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Étude du projet de loi no 10
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
reprend ses travaux sur le projet de loi no 10, Loi sur la
représentation électorale.
Les membres de la commission pour la séance de ce matin sont: M.
Bédard (Chicoutimi), M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par Mme
LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine), M. Charbonneau (Verchères)
remplacé par M. Lefebvre (Viau), M. Forget (Saint-Laurent)
remplacé par M. Lamontagne (Roberval), M. Grenier
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M.
Laberge (Jeanne-Mance) remplacé par M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes),
M. Levesque (Bonaventure) remplacé par M. Lavoie (Laval), M. Morin
(Louis-Hébert) remplacé par M. Dussault (Châteauguay), M.
Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda). Peuvent intervenir: M. Bertrand
(Vanier), M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drummond),
M. Guay (Taschereau) et M. Lévesque (Taillon).
Le rapporteur de cette commission est toujours M. Lefebvre (Viau).
La composition de la commission (suite)
À la suspension de nos travaux hier, nous étions à
l'étude de l'article 15, qui était suspendu.
M. Bédard: Nous étions au stade de la votation.
M. Lamontagne: C'est une interrogation que j'ai. Je voudrais
porter ceci à l'attention du ministre: Lorsque nous élisons par
le vote des deux tiers à l'Assemblée nationale, c'est une
procédure évidemment très importante. Il y a plusieurs
personnes qui sont nommées par le vote des deux tiers à
l'Assemblée nationale. Evidemment, c'est pour protéger en plus
ces personnes dans le mandat qui leur est confié par l'Assemblée
nationale. Si on prend, par exemple, le mandat des membres de la commission
actuelle, il est dit à l'article 4 du mandat de la commission, au
chapitre VII, que ces membres ne peuvent être destitués que par
une résolution de l'Assemblée nationale, approuvée par les
deux tiers de ses membres.
Nous devons nous rappeler mutuellement cette obligation que nous avons,
comme je le disais hier au ministre. Nous avons une inquiétude, quant
à nous, de voir disparaître les commissaires avant que la carte
actuelle ne soit déposée, le 31 mars 1980. Je ne sais pas si le
ministre ne pourrait pas au moins nous assurer que les services de ces
personnes pourraient être utilisés en quelque part, jusqu'au 31
mars, pour terminer le travail en cours; il y en a encore pour quelques mois,
en fait trois ou quatre mois.
M. Bédard: Je peux dire au député de
Roberval que, du point de vue gouvernemental, nous reconnaissons la
compétence de ceux qui étaient là. Je pense que nous ne
l'avons jamais mise en doute ni directement ni indirectement, concernant la
formation de la future commission, à partir du moment où le
projet de loi sera adopté.
Honnêtement, je ne suis pas en mesure de vous dire que la
réflexion est terminée là-dessus du point de vue
gouvernemental. Je prends en haute considération les
représentations qui ont été faites par le
député de Roberval que j'appuie dans le sens de mentionner et de
souligner la compétence de ceux qui étaient déjà
là. Au point de vue gouvernemental, il est évident qu'à
partir du moment où tous les membres sont nommés par les deux
tiers, et même si ce n'était pas le cas, la réflexion sera
sûrement orientée pour faire en sorte que cette commission ait
toute la crédibilité possible, ait toutes les ressources
possibles, humaines, techniques, pour en arriver à une carte dans les
délais impartis.
Si j'étais capable de vous dire qui est là au moment
où nous nous parlons, je serais tenté de vous le dire, mais ce
n'est pas le cas. C'est aussi simple que cela.
M. Lamontagne: La question que je posais n'a pas rapport à
la crédibilité. Se pourrait-il, advenant le cas qu'il s'agisse de
nouveaux commissaires, tout en suivant le processus de la loi, que leur
nomination soit effective à compter du 1er avril 1980, de sorte qu'ils
pourraient se sensibiliser au travail actuel avec les commissaires qui
compléteraient avec eux ce travail de la carte? C'est dans quelques mois
seulement. (10 h 15)
M. Bédard: Tout ce que je peux dire, c'est que je prends
en très bonne considération la suggestion qui est faite. Je ne
peux pas présumer d'avance qui sera là, mais probablement que
ceux qui seront là auront avantage à s'attacher les personnes
ressources, les experts en la matière, afin de poursuivre à bien
leur travail. Je ne doute pas, au moment où on se parle, que
déjà les personnes qui y travaillaient constituaient des gens
ayant une compétence, ce qui est reconnu par tout le monde, et par
l'Assemblée nationale.
M. Chevrette: M. le Président, la commission ne peut pas
siéger légalement tant que les travaux de la Chambre ne
débutent pas avec 30 députés.
M. Lamontagne: De toute façon, ici, nous avons
constaté le quorum.
M. Chevrette: C'est le président de l'Assemblée qui
dit que les commissions ne sont pas légales. C'est à cause de
l'avis d'hier soir, je ne
sais pas, je pose la question. Il serait peut-être bon qu'on
traverse deux minutes, pour qu'on nous indique un nouvel ordre de la
Chambre.
Le Président (M. Laberge): On ne l'a pas annoncé
hier.
M. Chevrette: Je ne connais rien dans cela, mais mon ami
Vaillancourt vous dit cela.
M. Bédard: Vous pouvez vérifier, informez-vous tout
de suite.
Une voix: Consentement. (Suspension à 10 h 16)
(Reprise à 10 h 18)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission a temporairement suspendu ses travaux pour questions
techniques et maintenant, nous en sommes à l'étude de l'article
15 et lorsque nous avons suspendu nos travaux, nous avions un amendement du
député de Laval qui avait été discuté et
nous en étions à l'étape du vote. Cet amendement se lit
comme suit: "Que le premier alinéa de l'article 15 soit modifié,
en remplaçant dans les première et deuxième lignes, les
mots "de la représentation" par les mots "des élections" et en
ajoutant à la fin, les mots "qui agissent à temps partiel".
Est-ce que cet amendement sera adopté?
M. Lavoie: Adopté.
M. Lamontagne: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Rejeté sur division
M. Lamontagne: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Dans notre intervention, le député
de Laval et moi, sur tout le domaine du travail à temps partiel par les
trois commissaires dont un le sera déjà, évidemment, nous
avons voulu faire ressortir qu'il fallait essayer de prendre tous les moyens
possibles avant de déterminer qu'il sera absolument nécessaire
d'avoir quelqu'un à temps plein pour voir s'il n'y avait pas moyen de
trouver des solutions qui permettraient une certaine épargne d'argent,
tout en laissant le gouvernement à l'avenir, dépendant des
circonstances, décider en regard du travail accompli.
Dans cet esprit, M. le Président, et vu l'ouverture que le
ministre nous a laissée planer vers 21 heures 50 hier soir, à
savoir qu'il pensait peut-être que l'Opposition lui proposerait qu'une
personne sans doute le directeur général serait
nommée à temps plein et que nous aurions comme nous l'avions
proposé unanimement d'ailleurs, dans le temps, pour la loi 2, la Loi du
financement des partis politiques, qu'une seule personne soit à temps
plein, ce n'est que par un compromis que d'autres personnes aient
été nommées.
En fait, nous suggérons, ce matin, qu'une personne au lieu de
deux soit nommée à temps plein, sans doute le directeur
général de cette Commission de la représentation.
M. Bédard: Je dois avouer, M. le Président, comme
je l'ai dit hier, mais avant 21 heures 50, qu'une telle proposition me semble
beaucoup plus dans la logique des arguments qui étaient soulevés
par l'Opposition officielle.
C'est peut-être dans ce sens que je pensais que les efforts
allaient être orientés de la part de l'Opposition officielle. Je
préférerais attendre, par exemple, puisque c'est un nouvel
élément. On nous dit que le représentant de l'Union
Nationale sera ici dans quelques minutes. On peut retrouver, à l'article
19, la possibilité d'en discuter, ce qui nous permettrait
peut-être de passer à l'adoption de l'article 15 qui
spécifie simplement que la commission se compose du directeur
général de la représentation, qui agit comme
président, et de deux autres membres. Nous avons apporté un
amendement.
Le Président (M. Laberge): Nous avons, à cet
article, encore deux amendements qui sont en suspens. L'amendement du
député de Nicolet-Yamaska était... Il disait que
nonobstant l'alinéa précédent, le Directeur
général des élections pourrait être nommé.
Cela a été débattu et la discussion a été
suspendue.
M. Bédard: Oui, nous sommes d'accord. Je pense que c'est
la phraséologie que nous vous avons remise, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Non, je l'avais
rédigé de mon propre chef dans ce sens.
M. Bédard: M. le Président, est-ce que nous
pourrions ce sont les légistes qui m'indiquent cela le
formuler comme ceci: Malgré le deuxième alinéa, le
Directeur général des élections peut être membre de
la commission.
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Malgré...
M. Lamontagne: J'aimerais mieux "nonobstant", en tout cas.
M. Bédard: C'est que maintenant, il semble que ce soit
plus français d'utiliser...
M. de Bellefeuille: C'est comme mutatis mutandis.
M. Bédard: C'est plus connu pour le citoyen. Nonobstant,
cela ne lui dit pas grand-chose.
M. Lavoie: Néanmoins.
Le Président (M. Laberge): Malgré le
deuxième alinéa, le Directeur général des
élections peut être nommé, dites-vous?
M. Bédard: Peut être membre de la commission.
Le Président (M. Laberge): Peut être membre de la
commission. J'aurai à le faire rédiger. Cet amendement est
adopté. L'article 15 amendé est-il adopté?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Laberge): L'article 15 est adopté
sur division.
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): J'appelle l'article 16.
M. Lamontagne: Adopté.
M. Bédard: M. le Président, je vais faire
distribuer la série d'amendements que nous avons
préparés.
Le Président (M. Laberge): Je m'excuse, je dois revenir
à l'article 15 pour des questions techniques. Votre amendement qui
proposait de supprimer le deuxième alinéa, demeure-t-il
maintenant?
M. Bédard: Non. Le deuxième alinéa est
retiré.
M. Lavoie: Retiré?
Le Président (M. Laberge): Retiré.
M. Lamontagne: Le deuxième alinéa de l'article
15?
M. Bédard: L'amendement est retiré, ce qui donne
pour effet que le deuxième alinéa demeure tel qu'il était
auparavant.
Le Président (M. Laberge): Malgré le
deuxième alinéa, donc, il y aura trois alinéas maintenant
dans l'article. C'est parce que cela n'a pas été dit
officiellement. Alors, l'article se lit tel qu'au projet de loi original, plus
ce que nous avons adopté tout à l'heure: "Malgré le
deuxième alinéa, le Directeur général des
élections peut être membre de la commission." L'article complet
est maintenant adopté sur division. L'article 16, vous me
demandez...
Une voix: II n'y a rien?
Le Président (M. Laberge): À l'article 16, il n'y a
rien de spécial.
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 16 est adopté.
L'article 17.
M. Lamontagne: Adopté. M. Lavoie: Cela va bien
vite!
Le Président (M. Laberge): L'article 17 est adopté.
L'article 18.
M. Lamontagne: Adopté.
M. Lavoie: II y a de la connivence en quelque part.
Le Président (M. Laberge): L'article 18 est
adopté.
M. Fontaine: La complicité régionale? M. Lavoie:
Minute!
M. Lamontagne: Nous proposons un amendement, M. le
Président, à l'article 19, faisant suite à ce que nous
venons de mentionner. Notre amendement se lirait ainsi: "Que l'article 19 soit
modifié en remplaçant, dans les première et
deuxième lignes, les mots "et au moins un des" par les mots "exerce ses
fonctions à plein temps et les", et dans la troisième ligne, les
mots "plein temps" par les mots "temps partiel". En français, cela veut
dire que le président sera à temps plein, et les deux autres
à temps partiel.
Le Président (M. Laberge): L'amendement
présenté par le député de Roberval se lit comme
suit: "Que l'article 19 soit modifié en remplaçant, dans les
première et deuxième lignes, les mots "et au moins un des" par
les mots "exerce ses fonctions à plein temps et les", et dans la
troisième ligne, les mots "plein temps" par les mots "temps partiel". Ce
qui donne l'explication qu'a donnée le député de Roberval,
et je vais...
M. Dussault: Le texte complet, qu'est-ce que ce serait, à
ce moment-là?
Le Président (M. Laberge): Je vais faire la modification.
On n'a pas la nouvelle rédaction.
Cela se lirait comme suit: "Le directeur général de la
représentation exerce ses fonctions à plein temps et les deux
autres membres de la commission exercent leur fonction à temps
partiel."
M. Bédard: M. le Président, je suis d'accord avec
le but que poursuit cet amendement, au départ, et je crois que cela
s'inscrit beaucoup plus dans la logique même des propos, non seulement du
point de vue gouvernemental, mais de l'Opposition officielle, parce que ma
conviction est que, au moins, en raison même du poste, de l'importance du
poste occupé par le directeur général de la
représentation, il était nécessaire qu'il soit à
temps plein.
Cependant, il se pose peut-être un problème. Même si
on dit que les autres vont être à temps partiel, il reste que du
point de vue réaliste, il est clair qu'il y aura des périodes
où ils devront être à temps plein. C'est clair?
M. Lamontagne: Oui, oui.
M. Bédard: Je pense que c'est clair pour tout le
monde.
M. Lamontagne: II y a des périodes intensives...
M. Bédard: ... où, nécessairement, on va
requérir à temps plein les services de ces deux autres...
M. Lamontagne: C'est à temps plein, mais avec un mandat
à temps partiel, c'est sûr qu'il y a des périodes qui sont
plus intensives que d'autres.
M. Bédard: Peut-être que de la façon...
M. Dussault: Les périodes mortes ne seront pas
longues.
M. Bédard: Peut-être que la façon de le dire
pourrait être: Le directeur général de la
représentation exerce ses fonctions à plein temps.
M. Lamontagne: Oui, seulement cela, ce serait suffisant.
M. Lavoie: Oui, oui.
M. Bédard: Si vous êtes d'accord.
M. Lamontagne: D'accord.
Le Président (M. Laberge): Je conclus que l'amendement
proposé par le député de Roberval est retiré...
M. Lamontagne: Oui, et on nous...
Le Président (M. Laberge): ... et qu'il est
remplacé. Alors, l'amendement... (10 h 30)
M. Bédard: Je ne demande pas qu'il soit retiré. On
peut y faire les corrections, mais je pense qu'on s'entend tous sur le fait que
ce serait plus...
Le Président (M. Laberge): C'est plus facile. L'amendement
est retiré et c'est remplacé par ceci: "Le directeur
général de la représentation exerce ses fonctions à
plein temps".
M. Bédard: C'est cela, ce qui implique
nécessairement tous les autres.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cet article: "exerce
ses fonctions à temps plein" est adopté?
M. Lamontagne: Adopté. M. Bédard:
Adopté.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 19,
amendé, est adopté?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec amendement.
J'appelle l'article 20.
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 20, adopté.
Article 21.
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 21, adopté.
Article 22.
Le personnel de la commission
M. Bédard: À l'article 22, nous aurions un
amendement, M. le Président, que nous avons fait distribuer.
Le Président (M. Laberge): À l'article 22,
remplacer le deuxième alinéa par le suivant: "Le personnel de la
commission est nommé et rémunéré suivant la Loi sur
la fonction publique (1978, chapitre 15)". Est-ce que cet amendement sera
adopté?
M. Bédard: M. le Président, le but de cet
amendement fait suite à des préoccupations qu'avaient tous les
membres de la commission, à savoir qu'il y a un certain contrôle
sur le plan d'organisation et sur le personnel dont les services pourraient
être retenus par la commission. Alors, cet article, justement, permet que
le plan d'organisation soit approuvé par le Conseil du trésor et
indique que le personnel dont les services seront retenus fera partie de la
Fonction publique.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cet amendement
remplaçant le deuxième alinéa sera adopté?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Amendement adopté.
M. Lamontagne: Un instant, une bonne question.
M. Lavoie: Je pense que vous avez inclus une disposition dans la
loi 9 qui enlèverait le droit de grève au personnel du directeur
général.
M. Bédard: Oui.
M. Lavoie: Dans la loi 10, qu'est-ce qui arriverait si lors de la
confection d'une carte, il y avait une grève générale ou
quelque chose comme cela?
M. Bédard: Cela nous semblait plus aléatoire comme
situation. Maintenant, est-ce que je dois comprendre que ce sont des
représentations?
M. Lavoie: Quelle sorte de disposition avez-vous mise dans la loi
9? Vous ne les avez pas ici.
M. Bédard: Une seconde. Dans la loi 9, c'était la
disposition suivante: "La grève est interdite aux membres du personnel
du Directeur général des élections". Alors, si
l'Opposition croit que ce serait une bonne chose qu'une telle disposition se
retrouve également, je n'ai pas d'objections.
M. Lamontagne: Je pense que cela devrait être
répété dans la loi 10.
M. Bédard: Alors, il s'agirait d'ajouter un
alinéa.
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Laberge): À l'article 22.
M. Bédard: Qui se lirait comme suit: La grève est
interdite aux membres du personnel de la commission.
M. Lamontagne: Marquez cela. On n'a plus le droit d'être en
grève, messieurs.
Le Président (M. Laberge): Je l'ai écrit. M.
Lamontagne: La loi matraque. M. Bédard: Venant de
l'Opposition.
Le Président (M. Laberge): À l'article 22, un
troisième alinéa est ajouté et se lit comme suit: La
grève est interdite aux membres du personnel de la commission. Cet
amendement est-il adopté?
M. Lavoie: Adopté.
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 22
amendé est-il adopté?
M. Lamontagne: Adopté.
M. Lavoie: Le député de Rosemont est en faveur de
cela.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec
amendement.
M. Lavoie: Le député de Deux-Montagnes?
Le Président (M. Laberge): J'appelle l'article 23.
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 23, adopté.
L'article 24?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
25?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Bédard: Une seconde. Je m'excuse de freiner le
député de Roberval dans sa course à l'adoption.
Le Président (M. Laberge): Le premier que j'ai en main...
L'article 25 n'est pas adopté.
M. Bédard: En fait, il y aurait lieu de supprimer
l'article 25 qui attribue au directeur général la
représentation, les pouvoirs que la Loi sur la Fonction publique
attribue à un sous-ministre parce que la commission étant un
organisme en vertu de l'article 1, et son personnel étant nommé
et rémunéré suivant la Loi sur la Fonction publique, le
directeur général de la représentation constitue un
dirigeant d'organisme au sens de la Loi sur la Fonction publique. Il n'est pas
nécessaire de dire qu'il en a les pouvoirs. La Loi sur la Fonction
publique les lui accorde de par son plein effet. Nous ne sommes pas
payés à l'article, tel qu'on l'a déjà dit, alors je
vais prendre ma revanche sur l'Opposition. Je demande de biffer l'article
25.
M. Lamontagne: J'ai l'impression que, tout à l'heure, vous
allez être payé selon les amendements parce que vous en avez
déposé plusieurs.
M. Bédard: Des amendements, c'est bon signe,
normalement.
Le Président (M. Laberge): L'amendement proposé
à l'article 25 consiste à le supprimer. Est-ce que cette
suppression sera adoptée?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
26?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 26, adopté.
L'article 27?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
28?
M. Lamontagne: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Comme vous vous rappelez, lors de nos
interventions à l'Assemblée nationale, l'Opposition officielle a
mentionné, dans toutes ses interventions, qu'il n'était pas,
à notre avis, approprié de commander une carte électorale
à la suite de chaque élection générale. Nous avons
rappelé différents exemples, tant au niveau du gouvernement
canadien qu'ailleurs, qui nous démontraient assez facilement qu'une
carte électorale, pour ne pas inutilement aller déranger les
gens, pourrait être facilement faite à un nombre d'années
déterminé. Quant à nous, nous voudrions, à ce
stade-ci, proposer un amendement à l'article 28 qui se lirait comme
suit. "Que le premier alinéa de l'article 28 soit modifié en
remplaçant dans les première et deuxième lignes les mots
"la date d'une élection générale" par les mots "toutes les
deux élections générales".
Nous croyons sincèrement qu'avec un maximum de huit années
qui pourrait être... On a eu une révision de cartes
électorales au cours des dernières sept années et cela
semble approprié dans les circonstances. En somme, nous avons
déjà trois ans de moins que le gouvernement canadien. M. le
Président, nous proposons cet amendement.
M. Bédard: M. le Président, je ne veux pas
argumenter longtemps. Je veux simplement exprimer au député de
Roberval, mon désaccord sur cet amendement, puisque, justement, le
délai qui est imparti par la loi, est dans le but d'éviter que
chaque changement de carte électorale soit fondamental et bouleverse
presque totalement la carte, si nous nous astreignons à refaire la carte
électorale seulement tous les huit ou dix ans. Nous assistons, à
ce moment-là, à des remaniements de cartes électorales qui
constituent des changements dans presque tous les comtés, ce qui
constitue un chambardement, alors que si nous faisons les ajustements
nécessaires, après chaque élection, ceci aura pour effet
d'assurer un suivi et de faire en sorte que les changements ne seront pas des
changements aussi majeurs que ceux que nous avons lorsque le remaniement de la
carte électorale se fait seulement à toutes les deux
élections. Il s'est écoulé, quand même, seulement
six ou sept ans depuis le dernier remaniement de la carte électorale. La
dernière refonte de la carte électorale s'est faite en 1972, et
on est déjà à même de constater qu'un très
grand nombre de comtés ont dépassé les normes qui
étaient prévues par la loi. Nous sommes à même de
constater que les changements qui ont été proposés dans le
cinquième rapport, sont des chambardements quand même assez
majeurs et c'est justement dans le but d'éviter cela et d'assurer un
suivi qui, à mon sens, sera positif, non seulement pour les
députés qui sont concernés, mais pour l'ensemble des
citoyens qui verront les changements s'opérer graduellement.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Si on retrouvait au Québec la situation qu'on a
vécue à Ottawa ou même en Ontario, où il y a,
à certains moments, des gouvernements plutôt minoritaires et une
répétition d'élection à tous les deux ans ou
quelque chose comme cela, chaque fois, il y aurait une modification.
M. Bédard: À ce sujet, je dis...
M. Lavoie: C'est assez stable, au Québec, depuis quelques
années, mais il peut se présenter des périodes
où... Dans une période, cela s'est vu à Ottawa, de trois
ou quatre ans, il y a eu trois élections.
M. Bédard: Je pense que le député de Laval
soulève une situation qui mérite d'être analysée.
Devant une situation comme celle-là, dois-je comprendre qu'il y aurait
des amendements?
M. Lavoie: C'est pour cela qu'on propose que ça se fasse
à toutes les deux élections.
M. Bédard: Je ne crois pas que...
M. Lamontagne: Si le ministre ne veut pas, il pourrait mettre un
minimum d'années. Le cas qu'il soulève là existe, on sait,
comme parlementaires, avec trois formations politiques dans un Parlement, que
cela peut se produire des gouvernements minoritaires, etc. Tout en respectant
l'avis du ministre, il pourrait y avoir, cependant, un délai minimum,
convenable pour tout le monde. On ne peut pas faire cela tous les ans.
M. Dussault: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Si on lit les articles 28 à 32, au moins, on
voit, au départ, qu'il va s'être écoulé au moins
deux ans, entre l'élection et la remise du rapport à la
Commission de l'Assemblée nationale et, ensuite, il va y avoir la
tournée pour consulter la population. (11 h 45)
Je pense que tout cela fait qu'en réalité, des
élections qui viendraient prématurément à cause
d'un gouvernement minoritaire ne permettraient pas qu'on utilise une nouvelle
carte. Les délais que vous souhaitez, dans le fond, ils sont
inhérents aux projets de loi qui sont là.
M. Lamontagne: M. le Président, ce n'est pas...
M. Bédard: Dans ce sens, il pourrait y avoir une
recommandation de la commission à savoir qu'il n'y a pas de
changement.
M. Lamontagne: M. le Président, justement, pour ne pas
arriver à la situation que le député prévoit, la
loi dit qu'à chaque élection générale, il
doit y avoir une carte électorale. Or, le député
vient justement de nous fournir un exemple où il serait impossible,
compte tenu d'un échéancier décrit dans la loi, de
procurer une carte électorale entre deux élections. À
titre d'exemple, nous avons une élection générale demain
matin; un gouvernement minoritaire est élu, et huit mois après,
il y a une autre élection générale. Si vous prenez cette
loi, il aurait dû y avoir une autre carte entre les deux.
Ce que le député de Laval mentionne, c'est que tout de
même, à travers tout cela, on serait sensé prévoir
un certain minimum. Le député vient de dire que tout le processus
prend au moins deux ans, deux ans et demi. Déjà, il convient
qu'il ne faudrait pas qu'il se passe quelque chose pendant ces deux ans et demi
parce que c'est le délai nécessaire pour y arriver. Il faudrait
donc fixer une espèce de délai minimum pendant lequel la carte
serait exactement la même. Je pense qu'il serait sage de prévoir
cela.
M. Dussault: Cela ne m'apparaît pas nécessaire
puisque, justement, les délais vont jouer ce rôle que vous
voudriez voir jouer en le décrivant très officiellement.
M. Lamontagne: Lisez l'article 35, vous allez voir. Vous vous
mettez dans la situation où une commission ne serait pas en mesure de
respecter la loi 10. On est en train d'établir qu'une commission, pour
faire tout le travail contenu dans les recommandations qui lui sont faites par
le projet de loi no 10, prend environ deux ans, pour travailler normalement, au
moins deux ans. Donc, on sait que si ça prend deux ans; s'il y avait
élection générale à l'intérieur de ce
délai de deux ans, la commission n'aurait pu compléter son
travail. Je pense qu'il serait sage de prévoir, en conséquence
au fur et à mesure qu'on parle, il faut en convenir une
espèce de délai minimum. La durée d'un mandat, c'est
quatre ans, on écrit quatre ans. Si le ministre ne veut pas, qu'il
inscrive trois ans.
M. Bédard: Non...
M. Lamontagne: Cela prend un délai minimum.
M. Bédard: II faudrait peut-être souligner au moins
deux ans.
M. Lamontagne: Deux ans.
M. Bédard: II me semble que le délai est
déjà très bien spécifié dans les articles 28
et 30. Les articles 31 et 32 allongent encore un peu ce délai.
M. Lamontagne: L'article 35 ne pourrait pas être
respecté. En fait, justement, à l'article 28, on établit
que ça prend à la commission au moins deux ans, parce que dans
les douze mois, elle va produire un rapport, dans l'année suivant la
production de son rapport, elle doit entendre des représentations des
députés, des citoyens et des organismes intéressés.
On en arrive à un délai minimum de deux ans.
M. Bédard: Ce qui veut dire très clairement que
lors d'une prochaine élection, s'il y avait un gouvernement, qu'il soit
minoritaire ou autrement...
M. Lamontagne: Autrement!
M. Bédard: ... si l'élection se fait en
deçà du délai de deux ans prévu par la loi,
l'élection se fait sur la carte existant à l'élection
précédente.
M. Lamontagne: L'élection de 1962. M. Bédard:
C'est cela.
M. Lamontagne: L'élection de 1962, c'était une
élection générale.
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: C'est très clairement à l'article 35
que la question va se poser, et peut se poser. Je pense qu'on peut faire...
M. Lamontagne: ... pesant, oui.
M. Dussault: ... l'adoption des articles. Pendant ce temps, on se
demande comment, si c'est nécessaire, on peut clarifier cela à
l'article 35.
M. Lamontagne: Parfait. Où en est-on?
Le Président (M. Laberge): Nous sommes à l'article
28. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 28?
La procédure d'adoption de la
délimitation des circonscriptions
M. Lamontagne: À l'article 28, M. le Président,
avant de proposer un amendement, si on le relit rapidement "Dans les douze
mois, la commission doit proposer une délimitation des circonscriptions
électorales du Québec". On l'a aux articles 29 et 30 "Dans les
douze mois, etc." Mais s'il arrivait que la commission ne juge pas à
propos de proposer une carte avec amendements, qu'arrive-t-il? Dans cet esprit,
pour ouvrir une discussion, il faudrait écrire quelque part à
l'article 28; "Si la commission est d'avis que les circonscriptions
électorales doivent être délimitées de nouveau".
Sans cela...
M. Bédard: Si elle est d'avis que des amendements doivent
être apportés à la carte?
M. Lamontagne: S'il y a des amendements. S'il n'y a pas
d'amendement...
Le Président (M. Laberge): Avant de proposer un autre
amendement, est-ce qu'on pourrait disposer de celui que vous nous aviez
présenté, qui a été reçu?
M. Bédard: Je pense que c'est implicite. Je ne veux pas
jouer au juriste, mais c'est implicite, à l'article 28. On dit que dans
les douze mois, la commission remet au président et au secrétaire
général de l'Assemblée nationale du Québec un
rapport dans lequel elle propose une délimitation des circonscriptions
électorales du Québec. Elle ne mentionne pas les nouvelles
délimitations. S'il y en a des nouvelles, l'Assemblée nationale
prendra acte qu'il y a de nouvelles délimitations. S'il n'y en a pas de
nouvelles, le rapport mentionnera nécessairement qu'il n'y a pas lieu de
faire de nouvelles délimitations et ce sera effectivement le rapport qui
sera présenté par la commission.
M. Fontaine: II sera le même...
M. Lavoie: Même s'il n'y a pas de changement, je pense que
le rapport doit être soumis à une consultation quand
même.
M. Bédard: Oui, de telle façon que si la commission
en est venue à la conclusion qu'il n'y avait pas lieu de faire d'autres
délimitations, la consultation va avoir lieu quand même et
peut-être qu'à la suite de cette consultation, selon les
représentations faites...
M. Lavoie: Elle peut faire les changements.
M. Bédard:... elle peut faire les changements qui
s'imposeront.
Le Président (M. Laberge): L'amendement que vous aviez
proposé, est-ce qu'il est voté ou retiré?
M. Lamontagne: On va reparler de l'article 28 à l'article
35.
M. Lavoie: Est-ce que vous retirez votre amendement?
M. Lamontagne: Oui, je retire mon amendement.
Le Président (M. Laberge): Retiré. L'amendement
proposé par le député de Roberval est retiré.
L'article 28, tel qu'il se lit au projet de loi, est-il adopté?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
29.
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 29, adopté.
L'article 30.
M. Lamontagne: M. le Président, c'est une question
d'abord. On a une énumération: "Dans les douze mois suivant la
remise de son rapport, la commission entend les représentations des
députés, des citoyens et des organismes
intéressés." Il y a un ordre d'énumération qui est
là, mais ne serait-il pas sage d'indiquer que les députés
devraient être consultés en dernier lieu? Je pense que lorsque
nous sommes consultés par la commission, il faudrait connaître un
peu les représentations qui ont été faites dans chacune
des régions et auprès d'organismes.
M. Bédard: Je comprends la préoccupation du
député de Roberval et je pense qu'il n'y a rien qui empêche
cela, avec l'article tel que libellé. Est-ce qu'il y a lieu de faire
dire très précisément par la loi à la commission
qu'elle doit entendre les députés après avoir entendu les
représentations de la population? Je l'avoue, ce n'est pas une question
de principe là-dedans. Je me pose certaines interrogations. Il me semble
qu'il y a lieu de faire confiance aux membres de la commission.
M. Lamontagne: Ce n'est pas seulement une affaire de confiance,
parce que nous, comme parlementaires, nous devons au moins refléter ce
qui est dit dans nos propres régions. À ce moment, on pourrait
facilement dire: "Des représentations des citoyens, des organismes
intéressés et en dernier lieu, des députés". Parce
que, quand on marche de cette façon, même là, quand
quelqu'un lit cela, il dit: Bon, je dois faire des représentations
auprès des députés. Organise-moi une réunion
auprès des députés, ensuite des citoyens.
Mais, on peut clarifier ça, parce qu'en fait, dans notre esprit
à nous, de la manière dont on en a parlé au cours des
derniers mois, du moins, et dans l'esprit avec lequel on va proposer au
ministre un peu plus tard... le député, lorsqu'il doit intervenir
dans ce domaine, si possible...
M. Bédard: Je pense que la préoccupation du
député de Roberval serait mieux atteinte en laissant le
libellé tel qu'il existe...
M. Lamontagne: Vous ne voulez pas? Parfait!
M. Bédard: ... dans le sens suivant, et je m'explique. Il
n'est pas spécifié là-dedans dans quel ordre la commission
doit entendre les représentations, celles des députés par
rapport à celles de la population. Il n'est pas spécifié
non plus que la commission doit entendre tous les députés
à un moment donné et que, l'opération terminée, il
n'y a rien qui empêche la commission d'entendre les
députés, d'entendre la population et, si elle le juge à
propos, de revenir consulter les députés, selon certaines
représentations qu'ils auraient recueillies au niveau de la
population.
M. Lamontagne: Bon! Parfait!
M. Bédard: Cela permet beaucoup plus de latitude...
M. Fontaine: Comme un député est également
un citoyen, il peut être entendu également comme citoyen.
M. Bédard: Oui, et je pense qu'on peut tenir pour acquis
que les députés, quand il s'agit de la consultation de la
population, ce n'est pas la consultation des députés et que les
députés choisiront le forum qui est imparti par la loi pour faire
entendre leurs représentations.
M. Dussault: M. le Président, la loi est assez souple
qu'elle permettrait même d'entendre les députés en
région, ce qui fait que ce n'est pas entendre les députés
au titre qu'on le dit quand on parle de l'Assemblée nationale. Mais ce
serait aussi utile parfois.
M. Lamontagne: ... M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 30 adopté?
Adopté. Article 31.
M. Bédard: Est-ce que ça va?
M. Lamontagne: Oui.
Le Président (M. Laberge): 31 ?
M. Fontaine: Adopté.
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 31 adopté.
32?
M. Lamontagne: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 32 adopté.
33?
M. Lamontagne: Adopté. M. Fontaine: Un instant.
Le Président (M. Laberge): L'article 33 est
appelé.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: À l'article 32, M. le Président, si on
me permet de faire juste une réflexion...
M. Bédard: Oui.
M. Fontaine: On m'informe qu'en 1972, lorsqu'il y avait eu des
modifications à la carte électorale, les parlementaires avaient
demandé à la commission, à ce moment-là, des
renseignements précis, des chiffres sur lesquels la commis- sion se
basait pour en arriver aux résultats qu'ils avaient soumis à la
commission et, à ce moment-là, on leur avait dit qu'il
n'était pas nécessaire de fournir ces renseignements.
Ici, on dit, à l'article 32: renseignements nécessaires.
Est-ce que c'est la commission qui juge que c'est nécessaire ou si ce
sont les membres? C'est-à-dire est-ce que c'est la commission
parlementaire qui juge que les renseignements sont nécessaires ou si
c'est la commission permanente qui va avoir à rendre une décision
là-dessus?
Par exemple, on m'informe qu'on avait demandé, à ce
moment-là, de faire une simulation de vote, par rapport aux
résultats de 1970, avec une nouvelle carte électorale, et cela
avait été refusé.
M. de Bellefeuille: ... de Nicolet-Yamaska est en faveur de
l'article 32?
M. Fontaine: Oui, je suis en faveur de l'article 32, sauf que je
voudrais que ce soit précisé que la Commission permanente de la
représentation se rende aux demandes de la commission de
l'Assemblée nationale lorsqu'elle lui demande des renseignements.
M. Bédard: Je crois qu'il faut laisser quand même
une certaine discrétion à la commission pour juger de ce qui est
nécessaire, pour juger également de l'à-propos des
renseignements qui peuvent lui être demandés. (11 heures)
M. Fontaine: Quand on demande des renseignements, comme l'exemple
que j'ai donné tantôt, faire une simulation du vote avec une
élection précédente... Transposer les résultats du
vote, de la dernière élection avec la nouvelle carte
électorale, qu'est-ce que ça donnerait comme résultat?
M. Bédard: Je serais loin de désavouer...
M. Fontaine: Ces renseignements-là existaient...
M. Bédard: ... une commission qui refuserait de faire la
simulation. C'est une chose que les membres de la commission peuvent
faire...
M. Fontaine: Non, ce n'est pas ça, M. le Président.
La simulation avait été faite, mais on ne voulait pas nous la
donner.
M. Bédard: II me semble que c'est avec raison. Je pense
que la commission est un organisme apolitique; elle a le droit de juger, de
porter un jugement à l'effet de déterminer si certains
renseignements demandés ou certaines exigences formulées par la
commission n'auraient pas pour effet de politiser soit directement ou
indirectement leur commission.
M. Dussault: En vertu du projet de loi no 9, les partis auront
toutes les données nécessaires pour faire la simulation au sens
où vous l'entendez.
M. Fontaine: Justement, ça oblige les partis à le
faire. Quand c'est un travail déjà fait par la commission, je ne
vois pas pourquoi le renseignement ne serait pas donné.
M. Bédard: J'approuverais à 100% une commission qui
refuserait cela parce que ce n'est pas son travail... Elle oriente son travail,
non pas en fonction des votes qui ont été donnés à
tel parti par rapport à tel autre parti à l'occasion d'une
élection, elle oriente son travail sur la base du projet de loi
même, sur une base qui est celle de faire le meilleur découpage
possible, tenant compte de critères tels que ceux qui sont
édictés dans la loi, critères géographiques,
critères socioéconomiques, et les astreindre à faire une
simulation comme cela, ça équivaudrait presque à leur
faire dire que c'est une des considérations dont ils auraient pu tenir
compte dans le découpage de la carte électorale. Je soutiendrais
à 100% une commission qui refuserait...
M. Fontaine: Mais la commission le fait quand même. Dans
les exemples qu'on a eus jusqu'à maintenant, la commission l'avait fait
quand même. En plus de ça, elle l'avait remis à certaines
personnes de partis politiques. Je pourrais vous mentionner des noms.
M. Bédard: Que la commission, pour...
M. Dussault: Cela m'inquiéterait profondément
d'apprendre que la commission, avant même de prendre une décision
finale, fait un tel travail.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Châteauguay, vous avez d'autres commentaires?
M. Fontaine: J'en fais la remarque, là.
Le Président (M. Laberge): C'est sur l'article 32?
M. Fontaine: 32.
Le Président (M. Laberge): Cet article était
adopté mais on a ouvert la parenthèse. J'appelle l'article
33.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 34. J'ai des amendements.
M. Lamontagne: M. le Président... Le Président
(M. Laberge): Oui.
M. Lamontagne: Avant de céder la parole à mon
collègue, le député de Laval, qui, comme vous le savez,
est intervenu à de très nombreuses reprises sur...
M. Bédard: Je comprends que c'est un amendement qui se
situe avant l'article 34.
Le Président (M. Laberge): À l'article 34.
M. Bédard: 34, est-ce que vous nous permettriez de...
Le Président (M. Laberge): J'en ai un en main...
M. Lamontagne: On pourrait peut-être M. le ministre...
M. Bédard: ... globalement avoir une discussion?
M. Lamontagne: ... oui, globalement et ensuite on verra ce que
ça donne. Ce qu'on propose et ensuite, tenant compte de vos
amendements.
Comme vous le savez, en deuxième lecture, nous sommes intervenus
à de très nombreuses reprises, nous interrogeant sur
l'utilité ou la nécessité d'avoir une commission
indépendante décisionnelle. Nous avons rappelé que
déjà nous avions une commission indépendante, donc, la
discussion tournait autour du fait de savoir si la commission devait être
décisionnelle ou non. Le gouvernement a manifesté clairement sa
décision et sa détermination que cette commission soit
décisionnelle. C'est dans cette volonté clairement établie
du gouvernement que la commission doit demeurer décisionnelle, que nous
voulons cependant y insérer le fait que les députés
à l'Assemblée nationale puissent intervenir dans un débat,
lequel n'aurait pas pour conséquence d'amener une décision de
l'Assemblée nationale. Autrement dit, nous voulons ce matin...
M. Bédard: Autrement dit, la commission demeurerait
décisionnelle.
M. Lamontagne: ... décisionnelle.
M. Bédard: Le débat à l'Assemblée
nationale ne le serait pas.
M. Lamontagne: Le débat ne serait sujet à aucun
amendement et à aucune décision de l'Assemblée nationale.
Cependant, nous croyons sain que les députés, après tout
le processus de consultation, puissent avoir l'avantage et je pense que
c'est important pour chacun des comtés respectifs de pouvoir
s'exprimer une dernière fois, par le truchement des caméras,
etc., avec tous les services techniques que nous avons, sur la carte
électorale qui est proposée. Encore là, comme vous voyez,
compte tenu de la position que nous avons prise en deuxième lecture, je
pense qu'on tient compte de l'avis du gouvernement, de sa volonté
clairement établie d'avoir une commission décisionnelle, mais
cependant nous espérons que le gouvernement voudra bien, par
l'intermédiaire du député de Laval, impliquer, comme nous
le souhaitons, les députés dans un processus non
décisionnel à l'Assemblée nationale au cours d'un
débat. Je laisse la parole à mon cher collègue et ami qui
a été l'apôtre, le défenseur...
M. Lavoie: M. le Président, nous nous sommes
penchés sur cette question de la manière la plus objective
possible, la plus sérieuse possible. On a considéré ce qui
se fait dans différents Parlements sur cette question. Nous avons
plaidé, à l'Assemblée nationale, que le Parlement devrait
avoir un dernier mot. Après plusieurs consultations et tout, d'ailleurs
nous l'avons déclaré en commission et à l'Assemblée
ici, nous voulons être le plus objectifs possible. Nous avons reconnu
même qu'on ne peut pas laisser la confection de la carte, comme cela se
faisait anciennement, autant ici qu'ailleurs, uniquement au Parlement, parce
qu'on s'aventurerait dans un processus à ne plus finir, genre
"filibuster" et tout cela. S'il fallait que les députés, se
plaçant dans des positions souvent délicates je ne dis pas
de conflit d'intérêts, mais dans une position délicate
en conflit avec des représentations autant de leurs
électeurs, de leur milieu, avec leurs propres idées sur la
délimitation de leur comté ou des comtés voisins... Nous
avons même déclaré que les parlementaires seuls ne devaient
pas faire la carte. Vous nous proposez l'extrême, les antipodes de cela.
Vous donnez uniquement à des fonctionnaires l'obligation, la
responsabilité de faire une carte électorale. La proposition que
nous allons vous faire va se trouver dans un juste milieu, je crois, pour
être acceptable.
Je comprends également que le gouvernement ne veut pas prendre la
responsabilité lui-même, même à la suite d'une carte
qui est faite par une commission indépendante, d'être
obligé de poser le geste, l'ordonnance gouvernementale. Par contre, la
méthode et le système que vous nous proposez, vous allez
reconnaître avec nous qu'il est assez dangereux. C'est un "shot gun"
comme on dit. La commission décide sans aucun appel, même du
Parlement, même du gouvernement, de la carte électorale. Nous
allons aller aussi loin que laisser à la commission l'autorité
finale de la carte. C'est la commission, sans que le Parlement n'ait de vote
pour se prononcer. L'idéal, dans une saine démocratie, dans un
projet de loi de la sorte, ce serait peut-être les deux tiers de
l'Assemblée, ce serait avoir le plus grand consensus possible de tous
les partis politiques, mais je reconnais avec vous que cela peut être
difficile.
M. Bédard: Oui, et simplement une phrase. Le but que nous
poursuivons par l'instauration d'une commission décisionnelle, c'est que
nous ne voulons, en aucune façon, que la carte électorale soit
taxée d'être la carte d'un parti politique.
M. Lavoie: L'idéal, la proposition que je pourrais vous
faire, c'est que les deux tiers de l'Assemblée nationale, en
général, ce n'est pas un seul parti politique, sauf certaines
exceptions...
Une voix: 1976.
M. Lavoie: Les exceptions. C'est assez rare qu'un Parlement a les
deux tiers.
Une voix: Cela va venir.
M. Lavoie: De la manière dont c'est parti, ça a
l'air que ça va venir la prochaine fois.
M. Bédard: C'est ça.
M. Lavoie: Avec les indications qu'on a...
M. Bédard: Je dis simplement, le but qui était
poursuivi... je laisse le député de Laval continuer.
M. Lavoie: Vous ne voulez pas que ce soit le Parlement qui ait le
dernier mot, d'accord, on va accepter ça. Vous ne voulez pas non plus
que ce soit le gouvernement, le Conseil des ministres, qui rende applicable le
rapport soumis par le commission sous forme d'une ordonnance, parce que
ça prend une décision quelconque de l'exécutif pour dire
que la carte deviendra applicable. Vous avez trouvé un autre
mécanisme qui est uniquement la parution dans la Gazette officielle. Je
ne critique pas, jusqu'à maintenant, mais je n'ai pas vu ça nulle
part ailleurs, uniquement la parution... Il y a des drôles de
systèmes ailleurs que je comprends... À Ottawa, entre autres, la
carte est faite par la commission et la commission prépare une
ordonnance que le secrétaire d'Etat est obligé de
présenter. C'est assez bizarre comme mécanisme, il est
obligé de le faire. Je ne sais pas lequel...
M. de Bellefeuille: C'est à Ottawa.
M. Lavoie: II y a des choses qui ne sont pas si bêtes,
aussi, à Ottawa. Vous me paraissez assez prospères, de votre
côté, tout en étant Canadiens également, et
Québécois.
M. Bédard: Vous aviez un calme qui vous honorait, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Qu'on arrête de me provoquer, quand même,
parce que...
M. Bédard: D'accord.
M. Lavoie: Moi aussi, je suis patriote, j'aime défendre
mon pays, M. le Président.
M. Bédard: Chacun son pays. On peut continuer
maintenant.
M. Lavoie: Par contre, je crois qu'en donnant ce pouvoir
très important, très décisionnel à la commission,
on devrait avoir un autre genre de soupape, et la soupape qu'on vous propose,
que le député de Roberval vous propose, à la suite de la
préparation de la carte et de la consultation des groupes
intéressés, des citoyens et des députés, il devrait
y avoir un dernier débat à l'Assemblée nationale qui ne
serait pas décisionnel, un débat public, un dernier débat
public pour tenter, encore une fois, s'il y a lieu, de sensibiliser la
commission. C'est comme un débat d'urgence, qui n'amène aucune
décision de l'Assemblée, aucun amendement, comme un dernier
recours. Je crois que cela aurait l'avantage, ce serait un peu comme une mise
en garde additionnelle du Parlement, vis-à-
vis de la commission. La commission ferait doublement et triplement
attention dans la préparation de sa carte, parce qu'elle dirait...
Laissez-moi finir, vous me répondrez après, je n'en ai pas
pour longtemps, j'achève.
M. Bédard: C'est seulement une interrogation. M. Lavoie:
Oui, allez-y.
M. Bédard: Je comprends qu'à la suite de ce
débat non décisionnel, pour bien comprendre le sens de votre
proposition, il y aurait la possibilité pour la commission d'apporter
des changements, si elle le juge à propos.
M. Lavoie: Si elle le juge à propos. Elle n'est pas
obligée de le faire. Ce mécanisme, je crois, a été
abordé au Nouveau-Brunswick, il existe en Angleterre et il existe
à Ottawa également. C'est un dernier débat, il y a une
consultation dans le milieu, vous savez comment ça se fait une
consultation? La commission est libre de prendre en considération les
représentations que le milieu ou les citoyens lui font. Il y a
l'Assemblée nationale, la commission est libre de prendre ou non en
considération les représentations des députés et
dans le mécanisme, de la manière dont vous avez
préparé la loi, la commission fait des limitations. Telle que la
loi est faite, "Pow, Shut gun", la carte est en vigueur.
Je vous demande un dernier débat qui peut être
demandé, ou des argumentations, des représentations qui peuvent
être demandées par le milieu aux députés. C'est un
débat qui pourrait durer, au maximum, si la carte était
très bien faite, peut-être qu'il n'y aura pas de débat,
mais il y aurait nécessairement un débat qui n'amènerait
aucun amendement, qui laisserait la commission tout à fait libre de sa
décision, mais ce serait encore une mise en garde à la
commission. La commission dirait: Après ma consultation, il faut que je
fasse attention parce qu'il y a encore un débat au Parlement, à
la télévision ou autre.
M. Bédard: Pourriez-vous expliciter sur le débat?
(11 h 15)
M. Lavoie: Un débat, oui, les députés
auraient le droit à vingt minutes, un débat ordinaire. C'est pour
ceux qui sont intéressés. Qu'est-ce que cela représente?
S'il y a 40 députés qui veulent parler, à 20 minutes
chacun, cela fait 800 minutes. Divisez cela par 60, cela fait 10 ou 12 heures,
quelque chose comme cela.
M. Bédard: Je voulais juste demander si, dans l'esprit du
député de Laval, le débat serait limité?
M. Lavoie: Limité aux 20 minutes par député.
Autrement, un bâillon... Est-ce qu'on va se disputer pour cinq heures? Si
je propose quinze heures, vous allez me dire dix heures. Pour une carte
électorale qui touche les 110 comtés du Québec, c'est
assez difficile de mettre un bâillon, surtout qu'il ne peut pas y avoir
de "filibuster", il n'y a pas d'amendement possible, il n'y a rien de cela.
M. Bédard: Je ne crois pas qu'on parle en terme de
bâillon, parce qu'il arrive qu'il y a des débats limités et
ce n'est pas nécessairement une conclusion à savoir qu'on a mis
un bâillon. C'est tout simplement qu'on a voulu très bien limiter
le temps à un parti pour faire les représentations auxquelles
vous faites allusion.
M. Lavoie: Mettez quinze heures. Cela arrive une fois tous les
trois ou quatre ans. Au lieu de mettre quinze heures, laissez donc le droit de
parole de 20 minutes aux députés. Ceux que cela n'affecte pas, il
n'y a pas grand-chose là.
M. Fontaine: Si je peux me permettre, M. le Président, 20
minutes par député, cela fait 2200 minutes.
M. Lavoie: Si tout le monde parle.
M. Fontaine: Divisé cela par 60 minutes, cela fait 36
heures.
M. Lavoie: Si tout le monde parle. M. Fontaine: Si tout le
monde parle.
M. Paquette: 36 heures, cela peut durer deux ou trois
semaines.
M. Lavoie: II faudrait que tous les députés
parlent.
Une voix:... des "filibusters".
M. Lavoie: Cela vaudrait la peine de le faire, cela voudrait dire
que la carte va être joliment mal faite, si tous les
députés en parlent. Écoutez. Je prévois qu'il peut
y avoir quinze ou vingt députés, vingt-cinq au maximum qui
peuvent parler. Trente, si vous voulez.
M. Lamontagne: Nos règlements sont...
M. Lavoie: Tant mieux si tout le monde parle. Cela voudrait dire
qu'il faudrait que la carte soit mise de côté.
M. Dussault: Pas nécessairement, M. le Président.
Cela peut vouloir dire qu'un parti politique est complètement en
désaccord, pour des raisons politiques seulement, qui n'ont aucun
rapport avec la réalité.
M. Lavoie: D'accord. Vous êtes d'accord avec moi
là-dessus? Disons qu'un parti politique veut faire un genre
d'obstruction. Le maximum que cela peut représenter, c'est 50
députés parce qu'il va être dans l'Opposition et que s'il a
plus que 50 députés, il va être au pouvoir.
M. Dussault: 50 fois 20.
M. Lavoie: 50 fois 20, cela fait 1000, divisés par 60,
cela fait 15 heures.
M. Dussault: Vous voyez ce que cela veut dire, c'est un
débat qui n'a comme raison que de faire des pressions politiques sur la
commission.
M. Lavoie: Quinze heures, est-ce que c'est la fin du monde sur
une question aussi importante qui touche les 110 comtés au
Québec? Je pense qu'à quinze heures, vous l'accepteriez.
M. Bédard: Je ne veux pas engager la discussion tout de
suite. Il faudrait que le député de Laval termine parce qu'il ne
faut pas parler du débat comme si auparavant, il n'y avait eu aucune
consultation des députés. Il faudrait quand même se
rappeler qu'il y a et c'est une obligation de la part de la
commission, une consultation des députés. Et le
débat...
M. Lavoie: M. le Président, il faut être assez
prudent. Je réponds au ministre. On n'a pas mis un mécanisme
très sévère pour la consultation. Je ne vous demande pas
de tout mettre... J'ai encore un élément de confiance dans la
démocratie. Qu'est-ce qui arrive en commission parlementaire si, au bout
d'une journée, le côté ministériel dit: C'est assez,
la commission est suffisamment informée, et met fin, par un simple vote
de l'Assemblée nationale... Cela peut arriver.
M. Bédard: Si une telle attitude était
manifestement un bâillon de la part du parti ministériel, je pense
que, du point de vue politique, ce ne serait pas la meilleure attitude, quel
que soit le gouvernement qui serait au pouvoir.
M. Lavoie: Je pense que c'est le minimum qu'on vous demande, que
les députés, même s'ils n'ont aucun pouvoir
décisionnel dans ce débat... c'est un dernier appel à la
commission...
M. de Bellefeuille: Juste une suggestion au député
de Laval. Pourquoi pas un débat restreint dans le sens des débats
du mercredi, où il y aurait vraiment un partage du temps, mais sur une
période plus courte?
M. Lavoie: Messieurs, ce n'est pas une motion du mercredi. Ce
n'est pas une motion dilatoire.
M. de Bellefeuille: Vous dites que les motions du mercredi sont
des motions dilatoires?
M. Lavoie: M. le Président, laissez-moi terminer.
Une voix: Le mercredi, il y a quatre intervenants.
M. Lavoie: Vous savez, M. le député de
Deux-Montagnes, que le débat du mercredi dure à peu près
une heure et demie. On commence à 15 heures et on termine à 18
heures, y compris la période des questions et tout.
M. de Bellefeuille: C'est deux mercredis, c'est le double de
cela.
M. Lavoie: Est-ce que vous croyez quand même un peu
à la démocratie? J'enlève au Parlement le droit de
décider de la carte. Donnez donc un débat qui, en l'occurrence,
peut être de quinze heures. Croyez-vous encore à la
démocratie, ou si vous voulez bâillonner tout le monde?
M. Bédard: M. le Président.
M. de Bellefeuille: Qu'est-ce que c'est que ce procès
d'intention?
Le Président (M. Laberge): À l'ordre,
messieurs!
M. Lavoie: Ce n'est pas décisionnel.
M. Bédard: M. le Président, je ne voudrais pas
je pense qu'on se fait des mises en garde de part et d'autre
qu'on charrie sur la démocratie. Je n'accepte pas je ne veux pas
en faire un débat, je l'ai dit qu'on prétende de quelque
manière que ce soit que c'est une attaque à la démocratie
que de prendre une décision dans le sens qu'il y a une commission
décisionnelle concernant la carte électorale.
M. Fontaine: Vous avez droit à votre opinion, nous avons
le droit à la nôtre.
M. Bédard: Ce n'est pas ma conviction, parce que je pense
que l'Assemblée...
M. Fontaine: Nous autres, la nôtre, c'est cela.
M. Bédard: Mais oui, mais je tiens à vous le
dire.
M. Fontaine: Nous avons le droit à notre opinion. Vous
avez bien beau ne pas l'accepter, nous autres, la nôtre, c'est cela.
M. Bédard: Je tiens à ce que ce soit inscrit, parce
que l'Assemblée nationale décide quand même de tous les
critères qui devront être suivis par une commission qui aura la
responsabilité de faire une nouvelle carte électorale.
L'Assemblée nationale décide de la composition de cette
commission-là. Je ne veux pas énumérer plus qu'il n'en
faut, mais il est clair que l'Assemblée nationale assume les
responsabilités qu'elle doit assumer. De plus, la commission n'a pas le
mandat de faire une carte électorale en se fichant de qui que ce soit,
parce qu'il y a dans la loi une obligation je dis bien "une obligation",
ce qui n'était pas le cas auparavant de consultation de la
population, une obligation de consultation des députés. Je tiens
simplement à dire pour les fins du journal des Débats que c'est
loin d'être un accroc à la démocratie c'est ma
profonde conviction et que c'est plutôt un effort, dans le respect
de la démocratie justement, pour faire en sorte qu'une carte
électorale, quelle qu'elle soit, ne puisse être
taxée d'être une carte d'un parti politique. Je pense que
cela est important du point de vue démocratique.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval, vous avez encore un bon temps de parole, parce qu'on vous a interrompu
plusieurs fois.
M. Lavoie: M. le Président, quelques minutes. Oui, je sais
bien, on m'a interrompu plusieurs fois.
Le Président (M. Laberge): C'est ce que je veux
souligner.
M. Bédard: Dans la discussion que nous avons
présentement, l'Union Nationale a-t-elle des représentations
à faire concernant...
M. Lavoie: Je voudrais terminer dans quelques minutes.
M. Fontaine: Aussitôt que le député de Laval
aura terminé, M. le Président...
M. Bédard: D'accord.
M. Lavoie: M. le Président, je vous dis qu'il y a lieu,
avant que cette décision ne devienne automatique, finale et lie tous les
députés, le Parlement, le gouvernement et toute la population,
d'avoir une dernière garantie minimale, je crois. Je pense qu'on avait
peut-être cinq sortes d'amendements. Dans certains Parlements, il y a
même deux débats. Il y a un premier débat. Après
cela, cela retourne devant la commission, suite à la
représentation. La commission est libre d'en prendre
considération ou non. Cela revient encore devant l'Assemblée et,
même, il y a un vote de l'Assemblée, sans amendement ou quoi que
ce soit. Vous savez, je vous en avais parlé. C'est un genre de
bloc...
M. Bédard: II y a plusieurs systèmes.
M. Lavoie: II y a plusieurs systèmes, mais je pense bien
que la proposition qu'on vous fait, c'est le strict minimum. Quand on tente de
limiter à dix heures, quinze heures ou vingt heures, je pense que ce
sont des pattes de mouches. Pour n'importe quel petit projet de loi à
l'Assemblée...
Une voix: D'une ligne.
M. Lavoie:... pour un projet de loi d'un article qui a beaucoup
moins d'implication, le droit de parole est de vingt minutes pour tous les
députés avec une motion de report à six mois ou à
un an où les députés ont encore droit à dix minutes
chacun. On étudie 200 projets de loi par année. Même en
troisième lecture sur le même projet de loi, un chef de parti a le
droit à une heure, tous les députés ont le droit à
dix minutes sur n'importe quel projet de loi. Là, je vous dis que c'est
sur la carte électorale, la géographie électorale de tout
le Québec qui concerne à peu près tous les citoyens. C'est
pour cela que ce serait même odieux de proposer une limite de quinze
heures lorsqu'on sait qu'en pratique, s'il n'y a pas d'amendement, s'il n'y a
pas de décision de l'Assemblée, au maximum, cela peut durer
quinze ou vingt heures. Cela va arriver à tous les deux, trois ou quatre
ans. C'est une dernière chance de sensibiliser l'opinion publique. C'est
possible. C'est fait par des hommes cette carte-là. Ils ont le droit
d'errer. Cela fera peut-être même l'affaire du gouvernement. Le
gouvernement va être lié par cette carte-là. Même le
gouvernement, qui est la dernière autorité en
général pour adopter les arrêtés en conseil, n'a
aucune autorité sur cela. Cette dernière soupape dans certaines
circonstances peut même... Si, en l'occurrence, la carte est mal faite
peut-être à 15% ou 20% et que le gouvernement est lié par
cela, peut-être que ce serait fort utile d'avoir ce
débat-là. Cela n'aide pas seulement l'Opposition, cela peut aider
le gouvernement, le Parlement dans son ensemble, la population et tout. Je
pense bien que c'est un strict minimum qu'on vous demande.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Lors du discours en
deuxième lecture, j'avais clairement indiqué, au nom de mon
parti, l'Union Nationale, que nous désirions le plus ardemment possible
avoir dans la loi 10 un contrôle des parlementaires sur la
décision de la commission de la représentation. À ce
moment je pense qu'on avait été assez clair, dans le sens que
notre vote était conditionné à l'obtention de ce
contrôle par les parlementaires, et ce parce que nous avons la conviction
profonde que la qualité de notre vie démocratique en
dépend.
Quand une commission permanente de la représentation
électorale va décider, de façon unilatérale, de la
délimitation des circonscriptions électorales, je pense que le
processus démocratique est atteint et qu'il faut véritablement
s'élever contre cette façon de procéder. Les
députés de l'Union Nationale, et, j'en suis sûr, tous les
députés à l'Assemblée nationale désirent
exercer leur mandat populaire de la façon la plus complète,
pleinement et entièrement. Dans ce sens, nous voulons prendre nos
responsabilités et avoir notre mot à dire sur la
délimitation des circonscriptions électorales. Quand on nous
parle de la commission de la représentation qui va exercer un mandat en
effectuant seulement des consultations publiques, j'aime mieux qu'il y ait un
débat public là-dessus, que les députés s'expriment
franchement et clairement à l'Assemblée nationale sur le projet
de carte électorale qui sera présenté, plutôt que de
le faire en catimini, en dessous de la table, en essayant d'influencer les
commissaires de quelque façon que ce soit par des appels
téléphoniques ou des rencontres qui pourraient se faire.
M. le Président, qu'on le veuille ou non, quand un
député, un membre de l'Assemblée nationale
voit ses délimitations de comté changer, cela influence
considérablement ses agissements, les actes qu'il peut poser. Je pense
que c'est important que les députés qui vont vouloir se prononcer
sur la délimitation de leur circonscription électorale le fassent
de façon publique, de façon honnête et sincère
devant la Chambre, devant l'Assemblée nationale, devant les
caméras de télévision qui vont nous regarder, qui vont
nous écouter. Je pense que c'est absolument nécessaire pour que
notre processus démocratique soit maintenu.
M. Bédard: Si vous permettez...
M. Fontaine: Cependant, si vous le permettez, je voudrais
continuer, le ministre pourra intervenir après.
M. Bédard: Oui, d'accord...
M. Fontaine: Je pense que les propositions que nous serions quand
même en mesure d'accepter, même si nous ne sommes pas d'accord sur
le fait que la commission ait un pouvoir décisionnel...
M. Bédard: Question de règlement.
Le Président (M. Laberge): Question de
règlement...
M. Bédard: M. le Président...
M. Fontaine: M. le Président, je n'ai attaqué
personne, je ne vois pas ce qui se passe.
M. Bédard: Non, vous ne semblez pas avoir conscience des
allusions que vous faites.
M. Fontaine: Ce n'est pas une question de règlement!
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président, je vous le demande. Par ses allusions, le
député de Nicolet-Yamaska laisse entendre que des pressions ont
pu être exercées sur les membres de la commission permanente qui
existe à l'heure actuelle.
M. Fontaine: M. le Président, ce n'est pas une question de
règlement, c'est une opinion...
M. Bédard: Je tiens à dire, à rappeler que
la commission a été entendue.
M. Fontaine: ... qu'il veut émettre. S'il veut en
émettre une, il parlera après. (11 h 30)
M. Bédard: Je tiens à dire que la commission a
été entendue et qu'elle a dit très clairement qu'elle
n'avait eu aucune pression, malgré les allusions qui avaient
été faites en ce sens par certains partis de l'Opposition.
M. Fontaine: Justement, M. le Président, cela me donne
raison. C'est parce que la commission actuelle n'a pas un pouvoir
décisionnel et que les députés ont pu se prononcer
publiquement qu'il n'y en a pas eu.
Le Président (M. Laberge): Non, à ce
moment-là...
M. Fontaine: Ce n'est pas sûr que ce soit la même
chose pour la nouvelle commission que vous voulez former.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Bédard: Si vous prétendez qu'il y en a eu, soyez
homme et dites-le.
M. Fontaine: C'est justement le contraire que je dis. Vous ne
comprenez jamais rien.
M. Bédard: Alors, arrêtez de faire des
allusions.
M. Fontaine: Vous essayez toujours de nous interrompre quand on
reçoit des invités.
M. Bédard: Oui, je me permets de vous interrompre quand
vous laissez planer des doutes sur une commission indépendante comme la
commission permanente qui existe à l'heure actuelle.
M. Fontaine: Écoutez donc un instant et vous allez mieux
comprendre.
M. Bédard: Là, je me permets de vous
interrompre.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska, à l'ordre!
M. Lavoie: C'est le député de Nicolet-Yamaska qui
avait la parole.
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
M. Bédard: Je croyais de mon devoir de rectifier.
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, M. le
ministre. Je rappelle au député de Nicolet-Yamaska que ses
paroles se rapportaient à une question de règlement et qu'il
pouvait intervenir selon l'article 99.7, dans ce cas-là.
M. Fontaine: Je respecte votre opinion, M. le Président,
mais je maintiens que je n'ai jamais dit que la commission actuelle avait subi
des influences des parlementaires. Ce n'est pas cela du tout que j'ai dit. Si
le ministre avait écouté, il aurait compris tout à fait le
contraire. Je dis que, si on veut un pouvoir décisionnel à la
commission, il est possible qu'à ce moment il y ait des influences sous
la table, parce que les députés ne pourront
pas se prononcer publiquement. C'est ce que nous voulons éviter
en proposant que les parlementaires aient à se prononcer
publiquement.
Même si, en deuxième lecture, nous avons dit que nous
voyions cette chose comme un principe fondamental, nous serions peut-être
prêts aujourd'hui à laisser un peu de laisse au ministre et
à accepter que les parlementaires n'aient pas de pouvoir
décisionnel. Mais au moins qu'ils puissent se prononcer publiquement
à l'Assemblée nationale, dans un débat qui pourrait durer,
je pense, le temps d'une intervention de vingt minutes par
député. Je pense qu'il est primordial que chaque
député de l'Assemblée nationale se prononce et je ne pense
pas que les députés du gouvernement, par exemple, les
députés ministériels, soient intéressés
à ce que le débat soit limité, parce que, si le
débat est limité, ils savent fort bien qu'ils n'auront presque
pas de temps pour se prononcer. Dans le cas, par exemple, des
députés du Lac-Saint-Jean qui, actuellement, n'acceptent pas du
tout le cinquième rapport, il est fort possible que ces gens seraient
intéressés à se prononcer à l'Assemblée
nationale pendant une période de vingt minutes; je ne pense pas que ce
soit exagéré. Si on limite le débat, à ce moment,
ce seront les députés ministériels qui en souffriront,
parce que ce seront les députés de l'Opposition qui essaieront de
prendre le plus de temps possible.
Pour terminer, je dis simplement que nous sommes prêts à
accepter que la commission ait un pouvoir décisionnel, mais que les
députés de l'Assemblée nationale puissent se prononcer
dans un débat public où il pourrait y avoir des discours de vingt
minutes par député, afin que chacun des députés qui
sont intéressés, qui ont des représentations à
faire quant à la délimitation des circonscriptions
électorales proposées par la Commission de la
représentation puisse le faire en toute quiétude et en toute
liberté, comme cela doit se faire dans tout Parlement
démocratique.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, on invoque la qualité
de la vie démocratique. Je ne pense pas qu'un débat à
l'Assemblée nationale, dans le contexte, contribue à la
qualité de la vie démocratique. Je vais vous dire pourquoi. Tout
d'abord, on invoque la responsabilité de l'Assemblée nationale.
Je pense que l'Assemblée nationale prend ses responsabilités.
Elle définit les critères dans lesquels la commission
fonctionnera. Elle en nomme les membres. Elle fixe les modalités de
fonctionnement. Elle décrit un mécanisme de consultation non
seulement des politiciens, mais également du public, parce que la
démocratie, ce ne sont pas seulement ceux qui sont à
l'Assemblée nationale. Je comprends que nous avons un mandat de la
population, que nous avons été élus par la population,
mais très souvent il y a différents courants d'opinion dans la
population sur toutes les questions. Je pense que ce projet de loi
améliore, à ce point de vue, la qualité de la vie
démocratique.
Deuxièmement et nous avons fait amplement le débat
de deuxième lecture là-dessus en laissant le pouvoir
décisionnel aux membres de l'Assemblée nationale, comme les
membres de l'Opposition l'auraient souhaité au début, on favorise
toutes les espèces de tractations que nous avons connues dans le
passé et qui consistaient à échanger des électeurs
pour assurer... Laissez-moi...
M. Lamontagne: C'est assez compréhensible. Lorsque
quelqu'un parle, d'un côté de la table, de tractation c'est
épouvantable, mais quand l'autre en parle... Vous-même, vous venez
de parler de tractation. Est-ce que vous auriez l'amabilité, la
décence d'énumérer les tractations qu'il y a eu, M. le
député de Rosemont?
M. Paquette: M. le Président, je pense que j'ai...
M. Fontaine: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait me laisser continuer à
parler, s'il vous plaît?
M. Lamontagne: Vous êtes très insultant, d'un
côté, et vous, la minute que c'est votre vérité,
elle est bonne.
M. Fontaine: M. le Président, question de
règlement.
M. Lamontagne: Qu'est-ce que vous venez de dire?
M. Paquette: Est-ce que j'ai dit que vous faisiez des
tractations? Je n'ai pas mentionné de parti ni de
député.
M. Fontaine: M. le Président, question de
règlement.
M. Paquette: J'ai parlé de l'ensemble des parlementaires,
la possibilité qu'il y ait des tractations.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Rosemont, une question de règlement.
M. Dussault: Quel genre de débats on aurait, M. le
Président...
M. Fontaine: M. le Président, sur la base du même
article et de la même décision que vous avez rendue tantôt,
je voudrais tout simplement reprendre l'allégation que vient de faire le
député de Rosemont à savoir que lui, il va beaucoup plus
loin que ce que j'ai dit tantôt. Moi, j'ai dit: II y a des
possibilités de tractations dans l'avenir. Et lui il dit qu'il y en a eu
dans le passé. Tantôt, le ministre
m'a sommé de mentionner des tractations, alors qu'il fasse la
même chose.
M. Paquette: M. le Président, si on veut me laisser
continuer, s'il vous plaît.
M. Bédard: Je voudrais juste vous faire remarquer que vous
parliez de la commission permanente.
M. Lamontagne: Bien, des tractations...
M. Fontaine: Des tractations avec la commission actuelle, qu'il
vient de dire.
M. Paquette: M. le Président, j'ai donné à
l'Assemblée nationale, un exemple de tractation parmi bien d'autres qui
se sont produites dans le passé, il y a déjà un certain
nombre d'années. J'ai parlé d'un comté
découpé en U pour assurer une majorité électorale
à un député. Je n'ai pas à le nommer. Je pense
qu'on peut retrouver les sources facilement. Je pense que c'est connu qu'il y a
eu de telles tractations par le passé. Je n'ai accusé personne
d'en faire. Je n'ai pas dit que c'était l'apanage d'un parti politique
ou d'un autre. Je dis que quand on touche et on le voit par les
réactions à cette commission parlementaire à
quelque chose d'aussi vital pour un député que la circonscription
qui l'a fait élire, il y a ce danger de conflit d'intérêts.
C'est tout ce que j'ai dit, M. le Président.
On nous dit qu'avec ce débat, on va améliorer la
qualité de la vie démocratique. Moi, je pense, au contraire, que
c'est par l'indépendance de la commission, en autant qu'il y a un
processus de consultation adéquat bien encadré, comme on le fait
dans cette loi, qu'on va éviter ce genre de tractations qui est toujours
possible, même actuellement, et qu'on va donner plus de place à
l'opinion des citoyens, aux divers courants d'opinions qu'il y a dans la
population.
Maintenant, on nous dit: Un débat à l'Assemblée
nationale va favoriser la qualité de la vie démocratique. M. le
Président, je ne pense pas que ce soit en ayant un débat à
l'Assemblée nationale, d'abord, qu'on va éviter ces influences en
dessous de la table dont parlait le député de Nicolet-Yamaska. Ce
n'est pas parce qu'il va y avoir un débat public à
l'Assemblée. S'il y en a qui veulent essayer de poser des gestes et
influencer la commission, cela va se faire, qu'il y ait débat ou non. Au
contraire, on pourrait même dire que la commission, sachant qu'elle va
être soumise à des pressions politiques, va peut-être se
sentir beaucoup moins indépendante que si on n'a pas ce débat de
dernière instance à l'Assemblée nationale. Surtout, je
pense que la qualité de la vie démocratique dans notre
société, cela dépend du respect que les citoyens ont pour
les institutions politiques. Je vous avoue que quand je voyais les
parlementaires se chamailler à l'Assemblée nationale, qu'on
entendait les accusations fuser de part et d'autre "Vous êtes en
train de vous découper un comté à votre goût". "Non
ce n'est pas vrai, c'est vous qui le faites" la qualité de notre
vie démocratique en souffrait et la crédibilité des
institutions démocratiques de notre société en souffrait
grandement quand les citoyens voyaient ce qui se passait à
l'Assemblée nationale.
Je pense que, bien sûr, cette proposition qu'on nous fait
n'attaque pas le principe de la loi, mais elle va un peu dans le sens du
maintien de ce genre de foire qu'on retrouvait autrefois à
l'Assemblée nationale et qu'il faut éliminer, à mon
avis.
M. Lamontagne: Franchement, je vous dis que quand on vous
écoute parler, on comprend la population de voter contre vous autres.
C'est épouvantable.
M. Paquette: Si le député de Roberval
faisait...
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, messieurs!
À l'ordre!
M. Lamontagne: Vous insultez le parlementarisme à tour de
bras.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Rosemont...
M. Paquette: M. le Président, si le député
de Roberval faisait un peu de porte-à-porte... Il en fait?
M. Lamontagne: Nous, on ne se promène pas avec des
voitures, des drapeaux et des parades, on va voir les gens, c'est pour cela
qu'on les gagne.
M. Paquette: Est-ce que vous avez vu un changement dans l'opinion
de la population depuis que...
M. Lamontagne: Draconien.
Le Président (M. Laberge): À l'ordre!
M. Lamontagne: 60, 62%, 32.
M. Bédard: Cela revient exactement à la suffisance
qui vous fera perdre encore les prochaines élections.
M. Paquette: Votre arrogance ne vous mènera nulle part, et
vous le verrez.
Le Président (M. Laberge): J'aimerais qu'on s'en tienne
à l'article 34.
M. Bédard: On n'est pas ici pour discuter des prochaines
élections ni des élections partielles.
M. Paquette: M. le Président, évidemment, le
député de Roberval ne m'a pas laissé finir ma phrase.
Est-ce que vous avez vu une différence en ce qui concerne la
crédibilité des institutions parlementaires depuis quelques
années? Il y en a
eu une. Je pense que la crédibilité de l'institution
parlementaire a augmenté dans l'opinion publique, indépendamment
des partis, parce qu'on a réussi à assurer une
indépendance des partis, des sources de financement. Je pense que ce
projet de loi va contribuer, également, à rehausser la
crédibilité de nos institutions parlementaires.
Il y a d'autres recours pour les parlementaires; je pense qu'il ne faut
pas le nier aux parlementaires et aux partis politiques, le droit de faire
connaître leur opinion sur une carte électorale. Il y a une
commission parlementaire qui va étudier le rapport de la commission;
différents partis politiques vont pouvoir émettre leur opinion,
les faire connaître au public, comme c'est normal. Egalement, si le
projet était carrément inacceptable, si l'on disait: Tout
à coup c'est tout à fait inacceptable, tout le monde s'entend
là-dessus, je pense qu'il y a d'autres recours; on peut faire des
débats à l'Assemblée là-dessus, on peut prendre les
mesures qu'il faut. Mais institutionnaliser encore une fois cette espèce
de foire où tout le monde s'accuse mutuellement de vouloir orienter la
carte: La carte ne fait pas l'affaire de mon comté, ne contribue
aucunement à rehausser la qualité de notre vie
démocratique...
M. le Président, je pense que tous les partis ont d'autres
recours pour faire connaître leur opinion. L'Opposition peut toujours
demander un débat d'urgence, un débat du mercredi
là-dessus.
Une voix: Une conférence de presse.
M. Paquette: Je pense que ça doit être une
procédure tout à fait exceptionnelle, et non pas une loi
générale qui serait inscrite dans le projet de loi et qui
viserait à permettre aux parlementaires de faire une dernière
pression politique sur la commission qu'on veut indépendante, justement,
des intérêts des membres de l'Assemblée nationale et des
partis politiques.
M. Bédard: M. le Président...
M. Fontaine: M. le Président, en vertu de l'article 99, je
voudrais tout simplement essayer de rétablir certains faits.
Une voix: L'article 96.
M. Fontaine: L'article 96. Le député de Rosemont a
mentionné qu'il y avait eu des tractations, à un moment
donné, il parlait d'un comté en U. Si je me situe bien, à
ce moment-là, c'était aux alentours de 1965, s'il y avait eu des
tractations, comme il l'a dit, à ce moment-là, la commission
n'était pas formée puisqu'elle a été formée
en 1971.
M. Paquette: M. le Président, c'est un peu plus tard que
cela, mais, effectivement, c'était avant la réforme de 1972, et
dans mon discours de deuxième lecture, à l'Assemblée
nationale, je l'ai précisé. D'accord? Mais je ne vois pas ce que
ça change au débat.
Le Président (M. Laberge): Votre mise au point est faite,
en vertu de 96.
M. Bédard: M. le Président...
M. Fontaine: II n'y avait pas de commission.
M. Bédard: Je tiens à le dire, je suis quand
même heureux de constater le changement d'attitude des oppositions sur un
point, celui de reconnaître que le fait que la commission soit
décisionnelle, c'est loin d'être la mort de la démocratie
au Québec. Au contraire et c'est ma conviction je crois
que le fait que la commission soit décisionnelle constitue une
amélioration de la qualité démocratique parce qu'elle
élimine l'accusation qui pourrait être portée, que la carte
électorale soit celle d'un parti politique. (11 h 45)
Je pense que c'est déjà un changement d'attitude par
rapport aux propos tenus par les Oppositions lors de la deuxième lecture
sur ce point particulier. Je suis d'accord également que le débat
auquel font allusion les Oppositions ne vient pas en contradiction avec le
principe du projet de loi.
Il y a, cependant, certaines échéances que nous devons
considérer. Nous allons faire l'évaluation nécessaire et
je demanderais, si les Oppositions et les membres de la commission sont
d'accord, étant donné qu'on vient d'aborder ce sujet et que nous
n'avons pas d'amendement rédigé de façon précise
par le député de Laval...
M. Lavoie: Mon amendement est déposé. C'est le
député de Roberval qui a fait l'amendement.
Le Président (M. Laberge): Non, ce n'est pas fait
encore.
M. Bédard: Me permettez-vous de terminer avant, justement,
le dépôt de l'amendement? Etant donné que nous n'avons pas
de dépôt d'un amendement en bonne et due forme je n'en fais
pas reproche à l'Opposition je pense que ce qui est l'intention
de l'Opposition et des membres de la commission est que nous ayons
préalablement un débat, le plus large possible, sur l'ensemble de
cette question.
Si les membres de la commission sont d'accord, je demanderais qu'on
suspende les articles 34 et 35, aux fins de faire les consultations
nécessaires. Il y en a qui sont nécessaires, même du point
de vue technique. Etant donné les délais qui sont impartis par la
loi, je crois que cela mérite une certaine évaluation avant de
pouvoir être en mesure de faire part de notre position
définitive.
Nous pourrions suspendre les articles 34 et 35...
Une voix: L'article 33 aussi.
M. Bédard: Non, l'article 33 est adopté. Je ne
crois pas que cela... Selon les propos que j'ai
entendus des députés de Laval et de Roberval, il est
évident que ce débat, s'il devait avoir lieu, se situerait
après les consultations auprès des députés et des
organismes.
Le Président (M. Laberge): Avant de suspendre cet article
et peut-être le suivant, j'ai, dans l'ordre, les députés de
Vanier, de Roberval et de Deux-Montagnes qui m'ont déjà
demandé la parole.
M. Bertrand: Plusieurs intervenants y ont fait allusion et je
suis content de constater l'ouverture d'esprit du ministre qui, comme
d'habitude, essaie d'adopter, face aux expressions d'opinion de l'Opposition,
l'attitude la plus positive possible. Moi aussi, je vous avoue qu'il y a des
arguments de l'Opposition, toute opposition qu'elle soit, qui méritent
d'être pris en considération à l'occasion.
Je ne suis pas du tout d'accord, par contre je veux le signifier
immédiatement sur le genre d'argument que le député
de Nicolet-Yamaska, avec tout le respect que je lui porte, apportait quant
à la qualité de la vie démocratique, s'il fallait que les
parlementaires, uniquement consultés, avec d'autres groupes et d'autres
citoyens qui ont droit aussi au chapitre, qui ont droit de parler dans
notre société étaient dispensés à
l'Assemblée nationale de pouvoir intervenir une dernière fois, de
façon privilégiée. C'est peut-être un peu normal,
mais indiquer qu'à cause de l'absence de débats à
l'Assemblée nationale, c'est toute la qualité de notre vie
démocratique qui se trouve remise en cause, moi, personnellement, je
trouve cela blessant pour l'ensemble de la population du Québec, parce
que j'ai toujours eu l'impression...
M. Lamontagne: Vous avez la blessure facile, M. le
député.
M. Bertrand: Ah, bien, je pense que l'ensemble de la population,
si elle avait écouté vos propos ce matin...
M. Bédard: Chacun a le droit de choisir ses blessures.
M. Bertrand: II n'y avait pas beaucoup de monde dans la salle
ici, mais quand le député disait, par exemple si je
rapporte mal ses propos il me le dira que si on fait cela, cela pourrait
prêter le flanc à des tentatives, à des intentions de
trouver des moyens détournés pour faire connaître son
opinion et tenter d'exercer une pression sur les commissaires, etc...
M. Fontaine: C'est ça.
M. Bertrand: Cela, c'est dangereux pour la qualité d'une
vie démocratique, et le seul fait que le député de
Nicolet-Yamaska ait même osé simplement esquisser la
possibilité que ces choses puissent se produire, je me dis que la
population jugera. Mais, mon point de vue là-dessus, c'est que plus on
peut élargir la consultation, plus on peut introduire de personnes dans
des positions relativement à la délimitation des circonscriptions
électorales, plus je me dis qu'on favorise l'exercice
démocratique.
M. Fontaine: On ne nie pas ça.
M. Bertrand: Non, je sais, mais vous avez eu une façon
subtile d'indiquer que s'il fallait qu'après que tout ça
eût été fait, c'est-à-dire consulter la population,
les citoyens, les groupes intéressés et les
députés, on empêche en plus les députés
d'avoir un droit de parole à l'Assemblée nationale relativement
au rapport final de la commission, à ce moment-là, à votre
point de vue, la qualité de la vie démocratique se trouvait
à être réduite.
M. Fontaine: C'est que, M. le Président, il n'y a rien
dans la loi qui dit que la commission va être obligée de tenir
compte des représentations de la population. Si jamais il arrivait que
la commission fasse un rapport selon lequel les délimitations sont
telles qu'elle ne tient pas compte des représentations de la population
et des députés, je pense qu'il serait normal que, dans un dernier
débat à l'Assemblée nationale, les députés
aient l'occasion de faire voir à la commission qu'elle n'a pas tenu
compte des arguments qui lui étaient soumis.
M. Bertrand: M. le Président, autant j'ai l'impression que
la commission ne serait même pas obligée, en tant que telle,
d'obtempérer aux demandes faites par les parlementaires à
l'Assemblée nationale, autant j'ai l'impression, à l'inverse,
autant je pense qu'il ne faut pas leur prêter de mauvaise foi
là-dedans. Ce sont quand même des gens qui ont une
responsabilité à assumer et je suis davantage d'accord avec le
député de Laval, qui dit: II faut quand même faire un
minimum de confiance aux gens. J'ai bien l'impression que s'ils vont se
promener dans toutes les régions du Québec et qu'ils entendent
des groupes, des individus et des députés, je ne trouverais pas
ça brillant, quant à moi, si leur réaction était de
conclure qu'il ne faut pas en tenir compte au niveau de la présentation
d'un rapport final de délimitation des circonscriptions
électorales. Je pense qu'il faut, au minimum, accorder le
bénéfice du doute à des gens dont la responsabilité
c'est, tout de même, une fois la consultation menée, de tenir
compte des opinions qui ont été émises, en sachant fort
bien qu'évidemment, ils vont être obligés de trancher,
à un moment donné, dans l'ensemble des opinions qui sont
émises, de la même façon qu'ils auraient à le faire,
même si l'ensemble des députés de l'Assemblée
nationale se prononçait sur le rapport qui leur est soumis.
Dans ce sens-là, quant à moi, la qualité
démocratique, je la trouve, au contraire, davantage suivie à
l'intérieur de ce projet de loi que si on limitait aux seuls
députés le soin de donner leur opinion sur la question. Autant je
suis ouvert face à la position de l'Opposition quant à la
participation privi-
légiée des parlementaires, autant, par contre c'est
peut-être là que le ministre a voulu, dans le fond, suspendre
l'étude de l'article la proposition qui est faite par le
député de Laval a quelque chose d'inacceptable quant à
moi. C'est bien évident que, tous autant que nous sommes, moi le
premier, si jamais, devant l'Assemblée nationale, le rapport est
étudié, je vais être intéressé, comme
député du comté de Vanier, à donner mon avis. Que
la délimitation soit bonne ou mauvaise, ne serait-ce que pour profiter
de l'occasion pour dire quelque chose sur la délimitation qui a
été faite de mon comté, je pense que j'aurais
intérêt à le faire. On a toujours...
M. Lavoie: II n'y a rien de mal dans ça. C'est la
démocratie!
M. Bertrand: II n'y a rien de mal dans ça. Il y a toujours
des possibilités que la proposition faite par la commission ne soit pas
tout à fait exactement ce qu'on aurait aimé qu'elle soit et qu'on
profite de l'occasion pour le dire.
M. Lavoie: Puis?
M. Fontaine: On fait de la publicité...
M. Lavoie: Et puis?
M. Bertrand: Oui, mais...
M. Fontaine: L'information au public.
M. Bertrand: ... ce que je ne peux pas admettre, et le
député de Laval, qui est un vieux routier du parlementarisme, qui
a une longue connaissance de nos institutions, sait fort bien que si chacun des
110 députés se décide à prendre ses 20 minutes,
ça fait un débat... Lui, il sait ce que c'est, des heures de
parlementarisme. Il sait que, quand on parle de dix heures, ce n'est même
pas une semaine de débat, c'est plutôt deux semaines de
débat.
M. Lavoie: Et puis?
M. Bertrand: Quand on parle de quinze heures, c'est trois
semaines. Écoutez, si, à ce moment-là, il faut, à
toutes fins utiles...
M. Lavoie: Et puis?
M. Bertrand: ... multiplier par 110 des périodes
d'intervention de 20 minutes pour en arriver finalement à prendre un
mois, un mois et demi, deux mois des travaux de l'Assemblée nationale
pour dire son avis sur la délimitation des circonscriptions
électorales, alors qu'en fait, on l'aura déjà fait, si on
veut bien le faire, dans le cadre de la période de consultation dont la
loi fait mention, vous ne craignez pas que moi, comme député de
Vanier, je réagisse. Quand j'ai lu l'article: Dans les douze mois
suivant la remise de son rapport, la commission entend les
représentations des députés... Woup! Là, il y a une
lumière qui s'est allu- mée. Je me suis dit: Bébert, il
faut que tu t'occupes de ton affaire. Il y a des gens qui vont venir dans ta
région, qui vont vouloir connaître ton point de vue.
Ne craignez pas, j'ai des choses à leur dire sur le genre de
travail qu'ils font concernant ma circonscription actuellement et pour des
motifs qui, je pense, sont ceux aussi de bien des groupes et de bien des
citoyens, sans doute comme le député de Roberval et bien
d'autres. Des députés du Lac-Saint-Jean nous l'ont dit. Ils ont
l'intention de dire quelque chose à la commission, et ils vont le dire
comme députés et peut-être même pendant une
période de plus de vingt minutes, peut-être pendant une
demi-heure, trois quarts d'heure, une heure, selon la façon dont les
travaux sont organisés. Ils vont parler, ces
députés-là. Ils ne le feront pas devant les caméras
de la télévision à l'Assemblée nationale, ils ne le
feront peut-être pas dans le cadre des travaux parlementaires, mais ils
vont le faire.
Cela étant dit, puisque déjà ce travail aura
été fait, et par des députés entre autres, je me
dis qu'il y aurait sans doute une possibilité que des gens, qui sont
préoccupés tout de même que l'Assemblée nationale
puisse, jusqu'à un certain point, se garder une ouverture
privilégiée, le fasse dans un contexte de propositions qui soit
quand même crédible, dans un contexte où on puisse
évaluer à sa juste mesure une proposition qui pourrait venir de
l'Opposition, mais pas dans un contexte où carrément on prendrait
deux à trois mois des travaux de l'Assemblée nationale. C'est
ça, multipliez 110 par 20 et ça vous donne...
M. Fontaine: 35 heures. M. Bertrand: Combien? M.
Fontaine: 35 heures. Une voix: Un maximum de trois semaines.
M. Bertrand: 37? 37 heures dans les travaux de l'Assemblée
nationale, c'est un mois.
M. Lavoie: Que vous avez donc peur de la démocratie.
M. Bertrand: Ce n'est pas du tout la question. Les
députés auront parlé avec les autres groupes de la
population, les citoyens représentent la population. Donc, ils auront
donné leur point de vue déjà. Alors, s'il faut qu'en plus
ils fassent... M. le Président.
Le Président (M. Laberge): J'aimerais savoir de quoi il
est question parce que je n'entends plus rien.
M. Bertrand: J'avoue qu'il y a des distorsions...
Le Président (M. Laberge): II y avait des distorsions dans
le son. Je vous écoute et je demande aux députés d'en
faire autant.
M. Bertrand: S'il faut, en plus de tout ce travail qui aura
été mené en consultation, à toutes fins utiles, un
mois de travail à l'Assemblée nationale pour
répéter des choses qui ont déjà été
dites en consultation ou pour dire des choses, alors qu'on sait fort bien que,
de toute façon, les décisions de la commission seront
exécutoires, M. le Président, je trouve qu'il y a sans doute des
terrains d'entente qu'on pourrait explorer qui dégageraient un consensus
en cette commission. Je suis convaincu qu'avec l'intelligence qui
caractérise nos parlementaires, ce genre d'hypothèse de travail
peut être amené sur la table. Je vous avoue que je suis ouvert et
je pense que le ministre, dans le fond, a simplement exprimé son
ouverture d'esprit, mais pas au point d'aller complètement à
l'encontre non seulement de la lettre, mais de l'esprit même de la loi
actuelle.
M. Bédard: Je ne veux pas qu'on recommence les
débats qui avaient lieu auparavant à l'Assemblée. Je le
dis simplement, il y a deux buts que nous poursuivons. Le premier, c'est que la
carte électorale ne soit pas taxée d'être la carte d'un
parti politique, et je pense que nous atteignons ce but avec...
M. Lavoie: Personne ne conteste ça.
M. Bédard: ... une commission décisionnelle.
L'autre but, nous l'avons dit en deuxième lecture, c'est de ne pas
revenir à la longueur des débats qui existait auparavant. Dans ce
sens-là, je pense avoir dit très clairement que je prenais en
très grande considération les propos de l'Opposition, mais ayant
toujours à l'esprit de ne pas revenir dans une situation que tout le
monde a déplorée à l'Assemblée nationale lors de la
deuxième lecture, à l'effet qu'il fallait trouver un moyen de
mettre fin aux débats interminables qui prévalaient lors de
l'adoption d'une carte électorale.
C'est dans cet esprit-là que je vais étudier les
représentations qui m'ont été faites, si vous me donnez le
délai nécessaire. Je demanderais de suspendre les deux articles
en question, pour faire les vérifications techniques et autres, si
nécessaire.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Roberval a quand même demandé la parole pour faire quelques mises
au point.
M. Lamontagne: M. le Président...
M. Grenier: Sur une question de règlement, ce que le
ministre vient de dire là, je ne voudrais pas que ça mette fin
aux discussions, parce que pour éclairer le ministre pendant qu'il
réfléchira, je pense qu'il a encore besoin d'entendre certains
arguments et j'en ai à lui donner.
M. Bédard: D'accord, je suis très bien
disposé.
M. Lamontagne: Je dois dire, à titre très per-
sonnel, que j'ai trouvé et cela a paru, d'ailleurs
certains propos du député de Rosemont pour le moins
négatifs, et sa vision de la vie parlementaire, son évolution au
cours des dernières années, pour le moins erronée.
Je voudrais montrer un peu comment se déroule la vie
parlementaire, à l'intention du député de Rosemont.
À l'occasion du débat de deuxième lecture des projets de
loi 9 et 10, nous nous sommes rapidement aperçus que le ministre
titulaire responsable de ces deux projets de loi avait un
échéancier extrêmement serré. (12 heures)
Lorsqu'on propose, par exemple, un projet de loi no 10 avec une carte
électorale qui doit être complétée le 31 mars 1980,
on comprend facilement que le ministre... Il ne faut pas qu'il y ait une
obstruction systématique à l'Assemblée nationale ou en
commission parlementaire. Devant ces faits, et avec le sens des
responsabilités qui caractérise les bons parlementaires, nous
avons offert au ministre de lui assurer l'adoption des lois no 9 et no 10 pour
le 29 novembre. Nous en avons fait, à titre exceptionnel, un ordre de la
Chambre. En aucun moment, les règlements ne nous obligeaient; au
contraire, ils nous permettaient un large débat. Qui plus est, pour
arriver à cette adoption souhaitée évidemment par le
ministre le 29 novembre, nous nous sommes entendus sur quatre jours de
discussion parlementaire sur la loi 10, de sorte que nous annoncions nos
couleurs en disant au ministre: II ne s'agit pas pour nous de faire une
obstruction; au contraire, nous allons rechercher ensemble à bonifier
une loi, si possibilité il y a. En cours de route, nous avons
réduit ce délai de quatre jours à trois jours. C'est pour
cela, M. le Président cela fait neuf ans et demi et un peu plus
que je suis ici à l'Assemblée nationale qu'on n'a jamais
valorisé le Parlement en privant les députés de parler ou
en limitant leur droit de parole. Bien au contraire. On valorise le Parlement
en rappelant aux députés leur sens des responsabilités. Je
pense que les projets de loi no 9 et no 10 en témoignent grandement.
En plus, tout au cours de ces études du projet de loi no 9 et du
projet de loi no 10, parce que la vie parlementaire se fait enregistrer et se
fait d'une façon non enregistrée également par des
rencontres dans les corridors... Lorsqu'on sait qu'on doit discuter au cours
des prochains jours un projet de loi, il est sain et souhaitable que des
personnes puissent discuter de leurs intentions respectives concernant le
projet de loi. J'ai donc eu l'occasion, à plusieurs reprises, de
discuter rapidement avec le ministre de la Justice pour bien comprendre que,
malgré tout ce que nous avions dit à l'Assemblée nationale
en deuxième lecture, sa décision était irrévocable
concernant la commission indépendante décisionnelle. Nous avons
donc, de notre côté, recherché une solution de compromis
à travers quatre ou cinq solutions pour nous en tenir ce matin à
une seule, le minimum, en enlevant exactement ce que le ministre nous avait dit
et répété privément, qu'il n'était pas
question de décisions par l'Assemblée nationale,
etc. Nous arrivons ce matin, dans le plein respect de la décision
du ministre.
En fait, le débat que nous avons entre nous, comme
parlementaires, est irréaliste. Je n'ai pas souvenance en neuf ans et
trois quarts que 110 députés soient intervenus sur un projet de
loi. Ceux qui interviennent qui multiplient 110 par 20 savent fort bien qu'ils
faussent les faits et la vérité. Ce n'est pas comme cela qu'on
procède à l'Assemblée nationale. Un député,
et c'est encore beaucoup plus vrai maintenant, qui parle à
l'Assemblée nationale sait que ses propos, en plus d'être
enregistrés, sont maintenant radiodiffusés et
télédiffusés; je pense que cela rappelle cruellement des
députés au sens des responsabilités et, lorsqu'il s'agit
d'une carte électorale, au sens des valeurs et de bons
représentants de leur région ou comté respectif. Mais en
même temps, tout en écoutant parler le député de
Rosemont, et c'est à la mode un peu du côté syndical qu'il
chérit bien, je voudrais lui rappeler deux déclarations de deux
ministres de son gouvernement au sujet de la carte électorale. Le
premier, très à la mode de ce temps-ci, le député
de Saint-Jacques, disait tout simplement: Moi aussi, je favorise le principe
d'une commission indépendante, avec un contrôle final du
Parlement. Le député de Saint-Jacques, leader du gouvernement.
Une autre déclaration...
M. Paquette: Cela date de quand?
M. Lamontagne: Page B-533, 1971. Une autre de l'organisateur en
chef du Parti québécois, du ministre Marcel Léger.
Celle-là est moins drôle un peu. Celle du député de
Saint-Jacques, en fait, exprime une opinion très franche, très
nette. Mais l'autre rejoint un peu ce que vous disiez. "Dans une commission
indépendante, on sait qu'il pourrait y avoir des jeux de coulisse
très importants, que la population serait moins sensibilisée
à le savoir et que le gouvernement, quel qu'il soit, pourrait se laver
les mains et dire: Cela devient une déclaration indépendante,
cela ne dépend pas de nous". Cela nous fait rire, évidemment, au
sujet de cette discussion.
Donc, ce matin, nous avons fait un consensus des parlementaires, et je
pense bien que du côté du ministre c'est de nature à faire
son affaire, nous sommes d'accord avec lui, même avec beaucoup de
réticence, mais pour les fins d'une bonne recherche, d'un consensus dans
la réforme d'une carte électorale, nous sommes d'accord, nous
donnons notre appui au ministre pour que la commission soit indépendante
et décisionnelle. Nous disons tout simplement: Allons devant le
Parlement. Il arrive en disant que si les 110 députés parlent...
Franchement, écoutez, de là à ce que les
députés, en 1979, 1980, 1981, n'aient plus aucun sens des
responsabilités, il n'y a qu'un pas à franchir. C'est la
discussion. Si vous permettez, je vais...
M. Paquette: Est-ce que je peux vous poser une question? Ce n'est
pas une colle du tout.
M. Lamontagne: Oui.
M. Paquette: En quoi est-ce qu'un débat... Vous dites
qu'il y a possiblement d'éventuels jeux de coulisse qui pourraient se
faire; le député de Nicolet-Yamaska a parlé de ça
aussi.
M. Lavoie: Arrêtez donc.
M. Paquette: En quoi est-ce qu'un débat final,
après tous les débats qu'il y aura eu, va changer quoi que ce
soit à quelque chose qui peut tenir à la nature humaine à
un moment donné?
M. Lavoie: II y a des affaires que vous ne comprenez pas.
M. Lamontagne: Est-ce que je peux avoir mon petit droit de
parole, bien petit? Lorsqu'un député intervient actuellement sur
une loi agricole, qu'il représente le Saguenay-Lac-Saint-Jean, et
convient avec les représentants de l'UPA de sa région ou d'autres
organismes, de faire part à l'Assemblée nationale, d'une opinion
sur un sujet donné, le député, s'il est le reflet de son
comté, de sa région, essaie de refléter les opinions de
son milieu. À titre d'exemple, il y aura en vertu de la loi, une
consultation qui n'est pas bien balisée. Cependant, on dit qu'il faut
que la commission consulte un tel, un tel, mais sans dire de quelle
manière elle doit consulter.
À un moment donné, on s'aperçoit que la carte
déposée, dans une région prenons notre
région, le Saguenay-Lac-Saint-Jean ne tient pas compte des
représentations publiques qui ont pu être faites à la
commission lors des auditions prévues pour cette région. Je crois
sincèrement qu'il est de notre devoir, nous députés de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de rappeler qu'on est capables
d'avoir le sens des responsabilités. Si on est élus et
réélus, c'est parce qu'on doit avoir, quelque part, le sens des
responsabilités. On désire, sans faire une pression indue
à titre personnel, au contraire, d'aller au niveau de
représentations non reçues par une commission, rappeler des
arguments de fond qui ont pu être invoqués à cette
occasion.
Écoutez, le Parlement, c'est ça, c'est le droit de
s'exprimer, c'est le droit de faire valoir ses opinions et ceux de ses
commettants. En vertu de quel principe, ce matin, alors que, comme vous avez pu
le voir, j'ai essayé... On m'a même prié de ralentir
quelques instants, parce que ça allait trop vite au début. Nous
avons commencé cette commission, le ministre et moi ce matin...
M. Bédard: Consensus régional.
M. Lamontagne: Consensus régional, cela allait vite. Si
personne n'était arrivé, ce serait déjà
réglé. C'est bien "mosus", mais c'est ça pareil. Mais
est-ce que nous, les parlementaires, on va plaider entre nous, des heures de
temps, qu'on n'a pas assez le sens des responsabilités pour se
priver d'un débat; C'est grave, ça. Bien sûr, le
ministre pourrait arriver et nous dire, dans une proposition finale:
Écoutez, après avoir bien pensé à ça, je
suis d'accord avec le principe que vous émettez, mais nous allons
limiter le débat. Nous avons avec nous l'ex-président de
l'Assemblée nationale qui a fait le Code Lavoie. Lorsque nous avons
refait ce code, évidemment, nous n'avons que donné notre opinion
à l'occasion, mais c'est lui qui a dirigé les travaux. Est-ce
qu'il est venu à l'idée des parlementaires, dans le temps, en
refaisant nos règlements, de limiter les projets de loi à 20
heures? On aurait pu, à l'occasion de la rédaction du Code
Lavoie, dire: Écoutez, 20 heures par loi, vous ne pensez pas que ce
serait assez?
C'est le principe. Vous pouvez nous suggérer, d'une façon
finale, qu'il y ait un délai maximal, mais, en le faisant, on ne fait
rien de bien spécial pour revaloriser le Parlement. Il n'est pas correct
j'emploie le mot "correct" de dire que lorsqu'on discute comme
ça, on doive multiplier vingt minutes par 110. Autrement dit, on
pourrait, même si on est en désaccord avec le ministre de
l'Agriculture sur des projets de loi, dire: Écoutez, il faut multiplier
par 110. Mais on sait la volonté d'un gouvernement; on lui fait sentir
la nôtre, et, à un moment donné, on passe à autre
chose, tout le monde le sait.
Cela fait trois ans qu'on est ensemble ici et ça a
été ça. C'est exceptionnel qu'il y ait de l'obstruction.
La proposition du député de Laval est organisée de
façon à enlever toute obstruction, tout amendement, tout vote. Il
ne reste que les débats. Je vois mal... si quelqu'un est capable de voir
ça, 110 députés intervenir sur un projet de loi... C'est
à voir, on n'a pas encore vu ça au Parlement.
En terminant, je veux simplement dire que ça fait neuf ans et
demi que je suis dans le Parlement et que je ne veux pas être partie
à une décision qui dit que, dans le but de valoriser le
parlementarisme québécois, il vaut mieux restreindre le droit de
parole ou l'empêcher complètement. Les députés sont
là pour parler, c'est un Parlement, le mot le dit, pour refléter
l'opinion des gens. Leur enlever le droit de décider, quand on est des
parlementaires, c'est déjà beaucoup.
M. le Président, M. le ministre, nous avons déjà eu
l'occasion, vous et moi, d'en parler, j'espère que le compromis offert
par le député de Laval retiendra votre attention. Vos
réflexions vous ramèneront évidemment aux argumentations
de vos collègues, mais je souhaite que, quelle que soit la
décision, la proposition finale que vous nous ferez, jamais vous
n'empêcherez les parlementaires de s'exprimer publiquement, avec la
télévision, sur un sujet donné, quel qu'il soit.
Le Président (M. Laberge): Je voudrais faire une mise au
point. Depuis 11 h 3, nous parlons sur l'article 34 de base. J'ai entendu votre
argumentation, mais il n'y a pas eu de dépôt d'amendement qui m'a
été fait.
M. Lavoie: Je le dépose, prenez-le.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
M. Lavoie: II n'a pas été déposé? On
le dépose.
Le Président (M. Laberge): En fin de compte, la
conversation a simplement...
M. Lavoie: Qu'est-ce que vous proposez, M. le ministre, vous avez
l'air d'être impatient?
M. de Bellefeuille: Le président a indiqué qu'il me
donnerait la parole.
M. Bédard: Je ne suis pas impatient. Je suis impatient
dans le sens que je trouve qu'on perd du temps, parce qu'il me semble
qu'à partir du moment où j'ai dit que la proposition des
Oppositions officielles ne venait pas à l'encontre du principe du projet
de loi, déjà, je pense avoir exprimé une ouverture
d'esprit dans le sens des représentations faites. J'ai également
dit qu'il nous fallait tenir compte que j'avais certaines consultations du
point de vue technique à faire, parce qu'il y a certaines contingences.
Dans la loi il y a un délai imparti, qui est le 31 mars. Il faudra en
tenir compte.
D'autre part, j'ai exprimé aussi que je ne voulais pas qu'on
recommence, que le but du projet de loi, c'était de ne pas recommencer
des débats interminables qui existaient déjà, avec
l'ancienne procédure d'adoption de nouvelles cartes
électorales.
Je pense que c'est dans ce sens que je suis impatient. Je trouve qu'on
perd du temps. Il y aurait peut-être avantage et c'était ma
proposition de suspendre l'étude de ces deux articles pour me
permettre de revenir, lors de la reprise de nos travaux, avec une
décision que j'essaierai de motiver le mieux possible, quelle qu'elle
soit, en tenant compte de ces facteurs.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, toujours pour
alimenter la réflexion du ministre. Je ne veux pas laisser passer sous
silence certains aspects des interventions du député de Laval et
du député de Roberval, quant au caractère
démocratique des débats qui se déroulent au Parlement,
quant à savoir si, pour être démocratique, un débat
au Parlement doit être un débat de durée illimitée.
Le député de Laval, tout à l'heure, lorsque je lui faisais
la suggestion d'envisager l'hypothèse d'un débat restreint, s'est
tout de suite écrié: Croyez-vous à la
démocratie?
Je ne peux pas laisser passer cela sous silence, M. le Président.
Je crois à la démocratie et je comprends mal que l'ancien
président de l'Assemblée nationale puisse en quelque sorte
soutenir qu'un débat restreint ne correspond pas aux exigences de la
démocratie. Le député de Rober-
val a, lui aussi, repris cet aspect de la question qui me paraît
fondamentale. Un débat restreint, M. le Président, peut
être tout aussi démocratique qu'un débat
illimité.
En général le député de Laval me dira
s'il est d'accord sur ce principe après mon intervention, s'il le
souhaite il me semble que les débats illimités portent
surtout sur les projets de loi, à cause de la nature même de la
loi. La loi est une institution fondamentale. Elle est, au moment où
elle est discutée à l'Assemblée nationale, à
l'état de projet. Par conséquent, le projet d'une institution
fondamentale qui constitue du droit nouveau, en quelque sorte,
c'est-à-dire un nouveau morceau de notre droit collectif, il est
très important que tout le monde puisse s'exprimer et, par
conséquent, ces débats-là sont illimités. (12 h
15)
Par ailleurs, il y a des choses extrêmement importantes qui se
décident à l'Assemblée nationale, qui se discutent
à l'Assemblée nationale à la faveur de débats
restreints, des débats restreints qui sont tout aussi respectueux des
exigences de la démocratie. Le débat sur le discours inaugural
est un débat important qui est restreint. Le débat sur le budget
est un débat important qui est restreint. Les débats sur les
motions du mercredi sont des débats importants, mais ils sont
restreints. Le fait que ces débats soient restreints ne signifie en
aucune façon que les règles de la démocratie ne sont pas
respectées. Cela illustre tout simplement le fait que, par opposition
à une loi, institution fondamentale qui crée quelque chose de
nouveau dans notre société, le discours inaugural, le budget, les
motions du mercredi sont plus circonstanciels, sont moins fondamentaux et c'est
pour cela qu'il convient d'avoir un débat restreint.
Il me semble que la révision, la réforme de la carte
électorale est, dans le même sens, circonstancielle et non pas
fondamentale. Ce qui est fondamental, c'est le projet de loi que nous sommes en
train d'étudier, que nous étudions dans le cadre d'un
débat en principe illimité. Quels que soient les accommodements
qui ont pu être faits sur cette question, c'est un débat, en
principe, illimité. C'est la loi elle-même, dans ce cas-là,
qui appelle ce débat illimité. Mais la révision de la
carte, la révision périodique de la carte, c'est une question
circonstancielle à laquelle il me semble qu'un débat restreint
convient parfaitement, dans le respect total des exigences de la
démocratie.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais tout simplement une
brève remarque à faire, un peu pour donner suite à ce que
vient de dire le député de Deux-Montagnes et pour reprendre
d'autres arguments qui ont été soulevés tout à
l'heure. Je dis au député de Deux-Montagnes que la
représentation parlementaire, c'est la base de notre système
démocratique. Je pense qu'il est important qu'on prenne le temps
nécessaire, le temps prévu par le règlement pour discuter
de cette question-là qui est la base de notre système
démocratique.
Je voudrais aussi faire remarquer aux membres de la commission qu'il y a
actuellement douze heures et demie de débats par semaine sur un projet
de loi, entre autres, et que, si tous les députés parlaient,
chose qui est peu probable, cela prendrait au maximum trois semaines du temps
de l'Assemblée nationale pour discuter de cette question-là. Je
serais même prêt à suggérer plus que cela, c'est que,
si les membres de la commission y consentaient, on pourrait pendant ces trois
semaines faire sauter la question du mercredi et la question avec débat
du vendredi pour les consacrer à ce débat.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Châteauguay m'a déjà demandé la parole. M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Brièvement, parce que je ne voudrais pas
qu'on éternise, étant donné que le ministre a dit qu'il
voulait faire une réflexion là-dessus. Il me paraît qu'on
doive être guidé par certains principes. Entre autres, je pense
qu'il est important, dans la réflexion du ministre, qu'on s'assure que
ce débat, si on devait en permettre un, ne soit pas de ce type de
débat qui à toutes fins utiles, serait une sorte de motion de
blâme déguisée à l'égard de la commission.
Cela pourrait devenir je crains que ce ne soit cela, effectivement
une espèce de plaidoyer général, de
caractère très politique, à l'égard de la
commission...
M. Fontaine: ... de la commission.
M. Dussault: ... une espèce de motion de blâme
déguisée qui aurait pour effet d'attaquer la
crédibilité de la commission et de la mettre dans une situation
telle que ce soit justement cela qui l'amène à faire des
changements. Ce danger existe. Il est très grand. La réflexion du
ministre devrait peut-être davantage aller dans le sens de ce qui se fait
au Nouveau-Brunswick, c'est-à-dire limiter considérablement la
portée d'une intervention de parlementaires après que la
commission ait eu fait son rapport et qu'il ait l'air d'être final, dans
le sens que si, véritablement, il y a une injustice à
l'égard des citoyens d'une circonscription, cela puisse être
exprimé par voie d'objection; c'est un mécanisme qu'on pourrait
peut-être trouver et, dans ce sens, on devrait chercher, mais ce fameux
débat généralisé pendant X heures à
l'Assemblée nationale, je pense que cela va être mortel pour la
démocratie, particulièrement face à cette commission dont
la crédibilité risque d'être attaquée, non pas parce
qu'elle aurait fait un travail qui n'est pas bien fait, mais parce qu'on aurait
des raisons politiques de remettre en question le travail de la commission. Ce
qui me guide, pour en arriver à une telle conclusion, c'est exac-
tement le plaidoyer que l'Opposition libérale a fait ici en
commission parlementaire devant les membres de la commission quand on les a
invités à venir se prononcer sur leur rapport.
M. Lavoie: M. le Président...
M. Bédard: Je peux dire au député que je ne
l'avais pas mentionné tantôt, mais, effectivement, au niveau de la
réflexion, je pense que c'est un argument important. Ce sont des
éléments importants à évaluer, de faire en sorte
que le débat n'en soit pas un qui puisse au bout de la ligne, être
préjudiciable à la crédibilité de la commission,
des commissaires, n'entache pas à ce point la crédibilité
de la carte électorale, parce qu'au bout de la ligne, nous arriverions
à l'effet contraire recherché par tous les parlementaires qui,
essentiellement, est de permettre un débat à l'Assemblée
nationale qui serait peut-être l'occasion de corriger certaines erreurs
techniques qui peuvent être dans un rapport, parce qu'effectivement,
l'Assemblée nationale est loin d'être parfaite; quelques partis
politiques sont loin de l'être aussi. Je ne prétends pas qu'une
commission, du fait que c'est une commission permanente, soit parfaite. Il peut
effectivement y avoir, ne seraient-ce que des erreurs techniques qui doivent
être soulignées, qui doivent être corrigées aussi. On
doit trouver un mécanisme, ne serait-ce que pour corriger des erreurs
techniques.
C'est dans ce sens que je vais essayer, d'ici la reprise de nos travaux,
de revenir avec une position qui tienne compte de tous ces
éléments, qui tienne compte aussi d'un élément
important que je veux soumettre à votre attention, soit le délai
du 31 mars qui est dans la loi. On sait que d'ici le 31 mars, la commission
devra être en place, les membres, les commissaires, qu'une consultation
de la population devra être faite c'est une obligation de la loi
une consultation des députés aussi, qu'une confection de
la carte devra être faite. Si on y insère un débat qui peut
effectivement durer trois semaines ou un mois, je pense qu'on est conscient de
la portée que ça pourra avoir sur un autre élément
important du projet de loi qui est la date indiquée dans le projet de
loi, soit le 31 mars 1980.
C'est en tenant compte de tout cela que je vais essayer de revenir, au
début des travaux de notre commission, pour vous faire part d'une
décision qui, je l'espère, tiendra compte de tous ces
facteurs.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, il reste environ sept minutes
avant l'heure à laquelle on doit suspendre nos travaux. Je pense que
pour les fins des travaux de cette commission, la motion va être
déposée en bonne et due forme; ça pourra être un
document de travail pour le ministre. Je voudrais prendre les quelques minutes
qui restent pour essayer de résumer et faire mon dernier appel
auprès du ministre et auprès des députés membres de
cette commission.
On a dit, tout à l'heure, qu'il s'agit d'un débat
exceptionnel qui sort un peu de l'ordinaire. C'est vrai parce que c'est une
délégation de pouvoirs également assez exceptionnelle que
le Parlement fait actuellement. Je ne connais pas à moins que le
ministre puisse m'en fournir un d'exemples où il y a une
délégation de pouvoirs dans une loi à une commission,
à des fonctionnaires; une délégation de pouvoirs non
seulement du Parlement, mais du gouvernement. On connaît couramment des
délégations de pouvoirs dans les lois-cadres du Parlement du
gouvernement, des pouvoirs de réglementation. Je ne vois pas d'autres
exemples dans notre système parlementaire actuel et dans notre
tradition. Donnez-moi un autre exemple je n'en connais pas
où on délègue d'une manière finale, sans appel du
Parlement ni du gouvernement. N'oubliez pas une chose: c'est final, cela lie le
gouvernement, le Parlement et la population. C'est assez exceptionnel. Qu'il y
ait un débat exceptionnel, je pense que ce n'est pas
exagéré. Un instant!
M. Bédard: Sur le mot "final", il faut s'entendre, aussi,
parce que l'Assemblée nationale est toujours souveraine et peut toujours
légiférer.
M. Lamontagne: Elle pourrait légiférer d'une
manière vraiment exceptionnelle.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lamontagne: Là, cela prendrait une loi pour abroger ou
abolir la commission. Imaginez-vous, ce serait joliment exceptionnel.
M. Bédard: Je parle sur le plan des principes.
M. Lamontagne: N'oubliez pas que, une fois que la commission a
fait paraître sa carte dans la Gazette officielle, cela lie tout le
monde. Là, il faudrait que le Parlement ait une session d'urgence, s'il
y a une catastrophe qui arrive pour empêcher la mise en place de cette
carte.
Au point de vue pratique, c'est bien beau de dire qu'il va y avoir de la
consultation. Il va y avoir de la consultation dans le milieu, je suis bien
d'accord avec vous. Il y aura la consultation de l'Assemblée nationale,
la Commission de l'Assemblée nationale. Mais, à ce
moment-là, on n'aura pas de projet de carte du tout.
La commission va être là et les gens du milieu vont dire:
Telle paroisse devrait être plutôt dans tel comté. Vous vous
êtes trompés au point de vue socioéconomique. Vous devriez
prendre tel quartier et le greffer au comté des Mille-Îles...
M. Bédard: C'est-à-dire qu'il y a le
cinquième rapport. On va le voir dans les articles suivants.
M. Lavoie: Là, vous m'ouvrez encore une porte, parce que,
dans le cinquième rapport, n'oubliez pas que cela n'a pas
été une position de
parti. Dans le Lac-Saint-Jean, entre autres, cela a
débordé. Cela a été au-dessus des partis, autant le
ministre, le député de Chicoutimi, les députés
libéraux et d'autres députés du Parti
québécois n'étaient pas prêts à accepter la
conclusion du cinquième rapport.
Dans l'Abitibi, la même chose. Cela a été au-dessus
des partis. Même dans la région de Montréal, il est
possible que certains députés du Parti québécois et
libéraux ne soient pas satisfaits du cinquième rapport.
Là, vous me dites que le cinquième rapport est
déjà à la base. Je vous dis que c'est vraiment
exceptionnel, une telle délégation de pouvoirs, lorsqu'on dit
qu'en général, le Parlement est toujours souverain, le Parlement
est au-dessus de tout, sauf dans ce cas. Oui, mais il y a toujours le recours,
comme le ministre dit, que si jamais il y avait une catastrophe, il faudrait,
en vitesse, annuler la parution dans la Gazette officielle par une loi disant
que cette carte n'est pas valable.
Je reviens à mon argumentation de tout à l'heure. C'est
vrai qu'il y a une consultation dans le milieu et une consultation à
l'Assemblée nationale. Mais quand cette consultation va avoir lieu, les
gens du milieu n'auront pas le projet de carte. Ils n'auront pas du tout le
projet de carte. C'est avant la confection de la carte. Là, les gens
peuvent être de l'opinion suivante: Écoutez, j'ai
impressionné la commission. C'est un peu comme un avocat qui va plaider
devant un juge et qui est sûr d'avoir un bon jugement, parce que
l'impression qu'il avait, c'est que le juge était tout à fait
sympathique à son argumentation et il s'attend à un jugement en
sa faveur et...
M. Bédard: C'est souvent mauvais signe... M. Lavoie:
Mais, devant les tribunaux... M. Bédard: ... quand on est
avocat!
M. Lavoie: ... même la commission de l'Assemblée
nationale, trois ou quatre députés de l'Union Nationale, dans une
région, du Parti québécois ou du Parti libéral vont
argumenter ensemble devant la commission et ils vont avoir l'impression qu'ils
ont gagné leur cause. Après ces consultations, la carte est faite
et il n'y a plus de consultations, il n'y a plus rien. Il n'y a plus d'appels,
il n'y a plus rien. Au moins, devant les tribunaux supérieurs, il y a
des appels. Vous m'interrompez tout le temps, je termine.
Le Président (M. Laberge): Je voudrais juste vous
demander, M. le député de Laval, si vous voulez que la commission
prenne officiellement connaissance de votre amendement. Je devrais en faire
lecture au moins dans les 30 prochaines secondes. Il n'a jamais
été porté à ma connaissance.
M. Bédard: Nous n'avons pas objection pour deux ou trois
minutes.
M. Lavoie: Deux, trois minutes. Je voudrais terminer.
Après cela, je n'aurai pas à revenir sur cette question. Vous la
lirez tout à l'heure.
Je vous dis que c'est vrai qu'il va être de la consultation. Il va
être de la consultation, mais cela va être une consultation
théorique ou hypothétique. La consultation va avoir lieu, mais il
n'y aura pas une décision immédiate de la part des commissaires.
Les commissaires vont prendre le bagage des opinions données, des
représentations faites. Ils s'en retournent, ils font la carte et c'est
fini. Écoutez, le député de Rosemont me dit qu'il n'est
pas d'accord avec cela. Expliquez-moi pourquoi.
M. Paquette: Vous avez après une commission parlementaire
et, ensuite, des auditions publiques dans les diverses régions, sur le
projet de carte.
M. Lavoie: Sur le projet de carte, la consultation qu'il va y
avoir, autant dans les régions que devant la commission de
l'Assemblée nationale, la carte ne sera pas faite. Ils vont tout
consulter. Ils vont prendre ces informations. Ils vont se renfermer et
après ils vont faire la carte finale. Là, il n'y a plus de
représentation et il n'y a plus de consultation, Gazette officielle.
Même le gouvernement, le Parlement. (12 h 30)
C'est pour cela que je pense que mon dernier débat est pas mal
valable. Au moins, le débat va avoir lieu quand la carte va être
faite. Il est plus qu'utile. Je pense que c'est nécessaire et c'est pour
cela qu'on attache autant d'importance. Le débat va avoir lieu sur le
travail fini, sur la carte consultée et c'est là qu'il peut se
glisser des injustices. Je vous donne un exemple; au fédéral, le
comté d'Ahuntsic déborde je pense que vous êtes au
courant il y a une partie du nord de Montréal, Bordeaux et
Ahuntsic et avec Laval-des-Rapides, dans l'île Jésus, je vous
garantis qu'au point de vue socio-économique et il y a une
rivière qui traverse cela crée un joli problème.
Cela a été décisionnel et il n'y avait plus d'appel. Dans
des cas comme cela, je pense que ce dernier débat est essentiel, surtout
qu'il n'est pas décisionnel. Il peut y avoir des injustices graves et on
est là pour sensibiliser l'opinion publique.
Maintenant, que le débat dure... Souvent, lorsqu'un parti
politique décide de faire un "filibuster", que tout le monde parle,
pourquoi fait-on cela, au point de vue psychologique? C'est parce qu'on veut
forcer le gouvernement, en somme, à prendre une partie de l'odieux en
imposant la clôture ou la guillotine. Vous le savez comme moi, vous avez
eu l'expérience, on vous a connu dans l'Opposition, soit sur la loi
22...
M. Bédard: Je suis très heureux de vous
entendre.
M. Lavoie: Pourquoi tous les députés d'un parti
politique se sentent-ils souvent obligés de
parler, même pour faire des répétitions oiseuses ou
autre chose? C'est pour forcer le gouvernement parce qu'ils savent que, pour en
sortir, le gouvernement va être obligé de poser un geste qui va
être important, comme la clôture ou la guillotine. Ce qui n'est pas
le cas ici; il ne peut pas y avoir de "filibuster", il n'y a pas d'amendement,
il n'y a rien.
Une autre chose: le délai imparti. Il y a des moyens pour cela.
Le leader du gouvernement fera siéger le Parlement le lundi, s'il le
veut, si cela mange trop de son temps dans les travaux parlementaires. Et si
cela se fait dans les fins de session, au printemps et à l'automne, le
Parlement peut siéger même après minuit, vous le savez. Pas
les commissions. Mais je vous dis je ne sais pas si c'est par prudence
qu'on a pris le moyen le moins compromettant possible, le moins
embêtant possible pour le ministre, mais on y tient mordicus à ce
débat. Je pense qu'on rend service au Parlement, au gouvernement et
à la population pour, au moins, faire un dernier appel, si jamais il y a
des injustices de commises par des hommes, avec toute la meilleure
volonté possible.
M. Bédard: Je rappelle simplement, M. le Président,
que dès le départ de la première intervention du
député de Laval, j'ai fait preuve d'ouverture d'esprit,
dès le départ, sur les propos qu'il tenait, parce qu'il s'en
fait, des réflexions, de part et d'autre, je dois le dire.
Nos travaux sont terminés, je rappelle simplement aux membres de
l'Opposition qu'il y a dans la loi un délai qui est le 31 mars, avec
lequel nous devons composer.
M. Lavoie: J'ai des suggestions à faire. Si vous voulez
mettre un article, on peut vous donner notre consentement pour que le
Parlement, la Chambre siège le vendredi, le lundi, en dehors du temps
normal, mais je tiens à ce débat.
M. Bédard: Je rappelle simplement le temps que nous avons
passé en Chambre pour l'adoption de la deuxième lecture du projet
de loi où, sur une seule motion de report et la deuxième
lecture... Encore là, tous les députés ne se sont pas
exprimés, loin de là. Les députés
ministériels ont été très peu nombreux à
s'exprimer et, cependant, nous avons dû, vous le savez, occuper les
travaux de la Chambre durant deux semaines. Je comprends que le
député nous dit: On pourra peut-être faire des
règles spéciales. Enfin, on peut évaluer le tout, mais je
rappelle...
M. Lavoie: Le ministre...
M. Bédard: ... encore le délai du 31 mars et c'est
en tenant compte de cela et des autres considérations dont j'ai
parlé tout à l'heure, que je ne veux pas rappeler, que je vais
essayer d'en arriver à une décision...
M. Lavoie: Bon! M. le ministre me fait sourire, parce que la
longueur des débats, je vous ai connu également dans l'Opposition
aussi. Cela...
M. Bédard: Je n'ai jamais...
M. Lavoie: À part ça, je ne voudrais pas...
M. Bédard: Je ne pense pas avoir dit que nous
étions moins longs lorsque nous étions dans l'Opposition.
M. Lavoie: Bon! M. le Président, je ne voudrais pas
revenir...
M. Bédard: Au contraire, tenant compte que nous
étions peut-être longs lorsque nous étions dans
l'Opposition, également que la présente Opposition peut, si elle
le veut, être longue dans les débats aussi, je pense qu'un
législateur, en tenant compte des délais qui sont impartis par la
loi, doit en tenir compte justement.
M. Lavoie: Un dernier mot, M. le Président, je ne voudrais
pas revenir sur une phrase qui m'a assommé, du député de
Châteauguay: Un débat peut être mortel pour la
démocratie. Je vais vous donner un exemple. La loi 31 vous
rappelez-vous, il y a deux ou trois ans? des Affaires municipales
donnait le droit aux municipalités d'imposer une taxe sur
l'immatriculation. Cette loi de votre gouvernement paraissait anodine, au
départ. Je pense que c'était en 1977, et l'Opposition s'est mise
à parler et dire: Écoutez, vous devriez y penser deux fois avant
de donner ce pouvoir aux municipalités et, grâce à
l'intervention de l'Opposition, le gouvernement a embarqué, les
députés d'arrière-ban, les députés du Parti
québécois, et le ministre a retiré sa loi. C'est bon,
à certains moments, que les débats durent un peu. C'est là
pour convaincre et sensibiliser l'opinion publique.
M. Bédard: Je ne crois pas avoir dit, de quelque
manière que ce soit, que les débats étaient
préjudiciables à la démocratie...
M. Lavoie: Bon!
M. Bédard: ... en soi. Je ne rappellerais pas non plus des
débats sous l'ancien gouvernement où, à la suite des
représentations de l'Opposition, il y a eu des améliorations de
lois. Je pense que ça fait partie de la démocratie. Cela fait
partie de notre travail comme députés à l'Assemblée
nationale. C'est en tenant compte de tous ces facteurs...
M. Lavoie: D'ailleurs, l'argumentation que nous faisons
actuellement, ce n'est pas tellement pour convaincre le ministre il nous
paraît sympathique à notre cause c'est pour convaincre ses
collègues de la commission qui, par un défaut
d'expérience, mettent trop de côté les traditions
parlementaires. Le ministre les connaît et je vois qu'il est sympathique
à notre suggestion. Mais, malheureusement, il y a plusieurs
députés qui siègent à votre droite qui, par un
manque d'expérience, ne sont pas prêts à accepter nos
propositions.
M. Bédard: Je n'irai pas à la défense de mes
collègues. Je sais très bien qu'ils sont capables de se
défendre eux-mêmes. Ils le prouvent tous les jours.
M. Paquette: II y en a qui sont...
M. Bédard: Je ne ferai pas état non plus, devant
cette dernière allusion du député de Laval, des
réflexions qui se sont poursuivies parmi les députés
ministériels et qui se sont acheminées jusqu'à moi d'une
façon très directe, sans que ce soit nécessairement
exprimé en commission parlementaire, mais qui reflétaient
également le souci d'améliorer l'ensemble de la qualité
démocratique.
M. Lavoie: Je pense que la question préalable se pose trop
souvent dans les réunions syndicales; on met fin au débat, on
vote tout de suite. Cela existe un peu trop souvent dans les milieux syndicaux
et vous voulez le transposer au Parlement.
M. Bédard: M. le Président, on n'abordera pas ce
problème. Si j'ai bien compris, pour le débat dont on parle, il
n'y aurait pas de vote, pas de question préalable, alors restons-en au
débat.
Le Président (M. Laberge): Sur ces commentaires, pour
qu'elle soit inscrite au journal des Débats, la motion du
député de Laval se lit comme suit: "Que l'article 34 soit
modifié en ajoutant au début les alinéas suivants:
"Après avoir étudié les représentations des
citoyens, des organismes et des députés, la commission
prépare un projet indiquant la délimitation qu'elle propose et le
transmet au président de l'Assemblée qui le dépose
à l'Assemblée dans les cinq jours au cours desquels siège
l'Assemblée après réception de ce projet. "La prise en
considération du projet peut avoir lieu à la cinquième
séance qui suit celle de son dépôt à
l'Assemblée. "Ce débat n'entraîne aucune décision de
l'Assemblée."
M. Bédard: M. le Président, pour ma seule
compréhension personnelle, je comprends que des choses ont
été biffées. Est-ce que... On parlait...
M. Lavoie: C'était une inscription des
députés.
M. Bédard: Parce que c'est biffé, je ne peux
pas...
M. Lavoie: Au Nouveau-Brunswick ou à Ottawa, dix
députés peuvent demander ce débat ça peut
être une autre formule ou les députés qui veulent
intervenir s'inscrivent.
M. Bédard: Je n'ai pas la...
M. Lavoie: Ce qui peut arriver, c'est qu'un député
est absent, par maladie ou autre chose, le débat a lieu et parce qu'il y
a un défaut d'inscription, il n'a plus le droit de parler...
M. Bédard: C'est au niveau de l'information.
Je comprends que ça ne fait pas partie de la résolution,
mais si je lis bien il y avait également... C'était un essai de
réflexion... Il y avait d'inscrit dans la résolution non
officielle: "Un député qui désire intervenir doit en
informer par écrit le secrétaire de l'Assemblée nationale
avant vingt-deux heures le jour suivant celui où a lieu le
dépôt. La durée je ne suis pas capable de lire
...
M. Lavoie: Cela a été biffé.
M. Bédard: ... de chaque intervention...
M. Lavoie: II y a plusieurs mécanismes. On peut s'entendre
sur un mécanisme...
M. Lamontagne: C'était un mécanisme que le
député soit obligé de s'inscrire au secrétaire
général pour avoir droit de parole. S'il est absent...
M. Lavoie: Par contre, s'il est absent... M. Dussault: La
réforme parlementaire... M. Bédard: D'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Là-dessus, la motion
ayant été portée à la connaissance de la
présidence de la commission, celle-ci ajourne ses travaux sine die.
Suspension de la séance à 12 h 40
Reprise de la séance à 17 h 31
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la présidence du conseil et de la
constitution reprend ses travaux concernant le projet de loi no 10, Loi sur la
représentation électorale.
Les membres de la commission pour cette séance sont: M.
Bédard (Chicoutimi), M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par Mme
LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine); M. Charbonneau (Verchères)
remplacé par M. Lefebvre (Viau); M. Forget (Saint-Laurent)
remplacé par M. Lamontagne (Roberval); M. Grenier
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M.
Laberge (Jeanne-Mance) remplacé par M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes);
M. Levesque (Bonaventure) remplacé par M. Lavoie (Laval); M. Morin
(Louis-Hébert) remplacé par M. Dussault (Châteauguay); M.
Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair (Drummond), M. Guay (Taschereau), M. Lavoie
(Laval) remplacé par M. Gratton (Gatineau), et M. Lévesque
(Taillon).
Le rapporteur est toujours M. Lefebvre (Viau).
À la séance précédente, nous avions
entamé l'étude de l'article 34 et le député de
Laval nous
avait présenté un amendement à cet article ajoutant
au début les alinéas dont nous avons fait lecture à la fin
de la séance. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, avec votre permission,
au début des travaux de la commission, je voudrais dire aux membres de
la commission, surtout aux membres des oppositions, qu'il y aura effectivement
une ouverture dans le sens de prévoir un débat à
l'Assemblée nationale, débat non décisionnel qui sera,
à cause des impératifs du 31 mars, nécessairement
très limité et qui permettra, je l'espère, à chacun
des partis d'exprimer l'essentiel de ses remarques qui devraient être
faites à la suite du dépôt de la carte électorale
fait par les membres de la commission de la représentation.
Du point de vue technique, le travail n'est pas terminé. J'ai des
légistes qui sont en train de faire les rédactions
appropriées, parce qu'une fois le principe reconnu qu'il y aura un
débat limité, il y a des choses à prévoir. Par
exemple, dans quel délai, à partir du dépôt du
projet de carte à l'Assemblée nationale, délai dans lequel
devra se tenir le débat? Quels seront les délais que nous devrons
avoir, une fois le débat fait, pour permettre aux membres de la
commission de tenir compte, s'ils le désirent, des
représentations qui auront été faites au cours du
débat qui aura eu lieu, à ce moment-là, à
l'Assemblée nationale?
Ce travail technique n'est pas prêt, et avec la permission des
membres de la commission, je formulerais une suggestion à l'effet que
nous puissions passer à l'adoption des derniers articles, quitte
à ce que nos revenions sur ce sujet. Ce qui veut dire que si,
aujourd'hui, nous n'avions pas le temps de revenir à ce sujet, demain,
il nous resterait deux éléments à discuter, qui sont les
trois premiers articles suspendus. Je dois dire déjà,
après une conversation avec le député de Roberval, que la
discussion peut être moins longue qu'on ne serait porté à
le croire. Il y aurait l'autre sujet concernant le débat à
l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: Vous avez mentionné un débat
limité, je ne suis pas au courant des conversations que vous avez eues
avec les représentants des partis politiques, est-ce que vous pourriez
nous donner une indication de la limite, ce qu'elle pourrait
représenter?
M. Bédard: Ce que nous prévoyons, en tenant compte
des impératifs du 31 mars 1980, on aura l'occasion d'en discuter
il s'agit d'un débat d'une durée de cinq heures à
l'intérieur d'une même journée.
M. Lavoie: Cinq heures ou cinq minutes? M. Bédard:
Cinq heures. M. Lavoie: Cinq heures.
M. Bédard: Je ne veux pas reprendre la discussion
là-dessus, je sais que ça peut paraître un débat
très limité. Maintenant, je voudrais qu'on argumente lorsqu'on
reviendra avec nos amendements. Cela peut quand même permettre ce
délai, ça peut permettre à chacun des partis de donner
l'essentiel des propos ou des remarques qu'ils veulent faire concernant
l'ensemble de la carte. Cela ne permet sûrement pas d'aller dans tous les
détails, j'en conviens. Maintenant, la discussion elle-même sur ce
sujet, on pourrait peut-être la faire quand nous reviendrons.
M. Lavoie: J'aurais seulement un mot, je ne voudrais pas
éterniser le débat cet après-midi. Je trouve que cinq
heures, c'est d'une parcimonie désappointante.
M. Bédard: J'essaierai de l'expliquer comme il faut
lorsque...
M. Lavoie: Je voudrais dire ceci au ministre sur son
impératif ou son délai du 31 mars 1980; je ne vois pas pourquoi
la carte ne pourrait pas être faite le 15 ou le 30 avril. À moins
qu'il ait des raisons vraiment spéciales.
M. Bédard: Peut-être qu'on pourrait procéder
aux autres amendements, qui vont donner un certain éclairage pour sonder
les reins et les coeurs.
M. Lavoie: J'essaie d'obtenir un peu plus de cinq heures. Vous
comprenez l'ouverture qu'a eue l'Opposition lorsqu'on vous a donné notre
consentement, notre agrément à ce qu'on termine l'étude de
ce projet de loi pour le 1er décembre. Je pense que l'Opposition a fait
preuve d'une ouverture d'esprit, ce projet de loi aurait pu fort bien
être retardé jusqu'au 15 décembre, et même jusqu'au
22 décembre, très facilement.
Vous avez eu la bonne foi de l'Opposition, dans un certain esprit
d'ouverture qu'on percevait du côté du ministre. Les cinq heures
qu'il nous donne, c'est pas mal disproportionné avec le mois qu'on lui a
donné pour sa loi. Je pense que vous pourriez élargir ces cinq
heures. C'est pratiquement de la provocation. C'est une risée du
parlementarisme, le droit de parole qui peut.... Je vous dis qu'accorder un
délai de cinq heures sur cela, vous êtes aussi bien de ne pas en
accorder du tout.
M. Bédard: M. le Président, je
réitère simplement le fait qu'on aura l'occasion, lorsque nous
reviendrons, d'expliquer quels sont les délais, quels sont les
éléments qui nous amènent, d'une part, à accepter
et, d'autre part, à être obligé de restreindre ce
débat. J'espère apporter toute l'argumentation nécessaire
pour amener le plus de lumière possible dans le débat que nous
avons sur la question.
Le Président (M. Laberge): L'article 34 sera-t-il
suspendu?
M. Dussault: Suspendu, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): L'article 34 est suspendu.
J'appelle l'article 35. J'ai un papillon qui demande de remplacer l'article 35
par le suivant. C'est marqué "les suivants", mais il n'y en a qu'un.
Ah bon! Alors, remplacer l'article 35 par les suivants: "35. La liste
des circonscriptions électorales publiée à la Gazette
officielle du Québec entre en vigueur au moment de la dissolution de
l'Assemblée nationale du Québec." Cela constitue l'article 35. Il
y a des articles subséquents. Cet article 35 sera-t-il
adopté?
M. Bédard: Je pense que cela va de soi?
Le Président (M. Laberge): Article 35, adopté.
J'appelle l'article 35.1 que je lis. "À compter de la publication
à la Gazette officielle du Québec de la liste des
circonscriptions électorales, le gouvernement assigne une de ces
circonscriptions à chaque directeur du scrutin alors en fonction et
nomme un directeur du scrutin pour chacune des circonscriptions
électorales qui ne sont pas ainsi assignées, le cas
échéant. "Les nominations faites en vertu du présent
article ont effet jusqu'à ce qu'il soit procédé à
la nomination de directeurs du scrutin conformément à la Loi
électorale (1979, insérer ici le numéro de chapitre du
projet de loi no 9)." L'article 35.1 sera-t-il adopté?
M. Bédard: C'est seulement grammatical. Dans le
deuxième paragraphe, à la troisième ligne, le mot
"directeur" s'écrit avec un "s".
Le Président (M. Laberge): Ah bon!
M. Bédard: Nous avons discuté déjà au
niveau du projet de loi 9...
M. Gratton: Je voudrais simplement savoir si on doit
interpréter cet article comme voulant dire que chaque directeur du
scrutin en fonction au moment de l'entrée en vigueur de la carte
électorale se verra confier la tâche de directeur du scrutin dans
un des nouveaux comtés. En supposant qu'il y a plus de nouveaux
comtés qu'il y en avait d'anciens, dois-je conclure que chacun d'eux
recevra la tâche, la charge de président de comté?
M. Bédard: Oui.
M. Gratton: S'il y en avait plus que le nombre original, on en
aurait de nouveaux?
M. Bédard: On prendrait la formule qui a été
prévue par la Loi électorale pour procéder à ces
nominations.
M. Gratton: D'accord. Donc, l'entrée en vigueur d'une
nouvelle carte électorale ne servira de prétexte ou de cause de
remplacement d'aucun directeur du scrutin?
M. Bédard: Non. Le remplacement je ne sais pas tous
les termes serait prévu tel que c'est édicté dans
le projet de loi 9. On a donné un délai d'un an pour continuer
à procéder aux nominations selon la formule usuelle.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je pense qu'il y aurait
peut-être lieu, pour éclairer ceux des membres de la commission
qui n'étaient pas ici au moment de la discussion du projet de loi no 9.
De quelle façon le Directeur général des élections
procédera-t-il, non pas au moment de l'entrée en vigueur de la
carte, parce qu'il sera déjà trop tard pour faire le travail de
préparation, mais, au moment où la nouvelle carte sera connue,
vis-à-vis des directeurs du scrutin et du travail de préparation
qu'ils devront faire?
M. Bédard: C'est justement ce qui est prévu dans
les articles dont on fait la lecture. L'article 35.1, en fait, dit simplement
que c'est le gouvernement qui assigne l'une des nouvelles circonscriptions au
directeur du scrutin alors en fonction. Pour le surplus, il nomme un directeur
du scrutin ad hoc dans le but de préparer toutes les mesures
préparatoires nécessaires à la prochaine élection
générale, parce que c'est au prochain décret
d'élections générales que la carte entre en vigueur. Ces
mesures sont décrites dans les articles suivants, 35.2, etc. Elles
consistent en la délimitation des sections de vote des nouvelles
circonscriptions électorales, d'une part, et à la tenue d'un
recensement et d'une révision en fonction des nouvelles
circonscriptions.
M. Gratton: Pourquoi est-ce le gouvernement plutôt que le
DGE?
M. Bédard: En vertu de la loi 9, c'est également le
gouvernement qui nomme les directeurs du scrutin, sur recommandation du
Directeur gé- néral des élections. Maintenant, ici, c'est
le gouvernement dans les deux cas.
M. Lamontagne: M. le Président, seulement une chose...
M. Bédard: Selon la procédure qui a
été prévue à la loi 9, après qu'il y a eu
concours et recommandation du président général des
élections de trois noms au gouvernement.
M. Lamontagne: Depuis l'étude article par article du
projet de loi 10...
M. Bédard: Dans ce cas, il n'y a pas de recommandation,
puisqu'il nous faudra procéder selon les règles actuellement en
vigueur. (17 h 45)
M. Lamontagne: Depuis l'étude article par article du
projet de loi 10, en aucun moment, on n'a vu le terme "gouvernement". Au
contraire, tout est fait en fonction d'enlever le mot "gouvernement",
de même d'enlever, en certaines circonstances, presque totalement,
l'"Assemblée nationale". Je suggère au ministre, à
l'article 35.1, exactement comme son conseiller vient de le mentionner...
M. Bédard: C'est prévu.
M. Lamontagne: ... le gouvernement, sur recommandation du
directeur des élections...
M. Bédard: Ici, c'est nécessaire... C'est parce
qu'il y a une période...
M. Lamontagne: Votre chef de cabinet vient de sortir!
M. Bédard: II y a une période de transition.
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: C'est parce qu'il y a une période de
transition qui était nécessaire. On a longuement discuté
là-dessus lors de l'étude du projet de loi 9. On ne fait que
prévoir que ce remplacement se fera conformément à ce qui
a été prévu par la loi 9.
M. Lamontagne: Pour être bien clair, nous autres, on est en
train d'étudier le projet de loi no 10. Or, par le projet de loi no 10,
tout ce qui est gouvernemental, Assemblée nationale, semble être
extrêmement rébarbatif à tout ce qu'il y a de
parlementaires, surtout ministériels. Or, ô surprise!
j'espère que le député de Rosemont va intervenir avec
beaucoup d'à-propos comment se fait-il que, dans l'article 35.1,
c'est le gouvernement qui va désigner là, je vais laisser
des blancs, pour fins d'interprétation personnelle des personnes
à titre de directeurs du scrutin? Je pense qu'on ne devrait pas marquer
ça comme ça. Le gouvernement, pour respecter le projet de loi no
10, exactement comme on en convient, sur recommandation du Directeur
général des élections désigne... Mais non pas
laisser le gouvernement désigner. On détruit complètement
ce qu'on discute depuis l'article 1.
M. Fontaine: Est-ce un amendement à la loi 9 que vous
faites là?
M. Bédard: Non, ce n'est pas un amendement à la loi
9. C'est une mesure préparatoire qui est nécessitée en
fonction de l'entrée en vigueur des nouvelles cartes
électorales.
C'est pour ça effectivement que la discussion sur la question des
directeurs d'élection, je pense, nous l'avons eue lors de l'étude
du projet de loi no 9, et je crois que, ce qui était normal, nous
faisions référence tout simplement à la loi que nous avons
déjà adoptée.
M. Gratton: M. le Président... M. Fontaine: M. le
Président...
M. Gratton: ... lorsqu'on a discuté de cette question en
commission parlementaire sur le projet de loi no 9, pour ma part, en tout cas,
j'avais compris que cette assignation temporaire parce qu'il s'agit
strictement d'une assignation temporaire en attendant que la nouvelle carte
électorale devienne en vigueur serait faite par le Directeur
général des élections et non pas par le gouvernement par
arrêté en conseil.
À ce moment-là, je me rappelle que tout l'esprit de la
discussion portait sur le fait qu'il fallait que quelqu'un ait la
responsabilité de préparer la description des sections de vote
dans un nouveau comté donné, de faire tout le travail de
préparation. Il ne s'agissait cependant pas, dans mon esprit, et je
pense bien dans l'esprit de personne, de permettre à ces directeurs du
scrutin temporaires de procéder à la tenue d'une élection
partielle ou générale à partir de la nouvelle carte.
C'était strictement une période transitoire. Il me semble
que...
M. Bédard: C'est ça. C'est justement pour la
période...
Oui, je m'excuse.
Non, allez-y! C'est technique.
M. Gratton: Le ministre s'interrompt.
M. Bédard: Oui, dans le débat, je m'interromps
moi-même. Allez-y!
C'est précisément parce qu'on est ici dans une
période transitoire qu'on présente l'article 35.1 tel que
libellé. Le mécanisme prévu par la loi no 9, en ce qui
concerne la nomination des directeurs du scrutin, dit que le gouvernement nomme
un directeur du scrutin parmi trois personnes recommandées par le
Directeur général des élections, et on exige que le
Directeur général des élections tienne un concours public,
et qu'il laisse un avis raisonnable pour que toute personne puisse poser sa
candidature. Je ne me souviens plus du libellé exact, mais
c'était à peu près ça.
M. Lamontagne: Je serais porté à...
M. Bédard: Est-ce que l'on peut terminer les
explications?
Une voix: Allez-y.
M. Lamontagne: ... dire que vous demeurez au plan technique, mais
que nous sommes sur un sujet politique.
M. Bédard: On va expliquer la technique parce que je
comprends qu'il y a des membres de la commission qui n'étaient pas
là lors de l'étude de la loi 9...
M. Lamontagne: Mais on ne tournera pas la politique en technique,
M. le ministre.
M. Bédard: Non, on est toujours là lorsqu'il s'agit
de parler de politique...
M. Lamontagne: Quand le gouvernement assigne et nomme, ce n'est
pas technique, c'est très politique.
M. Bédard: M. le Président, je demanderais,
puisqu'on a demandé tout à l'heure certaines indications
techniques, que mademoiselle puisse continuer...
Le Président (M. Laberge): D'ailleurs, M. le
ministre...
M. Bédard: ... les explications techniques. On reviendra
à la discussion politique.
Le Président (M. Laberge): Pour le journal des
Débats, côté auditif, vous changez de voix, mais, au point
de vue de l'inscription, c'est inscrit en votre nom.
M. Bédard: D'accord.
Le Président (M. Laberge): C'est une explication technique
que vous donnez.
M. Bédard: Voilà. Entre la parution de l'avis qui
annonce le concours qui doit être tenu par le directeur
général et la nomination faite par le gouvernement en vertu de la
loi 9, on peut facilement imaginer un délai d'à peu près
trois mois. Il doit tenir un concours, l'annoncer, laisser le temps
raisonnable, voir les candidats, faire ses recommandations et le gouvernement
nomme ensuite par arrêté en conseil. Tout ça ne se fait pas
rapidement. On peut penser à un délai moyen de trois mois. Or,
pour le recensement de 1980, c'est beaucoup trop long, on n'a pas le temps de
procéder par ce mécanisme, parce que nous n'arriverons pas
à temps pour faire tenir le recensement, la révision, les
délimitations de sections de vote...
M. Gratton: Ce n'est pas ce qu'on demande non plus, je m'excuse
de vous interrompre, M. le ministre, ce n'est pas du tout cela qu'on demande.
On dit tout simplement que, dans la période d'intérim, il ne
s'agit pas de nommer un directeur du scrutin permanent qui présidera
à la tenue d'une élection, par exemple, il s'agit tout simplement
de désigner une personne qui a la responsabilité de
préparer le travail. D'ailleurs, le Directeur général des
élections, qui est venu nous rencontrer la semaine dernière, nous
disait qu'il a déjà les pouvoirs on l'a fait en 1972-1973
de désigner une personne pour commencer le travail de
préparation, description des sections de vote, etc., etc.
Ce dont il faudrait nous assurer dans le projet de loi no 10, c'est que
le directeur du scrutin permanent du nouveau comté doit être
nommé en vertu de la loi 9, on en convient, et il doit être
nommé avant qu'une élection générale soit
déclenchée, mais entre-temps, ce devrait être le Di-
recteur général des élections qui devrait avoir la
latitude de faire des nominations...
M. Bédard: Autrement dit, vous tenez pour acquis que les
nominations qui seront faites dans cette période transitoire sont des
nominations temporaires? C'est cela?
M. Gratton: Tout à fait temporaires. Oui. Aucun
caractère permanent.
M. Bédard: Sans qu'il y ait besoin de concours, etc.
M. Gratton: C'est cela.
M. Bédard: En attendant le concours. Après cela, il
y aura les concours et ces mêmes personnes qui ont pu être
nommées temporairement pourront postuler au même titre que
d'autres personnes aux fins d'avoir la nomination permanente. Si on se comprend
très bien sur cette interprétation, justement parce qu'il s'agit
de mesures transitoires dont nous discutons, et qu'il y a nécessairement
besoin de procéder avec le plus de célérité
possible, je n'ai aucune objection à ce que ce soit le directeur pour
cette période-là.
M. Lamontagne: Cela respecte l'esprit de la loi, M. le ministre.
Je pense que vous-même...
M. Bédard: J'ai voulu simplement le faire en concordance
avec une loi déjà existante.
M. Lamontagne: Cela détonne un peu avec la loi.
M. Bédard: Parce que c'est le gouvernement qui nomme, dans
l'autre loi, mais là, on s'entend pour que, d'une façon
transitoire...
M. Gratton: Là, ce n'est plus une nomination, c'est une
assignation.
M. Bédard: ... il y ait également des nominations
pour les circonscriptions électorales qui ne seraient pas
assignées, c'est-à-dire qu'actuellement il y a 110
circonscriptions... Ce sont des assignations temporaires.
M. Lamontagne: Oui, des assignations temporaires. Cela demeure
des assignations temporaires.
M. Bédard: ... et des nominations temporaires
également.
M. Gratton: Mais je les laisserais encore, même
celles-là, au Directeur général des élections.
M. Bédard: On s'entend, pour les fins du journal des
Débats et le Directeur général des é-
lections va sûrement lire le journal des Débats ce sont des
désignations ou des assignations temporaires, mais ces personnes
naturellement agissent comme directeurs du scrutin avec les pouvoirs, d'une
façon temporaire, d'un directeur du scrutin.
M. Gratton: Oui, mais précisons, pour que tout le monde se
comprenne bien. Advenant le déclenchement d'une élection
partielle, ces gens-là n'ont rien à faire avec la tenue
d'élections partielles, parce que ce sont les anciens comtés,
donc les anciens directeurs de scrutin qui sont qui sont là... Par
contre, advenant le déclenchement d'élections
générales, c'est une autre histoire, et c'est là qu'au
deuxième paragraphe de votre article 35.1, il me semble qu'il va falloir
préciser à quel moment dans le temps on devra nommer, de
façon permanente, en vertu du projet de loi no 9, les nouveaux
directeurs du scrutin permanents, parce qu'on ne voudrait pas que ces personnes
désignées temporairement puissent présider à la
tenue d'une élection générale non plus, autant que
possible.
Le Président (M. Laberge): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Pour aider le ministre à
réfléchir, les remarques qu'on vient de faire, d'après
moi, ça vaut pour l'entrée en vigueur de la loi, pour les
premières nominations. Mais, dans les années à venir,
étant donné que les directeurs du scrutin sont nommés pour
cinq ans, il ne faudrait quand même pas que, si on modifie la carte
électorale et qu'on modifie les comtés, les directeurs du scrutin
qui ont été nommés pour cinq ans soient automatiquement
dégommés et obligés de repasser un concours.
M. Bédard: Cela me semble clair que la nomination est pour
cinq ans, elle n'est pas conditionnelle.
M. Fontaine: Si vous dites "à compter de la publication
à la Gazette officielle du Québec de la liste des
circonscriptions électorales, le gouvernement ou le directeur
général assigne...
Une voix: Dave Crockett.
M. Fontaine: ... une de ces circonscriptions à chaque
directeur du scrutin," cela veut dire qu'automatiquement, ils sont
obligés de repasser un concours.
M. Bédard: Non, non. Cela ne déroge pas au principe
établi par la loi 9.
On pourrait... on va trouver la formulation pour répondre, soit
assignation temporaire.
Sur ce que voudrait l'Opposition, entre autres le député
de Nicolet-Yamaska. Si je comprends bien, vous voulez qu'il soit clair que les
personnes qui ont été nommées pour cinq ans soient
nommées pour cinq ans et que...
M. Fontaine: Une modification à la carte
électorale.
M. Bédard: ... Une modification à la carte
électorale n'amène pas la révocation de leur...
M. Fontaine: Qu'ils soient réaffectés à un
comté.
M. Bédard: C'est déjà très clair.
Quand quelqu'un sera nommé pour cinq ans, en vertu de la loi no 9, on
sait très bien quand son mandat prendra fin, et le directeur
général va préparer ses concours avant l'expiration de son
mandat, parce que cela ne dépend pas de la publication de la carte
électorale. Il sait que le mandat doit se terminer à telle date,
c'est-à-dire cinq ans après.
Les nominations et les assignations temporaires faites en vertu de cet
article 35.1 n'ont pas d'effet sur le mandat réalisé en vertu de
la loi no 9.
M. Fontaine: Si le comté disparaît
complètement, la nomination, d'après moi, devient caduque.
M. Bédard: Cela m'étonnerait que la commission
fasse cela.
M. Fontaine: C'est déjà arrivé souvent,
à la suite d'une fusion de deux comtés. Par exemple, mon
comté, auparavant, c'était deux comtés, soit Nicolet et
Yamaska. Maintenant c'est Nicolet-Yamaska. Je représente deux
comtés.
M. Bédard: C'est très clair dans le texte. M.
Fontaine: J'ai seulement un salaire. Oui.
M. Bédard: Le Directeur général des
élections assigne une de ses circonscriptions à chaque directeur
du scrutin alors en fonction. On peut s'orienter simplement sur un nombre accru
de comtés et non pas sur une diminution du nombre de comtés, ce
qui indique très clairement que ceux déjà nommés
seront tout simplement réassignés, en tenant compte des
changements à la carte et leur nomination est effectivement pour cinq
ans. (18 heures)
Une voix: Vous remplacez le mot "gouvernement" par les mots
"Directeur général des élections".
M. Bédard: Oui. L'article se lirait comme suit et je cite:
"35.1. À compter de la publication dans la Gazette officielle du
Québec de la liste des circonscriptions électorales, le Directeur
général des élections assigne une de ses circonscriptions
à chaque directeur du scrutin alors en fonction et nomme un directeur du
scrutin pour chacune des circonscriptions électorales qui ne sont pas
ainsi assignées, le cas échéant. "Les nominations faites
en vertu du présent article ont effet jusqu'à ce qu'il soit
procédé à la nomination du directeur du scrutin,
conformément à la Loi électorale (1979 et insérer
ici le numéro du chapitre du projet de loi no 9).
M. Fontaine: C'est justement là, M. le Président.
Au deuxième paragraphe, on dit que les nominations faites en vertu du
présent article ont
effet jusqu'à ce qu'il soit procédé à la
nomination prévue dans le projet de loi no 9. Dans le projet de loi no
9, on prévoit la nomination par concours. Cela veut dire
qu'automatiquement tous les directeurs de scrutin devront repasser un
concours.
M. Bédard: Si vous remarquez, on ne dit pas les
assignations et les nominations. On ne parle que des nominations.
M. Fontaine: Ah!
M. Bédard: Cela va?
M. Lamontagne: "assigne" et "nomme".
Le Président (M. Laberge): L'article 35.1 est
amendé en remplaçant à la troisième ligne le mot
"gouvernement" par les mots "Directeur général des
élections". Cet amendement est-il adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 35.1
amendé avec un "s" ajouté au mot "directeur" à la
troisième ligne du deuxième alinéa est-il
adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté, avec amendement.
Article 35.2.
M. Lavoie: Est-ce que, dans la loi, cela va porter le no 35.1 ou
est-ce qu'il va y avoir un nouveau numérotage?
Le Président (M. Laberge): Cela va être
renuméroté.
M. Bédard: On va demander une motion de
renumérotage à la fin.
M. Lavoie: Parce qu'il y a une couple d'articles qui ont
sauté.
Le Président (M. Laberge): Oui, il y en a qui ont
été biffés, d'autres...
M. Lavoie: II est 18 heures. Seulement une petite question sur
l'article 35, qu'on a déjà adopté. Vous dites: "La liste
des circonscriptions électora- les publiée à la Gazette
officielle..." Si je comprends bien, c'est seulement la liste, il n'y aura pas
la description dans la Gazette officielle?
M. Bédard: Oui. Est-ce que vous me permettez de
répondre?
M. Lavoie: Oui.
M. Bédard: Cela fait suite en fait à l'article qui
a été suspendu. Je pense qu'il y a eu un papillon de
distribué. L'article 34.1 prévoyait que la commission doit
publier à la Gazette officielle la liste des circonscriptions
électorales en indiquant la délimitation et le nom de chacune
d'elles.
On y reviendra.
M. Lavoie: La liste, en indiquant le nom.
M. Lamontagne: C'est inscrit, à l'article 34,
deuxième paragraphe.
M. Lavoie: Ah oui! d'accord, je m'excuse. Je ne l'avais
pas...
M. Bédard: Article 35.2.
Le Président (M. Laberge): Article 35.2. Nous en ferons la
lecture à la prochaine séance, puisque cette...
M. Bédard: Je ne sais pas, avec l'accord des membres de la
commission, est-ce que vous pensez qu'on peut terminer?
M. Lavoie: Combien y en a-t-il?
M. Bédard: C'est technique. Ce sont des mesures
transitoires.
Une voix: Demain matin.
Une voix: II y en a cinq ou six.
M. Bédard: D'accord.
M. Lamontagne: J'aimerais mieux les relire tranquillement.
Le Président (M. Laberge): La commission ajourne ses
travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 4)