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Étude du projet de loi no 10
(Dix heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
entame ses travaux concernant l'étude article par article du projet de
loi no 10, Loi sur la représentation électorale.
Les membres de cette commission ce matin sont: M. Bédard
(Chicoutimi), M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par Mme
LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine), M. Charbonneau (Verchères)
remplacé par M. Lefebvre (Viau), M. Forget (Saint-Laurent)
remplacé par M. Lamontagne (Roberval), M. Grenier
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M.
Laberge (Jeanne-Mance) remplacé par M. Bertrand (Vanier), M. Levesque
(Bonaventure) remplacé par M. Lavoie (Laval), M. Morin
(Louis-Hébert) remplacé par M. Dussault (Châteauguay), M.
Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Peuvent aussi intervenir: M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal),
M. Clair (Drummond), M. Guay (Taschereau), M. Lavoie (Laval), M.
Lévesque (Taillon). Avons-nous une suggestion pour un rapporteur de la
commission?
Une voix: Pourquoi pas le même?
Le Président (M. Laberge): Aucune objection. M. Lefebvre
(Viau) sera rapporteur de la commission. Le projet de loi no 10, Loi sur la
représentation électorale. Avez-vous des commentaires ou si
j'appelle l'article 1?
M. Bédard: M. le Président, je n'ai pas de
commentaire. Je pense que la deuxième lecture a été
suffisamment longue pour permettre de donner l'essentiel. Je pense que ce qui
serait le plus rapide serait de commencer l'étude article par
article.
Remarques préliminaires
M. Lamontagne: M. le Président, j'aurais seulement un bref
commentaire avant le début de l'étude article par article du
projet de loi no 10.
C'est assez exceptionnel que tous les partis se soient entendus
d'avance, à l'occasion de l'étude en deuxième lecture du
projet de loi no 10, pour en assurer l'adoption en troisième lecture
pour le 29 novembre, en même temps que la loi no 9, pilotée par le
ministre de la Justice. Tout le monde a voulu par là bien s'entendre sur
le fait qu'il ne s'agissait pas, de quelque manière que ce soit, de
nuire au gouvernement dans ses intentions d'adopter ce projet de loi. En
même temps, nous voudrions rappeler au ministre, au début de
l'étude article par article, plusieurs représentations qui ont
été faites par des membres des oppositions, à l'occasion
de l'étude en deuxième lecture. Nous espérons que ce court
laps de temps de deux jours et quelques heures pour étudier ce projet de
loi permettra au ministre de tenir compte de certains amendements que nous
proposerons ou que lui-même pourrait proposer.
Quant à nous, nous sollicitons, dès à
présent, le ministre de tenir compte de représentations que nous
ferons à certains articles pour qu'ils soient plutôt
étudiés demain ou après demain, compte tenu de l'horaire
que nous avons. Nous pouvons facilement agencer nos travaux de sorte que, tout
en assurant que dès jeudi de cette semaine tout le projet de loi sera
étudié, certains articles puissent avoir une certaine
préférence quant à leur étude.
Je voudrais vous rappeler qu'il y a des sujets bien spécifiques
qui nous intéressent plus particulièrement, évidemment,
comme la commission elle-même de représentation, le secteur
électoral, le facteur qu'on retrouve à l'article 3, et le mot
"décisionnel" ajouté à la Commission sur la
représentation qu'on retrouve au coeur de l'article. Quant à moi,
ce sont les seuls propos que je voulais mentionner au début de cette
étude.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, seulement quelques mots. Je
pense que nous avons fait ressortir en deuxième lecture, plusieurs
points que nous voudrions voir améliorer dans le projet de loi no 10.
Notre intention, ici, en commission parlementaire, n'est pas bien sûr de
retarder l'étude de ce projet de loi, puisque déjà une
entente est intervenue entre les différents partis à
l'Assemblée nationale pour que le projet de loi soit adopté dans
des délais raisonnables.
Je pense bien que nous allons, à l'étude article par
article, essayer encore une fois de faire ressortir les objections ou les
remarques que nous avons passées en deuxième lecture.
(10 h 30)
Je voudrais bien, cependant, inviter le ministre responsable de ce
projet de loi à nous annoncer dès à présent les
amendements ou les modifications qu'il veut voir adopter en deuxième
lecture. Cela nous aiderait certainement à avoir une meilleure
compréhension de l'étude que nous voulons faire et ça nous
permettrait également de mieux se situer, de savoir comment le ministre
envisage l'étude de ce projet de loi. Cela nous permettrait de
connaître immédiatement les modifications que le ministre veut
nous annoncer, et on a vu que cette façon de procéder, entre
autres, lors de l'étude du projet de loi no 9, la semaine
dernière, nous a permis, effectivement, d'aller beaucoup plus rapidement
dans l'étude du projet de loi et, même s'il comportait de nombreux
amendements,
on a pu passer à travers ce projet de loi de façon assez
rapide.
M. Bédard: Effectivement, l'ensemble des amendements que
nous nous proposons d'apporter sera disponible pour les membres de la
commission dès la reprise de nos travaux, cet après-midi. Je n'ai
aucune objection à ce qu'un aspect particulier de ce projet de loi soit
discuté ultérieurement, entre autres concernant la règle
des 32 000 électeurs par comté. Je pense qu'on pourrait
s'entendre, étant donné que c'est un des éléments
importants et que chaque député veut faire les évaluations
qu'il croit devoir faire. Il y aurait peut-être lieu de reporter la
discussion à la séance du jeudi matin.
M. Lamontagne: Jeudi matin, je serais d'accord
là-dessus.
M. Fontaine: D'accord.
M. Lamontagne: L'article 3.
M. Bédard: Sur ce point particulier.
M. Fontaine: M. le Président, concernant les amendements
que le ministre nous annonce, je le remercie de nous annoncer qu'il nous les
remettra dès cet après-midi, mais est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité de nous les faire parvenir à l'heure du lunch pour
que nous puissions en prendre connaissance?
M. Bédard: Si c'est possible, vous pouvez être
convaincu que je le ferai.
M. Fontaine: Merci.
M. Lavoie: Juste une question, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Ce projet de loi ne contient, en somme, que 39
articles. Sans avoir immédiatement le texte des amendements que le
ministre proposera, est-ce que le ministre peut nous indiquer s'il s'agit
uniquement d'amendements de forme ou s'il y a vraiment des amendements de fond
importants et à quels articles se trouvent ces amendements? Je vais vous
dire pourquoi, c'est parce que ça peut faciliter l'étude du
projet de loi. Je ne voudrais pas perdre 20 minutes de droit de parole sur un
article ou sur un amendement si je sais que le ministre va proposer, cet
après-midi, un amendement à tel article qui, peut-être,
pourrait nous satisfaire; cela pourrait accélérer l'étude
du projet de loi.
M. Bédard: II y a certains amendements de fond pour
permettre la concordance entre le projet de loi no 10 et le projet de loi no 9.
Ces amendements se situent à la fin de l'étude du projet. Je
pense que les membres de l'Opposition, à partir du moment où on
pourra les déposer, cet après-midi, auront amplement l'occasion
d'y réfléchir; en fait, ce sont des amendements techniques, mais
de fond, pour assurer une bonne concordance entre le projet de loi no 10 et le
projet de loi no 9. Il y a également un amendement de fond concernant
les sections de vote, suite aux représentations faites à
l'Assemblée nationale lors du débat de deuxième
lecture.
Concernant le caractère décisionnel de la commission
permanente, j'ai écouté avec beaucoup d'attention les
représentations faites lors de l'étude en deuxième
lecture. L'intention du gouvernement est définitivement que la
commission soit décisionnelle. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas
lieu d'essayer ensemble d'évaluer s'il n'y aurait pas des abus
possibles, pour que les députés puissent, outre la consultation,
exprimer leur opinion avant que la commission rende sa décision
définitive. Je pense que cela fait partie du travail que nous avons
à faire, de nous interroger sur ces possibilités.
Ce sont les principaux points.
Le Président (M. Laberge): Mme la députée
des Îles-de-la-Madeleine.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, je pense que je ne
surprendrai personne si je dis que j'ai un amendement à déposer
en ce qui concerne le comté des Îles-de-la-Madeleine. Ce que je me
demande, c'est est-ce que les membres de la commission préfèrent
que je le dépose maintenant ou que j'attende que le ministre
dépose ses amendements?
M. Lamontagne: Nous préférerions dans ce cas,
qu'elle le dépose maintenant et on pourrait y revenir cet
après-midi.
M. Bédard: M. le Président, nous n'avons aucune
objection à ce que l'amendement soit déposé maintenant.
Nous comprenons très bien la préoccupation du
député des Îles-de-la-Madeleine à l'endroit de
l'ensemble de ses électeurs et électrices.
M. Fontaine: Est-ce que c'est pour abolir le comté des
Îles-de-la-Madeleine?
Mme LeBlanc-Bantey: Je voudrais rassurer le plus vite possible
tous les Madelinots qui sont terriblement inquiets quant à l'avenir de
leur comté. Je remercie les membres de la commission de leur
collaboration.
Il s'agit d'insérer après l'article 3 un article qui se
lirait comme suit: "Malgré l'article 3, la délimitation de la
circonscription électorale des Îles-de-la-Madeleine est celle
prévue au paragraphe 37 de l'article 3 de la Loi sur la division
territoriale (LRQ, 1977, C.D-11). Il s'agit de la délimitation
électorale.
M. Bédard: II s'agirait de déposer l'amendement,
puisque tous les membres de la commission
sont d'accord, quitte à l'étudier à l'article qui
ultérieurement...
Mme LeBlanc-Bantey: J'espère qu'il va être aussi
d'accord quand ce sera le temps de l'étudier, n'est-ce pas?
M. Bédard: On va voir cela.
Le Président (M. Laberge): Cet amendement proposé
par la députée des Îles-de-la-Madeleine est porté
à ma connaissance. Il a été lu. Je peux en redonner
lecture. Je le garde de côté pour demain en temps et lieu. On en
fera faire des copies.
Commission de la représentation
Maintenant que les commentaires préliminaires sont faits,
j'appelle l'article 1.
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 1, adopté.
Article 2.
Délimitation des circonscriptions
électorales
M. Bédard: À l'article 2, nous aurions, M. le
Président, un amendement qui se lirait comme suit et qui aurait pour
effet de remplacer le deuxième alinéa par le suivant: "La
commission a aussi pour fonction d'établir la délimitation des
secteurs électoraux."
M. Lamontagne: M. le Président, c'est le deuxième
alinéa. Si vous permettez, on pourrait commencer au premier
alinéa de l'article 2 où on retrouve le principe de
l'égalité des votes des électeurs.
Il nous apparaît, quant à nous, que si nous laissions le
premier alinéa de l'article tel quel, ceci serait un mandat on ne peut
plus explicite à une commission indépendante, de préparer
une carte, en s'assurant de bien respecter le principe de
l'égalité des votes dans tous les comtés, sauf si
l'amendement de l'article 3 était adopté concernant le
comté des Îles-de-la-Madeleine.
Nous sommes intervenus à de très nombreuses reprises sur
le sujet, tant le député de Laval que moi-même et nos
collègues également et c'est le grand principe des comtés
urbains, des comtés ruraux. Quant à nous, dès à
présent, je voudrais proposer un amendement à cet article 2 qui
aurait pour objet: Que le premier alinéa de l'article 2 soit
modifié en remplaçant à la deuxième ligne, les mots
"respectant le" par les mots "tenant compte du". Autrement dit, nous donnons
à la commission le mandat de tenir compte du principe de
l'égalité du vote, mais nous ne l'obligeons pas, parce que si on
l'oblige comme je me souviens du juge, l'autre fois, lorsqu'il a comparu
devant nous et nous parlait de l'interprétation du
législateur à ce moment, si on lui crée le principe
du respect de l'égalité des votes, aussi bien dire que nous
allons hériter d'une carte électorale où tous les
comtés devront nécessairement respecter ce principe. Mais je
pense que guider la commission en disant: Écoutez, le législateur
vous demande de tenir compte du principe. À ce moment-là, quant
à nous, cela satisferait un peu l'opinion qui a été
émise un peu partout, par ceux et celles qui sont intervenus à
l'occasion de ce débat.
M. le Président, c'est l'amendement que nous proposons.
Le Président (M. Laberge): L'amendement que vous proposez,
M. le député de Roberval, a pour effet, dans le premier
alinéa de l'article 2, à la deuxième ligne, que les mots
"respectant le" soient remplacés par les mots "tenant compte du". Cet
amendement est recevable. Un moment.
M. Lavoie: Je ne sais pas si mon collègue...
M. Bédard: Vous pourriez argumenter peut-être, parce
que je voudrais savoir, au niveau de l'argumentation, quelle est l'idée
de l'Opposition là-dessus. C'est un changement grammatical, mais si on
veut en venir à un changement de fond en termes d'interprétation,
peut-être, qu'à ce moment-là, notre position ne sera pas la
même. Je préférerais qu'on argumente du côté
de l'Opposition.
M. Lamontagne: M. le Président, si l'article 3 est
adopté, comme il est mentionné là, écrit avec un
écart de plus ou moins 25%, on a curieusement l'impression que l'article
3 contredit l'article 2, où on demande à une commission de
respecter le principe de l'égalité de vote, et une fois qu'on a
dit cela et qu'on en fait un véritable principe, on lui dit plus bas:
C'est 25% plus haut ou plus bas, environ. De sorte que d'un côté
on dit: C'est cela le principe d'égalité de vote. Et de l'autre
côté, on dit: II y a un écart possible. Dans ce
temps-là, pour tenir compte des articles subséquents et qui
seront étudiés et qui font déjà partie de notre
loi, il est beaucoup mieux d'indiquer, à une commission que nous
souhaitons qu'elle tienne compte du principe de l'égalité des
votes ou plutôt qu'elle soit obligée d'en respecter le
principe.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je parlerai en faveur de la
motion d'amendement du député de Roberval. Lorsque, il y a
quelques semaines, nous avons demandé aux membres de la Commission de la
réforme des districts électoraux de venir ici, en commission
parlementaire, pour répondre à nos questions, j'avais, je me
rappelle fort bien, demandé au juge Barbeau, en fait, presque une
opinion juridique, en lui demandant: Qu'est-ce que vous verriez comme
amendement à la loi actuelle pour vous permettre d'aller en
deçà du plus ou moins 25%? Parce que la loi permettait de faire
des exceptions et ils ne l'ont jamais fait sauf pour les
Îles-de-la-Madeleine. À ce moment-là, le juge avait dit: II
faudrait modifier la loi, le libellé de l'article
en question. Alors, moi je pense que si on conserve l'article 2, tel que
proposé par le ministre, et qu'on dit que la Commission de la
représentation, qu'on veut former, est obligée de respecter le
principe de l'égalité des votes des électeurs, à
mon avis, cela resserre encore plus le droit ou la permission qu'on veut
accorder à la Commission de la représentation de diverger un peu,
dépendant des districts électoraux urbains ou ruraux. (10 h
45)
Je pense que l'article qui existe dans la loi actuelle
représentait encore plus ce que nous voulons dire puisque l'article 6 de
la loi actuelle dit: "La commission a pour fonction de délimiter les
districts électoraux du Québec en y appliquant les principes
indiqués dans la présente loi afin d'assurer à tous les
électeurs une représentation juste et équitable à
l'Assemblée nationale." On n'obligeait même pas, à ce
moment-là, la commission à respecter le principe de
l'égalité des votes et, malgré tout cela, la commission
n'a pas jugé bon de s'écarter davantage des plus ou moins 25%. Je
pense que si on resserre encore plus ce principe en disant que la commission
doit respecter le principe de l'égalité des votes, on va en
arriver à des solutions plus draconiennes que celles qu'on a connues
jusqu'à maintenant. La Commission de la représentation pourra
dire: On nous demande de respecter le principe de l'égalité des
votes des électeurs, on va tout simplement délimiter des
comtés de 32 000 électeurs et on ne variera pas du tout de plus
ou moins 25%. Cela pourrait être la conséquence de l'adoption d'un
article de loi aussi restrictif.
M. Bédard: M. le Président, selon les explications
qui ont été données par...
Le Président (M. Laberge): Oui, M. le député
de Laval voudrait faire un commentaire.
M. Lavoie: Je pense bien que le ministre comprend très
bien nos représentations. Je pense qu'on apporte cet amendement suite
aux propos tenus par les membres de la commission actuelle qui sont venus nous
dire, l'autre jour, que l'interprétation qu'ils font de la loi et qu'ils
ont faite depuis que cette commission existe, depuis sept ou huit ans, c'est
que ça devient impératif pour eux de respecter le nombre moyen
d'électeurs. C'est le principe de base de leur interprétation et
c'est la raison pour laquelle, dans le cinquième rapport, le premier
critère mathématique, pour eux, est très
sévère, et il est respecté pratiquement à la
lettre. C'est la raison pour laquelle et je trouve que ça n'a
aucun sens on nous propose, entre autres, des comtés de
l'île de Montréal qui contiennent uniquement une moyenne de 34 000
électeurs. Je le répète, et je pense qu'on veut être
conséquent dans nos propos, personnellement, c'est le nombre de
députés... Notre position, c'est qu'il faudrait le plus possible
s'en tenir au nombre actuel de 110 députés; il ne faudrait pas
monter cela à 130, c'est aberrant, ça n'a aucun sens.
Dans les régions métropolitaines, les comtés de
Montréal et de Québec, un député je le
répète peut fort bien représenter
adéquatement, je dirais, jusqu'à 45 000 électeurs,
facilement, dans les comtés urbains et, dans les comtés ruraux,
s'en tenir le plus près possible du minimum qui est actuellement de 32
000 et qui serait de 24 000; si on prend comme base 36 000, on le verra plus
tard à l'article 3, les comtés ruraux pourraient s'en tenir le
plus près possible à 27 000, 28 000, 29 000, 30 000 et les
comtés urbains à près de 45 000.
Il y a deux principes que tout le monde entend respecter. Il y a le
principe de l'égalité du droit de vote, c'est l'idéal: une
personne, un vote. À une personne, un vote, avec 32 000 comme
critère, on va avoir une Chambre de 130 députés et plus.
Si on prend 4 200 000 électeurs par 32 000 comme moyenne
sévère mathématique, on va avoir une Chambre de 131
députés. Tout le monde souhaite qu'il y ait le plus
d'égalité possible dans le droit de vote, dans ce que
représente un vote. Par contre, c'est un principe qui n'est pas strict
au point que tout le monde accepte, des deux côtés de la Chambre,
une différence de 25% en plus et en moins. Tout le monde accepte cela,
c'était dans l'ancienne loi et c'est dans la nouvelle. Cela veut dire
que ce principe de l'égalité du droit de vote, ce n'est pas un
principe strict, à mon point de vue, l'interprétation que
l'Assemblée en a faite, c'est un principe relatif.
En gardant la phraséologie actuelle, si on dit: "En respectant le
principe", c'est contradictoire avec l'article 3. On dit: respecter le principe
de l'égalité des votes, une personne, un vote. Dès que
vous arrivez à l'article 3, où vous dites que cela peut varier de
25% en plus ou en moins... En plus de cela, Mme la députée des
Îles-de-la-Madeleine nous arrive avec une autre exception que nous
acceptons et que nous accepterons, qui est acceptée actuellement, que
les Îles-de-la-Madeleine, avec 8000 électeurs, forment un
comté.
C'est pour cela que nous voulons atténuer le respect que la
commission devra faire du principe d'égalité, parce que cela
deviendra contradictoire. Je pense que nous aidons la commission actuellement,
pour avoir une bonne carte qui fera l'affaire des électeurs, du citoyen
et de l'Assemblée, en changeant les mots "en respectant", par "en tenant
compte du principe de l'égalité des voix."
M. Bédard: Par l'argumentation qui est faite par le
député de Laval et que ne manquerons pas de lire les membres de
la commission, nous nous orientons, au niveau du contenu, vers un changement de
fond. Dans un premier temps, lorsqu'il a été proposé par
le député de Roberval, cela me semblait s'orienter plus vers un
changement grammatical. Je ne suis pas prêt à partager, en aucune
façon, l'argumentation de fond tout en la respectant qui
est soumise par le député de Laval.
Si les membres de la commission n'ont pas d'objection, je demanderais
peut-être de suspendre cet article. Je vous le dis honnêtement,
j'aurais
été, dans un premier temps, sans argumentation puisque
cela s'orientait vers un changement grammatical, peut-être prêt
à dire oui, mais si on veut y donner un changement de fond dans le sens
de celui du député de Laval, à ce moment, j'ai beaucoup de
réticence.
M. Lamontagne: M. le Président, tout à l'heure, le
député de Nicolet-Yamaska a fait référence à
la loi existante. Si le ministre a jugé à propos de reprendre le
texte de la loi existante qui a apporté justement un écart de
plus ou moins 25% dans les cartes antérieures qui nous ont
été soumises, pour en faire une obligation pour la future
commission de respecter le principe de l'égalité du vote, il est
évident que les futurs commissaires verront là, de la part du
législateur, un changement assez profond dans ses intentions ou
directives. Quant à nous, d'après toutes les interventions que
nous avons entendues jusqu'à présent, nous trouvons que c'est
loin d'être l'intention du législateur. Il est évident,
comme l'a mentionné le député de Laval, que, entre un
principe réel et strict et une demande à une commission de tenir
compte d'un fait précis, il y a toute une marge. Les commissaires ne
manqueront pas de faire comme nous faisons ce matin, je ne dirais pas le
procès, mais l'étude des intentions du législateur. Je
rappelle au ministre que ce changement qu'il apporte par rapport à la
loi existante va être, pour les commissaires, toute une directive qui ne
cadre pas du tout avec l'article suivant, l'article 3, avec les critères
de plus ou moins 25%, tels qu'ils apparaissent actuellement. Nous soumettons
qu'il est de beaucoup préférable de demander à des gens,
qui devront tenir compte de nos intentions, de tenir compte du principe du
législateur, qu'on retrouve d'ailleurs dans la loi existante, dans celle
que nous présentons aujourd'hui. Qu'on dise plutôt: Messieurs les
commissaires, à l'avenir vous devrez respecter le principe de
l'égalité des votes. Seulement dans le ton, le mot "respect"
on demande à quelqu'un de respecter ils vont le
respecter.
À ce moment, comme le député de Laval le
mentionnait tout à l'heure, je vous assure qu'on va avoir une carte de
130 députés, sinon, les commissaires n'auront pas respecté
l'article 2 de la loi qui leur dit de respecter le principe de
l'égalité des votes. On n'en sort pas.
M. Bédard: Je m'excuse, mais une loi c'est un ensemble. Le
député de Roberval sait très bien que lorsque le
législateur parle de respect du principe de l'égalité du
vote des électeurs dans ce projet de loi 10, il balise de façon
réaliste ce respect du principe de l'égalité, en
permettant les écarts que nous retrouvons à l'article 3. Il faut
prendre une loi dans son ensemble et non pas seulement un article en faisant
abstraction des articles. Si je réitère la proposition que je
vous ai faite tout à l'heure de suspendre momentanément, quitte
à revenir au niveau de l'argumentation...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, je suis d'accord pour
qu'on suspende, mais pendant que le ministre va délibérer
à l'heure du lunch avec ses collègues, je voudrais bien... Ce que
le ministre nous dit, que les commissaires vont interpréter la loi dans
son ensemble, ce n'est pas l'expérience qu'on a eue, M. le
Président.
Les commissaires sont venus nous dire que leur premier critère,
même avec l'ancienne loi que j'ai devant moi, où il y avait un
respect moins sévère, moins direct du principe de
l'égalité du vote des électeurs. L'ancienne loi disait que
la commission devait faire une représentation... L'article 6 de
l'ancienne loi: "La commission a pour fonction de délimiter les
districts électoraux du Québec en y appliquant les principes
indiqués dans la présente loi, afin d'assurer à tous les
électeurs une représentation juste et équitable. Juste et
équitable, c'est moins sévère qu'en respectant le principe
de l'égalité.
Ils nous ont déposé le cinquième rapport qui n'est
acceptable pour personne, je pense, où on ajoute sur l'île de
Montréal, deux nouveaux comtés dans le cinquième rapport.
Ils sont venus nous dire qu'ils veulent respecter le principe. Celui-ci
n'était même pas respecté dans l'ancienne loi. Leur
interprétation était d'augmenter...
M. Bédard: M. le Président, si le
député de Laval me le permet, et je n'argumenterai pas... Quand
le député de Laval dit que le cinquième rapport n'est
acceptable pour personne, je...
M. Lavoie: Mais je pense que plusieurs sont...
M. Bédard: ... pense qu'il parle pour ceux qui se sont
exprimés, parce que le cinquième rapport...
M. Lavoie: D'accord, il y a au moins 15 ou 20
députés...
M. Bédard: ... n'a pas que du négatif, loin de
là.
M. Lavoie: ... de chaque côté de la Chambre, autant
du côté ministériel que du côté de
l'Opposition qui ont critiqué le cinquième rapport.
Je ne dis pas qu'il n'est pas acceptable pour tout le monde, mais disons
qu'il ne l'est pas pour un grand nombre de députés.
M. Fontaine: ... si je m'oppose.
M. Lavoie: Si on garde la phraséologie actuelle, la
manière dont les commissaires je suis convaincu vont
l'interpréter, suite aux propos qu'ils nous ont tenus ici en commission,
c'est que le grand principe va être le critère mathématique
qu'on va leur donner dans la loi, parce qu'ils vont dire: C'est à
l'article 2 "respect du principe de l'égalité des votes" et les
25% d'écart vont devenir, d'après moi, une simple exception. Il y
aura peut-être plus de 25% d'écart, parce qu'ils vont s'en tenir
au principe de l'égalité des voix et ils
vont prendre 4 200 000 électeurs divisés par 32 000 ou le
chiffre qu'on va leur donner.
Si c'est 32 000 tel qu'il est convenu à l'article 3, je vous
préviens que dans l'esprit et dans l'interprétation qu'ils ont
faits et qu'ils vont continuer de faire, parce que la nouvelle loi est encore
plus restrictive, nous aurons nécessairement près de 130
députés.
Je pense que ce n'est l'intention de personne. J'espère que ce
n'est pas l'intention du ministre qu'on ait 130 députés. Il faut
vivre selon nos moyens. L'article est suspendu?
M. Bédard: Oui, sur cet aspect, je pense que vous serez
d'accord avec moi pour le deuxième paragraphe.
M. Lamontagne: Au deuxième paragraphe, on est prêt
à discuter l'amendement proposé par le ministre au
deuxième alinéa?
Le Président (M. Laberge): J'en ai entendu la lecture,
mais il n'a pas été reçu officiellement.
M. Lamontagne: Voulez-vous la reprendre? (11 heures)
M. Bédard: II y aura un amendement au deuxième
alinéa, à l'effet de le remplacer par le suivant. Je cite: "La
commission a aussi pour fonction d'établir la délimitation des
secteurs électoraux." Ceci est pour répondre à des
représentations qui ont été faites tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
en deuxième lecture, en ce sens que la délimitation de la section
de vote relève plutôt d'une autre responsabilité. Si vous
voulez, il y a nécessairement une concordance. Cela réglera ce
problème à partir du moment où nous acceptons cet
amendement-là. Je tiens pour acquis qu'il est accepté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'amendement au deuxième
alinéa de l'article 2 consiste à biffer tous les mots
après "électoraux" et à y mettre un point. Il se lit comme
suit: "La commission a aussi pour fonction d'établir la
délimitation des secteurs électoraux." Alors, cet amendement
est-il adopté?
M. Fontaine: Avant de l'adopter, je voudrais demander au ministre
s'il a l'intention de rappeler le projet de loi no 9 pour faire les
concordances nécessaires.
M. Bédard: II n'y a pas de problème avec le projet
de loi no 9. Non, pas sur ce point-là.
M. Fontaine: Qui va les faire les délimitations des
sections de vote?
M. Bédard: Si vous me permettez...
M. Fontaine: Bien oui, c'est pour cela que je pose la
question.
M. Bédard: M. le Président, cet amendement
étant adopté en amène un autre qui se situerait à
l'article 10.
Le Président (M. Laberge): Est-ce qu'on en prend
connaissance immédiatement?
M. Bédard: Si les membres de la commission sont d'accord,
parce que cela règle le problème.
M. Lamontagne: Oui, c'est correct.
M. Lavoie: On saute d'un article à l'autre.
M. Bédard: Ce n'est pas sauter d'un article à
l'autre. C'est peut-être plutôt pour régler un
problème. Alors, l'article 10 serait remplacé par les suivants.
L'article 10 se lirait comme suit. Il s'agirait de remplacer l'article 10 par
les suivants. Je cite l'article 10: "Chaque directeur du scrutin
établit, à l'intérieur des secteurs électoraux de
sa circonscription électorale, des sections de vote qui ne comprennent
pas plus de 300 électeurs. Le Directeur général des
élections émet des directives à cette fin au directeur du
scrutin et il peut leur adjoindre le personnel nécessaire à
l'accomplissement de ces fonctions."
M. Lavoie: M. le Président, juste une remarque. Je pense
bien que si on veut comprendre les lois du Québec, il faudrait que cet
amendement soit dans le projet de loi no 9 et non pas dans le projet de loi no
10. Vous donnez des pouvoirs au directeur du scrutin mais, pour le directeur du
scrutin, vous allez être obligé de mettre sa définition au
début ou à quelque part.
M. Fontaine: C'est ce que je tenais à faire remarquer par
mon intervention de tout à l'heure.
M. Bédard: II y avait déjà le principe de la
délimitation des sections de vote dans le projet de loi no 10 et le
découpage territorial concernant les secteurs électoraux.
M. Fontaine: La Commission de la représentation lui donne
le pouvoir de délimiter les districts électoraux et les secteurs
électoraux. Les sections de vote, cela a toujours été une
juridiction du Directeur général des élections.
M. Bédard: Oui, mais dans le projet de loi no 10, nous
avions donné comme responsabilité à la Commission de la
représentation de délimiter les sections de vote. Alors, nous
devons amener l'amendement dans ce...
M. Fontaine: Mais là, on décide de le laisser au
Directeur général des élections et à ses adjoints.
Alors, il faudrait que ce soit dans le projet de loi no 9.
M. Lavoie: D'ailleurs, il n'y aura pas de difficulté, M.
le Président. Le projet de loi no 9
n'est pas encore adopté. Vous avez le pouvoir, en
troisième lecture, de revenir en commission plénière et de
faire l'amendement. Ce serait beaucoup plus logique qu'on ait, dans la Loi
électorale, la question des limitations de vote si cela appartient au
directeur du scrutin.
M. Bédard: Si nous terminons l'amendement, c'est parce que
nous voulons également insérer le fait que la Commission de la
représentation va devoir fournir une aide technique. C'est pour cela
qu'il faut que cela se retrouve dans le projet de loi no 10, si nous croyons
qu'il est opportun que ça se retrouve également au niveau de la
loi 9, pour une meilleure compréhension. Nous le verrons d'ici la
troisième lecture.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, avez-vous
terminé la lecture?
M. Bédard: Je n'ai pas terminé; est-ce que je peux
terminer?
Le Président (M. Laberge): Je vous laisse aller.
M. Bédard: Je reprends, M. le Président. Il
s'agirait de remplacer l'article 10 par les suivants: "10. Chaque directeur du
scrutin établit, à l'intérieur des secteurs
électoraux de sa circonscription électorale, des sections de vote
qui ne comprennent pas plus de 300 électeurs. Le Direc- teur
général des élections émet des directives à
cette fin aux directeurs du scrutin et il peut leur adjoindre le personnel
nécessaire à l'accomplissement de ces fonctions. 10.1 La
commission fournit au Directeur général des élections
l'aide technique nécessaire afin d'assurer la délimitation des
sections de vote. 10.2 Après s'être assuré que les sections
de vote sont délimitées conformément aux directives qu'il
a émises, le Directeur général des élections
transmet la liste de ces sections de vote à la commission."
Le Président (M. Laberge): Je vais vous en faire remettre
des copies.
M. Fontaine: M. le Président, en attendant qu'on ait les
copies, j'ai cru remarquer, à la lecture que le ministre vient de faire,
qu'on enlève le critère de superficie de la section de vote, soit
huit milles de longueur sur huit milles de largeur.
M. Bédard: Ceci se retrouvera dans les directives du
Directeur général des élections qui reçoit l'aide
technique de la commission.
M. Fontaine: Quelle garantie a-t-on que ça va se retrouver
là? Si le directeur décide que c'est quatre milles ou quinze
milles. Cela est l'article 25 de la loi actuelle.
M. Bédard: L'article 26 de la numérotation de la
refonte prévoit, en effet, que les sections de vote ne doivent pas
excéder huit milles de superficie. C'est important de ne pas retrouver
une règle aussi rigide dorénavant, parce que nous avons
maintenant des secteurs électoraux et les sections de vote sont
établies à l'intérieur de chaque secteur électoral
qui, lui, comme le prévoit la loi 10, ne doit pas excéder 2500
personnes, ne doit pas comprendre plus d'une municipalité, etc., de
sorte qu'il se peut très bien qu'en vertu de ces nouveaux
critères, la norme de la superficie de huit milles ne soit plus
applicable pour la délimitation des sections de vote. Cela
dépendra, parce que ça se fait à l'intérieur de
chaque secteur électoral qui répond à de nouveaux
critères prévus dans la loi 10. Alors, on ne peut pas mentionner,
comme critère, pour la délimitation des sections de vote,
qu'elles doivent compter au plus huit milles de superficie.
M. Fontaine: Ce qui revient à dire que ça pourrait
être plus que huit milles. Ce ne sera pas...
M. Bédard: Cela dépendra de la
délimitation.
M. Fontaine: ... le Directeur général des
élec- tions qui va le délimiter.
M. Bédard: C'est pourquoi il est prévu que la
Commission de la représentation fournit l'aide technique
nécessaire au Directeur général des é- lections,
pour lui permettre d'assurer la délimitation des sections de vote.
M. Fontaine: Je comprends tout ça, mais ça revient
à dire, d'après votre argumentation, que ce critère ne se
retrouvera plus nulle part, sauf que le Directeur général des
élections va être obligé de suivre d'autres critères
que celui-là.
M. Bédard: Etant donné qu'on ne peut pas savoir
à l'avance comment seront formés les secteurs électoraux
qui relèvent de la responsabilité de la Commission de la
représentation, il y a quelques critères, mentionnés dans
la loi 10, pour la délimitation des secteurs électoraux. On ne
peut pas induire, dès à présent dans la loi, les
critères pour la délimitation des sections de vote autrement que
par le nombre d'électeurs, c'est-à-dire 300 électeurs.
Pour ce qui est de la superficie, ça serait vraiment prendre un gros
risque et peut-être mettre des bâtons dans les roues que d'aller
établir quelque barème que ce soit pour la délimitation
des sections de vote. Compte tenu du nouveau principe de la délimitation
des secteurs électoraux, on ne peut pas faire ça.
En plus, il faut voir que la carte et les secteurs électoraux
peuvent être modifiés en cours de mandat et ça change
après chaque élection générale. Quand les
circonscriptions électorales changent, les secteurs également
vont suivre, alors on ne peut pas se risquer d'établir un principe aussi
strict et rigide que celui-là.
M. Fontaine: II ne me reste qu'à vous souhaiter bonne
chance!
M. Lavoie: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je n'avais qu'une question à poser à Mme
la ministre.
M. Bédard: J'espère que vous n'avez pas d'objection
à ce que certaines représentations soient faites par...
M. Lavoie: Non, mais vous pourriez nous la présenter quand
même.
M. Lamontagne: Oui, franchement, c'est la ministre ce matin!
M. Lavoie: Faites les présentations d'usage.
M. Bédard: Mlle Louise Criailler, qui travaille au
ministère de la Justice.
Le Président (M. Laberge): Et qui parle toujours au nom du
ministre.
M. Lavoie: Faites attention si vous parlez au nom du ministre,
soyez prudente.
M. Bédard: II n'y a pas d'inquiétude. M.
Lamontagne: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Les amendements proposés
par le ministre à l'article 10 sont présentement
distribués aux membres.
M. Lamontagne: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Je voudrais profiter de la circonstance pour
demander au ministre qu'à une occasion, quelque part, d'ici la fin de
nos travaux, nous puissions rencontrer le Directeur général des
élections. Les secteurs électoraux proposés dans le projet
de loi no 10... Est-ce qu'il y a un problème à rencontrer le
Directeur général des élections concernant les secteurs
électoraux?
Les secteurs électoraux, quant à nous, c'est un principe
qui paraît très bien. Lorsqu'on est député le
ministre le sait très bien, dans notre région lorsqu'il va
s'agir de créer véritablement le secteur électoral avec un
maximum de 2500, j'ai l'impression qu'on va se buter à des
problèmes assez sérieux. La loi qui crée le secteur
électoral ne le définit pas beaucoup; on parle
d'homogénéité, etc. Il n'y a rien comme l'exemple pour
montrer le bien-fondé ou non d'une proposition et j'aimerais que le
Directeur général des élections qui lui va devoir
ça va être sa fonction créer, délimiter les
secteurs électoraux, nous donne quelques exemples.
Je ne vous cache pas que dans notre formation politique, les opinions
étaient fort partagées.
Quant à moi, ma première opinion, après une
étude assez sérieuse de ce concept du secteur électoral,
je m'interrogeais sur l'à-propos d'une telle désignation.
M. Bédard: Je ne vois pas, sur ce point particulier,
l'à-propos de demander les remarques du Directeur général
des élections puisque, comme vous avez pu le remarquer dans le projet de
loi, ce n'est pas le Directeur général des é- lections qui
va avoir la responsabilité de délimiter les secteurs
électoraux, ce sont les membres de la commission.
M. Fontaine: II nous a parlé de la section de vote.
M. Bédard: Je pense que le secteur électoral,
lorsque nous regardons les articles qui se rapportent à la
définition du secteur électoral, donne quand même
suffisamment de critères. Je comprends que cela n'élimine pas
toutes les difficultés, et je ne crois pas à un projet de loi qui
puisse, de quelque façon que ce soit, éliminer toutes les
difficultés qui peuvent être rencontrées dans la confection
d'une carte électorale, mais je crois que les articles 6, 7, 8, 9, entre
autres, délimitent quand même suffisamment de critères qui
permettent de croire que ce ne sera pas si difficile de délimiter un
secteur électoral selon l'esprit de la loi 10. Il y a suffisamment de
souplesse dans ces articles, au niveau des critères, pour en arriver,
selon mon avis, à une délimitation qui ne sera pas difficile,
mais qui constituera une innovation de fond du projet de loi.
M. Lavoie: Juste une question, je ne voudrais pas intervenir
avant le député de Vanier. Je pense que le ministre pourrait nous
expliquer brièvement l'origine de ce nouveau concept de secteur
électoral. Est-ce que c'est une création de toutes pièces,
ces entités maximales de 2500 électeurs? Auparavant, on sait
qu'on avait les districts électoraux et la section de vote de 300
électeurs. Entre les deux, vous avez le secteur électoral de 2500
électeurs. D'où cela vient-il? Pour quelle raison le ministre
nous propose-t-il une telle cellule humaine de 2500 électeurs, une
entité? (11 h 15)
M. Bédard: II me semble que les exemples sont nombreux, et
je n'élaborerai pas plus qu'il ne le faut là-dessus, mais, si les
exemples sont nombreux de délimitation de secteurs électoraux ou
de sections de vote qui sectionnent complètement des villages en deux,
à partir du bord d'une rue par rapport à l'autre bord de la rue,
on établit un principe d'unité qui, à mon sens, sera de
nature, lorsqu'il y aura confection d'autres cartes électorales,
à permettre certains changements à la carte électorale qui
respecteront ou continueront de respecter des unités, à partir de
critères socio-économiques, à partir de critères de
limites, quand il s'agit de paroisses. Je ne crois pas qu'il faille amener
tellement d'exemples pour montrer que cela peut être une
amélioration de fond.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Je ne veux pas être tatillon, M. le
Président, c'est intéressant cette question des secteurs
électoraux et j'aurais quelque chose à dire là-dessus. Il
me semble que vous avez appelé d'une certaine façon l'article 10,
puisqu'on était à l'article 2 qui en avait enlevé une
partie. Là, on est rendu aux articles 6, 7, 8 et 9. Cela ne me
dérange pas, mais je préférerais qu'on y aille selon les
règlements.
Le Président (M. Laberge): C'est pour cela que,
d'ailleurs, je n'ai pas parlé avant de permettre la réponse au
ministre, que cela s'appliquait directement à l'article 6.
M. Bertrand: Parce qu'à l'article 10, il n'est pas
question de cela du tout, il est question des sections de vote.
Le Président (M. Laberge): C'est cela. Alors
évidemment...
M. Lavoie: L'article 10, non, les secteurs
électoraux...
M. Bertrand: Non, le nouvel amendement apporté à
l'article 10 et finalement l'amendement a enlevé l'article 10 actuel
pour le remplacer par un nouveau.
M. Lavoie: Oui, mais dans la nouvelle rédaction de
l'article 10, à tous les paragraphes il est question de secteurs
électoraux. C'est pour cela qu'on en parle.
Le Président (M. Laberge): Et cette question aurait
normalement été posée à l'article 6.
M. Bertrand: Oui, mais ce n'est pas le fond de l'article, ce sont
les sections de vote. Pour les secteurs électoraux, le fond... Le
principe même du secteur électoral est contenu aux articles 6, 7,
8 et 9.
M. Fontaine: Si on adopte l'article 10, dans lequel on en parle,
on va être obligé d'adopter le reste.
M. Bertrand: Ne craignez pas, je suis d'accord pour revenir
à l'ordre normal qui doit être celui qu'on retient quand on
étudie un projet de loi.
M. Fontaine: Vous voulez reprocher au ministre d'avoir
appelé l'article 10?
M. Bertrand: Non, il l'a fait de bonne foi, simplement parce que
l'article 2 enlevait la question des sections de vote.
Le Président (M. Laberge): Je pense qu'on peut
considérer qu'il l'a présenté. Maintenant, le laisse-t-on
suspendu pour...
M. Bédard: M. le Président, je vais dire quand
même dans quel esprit j'ai présenté l'amendement: c'est
pour régler un problème, l'ensemble d'un problème qui
était soulevé au niveau de la deuxième lecture, à
savoir que la section de vote relève plutôt du directeur du
scrutin, sous la responsabilité du Directeur général des
élections. Et je me souviens très bien au débat de
deuxième lecture et je me rappelle très bien que la notion,
l'idée de cette loi de définir des secteurs électoraux,
des sections de vote, le bien-fondé de cette initiative n'a aucunement
été mise en question, lors du débat de deuxième
lecture. Au contraire, la plupart des représentations qui ont
été faites en deuxième lecture indiquaient que
c'était une innovation positive que d'en venir à délimiter
des secteurs électoraux qui tiennent compte de la communauté
naturelle, plutôt que les découpages, que nous avions auparavant,
qui ne tenaient compte que du nombre de votes. Alors, très
honnêtement, je ne croyais pas qu'on en viendrait à un
débat de fond sur l'à-propos de définir des secteurs
électoraux ou des sections de vote, de cette façon. Et c'est dans
ce sens que j'avais apporté l'amendement qui, il me semble, selon les
représentations de deuxième lecture, répond à une
demande qui avait été faite.
M. Fontaine: M. le Président, nous n'avons dit en aucun
temps, je pense, que nous étions contre les secteurs électoraux,
mais ce que nous voulons savoir, aujourd'hui, c'est sur quoi on s'est
basé pour adopter ce système, et pour avoir des explications,
comment cela va fonctionner, etc. Je pense bien que si on nous demande
d'adopter l'article 10, où on parle de secteurs électoraux, c'est
peut-être important qu'on sache de quoi on parle avant de l'adopter.
M. Bédard: Si vous voulez reprendre la discussion sur
l'à-propos des secteurs électoraux, nous l'adopterons lorsque
nous reviendrons à l'article 10.
M. Lavoie: Oui, d'ailleurs, ce que je voudrais invoquer, à
mon point de vue, au point de vue de la législation, je pense que le
ministre devrait demander à ses collaborateurs... D'après moi,
les articles qu'il nous apporte, soit les articles 10, 10.1 et 10.2...
D'après moi l'article 10 pensez-y, maintenant qu'il est suspendu
devrait être dans le projet de loi no 9. L'article 10.1 pourrait
être dans le projet de loi no 10 et le 10.2, d'après moi, devrait
être dans la loi 9. Autrement, on ne se comprendra plus dans la
législation.
Le Président (M. Laberge): Sur ces commentaires, je
suspends les articles 10,10.1 et 10.2 pour complément d'étude un
peu plus tard.
L'article 2 étant suspendu, pour le moment, j'appelle l'article
3.
M. Bédard: À l'article 3, nous nous sommes
entendus, M. le Président, à la demande de l'Opposition, pour que
la discussion sur cet article revienne plutôt à partir de jeudi
matin.
Le Président (M. Laberge): Article 3, suspendu.
Étude subséquente, article 4.
M. Bédard: M. le Président, je pense que c'est
maintenant qu'on devrait normalement appeler l'article qui a été
présenté par la députée des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Lavoie: L'article 3 est suspendu.
M. Bertrand: Non, je pense qu'il venait après l'article
3a.
M. Lamontagne: M. le Président.
M. Bédard: Je pense que c'est peut-être là
que cela se situerait et pour éviter une longue discussion, je dois vous
dire que je suis d'accord avec l'amendement qui est proposé par le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Fontaine: Est-ce qu'on peut avoir des copies, M. le
Président?
M. Bédard: II ne me semble pas qu'on ait besoin d'une
longue argumentation pour reconnaître que le comté des
Îles-de-la-Madeleine constitue une entité géographique
à part.
M. Lamontagne: Est-ce qu'on peut avoir des copies?
Le Président (M. Laberge): Vous n'avez pas les copies. Je
vais vous en faire donner. L'article à insérer après
l'article 3, évidemment, selon la nouvelle numérotation, il
portera le numéro 3.1. Je le laisse en suspens et je vous en fais faire
des copies.
M. Lamontagne: Nous serons disposés à revenir
aussitôt que vous aurez des copies.
Mme LeBlanc-Bantey: Merci.
Le Président (M. Laberge): Article 4.
M. Lamontagne: L'article 4 va nous poser un problème
particulier, si nous en venons à la conclusion d'adopter l'amendement
présenté par le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Bédard: Est-ce que l'article 4 n'est pas relié
à l'article 3? Il me semble que cela se situe dans la discussion que
nous devons avoir jeudi matin. Vous allez en venir au secteur
électoral.
M. Lamontagne: C'est-à-dire, si...
M. Lavoie: Nous donnons notre consentement en principe.
Dès que l'amendement sera à sa place, je pense que le principe
que les Îles-de-la-Madeleine telles qu'elles sont actuellement, soit avec
les alluvions ou les autres, demeurent un comté, est accepté.
Mme LeBlanc-Bantey: Avec le golfe du Saint-Laurent, c'est
déjà suffisamment grand.
M. Lavoie: On est d'accord avec le principe, en ce qui nous
concerne.
M. Bédard: L'Union Nationale est d'accord aussi?
M. Fontaine: Cela fait longtemps qu'on est d'accord.
M. Lavoie: On l'adoptera lorsque...
Le Président (M. Laberge): C'est cela, parce qu'il va
faire partie de l'article.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vous remercierai à l'occasion.
M. Lavoie: D'accord.
M. Lamontagne: M. le Président, même si nous devons
discuter de l'article 3 et de l'amendement 3.1 jeudi matin, je voudrais, pour
nous permettre de réfléchir brièvement sur l'article 4,
même si nous convenons d'en discuter en même temps que l'article
3... Le problème que nous allons avoir, quelle va être l'intention
du législateur, à savoir que si nous disons au législateur
l'exception que nous préconisons par la loi 10, il s'agit du
comté des Îles-de-la-Madeleine, si nous tenons pour acquis, compte
tenu de l'acceptation de principe, et que nous relisons l'article 4, je
voudrais savoir ce qu'on veut dire à la commission par l'article 4
maintenant.
Est-ce qu'on veut dire, par exemple: Messieurs les commissaires, compte
tenu du nouveau critère des secteurs électoraux, nous vous
laissons la porte ouverte? Par exemple, s'il y avait un comté où
cela prend un minimum de 27 000 électeurs et à cause du secteur
électoral, il arriverait 26 896 électeurs, est-ce que l'article 4
peut régler un tel problème? Parce que je pense qu'il y a une
différence entre ce que je dis là et le comté des
Îles-de-la-Madeleine où on en fait une exception
véritable.
Je voudrais qu'on réfléchisse un peu là-dessus,
parce que si on inscrit dans la loi "à l'exception des
Îles-de-la-Madeleine", l'article 4 va devoir prendre une autre
signification que celle qui permettait, en vertu de l'article 4, de
créer un comté autonome aux Îles-de-la-Madeleine. Cela va
vouloir dire si on le laisse comme cela qu'on veut dire autre
chose aux commissaires en plus des Îles-de-la-Madeleine. Il va
peut-être falloir leur dire ce qu'on veut leur dire.
M. Bédard: Je crois, effectivement, que l'article 4 a
été pensé, ayant à l'esprit peut-être
d'une façon tout à fait spéciale le cas des
Îles-de-la-Madeleine. Il se peut très bien que l'article 4 n'ait
plus sa raison d'être à partir du moment où nous
décidons d'adopter et d'inclure dans la loi
l'amendement qui a été présenté par le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Lamontagne: C'est la question qu'on se pose.
Le Président (M. Laberge): Conséquemment, l'article
4 est suspendu. J'appelle l'article 5.
M. Bédard: L'article 5, il y aura un amendement. Il s'agit
simplement d'un amendement de concordance par rapport à la refonte. Il
s'agirait de remplacer l'article 5 par le suivant. Je cite: "La commission
attribue un nom à chaque circonscription électorale qu'elle
délimite après avoir pris l'avis de la Commission de toponymie
instituée par la Charte de la langue française (chapitre
C-11)."
M. Lavoie: Les nouveaux statuts? M. Bédard: Oui,
c'est cela.
Le Président (M. Laberge): Nous remplaçons par
l'article 5 en changeant, à la fin, "1977, chapitre 5" par "chapitre
C-11". Est-ce que l'article 5, nouvelle rédaction, est
adopté?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'amendement consiste à
changer les mots...
M. Lamontagne: II faudrait peut-être faire en sorte que les
amendements du ministre puissent être distribués.
M. Bédard: C'en était un qui était vraiment
de concordance.
M. Lamontagne: De prévoir cela un peu d'avance.
M. Fontaine: Pouvez-vous le lire?
Le Président (M. Laberge): Je peux vous dire ici que tous
les mots sont semblables excepté ce qui était à
l'intérieur de la parenthèse à la fin "1977, chapitre 5"
est changé par "chapitre C-11", c'est-à-dire la refonte des
lois.
Quant au corps de l'article, il est le même. M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Une question absolument technique. L'article 5 est
aussi soumis à la consultation de la population parce qu'il y a
plusieurs situations qui apparaissent souvent problématiques. Je vous
donne un exemple qui me rappelle un souvenir. Quand il y a eu la fusion des
comtés de Brome et Missisquoi, pour n'en faire qu'un seul, c'est un
matin, en se faisant la barbe, que mon père m'a demandé comme
cela: Comment est-ce que tu penses qu'on devrait appeler le nouveau
comté, Brome ou Missisquoi? Etant un homme de conciliation plutôt
que de confrontation, il avait finalement accepté d'appeler cela
Brome-Missisquoi. Mais si tout le monde était comme cela, à
chaque fois qu'on fusionne des comtés, on se ramasserait avec des noms
qui sont longs comme la terre. Il y a d'autres comtés...
M. Lalonde: Marguerite-Bourgeoys...
M. Bertrand: II y a des comtés, M. le Président,
où les citoyens et je le dis particulièrement dans les
municipalités, dans les villes, où l'identification des
électeurs à leur comté est particulièrement
difficile, étant donné que très souvent, vous appartenez
à un quartier qui n'a aucun apparentement avec le nom qui est
porté par le comté et les gens se demandent très souvent
dans quel comté ils sont. Je vous donne un exemple, le mien, en
particulier. Je suis député du comté de Vanier. Je me fais
dire continuellement, député du comté de Ville Vanier,
parce que dans le comté de Vanier, il y a une municipalité qui
s'appelle ville de Vanier qui compte 15% de la population du comté, mais
les autres 85% qui habitent dans Duberger, Les Saules, Limoilou, le quartier
Saint-Sauveur, très souvent, ces gens-là ne se sentent pas
identifiés au comté parce qu'ils ont l'impression que le
député de Vanier est le député de ville de Vanier
et non pas de ces quartiers dont eux sont issus et dont le nom n'est pas
représenté dans cette appellation. Je vous avoue que cela
représente un certain nombre de problèmes, à l'occasion,
pour les gens qui, dans les milieux urbains, veulent s'identifier à un
comté. Cela pose peut-être moins de problèmes dans les
comtés ruraux, mais dans les comtés urbains, cela pose un
problème beaucoup plus important.
M. Fontaine: C'est plus difficile de se faire
connaître.
M. Bertrand: Le député de Vanier n'a pas de
problème. (11 h 30)
Le Président (M. Laberge): L'article 5, amendé,
sera-t-il adopté?
M. Fontaine: Adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 6. M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, c'est ici, je pense, que
revient la question du secteur électoral. Il faudrait rappeler que le
travail du comité Dussault avait porté, entre autres, sur cette
question. Il nous apparaissait important que l'on crée des balises au
directeur du scrutin qui a charge de faire une délimitation à
l'échelle la plus réduite. Si on veut que l'électeur se
retrouve dans quelque chose de permanent parce qu'une carte
électorale est, en soi, quelque chose de mouvant si on veut se
plier aux exigences des développements démographiques, il faut
s'assurer que l'électeur se
retrouve dans quelque chose. Il nous paraissait important que les
milieux naturels soient considérés dans la délimitation de
ces territoires où le citoyen peut encore se retrouver. C'est cela le
secteur électoral qui ne devrait pas être composé de plus
de 2500 électeurs, mais qui permettrait encore aux citoyens de se
retrouver et qui créerait une permanence et des balises à ceux
qui ont à créer des délimitations pour des fins bien
pratiques, particulièrement pour ce qui est du vote.
Avec cette mouvance qui existe, les gens ne savent plus, d'une
élection à l'autre, à quel endroit ils vont voter.
Normalement, un secteur électoral devrait correspondre au territoire qui
comprend toutes les personnes qui vont voter à un endroit. En
général, les gens vont voter à l'école X. Le
secteur électoral correspondrait encore à ce territoire où
les gens se reconnaissent. Les personnes de ce territoire sont les personnes
qui vont voter à l'école X. Cela pourrait changer, bien
sûr.
M. Lamontagne: Avant que le député continue, cela
va pour les villes, les secteurs urbains.
M. Lavoie: Oui, mais les comtés ruraux.
M. Lamontagne: Dans le comté de Roberval, ce que vous
venez de dire, cela correspond à l'endroit où ils vont voter,
c'est totalement faux.
M. Dussault: Oui, M. le député de Roberval, je ne
suis pas en train de vous dire qu'il faudra que le territoire existe en
fonction de l'école où on va voter, mais de ce territoire
découle généralement un endroit assez stable où on
va voter. C'est un critère de stabilité, de permanence, qu'on a
voulu mettre dans la loi, de façon à éviter que le citoyen
se perde dans ces changements continuels de structure. Et ces territoires
correspondent généralement à des milieux naturels,
à des communautés naturelles.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je n'ai rien contre le principe, mais je me demande,
effectivement, si on n'a pas fait la preuve encore, autant le ministre que le
député de Châteauguay, que c'est vraiment nouveau,
révolutionnaire, ou que cela apporte des avantages extraordinaires.
Le ministre nous a dit tout à l'heure qu'on a connu des bureaux
de votation coupés par une rue. On verra toujours des bureaux de
votation coupés par une rue. Surtout des districts électoraux, il
y en aura également qui seront coupés par des rues. Cela
n'empêchera pas cela. Un district électoral de 2500
électeurs, si on prend la moyenne, cela fait à peu près
huit bureaux de votation. Je comprends que dans des divisions de nouvelles
cartes, on changera un district électoral complet dans un nouveau
comté. Cela ne change rien encore non plus. S'il y a quatre bureaux de
scrutin dans une municipalité, ou six, avec les bureaux de votation ou
les districts, les sections de vote que nous avons actuellement, je sais que
cela formera un district électoral. Dans la même
municipalité, qu'il n'y ait que deux bureaux de votation, cela formera
un district électoral. C'est pour cela qu'il y a cette limite maximale
de 2500 électeurs. Il y a beaucoup de municipalités au
Québec qui ont deux sections de vote, d'autres qui en ont trois ou
quatre. Cela fera un secteur électoral. Qu'il y ait
éventuellement des changements de limites d'un comté ou d'une
circonscription, je pense bien qu'on ne divisera pas cela davantage, même
si on n'a pas ce nouveau concept de district électoral. Si vous voulez
l'avoir, ayez-le, mais je trouve que cela n'apporte aucun changement. À
moins qu'on ne l'explique davantage.
M. Bédard: M. le Président, je crois que cela
apporte quand même un changement je n'emploierai pas le terme
"révolutionnaire", je ne crois pas l'avoir employé mais un
changement d'importance dans le sens qu'on ne veut pas, en termes de principe,
que le découpage de la carte électorale ne soit qu'une
opération mathématique. La consécration de ce principe,
c'est essentiellement l'effort qui devra être fait d'identifier les
communautés culturelles de telle façon que lorsqu'il y aura de
nouveaux découpages de la carte électorale, il y aura le respect
de ces communautés culturelles qui ont été
identifiées, qui ne seront pas sectionnées si elles doivent
changer de circonscription électorale, mais qu'à partir du moment
où on a identifié les communautés culturelles, je pense
que s'ensuivra un respect de la part des membres de la commission de tenir
compte de l'identification de ces communautés culturelles lorsqu'il
s'agit de faire certains changements au niveau de la carte
électorale.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Je veux seulement donner un exemple au
député de Laval pour lui montrer que cela va déjà
changer quelque chose. On sait actuellement que le directeur de scrutin,
l'ancien président d'élection, devait refaire la carte des
sections de vote d'une élection à l'autre, et combien de fois on
a vu, à chaque année, effectivement, un chambardement des
sections de vote dans un sens, l'année suivante cela allait dans l'autre
sens. C'était complètement arbitraire. Cela ne tenait compte de
rien d'autre que des critères complètement mathématiques.
Ce qui arrivait, c'est que les électeurs, d'une fois à l'autre,
se retrouvaient dans des encadrements différents pour aller voter. Cela
changeait continuellement. Il faut s'assurer qu'il y ait, une fois pour toutes,
au plan de l'individu, dans ce qui l'entoure, quelque chose de stable, quelque
chose de permanent. C'est ça que ça vise, qu'enfin,
l'électeur se retrouve dans quelque chose. À ce compte-là,
au rythme où on est parti, les choses vont tellement changer que
l'électeur, d'une fois à l'autre, ne saura pas où il se
trouve là-dedans. On aura beau lui rappeler avec une carte de rappel
qu'il vote à tel endroit,
tout change autour de lui si rapidement que l'électeur se sent
perdu. Il faut donc lui créer un élément de permanence et
c'est le secteur électoral.
M. Lavoie: Je dois ajouter quelque chose parce que le
député de Châteauguay m'a ouvert la porte. Il n'y a aucun
statut pour ces districts électoraux, secteurs électoraux. Il n'y
a aucun statut à ça. Le député de Châteauguay
mentionne qu'il y a eu des chambardements récemment et cela a
été fait, je crois, dans l'esprit des contrats qui avaient
été donnés en vertu de la loi 3, le projet de loi no 3. Ce
qui s'est fait là...
M. Dussault: C'est plus large que ça, ça fait plus
longtemps que ça.
M. Lavoie: Un instant! Ce qui s'est fait par le Directeur
général des élections, récemment, qui a
été nouveau c'est par l'électronique ou par les
moyens scientifiques qu'on avait on a changé depuis cette
année des sections de vote. Avant, c'était fait par le
président d'élection du comté et ce n'était pas si
mal fait que ça, je pense. Cette année, il est arrivé un
événement, et c'est le Direc- teur général des
élections, à la suite du contrat qu'il a donné avant la
présentation de la loi 3, qui a changé les sections de vote.
C'est bien beau, ça, mais je pense bien que... Je ne sais pas si les
députés qui sont ici... Tous les problèmes que cela a
amenés lors du dernier recensement. C'est aberrant les erreurs qui ont
été commises dans les nouvelles sections de vote que vous voulez
permanentes et bien faites.
J'étais dans Prévost dernièrement et j'ai
rencontré deux cas, entre autres, où des gens... Le bureau de
votation était de l'autre côté de la rue, ils habitaient de
l'autre côté de la rue du bureau de votation, dans Sainte-Sophie,
entre autres, et ils devaient aller voter à huit milles de là.
À sept ou huit milles de là.
Un autre cas, à la même place, où un monsieur
était habitué à aller voter dans une école et il
était...
M. Dussault: C'est ça qu'on veut éviter là,
c'est ce qu'on veut corriger. L'allusion que vous faites à la loi 3 et
les problèmes que vous décelez naissaient justement de ces
problèmes de sections de vote et non pas de secteurs
électoraux.
M. Lavoie: Mais voyons, on n'a pas les secteurs...
M. Dussault: C'est fort différent, c'est aussi ça
qu'on veut éviter...
M. Lavoie: Cela ne changera rien, c'est de l'angélisme que
vous voulez là, ça ne changera absolument rien. En tout cas, si
vous voulez l'avoir, vous aimez avoir de nouvelles structures, faites-en de
nouvelles structures, mais je vous dis que ça ne changera rien au point
de vue pratique.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Vanier, vous m'avez demandé la parole.
M. Bédard: M. le Président, sur le plan des
principes, je ne veux pas argumenter longtemps, je crois que ça peut
changer quelque chose, puisqu'il s'agit d'essayer de faire en sorte que le
découpage d'une carte électorale ne soit pas qu'une
opération mathématique, mais une opération qui tienne
compte de l'identification des communautés culturelles. Je pense que
c'est à la longue que nous verrons l'amélioration que ça
pourra apporter.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Vanier, vous m'avez demandé la parole?
M. Bertrand: Oui, d'abord une question et, ensuite,
j'émettrai un bref commentaire. Le maximum de 2500 électeurs
signifie que dans des cas... Prenons un village dans un milieu rural où
il y a deux bureaux de scrutin de 250 électeurs chacun, donc 500
électeurs au total. C'est dans une même petite municipalité
rurale, avec 500 électeurs; ils peuvent former un secteur
électoral. C'est bien l'esprit de l'article.
À ce moment-là, je trouve cela nouveau comme principe.
J'avoue, avec le député de Laval, que c'est du nouveau; on n'a
pas été habitué de vivre avec cela.
M. Lavoie: Vous en avez eu du nouveau, vous aussi.
M. Bertrand: Je trouve que celui qui a eu cette idée
il semble que ce soit mon collègue, le député de
Viau, dans le travail de la commission Dussault a eu une idée
valable. Il y a deux points positifs que je vois là-dedans. Quand
viendra le temps de refaire certaines circonscriptions électorales parce
qu'elles auront ou dépassé le maximum prévu par la loi, ou
se situeront en-dessous du minimum prévu par la loi, plutôt que de
faire bouger une section de vote ou deux sections de vote, compte tenu
évidemment du comté où ça se produit, c'est un
secteur électoral qui sera amené à changer de
circonscription.
M. Bédard: C'est cela.
M. Bertrand: Donc, il y aura une opération beaucoup plus
naturelle que lorsqu'on touchait à des sections de vote prises
individuellement. Si, par exemple, la municipalité X, en milieu rural,
qui appartenait plutôt à tel comté vient maintenant dans un
autre comté, c'est toute la municipalité qui est affectée,
et non pas simplement une ou deux de ses sections de vote; supposons qu'il y en
ait sept ou huit. En milieu urbain, je trouve que c'est aussi très
important. On dit souvent qu'en milieu urbain, parfois on a l'impression que
les gens n'ont pas d'attachement à des îlots naturels, à
des communautés naturelles; c'est tout à fait faux. La paroisse
est d'abord et avant tout, je
pense, la meilleure définition de communauté naturelle en
milieu urbain. Au-delà de la paroisse, il y a à
l'intérieur des paroisses, bien souvent, quand la paroisse est trop
grande, différentes définitions de communautés naturelles
qui peuvent être introduites. En plus de cela, sur le plan de l'action
politique c'est peut-être un élément important
je pense que la plupart des partis politiques, maintenant, surtout en
milieu urbain, fonctionnent avec ce qu'on appelle, dans notre jargon, des
quartiers qui comprennent à peu près cinq, six, sept sections de
vote différentes, mais qui sont réunies et qui, sur le plan de
l'action politique, permettent de créer ce qu'on appelle dans notre
jargon je ne sais pas si c'est la même chose dans le Parti
libéral des responsables de quartier ou des chefs de quartier qui
ont la responsabilité de s'occuper de certaines sections de vote qui
font partie d'une communauté naturelle et qu'on essaie de définir
avec des délimitations naturelles. Je dis que, aussi, pour les gens qui,
à l'intérieur d'un parti politique, ont à travailler dans
les comtés, le fait de savoir qu'on travaille dans une communauté
qui, sur le plan légal, sera maintenant reconnue comme un secteur
électoral, c'est sans doute une façon additionnelle de donner un
caractère un peu plus institutionnel au travail qui est fait, non
seulement sur le plan strictement électoral pour l'appareil
électoral, mais aussi pour l'appareil politique, avec des chefs de
quartier qui auront le sentiment que, si jamais un jour leur quartier faisait
partie d'un nouveau comté, ils demeureraient quand même avec le
même quartier et ils pourraient continuer à oeuvrer à
l'intérieur de ce quartier, et donc ne se sentiront pas
déchirés continuellement dans des divisions de quartier comme
ça pouvait se produire auparavant.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval. (11 h 45)
M. Lamontagne: M. le Président, je trouve qu'on a
répondu assez rapidement au député de Vanier lorsqu'il a
suggéré qu'une paroisse rurale, contenant deux sections de vote
avec un total approximatif de 500 électeurs, pourrait former un secteur
électoral par elle-même. C'est là justement que ça
devient un grave problème; bien sûr, c'est une paroisse par
elle-même, mais il y a une communauté naturelle qui
s'établit avec les paroisses qui l'environnent. Je vais citer des
exemples bien concrets dans mon coin, au nord du comté le
ministre les connaît bien Notre-Dame-de-Lorette et
Saint-Eugène. Suivant ce qu'on vient de répondre au
député de Vanier, ces paroisses pourraient être des
secteurs électoraux individuels, mais ce n'est pas une très
grande protection pour ces paroisses, il serait préférable, parce
que formant entre elles une communauté naturelle, qu'elles forment,
avant d'autres possiblement, un véritable secteur électoral. On a
répondu un peu trop rapidement au député de Vanier, c'est
là justement qu'est le problème, parce qu'à ce moment, si
on dit: Oui, bien sûr, une paroisse peut, par elle-même, former un
secteur électoral; on revient comme on était avant, on prend une
paroisse qui, elle, est un secteur électoral et on la
déménage de comté, sans tenir compte de sa
communauté naturelle. Par exemple, dans le nord du comté de
Roberval, nous avons six paroisses dont le nombre total des électeurs
est approximativement 2000 en tout, donc cela respecte l'article 6 pour le
maximum des 2500 électeurs.
On pourrait facilement dire: Elles forment un secteur électoral.
Mais il y a un autre critère fondamental dans la vie de tous ces gens,
c'est qu'ils sont dans le rayon de villes avec lesquelles ils font affaires
quotidiennement, tant au point de vue de commissions scolaires, etc. De sorte
qu'il est assez difficile de penser que certaines paroisses, vivant,
travaillant je pense que tout le monde sait ce que je veux dire
puissent changer de comté. Pour ces villes, on coupe l'appartenance
lorsqu'on parle de communauté naturelle, on la coupe en deux. C'est un
cas que je soumets à l'attention; c'est pour ça que je dis: Ce
n'est pas si simple que ça en pratique et la réponse rapide qu'on
a donnée au député de Vanier en témoigne d'une
façon bien concrète.
Un autre exemple; je vais nommer une ville, je peux me tromper, mais les
exemples doivent être nombreux. Disons que la ville de Normandin, dans le
comté de Roberval, comprend 2600 électeurs. Le secteur
électoral ne peut pas dépasser 2500 électeurs, ce qui veut
dire que la ville de Normandin, qui, par elle-même, est une entité
bien propre, devrait en partie, en vertu de l'article 12, couper à
quelque part ce secteur électoral qui constitue la ville de Normandin et
aller dans une autre paroisse. Or, les articles concernant les secteurs
électoraux ne semblent pas faire attention à ces villes qui sont
peuplées d'un peu plus que 2500 électeurs.
Je vais prendre un autre exemple, dans le Nord-Ouest
québécois; je ne connais pas le nombre d'électeurs de la
ville de Chapais, mais, à titre d'exemple parce que cet exemple
peut se retrouver partout au Québec si la ville de Chapais a 2700
électeurs, que fait-on, c'est une ville en elle-même et la
prochaine ville, l'habitant le plus proche demeure à 30 milles? Dans
l'article, ces cas ne sont pas prévus.
M. Dussault: Est-ce que je peux vous poser une question, M. le
député de Roberval?
M. Lamontagne: Oui.
M. Dussault: Est-ce qu'on doit comprendre de votre intervention
que ce qui vous inquiète, c'est le maximum de 2500 électeurs?
M. Lamontagne: Dans certains cas, oui.
M. Bédard: II me semble qu'il pourrait peut-être y
avoir une souplesse, dans le sens que, plutôt que de parler d'un maximum
rigide, on peut parler de "environ 2500".
M. Lamontagne: En pratique, on va se frapper à
différents exemples.
M. Bédard: II peut effectivement arriver que, dans une
ville, il y ait 2600 électeurs. Il serait vraiment
inapproprié...
M. Bertrand: Inscrivons donc "environ 2500... M. Lamontagne:
Oui.
M. Bédard: Effectivement, M. le Président, à
l'article 6 on pourrait faire un amendement selon lequel...
M. Dussault: M. le ministre, si vous permettez. Il ne faudrait
pas non plus que, pour une communauté de 500 électeurs, on soit
inquiet d'en faire un secteur électoral parce qu'on dirait "environ
2500". Là, on serait loin des 2500, il faut quand même garder la
notion d'un maximum, mais...
M. Lamontagne: Qui soit approximatif.
M. Dussault:... qui soit approximatif, c'est ça.
M. Lamontagne: Maximum approximatif.
M. Bédard: Je comprends "approximativement un maximum de
2500 électeurs."
M. Lavoie: Est-ce que c'est français?
M. Lamontagne: Je ne sais pas si... je pense que...
M. Bédard: Une seconde, on va voir la phraséologie
française.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Viau.
M. Lefebvre: II faut aussi comprendre que la commission ira
rencontrer les gens sur place pour préparer ces secteurs
électoraux et va nécessairement prendre en considération
les sentiments d'appartenance. La commission va aller voir les gens et les cas
que vous avez mentionnés à savoir que les petits villages aux
alentours ne veulent pas être séparés, parce que tous
travaillent dans telle ville, je pense que la commission va prendre cela en
considération, puisqu'elle doit consulter la population avant de faire
ces secteurs.
Vous savez très bien qu'actuellement les sections de vote sont
divisées et, à chaque année, à chaque recensement,
ces sections sont divisées de façon complètement
arbitraire, ce qui rend le travail des travailleurs d'élection, si on
peut dire, de comtés, très difficile, parce qu'on ne peut pas,
comme dans mon cas, par exemple, déterminer combien d'Italiens il y a
dans tel quartier, tandis qu'avec le concept de secteur électoral, c'est
fixe, c'est permanent.
De ce fait, je vais pouvoir déterminer pour tout ce que je vais
faire, combien il y a de vieux dans ce secteur, combien il y a d'Italiens,
etc.
C'est c'est un facteur qui n'a pas été
mentionné aussi pour faciliter aux différents partis les
contacts avec leurs électeurs et pour rencontrer leurs demandes.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous m'aviez demandé la parole.
M. Fontaine: Oui, M. le Président. J'ai juste un bref
commentaire à faire. D'après mes constatations, l'adoption de la
délimitation des secteurs électoraux s'applique bien plus dans
les districts urbains que dans les districts ruraux. Je comprends que, dans les
districts urbains, c'est fort possible que cela aide à recréer
une ambiance où les gens vont se retrouver.
Cependant, dans les districts ruraux cela ne change absolument rien,
cela ne donne rien, parce qu'on a des critères qui sont
délimités dans la loi, avec lesquels je suis d'accord d'ailleurs,
parce que je ne voudrais pas que deux municipalités soient
regroupées sous un même secteur électoral...
M. Bédard: D'accord, c'est prévu à l'article
9.
M. Fontaine: C'est cela. C'est l'interprétation que je
fais de la loi. Maintenant, le député de Viau nous dit: La
commission va aller consulter la population. Là, il faut
interpréter la loi de façon extrêmement large pour en
arriver à cette conclusion parce qu'à la section IV où on
parle de la procédure d'adoption de la délimitation des
circonscriptions électorales, l'article 33 dit: "Après en avoir
donné avis, la commission doit tenir des auditions publiques dans les
diverses régions du Québec pour entendre les
représentations des citoyens et des organismes
intéressés." Cela concerne les délimitations des
circonscriptions électorales. Cela ne concerne pas les secteurs
électoraux.
Est-ce qu'il y a d'autres dispositions dans la loi que le ministre nous
proposera à savoir qu'il y aura des consultations? Je ne pense pas qu'il
y ait une prévision dans la loi là-dessus.
M. Bédard: II n'y aura pas de dispositions
particulières obligeant une consultation concernant les secteurs
électoraux. Nous allons avoir une commission permanente dont ce sera la
responsabilité et qui prendra les moyens de consultation
appropriés pour en arriver à un découpage de secteurs
électoraux qui reflètent bien l'esprit du projet de loi no
10.
M. Fontaine: C'est le bon sens qui le dit. Mais il n'y a rien de
prévu dans la loi?
M. Bédard: Non.
M. Lefebvre: Mais cela peut être autrement.
M. Fontaine: Cela peut être autrement, si on fait des
lois...
M. Bédard: Pour faire suite à nos discussions,
l'article 6 pourrait se lire comme suit: "Un secteur
électoral comprend un maximum approximatif de 2500
électeurs."
M. Fontaine: C'est beau.
Le Président (M. Laberge): À l'article 6, le mot
"au" est remplacé par "un", et après "maximum", on ajoute
"approximatif de", pour se lire: "Un secteur électoral comprend un
maximum approximatif de 2500 électeurs". Est-ce que...
M. Fontaine: 2750, est-ce que cela va être
approximatif?
M. Bédard: Y a-t-il autre chose à ajouter?
M. Lavoie: En ce qui me concerne, je suis prêt à
l'adopter, mais je trouve que cela n'apporte absolument rien de nouveau. Dans
le comté de...
M. Bédard: II est évident... Vous changez
d'idée, mais je...
M. Lavoie: ... Lotbinière, s'il y a cinquante
municipalités, il y aura cinquante districts électoraux.
M. Lamontagne: Quand est-ce qu'on pourrait discuter de cela?
Le Président (M. Laberge): L'article 6 est-il
adopté?
M. Lavoie: Cela met un article de plus dans la loi.
M. Bédard: Enfin, je ne recommencerai pas l'argumentation,
M. le Président, je considère que si ce travail est fait dans
l'esprit de la loi, dans l'esprit des représentations que nous avons
faites, ceci constituera définitivement une amélioration, qui
fera en sorte que nous n'aurons pas un découpage de carte
électorale qui ne tient compte que des chiffres, qui soit une
opération mathématique, mais un découpage qui tient compte
de l'identification des communautés naturelles.
M. Lavoie: J'ai une dernière réserve, il ne
faudrait pas...
M. Bédard: Le chiffre de 2500, je comprends que c'est
quand même un chiffre arbitraire, mais, pour l'intérêt des
membres de la commission, je voudrais dire que ce chiffre a été
retenu à partir d'études qui ont été faites au
niveau des Affaires municipales concernant la dimension des paroisses, la
dimension des aires pour les fins de recensement fédéral, la
dimension des quartiers municipaux. Il y a eu une assez longue étude qui
a été faite dans le sens de fixer le chiffre de 2500.
Naturellement, il faut le faire de façon arbitraire, mais en tenant
compte de certaines réalités.
M. Lavoie: M. le Président, à la suite des propos
du député de Viau je crois que je connais bien le
comté du député de Viau non seulement je ne crois
pas que cela apporte quelque chose, mais je vois même un danger. Si on
suit trop à la lettre l'interprétation qu'en fait le
député de Viau, dans les comtés urbains, je crains que
cela forme même des ghettos, si on dit: Tous les Italiens vont être
ensemble et tous les Portugais vont être ensemble, ce n'est pas bon,
d'après moi, pour la compréhension et l'intégration de
tous les Québécois.
M. Bédard: On est rendu...
M. Lavoie: Écoutez, ce sont des ghettos. Cela peut devenir
des ghettos.
M. Bédard: Écoutez, on est dans les
délimitations de secteurs électoraux.
M. Dussault: S'il y a des ghettos, ce n'est pas de là
qu'ils vont venir.
M. Bédard: Ah! on est dans les délimitations de
secteurs électoraux.
M. Lavoie: Cela peut faciliter l'organisation de ghettos.
Certainement.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 6...
M. Bédard: C'est vraiment charrier.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 6, avec
ses deux amendements, sera adopté?
M. Lavoie: Sur division, en ce qui me concerne. Vous ne m'avez
pas convaincu des avantages de ça.
Le Président (M. Laberge): L'article 6 est adopté
avec amendements.
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté, avec
amendements, sur division. J'appelle l'article 7. M. le ministre.
M. Bédard: Je tiens à exprimer quand même ma
surprise de l'adoption sur division parce que je me rappelle, entre autres, les
propos du député de Laval, lors du discours de deuxième
lecture, qui trouvait que la notion de secteur électoral ne
méritait pas, en tout cas, les réticences...
M. Lavoie: Voulez-vous me citer?
M. Bédard:... dont il semble vouloir nous faire part
aujourd'hui et qui sont carrément disproportionnées par rapport
aux propos qu'il a tenus en deuxième lecture. Je ne comprends vraiment
pas.
M. Lavoie: M. le Président, du fait que le ministre m'a
impliqué, je croyais que le ministre,
lorsqu'il a inclus un nouveau principe, un nouveau concept du secteur
électoral, avait des arguments vraiment valables et probants pour amener
ce nouveau concept, ce que je n'ai pas aujourd'hui. C'est la raison pour
laquelle, en l'absence d'argumentation de la part du ministre pour nous
expliquer pourquoi il crée cette nouvelle structure, du fait qu'il ne
m'a pas convaincu, qu'il a apporté tellement peu d'arguments, c'est la
raison pour laquelle j'inscris mon désaccord. C'est tout. (12
heures)
M. Bédard: Je remarque que les réticences du
député de Laval ont été exprimées bien avant
que nous ayons l'occasion d'argumenter sur l'à-propos des secteurs
électoraux.
Le Président (M. Laberge): Maintenant, l'article 7 est
appelé. "La commission délimite chaque secteur...", il n'y a pas
de modification?
M. Bédard: II n'y a pas de modification, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cet article 7 sera
adopté?
M. Lamontagne: Evidemment, l'article 7 nous amène à
nous poser certaines questions. Il y a certains critères,
l'homogénéité socio-économique et les
frontières naturelles. D'abord, bien qu'on ait suspendu l'article 3, on
voudrait vous prévenir que l'homogénéité
socio-économique, nous voudrons la retrouver en termes concrets dans
l'article 3. Egalement, lorsqu'on parle de frontières naturelles, lors
d'un discours de deuxième lecture, on a parlé de rivières,
etc., dans les secteurs urbains, il y a une autoroute... Quel critère
est le plus important dans l'article 7, l'homogénéité
socio-économique ou les frontières naturelles?
M. Bédard: Je pense que ce sont les deux. L'article se lit
"l'homogénéité socio-économique et les
frontières naturelles". Je pense qu'il faut donner un minimum
d'intelligence aux membres de la commission qui auront effectivement à
faire le découpage des secteurs électoraux. Il est évident
que ce n'est pas l'idée du législateur de faire le travail dans
les détails du découpage des secteurs électoraux. Il
s'agit de donner des balises générales qui ne soient pas trop
contraignantes et qui, d'une façon assez générale,
indiquent bien l'esprit du législateur. Je crois que vouloir aller dans
des spécificités plus grandes, ce serait beaucoup plus de nature
à compliquer le travail des membres de la commission qu'à
l'aider.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Châteauguay, sur l'article 7.
M. Dussault: M. le Président, est-ce que vous avez
demandé s'il était adopté?
Le Président (M. Laberge): Non, j'ai dit "sur l'article
7".
M. Dussault: M. le Président, je voudrais rappeler aux
membres de cette commission M. le député de Laval
n'était pas présent, malheureusement, sur cette question
que j'avais demandé au Directeur général des
élections ce qu'il pensait de la création des secteurs
électoraux et des critères qu'on avait prévus pour leur
formation. Il nous avait répondu qu'il trouvait l'idée excellente
et qu'on avait même tenté avec succès d'appliquer cette
notion à la délimitation des cartes électorales pour les
municipalités relativement à la démocratie municipale.
M. Lavoie: Pour quelle raison vous a-t-il dit que c'était
tellement bon?
M. Dussault: Parce qu'il concevait qu'on devait chercher à
faire des délimitations qui soient le moins arbitraires possible. Il
avait vécu l'expérience, il trouvait que c'était vivable,
que c'était faisable.
M. Lavoie: J'aimerais ajouter quelque chose, M. le
Président. Vous savez, planifier par le haut, comme c'est la marque de
commerce de votre gouvernement cette espèce de paternalisme, et donner
des directives à tout le monde, avec cela,
l'homogénéité socio-économique, vous allez avoir
des sections électorales pauvres et des sections électorales
riches parce qu'elles vont respecter l'homogénéité
socio-économique. Il ne faudrait pas mêler la haute-ville de
Québec avec la basse-ville de Québec.
M. Bédard: M. le Président, je m'objecte dès
le départ. J'ai rarement vu un charriage comme cela de la part du
député de Laval.
M. Lavoie: Ce sont des critères que vous leur donnez.
M. Bédard: Tout à l'heure, c'était la
formation de ghettos alors qu'on parlait de découpage d'une carte
électorale, de secteurs électoraux, et là on nous arrive
avec des arguments dans le genre de celui qui vient d'être
énoncé, de mettre les pauvres ensemble et les riches
ensemble.
M. Lavoie: Qu'est-ce que ça veut dire, M. le
Président, l'homogénéité
socio-économique?
M. Bédard: M. le Président...
M. Lavoie: C'est cela que dit votre loi.
M. Bédard: Je vous ferai simplement remarquer que le
député de Laval n'est pas à une assemblée
politique; on est en train d'examiner une loi, non pas d'essayer de
charrier.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: J'aurais une question à poser au ministre.
Pourriez-vous m'expliquer ce qu'est
l'homogénéité socio-économique? C'est cela
ma question, répondez-y.
M. Bédard: C'est de tenir compte de facteurs sociaux et de
facteurs économiques. De tenir compte également des
frontières naturelles.
M. Lavoie: Merci, M. le Président. Le ministre a
répondu à ma question.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet.
M. Dussault: Pourrais-je rappeler l'exemple d'une circonscription
électorale?
M. Fontaine: Est-ce que vous m'avez donné la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Laberge): Sans enlever le droit de parole
au député de Nicolet-Yamaska.
M. Dussault: Allez M. le député de Nicolet-Yamaska.
Si je ne suis pas déphasé, je reviendrai.
M. Fontaine: C'est cela. Vous avez toujours le droit de revenir.
On commence à être habitué à cela. De toute
façon, M. le Président, je pense que si le ministre a l'intention
d'établir ces critères à l'article 7 qui doivent
s'appliquer au secteur électoral et qu'il nous dit que ces secteurs sont
des critères valables pour délimiter un secteur électoral,
étant donné le fait que la circonscription électorale est
la limite qui va "chapeauter" le secteur électoral, est-ce que le
ministre ne serait pas disposé à inclure également ces
critères dans la délimitation d'une circonscription
électorale que nous retrouvons à l'article 3?
M. Bédard: Je pense qu'on verra à l'article 3.
M. Fontaine: Je ne demande pas au ministre de retourner à
l'article 3. Le principe que je lui demande, c'est s'il aurait objection
à l'appliquer également à la circonscription
électorale.
M. Lavoie: Ne faites pas trop de suggestions, ils vont le mettre
à la section de vote aussi, socio-économique dans la section de
vote.
M. Fontaine: II ne faudrait peut-être pas
exagérer.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que c'était votre
question?
M. Fontaine: J'attends la réponse du ministre, s'il en a
une.
M. Bédard: Je voudrais mieux comprendre ce que veut le
député de Nicolet-Yamaska. Est-ce qu'il veut que tous les
critères que nous allons retrouver à l'article 3 se retrouvent
nécessairement, lorsqu'il s'agit de définir les secteurs
électoraux... En fait, cela n'en finit plus. Tantôt, ce seront les
sections de vote.
M. Fontaine: Bien non. Si le critère de
l'homogénéité socio-économique, les
frontières naturelles du milieu ainsi que les limites des
municipalités sont des critères valables pour délimiter
les secteurs électoraux, je verrais très bien que ces mêmes
critères s'appliquent à la circonscription électorale pour
faire en sorte que les mêmes critères
d'homogénéité socio-économique, de
frontières naturelles ainsi que la délimitation des
municipalités soient des critères qui permettent de
délimiter les circonscriptions électorales qui sont
prévues à l'article 3.
M. Bédard: C'est dans ce sens-là que je n'ai pas
d'objection de principe à ce que le député de
Nicolet-Yamaska argumente sur ces facteurs lorsque nous reprendrons
l'étude de l'article 3. On verra jusqu'à quel point cela ne se
retrouve pas dans les critères déjà énoncés
à l'article 3.
M. Fontaine: La réponse du ministre me satisfait en partie
parce que je ne voulais pas qu'on me rétorque, à un moment
donné lorsqu'on étudiera l'article 3, que ces critères ont
déjà été adoptés à l'article 7 et
qu'on ne peut revenir dessus.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 7... M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Moi, je comprends que si on se résumait
uniquement à regarder la première partie de l'article 7, pour ne
lire que les mots "l'homogénéité socio-économique"
on pourrait avoir des situations totalement absurdes du type, prendre une
section socio-économique dans le nord du comté et l'associer
à une autre caractéristique socio-économique Y dans le sud
du comté qui sont à peu près égales sur le plan
socio-économique; cela serait évidemment ridicule. On n'imagine
pas faire un secteur électoral qui ferait rejoindre une population
socioéconomiquement homogène avec une autre du sud du
comté simplement parce qu'elles sont socioéconomiquement
apparentées; ce n'est pas du tout le sens de l'article 7. Moi, je le
prends vraiment dans sa globalité, cet article. Il parle
d'homogénéité socio-économique, de
frontières naturelles et de limites des municipalités. Dans le
fond, il dit quoi? Des communautés naturelles. Pour moi, c'est aussi
simple que cela. Il ne faut pas mettre de priorité, surtout pas de poids
relatifs sur un critère par rapport à un autre. Il faut quand
même laisser à la commission le soin de juger ce qui, à
leurs yeux, étant à la fois disons un mélange
d'homogénéité socio-économique, de
frontières naturelles et de limites des municipalités, constitue
une communauté naturelle. J'ai des nouvelles pour eux autres. C'est
qu'ils ne sont quand même pas sortis du bois même en mettant tout
cela ensemble parce que surtout en milieu urbain, il arrive très souvent
qu'une limite naturelle de municipalité se confonde avec un autre
principe qui est celui de l'homogénéité
socio-économique.
Il peut fort bien arriver qu'une personne, qui n'habite pas dans la
même municipalité qu'une
autre, et par contre, en liaison plus naturelle avec une
municipalité qui n'est pas la sienne, qu'avec sa propre
municipalité, à cause de la situation géographique
où elle est placée... Donc, je dis qu'il faut laisser à la
commission le plus de latitude possible, surtout en ne mettant pas de poids
relatif d'un critère par rapport à l'autre, mais en faisant en
sorte qu'en tenant compte à la fois de
l'homogénéité sociale et économique, à la
fois des frontières naturelles, à la fois des limites des
municipalités, qu'on puisse arriver à dégager ce qu'on
pourrait appeler le concept d'une communauté naturelle, ce qui est dans
le fond l'esprit qui est derrière ce principe du secteur
électoral. Je pense que c'est ça qu'il est important de retenir,
c'est que l'esprit qui est derrière ça est bon, est important et
évidemment pour respecter cet esprit, il faut quand même y mettre
un peu de contenu. C'est ce qui m'apparaît être défini dans
l'article 7.
M. Bédard: M. le Président, il y aurait
peut-être...
M. Lavoie: M. le Président, à la suite des propos
du député de Vanier, je trouve sa suggestion très positive
et moins restrictive peut-être parce qu'on a eu l'expérience de la
commission qui est venue nous dire, l'autre jour, que, l'ancienne loi telle
qu'elle était faite, respectait d'abord la question mathématique.
S'il faut qu'il y ait encore cette interprétation, je pense que la
suggestion du député de Vanier ne sera plus valable, parce que si
la commission prend comme premier critère celui qui est inscrit en
premier et qui est l'homogénéité socio-économique,
c'est l'expérience qu'on a vécue avec la commission actuelle...
Est-ce que l'homogénéité socio-économique, M. le
ministre, c'est absolument dans votre article 7? Si on disait: La commission
délimite chaque secteur électoral de telle sorte qu'il respecte
les frontières naturelles du milieu, ainsi que les limites des
municipalités? Pourquoi entrer cet esprit qui peut créer
peut-être des classes? C'est ce que le député de Vanier a
mentionné.
M. Bédard: Non, vraiment je crois que s'il y avait ce
danger de créer des classes, auquel fait allusion le
député de Laval, je serais d'accord...
M. Lavoie: Et le député de Vanier. M.
Bédard: ... avec...
M. Bertrand: M. le Président, vous m'excuserez, mais je
pense qu'il est important que je dise que ce n'est pas ça que j'ai
dit.
M. Bédard: Ce n'est pas dans ce sens que je l'ai
compris.
M. Bertrand: Le député de Vanier n'a pas dit qu'il
comprenait l'article 7 comme voulant créer des apparentements de classes
sociales à l'intérieur d'un comté; j'ai dit que, au
contraire, justement, la rédaction de l'article 7 nous fait bien
comprendre que si c'est cumulatif, en d'autres mots
l'homogénéité socio-économique combinée aux
frontières naturelles, ainsi qu'aux limites des municipalités,
c'est dans ce contexte qu'il faut comprendre l'esprit de l'article 7. C'est
qu'il n'est évidemment pas question ce n'est pas comme ça
que j'ai, moi, compris l'article 7 de réunir ensemble deux
groupes socio-économiques semblables, dont l'un réside à
une extrémité du comté et l'autre à l'autre
extrémité. Ce serait "bébête" comme
interprétation de l'article 7 que de réunir des groupes
socio-économiques semblables, mais qui habitent dans des territoires
complètement opposés dans le comté, alors que l'article 7
dit bien que c'est une combinaison des trois critères:
homogénéité sociale, frontières naturelles et
limites de municipalités. Quant à moi, la décision de la
commission doit voir à respecter, non pas un des critères, en
disant: C'est ce critère que l'Assemblée a voulu retenir, mais en
combinant les trois de telle sorte qu'on retrouve, aux termes de la combinaison
des trois, ce qu'on appelle, nous dans notre langage habituel, des
communautés naturelles. C'est aussi simple que ça.
M. Bédard: M. le Président, au cas où le
terme "homogénéité" ferait peur au député de
Laval, je voudrais quand même lui mentionner que ce n'est pas un terme
qui a été inventé par le gouvernement actuel. Je
l'inviterais peut-être à parcourir certaines études qui ont
été faites concernant les critères qui devraient
prévaloir à la délimitation de circonscriptions
électorales, entre autres, une étude préliminaire à
la révision de la carte électorale qui avait été
faite et dont le rapport avait été présenté au
lieutenant-gouverneur en conseil, il y a de cela plus d'une dizaine
d'années et dont faisait partie M. André Raynauld, aujourd'hui
député de la formation politique dont fait partie...
M. Lavoie: Quel est ce document?
M. Bédard: Si vous me permettez de terminer, je vous
donnerai les références.
M. Lavoie: Oui.
M. Bédard: ... le député de Laval et qui,
effectivement, lorsqu'il s'agissait de parler des critères de
délimitation, énonçait qu'on pouvait les définir,
d'une part, comme des milieux homogènes et, d'autre part, comme des
milieux socialement et économiquement intégrés.
M. Lavoie: Quel est ce document?
M. Bédard: Ce document c'est "Étude
préliminaire à la révision de la carte électorale
de la province de Québec", rapport du comité à son
excellence le lieutenant-gouverneur. (12 h 15)
M. Lavoie: C'est un comité qui a soumis un rapport au
gouvernement, et je pense que les membres de ce comité...
M. Bédard: Le 15 janvier 1962.
M. Lavoie: Mais ce n'était pas un rapport fait par un
parti politique ou un gouvernement quelconque.
M. Bédard: Non. M. Lavoie: D'accord.
M. Bédard: Je vous dis ce qui en est. Je ne pense pas
avoir dit que c'était un rapport dans ce sens. Je parlais d'étude
préliminaire.
M. Lavoie: Vous auriez impliqué que je faisais partie de
ce gouvernement...
M. Bédard: Non, M. André Raynauld... Les
idées du député de Laval sont toujours faites
d'avance.
M. Lavoie: II faut aller chercher loin.
M. Bédard: J'ai parlé d'une étude
préliminaire à la révision de la carte électorale
dont le rapport du comité avait été remis à Son
Excellence le lieutenant-gouverneur en conseil et dont c'est le 15
janvier 1962, me dit-on faisait partie le député actuel,
M. André Raynauld simplement pour lui... Tout à l'heure, il
commençait à voir des fantômes, je ne sais pas, des
horreurs, parce qu'on employait les mots "homogénéité
socio-économique". Je veux juste lui rappeler que ce n'est pas nouveau
du tout.
M. Lavoie: Ah non, je pense qu'en ce qui concerne la cellule,
vous connaissez cela beaucoup plus que moi.
M. Bédard: C'est tout simplement une préoccupation
qu'ont eu tous ceux qui ont eu à faire le découpage d'une carte
électorale, de tenir compte de l'homogénéité des
milieux, tant du point de vue social qu'économique, et on retrouve tout
simplement ces mêmes critères lorsqu'il s'agit de secteurs
électoraux.
M. Lavoie: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: J'ai deux sujets sur l'article 7. Un amendement
qui pourrait peut-être satisfaire le député de Laval
je le soumets qui serait, au lieu de dire qu'il respecte
l'homogénéité je voudrais reprendre un amendement
que j'ai fait antérieurement qui serait: en tenant compte de
l'homogénéité et des frontières naturelles. Il
m'apparaît que ce serait encore beaucoup mieux pour les commissaires. On
met des critères, on leur demande d'en tenir compte. Mais on a toujours
ce mot qui est toujours extrêmement dangereux, lorsqu'on emploie le mot
"respecter". Cela vaut pour les deux...
M. Dussault: Êtes-vous contre le respect?
M. Lamontagne: Non, mais je suis fort conscient de ce que les
commissaires sont venus nous dire l'autre jour. Il faut tenir compte de ce
qu'ils sont venus nous dire. En particulier, le juge, lorsqu'il nous a
parlé de l'interprétation qu'il avait, la difficulté
d'interprétation de la loi, il nous a dit qu'il avait passé de
nombreuses heures à essayer d'interpréter l'avis du
législateur.
M. Fontaine: Les commissaires ne sont pas de ceux qui
défient la loi du gouvernement.
M. Lamontagne: Oui. Le deuxième, M. le Président,
pour éviter que tout mon droit de parole ne soit écoulé
là-dessus, je voudrais profiter de l'article 7 pour soumettre au
ministre de la Justice un cas spécial que j'ai dans le comté de
Roberval et qui cadre bien avec ce qui est exprimé par l'article 7.
Il s'agit de la municipalité de Pointe-Bleue. Pointe-Bleue n'a
jamais pu apparaître sur une carte électorale dans la province de
Québec. C'est impensable. J'ai soumis depuis 1972 aux commissaires, par
l'intermédiaire de nos interventions, le fait que Pointe-Bleue
était une véritable municipalité à tous les
titres.
Je pense que le ministre connaît très bien
Pointe-Bleue.
M. Bédard: D'ailleurs, vous défendez la cause avec
beaucoup d'enthousiasme et je vous comprends. Mais, je comprends mal que les
gouvernements précédents dont vous faisiez partie n'aient pas
donné suite à vos revendications.
M. Lamontagne: Encore là, les rapports numéro 5 et
l'essai sur le sixième, 36 000 électeurs, on ne retrouve pas
encore Pointe-Bleue. Pas besoin de vous dire qu'il faut absolument qu'on donne
une indication que dans tel cas, les commissaires indiquent Pointe-Bleue.
Imaginez lorsqu'on parle de - l'article 7 s'y prête bien
Pointe-Bleue, pour les commissaires qui ont fait les cartes, ça fait
partie de la municipalité de Roberval. Cela n'a aucun rapport ni de
près ni de...
M. Dussault: Vous voulez nous dire que Pointe-Bleue est une
communauté naturelle?
M. Lamontagne: Naturelle...
M. Dussault: Ah bon, alors nous voulons en tenir compte.
M. Lamontagne: ... mais n'est jamais indiqué comme telle.
Vous ne voyez même pas le nom de Pointe-Bleue sur une carte
électorale.
M. Dussault: Avec la loi 10, vous avez toutes les chances de
faire reconnaître Pointe-Bleue comme communauté naturelle d'abord,
et ensuite, comme une réalité.
M. Lamontagne: Est-ce que je pourrais solliciter la
commission...
M. Bédard: II y a une réponse technique à
une question.
M. Lamontagne: Je sais qu'il y a une réponse technique,
mais la technique va devoir s'ajuster à la pratique tout à
l'heure.
M. Bédard: Légalement, le nom n'apparaît pas,
lorsqu'on fait une délimitation, parce que cela a le statut d'une
réserve indienne et non pas d'une municipalité. Quand on
définit une circonscription électorale par le contenu, on liste
les municipalités.
M. Lamontagne: Je connais cette opposition technique qu'on a
faite et qui vaut sans doute pour d'autres cas; je pense que le ministre est
bien conscient de ce que je veux dire là. Lorsque je parlais du
comté des Îles-de-la-Madeleine, le député des
Îles-de-la-Madeleine se demandait un peu ce que j'avais en arrière
de la tête. Je voulais avoir l'assentiment de la commission. Je comprends
qu'il y a des problèmes techniques, mais il va falloir les régler
parce que ça vient que cela n'a plus de bon sens. Une
municipalité comme Pointe-Bleue cela veut dire d'autres exemples
peut apparaître sur une carte électorale au Québec.
Je demanderais à ceux qui trouvent que techniquement ce n'est pas
réalisable, je voudrais qu'ils viennent avec moi, à Pointe-Bleue,
venir expliquer à la bande, pourquoi Pointe-Bleue ne peut pas être
sur la carte électorale. Imaginez le chef de bande de Pointe-Bleue, M.
Aurélien Gill, il vient d'être nommé on en profite
pour le féliciter administrateur de l'Université du
Québec à Chicoutimi.
M. Bédard: Je suis très au courant. Je connais
très bien M. Gill. Je suis très au courant de cette nomination et
j'en suis très heureux. J'en profite aussi pour le saluer. S'il faut
commencer à faire de la politique ici...
M. Lamontagne: Ce que je veux dire, c'est que j'ai
communiqué la semaine dernière avec Pointe-Bleue, mais là,
cela fait sept ans. Je comprends qu'on ne les ait pas réglés
parce qu'on avait des problèmes techniques. Mais là, on est en
train de proposer une loi. Une loi, c'est cela la technique. Moi, je demande
que la commission puisse faire en sorte de demander aux commissaires de prendre
les mesures nécessaires pour que le nom de Pointe-Bleue apparaisse comme
entité. Qu'on ne vienne pas nous dire que techniquement, il faut
absolument que cela apparaisse dans la ville de Roberval.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Viau.
M. Lefebvre: Moi...
M. Bédard: Je comprends que les gens de la commission
soient très sensibles à ces représentations. Je m'y
associe.
M. Lefebvre: M. le Président, moi, personnellement, je
serais contre une décision de changer le mot "respect". Si on prend deux
anciennes municipalités dans le comté de Laval,
Sainte-Dorothée et Laval-sur-le-Lac, je ne voudrais pas qu'il y ait un
secteur qui soit à moitié à cheval sur Laval-sur-le-Lac,
à moitié à cheval sur Sainte-Dorothée. C'est pour
cela, quand on parle, ici, d'homogénéité
socio-économique, cela veut dire, les anciennes municipalités,
les anciens quartiers, comme dans Outremont, quartier Côte-des-Neiges ou
dans mon comté de l'ancienne ville Saint-Michel, c'est cela. Ce sont des
limites. Elle doit respecter ces limites. Cela n'a rien à faire avec les
riches et les pauvres. C'est simplement qu'on demande de respecter les
tendances naturelles des gens. Je suis bien sûr que les gens de
Sainte-Dorothée ne veulent pas faire partie de Laval-sur-le-Lac et vice
versa.
M. Lavoie: Vous savez bien que cela a été
fusionné depuis ce temps-là.
M. Lefebvre: Je le sais, mais la mentalité des gens reste
encore...
M. Lavoie: M. le Président, je crois que le
député de Viau devrait plutôt donner des exemples dans son
comté parce que ce qu'il vient de proposer là, pour
Laval-sur-le-Lac, ce sera un secteur. S'il veut respecter un ancien quartier,
ce sera uniquement un secteur parce qu'il n'y a qu'un bureau de votation ou
deux à Laval-sur-le-Lac. Je suis peut-être plus égalitaire
que mes amis d'en face, qui créent des esprits de classe et
peut-être plus pour la liberté. Au lieu de donner seulement des
directives aux commissaires: Respectez ceci, respectez ça. Faites-leur
confiance à ces gens-là, tout de même!
M. Bédard: C'est qu'on vous demande aussi de leur faire
confiance.
Le Président (M. Laberge): Pour qu'on puisse statuer,
l'amendement du député de Roberval se lirait comme suit pour
être conforme. Dans l'article 7, supprimer les mots "de telle sorte qu'il
respecte" pour les remplacer par "en tenant compte de".
M. Bédard: M. le Président, je crois que je
n'argumenterai pas longtemps, mais je crois que la phraséologie, telle
qu'elle se retrouve à l'article, est correcte. Il faut quand même
faire confiance, à un moment donné, aux commissaires qui auront
à faire l'application de cette loi. On parle de secteur
électoral; de leur demander que soient respectées
l'homogénéité socio-économique et les
frontières naturelles me semblent être suffisamment large pour
qu'à l'intérieur de cela, toutes les possibilités soient
données aux commissaires d'exercer leur discrétion. C'est
d'ailleurs pour cela que c'est large à ce point.
Le Président (M. Laberge): Voulez-vous disposer de
l'amendement proposé?
M. Bédard: Est-ce un amendement en bonne et due forme? Je
ne le sais pas.
M. Lamontagne: Oui, j'avais fait un amendement.
M. Bédard: Cela va, alors nous sommes prêts à
en disposer.
Le Président (M. Laberge): II a été fait en
bonne et due forme. Je l'ai pris comme étant de remplacer les mots "de
telle sorte qu'il respecte" par les mots "en tenant compte de". Cet amendement
sera-t-il adopté?
M. Dussault: Rejeté.
M. Lavoie: Adopté. J'ai autant le droit de dire
"adopté" qu'ils ont le droit de dire "rejeté".
M. Lamontagne: M. le Président, tout à l'heure,
à la suite de mon intervention sur Pointe-Bleue et les réserves
indiennes, je voudrais savoir si. techniquement, cet après-midi, on ne
pourrait pas ajouter dans la loi que, aux fins de la présente loi, '
toute réserve indienne puisse être considérée comme
une municipalité. Ce n'est pas des problèmes que je
soulève en disant une telle chose...
M. Bédard: J'ai dit tout à l'heure que je
partageais les préoccupations du député de Roberval, que
je m'y associais. J'espère que les commissaires nommés en
tiendront compte. Nous allons aller plus loin que cela. Je vais faire les
vérifications dès maintenant pour voir jusqu'à quel point
il serait possible techniquement d'amener une amélioration à une
situation qui n'a pas été corrigée depuis dix ans.
M. Lamontagne: Depuis toujours.
M. Bédard: Depuis toujours, malgré les
représentations du député de Roberval auprès de son
gouvernement dans le temps.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, je suis très
sympathique à la cause que défend M. le député de
Roberval, cependant, je craindrais ce genre d'ajout au projet de loi, parce que
j'ai, chez nous, le contraire du problème que vit M. le
député de Roberval. Dans Caughnawaga, le chef de la bande refuse,
à chaque recensement électoral, que soient inscrits sur la liste
les Amérindiens, les Mohawks de Caughnawaga. Je ne voudrais pas à
un moment donné qu'on ajoute quelque chose ici...
M. Lamontagne: Un instant. On ne parle pas de la même
chose. Vous parlez d'une action d'un chef de bande par rapport à une
autre.
M. Dussault: D'accord, on ne parle pas de la même chose, M.
le député de Roberval, sauf que dans les interprétations
qui pourraient découler de ce qu'on pourrait ajouter du genre
"considéré comme une municipalité", je crains toutes les
conséquences de ce genre de choses chez nous. Nous avons ici
l'encadrement dont nous avons besoin. Je ne vois pas pourquoi on essaierait
d'aller plus loin.
M. Lamontagne: Si on disait: "Pour répondre tout de
même à la demande d'une réserve."
M. Bédard: M. le Président, je pense que ce qui est
indiqué pour le moment, de faire faire les vérifications qui
s'imposent...
M. Lavoie: Avons-nous disposé de l'amendement? Avez-vous
demandé un vote?
M. Fontaine: Je voudrais tout simplement ajouter que je suis
d'accord avec le député de Roberval sur ses demandes. Je ne sais
pas de quelle façon technique on pourrait les voir incluses dans la loi.
Particulièrement, j'ai deux réserves indiennes dans mon
comté, et je ne pense pas que le problème soulevé à
Pointe-Bleue se retrouve chez nous, mais je pense que je serais quand
même d'accord pour soutenir le député de Roberval dans ses
revendications.
M. Bédard: Je pense que tous les membres de la commission
sont très soucieux d'améliorer la situation qui n'a jamais
été améliorée. Maintenant, nous verrons,
techniquement, tel que je l'ai dit, quelles sont les possibilités de le
faire. Si c'est impossible techniquement, je crois que les commissaires
pourront tenir compte de l'unanimité des représentations faites
par les membres de la commission par rapport à ce problème
particulier.
Le Président (M. Laberge): L'amendement du
député de Roberval ayant été rejeté à
la majorité des voix entendues, je demande si l'article 7, tel quel,
sans amendement, est adopté.
M. Bédard: Adopté.
M. Lavoie: Adopté sur division.
Le Président (M. Laberge): Attendu qu'il est bientôt
midi trente, j'ajourne les travaux de cette commission sine die.
Suspension de la séance à 12 h 30
Reprise de la séance à 16 h 8
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
reprend ses travaux concernant le projet de loi no 10, Loi sur la
représentation électorale.
Les membres de la commission pour cette séance sont: M.
Bédard (Chicoutimi), M. Bisaillon
(Sainte-Marie) remplacé par Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), M. Charbonneau (Verchères) remplacé
par M. Lefebvre (Viau), M. Forget (Saint-Laurent) remplacé par M.
Lamontagne (Roberval), M. Grenier (Mégantic-Compton) remplacé par
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Laberge (Jeanne-Mance) remplacé par M.
de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Levesque (Bonaventure) remplacé par
M. Lavoie (Laval), M. Morin (Louis-Hébert) remplacé par M.
Dussault (Châteauguay), M. Paquette (Rosemont) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Peuvent aussi intervenir: M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drummond), M. Guay (Taschereau), M. Lavoie
(Laval) étant déjà membre, son nom est rayé, et M.
Lévesque (Taillon).
Quand nous avons suspendu nos travaux ce matin, nous en étions
à l'article 7, qui a été adopté sur division. Nous
en étions donc à appeler l'article 8.
M. le député de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, si je le comprends bien,
l'article 8 apporte quelque chose d'extrêmement intéressant. Une
fois que le secteur électoral est délimité, la commission
indique, tel que c'est écrit, chaque bureau de vote, ce qui veut dire,
en fait, que si le secteur électoral était décrit cet
après-midi, nous connaîtrions tous les endroits de votation dans
ce secteur qui prendraient un certain caractère de permanence. Si on
décrit chaque bureau de vote, en même temps qu'on décrit un
secteur électoral, on présume une certaine permanence à ce
bureau de vote, soit une école de tel secteur, etc.
M. Bédard: M. le Président, il y aurait un
amendement.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: II y aurait un amendement à l'article 8,
qui serait le suivant:
M. Lamontagne: C'était trop beau, je suppose.
M. Bédard: Non. L'article 8 serait remplacé par le
suivant, qui se lirait comme suit: "En délimitant un secteur
électoral, la commission indique l'endroit où peuvent être
regroupés les bureaux de vote."
M. Fontaine: Pourquoi est-ce la commission qui va indiquer
où doivent être situés les bureaux de vote? On a
adopté un amendement on ne l'a pas adopté, il est suspendu
mais on nous a proposé un amendement à l'article 10,
indiquant que chaque directeur du bureau de scrutin établit, à
l'intérieur des secteurs de sa circonscription électorale, des
sections de vote. C'est le directeur du scrutin qui établit les sections
de vote et c'est la commission qui va aller lui dire où les placer. Cela
n'a pas d'allure.
M. Bédard: C'est seulement une suggestion. C'est à
titre indicatif.
M. Fontaine: Qu'est-ce que cela donne?
M. Bédard: C'est vraiment à titre indicatif, me dit
mon conseiller, puisqu'on emploie la terminologie "indique" et non pas
"impose". Maintenant...
M. Bertrand: Je pense, M. le ministre, qu'il y aurait quand
même lieu d'être plus précis là-dessus, parce que si,
d'une part, on reconnaît que la Commission de la représentation
électorale définit les secteurs électoraux on s'est
entendu là-dessus, c'est l'article 6 d'autre part, on a justement
biffé des mots dans l'article 2 relativement à la
définition des sections de vote, parce que ça appartient au
directeur du scrutin, dans les comtés, de faire ce travail, il faudrait
qu'il y ait un ajustement. Ou bien on donne à la Commission de la
représentation électorale le rôle clair et précis
d'indiquer où se trouve l'endroit où sont regroupés les
bureaux des sections de vote, pour la votation, ou bien on dit que c'est le
directeur du scrutin, dans chacun des comtés, qui se voit affecter la
responsabilité de dire que, pour le secteur électoral
défini par la Commission de la représentation électorale,
voici où se trouvera l'endroit où les sections de vote seront
regroupées pour ce secteur électoral. Il me semble qu'il y aurait
un élément de précision à apporter qui
n'apparaît pas dans la rédaction actuelle.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: Je vais écouter les
représentations là-dessus.
Le Président (M. Laberge): Je fais part à la
commission que l'amendement est reçu pour discussion.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais justement parler
sur l'amendement. Je pense que toute l'économie du projet de loi no 9
est basée sur le fait que le Directeur général des
élections et les directeurs de scrutin locaux ont la juridiction pour
établir les sections de vote. On a même, à la suggestion du
député de Gatineau, adopté les amendements au projet de
loi no 9 là-dessus je l'ai appuyé et, je pense, le
gouvernement aussi permettant au Directeur général des
élections et aux directeurs de scrutin d'établir des sections de
vote, donc des bureaux de scrutin, des bureaux de votation, dans les
hôpitaux, dans les édifices concernés par la Loi des
services sociaux. Alors, si on donne une nouvelle juridiction à la
Commission de la représentation électorale pour indiquer
où doivent être situés les bureaux de vote, M. le
Président, je considère que c'est un double emploi et,
si je m'appelais le Directeur général des
élections, je ne serais pas heureux de cette disposition, parce qu'il va
y avoir quelqu'un de l'extérieur... Un autre comité, une autre
commission qui va lui indiquer où situer les bureaux de vote.
Si on dit que ce n'est qu'une indication, je ne pense pas que ce soit ce
que la loi veuille dire, parce qu'on dit "En délimitant un secteur
électoral, la commission indique l'endroit... ", alors, quand la
commission va indiquer au Directeur gé- néral des
élections l'endroit, à mon avis, si on interprète cet
article tel quel, le Directeur général des élections va
être obligé d'obtempérer à l'indication qui va lui
être donnée. (16 h 15)
Alors, je considère que cet article n'est absolument pas
nécessaire, et même si un amendement a été
déposé, je propose tout simplement qu'on retranche l'article
8.
M. Lamontagne: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Je trouve cependant qu'il y a quelque chose
d'extrêmement intéressant là-dedans par contre, du
même avis que mes collègues, j'apprécierais que ce soit le
directeur du scrutin qui le fasse c'est qu'on connaisse d'avance
l'endroit où les directeurs seront appelés à voter en
temps d'élection. Je pense que c'est toujours le même
problème. Actuellement, on sait cela quinze jours avant les
élections. Encore là, M. le Président, pour la seconde
fois, je pense qu'on arrive sur un point, comme le député de
Vanier l'a mentionné tout à l'heure, vous avez pris la peine
d'apporter un amendement au deuxième alinéa de l'article 2. Cet
amendement apporté au deuxième alinéa va avoir comme
conséquence immédiate de référer le tout au
directeur du scrutin dans chacun des comtés, et non pas de le laisser
à la commission. La commission fait une carte électorale, elle
désigne les secteurs électoraux, mais c'en est rendu à
indiquer les endroits où voter; de là à faire les sections
de vote, il n'y a qu'un pas.
M. Bédard: Si on prend la phraséologie telle
qu'elle est, la commission indique l'endroit où "peuvent" être
regroupés, et non pas où "doivent " être regroupés.
C'est vraiment simplement à titre indicatif. Je crois que, de toute
façon, le Directeur général des élections, de
même que le directeur général de la commission auront
à travailler en étroite collaboration afin d'assurer une bonne
application de ces deux lois qui, à un moment donné, se
chevauchent.
D'autre part, l'amendement était nécessaire en termes de
concordance avec ce que nous avons adopté comme dispositions dans le
projet de loi no 9 et ce, justement, à la suggestion des membres de
l'Opposition. Il s'agit de l'article 66 qui se lit comme suit: "Les bureaux de
vote d'un secteur électoral doivent être regroupés dans un
endroit public. Toutefois, si cela s'avère impossible en raison de la
superficie du secteur électoral, ou si le Directeur
général des élections juge préférable, en
raison de la présence d'un centre hospitalier ou d'un centre d'accueil
dans le secteur électoral, le directeur du scrutin peut établir
ses bureaux en plus d'un endroit."
M. Lamontagne: Parfait. C'est excellent, ce que vous dites
là.
M. Fontaine: C'est un argument qui va à l'en- contre de ce
que vous venez de dire.
M. Bédard: C'est très clair quelle est la
responsabilité du directeur du scrutin, mais il y a la règle
générale qui est indiquée à l'article 66, que les
bureaux de vote d'un secteur électoral doivent être
regroupés dans un endroit public. Sur ce point particulier, nous croyons
qu'il y a lieu que la commission puisse, à titre indicatif, faire
connaître son point de vue sur l'endroit où seraient
regroupés, effectivement, les bureaux de vote, puisqu'elle a quand
même une part de responsabilités qui lui est indiquée dans
la loi au niveau de la délimitation du secteur électoral.
M. Lavoie: M. le Président...
M. Bédard: Je pense que ça ne peut qu'amener une
collaboration continuelle entre...
M. Fontaine: Un conflit plutôt qu'une collaboration.
M. Bédard: Non, je ne crois pas parce qu'on ne donne pas
les mêmes pouvoirs à des personnes différentes; au
contraire, ce qu'on dit spécifiquement dans l'amendement, c'est que la
commission peut indiquer à quel endroit pourraient être
regroupés les bureaux de vote.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je pense bien que la meilleure législation,
souvent, c'est la plus courte. On met dans une loi uniquement les articles
essentiels, à mon point de vue. Je crois que si c'est seulement une
indication, c'est superflu dans le projet de loi. D'ailleurs, le ministre de la
Justice, responsable de la réforme électorale, a
déjà fait trois élections. Vous ne pensez pas que c'est de
la plomberie du milieu, que la meilleure personne qui puisse déterminer,
une fois que le secteur électoral a été fait par la
commission, c'est la personne du milieu qui sait quelle est l'école ou
quel est l'endroit public ou la salle paroissiale ou le sous-sol
d'église qui est le plus propice, le plus accessible à la
population, question de stationnement et tout.
Les gens de la commission, les commissaires qui vont avoir leur
siège social à Québec ou quoi que ce soit, pourquoi leur
donnez-vous cette tâche de choisir, d'indiquer, même si cela n'a
pas force
de loi? C'est l'affaire du milieu. C'est le directeur local du scrutin
qui sait si un endroit est ouvert, si on peut louer une salle quelconque ou si
une commission scolaire a une directive qu'on ne loue pas de salle ou si une
autre est accessible.
Pourquoi donner cela aux commissaires qui seront à Québec,
qui ne sont pas dans le milieu?
M. Bédard: Mais c'est un peu pour...
M. Lavoie: Vous faites confiance soit au Di- recteur
général des élections ou au directeur du scrutin qui est
son mandataire. Il a d'énormes responsabilités. Il doit
être assez intelligent pour avoir une place accessible, sans se
référer, avoir une indication de la commission de la
représentation. Je pense que cet article est superflu. Il n'apporte
rien. S'il fait juste indiquer, cela n'a pas grand poids et cela n'a pas grande
importance. Si cela n'en a pas, vous n'avez pas besoin de cet article, à
mon point de vue.
M. Bédard: C'est essentiellement pour répondre un
peu à la préoccupation du député de Roberval de
mettre dans la loi ce qui est nécessaire afin de connaître
longtemps à l'avance à quelle place seront regroupés les
bureaux de vote.
M. Lamontagne: Oui, mais là, je ne voudrais pas que vous
vous serviez de mon argumentation, parce que le directeur du scrutin peut
très bien faire un travail...
M. Bédard: Oui, mais on ne l'a pas indiqué. Il
reste que la loi 9 a été adoptée. On n'a pas fait une
obligation au directeur du scrutin de faire connaître longtemps à
l'avance à quelle place serait situé cet endroit.
M. Lavoie: II est encore temps de le faire. Apportez un
amendement avant la troisième lecture; on va l'adopter.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Vous avez encore la parole. M.
le député de Vanier m'avait fait signe. M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je ne veux certainement pas
faire obstruction à la volonté législative de notre
gouvernement, mais je trouve qu'il y a dans les arguments apportés par
l'Opposition des points importants. Premièrement, il y a une question
fondamentale à laquelle il faut répondre. Qui définit le
lieu où se trouveront réunis des bureaux de vote le jour du
scrutin? Qui fait cela? Est-ce que c'est oui ou non le directeur du scrutin ou
si c'est la Commission de représentation électorale? Je pense que
la réponse, c'est le directeur du scrutin.
M. Bédard: C'est très clair, c'est le directeur du
scrutin.
M. Bertrand: Voilà. Je pense que l'intention qui se trouve
à l'article 8 ou l'amendement à l'article 8, c'est que dans le
fond, on se dit: Puisque la Commission de représentation
électorale définit le secteur électoral, peut-être
est-elle bien placée, elle, qui définit le secteur
électoral, pour suggérer un endroit dans ce secteur
électoral qui, pour des raisons géographiques ou autres, est
susceptible d'être le plus utile à l'électeur qui voudra se
rendre voter le jour du vote pour qu'il puisse exercer son droit dans les
meilleures conditions possible.
Je pense qu'il y a là une bonne intention, tout en reconnaissant
que c'est quand même le directeur du scrutin qui aura à choisir le
lieu. Dans ce contexte, je me dis: Est-ce qu'il n'y a pas possibilité,
à même le projet de loi no 9, de fournir une indication au
directeur du scrutin de la circonscription électorale pour
rencontrer la proposition du député de Roberval, avec laquelle je
suis en accord que dès qu'il définit le secteur
électoral au terme de la loi 10 par la Commission de
représentation électorale, que dans les plus brefs délais,
suivant la définition du secteur électoral, le directeur du
scrutin puisse, lui, publiquement, indiquer parce qu'il fait bien des
choses: il va indiquer, par exemple, ce qu'est la section de vote dans chacun
des secteurs électoraux qu'il puisse aussi indiquer l'endroit
où les gens sont amenés à aller voter, parce que
même là, il faut être très prudent, même si la
Commission de représentation électorale faisait une suggestion ou
autre, le directeur du scrutin garderait toute sa liberté d'agir dans un
sens ou dans un autre.
Deuxièmement, il se peut fort bien que si vous faites votre
réforme électorale deux ans avant l'élection, que vous
décidiez, par exemple, que c'est à l'école Machinchouette
que seront localisés les bureaux de votation, il se peut fort bien qu'un
an après cela, il arrive un événement quelconque qui fasse
que l'école est fermée ou a été vendue aux Affaires
sociales pour faire un CLSC. Alors, cela crée des problèmes de
toute nature.
M. le Président, j'indique comme cela c'est une
proposition personnelle que je fais est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité de retirer ce genre d'article dans le projet de loi no 10 et
de simplement remettre la responsabilité très directement
à celui qui, de toute façon, doit prendre la décision, le
directeur du scrutin, mais d'avoir un élément dans la proposition
qui serait faite au niveau du projet de loi no 9 qui indique que cette
décision du directeur de scrutin pourrait être prise dans les
meilleurs délais suivant la constitution des secteurs électoraux
au terme du projet de loi no 10. Je vous le dis, M. le ministre, de
façon personnelle, parce que je trouve que l'article en lui-même
n'apporte pas, à mon avis je comprends bien l'intention qu'il y a
derrière tout ça toute la matière grise qui serait
susceptible d'être mise à l'intérieur du projet de loi no
10. Si c'est un article qui, en lui-même, n'ajoute rien de fondamental,
je me dis: Pourquoi pas être davantage précis dans
le projet de loi no 9 que moins imprécis dans la loi 10.
M. Bédard: Non, ce n'est rien de fondamental au point que
le projet de loi tombe à l'eau si cet amendement n'est pas
adopté. Je ne pense pas l'avoir présenté dans cet
esprit-là, sauf que ce qui est prévu, à savoir un
mécanisme de consultation effectivement puisque la responsabilité
de déterminer est très clairement donnée au directeur du
scrutin, cela se retrouve dans d'autres. Ce n'est pas seulement de la
phraséologie, cela se retrouve également dans d'autres articles.
Nous venons d'adopter l'article 5 où on dit que c'est la commission qui
va attribuer des noms à chaque circonscription électorale, mais
après avoir reçu l'avis de la Commission de toponymie qui est
instituée par la Charte de la langue française. Je pense qu'on a
établi un processus. C'est carrément un processus de
consultation. C'est un peu ce même processus que nous établissons
dans cet article qui fait que, lorsque le secteur électoral est
déterminé, nous avons l'assurance qu'il y a déjà
une indication de la part de la commission, à quel endroit devraient
être regroupés les bureaux de vote tout en sachant très
bien, et la loi électorale est très claire là-dessus, que
la responsabilité de fixer cet endroit, revient au directeur du scrutin.
Maintenant, si tous les membres de la commission trouvent que c'est
superflu...
M. Lamontagne: M. le Président.
M. Bédard: ... je suis prêt à écouter
les recommandations.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, le ministre vient de faire
ce n'était pas le but de mon intervention, mais je voudrais
commencer par cela une comparaison entre l'article 5 et l'article 8.
M. Bédard: Toute comparaison cloche, cela je le sais.
M. Lamontagne: C'est que dans l'article 5... M. Lavoie: La
vôtre est boiteuse.
M. Lamontagne: Une fois qu'on l'attribue, elle est
attribuée. Or, vous avez dit antérieurement que le fait indiquait
qu'il ne s'agissait que d'une suggestion. Si vous faites une comparaison avec
l'article 5, le mot "attribué", ce n'est pas le mot "suggestion".
Qu'est-ce que c'est en pratique? Il faut toujours se replacer. Le commissaire
lui, il vient de désigner le secteur électoral. Il relit sa loi
et dit: Mon Dieu! Il faut que j'indique l'endroit où est situé
chaque bureau de vote. On lui demande une connaissance interne de son secteur
de vote. Qu'est-ce que vous faites en pratique si vous êtes commissaire?
Vous téléphonez à votre directeur de scrutin et vous
dites: Ecoute, il faudrait que je suggère, en vertu de l'article 8, des
endroits où pourraient être situés des secteurs de vote. Il
demande cela à son directeur de scrutin, lequel suggère à
la commission et lequel indique, en vertu de l'article 8, un endroit qui lui a
été suggéré par le directeur du scrutin. On ne s'en
sort pas. Il ne faut tout de même pas demander à des commissaires,
dont le siège social est à Québec, d'avoir une
connaissance complète de chaque secteur électoral. Il y a des
évidences. J'espère qu'on ne perdra pas notre temps à
discuter de cela tout l'après-midi. L'endroit où doit se situer
un bureau de votation dans un secteur électoral, il est clair comme de
l'eau très propre que c'est le directeur de scrutin...
M. Bédard: II y a peut-être un élément
de plus...
M. Lavoie: Apportez votre élément. J'en apporterai
un autre.
M. Bédard: J'aimerais peut-être reprendre ce que M.
Lamontagne a dit tout à l'heure concernant ce qui existe dans le
système actuel et ce que la loi change. Dans le système actuel
dont les endroits de vote apparaissaient dans l'avis d'élection qui
était publié après la présentation des candidats,
donc quinze jours avant le jour de scrutin, dans la loi électorale, on
exige maintenant qu'il y ait une carte de rappel qui soit envoyée
à l'électeur. Si on veut, par exemple, indiquer sur cette carte
de rappel à quel endroit l'électeur doit voter, je pense que
c'est important que le directeur du scrutin sache, certainement plus que quinze
jours avant l'élection, où les gens doivent voter. (16 h 30)
Donc l'article est quand même assez souple. La
responsabilité d'établir ces endroits de vote appartient au
directeur de scrutin. Il n'y a aucune ambiguïté dans la Loi
électorale: c'est dit clairement. Mais, avec cette disposition, cela
permettra quand même au directeur du scrutin de prévoir à
l'avance les endroits où sont établis les bureaux de vote et de
préparer en conséquence ses cartes de rappel.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je pense que ce n'est pas contradictoire, ce que Me
Carignan dit, je trouve que cela devrait être, d'après moi
j'abonde dans le sens de plusieurs membres de cette commission dans la
loi 9. Il est encore temps de le mettre, de laisser cela au directeur de
scrutin et que ce soit fait d'avance et vous pouvez le prévoir
d'avance pour que les gens soient informés le plus possible. Mais
il y a un autre élément, c'est que votre Commission de la
représentation, en vertu d'un article de la loi, doit faire son travail
d'ici au 31 mars prochain. Il y a 20 000 bureaux de votation au Québec.
Si on prend une moyenne de regroupement de cinq je pense que c'est
nor-
mal des regroupements de cinq si je ne me trompe pas, des
regroupements de votation de cinq, cela fait 4000 lieux de votation. Je vois la
commission qui siège à Québec, qui a des beaux plans de la
ville de Montréal ou de la ville de Québec, ou de la ville de
Laval, des plans topographiques, ils vont voir une belle école dans un
secteur de scrutin, ils vont dire: C'est telle place. S'ils veulent faire un
travail vraiment bien fait, voir s'il y a un gymnase et si le gymnase est
disponible, si le plancher n'est pas trop beau pour permettre du va-et-vient,
s'il y a une salle de jeux qui se prête à l'installation; il
faudrait qu'ils visitent. S'ils veulent faire un bon travail d'ici au 31 mars,
il ne faudrait pas qu'ils travaillent uniquement sur des plans topographiques
d'une ville. Il faudrait qu'ils aillent visiter les lieux. Est-ce qu'on va leur
demander qu'ils envoient des fonctionnaires, une équipe de
fonctionnaires pour aller visiter 4000 endroits de votation au
Québec?
Laissez donc cela au directeur du scrutin.
M. Bédard: Si on part d'un argument comme cela pour nous
dire: Laissez donc cela, comme le dit le député de Laval, il
faudrait quand même évaluer comme il faut la valeur des arguments.
Ce que vous dites, cela ne tient pas debout du tout. Vous devriez lire
l'article 37 qui, très spécifiquement, ne fait pas obligation,
c'est bien clair, aux membres de la commission permanente de définir les
secteurs électoraux, d'ici le 31 mars. C'est même indiqué,
très clairement, dans le projet de loi.
M. Lavoie: Ils font la carte.
M. Bédard: C'est évident. C'est cela leur
responsabilité.
M. Lavoie: Mais ne croyez-vous pas que... M. Bédard:
Parce qu'on sait que le travail... M. Lavoie: Un instant! M.
Bédard: On sait très bien...
M. Lavoie: M. le ministre, j'aime bien voir le ministre essayer
de démolir mon argumentation. C'est libre à lui de le
faire...
M. Bédard: Vous aviez terminé.
M. Lavoie:... et je respecte son droit de parole. Lorsqu'on dit
que la commission doit faire sa carte électorale pour le 31 mars et que,
dans la loi, il y a un concept de secteur électoral qui est à la
base de la carte électorale, que la carte électorale est une
addition de sections de vote, j'ai cru comprendre que, pour faire la carte pour
le 31 mars, il faut avoir les secteurs de vote avant le 31 mars, parce que
c'est en regroupant les secteurs de vote, qu'on fait les districts
électoraux. Et je n'insulterai pas le ministre en faisant mon
argumentation.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Dussault: Pour ajouter, quand même, à ce que dit
M. le député de Laval, cela ne veut pas dire que, en ayant
défini les secteurs de vote, on doive, en même temps,
définir les lieux de regroupement des sections de vote. C'est quand
même une autre phase qui peut être faite après.
M. Bédard: Nous croyons vraiment que cela peut être
fait après et non pas dans les délais impartis par la loi, qui
est le délai du 31 mars, que nous en avons donné l'ouverture,
d'une façon très spécifique, avec l'article 37.
M. Lavoie: Mais ne croyez-vous pas qu'au lieu de passer des
heures sur des articles comme cela... est-ce que vous êtes convaincu de
la nécessité d'un tel article? C'est cela le point. Ou si vous ne
faites pas assez confiance au Directeur général des
élections et à son mandataire, le directeur de scrutin, pour
choisir les endroits de vote, que vous pourriez inclure une disposition dans la
loi 9, où on vous donne notre consentement et notre collaboration avant
la troisième lecture. Il s'agit d'être logique ou de ne pas
l'être, c'est tout, à moins de passer une heure sur cette
question.
M. Bédard: On a soulevé tout à l'heure la
question de la carte de rappel. Je vais le suspendre, je ne suis pas
fermé, pourvu qu'on ne discute pas d'une façon agressive, comme
on le fait continuellement.
M. Lavoie: C'est vous qui êtes agressif.
M. Bédard: Non, en aucune façon. Nous n'avons, M.
le Président vous étiez là, d'ailleurs
étudié un projet de loi d'au-delà 437 articles, la Loi
électorale, sans même élever la voix c'est le cas de
le dire la semaine passée, et on voit que cet exercice est
beaucoup plus difficile.
M. Lavoie: Vous êtes impatient, M. le ministre, est-ce
à cause des partielles? Parce qu'il y a eu les partielles depuis ce
temps.
M. Bédard: C'est ce qui n'est pas arrivé, lors de
l'étude du projet de loi no 9, ce n'était pas une discussion
politique. On essayait de se conduire en législateur qui n'essaie pas
toujours de placer son argumentation politique à l'intérieur de
l'étude d'un projet de loi. C'est ce qui faisait la
différence.
Le Président (M. Laberge): L'article 8 sera-t-il
suspendu?
M. Fontaine: Je suis d'accord pour qu'on le suspende. Cependant,
je voudrais bien que vous notiez que j'ai fait une motion pour le retrait de
l'article 8.
M. Lamontagne: Tout en le suspendant, on voudrait appuyer votre
motion en temps et lieu, en tenant compte de ce qui s'est mentionné pour
le rapport à la loi 9.
Le Président (M. Laberge): II faudrait que j'en prenne
note comme il faut, évidemment. Une motion du député de
Nicolet-Yamaska de retrait de l'article 8 qui est en suspens pour le
moment.
Article 9.
M. Lamontagne: M. le Président, je trouve l'article 9
extrêmement surprenant. Tout le concept d'un secteur électoral
qu'on a vise à protéger les communautés naturelles,
évidemment. Or, par l'article 9, on dit: Un secteur électoral ne
doit pas comprendre plus d'une municipalité. Je ne voudrais pas,
à ce stade de la discussion, en faire un amendement, mais vous dire tout
simplement que c'est l'inverse que je voudrais. Un secteur électoral
peut comprendre plus d'une municipalité. Par exemple, quand vous voyez
dans des milieux ruraux où vous avez plusieurs municipalités,
cinq ou six, dans un milieu, je ne voudrais pas reprendre l'exemple que j'avais
donné ce matin, mais je pense que tous, dans des comtés comme le
mien, ont à l'esprit plusieurs municipalités qui forment
véritablement ce qu'on appelle maintenant, aux termes de la loi 10, un
secteur électoral qui va comprendre dans l'exemple que j'ai
à l'esprit pas plus de 2000 électeurs, mais qui sont
vraiment réunis; il y a des chemins de communication, chaque matin, ils
vivent ensemble. Ce serait pour ces municipalités, une très
grande protection de sentir qu'elles font ensemble partie d'un secteur
électoral.
Je joins à cela, cependant, qu'on doit assurer pour chaque
municipalité un lieu de votation, pour qu'on n'arrive pas, à un
moment donné, à ce qu'une paroisse soit obligée d'aller
voter dans une autre paroisse. Je trouve important que chaque
municipalité ait un lieu de votation, c'est parfait, mais, en même
temps, si on arrive et qu'on dit: Un secteur électoral ne doit pas
comprendre plus de 2500 électeurs, on pense strictement au milieu
urbain. Je me fais l'interprète du milieu rural. Un véritable
secteur électoral dans un milieu rural doit protéger entre elles
certaines municipalités, de sorte que si une commission
indépendante veut proposer le retrait d'une paroisse, elle devra tenir
compte du secteur électoral formé par un ensemble de
municipalités rurales. Si le député de
Mégantic-Compton était ici, ou d'autres, qui ont un très
grand nombre de municipalités, je pense que je serais largement
appuyé.
Bien sûr qu'on ne retrouve peut-être pas cela dans le milieu
urbain, mais dans le secteur rural je vais vous donner un exemple
prenons le comté de Roberval qui avant, comprenait une paroisse qui
s'appelle Saint-André et qui, aux termes d'une carte électorale,
est allée dans le comté de Lac-Saint-Jean. À la suite
d'une dernière étude qui a été faite, on propose
qu'elle revienne dans le comté de Roberval. On ne sait pas comment cela
se terminera, mais le fait qu'une paroisse, par elle-même, constitue un
secteur élec- toral, n'est pas une protection de tous les
critères qui sont dans l'intention des législateurs et qu'on
retrouve dans ce projet de loi. Tout simplement, pour donner encore une fois
plus de latitude à nos commissaires, un secteur électoral peut
comprendre une paroisse, mais pourrait en comprendre deux également, ou
même trois. Si quelqu'un connaissait le comté de Roberval, il
verrait ce que je veux dire en disant: Notre-Dame-de-Lorette,
Saint-Eugène, Saint-Stanislas. Quand on parle d'un secteur
électoral, cela ne peut pas être mieux défini que cela:
Trois paroisses d'environ 400 à 500 âmes, imaginez! Cela fait
à peu près 500 électeurs pour les trois. Mais si on arrive
et qu'on crée des secteurs électoraux, il y en a qui auront 2500
à 2600 électeurs. Il y en a qui auront 110 électeurs. Ce
n'est pas une véritable protection de ce que je comprends d'un secteur
électoral.
Dans cet esprit, je voudrais proposer comme amendement à
l'article 9 qu'un secteur électoral puisse comprendre plus d'une
municipalité, c'est-à-dire de retirer les mots "ne doit pas" pour
les remplacer par le mot "peut". De même les commissaires, en allant dans
chacune des municipalités, dans chacune de nos régions, pourront
juger à la suite des représentations qui leur seront faites, s'il
n'y aurait pas lieu d'avoir un secteur électoral qui comprenne plusieurs
municipalités.
Le Président (M. Laberge): L'amendement du
député de Roberval se lit comme suit: À la première
ligne de l'article 9, remplacer les mots "ne doit pas" par "peut". M. le
député de Viau.
M. Lefebvre: Je serai contre cet amendement apporté par le
député de Roberval parce que, à ce moment, en introduisant
justement, en ouvrant à plusieurs municipalités... autrement dit,
pour y aller directement, vous créez la pagaille dans les milieux
urbains. Je pense que ce sont principalement les secteurs vous l'avez
dit ce matin les grands gagnants des secteurs électoraux, c'est
bien sûr dans les milieux urbains mais, comparé à ce que
nous avons actuellement, ça ne handicape d'aucune façon le milieu
rural.
M. Bédard: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: Sans argumenter plus qu'il ne le faut, je ne
peux vraiment pas accepter cet amendement parce que ce serait carrément
aller à l'en- contre d'un principe ou mettre en danger un principe que
nous avions évoqué à l'article 66 de la Loi
électorale voulant que les bureaux de vote d'un secteur électoral
doivent être regroupés dans un endroit public, sauf certaines
exceptions que nous avons mentionnées à l'article 66.
Avec un tel amendement, nous ouvrons justement... À partir du
moment où on respecte le principe qui est édicté à
l'article 66, voulant que les bureaux de vote doivent être
regroupés dans un endroit public, avec un tel amendement on risque
justement d'avoir la situation que ne veut pas avoir le député de
Roberval à savoir que, dans
un même secteur électoral, des gens d'une paroisse soient
obligés d'aller voter dans une autre paroisse. Il y a un principe, c'est
que, dans un secteur électoral, les bureaux de vote doivent être
regroupés. Si on adoptait cet amendement, on ferait ouverture à
une situation qui ne serait pas acceptable, c'est-à-dire que des gens
d'une paroisse devraient aller voter dans une autre paroisse puisque les
bureaux de vote auront été regroupés dans cette paroisse
plutôt que dans une autre, par décision du directeur du
scrutin.
M. Lamontagne: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Je voudrais revenir, pour qu'on se comprenne
bien...
M. Bédard: Si vous me le permettez, juste un autre point.
C'est que, en ayant à l'esprit ce principe de regroupement des bureaux
de vote dans un seul endroit, au niveau d'un secteur électoral, on en
est venu à la disposition que les secteurs électoraux ne doivent
pas comprendre plus d'une municipalité, puisque deux situations sont
respectées, à savoir qu'il s'agit vraiment d'une
communauté naturelle et que, deuxièmement, il est très
clair que les gens d'une paroisse doivent être appelés à
aller voter dans un endroit de vote qui est situé dans la paroisse
même, dans leur lieu naturel.
M. Lamontagne: M. le Président, je pense qu'il est facile
pour un législateur de traduire que chaque municipalité au
Québec doit avoir au moins un lieu de votation. C'est une chose
très simple, très facile, mais ce qui est important c'est
l'esprit de la loi. On dit: On veut bien indiquer aux commissaires qu'en ayant
un secteur électoral, toute nouvelle proposition de carte
électorale devra tenir compte de ce secteur électoral. Mais quel
changement y a-t-il pour les commissaires si chaque municipalité est en
soi un secteur électoral que tout va se faire à la pièce,
comme auparavant, par municipalité? (16 h 45)
Souvenez-vous, ceux il n'y en a pas beaucoup ici qui ont
déjà participé au débat sur la carte
électorale, chaque municipalité étant un secteur
électoral, le commissaire traite cela au secteur électoral, il
prend sa municipalité et la transporte dans un autre comté. S'il
avait l'obligation... Je prends l'exemple du comté de Roberval,
Notre-Dame-de-Lorette, Saint-Eugène, Saint-Stanislas, trois paroisses
le ministre comprend très bien ce que je veux dire dans un
secteur donné, de sorte que si un commissaire désire transporter
dans un autre comté ces trois paroisses, il pourrait prendre
Saint-Stanislas et laisser ces deux paroisses. À ce moment-là, il
respecte tout l'esprit de la loi, mais ça n'aura pas de bon sens. Si, au
contraire, on fait d'un secteur électoral ces trois
municipalités, les commissaires sauront d'avance que s'ils veulent
toucher à ce secteur, ils prendront les trois municipalités. En
même temps, pour répondre à ce que le ministre vient de
dire, on peut assurer chacune de ces municipalités qu'elle aura un
endroit de votation. Ce sont deux choses bien différentes. On
crée un élément important, nouveau, auquel nous
adhérons: le secteur électoral. On dit: Cela, c'est une
entité nouvelle, c'est pour, à l'avenir, protéger toutes
les nouvelles entités. Est-ce qu'on se rend compte qu'on ne
protège rien? On veut protéger pour l'avenir et, en même
temps, chaque municipalité constitue un secteur électoral. Quand
les commissaires vont vouloir faire une carte, ils vont transporter les
municipalités qui constituent des secteurs électoraux, et
ça peut changer de comté. Ce n'est pas une balise suffisante,
à mon avis, et ça n'a aucun rapport, ce que je dis là,
avec un bureau de votation qui, lui, par un article il s'agit de le
rédiger peut assurer chaque municipalité d'un endroit de
votation.
M. Bédard: Je m'excuse, M. le Président, mais on ne
recommencera pas l'étude du projet de loi no 9 qui a été
adopté ici, en commission, avec l'accord je tiens à le
dire de tous les membres de la commission. Ce n'est pas par le biais du
projet de loi no 10 qu'on va remettre tout cela en question. Il y a un principe
qui a été adopté à l'unanimité lors de
l'étude du projet de loi no 9, c'est que les bureaux de vote d'un
secteur électoral doivent être regroupés dans un endroit
public. C'est tellement clair comme principe que les exceptions qu'on a faites,
on les a précisées d'une façon très claire. Il y a
eu toute la discussion nécessaire au niveau de l'étude du projet
de loi no 9. À partir du moment où on respecte ce principe qu'on
n'est pas en mesure de ne pas respecter puisque c'est ce qui a
été adopté avec le projet de loi no 9, la proposition du
député de Roberval est complètement à l'encontre de
ce principe.
Pour ce qui est des difficultés, quand on veut avoir des
difficultés, on peut en avoir n'importe quand. La difficulté...
vous me permettrez de terminer?
M. Lamontagne: Tantôt, vous avez accusé le
député de Laval, et je trouve que ce que le ministre dit n'est
pas correct.
M. Bédard: Qu'est-ce que j'ai dit?
M. Lamontagne: Le ministre a assez d'expérience politique
pour se rendre compte que ces propos sont complètement
antiréglementaires. J'étudie le projet de loi no 10, je
n'étudie pas le projet de loi no 9. Si on apporte des amendements au
projet de loi no 10 qui seraient acceptés avec l'appui d'à peu
près tout le monde, vous modifierez le projet de loi no 9 auquel on n'a
pas participé.
M. Bédard: Je m'excuse, M. le Président, sur ce
point, je ne pense pas que le député de Roberval puisse dire
qu'il demande un amendement qui recueille l'assentiment de l'ensemble de la
com-
mission. Nous n'en sommes pas à l'article
précédent, nous sommes à cet article bien précis
qui met en cause un principe qui a été voté lors de
l'étude article par article du projet de loi no 9 en commission
parlementaire. Ce que je lui dis, très simplement, c'est que si nous
adoptions cet amendement, nous irions à l'encontre d'un des principes
déjà adoptés à l'article 66 de la Loi
électorale. Pour ce qui est des difficultés que le
député de Roberval soulève, à savoir que s'il
devait y avoir des changements à une carte électorale, il serait
bon que différentes paroisses qui ont des affinités soient
transférées en même temps à l'intérieur d'une
refonte de la carte électorale, le fait de faire de chacune des
paroisses un secteur électoral en conformité avec le principe de
l'article 66 de la Loi électorale n'empêche pas et n'enlève
pas toute la latitude qu'aura la commission permanente, plutôt que de
transférer un secteur électoral qui groupe plusieurs paroisses,
de transférer plusieurs secteurs électoraux alors qu'on sait
qu'il y a des affinités spéciales entre ces secteurs
électoraux.
Le principe de la loi n'est pas de faire en sorte que nous en arrivions
à des secteurs électoraux d'un maximum approximatif de 2500
électeurs dans tout le Québec.
Le principe des secteurs électoraux est d'essayer de faire en
sorte que ces secteurs regroupent des personnes qui ont des affinités,
qui doivent, autrement dit, former un tout à cause de leur
homogénéité sous l'aspect socio-économique ou
culturel ou en raison de limites naturelles, tel qu'on l'explicite à
l'article 7 du projet de loi.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: En toute déférence, M. le
Président, pour l'opinion du député de Roberval, je ne
pourrais appuyer sa demande. Je pense que ce matin, j'ai déjà
émis mon opinion, à savoir que les secteurs électoraux
devraient être limités à chacune des municipalités
et je ne vois pas comment on pourrait réunir ensemble deux ou trois
municipalités, parce qu'on sait que si ces municipalités sont
divisées, c'est parce qu'elles ont des raisons de l'être, quelles
que soient les raisons, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, ces
municipalités, même si elles sont parfois regroupées
très près l'une de l'autre, ont des raisons de ne pas être
regroupées ensemble.
Si on veut garder l'autonomie de ces municipalités et dire que
les affinités se font à l'intérieur de la
municipalité et non pas avec les autres municipalités voisines,
je pense qu'on doit respecter cela, et conserver à une
municipalité un secteur électoral. Je pense que dans ce sens
même si on peut se dire en faveur de secteurs électoraux,
mais si on devait regrouper plusieurs municipalités ensemble on
ne respecterait pas l'esprit de la loi qu'on veut adopter.
D'ailleurs, à mon avis, la question de secteur électoral,
comme je l'ai dit ce matin, est valide ou apporte des changements beaucoup plus
en milieu urbain qu'en milieu rural, à cause de cet arti- cle. C'est
l'opinion que j'ai émise ce matin et je la maintiens.
Le Président (M. Laberge): L'amendement du
député de Roberval aux fins de remplacer les mots "ne doit pas"
par "peut", comment voulez-vous en disposer? Sera-t-il adopté?
M. Lavoie: Adopté. Des voix: Rejeté.
Le Président (M. Laberge): Rejeté à la
majorité des voix. Je reviens à l'article 9. L'article 9, sans
amendement, sera-t-il adopté?
M. Bédard: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 10. Nous avions un amendement qui remplaçait l'article 10 par
trois articles.
M. Bédard: M. le Président.
M. Fontaine: Juste avant qu'on commence à étudier
l'article 10 qui, d'ailleurs, avait été suspendu ce matin, est-ce
que le ministre serait prêt à nous distribuer les papillons qu'on
a demandés ce matin, parce que si on veut...
M. Bédard: C'est une loi qui est assez complexe. On peut
le voir avec la discussion qu'on vient d'avoir. Je pourrais peut-être
m'attendre à ce qu'il n'y ait aucune partisanerie dans ce projet de loi,
je pense bien. On pourra peut-être s'attendre de notre côté
à ce que l'Opposition ou les oppositions, si elles ont des amendements
à apporter, puissent nous permettre d'en prendre connaissance
préalablement aussi pour qu'on ait l'occasion de réfléchir
sur l'à-propos des amendements.
M. Lavoie: Un à la suite de l'autre.
M. Lamontagne: Les uns vont passer et les autres ne passeront
pas. Quand on arrivera à l'article, on fera...
M. Fontaine: M. le Président, au nom de l'Union
Nationale...
M. Bédard: Je pense que c'est la réflexion du
député de Roberval et je n'y souscris pas, parce que depuis que
nous avons commencé l'étude de ce projet de loi, un des
principaux amendements concernant les sections de vote a été
amené à la suite des représentations qui ont
été faites par les oppositions lors de l'étude du projet
de loi article par article en deuxième lecture.
M. Fontaine: M. le Président, pour le parti que je
représente, l'Union Nationale, nous serions disposés à
remettre les amendements que nous voulons faire adopter. Cependant, il n'y en a
pas beaucoup, mais ils sont conditionnés aux amendements que le ministre
a à déposer. Alors, si on
pouvait avoir tous les amendements du ministre, il nous ferait plaisir
par la suite de lui remettre les nôtres.
M. Bédard: Concernant l'article 10, nous avions, M. le
Président, déposé un amendement qui remplaçait
l'article 10 par trois articles. Effectivement, des représentations nous
ont été faites par le député de Laval, en ce sens
qu'il serait peut-être approprié que les articles 10 et 10.2 se
retrouvent plutôt dans la Loi électorale, ce que nous pourrions
faire, parce que nous en aurons le loisir, lors du rapport ou de l'étude
en troisième lecture du projet de loi no 9. Je pense que le
député de Laval a raison là-dessus. Ce qui nous
amènerait, M. le Président, à retirer l'amendement que
nous avions déposé de consentement.
Le Président (M. Laberge): Alors, le ministre retire
l'amendement qu'il avait ce matin et dont lecture avait été
faite, qui avait trait aux articles 10, 10.1 et 10.2. Retiré.
M. Bédard: Nous déposerions un amendement à
l'effet de remplacer l'article 10 par le suivant et je cite: "La commission
fournit au Directeur général des élections l'aide
technique nécessaire afin d'assurer la délimitation des sections
de vote établies conformément à la Loi électorale
(1979) insérer ici, le numéro de chapitre du projet de
loi.
Nous ne ferions état, dans le projet de loi no 10, que du fait
que la commission doit apporter l'aide technique nécessaire. D'avance,
nous disons que les deux autres articles seront apportés aux fins
d'amendement lors de l'étude de troisième lecture.
Le Président (M. Laberge): L'article 10 amendé,
remplacé par celui qui a été porté à votre
connaissance, sera-t-il adopté? M. le député de Laval.
M. Lavoie: Le nouvel article 10 dit que c'est la commission qui
fournit au Directeur général des élections l'aide
technique. Mais d'après le document que vous aviez déposé
ce matin, c'est le directeur de scrutin de chaque circonscription
électorale qui établit la section de vote. Je ne sais pas si cela
crée un gros problème.
M. Bédard: C'est la situation actuelle qui se passe.
Techniquement ce qui se passe, à l'heure actuelle, c'est exactement ce
qui est reflété dans l'amendement que nous apportons, en ce sens
que la commission, à l'heure actuelle, telle qu'elle existe, fournit au
Directeur général des élections l'aide technique
nécessaire. Nous le mettons dans la loi.
M. Lavoie: La seule question qui me chicote un peu, c'est que la
commission fournit au Direc- teur général des élections
l'aide technique pour faire la délimitation de chaque section de vote.
Par contre, l'amendement que vous allez apporter au projet de loi no 9, ce
n'est pas le Directeur général des élections qui va faire
la délimitation des sections de vote mais le directeur du scrutin.
M. Bédard: C'est sous la direction du Direc- teur
général des élections. Je pense que c'est à ce
niveau-là que doivent s'établir les relations de façon que
l'aide technique soit apportée.
Le Président (M. Laberge): Cet article 10 sera-t-il
adopté? Adopté. L'article 11.
M. Bédard: Je pense que nous convenons qu'effectivement il
y aura des amendements nécessaires qui seront apportés au niveau
du rapport qui sera fait concernant le projet de loi no 9.
Le Président (M. Laberge): J'appelle l'article 11. Est-ce
qu'il y a des amendements?
M. Bédard: II y aurait un amendement. Une voix: II
y aurait un amendement?
M. Lavoie: Oui, oui, un amendement à tous les
articles.
Une voix:... pas besoin?
M. Bédard: Ce n'est pas nécessaire. C'est correct,
M. le Président. (17 heures)
Le Président (M. Laberge): Alors, l'article 11 reste
intact.
M. Bédard: C'était une petite correction.
M. Fontaine: Quand on a vécu la loi 9, rien ne nous
surprend.
M. Bédard: Je pense qu'on a pu compter sur la
collaboration des oppositions, sur la loi 9.
Le Président (M. Laberge): L'article 11 sera-t-il
adopté?
M. Bédard: Je pense qu'il s'agit d'un outil qui est
très utile pour tous les partis politiques. Il s'agit d'un indicateur
des rues, des districts, des différents districts électoraux.
M. Fontaine: C'est quoi, le papillon? M. Bédard:
Est-ce que cela va?
Le Président (M. Laberge): II n'y en a plus de
papillon.
M. Fontaine: II n'y en a pas?
Le Président (M. Laberge): Non. Cela va?
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Laberge): L'article 11 adopté,
j'appelle l'article 12.
M. Bédard: Alors, nous n'avons pas d'amendement, M. le
Président, l'article demeure tel que libellé.
M. Dussault: II faut tenir compte de l'amendement de ce matin,
à l'article 6.
M. Lavoie: Juste une petite question, je reviens rapidement
sur... parce qu'il y a un de mes amis, l'ex-député de Matane qui
a fait un brillant travail récemment, dans le comté de
Maisonneuve, qui me suggère c'est un bon technicien des
élections...
M. Dussault: Est-ce qu'il sera encore candidat dans Matane?
M. Lavoie: II n'a pas le droit de parole, en commission, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Je note.
M. Lavoie: Je me pose la question: étant donné
qu'on a décidé, maintenant, que la délimitation de
sections de vote est faite sous l'autorité du directeur de scrutin et du
Directeur général des élections, est-ce que cela ne serait
pas mieux que le mandat de faire, ce qu'on appelle "la clé de poll", un
indicateur appartienne à la même personne, au même organisme
qui est le directeur des élections et le je comprends que cela
puisse être difficile au point de vue...
M. Bédard: Parce qu'il n'est pas équipé
techniquement. Les directeurs du scrutin ne sont pas équipés
techniquement pour le faire. L'article ne peut seulement que légaliser
une pratique qui existe déjà.
M. Lavoie: Qui est très récente. C'est la
première fois que cela se fait.
M. Bédard: Non, cela date de quelques années. Ce
sont les "clés de poll" qu'on...
M. Lavoie: C'est une pratique qui date de quelques mois à
peine, depuis qu'on a étudié la loi 3.
M. Bédard: C'est-à-dire qu'avant, cela se faisait
dans certains comtés, mais cela s'est généralisé
par après. Maintenant la commission est plus habilitée à
le...
M. Lavoie: Cela fait sept ou huit élections provinciales
que je fais, la "clé de poll" n'a jamais été fournie par
le Directeur général des élections, sauf cette
année depuis le dernier recensement. Et je me posais la question,
d'ailleurs...
M. Bédard: Ce qui se produisait souvent avant, c'est que
le directeur du scrutin faisait la "clé de poll" mais étant
donné que la loi ne l'obligeait pas à la donner à tous les
partis ou à tous les candidats, il pouvait la donner à qui il
voulait ou s'en servir seulement pour lui.
M. Lamontagne: Vous n'aviez pas la bonne clé.
M. Fontaine: On n'avait pas la clé des bureaux.
M. Bédard: Dans le processus, je pense que ceci est
conforme à l'article 10.2 que nous avons enlevé, mais que nous
retrouverons dans la Loi électorale. Dans le rapport sur l'étude
de la Loi électorale, l'article 10.2 spécifiait, entre autres,
qu'après "s'être assuré que les sections de vote sont
délimitées conformément aux directives qu'il a
émises, le Directeur général des élections transmet
la liste de ses sections de vote à la commission". C'est la commission
qui est équipée, techniquement, qui voit à publier
l'indicateur...
M. Lavoie: J'ai remarqué, tout à l'heure, que le
ministre m'a répondu que le président d'élection n'est pas
outillé, n'a pas les équipements techniques pour le faire. Mais,
comment a-t-il fait pour la faire cette année, la "clé de poll"?
Parce que la commission de la représentation n'existait pas.
M. Bédard: II l'a faite, cette année, avec l'aide
technique de ceux qui s'occupent de la carte...
M. Lavoie: Ce n'est pas clair. Elles ne sont pas claires les
réponses du ministre.
M. Bédard: Je regarde la Commission permanente de la
réforme des districts électoraux qui a décidé de
publier un indicateur des rues, par exemple, des districts électoraux de
la ville de Laval. Une fois qu'elle a reçu la délimitation des
sections de vote, avec les techniciens de la commission permanente, elle est
habilitée, elle est capable de produire ce document. Elle l'a fait, par
exemple, pour tous les districts électoraux de la ville de Sherbrooke,
pour la région de Québec. C'est la même chose pour la ville
de Montréal. Si un électeur s'adresse au directeur du scrutin
pour vérifier dans quelle circonscription électorale il doit
voter, quand il donne le nom de la rue où il est domicilié, il
est capable de savoir dans quel district électoral il se trouve et, par
après, dans quelle section de vote il doit voter.
Le Président (M. Laberge): Je fais remarquer que cette
discussion concerne toujours l'article 11, qui a quand même
été adopté.
À l'article 12, qui a été appelé, y a-t-il
des commentaires? M. le député de Châteauguay.
M. Bédard: Est-ce que cela va?
M. Fontaine: M. le Président, on me dit que ce que M.
Carignan a mentionné tantôt, c'est un indicatif de rues, mais la
véritable "clef de poll" donnerait plus de renseignements que ce qu'il y
a là-dedans. On donnerait le nom de la rue, le nom de la
municipalité, les numéros de porte, et on dirait également
à quelle section de vote cette rue appartient.
M. Bédard: L'indicateur que vous avez doit être
complété avec la délimitation des sections de vote de
l'année et qui s'applique au moment de l'élection, par exemple,
cette délimitation des sections de vote change à chaque
année.
Le Président (M. Laberge): Une question
supplémentaire? Non. Alors, l'article 11 est bien fermé.
L'article 12, M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: Je disais tout à l'heure, M. le
Président, qu'à la site de l'adoption d'un amendement ce matin
à l'article 6, où on parlait d'un maximum approximatif de 2500
électeurs, il nous faut, par concordance, faire un amendement à
l'article 12a, où on pourrait dire, au lieu des mots 2500, la norme
prévue par l'article 6, ce qui deviendrait: "a) Lorsque le nombre des
électeurs excède la norme prévue par l'article 6."
M. Lamontagne: II n'y a pas de norme. Un maximum approximatif, ce
n'est pas une norme.
M. Dussault: Oui, elle est approximative, mais c'est une norme.
Je pourrais ajouter "approximative", M. le député.
M. Bédard: C'est normal que la norme soit approximative.
On l'a dit tout à l'heure, pour tenir compte de différentes
situations.
M. Dussault: Cela fait partie de mon amendement, M. le
Président, d'ajouter le mot "approximative", après le mot
"norme".
Le Président (M. Laberge): Excusez. Je reprends.
M. Dussault: Cela deviendrait: "Lorsque le nombre des
électeurs excède la norme approximative prévue par
l'article 6."
M. Bédard: C'est peut-être encore plus facile de
mettre tout simplement les mots contenus dans l'article 6, à savoir:
"Lorsque le nombre des électeurs excède le maximum approximatif
de 2500 électeurs."
M. Fontaine: Le maximum approximatif, cela peut être moins
aussi.
M. Bertrand: Non, parce que moins est accepté; on sait
qu'il peut y avoir des secteurs électoraux de 200, de 500. C'est au cas
où cela atteindrait 3800 électeurs. J'ai l'impression que la
commission va allumer sa lumière rouge.
M. Fontaine: Est-ce que notre linguiste en arrière
pourrait nous dire si un maximum approximatif, c'est bien français?
M. Bédard: II semble avoir d'autres occupations
présentement.
M. Bertrand: Ne le faites pas venir, justement.
M. Dussault: M. le Président, je me suis peut-être
trop laissé influencer par les suggestions de M. le député
de Roberval. Je pense que, effectivement, ce que nous avons voté ce
matin, est une norme; qu'elle soit approximative ou non, c'est quand même
une norme. Je pense que la référence serait suffisante. Mon
amendement est d'ajouter, après le mot "excède", au lieu du
chiffre "2500", les mots "la norme prévue par l'article 6".
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Laberge): Ce serait plus acceptable, je
répète ce que vous suggérez comme amendement: 12a "Lorsque
le nombre des électeurs excède la norme prévue par
l'article 6; b) et c)." Est-ce que cet amendement...
M. Lamontagne: M. le Président, évidemment,
l'amendement que nous avons adopté ce matin à l'article 6 nous
pose peut-être un petit problème à l'article 12. Quand, en
pratique, dépasse-t-on 2500 électeurs approximativement? En
pratique?
M. Bédard: Quand il y en a 2501, on est déjà
au-dessus de 2500.
M. Lamontagne: Je comprends, mais on a adopté 2500
approximativement; quand dépasse-t-on l'approximatif?
M. Bertrand: Savez-vous ce que je pense? C'est...
M. Bédard: On nous sert cet argument de temps en temps, je
vais vous le retourner. Je pense qu'il faut faire confiance quand même
aux membres de la commission.
M. Bertrand: C'est ça.
M. Bédard: Ils savent très bien.
M. Lamontagne: Savez-vous ce que je pense, indépendamment
de l'amendement? Je pense que l'amendement est presque inutile; il s'agirait de
rayer le sous-paragraphe a) complètement. Lisez-le et vous avez dans
l'article 6 un maximum approximatif de 2500 électeurs; dès qu'on
dépasse 2500 électeurs approximativement, la commission fait un
autre secteur électoral.
M. Bédard: Je pense qu'il n'est pas superflu de
répéter ce qui est essentiellement contenu à l'article 6
et auquel s'ajoutent d'autres critères qui peuvent permettre à la
commission de modifier la délimitation des secteurs
électoraux.
M. Lamontagne: M. le Président, je ne peux pas, cette
fois, me satisfaire des explications du ministre, c'est trop simple.
L'article 6 dit: "Un secteur électoral comprend un maximum
approximatif de 2500 électeurs." Cela implique qu'après
approximativement 2500 électeurs il y a un autre secteur
électoral; l'article 6 le dit, c'est clair comme de l'eau de roche. La
commission, quand elle juge qu'approximativement un peu plus de 2500
électeurs, c'est assez pour elle, passe à un autre secteur
électoral. Bien sûr, on peut dire: II n'y a rien là, il
s'agit d'ajouter une chose. Mais j'aimerais que quelqu'un me donne
l'explication véritable. Compte tenu de l'article 6, que vient faire le
sous-paragraphe a)?
M. Bédard: Vous parlez de l'article 12a? M. Lamontagne:
Oui.
M. Bédard: En fait, je pense que cette disposition
poursuit certains objectifs. D'abord, elle reconnaît une certaine
permanence aux secteurs électoraux; au lieu, par exemple, de faire ce
qu'on fait avec la délimitation des sections de vote, de refaire ces
délimitations à chaque année, ici, il y a une permanence
qui est reconnue, c'est-à-dire que c'est dans des cas vraiment
exceptionnels que la délimitation des secteurs électoraux va
être faite.
M. Lamontagne: Egalement, à l'article 12, on me
suggère que lorsqu'elle excède la norme, la commission, ce n'est
pas "peut", c'est "doit modifier" à la première ligne
à ce moment on a, à l'article 6: "Un secteur
électoral comprend un maximum approximatif de 2500...". Lorsque cette
norme est dépassée, c'est la commission "doit...", ce n'est pas
"peut...".
M. Bédard: C'est: "... la commission peut modifier, dans
les cas suivants:"
M. Lamontagne: II faut que ça devienne une obligation.
À ce moment, on va changer l'article 6. On crée une norme. Tout
à l'heure, on a mentionné que l'article 6 est une norme;
lorsqu'on dépasse la norme, en vertu de la loi, la commission "doit";
vous indiquez "peut".
M. Fontaine: La commission modifie la délimitation.
M. Lamontagne: La commission modifie, mais... Cela veut dire que,
même si elle dépasse... On vient de dire, à l'article 6,
que le secteur électoral, c'est telle chose. Là, on se pose la
question, à l'article 12, qu'est-ce qui arrive quand on
dépasse?
M. Bédard: Non, mais je vous donne des cas où la
commission ne serait pas obligée de modifier cette délimitation.
Le deuxième cas; vous avez, par exemple, une fusion de
municipalités, villages et paroisses, village 1000 de population et
paroisse 700; vous ne dépassez pas les 2500, vous n'êtes pas
obligé de modifier votre délimitation des secteurs
électoraux.
M. Lamontagne: Oui, mais à ce moment, vous voyez ce que je
voulais dire; si vous impliquez le sous-paragraphe a) à l'article 12,
vous allez être obligé de mettre le mot "doit". C'est pour
ça que tout à l'heure, compte tenu de toutes vos explications, je
disais que le sous-paragraphe a) n'a pas sa place. Si vous laissez le
sous-paragraphe a) là, compte tenu de l'article 6, il faut que vous
indiquiez le mot "doit". (17 h 15)
M. Bédard: Le député de Roberval
interprète, à bon droit, l'article 6 comme étant une
obligation qu'on fait à la commission que les secteurs électoraux
ne doivent pas dépasser un maximum approximatif de 2500
électeurs.
M. Lamontagne: C'est cela. Je pense qu'on s'entend
là-dessus.
M. Bédard: Pour le premier cas, je prends deux autres
municipalités qui sont fusionnées. L'une a 1700 électeurs,
et l'autre 850, par exemple; vous auriez 2550 électeurs.
M. Lamontagne: C'est une bonne exception que vous mentionnez,
quant à moi. Justement, lorsque les limites des municipalités
sont modifiées, lorsque les caractéristiques elles-mêmes du
secteur ont changé, c'est normal; mais lorsque vous arrivez à
l'article 11, vous dites quoi en vertu de l'article 6? L'article 6, c'est le
nombre d'électeurs qui compte.
M. Fontaine: M. le Président, s'il y a deux
municipalités qui sont fusionnées, ces deux municipalités
formaient deux secteurs électoraux. Si elles sont fusionnées, il
faut les modifier pour en faire un seul secteur. Donc, elle doit les
modifier.
M. Bédard: Vous avez, par exemple, dans le premier cas, un
développement domiciliaire qui serait fait.
M. Bertrand: La question de l'Opposition est quand même
tout à fait valable. Si l'article 6 dit qu'un secteur électoral
doit comprendre tant de monde on a essayé de le mettre assez
souple pour que ce ne soit pas nécessairement 2500, que ça puisse
être 2600 pour la ville de Normandin il semble que c'est implicite
que si jamais ils contreviennent au principe même de l'article 6
d'abord, il me semble que ce n'est pas nécessaire de le dire, c'est
déjà implicite il faut refaire un secteur électoral
en conséquence. Dans ce contexte, il faudrait au minimum que l'article
12 précise dans le cas du paragraphe a) que c'est une obligation, non
pas simplement une permission accordée.
M. Lamontagne: M. le Président, on est d'accord sur le
principe, il faut se rendre à l'évidence
qu'il s'agit d'un... On reprend quelque chose inutilement, quelque chose
qui se trouve déjà indiqué bien clairement dans l'article
6, sauf que pour les paragraphes b) et c), ce n'est pas la même
chose.
M. Bédard: Je serais porté à vous poser une
question, à ce moment-là: S'il y avait un développement
domiciliaire, vous entreriez cela dans quelle exception? Au paragraphe c)?
M. Lamontagne: Vous le dites, les caractéristiques
mêmes du secteur ont changé, les limites des municipalités
sont modifiées. Ce sont des modifications de limites, tandis qu'au
paragraphe a), c'est un nombre qu'on indique; c'est le seul endroit, dans les
paragraphes a), b) et c) où on parle d'un nombre. Le nombre a
déjà été clairement établi par l'article 6,
on n'a pas besoin de le répéter, c'est clair. Vous réglez
le nombre à l'article 6; et à l'article 12, vous arrivez avec des
cas d'exception. Le nombre n'est plus un cas d'exception, c'est une
obligation.
M. Bédard: Nous sommes portés à croire que
les paragraphes b) et c) se rapportent surtout à des changements qui
pourraient arriver, par exemple, concernant l'homogénéité
d'un secteur. Jusqu'à quel point on peut, par exemple, insérer
l'augmentation de population comme étant un changement dans
l'homogénéité d'un secteur, c'est douteux et c'est pour
cela que nous avions... c'est pour cela que se situe le paragraphe a).
M. Lamontagne: Juste une seconde. Le texte de l'article 6, avant
son amendement, nécessitait l'article 12a. Du moment qu'on a
apporté un amendement à l'article 6, le paragraphe a) devient
inutile.
M. Dussault: Dans l'esprit de la loi, le secteur électoral
devrait être modifié le moins souvent possible pour assurer une
permanence. Pour ce qui est des paragraphes b) et c), il fallait vraiment
donner, dans la loi, une permission spéciale pour arriver à faire
cela. Quant au paragraphe a), j'ai tendance à penser, comme le
député de Roberval, qu'effectivement, en ayant modifié
l'article 6, on a implicitement donné à la commission cette
obligation de toucher le secteur électoral si cette norme devait
être dépassée. Dans cet esprit...
M. Bédard: Je suis convaincu qu'il est très clair
que la commission interprète l'article 6 comme étant un pouvoir
qu'on lui donne de modifier le secteur électoral dès que
ça dépasse un maximum approximatif de 2500 électeurs, le
paragraphe a) de l'article 12 n'est plus nécessaire. C'était par
mesure de précaution. Nous voulons que le secteur électoral soit
permanent et il faut vraiment qu'il y ait des raisons très
spécifiques pour qu'il soit changé.
C'est dans ce sens, par précaution additionnelle,
peut-être, que nous étions d'opinion qu'il y avait lieu de
maintenir le paragraphe a) de l'article 12.
D'après l'explication que vous donnez, avec la formulation de
l'article 6, cela veut dire qu'implicitement, la commission aurait le pouvoir
de modifier...
M. Lamontagne: Pas implicitement. Elle a l'obligation tout
court.
M. Bédard: Vous avez un développement domiciliaire
et vous êtes arrivé à 3500, par exemple?
M. Bertrand: II faut qu'ils pensent sérieusement à
refaire leur secteur électoral.
M. Lamontagne: II va bien falloir, lorsqu'on parle d'approximatif
à l'article 6, on ne se rend pas à 3500. Je pense que tout le
monde comprend cela.
M. Bertrand: Je pense que 3000 serait le plafond de souplesse qui
serait permis dans les circonstances.
M. Lamontagne: II me surprendrait que la commission arrive avec
un secteur électoral de 3500, quand on dit approximativement 2500. On
sait ce que cela veut dire.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Vanier, un autre commentaire?
M. Bertrand: Evidemment, je ne suis pas avocat. Des fois je m'en
réjouis, des fois je trouve qu'il me manque une certaine formation, mais
peut-être qu'en parlant à ces avocats, on peut arriver à se
comprendre. À l'article 12, à toutes fins utiles, c'est un petit
peu comme si on reprenait trois des articles qui ont déjà
été votés précédemment.
L'article 6 fait référence à un maximum
approximatif de 2500 électeurs. Pour moi, c'est implicite que si jamais
ils dépassent cela, il faut que la Commission de la
représentation refasse son secteur électoral.
Donc l'article a), quant à moi, je me dis que ce n'est pas
nécessaire. L'article b), lorsque les limites des municipalités
sont modifiées. Déjà, à l'article 7, on disait: "La
commission délimite chaque secteur électoral, de telle sorte
qu'il respecte les frontières naturelles du milieu ainsi que les limites
des municipalités."
À l'article 9, on disait: "Un secteur électoral ne doit
pas comprendre plus d'une municipalité". Donc, il y avait
déjà deux articles qui faisaient référence aux
limites des municipalités et à l'existence même d'une
municipalité.
Je me dis: Est-ce qu'il est nécessaire à l'article 12b de
revenir en parlant des limites des municipalités, puisque implicitement,
si on lit les articles 7 et 9 correctement, il est évident que s'il y a
des modifications de limites dans les municipalités, une Commission de
représentation électorale qui a bien compris les articles 7 et 9
doit se pencher sur la définition de ces secteurs électoraux.
Lorsque les caractéristiques elles-mêmes du secteur ont
changé, il est dit à l'article 7: "La com-
mission délimite chaque secteur électoral de telle sorte
qu'il respecte l'homogénéité socio-économique". Si
c'est vrai qu'elle doit respecter l'homogénéité
socio-économique et que cette homogénéité n'est
plus homogène, mais trop hétérogène pour entrer
dans l'article 7, cela fait partie des devoirs non pas des pouvoirs
de la commission de voir à ce que l'article 7 soit
respecté dans son contenu.
J'ai déjà eu un camarade qui appelait cela
"superfétatoire". Je n'en sais rien, mais il me semble qu'à
l'article 12, c'est un petit peu comme si on n'était pas tout à
fait sûr qu'on ait bien dit ce qu'on avait à dire aux articles 6,
7 et 9.
M. Fontaine: Même s'il n'est pas avocat, le
député de Vanier ferait un bon député de
l'Opposition.
M. Lavoie: M. le Président, je me fonde sur
l'argumentation du député de Vanier et je me pose la question
suivante. Il y a quelques siècles, le "Speaker" en Angleterre
était payé au "bill", suivant le nombre de projets de loi
adoptés par l'assemblée. Je me demande si le ministre est
payé aux articles qu'il a...
M. Bédard: Je ne suis pas payé aux articles,
même que le projet a été écrit avant même que
j'aie à l'étudier.
M. Lamontagne: Je pense que la présentation du
député de Vanier est excellente. Nous venons d'adopter des
articles dans lesquels on retrouve exactement ce qu'on veut dire à
l'article 12, de sorte qu'en le répétant, on va poser des
problèmes d'interprétation aux commissaires.
M. Fontaine: M. le Président, si le ministre de la
Réforme électorale et parlementaire était payé
à l'article, il serait riche en "tabaraouette ", parce qu'avec la loi 9,
il y en a tellement.
M. Bédard: J'ai des honoraires là-dedans pour le
reste de mes jours!
M. Lavoie: Si je comprends bien, le député de
Vanier propose qu'on règle l'article 12 du projet de loi, pas tout
à fait...
M. Bertrand: Je ne peux pas, je suis seulement intervenant.
M. Bédard: Oisons qu'on vous le...
M. Lavoie: Je pense qu'on est... Dans ce cas, on le suspend.
M. Bédard: Je serais porté à rappeler la
pratique qui existait avant, c'est-à-dire que la délimitation des
sections de vote était faite chaque année, en janvier et
février. À ce moment-là, un directeur de scrutin pouvait
modifier comme il le voulait cette délimitation. Ce qu'on a voulu donner
avec ce projet, c'est plus de permanence aux sections. C'est vraiment dans des
cas très très exceptionnels qu'on permet de modifier la
délimitation des secteurs électoraux. Les exceptions, ce sont les
trois cas de l'article 12.
M. Lavoie: Vous avez dit tout à l'heure que dans la loi
actuelle le directeur du scrutin ou président d'élection faisait,
au mois de janvier de chaque année, les délimitations de vote.
Les secteurs électoraux n'existaient pas...
M. Bédard: C'est la même logique.
M. Lavoie: C'est la même logique. Je la cherche.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Viau.
M. Lefebvre: J'abonderais aussi dans le même sens que le
député de Vanier pour une autre argumentation, c'est que dans
l'article 12 on dit: "peut modifier les délimitations des secteurs
électoraux. " Cela implique aussi qu'on peut modifier tous les secteurs
électoraux tandis que les articles 6, 7 et 8 spécifient bien que
c'est ce secteur électoral seulement qui est modifié,
c'est-à-dire qu'il est divisé ou multiplié mais qu'on ne
change pas les autres. Justement, pour assurer la permanence des secteurs
électoraux, je suis d'accord pour que l'article 12 soit
éliminé.
M. Fontaine: Est-ce que le député de Deux-Montagnes
veut intervenir?
M. Bédard: Avec un compromis comme cela, j'espère
que vous pouvez laisser aller le reste de la loi. Ça va, on va l'enlever
l'article 12. Peut-être qu'effectivement chacun des...
M. Lavoie: C'est une bonification proposée par le
député de Vanier, secondée par le député de
Viau.
M. Bédard: L'avenir dira si c'est une bonification, parce
qu'il semble que ceux qui avaient pensé ce projet de loi trouvaient
nécessaire quand même de spécifier dans un article bien
précis quels seraient les critères qui pourraient amener la
commission à modifier la délimitation des secteurs
électoraux. Il faut en finir avec la discussion, M. le Président,
d'autant plus que l'article 13, lorsqu'on le lit, permet les modifications. Ce
que nous voulions, c'était retrouver très clairement le pouvoir
de modifier.
M. Lamontagne: On voulait vous rappeler à l'article 13
justement que l'article 12...
Le Président (M. Laberge): L'article 12 est retiré
du projet de loi. J'appelle l'article 13. L'article 13 est appelé.
Est-ce que vous en avez pris connaissance?
M. Bédard: Je viens de perdre des honoraires.
M. Lamontagne: Comme le ministre vient de le mentionner, avec
l'article 13, je pense qu'il y a une bonne protection. Quant à nous, il
n'y a pas de commentaires spéciaux sur l'article 13.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, sur le principe même
de l'article 13, nous n'avons pas d'objection sauf qu'on fait
référence aux associations autorisées et aux partis
autorisés. Nulle part, dans la loi, que je sache, il n'y a quelque chose
de défini. Dans la Loi sur le financement des partis politiques, c'est
défini mais ici cela ne l'est pas. On parle également de
députés indépendants. Je ne sais pas si c'est
défini quelque part, un député indépendant. Un
candidat indépendant, c'est défini dans la Loi sur le financement
des partis politiques.
M. Bédard: C'est défini dans la Loi sur le
financement des partis politiques.
M. Fontaine: II faudrait y faire référence parce
que là on ne sait pas où on s'en va. Le député
indépendant, ce n'est pas défini dans la Loi sur le financement
des partis politiques, que je sache. C'est le candidat indépendant qui
est défini.
M. Lamontagne: Le candidat indépendant?
M. Fontaine: Oui, dans la Loi sur le financement des partis
politiques.
M. Lamontagne: Mais s'il est élu député,
cela ne devient pas un député indépendant?
M. Bédard: Bien oui, il me semble que cela va de soi.
M. Fontaine: J'insiste surtout sur les associations
autorisées ou les partis autorisés.
M. Bédard: Vous feriez référence au sens de
la Loi sur le financement des partis politiques. (17 h 30)
M. Fontaine: Nous, on connaît la loi. Il faudrait faire
référence aux définitions qui sont données dans la
Loi sur le financement des partis politiques.
Je voudrais ajouter un autre commentaire, M. le Président. Il
faudrait peut-être le définir, comme on l'a fait dans la Loi
électorale, la loi 9, parce que si on ne le fait pas et qu'on fait
référence seulement aux partis autorisés, selon la Loi sur
le financement des partis politiques, avant d'en envoyer également au
Parti des travailleurs, au Crédit social uni, au Parti
marxiste-léniniste... Il y en a neuf qui sont reconnus selon la Loi sur
le financement des partis politiques. C'était reconnu à
l'Assemblée nationale.
M. Bédard: C'est-à-dire qu'on ferait une
référence expresse à la Loi sur le financement des partis
politiques, au chapitre F-2, pour les expressions qui sont utilisées et
qui ne sont pas définies ailleurs, pour qu'elles soient entendues au
même sens que la Loi sur le financement des partis politiques. Il y aura
une clause omnibus.
M. Fontaine: Cela veut dire qu'à ce moment-là, M.
le Président, on va l'envoyer également à tous les partis
autorisés, selon la Loi sur le financement des partis politiques. Il y a
neuf partis autorisés. Vous savez cela?
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, au sujet de l'article
13, je suis sûr que le ministre tient à ce que sa loi soit
rédigée dans un français impeccable. Je voudrais lui
signaler qu'à la troisième ligne il vaudrait mieux mettre une
virgule après "apportées" et remplacer "sont" par "est" et mettre
"transmise" au singulier, parce que c'est la délimitation qui est le
sujet.
M. Bédard: Non, ainsi que les modifications.
M. de Bellefeuille: "Ainsi que" n'est pas l'équivalent de
la conjonction "et". "Ainsi que", cela veut dire "de la même façon
que", donc cela n'appelle pas le pluriel. C'est la délimitation qui est
le sujet.
M. Fontaine: Ce sont les modifications qui lui sont
apportées.
M. de Bellefeuille: Dans le deuxième cas, cela va, parce
que dans le deuxième cas on dit, dans les dernières lignes: "la
délimitation et les modifications sont transmises". Là, cela
va.
M. Bédard: II faut remplacer "ainsi que" par "et",
à ce moment-là?
M. Lamontagne: C'est l'amendement qui devrait être
proposé.
M. de Bellefeuille: Bon! comme le veut le ministre.
M. Bédard: "La délimitation des secteurs
électoraux de chaque circonscription électorale du Québec
et les modifications qui lui sont apportées sont transmises aux chefs
des partis autorisés".
M. Fontaine: Et la référence à la Loi sur le
financement des partis politiques sera faite plus tard dans un article
omnibus?
M. Bédard: C'est cela. M. Fontaine: D'accord.
M. Bédard: C'est une réforme qui fait preuve
d'ouverture: tous les partis autorisés.
Le Président (M. Laberge): L'article 13...
M. Fontaine: Vous êtes obligés de le faire, sans
cela vous serez obligés de les définir dans la loi actuelle.
Le Président (M. Laberge): L'article 13 est-il
adopté?
M. Fontaine: Un instant. M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait nous donner l'adresse la plus récente du chef du Parti
communiste?
M. Bédard: Je suis à peu près sur la
même longueur d'onde que vous à ce sujet-là.
M. Larnontagne: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Dans la phrase, en haut de la page 5: "II en va de
même de l'indicateur visé dans l'article 11", à qui
l'indicateur visé par l'article 11... Il me semble qu'il y a une
phraséologie qui manque.
M. Bédard: ... de chaque circonscription
électorale, qui sera transmis également aux chefs des partis
autorisés. Les chefs de partis autorisés reçoivent tous
les indicateurs de rues.
M. Lamontagne: Pourquoi ne l'inscrivez-vous pas quelque part? "La
délimitation des secteurs électoraux de chaque circonscription
électorale du Québec et les modifications qui lui sont
apportées ainsi que l'indicateur visé dans l'article 11 sont
transmis", et on continue.
M. Bédard: Non.
M. Lamontagne: Non, cela ne se fait pas?
M. Bédard: Cela, c'est répéter pour rien ce
qui, je pense, est déjà contenu, lorsqu'on fait mention que
l'indicateur qui est visé par l'article 11, qui traite de tous ces
sujets, va être transmis également aux personnes...
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 13, adopté.
J'appelle l'article 14, en faisant remarquer qu'il a été
adopté avec un amendement qui se lit à la deuxième ligne
"et" à la place de "ainsi que". Article 14.
L'information du public
M. Bédard: Article 14.
M. Lamontagne: M. le Président, quand vous parlez de
maintenir en tout temps un centre d'information, c'est implicite par la
création d'une commission. Si vous voulez dire par là qu'on
s'adresse à la commission, est-ce que c'est un autre endroit physique
que...
M. Bédard: C'est un service qui est très clairement
à l'intérieur de la commission. Il n'y a pas d'amendement
à l'article 14. Je ne sais pas s'il y a des remarques.
M. Lamontagne: M. le Président, je reviens juste en haut
de l'article 14 pour vous demander... Le deuxième alinéa se lit
comme suit: "La délimitation des secteurs électoraux est
disponible au public sur demande". Comme l'article 14 comprend justement
l'information au public, n'y aurait-il pas lieu plutôt d'inclure ce
paragraphe dans le chapitre qui traite justement de l'information au
public?
M. Bédard: Peut-être que l'information à
l'article 14 est plus générale. En fait, à l'article 13,
c'est restreint à la délimitation des secteurs
électoraux.
M. Lamontagne: Vous aimez mieux le laisser la?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'ai trois questions. La première: "Donner
à quiconque en fait la demande des avis". Est-ce que le ministre peut
nous dire de quel genre d'avis il s'agit? Deuxièmement, le centre
d'information. Est-ce que le ministre a une estimation du personnel qui va
être nécessaire pour maintenir ce centre d'information?
Troisièmement, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de faire une concordance
au paragraphe c), lorsqu'on parle de partis politiques, en mentionnant tout
simplement "partis autorisés", tel qu'on l'a adopté à
l'article 13?
M. Bédard: Je suis d'accord pour changer au paragraphe c)
le mot "politiques" à la deuxième ligne par le mot
"autorisés". C'est simplement de créer... Concernant les deux
autres demandes d'information du député de Nicolet-Yamaska il ne
s'agit pas de monter des structures pour donner des avis ou encore les
informations nécessaires. Je pense que cela va se situer à
l'intérieur de la commission elle-même, mais c'est pour en faire
une obligation très précise d'informer.
M. Fontaine: Mais est-ce qu'il y a des estimations de faites du
personnel qui doit être engagé? On a déjà
posé la question au ministre qui vous a précédé
concernant la loi no 123. Le ministre nous avait dit: On va avoir besoin de 40
à 45 personnes et finalement on s'est aperçu qu'il y en avait
150.
M. Bédard: II n'y a pas d'estimation. C'est bien clair.
Mais il semble que...
M. Lamontagne: Le plus possible.
M. Bédard: ... ce qui est contenu là, c'est
l'obligation. On est pour ou on est contre. S'il y a
des exagérations, tout le monde sera à même de les
constater. C'est simplement la consécration du principe de l'information
du public et se donner les instruments nécessaires pour que cette
information soit faite, point.
M. Fontaine: Mais le ministre est conscient qu'il s'agit ici de
la même situation qui se retrouve chez le directeur générai
des élections, soit que la commission va puiser ses fonds à
même le fonds consolidé de la province, sans qu'on ait à
redire sur le budget.
M. Lamontagne: J'ai l'impression qu'il faut prévoir tout
un édifice.
M. Bédard: Je pense que le centre d'information doit
être davantage perçu plutôt comme une bibliothèque
où, par exemple, des cartes peuvent être à la disposition
du public dans, je ne sais pas, une pièce... Ce n'est pas un organisme
nouveau qui est créé par ça.
Il y a peut-être une nuance à ce que dit le
député de Nicolet-Yamaska. À l'article 22, il est
spécifié que ces personnes sont nommées par la commission,
suivant des effectifs déterminés par le Conseil du trésor;
elles sont rémunérées conformément aux normes et
barèmes établis par ce Conseil du trésor. Alors, je pense
qu'il y a l'instrument nécessaire pour...
M. Fontaine: Un peu plus de contrôle. M. Bédard:
Oui, le contrôle nécessaire. M. Lamontagne: M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Nous allons faire
référence à un autre article, mais sans ouvrir la
discussion, on va y revenir.
M. Lamontagne: Au paragraphe c), en ce qui concerne le mot
"régulièrement", n'y a-t-il pas moyen d'être plus
précis que ça à l'intention des commissaires; tenir une
fois ou deux fois par année, je ne sais trop? Mais,
"régulièrement", quand on lit ça, ça veut dire
quoi?
M. Fontaine: Cela va être à la demande des...
M. Bédard: Quand on parle de séance d'information,
on réfère non seulement aux partis politiques ce serait
assez facile de préciser s'il ne s'agissait que de ceux-ci mais
il y a tous les organismes régionaux et municipaux. Je pense bien qu'il
est difficile de trouver des critères aussi précis.
M. Fontaine: Cela sera à la demande des organismes?
M. Bédard: Cela peut être aussi à la demande;
je pense que c'est l'avenir qui nous le dira, à partir de ce que fera la
commission qui sera sur pied, qui pourra peut-être nous donner des
indications qui nous permettront éventuellement d'être plus en
mesure d'établir des critères, ce qu'on entend par tenir
régulièrement des séances d'information. Ce que
spécifie l'article, c'est la nécessité d'information, que
ça se fasse d'une façon régulière. Je ne pense pas
qu'on puisse aller au-delà de ces spécifications.
M. Lamontagne: Adopté, quant à nous.
Le Président (M. Laberge): L'article 14 est modifié
par le remplacement, dans la deuxième ligne du paragraphe c), du mot
"politiques" par "autorisés". L'article 14 est-il adopté?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec
amendement.
M. Fontaine: Avec amendement. Le Président (M.
Laberge): Article 15.
La composition de la commission
M. Fontaine: J'aurais un amendement à l'article 15. M. le
Président, étant donné que le ministre a des amendements
à nous proposer sur d'autres articles et, à la suite d'une
brève consultation que je viens de faire, le ministre aurait-il
objection à suspendre immédiatement pour reprendre à 19 h
45 au lieu de 20 heures?
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection, M. le
Président; nous reprendrons nos travaux à 19 h 45.
M. Fontaine: Pourriez-vous nous distribuer les amendements?
M. Bédard: En autant que c'est possible, mais vous
êtes à même de constater que les amendements ne sont pas des
amendements de fond plus qu'il ne le faut. (17 h 45)
Le Président (M. Laberge): Vous avez l'intention de
suspendre la séance et de revenir...
M. Fontaine: On reprendrait avec la section II.
M. Bédard: Je comprends que le député de
Nicolet-Yamaska demande la suspension de la séance.
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: Simplement une remarque concernant l'amendement
que nous apportons, nous nous sommes rendu compte que l'article tel que
libellé, le deuxième paragraphe, excluait le Direc- teur
général des élections, et je pense qu'on ne doit exclure
personne au niveau de...
M. Lavoie: Ce serait bien plus simple de dire que la commission
se compose, que parmi les
trois membres le Directeur général des élections
est inclus.
M. Bédard: Non, nous préférons
procéder de cette façon. Est-ce qu'il y a lieu d'avoir plus de
discussions sur l'article 15?
M. Lavoie: On va attendre. M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: Suspendons la séance. Je n'ai pas
d'objection à la demande de suspension, quitte à recommencer
à 20 heures.
Le Président (M. Laberge): Cette commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 46)
(Reprise de la séance à 20 h 21)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, messieurs! La
commission de la présidence du conseil et de la constitution reprend ses
travaux concernant le projet de loi no 10, Loi sur la représentation
électorale. Nous en sommes à l'étude article par article.
À la suspension, nous avions appelé l'article 15, duquel le
ministre propose de supprimer le deuxième alinéa.
M. Lamontagne: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: II y a toujours un avantage évident
à appeler les choses par leur nom. Si le ministre nous propose d'enlever
le deuxième alinéa de l'article 15 pour nommer le Directeur
géné- ral des élections commissaire, nous sommes
entièrement d'accord. Il a tout simplement à l'indiquer
carrément dans la loi et à continuer cependant, en disant que les
autres membres, à l'exception du Directeur général des
élections, devront avoir la qualité d'électeurs. Je pense
qu'on enlève la qualité d'électeur en fonction d'une
personne qui est désignée nommément, mais on devrait
conserver la qualité d'électeur qui, je pense, est une
règle générale normale. La personne qui doit être
nommée Directeur général des élections, qu'on la
désigne nommément, sans ça les deux autres... Le
député de Nicolet-Yamaska a mentionné privément,
paraît-il, qu'en enlevant le deuxième alinéa on pourrait
même nommer un Américain, un Européen ou toute autre
personne du choix... En fait, vous enlevez l'alinéa pour nommer - c'est
votre droit, et vous avez l'accord le plus unanime de la commission - le
Directeur général des élec- tions. Pourquoi ne pas le
dire?
M. Bédard: M. le Président, c'est que la loi
prévoit là-dessus, nous n'avons pas changé
d'idée que les membres de la commission seront nommés par
l'Assemblée nationale; il n'est pas question de les nommer par la loi.
Je pense que ce principe a été consacré en deuxième
lecture. Je ne crois pas qu'on doive revenir là-dessus, je crois
même qu'on n'a pas le droit de revenir là-dessus. Justement, si
nous voulons apporter cet amendement, c'est que nous indiquons très
clairement qu'il se fait une réflexion très sérieuse
il faut qu'elle le soit pour que l'amendement soit apporté
sur l'opportunité que le président, le Di- recteur
général des élections, soit un des trois membres en
question. Ces membres doivent être nommés par l'Assemblée
nationale. C'est pourquoi nous apportons l'amendement suivant, qui nous permet
justement de continuer la réflexion et qui nous permettra d'aboutir
à une décision qui sera possible justement parce que l'amendement
en question aura été adopté.
Maintenant, de là à penser qu'en enlevant l'amendement
ça nous permettrait de nommer un Européen ou quelqu'un même
d'en dehors du Québec qui n'aurait pas la qualité
d'électeur, je pense bien que c'est assez fantaisiste; je ne crois pas
que la...
M. Fontaine: Je ne dis pas que c'est ça qui va
arriver.
M. Bédard: Je pense qu'il y a une garantie très
précise qu'on n'aille pas dans ce sens parce que, quand même, les
membres de la commission sont nommés par les deux tiers de
l'Assemblée nationale. Alors, notre amendement...
M. Fontaine: Je suis d'accord là-dessus, M. le
Président, sauf qu'il me semble que si le Directeur
général des élections doit faire partie de la
commission... Nous n'avons aucune espèce d'objection à cela, je
pense même que c'est peut-être un avantage de le faire à
cause de la coordination qui pourra exister entre la mise en application des
deux lois. Cependant, il me semble que les deux autres membres de la commission
devraient avoir la qualité d'électeur. Même si on dit
qu'ils doivent être nommés par les deux tiers, il me semble
primordial qu'une personne qui va procéder à
l'établissement d'une carte électorale et des secteurs
électoraux, le moins qu'on puisse demander, c'est qu'elle ait la
qualité d'électeur.
M. Bédard: Là encore, la Loi électorale
prévoit que pour être électeur, une personne ne doit
être frappée d'aucune incapacité. On retrouve quand
même certaines personnes avec certaines incapacités dont les
juges...
M. Fontaine: Non, non, non.
M. Bédard: ... quoiqu'ils n'ont...
M. Fontaine: Vous avez une vieille loi, vous êtes mieux de
changer de loi bientôt.
M. Bédard: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Ils ne
doivent être frappés d'aucune incapacité de
voter. C'est exact, les juges ne sont pas frappés d'une
incapacité de voter, ils sont frappés d'une certaine
incapacité de pouvoir faire un travail électoral; ce qui est
différent, j'en conviens.
Le Président (M. Laberge): Cet amendement qui consiste
à supprimer le deuxième alinéa...
M. Fontaine: On n'a pas répondu tout à fait
à la question.
M. Lamontagne: Le ministre n'a pas répondu du tout. On
convient très bien de la réflexion qu'il fait actuellement, en
plus de nous dire: C'est l'Assemblée nationale qui... En fait, on le
sait, sa réflexion porte sur une personne. Le sens d'électeur, on
ne devrait pas simplement le laisser de côté en disant:
Écoutez, on est protégé, ce sont les deux tiers de la
Chambre qui vont nommer cela. Ce n'est pas une raison suffisante pour
dire...
M. Bédard: Je serais porté à croire, M. le
député de Roberval, que le fait que ce soit nommé par les
deux tiers de l'Assemblée nationale constitue vraiment une garantie
suffisante.
M. Lamontagne: Adopté. M. Bédard:
Adopté?
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Vous enlevez le deuxième alinéa.
Le Président (M. Laberge): L'amendement consiste à
supprimer le deuxième alinéa.
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais une suggestion
à faire au ministre; peut-être serait-elle acceptable. On pourrait
très bien laisser le deuxième alinéa tel quel et ajouter
un autre alinéa qui dirait: Malgré le paragraphe
précédent, le Direc- teur général des
élections peut être nommé membre de la commission.
Cela laisserait la porte ouverte à une nomination
éventuelle, et ça dirait, en même temps, que les autres
membres de la commission devraient avoir la qualité
d'électeur.
M. Bédard: Je comprends la suggestion du
député de Nicolet-Yamaska pour essayer de contourner la
difficulté que nous avons. Je suis convaincu que cette addition
pourrait, par rapport à un cas particulier que nous avons à
l'esprit, contourner la difficulté. Maintenant, je crois je vous
le dis comme cela, tout simplement, parce que c'est ma conviction que le
fait que ces membres doivent être nommés par les deux tiers de
l'Assemblée nationale est la meilleure garantie que nous puissions avoir
que les personnes qui seront à cette commission seront habilitées
à faire le travail.
M. Fontaine: J'en suis convaincu aussi, mais je pense que
ça a l'air assez cocasse qu'on puisse laisser supposer, même si on
sait que dans la pratique, ça ne pourra probablement pas se faire, que
des membres d'une commission de la représentation puissent être
nommés, n'ayant pas la qualité d'électeur. (20 h 30)
M. Bédard: Disons que la situation a peut-être l'air
cocasse parce qu'il y avait déjà une disposition dans la loi. On
a l'air, par un amendement, à donner un sens autre que celui qu'il a
dans les faits, mais je suis convaincu que si cela n'avait pas
été indiqué dans la loi, nous n'aurions même pas de
discussion là-dessus parce qu'il me semble très clair qu'une
nomination approuvée par les deux tiers de l'Assemblée nationale
le sera dans le sens des meilleurs intérêts du fonctionnement de
cette commission.
M. Fontaine: Mais est-ce que vous convenez que la proposition que
j'ai faite permettrait à la fois de garder le membre de phrase qui dit
qu'il faut avoir la qualité d'électeur et en même temps la
nomination du Directeur général des élections, s'il y a
lieu.
M. Bédard: J'ai mentionné tantôt
qu'effectivement, je pense que cela permettrait de contourner la
difficulté à laquelle nous faisons face. Je vais demander aux
légistes de voir comment cela pourrait se traduire, c'est-à-dire
s'écrire.
M. Fontaine: On peut le suspendre en attendant.
M. Bédard: C'est qu'on personnifie la loi un peu.
M. Fontaine: Non, on ne nomme personne. On dit: On laisse la
possibilité à un Directeur général des
élections d'être nommé.
M. Bédard: Par exemple, il faudrait avoir la logique de
tout ce qu'on a dit jusqu'à maintenant. On sait qui est le Directeur
général des élections. On sait qu'il est nommé
à vie.
M. Fontaine: Oui, mais cela peut être une autre personne
demain matin.
M. Bédard: Non. Je pense qu'au moment où on se
parle, on sait de qui on parle.
M. Fontaine: On peut le suspendre?
M. Bédard: On va demander aux légistes
d'évaluer, en fait, le sens de l'amendement, pour voir jusqu'à
quel point cela ne complique pas la situation plus que cela ne
l'améliore.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Laberge): Nous conservons l'article 15 en
suspens.
M. Lavoie: Au complet?
Le Président (M. Laberge): Au complet.
M. Lavoie: M. le Président, même si... Allez-y, M.
le ministre.
M. Bédard: Quand je parle de personnifier la loi, la seule
remarque que je pourrais faire, c'est que cela peut donner l'impression que par
une disposition, effectivement, la commission parlementaire semble faire
certaines indications au niveau de nominations à venir.
M. Lavoie: Même si l'article 15 est suspendu dans son
entier c'est cela, il est suspendu en entier? C'est quoi votre
décision, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): C'est-à-dire...
M. Bédard: Sur cette proposition d'amendement, sur ce
point-là, quand on m'arrive à brûle-pourpoint avec certains
amendements, je crois qu'il est tout à fait normal de faire faire les
vérifications nécessaires.
M. Fontaine: Le ministre n'est pas habitué à avoir
des amendements à brûle-pourpoint.
M. Lavoie: Maintenant, sur le même article 15, M. le
Président...
M. Bédard: C'est-à-dire qu'on peut s'y habituer,
mais j'ai toujours l'habitude d'avoir la prudence nécessaire avant de
les accepter.
M. Lavoie: Etant donné que sur l'article 15, M. le
Président...
Le Président (M. Laberge): Je suspendais la discussion
là-dessus, mais, si vous voulez, on peut continuer sur le reste de
l'article 15.
M. Lavoie: Etant donné que je considère que c'est
un article important du projet de loi, concernant la formation de la
commission, j'aurais un point de vue à émettre qu'on avait
déjà exprimé, d'ailleurs, lors du débat de
deuxième lecture. J'ai l'impression que dans tout ce domaine
électoral, vous êtes en train de créer un peu trop de
chevauchement. Je me rappelle des propos de votre prédécesseur,
l'ex-député de Maisonneuve, en ce sens que son projet global
était si je me rappelle bien la création de trois
organismes, de trois boîtes, si on peut dire: la direction des
élections, la loi 2, qui est le financement des partis politiques.
Troisièmement, il nous avait laissé entrevoir je
vous parle d'il y a un an et demi, deux ans la création d'une
Commission de la représentation électorale, éventuellement
chapeautée par une autre autorité. Je trouve que c'est beaucoup
d'organismes. Vous créez des chevauchements, vous pourrez créer
possiblement des conflits de personnalités. Je trouve que c'est trop
compliqué pour rien.
J'avais émis l'opinion, il y a deux ans, je pense, lors de
l'étude de la loi 2 en 1977, que cela pourrait être beaucoup plus
simple que cela. Vous vous êtes inspiré, dans ce projet de loi, un
peu du système d'une commission décisionnelle qui existe à
Ottawa. Je pense que vous devriez peut-être copier un peu plus Ottawa,
où on a simplifié les structures.
Il y a un Directeur général des élections et il y a
un de ses adjoints, je pense, qui s'occupe du financement. C'est vrai qu'on y a
un commissaire à la représentation, mais...
M. Bédard: Dans chaque province aussi, je pense.
M. Lavoie: Oui, il y a des commissions dans chaque province, mais
qui sont des commissions ad hoc, M. le Président. Ce ne sont pas des
commissions permanentes.
M. Bédard: Je n'ai pas l'intention de vous provoquer,
quand je dis cela. J'essaie seulement d'ajouter à vos propos.
M. Lavoie: D'accord. Même à Ottawa, le pays est
assez grand, le Canada est toujours notre pays, j'espère que cela va
demeurer comme cela, il n'y a qu'un seul commissaire pour tout le Canada. Vous
multipliez les organismes inutilement, d'après moi. Vous les invitez, si
bon leur semble, à se consulter entre la loi 2, la Loi du financement
des partis politiques et le directeur générai des
élections.
Ici, le maître d'oeuvre des élections, dans notre
tradition, c'est le Directeur général des é- lections, qui
est le grand patron de cela. Je pense que c'est bien établi, la
tradition et la coutume sont bien établies ici. On ne peut pas dire que
cela fonctionne si mal que cela. Cela fonctionne très bien, autant dans
les élections générales que dans les élections
partielles.
Je n'ai jamais entendu dire qu'il y avait beaucoup de
récrimination de la part de la population sur le fonctionnement de notre
système démocratique. Je me permettrais, à l'article 15,
de vous faire un amendement, un amendement de principe à la constitution
de cette commission. Qu'on appelle les choses par leur nom, et je verrais cela
très bien comme cela existe dans la loi actuelle de la commission qu'on
appelait "permanente" des districts électoraux. C'était
présidé par le Directeur général des
élections, M. Drouin, qui avait deux adjoints ou deux autres
commissaires, M. Prémont et le juge Barbeau.
Les choses simples sont les plus faciles à comprendre et sont les
plus efficaces, en général. Je me demande pourquoi vous
n'accepteriez pas notre suggestion que le président de cette Commission
de la représentation électorale soit le Directeur
général des élections, à temps complet. Il a une
autorité déjà sur tout son personnel il est en
place depuis un an et quelque chose qui relève du
mécanisme électoral, avec son chapeau de Directeur
général des élections, et, déjà depuis un an
qu'il est là, il a remplacé M. Drouin.
Dans la commission actuelle, la Commission permanente des districts
électoraux, je n'ai pas vu
de plaintes de la part de la population. Pourquoi ne pourrait-il pas
rester, en même temps, directeur et président de cette Commission
de la représentation électorale. Il est déjà en
place, il connaît déjà le personnel, il connaît
déjà le mécanisme. Il a déjà commencé
son travail. D'ailleurs, l'indicateur des bureaux d'élection a toujours
été fait sous son autorité. Il a déjà
commencé à aborder le mécanisme d'une possible liste
permanente électorale.
Ces personnes commandent de gros salaires également on le
sait des salaires importants, avec toute la protection que cela
amène au point de vue pension et tout. Les bureaux, les organismes et
tout, vous les multipliez trop, à mon point de vue.
À mon avis, le Directeur général des
élections devrait être président de cette commission, avec
deux adjoints vous voulez deux adjoints à temps partiel,
pas à temps plein. Ne m'amenez pas comme exemple la loi 2, le
financement des partis politiques, parce que les deux adjoints qui sont
nommés par cette loi si on veut faire la petite histoire de cette
loi et leur nomination vous savez que cela a été fait au
bout de la table, pour mettre fin à un "deadlock" sur la nomination
disons les choses telles qu'elles sont et sur le choix de Me
Olivier Boucher. C'est que les partis de l'Opposition ne s'entendaient pas sur
son choix; vous auriez difficilement l'obtention des deux tiers de la Chambre,
parce que le parti ministériel ne le représentait pas.
D'ailleurs, c'est assez confus, il y a des journalistes qui ont dit que ces
deux adjoints, M. Sheen et M. Clément Vincent, sont des
représentants des partis d'Opposition, alors que c'est
complètement faux. Même le premier ministre a dit, de bonne foi:
Vous avez vos représentants sur la loi 2.
M. Lamontagne: Peut-être avait-il le sien.
M. Lavoie: Alors que c'est complètement faux et que
ça n'a jamais été dans l'esprit du Parti libéral
et, je ne pense pas, de l'Union Nationale, quand M. Sheen et M. Vincent ont
été nommés, que ce furent des représentants des
partis politiques. Il n'était même pas nécessaire que le
directeur du financement des partis politiques ait deux adjoints, ce fut fait
à la vapeur, en Chambre, dans les corridors, entre les fauteuils,
pendant qu'un vote se prenait pour se sortir de l'impasse dans laquelle nous
étions. Combien coûtent ces salaires?
Une voix: $100 000.
M. Lavoie: Cela n'a pas de sens, à mon point de vue.
L'amendement que je veux faire, M. le Président, est le suivant,
à l'article 15: "Que le premier alinéa de l'article 15 soit
modifié en remplaçant, dans les première et
deuxième lignes, les mots "de la représentation" par les mots
"des élections" et en ajoutant, à la fin de cet alinéa,
les mots "qui agissent à temps partiel". L'article se lirait comme suit:
"La commission se compose du Directeur général des
élections, qui agit comme président, et de deux autres membres,
qui agissent à temps partiel."
Je crois que c'est un débat de fond qu'il faut tenir et qu'on
videra.
M. Lamontagne: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Oui, M. le
député, désirez-vous parlez sur la
recevabilité?
M. Lavoie: Non, je pense bien que c'est recevable.
Le Président (M. Laberge): C'est justement la question que
je me pose; si ça contrevient à un des principes qui ont
été adoptés en deuxième lecture.
M. Lavoie: Non, voyons, le principe; une minute.
M. Bédard: M. le Président, très calmement,
je ne suis pas un procédurier et je ne tiens pas à l'être,
mais je me pose sérieusement la question de savoir si ça
contrevient à ce qui a été adopté, au niveau des
principes, en deuxième lecture. Je pense qu'un des principes,
c'était la mise en place d'une commission de la représentation,
non pas une commission des élections. Le principe était que ces
trois personnes sont nommées par l'Assemblée nationale et non pas
presque nommées en écoutant les représentations du
député de Laval par la commission parlementaire, ce qui
aurait pour effet, si on donne suite aux propos du député de
Laval, de nommer, comme président de la commission de la
représentation, le Directeur général des élections;
il me semble que ça va complètement à l'encontre du
principe. Enfin, il y a aussi...
M. Lavoie: Sur la recevabilité, M. le
Président.
M. Bédard: Je ne me rappelle pas, en deuxième
lecture, qu'on ait parlé d'un changement aussi fondamental que celui qui
est avancé par le député de Laval, parce qu'il a raison de
dire que c'est vraiment un changement de fond. Je laisse le tout, M. le
Président, à votre discrétion.
M. Lavoie: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval. (20 h 45)
M. Lavoie: Je pense bien qu'il ne faudrait pas... Ce n'est
même pas tiré par les cheveux, à mon point de vue, parce
que si on lit les notes explicatives, on dit que "Ce projet de loi a pour objet
de constituer la Commission de la représentation". Je pense que c'est le
principe de base. On va lire le deuxième paragraphe: "Composée de
trois membres...", ce n'est même pas un principe, parce que s'il fallait
qu'une commission parlementaire soit limitée, parce qu'un projet de loi
dit trois membres et qu'on décide d'en mettre cinq ou un
seul, ça n'empêcherait pas la création de la
commission. Je pense que c'est une modalité, le nombre de membres.
M. Bédard: Ils sont nommés par l'Assemblée
nationale.
M. Lavoie: Nommés par l'Assemblée nationale. Je
vous ferai remarquer que l'ancienne loi disait, entre autres, que... Si c'est
la question de la formulation de ma motion d'amendement, c'est bien facile:
l'un serait nommé dans la loi, comme dans l'ancienne loi où il
est dit que le président général des élections est
membre de la commission ex officio. Je vais la formuler autrement, mais je
pense bien qu'on peut débattre la question de fond, on peut changer la
formulation. Il y en a deux qui continueraient à être
nommés je n'ai pas touché à l'article suivant,
l'article 16, où il serait facile de faire les concordances par
les deux tiers de l'Assemblée. D'ailleurs, je ne vais pas à
l'encontre du règlement, je ne crée pas de nouvelles
dépenses, au contraire, je fais une économie nouvelle. On ne peut
pas dire que c'est "money bill" parce que s'ils sont à temps partiel,
ils vont coûter meilleur marché que s'ils sont à temps
plein.
Je pense bien que c'est une simple modalité. Si on mettait des
entraves à une commission parlementaire parce qu'on dit que trois
membres, c'est un principe...
Un autre exemple. L'Assemblée nationale, dans ce cas-là,
n'aurait pas respecté le règlement, parce que la loi 2 ne met
qu'un seul directeur général du financement des partis
politiques, et l'Assemblée nationale en a nommé deux autres.
M. Bédard: M. le Président, je ne voudrais pas que
nos collègues de l'Opposition interprètent les
représentations que je viens de faire comme étant une
obstruction, loin de là. Je pense de mon devoir de vous souligner
et je l'ai fait très succinctement l'aspect de la
recevabilité de cet amendement, un point c'est tout; c'est vous qui
décidez, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Dans les circonstances...
M. Lamontagne: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Je dois dire, avant que vous puissiez
prendre...
M. Dussault: Sur la recevabilité?
Le Président (M. Laberge): Selon les règles, oui,
c'est vrai.
M. Dussault: Habituellement, c'est un par parti qu'on
écoute. C'est parce qu'on ne voudrait pas devoir faire la même
chose que vous.
Le Président (M. Laberge): Sur la recevabilité,
c'est vrai.
M. Bédard: C'est parce qu'il y a deux notaires, c'est une
personne seulement.
M. Lamontagne: À quel endroit est-ce que c'est
marqué "un par parti"?
M. Dussault: En général, sur la
recevabilité, le président écoute un représentant
par parti.
M. Lavoie: Tous les membres ont le droit de parler; c'est le
président qui décide s'il est assez éclairé.
M. Dussault: C'est cela la tradition, M. le député
de Laval, et vous le savez. On écoute un représentant par parti
sur la recevabilité.
M. Lavoie: Allez-y.
M. Lamontagne: M. le Président...
M. Lavoie: Un par parti, le ministre vient de parler, je ne
voudrais pas créer de l'obstruction, je donne mon consentement pour que
vous parliez.
M. Lamontagne: À quel endroit est-ce que c'est
marqué "un par parti", à quel article?
M. Dussault: Je ne me rappelle pas, mais je sais que c'est ce
qu'on fait habituellement, on en écoute un par parti.
M. Lamontagne: Je pense qu'il n'y a pas d'abus dans nos
interventions.
Le Président (M. Laberge): Je vous laisse la parole...
M. Lamontagne: Je voudrais tout simplement rappeler la
dernière partie de l'intervention du député de Laval qui
dit que quant à la formulation de son amendement, on peut le modifier de
sorte qu'il puisse être encore plus recevable. Je voudrais porter
à l'attention du ministre qu'à l'occasion de nos interventions en
deuxième lecture, nous avons porté une attention très
particulière sur toutes ces fonctions à titre permanent qu'on
désire confier à deux commissaires. Quant à nous,
ça nous apparaît tout simplement irréaliste que...
Justement, le député de Laval mentionnait la loi 2 qui
prévoyait la nomination d'une personne et non pas de trois. Ce n'est que
par arrangement de partis politiques qu'on en est arrivé à trois,
mais en réalisant tous, cependant, que pour arriver à un accord,
ça coûtait $100 000 de plus par année. Lorsqu'on
désire parler d'un sujet aussi important,
à savoir si des personnes doivent être nommées
à titre permanent ou à titre partiel, il doit y avoir un moyen,
au moment où cet article est étudié, de discuter d'un tel
sujet. Et je pense qu'à l'occasion de la composition de la commission,
cela prend la dimension de toutes nos interventions en deuxième lecture
et nous allons insister grandement là-dessus.
M. le Président, si, personnellement, vous jugez que cet
amendement n'est pas tout à fait recevable, dans votre esprit, je vous
suggère, comme il est permis, d'ailleurs, à la présidence
de le faire, de le rendre acceptable à votre point de vue, sachant fort
bien qu'il s'agit d'une discussion très importante, à savoir si
les gens doivent être nommés à titre permanent ou à
temps partiel. On ne peut pas renvoyer cela du revers de la main parce que,
lorsque vous aurez statué sur la recevabilité de cette motion, il
va falloir, d'une façon ou d'une autre, qu'il nous soit permis d'en
parler. L'article 15, qu'on le veuille ou non, c'est l'endroit où il
faudrait absolument qu'on puisse discuter de cette question-là. On
pourrait invoquer l'article 19, mais, si on en parlait maintenant, il faudrait
absolument demander son retrait, tandis qu'à l'article 15, il nous est
permis de parler du Direc- teur général des élections et
de ceux ou celles qui pourraient l'assister dans son travail.
C'est pour cela, M. le Président, que nous apprécierions
que vous preniez les dispositions pour rendre permissible une discussion, qui
ne sera pas longue, de toute façon on est seulement deux
afin qu'on puisse exprimer notre point de vue là-dessus.
Le Président (M. Laberge): Dans la situation
présente, pour ne pas rendre la décision a priori, je
préfère suspendre les travaux de cette commission pour quelques
minutes et faire une consultation.
(Suspension de la séance à 20 h 50)
(Reprise de la séance à 21 h 2)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Concernant la recevabilité de l'amendement du
député de Laval à savoir que le premier alinéa de
l'article 15 soit modifié en remplaçant dans les première
et deuxième lignes les mots "de la représentation" par les mots
"des élections" et en ajoutant à la fin les mots "qui agissent
à temps partiel", la présidence déclare que cet amendement
est recevable.
M. Lamontagne: Vous faites preuve d'une grande sagesse, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Merci bien.
M. Lamontagne: D'une grande sagesse. On n'en doutait pas du
tout.
M. Bédard: Cela va permettre la discussion.
M. Lamontagne: En fait, M. le Président, je pense que
cette discussion, il fallait qu'elle ait lieu de toute façon. On
remercie la présidence de nous le permettre. La grande interrogation
dont on a fait part à l'occasion de nos interventions en deuxième
lecture, c'est que nous n'avons pas réussi à nous convaincre
d'une façon très sérieuse de l'à-propos de nommer
d'une façon permanente deux personnes à cette commission de
représentation. On a parlé globalement, si vous me permettez, de
rappeler leur mandat à ces commissaires, soit de faire une carte
électorale et de procéder à la désignation de
secteurs électoraux. Comme on verra un peu plus loin, à
l'occasion de l'article, cette carte électorale n'est évidemment
pas refaite annuellement, mais dans un délai dont nous discuterons tout
à l'heure. On parle, par exemple, du secteur électoral en vertu
des articles déjà adoptés. Chaque municipalité a
droit à son secteur électoral. Cela ne fait donc pas une grosse
description à faire pour la commission. L'ensemble des
municipalités constitue un secteur électoral. Au niveau des
secteurs urbains, cependant, il y a évidemment le problème d'en
déterminer un. Mais aller jusqu'à dire que cela peut prendre
plusieurs années à désigner un secteur urbain, quant
à nous, on ne marche pas. Il me semble que, pour bien faire une carte
électorale même si les deux ne doivent pas se faire
nécessairement en même temps et pour la soumettre, les
commissaires devront implicitement avoir, d'une façon sinon finale, mais
au moins très avancée, désigné leur secteur, en se
rappelant également, comme le député de Laval le
mentionnait tout à l'heure, lorsqu'on se référait, par
exemple, à la Loi du financement des partis politiques, la loi 2, que le
législateur n'avait pas prévu la nomination de trois personnes,
mais seulement d'une personne à titre permanent.
Sans vouloir rappeler inutilement ce qui s'est passé, c'est
à la suite d'un désaccord complet et irréversible entre
les formations politiques que le premier ministre avait lui-même,
à titre de solutions de compromis, offert de nommer deux assistants qui
seraient suggérés par les partis de l'Opposition. Mais, en fait,
si la première proposition avait été acceptée
unanimement, il y aurait eu seulement une personne. Nous trouvons que c'est
raisonnable en ce cas.
Quant à moi, je voudrais faire tenir strictement mon intervention
sur la permanence ou le temps partiel. Notre avis, c'est qu'une commission ad
hoc est entièrement suffisante et, lorsqu'on a un appareil
gouvernemental formé de gens compétents que tout le monde
reconnaît les personnes qui forment actuellement la commission, le
juge Barbeau et M. Prémont, qui sont des personnes dignes de notre
appui, comme c'était le cas tout au long et au cours de leur mandat, que
ce soit ces personnes ou d'autres avant d'aller nommer des personnes qui
occupent d'autres charges, qui ne sont pas dans le circuit et qu'on leur
crée un poste, le gouvernement déjà et le premier ministre
hier, à l'occasion de son apparition à la
télévision, nous démontraient...
M. Lefebvre: Vous avez écouté cela?
M. Lamontagne: Ecouté et apprécié, comme le
chef de l'Opposition en a fait part cet après-midi. À titre de
chef de gouvernement, cela nous apparaissait une intervention qui arrivait fort
à point là-dedans. Mais, en même temps, il nous parlait de
ses préoccupations financières qui sont également les
nôtres. Il nous parlait comme chef du gouvernement
québécois et au nom de tous les contribuables. On a un peu
l'impression ce soir, très brièvement, c'est non
télévisé, qu'on représente le contribuable. Si les
contribuables étaient tous de l'autre côté de cette table,
ils nous diraient: Écoutez, avant d'engager deux personnes à
titre permanent dans cette nouvelle commission, assurez-vous, de grâce,
que personne, parmi tous les fonctionnaires à la disposition du
gouvernement, ne puisse répondre adéquatement aux voeux que vous
proposez. Il ne faut pas partir a priori, parce que c'est cela, la loi, et
dire: II nous faut absolument nommer deux personnes permanentes. Non, c'est la
dernière des solutions.
Nous avons comme mandat et comme devoir de rechercher s'il n'y a pas une
autre solution qui pourrait faire épargner de l'argent aux
contribuables, tout en rendant le service le plus adéquat possible.
M. le Président, on a pu ne pas être d'accord, par exemple,
à l'occasion du cinquième rapport et, quant à moi, il y a
certains points. Mais, comme le ministre l'a mentionné également,
si moi, je n'étais pas d'accord sur une partie de territoire qui
concerne également la région du ministre, cela ne veut pas dire
que, dans de nombreuses autres parties de la carte électorale, on
n'était pas d'accord. Il est arrivé des problèmes
particuliers, comme il en arrive régulièrement, et qu'on va
revivre, quels que soient les commissaires. Mais, en même temps, nos
commissaires, depuis plusieurs années, sont à l'écoute de
ce qui se dit et de ce qui s'écrit, et apportent les correctifs
nécessaires aux propositions de cartes électorales.
Je considère, M. le Président, et je pense que c'est le
moment bien choisi pour le dire, que nous avons été admirablement
bien servis par les trois commissaires qui sont en tête
présentement de cette commission indépendante qui régit
notre carte électorale. Sans mettre de noms on peut dire M.
Prémont et le juge également ces personnes occupent des
fonctions bien spécifiques et se mettent à la disposition, sans
frais additionnels, de l'appareil gouvernemental pour aider à la
confection d'une carte électorale.
Pas besoin de vous dire qu'à mon avis du moins, ces personnes ont
acquis une expérience extraordinaire. Mais, advenant le cas où le
gouvernement désire proposer tout de même la fin d'un mandat d'un,
de deux ou des trois, indépendamment de ce qui se passera, il reste que
le gouvernement, comme bon administrateur des finances publiques, se doit,
avant d'aller créer à tout prix des postes permanents, de
rechercher si une formule ad hoc ne pourrait pas être employée, de
manière à poursuivre le travail dont personne n'a à se
plaindre à l'heure actuelle.
M. le Président, je porte à votre attention que le
Directeur général des élections j'ai moi-même
eu l'occasion à quelques reprises, lors du recensement, de rencontrer M.
Côté et ses collaborateurs est organisé pour nous
donner un bon service et si, de ce côté du personnel, ça
s'avère nécessaire, je pense que tout le monde le comprendra. Ce
n'est pas cela notre inquiétude, c'est justement que du
côté de M. Côté et de ses collaborateurs et
collaboratrices, déjà, nous avons une expérience
grandissante, on ne peut pas concevoir l'utilité, en adoptant ce projet
de loi no 10, de créer immédiatement la permanence de deux
postes.
La permanence, je pense que si le premier ministre avait eu plus de
temps pour l'expliquer, hier soir, il aurait pu dire: Écoutez, c'est la
plus grande richesse qu'on ne donne pas, et c'est peut-être la
dernière chose qu'on doit offrir avant n'importe quoi. Quand on est
capable, aujourd'hui, en 1979, d'obtenir un bon service, surtout avec le
personnel que nous avons ici, à l'Assemblée nationale, dans
l'appareil gouvernemental, je pense que c'est presque faire insulte à
tout ce monde de dire: Écoutez, on va en prendre deux autres à
titre permanent.
Je ne veux pas parler longtemps de cela, mais je voudrais, au cours des
heures, des journées que nous traversons actuellement au Québec,
et à la suite de l'appel du premier ministre à notre sens des
responsabilités et, également, de l'état des finances
publiques dont, individuellement et collectivement, les parlementaires sont
tous conscients ils travaillent d'une façon unanime,
actuellement, de ce côté de la responsabilité publique
ce soir, nous sommes en train de décider que dans un projet de
loi, malgré que la preuve est loin d'être faite qu'on ne pourra
pas nous convaincre de l'importance inconditionnelle, à ce stade-ci, de
la création de la Commission de représentation, d'exiger deux
postes permanents, je pense qu'on doit être à la recherche, tous
et chacun de nous, de toute autre solution pour arriver aux mêmes fins.
Il ne faut pas se contredire, on n'est pas ici pour dire, à la
première occasion, parce que c'est l'argent du public: Oui, cela a bien
du bon sens, il n'y a pas de problème là-dedans, deux postes
permanents. On va se faire expliquer, si le ministre ne se rend pas à
nos arguments, tout à l'heure, combien ça coûte, ces
postes. Cela coûte pas mal plus cher qu'un poste de député,
tout le monde en est bien conscient. De la façon dont le premier
ministre nous a expliqué cela hier, le député n'est pas
rendu classe 4, il est rendu classe 7, d'après ce que je peux voir. Ces
personnes que le ministre va proposer en temps et lieu, vont avoir des salaires
importants.
Je réitère, et j'ai l'impression de faire
véritablement mon devoir et me rendre à l'appel du premier
ministre du Québec, hier, en disant que dans l'étude d'un tel
projet, avant d'engager d'une façon définitive et permanente des
deniers publics, il est du devoir de tout parlementaire, au moins par les temps
qui courent, d'être à la recherche de toute solution de rechange
qui, par le passé, a montré que c'était tout aussi
efficace.
Le fait que M. Prémont et le juge Barbeau n'ont pas
été permanents n'a en rien entaché la qualité du
travail que cette commission a fourni aux parlementaires depuis plus de sept
ans. Je m'interroge grandement sur ce qu'on veut prouver en disant: On veut
remplacer des membres qui n'étaient pas à temps plein par des
membres à temps partiel. On dit: Écoutez, s'ils avaient mis plus
de temps, ça aurait peut-être été mieux.
Pour nous, ce n'est pas cela. Nous considérons que, dans
l'appareil gouvernemental, le ministre a à sa disposition toute la
compétence et l'expérience nécessaires pour
répondre adéquatement au projet de loi no 10 et à la
formation de sa commission. C'est le temps partiel qui m'intéresse.
Evidemment, le député de Laval va intervenir là-dessus,
mais avant qu'on mette le point final sur une telle chose, je crois que le
moment est bien mal choisi, actuellement, pour ne pas chercher tous ensemble
des personnes qui seront suggérées par le gouvernement, mais qui
pourraient épargner de l'argent au gouvernement actuel. On n'est pas ici
pour dépenser à tout prix; on est ici pour essayer, en fonction
du projet de loi no 10, de fournir le meilleur travail possible avec les
personnes les plus compétentes possible.
Je pense qu'on est capable de bien réaliser ces objectifs en
suivant la tradition déjà existante et qui, à ce jour, a
rendu de précieux services aux parlementaires et à la population
en général. C'est tout, quant à moi.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Châteauguay. M. le député de Laval.
M. Lavoie: J'attends le député de
Châteauguay. (21 h 15)
M. Dussault: M. le Président, d'abord, je pense qu'il
aurait été important que l'on fasse tout de suite, dans ce
débat, une distinction entre le fait que le directeur
général de la commission soit le Directeur général
des élections et que les deux autres membres agissent à temps
partiel, parce que quand on aura à trancher une question, on pourra
peut-être clarifier la deuxième question.
J'ai été assez ému du réquisitoire de M. le
député de Roberval sur le fait de réduire les
dépenses publiques, surtout que cela m'a fait sourire un peu.
Evidemment, ce sont les deux députés représentant
l'Opposition officielle qui n'étaient pas présents lors des
séances sur le projet de loi no 9. S'ils avaient été
présents ils se seraient sûrement rappelé, et cela les
ferait sourire aujourd'hui, que le député de Gatineau nous avait
recommandé de nommer deux adjoints au Direc- teur général
des élections. Cela avait été refusé parce que cela
créait l'effet d'un "money bill' et que c'était inacceptable. De
toute façon, nous n'étions pas d'accord avec cela parce qu'on
voulait, pour des raisons administratives, que le Directeur
général des élections puisse lui-même se nommer des
adjoints.
Ceci dit, je pense, M. le Président, qu'il va falloir vraiment se
remettre en tête en quoi va consister, avec le nouveau projet de loi no
9, le travail, les préoccupations et les responsabilités du
Directeur général des élections. J'invite les membres de
la commission à relire l'article 165 que nous avons adopté dans
le projet de loi no 9 pour s'imprégner de ce qu'est le rôle du
Directeur général des élections dorénavant. Ce
n'est qu'un élément de la tâche du Directeur
général des élec- tions.
Je voudrais aussi rappeler aux membres de la commission que le Directeur
général des élections aura dorénavant, à
cause de la loi sur les consultations populaires, un rôle
supplémentaire à jouer qu'il ne jouait pas dans le passé.
On ne peut pas présumer qu'il n'y aura pas de consultations populaires
à chacun des mandats. Il y en aura une à ce mandat. Il peut fort
bien y avoir une autre consultation populaire au prochain mandat et sur une
autre question que les questions constitutionnelles. Cela ne présume
rien.
Il ne faudra pas oublier aussi que le Directeur général
des élections, s'il était nommé président de cette
commission, devrait s'en préoccuper profondément, jusqu'au point
où il devrait se pro- mener à travers le Québec, dans
cette tournée qu'on oblige la Commission de la représentation
à faire maintenant pour faire en sorte que la population soit
consultée adéquatement.
Tout cela ensemble ferait que le Directeur gé- néral des
élections, s'il devait assumer les deux tâches à la fois,
aurait une tâche inhumaine, mais vraiment inhumaine. Ce serait mener cet
homme à l'abattoir, à toutes fins utiles. Cela n'a pas de bon
sens.
Avec ce nouvel esprit qui a animé la réforme
électorale, nous avons fait en sorte que le Direc- teur
général des élections ait un travail très
différent de celui qu'il avait à faire avant. Pensons seulement
à la réglementation qu'il devra préparer et qui sera
soumise à la commission de l'Assemblée nationale.
Je pense que ce sont des éléments sur lesquels
l'Opposition devrait réfléchir très sérieusement et
je suis convaincu que seulement ce que j'ai dit parce que d'autres
pourront en ajouter devrait leur faire tirer très rapidement la
conclusion qu'on ne peut pas faire assumer par le même homme ces deux
tâches d'être Directeur général des élections
et président de la Commission sur la représentation.
Par voie de conséquence, on peut se poser des questions ensuite
sur l'autre partie de l'amendement du député de Roberval,
à savoir si les autres membres de la commission devraient agir à
temps partiel.
Je pense que là, on doit ramener cette question des secteurs
électoraux. On a assez parlé ce matin du travail pour facilement
se convaincre. Je pense que lés gens qui seront nommés là
devront vraiment travailler à temps plein.
À partir du moment où une carte sera finie et qu'elle sera
mise en application, ces gens ne devront pas s'asseoir et attendre que la
prochaine élection arrive. Ils pourront continuer les études qui
devront, lors de la prochaine carte électorale,
les assurer encore mieux que les critères et l'encadrement
nouveau, particulièrement sur les secteurs électoraux, que nous
avons à la loi no 10, puissent mieux s'appliquer encore lors de la
prochaine carte électorale.
Je pense qu'il y a du travail en masse et des préoccupations en
masse dans le projet de loi no 10 pour les trois personnes qui composeraient la
Commission de la représentation électorale et dans ce sens, je
serai contre et la première partie et la deuxième partie de
l'amendement du député de Roberval.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, je vais commencer mes propos
en tentant de réfuter un peu l'argumentation du député de
Châteauguay. Je pense que c'est de bonne guerre et c'est la place dans le
dualisme d'un Parlement de se confronter de la manière le plus
gentilhomme possible.
On nous a dit comme argument qu'avec la Loi des consultations
populaires, le Directeur général des élections va avoir de
l'ouvrage par dessus la tête. Écoutez, il ne faut quand même
pas charrier, parce que c'est bien beau, je ne voudrais pas vous prêter
des intentions, mais lorsqu'on a étudié la Loi des consultations
populaires, la loi 92, et qu'on nous a dit: C'est une loi-cadre pour consulter
régulièrement la population, cela ne m'a pas impressionné
plus qu'il ne le faut. Vous auriez pu avoir de belles occasions, si
c'était vraiment votre intention ou l'intention du gouvernement de tenir
des consultations populaires, vous auriez pu en tenir sur des lois très
importantes qui auraient pu, vraisemblablement, faire l'objet de consultations
populaires. Je vais vous en citer quelques-unes: la nationalisation de
l'amiante, entre autres, cela pourrait être un sujet qui pourrait
être soumis à la population. Vous avez eu l'assurance automobile
qui touchait à peu près toute la population. Cela, si vous aviez
voulu vraiment mettre cette loi en pratique, vous auriez pu le faire pour ces
lois-là. Vous l'avez eue sur le zonage agricole. Vous l'avez même
sur la fiscalité municipale qui pourrait faire vraiment l'objet d'une
consultation populaire. Là, ilne faudrait pas aller trop loin, parce que
mon impression est que ce n'est pas dans notre tradition, et cela, je l'ai dit
lors du débat sur la loi 92. La seule consultation populaire, si vous la
tenez, ce sera sur votre option constitutionnelle, parce que ce n'est pas dans
nos traditions et on n'en aura pas tous les jours; ne vous en faites pas.
Ce n'est pas votre plus gros argument, que cela va amener beaucoup
d'ouvrage au Directeur général des élections.
M. Dussault: Je l'ai ajouté au reste de la tâche, M.
le député de Laval.
M. Lavoie: Maintenant vous m'avez... Écoutez, je vous ai
laissé parler, j'ai le droit de donner mon point de vue. Lorsque vous
dites qu'on rigolerait parce que le député de Gatineau a
proposé deux adjoints au Directeur général des
élections, il n'y a rien de contradictoire, rien d'incompatible et cela
pourrait fort bien... Il y aurait plusieurs accommodements qu'on pourrait
faire. D'ailleurs on est assez conséquent dans notre argumentation parce
que, même sur la loi 2, on a eu un débat de fond, sur le
financement des partis politiques, on était déjà contre
cette manière, cette maladie de la "structurite" et, même à
ce moment-là, cela a été un débat qu'on a
proposé que tout ce qui concerne le droit électoral au
Québec, il devrait y avoir un grand patron qui pourrait être le
Directeur gé- néral des élections, comme cela existe, si
vous voulez copier Ottawa et cela ne va pas si mal à Ottawa
c'est une grosse boîte, il y a dix provinces et le pays est assez
grand. C'est M. Hamel, le Directeur général des élections
qui est président des élections à travers le Canada. Il a
trois ou quatre adjoints, un s'occupe du financement, il surveille les partis,
le respect de la Loi du financement des partis politiques, et on m'informe que
le commissaire à la représentation j'ai la loi ici
celui qui s'occupe de la division des comtés, il n'y en a qu'un à
Ottawa, c'était M. Castonguay. Là, on me dit que M. Castonguay a
pris sa retraite et c'est M. Hamel, le directeur des élections, qui
cumule cette fonction avec d'autres adjoints. Il y en a un à
l'opération, mais c'est concentré dans la même
boîte.
M. Dussault: Le président de la commission qui
confectionne la carte électorale, au gouvernement
fédéral?
M. Lavoie: On m'informe qu'il est commissaire à la
représentation, qu'il aurait remplacé M...
M. Dussault: II est commissaire ou il est président de la
commission?
M. Lavoie: La commission, là-bas, n'est formée que
d'un membre, un commissaire à la représentation et il y a des
commissions ad hoc dans chacune des provinces, tous les dix ans.
M. Dussault: C'est d'autant...
M. Lavoie: Ad hoc, tous les dix ans, mais un poste permanent, un
seul, à l'échelle du Canada, du pays. Il est Directeur
général des élections en même temps que commissaire
à la représentation. Et ad hoc, dans chacune des provinces, il y
en a un de nommé par le juge en chef de la province et les deux autres,
dans la province, par l'Orateur de la Chambre, à Ottawa, mais ils sont
nommés seulement tous les dix ans, lors du recensement
fédéral. Et cela, c'est encore une proposition qu'on va vous
faire plus loin, dans le projet de loi. Dans tous les cas, on reviendra sur ce
sujet, à savoir que la carte électorale pourrait fort bien se
faire tous les dix ans.
Tout cela pour vous dire que ce n'était pas incompatible, loin de
là, et contradictoire avec l'argumentation du député de
Gatineau, que le Direc- teur général des élections ait
deux ou trois ad-
joints, mais qu'il couvre tout l'éventail de l'exercice
électoral, au Québec: financement, représentation, liste
électorale, etc. Ce serait centralisé à la même
place.
Maintenant, un autre argument du député de
Châteauguay lorsqu'il dit que c'est épouvantable comme ils vont
travailler, il faut qu'ils fassent les secteurs électoraux. Vous ne me
ferez pas croire que ce sont les commissaires qui vont faire les secteurs
électoraux et même la carte électorale.
Ils sont "executive". Ce sont les fonctionnaires qui relèvent du
Directeur général des élections actuellement, qui sont
dans sa boîte, ce sont des géographes, ce sont des
démographes, ce sont des mathématiciens qui font le travail et
qui soumettent aux commissaires. Il pourrait y avoir un commissaire à
temps plein et deux à temps partiel et ces jeunes hommes, qui
travaillent avec beaucoup d'efficacité, travailleraient aussi bien; ce
sont eux qui vont faire le tour de la province, etc., sauf lors des
consultations.
J'ai terminé ma réponse aux argumentations du
député de Châteauguay. Maintenant, regardons la loi
actuelle. La loi actuelle où le Directeur gé- néral des
élections est également président de la Commission de la
représentation; qu'est-ce que vous changez vraiment à la loi
actuelle? La loi actuelle, sauf que ça n'a pas été fait...
Blâmer l'ancien gouvernement qui n'a pas mis en application le
quatrième rapport? D'accord. Mais vous n'avez pas mis le
cinquième rapport en application non plus, vous n'avez pas adopté
une loi faisant suite au cinquième. Que changez-vous à la
situation actuelle? Je pense bien que les commissaires, M.
Côté a remplacé M. Drouin, avec M. Barbeau si vous
voulez les changer, changez-les, chaque gouvernement a le droit de prendre ses
responsabilités. Que changez-vous avec la loi actuelle? Deux choses, la
consultation qui peut être faite auprès de la population; la loi
actuelle n'empêchait pas cette consultation, mais on ne la faisait pas.
Vous auriez pu amender cette loi pour les forcer à en faire. Un autre
principe que vous changez, c'est le côté décisionnel, mais
ça ne touche pas le fonctionnement de la commission permanente actuelle.
On nous a dit, l'autre jour, qu'elle a déjà 25 ou 28
employés, fonctionnaires qui travaillent à cette commission. Je
pense bien que ce seront ces mêmes personnes qui vont continuer le
travail déjà fait. En somme, pour vous dire que si ça n'a
pas fonctionné, si on n'a pas de nouvelles cartes actuellement, ce n'est
pas parce que c'est la même personne qui a deux chapeaux, Directeur
général des élections et président de la commission
permanente et qu'il y a deux adjoints à temps partiel, ce n'est pas pour
ça que ça n'a pas fonctionné, c'est parce que les
gouvernements, autant le vôtre que l'ancien, n'ont pas mis en application
le travail qui a été fait.
Pour que les électeurs puissent s'exprimer aux élections
générales ou partielles, les fonctionnaires, de quelque
boîte qu'ils viennent, quelle est leur responsabilité? C'est la
carte électorale. Cela va relever de la Commission de la
représentation. Une fois que les secteurs électoraux seront
définis, il va y avoir un travail intense dans les prochains mois,
j'imagine, mais on l'a dit, il faut garder une permanence à ça,
une fois que ça va être fait, ça ne bougera plus tellement
les secteurs électoraux, ça peut être modifié
à l'occasion, lorsqu'il y a une poussée démographique de
population à une place et que ça dépasse les 2500 ou
lorsqu'il y a un changement de frontières de municipalités,
ça n'arrive pas tous les jours, ou quand le caractère,
l'homogénéité socio-économique va changer et
ça n'arrive pas à tous les jours non plus. Cela veut dire qu'une
fois que ça va être fait, ce n'est pas eux-mêmes qui
font ça qu'il y ait un surplus de personnel dans les premiers
mois, ça ne donne pas de travail supplémentaire aux
commissaires.
La loi 44, dans les municipalités, qui est une des
responsabilités de la commission, ça on l'a déjà
fait pour cinq, dix, quinze municipalités importantes au Québec,
on l'a fait pour Montréal, Saint-Léonard... Une fois que c'est
fait, c'est fait. Vous ne me ferez pas croire qu'ils ont de l'ouvrage à
temps plein pour les années à venir.
Je crains aussi le chevauchement; les responsabilités que je
viens de vous donner, la carte électorale, les secteurs
électoraux, l'application de la loi 44, c'est une des boîtes qui
s'appelle la Commission de la représentation qui va s'occuper de
ça. Les sections de vote, on a adopté un amendement et ça
ne regarde plus cette boîte, c'est le Directeur général des
élections. Après ça, il y a la liste électorale; on
va sortir éventuellement de notre impasse de la loi 3, j'espère
qu'on pourra mettre de côté l'indicateur informatique, etc. et
qu'on trouve une autre formule, parce qu'il va falloir moderniser la liste
électorale, mais parlez-nous le moins possible de l'informatique, mais
on va sortir de cette impasse.
M. Bédard: Je vous rappellerai simplement certains propos
que vous avez tenus, à ce moment, mais on le fera à l'occasion de
la loi 3. (21 h 30)
M. Lavoie: Vous aurez l'occasion de le faire. Cela va regarder
qui? Quelle boîte? Si je me rappelle bien, on va laisser cela à la
boîte du Directeur général des élections, faire la
liste électorale. J'arrive maintenant à chacune des trois
structures qu'on a montées jusqu'à présent: la loi 2, du
directeur du financement des partis politiques, l'autre boîte du
Directeur général des élec- tions et la troisième
boîte de la représentation. Dans les trois, on leur a donné
l'obligation d'informer le public. Cela veut dire qu'ils vont partir en
province tous les trois, à la queue leu leu, louer des salles pour
informer le public. Ne pensez-vous pas qu'il serait plus simple de tout
centraliser, d'aller passer une semaine dans le Lac Saint-Jean pour parler de
la Loi électorale? À l'occasion de la même visite, dans une
autre séance, ils parleraient du changement de la carte
électorale et du financement au lieu d'avoir trois boîtes qui se
baladent à travers la province, et à quel prix!
La population va dire: Ils sont venus déjà, n'est-ce pas
les mêmes? Ah, c'est vrai, ils viennent nous parler de la carte
électorale. Dans quinze jours, ils viendront nous parler de la Loi
électorale
et dans un mois ils viendront nous parler d'autre chose. Essayez donc de
simplifier les choses.
Bon, le personnel maintenant. Le coût. On va parler du coût
et j'aimerais que le ministre des Finances soit ici pour participer à ce
débat. Les trois vont partir chacun de son côté pour avoir
des locaux. D'ailleurs, le président général des
élections a déjà commencé, il a changé de
place à Québec et il a pris option, je crois, sur une
bâtisse. Les deux autres, dont M. Olivier Boucher, pourraient faire la
même chose, sauf que vous avez mis certaines restrictions dans le projet
de loi no 9 sur les dépenses, mais les trois pourraient faire des
dépenses à gogo, à moins que vous n'apportiez un
amendement.
M. Bédard: Non, je n'ai pas besoin d'apporter
d'amendement, il y a une autre méthode de contrôle via le Conseil
du trésor.
M. Lavoie: Mais vous allez quand même avoir trois colombes
qui vont partir à travers la province avec trois mentalités
différentes, avec trois présidents différents. Le
coût des locaux différents, des secrétaires
généraux différents chacun d'eux à gros
salaire et des agents d'information ou des agents de presse je
sais que cela existe au financement des partis, le "PR man" pour expliquer
à la population ce que c'est c'est multiplier par trois chaque
fois. Pour les trois, il va falloir des géographes, des
démographes, des sociologues, des mathématiciens. Les trois. Les
annonces dans les journaux. On en voit des annonces actuellement, on en a vu
lors des élections partielles dans le gouvernement cela
coûte quelque chose des annonces du financement des partis
politiques à pleines pages, des annonces du Directeur
général des élections à pleines pages et tout
à l'heure on va avoir les annonces de la troisième boîte
pour la division des comtés. Ce serait bien plus simple si ça
pouvait être les mêmes annonces, et on pourrait se comprendre pas
mal plus dans la population parce que cela regarde la même fin, c'est
l'exercice du droit démocratique des citoyens. Je dis que le
Québec est bien riche pour se permettre ces folies-là! Il n'y a
pas d'autres mots. Il n'y a aucun autre pays au monde... On n'est pas encore
souverain, selon votre désir, et on se permet des dépenses
à ne plus finir, à ne plus se comprendre dans un dédale
d'informations, de renseignements, de consultations, alors que cela pourrait
être centralisé.
Il y a des pays comme l'Angleterre, la France, les Etats-Unis, les
autres provinces, le Canada, qui n'ont pas la même carrosserie que vous
avez là. On dirait que vous n'avez jamais appris ce que c'est un dollar,
surtout dans les difficultés où on est et que le ministre des
Finances a actuellement.
Avant de mettre de l'ordre dans la Fonction publique, essayez donc de
consolider ce que vous avez actuellement, essayez donc de limiter les postes
avant de partir en peur et de multiplier le fonctionnarisme. C'est ce que vous
faites avec cette loi et c'est le but de mon amendement, M. le
Président. Ce serait tellement plus simple si c'était dans la
même boîte. On saurait, durant les élections, le citoyen
saurait où s'adresser lorsqu'il veut un renseignement sur l'application
de la loi électorale. Là, il va être obligé de
s'adresser à trois places. Mon intervention pour le moment se limite
à cela.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Bédard: ... je respecte les propos tenus par le
député de Laval, mais je ne cautionnerai sûrement pas les
exagérations qui ont parsemé l'ensemble de ses propos. Je dis
"exagérations ' en pesant bien les mots.
D'abord, le député de Laval vient accuser, essaie de
projeter l'image qu'on est en train de multiplier des structures, ce qui n'est
pas le cas du tout. Préalablement, ce n'est pas à nous qui
étions là; il y avait un Directeur général des
élections, avec une boîte bien à lui et qui fonctionnait
pour assumer les responsabilités qui lui incombaient de par la loi. Il y
avait aussi il ne faudrait pas que les propos du député de
Laval le fassent oublier une commission permanente qui a
été créée non pas par le gouvernement actuel mais
qui a été créée de toute pièce et qui
était en fonction par l'ancien gouvernement. Si
c'était...
M. Lavoie: Mais le président était le
même.
M. Bédard: Attendez, je ne vous ai pas interrompu.
Si c'était si simple que cela, si le député de
Laval était si imbu du principe de vouloir faire des économies,
il me semble que ces dispositions très correctes chez tout membre de
l'Assemblée nationale auraient pu faire leur effet il y a quelques
années alors que le parti dont il est membre assumait la
responsabilité du gouvernement.
On ne multiplie pas les structures. Puis-je rappeler au
député de Laval qu'il y avait déjà un Directeur
général des élections et qu'il y avait une commission
permanente de la réforme des districts électoraux, avec une
boîte, avec des experts qui les aidaient dans l'accomplissement des
fonctions qui leur étaient attribuées. Nous ne changeons
absolument rien à cela.
Ce que le député de Laval essaie de faire croire à
la population ou à ceux qui auront l'occasion de lire ses propos dans le
journal des Débats, c'est que le gouvernement présent s'oriente
vers une dilapidation des deniers publics, vers la mise en place de structures
à n'en plus finir, alors qu'elles existaient auparavant. Le seul
élément additionnel il faudrait bien ramener la discussion
là où elle doit se situer que nous apportons, c'est le
fait que nous voulons nommer deux personnes permanentes sur la Commission de la
représentation qui n'est pas une structure nouvelle, qui ne fait que
remplacer une structure déjà existante sous la forme de la
Commission permanente de la réforme des districts électoraux,
à la seule différence que, préalablement, II y
avait des gens à temps partiel alors que l'objet du présent
projet de loi crée deux postes permanents.
M. le Président, je pense qu'il y a un bout à charrier, et
il me semble que si nous voulons avoir la discussion raisonnable que demandent,
que veulent avoir les membres de l'Opposition, il faudrait quand même
commencer par être raisonnable soi-même. Tout l'objet de cette
discussion de la part des membres de l'Opposition libérale a l'effet de
projeter l'image qu'on est en train de dilapider des fonds en instituant une
Commission de la représentation, en y nommant deux permanents.
C'est vraiment seulement une image qu'on veut essayer de projeter parce
que dans les faits, ce dont on discute à l'heure actuelle, c'est
simplement le fait de remplacer des personnes qui étaient
déjà à temps partiel au niveau de la Commission de la
réforme des districts électoraux qui existe présentement,
de les remplacer par deux personnes permanentes. Quand on vient essayer de nous
projeter l'image de dilapidation de fonds publics, je vous dis tout simplement,
M. le Président, que c'est charrier comme ce n'est pas possible. Je
crois, M. le Président, que si les membres de l'Opposition ont un tel
souci de l'économie, cela leur fait honneur et nous avons le même
souci qu'eux. Je m'attendais plutôt à une proposition dans le sens
qu'il y ait seulement une personne permanente à cette commission
plutôt que deux parce que je crois...
M. Lamontagne: C'est l'étape suivante.
M. Bédard: ... qu'il est nécessaire qu'il y ait une
personne à temps plein et ceci, en fonction du caractère
d'indépendance de la fonction qui sera assumée par le directeur
général de cette Commission de la représentation. Premier
argument.
Deuxièmement, je crois et je ne veux pas reprendre les
arguments qui ont été énoncés par le
député de Châteauguay que l'Opposition ne tient pas
assez compte de la charge de travail supplémentaire qui sera le fait du
Directeur géné- ral des élections, étant
donné toutes les charges additionnelles qui lui ont été
imparties par la nouvelle loi électorale. Je ne reprendrai pas, encore
une fois, toute l'énumération faite par le député
de Châteauguay qui est, il me semble, convaincante à savoir qu'il
est clair, quand on veut faire un débat raisonnable, que la charge du
président général des élections sera notablement
augmentée par l'application de la nouvelle loi électorale,
également la Loi de la consultation populaire. Je pense aussi que
l'Opposition ne tient pas assez compte des devoirs ou des nouvelles
responsabilités qui seront impartis à ceux qui assumeront la
responsabilité au niveau de la Commission de la représentation.
On a parlé d'une de ces responsabilités qui sera l'obligation de
faire les secteurs électoraux. Je pense que ceci représente une
fonction importante qui demandera beaucoup de travail. Je comprends très
bien que si ce n'était que de ce facteur, ce ne serait peut-être
pas suffisant pour avoir deux personnes à temps plein. Il faut y ajouter
aussi c'est ce que la loi prévoit l'obligation d'un
travail d'information de la population qui pourra être fait par les
membres de cette commission, l'obligation je dis bien de la
consultation de la population. Nous pourrions en ajouter. Je pense, M. le
Président, que ce sont des responsabilités accrues au niveau du
Directeur général des élections, des
responsabilités accrues au niveau de la Commission de la
représentation qui, à mon avis, justifient sûrement qu'il y
ait une ou deux personnes à temps plein au niveau de la Commission de la
représentation. (21 h 45)
Ceci ne m'empêche pas, je tiens à le dire, d'être
très sensible au souci de l'économie qui a été le
fait de la représentation des membres de l'Opposition officielle. J'ai
noté, en tout cas, avec beaucoup d'attention cette préoccupation
d'économie des deniers publics. Je partage ce souci-là et
j'espère que les membres de l'Opposition officielle se rappelleront
leurs propos lorsque nous aurons à discuter du projet de loi no 3 qui,
s'il est adopté et nous en avons la preuve
représentera assurément des économies très
importantes pour l'ensemble des contribuables. Ce ne seront pas des
économies d'un poste, de deux postes, ce seront des économies de
millions que nous pourrons faire, à ce moment-là, dans le
meilleur intérêt des contribuables québécois, si
nous adoptons le projet de loi no 3. Je ne veux pas faire le débat sur
le projet de loi no 3, je ne fais que le noter en passant.
M. le Président, les responsabilités accrues tant du
Directeur général des élections que du directeur
général de la Commission de la représentation nous
commandent en termes de responsabilité de tenir compte de l'augmentation
de ces responsabilités-là et de ne pouvoir accepter la motion qui
est faite par l'Opposition.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, je voudrais revenir un peu
sur un certain propos du ministre. D'abord, il est clair qu'en formant cette
commission de trois membres dont l'un des membres à temps partiel va
être le Directeur général des élec- tions, la
conséquence immédiate est que les deux membres actuels, M.
Barbeau ainsi que M. Prémont qui sont là à temps partiel
par leurs fonctions respectives seront remplacés par des membres
à titre permanent.
Je porte d'abord à l'attention du ministre que le mandat de ces
deux personnes expire en 1980 ou 1981, je ne sais trop, et en même temps
que nous avons pris l'arrangement que cette loi soit adoptée pour le 29
novembre et que la carte électorale soit en force, déposée
d'une façon finale le 31 mars. C'est donc dire que, compte tenu d'un
côté les charges additionnelles avec lesquelles nous sommes
entièrement d'accord qui sont confiées au directeur des
élections, tant par le projet de loi no 9 que par le projet de loi no
10,
deux nouvelles figures apparaîtront à titre de commissaires
à temps plein suivant cet article-là et, on ne le sait pas, mais
qu'il ne semble pas, du moins au départ, qu'ils auront
l'expérience de M. Prémont et du juge Barbeau qui ont
confectionné, évidemment avec tous leurs collaborateurs et
collaboratrices, le cinquième rapport, qui ont participé à
une commission parlementaire le 6 décembre, qu'ils sont revenus nous
rencontrer dernièrement, qui ont fait une hypothèse de travail
sur 36 000 etc. Ces personnes, avant de se départir de toute leur
expérience, il me semble qu'on devrait s'y arrêter un peu.
Le ministre a dit tout à l'heure qu'il aurait peut-être
souhaité que l'Opposition parle d'un poste permanent. Nous
prétendons au départ qu'aucun poste ne doit être permanent
avec le directeur des élections et les compétences qu'on peut
retrouver dans l'appareil gouvernemental. Si le ministre dit non, à ce
moment-là, je pense que le pas suivant, quant à nous, c'est de
suggérer au ministre qu'il n'y ait qu'un poste permanent comme on le
retrouve dans les autres lois.
Nous nous interrogeons bien sérieusement, et j'ai tenu à
le faire tout à l'heure, au nom de notre formation politique et je suis
convaincu au nom de tous les collègues, à savoir que les trois
commissaires actuels, qui comprennent l'ex-commissaire, le juge Drouin et M.
Côté et les deux autres ont, jusqu'à ce jour, rendu de
précieux services et au cours du laps de temps très court que
nous avons pour parfaire et compléter la carte électorale du
Québec, il semble que ceci devrait nous inciter à la prudence et
d'essayer de garder, du moins pour un temps, ces deux commissaires qui ont fait
le suivi de tout ce travail. Qu'au moment même de nous présenter
un rapport final on change, on recommence à neuf, deux fois sur trois,
cela nous rend un peu inquiets, cette attitude qu'on semble avoir parce que,
comme le ministre l'a dit, cela a seulement une conséquence, ce projet
de loi.
Nous avions une commission, une commission indépendante. Il y
avait le directeur qui en était déjà membre. Cette loi n'a
comme conséquence que de rendre permanents deux postes. On pourrait
changer cela de côté, enlever le juge Barbeau et M. Jacques
Prémont et les remplacer par deux autres. C'est exactement la même
chose. Avant de poser un tel geste, d'ici le 31 mars 1980, il va falloir qu'on
s'explique clairement. On a mentionné au ministre, au cours de nos
interventions en deuxième lecture, les difficultés qu'il peut y
avoir à compléter tout l'échéancier prévu
par le projet de loi no 10, nomination des commissaires, on tombe dans le temps
de Noël, le mois de décembre, consultation dans chacune des
régions, consultation avec les députés. En tout cas, il y
a bien des choses. Les secteurs électoraux peuvent être
complétés après.
M. Bédard: II y aurait seulement une question de
règlement. On parlait sur une motion bien précise de la part de
l'Opposition.
M. Lamontagne: Oui, je parle sur le temps partiel. C'est pour le
temps partiel.
M. Bédard: Je comprends. Écoutez, je ne sais pas si
on est en train de tenir... si c'est le mandat de cette commission. Je
comprends les représentations du député de Roberval. Je ne
crois pas que ce soit notre travail ici de décider quels seront les
membres qui feront partie de cette commission. Je pense que le gouvernement est
capable de tenir compte du fait que la carte doit être faite dans un
délai qui est imparti par la loi et que doivent se retrouver sur cette
table...
M. Lamontagne: ... le ministre sur une question de
règlement lui-même. S'il ne pense pas que c'est notre fonction de
nommer des personnes, j'ai l'impression que cela a l'air au moins notre
fonction de les changer parce que vous avez dit vous-même qu'en adoptant
cet article-là, cela aura comme conséquence immédiate le
changement de M. Prémont et du juge Barbeau. C'est évident.
M. Bédard: M. le Président, je ne comprends pas
vraiment pas les propos du député de Roberval. On n'a pas
parlé qu'ils seraient membres de cette commission jusqu'à
maintenant.
M. Lamontagne: Cela ne peut pas être eux.
M. Bédard: On n'a pas parlé qu'ils n'y seraient
pas. Je ne pense pas que ce soit notre travail de le faire ici.
M. Lamontagne: Le juge Barbeau ne peut pas y être certain
à temps plein.
M. Bédard: Je ne pense pas que ce soit notre travail ici
de décider qui va travailler à la commission.
M. Lamontagne: Est-ce que c'est notre travail de décider
qui n'y sera pas?
M. Bédard: Non plus, M. le Président.
M. Lamontagne: On a deux commissaires. Écoutez, ne jouez
pas sur les mots. Vous savez fort bien qu'en adoptant cet article, vous enlevez
M. Prémont et le juge Barbeau. Pourquoi ne pas nous le dire franchement?
Votre premier ministre hier a parlé de transparence. Il a dit que la
vérité n'est pas toujours bonne à dire, évidemment.
Il a dit cela hier soir. Est-ce que cela fait partie de cet article? Non. M. le
ministre, pouvez-vous être franc?
M. Bédard: M. le Président, franchement! Je
m'oppose à cette manière d'argumenter du député de
Roberval.
M. Lamontagne: Vous dites que...
M. Bédard: Je vous dis simplement qu'on est à
l'étude d'une motion bien précise à l'heure actuelle. Si
vous me dites que c'est dans l'ordre de discuter des mandats, à savoir
qui doit être à la commission, qui ne doit pas être à
la commission à l'intérieur de la proposition qui a
été faite par le
député de Roberval ou le député de Laval,
d'accord, je me plierai à votre décision.
M. Lamontagne: M. le ministre, vous avez dit vous-même tout
à l'heure que la seule différence de cet article par rapport
à la loi existante, c'était de nommer deux postes permanents,
alors que les deux postes existants, détenus par le juge Barbeau et M.
Prémont, étaient temporaires.
M. Bédard: Non, je m'oppose, parce que j'ai engagé
la discussion là-dessus sur un aspect bien particulier, c'est que toutes
les représentations de l'Opposition ont été dans le sens
de vouloir, par souci d'économie, qu'on trouve le moyen
d'épargner le plus possible les deniers publics. Je suis bien d'accord
avec cela. C'est sur cet aspect que j'ai parlé de "partiel" par rapport
à "permanent" et des changements qui étaient apportés par
le projet de loi.
M. Lavoie: Vous voulez nous parler des élections
partielles.
M. Bédard: C'est une autre affaire, les élections
partielles.
M. Lamontagne: M. le Président, on ne peut pas
éviter...
M. Bédard: Si cela continue, le député de
Roberval va nous en parler!
M. Lamontagne: Le ministre est bien conscient tout de
même... je vais dire comme on dirait au Lac Saint-Jean, habitant mais pas
fou! Je suis notaire et cela fait neuf ans et demi que je suis ici. Des lois,
j'en ai vu avant celle-là, vous savez! Je sais fort bien qu'en adoptant
cette loi, que vous l'admettiez ou non, dans une semaine, je vais m'en
apercevoir à l'Assemblée nationale, vos propositions ne seront
pas pour le juge Barbeau et Jacques Prémont. C'est évident, c'est
clair comme la clarté du ciel. Pourquoi refusez-vous de le dire?
M. Bédard: II n'y a pas...
M. Lamontagne: Vous ne pouvez pas nommer le juge Barbeau, ni M.
Prémont à temps plein.
M. Bédard: M. le Président, ce n'est pas ma
responsabilité ici, au niveau de la commission parlementaire...
M. Lamontagne: Mais c'est votre responsabilité de clairer
le chemin pour en nommer d'autres.
M. Bédard: Ce n'est pas ma responsabilité ici, de
décider qui va être à la commission et ce n'est pas la
responsabilité des membres de la commission.
M. Lamontagne: Vous avez le mandat de faire le chemin...
M. Bédard: Nous avons un projet de loi à adopter.
Nous sommes présentement à étudier une proposition qui a
été présentée par l'Opposition...
M. Lamontagne: Je vais vous poser une question, M. le
ministre...
M. Bédard: ... et qui a été jugée
recevable. Je pense qu'on doit limiter notre discussion à cela.
M. Lamontagne: ... avec votre permission. Seriez-vous d'accord de
bénéficier, jusqu'au dépôt final de cette carte
électorale, commencer par certains commissaires, n'en nommez pas parce
que vous n'aimez pas qu'on en nomme... Nous avions trois commissaires qui ont
procédé au cinquième rapport... Ne trouveriez-vous pas
qu'il serait sage de conserver la compétence de ces trois commissaires
jusqu'au dépôt final de cette carte électorale qui serait
étudiée en fonction du rapport no 5 préparé par
trois commissaires? Je ne nomme personne, là.
M. Bédard: M. le Président, nous n'avons jamais mis
en doute, de ce côté-ci, la compétence de M. Prémont
ou de M. Barbeau. Je pense qu'en aucune façon, leur compétence
n'a été mise en doute. Leur cinquième rapport a beaucoup
été mis en doute par les membres de l'Opposition libérale,
par exemple...
M. Lamontagne: Bien oui.
M. Bédard: ... à un point tel qu'il a
été rejeté en bloc. Je ne sais pas si c'est une
manière de faire confiance à ceux qui étaient là.
Mais, M. le Président, je ne crois pas qu'on est ici, même si les
débats sont enregistrés, pour faire des voeux et se complaire
dans des félicitations à n'en plus finir à l'endroit de
qui que ce soit. Pour ma part, je pense que ceux qui étaient là
étaient compétents et que lorsque viendra le temps, pour le
gouvernement, de prendre les décisions qui s'imposent, ce sera avec un
objectif en vue, c'est d'avoir des gens compétents pour assumer la
tâche, et la meilleure garantie en est que ces personnes ne peuvent
être nommées sans l'assentiment des deux tiers de la Chambre et,
que je sache, le parti gouvernemental ne représente pas les deux
tiers.
M. Lamontagne: Avant de terminer, je voudrais dire que je suis un
de ceux qui ont eu des griefs contre le rapport no 5. Mais, en même
temps, j'ai une espèce de consolation à savoir que mes griefs ont
pu être entendus devant nos trois commissaires à qui nous avons eu
l'opportunité de faire part de certains griefs. Donc, ils sont en pleine
connaissance de nos représentations personnelles. Là, on va
être obligé de recommencer avec d'autres. Le laps de temps va
être très court, je vous assure.
M. Bédard: M. le Président, je pense que la loi
prévoit de la part de ceux qui assumeront la
direction de la Commission de la représentation, une consultation
des députés, une consultation de la population et je pense qu'il
faut d'avance, quand même, faire confiance comme on le fait à ceux
qui sont là présentement, faire confiance que les
représentations seront entendues.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cet amendement...
vous voulez en prendre le vote immédiatement?
M. Bédard: D'accord.
M. Lavoie: M. le Président, très brièvement,
moi, il me reste quelques minutes sur...
Le Président (M. Laberge): Vous, vous avez quelques
minutes. Le député de Roberval a complété ses 20
minutes.
M. Lamontagne: Oui, je pense avoir terminé. M. Lavoie:
Très brièvement...
M. Lamontagne: ... je ne suis pas parlant, d'ailleurs, à
10 heures.
M. Lavoie: ... je maintiens ma position, même si le
ministre n'est pas d'accord, sur des dépenses excessives. Je n'irais pas
dire jusqu'à dilapidation les mots que vous avez employés
des fonds publics. Ce sont les propres mots que vous avez
employés. Ce sont des dépenses, à mon point de vue,
excessives. Si on compare uniquement le budget qui émarge du Conseil
exécutif, la réforme des districts électoraux j'ai
les chiffres officiels devant moi ici pour l'année
budgétaire 1973/74 ou 1974/75, qui est à peu près le
même montant, cette commission avait dépensé, dans chacune
de ces années, $132 000, budget global, 1973/74 et 1974/75. Je vous dis
qu'il y a des dépenses excessives, parce qu'en créant
déjà deux postes à temps plein, avec un autre à
temps partiel, je ne dis pas que vous rejoignez ça, mais vous atteignez
déjà des sommes assez importantes.
(22 heures)
Je pense également, que le ministre sera d'accord avec moi que la
consultation que cette commission devra faire, à travers le
Québec, représente des dépenses et que la même
consultation pourrait être faite je vais terminer et on pourra en
disposer, après cela, si vous voulez de... autant en vertu du
projet de loi no 9 le Directeur général des
élections, sur la Loi électorale cela pourrait être
fait en même temps pour les districts électoraux, ce sont
certainement des dépenses additionnelles.
Il existe un centre d'information je crois que le Directeur
général des élections a déjà un centre
d'information et il y en a un autre en vertu du financement des partis
politiques et, ici, il y aura un autre centre d'information. Or, on sait que
cela amène, également, des dépenses additionnelles.
La loi prévoit qu'il y a un secrétaire à cette
commission et on sait que cela commande des salaires assez respectables. La
commission n'avait pas, antérieurement, un tel commissaire et ce
commissaire, dans mon argumentation globale, pourrait être le même
secrétaire pour toute l'opération électorale. Je vous dis
et je termine par ceci que vous créez une multiplication
d'organismes, que ce sont des dépenses excessives, que je qualifierais
de somptuaires, qui ne sont pas nécessaires.
M. Bédard: M. le Président, je ne reprendrai pas
l'argumentation. Il n'y a certainement pas de multiplication d'organismes,
puisque je l'ai dit tout à l'heure, ce sont des organismes qui
existaient déjà. Ce dont nous discutons c'est de deux postes
permanents par rapport à des postes partiels qui existaient auparavant
et je remarque, encore une fois, dans l'argumentation du député
de Laval, que je respecte, mais il ne tient pas compte de l'augmentation des
responsabilités qu'auront les membres de la Commission de la
représentation.
Le Président (M. Laberge): Alors, l'amendement du
député de Laval sera-t-il adopté immédiatement?
M. Lavoie: Demain, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Cet amendement...
M. Bédard: II me semble qu'on avait...
M. Lavoie: On pourra en disposer à la première
heure, demain. On siège demain matin?
Le Président (M. Laberge): Oui, demain matin.
M. Lavoie: On en disposera demain matin.
M. Bédard: M. le Président, je tiens à faire
remarquer qu'on avait permis, puisque le député avait dit qu'il
n'en avait que pour quelques minutes...
M. Lavoie: J'ai terminé...
M. Bédard: Oui, de continuer, puis...
M. Lavoie: On pourra en disposer après-demain.
M. Bédard: II nous avait dit, vous en êtes
témoins, qu'on pourrait en disposer maintenant. Je comprends qu'il
change d'idée.
Le Président (M. Laberge): L'article 15, avec les
amendements proposés est donc suspendu et la commission ajourne ses
travaux à demain matin, dix heures.
Fin de la séance à 22 h 3