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Commission permanente de la présidence
du conseil, de la constitution et des
affaires intergouvernementales
Etude des crédits du Conseil
exécutif
Séance du mercredi 9 juin 1976 (Dix heures dix minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
La commission de la présidence du conseil, de la constitution et
des affaires intergouvernementales devait siéger à 10 heures;
mais, vu l'absence du ministre responsable de l'OPDQ et du représentant
de l'Opposition officielle, la commission suspend ses travaux jusqu'à 11
heures.
(Suspension de la séance à 10 h 11)
Reprise de la séance à 11 h 13
M. Lafrance (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Avant de continuer l'étude des crédits du Conseil
exécutif, la commission permanente de la présidence du conseil,
de la constitution et des affaires intergouvernementales vous propose les
changements suivants chez les membres de la commission, pour la présente
séance: M. Assad (Papineau) remplace M. Bourassa (Mercier); M. Verreault
(Shefford) remplace M. Beauregard (Gouin); M. Déziel
(Saint-François) remplace M. Cloutier (L'Acadie), M. Malépart
(Sainte-Marie) remplace M. Desjardins (Louis-Hébert); M. La-chance
(Mille-Iles) remplace M. Gratton (Gatineau); M. Harvey (Dubuc) remplace M.
Malouin (Drummond); M. Pelletier (Kamouraska-Témiscouata) remplace M.
Pagé (Portneuf) et M. Lessard (Saguenay) remplace M. Bédard
(Chicoutimi).
Nous en étions au programme 4. Le député de
Saguenay.
M. Lessard: Le programme 5.
Office de planification et de développement du
Québec
Le Président (M. Lafrance): Le programme 4 n'avait pas
été adopté? Les programmes 4 et 5 avaient
été commencés, mais n'avaient pas été
adoptés.
Remarques de M. Lucien Lessard
M. Lessard: C'est cela. Très bien.
M. le Président, je tiens d'abord à excuser le
député de Chicoutimi qui est retenu pour des raisons très
sérieuses actuellement dans son comté. Il devait faire
l'étude des crédits de l'Office de planification et de
développement du Québec.
En fait, on sait que, chaque année, nous avions l'habitude de
faire ces crédits ensemble, mais, normalement, la première
responsabilité en revient au député de Chicoutimi, et il
avait demandé de retarder la commission à 11 h. Il devrait
être ici au cours de l'après-midi, mais le député de
Chicoutimi est retenu pour des raisons très sérieuses et il est
possible, en fait, qu'il ne soit pas ici cet après-midi.
De toute façon, comme je discute quand même depuis
plusieurs années avec le député de Chicoutimi et que je
l'ai fait aussi avec l'ancien député de Bourget, le Dr Camil
Laurin, en fait, nous avions discuté de ces crédits, et je suis
d'autant plus obligé de m'en préoccuper que cela touche nos
régions, particulièrement nos régions
périphériques, même si cela touche aussi l'ensemble des
régions du Québec.
Il me fait donc plaisir ce matin de remplacer le député de
Chicoutimi et de discuter des crédits de l'OPDQ. Cependant, je tiens
à dire, dès le début que, contrairement aux années
dernières, je ne pense pas que la discussion de ces crédits
durera très longtemps cette année.
En effet, d'année en année, nous constatons que
l'importance de l'OPDQ diminue à l'intérieur du gouvernement et
que son rôle en est de plus en plus amenuisé.
On constate qu'il ne se fait presque pas de planification et de
développement au Québec dans le sens de la planification ou de
l'intégration des différentes activités économiques
dans l'ensemble du territoire.
On n'a pas encore, je pense, malgré le fait que l'OPDQ ait
été fondé depuis plusieurs années,
véritablement, parce qu'on n'a pas la volonté de le faire
probablement, on n'a pas réussi à trouver une place
précise et importante à l'OPDQ dans l'ensemble de l'appareil
gouvernemental. Je l'ai dit l'an dernier, je le répète encore
cette année, l'OPDQ est devenu, pour l'essentiel, une partie du
ministère des Affaires intergouvernementales qui administre
conditionnellement les ententes auxiliaires
fédérales-provinciales. En fait, je dis que l'OPDQ est un peu
devenu l'officine du gouvernement fédéral dans l'application des
programmes négociés. Quant à nous, nous croyons que cela a
très peu de rapport avec sa mission première de planifier le
Québec, de coordonner les actions gouvernementales. La disparition
graduelle de cette mission essentielle de l'OPDQ se remarque très bien
par les crédits en diminution aux fonctions de planification et de
consultation. En effet, M. le Président, on constate qu'au niveau du
programme 5, élément 1, les travaux de planification qui
étaient, l'an dernier, en 1975/76 de, $2 millions baissent à $1
500 000, soit une baisse de 25%. Il s'agit là, quant à nous,
quand on veut faire de la planification, de l'élément essentiel
du facteur même de la naissance de l'OPDQ, à savoir planifier le
développement du Québec.
En ce qui concerne la consultation qui est très
importante, en relation particulièrement avec le CRD, on constate
cependant une légère amélioration de 6%, mais quand on
compare cette amélioration avec le taux considérable d'inflation,
le taux, en tout cas, important d'inflation par rapport à celui de l'an
dernier qui était autour de 10%, c'est donc une diminution réelle
de 4% des crédits au niveau de la consultation; même les conseils
régionaux de développement avaient des problèmes l'an
dernier et ils en auront encore beaucoup plus cette année.
En ce qui concerne la consultation des agents socio-économiques,
on constate ici aussi une baisse de 11%. Or, la planification économique
doit se faire en consultation avec les différents organismes
socio-économiques. Constamment, on s'aperçoit que ces agents
économiques régionaux sont de moins en moins consultés, de
telle façon qu'il est difficile, quant à nous, de parler d'une
véritable planification.
Quand on sait que la planification au Québec est quelque chose
d'embryonnaire, quasi inexistant, presque une sorte de mythe, il est quand
même aberrant de voir des crédits déjà ridiculement
bas réduits du quart. Quand on sait en même temps l'importance
qu'on devrait donner, avec le territoire immense que nous avons, à cette
fonction de planification, eh bien, cela nous démontre encore une fois
que le gouvernement n'a pas cette préoccupation du tout de
véritablement bien planifier le développement du territoire dans
tout le Québec.
Face à ce rôle quasi fictif de l'OPDQ, je n'ai pas, comme
je le soulignais tout à l'heure, l'intention pour ma part de faire
semblant qu'il existe de la planification au Québec au sens d'un plan
général de développement et de demander, pour chacun des
actes posés ou qui auraient dû être posés
l'année dernière, le rôle qu'aurait dû ou qu'a
joué l'Office de planification et de développement du
Québec.
A notre sens, ce serait perdre notre temps et nous devons dire que nous
l'avons fait particulièrement au cours des deux dernières
années. Nous avons interrogé longuement le ministre, au cours des
deux dernières années. Nous avons tenté d'obtenir
justement des réponses aux questions que nous posions concernant le
rôle de l'Office de planification et de développement du
Québec dans le développement intégral du Québec,
dans le développement intégré des ressources du
Québec.
Nous avons constaté d'année en année, que le
rôle de l'OPDQ diminuait constamment. C'est une constatation qui s'est
manifestée surtout à partir aussi de l'expérience que nous
avons eue du gouvernement actuel, depuis 1970. On ne peut pas demander à
un gouvernement qui n'est même pas capable d'évaluer le coût
des installations de la baie James à $1 milliard près, ou qui a
tout mis en place par son inertie et son incompétence pour que les
Québécois se retrouvent avec des Jeux olympiques modestes
à $1,5 milliard, on ne peut pas demander à un tel gouvernement,
dis-je, de planifier le Québec quand il n'est même pas capa- ble
de planifier une seule activité à l'intérieur de
l'économie québécoise.
Pour notre part, nous avons eu l'occasion l'an dernier et l'année
précédente, aux crédits, de procéder à un
examen assez approfondi de cette action planificatrice de l'OPDQ, de son action
réelle autrement que sur papier et nous n'avons pas l'intention cette
année de continuer à sonder dans le vide.
J'aurai donc très peu de questions sur l'OPDQ qui, pour moi je le
répète, ne devrait pas être la machine à estamper
des ententes auxiliaires qu'elle est, ce dont se vante le ministre d'ailleurs,
mais devrait être l'office de planification et de développement du
Québec dans le sens véritable de ce qu'on entend par planifier et
développer le Québec, développement intégré
de l'ensemble des ressources.
Je voudrais, M. le Président, en terminant, exposer au ministre
ce que devrait être l'OPDQ quant à nous, son rôle dans la
machine gouvernementale. Je le fais ce matin sans aucune illusion, car je sais
très bien que cela n'intéresse pas le ministre, mais, surtout,
n'intéresse aucunement le gouvernement actuel. On est habitué
à avoir un gouvernement qui administre les choses du Québec
à la petite semaine, à la journée et même à
moyen terme, M. le Président, nous ne pouvons même pas demander au
gouvernement de nous préparer un genre de planification. Comment
voulez-vous qu'on l'exige à long terme?
Je me souviens encore de l'étude des crédits de l'an
dernier où le ministre, après un long exposé sur les
ententes-cadres, avait commencé le dernier paragraphe de son texte en
disant: Et maintenant, un mot sur la planification. Ce qui nous démontre
que le rôle véritable, le rôle qui devrait être le
véritable rôle de l'OPDQ, représente très peu dans
les politiques gouvernementales.
Actuellement, on peut dire sans trop se tromper que la coordination et
l'intégration entre les actions des ministères, qui
représentent un des aspects importants de la planification de l'Etat, se
font à la fois au travers des divers comités
interministériels et à la fois au niveau du conseil des
ministres.
Dans ce processus, l'OPDQ est pratiquement mis à part, il est un
organisme parmi d'autres et, au mieux, ses avis sont sollicités de temps
en temps. Quelquefois, c'est l'OPDQ, de sa propre initiative, qui tente, en
parallèle, de donner des avis techniques à des ministères
qui poussent localement leurs projets spéciaux, par opposition aux
opérations quotidiennes.
Pour notre part, nous croyons que, pour que l'OPDQ ait réellement
une fonction de coordination et d'intégration des données quant
à des projets spéciaux, l'office devrait être un canal
régulier et automatique d'analyse de ces projets ministériels,
avant la décision gouvernementale.
Ceci ne veut pas dire que l'OPDQ aurait un pouvoir de décision.
L'OPDQ aurait un pouvoir de consultation, mais, si on veut véritablement
avoir une certaine planification, il faudrait que, de façon automatique,
tout projet d'une certaine impor-
tance, tout projet majeur en relation avec l'ensemble des
facteurs qui peuvent l'influencer soit analysé d'abord par
l'Office de planification et de développement du Québec, quitte
par la suite, en connaissance de cause au gouvernement, à prendre
les décisions qui s'imposent à ce moment-là, ou les
décisions politiques, même si cela va à rencontre des
recommandations de l'Office de planification et de développement du
Québec. Mais il appartiendra à la population de juger le
gouvernement ou de juger, à partir des informations qui devraient
être transmises, et non pas être tenues secrètes, comme
c'est malheureusement le cas de beaucoup de rapports actuellement.
Donc, l'OPDQ devrait être au-dessus, non pas dans le sens
décisionnel, mais dans un sens de consultation technique, de
l'élargissement des points de vue d'un ministère. Par exemple, le
ministère du Tourisme qui décide de développer l'île
d'Anticosti ou de développer le tourisme à l'île
d'Anticosti devrait normalement, soumettre un tel projet à l'OPDQ...
L'OPDQ devrait tenir compte non seulement du facteur du tourisme, mais du
facteur de la forêt. Il devrait tenir compte du facteur industriel dans
le développement économique ou dans le développement d'une
politique touristique de l'île d'Anticosti.
Ce serait à l'Office de planification et de développement
du Québec de solliciter l'aide technique de divers ministères,
possiblement impliqués dans un projet ou une programmation d'un
ministère précis.
C'est à l'office de porter des avis du genre suivant: Par
exemple, si le gouvernement adopte le projet A des Affaires municipales, il
faudra modifier en tel sens le projet B de l'Agriculture et demander aux Terres
et Forêts de mettre sur pied un projet C, complément du projet A.
C'est-à-dire qu'il ne faudrait pas mais c'est malheureusement le
cas que la main droite ne connaisse pas ce que fait la main gauche.
C'est malheureusement le cas actuellement que nous vivons au
gouvernement du Québec, c'est-à-dire qu'il y a des
décisions qui se prennent au ministère du Tourisme et qui ont des
conséquences sur le développement des Terres et Forêts,
mais ces décisions sont bien souvent inconnues de la part des
fonctionnaires, de la part même du ministre des Terres et Forêts.
On pourra à ce sujet donner une quantité d'exemples. Alors que
l'Office de planification et de développement du Québec aurait
justement comme responsabilité ou devrait avoir comme
responsabilité de coordonner, de façon intelligente, de
façon rationnelle, le développement de l'ensemble des secteurs
économiques du Québec. Ce n'est malheureusement pas le cas, M. le
Président.
En tout cas, quant à nous, nous croyons que ce n'est pas le cas
actuellement. Ce genre de coordination interministérielle où
l'OPDQ ne déciderait pas à la place des ministères, encore
plus, où l'OPDQ n'agirait pas à la place des ministères,
ce genre de coordination aurait en fait pour but d'obliger les divers
ministères à croiser leur avis à un niveau de techniques
administratives qui n'est malheureusement pas rempli actuellement par le
comités interministériels, même par les comités des
hauts fonctionnaires.
Ce nouveau rôle de l'OPDQ serait, selon moi, la seule
méthode de sortir l'office de l'espèce d'affaissement où
il croupit de plus en plus, dès qu'on sort du bureau d'estampillage des
ententes auxiliaires.
Simplement comme exemple le ministre pourra me répondre
à ce sujet l'OPDQ a-t-il été consulté au
sujet des projets majeurs suivants: La Donohue à
Saint-Félicien?
Est-ce que l'OPDQ a fait une étude intégrale, non
seulement du développement forestier à Saint-Félicien,
mais des conséquences possibles dans les secteurs de la chasse, de la
pêche, du tourisme, de l'établissement d'une industrie à
Saint-Félicien? Est-ce que l'OPDQ, en relation avec la
nécessité de conserver la ouananiche dans ce territoire, a eu
l'occasion de présenter un rapport au ministère des Terres et
Forêts, au ministère de l'Industrie et du Commerce, demandant que
la compagnie fasse tous les efforts nécessaires en vue de
protéger la ouananiche dans ce territoire, et surtout mettre tous les
moyens techniques pour le faire? Je pense que le rôle de l'OPDQ ici
aurait dû être majeur, aurait dû être important pour
intégrer le développement, dans le sens qu'un
développement économique important, on ne le nie pas, tel le
développement forestier, ne nuise pas pour autant à un autre
secteur économique qui est très important pour la région
du Lac-Saint-Jean, à savoir le secteur touristique, ou encore, le
secteur des affaires municipales, parce qu'encore là, lorsqu'il
s'établit une entreprise à un endroit donné je
pourrais donner l'exemple de Port-Cartier le municipal est directement
ou doit être directement impliqué. Cela apporte des
conséquences considérables pour le municipal.
Coordonner et intégrer les politiques interministérielles
n'est pas tout. Il faut aussi créer et administrer un plan
général de développement du Québec. Cela fait
longtemps qu'on parle de l'élaboration d'un tel plan. Cela fait
longtemps qu'on demande aux différents conseils régionaux de
développement de préparer pour leur région respective des
schémas d'aménagement. Pour intégrer un schéma
d'aménagement, cela prend d'abord un plan, au moins un minimum de plan,
qui soit souple, qui pourra être corrigé, un minimum de plan
d'aménagement global du territoire du Québec.
Or, vous savez, M. le Président, que nous attendons encore cette
politique d'aménagement du territoire. Vous savez que même dans le
domaine agricole, nous attendions une loi de zonage. Le conseil des ministres a
décidé de retarder l'adoption ou la présentation de cette
loi du zonage agricole, alors que d'année en année, le secteur
agricole ou la superficie globale du secteur agricole diminue constamment.
La fonction de coordination sera toujours plus ou moins bien remplie si
l'Office de planification et de développement du Québec et
l'appareil gou-
vernemental, en général, ne disposent pas d'un plan solide
et mis à jour comme point de référence. Evidemment, on
n'en est pas là. Je ne décèle pas de volonté
concrète du gouvernement de constituer un tel plan.
Autrement dit, je ne décèle pas la volonté du
gouvernement de planifier le développement intégral des
ressources du Québec et de façon rationnelle malgré les
mots dont on se gargarise depuis des années.
Un plan doit être un document public et surtout discuté
publiquement, où il y a une consultation. Il y a eu déjà
un premier rapport qui a été présenté, qui
s'intitule on en a discuté encore i'an dernier Les
orientations du développement du Québec, version
préliminaire, et particulièrement l'Aménagement du
territoire et le développement du Québec. Il s'agissait d'un
document de travail interne, première version, et ceci a
été déposé en mai 1973.
Je sais qu'il y a eu une certaine consultation au niveau des CRD, etc.,
mais nous en sommes rendus où avec tout ça? Est-ce que cela a
avancé? Est-ce que nous avons, après plus de deux ans maintenant,
une version non pas définitive parce que ce n'est jamais
définitif, c'est important, cela, M. le Président, un plan de
développement n'est jamais définitif, un plan de
développement doit toujours être souple mais au moins un
premier plan de base qui permettrait aux différents organismes de
planification ou de développement du territoire, tels que les CRD, de
planifier leurs schémas d'aménagement en tenant compte de ce
plan?
Non, M. le Président, j'en douterais, et je dis qu'un plan doit
donc être un document public, alors que celui-là, M. le
Président, a été un document interne, discuté
à l'intérieur des CRD, mais qui n'a pas été soumis
à la population. Je dois dire même que c'est à la suite
d'une fuite encore que nous avons pu obtenir ces documents, alors que,
normalement, ces documents, qu'ils soient ou non préliminaires,
devraient être rendus publics. Cela ne veut pas dire que le gouvernement
est obligé de se soumettre de façon décisionnelle à
ce plan, une fois qu'il est rendu public. Non! Mais ça veut dire que ce
plan doit être discuté au niveau de la population, parce que la
planification ne doit pas se faire sur le dos de la population, mais ça
doit se faire avec la population en consultation avec les différents
organismes de la population.
Donc, un tel plan doit être élaboré dans une
consultation large, et, par la suite, approuvé par le gouvernement. Il
devrait être approuvé par l'Assemblée nationale et
discuté constamment en ce qui concerne ses échéanciers,
discuté constamment par les représentants de la population.
Nous sommes très loin, M. le Président, de cette
perspective, et je douterais, de toute façon, que nous en arrivions
à un tel plan en tenant compte de la volonté qui a
caractérisé le gouvernement depuis quelques années.
Un tel plan devrait, comme je le disais tout à l'heure,
être souple, flexible, non pas, par exemple, dans un sens vague et
gélatineux, c'est-à-dire qu'il peut être changé
constamment selon les interventions politiques, mais dans le sens de
prévoir une remise à jour continuelle et rationnelle.
Alors, c'est cela un plan. A ce sujet, je pourrais même inviter le
ministre à consulter le programme du Parti québécois qui
prévoit un rôle...
M. Lachapelle: Oh! Quelle trouvaille!
M. Lessard: ... qui prévoit ce que devrait être un
plan de développement économique pour le Québec.
M. Lachapelle: Une économie dirigiste, sans doute.
M. Lessard: Non. Une économie, c'est toujours
dirigé, soit par des mesures incitatives, mais en tenant compte, dans
l'ensemble... Cela n'a aucun rapport avec le plan.
M. Lachapelle: Les Russes se sont essayés et ils ont
manqué leur coup.
M. Lessard: Le ministère...
M. Lachance: Un pays totalitaire.
M. Lessard: ... de l'Industrie et du Commerce, quand il s'est
impliqué dans l'aluminerie de Saint-Augustin...
M. Lachapelle: Vous voulez faire un autre Cuba ici?
M. Lessard: Mais le plan français existe. M.
Lachapelle: Non. Cela n'existe pas.
M. Lessard: Je regrette. Le plan français est le
quatrième ou le cinquième plan.
M. Lachapelle: Dans le sens que vous le dites? Approuvé
par le Parlement?
M. Lessard: Oui, dans le sens... Ce plan est continuellement
rediscuté. On a eu le premier et le deuxième. Je pense qu'on est
rendu au septième plan, mais toute économie...
M. Lachapelle: Sur le plan économique.
M. Lessard: Même si vous y allez à bâtons
rompus et de façon journalière dans vos mesures ou dans
l'influence que le ministère de l'Industrie et du Commerce fait, par
exemple, pour assurer le développement de la région...
M. Lachapelle: Nous ne sommes pas ici pour discuter du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Lessard: Je vous réponds. Même dans ce sens,
I'économie est dirigée.
M. Lachapelle: Quel est votre programme?
M. Lessard: L'économie est dirigée... Notre
programme, je vous le dis.
M. Lachapelle: L'économie dirigée?
M. Lessard: Non. L'économie doit être
dirigée.
M. Lachapelle: Que veut dire une économie
dirigée?
M. Lessard: Elle doit être dirigée par un
gouvernement, à un certain moment.
M. Lachapelle: Que veut dire une économie
dirigée?
M. Lessard: ... parce qu'on doit civiliser le
développement économique. C'est dans ce sens qu'une
économie doit être dirigée. On doit civiliser le
développement économique, en tenant compte de l'ensemble des
facteurs.
Quand Asbestos Hill dans l'Ungava, par exemple, développe une
entreprise pour l'exploitation du secteur des mines d'amiante, il ne faut pas
tenir compte exclusivement quand on fait une telle chose, quand on prend une
telle décision, du secteur de l'amiante, mais il faut tenir compte du
secteur de la santé industrielle. Il faut tenir compte du
développement de l'ensemble des secteurs du Québec.
M. Lachapelle: Qu'est-ce que c'est une économie
dirigée? Définissez cela.
M. Lessard: Si vous ne voulez pas diriger
l'économie...
M. Lachapelle: C'est dire à l'industrie: Vous allez vous
installer là, exactement là et voici les conditions auxquelles
vous allez vous astreindre; vous n'avez pas le choix. Est-ce cela?
M. Lessard: A l'intérieur de cela, il peut y avoir des
choix, mais je vous dis...
M. Lachapelle: Quels sont les choix? M. Lessard: M. le
Président...
M. Lachapelle: Non. Mais écoutez quand même. Il ne
faut pas charrier. Dites-nous le programme de votre parti
séparatiste.
M. Lessard: Je vais vous donner un exemple. Concernant le
développement agricole, c'est un secteur extrêmement important.
Nous avons 5% du territoire québécois qui est
considéré comme territoire agricole et, dans ces 5%, on a
à peu près 3% du territoire qui est véritablement propice
à l'agriculture.
Un plan de développement économique de; vrait avoir, en
tenant compte de l'ensemble des facteurs, comme première
préoccupation, de contrôler l'utilisation de ce territoire, de
faire en sorte que l'utilisation première de ce territoire soit d'abord
en vue du développement du secteur agricole, parce qu'il s'agit...
M. Lachapelle: Comment allez-vous faire pour le
contrôler?
M. Lessard: C'est bien facile.
M. Lachapelle: Oui? Dites-moi cela.
M. Lessard: Déposez votre loi. Le ministre des Terres et
Forêts... Ce n'est pas moi qui suis à l'OPDQ, ce n'est pas
à moi à vous préparer un programme à un moment
donné.
M. Lachapelle: Non, mais vous parlez du programme du parti
séparatiste. Parlez-en.
M. Lessard: Lisez le.
Une Voix: II n'y a rien là-dedans.
M. Lachapelle: Vous étiez prêt à le
citer.
M. Lessard: Moi, je vous ai dit de lire le programme du parti.
Vous allez voir, à un moment donné...
M. Lachance: II ne comprend pas.
M. Lessard: ... qu'une véritable planification, cela peut
se faire, à un moment donné, par des mesures incitatives. De
toute façon, M. le Président, je douterais que le ministre actuel
puisse comprendre ce que c'est qu'une véritable planification quand on
sait, depuis deux ans, nous avons tenté d'obtenir une définition
de ce qu'on entendait au ministère, à l'OPDQ, par projet moteur,
et nous n'avons pas encore réussi à obtenir une définition
qui soit satisfaisante.
Alors, M. le Président, nous avions eu un espoir avec le document
qui avait été présenté, Les Orientations du
développement du Québec, et je dis ceci: Si le ministre ne veut
pas avoir de l'influence, comme gouvernement, sur le développement
économique du Québec, être capable d'en arriver à
une intégration du développement rationnel, du
développement économique du Québec, mais qu'est-ce que
l'OPDQ fait, M. le Président? Que le ministre le dise. Que le ministre
nous dise ce que c'est qu'un Office de planification et de développement
du Québec. Que le ministre nous dise que l'OPDQ est devenu tout
simplement un organisme pour gérer les différents programmes qui
proviennent en grande partie, quand ils ne sont pas imposés, du
gouvernement fédéral. Si c'est le cas, si le ministre ne veut pas
avoir une influence dans la direction de l'économie, parce que c'est
cela quand même le rôle d'un gouvernement, et utiliser pour cela
l'instrument premier qui n'existe pas seulement dans les sociétés
de démocratie populaire, mais qui existe de plus en plus, M. le
Président, dans les sociétés démocratiques, si le
ministre ne veut pas avoir une influence
sur le développement économique du Québec,
qu'est-ce que cela fait? Pourquoi avez-vous présenté cela?
Pourquoi payer des fonctionnaires qui vont préparer des programmes comme
ceux-là, qui vont préparer des études
préliminaires, préparer des documents de travail? Pourquoi?
Qu'est-ce que cela va faire, si vous ne voulez pas faire de l'incitation?
Qu'est-ce que c'est que le BAEQ, par exemple? Il n'a pas été
grand-chose, mais quel objectif est-ce qu'on poursuivait au BAEQ? On avait
comme objectif le développement intégral du territoire. On avait
comme objectif l'implantation d'industries secondaires dans cette
région. Mais les schémas de développement qu'on demande
aux conseils régionaux de développement, en fait, qu'est-ce que
c'est qu'un schéma de développement, M. le Président,
sinon une tentative de planifier, de façon rationnelle le
territoire?
M. Lachapelle: Ce n'est pas bon?
M. Lessard: D'aménager de façon... Non, mais vous
ne faites rien. Il n'y a rien actuellement.
M. Lachapelle: Ce n'est pas bon? Comment cela: II n'y a rien?
M. Lessard: Je vous dis que vous ne faites plus de planification,
vous n'en avez jamais fait, et ces schémas...
M. Lachapelle: II n'y a pas de schémas de
développement? Ce n'est pas engagé, cela?
M. Lessard: Ces schémas ne sont pas respectés.
C'est le cas actuellement, on pourra en parler plus tard, de l'île
d'Anticosti. Vous avez demandé au CRD ou le CRD, de sa propre
initiative, a préparé un document. Le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, dans ses décisions, ne
s'est aucunement préoccupé de l'aménagement
intégral de l'île d'Anticosti. M. le Président...
M. Lachapelle: Pardon? M. le Président, je regrette, je
veux corriger cela immédiatement.
M. Lessard: Je termine, M. le Président. Vous me
corrigerez après. L'article 96 vous permettra de me corriger
après, si je vous ai mal interprété. Alors, M. le
Président,...
M. Lachapelle: Cela va prendre au moins une heure pour corriger
toutes les erreurs que vous avez faites.
M. Lessard: Vous le ferez. Je ne vous arrêterai pas. Vous
le ferez.
Le Président (M. Lafrance): C'est promis? M. Lessard:
Pardon? Oui, c'est promis. Le Président (M. Lafrance):D'accord! M. Lachapelle: Parfait!
M. Lessard: C'est promis, M. le Président... M.
Lachapelle: Excellent!
M. Lessard: ...et je dois dire plus que ça, c'est que je
souhaitais que le ministre adjoint ou je ne sais plus ce qu'il fait, celui qui
est adjoint au ministre des Affaires intergouvernementales, nous donne ses
perspectives sur la planification économique du Québec.
J'espère qu'il le fera tantôt, suite à mes propos, de telle
façon qu'on pourra savoir au moins où on s'en va; si le ministre
ne veut pas faire de développement intégré, si le ministre
ne veut pas, soit par des mesures incitatives ou d'autres mesures, influencer
le développement économique du Québec, que le ministre
nous le dise et qu'il nous dise que l'OPDQ ne foute rien, qu'il nous dise que
le seul rôle que l'OPDQ a, c'est d'administrer des ententes
auxiliaires.
Si c'est ça l'Office de planification et de développement
du Québec, qu'on nous le dise. Mais M. le Président, ce n'est pas
ça une véritable planification. Et malgré que nous ayons
eu un peu d'espoir avec le document préliminaire sur
l'aménagement du territoire, encore une fois, c'est beaucoup d'espoirs
qui sont tombés à l'eau. Quant à moi, je suis convaincu
que nous attendrons encore longtemps, tant et aussi longtemps que ce
gouvernement sera là, et nous espérons qu'il n'y sera pas trop
longtemps parce qu'on s'en va dans une direction très désastreuse
pour le Québec.
Nous sommes convaincus que la planification économique,
actuellement, surtout quand j'entends les propos du ministre... S'il me parlait
de son petit catéchisme, probablement qu'il le connaît mieux que
moi, mais, en ce qui concerne la planification, j'ai de plus en plus
l'impression.
M. Lachapelle: Elle est vieille, celle-là. M. Lessard:
...que le ministre ne sait pas...
M. Lachapelle: II faudra en sortir des meilleures.
M. Lessard: ...ce qu'est la planification et, quand je constate
que le ministre vient de nous dire qu'il n'y a même pas de plans
français, je dis que c'est un aveu d'ignorance et le ministre devrait au
moins, lui qui est responsable de la planification, aller voir ce qui se passe
ailleurs et ne pas essayer, je ne dis pas de tromper, mais de faire des erreurs
comme il vient d'en faire une tout à l'heure.
J'ai terminé et j'écoute religieusement le ministre.
Le Président (M. Lafrance): Avant de donner la parole au
ministre responsable de l'OPDQ, je voudrais mentionner, parce que c'est un
oubli que j'ai fait tout à l'heure, que M. Lachapelle,
député de Chauveau, remplace M. Tardif à cette commission.
Le ministre responsable de l'OPDQ, vous avez la parole et, tel que promis, le
député de Saguenay vous écoutera religieusement, sans
interruption.
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): II a promis
d'écouter.
M. Lessard: ...Oui, j'écoute.
Réponse de M. Bernard Lachapelle
M. Lachapelle: M. le Président, pour avoir à
corriger toutes les exagérations et extravagances qui nous ont
été respectueusement présentées, cela prendrait,
bien sûr, plus qu'une intervention que le temps nous permet de faire.
J'ai été particulièrement intéressé
à écouter le député de Saguenay qui donnait un
exposé de sa conception à lui, et sans doute de celle de son
parti, de ce que devrait être l'Office de planification et de
développement du Québec et de ce que devrait la planification ici
au Québec. Quand il parle de coordination interministérielle, de
concertation devant être exercée par cet organisme, je me demande
vraiment où peut-il ou dans quelle mesure peut-il prétendre que
ce n'est pas ce que fait présentement, déjà, l'OPDQ. Quand
il parle de développement qui doit être souple, flexible, est-ce
que ce n'est pas cela exactement que fait l'OPDQ présentement?
Quand il parle de plans de développement sur une base
régionale, est-ce que ce n'est pas exactement cela que fait l'OPDQ
présentement, par l'élaboration des schémas
régionaux dont le premier, qui est celui de l'Outaouais, a
été mis en circulation cette semaine et dont les autres vont
suivre incessamment? Quand il parle de développement global du
Québec, est-ce que le document auquel il faisait allusion n'est pas une
manifestation évidente d'une première démarche de l'OPDQ
dans ce sens, une première démarche qui va être
complétée l'an prochain comme conséquence de
l'étude globale socio-économique qui a été
entreprise à l'OPDQ, à coups de $300 000 ou $400 000.
Quand il parle aussi que l'action de l'OPDQ ne doit pas, quand
même, s'imposer au ministère, mais en être une de
facilité, en être une destinée à faciliter les
échanges entre ministères, est-ce que ce n'est pas exactement
cela qu'est l'OPDQ? Bien sûr que c'est cela.
Quand il fait allusion au projet d'Anticosti, d'une façon
particulière, le plan directeur d'aménagement d'Anticosti, c'est
l'OPDQ qui l'a produit, en concertation avec les ministères qui
étaient concernés, qui étaient en cause.
Quand il parle de la société Donohue à
Saint-Félicien, nous avons eu du personnel, à l'OPDQ,
spécifiquement rattaché à ce projet, et qui avait comme
mandat de faire tout lien nécessaire avec les différents
ministères, de telle sorte qu'on puisse effectivement avoir un
développement intégré. Je me demande vraiment ce qu'il
apporte de nouveau, sauf peut-être, d'une façon sans doute
inconsciente, pour ne pas dire délibérée, de confiner
l'OPDQ à un rôle qui se voudrait tellement vaporeux, alors que
notre intention n'est pas cela, M. le Président, bien au contraire.
Les actions nombreuses qui ont été prises au-delà
des actions et en plus des actions qui ont eu des conséquences directes,
concrètes, dans toutes les régions de la province... Nous voulons
que l'office prenne encore plus d'importance dans l'appareil gouvernemental et
qu'il s'insère davantage dans le processus décisionnel.
On nous a reproché, l'an passé et il y a deux ans, que
l'OPDQ manquait d'autorité et aujourd'hui, on vient nous dire que le
rôle doit en être un de concertation, de coordination. N'allez pas
imposer aux ministères... On dit: Faites des plans qui soient souples,
flexibles, alors que, l'an passé, on nous reprochait le fait que les
plans n'avaient pas assez de dents, n'étaient pas assez
articulés. Je me demande vraiment si la position du député
de Saguenay et de son parti, là-dedans, n'est pas aussi variable que
celle qu'ils peuvent avoir sur la question du référendum sur
l'indépendance, M. le Président.
Mais il m'apparaît quand même qu'il faut arriver à
une certaine mesure de rationalité et de responsabilité dans
toute cette question. Je me sens de plus en plus dépourvu pour faire le
jour sur la position du député de Saguenay et de son parti. Tout
ce que j'y vois, ce n'est que de l'obscurité, parce que je ne comprends
vraiment pas de quelle façon ils veulent articuler cette activité
importante qui est celle de la planification et du développement
régional.
Or, dans le cas de l'office, je le répète, nous voulons
que cet organisme, au-delà et en plus des activités et des
actions extrêmement valables et bénéfiques qui en ont
résulté depuis plusieurs années, soit davantage inscrit
dans le processus décisionnel de l'Etat, ici au Québec.
Et c'est pour ce faire, entre autres, que nous avons voulu reconstituer
le conseil d'administration de l'OPDQ.
C'est pour ce faire qu'en février dernier, nous avons fait en
sorte que soient nommées à la corporation, à l'office, des
personnes telles que le secrétaire du Conseil du trésor, le
sous-ministre des Finances, un représentant du secrétariat
général et d'autres personnes également qui
représentent je pense aussi au sous-ministre des Affaires
municipales un éventail important des préoccupations de
l'Etat et qui, présentement, s'affairent à déterminer des
propositions pour que, d'une façon encore plus concrète, l'OPDQ
puisse s'insérer dans l'appareil gouvernemental et acquérir plus
d'autorité, de façon mieux articulée et de façon
encore plus évidente que cela peut avoir été le cas
jusqu'à maintenant.
M. le Président, quand on nous parle de plan, il y a ce grave
danger qui n'est pas un danger dans le cas du député de Saguenay
ou de son parti, parce que c'est acquis, c'est avoué, mais un danger de
tomber dans un dirigisme éhonté. Or, c'est pour cela que j'ai dit
tout à l'heure que la conception que se fait du plan le
député de Saguenay n'est pas du tout celle du plan
français. Il n'existe pas de plan français dans le sens que le
conçoit le député de Saguenay. C'est ce que j'ai voulu
dire.
Même ces Etats, autres que le nôtre, qui ont
tenté d'instaurer des plans se sont vite aperçus, d'une
part, que ces plans ne pouvaient pas être suivis d'une façon
rigoureuse, que bien souvent, ils s'en écartaient, d'une façon
significative, si ce n'est qu'en raison des constances économiques,
sociales et autres qui se présentent et, même dans les pays les
plus dirigés, les plus dirigistes, en commençant par les pays
soviétiques, même là, le plan n'a plus la signification
qu'il avait.
Ce n'est donc pas la panacée, ce n'est donc pas la bible. Je
pense qu'il faut concevoir le plan comme étant un outil fournissant un
cadre de référence, un outil pour la gouverne des instances
gouvernementales et, quelquefois aussi des instances privées, constatant
cependant que nous sommes dans une société mixte, une
société où il existe des instances privées
importantes et que, dans notre type d'économie, dans notre type de
contexte économique où nous voulons que ces instances
privées, quand même, puissent agir d'une façon responsable,
raisonnable, mais, bien sûr, dans une mesure qui correspond aussi aux
besoins beaucoup plus vastes et globaux d'une société comme la
nôtre.
C'est généralement la philosophie que nous avons suivie
jusqu'à maintenant. D'une part, mettre au point des outils de mieux en
mieux articulés, tant au niveau de la planification globale, tant au
niveau du développement régional et aussi du développement
des diverses régions du Québec pour fournir à toutes les
instances, fussent-elles publiques ou privées, le plus de gouverne
possible pour leur permettre d'agir de la façon la plus responsable
possible.
C'est pour cela également que nous avons ces mécanismes
nombreux parmi lesquels apparaît l'OPDQ et, dans plusieurs cas, sinon
dans la majorité des cas où l'OPDQ joue le rôle de
maître d'oeuvre, pour assurer précisément cette
coordination et cette concertation interministérielle à laquelle
faisait allusion le député de Saguenay.
Je ne vois vraiment pas ce qu'on nous apporte de nouveau, ce matin. Bien
au contraire, on nous apporte un comportement qui, à mon sens, contraste
drôlement et étrangement avec celui qui était
affiché, par les années passées, par l'Opposition et qui
servait d'ailleurs de point de départ pour nous reprocher tout ce que
nous faisions, comme étant des choses qui n'étaient pas valables
et qui n'avaient pas assez d'impact et de conséquences sur l'ensemble
des activités gouvernementales.
Je répète que la planification doit se concevoir, doit se
faire dans un état. Il doit y exister un organisme central qui a cette
capacité d'intégrer ce qui se fait un peu partout dans l'ensemble
du gouvernement. Il doit exister aussi des structures, des ébauches, des
esquisses de développement pour les différentes régions du
Québec, compte tenu de leur particularité et compte tenu de leur
potentiel, compte tenu également des aspirations des gens. C'est
exactement l'orientation qui, non seulement a été celle de l'OPDQ
jusqu'à maintenant, mais que nous voulons confirmer et articuler
davantage, surtout en s'appuyant sur la démarche à laquelle je
faisais allusion tout à l'heure.
Au chapitre de la consultation des populations, je pense que personne ne
pourra nous reprocher de ne pas nous être suffisamment engagés
dans le processus de consultation. Le livre jaune, qu'il s'agisse de ce
document qu'on a dit être l'objet d'une fuite, mais qui n'en était
pas un, a été diffusé publiquement, largement,
auprès de tous les conseils régionaux, auprès des
instances du milieu. J'ai déjà manifesté cette
volonté, non seulement de continuer, mais d'activer ce processus de
consultation. Il se déroule d'une façon continuelle. Je prends,
à titre d'exemple, le schéma de l'Outaouais qui est rendu public
cette semaine, qui sera diffusé dans la région afin de permettre
à toutes les instances, qu'il s'agisse du Conseil régional de
développement, qu'il s'agisse d'une municipalité, qu'il s'agisse
des corps intermédiaires, de donner leurs réactions à ce
qui nous est apparu comme étant un profil premier, préliminaire,
d'abord du potentiel de cette région et aussi, de ses perspectives.
Par la suite, armé de cette connaissance de la réaction du
milieu, nous allons parfaire l'outil pour en arriver le plus rapidement
possible avec ce qu'on pourra, d'une façon tout à fait
complète, appeler un schéma de développement et
d'aménagement de la région. Nous allons faire ceci pour toutes
les régions du Québec. De cela, va découler
nécessairement, en conjonction avec ce qui se déroule du
côté de la planification, un plan qui se voudra global, une
esquisse globale, des orientations possibles du Québec dans les
différents secteurs, en s'appuyant, là aussi, sur les intrants
que les différents ministères auront pu nous fournir parce que
c'est avec eux et en concertation avec eux que nous voyons à ce que ces
outils soient mis au point et soient ultérieurement diffusés dans
la population pour fins de consultation.
Je suis sûr alors, M. le Président que nous allons nous
attarder, même si le député de Saguenay n'a aucune
intention de le faire, et je trouve regrettable son comportement, à
toutes les actions bénéfiques et enthousiasmantes auxquelles
IOPDQ a pu se livrer. J'aurai l'occasion de reprendre ces différents
thèmes de façon plus concrète, plus palpable encore, afin
de donner, d'une façon explicite et se rapportant à des cas
particuliers, une idée encore plus nette de ce qui est fait et de ce qui
me paraît être l'orientation souhaitable pour l'organisme et une
orientation, je le répète, qui se doit d être
confirmée et articulée davantage, ce qui est d'ailleurs notre
volonté.
Le Président (M. Lafrance): Alors, est-ce qu'on doit
considérer que...
M. Lessard: Non... Voici, M. le Président. On va poser, je
pense bien, des questions de façon générale au
niveau...
Le Président (M. Lafrance): Dans ces conditions, on n
abordera pas le sujet, parce qu'on est obligé de libérer la salle
pour midi.
M. Lessard: Je m'excuse, mais j'aurais une question avant;
après cela, on ira aux programmes
de façon concrète. Pour répondre au ministre, parce
qu'en fait, c'est tronquer les paroles... Il relira les paroles que j'ai dites.
Le ministre joue avec les paroles que j'ai dites. Je ne pense pas qu'il
appartienne à l'Office de planification et de développement du
Québec de gouverner le Québec. C'est là la
différence. C'est un organisme de consultation et il appartient au
gouvernement, à partir d'un plan, d'accepter le plan par la suite qui
sera préparé par l'Office de planification et de
développement du Québec, de l'accepter, de le modifier, de
l'intégrer, si vous voulez, parce que ça, c'est une
décision politique. L'OPDQ est un organisme qui fait de la recherche,
qui essaie d'intégrer le développement rationnel et soumet, par
la suite, des rapports sur différents projets. On verra de quelle
façon l'OPDQ dont nous parle le ministre s'est comporté dans
différents projets. Mais il appartient, par la suite, au gouvernement de
décider.
Je voudrais faire seulement une mise au point, M. le Président,
avant midi.
Le ministre a beaucoup parlé du schéma
d'aménagement de l'Outaouais. Je pense que c'est revenu quatre ou cinq
fois. Est-ce que le ministre voudrait me dire si le schéma
d'aménagement de l'Outaouais a été préparé
par l'Office de planification et de développement du Québec?
Est-ce que le ministre pourrait me dire quel a été le rôle
de l'OPDQ dans la préparation du schéma d'aménagement de
l'Outaouais qui, en passant, a été rendu public il y a un mois,
je pense, et non pas cette semaine? Est-ce que le ministre pourrait me dire
quel a été le rôle de l'OPDQ dans la préparation du
schéma d'aménagement de l'Outaouais?
M. Lachapelle: Dans ce plan comme dans tout autre plan et,
d'ailleurs, c'est la façon habituelle de procéder, nous agissons
par concertation interministérielle. Nous allons puiser dans les
différents ministères quelles sont leurs idées et nous
faisons une digestion...
M. Lessard: Qui a préparé le plan?
M. Lachapelle: J'y arrivais. Si vous me laissez répondre,
je vais vous le dire.
M. Lessard: Oui. Allez-y.
M. Lachapelle: ... la digestion de tous ces intrants a
été faite par l'OPDQ.
M. Lessard: La Société d'aménagement de
l'Outaouais et la Communauté régionale de. l'Outaouais sont les
deux organismes qui ont préparé le plan d'aménagement de
l'Outaouais. Simplement une mise au point. Il faudrait quand même mettre
les choses à leur place.
M. Lachapelle: Un instant! Je pense qu'ici, il ne faudrait pas
mêler les choses.
M. Lessard: Oui. J'espère. Le ministre ne doit pas
mêler les choses non plus.
M. Lachapelle: Lorsque nous parlons du schéma de l'OPDQ,
il s'agit du schéma qui recouvre toute la vaste région
communément appelée la région de l'Outaouais. Il
existe et je le reconnais d'ailleurs, je pense bien que le ministre des
Affaires municipales l'a évoqué lors de l'étude de ses
crédits un schéma plus particulier pour la CRO et ce sont
deux choses bien distinctes.
Je pense que le député de Saguenay reconnaîtra qu'il
s'agit...
M. Lessard: Je voulais qu'on fasse la précision parce
qu'à un certain moment...
M. Lachapelle: C'est cela. Le schéma de la CRO, bien
sûr que ce n'est pas nous qui l'avons préparé...
M. Lessard: Très bien.
M. Lachapelle: ... mais je parle de ce schéma beaucoup
plus vaste qui recouvre l'ensemble de l'Outaouais. Il s'agit donc de deux
documents distincts.
Le Président (M. Lafrance): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 2)