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Commission permanente de la présidence du
conseil,
de la constitution et des affaires
intergouvernementales
Etude des crédits du Conseil
exécutif
Séance du vendredi 30 mai 1975
(Onze heures et vingt minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente de
la présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
La commission de la présidence du conseil, de la constitution et
des affaires intergouvernementales siège pour étudier les
crédits 1975/76 des programmes nos 4 et 6.
Les membres de la commission ce matin sont les suivants: M. Lessard
(Saguenay), qui remplace M. Léger (Lafontaine); M. Bellemare (Johnson);
M. Bossé (Dorion); M. Lachapelle (Chauveau), qui remplace M. Bourassa
(Mercier); M. Brown (Brome-Missisquoi); M. Côté (Matane); M. Denis
(Berthier); M. Faucher (Nicolet-Yamaska), qui remplace M. Gratton (Gatineau);
M. Lacroix (Iles-de-la-Madeleine); M. Quenneville (Joliette), qui remplace M.
Levesque (Bonaventure); M. Carpentier (Laviolette), qui remplace M. Malouin
(Drummond); M. Morin (Sauvé); M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Tardif
(Anjou).
Le ministre d'Etat.
Office de développement de l'Est du
Québec
Remarques générales
M. Quenneville: M. le Président, afin de faciliter
l'étude des crédits de l'ODEQ, nous avons cru bon, ce matin, de
distribuer aux membres de la commission un texte qui définit une
nouvelle façon d'étudier ces crédits. On verra d'ailleurs
les raisons dans ce texte.
Messieurs les membres de la commission, permettez-moi d'abord de vous
présenter les fonctionnaires de l'ODEQ et de l'OPDQ qui nous
accompagnent ce matin: M. Robin d'Anjou, délégué au plan
de l'Est du Québec; M. Larouche, de l'OPDQ; M. Grégoire, de
l'ODEQ; M. Fecteau, M. Pelletier, de l'OPDQ. Il y a M. Tremblay, qui doit
s'absenter, M. Amyot et M. Fortin, de l'OPDQ.
L'an dernier, j'ai eu l'occasion d'exposer aux membres de cette
même commission le contenu des orientations retenues dans le cadre du
budget triennal de l'ODEQ pour la période 1973-1976. J'ai aussi
déposé un organigramme, de même qu'un texte
définissant la structure d'exécution de l'entente pour l'Est du
Québec. J'ai apporté toutes les précisions requises sur
cette question plutôt complexe.
Cette année, compte tenu qu'il s'agit de la troisième
année du budget triennal, que celle-ci coïncide avec la fin d'une
entente et qu'elle s'inscrit à 95% dans les prévisions
établies lors des années antérieures, je me permettrai
d'insister da- vantage sur ce qui me semble être plus important, soit
l'après 1976.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Un instant, M. le ministre. M.
Dionne (Compton) remplace M. Tardif (Anjou). Je l'avais oublié. Merci.
Continuez.
M. Quenneville: Le budget 1975/76 est, dans sa presque
totalité, consacré à la poursuite des programmes et
projets entrepris depuis 1968. Nous prévoyons que la performance
budgétaire sera la même que l'an dernier, c'est-à-dire plus
de 90%. Les montants résiduels pourront être
dépensés au cours des 18 mois suivant la fin du présent
exercice financier, pour autant que les projets auront été
approuvés par la structure d'exécution, avant le 31 mars
1976.
Le seul projet vraiment nouveau inscrit dans le budget 1975/76 est la
mise en place, dans le port de Matane, d'infrastructures essentielles à
l'entrée en activité du traversier-rail devant relier la rive sud
à la Côte-Nord. Il s'agit de l'aménagement d'une rampe de
transbordement des wagons dont le coût prévu
s'élèvera à environ $3 millions. L'ODEQ y contribuera pour
une somme de $1.2 million, au cours du présent exercice financier.
Pour ma part, je considère la liaison ferroviaire nord-sud comme
l'un des dossiers les plus importants entrepris dans l'Est du Québec, au
cours des dernières années.
Encore une fois, je tiens à souligner que ce dossier est
fondamentalement le fruit de l'entre-preneurship régional,
entrepreneurship que je juge essentiel au développement
économique régional et sans lequel toute action gouvernementale
visant à promouvoir ce développement me paraît, pour ainsi
dire, impossible à concrétiser. Cet entrepreneurship
régional, sur lequel nous avons toujours insisté, a finalement
suscité un mouvement de solidarité entre les deux rives. L'appui
des CRD de la Côte-Nord et de l'Est du Québec, de même que
les conférences des maires des deux rives démontrent sans
équivoque la volonté ferme des gens du milieu de participer
activement au développement de leur région.
La presque totalité des municipalités des deux rives s'est
empressée de répondre à cet appel à la
solidarité et à la conscience régionale.
Personnellement, j'ai été et je demeure très
étroitement associé à la population de l'Est du
Québec dans le cheminement de ce projet entrepris par la Compagnie de
gestion de Matane.
Je pourrais poursuivre en passant en revue les principaux projets
inscrits au budget 1975/76, mais cette année, contrairement aux
années antérieures, les fonds de l'entente ont été
imputés directement au budget des ministères maîtres
d'oeuvre. Ceci signifie que chacun des ministres responsables a eu ou aura
l'occasion de faire part à cette commission du contenu desdits projets.
Ce changement a été rendu nécessaire afin de permettre
d'intégrer le contenu de ces projets spéciaux à la
structure québécoise d'objectifs et de programmes PPBS.
Toutefois, il me semble opportun, avant d'aborder la prospective de
l'après '76, de vous livrer les grandes lignes d'une étude dont
les résultats préliminaires sont présentement connus.
Cette étude, qui retrace l'évolution
socio-économique de l'Est du Québec depuis 1961, établit
des comparaisons entre l'évolution régionale et
l'évolution provinciale dans les principaux secteurs d'activité.
Il ressort de ces comparaisons que l'Est du Québec a amorcé, au
cours des dernières années, un mouvement de rattrapage fort
appréciable par rapport à l'ensemble du Québec. Cette
étude devrait normalement être terminée au cours de
l'été. Dès lors, elle sera rendue publique. Pour
l'instant, permettez-moi de vous livrer sommairement les grandes lignes de
cette évolution et ce, pour les principaux secteurs d'activité de
cette région ressource du Québec.
Dans le secteur agricole, tant au niveau primaire que secondaire, l'Est
du Québec a évolué plus rapidement que l'ensemble de la
province au cours des dernières années. En I96I, la région
possédait 13.8% des fermes de recensement du Québec et seulement
4.5% des fermes ayant un revenu brut annuel de $5,000 et plus. Le revenu brut
annuel moyen par ferme de recensement était de $2,371 dans la
région, comparativement à $6,447 pour le Québec. En 1973,
la région ne possédait plus que 10.5% du total des fermes du
Québec, alors qu'elle possédait 11.4% des fermes de $5,000 et
plus. Le revenu annuel brut moyen par ferme dans l'Est du Québec
était passé à $10,543, pour une augmentation de 345%
depuis 1961, comparativement à 185% pour la même période
dans l'ensemble du Québec.
Au niveau du secondaire agricole, l'Est du Québec a
également connu un mouvement de rattrapage digne de mention. Ainsi, en
1961, avec 9.4% du nombre total d'établissements au Québec, la
région ne produisait que 1.9% du total québécois. En 1971,
avec 7.7% des établissements de la province, la région produisait
2.4% du total québécois. Dans la région, la valeur totale
de la production s'était accrue de 132%, comparativement à 81%
pour l'ensemble du Québec. Au cours de cette décennie, le nombre
d'emplois rattachés au secondaire agricole dans l'Est du Québec
connaissait une augmentation de 29.4%, comparativement à une
augmentation d'à peine 5.4% dans l'ensemble du Québec.
Un fait à noter, c'est que le Québec a connu entre 1966 et
1971 une diminution du nombre d'emplois dans le secondaire agricole,
contrairement à l'Est du Québec, où la hausse du nombre
d'emplois s'est poursuivie. Dans le secteur forestier, le nombre de
travailleurs au niveau primaire a connu dans la région une diminution de
48.5% entre 1961 et 1972. Toutefois, ce phénomène dû
à la mécanisation de plus en plus poussée des
opérations forestières n'a pas été exclusif
à l'Est du Québec, puisque cette diminution d'emplois
était de l'ordre de 46.7% dans l'ensemble de la province au cours de la
même période.
Au niveau du secondaire forestier, malgré une diminution de 50%
du nombre d'entreprises entre 1961 et 1971, le nombre d'emplois a connu une
hausse de 10%. Le salaire moyen des travailleurs des usines et des scieries de
la région a connu une augmentation de 106% au cours de cette
décennie, comparativement à 72% dans l'ensemble du Québec.
En passant de $3,028 à $6,237 par an- née, ce salaire annuel
moyen passait de 74.4% à 89.2% de la moyenne
québécoise.
Durant cette même période, la valeur annuelle totale de la
production forestière du territoire passait de $35.3 millions à
$97.3 millions, pour une augmentation de 175.2%, comparativement à une
augmentation de 90.8% dans l'ensemble du Québec.
Dans le domaine des pêches maritimes, il ne m'est pas possible de
comparer la région avec l'ensemble du Québec puisque la
région représente plus de 90% du total des pêches du
Québec. Cependant, je me permets de souligner que cette activité
a évolué de façon très positive entre 1961 et 1973.
Une première constatation, c'est que le nombre de pêcheurs est
passé de 2,947 à 3,750, alors que le nombre d'embarcations est
passé de 2,164 à 1,723 au cours de cette même
période. Ceci s'explique par la disparition de bon nombre de petites
embarcations à pêcheur unique au profit de plus grosses
unités montées par des équipages.
De 1961 à 1971, le revenu hebdomadaire moyen par pêcheur a
presque doublé, pour se situer aux environs de $100. La valeur des
débarquements est passée de $3.7 millions en 1961 à $9.4
millions en 1971 et $11.6 millions en 1973, pour une augmentation de 210%.
Au niveau secondaire, le nombre d'entreprises de transformation est
passé de 50 en 1961 à 37 en 1973, pour une diminution de 26%. Au
cours de la même période, le nombre d'emplois annuels passait de
1,133 à 1,579, pour une augmentation de 39%, alors que le salaire annuel
moyen passait de $1,605 à $3,452, pour une augmentation de 115%, hausse
qui se compare très bien à celle enregistrée dans les
autres secteurs d'activité.
Dans le secteur des mines, le nombre d'entreprises dans l'Est du
Québec est passé de 29 en 1968 à 32 en 1971, pour une
augmentation de 10%, alors que l'ensemble du Québec, pour la même
période, connaissait une diminution de 15%, le nombre
d'établissements passant de 262 à 223. De 1968 à 1971, le
nombre d'emplois dans les mines est passé de 1,319 à 1,734 dans
l'Est du Québec, pour une augmentation de 31.5%, comparativement
à une diminution de 1.2% pour l'ensemble des autres régions
minières du Québec. Pour ce qui est de la valeur totale de la
production minière, elle est passée, dans la région, de
$39.3 millions en 1968 à $52.8 millions en 1971, pour une augmentation
de 34.5%, comparativement à une augmentation de 4% pour l'ensemble du
Québec.
J'aborde maintenant le secteur de l'industrie manufacturière qui,
comme vous serez à même de le constater, a connu, dans l'Est du
Québec, au cours des dernières années, un rattrapage
majeur par rapport à l'ensemble de la province. De 1961 à 1971,
le nombre d'établissements manufacturiers dans la région est
passé de 608 à 360, pour une diminution de 40.8%, comparativement
à une diminution de 9.6% observée dans l'ensemble du
Québec, au cours de la même période.
Pour ceux qui ont observé l'évolution
socio-économique de l'Est du Québec depuis le début des
travaux du BAEQ, cette situation n'a rien
d'alarmant puisqu'elle réflète les résultats des
efforts de rationalisation et de consolidation du secondaire agricole,
forestier et des pêches maritimes et non pas une régression comme
telle dans les activités manufacturières.
Cette diminution rapide du nombre d'établissements manufacturiers
sur le territoire était non seulement prévue, mais
également souhaitée par la BAEQ qui préconisait la mise en
oeuvre de programmes gouvernementaux susceptibles de favoriser la
rationalisation du secondaire en incitant les entreprises à regrouper
leur production dans un effort de rentabilisation à moyen et à
long terme.
Comme vous allez le constater par l'étude des autres variables de
ce secteur, cette disparition accélérée d'un bon nombre
d'établissements ne découle aucunement d'une régression
dans les activités manufacturières.
Ainsi, de 1961 à 1971, le nombre d'emplois manufacturiers
hommes-années dans la région est passé de 5,630 à
7,834, pour une augmentation de 39.1%, alors que cette augmentation n'a
été que de 10.9% dans l'ensemble du Québec au cours de la
même décennie. Le salaire annuel moyen de la main-d'oeuvre
manufacturière de l'Est du Québec est passé de $2,690 en
1961 à $5,503 en 1971, pour une augmentation de 104.6%, alors que dans
l'ensemble du Québec ce salaire passait de $3,824 à $6,609, pour
une augmentation de 72.8%.
En 1961, ce salaire se situait à 70.3% dans la moyenne
québécoise pour se hausser, en 1971, à 83.3% de cette
moyenne. Au cours de cette décennie, la valeur totale de la production
manufacturière s'est accrue de 226.9% dans la région,
comparativement à 96.5% pour l'ensemble du Québec. La production
annuelle moyenne par entreprise s'est accrue de 450.4%, comparativement
à 117.3% pour l'ensemble du Québec. Je pourrais poursuivre
longtemps cet énoncé de statistiques qui, il me semble,
démontre clairement que l'Est du Québec est en pleine
période de rattrapage par rapport à l'ensemble de la
province.
Je préfère m'en tenir, pour l'instant, à ce survol
rapide des principaux secteurs, étant donné que nous publierons
dans les mois qui viennent un document faisant le point sur l'évolution
de la situation régionale au cours des dernières années.
Les statistiques que j'ai citées n'avaient pas pour objectif de prouver
que tout a été fait dans l'Est du Québec, mais uniquement
de répondre sommairement à ceux qui prétendent qu'il ne
s'est rien fait. Comme je partage l'opinion de ceux qui disent qu'il y a encore
beaucoup à faire dans cette région ressource du Québec,
j'aborderai donc l'aspect qu'il me paraît des plus importants de
préciser dès maintenant, soit l'après 1976 dans l'Est du
Québec.
Qu'est-ce qu'il adviendra l'an prochain des programmes de
développement mis en oeuvre depuis 1968? Quelles sont les structures
administratives québécoises qui demeureront en place après
1976? Le gouvernement du Québec a-t-il l'intention de poursuivre ses
efforts de planification et de développement régional dans l'Est
du Québec après 1976, dans le cadre plus global de la lutte
contre les disparités régionales au Québec? C'est à
ces interrogations, très légitimes d'ailleurs, des
députés de l'Est du Québec, des corps
intermédiaires et de la population que je veux tenter de
répondre.
L'ensemble de ces questions touche quatre des principales dimensions de
l'action gouvernementale, soit 1) budget, 2) structures administratives, 3)
planification régionale, 4) consultation de la population. Dès le
départ, il importe de préciser que, sur le plan
budgétaire, les budgets réguliers ont déjà
commencé à prendre la relève des fonds de l'entente depuis
1973. On se souvient que la structure d'exécution gouvernementale avait
prévu, à compter de 1973, un retrait progressif des fonds de
l'entente pour éviter l'impact d'un retrait subit en 1976. Au fur et
à mesure de ce retrait, les budgets réguliers ont commencé
à prendre la relève. A titre d'exemple, les budgets
réguliers du ministère des Terres et Forêts poursuivent des
programmes d'aménagement forestier depuis maintenant deux ans. Ces
mêmes budgets réguliers ont également pris la relève
pour ce qui est des projets d'expérimentation et de
démonstration, de même que de certains projets de restauration
forestière et de reboisement. Les budgets réguliers de la
direction générale des pêches maritimes se sont
substitués au budget de l'entente dans la poursuite des projets de
développement de la pêche, équipes de recherche,
diversification de la pêche, groupe de coordination et de
développement et le reste.
Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a
déjà prévu, dans sa programmation, la poursuite, à
même ses budgets réguliers, de l'aménagement du parc du
Bic, du parc de Percé et du parc de la Gaspésie. Les ententes
auxiliaires présentement en négociation, de même que le
fonds québécois de développement régional
pourraient éventuellement servir de complément aux budgets
réguliers du ministère pour ces projets. Le ministère des
Transports du Québec investira dans la réfection des routes 6 et
10 un budget régulier annuel de $20 millions indexé
jusqu'à ce que les travaux de réfection soient
complétés soit vers 1985.
L'ensemble des travaux coûtera environ $300 millions, dont $82.8
millions auront été puisés à même les fonds
de l'entente.
Les exemples que je viens de citer ne constituent aucunement une liste
exhaustive des programmes entrepris par l'entente qui se poursuivent et se
poursuivront dans le cadre des budgets réguliers après I976.
Plutôt que d'allonger cette liste d'exemples, je préfère
ouvrir le second volet budgétaire qui assurera la poursuite des efforts
de développement après I976. Il s'agit des ententes auxiliaires
Canada-Québec.
Dans l'entente portant sur le développement industriel,
signée récemment, $14 millions ont été
prévus pour terminer la mise en place des parcs industriels de
pêche dans l'Est du Québec, pour la période allant de I976
à I978. Les sites retenus sont Rivière-au-Renard,
Grande-Rivière, Paspé-biac et Cap-aux-Meules.
Un montant de $3.4 millions a également été
prévu pour la mise en place de parcs industriels dans les villes de
Rivière-du-Loup et de Rimouski, ce qui, avec les parcs industriels de
Matane et de
Mont-Joli, qui sont déjà terminés,
complétera le réseau prévu initialement dans la
programmation.
Les fonds disponibles grâce aux ententes auxiliaires, tout comme
le fonds québécois de développement régional qui
constitue le troisième volet budgétaire, sont
complémentaires aux budgets réguliers des ministères dans
le cas de projets pour la réalisation desquels les budgets n'ont pas
été prévus ou, encore, ne sont pas suffisants.
Le fonds québécois de développement régional
prévoit investir, dès le présent exercice financier, dans
l'Est du Québec, environ $1 million pour compenser l'insuffisance des
fonds de l'entente dans la mise en place du réseau d'équipement
touristique et de loisir de la région. Cette compensation du fonds
québécois de développement régional est rendue
nécessaire pour assurer le respect de la programmation triennale,
approuvée en 1973, et qui, depuis lors, a subi les effets
négatifs de l'inflation.
Dans l'ensemble, la région de l'Est du Québec n'aura pas
à souffrir du retrait progressif des fonds de l'entente, puisqu'au fur
et à mesure de ce retrait la relève budgétaire est
assurée par les budgets réguliers, les ententes auxiliaires et le
fonds québécois de développement régional.
Sur le plan des structures administratives, l'Est du Québec
n'aura pas à déplorer l'exode des bureaux régionaux que
les ministères ont mis en place, depuis 1968, comme le voulaient
certaines rumeurs qui ont circulé récemment.
C'est d'ailleurs en grande partie grâce au résultat positif
de cette expérience de déconcentration administrative que l'OPDQ
a ouvert des bureaux régionaux dans l'ensemble des dix régions du
Québec et que des conférences administratives régionales
ont été implantées dans six régions.
Pour ma part, je considère cette orientation retenue par le
groupe ministériel des affaires économiques et du
développement régional comme une manifestation non
équivoque de la volonté gouvernementale de rapprocher
l'administration publique québécoise de la population.
Il est évident que, dans l'Est du Québec, compte tenu de
la fin de l'entente, les mandats des équipes régionales des
ministères devront être révisés et adaptés
aux nouvelles tâches sectorielles que chaque ministère est
à préciser, de même qu'aux tâches de coordination
interministérielle qu'il incombera, à chaque ministère, de
remplir au sein d'organismes telle la Conférence administrative
régionale de l'Est du Québec.
Pour ce qui est de cette conférence administrative,
l'arrêté en conseil mis sur pied en 1968 est présentement
en révision en vue d'en préciser le rôle pour
l'après 1976.
D'ores et déjà, on sait que la Conférence
administrative régionale de l'Est du Québec aura un rôle
très important à jouer dans la remise à jour du
schéma régional de développement et d'aménagement
de cette région. En effet, c'est au sein de cet organisme que
l'équipe de l'OPDQ devra assurer la cohérence des schémas
régionaux sectoriels avec un schéma régional
d'ensemble.
L'objectif de cette opération de remise à jour du
schéma régional est de permettre une révision des
orientations poursuivies par l'action gouvernementale au cours des
dernières années. Elle s'inscrit dans le processus normal de la
planification et se fera en étroite consultation avec les organismes du
milieu, notamment, le CRD, qui demeure un interlocuteur
privilégié de la structure gouvernementale.
Dans l'Est du Québec, 1976 ne marquera nullement la fin d'une
période d'efforts spéciaux de développement
régional et ce, que ce soit sur le plan des budgets, des structures
administratives de la planification ou de la consultation. Bien au contraire,
les éléments que j'ai précisés dans cet
exposé que j'ai voulu bref me paraissent comme autant de manifestations
de la volonté gouvernementale, non seulement de poursuivre, mais
d'intensifier la lutte contre les disparités régionales au
Québec.
M. le Président, j'ai en main un bilan financier complet de
toutes les activités de l'ODEQ depuis I968. Si tel est le désir
des membres de cette commission, je pourrais leur en remettre une copie. Je me
tiens également à leur entière disposition pour
répondre à toute question relative aux opérations
passées, présentes et futures de l'OPDQ dans l'Est du
Québec.
Le Président (M.Houde, Limoilou): Le député
de Saguenay.
Emigration et chômage
M. Lessard: M. le Président, le ministre nous a
tracé un bilan comparatif de la région de l'Est du Québec
par rapport à l'ensemble du territoire québécois. Nous
assumions qu'il était tout à fait normal qu'il y ait une
période de rattrapage, particulièrement dans cette région,
puisqu'on partait passablement de loin. Par ailleurs, ces comparaisons nous
laissent un peu songeurs, puisqu'on sait que l'ensemble du Québec ne
s'est pas développé au rythme où il aurait dû se
développer, au cours de la période de 1970-75.
Cependant, M. le Président, lorsque le ministre nous parle du
bilan positif, j'aimerais poser d'abord les deux questions suivantes: Quel
était le taux de chômage régional en I96I? Est-ce que le
ministre pourrait nous faire un bilan depuis I96I de ce taux de chômage?
Est-ce qu'il s'est résorbé ou est-ce que le taux est resté
le même?
M. Quenneville: Pour répondre à la question du
député de Saguenay, en I96I, le taux de chômage
était de 16.8% et en 1973 il est de 14.2%. Il s'agit naturellement d'un
taux désaisonnalisé.
M. Lessard: Quel est le taux actuel en 1975?
M. Quenneville: On n'a pas 1975, on a 1974.
M. Lessard: 1974?
M. Quenneville: 14.2%.
M. Lessard: Quelle était la population totale de la
région en 1961 et la population actuelle?
M. Quenneville: En 1961, elle était de 349,717 et elle est
de 315,400.
M. Lessard: Vous me dites 361,000?
M. Quenneville: 349,717 pour 315,400, une diminution de
34,000.
M. Lessard: Est-ce qu'on a des études au niveau de l'ODEQ
pour savoir quelle est la partie de population qui délaisse cette
région? Est-ce que ce sont particulièrement les jeunes qui
continuent de délaisser la région? Malgré toutes les
ententes, malgré tous les budgets qui ont été
dépensés, on constate que des objectifs du BAEQ, comme essayer de
conserver la population à l'intérieur du territoire, n'ont pas
encore été atteints, puisqu'on constate une diminution de la
population.
M. Quenneville: Pour répondre à la question du
député de Saguenay, c'est naturellement la population entre 15 et
35 ans qui constitue la majorité qui a quitté la région de
l'Est du Québec.
M. Lessard: Donc, c'est particulièrement la population de
jeunes qui continue de laisser cette région. On constate, par ailleurs,
que le taux de chômage n'a pas diminué de façon très
considérable pendant une période de dix ans.
M. Quenneville: II semble, d'après les chiffres, qu'on a
pour les deux ou trois dernières années , qu'une stabilisation
s'est maintenant installée. En somme, disons que la grande partie de
l'exode s'est surtout passée dans les années entre 1961 et 1971.
Depuis ce temps, cela s'est stabilisé.
D'abord, je souligne que je trouvais assez étonnant que le
ministre ne nous parle pas du taux de chômage dans son bilan et qu'il ne
nous parle pas, en fait, de cette diminution de population, mais j'aimerais
savoir, entre la période 1970 et 1975... En 1970, quelle était la
population?
M. Quenneville: Elle était de 325,000.
M. Lessard: Donc, il y a eu une diminution, depuis 1970, de
10,000?
M. Quenneville: C'est cela.
M. Lessard: On n'a pas encore arrêté
l'hémorragie, en fait, de...
M. Quenneville: Non, mais disons quand même que cela se
stabilise. En plus de cela, il y a eu quand même la fermeture de villages
marginaux qui a joué un rôle, là-dedans, entre 1970 et
1975. Il y a plusieurs personnes de ces villages qui sont allées,
naturellement, en dehors de la région.
M. Lessard: Le ministre nous parlait de la période qui a
suivi l'entente, ce qui est un problème très important pour toute
la région. Il nous disait que, grâce aux ententes auxiliaires, il
aurait la possibilité de compenser la disparition des budgets
spéciaux qui étaient prévus dans l'entente par des budgets
qui proviendront aussi, à la fois, des deux gouvernements, suite
à ces ententes auxiliaires.
Quel sera, par la suite, le rôle de l'ODEQ, après 1976?
Est-ce que l'ODEQ disparaît? L'ODEQ est un organisme de
planification.
M. Quenneville: Non. C'est exactement le même rôle.
Tantôt, dans le texte, d'ailleurs, je l'ai dit. On continuera exactement
le même rôle de coordination entre les différents
ministères, par le biais de la conférence administrative.
M. Lessard: Bon! Par le biais de la conférence
administrative. La conférence administrative, comme telle, n'a pas de
pouvoir de décision.
M. Quenneville: C'est un organisme de coordination. Ce n'est
pas...
M. Lessard: C'est strictement un organisme de coordination...
M. Quenneville: Exactement!
M. Lessard:... entre les différents
ministères...
M. Quenneville: C'est cela.
M. Lessard: ... mais il n'y a aucun pouvoir de
décision.
Est-ce que la conférence administrative va aussi avoir la
possibilité d'étudier des projets de planification?
M. Quenneville: Exactement. C'est ce qu'elle va faire, comme elle
le fait, d'ailleurs, actuellement.
M. Lessard: Ce qu'on peut craindre, c'est qu'encore là,
dans ces ententes auxiliaires, on délaisse complètement toute
planification; que les projets soient commencés, si vous voulez, suite
à certaines pressions, mais qu'ils n'aient aucune relation avec la
nécessité de planification économique à
l'intérieur du territoire.
Est-ce que ce n'est pas le danger que nous vivrons par la suite?
M. Quenneville: Cela va continuer exactement comme c'est
actuellement. Les projets viennent de la région. Maintenant, le palier
décisionnel se fait ici, au niveau des ministères. Il n'y a pas
de raison pour que cela change.
M. Lessard: Est-ce que l'organisme, comme tel, constitué
de l'Office de développement de l'Est du Québec va continuer
d'exister, va demeurer?
M. Quenneville: Exactement!
M. Lessard: Etant donné le fait, par exemple, que tous les
budgets retourneront vers les ministères, quel sera, à ce moment,
le rôle de l'ODEQ?
M. Quenneville: Le même rôle qu'il a actuellement.
C'est un rôle de coordination entre les différents
ministères. Il ne faut pas se le cacher. Je pense quand même que
c'est une erreur commune que de dire, par exemple, que les effectifs de l'ODEQ
sont considérables. Je pense qu'actuellement l'ODEQ compte environ cinq
fonctionnaires.
M. Lessard: Quelle sera la différence, à ce moment,
entre l'ODEQ et la conférence administrative?
M. Quenneville: J'avais déposé l'an dernier,
d'ailleurs, un organigramme là-dessus. En fait, disons que...
M. Lessard: La conférence administrative...
M. Quenneville: ... la conférence administrative est
présidée par le délégué au plan,
naturellement, par l'ODEQ, en ce moment.
M. Lessard: La conférence administrative va avoir un
rôle de coordination, comme vous nous dites.
M. Quenneville: Oui.
M. Lessard: Vous nous dites, par ailleurs, que l'ODEQ va
continuer de jouer son rôle de coordination.
M. Quenneville: C'est cela. En fait, l'ODEQ, dans tout cela, ne
fait simplement que la partie administrative, si vous voulez, et préside
à la conférence administrative. Qu'est-ce que vous entendez,
d'ailleurs...
M. Lessard: Le rôle de l'ODEQ était de coordonner et
d'administrer des budgets qui lui étaient propres, en vertu de l'entente
Canada-Québec. En retournant ces budgets aux différents
ministères, quelle responsabilité reste-t-il à l'ODEQ?
M. Quenneville: Je l'ai expliqué justement tantôt
dans le texte. Pour la première année, soit cette année,
les budgets sont imputés aux différents ministères. Le
rôle de l'ODEQ est déjà un rôle strictement de
coordination à l'intérieur du programme.
M. Lessard: Et la CAREQ a aussi un rôle de
coordination.
M. Quenneville: Exactement. C'est présidé par
l'ODEQ. C'est chapeauté, si vous voulez, par l'ODEQ.
M. Lessard: L'ODEQ va devenir une institution de forme.
M. Quenneville: Elle va jouer exactement le même rôle
qu'elle a toujours joué, effectivement, sauf pour cette partie
administrative.
M. Lessard: La dernière année, vous avez pu jouer
le rôle que vous aviez joué au cours des années
antérieures parce que, lors de la dernière année, les
budgets ont été retirés, en fait, de l'ODEQ pour
être retournés aux ministères. A ce moment, si je comprends
bien, vous me dites que l'ODEQ va avoir un rôle de coordination et que la
CAREQ va avoir un rôle de coordination, mais comme l'ODEQ n'administre
plus de budget, je ne vois plus tellement quel pourra être son
rôle. Vous allez avoir deux structures qui ont la même
responsabilité: soit la CAREQ et l'ODEQ.
M. Quenneville: Comme je le disais tantôt, il faut quand
même penser que le rôle principal de l'ODEQ est un rôle de
coordination. Ce qu'on a fait, c'est qu'après avoir
procédé à la programmation, les budgets ont
été imputés aux différents ministères pour
l'exécution.
M. Lessard: Vous aviez un rôle de coordination, plus
particulièrement, au cours de la dernière année. Au cours
des années antérieures, vous aviez des budgets à
administrer en plus. Les budgets que vous aviez à administrer
étaient sous votre contrôle, ils étaient sous votre
autorité. Vous aviez, à un moment donné, une certaine
autonomie administrative. En retournant ces budgets aux ministères, vous
n'avez plus d'autonomie administrative.
M. Quenneville: Je m'excuse.
M. Lessard: D'autonomie budgétaire.
M. Quenneville: Tous les budgets, naturellement, reçoivent
le visa de l'office. Ils ne sont pas imputés aux différents
ministères sans avoir le visa de l'office, sans qu'on soit certain que
la coordination est respectée ainsi que la planification, telle qu'elle
a été établie. Les différents projets s'inscrivent
dans cette planification.
M. Lessard: Je vais reprendre la question d'un autre
côté. Quel sera, à ce moment, la responsabilité,
dans la coordination, de la CAREQ par rapport à l'ODEQ?
C'est-à-dire que la CAREQ, à un moment donné, va avoir des
responsabilités de coordination? Que va-t-elle coordonner? Aussi des
budgets des ministères?
M. Quenneville: Exactement.
M. Lessard: Et l'ODEQ va coordonner aussi des budgets du
ministère. Ce sont deux structures de coordination.
M. Quenneville: II y a seulement un organisme réel de
coordination, c'est l'ODEQ. La CAREQ, là-dedans, la conférence
administrative, est un instrument de coordination, puisqu'elle est
composée de représentants des différents
ministères. Le rôle de coordination se fait par l'ODEQ,
naturellement, mais par le biais de cette conférence administrative. Il
n'y a pas deux organismes de coordination, il n'y en a qu'un.
M. Lessard: Est-ce que le ministre va encore être je
parle de la fonction de ministre ministre responsable de l'ODEQ et
est-ce qu'il va continuer de venir expliquer en commission parlementaire les
différents projets?
M. Quenneville: A moins qu'il y ait une décision
gouvernementale différente, naturellement, cela devrait continuer comme
cela; ce n'est pas prévu.
M. Lessard: M. le Président, on pourra voir,
l'année prochaine, ou particulièrement à la fin de
l'entente, quelles seront les fonctions exactes de l'ODEQ et comment se fera la
planification. La région de l'Est du Québec va être
exactement une
région qui sera sur le même pied que toutes les autres
régions du Québec, ou à peu près, puisque ce sera
fonction des ententes auxiliaires. Or, ces ententes auxiliaires les
projets moteurs, comme on les appelle peuvent aussi bien être
utilisées pour les gens de la Côte-Nord, pour la région du
lac Saint-Jean que pour les gens de la Gaspésie ou les régions de
Montréal et d'ailleurs.
On peut s'interroger, à ce moment, sur la planification, à
savoir si elle continuera d'exister ou non, ou si ce sera tout simplement selon
certaines pressions.
M. Quenneville: II est sûr et certain que la planification
continuera, il n'y a pas d'erreur. Il reste quand même que l'organisme de
l'ODEQ fera valoir les besoins pour essayer de faire disparaître les
disparités régionales. On a dit, d'ailleurs, à la fin de
la présentation, qu'il y avait eu un effort de rattrapage
extraordinaire, mais on n'avait pas l'impression que tout était
terminé pour cela. Il est sûr et certain que ces
éléments entreront en ligne de compte dans rétablissement,
par le groupe ministériel des affaires économiques, dans des
priorités au niveau des ententes auxiliaires et du fonds provincial de
développement régional.
M. Lessard: Est-ce qu'on peut être assuré qu'un
genre de fonds régional existera pour la région de l'Est du
Québec, c'est-à-dire pas selon les pressions? De combien d'argent
a-t-on besoin pour continuer de développer cette région? Si on a
besoin de cet argent, dans une planification, il s'agit de le prévoir et
les gens de la région vont être capables de dire: On a une
assiette budgétaire de tant pour notre développement
régional. Tandis que si ce fonds régional n'existe pas, si des
budgets précis n'existent pas, pour la région de l'Est du
Québec, pour des régions comme la Côte-Nord, etc., on sera
soumis la région de l'Est du Québec en particulier
un peu au marchandage. Or, comme on sait que des régions comme
Montréal ou Québec ont bien plus de force auprès du
gouvernement quand il s'agit de marchander certains budgets, la région
de l'Est du Québec se ramassera probablement encore comme le parent
pauvre de l'ensemble du Québec, quitte à revenir en
arrière, à perdre le peu de rattrapage qu'on a pu obtenir, qu'on
a pu acquérir depuis un certain temps.
M. Quenneville: C'est le but même de la création du
fonds provincial de développement régional d'ailleurs, de voir
aux besoins de toutes les régions. A partir des projets qui seront
soumis dans les différentes régions, le fonds provincial de
développement régional pourra combler ces lacunes.
M. Lessard: Le fonds régional est de combien?
M. Quenneville: II est de $42.6 millions.
M. Lessard: Quelle sera la part de la région de l'Est du
Québec dans ces $42.6 millions?
M. Quenneville: C'est $1 million cette année. Mais il faut
dire que l'entente n'est pas terminée cette année. Elle se
termine en mars 1976. Il faut dire aussi qu'on a un prolongement de dix-huit
mois pour dépenser les sommes.
M. Lessard: Toujours dans cette optique de planification, est-ce
que le ministre pourrait nous faire le bilan de la Société
d'administration et de gestion de l'Est du Québec?
Le Président (M. Houde, Umoilou): Le député
de Matane.
M. Côté: Si le député de Saguenay me
le permet, avant d'entrer dans les cas particuliers, et à l'instar de
mon collègue de Saguenay, j'aimerais rendre un hommage très
vibrant au ministre responsable qui, depuis quelques années, s'est
occupé particulièrement du dossier de l'Est du Québec. Il
a fait un travail soutenu en ce qui concerne tous les points et les
revendications de l'Est du Québec...
J'imagine que, dans son cas, cela n'a pas été facile,
étant donné qu'au départ les gens étaient assez
susceptibles et un peu écoeurés des études qui ont
été produites dans le passé. Le ministre a quand
même pris une situation qui n'était pas tellement facile. C'est la
raison pour laquelle j'ai saisi le moment qui m'est fourni pour lui rendre
hommage de s'être impliqué dans le milieu gaspésien, de
même que son équipe.
Je vois, à la lecture du discours qu'il vient de nous
présenter, que ses préoccupations sont toujours tournées
vers l'Est du Québec. Je suis particulièrement fier de le voir
renouveler sa confiance dans le projet de traversier-rail entre Matane et la
rive nord. Je pense que les gens de la région, aussi bien de Matane que
de la Côte-Nord, sont très heureux de voir que cette confiance est
renouvelée. Je suis convaincu que le ministre travaillera d'arrache-pied
pour que, d'ici peu, on touche du concret dans cette affaire. Le bilan est
passablement complet, je pense, en ce qui concerne les réalisations pour
l'Est du Québec. Les chiffres qui sont mentionnés dans ce bilan
sont assez révélateurs d'un redressement de situation.
M. Lessard: Le taux de chômage, la disparition de la
population.
M. Côté: Lorsque le député de Saguenay
parle de taux de chômage et de disparition de la population, il faudrait
quand même qu'il considère le temps présent, parce que
même s'il y est beaucoup attaché, parce qu'il représente,
du côté de l'Opposition officielle, la région de la
Gaspésie, je peux lui causer longuement de la disparition de la
population. J'ai à rencontrer quotidiennement des gens de cette
région et je constate que les gens qui ont quitté la
région dans le passé insistent pour y revenir maintenant. On a
fait état de chiffres de 1972 et de 1973. Nous sommes maintenant en 1975
et je crois que la situation va changer.
En ce qui concerne le chômage, il y a quand même une
certaine stabilisation, même si le taux de chômage est très
haut et inacceptable, on ne se le cachera pas.
On est une région qui a des richesses naturelles très
importantes, mais il faut dire qu'on n'est
pas au centre de tout ce qui s'appelle réseau ferroviaire ou
infrastructures pour nous permettre de développer facilement nos
richesses et les exporter ailleurs. Il y a cependant certains espoirs du
côté minier. Je suis convaincu que les différents
gouvernements feront tout ce qui est en leur pouvoir pour tenter de redresser
la situation. Je comprends très bien le rôle du
député de Saguenay lorsqu'il aborde certains points qui sont
peut-être un petit peu moins brillants. D'ailleurs, le ministre ne l'a
pas caché, tout n'a pas été fait. Il reste encore beaucoup
à faire. Chose certaine, à l'heure actuelle, on peut se baser sur
du concret, sur des réalisations dans le secteur de la Gaspésie.
Je parle plus précisément du secteur nord.
Personnellement, j'attache une importance très grande aux
infrastructures du traversier-rail qui sont, à mon avis, une plaque
tournante, un point d'appui qui sera très fort pour la région de
Matane et des environs. J'ai la ferme conviction que, d'ici peu, le ministre,
avec l'équipe et la collaboration très étroite de la
Côte-Nord en ce qui nous concerne, nous permettra de toucher quelque
chose de palpable.
M. Quenneville: Je voudrais revenir à une remarque que le
député de Saguenay vient de faire au sujet de la désertion
de l'Est du Québec. Il ne faudrait quand même pas croire que c'est
la seule région où, en fait, il y a eu une diminution de la
population. La région de Trois-Rivières, la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et la région du Nord-Ouest ont accusé
aussi des baisses de population assez marquées.
Lorsqu'on parle de chômage, c'est le même cas, je pense
bien, qui se présente dans ces régions. C'est ce qui explique
jusqu'à un certain point l'exode, si vous voulez, au niveau de ces
régions. Il y a certains secteurs d'activité qui sont similaires
dans les régions. Vous avez le primaire agricole qui offre un nombre
intéressant d'emplois supplémentaires en été et,
pour ainsi dire, aucun durant la période hivernale. Vous avez le
secondaire agricole qui, en partie du moins, fonctionne au ralenti durant la
période hivernale. Vous avez le primaire forestier où l'abattage
fonctionne en moyenne six mois par année. Le secondaire forestier est au
ralenti durant la période où la construction est au ralenti. Vous
avez les activités primaires de la pêche qui, en moyenne, durent
de six à huit mois par année. Les usines de traitement du poisson
fonctionnent environ huit ou neuf mois par année. Enfin, le tourisme,
dans l'Est du Québec en particulier, fonctionne deux ou trois mois par
année, et c'est plutôt deux que trois, en raison du climat.
Toutes les activités rattachées au transport maritime ne
durent que huit ou neuf mois par année. Tout le secteur de la
construction ne fonctionne en moyenne que six mois par année, compte
tenu des rigueurs du climat. Toutes les activités de transport
reliées à l'exploitation des ressources et tout le transport
scolaire n'ont qu'une durée de dix mois.
Je pense bien que cela explique en grande partie, jusqu'à un
certain point, la diminution de la population et surtout le taux de
chômage qui est flottant.
M. Lessard: M. le Président, je voudrais d'abord dire
qu'à l'encontre des propos de mon collègue, le
député de Matane, je n'ai pas rendu hommage au ministre
responsable de l'ODEQ...
M. Côté: J'avais cru l'entendre. J'avais cru
déceler dans vos propos...
M. Lessard: Je dois dire que les deux chiffres que nous avait
d'ailleurs cachés le ministre, à savoir le taux de chômage
et le taux de la population nous démontrent que les objectifs
fondamentaux il y a eu des modifications de structures de toute
la planification dans cette région n'ont pas été atteints.
On se rappelle très bien que quand le BAEQ a présenté un
plan, une planification de cette région, c'était pour deux
raisons qui étaient fondamentales, qui étaient importantes:
D'abord parce que cette région subissait un fort taux de chômage,
qui était très fortement supérieur à celui de
l'ensemble du Québec, et aussi parce que cette région se voyait
siphonner ou voyait disparaître sa population, particulièrement en
ce qui concerne les jeunes, mieux équipés sur le plan de la
connaissance technique ou autrement.
Or, par les deux chiffres que vient de nous donner le ministre, on voit
que les deux objectifs fondamentaux, à savoir résorber le
chômage dans cette région et y empêcher la saignée,
étant donné qu'elle se vidait de sa population, n'ont pas
été atteints. En effet, la région continue de se vider et
le taux de chômage, qui était en 1961 de 16.8%, selon les
chiffres, je pense, que m'a donnés le ministre, n'a diminué
qu'à 14.2%. Si c'est vrai qu'on a dépensé des montants
supplémentaires; si c'est vrai qu'on n'a pas dépensé
exclusivement, en fait, des montants qui étaient de toute façon
prévus en vertu des budgets réguliers; si c'est vrai que
véritablement, grâce à l'entente
fédérale-provinciale, il y a eu de vrais budgets spéciaux
pour permettre le rattrapage, je dis que les résultats sont bien
piètres. Je dis qu'on peut se poser des questions sur la planification
dans la région. Je dis qu'on constate que la population continue de
délaisser ce territoire et que le taux de chômage continue
d'être à peu près le même qu'en 1961.
M. Côté: Vous vous basez sur quels chiffres?
M. Quenneville: Je vais vous dire quelque chose.
M. Lessard: Sur les chiffres du ministre.
M. Quenneville: M. le Président, je regrette infiniment.
D'abord, je ferai remarquer au député de Saguenay que je n'ai pas
caché les chiffres, en aucun temps.
M. Lessard: J'ai trouvé curieux qu'ils ne soient pas dans
votre document...
M. Quenneville: C'est dans le document qui doit sortir au mois de
juin. Je vous ai dit tantôt, d'ailleurs, qu'au mois de juin, on serait en
mesure de vous en dire pas mal plus long avec un docu-
ment qui sera passablement éloquent aussi. Maintenant, on n'a pas
caché ces chiffres. Il faut dire aussi que le BAEQ n'a jamais
prétendu qu'il pourrait juguler l'exode. Au contraire, il y avait, au
moment où le BAEQ a sorti ses rapports, trois hypothèses qui
avaient été formulées par M. Henri-pin: les
hypothèses forte, moyenne et faible, qui se situent entre 290,000 et
350,000. Au moment du rapport du BAEQ, il y avait 95,000 travailleurs dans
l'Est du Québec et il y avait une possibilité de 75,000 emplois.
Je pense bien que cela aurait été ridicule pour le BAEQ de
prétendre qu'on pouvait stabiliser la population à ce moment.
Maintenant, le député de Saguenay a affirmé tantôt
que l'exode continuait.
C'est justement le contraire qu'on a prouvé tantôt. Cela se
stabilise, actuellement. Les chiffres sont là.
M. Lessard: Donnez-les.
M. Quenneville: En somme, depuis 1970, il y a eu un exode de
10,000 seulement, comparativement à 48,000...
M. Lessard: En 1961, c'était 349,000.
M. Quenneville: Excusez-moi! C'est 49,000. En cinq ans, il y a eu
une...
M. Lessard: En 1970...
M. Quenneville:... diminution de 10,000.
M. Lessard: ... il y a eu une diminution de 24,000 par rapport
à 1961.
M. Quenneville: C'est cela.
M. Lessard: D'accord? De 1970 à...
M. Quenneville: C'est 34,000.
M. Lessard: Pardon?
M. Quenneville: C'est 34,000.
M. Lessard: De 349,000 par rapport à 325,000.
M. Quenneville: Après 1970, on est d'accord, oui. Je
m'excuse.
M. Lessard: Bon! Une diminution de 24,000 de la population. En
1970, la population est de 325,000 et, en 1973, elle est de 315,000. En trois
ans, M. le Président, c'est une diminution...
M. Quenneville: En 1975. M. Côté: En 1975.
M. Lessard: En 1975. En cinq ans? Une diminution...
M. Quenneville: De 10,000.
M. Lessard: ... de 10,000 par rapport à une diminution de
24,000 en neuf ans? Vous dites que...
M. Quenneville: Un instant! Vous jouez sur les chiffres...
M. Lessard:... cela se stabilise!
M. Quenneville: ... en ce sens qu'il faut dire qu'en 1974/75, il
y a une diminution de 3,000.
M. Lessard: Cette diminution se fait malgré l'augmentation
naturelle de la population. C'est un déficit. On continue...
M. Quenneville: II faut dire une chose aussi. Il y a eu un
arrêté en conseil qui permettait aux travailleurs de l'Est du
Québec d'aller travailler sur la Côte-Nord. Vous avez 3,000
travailleurs qui ont traversé de la rive sud à la rive nord,
entre Baie-Comeau et Sept-lles. Je pense que cela explique la diminution.
M. Lessard: Est-ce que ce sont des
déménagements?
M. Quenneville: C'est volontaire. Vous avez le droit de
déménager, vous aussi, à un moment donné,
j'imagine.
M. Lessard: Ce ne sont pas des déménagements. Ces
gens venaient travailler quelques mois et retournaient par la suite.
M. Quenneville: C'est exactement cela. C'est ce qu'on a dit
tantôt...
M. Lessard: A ce moment, cela...
M. Quenneville: II y en a qui demeuraient là aussi...
M. Lessard: ... n'explique pas l'exode. Il s'est continué
exactement de la même façon, de 1970 à 1975, par rapport
à 1961, malgré ce qu'on avait dit et malgré les
supposés budgets spéciaux qu'on accordait dans cette
région. Donc, l'un des objectifs fondamentaux pour lesquels on avait
tenté de faire un développement régional dans cette
région n'a même pas été atteint. Pour l'autre
objectif, en ce qui concerne le taux de chômage, il est resté
à peu près le même qu'en 1961. Alors, qu'on ne vienne pas
rêver en couleur et dire que tout va bien.
M. Quenneville: Ce n'est pas ce qu'on prétend, non plus.
Personne n'a jamais prétendu qu'on pouvait juguler cet exode.
M. Lessard: On laisse rêver la population.
M. Quenneville: Effectivement, il était prévu qu'il
y aurait un exode. On a essayé, autant que possible... On est bien
conscient du phénomène et on essaie de le stabiliser.
M. Lessard: Quand on regarde votre bilan du début,
constatant qu'en dix ans, de 1961 à 1971, le salaire moyen est
passé de $3,000 à $6,000, il faudrait quand même discuter
de dollars constants. Depuis ce temps, il y a eu une augmentation
considérable du coût de la vie. Le salaire, en passant de $3,028
à $6,237 par année...
M. Quenneville: M. le Président, je ferais remarquer au
député de Saguenay que les comparaisons sont faites avec
l'ensemble du Québec, sur les mêmes bases. Qu'on parle de dollars
constants ou non, on va avoir les mêmes critères, les mêmes
normes.
M. Lessard: Mais par rapport...
M. Quenneville: Quand vous lisez le texte comme il faut, c'est
là que c'est impressionnant.
M. Lessard: Oui. Par rapport à l'augmentation du
coût de la vie, je pense bien que c'est assez...
M. Quenneville: L'augmentation du coût de la vie, ce n'est
pas la même chose dans toute la province.
M. Lessard: On va voir, maintenant, concrètement, ce que
cela a donné.
M. Côté: Un instant. Je ne veux quand même pas
laisser passer cela.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Matane.
M. Côté: Le député de Saguenay lance
quelques interrogations, comme à l'habitude, d'ailleurs, sans apporter
tellement de solutions.
M. Lessard: Ce n'est pas moi qui est ministre.
M. Côté: Non, vous ne le serez jamais non plus.
J'aimerais poser une question...
M. Lessard: Le député de Matane non plus.
M. Côté: Ce n'est pas ce que je prétends non
plus.
J'aimerais poser une question au député de Saguenay,
à savoir ce qu'il serait advenu des mines Madeleine, ce qu'il serait
advenu du moulin de Grande-Vallée, si l'ODEQ n'avait pas
été en place. Que serait-il advenu du parc industriel de Matane?
Il y a eu 250 emplois directs aux mines Madeleine et au-delà de 100
à Grande-Vallée, qui ont été créés
grâce aux efforts de l'ODEQ.
Qu'est-ce qui serait arrivé, mon cher ami, si l'ODEQ n'avait pas
été là pour amener des fonds spéciaux pour
permettre à ces industries de se développer?
M. Lessard: Je doute que ce soit d'abord à cause de l'ODEQ
que tout cela se soit développé. Mais sur le problème
fondamental, vous ne répondez quand même pas aux questions que je
pose.
J'ai posé deux questions au ministre au début, à
savoir, premièrement, quel était le taux de chômage en 1961
et quel était le taux de chômage en 1974.
Le ministre me répond: En 1961, le taux de chômage
était de 16.8%. C'est cela? En 1974, le taux de chômage
était de 14.2%.
M. Quenneville: On a donné des raisons, M. le
Président.
M. Lessard: Deuxième question que j'ai posée au
ministre: L'exode de la population, qu'on voulait arrêter en vertu de ces
programmes supposément "spéciaux", est de combien? On constate
que, malgré cette politique, malgré cette supposée
planification, malgré les budgets spéciaux, cela ne s'est pas
équilibré, cela ne s'est pas stabilisé. L'exode continue
exactement de la même façon et au même rythme et
peut-être à un rythme beaucoup plus
accéléré.
M. Quenneville: Absolument pas.
M. Lessard: En cinq ans, 10,000 personnes ont
délaissé la région. En dix ans, par ailleurs, de 1961
à 1970, il y en a eu 24,000. Vous n'avez pas changé grand-chose.
En neuf ans, c'est encore plus fort. Il y en a eu 2,300 par année au
cours de la période de 1961 à 1970 et 2,000 au cours de la
période de 1970 à 1973.
M. Quenneville: M. le Président, je vous ferai
remarquer...
M. Lessard: Vous avez stabilisé le
sous-développement économique.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. Quenneville: M. le Président, en 1970, il est
absolument vrai qu'il y a eu un exode. On prétend que, dans les
dernières années, l'exode a diminué
considérablement. On a donné tantôt les raisons pour
lesquelles, effectivement, il y avait un exode. En fait, tous les emplois, dans
le territoire de l'Est, sont reliés aux ressources. Il est normal
qu'à un moment donné le taux de chômage soit
élevé et que les gens cherchent ailleurs des emplois plus
stables.
M. Lessard: Cela malgré l'augmentation naturelle de la
population. L'exode se continue malgré l'augmentation naturelle de la
population.
M. Quenneville: L'augmentation naturelle, je pense qu'on peut en
parler à l'imparfait, même dans l'Est du Québec. Le taux de
natalité a passablement diminué. Je voudrais dire au
député de Saguenay que la pilule est rendue aussi dans l'Est du
Québec.
La SAGEQ M. Lessard: En ce qui concerne la
Société
d'administration et de gestion de l'Est du Québec, on est rendu
où?
M. Quenneville: L'an dernier, il y a eu une évaluation, le
30 juin 1974. Au moment de l'évaluation, les promoteurs mêmes de
la SAGEQ ont cru bon de mettre fin à leurs activités puisqu'ils
n'étaient pas parvenus à trouver les dossiers et les fonds qu'ils
s'étaient engagés à trouver.
M. Lessard: A toutes fins pratiques, la Société
d'administration et de gestion de l'Est du Québec est...
M. Quenneville: C'est mort.
M. Lessard: ... morte. Un autre projet, en fait, qui paraissait
important pour la région et qui est disparu. Est-ce que la
Société d'administration et de gestion de l'Est du Québec
n'avait pas obtenu une subvention du gouvernement? Quel était ce
montant?
M. Quenneville: M. le Président, la subvention de
démarrage était de $60,000.
M. Lessard: Est-ce que cela a été la seule
subvention qui a été...
M. Quenneville: Elle avait droit, en plus, à un montant
n'excédant pas $125,000. En tout et partout, cela a coûté
$94,500, exactement. Cela comprend la subvention de base qui était de
$60,000.
M. Lessard: Voici une société qui s'est
constituée, à un moment donné, avec comme objectif de
réaliser certains projets dans la région, à qui on a
accordé une subvention de $94,000, dit-on, et qui est mort-née
pratiquement, puisqu'elle est disparue. Les montants de $94,000 ont servi
à quoi?
M. Quenneville: Les $60,000 ont servi à l'engagement
d'administrateurs, du directeur général, du secrétariat,
et les autres montants ont servi à des études de
rentabilité.
M. Lessard: Serait-il possible d'obtenir le bilan financier de la
façon dont l'argent a été dépensé?
M. Quenneville: Au mois de juin, M. le Président, nous
serons en mesure de déposer ce bilan.
M. Lessard: Au mois de juin?
M. Quenneville: Oui.
M. Lessard: Vous devez l'avoir.
M. Quenneville: Dans une quinzaine de jours, on ne l'a pas
ici.
M. Lessard: Vous avez eu l'occasion de discuter avec les
administrateurs de la SAGEQ?.
M. Quenneville: Certainement.
M. Lessard: Quelles sont les raisons qui ont été
apportées pour qu'on n'avance pas plus que cela?
M. Quenneville: M. le Président, la véritable
raison de la mort de la SAGEQ se retrouve dans le
désintéressement des gens du milieu. Les promoteurs de ce projet
prétendaient pouvoir assez facilement trouver $500,000 avant le 30 juin
1974, et surtout trouver des projets. Ils n'ont pas trouvé de projet et,
du côté du milieu, je peux vous dire que les sommes investies ont
été passablement en bas de $500,000. Je pense que c'est $20,000.
Cela s'explique par le désintéressement des gens du milieu qui
n'ont pas voulu fonctionner à l'intérieur de la SAGEQ.
Il faut dire une chose, c'est que c'était quand même un
projet qui avait été préconisé par le CRD et par
les gens du milieu. Lorsqu'il s'est agi de le concrétiser, il y a eu un
manque d'intérêt manifeste, puisque, au lieu de $500,000 de
contributions de la part de la population, il n'y en a eu que $20,000.
M. Lessard: Les $96,000 sont allés où? M.
Quenneville: Au CRD. M. Lessard: Pardon? M. Quenneville: Au CRD.
M. Lessard: Les $96,000 du départ sont allés au
CRD?
M. Quenneville: C'est cela, $94,500. M. Lessard: $94,000.
M. Quenneville: C'est cela. Cela passait par le CRD et
c'était remis, à ce moment, à la SAGEQ pour...
M. Lessard: De ce montant, combien a été
versé à la SINTEC, la société de M.
Déom?
M. Quenneville: Quelle société? M. Lessard: La
SINTEC.
M. Quenneville: La partie qui allait aux études de
rentabilité, soit environ $34,000.
M. Lessard: Cette expérience, c'est terminé, c'est
fini? Les $94,000?
M. Quenneville: C'est à la demande même des
administrateurs et des gens qui l'avaient préconisé qu'on a mis
fin au programme.
M. Lessard: Est-ce que le ministre prévoit un autre
organisme afin de faire en sorte que certains projets, soient
développés dans la région, tel que
le prévoyait la Société d'administration et de
gestion de l'Est du Québec?
M. Quenneville: On a préféré aider une
société dans le même genre qui demandait la participation
de la population, la COGEMA, qui n'a pas reçu de subvention, qui va
très bien pour le moment et semble s'orienter dans le bon sens.
M. Lessard: En gardant toujours comme objectif de
développer cette région, on se rappelle que, l'an dernier, on
avait soulevé des doutes concernant la création de la SAGEQ. On
avait insisté particulièrement sur un organisme gouvernemental
qui aurait été un genre de société
générale de développement pour la région de l'Est
du Québec. Je suis assuré que les gens auraient probablement eu
beaucoup plus confiance en une société gouvernementale qu'en une
société privée, comme on l'envisageait en ce qui concerne
la Société d'administration et de gestion de l'Est du
Québec.
Cette société générale de financement aurait
eu comme objectif premier d'acheter des actions de compagnies ou d'individus
pour préparer des projets. Un autre objectif du BAEQ était de
développer l'entrepreneurship dans la région.
M. Quenneville: C'est exact.
M. Lessard: Cette société était, en fait, un
point d'appui pour développer l'entrepreneurship, mais en essayant
d'accumuler des capitaux, de mettre ensemble un certain nombre de capitaux pour
pouvoir lancer des projets. Maintenant que cette société est
mort-née, qu'est-ce qui va la remplacer? Prévoit-on un organisme
gouvernemental pour la remplacer? Ce n'est pas tout de faire de la
planification et de modifier certaines structures régionales, il faut
par la suite donner des instruments à une région pour qu'elle
puisse continuer à se développer si on a, au moins, acquis un
certain rattrapage. Prévoit-on, au niveau de l'ODEQ, un organisme
semblable qui pourrait aider cette région à développer
certains projets qui peuvent être rentables?
M. Quenneville: Tout d'abord, pour répondre au
député de Saguenay, M. le Président, nous n'avons fait que
suivre, en empruntant cette formule, les voeux du CRD et des gens du milieu qui
n'en voulaient pas d'autre. Ils avaient à ce moment un consultant que
vous connaissez très bien, qui a établi cette formule, M. Jacques
Parizeau, économiste. C'est lui qui a suggéré au CRD et
aux gens du milieu la formule de la SAGEQ. Naturellement, nous ne voulions pas
aller à l'encontre des voeux de la population et du CRD; c'est ce que
nous avons fait, et vous avez vu ce que cela avait donné.
Il reste quand même un autre point. Actuellement, nous soutenons
une compagnie qui s'adresse aussi à l'entrepreneurship local, qui a un
projet très précis et qui s'appelle la Compagnie de gestion de
Matane, la COGEMA. Comme vous le savez, il y a des gens de la rive nord qui
participent aussi à cette entreprise; nous croyons que ces gens sont
très sérieux et nous sommes prêts à soutenir le
mouvement de la COGEMA.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous
plaît! Jusqu'à quelle heure les membres de la commission
veulent-ils discuter?
M. Lessard: Nous pouvons suspendre la séance, M. le
Président... Jusqu'à une heure.
M. Quenneville: Pas d'objection.
M. Côté: Rimouski attend depuis une semaine et
demie, il serait préférable de continuer jusqu'à une heure
pour se donner la chance d'avancer un peu.
M. Carpentier: J'ai rendez-vous cet après-midi à
l'hôtel de ville de Trois-Rivières concernant la Commission de
transport en commun et la réunion débute à 12 heures
30.
M. Quenneville: Si le député de Saguenay n'a pas
d'objection, nous pourrions continuer.
M. Lessard: Je n'ai aucune objection à continuer. Nous
devons avoir quorum.
Le Président (M. Houde, Limoilou): II n'y aura pas
quorum...
M. Quenneville: Comment cela, il n'y aura pas quorum?
Le Président (M. Houde, Limoilou):... parce que le
directeur responsable de l'OPDQ est obligé... Donc, s'il n'y a pas
quorum, vous n'acceptez pas?
M. Lessard: Ecoutez, on est vendredi, M. le Président, et
je ne vois pas pourquoi je serais pris ici à faire de la discussion sur
le développement de l'Est du Québec alors qu'il y a cent
députés libéraux et que nous n'avons pas quorum. J'ai
dû siéger, au cours de la semaine dernière, à
plusieurs commissions parlementaires...
M. Côté: M. le Président...
M. Lessard: ...en particulier aux Richesses naturelles, sans
qu'il y ait quorum.
M. Côté: M. le Président, il y a deux...
M. Lessard: II me semble que ce serait un minimum pour les
députés libéraux d'être présents aux
commissions parlementaires.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous
plaît. Actuellement, nous avons quorum...
M. Lessard: Oui, d'accord.
Le Président (M. Houde, Limoilou): ... mais je sais que le
ministre d'Etat responsable de l'OPDQ est obligé de s'absenter, le
député de Laviolette aussi, alors...
M. Côté: M. le Président, je ne veux pas
laisser passer les propos du député de Saguenay sans intervenir.
Je me souviens très bien qu'une autre commission parlementaire, un mardi
matin, était convoquée à dix heures et qu'on a dû
suspendre jusqu'à onze heures pour attendre le député de
Saguenay. Il fait preuve d'une gentillesse, d'un homme exemplaire...
M. Lessard: M. le Président...
M. Lachapelle: Puis-je ajouter que mercredi, nous avons dû
ajourner sine die parce qu'aucun représentant de l'Opposition
n'était présent?
M. Côté: A la même commission.
M. Lessard: M. le Président, je l'attendais, et on va
s'expliquer. Tout d'abord, quand le député de Matane parle d'un
mardi matin, il y a deux semaines, il a raison. Etant donné les moyens
de transport de Québécair et le retard de l'avion, je suis
arrivé, il est vrai, trois quarts d'heure en retard, parce que la
convocation de la commission parlementaire n'était pas à dix
heures mais bien à dix heures quinze. Normalement, nous
commençons, tous les mardis matin, environ à dix heures
trente.
M. Côté: C'était convoqué pour dix
heures quinze.
M. Lessard: En ce qui concerne la session de l'autre jour
où il n'y avait personne, j'ai rencontré le ministre responsable
de l'ODEQ qui m'a dit que c'était et le ministre s'en souvient
le ministère des Affaires intergouvernementales qui
siégeait et que, quant à lui, il n'avait pas à se rendre
là pour discuter des crédits de l'ODEQ. J'avais à ce
moment un débat d'urgence et le député de Chicoutimi
était aux prises avec un débat sur les affaires municipales. Je
me suis rendu ici, où je suis arrivé, je pense, à cinq
heures moins vingt. Il n'y avait plus personne parce que le leader
parlementaire avait décidé non pas de suspendre, en attendant,
mais d'ajourner.
La semaine dernière, je suis arrivé, mardi matin, à
dix heures quinze exactement pour commencer l'étude du budget du
ministère des Richesses naturelles. Nous avons commencé seulement
à onze heures moins quinze ou moins dix. Donc, M. le Président,
qu'on ne vienne pas me mettre sur le dos certains retards. Il arrive, et c'est
tout à fait normal à cause des moyens de transport j'en
avais averti le leader parlementaire du gouvernement que je puisse
être en retard, mais je suis pour ainsi dire toujours arrivé
à temps aux commissions parlementaires si l'on excepte l'autre jour
où le leader parlementaire a pris le mors aux dents et
décidé d'ajourner la commission alors que je suis arrivé
seulement quelques minutes après.
M. Carpentier: M. le Président, y aurait-il lieu de faire
une suggestion? Y aurait-il possibilité de mettre cela à une
heure moins le quart?
M. Lessard: Alors...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Si cela va aux membres
de la commission, je n'ai pas d'objection.
M. Carpentier: Tout le monde est-il d'accord?
M. Lessard: Pour moi, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, on va
jusqu'à une heure moins le quart.
M. Lessard: En réponse à ce que disait le ministre,
je ne suis pas dans les secrets de M. Pari-zeau. En tant qu'économiste,
c'est son problème, ce n'est pas le mien.
M. Quenneville: Mais ce fut le problème des gens du
milieu.
M. Lessard: Oui. Ce que M. Parizeau avait initialement
proposé, ce que le Parti québécois avait proposé,
c'était justement une société mixte dont les fonds
pouvaient être fournis à 50% par le gouvernement et à 50%
par la population, pour assurer à cette population qu'il y aurait une
certaine surveillance de ses fonds, et créer ou développer dans
la population une certaine confiance. C'est dans ce sens que nous avions,
même à cette commission parlementaire, réclamé
qu'une telle société mixte soit constituée; nous avions
même, l'an dernier, soulevé un certain nombre de doutes concernant
la SAGEQ. De toute façon, c'est un autre projet mort-né, M. le
Président, pour la région de l'Est du Québec. Je conviens
avec le ministre que ce n'est certes pas encore un élément
positif dans le développement de cette région et dans toute la
planification pour l'Office de développement de l'Est du
Québec.
M. Quenneville: M. le Président, je vous ferai remarquer
qu'au moment de la proposition de M. Parizeau, il n'était sûrement
pas question de société mixte; ce n'est que par la suite qu'il y
eut une proposition dans ce sens de la part du Parti québécois. A
ce moment, la SAGEQ était déjà en marche et la proposition
de M. Parizeau ne prévoyait en aucun temps une société
mixte.
M. Lessard: Etant donné que la SAGEQ ne fonctionnait pas,
que l'expérience semblait conduire à ce qu'on voit actuellement,
c'est-à-dire à l'échec, est-ce que le ministre a
envisagé la possibilité pour le gouvernement de devenir
actionnaire de la SAGEQ? Au début, le problème fondamental que
les gens ont eu c'est qu'il y avait une question de confiance.
M. Quenneville: C'est une formule que nous n'éliminons pas
pour le moment. Il est possible que l'on puisse l'envisager à
l'intérieur des programmes. Mais il faut dire que, pour le moment, les
gens du milieu, les entrepreneurs de la région de l'Est du Québec
préfèrent s'adresser directe-
ment à la SDI. C'est le phénomène auquel nous
assistons actuellement. Si la population, les gens du milieu nous redemandaient
de considérer la possibilité d'une société mixte,
nous verrions alors quelles seraient les possibilités. Pour l'instant,
comme nous le disions plus tôt, nous allons voir l'expérience de
COGEMA qui semble prometteuse.
M. Lessard: Nous en reparlerons plus tard. Un autre organisme qui
devait être constitué est la Société mixte agricole
et sylvicole de l'Est du Québec qui, on le sait, a fait naître
beaucoup d'espoirs. Où en est-on rendu en ce qui concerne cette
société?
M. Quenneville: Nous avons déposé au CRD, pour
avoir son avis, un document sur la création de cette
société mixte et nous attendons sa réponse dans les jours
qui viennent.
M. Lessard: Alors, vous avez déposé un document
sur...
M. Quenneville: Exactement.
M. Lessard: Mais on n'est pas plus avancé...
M. Quenneville: On n'a pas la réponse du CRD; on attend
son avis là-dessus.
M. Lessard: En fait, il y a plus d'un an que cela est dans
l'air...
M. Quenneville: On n'a pas la réponse.
M. Lessard: ... et il n'y a absolument rien de concret.
M. Quenneville: Je ne peux réellement pas vous
répondre autre chose, nous n'avons pas l'avis du CRD alors nous
attendons.
M. Lessard: L'an dernier, le ministre avait annoncé que la
détermination des centres agroforestiers serait terminée en mars
1975. On se souvient que, dans la région, on trouvait tout à fait
anormal que l'on établisse des politiques de déménagement
alors qu'on ne déterminait même pas, justement, les centres
agro-forestiers. Les gens ont demandé, plutôt que des politiques
de déménagement, des politiques d'aménagement. Les gens
disaient c'était tout à fait nor- mal qu'il
était extrêmement difficile de prévoir, dans les politiques
de déménagement, où ils allaient s'installer, puisqu'on ne
connaissait même pas les centres agro-forestiers ou quels seraient les
centres qui seraient déterminés comme agroforestiers. Le ministre
nous avait dit que tout cela serait déterminé en mars 1975. Je
veux savoir si cela est maintenant terminé et quels sont ces
centres.
M. Quenneville: Le CRD de l'Est du Québec lui-même a
demandé un délai pour la mise en place des sociétés
mixtes. Nous attendons son avis là-dessus et il attend, pour sa part,
les politiques gouvernementales avant de donner son avis. Il a demandé
de reporter à plus tard les centres agro-forestiers.
M. Lessard: Quelles étaient les raisons invoquées
par le CRD?
M. Quenneville: II veut connaître la politique
d'aménagement agricole et forestier avant de déterminer...
M. Lessard: C'est évident... M. Quenneville: C'est
normal.
M. Lessard: II aurait d'ailleurs été normal que le
gouvernement établisse son plan d'aménagement des centres
agro-forestiers avant d'établir des politiques de
déménagement; on fait de la planification à reculons.
M. Quenneville: M. le Président, il y a
l'arrêté en conseil 1452 qui prévoyait cette politique.
M. Lessard: II prévoyait quoi, l'arrêté en
conseil 1452? Lisez-le bien.
M. QuenneVille: Je m'excuse M. le Président, mais je pense
que le député de Saguenay fait erreur. Il y avait tout simplement
des propositions d'aménagement dans l'arrêté en conseil
1452, il n'y avait pas autre chose.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Tel que convenu, comme
il est une heure moins le quart, la commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 45)