a pas tenu compte. Si vous voulez qu'on en tienne compte, mettez-le dans la
loi, on va en tenir compte. Simplement pour donner un exemple pour appuyer ce
que disaient les députés de l'Opposition, le comté de
Matane-Matapédia a 41 376 électeurs avec 60 municipalités,
comparativement au comté d'Outremont qui a 35 000 électeurs avec
une seule municipalité. Il est bien sûr que la carte qui nous est
proposée n'a pas été proposée en tenant compte de
la densité de la population; c'est bien évident.
Maintenant, cela ne veut pas dire qu'on ne pourrait pas en faire une qui
ne tienne pas compte de la densité de la population et ça ne veut
pas dire non plus qu'on ait besoin de fourrer les députés
là-dedans pour en faire une qui tienne compte de la densité de la
population. Je voudrais mettre ça bien clair, parce que je ne voudrais
pas que l'Opposition se serve de cette carte, où carrément les
gens qui l'ont faite n'ont pas tenu compte du critère de la
densité, pour dire: II faut laisser ça aux députés.
Je pense qu'il ne faut pas laisser ça aux députés, la
confection de la carte, essentiellement.
Cela étant dit, je vais vous poser quelques questions, M.
Côté. On a combien d'électeurs déplacés avec
le projet à 36 000, et on a en a combien en tout avec le projet à
32 000?
M. Côté: Si vous me permettez un moment de
recherche, je pense que j'ai la réponse sous la main.
M. Paquette: Je vais continuer, si cela demande un certain temps,
je pourrais poser mes autres questions.
Le Président (M. Jolivet): M. Côté? Donc, M.
le député de Rosemont, continuez vos questions.
M. Côté: Je vais faire la recherche et je vais
revenir, je vais prendre note de votre autre question.
M. Paquette: D'accord, je comprends que cela puisse demander un
certain temps. (17 heures)
M. Côté: J'ai l'impression qu'on a le chiffre sous
la main, mais il faut que je le retrouve.
M. Paquette: Oui, on ne peut pas trouver cela
nécessairement comme cela.
L'autre question que j'ai à poser est d'un autre ordre. C'est une
préoccupation de cohérence administrative. Vous vous basez, pour
élaborer votre projet de découpage, sur six régions.
D'autre part, tout l'appareil gouvernemental c'est vrai qu'il y a des
différences mineures d'un ministère à l'autre
fonctionne suivant treize régions administratives. Cela peut poser des
problèmes à un moment donné. On n'est quand même pas
pour refaire la structure gouvernementale chaque fois qu'il y a un changement
de carte, si on doit en faire une à tous les quatre ans. D'autre part,
on ne voudrait pas non plus qu'un comté soit à cheval sur deux
régions administratives, ce qui vient multiplier encore une fois le
travail du député.
Je pense que l'objectif qu'on doit avoir dans toute cette carte, c'est
de donner la possibilité, la plus équitable possible, à
tous les députés, de jouer tous les aspects de leur rôle,
à la fois être au service de leurs électeurs, de jouer le
rôle de législateurs, de faire des débats politiques. On se
rend compte que, même actuellement, il y a quasiment deux types de
députés, les députés où il y a une large
superficie, où il y a plusieurs municipalités...
Je pense qu'il ne faudrait pas compliquer le problème en faisant
chevaucher un comté sur plus d'une région administrative.
Est-ce que, dans le projet que vous nous présentez, il y a de
tels comtés qui chevauchent deux régions administratives?
M. Côté: Oui, effectivement, les régions
administratives sont venues s'ajouter. Autrefois, les régions
administratives étaient plutôt calquées sur les
régions de la carte électorale. Avec le temps, les régions
administratives ont été modifiées. Le début de
réponse que je peux vous donner à cet égard, c'est que je
crois qu'il peut être possible d'envisager l'établissement d'une
carte électorale en tenant compte davantage des régions
administratives.
M. Paquette: Est-ce que vous évaluez que les
régions administratives sont relativement cohérentes sur le plan
socio-économique actuellement?
M. Côté: Oui, et ce que je vous donne est une
impression que j'envisage comme une hypothèse de travail. Il nous
apparaît que les régions administratives, dans la bonne partie des
cas, tiennent compte en particulier des pôles d'attraction. C'est un des
éléments qui, pour un district électoral, sont
importants.
M. Paquette: Et si le législateur vous faisait
l'obligation, plus ou moins contraignante, qui pourrait être souple
aussi, de procéder en fonction des régions administratives
je parle en mon nom personnel, on ne s'est pas consultés avant, ce sont
des idées que je lance comme cela si on vous disait: Vous allez
procéder en fonction des treize régions administratives,
c'est-à-dire que vous soyez obligé de respecter les
frontières des régions administratives, et, à
l'intérieur de chacune, les autres critères peuvent s'appliquer,
est-ce que ce serait une contrainte insurmontable?
Je constate que, dans votre rapport, vous fonctionnez avec six
régions. Évidemment, cela vous donne plus de souplesse, mais il y
a le désavantage qu'il y a des comtés qui chevauchent deux
régions administratives.
M. Côté: Je peux vous répondre aussi
simplement tentativement, je vous l'avoue bien franchement. On n'a pas fait de
recherche approfondie à cet égard. L'information qu'on me donne
sous toute réserve c'est que cela pourrait, si on tenait
compte des régions administratives, entraîner des modifications
assez grandes, en particulier dans la région de Trois-Rivières.
Il y a un secteur qu'il faudrait revoir.
L'autre question que je me poserais à cet égard: Est-ce
que, dans votre esprit, si on tient compte d'une région administrative,
cela prendrait aussi le caractère de ce qu'on mentionnait tout à
l'heure, d'une espèce de zonage? Est-ce que ce serait une contrainte qui
serait restrictive? Il faudrait se poser la question.
M. Paquette: C'est cela. On a, dans le projet de loi actuel, une
contrainte au niveau microscopique, avec l'idée des secteurs de
population. Ce à quoi je pense, c'est à une contrainte
macroscopique, c'est-à-dire qu'on respecte les régions
administratives, et que c'est à l'intérieur, région
administrative par région administrative, qu'on fait le
découpage.
Il me semble que, déjà, cela simplifierait
énormément la tâche des députés et
également le sentiment d'appartenance des électeurs.
M. Côté: Les spécialistes de la commission me
signalent qu'on s'est efforcé, dans le rapport V on n'y a pas
toujours réussi de respecter, dans toute la mesure du possible,
les régions administratives.
Il faudrait le voir de façon très précise. Je pense
que l'exercice qu'il nous faudrait faire pour répondre très
adéquatement à votre question, ce serait de prendre la carte des
régions administratives et la superposer soit avec la carte actuelle ou
avec l'hypothèse du cinquième rapport, l'hypothèse de 36
000 électeurs, pour voir exactement quelle serait la réponse.
Quant à l'autre question que vous avez posée tout à
l'heure sur le transfert d'électeurs selon les 36 000 et le rapport V,
j'ai des chiffres en termes de régions. Je peux vous les citer comme on
me les fournit ici. Le rapport V prévoit, par exemple, pour l'île
de Montréal, 223 989 électeurs qui sont transférés.
Dans l'hypothèse de 36 000 électeurs, ce serait 175 807
électeurs.
M. Paquette: Quel est le premier chiffre? M.
Côté: 223 989 électeurs. M. Paquette:
D'accord.
M. Côté: Évidemment, les chiffres que je vous
donne, c'est le nombre d'électeurs qui sont transférés
dans la région même. Dans l'hypothèse de 36 000
électeurs, toujours pour l'île de Montréal, ce serait 175
807 électeurs.
Pour l'île Jésus je vous donne les deux chiffres
ce serait 72 271 électeurs dans le rapport V. Dans
l'hypothèse de 36 000 électeurs, ce serait 92 859
électeurs. Pour la région de Québec, dans le rapport V, il
y a 74 234 électeurs. Dans l'hypothèse de 36 000
électeurs, ce serait 34 666 électeurs. Pour la rive nord, dans le
rapport V. ce serait 257 305 électeurs. Dans l'hypothèse de 36
000 électeurs, ce serait 197 910 électeurs. Pour le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans le rapport V, ce serait 78 182 électeurs.
Dans l'hypothèse de 36 000 électeurs, ce serait 38 342
électeurs. Je vous signale que le chiffre de 78182 comprend les 31 000
électeurs pour la formation du nouveau district de Tremblay,
globalement. Dans le secteur de la rive sud, dans le rapport V, les transferts
sont de 167 093 électeurs. Dans l'hypothèse de 36 000
électeurs, ce serait 253 003 électeurs.
M. Bertrand: Seulement une parenthèse, M.
Côté. Combien y a-t-il de comtés touchés par le
rapport V et combien y a-t-il de comtés touchés selon
l'hypothèse de 36 000 électeurs?
M. Côté: Dans le rapport V, toujours pour les
mêmes régions, si on prend le même ordre de régions,
sur l'île de Montréal, le chiffre que je vous donne, le premier,
c'est le nombre de districts électoraux actuels. Dans l'île de
Montréal, il y a 31
districts électoraux, selon cette répartition. Dans le
rapport V, il y en a 22 de touchés. Dans l'hypothèse de 36 000
électeurs, il y en a 24. Pour l'île Jésus, le chiffre
demeure inchangé, trois sur trois, trois sur trois. À
Québec, dans le rapport V, neuf sur dix. Je veux bien me faire
comprendre dans les chiffres que je donne. Le premier chiffre, ce sont les
districts actuels. Il y en a dix. Dans le rapport V, il y en a neuf qui sont
modifiés. Dans l'hypothèse de 36 000 électeurs, il y en a
dix. Sur la rive nord, sur vingt districts électoraux, il y en a onze de
modifiés. Dans l'hypothèse de 36 000 électeurs, il y en a
seize. Pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord, dans le rapport V,
cela reste inchangé. Dans l'hypothèse de 36 000 électeurs,
il y en a six sur sept. Sur la rive sud, sur 39 districts, dans le rapport V,
il y en a 22 de changés. Dans l'hypothèse de 36 000
électeurs, sur les 39 districts, il y en a 26 de changés.
M. Bertrand: Pour un total de combien?
M. Côté: De 110 districts dans les deux cas. Dans le
rapport V, il y en a 74 de modifiés. Dans l'hypothèse de 36 000
électeurs, il y en a 85.
M. Bertrand: D'accord. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Avez-vous terminé?
M. Paquette: J'avais un troisième point, M. le
Président. Sur la question de la densité, j'ai l'impression que
dans le projet de loi actuel, il y a déjà deux principes. Le
premier est le plus contraignant, le plus impératif. C'est le principe
démocratique de un homme, un vote, l'égalité des votes.
C'est pour cela qu'on fixe une moyenne de 32 000 électeurs. On permet
une variation de 25% plus ou moins, en partie pour des raisons techniques,
j'imagine, pour donner plus de souplesse parce que ce n'est pas facile de faire
une carte électorale, mais aussi probablement en ayant derrière
la tête mais c'est difficile de préjuger là
que les comtés à grande superficie auraient tendance à se
situer en bas de la moyenne et les comtés dans les régions
à forte densité de population, en haut de la moyenne. Sauf
erreur, actuellement, il y a seulement deux comtés qui sont en bas de 27
000 électeurs. Est-ce que je me trompe? Il y a Matapédia et il y
en a un autre, les Îles-de-la-Madeleine. Je pense que ce sont les deux
seuls. Cela veut donc dire que, si vous aviez fait la carte selon
l'hypothèse de 36 000 avec plus ou moins 25%, soit le même
principe que la loi actuelle, c'est-à-dire entre 27 000 et 47 000, il y
aurait seulement deux comtés et, si on exclut le cas des
Îles-de-la-Madeleine, en supposant qu'on décide d'en faire une
exception, un seul comté qui aurait vu son nombre d'électeurs
augmenter. Il y en a peut-être deux à part des Îles.
M. Lavoie: Deux à part des Îles-de-la-Madeleine.
M. Paquette: Mais, enfin, c'est vraiment très minime. Ce
à quoi j'arrive, c'est que je me demande s'il ne serait pas possible de
faire une carte qui respecte les régions administratives et qui, de par
la loi, fixe un critère de densité qui situerait les
comtés à grande superficie systématiquement proche du
minimum et les comtés à forte densité, proche du maximum.
Mais, une fois posés tous ces critères en plus des autres et en
supposant que ce soit possible il faudrait en tester la
faisabilité est-ce qu'on aura encore besoin du
député comme décideur? C'est la question que je vous pose
et que je pose à la commission. Merci, M. le Président.
M. Côté: Je crois qu'il n'appartient pas à la
commission, M. le député, de répondre à votre
question. J'ai l'impression que cette réponse vous appartient.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Roberval.
M. Robert Lamontagne
M. Lamontagne: M. le Président, je voudrais
peut-être reprendre où le député de Rosemont vient
de laisser. J'ai devant moi le recensement des électeurs de 1979. M.
Côté vient de nous dire que, pour son hypothèse de travail
de 36 000 électeurs par comté avec 25% de plus ou de moins, il a
dû toucher 85 comtés. Quand on a la liste des électeurs et
qu'on voit qu'on en a seulement deux, comme le député de Rosemont
vient de le mentionner, en bas de 27 000 électeurs, on conçoit
très rapidement et très facilement, en respectant les
régions administratives du Québec, qu'on peut facilement faire
une carte électorale sans toucher 85 comtés. Lorsque nous avons
suggéré l'hypothèse de travail de 36 000 électeurs,
il faut se rappeler que, dans notre opinion les cartes sont là un
peu pour le démontrer nous convenions que, dans un comté
urbain, il doit y avoir plus d'électeurs, autour de 45 000
électeurs, et beaucoup moins dans les comtés ruraux. Tout
à l'heure, on a dit: Écoutez, c'est la même chose, il faut
faire attention, le député, c'est pour tout le monde. Quand on a
des comtés comme Duplessis, Pontiac-Témiscamingue, Abitibi,
Laviolette dans certains cas, est-ce qu'on veut des fonctionnaires pour
représenter la population ou un député? La
définition même d'un député, c'est celui qui
représente ses électeurs. Or, pour représenter ses
électeurs, c'est élémentaire, il faut les rencontrer au
moins occasionnellement. J'ai eu l'occasion, la semaine dernière, de
rencontrer le député de Duplessis et de faire un tour d'horizon
privément avec lui. Je pense que ses collègues doivent
connaître son idée. Il faut regarder ce que cela veut dire, le
comté de Duplessis sur une carte; c'est la moitié de la province
de Québec. Un électeur, un vote, pas plus que cela. C'est
rigoureusement impossible là-dedans.
Je maintiens là-dessus que cette hypothèse, qu'on aime
cela ou qu'on n'aime pas cela, où on tend à avoir un
électeur un vote, en pratique, c'est de la théorie. Tous ceux qui
sont ici autour de cette table savent fort bien que, pour mieux
repré-
senter ses électeurs, il faut tout de même avoir une
possibilité de les rencontrer, c'est élémentaire. (17 h
15)
M. le Président, les membres de la commission me permettront de
vous parler un peu de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Il est évident qu'à l'occasion du dépôt d'un
cinquième rapport, lorsqu'on propose un comté additionnel
à une région, la région est toute heureuse d'apprendre que
des personnes suggèrent l'addition d'un comté. Donc, c'est la
première réaction, presque unanime, dans la région
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Un sixième comté, on est très
heureux. Mais lorsqu'on voit les conséquences de l'addition d'un
comté, on commence à rire un peu jaune. Par exemple...
M. Bédard: Excusez, M. le député. C'est la
chaise qui est complètement brisée, non pas le comté.
M. Lamontagne: Dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
pour arriver à un sixième comté, je voudrais d'abord vous
dire ce qui se passe dans le recensement 1979. Nous n'avons que cinq
comtés dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je vais vous
les donner pour que ce soit enregistré. Chicoutimi, 38 732
électeurs. C'est le recensement avant révision, cependant. Dubuc,
33 635 électeurs; Jonquière, 41 033 électeurs;
Lac-Saint-Jean, 34 860 électeurs et Roberval, 37 516 électeurs.
C'est donc dire qu'on est dans la moyenne.
À partir de là, la commission décide de nous donner
un sixième comté. Par les chiffres que je vous fournis, il est
évident que, pour avoir un sixième comté, qu'on
apprécie, vous êtes obligés de chambarder
complètement la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le ministre
responsable de toute la réforme électorale et parlementaire sait
aussi bien que moi ce qu'est notre région. On est bien heureux et,
à un moment donné, on se met à lire le rapport.
Évidemment, je commence par regarder le comté de Roberval
avant de regarder le comté de Chicoutimi.
M. Bédard: C'est dommage!
M. Lamontagne: La ville de Roberval ne fait plus partie du
comté de Roberval. Je n'ai pas besoin de vous dire que le soir
même du dépôt du cinquième rapport, les media,
Radio-Canada, etc., cela a été leur manchette. Roberval ne sera
plus dans le comté de Roberval! Et la ville la plus au nord du
comté de Roberval, soit Mistassini, on réussit à la
rattacher à Forestville et, d'après moi, il n'y a même pas
de parents entre les deux villes... Même les deux maires, d'après
moi, ne se sont jamais rencontrés de leur vie.
Je n'ai pas besoin de vous dire notre inquiétude lorsque, pour
obtenir un sixième comté, vous devez chambarder toute la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, parce qu'il y a un prix à
chaque chose. Moi, je suis d'accord pour qu'on étudie la
possibilité de six comtés au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais si,
pour ça, vous détruisez complètement toute
l'homogénéité du Saguenay-Lac-Saint-Jean... D'ailleurs,
cela a été la réaction spontanée de toute notre
population. Nous, les députés, en sommes le reflet. Le
député de Dubuc et d'autres ont pris la parole
là-dessus.
Vous dites; C'est le principe des vases communicants. C'est l'Abitibi
qui a trop d'électeurs. Donc, on les rattache au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. On est bien heureux. En passant, moi, comme ancien
citoyen de Chibougamau, y ayant pratiqué quinze années le
notariat, je suis très heureux d'apprendre que la ville de Chibougamau
pourra, à l'avenir, faire partie du comté de Roberval.
Mais ayant donné mon opinion, je suis bien obligé
d'écouter celle des autres. Je constate, par exemple, qu'unanimement
toute la région de l'Abitibi dénonce la perte du Nord-Ouest
québécois. Je suis obligé de constater, parce que j'ai eu
des résolutions et des télégrammes on ne peut plus
sévères, que les villes de Chibougamau et de Chapais n'y voient
aucun intérêt quel qu'il soit. J'ai l'impression, lorsqu'on parle
de consultation de citoyens, qu'il va bien falloir avoir leur opinion
également. Le télégramme de la ville de Chapais, en
particulier, a été d'une sévérité, je pense,
qui nous porte à réfléchir.
Mais, quant à nous je le reprends pour que ce soit bien
clair le Saguenay-Lac-Saint-Jean, tous les députés sont
fiers de pouvoir compter sur une partie du territoire de la Baie James. D'avoir
ça dans notre secteur, ça renforce la section
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais là, vous arrivez avec un problème
majeur. Je reviens sur mon principe des vases communicants.
Lorsqu'on parle d'exceptions, vous avez l'Abitibi-Est, qui compte
effectivement 48 414 électeurs au recensement annuel de 1979. Mais il
faut savoir pourquoi le comté compte 48 000 électeurs au
recensement de 1979. Pour ceux qui ne le savent pas, la Baie James est dans
l'Abitibi-Est. Or, les électeurs inscrits également à la
Baie James peuvent très facilement être inscrits dans leur
domicile permanent, qui n'est pas la Baie James.
Vous avez dit tout à l'heure que le premier critère
était la projection des électeurs. On sait fort bien qu'à
la Baie James la durée de permanence des travailleurs n'est pas
très longue, de sorte que, si vous marchez par projection, il faut
prévoir que le comté Abitibi-Est va diminuer en nombre
d'électeurs, parce qu'une fois la Baie James en exploitation le taux va
revenir à environ 30 000 électeurs. Il faut en tenir compte.
Qu'on soit indépendant, décisionnel ou autres... Je
comprend les députés de Montréal de parler comme
ça. En fait ils ne vivent pas ces problèmes régionaux mais
l'Abitibi, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, ce n'est pas pareil; vous entrez dans le
vif du sujet. Peut-être que les députés n'ont pas affaire
là-dedans, mais vous connaissez le communiqué conjoint qui a
été fait par M. François Gendron, ministre de la Fonction
publique, et d'autres: c'est un problème très sérieux que
nous avons.
Nous sommes déjà allés en 1972, je le rappelais au
député de Chicoutimi, à Chibougamau. À un moment
donné, lors de l'étude de cette commission-là, les
députés de la région souhaitaient inclure Chibougamau et
Chapais dans notre région. Pour être bien sûr de son
opinion, nous avons organisé un voyage et sommes allés rencontrer
cette population à l'hôtel de ville de Chibougamau. On est revenus
et ils ne voulaient pas trop. C'est un problème sérieux que vous
posez et sur lequel j'attire votre attention.
Dans la région Saguenay-Lac-Saint-Jean je vous avertis
d'avance, je prends mon collègue à témoin on est
très heureux d'avoir six comtés. Si vous voulez nous donner la
moitié de l'Abitibi, on prend tout. Si vous voulez nous donner toute la
Baie James, on la veut toute. Mais, une fois qu'on a dit ça, on n'a rien
réglé.
Quelle position, nous, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, allons-nous prendre?
Elle est déjà prise. Tout le monde s'est déclaré
favorable à ce que vous proposez dans le cinquième rapport, sauf,
évidemment, qu'il va falloir refaire la "map" de la région parce
que dans ce temps-là, la région, je l'ai déjà dit
et je le répète... Je me fais le reflet fidèle des
concitoyens. Le cinquième rapport, quant à nous de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, si je ne représente pas les
électeurs de Chicoutimi, je représente au moins ceux de mon
comté et du comté de Dubuc qui pourraient venir vous dire...
C'est comme si vous aviez pris la région, l'aviez tirée en l'air
et aviez collé les morceaux qui tombaient ensemble. On n'a pas le droit
de se choquer, mais on a le droit d'être frustré de temps en temps
lorsqu'il nous arrive des choses comme celles-là dans la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Tout à l'heure le jeune député de Vanier disait
qu'en 1972 son père, dans son comté, etc.. Nous avons
corrigé des choses importantes en 1972, mais nous n'avons pas tout
corrigé.
Je le lance en vrac comme ça pour permettre une discussion
là-dessus à un moment donné. Avec le député
de Duplessis, la semaine dernière, il se demandait, je ne sais pas s'il
a déjà eu l'occasion de le dire publiquement: Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de penser à un moment donné à un
comté représentant le Nouveau-Québec? Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de penser d'avoir au Québec un comté, une
espèce de comté pas imaginaire, pour les autochtones au
Québec? À titre d'exemple: Dans plusieurs comtés, dans le
mien, dans celui d'Abitibi-Est, en particulier, il y a les autochtones. Ils
refusent même de se faire inscrire sur les listes électorales.
Pointe-Bleue en particulier, je voudrais vous en dire un mot une fois de
plus. Ces gens-là ne sont pas intéressés par les
élections, mais, cependant, si, au Québec, on prévoyait un
comté pour représenter tous ces gens-là, ils seraient
heureux de se faire représenter ici à l'Assemblée
nationale par un des leurs qui serait présent à
l'Assemblée nationale. Au contraire, ils sont perdus un peu dans
différents comtés du Québec et ils ne prennent aucune part
à l'élection.
Par exemple, il va y avoir des élections dans D'Arcy McGee
prochainement; je pense bien que tout le monde convient que celui qui va
être élu là sera un anglophone et possiblement un Juif.
C'est ça, il y a des moyens de faire de la représentation.
C'est un problème qu'on n'a pas pu régler en 1972, parce
que ça concernait les comtés protégés, mais il me
semble qu'on peut évoluer un peu plus au Québec. Même si on
aime ça ou non, je pense que, lorsque vous étendez des "maps",
elles parlent par elles-mêmes. Il y a des choses ici qu'il faut essayer
de corriger. Le comté de Duplessis, cette étendue-là,
c'est à décourager quelqu'un. Le représentant de
Pontiac-Témiscamingue, qui est M. Larivière, c'est bon de le
rappeler, comment voulez-vous que cet homme-là représente,
même avec la meilleure volonté possible, ses électeurs
efficacement? Pour venir à Québec, ça lui prend presque
deux jours et deux jours pour retourner. Il faut qu'il passe par l'Ontario pour
couvrir son comté. Il me semble qu'il pourrait...
Si les Îles-de-la-Madeleine sont une exception, dans
Pontiac-Témiscamingue, lorsque tout le monde en est conscient, on peut
peut-être regarder une telle éventualité. Lorsque je vous
parle des autochtones au Québec, je sais que tous les
députés sont bien conscients du problème que cela peut
soulever, mais... Pardon?
Mme LeBlanc-Bantey: Les négociations commencent à
devenir officielles?
M. Lamontagne: Non. Je soulève cette chose-là. Ce
sont des discussions que j'ai eues avec un de vos collègues
là-dessus. Je pense que c'est bon d'en parler. Je voudrais vous poser
une question assez directe qui concerne le Saguenay-Lac-Saint-Jean et le
comté de Roberval, malgré que j'aie bien l'impression que cela va
être corrigé, mais je m'en tiens à ce qui a
été inscrit dans le cinquième rapport. Comment avez-vous
pu arriver à soustraire la ville de Roberval, chef-lieu du comté
de Roberval, du comté de Roberval? Je pose cette question, si vous
permettez. Je ne demeure pas à Roberval, mais je pense que je
représente fidèlement ce qui s'est dit dans la région
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M.Côté.
M. Côté: M. le député, je pense que je
devrais vous préciser au départ qu'en ce qui concerne le
Saguenay-Lac-Saint-Jean et le Nord-Ouest québécois, ce sont
peut-être les deux régions de la province au sujet desquelles nous
avons eu le plus grand nombre de représentations à la suite du
rapport V. À la suite de ces représentations, nous nous sommes
penchés sur des hypothèses de solution. Tout ce que je suis en
mesure de vous dire pour le moment c'est que nous avons des hypothèses
de solution, mais je ne crois pas être en mesure de vous les communiquer.
Je tiens à vous signaler quand même que les commentaires
dont un certain nombre sont assez pertinents, je pense qui nous ont
été faits nous amènent à repenser
sérieusement ce problème.
M. Lamontagne: J'ai une deuxième question, si vous
permettez, avant de donner la parole aux autres. Dans le cas de la Baie James,
parce que je crois que c'est bien important, tantôt, lorsque vous avez
donné cinq critères, le premier, avez-vous dit est la projection
du vote. Est-ce que vous considérez, parce que c'est la Baie James... Il
peut arriver que dans un comté donné, on ait un immense
chantier... On a eu, dans le comté de Roberval, à
Saint-Félicien, par exemple, Donohue. À l'occasion d'un
recensement, il est sûr qu'il y a 1000, 1500 personnes additionnelles qui
ont pu se faire inscrire sur les listes électorales alors que
c'étaient des gens complètement de l'extérieur. Est-ce que
pour vous la projection, par exemple, du comté d'Abitibi-Est, qui
comprend tous les travailleurs de la Baie James, implique un chambardement de
toute la carte du Nord-Ouest québécois?
M. Côté: Dans le rapport V, savoir si on a tenu
compte de ce facteur?
M. Lamontagne: Oui.
M. Côté: On me signale que ce facteur est la
principale raison pour laquelle nous sommes arrivés à la
conclusion, dans le rapport V, qu'il fallait qu'il y ait un district
électoral qui disparaisse. Si on avait tenu compte de ce facteur
d'augmentation de la population temporaire, on aurait probablement
laissé quatre districts électoraux.
M. Lamontagne: Je ne vous saisis pas trop.
M. Côté: Si on tient compte de l'augmentation
temporaire de la population dans ce secteur là vous parlez de la
Baie James et des travailleurs qui sont là - si on avait tenu compte de
ces facteurs, des milliers de personnes qui sont là, cela nous aurait
probablement permis, dans le rapport V, au lieu d'arriver avec la proposition
de la disparition d'un district électoral dans le Nord-Ouest, d'arriver
avec une proposition du maintien de quatre districts électoraux. Mais
parce qu'on a tenu compte du facteur éphémère de cette
population, on est obligé d'arriver à la conclusion que la
population électorale n'est pas assez nombreuse. C'est ce qui nous a
amenés à la conclusion de recommander qu'il y ait trois districts
électoraux plutôt que quatre.
M. Lamontagne: Je voudrais vous poser une dernière
question. Je ne voudrais pas vous embarrasser. Si vous ne voulez pas
répondre, vous me le direz. Est-ce qu'après le nombre
considérable de représentations que vous avez eues et nous
aussi concernant le Nord-Ouest, vous êtes toujours d'avis que le
Nord-Ouest québécois doit être rattaché au
Saguenay-Lac-Saint-Jean?
M. Côté: Le problème crucial qu'il y a dans
cette région, c'est Chibougamau-Chapais. C'est de savoir de quel
côté on rattache Chibougamau-
Chapais. Vous savez peut-être qu'une des représentations
qui ont été faites, à un moment donné, c'est que
les gens de ce secteur ont demandé d'être considérés
comme un district d'exception.
M. Lamontagne: Oui, c'est sûr. (17 h 30)
M. Côté: II y a environ 10 000 électeurs qui
peuvent faire la différence à savoir de quel côté
ils doivent être rattachés, soit du côté du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, soit du côté du Nord-Ouest
québécois.
M. Lamontagne: Vous savez, M. Côté, le
problème va se poser quand la commission va venir faire des auditions au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. D'un côté, nous allons être
unanimes à les vouloir dans notre région et la région de
l'Abitibi va être unanime à ne pas vouloir venir.
M. Côté: C'est un bel exemple d'une des grosses
difficultés qui se posent à cause de l'étendue du
territoire dans un endroit très particulier où on retrouve
à peu près 10 000 électeurs et il faut déterminer
à quel endroit on doit les rattacher.
M. Bédard: Je note que le député de Roberval
a admis qu'il y aurait une commission indépendante qui irait
effectivement consulter la population.
M. Lamontagne: M. le Président, dans la commission
indépendante, puisque je vis ce problème qui est passablement
particulier, le résultat de la consultation, on le sait d'avance:
l'unanimité du Saguenay-Lac-Saint-Jean d'un côté et
l'unanimité de l'Abitibi, de l'autre côté.
Également, si vous allez à Chibougamau-Chapais, ils vont vous
dire: Nous autres, on veut avoir un comté autonome. C'est ça, la
consultation; on le sait d'avance. Mais comment est-ce qu'on fait
ça?
M. Côté: Je vais vous dire que je vais souhaiter
bonne chance à la prochaine commission.
M. Lamontagne: Oui, c'est un problème.
M. Côté: Vous avez raison, il y a là un
problème qui est réel, qui n'est pas facile à
régler.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay.
M. Roland Dussault
M. Dussault: Merci, M. le Président. J'aurai un court
commentaire et une question. On vise tous, je pense bien, à
régler un problème qui est celui de refaire une carte
électorale à cause de problèmes bien connus et on souhaite
particulièrement le faire en éliminant tout arbitraire. Je pense
que tout le monde convient de ça.
Si je me réfère aux propos du député de
Laval, tout à l'heure, quand il faisait une distinction entre
les comtés urbains et les comtés ruraux, il partait d'une
prémisse qui consiste à peu près en ceci: le comté
urbain, c'est moins de travail pour le député et le comté
rural, c'en est plus. Je pense que c'est vraiment une porte ouverte à
l'arbitraire que de partir avec cette prémisse, parce qu'on ne peut pas
généraliser de cette façon. Certains comtés
urbains, particulièrement à revenu fort modeste, exigent du
député une disponibilité sur des objets différents
et fort souvent très personnalisés, qui l'amènent à
travailler tout aussi fort que le député des comtés ruraux
ou même semi-urbains. Parce que même dans les comtés
semi-urbains, il arrive qu'il y ait des poches...
M. Fontaine: Les affaires sociales à Montréal,
ça appartient à la ville de Montréal.
M. Dussault: ... je m'excuse de l'expression, de population
à revenu modeste ce qui amène le député à
déployer une quantité d'énergie considérable, tout
autant que le député qui a à s'occuper des
problèmes de voirie. Je pense que vouloir appuyer une nouvelle
réforme de la carte sur une base comme celle-là, c'est ouvrir la
porte à l'arbitraire. Je ne pourrais pas être d'accord avec
ça, bien sûr.
J'ai remarqué ce sera l'introduction de ma question
que la commission a un souci que je trouve fort légitime de permanence.
Je ne dirais pas de permanence absolue, parce que je pense bien qu'on me fera
remarquer que la permanence absolue est en contradiction même avec le
problème qu'on essaie de régler, avec la démarche qu'on
essaie de faire pour régler un problème. Mais je pense qu'il y a
une certaine permanence relative et je vais rejoindre un peu le point de vue de
mon collègue de Rosemont. On a parlé de grandes régions.
Je pense qu'il y a là effectivement un élément de
permanence à l'échelle du Québec. Je pense que, dans les
réflexions que nous aurons encore à faire sur le projet de loi no
10, il faudra tenir compte de ce point de vue qui est fort intéressant:
jusqu'à quel point il faudrait respecter les régions
administratives. Peut-être faudrait-il refaire les régions
administratives pour y arriver. Je pense qu'il y a là un
élément de réflexion important.
Je pense qu'il y a une autre façon d'assurer une certaine
permanence. C'est relié à l'objectif que partagent beaucoup de
personnes. Cela a été un objectif important pour le comité
Dussault en tout cas auquel on m'a fait l'honneur de donner mon nom
sur la réforme électorale, où l'on voulait
permettre une identification au milieu naturel. C'est en ce sens qu'on a
parlé de secteurs de vote.
M. le député de Rosemont a évoqué cette
question tout à l'heure, mais très brièvement. J'ai
même craint qu'il pose la question, parce que cela m'aurait enlevé
mon intervention ou presque.
Je voudrais savoir de la part du président de la commission
actuelle si le travail qu'ils ont fait sur la réforme de la carte les a
amenés à une réflexion dans ce sens-là,
c'est-à-dire à la création, par souci de permanence, de
secteurs électoraux. Si une certaine réflexion a
été faite là-dessus, je voudrais savoir si
déjà on a tiré quelques conclusions.
M. Côté: Je peux peut-être vous
répondre juste par un exemple, si vous le permettez, M. le
député. On n'a pas, jusqu'à maintenant, travaillé
de façon spécifique sur l'hypothèse de la constitution ou
la création de secteurs électoraux. Mais si on se base sur
l'expérience qu'on a vécue, en se référant à
ce que j'ai mentionné dans mon introduction tout à l'heure, au
projet de loi 44, dans la détermination des districts électoraux
municipaux de Montréal, de Longueuil et de Jonquière, cette
notion, même si elle n'était pas exprimée de cette
façon, de secteurs électoraux, est nettement apparue comme
étant une réalité. Si je comprends bien la notion de
secteurs électoraux, c'est d'essayer de retrouver certaines
caractéristiques socio-économiques le plus homogènes
possible dans un milieu déterminé.
On l'a vérifié, comme je vous le mentionne, et on l'a
vécu d'une façon plus immédiate, parce que la
délimitation d'un district électoral municipal est beaucoup plus
restreinte. Mais on s'est aperçu que dans ces cas-là,
c'était une préoccupation et un facteur dont il fallait
absolument tenir compte.
M. Dussault: Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, on sait que la semaine
prochaine ou très bientôt, la commission permanente de la refonte
de la carte électorale devra céder son mandat à une
commission indépendante. Selon les dispositions du projet de loi no 10
qui vient d'être adopté en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale, cette nouvelle commission devra adopter, avant le
31 mars 1980, une carte électorale se fondant sur le cinquième
rapport de la commission.
La commission, depuis la publication de son cinquième rapport, en
février 1978, si je ne m'abuse, a reçu des représentations
de divers organismes de diverses régions de la province, dans certains
cas, contestant ces recommandations par rapport à une
délimitation de certains comtés dans certaines régions,
dans d'autres cas, j'imagine, venant les appuyer.
Pourrais-je vous demander, M. le président de la commission; ce
que la commission a fait de ces recommandations, jusqu'à maintenant?
Pour illustrer le fond de ma question, je me référerai aux
recommandations d'un comité qui s'était formé dans le
secteur de Papineau, le secteur de Buckingham de l'actuel comté de
Papineau, qui désirait revenir aux limites de l'ancien comté de
Papineau, c'est-à-dire le comté de Papineau d'avant la
réforme de 1972.
Ce que j'aimerais savoir de M. le président, c'est: Est-ce qu'il
y a eu effectivement des dis-
cussions, des rencontres avec ce genre d'associations ou de groupes de
citoyens? Est-ce qu'on a étudié les implications de ce que ces
gens-là demandaient? Et est-ce que la commission, au moment de remettre
tout le dossier à la nouvelle commission qui sera créée en
vertu du projet de loi no 10, greffera au cinquième rapport que nous
connaissons ces représentations et peut-être même une
évaluation de la valeur de ces représentations à la
nouvelle commission?
Le Président (M. Jolivet): M. Côté.
M. Côté: M. le député, c'est
qu'effectivement, nous avons je l'ai mentionné tout à
l'heure reçu un grand nombre de commentaires, de suggestions et
de rapports. Ce que la commission a fait jusqu'à maintenant de ces
remarques, ces commentaires et ces observations, elle les a évidemment
étudiés. Nous nous sommes penchés sur ce que j'appellerais
un certain nombre d'hypothèses de solution à la suite des
observations, des commentaires ou enfin des rapports qui nous ont
été soumis.
Cependant, il n'y a pas eu de communication directe, je veux dire
d'audience auprès des groupements ou des associations ou des personnes
qui ont fait ces recommandations. On a fait comme par le passé. On a
reçu ces commentaires et ces observations et on a fait une étude
là-dessus.
Autrefois, on m'informe que la façon de procéder de la
commission parlementaire, c'était de recevoir le rapport, de soumettre
des commentaires et, à la suite des commentaires exposés par les
députés et venant de l'extérieur, on demandait à la
commission de produire un autre rapport.
Or, ce mandat-là ne nous a pas été confié.
Tout ce qu'on a eu comme mandat jusqu'à maintenant, cela a
été de soumettre le cinquième rapport, qui a
été soumis en février 1978. Pour compléter ma
réponse, il est bien évident que cette documentation, ces
commentaires, ces observations seront à l'entière disposition de
la future commission.
M. Gratton: M. le Président de la commission, il me
semble, à moi en tout cas, qu'au moment où on demandera à
la nouvelle commission de produire une carte, avant le 31 mars 1980, en se
fondant sur le cinquième rapport ou sur les travaux de votre commission,
il serait peut-être utile et valable que cette commission je vous
demande de me donner votre appréciation personnelle à cette
suggestion que je formule ait le mandat de remettre à la nouvelle
commission toute étude qui aurait pu être effectuée par
votre commission, suite à des représentations de
l'extérieur de l'Assemblée nationale. Ainsi, on ne courrait pas
le risque de voir des personnes qui ont produit des mémoires ou qui, en
tout cas, ont formulé des recommandations écrites à votre
commission placées dans la situation de devoir de leur propre initiative
faire d'autres représentations auprès d'une nouvelle commission,
alors que celles-ci sont déjà faites et ont même
déjà fait l'objet d'études de la part de la commission
actuelle.
M. Côté: Je crois qu'il s'agit là d'une
question à caractère plutôt... C'est difficile pour moi d'y
répondre, parce que cela revient au législateur de
déterminer la continuation qu'il doit y avoir d'un organisme à
l'autre.
Je comprends que la future commission doit baser ses travaux sur les
données que possède la commission actuelle. Il me semble que cela
va de soi, que les documents ou les données, toutes les informations,
les études qu'on possède présentement devront être
acheminés à la future commission. Dans le projet de loi 10, on
dit que la future commission succède à la présente et que
les travaux qui devront être faits devront être fondés sur
les travaux de la Commission permanente de la réforme des districts
électoraux, à l'article 37, tels qu'ils ont été
effectués au moment de l'entrée en vigueur de la loi.
À moins que je ne comprenne mal votre question, il me semble que
cela va de soi pour moi que tous les documents et toutes les études
qu'on a pu faire soient transmis automatiquement à la future
commission.
M. Gratton: En fait, c'est ce que je voulais savoir, à la
condition que vous nous assuriez qu'effectivement tout le matériel que
vous pouvez avoir dans la boîte, à ce moment... en d'autres mots,
que vous ne vous limiterez pas à transmettre tout simplement les
rapports déposés à l'Assemblée nationale à
une nouvelle commission, mais toutes les autres études qui ont pu
être faites à la demande de diverses personnes.
M. Côté: Si vous me demandez mon opinion
personnelle, en plus des dispositions de la loi, je trouve que cela va de soi.
(17 h 45)
M. Gratton: D'accord. Une autre question. On sait que le projet
de loi no 10 personne ne voudra nous empêcher d'en parler ici
à la commission confie à la nouvelle commission la
tâche de délimiter les sections de vote, c'est-à-dire les
"polls", comme on les appelle dans le jargon. On sait d'ailleurs que dans
certains cas, lors du dernier recensement, effectivement, le bureau du
directeur général des élections a procédé,
sauf erreur, à la confection de la description de certaines sections de
vote. J'ai fait la représentation en deuxième lecture, à
savoir qu'il serait peut-être plus convenable de laisser aux directeurs
de scrutin locaux cette tâche de procéder à la description
des sections de vote. Je voudrais savoir du président si cette
suggestion ou cette inclusion dans le projet de loi no 10 découle de
l'intention qu'avait le gouvernement de faire adopter son projet de loi no 3
sur le registre des électeurs ou s'il y a d'autres raisons qui motivent
le gouvernement à inscrire cette notion dans le projet de loi no 10.
M. Bédard: M. le Président, sur cette question, je
peux dire tout de suite au député de Gatineau
que la décision qui est contenue dans le projet de loi 10
concernant la section de vote n'a aucune relation avec la décision de
faire adopter ou pas un registre électoral.
Maintenant, j'ai dit en deuxième lecture que j'avais pris bonne
note des représentations qui ont été faites par les partis
de l'Opposition sur l'opportunité que les sections de vote puissent
relever du directeur des élections plutôt que de la commission
permanente. Effectivement, j'ai demandé au directeur
général des élections de procéder à une
étude on ne commencera pas à parler de grandes
études à une réflexion sur cet aspect particulier,
de telle façon que lorsque nous procéderons à
l'étude du projet de loi no 10, nous soyons en mesure de donner tout
l'éclairage possible à tous les membres de la commission afin de
prendre la décision la plus valable possible dans l'intérêt
des électeurs.
M. Gratton: Je remercie le ministre pour la précision
qu'il vient d'apporter. Il comprendra que j'aie voulue profiter de la
présence du directeur général des élections
aujourd'hui, puisqu'il ne sera probablement pas disponible au moment où
nous étudierons le projet de loi no 10 article par article. Je n'en fais
pas une demande formelle.
Une dernière remarque. Cela vaut ce que ça vaut parce
qu'on a souvent l'impression, en tant que députés, que les
représentations qu'on peut faire peuvent être retenues ou non par
des commissions indépendantes ou non.
Je voudrais vous faire remarquer que, dans votre cinquième
rapport, bien entendu, vous faites une nouvelle délimitation des
comtés dans la région de l'Outaouais. En l'occurrence, vous
n'ajoutez pas de comté, mais vous créez un nouveau comté
à caractère plutôt urbain dans la ville de Gatineau, auquel
vous donnez le nom de Gatineau, ce qui est fort bien. Vous prenez le reste du
comté de Papineau, vous y greffez plus des deux tiers des
électeurs de l'ancien comté de Gatineau et vous en faites un
comté qui s'appelle Papineau. Papineauville et la seigneurie de Papineau
ne sont pas du tout dans le présent comté de Papineau, ni dans le
futur comté de Papineau. L'actuel comté de Gatineau couvre toute
la vallée de la rivière Gatineau et vous allez maintenant le
limiter à la ville de Gatineau qui, soit dit en passant, trouvait son
nom déjà dans le nom de Gatineau Mills. En fin de compte,
c'était une ville où la CIP est venue s'installer. On a
dénommé ça Gatineau Mills et puis c'est devenu Gatineau.
Vous voyez un peu le charabia dans lequel on s'embarque, surtout que le
comté fédéral de Gatineau ne correspond pas à ces
limites du nouveau comté de Gatineau, ni même aux anciennes.
Pour ma part, je vous suggérerais là, je ne veux
pas argumenter sur le fond; je sais que la commission indépendante nous
écoutera très religieusement au moment où on lui fera des
représentations de mettre ça dans le bagage d'informations
que vous transmettrez à cette nouvelle commission, à savoir qu'il
y aurait peut-être lieu de laisser tomber tout simplement le nom de
Papineau ou le nom de Gatineau, ou peut-être même les deux,
et d'en trouver des nouveaux pour éviter toute la confusion que les
recommandations de votre rapport ne seront pas sans engendrer.
M. Côté: Je m'excuse, mais, si j'ai bien compris,
vous faites référence surtout à la désignation du
district électoral?
M. Gratton: Oui.
M. Côté: Est-ce que je peux me permettre une
observation sur ce sujet? Dans la loi actuelle qui nous régit, il n'y a
pas de disposition qui autorise la commission à désigner un
district électoral. C'est une coutume qui s'est établie. Nous
devrons, je pense, si la loi continue à s'appliquer, tenir compte de la
commission de toponymie dans la désignation des districts
électoraux.
M. Gratton: Est-ce qu'à ce moment-là, en supposant
que le projet de loi no 10 soit adopté, la nouvelle commission aurait le
même problème que la vôtre a présentement?
M. Côté: II faudrait vérifier le texte du
projet de loi no 10, mais j'ai l'impression que oui.
M. Gratton: Concernant la désignation des comtés,
M. le président nous dit que sa commission n'a pas les pouvoirs de
changer la désignation de comtés, sauf, bien entendu, lorsqu'il
s'agit d'un nouveau comté, d'un comté additionnel.
M. Côté: Ce qu'on faisait dans les rapports, c'est
qu'on proposait. On disait, par exemple: On suggère d'ajouter tel nom.
Alors, c'était une suggestion qu'on faisait dans le rapport à la
commission. Nous disions: Nous proposons tel comté. Nous proposons de
lui donner tel nom. Les députés de l'Assemblée nationale
avaient évidemment la liberté d'accepter ou non la proposition
qui était faite.
M. Gratton: Oui, au moment de l'adoption de la loi.
M. Côté: C'est cela, au moment de l'adoption de la
loi de...
M. Gratton: C'est cela, sauf que maintenant il n'y en aura plus
de loi, parce que la commission décidera de par son autorité.
M. Bédard: Pour répondre à votre question,
en vertu de la nouvelle loi, c'est la commission permanente qui va prendre la
décision.
M. Gratton: D'accord!
M. Bédard: Maintenant, après recommandation de la
commission de...
M. Côté: C'est l'article 5 du projet de loi, M. le
ministre?
M. Bédard: C'est ça.
Le Président (M. Jolivet): II reste cinq minutes, M. le
député de Nicolet-Yamaska. Si vous aimez mieux revenir à
20 heures, je vais demander au député de Vanier s'il veut prendre
le temps qui reste, ou nous pourrions suspendre.
M. Fontaine: Vous ne trouvez pas qu'il a assez parlé?
Le Président (M. Jolivet): II a demandé la parole,
je suis la liste des gens qui me demandent la parole.
M. Bertrand: Je serais prêt à ajourner
immédiatement, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Je n'ajournerai pas, mais je
vais suspendre les travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 53
Reprise de la séance à 20 h 20
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
est réunie à nouveau pour continuer les travaux qu'elle avait
commencés avant le souper. Si on veut bien s'installer. La parole
était au député de Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, M. le Président. J'aimerais tout
d'abord commencer par parler de ce dont le député de Vanier
discutait avant que nous n'ajournions à l'heure du souper à
l'effet que le système que nous avons actuellement au Québec fait
en sorte qu'il y a certaines distorsions dans notre mode de scrutin. Il nous
parlait, cet après-midi, de l'élection de 1966 comme étant
quasiment un scandale alors que probablement, à ce moment-là, il
était le premier à monter sur la table pour applaudir...
M. Bertrand: Je comprends donc.
M. Fontaine:... mais je pense qu'aujourd'hui il voit l'affaire
d'un autre oeil. Cependant, les distorsions qui continuent à exister,
d'après nous, nous ne pourrons les corriger de façon
définitive tant et aussi longtemps que le gouvernement et
particulièrement le ministre d'État à la Réforme
électorale ne prendront pas de décisions concrètes quant
à savoir ce qu'il advient du mode de représentation
proportionnelle qui a déjà été proposé dans
le livre vert de son prédécesseur et sur lequel il était
censé y avoir une large consultation. On sait que la consultation s'est
résumée à peut-être deux comtés, ou quelque
chose comme cela, deux régions.
M. Bédard: Est-ce que je peux vous corriger
là-dessus?
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: On a très bien dit quel était
notre échéancier. Nous votons la loi 10, la loi 9, la loi 3. Pour
ce qui est du livre vert, il y aura consultation. À un moment
donné, quand on veut être efficace il faut se tracer une
manière de travailler. On ne peut quand même pas prendre tout cela
en même temps. Le temps que je suis ici, je ne peux quand même pas
faire une consultation..
M. Fontaine: Je voudrais rappeler au ministre d'État
à la Réforme électorale que son
prédécesseur, M. Burns, le 6 décembre 1978, disait ceci:
"Si vous voulez que je règle cette question tout de suite, je vais dire
tout de suite que le gouvernement examine actuellement tout un train de lois
qui concernent le mode de scrutin, qui concernent donc, si vous voulez, par
voie de conséquence, la carte électorale, qui concernent le
registre des électeurs, qui concernent l'identification des
électeurs et un certain nombre d'autres phénomènes dont le
plus important est la remise en place ou la remise en termes modernes de la Loi
électorale elle-même. "Le gouvernement, je suis autorisé
à vous le dire cet après-midi, a décidé, ce matin,
que pour une meilleure cohérence toutes ces lois devraient être
soumises à l'Assemblée nationale en même temps. J'avais
pensé, au début, comme ministre responsable de ces projets de
loi, les soumettre les uns après les autres quand ils seraient
prêts, mais le Conseil des ministres avait décidé le
contraire..." Il continuait dans ce sens: "Je vous dis que tant que le
gouvernement ne nous annoncera pas ce qu'il advient du mode de
représentation proportionnelle, il est difficile de faire une carte
électorale qui serait réaménagée lorsqu'on aura
adopté ce mode de scrutin si le gouvernement décide de continuer
dans cette idée. C'est un premier point. "Deuxième chose, c'est
que la commission nous dit qu'il y a des contraintes juridiques qui sont dans
la loi et on ne peut pas aller à l'encontre de ces contraintes
juridiques. Les contraintes juridiques qu'il y a dans la loi, si je les lis, si
j'essaie de les comprendre, c'est que "la commission doit, en appréciant
le nombre de districts électoraux au Québec et l'étendue
de chacun d'eux, s'assurer que chaque district électoral comprend 32 000
électeurs et, à cette fin, elle devra tenir compte des facteurs
de variation de la population. Toutefois, elle peut admettre des districts
électoraux dont le nombre des électeurs est supérieur ou
inférieur à ce nombre d'au plus 25%, chaque fois qu'elle l'estime
nécessaire en raison de la densité de la population." C'est un
critère et il y a des variations. "L'autre article nous dit: "La
commission peut s'écarter des règles énoncées au
premier alinéa
pour des considérations exceptionnelles d'ordre
démographique et géographique telles que la très faible
densité de population, le taux relatif de croissance de la population
d'une région, son accessibilité, sa superficie ou sa
configuration."
Les commissaires qui ont rédigé le rapport n'y ont vu
qu'une seule exception, soit les Îles-de-la-Madeleine. Ils ont dit: On ne
peut pas faire d'autre exception que celle-là. Je voudrais savoir,
surtout de M. Prémont et de M. le juge Barbeau qui, si je ne me trompe
pas, étaient membres de la commission qui a fait le rapport... Je ne
veux pas manquer de respect à M. Côté, je sais qu'il est
compétent pour répondre aussi, mais étant donné
qu'il n'était pas partie au rapport lui-même, je ne sais pas si
les membres de la commission pourraient nous dire comment il se fait que l'on
interprète ce paragraphe de la façon la plus restrictive
possible, pour en arriver à dire qu'il y a seulement le comté des
Îles-de-la-Madeleine qui peut souffrir cette exception.
M. Prémont (Jacques): II faut se rappeler, M. Fontaine,
qu'il y a quelques années il existait au Québec des comtés
protégés. Le gouvernement avait pris la décision, lors de
la première refonte, que ces comtés devaient disparaître
j'emploie ce mot pour donner une proportion plus équitable
de la population en suivant le principe qui a été exposé
cet après-midi, un vote, un électeur.
Évidemment, lorsque nous fûmes appelés à
étudier la carte électorale, les projets de réforme, nous
avions toujours à l'esprit le danger que pouvaient comporter des
exceptions répétées ou renouvelées. Je crois qu'il
en a été question cet après-midi. Je ne sais pas si je
m'exprime clairement. Nous pouvions avoir d'autres exceptions. Pensons au
Nord-Ouest. Je crois que la région de Pontiac-Témiscamingue
pouvait représenter un cas. Même avec l'hypothèse de 36
000, M. Côté nous a expliqué un peu cet après-midi
que les 32 comtés de la rive sud pourraient être influencés
en partant du principe que les Îles-de-la-Madeleine demeuraient une
exception. Je crois que nous pourrions avoir, je ne dirais pas un fort
pourcentage d'exceptions, mais qu'il y aurait sûrement, par voie de
conséquence, des exceptions qui suivraient. C'est un peu le fond du
problème. J'espère que vous comprenez un peu ce que je veux dire.
Je crois que nous reviendrions au point de départ. Nous pourrions nous
retrouver avec de nouveaux comtés protégés, en quelque
sorte.
M. Fontaine: Vous voulez ajouter quelque chose?
M. Barbeau (Alphonse): Je voudrais tout simplement ajouter ceci,
M. le député. À l'origine même de notre commission,
en 1972, lorsque celle-ci a été créée, nous nous
sommes rendu compte que l'article 9 était un peu l'échine du
texte de loi en vertu duquel nous devions agir.
Je me rappelle, à l'époque, c'était mon
collègue Prémont et M. le juge Drouin qui nous présidaient
je me rappelle qu'on s'est penché très longuement sur ce
texte-là. Il s'agissait pour nous d'y trouver une interprétation.
Comme dans tous les textes de loi, on essaie toujours de rechercher l'intention
du législateur, ce qu'il a vraiment voulu dire.
Nous nous sommes arrêtés au facteur numérique de 32
000 électeurs par district électoral et on s'est dit: Voici
l'intention première du législateur. En nous confiant la
responsabilité, il entend que la commission essaie de délimiter
des districts électoraux ayant un chiffre le plus rapproché
possible des 32 000 électeurs, avec évidemment l'indexation en
plus ou moins de 25%. On a interprété la seconde partie ou, si
vous voulez, le deuxième alinéa du premier paragraphe comme nous
autorisant à tenir compte des facteurs qui y sont mentionnés pour
tenir compte, entre autres, de la différence entre les comtés
à densité de population intense, comme la ville de
Montréal, le Québec métropolitain, l'Outaouais, disons
Gatineau et Hull, par opposition aux autres comtés ruraux ou
semi-ruraux.
Finalement, le troisième alinéa, naturellement, on l'a
considéré comme un facteur d'exception. À l'époque,
on ne l'a reconnu que pour les Îles-de-la-Madeleine. On a toujours eu
à l'esprit, je pense, depuis 1972, que, si nous répétions
et si nous permettions la répétition de l'exception, nous
retombions dans l'ornière de la grande différence dans les
districts et nous retombions peut-être dans ce qui était avant:
les comtés protégés. À notre humble avis, il ne
fallait pas multiplier les exceptions.
M. Fontaine: Je comprends très bien votre
interprétation. Si on se réfère au projet de loi 10 que
nous sommes en train d'étudier à l'Assemblée nationale
qui, en quelque sorte, reproduit quasiment les mêmes critères,
sinon exactement les mêmes, comment la nouvelle commission qui
s'appellerait la Commission de la représentation électorale
pourrait-elle tracer une carte électorale différente de celle que
vous avez faite si elle a les mêmes critères et si elle doit
interpréter l'article concernant l'exception de la même
façon que vous l'avez fait? (20 h 30)
M. Barbeau: Avec respect, M. le député, j'ai
l'impression que la réponse à cette question dépasserait
ma compétence, à moi, comme membre de la commission. Je pense que
c'est plutôt une réponse à caractère politique qu'il
faudrait donner. Je ne pense pas être compétent pour donner une
réponse.
M. Fontaine: Si les députés de l'Assemblée
nationale vous disent qu'ils voudraient que le critère d'exception soit
interprété de façon plus large, est-ce que vous auriez des
suggestions à faire aux membres de cette commission pour nous dire de
quelle façon le texte devrait être rédigé pour que
le critère d'exception du dernier paragraphe de l'article 9 soit
rédigé de façon qu'on l'interprète plus
largement?
M. Barbeau: Encore une fois, nous avons donné
l'interprétation que nous pensions la bonne. Si, évidemment, la
Chambre n'est pas satisfaite de l'interprétation qu'on a donnée,
elle peut sûrement, dans un nouveau texte de loi, clarifier, imposer
l'interprétation qu'elle veut vraiment. Évidemment, à ce
moment, si c'est nous qui sommes encore en place, nous n'aurons pas d'autre
objet que de satisfaire les voeux de la Chambre. C'est notre devoir comme
membres de la commission. Maintenant, la seconde partie de votre question, si
la Chambre ou la commission s'adressait à nous pour savoir quel est le
texte véritable qu'il faudrait employer, je pense bien qu'il n'y aurait
pas d'objection à ce qu'on fasse les suggestions que la commission nous
demanderait. Personnellement, je ne vois pas d'obstacle.
M. Côté: On pourrait certainement se pencher sur ce
problème et peut-être soumettre des hypothèses de
solution.
M. Fontaine: En fin de compte, est-ce que c'est le mot
"exceptionnel" qui serait un obstacle à ce que vous puissiez aller en
deçà ou au-delà des critères fixés dans
l'article 9, c'est-à-dire 32 000 plus ou moins 25%?
M. Barbeau: Un article doit s'apprécier dans son ensemble,
dans tous les termes qu'il comporte. Encore une fois, je vous
réitère qu'on s'est penché pendant de longues heures sur
le sens à lui donner. Nous avons retenu ce facteur numérique
d'abord, avec certaines exceptions comme l'éloignement et la
densité pour enfin interpréter le dernier paragraphe comme
étant une exception vraiment à part.
M. Prémont: Je m'excuse de reprendre... Je me rappelle la
longue discussion et je pense qu'à l'époque, nous
interprétions le texte comme étant, à de très rares
exceptions... Nous nous étions arrêtés uniquement aux
Îles-de-la-Madeleine parce que, dans notre esprit, le législateur
voulait refaire une carte qui était la plus équitable possible
pour la population du Québec. Je pense qu'à ce moment-là
l'exception ne pouvait pas devenir pour nous une règle. Nous nous
sentions liés... Je m'excuse d'employer le mot "liés". Nous
sentions qu'en acceptant une seconde exception il y avait danger que d'autres
exceptions surviennent et, à un certain moment, l'exception serait
devenue la règle. Parce que lorsque les membres de cette Chambre font
part de leurs représentations, de leurs craintes ou de leurs griefs
à l'occasion d'un projet de carte, à ce moment-là, ils
sont tout à fait justifiés. Je les comprends de faire part de
leurs griefs vis-à-vis de nous dans le sens de nous donner des
suggestions. Très souvent, ils ne tiennent pas toujours compte de cette
réaction en chaîne et des conséquences que leurs demandes
peuvent avoir sur les districts voisins.
C'est la raison pour laquelle, je crois, nous avons toujours maintenu
notre décision de maintenir une seule exception, soit les
Îles-de-la-Made- leine. C'est seulement le troisième alinéa
de l'article, remarquez bien. C'est en tout dernier lieu qu'on mentionne:
"Cependant, exceptionnellement, la commission peut..." Enfin, c'est
peut-être...
M. Fontaine: Est-ce que le ministre a des commentaires à
faire sur l'article 9 et les articles 3 et 4 du projet de loi no 10?
M. Bédard: Je pense que nous aurons l'occasion d'en
discuter amplement lors de l'étude article par article.
M. Fontaine: Parce que la question est de savoir si...
M. Bédard: Le critère de l'ancienne loi, ou le
guide de l'ancienne loi était d'avoir une carte juste et
équitable. Le critère actuel est plutôt orienté vers
l'égalité du vote. Je pense que ce sont deux différences
assez fondamentales au niveau de la formulation des deux textes de loi.
Maintenant, si nous voulons aller plus loin dans notre réflexion
lors de l'étude article par article, je pense que...
M. Fontaine: Non, mais la question est de savoir, M. le
Président, étant donné l'interprétation que les
membres de l'ancienne commission ou de la commission actuelle ont donnée
à l'article 9 de la loi actuelle qui fait, en quelque sorte,
jurisprudence, et le fait qu'on reproduise ces mêmes critères dans
le projet de loi no 10, qu'on est en train d'étudier, comment la
nouvelle commission va faire pour tracer une nouvelle carte électorale
si elle est obligée de tenir compte de la jurisprudence et des
critères.
M. Bédard: C'est essentiellement ce que j'ai
répété. Nous avons la chance, aujourd'hui, de rencontrer
les commissaires, de prendre connaissance, entre autres, de
l'interprétation qu'ils avaient donnée aux articles de l'ancienne
loi. Je pense que cette audience-là est de nature à nous aider
dans la réflexion que nous aurons à faire au niveau du projet de
loi 10 et je partage, d'autre part, une des opinions émises, à
savoir que, quand on parle d'exceptions, il faut vraiment que ce soient des
exceptions. Comme le disait M. Prémont tout à l'heure, quand on
commence à additionner des exceptions, on en vient rapidement
peut-être pas à une règle générale, mais
à ce que les exceptions se multiplient. Je pense que, lorsqu'il s'agit
de représentation de députés, le comté de chacun
est presque une exception en soi. Ils ont leur manière de le voir, ils
ont leur manière d'imaginer comment il devrait être
découpé. Ils le sentent à leur manière. S'il faut
que le mot exception donne ouverture à plusieurs cas, surtout lorsqu'il
s'agit de découpage de carte électorale, à ce
moment-là on n'en finirait plus d'avoir des exceptions.
M. Fontaine: Donc, il faudrait donner d'autres
critères.
M. Bédard: Au moins garder le critère selon lequel,
quand on parle d'exception, c'est vraiment une exception.
M. Fontaine: Étant donné que vous connaissez
maintenant la volonté de la majorité des députés de
l'Assemblée nationale, sauf peut-être celle du
député de Châteauguay, à savoir qu'il faut
nécessairement faire une différence entre les comtés
ruraux et les comtés urbains, est-ce que, dans cette optique, il ne
serait pas possible de penser à des districts urbains qui pourraient se
rapprocher du maximum prévu, c'est-à-dire 32 000 plus 25%, tandis
que les districts ruraux, eux, pourraient se rapprocher du minimum,
c'est-à-dire 32 000 moins 25%?
M. Bédard: Je voudrais quand même corriger tout de
suite une affirmation. Je ne sais pas à quoi fait
référence le député de Nicolet-Yamaska lorsqu'il
parle de volonté unanime des députés. Je ne crois pas
qu'il y ait de volonté unanime qui se soit exprimée dans un sens
ou dans l'autre, si ce n'est au niveau de l'énoncé du principe du
projet de loi que nous avons voté en deuxième lecture. Pour ce
qui est du reste, nous avons très bien spécifié, lors du
discours de deuxième lecture, qu'il y avait lieu de
réfléchir sur certains articles en particulier.
M. Fontaine: II y a une bonne quantité de
députés qui se sont exprimés à l'Assemblée
nationale en disant qu'il fallait faire une différence entre les
districts ruraux et urbains.
M. Bédard: J'ai bien dit que je voulais juste corriger
votre affirmation. Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas de députés
qui se sont exprimés dans le sens que vous venez de le dire concernant
les comtés ruraux et les comtés urbains. Ce que je corrige c'est
l'unanimité à laquelle vous avez fait allusion.
M. Fontaine: De toute façon, la question est de savoir
quel critère il faudrait mettre dans la loi pour en arriver à
cette solution.
M. Côté: Vous avez mentionné tout à
l'heure, si j'ai bien compris, qu'il faudrait que la future commission ait la
possibilité de déterminer, pour certains districts
électoraux, en ayant le plus bas palier possible, 24 000, par exemple,
et dans certains autres cas, le maximum. Or, dans la loi actuelle, parce que je
veux donner une précision qui est en relation avec le rapport V, il est
dit qu'il faut tenir compte des facteurs de variation de la population. Alors,
si une carte est établie et qu'on applique systématiquement le
principe que vous énoncez, on ne pourrait pas tenir compte de la
variation de la population qui risque de se produire. En plus, si on prend un
district électoral avec une forte densité de population qui, par
exemple, au moment où on dresse la carte, est à 38 000 ou 39 000
et que le maximum serait de 40 000, pour prendre un exemple, on risque, au bout
d'un an ou deux, que ce soit rapidement dépassé. Je peux
peut-être vous signaler que dans le rapport V, sur 121 districts
électoraux il y en a 31 qui sont en dessous de 32 000, et que ces 31, si
on les regarde rapidement, sont en grande majorité des districts
électoraux à caractère dit rural.
M. Fontaine: Qu'est-ce que vous penseriez, comme on le fait au
Manitoba, par exemple, de la possibilité d'avoir deux critères
numériques, un, par exemple, pour une densité de population
urbaine et un autre pour une population rurale?
M. Côté: Je m'excuse, je reviens à la
réponse que j'ai donnée là-dessus cet après-midi.
Je pense que je dois insister là-dessus. C'est une décision qu'il
revient, je pense, aux membres de l'Assemblée nationale de
déterminer. C'est un critère, c'est une décision
carrément politique qui doit être déterminée par les
membres de l'Assemblée nationale, parce que c'est un problème de
zonage, en fait, de détermination... Je pense que, pour nous, il est
très difficile de se prononcer là-dessus.
M. Fontaine: Merci.
Discussion générale
M. Dussault: M. le Président, si vous le permettez,
à cause de l'allusion de M. le député de Nicolet-Yamaska,
en vertu de l'article 96, j'avais justement évité de demander
l'opinion des membres de la commission à la suite des propos que j'avais
tenus sur cette question des comtés urbains et des comtés ruraux,
parce qu'il m'apparaissait que ce serait embêter les membres de la
commission que de leur demander une réponse là-dessus.
M. Fontaine: Oui, vous avez donné la vôtre, par
exemple.
M. Dussault: Moi, j'ai donné mon point de vue, parce que
je trouvais que M. le député de Laval mettait beaucoup trop
d'insistance sur ce critère. Je trouvais qu'accepter cela voulait dire
accepter de mettre énormément d'arbitraire dans cette loi; c'est
pourquoi je m'y suis refusé et je m'y refuse toujours. Ce n'est
sûrement pas sur le travail que cela donne au député
d'être député d'un comté X d'une certaine grandeur
qu'il faudrait s'appuyer pour prendre une décision. Je dis que ce
critère n'est pas bon et c'est mon point de vue personnel.
M. Fontaine: Un des critères dont il faut tenir
compte...
Le Président (M. Jolivet): II ne faudrait pas engendrer
une discussion. Est-ce que vous avez terminé, M. le député
de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: J'enchaîne, M. le Président, avec le
député de Nicolet-Yamaska. Vous venez de dire quelque chose, M.
Côté, qui est intéressant. (20 h 45)
Vous dites que d'après le rapport V, il y a 31 comtés qui
sont en bas de la moyenne de 32 000, donc 80 qui sont au-dessus de 32 000,
entre 32 000 et 40 000. Est-ce que vous avez fait le calcul du nombre total
d'électeurs dont on tenait compte dans la préparation du rapport
no V? Divisé par le nombre de comtés que vous avez retenu, 121,
cela faisait quoi?
M. Côté: Pourriez-vous répéter la
dernière partie de votre question?
M. Bertrand: II y a un nombre total d'électeurs dont on a
dû tenir compte pour préparer ce rapport no V, électeurs
contenus dans 121 comtés projetés du Québec, tel que le
définit le rapport V. Le fait que vous me disiez qu'il y a 31
comtés qui sont en bas de 32 000 et 80 qui sont en haut de 32 000 me
fait croire qu'effectivement la moyenne générale du
Québec, si on divise l'ensemble des électeurs dont il a fallu
tenir compte pour préparer ce projet de carte électorale par le
nombre de 121 circonscriptions, cela doit être quelque chose d'un peu
supérieur à 32 000.
M. Côté: Cela va prendre une minute, si vous
permettez, je vais consulter mes experts, je pense qu'on a la réponse
sous la main.
M. Bertrand: D'accord.
M. Côté: On a de la difficulté pour se
retrouver dans nos papiers, je m'excuse, on devrait être bon pour
l'avoir, je pense qu'on a le chiffre, on va regarder patiemment.
La moyenne donne 33 254. C'est à la page 17 du rapport. Merci, M.
Fontaine.
M. Bertrand: J'enchaîne avec une question que je voulais
vous poser, M. Côté. Elle s'adresse peut-être davantage
à vos deux collègues qui ont travaillé à la
préparation du rapport no V et peut-être finalement à tous
ceux qui ont travaillé à la préparation de l'annexe. La
proposition 36 000, est-ce qu'aux yeux de la commission c'est important
d'arriver à faire en sorte que dans des comtés où on
évalue que le taux d'expansion, en termes de population, la progression
de la population, ce taux est extrêmement dynamique,
élevé... Par exemple, à Laval, on constate que ça
augmente très rapidement; d'un recensement à l'autre, on voit que
ça passe de 30 000 à 33 000, etc. Est-ce qu'aux yeux de la
commission c'est important, puisque la loi dit qu'il ne faut pas
défoncer le plafond de 40 000, de bâtir un comté qui soit
autour de 32 000 ou 33 000, pour prévoir justement de tels
accroissements, de telle sorte qu'on ne soit pas obligé de chambarder un
comté après chaque élection générale? Ou
êtes-vous plutôt d'avis, étant donné que le
rôle d'une commission de districts électoraux est de se pencher
sur une carte électorale chaque fois qu'une élection
générale est terminée ou chaque fois que des correctifs
doivent être apportés, qu'on pourrait dire: Dans toute la mesure
du possible, quand on se trouve en milieu tout à fait urbain, dans des
comtés à dimension très réduite, où il y a
une très grande homogénéité, etc., à ce
moment-là, il est préférable de faire un comté de
39 500 électeurs ou de 39 700, risquer de dépasser le plafond
assez rapidement, mais d'accepter le principe qu'on le refait très
souvent?
Vous allez peut-être me dire que c'est une chose qu'on devrait
décider nous-mêmes. Mais d'un strict point de vue d'analyste des
cartes électorales, du taux de progression de la population, des
problèmes que ça pose de refaire continuellement des
comtés, parce que, le taux de progression de la population étant
très fort, ces comtés doivent être chambardés
fréquemment, est-ce que c'est préférable pour vous
la moyenne des électeurs étant à 32 000 de faire
que ces comtés soient à 31 000, 32 000 ou 33 000 plutôt que
de les mettre à 37 000, 38 000 ou 39 000? C'est une opinion que je vous
demande davantage qu'autre chose.
M. Côté: Je vais vous répondre par une
impression plutôt que par une opinion, cela va peut-être être
plus prudent. Je ne veux pas répéter l'opinion de mes
collègues, mais notre sentiment, c'est qu'il faut vraiment tenir compte
de l'évolution, du changement démographique dans
l'établissement d'une carte. Sauf erreur je pourrais le
préciser et c'est pour cela que j'ai dit que c'était une
impression il y a des endroits où, en établissant une
carte et en essayant de faire une projection de la population, on va dire: II
faudrait prévoir que ce district électoral devrait grouper 35 000
ou 36 000 personnes, pour ne pas atteindre trop facilement 40 000. Mais il y a
des endroits où on peut se tromper. Il y a des endroits où c'est
difficile de voir où il peut y avoir une évolution de la
population, et elle ne se produit pas, en fait.
Un phénomène, à titre d'exemple, qui, pour nous,
est assez frappant, c'est le sud de Montréal. Dans le sud de
Montréal, il y a une augmentation très rapide de la population.
Il y a certaines années, je pense qu'on aurait pu dire que cette
augmentation aurait pu se produire plutôt au nord, dans l'île
Jésus, et elle s'est produite plutôt au sud.
Si on ne tient pas compte de ce facteur la deuxième partie
de la réponse est la suivante on peut être placé
très rapidement dans la situation où un district électoral
comprend un trop grand nombre d'électeurs, où, effectivement, la
limite est rapidement dépassée. Je pense que l'autre aspect qu'il
faudrait fournir à la réponse, c'est que tout dépend
à quel rythme ou à quelle période de temps la carte est
refaite. Si elle est refaite dans une courte période, il est
relativement plus facile de tenir compte du facteur minimum ou maximum. Mais si
elle est faite sur une période qui est beaucoup plus longue, à ce
moment-là, l'écart est trop considérable. Au moment
où la carte est
établie, il faut vraiment tenir compte de l'évolution
démographique.
M. Bertrand: Le sens de ma question, M. Côté, c'est
ceci. Supposons que la commission indépendante que la loi crée
prépare un projet de carte électorale soumis à l'attention
de la population et que, par la suite, elle prend les décisions.
Prenons un exemple où vous avez fait l'analyse qu'il y a un
comté qui est en très forte progression sur le plan
démographique et que ce comté, pour ne pas avoir à y
retoucher avant 1988, vous le placez, pour l'instant, à 32 000,
prévoyant qu'il sera autour de 39 500 en 1988. Par contre, juste
à côté de ce comté, pour d'autres raisons
prenez Québec que vous connaissez bien, où il y a des
comtés qui ont tendance à diminuer, en termes de population, et
d'autres à demeurer très stables il y a un comté,
par exemple, qu'on installe à 39 500 parce qu'on se dit: Lui, il va
demeurer stable d'ici 1988. Si on analyse les 10, 15, 20 dernières
années, il y a une très grande stabilité dans ce
comté sur le plan démographique.
Ceci veut dire que s'il y avait une élection en 1980, avec la
nouvelle carte électorale, il pourrait y avoir, côte à
côte, un comté dont le taux d'expansion, de progression sur le
plan démographique, étant très élevé, on
l'installe à 32 000 et, juste à côté, un autre qui
est relativement stable sur le plan démographique qu'on installe
à 39 500. Ceci fait que pour l'élection de 1980, il y a une
très nette différence sur le plan de la représentation
pour les deux comtés, mais peut-être qu'en 1988, il y aura presque
une adéquation sur le plan de la population des deux
circonscriptions.
C'est là que je rejoins votre deuxième commentaire. Dans
le fond, tout dépend de la fréquence de chambardement, de la
fréquence des interventions qu'on s'apprête à faire sur une
carte électorale.
M. Côté: Mais j'ajouterais peut-être juste un
autre commentaire. En tenant compte, dans le rapport V, de ces facteurs, on
arrive aujourd'hui à la constatation suivante. Dans les
prévisions que la commission a faites en 1976, si on regarde le
recensement de 1979, après le recensement et non pas après la
révision, parce qu'on n'a pas encore les rapports de la révision,
il y a un seul district électoral où les prévisions que la
commission a faites ont été une "erreur". C'est Laprairie. Je
l'ai mentionné cet après-midi. Vraiment cela a atteint un
très grand nombre.
En ayant proposé dans le rapport V, en s'en tenant aux
critères de l'article 9, d'être le plus près possible du
quotient établi par la loi et en tenant compte de ce facteur
d'évolution démographique, je pense qu'on atteint actuellement
une moyenne qui peut être relativement acceptable.
M. Bédard: Mais vous avez eu la prudence de situer, pour
les comtés très urbanisés je prends le rapport no V
un ensemble de comtés autour de 34 000, 35 000, 36 000
électeurs prévoyant qu'il y aurait une augmentation de population
et qu'ils pourraient se rendre, en l'espace d'une élection,
peut-être à 38 000, 39 000 ou 40 000 électeurs.
M. Côté: Oui, je dois vous dire qu'il y a un autre
facteur qui intervient qui est assez important. Je pense que c'est une
préoccupation de la commission. Mes collègues pourront me
corriger si l'opinion que je vous donne est fausse. Ce que j'ai compris du
rapport V et des rapports antérieurs, c'est qu'il y a une autre
préoccupation qui domine, soit celle de s'efforcer dans toute la mesure
du possible de ne pas trop modifier les limites des districts existants. C'est
un facteur qui nous semble passablement important. Je l'ai mentionné cet
après-midi, n'importe qui pourrait établir une carte
électorale, une répartition des districts électoraux en
s'amusant, en divisant, etc., mais il y a quand même d'autres facteurs
dont on doit nécessairement tenir compte. Je pense que vous êtes
les premiers conscients de ce facteur qui est très important, c'est le
sentiment d'appartenance des gens à un district électoral. On
sait très bien que, quand on fait une proposition de modification,
d'ajout ou de diminution, cela affecte une limite. Pour nous, ce n'est jamais
un travail intéressant, ce n'est jamais un travail qui est fait de
gaieté de coeur. C'est un autre facteur, je pense, dont on doit tenir
compte.
M. Bertrand: Je suis tout à fait d'accord avec vous, M.
Côté, d'autant plus que, si ce sentiment d'appartenance d'une
population à son comté est vrai, l'inverse est aussi vrai. Il y a
un phénomène d'appartenance ou de relation d'un
député avec son électorat. C'est assez agaçant
jusqu'à un certain point de vue on admettra que, malheureusement,
toute réforme de la carte électorale nous place dans cette
situation pour un député qui dessert une circonscription
électorale donnée pendant quatre ans, huit ans ou douze ans
d'apprendre un beau jour qu'on l'ampute de 30% de l'électorat de son
comté pour lui substituer 30% d'un autre électorat avec lequel il
n'a jamais eu de relations et de contacts pendant plusieurs années.
C'est effectivement très agaçant. J'avoue avec vous que le
problème du chambardement est très important.
Une dernière question, M. Côté. Vous arrivez
à cette Commission de la réforme des districts électoraux,
mais vous aviez une longue expérience auparavant d'administration de
carte électorale ou d'administration d'élections au niveau
municipal et, plus particulièrement, dans la ville de Québec. Or,
permettez-moi, comme président du caucus régional de
Québec, de vous poser une question spécifiquement
là-dessus. Nous avons dans la ville de Québec vous les
connaissez mieux que moi à cause de votre expérience des
districts naturels qui ont une longue tradition sur le plan de leurs
appartenances. Je pense particulièrement au district Limoilou de
Québec. Or, on constate une chose. Je prends cet exemple-là pas
parce que je voudrais qu'on parle seulement de cela, mais parce que cela peut
aussi être révé-
lateur pour bien d'autres circonscriptions électorales. Le
quartier de Limoilou en ce moment est littéralement divisé entre
deux comtés, le comté de Vanier... D'ailleurs, c'est assez
amusant parce que, là encore, il y a toujours un problème de
dénomination de comté. Les gens m'appellent le
député de ville Vanier, alors qu'en réalité, la
ville de Vanier compte pour 12% de l'ensemble de mon comté et que,
là-dedans, 35% sont dans Limoilou. Même si j'ai 35% de mon
comté dans Limoilou, le comté de Limoilou, c'est celui qui est
à côté. Il y a quand même des problèmes
réels à ce niveau-là, sur le plan de l'identification des
comtés. Déjà, en ville, ce n'est pas facile d'identifier
un comté pour la population. L'appellation pose des problèmes
très sérieux.
M. Fontaine: Surtout quand il s'agit d'identifier le
député de Vanier?
M. Bertrand: II n'y a pas de problème. Il est très
bien identifié, ne craignez pas là-dessus. Vous viendrez faire un
tour. Je prends le quartier de Limoilou comme tel, M. Côté. Le
quartier de Limoilou est actuellement divisé littéralement entre
deux comtés, cinq paroisses dans un comté et six dans l'autre.
Or, la partie de Limoilou qui est dans le comté de Limoilou a aussi,
rattachée à elle, la moitié de l'ancienne ville de Giffard
qui, maintenant, fait partie de la ville de Beauport, laquelle ville de
Beauport est entièrement, sauf pour la partie Giffard, contenue dans le
comté de Montmorency qui est à côté. C'était
l'ancienne carte électorale.
Dans le cinquième rapport, loin de tenter de
réintégrer Limoilou dans son centre naturel qui est le quartier
même de Limoilou, on prolonge dans la ville de Beauport et on va chercher
tout le reste de Giffard, ce qui fait qu'une partie de la ville de Beauport,
qui est quand même une entité naturelle, est amputée de
toute l'ex-ville de Giffard et, en plus, Limoilou continue d'être encore
plus divisé, parce qu'on ajoute encore une paroisse de Limoilou dans le
comté de Vanier. On en enlève donc une dans Limoilou. (21
heures)
En d'autres mots, on dirait qu'à certains moments les
découpages de carte électorale se font pour déchirer
encore davantage certains milieux très naturels. Pourquoi ne fait-on pas
des efforts supplémentaires pour tenter, au contraire, de faire coller
les circonscriptions électorales à des quartiers qui sont connus
comme étant très naturels; je pense, en particulier, à
celui de Limoilou?
M. Côté: Le problème que vous soulevez est,
en fait, celui que j'ai qualifié ce matin de ressort, du fait qu'il faut
considérer une région dans son ensemble et essayer, dans cet
ensemble de la région, d'en arriver à délimiter des
districts électoraux selon les critères établis. J'ai des
réponses plus précises ici, mais je vous réponds, en
première réaction: Si on tenait compte des facteurs que vous
mentionnez, qui sont des facteurs de milieu naturel où les gens se
reconnaissent plus facilement, vous parlez d'un district électoral
municipal où les gens se retrouvent très facilement, le quartier
Untel et le quartier Untel, pourquoi ne le laisse-t-on pas très
carrément dans tel district électoral? C'est quasi insoluble,
à mon avis, de réaliser cela tout en ne chambardant pas toutes
les limites des autres districts. On peut peut-être réussir, dans
une région donnée, à le faire, mais j'en douterais
à cause de la réaction que cela aura sur l'autre région.
Quand on considère une région pour établir les limites des
districts électoraux dans une région donnée, il faut aussi
qu'on la considère dans l'ensemble, qu'on considère cette
région et les effets de la décision pour cette région sur
l'ensemble de la province, sans cela, il y a ce que je qualifiais cet
après-midi de réactions en chaîne qui sont automatiques. Je
ne sais pas si je me fais assez bien comprendre et si cela répond
à votre question.
M. Bertrand: Oui, cela répond en partie, bien sûr.
Je comprends la complexité du problème devant lequel vous vous
trouvez placés, mais je crois que l'éventuelle commission
indépendante devra comprendre aussi que, bien que vous soyez contraints
dans certains cas de faire des choses que vous-mêmes trouvez difficiles
à faire, nous, par la suite, on doit vivre avec. Les populations qui
vivent dans ces comtés ont à vivre avec. La consultation qui sera
menée par la commission indépendante sera
révélatrice, à ce point de vue, des difficultés
très réelles que des gens ont à vivre. Des quartiers qui,
pour eux, sont vraiment naturels sont un peu disloqués à cause de
la complexité des problèmes que vous avez à vivre. Pour
eux, cela devient peut-être un problème encore plus grand,
étant donné qu'ils ont chaque jour, dans le quotidien, à
saisir en même temps leur appartenance à un milieu tout à
fait naturel et comprendre que cela chevauche sur deux comtés
différents. À un moment donné, ils ne savent plus
exactement à qui s'en remettre.
M. Côté: Me permettez-vous deux commentaires
rapides? Vous avez raison sur ce problème qui n'est pas facile à
résoudre et qui a deux réponses. La première, je l'ai
mentionnée cet après-midi et je la répète, c'est
à partir d'expériences qu'on a vécues dans les villes de
Montréal, Longueuil, Jonquière, où la future commission va
certainement trouver un très grand profit d'avoir à consulter les
gens. Non seulement cela va fournir un éclairage nouveau, mais cela va
compléter le travail que des employés de la commission font
eux-mêmes. J'ai mentionné que les employés de la commission
avaient marché littéralement treize villes. Selon un dicton
les géographes n'aiment pas quand je leur mentionne cela, mais
c'est vrai la géographie s'apprend par les pieds. C'est ce que
les fonctionnaires de la commission ont fait et c'est ce qu'ils continuent de
faire. Il faut vraiment connaître les limites naturelles, par exemple,
les caractéristiques d'un quartier. Comme le projet de loi le
prévoit, si on permet que les gens expriment
leur opinion, leur sentiment d'appartenance, cela peut certainement
n'être que très profitable à la commission, mais il va
rester quand même des problèmes. Il va falloir trancher, à
un moment donné, et dire: C'est bien regrettable, même si vous
avez tel sentiment d'appartenance, mais à cause de tel ou tel
critère qui est déterminé dans la loi, il va falloir
trancher.
Seulement un exemple, dans le cas de la région de Québec,
on me signale que le district électoral de Taschereau voit sa population
diminuer annuellement, constamment. Il va falloir, si on veut garder le
district électoral de Taschereau avec un certain critère, aller
chercher ailleurs. Alors, il faut aller chercher dans la région
immédiate. Ce sont seulement les remarques que je peux vous faire. Cela
répond en partie à votre question, je pense.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, c'est sans doute la
dernière fois que j'interviens avant mon collègue de Laval. Avant
de nous quitter, il faut se rappeler peut-être certaines choses, c'est
que nous, les parlementaires, serons appelés, à compter du 15
novembre prochain, je crois, à siéger en commission parlementaire
pour l'étude article par article du projet de loi no 10.
Au terme de ce projet de loi, s'il était adopté tel que
rédigé, nous aurions une commission indépendante
décisionnelle. Tout à l'heure, le député de Vanier
disait: Lorsque la commission indépendante sera nommée...
J'espère qu'il ne voulait pas faire état que vous ne
représentiez pas une commission indépendante, mais plutôt
qu'il voulait dire: Nous aurons une commission indépendante
décisionnelle.
M. Bédard: Ce soir, sur ce point spécifique, je
pense que les commissaires ont fait une mise au point au début de nos
travaux qui a clairement exprimé qu'ils avaient eu à
travailler...
M. Lamontagne: C'est parce que le député de Vanier
a dit...
M. Bédard:... d'une manière très
indépendante...
M. Lamontagne: ... lorsque la commission indépendante sera
nommée.
M. Bédard: ... avec aucune pression.
M. Bertrand: Est-ce que ça peut vous rassurer si je dis
qu'effectivement je ne faisais pas référence à la
commission indépendante, mais au fait que la commission
indépendante aura à consulter?
M. Lamontagne: II est évident que vos collègues, M.
Côté et vous-même, depuis plusieurs années, avez
acquis une très grande expérience à la suite des mandats
successifs qui vous ont été donnés par le Parlement pour
confectionner une carte électorale au Québec. Vous êtes
donc plus à même que d'autres d'évaluer des
difficultés auxquelles vous avez eu à faire face.
M. le juge, tout à l'heure, précisait, malgré sa
qualité de juge, qu'il avait été obligé, avec ses
collègues, de scruter les intentions véritables du
législateur. Imaginez, ça nous fait sursauter un peu! J'en
conviens bien, parce que nous, également, nous avons été
obligés de le faire.
Il me semble qu'il aurait été extrêmement
souhaitable qu'avant que nous commencions cette étude du projet de loi
no 10 en deuxième lecture vous ayez pu nous présenter un rapport
contenant vos propositions, à vous, compte tenu de votre
expérience là-dedans.
Par exemple, il s'est dit beaucoup de choses. Vous avez dit, M.
Côté, que, sans aucun doute, les parlementaires, on ne les
changera pas. Ils dépassent parfois leur pensée, c'est
évident et ça va toujours être comme ça.
Mais, au fond de tout ça, il y a des questions sérieuses
qui ont été posées et vous êtes, vous, sans aucun
doute, en mesure de nous préciser, au point de vue pratique, ce que le
législateur devrait vous proposer pour éviter d'être
obligé de passer de longues heures ou de longues journées
à nous interpréter. C'est un mauvais départ quand vous ne
savez même pas ce qu'on veut vous dire.
On ne connaît pas tout à fait les intentions du
gouvernement mais, comme deux commissaires, suivant ce qui est
suggéré par le gouvernement, devront être permanents, j'ai
l'impression qu'il y en a qui vont retrouver leurs fonctions personnelles.
Donc, il me semble qu'il y aurait comme une espèce de testament
que vous devriez nous laisser. À titre d'exemple, je vais vous poser
certaines questions et il me semble qu'on pourrait y répondre avec
précision.
Plusieurs auteurs depuis le rapport Grenier, en 1962, en particulier
disent que, lorsqu'un Parlement décide de faire une carte
électorale, il doit d'abord indiquer le nombre de comtés sur
lesquels il veut que sa carte porte.
Dans le cas présent, on laisse à la commission
indépendante décisionnelle le soin de décider, dans une
province, combien il y aura de comtés. Nous maintenons nous
l'avons dit le 6 décembre dernier que le Parlement,
l'Assemblée nationale, devrait, dans son projet de loi no 10, vous
indiquer combien il y aura de députés. J'aimerais connaître
votre opinion sur ce sujet. Vous avez une expérience dans ce
domaine.
Également, écoutez... Là, évidemment, je ne
sais pas si vous pouvez émettre une opinion, mais je voudrais simplement
rappeler ce que le député de Nicolet-Yamaska vient de mentionner
tout à l'heure.
Il faut bien que nous prenions les choses qui nous ont été
dites. Le 6 décembre 1978 ça fait presque un an le
représentant officiel du gouvernement cela a été,
par la suite, notre souci constant nous a parlé de mode de
scrutin, nous
a parlé d'un train de lois et on ne sait plus à quelle
place elles sont. Mais c'était un engagement formel du gouvernement.
Là, le ministre ici, le successeur, nous dit: Écoutez, ça
nous prend un échéancier, mais il ne nous dit pas que le mode de
scrutin est enlevé. Il nous dit: II n'est pas aux calendes grecques,
mais aux calendes. Tout en vous provoquant, j'espère que vous nous
direz, tout à l'heure, s'il y aura un nouveau mode de scrutin, oui ou
non, pour les prochaines élections provinciales.
M. Bédard: Vous ne me provoquez pas; vous
interprétez mal.
M. Lamontagne: Non, mais, à un moment donné...
Votre prédécesseur nous a dit qu'il y aurait une loi concernant
le mode de scrutin. Depuis que vous lui avez succédé, vous n'avez
pas dit, vous, qu'il y aurait une réforme du mode de scrutin, de sorte
que les formations politiques...
En tout cas quant à nous, nous avons siégé sur le
mode de scrutin, nous avons manifesté notre intention de concourir avec
le gouvernement pour équilibrer la distorsion qu'on retrouve dans
certains comtés.
Également, vous nous avez fait part, M. Côté, du
fait que vous aviez reçu de nombreuses représentations de
différentes régions du Québec. Il m'apparaît, M. le
Président, qu'il serait utile aux membres de la commission d'avoir un
dépôt de toute représentation, une copie de toute
représentation faite à la commission. Nous sommes tout de
même les parlementaires qui devront, dans quelques jours, étudier
le projet de loi qui ordonnera à la nouvelle commission
indépendante décisionnelle, si elle agit comme ça, de
faire une carte électorale. Il me semble qu'on devrait nous fournir tous
les éléments pour nous permettre d'améliorer, si possible,
ce projet de loi-là.
On parle des exceptions, des Îles-de-la-Madeleine, et vous avez
mentionné quels critères vous avaient guidés dans le
projet de loi et également dans la confection de la carte
électorale. J'aimerais savoir de vous, compte tenu de votre
expérience au cours des dernières années dans la
confection de la carte électorale, du rapport V, si vous
suggéreriez au Parlement, à cette commission, d'avoir plus d'une
exception, en plus de celle des Îles-de-la-Madeleine qui est reconnue par
tous. Je pense que tout le monde conviendra ici facilement et rapidement qu'on
ne peut pas étendre ces exceptions, mais dans la confection de votre
carte électorale no 5, est-ce que vous, si vous n'aviez pas eu une
contrainte que vous avez voulu répéter, vous auriez
été d'avis d'avoir une autre exception? Sans la nommer, vous avez
dû passer là-dessus... Il m'apparaît que votre opinion
deviendrait pour nous fort enrichissante ainsi que de vivre avec vous vos
préoccupations, de sorte que, redonnant un mandat à une nouvelle
commission qui sera nommée par la loi 10, nous soyons guidés dans
l'étude du projet de loi 10 par les difficultés que vous avez pu
vivre.
Nous avons parlé aussi, la loi antérieure, la loi
actuelle, c'est-à-dire, parle d'un critère de 32 000
électeurs. Le 6 décembre, la commission, unanimement, c'est
même, en dernier ressort, le ministre qui avait dit: Mettons-nous
d'accord pour qu'il y ait une étude, comme hypothèse
exclusivement de travail, portant sur 36 000 électeurs. Vous avez fait
rapport et nous vous en remercions beaucoup. Mais, en même temps, on a 32
et on a 36. Nous, le 15 novembre au matin, avec le ministre, on va commencer
là-dessus. C'est un sujet extrêmement important dans nos
décisions. Est-ce qu'on va suggérer 36, 35, 34? À ce
moment-là, est-ce que vous pourriez nous aider à prendre une
décision commune dans l'étude de ce projet de loi? Est-ce que
vous avez certains faits qui pourraient nous permettre d'avoir une opinion
éclairée à l'occasion de l'étude du projet de loi
no 10?
Ce sont quelques questions que je voulais poser et je reviens en dernier
ressort... Je comprends que vous allez devoir donner le résultat de vos
études personnelles à l'autre commission, mais il
m'apparaît que toute représentation qui vous a été
faite par des organismes ou municipalités devrait être remise aux
membres de la commission, lesquels pourraient être aidés ainsi
dans l'étude du projet de loi no 10.
C'était une série de questions; il serait utile d'avoir
vos réponses là-dessus.
M. Côté: J'en ai noté cinq, M. Lamontagne,
vous me corrigerez s'il y en avait une autre supplémentaire. Dans la
première, j'ai compris que vous aviez été surpris du fait
qu'on avait interprété le texte de la loi. Je pense que c'est un
phénomène...
M. Lamontagne: Excusez-moi. Je n'ai pas été
surpris, mais on l'a sans doute mal rédigé.
M. Côté: C'est pour ça que je voudrais
compléter en ce sens. Je pense que, comme vous l'avez dit, il n'y a rien
de surprenant là. Un texte de loi, une fois qu'il est
rédigé, doit trouver son application, et pour trouver son
application, il doit parfois être interprété. Tout ce que
je peux vous répondre à cet égard, c'est que pour pouvoir
bien appliquer une loi, il faut bien comprendre l'intention du
législateur. C'est au législateur à exprimer le plus
clairement possible son intention. C'est la seule réponse que je peux
vous fournir là-dessus.
Quant à la deuxième question, vous avez demandé
quelle serait notre opinion... Je m'excuse... (21 h 15)
M. Lamontagne: Excusez-moi, M. Côté. Justement,
comme c'est le législateur là, vous ne répondez pas
à la question pourriez-vous aider le législateur à
mieux rédiger cet article d'un projet de loi?
M. Côté: La seule chose que je peux vous
répondre là-dessus... Cela va être la même
réponse pour un certain nombre d'autres questions, sauf pour la
troisième où je pense, si le voeu en est exprimé, on
pourrait le fournir très rapidement.
À la troisième question, vous avez demandé d'avoir
copie de toutes les représentations qui ont été faites.
Personnellement, je ne vois pas de difficulté, mais, pour les autres
questions, c'est le même genre de réponse que...
M. Lavoie: Combien avez-vous eu de représentations?
M. Côté: Si je ne me trompe pas j'ai
donné le chiffre ce matin; je vous le donne sous réserve
d'inventaire, si vous le permettez c'est de 88 à 90; 88,
c'était au mois d'août et on en a eu une couple depuis ce
temps-là. Je vous le donne sous réserve, parce que le document
que j'ai ici comporte également des commentaires des journaux et
j'espère que le chiffre de 88 ne comprend par les articles qui ont paru
dans les journaux. C'est pour cela que je vous le donne sous toute
réserve. Je voudrais refaire le calcul. De toute façon,
personnellement, je ne verrais pas de difficulté, tout au contraire,
à fournir des réponses aux membres de la commission, si vous en
exprimiez le voeu. C'est déjà une réponse, M. Lamontagne,
que je vais vous faire pour les autres demandes que vous faites. Si la
commission formule le voeu que nous vous fournissions certaines opinions ou
certains commentaires, on fera l'impossible pour vous donner des
réponses ou vous soumettre des suggestions.
Il y a une question qui était très précise. Je
pense que je peux vous répondre là-dessus. Vous demandiez si on
suggérerait plus d'une exception, selon l'expérience qu'on a
vécue jusqu'à maintenant. Après avoir consulté
rapidement mes collègues, en ce qui nous concerne, je ne pense pas qu'on
en arriverait à la conclusion d'en soumettre plus d'une à cause
du principe qu'on a établi tout à l'heure que, si on en arrive
à soumettre plus d'une exception, quand est-ce qu'on arrêtera? On
tombe dans le travers d'en avoir un très grand nombre et l'exception
deviendrait la règle générale. C'est le principe qui nous
anime.
M. Lamontagne: Votre réponse nous guide pas mal. Autrement
dit, si vous êtes d'avis, avec votre expérience, de ne pas en
suggérer plus d'une, cela va nous aider également dans le projet
de loi.
M. Côté: Je vous dis quelle est la constance de la
commission jusqu'à maintenant et dans tous les rapports. Vous avez
demandé notre opinion sur le nombre de députés. Est-ce que
le critère est de 32 000 ou 34 000 ou 36 000? Là-dessus, la seule
réponse que je peux vous faire, c'est que, s'il y a un voeu qui est
exprimé par la commission ou une demande formelle, on pourrait se
pencher sur ces questions-là. Mais je ne crois pas que ce soir nous
serions en mesure de vous donner des réponses satisfaisantes, d'autant
plus que je tiens à répéter ce que j'ai mentionné
à plusieurs reprises aujourd'hui qu'à mon avis il y a des
questions qui sont carrément et clairement des décisions
politiques et qui appartiennent aux membres de l'Assemblée
nationale.
Je pense qu'il faut quand même protéger les membres de la
commission actuelle d'une intervention qui pourrait être
interprétée ou qui pourrait prendre l'allure d'une intervention
à caractère politique. Je crois que la commission je l'ai
mentionné au tout début a toujours agi dans l'exercice de
ses fonctions d'une façon indépendante et je pense qu'il faut
conserver ce caractère et tout faire pour ne pas impliquer la commission
dans un débat politique ou dans une question qui est carrément
politique. Mais je répète que s'il y a des voeux exprimés
de la part de la commission pour que nous vous soumettions des
réflexions et des commentaires, c'est évident que, comme nous
l'avons fait au mois de décembre, dans toute la mesure du possible, nous
le ferons.
M. Lamontagne: Avant de passer la parole à un autre, je
profite de l'étude du projet no 10 pour dire qu'à ce qu'il
semble, suivant les fonctions que vous occupez tous les trois actuellement, le
gouvernement je peux me tromper, le ministre pourra le dire
lui-même ne nommera pas ceux qui sont là actuellement.
M. Bédard: Vous tenez pour acquis des choses. Ne
présumez donc de rien. À l'heure actuelle, on a une commission
indépendante devant nous. On va voter un projet de loi et le
gouvernement et les oppositions auront à prendre les décisions
appropriés. Tout le monde sait qu'effectivement les oppositions vont
avoir leur mot à dire, puisque toute nomination se fait aux deux tiers
et que le parti gouvernemental ne représente pas les deux tiers. Alors,
il ne faudrait quand même pas indirectement tenir des choses pour
acquises. Je ne tiens jamais rien pour acquis.
M. Lamontagne: M. le ministre, je pense que vous saisissez mal
mon intervention.
M. Bédard: Pour le moment, ce qui est important, c'est la
loi 10 que nous avons à étudier. Je pense qu'une fois qu'elle
sera adoptée la deuxième chose importante sera de faire les
nominations qui devront être faites, mais chaque chose doit venir en son
temps.
M. Lamontagne: Excepté que si ce ne sont pas les
mêmes membres qui sont nommés, ils pourraient, sans impliquer leur
commission actuelle, fournir un précieux témoignage d'experts aux
parlementaires.
M. Bédard: Je crois que M. le président a
réitéré tout à l'heure l'indépendance de la
commission permanente qui est devant nous, également sa
préoccupation qu'elle le demeure et, de ce fait, ne s'oriente pas dans
des opinions qui relèvent d'une décision politique. Je pense que
c'est une attitude très responsable de la part des membres de la
commission. Certains prétendaient, en deuxième lecture, que les
députés étaient capables de voter une carte
électorale. Je pense que les députés sont capables de
réfléchir, en
commission, sur le projet de loi 10 pour en arriver au projet de loi le
plus équitable possible.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval, vous aviez demandé la parole, je crois.
M. Lavoie: Merci, M. le Président. Je remercie les membres
de la commission de nous apporter leur éclairage. L'expérience
qu'on a aujourd'hui, je pense que le ministre et tous les membres de
cette commission vont le reconnaître c'est que cette commission
aurait dû avoir lieu avant d'aborder l'étude en deuxième
lecture du projet de loi, parce que les membres qui sont là depuis une
dizaine d'années nous ont apporté des éléments qui
portent à réflexion.
Dans cette loi, il y a des principes, il y a beaucoup de technique, il y
a beaucoup de détails et il y a beaucoup de portée. Je me pose
énormément de questions. Une des questions que je me pose, c'est
qu'on a, dans l'ancienne loi et dans la nouvelle loi, les mêmes
critères pour la confection, la délimitation des comtés.
À partir des mêmes critères, il y a eu un cinquième
rapport et on sait que, de chaque côté de la Chambre, il y a des
insatisfactions. Je ne parle pas au nom des députés, je parle au
nom de la population qu'on représente. Il y a eu 90
représentations. J'imagine que ce ne sont pas des individus; j'en ai eu
des municipalités, de corps publics, de chambres de commerce. Je vous
dis une chose: Je me pose des dizaines de questions.
Est-ce que les critères que nous avions dans l'ancienne loi, de
32 000, 25% en plus ou en moins, après dix ans d'expérience, on
l'a vu aujourd'hui, dans l'interprétation que les commissaires ont fait
de la loi, cela a été un genre de corset arithmétique? Je
ne les blâme pas avoir été à leur place,
j'aurais peut-être fait la même chose de
l'interprétation qu'ils ont faite de la loi, du premier paragraphe, et
de considérer le dernier paragraphe comme une exception. J'aurais
peut-être fait comme eux.
Si on continue ça, si la commission a la même
interprétation du nouvel article 3, on peut se réveiller, M. le
Président, avec 4 200 000 électeurs au Québec,
divisé par 32 000, qui est la première règle. Si c'est
ça l'interprétation des lois, on peut se réveiller avec
130 députés. 130 députés, si ça varie un peu
plus dans certains comtés, en haut de 32 000 et un peu plus en bas de 32
000. Avec cette rigidité de ce critère arithmétique, on
peut se réveiller avec 130 députés, parce que si vous
divisez 4 200 000 par 32 000, vous arrivez à 130. Bon.
Je pense que ce n'est pas l'intention du législateur. On laisse
ça à une commission indépendante. Les
députés, je le reconnais, ne sont pas des maîtres absolus
et des experts, et laisser ça aux députés, on n'en
sortirait pas, je suis d'accord avec vous. Mais aller à l'extrême,
confier ça à des gens complètement en dehors de
l'expérience parlementaire, avec toute la science qu'ils peuvent avoir,
des politicologues et tout... autant on est peut-être trop près de
la réalité, autant ils sont peut-être trop loin de la
réalité et de l'expérience pratique également.
Ce sont des questions que je me pose, j'ai le droit de me les poser,
personne ne m'a encore apporté de réponses. Je pose une question.
Une nouvelle commission, ce qu'on appelle une nouvelle commission permanente,
je ne sais pas où est la différence parce que la vôtre est
également permanente, indépendante on sait que vous avez
été indépendants et la nouvelle, j'espère qu'elle
va l'être comme nouvelle commission en vertu de la loi 10, avec
les mêmes critères, mutatis mutandis, parce que les
critères sont à peu près les mêmes dans les deux
lois, fondant son travail sur votre travail. C'est écrit dans la
loi.
Voici ma question: Est-ce que vous croyez que cette nouvelle commission
va arriver avec des conclusions substantiellement différentes des
vôtres? Ma question est posée au président.
M. Bédard: Je comprends, mais...
M. Lavoie: Une nouvelle commission, avec les mêmes
critères, se fondant sur votre travail, est-ce qu'elle va arriver avec
des conclusions différentes de votre rapport V?
M. Bédard: Vous oubliez la consultation populaire.
M. Lamontagne: Mais les critères n'ont pas
changé.
M. Bédard: Le cinquième rapport, après une
consultation populaire, peut apporter de grands changements, même au
cinquième rapport.
M. Côté: Je vais vous dire bien franchement, M.
Lavoie, que je ne crois pas qu'il soit possible de répondre facilement
à votre question, parce qu'il y a trop d'inconnues pour pouvoir y
répondre, à mon avis. Pour être bien honnête, je vais
vous répondre carrément que ce n'est pas tenir compte des autres
facteurs qui interviennent dans la nouvelle loi et en particulier celui de la
consultation. Il y a la composition de la future commission qui va avoir
à remplir son rôle, à interpréter ou comprendre son
rôle et de quelle façon ce sera exprimé. Je trouve que
votre question est trop hypothétique pour pouvoir y répondre, en
ce qui nous concerne.
M. Lavoie: Ma réponse serait peut-être semblable
à la vôtre.
Entre la loi existante, l'ancienne loi, et la loi qui a passé
l'étape de la deuxième lecture, quelle différence y
a-t-il, M. le Président? C'est une autre question que je me pose. Je me
la pose à moi.
M. Bédard: M. le Président, il doit y en avoir.
M. Lavoie: Non, c'est moi qui ai la parole. Vous parlerez
après.
M. Bédard: Je pensais que vous me posiez la question.
M. Lavoie: Non, je me la pose à moi.
M. Bédard: Je peux vous répondre.
M. Lavoie: Voici les différences que j'y vois.
M. Bédard: Vous avez voté pour l'une et vous avez
voté contre l'autre. Il y a une différence au moins.
M. Lavoie: J'ai l'impression que c'est à peu près
la même chose.
M. Bédard: Expliquez-moi votre vote différent, si
c'est la même chose.
M. Lavoie: M. le Président, il s'agit de deux commissions.
La vôtre, je pense bien qu'elle est permanente, qu'elle est
indépendante, je l'espère. D'après mes informations, vous
avez une vingtaine de fonctionnaires au service de votre commission, à
temps complet, démographes, géographes, etc. Je pense que c'est
la même chose dans la nouvelle commission.
Les critères sont pratiquement les mêmes. Ce qu'il y a de
différent, grosso modo, c'est que les membres, possiblement, vont
changer, parce qu'un juge ne peut pas être fonctionnaire de l'État
à temps plein.
Et sur cette question décisionnelle, encore là, je me
demande s'il n'y aurait pas moyen de trouver un moyen terme lorsque nous
étudierons le projet de loi article par article. Je reconnais que les
députés ne doivent pas être les seuls à la
confectionner d'ailleurs, il y en avait une commission avant je
rejette la capacité des parlementaires de la faire eux-mêmes.
C'est clair. Mais je rejette autant de laisser tout à des gens en
dehors, possiblement, de l'arène politique. Il y a peut-être un
moyen de trouver un moyen terme.
Je ne critique pas le travail qui a été fait dans le
cinquième rapport, c'est peut-être à cause du corset
arithmétique qu'ils avaient. Mais on peut se réveiller, pas les
députés, mais la population, avec un rapport qui sera loin de
faire un consensus et de rejoindre l'unanimité, non seulement des
députés, mais de la population. On peut trouver un rapport qui
rejoindra plus les aspirations de la population ou peut-être moins. Et ce
rapport deviendra un décret du gouvernement.
(21 h 30)
Ce sont quand même de lourdes responsabilités, M. le
ministre. Je pense que c'est relié aux critères et tout cela. On
fait le point actuellement, après dix ans d'expérience de cette
commission-là, après neuf ans. C'est normal qu'on fasse le point.
En faisant le point, il faut se poser des questions sur la nouvelle commission.
Sauf pour la question décisionnelle et peut-être la nomination de
certains autres membres, il n'y a rien en profondeur. Ne me dites pas que c'est
parce que ce sera des auditions publiques que cela change
énormément. Il n'y avait rien dans l'ancienne loi qui vous
empêchait de tenir des auditions publiques. Il aurait pu y avoir des
auditions publiques, il n'y avait rien qui l'empêchait.
M. Bédard: Oui, mais entre cela et les légaliser,
obliger à des auditions publiques, je pense qu'il y a peut-être
une différence.
M. Lavoie: Quand même! Il y a un autre point qui a
été soulevé par le député de Vanier, je
crois, à bon titre, et je me demande s'il n'a pas été
soulevé par le député de Rosemont également. On est
contre les chambardements de la population, des électeurs ou des
délimitations de comté, et on fait encore le point sur le travail
de 9 ans.
Ce qui me renverse, c'est qu'il y a eu énormément de
chambardements. Prenons le comté de Rosemont, entre autres. En vingt ans
ce n'est pas énorme vingt ans le comté de Rosemont
va changer pour la quatrième fois. Comme député de Laval,
la prochaine fois probablement que je serai candidat; je vous annonce
quelque chose je serai candidat dans un cinquième comté
différent. Ce sera mon cinquième comté différent la
prochaine fois. Des électeurs que j'ai perdus en 1966, il est question
que je les reprenne actuellement. D'ailleurs, ils s'ennuient depuis ce
temps-là et ils vont me donner leur appui. J'en ai déjà
l'assurance. Mais ce sont des chambardements!
M. Bédard: Les autres vont vous lâcher!
M. Lavoie: Ce sont des chambardements. Je serais curieux de voir
vos troisième, quatrième et cinquième rapports qui n'ont
pas eu force de loi dans tous les comtés de Montréal. Vos
troisième, quatrième et cinquième rapports ont tous
changé, je crois, les délimitations des comtés de la
région de Montréal, même s'il n'y a pas eu de suite par une
loi. Ils les ont tous changées. Je me pose la question à savoir
si on a les bons critères.
Les autres Parlements sont assez rares qui ont le même
critère que le nôtre: une moyenne d'électeurs avec une
différence de 25% en plus ou en moins. D'après mes recherches,
ils sont assez rares. Je me pose la question encore. Je me demande si ce ne
serait pas mieux d'avoir une décision du Parlement qui dirait qu'on veut
110 ou 115 comtés, de les diviser selon la population et laisser
à la commission plus de latitude, à condition qu'il y ait un
mécanisme, que cela revienne devant l'Assemblée dans un certain
débat limité. Prenons, un exemple, les 4 200 000 électeurs
du Québec. Par une décision parlementaire, on dit qu'il y a 110
députés au Québec. On fait la moyenne, 38 000
électeurs. En donnant une latitude à la commission, on pourrait
dire qu'entre le plus haut et le plus bas, en partant du plus haut, il ne
devrait pas y avoir plus de 40% de différence. C'est cela la
différence qu'il y a actuellement. Si on prend 32 000, ce qui peut aller
à 40 000 ou 24 000, cela fait 40% du plus haut, du plus populeux. Je me
demande si ce ne serait pas encore mieux que de prendre 32 000 ou 36 000. Ce
sont des questions que je me pose. Si on donne comme critères 32 000 ou
36 000, que c'est l'interprétation de la loi et que vous devez vous
coller à cela, personnellement, comme parlementaire, selon l'opinion dps
membres de cette commission, on ne rejoint pas,
avec cette interprétation-là, ce que la loi veut dire, je
pense. Cela n'est pas une solution souhaitable. Peut-être qu'il y aurait
moins de chambardements de populations... Ce critère de 32 000 ou 36
000, 25% en plus ou en moins, va amener... La loi dit surtout qu'après
chaque élection, il faut une révision. Je pense qu'en continuant
dans cette voie-là, il va y avoir des chambardements de populations
à tous les quatre ou à tous les cinq ans. C'est cela que je
voudrais éliminer.
C'est sûr que cette commission nous a apporté un
éclairage des plus valables. Moi-même, j'ai fait un exercice
à partir du dernier recensement ou des derniers chiffres que nous avons
du nombre d'électeurs dans chacun des comtés. J'arrive à
la conclusion qu'il y a un problème majeur. Peut-être que je
simplifie. Je suis peut-être trop pragmatique, je m'en excuse
auprès de tout votre personnel et de toute votre équipe. Je
trouve qu'il y a un problème majeur, à mon point de vue, c'est
l'Abitibi-Est; avec l'impact de la Baie James, il y a 48 000 électeurs
dans ce comté. Je vois que c'est un problème assez majeur.
Je vois trois problèmes moyens au Québec, qui ne sont pas
insolubles, mais auxquels une commission doit apporter une solution. C'est la
région de Québec, avec des comtés comme Taschereau et
Jean-Talon où le nombre d'électeurs est très bas, 29 000
et 30 000, et d'autres comme Chauveau et Charlesbourg. La région de
Québec, j'appelle cela un problème à solution moyenne. Je
vois la rive sud de Montréal où il y a des comtés comme
Taillon et d'autres; c'est une région que vous pouvez étudier. Je
vois le problème des Laurentides, partant de L'Assomption, Terrebonne,
Prévost où, dans une poche sectorielle, il y a certains
problèmes.
Je dis qu'il y a sept problèmes assez mineurs dans la carte que
nous avons actuellement, c'est l'île Jésus. Ce n'est pas la fin du
monde. On pourrait trouver deux comtés assez saturés qui ne
bougeraient plus et deux en expansion. Je vois Bonaventure, Deux-Montagnes, 43
000, c'est peut-être un peu fort; Duplessis, Joliette-Montcalm, Richmond
et Matapédia. Je laisse toujours de côté les
Îles-de-la-Madeleine. Avec l'approche que je fais, il y a 31
comtés sur l'île de Montréal où on peut garder le
même nombre et possiblement même les réduire, parce qu'une
moyenne de 33 000 ou de 34 000, à mon point de vue, ce n'est pas
suffisant pour des comtés urbains. Cela peut facilement se rapprocher de
45 000. Il y en a huit dans la région de Québec. Mon approche,
c'est qu'il y a 44 comtés en province qui n'auraient pas d'affaire
à bouger de frontière, qui varient entre 29 000 et 40 000
environ. Ce n'est pas la fin du monde, à moins qu'on s'attache au
principe le plus possible d'un vote, une personne.
Selon notre approche, le ministre qui hérite de ce dossier nous
apporte une loi qui peut avoir les mêmes lacunes à cause des
critères et de l'expérience que nous avons vécue. Dans la
loi, il est prévu que cette carte devra être terminée pour
le 31 mars. Quand même, il faut être réaliste! C'est bien
beau, mais nous sommes rendus en novem- bre. Cette loi ne passera pas
l'étape de la troisième lecture avant décembre ou fin
novembre. La nomination des nouveaux commissaires, la mise en place de cette
commission, on tombe dans la période des Fêtes. Les
députés vont vouloir faire entendre leurs représentations
en commission parlementaire en province et on veut une nouvelle carte pour le
31 mars. Je me demande, avec toute votre équipe, comment vous allez
faire. Je n'ai pas le droit de m'adresser à vous; il faudrait que je
m'adresse à vos successeurs. Comment vont-ils faire pour arriver
à cette échéance? Je ne sais pas dans quelle
galère, dans quels rapides...
M. Bédard: Les navires, cela vous dépasse!
M. Lavoie: Oui, mais j'arrêterais de faire adopter des lois
aussi improvisées.
M. Bédard: Vous venez de dire qu'elle ressemble exactement
à celle que vous avez fait adopter. Ayons donc de la logique un peu!
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Lavoie: Est-ce que le ministre pourrait être un peu
sérieux, quand même?
M. Bédard: Je suis très sérieux, au
contraire! Franchement!
Le Président (M. Jolivet): Vous aurez la chance de
discuter lors de l'étude de la loi no 10. Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
M. Lavoie: II n'y a eu aucune consultation avant cette loi,
rien.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. Lavoie: On n'a même pas de moyens de recensement et de
confection de liste électorale. C'est encore sur les tablettes et dans
les airs avec votre registre des électeurs. Je ne vous envie pas avec
les dossiers que vous avez, M. le ministre. Écoutez l'expérience
des autres aussi. D'accord?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je voudrais
revenir brièvement, M. le Président, sur des remarques qui ont
été faites par le député de Nicolet-Yamaska et qui
m'ont rappelé des interventions faites à l'Assemblée
nationale, par exemple, par le député de Mégantic-Compton
sur la question de la représentation des comtés ruraux.
Le ministre a déjà mis en doute le fait qu'il y ait
consensus sur l'idée du député de Nicolet-Yamaska de
considérer que les comtés ruraux devraient plutôt
être dans les 25% de moins que la norme, et les comtés urbains
dans les 25% de plus que la norme.
Je ne suis pas d'accord sur cette règle, bien que les
élans oratoires auxquels j'ai fait allusion de la part du
député de Mégantic-Compton m'aient fortement
impressionné. Il est vrai, dans son cas, qu'avec, je ne sais pas, 54
municipalités et évidemment beaucoup de déplacements dans
ces régions rurales, ça ne lui fait sûrement pas une vie
facile. Mais je pense, M. le Président, qu'on peut bâtir une
argumentation pour montrer que le député urbain a une tâche
tout aussi lourde par tête de pipe.
Je représente une circonscription dont une partie est rurale et
une partie est urbaine. Alors, je pense que je suis assez bien placé
pour faire une comparaison.
Il y a le rôle traditionnel du député comme on le
conçoit surtout dans les régions rurales et alors, les relations
avec les municipalités sont très importantes, ça prend
beaucoup de son temps, c'est exact. Il y a les dîners officiels, les
soupers de la Chambre de commerce et il y a un très grand nombre
d'activités de ce genre-là. C'est effectivement une charge de
travail très lourde. Mais, dans les comtés urbains ou les parties
urbaines des comtés mixtes, il y a un travail d'une autre nature que
nous faisons et qui est à développer, c'est, en quelque sorte, le
député qui est un peu ombudsman, le député qui est
un peu animateur. Vous prenez des lois comme la Loi de l'assurance automobile,
ou la loi que nous venons d'adopter ce soir, la loi 107, sur les relations
locateur-locataire. Ce sont des lois qu'il est très important de
préparer en fonction des besoins de la majorité de la population.
Il faut, par conséquent, tenir compte des fortes concentrations de
populations urbaines et ces populations urbaines n'ont pas l'habitude de
s'exprimer par les mêmes moyens, ni de ma même façon que les
populations rurales qui ont beaucoup plus de structures, beaucoup de moyens
d'expression traditionnels.
Alors, quand un député travaille en milieu urbain, il
devient beaucoup plus un animateur, un ombudsman. Il faut qu'il suscite
l'expression de la population. Il faut aller chercher l'opinion des gens. Ce
rôle du député-animateur, je pense qu'il va devenir de plus
en plus important.
Je ne dis pas ça pour torpiller l'argumentation relative à
l'importance du travail que le député doit faire auprès
d'une population rurale. Je cherche à faire la démonstration
qu'il y a deux argumentations parallèles, que les deux rôles sont
également importants et que, devant la présence de ces deux
argumentations, il vaut mieux s'en remettre au principe selon lequel autant que
possible le vote doit avoir le même poids politique partout.
Si on fixe une norme, autant que possible, il faut s'en tenir à
cette norme, tout autant en région rurale qu'en région urbaine et
non pas dire: En région rurale on met moins de monde, en région
urbaine on met plus de monde, parce que, si on tend généralement
à mettre en région urbaine plus de monde, on va rendre plus
difficile l'élaboration de ce nouveau type de travail du
député auprès d'une population qui a moins de structures,
qui a moins l'habitude de s'exprimer, qu'il est plus dif- ficile de consulter,
qu'il est plus difficile d'engager dans le processus politique qui
débouche ultimement sur le processus législatif. Puisqu'il y a
ces deux argumentations parallèles, je ne partage pas l'idée du
député de Nicolet-Yamaska et je préfère
considérer qu'il faut que le poids du votant soit le même, qu'il
soit en secteur urbain ou en secteur rural. (21 h 45)
M. Lamontagne: Je voudrais poser une question au
député.
M. de Bellefeuille: Oui.
M. Lamontagne: Ce que vous venez de dire, c'est qu'en fait vous
proposez qu'une commission soit chargée de délimiter 130
comtés. C'est ça que vous venez de dire?
M. de Bellefeuille: Mon intervention était limitée
à exactement ce que j'ai dit. Je ne faisais aucune espèce de
proposition.
M. Lamontagne: Mais c'est la conclusion logique de ce que vous
venez de dire.
M. de Bellefeuille: Non, c'est peut-être votre conclusion
logique, M. le député, mais je me chargerai moi-même de
tirer des conclusions logiques de mes interventions. Mon intervention se
limitait aux remarques du député de Nicolet-Yamaska auxquelles
j'ai fait allusion et elle ne débouche que sur une seule conclusion,
c'est que le principe qui doit nous guider, c'est celui du poids égal
des électeurs. Je n'ai fait aucune autre proposition.
Le Président (M. Jolivet): Je ne voudrais pas
arrêter le débat ici, je sais que d'autres personnes peuvent avoir
d'autres questions, mais, comme la commission d'aujourd'hui avait comme but de
poser des questions aux gens de la commission qui ont eu à
préparer le rapport V qui est le rapport sur les 36 000, j'ai cru
comprendre, depuis au moins une quinzaine de minutes, qu'on commençait
déjà l'étude du projet de loi no 10. À moins que je
ne me trompe, à moins qu'il n'y ait des informations additionnelles
à demander aux membres de la commission, je pense qu'on pourrait clore
le débat. Ah bon! Allons-y, mais il faudrait éviter...
M. Lamontagne: Le ministre va sans doute prendre la parole.
M. Bédard: Non, j'ai essayé de prendre la parole le
moins possible. On avait demandé la convocation de la commission pour
lui poser des questions et non pas pour se faire entendre devant la commission.
J'essaie d'être logique avec ce pour quoi la commission a
été convoquée. Je ne suis pas ici pour reprendre le
débat de deuxième lecture du projet de loi 10. Je pense
essentiellement que cette convocation des membres de la commission, qui ont eu
la gentillesse de répondre positivement à cette invitation,
était essentielle-
ment pour poser des questions et non pas de se faire entendre devant la
commission.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Roberval, vous voulez intervenir?
M. Lamontagne: Je m'adresse au ministre, M. le Président.
Tout à l'heure j'avais demandé s'il avait un inconvénient
à déposer copies des représentations qui ont
été adressées à la commission permanente
indépendante. Deuxièmement, M. le juge disait tout à
l'heure, au nom de ses collègues et en son nom personnel, qu'ils
étaient disposés à faire des suggestions à la
commission, à nous, sur l'article de loi qui a donné lieu
à certaines interprétations. Le juge avait pris la parole
à ce moment-là pour dire: Oui, si vous nous demandiez des
suggestions, nous serions disposés à vous en faire. Il me semble
qu'on devrait accepter.
M. Bédard: Pour ce qui est de la documentation ou des
représentations publiques qui ont été faites aux membres
de la commission, je pense bien qu'il n'y a aucune objection à ce que
les représentations publiques soient portées à la
connaissance des membres de la commission.
Le Président (M. Jolivet): Donc, je constate qu'il y a
consentement.
M. Bédard: Maintenant, tout en disant que... M. Lavoie:
Un dossier par parti.
Le Président (M. Jolivet): Je tiens pour acquis qu'il y a
consentement à ce qu'un dossier par parti soit envoyé.
M. Côté: Je m'excuse, M. le Président. Vous
avez dit: Un dossier par parti?
Le Président (M. Jolivet): Oui, au lieu de l'être
à tous les membres de la commission.
M. Côté: D'accord.
M. Bédard: M. le Président, tout en
spécifiant dès maintenant, parce qu'on aura peut-être
à le refaire ou à le rappeler en commission, que le travail des
membres de la commission sur le projet de loi 10, ce n'est pas de confectionner
une carte électorale. Le projet de loi 10 c'est essentiellement, comme
principe, de donner ce travail à faire à une commission
indépendante décisionnelle. Je pense que c'est bien que tous les
membres de la commission aient tout l'éclairage possible dont ils
pourront faire usage ou la réflexion qu'ils voudront, mais je voudrais
être bien clair. Je pense qu'on devrait s'entendre là-dessus. Les
travaux de la commission parlementaire sur la loi 10 ce n'est pas de
confectionner une carte. Cela va être de discuter le projet de loi 10,
qui essentiellement a pour effet, justement, que les députés ne
commencent pas à faire une carte électorale; que les membres de
la commission parlementaire ne com- mencent pas à faire une carte
électorale, mais que ce travail soit confié à une
commission indépendante tel que le stipule le projet de loi 10.
Pour ce qui est des amendements qui peuvent être faits, je pense
que ce sera le travail de la commission de faire les amendements. Chacun des
membres de la commission des différents partis proposera les amendements
qu'il jugera à propos de présenter à la lumière,
entre autres, de certaines représentations qui ont pu être faites
par les membres de la commission indépendante ou permanente qui est
devant nous. Je pense bien qu'essentiellement le projet de loi, ce sera
essentiellement le travail de la commission parlementaire de le voter, d'y
apporter les amendements qu'elle jugera à propos.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Une seule question sur celle que le
député de Roberval avait posée tout à l'heure en
demandant: Est-ce qu'il y a possibilité que vous nous donniez un avis,
à titre de membre de la commission, sur la façon dont l'article 9
était rédigé et le mot "exceptionnel"? Tantôt,
à une autre question qui était posée, à savoir:
Est-ce que, si vous aviez eu à créer d'autres exceptions que les
Îles-de-la-Madeleine, il y en aurait eu d'autres? vous avez eu, je pense,
M. Côté, à peu près la réponse suivante: Non,
nous ne le croyons pas, les Îles-de-la-Madeleine seraient le seul cas.
Donc, si je comprends bien, dans un sens, à votre propre point de vue,
il y aurait une exception, même dans le contexte actuel.
Mais, de votre point de vue, étant donné peut-être
le caractère un peu élastique que pourrait avoir ce paragraphe
qui définit le caractère exceptionnel des choses, est-ce que vous
préféreriez vous me direz si oui ou non vous avez
l'impression de vous immiscer dans notre travail que la loi indique
elle-même l'exception ou les exceptions qu'elle envisagerait et vous
laisser surtout le principe général comme intouchable, à
savoir que vous préféreriez travailler avec une moyenne de plus
et de moins 25%, 30% ou 50% plutôt que d'avoir à
interpréter un paragraphe qui parle de circonstances exceptionnelles,
parce que vous ne sauriez jamais exactement ce que peut vouloir signifier cet
exceptionnel, jusqu'où il peut être élastique? Vous auriez
l'impression de jouer un rôle politique davantage qu'un rôle de
gens qui ont à appliquer une loi qui essaie d'être la plus
précise possible dans toutes ses dimensions et même vous iriez
jusqu'à dire: Quant à nous, il y a une exception, ce sont les
Îles-de-la-Madeleine, il n'y en a pas d'autre. Pour le reste du travail,
voici la moyenne, voici le maximum, voici le minimum.
M. Côté: Sous toute réserve, M. le
député, je peux peut-être émettre une
hypothèse. Je reviens à mon expression de tout à l'heure;
c'est une impression, parce que je pense qu'effectivement c'est une
responsabilité qui revient aux membres de l'Assemblée nationale
avant tout. Je peux peut-
être vous donner l'information qu'à notre connaissance,
dans certains pays, une disposition analogue à celle-là existe,
à savoir qu'il est dit de façon très précise que,
dans telle région ou dans tel secteur, il peut y avoir des districts
électoraux d'exception. On me signale qu'il y en a en
Nouvelle-Zélande, en Australie. Peut-être même qu'on
pourrait fouiller davantage la loi de l'Ontario où il semble y en avoir,
encore là, sous toute réserve parce que je voudrais bien
vérifier mes sources et on le dit spécifiquement dans la
loi. Cela peut être une solution.
M. Bertrand: Vous êtes des avocats, je pense, tous les
trois, à l'heure actuelle, membres de la commission. Est-ce que c'est
plus facile pour des avocats qui ont à interpréter un texte de
loi, lorsqu'ils ont à l'appliquer, de s'être fait dire par la loi
c'est quoi l'exception, quand il y en a une, que d'avoir à
l'interpréter continuellement, surtout quand on ne sait pas exactement
ce que le législateur avait en tête au moment où il
mentionnait qu'il y avait des circonstances exceptionnelles?
M. Côté: Je dirais que le problème serait le
même, même si ce n'étaient pas des avocats.
M. Bertrand: Je vous demandais une opinion peut-être parce
que votre formation juridique vous amène à réagir un peu
différemment.
M. Côté: En ce qui me concerne, je peux
peut-être vous mentionner que j'ai aussi une autre formation en sciences
sociales. À ce moment-là, ça peut peut-être
équilibrer ou tempérer ce que pourrait avoir de néfaste ou
de bénéfique une formation juridique. Non, je dois dire que ce
n'est pas seulement une question d'interprétation stricte d'un texte de
loi; c'est aussi de comprendre l'intention du législateur et de voir
quelle est la meilleure solution à apporter.
On s'attarde beaucoup, si vous me permettez un commentaire très
bref là-dessus, sur cette interprétation qu'on donne à
l'article 9 actuel. Il reste quand même qu'il y a d'autres
préoccupations j'en ai mentionné un certain nombre tout
à l'heure qui animent les membres de la commission en dehors de
la préoccupation uniquement numérique. J'ai mentionné,
dans l'exposé que j'ai fait ce matin, de façon très
brève qu'on pourrait aussi détailler, que dans le rapport V en
particulier, on s'est efforcé de considérer d'autres facteurs que
les facteurs numériques. C'est une voie qui est à explorer,
quelles que soient les personnes qui sont responsables de la
délimitation des districts électoraux.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Je vais laisser faire, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Roberval.
M. Dussault: II m'était venu une idée qui serait
peut-être utile à la commission. Je me disais que les
représentations dont on parlait tout à l'heure, qui ont
été faites auprès de la commission, si elles portent sur
le bien-fondé des cartes qui ont été confectionnées
par la commission sur le projet de loi no 10, cela ne me paraît pas
pertinent. Si ces représentations portent sur les critères qui
ont été utilisés pour la confection de la carte, cela me
paraît avoir une utilité beaucoup plus grande.
Déposer auprès des membres de la commission ces
représentations, le sens premier que je donnais au bien-fondé des
cartes, je ne vois pas pourquoi je donnerais mon consentement à ce qu'on
dépose ces documents. Ce ne seraient que des éléments qui
ne nous serviraient pas vraiment et qui, même, nous donneraient une
tentation beaucoup trop grande, qui serait de discuter sur le fond,
c'est-à-dire sur la confection de la carte, et de nous éloigner
largement de ce qui devrait nous rallier tous, c'est-à-dire le fond
même du projet de loi no 10.
Cela me paraît utile que ce soit clarifié. Si j'ai bien
compris, ce sont des représentations qui portent davantage sur le
bien-fondé des cartes. Dans ce sens-là, je ne suis pas
tenté du tout de donner mon consentement à ce dépôt
auprès des membres de la commission, à moins qu'on y apporte des
clarifications.
M. Lamontagne: II y en a certainement. Après le projet de
loi no 10, chaque formation politique va suivre de près
l'élaboration de la carte électorale. Ce n'est pas une cachette.
Une représentation, le seul fait qu'elle ait été
expédiée à la commission, mériterait que chaque
parti politique en prenne connaissance pour suivre de près
l'évolution de la carte. C'est aussi simple que cela. Pourquoi cacher
aux parlementaires des représentations qui ont été faites
auprès de la commission? Nous devrons en tenir compte également
dans nos propres représentations.
M. Dussault: Ce qui me paraît intéressant et
souhaitable, c'est qu'on ait la garantie que la présente commission, en
tant que telle, remette à la nouvelle commission qui viendra à la
suite de la loi 10, ses représentations, parce qu'elles seront fort
utiles, je pense, à la nouvelle commission qui aura à travailler
à la nouvelle carte, puisque la base de la nouvelle carte sera le
travail qui a été fait par la présente commission.
Je pense qu'on devrait s'en tenir à cela, à moins qu'on ne
nous garantisse du côté de l'Opposition qu'une fois
déposé on n'aura jamais à être enfargé par
cela lors de nos travaux, parce que ce ne serait pas du tout pertinent.
M. Lamontagne: Le projet de loi 10? Bien non, cela n'a aucun
rapport.
M. Bédard: Je pense que c'est très clair pour le
député de Roberval. C'est comme cela que je l'ai compris. Je
prenais des précautions tout à l'heure.
M. Lamontagne: Cela n'a aucun rapport.
M. Bédard: Je pense que le député de
Roberval reconnaît que ces rapports ou ces représentations n'ont
aucun rapport avec l'étude du projet de loi 10.
M. Lamontagne: Avec le projet de loi 10.
M. Dussault: C'est cela. C'est ce que je voudrais qu'on
reconnaisse, de façon qu'on ne soit pas embêté par cela par
la suite.
M. Lamontagne: Cela n'a pas de rapport.
M. Dussault: A-t-on la garantie, M. le député de
Roberval, qu'il n'en sera pas question lors de nos travaux sur le projet de loi
10?
M. Lamontagne: Le projet de loi 10 ne parle pas d'une carte
électorale. C'est la garantie de l'étude article par article.
C'est élémentaire.
M. Dussault: Je suis content que vous le reconnaissiez. On n'aura
pas du tout à être embêté par ce
contenu-là.
M. Lamontagne: D'après le projet de loi 10 adopté
le 29 novembre, il y a une confection de carte électorale. Cela va nous
servir.
M. Dussault: Vous savez, un chat échaudé craint
l'eau froide, dit-on. J'ai connu l'étude de la loi 3. Vous devez vous
rappeler cela, M. le député de Laval.
M. Lavoie: Oui, à juste titre.
M. Lamontagne: Vous savez d'avance que le 29 novembre le projet
de loi 10 sera adopté.
M. Dussault: C'est une excellente idée.
M. Lamontagne: Je pense qu'on a témoigné de notre
bonne foi au ministre.
M. Bédard: C'est dans ce sens-là que j'avais pris
les représentations du député de Roberval. C'est bien
qu'on clarifie les choses. Cela évitera des débats au niveau de
l'étude article par article du projet de loi 10.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: J'avais une question à poser, suite
à l'intervention du député de Vanier.
M. Côté: Me permettez-vous une intervention, M. le
député? Je voudrais seulement très bien saisir la demande
qui a été faite à la commission pour ne pas qu'il y ait un
imbroglio. Si j'ai bien compris, les membres de la commission expriment le voeu
que nous remettions un exemplaire à chacun des partis des commentaires
qui ne portent que sur le rapport V. C'est là-dessus?
M. Lamontagne: C'est exact.
M. Bédard: Des représentations publiques faites
concernant le rapport.
M. Côté: Des représentations publiques des
différents organismes, corps publics. Ce sont des exemplaires de cela
dont il est question?
Le Président (M. Jolivet): C'est cela. (22 heures)
M. Bédard: Au niveau de la commission, nous nous sommes
entendus. Nous sommes bien d'accord que cela ne peut faire l'objet de
discussions lors de l'étude du projet de loi 10.
M. Côté: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, en terminant, parce que
beaucoup de ceux et celles qui travaillent avec vous, M. Côté,
sont ici présents...
M. Bédard: Les documents publics.
M. Lamontagne: Ce qui va arriver, c'est que, lors des
consultations qui seront tenues dans chacune de nos régions au
Québec, il va y avoir beaucoup de représentations pour des
comtés moins populeux que 25 000 ou 26 000 électeurs, le
Nord-Ouest, Pontiac-Témiscamingue, etc. Si la plaidoirie est fort bonne,
il peut arriver que la future commission soit influencée par cette
plaidoirie et décide de former un certain nombre de comtés du
genre de celui des Îles-de-la-Madeleine, en plus élevé.
L'intervention du député de Vanier sur laquelle vous avez
dit que dans certains autres pays et provinces, la loi l'indiquait, parce que
si elle ne l'indique pas, il se pourrait qu'une commission
décisionnelle, comme il est proposé dans le projet de loi 10,
décide, à la suite de consultations populaires, de créer
cinq ou six comtés et qu'on revienne, comme vous l'avez dit tout
à l'heure, à des comtés protégés comme nous
en avions auparavant. C'est pour cela que je favorise, et on en a fait une
suggestion à l'Assemblée nationale... En terminant, je voudrais
dire que nous sommes toujours disposés à ce que le comté
des Îles-de-la-Madeleine, qui est une exception assez évidente
pour tout le monde, puisse être indiqué dans la loi, de sorte
qu'on sache où on va.
M. Bédard: J'ai cru comprendre que la
députée des Îles-de-la-Madeleine avait également
formulé préalablement une opinion dans le même sens. On
aura l'occasion d'en discuter.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Lavoie: M. le Président, demain nous devons commencer
l'étude article par article de la loi 9, et, la semaine prochaine, le
projet de loi 10. Comme cela s'est fait dans le passé je ne
sais
pas si ma question doit s'adresser au ministre ou à M.
Côté est-ce qu'il est possible que M. Côté, en
tant que Directeur général des élections, puisse
être à notre disposition à chaque séance de la
commission sur l'étude des projets de loi 9 et 10, comme cela s'est fait
dans le passé?
M. Bédard: En principe, je vais prendre mes
responsabilités d'essayer, comme ministre responsable de la loi, de
répondre à toutes les questions qui pourront être
posées en commission. Il est évident que si, à un moment
donné, face à certaines questions, je sens le besoin de recourir
aux lumières du directeur des élections, c'est avec grand plaisir
que je le ferai.
M. Lavoie: Non, ce n'est pas ma question.
M. Bédard: Je sais que ce n'est pas votre question, mais
c'est ma réponse.
M. Lavoie: Sur la question des lois 9 et 10, comme cela s'est
fait dans le passé, étant donné qu'il s'agit de
l'étude de la refonte de la Loi électorale et de la
représentation, je crois qu'il est essentiel que M. Côté,
le président qui siège à la commission actuelle, comme
directeur c'est notre expert, en somme soit constamment, comme le
juge Drouin l'était à chaque fois qu'on étudiait des lois
électorales, à la disposition de la commission. Si on
étudie un article, qu'on a besoin de renseignements et qu'on vous les
demande, avec le peu d'expérience que vous avez, si vous nous envoyez
aux calendes grecques en disant: On aura une réponse dans trois ou
quatre jours, cela ne fera pas avancer les travaux de la commission. Je vous
demanderais M. le ministre, de la part de l'Opposition, votre collaboration si
vous voulez que cela fonctionne assez bien.
M. Bédard: Je vous demanderais justement d'avoir
peut-être une manière d'aborder les choses un peu plus
élégamment que vous ne le faites actuellement.
M. Lavoie: Votre première réponse n'était
pas satisfaisante.
M. Bédard: Au contraire, ma première réponse
demeure ma réponse, parce qu'en tant que responsable de cette loi ma
responsabilité est d'essayer de répondre à toutes vos
questions. S'il y en a auxquelles on ne peut pas répondre, c'est avec
plaisir que je ferai appel aux lumières du président des
élections. Je garde cette réponse, justement ayant à
l'esprit que le Directeur général des élections est quand
même le Directeur général des élections et qu'on
doit, je pense, se conduire de manière que toute son indépendance
et son impartialité ne soient pas, à un moment donné
continuellement mises à l'épreuve en essayant de toutes les
façons de le mêler à notre rôle de
législateurs, alors que, je pense, son rôle est bien
déterminé par la loi. Je suis convaincu le
président des élections pourra me le dire que je peux
compter sur la collaboration complète et entière du
président des élections, du Directeur général des
élections, M. Côté, pour me donner toutes les informations
nécessaires pour que les membres de la commission aient des
réponses à toutes leurs questions.
M. Lavoie: M. le Président, vous avez eu
l'expérience de la séance d'aujourd'hui, qui a commencé
cet après-midi. Je pense bien que ce n'est pas l'intention des
députés, en aucune occasion, de placer le Directeur
général des élections sur la brèche. Je pense bien
qu'on respecte autant que quiconque son titre et ses responsabilités. Je
pense que, même dans les moments difficiles comme la loi 3 ou ailleurs,
les députés sont assez civilisés pour respecter des hauts
fonctionnaires comme M. Côté qui peuvent apporter leur
contribution. Ma question est assez claire: Est-ce que M. Côté
sera présent à chaque séance de la commission lors de
l'étude des projets de loi nos 9 et 10?
M. Bédard: M. le Président, ma réponse
demeure la même.
M. Lavoie: Aussi louvoyante.
M. Bédard: Je suis responsable, comme ministre, des
travaux qui nous conduiront à l'adoption du projet de loi no 10 et je
veux me conduire comme tel. J'essaierai d'apporter les réponses à
toutes les questions posées par l'Opposition. Lorsque ce sera
nécessaire, c'est avec grand plaisir que je recourrai aux
lumières du Directeur général des élections dont,
j'en suis convaincu, la collaboration et la disposition sont entières
tant pour le côté gouvernemental que pour le côté de
l'Opposition.
M. Lavoie: Cela veut dire qu'on n'aura pas sa présence
physique à chaque séance de la commission. Est-ce qu'on va avoir
sa présence physique, oui ou non?
M. Bédard: Si c'est indiqué, j'aviserai en
conséquence.
M. Lavoie: Vous êtes solidaire au gouvernement actuel en ce
qui concerne la sinuosité et le louvoiement.
M. Bédard: II n'y a pas de sinuosité. On ne prendra
pas vos moyens. Nous, on ne fait pas passer nos lois par des fonctionnaires.
D'accord? Surtout pas essayer de placer dans des mauvaises situations des gens
dont la responsabilité est très grande, dont
l'indépendance est très nécessaire dans les hautes
fonctions qu'ils occupent.
M. Lavoie: Dépêchez-vous parce que vous n'en
passerez pas longtemps, des lois. Dépêchez-vous.
M. Bédard: Et contrairement à l'ancien
gouvernement, chacun des ministres responsables
d'une loi prend sa pleine responsabilité et c'est ce que je
ferai.
Le Président (M. Jolivet): M. Côté, vous
aviez quelque chose à ajouter?
M. Côté: Oui, juste un bref commentaire sur ce qui a
été dit. C'est évident que je suis à la disposition
et de M. le ministre et de la commission, selon les demandes qui me seront
adressées, cela va de soi.
Je voudrais juste dire un mot de remerciement, si vous me permettez, M.
le Président, aux membres de la commission de nous avoir reçus
aujourd'hui, de nous avoir écoutés avec beaucoup de patience et
je dirais même de gentillesse, je pense que je peux employer cette
expression, je peux me le permettre. Je voudrais peut-être, juste en
terminant, encore ajouter un seul mot, qui est celui de signaler aux membres de
la commission jusqu'à quel point, nous, les membres de la Commission
permanente de la réforme des districts électoraux,
apprécions l'énorme travail qui est accompli par nos
employés. M. Lavoie a signalé tout à l'heure que nous
avions une équipe de 20 à 25 employés permanents. Je peux
vous dire, et je pourrais en parler très longuement, mais je pense que
ça vaut la peine de le souligner, qu'aucun d'entre eux ne trouve le
moyen de chômer depuis un an ou un an et demi en particulier que nous
sommes là. Ils font un excellent travail, je pense que c'est justice de
leur rendre hommage et de vous signaler jusqu'à quel point nous
apprécions grandement le travail qu'ils accomplissent.
M. Bédard: M. le Président, je tiens à
remercier chacun des membres de la commission encore une fois d'avoir
répondu positivement à la demande des membres de la commission
parlementaire. Je me permets, en terminant, de rendre hommage non seulement aux
membres de la commission, mais également à tout le personnel qui
les appuie dans le travail extrêmement difficile on est à
même de le constater qu'ils ont à effectuer. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Comme il est 22 heures,
j'ajourne les travaux de cette commission à demain matin 10 heures.
Fin de la séance à 22 h 9