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Commission permanente de la présidence
du conseil, de la constitution et des
affaires intergouvernementales
Etude des crédits du ministère des
Affaires intergouvernementales
Séance du jeudi 6 mai 1976 (Dix heures vingt-cinq minutes)
M. Gratton (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
La commission de la présidence du conseil, de la constitution et
des affaires intergouvernementales commence ce matin l'étude des
crédits du ministère des Affaires intergouvernementales et, tel
qu'entendu en Chambre hier, nous procéderons à l'étude du
dossier de la région de la capitale nationale, et je pense que, tel
qu'entendu également, les remarques d'ordre général seront
réservées pour le moment où nous procéderons au
début de l'étude des crédits comme tels.
J'invite donc l'honorable ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales à ouvrir le débat.
Préliminaires
M. Morin: M. le Président, pourrais-je demander au
ministre de nous présenter les membres de son entourage?
M. Parent (Hull): M. Claude Diamant, directeur du service des
affaires de la capitale canadienne; M. François Lebrun, directeur des
relations fédérales-provinciales; M. Gilbert L'Ecuyer, conseiller
juridique au ministère des Affaires intergouvemementales; M. Pierre
Lavergne, coor-donnateur de l'aménagement au service des affaires de la
capitale canadienne; M. Gilles Charron, qui est coordonnateur des ententes au
service des affaires de la capitale canadienne.
Le Président (M. Gratton): Si vous permettez, j'aimerais
aussi vous présenter certaines personnes qui remplacent des membres de
la commission. M. Parent (Hull) remplace M. Bourassa; M. Assad (Papineau)
remplace M. Beauregard, M. Os-tiguy (Verchères) remplace M. Gratton, et
M. Tremblay (Iberville) remplace M. Pagé. Il y aurait lieu
également que nous désignions un des membres comme rapporteur.
Puis-je suggérer l'honorable député d'Iberville, M.
Tremblay? Cela va?
M. Morin: Adopté.
Le Président (M. Gratton): L'honorable ministre.
M. Tremblay: On va vous ramener le soleil, d'Ottawa.
M. Parent (Hull): M. le Président, je voudrais souligner
à cette commission qu'étant donné que, les années
dernières, nous avions fait une séance particulière pour
discuter des affaires de la capitale du Canada, il faudrait mentionner qu'au
budget, les crédits de ce service des affaires de la capitale canadienne
sont compris dans le programme des relations
fédérales-provinciales et interprovinciales.
Il n'y aura donc pas à approuver le programme comme tel,
puisqu'il y a d'autres matières qui doivent être discutées
à l'intérieur de ce même programme. C'est pourquoi la
discussion sur les affaires de la capitale canadienne pourra donc se
poursuivre, mais mon collègue, le ministre des Affaires
intergouvernementales, M. Cloutier, lors de l'étude des crédits,
pourra compléter le secteur du programme des relations
fédérales-provinciales et interprovinciales.
Or, je pourrais donc commencer en faisant un exposé sur l'aspect
des affaires de la capitale canadienne.
M. Morin: M. le Président, avec la permission du ministre,
s'il a un texte écrit, pourrions-nous en obtenir communication? Est-ce
possible?
M. Parent (Hull): Oui.
Le Président (M. Gratton): Voilà.
M. Morin: Merci.
Exposé du ministre
M. Parent (Hull): II y a d'autres copies... On va en distribuer
aux autres membres dès qu'elles seront arrivées.
M. le Président, pour répondre de façon
complète à l'ensemble des questions relatives à
l'Outaouais québécois, il convient de faire une brève
rétrospective en spécifiant les grands principes qui sous-tendent
la politique du gouvernement, principes qui ont d'ailleurs déjà
fait l'objet d'un consensus avec nos partenaires provinciaux et le gouvernement
canadien. Les principes de cette politique ont été rendus publics
au moyen de communiqués de presse émis simultanément le 31
janvier 1968 par les premiers ministres du Canada, de l'Ontario et du
Québec et entérinés par la deuxième
conférence constitutionnelle de février 1969. Il a alors
été convenu des objectifs suivants: 1. Il y aurait lieu de
prendre les mesures nécessaires pour améliorer le
développement de la région de la capitale du Canada dans des
limites géographiques appropriées qui s'étendrait de part
et d'autre de la rivière Outaouais et qui comprendrait les villes
d'Ottawa et de Hull et certaines régions avoisinantes; 2. La
région de la capitale canadienne devrait être
aménagée de façon à refléter pleinement les
valeurs linguistiques et culturelles des deux peuples fondateurs et l'apport
des Canadiens d'autres origines et inspirer ainsi, à tous les Canadiens,
un sentiment de fierté, de participation et d'attachement envers leur
capitale;
3. Les gouvernements du Canada, de l'Ontario et du Québec
devraient examiner ensemble les moyens d'atteindre ces objectifs; 4. Il
faudrait atteindre ces objectifs, sans modifier les compétences
constitutionnelles fondamentales, ni les frontières provinciales
existantes et en tenant pour acquis que la restructuration régionale ou
municipale se poursuivra selon les programmes établis par les
autorités provinciales compétentes; 5. Enfin, il faudrait que le
comité préparatoire de la capitale canadienne poursuive ses
travaux et qu'il apporte une attention particulière aux questions
suivantes: i) la définition des régions limitrophes qui
pourraient, éventuellement, constituer, avec Hull et Ottawa, la
région de la capitale canadienne, et ii) l'étude des
méthodes de fonctionnement et de financement d'un organisme
tripartite.
Cependant, aucun des gouvernements impliqués n'étant
disposé à déléguer une partie de ses pouvoirs
nécessaires au fonctionnement d'un organisme tripartite, la poursuite
des travaux du comité préparatoire était devenue, par le
fait même, futile.
Depuis lors, les gouvernements du Québec, de l'Ontario et du
Canada ont eu l'occasion de spécifier la nature de la politique qu'ils
entendent suivre dans la région de la capitale canadienne. Compte tenu
de l'interdépendance des décisions de chacun des gouvernements
impliqués, il devient évident que le développement de la
région de la capitale canadienne de part et d'autre de la rivière
Ou-taouais ne peut être l'oeuvre d'un seul gouvernement et que la
réalisation de ce projet conjoint exige la mise en place et le
fonctionnement sur une base permanente de comités intergouvernementaux
chargés d'établir la coordination entre les politiques et divers
projets des intervenants. C'est donc à l'intérieur de cette
structure de coordination que les politiques respectives des gouvernements sont
déposées et que les consensus sont établis pour la mise en
oeuvre des projets nécessitant des ententes.
La politique que poursuit le gouvernement du Québec, qu'elle
nécessite ou non des ententes, selon les cas, repose donc au niveau
très global sur le désir de faire participer la région de
Hull de façon active à la fonction de capitale canadienne.
Comment se traduit cette volonté sur les plans économique,
social, culturel et administratif?
En matière économique d'abord, la politique que poursuit
le gouvernement en est une de croissance dont les assises sont d'une part la
force motrice engendrée par l'activité fédérale et,
d'autre part la revivification d'un moteur parallèle à
caractère industriel. La région de Hull, en tant que composante
de la région de la capitale canadienne bénéficie de la
présence d'un moteur stable et dynamique que représente
l'activité gouvernementale fédérale. C'est d'ailleurs
cette présence qui est une des principales causes de la forte croissance
démographique, du fort taux d'activité, de l'importance du revenu
moyen par travailleur et du faible taux de chômage qui caractérise
la région de Hull. De plus en plus la fonction adminis- trative est
appelée à se développer du côté de Hull au
cours des prochaines décennies dans des proportions équivalentes
au poids de la population de l'agglomération hulloise dans la
région de la capitale canadienne. Cette croissance rapide de la fonction
fédérale par effet de multiplication en amont et en aval
engendrera dans les secteurs indirects et induits un processus de croissance
des activités économiques visant une répartition
équitable entre Ottawa et Hull.
Dans ce contexte, il faut de plus mentionner la politique volontaire des
gouvernements fédéral et provincial en vue de doter la
région d'équipements et d'infrastructures devant permettre
à Hull de jouer son rôle à part entière comme
capitale régionale et composante de la capitale canadienne.
Cette nouvelle fonction administrative que Hull est appelée
à jouer de façon active ne doit cependant pas être
perçue comme le résultat d'une politique qui se veut de
remplacement à l'activité motrice manufacturière, mais
plutôt comme un apport additif.
En effet, la politique que poursuit le gouvernement vise plutôt
à diversifier la base économique régionale et favorise
donc le maintien et la consolidation d'un secteur manufacturier
revivifié et parallèle à celui du fédéral.
Ceci n'implique pas qu'il faille conserver à tout prix les industries
agonisantes dont l'espérance de vie est éphémère,
mais plutôt orienter nos efforts en fonction d'un développement
industriel qui mise sur les avantages comparés dont dispose la
région, comme l'existence d'un grand marché régional
ontarien et québécois ou encore les liens existants et
éventuels avec la région de Montréal. Somme toute,
l'objectif que nous poursuivons est faire de Hull un pôle
économique dynamique de plus en plus autonome par rapport à
l'économie d'Ottawa.
Sur le plan culturel, la région de Hull a toujours
été majoritairement francophone et la politique du gouvernement
est de faire en sorte que le caractère francophone se développe,
et cela dans le respect des droits de la minorité anglophone, comme le
confirme d'ailleurs la Loi sur la langue officielle.
En vue d'affirmer sans équivoque le caractère à
dominance francophone de la région de Hull, le gouvernement compte,
d'une part, contrôler l'expansion démographique dans une limite
qui est en mesure d'assurer que la part relative des francophones se maintienne
et d'orienter spatialement cette croissance vers l'est et, d'autre part
élaborer une politique d'équipements culturels dont les deux
principales composantes seraient la création d'un campus universitaire
par l'Université du Québec ainsi qu'un centre culturel
d'envergure régionale au centre-ville de Hull. Grâce à un
éventuel développement des villes nouvelles au-delà de la
ceinture verte du côté ontarien et à une promotion
auprès du gouvernement fédéral pour que ce dernier
choisisse et localise ses ministères du côté
québécois en fonction des objectifs culturels qui sont les
nôtres, il est possible de réaliser nos objectifs
économiques sans pour autant nuire aux objectifs culturels que nous
poursuivons.
Sur le plan social, notre politique mettra un
accent particulier sur le problème de l'habitation. Compte tenu
des besoins manifestés dans ce domaine, des consultations
fédérales-provinciales sont en cours en vue de développer
à proximité des centre-ville de Hull et de Gatineau des grands
ensembles immobiliers avec une composante importante à caractère
social. De plus, nous préconisons un développement des services
à caractère social pour combler le déficit qu'a subi Hull
dans ce domaine et tout particulièrement dans le secteur hospitalier,
cela afin de rendre la région plus autonome par rapport à Ottawa.
D'autre part, une partie importante de la main-d'oeuvre industrielle de Hull
travaille dans le secteur du ruisseau de la Brasserie.
Or, compte tenu du vieillissement de ces industries traditionnelles et
de l'intérêt que représente le site du ruisseau de la
Brasserie, en termes d'aménagement, nos efforts portent actuellement sur
une évaluation des perspectives de ces industries existantes, des
possibilités de les moderniser ainsi que sur l'impact d'une possible
relocalisation de ces industries, tout particulièrement sur la
main-d'oeuvre qui y travaille.
Finalement, sur le plan administratif, afin de permettre à la
partie québécoise de jouer pleinement son rôle, la
politique du gouvernement a misé sur le renforcement des institutions
québécoises, par: le regroupement des municipalités qui
reste d'ailleurs à compléter; la création d'institutions
à caractère régional, comme la Communauté
régionale de l'Outaouais, la Société d'aménagement
de l'Outaouais, la Commission de transport de la Communauté
régionale de l'Outaouais et la Conférence administrative
régionale; finalement, la création, au sein du ministère
des Affaires intergouvernementales, du service des affaires de la capitale
canadienne.
Une politique québécoise de développement et
d'aménagement se définit progressivement grâce au
schéma de l'Office de planification et de développement du
Québec et de la Communauté régionale de l'Outaouais, sans
compter celui du centre-ville, que nous comptons faire démarrer d'ici
peu. Ces outils sont en mesure d'encadrer les actions du gouvernement
fédéral et j'aimerais illustrer notre démarche par un
exemple: les terrains fédéraux.
Sur le plan essentiellement juridique, le gouvernement
fédéral pourrait, à partir du jugement de la Cour
suprême sur l'affaire Munro, décider unilatéralement de
l'étendue de ses besoins en matière d'acquisition de terrains et
de leur vocation pour fins d'aménagement et d'embellissement.
Néanmoins, grâce aux structures de relations intergouvemementales
mises en place, par exemple, le comité tripartite des transports, le
comité intergouvernemental du centre-ville de Hull, etc., le
gouvernement fédéral accepte d'y déposer ses politiques
d'acquisition de développement et de les coordonner par rapport à
nos politiques. Il est bien évident que toute politique visant la
récupération des terrains fédéraux, dans le sens
des recommandations du rapport Dorion, manquerait de réalisme, car c'est
au gouvernement du Canada d'assumer la réalisation de la fonction de
capitale canadienne et c'est à l'intérieur de cette fonction que
se définissent la plupart des besoins publics en terrains, que ce soit
par des fins administratives et d'embellissement. L'avantage qu'en retire Hull
en termes de retombées ou de services est la conséquence directe
de son appartenance à la région de la capitale canadienne.
En général, jusqu'à présent, les discussions
portant sur les acquisitions, pour des fins d'aménagement et
d'embellissement des terrains fédéraux, satisfont aux exigences
de nos plans et le gouvernement fédéral s'est montré
très coopératif sur ce point. Le cas du ruisseau de la Brasserie
illustre bien ce mécanisme de fonctionnement. Le gouvernement
fédéral n'effectue aucune acquisition sans l'accord du
Québec et cela, malgré le jugement de l'affaire Munro qui stipule
les droits du fédéral.
C'est donc dire que c'est dans un climat de négociations et par
voie d'ententes que les décisions se prennent. C'est donc à
l'intérieur du cadre juridique actuel que nous fonctionnons et nous
avons réussi, jusqu'à présent, à faire respecter
nos programmes, nos vues et nos objectifs.
Maintenant que nous disposons de schémas, nous sommes en mesure
d'élargir la discussion sur l'ensemble des questions qui se posent et,
à cette fin, l'objectif que l'on vise est l'acceptation par le Canada et
l'Ontario d'un projet d'accord directeur que le gouvernement du Québec a
proposé et qui consisterait à: 1. Déterminer un cadre
général à l'intérieur duquel les gouvernements du
Canada, de l'Ontario et du Québec entendraient coopérer et
coordonner leurs actions respectives aux fins du développement
économique, social et culturel de la région de la capitale du
Canada; 2. Convenir des objectifs communs et respectifs de développement
à poursuivre; 3. Etablir les dispositions pour régir la
stratégie des actions à engager communément ou de part et
d'autre; 4. Institutionnaliser un mécanisme de coordination
(conférence ministérielle assistée d'un comité
technique); 5. Prévoir des dispositions par lesquelles les deux niveaux
de gouvernement conviendraient que les plans de développement seraient
mis en oeuvre en ce qui concerne les zonages, les acquisitions de terrains et
la localisation des infrastructures par l'Ontario et le Québec sur leur
territoire respectif; 6. Prévoir des accords spéciaux par
lesquels les divers gouvernements conviendraient d'utiliser des terrains
publics qu'ils possèdent jusqu'à présent.
Les positions des gouvernements fédéral et ontarien
à ce sujet seront en large mesure conditionnées par les rapports
à venir du comité mixte du Sénat et de la Chambre des
communes sur la région de la capitale nationale et la commission
Mayo formée par le gouvernement de l'Ontario et chargée de
proposer une réforme de l'administration municipale dans la
région d'Ottawa-Carleton comprise dans le territoire de la capitale
nationale.
Le Président (M. Gratton): Le chef de l'Opposition
officielle.
Remarques du chef de l'Opposition
M. Morin: M. le Président, la loi 59 fait un devoir au
ministère des Affaires intergouvernementales de faire respecter la
compétence constitutionnelle du Québec et d'assurer sa
participation à l'élaboration et à la mise en oeuvre des
politiques élaborées par d'autres gouvernements, mais pouvant
avoir des effets sur le territoire québécois.
Aussi, est-il opportun que nous examinions dans quelle mesure le
ministère et, en particulier, cet Etat dans l'Etat, ce ministère
au sein du ministère que constitue SACAC, le service des affaires de la
capitale canadienne, ont rempli de cette tâche. Le ministre nous a fait
un exposé fort intéressant, mais plus je l'écoutais et
plus je me remémorais nos discussions de l'année dernière,
plus je me demandais ce qu'il en est effectivement au plan des faits.
L'année dernière, nous nous étions entretenus assez
longuement d'un certain nombre d'outils d'aménagement, dont on peut
douter qu'ils soient maintenant effectivement à l'oeuvre. Nous nous
étions entretenus de l'accord-cadre que le ministre, je crois, appelle
l'accord directeur tripartite entre le gouvernement du Québec, celui de
l'Ontario et le gouvernement canadien. Cet accord, au dire du ministre
l'année dernière, était sur le point d'être
conclu.
Le ministre nous avait appris qu'il s'était rendu lui-même
à Toronto en mai 1975 et que ses fonctionnaires se réunissaient
de nouveau les 4 et 5 juin 1975 pour donner la forme définitive à
cet accord. Qu'en est-il au juste? Est-ce que cet accord directeur a
été conclu? Où en est-ce exactement? Il est bien clair
que, sans cet accord-cadre, le pouvoir fédéral fait ce qu'il
veut. S'il n'y a pas de limite à l'expansion de ses initiatives,
étant donné la compétence dont il dispose telle
qu'amplifiée par l'arrêt Monro, il est bien certain que, dans les
faits, c'est le pouvoir fédéral qui a toute l'initiative pour le
développement et l'aménagement de la région dite la
capitale nationale.
Nous nous étions entretenus également d'un schéma
de développement et d'aménagement de l'Outaouais, lequel a
été préparé par l'OPDQ. Je pense qu'il va falloir
nous demander ce matin où en est ce schéma de
développement et d'aménagement.
Qu'est-ce qu'on a fait depuis un an? Et enfin, par-dessus ces deux
instruments, il y en a un troisième, qui est le plan
d'aménagement de la CRO et des municipalités. Là aussi,
quels ont été les progrès depuis un an?
J'ai l'impression nous allons examiner chacune de ces questions
par le détail que nous ne sommes guère plus avancés
que l'an dernier. Ce discours inaugural, si je puis l'appeler ainsi, du
ministre, aurait pu être fait l'année dernière, et, sans
doute, nous sera-t-il donné encore l'année prochaine, à
peu de choses près.
Pendant ce temps, l'emprise fédérale augmente de mois en
mois sur cette région. M ne se trouve, pour ainsi dire, pas d'obstacle
réel devant cette volonté du pouvoir fédéral de
procéder, soit ouvertement, soit de façon occulte, mais
très efficace, à l'aménagement et au développement
de cette région, selon les perspectives fédérales, selon
les priorités fédérales.
Je voudrais donc, ce matin, M. le Président, que nous
étudiions, à tour de rôle, le service des affaires de la
capitale nationale, le projet d'accord directeur entre le Québec,
l'Ontario et le Canada, le schéma de développement et
d'aménagement de la CRO... pardon, celui de l'OPDQ d'abord, et ensuite,
le plan d'aménagement de la CRO, le tout, par rapport au rôle que
joue la CCN.
Pour ce qui est, en premier lieu, du service des affaires de la capitale
canadienne, je dirai que nous en admettons l'utilité, étant
donné l'envahissement particulier dont est victime la région de
Hull. Mais, nous nous sommes toujours posé des questions sur
l'intégration de ce service au sein du ministère, en particulier,
à la direction générale des affaires
fédérales-provinciales et interprovinciales.
Je l'ai longuement souligné l'année dernière lors
d'un débat qui est demeuré passablement stérile, que je
n'ai pas l'intention de refaire cette année, nous ne sommes pas
opposés à la création d'un service
spécialisé dans les affaires de la capitale canadienne, mais nous
avons toujours craint l'existence d'une sorte de mini-ministère à
l'intérieur du ministère, d'autant que ce service ne
dépend pas directement du ministre des Affaires intergouvernementales,
comme nous pensons que ce devrait être le cas, mais dépend
directement du ministre, député de Hull.
Service d'aménagement de la capitale
canadienne
M. Morin: Je ne referai pas le débat de l'année
dernière, le ministre ne nous avait certainement pas convaincus de la
nécessité de l'existence de cette espèce d'Etat dans
l'Etat.
Mais j'aimerais faire le point sur le statut du SACAC, sur l'effectif
qui le constitue et sur la ligne d'autorité qui relie ce service au
ministère.
Puis-je vous demander, tout d'abord, s'il y a eu des changements dans le
statut particulier du SACAC à l'intérieur du ministère des
Affaires intergouvernementales?
M. Parent (Hull): Le député de Sauvé peut
parler d'un miniministère à l'intérieur d'un
ministère. Il faudrait bien comprendre que, même si le
député de Sauvé ne reconnaît pas ce rôle comme
étant primordial puisqu'il s'agit d'un territoire assez
spécifique à l'intérieur de la capitale canadienne, mais
qui est situé au même... Québec...
M. Morin: J'ai dit le contraire. Je reconnais l'utilité du
service.
M. Parent (Hull): ... mais il ne reconnaît pas
l'importance...
M. Morin: ... la façon dont il est rattaché au
ministère.
M. Parent (Hull): C'est un service à l'intérieur du
ministère. Le ministre d'Etat a la responsabilité de ce service,
mais à l'intérieur des structures du ministère. Mes
fonctionnaires rattachés à ce service sont responsables au
directeur des relations fédérales-provinciales, M. Lebrun. Les
ententes qui doivent être négociées sont sous la
juridiction de M. L'Ecuyer qui est conseiller juridique et avec l'approbation
de M. Jules Brière, sous-ministre associé, responsable du dossier
constitutionnel. La ligne établie est évidente et, comme ministre
d'Etat, il y a eu un arrêté en conseil du conseil des ministres me
donnant les mêmes pouvoirs que ceux du ministre des Affaires
intergouvernementales.
C'est donc dans la ligne hiérarchique qu'opère ce service
à l'intérieur du ministère, mais il n'est pas
séparé. Il n'est pas un mini-ministère dans un
ministère. Il est une partie intégrante, mais il est sous la
responsabilité immédiate du ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales qui, lui-même, suit la filière du
ministère, consulte les fonctionnaires. Régulièrement, je
rencontre M. Tremblay, M. Brière pour discuter des problèmes
relatifs à la présence de la Commission de la capitale
nationale.
Les fonctionnaires actuels sont logés à l'édifice
situé au 12, rue Sainte-Anne, mais, dès que le ministère
aura recouvré les espaces nécessaires dans l'édifice H, le
service des affaires de la capitale canadienne sera à même le
ministère. Il est logé temporairement parce qu'il n'y a pas
d'espace, mais, tout de même, les fonctionnaires du service des affaires
de la capitale canadienne sont en contact quotidien avec la direction des
relations fédérales-provinciales et le processus est suivi comme
dans tous les autres dossiers du ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. Morin: Si tel est le cas, si le service est vraiment bien
intégré au sein du ministère et qu'au fond, la ligne
d'autorité est claire, pourquoi, alors, ce service ne relève-t-il
pas du ministre des Affaires intergouvernementales, directement? Pourquoi avoir
nommé un ministre d'Etat, particulièrement pour ce SACAC? C'est
cela la question.
M. Parent (Hull): Le député de Sauvé tient
pour acquis une situation actuelle, mais, dès 1970, lors de la formation
du conseil des ministres, j'avais été chargé, dès
le mois d'août 1970, de la responsabilité des relations avec la
Commission de la capitale nationale.
M. Morin: C'est ce qui m'inquiète.
M. Parent (Hull): Dès 1970, parce que j'étais au
dossier dans les années 1960 à 1966, me préoccupant de
cette situation particulière qu'avait la région de Hull et le
fait que les partis d'Opposition, quels qu'ils soient à cette
époque et aujourd'hui, reprochaient au gouvernement le fait qu'il
n'était pas présent dans la région.
Le gouvernement a voulu marquer sa présence et s'est servi de mon
humble personne pour assurer sa présence. Par le fait que je cumule
d'autres responsabilités, on a jugé approprié, opportun de
me laisser cette responsabilité des Affaires intergouvemementales pour
continuer l'oeuvre bénéfique du gouvernement dans la
région de Hull.
M. Morin: C'est justement ce qui m'inquiète, M. le
Président. Je sais bien que je ne peux pas attendre du ministre qu'il
nous donne toutes les explications qui justifient un arrangement aussi bizarre
au sein du ministère des Affaires intergouvernementales. Mais je
voudrais lui demander s'il y a eu un changement dans l'effectif de ce service
depuis l'an dernier.
M. Parent: Je ne sais pas au juste, l'an dernier, quel
était l'effectif des postes occupés. Ce que je puis dire c'est
que, dans les postes autorisés, il y en avait 19, mais nous avons
jugé à propos de limiter à dix le nombre de postes
occupés. Nous retrouvons donc, au service des affaires de la capitale
canadienne, M. Diamant, comme je l'ai dit tout à l'heure, qui est
directeur du service; M. Charron, qui est coordonnateur des ententes. Il y a M.
Bernard Roy, qui est coordonnateur des ententes sur l'assainissement des eaux
et le réseau routier, une entente qui concerne l'assainissement des eaux
pour une somme de $120 millions et le réseau routier pour $250 millions.
M. Pierre Laver-gne qui est responsable de la coordination de
l'aménagement et du développement, qui a été
responsable du dossier de l'OPDQ dans la région de Hull, qui est
maintenant au service des affaires de la capitale canadienne. Il y a Jacques
Brunet qui est coordonnateur du développement économique. Il y a
Roger Saint-Louis qui est coordonnateur du développement culturel et
nous avons comme effectif trois secrétaires, en plus, et un messager.
C'est de cela qu'est constitué le service des affaires de la capitale
canadienne.
Je voudrais souligner également que, par le service des affaires
de la capitale canadienne, nous avons, par nos coordonnateurs de chacun des
secteurs, des présences sur le schéma de développement de
l'OPDQ, nous avons participé et participons encore, par les
coordonnateurs, à la préparation du schéma
d'aménagement de la CRO. Dans d'autres secteurs, M. Charron participe
quotidiennement à la préparation des ententes à être
négociées avec le gouvernement fédéral au niveau
des fonctionnaires et nous assistons, nos organismes comme la CRO, la SAO, la
CTCRO et les municipalités, dans le cadre du développement.
M. Morin: Vous avez donc une dizaine de fonctionnaires dans ce
service, en tout et partout. L'année dernière était-ce le
même nombre? Vous m'avez dit que cela avait été
limité à dix, mais vous ne m'avez pas dit combien il y avait de
fonctionnaires l'an dernier.
M. Parent: L'année dernière, à ma
connais-
sance, nous étions à constituer l'équipe qui devait
travailler au service de SACAC, c'est à ce moment-là que nous
avons convenu que, même si nous avions 19 postes autorisés, nous
pourrions combler dès le départ une dizaine de postes. Comme il
s'agit de six postes-cadres, il a donc été ajouté trois
secrétaires et un messager. C'est dire que l'addition du personnel au
cours de l'année a été de huit membres.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez nous expliquer la ligne
d'autorité qui existe entre ce service et le ministère? Je veux
dire devant qui M. Diamant est-il responsable au sein du ministère.
M. Parent: M. Diamant, comme directeur du service, est
responsable d'abord, au directeur des relations
fédérales-provinciales, M. François Lebrun, sur des
problèmes qui relèvent du problème constitutionnel,
à cause du service, parce que les employés dépendent de M.
Diamant dans le service.
Mais, sur les ententes, les négociations qu'il y a à
poursuivre avec Ottawa, à ce moment-là, M. Diamant communique
avec M. Lebrun, M. L'Ecuyer participe également comme conseiller
juridique et les discussions se poursuivent au niveau de M. Jules
Brière.
M. Morin: Qui est le sous-ministre adjoint. M. Parent: Qui
est le sous-ministre associé.
M. Morin: Quand vous dites que le directeur du service, du SACAC,
est responsable devant le directeur des affaires
fédérales-provinciales, M. Lebrun, voulez-vous dire que M. Lebrun
a la responsabilité de surveiller ce service, qu'il a la pleine
responsabilité de ce qui s'y passe que M. Lebrun lui-même
relève de M. Brière, si je comprends bien? C'est cela, la ligne
d'autorité?
M. Parent: Oui, il dépend de M. Brière.
M. Morin: Dans le quotidien de la chose, est-ce que le SACAC
fonctionne largement, de façon autonome, ou bien s'il répond
quotidiennement de son fonctionnement devant M. Lebrun?
M. Parent: Ce sont des contacts quotidiens avec M. Lebrun.
M. Morin: La politique générale applicable en
particulier dans cette région du Québec, et que doit suivre le
SACAC est-elle définie au niveau du sous-ministre adjoint, au niveau du
directeur des affaires fédérales-provinciales ou bien au niveau
du SACAC?
M. Parent: La ligne d'autorité, je pense l'avoir
souligné à plusieurs reprises, repose sur la structure
hiérarchique du ministère, à partir, au point de vue
administratif, du sous-ministre du ministère, du sous-ministre
associé, du directeur des relations fédérales-provinciales
et du directeur du
SACAC. La politique gouvernementale elle-même est établie
au niveau du ministère entre M. Clou-tier et moi-même, à la
suite de rencontres que nous avons avec nos officiers.
M. Morin: D'après ce que vous me dites, il n'y a pas eu de
changement dans le statut quelque peu particulier, le statut sui generis de ce
service, si je comprends bien.
M. Parent: C'est dans l'esprit du député de
Sauvé que ce soit un service spécifique et à part, parce
que ça n'existe pas.
M. Morin: On a toujours dit que c'était un service
à part.
M. Parent: Le député de Sauvé veut croire
que le ministre d'Etat aux Affaires intergouvernementales a son propre
ministère à l'intérieur du ministère, alors qu'il
n'en est pas ainsi. Il y a, à l'intérieur du ministère,
une structure hiérarchique, l'organigramme qui détermine la
hiérarchie qui doit se perpétrer à l'intérieur du
ministère et c'est cette ligne qui est suivie. Quant à
l'orientation, c'est ce que j'ai dit au député de Sauvé
tout à l'heure, elle se fait à la suite de discussions entre le
ministre des Affaires intergouvernementales et le ministre d'Etat en ce qui
concerne la région de la capitale nationale, mais les directives sont
données selon les voies hiérarchiques et elles sont suivies de
cette façon.
Tous les dossiers importants sont soumis au comité de
coordination du ministère. Nous venons de discuter, par exemple, il n'y
a pas tellement longtemps, de la construction d'une ligne électrique par
l'Hydro-Québec. Le dossier est arrivé au ministère. Comme
il s'agissait de la région de l'Outaouais, il a été soumis
à SACAC, il a été soumis au comité de coordination
du ministère et, de là, la politique a été
établie par le gouvernement et c'est celle qui est suivie par la ligne
hiérarchique du ministère.
M. Morin: Nous en reparlerons peut-être un peu plus tard,
de cette fameuse ligne de l'Hydro. Est-ce que c'est réglé, ce
problème? Ou bien si vous en êtes encore à discuter si vous
allez échanger des bouts de territoire pour d'autres?
M. Parent (Hull): Les négociations sont
complétées. C'est maintenant entre les mains du ministre des
Richesses naturelles et du ministre des Affaires intergouvemementales pour
révision des textes.
M. Morin: Nous en reparlerons peut-être un peu plus tard.
Je ne veux pas anticiper sur le développement de cette discussion.
Je voudrais répéter que nous ne nous sommes pas
opposés à la création de ce service. Nous en reconnaissons
l'utilité. Mais si tant est, comme l'affirme toujours le ministre, que
ce service est parfaitement intégré au ministère et que la
ligne d'autorité est claire, il n'y a vraiment pas de raison
pour qu'il y ait deux ministres dans le tableau. Il devrait y avoir un
seul ministre responsable de cette région, comme des autres
régions du Québec. C'est là que nous croyons qu'il y a
quelque chose d'anormal, de "bizarroïde".
Mais de toute façon, je reconnais que ce caractère
"bizarroïde" est là à demeure, parce que le
député ministre...
M. Parent (Hull): Je suis heureux de vous entendre dire cela.
M. Morin: ... le député ministre de Hull n'a pas
l'intention de lâcher ce morceau si facilement.
M. Parent (Hull): ... lâcher la politique. Je suis heureux
de vous entendre dire cela.
M. Morin: Cela est une autre affaire. Cela ne dépend pas
plus du ministre que de moi-même, cela dépend des pairs.
M. Parent (Hull): Je suis heureux de vous entendre dire cela, que
cela semble déjà demeurer longtemps.
M. Morin: Tant qu'il sera là, j'ai l'impression qu'il ne
va pas lâcher ce morceau de choix et qu'il continuera à
régner sur son petit empire. Mais je voudrais qu'il sache qu'il y a
très peu de gens qui sont mystifiés par cet arrangement
bizarre.
M. Parent (Hull): Je pourrais vous dire que les gens de la
région sont très heureux. Cela fait 20 ans qu'ils
m'élisent et ils n'ont pas l'intention, semble-t-il, de me laisser
aller.
M. Morin: C'est une autre question. Ce n'est pas ni le ministre
ni moi qui allons trancher cela aujourd'hui, ni vous, M. le
Président.
M. Parent (Hull): ... sont suaves. Accord directeur
M. Morin: Mais nous verrons bien ce qu'il en est au cours des
années qui viennent. Peut-être pouvons-nous aborder la question du
projet d'accord directeur, l'accord-cadre pour parler exactement, entre le
Québec, l'Ontario et le Canada.
L'année dernière, si ma mémoire est bonne, le
ministre nous avait dit que la conclusion de cet accord devait avoir lieu assez
rapidement. Je me permets de citer la page B-4087. Je demandais au ministre:
"Quand pensez-vous que cet accord-cadre sera conclu? " Et il m'avait
répondu: "Nous faisons l'impossible pour conclure cette entente dans les
plus brefs délais et aller de l'avant pour l'aménagement et les
fonctions pour lesquelles nous voulons que cet accord soit signé."
Il m'apprenait également qu'il avait lui-même fait des
démarches auprès du ministre ontarien et que les fonctionnaires
allaient se réunir les 4 et 5 juin 1975, pour tenter d'en arriver
à la conclusion de cet accord.
Si ma mémoire est bonne, il a été proposé au
gouvernement ontarien et au gouvernement fédéral, à la fin
de 1974 ou au début de 1975; je ne sais plus trop la date exacte,
peut-être que le ministre pourra me l'indiquer.
Depuis ce temps-là, j'imagine que des discussions intenses ont eu
lieu; du moins, c'est ce que laissait entendre le ministre l'an dernier,
lorsqu'il s'était engagé à conclure l'accord dans les plus
brefs délais.
Je veux dire au ministre, dès l'abord, que la conclusion de cet
accord nous paraît tout à fait essentielle pour protéger,
pour préserver l'influence véritable du Québec sur
l'aménagement de Hull et de sa région, étant donné
les répercussions des actes posés par le gouvernement
fédéral et étant donné, aussi,
l'interdépendance des deux rives de l'Outaouais.
Mais il semble je vais demander au ministre de m'éclairer
là-dessus que tout cela traîne en longueur, que les
discussions n'aient pas abouti encore à des résultats concrets.
Je parle des discussions entourant l'accord directeur, comme le nomme le
ministre. Pourquoi est-ce que cet accord n'a pas été conclu?
Est-ce qu'il n'est pas essentiel qu'il le soit? Tant qu'il ne l'est pas, le
pouvoir fédéral, évidemment, dispose d'une très
large marge de manoeuvre dans ses tentatives d'aménager par
lui-même et pour lui-même toute la région de la capitale
canadienne. Est-ce que Toronto n'est pas d'accord avec ce projet? Qu'en est-il
exactement?
M. Parent (Hull): M. le Président, nous avons
présenté aux gouvernements du Canada et de l'Ontario, en juin
1974, un projet d'accord directeur. Il y a eu des rencontres, d'abord au niveau
du gouvernement du Canada, tant au niveau ministériel qu'au niveau des
hauts fonctionnaires. Il y a eu des rencontres ministérielles et au
niveau des fonctionnaires avec le gouvernement de l'Ontario. A cet effet, je
pense que cela pourrait rendre service à l'Opposition si je lui
déposais le rapport des activités de l'année 1975/76 qui
traite de ces questions et de toutes les autres, ainsi que les accords
intergouvernementaux signés par la Commission de la capitale nationale
qui sont intervenus.
M. Morin: Le rapport de votre ministère ou le rapport du
service?
M. Parent (Hull): Le rapport du service. M. Morin: Du
service lui-même.
M. Parent (Hull): Avec les ententes qui ont déjà
été signées.
M. Morin: J'allais vous demander éventuellement de le
faire. Si vous les déposez maintenant, ce sera d'autant plus utile.
M. Parent (Hull): On en aura d'autres copies pour les membres
tout à l'heure.
M. Morin: Mais, ma question porte sur l'accord directeur.
M. Parent (Hull): Oui, j'y arrive. C'est dans ce cadre que je
répondais. Les discussions se sont poursuivies entre les
différents niveaux de gouvernement et j'ai justement souligné,
dans mon discours inaugural, comme vous l'avez appelé, le fait que,
suite à ces tractations, le gouvernement du Canada avait jugé
opportun de former un comité mixte du Sénat et de la Chambre des
communes sur la région de la capitale nationale, que ce comité
mixte poursuit ces travaux et doit remettre son rapport, si je ne me trompe,
d'ici la fin de l'année 1976.
Simultanément, en poursuivant nos discussions avec l'Ontario,
dès les premières rencontres et les rencontres
subséquentes que j'ai eues avec M. Darcy McKeough et même au
niveau des fonctionnaires, on avait obtenu de l'Ontario un accord de principe.
Il y avait discussion sur certaines modalités, comme la question du
bilinguisme qui inquiétait l'Ontario, mais pour...
M. Morin: De quelle façon est-ce que cela
l'inquiétait, M. le ministre?
M. Parent (Hull): Sur les précédents que cela
pouvait créer en province, dans l'étendue de la province, sur les
services bilingues, puisque l'accord directeur parlait des services disponibles
dans les deux langues, parce que nous, nous sommes préoccupés
également par la présence, dans la capitale canadienne, des
Franco-Ontariens et, nous sommes préoccupés, du côté
québécois, par la prédominance de la francophonie.
M. Morin: En dépit de l'exploitation des services
fédéraux?
M. Parent (Hull): En dépit de ce que peut dire
l'Opposition, nous sommes préoccupés par ces problèmes. Il
est donc arrivé qu'en Ontario, suite aux modifications de structures que
le Québec avait faites, l'Ontario a pris à peu près les
mêmes dispositions que le Québec. D'abord, le territoire de la
capitale nationale compris dans le secteur ontarien, c'est la
municipalité Ottawa-Carleton qui constitue l'ensemble du territoire. Le
gouvernement ontarien a demandé à la municipalité
régionale Ottawa-Carleton de préparer un schéma
d'aménagement du territoire.
Ce schéma s'est terminé vers le mois de septembre... Il a
été déposé, à ce qu'on me dit, en octobre
1974, mais le gouvernement ontarien ne l'a pas approuvé. Durant ce
temps, on voit les péripéties qui se produisent devant les
comités mixtes de la Chambre des communes et du Sénat, les
divergences d'opinions entre la Commission de la capitale nationale, d'une
part, et la communauté régionale Ottawa-Carleton, d'autre part,
qui a un schéma d'aménagement quelque peu différent de
celui de la Commission de la capitale nationale. La province de l'Ontario
demeure sur ses positions et ne donne pas son accord au projet de schéma
d'aménagement préparé par la communauté
régionale. Donc, il na point d'effet du point de vue de l'application.
Durant ce temps...
M. Morin: Pourquoi le gouvernement ontarien bloque-t-il
l'application du schéma préparé par la municipalité
régionale?
M. Parent (Hull): La loi 54, comme celle du Québec, qui a
donné le pouvoir à la communauté régionale, est la
même. Elle doit être approuvée par le ministre des Affaires
municipales. Elle ne l'a pas été, pour quelle raison? Je
n'oserais pas faire de prédiction sur les raisons pour lesquelles il en
a été ainsi, même si j'ai eu des discussions avec mon
homologue ontarien, je ne pourrais me permettre de faire des
indiscrétions sur le sens qu'on apporte à cette non-approbation
pour le moment. Entre temps, le gouvernement ontarien a décidé de
procéder à une étude sur la structure municipale. Il a
formé, à cet effet, la commission Mayo qui, elle aussi, au moment
où je vous parle, continue à tenir des audiences et doit faire
rapport au gouvernement ontarien, si je ne me trompe, en octobre 1976.
M. Morin: Mais c'est sur la structure municipale dans l'ensemble
de l'Ontario...
M. Parent (Hull): Non, seulement sur le territoire de la
municipalité Ottawa-Carleton. C'est là la raison principale,
à mon avis, pour laquelle l'Ontario n'approuve pas le schéma
d'aménagement d'Ottawa-Carleton, et peut-être, également,
à cause des tractations que peut avoir l'Ontario avec le gouvernement
fédéral. Or, il arrive que, du côté
québécois le député de Sauvé me
demandait tout à l'heure où nous en étions nous
avons créé, par une Loi de la Législature en
décembre 1969, une communauté régionale de l'Outaouais.
Dans cette loi, il était prévu que la communauté devait
préparer et compléter un schéma d'aménagement dans
les deux ans suivant la sanction de la loi. Cela voulait donc dire que le 31
décembre 1971, la communauté régionale, dans ses
responsabilités, devait soumettre au gouvernement pour approbation un
schéma d'aménagement de son territoire.
M. Morin: Cela n'a pas encore été fait.
M. Parent (Hull): Ce qu'elle ne fit pas, comme d'ailleurs elle
avait le pouvoir et la responsabilité de décréter les
nouvelles limites territoriales des municipalités à
l'intérieur de son territoire, ce qu'elle ne fit pas. Devant cette
situation, le gouvernement du Québec est intervenu par l'adoption du
bill 54, obligeant la communauté régionale à
préparer un schéma d'aménagement du territoire, lequel
devait être complété pour le 1er septembre 1975. Pour
passer vite, au 1er septembre 1975, le document n'était pas
préparé, n'était pas complété. Il
était en voie de préparation. La loi a donc donné à
ia communauté, dans les amendements du mois de décembre 1975,
l'obligation de
terminer ses travaux pour le 1er mai 1976, ce que, cette fois, la
communauté fit. Nous sommes donc maintenant en possession du
schéma d'aménagement du territoire de la communauté
régionale de l'Outaouais qui est approximativement les mêmes
limites territoriales du territoire de la capitale nationale en sol
québécois.
M. Morin: C'est le plan d'aménagement de la
communauté régionale...
M. Parent (Hull): Oui.
M. Morin: ... et non pas le plan de l'OPDQ.
M. Parent (Hull): Non. Le plan de l'OPDQ, c'est un schéma
de développement. Ce n'est pas un schéma
d'aménagement.
Sur la préparation de ce document, les fonctionnaires du service
des affaires de la capitale canadienne, en particulier, M. Diamant, ont
participé à toutes les séances de travail, avec un
représentant du ministère des Affaires municipales, M. Sokolski,
et cela a été le fruit qui est sorti de toutes ces discussions
depuis au-delà de cinq à six ans. Ce document, qui a
été publié samedi, est le document déposé du
projet d'aménagement, lequel aura effet à compter du 1er
septembre, puisqu'actuellement la consultation est entreprise auprès de
chacune, des municipalités, et la communauté régionale a
formé un comité de consultation composé de ses membres, du
conseil et de membres des conseils municipaux pour tenir des réunions
publiques dans chacune des municipalités pour expliquer le plan de ce
schéma d'aménagement.
M. Morin: Quand vous dites déposé, M. le ministre,
je ne sache pas qu'il ait été déposé en Chambre.
Déposé où?
M. Parent (Hull): II a été rendu public vendredi
dernier, par la communauté. Comme la date limite était le 1er
mai, il a été rendu public lors d'une séance en
présence des membres des conseils municipaux, des représentants
des corps publics, de la presse, et ainsi de suite; il a été
publié dans le journal Le Droit, dans une édition
spéciale, samedi dernier, pour que tout le public puisse en prendre
connaissance. Bon!
Si on regarde le bill 54, il fait une autre obligation également,
parce qu'un schéma d'aménagement, ce sont les paramètres
sur lesquels sera déterminé l'aménagement du territoire
dans cette partie du Québec.
La loi no 54, maintenant, dès l'approbation, par la
communauté au 1er septembre, fait obligation aux municipalités,
dans les 18 mois, de compléter leur plan directeur, conformément
au schéma, d'établir des règlements de zonage et
d'établir également un plan quinquennal des investissements. Si
les municipalités ne le font pas, c'est la communauté qui le fera
et qui enverra la facture aux municipalités. Là, nous aurons
donc...
M. Morin: II s'en prépare de belles.
M. Parent (Hull): ... l'ensemble... Non, les municipalités
sont d'accord. Il n'y a aucune difficulté. Il faut le dire, par
ailleurs. C'est la loi qui a prévu que si cela ne se faisait pas, la
communauté le ferait.
Mais vous avez déjà il en reste huit maintenant
celle de Hull, qui a un service d'urbanisme et qui a déjà
un plan directeur qui devrait être aménagé en fonction de
cette partie. Vous avez la ville de Gatineau qui a un service d'urbanisme
également et des urbanistes à temps plein. Vous avec la ville de
Buckingham, qui a déjà retenu les urbanistes pour commencer
à préparer le plan directeur. Aylmer a déjà pris
également les dispositions pour retenir du personnel ressource pour
préparer le plan directeur. Il reste la municipalité de
Val-des-Monts, qui, elle aussi, a déjà pris des dispositions. Il
reste La Pêche, qui, elle aussi, a déjà pris des
dispositions. Il reste Pontiac. Je ne sais pas si la ville de Pontiac a pris
des dispositions, et il y a Hull-Ouest, mais Hull-Ouest a déjà un
plan directeur.
Il n'y aura pas tellement de difficulté. Mais cela permettra
d'avoir, d'une façon définitive, un outil des plus essentiels et
dont nous avions un besoin urgent pour permettre de planifier le
territoire.
On a souvent prétendu que nous étions à la remorque
d'Ottawa, la Commission de la Capitale nationale en particulier, pour
l'aménagement du territoire, que les décisions se prenaient d'une
façon unilatérale, sans consultation. Il est vrai qu'à
l'occasion, cela s'est présenté. Mais, dans la plupart des cas,
il y a eu consultation, mais le fait que, du côté
québécois, nous n'ayons pas un schéma
d'aménagement, nous empêchait à ce moment-là de
pouvoir dire que la décision qui se prenait était conforme aux
besoins d'aménagement qu'un plan permettrait d'envisager.
Nous avons donc maintenant en main les outils qui vont nous permettre
d'agir.
En ce qui concerne l'accord directeur, c'est dans ce cadre que depuis un
an ou deux ans, sans que l'accord directeur n'ait été
approuvé et mis en oeuvre, de facto, il a une présence par la
signature d'entente que nous avons faite par la formation du comité des
transports où nous participons avec eux. Les principaux
intéressés ont accepté. Et c'est ce que j'ai dit dans mon
premier exposé.
Nous avons la collaboration des autorités de la capitale
nationale qui acceptent notre point de vue sur les objectifs de
développement que nous croyons essentiels au côté
québécois. C'est dans ce cadre qu'on verra, par certaines
ententes intervenues, que même si l'accord directeur comme tel, n'a pas
encore été ratifié et ne pourra pas l'être avant que
la commission Mayo pour l'Ontario n'ait complété son rapport,
avant que le comité conjoint de la Chambre des communes et du
Sénat n'ait complété son rapport de facto, nous nous
sommes entendus et nous travaillons dans ce sens, par le comité
intergouvernemental que nous avons formé du côté
québécois avec la présence de la Communauté
régionale de l'Outaouais, la Société d'aménagement
de l'Outaouais, de la
Commission des transports de la communauté régionale de
l'Outaouais et de la cité de Hull qui forment la
délégation du Québec, il y a des réunions presque
hebdomadaires au niveau des fonctionnaires et, depuis le mois de janvier, il y
a eu trois réunions au niveau ministériel.
Nous avons donc, dans les faits, non pas un accord directeur
signé, entendu, qui sera respecté, mais dans les faits, comme je
l'ai mentionné pour la question du ruisseau de la Brasserie et pour les
autres projets du gouvernement fédéral, il n'y a plus agissement
unilatéral de part et d'autre. Cela se fait en consultation. Cela se
fait en participation et cela se fait en coopération.
Or, nous espérons, nous aussi, pour contrer les effets du
jugement Munro qui a été sanctionné par la Cour
suprême en 1966... Nous sommes très conscients que l'accord
directeur est primordial et nous tenons à cet accord directeur, mais
nous ne pouvons pas signer un accord seul.
Nous avons eu et nous continuons nos pourparlers avec l'Ontario.
L'Ontario a jugé opportun de créer une commission d'abord, pour
déterminer la structuration au niveau administratif, municipal de la
région et, pendant ce temps, les discussions se poursuivent quand
même dans le cadre de la coopération Ontario-Québec pour
permettre d'en arriver à convaincre l'Ontario de participer avec
nous.
En ce qui concerne le fédéral, même s'il y a une
commission conjointe qui siège présentement, c'est, je le
répète, de facto, nous oeuvrons comme s'il y avait accord
directeur, mais nous aimerions mieux et préférerions que l'accord
soit signé pour que nous ayons des documents qui nous permettent de
dire: Dans les faits et dans la légalité, c'est ce qui se
fait.
M. Morin: II était, en effet, urgent que
s'établisse du côté québécois un minimum de
consensus, à tout le moins sur les objectifs d'aménagement.
J'aimerais que le ministre dépose la copie officielle de l'accord, non
pas un supplément de journal, mais si cela était possible, le
texte officiel du schéma adopté par la CRO.
M. Parent (Hull): Je n'ai pas objection à me rendre aux
désirs du chef de l'Opposition, mais je voudrais bien qu'il sache que,
actuellement, il n'a pas été imprimé comme tel. Les copies
officielles, selon les informations que j'ai reçues du président
de la communauté régionale, ne seront pas prêtes avant le
mois de juin, mais on a publié, intégralement et c'est un
document... non pas une gratuité du journal Le Droit. Cela a
été payé par la communauté et c'est le document
intégral du schéma d'aménagement de la communauté
régionale.
M. Morin: Mais si le journal l'a eu, j'imagine que le
ministère l'a reçu aussi. Donc, il devrait être possible de
le déposer devant la commission.
M. Parent: II n'y a pas d'autre document que celui-là
à ce moment-ci.
M. Morin: Non, je comprends qu'il n'y a pas d'autre document que
ce projet de schéma d'aménagement, mais puisque le Droit l'a
imprimé, il y a quelque part un exemplaire qui a servi au journal.
J'imagine que le ministère l'a reçu aussi. Ce serait tout de
même étonnant que le Droit l'ait publié sans que vous ayez
le texte. C'est ce texte que j'aimerais voir déposer devant la
commission.
M. Parent: Je n'ai pas objection à prendre des
informations auprès de la communauté, mais, à ce que me
disent ceux qui ont travaillé avec la communauté, le document de
travail a servi à l'impression de cela, comme actuellement il sert
à l'imprimerie pour imprimer le texte officiel. Cela, c'est le texte
officiel. C'est le seul document qu'il y a à l'heure actuelle,
excepté le brouillon dont vous parlez.
M. Morin: Je n'ai pas d'objection à ce que vous
déposiez l'exemplaire du journal, M. le ministre, mais j'imagine...
M. Parent: Vous n'êtes pas abonné au journal Le
Droit, à l'Opposition?
M. Morin: Oui, nous le sommes, mais la question n'est pas
là.
M. Parent: Le journal de samedi dernier.
M. Morin: La question, c'est le dépôt officiel
devant la commission, ce n'est pas la connaissance personnelle que je peux en
avoir.
M. Parent: Oui, dès que le texte imprimé nous aura
été remis, je vais le déposer en Chambre. Je vais en faire
le dépôt en Chambre. Actuellement, nous ne l'avons pas
nous-mêmes.
M. Morin: C'est un peu extraordinaire, vous ne trouvez pas?
M. Parent: La communauté a convenu, comme elle
commençait ses consultations, comme elle était à
l'expiration de son délai, que plutôt de faire imprimer
quoi, il y a 180 000 personnes c'était impossible de faire
imprimer 180 000 exemplaires pour renseigner la population. La décision
de la communauté régionale était qu'elle achèterait
l'espace du journal Le Droit pour publier intégralement...
M. Morin: Le schéma.
M. Parent: ...le schéma d'aménagement de
l'Outaouais.
M. Morin: D'accord, je n'ai pas d'objection à cela.
Seulement, je ne comprends pas que vos services n'aient pas également un
exemplaire du projet, du schéma.
M. Parent: Oui.
M. Morin: Le directeur du service vous fait signe qu'il en a et,
effectivement, le contraire serait étonnant.
M. Parent: Oui, il a un brouillon, mais ce que vous me demandez,
c'est une copie officielle qui serait signée par la communauté et
c'est cela qui est à l'impression. Dès qu'on aura reçu le
texte officiel que vous demandez, nous allons le déposer. Il n'y a
aucune difficulté. En attendant, nous allons déposer
celui-là qui vous permettra de connaître le même texte qui
sera imprimé.
M. Morin: Très bien. M. le Président, pourriez-vous
faire photocopier, non pas le journal, mais les autres documents qui ont
été déposés auparavant pour les faire distribuer
aux membres de cette commission?
M. Parent: C'est entendu.
M. Morin: Bon!
Donc, la situation actuelle, pour nous résumer avant de passer
à un autre point, c'est que, du côté de l'Ontario, la
municipalité régionale d'Ottawa-Carleton avait
déposé son propre schéma d'aménagement en
décembre 1974. Du côté québécois, la CRO
vient de rendre public le sien. Bon! J'aimerais maintenant vous demander ce
qu'il en est de cet autre élément important du casse-tête
Ottawa-Hull-gouvernement-fédéral qu'est le schéma de
développement de l'Outaouais en voie d'élaboration par l'OPDQ. Il
est évident que, malgré l'existence d'un schéma
régional, il est essentiel que l'OPDQ rédige, élabore et
dépose ce schéma de développement à
l'intérieur duquel devra se situer le schéma d'aménagement
de la CRO.
Du moins, en bonne logique, c'est ainsi que les choses devraient se
passer, parce qu'en l'absence de cet élément capital qu'est le
schéma de développement de l'OPDQ, là encore, on laisse la
porte ouverte à un certain unilatéralisme de la part du
gouvernement fédéral. Or, il semble bien, j'espère que le
ministre va pouvoir me rassurer sur ce point autant qu'il vient de le faire
pour le schéma de la CRO, que ce schéma traîne en
longueur.
Schéma de développement
M. Parent: Je pourrais dire au député de
Sauvé que le schéma de développement de l'OPDQ ne
traîne pas en longueur. Il a servi, comme tel, à la
Communauté régionale de l'Outaouais pour la préparation de
son schéma d'aménagement. Le schéma de
développement de l'OPDQ est à l'impression et il sera disponible
dans environ un mois. Mais il faut dire...
M. Morin: Le Dr Goldbloom vient de le promettre effectivement
pour le mois de mai; donc, nous l'aurons, semble-t-il, en juin, si je comprends
bien.
M. Parent: Mais comme à la préparation du
schéma d'aménagement de la communauté siégeaient,
au comité technique, M. Diamant et, à l'occasion, M. Pierre
Lavergne comme on le sait, M. Lavergne est le responsable qui a
préparé le schéma de développement de l'OPDQ
il va sans dire que la communauté avait déjà toutes les
données de ce schéma de développement de l'OPDQ. Il est
complété, il ne traîne pas en longueur. Je pourrais
même donner au député de Sauvé l'essence de ce
schéma de développement de l'OPDQ qui concerne la région
administrative no 7.
M. Morin: Qui est plus large que le territoire de la CRO.
M. Parent: Beaucoup, beaucoup plus large. M. Morin:
Oui.
M. Parent: II comprend au-delà de 100
municipalités, de Hull jusqu'à Mont-Laurier incluse, puisque,
dans la zone administrative 7, il y a les comtés de Pontiac, Gatineau,
Papineau, Hull, une partie d'Argenteuil et une partie de Labelle. Il y a donc,
dans le schéma de développement de l'OPDQ, le secteur urbain qui
est le territoire de la communauté régionale et il y a le secteur
rural qui est situé à l'est, au nord et à l'ouest de
Hull.
Le schéma de développement, dans ses grandes lignes, en ce
qui concerne le territoire de la capitale nationale, fait des rapports sur la
faiblesse des équipements des affaires sociales et propose des
solutions; il fait allusion à la faiblesse des équipements
éducatifs et culturels et propose également des solutions. Il
fait mention de l'aspect économique de la région de la capitale
nationale et également de l'arrière-pays.
Il fait mention également que le développement dans la
région de la capitale nationale devrait se faire vers l'est plutôt
que vers l'ouest. Nous devrions donner priorité vers l'est et c'est ce
que j'ai dit d'ailleurs dans mon exposé au début, que le
développement devrait s'accentuer vers l'est. En ce qui concerne la
faiblesse des équipements des affaires sociales, on est en voie d'y
remédier dans son entier, les équipements au point de vue des
foyers sont, pour la plupart, actuellement soit en construction, soit en
préparation de plans et devis, mais, d'ici la fin de l'année
1976, les sept centres d'accueil prévus dans la région seront en
construction.
En ce qui concerne l'hôpital général pour la
région, c'est-à-dire l'hôpital du Sacré-Coeur
à Hull, il y a eu un léger retard de la part des professionnels
et non pas du gouvernement.
Les plans et devis complets pour l'agrandissement de l'hôpital du
Sacré-Coeur devraient être déposés le 17 mai, au
ministère des Affaires sociales, à Québec. Selon
l'échéancier qui avait été établi,
originalement, les plans devaient être déposés le 3 mai,
pour appel d'offres le 2 juin, il y a donc un léger retard. Si on suit
l'échéancier avec quinze jours de retard, ce sera le 16 juin que
l'appel d'offres sera fait pour le projet de l'hôpital
Sacré-Coeur, au coût d'environ $20 millions.
M. Morin: M. Castonguay avait déjà promis cette
chose dès 1973. Ce n'est pas trop tôt.
M. Parent (Hull): Je pourrais peut-être remettre le dossier
chronologique des événements qui se sont développés
depuis la déclaration de M. Castonguay, en avril 1972, pour bien
mentionner que la responsabilité même si je ne veux pas
porter de jugement ne devrait pas être appliquée au
gouvernement comme tel, mais bien aux instances locales, dans la gestion
quotidienne des affaires de l'hôpital et des divergences qui se sont
produites avec les professionnels chargés de la préparation des
plans et devis.
J'ai rendu public, il n'y a pas tellement longtemps, le
déroulement chronologique des événements de cette
situation de l'hôpital du Sacré-Coeur. On aurait pu être en
chantier depuis au moins un an s'il n'y avait pas eu divergence d'opinions
comme celle qui me vient à l'esprit. Un groupe de chirurgiens
demandaient qu'il y ait une fenêtre dans la salle de chirurgie et un
autre groupe ne voulait pas qu'il y ait de fenêtre. Il y en a des
événements comme ceux-là. J'ai tous 'es faits.
M. Morin: II ne faudrait pas faire porter toute la
responsabilité...
M. Parent (Hull): Non, c'en est un.
M. Morin: ... sur les gestionnaires locaux, quand même. Il
y a une certaine part de négligence de retard, au centre, n'est-ce
pas?
M. Parent (Hull): C'est pour cela que j'ai dit que je ne portais
pas de jugement. Nous allons recevoir les appels d'offres. En ce qui concerne
l'hôpital Saint-Michel de Buckingham, le contrat a été
adjugé hier pour l'agrandissement de cet hôpital.
Il reste, selon les projets du ministère des Affaires sociales,
à réaliser un agrandissement à Buckingham. Nous avons
également l'implantation de dix CLSC complétés et en
fonctionnement dans la région de l'Outaouais. C'est une des rares
régions où tout le plan des CLSC est complété.
Dans le domaine des affaires sociales, nous avons également un
centre d'entraînement à la vie. Nous étions obligés
d'envoyer nos jeunes délinquants au centre Berthelet, ou à
Rouyn-Noranda. Mais depuis le mois de février, le centre est maintenant
construit, meublé, aménagé et occupé, à
Hull. Nous avons également un centre à Aylmer, pour les enfants
handicapés, de bas âge.
M. Morin: Dans votre plan de dix CLSC, combien sont
réalisés dans les faits? Combien fonctionnent à l'heure
actuelle?
M. Parent (Hull): Les dix.
M. Morin: Les dix fonctionnent effectivement, à l'heure
actuelle?
M. Parent (Hull): Effectivement.
M. Morin: Est-ce qu'on en est rendu à fournir les
services? Ou simplement à mettre en place la structure
administrative?
M. Parent (Hull): Non, non. Tout est complété, le
personnel est tout en place. Le personnel comporte un effectif de 177 en place,
dans les CLSC. Je pourrais dire au député de Sauvé que
j'ai assisté à une réunion il y a trois semaines avec les
dirigeants des institutions de la région et on m'a
félicité d'être la première région à
avoir complété son réseau, à avoir tous les CLSC en
fonctionnement.
M. Morin: Est-ce que dans chacun de ces CLSC, les services de
première ligne en fait de soins sont déjà vraiment en voie
de fonctionnement, fonctionnent déjà de façon
effective?
M. Parent (Hull): Oui. Mon collègue, le
député de Montmagny et ministre d'Etat aux Affaires sociales a
inauguré, il y a dix jours, le plus gros CLSC de la province, au
numéro 45 de la rue Ducharme à Hull.
M. Morin: Dans le cas de l'hôpital de Buckingham, il y a un
agrandissement qui va être réalisé incessamment, à
ce que nous a dit le ministre, et il y a un autre agrandissement qui, lui, ne
le sera pas. Quels sont les services qui vont être ajoutés
à l'hôpital Saint-Michel? Quels sont les services qui feront
l'objet de développements ultérieurs?
M. Parent (Hull): A Buckingham, c est complet.
M. Morin: A Buckingham.
M. Parent (Hull): Tout le programme qui avait été
prévu, je pense que c'est l'addition de cinq nouveaux services, est dans
la programmation et est effectivement dans les plans. Il y a même des
lits, si je me rappelle, pour les convalescents. Il y a démolition d'une
partie actuelle de l'hôpital pour être remplacée. Tout le
programme au complet de l'hôpital Saint-Michel de Buckingham est
réalisé dans une phase...
M. Morin: Bon. Maintenant...
M. Parent (Hull): ...il sera en chantier la semaine
prochaine.
M. Morin: Oui, mais tous les contrats, si je comprends bien,
n'ont pas été adjugés.
M. Parent (Hull): Le contrat général est
adjugé pour la construction.
M. Morin: Bon. Est-ce que tous les services ont fait l'objet d'un
contrat signé, conclu et en vigueur?
M. Parent (Hull): Cela dépend de ce que vous voulez dire.
Je parle de la construction physique.
Le contrat à l'entrepreneur général a
été accordé, de $2 324 000 pour loger les services
additionnels et les lits des convalescents. Il y a quarante lits de
convalescents, si je me rappelle.
M. Morin: L'augmentation...
M. Parent (Hull): L'augmentation de la capacité de
l'hôpital plus les services je ne sais pas cela par coeur, j'avais
le dossier à mon bureau de radiologie, si je me rappelle, je n'ai
pas par coeur les...
M. Morin: Mais le sens de la question...
M. Parent (Hull): ...mais tout le programme prévu par les
Affaires sociales a été entériné et la construction
qui se fait, c'est pour loger tous ces services et les fonds disponibles sont
là.
M. Morin: Maintenant, je voudrais revenir au projet d'accord
directeur. Compte tenu de tout ce que vous nous avez dit, il y a un instant,
quand prévoyez-vous que cet accord directeur,
Québec-Toronto-Ottawa, pourra entrer en vigueur ou être
conclu?
M. Parent (Hull): C'est ce que j'ai dit au député
de Sauvé tout à l'heure, que l'Ontario avait décidé
de former ut.e commission sur la structure administrative de la région
Ottawa-Carleton, la commission Mayo. Elle doit faire rapport au cours de
l'année. Le gouvernement fédéral a convenu de former sa
commission mixte de la Chambre des communes et du Sénat sur la
Commission de la capitale nationale.
Il est évident que donner une date ici, le chef de l'Opposition
pourrait me...
M. Morin: Ce n'est pas un engagement que je vous demande.
M. Parent (Hull): ...rappeler l'an prochain que j'ai dit telle
chose.
M. Morin: Ce n'est pas un engagement que je vous demande. Je vous
demande ce que vous prévoyez.
M. Parent (Hull): Je pense bien que, les rapports étant
faits de ces deux commissions qui sont actuellement à siéger, le
délai ne devrait pas, à mon avis, dépasser six mois avant
que cela puisse être conclu. Mais je voudrais souligner à nouveau
au chef de l'Opposition que, même si l'accord directeur n'est pas
signé, dans les faits quotidiens, nous fonctionnons comme s'il y avait
accord directeur.
M. Morin: Vous l'avez déclaré tout à
l'heure.
M. Parent (Hull): Oui, mais je pense que c'est important de le
souligner, parce que, souvent, on est porté à penser et à
croire que, parce que le gouvernement fédéral semble avoir les
pouvoirs, parce que, de notre côté comme de celui de l'Ontario,
nous n'avions pas de projet de schéma d'aménagement, la
planification, le développement et l'aménagement se faisaient par
l'autorité fédérale, alors que, dans les faits quotidiens
que nous vivons, nous avons mis en application, tant soit peu, cette formule de
collaboration. Maintenant que nous avons les outils, nous sommes beaucoup plus
en mesure de savoir exactement ce que nous désirons pour le
côté québécois.
M. Morin: Quelques fuites dans les journaux nous ont donné
un aperçu, à tout le moins, du contenu du schéma de
développement de L'OPDQ.
M. Parent (Hull): II a été publié en entier
dans le journal Le Droit.
M. Morin: Je ne savais pas que c'était en entier. Je suis
heureux que vous nous l'appreniez. C'est justement dans Le Droit qu'on pouvait
prendre connaissance de certaines hypothèses de l'OPDQ. L'une des
hypothèses de base, c'est que l'économie fédérale
est et demeurera le moteur de la région. Je retrouve ces mêmes
considérations à la page 4 de l'exposé préliminaire
que le ministre nous faisait tout à l'heure et dans lequel il nous dit
qu'en matière économique, la politique du gouvernement en est une
de croissance dont les assises sont, d'une part, la force motrice
engendrée par l'activité fédérale, et, d'autre
part, la revivification d'un modèle parallèle à
caractère industriel.
Donc, le ministre semble accepter que l'activité administrative
fédérale qui est une activité de caractère
tertiaire, une activité de service, soit le moteur de la région.
Je voudrais lui dire que, si le ministre semble accepter ce postulat, du
côté de l'Opposition, nous avons des doutes exprès qu'un
tel moteur puisse vraiment favoriser le développement autonome de la
région de Hull. Si on accepte ce postulat de base, les
conséquences, à notre avis, peuvent compromettre l'objectif
fondamental, selon lequel Hull doit avoir son autonomie en vue de demeurer
francophone. Si on accepte que la présence fédérale soit
l'un des principaux moteurs de la région, alors qu'on sait très
bien que cette présence, sous forme de services, est avant tout
anglophone. Je crois que c'est de nature malgré tous les efforts
qui pourront être faits à imposer des contraintes telles au
gouvernement du Québec qu'il n'arrivera pas à remplir ses
objectifs de caractère culturel ou encore de caractère qui tient
au développement industriel.
Je pense qu'on peut soutenir qu'il est très dangereux de
développer la région ou de penser développer la
région dans une perspective selon laquelle les services
fédéraux sont l'un des moteurs de la région. Ce qu'il faut
viser, à notre avis, c'est un modèle de développement
autonome fondé, en particulier, sur une industrialisation de la
région, en se fondant évidemment sur les principales
caractéristiques, sur les principales ressources de la région,
comme par exemple, l'industrie du bois et le tourisme. Je voudrais demander
au ministre peut-être comme première question
s'il accepte toujours ce postulat selon lequel l'activité
fédérale est l'un des moteurs, sinon le moteur principal du
développement de la région.
Je rappelle au ministre, pour les fins de la discussion, que, selon les
schémas d'aménagement de la CRO, la part relative des
francophones dans l'agglomération de Hull a diminué de 3,7% de
1961 à 1971 et qu'on nous dit dans ce même schéma qu'il est
à craindre qu'une augmentation rapide du poids démographique des
Anglophones n'aboutisse à un rapport de masse défavorable pouvant
mettre en péril la culture française. Je vous signale
également le point 1,7 qui nous entretient de l'impact de la
présence fédérale dans la ville de Hull.
On nous dit qu'à cause de l'évolution extrêmement
rapide du programme fédéral, l'adaptation nécessaire du
tissu urbain de l'île de Hull à sa nouvelle vocation
entraîne une pénurie de logement, aggravée par les
expropriations et les démolitions, la spéculation
foncière, la rareté de terrains développables, la
dislocation de quartiers par ie passage d'artères majeures, la
disparition de commerces, la désindustrialisation et le chômage,
l'affaiblissement d'identités culturelles et du sentiment
d'appartenance. Ce n'est pas le Parti québécois de la
région qui soutient cela, quoique je l'aie entendu faire état de
ces problèmes, mais c'est la CRO qui fait état de ces
problèmes.
Comment pouvez-vous pouvoir contrer ces éléments
négatifs quand vous admettez au départ, et vous l'avez
répété encore ce matin, que la présence
fédérale est le moteur de la région?
M. Parent (Hull): II est bien évident, M. le
Président, que j'ai souligné que la force motrice dans la
région, qu'on le veuille ou non, ce sont les emplois
fédéraux. Que les édifices soient situés du
côté de Hull ou qu'ils soient situés du côté
onta-rien, vous n'avez rien résolu du problème. Ce n'est pas le
fait que les édifices fédéraux viennent s'implanter
à Hull qui va créer un problème majeur dans la
région de l'Outaouais. Il faudrait que le député de
Sauvé se rende compte d'une chose, c'est que le siège du
gouvernement fédéral est à Ottawa. Oublions un moment que
la région de Hull ne fait pas partie de la capitale nationale mais
n'oublions pas qu'au départ, nous en sommes maintenant à
reconnaître qu'il y a environ 52% de la main-d'oeuvre de l'Outaouais
québécois qui exerce son emploi en Ontario. Vous
n'empêcherez pas demain matin ces citoyens d'aller exercer leur emploi,
même si l'édifice fédéral est situé à
Ottawa.
M. Morin: La question n'est pas là.
M. Parent (Hull): Bien non! Mais vous mélangez les deux
choses.
M. Morin: Non, c'est vous qui semblez mêler l'affaire.
M. Parent (Hull): Non, je ne la mélange pas. Il y a des
gens qui aiment mélanger les affaires.
Si un édifice est situé à Ottawa, de l'autre
côté de la rivière, s'il est plus près de ma
résidence, moi, si je dois traverser le pont je demeure en avant
du pont c'est plus près pour moi d'aller à Ottawa que
d'aller dans le nouveau Hull. Bon! Je demeure en face de l'édifice
Pearson, qu'il soit situé à Hull, l'édifice Pearson, ou
à Ottawa, le marché du travail dans la région de la
capitale nationale, tant québécois qu'ontarien, la force motrice,
c'est le gouvernement fédéral.
Qu'on se rappelle les demandes, les revendications qui ont
été faites depuis 50 ans par la population de l'Outaouais
québécois, d'amener des investissements fédéraux du
côté du Québec; qu'on se rappelle la commission mixte sur
le sénat à la Chambre des communes qui a siégé en
1955; qu'on se rappelle tous les mémoires à ce
moment-là, le Parti québécois n'existait pas des
municipalités, des corps publics, de la population en
général. On blâmait le fédéral, parce que
tout ce qu'il avait fait depuis que le comté existait en 1917, cela
avait été de construire l'Imprimerie nationale à Hull. Le
gouvernement fédéral a donc décidé, à la
suite des tractations du gouvernement antérieur, en 1968, de dire que le
territoire de la capitale nationale s'étendrait au côté
québécois; de là, la participation fédérale
dans les investissements massifs du côté
québécois.
Mais que nous reconnaissions aujourd'hui que la présence de 20
000 fonctionnaires fédéraux pourrait engendrer une
difficulté du point de vue culturel, c'est peut-être vrai, mais ce
n'est pas la présence de l'édifice fédéral qui va
l'engendrer.
M. Morin: Bien non!
M. Parent (Hull): C'est une question...
M. Morin: C'est quoi alors?
M. Parent (Hull): ... de résidence. Et pourquoi la
décision que nous avons prise, dans le schéma
d'aménagement de la CRO, dans la politique gouvernementale, d'axer le
développement vers l'est? C'était dans le but d'attirer les
francophones et de grossir la population francophone du côté
québécois, alors que l'on sait que, du côté ouest,
c'est la population anglophone qui, en majorité, y réside et s'y
implante.
Il y a donc, pour le gouvernement un certain défi à
relever par la présence des édifices fédéraux
à Hull, par ce geste massif d'ici 1985 où on va retrouver 20 000
fonctionnaires fédéraux du côté
québécois, mais pour autant, la région doit-elle se priver
de cet élément moteur qu'est l'emploi fédéral pour
rejeter toute participation, pour rejeter toute implantation du
côté québécois, ou n'est-ce pas la politique
gouvernementale qui doit s'adapter tenant pour acquis que l'édifice scit
situé à Hull ou à Ottawa, que la population se dirige,
qu'on le veuille ou non, que nos étudiants se préparent, au
niveau secondaire et au niveau collégial et même à
l'Université du Québec à Hull, en fonction d'occuper un
emploi au gouvernement du Canada?
A mon avis, l'accent doit être mis sur l'irnplan-
tation à Hull d'un centre universitaire pour permettre de former
ces fonctionnaires, d'avoir une présence dans cette diversité
d'emplois qui peut s'offrir aux candidats présentement aux
études.
Mais, nous n'avions jamais formé jusqu'ici à
l'exception de commis de bureau, de sténos, de secrétaires
de cadres pour faire partie de la direction parce qu'on ne croyait pas
nécessaire de se rendre à des études avancées pour
pouvoir occuper des postes.
Aujourd'hui, plus que jamais, on s'en rend compte. Les
équipements manquaient. Ils sont à s'implanter. Il y a des
aspects sur lesquels il y a des défis que nous devrons relever; l'aspect
culturel, il est vrai.
Sur l'aspect des emplois, le gouvernement fédéral a
déjà décrété que pour le côté
québécois, tant que pour le côté ontarien, le
bilinguisme non pas un bilinguisme unilatéral
intégral permettra à chacun de pouvoir évoluer dans la
langue de travail, puisque la langue de travail du côté
québécois a été définie par le gouvernement
fédéral et doit être en application complète d'ici
1978: c'est en français qu'on travaillera du côté
québécois. Comme d'ailleurs dans certains édifices du
côté ontarien où le bilinguisme primera, mais où
dans certains services, cela sera encore l'anglais qui primera.
Et je pense qu'il y a lieu pour nous de relever le défi, de ne
pas monter des chimères et de faire peur à la population, mais
d'assumer nos responsabilités, d'engager les programmes qu'il faudra
engager pour permettre de faire face à la situation.
Quant à l'aspect manufacturier, on a souligné l'aspect des
terres et forêts, de la forêt du tourisme. Le tourisme n'est pas
développé dans l'Outaouais. Il est en voie de
développement depuis l'impiantation de la Société
d'aménagement de l'Outaouais.
Déjà, au point de vue équipement, la
société d'aménagement a doté la région de
dix parcs polyvalents, dix parcs touristiques dans les régions de
Pontiac, de Gatineau, de Papineau, d'Argenteuil et de deux parcs dans les
limites d'Aylmer et de Hull.
M. Morin: Vous êtes un peu éloigné de la
question, M. le ministre.
M. Parent (Hull): Non. Cela fait partie de l'ensemble. J'ai dit,
tout à l'heure, dans mon exposé, que c'est
l'élément moteur, mais c'est un additif à ce que nous
devons concevoir et implanter chez nous.
La société d'aménagement a créé des
parcs industriels. Le chef de l'Opposition c'est vrai que ce n'est pas
lui qui y va pourra dire au chef de son parti lors de sa prochaine visite
à Hull qu'il aille visiter le parc industriel du centre à Hull
même où il constatera que dans ce parc industriel, il y a
déjà au-delà de 3000 employés qui travaillent
quotidiennement.
La société d'aménagement a implanté son
parc. Un deuxième parc est en préparation à l'est de la
Gatineau, dans la ville de Gatineau. Les ser- vices municipaux sont en train
d'être aménagés. Nous sommes en négociation,
déjà, pour l'implantation de quinze industries qui doivent
s'établir du côté est de la rivière Gatineau.
Nous avons délaissé le parc de l'ouest temporairement. Il
y a Northern Electric qui y est implantée, mais il n'y aura pas d'autres
développements pour le moment, étant donné que nous
voulons mettre l'accent sur le côté est. Nous allons utiliser le
parc de l'est pour l'industriel, et l'aéroparc. Nous aurons donc
là, à mon avis, cette revivification de l'entreprise qui n'est
pas agonisante. J'ai pris la peine de bien le souligner dans mon exposé
préliminaire. Nous avons des industries qui sont agonisantes, dont le
marché se termine, pour lesquelles il n'y a plus de place. Ce n'est pas
le fait qu'elles soient dans la région de la capitale nationale.
M. Morin: Par exemple.
M. Parent: La compagnie Eddy, contre laquelle vous vous plaisez
à déblatérer sur la place publique.
M. Morin: Elle est agonisante.
M. Parent: Elle est agonisante. Les sections qu'elle a
fermées, pâte à papier le traitement du sulfite,
n'étaient plus des entreprises rentables. N'eût été
de l'intervention du gouvernement fédéral, ces emplois
étaient abolis et perdus; l'intervention a valu que tous soient
protégés à l'intérieur des autres
possibilités qu'offre la compagnie, c'est-à-dire le papier fin,
le papier-tissu et autres procédés de même nature. C'est
donc dans un domaine périclitant que nous étions avec la
compagnie Eddy, comme nous le sommes dans l'entreprise qui vient de fermer ses
portes à Hull; elle existait depuis 110 ans. On se complait à
descendre sur la piace publique Walters Axes qui existait depuis 119 ans. Ce
n'est pas ma faute si on ne se sert plus de hache, mais elle a fermé ses
portes parce qu'elle n'a plus de clients.
M. Morin: Mais, dans le cas d'Eddy, est-ce que justement une
réorientation de sa production compte tenu du fait que la région
a une vocation forestière tout de même assez évidente, si
vous mettez de côté la forêt, l'industrialisation de la
région risque de se faire sur une base très ténue?
M. Parent: Je n'ai pas parlé de faire disparaître
l'entreprise forestière, parce que dans la région, dans le
comté de Pontiac, se trouvent la Consolidated Bathurst et la Doyle qui
est installée à Fort-Coulonge.
M. Morin: Mais c'est loin cela Je vous parle de la ville de
Hull.
M. Parent: Oui, mais la ville de Hull même. Vous avez dans
la ville voisine, CIP, à Gatineau, vous avez la Masonite, vous avez
Ten-Test qui existe à Gatineau. Je n'ai pas parlé de la
dispari-
tion de l'entreprise forestière, j'ai parlé de certains
éléments de l'entreprise de la compagnie Eddy qui sont disparus
parce que le marché a périclité. Il n'était plus
rentable, il n'était plus possible de maintenir ces activités en
marche. Mais il y a d'autres activités qui peuvent servir à
même la base de la forêt, malgré que, si le
député de Sauvé ne le sait pas, la compagnie Eddy à
Hull n'utilise presque plus de bois. Elle utilise des produits chimiques pour
préparer le papier pour faire les tissus.
M. Morin: II faut tout de même du bois.
M. Parent: Les produits chimiques sont préparés par
son usine d'Espanola, en Ontario, et ils sont complétés à
Hull, par la compagnie Eddy. Je pense qu'il y a...
M. Morin: Est-ce que ces exploitations vont demeurer à
Hull ou si vous les caractérisez également comme étant
agonisantes.
M. Parent: Non. Seulement, je ne puis pas répondre du
marché. Que la compagnie soit manufacturière de papier-tissu, de
papier fin, pour autant qu'elle a le marché, et présentement elle
a le marché, elle roule à pleine capacité, il est
inévitable que cette compagnie ne songe pas à quitter la place.
Il y a i'aspect de relocalisation qui a été en ligne de compte
depuis quelques années, suite à l'entente signée en 1972
et qui expirera en 1982, qui dit carrément que si la compagnie E.B. Eddy
veut se relocaliser dans la région immédiate de Hull, le
gouvernement consent à acheter les bâtiments encore existants,
mais à la condition qu'elle se relocalise dans la région.
M. Morin: Dans la région immédiate de Hull, vous
voulez dire à l'intérieur de la CRO?
M. Parent: Oui, absolument.
M. Morin: C est votre objectif. C'est l'un de vos objectifs.
M. Parent (Hull): C'est dans l'entente intervenue entre la
compagnie Eddy et la Commission de la capitale nationale au moment de
l'acquisition de 44 acres de terre.
M. Morin: Et ça demeure un de vos objectifs, si j'ai bien
compris.
M. Parent (Hull): Absolument. Nous poursuivons les discussions
là-dessus pour nous assurer que ce sera suivi. Mais, dans la
région, même si la présence fédérale est
là, il s'agit d'un élément-moteur, il ne s'agit pas pour
autant de songer que la région doit être restrictive quant
à sa variété et sa diversité d'emploi. Nous croyons
fermement et nous faisons tous les efforts avec les organismes qui sont
existants pour permettre l'implantation d'industries qui vont donner à
la région de Hull son potentiel dont elle a besoin pour sa population
ouvrière. Nous ne songeons pas à fermer des entreprises. Nous ne
songeons pas à les brusquer par des expropriations pour qu'ils partent.
J'ai moi-même entrepris des discussions avec la compagnie Canada Packers
qui avait déjà annoncé il y a deux ans qu'elle fermerait
son usine à Hull et qu'elle ne maintiendrait qu'un bureau de vente.
Je suis intervenu pour rencontrer M. Mac-Lean, le président de la
compagnie Canada Packers, à deux moments, pour lui dire carrément
que si dans la construction du réseau routier nous devions exproprier
l'entreprise, ça ne se ferait qu'à l'expiration de l'entente du
réseau routier parce que je ne voulais pas être celui qui va
être appelé à aller les exproprier pour qu'ils s'en aillent
ailleurs. J'ai donc demandé de me fournir des plans d'une relocalisation
pour un terrain que nous avons déjà réservé dans le
parc industriel du centre de la société d'aménagement en
vue de sa relocalisation et j'attends, d'ici un mois, les plans de cette
nouvelle usine que la compagnie Canada Packers pourrait construire.
Nous faisons les mêmes démarches, actuellement, avec la
boulangerie Lucerne qui est logée le long du ruisseau de la Brasserie.
Nous faisons des démarches, même plus que ce qui existe
présentement, des discussions que j'ai eues avec la présidente de
Morrison-Lamothe qui me permettent de croire que cette firme viendra
s'établir à Hull et nous apporter de 400 à 500 emplois. La
société d'aménagement, par son service de
développement industriel, fait des efforts inouïs de son
côté pour aller chercher les entreprises qui peuvent obtenir la
viabilité nécessaire. Le succès actuel, on ne pourrait pas
dire qu'il est extraordinaire, mais il est satisfaisant. L'accent est mis
davantage sur le recrutement de ces entreprises dans le parc de l'est que nous
allons ouvrir et qui sera relié au réseau de l'autoroute 50
devant relier Hull à Mirabel.
C'est dans ce cadre que nous regardons l'ensemble du problème. Il
ne s'agit pas simplement de dire que nous voulons que ce soient simplement des
emplois à caractère fonctionnaire, nous ne recherchons pas
ça. Nous disons que c'est un élément pour lequel... Que
nous le voulions ou non, il est là. L'attrait pour les jeunes quand ils
ont fini leurs études, c'est le gouvernement. C'est un endroit où
on peut aller immédiatement offrir ses services et obtenir un emploi que
l'on recherche, quitte, par la suite, après deux ans ou trois ans
d'expérience, à aller ailleurs.
Mais, pour la région locale, c'est un problème qui doit
être envisagé d'une façon locale et régionale. C'est
un attrait, ce sont des emplois qui sont à la portée de tous et
ils sont ouverts, que les édifices soient à Hull ou à
Ottawa. On ira, même s'ils sont à Ottawa. Mais cela projette... Je
suis d'accord que le fait de la présence massive du gouvernement nous
amène, dans un laps de temps relativement court, à faire face
à des problèmes difficiles, mais qui ne sont pas insurmontables.
Pour ma part, je suis prêt à relever le défi et je suis
prêt à y travailler, dans ce secteur, comme je le fais et c'est
une des raisons pourquoi je reste au ministère des Affaires
intergouvernementales. Si le député de Sauvé veut le
savoir, je suis intéressé à cette région.
M. Morin: Oui, je sais.
M. Parent (Hull): Je suis intéressé à la
développer, comme le public est intéressé à me
garder, je suis intéressé à continuer à
travailler.
M. Morin: Je sais que le ministre est intéressé
à la développer et qu'il a beaucoup d'amis qui ont
également à coeur le développement de la région. M.
le Président, il est évident qu'on ne saurait nier que l'une des
fonctions de la région soit administrative. Mais de là à
en faire le moteur, alors qu'en réalité, ça entraîne
plus de problèmes que ça en résout, c'est là qu'est
la question.
Je pourrais souligner au ministre, qui nous a dit tout à l'heure:
Peu importe qu'un édifice soit construit d'un côté ou de
l'autre de la rivière, un certain nombre de problèmes que
crée la présence d'immeubles fédéraux,
essentiellement habités par des anglophones, dans la région, ne
sont pas seulement des problèmes d'ordre culturel, des problèmes
d'ordre immobilier.
J'ai cru voir, dans certains documents qui ont connu des fuites dans les
journaux, que le ministère n'était d'ailleurs pas absolument
insensible à ce problème immobilier dont le ministre aurait
mauvaise grâce à nier l'importance aujourd'hui. Il y a un
débordement de la pression ontarienne anglophone sur le plan de
l'immobilier, du côté québécois. Et les
problèmes que connaît actuellement la nouvelle municipalité
de Gatineau qui sont peut-être connus du ministre, j'imagine
viennent en partie de ce débordement de la main-d'oeuvre
ontarienne anglophone. En partie, pour le moins. Allez voir les responsables de
Gatineau, ils vont vous en parler.
M. Parent (Hull): Parlez de cela à Pierre...
M. Morin: Parlez de cela avec les élus de la nouvelle
municipalité de Gatineau. Ils ne sont peut-être pas ceux que vous
auriez souhaité voir élire, M. le ministre, mais ils sont tout de
même fort au fait des problèmes que cela entraîne pour
Gatineau et les augmentations de taxes qui, vous le savez, vont aller, selon
les municipalités, de 74% à 126%, cette année, en grande
partie à cause de l'impact des politiques fédérales
sur...
M. Parent (Hull): A cause de l'incompétence du maire, vous
voulez dire?
M. Morin: Parce qu'il n'est pas de vos amis... M. Parent (Hull):
Non, non.
M. Morin: Ou qu'il n'est pas comme un bout de cigarette sous
votre talon, qu'il ne fait pas partie de votre gang. On ne peut pas en
déduire automatiquement qu'il est incompétent.
Je pense que le ministre a mauvaise grâce, alors que ses
fonctionnaires le reconnaissent dans un certain nombre de documents, de nier
l'impact négatif, notamment dans l'immobilier, de l'envahissement du
territoire de l'île de Hull, notamment par les
fédéraux.
Je sais que vos propres fonctionnaires vous ont recommandé une
étude globale du marché de l'habitation. Je vous demanderai tout
à l'heure si vous l'avez fait entreprendre, parce que c'est un grave
problème pour les gens de la région. Comme député,
vous devez en entendre parler, à l'occasion.
De même, on pourrait parler des répercussions
extrêmement négatives des projets fédéraux sur la
fiscalité municipale. Je viens de parler de Gatineau, mais on pourrait
prendre d'autres exemples, notamment celui de la ville de Hull, pour montrer
à quel point l'impact est négatif.
M. Parent (Hull): J'aurais aimé cela que vous me parliez
de Gatineau, j'ai justement le dossier devant moi.
Fonctionnaires fédéraux à
Hull
M. Morin: On pourra en parler, M. le ministre; on a encore tout
le temps. Je voudrais bien qu'on en vienne à Gatineau. J'ai le dossier
également. Puisque vous m'y invitez, on va étudier cela par le
détail, je pense que cela en vaut la peine.
Il y a aussi, bien sûr, après l'impact sur l'immobilier et
l'impact sur la fiscalité municipale, l'impact culturel. J'aimerais bien
vous entendre disserter sur les objectifs que vous vous êtes fixés
quant au pourcentage de francophones dans les services fédéraux
qui s'installent de plus en plus nombreux à Hull. Il y avait un
objectif, que je sache. Maintenant, il semble que votre service, que votre
SACAC commence à diluer l'objectif. Il ne faut pas que ce soit aussi
précis que cela l'était. Il était de 70%, si ma
mémoire est bonne, 70% ds francophones fédéraux dans ces
immeubles; remarquez que c'est déjà un objectif modeste, 70%.
Mais il semble que, désormais, on a ait abandonné ce
pourcentage. J'aimerais bien entendre le ministre nous donner des
précisions, ou ses fonctionnaires, parce que je sais qu'eux aussi ont eu
quelque chose à voir avec cela. Désormais, on nous parle de
maximisation de la présence francophone. Mais on recommande au ministre
de ne pas être spécifique quant au pourcentage.
Quelle est la position actuelle du SÀCAC et du
mini-ministère sur la question? Quel est le pourcentage de francophones
que vous souhaitez obtenir, de façon spécifique, dans les
immeubles fédéraux installés dans l'île de Hull?
M. Parent (Hull): M. le Président, je peux répondre
d'une façon assez ouverte en disant au député de
Sauvé que ce n'est pas une question de nombre, en ce qui me concerne.
C'est d'abord une question de fierté, pour les francophones qui y
sont.
Je pourrais ouvrir une parenthèse en disant que, pour le
problème qu'on vient de relater dans les journaux à propos
d'impératifs français à Aylmer la plupart des entreprises
au sujet desquelles on a parlé de panneaux-réclame en anglais,
uniquement en anglais, sont dans 80% des cas francophones.
M. Morin: Cela dépend du climat sociologique
général.
M. Parent (Hull): Cela dépend.
M. Morin: Cela dépend de votre moteur justement.
M. Parent (Hull): Cela ne dépend pas du moteur.
M. Morin: A partir du moment où on accepte que le
fédéral est le moteur de la région, il ne faudrait pas
vous surprendre des conséquences que cela comporte.
M. Parent (Hull): J'ai dit tout à l'heure, sur
l'hypothèse qui avait été retenue dans un premier document
de l'OPDQ, lors de ses travaux, que celle-ci était de 70%-30%, 70% de
francophones, 30% d'anglophones. Dans le rapport définitif, vous n'avez
plus de pourcentage.
M. Morin: Suite à une intervention du SACAC, si j'ai bien
compris.
M. Parent (Hull): Non.
M. Morin: C'est pourtant le SACAC qui vous a recommandé
d'abandonner...
M. Parent (Hull): Je ne suis intervenu moi-même dans le
document de l'OPDQ d'aucune façon. Je suis allé chercher le
directeur du projet, M. Pierre Lavergne. qui avait travaillé à
son élaboration. J'avais assez confiance en lui pour lui demander de
travailler au SACAC. Quant au pourcentage, j'ai dit tout à l'heure que,
dans le programme des langues officielles du pays, le gouvernement
fédéral avait décidé, pour les emplois
fédéraux du côté québécois, que la
langue de travail pour 1978 cela devait être complet serait
le français.
A ce moment, je ne vois pas comment on va aller, comme hypothèse,
songer à imposer à un gouvernement de respecter la norme 70%-30%,
quand il est allé plus loin que nous en disant: Pour les emplois
fédéraux à Hull, pour les employés
fédéraux à Hull, la langue de travail est le
français. La date de la mise en application est 1978.
M. Morin: Vous savez comme moi où en sont les programmes
fédéraux dans le concret.
M. Parent (Hull): Oui.
M. Morin: Vous savez bien la résistance qu'ils subissent.
Vous savez bien qu'ils sont loins de répondre aux objectifs.
M. Parent (Hull): Mais le gouvernement fédéral
tient également compte des suggestions que nous lui faisons. Le travail
de l'OPDQ, lors de sa préparation, et le SACCAN, encore aujourd'hui, ont
des statistiques sur chacun des ministères pour déterminer le
nombre d'anglophones et de francophones. Nous faisons des suggestions au
ministère des Travaux publics, même si ce n'est pas de notre
juridiction, pour lui faire remarquer que ce serait préférable,
dans les édifices devant être occupés à Hull, que ce
soit tel ministère plutôt que tel ministère. Mais il
faudrait bien comprendre que nous agissons par voie de suggestion. Nous n'avons
pas d'ordre à donner pour que ce soit tel ministère qui
s'implante à Hull plutôt qu'un autre. Vous avez, au cours du mois
actuel ou au début de juin, le ministère des Services et
Approvisionnements, qui s'établira à Hull. A ce que je sache, le
titulaire de ce ministère est un francophone.
M. Morin: Vous n'avez pas à juger du caractère
francophone d'un ministère par la langue du ministre.
M. Parent (Hull): Mais il reste que...
M. Morin: Si un ministre francophone parle l'anglais, la question
n'est guère avancée.
M. Parent (Hull):... nous recherchons cela a
été dans les discussions que nous avons eues à Ottawa que,
du côté québécois, le travail se fasse dans la
langue de la francophonie. Le gouvernement a accepté.
M. Morin: Pouvez-vous nous dire où cela en est à
l'heure actuelle?
M. Parent (Hull): Je peux vous dire qu'il y a
énormément de progrès. On remarque beaucoup plus
peut-être, nous qui résidons dans le coin, que ceux qui sont
à l'extérieur, ce n'est pas un reproche que je fais, le nombre
d'anglophones qui ont appris la langue de Molière et qui la parlent
très bien.
Vous avez même concurremment ceci dans la région de
l'Outaouais, tant du côté québécois qu'ontarien.
Du côté québécois, c'est la commission
scolaire protestante qui a implanté le système du cours
d'immersion en langue française pour maternelle, première et
deuxième années. Du côté ontarien, c'est encore plus
élevé, puisque, dans les écoles publiques d'Ottawa, c'est
le cours d'immersion en langue française pour maternelle,
première et deuxième années, un programme financé
en vertu du programme des langues officielles. Au même moment, où
le père ou la mère est appelé à apprendre le
français dans les écoles de langues, puisque nous en avons du
côté québécois, je pense que c'est deux ou trois
écoles de langues au fédéral, au moment où les
parents sont appelés à apprendre la langue française, par
mesure conséquente, les enfants sont à l'école
française également. C'est un moyen de résoudre le
problème. Cela se fait sans grande publicité, mais on
réalise et on n'a qu'à circuler un peu dans la région,
comme je le fais, pour constater la surprise quotidienne que vous avez, de voir
un anglophone qui va s'exprimer à Radio-Canada. Vous donnez une entrevue
et vous vous apercevez que c'est un
parfait anglophone qui parle un français impeccable.
M. Morin: II en existe quelques-uns, en effet. M. Parent
(Hull): Pas seulement quelques-uns.
M. Morin: C'est le contraire qui serait étonnant.
M. Parent (Hull): Pas seulement quelques-uns. Ce que nous allons
retrouver demain matin, par ailleurs, ce sont des francophones qui ne parlent
pas l'anglais. C'est de plus en plus évident dans la région de
l'Outaouais. On ne veut pas apprendre l'anglais. Demain matin, on va être
appelé à sortir de la province. On n'aura même pas de
véhicule de langue pour faire les communications. C'est d'être
étroit d'esprit, à mon avis. Je crois au bilinguisme. Je le
pratique. Mes enfants le pratiquent, ils sont tous bilingues. Je crois au
bilinguisme.
M. Morin: Je n'oserais en douter.
M. Parent (Hull): Je crois au bilinguisme.
M. Morin: Je crois bien, effectivement, que le ministre a raison
sur ce point.
M. Parent (Hull): Ce n'est pas en imposant le
député de Sauvé doit le savoir une langue
parlée, une langue de travail, ce n'est pas par des lois qu'on impose
cela, c'est par une présence.
M. Morin: C'est pour cela que l'anglais à Hull...
M. Parent (Hull): C'est actuellement le fait que nous rencontrons
dans la région de la capitale nationale, puisque la ville d'Ottawa
le député de Sauvé devrait le savoir qui a
été hostile à avoir le bilinguisme à l'hôtel
de ville, depuis six ans a voté le bilinguisme. La ville d'Ottawa,
maintenant, respecte le bilinguisme. Il est présent, le bilinguisme,
dans l'hôtel de ville d'Ottawa. Il ne l'était pas il y a six ans.
Il l'est maintenant. Dans les faits quotidiens, ce sont des gestes...
M. Morin: Le ministre avait réussi à séduire
Charlotte Whitton, si je comprends bien.
M. Parent (Hull): Elle était là. Elle a
déjà été ma voisine, d'ailleurs. Je pense qu'il
faut bien reconnaître qu'il y a des difficultés de vivre dans un
milieu bilingue. C'est vrai, ce n'est pas sans accrochage, ce n'est pas sans
difficulté. A mon avis, cela ne doit pas être un moyen à
être utilisé, comme le député de Sauvé l'a
dit tout à l'heure, à établir des exigences de
pourcentage. Ce n'est pas des exigences de pourcentage que je veux. Je veux
tout bonnement dans ma politique que, du côté
québécois, la langue de travail soit le français, que, du
côté ontarien, ce soit l'anglais, normalement, mais qu'il y ait
quand même, de part et d'autre, le bilinguisme, qu'on puisse
répondre dans la langue de l'interlocuteur.
M. Morin: Concrètement, maintenant, M. le ministre, quel
est le pourcentage actuel d'anglophones dans la fonction publique
fédérale établie du côté
québécois? Il existe des chiffres là-dessus.
M. Parent (Hull): II existe des chiffres je ne pense pas
que le député de Sauvé en soit bien content ces
chiffres, à ce qu'on me dit datent de 1971. Mais à cause des
mouvements qu'il y a eu dans les récents mois, par l'ouverture de Place
Portage 2, par Place Portage 1, qui a été
complétée, par le changement qu'il y a eu à l'Imprimerie
nationale c'est maintenant une partie de la Défense nationale qui
est rendue dans cet édifice je n'ai pas les dernières
statistiques. Je sais que l'Environnement est dans l'édifice
Boisfon-taine et que; dans l'édifice Vincent Massey, les derniers
rapports que j'avais donnaient 60% d'anglophones 40% de francophones, dans les
services qui étaient logés dans deux édifices.
M. Morin: Oui, mais dans l'ensemble?
M. Parent (Hull): Place Portage, ce sont la Consommation et les
Corporations qui y ont aménagé. C'est plus de 31% à la
Consommation.
M. Morin: 31% de?
M. Parent (Hull): 31% de francophones. M. Morin: De
francophones, donc 69%... M. Parent (Hull): 69% d'anglophones.
M. Morin: Oui, et, en continuant comme cela, ça donne quoi
dans l'ensemble?
M. Parent (Hull): Si on prend les statistiques d'aujourd'hui, sur
les 20,000, d'ici 1985, selon les clientèles au travail actuellement, le
pourcentage sera de 28% de francophones.
M. Morin: Actuellement? M. Parent (Hull): Oui M. Morin:
28%...
M. Parent (Hull): Si on prend les services gouvernementaux qui
doivent éventuellement être logés à Hull
aujourd'hui, c'est un ministère, demain, ça peut en être un
autre si on prend les statistiques qui sont établies, 28% des
effectifs actuels sont francophones et 72% anglophones.
M. Morin: Oui, ça ressemble à ça,
effectivement, d'après les chiffres que j'ai pu voir, un peu plus que
70%.
Dans les circonstances, M. le ministre, croyez-vous qu'il était
sage d'abandonner un objectif concret que vous vous étiez donné,
d'obtenir
du gouvernement fédéral, par les moyens qui sont à
votre disposition, que 70% des fonctionnaires soient francophones? Pourquoi
avoir abandonné, et il semble que ce soit, d'après les fuites qui
ont eu lieu, sur la recommandation de vos fonctionnaires du SACAC, ou, en tout
cas, des Affaires intergouvernementales, que vous ayez abandonné ce
pourcentage précis, cet objectif précis? Vous me dites
aujourd'hui, pour me donner le change, que c'est parce que vous voulez que tout
soit en français, donc pas d'objectif procentuel. Moi, je vous dis que
ça, c'est une façon élégante de noyer le poisson,
parce que vous avez plus de 70% d'anglophones, et si vous faites
disparaître un objectif concret comme 70% de francophones, en fait, vous
cessez de vous donner un but à atteindre, un but précis, et on ne
parle plus désormais, d'après ce que j'ai pu voir dans votre
ministère, que modestement de maximisation de la présence
francophone chez les fonctionnaires fédéraux.
Je vous soumets que l'abandon de cet objectif de 70% est un recul de
votre part, et vous aurez beau dire que ce que vous voulez, c'est 100%, vous ne
tromperez personne, parce que 100%, on sait très bien tant qu'on sera
à l'intérieur de ce système, c'est impossible.
Je vous pose la question directement: Pourquoi avoir abandonné
cet objectif concret de 70%?
M. Parent (Hull): Ce dont le député de Sauvé
parle, de maximiser le procentuel...
M. Morin: Ce n'est pas moi qui en parle, c'est vous.
M. Parent (Hull): Non, c'est justement la distinction qu'il
faudrait faire. Ce n'est pas le SAC-CAN. C'était une hypothèse
qui, dans les fuites de documents, avait été mentionnée
dans les rapports préliminaires de l'OPDQ, qui parlait d'un pourcentage
de 70-30, mais ça n'a jamais été la position du SACCAN.
C'est pour cela que j'ai consulté mes fonctionnaires avant. Cela n'a
jamais été la position du SACCAN.
M. Morin: Non, je m'en doute.
M. Parent (Hull): C'est l'OPDQ qui, dans son rapport
préliminaire, mentionnait peut-être qu'on aurait
intérêt à retenir des hypothèses pour des
hypothèses. Moi, j'ai toujours préféré le concret
aux hypothèses...
M. Morin: Est-ce le SACCAN qui vous a recommandé l'abandon
de l'objectif de 70%?
M. Parent (Hull): Non. Je n'ai pas encore eu la recommandation et
j'ai dit que je n'étais pas intervenu dans le document de l'OPDQ, ni
dans celui qui est à l'impression actuellement. Je ne suis pas intervenu
pour faire modifier quelque hypothèse que ce soit ou des points de vue
qui auraient pu être exprimés dans le document de l'OPDQ.
M. Parent (Hull): Vous, M. le ministre, n'êtes
peut-être pas intervenu, mais, dans vos services, soit au SACAC, soit
à l'intérieur du ministère des Affaires
intergouvernementales, par exemple à la direction des affaires
fédérales-provinciales, n'y a-t-il pas eu des commentaires sur le
schéma de développement de l'OPDQ, en vue de faire
disparaître cet objectif de 70% et de le remplacer par un terme plus
vague qui est celui de maximisation?
M. Parent (Hull): A ma connaissance, non. M. Morin: Bien
voyons!
M. Parent (Hull): A ma connaissance, je vous dis non. Il n'y a
pas eu d'intervention.
M. Morin: Pourriez-vous demander à vos fonctionnaires?
M. Parent (Hull): Je viens de leur parler. A ma connaissance, il
n'y a pas eu de demandes ni d'expressions en vue de modifier le texte et il
s'agit d'un document de l'OPDQ qui relève de l'Office de planification,
qui ne relève pas du ministère des Affaires intergouvernementales
et, quant à moi, sur la politique gouvernementale à être
suivie pour les employés fédéraux, j'ai fait remarquer,
tout à l'heure, que les discussions que j'avais eues à Ottawa
n'étaient pas simplement pour considérer la situation actuelle
parce que, dans la situation actuelle, le recrutement s'est fait dans une autre
optique.
Demain, par la présence des édifices
fédéraux à Hull, le recrutement du personnel se fera dans
une optique différente et, à ce moment, il sera facile d'en
arriver à obtenir l'objectif, non pas maximum, mais l'objectif
déterminant, c'est-à-dire que les unités de travail
à Hull soient des unités de travail de langue française.
C'est ce qu'il faut rechercher et non pas d'établir des maximums et des
minimums.
Il faut tenir compte qu'au moment où le gouvernement
fédéral déménage ses services d'Ottawa à
Hull, il y a déjà des employés en place. Ils ont la
permanence. Ils ne peuvent être mis à la porte.
Il faut donc compter sur une certaine période d'années
pour permettre l'adaptation et, deuxièmement, permettre que, dans le
recrutement futur, comme cela se fait présentement, les exigences soient
insérées dans les demandes d'emploi.
Et si on prend le phénomène d'aujourd'hui, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, c'est-à-dire que, dans le
fonctionnarisme fédéral, actuellement, dans la région de
la capitale nationale, le pourcentage est de 28% de francophones et 72%
d'Anglo-Saxons, il n'en demeure pas moins que, dans la majorité des
services gouvernementaux, même les 28% de francophones travaillent en
anglais et ce que nous voulons, du côté québécois,
ce n'est pas une répétition d'une formule, c'est l'application du
principe que, du côté québécois, on doive
représenter la prédominance française et
que les unités de travail devraient être de langue
française. C'est ce que nous recherchons comme objectif.
M. Morin: Excellent. Mais pourquoi avoir lâché
l'objectif de 70%?
M. Parent (Hull): Pourquoi un objectif maximum, 70%-30%? Qu'on
ait retenu, si vous voulez, l'hypothèse 70%-30%, qu'est-ce que cela
change dans les faits?
Je dis qu'il faut prendre en considération, en 1976, avant
même que les ministères ne soient déménagés
à Hull, qu'il existe déjà des pourcentages qu'on vient de
donner. Il existe 28%, 72%.
Demain matin, vous établissez un maximum. Vous dites: C'est une
condition sine qua non pour que les employés déménagent
à Hull, 70% de francophones. Ils ne les ont pas les 70% de francophones.
Vais-je rêver en couleur ou vais-je plutôt rechercher une
politique...?
M. Morin: Un objectif de 70%.
M. Parent (Hull): C'est cela. J'aime mieux rechercher l'objectif
qui m'a été consenti par Ottawa, à savoir qu'en 1978, ce
seront des unités qui travailleront en langue française que de
rechercher des faux moyens qui n'existent pas. Il y a 70% d'Anglo-Saxons. Je
n'en ferai pas des francophones demain matin, même s'ils
déménagent à Hull.
M. Morin: Justement, le ministre se contredit. M. Parent
(Hull): Bien non!
M. Morin: II me dit d'une part qu'il ne peut pas exiger cela
parce que ce serait rêver en couleur et ensuite il vient me raconter
qu'Ottawa lui a promis qu'en 1978 tout le monde parlerait français
à Hull. Ecoutez, c'est l'un ou c'est l'autre.
M. Parent: Le député ne comprend pas.
M. Morin: Expliquez-moi donc. Ce sera peut-être plus clair
après.
M. Parent: J'ai dit qu'il y a la permanence d'emploi. Le
recrutement qui s'est fait pour le personnel qui est en place, qui a la
permanence de l'emploi, il est déjà de 72%.
M. Morin: Oui.
M. Parent: Que demain matin les gens travaillent à Hull,
ils n'ont pas perdu leur permanence à ce que je sache. Le
ministère déménage ses pénates d'Ottawa à
Hull. Il va y avoir 72% d'anglophones, que je le veuille ou non. Ils sont
anglophones.
M. Morin: C'est bien ce qu'on vous dit.
M. Parent: Oui, mais ce que nous voulons, à cause du
programme des langues qui est en cours, cela fait déjà quatre ans
que le programme sur les langues officielles fonctionne l'école
des langues pour permettre l'apprentissage du français. L'entente
avec Ottawa c'est, dans une directive d'Ottawa, qu'en 1978, à Hull, on
travaillera dans la langue française. C'est l'objectif que je veux
avoir, c'est l'objectif que je recherche. Mais que demain matin il y ait un
ministère qui déménage à Hull
l'Approvisionnement, dans quelques jours je vais lui imposer d'avoir 70%
de francophones. Les gens ne les ont pas dans le ministère. Vont-ils
démantibuler le ministère parce qu'il déménage
à Hull?
M. Morin: Ils les auront en 1978?
M. Parent: Oui.
M. Morin: Oui, vraiment?
M. Parent: Absolument.
M. Morin: Ce n'est pas le ministre qui rêve en couleur?
M. Parent: Non, je ne rêve pas en couleur. C'est justement
la question. Plutôt que de s'attacher à des idées de
grandeur, penser que demain matin le monde va changer parce qu'on a
indiqué un pourcentage, ce n'est pas vrai.
M. Morin: C'est vous qui me dites qu'en 1978 le monde aura
changé. Moi, je vous dis que vous serez encore devant les mêmes
réalités.
M. Parent: Parce qu'actuellement, depuis quatre ans, il y a des
cours organisés et le programme des langues officielles, le programme de
l'école des langues est organisé en fonction justement des
déménagements qui vont se faire. C'est cela que le
député de Sauvé oublie. Le programme de français
actuellement en vigueur dans les écoles de langue du gouvernement
fédéral est en fonction de cette dualité de services qui
doit être donnée dans la capitale nationale. Mais n'allons pas,
demain matin, exiger un pourcentage très rigide qui ne permettra
sûrement pas de pouvoir remplir les bâtiments qui sont
là.
M. Morin: Je comprends que vous ayez abandonné votre
objectif de 70% et maintenant vous dites...
M. Parent: Je ne l'ai pas abandonné, ce n'était pas
le mien.
M. Morin: Bon, c'était celui de l'OPDQ.
M. Parent: Je n'ai pas abandonné ce que je n'ai pas.
M. Morin: Quel pourcentage prévoyez-vous donc de
francophones en 1978 du côté hullois?
M. Parent: Pardon?
M. Morin: Quel pourcentage de francophones
prévoyez-vous donc, dans la fonction publique
fédérale, installée du côté de Hull?
M. Parent: Si vous me disiez... Qui vont s'installer?
M. Morin: Qu'est-ce que vous prévoyez? Vous me dites que
le fédéral vous a donné des assurances pour 1978.
M. Parent: C'est pour le travail, mais quand on parle de travail,
il faudrait comprendre qu'on parle de la langue de travail. Cela ne veut pas
dire nécessairement que ce sera des francophones, comme cela ne veut pas
dire que ce sera des anglophones. La langue de travail, c'est une chose;
l'ethnie de l'employé, c'est une autre affaire. Je peux être
francophone et aller travailler dans une unité de langue anglaise; comme
je peux être anglophone et venir travailler dans une unité de
langue française. Or, il y a une distinction à faire.
M. Morin: On vous a donc persuadé...
M. Parent (Hull): Maintenant, combien y en a-t-il qui vont venir
demeurer du côté québécois...
M. Morin: Non, pas demeurer, travailler. Je parlais...
M. Parent (Hull): D'ici à 1985, le programme est de 20
000.
M. Morin: Si j'ai bien compris ce que nous dit le ministre, le
gouvernement fédéral lui a donné l'assurance qu'en 1978,
tout le travail s'effectuerait en français du côté
québécois.
M. Parent (Hull): Dans les unités de langue
française.
M. Morin: Et il ne vous a donné aucun pourcentage
d'employés francophones là-dessus.
M. Parent (Hull): Bien, je...
M. Morin: Autrement dit, ce que vous semblez dire, c'est que, par
exemple, on pourrait très bien conserver un pourcentage de 72%
d'anglophones, comme à l'heure actuelle, mais tout ce monde-là
travaillant en français. C'est ça que vous êtes en train de
nous dire.
M. Parent (Hull): Absolument.
M. Morin: Et vous pensez que c'est réaliste, vous me
parliez de rêver en couleur tout à l'heure. Là, le
ministre, vraiment, croit qu'il ne rêve pas en couleur?
M. Parent (Hull): Non. Parce que c'est possible. Vous n'avez
qu'à voir le nombre d'employés fédéraux qui sont
à l'école des langues actuellement.
M. Morin: Oui, mais allez donc écouter la langue qu'ils
parlent quand ils sortent devant Portage 1 ou Portage 2 et vous allez savoir
quelle est leur langue.
M. Parent (Hull): J'ai mon bureau près de là.
M. Morin: Oui. Alors, vous devriez être mieux placé
encore que moi pour savoir.
M. Parent (Hull): Oui, oui, mais...
M. Morin: ... que la langue qu'on parle partout...
M. Parent (Hull): Cela ne veut pas...
M. Morin: ... dans le centre de Hull aujourd'hui, ce n'est pas le
français.
M. Parent (Hull): Oui, c'est le français. M. Morin:
Bien voyons donc. M. Parent (Hull): Absolument.
M. Morin: Aie! Aie! Quand on rentre dans les maisons, c'est une
autre affaire.
M. Parent (Hull): Arrêtez de charrier. C'est en
français, joliment en français, mais jouai un peu.
M. Morin: Je vous conseille d'aller à la sortie des
employés du Portage, vous allez voir quelle est la langue qui y est
parlée. Il ne faut pas rêver en couleur. Franchement, je trouve
incroyable que le ministre pense qu'un bon jour, en 1978, comme par miracle ou
par un coup de baguette magique, tout le monde va se mettre à travailler
en français du côté hullois, bien qu'on y ait
conservé un pourcentage de 70% d'anglophones. Il ne faut pas
charrier.
M. Parent (Hull): Ils ont peut-être beaucoup plus de
détermination à apprendre l'autre langue que les
francophones.
M. Morin: Cela, je le mets en doute parce que ce n'est pas du
tout ce qui transpire du climat à Ottawa et des difficultés
qu'affronte le gouvernement fédéral...
M. Parent (Hull): Vous devriez aller plus souvent à
Ottawa.
M. Morin: ... devant l'application de cette fameuse politique des
langues, du bilinguisme.
M. Parent (Hull): Même si vous croyez que c'est un autre
pays, vous auriez avantage à aller voir ça, Ottawa.
M. Morin: J'y ai été fonctionnaire à deux
reprises, je connais ça peut-être mieux que le ministre.
Mais la question n'est pas là. La question est que vous avez
abandonné cet objectif, que l'OPDQ a abandonné cet objectif de
70%. Je vais poser encore une question, peut-être la dernière, je
ne veux pas m'étemiser, le temps passe, et on a pas mal d'autres
dossiers à examiner. J'aimerais demander au ministre s'il peut nier que
ce pourcentage de 70%, qui était l'objectif du nombre de francophones
qu'on tentait d'obtenir dans les rapports de l'OPDQ, a été
abandonné à la suite de recommandations du ministère qu'il
dirige ou du service dont il a la responsabilité? Peut-il nier
ça?
M. Parent (Hull): Oui, je le nie. Il n'y a pas eu d'intervention.
Je n'étais même pas au courant du pourcentage jusqu'à ce
que vous m'en parliez ce matin.
M. Morin: Non, que vous ayez été au courant ou pas,
ce n'est pas la question que je vous pose. Je vous dis: Tournez-vous vers les
fonctionnaires qui vous entourent et posez-leur la question.
M. Parent (Hull): Je la leur ai posée tout à
l'heure.
M. Morin: D'où vient l'abandon de l'objectif de 70%?
M. Parent (Hull): Si le député de Sauvé veut
prendre un morceau du rapport pour savoir tout ce qui a été
abandonné, avec la fuite qu'il y a eu, il pourra comparer cela avec le
rapport qui est déposé. Il va s'apercevoir...
M. Morin: Oui, plusieurs fuites, le ministre nous a même
expliqué que cela a été publié dans le Droit.
M. Parent (Hull): Oui, cela a été publié
dans le Droit.
M. Morin: A pleines pages. Bon.
M. Parent (Hull): II pourra s'apercevoir que le rapport qui va
être publié n'est pas tout à fait le même que celui
qu'il a et ça, ce ne sont ni mes fonctionnaires ni moi qui sommes
intervenus. C'est l'OPDQ.
M. Morin: Ce n'est pas...
M. Parent (Hull): Ce ne sont ni mes fonctionnaires, ni moi, qui
sommes intervenus pour faire modifier le rapport qui va être
déposé.
M. Morin: Ce ne sont pas vos fonctionnaires qui ont
recommandé de modifier l'objectif de 70% par un objectif plus vague, qui
s'appelle la maximisation de la présence francophone? M. le ministre, je
pense que vous ne dites pas tout ce qui doit être dit. Et c'est
malheureux, parce que cela ne nous porte pas à vous accorder la
confiance que nous devrions vous porter.
M. Parent (Hull): Ce n'est pas mon rapport. A ce que je
sache...
M. Morin: Je vous parle de vos services, je ne vous parle pas de
vous.
M. Parent (Hull): A ce que je sache, ce n'est pas le rapport de
SACCAN, ce n'est pas le rapport du ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales, c'est le rapport de l'Office de planification et de
développement du Québec.
M. Morin: Non, ce n'est pas de cela que je vous parle.
M. Parent (Hull): Vous dites qu'il y a eu des options retenues et
que, maintenant, elles ne seront plus retenues. Je vous dis personnellement: Je
ne suis pas intervenu pour faire modifier le rapport de l'OPDQ et mes
fonctionnaires ne sont pas intervenus pour faire modifier le rapport de
l'OPDQ.
Mais le député de Sauvé prend un point. Je lui
dis...
M. Morin: Je vais les prendre tous.
M. Parent (Hull): ...qu'il attende de voir le rapport qui sera
publié et, à ce moment-là, il pourra faire la comparaison
afin de savoir tout ce qui a été modifié en cours de
route, sans ma demande, sans la demande de mes fonctionnaires.
M. Morin: Le ministre ne nous donne pas des réponses qui
soient de nature à ce que nous lui accordions notre confiance.
M. Parent (Hull): Je ne compte pas dessus.
M. Morin: Parce que nous avons tout de même pris
connaissance de pas mal de choses dans ce qui a été publié
dans le Droit et dans d'autres journaux...
M. Parent (Hull): Vous ne croyez pas que c'est
l'évangile?
M. Morin: Vous admettez vous-même que ces documents ont
été publiés. Ensuite, vous venez nous dire le contraire de
ce qu'ils contiennent.
M. Parent (Hull): Le contraire de ce qu'ils contiennent. C'est un
document de travail, alors que le rapport qui sera déposé sera le
rapport de l'OPDQ. A ce que je sache, il y a également un comité
interministériel sur l'aménagement du territoire; s'il y a eu des
modifications apportées, c'est le comité interministériel
d'aménagement du territoire... Et je ne siège pas à ce
comité interministériel, pour satisfaire le député
de Sauvé.
M. Morin: Nous allons mettre fin à cette discussion. Mais
je tiens à dire parce que nous aurons à y revenir,
peut-être l'année prochaine que l'abandon, par l'OPDQ,
à la suite de recommandations émanant des gens qui sont sous
votre responsabilité, de l'objectif de 70% me paraît être
une erreur. Et son remplacement par un objectif volontairement rendu vague, qui
est celui
de la maximisation, n'est pas de nature non plus à faire avancer
la présence francophone dans la région de Hull.
M. Parent (Hull): Est-ce que le député de
Sauvé veut dire que, parce que, dans un rapport, la maximisation a
été abandonnée...
M. Morin: 70% a été abandonné.
M. Parent (Hull): ...le taux de pourcentage, cela va modifier
l'attitude du ministre d'Etat aux affaires gouvernementales et va modifier
l'attitude des fonctionnaires du service SACCAN? Est-ce que le
député de Sauvé prétend que cela devrait devenir
une politique que nous n'avons pas déterminée au service SACCAN?
Ou s'il pense que c'est une intervention de SACCAN pour la faire
disparaître?
M. le Président, le rapport de l'OPDQ, c'est une chose; la
politique implantée par SACCAN et le ministre qui est responsable de
SACCAN, c'en est une autre. Si demain matin, à la suite de nos
négociations...
M. Morin: Je constate effectivement que c'en est une autre.
M. Parent (Hull): Bon. D'accord. Ce n'est pas une politique.
C'est parce que, tout à l'heure, vous avez dit que c'était une
politique qu'on abandonnait. Je voudrais bien qu'on tire la chose au clair. Si,
demain matin, nous devions nous apercevoir que l'objectif que nous poursuivons
ne pourra pas arriver au délai imparti, à ce moment,
moi-même et mes fonctionnaires sommes en mesure de donner une politique
qui pourra être conciliable avec la situation de la région de
l'Outaouais sans pour autant avoir des rapports avec le document de l'OPDQ.
Nous sommes en négociation avec Ottawa. Je sais que mes fonctionnaires
ont des discussions avec le ministère des Travaux publics pour obtenir
les statistiques des fonctionnaires dans chacun des ministères, pour
connaître le taux de francophones et le taux d'anglophones et faire les
suggestions appropriées, à l'occasion, sur le transfert des
ministres d'Ottawa à Hull.
Mais, je n'ai jamais dit, M. le Président, que 70%-30%
n'était pas un pourcentage qu'il fallait rechercher. Je dis que ce n'est
pas 70%-30% qu'il faut rechercher ce qu'il nous faut rechercher... C est
là que nous continuons nos discussions. Encore la semaine
dernière, j'avais des discussions avec M. Carson, ie président de
la Commission de la fonction publique et j'ai déjà eu même
des rencontres avec M. Galant, le président de la Commission de la
capitale nationale qui deviendra le président de la Commission de la
fonction publique, pour discuter de ces problèmes. Ce dernier a
vécu, le problème de ce bilinguisme dans la région, le
problème anglo-saxon-francophone. Il l'a vécu depuis qu'il est
président de la Commission de la capitale nationale.
L'objectif que nous avons à rechercher, c est d'obtenir, comme il
nous a été fait mention, pour 1978, que ce soit des unités
de langue française. Les discussions à poursuivre sont au niveau
de la Commission de la fonction publique dans le recrutement, s'assurer qu'on
exige, pour une demande d'emploi, les qualifications requises, qu'on exige,
à ce moment, la connaissance de l'anglais et du français, d une
façon complète et. si les discussions du nouveau président
que nous allons sûrement continuer ne nous amènent pas à la
conviction que le programme envisagé des unités de langue
française pourrait être en opération d'une façon
définitive et complète en 1978. nous prendrons d'autres moyens
pour y arriver.
C'est pour cela que je dis qu'avec notre politique, il ne faudrait pas
arriver et dire qu'on refuse 70%-30%. Ce n'est pas la question de refuser.
C'est l'objectif que nous recherchons des unités de langue
française.
Actuellement, les discussions que nous poursuivons avec Ottawa, c'est
dans le but d'en arriver à cet objectif. Je ne suis pas pour modifier ma
position, à savoir que, dans un document de travail antérieur, on
fait mention de 30% et de 70%. ce n est pas ce que je veux. C'est pour cela que
je veux poursuivre les pourparlers avec Ottawa. J'aimais mieux réussir
l'objectif qui est en cours que d'arriver à 70%. 30%. qui. je pense, est
plutôt une position de repli.
M. Morin: Avec 70% d'anglophones...
M. Parent (Hull): Non. c'est parce que vous parlez de 70%. 30%
francophones.
M. Morin: Oui, mais je vous dis qu avez 72% d'anglophones
à l'heure actuelle, cela prend une certaine dose d'imagination pour
parler de I'objectif de 70% de francophones comme étant une position de
repli.
M. Parent (Hull): pas...
M. Morin: C était, au contraire, quelque chose de solide
dans le tableau et vous I avez abandonné.
M. Parent (Hull): Non. le député de Sauve pourrait
savoir une chose, que le mouvement de personnel est environ de 10% par
année. C est extraordinaire, mais on a le phénomène dans
la fonction publique québécoise.
M. Morin: Cela ne vous amène pas nécessairement des
francophones.
M. Parent (Hull): C'est le même phénomène. Le
problème de base, pour le députe de Sauve, c'est le recrutement
qui se fait depuis les dernières années. Je pense que
là-dessus, personnellement, j'ai un hommage à rendre à
John Carson qui a quitté la présidence de la Fonction publique du
Canada, qui a fait énormément pour le francophone dans la
Fonction publique du Canada. Il a fait énormément ce que d'autres
de ses prédécesseurs n'ont jamais juge à propos de faire.
Il la fait
et c'est un anglo-saxon qui l'a fait. Ce n'est pas un francophone. John
Carson, c'est un gars qui vient de la Colombie-Britannique, qui a appris le
français et qui parle correctement le français.
M. Morin: Effectivement.
M. Parent (Hull): II a imprégné son image à
la fonction publique. J'ai confiance en cela. J'ai confiance en cela, plus que
d'imposer des maximums et des minimums, parce que c'est la politique
elle-même de recrutement qui va assurer inévitablement que le fait
de vouloir avoir des unités de travail de langue française va se
matérialiser. C'est cela qui est important.
M. Morin: Je vous dis que le remplacement d'objectifs
précis par une confiance vague dans la maximisation est une erreur.
M. Parent (Hull): Vous voulez avoir un objectif précis,
c'est tout ce que vous voulez avoir...
M. Morin: De toute façon, on voit que le temps a
passé vite. Il faudrait y revenir. Je ne sais si vous comptez ajourner
à 13 heures ou pas, mais il est presque 13 heures.
Le Président (M. Gratton): Oui, à moins que vous ne
me disiez que, si nous continuions notre discussion pendant les deux ou trois
minutes qu'il nous reste, on compléterait l'étude du
programme.
M. Morin: Non, je ne le pense pas, parce que le ministre a
d'ailleurs déposé de nouveaux documents dont nous voulons prendre
connaissance.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, avant que nous
n'ajournions, vous me permettez sûrement de dire que la discussion de ce
matin m'a personnellement, vivement intéressé, puisqu'elle
portait sur la région de la capitale canadienne qui englobe, bien
entendu, une bonne partie du comté de Gatineau.
Je voudrais bien qu'on sache que si je ne suis pas intervenu, ce
n'était pas par manque d'intérêt, j'aurais voulu dire
beaucoup de choses, mais c'était strictement par respect de notre
règlement, qui interdit au président d'une commission
d'intervenir dans un débat. J'y reviendrai peut-être à un
moment opportun.
M. Morin: Je vous en félicite, M. le Président.
C'est dans un autre forum, celui de vos électeurs, que vous aurez
à répondre de vos attitudes.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, sur ce, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 59)