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Etude des crédits du Conseil
exécutif
(Seize heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre messieurs!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer les travaux en vue
d'étudier les crédits budgétaires du ministre d'Etat au
Développement économique, qui est, d'après les
renseignements, le Conseil exécutif, programme 3, élément
1.01.
Les membres de cette commission sont M. Bertrand (Vanier), M.
Charbonneau (Verchères), M. Dussault (Châteauguay), M. Laberge
(Jeanne-Mance), M. Le Moignan (Gaspé), pour les besoins de la
circonstance, remplacé par M. Goulet (Bellechasse), selon les ententes
prévues; M. Levesque (Bonaventure), M. Morin (Louis-Hébert), M.
Paquette (Rosemont), M. Ryan (Argenteuil), remplacé par M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce); M. Samson (Rouyn-Noranda). En même temps, M.
Morin (Louis-Hébert), remplacé par M. Landry (Fabre).
Donc, nous pouvons commencer les travaux de cette commission.
M. le ministre.
Ministère d'Etat au Développement
économique
Remarques préliminaires
M. Bernard Landry
M. Landry: M. le Président, chers collègues, vous
voyez, d'après la présentation des crédits, suivant les
objectifs par programme, que le programme que nous abordons est décrit
d'une façon assez laconique, comme je le faisais valoir avant le
début de la séance à notre collègue de l'Union
Nationale, ce qui ne veut pas dire qu'il ne recoupe pas un certain nombre de
réalités importantes. Pour faciliter votre travail, qui a comme
base l'ensemble de l'action du ministre d'Etat au Développement
économique, je vais faire un petit exposé initial qui met un peu
plus de chair autour des quelques chiffres que vous avez là, qui sera
quand même restreint. A moins que vous ne me disiez le contraire,
j'imagine que vous voulez également faire des exposés et surtout
poser des questions, alors, je parlerai le moins longtemps possible pour que la
période qui nous est allouée vous permette d'aller au fond de
toutes les choses que vous souhaitez approfondir.
D'abord, en résumé, un appel structurel. Le présent
gouvernement a inauguré cette formule des comités
ministériels permanents de développement, visant un chapitre ou
l'autre des grands secteurs de l'activité gouvernementale qui sont
greffés sur les activités de la collectivité
elle-même, au nombre desquels se trouve le développement
économique.
Sur le plan structurel, c'est relativement simple. Ce comité est
présidé par un ministre, qui est le ministre d'Etat au
Développement économique, et regroupe tous les ministres
dirigeants des ministères à vocation économique entendue
au sens assez large du terme.
Ces ministres se réunissent, en principe, à tous les
quinze jours. Je dis: En principe, car il faut tenir compte de certaines
périodes de vacances et certaines périodes plus
mouvementées, ce qui nous a amenés à nous réunir 70
fois au cours du présent mandat de ce gouvernement. (16 h 45)
Ces réunions ont pour objet d'étudier d'abord les plans de
développement à plus long terme des activités de chacun
des ministères. Tous les projets des ministères qui ont un
caractère important et exceptionnel nous ne nous penchons pas sur
l'action quotidienne des ministères, bien entendu et
également tous les projets des divers ministères qui ont un
impact sur l'action ou la politique d'autres ministères sectoriels.
Pour résumer la pensée qui était à l'origine
de la création de ces comités, pensée qui a
évolué à travers à peu près tous les
gouvernements du Québec, le comité de développement
économique a pris la relève d'un comité analogue sous le
précédent gouvernement, qui était le comité des
richesses naturelles. La pensée qui était à l'origine de
ce comité et maintenant de ces comités à travers plusieurs
gouvernements occidentaux, c'est la réduction des impérialismes
ministériels sectoriels, l'ajustement de leurs diverses politiques de
façon que ces politiques s'épaulent les unes par rapport aux
autres plutôt qu'être antagonistes, comme on en a vu des exemples
assez pénibles dans le passé non seulement au gouvernement du
Québec, mais au gouvernement de l'Ontario qui avait inauguré et
innové dans cette voie il y a cinq ou six ans et dans deux gouvernements
du Canada, celui des libéraux, version d'avant la défaite
électorale où il y avait un comité de développement
économique analogue qui existait, et celui des conservateurs qui en
avaient mis un sur pied, qui était présidé, comme chacun
s'en souvient, par M. de Cotret.
C'est donc ça, en gros, l'action du comité
ministériel permanent du développement économique. On y
procède par mémoires venant des ministères, par critiques
venant du président et du personnel de secrétariat, ce qu'on
appelle le mémoire du secrétariat et, quand les ajustements sont
faits et que les confrontations sont liquidées, la décision
finale, comme ça fait partie de la base de nos institutions, est
référée au Conseil exécutif qui peut, alors,
prendre une décision beaucoup plus rapide, beaucoup plus
éclairée, parce que six, sept ou huit de ses membres ont
déjà consacré du temps à l'étude du projet
en question.
L'action du ministre d'Etat au Développement économique ne
se borne pas évidemment à faire fonctionner et à
présider ce comité, elle déborde sur d'autres secteurs de
l'activité gouvernementale, en général par suite du mandat
qui a été
confié au ministre d'Etat au Développement
économique par l'arrêté en conseil créant ce poste
ou par des mandats spécifiques donnés par le Conseil des
ministres.
Les plus importants de ces mandats sont la surveillance, le
contrôle, la promotion de toutes les activités dites de
concertation du gouvernement et qui relèvent de la problématique
économique.
Il y a d'autres activités de concertation comme celles qu'on a
vues à l'occasion du sommet sur les industries culturelles, qui
n'étaient pas coordonnées par le développement
économique, l'ensemble des sommets et mini-sommets, les grands sommets
économiques, celui de Pointe-au-Pic, celui de Montebello et la douzaine
et un peu plus de sommets sectoriels et même sous-sectoriels, parce qu'en
agriculture on en a ajouté une demi-douzaine qui touchaient des secteurs
aussi précis que l'élevage porcin, que l'industrie
laitière, et ces activités sont coordonnées, encore une
fois, par le ministre d'Etat au Développement économique.
Une autre opération majeure du gouvernement, depuis sa
création, et coordonnée par un comité que je
préside, c'est l'opération solidarité économique.
Ce comité, à part moi-même, comprend le ministre d'Etat au
Développement social et le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, qui est surtout là, d'ailleurs, à cause de sa
qualité de membre du Conseil du trésor. Cette activité de
l'opération solidarité économique est administrée,
comme vous le savez, de façon décentralisée par chacun des
ministères sectoriels, sauf une opération qui est confiée
à l'OPDQ, mais la coordination générale, la
décision d'insérer ou de ne pas insérer tel ou tel
programme dans l'opération solidarité économique, la
conception de programmes nouveaux se fait au niveau central au
secrétariat au développement économique. Egalement,
toujours en vertu de cet arrêté en conseil général,
mes fonctions de conception, non pas de planification, je me suis
déjà expliqué devant vous pour dire que je trouve ce mot
un peu fort, mais de conception des stratégies de développement
économique, m'ont conduit à publier, comme vous le savez, les
énoncés de politiques économiques du gouvernement, il y a
maintenant une dizaine de mois, en fait c'est en septembre dernier,
énoncés intitulés Bâtir le Québec, dans la
version originale et dans la version abrégée. Cette publication a
été suivie d'une tournée extensive à travers toutes
les régions du Québec. La tournée avait été
inaugurée à Montréal et a aussi été
clôturée à Montréal, mais elle avait eu des villes
étapes à peu près dans toutes les régions
économiques importantes. Il y a donc Bâtir le Québec et un
certain nombre d'études connexes, dont une étude sur
l'épargne, qui est en cours et qui sera publiée après que
les diverses itérations qu'elle doit suivre au Conseil des ministres et
dans les divers comités auront été franchies, et une autre
étude, qui est aussi un accessoire de Bâtir le Québec, qui
est un approfondissement de toute la problématique du
développement de l'économie québécoise à
partir du potentiel énergétique et du potentiel
hydro-électrique en particulier.
Enfin, et c'est la dernière chose que je dis, dans cette
introduction descriptive des activités du programme qui est
décrit de façon si laconique, la dernière chose que je
dis, c'est que le premier ministre m'a confié la responsabilité
de coordonner tous les travaux de la Direction de la planification de l'Office
de planification et de développement du Québec. La Direction de
la planification est, avec la Direction de l'aménagement, une des
directions les plus importantes de cet office, dont vous connaissez le
fonctionnement. C'est théoriquement mon collègue, le ministre
d'Etat à l'Aménagement, qui répond globalement de l'Office
de planification, mais je suis à votre disposition pour répondre
spécifiquement à tout ce qui touche les travaux et les
études de la partie planification qui, encore une fois, relève de
moi quant à la planification, la conception des programmes,
l'approbation des études et le fait de les rendre publiques, comme nous
le faisons dans tous les cas.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président. Comme le ministre l'a
constaté, c'est une bonne occasion de poser des questions au ministre
sur les politiques économiques en général. Je pense que le
ministre est assez polyvalent, il a des responsabilités dans plusieurs
dossiers. Il y en a plusieurs que j'aurais aimé aborder, entre autres le
programme OSE, la politique d'épargne, l'investissement étranger,
mais je pense qu'avec le temps limité que j'ai à ma disposition,
je vais commencer par le programme Bâtir le Québec. S'il y a lieu,
après que mon collègue aura parlé, je vais revenir aux
autres programmes.
Comme le ministre l'a dit, ça fait maintenant dix mois que
Bâtir le Québec a été rendu public. J'ai la nette
impression que c'est un document qui est bel et bien sur les tablettes et que
le gouvernement n'a aujourd'hui aucune intention de faire suite à ses
recommandations. Je pense que je vais faire deux commentaires de nature
générale. Le premier, c'est qu'il y a deux éléments
dans ce document qui sont maintenant caducs, à toutes fins pratiques. Ce
document a été conçu dans un cadre de
souveraineté-association; partout, de la première page à
la dernière, un élément de base, c'est
l'impossibilité de vivre dans le cadre fédéral. A titre
d'exemple, il y a toute une partie d'un chapitre, dans la première
partie du document. Et il y a deux ou trois autres endroits où c'est
traité d'une façon assez détaillée.
Maintenant, c'est clair que les Québécois ont rendu une
décision là-dessus: ils veulent rester dans un cadre
fédéral. C'est clair que ce document a besoin d'être refait
non pas pour essayer de démontrer l'impossibilité de vivre dans
un cadre fédéral, mais, si le ministre veut faire suite à
la déclaration du premier ministre qui a dit qu'il veut essayer de
travailler loyalement dans un régime fédéral, pour rendre
notre système fédéral, comme
la grande majorité, semble-t-il, des Québécois le
veut, plus souple, plus efficace. Il est clair que, dans ce document, la ligne
conductrice, c'est que le fédéralisme ne peut pas marcher. Et
comme je l'ai dit, c'est caduc.
Il y a un autre élément qui est également caduc et
c'est la déclaration qu'il faut maintenant miser surtout sur
l'entreprise comme base, comme moteur économique. Et je dis que c'est
caduc parce que, quelques mois après le dépôt de ce
document, le parti a rendu publique la dernière version de son
programme, dans lequel, même s'il avait pris connaissance de Bâtir
le Québec, il répétait très clairement qu'il
n'était pas d'accord. Et je cite au chapitre III, sur les entreprises:
"Le gouvernement du Parti québécois s'engage à
reconnaître que l'activité économique est conduite par
différents agents... et à favoriser comme forme prioritaire
d'intervention dans l'économie une extension soutenue du secteur
public."
C'est clair que cette déclaration faite par le Parti
québécois, à la suite du dépôt du document du
gouvernement du Parti québécois, est une contradiction flagrante.
Et on est encore dans le problème que le chef de l'Opposition officielle
a soulevé aujourd'hui. Le gouvernement est obligé de porter deux
chapeaux, un pour le parti, dans lequel ils vont respecter l'idée qu'une
forme prioritaire d'intervention dans l'économie, c'est "une extension
soutenue du secteur public." Je parle d'un document qui a été
rendu public par le parti après que Bâtir le Québec eut
été rendu public et qui disait exactement le contraire.
Ces deux questions, ces deux contradictions à l'intérieur
du document Bâtir le Québec, à mon avis, le rendent caduc,
et c'est probablement la raison pour laquelle très peu de ce document a
été réalisé.
M. le Président, dans un effort pour mieux comprendre ce qui est
arrivé avec Bâtir le Québec, j'ai fait une petite analyse.
A la fin, il y a 123 recommandations spécifiques. Elles commencent
à la page 167 et elles se terminent à la page 186. J'ai
essayé de les analyser pour savoir ce qui est arrivé. C'est
là-dessus que je veux poser des questions précises au ministre.
J'ai divisé ces 123 recommandations en quatre catégories.
Premièrement, j'en ai enlevé une trentaine qui sont vides de
contenu. A titre d'exemple, je vous en donne une belle. Il y en a à peu
près trente comme cela. La recommandation sur le tourisme no 94 propose:
"L'adoption graduelle et selon les besoins de programmes spécifiques
d'incitation à l'investissement en fonction des besoins particuliers."
Je pense que tout le monde est d'accord pour dire que ce n'est pas quelque
chose qu'on peut faire, que ce n'est pas quelque chose qu'on peut
évaluer après. Il y en a à peu près une trentaine
comme cela.
Il y en a aussi à peu près 21 qui sont simplement la
déclaration de choses qui ont été déjà
faites. A titre d'exemple, dans ce cas-ci, le no 18, c'est la recommandation
que les sociétés d'Etat soumettent au gouvernement un plan de
développement triennal ou quinquennal. C'est une poli- tique qui
était déjà en vigueur au moment du dépôt du
document Bâtir le Québec. Ce n'est pas quelque chose qu'on se
propose de faire, c'est quelque chose qui a déjà
été réalisé. Une autre, le no 22, propose qu'une
nouvelle loi amendant la loi de la SDI soit faite. Cette recommandation est
clairement une recommandation de faire quelque chose qui est en effet un
changement à la loi de la SDI qui a été fait avant que ce
document soit déposé. Il y en a une vingtaine comme cela, 21
recommandations, ce qui nous laisse avec 71 recommandations que je peux appeler
sérieuses.
J'ai divisé ces 71 recommandations sérieuses dans deux
catégories. Il y en a à peu près 39 ou 40 qui, quant
à moi, nécessitent une loi ou, au moins, une augmentation
substantielle du budget. De plus, il y en a 32 qui visent des nouveaux
programmes, qui n'ont probablement pas besoin d'une loi pour être
réalisés, mais qui visent certainement une démarche
précise. Je veux dire, entre parenthèses, dans cette analyse que
j'ai faite, que j'ai calculé que vous en avez 34 qui vont
nécessiter une augmentation du personnel permanent, et à peu
près 55 qui vont nécessiter un financement permanent. Je veux
signaler que, dans aucun cas dans le document, vous n'avez essayé de
chiffrer le coût pour le personnel qui sera requis dans ces deux cas.
Pour retourner aux deux catégories que je trouve
sérieuses, les nouveaux programmes et les projets qui
nécessitaient des lois, j'en ai pris connaissance pour savoir si au
moins quelques-uns s'étaient déjà réalisés.
Quant à moi, il y en a très peu. Pour les questions que je veux
poser au ministre, je vais prendre quatre ou cinq projets ou recommandations
spécifiques sérieuses dans cette catégorie, et je vais
tout simplement lui demander s'il a besoin de faire suite à ces
recommandations et quand. Cela peut nous donner une meilleure idée de la
façon par laquelle le gouvernement aborde cet énoncé de
politique.
Je vais passer vite au travers la liste. J'en ai à peu
près une douzaine dans chaque catégorie que je pense importantes
et desquelles on n'a pas entendu parler depuis le dépôt de ces
documents. Peut-être le ministre peut-il nous renseigner. Je vais
commencer avec quelques recommandations qui sont importantes pour moi et qui
vont nécessiter probablement ou une loi ou un budget
supplémentaire important. Premièrement, c'est la recommandation
42, la création de la Société d'exportation du
Québec. Est-ce que c'est quelque chose qui sera réalisé
avant la fin de la session? Sinon, quand? Recommandation 41, création de
l'Office québécois du commerce extérieur. (17 heures)
Recommandation 54: participation du gouvernement du Québec
à la mise sur pied d'une banque d'affaires; recommandation je
pense que c'est 24 élargissement du champ d'activité de la
SDI. C'est une nouvelle loi qui sera requise pour permettre à la SDI
d'agir dans le domaine des télécommunications, du transport et de
la recherche industrielle. La recherche industrielle est dans la recommandation
46. Recommandation 6: création
d'une bourse de sous-traitance à Montréal. Je pense que je
suis rendu à 5. Je ne veux pas prendre tout le temps... Je vais vous en
donner cinq qui sont dans le domaine des nouveaux programmes et peut-être
que le ministre pourra répondre aux dix. J'attends simplement qu'il me
dise si cela a été fait. Sinon, quand?
Recommandation 3, les programmes de création d'un conseil
économique et social; recommandation 25, un programme omnibus visant la
création de groupements d'intérêt; recommandation 83: le
nouveau programme de modification des tarifs ferroviaires; recommandation 90:
nouvelle politique des conditions de fourniture d'électricité.
Finalement, il y en a plusieurs ici, je peux les prendre un peu au hasard.
Recommandation 99: programme de promotion à l'extérieur des
installations portuaires. Comme je l'ai dit, j'en ai à peu près
une trentaine comme ça.
En voici cinq... Je veux simplement pour le bénéfice de
tout le monde que le ministre nous donne... Comme je l'ai dit, j'accepte le
fait que ce n'est pas du tout inévitable que les 123 propos, ou
même les 71 sérieux, soient en vigueur dix mois après que
Bâtir le Québec a été rendu public, mais je pense
que nous avons le droit au moins de savoir quel est le "batting average", comme
on dit. S'il peut commencer avec la première, la Société
d'exportation du Québec, et continuer avec celles qui sont sur la liste,
je pense que ça va intéresser tout le monde afin qu'on sache
où nous sommes rendus.
Le Président (M. Jolivet): Avant de laisser la parole au
ministre, simplement un petit problème technique. Je dois confirmer dans
son travail le rapporteur de cette commission, ce qui n'a pas été
fait au début.
M. Landry: Pardon?
Le Président (M. Jolivet): Simplement confirmer dans ses
droits et devoirs le rapporteur de cette commission.
M. Landry: Parfait!
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, la parole est
à vous.
M. Bernard Landry
M. Landry: Bon! J'ai été surpris de certains propos
du député de Notre-Dame-de-Grâce, parce qu'ils contenaient
un certain nombre d'assertions carrément fausses, mais alors
carrément fausses! C'est de notoriété publique, le moindre
étudiant de CEGEP qui suit le 820, qui est un cours d'économique,
a lu ça dans les journaux. Cela m'a surpris et je me suis rendu compte
qu'il fallait être indulgent pour le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Il prend la relève d'un homme qui a
quitté son parti et qui était le vrai spécialiste des
questions économiques, qui avait la formation universitaire, qui avait
la formation professionnelle, qui avait le passé d'ancien
président du Conseil économique du Canada, et je comprends que ce
soit une lourde tâche pour le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Je pense qu'on ne doit pas lui tenir rigueur, après quelques
jours d'entraînement de réalités complexes qui sont
difficiles à comprendre pour lui, qu'il nous donne une
démonstration d'une telle méconnaissance des
réalités de Bâtir le Québec en particulier, mais
j'en déduis qu'il ne connaît guère plus...
M. Scowen: M. le Président, excusez-moi, question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Question de règlement,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Le ministre a commencé en mettant ma
compétence en doute. J'ai eu le plaisir de recevoir des leçons
d'économie pendant un an et demi de votre ministre de l'Industrie et du
Commerce, M. Tremblay. Chaque intervention qu'il a faite pendant deux ans
contenait: Je vais vous donner une leçon d'économie.
Je ne veux pas commencer avec un autre homme qui n'est pas aussi fort en
économie que M. Tremblay.
M. Landry: Cela confirme ce que je dis, parce que M. Tremblay
parlait quelques minutes par jour quand il était questionné et il
n'y a jamais un gars qui est devenu économiste et compétent
à écouter des cours pendant quelques minutes par jour.
Dans les CEGEP on sait ça, ça prend plusieurs heures
même par semaine pour acquérir le degré, le plus
élémentaire.
Donc, à la décharge du député de
Notre-Dame-de-Grâce, cela... Une autre chose aussi. Je comprends qu'il
soit désorienté, son propre parti n'a aucun programme
économique, aucune orientation économique et leurs amis, ceux du
Conseil du patronat, qui sont pratiquement, à certains égards,
l'annexe du Parti libéral, le leur reprochent. C'est rendu que le
Conseil du patronat se désole que vous n'ayez aucune pensée et
aucune politique économique. Je comprends que vous puissiez arriver aux
commissions parlementaires...
M. Scowen: Les gens commencent à s'intéresser aux
nôtres beaucoup plus qu'aux vôtres parce que...
M. Landry: C'est dans les journaux de ce matin. ... dans un tel
état d'impréparation pour des raisons intuitus personae, d'une
part, et pour des raisons qui tiennent à l'inexistance de quelque
politique économique et sociale que ce soit connue de la part du Parti
libéral.
Cela dit, après avoir manifesté mon indulgence, je vais
rétablir certains faits qui sont d'une fausseté invraisemblable.
Le député a commencé par dire que parce qu'il y avait eu
référendum, Bâtir le Québec était caduc. Or,
devant la presse
nationale réunie, lorsque nous avons rendu public Bâtir le
Québec, dans toutes les régions du Québec, puisque cela a
été l'objet d'une tournée intensive dans une quinzaine de
villes étapes, il a été répété
jusqu'à satiété qu'il s'agissait d'un programme d'action
pour la fin du mandat du présent gouvernement, c'est-à-dire un
horizon à partir de la date où il a été
publié, de 10,15,18, 20 mois.
A cette date vous voyez que vous n'avez pas dit la
vérité à la commission, non pas par mauvaise foi, mais
sans doute par incompétence M. le Président...
D'après la tradition parlementaire, j'ai le droit de parler au
président, mais vous regarder, afin que chacun sache, M. le
Président, que quand je dis des choses dures à votre endroit, ce
n'est pas vraiment vers votre personne...
M. Scowen: Que le ministre ne s'inquiète pas, je... Il
peut se calmer et essayer de répondre aux questions.
M. Landry: ... que ces choses sont dirigées... Le
Président (M. Jolivet): J'en suis assuré.
M. Landry: Aussi en plus, M. le Président, vous savez que
dans cette Assemblée...
M. Scowen: Est-ce qu'il veut qu'on suspende pendant cinq minutes
pour qu'il puisse se calmer?
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
ne pense pas que le ministre vous ait interrompu pendant votre exposé.
Je vous demanderais...
M. Scowen: Je ne l'ai pas insulté non plus.
Le Président (M. Jolivet): Non, mais je vous
demanderais...
M. Landry: Dans cette Assemblée, M. le Président,
je pense que chaque membre a le droit de porter son regard où il veut
quand il parle. D'ailleurs, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec
le député de Notre-Dame-de-Grâce, je pourrais porter mon
regard un peu plus à droite, ce serait peut-être plus
consolant.
Sur ce, je reviens...
M. Scowen: Je pense que vous n'aurez pas de réponse...
M. Landry: ... à cette fausseté que vous avez
exprimée en disant que Bâtir le Québec est caduc en raison
des résultats du référendum.
Ceci est diamétralement faux et contraire à la
vérité, et mine la crédibilité de tout ce que vous
avez dit par la suite, mais systématiquement, je dirai que ce que vous
avez dit par la suite aussi n'était pas exact. Je vous mets au
défi de relire les journaux de l'époque, de consulter les
journalistes qui étaient présents quand Bâtir le
Québec a été présenté. Cette
stratégie de politique économique non seulement ne misait pas sur
un contexte de souveraineté-association, mais spécifiait
clairement qu'un très grand nombre de ces constats et de la
problématique qui avait été établie pouvait
être contré sans que les modifications importantes au
régime constitutionnel canadien ne soient intervenues, sauf
évidemment et je pense que sur la réforme de la
constitution vous êtes tous d'accord que tant que le Québec
n'aura pas plus de pouvoir en matière économique, en particulier,
certains objectifs qui peuvent être atteints difficilement,
péniblement, et en prenant plusieurs années, pourraient
être atteints plus rapidement si les responsabilités entre les
deux niveaux de gouvernement étaient bien départagées.
Alors, je termine sur ce point en disant que je voudrais que le
député m'explique comment il relie le résultat du
référendum et la caducité de Bâtir le Québec,
alors qu'il était clair que c'était un programme d'action
à moyen terme. D'aucune manière la
souveraineté-association n'aurait pu être négociée
ou mise en vigueur dans le moyen terme. Et savez-vous ce que c'est le moyen
terme en économie? Parce que c'est la première chose qu'on
apprend à la première leçon au CEGEP. Savez-vous ce que
c'est que le moyen terme? Si vous savez ce que c'est le moyen terme ce n'est
pas Bâtir le Québec qui est caduc, c'est ce que vous avez dit au
sujet de Bâtir le Québec qui non seulement est caduc, mais
faux.
Maintenant, sur le pourcentage de réalisation. Encore une fois,
nous n'avons jamais dit que dans dix mois nous allions réaliser
l'ensemble de ce qui est mentionné dans cette programmation et cet
énoncé de politique. Nous avons même insisté sur ce
fait et je pense qu'on finira par avoir l'accord de l'Opposition et des
oppositions que ça irait plus vite si le gouvernement du
Québec avait plus de moyens, plus de pouvoirs, plus d'argent, ce qu'il
aura quand la constitution du Canada aura été reformée en
profondeur. Et si j'ai bien compris, c'est l'objectif que vous poursuivez dans
votre formation politique. Ceci dit, à peu près 60% de tout ce
qui est préconisé dans Bâtir le Québec est
réalisé, sans, par ailleurs et là je vous le
concède mettre de qualifications par voie d'importance. Beaucoup
de choses sont très importantes, d'autres le sont moins. On est
allé jusque dans l'horticulture, la culture des carottes, des choux,
alors il faut faire des pondérations. Environ 60% est
réalisé.
Vous avez dit, et à bon droit, que certaines choses qui sont
expliquées dans cet énoncé étaient
déjà en vigueur quelques mois avant qu'il soit publié.
D'accord, concedo. Cela découle de la nature même des choses. Les
équipes qui ont travaillé à Bâtir le Québec
ont travaillé pendant au-delà de deux ans à recueillir des
données dans tous les ministères; c'est d'ailleurs un travail qui
n'a pas de précédent dans l'administration publique. Quand le
député de Notre-Dame-de-Grâce était fonctionnaire au
MIC, son ministre avait bien voulu faire un énoncé de politique
économique, mais il n'avait jamais été capable de lui
faire traverser l'assentiment du Conseil exécutif. Je le sais
parce que mes collaborateurs dans Bâtir le Québec, pour la
plupart d'entre eux, sont des fonctionnaires professionnels qui étaient
déjà là du temps des libéraux. Certains ministres,
comme M. Guy Saint-Pierre, voulaient procéder par grand
énoncé, mais ils étaient face à un cabinet trop
rétrograde. En tout cas, c'est l'hypothèse la plus favorable
vis-à-vis de M. Saint-Pierre, votre ancien ministre, pour qu'un tel
document ne franchisse l'étape décisionnelle. (17 h 15)
Dans notre cas, nous avons franchi l'étape décisionnelle,
mais quand une politique a été acceptée au début
des travaux, le député de Notre-Dame-de-Grâce aura
été le premier à nous reprocher amèrement de
bloquer la politique, parce que le livre n'était pas publié. Ce
n'est pas la publication du livre qui est importante, c'est l'action.
Effectivement, en cours de travaux, quand on était sûr d'une
politique, même si elle n'était pas publiée pour l'ensemble
des agents économiques du Québec, on a pensé que, dans
l'intérêt de la population du Québec, des entreprises et
des syndicats, il valait mieux la mettre en vigueur, et c'est ce que nous avons
fait.
M. Scowen: On aurait pu mettre la nationalisation de
l'Hydro-Québec, dans ce cas.
M. Landry: Là, on est en pleine absurdité.
M. Scowen: Exactement, je suis complètement d'accord avec
vous.
M. Landry: On est en pleine absurdité. La nationalisation
de l'Hydro-Québec...
M. Scowen: Les réalisations du passé, dans un
énoncé de politique économique.
M. Landry: ... intervenue en 1944 Montreal Light and
Power, premier mouvement du gouvernement du Québec et de la
collectivité québécoise pour s'assurer le contrôle
de ses richesses naturelles a été complétée
en 1962, par la nationalisation de onze compagnies d'électricité,
par un gouvernement qui avait comme ministre des Richesses naturelles et comme
principal instigateur de cette opération l'actuel premier ministre. Je
ne vois pas ce que cela peut avoir à faire entre des mesures qui ont
été conçues durant le mandat du présent
gouvernement, qui n'est pas du même parti, qui n'est pas à la
même époque, et le temps où elles ont été
publiées dans un ouvrage qui s'appelle Bâtir le Québec.
Donc, une autre intervention surprenante et à contre-temps du
député de Notre-Dame-de-Grâce, parce que je ne l'ai pas
interrompu pour ma part.
M. Scowen: J'ai été très poli.
M. Landry: Je continue. Je ne dis pas que vous n'avez pas
été poli dans le contenu de vos paroles, je dis que vous n'avez
pas été poli en me coupant la parole à douze ou quinze
reprises de- puis que j'ai commencé à vous répondre, alors
que j'ai observé un silence respectueux à toutes les minutes de
votre intervention. Non seulement j'ai écouté, mais j'ai pris des
notes. Maintenant, je vais y répondre de façon plus
systématique.
Je vous ai donc dit qu'il y a déjà plus de 60% des
éléments de Bâtir le Québec qui sont en place. Je
vous rappelle que Bâtir le Québec a servi dans
l'élaboration du processus budgétaire. Cela a été
le critère premier de l'établissement des priorités en
matière budgétaire, ce qu'a clairement dit d'ailleurs, si vous
l'aviez également écouté le ministre des Finances, dans
son discours du budget.
Je me propose, du reste, de publier en septembre, de rendre public,
à tous les agents qui ont eu Bâtir le Québec entre les
mains, un compte-rendu complet de la réalisation de tous les programmes
qui y sont mentionnés, mais j'en ai déjà ici un volumineux
aperçu et je vais m'en servir dans ma réponse.
Par exemple, comment le député de
Notre-Dame-de-Grâce peut-il fermer les yeux sur un élément
majeur de Bâtir le Québec, qui est une politique aussi importante
peut-être que ce qu'on fait en matière d'amiante, presque
comparable à ce qu'on fait en électricité, pour lequel il
a voté lui-même, le fonds forestier et son impact sur les travaux
sylvicoles? Je pose une question bien simple au député de
Notre-Dame-de-Grâce: A-t-il voté, s'il était en Chambre,
pour le fonds forestier, à l'une ou l'autre des trois lectures, et
a-t-il remarqué que le fonds forestier était une des
pièces majeures de l'énoncé de politique
économique, Bâtir le Québec.
Quant à l'Office québécois du commerce
extérieur là, je le dis à la décharge du
député qui n'est pas obligé de savoir tout ce qui se passe
à l'intérieur du gouvernement et l'action quotidienne, surtout
quand il ne pose pas de questions à ce sujet je lui annonce, s'il
ne le sait déjà mais ce n'est pas sa faute s'il ne le sait
pas que l'Office québécois du commerce extérieur
est virtuellement en place, au complet. Cela a été publié
dans les journaux. Je veux bien être indulgent, mais...
Son directeur est M. Marcel Bergeron, un de vos anciens
collègues, un des anciens collègues du député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. Scowen: Très bon choix.
M. Landry:... qui était notre délégué
général à New York, qui a été
rapatrié de New York pour prendre la charge de cet office qu'il est en
train de mettre en place et dont les tenants et aboutissants seront rendus
publics sous peu par mon collègue de l'Industrie et du Commerce qui a
préféré avoir tous ses hommes en place et être
capable de vous donner matière à appréciation avant de
rendre public ce qu'il faisait. Les ministres ne rendent pas publique au jour
le jour la moindre décision qu'ils prennent.
M. Scowen: Merci.
M. Landry: Je pense que c'est normal. Autrement, le gouvernement
ne pourrait pas fonctionner. Sauf quand l'Opposition, suivant ses droits
sacrés, pose des questions. Autrement, je pense que ce ne serait pas
pratique et aucun gouvernement occidental ne fait cela.
Mais mon collègue de l'Industrie et du Commerce rendra publique
cette information et répondra à toutes vos questions sur l'Office
québécois du commerce extérieur qui, encore une fois, est
virtuellement en place.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce a sûrement
entendu parler aussi parce que cela a été annoncé
et rendu public du programme spécial d'aide aux industries du
secteur traditionnel que l'on appelle textile, bonneterie et vêtement. Je
lui pose la question. N'a-t-il pas lu cela dans les journaux? C'est aussi au
coeur de l'exposé Bâtir le Québec.
M. Scowen: C'est quelle recommandation, celle-là?
M. Landry: Je peux vous la donner par numéro.
Une Voix: Vous n'avez pas fait vos leçons?
M. Landry: Je vais vous donner, dans quelques minutes, la page et
la référence précises.
M. Scowen: Merci.
M. Landry: Maintenant, pour l'activité de la SDI dont il
est fait mention, il a été également rendu public que la
SDI a connu, en 1979-1980, dans son année d'activité, une
augmentation de 52% de ses activités, incluant de nouveaux secteurs.
La référence, c'est à la page 186, donc la
dernière page de la version résumée. Vous le retrouvez
aussi?
M. Scowen: Oui.
M. Landry: II est dit: Adoption de programmes sectoriels ad hoc
touchant les différents segments de production, innovation dans la
chaussure et le meuble, consortium de transport dans l'industrie du meuble,
etc. Et dans l'énoncé intégral, vous avez plus de
détail. Je suppose que c'est ce que vous appelez des phrases
dépourvues de sens, mais les gens de l'industrie du textile, du
vêtement, de la bonneterie, de la chaussure savent que la politique que
nous poursuivons vigoureusement depuis que nous sommes là n'est pas
dépourvue de sens; que cette phrase et que les réalisations qui
ont suivi ne sont pas dépourvues d'intérêt pour eux, parce
que, du temps que les libéraux étaient au pouvoir, dans les
quinze derniers mois de leur administration, on avait perdu 22 000 emplois dans
ces secteurs. Ces secteurs étaient l'objet d'une conspiration
technocratique, avec la complicité des pouvoirs politiques, qui
consistait à les laisser à vau-l'eau. Vous appeliez cela
dans une langue qui est familière au député de
Notre-Dame-de-Grâce du "phasing out", on "phasait out" des
travailleurs, par dizaines de milliers. A Shawinigan, à Coaticook et
à Drummond.
Nous, on est revenu, si vous le permettez malgré ma
maîtrise de cette langue qui n'est pas égale à la
vôtre et qui n'est pas égale à la maîtrise du
député de Notre-Dame-de-Grâce, M. le Président
on est en train de faire un "phasing in", parce qu'il y a eu au moins
5000 nouveaux emplois créés dans ce secteur, après
récapitulation de ceux qui avaient été perdus.
Ce sont des suites de virages importants de politique, et ce sont des
suites qui découlent directement de Bâtir le Québec.
J'ouvre une parenthèse et j'interromps mes réponses
systématiques aux points que le député de
Notre-Dame-de-Grâce a mentionnés pour parler du programme du Parti
québécois en regard de Bâtir le Québec. J'ai un de
mes collègues ici présent, le député de Rosemont,
qui s'est livré à une analyse extrêmement serrée de
la compatibilité des deux documents, le programme du Parti
québécois et Bâtir le Québec.
J'ai eu par écrit le résultat de cette analyse. La
façon dont le député de Notre-Dame-de-Grâce a
interprété notre programme est tout à fait erronée.
De toute façon, quel que soit l'assentiment idéologique que son
parti, s'il avait une politique économique, pourrait donner à mes
paroles, je vais préciser ma pensée là-dessus et celle du
gouvernement. Le secteur public québécois mis sur pied à
l'occasion de la révolution tranquille est là pour durer. Non
seulement il est là pour durer, il est là pour continuer son
expansion.
Cependant, cette expansion, comme nous l'avons dit à plusieurs
reprises, ne sera pas surtout faite par la création de nouvelles
sociétés du secteur public. Nous pensons qu'une
société comme la Société générale de
financement est maintenant à maturité. Une des meilleures preuves
qu'elle est à maturité, d'ailleurs, c'est qu'elle fait de
l'argent à peu près partout, comme chacun le sait. C'est la
même chose pour SOQUEM qui fait $10 000 000, cette année, qui nous
compense sur le plan du service de la dette des dix ans d'efforts du
gouvernement dans SOQUEM. Dans un an, elle fait $10 000 000.
Le secteur public québécois, il est à
maturité. Il va continuer son expansion, mais il va continuer son
expansion suivant, d'ailleurs, des stratégies économiques que
nous énonçons et, deuxièmement, dans les cadres d'une
économie de marché et d'une économie libre. Le dernier
exemple en lice: Pétromont, filiale au tiers de la Société
générale de financement, en association avec deux très
grandes firmes multinationales de la pétrochimie, Gulf et Union Carbide;
Pétromont qui est d'ailleurs présidée, M. le
Président, par l'ancien sous-ministre de l'Industrie et du Commerce, M.
John Dinsmore, qui était le supérieur hiérarchique du
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Ce n'est pas vrai.
M. Landry: Là, il y a une erreur de chronologie. Vous
n'avez pas été au MIC en même temps que John Dinsmore;
c'est possible, mais, de toute façon, c'est lui qui a la charge de
Pétromont, ce qui témoigne bien que nous voulons que le secteur
public continue son expansion. La même chose pour Hydro-Québec.
Hydro-Québec est une entreprise essentiellement expansionniste qui est
dans le giron du secteur public, qui va y rester, qui est le plus beau fleuron
non seulement du secteur public québécois, mais de l'ensemble
probablement des entreprises opérant au Québec.
HydroQuébec a fait autant de profits que General Motors, si mes
informations sont exactes. C'est administré suivant des normes
extrêmement rigoureuses sur le plan technologique, sur le plan
administratif, sur le plan de la finance.
N'attendez pas du présent gouvernement des attitudes
rétrogrades qui consisteraient à freiner l'expansion du secteur
public ou qui consisteraient à démanteler le secteur public. Je
pense que la collectivité québécoise ne voudrait pas de
cela parce que son secteur public répond à une de ses aspirations
profondes. Si le parti de l'Opposition officielle voulait une réduction
des activités du secteur public, qu'il le dise clairement dans la
politique économique qu'il devrait avoir et qu'il n'a pas, et qu'il en
parle.
Ceci dit sur le secteur public, il y a dans les agents
économiques du Québec deux autres types principaux d'agents dont
l'un absolument majoritaire en termes de nombre de firmes et de chiffre
d'affaires et qui s'appelle le secteur privé québécois. Ce
que j'ai dit du secteur public s'applique dans les mêmes termes au
secteur privé. J'ai dit: Le secteur public est là pour durer et
pour continuer son expansion et je dis que le secteur privé, de
même, est là pour durer et pour continuer son expansion. Comme il
est dit dans Bâtir le Québec, en volume, en nombre de firmes, il
ne fait pas l'ombre d'un doute que l'essentiel de la croissance
économique viendra de ce type d'entreprise traditionnelle, il est vrai,
mais qui a démontré son efficacité en particulier sur ce
continent, et qui s'appelle l'entreprise privée.
Cela a été très bien compris par les agents
économiques et nous avons en particulier reçu des approbations
publiques de ceux qui sont plus traditionnellement vos amis je parle du
Parti libéral que les nôtres, mais qui ont bien reconnu que
nous avions une politique économique extrêmement réaliste
sur ce point.
Enfin, il y a un troisième secteur qui est l'activité
coopérative. Pour des raisons historiques et pour des raisons qui
tiennent aussi à la mentalité du présent gouvernement, les
activités coopératives seront, avec la complicité du
gouvernement du Québec, mises dans des conditions d'expansion beaucoup
plus rapide que celles qu'elles ont connues au cours des 90 dernières
années. (17 h 30)
Nous avons, comme vous le savez, réuni les intervenants de
coopératives dans le premier sommet coopératif de l'histoire du
mouvement, d'ail- leurs, parce que même eux ne l'avaient pas fait entre
eux. Les intentions du gouvernement ont été mises clairement sur
la table, et non seulement ses intentions, mais une série d'engagements
précis dont un certain nombre se sont déjà
réalisés, en matière forestière, en particulier,
vis-à-vis des coopératives. Je ne peux pas laisser passer le
fait, premièrement, que le député de
Notre-Dame-de-Grâce voit une contradiction entre Bâtir le
Québec et le programme du Parti québécois, ou laisse
entendre que Bâtir le Québec ne prend pas, vis-à-vis du
secteur privé de cette forme d'activité économique, des
précautions qu'une société occidentale doit prendre
aujourd'hui.
Je reviens à l'approche systématique de ce qui a
été réalisé. Je vais vous en donner un modeste
exemple. Nous avions, dans nos orientations prioritaires, comme cela ressort
à la lecture du document, l'amélioration de la
productivité et de la rentabilité du secteur agro-alimentaire,
une phrase que le député de Notre-Dame-de-Grâce
considérait peut-être comme vide de sens. En
réalité, voici ce que cela donne. Sous cette orientation
générale, on regroupe les moyens d'actions suivants, c'est
à préciser aussi: regroupement d'usines, recherches de
variétés et techniques nouvelles, promotion de produits
québécois, programmes spécifiques d'aide à
l'exportation. Le regroupement d'usines se fait dans le cadre soit de
politiques de rationalisation sectorielle, comme dans le cas de l'industrie des
viandes très avancée, comme chacun le sait soit sur
une base ad hoc, comme en horticulture ou dans le domaine de la
congélation, soit, finalement, dans le secteur lui-même qui,
grâce au jeu du marché, se consolide sans l'aide de l'Etat.
Regardez ce qui est arrivé dans le lait! Vous êtes au courant du
protocole signé entre les producteurs de lait nature et de lait
industriel, une véritable révolution dans l'activité de la
puissante industrie laitière québécoise. Cela a
été signé à la fin de l'année 1969.
En matière de recherches, maintenant, le Conseil des recherches
et des services agricoles du Québec subventionne 108 projets en
1979-1980, pour un montant de $1 680 000, comparativement à 103 et $1
580 000, en 1978-1979. Quant aux dépenses de fonctionnement des services
de recherches du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, en
1979-1980, on avait $5 400 000 dans les principaux programmes prioritaires:
bovins, céréales, horticulture, sol et volaille, exactement les
priorités de Bâtir le Québec.
On me signale que le temps avance. Je ferais peut-être mieux de
revenir à la série de questions du député d'une
façon plus systématique. J'ai répondu à un certain
nombre d'entre elles, et j'ai ma liste des autres. En ce qui concerne l'Office
du commerce extérieur, c'est fait.
En ce qui concerne la banque d'affaires maintenant, si le
député a lu attentivement Bâtir le Québec, et
surtout s'il est cohérent avec sa philosophie de base, il s'agissait
bien d'une initiative du secteur privé mis de l'avant par le
président de l'ex-Banque canadienne nationale, devenue aujourd'hui
Banque nationale, l'opération devant se
faire par le secteur privé avec l'appui du gouvernement. Deux
considérations. On sait d'abord ce qui est survenu dans le domaine
bancaire par la fusion des deux principales institutions francophones du
Québec, la Banque canadienne nationale et la Banque provinciale, en
Banque nationale. Il est compréhensible que les derniers mois de
l'activité de ces banques aient tourné autour d'autres notions
que banques d'affaires, parce que cette fusion est un phénomène
extrêmement traumatisant mais vital pour les deux institutions. Le
gouvernement n'a pas pu assumer sa promesse de les appuyer dans un projet
qu'elles-mêmes n'ont pas mis de l'avant. Cependant c'est ma
deuxième considération sur la banque d'affaires je rendrai
publique à la fin de l'été ou au début de l'automne
cette étude sur l'épargne que j'ai mentionnée dans mon
exposé d'ouverture. Et ces réformes concernant la fourniture de
crédit à l'économie à partir de la médiation
des épargnes seront l'occasion propice pour restimuler le secteur
privé à honorer son engagement et son ouverture du sommet de
Montebello.
Autre question, élargissement de la SDI: Je vous ai dit que la
SDI a été considérablement élargie, d'abord par son
activité nouvelle du crédit touristique. Rien que ça...
Vous avez lu une phrase au sujet du tourisme, l'aide aux agents privés.
La réponse, c'est précisément le crédit
touristique. Il a été confié à la SDI, ce qui
élargit l'activité de la SDI d'une part, et ce qui, enfin, donne
aux intervenants touristiques québécois l'espoir d'être
puissamment appuyés en matière de crédit par le
gouvernement, alors que ce projet traînait sur les tablettes sans jamais
avoir été formulé d'une façon convenable depuis au
moins une dizaine d'années.
M. Scowen: ... ma question? Vous comprenez? C'est une autre
recommandation.
M. Landry: Vous parlez de l'élargissement de la SDI. Moi,
je vous dit qu'on a élargi la SDI...
M. Scowen: Oui, dans le domaine de la
télécommunication, du transport et de la recherche industrielle.
Ce sont les recommandations 24 et 46. Il y en a une autre qui touche le domaine
touristique. Je sais que cela a déjà été
réalisé.
M. Landry: Boni M. le Président, je remercie le
député de Notre-Dame-de-Grâce pour sa précision.
Cette partie de l'élargissement de la SDI, qui est une partie
parce que l'élargissement par le crédit touristique, vous ne
pouvez pas nier que c'est déjà fait est encore à
faire.
J'ai dit 60% de réalisés. Je n'ai pas dit 100%, et, dans
40%, il y a ça. Considérez que l'activité de la SDI a
augmenté de 52% dans une seule année; vous vous rendez compte?
Ceux, en particulier, qui sont d'anciens chefs d'entreprise et qui ont
été dans le secteur privé se rendent facilement compte de
ce que ça peut être, 50% d'augmentation du volume des
activités, du chiffre d'affaires. Cela n'est jamais arrivé,
même au député de Notre-
Dame-de-Grâce quand il dirigeait brillamment une entreprise de
papier qui est établie dans mon comté.
M. Scowen: Vous n'avez pas raison.
M. Landry: Si le député a eu des augmentations de
52% par an, je lui en fais mes compliments, M. le Président, mais c'est
une chose exceptionnelle dans le secteur privé. Or, ça vient
d'arriver à la SDI. Alors, on les laisse digérer un peu, alors
que nous, à l'intérieur, et eux aussi le font parce qu'on
leur a transmis notre pensée là-dessus; ils connaissent bien le
contenu de Bâtir le Québec on est en train de concevoir avec
eux les programmes d'élargissement et la façon dont ça
devra être fait, mais on les laisse digérer un peu, parce qu'ils
ont été obligés d'ajouter des analystes, d'ajouter du
personnel. Vous savez que l'ensemble de la fonction publique
québécoise, en termes quantitatifs, est en réduction,
comme l'a annoncé le ministre des Finances. Il l'a
répété dans plusieurs de ses exposés
budgétaires, sauf que la SDI, elle, est en expansion de personnel. Cela,
il faut qu'ils le digèrent un peu, et on ne veut pas les bousculer.
Maintenant, le Conseil économique et social, qui relève de
ces activités que l'on appelle activités de concertation, est
également en gestation dans l'instance relevant du secrétariat
général, qui s'appelle le Secrétariat des
conférences socio-économiques, et c'est aussi une chose qui n'est
pas réalisée et qui est à venir.
Quant à la politique de fourniture d'électricité,
un autre élément majeur, vous savez ce qu'en dit Bâtir le
Québec, c'est déjà une politique en soi. C'est cinq
mégawatts. Tout branchement aux tarifs grande puissance
d'Hydro-Québec consommant plus de cinq mégawatts doit être
compatible avec la politique économique du gouvernement et doit
être consenti uniquement après accord du Conseil des ministres,
qui se base sur des critères de retombées économiques
maximales et d'arbitrage entre les effets d'entraînement et l'utilisation
d'une telle quantité de courant électrique.
Vous avez déjà, dans Bâtir le Québec, un
certain nombre de précisions, y compris le tableau de toutes les
entreprises qui devraient être le fer de lance du développement
parce qu'elles sont hautement consommatrices d'électricité
je pense que c'est à la page 135 ou 150 mais cela doit être
précisé. Le député de Notre-Dame-de-Grâce a
raison. Nous appliquons déjà avant la lettre cette politique.
Cela doit être précisé et sera précisé
dans un ouvrage spécial, annexe à Bâtir le Québec,
qui est déjà rédigée, qui est à
l'impression, autant que je sache, et qui sera rendue publique d'ici une
quinzaine de jours, ou plutôt une trentaine de jours, d'ici un mois. Cela
veut dire que ce qui est dans Bâtir le Québec est
déjà notre politique et que nous allons la préciser
énormément dans un ouvrage spécial qui sera rendu
disponible à tous les agents économiques, y compris le
député de Notre-Dame-de-Grâce, d'ici une trentaine de
jours.
C'est pour la fourniture d'électricité.
Promotion d'installations portuaires. Le député ne sait
peut-être pas, bien que cela ait été publié dans les
journaux, que nous avons mis sur pied, de concert avec la Communauté
urbaine de Montréal, la ville de Montréal, la Chambre de
commerce, l'Office du commerce de Montréal, la Fédération
des travailleurs du Québec et la Confédération des
syndicats démocratiques, des tables de concertation visant
l'activité économique de Montréal, et un des
équipements les plus extraordinaires, les plus porteurs de
développement et de potentiel pour Montréal, c'est son port.
Nous avons commencé nos travaux pour nous rendre compte avec
stupeur que cette activité portuaire, qui est une clé du
développement de Montréal... Vous savez comme le
député de Notre-Dame-de-Grâce, M. le Président, m'a
parlé du développement de Montréal, des sièges
sociaux, etc. Pendant qu'il posait ses questions péniblement et que je
répondais péniblement des fois aussi, je l'admets, le port de
Montréal refusait un million de tonnes de vrac parce que
l'autorité qui en était responsable, le gouvernement du Canada,
n'avait pas prévu qu'à cause de la crise de l'énergie on
aurait une expansion fantastique de l'activité portuaire de
Montréal et qu'il fallait de l'espace, des quais pour accueillir les
marchandises. Même si cela ne relève pas directement de notre
responsabilité, nous avons ouvert le dossier largement avec les gens
dont j'ai déjà parlé, avec les autorités du port de
Montréal, et tout ces travaux seront rendus publics et discutés
au grand jour par tous les agents concernés dans un sommet
économique qui se penchera sur l'activité de la grande
région de Montréal, c'est-à-dire Montréal, Laval et
la Rive sud, dès que, de concert avec nos partenaires, nous nous serons
entendus sur une date. Le gouvernement, quant à lui, souhaite que cette
chose se fasse avant la fin de l'été présent.
Je pense que j'ai touché à peu près à toutes
les questions. Si j'en ai oublié... Il y a des choses effectivement, je
ne le cache pas... j'ai dit 60% de réalisées, je n'ai pas dit
100%. Il y a des choses qui sont dans les 40%. Certaines, j'ai dit pourquoi,
j'espère avoir dit pourquoi pour à peu près toutes. En
tout cas, le député pourra toujours revenir avec des questions.
Nous n'avons pas entendu encore notre collègue de l'Union Nationale qui
a sans doute des préoccupations fort pertinentes à faire valoir.
Je connais, par exemple, l'intérêt de sa formation pour la petite
et la moyenne entreprise, bien qu'elle ait perdu son meilleur expert sur cette
question récemment. Je ne veux nommer personne pour n'insulter ni le
député présent à cette table ni celui à qui
je pense.
Alors, je ne parlerai pas plus longtemps.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
vous avez la parole.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président. Il y a des gens qu'on a
déjà oubliés. Bien sûr, j'ai quelques propos
préliminaires avant ma première intervention, même si c'est
après une heure trente de travaux.
La première intervention sur cette étude des
crédits du superministère qui a pour mandat premier, je pense,
d'élaborer toute la politique économique du gouvernement... Toute
la politique économique, ce n'est pas peu dire, et ainsi, à
l'intérieur des cadres de cette commission, il nous serait possible, si
on le voulait, de toucher à peu près à tous les
ministères qui ont une influence directe sur le développement
économique du Québec.
Le travail du superministère est de planifier le
développement économique et de coordonner les activités
des ministères mentionnés plus haut. Ce qui veut dire à
peu près tous les ministères qui, de près ou de loin, ont
une répercussion sur l'économie du Québec et je pense que
si on envisage la question sous cet angle-là, tous les ministères
ont une répercussion sur l'économie du Québec. Cela veut
dire qu'on aurait de la matière pour discuter pendant des heures et des
heures, mais, compte tenu du temps limité, je pense qu'on a mis 120
minutes à notre disposition, on sera forcé de se restreindre
à quelques sujets et survoler très rapidement certains sujets
inhérents au développement économique en
général.
Je toucherai d'abord, M. le Président, certains points qui ont
été mentionnés par le ministre lors de ses propos
préliminaires. Il y a quelques mois, le ministre d'Etat au
Développement économique dévoilait au grand public, par
l'entremise du document officiel appelé Bâtir le Québec,
les grandes lignes de la politique économique que l'actuel gouvernement
a adoptée depuis ce temps ou entend adopter à l'avenir. (17 h
45)
Pour ma formation politique, l'Union Nationale, la politique
économique qui a été présentée apporte,
à n'en pas douter, certains éléments de réponse au
problème du développement économique du Québec. Par
contre, on avait déploré certains oublis à
l'intérieur de ce document, notamment dans les domaines fiscal et
social, surtout lorsque l'énoncé de politique parle de favoriser
la création et le développement de la petite et moyenne
entreprise et qu'on n'envisage aucune mesure ou même ébauche de
mesure qui répondrait aux attentes des entrepreneurs et cadres
québécois. L'autre lacune que l'Union Nationale déplorait
était l'absence de mesure en faveur de l'épargne qui s'oriente
sur l'industrie. Le ministre avait répondu qu'une étude sur
l'épargne était en cours et serait déposée dans les
prochains mois. Il a réitéré sa promesse tout à
l'heure. On sait maintenant que ce document est sur le point d'aboutir et qu'il
devrait présenter un tableau très complet de ce qu'est
l'épargne québécoise, son importance, d'où elle
vient, où elle va et qui la contrôle.
Pour nous, M. le Président, on voyait l'étude sur
l'épargne comme un complément à l'énoncé de
politique économique. On voyait cette étude comme une sorte de
stimulant qui manque actuellement au document Bâtir le Québec. Ce
que j'ai-
merais savoir de la part du ministre aujourd'hui, c'est comment son
gouvernement compte se servir de cette étude. Plusieurs ont parlé
de nationalisation, de canalisation de l'épargne. Le ministre 'des
Institutions financières, dernièrement, parlait plutôt
d'incitation pour une utilisation maximum de l'épargne
québécoise au développement de la province. Enfin, ce que
je veux savoir, c'est sur quoi va aboutir l'étude sur
l'épargne.
On a eu l'énoncé de politique économique qui ne
nous donnait pas nécessairement une solution, mais des orientations en
matière de développement économique; que donnera
l'étude sur l'épargne à part un portrait, par exemple?
Mais lorsque je parle de l'étude sur l'épargne, je voudrais
savoir si c'est une étude globale qui sera déposée et si
on ne pourrait pas, ces jours-ci, déposer les études
déjà complétées. Je pense ici à
l'étude sur l'épargne qui a été commandée
justement au prix de $2500 qui devait être complétée au
mois de mars. Je pense également à un mandat de rédiger la
version préliminaire du rapport sur l'épargne qui avait
été commandé à M. Rousseau, pour un montant de plus
de $26 000. Est-ce complété? Il y a également l'autre, la
préparation d'un rapport sur l'épargne commandé à
Vézina, Hébert et associés, pour un montant de $60 000.
Est-ce prêt? Est-ce que ça fait partie ou fera partie du rapport
global ou si on ne pourrait pas déposer certaines tranches de ces
études?
Dans un autre ordre d'idée, M. le Président, on sait
maintenant que le gouvernement a renouvelé, pour une autre année,
l'opération solidarité économique, le programme bien connu
qu'on appelle OSE, qui depuis son lancement en octobre 1977, a connu, je pense
qu'il faut admettre, certains résultats positifs.
La réserve que j'aurais à formuler concernant ce programme
se situe au niveau du nombre de programmes que les divers paliers du
gouvernement, tant fédéral que provincial, offrent aux
entreprises.
M. le Président, on est rendu qu'on veut tellement aider au
développement économique qu'on crée une multitude de
programmes qui tendent tous à aider un secteur en difficulté,
mais qui, d'un autre côté, créent des casse-tête pour
l'entrepreneur parce qu'il ne sait plus où s'adresser ou, face à
un appareil bureaucratique beaucoup trop lourd, ne sait pas quoi faire.
Je crois qu'il serait avantageux que le gouvernement réussisse
à rationaliser ses programmes d'aide pour éviter, d'une part,
toute forme de répétition et faire des économies
d'échelle par le fait même; d'autre part, à en faciliter
l'accès aux éventuels usagers. Je me souviens que le ministre est
venu dans ma région, je pense que c'était dans la Beauce, il y a
quelques mois, et le ministre avait promis, je me souviens que ça
faisait le titre d'un hebdo de la région, ce qu'il appelait le guichet
unique. Je suis d'accord avec lui, mais j'aimerais que tout à l'heure,
s'il le peut, il nous dise où il en est rendu avec sa politique de
guichet unique et quand et comment ça va se réaliser.
J'avais même pris la peine de découper l'article de journal
et je voulais dire au ministre que j'abondais dans le même sens que lui.
Je pense que je le lui avais souligné sur le parquet de
l'Assemblée nationale. Sauf erreur, ça fait déjà
plus de six ou huit mois, en tout cas, ça fait un bon bout de temps et
on n'en a pas réentendu parler. Ce voeu, quand va-t-il se
réaliser? Parce que ce qui se passe actuellement, c'est tout à
fait incroyable, quand on pense qu'il y a 185 programmes d'aide à
l'entreprise actuellement qui peuvent s'appliquer de 308 manières
différentes. Ecoutez, programme d'aide et le rôle des bureaux
régionaux du MIC, on dit... Ecoutez, lorsqu'on est rendu à 185
programmes qu'on peut appliquer de 308 manières différentes, je
pense que ça commence à être exagéré.
Lorsque le ministre parlait de Duchesnay, surtout dans nos
régions où il n'y a que de la petite entreprise... Il y a
quelques moyennes entreprises, ça dépend si la moyenne entreprise
veut dire la même chose qu'aux Etats-Unis; je dirais qu'une moyenne
entreprise, pour moi, dans la région, c'est en bas de 500
employés; une petite, c'est en bas de 50 employés, dans mon sens,
tandis que dans d'autres pays ce n'est pas la même définition.
Chez nous, c'est seulement ça, c'est un problème actuellement
qu'on vit.
Je vais terminer mon intervention en demandant au ministre de nous faire
un rapport d'étape sur les sous-commissions qui ont siégé
pour étudier le contrôle des sociétés d'Etat. On
sait que le rapport Malouf, par exemple, fait des recommandations pour que les
commissions parlementaires exercent un plus grand contrôle sur les grands
dossiers ou les grands projets d'envergure. Le ministre sait pertinemment que
c'est une volonté exprimée à plusieurs reprises par notre
formation politique et même, nous avons demandé à plusieurs
reprises et obtenu... c'est-à-dire que nous avons fait voter une motion
qui, sauf erreur, a été adoptée à
l'unanimité à l'Assemblée nationale, formulant le voeu
justement qu'il y ait un plus grand contrôle sur ces
sociétés d'Etat.
Il y a eu du travail qui a été fait en sous-commission sur
les sociétés d'Etat. Je voudrais savoir ce qu'il adviendra du
travail accompli et du travail qu'il reste à faire concernant ce
problème précis.
Il y a également un point que je voudrais toucher très
brièvement au niveau de la politique d'achat du gouvernement. Le
gouvernement a admis que la politique d'achat n'avait pas eu le résultat
qu'il avait escompté. A la suite d'une des questions que j'avais
formulées à l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce,
à l'Assemblée nationale, il avait admis que cela n'avait pas eu
l'effet escompté.
J'aimerais savoir quelles sont les mesures incitatives et les mesures
coercitives que le gouvernement entend prendre. Le ministre nous avait dit que
cela n'avait pas eu les répercussions qu'on croyait, mais, depuis ce
temps, on est resté muet. Est-ce qu'il y a eu quelque chose de fait dans
ce sens-là?
M. le Président, vous allez me permettre d'aborder un dossier
peut-être plus régional. Je pense que c'est le bon endroit pour le
faire. Le
ministre d'Etat au Développement économique a parlé
tout à l'heure de crédits touristiques. Il a dit que
c'était un complément, un ajout à la Société
de développement industriel.
Il y a une chose que je trouve tout à fait curieuse, M. le
Président. Nous avons dans nos régions et je parle de la
région de Bellechasse-Dorchester des dossiers qui, après
une sélection sévère, une sélection faisant suite
à des critères très sévères, se sont
déjà vu attribuer une des plus hautes, sinon la plus haute des
pondérations au niveau de projets de développement touristique.
C'est incroyable de constater je l'ai constaté cette semaine,
parce que j'ai travaillé à un dossier qu'une région
comme chez nous, et que le ministre connaît bien, parce qu'il l'a
visitée, n'ait pas droit aux crédits touristiques, ne puisse pas
avoir droit aux crédits touristiques.
Je demande au ministre et j'insiste, parce que c'est pour le bien
de toute une région comment il se fait qu'une région comme
Belle-chasse-Dorchester n'ait pas droit aux crédits touristiques. Je
demande là-dessus au ministre d'Etat au Développement
économique son appui, et, très rapidement, une action dans ce
sens.
M. le Président, il y a dans cette région, depuis quelques
années, une volonté régionale que l'on retrouve
difficilement ailleurs. Je ne dis pas qu'on ne la retrouve pas ailleurs, mais
il y a une volonté régionale qu'on retrouve difficilement
ailleurs, et c'est aberrant de voir qu'on n'a pas l'appui du gouvernement
là-dessus.
Il y a des activités d'envergure régionale et nationale
qui, chaque année, se réalisent parce qu'il y a
énormément de bénévolat chez nous pour le bien de
notre développement touristique. Nous avons des sites qui ont
été classés et qui ont reçu la plus haute
pondération quand il s'est agi du développement du mont
Sainte-Anne ou d'autres régions. Des études ont été
faites là-dessus, à peu près à tous les niveaux. Il
y a un fameux dossier, par exemple, que j'appelais le massif du sud.
Et, chez nous, à la suite d'énormément d'action
bénévole, on retrouve des activités qui dépassent
maintenant les frontières de la région. Je pense à des
régates internationales, comme on en voit à Lac-Etchemin, chaque
année, aux barbecues champêtres. Je pourrais en
énumérer, M. le Président, pendant une heure de temps,
Lorsque des hôteliers ou des promoteurs qui possèdent des sites
tout à fait formidables qui sont en activité, qui
répondent aux besoins de la population, quand on crée des
circuits touristiques, quand on fait de la publicité ici, à
Québec, quand maintenant le ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme fait de la publicité à l'intérieur de ses
brochures, lorsqu'un groupe de promoteurs comme pour le dossier sur
lequel j'ai eu l'occasion de travailler cette semaine arrive avec un
projet, on s'en va à la SDI et on nous dit: C'est parfait. Cela a bien
du bon sens. Tout à coup, on se fait dire: On ne peut pas y aller, parce
que vous n'êtes pas reconnus par les crédits touristiques. Vous
n'avez pas le droit à cela.
Je le souligne bien humblement au ministre, nous payons des taxes, nous
payons des impôts comme tout le monde, je ne vois pas pourquoi une
région... Je m'excuse, M. le Président, si c'est peut-être
plus local, mais lorsqu'on parle d'une région de 35 à 40
municipalités, lorsque le taux de chômage chez nous se situe
à plus de 20%, où à peu près la seule industrie
qu'on retrouve est l'agriculture, et où des gens nous amènent des
projets concrets, où des gens qui ont réussi en affaires nous
amènent des projets concrets qui créeraient directement de huit
à dix emplois... Pour un cas en particulier, sur lequel j'ai
travaillé cette semaine, on nous a dit: Vous n'avez pas droit à
cela. C'est fâchant, M. le Président, et je demande au ministre,
par le biais des travaux de cette commission, son appui et son appui
immédiat de ce côté-là. J'aimerais qu'il me dise ce
qu'il pense d'une telle situation.
Bien sûr, j'aurais beaucoup d'autres propos. Je suis vraiment
conscient que nous n'avons que 120 minutes. Les trois quarts sont
déjà passées. Je sais que mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce a d'autres questions et peut-être les
députés ministériels également. Je ne voudrais pas
accaparer le temps. Je pense que j'ai été très
raisonnable. Je permettrai au ministre, s'il le veut bien, de répondre
à ces quelques interrogations immmédiatement.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M. Bernard
Landry
M. Landry: Merci, M. le Président. Je remercie le
député qui, effectivement, n'a pas été raisonnable
uniquement dans le temps qu'il a pris, mais également dans la teneur de
ses propos. Je voudrais lui dire, dès le départ, que, pour le cas
qu'il a mentionné à la toute fin de son intervention, ce serait
difficile pour moi de prendre quelque engagement qu'on puisse imaginer, mais je
m'offre, dès la fin de la séance, à prendre les
coordonnées et le nom précis de l'entreprise et ma collaboration
lui est acquise.
M. Goulet: M. le Président, le ministre me permet-il
une... Je ne voudrais pas amener ici un cas précis, c'était au
niveau du principe.
M. Landry: Ah bon!
M. Goulet: C'est toute la région qui est
complètement sortie du crédit touristique. On nous dit: Votre
région n'a pas droit à cela. C'est ce qu'on nous répond.
Je trouve cela aberrant. Je ne voudrais pas ici faire des particularités
avec un cas précis. J'ai découvert cela cette semaine, parce que
j'ai travaillé...
M. Landry: II faudrait que je vous pose une sous-question. Quand
vous parlez de votre région, est-ce au sens administratif? C'est parce
que vous avez mentionné le mont Sainte-Anne. Si vous considérez
que c'est dans votre région, l'endroit où on se trouve est
également dans votre région.
M. Goulet: Non. J'ai pris la peine dans mes propos de situer ce
que j'entendais par région. J'ai dit: Je parle de Bellechasse et de
Dorchester qui
comptent 35 municipalités, un territoire de 40 milles environ par
90 milles. Maintenant, où s'étend cette région... Je
parlais de mon comté.
M. Landry: Je vais essayer de revenir le plus
précisément possible, sauf que votre région comprend des
sous-régions et, en particulier, vous avez front sur le fleuve et vous
êtes exactement dans un axe touristique majeur qui est celui qui conduit
vers la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent. Au moins pour votre front de
mer, il n'y a aucune espèce de problème, vous êtes dans un
axe. Ceux qui vous feraient des objections sur cette partie de votre territoire
seraient dans l'erreur. Quant au reste, on doit admettre, même si toutes
les régions du Québec sont belles je prends toutes mes
précautions que ce n'est pas l'ensemble du territoire
québécois qui a un aussi haut niveau de potentiel touristique. Le
tourisme peut être une industrie d'appoint dans toutes les
régions, à n'en pas douter, mais ce serait une dangereuse
illusion de penser que le tourisme va être une activité
économique majeure dans toutes les régions. La philosophie de
Bâtir le Québec, à cet égard, et celle du
ministère de l'Industrie et du Commerce, et du Tourisme maintenant, vise
à définir des pôles, des axes, des villes-étapes.
Les grands pôles ce n'est un secret pour personne c'est
Hull et la Gatineau, l'agglomération de Hull et des municipalités
environnantes; c'est la grande région de Montréal; c'est
également la grande région de Québec. (18 heures)
De ce point de vue, le Mont-Sainte-Anne et un certain nombre d'autres
installations classiques sont dans la région. Sauf que certaines parties
de l'arrière-pays, qui comportent des potentialités touristiques
majeures j'ai pu m'en rendre compte moi-même lors d'un dernier
déplacement n'ont pas été inscrites dans les grands
axes, parce qu'on a pensé qu'on devait aller aux endroits où le
potentiel était, d'une part, le plus évident et, d'autre part, le
plus exploitable dans des délais qui sont ceux des horizons de
Bâtir le Québec, ce que n'a pas compris le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Mais imaginez-vous que ce sont des politiques
d'application sur douze, quinze, dix-huit, vingt mois. Alors, on est
allé au plus urgent. Vous avez une partie de votre région qui est
inscrite dans ce plus urgent. C'est votre front de mer, qui est un des plus
beaux qu'on puisse imaginer. Pour le reste, je ne dis pas que le gouvernement
se ferme à jamais à toute intervention, mais il faudrait y aller
par priorité.
Je reviens maintenant, de façon plus systématique,
à tout ce que vous avez dit. Il est exact que vous aviez parlé de
fiscalité et de dimension sociale quand Bâtir le Québec a
été publié. Je dois malheureusement vous faire la
même réponse sur ces deux points que celle que je vous ai faite
à ce moment-là, c'est-à-dire que ce document ne se voulait
pas un exposé exhaustif de toutes les politiques du gouvernement. Il
mettait l'éclairage surtout sur la politique économique à
proprement parler. C'est surtout le ministère des Finances
évidemment, influencé par les grandes stratégies qui... Je
dis: C'est surtout, mais c'est exclusivement le ministère des Finances
qui fait la politique fiscale. J'ai d'autres collègues, mon
collègue, le ministre d'Etat du Développement social, mon
collègue ministre du Travail, le ministre des Affaires sociales,
à plus forte raison, qui s'occupent de ces questions.
Si j'avais décidé ou si le gouvernement avait
décidé de faire un énoncé absolument universel, on
l'attendrait encore et vous n'auriez même pas eu la chance de pouvoir le
critiquer, parce qu'on n'aurait jamais pu le publier à temps.
Sur l'épargne, là, par ailleurs, je pense que vous avez
parfaitement raison. Reconnaissons que c'est un secteur majeur.
Déjà, dans Bâtir le Québec, il y est fait allusion.
Le rapport sur l'épargne, je ne sais pas si je l'ai dit au cours de
cette commission, il est également prêt et fin prêt. Il est
maintenant dans la machine administrative décisionnelle,
c'est-à-dire le CMPDE, le Conseil des ministres, et j'espère lui
faire subir le même traitement, et à peu près à la
même date que Bâtir le Québec, c'est-à-dire passer
dans la machine intégralement au cours de l'été, vous le
livrer à la fin de l'été ou au début de septembre
Bâtir le Québec, c'était en septembre et vous
convoquer à une commission parlementaire pour en discuter à fond,
vous, ainsi que les autres agents de l'économie intéressés
à l'épargne.
Je dis tout de suite, par ailleurs, qu'un mot que vous avez
mentionné ne se retrouve pas, comme tel, dans ce travail sur
l'épargne ni dans notre philosophie, c'est le mot "nationalisation". Il
n'est absolument pas question de nationaliser une chose qui est au coeur
même des libertés des agents économiques, et je parle non
seulement des particuliers, mais aussi des institutions et des corporations, de
leurs mises de côté et leur épargne. Alors, pour enrayer
toute espèce de mouvement spéculatif qui pourrait être
exploité à des fins politiques par des gens moins scrupuleux que
ne l'est le député de Bellechasse, disons tout de suite qu'il
n'est pas question de nationaliser l'épargne. Mais il est question, par
ailleurs, de voir où l'épargne s'amasse, où elle est
collectée, d'en avoir une vision la plus claire possible. Il est
question de voir qui fait les intermédiations, qui fait que
l'épargne passe des coffres de telle société ou de tel
individu vers tel ou tel secteur de l'activité économique. Il est
question de savoir qui manque d'épargne, chez les agents
économiques, qui manque de ressources pour investir. Il est question de
savoir comment les pouvoirs publics, d'une façon incitative, par les
agences qui sont dans le secteur public, pourraient faire pour que cette
intermédiation soit meilleure, la règle fondamentale de tout cela
restant le marché, le prix de l'argent, son loyer et le contexte
continental dans lequel on vit.
On sait jusqu'à quel point le contexte continental affecte les
décisions concernant, par exemple, les taux d'intérêt ou
taux d'escompte. On a vécu, au cours des quelques dernières
années, une situation où ça ne devait pas être
très
compliqué d'être à la Banque du Canada. Il
s'agissait de lire le Wall Street Journal et faire à peu près la
même chose le lendemain. Je ne blâme pas et ne ridiculise pas les
gens de la Banque du Canada. Ils ont simplement dû faire face à
cette réalité continentale d'un grand marché libre des
épargnes où l'épargne peut circuler de Milwaukee au
comté de Bellechasse, suivant que le taux d'intérêt est
plus haut dans Bellechasse ou à Milwaukee.
C'est comme ça et ça va rester comme ça.
Vous saurez tout cela, et je m'excuse auprès de vous de ne pas
vous en dire plus parce que le processus décisionnel n'a pas
été franchi, quand le rapport sur l'épargne sera
publié.
Je reviens maintenant à certaines autres de vos questions
précises. Liquidons les plus précises, maintenant, sur les
dépenses. Vous avez mentionné Henri-Paul Rousseau, Vézina,
Hébert et Associés. Ces deux firmes, un individu et une firme,
ont travaillé à la fois par le papier qu'on leur a
demandé, dans ce cas-là c'était rédiger la version
préliminaire du rapport sur l'épargne, étude dans le cadre
de la préparation de l'énoncé de politique
économique et l'épargne, préparation d'un rapport sur
l'épargne et Bâtir le Québec; ces consultants travaillaient
à la fois pour Bâtir le Québec et à la fois pour
l'épargne.
Le résultat de leurs travaux qui avait à être rendu
public l'a été dans Bâtir le Québec et le reste le
sera dans l'épargne, mais ils travaillaient pour les deux.
Je dois vous dire qu'en préparant l'étude de ces
crédits mon secrétaire général associé, que
je vous présente d'ailleurs, qui est assis à ma droite, Jean
Vézina, m'a bien dit de spécifier que le Vézina dont il
était question dans Vézina, Hébert et Associés n'a
aucun lien de parenté ni directe ni indirecte avec lui.
C'était pour vos questions les plus précises et les plus
ponctuelles avec des montants d'argent.
Vous avez mentionné le guichet unique. Vous avez dit que vous
étiez d'accord sur cela. Effectivement nous travaillons très
fort, surtout au ministère de l'Industrie et du Commerce, à
raccourcir les circuits, à implanter dans les régions, dont la
vôtre, des équipes multidisciplinaires qui font que dans toute la
mesure du possible le chef d'entreprise n'ait pas à aller à 25
portes à Québec, mais à une porte dans sa région.
Cela pose un certain nombre de problèmes. Les intervenants sont le MIC,
la SDI, l'OPDQ, la conférence administrative régionale et deux
autres intervenants qui, dans le cadre constitutionnel actuel, sont tout
à fait hors de notre atteinte, la BFD et le MEER. Pour ceux-là,
tant qu'une réforme en profondeur et une répartition du pouvoir
plus claire de la constitution canadienne n'aura pas été faite,
vous comprendrez qu'on... Ils se parlent. Souvent ils échangent des
dossiers, au point que l'un peut faire l'étude du dossier et c'est
presque suffisant pour convaincre l'autre d'intervenir, mais ça reste
des portes différentes et cela ne peut pas être dans le guichet
unique.
Pour tout le reste, les efforts sont en cours, plus avancés dans
certaines régions que dans certaines autres, pour raccourcir le circuit
et faire que le chef d'entreprise n'ait pas à aller à 25 ou 30
portes et à sortir de sa région pour obtenir des programmes.
Pour OSE, vous savez que nous avons pratiqué
systématiquement le guichet unique. Même l'information pouvait
être obtenue à partir, au départ, de
Communication-Québec et, par la suite, comme le programme était
administré en région en grande partie, un homme d'affaires de
votre comté qui faisait affaires avec OSE souvent n'avait pas à
sortir de la région pour avoir l'approbation finale et recevoir le
chèque. Ce n'est cependant pas encore le guichet unique tel qu'on le
désire et tel que vous voulez qu'on le fasse mais nos efforts tendent
vers cela.
Vous avez parlé du très grand nombre de programmes qui se
greffent aussi à la question du guichet unique. C'est vrai, je pense
que, seulement au gouvernement du Québec, on est à 125 programmes
d'aide.
Quelle est la philosophie de Bâtir le Québec dans ce
domaine? En plus du guichet unique qui rend accessibles ces programmes, c'est
de ne plus étendre l'action des programmes d'aide en matière de
finance. On pense que l'éventail est complet. Il nous manquait le
crédit touristique, on l'a mis. Ce n'est plus tellement de financement
et de source de financement que les chefs d'entreprise ont besoin, c'est
plutôt d'aide non financière pour consolider ce qui est
l'essentiel de l'activité du chef d'entreprise, c'est-à-dire le
marketing, les exportations, la façon de concevoir son financement, de
tenir sa comptabilité d'une manière efficace, c'est-à-dire
en allant jusqu'à la comptabilité analytique et au calcul des
coûts. Vous n'êtes pas sans connaître le drame de certains
chefs d'entreprise qui ont fait des ventes extraordinaires, et plus ils
vendaient plus ils perdaient parce que leur comptabilité analytique
n'était pas à point. C'est le cas d'un certain nombre de petites
entreprises, beaucoup moins de moyennes parce qu'elles ont recours au service
de firmes de conseillers et d'experts comptables.
Au Québec, de plus en plus, et dans toutes les régions,
dont la vôtre, il y a d'excellentes firmes privées qui connaissent
très bien toutes ces techniques qui ne sont pas toujours à la
portée de la petite entreprise.
En résumé, l'action du gouvernement, selon nous, doit
porter maintenant sur la consolidation des activités de gestion
elles-mêmes. Le Québec a dépassé et il y a
plusieurs ouvrages qui le démontrent, des ouvrages contemporains
le stade du manque d'entrepreneurs. Le stade de "l'entrepreneurship" est
dépassé, c'est au Québec qu'il naît le plus
d'entreprises dans tout le Canada chaque année. Il y a plus de nouvelles
entreprises au Québec chaque année qu'il n'y en a en Ontario.
Vous me direz qu'il y a plusieurs facteurs à cela, il y a la taille des
firmes, et tout ce que vous voulez, mais les entrepreneurs sont là, ils
partent des
entreprises comme jamais dans l'histoire économique du
Québec.
Donc, ce n'est pas tellement vers la stimulation de "l'entrepreneurship"
qu'on doit aller, c'est une étape presque franchie, c'est vers la
consolidation de la capacité de ces entrepreneurs à gérer
des firmes, non seulement à les faire naître, mais à les
faire durer, parce que si le Québec voit naître beaucoup
d'entreprises annuellement, il en voit aussi disparaître
énormément. Il y en a un certain nombre pour lesquelles c'est
normal. C'est sûr que quand l'industrie de la lampe à
pétrole a disparu, c'était pour les révolutions
technologiques que nul ne pouvait contrer, mais il y en a qui disparaissent
parce qu'elles ne savent pas ce qu'est la notion de fonds de roulement. Elles
sont victimes de leur propre succès, elles ont une mauvaise
comptabilité analytique. C'est de ce côté que vont porter
les efforts non seulement dans le secteur public directement, mais aussi dans
les activités subventionnées par le gouvernement et qui sont mues
par des agents du secteur privé. Les deux derniers exemples sur la
liste, les plus beaux, c'est la Fondation Jacques-Gagnon, la Caisse d'entraide
économique, et l'Entraide PME, également mise sur pied par les
Caisses d'entraide économique, qui se consacrent, avec l'aide de l'Etat
on a versé une subvention de $400 000, je pense à
consolider la gestion des firmes et faire que les entreprises qui naissent non
seulement durent, mais durent avec des profits assurant la
rémunération du capital et l'expansion.
Pour les sociétés d'Etat, il est vrai qu'une
sous-commission, qui était la conséquence directe d'une motion
présentée par le parti de l'Union Nationale acceptée
à l'unanimité, s'est esquintée, c'est le moins qu'on
puisse dire, à cette difficile problématique du contrôle
par les parlementaires des sociétés d'Etat. Je dois vous dire
qu'on a accumulé, avec l'aide de l'Union Nationale, du Parti
libéral, du gouvernement et des services du gouvernement, une
série d'informations extrêmement précieuses. Nous sommes
allés jusqu'à proposer une réforme significative pour
laquelle nous avons demandé l'unanimité des participants,
puisqu'il s'agit d'une affaire qui touche tous les députés et de
toutes les formations politiques. Nous n'avons pas eu cette unanimité.
La formule que le gouvernement a proposée d'un nouveau type de
commission parlementaire permanente pour examiner l'action des
sociétés d'Etat dans un cadre défini ces travaux
ont été déposés n'a pas eu
l'unanimité de toutes les formations politiques et votre participant,
même si vous feignez d'avoir oublié qui il était, votre
participant expert sur cette question ne peut plus participer au nom de votre
formation politique.
Alors, je dois malheureusement conclure que ces travaux n'ont pas
abouti, qu'ils doivent être continués, qu'ils sont poursuivis
à l'intérieur du gouvernement. C'est un problème pour tous
les Parlements du monde: Comment contrôle-t-on, lorsqu'on est
parlementaire, l'action des sociétés d'Etat sans devenir
tatillon, sans révéler les renseignements concurrentiels des
sociétés d'Etat pour ne pas les mettre dans la situation
où elles ne sont pas capables de faire face, quand elles travaillent sur
le marché, aux efforts d'une concurrence qui vient du dehors.
Bref, ce n'est pas un constat d'échec absolu. Les travaux de
cette commission ont été passionnants, j'ai participé
moi-même à toutes les séances, sauf qu'on n'a pas pu
arriver à un accord pour modifier dès maintenant nos traditions
et nos règlements de l'Assemblée d'une façon qui aurait
donné satisfaction à tout le monde. Les travaux continuent,
à la réforme parlementaire en particulier, et on tâchera
d'arriver à une formule plus satisfaisante plus tard.
Pour la politique d'achats, ce que mon collègue, le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, a dit je pense que vous avez
fait la nuance, mais si vous ne l'avez pas faite, je la fais c'est
qu'à l'intérieur du gouvernement cela va. Quant à la
politique d'achats pour le service général des achats, pour les
achats de tous les ministères, également pour
Hydro-Québec, qui a sa propre politique des achats, il n'y a pas de
problème. (18 h 15)
Le problème intervient au moment où on doit respecter
l'autonomie de décision d'organismes décentralisés et de
réseaux comme les municipalités du Québec, comme les
commissions scolaires du Québec. Vous savez que c'est une question
délicate et que les maires, à bon droit, s'étant vu
confier la gestion des finances municipales par nos lois, ne veulent pas que,
d'une façon détournée, nous allions leur enlever cette
autonomie de gestion.
Alors, la solution est double: premièrement, l'incitation que le
gouvernement peut faire, de diverses manières mais avec la
réforme des finances municipales; les municipalités vont chercher
l'impôt dont elles ont besoin et le dépensent comme elles
l'entendent dans l'intérêt de leurs contribuables. Mais il y a
quand même place à l'incitation de la part du gouvernement
auprès des municipalités, sans coercition, encore une fois.
Deuxièmement, c'est cette information que nous avons faite abondamment
dans le public au sujet des politiques d'achats, de la nécessité
pour les organismes publics d'imiter tous les organismes publics du Canada et
du continent, de protéger, dans des limites économiques, les
agents de leur propre territoire.
Nous avons appris, il y a très longtemps, que l'Ontario
pratiquait une politique préférentielle d'achats. On a eu des
confirmations récemment par les journaux, démontrant que cette
politique était systématique depuis 1974, donc deux ans, presque
trois ans, avant que le Québec en ait une.
Il ne faut pas, évidemment, baser une politique économique
sur de la restriction, du contrôle et de la préférence,
mais dans un univers où ces formes de protection sont devenues monnaie
courante pour tous les gouvernements qui nous entourent, nous avons
décidé, avec l'appui des chefs d'entreprise et des organismes qui
les représentent, de pratiquer cette politique à
l'intérieur du gouvernement. Encore une fois, c'est un suc-
ces dans les réseaux, pour les raisons que je vous ai dites,
parce que l'autonomie de certains réseaux prime même la politique
économique du gouvernement; c'est aux citoyens de chaque
municipalité à faire en sorte que leurs élus municipaux se
comportent d'une façon civique sur le plan économique, si je peux
dire.
Je pense que j'ai à peu près repassé l'ensemble de
vos questions. Je m'excuse le temps est limité de ne pas
aller au fond des choses, comme vous l'auriez sans doute souhaité. Il y
a toujours le recours aux questions à l'Assemblée nationale.
Quant aux problèmes spécifiques que vous m'avez soumis, comme le
crédit touristique, comme certains cas de PME, je vous
réitère mon offre de collaborer pour tous les dossiers
particuliers que vous pourriez avoir.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
Discussion générale
M. Scowen: Merci Mme la Présidente. Je veux revenir
à la réponse du ministre à ma première
intervention. D'abord, je vais passer par-dessus les insultes qui ont
marqué sa réponse. A un autre endroit, ça me ferait
plaisir de comparer les cours d'économie que j'ai suivis et ceux qu'il a
suivis dans les diverses universités du monde et nous verrions qui a la
meilleure formation. Mais le point essentiel que je veux soulever, c'est que
j'ai eu le plaisir, pendant 17 ans, de diriger une entreprise avec mon
collègue, M. De Volpi. Au commencement, elle avait un chiffre d'affaires
de $500 000 et, 17 ans plus tard, nous avions un total de ventes de $22
millions. C'était une PME québécoise qui avait les
mêmes problèmes que les autres: la banque, les syndicats, le
patronat, la concurrence avec les multinationales. Je peux vous dire, Mme la
Présidente, que c'est une bonne leçon d'économie, pendant
17 ans. Elle n'est pas de la même nature que celle qu'on reçoit
dans les universités, mais elle est quand même importante dans le
cadre d'une politique économique au Québec.
Je veux simplement rappeler au ministre, quand il parle de la
vérité des économistes, que quelqu'un m'a dit qu'il y a
deux avertissements qui sont donnés à tous les journalistes du
monde quand ils commencent leur travail professionnel. Ils doivent se
méfier de deux sortes de personnes: les sénateurs qui disent
qu'ils vont prendre leur retraite et les économistes qui disent qu'ils
sont apolitiques.
M. Landry: Très juste.
M. Scowen: Je pense qu'il faut rappeler ces deux points quand on
parle de la vérité de tel ou tel économiste.
Vous avez parlé à plusieurs reprises...
M. Charbonneau: On ne m'avait pas dit cela quand j'ai
commencé à faire du journalisme.
M. Scowen: Vous avez parlé de l'ancien chef de l'Union
Nationale qui est maintenant une personne beaucoup respectée au sein du
Parti québécois. Et je reviens à Bâtir le
Québec. Je veux simplement vous donner son opinion là-dessus, qui
est parue dans le Soleil du 13 septembre 1979: "Ce document constitue une autre
étape dans la campagne de propagande et de publicité
péquiste en vue du référendum".
M. Landry: II devrait être content.
M. Scowen: C'est l'opinion de M. Biron. Je ne sais pas si le
premier ministre a l'intention de le nommer ministre dans le domaine
économique dans les prochaines semaines, mais il est clair que lui aussi
va avoir beaucoup de difficulté à avaler cette politique.
En ce qui concerne ce que vous avez dit sur le conflit, la contradiction
qui existe entre le document Bâtir le Québec et le programme du
parti, vous avez dit, si je comprends bien, que le député de
Rosemont vous avait donné une réconciliation parfaite des deux.
J'espère que je peux vous persuader de déposer pour nous tous
cette réconciliation parce que ce sera quelque chose de très
intéressant à lire, si vous pouvez réconcilier un document
qui dit: On veut favoriser comme forme prioritaire d'intervention dans
l'économie une expansion soutenue du secteur public c'est cela
qui est dans le programme avec la déclaration de Bâtir le
Québec que "l'entreprise constitue le coeur de l'activité
économique puisqu'elle assume pour l'essentiel l'ensemble des fonctions
de la production"... Vous avez dit, M. le ministre, dans le Montreal Star du 20
septembre 1979: The Government believes that it is with the private sector and
the dynamism of its agents that the responsibility for sustained development
lies. Si le député de Rosemont peut réconcilier ces deux
déclarations à la satisfaction du public, il sera très
utile au premier ministre dans ses efforts de réconcilier la
souveraineté-association à sa loyauté au système
fédéral. C'est une petite contradiction avec laquelle il est pris
aujourd'hui.
Vous avez aussi parlé brièvement, à deux ou trois
reprises, de l'absence d'une politique économique du Parti
libéral. C'est intéressant. Tout le monde, à ce moment-ci,
pose des questions au Parti libéral sur les politiques
économiques parce qu'il est clair que cela devient de plus en plus
important en vue d'une élection. Je veux simplement dire, Mme la
Présidente, que quand nous sommes arrivés dans l'Opposition, en
1976, notre obligation était de critiquer d'une façon
cohérente votre politique comme gouvernement, ce qu'on a, je pense, fait
d'une façon assez efficace. Plus récemment, notre
responsabilité a été d'expliquer à la population
les faiblesses de votre proposition pour l'avenir du Québec, la
souveraineté-association, et je pense qu'on l'a fait d'une façon
satisfaisante, d'après les résultats.
Nous sommes maintenant rendus au moment où il faut
développer une politique économique et
on va se mettre au travail comme sur les autres projets. Si la
concurrence est Bâtir le Québec, je veux vous dire que je ne suis
pas paralysé de peur sur notre capacité de sortir quelque chose
d'intéressant.
Mais pour revenir aux points spécifiques que j'ai
soulevés, j'ai dit que, quant à moi, j'ai essayé de
trouver un moyen de comprendre jusqu'à quel point les recommandations
spécifiques de Bâtir le Québec ont été
réalisées. C'est difficile. C'est clair que toutes ces
propositions ne sont pas de la même qualité ou de la même
importance. Je suis certain que vous serez d'accord avec moi. Malheureusement,
la seule façon, c'est de les compter et Dieu sait combien ont
été réalisées. J'en ai compté 123. Comme je
vous l'ai dit tantôt, j'ai calculé que 21 avaient
déjà été réalisées au moment
où le document est sorti, ce qui laisse à peu près une
centaine de recommandations précises.
Quant à moi, une trentaine de recommandations, sont vides de
contenu, comme celles que j'ai citées tantôt. Vous m'avez dit, M.
le ministre, que vous en aviez réalisé 60%. J'imagine que les 60%
comprennent les 18% qui ont déjà été
réalisées quand le document a été publié, ce
qui laisse 42% qui ont été réalisées pendant les
dix derniers mois, en effet, à peu près 71. Je me demande et je
vous demande si vous pourriez déposer la liste de ces 60%, ces 72
recommandations spécifiques. C'est malheureusement la seule façon
de les calculer, parce que c'est impossible de donner un poids à
chacune. Si je comprends bien votre réponse, il semble que vous avez
réalisé 74 de ces promesses, de ces recommandations. Je me
demande si vous pourriez me déposer avant la fin de la session la liste
des 74 qui ont été réalisées.
Pour revenir aux dix dont j'ai soulevé le cas d'une façon
très précise, je vais passer très...
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député,
pourrais-je vous demander d'accélérer un peu votre exposé
pour permettre au ministre de répondre quand même à vos
questions, puisque nous devons terminer nos travaux à 18 h 30?
M. Scowen: Oui.
M. Landry: A moins qu'il y ait des éléments
nouveaux, mais, à présent, cela ne dérange pas tellement,
parce que, dans ce qu'il a dit, il n'a absolument pas répondu.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Landry: Il n'a pas su donner de contrepartie aux
réponses que je lui avais déjà données.
M. Scowen: Tout ce qu'il me reste à faire, Mme la
Présidente, c'est simplement de confirmer ma connaissance de ce que le
ministre a dit sur les dix questions spécifiques que je lui ai
posées et à lui poser une très brève question sur
un problème spécifique du programme OSE. Si je comprends bien,
dans le domaine des recommanda- tions qui ont probablement
nécessité une loi ou une expansion très spécifique
d'un programme déjà en vigueur, l'Office québécois
du commerce extérieur sera réalisé d'ici quelques
semaines.
M. Landry: C'est annoncé.
M. Scowen: Annoncé.
M. Landry: ... comme étant déjà
réalisé.
M. Scowen: Pour ce qui concerne la Société
d'exportation du Québec, la banque d'affaires, cet élargissement
du champ d'activité de la SDI dans les télécommunications,
le transport et la recherche industrielle et, en dernier lieu,
l'élargissement des pouvoirs des institutions de dépôt,
ceci reste à faire.
Dans l'autre domaine, ce que je qualifiais de programme peut-être
d'une importance moins grande, mais quand même encore important, la
politique des conditions de fourniture d'électricité est quelque
chose qui sera rendu public d'ici quelques semaines, un mois?
M. Landry: C'est déjà fait; ce que j'ai dit, c'est
que je donnerais des détails dans les semaines à venir.
M. Scowen: Pour ce qui concerne la création d'un Conseil
économique et social, le programme omnibus visant la création de
groupements d'intérêts, le programme des modifications des tarifs
ferroviaires et le programme de la promotion à l'extérieur des
installations portuaires vous avez parlé de Montréal, mais
ce n'était pas cela qui était visé dans la recommandation
ces quatre programmes restent également à faire. Si je
comprends bien, dans chacun des deux secteurs que j'ai soulignés, il y
en a un qui est fait, qui s'inscrit, en effet, dans vos 60% et quatre qui sont
dans la catégorie de ce qu'il reste à faire.
En terminant, Mme la Présidente, j'ai une toute dernière
question assez importante. (18 h 30)
M. Landry: II faut être honnête et suivre la
procédure. Il reste quelques minutes. Est-ce que vous êtes
là pour donner une réplique à ce que j'ai dit ou si vous
me posez des questions en me mettant dans l'impossibilité de pouvoir y
répondre parce que le temps sera écoulé?
M. Scowen: Non, je ne suis pas pressé du tout. Je suis
prêt à attendre.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député,
je pense que, pour être conséquent avec l'entente...
M. Landry: C'est 120 minutes. Qu'est-ce que vous voulez que je
fasse?
M. Scowen: Oui, c'est cela. On a commencé à 16 h
40.
La Présidente (Mme Cuerrier): ... il faudrait pouvoir
terminer à 18 h 30, parce que la commission a convenu d'entendre M. le
ministre d'Etat au Développement social à 18 h 30.
M. Scowen: C'est simplement que mon impression était qu'il
y avait deux heures de prévues. On a commencé à peu
près quinze minutes en retard.
La Présidente (Mme Cuerrier): II y avait aussi M. le
député de Bellechasse qui voulait intervenir, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Ma dernière question est très
brève. Dans le rapport du Vérificateur général,
à la page 61 ou 62, il parlait de quelque chose je pense que le
mot "scandale" n'est pas trop fort qui est un problème dans
l'administration du programme expérimental de création d'emplois
communautaires. Je veux simplement savoir si le ministre a l'intention de faire
suite à ce problème soulevé par le Vérificateur
général et de donner une réponse publique à ce
problème qui a été soulevé d'une façon
très nette dans ce document. Merci.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Landry: D'abord, je n'ai pas du tout l'intention, mais le
gouvernement a l'intention, puisque c'est mon collègue du
développement social qui a la gestion directe du programme auquel vous
faites allusion et qu'il sera ici dans quelques minutes pour la séance
subséquente... Votre formation politique aura le loisir de le
questionner tant qu'elle le voudra là-dessus. Dans les points qu'a
mentionnés de nouveau le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il a parlé des groupes
d'intérêts. Peut-être me suis-je mal fait comprendre, mais
ces groupes d'intérêts existent déjà dans trois ou
quatre secteurs; ce sont les meubles, la chaussure et le textile. Comme il y a
énormément de secteurs qui auraient avantage à de pareils
regroupements d'intérêts, cela va se faire peu à peu, mais
je ne veux pas que vous insinuiez qu'il n'y a pas de réalisation de
faite dans ce domaine. Alors, cela fait quelques petites soustractions à
faire à vos chiffres complexes.
M. Scowen: C'est le programme omnibus dont vous avez parlé
dans...
M. Landry: C'est cela. Un programme omnibus, comme son nom
l'indique... un omnibus, c'est en déplacement et on y monte au passage.
Il y en a qui sont déjà montés, d'autres qui monteront
à l'avenir.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Bellechasse.
M. Goulet: Madame, très brièvement, je sais que le
temps est écoulé, je n'ai pu poser qu'une question. Le ministre a
parlé tout à l'heure de dif- férentes formes d'aide, par
exemple le marketing. Le marketing, tout le monde mélange cela un peu,
mais, si je prends la première phase, c'est l'étude des besoins
de la population pour savoir ce qu'elle veut et ensuite lui offrir ce qu'elle
veut. Comment se fait-il qu'au niveau de ce marketing... Je trouve qu'il n'y a
pas énormément d'aide qui vient de la part des ministères
à développement économique. On l'a souligné, la
semaine dernière, au ministère des Finances; le ministre des
Finances lui-même a dit: La dévaluation du dollar canadien n'a pas
eu l'impact sur la petite entreprise qu'on aurait pu espérer. Je me
demande comment il se fait qu'après peut-être deux ans de cette
dévaluation assez énorme, la petite entreprise n'ait pas pu
bénéficier de cela ou qu'elle commence tout juste à en
bénéficier. Est-ce que ce ne serait pas le ministère du
Développement économique ou les ministères qui devraient
orienter, qui devraient renseigner ces petites entreprises? Comment se fait-il
qu'on n'ait pas pu bénéficier de cette dévaluation du
dollar canadien?
Je vais poser tout de suite ma deuxième question, dans un autre
ordre d'idées. Le ministre a dit tout à l'heure: Au niveau des
politiques préférentielles, il ne faut pas axer notre
développement économique là-dessus. Est-ce que le ministre
serait favorable à une politique d'achats préférentielle
par région j'entends par là une région
désignée, comme le Bas-du-Fleuve, la Gaspésie en
disant: Quand il y a 5% de différence, on y va quand même, ou
10%?
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre d'Etat au
Développement économique.
M. Landry: Deux réponses très brèves.
D'abord, le député a raison; certaines PME n'ont pas
profité de la décote du dollar canadien et ce sont surtout les
très grandes entreprises, dans un premier temps, parce qu'elles avaient
des contrats, comme pâtes et papiers, fournitures à long terme,
etc. Si les gouvernements précédents avaient fait face à
leurs responsabilités, quand le dollar canadien a commencé
à prendre cette décote, les organismes auraient été
en place pour stimuler au maximum les PME à en profiter.
Malheureusement, tel n'était pas le cas. Nous avons dû,
après réflexion et examen des besoins, mettre sur pied, comme
j'ai dit, l'Office québécois du commerce extérieur dont
c'est un des rôles.
Et, entretemps, pour tous les aspects de la mise en marché, y
compris l'exportation, la direction du service aux entreprises du MIC non
seulement dispose de programmes, mais elle-même agit comme clinicien
vis-à-vis des PME qui ne sont pas capables de se payer des experts, qui
ne sont pas capables, souvent, de prendre l'avion pour aller à Tokyo.
Alors, il y a un certain nombre de programmes qui sont en cours, dont le
programme APEX, par exemple, et aussi l'aspect clinique des quatre autres
programmes spécifiques de financement de transactions, donc de
commercialisation par la SDI. Mais, encore une fois, vous me ramenez à
la problématique de rapprocher l'infor-
mation des PME et ce n'est pas encore le régime idéal.
Tout le monde est d'accord, moi le premier. C'est pour cela que dans
Bâtir le Québec, on en fait une priorité et qu'on a
commencé à faire ce rapprochement.
Dernier aspect de la question: politique régionale des achats.
J'ai beaucoup de réserves. Cela me semble aller à l'encontre des
lois fondamentales de l'économie, des lois du marché, du
différentiel établi ipso facto par les coûts de transport.
Celui qui est en région, normalement, qui fabrique un produit, devrait
déjà être le plus bas soumissionnaire simplement parce
qu'il est sur les lieux. Alors, c'est avec beaucoup de réticence
je ne dis pas que cela ne vaut pas la peine d'être regardé
que je m'engagerais dans la balkanisation régionale et
sous-régionale des achats du secteur public.
Les municipalités ont des pressions et je ne dis pas que c'est
mauvais, d'ailleurs. Certaines municipalités le font, elles
achètent dans la municipalité, pas toujours pour des raisons
hautement économiques, comme vous le savez d'ailleurs, mais cela se
fait. Je ne dis pas qu'on devrait les empêcher de le faire, mais je ne
pense pas que de telles pratiques devraient être encouragées.
Si le Québec a une politique d'achats, c'est parce que l'Ontario
et les autres gouvernements du Canada en pratiquaient une et qu'on se trouvait
les seuls désarmés dans un univers armé. Et le fait
d'être armé, au moins, permet de s'asseoir à la table de
négociations du désarmement. Mais ce n'est pas une philosophie
politique chez nous de faire cela; c'est simplement ne pas être
naïf.
M. Scowen: Mme la Présidente, je veux simplement savoir du
ministre s'il peut accepter ma demande de déposer, avant la fin de
session, cette liste de 74 recommandations, les 60% qui sont
réalisés.
M. Landry: Je n'avais pas l'intention de déposer cela
avant la fin de la session; c'est déjà prévu dans mon
calendrier d'activités, je pense, pour le mois d'août.
M. Scowen: Mais la liste est disponible, vous avez calculé
les 60%.
M. Landry: Non, on a calculé les 60%, mais, comme il faut
informer le public en profondeur et qu'on veut vraiment rendre des comptes
j'ai fait une tournée à travers tout le Québec pour
Bâtir le Québec je veux que cette information soit bien
présentée avec toutes les références pour que ce
soit d'une lecture claire. Je ne veux pas livrer au public une montagne de
chiffres qui n'aient pas la limpidité de la présentation de
Bâtir le Québec. Alors, il faut que cela se fasse en
parallèle et on travaille maintenant sur la présentation. Il faut
que je soumette l'information factuelle au Comité ministériel de
développement économique probablement à la prochaine
séance. C'était à l'ordre du jour de la
précédente, mais on n'a pas eu le temps de le faire. Alors, il
faut que le CMPD passe là- dessus et qu'après cela ce soit
présenté dans une forme qui permettra autant au
député de Notre-Dame-de-Grâce qu'à n'importe quel
développeur au Saguenay-Lac-Saint-Jean ou dans Bellechasse de dire: Tel
article, en regard de tel autre, cela est fait, cela ne l'est pas. Cela, je
souligne respectueusement, madame, que ce ne sera pas prêt avant le mois
d'août. C'est à ce moment-là que je rendrai cela
public.
M. Scowen: Mme la Présidente, moi je souligne
respectueusement que, si le ministre dit en commission parlementaire aux
députés qu'il a réalisé 74% ou 60%, qui est la
même chose, de 123 recommandations spécifiques, il a l'obligation
de nous dire quoi en Chambre ou dans cette commission ou de déposer la
liste des 60% ou des 74% qu'il a réalisés. C'est
l'information...
M. Landry: En parlant, le député de
Notre-Dame-de-Grâce est justement en train de faire la preuve que la
présentation doit être faite de façon soigneuse. Il y a
dans Bâtir le Québec des choses qui ne relèvent pas du
gouvernement. Ce sont des recommandations au secteur privé ou au secteur
coopératif. Vous ne pouvez pas me demander en commission parlementaire
de répondre de l'action de la Banque nationale, par exemple, ou de la
Banque canadienne nationale. Ce que je dis, c'est: Dans ce que le gouvernement
avait à faire, il y a 60% de réalisés. Alors, vous faites
l'illustration, justement, que je ne dois pas répondre à votre
demande, parce que vous prenez la mauvaise base et que vous faussez les calculs
avant d'avoir les documents non agglomérés en main. Pour cette
raison, cela me confirme dans ma ferme intention de rendre cela public au mois
d'août.
M. Scowen: Et cela confirme la probabilité que les 60% ne
sont pas vrais?
M. Landry: C'est difficile à accepter. Nos
règlements sont formels. Si vous prétendez que ce n'est pas vrai,
prouvez-le. C'est vous qui êtes en position de prouver ce que vous venez
d'affirmer.
M. Scowen: C'est vous qui le dites, ce n'est pas moi.
M. Landry: Moi, j'ai dit, avec les informations dont je
dispose...
M. Scowen: C'est votre constatation. Donnez-nous la liste.
M. Landry:... conseillé par ceux qui m'accompagnent ici
aujourd'hui...
M. Scowen: Si c'est vrai, donnez-nous la liste.
M. Landry: ... qu'il s'agit de 60%. Et vous n'avez pas le droit
d'inférer d'aucune manière que ce n'est pas vrai.
M. Scowen: Lesquels? Lesquels?
M. Landry: Et si vous le faites, prouvez!
La Présidente (Mme Cuerrier): S'il vous plaît!
Est-ce qu'on ne pourrait pas convenir qu'en commission parlementaire comme
à l'Assemblée nationale, on peut diverger d'opinion? Je vous
demanderais à chacun, s'il vous plaît, votre collaboration. Il
avait été convenu que nous terminerions les travaux avec M. le
ministre d'Etat au Développement économique. Je remercie les
participants qui lui ont posé des questions et qui lui ont fait des
commentaires. Merci aussi à M. le ministre d'avoir participé
à ce travail.
Nous suspendons nos travaux pour quelques secondes juste pour changer
les participants, et nous entendrons M. le ministre d'Etat au
Développement social.
M. Landry: Je vous remercie également, Mme la
Présidente, ainsi que les autres participants.
Suspension de la séance à 18 h 42
Reprise de la séance à 18 h 50
Ministère d'Etat au Développement
social
La Présidente (Mme Cuerrier): La commission de la
présidence du conseil et de la constitution reprend ses travaux. Du
consentement unanime de cette commission, certains intervenants sont
remplacés. C'est bien le cas, n'est-ce pas? Il y a consentement.
Certains intervenants sont remplacés par d'autres, dont le
député de Bellechasse qui remplaçait M. Le Moignan
(Gaspé) qui est remplacé par le député de Richmond,
M. Brochu.
M. le ministre au Développement économique, qui
remplaçait M. Morin (Louis-Hébert), est remplacé par M.
Marois, ministre d'Etat au Développement social.
M. le ministre d'Etat au Développement social.
Remarques préliminaires M. Pierre
Marois
M. Marois: Mme la Présidente, très rapidement,
peut-être quelques mots, j'aurais dit "deux mots", comme commentaires
d'ouverture.
Je présume que les députés ont eu l'occasion de
lire le rapport annuel du Conseil exécutif qui inclut forcément
l'ensemble des activités qui impliquent le ministre d'Etat au
Développement social, le secrétariat au Développement
social. On a pu trouver là la synthèse de l'ensemble des
activités, des travaux menés par le ministre et
l'équipe.
Je me permettrais simplement, sans revenir sur chacun des détails
contenus dans le rapport, dans un premier temps, de rappeler que notre travail
de coordination de l'activité de l'ensemble de toute une batterie de
ministères s'est poursuivi.
Cela relève du comité permanent du Développement
social. Nous avons essayé, tranquillement, par étapes, parce que
cela ne peut pas se faire en deux jours, d'assurer la meilleure coordination
et, en même temps, la meilleure cohérence dans l'ensemble des
politiques sociales du gouvernement.
Deuxièmement, un élément sur lequel je
m'arrêterai un petit peu plus longuement, c'est d'amorcer une jonction
beaucoup plus serrée entre ce qu'on peut appeler le développement
social et le développement économique. Il me paraît
c'est une conception qu'on a mise de l'avant depuis 1976 qu'il y a
quelque chose d'un peu artificiel... L'humain, le citoyen ne se lève
pas, le matin, pour être un peu social et être économique,
l'après-midi, et se coucher culturel, le soir.
En d'autres termes, il faut absolument établir, non seulement des
ponts, mais serrer l'ensemble des politiques pour ouvrir une perspective qui ne
soit pas juste dans une direction, une perspective de développement
social, dans une autre, de développement économique, mais
établir des joints extrêmement serrés, étroits, pour
ouvrir une perspective de développement tout court. Cela a amené
le ministère à intervenir dans une série de domaines, par
exemple en assumant des mandats en cours de route, ce qui a été
le cas pour tout le dossier de la santé-sécurité au
travail, et ce qui est le cas aussi pour un des programmes qui est
administré directement par le ministre d'Etat au Développement
social, qui est le programme expérimental de création d'emplois
communautaires.
Cela peut paraître un peu bizarre que le développement
social soit mêlé au développement économique, mais,
à mon avis, il n'y a rien de bizarre et bien au contraire! Ces choses
devraient être accentuées dans la mesure où, justement, il
faut ouvrir cette perspective et resserrer les joints, l'harmonisation entre le
social et l'économique, pour en arriver à établir
tranquillement une politique de développement qui tienne compte de
l'ensemble des morceaux.
On a donc attaché une importance assez grande, dans
l'administration courante puisque cela relève de nous
d'une part, au programme expérimental de création d'emplois
communautaires; également, d'autre part, à la mise en place,
puisque le mandat m'en a été confié, de la réforme
qui implique beaucoup de choses, forcément, cela ne peut pas
être fait en deux mois, mais je pense que, déjà, il y a
beaucoup de travail qui a été accompli très rapidement
sur la santé et la sécurité au travail. Egalement,
nous avons poursuivi aussi, dans la même perspective, accrochés
à la même philosophie, les travaux afin d'en arriver avec le
ministère du Revenu à des recommandations qui, d'ailleurs, sont
maintenant devenues des choses entrées en vigueur, une deuxième
étape d'implantation, une deuxième phase du programme de
supplément au revenu de travail qui, lui aussi, permet de favoriser
l'incitation au travail, le maintien au travail de ceux qui sont parmi les plus
bas salariés, les plus démunis parmi les salariés, et en
même temps inciter un retour au travail de ceux et celles qui vivent de
l'aide sociale, qui sont
aptes au travail et qui, bien plus souvent qu'on ne le pense, veulent
apporter leur contribution au développement d'un coin local ou
régional du Québec.
Donc, c'est fondamentalement la même politique qui guide
l'ensemble des travaux qu'on poursuit maintenant sur un certain nombre de
fronts, que ce soit dans l'examen de l'aide sociale... On poursuit
également des travaux pour mettre au point, ce qui était
prévu d'ailleurs dans le livre blanc sur la santé et la
sécurité au travail, une politique de prévention et
s'assurer qu'elle entre en vigueur au meilleur rythme possible. On travaille
maintenant à un examen beaucoup plus en profondeur de l'ensemble des
régimes de réparation. On l'avait évoqué d'ailleurs
à l'occasion des discussions sur le projet de loi no 17. Voilà,
Mme la Présidente, les quelques commentaires d'ouverture que je voulais
faire.
La Présidente (Mme Cuerrier): De consentement unanime,
comme on l'avait proposé, M. Pagé (Portneuf) remplacerait M.
Gérard D. Levesque (Bonaventure). M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Mme la Présidente, très
brièvement, mon collègue, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, aura des questions à poser et des
commentaires à faire au ministre.
Dans un premier temps, je voudrais m'excuser ou je voudrais savoir ce
qui est arrivé au sujet du rendez-vous qui devrait avoir lieu à
la salle 81-A, parce qu'en Chambre, cet après-midi, le leader a bien dit
qu'on devait siéger à 81-A. De toute façon, ce n'est pas
grave, on est en retard un peu parce qu'on vous attendait là-bas. Cela
fait partie des précipitations des fins de session.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Portneuf, les autres intervenants se sont présentés au salon
rouge; de toute façon, vous aviez probablement une bonne...
M. Pagé: Ce doit être parce que j'étais le
seul à écouter!
La Présidente (Mme Cuerrier): Votre intervention, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Mme la Présidente, comme je vous le
disais, je vais laisser le soin au député de
Notre-Dame-de-Grâce de faire quelques commentaires sur les programmes
d'emplois communautaires, il a des questions à poser. Par la suite, je
reviendrai avec des questions, particulièrement sur la Commission de
santé et de sécurité du travail.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, Mme la Présidente. Je me trouve ici
d'une façon inattendue, mais je suis très content que mon
collègue soit arrivé.
Je veux simplement soulever deux points. Le premier, c'est que dans le
rapport du Vérificateur général qui a été
rendu public récemment, aux pages 61 et 62, il y a une critique assez
sévère envers l'administration du programme expérimental
de création d'emplois communautaires. Je l'ai lu et c'est clair qu'il y
a des lacunes importantes à plusieurs égards dans
l'administration de ce programme qui vont certainement préoccuper le
ministre. Je suis certain qu'il est déjà au travail
là-dessus, mais je veux simplement suggérer puisque c'est
un programme qui touche plusieurs personnes et plusieurs régions du
Québec et que ce programme OSE a toujours été quelque
chose de délicat sur le plan politique au ministre que, une fois
son enquête faite, il rende certaines choses publiques pour
répondre à cette déclaration du Vérificateur
général, déclaration qui est également publique,
afin que tout le monde puisse s'assurer que c'est réglé.
Le deuxième point que je veux soulever très
brièvement, c'est que dans la déclaration du ministre, lors de
l'ouverture de cette maison, il a parlé très brièvement de
ce problème qu'il a constaté et qui existe dans la division des
secteurs. C'est clair qu'on est obligé de créer ces secteurs
sociaux, économiques, culturels. J'ai toujours eu le problème,
comme lui, de savoir comment on peut régler un peu les problèmes
qui sont soulevés par cette division un peu artificielle. Je veux
prendre un exemple spécifique. J'ai toujours été inquiet
de voir que les patrons se trouvaient dans le domaine économique et les
syndicats dans le domaine social. (19 heures)
C'est clair qu'un syndicat est soumis à beaucoup de règles
sociales et économiques, et c'est la même chose pour le patronat.
Les décisions, les attitudes des patrons du Québec ont des
retombées importantes sur notre vie sociale. Quand je faisais partie du
cabinet du ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Saint-Pierre, la
façon dont nous étions divisés m'a toujours frappé;
il était presque impossible de faire un rapprochement entre le
ministère de l'Industrie et du Commerce et le syndicat. Je suis certain
que la même chose existe dans le sens contraire, le ministre du Travail a
beaucoup de difficulté à se mêler aux affaires du
patronat.
C'est un problème qui existe depuis toujours, ce n'est pas du
tout propre au Parti québécois ou au Parti libéral; cela
est inhérent au système. Quand je faisais partie de ce cabinet
j'y ai travaillé pendant un an on avait beaucoup de
problèmes dans le domaine industriel au Québec et cela relevait
directement des problèmes syndicaux. Moi, tout comme le ministre, j'en
suis certain, j'étais toujours frustré par le manque de
possibilités de concerter, de réaliser, de parler, de stimuler la
concertation entre ces deux groupes divisés, quant à moi,
à cause de leurs propres actions, depuis une trentaine d'années.
Cette division a été créée non pas par les
gouvernements, mais tout d'abord par les compagnies elles-mêmes, je n'ai
pas la moindre réserve à le dire, par les patrons.
La question aujourd'hui n'est pas d'établir la cause, mais
j'aimerais connaître l'opinion du ministre sur, s'il en a, des
possibilités de faire quelque chose; je ne parle pas des tables de
concertation à l'extérieur, mais de choses qui, de jour en jour,
peuvent se faire entre les deux ministres afin qu'ils puissent se rapprocher
davantage. C'étaient les deux points que je voulais soulever, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre d'Etat au
Développement social.
M. Pierre Marois
M. Marois: Mme la Présidente, je vais commencer, si le
député le permet, par son deuxième bloc de commentaires.
Lorsque j'ai formulé mes remarques préliminaires, je n'avais pas
l'intention d'étaler une critique quant à la mise en place des
structures des ministères d'Etat. Bien au contraire, j'ai surtout voulu
indiquer très profondément qu'en ce qui me concerne je
l'étayerai par un certain nombre de données et de faits
cela nous a ouvert comme jamais la possibilité, regroupant un certain
nombre de ministères à l'intérieur d'un secteur
Développement social, Développement économique; c'est vrai
pour le Développement culturel et l'Aménagement aussi, mais je
vais parler de ce que je connais le mieux d'amorcer à la fois une
meilleure harmonisation et coordination de l'ensemble des politiques. Je ne dis
pas que c'est parfait, je ne dis pas qu'il n'y a pas des erreurs qui ont
été commises en cours de route; il y a toujours un emmerdement,
c'est vrai en politique comme ailleurs; ce sont des humains, donc, par
définition, ils font des erreurs, nous les premiers et on va en faire
d'autres.
Enfin, cela ouvrait la possibilité d'assurer une meilleure
coordination. Je pense que les faits montrent en ce qui me concerne, si
j'avais à dresser un bilan très concret que c'était
possible. Ce n'est pas surtout là-dessus que je veux insister. Il nous a
été possible, dans la perspective que j'ai évoquée,
à partir de problèmes très concrets sur lesquels je
reviendrai, pour illustrer plus concrètement ma pensée, d'amorcer
une jonction entre une perspective de développement social et une
perspective de développement économique pour ouvrir la
perspective plus globale d'un développement qui ne soit pas en
même temps un développement, comme on dit, "sauvage", faire de
l'économie pour de l'économie; si on ne tient pas compte de
l'aspect humain, la conséquence peut être tragique. On l'a vu dans
tout le dossier des accidents du travail et les maladies professionnelles. Ce
n'est pas sans avoir des répercussions sur le plan des coûts, sur
le plan de la productivité, sur le plan du développement
même de l'entreprise et, en même temps, le rebondissement à
l'inverse c'est comme une balle dure qui rebondit d'un mur à
l'autre des retombées sur le plan social ou sur le plan humain.
Un humain qui est "magané" parce qu'il a un handicap à la suite
d'un accident de travail ou une maladie pro- fessionnelle pour le restant de
ses jours... il y a des dégâts qui ne se réparent pas dans
la vie. Il faut développer les meilleures politiques de
réadaptation possible.
En d'autres termes, il fallait resserrer les liens. C'est possible avec
une meilleure concertation entre les deux ministres d'Etat, le ministre d'Etat
au Développement social et le ministre d'Etat au Développement
économique, et en même temps, du fait que tous les ministres
d'Etat siègent au comité de priorités avec le premier
ministre.
Je vais maintenant tomber dans le concret, parce que vous avez
soulevé une espèce de sous-remarque ou sous-question en disant:
Au fond, on retrouve les patrons à l'économique, les syndicats au
social. Moi, je crois qu'il est possible d"'amor-cer", entre guillemets, sans
se prendre pour d'autres, parce que ce n'est pas facile de partir de vieux
schémas, de vieilles attitudes et de changer cela bout pour bout comme
l'automobile qui tourne sur les chapeaux de roues au coin de la rue... Cela ne
se change pas comme cela, mais on peut amorcer, ouvrir la perspective d'un
commencement de concertation entre les parties très concrètement.
Je vais l'illustrer par deux exemples: d'abord les deux ministres d'Etat
siègent avec l'équipe ministérielle qui administre
l'opération solidarité économique. Cela comprend toute une
série de programmes, de volets comme on dit dans le jargon
technique notamment, le programme d'emplois communautaires, les
programmes d'aide au travail qui relèvent du ministère du
Travail, les programmes PUE, d'intégration des jeunes à l'emploi,
qui relèvent du ministère du Travail. Vous avez là des
ministres et des ministères qui sont dans le bloc social et parce que
les deux ministres siègent avec l'ensemble de l'équipe
ministérielle qui administre l'opération solidarité
économique, cela nous a permis d'amorcer une jonction entre les
deux.
Dans quel sens? Je vais l'illustrer très concrètement.
Pour ce qui concerne le programme d'emplois communautaires, vous le savez, il y
a deux critères pour qu'un projet soit admissible: 1. que cela ait une
chance raisonnable d'être un projet qui devienne rentable et qui
s'autofinance sur une période de deux ans; 2. cela doit
privilégier de l'emploi pour les chômeurs et les assistés
sociaux qui sont aptes au travail, pour leur donner une chance de retourner au
travail et devenir des éléments qui contribuent, encore une fois,
à être productifs, qui contribuent à bâtir le
Québec. Sur une période de 30 mois, quand les livres ont
été fermés au 31 mars, à peu près $28 000
000 avaient été injectés dans 450 projets qui ont permis
de débloquer 4927 emplois permanents. C'est autour de 25% de l'ensemble
des emplois permanents de l'opération solidarité
économique, à partir d'un programme administré par un
ministre qui est pourtant dans le domaine social, bien mis en jonction avec le
ministre d'Etat au Développement économique.
On est allé plus loin que cela. On a mis à contribution au
comité directeur qui administre le programme à Québec et
en région, parce qu'il y a
douze points de décision en région, c'est effectivement le
seul programme où il y a une décentralisation ou
déconcentration on peut jouer sur les mots, peu importe
où vraiment des équipes en région ont le pouvoir de
prendre des décisions... On a réussi à commencer à
décloisonner les ministères pour faire travailler ensemble des
gens du ministère des Affaires sociales, du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre, du ministère de l'Industrie et du Commerce, le
ministère auquel vous avez déjà contribué ou
participé, pour mettre ce monde-là ensemble et dire: II y a un
projet qui est là, vous allez vous mettre ensemble. On peut contribuer
à permettre le retour au travail de chômeurs, d'assistés
sociaux, en même temps regarder toute la dimension strictement
économique ou rentabilité des projets, et, ma foi, avec des
erreurs, des ajustements qu'il faut faire en cours de route, je pense que le
résultat jusqu'à maintenant est intéressant. Cela a permis
cette ouverture.
J'ajouterais un dernier élément. Je m'excuse d'être
assez long, c'est toute une question que vous avez posée qui est
globale, q.ui implique beaucoup d'éléments. Je crois aussi que
sans arriver au paradis le lendemain matin, ce n'est pas vrai il
s'ouvre une perspective de concertation entre les parties patronale et
syndicale, notamment. J'ai pu le mesurer à l'intérieur du
programme d'emplois communautaires où vous avez, par exemple, ensemble
des promoteurs qui sont dans certains cas de petits industriels, la partie
syndicale ou le monde des travailleurs qui se regroupent ensemble, tous se
mettant ensemble autour d'un projet avec des équipes de fonctionnaires
émanant de quelque ministère que ce soit. Si on a besoin de
quelqu'un de l'Agriculture, on prend quelqu'un de l'Agriculture, pour que cela
devienne des gens qui sont au service du monde, qui sortent de leur bureau pour
évaluer les projets, les resserrer, ce qui peut-être je
formule purement une hypothèse, c'est prématuré de tirer
une conclusion explique le taux très faible d'échecs. Sur
30 mois, il y a 12.5% des projets seulement qui n'ont pas réussi
à passer à travers; 12.5%, c'est un taux très faible par
rapport à ce qu'on peut voir non seulement dans l'ensemble des
programmes gouvernementaux d'aide à l'entreprise, mais en
général, d'entreprises qui partent d'elles-mêmes un peu
partout à travers le Québec. En général, le taux
d'échecs est plus élevé que ça.
Je donnerais un dernier exemple de ça, toujours dans le domaine
social, c'est le commencement et j'espère que c'est un
commencement prometteur, parce que c'est un gros défi d'y arriver
de "concertation" des parties, dans le cadre du dossier sur la santé et
la sécurité au travail. Vous savez, par exemple, que, au conseil
d'administration, il siège des représentants du monde syndical,
des représentants du monde patronal et c'est un des coins clés de
la philosophie même de l'ensemble de la réforme de dire aux
parties: Assumez vos responsabilités, on va vous donner tout le coup de
pouce qu'il faut, mais prenez en charge l'essentiel et on va vous
épauler. Mais vous devez commencer par faire l'essentiel du travail
ensemble. C'est rentable aussi bien sur le plan économique que sur le
plan humain, c'est ce que j'appelle la jonction du social et de
l'économique.
J'espère que ça peut être prometteur pour l'avenir,
mais c'est vrai que ce n'est pas facile d'y arriver, comme vous l'avez
évoqué.
Le rapport du Vérificateur général, bien sûr,
j'en ai pris connaissance. Je trouve les commentaires du député
de Notre-Dame-de-Grâce un peu sévères sur le rapport du
Vérificateur général; je ne pense pas que celui-ci ait
utilisé les expressions qu'il utilise. Le rapport, incidemment, comme
point de départ, approuve, il y revient, et il l'écrit
c'est donc que c'est important de le signaler les modalités
administratives qui ont été mises en place pour régir ce
programme, aussi bien au niveau régional qu'au niveau central. Il
soulève un certain nombre d'éléments, des pièces
qui retardent à entrer, etc... Il y a toute une série de choses
qu'on est en train effectivement, comme vous l'avez évoqué, de
regarder de très près, mais il ne remet pas en doute l'ensemble
de la conception de l'administration du programme et de la gestion. Au fond, il
y a aussi un côté expérimental que comprend bien le
Vérificateur général. Encore une fois, c'est le seul
programme où il y a un pouvoir décisionnel réel en
région; tous les projets qui impliquent une subvention de $75 000 ne
viennent pas à Québec, ça se décide directement en
région, ce qui permet d'aller beaucoup plus rapidement et d'être
collé aux besoins des gens.
Evidemment, ça fait douze centres de décision et il faut
ensuite réussir à faire entrer les pièces, s'assurer que
l'ensemble des pièces entrent, pour que le Vérificateur
général et l'administration générale du programme
puissent avoir l'ensemble des pièces.
On a déjà commencé à regarder l'ensemble des
coins très concrets du rapport, pour voir et même, dans
certains cas, avec le Vérificateur général les
méthodes à mettre au point, sans rien alourdir. Ce que je veux
éviter je ne veux pas tomber dans le panneau autant que
faire se peut, c'est d'alourdir l'administration du programme, je veux que
ça reste une administration légère, souple, efficace, mais
rigide. C'est certain qu'on va regarder de très près chacun des
coins, d'ailleurs, c'est déjà commencé comme vous l'avez
évoqué.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Portneuf.
Commission de la santé et de la
sécurité du travail
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. Je remercie le
ministre pour ses commentaires et la réponse qu'il a donnée au
député de Notre-Dame-de-Grâce.
J'aimerais maintenant aborder le dossier de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Je m'excuse, je
n'étais pas ici au début des tra-
vaux de la commission, peut-être le ministre a-t-il
expliqué ce qu'il en était ou...
M. Marois: Non, je n'ai pas fait un point...
M. Pagé: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
où en est rendue la Commission de la santé et de la
sécurité du travail dans l'établissement de ses
priorités? Elle est maintenant formée, elle vit; où en
est-elle rendue dans rétablissement de ses priorités, des cibles?
Est-ce que la commission s'est établi des cibles qui doivent être
recherchées pour être atteintes, et ce dans quel délai?
Qu'est-ce qui s'est fait en termes de programmation, surtout sur le volet de la
santé comme telle, et de la sécurité?
J'aurais ensuite des questions à lui poser plus
spécifiquement sur la formation de la commission. J'aimerais que le
ministre nous dise comment le gouvernement pouvait être justifié
de ne pas désigner au conseil d'administration des représentants
de la CSD. On se rappellera que la Centrale des syndicats démocratiques
avait contribué et collaboré étroitement aux travaux de la
commission parlementaire et, par le fait même, à la
rédaction du projet de loi. Je pense qu'aucune personne avertie n'est
sans savoir que la Centrale des syndicats démocratiques
représente des milliers et des milliers de travailleurs au
Québec, que cette centrale syndicale s'est toujours
particulièrement préoccupée de la question de la
santé et de la sécurité du travail dans certains secteurs
particuliers de l'activité économique du Québec. (19 h
15)
On n'a qu'à se rappeler son mémoire qui était
très bien étoffé. Je dois vous dire, Mme la
Présidente, que j'ai moi-même été très
surpris de constater, lorsque les membres de la commission ont
été désignés, de voir que, sur la liste, il n'y
avait personne de la CSD.
Le ministre se rappellera certainement les commentaires qui lui ont
été formulés par écrit, si ma mémoire est
fidèle, par le député de D'Arcy McGee, lequel a
manifesté sa surprise de constater qu'aucun représentant de cette
communauté importante que constituent les anglophones au Québec
n'était membre de la commission. Le ministre pourrait aussi
toujours des questions spécifiques, parce que le temps est très
limité nous dire si c'est bien le cas que le siège social
de la commission a été déplacé de Québec
à Montréal et comment il peut l'expliquer.
En ce qui concerne la fonction d'indemnisation de la commission, on se
rappellera que, même si cela n'a pas été un
élément primordial du débat sur la loi 17, cela en a
été un élément important qui est revenu souvent. On
se rappellera que les intervenants ont témoigné de beaucoup
d'inquiétude à l'égard des fameux bureaux de
révision à la commission, des délais qui étaient
trop longs, des délais dont les accidentés avaient à
souffrir pour voir leur dossier réglé. Le ministre se rappellera
sûrement les soupçons qu'a alors manifestés l'Opposition
officielle. J'aimerais voir ce qui a été fait pour tenter
d'accélérer le processus d'analyse des dossiers.
J'aimerais que le ministre nous indique aussi quelles sont les
intentions de la commission à l'égard de ceux qu'on qualifie de
vieux accidentés du travail au Québec. On se rappellera qu'on a
eu plusieurs mouvements d'accidentés du travail qui sont venus
comparaître devant nous, qui ont mis en relief le problème combien
aigu qu'ont à affronter des milliers de travailleurs du Québec
qui ont subi un accident de travail, il y a peut-être dix, douze, quinze
ou vingt ans. Aujourd'hui, ils ont peut-être une prestation ou une
indemnité qui est indexée, mais, compte tenu de l'augmentation du
coût de la vie, compte tenu du pourcentage d'incapacité qu'ils ont
et de la difficulté qu'ils ont et ont toujours eue à se recycler
dans un autre genre d'emploi, cela présente un problème. Les
associations avaient tenté de sensibiliser la commission et
j'espère que cela saura, si ce n'est pas déjà fait,
aboutir à des résultats tangibles et bien concrets.
Le dernier élément de question, c'est sur la structure de
la tarification de la commission à l'égard de ceux qui ont
à payer. J'avais donné comme exemple au ministre le dossier du
verre plat; j'avais d'ailleurs donné l'exemple d'une entreprise,
à Montréal, qui embauche, si ma mémoire est fidèle,
1000 à 1100 travailleurs qui, à l'époque, avaient transmis
leur dossier au ministre du Travail, parce qu'il était le ministre
responsable de la Commission des accidents du travail, en lui demandant que la
commission, le gouvernement, tout ce beau monde procède à une
révision de la structure de tarification.
J'avais donné comme exemple cette entreprise particulière
pour laquelle, depuis trois ans, la commission avait eu à payer $700 en
indemnités et en frais de services médicaux, pour plus de 1000
travailleurs, alors que cette compagnie avait dû débourser environ
$300 000 à $400 000 à la Commission des accidents du travail,
à l'époque, en raison de la tarification, ce qui m'apparaissait
très exorbitant. Le ministre du Travail, M. Johnson, n'a pas
donné suite au mémoire qui a été envoyé;
peut-être que cette démarche s'inscrivait dans son amertume de ne
pas avoir la responsabilité de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Ce que je ferai, c'est que je m'empresserai,
si le ministre n'a pas pris connaissance du dossier, de lui en transmettre une
copie dans les meilleurs délais; c'est un dossier qui a
été préparé non pas par la compagnie en question,
mais par l'association du verre plat. Ces entreprises sont
intégrées à l'intérieur d'une association qui
poursuit des objectifs communs. J'aimerais que le ministre s'engage ce soir
à jeter personnellement un coup d'oeil sur ce dossier.
Mme la Présidente, cela résume les questions que j'avais
à formuler et, à la lumière des réponses qu'on
aura, on verra s'il y a lieu de poser des questions additionnelles.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre d'Etat au
Développement social.
M. Marois: Oui. D'abord, le député de Portneuf a
échappé un petit mot vers la fin de ses commentaires et je
voudrais, en toute honnêteté pour mon collègue, le relever
au passage.
M. Pagé: Ce n'était pas de l'amertume,
c'était du dépit.
M. Marois: Non. Je pensais que vous aviez mis les deux roues
arrière dans le gravier, mais là, si vous continuez, vous
êtes en train de mettre les quatre roues de la voiture, les quatre roues
du véhicule dans le gravier. Non. Honnêtement, je pense que mon
collègue du Traval a déjà énormément de
responsabilités. Comme cela a été le cas pour la loi 101,
le premier ministre a jugé normal de confier au ministre qui avait
parrainé l'essentiel de toute la préparation de la réforme
la responsabilité de la mise en marche de la réforme, ce qui ne
garantit pas qu'ad vitam aeternam cela restera entre les mains d'un ministre
d'Etat, loin de là. D'autre part, si on prend simplement un coin de la
réforme, pour n'en mentionner qu'un seul, tout le dossier de
l'inspection, par exemple, qui implique une batterie de ministères il
semblait préférable de confier cela à un ministre d'Etat
qui n'a pas à défendre je vais le dire comme je le pense
un impérialisme de ministère, mais qui peut se placer un
peu au-dessus de la mêlée pour essayer de faire débloquer
et avancer les choses. Donc, je sais que le député de Portneuf
blague plus qu'autre chose, mais, quand même, je voulais le relever
puisque tous nos commentaires sont enregistrés au journal des
Débats. Je crois qu'il ne faut pas être injuste pour notre
collègue, le ministre du Travail.
Ceci étant dit, je reviendrai sur la question de la structure de
tarification. Il y a beaucoup de choses qui ont été
soulevées par le député. Je vais essayer d'y
répondre le mieux possible, de la façon la plus précise
possible. C'est une grosse réforme que la réforme de la loi 17.
Comme vous le savez, très rapidement, dès que j'ai su que le
premier ministre me demandait d'assumer la responsabilité de la mise en
place de la réforme, le jour même, j'avais demandé à
M. Sauvé, qui était alors président de la Commission des
accidents du traval, de venir à Québec pour que,
déjà, on se mette au travail. On a essayé d'y aller le
plus vite possible et, en même temps, de la façon la plus
responsable qui soit. Je pense qu'il faut essayer de garder l'équilibre.
Et il me semblait c'est toujours l'objectif général; je
tiens à le dire parce que cela peut être important qu'on le sache
qu'il était possible, à condition qu'on pousse de
façon responsable par exemple, je ne veux poser aucun geste sans
m'assurer que les fils ont été pleinement attachés
que, dans l'année 1980, les morceaux clés, au moins, soient
là, soient mis en place.
Ceci implique beaucoup de choses. On a donc mis en place la commission,
nommé le président, le vice-président, formé le
conseil d'administration. Le conseil d'administration a commencé ses
travaux, a commencé à se réunir. Il y a toute une
série de choses qui doivent être faites. Par exemple, il y a tout
le dossier de l'ensemble des postes qui sont impliqués dans la
réforme de calibrage des postes au Conseil du trésor, les
discussions qu'il faut faire. C'est en bonne voie de règlement, cette
partie-là. Il y a également toute la partie regroupement de
l'ensemble des effectifs d'inspection, l'évaluation de ce qui doit
rester dans un ministère. Par exemple, le ministère du Travail et
de la Main-d'Oeuvre assume aussi la responsabilité de l'inspection des
édifices publics, de ce qui dans le sens de la loi, pas de la loi 17,
mais de la loi qui concerne les édifices publics, ne tombe pas sous la
réforme santé et sécurité. Alors, il faut voir ce
qui doit passer éventuellement au service d'inspection de la commission
par rapport à ce qui doit rester. Enfin, je veux bien qu'on pousse le
plus vite possible et je pousse tant que je peux dans ce sens-là. Mais,
enfin, il faut le faire et cela prend le temps de le faire.
Vous savez qu'il y a déjà, si ma mémoire est bonne,
112 des 337 articles de la loi qui sont en vigueur, notamment, un certain
nombre de mesures qui ne prétendent pas être une réforme de
l'ensemble du régime de la partie réparation, mais qui
répondaient à des choses urgentes. Je pense qu'on en avait
discuté et convenu en commission parlementaire; par exemple,
élargir la notion de maladie professionnelle, débloquer l'affaire
des artisans, qui semblait être un problème. Il reste le droit
d'être représenté par une personne de son choix au niveau
de la révision, au niveau de la Commission des affaires sociales
plutôt qu'uniquement par avocat. Il s'agit d'ouvrir cette perspective.
Enfin, toute une série de mesures qui, déjà, sont en
vigueur et sont susceptibles d'améliorer, je dis bien, le sort des
travailleurs accidentés.
Cela étant dit, la commission, enfin les dirigeants, les
responsables de la commission, effectivement ou s'apprêtent,
dès la prochaine réunion j'ai manqué quelques jours
ou celle qui vient de se passer récemment avaient un
document de prêt, que j'ai vu, sur un projet de secteur économique
prioritaire, ce qui est la clé pour débloquer toute une
série de choses par la suite.
C'est donc dire que le conseil d'administration travaille ou
s'apprête à... Il y a une volonté, je dirais, assez nette
qui se dégage des travaux, jusqu'ici, du conseil d'administration, de ne
pas faire exprès pour bloquer les choses, pas du tout.
Je pense, dans l'ensemble, que le climat est quand même assez bon.
Donc, il y a un projet qui est soumis présentement. Forcément,
cela recoupe l'autre volet de la question accrochée aux
priorités. Je sais que le député de Portneuf a toujours
insisté beaucoup sur cette question et, à mon avis, il a raison.
On ne peut pas tout faire en même temps, dans tous les coins. Il faut
donc établir des priorités. Cette liste est prête. Elle a
été déposée ou le sera au conseil d'administration
qui détermine en même temps les cibles. Partant de là, une
fois cela accepté, le reste va forcément s'enclencher.
Incidemment, je veux vous dire que dès mardi, donc dès
demain, je participerai à si on peut appeler cela l'inauguration,
peu importe la mise en place de la première association
sectorielle. Je pense que c'est intéressant de le souligner en passant.
Elle était en voie d'être préparée. Elle est
importante parce qu'elle recoupe aussi toute la partie santé.
C'est l'association sectorielle du secteur des affaires sociales, au sens
large. Donc, cela implique toute la partie santé. Cette association est
importante. En voilà une première qui débloque.
Donc, c'est en bonne voie. Cela suit, pour l'essentiel, un
échéancier, une programmation qui a été
préparée par la commission et qui est, d'ailleurs, constamment
révisée, au fur et à mesure que les morceaux
déboulent ou retardent. Forcément, cela suppose des ajustements
en cours de route.
Encore une fois, pour l'essentiel, répondant à la question
des délais posée par le député, pour l'essentiel,
j'ai de bonnes raisons de croire encore que les morceaux clés et les
coins clés de la réforme pourraient entrer en vigueur, voir le
jour, même concrètement dans bon nombre de cas, d'ici la fin
décembre 1980.
Egalement, la commission a plus que travaillé. Elle est
très avancée sur toutes les implications d'un programme beaucoup
plus intense de formation et d'information. Forcément, c'est aussi, en
bonne partie, rattaché à la première question
soulevée par le député des coins et des secteurs
prioritaires. C'est évident que le reste va être accroché
à cela pour démarrer.
Maintenant, sur la question de la formation de la commission, je vais
prendre les deux questions qui ont été soulevées en
même temps par la Centrale des syndicats démocratiques et la
question soulevée par le député de...
Une Voix: ... de D'Arcy-McGee.
M. Marois: ... D'Arcy-McGee, sur la présence d'anglophones
au conseil d'administration de la commission.
Je rappelle que ce sont les articles 137 et suivants de la loi qui
prévoient la constitution de la commission. Notamment, l'article 141, je
le rappelle, prévoit qu'il y a là sept personnes émanant
du milieu syndical et sept personnes émanant du milieu patronal.
Parfois, les choses sont drôles dans la vie. Autant, en cours de
route, il y a des désintérêts, des attaques et tout ce
qu'on voudra sur un projet, autant, une fois les livres fermés,
c'est-à-dire le projet adopté, tout le monde veut siéger
là-dessus. On a reçu des demandes émanant d'une
quantité importante de groupes. Alors, comment trancher? Comment
décider, à partir de là? Forcément, sur la base de
la loi, le corridor qui nous est donné est celui de la loi. Qu'est-ce
que nous indique la loi, à l'article 141? (19 h 30)
D'abord, la notion de représentativité. La loi dit bien
sept membres choisis et cela vaut pour la partie patronale et la partie
syndicale à partir de listes fournies par les associations
syndicales ou patronales les plus représentatives, donc la notion de
représentativité. Deuxièmement, la notion,
forcément, si on veut être conséquent, de priorité,
étant entendu que tout ne peut pas être fait en même
temps.
Quand on recoupe l'ensemble de ces morceaux et qu'on regarde les
chiffres de la représentativité ce n'est pas moi qui
détermine le nombre de membres de l'une ou l'autre des centrales, c'est
par leur propre travail, dans un sens, qu'elles le déterminent
elles-mêmes et par le choix des hommes et des femmes au travail qui sont
syndiqués ou organisés il ressort une majorité
absolue de travailleurs de la FTQ. A mon avis, il fallait reconnaître
cela, si on tient compte de la représentativité, ce qui
impliquait quatre postes; il en restait trois. La Confédération
des syndicats nationaux, peu importe qu'elle nous ait appuyé ou pas, le
monde patronal... Si je partais de la logique des appuis qu'on a eus ou pas, du
côté du monde patronal, je ne sais pas s'il y en aurait eu tant
que cela au conseil d'administration.
Ce n'est pas l'économie générale de la loi. Une
fois les livres fermés...
M. Pagé: ... la loi.
M. Marois: Je reviendrai aussi du côté du monde
patronal.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre, vous parlez
de revenir; je vous demanderais d'accélérer parce que le temps
que les parlementaires s'étaient imparti pour poser des questions et
recevoir vos réponses est déjà à peu près
écoulé.
M. Marois: D'accord, je vais essayer de faire le plus vite
possible.
La Présidente (Mme Cuerrier): Pourriez-vous
accélérer?
M. Pagé: Mme la Présidente, vous conviendrez qu'on
peut siéger jusqu'à ce que l'autre groupe arrive;
deuxièmement, je vous ferai part qu'à la salle 81-A, au moment
où on se parle, une commission qui devait terminer ses travaux à
18 h 30 était encore en délibérations à 18 h 50. De
plus, ça allait bien.
La Présidente (Mme Cuerrier): De toute façon, il y
a quand même des gens qui doivent prendre un repas et retourner
siéger à 20 heures. Nous demandons simplement votre
collaboration.
M. Marois: Je vous l'accorde volontiers, Mme la
Présidente. Je vais essayer de faire le plus vite possible.
Donc, il restait deux postes. La représentativité nous
amenait à conclure qu'il fallait accorder deux postes à la CSN,
et il restait la Centrale des enseignants du Québec et la Centrale des
syndicats démocratiques. Il fallait aussi tenir compte du
caractère important et prioritaire de la formation et de l'information
et aussi du fait que le gouvernement et ses secteurs public et parapublic
doivent donner l'exemple. Vous vous souvenez de témoignages qu'on a eus
en commission parlementaire sur le secteur professionnel de l'enseignement, qui
n'est pas dans un état particulièrement reluisant du
côté de la protection des gens. En pesant tous les
éléments, en tenant compte des
membres de l'une et l'autre centrale, on a opté pour la CEQ. Cela
n'exclut rien pour l'avenir, il n'y a rien de figé dans le béton,
ce ne sont pas des mandats de dix ans.
De la même façon, d'ailleurs, nous l'avons fait du
côté patronal; nous n'avons pas accepté les sept noms
fournis par le Conseil du patronat, nous avons ajouté des
éléments, aussi, provenant d'autres listes de noms qui nous
avaient été fournies par d'autres parties du monde patronal.
En ce qui concerne les anglophones, la réponse est bien simple,
je l'ai écrite au député qui m'a posé la question.
La loi est là, c'est à partir des listes fournies par les
associations syndicales et patronales; ce n'est pas fait dans le genre: II n'y
en aura pas. Je n'ai pas eu de noms d'anglophones. On ne peut quand même
pas m'en faire grief à partir du moment où on dit que c'est
à partir des listes de noms fournies par les parties. Je veux bien. A
partir du moment où des noms seraient suggérés et seraient
considérés comme valables, il n'y a aucune espèce
d'objection.
Quant au siège social déplacé, la réponse
est non. Je ne dis pas que je ne serais pas tenté; le cas
échéant, si cela devait venir, je le justifierais, mais le
siège social est à Québec.
M. Pagé: II demeure à Québec. M. Marois:
Oui.
M. Pagé: Le bureau du président est à
Québec.
M. Marois: Le président a un bureau à
Québec, bien sûr. Quant à la révision je vais
sauter là-dessus parce que je sais que vous y accordez une importance
très grande et je ne voudrais pas abuser du temps effectivement,
il y avait un problème très sérieux que plusieurs
personnes ont déjà évoqué. Les mesures suivantes
ont été prises pour essayer d'accélérer, de
dégager, parce que la charge accumulée en janvier, c'était
4035 dossiers; rendu au mois de mai, c'était tombé à 3199
dossiers.
Dans toutes les régions clés, Montréal,
Québec, Laval, Longueuil, cela s'en allait en diminuant même si le
nombre de demandes de révisions avait augmenté. Comment on a pu
en arriver à cela et qu'est-ce qui explique les augmentations? D'abord,
c'est qu'à la suite des perquisitions menées, conformément
à la loi, par la commission, les employeurs ont déclaré
davantage de cas qui, autrefois, n'étaient pas déclarés.
Deuxièmement, il y a aussi une sensibilisation plus grande des
travailleurs quant à leurs droits, ce qui a certainement amené
davantage de demandes. Pour y arriver et pour débloquer tout cela, on a
utilisé, conformément au pouvoir de délégation qui
est prévu par la loi, la même approche que le tribunal des petites
créances, c'est-à-dire qu'au lieu d'envoyer le tribunal
siéger en audition une journée sur un cas, celui de
Québec, par exemple, à Carleton, pour examiner un cas par jour,
quand il y va, il n'y va pas à trois; une personne y va, elle examine
l'ensemble des cas qui sont en suspens et cela prend de joyeuses bonnes raisons
pour que des remises soient autorisées. Cela permet de débloquer
considérablement les cas qui étaient engorgés.
Effectivement, cela commence et on pense qu'on pourrait en arriver à une
remise à jour autour... Au rythme où les choses vont
maintenant... cela a été amorcé le premier mai à
Québec, Laval, Montréal ça s'en vient, mais
déjà des mesures ont été prises parce que rendu au
mois de décembre, déjà, cela aura diminué
considérablement. Le problème était plus que réel
et il fallait absolument prendre des mesures.
Le délai moyen pouvait dans certains cas dépasser un an.
Dans les cas où c'est vraiment en marche, on pense qu'on pourrait en
arriver à un délai moyen, le ramener, rendu au mois de
décembre, à six mois et dans certaines régions, en
particulier Québec, avec tout ce que cela implique quand je dis
Québec, c'est beaucoup plus que cela, c'est le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie, c'est le Saguenay-Lac-Saint-Jean et d'autres coins
Laval, Longueuil, avec le prolongement, je parle simplement du point d'ancrage,
on pourrait en arriver à des délais de trois mois. On pousse pour
vraiment améliorer les choses parce que, encore une fois, je sais que le
député a souvent insisté là-dessus, et il a raison,
les délais étaient beaucoup trop longs.
M. Pagé: Tant mieux! On verra cela au printemps.
M. Marois: Moi aussi, je suis cela de mois en mois sur les
tableaux.
Quant à l'ensemble du dossier des vieux accidentés, je ne
vous cacherai pas que moi, personnellement, je suis aussi très sensible
à cette affaire. J'essaie, avec les équipes que nous avons, de
trouver un élément de solution qui soit juste et équitable
pour toutes les parties. Je vais vous dire pourquoi je dis toutes les parties:
je veux parler d'abord du monde en vie, mais aussi des entreprises. Si on
actualisait à un niveau qui corresponde à quelque chose qui
s'approche des niveaux d'aujourd'hui les rentes versées aux vieux
accidentés, il faudrait le faire supporter par les entreprises actuelles
en exigeant des taux de cotisation. Le problème n'est donc pas simple,
Est-ce qu'il y a d'autres possibilités? Je crois qu'il y a d'autres
possibilités. On n'a pas fini d'inventorier l'ensemble des
possibilités. Je suis plus que sensible à ce dossier. Je sais
que, si on utilisait simplement la formule d'actualisation, cela
coûterait des prix astronomiques pour simplement l'amener au niveau
correspondant à celui d'aujourd'hui. Ce n'est pas une raison pour ne pas
essayer de trouver une solution à ce problème. C'est le cas de le
dire, s'il y a un dossier où il faut mettre l'imagination au pouvoir,
celui-ci en est un bon exemple.
Sur l'ensemble du régime d'indemnisation, que ce soit la Loi des
accidents de travail, la loi no 52 et les autres lois qui sont
administrées par la commission, les victimes d'actes criminels, le
civisme, j'ai l'intention, à la suite d'une étude
préliminaire qui avait déjà été
préparée par la Commission des accidents du travail, de donner
mandat à la commission de santé et de sécurité de
me préparer pour septembre, si possible, ou pour l'automne, un projet
visant à harmoniser et à moderniser l'ensemble des régimes
actuels, ce qui était d'ailleurs annoncé dans le livre blanc sur
la santé et la sécurité au travail.
Quant à la structure de tarification, ce que je peux vous dire,
c'est ceci: Effectivement, on en avait parlé lors des travaux de la
commission. Je ne me souviens pas, en toute honnêteté, si j'ai
pris connaissance du dossier sur le verre plat qui est un exemple que vous
aviez donné, mais que ce soit celui-là ou d'autres, le
problème soulevé méritait un examen sérieux.
Effectivement, des travaux ont été faits, poursuivis.
C'est prêt, tout le dossier, avec des recommandations, des
hypothèses d'ajustements et de solutions, à la lumière
aussi des mesures qui ont été prises. Je me permets de rappeler
que depuis janvier dernier, est entré en vigueur aussi le nouveau
régime de points de mérite et de démérite, qui
donne une base plus juste. Quand même, ça mérite
peut-être un examen additionnel, mais c'est prêt. Le comité
administratif, qui est constitué en vertu de la loi, a pris connaissance
ce matin même du projet et a convenu de soumettre le projet et les
hypothèses au conseil d'administration de la commission dès la
prochaine réunion qui se tiendra jeudi prochain. Le conseil
d'administration étudiera le dossier global de l'ensemble des taux ou de
la structure de tarification. A la suite de ça, j'espère aussi,
en tenant compte de la possibilité de rester en contact avec les
regroupements d'employeurs, qu'il sera possible, le cas échéant,
de regarder les ajustements qui peuvent s'imposer dans chacun des cas.
M. Pagé: Je peux vous envoyer le dossier de l'industrie du
verre plat?
M. Marois: Oui, avec plaisir; je regarderai ça.
La Présidente (Mme Cuerrier): Puisque nous avons
déjà dépassé le temps que nous avions convenu
d'utiliser, je remercierai les membres...
M. Pagé: Mme la Présidente, est-ce que le ministre
me permettrait une dernière question?
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Portneuf, vous aviez quelque chose à ajouter?
M. Pagé: Est-ce que le ministre serait disposé
à déposer ou encore à faire parvenir aux membres de la
commission le bail de location liant la commission et l'immeuble qu'on appelle
Samuel-Holland, ici, à Québec? C'est le bureau régional,
ici, à Québec.
M. Marois: Je vais consulter, parce que je pense que ce n'est pas
le genre de décision que je dois prendre seul; la commission,
jusqu'à nouvel ordre, demeure une mutuelle financée par les
employeurs... Il y a deux des vice-présidents de la commission qui sont
ici; si vous me donnez une seconde ou deux, je leur demande leur avis.
M. Pagé: Tout ce que je veux, c'est en avoir une
copie.
M. Marois: Mme la Présidente, je dirais que,
personnellement, je n'ai aucune espèce d'objection à le faire;
cependant, le député conviendra avec moi qu'il serait normal que
je consulte et que je transmette la demande officiellement à la
Commission de la santé et de la sécurité; je ne
prévois pas d'obstacle et je pourrais le faire parvenir aux
députés qui siègent à la présente
commission, avec plaisir, s'ils sont d'accord.
La Présidente (Mme Cuerrier): II nous reste à
remercier les membres de la commission de la présidence du conseil et de
la constitution d'avoir participé aux travaux, tout en posant des
questions et en faisant des commentaires, relativement aux crédits de M.
le ministre au Développement social.
Cette commission suspend ses travaux, pour les reprendre à
l'heure qui a été indiquée par le leader parlementaire de
l'Assemblée nationale. Je ne saurais dire si c'est à 20 heures,
mais je crois que c'est le cas.
Suspension de la séance à 19 h 45
Reprise de la séance à 20 h 33
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution reprend ses travaux tout particulièrement pour
étudier les crédits applicables au premier ministre.
Les membres de la commission pour cette séance sont: M. Bertrand
(Vanier), M. Charbon-neau (Verchères), M. Dussault (Châteauguay),
M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Le Moignan (Gaspé), M. Levesque
(Bonaventure), M. Morin (Louis-Hébert), M. Paquette (Rosemont), M. Ryan
(Argenteuil) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants: M. Brochu (Richmond), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Fallu (Terrebonne), M. Forget (Saint-Laurent), M. Godin
(Mercier), M. Guay (Taschereau), Mme LeBlanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Je remarque que le nom du premier ministre, par erreur, n'est pas sur
cette feuille, alors de consentement unanime...
M. Rivest: Le mien non plus, d'ailleurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
vôtre non plus, M. le député de Jean-Talon.
M. Lévesque (Taillon):.. si vous acceptez. Sinon, moi, je
vais m'en aller.
Une Voix: Moitié-moitié.
M. Rivest: ... mutatis mutandis.
M. Laberge: J'aimerais remplacer M. Morin (Louis-Hébert)
par M. Lévesque (Taillon).
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
c'est ce que je vais faire, M. le député de Jeanne-Mance.
Là-dessus, je cède la parole au premier ministre.
Crédits du premier ministre
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, moi, je vais être
très bref, parce que je pense qu'une bonne partie du travail qui
concerne le Conseil exécutif a déjà été
faite. Je voudrais qu'on se rappelle, en me le rappelant à
moi-même le premier, qu'il faut éventuellement adopter l'ensemble
de tous les programmes et de leurs éléments. Nous, on doit
normalement, je crois, se concentrer surtout sur les programmes 1 et 3, sans
compter tout le reste. Je dois dire... Je pense que tout le monde est au
courant, entre autres, les deux Gaspésiens que je connais bien, MM. les
députés de Bonaventure et de Gaspé, sont allés
à la pêche pendant quelques minutes encore, mais devraient nous
rejoindre; ils nous ont avertis. Pour le reste, tout ce que je voudrais
rappeler, plutôt que de faire de grandes remarques d'introduction
générale, c'est que, l'an dernier, on s'en souviendra, pour la
première fois, à la suite d'amendements, on avait publié
le rapport annuel c'était le premier du ministère
du Conseil exécutif qui, je crois, donnait le plus clairement
possible... Il y a toujours de l'évolution, il y a peut-être
certains petits changements mais je pense que, pour l'ensemble, ça se
tient encore très exactement comme cela avait été
décrit l'an dernier. Plutôt que de reprendre une série de
définitions, je pense qu'on peut s'en tenir, si on veut, à ce qui
a été publié l'an dernier. Il n'y a pas de changements
majeurs.
Je suis à vos ordres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant de
céder la parole à l'Opposition officielle, il y aurait lieu de
nommer un rapporteur. Est-ce que vous auriez une suggestion à nous
faire, les membres de la commission, s'il vous plaît?
Des Voix: M. Godin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier. Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Godin: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier sera le rapporteur de la commission. M. le chef
de l'Opposition officielle.
Questions de caractère
général
M. Ryan: Avant d'entrer dans les détails du programme 3,
il y a certaines questions de caractère général que nous
aurions intérêt à aborder avec vous, M. le premier
ministre.
D'abord j'aimerais vous demander comment se fait, dans la pratique
quotidienne, la coordination d'un côté entre les ministères
d'Etat et les ministères fonctionnels, et, d'autre part, entre les
ministères d'Etat et le chef du Conseil exécutif.
Après quatre ans d'expérience, il serait peut-être
bon d'avoir votre évaluation de cette formule-là. Qu'est-ce
qu'elle a donné de bon, est-ce une formule qui peut continuer, est-ce
qu'elle doit être améliorée? Quelles sont les lacunes que
vous avez constatées en cours de route?
M. Lévesque (Taillon): Comme vous le savez, ce qu'on a
ajouté, et je pense que cela illustre un petit peu la raison
d'être d'une certaine façon des ministères d'Etat, c'est un
rôle de coordination, d'arbitrage parce qu'il y a des secteurs...
Evidemment les secteurs ont toujours des prolongements qui font qu'à
l'occasion il faut marier les comités en tout ou en partie, parce qu'on
dit social, on dit économique, on dit culturel, mais, finalement, tout
finit par se rejoindre un peu à l'occasion.
C'est une rigidité qu'on ne peut pas maintenir, sauf qu'il y a
quand même des gens qui sont plus spécifiquement des ministres
dans le domaine économique, d'autres dans le domaine qu'on peut appeler
de façon très large culturel. Peut-être que ce qui illustre
le mieux ce rôle de coordination et d'arbitrage, c'est le fait qu'en
tenant compte du rapport du Conseil du statut de la femme et de toute une
série de choses qui ont besoin d'être corrigées, dans nos
pratiques, dans nos habitudes, peu à peu dans nos mentalités, en
ce qui concerne le statut de la femme, j'ai senti à un moment
donné que ça pouvait être très utile d'avoir un
autre ministre d'Etat du côté de la condition féminine.
Je crois qu'à ce point de vue, et c'est une illustration, il y en
a six maintenant au lieu de cinq, c'est une expérience... C'est
sûr qu'elle peut toujours être améliorée et il y a
bien des choses qu'on doit faire encore, ça va continuer à
évoluer, mais l'expérience de ce regroupement, pourvu qu'il
demeure souple, de ministres sectoriels, avec un ministre d'Etat qui est primus
inter pares, à ce moment-là, mais qui a quand même le
rôle d'essayer d'articuler les politiques, de coordonner les
priorités, est valable et je crois qu'il faudrait trouver... J'ai
déjà dit et je suis encore convaincu que si on remplaçait
ça, on trouverait une formule équivalente, parce que nos
prédécesseurs avaient commencé des comités
permanents et on a simplement ajouté, ce qui est, quant à nous,
très important, un ministre qui peut coiffer ces comités et qui
en fait son travail permanent du côté des priorités.
Les rapports entre les ministères sectoriels et les ministres
d'Etat se font essentiellement, au jour le jour, de toutes les façons
possibles et imaginables on se parle mais structurelle-
ment par les comités permanents où ils se rencontrent
régulièrement, une fois par semaine, une fois par deux semaines,
ça dépend des saisons, et avec le Conseil exécutif,
beaucoup par le secrétariat général et aussi de
façon directe et à quelques reprises dans l'année, au
moment des décisions stratégiques, par le comité des
priorités.
M. Ryan: Les rapports entre le ministère des Finances et
le ministère d'Etat au Développement économique, comment
s'articulent-ils avec le bureau du président du Conseil exécutif?
On a l'impression que le ministre des Finances est un peu en dehors de ce
système.
M. Lévesque (Taillon): II n'est pas en dehors au moment
des grandes décisions qui touchent les finances et l'économie et,
de toute façon, tout cela se tient, puisqu'il fait partie, lui aussi, du
comité des priorités à titre de ministre des Finances et
de président du Conseil du trésor; donc, quand vient le moment,
deux ou trois fois par année, avec des réunions additionnelles au
besoin, et il y en a toujours, quand vient le moment des décisions
budgétaires centrales, des priorités, etc., on se retrouve
côte à côte et, au jour le jour, dans beaucoup de cas
où il y a je le disais tout à l'heure, ce n'est pas rigide
des prolongements qui impliquent le ministère des Finances ou qui
impliquent les finances publiques, le budget, c'est sûr qu'ils
travaillent ensemble. On a eu encore une réunion tout récemment,
où je n'étais pas, mais où étaient justement le
ministre des Finances et les ministres économiques, surtout ceux qui
s'occupent de l'opération solidarité économique, qui ont
des programmes de création d'emplois, et d'autres qui sont
intéressés, du côté des assistés sociaux;
alors, forcément, le ministre des Affaires sociales était
là. C'était une réunion ad hoc, mais quand même
selon les paramètres généraux que je viens de
décrire et, vu que cela avait des implications budgétaires, il
fallait que le ministre des Finances soit là. C'est un exemple.
M. Ryan: L'impression qu'on a, c'est que, dans les
ministères qui relèvent du ministère d'Etat au
Développement économique, le ministère des Finances est un
peu en marge. Dans la structure que vous avez établie, est-ce que
c'est...
M. Lévesque (Taillon): II est en marge, sauf que, chaque
fois qu'il s'agit d'implications budgétaires, il n'est plus en marge. Je
pense que c'est vrai pour tous les ministères des Finances. Evidemment,
il y a le relais du Conseil du trésor, parce qu'à partir de
certains critères qui ont été établis, tout doit
être approuvé par le Trésor, s'il s'agit de dépenses
d'argent.
M. Ryan: Est-ce qu'il y a eu des études faites sur
l'articulation de ces structures et les possibilités
d'amélioration? Est-ce que vous avez reçu des rapports
là-dessus?
M. Lévesque (Taillon): Oui, j'ai reçu des
évaluations qu'on peut appeler des rapports d'éta- pe, mais qui,
jusqu'ici, peuvent permettre je ne les ai pas à l'esprit et il
faudrait retrouver cela des correctifs ici et là; par exemple une
meilleure fréquence de certaines réunions ou alors une autre
façon peut-être d'articuler la procédure, mais, jusqu'ici,
sur le fond, on n'a pas vu de raison de changer.
M. Ryan: II n'y a aucune étude, aucun rapport qui soit
d'intérêt public qui pourrait nous éclairer quant à
une façon plus précise de concevoir ces choses, après
quatre ans d'expérience?
M. Lévesque (Taillon): Jusqu'à nouvel ordre,
non.
Négociations
postréférendaires
M. Ryan: Dans un autre ordre d'idée, M. le
Président, à la suite du référendum qui vient
d'avoir lieu sur l'avenir politique du Québec, des négociations
sont maintenant engagées avec le gouvernement central et les autres
gouvernements du pays en vue du renouvellement du système
fédéral canadien. Les périodes de questions à la
Chambre et l'unique débat que nous avons eu sur ce sujet ne nous ont pas
permis d'aller très loin dans l'exploitation des idées et de la
méthode qu'entend adopter le gouvernement pour faire progresser ces
travaux.
J'aurais quelques questions à vous adresser là-dessus, M.
le chef du gouvernement, avant que nous abordions l'étude des
crédits proprement dits. D'abord, une première question.
J'aimerais connaître, de manière plus précise, l'approche
générale du gouvernement et de son chef en particulier à
l'endroit de cette grande opération qui s'amorce actuellement. J'ai deux
questions précises là-dessus. Est-ce que c'est l'intention du
gouvernement de se borner à proposer et à revendiquer des choses
qui concernent uniquement le Québec ou si le gouvernement se souciera
également de déposer des propositions visant le bien
général et l'équilibre de tout le pays, de tout le
régime fédéral canadien?
Deuxièmement, quelle sorte d'engagement le gouvernement est-il
prêt à prendre à l'endroit de cette entreprise? J'ai cru
comprendre l'autre jour, en réponse à une question que je vous
avais adressée, M. le premier ministre, que vous avez dit: Nous avons
des éléments dans le menu de travail qui a été
tracé pour les mois d'été, qui constituent aux yeux du
gouvernement la matière d'un test valable. Vous n'avez pas eu
l'occasion, M. le premier ministre, d'expliquer beaucoup ce que vous entendiez
par là. Je voudrais que vous nous donniez peut-être des
précisions additionnelles sur cette notion de test valable et sur la
notion d'engagement à l'endroit de la volonté qui a
été exprimée nettement par une majorité des
électeurs, le 20 mai dernier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je ne pense pas que je vais ajouter
énormément aux lumières que possè-
de déjà le chef de l'Opposition, mais, enfin, je vais
prendre ses questions dans l'ordre il y a deux questions précises
et je voudrais parler un peu aussi de cette commission parlementaire
qu'on a proposée, seulement pour faire un test, entre nous. (20 h
45)
Premièrement, vous demandez si le gouvernement a l'intention de
proposer, de revendiquer, des choses concernant uniquement le Québec ou
si on ne devrait pas élargir et s'en aller dans des choses qui,
forcément, ont une sorte de polyvalence, de résonance à
l'échelle de tout le système fédéral ou de tout le
Canada.
Je l'ai déjà dit, je crois que c'est ce que font les
autres premiers ministres aussi, c'est évidemment difficile à
décanter quand vient le moment de trouver des consensus. Mais de la
même façon M. Peckford va nous parler presque exclusivement
et c'est normal parce qu'il est pris au jour le jour avec des perspectives de
développement difficiles, avec aussi des potentiels qui peuvent se
matérialiser des ressources minières sous-marines. On sait
pourquoi, Ibernia et compagnie. Et il nous parlera aussi beaucoup de
pêcheries, parce que cela fait partie des articulations essentielles de
l'économie de son coin.
De la même façon, je n'ai pas besoin de faire de dessin, M.
Lougheed résume, à toutes fins utiles, !a négociation
constitutionnelle, en ce moment, pour les deux ou trois mois qui viennent,
à la question de règlement du prix du pétrole et à
une entente éventuelle dont l'Alberta retirerait le plus possible les
profits qu'elle escompte.
Je crois qu'ils ont parfaitement raison et je ne vois pas pourquoi on se
transformerait immédiatement et totalement en Pères de la
Confédération. Il y en a qui peuvent jouer ce rôle, mais je
ne crois pas que ce soit l'intention de personne, jusqu'à nouvel ordre,
de ceux qui travaillent là-dessus, en tout cas.
Cela n'exclut absolument pas qu'on ait des choses qui se marient, comme
priorités québécoises, avec celles d'autres provinces. Par
exemple, dans le cas des richesses naturelles, chacun peut avoir son opinion.
Je peux respecter les idées de partage que certains évoquent,
mais à la condition que le partage ne devienne pas un plat de
lentilles.
Dans le domaine des richesses naturelles, où, forcément,
on rejoint d'autres provinces parce que, nous aussi, on a des priorités
de ce côté-là, c'est sûr que cela s'élargit au
point où on se rencontre à plusieurs, on se rencontre autour de
la table et dans nos façons d'aborder les choses.
Il est évident aussi que quand on parle de rapatriement ou de
formule d'amendement, cela déborde uniquement le cas du Québec,
même si on sait à quel point cela a toujours été une
des choses sur lesquelles le Québec n'est pas le seul. On dit que cela
devrait plutôt, si ce n'est pas à la fin du chemin, en tout cas
intervenir en cours de route, mais pas comme une priorité au
départ.
Je ne peux pas aller plus loin que cela. Si le chef de l'Opposition veut
savoir si on aurait une sorte de livre beige à proposer selon nos
conceptions, non. Pas jusqu'à nouvel ordre.
Maintenant, sur l'engagement qu'on est prêt à prendre
vis-à-vis de cette entreprise, je suis obligé de
répéter au chef de l'Opposition ce que j'ai déjà
dit, en tenant compte de ce que je viens d'essayer d'ajouter mais qui est
encore peut-être trop flou pour lui. Encore une fois, on ne fabriquera
pas un livre blanc là-dessus, on n'aura pas le temps, pendant le temps
qui passe. D'ici deux mois, il va y avoir dix ou douze sujets qui sont tous, je
pense, d'une extrême importance.
Je crois que le chef de l'Opposition l'a reconnu dans sa
conférence de presse la semaine dernière. Ce n'est
peut-être pas complet, mais c'est très important. On est devant un
échéancier très serré sur cette douzaine de points
qui vont servir de test. Cela ne veut pas dire que le test serait
nécessairement final, tout dépend. Je ne sais pas ce qui va se
passer d'ici septembre, mais ce que je sais, c'est que, si un consensus le
moindrement substantiel se développait sur ces points-là, il y
aurait vraiment des perspectives qui mériteraient qu'on aille plus loin.
Sinon, il faudra se poser des questions. Sans courir au désastre, je
dois dire, comme le premier ministre fédéral l'a dit et
Dieu sait dans quelle intention qu'il faudra se poser des questions et
voir où cela nous mène.
Cela étant dit, pour essayer de déblayer cela un tout
petit peu préliminairement, parce que, si on aboutit au mois
d'août, ce sera peut-être trop serré, on avait une
proposition à laquelle on avait pensé le leader
parlementaire pense que cela pourrait se faire qui serait celle-ci:
C'est que, pour déblayer le terrain le mieux possible et pour voir un
peu dans quelle perspective on peut se préparer jusqu'à
l'automne, pas à la toute fin de juin, mais au début de juillet,
disons dans la première quinzaine de juillet, la commission
parlementaire, sur laquelle il faudrait s'entendre, pourrait peut-être se
réunir au moins une fois et essayer justement de faire le tour de son
jardin sur ce sujet et voir un peu, par exemple, quelles sont non pas les
revendications, mais les demandes de dossiers, d'information, etc., que les
oppositions peuvent avoir; également quelle sorte de perspectives les
uns et les autres peuvent essayer de se tracer au moins en fonction des deux
mois qui viennent. Après cela, cela nous mènerait au mois
d'août, mais on aurait au moins commencé à labourer un tout
petit peu préliminairement le terrain avant de se quitter pour
l'été.
M. Ryan: Avant d'en venir au processus, je voudrais revenir
à la question de fond un tout petit peu. M. le premier ministre a
mentionné dans sa réponse l'exemple des richesses naturelles. Le
premier ministre pense-t-il honnêtement qu'il soit possible d'avoir un
pays qui dure, un système fédéral qui ait la moindre
consistance et la moindre chance d'efficacité si on s'en tient
strictement aux positions définies par certaines provinces en
matière de richesses naturelles, par exemple? Prenons le cas du
pétrole et du gaz. Peut-on honnêtement soutenir, dans une
perspective qui va dans la direction d'un choix fédéral, que
l'autorité exclusive et entière doit être
complètement du
côté des provinces sans aucun rôle pour le pouvoir
fédéral? Dans la pensée du premier ministre quel
rôle doit être envisagé par un gouvernement
fédéral...
M. Lévesque (Taillon): On aura...
M. Ryan: ... en pensant à la nécessité
d'assurer l'égalité des chances, d'assurer un partage convenable
de la richesse dans un pays fédéral et en pensant aussi au fait
que le gouvernement fédéral, qu'on le veuille ou non, est
engagé dans le domaine à titre de gestionnaire d'une grande
partie du domaine des richesses naturelles qui est celui du Canada, les
Territoires du Grand-Nord en particulier.
M. Lévesque (Taillon): Je ne ferai pas une thèse
là-dessus.
M. Ryan: Je veux savoir si le gouvernement que vous dirigez
serait intéressé à formuler des idées positives
là-dessus, ou s'il formulera uniquement des propositions de l'ordre des
revendications.
M. Lévesque (Taillon): Je ferai remarquer au chef de
l'Opposition je le lui ai déjà fait remarquer en Chambre
que même dans le livre beige qu'on considère comme une
position plus que minimale... Je ne pense pas que ce soit le moment de faire un
débat là-dessus; on aura l'occasion de le faire, le chef de
l'Opposition considère que c'est sa base électorale, on verra
avec des amendements possibles, etc... J'ai vu que cela pouvait évoluer,
j'espère qu'on n'entrera pas là-dedans, la
récupération des impôts par le fédéral, mais
enfin, c'est une idée personnelle du chef de l'Opposition... Tout ce que
je peux dire, c'est ceci: ...
M. Ryan: On ne fera pas de question de privilège, parce
que tout le monde sait que c'est cité de travers.
M. Lévesque (Taillon): Ah! Je ne savais pas. M. Ryan:
Ce n'est pas ce qui a été dit.
M. Lévesque (Taillon): Comme j'ai dit, je ne crois pas que
cela donne grand-chose ce soir de faire un débat là-dessus, mais
je dirai ceci: Même dans le livre beige, si j'ai bonne mémoire, on
voit que quand il s'agit de ce rôle du fédéral,
éventuel, en situation d'urgence, ou, enfin, en situation de grande
contrainte, logiquement, toute irruption enfin, c'est comme cela que
c'est présenté ou toute ingérence qui serait
obligatoire, considérée comme obligatoire du
fédéral, devrait avoir l'accord de ce qu'on appelle, dans la
structure proposée par le Parti libéral provincial, le conseil
fédéral. Vrai ou faux? Il faudrait qu'il y ait quand même,
même dans l'optique du livre beige libéral, un chien de garde qui
puisse, quel qu'il soit, être une sorte d'arbitre. Je me souviens que
quand on a parlé d'urgence, cela avait été traduit en
anglais par "compelling national interest". "Compelling national interest", une
des raisons pour lesquelles il n'y a personne qui a accepté cela tel
quel, c'est: Qui va le définir? Est-ce qu'il y a de l'urgence? Quelle
est le genre d'urgence? Jusqu'ici, il y a eu des urgences et, dans le cas du
pétrole et du gaz, en particulier, cela s'est réglé par
voie d'entente. Quand il y a une entente avec le propriétaire
parce que c'est ce qui est fondamental quant à nous le
propriétaire a des droits de "management", et c'est cela qui est garanti
normalement par ce qui nous sert actuellement de constitution telle qu'elle
est. A ce moment, cela s'est réglé jusqu'ici par voie d'entente,
parce qu'il n'y a pas d'arbitre de prévu. Si c'est
unilatéralement le fédéral qui décide, on va
s'occuper, quant à nous, jusqu'à la dernière limite, comme
d'autres, parce qu'on sait très bien ce que ça pourrait vouloir
dire pour notre base de ressources, éventuellement.
M. Ryan: Est-ce que le premier ministre veut dire que la position
du gouvernement signifiera que la province visée par une mesure de
caractère national, inspirée par une situation d'urgence, devra
être soumise au veto de la province en question? Est-ce que la position
du premier ministre va jusque-là?
M. Lévesque (Taillon): Dans le contexte actuel, s'il n'y a
pas d'entente, moi, je crois que oui, d'autant plus qu'on peut jouer avec le
mot "urgence". S'il s'agit d'urgence d'approvisionnement, c'est une chose. S'il
s'agit d'urgence simplement à cause des prix, il faut tout de même
admettre que c'est un scandale international, ce que le Canada a fait depuis
une dizaine d'années, pour essayer de maintenir une sorte de structure
des prix pour franchement, pour les enfants gâtés du monde
occidental des raisons électorales, des raisons à court
terme qui, actuellement, nous rejoignent et qui vont nous coûter
terriblement cher dans leurs conséquences économiques.
Les urgences, quand elles sont essentiellement des urgences qu'on dirait
de court terme et électorales... Il faudrait tout de même savoir
comment ça se définit, des urgences véritables. Alors,
à partir de là, moi, je m'en tiens à ce qu'on a dit...
M. Ryan: Si je comprends bien...
M. Lévesque (Taillon): ... et ce qu'on a
répété souvent, c'est que le droit de
propriété des provinces est la chose fondamentale dans le
système actuel et, tant qu'on n'aura pas structuré autre chose
que je ne vois pas pour l'instant, on s'en tient à ça.
M. Ryan: Là, vous ne voyez rien d'autre chose pour
l'instant?
M. Lévesque (Taillon): Non.
M. Ryan: Supposez qu'une province comme l'Alberta, avec les
richesses immenses dont elle
dispose, vienne à jouir d'un revenu per capita qui soit dix fois
supérieur à celui de la population du reste du pays. Cela veut
dire que tout programme de partage de cette richesse qui lui viendrait de ses
ressources naturelles serait soumis au veto de l'AIberta, selon les principes
qui viennent d'être émis.
M. Lévesque (Taillon): Non, mais attendez un peu! Il y a
d'abord la question des ententes, parce que c'est normal que M. Lougheed
enfin, je prends le cas de M. Lougheed se batte comme un
déchaîné pour ce qu'il considère, lui, être
les droits de sa province. Mais, d'autre part, au-delà des ententes qui
finissent toujours par intervenir, jusqu'à nouvel ordre, en tout cas, il
y a aussi le mécanisme de taxation sur lequel il y a moyen de discuter.
Dieu sait que cela a été discuté autour et alentour du
budget de M. Crosbie. C'est évident que ça va encore se discuter.
Mais, à partir de là, moi, je laisserais, pendant les deux ou
trois mois qui viennent, se développer la situation en voyant s'il n'y
aura pas d'entente. Mais, pour l'instant, de se couler dans le ciment et dire:
Le fédéral devra avoir un droit prépondérant sans
qu'il y ait d'arbitrage, non, d'aucune façon.
M. Ryan: Je repose ma question au premier ministre. Il me semble
que c'est une question fondamentale si on veut aller discuter du renouvellement
du fédéralisme. Quel rôle est-il prêt à
accepter pour un gouvernement fédéral dont le statut et les
fonctions tiendraient compte des exigences que le premier ministre
définit comme essentielles pour le développement du
Québec? Est-ce qu'il y a un rôle que le premier ministre envisage
ou si, finalement, le résidu auquel il serait prêt à
consentir serait tellement minimisé que ça équivaudrait
à dépouiller un pouvoir fédéral de toute
substance?
M. Lévesque (Taillon): Non, il n'est pas question de
dépouiller le pouvoir fédéral de toute substance dans un
régime fédéral, mais il y a une chose certaine: II n'est
pas question de laisser aller, non plus, encore une fois, comme le plat de
lentilles, des choses qui sont fondamentales et qui font partie de la zone, pas
plus large qu'il faut, d'ailleurs, de manoeuvre et d'autonomie que garde, au
point de vue économique, une province comme le Québec. Il y a
tout de même un sacré bout à essayer de dissocier des
choses qui ne sont pas dissociables. Si on est d'accord pour dire qu'il y a une
identité nationale québécoise, que cette identité
nationale constitue le coeur même, enfin, un des éléments
clés de la dualité canadienne et que ça implique une
langue, une culture, etc., ce n'est pas là une pièce de
musée.
Dans n'importe quelle société civilisée, ça
implique des pouvoirs économiques et des pouvoirs au moins substantiels,
sérieux, de décision économique pour cette
communauté-là. Cela ne doit pas être quelque chose qui lui
est consenti. Or, comme il y a des choses qui existent déjà dans
le système fédéral actuel qui appartiennent aux provinces,
il n'est pas question de les laisser aller, à moins qu'on ne nous trouve
une formule magique que je n'ai pas vue encore.
M. Ryan: J'ai posé une question au premier ministre,
à savoir quelles attributions, quelles fonctions le Québec sera
prêt à envisager pour le gouvernement fédéral dans
le fédéralisme canadien renouvelé de l'avenir, mais je
m'aperçois que je n'ai eu aucune espèce d'indication ici. Si je
devais rendre compte, à titre de journaliste, de ce que le premier
ministre a dit, je devrais écrire une grosse ligne blanche.
M. Lévesque (Taillon): Je veux bien que le chef de
l'Opposition essaie de dicter leurs papiers aux journalistes, mais c'est une
déformation professionnelle. Pour ma part, ça fait plus longtemps
et je l'ai moins, mais je dirais ceci très simplement. On travaille sur
la base du fédéralisme qui existe actuellement. C'est, je crois,
le point de départ de n'importe quelle hypothèse de
renouvellement. Donc on connaît les paramètres à partir
desquels on travaille.
Là-dessus, se greffe, avec l'obligation d'évoluer, mais
d'évoluer prudemment, je pense, ce qu'on a appelé l'ensemble des
demandes traditionnelles du Québec, que nous avons
véhiculé de notre mieux nous aussi, depuis trois ans et demi.
Partant de là, on essaiera de créer la perspective qui serait,
quant à nous, sérieuse et de bonne foi, comme on l'a dit, pour
passer d'abord à travers cette période d'un certain test
c'est le moins qu'on puisse dire qui va se dérouler jusqu'en
septembre. On pourra faire le point à ce moment-là.
Entre-temps, on peut bien continuer mais je n'irai pas plus loin, sauf
que je demanderais aux chefs de l'Opposition s'ils ont une réaction
à cette idée d'une rencontre préliminaire qui nous
permettrait peut-être d'aller un peu plus avant là-dedans, dans la
première quinzaine de juillet, disons. Peut-être que vous aimeriez
mieux y penser? Je ne sais pas. (21 heures)
M. Ryan: Si M. le premier ministre n'a pas d'objection, nous
allons continuer avec des questions de caractère général
pour l'instant; nous pourrons revenir à cette suggestion-là
tantôt.
M. Lévesque (Taillon): D'ailleurs, ça peut
être demain aussi. Avant la prorogation.
M. Ryan: Le premier ministre a souvent fait allusion à
l'importance des pouvoirs économiques dans le renouvellement du
fédéralisme canadien et je suis d'accord avec lui sur
l'importance de ce renouvellement. Je lui rappelle, entre parenthèses,
que dans le livre beige il y a plusieurs propositions qui ont semblé
échapper à son attention, mais ce n'est pas grave parce que le
débat est encore à venir là-dessus. On aura tout le temps
voulu pour le faire en profondeur.
J'aimerais que le premier ministre nous dise un peu comment il envisage
le rôle de l'Etat du Québec et le rôle de l'Etat
fédéral en matière de
politique économique et dans la perspective d'un renouvellement
du fédéralisme canadien.
Je reviens avec insistance sur ce que j'ai signalé tantôt,
c'est bien facile de formuler des propositions uniquement à partir d'un
côté de la table, mais l'essence d'une solution de type
fédéral, ce sera l'équilibre qu'on réussira
à établir entre les attributions qui iront de chacun des deux
côtés de la table.
Je voudrais savoir si le premier ministre a des idées plus
précises à communiquer à ce sujet, que celles qu'il
donnait tantôt.
M. Lévesque (Taillon): En ce qui concerne les pouvoirs
économiques, sans vouloir entrer dans une définition qu'on
pourrait imprimer avec une couverture jaune pâle, à notre tour,
parce qu'on n'est pas rendu là, je crois qu'il y a une chose
clé... Il y en a une deuxième dont on vient de parler, mais la
chose clé par excellence, c'est que l'essentiel des pouvoirs
économiques ce n'est pas pour rien d'ailleurs que la plupart des
grandes luttes se déroulent autour de ça d'un Etat tient
à l'essentiel, j'ai bien dit parce que c'est plus complexe que
ça son contrôle, le plus large, le plus substantiel
possible, de la fiscalité et d'une fiscalité qui soit capable
d'accompagner l'évolution.
Celle qui accompagne le mieux l'évolution, sauf erreur, demeure
la fiscalité sur les revenus ou sur les profits, dans le cas des
entreprises. C'est pour cela que j'ai été très surpris de
voir cette idée qui avait été évoquée par le
chef de l'Opposition de littéralement accepter au moins comme
hypothèse de travail de noyer ces pouvoirs dans quelque agence mixte que
ce soit.
M. Ryan: Si vous me permettez une précision, M. le premier
ministre, là-dessus, pour qu'on vide cette question, il y a des moments
où l'on discute avec une liberté plus grande que d'autres et, un
soir, j'ai laissé tomber l'idée que, dans la perspective d'un
renouvellement en profondeur du régime fédéral canadien,
parmi toutes sortes d'idées qu'il faudrait avoir la loyauté
d'examiner, dont il faudra examiner la plausibilité ou la
possibilité, il y avait celle-là que j'ai mentionnée
à titre d'exemple, sans plus. J'ai bien dit que ce n'était pas
une proposition de mon parti, que ce n'était même pas une
proposition de ma part, mais que c'est une ouverture d'esprit, et à
examiner l'idée parfois, on comprend mieux pourquoi elle ne doit pas
être retenue et on n'a pas peur d'un examen comme cela. Cela ne voulait
pas dire autre chose que ça. Je voudrais que vous le sachiez clairement
pour qu'il n'y ait pas de malentendu entre nous là-dessus.
M. Lévesque (Taillon): Je suis heureux de l'entendre dire
par le chef de l'Opposition, parce que je pense que c'est la dernière
idée qu'il faudrait retenir.
M. Ryan: Si vous voyez la bobine du film qui a été
fait là-dessus, vous allez trouver que c'est bien dit que je n'ai pas
émis d'objection à examiner la possibilité de... Pas autre
chose que ça. D'accord?
M. Lévesque (Taillon): D'accord.
M. Ryan: Maintenant, je vous pose une autre question, M. le
premier ministre, dans la même veine. Toujours dans la perspective de la
voie fédérale qui a été retenue par 60% des
électeurs du Québec au référendum, vous vous amenez
à la table de négociation avec les autres pouvoirs canadiens et
il a beaucoup été question des pouvoirs culturels. Je vous posais
une question l'autre jour à la Chambre. J'aimerais avoir votre
réaction à ce sujet, parce que je ne l'ai point eue l'autre jour
d'ailleurs. Une institution comme Radio-Canada c'est un exemple que je
prends qui signifie évidemment bien davantage est-ce que votre
gouvernement visera à obtenir qu'elle devienne une institution
strictement et exclusivement québécoise ou si, dans la
pensée d'Un fédéralisme renouvelé, cette
institution peut demeurer une institution fédérale à
caractère foncièrement biculturel et bilingue, avec toutes les
garanties nécessaires de ce point de vue? Cela fera-t-il partie de votre
politique du plus qui vaut mieux que le moins de demander que ça
devienne une institution strictement québécoise dans la
perspective du renouvellement du fédéralisme?
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, je ne me fais pas
d'illusion là-dessus, parce qu'il faut qu'on travaille quand même
de bonne foi, ce qui veut dire qu'il y a toujours du "give and take". Je ne me
fais pas d'illusion, mais je dirais que, plutôt que d'être
obligés de continuer de notre côté, et cela fait partie des
doubles... C'est vrai que l'Ontario en fait aussi un peu, Ontario TV, mais,
quand même, à même les ressources limitées d'une
province, être obligé, pour des raisons qu'on a admises il y a
déjà dix ou douze ans, de bâtir Radio-Québec pendant
qu'en parallèle se trouve Radio-Canada, français, si vous voulez,
pour l'essentiel de ce qui nous préoccupe, je dirais
qu'idéalement ça ne devrait pas être comme ça. On
devrait avoir une coordination des instruments qui sont aujourd'hui parmi les
instruments les plus puissants de la culture, au sens large du mot, dans toutes
les sociétés modernes, parce que ça débouche aussi
sur la câblovision, sur toute une série d'autres choses,
même sur sa part des satellites, si on veut. Idéalement, je dirais
que ça devrait, si on pense à un peuple ou foyer national, si
vous voulez, à une culture et une communauté nationale qu'est le
Québec, être dans le domaine provincial, pour autant qu'il s'agit
d'un renouvellement du fédéralisme. Je n'ai pas l'illusion qu'on
y arriverait facilement, mais je crois que ça devrait être comme
ça, éventuellement.
M. Ryan: Est-ce que c'est nécessairement être
hérétique à vos yeux que de penser qu'on peut avoir une
institution de radio-télévision d'envergure canadienne, sous
responsabilité fédérale, qui serve efficacement la culture
française, non seulement au Québec, mais à travers tout le
pays?
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, je vous dirais oui, c'est
hérétique; non, ce n'est pas hérétique.
Honnêtement, si on travaille sur les faits tels qu'ils sont, je ne vois
pas ce que ça nous donne pour l'instant...
M. Ryan: Est-ce que c'est être...
M. Lévesque (Taillon): ... parce que je ne crois pas que
ce soit récupérable dans le contexte actuel. C'est malheureux,
mais c'est comme ça.
M. Ryan: C'est peut-être parce qu'il y a des raisons
objectives qui militent pour l'autre point de vue, dans la perspective
fédérale.
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, il y a toujours la balance
des avantages et des inconvénients. Je vous ai dit "idéalement";
je pense qu'idéalement, ça devrait être ce que j'ai dit,
mais seulement on ne l'aura pas.
M. Ryan: L'autre jour, à la conférence qui a eu
lieu à la maison du premier ministre, le gouvernement
fédéral a déposé un projet de déclaration de
principe dont vous avez fait une critique assez sévère, dont j'ai
moi-même fait une critique de mon côté également,
à laquelle...
M. Lévesque (Taillon): ...
M. Ryan: Pour la partie négative, c'est toujours plus
facile. Vous avez posé trois conditions à l'élaboration
d'une déclaration de principe éventuelle. Vous avez dit: D'abord,
il faudra qu'on reconnaisse l'égalité des deux nations, si j'ai
bien compris.
M. Lévesque (Taillon): D'abord, le droit à
l'autodétermination, peu importe la façon de l'exprimer.
M. Ryan: Très bien, le droit à
l'autodétermination.
M. Lévesque (Taillon): Je sais que le chef de l'Opposition
a fait faire une étude là-dessus, j'y serais
intéressé, un jour, si c'était possible, parce qu'on
travaille là-dessus nous aussi.
M. Ryan: Un jour, elle sera rendue publique. Deuxièmement,
si j'ai bien compris, l'égalité des deux nations.
M. Lévesque (Taillon): L'égalité. En tout
cas, une chose certaine, c'est que...
M. Ryan: II faudrait sortir le texte. Cela va avec le premier,
disons.
M. Lévesque (Taillon): Oui, et partant de cette notion de
dualité, sur laquelle tout le monde, au moins verbalement, s'entend,
ça implique, oui, une égalité fondamentale. Il s'agit de
la définir, ce n'est pas toujours facile, concrètement.
M. Ryan: C'est là-dessus que nous allons converser un peu,
j'espère. La deuxième condition, si j'ai bien compris,
c'était la reconnaissance du caractère spécifique du
Québec.
M. Lévesque (Taillon): C'est ça.
M. Ryan: La troisième, c'était le maintien, sous
l'autorité du Québec, de tous les pouvoirs de législation
en matière de droits linguistiques. Si nous reprenions ces conditions
l'une après l'autre, ça m'intéresserait d'avoir des
précisions à ce sujet.
Sur la première, le droit à l'autodétermination, je
voulais demander au premier ministre s'il a fait faire des études, de
son côté, qu'il serait disposé à nous communiquer,
avant de formuler cette proposition de la manière officielle qu'il a
utilisée l'autre jour. Est-ce qu'il y a des études qui ont
été faites des autres constitutions fédérales du
monde? Est-ce que le premier ministre connaît les constitutions
fédérales dans le monde qui contiennent des
références expresses au droit à l'autodétermination
des peuples ou des nations qui font partie d'autres systèmes
fédéraux? Pourrait-il nous les nommer, nous dire comment c'est
formulé et sur la base de quelle autre expérience ou de quel
autre exemple son gouvernement en est venu à formuler cette exigence au
tout début de la réforme constitutionnelle?
M. Lévesque (Taillon): Au tout début... c'est
simplement que c'est au tout début que c'était, à toutes
fins utiles, nié par le brouillon que M. Trudeau nous a
déposé sur la table. Alors, on l'a pris dans l'ordre où
ça se présentait dans son projet de déclaration. Que ce
soit là ou ailleurs dans une déclaration éventuelle, il
faut que ce soit reconnu quelque part.
Cela a été exercé une fois, je pense que tout le
monde l'admet sans qu'on nie le droit, même si on a travaillé
très fort, de diverses sources, pour l'infléchir, mais il reste
que cela vient d'être exercé par le référendum
lui-même dont personne ne contestait la légitimité. Et il
nous semble, quant à nous, que cela doit être
réaffirmé je ne sais pas où dans telle éventuelle
déclaration qui pourrait émerger.
Pour ce qui est des études sur lesquelles cela peut s'appuyer,
les connaissances de la constitution des autres pays, y compris celle de
l'Union soviétique, je serais prêt à déposer entre
les mains de l'Opposition tout ce qui peut être disponible. Il nous
semble que cela tombe sous le sens, mais, si cela ne tombe pas suffisamment
sous le sens, je le déposerai aussitôt que possible.
Peut-être qu'on pourrait faire un échange et avoir les
études que le chef de l'Opposition a commandées. On verra.
M. Ryan: Est-ce que j'ai compris que vous vouliez déposer
des textes de constitutions des autres pays ou des études que le
gouvernement aurait fait faire?
M. Lévesque (Taillon): On déposera ce qui nous
paraîtra le plus indiqué et, s'il en manque, on
le donnera. Mais je dis que cela nous semble tomber sous le sens. Il y a
des études, l'expérience vécue et beaucoup d'autres
choses, la réalité même du Québec et de la
dualité canadienne qui nous ont permis d'arriver à cette
conclusion.
Maintenant, deuxièmement, sur l'égalité
fondamentale ou la dualité, je ne sais pas s'il y a des questions
spécifiques.
M. Ryan: Je voudrais que le premier ministre nous éclaire
sur sa conception de l'égalité. Le premier ministre dit qu'il
faut asseoir le régime fédéral de demain sur le principe
de l'égalité des deux nations. Comme je vous l'ai dit souvent, M.
le premier ministre, il n'y a rien de plus facile que d'affirmer le principe de
l'égalité. Je pense que tous les politiciens se font élire
avec cela, sous toutes les latitudes.
Il s'agit, évidemment, de vérifier le contenu que l'on met
là-dessous. Et, puisque vous parlez avec tellement d'assurance quand
vous affirmez ce principe, j'aimerais que vous nous disiez quel contenu vous
envisagez de mettre là-dessous quand vous vous présenterez
à la table des pourparlers constitutionnels. C'est la notion clé
autour de laquelle gravitera toute l'entreprise de réforme
constitutionnelle.
M. Lévesque (Taillon): Je sais que, pour beaucoup de gens,
on peut partir du rapport Pepin-Robarts qui parle de dualisme ou de
dualité, ce qui mène, évidemment, à la
reconnaissance de deux peuples ou de deux nations. Enfin, on emploiera les
termes qu'on veut, il y a plein de vocabulaire là-dessus. On parle
également des provinces, puisqu'il y a dix provinces. On parle
également du régionalisme. J'ai vu que le chef de l'Opposition
évoquait toutes ces complications de façon à nous montrer
à quel point c'était complexe et délicat, lors d'une
récente conférence de presse.
Comme je n'ai pas le temps de préparer toute une série de
réponses là-dessus je pensais que c'était
plutôt pour défendre mes crédits je suis prêt,
par exemple, à essayer de fournir plus d'éclaircissements sur ma
façon de voir ces choses au chef de l'Opposition aussitôt que j'en
aurai le temps et le loisir.
Je reviens quasiment automatiquement à ce que je proposais
à propos de la possibilité d'une rencontre lors d'une
éventuelle commission au début de juillet. De la même
façon qu'on nous a fait parvenir toute une série de questions
avant les crédits qui demandaient cela d'épais de
réponses, je ne pensais pas que le chef de l'Opposition voulait
prolonger la période des questions aussi longtemps. Je suis prêt
à prendre sa question pour avis et je lui donnerai la réponse
quand je pourrai.
Pour ce qui est des droits linguistiques j'aime autant finir
là-dessus cela nous semble absolument fondamental, les droits
linguistiques, c'est-à-dire que le droit exclusif, autant qu'il est
humainement possible dans le régime actuel, de légiférer
et de décider en matière linguistique, en matière scolaire
spécifiquement et en d'autres matières qui se relient aussi bien
à la loi 22 qu'à la loi 101, cela doit demeurer sous le
contrôle de l'Assemblée nationale du Québec et non pas,
pour employer les termes qu'affectionne le chef de l'Opposition, être
enchâssé dans une constitution. Cela nous paraît fondamental
pour la défense des droits les plus essentiels, les plus vitaux de la
collectivité québécoise majoritaire.
M. Ryan: J'aimerais dire au premier ministre que le mot
"enchâssé" ne m'épate pas spécialement. J'en cherche
un meilleur. S'il y en avait un plus élégant, je serais
très heureux de l'employer. Cela vient d'un mot anglais.
M. Lévesque (Taillon): Le juge Pigeon disait
récemment "fixé de façon intangible". Cela est
peut-être une périphrase, mais j'aime mieux cela
qu'enchâssé, bon Dieu! Chacun son goût.
M. Ryan: J'ai été un petit peu surpris par la
raideur de la position du gouvernement sur cette question des droits
linguistiques. Je vais prendre un exemple concret. Prenez le droit des citoyens
de ce pays à des services de radiodiffusion dans leur langue, où
qu'ils vivent à travers le pays, pourvu qu'ils soient en nombre
suffisant dans une région. Je pense que cela tombe sous le sens que,
s'il y a seulement deux francophones ou deux anglophones dans une région
éloignée, ce principe ne pourra pas s'appliquer d'une
manière absolue. (21 h 15)
Mais ces réserves étant faites, en quoi la puissance
nécessaire du Québec comme Etat souverain dans les domaines de sa
compétence sera-t-elle réduite ou compromise et en quoi surtout
notre avenir comme collectivité sera-t-il compromis, si un jour nous
avions dans une constitution canadienne la garantie du droit d'un citoyen de
langue française ou de langue anglaise à des services de
radiodiffusion dans sa langue partout à travers le pays? Y a-t-il
quelque chose d'insurmontable? Y a-t-il quelque chose qui répugne
absolument à toute conception d'un service digne et noble de la culture
de la collectivité française du Québec?
M. Lévesque (Taillon): Non. Je ferai remarquer d'ailleurs
au chef de l'Opposition que quand on a parlé de droits linguistiques,
dans le contexte dans lequel on est encore, on a parlé en fonction d'un
contexte fédéral-provincial. Je ne recommencerai ce que je disais
tout à l'heure à propos de radio-télédiffusion. On
a évité ce chapitre-là pour la bonne et simple raison que
ce n'est pas du tout dans nos compétences actuelles et ce n'est pas
particulièrement dans des compétences envisageables,
souhaitables. Je l'ai dit tout à l'heure, il paraît très
souhaitable que ce soit cela, mais j'ai bien l'impression que ce serait
rêver en couleur dans le contexte fédéral que de
prétendre qu'on récupérerait des pouvoirs très
étendus de ce côté-là. On a essayé du
côté des communications pendant des années à travers
trois gouvernements, sauf erreur, y compris le nôtre, et on sait
à
quel point on se cogne sur un mur. Là, la question du chef de
l'Opposition est plutôt encore théorique.
Cela étant dit, dans le contexte actuel, il se développe
des choses qui demandent de la pression dans les sociétés. Par
exemple, on sait à quel point cela a été dur et que cela a
été contesté qu'une population en nombre réduit
puisse avoir un certain service radiophonique sur la côte du
Pacifique.
Par ailleurs, je vais peut-être surprendre le chef de l'Opposition
si je lui dis que, dans les dernières recommandations que j'ai vues pour
ce qui concerne les minorités, les groupes minoritaires au
Québec, il y avait une recommandation qui venait, sauf erreur, de ces
colloques qui ont été faits avec des groupes minoritaires depuis
un an et demi à peu près, sous l'impulsion du ministre d'Etat au
Développement culturel, qui était de faire des pressions pour
qu'un service minimal de radio soit accordé dans leur langue à
certains groupes minoritaires anglophones qui sont isolés à ce
point de vue. Il me semble que cela peut évoluer et se développer
comme cela beaucoup mieux que sous l'arbitrage toujours difficile face à
révolution de tribunaux qui seraient devant des trucs
enchâssés. En tout cas, c'est une question d'opinion.
M. Ryan: Mais ce n'est pas une question qui est interdite de
manière définitive? C'est une question qui peut être
examinée?
M. Lévesque (Taillon): Je l'ai dit, si on prend l'exemple
radio-télévision, on sort du contexte dans lequel
traditionnellement on a parlé des droits linguistiques à
l'intérieur du régime fédéral.
M. Ryan: Mais vous n'êtes pas complètement
revêche à l'idée que la compétence en matière
de radio-télévision pourrait demeurer dans le
fédéral? Vous disiez tantôt qu'idéalement ce serait
peut-être mieux qu'il en fût autrement...
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Ryan: ... et que, pratiquement, vous envisagez que ce sera
très difficile, pour des raisons que je comprends bien.
M. Lévesque (Taillon): Etant réaliste, je n'ai pas
l'impression que, dans la perspective de l'éventuel renouvellement, si
on peut y arriver, ce sera le morceau le plus facile à arracher.
M. Ryan: II me semble qu'à une réunion des premiers
ministres des provinces qui avait eu lieu à Montréal, il y a
à peu près deux ans...
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Ryan: ... vous en étiez arrivés à un
consensus sur la nécessité de garantir à tout enfant de
langue française ou anglaise le droit à l'instruction publique
dans sa langue. Il me semble qu'une déclaration de principe avait
été faite par des premiers ministres à l'issue de cette
réunion. Si vous me permettez de compléter ma question, dans le
rapport Pepin-Robarts que le premier ministre aime citer souvent...
M. Lévesque (Taillon): Pour son analyse, pas
nécessairement pour ses conclusions.
M. Ryan: ... dans les parties qui l'intéressent,
évidemment toutes les conclusions, il semble les rejeter
catégoriquement; il ne l'a pas dit souvent, mais c'est ce qu'on croit
comprendre il y a une recommandation, je pense, à la page 117,
qui propose que le fruit de ce consensus auquel on en était
arrivé à la réunion de Montréal des premiers
ministres des provinces soit inscrit dans la future constitution canadienne.
Est-ce qu'un point précis comme celui-là est un point sur lequel
il n'y a aucune possibilité de négociation ou d'accord? Est-ce
que c'est un de ces points qui, aux yeux du gouvernement, sont absolument non
négociables au départ?
M. Lévesque (Taillon): Je ferais remarquer au chef de
l'Opposition...
M. Ryan: Est-ce que...
M. Lévesque (Taillon): Je m'excuse, c'est parce que je
n'ai pas la page 117 devant moi. Je ne me suis pas préparé
à l'apporter non plus.
M. Ryan: Je vous dis cela; vous pouvez vous fier à mes
citations.
M. Lévesque (Taillon): Je ne jouerai pas ce jeu-là
bien longtemps. Je vais faire une dernière réponse
là-dessus. Mes souvenirs je vais les vérifier de la
réunion de Montréal, si j'ai bonne mémoire en tout cas,
c'est que ce principe était sous-tendu par un rythme
d'évolution.
Autrement dit d'ailleurs, si le chef de l'Opposition se souvient de
cela, le premier ministre fédéral, sentant à quel point
cela ne pouvait pas se faire à coups de matraque aussi facilement qu'on
aurait pu le penser, avait même dit dans une lettre ou un télex,
je ne me souviens pas, qu'il y avait une formule d' "opting in" qui pouvait
être prévue je ne sais pas si cela rappelle des souvenirs
en ce qui concerne la question des droits linguistiques, scolaires, etc.
J'aurais besoin...
M. Ryan: La formule d' "opting in", où
était-ce?
M. Lévesque (Taillon): C'était quand M. Trudeau,
sur la lancée de ses 60...
M. Ryan: Oui, c'est cela.
M. Lévesque (Taillon): Ce que je veux dire, c'est que tout
le monde admettait à Montréal, je pense que c'était
cela aussi qu'à partir de tel principe qui, logiquement, peut se
défendre il y a toute une série d'évolutions ou de rythmes
d'adap-
tation qu'il faut prévoir. On sait à quel point, à
partir de là, si on parle d'enchâsser quelque chose qui doit se
soumettre à l'évolution, on risque d'avoir le même genre
d'accident et, à l'occasion, de paralysie de l'évolution comme on
en a connu aux Etats-Unis avec le "Bill of rights". Partant de là, je
dirais que j'aime autant arrêter "dret là", et tout simplement
répéter qu'à partir des pouvoirs linguistiques que
détient le Québec je ne parle pas de ceux qu'il ne
détient pas il y a une chose qui nous paraît quant à
nous sine qua non, c'est que ces droits linguistiques et le pouvoir de les
exercer et d'accompagner leur évolution doivent rester sous la
compétence de l'Assemblée nationale du Québec
exclusivement.
M. Ryan: Alors, il ne serait pas question, dans cette
perspective, que les droits linguistiques des francophones dans d'autres
provinces que le Québec soient garantis de manière
constitutionnelle. Il faudrait, suivant la philosophie que vous énoncez,
que l'autorité complète en matière de droits linguistiques
minoritaires soit laissée à la Législature de chaque
province dans son champ de compétence.
M. Lévesque (Taillon): Je ferai remarquer au chef de
l'Opposition qu'une chose est certaine je vais être très
concret là-dessus; cela vient aussi bien de Pepin-Robarts que des
rencontres avec les autres premiers ministres et des aveux normaux des
ministres de l'Education quand ils se sont rencontrés à quelques
reprises ces dernières années c'est que si on tient compte
de la comparaison évidente entre ce qui est reconnu et on peut dire
garanti par le gouvernement et la société
québécoise et l'Etat québécois à la
minorité anglophone au Québec par rapport à ce qui est
consenti, au point d'évolution où elles sont arrivées, par
les autres provinces, y compris là où les nombres minoritaires,
comme au Nouveau-Brunswick et en Ontario, sont extrêmement substantiels,
il me semble que, même là-dessus, c'est peut-être mieux de
laisser l'évolution continuer avant d'enchâsser quoi que ce
soit.
M. Ryan: A supposer que les autres provinces seraient
prêtes à faire des pas décisifs dans la voie de la garantie
constitutionnelle de certains droits linguistiques, est-ce que le Québec
maintiendrait sa position jusqu'au point d'être prêt à faire
cavalier à part sur cette question?
M. Lévesque (Taillon): A moins qu'on ne me prouve
l'utilité et le non-danger pour les intérêts essentiels du
Québec de faire autrement, la réponse est oui.
M. Ryan: Alors, il y a une petite porte ouverte. A moins qu'on
vous prouve le non-danger!
M. Lévesque (Taillon): Le non-danger éventuel
je ne dis pas immédiat d'une décision comme
celle-là. Jusqu'ici, on a, quant à nous, la certitude qu'il y a
des dangers et qu'on ne doit pas les courir.
M. Ryan: Sur la signification concrète je reviens
sur cette question une dernière fois, parce que je veux en avoir le
coeur net du concept d'égalité que vous posez comme
fondement absolument nécessaire de toute réforme, vous n'avez pas
de précision à donner maintenant. Les précisions viendront
plus tard.
M. Lévesque (Taillon): On a toujours dit qu'il s'agissait
d'une égalité concrète, vécue, qui reconnaît
un principe fondamental que deux peuples ont des droits fondamentalement
égaux, mais dans les complications qu'on a à l'intérieur
du système actuel, je suis d'accord avec le chef de l'Opposition: s'il
faut, au cours de l'exercice, définir cela plus concrètement, on
le fera.
M. Ryan: Vous avez tellement insisté sur le
caractère concret que doit revêtir cette égalité
qu'on est intéressé à savoir ce que vous voulez dire par
là. Je vous pose une question...
M. Lévesque (Taillon): Vous l'aviez d'une façon
extraordinairement éloquente dans "souveraineté-association",
mais, jusqu'à nouvel ordre, on va essayer de voir s'il n'y a pas une
autre formule. Entre nous, on cherchera. Seulement, on ne se fera pas passer
des sapins non plus.
M. Ryan: Un exemple, si vous me permettez, pour faciliter votre
réflexion et les précisions. Un régime
fédéral doit comporter un Parlement fédéral. Il me
semble que c'est de la tautologie que de dire cela. Dans ce Parlement
fédéral, dans la perspective des deux nations égales dont
vous parlez, est-ce que cela veut dire que votre gouvernement
prétendrait exiger qu'il devrait y avoir représentation
égale de ce que vous appelez les deux nations, ou si la
représentation devrait se faire d'abord suivant le principe encore plus
fondamental de la représentation suivant l'importance des populations
"rep. by pop."?
M. Lévesque (Taillon): Là, je remarque une chose et
je vais me contenter de ça comme réponse. C'est que c'est une des
questions les plus difficiles dans n'importe quelle perspective de
renouvellement de quoi que ce soit qui ressemble au fédéralisme
canadien et que, moi, je trouverais, en tout cas, invraisemblablement faible ce
qui a été proposé dans le livre beige de nos amis d'en
face sous la forme, si j'ai bonne mémoire, d'un comité dualiste
de l'éventuel conseil fédéral. Je ne sais pas si on peut
trouver autre chose, mais une chose certaine, c'est que j'ai l'impression qu'il
faudrait mieux que ça.
M. Ryan: Alors, il n'y a pas de réponse sur les questions
relatives au Parlement.
M. Lévesque (Taillon): Non, pas plus que ça.
M. Ryan: Pas de réponse, n'est-ce pas? La réflexion
n'a pas assez progressé là-dessus. Les événements
sont trop récents.
M. Lévesque (Taillon): Probablement oui, de la même
façon que certaines surprises du chef de l'Opposition se
répercutent dans ses réactions ces temps-ci. Les
événements sont récents pour tout le monde. Ils
continuent, d'ailleurs, de se produire.
M. Ryan: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire à mon
sujet, mais on va continuer. C'est elliptique comme souvent.
M. Godin: C'est le brouillon.
M. Ryan: Pardon? Oui, le brouillon: Le brouillon, c'était
réfléchi. C'était écrit dans mes notes avant que je
le dise, M. Godin, et c'est resté là, d'ailleurs. Il n'y a eu
aucune modification...
M. Godin: M. le député de Mercier, qu'on dit.
M. Marcoux: Ce n'était pas réfléchi,
c'était le brouillon.
M. Godin: M. le député de Mercier, qu'on dit
ici.
M. Ryan: ... de faite à... Excusez-moi.
Je voudrais maintenant vous poser quelques questions, M. le premier
ministre, au sujet du forum de la révision. Cela me paraît une
dimension très importante de l'opération également. A ce
jour, nous avons l'impression que le gouvernement du Québec est
entré dans un cadre opérationnel qui est à peu près
ce qu'on peut imaginer de plus conventionnel. En somme, on a repris le collier
au point où on l'avait laissé la dernière fois qu'on s'est
rencontré dans ce genre de réunion. Il semble n'y avoir eu aucun
effort de la part des gouvernements intéressés pour essayer de
définir un forum qui serait peut-être plus approprié,
étant donné la gravité du caractère unique de
l'entreprise.
Par exemple, on a choisi le modèle de la conférence
fédérale-provinciale ordinaire, en somme, complété
par des sous-comités ministériels, éventuellement des
sous-comités de fonctionnaires peut-être. Est-ce que le
gouvernement est prêt à considérer la possibilité
d'un forum peut-être un peu plus spécial? Moi, j'ai
été frappé, je vous le dis franchement, par
l'échéancier temporel extrêmement rigide qu'on a
fixé, pour la première phase des travaux du moins, et par
l'absence totale de précisions sur la nature du forum qu'on
envisage.
Est-ce que le chef du gouvernement est prêt à
considérer la possibilité d'un type de forum un peu
spécial? Il y en a qui parlent d'une assemblée constituante. Moi,
je ne vais pas jusque là; mon parti non plus. C'est quand même une
possibilité qui a été évoquée par plusieurs.
Il y en a plusieurs qui ont parlé d'une sorte de procédure de
révision continue, c'est-à-dire d'une procédure de
révision qui fonctionnerait un peu parallèlement à la
conférence des premiers ministres, faisant rapport à celle-ci,
évidemment, fonctionnant sous son autorité, mais ayant des
conditions de liberté et d'engagement dans l'exécution du travail
beau- coup plus grandes. Je demande si on a considéré cette
possibilité, si on est prêt à la considérer.
Voulez-vous que je pose mes autres questions tout de suite ou si vous voulez
les prendre une par une?
M. Lévesque (Taillon): Non, mais celle-là, je vais
y répondre rapidement, peut-être d'une façon qui ne sera
pas satisfaisante pour le chef de l'Opposition. Mais ça, je n'y peux
rien.
Cela a été le consensus de onze gouvernements le 9 juin.
Je ferais remarquer au chef de l'Opposition que c'est le premier ministre
Trudeau qui, à partir de ses engagements solennels d'interventionniste
qui ne faisait pas partie du comité du non, qui flottait, soi-disant,
au-dessus de la mêlée, mais qui a quand même
été déterminant comme poids dans la campagne
référendaire...
M. Ryan: D'après les sondages de l'IQOP?
M. Lévesque (Taillon): Je ne sais pas d'après quels
sondages, mais je sais une chose, c'est que c'est vrai.
Deuxièmement, partant du fait que son intervention avait
été déterminante et qu'il avait pris des engagements
solennels mais pas du tout concrets qui tournaient autour du mot
"renouvellement", partant de là, c'est le premier ministre
fédéral à qui revenait l'initiative. Il l'a prise. Il a
convoqué très rapidement, après une espèce de
tournée symbolique de son ministre de la Justice, une réunion
pour le 9 juin, et, quand est venu le moment de décider de
l'échéancier qu'il proposait et de la liste des sujets, il n'y a
personne qui s'y est opposé, parce que c'était sous la forme d'un
test qui prenait le relais de ce qui avait été abandonné
autour de février 1979. c'est-à-dire aue la plupart des sujets
ont déjà été explorés, fouillés. Les
ministres concernés, de chez nous comme des autres gouvernements, vont
se rencontrer à quelques reprises intensément pendant les deux
mois qui viennent, y compris le mois de juin, enfin, jusqu'au mois de
septembre. (21 h 30)
Puis, accompagnant ce processus, comme le chef de l'Opposition le
disait, il y aura des réunions de fonctionnaires, forcément, pour
remettre à jour, et peut-être voir les élargissements
possibles ou probables, ces sujets-là, de façon à pouvoir,
d'ici à septembre, dans la formule classique ou traditionnelle, je
l'admets, voir s'il y a vraiment des ouvertures nouvelles des uns et des
autres; parce qu'après tout, il y a onze gouvernements qui sont
concernés.
Je ne peux pas aller plus loin. Les autres évocations de
possibilités du chef de l'Opposition comme révision continue,
etc., ce serait peut-être des choses envisageables selon les
résultats du mois de septembre, mais sûrement pas
jusque-là; parce que si on commence à chercher des recettes
magiques au moment où il nous reste deux mois et quelques jours
juillet, août et un peu de juin c'est sûr qu'on va se perdre
dans la brume.
M. Ryan: Au sujet de la présidence de ces réunions,
je crois comprendre que la présidence est assumée sans qu'il n'y
ait aucun acte de fait à ce sujet par le premier ministre du Canada.
M. Lévesque (Taillon): C'est la tradition aussi.
M. Ryan: II préside les réunions, formule des
propositions au nom de son gouvernement et agit en même temps comme
gardien des règles. Je ne prétends pas qu'il y ait des chicanes
à tous les jours là-dessus, est-ce que...
M. Lévesque (Taillon): C'est-à-dire que les
règles sont assez bien connues, je pense, et respectées par tout
le monde. Il y a une sorte de jurisprudence là-dessus, je crois.
M. Ryan: Est-ce que pour marquer l'importance exceptionnelle,
voire extraordinaire, de l'entreprise, le premier ministre a
considéré ou serait prêt à considérer la
possibilité de demander que les travaux de cette conférence
soient présidés peut-être par un arbitre dont
l'impartialité et l'autorité morale seraient acceptées des
uns et des autres? Est-ce une chose possible à envisager ou si c'est une
pensée purement théorique?
M. Lévesque (Taillon): Si le chef de l'Opposition n'a pas
d'objection, je pourrais prendre son opinion s'il en fait une recommandation, y
ajouter la mienne et peut-être celle du chef de l'Union Nationale, et
envoyer par télex à M. Trudeau demain une suggestion unanime des
partis de l'Assemblée nationale de lâcher la présidence de
ces conférences-là et de trouver un arbitre...
M. Ryan: Mais ce que je vous demande, M. le premier ministre, ce
n'est pas simplement vous êtes capable de les trouver tout seul
mais...
M. Lévesque (Taillon): Non, mais enfin...
M. Ryan: ... à votre avis, pensez-vous qu'une idée
comme celle-là serait de nature à améliorer les chances de
succès de l'entreprise ou si cela ne changerait rien? Si ça ne
devait rien changer, on n'a pas de temps à perdre à jouer avec
des bébelles, mais si c'était de nature à améliorer
les chances de succès, le cas échéant, nous sommes
prêts à considérer des idées comme celle-là.
Je demande ce que vous en pensez.
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, à cause de la
jurisprudence établie, je dirais ceci: Si le chef de l'Opposition du
Parti libéral provincial, qui avait, jusqu'à tout
récemment, des relations qu'on présumait intimes avec le chef du
gouvernement libéral fédéral, veut prendre sur lui de lui
en parler, j'aimerais être tenu au courant des résultats,
ça pourrait être utile à tout le monde. Mais, chose
certaine, ma réponse sérieuse à la question, c'est que ce
serait vraiment ce genre de suggestion qui n'aurait pas un gros avenir d'ici au
mois de septembre, en tout cas, je peux le dire tout de suite.
M. Ryan: M. le Président, je voulais juste
préciser...
M. Lévesque (Taillon): Quand même,
sérieusement, c'est vrai.
M. Ryan: Je voudrais juste souligner que le premier ministre
excelle beaucoup plus dans l'insinuation que dans les précisions qu'on
essaie d'obtenir de lui.
M. Lévesque (Taillon): Je n'insinue rien, je dis
simplement que le premier ministre fédéral...
M. Ryan: C'est continuellement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ryan: Le premier ministre a fait allusion à des
conversations intimes que je pourrais avoir avec le premier ministre du Canada,
au cours desquelles je pourrais aborder ceci ou cela. Je crois que mes
relations avec le premier ministre du Canada sont un exemple du genre de
relations qui peuvent exister entre des hommes libres, qui se respectent et qui
respectent également la diversité de leurs fonctions respectives,
ce qui n'empêche pas, par conséquent, que surgissent entre eux des
divergences légitimes sur des sujets d'intérêt et de
caractère public. Cela continuera ainsi. Les choses que je voudrai
discuter, au moment et dans les circonstances de mon choix, avec le premier
ministre du Canada ou quelque autre homme politique au Canada, je les
discuterai avec eux, je les discuterai publiquement au Québec, mais je
n'irai jamais faire de proposition ou d'entente personnelle privée
affectant la communauté, sans que cela ait été
vérifié publiquement au Québec même. Je tiens
à vous l'assurer.
M. Lévesque (Taillon): Bon, c'est rassurant.
M. Ryan: De plus, c'est sur cette base que le parti que je dirige
a fonctionné depuis que j'en suis le chef.
A cet égard, je note l'intérêt du premier ministre,
son réalisme en ce qui touche les chances de succès à
brève échéance, mais c'est un sujet qui ne sera pas
interdit à la commission parlementaire dont on parlait tantôt, si
je comprends bien.
M. Lévesque (Taillon): Aucun sujet n'est interdit au
départ.
M. Ryan: Très bien. Peut-être qu'à ce
moment-ci on pourrait aborder le sujet de la commission parlementaire dont
parlait tantôt le premier ministre, je n'ai pas d'objection du tout
à l'aborder. Est-ce que j'ai bien compris quand j'ai cru entendre
tantôt que vous mentionniez la possibilité d'une réunion
dès le début de juillet?
M. Lévesque (Taillon): II nous semble que ça
pourrait être indiqué. Non pas une réunion qui
prétendait épuiser le sujet, mais au contraire une réunion
où tout le monde pourrait reprendre contact, sur la base de ce qui s'en
vient au mois d'août, parce qu'au mois d'août, ça va
être assez serré. Ce qu'on a proposé c'est une commission
parlementaire qui prendra le temps qu'elle pourra, mais qui ne devrait pas
être très loin de la réunion des premiers ministres qui va
avoir quand même son importance, à Winnipeg, et c'est les 21 et 22
août. On sait qu'il y a la période de vacances et que tout le
monde ne travaille pas avec la même intensité tout le temps, c'est
normal. On voudrait que ce soit autour du 15 parce qu'avant ce ne serait pas
beaucoup...
M. Charron: Pas avant le 15.
M. Lévesque (Taillon): Non, plutôt les 16, 17 ou 18.
Cela impliquerait que le travail aurait été
préparé, s'il y a moyen d'en avoir une, avec une sorte de
perspective ou certains paramètres que les uns et les autres
décriraient pour qu'on voit un peu dans quoi on s'embarque, sans compter
peut-être des informations qui nous seraient demandées par rapport
à des dossiers. C'est difficile à faire en Chambre et il nous
reste deux jours. Ce serait peut-être l'occasion de faire le point
là-dessus, une demi-journée, une journée, peu importe,
pour que la commission puisse au moins s'en aller, les uns et les autres,
à leur période de vacances, mais avoir du travail qui soit
déjà en marche de façon à préparer mieux ce
qui devrait venir au mois d'août. C'était cela en gros.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, à la suite des
questions du chef de l'Opposition et des réponses du premier ministre et
dans la perspective des réunions qu'on pourrait avoir, sous
réserve...
M. Lévesque (Taillon): Ce serait une, parce que je ne
pense pas que...
M. Rivest: ... il y a une chose, le gouvernement a
déjà publié, toujours dans le cadre du renouvellement du
fédéralisme, ce qu'il appelle les positions traditionnelles du
Québec qui sont un résumé de déclarations de
premiers ministres, très souvent...
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais qui avaient
été remises à jour quand même pour 1978-1979, le
mieux possible.
M. Rivest: ... mais sur des sujets limités. Compte tenu
des efforts qui ont été faits, je pense bien qu'il ne faut pas se
faire de dessins, tout le monde, en tout cas de ce côté-ci,
entretient ce que j'appellerais un scepticisme de bon aloi sur la conviction et
la détermination que va y mettre le gouvernement. Mais, compte tenu du
fait que le gou- vernement, dans le cadre de l'opération
référendaire, sur le plan des études et de l'effectif, des
crédits, enfin de toutes les initiatives qui ont été
prises pour préparer l'exercice référendaire, voilà
que par des circonstances les résultats du référendum ont
fait un tour à 180 degrés... Dans la perspective des travaux
éventuels de la commission, soit en juillet ou en août, je
voudrais demander au premier ministre j'ai essayé d'obtenir la
réponse de son collègue, le ministre des Affaires
intergouvernementales, au moment des crédits quels sont les
moyens et les ressources que, au niveau du Conseil exécutif, j'imagine,
ou au niveau du ministère des Affaires intergouvernementales, dans la
mesure ou le ministre nous a référés au premier ministre,
quels sont, dis-je, très concrètement, les moyens, les ressources
que le premier ministre entend mobiliser pour faire face à la situation
avec des dossiers bien préparés et étoffés sur le
plan de la révision constitutionnelle, ce qui pourrait donner je
le dis le plus simplement du monde au premier ministre de la
crédibilité au gouvernement sur le sérieux et sur la
détermination qu'il entend manifester?
Je donne un exemple que le chef de l'Opposition a tenté de
souligner, dans le cadre de la révision constitutionnelle, une chose qui
n'a pas été faite dans le passé, essayer de
définir, dans le renouvellement du fédéralisme, l'espace,
par exemple, qui doit être réservé à un gouvernement
fédéral dans le cadre du fédéralisme. Le chef de
l'Opposition a posé des questions au premier ministre dans le domaine
économique, dans le domaine culturel; il aurait pu ajouter
également toute une série de questions dans le domaine social sur
les seuils minimaux, il aurait pu parler également des institutions.
Mais quels sont les moyens bien précis, au niveau des techniques, que le
premier ministre entend prendre, soit au niveau du ministère des
Affaires intergouvernementales, des comités interministériels ou
de son propre cabinet, pour présenter aux membres de la commission, dans
un premier temps, j'imagine, et, deuxièmement, au niveau des
conférences préparatoires à la conférence, des
dossiers qui ne soient pas juste une simple redite des déclarations
passées, mais qui tiennent compte de révolution et du contexte
précis dans lequel la nouvelle démarche du gouvernement se
situe?
M. Lévesque (Taillon): II faut faire attention quand on
emploie le mot redite, comme si c'était péjoratif, parce que j'ai
remarqué...
M. Rivest: Non, je l'emploie dans un sens non
péjoratif.
M. Lévesque (Taillon): Non, mais il demeure qu'en ce qui
concerne ce qu'on appelle les demandes traditionnelles du Québec, avec
la succession des gouvernements qui ont eu à les réitérer,
en les remettant à jour périodiquement, je pense qu'il ne faut
tout de même pas envoyer ça promener du revers de la main, parce
qu'on veut devenir, à partir du Québec, les nouveaux pères
de la Confédération, il faut faire attention.
M. Rivest: C'est votre mandat.
M. Lévesque (Taillon): II faut faire attention, parce
qu'on est onze là-dedans, on n'est pas tout seul. Il y a seulement, je
pense, une certaine présomption, qu'on retrouve dans le livre beige, qui
s'imagine qu'on va dicter et on a vu l'accueil que cela a reçu
au reste du Canada comment on va renouveler le système
fédéral où il est également
intéressé.
Cela étant dit, ce serait peut-être une des occasions
utiles que cette offre qu'on fait ou cette suggestion qu'on fait d'une
réunion préliminaire, peut-être assez substantielle, de la
commission qui a été proposée.
Pour ce qui est du mécanisme, tel qu'il est actuellement, c'est
le même qui a toujours servi, il s'agira de le réorganiser. C'est
le mécanisme qui est, en grande partie, au ministère des Affaires
intergouvernementales, qui a ses prolongements, forcément, dans mon
cabinet ou dans mon entourage, qui se retrouve aussi, à un moment
donné, au comité des priorités, quand on en a besoin,
parce qu'il y a peut-être des commandes à donner, etc. On
n'inventera pas le monde là-dessus.
M. Rivest: Ma question précise, pour autant que ces
moyens, finalement, ne sont pas exorbitants des pratiques usuelles, que ce soit
au niveau du ministère, des pratiques courantes, pour que ce soit
utile... parce que je pense que cela a été le sens de la
démarche du chef de l'Opposition d'essayer d'obtenir des
précisions sur les orientations de fond du gouvernement, est-ce
que...
M. Lévesque (Taillon): Je voudrais, est-ce que le
député me permet...
M. Rivest: Oui.
M. Lévesque (Taillon): Je connais toute son
habileté tactique, il peut essayer de reprendre les questions du chef de
l'Opposition...
M. Rivest: S'il y a un naïf, M. le Président, c'est
bien moi.
M. Lévesque (Taillon): ... pour voir s'il n'y a pas moyen
d'aller plus loin, mais je vais m'en tenir aux réponses que j'ai
données tout à l'heure.
M. Rivest: Tout de même, c'est que, avec les moyens et les
ressources dont vous allez disposer, on va arriver devant la commission,
disons, si on en a une en juillet ou en août, et vous allez nous dire:
Voici, M. Lesage, sur le dossier des ressources a dit telle chose, en telle
année, M. Bourassa a dit telle chose, M. Johnson a dit telle chose et
nous, on dit telle chose, sans égard à l'évolution ou aux
perspectives nouvelles qui ont pu se dégager dans l'un ou l'autre des
secteurs. Quand je pose la question au premier ministre au niveau des moyens,
mon intention avouée et avouable, c'est que je veux qu'on puisse sentir
vraiment qu'au niveau du gouvernement, indépendamment de tout le
contexte politique qui est dans le paysage, il y a un effort au moins aussi
grand puisque ça doit avoir autant d'importance que les
efforts qui ont été faits au niveau du Conseil
exécutif.
Il y avait un comité de stratégie
référendaire. Est-ce que vous allez consentir les mêmes
moyens, le même effort et est-ce que le monde va percevoir que vous y
mettez autant d'efforts que vous l'avez fait pour l'opération
précédente, qui était celle du référendum?
C'est ça. Sans ça, on va arriver au niveau de la commission avec
une espèce je m'excuse d'improvisation d'état de la
question, sans qu'il y ait un "commitment" vraiment sérieux,
étudié, détaillé de la part du gouvernement sur
chacun des points.
M. Lévesque (Taillon): II est évident, d'une part,
qu'on n'aura pas eu ni le temps, ni les loisirs, ni les moyens et ça,
c'est vrai pour les onze gouvernements... attendez un peu, si vous permettez.
L'échéancier a été accepté par tout le
monde. Le chef de l'Opposition peut bien s'imaginer que ce n'est pas assez, et
vous autres aussi, mais c'est votre problème, comme test valable.
Partant de là, il nous reste deux mois et quelques jours. Alors, il ne
faut pas s'imaginer qu'on va réinventer le monde en deux mois et
quelques jours, mais on va essayer de tout mettre à jour le mieux
possible.
La preuve qu'on s'en occupe sérieusement c'est
peut-être une preuve comme ça, de parcours, mais, quand
même, c'est exact c'est que, quand on s'est réuni le 9 juin
et la veille, le 8 juin, à l'invitation de M. Peckford, sept ou huit des
premiers ministres, j'étais accompagné, non pas par un, mais par
trois ministres, parce qu'il y a forcément d'extraordinaires
interférences, si on veut, entre le constitutionnel et
l'économique. On n'a pas besoin de se faire de dessin, il n'y a pas de
budget au fédéral depuis un sacré bout de temps, on ne
sait pas ce qui va se passer du côté des impôts, ça
va toucher la fiscalité. Il y a le prix du pétrole, M. Lougheed,
ce n'est pas une révélation, en fait presque un des
éléments clés, une articulation essentielle et,
entre nous, ce n'est pas facile à démêler de sa
propre attitude vis-à-vis des discussions constitutionnelles.
J'étais donc accompagné du ministre des Finances, du ministre de
l'Energie, du ministre des Affaires intergouvernementales et on prenait
ça assez au sérieux pour être quatre. Sauf erreur,
même au fédéral, il n'y avait pas de
délégation comparable pour préparer, jusqu'à la
veille même, ce dont il s'agissait le lendemain.
On va faire notre travail sérieusement et on l'a dit de bonne
foi. (21 h 45)
M. Rivest: Une dernière précision sur les trois
points spécifiques mentionnés dans la déclaration du
premier ministre, c'est-à-dire l'autodétermination,
l'égalité et le troisième...
M. Lévesque (Taillon): La dualité.
M. Rivest: ... la dualité. Est-ce que, dans les travaux de
la commission parlementaire et éven-
tuellement au niveau des fonctionnaires, étant donné que
vous y avez mis toute la... Est-ce qu'il va y avoir des documents d'appui?
Est-ce que, par exemple, les questions qu'a posées le chef de
l'Opposition au premier ministre, on va y trouver des réponses? Au
niveau des institutions fédérales, comment se traduira
l'égalité? La question vous sera posée à la
conférence fédérale-provinciale. Il va falloir que vous y
répondiez. Et si les parlementaires ont le droit d'y participer, il faut
avoir des documents et des positions détaillés de la part du
gouvernement.
M. Lévesque (Taillon): Tout ce qu'on aurait de disponible
et c'est pour cela qu'il y aurait une partie de la réunion
préliminaire que l'on propose qui pourrait être des commandes de
l'Opposition tout cela ne sera pas prêt au début de
juillet, mais ce que je voudrais voir, c'est dans quels paramètres on
peut fonctionner. Si on est dans des négociations constitutionnelles sur
la base du fédéralisme, forcément, cela vous
intéresse. Partant de là, c'est le nombre de choses qui
pourraient être requises, mais qu'on pourrait voir ensemble au
début de juillet, de façon à essayer de s'ajuster
convenablement, pour voir quelles sont les zones de consensus qu'on pourrait
trouver d'ici au mois d'août.
M. Rivest: Mais là, il faut faire attention pour que, sur
la table, au mois de juillet, il n'y ait pas seulement le livre beige. Il
faudrait avoir votre version également.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Union Nationale.
M. Ryan: II y a peut-être des études qu'on a faites
nous autres mêmes qui pourront être utiles.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: J'ai perdu un bout de la discussion le
premier ministre est au courant, d'ailleurs parce que je devais
participer à une autre commission parlementaire.
M. Lévesque (Taillon): Je me suis permis d'expliquer, au
nom du député de Gaspé, qu'il était allé
à la pêche pendant quelque temps.
M. Le Moignan: Je vous remercie, vous êtes bien aimable.
C'est la raison pour laquelle il y aura peut-être des redites de ma part.
Je vais peut-être toucher des points qui ont été
soulevés auparavant.
Je voudrais aborder quelque chose d'assez important, d'assez essentiel.
Je voudrais connaître la perception du premier ministre sur le travail,
parce qu'on vient de parler d'une commission parlementaire, que nous avions
souhaitée grandement, qui va se réunir vers le 15 juillet ou
après. Ce n'est peut-être pas le 15 juillet qui a
été mentionné.
M. Lévesque (Taillon): Dans la première quinzaine
de juillet, pour ceux qui pourront être disponibles. C'est pour cela que
j'ai consulté tout à l'heure, pour voir si cela pouvait
être acceptable. On va se consulter de notre côté aussi.
M. Le Moignan: Alors, pas avant le 15 juillet.
M. Lévesque (Taillon): Non, non. D'ici au 15 juillet. Pas
après le 15 juillet. Et, autant que possible, avant.
M. Lavoie: Le leader du gouvernement a dit pas avant le 15
juillet.
M. Lévesque (Taillon): Non. Il parlait de la commission
qui a été suggérée, dont on a accepté
l'idée pour le mois d'août. Cela ne devrait pas et je pense
que le chef de l'Opposition était d'accord être avant le 15
août. C'est cela qu'on proposait nous autres aussi.
Mais, comme réunion préliminaire c'est une
suggestion qu'on faisait ce soir il pourrait y en avoir une pendant la
première quinzaine de juillet, pour voir comment on pourrait commencer
à déblayer le terrain. C'est tout. Enfin, je
référerais le député de Gaspé je ne
veux pas lui enlever la chance de poser toutes ses questions à ce
qui a été dit avant. Je pense qu'il va trouver toutes les
informations là-dessus.
M. Le Moignan: Très bien.
M. Lévesque (Taillon): D'accord.
M. Le Moignan: Je me disais que, si c'est à partir du 15
juillet, pour moi, cela marche très bien. Mais, en tout cas, je vais
regarder les dates. Cela peut arriver après.
Ce que je voulais dire, concernant cette commission parlementaire, face
à tout ce qui se dessine actuellement je ne veux pas faire le
procès d'Ottawa ni le procès du gouvernement du Québec
c'est qu'on sait que les enjeux sont peut-être assez difficiles.
Les déclarations de principe d'Ottawa ont d'ailleurs suscité
beaucoup d'éton-nement à droite et à gauche. Et en
même temps, on semble se dire, dans le moment: Le gouvernement d'Ottawa
veut, avec ses principes, ne pas reculer du tout pour placer le gouvernement du
Québec dans une situation difficile.
D'un autre côté on dit que le gouvernement du Québec
est heureux que le gouvernement d'Ottawa place une muraille pour blâmer
Ottawa. Mais pour nous élever au-dessus de ces choses-là, je
voudrais que, dans cette commission parlementaire... Même en commission
préliminaire, que je trouve importante, j'ai demandé en
commission parlementaire au ministre des Affaires intergouvernementales de nous
donner cet énoncé de principe. Si on veut susciter une certaine
unanimité cela va peut-être être dur de l'avoir sur
tous les points, je crois que le premier ministre le comprend il faudra
une unanimité sur des
points essentiels que le gouvernement aura à défendre lors
de cette commission parlementaire. Et si on avait un énoncé de
principe, je pense qu'à ce moment-là, on pourrait procéder
de façon plus pratique.
J'ai apporté l'exemple l'autre jour d'un projet de loi. Quand on
étudie un projet de loi, on s'entend d'abord sur le principe et,
après, on l'étudie dans une commission parlementaire ou
autrement, article par article. C'est là-dessus que je demanderais au
premier ministre si le ministre des Affaires intergouvernementales entend
adopter demain à Ottawa l'attitude qu'il a manifesté. Est-ce
qu'il entend adopter cette attitude quand il va rencontrer les fonctionnaires
ou les autres ministres? Je ne sais pas à quel niveau, parce que demain
c'est important, aussi important que la nôtre. Je voudrais que le premier
ministre nous parle de cet énoncé de principe et qu'il nous dise
comment il pense que les différents partis représentés
à cette table pourront faire l'unanimité et sur quels points cela
pourrait porter.
M. Lévesque (Taillon): On a travaillé
là-dessus déjà, mais je ne sais pas si on sera prêt
à proposer quelque chose qui soit un texte complet ou définitif
en juillet. J'en douterais beaucoup, mais ce qui pourrait être fait,
c'est que certaines choses sur lesquelles on a travaillé soient au moins
détaillées un peu, expliquées en tout cas. Je sais que le
chef de l'Opposition a parlé, à partir des principes
énoncés dans le livre beige, de certaines choses qui pourraient
servir de paramètres à son point de vue. Peut-être que
l'Union Nationale pourrait se creuser les méninges de son
côté pour voir ce qu'elle aurait à apporter. On regardera
cela. Ce n'est sûrement pas avant le mois d'août que cela pourra
prendre une forme définitive si tant est qu'on finit par s'entendre sur
quelque chose.
M. Le Moignan: Je vous demandais en somme si vous alliez
commencer par énoncer un principe.
M. Lévesque (Taillon): De toute façon, il va
falloir au moins avoir quelque chose, le plus possible un consensus cela
reste à voir au nom du Québec, qui réponde à
ce premier point de l'ordre du jour qui a été établi,
c'est-à-dire la déclaration de principe. Qu'il y en ait une,
qu'il n'y en ait pas, il faut travailler dans ce sens-là. De bonne foi,
on a dit qu'on acceptait non pas le brouillon de M. Trudeau, pour reprendre
l'expression qui a été employée, mais de travailler dans
le sens de ce que serait une déclaration de principe.
M. Le Moignan: En somme, il semble que quand M. Trudeau nous
parle de rapatriement, d'après lui, cela peut créer un
déblocage et, d'après nous, cela va créer un blocage si on
ne s'entend pas au moins sur un point aussi important.
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais vous savez que le premier
ministre fédéral, il l'a manifesté tout de suite
après le référendum son brouillon est là
pour le signaler est un homme qui a une certaine attitude dont il n'a
pas changé la direction depuis bon nombre d'années. Comme il le
disait hier à des Européens, il n'y a plus beaucoup
d'idées nouvelles, mais il y a de vieilles idées qui se tiennent
en maudit. Cela reste à voir.
M. Le Moignan: Mais, en plus des principes, il y a un certain
nombre de points qui ont été soumis à Ottawa.
Québec aura des points aussi à soumettre, mais quand on va se
réunir, j'ai bien l'impression que le gouvernement du Québec aura
des documents, quelque chose qui a de l'étoffe à nous fournir
pour nous permettre d'étudier...
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais ce ne sera
peut-être pas aussi complet que le député de Gaspé
le souhaiterait c'est tout ce que je peux dire ce soir et
peut-être pas aussi complet qu'on pourrait le souhaiter pour le
début de juillet, mais cela nous permettra de voir ce qui est requis,
comment on aborde cela, quelles sont les choses comme gouvernement on
détient les dossiers, etc. qui paraissent utiles à
l'Opposition pour faire son propre travail. Ce serait déjà
beaucoup. En même temps, on pourrait voir dans quelle orientation on
prétend s'en aller les uns et les autres. Il faudra y penser.
M. Le Moignan: Quand je dis complet, je veux dire plus complet
qu'en février 1979; moins complet peut-être qu'en septembre 1980,
mais au moins quelque chose qui se situe un peu entre les deux.
M. Lévesque (Taillon): J'espère en tout cas qu'on
pourra arriver à peu près à ce point-là.
M. Le Moignan: J'aurais un autre point à soulever, M. le
Président. Une autre suggestion a également été
faite, elle a été reprise par le public le premier
ministre est peut-être au courant je ne sais trop par qui, la
Chambre de commerce ou un autre organisme, pour demander si la population, par
le biais de ses groupes, de ses porte-parole, aura le droit de participer
à une commission parlementaire afin de...
M. Lévesque (Taillon): C'est une question, je l'avoue, sur
laquelle on réfléchit actuellement. Cela a été
évoqué. C'est probablement une des bonnes questions sur
lesquelles on pourra voir quelle réponse on apporte les uns et les
autres au début de juillet, si on a cette réunion
préliminaire. J'avoue humblement que ma religion n'est pas faite
là-dessus, ni celle de mes collègues jusqu'à nouvel ordre,
mais c'est une des choses qu'on a retenues comme au moins une question qu'il
faut se poser. Est-ce que ce serait indiqué ou pas dans la
brièveté de l'échéancier qu'on a devant nous? C'est
sûrement une question qui vaut la peine d'être posée et sur
laquelle on va réfléchir pour voir ce qui serait le plus
indiqué et, en juillet, on pourra en parler.
M. Le Moignan: Cela veut dire que si on vient ici en juillet,
ensuite, il y aura un condensé, un résumé. Tout cela sera
bien...
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais on pourrait
peut-être décider, à ce moment, le mieux possible, pour
voir si cela doit être ouvert parce que cela implique normalement des
mémoires et des comparutions. Il s'agit de savoir si le temps le permet.
Je ne sais pas...
M. Le Moignan: C'est à ce moment-là, en juillet,
qu'on pourrait voir ce qu'on ferait dans une seconde étape et
peut-être une troisième étape.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition officielle.
Commission parlementaire
M. Ryan: A propos de la commission parlementaire, je voudrais
seulement signaler quelques éléments à l'attention du
premier ministre. D'abord, j'ai précisé clairement les conditions
auxquelles notre parti serait disposé à travailler dans un esprit
consensuel, au sein d'une commission comme celle-là. Il faudra que le
gouvernement nous présente des propositions qui évoquent une
vision d'ensemble du fédéralisme renouvelé que nous
voulons avoir. Nous nous méfions comme de la peste des entreprises
à la pièce. Il faudra que tout cela soit situé dans un
cadre général, parce que l'essence de la réforme du
fédéralisme que nous recherchons se définit dans un mot
très difficile à comprendre mais absolument central:
"équilibre". C'est bien facile de dire: On va prendre toutes les
ressources naturelles du côté du Québec. On va prendre tous
les droits linguistiques. Ce n'est pas avec cela qu'on va faire une
réforme constitutionnelle. Le premier ministre en conviendra avec moi.
Il va falloir qu'on trouve un régime d'équilibre où le
Québec sera capable de se développer en même temps que
l'ensemble progressera pour le bien de chacune des parties constituantes. C'est
une condition très importante que j'ai évoquée l'autre
jour dans la conférence de presse dont vous parliez tantôt, dans
des termes plutôt bienveillants.
Deuxièmement, il faudra que les propositions qu'on nous fera
soient conformes au verdict qui a été porté par le peuple
du Québec le 20 mai dernier, par conséquent, qu'elles s'inspirent
d'un esprit véritablement fédéral et qu'elles tendent
à conduire le Québec dans la voie d'un engagement qui aille
conformément à la volonté du peuple.
Troisièmement, il faudra que ces propositions soient conformes,
quant aux lignes de fond, aux grandes orientations que notre propre parti a
définies. Il n'est pas question que nous allions déchirer nos
orientations fondamentales pour le plaisir de siéger à une
commission parlementaire afin d'aider à sortir le gouvernement de
l'embarras.
Ce sont trois points très importants que j'ai soulignés
l'autre jour et que je rappelle avec toute la clarté voulue.
Maintenant, un deuxième point, si vous me permettez, au sujet du
calendrier. Je ne crois pas qu'il serait utile... Tantôt, vous avez
parlé d'une réunion autour du 15 juillet et j'ai cru que certains
glissements...
M. Charron: Avant le 15 juillet.
M. Ryan: Pardon?
M. Charron: Au début de juillet.
M. Ryan: C'est un glissement qui s'est produit. Nous ne serons
pas disponibles avant la mi-juillet, au plus tôt. Nous avons un conseil
général de notre parti les 5 et 6 juillet, que nous devons
préparer consciencieusement. Tantôt, quand nous en avons
parlé, il était question du 15 juillet.
M. Lévesque (Taillon): Non, au plus tard.
M. Ryan: J'ai bien compris. Dans vos dernières paroles, il
y a un glissement qui s'est produit.
M. Lévesque (Taillon): Non, je m'excuse, si le chef de
l'Opposition me permet. Il y a eu une sorte d'ambiguïté entretenue
peut-être involontairement par le député de Gaspé.
Je voudrais être bien clair. Ce qu'on a offert je dis
involontairement parce qu'il n'était pas là pendant qu'on en
discutait comme suggestion, c'est qu'au début de juillet ou
pendant la première moitié de juillet, certainement pas plus
loin, il puisse y avoir une réunion préliminaire comme celle que
j'ai évoquée et qui serait presque une réunion de
prospection, de perspectives. Si l'Opposition officielle ne veut pas y
participer, on retire la suggestion. On travaillera chacun de notre
côté jusqu'au mois d'août. Si l'Opposition et les
oppositions veulent y participer, cela peut être utile. Je crois que cela
pourrait être sérieusement utile. Quand on a parlé du 15 au
plus tôt, c'était pour le 15 août. Je pense que
là-dessus, il y avait consensus entre nous pour que la commission
parlementaire élaborée, si on veut, se tienne le plus près
possible de la réunion des premiers ministres à Winnipeg et que
cela ne pouvait pas être avant le 15 août. Est-ce que c'est plus
clair?
M. Ryan: Je ne vois pas le besoin d'une réunion
préliminaire où l'on irait suggérer des commandes, pour
être franc avec vous, dans l'état actuel du dossier. Nous autres,
nous en avons proposé une centaine de commandes lors du débat
spécial que nous avons tenu la semaine dernière. Je pense qu'il y
a là ample matière à travaux. Pour l'empressement que le
gouvernement a manifesté jusqu'à maintenant...
M. Lévesque (Taillon): Est-ce que le chef...
M. Ryan: ... à mettre à notre disposition des
études techniques faites pour son profit, on n'est pas
spécialement enclins à aller mettre notre tête sur le
billot au début de juillet. Il y a amplement matière à
suggestions dans tout ce que nous vous
avons dit jusqu'à maintenant. Mais dès que vous aurez de
la matière à nous soumettre, nous sommes à votre
disposition.
M. Lévesque (Taillon): Je vais le prendre comme le dit le
chef de l'Opposition. S'il se réfère, en parlant d'une centaine
de commandes, au discours qu'il a fait pendant le débat où il
avait une centaine de questions, je fais aussi bien de ne pas lui donner
d'illusion. Il n'y aura pas de réponse détaillée au mois
de juillet. Je vais lui dire pourquoi, très simplement. (22 heures)
C'est que, de façon générale là, il
faudrait tout de même être de bonne foi, tout le monde on a
mis, en premier lieu, dans ce test de deux mois, qui n'est pas
nécessairement du tout un test final et qui ne court pas au
désastre, mais, enfin, je sais que le chef de l'Opposition a ses
appréhensions et, de toute façon, tout le monde peut avoir ses
appréhensions... On a deux mois et quelques jours. Il est entendu qu'il
faudrait qu'il y ait des paramètres généraux. Ils
devraient se retrouver, s'il y a un consensus possible, dans
l'éventuelle déclaration de principe. Pour le reste, on ne refera
pas toute la structure du fédéralisme dans aucun des onze
gouvernements au-delà de la dizaine ou de la douzaine de sujets qui ont
été proposés. Ce n'est pas une centaine de mémoires
que le chef de l'Opposition va obtenir cet été. Il va obtenir ce
qui sera disponible s'il veut bien être présent. Sinon, on
s'arrangera sans lui. C'est ce qui concerne spécifiquement la douzaine
ou à peu près de sujets qui ont été
évoqués et sur lesquels il y a eu un accord qui s'est fait
à Ottawa comme contenu de ce test . qu'on doit faire pendant deux
mois.
Si, sur ces sujets spécifiques je le répète
dans ce que le chef de l'Opposition appelle les orientations
fondamentales de son parti, on trouve le moyen d'arriver à un certain
consensus, tant mieux. Mais on ne se le fera pas dicter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Union Nationale.
M. Le Moignan: Oui, je veux revenir, étant donné
que j'ai eu certaines précisions de la bouche du premier ministre,
personnellement, puisqu'on a parlé d'avant le 15 juillet, mais, à
partir du 8 juillet, je serai je ne sais pas si vous avez fixé
une date disponible cette semaine-là. Je serai absent la semaine
avant le 8 juillet, en ce qui me concerne.
M. Lévesque (Taillon): Bon! Avec l'attitude du chef de
l'Opposition et la façon dont ça se développe, on ne
retire pas notre suggestion. On dit simplement: Elle est là, avant le 15
juillet, mais on voudrait avoir des réponses qui seraient plus faciles
à obtenir d'ici mercredi, parce que après ça va être
difficile.
M. Le Moignan:... peut-être que d'ici mercredi les leaders
des différentes formations politiques pourraient se rencontrer et
discuter des dates, selon la convenance de chacun, pour en arriver à un
consensus au moins sur ce point-là.
Ce que j'ai demandé au premier ministre tout à l'heure, ce
que je considère une priorité, ce serait son énoncé
de principe, qui est bien important, et, deuxièmement, la question du
rapatriement. Parce que moi, j'ai l'impression, je peux peut-être me
tromper que le gouvernement fédéral semble vouloir s'en
servir comme d'une pierre d'achoppement pour dire que le gouvernement du
Québec je ne parle pas du Parti québécois et
les partis du Québec, peut-être, vont vouloir bloquer cette
chose-là. Si le rapatriement vient à la fin de nos discussions,
évidemment, on n'élimine pas cette chose, mais si on en fait une
condition sine qua non dès le début, c'est là, je pense,
qu'on pourrait bloquer toute négociation intelligente.
Je voudrais que le premier ministre soit clair sur cette question de
rapatriement, pour le cas où le Québec ne s'entende pas avec
Ottawa, que la volonté du Québec soit de retarder cette
chose-là. Je crois que c'est bien important d'avoir des idées
précises sur ce point-là.
M. Lévesque (Taillon): Oui, je pense que je n'ai pas
besoin de répéter au député de Gaspé, au
chef de l'Union Nationale, ce qui, jusqu'ici, je crois, sert de consensus sur
ce point-là. C'est que cela étant relié forcément
à la formule d'amendement et étant aussi conditionné un
peu par le climat dans lequel s'est pris un vote à la Chambre des
communes il y a quelque temps, moi, j'ai l'impression qu'on pourrait facilement
se trouver d'accord là-dessus. Il ne s'agit pas de dire que ça va
être, je ne sais pas, moi, en bout de course quand tous les fils auront
été attachés, mais une chose certaine, c'est d'en faire
une sorte de préalable, alors que ça n'a pas de sens en soi quant
à nous. Cela, ce n'est pas seulement l'opinion du gouvernement actuel du
Québec. Cela a été l'opinion, je pense, très
fondée, de quelques gouvernements successifs et c'est également
l'opinion de gouvernements d'ailleurs au Canada. Jusqu'à nouvel ordre,
je ne pense pas que, dans certains de ces gouvernements, cela ait changé
comme opinion. On pourrait facilement, je pense, trouver un terrain d'entente
là-dessus, c'est sûr.
M. Le Moignan: ... si on avait une déclaration de principe
qui serait commune peut-être à tous les participants ou sur
laquelle on ferait l'unanimité.
M. Lévesque (Taillon): D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je voudrais bien être
sûr de comprendre si on en arrive à un consensus au moins sur la
disponibilité d'établir un consensus ou pas. Le chef de
l'Opposition, tout à l'heure, a bien dit que nous insisterions sur le
caractère compréhensif des propositions gouverne-
mentales comme façon de juger la bonne foi générale
de la démarche et la signification de chacune des positions
particulières.
Dans ma réponse, peut-être que le premier ministre ne
répondait pas directement à ça, mais je pense que par
implication il y a une réponse, dans les paroles du premier ministre,
qui a dit qu'il ne fallait pas s'attendre à une réponse aux cent
questions, mais à une espèce d'état du dossier sur les
quelque douze points qui ont été mentionnés sur le menu,
le buffet, dont je ne pense pas que le premier ministre soit l'auteur ou le
chef cuisinier, mais pour lequel il va se mettre à table.
Donc, si je comprends bien, le premier ministre nous répond que
la question d'une vision d'ensemble de la réforme constitutionnelle, il
ne faut pas s'attendre à la trouver durant l'été. S'il y a
consultation en commission parlementaire, ce sera strictement sur des aspects,
des pièces détachées de l'ensemble, les douze morceaux du
petit véhicule du mois de septembre...
M. Lévesque (Taillon): Pour l'essentiel, je vais reprendre
l'image du député de Saint-Laurent; on se trouve devant un menu
réchauffé parce que, pour l'essentiel, en tout cas, il s'agit de
plats qu'on a laissés sur la table en 1979, au mois de février.
Comme le travail sur la plupart de ces sujets avait été
très très assidu pendant des mois et des mois, il paraissait
normal à tout le monde je sais bien que ça peut laisser
une nostalagie de toutes les belles superstructures qu'on retrouve dans le
livre beige, mais une chose est certaine, c'est que tout le monde n'a pas lu le
livre beige dans les onze gouvernements à l'échelle du Canada
de reprendre ce menu comme élément concret de ce test
auquel tout le monde a consenti, de ce test qui va durer pendant deux mois et
quelques jours. Je n'apprendrai rien à personne en disant que M. Trudeau
a donné l'impression, comme premier ministre fédéral,
qu'il était un homme relativement pressé. Lui aussi voulait voir
sur quoi ça déboucherait. A tort ou à raison, mais
ça, c'est son jugement aussi qu'il n'a pas caché.
Cela étant dit, pour ce qui est de ce qu'on pourrait appeler la
perspective générale, je pense que le travail doit surtout
s'orienter parce que cela a été la réaction de tout
le monde, dans ce court laps de temps qui nous sépare du mois de
septembre sur ce premier point de ce qui a été
accepté comme ordre du jour, c'est-à-dire: Est-ce qu'il y a moyen
de trouver un consensus sur une quelconque déclaration de principe? Je
ne pense pas qu'on puisse aller plus loin d'ici au mois de septembre,
additionnellernent aux autres sujets concrets qui sont sur la table.
M. Forget: M. le Président, si je comprends bien, c'est un
peu comme une fin de non-recevoir, ce qu'on entend là, à la
demande formulée par le chef de l'Opposition, parce que si on nous
demande de nous prononcer sur, enfin, le droit de la famille, ça va
encore, mais sur d'autres éléments de ce menu, ce que nous
disons, c'est qu'on ne peut pas juger de la position que vous allez prendre.
comme gouvernement, indépendamment d'une vision d'ensemble.
Vous nous répondez: Une vision d'ensemble, il n'y en aura pas,
alors on peut se demander ce qu'on va venir faire à Québec au
mois d'août.
M. Lévesque (Taillon): C'est parfaitement loisible
à l'Opposition officielle de dire: On ne participe pas. Je trouverais
ça regrettable, mais s'il faut absolument qu'on suive sa
définition de ce qu'est une vue d'ensemble, contrairement à ce
qui a été accepté à Ottawa par les onze
gouvernements, je ferais remarquer au député de Saint-Laurent,
comme à l'Opposition officielle, que pour l'instant, ils sont encore
l'Opposition officielle. S'ils ne veulent pas accepter de travailler sur ces
lignes-là qui ont été unanimement acceptées, avec
certaines réticences, par les onze gouvernements concernés, je
dirais, d'une certaine façon, que c'est tant pis pour eux, parce qu'on
l'a fait de bonne foi là aussi la bonne foi jouait sur la
base de ce qui est devant nous d'ici au mois de septembre.
Or, ce qui est devant nous, d'ici au mois de septembre, s'appelle la
"short list" qui est là. Il y a une chose qui, il me semble, devrait
revenir à l'esprit des gens de l'Opposition officielle, c'est que
jusqu'au jour éventuel, aléatoire où ils pourront proposer
au nom de l'Etat québécois ce qui n'est pas le cas
actuellement leurs perspectives de nouvelles structures
fédérales au grand complet qui, jusqu'ici, n'ont pas
été acceptées très très fort nulle part dans
le reste du pays, jusqu'à ce jour-là, il y a une chose qui peut
être faite assez facilement, si on veut jouer de bonne foi. C'est que
l'Opposition officielle compare, le temps qu'il faudra, ce qu'on aura à
proposer sur tels ou tels sujets qui sont déjà à l'ordre
du jour avec leurs perspectives globales et voir si ça
s'insérerait ou si ça ne s'insérerait pas. C'est leur
problème et non le nôtre, mais ça pourrait se faire de
bonne foi.
Qu'il s'agisse des richesses naturelles, qu'il s'agisse du droit de la
famille, qu'il s'agisse de tout ce qu'on voudra, qu'ils le comparent à
leur façon de définir leurs perspectives générales.
Ou bien ils sont d'accord ou bien ils ne sont pas d'accord, mais il me semble
que ça vaut le coup d'essayer. C'est tout ce qu'on a proposé.
M. Forget: M. le Président, je comprends que c'est la
décision de onze gouvernements, mais comme le premier ministre a eu la
bonté de nous le signaler à nouveau, on ne participait pas
à cette décision.
M. Lévesque (Taillon): Non, d'accord. Vous n'êtes
pas obligés d'y participer.
M. Forget: II reste que c'est une responsabilité que vous
avez eue et que vous assumez jusqu'à nouvel ordre, soit d'accepter
l'ordre du jour ou de ne pas l'accepter. Il se trouve que vous l'avez
accepté. Je pense que le premier ministre pourra se rendre compte qu'il
va avoir affaire, en commission parlementaire, à un public qui va
peut-être être un peu plus difficile à persuader de sa
bonne
foi que son public de fin de semaine. Je pense que le scénario
peut être un peu moins bien arrangé d'avance à une
commission parlementaire qu'au conseil national d'un célèbre
parti où on lui a fait confiance d'être un
fédéraliste rénové sans même voir sur quel
document il allait s'appuyer. On va peut-être en demander un peu plus
long que ce qu'il a eu en fin de semaine. Je pense que c'est normal, il s'y
attend. On est quand même les gardiens de cette décision du 20 mai
et on se trouve, par la force des choses, à être des gardiens
désintéressés, en plus de cela...
M. Lévesque (Taillon): Désintéressés,
je pense que c'est peut-être un mot excessif. Si je tiens compte de
certaines choses, il y a des jupons qui dépassent, mais enfin, il
demeure quand même que quand je parlais d'un consensus, je ne parlais pas
du consensus d'un parti. Je parlais vis-à-vis de l'ordre du jour devant
lequel on est pour le mois de septembre, le consensus des onze gouvernements
qui étaient représentés à Ottawa. Si on a
accepté cela comme un test valable et que l'Opposition dit: Nous ne
discutons pas sur cette base-là, pas même celle d'une
déclaration de principe, je répondrai: C'est son droit. On a
offert, de bonne foi, qu'il y ait une commission parlementaire pour voir, on a
même offert qu'il y en ait une préliminaire pour au moins
déblayer un peu le terrain. Maintenant, si vos conseils nationaux ou
d'autres engagements prioritaires vous empêchent, dites-le et on n'en
parlera plus. On a jusqu'à mercredi, mais je pense que les leaders
pourront voir si c'est possible ou non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Une brève question complémentaire.
Il y a des gardiens de décision et il y a des gardiens de principes
fondamentaux. Je voudrais savoir de la part du premier ministre, si jamais
l'Opposition officielle refusait de participer ou posait des exigences
inacceptables, si cela voudrait dire que l'expérience ne pourrait pas
être tentée même avec les gens de l'Union Nationale.
M. Lévesque (Taillon): II n'y a rien qui exclut cela.
M. Rivest: II parle de vous là.
M. Lévesque (Taillon): Ce sera à eux de nous le
dire.
M. Charbonneau: C'est cela, d'accord. M. Le Moignan:
...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition officielle.
M. Le Moignan: Je voudrais compléter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Vous permettez? M. Ryan: Je ne suis pas
pressé.
M. Le Moignan: II me semble, selon le propos du
député de Saint-Laurent, que s'il y a une déclaration de
principe qui est bien faite, cela va constituer une toile de fond sur laquelle,
ensuite, le gouvernement ou le Québec pourra baser l'étude de
chacun des points qui seront soumis, soit ceux qu'on a déjà... On
en a déjà une bonne douzaine à déblayer; ce sera
tout de même un bon départ si jamais au Québec on
s'entendait sur cela. Le gouvernement nous donnerait alors l'occasion d'oeuvrer
vraiment dans le sens d'un véritable fédéralisme.
M. Lévesque (Taillon): II me semble que ça tombait
sous le sens, mais cela ne semble pas tomber sous le sens de vos ex-conjoints
du comité référendaire. Qu'est-ce que vous voulez, on ne
peut forcer personne. Je suis d'accord avec le député de
Gaspé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: M. le Président, je crois comprendre que dans la
pensée du premier ministre, le premier article inscrit au programme des
travaux de la phase actuelle de la révision, c'est-à-dire le
projet de déclaration de principe, a plus d'importance que les
autres.
M. Lévesque (Taillon): Non. Je dis simplement qu'à
défaut d'avoir tout son projet, ou le projet de son parti, comme toile
de fond pour le mois de septembre, ce qui me paraîtrait difficilement
acceptable pour les dix autres gouvernements avec les réactions qu'on a
déjà vues, à défaut d'avoir ce monument comme toile
de fond sur la table au mois de septembre, il pourrait y avoir au moins cette
espèce d'encadrement général qui doit prendre la forme
parce qu'il va falloir en discuter, on l'a accepté dans l'ordre
du jour d'une déclaration de principe. C'est ce que le
député de Gaspé, sauf erreur, vient de dire, il s'agira de
voir si ça pourrait encadrer suffisamment cette première
étape pour voir si c'est valable.
Cela ne nous excusera pas de nous en tenir, pour le reste, aux sujets
sur lesquels il y a eu un accord.
M. Ryan: A propos de ce projet de déclaration de principe
ce n'est pas parce que je veux me citer moi-même, ce n'est pas
dans mes habitudes, j'aime mieux vous laisser cela à vous de me citer,
c'est un de vos sports préférés dans une
conférence de presse que j'ai tenue jeudi dernier, et à laquelle
votre bureau, m'a-t-on informé, apportait un intérêt
particulier, j'ai énoncé des éléments qui, selon
nous, de l'Opposition officielle, devraient figurer dans un projet de
déclaration de principe qui aurait des chances d'être acceptable
au Québec. J'ai mentionné cinq éléments
particu-
Mers. Le premier, il faudrait que cette déclaration... J'ai
manqué cela.
M. Charron: C'est parce que ça m'a fait rappeler le
monstre à cinq têtes dont vous nous avez déjà
parlé. (22 h 15)
M. Ryan: Oui, c'est vrai, mais c'est une recherche
d'équilibre, c'est la différence. Premièrement, j'ai
mentionné que ce projet de déclaration devrait être un
reflet fidèle de la réalité humaine du pays: d'abord, de
sa dualité, deuxièmement, de ses populations autochtones,
troisièmement, des communautés ethniques qui sont venues
s'ajouter aux peuples fondateurs et qui contribuent à former la
réalité humaine du Canada d'aujourd'hui.
Deuxièmement, je mentionnais l'engagement à créer,
à promouvoir et à maintenir un système
fédéral de gouvernement, c'est-à-dire un système de
gouvernement où il y aurait partage des pouvoirs législatifs,
fiscaux et administratifs entre deux niveaux de gouvernement à qui on
serait disposé, au départ de l'opération, à
conférer des attributions réelles.
Je mentionnais un troisième élément, je m'excuse,
je pense que c'était la reconnaissance de certains droits fondamentaux.
Nous autres, dans notre pensée, ça comprend aussi certains droits
linguistiques mais, premièrement, ce sont des droits fondamentaux
d'ordre politique et judiciaire.
Quatrièmement, la volonté... en tout cas, ce n'est pas
grave, ils sont dans la déclaration... Ah oui, que la déclaration
de principe devra comprendre l'affirmation des diversités
régionales qui viennent tempérer évidemment l'affirmation
de la thèse des deux nations qui est chère au premier ministre,
mais dont une partie au moins est infiniment discutable.
Cinquièmement, le principe du partage de la richesse,
c'est-à-dire de l'égalité des chances au moins minimales
en matière économique et sociale. Est-ce qu'il y a un ou l'autre
de ces éléments qui constitue un élément
inacceptable au gouvernement, dans la perspective de la recherche d'une
déclaration de principe? Est-ce qu'il y a des éléments qui
seraient omis dans cette liste qu'il faudrait absolument, de notre
côté, considérer afin de faire notre part de chemin?
M. Lévesque (Taillon): Je dois dire au chef de
l'Opposition qu'il n'y a pas eu l'intensité de préoccupation
qu'il imagine je ne veux pas le décevoir autour de sa
conférence de presse. J'ai fini par obtenir l'exemplaire que j'avais
demandé de la transcription, cet après-midi, parce que je voulais
la lire quand même avant les crédits. Je me doutais que le chef de
l'Opposition aurait des questions dans ce genre, mais enfin avec autant
d'insistance, ça me surprend. Enfin, c'est bon de reprendre,
quelquefois, la période des questions dans un contexte plus
détendu. Je l'ai lue, je dois le dire, pour la première fois,
à la fin de l'après-midi. Je ne peux pas porter de juge- ment
final à notre point de vue sur les cinq
éléments qu'il a évoqués, mais c'est sûr que
c'est une des pièces valables qu'on verserait à l'étude
qu'on doit faire, dans le sens d'une éventuelle déclaration de
principe. Je crois bien que le chef de l'Opposition ne prétendrait pas
que c'est une pièce unique, exclusive et qu'il n'y a pas d'autre source
à laquelle on puisse s'approvisionner, mais enfin, sûrement qu'on
considérera celle-là aussi. Pour l'instant, je ne peux tout de
même pas me couler dans le ciment sur un texte que j'ai lu pour la
première fois cet après-midi.
M. Ryan: Ce n'est pas un texte, c'est une chose orale.
M. Lévesque (Taillon): La transcription, oui. M. Ryan:
Très bien.
Bureau du lieutenant-gouverneur
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 1, bureau du lieutenant-gouverneur.
M. Lévesque (Taillon): II n'y a pas de changement, sauf
qu'il y a un poste de moins; ça fait partie de certaines compressions
qu'on essaie d'exercer partout et il y a, je pense, grosso modo, l'indexation
normale de ce qui demeure.
M. Ryan: Est-ce que des représentations auraient
été faites au chef du gouvernement par le lieutenant-gouverneur
ou son bureau quant à des besoins qui ne feraient pas l'objet d'un
traitement satisfaisant actuellement ou quant à des améliorations
souhaitables?
M. Lévesque (Taillon): Non...
M. Ryan: Je voudrais souligner, M. le Président...
M. Lévesque (Taillon): ... je ne pense pas.
M. Ryan: ... qu'à mon humble point de vue, avec la
brève période d'observation qu'il m'a été
donné de vivre, le titulaire actuel de la fonction s'acquitte de son
rôle d'une manière très honorable et effacée en
même temps que présente, chaque fois qu'on a besoin de lui. Je
voudrais souligner son application à son travail et c'est dans cet
esprit que je pose ma question. Est-ce qu'il a, à son propre
témoignage qui aurait pu vous être signalé, les instruments
voulus pour s'acquitter convenablement de sa tâche?
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, je crois, tout le
personnel, la résidence, la voiture, tout me semble être
satisfaisant, d'après les réactions ou l'absence de
réactions du titulaire.
M. Ryan: Est-ce que c'est indiscret de vous demander comment vous
appréciez le rôle du lieutenant-gouverneur dans le fonctionnement
quoti-
dien que vous affectionnez de notre système de gouvernement?
M. Lévesque (Taillon): Je pense que le
lieutenant-gouverneur je ne commencerai pas à faire une
thèse cela rejoint un peu ce qu'on dit toujours de la monarchie
constitutionnelle. Il règne, mais il ne gouverne pas. Tant qu'il se
contente de régner avec l'appareil de sa fonction, qu'il remplit les
gestes qui sont prévus constitutionnellement et qu'il le fait avec
beaucoup d'assiduité, comme vous l'avez dit, je n'en demande pas
davantage. Je ne me pose pas de questions philosophiques là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le programme sera adopté? M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, depuis quelques mois ou
peut-être un peu plus d'un an, le bureau du premier ministre a pris une
certaine extension, je crois.
M. Lévesque (Taillon):... le lieutenant-gouverneur...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
parce qu'il y a un autre programme. Est-ce que le programme 1 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Et maintenant, nous arrivons au programme 3. M. le
député de Saint-Laurent.
Organismes-conseils -auprès du premier ministre
et du Conseil exécutif
M. Forget: Je disais que le bureau du premier ministre a pris une
certaine extension, et ce qui a peut-être le plus suscité la
curiosité de certains parlementaires, c'est l'extension inusitée
et nouvelle du bureau du premier ministre dans la région de
Montréal.
Il y a toujours eu une tradition selon laquelle le premier ministre
avait un pied-à-terre administratif, si l'on peut dire, à
Hydro-Québec, qui demeure, j'imagine. Mais il semble que, depuis quelque
chose comme un an, il y a aussi un bureau qui est substantiel avec un personnel
important. Je crois que c'est à l'immeuble La Cité, à
Montréal.
M. Lévesque (Taillon): A l'édifice
Léo-Pari-zeau, je pense, comme on l'appelle, où il y avait
déjà des bureaux loués et qui, à un moment
donné, sont devenus libres. Une partie du personnel, oui, a
été logée là.
M. Forget: Oui. Et est-ce que cette opération est une
opération permanente? Est-ce que cela se continue ou est-ce que
c'était pour des fins spéciales?
M. Lévesque (Taillon): Non, ce n'était pas pour des
fins spéciales. Je comprends un peu les sous-entendus du
député.
Il faut dire une chose, c'est que c'est moi qui ai eu l'honneur de
découvrir le premier l'emplacement, très modeste à
l'époque, du bureau à Hydro, parce que j'étais à ce
moment-là, ministre responsable d'Hydro. J'y avais un tout petit coin.
Quand M. Johnson est devenu premier ministre, il avait déjà cette
préoccupation quand même assez importante d'avoir au moins plus
qu'un pied-à-terre. Cela s'est étendu beaucoup sous son
règne, ceux de M. Bertrand et de M. Bourassa également et c'est
devenu une sorte de suite de bureaux, à Hydro, parce qu'à partir
de M. Johnson, on avait plus la préoccupation de l'importance que la
moitié de la population est dans un rayon de 100 milles et de tout ce
que cela implique de complexité et de contacts continus.
J'ai donc hérité de cela. Je dois dire qu'on l'a
étoffé peut-être plus humainement, sous les
dernières années de M. Bourassa. J'ai cru comprendre qu'il y
avait une sorte de va-et-vient permanent des gens. On est obligé de
maintenir le va-et-vient. On y a ajouté un peu plus de permanence. A un
moment donné, il a fallu un peu plus d'espace et on a pris des bureaux
qui étaient libres, qui étaient déjà loués
par le gouvernement pour des périodes x, à l'édifice
Léo-Parizeau.
Mais tout cela correspond à ceci, si vous regardez le bureau du
premier ministre au sens du cabinet. Il y avait l'an dernier 66 personnes.
Cette année, il y en a 69, comprenant deux contractuels. Ceci veut dire
que l'expansion... Si je compare, peut-être qu'on pourrait comparer avec
les dernières années du gouvernement de M. Bourassa, je ne crois
pas qu'il y ait eu le genre d'expansion phénoménale que voudrait
laisser entendre à tort le député de Saint-Laurent. Je ne
vois pas.
L'an dernier, à peu près à la même
époque, il y avait 66 personnes, et il y en a maintenant 69, avec les
avatars d'une année.
M. Forget: Quand vous parlez de 66 et de 69, vous parlez de 1979
et de 1980.
M. Lévesque (Taillon): 1979, à la même
époque ou à peu près. Et 1980, aujourd'hui.
M. Forget: Si on va un peu plus loin dans le passé, est-ce
qu'on pourrait nous tracer le tableau de cette évolution?
M. Lévesque (Taillon): Je l'avais fait l'an dernier, on
peut le reprendre.
M. Rivest: Un élément. Est-ce qu'il n'y avait pas
eu...
M. Lévesque (Taillon): Si je vous place à 66, l'an
dernier, vous pouvez vous y référer et vous avez le tableau de
l'évolution. On peut bien le reprendre, mais ce sont les mêmes
réponses, sauf qu'il y en a trois de plus.
M. Rivest: Est-ce qu'il n'y avait pas eu l'an dernier, si vous
permettez, M. le premier ministre...
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Rivest: Etant donné qu'il y avait le
référendum, c'est bien sûr que, dans l'entourage, enfin
dans les collaborateurs du premier ministre, il y avait une partie du temps qui
devait être consacrée à cela...
M. Lévesque (Taillon): Comme dans l'entourage, je pense,
de tous les partis.
M. Rivest: Oui, mais il y avait eu un certain gonflement des
effectifs pour cela, normalement. Etant donné le temps qu'ils prenaient,
maintenant que le référendum est chose du passé, y a-t-il
un rétablissement de l'ensemble du personnel du bureau du premier
ministre ou est-ce qu'on continue de maintenir le même niveau d'effectif
avec en moins la préoccupation référendaire?
M. Lévesque (Taillon): Je dois vous dire une chose, c'est
que je ne me souviens pas de la date exacte, mais disons que c'était, je
ne sais pas, en avril ou mai, l'an dernier, quand on est passé à
travers les crédits... En mai?
M. Rivest: Le 31 mai.
M. Lévesque (Taillon): II y a douze mois. Le
référendum est intervenu en mai 1980. La préparation s'est
poursuivie, bien sûr, mais je ferai remarquer au député de
Jean-Talon que si je dis 66 c'est un fait, c'est cela en mai
1979, alors qu'on n'était pas intensément dans la
préparation du référendum on ne l'était
peut-être pas assez intensément, justement et que je dis 69
en mai 1980, il n'y a rien là. Je m'excuse de le dire, mais c'est
l'évolution normale. On se pose chaque année, et on va s'en poser
encore, on se pose déjà des questions sur l'opportunité de
remplacement, de fin de contrats dans certains cas, etc. C'est normal, je pense
que cela s'est toujours posé.
M. Forget: Excusez-moi, mais est-ce que les chiffres de 66 et de
69 incluent les contractuels, les occasionnels?
M. Lévesque (Taillon): II n'y a que deux contractuels
actuellement. Il y en avait trois, il n'y en a que deux.
M. Forget: Tout le monde, non seulement des postes
permanents?
M. Lévesque (Taillon): C'est Mme Evelyn Dumas, ancienne
journaliste, et Mme Adèle Lau-zon qui était déjà
là.
M. Ryan: ...
M. Lévesque (Taillon): Laquelle?
M. Ryan: Celle qui étudiait mes textes.
M. Lévesque (Taillon): Adèle Lauzon, oui, elle est
encore là.
M. Ryan: Ce n'est pas trop dangereux, vous pouvez la garder.
M. Lévesque (Taillon): Non, c'est un esprit de famille
qu'on respecte.
M. Ryan: M. le Président, seulement pour clarifier une
question qui a été posée par mon collègue, le
député de Saint-Laurent, nous avions entendu dire
peut-être que c'était inexact; nous n'avons pas eu la chance de
faire de vérification qu'il s'était créé une
extension du bureau du premier ministre à l'immeuble de la Cité,
sur la rue Léo-Parizeau, dont vous parliez. Est-ce que cette extension
existe encore? Est-ce qu'on a procédé à l'engagement de
personnel supplémentaire soit à titre de salariés, soit
à titre de contractuels en préparation de l'opération
référendaire? Quelle ampleur ont pu prendre ces
développements occasionnels reliés directement au
référendum?
M. Lévesque (Taillon): Là, je ne voudrais pas me
couler dans le ciment, parce que je ne voudrais pas faire d'erreur et faire une
réponse erronée, mais je crois que, pour l'essentiel, ce qui est
là, c'est le groupe de ceux qu'on appelle on en avait longuement
discuté, si j'ai bonne mémoire, l'an dernier et même avant,
quand cela a commencé les agents de liaison, c'est-à-dire
des gens qui ont un rôle à la fois politique et un rôle, si
vous voulez, non pas administratif, parce que ce n'est pas leur job, mais
para-administratif, au sens de nous donner ce qu'on peut appeler la
rétroaction par rapport à des politiques du gouvernement, la
façon dont cela se déroule, etc. C'est essentiellement le
même groupe.
Une Voix: Ils sont toujours là.
M. Lévesque (Taillon): C'est cela. C'est ce bloc-là
qui est le moteur de tout. Il peut y avoir eu des emprunts, au moment de la
campagne référendaire, d'autres cabinets, mais cela va se
replacer pour autant que ce soit là. Il ne faut pas oublier je
pense que c'était la tradition; elle a été suivie encore
une fois que, dans tous les scrutins généraux, l'ensemble
du personnel politique travaille au moins à temps partiel
là-dessus, comme c'est le cas.
M. Rivest: Pas toujours aussi efficacement, il y a des
années qui sont meilleures que d'autres.
M. Lévesque (Taillon): Cela dépend, il y a de
bonnes et de mauvaises années dans tous les scrutins, comme cela a
été le cas pour l'Opposition aussi.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Forget: ... je voudrais bien qu'on se comprenne. Au bureau du
premier ministre, il y a des gens qui sont personnellement affectés
à son cabinet et il y a aussi les gens qui sont affectés aux
cabinets des ministres d'Etat. Ce que l'on vient de dire ne s'applique
strictement qu'au cabinet du premier ministre, à l'exclusion des
cabinets des ministres d'Etat. Est-il possible que si on posait notre question
différemment, dans le sens de savoir quel a été l'ensemble
du budget du Conseil exécutif, et surtout des opérations
particulièrement liées au référendum, le tableau
serait différent, si on tenait compte de tout le tableau? (22 h 30)
M. Lévesque (Taillon): Si on tient compte de tout le
tableau, parce que l'ensemble du personnel qui est couvert par les cabinets
politiques pour les ministres d'Etat comme pour votre serviteur,
c'étaient 106 l'an dernier. Je pense que vous pourrez vous
référer aux chiffres de l'an dernier; c'est 117 en ce moment.
Là-dedans se situent forcément le cabinet qui n'existait
pas à ce niveau de Mme Payette, qui est maintenant ministre
d'Etat à la Condition féminine, et également une partie de
la masse salariale du ministre qui est également leader parlementaire,
délégué aux Affaires parlementaires, et qui est
divisée en deux une partie relevant de l'Assemblée nationale,
à titre de leader, et l'autre partie relevant de chez nous. Ce sont des
ajustements comptables. La meilleure référence, on vient de me le
souligner, c'est que si cela paraît utile comme renseignements
additionnels on a fourni tout ce qui nous avait été
demandé peut-être qu'à partir de la notion
relativement nouvelle des masses salariales, de la façon dont elles sont
réparties, le tableau serait plus clair. Si cela intéresse
l'Opposition, on peut le lui fournir. Je ne l'ai pas en main...
M. Forget: Volontiers.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition.
M. Ryan: II y a peut-être une chose qu'on pourrait faire
assez rapidement, cela éliminerait ce poste de la discussion. On nous a
remis une liste du personnel du bureau du premier ministre en date du 1er
janvier 1979 et une autre en date du 1er janvier 1980.
M. Lévesque (Taillon): Est-ce que vous pourriez donner la
référence, parce que c'est une chose qu'on a fournie à
l'Opposition? Peut-être qu'il y a un numéro.
M. Ryan: Oui. Je peux vous le montrer, M. le premier ministre. Je
constate que dans l'ensemble il y a assez peu de changement par rapport
à l'année précédente. Peut-être que le
premier ministre et ses collaborateurs pourraient nous indiquer seulement les
changements de personnel survenus au cours de l'année. Cela suffirait
aux fins de l'information que nous poursuivons. J'ai pris des notes ici, mais
si on pouvait obtenir des renseignements surtout sur les fonctions des nouveaux
membres du personnel qui sont venus s'ajouter ou se substituer à
d'autres au cours de l'année... Je peux vous poser des questions
à partir de chacun, si cela vous facilite les choses.
M. Lévesque (Taillon): Si vous voulez. Peut-être
qu'on pourrait simplifier une partie du travail en disant que le premier, le
deuxième, le troisième, le quatrième... Est-ce la liste
qui commence avec M. Boivin?
M. Forget: C'est cela.
M. Ryan: C'est cela. Les cinq premiers étaient
là.
M. Lévesque (Taillon): Un, deux, trois, quatre, cinq, six,
sept.
M. Ryan: Le sixième est nouveau, me semble-t-il.
M. Lévesque (Taillon): M. Tremblay?
M. Ryan: On ne le sait plus, aujourd'hui, avec toutes les lois
qui...
M. Lévesque (Taillon): Je m'excuse, j'étais dans
l'autre liste. Un, deux, trois, quatre, cinq. Martine Porter?
M. Forget: Oui.
M. Lévesque (Taillon): C'était Martine Tremblay,
qui est Mme Porter. C'est toujours la même.
M. Ryan: Très bien. C'est une nouvelle loi.
M. Lévesque (Taillon): Michel Chaloult, je pense qu'il n'y
a rien de changé.
M. Ryan: Ensuite, il y a Francine Lahaye. C'est un nouveau
nom?
M. Lévesque (Taillon): Oui, c'est un remplacement. C'est
une attachée politique, un agent de liaison, si on veut, à
Montréal.
M. Ryan: Est-ce qu'il y a une affectation spéciale dans
son cas?
M. Lévesque (Taillon): Essentiellement, l'île de
Montréal, et en particulier ce qu'on appelle dans le jargon de notre
parti l'île de Montréal, Montréal-Centre et une partie de
Montréal-Ouest.
M. Rivest: Montréal-Centre?
M. Ryan: C'est une attachée spéciale, cette
région est un peu plus difficile.
M. Lévesque (Taillon): II y a une trentaine de
comtés sur l'île de Montréal. Michel Desrosiers...
M. Rivest: ... le député de Rosemont.
M. Ryan: Michel Desrosiers, je pense que c'est nouveau aussi.
M. Lévesque (Taillon): II travaille du côté
du Bas-du-fleuve, de la Gaspésie et de la Côte-Nord. C'est
possible qu'il ait remplacé quelqu'un, je ne m'en souviens plus.
M. Ryan: Est-ce qu'il serait en poste dans cette région ou
à Québec, celui-là?
M. Lévesque (Taillon): Pardon?
M. Ryan: Est-ce qu'il est en poste dans la région qu'il
dessert ou à Québec même?
M. Lévesque (Taillon): II est à Québec, mais
pour couvrir et fréquemment faire le tour.
M. Ryan: Ensuite, il y a Michel Gauthier. Cela a l'air nouveau
aussi.
M. Lévesque (Taillon): Non, Michel Gauthier était
là l'an dernier.
M. Ryan: Ah! oui, très bien. Ce n'était pas Yves
Gauthier qui était là? Michel Gauthier, on ne l'a pas sur la
liste de 1979.
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Ryan: II était là? Il n'était pas sur la
liste.
M. Lévesque (Taillon): Oui, sûrement,
peut-être pas tout à fait au même titre ou alors, je ne sais
pas... Il me semble que oui...
M. Ryan: L'avez-vous sur la liste de 1979? Moi, je ne le trouve
pas.
M. Lévesque (Taillon): Peut-être a-t-il
été laissé de côté, je ne sais pas. Mais il
était là, en tout cas, sûrement. Il y a peut-être eu
un oubli.
M. Ryan: II était là. On me dit qu'il est
entré en fonction le 19 septembre 1979. Il ne devait pas être
là le 1er janvier.
M. Lévesque (Taillon): Entré en fonction dans le
rôle d'attaché politique qu'il joue actuellement...
M. Ryan: Ah! bon, très bien.
M. Lévesque (Taillon): ... mais il était là,
de toute façon. Il faudrait que je vérifie à quel
titre...
M. Ryan: A quelle région est-il affecté? Est-ce
qu'on peut savoir à quelle région et à quelle fonction il
est affecté, celui-là?
M. Lévesque (Taillon): II est affecté
essentiellement à un poste d'adjoint, si on veut, aux communications, en
particulier du côté de la presse régionale et des
dimensions régionales de l'information.
M. Ryan: André Meunier, ça me semble nouveau,
ça.
M. Lévesque (Taillon): Oui, M. Meunier est
secrétaire particulier adjoint, comme c'est normal, du côté
de mon comté, remplaçant Mme Chris-tiane Tétreault qui,
elle, a été mutée à un autre travail.
M. Ryan: M. Ponteau, est-ce qu'on pourrait savoir ce qu'il fait,
lui, exactement?
M. Lévesque (Taillon): M. Ponteau fait partie de tout un
groupe qui est assez divers; où il y a M. Marcil à qui on dirige
les questions économiques; M. Ponteau aurait plutôt les questions
culturelles, des questions de textes aussi, à l'occasion, des
références de ce genre-là. De la même façon
qu'il y avait M. Latouche qui, pendant un certain temps, mais lui, comme
contracturel... Si vous lisez au complet, oui, parfois, je n'aime pas les
titres, mais ce n'est pas lui qui fait les titres...
Une Voix: Ah!
M. Charbonneau: Le chef de l'Opposition sait ça.
M. Ryan: Oui, on en a fait quelques-uns. M. Lévesque
(Taillon): ... enfin...
M. Charbonneau: On a négocié ça virgule par
virgule, vous vous en rappelez?
M. Ryan: Oui, on discutait. Il y avait un climat de dialogue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! On revient à notre sujet...
M. Ryan: C'est hors d'ordre, oui.
M. Lévesque (Taillon): En gros, comme vous voyez, il n'y a
pas tellement de changement.
M. Ryan: Maintenant, M. Bachand, lui, depuis qu'il a perdu le
référendum, quelles sont ses fonctions?
M. Lévesque (Taillon): M. Bachand demeure... M. Ryan:
Je ne sais pas s'il est là. M. Rivest: II attend pour le
deuxième?
M. Lévesque (Taillon): M. Bachand demeure dans son
rôle fondamental, qui est celui de secrétaire particulier et, en
particulier aussi, de coor-donnateur du travail des agents de liaison.
M. Rivest: II ne faudrait pas garder l'impression que c'est M.
Bachand qui a perdu le référendum.
M. Lévesque (Taillon): Je ne sais pas si c'est l'indice
d'une mentalité, j'espère que non, mais on ne cherche pas, nous,
de bouc émissaire.
M. Ryan: II y en aurait trop. Une Voix: Pas pour
l'instant.
M. Ryan: Mme Fréchette, M. le Président, est-ce
qu'on pourrait savoir ses fonctions, celle-là?
M. Lévesque (Taillon): Elle travaille avec M. Marcil du
côté des questions économiques. C'est son bras droit, si on
veut.
M. Ryan: Je n'ai pas bien compris ce qui a été dit
tantôt à propos des trois contractuels.
M. Lévesque (Taillon): J'ai dit qu'il y en avait deux qui
étaient encore avec nous, Mme Dumas et Mme Lauzon, et je viens d'ajouter
que M. Latou-che je pense qu'on le sait, parce qu'il a pris une autre
orientation très publique, à l'occasion n'est plus avec le
bureau.
M. Ryan: Je vois deux dates à propos de M. Latouche:
Entrée en fonction le 10 mars 1979; ensuite, le 25 janvier 1980.
M. Lévesque (Taillon): C'est un renouvellement de contrat
pour six mois.
M. Ryan: Mais il est parti quand, lui?
M. Lévesque (Taillon): II est parti vers février
1980.
M. Ryan: Depuis ce temps-là, il n'a rien fait pour le
bureau du premier ministre?
M. Lévesque (Taillon): C'est-à-dire qu'il a
laissé tomber... Non, il a continué, je pense...
M. Ryan: II écrit des textes publics.
M. Lévesque (Taillon): Oui. C'est son droit le plus
sacré. On a déjà connu ça. Mais, de plus, il a
continué à travailler, je pense, pendant quelque temps, mais
là, il faudrait vérifier, pour finir certains travaux avec le
ministère des Affaires intergouvernementales. Peut-être pour finir
du travail commencé, je ne sais pas, moi. Enfin, je sais qu'il a
prolongé un peu plus du côté du ministère des
Affaires intergouvernementales.
M. Ryan: Mme Lauzon, quelles sont ses fonctions?
M. Lévesque (Taillon): Ses fonctions sont, tel que c'est
marqué, agent de recherche. Elle a beaucoup de sujets à
couvrir.
M. Ryan: Sans autre précision.
M. Lévesque (Taillon): Seigneur! la recherche, ça
peut être polyvalent, ça, on le sait.
M. Ryan: C'est souvent un titre passe-partout pour cacher pas
grand-chose.
M. Le Moignan: Avant d'aller plus loin...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le chef de l'Union Nationale.
M. Le Moignan: ... j'aurais une question
supplémentaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
(22 h 45)
M. Le Moignan: Je vois ici qu'Evelyne Dumas terminait son travail
le 31 avril. Est-ce dire qu'elle n'est plus à l'emploi du premier
ministre ou est-elle revenue?
M. Lévesque (Taillon): Non, cela a été
renouvelé pour un certain nombre de mois.
M. Le Moignan: Je vois aussi Daniel Latouche qui est un
conseiller en affaires canadiennes. J'ai lu certains de ses articles il n'y a
pas tellement longtemps dans le Devoir. Est-il encore à votre service ou
est-il disparu de la circulation?
M. Lévesque (Taillon): Je m'excuse, je devrais parler plus
fort, peut-être que ça ne se rendait pas jusqu'au
député de Gaspé. On a dit que c'était
terminé depuis février.
M. Le Moignan: C'est loin, il y a une muraille.
M. Lévesque (Taillon): C'est terminé depuis
février.
M. Le Moignan: C'est terminé, ah, je lisais autre chose,
je m'excuse.
M. Ryan: Est-ce que M. Latouche a été
remplacé? Est-ce qu'il y a d'autres contractuels au travail actuellement
au bureau du premier ministre?
M. Lévesque (Taillon): Deux.
M. Ryan: Seulement les deux autres.
M. Rivest: Je ne sais pas si c'est le moment d'en parler, mais je
voudrais au moins entendre le premier ministre évoquer brièvement
le dossier du Cotisée. En particulier pour manifester
l'étonnement assez généralisé qu'un tel dossier,
qui est un investissement sportif considérable, ait obtenu, semble-t-il,
du moins d'après les réponses que j'ai obtenues... Vous voyez, je
fais toujours mon "shopping" dans les autres ministères avant d'arriver
aux crédits du premier ministre. J'ai posé la question au
ministre des sports, qui m'a aimablement référé au bureau
du premier ministre, m'a-t-il dit ostensiblement. Je voudrais demander au
premier ministre comment il se fait qu'un investissement de cet ordre...
D'abord, quels sont les chiffres exactement? Est-ce qu'il y aurait moyen
d'avoir, sur le plan du public, l'ensemble des éléments ou
des péripéties qui ont marqué l'évolution de ce
dossier parce qu'il y a eu toutes sortes de hauts et de bas et
d'indiquer s'il y a eu de nouveaux développements dont on ne serait pas
au courant?
Ma première question est: Comment se fait-il que ce soit au
niveau du cabinet du premier ministre qu'un tel dossier a été
négocié? Deuxièmement, quel est le montant actuel de la
subvention du gouvernement du Québec? Troisièmement, y a-t-il des
développements nouveaux au niveau des soumissions qui sont émises
et qui dépasseraient les coûts prévus? Tout le monde
sourit, pour l'instant!
M. Lévesque (Taillon): La raison pour laquelle cela a
été assez activement traité à partir de mon bureau,
toujours en jonction quand même avec le ministre responsable des
sports... Mais c'est vrai, on a pris, jusqu'à un certain point, le
leadership dans ce dossier là, et Dieu sait que je l'ai regretté,
je l'ai déjà dit, d'ailleurs, parce que je ne savais pas que
ça se compliquerait et que ça se goupillerait ainsi. C'est venu
je ne dirais pas que cela a été déterminant
d'une visite que j'avais reçue de mon ancien patron, M. Lesage, que vous
connaissez bien, qui est très activement intéressé
à ce dossier, et cela a coïncidé avec une ouverture de
saison pour les Nordiques où le maire de Québec a...
M. Rivest: M. Lesage, à titre de président des
Nordiques...
M. Lévesque (Taillon): Oui, a relayé ces
pressions-là. Après les précédents de
Montréal, à la condition de ne pas le répéter dans
le genre de folie furieuse que c'est devenu, il semblait assez indiqué
que, relié au fait que c'était une condition sina qua non de la
Ligue nationale qu'il y ait un certain nombre de sièges ajoutés,
on prenne activement ce dossier-là comme gouvernement, mais que je m'en
occupe un peu plus intensément, à cause de cette
dimension-là.
Je ne vais pas vous relater toutes les péripéties, on a
suivi le mieux possible le déroulement de ce qui était presque
devenu un roman-feuilleton d'expertises, de contre-expertises et de discussions
sur la sécurité, etc. On n'avait pas à s'en mêler
directement, mais on a essayé de le suivre assidûment quand
même, parce qu'on devait en conscience attendre pour aller plus loin.
Là-dedans est intervenue, à partir des engagements
préliminaires de $5 000 000 si j'ai bonne mémoire, la
négociation sur les loteries, de sorte que ça fait partie d'une
espèce de compensation qui avait été
négociée au niveau du ministre des Finances, en particulier avec
Ottawa, pour les sortir des loteries, comme tout le monde le demandait.
Finalement on a abouti à $15 000 000 parce que, pendant ce
temps-là aussi, des soumissions ont été demandées;
pendant ce temps-là le maire de Québec, qui est quand même
responsable au nom des propriétaires qui sont les citoyens de
Québec, avait eu ses expertises qu'il a étalées en public,
qui semblaient répondre à la plupart des questions. On avait pris
un engagement, alors, finalement, ce qui est arrivé, c'est qu'il y a un
engagement précis dans le sens d'un maximum qu'on ne dépassera
pas qui sera de $15 000 000. Il y avait, je pense, une certaine nostalgie pour
le chiffre de $16 000 000 du côté de la ville, mais après
avoir tout examiné c'est une décision que j'ai soumise au
Conseil des ministres cela a été $15 000 000.
Il a été signifié aux autorités de la ville
qu'on irait jusqu'à $15 000 000, mais que pour aucune
considération on ne dépasserait cela.
M. Rivest: Une question additionnelle au titre de la
sécurité. Il y a toute une série de questions et de
problèmes qui ont été évoqués à
diverses phases, d'ailleurs, au titre de la sécurité. Est-ce que
le premier ministre est en mesure d'affirmer je ne vous demanderai pas
de vous prononcer sur la structure; c'est en regard des services du
gouvernement au ministère du Travail, soit au titre de la
sécurité des édifices publics, de tout ce qui s'y rapporte
que toutes les inspections, les vérifications usuelles je
vois d'ailleurs le ministre du Travail qui n'est pas loin derrière
ont été faites à ce chapitre? Autrement dit, ce que
je voudrais, c'est que soit le premier ministre ou le ministre du Travail, s'il
préfère le faire, donne ici l'état de la question,
actuellement, parce que c'est la dimension capitale qui a été
finalement soulevée.
M. Lévesque (Taillon): Sous toute réserve, parce
que je ne sais pas tous les détails, je ne sais pas si le ministre du
Travail le sait au complet, je dois dire qu'on nous a assuré que toutes
ces vérifications...
M. Rivest: Toutes les inspections, les vérifications, tout
cela.
M. Lévesque (Taillon): Oui, pour ce qu'on pourrait appeler
ces autorisations essentielles, le processus a été suivi
normalement.
M. Rivest: Depuis les dernières nouvelles publiques qu'on
a eues il n'y a rien eu de significatif, la construction va son train et il n'y
a rien de particulier qui a été porté à l'attention
du premier ministre?
M. Lévesque (Taillon): Pas que je sache, non. D'ailleurs,
ce n'est pas à moi de suivre la construction. Il ne faut pas oublier une
chose. On a mis une limite maximum et à partir de là on dit: Les
citoyens jugeront. Je ne me référerai pas au rapport Malouf, mais
quand même, on peut peut-être s'inspirer de certaines des...
M. Rivest: C'est parce que M. Drapeau n'aimerait pas cela.
M. Lévesque (Taillon): ... constatations... Le maire
Drapeau défendra son administration. Je
dirais que j'ai connu des administrations provinciales moins
défendables que la nôtre à ce point de vue-là...
M. Rivest: L'excellent travail...
M. Lévesque (Taillon): ... mais je ne voudrais pas
recommencer la critique du rapport Malouf. Je le trouve encore
incompréhensible à ce point de vue-là. Ce que je veux
dire, c'est que concernant déjà certaines des limites
prévues, même dans les recommandations du rapport Malouf, on a
fait bien attention, même avant de les connaître, d'en tenir
compte, y compris ce plafond maximum et aussi le respect minimum qu'on doit
à l'autonomie municipale. C'était une de leurs principales
constatations. S'il y avait un danger de gaspillage éventuel de fonds
publics qui se profilait, au-delà de la limite qu'on a fixée, je
peux vous dire qu'on réagirait plus vite que certains de nos
prédécesseurs l'ont fait. Mais, pour l'instant, on s'en tient
à cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le programme no 3 serait adopté? M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, un aspect un peu ignoré
de cette question du cabinet du premier ministre qui mériterait
peut-être quelques instants d'attention, c'est le problème de
l'absence assez visible d'un représentant de la minorité
anglophone ou plus généralement des non-Canadiens
français, puisqu'on peut même viser les francophones qui ne sont
pas de souche, dans le bureau du premier ministre. Il y a eu Mlle Smith, il y a
des années de ça, qui est partie après quelques mois.
Depuis ce temps-là, il y a eu des gens chargés des relations avec
les anglophones, mais personne qui appartenait à la communauté
anglophone ou non canadienne-française, qu'on le prenne d'une
façon ou d'une autre. Maintenant qu'on se situe après le
référendum, peut-être qu'un des grands bienfaits,
peut-être le seul pour le premier ministre de cette opération,
c'est que maintenant qu'il s'est converti au fédéralisme il
pourra peut-être réussir à...
M. Lévesque (Taillon): Non, je vais dire, comme l'a dit le
ministre des Finances, qu'on s'est recyclés au
fédéralisme.
M. Forget: Vous vous êtes recyclés au
fédéralisme, mais si vraiment il réussit à se faire
prendre au sérieux dans ce nouveau rôle assez inattendu,
peut-être qu'il va réussir à recruter dans ces milieux qui
lui ont été fermés jusqu'à maintenant. Il y a
peut-être des projets pour justement étoffer la nouvelle image du
gouvernement dans ce secteur-là, représenter toute la population
du Québec.
M. Lévesque (Taillon): II y a une chose que je dois... Je
vais être très concret, d'abord. C'est que parmi les 117 personnes
qui comprennent l'en- semble du cabinet, mais réparties entre mon bureau
et celui des ministres d'Etat, il y a trois personnes qui sont très
assidûment chargées de suivre l'évolution de maintenir ou
d'établir les contacts avec les groupes minoritaires ou les
communautés ethniques. Il y a M. David Levine qui est chez Bernard
Landry, au développement économique; il y a M. David Payne qui
est chez M. Laurin, ministre d'Etat au Développement culturel, et il y a
Evelyne Dumas dont on parlait tout à l'heure. Il ne faut pas l'oublier,
elle a un nom qui... Evelyne Dumas, sa mère est anglophone et il y a une
remarquable partie de ses racines qui sont anglophones au point où elle
était probablement l'une sinon la meilleure des meilleures
journalistes de langue anglaise, au temps du défunt Montréal
Star, après avoir fait ses classes dans un modeste journal qui
s'appelait le Devoir, en cours de route.
M. Forget: Et un autre journal qu'on ne mentionnera pas.
M. Lévesque (Taillon): Je veux simplement,
concrètement, dire ça, parce que ce sont trois personnes qui ont
quand même un rôle important et assidu à jouer de ce
côté. J'ajouterais ceci: premièrement, j'aimerais bien
qu'il y en ait davantage, pas seulement là mais dans la fonction
publique. Cela me permet de dire une chose, c'est qu'en dépit de toutes
les déformations et de toutes les calomnies véhiculées
souvent par des gens de l'Opposition à propos de notre attitude en ce
qui concerne les groupes minoritaires au Québec, je viens de lire tout
récemment une batterie de recommandations, sans compter le travail qui
est déjà en marche, à la suite de colloques sans
précédent que certains en face de nous en Chambre traitaient
à la légère, mais qui donnent des résultats d'une
richesse assez exceptionnelle.
Moi, comme Gaspésien peut-être que le
député de Gaspé pourrait dire la même chose
comme Gaspésien d'origine, je sais qu'aucun des gouvernements qui nous
ont précédés et dont je me souvienne, y compris celui dont
j'ai fait partie dans les années soixante, ne s'était même
préoccupé, si peu que ce soit, de ce qui arrivait, par exemple,
à ces poches de population de plus en plus isolées et qui
constituent des minorités anglophones, ici et là, en
Gaspésie, également sur la Basse Côte-Nord. Je prends cet
exemple parce que je le connais mieux que les autres. Pour la première
fois, il y a des recommandations très précises et il y a
même, dans le cas de la Basse Côte-Nord, un programme qui est
déjà en marche, dont la première tranche a
été approuvée cette année dans le budget, de
façon à essayer concrètement de fournir des services et
des moyens de communication enfin, ce que nos moyens nous permettent
de fournir une attention concrète à ces groupes, ce qui ne
s'était jamais produit depuis les années soixante,
c'est-à-dire depuis le temps où j'ai des souvenirs politiques
précis.
Il y a un effort constant qui se fait et que je crois méritoire
pour une raison: on ne se contera
pas d'histoires, ce n'est pas de ce côté-là qu'on
peut espérer avoir beaucoup de votes, ni au référendum, ni
autrement, mais on croit en conscience qu'on doit s'en occuper et on le fait.
Cela dit, si l'on pouvait ajouter des représentants des groupes
ethniques, d'une façon valable, là où on peut les nommer
directement, je le ferais volontiers parce que je suis toujours à
l'affût.
Mais il ne faut pas oublier que quand il s'agit de la fonction publique,
il n'y a pas tant de postes que ça dont on dispose de façon
discrétionnaire. Quand il s'agit de la fonction publique, on essaie de
pousser au maximum, mais là, il faut pousser, en fonction des
règles établies, les annonces, la mise au courant de ce bassin de
population en ce qui concerne les emplois disponibles. On ne peut pas faire
plus.
M. Ryan: Rien n'empêche qu'actuellement vous avez un
anglophone, M. Payne, dont les racines québécoises sont
plutôt récentes. C'est très bien qu'il soit venu ici...
M. Lévesque (Taillon): Relativement récentes,
oui.
M. Ryan:... mais est-ce qu'il y a des efforts qui sont en cours
actuellement pour augmenter la représentation de l'élément
anglophone à votre bureau?
M. Lévesque (Taillon): De façon concrète, en
cours, en ce moment, non. Mais j'y pense constamment, ce n'est pas toujours
facile.
M. Ryan: Non, ce n'est pas facile.
M. Lévesque (Taillon): II faut également qu'ils
soient solidement bilingues et qu'en même temps ils n'aient pas
l'impression d'être coupés de leurs contacts, ce qui est
déjà arrivé.
M. Ryan: Si vous me permettez, puisque nous sommes
là-dessus, je voudrais vous donner la chance de faire une clarification
qui pourrait être utile. Dans la déclaration que le conseil
national de votre parti a faite en fin de semaine, on parlait des forces vives
qui auraient appuyé le oui au référendum, et d'autres sont
allés plus loin en laissant entendre que les éléments qui
auraient voté non auraient plutôt été les
éléments déclinants de notre société. Est-ce
que les membres des communautés ethniques et de la communauté
anglophone font partie de ces éléments déclinants dont ont
parlé certains, parce qu'ils auraient voté non en majorité
au référendum?
M. Lévesque (Taillon): Je ne peux pas endosser des propos
comme ça et je ne sais pas où le chef de l'Opposition les a pris.
Mais une chose est certaine, c'est que ça ne reflétait pas
l'attitude générale. On peut dire "forces vives" en ce qui
concerne une partie de la population. En ce qui concerne les groupes
relativement monolithiques au moment de ce vote, on ne peut tout de même
pas englober tout le monde en disant que ce sont des gens à leur
déclin, au contraire.
M. Ryan: Je suis prêt à me faire corriger, M. le
Président, si j'ai cité incorrectement, mais j'ai lu, dans la
déclaration qui a été adoptée par le conseil
national, qu'on remercie les forces vives qui se sont prononcées pour le
oui.
M. Charbonneau: ... la déclaration, mais il ne parle pas
de la...
Une Voix: ... la partie négative.
M. Ryan: Mais par voie d'implication, c'est ce que cela veut
dire. Si vous dites que les forces vives ont voté pour le oui, cela veut
dire que pour le non, cela a été les forces déclinantes. A
moins que je ne sache pas lire. Et d'ailleurs, M. Latouche a eu le courage et
la franchise de vous le dire assez ouvertement dans l'article publié
samedi dernier dans le Devoir.
M. Lévesque (Taillon): J'ai eu également à
répondre aux journalistes à propos de cela. Premièrement,
forcément, M. Latouche n'était pas responsable du titre. On a
extrapolé, c'est normal. Mais j'ai lu certains des propos assez raides
qu'il tenait, et je dois dire que c'est vrai que jusqu'à un certain
point, dans les premières réactions d'une campagne pas mal
intense, il y a des propos excessifs qui se tiennent. J'en ai entendu des verts
et des pas mûrs, de ce genre de propos, de la part de nos adversaires du
non. Et je crois qu'on peut insister là-dessus et commencer à les
éplucher.
Mais s'il fallait faire notre collection de morceaux choisis, je n'ai
pas l'impression que c'est nous qui aurions le championnat.
M. Ryan: C'est parce qu'on a eu l'impression que vous-même,
vous aviez peut-être mis ce thème en circulation le premier, quand
vous avez parlé d'un dernier sursaut du vieux Québec, par
exemple. Je me souviens de quelque chose du genre.
M. Lévesque (Taillon): Du vieux Québec, oui. Dans
un sens.
M. Ryan: II me semble que c'était le jeune Québec
aussi. Il y a des gens de tous les âges qui ont voté des deux
côtés.
M. Lévesque (Taillon): Dans un sens qui n'a rien à
voir avec une caricature des gens ou des personnes, mais qui signifie, oui, un
certain conservatisme qui est assez visible.
M. Ryan: Auquel vous revenez depuis le
référendum.
M. Lévesque (Taillon): II le faut bien. Jusqu'à
nouvel ordre, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Union Nationale.
M. Le Moignan: Question supplémentaire. Dans le
secrétariat général du Conseil exécutif, je vois
des mandats de recherches qui ont été effectuées par
quatre personnes ou groupes. On parle de recherche et de rédaction dans
le cadre du livre blanc sur...
M. Lévesque (Taillon): Je m'excuse, est-ce qu'on pourrait
demander au député de Gaspé où est-ce qu'il en
est?
M. Le Moignan: C'est dans le programme 3, je pense bien.
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais à quel
élément?
M. Le Moignan: Je ne sais pas quel élément. Ce
n'est pas indiqué ici.
M. Lévesque (Taillon): Attendez un peu, je vais essayer de
vous retrouver.
M. Le Moignan: C'est l'élément 1. C'est le
secrétariat général du Conseil exécutif. Ce sont
les grandes feuilles.
M. Lévesque (Taillon): C'est l'élément 2.
M. Le Moignan: C'est l'élément 2, cela?
M. Lévesque (Taillon): D'accord. Alors, c'est quoi la
question?
M. Le Moignan: C'est indiqué recherche et rédaction
dans le cadre du livre blanc sur la constitution. Est-ce que c'est le livre sur
la souveraineté-association? Les différentes recherches?
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Le Moignan: C'est le livre blanc que nous avons en main qui a
été publié.
M. Lévesque (Taillon): C'est cela. Et pour lequel j'avais
dit quel était le budget.
M. Le Moignan: Ma deuxième question, c'est qu'on voit le
gouvernement du Québec versus Churchill Falls et Hydro-Québec.
Etant donné la déclaration du gouvernement fédéral,
est-ce que les études qui ont été effectuées
concernant ce document peuvent être mises à notre disposition?
M. Lévesque (Taillon): C'est une contribution qui a
été incorporée à tout cela, à propos de
Churchill Falls et les problèmes juridiques qui se posent autour du
contrat de Churchill Falls, qui avait été retenue par
Hydro-Québec et qui vient du bureau de mon ancien patron, M. Jean
Lesage, parce qu'il était déjà au dossier quand on est
arrivé. C'était déjà devant les tribunaux, cette
question de Churchill Falls et du contrat. Comme il faut l'accompagner et que
cela fait partie de certains des éléments fondamentaux des
richesses naturelles et de l'évolution économique, c'est
là.
M. Ryan: Dans le même ordre d'idées, M. Pierre
Fortin, la petite commande qui lui a été passée, à
quel moment ce serait venu, cela? C'est où, cela? Je m'excuse, je retire
la question. C'est pour le secrétariat au développement
social.
M. Rivest: Est-ce que nous sommes au secrétariat du
Conseil exécutif?
M. Lévesque (Taillon): Si vous voulez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
programme 3. Le premier des éléments...
M. Rivest: M. Bernard est toujours en poste?
M. Lévesque (Taillon): M. Bernard est toujours en poste.
Si c'est là-dessus que vous voulez travailler, aussi bien qu'il soit
ici.
M. Rivest: II est là, M. Bernard.
M. Le Moignan: Pour terminer ma question sur Churchill Falls,
est-ce que le gouvernement du Québec...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Union Nationale, allez-y.
M. Lévesque (Taillon): Pierre Fortin, c'était au
développement social.
M. Le Moignan: J'ai ma question sur Churchill Falls. Est-ce que
le gouvernement du Québec a l'intention de négocier directement
avec Terre-Neuve pour clarifier tout cela?
M. Lévesque (Taillon): Tout ce que je peux vous dire,
c'est ceci. On a amorcé des négociations. Il y a eu une sorte de
quasi-rupture à un moment autour du discours du trône, comme on
dit encore à Terre-Neuve, du gouvernement Peckford. On s'est revus
à Ottawa, mais on ne parlait pas de cela spécifiquement, à
la réunion des premiers ministres. Mais on a convenu de s'en reparler
d'ici quelques semaines, en tête-à-tête, l'un avec l'autre,
pour voir s'il y aurait moyen de trouver une avenue quelconque qui serait
satisfaisante des deux côtés. On verra.
M. Rivest:... au secrétariat du Conseil
exécutif?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On va
adopter l'élément 1 qui concerne les bureaux du premier ministre
et les bureaux des ministres d'Etat.
M. Lévesque (Taillon): Si on lâche 1, je ne voudrais
pas qu'on y revienne tout le temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Secrétariat général et greffe du Conseil
exécutif. M. le député de Jean-Talon. (23 heures)
Secrétariat général et greffe du
Conseil exécutif
M. Rivest: M. Bernard est toujours là, comme je disais
tantôt...
M. Lévesque (Taillon): Peut-être que M. Bernard
pourrait répondre, si vous n'avez pas d'objection.
M. Rivest: ... toujours aussi compétent et disponible. Il
n'a pas fait de conférence récemment?
M. Lévesque (Taillon): Oui, une très bonne. M.
Rivest: Oui?
M. Lévesque (Taillon): J'en ai même envoyé
une copie au chef de l'Opposition. Il ne l'a peut-être pas eue
encore.
M. Rivest: Ah! vous ne l'avez pas lue, M. Ryan? Vous avez des
distractions référendaires, M. Ryan.
M. Lévesque (Taillon): C'est une conférence
à l'ENAP.
M. Rivest: C'est une bonne tribune. Y a-t-il eu des choses
significatives au niveau du secrétariat dans le fonctionnement, des
changements majeurs ou une évolution dans la façon de
procéder?
M. Lévesque (Taillon): Oui. Depuis l'année
passée, il y a eu peut-être deux changements significatifs.
D'abord, la création d'un ministère d'Etat à la Condition
féminine et, par conséquent, la mise sur pied d'une petite
équipe de soutien et la nomination de Mme Christine Tourigny qui
était à ce moment-là la première femme à
être nommée sous-ministre. Le deuxième
développement, c'est de continuer à structurer davantage
l'équipe qui s'occupe de législation, aussi bien au
ministère de la Justice avec Daniel Jacoby qu'au Conseil exécutif
avec la petite équipe qui y travaillait sous M. Brière alors que
Jules Brière est devenu de plus en plus conseiller au lieu d'être
directement en charge du service. Il est devenu contractuel et conseiller, tel
que tout le monde l'avait demandé. Je pense en particulier à M.
Gé-rard-D. Levesque qui s'intéressait à cela,
c'est-à-dire de structurer davantage le secteur de la
législation.
M. Rivest: II y avait eu des problèmes en 1975-1976, au
moment où le nouveau gouvernement est arrivé, au niveau de la
législation. Est-ce que jusqu'ici vous êtes satisfait avec
l'équipe de relève des gens comme Robert Normand au
sujet des problèmes qui s'étaient posés au niveau de
l'équipe des légistes du gouvernement?
M. Lévesque (Taillon): Je pense que tout le monde est
conscient que c'est un des problèmes les plus complexes en ce qui
concerne le travail juridique, le travail de législation. Nous avons
voulu procéder justement de façon progressive, en changeant le
système que tous les gouvernements antérieurs avaient connu.
C'est un système basé sur des contractuels où un
conseiller juridique senior a la haute main sur l'ensemble de la
législation. A mesure que le travail législatif se multiplie,
évidemment, il n'y a pas un homme qui est capable de vraiment superviser
tout ce travail. On s'est structuré comme les autres gouvernements,
comme à Ottawa en particulier, avec un système fondé sur
des équipes de légistes qui sont basées, pour partie, au
ministère de la Justice et, pour partie, au Conseil exécutif. Je
pense bien que c'est au législateur à dire si le travail est
satisfaisant, mais d'une façon générale, au point de vue
technique, je pense que cela a permis des améliorations notables, en
particulier dans les notes explicatives des projets de loi qui sont à
mon sens beaucoup plus détaillées, qui donnent des instruments de
travail beaucoup plus fructueux pour le législateur...
M. Rivest: Oui, d'accord. Il y avait aussi, en 1975, si je me
rappelle bien, et quand le gouvernement est arrivé, en 1976-1977, toute
une opération que Guy Coulombe, entre autres, avait pilotée dans
ses débuts du moins le bout que j'en ai connu au sujet des
sociétés d'Etat, des réunions, enfin, les critères
de performance et toute l'approche globale. A l'époque, c'était
l'ambition à tout le moins d'exercer un contrôle et
peut-être éventuellement le traduire au niveau de la
législation, au titre de l'administration financière en
particulier. Où en est rendu ce projet ambitieux d'une
intégration des sociétés d'Etat pour respecter les
priorités gouvernementales et tout cela?
M. Lévesque (Taillon): C'est une remarque que M. Bernard
ne pourrait pas, je pense, se permettre en toute décence. Il ne peut pas
entrer dans le débat, mais je dois dire une chose, c'est que je ne
voudrais ni directement ni indirectement endosser l'impression que cherche
à laisser le député de Jean-Talon que c'était
très avancé. C'était avancé dans l'esprit de M.
Coulombe et cela finissait "dret là", autant que je me souvienne.
M. Rivest: II y avait eu déjà des premières
réunions.
M. Lévesque (Taillon): II y a du travail il y avait
eu une première réunion, je pense, oui qui a
été fait. Systématiquement, là encore, c'est
complexe.
Comme tout projet ambitieux, cela prend évidemment un peu de
temps, surtout dans la fonction publique, mais nous avons procédé
de deux façons. Nous avons un secrétaire général
associé
qui est chargé de la coordination des sociétés
d'Etat, M. Jean Deschamps, qui a succédé à M. Jessop qui
avait lancé l'opération pendant un petit peu moins d'un an.
Nous avons accepté l'idée des plans de
développement. Nous avons demandé à chaque
société d'Etat de préparer un plan de
développement. Evidemment, cela prend, également de la part des
sociétés d'Etat, du temps pour mettre au point leur plan de
développement. Nous sommes à former un comité permanent de
coordination, sous la direction de M. Deschamps, regroupant les sous-ministres
des principaux ministères impliqués. D'ici les vacances,
probablement que ce comité sera mis sur pied. Nous avons
également procédé, avec le groupe de Pierre Martin, aux
emplois supérieurs à rationaliser nos procédures en ce qui
concerne le personnel supérieur des sociétés d'Etat. Nous
avons discuté avec la plupart d'entre eux sur la façon dont ils
devraient être évalués par le gouvernement, les
critères de performance et la rémunération qui s'y
rattache. C'est un travail qui se poursuit, dans la ligne de ce qui avait
été commencé. Je pense qu'il y a eu des pas significatifs
qui ont été faits, mais on est encore loin d'un véritable
système à ce propos.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, sur ce même sujet,
est-ce qu'il n'est pas un peu paradoxal qu'on demande aux
sociétés d'Etat de préparer des plans de
développement, et, pendant que cela se prépare, on en est encore
à se poser des questions sur les critères de performance? Je n'ai
personnellement jamais douté de la capacité de l'organisation
quelle qu'elle soit société d'Etat ou autres
à préparer des plans de développement. Peut-être la
dernière chose qu'elles vont cesser de faire avant de mourir, c'est de
faire des plans de développement, mais le grand problème, c'est
de savoir comment évaluer les plans de développement. A moins
d'avoir des critères de performance, c'est un exercice qui peut
s'avérer futile. Comment cela se fait-il qu'on adopte cette
démarche qui semble être l'envers du bon sens? Puisqu'on parle de
critères de performance depuis des années, ce n'est quand
même pas la fin du monde. Il y a d'autres Législatures ou d'autres
gouvernements qui en ont inventé, et cela se ressemble curieusement d'un
endroit à l'autre. Est-ce qu'on ne pourrait pas tout simplement, sans
réinventer la roue, en proposer et faire un livre blanc sur les
critères de performance des sociétés d'Etat
québécoises?
M. Lévesque (Taillon): Disons que, d'une façon
générale, on a pensé qu'on apprendrait, et tout le monde
ensemble, en faisant les choses. On a demandé aux sociétés
d'Etat de faire un plan en s'inspirant, évidemment, de ce qui se fait
ailleurs et de ce que vous avez mentionné. On s'est dit qu'une fois
qu'on aurait le premier plan ce serait intéressant de discuter pour
savoir si le deuxième devrait être semblable au premier.
Si on peut commencer à faire tourner la roue, à voir sur
la table les plans de développement, on pourra ensuite se demander
comment on peut les améliorer, les comparer d'une société
d'Etat à l'autre, et faire le lien, à ce moment, avec les
critères de performance sur la main-d'oeuvre et la haute direction des
sociétés.
Il y a des éléments quand même s'il y a
quelqu'un qui doit s'en souvenir, c'est le député de
Saint-Laurent inédits qui peuvent, éventuellement, rentrer
comme facteurs dans ces plans de développement. Il y a un certain
travail qui a été fait en Chambre autour de la SGF, avec les
problèmes qu'on a connus à Marine Industrie. Il y a certaines
choses qui ont émergé de la discussion et qui sont maintenant,
soit sous forme d'amendements ou sous forme de la loi ou sous forme d'ententes
qu'il faut respecter. Il y a déjà des paramètres qui ont
été définis, comme ils n'avaient pas été
définis avant. La même chose s'est appliquée dans le cas de
SIDBEC, lors du changement d'administration; il a fallu réviser ses
objectifs et, par exemple, laisser de côté un plan quinquennal
complet qui donne toujours l'impression possible d'une fuite en avant, et
plutôt voir où on en était et ensuite essayer de faire
d'abord une sorte de plan, de faire le point et de faire un plan d'un an ou de
deux ans; et non pas nous ouvrir trop d'horizons trop vite, pendant qu'on ne
savait pas exactement quelle était la façon de rajuster les
choses à SIDBEC. Ce sont toutes des expériences qui, peu à
peu, nous permettent de voir plus clair et à travers lesquelles on
dégagera le reste le mieux possible. C'est en marche, mais on ne peut
pas dire que c'est complété, loin de là.
M. Forget: Une brève remarque. Le premier ministre a
raison de signaler les précédents établis dans le domaine
de SIDBEC et, en particulier, de la SGF. Il demeure que tout ce qui a
été acquis comme principe dans ces domaines, c'est la notion que
la société d'Etat et, subséquemment, le gouvernement
devaient s'engager en fonction d'un plan de développement. Sur la
question des critères d'évaluation, on en est pas mal
restés à des balbutiements. Je pense qu'il serait peut-être
bon de préciser aussi, puisque j'ai eu l'occasion d'en débattre
avec le ministre responsable du développement économique, qu'il
semble bien que toute tentative de faire déboucher cela par une action
parlementaire systématique d'évaluation et de contrôle des
sociétés d'Etat ait été mise en veilleuse pour un
avenir indéfini.
M. Lévesque (Taillon): Peut-être, M. le
député, d'une façon générale, mais je pense
bien que l'esprit dans lequel vous abordez cette question, c'est l'esprit dans
lequel on travaille comme, par exemple, le ministre de l'Energie et des
Ressources a annoncé son intention de soumettre éventuellement le
plan d'équipement, pas nécessairement le plan de
développement, mais le plan d'investissement d'équipement
d'Hydro-Québec pour les prochaines années à l'étude
d'une commission parlementaire.
Je pense que c'est quand même dans cet esprit que le gouvernement
et le secrétariat travaillent. Est-ce qu'on est capable vraiment de
définir des critères a priori qui s'appliqueraient à
l'ensemble des sociétés d'Etat? C'est un grand débat,
à savoir si ça irait vraiment plus vite de leur donner un cadre
trop rigide, ou s'il ne vaut pas mieux leur demander de faire, au meilleur de
leur connaissance, un plan de développement aussi complet que possible
et, ensuite, vu que c'est un phénomène récurrent et
permanent, d'améliorer le deuxième plan par rapport au premier et
de développer nos critères à l'étude justement
à partir de ce que les sociétés d'Etat nous proposent.
M. Forget: M. le Président, je comprends que ce sont
toutes de bonnes pensées, tout ça, mais il reste qu'un plan de
développement, c'est pour atteindre des objectifs. Si le gouvernement
c'est, je pense, le cas dans la plupart des sociétés
d'Etat ne se donne pas la peine de préciser les objectifs d'une
façon très précise, évidemment, le plan de
développement qui va résulter de ça, de l'initiative de la
société d'Etat, va être non pas une vision des objectifs
tels que déterminés par le gouvernement, comme c'est son
rôle, mais ce que les administrateurs de la société d'Etat
pensent que devraient être les objectifs de la société
qu'ils dirigent. Cela ne peut ne rien avoir à faire avec les raisons
pour lesquelles c'est une société d'Etat et ce pourquoi la
société d'Etat a été établie pour commencer.
Je pense qu'en particulier, si on s'en va, à l'automne, vers une
évaluation d'un plan de développement d'Hydro-Québec, on
est, avec aucune ressource...
M. Lévesque (Taillon): Son plan d'investissements, parce
que c'est déjà énorme. On sait que...
M. Forget: Même son plan d'investissements. Il reste que,
si on n'a aucune ressource pour les évaluer, on va assister au cirque
habituel où on vient assister aux affirmations ex cathedra d'un certain
nombre de hauts fonctionnaires d'Hydro-Québec et on n'est pas en mesure
on sent que le gouvernement lui-même ne l'est pas de porter
un jugement sur ces affirmations.
On ne peut pas évaluer un plan de développement ou
d'équipement d'Hydro-Québec sans avoir une bonne foi au
Québec. Cela fait quand même presque 20 ans que c'est une
société d'Etat pleinement développée. Cela fait
même presque 40 ans qu'elle existe. On n'a jamais eu au Québec une
discussion approfondie sur la tarification, les principes de tarification
d'Hydro-Québec et, tant que les tarifs étaient minimaux ou
presque ridiculement bas, on pouvait probablement ne pas discuter de choses
sans importance, mais ce n'est plus le cas. Les tarifs s'élèvent
à un rythme évidemment assez rapide. Je ne veux pas en faire une
charge, mais c'est un fait, on peut le constater, et ça devient
important de voir les principes de tarification qui soient compatibles avec les
objectifs sociaux et économiques qu'on attribue à cet
organisme.
Or, c'est table rase de ce côté-là. On n'a
absolument aucun effort systématique de fait et, quand même on
essaierait d'évaluer des plans d'équipement, chacun va avoir son
opinion. Cela vaut ce que ça vaut, et même l'opinion
d'Hydro-Québec, pour autant que je peux le constater, est basée
sur des préconceptions qui ne sont pas discutées et qui ne sont
pas discutables dans l'état actuel des choses.
M. Lévesque (Taillon): Je ferais remarquer au
député de Saint-Laurent qu'il a très bien
évoqué le fait que ça fait une quarantaine d'années
qu'Hy-dro-Québec est dans le paysage. On aurait pu ajouter qu'elle a
pris une expansion sans précédent à partir des
années soixante et que c'est la première fois qu'un effort
systématique après tout, le député de
Saint-Laurent, comme d'autres, a fait partie d'un gouvernement antérieur
qui est forcément dialectique, est entrepris. Autrement dit, il y
a une sorte de discussion qu'il faut toujours établir entre l'Etat, qui
représente les actionnaires, qui est le chien de garde de son mieux, et
cette autonomie qu'on a consentie mais qui ne doit pas devenir non plus
une sorte de souveraineté aux sociétés d'Etat
à caractère industriel ou commercial, quelles qu'elles soient,
qui forment une salade, comme on sait, assez diversifiée. Elles
représentent des milliards d'investissements, des dizaines de milliers
de travailleurs et des investissements collectifs du Québec qu'il faut
accompagner. Pour la première fois, on essaie... Je prends le cas
d'Hydro-Québec, par exemple. Cela faisait dix ans... Cela m'avait
frappé, moi, quand je suis revenu au gouvernement, ou, enfin, aux
affaires publiques en 1976, de voir que le vieux système de la
commission avec des commissaires, en tout petit nombre, dominant tout
l'appareil, était devenu quelque chose ou risquait de devenir quelque
chose ressemblant vraiment à cette caricature qu'on en a fait, l'Etat
dans l'Etat. (23 h 15)
C'était quelque chose qui était enraciné en maudit
et personne ne semblait avoir eu même l'idée de faire quelque
chose avec cela. Je me souviens qu'en 1966 on en parlait déjà.
Maintenant, à la suite d'une loi qui a été adoptée
par l'Assemblée nationale mais c'est difficile à greffer
sur cet organisme-là il y a un conseil d'administration qui sert
à la fois de tampon et jusqu'à un certain point comme dans
toute structure normale de corporation, si vous voulez, ou de grande entreprise
qui sert, plus régulièrement que le gouvernement ne
l'avait jamais fait, à établir cette dialectique avec les hauts
fonctionnaires permanents et la structure administrative traditionnelle de
l'Hydro. C'est une chose, quand même, à laquelle on aurait
dû penser il y a des années; cela a pris des années avant
que cela finisse par se décider et il a fallu que ce soit le
gouvernement actuel qui prenne cette décision.
Pour ce qui est de cette dialectique avec le gouvernement, maintenant,
elle est engagée d'une façon qui, je le crois, est sans
précédent parce que
j'ai mes souvenirs des années soixante et j'ai vu un peu ce qui
s'était passé depuis. Je vous donnerai un seul exemple concret
à propos du plan d'équipement. Récemment, il y a eu une
discussion au niveau du gouvernement, évidemment, et surtout du
ministère de l'Energie et des Ressources qui a été ensuite
répercutée au Conseil des ministres de façon qu'on leur
dise de refaire une étude, enfin, d'élargir un peu la perspective
et de nous arriver, dans un sens, avec une autocritique qu'il s'agira
sauf tout le respect qu'on leur doit de réévaluer avec
eux, de la façon dont ils avaient conçu leur plan
d'équipement. Tout cela pourra être versé comme
documentation à la commission parlementaire parce que, justement, on
risque peut-être, à l'occasion, de se faire jeter trop de poudre
aux yeux. Cela ne veut pas dire qu'on va devenir des experts
énergétiques au niveau de la commission parlementaire, ce n'est
pas possible, mais qu'au moins il y ait le plus d'information technique
possible pour ceux qui veulent en avoir, et économique aussi. Mais tout
cela est un processus qui est difficile et, comme il n'avait jamais
été enclenché, il n'est pas facile à greffer
l'organisme aussi massif et aussi enraciné dans certaines habitudes
qu'est devenue Hydro-Québec; c'est normal.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Union Nationale.
M. Le Moignan: M. le Président, j'aurais une question sur
les sociétés d'Etat. On sait que l'Union Nationale avait
apporté une motion à l'Assemblée nationale au mois
d'octobre 1978, au sujet de la mise sur pied d'une commission permanente des
sociétés d'Etat. Je pense qu'une sous-commission a
siégé à quelques reprises. Je ne sais pas si le premier
ministre a des idées précises à nous donner sur ses
intentions et le rôle de son gouvernement sur le contrôle des
parlementaires vis-à-vis des sociétés d'Etat en
général?
M. Lévesque (Taillon): Je m'excuse, est-ce que le
député de Gaspé voudrait répéter? Je n'avais
pas le souvenir précis de la...
M. Le Moignan: Oui. Le 11 octobre 1978 une motion avait
été adoptée à l'unanimité par tous les
membres pour la mise sur pied d'une commission parlementaire permanente des
sociétés d'Etat. Une sous-commission a été
formée qui a siégé, je pense, à deux ou trois
reprises. Maintenant, il semble que cette idée-là n'ait pas
évolué tellement.
M. Lévesque (Taillon): Le secrétaire
général me rappelle, et j'espère que nos souvenirs sont
exacts, que cela a buté sur... Si on parle d'une commission permanente
qui veut aller jusqu'au fond des choses, il faut un certain aspect
confidentiel, au moins pour une partie du travail, et cela avait
été refusé, je crois, ou cela n'avait pas
été considéré.
M. Le Moignan: Je sais que tous les députés avaient
été unanimes à ce moment-là et on devait mettre une
sous-commission...
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais quand est venu le moment
de définir comment ça fonctionnerait, c'était moins
unanime.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition officielle.
M. Forget: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je suis peut-être le seul autour de cette table
qui a été mêlé à cette discussion. Je pense
qu'il serait peut-être important de faire une mise au point. Je dois dire
que les partis de l'Opposition avaient été très loin pour
accepter le caractère même confidentiel de certaines discussions,
de certaines données, etc., mais c'est du côté du
gouvernement qu'il y a eu une réticence à donner à une
commission parlementaire suffisamment de ressources et de liberté de
manoeuvre pour vraiment lui permettre de faire son travail. Du moins, ce que je
vous dis, M. le Président, c'est basé sur notre perception de
l'état de la discussion au moment où le dialogue s'est
terminé. Nous avons suggéré au gouvernement de faire
quelque chose qui soit vraiment un précédent en termes de nos
traditions parlementaires, mais pas un précédent par rapport aux
traditions parlementaires d'autres Parlements, et la perception que j'ai eue
à ce moment-là, c'est que le gouvernement pensait que
c'était peut-être trop en demander. Il semble que l'idée a
été abandonnée à ce moment-là.
M. Lévesque (Taillon): Oui, cela est un point de vue. Cela
a été répercuté récemment par des
recommandations du rapport Malouf qu'on est en train d'étudier, qui vont
demander justement que peut-être on en rediscute. On verra.
M. Forget: Exactement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition.
M. Ryan: Je voudrais adresser une question au secrétaire
général du gouvernement et en même temps au premier
ministre s'il trouve qu'il doit apporter des compléments à la
réponse que le premier donnera. J'ai été
étonné de lire les théories du secrétaire
général du gouvernement en ce qui touche les rapports d'un
fonctionnaire de son rang et l'engagement politique partisan. Je n'ai pas eu
l'occasion d'en discuter avec lui jusqu'à maintenant. Je pense que la
rencontre de ce soir s'y prête bien. Je voudrais qu'il me dise si j'ai
bien compris. Lui-même, personnellement, est engagé activement
dans le Parti québécois. On sait au moins qu'il est un
souscripteur à la caisse
électorale du Parti québécois. Je ne sais pas s'il
est un membre actif également; probablement, d'après ce qu'il a
dit, en tout cas. Si le premier de tous les employés qui sont au service
du gouvernement professe cette théorie et pratique cette ligne de
conduite, est-ce qu'on ne doit pas induire, par voie d'implication, que tous
ceux qui occupent des postes supérieurs au service du gouvernement dans
la fonction publique peuvent faire la même chose, peuvent l'imiter?
Quelle garantie d'impartialité ou d'objectivité restera-t-il dans
la fonction publique au bout de la ligne? Franchement, j'ai été
bien étonné de voir l'énoncé de cette position de
principe du secrétaire général du gouvernement. J'aimerais
bien qu'il me l'explique ce soir.
M. Lévesque (Taillon): Disons que c'est un problème
assez complexe, le problème de l'engagement politique de ceux qui
exercent des fonctions publiques. J'espère que le chef de l'Opposition
se réfère à mon texte même et non pas uniquement au
rapport qu'ont pu en faire les journalistes en abrégeant,
évidemment par la nécessité de leur métier, le
texte que j'ai donné. Je pense que, si !e chef de l'Opposition lit le
texte dans son ensemble, il va voir que je ne parlais pas du tout du
problème de la participation personnelle d'un fonctionnaire à un
parti politique, mais simplement de l'attitude que les fonctionnaires devaient
avoir à l'égard des hommes politiques comme tels, quel
était le rôle respectif du fonctionnaire et de l'homme politique
dans la définition, par exemple, des programmes, ou quelle attitude le
fonctionnaire devait avoir vis-à-vis des partis politiques comme tels.
Alors, je n'ai pas abordé, dans ma conférence, ni dans mes propos
publics, le problème particulier que soulève le chef de
l'Opposition sur l'implication personnelle d'un fonctionnaire à
l'égard d'un parti politique. Je n'ai jamais traité cette
question-là, ni dans aucun texte, ni dans aucune déclaration
publique que j'ai faite. Je ne sais pas si je devrais le faire ce soir
brièvement de cette façon-là, mais c'est un
problème quand même un peu complexe.
M. Ryan: II est de notoriété publique que le
secrétaire général du gouvernement est un souscripteur
à la caisse électorale du Parti québécois.
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Ryan: Cela crée tout de suite une présomption,
en tout cas, de partisanerie ou d'inclination très forte d'un
côté. On n'a pas vu votre nom de notre côté. M.
Bernard est secrétaire général du gouvernement, et il me
semble que, s'il y en a un qui doit donner l'exemple de l'impartialité
souveraine que l'on attend des fonctionnaires supérieurs de l'Etat,
c'est bien celui qui est le premier. Il y a un vieil adage romain, M. le
Président, qu'on aime citer dans les écoles de droit et de
philosophie qui dit: Corruptio optimi pessima. C'est: Plus le mal atteint la
tête, plus il est grand. Je ne sais pas, mais en tout cas j'aimerais que
le secrétaire général...
M. Lévesque (Taillon): Comme le chef de l'Opposition m'y a
invité, j'aimerais faire une remarque très précise,
surtout à partir de sa citation latine: Corruptio optimi pessima.
Là, j'ai mon voyage et je vais le lui dire bien franchement. Je
m'excuse, mais je vais terminer, ce ne sera pas long.
M. Ryan: Je vais vous écouter, très bien.
M. Lévesque (Taillon): Vous m'avez invité à
faire quelques remarques, elles vont être très brèves. Dans
quelque gouvernement que ce soit... Je me souviens de l'époque de M.
Julien Choui-nard où c'était déguisé
derrière je n'emploierai pas les mots "corruptio optimi"
c'était déguisé derrière une belle façade,
mais on savait très bien quelles étaient les appartenances
politiques. Cela n'a jamais été caché. Bien voyons,
arrêtons donc de prendre les gens pour des imbéciles. Alors, M.
Julien Chouinard avait ses appartenances politiques en fonction desquelles il
avait été nommé. De la même façon je
prends un autre gouvernement quand on est arrivé au pouvoir
à Ottawa avec M. Clark, il y a un gars qui s'appelle Pitfield, qui a
pris le bord rapidement.
M. Rivest: M. le Président, je ne veux pas engager un
débat...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On va
laisser finir le premier ministre...
M. Lévesque (Taillon): Non, mais je veux finir quand
même.
M. Rivest: Je veux dire un mot sur M. Chouinard.
M. Lévesque (Taillon): Vous direz ce que vous voudrez. Je
dirai ensuite que, quand on a pris le pouvoir en 1976, il y avait M. Coulombe
dont, je crois, les appartenances et les amitiés étaient bien
connues et cela n'a jamais, en rien, diminué ni l'estime, ni la
confiance que je lui ai faite jusqu'au moment où lui-même,
après un an et demi ou deux ans, a décidé qu'il voulait
s'en aller; se recycler, si on veut, après quelques années dans
le secteur parapublic. J'ai essayé, je pense que je l'ai fait
vis-à-vis de beaucoup d'autres hauts fonctionnaires, de tenir compte de
leur efficacité, de la loyauté opérationnelle qu'ils
manifestaient et non pas de leurs appartenances bien connues.
Dans le cas de M. Bernard, c'est un cas un peu spécial qui est
peut-être relié au climat dans lequel on a développé
notre action politique, il n'a pas vu de raison de cacher ses appartenances.
Ça n'affecte en rien, ni l'efficacité, ni la loyauté
à l'Etat, dont il fait preuve continuellement. Je trouve que ce genre
d'exercice, peut-être, peut servir à poursuivre l'étude des
crédits, philosophiquement si on veut. Mais, quant à moi, il est
un peu déplacé quand on sait tous les précédents
qui ont été masqués. Il s'agit, cette fois-ci, de
quelqu'un qui est sans masque.
M. Rivest: M. le Président, seulement une
précision, parce que je ne veux pas engager de débat, mais je
tiens quand même à l'enregistrer, étant très au
courant pour ce qui est de M. Chouinard. On a mentionné la façon
précise dont M. Chouinard, en 1970, a été
recommandé comme devant continuer d'exercer les fonctions de
secrétaire général en regard de ses allégeances
politiques. Je veux dire qu'il n'avait strictement aucun lien et n'a jamais eu
de lien direct ou indirect avec le Parti libéral du Québec.
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, il ne faudrait tout de
même pas charrier, il était là avant, je suis d'accord,
comme M. Coulombe était là avant qu'on arrive. Et tant qu'il a
voulu, il n'y avait pas de raison, nulle part dans sa performance, ni dans sa
façon de travailler avec nous, qui m'aurait permis, de près ou de
loin, de ne pas le maintenir dans son poste; et c'est ce que j'ai fait.
M. Rivest: Je ne pose pas de question là-dessus.
M. Lévesque (Taillon): De la même façon,
quand vous parlez de M. Chouinard qui avait été candidat
conservateur, il n'avait pas été nommé sous un
gouvernement libéral, il avait été nommé sous un
gouvernement de "mouvance conservatrice" et personne n'a jamais trouvé
d'objection à ça, mais tout le monde savait ce que ça
signifiait.
M. Rivest: La chose que je voudrais signifier, justement, c'est
qu'il y avait eu un changement de gouvernement, d'un parti à l'autre, et
ça ne posait, sur le plan de la fonction, aucun problème dans le
cas de M. Chouinard...
M. Lévesque (Taillon): Ni dans le cas de M. Coulombe.
M. Rivest: ... sûrement pas dans le cas de M. Coulombe non
plus, sauf le problème qui a été posé par le chef
de l'Opposition, c'est que, là, il risque d'avoir une difficulté,
c'est tout.
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais vous admettrez qu'il y a
une difficulté de toute façon, mais elle est ouverte et
franchement établie dès le début. C'est peut-être
une différence avec le passé.
M. Ryan: Je voudrais poser une question au premier
ministre...
M. Lévesque (Taillon): Si vous me permettez, M. Bernard,
que j'ai interrompu mais c'est un peu à l'invitation du chef de
l'Opposition qui avait demandé si je voulais ajouter quelques remarques
me demande de lui donner deux ou trois minutes, s'il ne pourrait pas
ajouter quelque chose, on pourrait...
Sur cette question, M. le chef de l'Opposition, disons que je me suis
moi-même posé la question sérieusement, quel bris je devais
faire pour couper avec les fonctions plus politiques que j'avais
occupées dans le passé. Je me suis posé la question de la
façon suivante. Prenons la question des contributions aux partis
politiques. Avec les lois que nous avons maintenant, nous invitons tous les
citoyens à contribuer au financement populaire des partis politiques.
Nous subventionnons même avec les fonds de l'Etat les contributions des
citoyens aux partis politiques. Nous croyons que c'est nécessaire
à la vie de notre démocratie, que tout le monde, un grand nombre
en tout cas de personnes contribuent, à un moment donné, au
soutien des partis politiques.
Je pense que, dans une dizaine d'années, il va être assez
difficile de trouver des gens qui n'auront jamais contribué à des
partis politiques. Si on veut que les partis politiques se ramassent des
millions de dollars pour subvenir à leurs besoins, avec des petites
contributions, si on met l'accent sur le grand nombre de contribuants, si on
veut que les gens s'impliquent politiquement, il va falloir que les gens
acceptent que tout le monde dans la société puisse contribuer
à un parti politique.
D'un autre côté, il y a certaines fonctions où,
nécessairement, il faut faire un bris avec son passé politique;
prenons les juges, maintenant, on leur donne le droit de vote, mais ils n'ont
pas le droit de faire d'action politique. Quelle est la place, entre les deux,
des fonctionnaires? (23 h 30)
C'est sûr qu'on ne pourra pas recruter, dans quelques
années, de fonctionnaires qui n'auront jamais contribué à
des partis politiques, parce que ça va devenir un peu la règle
générale de faire des contributions aux partis politiques. On
exige que ces contributions soient publiques dès qu'elles
dépassent un montant qui est le moindrement significatif. A l'heure
actuelle c'est $100. Si ce n'est pas indexé, dans quelques
années, $100 ce ne sera pas beaucoup. Donc, le fait que quelqu'un puisse
s'affirmer publiquement comme soutenant, à un moment donné, un
parti politique ne devrait pas l'exclure, à mon sens, ou le disqualifier
par rapport à un trop grand nombre de fonctions dans notre
société. Autrement nous allons couper tous ces secteurs de gens
extrêmement valables qui, à un moment donné, dans leur vie,
ont fait des contributions à un parti politique. Alors, c'est le
problème que de toute façon nous allons rencontrer comme
société, d'être capable dans nos institutions d'avoir des
gens qui ont contribué financièrement à un parti
politique, mais qui peuvent faire la part des choses dans leur travail.
Evidemment, je pense qu'on va avoir des tâtonnements, des
hésitations. Jusqu'où peut-on mettre la ligne? Je pense que
fondamentalement c'est le problème que nous avons dans le fonctionnement
de nos institutions. Disons que c'est comme cela que je me suis posé le
problème. J'avais contribué dans le passé de quelques
centaines de dollars par année au Parti québécois, j'ai
continué de faire la même chose, de le faire ouvertement, je ne
voyais pas de raison d'arrêter mes contributions au parti, parce que de
toute façon elles étaient connues.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition.
M. Ryan: Je suis content de voir que la théorie
était exposée avec moins d'assurance que dans l'exposé que
j'avais lu, mais j'émets des réserves formelles sur la
continuation que vous faites d'une pratique qui peut très bien
s'expliquer pour le passé. Moi-même, je ne serais pas la personne
à dire: Vous avez versé telle somme il y a dix ans, en
conséquence, vous n'aurez jamais accès à telle fonction.
Mais il me semble que lorsqu'un citoyen est appelé par la plus haute
autorité de l'Etat à la plus haute fonction à
l'intérieur de l'appareil administratif de l'Etat, fonction dont on
attend les plus hautes normes d'objectivité et d'impartialité, il
devrait éviter, non seulement les actes qui compromettent directement
son impartialité, mais aussi ceux qui sont susceptibles de compromettre
sa réputation d'impartialité et d'objectivité aux yeux de
ses concitoyens et surtout des centaines et des milliers de fonctionnaires qui
relèveront de décisions susceptibles d'être prises par lui
ou auxquelles il sera susceptible de participer. Je vous pose la question.
Est-ce que vous ne voyez pas une distinction importante entre des contributions
qui ont pu être faites avant l'accès d'une personne à cette
très haute charge de l'Etat et celles qui peuvent être faites
pendant que cette personne exerce cette charge la plus importante de l'Etat? Le
premier ministre disait tantôt et j'allais lui adresser une question
supplémentaire que je formule tout de suite. Il disait: Nous aimons
autant fonctionner à masque ouvert ou à visage ouvert, je ne sais
pas trop. J'aimerais qu'il nous dise ce que cela veut dire en ce qui touche ses
attentes à l'endroit du premier fonctionnaire de l'Etat et des autres
fonctionnaires de rang très élevé au service de l'Etat? Si
c'est la conception du premier ministre, je m'en inquiète
profondément.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je vais laisser M. Bernard
répondre et ensuite je répondrai.
Comme j'ai dit, M. le premier ministre, j'ai pensé, étant
donné que les contributions et mon implication politique étaient
déjà connues, que je pouvais continuer à remplir mon
devoir de citoyen de soutenir un parti politique, en même temps que je
pouvais remplir mes fonctions de fonctionnaire. Maintenant, comme j'ai dit,
peut-être que la ligne, avec l'expérience, on va trouver où
il faut la tirer. Ce sera, j'imagine, aux gens de juger si la ligne a
été bien ou mal tirée. C'est dans cet esprit que je l'ai
fait.
M. Ryan: Et que vous entendez continuer.
M. Lévesque (Taillon): Pour le moment, je ne vois pas...
Je dois vous dire bien honnêtement, M. le chef de l'Opposition, que je
n'ai pas senti que cette contribution nuisait au bon fonctionnement de ma
charge. Je n'ai pas senti que cela m'empê- chait de remplir
adéquatement mes fonctions, je n'ai pas senti de résistance dans
mes rapports avec mes collègues, par exemple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Très rapidement, sur la
lancée de ce que disait M. Bernard, je considère qu'il a
profondément raison, et que dans un sens il donne un exemple que
j'espère voir imité par beaucoup d'autres dans l'ensemble du
secteur public et parapublic, qui comprend des dizaines et des dizaines de
milliers de citoyens que d'aucune façon je voudrais voir
dévalués dans leur travail de citoyen par rapport à leur
conviction politique en disant non.
Et je ne vois d'aucune façon, quant à moi, mais chacun
peut avoir sa propre conclusion, comment ça puisse affecter, de
près ou de loin et parce que c'est vraiment le test d'une
maturité, que de pouvoir séparer les deux ni la
loyauté, ni l'impartialité objective au travail de M. Bernard,
pas plus que celle d'autres hauts fonctionnaires, ou d'autres fonctionnaires de
tout rang qui sont parmi les éléments souvent politisés,
qui ont leurs convictions. Je ne vois pas pourquoi on les forcerait à se
masquer ou à se cacher, tout à coup, parce qu'ils deviennent,
à tel rang, ou autre chose. Je ne crois pas que cela doive affecter leur
rendement, ni leur loyauté, ni leur impartialité objective au
travail.
Maintenant, chacun peut avoir son opinion.
M. Rivest: M. le Président, il y a un aspect, je le donne
comme ça, c'est vraiment une impression très empirique, je le
donne comme élément de réflexion dans la perspective des
questions posées par le chef de l'Opposition et des réponses du
secrétaire général. C'est que, dans ma circonscription de
Jean-Talon, on a l'occasion de passer pour la campagne de financement et de
faire du porte-à-porte. Une chose m'a frappé et je ne dis
pas qu'il y a 100 cas, mais cela m'a été signalé à
l'occasion au niveau des jeunes fonctionnaires, de niveau
intermédiaire, qui sont entrés dans la fonction publique, voulant
faire une carrière dans la fonction publique et selon le pattern
établi dans la foulée, dans le sillage des années
soixante, sur la dépolitisation la plus complète de la fonction
publique. Quelles que soient les allégeances politiques, j'ai senti, je
le dis le plus simplement du monde, de la part de certains fonctionnaires qui
occupent des postes au niveau professionnel ou autres, une hésitation
autant d'ailleurs chez ceux qui sont de tendance du Parti
québécois, face à moi, parce qu'éventuellement on
peut arriver au gouvernement, que chez ceux qui sont de notre opinion politique
à s'inscrire d'une manière ou de l'autre dans une
contribution, soit au niveau du seuil de la divulgation ou en deça du
seuil de la divulgation.
Une des craintes au fond, parce que c'est simplement à ce
niveau pour l'instant, d'après la déclaration du
secrétaire général et selon ce que
le premier ministre vient de dire c'est qu'au niveau des jeunes
fonctionnaires cela change d'une façon assez importante, la façon
dont les jeunes fonctionnaires de carrière ont conçu leur
carrière dans la fonction publique. Dans le sens de la maintenir avec
toute la rigueur qui était celle inspirée par la réforme
de M. Lesage dans les années soixante, maintenir un caractère
apolitique.
D'ailleurs, juste un élément, je pense que, dans certaines
manifestations un peu chaudes et un peu grossies à l'occasion de
grèves ou de conflits dans le secteur public ou parapublic, cette chose
ou cette préoccupation est revenue dans les déclarations ou dans
les mémoires qu'on a soumis. Comme deuxième élément
de réflexion, j'ajoute une des choses sur le maintien du
caractère absolument apolitique de la fonction publique, le fait qu'au
début des années soixante-dix et ça s'est
accentué, je pense, c'est mon opinion, avec l'arrivée du
présent gouvernement un problème sérieux s'est
accentué au niveau de la fonction publique, celui de la présence
de plus en plus forte, maladroite en certaines occasions et adroites en
d'autres, des cabinets politiques dans la fonction publique.
Je le livre simplement comme élément de
préoccupation.
M. Lévesque (Taillon): II y a une chose, je pense bien,
qu'on n'évitera pas, je ne répéterai pas ce que disait le
secrétaire général, je pense qu'on doit
réfléchir aux conséquences sur notre société
qui, je crois, dans l'ensemble, sont heureuses et prometteuses, à
part ça des lois qu'on a adoptées et qui sont dans une
lancée qui dure depuis quinze ans. Maintenant, elles ont atteint un
point assez important d'invitation aux citoyens à participer, selon
leurs convictions, à la vie de leur parti ou des partis ou des options
pour lesquelles ils ont une préférence et des convictions.
Tout ça va amener nécessairement, c'est ce que disait M.
Bernard et je suis d'accord avec lui là-dessus, une politisation dans
cette action concrète qui va être de plus en pius marquée.
On ne pourra pas, pas plus dans le secteur public et parapublic qu'ailleurs,
peut-être moins là qu'ailleurs, éviter une politisation au
sens de participation minimale à la vie de l'action politique de son
choix.
J'ai remarqué que le député a
répété trois fois le mot apolitique, dépolitiser.
Il faut faire attention, on ne fera pas des ennuques, d'aucune façon,
avec des citoyens qui peuvent être fonctionnaires.
Je veux ajouter ceci, et c'est peut-être là que le texte du
secrétaire général était intéressant. C'est
que justement il y a une sorte de redéfinition qui est en marche, depuis
les années soixante-dix, qu'on le veuille ou non, des liens ou des
relations, y compris l'intervention des cabinets politiques, etc., entre la
fonction publique dans son intégrité de fonctionnement et la
politique avec un P majuscule et la politique avec des petits p à
l'occasion, quand il s'agit de convictions qui rejoignent les partis; là
aussi, il y a une dialectique. On n'est pas sorti du bois encore, mais une
chose est certaine, c'est que cela ne sert à rien de la masquer ou de
prétendre qu'elle n'existe pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: II y a un autre élément à
apporter dans la discussion. On a peut-être, à ce moment-ci,
à choisir si on veut vraiment vivre la démocratie ou si on ne
veut pas installer un autre système qui s'appelerait la technocratie. Je
me dis que la démocratie veut dire que ce sont les élus qui
dirigent. L'appareil de la fonction publique doit fonctionner selon les
orientations que les élus lui donnent. Dans la mesure où l'on
voudrait faire en sorte que les fonctionnaires soient carrément
apolitiques, surtout au niveau supérieur, on se retrouverait avec une
aberration. De toute façon, ce n'est pas ce qui se passe dans la
réalité, et heureusement que ce n'est pas ce qui se passe dans la
réalité. Dans le fond, j'ai l'impression que ce qui se fait
actuellement, c'est de dire tout haut aux gens: Dans la société,
c'est normal que les fonctionnaires supérieurs en tout cas, c'est
mon point de vue suivent les orientations qui sont données par
les élus. Quand les élus changent et quand les orientations
changent, il y a d'autres directives qui sont données aux
fonctionnaires. Ceux qui ne sont pas capables de suivre ces directives, qui ne
se sentent pas à l'aise par rapport à leurs opinions, je pense
qu'il doit être admis qu'ils doivent quitter. Aux Etats-Unis, c'est
simple, quand le président change, la haute fonction publique
démissionne. On n'en fait pas de cas, on trouve que c'est normal. Je ne
suis pas membre du gouvernement, mais j'ai l'impression qu'il y a des choses
qui doivent être admises. On vit en démocratie et non pas en
technocratie. On vit en démocratie et je pense que c'est important.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition.
Une Voix: C'est une philosophie qui vous...
M. Charbonneau: C'est la mienne. Je ne demande à personne
d'autre de la partager.
M. Lévesque (Taillon): II y a certains aspects du
régime présidentiel américain de la tradition
établie que je n'accepterais pas tout de suite.
M. Charbonneau: Non, je ne dis pas. Je dis qu'ailleurs, on va
jusque-là, par exemple. Les citoyens trouvent que c'est cela...
M. Rivest: II y a le bassin de population aussi qui est
peut-être un peu différent.
M. Charbonneau: A moins que je ne me trompe, on vit là-bas
aussi en démocratie...
M. Rivest: Des Kissinger, il y en a 25 aux Etats-Unis.
M. Charbonneau:... puis en régime parlementaire.
M. Lévesque (Taillon): On n'est pas tout à fait
d'accord sur ce plan, mais...
M. Ryan: Je tiens seulement à dire un mot, en conclusion,
en ce qui me concerne. Je pense que les conséquences de cette
philosophie n'ont pas été trop graves en ce qui touche le
secrétaire général du gouvernement, qui est un homme de
modération et de retenue. J'inscris ma profonde inquiétude et
même ma dissidence quant aux principes qui ont été
énoncés ce soir. J'invite le secrétaire du gouvernement
à réfléchir de nouveau à cette question et à
me faire parvenir toute source documentaire qu'il pourra me communiquer. Je
ferai la même chose avec lui. Je le préviens que cette question
est loin d'être vidée dans mon esprit.
M. Lévesque (Taillon): Je vous comprends. Je vous remercie
quand même du témoignage plus que mérité que vous
avez rendu à la personne même du secrétaire
général.
M. Ryan: Je ne voudrais pas que le principe lui survive!
M. Lévesque (Taillon): On verra!
M. Rivest: On l'aime bien malgré tout!
M. Lévesque (Taillon): J'ai cru comprendre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'élément 2 du programme 3 sera adopté?
M. Rivest: Une chance que c'est lui!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2, adopté.
M. Lévesque (Taillon): Elément 3, c'est...
Affaires amérindiennes et inuites
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 3, Affaires amérindiennes et inuites.
M. Rivest: Je voudrais que le premier ministre nous... D'abord,
j'ai une question à poser au premier ministre sur les Amérindiens
et la révision constitutionnelle au Québec. Je ne veux pas
compliquer ad infinitum le dossier, mais quelles sont les réactions du
premier ministre aux demandes qui ont été formulées
là-dessus, mais surtout pourrait-il évoquer les
difficultés qui surgissent et dont M. Gourdeau est très au
fait en particulier de la part des groupes dissidents? Deux questions,
rapidement: Les services policiers, vous en êtes certainement
préoccupé, et, deuxièmement, les questions
d'éducation découlant de l'entente de la Baie James.
Peut-être que d'autres personnes pourraient soulever d'autres
éléments.
M. Lévesque (Taillon): En ce qui concerne la question
d'éducation, c'est vraiment un beau fouillis, comme le
député le sait. On essaie tant bien que mal, à travers je
ne sais combien de réunions, de voir s'il n'y a pas une solution qui
pourrait finir par réconcilier tout le monde, parce que, finalement,
c'est l'intérêt des enfants qui est en jeu. Ils en ont besoin
autant et sinon plus que quiconque de la continuation de leurs études.
(23 h 45)
On cherche encore. Je pense qu'on n'a pas encore trouvé la
solution parfaite, mais il y a un travail assidu qui se fait. Il y a eu le
ministère de l'Education qui était mêlé à
ça. Je pense que, jusqu'à un certain point, il y a eu aussi des
interventions de présence, en tout cas, du côté du ministre
d'Etat au Développement culturel. M. Gourdeau a travaillé
très fort de son côté. Peut-être qu'il y a eu trop
d'intervenants à un moment donné, je ne sais pas, mais, enfin, on
essaie.
Pour ce qui est des services policiers, je vais lui laisser vous dire
où on en est, si vous voulez bien.
Simplement une petite seconde, si vous permettez. Pour ce qui est
maintenant de l'implication constitutionnelle, je n'ai pas besoin de vous dire
que ce n'est pas le Québec qui est le plus affecté par ça.
Ce sont les provinces de l'Ouest en particulier, parce qu'il s'agit encore une
fois d'un ensemble où les autres intervenants et les gouvernements
provinciaux ont leur mot à dire, et vous retrouverez le résultat
temporaire de ce qui a été discuté là-dessus, aussi
bien en 1979 que tout récemment, dans un paragraphe qui a
été ajouté à l'ordre du jour, dans lequel on
prévoit qu'il y aura une forme de présence, de
représentation, si vous voulez, ou, enfin, de possibilité de
représentation au sens de donner leur point de vue pour les
représentants ou les porte-parole amérindiens et métis
aussi, les "non-status Indians", comme on dit en anglais. Seulement, j'ai
toujours pensé que c'était beaucoup plus délicat,
d'après ce que j'ai pu sentir. Cela ne veut pas dire que ça ne se
répercutera pas jusque chez nous, mais c'était beaucoup plus
délicat pour les gens des provinces de l'Ouest.
Je n'irai pas plus loin pour l'instant, mais c'est sûr qu'on va
essayer il semble qu'il y ait un consensus de leur trouver une
place là-dedans. Je pense que ce sera indiqué, mais il s'agit de
savoir comment.
Maintenant, pour ce qui est des services policiers,
concrètement...
La question du député est spécialement pertinente,
parce que ça représente très bien les deux cas que vous
avez mentionnés: la police et l'école, les deux sortes de
solution qu'il a fallu essayer d'adopter dans une démarche de
temporisation avec les dissidents.
Les dissidents, il y en a à peu près 1100, sur les 4800
Inuits. Ils n'acceptent rien de ce qui vient de la convention, même si
cela a été statué dans des lois à la suite de la
convention.
Dans le cas de la police, théoriquement, étant
donné la convention et les lois qui l'ont suivie, la police devait
être administrée par l'administration régionale Kativik,
qui est issue de la convention. Donc, si Kativik avait voulu assumer la police,
les dissidents ne l'aurait pas acceptée dans deux villages, donc
Povungnituk et Ivugivik.
Ce qui s'est fait, c'est qu'il y a eu une espèce de compromis, de
part et d'autre. La Sûreté du Québec s'est rendue visiter
les villages, et Kativik n'a pas exigé de prendre l'administration.
Donc, le problème n'est pas réglé, mais il s'est fait une
espèce de compromis entre les gens eux-mêmes, sans qu'ils ne se le
disent trop.
Dans le cas des écoles, ça n'a pas été
possible. Là, ils ont dit: Vraiment, on n'accepte pas l'école,
parce qu'il y avait, à la commission scolaire Kativik, il y a un an
particulièrement, des gens qui étaient en opposition flagrante,
au point de vue culturel, disons, avec les dissidents de Povungnituk et
d'Ivugivik. Or, là, le ministre de l'Education a été au
plus loin de ce que permettait la loi. Il leur a refusé une commission
scolaire parallèle à l'autre qui a été
créée par la loi, mais leur a donné la possibilité
d'avoir une école privée qui serait théoriquement
rattachée à la commission scolaire Kativik, mais qui, en
réalité, se rattacherait d'une façon assez directe au
ministre de l'Education.
Aux dernières nouvelles, ils n'ont pas accepté ça
non plus encore. Alors, c'est une situation qui est difficile et, à un
moment donné, on a pensé que tous ces cas de dissidence allaient
pouvoir se régler par la base même, parce qu'il y avait des
efforts très sérieux qui étaient faits et dont on ne
pouvait pas parler pour ne pas les gaspiller, par la société
Makivik qui représente les intérêts ethniques des Inuits.
Mais, ça non plus, ça n'a pas marché.
Alors, c'est une situation extrêmement compliquée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition.
M. Rivest: Je veux simplement dire qu'à l'étude des
crédits du ministère de l'Education, effectivement, le... Je
voulais simplement savoir où cela en était rendu. J'ai appris que
la dernière formule au titre des écoles privées, le
ministre de l'Education nous l'avait indiquée mais ne nous avait pas dit
quelle avait été la réponse. Alors, cela a
été refusé également.
M. Lévesque (Taillon): Jusqu'à nouvel ordre, c'est
négatif...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
chef de l'Opposition.
M. Ryan: M. le Président, sous la direction de M.
Gourdeau, on publie la revue "Rencontre", à l'intention des populations
amérindiennes. Est-ce que je pourrais demander quel est le tirage de
cette revue et quel est le budget qui est prévu pour l'exercice
1980-1981?
M. Lévesque (Taillon): C'est ici dans le budget... De
mémoire, il me semble qu'on publie 15 000 copies en français et
10 000 en anglais, à trois reprises pendant l'année. Donc,
ça fait trois fois... 25 000...
M. Ryan: Le budget?
M. Lévesque (Taillon): Le budget, il me semble que c'est
$18 000 par numéro, anglais et français, les deux, à
chaque publication qu'on fait. C'est en quatre couleurs, parce qu'il y a
beaucoup d'Amérindiens qui ne savent pas lire encore ni l'anglais ni le
français et qui sont beaucoup attirés par l'image. On a fait des
tests là-dessus; ils sont intéressés par les articles
courts qui sont là-dedans, mais beaucoup par l'image.
M. Ryan: Dans le numéro d'avril de cette année
c'était le mois qui précédait le
référendum le directeur du service a eu la bonne
idée de présenter une entrevue avec le premier ministre dans
laquelle le premier ministre exposait ses vues, évidemment, son point de
vue.
Est-ce que le directeur du service pourrait nous promettre que la
prochaine fois, il va se rappeler que dans un référendum il y a
au moins deux points de vue et qu'il verra à ce que l'autre point de vue
soit également présenté au public de cette revue qui est
financée à même les taxes des contribuables?
M. Lévesque (Taillon): On le pourrait peut-être, si
la demande nous est faite, M. Ryan. Mais ce sont les Amérindiens qui
nous l'ont demandé, cela. Ils nous ont demandé ce que le
gouvernement proposait et pas ce qui était répondu.
M. Ryan: ... ils n'ont pas voté...
M. Lévesque (Taillon): C'est sérieux. Ce sont eux
qui nous ont fait la demande. Et c'est à la dernière minute
vraiment que nous nous sommes préparés.
M. Ryan: Je comprends mais j'espère que vous n'aurez pas
le culot de venir mettre la faute sur les Amérindiens, que vous allez
prendre vos responsabilités. C'est vous qui êtes l'éditeur
de cela, ou une personne qui relève de votre autorité
immédiate. Au moins, ne faites pas porter la responsabilité par
les gens qui sont loin, de grâce!
Je vous demande, pour la prochaine fois, de vous rappeler qu'il y a deux
points de vue. C'est simple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je vais
demander à M. Gourdeau de mettre fin à son intervention. Si nos
amis de l'Opposition libérale veulent faire des calculs sur
l'implication des fonds publics, on publiera des bilans complets des deux
côtés et je pense que les citoyens pourront voir où on en a
abusé davantage, en tenant compte de l'ensemble...
M. Ryan: Encore la faute de l'autre, la faute d'Ottawa.
Très bien. En tout cas, j'ai posé une question, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ryan: J'ai posé une question, j'ai exprimé une
opinion qui est parfaitement légitime et je trouve déplorable
qu'on essaie d'éluder la question en allant mettre la faute sur un autre
gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Et à droite et à gauche, s'il
vous plaît!
Une Voix: ...
M. Ryan: C'est très intelligent. Dans une réunion
comme celle-ci, par nature, il faut rendre compte de choses
détaillées, je regrette.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'élément 3 est adopté?
M. Lévesque (Taillon): C'est pour cela qu'on a
passé une heure et demie sur les préparatifs constitutionnels et
un peu moins sur les crédits.
M. Rivest: On voulait avoir des détails, mais on n'en a
pas eu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'élément 3 est adopté?
M. Ryan: Avec réserve.
M. Rivest: Avec réserve.
Gestion interne et soutien administratif
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 4. Gestion interne et soutien administratif. M. le chef de
l'Opposition.
M. Ryan: II y a traditionnellement je ne veux pas que vous
m'accusiez d'intentions inconscientes, M. le premier ministre une
espèce de "power of the purse" qui incombe au Conseil exécutif,
au bureau du premier ministre.
Est-ce que, dans la documentation qu'on nous a remise, on inclut une
liste des subventions qui ont été accordées à
divers organismes? Je l'ai eue seulement en fin d'après-midi. Je n'ai
pas eu le temps de la lire.
M. Lévesque (Taillon): Non, elle est tout là. M.
Ryan: A quelle annexe est-elle?
M. Lévesque (Taillon): A la fin. C'est le dernier document
à la fin.
M. Ryan: Quel numéro?
M. Lévesque (Taillon): Les deux dernières
pages.
M. Ryan: Les deux dernières pages. Très bien.
Voulez-vous me permettre très brièvement de regarder la liste?
J'aurais peut-être quelques questions à poser?
M. Rivest: En attendant, j'aurais une précision à
obtenir. Je n'ai pas vu la liste, mais présumant de la liste, au niveau
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, parce que
dans ce domaine... Le ministre nous a informés ce qui est
très bien d'ailleurs qu'au niveau des centenaires et des
bicentenaires des municipalités, il y aurait des programmes, pour une
fois c'est une bonne chose établis, avec des
critères, etc., pour éviter un peu le "shopping" auquel se
livrent ces manifestations, en allant à gauche et à droite.
J'avais compris du ministre que, désormais, ce genre d'activités
et de demandes de subventions s'y rapportant seraient centralisées
à un endroit, c'est-à-dire le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche.
M. Lévesque (Taillon): D'ailleurs, vous n'en trouverez pas
tellement, mais autant que possible, c'est comme cela que non seulement cela
doit fonctionner mais que cela fonctionne. Mais, comme dans le lit de Procuste,
il y a toujours des choses qui dépassent à un moment
donné. On peut juger du contenu. C'est vraiment un fonds qui est
là un peu pour des cas spéciaux, des cas qui ont
été négligés. Il peut arriver qu'on essaie de se
servir à deux sources et, après tout, ce n'est pas
illégitime. On essaie de contrôler cela le mieux possible.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait savoir si, pour l'exercice
à venir, les sommes prévues à ce chapitre sont plus
élevées que celles qui ont été
dépensées l'an dernier?... Les programmes, comme on nous donne
cela dans le gros volume, cela n'éclaire pas grand-chose.
Une Voix: ... vous avez demandé.
M. Ryan: Je regrette infiniment, mais il faudrait peut-être
mettre cela d'une manière plus précise. Préparer nos
rencontres seulement avec ce qu'il y a dans le gros volume très
coûteux, ce n'est pas très utile.
M. Lévesque (Taillon): Non, je suis d'accord. C'est pour
cela qu'on a essayé de répondre à vos questions.
M. Ryan: Oui, c'est d'accord, c'est très bien, mais si on
avait un instrument un peu plus complet, je pense que ce serait
intéressant.
M. Lévesque (Taillon): En tout cas, ce qu'on me souligne,
c'est qu'en fonction d'une sorte de directive générale qui
s'applique partout à la plupart des choses qui sont compressibles, il y
a eu
une indexation de 5% par rapport à l'an dernier, ce qui se
répercute un peu partout. C'est la même chose là.
M. Ryan: Une augmentation de combien? M. Lévesque
(Taillon): Une indexation de 5%. Une Voix: II ne faut pas
exagérer.
M. Lévesque (Taillon): Non, sur la plupart des
éléments qui sont compressibles. Cela ne peut pas se faire sur
les salaires, évidemment, à cause des conventions et des
répercussions, mais sur tout ce qui est compressible, je pense que la
directive générale elle s'applique là
c'était 5%.
M. Ryan: Une demande aurait-elle été faite
je vous pose une question un peu marginale parce que je ne suis pas sûr
d'avoir le temps d'y revenir demain à l'Assemblée à
votre bureau, sous l'empire de ce régime-ci, pour une subvention au
Festival international du film, qui est controversé actuellement?
M. Lévesque (Taillon): Non.
M. Ryan: II n'y en a pas eu? Cela reste par conséquent au
ministère des Affaires...
M. Lévesque (Taillon): A moins qu'elle ne me soit pas
encore parvenue, je ne sais pas, mais je ne vois pas.
M. Ryan: ... culturelles pour l'instant. M. Lévesque
(Taillon): Semble-t-il.
M. Ryan: Très bien. Je vois dans la liste des subventions
accordées l'an dernier une subvention de $20 000 à la
Fédération des travailleurs du Québec. Est-ce qu'on
pourrait savoir l'objet de cette subvention?
M. Lévesque (Taillon): Oui, il s'agissait d'un colloque
sur la femme au travail, la femme sur le marché du travail, qui avait
été organisé de longue main et qui nous paraissait un cas
valable.
M. Ryan: La subvention de $166 000 à la fondation
Lionel-Groulx...
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Ryan: ... c'était le tiers, je suppose, d'un fonds de
$500 000 qui était envisagé ou quelque chose comme cela?
M. Lévesque (Taillon): C'est un engagement qu'on pourrait
appeler un "matching grant", un engagement à contribuer de façon
équivalente à celui... C'est $500 000, je pense, comme total.
C'est $500 000 de fonds privés et au-delà. Vous avez fait
un "matching grant".
M. Ryan: Je vois qu'il y a des organismes qui ne retirent pas
grand-chose. Le Conseil des minorités du Québec, $2850, c'est
à peine de quoi payer leurs billets d'autobus pendant
l'année.
M. Lévesque (Taillon): Non, mais...
M. Ryan: Est-ce qu'il a fait une demande plus
élevée? La FTQ, pour un séminaire, a reçu $20 000
et lui...
M. Lévesque (Taillon): Non, je m'excuse. Au sujet du
Conseil des minorités du Québec, c'était une demande pour
une activité spéciale et cela répondait très
correctement au besoin qu'il avait exprimé.
M. Ryan: Je vois qu'il n'y a pas beaucoup de subventions pour des
organismes francophones hors Québec. Cela émarge à un
autre budget peut-être?.:
M. Lévesque (Taillon): Pour autant qu'il y ait un budget,
et je pense qu'il est devenu traditionnel, il est aux Affaires
intergouvernementales.
M. Ryan: II n'y a pas eu de coupures par rapport à des
habitudes passées dans cette chose-là? Il n'y a pas des choses
qui ont été supprimées qui émargeaient là
habituellement?
M. Lévesque (Taillon): Non, celles qui émargeaient
là habituellement, comme la Fédération de l'âge
d'or... il y a certaines choses qui sont devenues traditionnelles. Il y a
OXFAM... Il y a presque toujours des cas d'espèce tout le long du
chemin, mais il y a certaines choses importantes. Jeunesse-Canada-Monde, c'est
établi depuis plusieurs années.
Une Voix: Le canot-kayak.
M. Lévesque (Taillon): Le canot-kayak, non c'était
une fois pour toutes.
M. Rivest: Le canot-kayak, le député de
Jonquière est au courant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, le
député de Jean-Talon aussi.
M. Lévesque (Taillon): Oui, c'était une chose
à ne pas manquer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'élément 4 du programme 3 serait adopté?
Adopté.
Aux fins de vérification, on m'a demandé de faire adopter
de nouveau...
M. Lévesque (Taillon): Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... tous
les programmes du Conseil exécutif. Le
programme 1 ? Adopté. Le programme 2? Adopté. Le programme
3? Adopté. Le programme 4? Adopté. Le programme 5? Adopté.
Le programme 6? Adopté. Le programme 7? Adopté. Le programme 8?
Adopté. Le programme 9? Adopté. Ceci met fin à nos
travaux. Je vous remercie beaucoup.
M. Lévesque (Taillon): Merci, messieurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés sine die.
Fin de la séance à minuit.