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Étude du projet de loi no 10
(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la présidence du conseil et de la
constitution reprend ses travaux sur le projet de loi no 10, Loi sur la
représentation électorale.
Les membres de cette commission pour cette séance sont: M.
Bédard (Chicoutimi); M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par Mme
LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine); M. Charbonneau (Verchères)
remplacé par M. Lefebvre (Viau); M. Forget (Saint-Laurent)
remplacé par M. Gratton (Gatineau); M. Grenier (Mégantic-Compton)
remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Laberge (Jeanne-Mance)
remplacé par M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes); M. Levesque
(Bonaventure) remplacé par M. Lavoie (Laval); M. Morin
(Louis-Hébert) remplacé par M. Dussault (Châteauguay); M.
Paquette (Rosemont); M. Samson (Rouyn-Noranda). Les intervenants sont: M.
Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Clair
(Drummond), M. Guay (Taschereau) et M. Lévesque (Taillon). Le rapporteur
est M. Lefebvre (Viau).
La procédure d'adoption de la
délimitation des circonscriptions électorales (suite)
À l'ajournement de notre dernière séance, nous
avions adopté avec amendement l'article 35.1 et nous en étions
à l'article 35.2. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, l'article 35.2 se
lirait comme suit: "À compter de la publication à la Gazette
officielle du Québec de la liste des circonscriptions
électorales, le Directeur général des élections et
les directeurs du scrutin procèdent à la délimitation des
sections de vote conformément à la Loi électorale (1979,
insérer ici le numéro de chapitre du projet de loi 9) et tiennent
un recensement et une révision conformément à la Loi sur
les listes électorales, en tenant compte des nouvelles circonscriptions.
"La période de ce recensement commence à la date fixée par
le Directeur général des élections et se termine le jour
de la transmission des relevés des changements apportés aux
listes électorales lors de la révision, conformément aux
paragraphes 1 et 3 de l'article 105 de la Loi sur les listes électorales
et aux paragraphes 4 et 6 de l'article 130 de cette loi, et toutes les
opérations s'y rapportant sont faites dans les délais
fixés par le Directeur général des élections;
celui-ci ne peut cependant réduire la période prévue par
la Loi sur les listes électorales pour faire une demande d'inscription,
de radiation ou de correction de la liste électorale. "Toutefois, la
période de ce recensement doit être terminée au plus tard
le dernier jour du sixième mois suivant la publication à la
Gazette officielle du Québec de la liste des circonscriptions
électorales. "Les directeurs du scrutin nommés ou assignés
en vertu de l'article 35.1 agissent aux fins du présent article."
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cet...
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'on pourrait nous
expliquer le mécanisme de tout cela? On est en train de donner, si j'ai
bien compris, au Directeur général des élections la
possibilité et même l'obligation de tenir un recensement autre que
le recensement annuel.
M. Bédard: C'est-à-dire un recensement sur les
nouvelles circonscriptions électorales.
M. Gratton: Oui. Mais, on se trouve à dire: II doit y
avoir un recensement, quelle que soit la période de l'année
où la nouvelle délimitation des comtés est connue.
M. Bédard: C'est-à-dire dans les six mois. On fixe
un délai qui est raisonnable, selon toutes les consultations que nous
avons faites. C'est pour cela que nous indiquons un délai dans les six
mois de la publication à la Gazette officielle, c'est ça?
M. Gratton: Mais, je me demande pourquoi on le fait, ce
recensement? Pourquoi n'attend-on pas tout simplement que la période de
recensement annuel ne vienne?
M. Bédard: C'est parce que, dans l'hypothèse
où une élection générale serait
décrétée peu de temps après la publication des
nouvelles circonscriptions dans la Gazette, il faut absolument qu'on ait le
recensement effectué en tenant compte des nouvelles circonscriptions.
Autrement, on n'est pas capable de procéder à l'élection
générale.
M. Gratton: Mais, on peut procéder à un recensement
en décrétant la tenue de l'élection
générale; de la même façon que si on devait
décréter une élection générale, disons, dans
les délais prescrits par la loi vis-à-vis du recensement annuel,
on annulerait le recensement annuel et on ferait un recensement
spécifique pour...
M. Bédard: La Loi électorale prévoit
déjà ce qui arrive lorsque des élections sont
décrétées pendant une période de recensement
annuel, les articles 96 et 126...
M. Gratton: C'est ça.
M. Bédard: Par exemple, si une élection
générale est décrétée dont le scrutin est
fixé pendant la période du recensement annuel, les articles 96 et
126 de la Loi sur les listes électorales prévoient qu'on
procède à une seconde révision des listes et que, dans ce
cas-là, le recensement est arrêté dans la circonscription
électorale dans laquelle se déroule l'élection. Cette
règle s'appli-
que toujours. Cela signifierait, si on n'a pas procédé au
recensement sur les nouvelles circonscriptions électorales, qu'il
faudrait procéder à une seconde révision des
dernières listes en vigueur et qu'on n'a pas de recensement utile pour
l'élection générale qui doit avoir lieu suivant les
nouvelles circonscriptions. On est vraiment obligé, par
conséquent, de prévoir l'obligation pour le directeur
général de tenir un recensement en fonction des nouvelles
circonscriptions électorales, d'autant plus que la période
électorale maintenant, en vertu de la loi 9, c'est de 28 à 35
jours. Enfin, l'élection a lieu le lundi de la cinquième semaine
suivant l'émission du décret d'élection. Cela ne laisse
pas suffisamment de temps pour procéder à tout nouveau
recensement, les délimitations de sections de vote et la
révision, etc.
M. Fontaine: M. le Président?
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Etant donné qu'un recensement annuel
représente environ $4 millions...
M. Bédard: $12 millions.
M. Fontaine: $12 millions, je m'excuse.
M. Bédard: Cela fait ressortir peut-être
l'importance du point de vue économique d'avoir un registre...
M. Fontaine: Vous ne manquez jamais votre petit message!
M. Bédard: Ah! un petit message de temps en temps! Vous
m'en passez souvent, vous aussi.
M. Fontaine: Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité pour
le Directeur général des élections de faire tout
simplement un appariement des sections de vote au lieu de faire un recensement
dans les nouveaux comtés?
M. Bédard: On me dit mais je ne veux pas repasser
le message que, s'il y avait un registre, ce serait possible.
Maintenant, il semble que...
M. Fontaine: Même sans registre, si on a le recensement, le
transfert des sections de vote d'un comté à l'autre, est-ce qu'il
n'y aurait pas possibilité tout simplement de faire un appariement de
ces... Cela pourrait permettre de donner $12 millions de plus aux
fonctionnaires.
M. Bédard: Suivant la structure actuelle, en tout cas, de
la loi 9, on prévoit qu'il y a toujours la tenue d'un recensement,
suivant cette structure. Il a paru préférable de conserver la
même structure, puisque ce sont des règles de jeu actuellement,
donc, d'ordonner qu'il y ait un recensement.
Maintenant, pour éviter les multiplications de coûts,
à l'article 35.3, celui qui suit, vous remarquerez qu'on dit que,
dès que la période de ce recensement a commencé, on met de
côté la période du recensement annuel fait dans les
circonscriptions électorales alors en vigueur qui suit
immédiatement ce nouveau recensement pour éviter qu'il y ait
duplication et deux fois $12 millions dans la même année.
M. Fontaine: Cela veut dire qu'il n'y aura pas deux pareils.
Mais, vous ne...
M. Bédard: II y a eu des consultations entre les
équipes d'experts à savoir que prévoir un délai de
six mois constitue un délai raisonnable.
M. Fontaine: Etant donné que cette publication peut avoir
lieu n'importe quand, est-ce qu'on peut avoir l'assurance qu'il n'y aura pas un
recensement en plein coeur du mois de juillet?
M. Bédard: Le délai est pour cela, oui. Le
délai de six mois, selon les consultations que nous avons faites, semble
un délai raisonnable dans les circonstances.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais que ce soit bien
clair dans mon esprit. Advenant qu'après la prochaine élection
générale la commission étudierait les résultats du
recensement qui ont servi à l'élection, procéderait
à la confection d'une nouvelle carte, ferait les consultations que
prévoit la loi et finirait par adopter une nouvelle carte
électorale. Cela pourrait être cela douze ou dix-huit mois
après la tenue de l'élection générale. D'accord?
À compter de ce moment-là, immédiatement, selon l'article
35.2, le Directeur général des élections procède
à un recensement...
M. Bédard: Dans le délai imparti.
M. Gratton: C'est cela. Et tantôt, on verra que
l'année suivante, s'il n'y a pas encore eu d'élection
générale, c'est celle-là qui sert pour le recensement
annuel. C'est à partir des nouveaux comtés. Mais est-ce qu'on va
continuer également à faire des recensements annuels dans les
anciens comtés au cas d'une élection partielle?
M. Bédard: Non. L'article 35.3 met de côté le
recensement annuel dans les anciennes circonscriptions électorales,
à partir du moment où on a commencé à
procéder au recensement fait sur la liste des nouvelles circonscriptions
électorales. Par contre, on prévoit à l'article 35.5, en
cas d'une partielle, qu'on aura une seconde révision dans la
circonscription électorale concernée et on se servira des listes
électorales préparées et révisées à
la suite du dernier recensement qui aura été tenu dans les
circonscriptions électorales alors en vigueur.
M. Gratton: C'est parce qu'on s'expose, pendant deux ans,
peut-être même plus longtemps, à faire des recensements
annuels dans des comtés
qui n'existeront en réalité qu'au moment de la dissolution
de l'Assemblée nationale, avec tous les problèmes que cela
comporte au point de vue des recommandations des recenseurs et tout le reste.
Cela va être fortement mélangeant.
M. Bédard: Etant donné les coûts
élevés des recensements, d'après ce qu'on dit, $12
millions chaque fois, faire faire des recensements annuels pour les
circonscriptions électorales qui ne seront plus en vigueur pour la
prochaine élection générale, paraît une
dépense plus ou moins inutile. C'est la raison pour laquelle on
prévoit que le recensement, à partir de la publication de la
liste dans la Gazette, se fera dans les nouvelles circonscriptions
électorales, puisque ce sont elles qui serviront à la prochaine
élection générale. Quant aux partielles et aux
possibilités qu'il y en ait, on se sert alors du recensement
effectué dans les circonscriptions en vigueur.
Tout en respectant les opinions de l'Opposition officielle
déjà exprimées, je pense que ces situations auxquelles
fait allusion le député de Gatineau, peuvent illustrer
jusqu'à quel point si nous avions un registre nous éviterions des
difficultés dans ce sens-là. Je ne le dis pas dans...
M. Gratton: M. le Président, on n'est quand même pas
pour faire exprès pour adopter une loi qui serait la moins bonne
possible afin de faire la preuve qu'il faut un registre des
électeurs.
M. Bédard: Je suis parfaitement d'accord. M. Gratton:
D'abord qu'on s'entend là-dessus.
M. Bédard: Je n'irai pas par ce genre de preuve.
M. Gratton: Je me pose la question à savoir si cette
obligation de tenir un recensement tout de suite après l'adoption de la
Loi électorale n'est pas superflue; surtout si on sait qu'on est
peut-être à deux ans ou à trois ans d'une élection
générale, à quoi ça va servir, finalement, le
recensement annuel?
M. Bédard: Cette possibilité est là
justement parce qu'on ne sait pas à l'avance quand des élections
générales seront décrétées et qu'il faut
absolument qu'on ait la carte électorale qui va compter au moment de la
prochaine élection générale, d'une part;
deuxièmement, parce qu'un recensement, ça prend 46 ou 47 jours,
alors que la période électorale, en vertu de la loi 9, va de 28
à 35 jours. Cela ne laisserait absolument pas le temps c'est
très certain de procéder au recensement sur les nouvelles
circonscriptions électorales à partir du décret
d'élections générales. Il faut que ce soit fait avant. (10
h 30)
M. Gratton: Je m'excuse de ne pas avoir été ici
pour la discussion préalable, mais est-ce qu'on précise le moment
auquel on doit publier dans la Gazette officielle la liste des nouvelles
circonscriptions?
M. Bédard: Non, il n'y a pas de date
précisée. En fait, c'est dans la section comprenant les articles
28 à 34 où on dit: Dans les douze mois de l'élection
générale, elle dépose un rapport et, dans les douze mois
du dépôt du rapport, la commission entend les
représentations des députés, des citoyens, des organismes.
Elle va établir la liste des circonscriptions électorales.
Dès que la liste est établie, elle la publie dans la Gazette
officielle du Québec. Il n'y a pas de délai à ce
moment.
M. Gratton: Est-ce qu'automatiquement la publication dans la
Gazette officielle se fait dans les douze mois de l'élection
générale? Pas nécessairement.
M. Bédard: Non, ça me surprendrait beaucoup que
ça puisse se faire dans ce délai. En fait, tel que les articles
28 à 34 sont bâtis, douze mois après l'élection
générale, la commission dépose son rapport dans lequel
elle propose des délimitations de circonscriptions. Dans les douze mois
du dépôt de ce rapport, elle consulte les citoyens, les organismes
et les députés. Ensuite, je suppose qu'elle prend en
considération les représentations qui lui ont été
faites et elle prend une décision, elle établit la
délimitation des circonscriptions électorales. Une fois ceci
fait, elle publie la liste dans la Gazette officielle. Un an est
extrêmement court; ce serait bien surprenant que la commission puisse
traverser toutes ces étapes en si peu de temps.
M. Gratton: II y a donc deux façons d'éviter de
faire des recensements à répétition qui seraient inutiles.
La première, c'est que la publication dans la Gazette officielle peut
toujours être retardée dans une certaine mesure et la
deuxième, c'est tout simplement d'adopter un projet de loi, comme on l'a
fait l'an dernier ou l'année précédente, pour suspendre la
tenue du recensement.
M. Bédard: II n'y a pas de délai.
M. Lavoie: La loi 10 étant adoptée et entrant en
vigueur, la commission ayant fait une nouvelle carte dans le délai
imparti au 31 mars 1980. Qu'est-ce qui arrive s'il y avait des élections
générales au mois de juin? Qu'est-ce qui arriverait au point de
vue recensement et toutes ces choses-là?
M. Bédard: II serait à souhaiter que le Direc- teur
général des élections ait procédé à
son recensement et à sa révision.
M. Lavoie: Avant le mois de juin? M. Bédard:
Avant.
M. Lavoie: Oh! Ceci est pratiquement impossible.
M. Bédard: Comme il est pratiquement impossible qu'il y
ait des élections au mois de juin.
M. Lavoie: Oh! Attention! Je m'excuse, j'ai dit le mois de juin,
mais c'est peut-être le mois d'avril.
M. Bédard: On ne fera pas de discussion politique
là-dessus.
M. Lavoie: Mais écoutez, cela nous mettrait dans une
drôle de position. Il n'y aurait pas de listes dans les nouveaux
comtés.
M. Bédard: En fait, c'est le gouvernement qui
décrète les élections générales. J'imagine
que le gouvernement, sachant qu'il a besoin du recensement fait en vertu des
nouvelles circonscriptions électorales...
M. Lavoie: Excusez-moi, mais il peut arriver d'autres
circonstances. J'ai déjà vu en dehors de toute attaque
politique d'autres circonstances où le gouvernement
déclenche des élections. C'est déjà arrivé
qu'il y ait un éclatement dans un parti et que le gouvernement n'ait
plus la confiance de la Chambre.
M. Gratton: M. le Président, je pense que c'est un point
important quand même. On peut imaginer qu'à 99,99% que cela ne
puisse pas se produire. Mais Dieu sait que cela évolue vite. Ce pourrait
être le gouvernement qui souhaiterait tenir des élections. Il me
semble qu'on devrait prévoir une disposition transitoire dans le projet
de loi no 10, qui réglerait le cas de la possibilité, qui
permettrait de tenir une élection générale en tout temps.
Il me semble que ce ne sont pas les législations qu'on adopte ici qui
devraient empêcher le gouvernement, quel qu'il soit, de
décréter la tenue d'une élection générale
à quelque moment que ce soit.
M. Bédard: Nous allons prendre en considération
cette représentation, pour voir comment on pourrait effectivement
prévoir une mesure transitoire qui constituerait une solution aux
préoccupations du député de Gatineau.
M. Lavoie: C'est un cas exceptionnel.
M. Bédard: Je pense que c'est important,
définitivement. Nous allons essayer de voir, peut-être un peu plus
tard...
Le Président (M. Laberge): Nous allons le voir dans un
article ultérieur.
M. Lavoie: On doit terminer aujourd'hui l'étude du projet
de loi, M. le Président?
M. Bédard: Oui. Alors, vous allez l'avoir aujourd'hui.
Je n'ai pas d'autres représentations sur l'article 35.2, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 35.2 est
adopté?
M. Lavoie: II va être obligé de rester en
suspens.
M. Bédard: Non, ce sera un autre article.
Le Président (M. Laberge): Cela peut être dans les
dispositions transitoires.
M. Bédard: II y en a une effectivement. Nous reviendrons
sur le sujet.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 35.2 sera
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article
35.3.
M. Bédard: L'article 35.3 se lit comme suit: "Dès
que la période du recensement visée dans l'article 35.2 a
commencé, la période du recensement annuel prévue par la
Loi sur les listes électorales qui est commencée ou qui suit
immédiatement, selon le cas, est annulée et celle de
l'année suivante, si elle a lieu, se déroule en tenant compte des
nouvelles circonscriptions électorales publiées à la
Gazette officielle du Québec."
M. Gratton: Cela va, M. le Président.
M. Bédard: Ce sont des conséquences de l'autre.
Le Président (M. Laberge): Article 35.3, adopté?
Adopté. Article 35.4.
M. Bédard: L'article 35.4 se lirait comme suit: "35.4
Seules les listes électorales préparées et
révisées à la suite du dernier recensement effectué
en tenant compte des nouvelles circonscriptions électorales sont
officielles et servent à une élection générale. "La
période de recensement visée dans l'article 35.2 est
réputée être une période du recensement annuel aux
fins de la Loi sur les listes électorales."
Le Président (M. Laberge): Article 35.4,
adopté.
M. Lavoie: Un instant! Un instant!
Le Président (M. Laberge): Une question, M. le
député de Laval?
M. Lavoie: Non, je suis en train de lire attentivement. C'est
encore sujet à une autre disposition à venir?
M. Bédard: Oui, ces trois articles-là, je pense...
On a soulevé un point. Cela a été fait par le
député de Gatineau. Nous allons revenir sur le sujet
précis.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 35.4, adopté.
Article 35.5
M. Fontaine: Adopté.
M. Bédard: Article 35.5, adopté.
M. Gratton: M. le Président, un instant! Je n'ai pas
d'article 35.5.
Le Président (M. Laberge): L'article 35.5, je peux vous en
donner la lecture.
M. Bédard: Cela a été distribué
hier.
M. Fontaine: On peut se mettre trois sur la même
feuille.
M. Gratton: Vous permettez que je lise la feuille de l'Union
Nationale?
Le Président (M. Laberge): Je vous en donne lecture en
même temps.
M. Gratton: C'est la seule et unique feuille.
Le Président (M. Laberge): L'article 35.5 se lit comme
suit: "35.5 Si une élection partielle est décrétée
pendant une période de recensement visée dans l'article 35.2 ou
dans l'article 35.3, et que le jour du scrutin est fixé après
cette période, celle-ci est annulée dans la circonscription
électorale où se déroule l'élection et il doit
être procédé à une seconde révision des
listes électorales préparées et révisées
à la suite du dernier recensement annuel effectué en tenant
compte des circonscriptions électorales alors en vigueur. Cette seconde
révision a lieu dans les mêmes délais et de la même
manière qu'en vertu de la Loi sur les listes électorales."
M. Gratton: Est-ce qu'on est bien sûr que c'est ce qu'on
veut faire?
Une voix: ...
M. Gratton: Oui, j'imagine bien, mais de procéder
seulement à une révision. La liste pourrait dater de deux ou
trois ans, peut-être même quatre, et on ne procéderait, pour
la confection des listes électorales, qu'à une simple
révision. Est-ce qu'il ne serait pas plus sage de prévoir un
recensement?
M. Bédard: Encore une fois, en vertu de la loi 9,
l'élection a lieu le cinquième lundi qui suit le jour du
décret. On n'a pas le temps de tenir un recensement à partir du
jour du décret. Dans la loi 9, on a prévu que quand une
élection est déclenchée pendant une période de
recensement annuel et que le jour du scrutin est fixé après cette
période, c'est-à-dire au plus tard, un mois après, par
exemple, parce qu'il y a toujours une période de cinq semaines de
délai entre les deux, normalement, on ne procède même pas
à une seconde révision, on laisse aller la période de
recensement alors en cours pour se servir des listes qui viendront tout juste
d'être révisées. Etant donné que les recensements se
feront dans les nouvelles circonscriptions et que dans le cas d'une partielle,
cela doit se faire dans les circonscriptions en vigueur, et non pas celles qui
viennent d'être publiées dans la Gazette, il faut absolument
prévoir que dans ce cas, on procède à une seconde
révision des listes préparées et révisées
lors du dernier recensement effectué dans les circonscriptions alors en
vigueur.
M. Gratton: II me semble que c'est s'exposer à tenir des
élections avec une liste dont la valeur peut assurément
être mise en cause. Il faut...
M. Bédard: ... révision en période
électorale. L'hypothèse est déjà prévue dans
la Loi électorale. À chaque fois qu'une élection est
décrétée et que le jour du scrutin tombe pendant la
période du recensement, on sursoit à ce recensement et on
procède à une seconde révision des listes en fonction du
dernier recensement.
M. Gratton: D'accord. On a quand même une liste qui a
été confectionnée, un recensement qui a été
fait dans les douze ou dix-huit mois précédents. Dans ce cas, on
pourrait faire une révision à partir d'une liste qui a
été confectionnée il y a trois ou quatre ans.
M. Bédard: Quatre ans, je ne pense pas que cela puisse se
produire.
M. Gratton: 36 ou 40 mois, c'est quand même... Quand on
sait qu'il y a, par année, 20% des gens au Québec qui
déménagent, il y a de grosses chances qu'après trois ans,
il ne restera seulement que 40% des gens qui seront encore inscrits
correctement sur la liste.
M. Bédard: Oui. Dans la loi 9, vous vous souvenez
sûrement qu'on a prévu que la liste électorale doit
être transmise à chaque habitation de la circonscription
électorale au moins 22 jours avant le scrutin. C'est une obligation qui
a été créée par les modifications qu'on a
apportées à la loi 9. Evidemment, il y a beaucoup d'avis et
chaque personne est avisée personnellement à son habitation par
la poste de la liste et de ce qu'elle contient.
M. Gratton: J'en suis réduit à souhaiter qu'il n'y
ait pas beaucoup d'élections partielles dans ces conditions.
M. Bédard: Puis-je vous dire que je formule le même
souhait?
M. Gratton: Oui, mais peut-être pour des raisons
différentes.
M. Bédard: Pour des raisons...
Le Président (M. Laberge): L'article 35.5 sera-t-il
adopté?
M. Gratton: Sur division.
Dispositions transitoires et finales
M. Bédard: Article 36?
Le Président (M. Laberge): Article 35.5 adopté sur
division. J'appelle...
M. Bédard: À l'article 36, une seconde... Le
Président (M. Laberge): Le papillon que vous aviez disant que
l'article 36 devient l'article 37 est rejeté. L'article 36 est
remplacé par le suivant.
M. Bédard: II est remplacé par le suivant: "La
présente loi remplace la Loi de la Commission permanente de la
réforme des districts électoraux (chapitre c-36) à
l'exception des articles 2 à 5, lesquels sont abrogés. "La
commission succède à cet organisme à toutes fins que de
droit. Le personnel qui est à l'emploi de cet organisme au moment de
l'entrée en vigueur du présent article est rattaché
à la commission sans autre formalité et la Loi sur la fonction
publique (1978, chapitre 15) devient applicable à ce personnel sans
autre formalité."
L'article 36 devient l'article 37.
M. Gratton: Pourquoi les articles 2 à 5?
M. Bédard: Ce sont les articles qui prévoient qui
est membre de la Commission permanente de la réforme des districts
électoraux.
M. Gratton: J'avais deviné.
M. Fontaine: Pourquoi l'avez-vous demandé?
M. Gratton: Vous ne voulez pas qu'ils deviennent ipso facto
membres de la nouvelle commission?
M. Bédard: On procédera, selon le mode prévu
dans le projet de loi no 10, aux nominations qui sont nécessaires.
M. Fontaine: Parfaitement d'accord, M. le Président.
M. Bédard: Cela va?
Le Président (M. Laberge): Article 36 devenant 37,
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article...
M. Fontaine: M. le Président, pourrait-on revenir à
l'article 13 avant qu'on continue? Il y avait une modification qu'on avait
demandée hier et j'aurais une proposition d'amendement à
formuler. Je pourrais la déposer. Peut-être qu'on pourrait passer
ça immédiatement.
M. Bédard: Vous ne croyez pas que...
M. Fontaine: Après?
M. Bédard: Oui, après. Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Laberge): Après avoir vu l'article
39, on reviendra au début.
M. Bédard: On va terminer et, ensuite, il restera deux
problèmes à résoudre.
M. Fontaine: D'accord. M. Bédard: L'article
37...
Le Président (M. Laberge): Le papillon suivant...
M. Bédard: ... se lirait comme suit: "La Cour
supérieure n'a aucune juridiction dans les matières
découlant de l'application de la présente loi, et aucun recours
extraordinaire, ni aucune mesure provisionnelle prévus par le Code de
procédure civile ne peuvent être pris contre la commission ou l'un
de ses membres dans l'exercice de ses fonctions.
(10 h 45)
"Un juge de la Cour d'appel peut, sur requête, annuler
sommairement un bref, une ordonnance ou une injonction délivrés
à l'encontre du présent article."
C'est un article, M. le Président, qui se retrouve dans toutes
les lois électorales, de manière à prévoir qu'un
individu ou qui que ce soit ne puisse pas entraver le processus
électoral par des poursuites intentées devant les tribunaux.
Le Président (M. Laberge): Cet article
numéroté 36.1 est-il adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 36.1 est
adopté. Maintenant, j'appelle l'article 37 qui deviendra l'article 36 et
qui se lit comme suit: "Malgré les articles 28 à 30, la
commission, après avoir entendu les représentations des
députés, des citoyens et des organismes intéressés,
établit la délimitation des circonscriptions électorales
et leur attribue un nom au plus tard au 31 mars 1980, en se fondant sur les
travaux de la Commission permanente de la réforme des districts
électoraux, tels qu'ils ont été effectués au moment
de l'entrée en vigueur de la présente loi.
L'article 37 devient l'article 36. Est-ce que cet article sera
adopté?
M. Gratton: Quand prévoit-on la proclamation pour
l'entrée en vigueur de cette loi?
M. Bédard: La présente loi 10? Sur proclamation,
maintenant...
M. Gratton: Oui, mais évidemment, quand le ministre
entend-il la faire proclamer?
M. Bédard: Le plus rapidement possible. C'est
évident que nous tenons à procéder aux nominations qui
sont inscrites, et à cause des délais qui sont impartis dans la
loi, je pense qu'il y a tout intérêt, non seulement tout
intérêt, mais...
M. Gratton: Alors, le plus vite possible. M. Bédard:
Absolument.
M. Gratton: Pourquoi alors n'indique-t-on pas qu'elle entre en
vigueur le jour de sa sanction?
M. Bédard: C'est à l'article 39, où on
prévoit que les articles 15 à 27 entreront en vigueur dès
la sanction de la loi.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que les secteurs électoraux vont
être délimités avant l'établissement des
circonscriptions électorales ou après? La question c'est quand ce
sera fait.
M. Bédard: Cela se fait concomitamment, parce que les
circonscriptions électorales, c'est un regroupement de secteurs
électoraux. Ce qui est publié dans la Gazette, c'est la liste des
circonscriptions électorales avec leurs délimitations.
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'on doit
interpréter l'article 37 comme attribuant à la commission le
pouvoir de choisir les noms à sa guise, contrairement à ce que la
commission actuelle peut faire?
M. Bédard: Les noms...
M. Gratton: Les noms des circonscriptions.
M. Bédard: II y a un article dans le projet de loi 10
où on dit que c'est la commission qui choisit les noms, mais
après consultation avec la commission de toponymie. C'est l'article 5 du
projet de loi.
M. Gratton: C'est nouveau. La commission permanente de la
réforme de la carte électorale n'avait pas le pouvoir de changer
les noms ou d'attribuer des nouveaux noms à des circonscriptions
électorales. Est-ce que je me trompe en disant cela?
M. Bédard: Ce comité le faisait également.
Maintenant, j'imagine qu'il y avait possibilité, pour l'Assemblée
nationale, de changer, comme il y aura possibilité, lorsqu'on
prévoit un débat, de faire certaines représentations dans
ce sens.
M. Gratton: J'avais cru comprendre des propos du Directeur
général des élections, lorsqu'il est venu nous rencontrer,
qu'il considérait que la commission actuelle n'avait pas le pouvoir
d'attribuer un nom à une circonscription autre que celui qui existait
déjà, excepté dans le cas où on créait une
nouvelle circonscription. C'est ce que le Directeur général des
élections m'avait répondu, lorsque je lui avais fait une
suggestion en rapport avec le cinquième rapport de changer la
désignation des comtés.
M. Bédard: Maintenant, il est bien clair, en vertu de
l'article 5, que la commission attribuera les noms à chaque
circonscription électorale après consultation prévue.
M. Fontaine: Avant, c'était le gouvernement qui le
faisait, lorsqu'il déposait la loi.
M. Gratton: De toute façon, on se comprend bien, la
commission pourrait changer le nom des 110 circonscriptions. Elle en aurait le
pouvoir.
M. Bédard: Elle en aurait le pouvoir. Elle ne le fera
sûrement pas.
M. Gratton: J'imagine.
Le Président (M. Laberge): L'article 37 devenant 36
sera-t-il adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 37.1. L'article 37.1 se lit comme suit: "L'article 1 de la Loi sur la
division territoriale (chapitre D-11) est modifié par la suppression du
paragraphe 1.
M. Gratton: Qu'est-ce que c'est, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: Le paragraphe 1 de l'article 1 de cette loi
prévoit que la Loi sur la division territoriale du Québec divise
le territoire du Québec en districts électoraux pour les fins de
la représentation à l'Assemblée nationale.
Dorénavant, ce sera la commission et non plus la loi.
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 37.1, adopté.
L'article 37.2 se lit comme suit: "37.2 L'article 3 de ladite loi est
abrogé".
M. Fontaine: Est-ce que vous pouvez nous lire l'article 3, s'il
vous plaît?
M. Bédard: On en aurait jusqu'à six heures, je
pense. L'article 3 c'est celui qui décrit la délimitation de
chacun des 110 districts électoraux par le détail.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 37.2 sera
adopté?
M. Fontaine: Un instant, s'il vous plaît. Juste un point
d'interrogation que j'ai. Si on abroge l'article 3, avec la proclamation de la
loi no 10, cela veut dire que...
M. Bédard: Pour éviter tout vide juridique et toute
coexistence de districts électoraux différents, à
l'article 39 qui traite de l'entrée en vigueur, on prévoit que
ces articles entreront en vigueur en même temps que la première
liste de circonscriptions électorales établie en vertu de la
présente loi.
M. Fontaine: Parfait.
Le Président (M. Laberge): Article 37.2 adopté?
Adopté.
M. Dussault: Pour le bénéfice du
député des Îles-de-la-Madeleine, quel effet cela aurait-il
sur son amendement que d'abroger l'article 3 de la Loi sur la division
territoriale?
M. Bédard: C'est une perle technique. On a dû
consulter la commission de refonte pour être bien sûr de
référer au district qui continuera d'exister malgré
l'abrogation de l'article 3 de la Loi sur la division territoriale. L'article
4, si vous remarquez, au niveau de la rédaction, dit: Le district des
Îles-de-la-Madeleine décrit dans le paragraphe 37 de l'article 3
de la Loi sur la division territoriale, tel qu'il existait avant la date de
l'entrée en vigueur de la première liste des circonscriptions
électorales établie en vertu de la présente loi, par
concordance avec l'article 39, c'est-à-dire tel qu'il existait avant
d'être abrogé. Ainsi on le maintient en vigueur de façon
certaine de cette manière, parce qu'on réfère au
paragraphe 37 tel qu'il existait avant l'entrée en vigueur de la
première liste. Alors, c'est bien celui qui existe actuellement et on
est sûr de maintenir le territoire de cette manière-là.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous me rassurez. Il ne faut pas
régler le problème d'un bord et le dérégler de
l'autre côté.
M. Bédard: Vous êtes bien protégée de
toute part.
Mme LeBlanc-Bantey: Pardon?
M. Bédard: Les Îles-de-la-Madeleine sont bien
protégées, vous êtes bien défendue.
M. Fontaine: On pourrait abroger les élections aussi,
nommer un député à vie.
Le Président (M. Laberge): L'article 37.2 est
adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 37.3
se lit comme suit: "37.3. L'article 6 de la Loi sur la Législature
(chapitre L-1) est remplacé par le suivant: "6. Chacune des
circonscriptions électorales établies conformément
à la Loi sur la représentation électorale (1979,
insérer ici le numéro de chapitre du projet de loi 10) constitue
un collège électoral et envoie un député pour la
représenter à l'Assemblée nationale". Cet article
37.3...
M. Gratton: Que disait l'article 6?
M. Bédard: En fait, c'est substantiellement le même
contenu, c'est une modification de concordance. Cela disait que le district
électoral établi en vertu de la Loi sur la division territoriale
constitue un collège et envoie un député pour le
représenter à l'Assemblée nationale.
M. Gratton: Adopté.
M. Fontaine: Cela ne me tente pas de retourner au
collège.
Le Président (M. Laberge): Article 37.3 adopté.
M. Bédard: II y a peut-être des avantages à
retourner au collège.
Le Président (M. Laberge): J'appelle l'article 38. Il n'y
a pas de changement. L'article 38 est au cahier. "Les sommes requises pour
l'application de la présente loi sont prises à même le
fonds consolidé du revenu". Cet article est-il adopté?
M. Fontaine: Un instant, M. le Président.
M. Gratton: Est-ce qu'on veut faire comparaître le ministre
des Finances?
M. Bédard: Encore.
M. Fontaine: J'ai seulement une question à poser.
Dans le budget supplémentaire déposé hier à
l'Assemblée nationale, il y a $500 000 ajoutés pour la Commission
de la réforme des districts électoraux. Est-ce que le ministre
peut nous donner des explications là-dessus?
M. Bédard: C'est en prévision de l'application de
la présente loi. Comme c'est à partir du fonds consolidé,
on l'a vu dans les articles précédents, il y aura un
contrôle sur les dépenses, puisqu'elles devront être
acceptées par le Conseil du trésor.
M. Fontaine: Mais $500 000, c'est seulement pour l'application de
cette loi.
M. Gratton: C'est un commencement.
M. Fontaine: Le Directeur général des élec-
tions va chercher $5 millions de plus, pour la réforme des districts
électoraux, $500 000 et le financement des partis politiques, $600 000
de plus.
M. Bédard: Je pourrai vérifier et vous donner des
indications plus précises à la reprise de nos travaux.
M. Fontaine: D'accord, adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 38. Adopté.
Article 39 remplacé par le suivant: "La présente loi entrera en
vigueur à la date qui sera fixée par proclamation du
gouvernement, à l'exception des articles 37.1, 37.2 et 37.3, qui
entreront en vigueur en même temps que la première liste des
circonscriptions électorales établie en vertu de la
présente loi et à l'exception des articles 15 à 27 et de
l'article 37, qui entreront en vigueur le jour de la sanction de la
présente loi."
M. Fontaine: Adopté.
M. Bédard: C'est pour éviter le vide juridique
auquel on faisait allusion tout à l'heure.
Le Président (M. Laberge): Article 39. Adopté. Je
reviens donc au début, nous avions suspendu...
M. Bédard: M. le Président, non, nous allons, tel
qu'entendu, procéder à la discussion sur la motion qui
était déposée à l'article 34.
M. Fontaine: Est-ce qu'on pourrait tout d'abord passer à
l'article 13, c'est quelque chose de très simple?
M. Gratton: Ah!
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection. M. Lavoie: Je
ne comprends plus rien, moi.
Annexe A
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous auriez
objection, pour ne pas qu'on fasse un oubli, qu'on adopte l'annexe A, telle
qu'elle est au projet de loi, avant de revenir? Parce que c'est
préférable.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Annexe À, adopté.
M. Gratton: Un instant. Qu'est-ce que c'est? M. Bédard:
C'est l'affirmation solennelle.
Le Président (M. Laberge): C'est le serment. Cette annexe
est adoptée. Nous pouvons revenir, selon vos désirs.
Délimitation des circonscriptions
électorales (suite)
M. Dussault: Je ne sais pas si on veut retenir l'idée de
revenir à l'article 13, mais quand on aura étudié
l'article 34, il se pourrait qu'on fasse allusion à l'article 13. Donc
il ne faudrait pas fermer l'article 13 pour le moment, à cause de
quelque chose que le député...
M. Bédard: Nous pourrions faire une chose...
M. Gratton: Vous savez quelque chose qu'on ne sait pas, vous.
M. Bédard: ... l'amendement soit déposé,
l'ouvrir et nous allons procéder à la discussion sur l'amendement
déposé par le député de Laval.
M. Fontaine: D'accord.
M. Bédard: Nous verrons ensuite l'interrelation qui existe
ou non.
M. Fontaine: J'avais fait la remarque lorsqu'on était
passé à l'article 13 que les partis autorisés et
associations autorisées n'étaient pas définis à
l'article 13 et dans la loi 10. Tout simplement, l'amendement que je propose
est le suivant: "L'article 13 est modifié en ajoutant, après le
premier alinéa, les mots suivants: pour les fins du présent
article, les expressions "partis autorisés" et "associations
autorisées" se définissent conformément aux dispositions
de la Loi régissant le financement des partis politiques (chapitre
F-2)."
M. Bédard: Déposez-le. (11 heures)
Le Président (M. Laberge): L'amendement proposé par
le député de Nicolet-Yamaska a donc pour effet d'ouvrir l'article
13 qui avait été adopté. Je révoque cette adoption
et je porte à votre connaissance cet amendement proposé qui vise
à ajouter, après le premier alinéa, les mots suivants:
"Pour les fins du présent article, les expressions "partis
autorisés" et "associations autorisées" se définissent
conformément aux dispositions de la Loi régissant le financement
des partis politiques (chapitre F-2)."
M. Dussault: On souhaiterait le laisser ouvert, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): C'est porté à
notre connaissance et c'est laissé ouvert.
M. Bédard: Nous serions prêts...
Le Président (M. Laberge): L'amendement du
député de Nicolet-Yamaska, à toutes fins utiles, est
reçu.
M. Bédard: ... à l'adopter sans plus de discussion,
à condition qu'il y ait les amendements suivants: Cela devrait
peut-être se lire comme suit: "L'article 13 est modifié..." On va
attendre. On va faire les vérifications.
Le Président (M. Laberge): L'amendement est
déposé et il va être retouché.
M. Bédard: Nous sommes d'accord avec l'esprit de
l'amendement. Au niveau de la rédaction, il y a certaines
vérifications techniques qu'il est nécessaire de faire.
Le Président (M. Laberge): Votre amendement est
reçu et est laissé en suspens pour retouches.
M. Lavoie: Je vais être très honnête avec
vous, je ne me comprends plus du tout dans cette loi, avec les papillons qu'il
y a et les changements de numérotation. On a ajouté je ne sais
pas combien d'articles. Je ne sais même plus combien il y en a en
suspens. Est-ce qu'il va y avoir une réimpression du projet de loi?
M. Bédard: II n'y aura pas de réimpression. Il y a
quelques amendements ajoutés. Ce sont bien plus des amendements
nécessaires parce que les dispositions transitoires n'avaient pas
été prévues dans le détail autant qu'il aurait
fallu que cela le soit. Les amendements qui ont été
apportés ne changent en rien on est à même de le
constater la nature du projet de loi, mais c'était
nécessaire que ces amendements soient apportés. Je pense
simplement à celui qui se retrouve dans toutes les lois
électorales et qui prévoit qu'on ne peut pas arrêter un
processus électoral à partir de procédures qui seraient
intentées par un citoyen à l'occasion d'une période
électorale. Je pense que ce sont des choses élémentaires
et qu'il fallait nécessairement les insérer. Cela ne change
absolument en rien l'essentiel du projet de loi.
M. Gratton: M. le Président, si on me permettait de faire
une suggestion au député de Laval, s'il pense qu'il ne se
comprend pas dans celui-là, je lui suggérerais de lire le compte
rendu de la commission qui a étudié le projet de loi no 9.
Là, il ne se comprendrait réellement pas.
M. Bédard: J'allais lui faire la même suggestion,
sauf que j'ai donné suite à la suggestion des membres de
l'Opposition aux fins de réimprimer le projet de loi no 9 d'ici la
troisième lecture.
M. Gratton: Sérieusement, M. le Président...
M. Dussault: M. le Président, vous le confirmerez, mais,
avant qu'on demande de laisser ouvert l'article 13, il y avait trois articles
suspendus, si je ne me trompe pas.
M. Lavoie: Trois ou quatre?
Le Président (M. Laberge): II y a l'article 2, l'article 3
ou À...
M. Bédard: M. le Président, je pense qu'il faudrait
bien se comprendre. Il y a une série de trois articles au début
du projet de loi. C'est assez normal qu'ils soient suspendus. À la suite
d'une demande de l'Opposition dans le sens de discuter de l'ensemble de ces
articles aujourd'hui, nous avons suspendu l'étude de ces
projets-là. Je ne pense pas qu'il y ait de quoi à ne pas s'y
retrouver.
Pour ce qui est de l'article 35...
Le Président (M. Laberge): L'article 34.
M. Bédard: Pour ce qui est des articles 34 et 35, on sait
qu'hier nous avons eu un débat qui a été ouvert par le
député de Laval dans le sens de trouver le moyen que
l'Assemblée nationale, d'une façon non décisionnelle, ait
la possibilité de s'exprimer sur le projet de carte électorale
qui serait déposé par la commission. Nous avons manifesté
notre ouverture d'esprit à cette possibilité, étant
donné que cela ne vient pas en contradiction avec le principe du projet
de loi. C'est pour cela que nous avons suspendu, étant donné
qu'il fallait consacrer un certain temps pour la rédaction d'articles
nouveaux qui tiendraient compte de la préoccupation
énoncée par le député de Laval. Est-ce que vous
voulez procéder tout de suite à l'article 13?
M. Fontaine: On est prêt.
Le Président (M. Laberge): Nous n'avons pas changé
de numéro jusqu'à maintenant. À l'article 13, l'amendement
a été reçu.
M. Bédard: M. le Président, sur la motion qui
était sur la table et qui venait du député de Laval...
Le Président (M. Laberge): Concernant l'article 34, c'est
bien cela?
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Laberge): J'appelle donc l'article 34.
Voulez-vous la lecture de la motion? Le député de Laval demandait
que l'article 34 soit modifié en ajoutant au début les
alinéas suivants: "Après avoir étudié les
représentations des citoyens, des organismes et des
députés, la commission prépare un projet indiquant la
délimitation qu'elle propose et le transmet au président de
l'Assemblée qui le dépose à l'Assemblée dans les
cinq jours au cours desquels siège l'Assemblée après
réception de ce projet. La prise en considération du projet peut
avoir lieu à la cinquième séance qui suit celle de son
dépôt à l'Assemblée. Ce débat
n'entraîne aucune décision de l'Assemblée." Cet amendement
avait été laissé en suspens.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, il s'agit simplement de
savoir quelle est la meilleure manière de procéder. Nous l'avons
dit hier, nous acceptons le principe qu'il y ait un débat non
décisionnel avant que la commission dépose le rapport qui
effectivement deviendra la loi. Nous avons également un amendement qui
respecte le principe de l'amendement du député de Laval, mais
nous ne nous rejoignons pas sur les caractéristiques d'un tel
débat, surtout concernant la durée. Je pourrais déposer
l'amendement que nous avons à faire. Je ne sais pas, peut-être que
la discussion pourrait se faire sur l'ensemble du sujet.
M. Lavoie: Oui, déposez votre amendement.
Le Président (M. Laberge): Le premier amendement reste
ouvert. J'accepte que vous déposiez
le vôtre, si vous voulez, puisque la discussion doit se faire sur
des modalités.
M. Lavoie: Voulez-vous le lire, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Oui, je lis l'article 34. Je
peux vous le lire.
M. Bédard: L'amendement se lirait comme suit: Remplacer
l'article 34 par les suivants: "Après avoir étudié les
représentations des députés, des citoyens et des
organismes, la commission dépose à l'Assemblée nationale
du Québec un rapport sur la délimitation des circonscriptions
électorales. Dans les cinq jours suivant ce dépôt, ce
rapport fait l'objet d'un débat limité à cinq heures et
qui doit se tenir dans la même séance à l'Assemblée
nationale du Québec ou, si celle-ci n'est pas alors en session, à
la commission permanente de l'Assemblée nationale qui doit être
convoquée à cette fin. Aucune motion ne peut être
présentée pendant ce débat."
Article 34.1: "Au plus tard le dixième jour suivant ce
débat, la commission établit la délimitation des
circonscriptions électorales et leur attribue un nom. La commission
publie à la Gazette officielle du Québec la liste de ces
circonscriptions en indiquant le nom et la délimitation de chacune
d'elles. Elle peut, en outre, mentionner les municipalités et les
réserves indiennes que renferme chaque circonscription
électorale".
Article 34.2: "La publication de la liste des circonscriptions
électorales à la Gazette officielle du Québec fait preuve
absolue de son existence et de sa teneur et toute personne est tenue d'en
prendre connaissance".
Vous pourrez remarquer que nous rejoignons l'idée qu'il y ait un
débat non décisionnel à l'Assemblée nationale;
également, nous donnons suite aussi à certaines
représentations des membres de la commission, concernant les
réserves indiennes pour qu'elles puissent être mentionnées
au niveau de chaque circonscription électorale.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'on me permettrait
une question avant qu'on engage le débat sur le fond? Quand on dit que,
dans les cinq jours suivant le dépôt, ce rapport doit faire
l'objet d'un débat, est-ce que ce n'est pas un peu court comme laps de
temps? Ce n'est pas le cas si l'Assemblée nationale est en session,
mais, si elle ne l'est pas, cela signifie la convocation de la commission de
l'Assemblée nationale. Et on exige que cela se fasse dans les cinq
jours. Ne serait-il pas préférable de donner une dizaine de jours
tout au moins, de façon que tout le monde soit prévenu à
temps pour pouvoir venir participer? Il est bien entendu que, la commission de
l'Assemblée nationale siégeant, il y a de fortes chances que
l'ensemble des députés veuillent, sinon intervenir, tout au moins
être présents lors de ce débat à la commission. Il
me semble que cinq jours, cela ne donne pas beaucoup de temps au
président de l'Assemblée nationale pour faire les convocations et
s'assurer que chaque député a la chance d'être ici,
d'être présent s'il le désire. De toute façon, ce
n'est pas cinq jours de plus qui créeraient des problèmes
très importants.
M. Bédard: Je comprends que vous suggérez huit ou
dix jours?
M. Gratton: J'avais pensé à dix jours. Il me semble
que cela donnerait au moins une semaine et demie au député qui
est en voyage, par exemple, pour recevoir le message et se rendre à
Québec.
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection. Lorsqu'il s'agit de la
commission permanente de l'Assemblée nationale, le délai...
M. Gratton: Pourquoi tout simplement ne pas le
généraliser? Non?
M. Bédard: Je pense que lorsque l'Assemblée
nationale siège, dans les cinq jours, c'est un délai qui me
semble très raisonnable pour faire l'analyse nécessaire aux fins
d'orienter les remarques essentielles qui pourraient être faites
concernant la carte électorale.
M. Gratton: II va falloir une nouvelle rédaction?
M. Bédard: On va voir comment on peut rejoindre votre
idée.
Le Président (M. Laberge): Je n'ai pas encore d'amendement
pour le moment. Parfait. M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On discute sur l'amendement du ministre, parce qu'il
y a deux amendements... On s'entend pour...
Le Président (M. Laberge): C'est-à-dire que j'ai
laissé ouverte la discussion générale. Il faudrait noter
quand même que, sur la motion d'amendement du député de
Laval, il y a eu presque le temps entier qui a été pris; si on
séparait les deux amendements, le temps de certains intervenants aurait
été pris.
M. Fontaine: Je m'excuse, M. le Président, mais
l'amendement du député de Laval n'a été reçu
qu'à la fin de la séance, donc personne n'a parlé dessus
encore.
M. Bédard: Je ne sais pas en termes... (11 h 15)
M. Dussault: On en a parlé avant. On n'a parlé que
de ça, d'ailleurs.
M. Bédard: De toute façon...
M. Fontaine: Si on suit le règlement...
M. Bédard: ... on va reprendre le même sujet
là-dessus.
Le Président (M. Laberge): C'est pourquoi la discussion
est ouverte sur les deux.
M. Fontaine: Non, mais si on décide de le discuter, on
aura le droit de le faire.
M. Bédard: On peut disposer de l'amendement du
député de Laval.
M. Fontaine: En tout cas, de toute façon, quant à
moi, j'ai une remarque à faire sur la commission permanente de
l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Regardez...
M. Fontaine: Parce que la commission permanente de
l'Assemblée nationale ne comprend pas tous les députés de
l'Assemblée nationale. Pour ma part, je voudrais que si on accepte ce
principe, tous les députés puissent prendre part à un
débat. Supposons que je ne sois pas membre de la commission de
l'Assemblée nationale et que ça m'intéresse...
M. Bédard: ... puissent prendre part dans les
délais impartis par...
M. Fontaine: Oui, d'accord, mais il faudrait préciser dans
l'article qu'à la séance de la commission permanente de
l'Assemblée nationale, tous les députés puissent
intervenir dans le débat. Pas d'objection.
M. Bédard: À partir du moment où on s'entend
que c'est dans le délai imparti qui est de cinq heures. Autrement dit,
on donne le choix, au niveau de ce débat, à chacun des partis de
faire intervenir ceux qu'il juge à propos.
M. Fontaine: II faudrait le préciser. Sinon, ça va
donner lieu à une motion à la commission pour faire parler tous
les députés. On va passer deux heures là-dessus et, au
bout de cinq heures, ça va être fini.
M. Lavoie: Bien non, parce qu'il y a déjà un autre
bâillon dans... à savoir qu'aucune autre motion ne peut être
présentée pendant ce débat.
M. Bédard: Cela, c'était entendu. C'est à la
suite du débat qu'on a fait hier. Il me semble... Il ne faut pas
charrier.
M. Lavoie: Oui, mais si ma proposition... M. Fontaine:
Cela élimine même...
M. Lavoie: ... avait été acceptée, je suis
bien d'accord qu'il n'y ait aucune motion. Il n'y avait aucune motion, mais
là, lorsqu'on met, je ne sais pas, moi, des entraves et des restrictions
comme ça, écoutez, il y a bien des affaires qui ne se tiennent
pas debout là-dedans, cinq heures dans la même séance.
M. Bédard: En tout cas, on peut procéder au
débat, parce que nous sommes prêts à expliquer...
M. Lavoie: Je pense qu'il serait plus simple... M. le
Président, je ne voudrais pas retarder les travaux de cette
Assemblée. Je vais résumer très brièvement mon
argumentation sur ma motion, puis vous en disposerez, vous la battrez et on
discutera la vôtre après, je ne sais pas.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval, vous avez la parole.
M. Lavoie: Très brièvement. Nous faisons une
proposition tout à fait réaliste. Je répète ce que
j'ai dit hier. Lorsqu'il y aura une consultation dans les régions et
autant devant l'Assemblée nationale, ces personnes, qui sont
consultées, n'auront absolument rien en main, aucun projet, elles
n'auront aucune intention, aucune indication des travaux de la commission, sauf
peut-être le cinquième rapport. Comme la loi était faite
avant votre amendement, parce que je ne peux pas considérer que votre
amendement est adopté, après ces consultations, la commission se
renferme dans ses bureaux, délibère, fait une carte qui est
publiée dans la Gazette officielle et elle devient automatique. Il n'y a
plus de recours, ni de la part du gouvernement, ni de la part de
l'Assemblée. C'est fini.
Par mesure de prudence, de sécurité, je propose ce
débat, qui se tiendrait normalement à l'Assemblée
nationale, qui serait un débat seulement comme un dernier appel avant
que la commission publie sa carte. La commission resterait toujours
décisionnelle, elle resterait libre de prendre en considération
ce qui serait dit, les arguments ou les représentations qui seraient
faites au cours de ce débat, elle pourrait réviser sa carte ou
maintenir sa décision. C'est la commission qui est reine et
maîtresse, de toute façon. Il n'y a aucune intervention, aucune
décision, aucune motion, aucun ordre de l'Assemblée, aucun
amendement de proposé.
Je crois que ce débat est un strict minimum, autant pour refaire,
par la voie des députés, des représentations qui auraient
pu avoir été faites dans les régions, dans les districts
et qui n'auraient pas retenu l'attention de la commission. Egalement, les
députés qui auraient fait des représentations en
commission parlementaire avant la confection finale de la carte pourraient
revenir si jamais leurs représentations n'avaient pas été
retenues en commission.
C'est un débat assez spécial, mais étant
donné que cette délégation de pouvoirs que le Parlement et
le gouvernement accordent à cette commission est vraiment
exceptionnelle, je calcule que c'est normal qu'il y ait un tel
débat.
Nous avons pensé à le limiter soit à 10 heures,
soit à 15 heures, mais je crois que ce ne serait pas prudent.
Considérons que, sur 110 ou 120 circons-
criptions électorales, il y en aurait peut-être 30 ou 35
qui pourraient faire l'objet de représentations finales de la part des
députés. Si, en l'occurrence, il y avait une trentaine de
députés qui voulaient prendre la parole pour 15 ou 20 minutes -
le droit de parole d'un député est limité à 20
minutes, en général, sur une telle motion on pourrait
avoir besoin de dix heures. Si la carte rencontre les désirs des
députés et de la population en général et qu'elle
est totalement satisfaisante, cela pourrait amener, en l'occurrence,
peut-être quatre ou cinq interventions. Dans un cas comme cela, quatre ou
cinq interventions pourraient représenter deux heures. Si on mettait une
limite de dix heures, cela pourrait être une invitation aux
députés à se servir des dix heures, alors que deux heures
pourraient être suffisantes.
Si la carte laisse à désirer, s'il y a 50 comtés
qui soulèvent des difficultés, cela pourrait amener, dans ce cas,
peut-être 15 heures de débat. C'est la raison pour laquelle nous
avons rejeté une limite, étant donné que cela porte
beaucoup à conséquence. C'est une carte qui sert à des
élections générales pour les 110 ou les 120 comtés
de la province.
Je vous dis, et je maintiens ma position, qu'on ne doit vraiment pas
limiter ce droit de parole sur ce débat, alors que la limite
extrême pourrait être 15 ou 20 heures. Ce n'est pas la fin du monde
qu'il y ait un débat de 15 ou 20 heures, alors qu'on siège
au-delà de 100 ou de 120 jours par année. Même s'il y a un
délai imparti dans la loi, soit le 31 mars, pour confectionner la carte,
je pense qu'on peut s'entendre avec le leader du gouvernement pour faire ce
débat sans retarder les travaux et sans causer de préjudice
à ce délai du 31 mars. On peut fort bien siéger le lundi
ou même, avec le consentement de la Chambre, le vendredi. Mais c'est une
simple mesure de prudence. Je pense bien que le ministre serait tout à
fait malvenu de refuser un tel débat. Il pourrait être fort utile
non seulement pour l'Opposition je ne parle pas de l'Opposition
mais également pour les députés ministériels.
On a eu l'exemple dernièrement sur le cinquième rapport.
S'il était devenu final, je suis convaincu qu'il y aurait
déjà cinq ou six députés de la région du
Nord-Ouest québécois et cinq députés du
Lac-Saint-Jean qui auraient été intéressés à
intervenir et non pas uniquement les députés de l'Opposition,
parce que le gouvernement est majoritaire dans ces régions. Cela aurait
été utile sans parler des autres. Je sais bien que le
député des Îles-de-la-Madeleine aurait pu intervenir dans
le débat. Mais sur le cinquième rapport, il y aurait
peut-être eu, quoi, 15 ou 20 interventions? Il n'y a aucun danger de
"filibuster" et cela ne cause de préjudice à personne. Je pense
que ce serait je dirais même mesquin de ne pas accepter un
tel débat pour notre institution parlementaire et pour permettre aux
députés de s'exprimer sur une nouvelle carte
électorale.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard:... très rapidement, tout d'abord, je
voudrais corriger une impression que laisse le député de Laval,
à savoir que nous refusons le débat. Au contraire, nous nous
rendons à une des préoccupations manifestées par les
membres de la commission parlementaire, à savoir qu'il y ait un
débat.
Pour ce qui est des règles du débat, c'est
là-dessus que nous ne nous entendons pas. Je pense, pour écourter
le travail de la commission, qu'il y aurait lieu de procéder au vote,
tel que l'a suggéré le député de Laval, sur cette
motion, pour ensuite revenir sur l'autre et je donnerai quelques explications
qui nous amènent à proposer un débat tel que prévu
par l'amendement que nous avons déposé.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, très
brièvement, et sûrement pas pour répéter
l'argumentation du député de Laval, je voudrais souscrire
à ses propos, par rapport à la non-nécessité et, en
fait, à la non-opportunité de limiter ce débat que le
gouvernement accepte de tenir à l'Assemblée nationale ou à
la commission de l'Assemblée nationale, comme le propose l'amendement du
ministre. Je ne comprends réellement pas quelle raison on peut invoquer,
au moment où on parle de revalorisation du rôle du
député, au moment où on reçoit des
représentations de nombreux organismes, dont la Chambre de commerce du
Québec, sur le pouvoir délégué, la
législation déléguée, au moment où tous sont
presque unanimes pour dire qu'il faut cesser cette érosion du pouvoir
législatif au profit de l'exécutif, au profit des nombreuses
régies et commissions qu'on crée presque à chaque projet
de loi, à ce qui touche le plus directement possible la vie du
législateur qui doit se faire élire dans un système, dans
une circonscription électorale.
On dit: Quant à la délimitation de la circonscription
électorale, le député pourra dire quelques mots à
la commission de la représentation. Et une fois que la commission de la
représentation aura décidé ce que devront être les
circonscriptions électorales, il y a quelques députés qui
pourront intervenir dans un débat limité. Mais il y en a quelques
autres qui, malheureusement, ne pourront pas, parce qu'ils seront trop nombreux
dans le parti, surtout avec l'enveloppe de temps qu'on aura à la
disposition de chaque parti. En tant que député de Gatineau, par
exemple, je pourrais avoir des représentations qui me sont faites par
des organismes très sérieux du comté, de la région
de l'Outaouais, parce que je m'adonne à être dans le parti de
l'Opposition officielle qui a une trentaine de députés. En raison
de la limitation de la durée du débat, si le parti ne dispose que
de, disons, une heure et demie, je ne pourrai pas m'exprimer là-dessus,
je ne pourrai pas faire les représentations
que mes électeurs me demandent de faire. Pourquoi? Pour sauver
quelle période de temps?
Le député de Laval le disait. Supposons qu'au pire 110
députés veulent s'exprimer pendant 20 minutes. Cela ne durera pas
six mois. Cela pourra durer à peine deux ou trois séances. Et si
110 députés voulaient s'exprimer pendant 20 minutes sur une carte
ou sur une proposition de carte électorale, ce serait déjà
une bonne indication que la carte a peut-être besoin d'un remaniement en
profondeur. Je ne vois pas quel danger on court en donnant le plus de
liberté possible aux députés dûment élus par
la population, une fois par Législature, sur l'instrument le plus
important qui mène à leur élection. (11 h 30)
S'il s'agissait, M. le Président, de pouvoir faire une
obstruction systématique pour l'Opposition, s'il s'agissait de
conférer un pouvoir à un groupe de députés, qu'ils
soient de l'Opposition ou d'autres, la possibilité de bloquer l'adoption
d'une nouvelle carte électorale, je dirais: Le ministre a raison
d'être prudent, a raison d'inscrire un article pour empêcher qu'un
petit groupe de députés, qu'une minorité puisse
empêcher la majorité d'avoir sa carte électorale. Ce n'est
pas de ça qu'il s'agit. Au maximum, chaque député aurait
droit à 20 minutes et j'imagine que le député qui serait
satisfait ou dont les électeurs... Parce que c'est de ça qu'il
s'agit, en tant que député on fait un discours et on donne
peut-être l'impression à certains observateurs de parler surtout
de ce qu'on ressent à titre personnel mais, plus souvent qu'autrement,
c'est au nom des électeurs qu'on s'exprime.
On a beau penser malheureusement il y en a trop qui le pensent
que, quand on parle de modification à la carte électorale,
la première et même la seule considération qu'un
député a à l'esprit, c'est: Comment ça va
m'affecter, à la prochaine élection? Mais il y a d'autres
considérations que ça qui entrent en ligne de compte, et je n'en
ferai pas un long exposé. Mais j'ai, dans mon dossier, plusieurs
représentations qui ont été faites par le Conseil de
comté de Gatineau, par la ville de Maniwaki, par les chambres de
commerce, par des organismes de toutes sortes qui demandaient à la
commission de refonte de la carte électorale des modifications.
Certaines sont, à mon avis, très justifiées, d'autres le
sont peut-être moins, mais le fait demeure que ces représentations
méritent d'être entendues, d'être
considérées.
Si ces organismes ont fait des représentations à la
Commission de la représentation et qu'elles n'ont pas été
retenues par la commission, avec ou pas de bonnes raisons, il me semble qu'en
dernier recours le député représentant cette
circonscription devrait avoir l'occasion de le dire à l'Assemblée
nationale. Pas pour changer quoi que ce soit, pas avec un pouvoir de changer
quoi que ce soit.
M. Lavoie: Pas dans l'amendement.
M. Gratton: II n'y en aura pas, dans l'amendement du
député de Laval, de pouvoir décisionnel, mais, au moins,
le proclamer tout haut à l'Assem- blée nationale et
espérer que la commission retienne la représentation. À ce
moment-là, je le répète encore, si on a limité
d'avance le débat, on risque que certaines de ces représentations
ne puissent pas se faire.
Je ne vois réellement pas comment on peut, au nom de
l'ouverture... On a dit, tout au long de la réforme électorale
qu'on fait ensemble depuis deux ans, trois ans, que ce qu'on recherche, c'est
de faciliter le plus possible l'exercice de la démocratie, l'exercice du
droit de vote et, en fait, l'information de la population, tout le reste.
Je vous dis franchement que l'idée de limiter le débat
à l'Assemblée nationale sur le rapport vient à l'encontre
de tout ça, et pour servir quelles fins? Il n'y en a pas, c'est pour
gagner quelques heures, M. le Président. La carte électorale que
la commission voudra recommander par rapport, en fait pas recommander, voudra
adopter, ce ne sera jamais dans une situation d'urgence, il ne s'agira jamais
pour la commission de dire: Là, il faut absolument que, dans les dix
prochains jours, cette nouvelle carte soit adoptée, sans quoi on ne
pourra pas tenir la prochaine élection générale. Ce ne
sera jamais de cette nature, les délais de temps. Ce seront des mois
qu'on aura à la disposition. Il ne s'agit pas d'utiliser des mois pour
en débattre à l'Assemblée nationale, il s'agit de se
permettre que ça dure plus d'une séance, si
nécessaire.
Il me semble, M. le Président, que le ministre ferait preuve de
sagesse. Il fait déjà preuve de sagesse en disant: On est
prêt à accepter le débat. Dans le texte de loi original, il
n'y en avait pas du tout. Cela, on l'accepte, il ouvre la porte. Pourquoi
ouvrir la porte et risquer de la refermer sur les doigts de la moitié
des députés de l'Assemblée nationale en disant: II y en a
seulement un certain nombre? Parce qu'en limitant à 5 heures ou 10
heures, automatiquement, on se trouve, par le fait même, à dire
à certains députés: Vous avez peut-être quelque
chose à dire, mais, c'est bien de valeur, vous n'aurez pas l'occasion de
le dire à l'Assemblée nationale.
Il me semble que cela ne répond pas à quelque objectif que
nous devrions avoir à l'esprit, que nous devrions viser, dans l'ensemble
des législations qu'on adopte ici quant à la réforme
électorale.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aimerais ajouter quelques mots pour appuyer la
motion d'amendement du député de Laval. Nous sommes partis de
loin dans ce dossier, parce que le ministre et les Oppositions, en discours de
deuxième lecture, avaient bien fait sentir leur intention de mener une
lutte acharnée sur le principe que la commission soit
décisionnelle.
Les Oppositions ont reculé stratégiquement, on l'a
annoncé hier en commission, en disant qu'on était prêt
à accepter que la commission de la réforme électorale soit
décisionnelle. Cependant, on a assorti notre recul du fait que les
députés de l'Assemblée nationale devraient avoir
l'occasion de faire au moins connaître leurs com-
mentaires face à la publication d'une nouvelle carte
électorale.
D'un autre côté, on nous répond: Vous allez avoir
l'occasion de vous faire entendre dans vos comtés. Vous allez avoir
l'occasion, par l'entremise de groupes de pression dans vos différents
comtés, d'avoir une voix. Vous allez également avoir l'occasion
d'exposer vos idées devant la commission, au cours d'une discussion qui
peut avoir lieu avec la commission de refonte des districts
électoraux.
Cependant, toutes ces occasions sont fournies, tant à la
population, ou groupes de pressions, qu'aux députés, avant que la
délimitation des districts électoraux, des circonscriptions
électorales soit publiée, de telle sorte que si les
recommandations qui sont faites par les députés, dans les
régions ou ici, à l'Assemblée nationale, avant la
publication de la carte, ne sont pas retenues, les députés vont
être dans l'impossibilité de faire valoir convenablement leur
point de vue après la publication de la carte. C'est là qu'il est
important que les députés puissent intervenir.
On accepte le fait que la commission soit décisionnelle. Mais ce
qu'on veut, c'est tout simplement que les députés de
l'Assemblée nationale aient le pouvoir, la capacité, d'exprimer
leur opinion sur la carte électorale après qu'elle aura
été publiée. À ce moment-là, cela permettra
peut-être à la commission d'effectuer certaines modifications, de
comprendre que s'il y a un certain groupe de députés dans une
région, qui n'acceptent pas la façon dont la carte est
présentée, la commission pourra réévaluer
l'étude qu'elle a faite. Si les députés ne peuvent pas se
prononcer, ou s'ils ne le peuvent que dans un débat tout à fait
restreint, je pense qu'on manque le but de cette loi.
Si on nous propose un débat restreint de cinq heures, c'est bien
évident... En tout cas, si j'étais un député
ministériel, je sauterais dans les airs tout de suite. Il est
évident que ces députés n'auront pas l'occasion de se
prononcer. Ce sont le leader, le whip, un ministre, qui vont se prononcer pour
eux, qui vont énoncer la politique du parti. Mais les
députés n'auront probablement pas l'occasion d'émettre
leur point de vue. C'est peut-être moins pire pour nous autres.
M. Dussault: Vous avez la réponse aux articles 30, 31 et
33.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que j'ai encore la
parole?
Le Président (M. Laberge): Toujours.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je pense que si on
veut que les députés de l'Assemblée nationale aient
véritablement l'occasion de donner leur point de vue sur la carte
électorale après qu'elle aura été publiée,
il faut accepter un débat, un débat qui, à mon avis, doit
être ouvert.
J'accepte qu'il n'y ait pas de motion, qu'il ne soit pas
décisionnel, qu'il n'y ait pas de vote, mais un débat qui doit
être ouvert le plus possible à tous les députés. Je
suis bien conscient qu'il y a des députés qui ne parleront pas
sur cette motion-là. Si le comté n'est pas changé, par
exemple, je ne vois pas pourquoi ils interviendraient sur ce
débat-là. Si le comté est changé mais qu'ils en
sont satisfaits, je ne verrais pas pourquoi ils voudraient intervenir.
J'imagine que les députés qui vont vouloir intervenir à
tout prix dans un débat comme cela, ce sont les députés
dont le comté sera affecté par le remaniement de la carte
électorale. S'il y a la moitié des députés, ce sera
beau. La moitié des députés qui parlent chacun vingt
minutes, cela fera un débat de quinze heures. Cela se fait dans une
semaine. Quand bien même on prendrait une semaine du temps de
l'Assemblée nationale pour discuter d'une carte électorale qui
sera appliquée pendant une période de peut-être dix ans,
parce qu'après l'adoption de la carte électorale, il peut y avoir
des modifications, mais elles seront mineures ensuite, je pense que ce serait
important de prendre une semaine de notre temps pour parler de cela, pour faire
comprendre, si nécessaire, aux citoyens et à la commission, que
les modifications qu'on nous propose ne nous satisfont pas.
Après cela, même si on donne notre opinion, si la
commission décide que son rapport, c'est cela et que c'est cela qui sera
appliqué, elle le mettra en vigueur, mais au moins on aura eu l'occasion
d'exprimer notre opinion, de se défouler, comme on dit. Avec les
arguments que les députés ont l'habitude d'employer à
l'Assemblée nationale, je pense bien que cela pourra permettre une
discussion qui sera valable, une discussion qui pourra peut-être amener
la commission à vérifier à nouveau les
délimitations qu'elle aura fixées.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je vais répondre
immédiatement aux interventions des membres de l'Opposition sur cette
motion. Mes propos seront essentiellement ceux qui prévaudraient
à la présentation de l'autre motion que j'ai
présentée au nom du gouvernement.
Tout d'abord, les députés de l'Opposition font
complètement abstraction du processus de confection de la carte
électorale qui est prévu par le projet de loi 10,
premièrement. Ils parlent du débat qui peut se limiter à
cinq heures, comme si c'était la seule occasion qu'ont les
députés de se faire entendre sur la confection de la carte
électorale, alors que ce n'est pas le cas du tout. Ils le savent
à part cela, premièrement.
M. Fontaine: C'est justement ce que je viens de dire.
M. Bédard: Je vous ai laissé parler, je n'ai pas
dit un mot. Je vais essayer d'être très calme et de vous dire
pourquoi. C'est avec conviction que je propose ce débat
limité.
M. Fontaine: Oui, mais ne dites pas des faussetés comme
cela.
M. Bédard: Ce n'est simplement pas pour donner suite aux
demandes de l'Opposition. Si vous voulez le savoir, cela fait longtemps que
j'ai fait la réflexion, je n'ai pas attendu que les membres de
l'Opposition me jettent cette idée-là sur la table pour
réfléchir sur des représentations qui avaient
été faites lors du discours de deuxième lecture non
seulement par les députés de l'Opposition, mais par des
députés ministériels. Je puis vous dire que la
réflexion sur ce sujet particulier, elle s'est faite
préalablement, au niveau ministériel, aux représentations
faites par les députés de l'Opposition. Il ne faudrait quand
même pas essayer de faire croire que ce sont les seuls qui ont le souci
du respect de la démocratie.
M. Lavoie: Oui.
M. Bédard: Premièrement, je le dis, les propos des
membres de l'Opposition font abstraction du processus de confection de la carte
électorale qui est prévu par le projet de loi 10. On nous dit que
les membres de la commission iront faire une consultation sans base
précise à cet effet, alors qu'on sait très bien
c'est prévu dans le projet de loi que, lorsqu'il y aura
consultation par la commission permanente, ceux-ci feront leur consultation
à partir de tous les travaux qui sont déjà ceux de la
commission permanente, y compris le cinquième rapport. (11 h 45)
II n'y a absolument rien qui empêche les membres de la commission
d'aller faire cette consultation sur une hypothèse de nouvelle carte
électorale. Ils ont toutes les possibilités nécessaires
à leur disposition pour faire en sorte que cette consultation se fasse
sur des bases très solides. Les membres de la future commission
permanente ne s'en vont pas faire une consultation comme s'il n'existait plus
aucune délimitation électorale dans le Québec. Il y en a,
à l'heure actuelle, des délimitations électorales. Il y a
un cinquième rapport qui est entre leurs mains. Il y a tous les travaux
qui ont été faits à la suite du dépôt de ce
cinquième rapport. Ils connaissent déjà l'essentiel des
remarques qui ont été faites par chacun des partis politiques sur
le cinquième rapport. Ils ont la possibilité, je le dis encore
une fois, de présenter une hypothèse de carte électorale
à la suite des réflexions et des représentations qui ont
été faites par les députés sur le cinquième
rapport. Alors, la consultation se fait, s'initie par la future commission sur
une base très solide.
C'est bien beau de parler de faciliter l'exercice de la
démocratie; j'en suis. Un des objectifs fondamentaux de ce projet de
loi, c'est de faire en sorte que la carte électorale ne puisse
être taxée d'être la carte d'un parti politique. C'est pour
cela que, dès le départ, nous avons voulu que la Commission de la
représentation soit décisionnelle sur cet aspect. On n'a pas
besoin d'argumenter longtemps pour réaliser jusqu'à quel point,
lorsqu'on parle de l'exercice de la démocratie, il est nécessaire
que la carte électorale ne soit pas perçue par l'ensemble de la
population comme le fruit d'un parti politique ou comme une carte
partisane.
Premier objectif: la carte ne doit pas être taxée
d'être une carte d'un parti politique. Nous l'atteignons, cet objectif,
par la décision de faire en sorte que la commission soit
décisionnelle. Deuxième objectif on l'a dit tout au cours
du débat de deuxième lecture et cela a été dit non
seulement par des députés ministériels, mais
également par des députés de l'Opposition nous ne
voulons pas répéter les débats qui prévalaient lors
de l'adoption des cartes électorales dans le passé, des
débats interminables, à n'en plus finir, et qui, à mon
sens, n'étaient pas de nature à améliorer l'image de la
démocratie et, encore moins, à améliorer l'exercice de la
démocratie.
C'est dans ce sens que nous proposons un amendement en vue de
prévoir un débat limité qui ne soit pas la
répétition des débats interminables auxquels nous avions
droit selon l'ancien processus. Ce débat permettra, j'en conviens, de
corriger des erreurs techniques qui pourraient s'être glissées
dans la confection de la carte électorale. Ce débat, justement
parce qu'il est limité et il doit être limité si on
ne veut pas revenir à l'ancienne formule des débats qui n'en
finissaient plus ...
M. Lavoie: Cela n'a aucun rapport. Il n'y a pas de motion, il n'y
a rien.
M. Bédard: Vous allez me laisser... Ce débat doit
être limité, justement pour que les partis politiques qui veulent
s'exprimer sur la carte électorale, sur des modifications à y
apporter, consignent l'essentiel de leurs représentations. On n'est
quand même pas pour recommencer les débats à n'en plus
finir de chaque député qui, à un moment donné,
croit nécessaire d'intervenir 20 minutes parce qu'une telle paroisse
n'est pas dans son comté et que telle autre paroisse aurait dû
être dans tel autre comté.
M. Lavoie: C'est important, ça. M. Fontaine: C'est
important, ça.
M. Lavoie: Cela peut être important, ça.
M. Bédard: Je vous ai laissé parler. Permettez-moi
de dire ce que j'ai à dire. Je ne veux pas le répéter.
Je pense que ce débat doit être limité justement
pour obliger les partis politiques à consigner l'essentiel de leurs
représentations. Le député de Laval vient me dire: Dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean je vais prendre un exemple bien
pratique les députés n'étaient pas satisfaits du
cinquième rapport.
M. Lavoie: C'est vrai.
M. Bédard: Bon! Cela, c'est une chose. Je prends cet
exemple.
M. Lavoie: C'est vrai.
M. Bédard: Et, si c'est le cas, M. le Président, je
pense qu'avec un débat limité, plutôt que d'avoir cinq
députés qui, l'un après l'autre, viennent simplement
s'exprimer pour dire qu'ils ne sont pas d'accord, on trouvera le moyen qu'il y
en ait un qui véhicule l'essentiel des représentations qui
doivent être faites en termes de modifications aux membres de la
commission permanente...
M. Fontaine: ...
M. Bédard: ... et il n'est pas nécessaire que
chacun s'exprime. Ce n'est pas très... Il arrive
régulièrement qu'il y ait des débats limités
à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas la négation de
l'exercice de la démocratie, loin de là. Bon!
M. Fontaine: Le péquiste va s'exprimer et deux
libéraux...
M. Bédard: Le député de Nicolet-Yamaska
disait qu'il fallait donner une dernière chance de défoulement
à tous les députés, à l'occasion de ce
débat. Ce n'est pas un débat pour faire du
défoulement.
M. Lavoie: Bon!
M. Bédard: C'est un débat qui est limité
à cinq heures, justement pour que chaque parti politique trouve le moyen
d'acheminer l'essentiel de ses remarques aux membres de la commission
permanente.
M. Lavoie: II se choque!
M. Bédard: Je pense essentiel que ce débat soit
limité de manière qu'il ne constitue pas une influence indue
vis-à-vis des membres de la commission. Si on revient à la
formule des débats qui peuvent durer une semaine, deux semaines, trois
semaines, vous êtes en train de remettre en place l'instrument qui va
justement aller à l'encontre d'un principe essentiel auquel nous croyons
si nous voulons dépolitiser la confection des cartes électorales.
Nous venons à l'encontre de ce principe, parce que nous insérons
un processus qui est de nature à influencer indûment les membres
de la commission permanente. Que cette influence soit exercée du
côté ministériel ou du côté de l'Opposition,
je pense que là n'est pas le problème. Le problème, c'est
de ne pas faire en sorte d'aller à l'encontre d'un principe que nous,
nous croyons important, à savoir que la confection de la carte doit
être dépolitisée. Il ne faut pas venir à l'encontre
de ce principe en insérant un débat qui, du point de vue
politique, on le sait très bien, s'il se poursuit, d'une façon
indue, durant une semaine, deux semaines, va constituer, tout simplement, une
influence indue vis-à-vis du caractère décisionnel de la
commission. En plus de ça, de longs débats peuvent contribuer
même à affecter la crédibilité des membres de la
commission et, M. le Président, justement à cause du processus de
consultation qui est prévu dans le projet de loi no 10, nous n'avons pas
besoin d'un long débat.
La population aura été consultée, bon! aura eu
l'occasion de faire ses représentations. Les députés
auront eu l'occasion d'être consultés par la commission et de dire
ce qu'ils ont à dire. Ensuite, il y aura le dépôt de la
carte. Je pense que, ces consultations ayant été faites, il ne
faut quand même pas partir du principe que la commission n'aura qu'un
objectif, c'est de mettre de côté toutes les
représentations qui auront été faites soit par les
députés soit par la population.
Vous raisonnez comme si, au départ, la commission permanente
n'était pas composée de gens qui ont à coeur de faire la
carte électorale la plus valable possible, non seulement pour les
députés, mais pour les citoyens du Québec, parce qu'un
député est important, mais les citoyens sont importants. Les
représentations qui seront faites par des organismes dans chacune des
régions sont importantes aussi.
Il ne faut pas raisonner comme si les membres de la commission allaient
faire table rase de toutes ces représentations qui leur ont
été faites par les organismes, par les citoyens dans les
régions et par les députés lors de la consultation
prévue à l'article 10. Si on part de ce principe, je ne marche
pas.
C'est justement en tenant compte de tout cela, que nous devons en
arriver, pour autant qu'on veut être logique, avec la disposition qui est
prévue au projet de loi de faire que la commission est
décisionnelle, il faut en arriver à établir un processus
qui est le débat, qui permet de faire les corrections techniques
nécessaires, qui permet d'acheminer à la connaissance des membres
de la commission l'essentiel des représentations que chacun des partis
peut avoir à faire.
Une fois cela fait, je pense que c'est amplement suffisant. Je suis
convaincu que toutes ces consultations ayant été faites par la
commission tout au long de la confection de la carte électorale, nous
aurons c'est ce qui est important des commissaires qui seront
très au fait ces consultations ayant été faites
des préoccupations des députés, de la population.
Ils auront tous les éléments nécessaires pour, en leur
âme et conscience, faire la carte électorale, la meilleure, la
plus valable possible pour les citoyens et les députés.
M. le Président, c'est l'essentiel de mes remarques. Ces deux
objectifs, nous les atteignons. Premier objectif: une commission
décisionnelle qui dépolitise la confection de la carte
électorale. Deuxième objectif: ne pas revenir au débat qui
prévalait auparavant, à l'adoption d'une carte électorale.
Nous atteignons également cet objectif.
Je pense que toutes ces consultations ayant été faites,
l'exercice de la démocratie sera facilité et
amélioré par rapport à ce qui existait auparavant,
concernant l'adoption d'une carte électorale.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
poser une question au ministre relativement aux articles 31 et 32 du
présent projet
de loi. On mentionne, si on reprend dans l'ordre à l'article 30:
"Dans les douze mois suivant la remise de son rapport, la commission entend les
représentations des députés, des citoyens et des
organismes intéressés." C'est clair.
À l'article 31 : "Le rapport est soumis à la commission
permanente de l'Assemblée nationale.
À l'article 32: "Lorsque la commission parlementaire
étudie ce rapport, la commission doit lui fournir tous les documents et
renseignements nécessaires et être à sa disposition pour
l'exécution de ses travaux."
Quel est le sens de ces deux articles 31 et 32? S'agit-il, après
que la Commission de la représentation a préparé son
rapport, d'abord de le déposer comme c'est demandé à
l'article 28: "...remet au président ou au secrétaire
général à l'Assemblée nationale du Québec un
rapport dans lequel elle propose une délimitation des circonscriptions
électorales... Ce rapport est rendu public, etc..." est-ce que cela veut
dire, M. le ministre, qu'après la remise de son rapport, la Commission
de la représentation doit être entendue par la commission
permanente de l'Assemblée nationale, relativement à ce rapport,
donc les députés inscrits à cette commission permanente de
l'Assemblée nationale sont en mesure, après réception du
rapport, dans un premier temps, avant même que la consultation soit
engagée dans les régions du Québec auprès des
citoyens, des groupes et des députés, les députés,
à la commission permanente, ont la possibilité d'être
entendus, de faire valoir leurs représentations auprès de la
Commission de la représentation électorale. Est-ce que c'est bien
dans le sens des articles 31 et 32 ou s'il s'agit purement d'une
formalité? (12 heures)
M. Bédard: C'est la consultation des
députés. La consultation se fait auprès de la population,
auprès des députés à partir de tous les travaux qui
ont été effectués déjà, qui sont entre les
mains de la commission permanente.
M. Bertrand: Si je comprends bien, en d'autres mots, il y a trois
catégories, en gros, de personnes qui seront consultées par la
Commission de la représentation électorale: les citoyens,
individuellement; les groupes (cela peut être une chambre de commerce, un
club social ou autre, une commission scolaire, des représentants
municipaux, etc.) et, troisièmement, les députés, tel que
mentionné à l'article 30. L'occasion pour les
députés d'être consultés par la Commission de la
représentation électorale, c'est le moment où la
commission permanente de l'Assemblée nationale va siéger pour
étudier le rapport pour se voir fournir les documents et les
renseignements nécessaires pour qu'elle soit en mesure de bien poser les
questions pertinentes à la Commission de la représentation
électorale. Une fois ce travail fait auprès de la commission
permanente de l'Assemblée nationale, la commission se déplace en
région et entend des groupes et des individus.
M. Bédard: Nous avons eu l'occasion d'en discuter. Nous
n'avons pas voulu spécifier d'une façon rigoureuse aux membres de
la commission permanente quand ils jugeraient à propos de consulter les
députés. C'est clair qu'il doit y avoir une consultation des
députés, mais nous avons voulu laisser toute la latitude
nécessaire à la commission de procéder à la
consultation des députés, de telle façon qu'elle peut
juger à propos que ce soit une audition avant de partir consulter des
organismes ou après. C'est aux membres de la commission permanente d'en
décider.
M. Bertrand: Est-ce que cela veut dire, M. le ministre, si on se
réfère à l'article 31 toujours et à l'autre
article, qui est l'article 30, qu'un député, par exemple le
député de Nicolet-Yamaska, qui siégerait à la
commission permanente de l'Assemblée nationale j'ai bien dit
"siégerait," au conditionnel pourrait être entendu, bien
sûr, au niveau de la commission permanente de l'Assemblée
nationale pour y faire valoir ses représentations, mais pourrait aussi
et c'est un point d'interrogation être entendu dans les
régions au moment de la consultation que la commission
mènerait?
M. Bédard: C'est une opinion que j'émets
là-dessus. Puisqu'on a prévu que les députés
seraient consultés au même titre que la population, mais
séparément c'est un peu l'esprit du projet de loi
il me semble que, lorsqu'il y a la consultation de la population et des
organismes, c'est la consultation de la population et des organismes et non la
consultation des députés. Alors, je pense que les
députés auront un moment privilégié pour faire
entendre leurs représentations auprès des membres de la
commission et je pense que c'est à ce moment-là qu'ils doivent le
faire.
M. Bertrand: D'accord. Je vous remercie de ces indications parce
qu'elles me permettent...
M. Bédard: De telle façon que la consultation de la
population ne soit pas indirectement, encore une fois, une simple consultation
des députés qui orienteraient les groupes en fonction de leurs
préoccupations personnelles.
M. Bertrand: Très bien. En d'autres mots, cela me permet
de saisir deux choses. D'abord, clairement cette loi indique que les
députés seront consultés, qu'ils auront toute la latitude
voulue, en profitant de la séance de la commission permanente de
l'Assemblée nationale, des séances, parce qu'il y en aura
certainement plus qu'une, pour dire en commission parlementaire toute une
série de choses relatives aux modifications apportées à
leur circonscription électorale ou aux circonscriptions
électorales de leur région. J'ai donc bien compris, M. le
ministre, que le moment privilégié pour les députés
de mener cette opération serait, évidemment, la tenue de la
commission parlementaire permanente de l'Assemblée nationale, tel que le
stipulent l'article 31 et l'article 32.
M. Bédard: Cela me semble être l'esprit très
clair de la législation.
M. Bertrand: M. le Président, revenant à mon
argumentation comme telle, j'avais déjà indiqué hier
à quel point j'étais personnellement sensible aux demandes de
l'Opposition quant à une dernière intervention relativement aux
propositions de la Commission de la représentation électorale sur
la délimitation des circonscriptions électorales. J'avais aussi
souhaité, à ce moment-là, tout en étant favorable
au principe qui veut que les parlementaires puissent être engagés
dans un dernier débat sur ces propositions, que ça ne devienne
tout de même pas l'occasion de faire indirectement ce qu'on aurait
aimé faire plus directement, c'est-à-dire de refaire tout un
débat très long sur les modifications qu'on aurait
apportées nous-mêmes à la carte électorale si la loi
no 10 ne nous avait pas fait obligation de remettre cette responsabilité
à une commission indépendante décisionnelle.
J'avais aussi indiqué que, dans mon esprit, il fallait quand
même se garder un dernier moment comme parlementaires - je pense que
c'est à bon droit pour indiquer aux fonctionnaires de la
Commission de la représentation électorale des erreurs qui
auraient pu être, sans mauvaise foi, sans mauvaise volonté,
commises à l'occasion de la préparation du rapport final et leur
donner le temps de s'ajuster en conséquence. Un député
peut être amené à faire une intervention tout à fait
à propos non pas sur une question de politique, mais sur ce qui nous
paraîtrait être je le dis de façon très
relative, parce que dans ce domaine les erreurs, c'est quoi quelque
chose qui, sur le plan technique, nous paraîtrait ne pas avoir
été pris en considération.
J'avais aussi dit qu'il me paraissait normal que le
député, qui occupe, dans notre société, une place
privilégiée pour l'évaluation de ce qu'est un comté
bien fait ou mal fait des citoyens, bien sûr, peuvent le faire et
c'est vrai, des groupes intéressés peuvent le faire un
député qui vit pendant quatre ans, huit ans, douze ans dans une
circonscription électorale, qui l'a parcourue d'un bout à
l'autre, du nord au sud, d'est en ouest est certainement bien placé pour
dire: II y a là des erreurs, des choses qui tiennent plus ou moins
compte du bon sens, il y a là des corrections qui pourraient être
apportées, etc.
Ce principe, j'étais en faveur, je l'ai dit hier, je le redis
aujourd'hui et je considère que le ministre a eu cette ouverture
d'esprit qui nous permet maintenant d'ouvrir une avenue fort positive pour un
dernier débat à l'Assemblée nationale ou en commission
permanente de l'Assemblée nationale. Là où je
n'étais pas d'accord, hier, je le redis aujourd'hui c'est
pourquoi je ne suis pas d'accord avec la proposition du député de
Laval, mais en accord avec la proposition du ministre responsable c'est
qu'il est évident que si on laisse place à un débat
illimité illimité jusqu'à un certain point, mais
110 députés avec droit de parole de vingt minutes, donc un
débat quand même passablement long à mon avis, on
touche à l'esprit même de la loi no 10. On amène un
débat qui, à toutes fins utiles, consiste presque à dire
à la Commission de la représentation électorale: On vous
avait reconnu le devoir, le droit de préparer une carte
électorale, mais sachez bien une chose, le débat que vous avez
vécu dans vos régions, dans les régions du Québec,
avec les députés à la commission permanente de
l'Assemblée nationale, c'est un débat qu'on tient à
refaire. À toutes fins utiles, voici comment on aurait construit la
carte électorale, si la loi 10 ne vous avait pas donné la
responsabilité de le faire.
En d'autres mots, autant je juge opportun, nécessaire qu'il y ait
une participation des députés dans un dernier temps, autant je ne
juge pas opportun et nécessaire que ce débat soit de nature telle
qu'à toutes fins utiles on se trouve à se donner la
responsabilité nous-mêmes d'indiquer à la Commission de la
représentation électorale quelle aurait été la
carte si on avait eu la responsabilité, comme c'était le cas dans
le temps, de la faire selon les dispositions des lois antérieures.
Un débat de cinq heures est un débat de 300 minutes.
Si ce débat de 300 minutes permettait à des
députés de faire des interventions de dix minutes et je
dis qu'un député peut faire une intervention qui se limite
à dix minutes, et même à cinq minutes quand il
s'agit d'exprimer ses remarques à une commission de la
représentation électorale dont, de toute façon, les
décisions seront exécutoires, je dis que c'est suffisant pour
dire ce qu'il y a à dire. On va à l'essentiel et on indique qu'il
y a une erreur sur le plan technique ou pas.
Or, 300 minutes, c'est trente interventions de dix minutes. Trente
députés qui ont la chance de dire pendant dix minutes qu'il y a
quelque chose de pas correct dans le rapport final soumis par la Commission de
la représentation électorale. Et si on fait l'effort et
Dieu sait que c'est un effort auquel on devrait s'astreindre à
l'occasion comme parlementaires de réduire en cinq minutes ce
qu'on a à dire... Et je pense qu'un député qui a des
représentations de dernière heure à faire à une
commission de la représentation électorale dont les
décisions sont exécutoires...
M. Fontaine: Trente députés.
M. Bertrand: ... ceux qui, en cinq minutes, peuvent dire quelque
chose de pertinent, c'est 60 députés... Le député
de Nicolet-Yamaska, je le vois, a suivi les mêmes cours de
mathématiques que moi, au collège classique, sans doute au
Séminaire de Nicolet; moi, c'était au Séminaire de
Saint-Jean.
M. Fontaine: Victoriaville.
M. Bertrand: On peut avoir 60 députés, donc plus de
la moitié des députés qui, en cinq minutes, peuvent
indiquer à la Commission de la représentation électorale:
Écoutez, à partir d'aujourd'hui, d'après les termes de la
loi, il vous reste dix jours pour apporter des correctifs à votre
rapport final. Je veux vous dire, en cinq minutes, ce que je considère
comme important à apporter comme correction pour que cette carte
électorale soit une bonne carte. Soixante interventions de cinq minutes,
dans un débat de cinq heures, trente interventions de dix minutes.
Cela m'apparaît respecter l'esprit de la loi, respecter le
principe que la commission indépendante doit être
décisionnelle et que donc, une fois faites les consultations
auprès des députés en
commission permanente, auprès des citoyens et des groupes en
région, c'est, comment dirais-je, le cri d'espoir de la dernière
heure qui est manifesté par un député. Mais pas refaire le
débat, comme si, dans le fond, la commission n'avait pas effectué
la consultation à laquelle la loi l'oblige. Elle l'aura menée
cette consultation. Et c'est bien plus que pendant cinq minutes ou dix minutes
qu'on aura eu la chance, comme députés, en commission permanente
de l'Assemblée nationale, de dire à la Commission de la
représentation: Voici ce qui ne nous apparaît pas correct dans
votre rapport, voici ce qu'on voudrait voir modifier, voici comment vous
pourriez explorer des avenues de solution pour faire un bon comté.
Moi, M. le Président, je considère que ce débat de
cinq heures peut permettre un très grand nombre d'interventions portant
sur l'essentiel et faites dans l'esprit d'aider la Commission de la
représentation électorale à faire un bon rapport final,
décisionnel et exécutoire. Retenir la proposition du
député de Laval, s'il fallait que les 110 députés
ne prennent qu'un droit de parole de cinq minutes, c'est une semaine de travaux
à l'Assemblée nationale; s'ils prennent un droit de parole de dix
minutes, c'est deux semaines de travaux à l'Assemblée nationale;
s'ils prennent leur droit de parole de vingt minutes, c'est quatre semaines de
travaux à l'Assemblée nationale.
Et on sait le moment où cela va se produire, entre autres choses;
dans le cas du présent projet de loi, pour le 30 mars 1980. Le discours
du budget, lui, prend quinze heures; c'est quand même quelque chose de
drôlement important dans la vie de notre société. Vingt
heures pour le discours inaugural; c'est quand même un discours
très important dans la vie de notre société. Il embrasse
l'ensemble des éléments d'une politique d'un gouvernement. Un
budget de $15 milliards qui embrasse tout le fonctionnement de notre
société, dans tous les secteurs d'activités.
Je me dis que, du fait d'avoir un débat de vingt heures ou quinze
heures aussi important que le discours sur le budget et que le discours
inaugural pour une carte électorale dont, de toute façon, on a
décidé que c'est une Commission de la représentation
électorale qui allait décider et que ses décisions
allaient être exécutoires, on respecte l'esprit de la loi, on
respecte le privilège des députés, on respecte le
processus démocratique. On aura une consultation où tout le monde
aura le temps nécessaire pour dire ce qu'il a à dire et, en plus
de cela, on aura la chance, dans un dernier temps, de dire des choses qui
pourraient être pertinentes en allant à l'essentiel. Cinq heures,
M. le Président, cela m'apparaît de la part du ministre la
démonstration d'une très grande ouverture d'esprit. C'est une
attitude fondamentalement positive. Quant à moi, je me sens très
à l'aise pour voter pour cette proposition d'amendement.
M. Lavoie: M. le Président... (12 h 15)
Le Président: M. le député de Rosemont
m'avait demandé la parole.
M. Paquette: M. le Président, je vais essayer de me
conformer aux dix minutes que vient de proposer mon collègue.
M. Gratton: Dix minutes, allez-y.
M. Paquette: Je vais probablement prendre moins que cela, cela
sera peut-être même deux minutes et demie.
M. Gratton: Là, il y a 120 députés. Il en
resterait dix, il y en aurait dix de trop.
M. Paquette: Combien de temps me donnez-vous? M. le
Président, j'avais fait hier une intervention pour mettre en
évidence les dangers d'un débat de dernière instance qui
ne m'apparaissait pas nécessaire, compte tenu de tous les
mécanismes de consultation et d'intervention dont disposent les
députés. Il ne faut pas oublier qu'il y a non seulement la
consultation en région où les députés pourront se
faire entendre, mais aussi la commission parlementaire, qui pourra durer
plusieurs séances et où les députés qui ont
vraiment quelque chose à dire, qui peuvent se sentir touchés dans
leur région pourront intervenir, pourront se remplacer, pourront prendre
la parole. Il y a également ce mécanisme qui est toujours
à la disposition des partis d'Opposition principalement, qui consiste
à faire des débats le mercredi ou à faire une question
avec débat le vendredi matin, et il y a toutes les autres tribunes qui
sont offertes aux hommes politiques dans leur région. Il suffit de faire
une conférence de presse, si on n'est pas d'accord ou quoi que ce
soit.
Je pense que tous ces mécanismes doivent être
utilisés avec précaution par les parlementaires, parce qu'il ne
s'agit pas de mettre en cause la crédibilité de la commission. Je
ne veux blâmer personne à cette table, mais, quand on a
rencontré la Commission permanente de la réforme des districts
électoraux il y a environ une semaine ou deux, on a vu à certains
moments des députés mettre en cause l'aptitude de la commission,
non pas sa partialité mais l'aptitude de la commission à faire
une carte électorale adaptée aux besoins de la population. Si un
tel débat se déroulait à l'Assemblée nationale
pendant une, deux ou trois semaines et qu'on décidait vraiment d'y
mettre le paquet, il y aurait je ne veux prêter d'intention
à personne, cela peut se produire de la part de tous les partis
possiblement cet impact de réduire la crédibilité de la
commission.
Or, le principe de la loi veut que la commission décide de la
carte et qu'elle le fasse à l'abri de toute pression politique, en
respectant les meilleurs intérêts de la population.
Malgré tout cela, je pense que je me rallierais à la
position du ministre. Il me semble qu'un débat de cinq heures n'est pas
de nature à permettre à quelque parti que ce soit d'attaquer la
crédibilité de la commission et le principe d'une
dépolitisation de la carte électorale.
En cinq heures, si tous les députés prennent vingt
minutes, on a quinze intervenants. Si une carte électorale est
suffisamment mauvaise pour qu'il y ait vraiment plus que quinze comtés
ou régions qui soient vraiment mal desservis par la carte
électorale, je pense que les parties concernées ont d'autres
tribunes, comme je l'expliquais
tantôt, pour faire connaître leur désaccord, sans que
cela ne dure une, deux ou trois semaines où on verrait des attaques
contre la crédibilité de la commission.
M. le Président, je pense que quinze intervenants dans un
débat limité vont permettre d'abord à chacun des partis
d'établir sa position, tout de suite avant que la commission ne prenne
les décisions finales, quant aux délimitations de la carte, et
permettre à un nombre suffisant de députés de tous les
partis, en temps normal... On doit légiférer en temps normal. On
ne doit pas partir avec l'hypothèse que la carte va être mauvaise.
Cela voudrait dire qu'on a fait une mauvaise loi, qu'on n'a pas mis
suffisamment de balises dans la loi, tant dans le processus de consultation que
dans les critères que la commission doit suivre, pour s'assurer d'une
carte potable. Elle peut être discutable à certains endroits. Si
elle est discutable à plus de quinze endroits, je pense que c'est parce
qu'on aura fait une mauvaise loi. On va sortir d'ici avec la conviction qu'on a
une loi qui va donner une carte adéquate aux besoins de la
population.
Je pense qu'un débat de cinq heures, permettant à quinze
députés de cette Assemblée d'intervenir, va permettre ce
débat public, va permettre à la presse de rapporter la position
des partis et va permettre, en temps normal il faut
légiférer pour le temps normal, pour la situation
générale qui va devoir se présenter une carte qui
est en général bien adaptée, mais qui présente
quelques problèmes. Je ne pense pas qu'une carte de cette nature puisse
présenter plus que quinze problèmes. Donc, tous les
députés qui pourraient sentir les concitoyens de leur
circonscription lésés pourront amplement intervenir dans le cadre
de ce débat.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Rosemont, vous avez fait la preuve que le point peut se faire en cinq minutes.
M. le député de Laval.
M. Lavoie: Le député de Rosemont a
été un bel exemple, ce qui n'a pas été le cas du
député de Vanier, parce que le député de Vanier
sans méchanceté a parlé tout à
l'heure pendant quinze minutes. Il a prouvé, je ne dirais pas par
l'absurde, mais par son expression d'opinion que je ne lui reproche en aucune
façon, il a établi que pendant ce débat de cinq heures, il
y aurait eu uniquement 20 députés qui auraient pu exercer le
même droit de parole sur 110. Cela veut dire qu'il en aurait
bâillonné 80, quand même, ou 90, parce que vous avez
parlé quinze minutes tout à l'heure. Dans cinq heures, quatre
à l'heure, il y en aurait eu 90 qui auraient été
bâillonnés.
Je n'en ai pas pour longtemps. Il y a une chose qu'il faut bien prendre
en considération. C'est toute l'économie de la section IV. En
temps normal, je ne vois pas tellement de difficulté, si on lit bien les
articles 28, 29, 30, 31 et 32. En temps normal, mais actuellement, nous ne
faisons pas face à un temps normal, parce que vous avez une disposition
à l'article 37 qui ordonne à la commission de faire une carte
d'ici le 31 mars où, nécessairement, la consultation va
être un peu bousculée. Ce qui est encore plus grave, c'est que ce
sera cette carte, la première, qui aura le plus d'implications, qui va
créer le plus de changements dans la situation actuelle.
En temps normal, une fois que la première sera faite, je ne vois
plus tellement de difficulté, même si ce débat, auquel je
tiens... J'y tiens également, mais on pourrait trouver certains
mécanismes. Si on lit bien l'article 28 ça, c'est
important, je crois, M. le ministre c'est qu'en temps normal, dans les
douze mois d'une élection générale, la commission
dépose à l'Assemblée nationale un rapport qui contient la
délimitation des nouveaux comtés qu'elle propose ou des
modifications qu'elle propose. La commission a un an, d'abord, pour soumettre
ça, pour faire un produit fini ou pratiquement fini. Elle dépose
à l'Assemblée nationale la nouvelle carte après, dans les
douze mois d'une élection générale.
Après ces douze mois, il y a une publication une fois que
c'est déposé à l'Assemblée nationale de la
nouvelle carte et une bonne diffusion. Là, dans les douze mois suivants,
dans l'autre année, il y a une consultation qui se fait partout. Il y a
une commission de l'Assemblée nationale où il n'y a aucune limite
de temps.
La commission de l'Assemblée nationale peut étudier
pendant une, deux ou trois séances, il n'y a plus d'urgence. Là,
ça va très bien. Je suis très heureux de ça. Et,
dans les milieux, dans toutes les régions du Québec, dans la
même année, ils ont un an pour faire ça. Cela va bien.
Là, on comprends que c'est un produit pratiquement fini qu'ils
soumettent aux milieux. Mais, la grande difficulté actuellement, c'est
la carte que vous ordonnez de faire d'ici le 31 mars; lors de la consultation
qui aura lieu dans le milieu ou à l'Assemblée nationale, ce ne
sera pas un produit fini. Vous dites qu'on va travailler avec les documents que
la commission a. On ne le sait même pas. C'est le cinquième
rapport? C'est même une simulation sur 36 000 électeurs. Il y a
quelque chose qui ne se tient pas dans ça. Vous allez lire le projet de
loi, une fois qu'il sera adopté, les articles 28, 29, 30, 31 où
il y a un beau déroulement normal. Mais vous allez arriver à
votre nouvel article 34, alors que, dans 31, il y a une commission de
l'Assemblée nationale où il n'y a aucun bâillon, il y a
tout le temps voulu pour étudier. Vous arrivez à 34, où
vous imposez... L'article 34, en somme, c'est quasiment une mesure provisoire
seulement, de la manière dont je le comprends, à cause de
l'article 37. Moi, votre loi, je me demande comment on va pouvoir la
comprendre.
M. Bédard: Je répondrai. Je prends note de vos
interrogations. Je ne les partage pas, mais j'essaie de parler lorsque c'est
mon temps de parler.
M. Lavoie: Ce que je crains actuellement, c'est la manière
dont cela va fonctionner, il va y
avoir un genre de bousculade qu'on va être obligé
d'accepter. La loi va être adoptée d'ici le 1er décembre,
la commission sera nommée. Elle devra faire de la consultation qui sera
nécessairement assez rapide. La population, en faisant ses
représentations, n'aura pas de produit fini d'aucune façon. Elle
va avoir le rapport numéro 5, la simulation des 36 000 ou n'importe
quoi.
Cela va revenir si je comprends bien à avoir une
commission de l'Assemblée nationale illimitée, avant le produit
fini.
M. Bédard: C'est-à-dire que la commission
permanente va faire la consultation des députés, et quand elle
croira que cette consultation est satisfaisante, je pense que...
M. Lavoie: II n'y a pas de limite de temps
déterminée pour cela?
M. Bédard: Non, mais il y a la limite de temps de la
commission. Quand elle se croit informée, elle est informée,
point.
M. Lavoie: Cela veut dire qu'il peut y avoir deux, trois ou
quatre séances.
M. Bédard: II peut y avoir une ou deux séances,
fort probablement.
M. Lavoie: Surtout qu'on va travailler avec un produit non fini.
Les députés, quand la séance va être tenue, vont
travailler avec le cinquième ou le quatrième rapport. C'est le
mécanisme.
M. Bédard: Le cinquième rapport, sûrement,
tous les travaux qui sont déjà à la disposition des
membres de la commission permanente et qui seront à la disposition des
membres de la commission permanente. Il y aura peut-être même le
fruit des consultations qui auront été faites au niveau des
régions dont ils pourront faire état. Je crois qu'ils seront
outillés amplement non pas pour se faire tracer une carte
électorale, parce que la rencontre avec les députés n'est
pas pour se faire tracer une carte...
M. Lavoie: Pour entendre les représentations des
députés.
M. Bédard: C'est eux qui ont la responsabilité de
faire les délimitations. C'est pour entendre les représentations
générales des députés.
M. Lavoie: Après ces consultations, après cette
commission de l'Assemblée nationale, où les députés
vont faire des représentations, tout probablement sur le rapport
numéro 5, la commission va délibérer et va soumettre un
produit fini.
M. Bédard: Un rapport à l'Assemblée
nationale...
M. Lavoie: Qui est le produit fini.
M. Bédard: ... qui est le produit fini susceptible
d'être amendé à la suite des représentations qui
auront pu être faites lors du débat et dont...
M. Lavoie: Du débat limité à cinq
heures.
M. Bédard: Si les commissaires jugent à propos d'en
tenir compte, et c'est pour cela que nous avons prévu une dizaine de
jours, pour qu'ils aient le temps, pour ce qui est du débat à
l'Assemblée nationale, et toute la latitude de tenir compte, s'ils le
jugent à propos, des représentations qui auront été
faites à ce moment-là sur l'essentiel de la carte.
M. Lavoie: Une fois que le produit fini va être
déposé, dans un certain délai, il va y avoir un
débat, soit à l'Assemblée nationale, soir en commission
parlementaire, de cinq heures.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lavoie: II peut fort bien arriver, et c'est en dehors de toute
partisanerie politique ou quoi que ce soit, qu'il y ait 20
députés de votre côté qui aimeraient dire un mot,
pas uniquement en leur nom personnel, mais comme représentants du
milieu, de leur population, parce que les députés sont les
représentants de la population; surtout sur le produit fini, la
population ne pourra plus se prononcer; or, nous avons uniquement cinq heures
pour cela?
M. Bédard: De la même façon que, dans tous
les débats limités, nécessairement, le mot le dit, cela
n'implique pas la négation de la démocratie, cela amène
simplement une certaine discipline par rapport non pas seulement à ce
débat limité de cinq heures, mais à tous les débats
limités qui sont prévus dans nos règlements. On faisait
état tout à l'heure du discours inaugural, du discours du budget,
qui sont des éléments essentiels au niveau de l'exercice de
l'appréciation des députés. Ce sont quand même des
débats limités. Cela obligera nécessairement chacun des
partis politiques à concentrer ses représentations sur
l'essentiel.
M. Lavoie: Cela veut dire que vous n'acceptez pas... Cinq heures,
même si les députés s'autodisciplinent au maximum à
dix minutes chacun, cela fait à peine une trentaine de
députés qui ont le droit de parler, sans perdre de temps. Or, on
sait qu'une commission commence toujours... Je dis que vous bâillonnez
non seulement les députés de l'Opposition et je ne parle
pas d'eux mais vous allez bâillonner aussi vos propres
députés, parce que, sur un partage de temps de cinq heures, si le
gouvernement prend deux heures et demie et l'Opposition deux heures et demie,
vous allez en bâillonner un joli paquet de votre propre bord
également. (12 h 30)
M. Bédard: La seule interprétation que je n'accepte
pas du député de Laval, tout en respec-
tant son opinion, c'est de dire qu'à partir du moment où
un débat est limité, on bâillonne. Ce n'est pas cela.
À partir du moment où un débat est limité, les
députés d'un parti et de l'autre doivent s'imposer une discipline
qui fasse que l'essentiel de leurs représentations soit consigné
à l'intérieur des délais qui leur sont impartis, parce
qu'on pourrait à ce moment-là dire qu'on est
bâillonné tous les jours. La période des questions, c'est
trois quarts d'heure. C'est évident que tous les députés
ne peuvent pas poser des questions.
M. Lavoie: M. le Président, très brièvement,
avec le consentement...
M. Bédard: C'est simplement cette...
M. Lavoie: Demandez-le à l'Assemblée, ça va
prendre cinq minutes. On va en disposer après, on ne perdra pas
notre...
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection.
M. Lavoie: Je vous dis que quand c'est un débat
limité sur une politique gouvernementale, un député du
côté du gouvernement peut s'exprimer au nom du gouvernement et un
député de l'Opposition peut s'exprimer sur une motion de
blâme, ça, je le comprends. Mais quand ça regarde les 110
délimitations de comté, je vois mal le leader du gouvernement ou
le ministre responsable de la réforme électorale prendre part au
débat au nom des députés de la région de
Montréal. Vous venez de Chicoutimi et vous ne connaissez rien à
la région de Montréal, au point de vue délimitation de
comté.
M. Bédard: D'accord.
M. Lavoie: On ne peut pas déléguer notre droit de
parole dans des cas de comtés, voyons.
M. Bédard: Je ne dis pas que vos propos n'ont pas de
fondement sur cet aspect, mais vous oubliez que les députés vont
avoir eu l'occasion de se faire entendre.
M. Lavoie: Oui, mais sur un produit non fini. Là, ils vont
avoir le produit fini après. Vous ne comprenez ni d'en haut, ni d'en
bas, d'après ce que je peux voir, c'est bien simple.
M. Bédard: Vous savez très bien, M. le
Président, nous ne reviendrons pas...
M. Lavoie: Vous êtes obtus, ce qu'on appelle obtus.
M. Bédard: Je me fous éperdument des qualificatifs
du député de Laval. Il a la réputation de ne pas
être capable de discuter, il la garde, il la conserve.
Le Président (M. Laberge): J'avais reçu une demande
formelle de suspendre les travaux de cette commission à 12 h 30; ne me
faites pas regretter d'avoir prolongé de deux minutes. Cette commission
ajourne ses travaux sine die.
Suspension de la séance à 12 h 33
Reprise de la séance à 16 h 50
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, mesdames et
messieurs!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
reprend ses travaux concernant le projet de loi no 10, Loi sur la
représentation électorale. À cette commission, pour cette
séance, sont membres: M. Bédard (Chicoutimi), M. Bisaillon
(Sainte-Marie) remplacé par Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine); M. Charbonneau (Verchères) remplacé
par M. Lefebvre (Viau); M. Forget (Saint-Laurent) remplacé par M.
Gratton (Gatineau); M. Grenier (Mégantic-Compton) remplacé par M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Laberge (Jeanne-Mance) remplacé par M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes); M. Levesque (Bonaventure) remplacé par M.
Lavoie (Laval); M. Morin (Louis-Hébert) remplacé par M. Dussault
(Châteauguay); M. Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Peuvent aussi intervenir: M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond)
remplacé par M. Grenier (Mégantic-Compton); M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Clair (Drummond), M. Guay (Taschereau), M. Lévesque
(Taillon).
Le rapporteur de la commission est M. Lefebvre (Viau). À
l'ajournement de nos travaux, nous avions sur la table la motion d'amendement
du député de Laval pour que l'article 34 soit modifié, en
ajoutant, au début, les alinéas suivants: "Après avoir
étudié les représentations des citoyens, des organismes et
des députés, la commission prépare un projet indiquant la
délimitation qu'elle propose et le transmet au président de
l'Assemblée, qui le dépose à l'Assemblée dans les
cinq jours au cours desquels siège l'Assemblée après
réfection de ce projet. "La prise en considération peut avoir
lieu à la cinquième séance qui suit celle de son
dépôt à l'Assemblée. "Ce débat
n'entraîne aucune décision de l'Assemblée."
Cette motion est toujours sur la table.
M. Bédard: II n'y a pas d'autres représentations.
Je crois que nous devrions passer au vote là-dessus. Enfin, on
était sur les deux motions.
Le Président (M. Laberge): C'est cela. Si vous voulez
disposer de cette motion, nous pouvons procéder.
M. Bédard: C'est sur ce point que nous nous étions
entendus. Nous déposions les deux et nous en disposions.
M. Lavoie: On va finir la mienne.
Le Président (M. Laberge): C'est un peu comme cela qu'il a
été convenu. C'est-à-dire que les deux pouvaient
être discutées concurremment.
M. Bédard: C'est correct, M. le Président.
Disposons de celle-ci et on va discuter sur l'autre.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cette motion du
député de Laval sera adoptée?
M. Bédard: Rejeté, M. le Président.
M. Lavoie: Adopté, M. le Président.
M. Fontaine: Vote enregistré.
M. Lavoie: Faites l'enregistrement des noms.
Le Président (M. Laberge): Parfait. S'il y a vote
enregistré, je fais l'appel nominal. Ceux qui sont pour et ceux qui sont
contre. M. Bédard (Chicoutimi).
M. Bédard: Contre.
Le Président (M. Laberge): Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme LeBlanc-Bantey: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Lefebvre (Viau).
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Gratton (Gatineau).
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska).
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Lavoie (Laval).
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Samson (Rouyn-Noranda)?
M. Lavoie: Enregistrez le compte des démocrates.
Le Président (M. Laberge): Cette motion est rejetée
par six voix contre trois.
M. Bédard: M. le Président, je peux dire
qu'étant démocrate, je n'ai aucun remords à voter contre,
étant donné les considérations que nous avons
apportées.
M. Lavoie: C'est terminé. On les appelle démocrates
et ils sont maintenant insultés.
M. Bédard: Nous avons d'ailleurs, M. le Président,
accepté j'ai reconnu le ton du député de Laval
effectivement d'ouvrir la possibilité qu'il y ait un débat
afin que l'essentiel des représentations des députés
soient acheminées vers la commission permanente, ledit débat
étant on l'a déjà dit non décisionnel
et limité dans le temps.
Nous avions déposé...
Le Président (M. Laberge): C'est-à-dire que, ici
sous les yeux, j'ai votre premier amendement à l'article 34 qui a
été remplacé par les articles 34 et 34.1. Il est toujours
en suspens.
M. Bédard: C'est toujours en suspens.
Le Président (M. Laberge): Nous devons sûrement en
disposer. Vous avez maintenant un nouveau papillon.
M. Bédard: Nous allons continuer sur le même sujet,
M. le Président. Nous avions déjà déposé un
amendement.
Le Président (M. Laberge): Je dois, pour le journal des
Débats, dire qu'on avait demandé de remplacer l'article 34 par
les suivants: Je lis les trois premiers mots de chaque paragraphe, parce que
cela a été écrit.
M. Fontaine: II n'y a pas d'autre amendement à apporter
à cet article 34?
Le Président (M. Laberge): Oui, c'est justement. L'article
34 était remplacé par 34 et 34.1. Les premiers mots de l'article
34 étaient "Après avoir étudié". Au deuxième
alinéa, on disait: "La commission publie". À l'article 34.1, on
disait: "La publication de la liste". Cet amendement est toujours en suspens et
on a apporté un autre amendement à ma connaissance. Je demande au
ministre s'il veut disposer ou retirer le premier.
M. Bédard: Nous retirons le premier, celui auquel vous
avez fait allusion.
Le Président (M. Laberge): Cet amendement qui était
en suspens dont je viens de faire mention
est retiré. Je donne maintenant lecture du nouveau papillon
remplaçant le tout.
L'article 34, dorénavant, à la demande du ministre, est
remplacé par les suivants: "Après avoir étudié les
représentations des députés, des citoyens et des
organismes, la commission dépose à l'Assemblée nationale
du Québec un rapport sur la délimitation des circonscriptions
électorales. "Dans les cinq jours suivant ce dépôt, ce
rapport fait l'objet d'un débat limité à cinq heures et
qui doit se tenir dans la même séance à l'Assemblée
nationale du Québec ou, si celle-ci n'est pas alors en session, à
la commission permanente de l'Assemblée nationale qui doit être
convoquée à cette fin. "Aucune motion ne peut être
présentée pendant ce débat." "Article 34.1: Au plus tard,
le dixième jour suivant ce débat, la commission établit la
délimitation des circonscriptions électorales et leur attribue un
nom. "La commission publie à la Gazette officielle du Québec la
liste de ces circonscriptions, en indiquant le nom et la délimitation de
chacune d'elles. Elle peut, en outre, mentionner les municipalités et
les réserves indiennes que renferme chaque circonscription
électorale." "Article 34.2: La publication de la liste des
circonscriptions électorales à la Gazette officielle du
Québec fait preuve absolue de son existence et de sa teneur et toute
personne est tenue d'en prendre connaissance".
M. Bédard: M. le Président, par rapport à
cet amendement que nous avions déposé, j'espère qu'on ne
m'en fera pas reproche, nous avions eu certaines représentations de la
part de l'Opposition, d'une façon particulière, du
député de Gatineau, dans le sens d'augmenter le délai de
convocation lorsqu'il s'agit de la commission permanente de l'Assemblée
nationale. Nous nous rendons à cette demande, ce qui aurait pour effet
que le deuxième paragraphe de cet amendement que nous avons
déposé se lirait comme suit: "Dans les cinq jours suivant ce
dépôt, ce rapport fait l'objet d'un débat limité
à cinq heures et qui doit se tenir dans la même séance
à l'Assemblée nationale; si celle-ci n'est pas alors en session,
ce débat limité à cinq heures et qui doit se tenir dans la
même séance a lieu à la commission permanente de
l'Assemblée nationale dans les dix jours suivant le dépôt
du rapport visé dans le premier alinéa, et tous les
députés sont membres de la commission pour les fins de ce
débat et tel que c'était auparavant aucune motion
ne peut être présentée pendant ce débat."
Le Président (M. Laberge): Le reste demeurant ce que j'ai
lu. Sur la motion d'amendement...
M. Fontaine: Seulement une remarque préliminaire.
Lorsqu'on dit "dans la même séance", il me semble qu'il faudrait
faire attention à cette expression. Prenons une journée comme
aujourd'hui; il y a des bouleversements qui se sont produits à
l'Assemblée nationale, et on ne pensait pas que c'était pour
durer aussi longtemps que cela; il peut fort bien se produire que les cinq
heures qui sont mentionnées ne pourraient pas avoir lieu. Il faudrait
peut-être enlever l'expression "dans la même séance". Si
c'est limité à cinq heures, je ne vois pas pourquoi on dit que ce
sera dans la même séance.
M. Bédard: II me semble qu'à ce moment-là,
je ne sais pas, on trouverait le moyen de faire en sorte que les cinq heures
puissent se faire par une addition de temps...
M. Lavoie: Voyons!
M. Fontaine: S'il est limité à cinq heures...
M. Lavoie: Vous changez le règlement de l'Assemblée
nationale par...
M. Bédard: Non, mais il arrive régulièrement
qu'on... Cela peut arriver. . Cela arrive régulièrement qu'on
passe les heures qui sont imparties par le règlement, du consentement de
tous les membres de la commission. Franchement, là...
M. Fontaine: Non...
M. Lavoie: Mettez dans la loi que vous forcez le consentement
unanime. Vous êtes en train de changer le règlement de
l'Assemblée nationale par des lois.
M. Bédard: C'est à la suite d'une demande qui nous
a été faite. Nous avons voulu y donner suite. Alors...
M. Lavoie: M. le Président, on fera...
M. Fontaine: Vous forceriez... (17 heures)
M. Lavoie: ... rire de nous autres.
M. Fontaine:... les députés, à ce
moment-là, à donner leur consentement pour que le débat
dure cinq heures. Il s'agirait tout simplement...
M. Bédard: Non, c'est que, tout simplement, le texte tel
que rédigé, je pense, obligerait à faire les
aménagements nécessaires pour que le débat de cinq heures
qui est prévu soit tenu.
M. Fontaine: II s'agirait tout simplement qu'il y ait un
député qui ne donne pas son consentement et le débat
serait terminé.
M. Bédard: Non, mais c'est la loi... C'est plus que les
règlements de l'Assemblée nationale. C'est une loi, à
l'heure actuelle, qui...
M. Fontaine: Oui, mais là, vous ne modifiez... M.
Bédard: ... prévoit la disposition.
M. Fontaine: ... pas le règlement qui dit que la
séance se termine à 10 heures le soir.
M. Gratton: Pourquoi, à part ça, faut-il que ce
soit fini à la même séance?
M. Bédard: Le règlement, on le modifie aussi
et c'est à la suite d'une de vos suggestions lorsqu'on dit que
tous les députés sont membres de la commission pour les fins de
ce débat...
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: Bon! nous l'acceptons.
M. Fontaine: D'accord, mais modifiez également le
règlement pour dire que la séance va devoir se continuer
jusqu'à ce que les cinq heures soient écoulées, quant
à ça.
M. Bédard: Je ne crois pas...
M. Fontaine: Parce que là, vous pourriez...
M. Bédard: ... M. le Président...
M. Fontaine: ... demander à un des députés
ministériels de ne pas donner son contentement et le débat serait
terminé.
M. Bédard: Je crois, M. le Président, qu'à
ce moment-là, lorsque la commission... Il s'agit d'une commission
permanente et il n'y a pas de session, à ce moment-là. M. le
Président.
M. Fontaine: Cela vaut pour l'Assemblée nationale et la
commission permanente, d'accord? Les heures de session sont
déterminées dans le règlement de l'Assemblée
nationale, que ce soit pour la commission ou pour l'Assemblée
nationale.
M. Bédard: Le leader verra à trouver, en fait, la
journée qui lui assure qu'il puisse y avoir cinq heures de
débat.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Gatineau...
M. Fontaine: Si on n'a pas les cinq heures de débat et
qu'il y a un des députés ministériels qui trouve qu'il en
a assez entendu à ce débat, il va tout simplement dire: M. le
Président, je ne donne plus mon consentement. La fin de la séance
va être prononcée et le débat va être fini.
M. Bédard: Je ne crois pas qu'à partir d'une
disposition comme celle-là ce serait le fait qu'un député
dise qu'il en a assez qui changerait la portée de l'article.
M. Fontaine: Ah! il peut prendre n'importe quel... C'est une
stratégie que le gouvernement pourrait employer. Quant à moi, je
n'accepte pas ça.
M. Bédard: On est en train de parler de stratégie,
alors que - si je comprends bien tout l'essentiel de ce débat
est...
M. Fontaine: Vous en employez déjà une pour nous
limiter à cinq heures. Imaginez-vous ce que je peux faire.
M. Bédard: Ce n'est pas une stratégie, c'est une
conviction que, les consultations prévues ayant été
faites, ce débat est raisonnable pour permettre aux différentes
formations d'acheminer l'essentiel de leurs revendications ou de leurs
représentations à la commission parlementaire. C'est loin
d'être une stratégie. C'est une conviction que vous ne partagez
pas. Je respecte également votre manière de voir les choses, mais
je ne les vois pas de la même manière, même en les
respectant.
M. Fontaine: À supposer que j'accepte votre débat
de cinq heures, je veux m'assurer qu'il se fasse. Il est déjà
tellement limité qu'il ne faudrait quand même pas prévoir
que cela doive se faire dans la même séance si, à un moment
donné, ce n'est pas possible de le faire et qu'on continue dans une
autre séance. Il n'y a pas de problème. Il est déjà
limité à cinq heures.
M. Bédard: Je le sais et le sens de la loi est très
clair. Je ne vois comment on peut, de toute façon, écourter ce
débat en aucune manière.
M. Fontaine: Je le vois. Je le vois, par le règlement de
l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Je suis convaincu qu'à ce moment, la
disposition étant tellement claire, le leader du gouvernement trouvera
le moyen de faire en sorte que, le jour qu'il assigne pour ce débat, que
ce soit à l'Assemblée nationale ou que ce soit en commission
permanente le problème ne se pose pas les cinq heures
soient dûment respectées en termes de débat.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Puis-je demander sur quelle conviction profonde on
s'appuie pour insister pour que tout cela se passe dans la même
séance?
M. Fontaine: II n'y a pas de conviction.
M. Gratton: Pourquoi est-ce si important que, dans les cinq
jours, absolument, il faille en disposer? Il arrive quoi, si on n'en dispose
pas dans la même séance? Est-ce que la carte électorale
s'écroule en petits morceaux?
M. Bédard: Non, à un moment donné, il faut
tout simplement se fixer. Vous avez droit à vos positions. Je les
respecte, mais nous-mêmes...
M. Gratton: Expliquez-vous quelle est votre conviction
profonde.
M. Bédard: Ma conviction, c'est un débat de cinq
heures, contrôlé, toute la même journée. C'est tout,
cela finit là.
M. Gratton: Aujourd'hui, par exemple, on aurait commencé
le débat à 16 heures 55. On aurait fait, disons, une heure,
jusqu'à 18 heures. On aurait eu deux autres heures prévues par le
règlement. Après cela, le ministre nous dit: Le leader du
gouvernement a trouvé un moyen quelconque pour finir cela aujourd'hui.
Cela s'appuie sur une conviction profonde?
M. Bédard: II me semble que l'importance du débat
implique nécessairement une rencontre entre les leaders pour faire en
sorte que le délai de cinq heures soit respecté de part et
d'autre.
M. Gratton: M. le Président, c'est...
M. Lavoie: II y a des députés indépendants
à l'Assemblée nationale qui ne relèvent pas des leaders.
Le député de Pointe-Claire peut dire: Je ne donne pas mon
consentement. Il n'a pas affaire aux leaders.
M. Gratton: Je répète ma question, M. le
Président, pourquoi doit-on finir ce débat dans la même
séance?
M. Lavoie: Pourquoi est-ce que cela ne peut pas aller au
lendemain?
M. Bédard: Je n'ai pas d'argumentation plus précise
qu'il ne le faut. Ma conviction était que dans une même
journée on dispose du sujet de manière qu'après, les
membres de la commission prennent connaissance des représentations et
agissent en conséquence. Je pense bien qu'il n'était de
l'idée de personne que ce débat s'échelonne sur une longue
période de temps.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Lavoie: Même plus long que cinq heures.
M. Bédard: Sur deux jours, je pars de la conviction
que...
M. Fontaine: Même dans une journée ordinaire
où les débats commencent à peu près vers 16 heures
jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 22 heures, il y a seulement
quatre heures de débat. C'est impossible de le faire dans la même
séance, cinq heures.
M. Lavoie: Cela commence vers quinze heures le mardi et le jeudi.
La séance commence vers 14 heures.
M. Fontaine: 15 heures.
M. Lavoie: 15 h 15, 15 h 30. Il n'y a même pas cinq
heures.
M. Fontaine: C'est rare qu'on finisse la période de
questions à 15 heures.
M. Gratton: De toute façon, M. le Président, qu'on
le regarde froidement. C'est impossible qu'on le fasse le mercredi, parce que
la séance commence à 15 heures et se termine à 18 heures,
donc cela règle le cas du mercredi. De toute façon cette
journée appartient aux députés. Le seul temps où
cela peut se faire, c'est le mardi ou le jeudi, et si on a un jeudi ou un mardi
comme aujourd'hui, on ne peut pas le faire. On pourrait imaginer toutes sortes
de raisons qui feraient qu'on aurait la même situation qu'aujourd'hui,
mais même en temps normal, on ne peut pas tenir les cinq heures de
débat dans la même séance sans le consentement unanime qui
permettrait de siéger à des heures qui ne sont pas prévues
par le règlement. On ne peut pas présumer ici, en commission
parlementaire, avoir un consentement unanime à l'Assemblée
nationale à une période de temps indéterminée.
Alors, pourquoi ne pas tout simplement laisser tomber les mots: Dans la
même séance? En fait, limiter cela à cinq heures et biffer
"et qui doit se tenir dans la même séance".
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je l'ai dit tout
à l'heure, je n'ai pas d'argument philosophique pour limiter à
une séance, j'en ai un, par exemple, sur le fond, à l'effet qu'il
ne faut pas que ce soit le genre de débat qui s'étende sur deux
semaines, parce qu'à un moment donné il manquerait une heure pour
que le débat soit tenu complètement. Peut-être, parce qu'il
y a quand même une certaine limite de temps, on pourrait apporter un
amendement dans le sens que ce soit limité à cinq heures et qu'il
doive se tenir...
M. le Président, on nous fait des reproches d'apporter des
amendements et, que je sache, si nous avons entrepris cette discussion, c'est
parce que j'ai fait preuve d'ouverture par rapport à des propositions
qui ont été faites par l'Opposition.
M. Fontaine: II n'y a pas de reproches qui ont été
faits par l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
M. Bédard: C'est sûr que cela aurait pu être
moins long.
M. Gratton: Je soulève une question de règlement.
Je veux bien être bon garçon, je veux bien qu'on s'entende
à l'amiable et tout cela, je veux bien reconnaître que le ministre
est bien ouvert et qu'il est bien fin, mais si je suis obligé...
M. Bédard: Non, je ne vous ai pas demandé cela.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Je voudrais juste entendre la
question de règlement.
M. Gratton: Si je suis obligé d'accepter tout ce que le
ministre propose, à sa face même, parce que c'est lui qui le
propose, et si je n'ai pas le droit de discuter sur les...
M. Bédard: Ce n'est pas une question de règlement,
cela.
Le Président (M. Laberge): Je voudrais savoir, en vertu
de...
M. Bertrand: C'est une question de privilège et il n'y a
pas de question de privilège en commission.
Le Président (M. Laberge): Excusez-moi. Il n'est pas
question de privilège. On soulève une question de
règlement et j'aimerais l'entendre pendant quelques secondes, afin de
savoir à quel article le député se réfère,
si cela en est une.
M. Gratton: M. le Président, le ministre nous reproche de
lui reprocher d'apporter des amendements et il nous dit: Moi, le bon
garçon, je vous donne une ouverture et vous n'êtes pas satisfaits.
On n'est pas obligé de se satisfaire de n'importe quoi.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président. Je n'ai pas dit que vous n'êtes pas satisfaits. J'ai
dit tout simplement que je faisais ces amendements pour essayer de donner suite
à certaines des représentations qui ont été faites
du côté de l'Opposition. Je ne vous reproche pas d'être en
accord ou en désaccord, peu importe. Mais je pense qu'il faudrait tout
de même avoir un minimum de justice et ne pas nous faire des reproches
parce que nous arrivons avec un amendement qui fait suite à certaines
représentations.
M. Gratton: Entre vous et moi, il va falloir au moins trois ou
quatre amendements à votre texte d'amendement actuel, parce qu'il ne se
tient pas.
M. Bédard: M. le Président, pour ce problème
particulier, la raison de fond, étant donné les limites et les
délais qui sont impartis dans le projet de loi, c'est que nous ne
voulons pas qu'un débat de cinq heures puisse être
échelonné sur deux semaines. Dans ce sens-là,
peut-être y aurait-il lieu d'ajouter que cela doit être fait dans
la même séance à l'Assemblée nationale ou dans deux
séances consécutives. D'accord? Est-ce que cela irait?
M. Fontaine: Oui. M. Bédard: Cela va?
M. Fontaine: Cela a pris une demi-heure pour vous faire
comprendre cela.
M. Bédard: Je demeure convaincu que cela aurait
été très possible de le tenir à l'intérieur
d'une même séance. Le jeudi, c'est possible. Et le mardi, c'est
possible.
M. Gratton: Cela aurait été impossible.
M. Bédard: J'essaie tout simplement de... Je tiens compte
quand même que les représentations de l'Opposition ne sont pas
superflues, qu'elles ont un fondement.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait m'expliquer comment, un mardi ou un jeudi, ce serait possible d'avoir
un débat de cinq heures dans la même séance? Qu'il
m'explique cela et je vais essayer de comprendre.
M. Bertrand: De 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à 22 heures.
M. Gratton: Pardon?
M. Bertrand: De 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à 22 heures.
M. Lavoie: Et quand est-ce que la séance commence
exactement à 20 heures le soir? Et quand est-ce que la période
des questions finit exactement à 15 heures?
M. Bertrand: Le mardi, c'est une même séance. De 15
heures à 18 heures et de 20 heures à 22 heures, c'est la
même séance.
M. Gratton: Mais non, on ne peut pas l'assurer, M. le
Président. La preuve, c'est qu'aujourd'hui, on n'a pas pu le faire.
M. Bédard: C'est, tenant compte de cela. M. Bertrand:
Je vous dis que c'est possible.
M. Gratton: C'est possible, s'il n'y a pas de période de
questions, si on s'assure qu'il n'y a pas de déclaration
ministérielle, si tout le gouvernement dit: On ne fait plus rien
aujourd'hui, sauf ce débat, tellement important qu'on le limite à
cinq heures. Dans le fond, entre vous et moi, le débat à cinq
heures, vous pourriez bien l'ignorer complètement. Oubliez-le.
(17 h 15)
M. Bédard: M. le Président, je ne ferai pas un
débat plus qu'il ne le faut. L'Opposition semble avoir la clef de toutes
les solutions sur ce point particulier. On a fait état du
règlement. Moi-même, je fais état qu'il y avait une loi et
que, normalement, cette loi-là prévalait quand même,
qu'elle se devait d'être respectée par l'Assemblée
nationale également. Je pense que j'étais loin d'avoir tort,
parce que, si vous prenez l'article 3 de nos
règlements, il est spécifié que la procédure
de l'Assemblée nationale du Québec est réglée par
les lois, par le règlement. Si la loi, à un moment donné,
dit: "cinq heures dans la même séance", je pense que la
procédure doit s'adapter, mais je ne ferai pas un débat. On ne
commencera pas à faire des considérations d'un débat
juridique ou procédurier, nous allons ajouter deux séances
consécutives. Le seul but poursuivi, c'est que ce ne soit pas un
débat qui puisse s'échelonner sur deux semaines...
M. Gratton: Cela ne sera pas un vrai débat.
M. Bédard: ... par exemple, un débat qui
commencerait le jeudi et que, en fin de compte, parce qu'il manquerait une
heure, il faudrait continuer le mardi suivant. Il s'agit simplement d'ajouter
ceci à la troisième ligne: "Dans les cinq jours suivant ce
dépôt, ce rapport fait l'objet d'un débat limité
à cinq heures et qui doit se tenir dans la même séance ou
dans deux séances consécutives à l'Assemblée
nationale. Si celle-ci n'est pas alors en session, ce débat, sujet aux
mêmes limites de temps, a lieu à la commission permanente de
l'Assemblée nationale dans les dix jours, etc."
M. Lavoie: Ne pourrait-on pas peut-être avoir un peu de
concordance dans la rédaction de cet amendement? Dans l'article 34, vous
dites: "La commission dépose à l'Assemblée nationale du
Québec", alors qu'à l'article 28, qui est déjà
adopté, il est dit que "la Commission remet au président et au
secrétaire général de l'Assemblée nationale du
Québec un rapport." C'est la première remarque. Il n'y a pas la
même phraséologie. Je pense bien que, dans la législation,
on devrait respecter cela. "Dépose à l'Assemblée", je ne
sais pas comment on... En tout cas, c'est quand même une
clarification.
Deuxièmement, une autre chose. Dans le premier alinéa de
l'article 34 également, vous dites: "dépose un rapport sur la
délimitation des circonscriptions électorales". Qu'est-ce qu'un
rapport sur la délimitation des circonscriptions électorales,
alors qu'il est dit, au premier alinéa de l'article 28 également,
que c'est un rapport dans lequel elle propose une délimitation de ces
circonscriptions électorales? Doit-on interpréter qu'un rapport
sur la délimitation des circonscriptions électorales est
différent d'un rapport qui propose une délimitation des
circonscriptions électorales du Québec?
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Bédard: Un rapport technique. À l'article 28,
quand on parle du rapport dans lequel elle propose une délimitation,
c'est, bien sûr, parce que c'est le premier rapport à partir
duquel la commission doit tenir toute une série de consultations et
entendre les représentations des députés, des citoyens et
des organismes intéressés. C'est vrai- ment une proposition
qu'elle fait à ce moment-là. Elle n'est pas liée par ce
premier rapport. Quand elle établira les circonscriptions
électorales par la suite, elle pourra changer les propositions faites
dans le rapport, selon les représentations qui lui auront
été faites pendant les consultations.
Quant au deuxième rapport, il n'est assujetti à aucune
motion pendant le débat. C'est celui qui va probablement donner lieu
à la publication de la liste dans la Gazette officielle. C'est plus
qu'une première proposition pour donner lieu ensuite à des
représentations.
M. Lavoie: M. le ministre, si je comprends bien, c'est le dernier
débat qu'il y a avant que cela paraisse dans la Gazette officielle. Ce
que je comprends, c'est que, pour ce dernier débat de cinq heures, il
faut qu'on ait le produit fini.
M. Bédard: C'est évident. C'est tellement vrai que
si vous n'aviez pas de débat parce que personne n'aurait de
représentations à faire, c'est ce rapport qui...
M. Lavoie: Je pense...
M. Bédard: C'est pourquoi on n'a pas repris les mots "dans
lequel elle propose".
M. Lavoie: Ce rapport est sur la délimitation des
circonscriptions électorales, je voudrais bien dire un rapport qui
contient les délimitations électorales.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Vanier. Excusez-moi.
M. Lavoie: Cela peut être seulement une thèse
décrivant...
M. Bédard: On est en train de prendre les membres de la
commission pour des fous.
M. Lavoie: Décrivant...
M. Bédard: Ils savent très bien, à la
lecture du projet de loi, de quel rapport il s'agit.
M. Lavoie: Non, mais pourquoi n'a-t-on pas la même
phraséologie? Un rapport décrivant les circonscriptions
électorales.
M. Bédard: Mademoiselle vient de vous l'expliquer. Si vous
n'acceptez pas ses explications, si vous êtes
expert-légiste...
M. Lavoie: Pourquoi suis-je obligé de les accepter?
M. Bédard: Non, vous n'êtes pas obligé, mais
entre experts-légistes, chacun peut avoir probablement ses opinions.
M. Lavoie: II me semble que ce serait plus clair. Pour le dernier
débat, je pense bien qu'il faudrait que ce soit la description des
délimitations électorales.
M. Gratton: Fermons-nous les yeux et passons.
M. Lavoie: Contenant...
M. Bédard: Si cela peut satisfaire bien que cela me
semble très correct comme cela, il n'y a aucun problème un
rapport indiquant la délimitation des circonscriptions
électorales.
M. Lavoie: Très bien. Je ne veux pas avoir une
thèse.
M. Bédard: Non.
Le Président (M. Laberge): On propose de changer...
M. Bédard: Si cela peut éviter une demi-heure de
débat.
M. Lavoie: C'est beaucoup moins long que les vingt minutes que
vous avez prises pour la même séance en consultation avec vos
collègues, vos conseillers.
Le Président (M. Laberge): Au premier alinéa de
l'article 34, à la troisième ligne, on propose de remplacer le
mot "sur" par "indiquant". Est-ce que cet amendement sera adopté?
Des voix: Adopté.
M. Bédard: Oui, on va l'adopter.
M. Lavoie: Une autre chose, tel que c'est rédigé,
est-ce que je comprends bien, dans le deuxième alinéa, que la
commission de l'Assemblée nationale peut siéger... Quand vous
dites "dans les dix jours suivant le dépôt du rapport
visé", cela veut dire que dès que le rapport est
déposé à l'Assemblée nationale, la commission peut
siéger déjà tout de suite le lendemain?
M. Bédard: Elle doit le faire au plus tard dans les dix
jours. Elle avisera en conséquence, en tenant compte qu'il faut que les
membres de l'Assemblée nationale soient avisés.
M. Fontaine: Elle pourrait peut-être siéger tout de
suite le lendemain, on n'aurait même pas le temps d'en prendre
connaissance!
M. Bédard: Franchement...
M. Bertrand: Si le monde est comme cela, effectivement...
M. Gratton: De toute façon, avec un débat de cinq
heures, cela n'a pas tellement d'importance qu'on en prenne connaissance ou
non.
M. Bédard: Je donne le minimum de confiance, au
moins...
M. Fontaine: À qui donnez-vous cela, cette
confiance-là?
M. Bertrand: II faut dire que ce sont des "caves" qui vont
travailler là-dessus.
M. Fontaine: Ce n'est pas la commission qui décide cela.
C'est l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Donnez un minimum de confiance à
l'Assemblée nationale.
M. Bertrand: On est des "caves ".
Le Président (M. Laberge): Dans le deuxième
alinéa de ce même article 34, après le mot "séance",
à la troisième ligne, on propose d'ajouter ", ou dans deux
séances consécutives". Est-ce que cet amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. On propose aussi
de rayer des mots.
M. Bédard: Remplacer "limité à cinq heures
", à la quatrième ligne, par les mots "sujet aux mêmes
limites de temps".
Le Président (M. Laberge): "Ce débat, sujet aux
mêmes limites de temps."
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Laberge): "À lieu à la
commission". Je l'écris et j'en fais lecture. Dans le deuxième
alinéa, à la quatrième et à la cinquième
ligne, les mots "limité à cinq heures et qui doit se tenir dans
la même séance" sont biffés et remplacés par les
mots "sujet aux mêmes limites de temps. ' Est-ce que cet amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'amendement est adopté.
L'article 34, avec trois amendements, est-il adopté? M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Une question. Au troisième alinéa
"aucune motion ne peut être présentée pendant ce
débat", est-ce que cela veut dire qu'on ne pourrait pas présenter
une motion d'ajournement des travaux?
M. Bédard: Je pense que les règlements font que,
passé l'heure indiquée, il n'est même plus besoin d'une
motion.
M. Fontaine: Supposons qu'il n'y aurait plus personne qui
voudrait parler, on serait obligé de rester là?
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Gratton: C'est technique... M. Bédard: Oui.
M. Gratton: ... mais le député qui a la parole
à 22 heures et la période limite de cinq heures n'est pas
terminée, il faut qu'il fasse une motion de suspension du
débat...
M. Bédard: Vous voudriez mettre "sauf motion d'ajournement
si nécessaire"?
M. Gratton: ... ou d'ajournement du débat? Je ne sais pas,
moi. Je veux éviter que...
M. Bertrand: Je ne sais pas si on mettait: Aucune motion...
M. Gratton: ... quelqu'un fasse un débat de
procédure là-dessus.
M. Bertrand: ... sauf celle d'ajournement du débat, ne
peut être présentée pendant ce débat."
M. Gratton: Ce serait déjà quelque chose. On
pourrait déjà ajourner le débat...
M. Bédard: Après une heure.
M. Gratton: On ne l'ajournerait pas pour longtemps, parce qu'il
va falloir que ce soit cinq heures au maximum sur deux séances
consécutives.
M. Bédard: Peut-être qu'il va durer seulement une
heure. C'est ça.
M. Gratton: Parce qu'autrement tout le Québec pourrait
s'en ressentir.
M. Bédard: En espérant que ce soit dans la
même séance. "... sauf celle d'ajournement."
M. Fontaine: ... de suspension.
Le Président (M. Laberge): Alors, au troisième
paragraphe, après le mot "motion", on propose d'ajouter les mots "sauf
celle d'ajournement". Cette motion, ajoutant trois mots...
M. Bédard: ... ajouter...
M. Bertrand: Non, mais il n'a pas tort. Le grand
député de Nicolet-Yamaska n'a pas tort. Il peut y avoir une
motion de suspension des travaux...
M. Bédard: "... sauf celles d'ajournement et de
suspension."
M. Bertrand: "... et de suspension."
Le Président (M. Laberge): Alors, les mots sont
ajoutés. Après le mot "motion", on ajoute les mots "sauf celles
d'ajournement et de suspension." Cet amendement est-il adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Donc, l'article
34, avec une, deux, trois ou quatre modifications, est-il adopté?
L'article 34 sera-t-il adopté?
M. Bédard: Adopté, M. le Président.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Adopté...
M. Fontaine: M. le Président?
M. Gratton: Un instant!
Le Président (M. Laberge): Adopté avec
modifications...
M. Gratton: Un instant!
M. Fontaine: Non, M. le Président!
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska. Adoption suspendue.
M. Fontaine: Je pense que si on veut avoir un débat qui
ait une certaine qualité, tout en concevant que le ministre ne veut pas
que ça dure une éternité, si on prend un débat de
cinq heures, ça veut dire qu'il faut que le président de
l'Assemblée nationale divise le temps entre les divers partis
politiques. Par exemple, le parti que je représente aurait, au maximum,
une heure de débat.
M. Bertrand: Gros maximum.
M. Fontaine: Au maximum. Cela veut dire qu'il est fort possible
que...
M. Paquette: ...
M. Fontaine:... à un moment donné, quelqu'un
décide de parler pendant trois quarts d'heure et il ne restera plus de
temps pour les autres parce qu'il n'y a aucune règle qui dit que le
débat doit être limité à tant de temps par
député. À ce moment-là, ça veut dire
que...
M. Bédard: M. le Président, dans un débat de
cinq heures, il y a possibilité d'avoir une entente avec le
président de l'Assemblée nationale; c'est tous les jours qu'il y
a des débats restreints où le temps est limité, est
divisé après...
M. Fontaine: Oui, est divisé à tant par parti.
M. Bédard: C'est cette règle-là.
M. Fontaine: Mais ça veut dire que... Supposons qu'un
député, sur ce sujet, serait fortement affecté par une
division de son comté et il voudrait absolument faire une intervention
majeure; il arrive là et il parle pendant une heure.
M. Lavoie: Non, il n'a pas droit à plus de 20 minutes.
M. Fontaine: Non?
M. Bertrand: À l'Assemblée?
M. Lavoie: À l'Assemblée et en commission.
M. Bertrand: Et en commission.
M. Bédard: C'est ça.
M. Fontaine: Les règles de la Chambre s'appliquent-elles
quand même?
M. Bédard: Dans 20 minutes, même si le
problème est majeur, je pense que ça obligera peut-être
à un peu plus de concision, mais il y a possibilité d'expliquer
le problème.
M. Fontaine: Oui.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que je dois comprendre
que le ministre est intraitable sur les cinq heures et...
M. Bédard: M. le Président...
M. Gratton: ... si on lui proposait dix heures...
M. Bédard: ... je ne suis jamais intraitable sur quoi que
ce soit. À un moment donné, après réflexion et en
écoutant tout le monde, je viens à me faire une idée
il faut s'en faire une et je pense que ceci correspond non
seulement à moult consultations, mais à ce qui me paraît
raisonnable dans les circonstances.
M. Gratton: Bon! le ministre est intraitable sur les cinq heures.
C'est cinq heures, pas une minute de plus.
M. Bédard: Si vous voulez dire: Raisonnablement
intraitable, intraitable dans sa raisonnabilité, j'accepte, mais, en
soi, je ne suis jamais intraitable.
M. Gratton: Bien, M. le Président...
M. Bédard: Cette résolution en est la meilleure
preuve. (17 h 30)
M. Gratton: ... on me permettra de dire je le dis à
titre personnel que le débat de cinq heures, tel que prévu
à l'article 34, ne me satisfait pas du tout. Je trouve, en fait, que
cela frise le ridicule. Je regrette de devoir reconnaître non pas une
ouverture de la part du ministre, mais c'est presque une insulte à notre
endroit que de nous dire: Tiens, voilà ton suçon pour essayer de
finir le plus tôt possible.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
M. Gratton: Quant à moi, je me serais passé
volontiers du papillon, parce que j'ai l'impression que cela ne servira
absolument à rien, sauf à donner bonne conscience au
ministre.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Question de
règlement.
M. Bédard: Je ne veux en aucune façon que ce soit
considéré comme un suçon. Au contraire, je trouve que
les...
M. Lavoie: C'est une question de règlement, cela, M. le
Président? Suçon, est-ce antiparlementaire?
Une voix: Non, cela implique des intentions.
M. Bédard: C'est faire des évaluations qui ne sont
pas correctes. Enfin, je n'argumenterai pas plus longtemps, parce que je crois
essentiellement, c'est ma conviction, que dans une période de cinq
heures, on est capable de donner l'essentiel des représentations.
M. Lavoie: Pour 110 députés? En tout cas, je pense
que c'est faire fi des droits de parole...
M. Bédard: Pas pour 110 députés, pour les
différentes formations politiques.
M. Lavoie: Je ne reviendrai pas sur cela. Je pense que le leader
du gouvernement ou le ministre, le député de Chicoutimi ne peut
pas représenter le député de Deux-Montagnes s'il veut
parler de sa circonscription, ou ceux des Bois-Francs ou du Nord-Ouest
québécois...
M. Bédard: Non, mais il n'y a rien qui...
M. Lavoie: Ce n'est pas une politique de parti. Il n'y a personne
qui connaît mieux sa région qu'un député.
M. Bédard: Sauf qu'à chaque fois qu'il y a un
débat limité, il y a nécessairement des choix qui doivent
se faire dans les partis concernés à l'Assemblée
nationale, et quand certaines préoccupations sont importantes, elles
peuvent être véhiculées par des porte-parole qui sont au
courant du contenu des représentations.
Je vous assure que pour tout le monde qui est intervenu sur la motion de
report à six mois, lorsqu'on a eu la présentation de la loi 10,
si vous relisiez toutes les interventions qui ont été faites, je
pense...
M. Fontaine: Ce n'était pas à six mois, M. le
Président, c'était à un mois.
M. Bédard:... que cela aurait pu facilement se
résumer, au niveau des brillantes idées qui ont été
mises de l'avant, en une demi-heure, mais cela a duré deux semaines
à l'Assemblée nationale. C'est des choses comme cela qu'on veut
éviter.
M. Lavoie: Dans ce cas, dites: Tous les projets doivent
être adoptés dans la même journée et qu'il y a une
seule lecture au lieu de trois.
M. Bédard: Ce n'est pas ce que nous avons dit.
M. Lavoie: Non, mais pourquoi ne pas le dire? Vous êtes
bien partis.
M. Bédard: Je ne le dis pas, parce que je ne le crois pas.
C'est tout. Là-dessus, par exemple, c'est ma conviction que c'est
nécessaire si on veut avoir le vrai respect de la commission qui est
décisionnelle...
M. Gratton: ... du rôle du député, la
transparence...
M. Bédard: ... qui est capable de comprendre rapidement.
Après que les consultations auront été faites, les membres
de la commission permanente sont capables de comprendre rapidement certaines
représentations.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que le ministre admet
que le débat est nécessaire?
M. Bédard: Je peux vous dire je vous ai
laissé amener le sujet que dès la présentation de
ce projet de loi, avec mes collègues, il y a eu une réflexion sur
la nécessité d'inclure à une certaine période un
mécanisme qui permettrait nous l'avions à l'esprit
peut-être certaines corrections techniques, parce que, telle que
rédigée, la loi ne permettait aucune correction technique.
À ce moment, il aurait fallu presque une loi. Vous avez pu constater que
dès les premiers propos des députés de l'Opposition, j'y
suis allé tout de suite de questions quant à la limite du
débat parce que mon idée était déjà
faite.
M. Fontaine: Je demandais cela parce que j'avais l'intention de
demander si vous donniez votre temps à l'Opposition.
Le Président (M. Laberge): Article 34. L'article 34, avec
amendement, sera-t-il adopté?
M. Lavoie: Non, M. le Président, sur division.
M. Bédard: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
M. Lavoie: Division sur cette motion présentée par
le ministre de l'injustice. C'est du "bâillon-nage".
M. Bédard: Encore une. Je ne relèverai pas ce
propos dit aimablement par le député de Laval.
Le Président (M. Laberge): Article 34, adopté avec
amendement, sur division. L'article 34.1, qui a déjà
été lu, sera-t-il adopté?
M. Lavoie: Non, M. le Président. Seulement une remarque.
Si vous voulez couvrir tous les angles, M. le ministre, pour que vous l'ayez
votre carte et que les députés en parlent le moins possible, vu
que vous avez mis un amendement stipulant que les employés qui
travailleront à la commission de la carte n'ont pas le droit de faire la
grève. Il faudrait que vous ajoutiez que les employés
fonctionnaires qui travaillent à l'impression de la Gazette officielle
n'ont pas le droit de faire la grève non plus, parce qu'eux peuvent
empêcher de publier la Gazette officielle. Si vous voulez couvrir tous
les angles, allez-y.
M. Bédard: Je remercie le député de Laval de
souligner cet aspect. Je ne crois pas que ce soit très productif dans le
débat.
M. Gratton: Ce n'est pas nécessaire? Ce n'est pas
essentiel?
M. Bédard: Vous allez continuer à poser des
interrogations.
M. Gratton: M. le Président, je me pose la question.
M. Bédard: Si cela arrive, ce ne sera pas à cause
du projet de loi.
M. Gratton: Si on doit faire une publication dans la Gazette
officielle et qu'on ne peut pas la faire...
M. Lavoie: C'est ça qui devient la loi.
M. Gratton: Oui, qu'est-ce qui arrive à ce
moment-là? On n'a pas de carte électorale; on pourrait être
sans carte électorale, peut-être même une semaine, quinze
jours.
M. Bédard: La loi prévoit...
M. Gratton: Cela pourrait renverser le monde.
M. Bédard: M. le Président, pour calmer le
député de Gatineau, nous ne serons jamais une seule seconde
même sans carte électorale, parce qu'il est prévu que
l'autre carte reste en vigueur, et même si le député de
Laval la perd complètement pour essayer de nous ramener à des
débats interminables avec moult habiletés, nous n'en sommes pas
dupes. Il n'y a aucun vide juridique.
M. Lavoie: Sauf dans la tête du ministre.
M. Bédard: M. le Président, je n'évaluerai
pas le vide qui est dans la tête du député de Laval, parce
que ce ne serait pas long.
Le Président (M. Laberge): Excusez, M. le ministre.
L'article 34.1 serait-il adopté?
M. Gratton: Non, M. le Président.
M. Bertrand: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
Article 34.1?
M. Lavoie: Adopté.
Mme LeBlanc-Bantey:... avec la belle journée que vous avez
eue!
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division?
M. Bertrand: Adopté.
M. Gratton: C'est plus facile de faire un débat
sérieux quand on a des propositions sérieuses.
M. Bédard: Je pense que c'est une proposition
sérieuse sur laquelle vous venez de voter, parce que c'est vous deux, de
l'Opposition, qui avez voulu insérer ce principe. Si vous voulez me dire
que vous n'êtes pas sérieux, vous avez le droit.
M. Gratton: Oui, cinq heures, un débat limité.
C'est nous qui avons demandé un débat limité?
Le Président (M. Laberge): Article 34?
M. Bédard: Oui, mais j'ai le droit d'avoir des nuances
à certaines de vos opinions, d'apporter certaines nuances.
M. Gratton: C'est très nuancé, en effet.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, nous sommes
à 34.1.
M. Bédard: C'est rendu qu'on n'aura même plus le
droit de...
M. Gratton: Votre ouverture d'esprit est très
nuancée, en effet.
M. Bédard: Elle est nuancée, lorsque je vois
l'Opposition verser dans l'exagération.
Le Président (M. Laberge): J'ai demandé si
l'article 34.1 était adopté.
M. Gratton: J'ai dit non, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Alors, cela veut dire que vous
enregistrez le vote sur division?
M. Bédard: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
34.2?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): 34.2 adopté?
Adopté.
M. Bertrand: Un autre projet de loi?
Le Président (M. Laberge): Un moment.
M. Dussault: M. le Président, j'avais annoncé que
j'aurais un amendement à l'article 34, mais, après étude,
on s'est rendu compte que cela pourrait se faire à un autre article.
M. Gratton: Est-ce que vous pouvez nous annoncer à quel
article?
M. Dussault: En fait, ce serait une mesure consécutive
à l'adoption de la délimitation des circonscriptions
électorales. Ce n'est pas directement relié à la
procédure, mais plutôt à quelque chose qui en
découle, relativement à la carte des secteurs électoraux.
Quand on y reviendra, ce serait à l'article 11 et à l'article 13
qu'il faudrait faire une modification.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous y reviendrez
à ce moment-là ou si...
M. Gratton: Ce n'est pas limité?
M. Bédard: L'article 13 est déjà ouvert,
à la demande du député de Nicolet-Yamaska.
M. Lavoie: Combien reste-t-il d'articles à
étudier?
Le Président (M. Laberge): Quatre.
M. Lavoie: Voulez-vous me les nommer?
Le Président (M. Laberge): Oui. Même si l'article 35
a été adopté, j'ai un amendement pour remplacer l'article
35 ici...
M. Lavoie: Encore?
Le Président (M. Laberge):... qui a été
porté à ma connaissance. Je peux vous donner la liste de...
M. Bédard: C'est à la demande du
député de Laval. C'est une représentation qui a
été faite. J'espère qu'on ne m'en fera pas le
reproche.
Le Président (M. Laberge): Non. M. Gratton: Encore
lui?
Le Président (M. Laberge): Je vous donne la liste de ceux
qui sont en suspens. Les articles 2, 3, 3.1 et 4, qui se combinent, 8 et 13, et
35 que j'ai sous les yeux. Cela ne devrait pas être très long.
M. le député de Châteauguay, vous avez
demandé la parole, vous avez parlé d'une proposition.
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): L'article 35 n'est pas
fait.
M. Bédard: II y avait les articles 34 et 35, si le
député de Châteauguay n'a pas d'objection.
Le Président (M. Laberge): L'article 35 a
déjà été remplacé par plusieurs articles
mais il est remplacé par le suivant. L'article 35: "La liste des
circonscriptions électorales publiée à la Gazette
officielle du Québec entre en vigueur au moment de la dissolution de
l'Assemblée nationale du Québec, sauf si cette dissolution
intervient avant le lundi de la semaine qui suit la semaine du recensement
visé à l'article 35.2." À cet effet, l'adoption de
l'article 35 est révoquée pour le moment. Nous discutons de la
nouvelle rédaction.
M. Bédard: C'était pour donner suite à la
demande du député de Laval de prévoir une disposition
spécifique, au cas où on devrait décréter une
élection d'urgence, immédiatement après la publication de
la liste.
M. Gratton: Est-ce qu'on peut nous expliquer exactement ce que
ça veut dire, en termes vulgaires que les "caves" peuvent comprendre,
comme dirait le député de Vanier?
M. Bédard: M. le Président, le député
de Vanier ne parle pas comme ça.
M. Gratton: Moi, entre autres, je ne me considère pas
comme un "cave", et j'aimerais comprendre.
M. Bédard: D'accord, nous allons donner l'explication.
Vulgairement, ça veut dire que la liste qui vient d'être
publiée dans la Gazette officielle n'entre pas en vigueur si
l'Assemblée nationale est dissoute avant le lundi de la semaine qui suit
le recensement que doit effectuer le Directeur géné- ral des
élections, en vertu des nouvelles circonscriptions électorales.
Autrement dit, si on n'a pas eu le temps de faire le recensement en fonction
des nouvelles circonscriptions électorales, c'est l'ancienne carte qui
demeure en vigueur pour l'élection générale
décrétée à ce moment-là, et non pas la
nouvelle carte.
M. Gratton: Donc, l'élection générale se
tient à partir de l'ancienne carte.
M. Lavoie: Au point de vue pratique, disons que la carte est
publiée le 31 mars ou le 1er avril, ça déclenche un
recensement, vous dites?
M. Bédard: À l'article 35.2, on prévoit que
le recensement, en fonction de la nouvelle carte, doit avoir lieu dans les six
mois suivant la publication dans la Gazette officielle. Ce matin, vous
mentionniez: qu'est-ce qui arrive si une élection est
décrétée très peu de temps après la
publication de la carte, avant qu'on ait pu procéder à ce
recensement? C'est ce que le nouvel article 35 veut couvrir. À ce
moment-là, c'est l'ancienne carte qui demeure en vigueur pour les fins
de l'élection générale en question. Cette carte n'entre
pas en vigueur si la dissolution intervient avant le lundi de la semaine qui
suit la semaine du recensement.
M. Lavoie: Le lundi de la semaine qui suit la semaine du
recensement.
M. Bédard: La semaine du recensement, c'est le recensement
porte à porte visé dans l'article 32, c'est-à-dire en
fonction des nouvelles circonscriptions électorales. Pourquoi à
ce moment-là? À cause du calendrier électoral qui veut
qu'il y ait entre 28 et 35 jours entre le décret d'élections et
le jour du scrutin. Le temps requis pour terminer le recensement une fois la
visite porte à porte faite coïnciderait avec le lundi de la semaine
du recensement. Si un bref était émis par exemple au plus tard le
dimanche faisant suite à la semaine du recensement, le premier dimanche
qui suit, on n'aurait pas le temps de terminer ce recensement en temps utile
pour procéder au scrutin avec la nouvelle carte, de sorte qu'on a dit:
Si le décret est émis ou si l'Assemblée est dissoute avant
le lundi de la semaine qui suit celle du recensement, cette carte n'entre pas
en vigueur, ce qui signifie que reste en vigueur la dernière carte qui a
été faite. Cela assure.
Le Président (M. Laberge): Ce nouvel article 35 sera-t-il
adopté?
M. Gratton: Oui, jusqu'au prochain amendement.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 35 est
adopté.
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
M. Bédard: Je comprends moins.
M. Lavoie: Je n'ai pas à vous donner d'explications.
M. Bédard: D'accord. Mais on le faisait à la
demande du député de Laval.
Le Président (M. Laberge): Quel numéro
voulez-vous?
M. Bédard: Vous permettez deux secondes? Le
Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Grenier: Question de règlement. J'étais à
l'Assemblée nationale. C'est juste pour savoir si on ne pourrait pas
rouvrir l'article 34. J'aurais voulu faire une intervention toute brève
et on m'apprend que le ministre a tranché par un vote.
M. Bédard: Nous allons continuer nos travaux et, si plus
tard on le peut, nous le rouvrirons.
M. Grenier: Je pose la question au président. Je comprends
que vous êtes une autorité reconnue, M. le ministre, mais je
demande au président s'il ne me permettrait pas de rouvrir l'article 34
pour faire une intervention qui pourrait convaincre le ministre que, dans cinq
heures, je n'aurai certainement pas le temps de m'exprimer. Dans les cinq
heures de débat, pour ce qui va être donné à l'Union
Nationale, je n'aurai certainement pas le temps de convaincre le ministre, dans
un débat de cinq heures, qu'il ne faut pas de changement à la
carte électorale chez nous. Pensez-vous que j'aurais le consentement
pour l'ouverture?
M. Bédard: On reviendra sur le sujet.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Mégantic-Compton...
M. Gratton: Est-ce qu'il est membre de la commission, lui? Il est
comme les articles du projet de loi. Il peut être remplacé
à nouveau.
M. Grenier: Mon cher collègue de Gatineau, je suis
intervenant.
Le Président (M. Laberge): II était membre, il est
remplacé, mais j'ai pris les précautions de lui permettre
d'être intervenant. Cependant, pour que vous puissiez faire rouvrir un
article déjà adopté, il faudrait que vous ayez le
consentement de la commission.
M. Fontaine: Consentement.
M. Bédard: M. le Président, nous n'aurons pas
objection peut-être plus tard, mais nous allons continuer les autres
articles. Nous avons déjà rouvert un article à la demande
du député de Nicolet-Yamaska.
M. Grenier: Cela veut dire que, dans l'esprit du ministre, le
débat de cinq heures, cela pourrait être repris. On pourrait
reprendre cette question dans un autre temps.
M. Bédard: Je ne veux pas dire cela. Je veux dire tout
simplement que vous avez des choses à énoncer, à ce que
vous me dites. Alors, on verra.
M. Grenier: Oui, et je vais me baser sur le fait que le ministre
est compréhensif, et je suis convaincu qu'à trois anciens
d'Ottawa on est capable de se comprendre pour...
M. Bédard: L'idée demeure toujours la même,
c'est du consentement des membres de la commission et non du consentement du
ministre. Alors, on verra. On verra ce que décideront les membres de la
commission en temps et lieu.
M. Grenier: Merci, pour la transparence.
Le Président (M. Laberge): J'ai ici en suspens, à
l'article 2, un amendement présenté par le député
de Roberval. Est-ce qu'on revient à l'article 2 ou si...
Articles suspendus
M. Bédard: M. le Président, il y avait l'article
13, pour fermer tous les articles qui restent ouverts; nous en resterions avec
la discussion sur le dernier sujet qui est la moyenne couverte par les articles
2, 3 et 4. Peut-être qu'il y aurait lieu de...
M. Dussault: M. le Président, l'amendement en question
pourrait peut-être être confiné à l'article 13, mais
pour la cohérence du texte législatif, il faudrait rouvrir
l'article 11 pour que l'on puisse l'amender de la façon que vous l'avez
dans le texte. M. le Président, si vous voulez le faire distribuer, s'il
vous plaît.
M. Fontaine: Adopté, sans amendement. M. Bédard:
Vous allez voir, c'est...
M. Grenier: Si on rouvre l'article 11, il faudra peut-être
rouvrir l'article 34 aussi. Je peux négocier l'article 11 et l'article
34.
Le Président (M. Laberge): Jusqu'à maintenant, ce
n'est pas le seul.
M. Grenier: Avec le consentement, ne pourrait-on pas aussi
négocier sur la réouverture de l'article 34?
M. Dussault: M. le Président, l'amendement consiste en
ceci: ajouter à l'article 11 l'alinéa suivant: "Après la
publication à la Gazette officielle du Québec de la liste des
circonscriptions électorales, la commission fait imprimer une carte de
ces circonscriptions; la commission peut aussi faire imprimer une carte de
chacune de ces circonscriptions en indiquant les secteurs électoraux qui
s'y trouvent."
Ensuite, par concordance, on pourrait, à l'article 13, remplacer
le deuxième alinéa par le suivant: "II en va de même de
l'indicateur et de la carte visés dans l'article 11."
M. Bédard: Vous aviez fait une demande. Cela donne suite
à la demande faite, je pense, par le député de
Nicolet-Yamaska à l'article 13.
M. Lavoie: Est-ce qu'on pourrait en avoir une copie?
Le Président (M. Laberge): Les amendements proposés
par le député de Châteauguay sont d'ouvrir l'article 11 et
de remplacer cet article par...
M. Dussault: D'ajouter à l'article 11 l'alinéa
suivant:
Le Président (M. Laberge): Ah! d'ajouter après...
Ah bon! Ce qui a été adopté à l'article 11 le
demeure, mais on ajoute un deuxième alinéa...
M. Dussault: C'est cela.
Le Président (M. Laberge): ... dont vous avez pris
connaissance et, à l'article 13, on remplace le deuxième
alinéa en haut de la page 5 en ajoutant, si vous voulez, les mots,
après "indicateur "...
M. Dussault: En remplaçant le deuxième
alinéa de l'article 13 par le suivant... Cela aurait pour effet ce que
vous vouliez dire, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que ces
amendements...
M. Fontaine: À l'article 13 ou à l'article 11?
Le Président (M. Laberge): Les deux. C'est-à-dire
qu'on va les prendre un par un. À l'article 11, il s'agit d'ajouter un
deuxième alinéa que vous avez sous les yeux. Cet amendement
sera-t-il adopté?
M. Fontaine: Adopté.
M. Lavoie: Question de règlement, M. le Président.
Un simple député, j'ai bien dit un simple député,
n'a pas le droit de proposer des dépenses d'argent. Il faudrait que cela
vienne d'un grand ministre.
M. Bédard: Je pense que le député de Laval a
raison. Je vais assumer l'amendement, M. le Président.
M. Dussault: J'étais quand même surpris de ne pas
l'entendre celle-là!
Le Président (M. Laberge): Vous avez...
M. Gratton: Si le député de Laval n'avait pas fait
sa question de règlement, on aurait adopté une motion
d'amendement du député de Châteauguay qui agissait dans
l'illégalité à ce moment-là en faisant la
motion.
M. Dussault: Je ne suis pas convaincu de cela, M. le
député. Ce n'est pas une dépense directe, parce que dans
les fonds généraux qui seront mis à la disposition du
Directeur général des élec- tions, ces fonds-là
seraient prévus. Je ne pense pas que l'on puisse dire que c'est une
dépense directe. De toute façon je ne veux pas faire de
débat là-dessus, c'est pour cela que...
M. Bédard: Pour éviter toute interprétation
qui mettrait en danger la loi elle-même...
M. Fontaine: Et le gouvernement. M. Gratton: Et surtout la
carte.
M. Bédard: ... ou les articles concernés, j'assume
l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): J'indique que l'amendement est
présenté par le ministre.
Le deuxième alinéa ajouté à l'article 11
est-il adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Fontaine: Article 13.
Le Président (M. Laberge): Avant de terminer, l'article 11
amendé sera-t-il adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté, avec amendement.
Article 13: Remplacer le deuxième alinéa par le suivant: "II en
va de même de l'indicateur et de la carte visés dans l'article
11." Adopté?
M. Gratton: Adopté.
M. Fontaine: Un instant! J'ai un autre amendement à
proposer à l'article 13.
M. Bédard: On nous dit que, techniquement, ce n'est pas
nécessaire. Est-ce que c'est celui que vous aviez
présenté?
M. Fontaine: Oui.
M. Bédard: Nous devions reformuler...
M. Fontaine: Oui, il a été reformulé.
M. Bédard: Ce serait dans le sens suivant: L'article 13
est modifié en ajoutant à la fin de l'alinéa
suivant...
Le Président (M. Laberge): Excusez, M. le ministre,
n'allez pas plus loin. Est-ce que cela remplace celui qu'on vient de proposer,
de remplacer le deuxième alinéa?
M. Fontaine: Non, c'en est un autre.
Le Président (M. Laberge): Celui-ci n'est pas
adopté et je veux avoir une réponse.
M. Bédard: Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. C'est tout.
Allez!
M. Fontaine: Ne vous choquez pas, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Non, mais on va me faire des
reproches au journal des Débats.
M. Lavoie: On vous défendra.
Le Président (M. Laberge): J'ai des comptes à
rendre.
M. Fontaine: L'Opposition est là pour vous appuyer.
Le Président (M. Laberge): Allez!
M. Bédard: L'article 13 est modifié en ajoutant
à la fin l'alinéa suivant, je cite: "Aux fins du présent
article et de l'article 14, on entend par "association autorisée" et
"partis autorisés", ce qu'entend par ces expressions la Loi
régissant le financement des partis politiques (chapitre F-2).
M. Fontaine: Adopté. Est-ce que vous l'avez
l'amendement?
M. Lavoie: De la belle législation!
Le Président (M. Laberge): Non, je ne l'ai pas. J'en ai
besoin, si on veut l'adopter.
M. Fontaine: Je vous en fais faire des copies. On avait
travaillé une partie de la nuit à cet amendement et on l'a
changé.
M. Bédard: On vous croit. Il est tellement corrigé
que vous ne le reconnaîtriez pas! L'important, c'est qu'il ait le sens
que vous voulez lui donner.
Le Président (M. Laberge): C'est celui-ci, mais qui est
tout changé.
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut proposer les plus faciles pour
avancer?
Le Président (M. Laberge): L'article 13 est modifié
en ajoutant, à la fin, l'alinéa suivant: "Aux fins du
présent article et de l'article 14, on entend par "association
autorisée" et "partis autorisés" ce qu'entend par ces expressions
la Loi régissant le financement des partis politiques (chapitre
F-2)."
M. Fontaine: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Cet amendement est-il
adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 13,
avec trois amendements, est-il adopté?
M. Dussault: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec amendement.
On a 2, 4 et 8. Où allez-vous?
M. Fontaine: Vous avez le choix.
M. Lavoie: 2, 3, 3.1...
Le Président (M. Laberge): 3.1, 4, c'est la même
chose.
M. Lavoie: On va demander au ministre. Faites vos jeux.
M. Bédard: 8, M. le Président, nous pouvons...
Le Président (M. Laberge): En disposer? M. Fontaine: Vous
l'enlevez, je pense.
M. Bédard: ... supprimer l'article, tout simplement.
M. Fontaine: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 8 est
supprimé.
M. Bédard: Adopté?
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Fontaine: Adopté.
M. Gratton: Oui, je comprends! J'espère!
Le Président (M. Laberge): Vous allez à 2 ou 4?
M. Bédard: C'est-à-dire 3... M. Gratton:
Quel article?
Le Président (M. Laberge): 2 est suspendu. Ce qu'il y
a...
M. Bédard: On peut peut-être commencer. Il reste
deux ou trois minutes. 2, 3, 4, je pense qu'il y a lieu de faire la discussion
globalement, à moins que mes collègues n'aient des objections et,
comme il est six heures moins deux minutes...
M. Fontaine: On pourrait peut-être, M. le
Président...
M. Bédard: ... on aurait peut-être avantage à
commencer à la reprise à 20 heures?
M. Fontaine: On pourrait peut-être, M. le Président,
disposer de l'amendement technique qui avait été
présenté par le député de Roberval: Au lieu de dire
"respectant le principe", dire "en tenant compte du principe".
M. Bédard: Ce n'est pas un amendement technique. Je pense
que, selon ce que nous déciderons sur 3 et 4, cela peut influer sur la
réponse à apporter à l'amendement à l'article
2.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre concernant l'article 3, au deuxième paragraphe, à la
dernière ligne... On parle, parmi les critères, du fait que la
commission doit tenir compte de la configuration de la région. Qu'est-ce
qu'on entend exactement par là? Est-ce qu'on veut dire, par exemple,
respecter les limites des régions administratives? Est-ce que c'est
inclus?
M. Bédard: Je pense que cela pourrait vouloir dire cela,
effectivement.
M. Paquette: Est-ce qu'on avait autre chose que cela à
l'esprit?
M. Bédard: ... un exemple de considération d'ordre
géographique. On parle de considération d'ordre
géographique, effectivement, et je pense bien que la configuration de la
région entre dans l'ordre de réflexion qu'on doit faire lorsqu'on
tient compte de considérations géographiques.
M. Paquette: La question plus précise que j'aimerais poser
est celle-ci. Est-ce qu'avec la formulation actuelle la commission pourrait
délimiter un comté qui serait à cheval sur deux
régions administratives différentes?
M. Bédard: Le président de la commission a
déjà expliqué qu'il avait toujours la préoccupation
qu'un comté ne soit pas à cheval sur deux régions
administratives. Maintenant, on ne peut pas en faire une règle stricte
à un point tel que cela ne permette absolument aucune latitude. Ce qui
est important, c'est que ce soit un critère parmi ceux exprimés
dans le projet de loi.
M. Fontaine: Avant qu'on ne suspende les travaux de cette
commission, j'aurais une remarque à faire au ministre. À
l'article 4, on avait un article qui disait que la commission pouvait
exceptionnellement s'écarter de la règle visée à
l'article 3. Là, on remplace cela par l'article 4 qui ne fait qu'une
seule exception.
M. Bédard: Non, pas nécessairement. Ce sur quoi on
s'est entendu, c'est qu'il y aurait une disposition spéciale concernant
les Îles-de-la-Madeleine. Je pense que, là-dessus, tous les
membres de la commission sont d'accord que ce soit mentionné
spécifiquement.
M. Fontaine: On est d'accord là-dessus, sauf que...
M. Bédard: Ce qui n'empêche pas qu'on doive, je vous
exprime mon opinion, quand même...
M. Fontaine: La remarque que je fais est justement dans ce
sens-là, c'est que l'article 4 nouveau que vous avez proposé dit:
Remplacer l'article 4 par le suivant. Il ne reprend pas les autres exceptions.
Alors, il faudrait peut-être faire...
M. Bédard: II faudra peut-être ajuster, parce
qu'après réflexion, les oppositions...
M. Lavoie: C'est un autre amendement que vous allez nous
soumettre ce soir?
M. Bédard: Non, mais je pense que ces articles font
l'objet de discussions à partir de la reprise de nos travaux;
peut-être qu'avant de procéder, des représentations peuvent
être faites par des membres de l'Opposition.
M. Lavoie: Je pense que ce serait plus simple de dire que le
nouvel article 4 ne remplace pas nécessairement l'ancien, ce serait le
deuxième alinéa de l'article 4 actuel.
M. Bédard: Cela pourrait être ça si, à
la suite de nos discussions, on croit, d'une façon unanime, que ce
serait peut-être mieux comme cela.
M. Lavoie: Parce qu'il peut arriver des exceptions. Si la norme
est à 32 000 et si c'est 24 000, il peut arriver, pour une raison
exceptionnelle, qu'un comté soit...
M. Bédard: À 23 500.
M. Lavoie: ... à 23 500, Pontiac-Témiscamingue,
quelque chose comme cela.
M. Bédard: On pourrait peut-être s'entendre tout de
suite que c'est sur ces deux articles-là.
M. Fontaine: Mais est-ce que vous allez faire un article nouveau
à 4.1 ?
M. Bédard: M. le Président, il s'agirait
est-ce qu'on peut disposer de cela tout de suite de dire qu'on ajoute,
au lieu de remplacer l'article 4 par le suivant, dans l'amendement qui a
été déposé,...
M. Fontaine: 4.1 ?
M. Bédard: Non, ce serait simplement de dire: Ajouter
à l'article 4 l'alinéa suivant.
M. Fontaine: Cela va.
M. Bédard: Ceci règle une des préoccupations
majeures exprimées à cette commission par le député
des Îles-de-la-Madeleine au nom de ses concitoyens et concitoyennes.
Biffer le chiffre 4.
M. Fontaine: On vient de régler le problème du
député des Îles-de-la-Madeleine.
Mme LeBlanc-Bantey: Je m'excuse, j'ai été distraite
quelques secondes, est-ce qu'on est en discussion sur l'article 4?
M. Fontaine: II est adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: II est adopté! Je vais prendre deux
secondes pour vous remercier au nom de tous les Madelinots et du comté
qui m'a élue.
M. Bédard: Vous aviez déjà fait vos
représentations. Nous avons tenu pour acquis que c'étaient
à peu près les mêmes représentations et qu'elles
étaient très convaincantes.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez parfaitement raison et, s'il me
reste autre chose à dire, je profiterai de la troisième lecture.
Ceci étant dit, je vous associe tout de suite à l'euphorie qui
existe aux Îles-de-la-Madeleine depuis deux jours. Sans partisanerie, je
dirais que c'est une euphorie presque aussi grande que le 15 novembre 1976.
M. Lavoie: Voulez-vous parler du 14 novembre 1979?
Mme LeBlanc-Bantey: 1976, 1976. Il n'y avait pas
d'élection partielle chez nous.
M. Bédard: Cela va là-dessus, je comprends qu'on
est prêt...
Le Président (M. Laberge): L'amendement consistant
à ajouter à l'article 4 l'alinéa suivant...
M. Paquette: Nous autres, on n'est pas bons dans les partielles,
en général.
Mme LeBlanc-Bantey: Le 15 novembre 1979, c'était
très triste, aux îles, en effet.
M. Bédard: Une seconde.
Le Président (M. Laberge): Cet amendement, dont lecture a
été faite, est-il adopté?
M. Lavoie: Uniquement le deuxième alinéa, parce
qu'on ne peut pas adopter l'article dans son entier, étant donné
qu'il réfère à l'alinéa 3.
Le Président (M. Laberge): Non, non...
M. Lavoie: Dans le fond, je comprends, il est
adopté...
M. Bédard: On biffe le chiffre 4, qui était le
sous-amendement.
Le Président (M. Laberge): Biffer, au début de
l'amendement proposé, le chiffre 4 et le point, l'utiliser comme
deuxième alinéa. Cet amendement est adopté. L'article 4
reste ouvert pour les autres discussions. La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 6
Reprise de la séance à 20 h 14
Le Président (M. Laberge): À l'ordre,
messieurs!
La commission de la présidence du conseil et de la constitution
reprend ses travaux concernant le projet de loi no 10, Loi sur la
représentation électorale. Nous sommes à la même
séance que cet après-midi et les membres sont les mêmes.
À la suspension de nos travaux, il nous restait trois articles en
suspens, c'est-à-dire les articles 2, 3 et 4.
Délimitation des circonscriptions
électorales (suite)
À l'article 2, nous avons un amendement qui a été
adopté, qui consistait à remplacer le deuxième
alinéa. Par la suite, j'avais eu un amendement présenté
par le député de Roberval concernant le premier alinéa et
qui se lit comme suit: "Que le premier alinéa de l'article 2 soit
modifié en remplaçant, dans la deuxième ligne, les mots
"respectant le" par les mots "tenant compte du". Est-ce qu'on veut discuter cet
amendement présentement ou si...
M. Bédard: M. le Président, je
préférerais qu'on discute les deux articles 2 et 3 de
façon concomitante parce que ce qu'on décidera à l'article
3 peut influer sur la décision à prendre concernant l'article
2.
Le Président (M. Laberge): Cet article qui était en
suspens demeure ouvert, en suspens. Les articles 2 et 3 sont donc ouverts pour
une seconde discussion.
M. Lavoie: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Nous sommes prêts à offrir notre
collaboration parce qu'on pourrait dire: On aborde l'amendement de l'article 3
et on en disposera, mais on ne veut pas retarder les travaux de cette
commission inutilement. Je suggère, pour faciliter l'étude et
accélérer les travaux, étant donné qu'on doit
terminer à 22 heures, si les autres membres de la commission sont
d'accord, je propose qu'on étudie globalement les articles 2, 3 et 4,
étant donné qu'ils sont interreliés, et qu'il y a des
principes qui se rattachent. L'un ne va pas sans l'autre.
M. Bédard: En ayant comme objectif, si je comprends bien
le député de Laval, de finir peut-être ce soir.
M. Lavoie: On va finir. C'est notre parole et on va respecter
notre engagement. On va finir à 22 heures ce soir.
Le Président (M. Laberge): Selon les voeux de la
commission, les articles 2, 3 et 4 sont discutables de façon
concomitante.
M. Lavoie: M. le Président, suite au débat de
deuxième lecture, le ministre connaît notre position sur certains
principes qui se dégagent de ces trois articles-là. Je voudrais
les résumer brièvement. Ils ont fait l'objet de nos interventions
en deuxième lecture. Par la suite, nous les avons repris, lorsque nous
avons abordé, au début, les travaux de cette commission,
lorsqu'on a commencé l'étude de ces mêmes
articles-là qu'on a décidé de suspendre à ce
moment-là. Je suis prêt à vous donner notre position.
J'aimerais entendre le représentant de l'Union Nationale et le ministre,
étant donné qu'il est le maître du jeu. Quelle ouverture
entend-il offrir à cette commission, suite aux propos qu'on a tenus dans
les débats antérieurs?
Si le député de Roberval a fait un amendement à
l'article 2 en remplaçant les mots "en respectant le principe de
l'égalité du vote des électeurs" par les mots "en tenant
compte", c'est qu'on veut atténuer ce principe de
l'égalité du vote des électeurs. C'est un principe
idéal que tout le monde, dans toute démocratie, aimerait avoir
d'une façon immuable, une personne, un vote, mais on sait qu'en
pratique, c'est impossible à atteindre, sauf en ayant un système
de proportionnelle totale, je dirais absolue, comme cela existe à une
seule place au monde, en Israël, où vraiment il n'y a pas de
circonscriptions électorales. Le pays ne forme qu'une seule
circonscription électorale, et ce système, qui va plus ou moins
bien, ne fait pas la satisfaction des Israéliens, pour en avoir
discuté avec eux-mêmes sur place, à la CNUCED. Ils sont
loin d'être satisfaits de ce système-là, parce que cela
sclérose l'appareil politique et il n'y a que les vieilles barbes qui
restent dans la structure. Cela empêche l'entrée
d'éléments nouveaux, parce que les têtes de listes sont
toujours occupées par les pontifes de la politique.
M. Bédard: L'élitisme.
M. Lavoie: C'est un genre d'élitisme. Cela fait plusieurs
années d'ailleurs qu'ils ont discuté pour changer de
système, mais avec les nombreux problèmes qu'ils ont
là-bas, économiques et de défense et d'autodéfense
de leur territoire, ils n'ont pas eu le temps d'aborder la question. Ils ont
d'autres préoccupations. Tout en étant d'accord avec cet
idéal du principe de l'égalité du vote de chaque
électeur, on sait qu'en pratique, surtout dans notre tradition et dans
notre coutume de vote uninominal à un tour, c'est pratiquement
impossible. Par contre, tout le monde reconnaît et tout le monde a
donné son accord c'est déjà une tradition qui
existe ici depuis une dizaine d'années sur un écart de 25%
en plus ou en moins. Ce qu'on craint, en gardant les mots "en respectant le
principe de l'égalité du vote des électeurs", c'est que
les commissaires anciens ils l'ont tellement respecté qu'ils nous
l'ont dit eux-mêmes lors de leur témoignage pensent que
l'idéal, avec la loi actuelle, c'est qu'ils s'en tenaient à 32
000 le plus possible et ils ne voulaient pas dévier du nombre de 32 000
ou du moins, le moins possible.
Notre position, c'est que cela devrait être plus souple que cela.
Tout en gardant le grand principe avec sa réserve de 25% en plus ou en
moins, je serais d'avis et j'appuie l'amendement du député de
Roberval, qu'on devrait tenir compte du principe de l'égalité,
mais que ce ne soit pas un corset mathématique, parce que si on s'en
tient au corset mathématique et si on laisse la moyenne à 32 000
électeurs, la commission devra s'en tenir à respecter cette base.
Je ne connais pas encore l'opinion du ministre, ce sera une question que je lui
poserai, s'il va garder la même moyenne, la même base de 32 000;
c'est que telle que la loi est rédigée, si on garde le
critère de base de 32 000, il est fort possible qu'on arrive avec une
carte ou une Chambre de 131 députés. Actuellement, si on divise 4
200 000 électeurs par 32 000 parce qu'on sait qu'ils vont s'en
tenir à cela le plus possible comme ils l'ont fait dans le
rapport numéro 5 où dans les comtés de Montréal
la moyenne de l'île de Montréal est à peu
près de 34 000 et dans les comtés ruraux, cela va
peut-être être de 26 000, 27 000 ou 28 000, mais la médiane
va être à peu près de 32 000 électeurs. Je ne serais
pas surpris que la commission arrive, dans le respect de la loi et dans
l'interprétation de la loi, avec une carte de 131 députés,
une Chambre de 131 députés ce qui, à mon point de vue, est
totalement exagéré.
C'est la raison pour laquelle le député de Roberval a
soumis cet amendement pour remplacer les mots "en respectant le principe de
l'égalité du vote des électeurs" par "en tenant compte".
Cela donnerait un peu plus de souplesse aux commissaires, à mon point de
vue, pour limiter le nombre de députés. Au lieu d'avoir 131
députés avec une moyenne de 32 000, on pourrait au moins ne pas
dépasser 120. De cette manière, si on suit les propos qu'on tient
en cette commission, à mon point de vue, dans les comtés
ruraux... Pourtant, je suis député d'une région
plutôt urbaine. Je prêche même actuellement pour la
représentation rurale. Je ne veux pas que les députés
urbains dépassent en nombre trop... Qu'on garde le même
équilibre que celui que nous avons actuellement.
En somme, la conclusion de ma proposition, c'est que si c'est 32 000, le
minimum, 25%, 24 000, pour la grande majorité des députés
des comtés ruraux, tout en respectant la loi de 25%, il pourrait y avoir
beaucoup de circonscriptions rurales dont le nombre d'électeurs se
rapprocherait du minimum, 24 000, 25 000 ou 26 000 électeurs. Je trouve
que c'est humain, c'est raisonnable, c'est réaliste, surtout qu'il y a
des comtés immenses qui ont un territoire très grand. Ils ont une
multitude de municipalités, de commissions scolaires. Il faut être
réaliste. Le député, à mon avis, n'a pas plus de
responsabilités mais plus de travail dans ces comtés. Je pense
à Mégantic-Compton qui a je ne sais pas combien de
municipalités, 50 municipalités. Écoutez, moi, je trouve
que ce serait normal, même si un député ne
représente pas nécessairement des arpents de pâturage ou
des arpents de neige ou des municipalités, il représente
l'individu,
d'accord, mais il faut respecter ces caractéristiques...
En changeant les mots "en respectant ", cela atténuerait et il y
aurait plusieurs comtés ruraux qui se rapprocheraient du minimum de 24
000, 25 000, 26 000. Sans préjudice pour la représentation
urbaine le maximum est de 40 000 les comtés urbains
seraient plus près de 40 000. Mais je souhaiterais... D'ailleurs, dans
la deuxième partie de mon intervention, je vais inviter le ministre
à changer la moyenne de 32 000. J'avais proposé, dans le
débat de deuxième lecture, une moyenne de 36 000, mais
peut-être qu'on peut se rencontrer à mi-chemin. Je ne sais pas. Je
sais que l'Union Nationale serait plutôt favorable à 34 000, mais
elle pourra s'exprimer. Mais une moyenne de 32 000, ça veut...
Une voix: ... 32 000...
M. Lavoie: Moi, je ne suis pas ici pour faire de la
chicane...
M. Bédard: Oui, je le sais. Je veux juste savoir...
M. Lavoie: ... Dans les circonscriptions rurales je finis
cette partie le nombre d'électeurs pourrait se rapprocher du
minimum et dans les comtés urbains il pourrait se rapprocher du maximum
qui est de 40 000. Je vous dis qu'un député urbain peut fort
bien, avec toute la responsabilité que cela représente au point
de vue social et tout le travail qu'il a, sans aucune difficulté
représenter une quarantaine de mille électeurs et non pas une
moyenne de 34 000 pour les comtés urbains de Montréal
actuellement qui fait partie des recommandations du cinquième
rapport.
Il y a une question d'économie des fonds publics avec tout ce que
cela entraîne. On sait et je pense que je suis assez conservateur quand
je dis qu'un député entraîne un minimum de dépenses
d'au moins $100 000, son salaire étant d'à peu près $40
000, mais si on considère le personnel de soutien, les
bénéfices ou les avantages marginaux, les frais contingents de
déplacement et de dépenses de comté, de résidence
secondaire, les implications de la pension on sait combien il est
déficitaire le régime de pension des députés
actuellement et en plus, d'autres choses. Soyons réalistes, si on
a 130 députés, on ne pourra siéger dans la Chambre
actuelle; je ne pense pas. Cela pourrait amener quelques millions de dollars de
dépenses ici dans les édifices, le personnel accru, d'autres
incidences. C'est humain, c'est un milieu d'hommes.
S'il y a 130 députés au lieu d'avoir un cabinet de 26
ministres, je vous garantis que cela va monter à 30 et 32. C'est humain.
C'est un entraînement. Ce ne sont plus des salaires de $40 000; ce sont
des salaires de $70 000. C'est le salaire d'un ministre avec toutes les
dépenses, etc.
C'est la première partie de mon intervention sur la motion, telle
que libellée, du député de Roberval pour changer les mots
"en respectant " par "en tenant compte du principe" pour qu'il y ait plus de
souplesse, plus de latitude pour les membres de la commission.
J'ai abordé la question de la moyenne de base de 32 000. Je
souhaiterais je vous le dis honnêtement et c'est l'opinion de
notre parti que la moyenne de base soit de 36 000, à notre point
de vue.
À 36 000 déjà, si on divise le nombre
d'électeurs au Québec, 4 200 000, cela fait une Chambre de 116
députés. Les mêmes arguments que j'ai apportés tout
à l'heure s'appliquent. Les députés des circonscriptions
rurales pourraient se rapprocher du minimum de 25% en moins qui serait
d'environ 27 000 et les députés urbains auraient un nombre
d'électeurs d'environ 45 000 et les députés urbains qui
sont ici, actuellement, savent fort bien que cela créerait beaucoup
moins de bouleversements. Un député d'une région urbaine
peut fort bien, avec tout ce qu'on a à notre disposition aujourd'hui,
représenter une population de 45 000 électeurs tout en gardant le
principe de 25% en plus ou en moins. C'est à peu près tout, pour
le moment, ce que j'aurais à soumettre à la commission. Je me
réserve le droit d'ajouter ou de compléter s'il y a lieu. (20 h
30)
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je vais faire de brèves remarques. Concernant
l'amendement du député de Roberval de remplacer les mots
"respectant le principe de l'égalité" par "en tenant compte", je
pense que ce serait quelque chose qui pourrait certainement laisser plus de
latitude aux commissaires. Je pense que là-dessus, je serais prêt
à appuyer cette partie des propositions du député de
Laval. Cependant, concernant d'autres points, à mon avis, il faudrait
conserver le plus possible le critère actuel de 32 000 électeurs
par comté.
M. Bédard: Je m'excuse.
M. Fontaine: II faudrait essayer de conserver le plus possible le
critère actuel de 32 000 électeurs par comté parce que
plus on l'augmente, d'après moi, plus on le fait au détriment des
comtés à vocation rurale. Je pense que dans ce sens, il faut
tenir compte de la représentation régionale, du travail des
députés ruraux et tout cela. Je pense qu'il faudrait essayer de
se maintenir le plus possible dans la limite de 32 000 et je favoriserais
même, dans les comtés ruraux, qu'on essaie de diminuer ce
critère le plus près possible de moins 25% et dans les
comtés urbains de l'augmenter le plus possible de plus 25% pour faire en
sorte que la représentation des comtés urbains puisse être
plus forte.
D'après moi, le critère un homme un vote, il faut essayer
de le respecter le plus possible, il faut en tenir compte, mais on ne peut pas
le respecter dans le sens propre du mot. Le Québec étant ce
qu'il est, la grandeur de territoire qu'il a, je pense qu'il faut
essayer de tenir compte des disparités régionales. Je ne suis pas
disposé à inclure dans la loi un maximum de comtés. Je
pense que si on donne des critères à la commission, on ne doit
pas non plus lui fixer de balises, il faut lui laisser quand même exercer
sa juridiction. Je pense que les gens qu'on va nommer à cette commission
vont être des gens responsables, ils connaissent l'opinion des membres de
la commission qui est en ce sens il y a des membres de
l'Assemblée nationale même qui pourront s'exprimer
là-dessus qu'il ne faut quand même pas dilapider les fonds
publics. Il faut essayer de maintenir le plus possible le moins grand nombre de
députés. Mais s'il y a des circonstances qui font qu'il faut
l'augmenter, on l'augmentera.
Je voudrais aussi qu'on examine la possibilité d'inclure les
critères qui sont inclus à l'article 7 de la loi actuelle qui
dit: "la commission délimite chaque secteur électoral de telle
sorte qu'il respecte l'homogénéité socio-économique
et les frontières naturelles du milieu, ainsi que les limites des
municipalités."
Je pense que le ministre devrait réfléchir sur la
possibilité de garder ces mêmes critères pour les
comtés, pour les circonscriptions électorales. Si ces
critères peuvent s'appliquer pour délimiter les secteurs
électoraux, je pense qu'ils peuvent s'appliquer aussi pour
délimiter les circonscriptions électorales.
On pourrait inclure ces critères à l'article 3, les
transposer à l'article 3. En résumé... Ah oui, il y a un
autre point que je voudrais qu'on examine, c'est la question des comtés
exceptionnels. Comme vous le savez sans doute, il y a une... d'ailleurs, on a
interrogé les commissaires à ce sujet, lorsqu'ils sont venus ici
devant la commission, on leur a demandé pourquoi ils n'avaient pas fait
de comtés exceptionnels autres que celui des Îles-de-la-Madeleine
.
Ils nous ont dit que, selon eux, l'interprétation de la loi
était qu'il ne pouvait pas en être autrement à cause de la
rédaction de la loi qui disait que la commission peut s'écarter
des règles énoncées au premier alinéa pour des
considérations exceptionnelles d'ordre démographique et
géographique et d'une jurisprudence de la commission qui s'est
établie que la seule exception qui pouvait se rapporter à cet
article, c'étaient les Îles-de-la-Madeleine.
À mon avis, à cause de la jurisprudence qui a
été créée, il faudrait peut-être essayer de
trouver un autre mot que le mot "exceptionnel" pour permettre à la
commission d'avoir plus de souplesse. S'il y a d'autres comtés
j'imagine qu'ils ne sont pas nombreux s'il y a deux ou trois autres
comtés qui mériteraient d'être considérés de
façon exceptionnelle, par exemple dans le Nord-Est
québécois...
Une voix: ... l'article 4.
M. Fontaine: C'est l'ancien article 9 qui est l'actuel article
4.
Je pense qu'il faudrait peut-être voir à trouver un autre
mot que le mot "exceptionnel" pour bien indiquer aux commissaires que le
législateur, en adoptant cette nouvelle loi, veut également
modifier la jurisprudence qui a été établie par l'ancienne
commission, pour que ce soit bien clair qu'ils ne seront plus obligés de
s'en tenir à la jurisprudence déjà établie.
Et je répète, M. le Président, que je favorise le
critère de 32 000, plus ou moins 25%, et le plus rapproché
possible de moins 25% dans les comtés ruraux et le plus rapproché
possible de plus 25% dans les comtés urbains. Je suis même
prêt à dire qu'on pourrait dépasser le critère plus
25% dans les comtés urbains.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Très brièvement, car je ne veux
même pas me lancer sur le fond du débat, M. le Président,
mais j'aimerais faire remarquer que, quelle que soit la moyenne qu'on
retiendra, quel que soit l'écart qu'on retiendra, j'imagine que souvent,
en milieu urbain, les comtés sont tous identiques les uns les autres, et
je n'en veux comme seul exemple que la région de Québec. On peut
être porté à dire, par exemple, tous les comtés
urbains, le plus près possible de l'écart maximum permis.
Supposons que c'est 40 000 le maximum permis. Situons les comtés urbains
au niveau de 38 000 ou 39 000, comme c'était le cas dans mon
comté, soit 39 500.
Je fais valoir humblement devant la commission que les membres de la
commission de la représentation électorale devront tenir compte
de ce qu'on peut appeler l'homogénéité
socio-économique ou les caractéristiques socio-économiques
parce qu'en milieu urbain, cela diffère passablement. Je prends
l'exemple du comté de Jean-Talon, comparativement aux comtés de
Vanier ou de Taschereau, ou même de Limoilou. J'ai déjà
parlé avec le député de Jean-Talon; nous avons
parlé ensemble des expériences politiques respectives que nous
pouvons vivre dans un comté comme celui de Jean-Talon et dans un
comté comme celui de Vanier. La fonction du député dans un
comté comme Jean-Talon n'est pas du tout la même que celle
vécue dans un comté comme celui de Vanier, par exemple.
Dans un comté comme celui de Jean-Talon, chaque citoyen a,
à une porte, à une maison ou à une rue de chez lui, un
fonctionnaire qui occupe un poste de cadre, de sous-ministre ou de directeur
général et avec qui il peut facilement régler des
problèmes, simplement à cause de la sociologie du comté,
qui n'est pas du tout la même.
Dans un comté comme Vanier, je n'ai pas besoin de vous dire
qu'étant donné que ce n'est pas le même type de population,
le député joue un rôle, jusqu'à un certain point,
dans certaines sphères d'activités, beaucoup plus accaparant que
ne peuvent être les responsabilités d'un député dans
un comté comme Jean-Talon.
Je fais valoir auprès de la commission, M. le Président
parce que cela va se rendre sans doute à la Commission de la
représentation électorale qu'il faudrait faire attention
aussi quand on fixera les nombres, même à l'intérieur des
comtés urbains, de tenir compte des différences
appréciables qui peuvent exister entre certains comtés dont les
caractéristiques socio-économiques, même si ce sont des
comtés urbains, doivent amener à mon avis des
considérations particulières pour ce qui a trait au nombre
d'électeurs que chacun de ces comtés doit avoir. En d'autres
mots, dans mon esprit, un comté comme Jean-Talon peut fort bien se
rapprocher du maximum supérieur permis, mais des comtés comme
Vanier, Taschereau et Limoilou sont des comtés qui, à cause
même de leurs caractéristiques socio-économiques, devraient
se rapprocher davantage de la moyenne de 32 000, si c'est la moyenne retenue,
en tout cas, ne pas nécessairement être près des 40 000
mais peut-être se rapprocher davantage de la moyenne de 32 000.
Voilà, M. le Président, pour l'instant.
M. Fontaine: Pourrais-je poser une question au
député de Vanier? Serait-il d'accord avec ma proposition dans le
sens qu'on devrait transposer les critères prévus à
l'article 7 pour les circonscriptions électorales?
M. Bertrand: Je dois vous avouer que, personnellement... Me
demandez-vous mon opinion personnelle?
M. Fontaine: Oui.
M. Bertrand: Je ne verrais pas d'objection, personnellement
à ce que, en tenant compte des caractéristiques
socio-économiques existantes dans un comté, on puisse, à
partir de là, indiquer aux commissaires de la Commission de la
représentation électorale que, justement, il peut y avoir des
différences en milieu rural et en milieu urbain qui tiennent à la
sociologie de ces comtés, qui tiennent aux frontières naturelles
de ces comtés, qui tiennent aux limites des municipalités et,
à mon avis, desquelles il faudrait savoir s'inspirer. Je trouve que
c'est tout simplement noble que d'amener les commissaires à tenir compte
de certains facteurs de ce type dans la délimitation des
circonscriptions électorales et non pas simplement des secteurs
électoraux.
M. Lavoie: Voilà, M. le Président, au moins un
point sur lequel nous sommes unanimes, à moins que le ministre vienne
nous dire le contraire.
M. Bédard: J'ai des réflexions là-dessus qui
ne vont peut-être pas dans le même sens que celles du
député de Vanier, tout en respectant l'à-propos et le
fondement de son raisonnement, parce que je me pose simplement la question
on y reviendra peut-être tantôt sur ce point
précis à savoir si, tout en voulant atteindre un objectif
très louable, en insérant ce critère-là, on
n'impose pas un carcan plus grand, peut-être plus serré aux
membres de la commission permanente et si on ne risque pas de s'orienter, avec
ce critère-là, peut-être vers des comtés qui
pourraient avoir pour caractéristique d'être plus pauvres pour
certains, moins pauvres pour d'autres. En fait, je réfléchis tout
haut avec les membres de la commission. Ce n'est peut-être pas le point
principal, on y reviendra tout à l'heure.
M. Lavoie: M. le ministre, il reste une heure et quart à
peine. On doit finir à cause d'un genre de guillotine, avec notre
assentiment, à 22 heures. Peut-on connaître les couleurs du
ministre?
M. Bédard: Une guillotine imposée, qu'on s'est
imposée à tous.
M. Lavoie: Agréée. J'aime autant qu'on aille
directement au but. Qu'est-ce que le ministre est prêt à nous
proposer sur la question?
M. Bédard: Je m'excuse...
M. Lavoie: II y a deux points dans cela, à mon point de
vue. Il y a le critère de base: Gardez-vous 32 000 ou êtes-vous
prêt à le modifier? Voulez-vous que les commissaires soient tenus
à ces "guide-lines", à ce critère mathématique?
Votre loi est encore plus forte que l'ancienne loi. L'ancienne loi
actuellement... Je termine.
M. Bédard: J'ai écouté tout à l'heure
les représentations du député de Laval. J'étais
prêt à embarquer sur le fond, j'ai répondu à une
question en particulier, même en me demandant s'il n'y avait pas lieu
d'en discuter un petit peu plus tard, la question de
l'homogénéité socio-économique. Mon intention
était, justement, à la suite des interventions de chacun des
partis...
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut connaître votre position? On
ne perdra pas plus de temps qu'il ne faut. Il nous reste une heure et
quart.
M. Bédard: Je suis à même de constater qu'il
reste une heure et quart comme vous. Concernant le principe de
l'égalité du vote, on est évidemment tous d'accord pour
essayer de respecter ce principe, tout en ayant le réalisme de constater
que ce n'est pas possible de penser que nous puissions avoir une carte qui ait
une moyenne identique dans tous les comtés du Québec. D'ailleurs,
le législateur lui-même a été suffisamment
réaliste, dans un premier temps, pour proposer l'article 2 qui fait
état du principe de l'égalité du vote et, tout de suite
après, l'article 3 qui prévoit des différences qui peuvent
varier, un écart qui peut varier de plus ou moins 25%. Ce n'est pas
très facile de trancher, parce que, d'une part, le représentant
du Parti libéral nous dit qu'il serait disposé à proposer
36 000 et, d'autre part, l'Union Nationale parle de ses
préférences pour 32 000. (20 h 45)
Peut-être que la chose la plus facile serait d'en arriver à
34 000, mais je ne sais pas s'il faut
trancher dans ce sens. Il y a peut-être une possibilité qui
consisterait à garder les maximums qui sont dans la loi, les plus ou
moins 25%, soit 40 et 24, en faisant varier la moyenne et en acceptant de
changer le mot "respecter" par "tenir compte de". Cela peut être une
solution.
Il y a un élément qui me semble très important,
c'est le suivant, à partir duquel on peut faire les amendements qui
peuvent s'imposer: je crois qu'une population de 40 000 électeurs
constitue une agglomération suffisante qui justifie amplement le besoin
d'un député et qui, assurément, est de nature à
occuper ce député.
C'est un des éléments importants, parce que le
comté est fait en fonction des citoyens. Le député est
là en fonction du service à rendre aux citoyens et il me semble
que 40 000... Je dis le chiffre 40 000. Cela peut être 40 200, 40 300, 40
400, je ne sais pas, ou quelques centaines de moins, mais autour de 40 000
électeurs. Cela constitue une population qui, effectivement, est de
nature à justifier la présence d'un député et peut
facilement occuper toutes ses activités, à partir du moment
où ce dernier est là pour servir les citoyens.
D'autre part, je pense que si on fait... Le député de
Laval disait tout à l'heure: Si on prend 32 000 et qu'on le divise par
le chiffre de la population, ça donne à peu près 131
députés. Si on prend 36 000...
M. Lavoie: 116.
M. Bédard: 116 députés. Mais je ne pense pas
que, d'un point de vue réaliste je comprends que
mathématiquement on ait raison quand on dit ça de la
même manière que je viens de le dire pour la recherche de
l'égalité du vote, je ne crois pas qu'on puisse arriver aussi
mathématiquement à ces résultats. La meilleure preuve en
est le dernier rapport qui a été présenté. La
moyenne était de 32 000 avec un écart de 25% en plus, 25% en
moins. Les commissaires nous ont dit qu'ils sentaient le besoin de respecter
quand même une certaine moyenne, et pourtant cela a donné comme
résultat 120 députés. Ce qui veut dire que...
M. Lavoie: Oui, mais, M. le ministre, il faut prendre en
considération que, quand le cinquième rapport a été
fait, il n'y avait pas 4 200 000 électeurs. Il y avait quatre millions
d'électeurs, si je me rappelle bien.
M. Bédard: Oui...
M. Lavoie: 4 000 000 divisé par 32 000, ça fait 125
députés. On est arrivé à 121. On n'est pas
loin.
M. Bédard: Bien oui, mais je veux dire que ce n'est pas
mathématique à ce point-là, parce qu'il faut
nécessairement la preuve est là... D'ailleurs, on en tient
compte dans le cinquième rapport et on en tiendra compte dans les
rapports éventuels comme on l'a fait pour les rapports passés.
Les commissaires, je pense j'espère que ce sera toujours la
même chose tiennent à voir la différence qui existe
effectivement et qui doit exister entre les comtés ruraux et les
comtés de villes. Il est évident que le comté rural, avec
plusieurs municipalités, avec un territoire beaucoup plus grand, est de
nature à demander beaucoup plus de travail au député.
D'autre part, dans le comté de villes, même si le territoire n'est
pas aussi grand, il reste que les besoins des électeurs, eux, peuvent
être aussi grands. C'est bien évident et c'est de nature à
occuper le député à temps plein.
Il y a deux solutions. Ce serait peut-être de garder je ne
sais pas si on peut l'indiquer en chiffres dans un projet de loi, si c'est
même souhaitable les limites de 40 000 et de 24 000 et de changer
la moyenne, tout en laissant aux commissaires le soin de tenir compte de
l'égalité des votes.
Pour ce qui est de cette moyenne, on peut continuer un peu la
discussion. L'Union Nationale parle de 32 000, le Parti libéral parle de
36 000. Peut-être qu'il y aurait d'autres remarques qui pourraient
être faites
M. Lavoie: C'est quoi? Je n'ai pas saisi la proposition du
ministre...
M. Bédard: Une des possibilités serait de garder
les limites qui existent à l'heure actuelle, les écarts qui
donnent 40 000 24 000.
M. Lavoie: Oui, on garde cela. Cela veut dire qu'il faudrait
garder...
M. Bédard: Et peut-être changer la moyenne de 32
000.
M. Lavoie: À quoi?
M. Bédard: Là, on pourrait continuer la discussion
un peu là-dessus et changer le mot "respecter" par "tenir compte" dans
le...
M. Lavoie: Je comprends votre affaire.
M. Fontaine: On peut varier le pourcentage en plus ou en
moins.
M. Lavoie: Mais là, il faudrait changer les mots "en
respectant" par "en tenant compte".
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Là-dessus, M. le Président... Cela
peut être un élément sur cette question de "en respectant".
Dès 1962, M. le Président, la commission Grenier clarifiait cette
question en disant qu'il y a un principe fondamental. C'est
l'égalité de la représentation. L'égalité
est un principe de base. Je pense qu'il ne faudrait pas le renier, parce qu'on
a l'impression que la commission pourrait mal comprendre ou pourrait être
encarcanée.
C'est un principe qu'on doit reconnaître: un homme, un vote. Il ne
faut pas être gêné de mettre
ça dans un projet de loi. Changer des mots sous prétexte
que...
M. Lavoie: On n'en enlève pas.
M. Dussault: ... Justement, les arguments de M. le
député de Laval, particulièrement la dernière fois
qu'on a parlé de cela, nous amènent fatalement à faire
comprendre à la commission que cela ne veut plus dire "en respectant" et
que peut-être, on peut jouer plus facilement avec cela.
Je pense que la flexibilité, c'est cela que veut le
député de Laval. Il veut de la flexibilité et je pense
qu'on le reconnaît tous. Par rapport à ce principe avancé,
qui relève de l'égalité, la flexibilité est
davantage dans l'admission d'un écart, en plus ou en moins, et je pense
que c'est là qu'il faut chercher véritablement comment on peut
guider la commission, malgré l'énoncé de principe de
l'égalité de la représentation.
C'est pour cela que je me sens bien à l'aise de dire que les mots
"en respectant le principe de l'égalité du vote des
électeurs" doivent rester là. C'est un guide démocratique.
La commission va comprendre qu'on veut qu'on s'en tienne le plus possible
à cela. Mais on indique dans l'article suivant comment, malgré
tout, la commission peut être flexible par rapport à cela.
C'est cela que disait le rapport Grenier. Je trouve que ce qu'on y a
énoncé est sage. Je pense qu'on devrait davantage chercher du
côté de la flexibilité une solution aux problèmes
que voit M. le député de Laval.
Dans ce sens, je dis à M. le ministre de ne pas lâcher
facilement sur les mots "en respectant". Je vais le décourager de
lâcher là-dessus. Je pense qu'on ne s'attendra pas à ce que
le coordonnateur du comité Dussault parle un autre langage que
celui-là.
Le Président (M. Laberge): M. le député des
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Sur cette question, est-ce que le fait
qu'à l'article 3 on prévoit un pourcentage d'écart
signifie que le degré de souplesse est prévu par la loi? Par
conséquent je ne vois plus qu'il y ait une différence
significative entre "en respectant" ou bien "en tenant compte de", puisque
l'écart est prévu dans l'article suivant.
M. Lavoie: J'aimerais répondre au député de
Deux-Montagnes. Je sais qu'il a suivi les travaux de cette commission, mais
j'ai été renversé moi-même à la suite des
témoignages qu'on a eus des trois commissaires qui nous ont dit
eux-mêmes que leur premier critère était un critère
mathématique, depuis que la commission existe. On a regardé la
loi existante; même si elle ne le disait pas, elle était plus
souple que la loi actuelle. Il n'y avait pas le mot "en respectant". La loi
disait "que chaque circonscription doit avoir 32 000 en plus ou en moins. Il y
avait un article qui disait "une représentation juste et
équitable". D'après moi il y avait plus de souplesse dans
l'ancienne loi que dans la loi actuelle lorsqu'on dit: "en respectant". Ils
sont venus nous dire que leur premier critère était le
critère, le corset, mathématique. La preuve, c'est qu'on l'a dans
leur cinquième rapport. Ils arrivent avec une moyenne, sur l'île
de Montréal de 34 000. Ce qui me renverse et que je trouve un peu
déséquilibré, c'est qu'ils arrivent également dans
des comtés, entre autres de l'Outaouais, où il y a une moyenne de
35 000, plus dans l'Outaouais, dans le cinquième rapport, des
comtés comme Argenteuil, je pense qu'il y a 50 municipalités avec
un territoire immense. Il est dans la zone avec Gatineau, Hull et Papineau avec
une moyenne de 35 000, mais à Montréal une moyenne de 34 000
seulement. Je trouve que ce n'est pas acceptable. Ce sont eux-mêmes qui
nous ont dit que leur premier critère était mathématique.
Là, je trouve qu'en disant maintenant "en respectant", il y a une
tradition qui s'est établie, la nouvelle commission va être encore
mathématique. Ils vont se rapprocher le plus possible de la moyenne de
32 000. Je dis que "en tenant compte de" c'est moins fort que "en respectant"
un critère d'une manière stricte.
M. Bédard: II me semble que c'est clair. On a deux
solutions, celle du projet de loi tel quel et il y a l'autre solution qui
pourrait être de garder les maximums et minimums de 40 000 et de 24 000
et de varier sur la moyenne.
M. Lavoie: Comment cela pourrait-il être
rédigé?
M. Bédard: Je pense qu'au niveau de la rédaction,
cela peut ne pas être long.
M. Fontaine: Si vous prenez 34 000, cela veut dire que vous
auriez un pourcentage de 20% au maximum, et 25% au minimum?
M. Gratton: Non. On spécifie en nombres absolus.
M. Bédard: On spécifie en chiffres tout simplement,
40 000, 24 000 et on change la moyenne de 32 000. Si j'essaie de trancher,
c'est évident que le Parti libéral dit 36 000, l'Union Nationale
32 000. Je suis peut-être prêt à me rallier à 34 000
tel que formulé dans ce cadre-ci.
M. Lavoie: 34 000, cela veut dire... Si vous mettez entre 24 000
et 40 000, vous n'avez plus besoin de moyenne.
M. Bédard: Oui.
M. Lavoie: La même chose?
M. Bédard: Oui. Je pense que cela...
M. Lavoie: Pourquoi avez-vous besoin d'une moyenne?
M. Fontaine: Cela revient au même.
M. Bédard: Si on se rapporte au témoignage de la
commission, elle trouvait important qu'une moyenne soit fixée puisque
c'est l'intention première du législateur, à partir de
laquelle elle peut varier. (21 heures)
M. Lavoie: Si vous prenez 34...
M. Bédard: Elle sait que c'est vraiment le point
important.
M. Lavoie: Si vous mettez 34 avec 25% en plus, 25% en
moins...
M. Bédard: Là, on arrive... on dépasse 40
000. M. Lavoie: ... ça ferait 25 500 et 42 500.
M. Bédard: C'est vraiment différent.
M. Lavoie: J'aimerais que vous le rédigiez en mettant 24
et 40 et votre moyenne de 34. Je ne sais pas comment vous pouvez rédiger
ça.
M. Dussault: Est-ce que c'est votre intention, M. le ministre,
d'indiquer les chiffres 24 000 et 40 000? C'est un pourcentage qui donnerait
ça, en réalité, dans le projet de loi. Vous visez ce
chiffre -là et vous mettez le pourcentage qui correspond à
ça. M. le député de Laval n'a pas l'air de saisir que
c'est ça que vous voulez.
M. Bédard: Je pense que chacun fait une réflexion
tout haut. Je ne vois pas... est-ce que c'est important de mettre le
pourcentage exact? Si on décide que 40 et 24 sont des
critères...
M. Dussault: Vous pouvez mettre les pourcentages qui
correspondent à cela...
M. Bédard: On arriverait peut-être à des
pourcentages de 22,5%...
M. Bertrand: C'est à peu près 17, point quelque
chose, parce que 20% au-dessus de 34 000, c'est 40 800.
M. Lavoie: 20%, ça fait 6 800, ça fait 40 800, et 6
800 moins ça, ça fait 27 200. Je voudrais voir la
rédaction.
M. Gratton: Je voudrais poser une question au ministre. Avant
qu'on ne statue, je trouve que la formule... C'est déjà une
amélioration, ce que propose le ministre, mais ce qui
m'intéresserait, c'est de savoir si le ministre est prêt à
considérer la possibilité d'inscrire dans la loi un maximum quant
au nombre de comtés.
M. Bédard: Non, certainement pas.
M. Gratton: À ce moment-là, la moyenne dont il
parle est une moyenne qui va servir à établir le nombre de
comtés. En définitive, c'est à ça que ça
sert, la moyenne.
M. Bédard: Non, je ne dirais pas que nécessairement
ça sert à établir le nombre de comtés. Ça y
contribue nécessairement, mais je crois...
M. Gratton: C'est sûrement le facteur qui y contribue le
plus.
M. Bédard: On ne sait pas d'avance quel va être, au
niveau de la confection de la carte électorale, dans combien de
comtés les commissaires vont croire préférable d'aller
vers le minimum ou vers le maximum. Je pense que ça peut jouer
beaucoup.
M. Gratton: Tel que je le conçois, si vous dites: II ne
doit pas y avoir plus de 40 000 électeurs dans un comté
donné, on peut comprendre les raisons qui motivent ça, mais on
peut aussi très facilement comprendre les raisons qui motivent de dire
qu'il ne peut y en avoir moins de 24 000. Si, entre ça, on dit qu'il y a
un maximum de 34 000 ou 36 000, à mon avis, la moyenne, le chiffre, qui
est 34 000 ou 36 000, doit servir à la commission à
établir qu'il doit y avoir un certain nombre de comtés sur
l'ensemble du territoire. Ensuite, la flexibilité qu'on donne entre 24
000 et 40 000 permet de faire les adaptations qui s'imposent par rapport au
caractère rural d'un comté et par rapport au caractère
urbain d'un comté.
M. Bédard: Je vous le dis sincèrement, je
n'interpréterais pas le critère de 34 000, la moyenne de 34 000,
comme étant nécessairement la manifestation du nombre de
comtés qui serait désiré.
M. Gratton: À quoi sert-il alors? Il sert comme objectif;
la commission va tenter de s'en approcher le plus possible dans tous les cas
pour en arriver à avoir un maximum.
M. Bédard: Tout en sachant que, quels que soient les
efforts qui puissent être faits par les membres de la commission, ils ont
à tenir compte d'autres facteurs. On a parlé tout à
l'heure des comtés ruraux par rapport aux comtés urbains...
M. Gratton: C'est ce que je dis moi aussi.
M. Bédard:... on a parlé des autres
critères. Il y a d'autres pondérations qui sont prévues
dans le deuxième paragraphe de l'article 3 dont ils vont tenir compte
également. La meilleure preuve en est...
M. Gratton: C'est ce que je dis moi aussi. On est en train de
dire la même chose. Quand on regarde le cinquième rapport, on
s'aperçoit que la
commission a fait cela de son propre chef. Il n'y a rien dans la loi qui
l'oblige à le faire. Elle a dit: Dans la région de l'Outaouais on
a une moyenne en fait, c'est une constatation de 34 980
électeurs, dans les cinq comtés. Cela n'a rien à voir avec
la moyenne de 32 000 électeurs qui est inscrite dans la loi.
Je me place dans l'esprit de ceux qui ont fait la loi à 32 000
électeurs et je me dis: On a dit: II y a x millions d'électeurs
au Québec, on divise cela par la norme de 32 000 et on devrait
normalement avoir de 108 à 110 comtés. Il me semble que c'est
à cela que la moyenne doit servir. La flexibilité dont vous
parlez, on la donne avec le minimum et le maximum. Vous pouvez jouer avec cela.
Je pense qu'on devrait conserver "plus ou moins 25%", parce que cela nous
encarcane encore trop. On peut aller, comme le dit le ministre, en termes
absolus, 40 000, 24 000 et cela peut être autre chose aussi. Mais la
moyenne il me semble qu'elle serve seulement à une chose, c'est à
établir le nombre maximum de comtés qu'il doit y avoir. Si on le
disait, on réglerait un sapré paquet de problèmes. La
commission commencerait d'abord en disant qu'il y a 4 200 000 électeurs.
La moyenne dont on parle dans la loi, si on ne peut pas mentionner un maximum
de comtés, divisons-le. On doit avoir, sur notre carte
électorale, disons, pour les besoins de la cause, 120 comtés,
donc, 120 députés. À partir de cela, ils font leur carte
électorale pour en arriver à un résultat final qui va
être de 120 circonscriptions électorales, et la façon d'y
arriver, c'est de jouer entre le 24 000 minimum et le 40 000 maximum. Il me
semble que c'est comme cela que je procéderais si je voulais
procéder logiquement. Mais il ne faut pas dire: II y a une moyenne de 34
000 ou de 36 000, on essaie de l'atteindre partout, mais on sait qu'on ne peut
pas l'atteindre partout, donc on va aller jusqu'à aussi bas que 24 000
et aussi haut que 40 000 et à la fin, on va voir combien de
comtés cela donne. Cela peut être 120, cela peut être 125,
cela peut être 130.
Je suis convaincu que la seule et unique raison d'avoir une moyenne,
c'est pour établir le nombre de comtés qu'on doit avoir. On fixe
cela d'abord et ensuite on travaille à l'intérieur des autres
critères qui existent.
Si vous procédiez dans cette logique, il me semble que cela vous
réglerait un paquet de problèmes.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, le député de
Gatineau a raison et le ministre n'a pas tort. Il y a du vrai dans l'expression
d'opinions des deux côtés. Supposons la situation actuelle, 32
000. Théoriquement, je pense qu'effectivement, quand on établit
une moyenne, c'est qu'on veut consacrer, comme me le soufflait mon
collègue le député de Châteauguay à
l'oreille, que le principe d'égalité se trouve là.
C'est-à-dire que s'il était possible de construire une carte
électorale où tout le monde aurait un vote égal, toutes
les circonscriptions devraient avoir 32 000, 34 000 ou 36 000 électeurs.
C'est la moyenne et la consécration du principe d'égalité.
Les mots "en tenant compte" viennent simplement indiquer que puisque cette
égalité ne sera pas possible dans les faits et fort
heureusement, puisque je pense que c'est l'absurde pratique, je n'entends pas
l'absurde théorique; au contraire, ce serait très souhaitable sur
le plan théorique, mais c'est l'absurde pratique la loi permet
donc des écarts, des écarts admissibles qui ne vont pas
contredire le principe d'égalité, mais qui vont simplement lui
donner de la souplesse dans son application.
Or, à partir de là et c'est là que le
ministre a tout à fait raison quant à moi même si la
moyenne est de 32 000, 34 000 ou de 36 000, la Commission de la
représentation électorale a toute la latitude voulue pour
décider, à partir de là, le nombre de comtés
qu'elle voudra bien avoir. Pourquoi? Parce que si elle décidait, par
exemple, de l'appliquer d'une façon telle qu'il y ait 75% des
circonscriptions qui se retrouvent davantage entre 32 000 et 40 000 qu'entre 32
000 et 24 000, forcément, à ce moment-là, ils se trouvent
eux, à interpréter la loi en se disant: II y a une moyenne, bien
sûr, mais à partir de là, comme nous pouvons décider
à l'intérieur des écarts qui nous sont proposés, on
peut décider de mettre 75% des comtés entre 32 000 et 40 000 et
25% des comtés entre 32 000 et 24 000. Et c'est effectivement ce qui est
arrivé avec la carte qu'on avait en 1976. Il y avait beaucoup plus de
comtés entre 32 000 et 40 000 qu'entre 32 000 et 24 000
électeurs, ce qui fait que la moyenne, le principe
d'égalité réelle, en novembre 1976, n'était
déjà plus de 32 000; il était en fait de plus de 34 000.
Je me rappelle avoir posé la question aux commissaires, lors de leur
venue ici. C'est autour de 34 600 ou 34 700 électeurs.
Dans ce contexte-là, si, à partir de la moyenne, les
commissaires l'interprètent en disant: Peu importe la moyenne, nous
autres, on décide qu'on met 75% des comtés entre 24 000 et 34
000, et le reste entre 34 000 et 40 000 électeurs, c'est bien clair
qu'à ce moment-là, ils n'ont pas mal interprété le
projet de loi, mais le résultat final, c'est que la moyenne
réelle, quand on fera la division des comtés par la population,
ce ne sera pas vraiment 34 000, ce sera quelque chose comme 32 000, ou 31 000,
ou 30 000.
Si c'est l'inverse, s'ils mettent 75% des circonscriptions entre 34 000
et 40 000 électeurs, on va se rendre compte qu'à ce
moment-là, la moyenne respectée ne sera pas de 34 000, ce sera de
36 000, 37 000 ou 38 000. Cela pose donc un sérieux problème. Je
suis d'accord pour dire qu'effectivement, il faut bien s'entendre sur le sens
qu'on accorde au mot "moyenne" et, à partir de là, cela donne des
indications à la Commission de la représentation
électorale sur le genre de travail qu'elle doit faire pour respecter ce
principe d'égalité qui se trouve consacré dans la
moyenne.
M. Bédard: Qu'est-ce que c'est? D'ailleurs, avec la...
M. Lavoie: Je pense bien qu'il faudrait bien connaître
la... C'est le ministre qui tranche, en somme. Il faudrait bien qu'il tranche
avant 22 heures.
M. Bédard: Le député de Laval devrait se
brancher de temps en temps aussi. Quand on tranche trop vite, il trouve qu'on
fait preuve d'arbitraire. Je comprends qu'il est pressé par le temps,
nous aussi. J'essaie tout simplement de... Il me semble que c'est assez
démocratique que d'avoir un peu les idées de tout le monde autour
de cette table. Ce n'est quand même pas la décision la plus...
M. Lavoie: Vous avez les positions de tous les partis
actuellement.
M. Fontaine: Si le ministre désire suspendre pour deux ou
trois minutes afin de préparer quelque chose, je pense que...
M. Bédard: Peut-être que ce serait cela qui serait
préférable pour le moment.
Le Président (M. Laberge): La commission suspend ses
travaux pour quelques minutes.
(Suspension à 21 h 12)
(Reprise à 21 h 27)
Le Président (M. Laberge): À l'ordre, messieurs! La
commission reprend ses travaux. M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, le premier paragraphe
de l'article 3 serait le suivant: II s'agirait de remplacer le premier
alinéa de l'article 3 par le suivant, et je cite: "Une circonscription
électorale est un regroupement de secteurs électoraux constituant
une communauté naturelle de 34 000 électeurs. Toutefois, la
commission peut établir des circonscriptions électorales dont le
nombre d'électeurs varie entre 24 000 et 40 000 électeurs."
Le Président (M. Laberge): Sur la motion d'amendement, M.
le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'ai obtenu au cours...
M. Lavoie: Est-ce que vous changez le mot "respectant" pour le
mot "en tenant compte"? Oui?
M. Bédard: Cet élément-là n'est pas
décidé. M. Lavoie: Non.
M. Gratton: M. le Président, peut-être que cela
pourrait...
M. Bédard: Vous avez quand même la
formulation...
M. Lavoie: Tout se tient ensemble. Je trouve que c'est
contradictoire, si on garde "en respectant" et cela. C'est contradictoire.
M. Fontaine: Si on veut de la flexibilité, il faut
laisser...
M. de Bellefeuille: M. le Président, seulement une phrase?
Est-ce que le ministre accepterait de conserver le mot "environ", qui rend
l'intelligence du texte, parce que cela va...
M. Bédard: Non, justement nous avons bien
spécifié "de 34 000", parce que dans mon esprit, il me semble que
cela rejoint...
M. de Bellefeuille: Le but.
M. Bédard:... le terme de "respecter" au sens des
commissaires, cela rejoint le terme de "respecter" le critère
d'égalité tandis que le mot "environ" est moins
impératif.
M. Fontaine: ... pareil.
M. Lavoie: C'est ce qu'il y avait dans l'ancienne loi.
M. Fontaine: Dans la loi proposée, le projet de loi no 10,
on disait: "Une circonscription électorale est un regroupement de
secteurs électoraux constituant une communauté naturelle
d'environ 32 000".
M. Bédard: Oui. Nous le changeons. Le texte est celui que
je viens de vous proposer.
M. Fontaine: Je ne comprends pas votre argumentation. Vous dites
que cela permet de mieux respecter le critère d'égalité
des votes des électeurs.
M. Bédard: Non, nous voulons spécifier très
clairement que la moyenne n'est pas environ... Le critère de base, c'est
34 000 électeurs. (21 h 30)
M. Fontaine: D'accord.
M. Gratton: M. le Président...
M. Bédard: Avec la possibilité de varier entre 24
000 et 40 000 électeurs.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je me suis fait apporter l'étude
préliminaire à la révision de la carte électorale
datée du 15 janvier 1962, le rapport Grenier. Ce qu'on fait ici
aujourd'hui, depuis deux jours, c'est quand même dans une
continuité. Ce n'est pas hier qu'on a décidé tout à
coup qu'on évalue les
principes. Regardons ce que le comité Grenier disait dans ses
conclusions et ses recommandations. Cela pourra nous guider ensuite. Cela
pourra peut-être nous aider à trancher tout le débat.
D'abord, dans les conclusions et les recommandations, on dit: De ce
rapport, se dégagent certains points que nous croyons utile de mettre en
relief. Le premier et le deuxième ont trait au fait qu'à ce
moment-là, il n'y avait pas eu de révision depuis longtemps et
qu'il y avait des inégalités. Mais regardons le no 3.
Le principe fondamental de l'établissement de la carte
électorale doit être d'assurer l'égalité de la
représentation de la population au sein de l'Assemblée
législative.
Quatrièmement: De ce principe découle la
nécessité d'adopter une norme moyenne devant correspondre au
nombre de personnes représentées par chacun des membres de
l'Assemblée législative. Cette norme moyenne s'établit
facilement en faisant le rapport entre le volume total de la population et le
nombre de sièges à l'Assemblée et non vice versa. On dit
combien il y a de sièges à l'Assemblée, combien veut-on de
sièges à l'Assemblée? Combien y a-t-il d'électeurs?
C'est comme ça qu'on fixe la norme et on ne procède pas à
l'inverse. D'ailleurs, on va le voir tantôt dans les explications.
Cinquièmement: On dit qu'en raison de l'impossibilité
pratique de découper le territoire très strictement en fonction
de cette norme moyenne, il y a lieu de prévoir un écart de 25% de
part et d'autre de la moyenne. C'est le principe qu'on retrouve là. a)
on acceptera un écart supérieur à la moyenne
généralement quand il s'agira de zones agglomérées
où la population est plus homogène, où les communications
entre électeurs et élus sont plus faciles et où, surtout,
le député n'a pas à assumer les tâches qu'impose
ailleurs l'existence d'une grande diversité d'administrations locales,
b) la représentation moyenne pourrait être inférieure
à un nombre fixé dans les secteurs où la population est
plus dispersée.
Et là, voici ce qu'on dit à c). La procédure
décrite plus haut implique que soit déterminé au
préalable le nombre des circonscriptions à découper
à l'intérieur du territoire de la province. C'est la
première chose qu'on doit faire. On doit décider combien il y
aura de circonscriptions électorales au Québec et, ensuite, faire
tout le tralala qu'on est en train d'essayer de faire à l'envers,
à mon avis. Ce n'est pas moi, c'est le comité Barbeau, qui est
à l'origine de tout le processus de la réforme électorale
depuis maintenant 17 ans à l'Assemblée nationale, le
comité Grenier, je m'excuse.
On continue. Le comité soumet qu'il ne serait pas souhaitable de
dépasser le chiffre de 100 circonscriptions cela, c'était
en 1962 ou de 100 sièges à l'Assemblée
législative. Notons d'ailleurs que la simple addition d'un certain
nombre, etc.
À ce moment-là, c'est comme ça qu'on
procédait. On disait: II ne doit pas y en avoir plus que 100 et
organisons-nous en conséquence. Et, à mon avis, M. le
Président, je répète ce que je di- sais tantôt,
à savoir que c'est comme ça, c'est la seule façon de
procéder. C'est d'établir combien on veut de sièges
à l'Assemblée nationale, combien on veut de circonscriptions
électorales sur l'ensemble du territoire du Québec. On divise
ensuite le nombre d'électeurs au Québec par le nombre de
sièges et on arrive avec la moyenne qui sera de 32 000, de 34 000, de 36
000, de 38 000, je n'en sais rien, mais c'est comme ça qu'on doit
établir la moyenne et non pas faire l'inverse, de dire arbitrairement:
C'est 34 000 ou c'est 36 000 ou c'est 32 000 et, ensuite, advienne que pourra,
on aura 120, 130 circonscriptions.
M. le Président, je suis très heureux d'avoir
retrouvé ça, parce que ce n'est plus l'Opposition officielle,
c'est le comité Grenier qui le dit, et il me semble que tout le monde
reconnaît que ces recommandations, ces constatations ont
été faites à la lumière d'une étude
poussée de la chose et que les principes qui ont prévalu à
ces conclusions sont tout aussi valables aujourd'hui qu'ils ne l'étaient
en 1962.
M. Lavoie: Pour ajouter à ça, je pense que le
ministre d'État actuel au développement culturel, en 1971, lors
d'une séance de la commission, alors qu'il se prononçait au nom
du Parti québécois, disait également que le nombre de
députés devait être établi dans la loi.
M. Fontaine: M. le Président.
M. Bédard: Les idées doivent évoluer
là comme ailleurs, puisque la décision de ne pas fixer un nombre
déterminé de députés est une décision qui a
été prise après moult consultations. Elle a
été prise par le gouvernement et je crois que tout en respectant
les opinions qui ont été émises par les membres de
l'Opposition et les sources qu'ils ont mentionnées, nous en sommes venus
à la conclusion de ne pas fixer arbitrairement le nombre de
députés, mais plutôt de définir une moyenne et des
critères, et de permettre à la commission qui sera
décisionnelle, selon ces critères, de prendre les
décisions qui s'imposeront.
Je suis d'accord avec le député de Laval que 130
députés, ce serait une augmentation je le dis
personnellement qui ne serait pas souhaitable. Loin de là.
Maintenant, 120 circonscriptions ou aux alentours, nous semblent un nombre
raisonnable par comparaison avec les représentations dans les autres
provinces, et les critères qui sont contenus dans la loi 10 sont tels
que c'est à peu près vers ce nombre que peut conduire la
confection d'une nouvelle carte électorale avec les critères que
nous déterminons dans la loi 10.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, j'ai évoqué le
rapport Grenier et vous avez remarqué que je n'ai pas fait allusion
à ce critère qui est celui de fixer un nombre maximal de
députés...
M. Lavoie: Cela ne faisait pas votre affaire.
M. Dussault: Non, ce n'est pas cela. De tous les critères
qu'on peut trouver, de ceux que nous avons et de ceux qu'on peut trouver
là-dedans, c'est celui qui me paraît le plus arbitraire, parce
qu'il repose sur des intuitions d'étroitesse de place, etc. Cela ne
m'apparaît pas vraiment être le critère premier qui devrait
déterminer le reste. Je pense que c'en est un qui devrait
découler...
M. Gratton: Voyons donc. Commencer par la fin, c'est le contraire
de commencer par le commencement.
M. Dussault: M. le député de Gatineau, vous devez
admettre que c'est un critère. Là-dedans, on a dit que c'en
était un. Je considère que celui-là est arbitraire par
rapport à la conclusion que nous tirons. Nous pensons que le nombre de
députés doit découler du ratio que nous avons fixé
avec la flexibilité qu'on doit laisser. Je pense que c'est cela qu'il
faut, sauf qu'on a une certaine intuition, par des calculs, que cela ne
dépassera à peu près pas tant de députés.
Même là, il reste une marge.
M. Lavoie: Cela va arriver à combien de
députés?
M. Dussault: Selon nos calculs, ce sera autour de 120
députés.
M. Gratton: Autour de 120, à $150 000... pourquoi est-ce
que ce ne serait pas autour de 130?
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, on nous cite le rapport
Grenier et, depuis ce temps, il y a eu un remaniement de la carte
électorale. Il y a eu si je ne m'abuse deux gouvernements
du Parti libéral et jamais un gouvernement du Parti libéral n'a
osé utiliser ce critère. Alors, je ne vois pas pourquoi
aujourd'hui, en 1979, les gens de l'Opposition officielle viendraient nous
ressortir un critère de 1962, alors qu'ils ont été au
pouvoir deux fois depuis ce temps-là et qu'ils ne l'ont pas
utilisé.
M. Gratton: Je m'excuse, mais je pense que le
député de Nicolet-Yamaska n'a pas compris le sens de
l'intervention que j'ai faite.
M. Bédard: Je pense que c'est un témoignage assez
éloquent. Si je l'avais employé, on m'aurait accusé de
partisanerie.
M. Gratton: Je pense qu'on aurait pu, dans la Loi de la refonte
de la carte électorale, procéder de deux façons: en fixant
un nombre de comtés maximum ou en fixant une norme qui établit le
nombre de comtés. Nous avions choisi 32 000, plus ou moins 25%, et cela
s'inspirait exactement de la nécessité d'en arriver à un
nombre absolu de comtés. Maintenant, ce n'est plus de cela qu'il s'agit.
On va laisser le maximum à un montant fixe, on va laisser le minimum
à un montant fixe, mais la moyenne va servir à quoi? Absolument
à rien, pas à déterminer le nombre de comtés.
M. Bédard: C'est parce que vous faites abstraction du
principe du respect de l'égalité...
M. Gratton: Au contraire, cela part de cela!
M. Bédard: ... du vote qui est haussé de 32 000
à 34 000. Je pense que cela peut avoir une incidence justement. Je vous
ferai remarquer aussi que si cela avait été un critère
aussi important, il aurait pu se retrouver dans la loi
précédente.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Très brièvement, M. le
Président. La raison pour laquelle je pense qu'on ne doit pas retenir
d'abord un critère quant au nombre de comtés qu'on veut avoir,
c'est que si on part de ce principe et qu'on dit, par exemple: II y a 110
comtés et c'est la règle qu'on doit suivre, cela veut dire qu'au
fur et à mesure que la population augmentera on maintiendra les
mêmes écarts en termes de pourcentage et on changera la moyenne en
fonction du nombre de comtés qu'on voudra garder. Ce qui arrive à
ce moment-là, c'est que les comtés où justement les
députés se plaignent que les espaces sont trop grands, que les
municipalités sont trop nombreuses, que les distances à parcourir
sont trop longues, etc... Là, on leur crée un très
sérieux problème, parce que si on disait, par exemple: On
maintient 110 avec la prochaine carte électorale, 110 dans quatre ans et
110 dans huit ans, à ce moment-là, les comtés qui
déjà sont considérés comme trop grands pour
certains députés de circonscriptions rurales vont, à cause
même de ce principe qui sera retenu, s'agrandir, s'agrandir. Je pense
qu'à ce moment-là cela ne correspondrait pas à un des
objectifs qui, je pense, doivent être retenus; c'est que, pour bien
assumer son rôle, un député a besoin de travailler dans des
conditions normales, tant sur le plan géographique que sur le plan du
nombre de municipalités qu'il doit desservir, etc. C'est pour cela que
je pense effectivement que ce n'est pas le critère le plus fort.
M. Bédard: Très clairement, à ce
moment-là, on s'orienterait vers la diminution des comtés ruraux
par rapport aux comtés urbains et, personnellement, je suis loin de
vouloir souscrire à cette manière de faire, au contraire.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, si je comprends bien, le
ministre nous propose l'amendement dont
on avait une copie je ne l'ai plus actuellement de...
M. Bédard: ... 34 000, avec un maximum de 40 000 et un
minimum de 24 000.
M. Lavoie: Si je comprends bien, vous remplacez également
"en respectant" par "en tenant compte du principe de l'égalité du
vote des électeurs".
M. Bédard: C'est cela. M. Lavoie: Écoutez,
c'est...
M. Bédard: Cela rejoint effectivement les
préoccupations qu'avait, à bon droit, le député de
Châteauguay sur...
M. Gratton: Est-ce qu'il est d'accord, le député de
Châteauguay?
M. Dussault: C'est toute la réforme électorale, M.
le député, qui repose sur ce principe
d'égalité.
M. Lavoie: M. le Président, je ne dis pas... Ce n'est pas
une amélioration énorme. Cela ne rejoint pas nos positions et
notre point de vue. Cela peut, je crois... D'ailleurs, j'apprécie le
fait que cela va accorder un peu plus de souplesse à la commission,
qu'elle sera moins prise dans des contraintes, et que la moyenne
mathématique sera un peu plus souple. Cela pourrait diminuer
possiblement ou empêcher une augmentation trop grande du nombre de
députés.
Nous allons accepter cet amendement sur division en ce qui nous
concerne. On est prêt à en disposer pour le moment.
Une voix: M. le Président...
M. Bertrand: Adopté?
M. Lavoie: Sur division.
M. Bédard: Sur division de qui?
M. Lavoie: Sur notre division, parce qu'on n'est pas totalement
satisfait; on l'accepte, mais sur division.
Le Président (M. Laberge): Simplement, j'attends
l'amendement, parce que je ne sais pas sur quoi on travaille. Parce que
techniquement...
M. Bédard: La rédaction finale... Une voix:
... changer encore.
M. Bédard: Non, c'est au point de vue français, on
me dit qu'il y a certaines améliorations.
M. Lavoie: Pouvez-vous le lire, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Oui. M. Gratton: Le
français.
M. Lavoie: Vous changez, dans le premier alinéa de
l'article 2, parce qu'il y a deux articles.
Le Président (M. Laberge): À l'article 2, que le
premier alinéa de l'article 2 soit modifié en remplaçant
dans la deuxième ligne les mots "respectant le" par les mots "tenant
compte du". Cet amendement sera-t-il adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Lavoie: Unanimement, il n'y a même pas de division.
Le Président (M. Laberge): Parfait. L'article 2
amendé...
M. Bédard: II n'y a pas de division, tout en gardant
à l'esprit que le respect est là quand même. (21 h 45)
M. Bertrand: Le principe est là.
M. Bédard: Nous n'avons pas la même
interprétation des mots "tenant compte".
M. Lavoie: Le corset est moins serré.
Le Président (M. Laberge): L'article 2 amendé
sera-t-il adopté?
M. Bédard: II se resserre avec la formulation. Une
voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 2, adopté avec
amendement.
M. Lavoie: Relisez-nous maintenant l'amendement de l'article
3.
Le Président (M. Laberge): Oui, oui, c'est ça, on
procède dans l'ordre. L'article 3 est amendé en remplaçant
le premier alinéa de l'article 3 par le suivant: "Une circonscription
électorale est un regroupement de secteurs électoraux constituant
une communauté naturelle dont le nombre d'électeurs se rapproche
le plus possible de 34 000; toutefois, la commission peut établir des
circonscriptions électorales dont le nombre d'électeurs peut
varier entre 24 000 et 40 000 électeurs."
Le deuxième paragraphe... cet amendement...
M. Lavoie: Je vois. Je réalise qu'il y a
élément qui porte à contradiction, en se rapprochant le
plus possible de 34 000, je ne le sais pas, je ne peux pas me placer dans les
bottines des membres de la commission, mais comment vont-ils l'in-
terpréter? God knows, personne ne le sait. S'ils partent du
principe que c'est 34 000, je ne sais pas s'ils vont prendre ça comme
premier critère ou quelle va être l'influence de l'autre, "en
tenant compte de"...
M. Bédard: Je pense qu'ils vont baliser l'ensemble des
trois articles puisqu'il y a d'autres critères que nous insérons
dont ils doivent tenir compte et c'est ce qu'ils ont fait déjà
dans un cinquième rapport. Je pense qu'ils ont justement trouvé
le moyen de baliser correctement l'ensemble de ces critères.
M. Lavoie: En ce qui me concerne, adopté sur division.
Le Président (M. Laberge): L'amendement remplaçant
le premier alinéa que j'ai lu. Il faut rayer le mot "électeurs",
le dernier mot, puisqu'on dit "entre 24 000 et 40 000". On ne
répète pas le mot "électeurs", on l'a déjà
dit. Ce sera adopté sur division.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Bédard: Sur division, est-ce que...
M. Fontaine: Non, moi, je vote pour.
M. Bédard: Sur division du député de
Laval.
M. Lavoie: Sur division, on ne dit pas de qui. Mettez-le si vous
voulez, c'est enregistré au journal des Débats. J'enregistre ma
"division".
M. Gratton: Et je tiens à ce que la mienne le soit. J'ai
expliqué pourquoi en des termes qui, je pense, étaient
clairs.
Le Président (M. Laberge): Le premier alinéa est
adopté.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Gratton: Je ne veux insulter personne de l'autre
côté, mais je ne suis pas d'accord.
M. Fontaine: Avant de passer au deuxième alinéa,
est-ce que le ministre a pensé à inclure le critère qui
vous a été...
M. Lavoie: Avant de passer au deuxième alinéa,
j'aurais un amendement à proposer au premier alinéa.
M. Fontaine: Qui vient d'être adopté.
M. Lavoie: C'est l'amendement qui a été
adopté.
M. Bédard: Non, c'est l'alinéa qui a
été remplacé par celui qu'on vient de lire.
M. Lavoie: Je fais un autre alinéa.
M. Bertrand: Question de règlement, M. le
Président. Je m'excuse, M. le député de Laval, pour nos
travaux ici...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Vanier, su. me question de règlement.
M. Bertrand: Comme je suis concierge à l'Assemblée
nationale, ce soir, j'aimerais savoir de cette commission si c'est son
intention de poursuivre au-delà de 22 heures et terminer ce soir, ou
revenir demain matin.
M. Lavoie: On a dit qu'on terminerait à 22 heures et on va
terminer à 22 heures.
M. Bédard: On termine l'ensemble. M. Gratton: On
termine à 22 heures.
M. Bédard: On termine l'étude du projet de loi
d'ici 22 heures.
M. Lavoie: M. le Président, je vais ajouter un
deuxième alinéa.
M. Bédard: M. le Président, juste une question de
règlement. Je comprends qu'on veuille terminer ce soir. Le
député de Laval semble avoir un amendement à proposer, et
c'est son droit. Il reste dix minutes. Est-ce qu'on doit tenir pour acquis que
s'il faut dépasser 22 heures de quelques minutes, il y aura consentement
mutuel des membres de la commission? Nous allons essayer de terminer avant 22
heures.
M. Lavoie: La commission fera rapport. De la façon dont
j'interprète cela, c'est comme un genre de fin de travaux,
acceptée par tout le monde, et la commission fera rapport à
l'Assemblée.
M. Bédard: M. le Président, il me semble que le
député de Laval a été très clair lorsque
nous avons commencé nos travaux ce soir, à savoir que nous
terminerions l'étude de ce projet de loi d'ici 22 heures. C'était
très clairement cela et je ne voudrais pas qu'on se réveille
à 22 heures et que ce soit le contraire.
M. Fontaine: Je pense que l'entente était très
claire, c'est qu'on devait terminer l'étude du projet de loi à 22
heures ce soir. Je maintiens la parole que nous avons donnée.
M. Lavoie: On va terminer l'étude. M. Fontaine:
Mais pas à moitié. M. Lavoie: On va terminer
l'étude.
M. Bédard: Alors, s'il faut se donner quelques minutes de
plus, est-ce que les membres de la commission sont d'accord?
M. Lavoie: Je m'en vais à 22 heures moi aussi, j'ai un
avion à 22 h 40.
M. Gratton: Allons-y, arrêtons de...
Le Président (M. Laberge): Le premier alinéa de
l'article 3 a été amendé et est adopté. Maintenant,
est-ce que l'article 3 amendé sera adopté?
M. Lavoie: Non, il y a un amendement à apporter à
l'article 3.
Le Président (M. Laberge): C'est ce que je veux
entendre.
M. Lavoie: Je veux qu'on ajoute un alinéa, étant
donné... Je vais le faire très brièvement. Je ne prendrai
pas le droit de parole auquel j'ai droit, mais je veux que cette motion
d'amendement soit déposée et qu'elle fasse partie du dossier de
cette commission. Je ne sais pas comment la commission va interpréter
cela. Ce n'est pas notre principe on est conséquent, on l'a
exprimé d'un bout à l'autre des travaux de cette commission
on ne veut pas qu'une commission non élue puisse
déterminer elle-même, puisse exagérer le nombre de
députés. Je pense que ce n'est pas une commission de
fonctionnaires ou d'officiers de l'État ou de grands commis de
l'État qui doit engager, sans contrôle, des dépenses
importantes par le nombre de députés. Avec les critères
qu'on leur a donnés de plus ou moins 34 000 de moyenne, d'un minimum de
24 000, d'un maximum de 40 000, avec les autres critères, vous savez
qu'on peut aussi bien arriver à n'importe quel nombre de
députés. Si c'est beaucoup plus près de 24 000, beaucoup
plus près de 40 000, cela peut donner le nombre X de
députés. D'après moi je n'ai pas fait de calcul
scientifique la commission pourrait aussi bien nous arriver avec 125
députés, 130 députés que 135 députés.
Je ne sais pas combien, je ne le sais pas, parce qu'il y a toutes sortes de
manières de le faire. Comment ces gens-là vont-ils
l'interpréter? Je pense que ces gens-là, avec la meilleure bonne
volonté du monde, avec le meilleur esprit du monde peuvent arriver
à n'importe quel nombre. Je crois que c'est aux parlementaires à
décider, à mettre des limites, des contraintes, des
paramètres. À Ottawa, en Angleterre et dans la plupart de tous
les Parlements, ils ont suivi une recommandation que le député de
Châteauguay n'accepte pas, c'est qu'on détermine d'avance le
nombre de députés.
Personnellement, la motion que je fais, c'est que le nombre de
circonscriptions électorales ne doit pas dépasser 112. C'est un
autre critère. Je dis que cela ne doit pas dépasser 112. Que ces
gens respectent les critères de 34 000, de 24 000, de 40 000 et tous les
autres, mais qu'ils fassent une carte qui ne dépasse pas 112
députés.
M. Bédard: Déposez-la, M. le Président, on
ne recommencera pas l'argumentation, nous l'avons dit, nous ne voulons pas
fixer arbitrairement le nombre de députés. Ce qui était
important, et nous avons fait le travail en conséquence, c'était
de fixer des critères tels que cela puisse nous permettre
d'espérer, et je dis plus, d'être convaincus que les membres de la
commission ne feront aucune exagération quant au nombre de
députés. La meilleure preuve en est le cinquième rapport
où, même s'il y avait un critère de 32 000
électeurs, ils auraient pu, en prenant les mêmes arguments que le
député de Laval, arriver à un nombre de 130
députés, selon le découpage qu'ils auraient pu vouloir
faire, et pourtant, je pense qu'ils ont fait preuve de modération. Nous
avons eu un cinquième rapport qui proposait 120 ou 121
députés. Je suis convaincu qu'on peut faire confiance aux membres
de la commission en ce sens qu'ils useront de leur jugement et feront
l'interprétation juridique appropriée du projet de loi aux fins
d'en arriver à un nombre de députés qui soit raisonnable,
comme cela a été le cas lors de la production du cinquième
rapport.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je dis que si les commissaires, surtout dans les
districts urbains, essaient de se rapprocher du maximum de 40 000, il y a
possibilité de faire une carte qui va se rapprocher de celle du
cinquième rapport...
M. Bédard: Au niveau du nombre de
députés.
M. Fontaine:... au niveau du nombre de députés.
Une voix: J'en suis convaincu.
Le Président (M. Laberge): L'amendement du
député de Laval...
M. Gratton: Je voudrais quand même dire que j'ai
l'intention d'appuyer la motion d'amendement du député de Laval
parce qu'à mon avis, c'est le premier signe qu'on donne à cette
commission indiquant qu'on est prêt à commencer par le
commencement plutôt que de commencer par la fin. Il me semble que c'est
aux législateurs, c'est au gouvernement de prendre ses
responsabilités. C'est abdiquer ses responsabilités que de dire
qu'on va donner cela à une commission indépendante, en
prétendant que c'est pour ne pas la brimer dans toute sa
flexibilité et dans toute son indépendance qu'on n'accepte pas de
prendre la responsabilité de dire qu'il doit y avoir un nombre
quelconque de députés, de circonscriptions électorales,
tel que le disait le rapport présidé par M. Fernand Grenier
lui-même en 1962. Ce qui était vrai en 1962 est toujours vrai,
à mon avis. Je regrette seulement qu'on n'ait pas le temps de pouvoir
faire les efforts voulus pour convaincre le ministre de la justesse de notre
point de vue.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Gratton: Allons-y!
M. Bédard: Je sais que toute comparaison a des nuances,
mais je pense que si ce critère avait été si essentiel,
ceux qui nous ont précédés comme gouvernement auraient pu
l'indiquer, eux aussi lorsqu'ils ont eu à donner des instructions
à des commissions permanentes de confectionner une carte
électorale.
M. Gratton: M. le Président, jusque-là... M.
Bédard: Je comprends cependant que...
M. Gratton: ... on me permettra de dire que, si l'ancien
gouvernement a manqué à ses devoirs vis-à-vis de
ça, je le regrette autant si c'est ce que le ministre veut
dire...
M. Bédard: Non, justement...
M. Gratton: Si ce n'était pas clair dans l'esprit de
certains, quant à moi, c'était très clair qu'avec une
norme de 32 000 électeurs, on fixait à un maximum le nombre de
comtés.
M. Bédard: Justement, je ne veux pas dire que...
M. Gratton: Quant à moi, si ce n'était pas assez
clair...
M. Lavoie: M. le Président...
M. Gratton: ... c'est une erreur que l'ancien gouvernement a
faite.
M. Bédard: Je tiens à corriger. Je ne veux pas dire
que l'ancien gouvernement a manqué de jugement. Au contraire, sur cet
aspect particulier, j'ai plutôt la même ligne de pensée,
tout en étant conscient, par exemple, que précédemment
c'était l'Assemblée nationale qui décidait en dernier
ressort. Maintenant, encore une fois, je crois que les commissaires vont faire
preuve de pondération, avec toutes les remarques qui ont
été faites.
M. Lavoie: Juste un mot sur ce sujet. Jusqu'au moment où
la commission actuelle a fait son quatrième rapport en 1973, elle
proposait justement en 1973, il y a à peine... Non, juste avant 1976.
D'ailleurs, il y avait un projet de loi en 1976 qui est resté au
feuilleton, qui était de 112 députés exactement.
Une voix: ...
M. Lavoie: Bon! Je pense que c'est tout à fait dans la
continuité de proposer 112 aujourd'hui avec des ajustements. C'est
très logique et, tant que ça se limitait à 110 ou 112, on
ne voyait pas l'à-propos de mettre nécessairement le nombre dans
la loi. Mais aujourd'hui, lorsqu'il y a un danger d'aller à 121, comme
le dit le cinquième rapport, et maintenant peut-être à 125
et 130, c'est le temps, je crois, de mettre des contraintes.
M. Fontaine: ... répéter... M. Bédard:
Alors...
Le Président (M. Laberge): L'amendement du
député de Laval selon lequel l'article 3 soit modifié en
ajoutant au début l'alinéa suivant: "Le nombre des
circonscriptions électorales ne doit pas excéder 112", sera-t-il
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
M. Fontaine: Rejeté.
M. Bédard: Rejeté. Le député
de...
M. Lavoie: Écoutez, je n'ai entendu qu'adopté, M.
le Président.
M. Bédard: Le député de Laval se retrouve
seul avec sa formation sur ce point.
M. Lavoie: Non, le député de Gatineau... Un
instant!
M. Bédard: Non, avec sa formation. M. Lavoie: C'est
une grosse formation... M. Gratton: Non, je voudrais...
M. Lavoie:... qui représente 62% de la population du
Québec actuellement.
M. Gratton: Je voudrais qu'on sache que ce n'est pas par
solidarité que je vote, c'est par conviction personnelle.
M. Bédard: Et moi de même.
M. Gratton: Cela fait rire le député de
Nicolet-Yamaska. Il n'entend pas parler souvent de ça.
M. Bertrand: Est-ce qu'on peut faire un autre amendement, M. le
Président?
M. Fontaine: C'est parce que je ne suis pas habitué de
vous entendre parler de conviction.
Le Président (M. Laberge): Cet amendement est
rejeté sur division, selon les voix que j'ai entendues.
M. Bédard: Nous aurions, M. le Président, une
motion pour renumérotation. J'imagine qu'on peut tenir pour acquis que
ça va... (22 heures)
Le Président (M. Laberge): Un instant!
M. Fontaine: M. le Président, un instant, on n'a pas
fini!
Le Président (M. Laberge): Ah non, on n'a pas fini.
L'article 3 ainsi amendé sera-t-il adopté?
M. Fontaine: Un instant, M. le Président, je pense que le
député de Vanier a une motion d'amendement à proposer.
M. Lavoie: Bien non, il est 22 heures; on finit? M.
Bédard: M. le Président, nous...
M. Fontaine: Je vais en faire une si le député de
Vanier n'en a pas.
M. Bédard: Bon! et on votera là-dessus.
M. Bertrand: II faudrait savoir si on a le temps ou non.
Le Président (M. Laberge): II n'y a plus d'heure.
M. Lavoie: Vous le ferez à l'étape du rapport.
M. Bédard: Non, M. le Président, on a eu le temps
de... cinq minutes et on termine.
M. Lavoie: Est-ce que vous avez d'autres amendements, vous?
M. Bédard: Non, on n'a pas d'autres amendements.
Le Président (M. Laberge): L'article 3 amendé
sera-t-il adopté?
M. Fontaine: M. le Président. M. Lavoie: Sur
division.
M. Fontaine: J'ai quelque chose à proposer. Cela a
été accepté en principe tantôt. Je voulais qu'on
inclue à l'article 3 les principes de l'article 7. C'est important.
C'est justement, vous n'avez vraiment rien compris à la loi. On indique
à l'article 7 des principes qui sont bons pour les secteurs
électoraux. S'ils sont bons pour les secteurs électoraux, ils
sont bons aussi pour les circonscriptions.
Je voudrais simplement proposer qu'au deuxième alinéa de
l'article 3 on ajoute: "elle respecte également
l'homogénéité socio-économique et les
frontières naturelles du milieu ainsi que les limites des
municipalités".
M. Lavoie: Si elle le respecte pour les secteurs
électoraux, elle le respecte nécessairement pour les
municipalités, pour une division électorale...
M. Bédard: Non.
M. Lavoie: Bien oui, si on respecte les limites des
municipalités pour les secteurs électoraux, on les respecte
nécessairement pour les circonscriptions.
M. Bédard: Non.
M. Fontaine: Non.
M. Lavoie: Une circonscription est une addition de secteurs
électoraux.
M. Dussault: Mais ils ne sont pas nécessairement
homogènes. Les différents secteurs, les uns avec les autres, ne
sont pas nécessairement homogènes. C'est là qu'on aurait
des comtés de pauvres et des comtés de riches qu'on
refusait...
M. Lavoie: C'est cela, je suis contre.
M. Dussault: Alors, on n'est pas d'accord avec l'amendement de M.
le député de Nicolet-Yamaska.
M. Lavoie: Je suis heureux de vous entendre dire que si on
acceptait on aurait des comtés de pauvres et de riches. Avec la
loi...
M. Dussault: C'est un gros risque.
M. Lavoie: Avec la loi actuelle vous allez avoir des secteurs
électoraux de pauvres et de riches...
M. Fontaine: M. le Président, je demande un vote
enregistré.
M. Bédard: Je sais qu'on n'a pas le temps de discuter,
mais la comparaison cloche.
M. Dussault: Le député va tous les
représenter, par exemple.
Le Président (M. Laberge): L'amendement a
été lu. Il s'agit de transporter l'article 7 dans l'article 3 au
troisième alinéa. Est-ce que cet amendement sera adopté?
On demande un vote enregistré. Le député de
Nicolet-Yamaska demande qu'à l'article 3 un troisième
alinéa soit ajouté en disant: "elle respecte également
l'homogénéité socio-économique et les
frontières naturelles du milieu ainsi que les limites des
municipalités". Cet amendement sera-t-il adopté?
Une voix: Vote enregistré.
Le Président (M. Laberge): On a demandé le vote
enregistré.
M. Lavoie: Circonscription électorale, ce n'est pas cela.
J'explique mon vote du fait que n'étant pas favorable aux secteurs
électoraux je ne peux pas être favorable aux circonscriptions de
vote.
M. Bédard: Quoique la réalité d'un secteur
électoral ne soit pas la même du tout que la réalité
de l'ensemble d'un comté, c'est la différence.
M. Lavoie: Ne m'engueulez pas, je vais voter avec vous
autres!
M. Bédard: Mais je peux être en désaccord
avec votre base de données.
Le Président (M. Laberge): Alors, il est rejeté sur
division.
M. Fontaine: Non, j'ai demandé un vote enregistré,
M. le Président, j'ai le droit.
Le Président (M. Laberge): Alors, j'appelle le vote, M.
Bédard (Chicoutimi)?
M. Bédard: Contre.
Le Président (M. Laberge): Mme LeBlanc-
Bantey (Îles-de-la-Madeleine), M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Gratton (Gatineau)?
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska)?
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Laberge): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Lavoie (Laval)?
M. Lavoie: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Pour. Vous m'avez mal placé... Je vote pour
à la place du député...
Le Président (M. Laberge): L'amendement est rejeté
à cinq contre deux.
L'article 3 amendé est-il adopté?
M. Fontaine: Adopté.
M. Lavoie: Division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
Avant l'article 4, j'avais ici l'article 3.1 présenté par le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Lavoie: Cela a été adopté.
Le Président (M. Laberge): Non, cela a été
suspendu. Il faut le retirer ou le rejeter parce qu'il est remplacé par
l'article 4.
M. Bédard: Celui-là est retiré, il est
remplacé par l'autre qui est adopté.
Le Président (M. Laberge): C'est cela, mais il faut que ce
soit clair. Alors, l'article 4 amendé est-il adopté? À
l'article 4, on a ajouté un paragraphe pour les
Îles-de-la-Madeleine et il a été suspendu.
M. Fontaine: Est-ce que vous gardez l'article 4 actuel aussi?
Le Président (M. Laberge): Oui. C'est ajouté
à l'article 4.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec
amendement.
M. Bédard: L'article 4 au complet est adopté.
Le Président (M. Laberge): II est adopté avec
amendement.
M. Fontaine: Motion de renumérotation...
M. Bédard: Je ferais une motion de renumérotation,
M. le Président.
Le Président (M. Laberge): J'accepte la motion de
renumérotation et le projet de loi a été
étudié en entier. Il est adopté avec les amendements. Je
demande au rapporteur de faire rapport à l'Assemblée
nationale.
Cette commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 22 h 6