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Commission permanente de la présidence
du conseil, de la constitution et des
affaires intergouvernementales
Etude des crédits du Conseil
exécutif
Séance du mercredi 23 juin 1976
(Quinze heures seize minutes)
M. Comellier (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
La commission de la présidence du conseil, de la constitution et
des affaires intergouvernementales est réunie pour l'étude des
crédits du programme 9 du Conseil exécutif, Régie de la
langue française.
Les membres de la commission sont: M. Léger (Lafontaine) qui
remplace M. Bédard (Chicoutimi); M. Caron (Verdun) qui remplace M.
Beauregard (Gouin); M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) qui remplace M. Cloutier
(L'Acadie); M. Ostiguy (Verchères) qui remplace M. Malouin (Drummond).
Sont aussi membres de la commission: M. Brown (Brome-Missisquoi); M. Desjardins
(Louis-Hébert); M. Gratton (Gatineau); M. Perreault (L'Assomption). Le
Solliciteur général.
Exposé de M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, MM. les membres de la
commission, j'aimerais tout d'abord vous présenter à mes
côtés M. Maurice Forget, président de la Régie de la
langue française. La régie a publié son premier rapport
annuel hier. C'est heureux que cette distribution ait été faite
avant la tenue de la commission parlementaire, même si on aurait
désiré la faire connaître plus tôt. L'année
1975 a été pour le gouvernement, en ce qui concerne l'application
de la Loi sur la langue officielle, une année de mise en place des
structures qui sont prévues par la loi. Elles se situent à deux
volets, d'abord la Régie de la langue française et ensuite, les
règlements prévus par certains des articles.
La régie a commencé ses activités vers la fin de
1974. On pourra, en référant au rapport annuel, voir les
progrès qui ont été faits dans sa constitution, son
organisation, même dans l'énonciation des orientations qu'elle a
choisies. Quant aux règlements, nous avons été
témoins d'un travail en profondeur qui a vu la préparation de
règlements dans cinq secteurs principaux: L'étiquetage,
l'affichage public, la francisation des entreprises, la connaissance du
français nécessaire pour l'obtention d'un permis d'une
corporation professionnelle, enfin, la nomination à une fonction
administrative dans l'administration publique.
Je pense qu'à venir jusqu'à maintenant, nous pouvons dire
que nous nous sommes acquittés, en grande partie, de cette tâche.
En effet, deux règlements, celui de l'affichage et celui de
l'étique- tage sont déjà en vigueur depuis le 5
février dernier. Un troisième, celui sur la connaissance du
français exigé des candidats à une corporation
professionnelle, entrera en vigueur le 1er juillet prochain, soit dans environ
une semaine. Un quatrième, celui de la francisation des entreprises, a
été publié dans la Gazette officielle à titre de
projet, le 18 février 1976, et est actuellement encore à
l'étude, c'est-à-dire l'étude des commentaires, des
remarques et des mémoires qui nous sont parvenus à la suite de
cette publication.
Finalement, un cinquième règlement, celui qui traite de la
connaissance de la langue française requise des employés de
l'administration publique, est en voie de préparation.
La loi m'impose aussi la responsabilité de développer la
recherche en matière de linguistique et de coordonner ces
activités. A cette fin, j'ai mis sur pied un comité de
rédaction de règlements pour instituer des commissions de
terminologie.
L'affichage: Ce règlement a été
préparé conformément à l'article 35, et un
comité, qui a été formé dès l'automne 1974,
était composé de deux employés de la Régie de la
langue française, expérimentés dans ce secteur, Mlle
Suzanne Laberge et M. Bernard Salvail, un représentant du
ministère des Affaires municipales, Me Mainguy, et un
représentant du ministère de l'Industrie et du Commerce, M.
Tessier. Ce comité était dirigé, comme tous les autres
comités de rédaction, par Me Pierre Beaudoin, dont j'avais retenu
les services à titre de consultant pour la préparation de tous
les règlements.
Le comité a siégé de l'automne 1974 à
l'hiver 1975. Il m'a d'abord remis un rapport, et j'ai alors
procédé, avec certains membres du comité et certains
représentants de la Régie de la langue française, à
des consultations principalement auprès des organismes et des
entreprises qui s'intéressent au secteur de l'affichage. Par la suite,
un texte final m'a été proposé et je l'ai transmis
à la Régie de la langue française, pour que celle-ci me
fasse tenir son avis conformément au paragraphe a) de l'article 55 de la
loi. L'avis de la régie m'est parvenu au début de
l'été 1975, et j'en ai tenu compte avant de soumettre le
règlement au lieutenant-gouverneur en conseil pour son adoption.
Il a été publié le 20 août 1975, et,
conformément à la loi, nous avons attendu 90 jours pour donner
à tous les intéressés l'occasion de nous faire parvenir
leurs commentaires.
Ce règlement est présentement en vigueur. Il s'applique
à toutes les affiches, de même qu'aux annonces publicitaires
écrites, c'est-à-dire aux catalogues, dépliants ou
brochures qui sont distribués sur le territoire du Québec.
L'unilinguisme autre que français est désormais interdit.
L'unilinguisme français de même que le bilinguisme sont
autorisés. Pas plus de deux langues ne peuvent être
utilisées en même temps. Lorsque deux langues sont
utilisées, l'une d'elles doit toujours être le
français.
Au niveau de l'étiquetage, les travaux du comité se sont
déroulés parallèlement, mais nous
faisions face, dans le cas de l'étiquetage, à un
problème beaucoup plus vaste.
En effet, l'affichage se fait une fois, de temps en temps, et se fait
chez nous, se fait sur le territoire, tandis que l'étiquetage est fait,
en grande partie, à l'extérieur de la province et nous avons
dû tenir compte des impératifs économiques, des
impératifs commerciaux pour trouver l'endroit où
l'impératif linguistique, l'impératif créé par la
loi, pouvait rejoindre l'impératif économique, de façon
à obtenir des résultats positifs, sans pour cela tarir les
sources de produits pour les Québécois.
De nombreuses rencontres ont d'ailleurs été tenues avec
différentes associations d'importateurs, notamment à l'occasion
de séminaires et de colloques organisés par ces groupes et elles
ont eu lieu principalement au cours des mois de mars 1975 à
février 1976.
Le comité de rédaction, après une trentaine de
réunions, m'a remis un projet de règlement vers le mois de mai
1975. Il a suivi le même cheminement que celui sur l'affichage,
c'est-à-dire consultation officielle de la régie et avis de la
régie.
Finalement, le projet de règlement a été
publié en même temps que celui sur l'affichage, le 20 août
1975.
Pendant la période de 90 jours, nous avons reçu plus de 85
mémoires qui nous ont été soumis par des associations
représentatives telles que celles groupant les manufacturiers, les
importateurs, les producteurs, les distributeurs.
Chacune des recommandations a été étudiée
à son mérite et certaines ont été retenues.
Le texte final du règlement sur l'étiquetage des produits
a été publié dans la Gazette officielle du 5
février 1976 et le règlement est entré en vigueur
immédiatement. Il s'applique aux étiquettes et notices de
produits alimentaires autres que les boissons alcooliques, ainsi qu'aux menus
et cartes de vins à partir du 1er juillet 1976, c'est-à-dire dans
quelques jours.
Il s'applique aux étiquettes, certificats, garanties et notices
des boissons alcooliques et des produits autres qu'alimentaires,
c'est-à-dire presque tous les produits, à partir du 1er juillet
1978.
Nous avons prévu cette période de deux ans pour donner
à l'industrie, au milieu des commerçants, le temps
nécessaire pour s'adapter, pour écouler tout d'abord les
produits, les étiquettes qui sont déjà reproduites et en
produire d'autres et prendre les dispositions de façon
générale pour arriver, au 1er juillet 1978, avec un
étiquetage qui comprend la langue française.
Pour la connaissance d'usage de la langue française
nécessaire pour l'obtention d'un permis d'une corporation
professionnelle, nous savons que l'article 21 entre en vigueur le 1er juillet
1976, dans quelques jours. A compter de cette date, aucune corporation
professionnelle ne peut délivrer un permis à une personne qui n'a
pas une connaissance d'usage de la langue française
déterminée suivant les normes établies à cette fin
par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil. L'article 22 de la
même loi prévoit toutefois cer- tains cas où des permis
pourront être accordés pour une période d'un an sans que le
candidat ait une connaissance d'usage de la langue française. Ce permis
d'un an est renouvelable à l'initiative de la corporation
professionnelle, mais avec le consentement du lieutenant-gouverneur en conseil
lorsque l'intérêt public le requiert.
Il nous fallait donc préparer et faire entrer en vigueur les
règlements susmentionnés avant le 1er juillet 1976, étant
donné que c'est la loi qui indique que l'article 21 entre en vigueur le
1er juillet 1976. Un comité a donc été mis sur pied
à l'automne 1975. Il a été formé de M. Roland
Piquette, de la Régie de la langue française; de Me André
Thauvette, de l'Office des professions du Québec; de M. Jacques
Cardinal, du ministère de l'Education; de M. Jean Hanna, du
ministère de l'Immigration, ainsi que de Me Pierre Beaudoin qui, comme
je l'ai dit tantôt, dirigeait et coordonnait les travaux de tous ces
comités. Me Paul Chouinard de la régie s'est joint au
comité pour ses dernières réunions.
Le comité a élaboré un projet de règlement
qui a été soumis pour avis à l'Office des professions
ainsi qu'à la Régie de la langue française. Le conseil
interprofessionnel a également été consulté. Ce
projet de règlement a été publié dans la Gazette
officielle du 28 janvier 1976. Il donne les normes d'évaluation de la
connaissance de la langue française des candidats à une
corporation professionnelle et indique que la Régie de la langue
française administrera les tests. Les tests eux-mêmes seront
normalisés et standardisés. Ils seront préparés
sous l'autorité d'un comité de trois personnes dont une
désignée par la Régie de la langue française, une
par l'Office des professions et la troisième par le ministre responsable
de l'application de la Loi sur la langue officielle.
Donc, les tests sont préparés sous l'autorité d'un
comité, mais administrés par la Régie de la langue
française. Nous avons reçu quelques commentaires, bien que moins
nombreux que ceux reçus au sujet des autres projets de règlement.
Aucun changement majeur ne sera apporté au texte final qui sera
publié dans la Gazette officielle du 25 juin, dans deux jours.
Le comité chargé de voir à la préparation
des tests, bien que le règlement ne soit pas encore en vigueur, est
déjà à l'oeuvre depuis plusieurs semaines et les tests
sont prêts. Toute personne qui en fera la demande à compter du
début du mois de juillet 1976 pourra subir les tests. Le comité
est présentement formé de M. Roland Piquette de la Régie
de la langue française, de M. Jean-Marie Dionne, vice-président
de l'Office des professions, et de Me Pierre Beaudoin, représentant du
ministre.
Les test ont été préparés avec l'aide de M.
André Douesnard de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, expert en la matière. Ils s'inspirent de ceux qui
étaient auparavant administrés par le ministère de
l'Immigration, mais ils peuvent être considérés comme des
tests nouveaux et originaux.
Pendant les premières années d'application
du règlement, le test sera le même pour tous les candidats,
quelle que soit la profession à laquelle ils désirent
adhérer. Toutefois, à compter du 1er juillet 1980, le
comité pourra imposer des tests à contenu varié selon les
exigences terminologiques courantes propres à chaque profession ou
groupe de professions identifiées conjointement par la régie,
l'Office des professions et le ministre. La raison pour laquelle nous avons
dû attendre quelques années avant d'imposer des tests
adaptés aux différentes professions, c'est pour donner le temps
aux maisons d'enseignement, justement, d'enseigner la terminologie en
français aux élèves qui pourront se présenter dans
quatre ans aux tests.
Maintenant, nous arrivons, je pense, à la partie la plus
importante, celle dont les résultats seront les plus évidents et
les plus importants pour tout le processus de francisation du Québec.
C'est la francisation des entreprises.
En effet, malgré la très grande importance des trois
règlements que nous avons énumérés plus haut... Le
premier est l'affichage et est important parce qu'il jette une image du
territoire et de sa population. L'étiquetage a un bon contenu de
protection du consommateur. La connaissance du français pour les
professionnels est aussi extrêmement importante et les professionnels
devraient pouvoir... c'est-à-dire que chaque Québécois de
langue française devrait pouvoir recourir aux services des
professionnels de son choix sans être obligé de parler une
deuxième langue. Il reste que le domaine de la francisation des
entreprises constitue l'objectif fondamental et primordial de la Loi sur la
langue officielle.
La francisation des entreprises devrait, à moyen terme, permettre
à tous les Québécois francophones de travailler en
français, chez eux, et d'atteindre, dans chacune des entreprises, les
postes hiérarchiquement les plus élevés, tout en ne
privant évidemment pas les Québécois de souche non
francophone de leurs droits.
Les articles 26 et 28 de la loi prévoient les règlements
sur la francisation des entreprises. Le comité que j'ai mis sur pied a
évidemment été celui dont la tâche a
été la plus considérable au cours de l'année et
demie pendant laquelle j'ai été responsable de l'application de
la loi.
Le comité a commencé à siéger au mois de
novembre 1974 j'avais, je crois accepté la responsabilité
de cette loi en septembre et il a terminé ses travaux au mois
d'août 1975. Le comité était, lui aussi,
présidé par Me Pierre Beaudoin. En faisaient partie, les
représentants de plusieurs ministères ainsi que des
représentants de la Régie de la langue française. Me
Michel Noël De Tilly représentait le ministère de
l'Industrie et du Commerce; Me Hubert Beaudry, le ministère qui
s'appelait autrefois les Institutions financières; Me René
Chrétien, le conseil exécutif; MM. Jean-Paul Rioux, Bernard
Salvail, Eric Blais et Roger Thouyer représentaient la Régie de
la langue française.
De très nombreuses rencontres ont eu lieu entre le comité
et la régie, notamment avec le prési- dent, M. Maurice Forget;
les vice-présidents, MM. Jean-Denis Gendron et Gérald Martin; le
directeur général, M. Jean-Guy Lavigne; le directeur de la
francisation, M. Brisebois; le directeur de la recherche, M. Pierre
Laporte.
Les quatre secteurs principaux dont devait traiter le projet de
règlement étaient les suivants: Premièrement, la
procédure d'émission des certificats; deuxièmement, les
catégories d'entreprises et les dates d'exigibilité;
troisièmement, la méthode d'analyse linguistique pour que
l'entreprise puisse établir son bilan linguistique; et
quatrièmement, la liste des contrats et avantages provenant de
l'administration publique auxquels n'auront pas droit les entreprises qui ne
détiendront pas ce certificat.
Devant l'ampleur de la tâche à exécuter, un contrat
a été donné à la firme Secor Inc. pour la
préparation et l'élaboration d'un questionnaire devant permettre
à chaque entreprise d'effectuer son analyse linguistique. Ce
questionnaire a été effectivement préparé par la
firme Secor, étudié par la régie et finalement,
approuvé par le comité.
A la suite de très nombreuses rencontres, soit en comité
plénier, soit en comité restreint, le comité m'a remis son
projet de règlement le 18 août 1975. Il a d'abord
été étudié, ensuite soumis à la Régie
de la langue française pour obtenir formellement son avis.
Au cours de l'automne, nous avons longuement discuté avec les
représentants de la régie et avec mes conseillers. Finalement,
nous avons obtenu l'opinion de la régie sur le projet de
règlement et celui-ci a été publié dans la Gazette
officielle du 18 février 1976.
Pour ce projet, comme pour les autres, une période de 90 jours a
été allouée à toute personne et organisme
désireux de faire connaître ses commentaires.
Nous avions reçu, en date du 18 mai 1976, donc il y a à
peine un mois, 90 jours après la publication de février, une
quarantaine de mémoires ou de lettres dont plusieurs venaient
d'organismes groupant plusieurs entreprises, plusieurs dizaines d'entreprises,
comme l'Association des manufacturiers canadiens, le Conseil du patronat, la
Chambre de commerce, etc.
Il faut dire aussi qu'au cours de l'automne, j'avais personnellement,
avec mes conseillers et des représentants de la régie, dans
certains cas, rencontré les représentants du Conseil du patronat,
de la Chambre de commerce de la province de Québec, du Montreal Board of
Trade, du Centre linguistique de l'entreprise, je crois, et quelques autres
dirigeants d'entreprises dans des séances chacune d'une journée
complète où nous cherchions à voir de quelle façon
le règlement pourrait être appliqué et applicable.
C'est en effet très important que les entreprises comprennent
très bien la portée réelle de la loi et du
règlement sur la francisation pour que le tout se déroule
rondement.
Actuellement, nous étudions, avec mes conseillers et ceux de la
Régie de la langue française, les rapports et mémoires qui
nous ont été
soumis. Nous pouvons prévoir que cette étude sera
terminée d'ici peu et nous pouvons envisager la publication du texte
final du règlement sur la francisation, j'espère, d'ici la fin de
l'été, peut-être en juillet, si on n'est pas trop
malchanceux.
Quant à l'article 14, qui prévoit la connaissance de la
langue française par les employés de l'administration publique,
il dit que nul ne peut être nommé, muté ou promu à
une fonction administrative dans l'administration publique s'il n'a de la
langue officielle la connaissance appropriée à l'emploi qu'il
postule.
L'article prévoit en outre que cette connaissance doit être
prouvée, suivant les normes fixées par les règlements
adoptés à cet égard par le lieutenant-gouverneur en
conseil. L'article prévoit ensuite que les fonctions sont
déterminées par les règlements, mais que ces
règlements peuvent exclure de l'application de l'article 14 les
fonctions n'entraînant pas de contact direct avec le public.
Un comité formé à l'automne 1974 pour
préparer les règlements en vertu de cet article. Il est
composé de M. Jacques Blouin, du ministère de l'Education, de M.
Roger Bussières, du ministère des Affaires municipales, de Me
Jacques Perrin, de la Commission de la fonction publique, de MM. Roland
Piquette et Bernard Salvail, de la Régie de la langue française,
de M. Paul Marc-Aurèle, du ministère de la Fonction publique, et
de M. Jacques Vézina, lui aussi de la Fonction publique.
Il a siégé à plusieurs reprises, à l'automne
1974 et au printemps 1975. Il a suspendu ses travaux pendant plusieurs mois, de
manière à permettre aux membres de ce comité qui faisaient
partie des autres comités de compléter le travail relatif
à la francisation des entreprises. Il a fallu choisir des
priorités. Nous avons choisi ces dernières. Ce règlement
étant maintenant très avancé, le comité s'est
réuni à nouveau à compter de mai dernier. La
réglementation éventuelle visera les employés de la
fonction publique. Elle visera aussi les employés du réseau
scolaire et ceux du réseau municipal qui appartiennent à des
organismes dont moins de 50% des administrés sont de langue anglaise.
Nous pouvons espérer qu'un projet de règlement sera publié
à l'automne de cette année.
Voilà l'état actuel des travaux des comités
chargés de la préparation des règlements. Un
sixième comité a été formé, mais il n'a pas
encore commencé à siéger. Il est chargé de la
rédaction des règlements en vertu de l'article 50 de la Loi sur
la langue officielle. Selon cet article, le lieutenant-gouverneur en conseil
peut, par règlement, instituer la commission de terminologie, et
détermine la composition et les modalités de fonctionnement et la
façon de les déléguer auprès des divers
ministères et organismes de l'administration publique. Les membres de ce
comité ont été récemment choisis et commenceront
à siéger d'ici quelques semaines. Il s'agit essentiellement de
représentants de la Régie de la langue française dont le
vice-président, M. Jean-Denis Gendron, le directeur de la terminologie,
M. Jean-Claude Corbeil, ainsi que Me Sylvie Boivin, de mon cabinet, et
Me Pierre Beaudoin. Finalement, un septième comité devra,
dans les mois qui viennent, proposer à la régie et au ministre
responsable un règlement en vertu de l'article 57, prescrivant les
mesures que les services de l'administration publique doivent prendre pour
apporter leur concours à la régie.
Parallèlement aux préoccupations que j'avais de faire
fonctionner le plus rapidement possible le comité de
réglementation, je me suis intéressé dès le
début à l'application de la Loi sur la langue officielle, au sein
de l'administration publique elle-même et, plus particulièrement,
du gouvernement et ses ministères. De nombreuses rencontres ont eu lieu
entre mes conseillers et les représentants des différents
ministères pour tenter d'harmoniser et d'uniformiser
l'interprétation de la loi. Ainsi, on m'informe que, dès cette
année, le ministère du Revenu a réussi à franciser
l'ensemble des formulaires utilisés pour ces fins.
M. Léger: II y a amélioration avec l'année
dernière.
M. Lalonde: II faut toujours s'améliorer. D'ailleurs, il
doit sûrement y avoir une amélioration, parce que je relisais le
journal des Débats de l'année dernière et je voyais
je ne veux pas me citer mais je disais, à la suite des
représentations du député de Lafontaine on se
retrouve :"Je m'étonne d'une chose, c'est que le
député n'ait pas communiqué avec moi plus tôt, avant
aujourd'hui, pour apporter ces cas à ma connaissance". On parlait de
différents documents que le député de Lafontaine
croyait...
M. Léger: Vous m'avez remis cela cette année.
M. Lalonde: Pardon?
M. Léger: Vous m'avez remis cela cette année.
M. Lalonde: S'il a un souci aussi grand de voir la loi
appliquée, je m'attendrais à ce que le député,
comme tout bon citoyen, apporte au ministre responsable de l'application de la
loi ces exemples aussitôt qu'ils viennent à sa connaissance.
J'espère que, dans l'avenir, il le fera. La réponse est:
"Certainement".
Je n'en ai reçu aucun, alors, j'imagine que l'application de la
loi 22 dans l'administration publique est parfaite.
M. Léger: Vous ne regardez pas toute votre correspondance,
d'après les questions qu'on pose en Chambre, très souvent, vous
n'avez pas reçu certaines lettres.
M. Lalonde: Je ne me souviens pas de questions récemment.
Enfin, je ne veux pas entrer dans un débat.
M. Léger: Je ne parle pas des lettres sur cela, je parle
des lettres d'autre chose.
M. Lalonde: Des Lettres d'autre chose?
M. Léger: Les questions posées en Chambre...
M. Lalonde: Donc, c'est le ministère du Revenu, je pense,
qui nous est apparu comme un des premiers auxquels on devait s'attaquer, parce
que c'est celui de tout le gouvernement qui correspond le plus avec la
population, que ce soit au niveau des formulaires pour le paiement de
l'impôt personnel, la déclaration de l'impôt personnel, que
ce soit pour les percepteurs de la taxe de vente, à ce moment-là,
ce n'est pas une fois par année, mais c'est douze fois par
année.
Je ne me souviens plus des chiffres, mais ils sont assez
impressionnants. Le ministère du Revenu correspond, avec la population
en général ou un certain secteur de la population, sûrement
pour l'impôt, plus que beaucoup d'autres ministère mis
ensemble.
En décembre 1975, le ministère du Revenu a formé un
comité pour la mise en application du chapitre I de la Loi sur la langue
officielle. Ce comité a révisé l'ensemble des documents
publiés sous l'autorité du ministère. Des centaines de
formules ou formulaires ont été redessinés et
imprimés de manière à respecter l'esprit et la lettre de
la Loi sur la langue officielle. Des milliers de formules unilingues
françaises ont ainsi été distribuées à la
grande majorité des Québécois. Dans certains cas, pour
respecter sa clientèle anglophone, le ministère a fait
accompagner les formulaires unilingues français de formulaires
unilingues anglais.
Le ministère de l'Education et le ministère des Affaires
sociales ont fait des efforts considérables dans le même sens que
le ministère du Revenu. Encore là, je pense qu'on s'est
aperçu, à l'étude des crédits de l'an dernier, que
c'étaient les deux ministères, en particulier, où on
trouvait le plus d'accrocs, disons, à la loi, et, cela s'explique
historiquement, parce que chacun des ministères avait auparavant affaire
à un secteur uniquement anglophone des activités, soit au niveau
des hôpitaux, ou au niveau des commissions scolaires.
Ces deux ministères ont fait des efforts considérables
dans le même sens que le ministère du Revenu. Le ministère
de l'Education a créé, en mai 1975, un comité
d'étude chargé d'examiner l'application de la loi. Une directive
interne a été élaborée par ce comité, qui
doit répondre aux questions que lui soumettent les diverses instances du
ministère. Pour les organismes gouvernementaux, il m'importe de
souligner le travail considérable qu'a accompli la Régie de
l'assurance-maladie. Un exemple notoire en est la nouvelle carte de
l'assurance-maladie dont la rédaction en français seulement
démontre l'affirmation de la volonté de respecter la Loi sur la
langue officielle.
Il se peut qu'il reste cependant encore quelques documents ou
formulaires ne respectant pas intégralement l'esprit et la lettre de la
loi. Toutefois, je dois vous assurer que les démarches sont faites pour
que, dans les plus brefs délais, toutes les formules et tous les
documents émanant de l'administration publique soient en
français. Dans certains cas, évidemment, les textes et les
documents pourront être accompagnés d'une version anglaise, comme
le permet l'article 8, de la loi.
J'ai, en outre, donné instruction à mes conseillers de
préparer une directive devant s'appliquer à tous les
ministères et organismes gouvernementaux. Je n'ai pas
complètement relu la transcription de l'étude des crédits
de l'an dernier, mais je pense qu'il en a été question à
ce moment-là. Cette directive aurait pour but de synthétiser
toutes les opinions et interprétations qui ont été
données dans les différents ministères et organismes et
d'uniformiser l'application de la loi. Bien que plusieurs projets d'une telle
directive aient été préparés et
révisés, il s'est avéré qu'aucun d'entre eux n'a
répondu aux exigences de tous les ministères et organismes
gouvernementaux, c'est-à-dire de plusieurs centaines d'organismes.
J'ai donc pris la décision de créer un comité
interministériel, formé de représentants de divers
organismes du ministère pour traiter des questions particulières
à chacun d'eux et leur apporter une solution uniforme.
Jusqu'à maintenant, les conseillers juridiques de chacun des
ministères et organismes ont élaboré leur propre
interprétation pour trancher les questions relatives à la mise en
application de la loi dans leurs organismes respectifs, et, dans plusieurs cas,
il n'y a pas d'uniformité d'une opinion à l'autre. C'est ce qu'il
faut éviter, parce qu'il n'est sûrement pas désirable que
le gouvernement, de par ses quelques centaines d'organismes, applique de
façon différente les divers articles de la loi. Ce qui prouve que
la diffusion des documents officiels est un problème d'un
ministère à l'autre.
Il s'agit donc d'assurer l'uniformité et nous allons dans ce
sens.
En conclusion, mes activités pour la diffusion du français
ont débordé le cadre de la mise en application des articles de la
loi.
J'ai ainsi rencontré les représentants des diverses
associations qui avaient des préoccupations linguistiques de tout genre
et de tout groupe ethnique québécois, les représentants
des communautés francophones de partout au Canada.
En effet, j'ai eu l'occasion de participer à la biennale de la
francophonie canadienne où j'ai pu exprimer mes voeux sur le rôle
de pointe que joue le Québec pour la défense et la promotion du
fait français en Amérique du Nord.
J'ai aussi exprimé mon point de vue au colloque annuel de
l'Alliance sur le bilinguisme, sur la nécessité de la
présence francophone dans la capitale nationale pour refléter la
réalité linguistique canadienne.
Une intervention que je considère capitale pour l'avenir du
français, langue de travail des Québécois, est celle en
faveur des pilotes et des contrôleurs aériens francophones du
Québec que j'ai appuyés, sans réserve, dans leurs
revendications pour l'implantation du français dans toutes les
communications air-sol au Québec.
Dès le printemps 1975, j'avais été mis au courant
des premières démarches des gens de l'air du Québec
auprès des autorités de l'aviation civile canadienne. J'ai
communiqué personnellement, à quelques reprises, avec M. Jean
Marchand, alors ministre des Transports et, par la suite, avec son successeur,
M. Otto Lang. J'ai rencontré ce dernier avec les autorités de
l'aviation civile à Ottawa et nous avons discuté abondamment des
mises au point d'une cédule d'utilisation progressive du français
comme langue de communication aérienne dans tous les aéroports
québécois.
Mes conversations avec les autorités de la compagnie Air Canada
de concert avec les manifestations d'autres francophones du Québec ont
conduit au changement de la politique linguistique de cette compagnie et
à la décision de franciser ses activités au
Québec.
Autant de faits démontrent que la Loi sur la langue officielle
engendre et inspire un mouvement irréversible de francisation au
Québec. Elle implique, évidemment, un changement profond de
mentalité et d'attitude et nécessite une vigilance de tous les
instants.
Le moyen d'action le plus efficace pour la conduite de mes dossiers
s'est révélé la consultation auprès des personnes
concernées par la mise en application de la Loi sur la langue
officielle.
Au cours des centaines de discussions et de rencontres que j'ai
menées depuis le début de mon mandat, j'ai préparé
une politique de francisation progressive, mais irréversible.
En terminant, j'aimerais aussi mentionner que le processus
d'organisation de la Régie s'est fait d'une façon, je pense,
très satisfaisante. Nous avons pu mettre ensemble un groupe de personnes
expérimentées qui viennent de différents milieux, que ce
soit du milieu de la grande entreprise, de la petite entreprise, du milieu
universitaire, de la fonction publique, qui ont démontré un
dynamisme certain, un jugement sûr. Je crois qu'à la lecture du
rapport annuel, nous pouvons être tout à fait optimistes quant
à la capacité de la Régie de la langue française
d'appliquer sûrement, avec jugement, avec fermeté les dispositions
que le gouvernement et que la loi lui confient d'appliquer. Je suis sûr
que l'an prochain... parce que la première année
d'opération pour un organisme aussi considérable, on voit dans
l'augmentation des crédits qui lui ont été
accordés, malgré un gel des effectifs dans toute la fonction
publique, malgré un taux d'augmentation presque insignifiant dans tous
les autres organismes, on voit ici un taux d'augmentation de $3 725 000
à $5 800 000. C'est dire que le gouvernement ne lésine pas quand
il s'agit de donner à la Régie de la langue française les
moyens nécessaires pour appliquer, pour implanter les démarches
que la loi 22 a créées afin que la politique linguistique du
gouvernement trouve son application dans les meilleurs délais et que
tous les Québécois y trouvent leur profit. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Lafontaine.
Remarques de M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, je dois dire qu'une
volonté ferme d'un gouvernement de faire appliquer ses lois se voit
à l'intérieur d'une Prise de position ferme quand les
problèmes arrivent. Je ne pense pas que, jusqu'à maintenant, le
gouvernement ait démontré cette fermeté par ses
affirmations à un moment où il y eu des problèmes majeurs.
Je n'ai qu'à me référer à un exemple que vient de
donner le ministre responsable devant l'Assemblée nationale de la
Régie de la langue française, l'exemple des contrôleurs
aériens, où j'admets que le ministre actuel a montré son
appui aux membres québécois de l'Association des
contrôleurs aériens...
M. Lalonde: L'Association des gens de l'air. M. Léger:
Des gens de l'air, oui.
M. Lalonde: Oui, cela me fait plaisir de l'apprendre au
député de Lafontaine.
M. Léger: C'est sûr que le ministre se rappelle
très bien...
M. Lalonde: Je peux vous les présenter si vous voulez.
M. Léger: ... les questions que je lui ai posées en
Chambre là-dessus. Mais je dois quand même dire qu'à la
suite de la déclaration du ministre responsable, nous n'avons pas eu une
déclaration aussi ferme du premier ministre du Québec qui a cru
bon, à la télévision, de mettre des nuances dans
l'affirmation faite par le ministre en disant qu'il fallait quand même
tenir compte de la sécurité aérienne. Je pense que quand
un premier ministre n'est pas capable de montrer une opinion ferme sans y
mettre des nuances qui atténuent et qui diluent énormément
la position d'un gouvernement, ce n'est pas surprenant que, par la suite, on
voie le gouvernement fédéral avoir une attitude un peu
désinvolte face au gouvernement provincial.
Je pense qu'on peut s'attendre que le gouvernement du Québec va
voir au respect de sa loi par l'ensemble de la population et par tous ceux qui
sont directement impliqués par l'application de cette loi; le respect de
sa propre loi doit commencer par le gouvernement lui-même. Je dois dire
que je suis très déçu aujourd'hui de voir qu'on nous ait
déposé qu'hier le manuel donnant le rapport annuel de 1975 de la
Régie de la langue française. Comment voulez-vous, M. le
Président, qu'on puisse avoir du respect pour un gouvernement qui n'a
pas de respect pour l'Opposition, qui n'a pas de respect du parlementaire en ne
déposant que la veille où on étudie les crédits de
cette partie du gouvernement qui est celui de la Régie de la langue
française, pour ce gouvernement qui n'a pas lui-même l'article 96
de la loi qui dit bien que la Régie doit, au plus tard le 31 mars de
chaque année, remettre au ministre un rapport de ses
activités de l'année civile précédente sur
l'état de la langue française au Québec et sur les
enquêtes effectuées. Le ministre dépose ce rapport devant
l'Assemblée nationale, s'il le reçoit en cours de session, sinon
dans les 30 jours d'ouverture de la session suivante. Alors, si je ne m'abuse,
le 31 mars c'était à l'intérieur de la session et on nous
a déposé hier ce document qu'il nous aurait fallu lire pour en
faire la synthèse, la critique et arriver avec des questions pertinentes
sur ce dossier.
M. Lalonde: Les journalistes l'ont fait.
M. Léger: M. le Président, chaque journaliste a sa
responsabilité du dossier qu'il peut bien vouloir prendre. Les gens de
l'Opposition doivent prendre les dossiers quand ils leurs sont donnés et
voir aussi à l'ensemble des responsabilités que chaque membre de
l'Opposition a dans différents dossiers. Je pense que si le ministre
veut parler de cela ou d'autre chose, la même possibilité n'existe
pas pour un député de l'Opposition, quand il doit s'occuper en
même temps des crédits d'autres ministères. De toute
façon, M. le Président, je pense que ce n'est pas une
façon de s'en sortir, et c'est quand même une erreur inacceptable
de la part du gouvernement de déposer ce document la veille de
l'étude de ses crédits. On a même failli étudier les
crédits de la régie avant même que soit
déposé ce document. Je pense que je dois blâmer fortement
le gouvernement et faire un lien entre son peu de respect de la loi dans ce
domaine comme dans bien d'autres domaines.
Je pourrais citer d'autres domaines, comme le respect de la loi pour les
élections scolaires, ce qui est un exemple flagrant de la même
chose. Il a fallu que l'Opposition réveille le gouvernement pour lui
dire: il y doit y avoir des élections scolaires à
Montréal, si vous ne passez pas de loi, les commissaires actuels, en
place à Montréal, vont agir dans l'illégalité. Cela
montre un manque de planification du gouvernement, un manque de sérieux,
un manque de respect de ses propres lois. Comment voulez-vous qu'on exige des
citoyens, par la suite, qu'ils obéissent à des lois alors que le
gouvernement lui-même ne le fait pas.
M. le Président, je dois dénoter ce manque de respect, non
seulement des lois mais même du parlementarisme en ne fournissant pas
à l'Opposition ce qu'elle est en droit d'obtenir par la loi.
M. le Président...
Une Voix: Ceci étant dit...
M. Léger:... je n'ai pas de déclaration d'ouverture
à faire, j'ai une série de questions à poser au ministre.
Quand le ministre nous parle d'accrocs à lui soumettre, je pense qu'au
niveau même des chèques de paye des employés du
gouvernement, on a encore des chèques bilingues. Au niveau même de
la dénomination des ministères à l'intérieur... au
feuilleton même de l'Assemblée nationale où j'ai
déposé, la semaine dernière, une question en Chambre au
président de l'Assemblée nationale, qui acceptait et qui
était responsable de l'impression de ce feuilleton. On n'a pas encore
déposé cette question parce qu'on a jugé qu'elle
était une question d'opinion, opinion juridique ou opinion
professionnelle.
On voit tous les jours, au feuilleton de la Chambre, déposer les
dénominations des services et des ministères en langue anglaise,
alors que cela devrait être fait en français.
Ce sont des exemples et j'en aurai probablement d'autres au cours des
heures qui vont suivre où on n'a pas encore accepté de faire
respecter sa propre loi.
M. le Président, j'aimerais quand même poser au ministre
certaines questions... D'ailleurs, avant de poser ces questions...
l'affirmation que je viens de faire, est-ce que le ministre peut nous dire pour
quelle raison, contrairement à l'article 96, on a déposé
ce rapport annuel avec trois mois et plus de retard?
M. Lalonde: Naturellement, sorti du contexte, on a l'air d'avoir
commis une infraction épouvantable. Le député sait
très bien que les rapports annuels sont déposés lorsqu'on
les reçoit. Je l'ai reçu lundi et je l'ai déposé
mardi. Si je l'avais reçu lundi de la semaine dernière, je
l'aurais déposé le lendemain. On est toujours très heureux
de déposer les rapports aussitôt qu'on les reçoit. Je pense
que je veux quand même clarifier cette situation. C'est vrai que la
coïncidence semble défavorable. Le fait qu'on ait
déposé les crédits hier pour les étudier
aujourd'hui n'était pas pour empêcher l'Opposition officielle de
prendre connaissance du rapport, au contraire, nous espérons que
l'Opposition officielle va le lire, elle a des choses à apprendre
là-dedans. Des choses très intéressantes. On va voir ce
que c'est que des hommes sérieux qui veulent faire une entreprise
sérieuse, la francisation du Québec, pas avec des grandes
déclarations vides, mais avec une politique sérieuse. J'aurais
aimé que les députés aient le temps de lire le rapport.
Tout ce qu'ils auraient à nous dire aujourd'hui, ce sont des
remerciements et des félicitations.
Nous nous sommes privés nous-mêmes de ces
félicitations parce qu'on a déposé le rapport trop tard,
j'en suis malheureux, mais je sais que la régie a fait...
M. Léger: Vous avez un sourire malheureux, oui.
M. Lalonde: ... des pieds et des mains pour faire un travail en
profondeur. Le premier rapport d'un organisme comme celui-ci, qui a quand
même une mission nouvelle, est quasiment toujours un effort d'examen de
conscience, et un effort d'énonciation d'orientation de politique, de
stratégie.
Je me souviens du premier rapport annuel que j'ai eu l'honneur de
déposer relativement à l'Office des professions, qui était
un peu dans la même facture que celui-ci, qui n'avait pas grand-chose
à rapporter, parce qu'il n'y avait pas grand-chose qui s'était
passé; c'était la première année.
Les efforts que la régie a mis dans ce rapport annuel, qui vont
produire, j'en suis sûr, des profits considérables pour tous les
Québécois, dépassent largement les quelques
inconvénients que son dépôt, à quelques semaines de
retard, a pu apporter. Quant à moi, je suis prêt à
sacrifier les félicitations que le député de Lafontaine
m'aurait faites, simplement pour avoir l'avantage de lire un bon rapport.
Il y a une autre chose que j'aimerais dire avant de répondre aux
questions. Le député est fort mal venu de mettre en doute la
fermeté du gouvernement en ce qui concerne son appui aux gens de
l'air.
Non seulement j'ai fait des interventions directes et ce, depuis un an,
mais j'ai même fait une conférence de presse où j'ai pris
position, de façon très vigoureuse, et ceci, une semaine avant
une autre conférence de presse du Parti québécois.
Je comprends le désarroi et la déception du Parti
québécois qui s'est fait enlever une bonne cause. Je m'excuse,
mais notre vigilance est à toute épreuve. La prochaine fois... Je
ne sais pas si c'est un peu la déception qui inspire les paroles du
député, mais la position du gouvernement là-dessus est
très cllaire; elle est très claire à u point tel qu'on
nous la reproche même en certains milieux.
Que le ministre responsable de l'application de la Loi sur la langue
officielle soit celui qui exprime l'opinion du gouvernement, la position du
gouvernement, c'est aussi une chose normale. En aucune manière, en aucun
temps, le chef du gouvernement ou un autre ministre n'a mis en doute mes propos
et ma position était celle du gouvernement. Là-dessus, je pense
que nous n'avons rien à nous reprocher.
La question des dénominations... Est-ce que c'est la question du
déput, les dénominations?
M. Léger: C'est-à-dire que les
dénominations...
M. Lalonde: Non, c'est le rapport annuel; j'ai répondu
à cette question. La question des dénominations... Naturellement,
on va en trouver. Le gouvernement est un employeur, est une entreprise
considérable, en fait, une des plus grosses, probablement la plus grosse
entreprise au Québec, et les centaines et les milliers de documents de
communication peuvent, de temps à autre, donner lieu à des
anomalies, de moins en moins nombreuses.
Je pense que, depuis un an, nous avons corrigé largement les
principales défectuosités entre la pratique et la nouvelle
politique. Il faudrait quand même reconnaître que le gouvernement
fonctionne, mais très largement, en français, que l'avenir du
français n'est pas menacé au sein de la fonction publique. Il ne
faudrait tout de même pas faire du coupage de cheveu en quatre. Ce n'est
pas là qu'est le problème.
Il reste que, symboliquement, si on ne se conforme pas à ses
propres lois, de façon géné- rale, ce n'est pas bon.
Là-dessus, je suis d'accord avec le député de Lafontaine.
Mais ces changements vont prendre quand même un certain temps. Je pense
que, dans l'année que nous avons passée, si les principaux
secteurs où la pratique ne s'accordait pas aux principes n'ont pas
été complètement changés, au moins, des mesures ont
été prises pour que des changements soient apportés.
Il faut aussi remarquer que le gouvernement a quand même
été sérieux là-dessus. Il n'a pas calqué sa
politique à sa pratique. Il aurait bien pu le faire, si cela avait
été une tromperie, une supercherie, comme plusieurs de
l'Opposition l'en ont accusé, à propos de la loi 22. Il aurait
bien pu calquer les dispositions de la loi à la pratique et cela
n'aurait rien changé. Le français aurait quand même
été largement la langue des communications du gouvernement.
Nous avons essayé, dans la loi, de mettre la situation
idéale et maintenant nous corrigeons la pratique qui, dans des cas
exceptionnels seulement, peut ne pas être tout à fait conforme au
principe.
D'ailleurs, j'attends encore les documents que le député
de Lafontaine avait promis de m'envoyer, l'an dernier. Je vais vérifier,
avec mon bureau, à savoir si on en a reçu plusieurs.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Gatineau.
M. Léger: M. le Président, le ministre vient de
répondre à mes questions. Je n'ai pas fini de répondre au
ministre. Le ministre me disait que nous aurions fait une conférence de
presse après qu'il ait pris position. Je dois d'abord lui dire que,
quand on a fait cette conférence de presse, il y avait deux aspects bien
précis concernant les sociétés de la couronne, Air Canada
et le Canadien National. Premièrement, nous avons démontré
jusqu'à quel point, d'abord au Canadien National, les directives
étaient faites en anglais, les ordres de marche de train étaient
faits en anglais, au Québec et que même des ordres de
délivrer la voie ou de libérer la voie étaient faits en
anglais à des Québécois francophones. Nous avions
apporté tout un dossier là-dessus, lors de cette
conférence de presse.
Deuxièmement, nous avions aussi parlé du problème
du bilinguisme à Air Canada. Je pense que le ministre, même si...
J'admets qu'il a appuyé ce groupe, mais il y a quand même le fait
du rapport du bilinguisme au niveau du fédéral à Air
Canada. Là-dessus, j'ai hâte de voir si le ministre va affirmer
justement son point de vue énergique de façon que son homologue
fédéral se sente appuyé par le ministre responsable du
français au Québec, pour qu'il y ait réellement un appui
suffisamment fort pour que le gouvernement fédéral ne cède
pas devant le chantage des contrôleurs aériens anglophones.
M. Lalonde: C'est fait.
M. Léger: Cela ne change pas grand-chose, puisque cela a
été reporté jusqu'Ici.
M. Lalonde: Non, c'est fait. Le gouvernement
fédéral a pris une position très claire, très ferme
et ne cède même pas devant une grève générale
des pilotes.
M. Léger: II ne cède pas, mais il a reporté
son programme de bilinguisme qu'après la nomination et que
l'enquête ne soit faite par la personne nommée... Personne n'a
encore été nommé au poste de commissaire-enquêteur.
Le rapport de l'acceptation ou de l'adoption du bilinguisme à Air Canada
dépend du rapport fait par le commissaire-enquêteur qui n'est pas
encore nommé. Je pense qu'il n'y a pas matière à trop se
réjouir tout de suite. Le ministre peut s'attendre que, même s'il
a déposé à temps le rapport annuel de la Régie de
la langue française, c'était dans le but de lui faire uniquement
des félicitations.
Ce n'est pas notre rôle de lui faire des félicitations. Il
s'en charge lui-même.
M. Lalonde: Vous devriez en faire bien plus souvent.
M. Léger: D'ailleurs, quand c'est le cas, on lui en fait,
mais je pense bien que ce n'est pas le rôle de l'Opposition. On n'a pas
été élu pour encenser le gouvernement. Parce que je pense
que le ministre, ainsi que le premier ministre lui-même prennent
régulièrement l'encensoir pour eux-mêmes.
M. Lalonde: On a nos mérites.
M. Léger: C'est à eux à le faire, ce n'est
pas à nous à le faire. Je pense que notre rôle est
simplement...
M. Lalonde: On le fait mieux que vous autres d'ailleurs.
M. Léger: Oui, vous le faites mieux que nous autres.
L'encensement se fait beaucoup mieux de votre part, par vous autres, pour
vous-mêmes que par nous pour vous. Mais, de toute façon, je pense
que notre rôle était de voir, dans ce rapport, les
améliorations à apporter, les correctifs qu'il fallait mettre de
l'avant. Je pense que ce n'est pas une façon de s'en sortir
également en disant que cela nous prive, en n'ayant pas eu le temps de
lire le rapport à fond, vraiment de félicitations. Je pense que
c'est une façon élégante de s'en sortir. Ce n'est pas
nécessairement dans ce sens, que notre rôle était beaucoup
plus primordial. Quand une population nous a élus dans l'Opposition,
temporairement, c'est dans le but...
M. Lalonde: Une...
M. Léger: ... nécessairement de surveiller un
gouvernement qui se sentait omnipuissant et omniprésent et qui, de plus
en plus, semblait de plus en plus humble devant ses réalisations.
M. le Président, je voudrais demander au ministre, pour les
parties... qu'il n'a pas abordées dans son intervention du début,
parce que, dans l'intervention du début, il faut quand même
admettre que je n'avais pas copie de son intervention, je ne peux pas voir s'il
a répondu à tout...
M. Lalonde: Ce sont des notes, je n'ai pas lues
complètement, alors...
Certificats de francisation
M. Léger: J'aimerais demander au ministre, s'il n'a pas
déjà répondu à cela dans son entrée en
matière, quel est l'échéancier de proclamation pour les
parties de la loi 22 qui n'ont pas encore force de loi. Exemple: Les articles
26 à 29 qui parlent des certificats attestant aux programmes de
francisation, etc. C'est pour quelle date, cela, à moins que vous n'ayez
répondu tantôt là-dessus?
M. Lalonde: J'ai indiqué que j'espérais que le
processus de préparation, d'élaboration du règlement, qui
en est rendu à sa dernière étape, c'est-à-dire
après la publication et réception des mémoires, puisse
prendre fin au cours de l'été. J'aurais aimé,
personnellement, c'était mon premier échéancier, que le
tout entre en vigueur avant le 1er juillet 1976, parce que plusieurs autres
dispositions entrent en vigueur à cette date. C'est aussi un peu sur
cette date qu'on s'est fondé lorsqu'on a constitué notre
calendrier d'exigibilité des certificats de francisation, le 1er juillet
1977 étant la première date, la première
échéance.
Maintenant, à cause de l'importance du grand nombre de
mémoires que nous avons reçus, de l'importance aussi de quelques
questions fondamentales qui y sont soulevées, je dois m'imposer le
travail, l'effort additionnel d'examiner plus à fond les questions
soulevées et qui concernent, entre autres, le siège social, les
mécanismes de mesures de la francisation, d'évaluation et toutes
ces questions qui, en fait, sont extrêmement importantes pour
l'entreprise, notamment de les connaître au commencement. Je pense donc
quand même être en mesure de régler ces problèmes
d'ici quelques semaines et de faire entrer en vigueur, d'adopter donc
formellement ce règlement. C'est seulement lorsque le règlement
sera adopté que les articles en question seront proclamés.
M. Léger: Cela veut dire dans combien de temps à
peu près?
M. Lalonde: D'ici quelques semaines.
M. Léger: Quant à l'article 39, qui touche la
portée du programme de francisation, quand s'attend-on à sa
proclamation?
M. Lalonde: C'est cela aussi. M. Léger: La
même chose.
M. Lalonde: Ce sont les articles 26, 27, 28, 29 et 39. Ce sont
les cinq articles qui touchent à la grande et magnifique entreprise de
francisation du gouvernement.
M. Léger: L'article 111, qui n'est pas dans la loi comme
tel, qui porte sur la Loi du ministère de l'Immigration, et qui touche
l'amendement, je n'en ai pas la portée exacte, ne semble pas être
encore proclamé.
M. Lalonde: L'article 111 est un article qui dit que l'article 3
de la Loi du ministère de l'Immigration est de nouveau modifiée
en retranchant le paragraphe e), mais je n'ai pas à la mémoire ce
paragraphe. Le tout est devenu, je pense, désuet par le
dépôt de la Loi sur la population et l'immigration, la Loi sur
l'immigration aussi, qui a été fait par le ministre de
l'Immigration ce matin. Je ne pense pas que cela ait une portée
importante; le fait que cela n'ait pas été encore proclamé
me semble secondaire.
M. Léger: On a parlé tantôt du Canadien
National; quelle va être la position du ministre responsable du respect
de la langue française au Québec au niveau du Canadien National
sur la "Uniform Code of Operating Rule" qui va demeurer, pour raisons de
sécurité, encore c'est un argument dont on se sert
beaucoup dans ce domaine uniquement en anglais? Sur tout le territoire
du Québec, cela va demeurer encore en anglais. Est-ce que le ministre
peut me dire ce qu'il va faire à ce sujet?
M. Lalonde: D'abord, je voudrais corriger le
député. Je ne suis pas responsable du respect de la langue
française, parce que cette responsabilité serait beaucoup trop
lourde. Quant au Canadien National, s'il décide d'implanter un programme
de francisation, toute la question linguistique du Canadien National sera
analysée, conformément aux dispositions du règlement qui
sera en vigueur à ce moment-là et du formulaire d'analyse. Cette
analyse sera examinée, étudiée par la régie. A la
suite de cette analyse, je présume, dans le cas du Canadien National,
comme on peut le faire pour plusieurs autres compagnies, que la régie
décidera que la compagnie a besoin d'un programme de francisation, que
le français n'a pas le statut désiré. C'est lors de la
négociation de ce programme de francisation que seront
déterminées les démarches nécessaires pour donner
au français la place qu'il doit avoir dans cette entreprise.
Est-ce que le code en question sera francisé de par l'application
du programme de francisation? Je ne le sais pas. Ce sera, à ce
moment-là, au programme de francisation, suivant l'opinion de la
régie et aussi du ministre responsable de l'application de la Loi sur la
langue officielle, à déterminer jusqu'à quel point on peut
aller, encore là, en faisant rejoindre les deux impératifs que
j'ai décrits tantôt, l'impératif de la loi qui veut que le
français soit partout et l'impératif économique. Nous
avons le même dilemme dans la francisation de l'entreprise que celui que
nous avons dans la francisa- tion de l'affichage, par exemple, dans la
francisation de l'étiquetage. Il s'agit de trouver le point de rencontre
où ces deux impératifs peuvent vivre ensemble et créer des
résultats positifs, autant du point de vue de la francisation que du
point de vue économique. Autrement dit, si, pour franciser, il fallait
mettre une compagnie en faillite, à ce moment-là, on n'a rien
fait. On n'a accompli absolument rien. Il faut, à la fois, permettre
à la compagnie de continuer à faire des profits, donc trouver la
formule qui va permettre à cette compagnie d'implanter le
français graduellement dans ses communications, sans que cela
coûte trop cher. Si on veut faire du français une valeur
économique, si on veut faire du français une langue
nécessaire au Québec et une des conclusions les plus
tragiques de la commission Gendron, c'était justement que le
français, dans certains secteurs, n'était plus nécessaire
si on veut en faire une langue nécessaire, il faut en faire une
valeur économique. Donc, il faut tenir compte de toutes les
données économiques quand on va dessiner un programme de
francisation.
Pour le Canadien National, ce sera un programme qui sera adapté
au Canadien National, si le Canadien National en prend un. Pour la Banque
Royale, ce sera adopté à la Banque Royale, et pour Air Canada,
qui a dit, après les représentations que j'ai faites,
directement, personnellement au président d'Air Canada, qu'elle a
décidé de prendre un certificat de francisation, pour Air Canada,
ce sera aussi un programme adapté à ses besoins, à ses
moyens.
M. Léger: M. le Président, quand le ministre parle
des impératifs économiques, si des sociétés de la
couronne, qui vivent avec des déficits annuels
régulièrement payés et défrayés et couverts
par les sommes d'argent des contribuables et des électeurs, autant du
Québec que du reste du Canada... Quand c'est un souci économique,
je pense que ce n'est pas l'argument clé qu'on peut sortir pour les
sociétés de la couronne. Mais si une société de la
couronne n'est pas capable de suivre les directives de la régie, comment
voulez-vous que les autres compagnies les suivent et prennent au sérieux
ces directives? Je vais terminer sur ce sujet.
M. Lalonde: Oui.
M. Léger: Je pense qu'au niveau du Canadien National
c'est là-dessus qu'on parle j'ai une série de
directives envoyées dans des secteurs très, je dirais non
seulement très, mais uniquement francophones... Je vois ici une
directive, un bulletin, "Monthly Re-Issue of Bulletins-Rules, Transportation
officer's office, Quebec Area". On voit, pour la St. Maurice Subdivision, pour
la Taschereau Subdivision, pour la Chapais Subdivision, pour la Rouyn
Subdivision, Lac-Saint-Jean Subdivision, Roberval Subdivision, Montmagny
Subdivision, La Tuque Subdivision, Murray Bay Subdivision, St. Raymond
Subdivision...
M. Lalonde: Nommes-les toutes.
M. Léger: Quand on regarde cela, on se demande
jusqu'à quel point on est pris au sérieux par une
société de la couronne qui reçoit quand même ses
fonds du gouvernement fédéral, qui lui-même perçoit
la moitié des fonds des Québécois, au niveau de
l'impôt. On voit ici, M. le Président, une autre formule des
Canadian National Railways, le bulletin no 1020 signée par un
francophone, à part cela, à un autre francophone; on voit ici un
autre bulletin signé par trois francophones, M. Piché, M. Richer,
M. Leroux, "superintendants", qui écrivent justement pour la St Lawrence
Region... To all train dispatchers, dans des régions où il y a
uniquement des francophones, signé par' un francophone. On voit que
c'est une politique établie et que les francophones sont obligés
d'utiliser l'anglais parce que les grands patrons anglophones ont
décidé cela.
Des formules ici: "Trip inspection form; Snow fighting equipment"
secteur du Québec. Encore là, toutes les formules sont en anglais
et je pourrais continuer ainsi et je pourrais peut-être apporter une
réponse que le président-directeur général M.
Bandeen, écrivait au chef de l'Opposition, lui donnant des raisons pour
lesquelles il voulait s'excuser, qu'il pourrait corriger certaines formules,
mais il admet ceci, et je cite une partie de son texte; "II reste à
noter que les ordres sont émis pour les équipes complètes
d'un train qui peut circuler assez souvent sur plusieurs subdivisions et dans
des territoires où il peut y avoir en même temps des francophones
et des anglophones, e.g., sur la subdivision Taschereau, entre Senneterre et
Cochrane, la subdivision Val-d'Or, entre Senne-terre et Noranda, ou sur des
subdivisions à distances plus courtes, telles que les subdivisions de
Montréal, où les trains qui originent à la cour de triage
de la Côte de Liesse sont acheminés en direction de Richmond
(Québec), etc."
Quand on voit cela, on se dit: Où est la raison de
sécurité? Si la majorité des travailleurs sont des
francophones, n'est-ce pas beaucoup plus sécuritaire que cela soit fait
en français et chez ceux qui sont au Québec et qui ne parlent
qu'anglais, ne serait-ce justement que pour promouvoir l'importance de cet
entourage francophone, si les anglophones au Québec, dans le
Québec, à cause de la loi 22, étaient obligés de
travailler en français? A ce moment, n'apprendraient-ils pas le
français davantage? La langue de promotion, la langue du prestige ne
serait-elle pas le français?
M. le Président, de telles données, provenant d'une
société de la couronne, sont un exemple négatif pour la
poursuite des objectifs que le ministre veut poursuivre dans tout le
Québec pour les autres compagnies qui sont des compagnies
privées.
M. Lalonde: On dirait que le Parti québécois vient
de découvrir le monde. Ce que le député de Lafontaine
décrit a été décrit bien avant lui par, entre
autres, la commission Gendron et toute la démarche fondamentale que
constitue la loi 22, la Loi sur la langue officielle, et la régie et les
règlements que nous préparons, les programmes en francisation,
c'est exactement pour changer cette situation dans ce sens.
Quant à la question de la sécurité, naturellement,
on sait jusqu'à quel point cet épouvantail est en train de
disparaître en ce qui concerne les communications aériennes. Je ne
pense pas non plus qu'on puisse en faire une objection sérieuse quand il
s'agit de transport sur terre.
Ce qu'il en reste, je pense et je reviens là-dessus, est que la
démarche du gouvernement par sa Loi sur la langue officielle, par tout
le processus de francisation des entreprises, est l'approche la plus
sérieuse à long terme et c'est la seule.
On ne peut pas dire dans une loi: Les gens vont parler français.
Il faut donner tout d'abord à la langue une valeur économique
pour que les gens s'en servent, et je pense que les conclusions du rapport de
la commission Gendron là-dessus sont très évidentes, sont
très claires et sont indiscutables.
C'est la seule façon de redonner au français l'importance
qu'il doit avoir, étant donné qu'il est la langue de 80% de la
population, une population entourée par plus de 200 millions
d'anglophones.
Je pense que là-dessus l'Opposition devrait, encore là,
soutenir notre travail. C'est malheureux je ne veux pas refaire le
débat de la loi 22 qu'on se soit rendu seulement à
l'article 1, parce qu'à ce moment-là, l'Opposition aurait eu
l'occasion de nous faire des recommandations sur l'article 26, 27, 28, 29, 39,
la francisation des entreprises. Je pense qu'ils sont corrects, qu'ils sont
très bien, et que nous ne pouvons obtenir, dès l'application de
ces articles et de l'application des règlements adoptés en vertu
de ces articles, des résultats très positifs.
C'est et la régie le reconnaît la mission la
plus importante que la régie aura à accomplir au moins pour les
cinq ou dix prochaines années.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Gatineau.
Ventilation des crédits
M. Gratton: M. le Président, à la lumière
des propos tenus jusqu'ici, depuis le début de notre séance, par
le député de Lafontaine, je risque peut-être que vous me
considériez impertinent, mais, puisque nous sommes ici pour
étudier les crédits du Conseil exécutif et plus
particulièrement au programme 9, ceux qui touchent la Régie de la
langue française, pourrais-je demander au ministre de nous donner les
grandes lignes de la ventilation des affectations des crédits que nous
sommes appelés à voter aujourd'hui, compte tenu qu'il me semble y
avoir une augmentation de plus de 53% dans les crédits par rapport
à ceux de l'an dernier.
M. Lalonde: Certainement, M. le Président, je pense que
c'est la question la plus pertinente que j'aie eue depuis le commencement de
l'étude des crédits.
M. Léger: C'est parce que c'est un député
gouvernemental qui la pose?
M. Lalonde: Mais c'est drôle, c'est toujours comme
cela.
M. Gratton: ... que le ministre s'en rende compte.
M. Léger: Vous avez une perception...
M. Lalonde: II y a une coïncidence épouvantable.
Chaque fois qu'il y a une question pertinente, c'est un député
gouvernemental qui la pose. Vous devriez y voir.
M. Léger: Oui. C'est que parfois elle vient des
députés, parfois elle est "plantée" par le ministre, mais
ce sont de bonnes questions. Je ne dis pas que c'est le cas cette fois-ci.
M. Gratton: A l'intention du député de Lafontaine,
je n'ai pas l'habitude de me laisser "planter" quoi que ce soit et par qui que
ce soit.
M. Lalonde: Je dois ajouter que, si elle avait été
"plantée" par le ministre, elle n'aurait pas été plus
pertinente.
Naturellement, il y a un écart assez grand entre les
crédits de l'an dernier et ceux de cette année, pour la raison
suivante, l'an dernier, nous avions affaire à un organisme qui
était en train d'être mis sur pied et, pour 1976/77, nous avons
devant nous un organisme dont les effectifs sont passés de 254, en
1975/76, à 304, en ce qui concerne les employés permanents et, de
283 à 333, pour le total.
Pour le programme 9, on passe de $3 725 000 à $5 800 000, soit un
écart de $2 081 000. Les faits saillants pour 1975/76, on peut
mentionner les ajustements des crédits. En cours d'exercice, les budgets
votés de $3 500 000, cela a été porté à $3
700 000 par l'ajout au poste 101, traitements de $169 000 additionnels,
à la suite du règlement des conventions collectives 1975 à
1978. Pendant cet exercice, la Régie de la langue française a
participé à l'effort gouvernemental de restriction
budgétaire en collaborant au gel des fonds publics pour un total de $356
000. M y eut $78 000 de crédits périmés. Dans
l'écart de l'augmentation des crédits de 55,9%, l'augmentation
des crédits, de 1976/77, de $2 081 000 représente une majoration
et traduit l'augmentation du volume d'activités de la Régie de la
langue française pour 1976/77. Dans les détails de
l'augmentation, par supercatégorie de dépenses, cette
augmentation de $2 081 000 se compose de $1 496 000 additionnels en
dépenses de fonctionnement, $285 000 en dépenses de capital et la
création de disponibilités budgétaires à $300 000
afin de permettre à la régie de verser en 1976/77 des subventions
de recherche en matière linguistique.
Au niveau du fonctionnement, l'écart est de $1 496 000, comme
j'ai dit tantôt et s'explique au niveau de chacune des catégories
de dépenses constituant la supercatégorie de dépenses
Fonc- tionnement. Au niveau des traitements, il est de $1 502 000. Dans Autres
rémunérations, il y a $1 011 000 de moins parce que lorsque la
régie a hérité de l'ancien office de la langue
française, nous avions un nombre considérable d'employés
à temps partiel. Pourquoi à temps partiel? Parce que l'avenir de
cet office était incertain, dépendait de l'adoption d'une loi.
Nous étions dans cette période entre l'effort qui avait
été fait par le ministère de l'Education, via l'office de
la langue française et la définition de la politique linguistique
du gouvernement après le dépôt du rapport Gendron. Donc, il
y avait beaucoup d'employés à temps partiel, c'est-à-dire
d'employés occasionnels. Les employés occasionnels qui sont
devenus permanents depuis ce temps sont au nombre de 80.
Donc, la diminution d'Autres rémunérations de $1 million
se retrouve quand même dans l'augmentation des traitements de $1500 000,
parce qu'ils sont devenus permanents en grande partie.
Dans les communications, on a une augmentation de $726 000; dans les
services, de $99 000; entretien, $5000; loyer, $63 000; fournitures, $112 000.
L'écart de $1502 000 à la catégorie Traitements, dont j'ai
parlé tantôt, s'explique par l'octroi à la Régie de
la langue française de 50 personnes-année additionnelles pour les
activités 1976/77 et par l'augmentation des dépenses
afférentes au traitement du personnel. C'est surtout à cause de
l'effort de la francisation des entreprises, je pense, qu'on peut trouver la
justification de cette augmentation d'effectifs.
Ainsi, les salaires de 50 personnes-anné additionnelles se
situent à $620 000. Le surplus des conventions collectives 1975/78, $263
000; la révision des traitements du personnel 1975/76, $384 000; le
surtemps et divers, $63 000; la politique de traitements des cadres, $171 000
pour un total de $1 500 000.
Dans la catégorie des autres rémunérations,
l'écart, naturellement, est négatif, $1 million, comme j'ai dit
tantôt, parce qu'on avait 109 employés occasionnels à ce
moment-là; il nous en reste 29, donc il y en a 80 qui sont passés
d'occasionnels à permanents.
Dans les communications, nous avions des crédits de $200 000 en
1975/76, nous en avons de $926 000 en 1976/77, donc, une augmentation de
363,3%, c'est-à-dire de $726 000. L'écart de $726 000 s'explique
par le fait que la Régie de la langue française mettra sur pied
une direction des relations publiques efficace elle est
déjà en voie, sinon complètement sur pied qui devra
faire connaître la Régie de la langue française et les
services qu'elle met à la disposition du public, les objectifs qu'elle
poursuit, les programmes d'intervention pour la francisation du monde du
travail et des affaires afin d'assurer la promotion du caractère
français du Québec. Donc, au niveau communications, la
francisation des entreprises et les autres programmes affirmant le
caractère français du Québec se voit doter d'une
augmentation de 363% sur l'année dernière.
Les programmes de relations publiques de la langue française
prévoient tout d'abord la réalisa-
tion d'une campagne spéciale d'information et de divers projets
de publicité adaptés aux différentes clientèles de
la Régie de la langue française, la participation de la
Régie de la langue française à des expositions, salons et
autres événements de même nature, la publication de
lexiques, vocabulaires, documents de support et d'information à chaque
fois qu'il y aura lieu de le faire. La régie entend également
développer une politique de présence en milieu régional
par ses bureaux au coeur des régions stratégiques. L'écart
de $726 000 s'explique donc par la nécessité de mettre sur pied
des instruments de relations publiques prévus, de défrayer des
dépenses additionnelles occasionnées par le nouveau personnel et
d'assurer la continuité des dépenses 1975/76.
Donc, on retrouve, dans cet écart de $726 000: campagne
spéciale d'information: $400 000; participation à des
expositions: $20 000; diffusion, publicité, impression: $120 000;
dépenses afférentes au niveau personnel: $149 500; frais de
représentation: $1600; et indexation des dépenses à un
taux de 10% par rapport à 1975/76: $20 000; divers: $15 500; le tout
totalisant $726 600.
Quant à la catégorie services, l'écart est de $99
000, passe de $400 000 à $499 000, soit une augmentation de 24,7%. Cet
écart s'explique par la nécessité, pour le ministre, de
poursuivre la consultation juridique en regard de la Loi sur la langue
officielle et de développer des instruments de décision en regard
de la francisation des entreprises. Pour ce faire, la régie
dépensera $75 000 au cours de 1976/77.
La catégorie entretien, c'est $5000 de différence. Je ne
pense pas que ce soit très important.
Quant à la catégorie des loyers, elle passe de $10 000
à $73 000. Même si le montant de $63 000 n'est pas très
important, l'écart l'étant, le taux d'augmentation
l'étant, on peut l'expliquer par le fait que la régie a dû,
pour 1976/77, procéder à la location de sept polycopieuses
Xérox additionnelles, afin d'assurer le service de polycopie dans les
cinq bureaux régionaux de la régie et dans les autres locaux.
A la catégorie fournitures, on passe de $80 000 à $192
000, une augmentation de $112 000 qui s'explique par le fait que la
régie entend mettre sur pied, en 1976/77, une politique du service des
bibliothèques, en matière d'achat de livres pour ses besoins de
recherche linguistique, terminologique et autres, de même que par
l'accroissement des dépenses à cause de l'accroissement
prévu de ses effectifs en 1976/77.
Donc, pour la politique d'achat de livres: $42 000; dépenses pour
les nouveaux effectifs; $15 000; augmentation du compte pour la gestion des
stocks et achats: $45 000; $10 000 pour l'Editeur officiel.
Au niveau des dépenses en capital, il y a une augmentation
sérieuse de $20 000 à $305 000; donc, un écart de $285 000
qui se retrouve totalement dans l'équipement. Cela s'explique par les
dépenses suivantes: Un achat de terminoélectro-média: $36
000; achat de matériel audiovisuel: $5000; achat d'équipement
informatique: $24 000; achat de dactylos IBM: $20 000; marge de manoeuvre: $200
000.
La marge de manoeuvre de $200 000 à cette catégorie de
dépenses sera utilisée afin de créer des
disponibilités budgétaires en matière de recherche. Cela
m'apparaît être une façon habile de faire de la recherche.
C'est ainsi que la direction de la recherche de la régie
négociera un contrat d'environ $75 000 dans le but de mettre sur pied un
système d'information type MIS. Ce système d'information va nous
permettre de recueillir et d'organiser les données, de stocker les
données concernant la francisation, à la suite des informations
que nous allons recevoir des différentes entreprises lors de
l'implantation de leur programme de francisation. Cela permet de suivre le
développement du programme, un certain contrôle et aussi une
certaine connaissance de la mesure dans laquelle le programme est efficace.
S'il ne l'est pas, pourquoi? Quels aménagements doivent être
apportés? Quels changements? C'est un instrument de contrôle de
l'application des programmes de francisation.
Autrement dit, si on s'entend avec une entreprise pour un programme de
francisation, après avoir complété l'analyse, on n'ira pas
simplement fermer le dossier et ensuite espérer que cela va aller bien.
Il va y avoir des informations continuelles. Il faut stocker ces informations
pour avoir un tableau de l'effort de francisation des entreprises dans le
Québec. Si cela ne donne rien, il faudra faire autre chose. S'il y a
certains écueils, certaines failles dans le programme, il faudra le
changer. Il y a un montant de $200 000 à cet effet.
Paiement des transferts, il y a un nouveau montant de $300 000. Cet
apport nouveau de crédits au budget de la régie vient du fait que
la régie a le devoir d'appuyer, sous forme de subventions, les
différents organismes impliqués dans la recherche en
matière linguistique.
L'action de la régie s'exercera à la fois dans le champ de
la recherche appliquée et de la recherche fondamentale. En
matière de recherche appliquée, la régie veut oeuvrer sur
le plan de la correction linguistique, de la terminologie, de l'enseignement du
français comme langue seconde ou langue maternelle, de la traduction
automatique de l'anglais au français, de l'épuration
linguistique.
En matière de recherche fondamentale, la régie veut
oeuvrer sur le plan de l'étude du français
québécois, de l'analyse de la langue
franco-québécoise, rurale et urbaine, de l'influence de l'anglais
dans différents champs d'activité, notamment dans les
communications de travail et d'affaires, enfin de la diffusion du
français, c'est-à-dire de l'animation linguistique.
Les modes de subventions prendront deux formes différentes, tout
d'abord les subventions accordées par le ministre dans le cadre de la
loi à des projets soumis à son attention dans les domaines que je
viens de citer et, deuxièmement, des commandites de projets de recherche
dans les domaines aussi que je viens de citer.
Chacune de ces subventions sera l'objet d'une
étude particulière de la part de la régie, en
rapport avec ses objectifs en matière de recherche linguistique et de
promotion du français, langue de travail.
Je pense qu'on a complété l'énumération des
raisons des écarts qui se totalisent à $2 080 000.
M. Gratton: M. le Président, je remercie le ministre pour
la plénitude de ses réponses. D'ailleurs, j'invite les lecteurs
du journal des Débats à consulter les nombreux objectifs que se
fixe ainsi la régie et qu'elle entend poursuivre au cours de
l'année.
Je note d'ailleurs avec satisfaction que la régie entend
poursuivre, de façon particulière, ses efforts dans le domaine de
la francisation des entreprises. J'aborde en même temps un
deuxième sujet qui saura sûrement intéresser un peu plus le
député de Lafontaine, qui n'est pas toujours très
intéressé aux chiffres, soit celui...
M. Léger: Je voudrais simplement faire remarquer au
député de Gatineau, qui est en même temps un
président de commission que je sais que chaque député a
des questions à poser, mais que, normalement, il y a un certain ordre
quand on étudie des crédits pour que les crédits ne
soient pas trop prolongés dans les questions qui doivent
être posées. Il ne faudrait pas quand même que des questions
d'un autre ordre, avant même qu'on ait terminé un sujet... Je sais
que le député de Gatineau comprend fort bien qu'habituellement,
quand il préside une commission, avant de donner la parole à un
autre député, il lui demande si c'est sur le même sujet,
avant que ce sujet soit terminé.
Je ne m'oppose pas à ce qu'il pose la deuxième question,
mais je voulais seulement lui dire que je n'avais pas terminé les
questions qui touchaient les relations avec les organismes gouvernementaux.
De toute façon, s'il veut terminer sa deuxième question,
je n'ai pas d'objection.
M. Gratton: Je remercie le député de Lafontaine,
quoique je ne pense pas avoir besoin de lui demander la permission. Le fait
demeure que, quand on est ici en commission pour étudier des
crédits, il m'aurait paru fort normal que le représentant de
l'Opposition officielle pose la question que j'ai posée. On aurait pu
commencer par le commencement pour ensuite arriver dans les crédits.
Mais puisque le député de Lafontaine...
M. Léger: Quand le député sera dans
l'Opposition, il pourra prendre cette habitude. Cela ne sera pas long, mais,
actuellement, il y a des ordres qui correspondent...
M. Tardif: Non, mais il ne sera pas dans l'Opposition.
M. Léger: ... aux préoccupations de l'Opposition.
Je sais que les chiffres sont parfois des indications de politiques
gouvernementales, mais...
Une Voix: Parfois.
M. Léger: ... parfois, cela peut être une indication
de politiques gouvernementales. Mais, à l'intérieur des chiffres,
il y a la façon dont c'est utilisé et les conséquences de
politiques bien précises qui ne sont pas nécessairement
affectées par des chiffres. Je pense qu'il y a une nuance
là-dedans. De toute façon, je ne veux pas ouvrir un débat.
Si le député de Gatineau veut poser une question, allez-y. S'il
faut que je lui donne la permission, je lui dis de continuer. Mais,
normalement, je n'avais pas terminé la question qui touchait les
organismes gouvernementaux.
M. Gratton: Vous pourrez sûrement y revenir.
M. Léger: Naturellement, après votre
deuxième question.
M. Gratton: D'ailleurs, vous serez très
intéressé par le sujet que je désire aborder.
M. Léger: Je n'en doute pas.
Le français dans la région de
l'Outaouais
M. Gratton: II s'agit de tout le problème de l'utilisation
du français dans les édifices fédéraux, parmi les
fonctionnaires fédéraux, particulièrement dans la
région de l'Outaouais. J'aimerais tout d'abord dire que, contrairement
probablement à ce que pourra exprimer le député de
Lafontaine, je ne suis pas de ceux qui rêvent en couleur et qui pensent
qu'il nous sera possible, par quelque moyen que ce soit, de motiver ou de faire
en sorte que les fonctionnaires fédéraux qui sont en grande
partie unilingues anglophones parviennent à 100% à parler le
français, parce qu'ils travaillent en territoire québécois
dans l'Outaouais.
J'aimerais, par contre, demander au ministre quels efforts ont
été faits par lui-même ou par la régie pour en
arriver à obtenir du gouvernement fédéral de
concrétiser la volonté du gouvernement fédéral,
exprimée à plusieurs reprises, de conserver à la
région de la capitale nationale son caractère biculturel et
bilingue dans le sens que j'entends et que j'ai toujours compris
qu'on veut faire, de la partie ontarienne de la région de la capitale
nationale, une partie à caractère essentiellement anglophone, et,
de la partie québécoise de la capitale nationale, une
région à caractère essentiellement francophone.
A quel niveau se situent les efforts de la régie? Quels sont les
objectifs à court ou à moyen terme que la régie poursuit
à cet effet?
M. Lalonde: II faut, naturellement, dans l'application d'une
politique aussi vaste que la promotion du français, choisir ses
priorités. Nous avons indiqué, sans l'ombre d'un doute, que la
francisation des entreprises est une des plus grandes priorités, sinon
la plus grande, du gouvernement et de la régie, sans oublier les autres
qui sont connexes.
Je parlais de l'affichage, de l'étiquetage. Quant à
l'affichage, on a vu, puisque vous parlez de votre région, le changement
de l'affichage des rues, je crois, de la signalisation routière,
à Aylmer, de l'anglais au français. C'est sûrement en
relation directe avec l'existence et l'application de la loi 22. La loi 22 ne
peut pas naturellement et n'a jamais prétendu pouvoir s'appliquer
directement aux institutions fédérales, au gouvernement
fédéral. Oui, quand on parle d'Air Canada; oui, quand on parle de
l'affichage sur notre territoire, mais, en ce qui concerne la langue de travail
elle-même, il s'agit pour le gouvernement fédéral
d'appliquer sa politique des deux langues officielles, dans le sens que le
député de Gatineau la décrivait.
Toutefois, nous sommes en rapport assez constant, soit par le
ministère, moins souvent, mais surtout par la régie avec le
commissaire aux langues. Nous entretenons des rapports sur les points, les
questions d'intérêt commun. Je ne pense pas qu'on puisse
directement rechercher, dans la Loi sur la langue officielle du Québec,
la solution au problème des communications internes de la langue de
travail du ministère X fédéral, installé à
Hull, par exemple. Ce serait, je pense, mentir que de prétendre qu'on
pourrait le faire.
Toutefois, l'impact de la loi 22, de la Loi sur la langue officielle,
simplement par la proclamation du français comme la langue officielle du
Québec, est assez extraordinaire. A tous les jours, on s'aperçoit
de l'importance de cette politique simplement parce qu'elle existe. Sans
recourir directement à des démarches précises, il y a un
changement, un mouvement, un changement de mentalité dont on doit
chercher la raison, en grande partie, dans l'existence de la loi 22. Par
exemple, on a parlé tantôt des communications aériennes.
Sans qu'aucun article de la loi me permette de faire une démarche
précise, c'est-à-dire de dire que j'applique tel article, le
gouvernement a pu prendre position publiquement sans qu'on lui reproche, sans
qu'on ne puisse même lui reprocher de s'occuper des choses qui
n'étaient pas de ses affaires. Je pense que notre présence
auprès des gens de l'air a été déterminante dans
plusieurs des démarches que ces gens de l'air ont faites auprès
des autorités fédérales. Est-ce que je réponds
à la question du député? C'est à peu
près...
M. Léger: Seulement, M. le Président, dans le cas
spécifique précédant les gens de l'air, vous avez
parlé du cas d'Aylmer. Je sais qu'il y a eu des rencontres entre les
gens de la régie et les citoyens d'Aylmer qui, depuis quelque temps,
dénonçaient des cas précisément d'affichage
unilin-gue anglais. C'est revenu depuis la réglementation, et je pense
que les cas ne manquent pas. La régie, je pense, est en possession
même de photos de ces affiches. A mon avis, c'est un test pour la
régie. Si elle n'est pas capable d'appliquer la loi dans des cas aussi
évidents et clairs, c'est qu'il y aurait certainement eu mauvaise
volonté quelque part.
Je veux savoir du ministre exactement les gestes concrets que la
régie a déjà posée pour appliquer la loi dans le
cas précis d'Aylmer. Qu'est-ce que la régie a fait exactement
dans le cas d'Aylmer?
M. Lalonde: On m'informe qu'en ce qui concerne Aylmer, la plupart
des plaintes n'étaient pas recevables, étaient tout simplement
vexatoires ou enfin, pas du tout...
M. Léger: Elles n'étaient pas recevables de quelle
façon?
M. Lalonde: D'abord par l'application de l'article 37: Les
propriétaires de panneaux-réclame ou d'enseignes lumineuses
installés avant le 31 juillet 1974 disposent, à compter de ladite
date, d'un délai de cinq ans pour se conformer à l'article 35.
Donc, il y a toute cette catégorie d'affiches, de
panneaux-réclame, d'enseignes lumineuses qui, même s'ils ne sont
pas en français, ne contiennent pas de français, ne pourront
être changés ils pourraient être changés
maintenant mais ne permettent pas à la régie actuellement
d'intervenir.
M. Léger: D'une façon légale.
M. Lalonde: D'une façon légale.
M. Léger: Seulement par une pression morale.
M. Lalonde: Oui, une pression morale, on peut la faire.
M. Léger: Oui, mais encore à Aylmer, dans le
cas...
M. Lalonde: Laissez-moi terminer là-dessus. La plupart
n'étaient pas recevables...
M. Léger: Elles étaient recevables, mais pas...
d'une façon légale.
M. Lalonde: Bien oui, mais écoutez!
M. Perreault: Non, elles n'étaient pas recevables
alors.
M. Lalonde: La régie a une loi à appliquer.
M. Léger: Non, mais vous venez de parler de l'impact de la
loi 22.
M. Lalonde: Oui.
M. Léger: L'impact.
M. Lalonde: Oui.
M. Léger: Dans l'impact, il y a quand même moyen, si
vous n'avez pas les moyens légaux, parce que vous avez mis dans la loi
une durée de cinq années pour intervenir légalement, la
régie devrait avoir au moins une force morale pour les corriger.
M. Lalonde: Elle l'a fait.
M. Léger: Est-ce corrigé actuellement?
M. Lalonde: Pas toutes. On ne peut pas forcer ceux qui ne veulent
pas les corriger. Quelques autres plaintes n'étaient pas fondées
non plus, et celles qui n'étaient pas conformes à la loi ont
été remplacées à Aylmer.
M. Léger: Donc, si on ne veut pas, vous n'avez pas de
moyens de les changer.
M. Lalonde: Sauf que si on a installé depuis le 31 juillet
1974 des enseignes qui ne sont pas conformes à la loi, à ce
moment-là, on peut les forcer à les changer.
M. Léger: Bon!
M. Lalonde: Quant à Aylmer il serait bon qu'on
puisse le faire aussi avec d'autres municipalités la
municipalité elle-même est en voie d'adopter à l'invitation
de la régie, avec la collaboration de la régie, un
règlement municipal qui va assujettir l'émission de
différents permis que la municipalité doit donner au respect
justement de cette loi, pour que la régie ne soit pas obligée de
revenir après et forcer une correction.
M. Léger: Est-ce que ces permis, quand cette
réglementation municipale sera adoptée, sont des permis annuels
qui permettraient de faire la correction, que vous ne pouvez pas faire à
cause de la loi qui demande un délai de cinq ans, à
l'intérieur du délai des cinq ans?
M. Lalonde: Avant l'émission du permis...
M. Léger: Actuellement, ce qui est déjà
affichage unilingue anglais, le permis de la municipalité ne peut pas
toucher à cela?
M. Lalonde: Cela ne change pas les cinq ans. C'est pour le
nouveau permis.
M. Léger: Le nouveau permis est déjà couvert
par la régie.
M. Lalonde: C'est couvert par la régie, mais au lieu
d'attendre d'avoir une affiche qui n'est pas conforme à la loi, une
nouvelle affiche, par exemple, un nouveau panneau-réclame
installé aujourd'hui, et, soit par ignorance ou autrement, le
propriétaire installerait un panneau-réclame sans se conformer au
règlement; supposons, sans français.
Au lieu d'attendre la plainte et de forcer le propriétaire
à remplacer son panneau, ce qui entraîne quand même des
coûts et toutes sortes de contraintes, il est préférable
que la municipalité, avant même d'émettre son permis, avise
le propriétaire de l'existence de cette loi et de la façon de s'y
conformer.
M. Léger: Donc, cela serait un permis municipal qui
permettrait de hâter la francisation en obligeant les gens qui ont des
affiches à faire de se soumettre à une réglementation
municipale avant et, à ce moment, cela aiderait énormément
la régie.
M. Lalonde: Ils soumettent leur texte à la
municipalité avant...
M. Léger: D'accord.
M. Lalonde: ...et la régie est toujours à la
disposition de la municipalité, dans des cas de doute, à savoir
si tel projet d'affiche est conforme à la loi.
M. Léger: Le ministre ne pense-t-il pas qu'il serait bon
peut-être qu'un autre ministère...
M. Lalonde: C'est une façon très efficace de voir
à ce que la loi soit appliquée sans être obligé de
recourir à des correctifs après coup.
M. Léger: C'est là-dessus que je voulais dire au
ministre: La régie n'aurait-elle pas pensé de demander, suite
à cette initiative heureuse de la municipalité d'Aylmer, soit par
une autre loi ou une autre réglementation provenant peut-être du
ministère des Affaires municipales, de demander aux
municipalités, pour hâter la réalisation des objectifs de
la régie, que cela soit un règlement municipal qui pourrait
être préconisé par beaucoup de municipalités du
Québec?
M. Lalonde: Nous sommes en communication avec le ministère
des Affaires municipales pour faciliter l'application de la loi, d'une
façon générale, et il n'y a aucun doute qu'à
l'intérieur de ces communications que nous avons avec le
ministère des Affaires municipales, la question des affiches peut
prendre une importance considérable parce qu'en le faisant avec le
contrôle, mais un précontrôle de la municipalité, on
évite des dommages inutiles aux propriétaires des commerces, des
établissements commerciaux, et on va poursuivre, avec le
ministère des Affaires municipales, ces efforts pour coordonner...
M. Léger: C'est commencé? M. Lalonde: C'est
commencé. M. Léger: C'est commencé.
M. Lalonde: La ville de Hull, par exemple, a aussi un
règlement de cette nature, mais, en ce qui concerne le ministère
des Affaires municipales, ce n'est pas limité à cela. Il y a
aussi toutes les dispositions qui s'appliquent aux municipalités quant,
par exemple, à la rédaction des textes et documents officiels,
les articles 9 et 13.
Alors, nous avons déjà établi avec le
ministère des Affaires municipales des rapports pour faciliter
l'application de ces articles.
M. Léger: D'accord. Maintenant, la même
municipalité, en contravention avec la loi 22, a continué
à poser des panneaux de signalisation routière unilingues
anglais, ce qui est carrément
illégal. La régie a reçu des citoyens d'Aylmer deux
dossiers à cet effet avec des preuves à l'appui. Quelque chose
a-t-il été fait dans ce sens?
M. Lalonde: La régie est intervenue. La régie a eu
une réunion avec les autorités de la ville et on m'informe que
les changements sont apportés maintenant.
M. Léger: D'accord.
M. Gratton: M. le Président, en parlant de...
M. Léger: Je vais terminer avec le point...
M. Gratton: Ouais. Je comprends bien, mais j'avais
commencé une série de questions et le député de
Lafontaine m'a quand même interrompu.
M. Léger: Oui. Ecoutez. L'autre jour, j'avais
commencé une série de questions. J'ai laissé de
côté assez de choses. Je veux bien laisser le député
poser des questions. Je n'avais pas terminé.
M. Gratton: Le député préférerait-il
qu'on s'en aille et qu'on n'ait pas quorum? Parce qu'en fin de compte, je ne
sache pas que, dans les règlements de l'Assemblée
nationale...
M. Léger: De toute façon, on n'a pas quorum
actuellement.
M. Gratton: ...il y ait une disposition selon laquelle un
député ministériel n'a pas le droit de poser des
questions...
M. Léger: M. le Président, la question n'est pas
là. Il y a quand même un principe fondamental et une tradition. Il
n'y aurait pas d'étude de crédits s'il n'y avait pas
d'Opposition.
M. Gratton: Un instant.
M. Léger: Si l'Opposition n'était pas
là...
M. Gratton: II ne faut quand même pas se couvrir de
riducule. M. le Président m'a donné la parole...
M. Léger: Si l'Opposition n'était pas là...
M. le Président, j'avais la parole et je veux la conserver. Je n'ai pas
l'intention de me la faire couper encore une fois.
Le Président (M. Cornellier): Tantôt, j'avais
donné la parole au député de Gatineau. Il n'avait pas
terminé son intervention. Je crois qu'on devrait lui permettre de
terminer.
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Comellier): Le député de
Gatineau.
M. Léger: Je ne veux pas être
désagréable, mais j'invoque le règlement. Tantôt,
j'ai gentiment... Je me suis fait couper la parole...
M. Gratton: M. le Président, sur une question de
règlement. Vous avez rendu une décision et le
député de Lafontaine n'a pas à la contester.
M. Léger: ... le président n'a absolument pas
respecté l'ordre des questions que j'étais en train de poser,
avant même que j'aie terminé. J'ai laissé gracieusement le
député de Gatineau m'interrompre sur des questions que je posais
sur les organismes gouvernementaux. Je l'ai laissé poser des questions
et je suis en train de poser des questions sur le même sujet, mais on ne
me laisse pas terminer.
M. Gratton: Sur la ville d'Aylmer.
Le Président (M. Cornellier): Un instant! Vous venez de
reconnaître vous-même...
M. Léger: Je pense que le président pourrait
être plus honnête et plus sérieux.
Le Président (M. Cornellier): Vous venez de
reconnaître vous-même que gentiment vous aviez autorisé le
député de Gatineau à poser des questions.
M. Léger: Je ne l'ai pas autorisé. J'ai dit que je
l'ai laissé m'interrompre pour poser une question.
Le Président (M. Cornellier): Vous lui aviez
cédé votre droit de parole temporairement. Il n'avait pas
terminé son intervention.
M. Léger: II a changé de sujet, M. le
Président. Il s'est embarqué dans deux sujets différents.
Il a changé de sujet.
Le Président (M. Cornellier): Je donne la parole au
député de Gatineau.
M. Gratton: D'autant plus, M. le Président, que si on
parie de la ville d'Aylmer, qui est située dans le comté de
Gatineau, où le député de Lafontaine n'a probablement
jamais mis les pieds, je pourrai lui dire, pour son information...
M. Léger: Je suis allé...
M. Gratton:... et à l'appui des affirmations que faisait
le ministre tantôt, que même si la loi 22, dans ses dispositions,
dans tous ses articles, n'a pas nécessairement une portée
très exacte sur certains problèmes, dans le cas de la ville
d'Aylmer, depuis l'élection de novembre 1975, toutes les
délibérations du conseil municipal se font uniquement en
français. Or, cela est tout à fait contraire à la
tradition et à l'histoire des municipalités composantes de la
nouvelle ville d'Aylmer, qui étaient à ce moment-là
Lucerne, Deschênes et Aylmer et où tout se faisait à 90% en
anglais. La portée morale ou la motivation qu'a créée la
loi 22 a fait justement qu'aujourd'hui, avec un maire an-
glophone, avec deux conseillers unilingues anglophones, on
s'aperçoit que toutes les délibérations au conseil
d'Aylmer se font en français.
Pour finir, M. le Président, avec le sujet que j'avais
abordé, et où nous avons divergé à cause d'une
interruption du député de Lafontaine, j'aimerais dire, à
l'intention du ministre pour le prévenir et à
l'intention de la régie également, que toutes les
représentations qu'ils pourront recevoir de groupes tout aussi divers
que nombreux de la région de l'Outaouais québécois,
à l'effet de tâcher de franciser autant que possible la langue de
travail à l'intérieur des édifices fédéraux,
personnellement j'en suis, de tâcher de viser à cet objectif, mais
il ne faudrait pas viser à cet objectif ou tenter d'atteindre cet
objectif au détriment de la construction de nouveaux édifices
fédéraux. Je dis simplement qu'il est impossible, impensable et
illogique de croire que le gouvernement fédéral pourra nous
assurer d'une utilisation du français à 100% dans ces
ministères qui viendront s'établir du côté
québécois de la région et qu'il n'y a pas lieu d'exiger du
gouvernement fédéral d'en venir à atteindre cet objectif.
Si nous devions insister là-dessus, on risquerait plutôt que le
gouvernement fédéral prenne la décision de ne pas en
implanter d'autres, et Dieu sait que, depuis 100 ans, nous les réclamons
à grands cris du côté de l'Outaouais
québécois et que nous voudrions que la politique du gouvernement
fédéral, qui est d'ailleurs discutée et établie de
concours avec le ministère des Affaires intergouvernementales du
Québec, se continue et que la régie poursuive plutôt ses
efforts du côté incitatif pour tâcher, par exemple, de
convaincre le fédéral d'implanter ses ministères là
où les fonctionnaires francophones sont en plus grand nombre, mais
sûrement pas en essayant de franciser à 100%. C'est rêver en
couleur que de penser en ces termes et je préviens le ministre, parce
que je sais qu'il y a plusieurs mouvements dans la région qui
dénoncent l'activité du fédéral dans la
région québécoise de l'Outaouais, et je voudrais qu'il
sache que la grande majorité de la population n'est pas de cet avis.
Merci, M. le Président.
M. Léger: Est-ce que le député...
M. Lalonde: Je remercie le député de Gatineau.
M. Léger: Est-ce que je peux poser une question au
député sur ce qu'il vient d'affirmer avant de...
M. Lalonde: Allez-y.
M. Léger: Est-ce que le député veut dire par
là qu'il préfère que les édifices ne soient pas
construits? Est-ce qu'il préfère que les édifices soient
construits à Hull et qu'ils n'aient pas un caractère
français et qu'il craint parce qu'au Québec on voudrait
absolument que ces édifices aient un caractère français et
qu'il y ait de l'affichage français là-dedans, que le
gouvernement fédéral prenne la décision de ne pas les
construire seulement parce qu'on va exiger un peu de respect du français
chez nous?
M. Gratton: Pas du tout. Tout ce que j'ai dit, c'est très
simple, c'est que, si j'avais à choisir entre accepter l'implantation
d'édifices fédéraux à Hull et risquer une certaine
anglicisation cela, je suis très pragmatique et très
pratique de ce côté j'y vois un certain danger. Je parle au
niveau de la langue de travail, non pas au niveau de l'affichage, parce qu'il
n'y a pas un édifice fédéral à Hull qui s'affiche
en anglais. C'est même unilin-gue français dans les
édifices fédéraux à Hull, mais je dis que choisir
entre avoir des édifices fédéraux qui ne sont pas tout
à fait, complètement, 100% français au niveau de la langue
de travail et avoir des édifices où le français serait
à 100% et ne pas avoir d'édifices fédéraux, je
préfère le premier cas.
M. Lalonde: Naturellement, M. le Président, je remercie le
député de Gatineau de ses conseils et je vois qu'ils rejoignent,
dans une grande mesure, l'approche fondamentale non seulement du ministre de la
régie, mais de la loi qui est encore là, je le
répète de rejoindre les deux impératifs,
l'impératif culturel, qui est énoncé par la loi,
l'impératif linguistique et aussi l'impératif
économique.
Notre approche est celle-là, dans la francisation des entreprises
et aussi, dans toutes les autres démarches que la loi prévoit
pour faire du français une langue largement répandue et
utilisée.
M. Léger: Le ministre a quand même
déjà affirmé dans une conférence de presse a Hull,
si je ne m'abuse, que, si une plainte d'un citoyen était portée
concernant l'affichage unilingue anglais dans les édifices
fédéraux à Hull, il n'hésiterait pas à
traîner Ottawa devant les tribunaux. Est-ce que le ministre est encore de
cet avis?
M. Lalonde: Je ne sais pas à quel discours, à
quelle conférence il se réfère, j'aimerais avoir le texte,
parce qu'en sortant...
M. Léger: C'était vers le 27 janvier 1976, parce
que cela a été rapporté dans le Droit d'Ottawa, mercredi
le 28 janvier.
M. Lalonde: Je n'ai pas vu ce reportage. J'aimerais quand
même qu'on ne sorte pas simplement une phrase du contexte pour essayer de
me faire dire quelque chose que je n'ai pas dite. Je ne sais pas si je l'ai dit
dans ce sens, j'aimerais pouvoir...
M. Léger: Je peux vous lire, le ministre nous dira s'il a
été mal cité: "M. Lalonde, qui présentait hier
à Québec les textes de règlement de l'affichage public,
l'étiquetage et la connaissance du français exigée pour
l'obtention d'un permis d'une corporation professionnelle, a
déclaré au Droit, après sa conférence de presse,
que ces règlements pourraient éventuellement amener la
régie chargée de l'application de la loi 22, advenant
qu'une plainte d'un citoyen soit portée à cet
égard, à traîner le gouvernement d'Ottawa devant les
tribunaux sur une question de juridiction. Le Solliciteur général
a ajouté que la chose s'était déjà faite pour des
prospectus se rapportant aux obligations d'épargne du Canada, cependant,
plutôt que de résister, Ottawa, selon M. Lalonde, avait
résolu de se plier aux exigences du Québec et, au cours de sa
conférence de presse, M. Lalonde a rappelé une déclaration
antérieure à l'effet qu'il déplorait que la population de
Hull ne puisse vivre en français". Est-ce que c'est exact?
M. Lalonde: C'est-à-dire que je déplore, c'est une
façon d'exprimer... Ce que j'ai exprimé, je pense, c'est
l'inquiétude que l'on retrouve, celle qui a été, dans une
certaine mesure, exprimée par le député de Gatineau,
l'inquiétude que la population de cette région limitrophe ressent
de l'implantation d'organismes à majorité anglophones sur le
côté québécois de l'Outaouais. Mais cela peut
être contrecarré facilement par un effort de francisation à
l'intérieur de ces organismes.
Quant à la référence exacte, c'est vrai qu'on avait
eu... Je pense que c'était un des premiers tests de la loi 22, lorsque,
dans une campagne de vente d'obligations d'épargne, par le
fédéral, des affiches unilingues anglaises avaient
été disposées dans certains établissements à
Montréal et nous avons fait des représentations. Les
premières réactions du fédéral étaient
qu'étant donné qu'il s'agissait d'un organisme
fédéral, il n'était pas assujetti à la loi 22 et
nous nous sommes déclarés prêts à faire le test en
cour, mais le fédéral s'était plié et avait
corrigé la situation.
Je pense que, tout comme j'ai dit à Air Canada que je croyais
qu'Air Canada, même s'il s'agit d'un organisme fédéral, est
assujetti à la loi 22, en ce qui concerne la francisation des
entreprises, en ce qui concerne les articles 26 à 29 et 39, de la
même façon, je pense que le fédéral, en ce qui
touche les dispositions précises, concrètes, d'affichage, par
exemple, d'étiquetage sur le territoire du Québec, est assujetti
à la loi.
Air Canada
M. Léger: Je vais revenir aux questions que j'avais
commencé à poser tantôt, quand on a di-gressé vers
d'autres questions. Air Canada avait annoncé tout récemment
qu'elle allait demander un certificat provisoire de francisation. Est-ce que le
ministre peut me dire si c'est exact?
M. Lalonde: Oui, je l'ai lu dans le communiqué. J'y
reviens puisqu'on m'en donne l'occasion. Après la publication d'un
règlement en anglais seulement ou enfin des règlements qui
exigeaient l'usage de l'anglais seulement, dans les postes de pilotage des
avions, il y a eu cette controverse publique dont on a été
témoin. J'ai pris immédiatement rendez-vous avec M. Taylor, le
président d'Air Canada et je lui ai indiqué qu'Air Canada,
détenant un contrat avec le gouvernement, serait, lorsque les articles
pertinents entreraient en vigueur, assujettie aux dispositions de ces articles,
à savoir que pour conserver ce contrat, cette société
devrait obtenir un certificat de francisation.
Quelques semaines plus tard, après des études que M.
Taylor m'avait dit que la compagnie ferait, j'ai appris qu'Air Canada avait
décidé d'ailleurs, j'avais demandé au
président de la régie de communiquer avec M. Taylor à ce
moment-là, pour réitérer notre position de demander
un certificat de francisation lorsque les règlements et les dispositions
de la loi, les articles pertinents, seront en vigueur.
M. Léger: Est-ce que cela veut dire qu'Air Canada
s'engage...
M. Lalonde: Le président me dit qu'Air Canada l'a
confirmé à la régie directement.
M. Léger: D'accord. Est-ce que cela veut dire que cela
implique qu'Air Canada va s'engager à se conformer aux articles 24, 25
et 29 de la loi 22?
M. Lalonde: Non, ça, c'est le certificat de francisation.
Si le député lit bien la loi 22 il aurait
intérêt à le faire, même si, lors du débat, il
ne s'est pas rendu plus loin que l'article 1 je l'invite à lire
les articles 26, 27, 28, 29 et 39.
M. Léger: Je voudrais quand même dire au ministre
que si nous n'avons pas été plus loin que l'article 1, c'est
qu'il y avait la motion guillotine qui nous empêchait, après tant
de temps, tant d'heures, d'aller à d'autres articles.
M. Lalonde: On aurait pu passer beaucoup plus de temps sur des
articles aussi pertinents que les articles 26 à 29.
M. Léger: L'article 1 était bien important. La
seule langue officielle, c'était bien important.
M. Lalonde: Les dispositions des articles 26 à 29 et 39
concernant la francisation, les programmes de francisation, donc, le certificat
de francisation, ne touchent pas les articles 24 et 25, qui sont en vigueur et
qui affectent tous les employeurs.
A savoir si les articles 24 et 25 affectent Air Canada comme telle,
c'est une autre question. C'est une question de juridiction qu'on pourrait
éventuellement soumettre à la cour, mais je ne pense pas qu'on
ait à recourir à ces dispositions si des programmes de
francisation sont appliqués dans la compagnie, parce qu'ils touchent les
mêmes communications.
M. Léger: Les contrats qu'Air Canada aura avec le
gouvernement, je pense que le ministre de la Fonction publique avait
affirmé que le gouvernement québécois ne pouvait pas
"canceller" ses contrats qui étaient de quelques années, je ne me
souviens pas du nombre d'années, trois ou quatre ans...
M. Lalonde: Vous pouvez peut-être les annuler; les
"canceller", sûrement pas, parce que ce n'est pas français.
M. Léger: Les annuler, d'accord. Le ministre est
pointilleux aujourd'hui. S'il fallait que je relève chaque erreur qu'il
fait,...
M. Lalonde: Je fais beaucoup d'efforts pour respecter ma langue,
alors, j'aimerais que les autres en fassent autant.
M. Léger: Oui, je vois qu'il en fait beaucoup, qu'il y
manque parfois, mais je ne le signale pas chaque fois.
M. Lalonde: J'invite le député à le faire;
il faut m'aider.
M. Léger: Je pense qu'on prolongerait le débat
inutilement.
M. Lalonde: Naturellement, l'annulation d'un tel contrat
amènerait sûrement le paiement d'un dommage quelconque, parce
qu'il y a une période déterminée pour le contrat. Mais
là, je ne vois pas...
M. Léger: Quel est le délai?
M. Lalonde: Je ne le sais pas, le ministre de la Fonction
publique l'a décrit en long et en large à l'Assemblée
nationale et je pense même qu'il l'a déposé en Chambre;
mais je ne l'ai pas vu.
M. Léger: De toute façon, le gouvernement vient de
signer avec le gouvernement fédéral, sur l'Office
franco-québécois, un contrat d'environ $200 000. De toute
façon, ma question était beaucoup plus sur les
conséquences de l'obtention d'un certificat provisoire de
francisation.
Cela voudrait dire que cette compagnie pourrait continuer à avoir
des contrats avec le gouvernement provincial. Mais est-ce que cela veut dire
que si, après que le contrat est signé avec le gouvernement
provincial, on ne respecte pas les autres normes de la loi 22, le contrat peut
être annulé, ou s'il faut respecter le contrat?
M. Lalonde: Je réfère le député
à l'article 28 qui dit, entre autres, que les entreprises doivent
posséder le certificat visé à l'article 26 c'est le
certificat permanent mais qui, d'autre part, peut être le certificat
provisoire de par l'application du deuxième alinéa de l'article
28 pour avoir le droit de conclure, c'est-à-dire pour conclure
avec le gouvernement les contrats d'achat, de service, d'allocation et des
travaux publics aussi déterminés par les règlements.
Les règlements ont à déterminer ces contrats. Je ne
pense pas que le gouvernement aurait le droit d'annuler un contrat existant par
le seul fait que l'entreprise en question ferait défaut de demander un
certificat ou le perdrait après coup. C'est au moment de l'octroi du
contrat qu'on doit se rapporter pour déterminer si le gouvernement a le
droit de donner un contrat. Si, après avoir octroyé un contrat
à une entreprise, disons que c'est un contrat de trois ans, l'entreprise
ayant son certificat à ce moment le perd pour une raison quel- conque,
la perte de ce certificat, je pense, n'a pas pour effet de mettre fin au
contrat, à moins que, dans le contrat lui-même, on en ait fait une
condition.
Sociétés de la couronne
M. Léger: D'après le ministre, est-ce que les
sociétés de la couronne sont légalement assujetties au
bill 22?
M. Lalonde: J'ai dit tantôt que les sociétés
de la couronne, en tant qu'entreprises, sont ssujetties aux dispositions des
articles 26 à 29 et 39, à savoir que je pense pas que le
gouvernement ait le droit, à moins qu'il y ait une exception dans les
règlements, de passer un contrat avec une entreprise de la couronne si
celle-ci n'a pas son certificat de francisation.
M. Léger: Non, mais si une entreprise, comme le Canadien
National, qui ne demande pas de certificat, qui n'a pas de contrat avec le
gouvernement... Est-ce que le Canadien National, à l'intérieur du
territoire québécois, est assujetti à la loi 22?
M. Lalonde: Le Canadien National serait assujetti à
l'article 27 qui prévoit que la régie peut demander à
toute entreprise qui ne possède pas le certificat visé à
l'article 26 de procéder à l'élaboration et à
l'implantation d'un programme de francisation. Ce n'est pas là encore
une obligation légale, c'est une formule d'incitation seulement qui est
conforme à tout le régime de la francisation des entreprises,
mais la pénalité pour une entreprise qui ne se conformerait pas
à cette demande serait de se voir nommer à l'Assemblée
nationale.
L'on sait que ceux qui ignorent il y en a le milieu des
affaires, ceux qui ignorent l'importance pour l'entreprise d'avoir une image,
comme on dit, d'avoir une bonne réputéation il y en a qui
l'ignorent; j'en vois peut-être devant moi peuvent penser que ces
dispositions sont sans force, ne représentent pas tellement de pouvoir,
n'ont pas de pouvoir, mais ceux qui connaissent le milieu des affaires, qui
connaissent les entreprises, qui connaissent le commerce savent jusqu'à
quel point les compagnies qui font affaires avec les consommateurs
québécois dépensent de gros sous pour conserver une bonne
réputation. De se voir nommer, de se voir littéralement jeter un
blâme officiel par le gouvernement de ne pas avoir implanté un
programme de francisation peut leur coûter très cher
financièrement, parce que, pour maintenir une réputation
favorable, des entreprises dépensent beaucoup d'argent. Le fait de se
faire désigner du doigt par l'autorité la plus haute du
territoire, soit le gouvernement du Québec, aurait sûrement des
effets défavorables dans leurs affaires.
Alors, il ne faut pas minimiser la puissance de pouvoir de cet article
27. La régie pourrait, pour une compagnie qui n'a pas de contrat avec le
gouvernement et qui n'a pas l'intention d'en avoir, dont les affaires ne sont
pas susceptibles de les
amener à conclure des contrats avec le gouvernement... Donc, la
régie pourrait et sûrement le fera, de temps à autre, les
désigner et de leur demander de procéder à
l'élaboration et à l'implantation d'un programme de
francisation.
M. Léger: Quelle valeur a cette pénalité,
par exemple, de nommer à l'Assemblée nationale le nom du Canadien
National? Est-ce que cela a réellement une valeur punitive puisque c'est
une société de la couronne et qui pourrait plutôt
même donner un exemple à d'autres compagnies et dire: Si le CN ne
le fait pas, pourquoi le ferais-je moi-même? Ces compagnies, par la
suite, peuvent dire qu'elles sont assujetties à des lois
fédérales, à la Loi sur la langue officielle et que les
deux langues sont là. Est-ce que vous croyez réellement que le
fait de les nommer va avoir un effet si négatif? Pour certaines
compagnies, je suis d'accord.
M. Lalonde: Là, vous parlez du Canadien National. Il y a
100 000 entreprises au Québec. On peut les prendre une par une, si vous
voulez, si vous avez le temps. Je dis que, dans l'ensemble les entreprises du
Québec, les compagnies importantes ne sont pas des entreprises
fédérales. Il y en a quelques-unes qui sont importantes dans les
entreprises fédérales. On peut penser à Air Canada,
à Canadien National, peut-être une ou deux autres. Pour les
entreprises, en général, les dispositions de l'article 27 sont
très sérieuses. Dans les quelques 50 réunions que j'ai
eues avec des représentants du milieu des affaires, les quelque 7000
personnes que j'ai rencontrées depuis un an et demi, quand on arrivait
à cet article, je vous assure qu'on n'aimait pas cela. On n'aimait pas
la perspective de se faire nommer à l'Assemblée nationale.
M. Léger: M. le Président, est-ce que le ministre
considère que la loi 22 et sa réglementation puissent s'appliquer
à l'aéroport de Mirabel? Je ne parle pas de la question des
communications par radio, mais de l'affichage à l'intérieur de
l'aéroport, dont une partie très importante est unilingue
anglaise. Je pense, entre autres, à une que j'ai vue, l'annonce de Fiat,
qui tourne, qui est uniquement en anglais.
M. Lalonde: C'est naturellement un immeuble fédéral
dont l'affichage est, de façon générale, bilingue.
Maintenant, à Mirabel, j'y suis allé quelquefois. Je n'ai pas
fait l'examen de l'affichage, mais je pense qu'au départ, c'est
bilingue. Si c'est bilingue anglais et français, c'est conforme au
règlement.
M. Léger: C'est unilingue anglais.
M. Lalonde: L'uni lingue anglais, c'est une autre question. Si le
député veut avoir une opinion légale, je pourrai faire
examiner la question, et lui envoyer une opinion légale.
M. Léger: Ecoutez, je ne veux pas...
M. Lalonde: Non, le député me demande une opinion
légale. Je ne suis pas l'avocat de la régie.
M. Léger: Non, mais la régie a certainement
été...
M. Lalonde: S'il y a une plainte qui est faite à la
régie, la régie consultera ses avocats...
M. Léger: Est-ce que la régie ne fonctionne que par
plainte?
M. Lalonde: II y a des plaintes qui sont...
M. Léger: Oui, d'accord, mais est-ce qu'elle ne fonctionne
que par plainte? Je vous donne un exemple qu'elle n'admet pas...
M. Lalonde: II faut quand même qu'on apporte à la
connaissance de la régie les cas qu'on peut reprocher au
gouvernement.
M. Léger: Je voudrais avoir une opinion. A
l'aéroport de Mirabel, ce n'est quand même pas un...
territoire.
M. Lalonde: Vous m'apportez un cas particulier de l'annonce de
Fiat à Mirabel...
M. Léger: Non, entre autres...
M. Lalonde: On est à la commission parlementaire du
parlement du Québec. On parle d'une des lois les plus importantes qu'un
gouvernement du Québec ait jamais adoptées. On parle d'une
entreprise des plus fondamentales que les Québécois francophones
ont eu à faire depuis qu'on est ici. Vous me parlez d'une enseigne de
Fiat. Soyez sérieux, tout de même.
M. Léger: M. le Président, le ministre veut s'en
sortir.
M. Lalonde: Ne soyez pas ridicule.
M. Léger: Je parle d'un cas d'application de la loi 22 sur
un territoire fédéral.
M. Lalonde: Vous ne vous apercevez pas jusqu'à quel point
vous êtes ridicule.
M. Léger: Vous ne répondez pas à ma
question.
M. Lalonde: Pas du tout.
M. Léger: C'est un cas d'application de la loi 22, le
ministre ne sait pas si...
M. Lalonde: Je ne me laisserai pas entraîner...
M. Léger: ... sur le territoire fédéral.
M. Lalonde: ... dans cette voie du ridicule.
M. Léger: M. le Président, si l'aéroport de
Mirabel, sur un territoire québécois, dont l'emplacement n'a
même pas été choisi par le gouvernement du Québec et
que ce territoire fédéral enfreindrait la loi 22, je demande au
ministre responsable...
M. Lalonde: Le député de Lafontaine...
M. Léger: Laissez-moi terminer! Je demande au ministre
responsable...
M. Lalonde: ...vous m'en avez demandé. Le
député de Lafontaine peut avoir les opinions qu'il aura, je me
rends compte...
M. Léger: Ce n'est pas une opinion légale, je
demande à celui qui est responsable de la Loi 22 au Québec, si,
sur le territoire fédéral, et le cas de Mirabel, ce n'est pas un
petit territoire...
M. Lalonde: Je réponds au député... M.
Léger: ...c'est un gros territoire. M. Lalonde: Je
réponds au député...
M. Léger: Est-ce que le ministre pourrait me laisser poser
ma question?
M. Lalonde: Cela fait quatre fois que vous la posez.
M. Léger: Je vous la repose, et je ne veux pas avoir un
avis légal...
M. Lalonde: Je réponds à votre question. Je dis
qu'elle est ridicule.
M. Léger: Si c'est cela la réponse du ministre, je
vais formuler ma question autrement.
M. Lalonde: Non, elle va être aussi ridicule.
M. Léger: Est-ce que le ministre... M. le
Président, je comprends que le ministre est nerveux, parce qu'il n'est
pas puissant là-dedans et qu'il n'est pas capable de régler ses
problèmes...
M. Lalonde: Ce n'est pas ça, mais je trouve absolument
ridicule que...
M. Léger: Je demande simplement...
M. Lalonde: ...on me demande si l'annonce de Fiat est conforme
à la loi...
M. Léger: ...au moment où on se parle, j'ai
donné l'exemple de Fiat...
M. Lalonde: ...alors qu'il y a des centaines et des milliers
d'affiches au Québec...
M. Léger: ...au moment où on se parle...
M. Lalonde: ...alors qu'on est en train de mettre sur pied
à la régie...
M. Léger: M. le Président... M. Lalonde:
Voyons!
M. Léger: ...je viens de donner un exemple parmi cent
autres, et je lui pose la question dans le cas de l'application de la loi 22
sur le territoire fédéral. Est-ce que le Québec a
juridiction, pour l'application de la loi 22, sur un territoire
fédéral qui est aussi gros que le territoire de Mirabel? Je ne
lui parle pas d'un petit endroit caché dans un coin de la province.
C'est le territoire de Mirabel, avec un aéroport fédéral
sur le territoire québécois. Que le ministre essaie de s'en
sortir comme ça, je le comprends, mais qu'il me réponde donc, oui
ou non, s'il est au courant ou non.
M. Lalonde: Je vous dis que c'est une question juridique.
M. Léger: Le ministre n'est pas au courant.
M. Lalonde: A ce moment-là... Oui, mais on peut...
M. Léger: II n'ose pas se prononcer là-dessus.
M. Lalonde: Non, naturellement, il y a sûrement des cas
où la loi 22 ne s'applique pas je l'ai dit tantôt au
député de Gatineau dans le cas, par exemple, des
ministères fédéraux, que ce soit à Hull, que ce
soit à Montréal ou à Québec, il n'est pas question
d'assujettir le fonctionnement de ces organismes à la loi 22. La loi 22
ne prétend pas le faire, d'ailleurs. Maintenant, si telle affiche de
Fiat sur le territoire de l'aéroport de Mirabel... Je ne sais même
pas si c'est un commerce à l'extérieur de l'aéroport.
Est-ce que c'est... Vous me demandez une opinion légale. A ce
moment-là, je ne serais pas responsable de vous donner une opinion
légale sur une information aussi morcelée, aussi
incomplète.
M. Léger: Prenons le cas de Fiat... M. Lalonde:
Bien oui! Mais, écoutez! M. Léger: La question est
très générale. M. Lalonde: Je vous ai
répondu.
M. Léger: Est-ce que, sur le territoire
fédéral, le ministre est responsable de faire appliquer la loi
22?
M. Tardif: Un vote!
M. Ostiguy: II y a un vote qui est annoncé en Chambre.
Le Président (M. Cornellier): Oui, on m'an-
nonce qu'il y a un vote. Donc, la commission devrait suspendre ses
travaux. Il est 17 h 25.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Cornellier): On suspend les travaux et on
reviendra après le vote.
M. Lalonde: Si ce n'est pas à 6 heures, parce que je
n'aurai pas le temps.
Une Voix: Le vote finira à 6 heures moins quart.
M. Lalonde: On ne reviendra pas.
Une Voix: On pourrait revenir pour dix minutes.
M. Lalonde: Je suis prêt à revenir avant 6
heures.
M. Léger: Oui, d'accord!
M. Lalonde: Mais, après 6 heures, je ne peux pas revenir
aujourd'hui.
Le Président (M. Cornellier): La commission suspend ses
travaux pour la durée du vote. Nous reviendrons immédiatement
après le vote.
(Suspension de la séance à 17 h 28)
Reprise de la séance à 17 h 40
M. Cornellier (président de la commission permanente de la
présidence du conseil, de la constitution et des affaires
intergouvernementales): A l'ordre, messieurs!
Nous avons suspendu tantôt les travaux de la commission pour un
vote en Chambre. A cause de circonstances particulières, il ne nous est
pas possible de continuer les travaux de la commission.
Alors, j'ajourne donc... Un instant!
M. Lalonde: M. le Président, simplement parce que j'ai
discuté avec le député de Lafontaine, je ne voudrais pas
que la commission ajourne ses travaux sans quand même consigner au
journal des Débats ce qu'il m'a dit, qu'il est retenu en Chambre pour un
débat. Il ne peut donc continuer l'étude des crédits ici
en commission.
Alors, je m'en rapporte à votre décision quant à
l'ajournement.
Le Président (M. Cornellier): Pour cette raison, la
commission va ajourner ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 41)