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Commission permanente de la présidence du
conseil,
de la constitution et des affaires
intergouvernementales
Etude des crédits du Conseil
exécutif
Séance du vendredi 7 juin 1974
(Dix heures cinquante-huit minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Il y a un changement ce matin parmi les membres de la commission.
M. Lachapelle remplace M. Bourassa (Mercier); M. Quenneville remplace M.
Côté (Matane); est-ce que du côté de l'Opposition il
y a des changements?
M. LESSARD: Les autres membres, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Les autres membres sont M. Beauregard, M.
Bossé, M. Brown, M. Charron, M. Harvey (Charlesbourg); M. Lacroix
(Iles-de-la-Madeleine); M. Levesque (Bonaventure); M. Malouin (Drummond); M.
Morin (Sauvé); M. Parent (Hull) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. LESSARD: Modification, M. le Président, du côté
de l'Opposition, il faut remplacer M. Charron par Lucien Lessard,
député de Saguenay.
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Lessard, député de Saguenay,
remplace M. Charron.
M. LEVESQUE: Et nous pourrons procéder à des changements
du côté...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'ils sont faits ces changements?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Du côté du gouvernement, M.
Lachapelle remplace M. Bourassa; M. Quenneville remplace M. Côté;
M. Massicotte remplace M. Parent (Hull); M. Caron remplace M. Harvey
(Charlesbourg); M. Brown est membre de la commission et M. Massicotte est
rapporteur de cette commission.
Nous étions rendus au programme 4, à la page 8-9,
Planification économique et régionale...
M. LESSARD: On n'est pas rendu là?
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... et coordination du développement
régional, tel qu'entendu hier soir.
M. LEVESQUE: M. le Président, il faudrait bien expliquer, pour
l'intelligence du journal des Débats, qu'on a convenu de deux choses.
Premièrement, pour les crédits du premier ministre qui font
partie des crédits du conseil exécutif, cela va de soi, je crois
que le premier ministre et le chef de l'Opposition ont convenu d'étudier
ces crédits mardi soir. Nous avons, à la fin de la séance
d'hier soir de cette commission, convenu, vu la présence des gens de
Rimouski, de l'ODEQ, d'étudier ce matin les crédits de l'ODEQ.
Cependant, depuis ce temps, il y a eu des représentations en ce sens
qu'on devrait plutôt commencer par des remarques d'ordre
général. Nous avons donc convenu que nous procéderions
jusqu'à midi moins le quart, c'est-à-dire 11 h 45, quitte
à y revenir dans une séance ultérieure.
Ce n'est pas pour brimer qui que ce soit, mais nous procéderions
aux discussions générales jusqu'à 11 h 45 et, à
partir de ce moment, nous entreprendrions l'étude des crédits
affectés à l'ODEQ, avec l'espoir d'en disposer ce matin.
Si c'est impossible, nos gens de Rimouski reviendront la semaine
prochaine.
M. le Président, nous sommes...
M. LESSARD: M. le Président, quelques remarques sur cette
entente. Disons que j'accepte la parole du ministre responsable de l'OPDQ qu'il
y a eu entente pour discuter d'abord de l'ODEQ. Ce que je trouve cependant
malheureux, c'est que je ne pense pas qu'on puisse terminer l'ODEQ ce matin.
D'autre part, ce que je trouve malheureux, c'est que, l'ODEQ étant un
programme à l'intérieur du programme global de l'OPDQ, il
m'aurait paru tout simplement normal d'abord qu'on discute de l'OPDQ. Mais, de
toute façon, M. le Président, je m'en remets, semble-t-il,
à l'entente plus ou moins explicite qui a été faite entre
le chef de l'Opposition officielle et le leader parlementaire du
gouvernement.
M. LEVESQUE: Je trouve ces remarques assez curieuses et même
insultantes pour le chef de l'Opposition qui est assis à
côté du député de Saguenay. Il m'a fait signe que
oui, tout à l'heure, à mesure que je parlais. Je ne pense pas que
j'aie...
M. MORIN: Je suis d'accord sur le compromis qu'a proposé le
ministre ce matin. Il semble qu'hier, dans le brouhaha, on ne se soit
peut-être pas compris aussi bien que je l'aurais souhaité. De
toute façon, il est logique de commencer à dire quelques mots de
la planification de l'OPDQ pour ensuite, à tout le moins, commencer nos
questions sur l'ODEQ.
Office de planification et de développement du
Québec
M. LEVESQUE: M. le Président, nous sommes heureux de
présenter les crédits de l'Office
de planification et de développement du Québec et cela
pour plusieurs raisons. D'abord, parce que l'office joue un rôle de plus
en plus important au Québec à la fois en matière de
planification et de développement et en regard de la consultation du
milieu, et ensuite, parce que l'office est de plus en plus présent dans
toutes les régions du Québec et y oeuvre dans le but d'utiliser
au maximum le potentiel de chacune des régions et de favoriser leur
développement.
Enfin, nous avons suivi de très près le travail fort
valable que réalise cet organisme. Le groupe ministériel de
l'office s'est réuni très régulièrement avec la
direction de l'office, presque chaque semaine.
Jusqu'ici, ce groupe, qui compte six ministres, a tenu 65
réunions. Cela témoigne de l'importance que nous attachons au
travail de cet organisme qui devient de plus en plus essentiel au gouvernement.
Nous aurons l'occasion de reparler de ce sujet dans quelques minutes.
Pour le moment, je voudrais vous situer les principales composantes du
budget de l'Office de planification et de développement du
Québec
Dans un second temps, je vous indiquerai les grandes orientations de
travail de cet organisme. D'abord, les composantes du budget de l'OPDQ. Le
budget de l'OPDQ s'établit à $184,316,800. Pour bien comprendre
ce budget, il importe d'abord de connaître les entités
administratives qu'il soutient, ensuite de faire une répartition de ce
budget, suivant les montants imputés dans les divers ministères
engagés dans la mise en oeuvre des ententes
fédérales-provinciales qu'administre l'office. Enfin, il
n'apparaît pas inutile d'indiquer l'évolution du budget
afférent aux ententes de développement au cours des quatre
dernières années.
En premier lieu, les entités administratives, d'abord
l'administration de l'OPDQ, $3,045,000. Ce montant couvre les effectifs:
traitements, honoraires, frais de voyages. Les dépenses
afférentes à l'administration, au loyer, aux fournitures, aux
approvisionnements et ainsi de suite. Les travaux de planification: $800,000.
Il s'agit des montants d'argent nécessaires à la
réalisation d'études spécifiques, certaines orientations
du développement du Québec et de ses régions, et
d'élaboration de dossiers précis de développement. Puis,
les subventions aux CRD, Conseils régionaux de développement:
$1,286,800. Des subventions de base qui sont versées aux CRD et pour le
financement de certains projets précis d'intervention des CRD. Dans ces
derniers cas, l'office consent des subventions dites de commandites. En ce
moment, doit s'ajouter une somme de $90,000 pour une subvention spéciale
à la Société de gestion de l'Est du Québec, projet
qui constitue une sorte d'expérience pilote dans cette
région.
Vient ensuite le Conseil de planification et de développement du
Québec. Le CPDQ recevra $296,700. Ce conseil regroupe l'ensemble des
grandes associations socio-économiques du Québec. Puis, le Bureau
d'aménagement et de gestion du complexe scientifique qui obtiendra un
budget de $160,000. Voilà pour les entités administratives.
Passons maintenant aux ententes de développement. ARDA:
$12,613,500; zones spéciales: $70,692,000; l'Est du Québec:
$48,516,300; l'entente-cadre qui fut signée récemment avec le
ministère de l'Expansion économique régionale dispose d'un
budget de $15,000,000 en 1974/75.
Puis le fonds d'intervention pour l'aménagement du bassin de la
Yamaska: $4,353,300. Enfin, une provision est instituée: $26,663,200. Au
moment où est complété le budget, de nombreux projets sont
encore en négociation. La provision de $26,663,200 comprend les budgets
pour ces projets. Elle permettra d'augmenter les crédits des ententes et
procure la marge de manoeuvre dont a besoin l'office pour administrer les
ententes qui lui sont confiées et réaliser ses propres
programmes.
Cette provision de $26,663,200 est ainsi composée: ARDA:
$386,500; zones spéciales: $3,130,000; entente-cadre: $20 millions; la
Yamaska: $3,146,700. L'ensemble des chiffres fournis précédemment
concerne les programmes 4, 5 et 7 du Conseil exécutif. Le programme 6,
relatif au placement d'étudiants: $625,000 et aux Initiatives locales:
$175,000, pourra être analysé avec le ministre qui en est
responsable, M. Robert Quenneville, au terme de l'analyse du budget de
l'office, ou au moment, évidemment où la commission le jugera
opportun.
Nous aurons l'occasion, au cours de la discussion
détaillée des crédits, de revenir sur chacun des points
développés. Comme vous pouvez le constater, le budget total de
l'OPDQ permet une foule d'interventions en matière de
développement régional, étant donné la
responsabilité de cet organisme en regard des ententes
fédérales-provinciales et en regard du développement
régional.
Les crédits nets au programmes 4, 5 et 7 totalisent $88,065,800.
Ces crédits nets qui impliquent un budget brut de quelque $184,300,000
n'engagent pas directement l'Office de planification et de développement
du Québec dans la mise en oeuvre des projets de développement qui
découlent des ententes négociées.
De façon générale, les ministères et les
municipalités sont les maîtres d'oeuvre de ces projets.
C'est ainsi que $88,221,400 des crédits de l'office sont
imputés aux ministères dans les rapports suivants: Affaires
culturelles, $3,392,000; Affaires municipales, $5,701,500; Affaires sociales
$4,434,300; Agriculture, $6,616,800; Communications, $220,000; Education,
$5,500,000; Fonction Publique, $210,000; Industrie et Commerce, $10,990,000;
Richesses naturelles, $6,419,900;
Terres et Forêts, $5,830,000; Tourisme, Chasse et Pêche,
$12,733,100; Transport, $25,923,800; Travail et Main-d'Oeuvre, $250,000.
Ce sont, évidemment, les ministères eux-mêmes qui
sont responsables de la dépense à l'égard des
crédits qui seront votés pour ces programmes de
développement que réalisent les ministères. L'office a les
responsabilités suivantes: Premièrement, apposer un visa de
conformité du projet réalisé par le ministère en
regard du projet négocié. Deuxièmement, suivre
l'évolution du projet et négocier les modifications requises.
Troisièmement, s'assurer de la réclamation et de la participation
du gouvernement fédéral afin de recevoir la contribution
prévue dans chacune des ententes.
Quant aux projets que mettent en oeuvre les municipalités, ils
sont supervisés techniquement par le ministère des Affaires
municipales, l'office assumant à l'égard de tels projets des
responsabilités analogues à celles assumées pour les
projets que réalisent les ministères. Enfin, la provision
inscrite au budget de l'office sera en majeure partie attribuée à
des maîtres d'oeuvre, ministères et municipalités, au fur
et à mesure que se préciseront les négociations. Une part
importante de cette provision servira à la conclusion d'ententes
auxiliaires de développement.
Si on le veut, nous passons maintenant au budget cumulatif des ententes
de développement. Pour ce qui concerne l'évolution des
différentes ententes de développement, elles auront permis des
dépenses totalisant plus de $630 millions au cours des cinq
dernières années, au terme du présent exercice financier.
Je me permets d'indiquer ici les dépenses prévues pour chaque
entente au terme de 1974/75 et ce pour les cinq dernières années.
ARDA, $52 millions; zones spéciales, $290 millions; entente de l'Est du
Québec, $260 millions; entente-cadres, $35 millions, soit un total de
$637 millions. Il est à noter que ce budget des ententes, qui se
chiffrait par $74,500,000 en 1970/71, atteint plus de $170 millions en 1974/75,
d'où l'évolution rapide de ce budget.
Vous me permettrez maintenant de toucher un peu les orientations de
travail de l'office. Essayons ensemble de tracer rapidement la trame
générale des travaux de l'office. Pour y parvenir, rappelons
d'abord les mandats de l'organisme. L'Office de planification et de
développement du Québec a trois mandats prioritaires à
remplir. Premièrement, celui de préparer des plans et de
préciser des programmes de développement. Deuxièmement,
celui de coordonner l'action de différents intervenants gouvernementaux,
particulièrement dans les régions du Québec.
Troisièmement, celui de concerter la population par
l'intermédiaire de deux types d'organismes: le Conseil de planification
et de développement du Québec et les CRD, soit les Conseils
régionaux de développement.
Comment l'office entend-il s'y prendre pour élaborer ses plans et
programmes de développement?
Pour bien comprendre comment se fait le travail en ce domaine, il est
sans doute intéressant de revenir rapidement sur le passé pour
mesurer le chemin parcouru.
Plusieurs parmi vous se rappellent sans doute les différentes
étapes franchies: d'abord, l'époque de 1960 à 1968, qui
fut riche en tentatives: tentative d'élaboration d'un plan à la
manière française de 1960 à 1963; tentative
d'élaboration d'une politique de développement régional,
en 1966; un comité fut constitué à cette fin. Il a tenu
plus de 20 réunions. Ce comité, qui comprenait d'ailleurs des
personnages comme MM. Claude Morin, Jacques Parizeau, n'a pas produit la
politique de développement régional attendue. On note aussi
l'expérience de l'Est du Québec, puis celle des
différentes missions de planification: Saguenay, Lac-Saint-Jean,
Abitibi-Témiscamingue, la région nord de Montréal, la
région de Sherbrooke et les schémas de plusieurs
agglomérations.
A l'occasion de la défense des crédits de l'office l'an
dernier, nous indiquions que l'office était à faire une
synthèse de tous ces documents régionaux. Cette première
synthèse fut soumise au Conseil de planification et de
développement du Québec et aux différents
ministères du Québec pour avis.
Nous devons recevoir un avis du conseil et des ministères vers le
mois de septembre. Il sera alors possible à l'office de compléter
son document et de rédiger une version plus adéquate d'un
document traitant de l'aménagement du territoire et du
développement économique du Québec. Ce document n'est
déjà pas si mauvais, d'ailleurs, le chef de l'Opposition,
à ma connaissance, s'est permis de le citer il y a peu de temps. Il
faudra confronter ce document avec la vision des groupes
socio-économiques du milieu et les ministères qui ont des visions
sectorielles des choses pour le compléter.
Il ne faut pas chercher dans ce document des programmes précis
d'intervention. Il ne faut pas y chercher de politique précise
concernant le développement des régions. Ce document postulant un
développement accéléré du Québec tente
plutôt de préciser ses implications sur l'aménagement du
territoire. Il ne faut pas, dans l'état actuel de ce document, y
chercher des programmes précis d'intervention dans des régions.
Ce document dégage les interrelations entre régions. Ce document
ne dégage aucune vision intrarégionale du
développement.
Pour l'OPDQ, ce document révisé permettra: une analyse des
programmes des ministères dans le but de dégager les
priorités d'intervention gouvernementale. Cela s'exprimera par un avis
d'orientation budgétaire que l'office présentera chaque
année au conseil des ministres, dans le cadre de la préparation
de l'allocation interprogramme du cycle budgétaire du Québec;
l'éclairage général permettant de préciser les
objectifs de développement pour chacune des régions du
Québec. Dans le prolongement de cet effort, l'office amorce la
préparation de schémas de développement et
d'aménagement pour chacune des régions du Québec. Ces
schémas seront remis à jour à tous les trois ans au sein
d'un processus permanent de planification.
Le document permettra également l'identification de dossiers
prioritaires de développement qui commandent un effort budgétaire
particulier que prendra à sa charge le Québec ou encore qui
pourront faire l'objet d'ententes auxiliaires de développement.
Voyons maintenant comment est réalisée la coordination des
dossiers de développement. Je distinguerai, à cet égard,
trois types de préoccupation: celle relative aux ententes actuelles que
l'OPDQ administre, celle relative à l'entente-cadre de
développement et celle qui implique une intervention spéciale au
budget du Québec.
Les ententes actuelles:
Comme nous l'avons signalé au début de cet exposé,
l'OPDQ administre, depuis quelques années, trois ententes
fédérales-provinciales de développement: l'ARDA, l'Est du
Québec, les zones spéciales.
Il s'agit d'ententes qui se termineront cette année, en ce qui
concerne les zones spéciales, et l'an prochain, en ce qui concerne TARDA
et l'Est du Québec.
Pour l'entente ARDA, les interventions du développement sont
concentrées dans les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean et du
Nord-Ouest québécois où l'on réalise un plan de
développement intégré des ressources pour un montant total
d'environ $60 millions entre 1971 et 1976.
En ce qui concerne l'entente sur les zones spéciales, qui permet
la mise en oeuvre de projets d'infrastructure dans des zones urbaines aux
prises avec des problèmes de forte croissance ou des problèmes de
stagnation, nous retrouvons les actions dans la zone de Sept-Iles-Port-Cartier,
la région métropolitaine de Québec, la région
urbaine de Trois-Rivières, Shawinigan, Grand-Mère et la
région du nouvel aéroport international de Montréal.
Enfin, l'entente de l'Est permet une intervention globale dans la
région de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent et des
Iles-de-la-Madeleine.
Il est bien évident que ces ententes ont eu des effets
bénéfiques au niveau des régions qu'elles concernent.
Cependant, le choix des projets devait se faire à l'intérieur de
limites territoriales précises et ce choix touchait à de
très nombreux secteurs.
L'entente-cadre signée récemment fait disparaître
ces restrictions. Cette entente permet d'intervenir où sont
identifiées des possibilités réelles de
développement et on entend agir sur des projets très
significatifs. L'office doit assurer la concrétisation de cette nouvelle
entente. Il doit coordonner la programmation, la négociation et
l'administration d'ententes auxiliaires qui découleront de la signature
de l'entente-ca-dre.
Vous me permettrez, à ce stade-ci, de vous résumer
brièvement le sens de cette entente-cadre. Le gouvernement du
Québec a défini cinq objectifs qui serviront de guide au choix de
dossiers prioritaires de développement, finançables à
l'intérieur de cette entente.
Le gouvernement fédéral, par l'intermédiaire du
ministère de l'Expansion économique régionale, a
accepté ces objectifs qui sont les suivants: premièrement,
stimuler la création d'emplois productifs et consolider les emplois des
secteurs traditionnels; deuxièmement, augmenter le niveau de vie;
troisièmement, renforcer la structure industrielle et urbaine du
Québec et favoriser le développement optimal de ses
différentes régions; quatrièmement, susciter une
participation accrue des Québécois à leur propre
développement; cinquièmement, favoriser un meilleur
équilibre dans le développement du Québec par rapport aux
différentes régions du Canada.
L'annexe A de cette entente contient les éléments de
stratégie qui éclaireront le choix de dossiers-moteurs de
développement. Ces éléments sont révisables chaque
année. L'entente-cadre permet d'intervenir dans toutes les
régions du Québec en même temps. On entend concentrer nos
efforts dans un certain nombre de dossiers moteurs de développement,
jugés prioritaires par le Québec. C'est l'OPDQ qui est
chargé de la coordination de l'action concernant cette entente.
Enfin, je voudrais vous indiquer le style de travail de l'office
concernant la coordination d'action de développement à être
financée par les budgets réguliers du Québec. Cette
coordination se fait, au palier central, par la réunion des
sous-ministres ou de leurs adjoints, et au niveau régional où
l'OPDQ préside les conférences administratives régionales
qui regroupent les directeurs régionaux des différents
ministères. Cette formule sera généralisée dans
toutes les régions du Québec, à l'exception des
régions de Québec et de Montréal où il nous faut
faire appel à des mécanismes plus particularisés de
coordination de l'action des ministères.
Voilà, sommairement résumées, les actions de
coordination de l'office. Nous aurons l'occasion, dans l'examen
détaillé des crédits, de donner des illustrations dans ce
sens.
Maintenant, M. le Président, l'office et ses organismes
consultatifs. Pour faire son travail de planification et de coordination,
l'office a besoin de consulter différents milieux. Pour ce faire,
l'office peut recourir au CPDQ qui est l'organisme consultatif
privilégié de l'OPDQ. A titre d'illustration, et ceci est
beaucoup plus détaillé dans le rapport annuel de cet organisme,
le Conseil de planification et de développement du Québec nous a
fait parvenir plusieurs avis, à ce jour, sur des problèmes
jugés importants. C'est ainsi que nous avons reçu des avis
concernant la mise en valeur des investisse-
ments privés et publics, concernant la construction du nouveal
aéroport international de Montréal, le développement de
l'industrie de l'agro-alimentation et le régime des eaux, la
construction d'un pipe-line pour approvisionner l'Est du Québec en
pétrole brut canadien, une étude sur le développement
touristique au Québec, et ainsi de suite.
Il s'agit là d'un organisme très sérieux et auquel
nous attachons beaucoup d'importance. Ses règlements
généraux prévoient qu'il soumet un rapport annuel au
ministre responsable pour dépôt devant l'Assemblée
nationale. Il vous sera prochainement donné de prendre connaissance du
premier rapport du CPDQ.
D'autre part, l'office subventionne, pour des fins de consultation et de
participation du milieu régional, les conseils régionaux de
développement. Il ne s'agit pas là d'un phénomène
récent. On sait que, dès 1945, un premier conseil
économique était fondé dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. En 1956, ce fut au tour de la région du
Bas-Saint-Laurent puis, en 1962, d'autres conseils économiques
apparaissent. En 1968, on en comptait jusqu'à 16 dans tout le
Québec. En 1970, l'OPDQ élaborait des grandes lignes d'une
politique à l'égard des CRD. L'office demanda à ces
organismes de s'incorporer, en vertu de la troisième partie de la Loi
des compagnies, leur fournit un certain nombre de normes d'accréditation
pour ce qui concerne le regroupement des forces du milieu et les territoires
qu'il pourrait couvrir.
Les CRD ont donc une double dimension: d'abord, promouvoir le
développement socio-économique de leur région en
regroupant les corps publics et privés et les différentes
associations intéressées au problème de
développement de la région, puis fournir à l'office des
avis sur des programmes régionaux de planification et de
développement.
Pour accomplir leur travail, l'office leur remet une subvention de base
de façon à leur assurer les services essentiels de
secrétariat. Il est bien sûr normal, pour assurer leur autonomie,
que les CRD perçoivent des cotisations régionales de la part de
la population.
Il nous apparaît aussi important que ces mêmes organismes
puissent être les plus représentatifs possible de l'ensemble des
milieux régionaux.
Voilà donc, en ces très grandes lignes, le sens du travail
de l'Office de planification et de développement du Québec. Il ne
s'agit pas là d'une oeuvre facile. Dans tous les pays du monde, les
organismes de planification ont à travailler sur des matières
mouvantes, et font appel à des techniques dites de prévisions qui
comportent leurs aléas. Cependant, il nous apparaît, par rapport
aux années passées, que l'OPDQ a franchi un cap significatif dans
son évolution.
D'autre part, le travail d'un tel organisme est essentiel à
l'activité gouvernementale tant au plan de la planification que de la
coordination et de la consultation. Vous savez qu'il existait, l'an dernier,
deux groupes ministériels, l'un dit groupe ministériel des
affaires économiques et l'autre dit groupe de planification et de
développement.
Pour bien montrer l'importance que nous attachons au
développement économique et à ses incidences
régionales, nous avons décidé de regrouper au sein d'un
même groupe ministériel les deux équipes.
Dorénamant, nous aurons donc le groupe ministériel des affaires
économiques et du développement régional, composé
de onze ministres, groupe dont j'assumerai la présidence et dont MM. Guy
Saint-Pierre et Bernard Lachapelle assumeront la vice-présidence.
Le président de l'OPDQ est le secrétaire de ce nouveau
groupe ministériel des affaires économiques et du
développement régional.
Par ailleurs, nous maintiendrons un groupe administratif qui est
composé du ministre responsable de l'office et des deux ministres
d'Etat, MM. Robert Quenneville et Bernard Lachapelle.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, discuter des crédits du
Conseil exécutif, c'est d'abord, comme l'expliquait tout à
l'heure le leader parlementaire, discuter de la planification puisqu'un montant
de plus de $180 millions est prévu à ce programme sur un budget
total, comme on le disait, d'environ $180 millions et plus...
C'est pourquoi les quelques idées générales que je
donnerai au début de l'étude de ces crédits porteront
d'abord sur l'Office de planification et de développement
économique du Québec.
Si on excepte quelques esprits retardés, dont nous subissons
quelquefois les élucubrations à l'Assemblée nationale,
à peu près personne aujourd'hui ne refuse la
responsabilité grandissante de l'Etat dans l'activité
économique et sociale du Québec, comme d'ailleurs dans d'autres
pays.
Chacun reconnaît aujourd'hui que l'Etat est responsable de
l'évolution économique, qu'il lui appartient de lutter contre les
crises et le sous-emploi, d'orienter, de stimuler et de coordonner les efforts
en vue de l'expansion et du progrès économique et social
commun.
Chacun reconnaît aussi que partout où des ressources, tant
économiques qu'humaines, ne sont pas illimitées, il importe que
ces ressources soient utilisées de la façon la plus rationnelle
possible et de la façon la plus efficace possible pour l'ensemble des
citoyens du Québec, et aussi, M. le Président, pour l'ensemble de
l'aménagement global du territoire québécois. Autrement
dit, les responsabilités de plus en plus grandissantes de l'Etat ou
l'élargissement des tâches traditionnelles de l'Etat supposent que
nous acceptions le principe que les inter-
ventions ne peuvent plus faire l'objet de décisions successives
et parcellaires au hasard des besoins ou des circonstances. Comme d'ailleurs
je le cite le souligne M. Pierre Mendès France dans la
République moderne: "Ces interventions doivent constituer un ensemble
cohérent dont les différentes parties, au lieu de se contrarier
ou de se neutraliser, comme c'est souvent le cas, se renforcent, se
complètent, se soutiennent les unes les autres. Cet ensemble, c'est le
plan".
Une autre remarque qui m'apparaît importante, c'est qu'au
Québec comme ailleurs, il y a une modification des mentalités. Il
faudrait, je pense, être ou aveugle ou imbécile pour ne pas
constater une modification importante dans l'esprit des populations du
Québec. La démocratie traditionnelle, c'est-à-dire la
délégation par le peuple de sa souveraineté politique
entre les mains de représentants élus tout le moins à tous
les quatre ans, est non seulement un style de démocratie
inférieure, mais elle ne peut plus être acceptée par une
population qui est de plus en plus éveillée et qui a compris que
toute décision de l'Etat a des conséquences ou néfastes ou
heureuses, à la fois sur sa vie présente comme sur sa vie
future.
L'expérience, même au Québec, nous démontre
de plus en plus que les populations veulent participer de plus en plus aux
grandes décisions de l'Etat ou, du moins, en comprendre le processus, en
comprendre les objectifs. Les citoyens ne veulent plus n'être que des
machines à voter, comme ç'a été malheureusement le
cas dans le passé. Ils veulent maintenant participer à ces
décisions.
Je voudrais simplement citer, comme exemple, Cabano, Sacré-Coeur,
Marsoui, Mont-Brun, dernièrement, toute la discussion autour de l'usine
de Tembec dans le Témiscamingue, comme toutes les opérations
Dignité dans l'Est du Québec. Ceci nous démontre bien
clairement que le style de démocratie politique traditionnelle ne peut,
actuellement en tout cas, plus correspondre aux aspirations de la population.
Ces expériences nous prouvent que les Québécois veulent
non seulement participer à la nomination de leurs élus, mais
aussi aux décisions économiques.
Si on a assisté, par exemple, dans le passé, à une
démocratisation politique lorsqu'on a accordé le suffrage
universel au cours du XIXe siècle, je pense que de plus en plus les
citoyens vont exiger une démocratisation économique,
c'est-à-dire une participation aux décisions économiques
qui se fait malheureusement trop souvent au niveau du gouvernement comme tel,
des têtes dirigeantes du gouvernement, une démocratisation
économique où le citoyen voudra de plus en plus assumer son
développement. La participation des citoyens aux grandes
décisions politiques et économiques est donc une valeur
essentielle à cette nouvelle démocratie. Mais elle ne doit pas
être fictive. On s'est malheureusement, dans le passé, trop
gargarisé avec le terme de planification alors qu'on fait très
peu d'efforts pour pouvoir faire de la véritable planification.
Donc, cette participation ne peut être fictive mais réelle,
si on ne veut pas décourager le citoyen ou du moins le
démoraliser dans son action. Je crois, malheureusement, que
l'expérience de planification en Gaspésie, dans les programmes
que nous connaissons, nous a amenés à ce résultat, et nous
aurons l'occasion d'en discuter, et nous avons eu l'occasion aussi de
vérifier le mécontentement de ces populations, en particulier, le
3 juin 1973, lors de la déposition du manifeste de Matane.
M. LEVESQUE: Cela a été confirmé le 29 octobre
1973...
M. LESSARD: II y a une différence entre...
M. LEVESQUE: ... avec plus de 70 p.c. des votes pour le Parti
libéral.
M. LESSARD: C'est ce qui m'amène...
M. QUENNEVILLE: 76 p.c.
UNE VOIX: Où prenez-vous la différence?
M. LEVESQUE: ... avec 76 p.c. des votes et 100 p.c. des
comtés.
M. BOSSE: Sans parler des élections scolaire' qui ont eu lieu
dans la province...
M. LESSARD: Ah! Le député...
M. BOSSE: ... la participation aux élections scolaires...
M. LESSARD: ... est présent...
r
M. BOSSE: ... à parler aussi de la participation au niveau des
élections des hôpitaux...
M. LESSARD: ... à titre d'adjoint parlementaire. Le
député de Dorion est enfin présent à
l'Assemblée nationale.
M. BOSSE: Quand il est présent, je suis certain que cela vous
fait plaisir.
M. LESSARD: Cela nous fait plaisir... M. BOSSE: Je suis bien
certain.
M. LESSARD: ... de vous voir. On vous salue.
M. SAMSON: Venez nous voir plus souvent. LE PRESIDENT (M. Pilote): A
l'ordre! M. BOSSE: N'insistez pas trop là-dessus. LE PRESIDENT (M.
Pilote): Est-ce que vous
voulez vous en tenir au débat, messieurs, les crédits du
Conseil exécutif?
M. BOSSE: J'étais présent le 29 octobre. UNE VOIX:
Lévesque était absent.
M. LESSARD: Les citoyens se sont trompés parce qu'ils pensaient
envoyer un...
M. BOSSE: Avec vous autres, les citoyens se trompent tout le temps et
ils se trompent en quantité aussi.
M. LESSARD: ... député à l'Assemblée
nationale.
M. BOSSE: Ils ont un député aussi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre, messieurs! L'honorable
député de Saguenay.
M. LESSARD: J'ai encore la parole, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui.
M. LESSARD: C'est ce qui m'amène à parler un peu de
l'élaboration du plan et du dernier rapport de l'Office de planification
et de développement du Québec sur les orientations du
développement du Québec. Je pense que tous nous sommes d'accord
pour affirmer qu'une poignée d'hommes, comme l'affirme d'ailleurs encore
une fois M. Mendès France, fussent-ils riches de toutes les sciences
économiques du monde, parfaitement informés et munis des
statistiques les plus détaillées et les plus exactes, ce qui
n'est pas toujours le cas, ne peut décider de tout. Quant à la
population, elle a pris le goût de la liberté, elle a besoin de
comprendre, de participer au choix. Il ne lui suffit pas de voir
s'améliorer progressivement son sort, elle veut contribuer sciemment
à une action collective dont elle connaît les fins, dont elle a le
mérite et dont elle aura les profits.
Malheureusement, je ne pense pas, M. le Président, que ce fut, en
tout cas, encore le cas en ce qui concerne le fameux document dont parlait tout
à l'heure le ministre responsable de l'Office de planification
économique du Québec. Je suis d'accord que les objectifs globaux
de la planification doivent être déterminés par des
techniciens qui possèdent un certain nombre d'informations que la
population ne possède pas, dans la plupart des cas. Cependant, je pense
que ce rapport, contrairement à ce qui a été le cas depuis
quelque temps, ne doit pas être discuté en cachette,
discuté en petits groupes, mais ce rapport devrait, dans les prochains
mois, être discuté par l'ensemble de la population du
Québec et, en particulier, être discuté par les élus
de la population, c'est-à-dire les députés.
Je dois dire au ministre responsable de l'Office de planification et de
développement économique que j'ai ce rapport en main, que je l'ai
eu. Mais j'aurais aimé, même s'il s'agit d'un rapport
préliminaire, que tous les députés comme tous les
organismes et les corps intermédiaires puissent avoir copie de ce
rapport afin qu'il soit discuté par l'ensemble de la population. Comme
on l'indique, ce rapport est une version préliminaire qui va
peut-être conduire à un rapport plus complet. Ce rapport
préliminaire devait faire l'objet de discussions au niveau, je pense,
des principaux CRD du Québec. Mais, lorsque nous lisons l'entente
Canada-Québec, nous constatons que cette entente a été
négociée à partir de ce rapport. Le ministre vient
aujourd'hui nous parler de consultation a posteriori. On négocie des
ententes-cadres, à partir d'un rapport qui est préparé par
l'Office de planification et de développement économique du
Québec. On crée une illusion de consultation auprès des
organismes privilégiés dans la planification économique,
mais, pendant ce temps, avant que la consultation ait lieu, avant que des
recommandations soient présentées, on signe l'entente-cadre et,
quand on prend connaissance du rapport et quand on prend connaissance de
l'entente-cadre, on constate que, dans la grande partie, cela correspond aux
lignes directrices qui sont précisées dans la version
préliminaire de l'Office de planification et de développement
économique du Québec.
M. le Président, ce n'est pas cela, à mon sens, de la
consultation. C'est de la frime tout simplement. Si on continue comme cela, non
seulement et passez-moi le terme, M. le Président, mais cela
correspond bien à la réalité on va écoeurer
toute la population sur la planification économique, mais on va
décourager et cela commence à être le cas
tous les organismes qui sont des organismes privilégiés de
consultation auprès de l'Office de planification et de
développement économique du Québec, soit les CRD.
M. le Président, quelles que soient les connaissances techniques
des grands techniciens de l'Etat, je pense que, puisque l'élaboration
d'un plan, puisque l'application du plan, demande l'union des forces de
l'ensemble d'une population donnée comme de l'ensemble des corps
intermédiaires du Québec, je pense que, d'abord, la
première chose que nous devons faire lorsque nous avons
déterminé des objectifs globaux, ces objectifs doivent être
discutés par les élus de la population, comme ils doivent
être discutés par les organismes privilégiés de
cette consultation, soit les CRD, et comme ils doivent aussi être
discutés par les corps intermédiaires de l'ensemble de la
population.
M. le Président, le ministre nous disait tout à l'heure
qu'au cours de la période de 1963, il a été
extrêmement difficile d'établir un plan global économique
du Québec. Je me rappelle, et malheureusement je n'ai pas le document,
que déjà en 1962 le ministre nous a parlé de
Jacques Parizeau et de Claude Morin M.
Parenteau, qui était président du Conseil d'orientation
économique, déclarait qu'il est extrêmement difficile de
planifier au Québec parce que nous n'avons pas les instruments pour le
faire, et on connaît ces instruments, soit les instruments
économiques, les instruments de la fiscalité, qui sont
ailleurs.
M. le Président, planifier, cela veut dire non seulement le
vouloir, mais cela veut dire avoir les pouvoirs de le faire. C'est encore
Maurice Duverger qui souligne que, dans un Etat faible, la planification
démocratique n'est pas possible. A supposer qu'on parvienne à
définir des objectifs conformes à l'intérêt
général, on n'aura pas les moyens de les atteindre. Dans un Etat
faible, le secteur public lui-même n'est qu'un agglomérat de
services et d'entreprises qui poursuivent chacun son but propre, sans
orientation globale. L'appareil mixte de production subit essentiellement
l'influence des éléments capitalistes parce que le gouvernement
ne peut pas faire sentir la sienne. A régime faible planification
faussée. D'ailleurs, dans le document qui est soumis par l'Office de
planification et de développement du Québec concernant les
orientations du développement du Québec, on souligne encore,
quoique de façon un peu plus mitigée, cette difficulté,
à la page 24 de ce document. Donc, planifier, M. le Président,
cela prend des pouvoirs et malheureusement je ne pense pas que nous ayons
encore ces pouvoirs au Québec.
Le ministre nous parle aussi de sommes considérables qui, en
1974/75, par suite de l'accumulation des années depuis 1968, seront
dépensées dans la planification. Le problème qui se pose
et que nous aurons l'occasion de discuter, c'est: Est-ce qu'il s'agit de
l'argent neuf ou s'il s'agit simplement de programmes normaux, comme, de toute
façon, cela a été le cas malheureusement depuis la
naissance de l'ODEQ, comme cela a été le cas malheureusement la
plupart du temps dans la région de l'Est du Québec? Planifier,
c'est faire un effort, non pas seulement faire un effort là où,
de toute façon, l'industrie se centralise comme c'est le cas pour les
régions de Montréal et même les régions de
Québec, mais plus particulièrement dans la région de
Montréal; planifier, c'est faire un effort d'aménagement du
territoire global du Québec, comme on en parle. On lit, par exemple,
dans la revue Développement Québec, le numéro du 5 janvier
1974, ceci: D'un côté, le Conseil des sciences du Canada
suggère d'éviter l'éparpillement de l'industrie
manufacturière au Canada à cause de la concurrence
extérieure et préconise plutôt le développement des
activités du secteur primaire et des services dans les régions
défavorisées, soit les activités les moins dynamiques
cela, c'est du développement économique des régions
défavorisées leur laisser les matières
premières, leur laisser faire de ces régions des
réservoirs de matière première et aller transformer le
produit ailleurs. D'autre part, le ministère de l'Expansion
économique régionale refuse de s'associer et de fa- ciliter la
mise sur pied d'une entreprise qui, avec sa production, viendrait en conflit
avec une entreprise située ailleurs au pays. Or, une telle politique
tend à encourager les centres les plus développés, qui
sont mieux équipés pour innover. Pourtant, M. le
Président, c'est là un document officiel de l'Office de
planification et de développement économique du
Québec.
Face à de telles conceptions, je dirais, "aussi contradictoires",
il ne reste à peu près pas de domaine où la région
défavorisée peut espérer percer. "En définitive
lit-on encore dans cette revue il faut une décision
volontaire de l'Etat pour mettre vraiment en valeur un centre d'accueil comme
Québec". Justement ce document, qui est le document de la firme La Haye
et Pluran, concernait la région économique du Québec. Il
faut une intervention massive qui soit de nature à contrebalancer dans
des activités bien définies l'effet d'attraction des centres
développés. A défaut de quoi, les projets de subsides dans
le cadre de l'entente Canada-Québec auront une portée très
limitée.
Pourtant, nous trouvons à peu près le même
problème soulevé dans un document qui provient encore de l'Office
de planification et de développement du Québec, soit les
orientations du travail de l'OPDQ. Dans ce document, l'OPDQ parle de deux
avenues qui méritent d'être analysées et qui peuvent
influencer de façon essentielle les activités de cet office.
D'abord, la nécessité de préparer un plan
d'aménagement de l'espace global, c'est ce qui semble avoir
été fait dans la version préliminaire du document dont
j'ai parlé tout à l'heure. Mais aussi la nécessité
de dégager de façon plus explicite, une masse budgétaire
québécoise identifiée clairement à des
opérations plus larges que le cadre ministériel traditionnel en
matière de grands travaux d'aménagement de l'espace
québécois. Cela revient à ce qu'on disait tout à
l'heure, c'est que si on veut véritablement, dans les régions
périphériques, faire de la planification, ce n'est pas un
utilisant strictement les montants qui sont, de toute façon,
prévus par ces ministères, tant les ministères
fédéraux que les ministères provinciaux, mais c'est en
utilisant une masse monétaire supérieure, nouvelle pour permettre
à ces régions de pouvoir se développer.
Or, nous constatons, quand nous prenons connaissance d'un document qui
démontre, de 1970 à 1972, les dépenses d'immobilisation en
millions de dollars dans les régions, ceci: Dans la région de la
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, le gouvernement du Québec, les
entreprises publiques et parapubliques ont dépensé $280 millions,
soit 8 p.c. du budget total du Québec; le gouvernement
fédéral et les entreprises publiques et parapubliques: 19.8 p.c,
soit 4.4 p.c. du budget du Québec, pour une population de 3.8 p.c. Cela
veut dire que, si on fait une moyenne entre les dépenses du gouvernement
fédéral et les dépenses du gouvernement provincial, nous
arrivons à 6.2 p.c. C'est la seule région où il y a eu
véritablement un effort de
développement économique. Je pense que c'est un effort qui
est assez limité. Dans la région de Saguenay-Lac-Saint-Jean, le
gouvernement du Québec: 4.5 p.c. de ses dépenses et le
gouvernement fédéral: 1.4 p.c. pour une population de 4.5
p.c.
Donc, encore là, si on fait une moyenne entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement provincial, non seulement nous
constatons des dépenses qui correspondent au pourcentage de population,
mais nous constatons des dépenses inférieures au pourcentage de
la population. La seule région je pourrais continuer, comme le
soulignait le chef parlementaire, lors du discours du budget où
il y a eu, semble-t-il, un effort, ç'a été dans la
région de la Côte-Nord, où il y a eu des dépenses du
gouvernement du Québec de 13.5 p.c. du budget total par rapport à
des dépenses du gouvernement fédéral de 1.4 p.c, pour une
population de 1.6 p.c. Mais il faut ajouter que c'est suite aux travaux de la
Manic, je comprends que cela a donné de l'emploi, mais de l'emploi
très temporaire.
On ne peut ' pas faire fonctionner une région strictement en se
basant sur le développement comme tel d'énergie
électrique.
D'autres choses, M. le Président, et je termine. J'en aurais
d'autres, M. le leader parlementaire, on y reviendra. Je termine sur ceci. Je
trouve quand même assez contradictoires, je comprends que c'est une
version préliminaire, les orientations qui sont
déterminées par le document de l'OPDQ, concernant
l'aménagement du territoire et le développement économique
qui semble justement se baser sur des dossiers moteurs et un autre document de
l'Office de planification et de développement économique qui
s'intitule: Les orientations de travail de l'OPDQ.
Je vous donne tout simplement un résumé de ce dernier
document: II se dégage que, dorénavant, l'action de l'office
s'inscrit formellement dans le circuit décisionnel normal de
l'administration gouvernementale, qu'il abandonne l'approche ponctuelle et
revalorise sa fonction d'élaboration de plan de développement et
d'aménagement. Que les schémas d'ensemble, les schémas
régionaux et les programmations régionales constituent les
productions prioritaires de l'OPDQ pour 1974-1976.
Si je comprends bien, M. le Président, quand on écrit
qu'on délaisse l'approche ponctuelle, il me semble que cela va un peu
à l'encontre de ce qui est proposé dans le plan de
l'aménagement du territoire du développement économique
qui, lui, justement, se base sur des dossiers moteurs.
Alors, M. le Président, nous aurons, de toute façon,
l'occasion de discuter du document. Nous aurons l'occasion de discuter
et cela je pense que c'est important, le leader parlementaire ou le ministre
responsable de l'OPDQ en a parlé des structures de coordination
et des structures de consultation, soit les CRD, le
CRDAQ et l'Office de planification et de développement du
Québec et, aussi, le comité interministériel.
Je pense, M. le Président, jusqu'ici, en tout cas, que ce n'est
pas de la planification que nous avons faite au Québec, nous
dépensons. J'espère que le ministre va nous prouver que nous
n'avons pas raison. Ce que nous faisons, c'est que nous créons comme
cela a été le cas dans l'Est du Québec, de grosses
ballounes, nous dépensons strictement des sommes d'argent qui seraient
dépensées. Nous tentons cependant et ce, tant mieux, d'avoir une
meilleure coordination entre les ministères. Cette
planification-là... mais je pose la question nous en discuterons
au programme 5-2 à savoir quels sont les pouvoirs que l'OPDQ peut
avoir pour planifier des pouvoirs réels, pour planifier ses
dépenses, de façon qu'elles s'inscrivent à
l'intérieur d'un plan global d'aménagement, d'un plan global de
développement économique du Québec.
Voilà, M. le Président, très brièvement,
certaines remarques que j'ai pu faire et j'aurais d'autres choses, mais nous
aurons l'occasion d'en discuter lorsque nous arriverons au plan.
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais simplement souligner
que j'apprécie l'intérêt du député de
Saguenay envers l'Office de planification et de développement du
Québec et ses activités. J'aurais aimé pouvoir
immédiatement, et mes collègues de la commission, sans doute,
auraient éprouvé le même désir... Tout ce que je
puis dire à ce moment-ci, c'est que dans la déclaration
préliminaire du député de Saguenay, il y aurait là
des choses qui méritent d'être soulignées, d'autres
corrigées et d'autres, simplement démenties, parce qu'elles ne
correspondent pas du tout aux faits.
Nous aurons l'occasion mardi, d'y revenir, mais comme nous avions
convenu de passer à l'ODEQ, je vais suggérer que nous permettions
au Dr Quenneville, le ministre d'Etat à l'OPDQ, le ministre responsable
de l'ODEQ, député de Joliette, d'entreprendre un dialogue,
j'espère avec les autres membres de la commission.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Avant que M. Lévesque nous quitte, je
voudrais mentionner que M. Harvey (Dubuc) remplace M. Lévesque.
Le ministre Quenneville.
M. QUENNEVILLE: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Seulement une question au ministre. Je vois que le ministre a
une déclaration préliminaire à faire. Est-ce que le
ministre aurait une copie pour les membres de la commission?
M. QUENNEVILLE: Cela va faciliter...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Vos voeux sont exaucés.
M. SAMSON: Quand on demande des choses raisonnables.
M. QUENNEVILLE: Notre affaire est planifiée.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le ministre Quenneville.
Office de développement de l'Est du
Québec
M. QUENNEVILLE: M. le Président, l'an dernier, devant cette
même commission, j'avais brossé un bilan succinct des principales
réalisations de l'entente Canada-Québec pour le
développement du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des
Iles-de-la-Madeleine depuis 1968.
Cette année, avant d'aborder le budget 1974/75, je vais tenter de
résumer les faits saillants de l'année budgétaire qui
s'est terminée le 31 mars dernier, date à laquelle les
dépenses depuis 1968 totalisent environ $285,400,000.
Il importe de se rappeler que 1973/74 représentait pour l'ODEQ la
première tranche du budget triennal préparé l'an dernier,
suite à un exercice de révision des programmes de l'entente dont
l'objectif était d'optimaliser l'utilisation des soldes au cours de la
période 1973-1976.
Si l'on fait exception de quelques retards dus à des
circonstances hors du contrôle de l'ODEQ, le projet de cartonnerie de
Cabano, par exemple, le rythme d'exécution des programmes a
été relativement conforme à l'échéancier
prévu dans le budget triennal.
Maintenant, pour ce qui est du bilan des opérations de cette
première tranche du budget triennal, je doute fort qu'il serait de
l'intérêt des membres de cette commission que je leur
précise le déroulement de chacun des 105 projets en cours dans
l'Est du Québec. Les dépenses de 1973/74 totalisent environ
$66,400,000 dont $13,400,000 de projets fédéraux et $53 millions
de projets partageables sous la maîtrise d'oeuvre du Québec.
Je m'en tiendrai donc aux grandes lignes de chacun des secteurs
d'intervention de l'entente, d'autant plus qu'il s'agissait, en 1973/74, tout
comme pour les deux prochaines années, de poursuivre l'exécution
de programmes amorcés au cours des années antérieures.
Dans le secteur agricole, environ $2,200,000 ont été
consacrés au réaménagement foncier, à
l'amélioration de la gestion agricole, au développement de la
production, à la recherche et, finalement, à la rationalisation
du secondaire agricole. Ces dépenses portent à plus de
$13,300,000 la contribution de l'entente aux programmes d'aménagement et
de développement agricole depuis 1968.
Dans le secteur forestier, $3,200,000 ont été
affectés à l'aménagement forestier, au rachat des
seigneuries et de droits de concessionnaires, à la restauration
forestière et au reboisement. Depuis 1968, la contribution de l'entente
au chapitre des forêts a été de plus de $22,400,000.
Dans le secteur des pêcheries, $2 millions ont été
investis dans le développement de centres de pêche, dans la
diversification de la pêche côtière, dans la promotion des
produits de la mer et dans la construction de navires de pêche. Au terme
de cette sixième année d'opération, les dépenses
dans le domaine des pêches maritimes se chiffrent à plus de $9.2
millions.
Dans le secteur des mines, environ $1 million auront servi à
terminer la route de ceinture des monts McGerrigle et à poursuivre le
programme d'exploration minière. Depuis 1968, quelque $10.6 millions ont
été consacrés à ces activités.
Dans le secteur du tourisme, des loisirs et des aménagements
culturels, plus de $7.5 millions ont servi à poursuivre les programmes
suivants: $1.9 million, par le fédéral pour le parc Forillon, et
$5.6 millions partageables pour la mise en place d'infrastructures touristiques
et d'équipements de loisir, l'aménagement de rivières et,
finalement, la mise en place d'aménagements touristiques culturels. Ces
dépenses portent à $27.1 millions les sommes investies à
ce chapitre depuis 1968.
Dans le secteur des affaires, quelque $2.2 millions ont
été investis dans l'auto-développement des entreprises de
la région, dans des activités complémentaires à
l'implantation d'entreprises, dans l'aménagement de parcs industriels et
dans la poursuite du programme de développement des métiers
d'art.
De 1971 à 1974, l'entente aura donc consacré près
de $5 millions pour promouvoir le développement des affaires dans l'Est
du Québec.
Dans le secteur de l'aménagement urbain, plus de $4.6 millions
ont été consacrés à la rationalisation de la
structure urbaine, à la mise en place d'infrastructures urbaines dans
les centres désignés du territoire, et, finalement, à
l'aide à la construction d'unités d'habitation. En six ans,
l'entente aura consacré environ $32.1 millions à
l'aménagement urbain.
Dans le secteur des transports, $28.6 millions ont servi à
poursuivre la réfection du réseau routier, l'aménagement
des ports principaux et des aéroports. Ces dépenses portent
à $91.5 millions les sommes affectées à
l'amélioration du transport depuis 1968.
Dans le secteur du développement social, plus de $13.6 millions
ont été consacrés à la formation
générale et professionnelle, à la mobilité de la
main-d'oeuvre, à la réhabilitation et à la valorisation
des sans-travail, à l'incitation à l'urbanisation et à la
mise en place d'équipements de services sociaux et de santé. Ceci
porte à $67.6 millions la participation de l'entente dans ce
domaine.
Dans le secteur de l'administration et de la participation, près
de $1.4 million ont permis
de financer les structures d'exécution et de consultation de
l'entente. Depuis 1968, $6.6 millions ont été
dépensés à ce titre.
En abordant maintenant le budget 1974/75, je tiens à
préciser deux éléments qui m'apparais-sent essentiels:
Premièrement, le budget de $48.5 millions servira, dans la
totalité des cas, à poursuivre les programmes amorcés au
cours des années antérieures. A ce montant, il faut ajouter les
projets entièrement fédéraux qui totalisent $12.7
millions, pour un budget global de $61.2 millions.
Deuxièmement, la diminution d'environ $15 millions, par rapport
au budget total de l'an dernier, s'inscrit dans le respect du principe de
retrait progressif des fonds de l'entente Canada-Québec dans la
région de l'Est. L'objectif visé par ce principe est
d'éviter l'impact considérable et négatif qui
résulterait, sur l'économie régionale, d'un retrait subit
des fonds de l'entente en 1976, au lendemain d'une année record de
dépenses.
De 1968 à 1976, la courbe des dépenses annuelles aura
été comme suit: 1968/69: $17 millions; 1969/70: $23.1 millions;
1970/71: $36.4 millions; 1971/72: $62.8 millions; 1972/73: $79.7 millions;
1973/74: $ 66.4 millions; 1974/75: $61.2 millions et 1975/76: $60.6 millions
avec un résiduel (éducation permanente) de $4.1 millions.
Pour ce qui est de l'après-1976, tout programme spécial de
développement ou d'aménagement dans l'Est du Québec, comme
dans toute autre région du Québec d'ailleurs, devra faire l'objet
d'une entente auxiliaire négociée avec le fédéral
selon les termes de l'entente-cadre Canada-Québec ou devra être
financé à même le fonds de développement
québécois.
Pour en revenir au budget 1974/75, l'enveloppe globale de $61.2 millions
dont $48.5 millions de projets sous la maîtrise d'oeuvre du
Québec, sera allouée de la façon suivante:
Affaires culturelles: $1.4 million; Affaires municipales: $5.5 millions;
Affaires sociales: $4.4 millions; Agriculture: $2.1 millions; Communications:
$0.2 million; Conseil exécutif: $2 millions; Education: $5.5 millions;
Fonction publique: $0.2 million; Industrie et Commerce, pour ce qui regarde
l'industrie: $5.3 millions; Industrie et Commerce, pour les pêcheries:
$3.9 millions; Richesses naturelles: $1.8 million; Terres et Forêts: $1.8
million; Tourisme, Chasse et Pêche: $3.6 millions; Travail et
Main-d'Oeuvre: $0.2 million; Transports: $10.6 millions, pour un total de $48.5
millions.
M. le Président, je suis à l'entière disposition de
cette commission pour répondre à toute question ayant trait au
budget de 1974/75.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: M. le Président, j'aimerais revenir en arrière
pour pouvoir juger du discours qui vient de nous être tenu par le
ministre responsa- ble de l'ODEQ à la lumière d'un contexte plus
global, à la lumière de l'évolution de la planification
dans l'Est du Québec.
Faire l'histoire de l'ODEQ, c'est un peu faire l'histoire des avatars de
la planification au Québec. C'est faire l'histoire des frustations de la
population de cette région où , comme on le sait et je ne
prends le chômage qu'à titre d'exemple le chômage est
deux ou trois fois plus élevé qu'ailleurs au Québec.
C'est faire l'histoire de l'avortement de la participation populaire
à son propre développement. C'est faire l'histoire des obstacles
répétés affrontés auprès du gouvernement par
le CRD dont on attendait tant au départ.
En fait, c'est un peu faire l'histoire des difficultés
affrontées dans toutes les régions du Québec au chapitre
du développement régional.
C'est faire l'histoire de Cabano, c'est faire l'histoire du superport,
l'histoire du traversier-rail, de l'oléoduc, de la raffinerie et de ce
qu'on appelle peut-être un peu trop péjorativement
l'arrière-pays. C'est tout cela et il suffit de s'en tenir à
cette énumération pour comprendre l'accumulation de frustations
dont nous allons devoir entretenir le ministre.
Si je reviens en arrière quelque peu, il faut mentionner que le
point de départ de tout cela a été la préparation
d'un plan, du plan de BAEQ, de 1962 à 1966. Il faut revenir
également à l'établissement, à la création
du CRD en 1967, à la création de l'ODEQ en 1968, puis la
même année, à la conclusion de l'entente
Canada-Québec. Jusque-là, il semble bien qu'on ait
été sur la montée, sur la lancée. Jusque-là,
tout était plein de promesses. La population avait participé dans
une large mesure à l'élaboration de tous ces grands plans
d'avenir. Voilà qu'à compter de 1968, tout commence à
ralentir, à tourner mal. En 1970, le gouvernement actuel arrive au
pouvoir et le ministre responsable de l'ODEQ je crois, M. Tessier,
à l'époque fait un grand discours dans lequel il
dénonce les structures de l'ODEQ, non conformes à la
réalité, dit-il, ne permettant pas aux gens de bonne
volonté de pouvoir réaliser des projets. Il dénonce
l'entente de 1968, l'entente de Canada-Québec, comme étant une
erreur, parce qu'elle n'a pas tenu compte des principales recommandations du
plan d'aménagement. Les $258 millions de l'entente, dit le ministre
Tessier à l'époque, et je le cite: "Ce n'était que de la
poudre aux yeux pour la population du Bas-Saint-Laurent"'.
Il souligne le fait que de ces $258 millions, à peine $15
millions représentaient ce qu'on pourrait appeler de l'argent neuf,
c'est-à-dire des programmes nouveaux. Encore ces $15 millions devaient
être échelonnés sur cinq ans, ce qui représentait
ce n'est pas moi qui le dis, c'est le ministre Tessier à
l'époque à peine $3 millions d'argent neuf par an dans la
région. Il conclut, j'ai une copie de son discours ici, pour le cas
où on voudrait le consulter, qu'en ce qui le concerne, il aurait
jeté l'entente de 1968 au
panier. C'est textuel, au panier. Ses conclusions étaient les
suivantes: II fallait de nouvelles structures et il fallait une nouvelle
entente, c'est-à-dire un nouveau financement.
J'ai l'impression, M. le Président, tout en n'étant pas
d'accord avec le ministre Tessier, qu'il avait touché les deux points
essentiels dont nous allons avoir à discuter au cours des heures qui
viennent. Car il faut bien le dire, même si nous avions commencé
à 10 h 30 ou à 11 heures ce matin, à traiter de l'ODEQ,
nous n'aurions pas fini à 1 heure. De toute façon, je crois qu'il
aurait fallu revenir la semaine prochaine, parce qu'il y a beaucoup à
dire sur les problèmes soulevés, je crois, de façon
erronée, mais soulevés quand même avec certaines raisons
par le ministre Tessier à l'époque. Même s'il les soulevait
pour des raisons qui lui étaient peut-être plus personnelles
qu'elles n'étaient régionales, j'estime qu'il avait mis le doigt
sur les deux questions de fond dans toute cette affaire de l'ODEQ.
La question des structures et la question du financement. Ce sont ces
deux mêmes questions qui reviennent constamment. Le malheur, c'est que
dans les années qui ont suivi, le gouvernement n'a pas résolu ces
questions de structure, pas plus qu'il n'a résolu les questions de
financement. Pour ce qui est des structures, le ministre Tessier avait une
solution bien simple. C'était, à toutes fins pratiques, de les
détruire et de se mettre à leur place. J'exagère à
peine. H dénonçait les faiblesses de cette structure en disant
que les fonctionnaires coordonnateurs de projets étaient
rattachés encore à leur ministère. On voit dans son
discours, on voit très bien sa conception, sa philosophie ou son absence
de philosophie se profiler entre les lignes.
Plutôt que de tenter d'établir sur le plan régional
une coordination entre les diverses activités des ministères dans
le cadre de la planification et de l'entente, le ministre s'arrogeait ou
prétendait s'arroger la pleine autorité. Ce sont ses mots
à lui. C'est-à-dire que désormais, dit-il, c'est moi qui
prendrai les décisions sur les projets et au besoin, si cela bloque dans
les ministères, c'est moi qui déciderai, c'est moi qui signerai
les contrats par-dessus la tête de mes collègues. On n'a
qu'à lire le texte. J'extrais ce passage d'un discours qu'il a
prononcé deux semaines après avoir été nommé
responsable de l'ODEQ. Le ministre dit même: C'est moi désormais
qui nommerai les coordonnateurs et je verrai à l'exécution
directe par l'ODEQ. Là, il nous mentionne quelques projets et c'est
d'une suavité extraordinaire. Ce à quoi il pensait,
c'étaient aux piscines et aux bouts de routes. Autrement dit, on
revenait au système antérieur d'absence de planification. Si le
ministre a dénoncé les structures, ce n'était pas pour les
refaire, ce n'était pas pour mettre la population dans le coup, ni
même pour mettre les fonctionnaires délégués sur
place dans le coup, c'était pour centraliser les décisions entre
ses propres mains.
L'entente Canada-Québec à laquelle le ministre d'Etat
faisait allusion il y a un instant désignait le CRD qui avait
été formé la même année que l'entente, en
1968, comme étant le seul interlocuteur compétent pour le
gouvernement. Cela, a dit le ministre, c'est du gaspillage. Le mot est textuel.
C'est du gaspillage. Ce ne sera plus le CRD, désormais, ce seront les
députés retour au bon vieux temps les conseils
municipaux...
M. BOSSE: Est-ce que ce n'est pas un peu ce que disait, tout à
l'heure, votre collègue du Saguenay...
M. MORIN: ... retour au bon vieux temps.
M. BOSSE: ... lorsqu'il parlait de la participation des
députés?
M. MORIN: Ce n'est pas de cela...
M. LESSARD: Ce n'est pas exactement ce dont je parlais.
M. BOSSE: Ce n'est pas ce qu'il disait tout à l'heure, votre
collègue?
M. MORIN: Attendez et vous allez voir. Attendez que j'aie terminé
mon exposé, ma critique, et nous en reparlerons. Je suis bien sûr
que le député de Saguenay ne s'en est pas pris au CRD à la
façon dont le ministre Tessier l'afait.
C'étaient les centres de commerce, M. le Président,
c'étaient, autrement dit, tous les bons vieux groupes de pression qui
grenouillent traditionnellement dans toutes les régions, dans
celle-là comme dans les autres. Depuis lors, je crois bien qu'il faut
constater que malgré la volonté, les velléités du
ministre Tessier de refaire les structures et d'améliorer le
financement, il a échoué sur toute la ligne. On ne s'en
surprendra pas quand on voit sa conception de ce que c'est qu'une structure
d'autorité, qu'une structure de planification régionale.
Les années 1970 à 1973 ont été des
années de brouillard pour la Gaspésie. Rien ou à peu
près rien ne s'est fait de neuf et, avec un point de départ comme
celui que proposait le ministre, on comprend qu'il n'ait pu se produire aucune
transformation fondamentale. Les gens du pays, quand même, n'ont pas
renoncé à prendre en main leurs affaires, n'ont pas
renoncé à laisser le développement être conduit de
l'extérieur ou encore n'ont pas consenti à abandonner le
développement entre les mains traditionnelles des conseils municipaux,
des députés et des chambres de commerce. Je ne dis pas que
ceux-ci n'ont pas de rôle à jouer, mais quand on s'en remet
exclusivement à eux et aux ministres pour régler les
problèmes d'une région, il ne faut pas s'étonner si le
marasme en résulte. Parce que c'est l'envers de la planification, c'est
le grenouillement des intérêts locaux.
C'est pourquoi les gens de la Gaspésie ont rédigé
un document qui...
M. BOSSE: Ils ont voté. Ils ont voté comment?
M. MORIN: ... sans doute va soulever des commentaires du ministre tout
à l'heure, je l'espère en tout cas, le fameux manifeste de Matane
de juin 1973. Ce manifeste...
M. QUENNEVILLE: Je m'excuse, pour-riez-vous répéter, les
gens de la Gaspésie ont rédigé le manifeste de Matane?
M. MORIN : De très nombreux représentants de
plusieurs...
M. QUENNEVILLE: Non, je demande si... M. LESSARD: 2,000.
M. MORIN : C'est plus que le ministre n'en a jamais convoqué, en
tout cas.
M. LESSARD: Le ministre n'était pas présent, mais le
député de Saguenay était présent.
M. QUENNEVILLE: 2,000 personnes ont rédigé le manifeste de
Matane, c'est ce que vous venez de dire?
M. LESSARD: Non, 2,000 personnes étaient présentes
à l'assemblée ou près de 2,000.
M. QUENNEVILLE: Non, je demande de répéter: 2,000
personnes ont rédigé le manifeste de Matane.
M. MORIN: Les gens de l'arrière-pays ont participé
à la rédaction de ce manifeste et je voudrais dire, non seulement
cela, mais le CRD, dans les semaines qui ont suivi, a appuyé ce
manifeste et a exprimé l'opinion que les recommandations fondamentales
du front commun populaire régional reflètent le consensus de
toute la population. C'est textuel. En tout cas, le moins qu'on puisse dire,
c'est que ce manifeste méritait une analyse sérieuse de la part
de tous les intéressés, y compris le ministre d'Etat
responsable.
M. BOSSE: Y compris DeBané.
M. MORIN: Pour ce qui est des structures, le CRD faisait remarquer qu'il
devait être ramené, que les pouvoirs de décision devaient
être ramenés dans la région et le CRD soulignait en
particulier qu'il y a un organisme où les gens de tous les secteurs sont
en mesure de se concerter et de faire front commun derrière des
revendications fondamentales de la région et c'est le CRD. Il proposait
également la création d'une société
régionale d'administration et de gestion, sur laquelle nous aurons
l'occasion de revenir sans doute tout à l'heure. Pour abréger,
nous en arrivons aujourd'hui au discours du ministre d'Etat qui nous
décrit les grandes lignes de chacun des secteurs d'intervention de
l'entente à la suite du budget triennal révisé l'an
dernier. L'agriculture, $2.2 millions; les pêcheries, $2 millions; les
mines, $1 million et encore, il s'agit d'une route; les affaires, $2.2
millions; le développement urbain, $4.6 millions; le transport, $28
millions, pour des routes, des ports, des aéroports. Cela peut
paraître impressionnant à première vue, mais si on tient
compte du fait, au point de départ, de toute cette animation qui avait
pour but de planifier l'avenir économique de la région, si on
tient compte des objectifs de départ, avec le BAEQ et avec le CRD, qui
étaient de faire de la Gaspésie-Bas-Saint-Laurent, une sorte de
région exemplaire pour le reste du Québec, une sorte...
M. QUENNEVILLE: Région pilote.
M. MORIN: ... oui, de gigantesques projet pilote, à la
lumière de cet objectif, je demande au ministre, je dis au ministre,
pour être en désaccord avec moi, probablement, que ces millions,
qui d'ailleurs pour l'année prochaine seront amputés d'une
quinzaine de millions, ne suffisent pas à la tâche, que ces
millions, de toute façon, devraient être investis tôt ou
tard pour refaire le réseau routier de la région. Autrement dit,
je me demande si toute cette grande aventure planificatrice, dans la
région du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, n'est pas finalement, en
1974, un immense et exemplaire avortement.
M. BOSSE: Pour vous, justement, ce sont des avortements, ce que le
gouvernement fait.
M. MORIN: C'est vous qui avez utilisé le mot le premier au cours
de nos séances l'autre jour.
M. BOSSE: Je vous l'ai offert.
M. MORIN: Vous semblez obsédé par le mot aussi.
M. LESSARD: II faut dire que le député veut s'inscrire au
journal des Débats.
M. BOSSE: Je ne veux pas m'inscrire au journal des Débats,
seulement, je veux m'inscrire dans le contexte parce que je connais bien la
région et l'arrière-pays...
M. MORIN: Nous discutons de choses sérieuses.
M. BOSSE: ...c'en sont des choses sérieuses, le très
honorable Maurice Tessier connaît beaucoup mieux le milieu que l'actuel
chef de l'Opposition et connaît très bien les gens et est bien
apprécié. Personnellement, je connais
l'arrière-pays...
M. MORIN: Je ne doute pas qu'il connaisse le milieu, j'ai eu l'occasion
de m'y promener aussi et de constater à quel point il n'y est pas
impliqué.
M. BOSSE: Vous vous y êtes promené tandis que j'y ai
vécu. Et l'honorable Tessier, aussi. Quand vous tenez ce langage parmi
les gens de l'arrière-pays, c'est évident qu'ils ne vous
comprendront jamais. C'est évident, avec un tel langage, alors qu'il y a
de vrais problèmes dans l'arrière-pays, et l'honorable Tessier
lui, avait des communications, des contacts avec la population.
J'accepte mal la critique que le chef de l'Opposition faisait tout
à l'heure vis-à-vis de l'honorable Maurice Tessier.
M. MORIN: M. le Président, j'ai eu l'occasion...
M. BOSSE: Lui connaît le monde. Le monde ordinaire, il
connaît cela, lui.
M. MORIN: M. le Président, j'ai eu l'occasion de me
promener...
M. BOSSE: Oui.
M. MORIN: ... à quelques reprises dans l'ensemble...
M. BOSSE: Vous avez dû voltiger.
M. MORIN: ... de la région, comme c'était mon
rôle...
UNE VOIX: II s'est promené.
M. MORIN: ... et j'ai pu constater à quel point l'ancien ministre
responsable de l'ODEQ était peu au diapason des besoins et des
aspirations de cette région.
M. BOSSE: C'est le contraire, je regrette.
M. MORIN: C'était l'homme de Rimouski et encore de certains
cercles rimouskois. C'est presque mieux, M. le Président, d'avoir le
député de Joliette.
M. BOSSE: Je veux...
M. MORIN: ... comme ministre responsable de l'ODEQ aujourd'hui bien que
cela puisse paraître paradoxal d'avoir un ministre de l'extérieur
de la région qui en soit responsable.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais, autant l'Opposition que le parti
au pouvoir à ne pas parler...
M. BOSSE: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... d'une personne qui est absente et qui ne
peut pas...
M. BOSSE: Non, mais...
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... se défendre ici. Je pense qu'on est
complètement en dehors du sujet. Je vous inviterais à revenir sur
le sujet.
M. BOSSE: M. le Président, si vous le permettez...
M. LESSARD: M. le Président, sur un point du règlement, je
pense que les propos du chef de l'Opposition ne sont pas en vue de faire une
critique d'une personne qui est absente. Le chef de l'Opposition, actuellement,
refait un peu l'historique de l'ODEQ et cite textuellement sans donner,
semble-t-il, de commentaires le discours de l'ex-ministre responsable de
l'ODEQ.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le chef de l'Opposition a mentionné que
l'ex-ministre Maurice Tessier n'était pas au diapason, des
demandes...
M. LESSARD: Suite aux propos du député de...
M. MORIN: Je suis prêt à l'accepter, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... je crois que c'est un jugement qui est
très personnel et j'aimerais que vous...
M. BOSSE: Moi, je suis prêt à affirmer ceci aussi, c'est
qu'ayant été personnellement témoin des commentaires des
maires des divers villages intéressés...
M. MORIN: C'est comme...
M. BOSSE: ... dans les régions que vous avez soulignées,
par exemple, et l'appréciation qu'ils avaient de l'ex-ministre Maurice
Tessier, je ne puis accepter qu'une telle critique soit faite.
Il faut se replacer dans le contexte, par exemple sur la question des
CRD, se rappeler qu'il y avait là des éléments,
plutôt dans quel contexte ces CRD avaient été formés
et quels étaient les éléments formateurs de ces CRD.
M. MORIN: Le syndicaliste ou l'ex-syndicaliste qu'est le
député de Dorion pourrait-il nous parler...
M. BOSSE: Et probablement beaucoup plus simple...
M. MORIN: ... aussi du syndicat de la région pour le ministre
Tessier, il doit être bien renseigné là-dessus?
M. BOSSE: L'opinion des syndicats de la région...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je n'accepte pas...
M. BOSSE: ... c'est une autre question, je pense que...
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... qu'on discute...
M. MORIN: Je suis prêt...
M. BOSSE: Je suis prêt à en discuter.
M. MORIN: Vous le connaissez...
M. BOSSE: Je suis prêt à en discuter, tout en
étant...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je ne permettrai plus à cette
commission de discuter de l'ex-ministre Maurice Tessier ni de lui attribuer
certaines épithètes. M. Tessier n'est pas ici pour se
défendre et c'est complètement en dehors du sujet. La parole est
au chef de l'Opposition.
M. LESSARD: Une directive, M. le Président. Quand vous dites que
vous ne permettrez plus qu'on discute de l'ex-ministre de l'ODEQ, du
député de Rimouski, vous n'empêcherez pas le fait que nous
puissions discuter, en fait, de l'ex-ministre de l'ODEQ, comme responsable de
l'ODEQ, au cours de cette période-là.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Et de son mandat.
M. LESSARD: Et de son mandat. Cela a des conséquences.
M. BOSSE: Comme directive, M. le Président...
M. MORIN: Forcément!
M. BOSSE: Et comme directive, M. le Président, vous
n'empêcherez pas non plus les membres assis du côté
ministériel de faire des représentations pour rétablir les
faits concernant une personne qui fut ministre responsable à l'ODEQ.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Egalement. L'honorable chef de
l'Opposition.
M. MORIN: Je pense que je reviendrai, par la suite, sous forme de
questions, M. le Président. Je vais céder la parole au
député de Saguenay, s'il veut poser des questions.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que le député de
Rouyn-Noranda a quelque chose à dire avant de passer la parole au
député de Saguenay? Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, à la suite de la
déclaration du ministre, cela m'incite à faire quelques remarques
en posant peut-être une série de questions. Ensuite, le ministre,
s'il le veut bien, pourra prendre des notes et me donner une réponse
globale pour les différentes questions qui se posent suite à son
exposé.
Quand le ministre nous dit, dans son exposé, par exemple, avant
d'aborder le budget 1974/75 qu'il veut tenter de résumer les faits
saillants et nous parler des dépenses globales de $285,400,000, je pense
qu'il serait important que le ministre aille un peu plus dans les
détails et nous dise quels sont les genres de programmes qui ont
été effectués avec ces sommes.
Je pense que ce serait à l'avantage des membres de la commission
de connaître ces programmes, de nous dire dans quel contexte, par
exemple, ils ont été réalisés et
l'expérience aussi de ces programmes. Ce sont des choses qui nous
intéressent.
Remarquez, M. le Président, aussi, M. le ministre, que
l'exposé que je fais n'est pas dans le sens d'accuser qui que ce soit,
c'est dans le sens de donner des renseignements aux membres de cette
commission.
Par exemple, une chose qui m'intéresse grandement...
M. QUENNEVILLE: Si vous me le permettez, M. le Président. Est-ce
que vous voulez avoir l'image cumulative ou si vous voulez avoir, année
par année...
M. SAMSON: Non, M. le Président, je ne demanderai pas au ministre
d'aller dans le détail, dans les chiffres. Je lui demanderai de nous
faire part, disons, de l'ensemble des projets, des projets majeurs surtout qui
sont compris dans cette dépense de $285 millions dont il a parlé
tantôt.
Egalement, une chose qui m'intéresse énormément,
c'est la fameuse question mentionnée dans l'exposé du ministre au
sujet de la carton-nerie de Cabano. C'est une question qui intéresse
tout le monde. C'est un projet qui a été mis de l'avant depuis
passablement longtemps. Ce projet a connu beaucoup de difficultés,
beaucoup de répercussions également, et même, je dirais que
les gens de cette région, ayant mis de l'avant ce projet en
collaboration, ont connu, je pense, beaucoup de déceptions, parce que,
jusqu'à maintenant, il ne semble pas que ce projet ait été
de l'avant autant que ces gens le désiraient.
Pour la bonne marche de l'économie de cette région
immédiate, il serait important que le ministre puisse au moins nous
donner une idée de ce qui pourrait se passer dans un avenir le plus
rapproché possible.
Il y a un autre point qui me porte à poser une autre question.
C'est lorsque le ministre dit, par exemple, dans son exposé, en page 2,
qu'il doute fort qu'il soit de l'intérêt des membres de cette
commission qu'il précise le déroulement de chacun des 105
projets. Je pense que ce
serait peut-être assez long si le ministre voulait nous faire part
de tous les détails de ces 105 projets, mais, encore là,
j'apprécierais grandement que le ministre nous fasse au moins part des
projets majeurs, du déroulement de ces projets...
M. QUENNEVILLE: Ils sont tous majeurs.
M. SAMSON: ... ainsi que de la façon dont il entend les continuer
ou les délaisser selon le cas et pourquoi.
Egalement, quelqu'un mentionne la liste des projets. Le ministre
pourrait les déposer pour que nous puissions en prendre connaissance et
les étudier plus profondément.
Il y a un autre problème, M. le Présiddent, qui se pose,
je pense, dans cette question. C'est celui de la fermeture de certaines
paroisses. On en a entendu parler à plusieurs reprises. Bien que je
doive confesser que je n'ai pas vécu dans cette région et que je
n'y ai peut-être pas circulé aussi souvent que je l'aurais
aimé, je ne suis peut-être pas au courant, dans tous les
détails, de ces questions de fermeture de paroisses, mais cela
intéresse énormément, je pense, les membres de cette
commission et également la population d'autres régions qui sont
peut-être semblables à cette région, pour être des
régions éloignées des grands centres.
Pourquoi en sommes-nous venus, au gouvernement, à
préconiser et même à mettre de l'avant la fermeture de
certaines paroisses? A ce moment-ci, je ferai référence, pour que
le ministre me comprenne mieux, au cas de Mont-Brun dans la région de
Rouyn-Noranda qui, actuellement, est devant une situation qui est
extrêmement difficile pour ces gens qui refusent de poser quelque geste
que ce soit visant à la fermeture de leur paroisse.
Evidemment, puisqu'à l'Office de planification on doit tenir
compte des actions de tous les ministères dans les différentes
régions, dans cette région, il est question de la fermeture d'une
école qui peut peut-être paraître comme un détail
à certaines personnes qui ne connaissent pas le problème dans la
région même, mais qui apparaît, pour ces gens qui sont du
milieu, comme une première démarche visant à amener, si
vous voulez, ou à inciter d'autres ministères à poser
d'autres gestes qui amèneraient, dans un court délai, la
fermeture de ces paroisses.
M. le Président, je pense que les citoyens du Québec,
quels qu'ils soient, devraient au moins avoir ce droit légitime de
pouvoir vivre là où ils aiment vivre dans le territoire du
Québec, quel que soit l'endroit. Je ne sache pas qu'à la suite
des fermetures de paroisses, les gens qui sont partis de ces paroisses aient
trouvé une meilleure vie ailleurs. Je devrai me baser sur les
différentes représentations qui nous parviennent de gens qui sont
partis de ces paroisses, et qui sont rendus, par exemple, dans des
régions comme la région de Montréal. Ces gens, ayant
été déracinés de leur région, de leur
paroisse, ayant été déracinés, je dirais, d'un mode
de vie qui est le leur, se sont retrouvés transplantés dans une
région qui ne leur est pas, pour eux en tout cas, naturelle, et cela,
sur le plan social, crée différents problèmes. Ils ont des
difficultés d'adaptation. Ils ne se retrouvent pas chez eux ailleurs.
Souvent, à maintes reprises, je dirais, on en retrouve de ceux-là
qui sont carrément au crochet du gouvernement par la Loi de l'aide
sociale, par exemple. En plus d'avoir perdu, en quelque sorte, leur
dignité d'êtres humains, ils se retrouvent totalement insatisfaits
de cette situation. Alors je pense que les efforts du gouvernement comme tel
devraient plutôt être en vue de permettre à nos citoyens de
trouver un mode de vie leur permettant de vivre raisonnablement dans les
régions qu'ils ont choisies et qu'ils ont habitées pendant de
nombreuses années.
Evidemment, M. le Président, ceci pose un grand problème
qui m'intéresse peut-être plus que certains députés
d'autres régions qui n'ont peut-être pas ce problème dans
leur région. Mais nous, dans notre région, commençons
à vivre ce problème. Parce que les nouvelles en provenance de
l'Est du Québec dans ces régions sont telles que les gens ont une
peur bleue, je ne dirais pas rouge, je dirais bleue, M. le
Président...
M. QUENNEVILLE: C'est pire, bleue.
M. BOSSE: C'est du passé, de toute façon...
M. SAMSON: Je dirais qu'ils sont justifiés d'être inquiets
devant les gestes que posera le gouvernement à leur endroit. C'est
pourquoi je considère comme très sérieux que le
gouvernement, avec la collaboration de tous les ministères, en arrive
à une politique qui permettrait d'abord à ces gens de pouvoir
vivre chez eux. Si c'est pour des questions d'ordre économique qu'on a
pensé, à un certain moment, qu'il fallait retirer ces gens des
paroisses, qu'il fallait fermer des paroisses, qu'il fallait fermer des
territoires, je pense qu'on est en train de défaire un peu ce qui a
déjà été fait. Parce que si on se reporte à
plusieurs années en arrière, nous verrons qu'un autre
gouvernement avait pris des dispositions pour favoriser, à un certain
moment, un retour vers la terre, ce qui en soi n'est pas mauvais. Nous devons
aussi considérer notre situation agricole au Québec. On est
obligé au Québec je pense qu'il n'y a personne qui peut
dire le contraire d'importer des produits d'alimentation qui
normalement, pourraient provenir de notre sol québécois.
Evidemment, je constate qu'il y a une question d'organisation. Il y a là
une question aussi d'incitation, mais il y a aussi une question d'aide qui doit
venir du gouvernement dans ce cas, pour permettre que notre agriculture
redevienne non pas ce qu'elle était, mais mieux que ce qu'elle
était pour faire en sorte qu'au Québec, on puisse nourrir les
Québécois par notre propre production. Je pense que c'est
là une philosophie qui serait saine, qui permettrait d'aider à la
relance économique. Les investissements qui peuvent être faits de
ce côté, un jour ou l'autre, vont rapporter au Québec.
Or, M. le Président, c'est dans ce sens que je voudrais demander
au ministre c'est peut-être même dans ses intentions, en
tout cas, il nous le dira que des efforts soient faits non pas en vue de
fermer les paroisses, non pas en vue de fermer des régions, mais en vue
de permettre que les habitants de ces régions puissent trouver une
possibilité de vie économique normale.
Cela peut se faire à la condition qu'on envisage et qu'on fasse
des efforts dans ce sens, plutôt que dans le sens contraire.
Il y a évidemment, parmi toutes les questions qui pourraient se
poser puisqu'il y a certaines paroisses qui ont été
fermées le ministre pourrait peut-être en profiter pour
nous dire, puisque ces paroisses sont déjà fermées, de
quelle façon on a fait l'expropriation, de quelle façon cela a
été payé et s'il y a encore des cas en suspens. Je sais
que nous avons pris connaissance de certains cas, il n'y a pas tellement encore
longtemps, où des sommes n'avaient pas encore été
déboursées. Les gens qui sont déjà partis, qui sont
dépossédés, en quelque sorte, de leurs biens, n'ont pas
retrouvé cette compensation.
On pourrait aussi continuer du côté minier. Je m'excuse
auprès du ministre si j'y vais un peu à bâtons rompus, mais
il sera quand même, je pense, en mesure de nous donner les
réponses à ces questions.
Du côté minier, on parle d'exploration. Cela
m'intéresserait de connaître quel est le genre d'exploration et
dans quel domaine minier particulier les efforts de l'office tentent de faire
ces travaux qui visent à trouver des gisements nouveaux et, par ce fait,
aussi, de faire en sorte que notre production de matières
premières soit meilleure que ce qu'elle est présentement. Par le
truchement d'une meilleure production de matières premières, il
ne faudrait pas oublier non plus le développement d'une meilleure
politique de transformation de ces matières premières. Puisque
nous avons ces matières premières, puisque le Québec est
capable d'en produire d'une façon avantageuse, je pense que le
Québec aussi devrait être capable d'effectuer d'une meilleure
façon qu'on ne le fait maintenant, les transformations sur notre sol
québécois de ces matières premières. De là,
évidemment, on favoriserait ainsi l'industrie secondaire davantage en
faisant l'expansion, la promotion d'une meilleure industrie secondaire qui,
évidemment, nous amène aussi à une expansion de
l'industrie tertiaire.
Je pense que le tout est rattaché et que c'est par le biais de
notre exploitation de matières premières, de gisements miniers ou
autres dans le domaine des richesses naturelles qu'on peut davantage
développer nos industries secondaires et tertiaires qui, par ricochet,
permettraient devantage aussi, je pense, à ces régions d'avoir
une meilleure vie économique et de nous amener à cesser de penser
à la fermeture des paroisses, la fermeture de certains secteurs
ruraux.
Par le fait même, le ministre voudra peut-être aussi en
profiter pour nous parler de la question du projet de briqueterie de Mont-Joli.
C'est un dossier assez volumineux. Je sais que plusieurs hauts fonctionnaires
se sont intéressés à ce dossier et le ministre aussi, je
pense. On nous a évidemment, donné différentes
réponses, à certains moments, où dans le contexte d'une
bonne planification, nous disait-on, on doit considérer les briqueteries
existantes, leur rentabilité, etc.
Cela dit, et considérant qu'au niveau du ministère, vous
devez prendre conscience de ce problème, il demeure que peut-être
un nouvel effort de mise en marché, en cherchant d'autres marchés
aussi, permettrait probablement de faire en sorte que cette briqueterie puisse
fonctionner.
Evidemment, si on en arrive à cette possibilité, on
multiplierait dans cette région les emplois tant au niveau de cette
industrie qu'à d'autres niveaux des services dans cette même
région.
M. le Président, je pense que le ministre aussi voudra nous
parler d'un sujet qui, je pense, est brûlant d'actualité. Il
s'agira du port de Gros Cacouna dont nous entendons parler depuis assez
longtemps, je dis assez longtemps, parce que je pense que cela fait assez
longtemps et cela devrait être assez. On devrait cesser d'en parler et
faire quelque chose avec cela, réaliser quelque chose avec cela dans
cette région immédiate que j'ai eu l'occasion de visiter assez
souvent. Les gens s'attendent à des actes de la part du gouvernement et
qu'on cesse de faire certaines promesses. Je pense que le temps des promesses
doit être passé dans ce cas, le cas qui concerne le port de Gros
Cacouna. On devrait aller plutôt à l'action et faire en sorte
je suis d'accord avec le ministre pour dire que ce n'est pas seulement
la construction d'un port qui apporterait une solution à cette
région de lui trouver une utilité qui permettrait de faire
en sorte de relancer l'économie de la région, et en même
temps de servir aussi l'économie du Québec.
Je pense que c'est dans ce contexte que nous devons discuter de la
question de ce port et également des aéroports. Puisqu'on a
parlé de certaines dépenses dans ce secteur, de $28.6 millions,
je serais intéressé à savoir quels sont les
aéroports où vous avez dépensé certaines sommes et
que cela permettrait comme augmentation, si vous voulez, de la circulation,
comme augmentation aussi du transport des marchandises. Evidemment, c'est
très important pour une région comme celle-là. Tout le
monde est d'accord sur cela. Je pense que le ministre pourrait en profiter pour
répondre à ces questions, car, pour l'avenir, on nous parle d'un
budget de $48.5 millions.
Dans le cadre des projets fédéraux, des
programmes qui sont ou qui seront amorcés au cours de
l'année ou qui ont été amorcés au cours des
années antérieures et qui devront se continuer, là aussi
le ministre pourra peut-être nous faire part de ces projets. M. le
Président, ce sont, en quelques brèves remarques, les questions
préliminaires que j'ai voulu poser au ministre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le chef de l'Opposition.
M. MORIN: J'ai fait à dessein une parenthèse autour de la
question des structures, parce que j'aurais voulu que le ministre commence par
nous décrire les changements de structures intervenus depuis quelque
temps dans la région, tant au sujet des rapports verticaux entre le
Québec et les divers ministères représentés sur
place qu'au sujet des rapports horizontaux entre les divers ministères
également sur place dans la région. Le ministre n'ignore pas que,
dans le passé, les structures dénoncées par l'ancien
ministre soulevaient des problèmes réels. La solution qui avait
été proposée par le ministre n'était certainement
pas la bonne. Quelle est celle que vous avez vous-même apportée,
M. le ministre?
Pourriez-vous nous dire également, comme question subsidiaire,
comment le CRD se rattache à cette structure de développement
régional et quel est le rôle que vous entendez donner au CRD au
cours de l'année qui vient? Ce sont des questions tout à fait
préliminaires avant d'entrer dans les détails.
LE PRESIDENT (M. Pilote): D'autres questions?
M. LESSARD: Non, voici...
M. MORIN: On va laisser une chance au ministre de...
M. QUENNEVILLE: Si je veux répondre à la question des
structures...
M. LESSARD: Commencez comme cela...
M. QUENNEVILLE: Depuis novembre 1971, nous avons apporté des
changements radicaux aux structures, d'abord, en insistant
énormément sur la présence physique des coor-donnateurs
des différents ministères sur le territoire de l'ODEQ, de
façon que ces mêmes coordonnateurs soient en mesure de pouvoir
saisir toutes les données des différents problèmes de la
région et, en même temps, nous avons insisté auprès
des ministères c'est une chose qui n'est peut-être pas
parfaite encore, cela s'est amélioré considérablement
sur l'augmentation des pouvoirs des coordonnateurs à
l'intérieur du territoire. On sait que M. Tessier avait, jusqu'à
un certain point, déploré le peu de pouvoirs des coordonnateurs
et, dans plusieurs cas, dans plusieurs ministères, l'absence de
coordonnateurs sur le territoire. En grande partie, je peux dire que cette
situation a été corrigé et il y a eu passablement
d'amélioration par l'implantation d'une Conférence administrative
régionale de l'Est du Québec, la CAREQ, qui a rempli son
rôle de coordination avec les coordonnateurs sur place. Je pense que
c'est déjà une amélioration considérable et, de
l'avis même des coordonnateurs, ces gens ont passablement plus de
pouvoirs qu'ils en avaient autrefois. Nous concevons très mal
d'ailleurs, pour les mêmes raisons, que le coordonnateur ait un droit de
regard simplement sur les budgets spéciaux, sans avoir un droit de
regard sur les budgets réguliers. Autrement, il se produirait, à
notre avis, une planification boiteuse et inadéquate pour la
région.
Par rapport à leurs rapports verticaux avec les différents
ministères, je peux vous dire que les pouvoirs ont été
augmentés, comme je le disais tantôt, et que les coordonnateurs
relèvent des sous-ministres dans chaque ministère, plutôt
que de dépendre de directeurs de services comme cela existait avant
1971. Je pense qu'au point de vue des structures internes à l'ODEQ,
c'est un des principaux changements.
M. LESSARD: Quels sont...
M. MORIN : Est-ce que le ministre déposerait un organigramme?
M. QUENNEVILLE: Sûrement. M. MORIN: C'est possible?
M. LESSARD: Justement, c'était l'une des préoccupations
que les gens de l'Est du Québec soulignaient dans le manifeste de
Matane, c'étaient les retards à cause de la structure, qui
avaient d'ailleurs été dénoncés par le ministre
Tessier, le retard dans l'application des programmes. Puisqu'il y a eu une
modification importante dans la nomination des coordonnateurs qui ont des
pouvoirs plus importants, est-ce que le ministre pourrait me dire si,
maintenant, tous les ministères ont nommé leurs
coordonnateurs?
M. QUENNEVILLE: Oui. Tous les ministères ont nommé leurs
coordonnateurs.
M. LESSARD: Même si le ministre nous a dit que ces coordonnateurs
sont rattachés au sous-ministre, est-ce que le ministre pourrait nous
dire quels sont les pouvoirs de décision des coordonnateurs lorsque, par
exemple, soit qu'un projet retarde ou qu'il y a manque de coordination,
etc?
M. QUENNEVILLE: Les pouvoirs de décision, forcément,
relèvent certainement du sous-ministre. C'est sûr et certain qu'un
coordonnateur, lui-même sur place, ne prend pas la décision finale
sur tous les projets. Il communique avec son sous-ministre et, naturellement,
les
décisions sont prises au niveau des différents
ministères maïtres-d'oeuvre. Ceux-là sont les pouvoirs
accrus, si vous voulez, de ces coordon-nateurs.
M. MORIN: Ce serait une idée, M. le Président, si le
ministre d'Etat voulait bien nous présenter ses fonctionnaires, son
équipe...
M. QUENNEVILLE: Ils sont justement au travail, ils sont sur place, c'est
pour ça qu'on ne les a pas ici. Ils sont sur place sur le territoire,
c'est ça que je disais tantôt.
M. MORIN: II n'y en a même pas quelques-uns qu'il aurait pu amener
avec lui?
M. LESSARD: Je ne parle pas de l'équipe des coordonnateurs, je
parle de l'équipe qui est ici.
M. QUENNEVILLE: Ah! je pourrais vous présenter, le
délégué aux plans, M. Robin d'Anjou; le secrétaire
de la CAREQ, Jean-Claude Grégoire; M. André Jacob qui est
à la direction des finances.
M. LESSARD: Et le moindre, le président de l'OPDQ.
M. QUENNEVILLE: On parle de l'ODEQ. M. LESSARD: M. Tremblay, Yvon.
M. MORIN: M. le ministre, pour revenir à la CAREQ, quels sont ses
compétences, ses pouvoirs exactement?
M. QUENNEVILLE: Au moment où je déposerai l'organigramme,
on pourra peut-être définir le rôle en même temps si
vous permettez.
M. MORIN: Je n'ai pas d'objection à ce qu'on revienne sur la
question éventuellement. Parce que je connais bien le problème
auquel la CAREQ est censée répondre et j'aimerais bien voir
comment on a réussi à coordonner l'action au sein de la CAREQ, au
jour le jour, pour répondre au problème qui avait
été soulevé depuis tant d'années.
M. LESSARD: Concernant l'une des demandes sur laquelle insistait
passablement les gens qui ont préparé le manifeste de Matane,
soit la Société de gestion régionale, est-ce que le
ministre a pris position, est-ce que le ministre...
M. QUENNEVILLE: Le 3 juin 1973, c'est justement ce que j'ai
annoncé, l'établissement de la SAGEQ et depuis ce temps,
naturellement, cette société est en train de s'établir et
devrait normalement, vers le 30 juin, donner un rapport d'étape par
rapport à son évolution.
M. LESSARD: Vous venez de dire que la Société de gestion
régionale est en train de s'établir?
M. QUENNEVILLE: Depuis le mois de juin l'an dernier.
M. LESSARD: Depuis le mois de juin l'an dernier, malgré le fait
que l'organisme CAREQ se serait opposé à une
société de gestion comme celle-là.
M. QUENNEVILLE: Je ne crois pas que ce soit cela.
M. LESSARD: Je pense que c'est exact, M. le ministre.
M. QUENNEVILLE: Je ne crois pas que la CAREQ se soit opposée
à la formation de la SAGEQ, je ne le crois pas. Je regrette
infiniment!
M.LESSARD: Non, non. A la Société de gestion
régionale.
M. QUENNEVILLE: Vous parlez de l'ORD ou de la SAGEQ?
M. LESSARD: Non, j'y reviendrai, je pense...
M. QUENNEVILLE: II n'y a absolument pas eu d'objection de la part de
CAREQ à l'implantation de la SAGEQ.
M. LESSARD: Maintenant, dans vos structures...
M. QUENNEVILLE: C'est en marche.
M. LESSARD: De toute façon, M. le Président, je n'ai pas
le document devant moi, la déclaration; lorsque j'ai vu cette
déclaration, j'avais reçu un appel pour savoir ce que j'en
pensais. En tout cas, je vérifierai, M. le Président.
M. QUENNEVILLE: Vous permettez, M. le Président, avant que le
député de Saguenay aille plus loin, je voudrais bien qu'il
différencie la SAGEQ et l'ORD.
M. MORIN: Et?
M. QUENNEVILLE: Et l'ORD.
M. LESSARD: Oui, oui.
M. QUENNEVILLE: L'Office régional de développement...
M. LESSARD: L'Office régional de développement.
M. QUENNEVILLE: La CAREQ s'est opposée à la formation de
l'ORD, mais jamais à la SAGEQ, puisque, le 3 juin, déjà
c'était implanté.
M. LESSARD: C'est pour cela que je trouvais curieux, à un moment
donné, que le ministre me dise que la Société de gestion
régionale, qui serait la SAGEQ, serait, à ce moment-là, la
Société d'aménagement général...
M. QUENNEVILLE: De gestion...
M. LESSARD: Société d'aménagement et de gestion de
l'Est du Québec.
M. QUENNEVILLE: C'est cela.
M. LESSARD: Maintenant, l'une des revendications que la population
faisait, c'était qu'elle voulait être participante, en tout cas,
je vais corriger, que ceux qui avaient préparé le manifeste de
Matane désiraient que la population soit présente à
l'intérieur de cette structure, parce qu'encore là, M. le
Président, le ministre comprendra que non seulement la population doit
être présente au niveau de la consultation, mais que la population
doit être présente au niveau de la concrétisation du plan
qui a été préapré avec sa consultation.
Alors, est-ce que, dans cette structure, on prévoit une
présence de la population?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, la SAGEQ est une compagnie
privée et, naturellement, cela implique à ce moment-là la
participation de la population. Il ne s'agit pas d'une société
pour la planification et le développement. Il s'agit d'une
société industrielle de gestion qui n'a rien à voir avec
la planification et le développement, sauf, naturellement, de
façon indirecte. Je ne vois pas la question de...
M. LESSARD: Est-ce que la SAGEQ est une société
privée qui a pour but, en tout cas, je l'ai compris dans le manifeste de
Matane...
M. QUENNEVILLE: Le développement industriel.
M. LESSARD: ...de mettre en vigueur le plan comme tel?
M. QUENNEVILLE: Pas du tout, c'est une société qui voit au
développement industriel et commercial, purement et simplement.
M. LESSARD: C'est strictement limité au développement
industriel et commercial?
M. QUENNEVILLE: Exactement.
M. LESSARD: Ça ne correspond pas à la demande, quand
même, qui avait été faite par...
M. QUENNEVILLE: Exactement, c'est la proposition qu'ils ont
acceptée.
M. LESSARD: Qui l'a acceptée?
M. QUENNEVILLE: Ce sont eux qui ont signé le protocole. Jamais je
ne croirai qu'ils ont signé...
M. LESSARD: Est-ce que le ministre accepterait de déposer le
protocole?
M. QUENNEVILLE: Certainement, avec plaisir.
M. MORIN: Est-ce qu'on peut revenir sur une question que j'ai
posée au ministre il n'a pas eu le temps de l'achever, je crois
sur le CRD? Quelle est l'attitude du ministre à l'égard du
CRD?
M. QUENNEVILLE: Vous savez, naturellement, que le CRD, pour nous, a
toujours été considéré comme l'interlocuteur
privilégié, un organisme représentatif de la population
dans ce phénomène que l'on vit qui s'appelle la participation. Je
dois vous dire que le rôle est strictement consultatif. D'ailleurs, les
gens du CRD, de l'Est du Québec, vous diront qu'ils ont joué
pleinement et réellement le rôle de consultation.
Effectivement, je pourrais vous citer des cas. Par exemple, lorsqu'il
s'agissait d'avoir une politique de l'implantation des arénas dans l'Est
du Québec, nous avons reçu un document préparé par
le ministère. A ce moment, nous l'avons soumis au CRD. Naturellement, on
sait que le CRD de l'Est du Québec a des commissions
spécialisées dans les différents secteurs. Il a soumis
cela à sa Conférence des loisirs de l'Est du Québec, CLEQ,
selon ses structures de consultation internes, si vous le voulez et, au bout de
quinze jours, il a remis son avis sur l'implantation des arénas dans
l'Est du Québec.
Nous avons, avec plusieurs programmes, consulté réellement
ces gens et nous avons surtout tenu compte de leur avis.
M. MORIN: Est-ce que peut-être qu'il reste encore quelques
minutes c'est seulement lorsque l'initiative vient du ministère
ou des instances de planification locale que vous consultez le CRD ou si vous
écoutez également le CRD lorsqu'il prend des initiatives? Je
pense, par exemple, à sa suggestion de l'année dernière,
de créer une société agricole et sylvicole mixte. Cela
venait du CRD. Qu'est-ce que vous en avez fait? Est-ce que vous avez
accordé autant de crédits au CRD lorsqu'il a pris des initiatives
ou si vous l'avez traité simplement comme étant un accessoire
utile, à l'occasion, pour la consultation?
M. QUENNEVILLE: Naturellement, les dif-
férents comités ont des rencontres hebdomadaires avec le
CRD et tiennent compte des avis du CRD à ce moment-là. De toute
façon je peux vous assurer que le CRD a toujours été en
excellents termes avec l'ODEQ.
M. MORIN: Cela, je n'en doute pas, cela, les termes...
M. QUENNEVILLE: J'allais dire quand même qu'on a répondu
aux aspirations que le CRD avait au point de vue de la participation.
M. MORIN: Oui.
M. LESSARD: Est-ce que cette collaboration est la même entre CAREQ
et le CRD? Est-ce que le CRD n'est pas sorti dernièrement de cette
conférence?
M. QUENNEVILLE: Pas du tout! Vous confondez CAREQ avec SAGEQ, je
crois.
M. LESSARD: Le CRD est sorti de SAGEQ? Est-ce que le CRD était
membre de SAGEQ?
M. QUENNEVILLE: II y a le CAMEQ aussi, en plus de cela.
M. LESSARD: Le CAMEQ? Qu'est-ce que c'est?
M. QUENNEVILLE: C'est le Conseil spécialisé des affaires
municipales de l'Est du Québec. C'est de là que le CRD s'est
retiré, à ce moment, mais il ne s'est pas retiré de
CAREQ.
M. MORIN: M. le ministre, prenons un exemple type, pendant les quelques
minutes qu'il nous reste. L'ODEQ, l'année dernière... Pas l'ODEQ,
le CRD avait mis l'accent sur la création d'une société
agricole et sylvicole mixte pour la région. Je me demande quelle suite
vous y avez donnée. Cela venait vraiment du CRD et pas du
ministère.
M. QUENNEVILLE: Parfait! Voici la réponse à votre
question. Il faut que vous sachiez une chose. C'est qu'à chaque fois que
le CRD a un projet à proposer, il ne propose pas à l'ODEQ. Il le
propose naturellement au ministère maître d'oeuvre. Et à la
suite, justement, de la proposition du CRD, il y a un comité qui a
été formé avec des représentants du
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation, et naturellement
aussi, des représentants du CRD. Ils sont à poursuivre des
études actuellement sur ce projet. On nous assure que toutes les choses
progressent d'une façon relativement acceptable.
M. MORIN: Ceci est intéressant. Je veux bien comprendre la
structure de participation et d'autorité. Vous voulez dire que le CRD
s'est adressé au ministère concerné au lieu de s'adres-
ser à l'ODEQ. Et pourtant, cette suggestion du CRD a été
faite dans le contexte de l'exercice financier de l'ODEQ pour l'année
1972/73.
M. QUENNEVILLE: C'est cela, oui. Comme je le disais tantôt, en
fait, le rôle de l'ODEQ est un rôle de coordination. Lorsqu'il
s'agit de faire accepter un projet en particulier ou de voir à
l'établissement d'un projet, à ce moment, forcément, il
s'adresse au ministère martre d'oeuvre. Même si, à prime
abord, il va s'adresser à l'ODEQ, nous allons le diriger vers le
ministère qui est impliqué.
M. MORIN: Oui, mais j'imagine que les gens de l'ODEQ ont une vue
d'ensemble du développement de la région.
M. QUENNEVILLE: Bien sûr!
M.MORIN: Comment est-ce coordonné, alors?
M. QUENNEVILLE: Le conseil d'administration du CRD est le
vis-à-vis de l'ODEQ et naturellement la commission
spécialisée de l'agriculture à l'intérieur du CRD
est le vis-à-vis du ministère, du MAC en l'occurrence, du
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation.
M. MORIN: Bon, mais ce qu'il m'intéresse de savoir est si cela
passe par l'ODEQ pour se rendre au ministère ou bien si les gens vont
directement au ministère comme cela s'est toujours fait.
M. QUENNEVILLE: Cela passe par l'ODEQ.
M. MORIN: C'est un point important parce que cela n'était pas
clair dans ce que le ministre avait dit jusqu'ici.
M. QUENNEVILLE: Je m'excuse.
M. MORIN: Non. Je vous en prie. On est là pour comprendre le
système. Je vois qu'il est une heure, M. le Président. Il va
falloir remettre tout cela à mardi parce que le député de
Saguenay, qui va prendre la relève, a un certain nombre de questions
à poser encore et il est loin d'avoir épuisé le
dossier.
M. LESSARD: II faut dire aussi qu'il est tout à fait normal que
nous discutions assez longuement du projet de l'ODEQ parce que c'est une
expérience vraiment pilote et cela serait un peu mépriser le
ministre que de discuter de ce projet dans une heure.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je propose l'ajournement
à mardi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission ajourne ses travaux à
mardi, 10 h 30, et nous continuerons de discuter de l'ODEQ.
(Fin de la séance à 13 h 6)