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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'environnement siège ce matin aux
fins d'entendre des organismes relativement au projet de loi no 55, Loi
modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement et d'autres
dispositions législatives.
L'ordre du jour des travaux d'aujourd'hui est le suivant: Nous
entendrons dans l'ordre des représentants des organismes suivants:
L'Union des municipalités du Québec, l'Union des conseils de
comté du Québec, l'Association québécoise des
techniques de l'eau, l'Association des ingénieurs-conseils du
Québec, la Fédération des associations pour la protection
de l'environnement des lacs et finalement STOP.
Les membres de la commission sont les suivants: M. Beauséjour
(Iberville), M. Blouin (Rousseau), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Marquis
(Matapédia), M. Desbiens (Dubuc), M. Léger (Lafontaine), M.
Lincoln (Nelligan), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Rodrigue (Vimont), M. Tremblay (Chambly).
Peuvent aussi intervenir: M. Garon (Verdun), M. Champagne
(Mille-Îles), M. Gagnon (Champlain), Mme Juneau (Johnson), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Marx (D'Arcy-McGee), M. Middlemiss (Pontiac) et M.
Ouellette (Beauce-Nord).
Il faudrait que nous procédions à la nomination d'un
rapporteur de la commission. Y a-t-il une proposition? M. le
député de Rousseau.
M. Blouin: Je proposerais M. le député de
Dubuc.
Le Président (M. Rochefort): Vous proposez le
député de Dubuc pour agir à titre de rapporteur. C'est
adopté.
Avant d'entendre le premier organisme, pour quelques remarques
d'introduction, M. le ministre de l'Environnement.
Remarques préliminaires M. Marcel
Léger
M. Léger: M. le Président, je voudrais remercier
les différents groupes qui ont accepté de venir présenter
des mémoires sur ce projet de loi. Il nous fera plaisir, au cours de la
journée d'aujourd'hui et de demain, de les entendre et de nous assurer
que leurs propositions ou leur perception du projet de loi seront bien
comprises par le législateur afin d'essayer de bonifier le plus possible
un projet de loi qui est bien attendu par les citoyens.
La commission parlementaire permanente de l'environnement a
été convoquée ce matin afin d'étudier ce projet de
loi no 55, intitulé Loi modifiant la Loi sur la qualité de
l'environnement et d'autres dispositions législatives, que j'ai
déposé en première lecture il y a quelques semaines
à l'Assemblée nationale. Nous aurons l'occasion d'entendre les
mémoires présentés par différents intervenants,
groupes et organismes intéressés à la protection de
l'environnement ou susceptibles d'être touchés par ce nouveau
projet de loi.
Avant d'entreprendre l'audition des mémoires, il m'apparaît
important de rappeler les points saillants de ce projet de loi et d'exposer les
objectifs poursuivis par le gouvernement dans ce projet de loi. En fait, ce
projet se situe a l'enseigne de la responsabilisation des intervenants en
matière d'environnement. Comme vous le savez, le gouvernement a
adopté d'importantes mesures législatives en 1978 afin
d'impliquer les citoyens dans la gestion de l'environnement, notamment, sur
plusieurs points dont la reconnaissance au citoyen du droit d'être
informé en matière d'environnement, du droit d'être
consulté et d'être aussi impliqué dans le processus de
prise de décision et, enfin, du droit d'intervenir dans des
procédures quasi judiciaires et même du droit d'intenter
lui-même des recours judiciaires devant les tribunaux de juridiction
civile ou pénale.
Même un petit peu avant cette loi, j'avais déjà
affirmé dans les premiers temps, en 1976-1977, qu'il devrait y avoir 6
000 000 d'inspecteurs de l'environnement dans le Québec pour simplement
signifier que chaque citoyen devrait être responsable de la portion de
territoire qui est son environnement pour essayer de l'améliorer et
d'être aussi un surveillant de ce qui se passe dans son milieu.
La loi d'aujourd'hui vient ajouter des moyens en responsabilisant les
promoteurs, ainsi que les professionnels dans la réalisation de leurs
projets en tenant compte d'abord, au début même de la confection
d'un projet, de la préoccupation environnementale. Toutes les mesures
que je mentionnais tantôt ont été introduites par le projet
de loi no 69 en 1978. Aujourd'hui, le
moment nous paraît venu d'adopter des mesures susceptibles de
responsabiliser davantage les promoteurs et les professionnels en
matière d'environnement. C'est là le premier objectif
recherché par ce projet de loi. Le mécanisme proposé pour
atteindre cet objectif est celui de l'attestation de conformité
environnementale que l'on retrouve à l'article 8 du projet de loi no 55.
La possibilité de rendre obligatoire le dépôt d'une
garantie relativement à n'importe quel projet visé par la loi
vise le même objectif. C'est là, je pense, le point saillant du
présent projet de loi.
Je voudrais maintenant expliquer comment nous en sommes venus là.
Comme vous le savez, la Loi sur la qualité de l'environnement impose aux
promoteurs d'un nouveau projet l'obligation d'obtenir une autorisation du
sous-ministre de l'Environnement préalablement à la
réalisation d'un grand nombre de projets susceptibles de modifier la
qualité de l'environnement ou de porter atteinte à la
santé ou au bien-être publics.
L'autorisation administrative préalable est notamment requise
actuellement dans le cas de projets industriels, projets d'élevage, de
remplissage de cours d'eau, de lacs artificiels, projets de gestion de
déchets, d'aqueduc, d'égout, d'usines de traitement des eaux,
etc. L'expérience acquise au cours de ces dernières années
démontre que les objectifs de prévention que vise cette
autorisation préalable ne sont souvent pas atteints pendant que les
promoteurs se disent souvent frustrés des délais qu'ils doivent
subir avant de recevoir la décision du ministère. L'obligation de
délivrer des autorisations préalables consomme en effet
d'importantes ressources qui sont consacrées à l'étude de
plans et devis et à des traitements administratifs des dossiers de
demandes d'autorisation, ce qui laisse aux fonctionnaires très peu de
temps pour effectuer des vérifications et des inspections sur le
terrain. En outre, nous nous sommes rendu compte que beaucoup de professionnels
et autres consultants impliqués dans la conception d'un projet
comptaient sur la caution morale ou technique que confère toujours une
approbation gouvernementale quand il ne s'agissait pas de faire réviser
leurs calculs techniques par des professionnels du ministère.
Devant cette situation, j'ai demandé à mon
ministère, dès le mois de mai 1979, de réviser l'ensemble
de nos politiques de prévention en matière d'environnement afin
que le nouveau ministère de l'Environnement que l'on était
à créer à ce moment-là puisse aborder sa mission de
prévention dans une optique nouvelle destinée à
responsabiliser davantage les intervenants en matière
d'environnement.
J'ai donc constitué un comité des politiques de
prévention auquel ont siégé une vingtaine de personnes
représentant différents organismes de plusieurs milieux tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur du gouvernement et
qui possédaient tous une vaste expérience dans les questions
reliées à l'administration de l'environnement. Ces personnes
provenaient du ministère de l'Environnement et d'organismes non
gouvernementaux aussi variés que l'Association des ingénieurs
municipaux du Québec, l'Association québécoise des
techniques de l'eau, l'Association pour l'assainissement de l'air, l'Institut
national de la recherche scientifique, l'Association de la santé
publique du Québec, etc.
Déposé en novembre 1980, le rapport de ce comité
analyse des interventions préventives actuelles à la
lumière de la problématique des menaces à l'environnement
et propose toute une gamme de mécanismes incitatifs, coercitifs et de
soutien afin de favoriser la prise en charge de leurs responsabilités
environnementales par tous les intervenants, c'est-à-dire les
promoteurs, les professionnels, les municipalités, les scientifiques et
le gouvernement.
Il a notamment conclu sur la nécessité d'instaurer des
mécanismes législatifs destinés à responsabiliser
les promoteurs, notamment en remplaçant le mécanisme de
l'autorisation administrative préalable par celui de l'attestation de
conformité environnementale par laquelle un promoteur et les
professionnels, qui ont participé à la conception d'un projet,
doivent attester la conformité de leur projet aux normes
environnementales qui lui sont applicables. C'est donc ce mécanisme que
nous proposons aujourd'hui. Comme vous pouvez le constater, notre objectif est
d'accroître la prévention en matière d'environnement. Nous
sommes convaincus que le mécanisme proposé permettra d'atteindre
cet objectif, premièrement, parce qu'il implique un plus grand nombre de
personnes, c'est-à-dire les promoteurs, les professionnels et les
consultants à prendre en charqe des responsabilités
environnementales plutôt que de tout mettre sur les épaules des
fonctionnaires du ministère de l'Environnement; deuxièmement, il
substitue des engagements précis de la part du promoteur et de ses
consultants et des vérifications effectuées sur le terrain par
des fonctionnaires du ministère à la simple vérification
bureaucratique de plans et devis qui était la règle
actuellement.
En ce qui concerne les professionnels, nous sommes d'avis qu'ils se
sentiront plus responsables de leur travail à cause de l'engagement
formel qu'ils seront appelés à prendre face à leurs
clients et au ministère de l'Environnement. Évidemment, compte
tenu des sanctions possibles, il aura intérêt à redoubler
de prudence. S'il commet une faute
professionnelle, il est évident qu'il s'exposera à des
recours civils de la part de son client, à des amendes en vertu de la
Loi sur la qualité de l'Environnement, et à des sanctions
disciplinaires en vertu du Code des professions.
Enfin, je dois préciser que les normes dont on devra attester la
conformité seront des normes publiques promulguées par
règlement du gouvernement. Si le ministère constate qu'un projet
n'est pas exécuté conformément aux normes
environnementales applicables, il lui est toujours loisible de faire signifier
au promoteur du projet une dénégation de conformité qui a
pour effet d'annuler l'attestation de conformité environnementale. Les
travaux devront alors être interrompus, sous réserve du droit
d'appel du promoteur. Quant aux garanties qu'il sera possible de demander, il
s'agit du même genre de garanties que celles qu'on nous demanda
déjà dans le cas des sablières et des transporteurs de
déchets liquides industriels.
Nous avons l'intention d'implanter la procédure de l'attestation
de conformité environnementale graduellement. Il ne s'agit pas de
commencer demain à donner des attestations de conformité à
travers tout le Québec. Il faut le faire graduellement de façon
à permettre à tous les intervenants de se familiariser avec cette
nouvelle procédure et d'en saisir toutes les implications.
Éventuellement, nous pensons pouvoir remplacer, par ces
procédures, près de 5000 diverses autorisations qui sont
délivrées annuellement par le ministère.
En ce qui concerne les autres points saillants du projet, ils touchent
plusieurs aspects, mais j'aimerais quand même revenir sur un point
majeur. La protection de l'environnement s'ajoutera donc aux
responsabilités professionnelles des consultants, ceux qui oeuvrent en
première ligne dans le domaine technologique. On l'a souvent dit, la
protection de l'environnement ne doit pas être quelque chose qui vient
après que toutes les autres exigences ont été satisfaites,
mais bien en même temps. La protection de l'environnement ne doit plus
être une préoccupation secondaire. Le projet de loi ne modifie pas
les domaines de compétence des différents professionnels tels que
les ingénieurs, les biologistes et les agronomes.
La population peut donc être assurée que la protection de
l'environnement sera prise en considération en première ligne par
des personnes formées et compétentes. Le projet de loi ne diminue
en rien les responsabilités du gouvernement. En effet, il incombe au
gouvernement, de façon encore plus pressante que jamais, la
responsabilité de publier des normes claires éliminant tous les
risques d'atteinte à la qualité de l'environnement. De plus, par
le même projet de loi, le gouvernement se donne le pouvoir de faire une
dénégation des attestations de conformité et d'exiger des
garanties financières dans le cas de projets nécessitant des
déboursés importants lorsque les promoteurs négligent de
satisfaire à leurs obligations environnementales.
De façon corollaire, le gouvernement se donne les pouvoirs de
retirer ces autorisations préalables dans le cas de projet qui
demeureront soumis à l'ancienne procédure, pouvoirs que nous
n'avions pas auparavant. Il s'agit là de pouvoirs beaucoup plus grands
et beaucoup plus forts que ceux dont disposait le gouvernement jusqu'à
maintenant. Après le chaos des vingt dernières années dans
le domaine de la gestion de l'eau, après avoir comptabilisé les
plaintes justifiées des citoyens et des citoyennes dans le domaine de la
qualité de l'air et du bruit, il est temps que nous assurions que
pareilles conséquences environnementales ne puissent jamais se
reproduire. Nous n'avons pas l'intention, bien que nous y excellions, de
demeurer de perpétuels restaurateurs de la qualité de
l'environnement. Un accent doit être mis sur la prévention.
De plus, ce projet de loi obéit à deux principes
fondamentaux qui doivent se retrouver dans les législations d'une
société adulte. Premièrement, c'est que les
différents partenaires se font confiance les uns les autres. Et,
deuxièmement, le gouvernement se donne des moyens pour s'assurer que les
avantages des uns soient toujours subordonnés aux avantages de la
majorité. Nous avons ouvert la discussion, lors de notre dernière
rencontre, sur la possibilité d'offrir des cours de formation aux
professionnels oeuvrant dans le domaine de l'environnement. Je pense, comme je
l'ai déjà dit, qu'il est de la responsabilité du
ministère de l'Éducation de s'assurer que les professionnels
québécois soient compétents. Par ailleurs - et cela n'a
pas été dit lors de cette rencontre que nous avons eue - rien
n'empêche que le ministère de l'Environnement informe et
éduque, en utilisant tous les moyens nécessaires, toutes les
personnes impliquées dans la protection de l'environnement. Nous avons
déjà, au ministère, un module d'éducation et un
rôle central à jouer dans la mise en application du projet de
loi.
En ce qui concerne les autres points saillants du projet de loi 55, je
dois signaler les dispositions qui permettront au ministre de l'Environnement
de réprimer la pollution atmosphérique transfrontalière,
qu'on appelle le problème des pluies acides, et ce, sur une base de
réciprocité avec les États étrangers, aussi bien
les États américains que les provinces canadiennes. Cette mesure
facilitera, notamment, l'application de l'article 115 de la loi
américaine sur
clairement la volonté du gouvernement du Québec de
consulter les États étrangers dans les cas de pollution
atmosphérique transfrontalière et de leur accorder des droits
analogues à ceux qu'ils reconnaîtront au Québec dans ce
domaine. Nous espérons que cette mesure aidera les efforts du
Québec dans sa lutte contre les précipitations acides.
En termes plus généraux, supposons que du
côté américain, dans l'État de New York, par
exemple, du Vermont ou en Ontario, une usine pollue l'atmosphère et les
territoires du Québec, et que, de notre côté, nous ayons
aussi certaines usines qui polluent des territoires de l'Etat voisin, il y aura
possibilité avec cette loi maintenant de s'entendre avec l'État
voisin pour que les deux gouvernements s'assurent d'une
réciprocité dans le contrôle de leur pollution pour
bénéficier, en même temps, de chacun des gestes que l'autre
posera.
Un autre point saillant du projet de loi no 55 permettra au gouvernement
de protéger, par règlement, les plaines de débordement
où il sera désormais interdit d'ériger des constructions
tant et aussi longtemps que la municipalité n'aura pas adopté une
réglementation pour prohiber ou régir la construction dans ces
plaines de débordement. Cela sera agencé avec la loi no 125 mais,
lorsque la loi 125 sera totalement en application, cette disposition sera
désuète. Cela peut prendre 8 à 10 ans pour que l'ensemble
des mesures de la loi 125 soient en application; il faut donc
nécessairement protéger les plaines de débordement. Ceci
devrait réjouir le député de l'Opposition qui me parlait
la semaine dernière des problèmes de zones inondables.
Une autre disposition du projet de loi no 55 permettra de
révoquer une autorisation dans un certain nombre de cas très
précis, c'est-à-dire dans les cas où une autorisation a
été délivrée sur la foi de renseiqnements
erronés ou frauduleux; deuxièmement, le cas du titulaire d'une
autorisation qui n'en respecterait pas les dispositions et s'en servirait
à des fins autres que celles prévues par la loi;
troisièment, le cas où le titulaire d'une autorisation ne
respecterait pas la loi ou un règlement; finalement, le cas où le
titulaire d'une autorisation ne s'en prévaudrait pas dans un
délai d'un an de sa délivrance.
Enfin, en matière de déchets toxiques, le projet de loi no
55 contient une disposition qui permettra de prescrire que le paiement du
transport d'un déchet toxique ou danqereux ne peut s'effectuer sans que
le transporteur n'ait démontré à l'expéditeur que
ce déchet a effectivement été livré à un
endroit conforme au règlement et une autre disposition prolonge la
prescription applicable aux procédures pénales dans le cas du
déversement clandestin d'un déchet toxique ou dangereux dans
l'environnement.
Il s'agit donc d'un projet de loi dont nous pouvons être fiers et
qui pourra certainement être amélioré après avoir
entendu les différents intervenants, mais il correspond, je pense,
à une vision positive de la société
québécoise. Je pense que nous sommes assez matures pour nous
faire confiance. Il représente une percée dans le domaine de la
protection des sites naturels. Il prévoit l'ajustement
systématique du ministère au développement technologique
dans le domaine des déchets dangereux.
Sur ce, M. le Président, je suis maintenant à
l'écoute aussi bien des députés de l'Opposition que des
députés ministériels qui ont des choses à ajouter,
et des différents intervenants qui ont accepté de participer
à cette commission pour donner au gouvernement le point de vue de ceux
qui vivent dans le milieu.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre.
M. le député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, tout d'abord je voudrais,
comme le ministre, remercier ceux qui ont bien voulu participer aux audiences
publiques sur la loi no 55. C'est un grand avantage pour nous que d'avoir ces
audiences publiques que j'ai demandées en Chambre lors du
dépôt de la loi pour les raisons suivantes. Si la loi est courte
en soi, elle affiche cependant des principes fondamentaux, et il me semble que
c'est un élément essentiel que d'avoir l'apport des
différents groupes écologiques qui s'intéressent à
l'environnement pour savoir le point de vue sur certaines directions que ce
projet de loi donne par rapport à l'environnement que nous
considérons d'importance cruciale et qu'il faudra discuter
sérieusement.
Il y a certains groupements, par exemple la Chambre de commerce de
Montréal et d'autres, je l'ai vu dans un ou deux mémoires qui ont
été présentés, qui regrettent le court laps de
temps qu'on a donné aux intervenants pour préparer des
mémoires. C'est reqrettable, parce que c'est un laps de temps qui en
fait est très court, environ dix jours, deux semaines. Peut-être
aurait-il été préférable, pour une loi qui n'a pas
d'urgence immédiate, qu'on donne encore quelques semaines de plus. Les
groupements qui devaient se présenter ici auraient pu permettre des
mémoires plus approfondis.
Cela dit, je me réjouis que le ministre ait accepté de
tenir ces audiences publiques, parce qu'il me semble que si on veut
réussir à arriver aux fins qu'on recherche pour l'environnement,
nous tous ensemble, c'est essentiel d'écouter le public, des
essentiel d'écouter le public, des représentants de ces 6
000 000 d'inspecteurs, dont le ministre parle si souvent.
Je ne veux pas entrer pour le moment dans le détail de la loi,
parce que dans les mémoires tout cela va ressortir. C'est du reste le
but de ces audiences publiques. Le champ est à vous et non à
nous; alors, c'est important de passer beaucoup plus de temps sur les
mémoires que sur les remarques préliminaires. Pourtant je devrais
m'arrêter à une constatation qui est le sens même, le fond
même de toute la question. C'est là que le débat se fera,
et j'espère que les mémoires vont faire ressortir cette
discussion.
On dit que l'environnement, c'est la prévention. À cet
égard, nous sommes tout à fait d'accord, mais comment est-ce
qu'on apporte cette prévention? Selon le principe fondamental de cette
loi, on va confier aux agents, aux promoteurs d'un projet, à ceux qui
vont l'installer, le soin de faire la prévention selon les normes
municipales. Après cela, si cela ne marche pas, on va ordonner à
ce promoteur, à cet ingénieur de défaire ce qu'il a
déjà fait. C'est une question fondamentale.
Est-ce comme cela que se place la prévention? Le ministre
lui-même a souligné qu'il y avait eu 5000 certificats
d'autorisation émis dans une année, l'année
dernière ou l'année précédente. Peut-être que
cela même prouve la nécessité d'avoir ces certificats
d'autorisation au préalable. Si on en a eu besoin de 5000, cela veut
dire qu'il y a maints projets qui demandent à être examinés
en profondeur et, à mon sens, on devrait se poser la question: Est-ce
que ce n'est pas mettre la charrue devant les boeufs que de dire aux gens:
Allez de l'avant selon les normes établies? Ces normes peuvent
être discutées légalement, ce sont des normes très
techniques dans bien des sens. Allez-y, faites votre projet, mettez votre mur
de béton ou quoi que ce soit, faites un projet d'usine qui n'est
peut-être pas conforme, en fin de compte, d'après les normes, et
le gouvernement décidera. Si cela ne marche pas, on va vous dire de
démanteler cette chose.
Je me demande si c'est vraiment faire de la prévention, pour le
ministère de l'Environnement, que de se soustraire à cette
obligation qui me semble fondamentale selon la raison d'être même
du ministère de l'Environnement, soit celle d'être celui qui,
à la base, va contrôler ces normes, va gérer ces normes, va
obliger que ces normes soient respectées par prévention
plutôt que par correction par la suite. C'est là, je crois, une
question fondamentale qu'il nous faudra nous poser sur ce projet de loi.
Le ministre a parlé, encore une fois, et plusieurs fois dans ses
discours, ses conférences de presse, etc., de ces 6 000 000
d'inspecteurs municipaux. Là, je crois encore que nous pouvons tous
être d'accord qu'on doit sensibiliser le public que l'environnement
commence par lui, que c'est lui le meilleur agent de prévention de la
pollution, que s'il n'est pas conscient de la chose, cela n'arrivera jamais. Je
suis tout à fait d'accord sur tous les progrès qui ont
été faits en éducation de l'environnement, etc. Depuis
quelques années, c'est vraiment remarquable. Mais, en même temps,
je trouve que c'est malheureux que, dans le projet de loi, on n'ait pas
souligné la chose en insistant plus fermement sur le principe même
de la participation de ces citoyens à toutes ces décisions
capitales sur l'environnement. Je ne vois rien dans le projet de loi, par
exemple, qui parle d'audiences publiques réglementaires, d'audiences
publiques automatiques. Dans tous les cas de projets de loi importants, on peut
citer toutes sortes d'exemples où cela n'a pas eu lieu.
Une autre chose qui me frappe, c'est, par exemple, l'article 19, ou
encore l'article 20 où on parle du pouvoir du ministre de faire de la
réglementation. Mais dans ce cas, je remarque aussi que quoique nous
soyons conscients que les réglementations et les règlements sont
essentiels pour contrôler l'environnement - personne n'est contre le fait
d'avoir des règlements - chaque fois qu'a lieu la publication du
règlement dans la Gazette officielle, il est mis en vigueur
immédiatement. Là encore, on est à se demander quel est le
recours qu'ont ces 6 000 000 d'inspecteurs de l'environnement dans ces
cas-là. Le règlement est appliqué d'un jour à
l'autre. Il me semble que, là aussi, il devrait y avoir des
délais de 60 ou 90 jours pour permettre justement à ces
intervenants, ces 6 000 000 d'inspecteurs municipaux et leurs
représentants dans des groupements bénévoles,
écologiques sur l'environnement, de se faire entendre sur le
bien-fondé ou non de ces règlements. (10 h 45)
Je ne veux pas être plus long. Pour moi, c'est une question tout
à fait de fond que nous aurons à situer, soit où se trouve
la prévention dans l'environnement. Est-ce que la prévention veut
dire une gestion continuelle, un souci continuel du ministre, malgré
tous les ennuis que cela pourrait causer par rapport à l'étude de
tous les projets à l'avance? Est-ce que le ministre devrait continuer
à s'impliquer, au lieu de dire: Ma responsabilité, je la passe
à d'autres, je vous la passe et, si ça ne marche pas, à ce
moment-là, je m'opposerai? C'est là la question, et c'est une
question fondamentale, que je pose. Moi, je pense que la prévention
reste la responsabilité du ministère. Alors, je vais conclure
là-dessus. C'est avec beaucoup de plaisir que je vais entendre les
mémoires plus tard.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député. J'inviterais maintenant les représentants de
l'Union des municipalités du Québec à prendre place,
à s'identifier et à présenter leur mémoire.
Auditions Union des municipalités du
Québec
M. Dufour (Francis): Francis Dufour, maire de Jonquière,
vice-président de l'Union des municipalités du Québec, et
Me Nicole Lafond, de l'Union des municipalités. J'aimerais aussi, au
début, demander "l'enregistrement" du mémoire aux Débats
autant que possible, si ce n'est pas trop demander.
M. le ministre, MM. les députés, l'Union des
municipalités du Québec est heureuse d'avoir l'opportunité
de présenter ses commentaires sur le projet de loi no 55. Ces
commentaires, nous les avons voulus brefs, d'une part, devant l'imminence de la
date de la convocation devant cette Chambre, d'autre part, parce que vous
connaissez désormais bien l'esprit général qui anime
l'Union des municipalités du Québec dans ses interventions. En
effet, notre rôle n'est pas de contrecarrer les gestes que l'État
propose pour l'amélioration du bien-être québécois,
mais bien de rappeler au gouvernement que les impératifs qu'il se fixe
ne correspondent pas toujours nécessairement, soit dans leur mise en
oeuvre, soit encore dans leurs effets, à la manière d'être
et au fonctionnement des gouvernements municipaux, lorsqu'ils en sont
effectés.
Les commentaires de l'Union des municipalités du Québec
portent principalement sur le contenu des modifications à deux lois: la
Loi sur la qualité de l'environnement et la Loi sur le régime des
eaux.
La Loi sur la qualité de l'environnement: les attestations de
conformité environnementale. Les municipalités du Québec
"initiatrices" (article 3, alinéa 2) de projets doivent désormais
reconnaître à l'intérieur du régime de la Loi sur la
qualité de l'environnement au moins trois modes de contrôle des
activités affectant l'environnement: les études d'impact, les
demandes d'autorisation au sous-ministre et, maintenant, l'attestation de
conformité environnementale (article 8). Non seulement ces permissions
ressortent-elles toutes d'un système administratif amplement
discrétionnaire, mais agrandissent les pouvoirs d'un fonctionnaire de
l'État, aussi qualifié soit-il, qui n'a aucun compte à
rendre à l'Assemblée nationale.
De plus, le régime d'attestations vient s'appliquer à une
autre catégorie de projets, distincte, il va sans dire, de ceux des
études d'impact et des demandes d'autorisation. Ces différences
pour le moins ténues ne sont pas sans compliquer la vie des citoyens. Il
semble bien que ce sont des projets municipaux qui sont visés:
systèmes d'aqueduc et d'égout, système de gestion des
déchets, parc d'amusement ou de roulottes, etc. Dans le présent
contexte, la nature même de cette proposition législative vient en
contradiction flagrante avec cette volonté gouvernementale de
déréglementer, d'alléger l'administration, de
réduire ses interventions. Nous ne pouvons croire que la
déréglementation, s'il en est, passe par le pouvoir
discrétionnaire.
L'Union des municipalités du Québec comprend, cependant,
que le législateur désire soulager ses administrés des
retards générés par le système d'émission
d'autorisation par le sous-ministre de l'Environnement. En effet, convenant que
l'environnement québécois avait grand besoin de protection, nous
nous rendons tous compte que la gestion de ce régime est devenue lourde
et lente. Par ailleurs, administratrices elles-mêmes, les
municipalités admettent que le ministère de l'Environnement doive
limiter le nombre de ses experts dans le contexte actuel, même s'il
s'agit d'éliminer le goulot d'étranglement au chapitre des
approbations. Toutefois, en termes d'allégement de l'administration
publique, maintenant l'intervention des spécialistes du ministère
ne se ferait plus au début de projet, mais en cours de projet; ils
demeurent analystes, mais deviennent aussi inspecteurs sur le terrain. Ceci
dit, l'UMQ ne croit pas que le régime d'attestation de conformité
environnementale, comme elle le perçoit, règle les
problèmes, bien qu'il innove de manière fort intéressante
en responsabilisant les intervenants d'un ouvrage.
En effet, on peut décrire le projet législatif ainsi: un
projet à faire doit être certifié, par l'entrepreneur et le
ou les professionnels qui y ont concouru, conforme aux règlements des
lois de l'environnement. Est joint à cette attestation un bon de
garantie émis par "l'initiateur" d'un projet et déposé
auprès du sous-ministre. Même cette garantie, la question est
posée, se donne sous la forme d'un cautionnement, les
municipalités, et leurs mandataires comme la Société
québécoise d'assainissement des eaux, se voient incluses dans
cette dernière catégorie et sont surprises d'être
taxées ainsi par un autre gouvernement, bien qu'il leur soit
supérieur. Un certificat de conformité aux règlements
municipaux doit accompagner la première attestation. L'attestation peut,
en cours de projet, être retirée par le sous-ministre à
"l'initiateur" du projet, et la garantie confisquée, s'il juge que le
projet n'est pas conforme à ses normes. Ce retrait met un terme à
la réalisation du projet, du moins temporairement jusqu'à la
décision de la Commission municipale du Québec ou la
modification du projet par "l'initiateur".
D'une part, le législateur oblige l'entrepreneur et les
professionnels à être juge et partie en ce qui a trait à la
conformité. C'est intéressant mais délicat, encore qu'on
puisse toujours compter sur les possibilités ouvertes par les
systèmes de responsabilités civile et professionnelle et laisser
"l'initiateur" poursuivre l'un ou l'autre pour défaut de contrat. Ceci
se fera de toute façon. Ce qui est plus inquiétant, c'est
l'insécurité qu'un tel système laisse planer en cours de
projet; de quelles normes s'agit-il et varieront-elles au cours de la mise en
chantier du projet? De plus, si on responsabilise le professionnel, pourquoi
amoindrir sa compétence avec ces régimes de contrôle? Ce
sont des professionnels ou ce n'en sont pas.
Le ministère de l'Environnement a trop souvent tardé
à produire des règlements sur les domaines de son ressort qui
permettent au justiciable de reconnaître ses obligations et ses droits.
Les fiches techniques qu'on utilise présentement constituent des normes
modifiables et modifiées dans le temps. Tous les dossiers sont
examinés à la pièce alors qu'une normalisation des
règles est possible et souhaitable. Elle rendrait la tâche des
experts gouvernementaux plus simple en leur permettant de s'intéresser
spécifiquement aux problèmes très sérieux. C'est un
effort difficile de rationalisation, mais possible, nous osons le croire, qui
libérerait le législateur de fonctions de gérance.
Quant au certificat de conformité aux règlements
municipaux, l'UMQ en voit mal la nécessité, vos règles
prévalant sur les nôtres sauf pour approbation spéciale
antérieure. Nous nous demandons de plus si ce régime ne fait pas
double emploi avec celui des permis municipaux.
À quelle date donc se fixe la conformité d'un projet? Le
contenu de l'article 19 semble formaliser la rétroactivité des
lois, ce qui diverge de notre droit. Ceci a d'autant plus d'importance que des
changements en cours de projets déstabilisent
l'échéancier, contrecarrent certains choix techniques
posés à partir de contraintes concrètes et engendrent des
dépassements de coûts. D'autre part, un tel système tend
à ouvrir la porte aux pressions indues. Il ne faut pas oublier que la
protection de l'environnement est un domaine d'experts avec ses querelles
d'écoles et que la possibilité d'appel à la Commission
municipale du Québec n'en fait que déplacer le forum. De plus,
pourquoi le point de vue du praticien dans le domaine de l'environnement le
rendrait-il toujours suspect, en quête d'échappatoires?
La confiscation possible de la garantie, dans un domaine d'opinion,
pourra souvent être un moyen facile d'obtenir un changement à un
projet, modification dont le proposeur gouvernemental n'est pas comptable
envers quiconque dans le cadre d'un projet qui n'est pas le sien. Voilà
peut-être une amélioration que le projet de loi pourrait
supporter. Voilà aussi qui dépolitiserait, dans le meilleur sens
du terme, le rôle des représentants du ministère, de tout
ministère d'ailleurs. L'UMQ veut bien comprendre alors que la
confiscation de la garantie s'applique non sur la confirmité des plans
et devis aux normes, mais sur les ouvrages réalisés ayant
causé des dommages. Même à cela, pourquoi pénaliser
"l'initiateur" pour une erreur du professionnel? En fait, visa le noir, tua le
blanc, comme dans la chanson. Qu'arrive-t-il des pouvoirs des citoyens en vertu
de l'article 19.1? Voilà donc deux systèmes de punition: la
confiscation et l'injonction par le citoyen.
L'UMQ s'intéresse aussi à l'avis du sous-ministre. Cet
avis sera-t-il motivé pour permettre à "l'initiateur", s'il se
prévaut de son droit d'appel, de préparer son dossier? Quant
à l'appel à la Commission municipale du Québec, il faut
s'interroger sur sa nature. La commission se prononce-t-elle sur l'avis de
conformité ou la mise en cause des normes? Avec tout le respect dû
à ce tribunal, ce domaine de haute expertise n'est pas
traditionnellement celui de la Commission municipale du Québec. Qui
supporte les frais de sursis du projet? Dans le cas où le sous-ministre
serait infirmé, la Commission municipale a-t-elle compétence pour
condamner à des dommages intérêts pour les retards
occasionnés?
Vis-à-vis de cette modification à une loi d'importance, et
pour tous ses aspects, l'Union des municipalités du Québec ne
peut qu'insister pour que le législateur adopte des normes
légales, claires et fixes, changées après pré-avis
pour le mieux-être de la gestion de l'environnement et la
sécurité de justiciable, dont elles sont aussi. Voilà des
interrogations que nous vous soumettons dans le but d'améliorer un
système d'attestation de conformité que le projet de loi no 55
propose mais que nous trouvons malaisé de vivre.
La Loi sur le régime des eaux. Le contenu de l'article 8
préoccupe l'Union des municipalités. Encore une fois, dans le
contexte d'une décentralisation des pouvoirs, on peut n'être que
surpris de voir réintroduite la tutelle d'un ministère dans le
champ de l'urbanisme municipal. Si l'on se rappelle bien, les chapitres 52 et
53 des lois de 1977 avaient donné, par les articles 14 et 30, aux
municipalités la compétence de légiférer dans les
zones de risques, le ministre des Affaires municipales se réservant le
droit d'agir en lieu et place de ces dernières à l'occasion. Ce
pouvoir s'est très peu exercé. Cette compétence directe du
ministre des Affaires municipales s'est
éclipsée lors de l'adoption de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme par la rédaction du paragraphe 16 de
l'article 113. Nous apprenions récemment que le ministre des Affaires
municipales n'a pas totalement renoncé à exercer sa censure
puisqu'il a décidé de le faire à travers l'adoption du
règlement de contrôle intérimaire en retenant son
approbation si certaines normes ne s'y trouvent pas: il a publié des
notes sur ses attentes. Nous remarquons que certaines normes auxquelles il fait
référence ne semblent pas faire force de loi.
Avec ce projet de loi, on détache de l'urbanisme un
sous-ensemble, les zones inondables, et les municipalités se trouvent
mises en tutelle par le ministère de l'Environnement. Hormis le fait de
la rédaction boiteuse de l'article 8, puisque prohiber implique
non-construction, cet article soulève deux difficultés. D'une
part, il ne règle en rien l'effet d'expropriation déguisée
d'une prohibition où des droits de propriété sont
déjà acquis. D'autre part, on peut se demander pourquoi le
ministre fait davantage confiance aux municipalités régionales de
comté.
L'UMQ suggère plutôt que le ministère joue
plutôt un rôle incitatif et de soutien technique, améliore
le contenu des cartes des risques d'inondation et les diffuse en les
expliquant. C'est un domaine de spécialistes où le ministre
pourrait avec bonheur jouer un rôle de maître à penser
plutôt que de policier.
L'autre problème vient du nombre d'intervenants dont ont à
tenir compte les conseils municipaux dans la conception de leurs normes
d'urbanisme. Le ministère des Affaires municipales a un
intérêt primordial pour l'ensemble, nous venons d'en parler. Le
ministère de l'Environnement vient s'intéresser maintenant
à une section des règles d'urbanisme, les zones d'inondation,
cela s'ajoutant aux règles concernant les fosses septiques. Le
ministère de l'Énergie et des Ressources a, lui, un
intérêt dans les zones de mouvements de terrain. Les
municipalités devront donc avoir un bon système de
référence.
De la construction et du maintien de réservoirs pour
l'emmagasinement de l'eau des lacs, étangs, rivières et cours
d'eau.
L'union, à ce chapitre, réitère ici les
commentaires qu'elle a faits précédemment quant à la
réglementation applicable et à la responsabilité des
intervenants.
L'Union des municipalités du Québec remercie cette
commission parlementaire de lui avoir permis d'être entendue. Elle
souhaite que le législateur accueille ses commentaires soumis avec la
meilleure volonté. Elle invite le législateur à repenser
certains des systèmes qu'il crée dans le respect des droits de
tous, à mettre en oeuvre tous les moyens pour réduire les
délais d'attente, à déterminer à l'avance et
publiciser les normes écologiques utiles à la protection de
l'environnement et administrates aussi, de la manière la plus simple. Je
vous remercie.
Le Président (M. Rochefort) Merci, M. Dufour. M. le
ministre.
M. Léger: Je veux d'abord remercier le représentant
de l'Union des municipalités et maire de Jonquière pour le
mémoire qu'il nous a présenté. Je remercie aussi l'UMQ
d'avoir été l'un des quelques organismes qui nous ont soumis un
mémoire sur la publication du rapport des politiques de
prévention à la fin de 1980. C'était un mémoire qui
nous a amenés à cette loi. Je pense que la présentation du
premier mémoire de l'Union des municipalités du Québec est
une contribution à la réflexion du ministère qui a
amené la réalisation de ce projet de loi.
Je voudrais d'abord répondre à certaines
préoccupations et de l'Opposition et du représentant du groupe
présentant le mémoire, puisque j'ai écouté un peu
ce qui a été dit des deux côtés. Il faut parler,
entre autres, du laps de temps pour présenter les mémoires.
L'ordre du jour est très chargé. À cause de la
procédure parlementaire, et parce que le rapport du comité de
prévention nous a été présenté assez tard,
il fallait trouver un échéancier pour recevoir les
différents groupes à la commission parlementaire, et cela, c'est
un peu complexe dans la vie parlementaire. C'est une des conséquences
que nous avons à vivre dans la vie parlementaire.
Une des questions que l'Union des municipalités du Québec
nous a posées au sujet de la réglementation et de la
discrétion à l'administration, c'est: est-ce qu'on doit
privilégier des normes plutôt que garder le statu quo sur le
pouvoir discrétionnaire de l'administration? Jusqu'à maintenant,
nous avons certaines normes au niveau de l'administration et dans le
système actuel. On reproche souvent à tous les gouvernements
d'être discrétionnaires dans l'application de cela. Alors, les
règles du jeu seraient connues, par ce projet de loi, les normes
seraient publiques, les professionnels et les contracteurs seraient tenus, par
la loi et ses règlements, de présenter des plans et devis et des
projets et réaliser ces projets selon des normes publiquement connues.
C'est donc dire que, dès que le projet de loi est adopté, il y a
la période de préparation des règlements qui vont
être publiés deux fois et qui permettront d'avoir l'image exacte
de la réalisation sur le terrain de ce projet comme tel.
Concernant le problème de la prévention, nous pensons que
c'est une démarche responsable des professionnels, qui
est environnementale et qui est éclairée par les normes
publiques. Il faut mettre, maintenant, beaucoup l'accent, si l'on fait
confiance à la maturité des citoyens qui, de plus en plus se sont
préoccupés de l'environnement, sur la vérification sur le
terrain, plutôt que mettre tout l'accent uniquement sur l'analyse sur
papier. Que ce soit fait par des professionnels du ministère ou des
professionnels sur le terrain, nécessairement, c'est quelqu'un qui doit
dire que tels plans et devis sont conformes à des normes publiques.
Donc, c'est la même chose mais cela se fait sur le terrain par des gens
qui devront, selon la loi, avoir la responsabilité de cela. Mais cela
libère beaucoup plus de temps pour aller voir sur le terrain la
réalisation de ces choses. Ou bien on reste comme on est, et c'est une
discrétion et ce sont des autorisations préalables qui font qu'on
n'est pas plus avancé et qu'on ne sait pas ce qui s'est passé sur
le terrain parce qu'on a mis tout le temps à regarder des plans et des
papiers alors qu'on devrait aller voir comment cela se passe sur le
terrain.
Le principe que nous voulons établir c'est d'avoir des
partenaires responsables qui sont des professionnels comme ceux que nous avons
au ministère et qui doivent avoir cette préoccupation. Ceci nous
amène non pas à faire des vérifications après coup,
mais qu'il y ait des préoccupations environnementales, au début
du projet, par ceux qui le font. Autrement, quant un promoteur prépare
ses plans et devis pour lui, dès qu'il y a une autorisation
préalable, cela lui donne l'impression que le gouvernement est d'accord,
et après, plus de problème. Il faut quand même pouvoir - on
n'avait pas les moyens non plus - arrêter des projets et enlever des
permis par la suite.
Donc, on se donne la possibilité d'y aller, de faire une
dénégation et on met -cela répond à une
préoccupation de votre mémoire - des bons de garantie, qui sont
du genre police d'assurance qui nous permet de les déterminer en nous
basant sur les conséquences environnementales, soit sur ce que cela
coûterait pour réparer des choses qui auraient été
mal faites.
Je pense qu'on peut s'assurer que, par l'article 19 aussi, ce qui est
visé, c'est la mise à jour des méthodes analytiques et non
tous les règlements. Donc, c'est simplement des méthodes
analytiques qui sont utilisées. Admettons que la norme est une
méthode de la 15e révision des méthodes analytiques et que
ces méthodes sont maintenant dépassées et qu'il y a une
méthode nouvelle qui est la norme no 16, ce sont juste ces
méthodes-là qui sont très mineures et qui ne passent que
par une publication, tandis que, pour tous les autres règlements, il y
aura toujours les deux publications. Je pense que cela répond un peu
à la question du député de l'Opposition, aussi bien qu'au
mémoire.
Cependant, on est d'accord avec ce dont le député de
l'Opposition parlait tantôt et aussi le mémoire, soit que la
prépublication pourrait se faire sur les règlements qui touchent
la qualité des eaux, le régime des eaux, qui, actuellement, n'ont
pas les mêmes deux parutions exigées dans la loi de
l'environnement. Donc, je pense que c'est une amélioration qu'on
pourrait apporter à ce projet.
Finalement, à une question précise de l'Union des
municipalités du Québec où on affirme: "L'Union des
municipalités du Québec s'intéresse aussi à l'avis
du sous-ministre. Cet avis sera-il motivé pour permettre à
"l'initiateur", s'il se prévaut de son droit d'appel, de préparer
son dossier", je réponds: Oui, il pourra se prévaloir de son
droit d'appel pour préparer son dossier. Un peu plus loin, on dit: "Qui
supporte les frais de sursis du projet? Dans le cas où le sous-ministre
serait infirmé, la Commission municipale a-t-elle compétence pour
condamner à des dommages-intérêts pour les retards
occasionnés?" Selon ce qu'on me dit, c'est non; c'est la Cour
supérieure qui est responsable de cela.
J'aurais, quand même, une question à poser à M. le
maire. Quand vous parlez de la tutelle sur la question de l'urbanisme, il ne
faut pas oublier une chose, c'est que le gouvernement prépare des cartes
des zones inondables pour aviser les municipalités que c'est une zone
où il y aurait des conséquences graves pour les
propriétés ou pour les individus qui se construiraient là.
Les municipalités devraient s'engager à ne pas permettre de
construction à ces endroits à moins d'avoir un règlement
qui tient compte de la particularité de ces zones inondables. Pour nous,
il est important de réaliser que les municipalités n'ont pas
toujours, et dans très peu de cas, fait l'effort de faire un zonage ou
une réqlementation de zonage pour tenir compte de ces nouveaux
renseignements qu'on donne aux municipalités par des cartes de zones
d'inondation. À cause de cela, le gouvernement est obligé de
payer souvent des sommes énormes pour les conséquences. Nous
pensons que c'est tout simplement un pouvoir qui a été
très peu exercé par les municipalités.
Si les municipalités, qui ne font pas de règlement de
zonage s'engagent publiquement à payer pour les inondations à
cause de leur manque de prévention et que le gouvernement n'est plus
responsable, peut-être qu'on pourra envisager ce
côté-là, mais je doute fort que les municipalités
seraient d'accord pour payer des millions comme c'est le cas à Richmond,
pour réparer des zones d'inondation, parce qu'il n'y aurait pas eu un
règlement de zonage. Je ne dis pas que c'est le cas et que le
règlement de zonage n'a pas
été fait à Richmond, mais je donne un exemple
où on vient de mettre plusieurs millions - je pense que c'est de l'ordre
de 2 000 000 $ - pour prévenir les inondations parce qu'il y a des gens
qui se sont construits là. Donc, le projet ne fait qu'être une
sorte de préparation à la loi 125 où il y aura les
schémas d'aménagement. Mais, avant que ce soit tout fait dans le
Québec, on veut être assuré que les municipalités
feront un règlement dans des zones d'inondation, puisque l'État
va être obligé de payer des grosses sommes d'argent si cela n'a
pas été prévu.
Alors, ma question est la suivante: Pour quelle raison les
municipalités sont-elles si peu souvent intervenues dans le domaine de
la prévention contre les inondations par des règlements de
zonage? Est-ce que vous avez fait une sorte d'analyse de ce
problème-là?
M. Dufour: II y a une chose certaine, c'est que les
municipalités ne possédaient pas d'expertise dans ce
domaine-là. Je pense qu'un fait qui a réveillé bien des
citoyens, c'est un peu les glissements de terrain à Saint-Jean-Vianney.
J'ai eu connaissance, pour l'avoir vécu, que ce fut un éveil dans
tout le Québec concernant les glissements de terrain et les zones
inondables. Avant 1970, j'ai l'impression qu'il n'y avait pas beaucoup de gens
qui s'en préoccupaient comme tels. Dans le cas de l'Alcan autour des
berges du Lac-Saint-Jean, c'est tellement vrai que l'expertise n'était
pas connue que les gens se sont installés un peu tout le tour du
Lac-Saint-Jean - c'est un problème que vous connaissez bien - où
il y a des zones inondables, où il y a de l'érosion de sol, etc.
Il faut attribuer cet état de fait à un manque d'expertise des
municipalités dans ce domaine. Le problème qui se pose
actuellement, c'est que, des zones sujettes à des érosions de
sol, etc., seront décrétées par des zonages que la
municipalité sera obligée de faire, selon l'expertise que vous
donnerez. Il y a beaucoup de citoyens qui vont affirmer que cela ressemble
beaucoup à des expropriations déguisées. À ce
moment-là, quel serait le recours du citoyen versus la
municipalité? Mais surtout quel serait le recours de la
municipalité pour se défendre vis-à-vis d'une action
semblable? Nous pensons qu'il serait possible que le gouvernement pense
à créer un fonds d'indemnisation dans ces cas, ce qui permettrait
d'exproprier ces terrains. Si vraiment il y a des recours. Si vous me dites que
la loi ne permet pas au citoyen lésé de réagir
vis-à-vis de cette question, on se sentira très
protégé.
M. Léger: Dans le cas qui nous occupe, c'est que, si une
zone est inondable - c'est un exemple pour le député de
l'Opposition d'un projet qui aurait pu régler le problème de
l'île Rochon, entre autres - le ministère n'a pas les moyens
d'empêcher une construction si la municipalité donne un permis.
Tous les écologistes et tous les défenseurs de l'environnement
disent: C'est épouvantable qu'on construise dans cette zone inondable et
que la municipalité donne le permis. Le projet de loi nous donnerait le
pouvoir de décréter que, cette zone étant inondable, il
faudra pour qu'il y ait construction que la municipalité vote un
règlement, approuvé par le ministère de l'Environnement.
Alors la municipalité a la discrétion, dans son règlement
soit de prohiber totalement, soit de prohiber d'une façon limitée
ou d'apporter des correctifs, par exemple, s'il y a des constructions dans ce
milieu, il faudra qu'elles soient faites sur pilotis ou d'une façon
à minimiser les conséquences. Ceci serait approuvé par le
ministère de l'Environnement puisque cela permettait de minimiser les
conséquences environnementales et les conséquences de
remboursements possibles pour les dommages graves que le gouvernement est
obligé de payer par la suite.
C'est une sorte de participation de la municipalité et du
gouvernement pour prévenir; c'est une question de prévention.
Cette loi est faite dans le but d'être un outil de prévention.
Cela permettrait de s'assurer qu'il n'y aura pas de construction à moins
que la municipalité ait bien défini comment elle pourrait se
faire. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Dufour: Nous sommes d'accord jusqu'à un certain point
parce que cela ne brime pas l'autonomie municipale dans ce domaine. D'un autre
côté, le fait que la municipalité, en connaissance de
cause, aurait émis des permis avec toutes les restrictions possibles et
que, malgré tout cela, il arrive un inconvénient, un sinistre,
quelque chose d'extraordinaire, je me demande comment la municipalité
pourra se défendre contre l'action du citoyen. On est pris d'un
côté comme de l'autre. Le citoyen peut dire: Vous m'avez
brimé dans mes droits en n'accordant pas de permis. Vis-à-vis de
cette demande, si le conseil, étant assez sensible aux demandes de ses
citoyens, décide de procéder et d'émettre un permis,
comment le citoyen, si un jour il arrive un cataclysme, un sinistre, va-t-il
réagir vis-à-vis de la municipalité? Quel serait le
pouvoir de la municipalité pour contrer cette demande du citoyen
vis-à-vis des tribunaux parce que là, on va devant le tribunal?
(11 h 15)
Peut-être que la solution serait que la municipalité
s'oppose purement et simplement. À ce moment-là, le citoyen va se
retourner de bord et va dire à la municipalité, comme on le fait
lorsqu'on veut zoner des parcs - il y a des cas patents dans
la loi où la municipalité zone des parcs de
récréation ou de verdure où les citoyens disent: Moi,
j'avais prévu de construire et cela fait deux ans que vous avez
bloqué mon projet; ils ont passé devant les tribunaux et les
tribunaux, à chaque fois, ont donné raison aux citoyens parce
qu'ils ont dit à la municipalité: C'est une expropriation
déguisée, et la municipalité doit acheter ou changer son
règlement et permettre aux contribuables de procéder.
M. Léger: II y a une différence entre le
règlement de zonage et un permis. Le permis provient après ou
selon le contenu du règlement de zonage. Je pense que le fait d'avoir
fait une carte d'inondation et d'avoir exigé que la municipalité
ait un règlement de zonage protège devant les tribunaux le
gouvernement et la municipalité. Du fait que c'était public, que
c'était un endroit inondable, et s'il y a eu un permis à
l'intérieur d'un règlement de zonage, cela démontre
jusqu'à quel point le citoyen qui a eu son permis, l'a obtenu selon
certaines conditions du fait qu'il y avait déjà un danger; la
municipalité et le gouvernement sont ainsi protégés de ce
côté-là.
M. Dufour: Lorsqu'il y a des lois de propriété;
vous avez dit tout à l'heure dans votre exposé que ce n'est pas
nécessairement que les municipalités ont toutes leur plan
d'urbanisme dans le moment. Il y a des droits acquis actuellement qui
s'exercent lorsqu'on fait un plan de zonage ou un plan directeur d'urbanisme,
on va contrer certains droits de citoyens au moment où on le fait, ce
qui va se produire de plus en plus, parce que les municipalités auront
à faire leur plan directeur d'urbanisme dans le futur.
Donc, ce qu'il y a vis-à-vis de ces questions-là, c'est
qu'immédiatement - et j'ai l'expérience d'avoir fait des plans
d'urbanisme complets - et on va léser certains citoyens; il y en a
à qui on va accorder des droits acquis avec droit de non-reconstruction,
mais si on détermine automatiquement que sur des terrains il n'y a pas
de possibilité parce que s'il y avait des inondations à chaque
année, il serait facile à déterminer. Il peut y avoir des
inondations à tous les cinq ans, tous les dix ans, à tous les
vingt ans; c'est beaucoup moins compréhensible pour le citoyen qui est
affecté parce que au moment où le citoyen exige ou demande, en
fait il exige à ce moment-là, c'est surtout dans ces domaines que
cela représente une difficulté majeure à notre 'point de
vue. C'est pourquoi on dit que s'il n'y a pas de fonds d'indemnisation, comment
un citoyen va se sentir dans ses bottes?
M. Léger: Je pense que le principe que je mentionnais au
début de mon exposé dans ce règlement, c'est que le
gouvernement se donne les moyens pour s'assurer que les avantages des uns
soient quand même subordonnés aux avantages de la majorité;
c'est donc dire que dans une zone d'inondation si on ne prend pas de
précaution pour rendre le plus difficile possible les constructions dans
un endroit où il y aurait des conséquences et que l'état
est obligé de payer, c'est l'ensemble des citoyens qui payerait pour
l'improvisation ou l'imprévision d'un citoyen qui veut y aller quand
même.
Il faut tenir compte dans la réglementation de ce que la
municipalité peut faire de l'état de la situation; il se peut
qu'il y ait dans le règlement de la municipalité des
règles d'immunisation, c'est-à-dire qu'on permette de construire
à la condition qu'il y ait certaine façon de le faire avec des
pilotis ou des murs - sans cela vous êtes au pilori, oui - ou des
méthodes de construction particulières, de façon que celui
qui construit le sachant se doit de prendre certaines mesures pour le
protéger et aussi le fait que celui qui vend son terrain à un
autre, celui qui l'achète, s'il n'est pas au courant qu'il y a des
dangers de ce côté-là, a acheté avec un risgue, et
c'est important que publiquement cela soit connu que c'est une zone inondable.
C'est facile de se débarrasser d'un terrain en disant: II n'y a pas de
problème; c'est comme une vieille automobile on ne connaît pas les
défauts, mais un terrain, si on le vend, cela peut être un terrain
qui a un problème qui est une zone d'inondation, et c'est une question
de responsabiliser et la municipalité et celui qui construit, celui qui
vend à un autre; tout cela est dans le but d'avoir la
préoccupation des conséquences environnementales pour chaque
geste qu'on pose.
M. Dufour: Nous sommes d'accord avec les principes que vous
émettez, c'est dans l'application qu'on a le problème, ce sont
les droits que les citoyens ont avant; c'est surtout là qu'est le
problème.
M. Léger: On peut dire que les droits acquis doivent
être nécessairement respectés par ce règlement.
M. Dufour: Cela veut dire que si on défend la
construction, le citoyen va pouvoir se revirer, aller devant les tribunaux et
nous dire la même chose qu'il a dite pour les parcs: Vous nous avez
enlevé des droits et vous devez payer.
M. Léger: En gros, je pense qu'on peut dire que tout
dépendra, puisque c'est toujours une situation particulière.
Quand on parle d'un territoire, il y a des situations particulières. Il
faut tenir compte que, quand on réglemente ou quand on adopte une loi,
on obéit toujours au principe suivant: c'est
pour le bien général. Mais, quand on choisit, on sacrifie
aussi. Le fait de choisir pour régler telle affaire, cela amène
certaines conséquences. Il y a aussi la façon d'adapter ce
règlement. Entre autres, dans la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, il est dit à l'article 113, 16°: "régir ou
prohiber, par zone, la construction ou certains ouvrages -c'est donc une
question d'adaptation locale -compte tenu soit de la topographie du terrain,
soit de la proximité d'un cours d'eau ou d'un lac, soit des dangers
d'inondation, d'éboulis, de glissement de terrain ou d'autres
cataclysmes, toute prohibition faite en vertu du présent paragraphe
pouvant être totale ou ne viser que certaines catégories
d'immeubles qu'il détermine." C'est donc un règlement que la
municipalité fait en tenant compte de la réalité avec
laquelle elle vit. La municipalité est beaucoup plus proche du
problème, de ses citoyens, de la situation et du terrain que le
gouvernement peut l'être. C'est la municipalité qui doit faire
cela et l'adapter.
M. Dufour: On reste toujours avec le même doute quand
même. Si on le fait, ce sera difficile pour les municipalités de
l'appliquer, parce que le contribuable a des recours contre la
municipalité. Vous le prohibez, vous donnez l'indication, mais vous ne
l'appliquez pas vous autres mêmes. Vous en laissez l'application à
la municipalité qui devra prendre ses responsabilités en
conséquence.
M. Léger: On peut quand même dire, je pense, que les
municipalités ont l'appui du gouvernement du Québec, à
cause de cette loi, et l'appui technique aussi pour les aider de ce
côté.
M. Dufour: Allez-vous accepter d'être pris comme
codéfendeur dans des cas comme cela?
M. Léger: Une chose est certaine, je pense qu'on peut
être d'accord pour dire qu'aujourd'hui, en 1982, cela prend du courage
pour être des administrateurs publics.
M. Dufour: J'aimerais revenir sur la question des
dépôts de garantie. Si la municipalité, qui a lancé
un projet, est obligée de déposer un bon de garantie - j'ai des
doutes et une municipalité a des doutes dans le sens qu'une compagnie
d'assurances ou qu'une compagnie de finance puisse donner un bon de garantie
aux municipalités, la compagnie sait à quoi elle s'engage, dans
le sens que son bon de garantie peut être confisqué à
n'importe quel moment lorsqu'on fera les travaux - cela veut dire, à
toutes fins utiles, que la municipalité... Votre intention est
excellente, je pense, de faciliter la construction de l'ouvrage le plus
rapidement possible. Mais, en cours de route, le sous-ministre peut envoyer un
inspecteur qui va examiner les travaux, qui peut les arrêter, qui peut
confisquer aussi le bon de garantie et obliger d'apporter des corrections.
Alors on doute que la compagnie d'assurances va émettre des bons de
garantie. Ce qui veut dire qu'à toutes fins utiles, à mon sens,
comme je le comprends, la municipalité, au lieu de déposer un bon
de garantie, devra déposer effectivement de l'argent...
M. Léger: Je voudrais tout de suite...
M. Dufour: ... du vrai argent. À mon sens, la
municipalité, en cas d'urgence, va le faire mais, règle
générale, la municipalité qui a la responsabilité
d'administrer les biens des citoyens en bon père de famille ne pourra
courir le risque qu'en plein milieu des travaux son argent soit
confisqué. Les municipalités vont dire...
M. Léger: Est-ce que je peux vous arrêter pour dire
que, selon la loi - et vous allez le voir dans la prépublication - la
municipalité n'est pas concernée dans ce cas-là? Donc,
ça règle le problème. Toutes les appréhensions que
vous vouliez ajouter, ce n'est pas le cas.
M. Dufour: Oui, parce qu'on en avait plusieurs.
M. Léger: Cela peut être touché pour les
dénégations, mais pas pour les bons de garantie pour les
municipalités, etc.
M. Dufour: Cela va. Cela répond à une de nos
attentes.
M. Léger: Encore deux petits mots, je vous donne d'autres
réponses. À une autre question que vous avez posée, les
normes ne varieront pas en cours de projet. Ce sont des normes applicables
à la date du dépôt d'attestation auprès du
sous-ministre. Donc, quant à cette autre préoccupation, si
ça peut vous rassurer, ce n'est pas le cas. Alors, je veux vous
remercier, à moins que je n'aie peut-être d'autres idées
qui me viennent à la suite des interrogations du député de
l'Opposition ou d'autres députés.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, je pense que la question clef
là-dedans, comme vous l'avez souligné - je n'ai pas lu votre
mémoire avant d'arriver ici, mais je pense qu'on s'attaque à la
même question fondamentale - c'est la question d'attestation de
conformité versus le système actuel de
certificat d'autorisation. Alors, vous avez fait une suggestion
principale, soit que le ministère de l'Environnement publie des normes
très claires. S'il y avait des normes publiées par le
ministère de l'Environnement qui étaient très claires et
précises, est-ce que vous pensez que ce serait un substitut pour les
certificats d'autorisation actuels? Est-ce que c'est ça que je dois
comprendre de votre mémoire ou non?
M. Dufour: Si les normes sont très bien
édictées, qu'on peut y avoir accès facilement -
d'ailleurs, dans notre mémoire, on parle de la qualité des
professionnels qui ont à se prononcer lorsqu'ils préparent des
projets de travaux; ces professionnels-là, je pense bien qu'on ne peut
pas mettre en doute leur compétence - donc, si les normes sont bien
connues au moment où on dépose le projet, si les normes ne
changent pas en cours de route, je pense que, jusqu'à un certain point,
il est possible de faire des travaux en conformité avec les
règles du jeu. Un des problèmes qui pourraient se soulever, c'est
le jugement, par exemple, du sous-ministre qui a à se prononcer sur la
qualité des normes en chemin. Même, ça peut être un
très bon sous-ministre; remarquez bien qu'on n'a pas d'objection, les
sous-ministres sont tous des gens excellents et compétents, en principe.
Donc, si à la longue les gens, par jugement, décident que ce
n'est pas conforme aux normes édictées et arrêtent les
travaux - il y a des coûts lorsqu'on arrête les travaux en cours de
route - qui va payer? Est-ce que le ministère est capable de payer pour
ces retards qui vont être occasionnés? C'est une question qui,
à mon sens, est importante, parce que, si c'est juste une question de
normes qui sont mathématiques et que c'est aussi clair que le jour et la
nuit, je pense qu'il faut faire confiance aux professionnels qui ont à
travailler dans des dossiers avec leur jugement. Mais, comme on fait toujours
appel au jugement, parce que c'est après coup que ça se produit,
là il peut y avoir des questions litigieuses qui peuvent se soulever en
cours de route et ça, je pense que c'est la question fondamentale qu'on
se pose. Quant à savoir si les règles sont bien connues,
après une certaine pratique, peut-être après deux ans,
trois ans, tout le monde va connaître les règles du jeu, si on ne
change pas de sous-ministre trop souvent. Mais c'est là vraiment la
question fondamentale.
M. Lincoln: Tout de même, on parle d'une diversité
immense de projets, on parle de toutes sortes de projets. Est-ce que ça
vous tracasse maintenant le système actuel, malgré que vous
parlez justement d'essayer de déréglementer, d'essayer de
réduire la bureaucratie? Mais, comme vous le soulignez vous-même,
on sort d'une bureaucratie pour aller dans une autre. C'est peut-être
faire marche arrière, mettre la charrue devant les boeufs, comme on dit.
On va corriger ça après coup. Est-ce que ça ne va pas
provoquer, comme vous le dites autant de bureaucratie et toutes sortes de
problèmes immenses? Est-ce que le système de certificat
d'autorisation actuel vous gêne? Est-ce que vous êtes contre
ça en principe? Est-ce que vous pensez que l'autre est un meilleur
substitut? (11 h 30)
M. Dufour: II va y avoir une amélioration parce que
l'attestation des normes va donner de meilleures garanties, je pense, lorsqu'on
va avec le certificat pour les travaux comme tels. Ce qui arrivait avant, c'est
que, lorsqu'on demandait des approbations, il fallait soumettre ça des
mois à l'avance. Cela était aussi une complication qu'on avait
à subir régulièrement parce que, dans tous les projets qui
concernaient l'environnement, on était obligé de soumettre nos
avant-projets des mois à l'avance. Cela demandait une meilleure
planification de la part de la municipalité et les règles
n'étaient pas nécessairement connues. Dans le système
actuel, on se sent un peu lésés.
Dans le système proposé, je pense que, règle
générale, "l'initiateur" d'un projet va avoir
intérêt à obtenir son certificat de conformité avant
le début des travaux parce qu'il va avoir de la difficulté
à procéder s'il est pour être confisqué à
tout bout de champ. Vous allez voir que les coûts qui sont
attachés à des bons de fonctionnement et à des bons de
garantie vont augmenter assez fortement. Il s'agit d'en saisir quelques-uns et
les compagnies qui donnent les cautionnements vont être beaucoup plus
prudentes et elles vont augmenter les coûts. Cela aura peut-être de
l'influence sur le coût des travaux futurs.
M. Lincoln: Je ne comprends pas trop bien. Vous dites que
"l'initiateur" du projet aura tendance à obtenir un certificat de
conformité avant de commencer; ce n'est pas ce que la loi dit. La loi
dit que c'est lui qui produit une attestation de conformité; alors
ça, c'est son jugement sur la conformité mais la
conformité sera jugée par le sous-ministre après le coup.
Disons que vous avez une usine d'épuration ou un projet quelconque qui
vaut des millions de dollars et qu'il y ait déjà un mur de
soutènement ou n'importe quel projet; on peut prendre toutes sortes
d'exemples; "l'initiateur" a déjà investi plusieurs millions de
dollars et vous faites une usine qui, après ça, est
déclarée non conforme. Qu'est ce qu'on fait avec ça? On se
sert du bon de garantie, en espérant que le bon de garantie est bien
évalué, pour défaire le projet. En fait, il n'y a pas de
question de certificat de conformité d'après ce que j'ai lu dans
la loi. Pensez-vous qu'il y
aura une espèce de certificat de conformité non officiel
qui va se faire entre les deux avant que ça commence pour qu'on dise
qu'à ce moment-là ce n'est pas le certificat d'autorisation...
Est-ce qu'on ne retourne pas au même principe?
M. Dufour: À mon point de vue, il va sûrement y
avoir des démarches qui vont se faire même si la loi ne le
prévoit pas. Pour obtenir le certificat de conformité ou
l'autorisation, la personne qui va présenter son projet va dire: On est
en règle, ils demandent les permis qui sont susceptibles d'être
donnés, soit la municipalité, etc. Ils vont commencer les travaux
et, si, en cours de route, il y a des problèmes qui se soulèvent,
si ce sont des projets d'envergure, je pense bien que "l'initiateur" d'un
projet n'aura pas le choix, il va certainement y avoir des rencontres ou des
contacts qui vont se faire pour s'assurer qu'ils sont dans la bonne voie pour
faire ces travaux-là.
M. Lincoln: Ne pensez-vous pas...
M. Léger: Est-ce que le député me
permettrait une clarification parce qu'on s'en va dans la mauvaise
direction?
Il n'est pas question de donner des certificats d'autorisation selon la
loi 55 pour de gros projets du genre usine d'épuration. Je ne voudrais
pas qu'on s'en aille dans cette direction-là, ce ne sont pas des projets
de millions de dollars. C'est tout simplement une série de projets du
genre extension d'un réseau, donc de petits projets; de petits projets
recréatifs. C'est toute une série de projets qui sont petits, pas
tellement coûteux mais qui amènent une sorte de bureaucratie
énorme. Donc, les gros projets ne sont pas inclus là-dedans, ce
sont les petits projets. Ce sera par la publication du règlement qu'on
verra les projets précis. Comme je l'avais dit lors de la
présentation, ce sont de petits projets. On va commencer par des projets
d'aqueduc et d'égoût et de petits projets d'extension.
M. O'Gallagher: Pour bien comprendre, est-ce qu'il serait
possible de prendre un exemple typique, de regarder le système de
réglementation existant et de regarder de quelle façon le projet
de loi va influencer cette bureaucratie pour avoir une meilleure administration
ou trouver un moyen d'enlever les bâtons dans les roues qui existent
aujourd'hui?
M. Léger: Je pourrais peut-être vous donner juste un
exemple comme ceci: Une municipalité veut faire un agrandissement de 500
pieds de tuyaux pour approvisionner quatre ou cinq maisons dans un coin
donné; ça c'est un exemple concret. Au lieu de nous faire
parvenir tous les plans et devis pour qu'on prenne parfois un mois, deux mois,
trois mois à analyser les plans et devis pour voir si c'est conforme,
selon des normes cachées, parce que ce sont des normes internes,
là les normes seront publiques, précises. Les professionnels sur
place devront s'assurer que le projet qu'ils font est conforme à ces
normes et, ce qu'on nous envoie, ce sont les plans et devis de ces petits cinq
cents pieds comme exemple. À ce moment, nous n'avons pas à
refaire une deuxième vérification, ils l'ont faite et il y a un
certification de conformité. Si on peut garder le même langage,
parce que tantôt j'entendais le député de Nelligan parler
du certificat d'autorisation, ce qu'on faisait auparavant, on appellerait
ça "autorisation préalable", c'est-à-dire une autorisation
avant que ce soit fait, préalable, tandis que là, c'est un
certificat de conformité qu'on donne au professionnel qui nous a soumis
son projet, en signant au bas, comme un comptable agréé le fait
pour des états financiers, pour dire: Je certifie que les plans et devis
pour ce projet sont conformes aux normes précises qui sont
publiées et qui sont publiques.
Je pense qu'il faut clarifier. Ce qui est visé, c'est aucun
projet qui est déjà soumis aux études d'impact. Donc, tout
ce qui touche aux études d'impact, ce n'est pas soumis là dedans.
Cela va être des projets réglementés. Donc, dans le
règlement, ça va être signalé
précisément quels projets vont être touchés, j'ai
donné l'exemple, on pourrait commencer avec les projets de prolongation
d'aqueduc et d'égout, des projets comme je viens de mentionner, surtout
des projets mineurs, ou des agrandissements ou des réfections d'ouvrage
existaient. C'est toujours quelque chose de mineur. Il ne faut pas oublier que
c'est un projet pour enlever la paperasserie administrative du gouvernement sur
des projets mineurs et non pas sur des gros projets qui sont soumis à
d'autres égards.
M. Lincoln: Vous avez soulevé, M. le ministre, un point
crucial. Alors, c'est une affaire d'interprétation de ce que vous avez
mis dans la loi. Je ne sais pas si c'est le moment et si le président me
le permettra, il y a un mémoire - vous allez me dire tout à
l'heure quand on va interviewer ces gens, s'ils se trompent eux aussi - celui
de STOP, qui écrit à la page 3: "Le projet de loi no 55 propose
de soustraire les travaux suivants à l'obligation d'obtenir un
certificat d'autorisation, secteur municipal: installation ou modification d'un
système de gestion des déchets solides, exemple,
incinérateur ou site d'enfouissement sanitaire; usine de filtration
d'eau potable et usine d'épuration des eaux usées." Alors, est-ce
qu'ils se trompent?
M. Léger: Oui.
M. Lincoln: Cela m'intéressera tout à l'heure de
voir comment ces gens ont eu cette même interprétation. Mais
disons qu'on parle de projets mineurs. Là cela restera à
être vu plus tard. Vous dites que la proposition du ministre est une
amélioration au système actuel, que ça permettra des
réductions de la bureaucratie en même temps que ça gardera
un contrôle aussi efficace que ce qu'il est maintenant?
M. Dufour: Mon opinion, c'est que le certificat d'approbation qui
va être donné en cours de route, parce qu'il va être
donné par des règles publiques, qui vont être connues, le
professionnel et le contractant vont le faire au début, donc ils vont
pouvoir procéder aux travaux. Nous ne sommes pas capables
d'évaluer quels sont les coûts qui vont être
inhérents à l'émission de bons de garantie, parce que si
en cours de route, le sous-ministre décide que ce n'est pas conforme
pour une raison ou pour une autre, s'il y a des bons de garantie qui sont
saisis régulièrement dans les municipalités, ce qu'on ne
souhaite pas, cela va avoir un impact sur les coûts des travaux, à
mon point de vue. Selon le système qu'on avait auparavant, l'approbation
était obtenue avant. Ce qu'on n'avait pas, c'était les
règles publiques. Selon le système d'auparavant, si les
règles et les normes avaient été connues, si ça
avait été des normes qui avaient été
adoptées publiquement, elles ne nous auraient pas causé de
problème. On essaie de dire, ce qui est permis dans le futur va
être une amélioration pour le début des travaux et on va
s'appliquer sur des normes, on va pouvoir procéder. Ce qu'on ne
connaît pas, c'est comment le sous-ministre va réagir
vis-à-vis de ces travaux. Parce que si à n'importe quel moment il
y a un bon de cautionnement qui est saisi pour apporter des correctifs ou
changer la nature des travaux, à ce moment, ça va certainement
influencer les coûts des projets, parce que d'habitude, rien ne se perd,
rien ne se créé, surtout avec des corporations publiques.
Normalement, si cela coûte de l'argent, les entrepreneurs facturent cela
aux municipalités, il n'y a aucun doute là-dessus.
M. Lincoln: J'ai deux dernières questions. Je n'ai pas
envie de prolonger la discussion. Vous avez dit que vous pensiez que, dans la
pratique, des arrangements vont se faire entre le ministère, les
promoteurs et la municipalité, qu'on va s'arranger. Ne pensez-vous pas -
vous comme maire, législateur, nous aussi comme législateurs -que
c'est mieux de s'assurer que dans la loi il y ait des protections
légales d'inscrites plutôt que de laisser cela à chaque
promoteur, au ministère de faire des petits arrangements à
l'amiable dans chaque projet, indépendamment de tel projet, de telle
situation?
M. Dufour: C'est sûr qu'à la question que vous
posez, je vais vous répondre, en principe, oui. Je pense que les
administrations publiques ont tout intérêt à travailler
selon des règles et des procédures connues et qui puissent ne pas
donner flanc à la critique ou à des coûts exorbitants. Je
pense aussi que c'est plus clair, dans n'importe quel domaine, quand on sait ce
qu'on va faire. Je pense qu'on a des pratiques de droit qui sont connues; on
sait comment aller en soumissions publiques, quelles sont les règles
qu'on doit respecter. À ce moment, cela ne cause pas de problème
aux administrations publiques.
Ce qu'on pense, c'est que le système d'avant n'était pas
fondamentalement mauvais. C'est qu'il apportait des retards indus à des
travaux, des fois, de nature urgente. Cela demandait aussi une planification
plus poussée, ce qui n'est pas le cas de toutes les
municipalités. On sait qu'il y en a 1600; donc, il y a plusieurs
municipalités qui n'ont pas de système de planification
très élaboré. Quand arrivait le moment d'obtenir leur
approbation, cela prenait assez de temps, d'autant plus qu'on ne connaissait
pas les normes, les règles qui étaient imposées ou qui
étaient déterminées. Donc, cela pouvait être de
nature à retarder les travaux. Je pense que le système d'avant -
s'il y avait eu des règles et des normes connues - aurait
été applicable.
Le problème que vous soulevez, c'est si à l'avenir - je
pense qu'on l'a soulevé dans notre mémoire - le sous-ministre va
avoir la même interprétation des normes dans le cours du projet.
Parce que c'est un individu, un sous-ministre. Qu'il soit compétent ou
pas, c'est une personne. Lorsque, en cours de route, il pourra constater qu'un
travail, à son point de vue, ne sera pas conforme, il va pouvoir
arrêter le projet, confisquer le bon de garantie. Cela pourrait
être la cause de beaucoup de désagrément et de retards
indus pour les municipalités. C'est peut-être là qu'on se
pose la question.
M. Lincoln: Si on peut laisser cela, je vais vous poser une
dernière question au sujet des zones inondables.
M. Léger: Est-ce que le député me permet,
puisqu'il veut laisser cet aspect, parce qu'il y a encore une erreur dans son
esprit, que je voudrais clarifier?
C'est qu'il n'y a pas de dépôts de garantie pour les
municipalités. Donc, il n'est pas question du tout de cela. Il ne
faudrait pas le penser et ensuite conclure dans une fausse direction. Il n'y en
a pas, de dépôts de garantie pour les municipalités.
Il n'y a pas non plus d'aménagement à l'amiable, comme
vous disiez tantôt, sur les
normes. Les normes vont être publiques et le professionnel enverra
les plans et devis avec un certificat d'autorisation disant que ces plans sont
conformes aux normes publiques. Donc, on n'a pas un mot à dire, c'est le
cas.
Dans la vérification, par la suite, quand il y des inspections,
si les travaux ne sont pas faits selon les normes, cela va être surtout
dans les débuts qu'on va être là. Les dépôts
de garantie, la plupart de ces projets municipaux n'ont pas de cela. Voici un
exemple où il pourrait y avoir des dépôts de garantie.
Quand il s'agit d'un réaménagement minier, que les correctifs que
la mine veut faire entraîneront une sorte de détérioration
temporaire, quand elle a fini ses travaux, habituellement, elle s'en va et on
est pris avec un immense terrain qui est complètement
désaffecté, et cela coûte de l'argent à
l'État.
Le bon de garantie serait pour s'assurer que celui qui exploite une
telle mine devra la réaménager après - le bon de garantie
est là pour s'assurer de cela - qu'il va remettre les terrains d'une
façon acceptable pour la population. Même chose pour une industrie
qui veut bâtir un réservoir de produits toxiques, dangereux. Il y
aurait un bon de garantie pour s'assurer qu'en cours de construction, s'il y a
une cassure et que cela amène Urgence-Environnement à intervenir,
les conséquences soient corrigées. Donc, c'est plutôt dans
des cas comme celui-là qu'il peut y avoir des bons de garantie, et non
dans les projets municipaux. (11 h 45)
M. Lincoln: Tout ce que je voulais dire, c'est ceci. Le maire
avait souligné lui-même que son interprétation était
ceci. Cela m'intéresse de penser que quelqu'un représentant
l'Union des municipalités du Québec pense qu'il y aurait
peut-être une façon de régler cela. C'est-à-dire
qu'il a lui-même des soucis, à savoir que selon la loi cela va
créer toutes sortes de problèmes. C'est cela que je voulais
souligner. Par exemple, sur la question des normes, c'est un petit peu
l'interprétation de ce que les gens font de ces normes, surtout quand le
projet est commencé. C'est ce que vous voulez souligner, je crois.
Sur la question des zones inondables, je suis d'accord avec le ministre
qu'il faudra bientôt, avec cette loi, arriver à un point où
on décide que, s'il y a des zones inondables, aller se construire
dessus, c'est faire marche arrière. L'exemple de Richmond est tout
à fait typique; on dépense de l'argent pour faire faire des murs
pour empêcher les inondations, parce que les gens ont construit dans des
zones où il ne devait pas y avoir de construction, d'autant plus que
c'est contre tous les principes écologiques.
Le ministre a parlé de l'exemple de l'île Rochon que j'ai
apporté l'autre jour. C'est un exemple tout à fait
différent, parce qu'il y a une entente
fédérale-provinciale qui établit clairement les zones
inondables où il ne devait pas y avoir de construction. Le ministre ne
peut s'imposer selon la loi et selon les ententes
fédérales-provinciales et arrêter les travaux. C'est une
affaire tout à fait différente. Je voulais en venir à ce
point-là, la question des ententes fédérales-provinciales
où on a délimité certains cours d'eau et certaines nappes
d'eau, des zones inondables où on n'a pas le droit de construire. On dit
que ces zones vont être prescrites par règlement du
ministère, alors vous aurez à suivre cela. Si la loi
prévoyait une concertation sur les zones inondables du Québec, on
en arriverait à cela par une concertation entre les
intéressés, c'est-à-dire les municipalités de
comté et le gouvernement où, au préalable, on se serait
mis d'accord que certaines zones sont protégées et on ne peut y
construire, est-ce que cela ne répondrait pas à vos soucis?
M. Dufour: Actuellement, on est obligé de parler des
principes plutôt que des cas pratiques. Les zones inondables au
Québec ne sont pas encore disponibles pour l'ensemble des
municipalités que je sache. Je ne sais pas si elles sont
disponibles?
M. Léger: On a commencé par des régions
prioritaires, mais je suis d'accord avec vous que ce n'est pas fait
partout.
M. Dufour: II est certain que s'il y avait une entente, ou des
modèles d'intervention ou de concertation entre différents
gouvernements pour régler ces zones, ce serait peut-être plus
facile. Le point qu'on a soulevé comme municipalité, c'est que le
ministre ou le ministère a le droit de prohiber des eaux. Nous, on est
obligés de les suivre et on n'a pas de façon de se
défendre par rapport au contribuable.
M. Lincoln: Peut-être qu'on peut faire la suggestion au
ministre que s'il y avait une table de concertation permettant aux
municipalités de s'impliquer dans la sélection de ces
zones...
M. Dufour: Mais cela ne changera pas le problème, parce
que le problème qu'on soulève, ce ne sont pas des cas
problématiques, ce sont des cas réels. Lorsqu'il y a des zones
inondables, qu'on n'ait pas le droit de s'y construire, je pense que tout le
monde ici peut accepter cela assez facilement. Nous, on dit que,
vis-à-vis de la fabrication ou du dépôt d'un plan directeur
d'urbanisme d'une municipalité, on va être obligé de brimer
des droits acquis de citoyens. Ce n'est pas une table de concertation qui
pourrait régler cela. On peut peut-être faire comprendre cela aux
gens et dire: C'est pour votre bien. C'est
vrai, cela va être pour leur bien qu'on va le prendre, parce
qu'à toutes fins utiles ils n'auront plus ce bien, ils ne pourront plus
l'utiliser aux fins pour lesquelles ils l'ont et qu'ils en sont possesseurs.
Mais le problème, même s'il y avait accord entre les
municipalités et le gouvernement du Québec, c'est qu'il y a un
échéancier ou une réponse qu'il faudra donner au bout,
c'est comment le citoyen va exercer son droit par rapport à son bien. Si
quelqu'un s'est bâti ou s'il a acheté dans une zone de
villégiature des terrains qu'il pensait propices à la
construction d'un chalet, d'une maison d'été ou même d'une
maison habitable toute l'année, le plan directeur d'urbanisme est
déposé, on vient lui dire qu'il n'est pas possible de construire
ou qu'il est possible de construire avec telle ou telle contrainte. Si ce n'est
pas possible de construire, le citoyen va dire: Vous n'avez pas le droit de me
déposséder du droit que j'avais et que je croyais très
légitime, puisque j'ai acheté le terrain pour telles fins. Il ne
connaissait pas non plus la zone inondable, c'est quelque chose qu'on ne
connaît pas. On vient de dire qu'on ne les connaît pas toutes, au
Québec. Ces zones n'étant pas connues, la municipalité va
lui dire, selon les cartes: Vous n'avez pas le droit de vous construire dans ce
coin, ce n'est pas possible. Cela prendra plus qu'une concertation, à
mon sens, pour satisfaire le désir, le besoin ou le droit de ce
citoyen.
M. Lincoln: Peut-être que, si c'est un cas où il y a
des zones inondables où vous avez toutes sortes de constructions
déjà existantes, cela devient un problème très
vaste où il faudra des expropriations à la longue dans les
années futures. Si vous partez du principe qu'on ne peut rien faire
parce qu'il y a déjà des droits acquis, à ce
moment-là, on n'établira rien. Est-ce que vous ne pensez pas
qu'il faut établir le principe et ensuite régler les cas
d'espèce?
M. Dufour: Non, je vous ai dit tout à l'heure que les
droits acquis peuvent s'acheter, mais pas se confisquer. Le meilleur exemple
qu'on puisse donner, je parle d'un parc, par exemple, c'est celui d'une
municipalité qui décide de zoner un endroit en parc de
récréation. La municipalité adopte son plan directeur
d'urbanisme. Au bout de trois ans, il ne se fait rien. Le citoyen - cela est
dans la loi et on a des causes là-dessus - va en cour. Mais il demande
d'abord à la municipalité: Voulez-vous changer mon zonage? J'ai
des projets de développement domiciliaire. La municipalité dit:
Non, on ne le fait pas, c'est zoné "parc" et on le laisse comme cela. Le
citoyen va en cour et chaque fois, le citoyen gagne, dans le sens que le juge
dit à la municipalité: Est-ce que vous étiez
sérieuse lorsque vous avez décidé de zoner ce parc pour la
récréologie? La municipalité va dire oui. Le juge va dire:
Si c'est oui, vous devrez acheter le citoyen. Si c'est non, dézonez et
permettez au citoyen d'utiliser son terrain pour son profit. Dans la loi, c'est
arrivé. Il y a eu plusieurs jugements et tous sont conformes à ce
que je dis. Je pense qu'il y a une application similaire dans le domaine qui
nous préoccupe.
Le Président (M. Rochefort): Un instant, M. le
député de Rousseau. Est-ce que ça va, M. le
député de Nelligan? M. le député de Rousseau.
M. Blouin: Juste en terminant et pour conclure sur les zones
inondables, j'ai l'impression que la cause que vous évoquez ne
s'applique pas dans les problèmes qui nous occupent pour la raison
très simple que ce que la loi prévoit, ce n'est pas de brimer un
individu de son droit de construire une maison, mais de lui éviter de
commettre une erreur. Peut-être qu'en achetant un terrain, il a commis
une erreur à son insu; en plus, en construisant sur ce terrain, il
commettrait une erreur encore plus considérable qui risque de le
détériorer encore plus fondamentalement sur le plan financier. Je
ne vois pas tellement un individu arriver dans un bureau municipal et, les
poings sur la table, tenir absolument à construire une maison en sachant
pertinemment que, dans les années ou dans les mois qui viennent, son
bien pourrait se voir détérioré par une cause naturelle.
Il me semble que l'individu qui insiste pour se bâtir dans ces conditions
court après sa perte.
M. Dufour: Si la municipalité, devant l'insistance,
émet des permis, le citoyen va avoir un recours. Si elle n'en
émet pas, il va dire: Vous avez brimé mon droit. En tout cas, une
chose est certaine que, dans un dossier semblable, c'est de l'expropriation et
la cour décidera. Nous pensons qu'en droit municipal, ce sont des
phénomènes qui se sont produits à moult reprises.
M. Blouin: Mais, lorsque vous parlez d'expropriation, vous parlez
d'un terrain qui devient une utilité publique, que ce soit un parc ou
une route; dans ce cas-là, c'est pour prévenir des catastrophes;
alors, ce n'est pas une utilité publique.
M. Dufour: Peut-être qu'il aura moins de valeur pour
l'expropriation, mais il y aura probablement, en tout cas, selon
l'expérience qu'on a, il y aura probablement des coûts quand
même à la municipalité. Mais...
Le Président (M. Rochefort): Pour conclure, M. le
ministre.
M. Dufour: ... si M. le ministre accepte que le ministère
de l'Environnement soit pris aussi à caution avec les
municipalités, je pense que ce serait acceptable.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, en
conclusion.
M. Léger: Je voudrais dire d'abord que, quant à la
discussion du projet de règlement qui va suivre, je suis ouvert à
la discussion avec tous les intervenants. Je voudrais quand même faire
une nuance entre les terrains qui seraient réglementés au niveau
des parcs et les terrains où il y aurait une réglementation
à cause des plaines d'inondation; je pense que ce sont deux
problèmes différents. Je suis d'accord avec M. le maire lorsqu'il
dit qu'au niveau d'un parc, si la municipalité choisit de faire un parc,
c'est certain qu'elle empêche un citoyen qui pourrait se construire sans
dommage pour lui, mais c'est parce qu'il y a un choix que la
municipalité a fait; ce que je veux dire, c'est que ça prend du
courage à la municipalité parce que, lorsqu'on choisit, on
sacrifie; si on choisit que ça prend un parc, à ce
moment-là, des citoyens peuvent être brimés et ils peuvent,
sur le plan légal, pousser la municipalité à acheter le
terrain s'ils ont réellement l'intention de construire.
D'un autre côté, concernant le problème des plaines
d'inondation, je veux bien clarifier pour le député de
l'Opposition, concernant les ententes fédérales-provinciales je
veux que cela soit clair, qu'on comprenne bien, et l'exemple de l'île
Rochon est un exemple typique de cela - c'est que l'entente
fédérale-provinciale ne permet ni au gouvernement du
Québec, ni au gouvernement fédéral d'empêcher la
construction dans une zone d'inondation; elle ne fait qu'affirmer que le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial s'engagent
à ne pas aider un promoteur qui aurait construit dans une zone
d'inondation, par exemple la Société canadienne
d'hypothèques et de logement qui ne finance pas des projets qui sont
construits dans une zone d'inondation. Le gouvernement du Québec s'est
engagé à ne pas indemniser des gens, pour des problèmes
d'inondation, quand des gens auraient construit dans un endroit où la
cartographie démontre que c'est une zone d'inondation. Mais la
responsabilité de donner un permis de construction dans une zone
d'inondation, la seule qui puisse refuser cela, c'est la municipalité.
C'est donc la municipalité qui peut... Malgré qu'on ait pu avoir
dit à la municipalité que c'est une zone d'inondation, il y a des
récurrences de 20 ans ou de 5 ans ou de 100 ans; donc, c'est à
vous de vous assurer que, si vous donnez un permis de construction, il n'y aura
pas d'aide gouvernementale s'il y a des inondations; donc, on voudrait que vous
réglementiez là-dessus. Et comme - ma question du début -
très souvent les municipalités n'ont pas réglementé
dans les zones d'inondation parce qu'il y avait toutes sortes de
problèmes, de conflits qu'il pouvait y avoir avec des citoyens, beaucoup
de municipalités ont donné quand même des permis, ce qui a
été fait dans le cas de Montréal pour l'île Rochon.
À ce moment-là, c'est elle qui a décidé de le
faire.
La loi telle que présentée aujourd'hui permet au
ministère de l'Environnement de se donner des pouvoirs légaux et
de dire: Cette zone d'inondation, il n'y aura pas de permis de construction qui
se feront à moins que la municipalité n'adopte un
règlement de zonage, que ce règlement de zonage tienne compte de
la réalité et qu'il soit acceptable par le ministère. Dans
ce règlement de zonage, ça peut être une prohibition
totale, ça peut être le cas, ou une prohibition partielle,
sectorielle particulière, ou avec des conditions telles qu'elles
protègent, comme le disait le député de Rousseau
tantôt, le citoyen qui veut se construire et qui aura des
conséquences graves à subir par la suite.
Donc, je pense que, lorsqu'un terrain n'est pas encore loti, c'est
peut-être plus facile de dire: Pas de construction dans ce
coin-là; lorsque des terrains sont déjà lotis, le
règlement pourrait être fait en fonction de la façon de le
faire avec certaines limites ou certaines conditions. C'est la
municipalité qui juge comment le faire, mais ce pouvoir-là de
l'empêcher, la loi nous en donne la possibilité, mais, sans la
loi, je n'en ai pas les moyens et c'est entre les mains de la
municipalité qui a le pouvoir de donner un permis de construction.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre.
Vous voulez ajouter quelque chose, M. Dufour?
M. Dufour: Non, je pense que je vais vous remercier de nous avoir
écoutés et on espère qu'il va y avoir des suites de
données à notre mémoire.
Le Président (M. Rochefort): Merci. (12 heures)
M. Léger: Je voudrais remercier aussi l'Union des
municipalités d'être venue. Si la première
présentation de mémoire a été beaucoup plus longue,
je pense que c'est bien normal parce que c'est à ce moment-là que
beaucoup de préoccupations, beaucoup de fausses interprétations
du projet de loi se clarifient. C'est pour cela que, dans les autres
mémoires, beaucoup de choses seront déjà établies
et cela pourra porter uniquement sur le mémoire comme tel plutôt
que sur une clarification de l'ensemble du projet de loi.
Union des conseils de comté
Le Président (M. Rochefort): Merci. J'inviterais
maintenant les représentants de l'Union des conseils de comté
à s'idenfier et à présenter leur mémoire.
Mme Martel (Gaétane): Je m'appelle Gaétane Martel.
Je suis directeur général adjoint à l'Union des conseils
de comté. Je dois dire que vous avez éclairé nos
préoccupations. Je demanderais à ce stade-ci à la
commission la permission, si c'est possible, de déposer notre
mémoire demain matin. Je présenterai uniquement des notes
préliminaires étant donné que la rédaction est en
train de se terminer aujourd'hui, si c'est possible.
Le Président (M. Rochefort): Cela va.
Mme Martel: Le ministre de l'Environnement a déposé
récemment le projet de loi no 55, Loi modifiant la Loi sur la
qualité de l'environnement et d'autres dispositions
législatives.
Il nous fait plaisir de vous faire part de nos premiers commentaires et
suggestions susceptibles d'améliorer la situation actuelle. L'union
tient à souligner qu'il s'agit d'un document préliminaire,
étant donné le peu de délai que nous avons eu entre le
dépôt du projet de loi à l'Assemblée nationale et la
commission parlementaire.
L'attestation de conformité environnementale. Cette nouvelle
disposition met en place un nouveau contrôle de la part du
ministère de l'Environnement pour quiconque désire entreprendre
un projet privé conforme au règlement du gouvernement.
L'administration gouvernementale augmente de plus en plus en imposant
approbations et contrôles de toutes sortes sur un projet donné.
L'Union des conseils de comté souhaite que l'on rétablisse
l'ordre entre les différents types d'approbations provenant du
gouvernement et des municipalités locales. Le promoteur d'un projet ne
devrait pas être obligé d'obtenir des permis de différents
ministères en plus de celui de la municipalité pour effectuer des
travaux, comme c'est le cas actuellement.
L'article 95.3. Cet article accorde une très grande latitude au
sous-ministre de l'Environnement. D'après ses dispositions, il peut,
selon son bon plaisir, signifier une dénégation de
conformité. L'Union des conseils de comté croit nécessaire
d'établir des règles strictes selon lesquelles le fonctionnaire
doit agir. Ainsi, celui qui remplit les conditions
énumérées dans un règlement du gouvernement
obtiendra son certificat de conformité et ne pourra être à
la merci d'un fonctionnaire qui, selon le texte actuel, serait libre en tout
temps de lui signifier une dénégation de conformité.
Article 22 modifiant l'article 8 de la Loi sur le régime des
eaux. Cette nouvelle disposition assujettit les municipalités locales
qui n'ont pas de schéma d'aménagement au ministère de
l'Environnement. Le gouvernement multiplie les différentes approbations
ministérielles que chaque municipalité doit requérir en
vue de mettre un projet sur pied. L'Union des conseils de comté
s'interroge sur l'avenir de l'automie municipale avec la prolifération
des autorisations gouvernementales. Les municipalités doivent de plus en
plus négocier avec une multitude de ministères pour un projet
précis. Nous croyons que certaines ententes devraient être
établies au niveau des ministères afin d'éliminer un
nombre incalculable d'approbations ayant pour effet de retarder
considérablement les travaux municipaux et par le fait même
d'augmenter les coûts. L'Union des conseils de comté insiste sur
le fait que le gouvernement doit éviter de multiplier les
contrôles sur les municipalités locales du Québec. Nous
devons préserver l'autonomie de nos municipalités et garder un
certain ordre et une certaine cohérence vis-à-vis des
différents paliers de décision.
De plus, devant la conjoncture économique actuelle, augmenter la
bureaucratie gouvernementale entraîne des dépenses
considérables tant pour le gouvernement que pour les
municipalités, ces dernières devant subir les délais de
prise de décision des différents ministères.
Le gouvernement doit aussi restreindre l'inclusion dans un texte
législatif de pouvoirs discrétionnaires accordés à
différents fonctionnaires, laissant ainsi place à l'arbitraire
lors de la prise de décisions.
Nous souhaitons que ces quelques remarques seront prises en
considération par l'Assemblée nationale et le gouvernement. Vous
nous permettrez sans doute de vous transmettre, le cas échéant,
d'autres considérations sur le projet de loi à mesure que nos
membres nous feront parvenir leurs commentaires à ce sujet.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le ministre.
M. Léger: Votre affirmation du début disait qu'on
avait clarifié beaucoup de choses et enlevé beaucoup
d'appréhension. Est-ce que le texte que vous avez présenté
comme tel, c'était avant qu'on réponde à cela ou
après?
Mme Martel: C'était avant. Je veux dire que le rapport
final du mémoire est en train d'être complété
aujourd'hui. On avait beaucoup d'interrogations qui ne sont pas dans le texte
actuel, mais, par contre, elles sont dans le texte du mémoire, comme sur
les zones inondables et ces choses-là, le
problème des citoyens qui y ont déjà des
propriétés. Cela fait partie du texte de notre mémoire.
Vous nous avez donné des informations là-dessus; je dois dire que
cela a été assez complet.
M. Léger: Merci.
Mme Martel: Je vous remercie.
M. Léger: Je voudrais seulement vous rassurer concernant
votre première préoccupation qui était celle de la
dénégation de conformité. C'est uniquement lorsqu'il y a
violation d'une norme réglementaire, qui est publique et qui est claire
à propos de laquelle le promoteur et le professionnnel ont
attesté la conformité. S'ils ont donné une fausse
attestation, c'est là qu'il peut y avoir une dénégation.
Cela enlève tout ce qui était, disons, un petit peu
détesté dans l'administration du gouvernement auparavant, celle
de la paperasserie administrative, la lenteur de donner des permis, des
autorisations préalables, le coût, comme vous l'avez
mentionné tantôt, de cette attente, et aussi l'aspect
discrétionnaire d'une autorisation préalable qui était
donnée par le fonctionnaire avec des normes plutôt internes.
Maintenant, il y a des normes externes, publiques, claires; des professionnels
du domaine privé, qui sont aussi compétents, je pense, que les
professionnels du domaine public, peuvent le faire, hâter la
réalisation d'un projet et aussi être suffisamment bien
entourés par les conséquences d'une fausse déclaration. Il
y aura des coûts, s'ils ont fait une fausse déclaration; quand on
va vérifier sur le terrain, si ce n'est pas conforme, à ce
moment-là, la dénégation amène comme
conséquences, d'abord, possiblement des poursuites et aussi des
coûts de correction. Donc, tel que vous le mentionnez, les objectifs
à atteindre le seront par le projet de loi, justement pour
répondre aux appréhensions que vous aviez vis-à-vis de la
situation actuelle.
Mme Martel: Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Vous avez parlé de l'article 95.3, sur la
question de dénégation de conformité. Est-ce que c'est le
principe même de la dénégation de conformité qui
vous tracasse ou bien le fait que ce soit à la discrétion, soit
du sous-ministre ou d'une personne qui puisse décider s'il y a ou non
dénégation?
Mme Martel: Écoutez, il y a le fait que mentionnaient
tantôt mes collègues de l'Union des municipalités; le
sous-ministre pourrait se prononcer après la mise en chantier d'un
projet, à savoir s'il est dans les normes ou non; cela
entraînerait des coûts astronomiques. C'est sur ce fait aussi qu'on
veut surtout insister et le fait que le sous-ministre puisse, sur un simple
avis, émettre ou non une dénégation de conformité
après l'entreprise d'un projet.
M. Lincoln: Est-ce que vous auriez des suggestions
concrètes ou est-ce que votre mémoire, que vous allez publier,
fait des suggestions concrètes dans le sens de remplacer ce qui est
suggéré dans la loi par rapport au sous-ministre,
d'élargir le cadre de cette décision? Est-ce que vous avez
vous-même...
Mme Martel: Je pense que si les règles étaient
établies, si les normes étaient établies, comme on le
mentionnait tantôt, ce serait beaucoup plus facile. En fait, celui qui
s'engagerait dans un projet ne pourrait pas voir ultérieurement une
dénégation de conformité lui être signifiée
après le début du projet. Dès l'engagement du projet, il
pourrait effectuer son projet sans problème, étant selon les
normes du gouvernement et non à la merci d'un fonctionnaire
ultérieurement.
M. Lincoln: Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Vous voulez ajouter
quelque chose, M. le ministre?
M. Léger: Non, je pense...
Le Président (M. Rochefort): Le mot de la fin.
M. Léger: ... qu'elle a bien dit, justement, que quand il
y a des normes claires, il n'y a pas de problème. C'est inopérant
quand il n'y a pas de normes claires. Mais avec des normes publiques et
claires, je pense que ce n'est plus une question discrétionnaire, c'est
public.
Mme Martel: Merci.
M. Léger: Je vous remercie de votre participation.
Association québécoise des techniques de
l'eau
Le Président (M. Rochefort): Merci. J'inviterais
maintenant les représentants de l'Association québécoise
des techniques de l'eau à prendre place, à s'identifier et
à nous présenter leur mémoire.
M. Filiatrault (Normand): Alors, l'association est
représentée par moi-même,
Normand Filiatrault, président de l'association, et par Yvan
Asselin, membre de l'association.
M. le ministre, MM. les députés, l'Association
québécoise des techniques de l'eau est heureuse d'avoir
été invitée à présenter, à cette
commission parlementaire, ses commentaires sur le projet de loi no 55. Notre
association est une corporation sans but lucratif, fondée en 1962, dont
les deux principaux objectifs sont d'améliorer la qualité des
services en eau et assainissement disponibles pour les municipalités et
industries du Québec et d'éduquer le public en
général sur les moyens rationnels de conservation et
d'utilisation de l'eau.
L'AQTE regroupe plus de 1400 membres de diverses professions oeuvrant
tant dans le domaine privé que public de notre société,
lesquels partagent tous un intérêt particulier pour la protection
de l'eau sous toutes ses formes.
Nous croyons que l'AQTE possède la compétence et
l'expérience nécessaires pour entreprendre la présente
démarche. Cette démarche s'insère donc parfaitement
à l'intérieur des objectifs de notre association et il nous fait
plaisir de vous présenter les commentaires de notre organisme sur le
projet de loi no 55, Loi modifiant la Loi sur la qualité de
l'environnement et d'autres dispositions législatives.
Le 22 mars dernier, le ministre de l'Environnement, M. Marcel
Léger, nous faisait part du dépôt du projet de loi no 55.
Ce projet de loi était attendu par l'AQTE depuis plusieurs mois. En
effet, l'AQTE s'est plainte à plusieurs reprises de certains
mécanismes, en particulier dans la réalisation des travaux
d'assainissement. Nous souhaitons la venue d'un certain nombre de modifications
aux procédures actuelles d'approbation des projets et la mise sur pied
d'une politique de prévention mieux adaptée aux besoins
actuels.
Nous avons d'ailleurs participé activement aux travaux du
comité des politiques de prévention du ministère de
l'Environnement dont le rapport final a été publié en
novembre 1980.
Nous sommes heureux de constater que le projet de loi no 55 attache une
importance particulière à optimiser les mécanismes de
réalisation des projets en responsabilisant davantage les promoteurs de
projets susceptibles d'avoir un impact sur l'environnement.
Bien que nous disposions de très peu de temps pour étudier
ce projet de loi, l'AQTE l'a placé en tête de ses
priorités, de façon à pouvoir consulter le plus de
spécialistes possible et d'apporter l'éclairage du milieu
à ce projet de modification à la loi actuelle. C'est donc le
résultat de ces consultations que nous voulons vous transmettre par ce
mémoire.
Nous nous limiterons aux modifications visant particulièrement le
domaine de l'eau puisque c'est à ce domaine particulier que
s'intéresse notre association et qu'il correspond le plus à ses
objectifs et à sa raison d'être. Le présent mémoire
soulèvera donc des questions quant à la pertinence et aux
difficultés d'application de certains articles et apportera une opinion
basée sur une longue expérience pratique sur d'autres articles
visant particulièrement à modifier les mécanismes
administratifs existants.
Au niveau des définitions, la Loi sur la qualité de
l'environnement contient déjà plusieurs définitions mais
l'avènement du projet de loi no 55 nous porte à suggérer
qu'on y ajoute la définition de certains termes comme: attestation de
conformité environnementale; initiateur de projet; promoteur de projet;
honoraires; professionnel; certificat d'autorisation; certificat; autorisation;
permis; permission; approbation.
On comprendra facilement qu'à l'usage, certains termes peuvent
facilement être confondus. De plus, la lecture de la définition du
terme "polluant" pourrait porter à croire qu'il n'y a jamais eu de
polluants dans l'eau au Québec, puisqu'il semble que le seuil
permissible n'ait jamais été décrété par
règlement tel que défini dans la loi ainsi qu'à l'article
1 du projet de loi no 55.
En ce qui concerne la responsabilisation des professionnels, le mode
actuel de présentation et d'approbation de projets nous apparaît
déficient à plusieurs égards. En effet, il est de
notoriété publique que le mécanisme est administrativement
lourd, peu efficace et techniquement incomplet.
La conception des projets par les professionnels est actuellement
basée sur les règles de l'art, sur certaines directives
écrites et sur les directives, le plus souvent verbales, émises
par les fonctionnaires chargés de vérifier les plans et
devis.
Il faut comprendre que l'absence de normes précises complique
largement les travaux de conception et provoque une diversité de
présentation de projets qui doivent, pour pallier cette carence,
être préparés selon les hypothèses ou les
critères les plus divers. Les moyens dont dispose chaque professionnel
de faire de la recherche dans ce domaine sont limités et celui-ci doit
puiser dans différentes sources les normes et critères
généralement reconnus.
Nous pouvons facilement déclarer que cet état de choses
pourrait se corriger si le législateur adoptait des normes
précises correspondant aux objectifs visés. En effet, on constate
souvent que la façon de procéder change en cours de trajet parce
que les objectifs ont changé. Ainsi les professionnels n'arrivent plus
à suivre les directives qui peuvent, à toutes fins utiles varier
d'un fonctionnaire à un autre. Nous croyons que
c'est le rôle du ministère de fixer les règles et
d'adopter les normes précises qui limiteront les possibilités
d'erreur, d'interprétation et éviteront de réinventer la
roue à chaque projet.
Dans l'ensemble, les mesures de responsabilisation
préconisées nous apparaissent souhaitables et nous croyons
qu'elles sauront apporter une plus grande efficacité et qualité
dans la réalisation des projets. Dans cet esprit, elles ne pourront
qu'être profitables à toute la collectivité
québécoise.
Nous constatons que les modifications proposées par le projet de
loi établissent la notion d'attestation de conformité aux normes
par opposition au système actuel d'autorisation d'exécution
délivrée lors du dépôt des plans et devis.
Toutefois, le ministère maintiendrait, dans certains cas, la formule
actuelle. Nous aurions donc la possibilité de deux procédures
distinctes pour une période plus ou moins longue et selon le type de
projet visé: soit l'attestation de conformité préalable
présentée par le promoteur, et le deuxième cas qui est
l'autorisation préalable du ministère de l'Environnement.
Nous désirons souligner que, quelle que soit la forme de
procédure applicable, l'établissement de normes précises
constitue un prérequis important. Nous insistons sur la
nécessité d'établir de telles normes depuis plusieurs
années. Il va de soi que ces normes devraient être des normes de
résultats à obtenir plutôt que des normes de moyens pour
atteindre ces résultats. Les normes de résultats permettent en
effet plus de latitude aux professionnels et conduisent assurément
à des innovations technologiques absolument souhaitables dans cette
sphère d'activité. Un bon moyen de prouver, pour citer le
ministre de l'Environnement, que le Québec "ne possède pas que
des chercheurs; il a aussi des trouveurs".
Nous savons que les nombreux cas d'exception ainsi que la
diversité des besoins de chaque région du Québec rendront
très difficile la préparation de normes qui seront
réalistes et applicables d'une façon uniforme dans toutes les
régions.
À ce chapitre, l'AQTE, qui regroupe la plupart des
spécialistes dans le domaine, offre ses services pour participer
activement à la préparation de ces normes gouvernementales. Nous
n'avons qu'à constater l'expérience de nos voisins du sud
où les associations spécialisées telles que la nôtre
participent activement à la préparation de normes techniques,
normes utilisées par tous les spécialistes du domaine.
Tout d'abord, dans le cas d'attestation de conformité, nous
sommes forcés de rappeler que ce type de procédure ne pourra
entrer en application que lors de l'énoncé de normes ou de la
mise à jour des directives et critères utilisés. Il sera
primordial d'instituer aussi un mécanisme pour informer les
intervenants, sur une base régulière, des changements
apportés.
Nous souhaitons de plus que les règlements déterminant les
catégories de projets assujetties à cette procédure soient
déposés le plus tôt possible, conformément à
l'article 95.7. Ces règlements permettront une meilleure
évaluation de l'impact de cette nouvelle procédure,
évaluation qui ne peut être faite, à l'heure actuelle, que
sur une base de considération générale.
De la même façon, la méconnaissance des
règlements d'application rend difficile une interprétation
éclairée du présent projet de loi.
Quant aux questions de litiges sur l'interprétation des normes,
nous nous interrogeons sur la procédure de règlement et nous nous
demandons si la Commission municipale a les ressources humaines et le mandat
pour trancher des questions d'ordre aussi technique en des sphères
d'activités diverses: municipale, industrielle ou agricole.
Le projet de loi prévoit également que le ministère
se réserve le pouvoir de dénégation en cas de
non-conformité aux normes établies. Nous croyons en effet que le
ministère doit se garder ce pouvoir. Par contre, ce pouvoir est lourd de
conséquences pour les promoteurs puisqu'il peut faire cesser tout
projet, quelle que soit son étape de réalisation. Plus que la
mesure elle-même mise de l'avant par cet article, c'est l'attitude du
ministère ou des fonctionnaires, dans des cas bien précis, au
jour le jour, qui nous fait craindre pour la bonne marche des projets ainsi
assujettis à cette attestation de conformité
environnementale.
Nous sommes également inquiets du manque de précision des
articles relatifs à la dénégation, la loi n'est pas
précise sur la limite de responsabilité du promoteur. S'agit-il
d'une responsabilité financière limitée à la
garantie produite ou d'une responsabilité plus grande couvrant
l'ensemble des dommages environnementaux causés?
Dans le même esprit, nous aimerions voir certaines
précisions quant aux procédures de dénégation,
spécialement en ce qui regarde l'étape ou les étapes
auxquelles elles seraient applicables. Cette question implique la
possibilité de sommes considérables pour un projet, par exemple,
qui serait arrêté à une étape avancée de
réalisation. Nous constatons également que le projet de loi
n'indique pas la procédure de dénégation ou la
procédure d'appel pour les projets de nature agricole ou industrielle
qui ne relèvent peut-être pas de la Commission municipale.
Pour ce qui est de la garantie exigée et des honoraires pour la
délivrance d'un permis, d'une autorisation, d'une permission ou autre,
nous souscrivons, bien entendu, à
l'idée de faire supporter une partie des frais engendrés
par le promoteur pour un projet. Cependant, cette mesure pose certaines
inquiétudes quant à l'accessibilité pour tous les
promoteurs. Ne risque-t-on pas, en effet, de favoriser ainsi les gros
promoteurs aux dépens des petits et d'éliminer ainsi une juste et
saine compétition?
Finalement, nous recommandons un système double d'attestation de
conformité, la première devant être produite au
dépôt des plans et devis, tel que prévu dans le projet de
loi, et la seconde, à la fin des travaux, afin de s'assurer que
l'exécution est conforme au projet présenté.
En ce qui concerne le deuxième cas avec lequel on va être
aux prises, en fait l'autorisation préalable du ministère de
l'Environnement, qui est évidemment le cas actuel, nous rappelons ici
l'importance d'énoncer des normes précises, que l'on emploie
l'une ou l'autre procédure. Mais, en ce qui regarde en particulier
l'autorisation du ministère, l'AQTE favorise, pour tout projet non
assujetti à l'attestation de conformité, qu'une approbation de
principe du ministère soit émise et se limite à
l'étape de l'étude préparatoire qui aurait avantage
à être réalisée et mieux définie pour tous
les projets. Nous pensons que ces études préparatoires comportant
une justification du projet, de même que la solution retenue et ses
coûts contiennent suffisamment d'informations pour permettre cette
approbation de principe.
Cas de fausses représentations. Pour ce qui est des fausses
représentations ou des cas de fautes graves commises par un
professionnel au cours d'un projet, nous sommes d'avis que, nonobstant la
possibilité de poursuite, le cas devrait être obligatoirement
soumis à l'ordre professionnel dont ce professionnel fait partie, cet
organisme possédant les pouvoirs de prendre contre lui les mesures
disciplinaires requises.
Pour conclure, nos commentaires sur cette nouvelle mesure, soulignons
que, bien que nous la trouvions intrinsèquement bonne, nous croyons son
application fort délicate, voire difficile. Aussi, elle gagnerait
à être beaucoup mieux définie. Et nous insistons sur le
fait qu'aucune mesure, si précise soit-elle, ne pourra donner de
résultats positifs en l'absence de normes claires et précises sur
les résultats escomptés.
En ce qui conserne le contrôle des eaux souterraines, l'AQTE
favorise le contrôle des eaux souterraines par le ministère de
l'Environnement à la condition que celui-ci s'implique davantage dans ce
domaine, à savoir, qu'il favorise l'utilisation de l'eau souterraine;
qu'il soit le seul organisme gouvernemental à avoir le contrôle et
le pouvoir de réglementer l'eau souterraine. En effet, on verrait mal
que l'on puisse être empêché d'utiliser l'eau souterraine
à cause d'autres utilisations de territoire, tel que le zonage agricole
ou autre, et, en troisième lieu, qu'il favorise la recharge des nappes
souterraines.
L'article 4 du projet de loi, ajoutant les articles 45.4 et 45.5
à la loi, devrait, croyons-nous, faire également mention de la
recharge d'une nappe souterraine. En effet, outre le fait qu'elle constitue une
intervention sur une ressource hydrique et qu'à ce seul titre elle
devrait être assujettie à la demande d'un permis, la recharge
d'une nappe souterraine peut représenter une source de contamination et
de pollution de l'environnement. Cette mention devrait aussi se retrouver
à l'article 5 du projet de loi modifiant l'article 46 de la loi.
En ce qui concerne l'occupation du milieu hydrique, l'AQTE est favorable
à un contrôle des ouvrages pouvant occuper le domaine hydrique,
puisque ce contrôle permettrait d'éviter les conséquences
néfastes pour les riverains en amont et en aval des ouvrages
proposés.
Mais, malgré cette position, nous nous interrogeons quant
à son application. En effet, on est en droit de se demander si ce
contrôle s'appliquera aux megaprojets d'implantation de barrages sur nos
cours d'eau, tels que les projets de la baie James et le projet Archipel, pour
ne citer que ceux-là.
Qu'arrivera-t-il lorsqu'un projet dûment attesté conforme
par un ministère du gouvernement fera l'objet d'une
dénégation par un autre ministère de ce même
gouvernement? Qui, dans un cas semblable, pourra trancher la question?
Peut-on mettre en doute la possibilité même de
préparer et d'adopter des normes et règlements qui pourront
couvrir les nombreux aspects environnementaux reliés à
l'occupation du domaine hydrique? Nous croyons que le problème, en tout
cas, est de taille.
En ce qui concerne la pollution atmosphérique, nous commenterons
brièvement les articles y ayant trait, à cause de l'incidence
directe que celle-ci a sur la ressource eau et, particulièrement,
à cause du problème grandissant des précipitations acides.
Nous recommandons d'inclure également la ressource eau dans toute
entente de réciprocité pouvant être signée avec les
provinces ou les États voisins.
De la même façon, nous croyons que la portée du
texte de l'article 49.1 devrait être élargie pour qu'en plus de
"porter atteinte à la santé et au bien-être des personnes",
on y ajoute de "porter atteinte à la qualité du sol, des eaux,
à la végétation, à la faune et aux biens".
L'article 116.2 devrait aussi être corrigé pour inclure les
dommages portant préjudice à la qualité des eaux.
La ressource eau étant un élément
indispensable à la vie et au bien-être des citoyens, sa
protection devrait se refléter dans toutes les mesures
énoncées dans le présent projet de loi.
Les déchets toxiques et dangereux. La disposition des
déchets toxiques et dangereux peut avoir une incidence importante sur la
qualité de l'eau et c'est dans cette optique que nous confirmons notre
appui à toute mesure susceptible d'améliorer la
sécurité en ce qui concerne le transport et la disposition de ces
matières. Nous appuyons également toute mesure susceptible
d'améliorer l'application des règlements existants qui
s'appliquent dans ce domaine.
En ce qui concerne l'identification des plaines d'inondation, une
législation à ce sujet ne pourrait qu'être
bénéfique pour la société québécoise
à la condition que cette législation soit adoptée et
gérée par les municipalités riveraines de nos cours d'eau.
Nous sommes d'avis que les municipalités devraient régir les
normes de construction dans les parties de son territoire situées dans
la plaine d'inondation où l'urbanisation a déjà
été entreprise. D'autre part, en donnant les pouvoirs de prohiber
toute construction dans les plaines d'inondation, ne risque-t-on pas de
s'approprier du bien privé pour les fins des organismes publics? On doit
considérer que ce sont des organismes publics qui émettront les
règlements à cet effet.
Le manque de contrôle de nos ensembles hydrologiques ainsi que nos
besoins pour fins hydroélectriques sont des causes importantes des
inondations en régions urbaines.
Plutôt que de tenter d'assurer un meilleur contrôle de nos
rivières de façon à réduire les dommages
causés par les fortes crues du printemps, on tente d'en faire supporter
le fardeau par les petits propriétaires riverains qui sont situés
en zone inondable.
On voudrait demander à ces derniers qu'ils mettent leur
propriété au service de l'État pour permettre qu'on
continue d'acheminer de forts débits totalement incontrôlés
dans nos rivières.
Nous recommandons en premier lieu au législateur de mettre sur
pied, à l'intérieur de ses effectifs existants, des organismes
qui auront le devoir d'assurer un meilleur contrôle sur l'ensemble de nos
rivières.
Pour conclure, l'Association québécoise des techniques de
l'eau (AQTE) réitère son appui total au gouvernement concernant
l'adoption du projet de loi no 55 modifiant la Loi sur la qualité de
l'environnement, projet de loi qui fut transmis à l'AQTE le 22 mars
1982.
Dans l'opinion de l'AQTE, ce projet de loi permettra un meilleur
contrôle sur certains aspects de notre ressource eau tout en rendant plus
efficace le mécanisme de réalisation de projets.
Cependant, l'AQTE demande avec insistance au gouvernement qu'elle soit
appelée à participer à l'élaboration de normes car
elle seule possède l'expérience pratique en plus de la
compétence technique indispensable pour assurer une efficacité de
nos systèmes de traitement.
L'AQTE est également d'opinion que les normes produites devront
être des normes d'objectifs plutôt que des normes "de moyens" et de
nature incitative et, au besoin, de nature coercitive.
Nous insistons pour que des modifications ou des précisions
soient apportées à ce projet de loi de façon qu'il
reflète fidèlement les intentions du législateur. De plus,
nous souhaitons être consultés lors de la préparation des
règlements régissant l'application de cette loi. Il est en effet
important que la mécanique soit précise et ne laisse pas place
à toutes sortes d'interprétations.
Pour notre part, nous continuerons de suivre ce dossier avec un oeil
critique. Au besoin, nous interviendrons si nous croyons que la mise en
application de cette loi s'écarte de ses objectifs premiers.
Nous croyons aussi que le gouvernement devra faire un effort
exceptionnel pour informer adéquatement tous les intervenants de
l'évolution de ce dossier, et en particulier pour ce qui a trait aux
procédures d'attestation de conformité. Nous souhaitons que le
gouvernement précise les types de projets assujettis à cette
nouvelle procédure le plus tôt possible.
Nous terminons en remerciant les membres de cette commission de nous
avoir entendus et nous vous rappelons que l'AQTE continuera d'appuyer toute
mesure visant à redonner à la collectivité
québécoise le plein usage de la ressource eau.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie de la
présentation de votre mémoire. Étant donné l'heure
et que la Chambre doit siéger à 14 heures, nous allons suspendre
immédiatement nos travaux jusqu'à 15 h 15 et nous vous demandons
d'être présents, à ce moment-là, pour les questions
avec les membres de cette commission. Cela va?
Alors, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 h 15.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise de la séance 15 h 45)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Lors de la suspension des travaux à 13 heures - je présume
que les travaux ont été suspendus à cette heure - nous
avions entendu l'Association québécoise des
techniques de l'eau. Je crois que la parole était au
ministre.
M. Léger: M. le Président, je voudrais d'abord
remercier l'Association québécoise des techniques de l'eau pour
trois choses: tout d'abord, pour son intérêt constant pour la
cause de l'environnement, la qualité des services qu'elle offre et aussi
pour la qualité de ses préoccupations dans le domaine de
l'environnement; deuxièmement, parce qu'elle a aussi participé
à ce comité des politiques de prévention dans le domaine
environnemental et, finalement, pour la qualité de son mémoire.
J'aurai seulement quelques petites questions à poser et je pourrai aussi
donner des réponses aux interrogations qu'on voit dans le texte.
Je voudrais seulement demander, entre autres, ce que l'AQTE entend par
des normes incitatrices plutôt que des normes coercitives. J'aimerais
avoir plus de précision, avec des exemples peut-être pour m'aider
à voir la pensée de l'Association québécoise
là-dessus.
M. Asselin (Yvan): Jusqu'à maintenant, on a
travaillé quand même avec certaines directives émises par
le ministère de l'Environnement, directives qui n'ont pas une forme de
règlement, mais qui, quand même, sont suivies, sont
utilisées et sont respectées, je pense bien, par la plupart des
gens qui travaillent dans le domaine. Alors, compte tenu du fait que c'est bien
difficile d'appliquer la même norme ou le même règlement
à tous les secteurs du Québec, à tous les bassins,
à toutes les rivières - on sait que les problèmes varient
d'un endroit à l'autre - c'est quand même intéressant de
pouvoir les adapter aux régions, de pouvoir les adapter aux
problèmes. Je pense que le fait de préparer une directive de
façon incitative, c'est suffisant pour que ce soit respecté par
les intervenants.
M. Léger: Plus loin, vous offrez vos services et vous
demandez d'être consultés pour la préparation des normes
pour le règlement. Je pense qu'il y aura certainement moyen d'utiliser
vos connaissances là-dessus pour nous aider et ça nous fera
plaisir de vous le demander. D'ailleurs, entre autres, j'ai une question
à vous poser: Est-ce que vous pensez qu'il devrait y avoir des normes
nationales ou des normes régionales pour répondre à ces
préoccupations de particularités dans les différentes
régions?
M. Asselin: Effectivement, dans certains cas, il y a des normes
par bassin qui doivent être déterminées, des normes qui
sont adaptées aux problèmes du bassin. Mais ces normes par bassin
seraient peut-être une adaptation de normes générales. Au
départ, on pense que ça prend des normes générales
que les gens vont respecter d'une façon à peu près
égale partout dans la province. Selon les cas bien précis, selon
les problèmes bien précis, elles pourront être
adaptées à certaines régions.
M. Léger: À la page 7 de votre mémoire, vous
appuyez le projet d'attestation de conformité. Vous dites: "II sera
primordial d'instituer aussi un mécanisme pour informer les
intervenants, sur une base régulière, des changements
apportés." Je pense que vous avez parfaitement raison. C'est notre
intention aussi. Plus loin, vous demandez si la Commission municipale a les
ressources humaines et le mandat pour trancher des questions d'ordre aussi
technique en des sphères d'activités comme le domaine agricole,
municipal et industriel. Je pense qu'elle a déjà cette
juridiction. Donc, c'est oui, ça existe déjà. Plus loin,
vous dites: "Le projet de loi n'indique pas la procédure de
dénégation ou la procédure d'appel sur des projets de
nature agricole ou industrielle." C'est la même réponse: Le
règlement dit que c'est la Commission municipale. À la fin, vous
dites: "On est en droit de se demander si le contrôle s'appliquera aux
mégaprojets d'implantation de barrages sur nos cours d'eau, tels que les
projets de la baie James, Archipel, pour ne citer que ceux-là." Je pense
qu'on a répondu, au début de la commission ce matin, non, parce
que les projets qui sont sujets des études d'impact n'entrent pas dans
cette catégorie de projets. Ce sont beaucoup plus les projets mineurs.
D'ailleurs, je me suis aperçu que, dans la plupart des mémoires,
on ne pouvait peut-être pas conclure autrement parce que ce
n'était peut-être pas clair dans la loi puisque c'est par les
règlements que ça va se clarifier. Ce sont plutôt des
projets mineurs, donc avec impact minime sur l'environnement, où on veut
que cette loi soit appliquée avec les règlements qui vont
définir les normes. Donc, ce n'est pas pour des gros projets et encore
moins pour des mégaprojets.
Vous manifestez aussi l'espoir que vous soyez appelé à
participer à l'élaboration des normes; on peut vous remercier et
on serait d'accord que vous puissiez nous apporter une aide. D'ailleurs, nous
allons avoir une prépublication du règlement dans la Gazette
officielle et vous aurez l'occasion de vous impliquer là-dedans. Dans
les 60 jours, il y aura probablement aussi, comme d'habitude, des contacts avec
le ministère pour qu'on puisse bénéficier de votre
expérience là-dessus.
Finalement, dans l'ensemble, je dois dire que vous êtes
l'organisme qui avez le plus travaillé à un projet comme
celui-là; vous avez une expertise et une compétence
particulières. Je dois dire que j'ai toujours
été impressionné par le sérieux de tous les
présidents qui se sont suivis et également par la qualité
des interventions de votre organisation.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Je dois moi aussi m'associer aux paroles du ministre
pour vous féliciter de la qualité de votre mémoire qui
reflète le sérieux et la dimension tout à fait
constructive des suggestions que l'AQTE apporte aux questions
environnementales.
Je voudrais retourner à la fin de la page 5 où vous dites
que "la conception des projets par les professionnels est basée sur les
règles de l'art, sur certaines directives écrites et sur les
directives, le plus souvent verbales, émises par les fonctionnaires
chargés de vérifier les plans et devis." Un peu plus haut vous
disiez "le mode actuel de présentation et d'approbation nous
apparaît déficient à plusieurs égards." Est-ce que
vous parlez surtout de la question qui se pose maintenant au sujet de
l'évaluation des coûts, de la façon que les projets
d'assainissement des eaux, par exemple, sont dessinés et que les
coûts sont dépassés? En fait, les remarques que votre
prédécesseur, M. Rancourt, faisait dans le dernier numéro
de la revue de l'AQTE, est-ce à ça que vous
référiez?
M. Filiatrault: Pas nécessairement. Nos commentaires sont
peut-être un peu plus larges que ça. On parle de tout le processus
d'approbation de projets actuels. Évidemment, étant donné
qu'il n'existe pas beaucoup de normes, beaucoup de directives, les projets sont
un peu préparés sur une base d'habitude, finalement sur une base
de ce qu'on pense que les gens de l'autre côté de la table vont
nous demander lorsqu'on demandera une autorisation. L'autorisation, on la
reçoit seulement lorsque la conception du projet est déjà
complétée. Ce qui veut dire que les intervenants qui, entre
autres la municipalité ou l'industrie ou peu importe, ont quand
même dépensé passablement d'argent en honoraires peuvent en
arriver à un point pour se faire dire que finalement ce n'est pas tout
à fait ce que l'on veut. Alors, nous préconisons, dans un cas
comme cela, que la plupart des projets fassent l'objet d'une approbation de
principe au niveau d'une étude préparatoire. Ce n'est pas
nécessaire que ce soit un rapport élaboré ou quelque chose
de bien compliqué, mais si tout le monde se prononçait sur le
projet au départ, au niveau de l'étude préparatoire, ce
serait beaucoup plus facile après cela. Je pense que tout le monde
travaillerait dans le même sens et on ne serait pas obligé de
recommencer plusieurs projets.
M. Lincoln: Du point de vue de l'application, de la
création de normes très précises dont vous faites
état, en fait, vous soulignez la même chose que les deux
intervenants qui vous ont précédés. Cela semble être
un genre de consensus que des normes précises et des normes
générales soient situées. Comment voyez-vous la question?
C'est une chose de voir des normes être appliquées par des
professionnels tels que ceux qui font partie de votre organisation, etc., mais
comment présagez-vous les difficultés qui pourraient surgir du
point de vue des gens qui n'ont pas de compétence professionnelle et qui
posent des gestes par rapport à l'environnement, des individus par
exemple qui, eux, ne peuvent pas interpréter ces normes de la
façon que vous, des professionnels, pourriez le faire? Est-ce que cela
ne va pas créer des difficultés? Est-ce que vous ne voyez pas une
sorte de palier différent? Les normes précises qu'on aurait
même d'une façon très générale, qui sont des
objectifs qui seraient vus par un professionnel d'une façon tout
à fait différente, parce que lui, il comprend la technique du
métier, que par quelqu'un qui pose un geste sans en connaître les
conséquences...
M. Filiatrault: Établir des objectifs
généraux, je pense que c'est assez facile. Des objectifs qui vont
avoir une incidence sur la qualité de nos cours d'eau, je pense que
ça peut se faire généralement d'une façon assez
précise. La plupart des projets sont préparés par des
professionnels, par des gens expérimentés dans le domaine.
À mon avis, tous les projets qui sont présentés pourront
être attestés par un professionnel du domaine. Un individu qui
peut-être ne connaîtra pas les règlements ou les normes qui
existent, je ne pense pas qu'il aurait l'habileté de présenter un
projet qui pourrait être acceptable ou qui pourrait...
M. Lincoln: Pour la question de la garantie à laquelle
vous faites allusion, qu'est-ce que c'est vraiment que la garantie? Est-ce que
c'est une garantie purement financière ou est-ce que cela va plus loin?
Est-ce que cela englobe aussi les dédommagements possibles?
M. Filiatrault: Justement...
M. Lincoln: Là, il y a une seconde chose que vous apportez
devant nous. Par exemple, selon l'évaluation, l'étendue de cette
garantie qu'on va demander pourrait, comme vous le soulignez, nuire au petit
conseiller, au petit entrepreneur ou promoteur qui, lui, n'aura pas les
ressources financières pour obtenir ce genre de garantie selon
l'évaluation de cette garantie. Je me demande si vous avez des remarques
à nous
faire à ce sujet. J'aurais voulu entendre le ministre
là-dessus parce que je pense que c'est une question bien importante,
comment on va situer cette garantie.
M. Filiatrault: Pour nous, ce n'était pas tellement clair
non plus, en lisant les modifications proposées, jusqu'à quel
point les garanties iraient et à qui elles s'appliqueraient? Les gens de
l'Union des municipalités du Québec ont mentionné que les
municipalités offriraient des garanties, mais M. le ministre a dit que
cela ne serait pas nécessaire. Alors, qui offrirait les garanties dans
le cas des projets municipaux? Je vous avoue qu'on se pose la question nous
aussi. Jusqu'à quel point les garanties s'appliqueront? Est-ce que c'est
seulement à la limite du dépôt de garantie ou est-ce que ce
sera beaucoup plus loin?
M. Lincoln: Voulez-vous écouter le ministre monsieur?
M. Léger: Les garanties, ce sont pour protéger les
changements du milieu; un exemple que je donnais tantôt: une
carrière, une sablière ou une mine qui change le milieu ambiant,
et, une fois les activités terminées, les travailleurs s'en vont
et laissent cela tout détérioré. Alors, la garantie serait
pour s'assurer qu'ils refassent une sorte de réaménagement
acceptable à l'environnement. Parfois, quelqu'un peut avoir un site
d'enfouissement sanitaire, et quand c'est terminé, il peut par la suite
mettre du gazon, rendre cela un peu plus acceptable. C'est plutôt pour
corriger les conséquences environnementales du projet comme garantie
puisqu'ils ont été la cause de cela.
M. Lincoln: Je suis d'accord avec vous mais je crois qu'il y a un
point fondamental. Vous avez fait la garantie, ensuite, la forme de garantie,
vous allez faire cela par règlement. Ce sera sans doute une bonne
garantie qui va être donnée, comme vous l'avez
suggéré ce matin, par une compagnie d'assurance ou autre.
La forme de cette garantie, l'étendue de cette garantie, c'est
très très important de situer si c'est une garantie
financière de refaire purement le projet. Est-ce que cela inclurait des
dédommagements pour les tiers, etc? Où cela va-t-il aller? Parce
que le point que l'AQTE soulevait, c'est que, dépendant de
l'étendue de cette garantie, du principe même de la garantie que
vous allez établir, peut-être que cela découragerait les
petites entreprises et les petits conseillers qui ne peuvent pas avoir les
assises financières pour obtenir ces bonnes garanties qui sont
très difficiles à obtenir. Ce n'est pas le problème pour
SNC ou Lavalin.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Les garanties, c'est pour des promoteurs qui
devront être prêts à rembourser pour des dégâts
possibles à l'environnement. Donc, c'est tout simplement pour s'assurer
que les gestes sont couverts par un bon ou une assurance quant à
l'aspect de leurs conséquences environnementales. Autrement dit, il peut
y avoir un petit qui fait des gros dégâts à
l'environnement, comme il peut y en avoir un gros qui a plus de moyens, mais
qui fait des petits dégâts. Je pense que c'est beaucoup plus
basé sur la possibilité que celui qui intervient soit
assuré que, s'il amène des dégâts environnementaux,
c'est ce qui sera couvert par la garantie.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: II y a une question que j'aurais voulu discuter avec
vous brièvement. C'est à la page 9 où, dans le cas II:
Autorisation préalable du ministère de l'Environnement, vous
suggérez "d'énoncer des normes précises, que l'on emploie
l'une ou l'autre procédure. Mais, en ce qui regarde en particulier
l'autorisation du ministère, qu'une approbation de principe du
ministère soit émise et se limite à l'étape de
l'étude préparatoire", ce qui aurait l'avantage
d'accélérer les travaux et de situer les normes beaucoup plus
clairement. M. le ministre, est-ce que j'aurais pu entendre vos commentaires au
sujet du cas II, à la page 9, sur la suggestion de l'AQTE
là-dessus?
M. Léger: Oui, cela concerne un genre d'autorisation de
principe? C'est cela?
M. Lincoln: "Une approbation de principe du ministère",
oui.
M. Léger: En ce qui nous concerne, on n'est pas pour le
mettre dans la loi comme telle, parce que ce n'est pas une chose absolument
légale. Mais c'est une chose habituelle au ministère de donner
une sorte d'autorisation de principe pour quelqu'un qui n'est pas assez
expérimenté et qui veut être certain qu'il est en train de
faire un projet dans le bon sens, oui. Mais le geste légal, ce sera le
certificat d'autorisation ou l'attestation de conformité, plutôt,
qui serait faite par le professionnel. Toute aide technique peut être
faite, mais ce n'est pas une chose qui se met dans la loi comme telle.
M. Filiatrault: Nos recommandations à ce sujet-là,
c'est, finalement, de limiter l'intervention du ministère au moment de
l'étude préparatoire. À ce moment-là, le projet est
très bien défini, les coûts sont définis, les
besoins du projet sont définis.
Nous sommes convaincus que, par la suite, après cette
autorisation de principe, il n'est pas nécessaire de revérifier
le projet au complet et en détail. Si après cette autorisation de
principe le professionnel ou le promoteur émettait son attestation de
conformité, on pense que cela serait suffisant.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Nelligan. Excusez, M. Asselin.
M. Asselin: II ne faut pas oublier que dans son mémoire
l'AQTE ajoute une précision qui paraît peut-être aussi au
rapport du comité de prévention, c'est que l'AQTE demande une
double attestation: une attestation au moment de présenter le projet et
aussi une attestation au moment de terminer les travaux. Il peut arriver que le
constructeur ne construise pas exactement selon les plans et devis. L'AQTE
recommande une double attestation. Je pense que le rapport du comité de
prévention prévoyait cette double attestation.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Je ne pense pas que le comité de
prévention prévoyait... Ce sont deux attestations dont vous
parlez, l'une au début et l'autre quand les travaux sont
terminés. Les conclusions nous ont amené à
préférer qu'il y ait deux moments, soit celui d'une attestation
de conformité au début du projet conforme aux normes et, par la
suite, les inspections ou les visites peuvent faire qu'au début du
projet, au milieu du projet ou à la fin du projet il y ait une
dénégation, mais pas une deuxième attestation de
conformité parce qu'à ce moment-là on reviendrait au
début, en ce sens qu'on doublerait la paperasserie administrative et la
bureaucratie. Pour nous, s'il n'y a pas dénégation, c'est parce
que c'est conforme et cela nous permettrait d'agir dans le cas d'une
dénégation avant que les travaux ne soient finis pour
éviter les coûts dont on parlait ce matin.
M. Asselin: II peut arriver que la paperasserie ne soit pas
nécessairement gouvernementale. Si les constructeurs ne réalisent
pas les travaux - il ne faut pas oublier que, dans la première
attestation, les concepteurs, les professionnels s'engagent ou attestent que
les normes ont été respectées, mais au moment de mettre en
marche l'ouvrage en question, qui peut être une usine, une industrie,
n'importe quoi, il peut arriver que les normes n'aient pas été
suivies; il peut y avoir dénégation, mais il peut bien ne pas y
en avoir; qu'il y ait dénégation ou non, la garantie sera
toujours en vigueur, puis si le concepteur est partie à la garantie, je
ne vois pas pourquoi il n'aurait pas le droit d'attester ou de refuser
l'attestation en deuxième lieu, surtout s'il n'est pas responsable des
changements qui ont pu arriver parce que sa responsabilité
engagée lors de sa première attestation il ne pourra
peut-être pas maintenir son attestation en deuxième lieu, et sa
garantie sera toujours là; il faut quand même protéger le
concepteur aussi.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Nous préférons qu'il y ait une
possibilité de dénégation à n'importe quel moment
du procédé et non pas être obligé que tous les
projets pour lesquels on voulait diminuer toutes les tracasseries
administratives qu'il y ait une attestation de conformité à la
fin aussi, ce qui voudrait dire doubler les contrôles; alors, qu'il y
aurait nécessairement des inspections qui vont être faites qui
nous permettraient d'arrêter soit au début, au milieu ou à
la fin - celui qui n'est pas correct - mais quand tu es correct, il faut que tu
envoies une autre attestation, ce n'était pas prévu dans le
projet. Je retiens quand même cette suggestion de façon qu'on
puisse analyser plus en profondeur, un peu plus tard, après la
commission, les avantages de cette proposition. À première vue,
cela me semble doubler une procédure qu'on voulait diminuer, mais je la
retiens quand même sans dire non totalement.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Je pense qu'il est important d'avoir les vues du
ministre sur trois recommandations spécifiques que vous avez faites
à la page 11 sur la pollution atmosphérique. Au numéro 1,
vous recommandez d'inclure également la ressource eau dans toute entente
de réciprocité pouvant être signée avec les
provinces ou les États voisins.
Deuxièmement, vous demandez, à l'article 49.1, que l'on
ajoute: "porter atteinte à la qualité du sol, des eaux, à
la végétation, à la faune, et aux biens."
Troisièmement, l'article 116.2 devrait aussi être
corrigé pour inclure les dommages portant préjudice à la
qualité des eaux. Alors, j'aurais voulu peut-être que...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Concernant le deuxième point, quant
à inclure la ressource eau et pas juste la ressource air, c'est
peut-être une chose intéressante à ajouter, c'est une
chose que nous allons réexaminer. Ce qu'on voulait,
c'était avoir le pendant aux lois américaines; c'est pour cela
que c'était au niveau de l'air, mais nous allons réfléchir
afin de voir si c'est possible de le mettre au niveau de l'eau. Il faudrait
voir avec les Américains et avec l'Ontario si ces choses peuvent se
faire en réciprocité aussi. Parlez-vous du premier ou du
deuxième point?
M. Lincoln: C'était le premier point. M. Léger:
Quel en est le deuxième?
M. Lincoln: D'ajouter à l'article 49.1: de porter atteinte
à la qualité du sol, des eaux, de la végétation, de
la faune et des biens, en plus du bien-être des personnes.
M. Léger: Je viens de répondre à
celui-là. C'est le premier que je n'ai pas compris.
M. Lincoln: Le premier, c'était: Nous recommandons
d'inclure également la ressource eau dans toute entente de
réciprocité. C'est une chose un peu différente.
M. Léger: L'objectif, c'est d'avoir une
réciprocité la plus parfaite possible entre États voisins.
Il s'agit, avant de l'inclure, de voir si c'est quelque chose de faisable avec
les États voisins. L'air, il n'y a pas de problème, il semble
qu'ils sont tous impliqués dans l'air. Pour les autres, je pense que
l'idée est bonne, c'est d'essayer de voir si on peut l'avoir autant des
États voisins pour le sol, l'eau et l'air. Quelle était la
troisième suggestion?
M. Lincoln: C'était d'essayer de corriger l'article 116.2
afin d'inclure les dommages portant préjudice à la qualité
des eaux.
M. Léger: C'est parce qu'on a voulu reproduire, sur le
plan de la concordance, l'article 20 de la loi principale.
Le Président (M. Gagnon): M.
Filiatrault.
M. Filiatrault: En fait, je crois que nos trois interventions
à ce niveau allaient un peu dans le même sens, soit d'inclure la
ressource eau dans tous les domaines où on parlait d'air, puisque la
pollution atmosphérique a une incidence directe sur la qualité de
l'eau.
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais voulu vous poser deux dernières
questions. Vous dites, à la page 13: Nous recommandons, en premier lieu
- vous parlez des zones inondables, etc., avec la coopération des
municipalités, la gestion par les municipalités - au
législateur de mettre sur pied, à l'intérieur de ses
effectifs existants, des organismes qui auront le devoir d'assurer un meilleur
contrôle sur l'ensemble de nos rivières. Pourriez-vous
préciser un peu ce que vous avez en vue? Avez-vous des suggestions
à ce sujet ou mettez-vous seulement de l'avant l'idée
générale pour que ce soit étudié?
M. Filiatrault: Actuellement, le ministère étudie
la possibilité d'installer certains ouvrages sur des rivières
comme la rivière des Mille-Îles. Le projet a fait l'objet
d'audiences publiques récemment. Tous les ouvrages qui sont
prévus ont évidemment comme but de contrôler un peu mieux
la crue des eaux ou l'écoulement des eaux dans ces rivières. Les
audiences publiques ont démontré clairement que ce qui
était pour régler le plus de problèmes au niveau de la
crue des eaux ce n'était pas l'ouvrage lui-même, mais bien le
contrôle de tous les ouvrages sur les rivière. Nous croyons que
c'est probablement l'élément no 1 ou l'étape no 1 que
d'assurer un contrôle de tous les ouvrages sur les rivières. Cela
assurera probablement une réduction des dommages. C'est une
priorité. On tient à l'exposer à ce niveau-ci.
M. Lincoln: Un mécanisme de coordination et de
contrôle.
M. Filiatrault: De tous les ouvrages, les uns par rapport aux
autres.
M. Lincoln: Oui.
M. Filiatrault: On peut prendre un cas comme celui de l'Outaouais
où il y a quand même quelques ouvrages. C'est un mécanisme
de gestion et de contrôle de tous les ouvrages qu'il y a sur la
rivière.
M. Lincoln: Ce qui revient à la dernière question
que je vais vous poser, parce que je crois que c'est capital. On a
discuté ce matin sur toute cette question à savoir quels sont les
projets dont il s'agit. Le ministre m'avait dit: On ne parle pas de projets
majeurs, on parle de projets mineurs. J'avais montré que dans le
mémoire de STOP on parlait de projets majeurs. Vous-même avez dit
que cette question n'était pas trop précise. Le ministre vient de
le confirmer. On parle de choses mineures et majeures. Est-ce qu'il y a
vraiment des choses mineures et majeures? Par exemple du point de vue du
coût, de l'évaluation, de la grandeur, de la densité, je
sais que c'est majeur, mais est-ce qu'une partie de ce
projet, qu'elle soit mineure ou non, ne peut pas affecter tout
l'ensemble d'un projet par rapport à l'environnement? Est-ce qu'on peut
dire qu'il y a des choses mineures ou majeures? C'est certain qu'il y a des
choses mineures par rapport à la...
M. Filiatrault: Si on parle au niveau de l'assainissement,
évidemment, un projet de prolongement de services municipaux ou
d'égout ou d'aqueduc, c'est un projet qui est mineur, peu importe le
nombre de pieds linéaires ou l'envergure. C'est quand même un
projet qui est assez mineur et qui, habituellement, est situé à
l'intérieur d'un plan d'ensemble. Alors, oui, je crois que c'est
possible de séparer les projets en fonction de leur impact mineur ou
majeur sur l'environnement.
M. Lincoln: Même si la partie mineure est une partie de
l'ensemble d'un projet qui est majeur? Est-ce que l'on peut dire qu'on
sépare ça comme, dirait-on en tranches? C'est à ça
que je veux arriver. Est-ce qu'on peut dire qu'on est en train de...
M. Filiatrault: On pourrait considérer, à ce
moment-là, le plan directeur d'une municipalité au point de vue
de l'assainissement, comme étant un projet majeur dans son ensemble,
projet majeur qui devrait faire l'objet de toutes les étapes
d'approbation et d'attestation. Par la suite, pour la réalisation, tous
les ouvrages à l'intérieur de ce plan directeur pourraient
être considérés comme des projets mineurs et être
soumis à des règles différentes du projet majeur. C'est
quand même bien relié ensemble.
M. Lincoln: Vous ne pensez pas qu'il y a du danger dans cette
politique d'aller classifier, pour ainsi dire, des parties de projet comme
mineures ou majeures? Vous ne pensez pas que c'est...
M. Filiatrault: Entre les grands principes généraux
du projet et l'application, nous avons, évidemment, beaucoup de crainte
et d'appréhension. Ce n'est pas possible de trancher aussi clairement
que ça.
M. Lincoln: Oui...
M. Filiatrault: Mais ce sera à la lecture des
règlements et à la lecture de la mise en route des changements
qu'on pourra, je pense bien...
M. Lincoln: Malheureusement, les règlements viennent plus
tard. Nous, on adopte une loi, maintenant on ne sait pas ce que le
règlement va dire. J'aurais voulu pouvoir lire le règlement du
ministre, après ça adopter la loi et le règlement
ensemble.
Mais là il nous dit: Bon, adoptez la loi, après je vais
vous donner un règlement qui va situer ce qui est mineur ce qui est
majeur et ce qui est... C'est ça qui nous tracasse. N'est-ce-pas, M. le
ministre?
M. Léger: Oui, c'est pour ça que pour savoir ce qui
est un projet majeur ou mineur, la loi donne des principes
généraux et le règlement va les clarifier,
spécialement par des normes. La définition, c'est qu'un projet
majeur est celui dont l'impact peut être majeur sur l'environnement, et
non pas le coût ou la valeur financière. Ce sont des projets qui
auraient un impact majeur sur l'environnement. Depuis tantôt, on parle
souvent d'intercepteur et d'usine, ce n'est pas inclus là-dedans. Je
l'ai dit depuis le début. Il ne faut pas mêler les intercepteurs
et les usines d'épuration. Ce ne sont pas des projets qui sont soumis
à ces règlements. J'ai donné des exemples tantôt: un
prolongement de moins de 2000 mètres, c'est un projet mineur. Un bout de
tuyau ou d'aqueduc ou d'égout ou d'autres projets qui ont un impact
mineur sur l'environnement, c'est ceux-là. Ce qui fait qu'on veut
enlever cette quantité d'approbations par l'appareil gouvernemental qui
peuvent prendre souvent bien du temps alors que les professionnels du domaine
privé, ou public peuvent aussi bien le faire pour des choses d'impact
mineur.
M. Lincoln: Merci beaucoup. Je vais revenir là-dessus, M.
le ministre, si ça ne vous gêne pas, plus tard, parce que je suis
sûr que ça va revenir.
Le Président (M. Gagnon): Je remercie l'Association
québécoise des techniques de l'eau, MM. Filiatrault et Asselin,
et j'invite l'Association des ingénieurs-conseils du Québec, MM.
Gérald Ruel et Jean-Guy René.
M. Ruel.
Association des ingénieurs-conseils du
Québec
M. Ruel (Gérald): Mon nom est Gérald Ruel, je suis
président de l'association et je porterai peut-être à votre
attention que mon collègue aujourd'hui est Émile Langlois, M.
René n'a pas pu se présenter.
Le Président (M. Gagnon): Voudriez-vous, M. Ruel,
approcher un peu le micro, s'il vous plaît.
M. Ruel: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, M. le sous-ministre, il me fait plaisir de venir vous
présenter ce mémoire. Si vous le permettez, je vous en ferai la
lecture, en omettant peut-être de vous lire les "attendu" ou le
préambule, pour commencer tout de suite à la page 2, les
principes généraux. Nous
croyons que les principes généraux sous-tendant le projet
de loi doivent: prévoir des délais précis pour
l'émission des permis ou attestations du ministère de
l'Environnement et définir des normes précises afin
d'éliminer les décisions discrétionnaires et permettre aux
"initiateurs" de connaître les règles du jeu et cela, a
priori.
Les commentaires sur ces grands principes. L'article 3 du projet de loi,
paragraphe g: Ce paragraphe contient une disposition permettant au gouvernement
de fixer les honoraires exigibles pour la délivrance d'un certificat
d'autorisation. Cette disposition se retrouve également aux articles 25
et 33 du projet de loi. Bien qu'on puisse comprendre l'intention du
gouvernement de faire payer au promoteur d'un projet une partie des frais que
l'approbation du projet impose au gouvernement, cette mesure nous pose
néanmoins certaines inquiétudes quant à l'importance
relative des honoraires exigés.
Également à l'article 3, paragraphe n: Une garantie peut
assurer une meilleure qualité de projet; toutefois, le type de garantie
n'est pas décrit au projet de loi.
À l'article 4, il importerait peut-être de préciser
si l'article de loi s'adresse également aux eaux souterraines
captées dans le but d'abaisser la nappe phréatique. Les
intervenants précédents ont fait mention à peu près
textuellement de cet article.
À l'article 4, nous suggérons que soient enlevés
les mots "qui vient à échéance le 1er avril de chaque
année". Actuellement, le projet de loi prévoit "à
échéance le 1er avril"; évidemment, on
préférerait un mandat annuel.
À l'article 6, insertion des articles 49.1 et 49.2. Cet article
devrait, selon nous, être modifié de deux façons. D'abord,
l'article 49.1. La loi devrait faire état des sources de contamination
de l'atmosphère susceptibles de porter atteinte non seulement à
la santé et au bien-être des personnes, mais aussi à la
qualité du sol. Les personnes de l'AQTE qui nous ont
précédés ont également fait cette remarque.
Deuxièmement, bien que nous puissions comprendre l'aspect
incitatif de cette mesure, nous croyons que l'article 49.2 n'a pas sa place
dans la loi. Nous estimons en effet que cette mesure doit faire l'objet d'une
entente entre le gouvernement du Québec et celui d'un État ou
d'une autre province, mais non d'une loi dont la juridiction ne porte que sur
le Québec. Le gouvernement du Québec ne peut imposer cette mesure
à un État ou à une autre province et, dès lors, il
ne sert rien de l'inscrire dans une loi. Nous croyons également que la
référence à un organisme international prête
à confusion.
À l'article 8, toujours à la page 5, à titre
d'ingénieurs-conseils, nous sommes d'accord avec le principe d'une
attestation de conformité environnementale en ce qui concerne la
conception d'ouvrages, puisque nous sommes en pleine mesure d'assumer toutes
les responsabilités découlant des projets que nous entreprenons.
Toutefois, les règles du jeu du ministère de l'Environnement
doivent être bien établies par règlements adoptés au
moment de la déclaration de conformité. Ceci implique que
l'attestation doit être donnée sur les règlements existants
au moment de la demande d'attestation des plans et devis et qu'aucun
règlement, projet de règlement ou directive ne vienne modifier
les plans et devis durant l'exécution du projet.
Pour que cette mesure puisse être efficacement appliquée,
il faudra que les normes réglementaires applicables au projet soient
bien définies. Ces normes doivent être des normes de
résultats, non pas des normes de moyens. Cependant, le maintien des
ouvrages en conformité aux règlements existants est et demeure la
responsabilité du propriétaire des ouvrages.
Nous suggérons également que l'article 95,3 soit
modifié en enlevant les mots: "en tout temps" et en ajoutant à la
fin les mots: "dans un délai de trente jours après
réception d'une attestation de conformité environnementale".
Dans un projet de ce genre, on se trouve en présence d'un
initiateur, d'un ingénieur-conseil, d'un entrepreneur et de
fonctionnaires. Si l'ingénieur-conseil a la responsabilité de
signer l'attestation de conformité aux normes, selon cet article, il
sera responsable du fonctionnement des équipements. Il faut alors que
les personnes responsables des plans et devis soient impliquées dans
leur réalisation ou que l'entrepreneur signe une attestation de bon
fonctionnement des équipements.
À l'article 27 du projet de loi, l'article 61 se lit comme suit:
"Le ministre peut approuver purement et simplement les plans qui lui sont
transmis pour approbation ou les approuver en y apportant les modifications et
conditions qu'il juge opportunes ou utiles, ou en refuser l'approbation." Or,
nous croyons, que cet article, tel que rédigé, va ou peut aller
à l'encontre de certaines dispositions de lois adoptées en vertu
du Code des professions, en particulier de la Loi des ingénieurs et du
Code de déontologie de ces derniers, en ce qui concerne notamment
l'exercice illégal de la profession. Quoi qu'il en soit, nous croyons
que cette façon de procéder ne serait pas très
professionnelle et qu'il faudrait peut-être mieux lire: "Le ministre peut
approuver purement ou simplement les plans qui lui sont transmis pour
approbation ou exiger les modifications aux conditions qu'il juge opportunes ou
utiles en vue de leur approbation ou en refuser l'approbation". Les
modifications pourraient
ainsi demeurer la responsabilité du concepteur.
À l'article 29, les mêmes commentaires que ceux relatifs
à l'article 27 s'appliquent. Nous espérons, pour conclure M. le
Président, que ces commentaires pourront être utiles dans la
préparation de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. Ruel. M. le
ministre.
M. Léger: Je vous remercie, MM. Langlois et Ruel, pour
votre intérêt à ce projet. Je voudrais apporter quelques
réponses. À l'article 3, vous parlez de connaître
l'intention du gouvernement pour les honoraires des promoteurs. C'est notre
intention d'inclure dans le règlement des honoraires prescrits
précis par règlement pour les types d'ouvrages. Cela sera
clarifié par le règlement sur lequel vous pourrez vous prononcer,
parce qu'il y aura aussi une prépublication et une publication
définitive après. Plus loin, vous me dites que vous aimeriez voir
une insertion dans l'article 45.5 et vous dites: "Nous suggérons que
soient enlevés les mots "qui viennent à échéance le
1er avril de chaque année". Je voudrais savoir pourquoi vous demandez
cela, parce qu'il semble que c'est une chose annuelle. Pourquoi demandez-vous
d'enlever le 1er avril?
M. Ruel: C'est peut-être pour éviter l'encombrement
du 1er avril. Si toutes les attestations deviennent échues au même
moment, vos fonctionnaires auront sur la table, à ce moment, je
n'oserais pas dire plusieurs centaines de demandes à renouveler... En
fait, c'est pour éviter l'encombrement, c'est une question de
gestion.
M. Léger: Parce qu'il semble que cela fait au moins 15 ans
que ça fonctionne comme cela. Peut-être qu'on peut regarder les
conséquences... Mais il semble qu'il n'y a pas eu de conséquence
depuis que cela s'applique.
Plus loin, vous dites de l'article 49.2, que l'article 6 du projet de
loi veut ajouter à la loi n'a pas sa place dans la loi. C'est une
façon de mettre dans une loi québécoise une
possibilité d'agir en faveur de l'autre État. Ceci place le
gouvernement du Québec dans une stratégie de négociation
pour être en parité avec la loi américaine. Donc, pour
qu'ils puissent faire la même chose chez eux, il fallait avoir chez nous,
dans notre loi, la même chose. Donc, ils l'ont dans leur loi. En l'ayant
dans notre loi, cela nous permet de faire le même geste et donc de nous
assurer que, sur une frontière où il peut y avoir du
côté américain ou du côté ontarien une
industrie polluante qui affecte le territoire du Québec, comme il peut y
avoir aussi en même temps des industries québécoises qui
peuvent affecter les territoires de l'État voisin, le fait que c'est
dans notre loi, que les deux l'acceptent en même temps, s'ils font un
correctif de leur côté parce que cela va nous avantager, nous on
s'engage à faire la même chose chez nous pour les avantager. C'est
une question de parité entre les...
Plus loin, vous parlez aussi de prévoir des délais
précis. Vous demandez d'enlever en tout temps... C'est cela? Je pense
que le projet de loi prévoit qu'il n'y aura aucun délai. Le
projet peut commencer dès que le promoteur aura envoyé son
attestation. Si on se met à faire des délais, cela pourrait
être très long et les gens peuvent prendre trois ans pour faire un
projet. Dès qu'il y a une attestation de conformité, il peut
commencer son projet immédiatement.
Quant aux normes précises, oui, on est d'accord là-dessus;
elles seront précises et édictées par des
règlements qui vont être clairs et publics.
Le pouvoir d'exiger des honoraires, j'y ai répondu tantôt.
L'étude des garanties, c'est la même chose.
Vous avez parlé un peu plus loin aussi de ne pas changer des
directives qui iraient modifier les plans et devis. On est d'accord avec votre
recommandation.
Vous demandez qu'il n'y ait pas de délégation pour plus de
30 jours après l'attestation de conformité. Cela n'est pas
possible, absolument pas. Parce qu'il se pourrait que le projet commence
beaucoup plus tard que les 30 jours. Il faut attendre pour voir si le projet
est sur le terrain et s'il respecte bien les normes telles que le professionnel
ou le promoteur peut l'avoir fait. Donc, on ne peut pas mettre cette mesure
à cause de cela. Cela ne pourrait pas fonctionner sur le plan des
opérations.
En gros, ce sont les réponses que je peux donner. S'il y a
d'autres questions, peut-être que vous pourrez les poser
tantôt.
Le Président (M. Gagnon): M. Ruel, est-ce que vous avez
autre chose pour M. le ministre?
M. Ruel: C'est bien général, mais je m'attarderais
peut-être à la dernière remarque de M. le ministre.
Lorsqu'on demande un délai de 30 jours, c'est lorsque "l'initiateur"
demande une attestation au sous-ministre. On aimerait que le délai soit
délimité dans le temps. Non pas que le projet retarde
indûment.
M. Léger: Est-ce que vous parlez de l'autorisation
préalable ou de l'attestation de conformité?
M. Ruel: En fait, cela peut être l'attestation de
conformité.
M. Léger: Le promoteur ou le professionnel n'a pas
à demander au ministère quoi que ce soit. Il n'a qu'à
envoyer son certificat de conformité et, à ce moment, il peut
agir parce qu'il s'est engagé professionnellement à dire que
c'est selon les normes et les règlements. Donc, il y a une
confirmité, il n'a pas à attendre.
M. Ruel: C'est là qu'on semble accrocher. C'est que le
sous-ministre a un pouvoir de dénégation à n'importe quel
moment. On aimerait que ce n'importe quel moment soit délimité
dans le temps pour ne pas laisser le projet avancer trop rapidement. Si parfois
le gestionnaire du gouvernement voyait une malfaçon ou une
non-conformité, il faudrait l'identifier le plus rapidement possible
après la demande d'attestation. (16 h 30)
M. Léger: On ne peut pas mettre de date précise,
mais c'est sûr que la pratique va être, dès qu'on
reçoit les plans et devis avec les certificats de conformité, que
chez nous il y aurait accord pour aller vérifier. Mais mettre une date
précise, cela voudrait dire que 30 jours après que quelqu'un nous
aura envoyé son certificat d'attestation, on ne soit pas prêt
à y aller tout de suite ou il se peut qu'il ne termine son projet que
six mois après. À ce moment-là, il ne peut pas y avoir de
date précise dans la loi comme telle.
M. Ruel: II est sûr qu'une date dans une loi peut mettre un
carcan, mais il reste qu'au point de vue pratique, si le ministère
attend que le projet soit terminé avant de se prononcer, on trouve que
le jeu...
M. Léger: II y a une chose qui va être comme avant.
C'est que lorsqu'on recevrait les plans et devis, c'était le
ministère qui envoyait une autorisation au préalable. Maintenant,
on va recevoir les plans et devis comme avant mais avec une attestation de
conformité. Donc, on peut immédiatement aussi aller voir,
pendant, au début, au milieu ou à la fin du projet, pour
s'assurer que c'est conforme et il peut y avoir une dénégation si
ce n'est pas le cas. Mais, comme on ne sait pas combien cela prend de temps
pour ce faire, mettre dans la loi 30 jours, cela veut dire que si le projet se
termine la trente-et-unième journée, on ne pourrait pas passer
pour s'assurer que c'est conforme. C'est pour cela qu'il y a un problème
de date. Mais il y a une chose, c'est qu'on pourra, en ayant les plans et le
certificat d'attestation, si on voit que les plans ne sont pas conformes,
donner une dénégation immédiate. Mais mettre une date
précise, ce ne serait absolument pas praticable.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Je pense que beaucoup des questions que vous avez
soulevées dans votre mémoire ont déjà
été vues dans le mémoire de l'AQTE. Il y a un ou deux
points que j'ai remarqués, qui avaient aussi parus dans le
mémoire de l'AQTE, que nous avons oublié peut-être de
souligner ou sur lesquels on n'a pas posé de questions. Je voudrais
revenir sur la question au sujet des articles 45.4 et 45.5 où l'AQTE et
vous-mêmes faites des suggestions assez précises. J'aurais voulu
peut-être que le ministre nous donne ses commentaires et nous dise s'il
accepte les suggestions qui sont faites. D'abord, je crois qu'il y a une
suggestion qui est faite dans les deux mémoires au sujet de la recharge
d'une nappe d'eau souterraine qui pourrait affecter toute... Du fait qu'elle
constitue une intervention sur une ressource hydrique, elle devait être
assujettie à la demande de permis. Est-ce que le ministre est prêt
à considérer cette suggestion par un ajout aux articles 45.4 et
45.5?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: II n'y a pas de limitation, cela couvre tous les
cas.
M. Lincoln: Vous dites: "Le présent article ne s'applique
pas à un propriétaire qui fore ou fait forer un puits sur son
propre terrain dans le but d'obtenir de l'eau pour son usage domestique." Je
pense que c'est le point que vous voulez faire, que s'il y a un
propriétaire qui fait du forage pour un usage domestique, que son forage
affecte la nappe hydrique... est-ce que c'est dans ce sens-là que vous
nous faites la remarque?
M. Ruel: En fait, ce que l'on comprend de l'article du projet de
loi, c'est qu'il me semble qu'il a été rédigé
à peu près seulement en fonction de...
M. Lincoln: C'est la page 4.
M. Ruel: Oui. Il me semble que l'article a
été rédigé en fonction de l'eau souterraine pour
fins d'alimentation des personnes ou des animaux. On voudrait que cela soit un
peu plus précis que cela. Si parfois, on est obligé d'abaisser la
nappe pour d'autres fins, une construction, par exemple, est-ce qu'on sera
obligé d'échanger avec le ministère et d'émettre
une attestation, juste pour abaisser la nappe pour bâtir, pour des
ouvrages souterrains ou des choses semblables? Dans le cas présent,
selon le sens qu'on donne à la loi, c'est seulement à des fins de
consommation. Il me semble que la loi devrait être un peu plus
définie maintenant, parce qu'un jour le problème va
se poser.
M. Léger: Est-ce que vous favorisez que ce soit
excepté ou que ce soit couvert?
M. Ruel: Si c'est couvert, il faudra en faire une exception.
M. Léger: Vous voulez que ce soit excepté.
M. Lincoln: Je voudrais savoir si vous dites vraiment que
l'exception pour les propriétaires ne devrait pas être là,
les propriétaires devraient également être soumis à
la demande de permis dans n'importe quel cas. C'est cela?
M. Ruel: On ne croit pas, non. Lorsque c'est pour fins de
construction ponctuelle à un endroit donné, précis, pour
d'autres fins que la qualité de l'environnement, on ne pense pas que
cela doive faire partie de la loi. Si cela en faisait partie par
règlement, ce serait pour en informer les fonctionnaires qui feront
appliquer la loi. C'est une question de...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, est-ce que vous
avez une réponse?
M. Léger: Tout ce que je peux dire, c'est qu'on va
regarder les implications de ce que vous dites. Dans les travaux que vous
faites, vous pouvez faire baisser la nappe et vous voudriez en être
exclus.
M. Ruel: Oui.
M. Lincoln: Est-ce que vous avez noté notre
préoccupation du fait que la loi, à l'article 45.4, ne parle que
des sondages et des forages? Vous dites qu'il faudrait aussi y inclure la
recharge de la nappe d'eau. C'est cela?
M. Ruel: La recharge de la nappe d'eau est un autre
problème.
M. Lincoln: Oui, c'est ce que je vous dis: Est-ce que vous voulez
que ce soit indiqué aussi dans la loi que, pour une recharge de la nappe
d'eau, il faudrait demander un permis au sous-ministre? C'est cela que vous
dites?
M. Ruel: Oui, lorsqu'on parle de recharge de nappe d'eau, c'est
un autre problème que celui qu'on discutait
précédemment.
M. Lincoln: Oui, je comprends.
M. Ruel: Lorsqu'on parle de recharger la nappe, on aimerait que
ce soit indiqué dans la loi.
M. Lincoln: Oui, je comprends que ce sont deux problèmes
différents. J'ai compris ce qu'ils ont répondu à la
première question. À la deuxième question, ils font deux
suggestions; à la page 4 de leur mémoire, il y a deux
suggestions.
M. Léger: Si je comprends bien, on se demande si on ajoute
une exception ou si on excepte quelque chose qui n'est pas là. En
réalité, tout travail de recharge de nappe d'eau est fait dans le
but d'une alimentation. C'est déjà couvert par l'article 32 de la
loi, où on demande déjà des autorisations. Donc, c'est
déjà couvert; on ne change pas grand-chose par cette loi. Sauf
que cette loi permet d'avoir un certificat d'attestation. Donc, c'est inclus.
Du fait que c'est déjà inclus à l'article 32 de la loi
régulière, comme ce sont des projets mineurs, cela serait inclus
dans le certificat. Je comprends votre demande mais, actuellement, selon
l'article 32, on est obligé de ne pas exclure puisqu'il faut
déjà un permis pour le faire de par la loi
générale.
M. Lincoln: Est-ce que cela ne porte pas à confusion, M.
le ministre? Vous dites, à l'article 32, que vous avez
déjà la demande de permis pour les questions d'alimentation. Ici,
vous dites: "... faire des sondages ou forages dans le but de chercher et
capter en profondeur des eaux souterraines." Cela pourrait s'appliquer aussi
à l'alimentation. Est-ce qu'on n'aurait pas dû faire une
concordance dans l'autre loi? Est-ce que cela ne porte pas à
confusion?
M. Léger: L'article-ci, dans la loi dont on parle, traite
du cas des foreurs, tandis que la loi générale parle de n'importe
quelle personne qui veut se faire un puits elle-même; il y a donc une
différence entre les deux.
Le Président (M. Gagnon): Monsieur, est-ce que vous avez
quelque chose à ajouter?
M. Ruel: Non, sinon que nous, on dit qu'il faudrait
peut-être préciser, car ce n'est pas clair.
M. Léger: On peut prendre note de ce que vous dites. De
toute façon, les débats sont enregistrés et, dans la
confection finale de la présentation de la loi, s'il y a des choses
qu'on peut préciser, on apportera des papillons.
M. Lincoln: J'aurais voulu passer à la page 7, vous faites
des suggestions spécifiques, peut-être que le ministre y a
déjà répondu, moi j'ai manqué sa réponse,
s'il a répondu. J'aurais voulu qu'on revienne là-dessus à
l'article 27, et aussi à l'article
29. Vous dites: "Nous croyons que cet article, tel que
rédigé, va ou peut aller à l'encontre de certaines
dispositions de loi adoptées en vertu du Code des professions, en
particulier de la Loi des ingénieurs, etc. Vous faites une suggestion
spécifique de mot à mot remplaçant ce qui est dans le
projet de loi exactement dans l'article 29. Est-ce que le ministre pourrait
commenter ces propos et nous dire sa réaction à ces
recommandations?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Tout ce que je peux dire, c'est plutôt une
question. Comme cela existe depuis 50 ans, cet article, cette loi, comme tels,
est-ce que vous pouvez nous dire que cela a causé des problèmes
à ce jour?
Le Président (M. Gagnon): M. Ruel.
M. Ruel: Non, je ne crois pas, mais il reste que c'est
peut-être l'occasion de faire le changement dans la loi. La Loi des
ingénieurs nous donne la propriété de nos documents; on ne
veut pas que d'autres personnes y touchent, c'est-à-dire que vous pouvez
tout faire, que vous pouvez approuver, que vous pouvez accepter, que vous
pouvez désapprouver nos plans, mais vous ne pouvez pas y apporter de
corrections ou de modifications.
M. Léger: Cela a probablement été
adopté avant la Loi des ingénieurs, je suppose; cela fait 50 ans
que ça existe.
M. Ruel: On pourrait peut-être changer notre Loi des
ingénieurs à ce moment-là. Mais il reste, je pense, qu'il
est anormal au point de vue acte professionnel qu'une autre personne que celle
qui a posé son sceau sur un plan et qui a donné une attestation
puisse y apporter des changements; on trouve anormal que ça soit
rédigé dans une loi.
M. Léger: Je pense que vous avez un point quand même
important, et cela vaut la peine qu'on regarde à nouveau ce que vous
affirmez là.
M. Ruel: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Robert Baldwin. ' M. O'Gallagher: Je suis d'accord avec le ministre que
cela mérite une étude plus en profondeur parce que je pense qu'il
y a quelque chose qui entre en conflit avec la Loi des ingénieurs.
FAPEL
Le Président (M. Gagnon): Alors, merci, MM. Ruel et
Langlois, de votre mémoire. J'invite maintenant la
Fédération des associations pour la protection de l'environnement
des lacs, la FAPEL. Mme Elie, la présidente, et Mme McNeil en sont les
porte-parole.
Mme Elie (Hélène-Louise): M. le Président,
avant d'aborder le sujet spécifique à cette commission
parlementaire, nous tenons à souligner que le ministère de
l'Environnement nous a fait parvenir le projet de loi no 55 le 23 mars. Nous
avons appris que la commission parlementaire siégerait les 6 et 7 avril;
notre mémoire devait être déposé officiellement le 2
avril.
Pour un projet de loi de cette envergure, on accorde donc à des
bénévoles qui n'ont que leur temps libre à consacrer
à la cause de l'environnement un maigre dix jours pour prendre
connaissance des documents, en faire une étude comparative, et analyser
vingt nouveaux articles et plus de quarante modifications à des articles
existants couvrant cinq lois différentes. Nous passons sous silence les
problèmes de disponibilité et les frais élevés
qu'entraînent de si courts délais pour des
bénévoles.
Cependant, nous ne pouvons taire les difficultés
d'interprétation particulièrement sérieuses auxquelles il
faut faire face pour analyser en catastrophe de nouveaux textes de loi
rédigés dans un langage hermétique.
Nous aurions souhaité, avant qu'on nous convoque, pouvoir
assister à une soirée d'information sur l'esprit et la lettre des
modifications proposées. Nous estimons que l'empressement soudain
manifesté par le législateur à cette occasion brime
à toutes fins utiles le droit d'expression du citoyen et contredit les
politiques de participation qu'on se targue de placer en priorité au
ministère de l'Environnement. Les 6 000 000 d'inspecteurs ont les
oreilles dans le crin! (16 h 45)
Compte tenu des difficultés dont nous venons de faire
état, la Fédération des associations pour la protection de
l'environnement des lacs doit se limiter à l'analyse des articles
suivants: l'article 8, qui ajoute à la Loi sur la qualité de
l'environnement une nouvelle section: la section X.l; l'article 20, qui ajoute
à la Loi sur le régime des eaux, section I, deux nouveaux
articles: les articles 2.1 et 2.2.
Nos commentaires et recommandations concerneront donc
spécifiquement ces deux points.
Loi sur la qualité de l'environnement, section X.l - Attestation
de conformité environnementale, articles 95.1 à 95.7
inclusivement.
Cette nouvelle section propose un virage fondamental pour le
ministère de l'Environnement. Elle touche plus particulièrement
les articles 22, 32, 33, 48 et 54 de la loi couvrant les champs
d'activité suivants: la protection de l'environnement, la qualité
des eaux et la gestion des eaux usées, l'assainissement de
l'atmosphère, la gestion des déchets.
Parmi ces articles, ceux qui intéressent plus directement FAPEL
sont l'article 22 couvrant les travaux d'aménagement des rives et du
littoral des lacs et cours d'eau, les articles 32 et 33 couvrant les
intallations septiques des établissements publics ou commerciaux ainsi
que les projets domiciliaires et l'article 48 relatif à la pollution
atmosphérique.
La loi actuelle exige la présentation de plans et devis de
"l'initiateur" d'un projet concerné par ces articles et
l'émission par le sous-ministre d'un certificat d'autorisation lorsque
ce projet répond aux normes ou règlements en vigueur et ce
préalablement à tous travaux.
Les modifications proposées par le projet de loi 55 conservent,
pour "l'initiateur" d'un projet, l'obligation de présenter des plans et
devis, mais le responsable atteste lui-même par une déclaration
à cet effet de la conformité de son projet aux normes et
règlements en vigueur. Les plans et l'attestation déposés,
les travaux peuvent être amorcés. Le sous-ministre se
réserve le pouvoir de signifier en tout temps une
dénégation de conformité et d'annuler l'attestation.
Commentaires. Pour justifier ces modifications, le ministère de
l'Environnement invoque la nécessité de raccourcir les
délais dans l'émission de certificats d'autorisation. C'est donc
dire que l'esprit des modifications proposées ne résulte en rien
d'un souci de mieux protéger l'environnement. Il présume
essentiellement rendre plus expéditives les démarches pour la
réalisation de travaux qui pourtant sont susceptibles d'affecter la
qualité de l'environnement.
On met donc la qualité de l'environnement en jeu pour satisfaire
promoteurs et initiateurs de projets. Cette nouvelle procédure est
inacceptable parce qu'elle fausse deux principes fondamentaux: l'engagement
essentiel du ministère de l'Environnement dans le domaine de la
prévention et sa responsabilité en matière de protection
de l'environnement.
Prévention. Nous luttons depuis plusieurs années pour
obtenir que l'esprit et la lettre de la Loi sur la qualité de
l'environnement favorisent la prévention. En s'attaquant à son
caractère préventif pour le remplacer par une surveillance
après coup, la nouvelle loi se présente comme un recul
inacceptable qui aura des effets désastreux sur la qualité de
l'environnement. Il est plus facile de retarder des travaux que de faire face
à des faits accomplis dans le cas d'ouvrages inadéquats.
Démolition et remise en état sont d'ailleurs rarement possibles,
en particulier lorsque des aménagements ont modifié les rives ou
le littoral des lacs et cours d'eau. Le même raisonnement s'applique aux
installations septiques des établissements publics ou commerciaux; si
elles sont mal construites, on aura beau confisquer la garantie, le terrain
récepteur risque d'être inutilisable. Dans la plupart des cas, les
torts causés à l'environnement seront permanents. La pollution
atmosphérique peut entraîner des conséquences encore plus
graves. Pour éviter que ne s'accentue le problème des pluies
acides, il est essentiel que le ministère de l'Environnement exerce un
contrôle direct sur les installations futures. Dans ce domaine plus que
dans tout autre, le principe de l'attestation maison de conformité
environnementale est un recul inacceptable.
Responsabilité. La nouvelle loi fausse ce deuxième
principe parce qu'elle accorde à des promoteurs et "initiateurs" de
projets des responsabilités qui appartiennent au ministère de
l'Environnement. Avec d'autres groupements, FAPEL a lutté d'arrache-pied
pour la création de ce ministère afin d'obtenir un contrôle
énergique des interventions ayant des effets négatifs sur
l'environnement. Au moment où la population manifeste de plus en plus
d'intérêt pour la protection de l'environnement, il nous semble
que les contrôles doivent plutôt être resserrés. Nous
avons été désagréablement surpris de lire dans le
projet de loi no 55 qu'à l'avenir, les promoteurs pourraient attester
eux-mêmes de la conformité de leurs projets aux règlements
en vigueur. Nous n'avons pas lutté pendant toutes ces années pour
que le ministère de l'Environnement abandonne aujourd'hui ses
responsabilités à ceux-là mêmes dont les
activités justifiaient sa création. Nous avons combattu pour un
ministère de l'Environnement responsable.
Recommandation. L'article 8 du projet de loi no 55 constitue un virage
fondamental relativement aux principes de protection de l'environnement. La
section X.l sur "l'attestation de conformité environnementale" peut
entraîner de sérieuses et désastreuses conséquences
dans le domaine de l'environnement. FAPEL souhaite donc que l'article 8 du
projet de loi no 55 soit retiré.
Loi sur le régime des eaux, section 1: De l'aliénation du
lit et des rives des cours d'eau et de la mer.
Articles 2.1 et 2.2: Les articles 2.1 et 2.2 donnent au gouvernement le
pouvoir d'autoriser par règlement et d'une manière
générale, plutôt que cas à cas, l'occupation par des
ouvrages mineurs des rives et du lit
des fleuves, rivières et lacs faisant partie du domaine public
ainsi que le lit, lais et relais de la mer.
Commentaires: FAPEL tient à souligner que les ouvrages mineurs
affectant les rives et le littoral des lacs et cours d'eau constituent
justement la très grande majorité des ouvrages effectués
en bordure des lacs et cours d'eau. Leurs effets s'additionnent souvent pour
entraîner des conséquences majeures sur l'équilibre
écologique des plans d'eau. Des ouvrages mineurs peuvent aussi amorcer
une réaction en chaîne se traduisant par une destruction majeure
du milieu.
Il est donc très important que tout règlement traitant des
ouvrages soumis à l'article 2.1 proposé fasse l'objet d'une
consultation publique pour éviter que les citoyens ne soient
placés devant un fait accompli.
Or, si l'article 2.2 proposé exige la publication dans la Gazette
officielle de tout règlement avant son entrée en vigueur, il
n'impose pas sa prépublication comme le fait l'article 124 de la Loi sur
la qualité de l'environnement.
Recommandation: FAPEL demande donc que l'article 2.2 soit
complété pour exiger que les règlements adoptés en
vertu de l'article 2.1 de la Loi sur le régime des eaux fassent
obligatoirement l'objet d'une prépublication dans la Gazette officielle,
afin d'accorder le délai habituel de 60 jours aux citoyens
désireux d'exprimer leur opinion.
Le Président (M. Gagnon): Merci madame. M. le
ministre.
M. Léger: M. le Président, je remercie la
Fédération des associations pour la protection de l'environnement
des lacs de participer à ce projet. Je reconnais que vous n'avez pas eu
tellement de temps pour vous pencher sur le projet, mais vous avez quand
même présenté un mémoire très
intéressant. Je dois vous dire qu'il y a eu une occasion que vous n'avez
pas prise, il y a quelque temps. Nous aurions bien aimé vous avoir dans
ce fameux projet de rapport du comité sur les politiques de
prévention, où la plupart des organismes impliqués
étaient venus donner leur input. Malheureusement, votre association
n'est pas venue, alors qu'elle aurait pu apporter beaucoup de choses que vous
demandez aujourd'hui. C'est à la suite du rapport de ce comité
que nous avons tiré les conclusions.
De ceux qui ont participé à ce comité sur les
politiques de prévention, il y avait des représentants de l'AQTE,
de l'Association des biologistes, du Centre de recherche en sciences de
l'environnement, des associations d'ingénieurs municipaux du
Québec, de l'Association pour la santé publique du Québec,
de l'Institut national de la recherche scientifique, du Centre de recherches
écologiques de Montréal, de l'Association pour l'assainissement
de l'air et du ministère de l'Environnement du Québec, ainsi que
d'autres collaborateurs de différents domaines. Ce sont les conclusions
de ce rapport qui nous ont amenés à présenter le projet
tel qu'il est là.
Je dois vous dire qu'en aucun moment le ministère de
l'Environnement, en présentant ce projet de loi, n'avait l'intention de
diminuer sa responsabilité. Au contraire, c'est une augmentation des
responsabilités que nous voulons prendre en amenant des partenaires
à prendre leur part des responsabilités. Quand on parlait des 6
000 000 d'inspecteurs, comme je le disais ce matin, ce sont tous les citoyens
qui devaient s'en préoccuper, mais il y a des groupes de citoyens et des
particuliers, des professionnels ou des promoteurs, qui doivent aussi avoir la
préoccupation environnementale. Donc, avec le projet de loi, nous
mettons davantage l'accent sur la prévention en ce sens que, si on
compare la situation actuelle avec celle que nous voulons avoir après
l'adoption de ce projet actuellement, les promoteurs nous envoient des plans et
devis. Nous examinons cela et nous donnons une autorisation préalable
mais, par la suite, nous n'avons pas tout le potentiel ou le personnel voulu
pour aller faire toutes les inspections parce que le temps passé
à regarder uniquement du papier, des plans et des devis, ne nous permet
pas d'aller faire le travail sur le terrain comme on devrait le faire. C'est
pour ça, pour améliorer cette situation, que nous avons mis une
double sécurité.
La première, on s'est dit: II y a des professionnels au
ministère qui font ce travail depuis plusieurs années, ces
mêmes professionnels sont soumis aux mêmes règles de
contrôle et de professionnalisme de la profession et qui peuvent le faire
dans le domaine privé aussi. Donc, quand le projet nous arrive avec les
plans et devis, il y a eu à ce moment-là une analyse faite par un
professionnel et, dans certains cas, par plusieurs professionnels qui eux, sont
capables de donner une attestation de conformité à des normes qui
seront maintenant rendues publiques. Alors, c'est contraire à
auparavant, où on nous reprochait souvent de prendre des mesures
discrétionnaires à l'intérieur du ministère en
appliquant selon la perception qu'on a au ministère des normes internes
non connues du public, pour refuser ou accepter des projets, donner ou ne pas
donner l'autorisation préalable.
C'est maintenant l'inverse: il y a quelqu'un de l'extérieur, un
professionnel, un promoteur, qui engage son rôle professionnel avec
possibilité de poursuites, s'il ne respecte pas les normes et les
règlements qui sont rendus publics. Donc, il y a une lourdeur
derrière le geste que posera chaque
professionnel. À ce moment-là, il y a donc cette
première sécurité d'un professionnel qui atteste la
conformité aux lois et aux règlements de l'environnement et
ça intèqre immédiatement au début du projet,
contrairement à ce qui se passait avant, une préoccupation
environnementale immédiate. Donc, c'est de la prévention.
Auparavant, les projets qui venaient chez nous étaient des projets
où on se fiait que nous on leur dirait: Est-ce que c'est correct ou pas?
Là, ils devront avoir déjà, dans la préparation de
leurs plans, la préoccupation environnementale dès le
début du projet et non pas être obliqés de le corriger par
la suite. C'est la première étape.
Comme deuxième mesure de sécurité, ça va
permettre d'aller faire des visites sur les lieux, chose qu'on ne pouvait
pratiquement pas faire à cause de la quantité énorme de
travaux d'analyse qui peuvent être faites par l'extérieur. Donc,
diminution de la tracasserie administrative des délais pour les projets
avec une double mesure de sécurité sur le plan environnemental
puisqu'ils sont obligés, de par la loi, d'attester que c'est conforme
aux normes et à la visite de nos inspecteurs, de nos
spécialistes, de nos techniciens et possiblement aussi de nos
professionnels pour s'assurer que c'est conforme. Il y a à ce
moment-là une possibilité de dénégation du projet
soit au début, soit au milieu, soit à la fin, avec les
coûts que ça peut comporter.
La protection de l'environnement est donc d'autant plus forte que nous
avons impliqué déjà des citoyens professionnels et des
promoteurs à la dimension de l'environnement en plus de celle du
ministère de l'environnement.
Je pense aussi que vous semblez craindre que l'autorisation
générale pourrait être donnée par un
règlement d'occuper le domaine hydrique pour des ouvrages mineurs. Je
pense qu'on peut dire que, par définition, les ouvrages mineurs, ce sont
des conséquences mineures sur l'environnement. Je disais tantôt
que c'est l'impact sur l'environnement qui détermine si c'est un projet
mineur ou majeur. Dans votre texte, vous sembliez croire que ce
projet-là serait soumis entre autres aux installations septiques des
établissements publics. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas ça,
c'est l'inspecteur municipal qui s'occupe des installations septiques et ce
sera toujours l'inspecteur municipal qui le fera, ce ne sera pas assujetti
à des projets comme celui-là.
Donc, par définition, c'est pour des impacts mineurs; les
conséquences sont mineures et, nécessairement, le certificat
d'attestation de conformité nous permet de nous assurer que c'est fait
selon les normes environnementales.
Plus loin, vous demandez qu'il y ait une prépublication pour les
projets qui relèvent de la Loi sur le réqime des eaux. Je pense
que c'est une bonne suggestion de votre part et on est ouvert à cet
esprit d'avoir, comme cela est pour la Loi sur la protection de
l'environnement, et aussi possiblement une prépublication pour ce qui
touche l'aspect de la Loi sur le régime des eaux. On est donc d'accord
avec votre proposition.
En général, je pense que les propositions que vous nous
faites sont acceptables pour le projet de loi, mais, quant à votre
vision des conséquences environnementales, je pense qu'on ne peut pas
conclure, selon notre optique, que c'est un abandon de notre
responsabilité: au contraire, c'est une responsabilité accrue
puisque nous mettons une double sécurité en y ajoutant la
qualité. À moins que vous ne disiez qu'un professionnel du
domaine privé n'a pas la même compétence pour jouer le
rôle qu'un professionnel du secteur public. Or je doute que ce soit ce
que vous vouliez dire, mais comme ils feront un travail de professionnel et
qu'ils y mettent comme conséquences leur titre de professionnel en jeu,
je ne pense pas qu'ils prendront le risque de faire un travail secondaire.
D'autant plus que ça va beaucoup plus amener les promoteurs à
avoir une préoccupation environnementale dès le début des
projets et non pas se le faire rappeler continuellement par nous, puisque la
loi les obligera à le faire. (17 heures)
Le Président (M, Gagnon): Mme Éllie.
M. Léger: Maintenant, en plus de cela, on s'est
donné dans la loi la possibilité de retirer des autorisations, ce
que nous n'avons pas actuellement. Quand il y a un permis qui est donné
actuellement, s'il faut arrêter un projet, il faut faire une injonction.
Ils peuvent aller en appel, ils peuvent continuer les travaux qui
détériorent l'environnement, alors que, dans le projet de loi, on
se donne les moyens, les pouvoirs de retirer une autorisation et les travaux
arrêtent. C'est eux qui ont le fardeau de le prouver et, Dendant ce
temps, ils ne peuvent pas continuer les travaux. Donc, c'est beaucoup plus
sévère, beaucoup plus protecteur de l'environnement. Finalement,
les dépôts de garantie nous assurent que le promoteur est
obligé de corriger à même cette garantie les erreurs qu'il
pourrait peut-être faire et qui pourraient avoir des conséquences
sur l'environnement. Le dépôt de garantie est une autre, une
troisième mesure qui resserre les contrôles environnementaux. Je
ne sais pas s'il y a d'autres questions particulières. En
général, je pense que ça va. Peut-être que vous
aurez d'autres questions à me poser tantôt.
Le Président (M. Gagnon): Mme Élie.
Mme Élie: Si j'étais la seule personne qui
était intervenue au niveau de l'article 8, en fait, si la
fédération était le seul organisme qui était
intervenu au niveau de l'article 8, je serais mal à l'aise. Je pense que
tous les mémoires qui ont été présentés
depuis ce matin se recoupent au niveau de l'article 8. Je fais confiance au
promoteur professionnel privé, public, peu importe. Je trouve dommage
qu'on accélère les délais qui existent en ce moment et
qu'on n'apporte pas d'autres solutions. Je pense qu'il existe sûrement
une solution qui ferait que... Peut-être que ce qui existe actuellement
n'est pas vivable facilement. Mais, d'un autre côté, que n'importe
qui, pour autant que lui-même atteste que c'est correct, commence des
travaux qui peuvent affecter l'environnement, je trouve que c'est aller d'un
extrême à l'autre. Et c'est à vous à trouver la
solution, ce n'est pas à moi. Je ne suis pas technicienne, mais j'en
vois les effets sur le sol.
M. Léger: Oui. Mais vous me dites que vous concluez que
les quatre intervenants qui ont précédé étaient
contre le certificat d'attestation.
Mme Élie: Les gens n'étaient pas
uniformément d'accord avec l'article 8, sûrement. Tout le monde a
apporté des remarques. C'est vrai qu'il n'y a pas de normes en ce
moment. Il y aura des normes qui seront probablement établies,
malheureusement, par un règlement qui va suivre la loi; c'est
réellement malheureux. Je pense que les règlements devraient
précéder la loi, sans être avocate. Je ne peux pas
comprendre que n'importe qui va attester de quelque chose. Si je
présente un ouvraqe, c'est sûr que, sur papier, je vais me plier
aux normes, c'est certain, je ne suis pas plus bête qu'une autre. D'un
autre point de vue, avant que vous veniez vérifier sur mon terrain si ce
que je fais, si l'installation septique, puisque c'est ce qui nous concerne,
disons, au niveau des lacs...
M. Léger: Cela ne s'applique pas.
Mme Élie: Cela s'applique certainement puisque...
M. Léger: ... ce sont les Affaires municipales. C'est
l'inspecteur municipal qui s'occupe de cela. Les installations septiques ne
sont pas couvertes pas la loi.
Mme Élie: Bon, parlons de travaux mineurs, disons un mur
de soutènement.
M. Léger: ... un bout d'aqueduc ou un bout
d'égout.
Mme Élie: Bon, un prolongement d'égout.
M. Léger: C'est ça.
Mme Élie: Vous calculez ça par pieds. Mais cela,
c'est un ouvrage mineur.
M. Léger: Oui.
Mme Élie: Que vous calculez mineur, mais qui peut avoir un
impact majeur sur l'usine d'épuration existante. Je ne peux pas
comprendre que quelqu'un va arriver et va attester lui-même de la
conformité du Drojet. On y met son sceau, la ville met son sceau, la
garantie, toute l'histoire. Il peut commencer les projets pour autant qu'il a
une attestation. La fédération préférerait de
beaucoup que ça vienne du gouvernement avec les normes
respectées, que quelqu'un du gouvernement dise: Voilà, les normes
ont été respectées. Que cela ne soit pas laissé
à l'initiative personnelle. Vous savez comme moi que l'information n'est
pas la même partout; même si vous essayez de la diffuser, elle
n'est pas perçue de la même façon par tout le monde.
M. Léger: Je pense que, lorsque vous dites n'importe qui,
ce n'est pas n'importe qui qui l'approuve. C'est un professionnel
spécialisé dans ce domaine-là et qui peut perdre son
statut de professionnel s'il fait une fausse déclaration. Donc, il faut
quand même reconnaître qu'un professionnel...
Mme Élie: Oui, je le reconnais.
M. Léger: ... ne peut pas mettre en jeu toute sa
carrière juste pour avoir accepté un bout de tuyau qui ne serait
pas conforme aux normes et aux règlements. Donc, ce n'est pas n'importe
qui, c'est un professionnel.
Deuxièmement, les conséquences de ce projet ne sont que
des conséquences mineures puisqu'un prolongement d'un intercepteur de
500 mètres ou de 1000 mètres ne peut être analysé
que par quelqu'un qui est ingénieur. L'ingénieur du
ministère de l'Environnement, chez nous, ou l'ingénieur qui est
un consultant - qui fait les travaux, comme c'est le cas à la
Société québécoise de l'assainissement des eaux
actuellement - qui engage des consultants pour faire ces travaux, des travaux
majeurs, fait confiance à ces gens et il surveille leurs travaux parce
que ce sont des travaux majeurs... Mais des travaux mineurs d'un petit bout de
tuyau, d'un bout d'aqueduc ou d'un agrandissement d'une carrière qui est
déjà située... Les normes sont publiques. Est-ce que vous
pensez qu'une personne qui est professionnelle, il faut absolument qu'elle soit
dans le gouvernement pour être compétente, qu'elle ne peut pas
l'être quand
elle est dans le domaine privé? C'est la question que je me
pose.
Mme Élie: Je ne peux pas contester là-dessus. Mais
je pense qu'il faut assumer d'avance que les gens comprennnent que plusieurs
ouvrages mineurs - cela c'est vérifié, vous le savez autant que
moi peuvent apporter, au niveau de l'environnement, des conséquences
majeures. Le bout de 500 pieds ou de 200 pieds, je m'en fous. Mais s'il y a dix
projets approuvés dans la même municipalité, de 100 pieds,
de 50 pieds, additionnez tout cela et voyez l'impact environnemental. Il est
trop tard. Le tord aura été fait. D'accord, chaque projet en
lui-même aura été bien fait, conforme, etc., mais la vue
d'ensemble ne peut pas être perçue par un individu. Ce n'est pas
possible. Alors que quand c'était une loi gouvernementale, il y avait
moyen d'avoir une vue d'ensemble. Je ne vous dis pas que la loi actuelle est
parfaite, je ne vous dis pas que ce que vous proposez est épouvantable
mais il y a une solution entre les deux. C'est à vous de la trouver.
M. Léger: Je vous remercie. On va essayer de la
trouver.
Mme Élie: Vous allez la trouver, j'en suis certaine.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Mme Élie, ce qui se détache, il me
semble, d'après ma perception, des mémoires qui ont
été présentés ce matin par rapport à
l'article 8. Tout le monde a commenté l'article 8... Il faut admettre
que les intervenants qui vous ont précédée l'AQTE, l'Ordre
des ingénieurs, ont semblé favoriser le principe de l'attestation
de conformité. Je pense que s'il y a une chose à souligner, et
cela m'a frappé, ce sont deux points fondamentaux. Premièrement,
on dit qu'il faut des normes précises, des objectifs précis et
ils ne sont pas situés. Je suis tout à fait d'accord avec vous.
Du reste, j'avais fait la remarque au ministre avant. On nous fait adopter une
loi sans qu'on sache ce que sont ces normes. Tout le monde l'admet, il semble y
avoir consensus qu'on a besoin des normes, je crois que le ministre l'a admis
lui-même.
Deuxièmement, je pense qu'il y a une grande confusion.
Certainement, il y a une confusion dans mon esprit - je suis d'accord que je ne
suis pas un technicien en la matière mais, enfin, j'ai lu tout ce que je
pouvais lire là-dessus - à savoir quels genres de projets sont
affectés par cet article 8. Le ministre lui-même a fait une
correction là-dessus. Je pense que tous les mémoires ont
parlé de cela.
Ce que je voulais vous demander c'est ceci. Je crois que,
peut-être, comme vous dites, il y a quelque chose qu'il faut corriger
dans la loi existante. Peut-être qu'il y a quelque chose
là-dedans. En fait, il y a pas mal de suggestions qui ont
été apportées par le congrès, dont le ministre a
parlé, qui ont mené à ce projet de loi. Si, par exemple,
avant que ce projet de loi avance au stade de la deuxième lecture, de la
troisième lecture, de l'étude article par article, on savait
quelles normes précises le ministre va apporter, quels règlements
et qu'est-ce qui sera un ouvrage mineur, un ouvrage majeur, on pourrait
évaluer par cela même, en lisant ces choses, quels seraient les
impacts possibles sur l'environnement. Est-ce que cela aiderait à faire
un genre de compromis entre une situation... Il y a sûrement des
améliorations à faire. Peut-être que l'attestation de
conformité va apporter... Parce que, après tout, on parle de
professionnels là-dedans, ce n'est pas n'importe qui qui va faire
cela.
Est-ce que si ces normes précises étaient des normes qui
se qualifiaient par rapport à vos soucis d'environnement et,
deuxièmement, que la réglementation qui situe exactement la chose
cadrait dans vos vues, cela enlèverait beaucoup de vos soucis?
Mme Élie: Pour répondre à la deuxième
question avant la première, il est certain que ce serait essentiel que
les normes soient publiées avant la loi, s'il y avait moyen, je suis
bien d'accord avec vous. La réponse à la question no 1, c'est
qu'il ne faut jamais oublier que l'addition de travaux mineurs... Même si
vous faites un petit remblai de deux pieds et le voisin en fait un de deux
pieds, puis de deux pieds... Si tous les voisins du lac se donnent la main et
font un petit remblai de deux pieds, en soi, ce n'est rien, deux pieds, mais
additionnez cela pour 50 ou 60 chalets, c'est un impact majeur. Il faut
accepter le principe qu'il n'y a pas d'ouvrages mineurs, parce que finalement
l'addition d'ouvrages mineurs donne des résultats d'envergure majeure.
Lorsque le ministre va spécifier ce qui est mineur et ce qui est majeur,
cela ne réglera pas le problème.
Le Président (M. Gagnon): M. le député.
M. Lincoln: J'ai beaucoup de sympathie pour le principe. Je crois
qu'on a parlé de cela avant; "mineur" et "majeur", ce sont des grands
mots, mais, en fait, quel est l'impact qu'une petite chose peut avoir sur
l'environnement? On a vu cela tellement de fois. Un petit déversement de
contaminant dans l'eau, par exemple, peut être quelque chose de
très grave. Pourtant, le fait même est mineur en soi. On n'a pas
parlé de cela déjà, mais je pense qu'il y a un
mémoire que
j'ai lu... Dans les autres provinces, est-ce que ce n'est pas pourquoi
on a insisté pour que la demande d'autorisation se fasse à
travers le ministère et que le ministère reste le gardien des
certificats d'autorisation? C'est cela que vous voulez préserver,
d'après ce que je comprends?
Mme Élie: Ce serait dans cette optique-là,
exactement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. J'ai quelques
commentaires sur les propos de madame. Vous avez mentionné des remblais
sur le bord des lacs et des rivières. Ce n'est pas du tout dans ce
projet de loi; c'est couvert par d'autres réglementations et d'autres
lois au niveau du ministère de l'Environnement. D'ailleurs, personne n'a
le droit de passer la ligne des eaux ordinaires sur les terrains de la
couronne, d'aucune façon, sans la permission du ministère de
l'Environnement. Je pense que c'est en dehors de nos propos d'aujourd'hui.
Maintenant, vous mentionnez des petits bouts de tuyau ici et des petits
bouts de tuyau là qui pourraient avoir un impact sur une usine de
filtration ou une usine de traitement d'égout, par exemple. Il faudrait
avoir un petit peu confiance en nos professionnels, les ingénieurs
consultants de n'importe quelle municipalité. C'est une partie de leur
responsabilité professionnelle de voir l'impact des travaux qui se
multiplient. En plus de cela, il y a les responsabilités de la
municipalité elle-même dans cette chose-là. Alors, il ne
faudrait pas perdre confiance en nos professionnels et nos ingénieurs au
point d'exiger que le ministère de l'Environnement engage un
ingénieur pour surveiller les travaux dans chaque municipalité.
Ce serait un dédoublement épouvantable qu'on ne pourrait jamais
supporter.
Mme Élie: Je pense que vous n'avez pas vécu, au
niveau municipal, ce qui peut se passer dans les assemblées, alors que
des résidences demandent à être raccordées au
système d'égout central. Cela se fait à chaque
assemblée du conseil. Alors, si vous additionnez cela, ce sont tous des
ouvrages mineurs, mais en ce moment on a besoin d'une approbation
ministérielle pour les faire.
M. Léger: On peut peut-être clarifier ce
point-là. Il ne faut pas mêler deux choses. Le prolongement de 500
mètres d'un tuyau, c'est une chose. Une série de tuyaux pour la
municipalité, cela fait partie d'un plan d'ensemble, ce n'est pas
régi par cela, ce sont les plans normaux des intercepteurs qui ne sont
pas soumis à ces règles et qui doivent être
approuvés par le ministère. Donc, quand on dit "mineur", c'est un
petit prolongement. Je reconnais votre grande préoccupation - d'ailleurs
l'histoire de votre association le démontre - pour la qualité du
milieu. Je peux vous assurer que la loi qu'on présente a pour objectif
précis de renforcer non seulement la restauration, parce qu'un aqueduc
et un égout, c'est souvent pour restaurer les choses... Notre
préoccupation, c'est la prévention, c'est de mettre dès le
départ dans l'esprit du promoteur, du consultant et du professionnel la
préoccupation environnementale. La loi est là et il doit
l'observer. Je suis d'accord avec vous, par exemple, comme l'a dit le
député de Nelligan aussi, qu'il faut que les normes soient
très claires, précises et connues. Mais il ne faut pas
mêler à cela des petits travaux; lorsqu'on parle d'un ensemble de
petits travaux, s'il y a un ensemble de petits travaux dans la même
municipalité, cela devient des gros travaux et ce n'est pas soumis
à cela. C'est seulement un petit travail mineur qui ne demanderait pas
d'autorisation préalable et il y a tout le système
protégé par les mesures habituelles, c'est seulement pour un
petit travail qu'on peut exiger un certificat d'autorisation, une attestation.
Il ne faut pas mêler les deux. Quand c'est gros, c'est le
ministère qui s'en occupe; quand c'est mineur, c'est un certificat
d'autorisation émis par un professionnel, qu'il soit du secteur public
ou du secteur privé, je pense qu'il a la même compétence.
(17 h 15)
Je voudrais terminer en disant que je suis d'accord sur la question de
cette publication que tout le monde connaît, les règlements. Si on
avait à vous rendre ces règlements publics en même temps
que la loi, on ne pourrait pas consulter les spécialistes comme on s'est
engagé à le faire tantôt. Les règlements seront
faits en consultation avec des spécialistes pour s'assurer que les
normes environnementales soient adéquates dans le règlement
public. Donc, on ne peut pas présenter les deux; c'est la façon
normale depuis toujours, au niveau des gouvernements, de présenter
d'abord le projet de loi, qui est un principe et qui donne l'assise
légale, puis le règlement qui détermine en détail
la façon de réaliser la loi. Ce sont deux étapes
différentes. On ne peut pas les présenter en même temps,
puisqu'on veut justement consulter sur le contenu des normes qui seront rendues
publiques. On peut s'assurer qu'il y aura cette consultation, mais on ne peut
pas les présenter en même temps. Il faut que la loi soit
adoptée avant et, par la suite, le reste se fera.
Cependant, on peut vous donner le contenu général en
disant: Ceci n'est pas inclus dans la loi, comme les installations
septiques, comme des ouvrages mineurs qui auraient un impact mineur sur
l'environnement. Tout à l'heure, j'ai bien dit qu'un projet n'est pas
jugé mineur selon son coût, mais selon son impact sur
l'environnement. S'il a un impact majeur, ce n'est pas inclus dans la loi. S'il
a un impact mineur, c'est là qu'il peut y avoir - entre autres, à
un moment donné, vous avez parlé de projets mineurs pour des
quais ou des murs; pour nous, ce ne sont pas des murs sur le bord de l'eau, ce
sont plutôt des quais flottants et ce n'est pas quelque chose de
permanent, quelqu'un qui voudrait mettre un quai flottant - un certificat de
conformité et l'attestation selon les règlements et les normes.
Vu que ce n'est pas permanent, ils vont l'enlever durant la période
d'automne. C'est pour des travaux comme cela. Vous avez peut-être raison
de vous être inquiétés au départ en pensant que
c'étaient de gros travaux, mais c'est beaucoup plus une série de
5000 à 6000 demandes de permis qui viennent au gouvernement et au
ministère de l'Environnement pour des choses tellement mineures que cela
pourrait être fait par un professionnel qui s'engagerait à apposer
son statut de professionnel pour donner un certificat d'attestation de
conformité. À ce moment-là, on diminue beaucoup la charge
administrative, tout en préservant, par une double
sécurité, l'environnement. Pour ce qui est majeur, ce n'est pas
inclus du tout dans le projet de loi.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rousseau.
M. Blouin: Je comprends très bien la préoccupation
de Mme Élie et de la FAPEL, quand on sait le travail qu'ils ont fait au
Québec pour la protection de l'environnement des lacs, en particulier.
Malgré toutes les appréhensions que vous avez
évoquées, j'ai l'impression que vous n'aviez peut-être pas,
au début, saisi tout à fait quel est l'objet de ces modifications
à la Loi sur l'environnement, quels sont les objets de ces
modifications. Si, par exemple - c'est une suggestion que je pourrais faire au
ministre -le ministre s'engageait à vous présenter cette
réglementation avant qu'elle ne soit opérationnelle, s'il
s'engageait à consulter des organismes comme le vôtre, est-ce
qu'une partie de vos appréhensions pourrait être
apaisée?
Mme Élie: Je pense qu'il est mentionné dans notre
mémoire qu'on aurait souhaité avoir une rencontre informative au
niveau du projet de loi. C'est mentionné en première page, au
troisième paragraphe.
M. Blouin: On parle maintenant de la réglementation comme
telle, qui va soutenir l'application du projet de loi. Est-ce que cela vous
irait?
Mme Élie: Sûrement, je pense qu'on serait tout
à fait d'accord. Oui.
M. Blouin: M. le ministre, je ne sais pas si c'est possible, mais
je pense que...
M. Léger: Je pense que nous avons souvent l'occasion de
nous consulter sur différents aspects de l'environnement; à cet
aspect, puisque c'est une préoccupation, on veut toujours qu'il y ait
une collaboration. Je pense que c'est normal que je puisse m'engager
publiquement à ce qu'il y ait une consultation de votre organisme sur la
réglementation publique des normes qui vont servir de base aux
professionnels pour donner le certificat d'autorisation.
Mme Élie: Les inspecteurs municipaux, s'ils pouvaient,
cela fait partie aussi de leur champ d'action.
M. Léger: Oui, naturellement.
Mme Élie: Ils ne sont pas ici aujourd'hui.
M. Léger: Je pense qu'ils vont être ici demain, je
pense.
Mme Élie: Ils viennent demain? M. Léger: Je
pense que oui.
Mme Élie: Je sais qu'ils doivent venir, mais je ne sais
pas quand.
Le Président (M. Gagnon): Merci.
M. Léger: Ils vont avoir une réponse avant
d'arriver.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Je voudrais juste, en terminant mes commentaires,
rappeler que, dans les autres mémoires avant, on a surtout dit: Nous
souhaitons que le gouvernement précise les types de projets assujettis
à cette nouvelle procédure le plus tôt possible; je pense
que c'était le commentaire des deux mémoires
précédents. Cela s'impose; il faut avoir un aperçu de la
réglementation ou des normes qui vont diriger ce projet de loi. Je pense
que vos commentaires seront bien reçus à ce point de vue.
Mme Élie: D'accord.
M. O'Gallagher: II faut avoir des précisions sur les
travaux qui vont être affectés et sur les normes.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Brièvement, je crois que la suggestion du
député de Rousseau est excellente et je suis content de savoir
que le ministre va aller dans ce sens. Il faut être tout à fait
clair sur ce sujet. Il y a deux questions. La première est la question
des normes précises. Sur cela le ministre s'est engagé, mais
ensuite, comme l'a souligné mon collègue de Robert Baldwin, je
crois qu'il faudrait très bien situer dans la session d'information ou
de consultation que le ministre va avoir sur cette question, ce dont on parlera
lors de ces travaux. Pour nous tous, c'est un peu flou ce sujet même si,
pour le ministre, c'est tout à fait clair quant à ce qui est
mineur ou quant aux impacts qui sont mineurs ou majeurs. Je crois que tout cela
est une question de jugement, et j'aurais voulu avoir quelque chose de beaucoup
plus précis à ce sujet. J'espère que cela est inclus dans
ce qu'il va discuter avec vous.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Nelligan. M. le ministre.
M. Léger: En terminant je voudrais vous assurer qu'il y
aura cette consultation sur les normes et les règlements, et, en
même temps, comme je l'ai dit au début ce matin, lorsque les
règlements seront adoptés, cela va être une adaptation
graduelle. Cela va commencer peut-être uniquement par des projets de
prolongement sur des aqueducs et des égouts. À mesure que
ça va se roder et que l'expérience va croître chez les
différents professionnels et au sein de la population en
général, on pourra ajouter d'autres projets qui seront
probablement présentés à l'occasion des règlements
pour vous donner un certain ordre de ce que peuvent toucher ces
règlements-là.
Le Président (M. Gagnon): Mme Élie.
Mme Élie: Une dernière question, est-ce que vous
avez prévu qui vérifierait les travaux commencés? Qui va
les vérifier? Qui va dire: Ce travail-là cela n'a pas de bon
sens, ça ne fonctionne pas? Ce n'est pas M. Cayer qui va se promener
à travers la province, je ne pense pas, à moins qu'il veuille le
faire.
M. Léger: Nécessairement, ce sont des gens du
ministère qui vont faire la surveillance, d'abord les techniciens
formés spécialement là-dessus au départ. Lorsqu'il
y aura le moindre problème, des professionnels de chez nous seront
délégués si nécessaire.
Je voudrais en terminant remercier la délégation de la
FAPEL pour sa préoccupation constante dans le domaine de la protection
des lacs. Je sais que, cette année, elle a ouvert le champ de ses
préoccupations à d'autres aspects de l'environnement - je dois
l'en féliciter -notamment aux pluies acides. Bientôt, elle se
penchera sur d'autres projets, c'est toujours ce que j'ai souhaité,
qu'entre autres au conseil consultatif de l'environnement; où
siège d'ailleurs un membre de votre organisation, je pense que c'est
très important, quand on se préoccupe de l'environnement, on
puisse aussi ouvrir le champ de la connaissance et des préoccupations
d'environnement à d'autres aspects comme l'air, les sites
d'enfouissement, la protection des sites naturels. Ceci fait qu'à un
moment donné l'expérience acquise peut être ramenée
à la préoccupation première de FAPEL, qui est celle de
l'environnement des lacs. Je pense que votre préoccupation de cette
année d'oeuvrer dans d'autres champs va seulement ajouter de meilleurs
correctifs à ce que vous pouvez déjà apporter dans le
champ de vos préoccupations actuelles. Je suis certain que
l'expérience du passé est qarante de l'avenir.
Le Président (M. Gagnon): Merci, Mme Élie et Mme
McNeil.
Mme Élie: Je veux simplement terminer en disant que, pour
le moment, nous nous occupons des mille pieds d'encadrement forestier et que
c'est suffisant, bien suffisant. Si on débouche sur autre chose, cela
reste toujours dans l'encadrement forestier des lacs.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Mme Élie, très brièvement, je
voulais vous dire que j'apprécie beaucoup vos prises de position tout
à fait catégoriques. Cela nous donne à
réfléchir. Personnellement, cela va me donner beaucoup à
réfléchir sur la question de l'article 8. Tant que je ne serai
pas satisfait personnellement ainsi que mes collègues, je crois que cela
nous donnera beaucoup à réfléchir que quelqu'un prenne une
position. Puisque FAPEL a tellement fait pour l'environnement, cela nous fait
beaucoup réfléchir. On se rappellera cela.
Mme Élie: C'est ce qu'on veut faire; faire
réfléchir les députés.
Le Président (M. Gagnon): Merci, Mme McNeil et Mme
Élie, et merci à FAPEL pour son mémoire.
J'invite maintenant STOP, représentée ici par M. Mallory
et M. Walker.
STOP
M. Mallory (Charles): Je m'appelle Charles Mallory. Je suis le
président de STOP. Mon collègue, c'est Bruce Walker, qui est
directeur de la recherche chez nous.
M. le Président, M. le ministre, MM. les députés,
c'est un plaisir et un privilège d'être invité à
revenir ici au salon rouge devant la commission permanente pour
témoigner sur un projet de loi qui concerne la protection de
l'environnement.
STOP fut incorporée au Québec en septembre 1970 à
titre de groupe écologique de citoyens. Elle oeuvre pour la protection
de l'environnement et la rationalisation et l'exploitation de la consommation
des ressources naturelles.
Dès son arrivée sur la scène environnementale, STOP
a appuyé l'adoption d'une loi pour la protection de l'environnement et
a, par la suite, demandé des améliorations à la Loi sur la
qualité de l'environnement et des règlements
complémentaires. À titre d'exemple, citons notre intervention
devant la commission permanente de l'environnement au sujet du projet de loi
69.
Je vais passer la parole à M. Walker. Il va mentionner quelques
points.
M. Walker (Bruce): Merci, Charles.
L'attestation de conformité. Depuis son adoption en
décembre 1972, l'article 22 a été la pierre angulaire de
la Loi sur la qualité de l'environnement.
Une agence de réglementation a trois rôles principaux:
Premièrement, rédaction des lois, règlements et
ordonnances; deuxièmement, approbation des nouveaux projets et
installation d'équipement antipollution dans les sources de pollution
existantes; troisièmement, échantillonnage du milieu et
application des lois et règlements.
Les modifications proposées au projet de loi 55, surtout à
l'article 8, auront pour effet d'éliminer ce deuxième rôle
dans plusieurs cas. STOP ne peut pas être d'accord avec cette
proposition.
Le projet de loi 55 propose de soustraire les travaux suivants à
l'obligation d'obtenir un certificat d'autorisation: a, dans le secteur
industriel, par l'installation d'équipement antipollution selon les
articles 32 et 48 de la Loi sur la qualité de l'environnement; b, dans
le secteur municipal, par l'installation ou la modification d'un système
de gestion des déchets solides, selon l'article 54 de la loi, par
exemple un incinérateur ou un site d'enfouissement sanitaire, une usine
de filtration d'eau potable et une usine d'épuration des eaux
usées, selon les articles 32 et 33 de la loi; c, dans les ouvrages des
cours d'eau, tels canaux, barrages, digues, écluses, murs, etc.,
relevant de la Loi sur le régime des eaux.
Ainsi, le fameux programme d'assainissement des eaux usées, le
fameux programme de 6 000 000 000 $, pourrait être soustrait à
l'article clef de la Loi sur la qualité de l'environnement! Une
attestation de conformité n'est pas suffisante. Trois problèmes
en particulier viennent remettre en cause ce nouveau système. (17 h
30)
Premièrement, interprétation. Les lois et
règlements sur l'environnement sont souvent interprétés de
diverses façons. L'ingénieur qui travaille pour une industrie ou
une municipalité ne consultera la Loi sur la qualité de
l'environnement et ses règlements qu'une ou deux fois pendant toute sa
carrière. Les employés du ministère de l'Environnement la
consultent tous les jours.
Deuxièmement: Lacune de la réglementation.
Il est souvent difficile pour une industrie ou une municipalité
de définir des normes d'acceptabilité. Dans certains cas, il
n'existe aucun règlement, par exemple, sur la qualité de l'eau
potable, les effluents de l'industrie chimique. Dans d'autres cas, les
règlements ne sont pas assez explicites. Il existe littéralement
des milliers de polluants chimiques possibles. On ne peut pas demander au
gouvernement d'établir des normes de déversement pour chacun.
Mais lorsqu'un certificat d'autorisation est exigé, l'article 22 dans sa
forme actuelle permet au ministère de l'Environnement d'obliger le
requérant à réduire le déversement d'un polluant
non réglementé.
Troisièmement: Jugement professionnel.
La connaissance des systèmes de contrôle de la pollution
varie énormément dans les secteurs municipal et industriel.
L'ingénieur d'une industrie ou d'une municipalité n'aura
peut-être l'occasion d'installer qu'un seul électro-filtre ou une
seule usine d'épuration au cours de sa carrière. Les experts du
ministère de l'Environnement ont une connaissance approfondie de
l'efficacité d'une technologie particulière dans des cas
particuliers. Ce sont surtout les petites industries et municipalités,
qui ne réalisent souvent que de petits projets et manquent le plus de
compétence dans ce domaine, qui seront soustraites à l'obligation
de demander un permis d'autorisation.
L'expérience du gouvernement de l'Ontario.
L'Ontario s'est dotée d'une loi clef, le "Environmental
Protection Act" depuis 1971. Dans les termes de cette loi, le ministère
de l'Environnement doit autoriser les nouveaux travaux et l'installation de
l'équipement antipollution dans les sources de pollution existantes. Le
ministère a créé une section spéciale
appelée la "Environmental Approvals Branch".
En 1974, le gouvernement de l'Ontario a décentralisé le
ministère de l'Environnement. On a créé six régions
administratives et on a envoyé des fonctionnaires dans ces
régions. Au début, chaque région avait la
responsabilité d'autoriser les projets. Quelques mois plus tard, le
gouvernement modifiait le mécanisme d'autorisation. Il s'était
rendu compte qu'il fallait créer une section centrale, composée
de spécialistes en environnement, afin d'aider le personnel des
régions à juger des demandes de permis.
La plupart des certificats d'autorisation sont émis dans les huit
semaines suivant la réception de la demande, et ce mécanisme est
jugé satisfaisant par la majorité des industries en Ontario.
Juste une remarque additionnelle dans ce secteur. J'ai
téléphoné, la semaine passée, à un
représentant de la "Environmental Approvals Branch" qui m'a dit: "We
rarely receive a perfect application."
Évaluation de l'impact. Nous tenons à profiter de cette
occasion pour souligner que STOP a une haute opinion des lois
québécoises en matière d'environnement. Elles se comparent
avantageusement aux lois des autres provinces et du gouvernement du Canada.
Nous espérons que l'allégement des mécanismes
d'autorisation ne viendra pas affaiblir l'article 31 de la Loi sur la
qualité de l'environnement sur l'évaluation et l'examen des
impacts sur l'environnement de certains projets. Bien que cet article ait
été émis récemment, son application s'est
révélée utile.
Il faut toutefois rappeler que l'article 2n du règlement
général, qui fait suite à l'article 31 de la Loi sur la
qualité de l'environnement, n'est pas encore en vigueur. Il faut le
mettre en vigueur immédiatement si l'on veut que les grands projets
privés, tels que la construction d'une usine de pâtes et papiers,
d'une usine pétrochimique, d'une cimenterie, d'une raffinerie de
pétrole, d'une aciérie, d'une aluminerie, etc., soient assujettis
au mécanisme d'évaluation et d'étude d'impact sur
l'environnement.
Un mécanisme intermédiaire. Avant 1972, les
Québécois avaient un droit de consultation sur la construction
des systèmes municipaux d'épuration des eaux usées. Il
faut leur redonner ce droit à la consultation. STOP recommande
l'amendement de la Loi sur la qualité de l'environnement afin que le
ministère de l'Environnement soit tenu d'organiser des séances de
consultation publiques avant l'émission d'un certificat
d'autorisation.
Dans le cas de la Communauté urbaine de Montréal, il n'y a
eu qu'une seule séance publique et ce, en mars ] 971, sous les auspices
de l'ancienne Régie des eaux du Québec. Depuis,
l'échéancier a été retardé à de
nombreuses reprises, les coûts ont triplé et même
quadruplé; le degré de traitement a été
augmenté et on a même réduit le nombre d'usines.
À l'époque, la loi obligeait la Régie des eaux
à tenir des séances de consultation publiques. L'adoption en 1972
de la Loi sur la qualité de l'environnement a fait perdre certains
droits aux Québécois. Nous vous suggérons d'étudier
un mécanisme direct, peut-être plus souple que celui du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement, et qui tienne compte de la
participation du public. Ce mécanisme pourra servir à
résoudre de nombreux problèmes.
Maintenant, je voudrais redonner la parole à mon collègue,
M. Mallory.
M. Mallory: Merci Bruce et merci, M. le Président. Vous
noterez sans doute que nous profitons de l'occasion pour suggérer
d'autres amendements de nature environnementale, étant donné le
caractère omnibus du projet de loi qui est devant vous.
La pollution atmosphérique transfrontière. STOP appuie
l'ajout de l'article 49.1. Nous recommandons que soit définie
l'expression "bien-être des personnes" de cette façon: Protection
contre les dommages à la propriété, à la
végétation, à la faune et aux
écosystèmes.
Les déchets toxiques. La politique gouvernementale sur les
déchets toxiques, énoncée en décembre 1980, n'a
jamais été soumise à un débat public. Les principes
de cette politique sont bons, mais il semble qu'ils sont restés lettre
morte. Comme nous le disions en février 1981, il est de notre avis que
les éléments les plus critiques d'une politique
générale de gestion des déchets toxiques sont la
réduction, le recyclage et le traitement à la source. Toutes ces
choses font partie de la politique ministérielle énoncée
récemment. Malheureusement, aucun programme n'est en place à ces
diverses fins. STOP considère que ce fait reflète une erreur
désastreuse de la part du gouvernement québécois. Pourquoi
débute-t-on la construction de l'usine de traitement avant qu'aucun
effort ne soit fait pour réduire le montant des déchets toxiques
à traiter? À notre connaissance, la situation n'a pas
évolué. De plus, le ministère refuse de dévoiler
son projet de règlement sur la manutention des déchets
toxiques.
STOP considère qu'il est essentiel d'ouvrir le débat sur
ce règlement si l'on veut créer une politique cohérente
sur les déchets toxiques. Il faut également organiser un
débat public sur les technologies et les sites utilisés; ce
débat se fait toujours attendre dans le cas de l'usine de traitement des
déchets toxiques inorganiques à Blainville et il semble de plus
en plus évident qu'il fera défaut lors de la construction de
l'usine de traitement des déchets toxiques
organiques.
STOP a appris que la compagnie Tricil effectue en ce moment
l'étude d'impact pour ce type d'usine, qui serait située sur son
terrain de Mercier, à la périphérie sud-ouest de
Montréal. Dès que cette étude sera soumise au ministre, la
procédure du BAPE, du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement,
sera invoquée et se limitera au site proposé. Nous perdrons
peut-être alors toute possibilité d'ouvrir un débat public
sur les technologies et sites.
STOP estime que cette réglementation est urgente. Le ministre de
l'Environnement devrait dévoiler son projet de règlement dans un
délai de 30 jours. Nous recommandons à la commission permanente
de l'environnement de l'Assemblée nationale de tenir des audiences
publiques sur ce projet de règlement.
Cela ne signifie pas que les modifications proposées au projet de
loi no 55 ne sont pas valables. Cela signifie plutôt qu'un débat
public pourrait faire ressortir d'autres aspects du problème afin que
les modifications à la Loi sur la qualité de l'environnement
permettent de réaliser un contrôle complet, efficace et
sécuritaire des déchets toxiques.
Le zonage de la plaine inondable. Cette question du zonage dans la
plaine inondable est d'un intérêt très particulier pour
STOP, au moment où le projet Archipel est en cours. Nous ne croyons pas
que le contrôle des inondations puisse se faire par les seuls ouvrages de
contrôle des débits. Il faut relier le contrôle des crues
à la gestion des eaux en amont et au zonage de la plaine inondable.
Le projet de loi no 55 relatif à l'article 8 de la Loi sur le
régime des eaux refusera aux municipalités le droit
d'émettre un permis de construction dans la plaine inondable à
moins qu'elles n'aient un plan de zonage conforme aux règlements de la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. D'après la politique
énoncée en septembre 1981 par M. Gaston Couillard, les
municipalités conservent une grande autonomie.
Même si STOP préfère que soit protégée
l'initiative locale dans ce domaine, nous ne pouvons pas approuver cette
politique. Le contrôle des crues ne peut se gérer de façon
fragmentée. Il faut y appliquer des lignes directrices claires, qui
relèvent de règlements législatifs explicites.
STOP envisage la possibilité de donner un rôle secondaire
à la zone inondable, qui pourrait devenir une réserve
écologique et ouvrir au public l'accès aux berges et aux cours
d'eau à des fins récréatives. L'agglomération
montréalaise manque dramatiquement d'espaces verts, et la faune du
secteur est menacée par la pénurie de terrains sauvages qui lui
servent d'habitat.
Les avantages obtenus de cette façon seront probablement plus
importants que les coûts d'acquisition. STOP aimerait voir la
création de parcs linéaires le long des zones inondables, surtout
dans les zones de récurrence des crues d'un an sur vingt. Il n'est pas
nécessaire d'enlever le droit de zonage municipal, pourvu qu'on
maintienne un accès public et qu'on ne compromette pas la
capacité d'absorption des crues des zones inondables.
Concernant l'accès à l'information. À la suite de
l'intervention de STOP en septembre 1978 devant cette même commission
parlementaire, le ministre de l'Environnement a ajouté l'article 118d
à la Loi sur la qualité de l'environnement: "Toute personne a le
droit d'obtenir du ministère de l'Environnement copie de tout
renseignement disponible concernant la quantité, la qualité ou la
concentration des contaminants émis, dégagés et
rejetés ou déposés par une source de contamination."
STOP recommande que le gouvernement du Québec garantisse
l'accès à l'information de nature environnementale recueillie par
d'autres ministères, les communautés urbaines et les
municipalités.
Concernant la pollution atmosphérique par les véhicules
automobiles, les principaux polluants émis par ces véhicules sont
le monoxyde de carbone, les oxydes d'azote, les hydrocarbures et le plomb. La
lumière du soleil transforme les oxydes d'azote et les hydrocarbures en
ozone. Les concentrations d'ozone dans la communauté urbaine de
Montréal sont alarmantes.
Le gouvernement du Québec doit donner a la CUM,
c'est-à-dire la Communauté urbaine de Montréal,
juridiction complète dans ce domaine en modifiant l'article 168 de la
Loi de la CUM. STOP a fait cette même recommandation il y a un mois
devant la commission permanente des affaires municipales sur le projet de loi
no 46.
En résumé, les modifications proposées par le
projet de loi no 55 auront pour effet d'éliminer le rôle du
ministère de l'Environnement dans l'autorisation des nouveaux projets et
de l'installation d'équipement antipollution dans les sources de
pollution existantes. STOP ne peut pas appuyer cette proposition.
L'article 2n du règlement général relatif à
l'évaluation et à l'examen des impacts sur l'environnement doit
être promulgué immédiatement.
STOP recommande l'amendement de la Loi sur la qualité de
l'environnement afin d'obliger le ministère de l'Environnement à
tenir des séances publiques en certains cas avant l'émission d'un
certificat d'autorisation. Exemple: l'usine d'épuration des eaux
usées.
STOP appuie l'ajout de l'article 49.1, la pollution atmosphérique
transfrontière. Nous recommandons que soit définie l'expression
"bien-être des personnes".
Le ministre de l'Environnement doit publier le projet de
règlement relatif aux déchets toxiques. Le gouvernement doit
tenir des séances de consultation sur ce projet de règlement.
Le contrôle des inondations ne peut être géré
de façon fragmentée par chaque municipalité. Il faut des
lignes directrices claires, soumises à une réglementation
explicite de l'Assemblée nationale.
STOP recommande que le gouvernement du Québec garantisse
l'accès à l'information environnementale recueillie par d'autres
ministères, les communautés urbaines et les
municipalités.
Finalement, le gouvernement du Québec doit donner à la
Communauté urbaine de Montréal juridiction complète sur la
pollution atmosphérique par les véhicules automobiles.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, je voudrais d'abord
remercier l'organisation STOP qui fait un travail de surveillance et de chien
de garde absolument essentiel dans une société comme la
nôtre et qui stimule continuellement le ministère à aller
de l'avant, un peu comme FAPEL. Les deux organismes sont des organismes de
pression qui s'assurent que le gouvernement a toujours du pain sur la planche.
Je vous félicite là-dessus. Je l'ai toujours dit quand
j'étais dans l'Opposition; donc, je suis obligé de garder les
mêmes idées maintenant que j'ai la responsabilité
administrative là-dessus.
Je dois vous signaler aussi que j'ai été à
même de remarquer votre souci d'économie de papier en faisant
l'impression des deux côtés. Vous êtes le seul organisme
à avoir fait cela. Cela dénote...
M. Mallory: Prix modique aussi, M. le ministre.
M. Léger: ... que vous n'avez pas juste des principes,
mais que vous les appliquez aussi. C'est bien.
Je voulais simplement vous dire que, dans votre mémoire,
probablement parce que vous ne le saviez pas, cela n'avait pas
été nécessairement dit dans la loi... À la
première page, je dois vous dire que les installations
d'équipement antipollution, les installations d'un système de
gestion des déchets solides, les incinérateurs ou les sites
d'enfouissement sanitaire, les usines de filtration d'eau potable, les usines
d'épuration des eaux usées, ce n'est pas couvert par le projet de
loi actuel. Parce que ce sont toutes des choses qui sont couvertes par la loi
générale. Entre autres, les programmes d'assainissement de l'eau
et de l'air pour les équipements antipollution, ce sont leurs programmes
qui sont des programmes majeurs. Donc, dans ces cas, il n'y aura pas de
couverture pour des attestations de conformité. Ce n'est pas couvert de
ce côté.
Cela diminue de beaucoup certaines préoccupations de votre
mémoire. Je vois que vous avez ajouté beaucoup - vous l'avez dit,
parce que c'était un bill omnibus -d'autres préoccupations sur
lesquelles je trouve que vous avez des idées très
intéressantes que je vais essayer de vous énumérer.
Je pense que notre ministère a beaucoup plus une
préoccupation d'établir des mécanismes adéquats de
prévention. C'est pour cela que l'approbation préalable en est un
mécanisme, mais on est d'avis qu'il existe d'autres moyens susceptibles
d'impliquer un plus grand nombre d'intervenants. C'est pourquoi on propose
l'attestation de conformité environnementale assortie de recours
juridiques et de recours administratifs qui vont assurer que les objectifs
gouvernementaux et environnementaux vont être atteints. Quant à la
liste évoquée tantôt, comme cela ne couvre pas ces
projet-là, je ne peux pas intervenir pour interpréter certaines
de vos appréhensions, puisqu'ils ne sont pas couverts. Donc, cela
répond à une de vos préoccupations.
Vous disiez à un moment donné que les professionnels n'ont
peut-être pas tous l'expérience nécessaire. C'est sûr
que pour les gros projets qui ne sont pas couverts, ce serait le cas. Pour des
petits projets, cela diminue de beaucoup le nombre de professionnels qui
n'auraient pas d'expérience, puisqu'ils le feraient une fois de temps en
temps, mais en général ce serait beaucoup plus des gens qui vont
en avoir plusieurs à surveiller dans les différentes
régions. Donc, nous allons effectuer beaucoup d'assistance technique
pour les petits projets qui, par hasard, seraient autorisés ou qui
auraient une attestation de conformité par un professionnel qui ne le
ferait qu'une fois. Il y aura nécessairement une assistance technique de
ce côté-là pour leur donner les éléments
qu'il leur faut. Cela va être quand même dans des cas très
minoritaires, et la plupart du temps ce ne sera pas le cas.
Vous parlez aussi d'appliquer l'article 2n du règlement des
études d'impact pour toutes les usines dans le domaine privé. Je
dois vous dire que nous sommes d'accord pour mettre en vigueur, mais il y a eu
une entente avec le gouvernement de l'Ontario pour que les deux gouvernements
s'entendent pour le publier en même temps, de façon qu'il n'y ait
pas de conséquence économique pour une province qui
l'appliquerait immédiatement et qui pourrait rendre plus
sévères des préoccupations pour une industrie voulant
s'implanter, préoccupation qui ne le seraient pas dans l'autre province.
Donc,
comme les deux gouvernements veulent ces règlements, le ministre
de l'Environnement de l'Ontario et celui du Québec se sont entendus pour
les faire en même temps, de façon qu'il n'y ait pas d'impact
faisant que c'est moins sévère à un endroit et que les
industries vont s'implanter là. Il faut que les industries aient les
mêmes règles des deux côtés. On a une entente
là-dessus avec l'Ontario.
Concernant les déchets toxiques, vous demandez qu'il y ait une
commission parlementaire avec audiences publiques. Le règlement est
prêt, il est sur mon bureau. Il y aurait donc des consultations, tel que
vous le demandez, et cela pourrait même faire l'objet de rencontres
particulières si c'est nécessaire. Il y aura
nécessairement consultation publique là-dessus.
Vous parlez un peu plus loin de zonage des plaines d'inondation, du
contrôle des crues et aussi de ne pas gérer de façon
fragmentaire. Dans ce règlement, il ne s'agit pas du contrôle des
crues, mais de limiter les dégâts. Le contrôle des crues ne
relève pas de cette loi mais de la loi générale de
l'environnement. Ce qu'on veut dans ce règlement, c'est permettre de
limiter les dégâts en s'assurant que, dans une zone d'inondation,
on oblige la municipalité à ne pas donner de permis de
construction à moins qu'elle n'ait fait un règlement de zonage
qui sera approuvé par le ministère de l'Environnement et qui
tiendra compte du type de développement qu'elle veut faire. Celui-ci
devra nécessairement être accepté par le ministère
de l'Environnement. Je pense que l'aménagement relève des
municipalités. On doit leur offrir la possibilité de
réglementer dans ces zones, et, si elles ne le font pas, il n'y aura pas
de construction, tout simplement.
Vous avez apporté une suggestion très intéressante
quand il s'agit de dire: Utilisez les zones inondables comme parcs. Je pense
que c'est une bonne idée. Nous allons regarder plus en profondeur
comment cela pourrait être fait.
Vous avez parlé de l'accès à l'information et la
garantie de l'accès à l'information venant des autres
ministères et des municipalités. Je vais vous suggérer
simplement ceci. Il y a une loi qui doit être présentée par
le ministre des
Communications et je vous suggère d'envoyer le plus tôt
possible, cette semaine s'il le faut, une lettre, une demande, une explication,
une recommandation au ministre des Communications pour qu'il puisse y ajouter
cette préoccupation. Je lui en ai déjà parlé, mais
je pense que votre rapport de ce côté serait très
intéressant; écrivez au ministre des Communications pour lui dire
que ce que vous avez aimé au ministère de l'Environnement
pourrait aussi s'appliquer à d'autres ministères. Ce serait un
apport à ce débat sur l'information qui doit être rendue
publique. On l'a fait au ministère de l'Environnement et on veut essayer
de le faire le plus possible dans d'autres domaines, spécialement, dans
les municipalités, mais on a besoin de votre appui pour que le ministre
responsable de tout le domaine de l'information gouvernementale y soit
sensibilisé par un groupe comme le vôtre.
Pour l'interprétation des normes, il pourrait y avoir, je pense,
des consultations avec des officiers du ministère pour régler les
problèmes d'interprétation et à la rigueur, avec l'aide de
la Commission municipale qui arbitre les différends difficiles à
résoudre. Cela est une préoccupation que nous avons aussi.
Concernant l'impact sur l'environnement, je dois dire que l'attestation
de conformité environnementale ne s'applique pas aux projets
nécessitant une étude d'impact. Donc, votre appréhension,
soyez assurés que cela ne touche pas à ces domaines, ils ne sont
pas couverts par ce projet de loi. L'étude d'impact concerne les projets
majeurs; donc, ces projets ne sont pas touchés par la loi actuelle.
Concernant le règlement sur les déchets toxiques, ce
projet de règlement sera rendu public dans quelques semaines,
aussitôt après avoir été approuvé par le
Conseil des ministres. Il est sur mon bureau et je dois le présenter au
Conseil des ministres bientôt.
Pour les plaines d'inondation, la loi no 55 va permettre de mettre en
oeuvre une politique globale applicable à tout un bassin ou toute une
rivière et l'approbation ministérielle vise à assurer
l'uniformité. Donc, cela ne concerne pas ce projet, mais votre
préoccupation est retenue pour notre façon de fonctionner au
niveau du ministère.
Vous avez aussi touché l'aspect de la régionalisation. Je
dois dire qu'avant de mettre en place notre régionalisation on a
vérifié ce qui se faisait ailleurs, dans différents pays,
comme la Suède, les États-Unis, à l'Est du Canada, la
France, et dans différentes provinces dont la Colombie britannique et
l'Ontario. Notamment, des hauts fonctionnaires de chez nous sont allés
rencontrer des hauts fonctionnaires de l'Ontario pour regarder le type de
régionalisation qu'ils avaient. Nous avons opté ici, au
Québec, pour une régionalisation différente de celle de
l'Ontario car la philosophie même du gouvernement du Québec en
matière d'environnement est différente de celle de l'Ontario. De
fait, on attache beaucoup plus d'importance au droit et à la
qualité de l'environnement au Québec, grâce à la loi
no 69, ce qui est différent et qui n'existe pas en Ontario. Nous avons
une volonté beaucoup plus grande de procéder par audiences
publiques, ce qui n'existe pas tellement en Ontario; là-dessus, je pense
que nous sommes pas mal en avance
sur toutes les autres provinces du Canada, même sur certains
États des États-Unis. Nous avons une volonté très
grande d'impliquer les gouvernements locaux, municipalités et autres, et
aussi le dynamisme régional et spécialement les groupes de
citoyens. On peut dire que c'est pour cela que nous avons opté pour une
régionalisation en profondeur.
En Ontario, on a eu certaines difficultés à cause de la
difficulté très grande d'attirer des spécialistes dans les
différentes régions puisque le pôle d'attraction
régional y est beaucoup moins fort qu'au Québec; la
mobilité de la main-d'oeuvre de l'Ontario s'inscrit davantage à
partir de centres comme Toronto, Ottawa, Winnipeg, Calgary, Victoria
plutôt que des régionalisations à l'intérieur de
l'Ontario, tandis qu'au Québec c'est l'inverse à cause du
problème ou de la différenciation de la langue. Les gens peuvent
beaucoup plus se diviser, se distribuer à travers les régions du
Québec pour travailler dans leur langue, alors que, dans l'Ontario,
comme c'est la même langue partout, ils peuvent aller dans
différentes régions; c'est pour cela que la préoccupation
de la régionalisation n'est pas la même.
Je pense qu'au Québec nos capitales régionales sont
capables d'attirer beaucoup de spécialistes nécessaires pour les
régions. Notre pari, je pense, était le bon et, en moins de deux
ans, on peut dire que nous avons déjà attiré 340 personnes
en région; tous les spécialistes dont nous avons besoin sont en
région. De plus, ces équipes régionales sont toujours
appuyées par des équipes aux centrales.
Au sujet des déchets toxiques, le règlement s'en va au
Conseil des ministres, il y aura une prépublication de 60 jours et une
publication finale par la suite; il y aura donc consultation avant cela.
Finalement - je ne sais s'il y a des points que j'ai oubliés - il
y a une suggestion que vous faites et avec laquelle je suis amplement d'accord,
c'est votre recommandation que vous voulez faire transmettre au ministre des
Affaires municipales, qui aura des propositions précises à
soumettre dans le cadre du projet de loi no 46 sur la réforme de la
Communauté urbaine de Montréal; nous pensons que c'est une
compétence qui devrait être donnée à la
Communauté urbaine de Montréal pour la pollution de l'air,
spécialement par les automobiles entre autres.
Concernant votre recommandation que soit définie l'expression
"bien-être des personnes au niveau de la réciprocité entre
les États" nous sommes d'accord en principe, mais il faut discuter avec
les États voisins pour qu'il y ait des lois qui soient conformes, car si
on parle de réciprocité, il faut que ce soit chez eux autant que
chez nous.
Concernant la réduction des déchets toxiques à la
source, nous sommes d'accord sur le principe. La façon de le faire, pour
nous, du fait que des usines ne sont pas capables de le faire chez elles, c'est
d'avoir des endroits où elles puissent envoyer leurs déchets
toxiques pour être traités. C'est pour cela qu'il a fallu en
faire, mais, comme elles doivent payer pour le faire, comme elles sont
responsables de leurs déchets, c'est une incitation très forte
auprès de celles qui peuvent recycler à la source de le faire
plutôt que de les envoyer se faire traiter. Mais, pour celles qui ne
peuvent pas les traiter chez elles, c'est important qu'il y en ait. C'est pour
cela qu'il y a une concordance. Selon nous, le règlement de transport
des déchets toxiques va nous assurer qu'il y a un contrôle de la
quantité et de la qualité de déchets toxiques de l'endroit
où c'est fait avec la quantité qui sera transportée
à l'endroit où c'est distribué.
Il faut de plus en plus d'études en profondeur sur le recyclage
dans le domaine des pâtes et papiers, dans le domaine des peintures, dans
le domaine des solvants, dans les huiles industrielles. Il y a aussi des
études en cours pour la réutilisation des sous-produits du
pétrole. On veut aller vite, mais il faut aussi y aller selon les
technologies connues et des études sont en cours là-dessus.
En gros, je dois dire que j'ai beaucoup apprécié votre
mémoire, non seulement pour la partie qui n'était pas soumise par
le projet de loi, mais, comme vous ne pouviez pas le savoir, je pense que la
réponse vous enlève peut-être une grosse partie de vos
appréhensions, puisque ce projet de loi ne couvre pas cela. Il y a aussi
des suggestions très positives que vous avez présentées en
dehors du projet de loi. Vous avez remarqué le fait que nous avons
retenu beaucoup de vos suggestions dans nos préoccupations et c'est de
cette façon, je pense, que vous faites avancer l'environnement. (18
heures)
M. Mallory: Peut-on répondre brièvement?
Le Président (M. Gagnon): Oui.
M. Mallory: Merci. Je m'inquiète un peu quand vous dites
qu'il y a une entente entre l'Ontario et le Québec concernant
l'application de la procédure du BAPE, parce qu'on ne voit aucune
volonté de l'Ontario à cet effet. C'est un peu Waiting for Godot.
On peut attendre à jamais, pour toujours avant que cela arrive. Si vous
craignez vraiment qu'un autre processus ait des retombées majeures sur
l'économie, peut-être doit-on regarder la sorte de
réglementation
qu'on fera ici afin de s'assurer d'avoir une certaine protection
entre-temps, parce que nous n'avons maintenant aucune protection dans les
secteurs privés. Je suis très heureux des assurances que vous
nous avez données concernant les déchets toxiques et
également de l'article 31 de la Loi sur la qualité de
l'environnement.
Concernant la question du zonage, une fois, vous avez dit que l'objectif
est de limiter les dégâts, l'autre fois, si j'ai bien compris,
vous avez dit que c'est pour mettre en place une politique globale. Je ne
comprends pas exactement où ça va nous mener. Malheureusement,
dans le petit délai disponible, on n'a pas eu l'occasion de regarder
précisément les règlements, à la suite de la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme. Je ne sais pas s'ils existent
déjà ou non, mais, sur cette question, je pense que nous devrons
étudier, peut-être ensemble, le peuple du Québec avec son
gouvernement, comment non seulement limiter les dégâts, mais
planifier nos ressources en eau. Je pense que c'est primordial. Je crois que
Bruce a un ou deux points sur la question de l'attestation.
Le Président (M. Desbiens): Oui, M. Walker.
M. Walker: Merci, M. le Président...
M. Léger: Est-ce je peux me permettre de répondre
à la première partie?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léger: Je répondrai à votre partie
après, pour ne pas oublier. Concernant votre préoccupation qu'on
vous assure qu'on adoptera l'article 2n pour les études d'impact dans le
domaine privé au Québec, devant le fait que l'Ontario ne semble
pas être pressé et que nous, si on attend après l'Ontario,
ça n'ira pas très vite, je dois dire que l'entente que j'ai eue
avec l'Ontario était une entente avec le ministre de l'Environnement, M.
Parrot, qui a été remplacé depuis ce temps-là. Je
prends note de ce que vous me dites là pour vous assurer qu'à ma
prochaine rencontre avec le nouveau ministre de l'Environnement de l'Ontario,
M. Norton, je vais lui en reparler en même temps qu'on va parler des
problèmes des pluies acides, pour m'assurer que le nouveau ministre de
l'Environnement de l'Ontario ne s'est pas endormi sur ce projet-là et
qu'il va donner suite à la préoccupation de l'autre ministre.
Donc, concernant votre suggestion de ne pas attendre, je suis d'accord avec
vous. Je vais lui en reparler pour m'assurer de ses projets et lui demander
quand il a l'intention de le faire.
Concernant l'autre question des zones d'inondation, vous dites que vous
ne comprenez pas quand je parle et de politique globale et de limiter les
dégâts. Le projet de loi ne touche que l'aspect d'empêcher
qu'il y ait de la construction dans une zone d'inondation; c'est une petite
partie du problème des inondations. Donc, cette partie est couverte par
la loi actuelle et, là-dessus, notre objectif est de nous assurer qu'il
n'y aura pas de construction dans des zones d'inondation à moins que la
municipalité ne nous présente un programme de règlement de
zonage pour la construction. À ce moment-là, on l'approuvera et
on empêchera ainsi la construction et la possibilité de
dégâts qu'il faudra, par la suite, payer à même les
fonds publics. C'est la partie de la loi.
Quant à la politique globale, il est entendu que le
ministère comme tel a une politique globale de gestion du domaine des
eaux et que le ministère de l'Environnement est le gestionnaire unique
des eaux. Donc, il y a une politique globale de fonctionnement et des
programmes au niveau des problèmes d'inondation et des problèmes
d'assainissement des eaux. C'est pourquoi ce n'est pas couvert par la loi, mais
c'est une politique globale du ministère.
Je ne sais pas si M. Walker a autre chose à dire sur l'autre
aspect.
Le Président (M. Desbiens): Avant de poursuivre, il est 18
heures; et est-ce qu'il y a consentement pour terminer l'audition du
présent mémoire?
Une voix: Consentement.
M. Léger: On peut aller au moins jusqu'à 18 h 15 et
on verra après.
Le Président (M. Desbiens): M. Walker.
M. Walker: Merci, M. le Président.
Deux points. Premièrement, le ministre de l'Environnement n'a pas
encore répondu à notre suggestion des pages 7 et 8 de notre
mémoire sur la question de consultation des 6 000 000 d'inspecteurs ici,
au Québec, concernant le programme d'assainissement des eaux.
M. Léger: J'en ai manqué un petit bout, voulez-vous
répéter?
M. Walker: Oui. Vous n'avez pas encore répondu à
notre recommandation, aux pages 7 et 8 de notre mémoire, concernant le
programme d'assainissement des eaux et la consultation du public avant de
commencer les travaux.
M. Léger: La consultation du public pour...
M. Walker: La construction des usines
de traitement des eaux usées municipales dans la province est un
droit acquis que les Québécois ont obtenu il y a onze ans, mais
nous avons perdu ce droit d'être consulté il y a dix ans avec
l'adoption de la Loi sur la qualité de l'environnement.
M. Léger: Je pense que vous avez une bonne suggestion.
Nous avons, je pense, les pouvoirs de le faire, de faire des enquêtes,
tout est prévu par la loi, mais on ne l'a pas institutionnalisé
c'est ça? Il y a des possibilités de commissions parlementaires
et d'audiences publiques dans la loi actuelle; ça ne s'est pas fait,
jusqu'à maintenant, parce qu'on n'en a pas eu l'occasion.
Peut-être que vous pouvez me faire des suggestions à savoir quand
et à quels endroits vous pensez qu'il devrait y avoir cette
consultation, mais peut-être pas celle sur l'usine de Montréal,
qui est déjà commencée.
M. Walker: Juste pour vous donner un exemple de la
réaction de votre ministère à nos demandes jusqu'à
ce jour, on demande aux employés de l'équipe de M. Robert
Tétrault à Montréal pourquoi il n'a pas encore
consulté les 3 000 000 d'inspecteurs de l'environnement de la
région métropolitaine au sujet des programmes de traitement des
eaux usées de la CUM, de Laval et de la rive sud. Il dit: "Nous n'avons
pas le mandat de consulter les citoyens, c'est une décision politique
qui est au niveau du cabinet du ministre". C'est pourquoi nous vous le
demandons ici maintenant.
M. Léger: Ce n'est pas la responsabilité du
fonctionnaire comme tel, mais s'il y avait besoin d'avoir une consultation
publique, puisque le ministère est celui qui surveille tout le temps
l'ensemble des travaux d'assainissement des eaux et spécialement des
usines d'épuration, nous n'avons pas eu à ce jour de demande
précise d'audience publique ou d'étude particulière
d'impact puisque les conseillers municipaux sont consultés pendant qu'on
signe les protocoles d'entente sur le projet. La population comme telle peut
assister aux séances du conseil sur les projets. Si vous allez plus loin
que cela, je pense qu'on a les moyens, du moins le pouvoir de le faire, c'est
de voir si c'est important et si c'est nécessaire et de savoir s'il y a
des gens qui ont des choses à dire sur ce sujet. Peut-être que
vous pourrez nous éclairer sur cela?
M. Walker: Oui, surtout au niveau des États-Unis, dans le
"Clean Water Act" de la EPA, loi administrée par la "Environment
Protection Agency", il y a tout un programme très élaboré
de consultations avant de commencer la construction des systèmes de
traitement des eaux usées au niveau municipal. C'est administré
par la "Environment Protection Agency". Même le président Reagan
ne touche pas à cet aspect de la loi.
J'ai un autre point en ce qui concerne le débat dont on a
parlé toute la journée, soit la différence entre un projet
majeur et un projet mineur concernant l'attestation de conformité. Je
voudrais vous donner deux exemples. Le premier se situe dans le secteur de la
pollution de l'air. Une usine de pâtes et papiers existante veut
installer un électrofiltre. Nous sommes d'accord que cela veut dire que
c'est un projet majeur et que l'industrie doit obtenir un certificat
d'autorisation.
Le deuxième exemple...
M. Léger: Elle doit avoir un permis du ministère.
Le programme d'assainissement de l'air n'est pas couvert par cette loi. Ce
n'est pas une attestation de conformité comme le projet de loi le
dit.
M. Walker: C'est cela.
M. Léger: Donc, ce n'est pas couvert.
M. Walker: D'accord, nous sommes d'accord avec cela. Mon exemple
d'un projet mineur, c'est un restaurant, une charcuterie qui peut causer de la
pollution de l'air aux résidents dans les quartiers. Nous savons cela
parce que nous recevons nous-mêmes les plaintes ici, au bureau de STOP.
Je recommande aux citoyens de prendre de nouvelles formules d'affidavit et de
les envoyer à votre service du contentieux.
Si votre ministère demande à une telle charcuterie
d'installer un certain équipement antipollution pour réduire les
émissions des hydrocarbures, des odeurs, etc., est-ce que cela requiert
un certificat d'autorisation ou, dans votre interprétation, est-ce que
cela veut dire que ce serait un projet mineur? Ou est-ce que cela dépend
du nombre de hamburgers qui sont cuits par heure dans un restaurant?
M. Léger: Le cas que vous mentionnez, c'est un cas qui
serait couvert par le projet de loi. C'est justement pour corriger des projets
comme cela. Souvent, ce sont de très petits projets qui amènent
des problèmes de pollution de l'air. Les gens les font eux-mêmes
et cela n'a pas tout à fait la qualité qui devrait être, et
on n'est pas équipé pour répondre à cela. Le projet
de loi couvrirait cela. Il faudrait que ce soit un professionnel qui donne une
attestation de conformité aux règlements et aux normes publiques.
À ce moment, cela serait réellement couvert et cela permettrait
d'avoir des projets qui seraient corrects. Donc, votre exemple est bon.
M. Walker: Vous croyez qu'un gérant de restaurant a
l'expertise dans le domaine de la pollution de l'air...
M. Léger: Pas lui, mais il serait obligé d'engager
un professionnel pour avoir un certificat d'autorisation, sinon nos inspecteurs
qui sont dans toutes les régions peuvent passer et l'obliger à
avoir un équipement et à avoir un certificat d'autorisation.
C'est le service de l'inspection qui va le faire.
M. Walker: D'accord, merci.
M. Léger: Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je pense que le ministre a fait un très beau
plaidoyer sur beaucoup de questions. C'était tellement long que je me
suis perdu dans le milieu. J'aurais voulu revenir à la dernière
question de M. Walker parce que cela souligne vraiment toute cette question de
savoir qui est mineur, ce qui est majeur, ce qui fait quoi. Tout cela, c'est
toujours très flou. J'espère que le ministre ne va pas tenir pour
acquis que nous, de notre côté, on va être d'accord sur
l'article 8 sans avoir des précisions beaucoup plus à point sur
toute cette question qui a l'air de rester... Le ministre lui-même semble
répondre différemment chaque fois qu'on parle de cette question.
Qu'est-ce qui est mineur? Qu'est-ce qui est majeur? Je crois que la question de
M. Walker: à savoir si on parle du nombre de hamburgers que le type va
cuire, est ironique, d'accord, mais peut-être que cela donne le petit
message et qu'il faudrait voir un peu les conséquences de toutes ces
choses-là. Personnellement, je trouve qu'il faudrait qu'on soit beaucoup
plus informé de ce qu'on a en vue.
M. Walker, à la page 6 de votre mémoire, vous avez
parlé de l'Ontario qui demande des certificats d'autorisation dans tous
les cas. Vous dites que la plupart des certificats d'autorisation sont
émis dans les huit semaines suivant la réception de la demande et
que ce mécanisme est jugé satisfaisant par la majorité des
industries en Ontario. Vous dites que vous avez parlé aux
autorités de l'Ontario et qu'elles vous ont dit qu'elles n'ont pas de
problème à ce point de vue. Elles n'ont pas de problème du
point de vue de rester dans les normes des huit semaines, c'est cela que vous
voulez dire? Peut-être que vous auriez pu en parler un peu plus. (18 h
15)
M. Walker: C'est cela. Selon les contacts que j'ai avec le
ministère en Ontario, on m'a dit: Pour nous, ce n'est pas un processus
très onéreux. Le ministère de l'Ontario ne subit pas une
avalanche de paperasse et de choses comme cela. L'industrie est plus ou moins
satisfaite, peut-être qu'elle n'aime pas les règlements et les
normes pour le certificat, mais le processus d'obtenir un permis et un
certificat n'est pas un processus onéreux ou long pour l'industrie.
M. Lincoln: Après ce que vous avez entendu ici aujourd'hui
au sujet de l'article 8, c'est-à-dire tout ce qui s'est passé
aujourd'hui et la discussion qu'on a eue où on disait: Le ministre est
prêt à publier un projet de normes précises,
c'est-à-dire qu'on saura cela peut-être à l'avance, en
fait, d'après ce qu'il a dit, si je me rappelle bien, avant la
dernière lecture du projet de loi, s'il est prêt à
consulter des gens, et aussi au sujet de tout le règlement sur la
question de ce qui est mineur ou majeur, quelle est votre position maintenant,
sachant cela, par rapport à l'article 8?
M. Walker: On peut dire que nous sommes plus satisfaits qu'il y a
une heure, mais on se réserve le droit de répondre
définitivement jusqu'au moment où on verra dans la Gazette
officielle du Québec ce fameux projet de règlement qui va
définir soi-disant explicitement et exactement les catégories de
projets qui seront assujetties au processus d'attestation de
conformité.
M. Lincoln: Le ministre a fait de longs commentaires sur la
question de la régionalisation. Je n'avais pas pensé que vous
parleriez spécifiquement de la régionalisation; vous y avez fait
une allusion en parlant de l'Ontario. Mais le ministre a profité de cela
pour faire un petit plaidoyer sur la régionalisation. Cela rappelle
vendredi quand on a eu un petit débat. J'ai parlé de la
régionalisation et lui aussi longuement. J'ai dit que peut-être la
régionalisation, comme c'est fait maintenant, à outrance, cela
"désincite" les organisations bénévoles qui s'occupent de
l'environnement et de l'écologie, en transférant les 6 000 000
000 d'inspecteurs municipaux, en transférant, dis-je, le gouvernement
dans les régions pour faire le travail que ces organisations font
déjà, qui cherchent, elles, un appui central. Alors, j'ai dit au
ministre: On va rencontrer des organisations environnementales et on va leur
demander ce qu'elles pensent de votre programme de régionalisation.
Qu'est-ce que vous pensez de cela, vous?
M. Blouin: Je suis tenté de...
Le Président (M. Desbiens): Question de
règlement?
M. Blouin: Oui. Je suis tenté de soulever une question de
règlement...
Le Président (M. Desbiens): M. le
député de Rousseau.
M. Blouin: ... parce que la commission parlementaire actuelle a
pour objet d'étudier les mémoires qui nous sont soumis par les
groupes qui se présentent à nous. Je crois qu'actuellement la
question qui est posée par le député de Nelligan est
complètement hors contexte et qu'il faudrait reprendre ce type de
discussion dans un autre forum que celui-ci.
M. Lincoln: M. le Président, c'est...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan. Sur la question de règlement.
M. Lincoln: M. le Président, c'est très ironique
que le député de Rousseau ait été assis là
pendant tout ce temps. Il a entendu pérorer le ministre, on m'a
alloué cinq minutes sur la question de la régionalisation et je
ne l'ai pas entendu du tout s'opposer à ce moment-là la position
du ministre. C'est le ministre lui-même qui a apporté la question
sur le tapis. Alors, s'il apporte la question sur le tapis à la
commission parlementaire, par rapport au mémoire de STOP, il me semble
que c'est tout à fait valable de poser la question. Si on peut retourner
au journal des Débats, je sais que le ministre admettra lui-même
qu'il a parlé de cela pendant à peu près cinq ou dix
minutes. Il a fait allusion aux références de STOP sur la
régionalisation qui, je croyais, étaient tout à fait
passagères. Puisqu'il a' apporté la question sur le tapis, je ne
vois par pourquoi on ne pourrait pas questionner M. Walker
là-dessus.
M. Léger: M. le Président, juste une question
de...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, sur la
question de règlement toujours.
M. Blouin: Vous êtes un bon plaideur.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Blouin: Tout ce que je voulais faire, c'est de vous mettre en
garde pour éviter les abus, mais vous êtes un bon plaideur.
M. Léger: M. le Président, je voulais simplement
dire que la commission parlementaire a pour objet de discuter du contenu de la
loi. Je n'ai pas d'objection, puisque, dans un mémoire, un organisme
fait une petite allusion à un aspect qui est en dehors de la loi,
à dire un petit mot là-dessus, mais reprendre le débat je
pense bien que ce n'est pas l'occasion. Il est déjà 18 h 15 et il
y a un organisme qui voudrait être entendu durant une dizaine de minutes.
Je ne voudrais pas qu'on prolonge inutilement, surtout si c'est hors... S'il
s'agit juste d'une expression d'opinion, je ne vois pas d'objection à ce
que le député de Nelligan nous fasse savoir son opinion, mais pas
faire un débat sur cela, parce que...
M. Lincoln: Je vais demander à M. Walker.
M. Blouin: ... ce n'est pas le bon forum.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je vais demander à M. Walker ses opinions en
privé. Tout ce que je veux souligner au ministre, c'est que
peut-être - à bon entendeur, salut - lui-même commencera
à se faire la leçon. C'est sur lui que repose tout le
débat, pas sur moi. J'aurais voulu demander ceci à M. Walker.
À la page 8, vous dites: "Nous vous suggérons d'étudier un
mécanisme direct, plus souple que celui du Bureau d'audiences publiques
sur l'environnement, et qui tienne compte de la participation du public. Ce
mécanisme pourra servir à résoudre de nombreux
problèmes." Est-ce que vous auriez pu nous situer sur le genre de
suggestions vous entrevoyez?
M. Walker: Oui, monsieur. Avant de commencer la construction
d'une usine d'épuration des eaux, le fameux programme de 6 000 000 000
$, 7 000 000 000 $, 8 000 000 000 $ ou 9 000 000 000 $, je ne sais pas
exactement - que le ministère de l'Environnement convoque toutes les
parties intéressées dans une salle publique, un soir ou un
samedi, à une réunion publique au lieu d'une audience publique -
c'est moins structuré, moins formel, des réunions publiques -
pour expliquer le programme d'épuration à tout le monde. Tous
peuvent poser des questions à tous les intervenants. Cela inclut
évidemment le ministère, la ou les municipalités ou la
communauté urbaine ou régionale impliquée, la
Société québécoise d'assainissement des eaux, les
autres pollueurs, les pollueurs privés ainsi qu'une compagnie
d'ingénieurs-conseils engagée par la municipalité et tous
ont le droit de poser des questions sur ce qu'ils ont l'intention de faire.
Est-ce que vous croyez qu'une usine de traitement physique suffit? Pourquoi ne
pas utiliser un traitement d'alun au lieu d'un traitement de chaux? Comment
avez-vous l'intention de désinfecter l'eau usée traitée?
Questions sur le financement, à savoir si on a le moyen de payer pour
cela, ce qu'on peut faire avec les boues, est-ce qu'on peut utiliser les boues
sur les terrains agricoles? Et le reste. Toute une série de
questions
techniques, sociales, économiques, sur le financement, etc.
Évidemment, quand on construit une usine de traitement des eaux
usées, on dépense l'argent des 6 000 000 de
Québécois.
Le Président (M. Desbiens): M. Mallory.
M. Mallory: Puis-je ajouter qu'un tel processus ne doit pas
nécessairement se limiter aux usines de traitement des eaux, mais peut
s'appliquer à d'autres sortes de projets d'un caractère moyen, ni
très grand, ni très petit?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Une dernière question au ministre.
M. Léger: Juste pour répondre là-dessus, je
trouve l'idée très intéressante et je souscris à
cette idée. Si vous pouviez m'envoyer des exemples de projets ayant
été expérimentés en un ou deux endroits. C'est une
bonne occasion de permettre à des gens de connaître davantage les
réponses aux préoccupations qu'ils ont sur l'assainissement de
l'eau ou sur autre chose, surtout une assemblée pas trop
structurée où les gens ne seraient pas trop rigides, mais
où ils pourraient s'exprimer là-dessus, je suis bien favorable
à cela. Si vous avez des suggestions à nous faire, vous pouvez
communiquer avec mon cabinet et on organisera quelque chose en ce sens, ou vous
l'organiserez et on ira.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Une dernière question au ministre. Sur la
question des études d'impact sur les projets privés, à
l'article 2n, au lieu d'attendre la prochaine réunion avec l'Ontario,
parce que cela prendra peut-être quelques semaines, est-ce qu'un petit
coup de téléphone à M. Norton - vous êtes
très persuasif quand vous le voulez...
M. Léger: Cela dépend avec qui.
M. Lincoln: Justement, il n'y a plus de raison de le faire avec
l'Ontario puisque c'est là que cela bloque. Est-ce que cela n'aurait pas
été plus simple que d'attendre une prochaine réunion
formelle avant de présenter cette chose-là? Il me semble que
c'est très simple puisqu'ils connaissent le règlement. Nous
sommes d'accord que le règlement doit s'appliquer. Peut-être que
M. Norton - c'est peut-être la raison pour laquelle M. Parrot a
été remplacé, on ne sait jamais - vous pourriez
peut-être lui passer un petit coup de téléphone demain
matin et nous donner l'assurance que vous allez faire cela un peu plus vite que
la prochaine réunion qui pourrait se faire dans un mois, deux mois,
trois semaines ou quatre semaines, et on sait ce qui arrive dans ces
réunions formelles. C'est une petite question que je voulais vous poser.
Peut-être allez-vous me dire oui.
M. Léger: Je vais vous donner une petite réponse.
Je n'ai pas d'objection. Je ne vous garantis pas de l'appeler demain matin,
mais de communiquer avec lui prochainement, soit par lettre ou par
téléphone. Nécessairement, je pense que c'est une question
de savoir à quel endroit ils sont rendus dans cette
préoccupation. Je suis d'accord pour essayer de communiquer avec le
ministre de l'Ontario.
Le Président (M. Desbiens): Alors, rien à
ajouter?
M. Léger: Je veux remercier l'organisme STOP pour le
sérieux et l'intérêt qu'il porte constamment à
l'environnement. Il ne s'agit pas uniquement de principes mais je trouve qu'il
groupe aussi des gens d'avant-garde, qui jouent un rôle important et
essentiel. Je veux vous assurer de ma constante collaboration aux projets que
vous pouvez mettre de l'avant; vous êtes un organisme essentiel au
Québec.
M, Mallory: M. le Président, je veux, au nom de STOP, vous
remercier, vous et les députés de l'Assemblée nationale,
de nous permettre de vous exprimer nos pensées sur vos travaux.
Merci.
Le Président (M. Desbiens): Merci. J'aurais besoin
maintenant d'un consentement. Il y a ici M. Yvan Asselin, qui a
présenté un mémoire remis tout simplement pour
dépôt demain matin, il est ici et il aimerait être entendu
durant une dizaine de minutes. Est-ce qu'il y aurait consentement pour entendre
M. Asselin?
M. Léger: Oui, dix minutes.
Le Président (M. Desbiens): Cela va. M. Asselin, veuillez
vous rapprocher, s'il vous plaît!
M. Yvan Asselin
M. Asselin (Yvan): Je vous remercie à l'avance de
m'entendre, parce que je vois qu'il y a une dérogation à l'ordre
du jour. Je sais que cela allonge votre journée, mais le fait est que
j'apporte deux ou trois nouveaux éléments qui n'ont pas
été soulevés aujourd'hui et cela m'encourage à
solliciter d'être entendu.
En raison de mon implication dans le
domaine de l'environnement, à titre de membre du comité de
prévention en matière environnementale, je profite de l'occasion
pour faire part de certains commentaires. Le court délai qui m'est
imparti et mon domaine de spécialisation auront limité mon
étude du projet et, par conséquent, mes commentaires au domaine
de l'eau. Je voudrais donner mon opinion et faire des suggestions sur un petit
nombre d'articles du nouveau projet de loi, et ajouter une suggestion pour une
addition qui viserait à vraiment donner au ministre de l'Environnement
un pouvoir que seule la croyance populaire lui attribue.
Les articles visés seront donc les articles 6, 8 et 13. L'article
6 n'est pas tellement compromettant en soi sur le plan technique, il s'agit ici
de la pollution atmosphérique, mais il n'a que peu d'utilité dans
les faits à moins qu'on ne veuille dès le départ faire une
même province de l'Ontario et des provinces maritimes ou
considérer globalement les États-Unis.
Les émissions atmosphériques circulent en
général dans le sens et la direction du fleuve Saint-Laurent, qui
correspond à peu près à la direction que suivent les
grandes masses d'air de la haute atmosphère. Nous recevons sur la
tête des pluies acides qui sont "acidifiées" par les
émanations venant des territoires situés au sud-ouest de
l'endroit où on se situe au Québec.
Les provinces maritimes et certains États américains du
Nord-Est reçoivent le résidu de ce qui se dirige vers nous avec,
en plus, ce que nous y ajoutons. Or, dans cette distribution et cette
circulation à toutes fins utiles à sens unique, le
Nouveau-Brunswick peut signer n'importe quelle entente avec le Québec
sans rien craindre, puisque ce n'est pas vers nous que sa contamination
atmosphérique se dirige.
Par contre, l'Ontario ne voudra sûrement pas signer une entente
réciproque dans ce sens parce que cette province serait la seule
à devoir agir, puisque le Québec n'a que peu à faire pour
protéger l'Ontario contre les pluies acides originaires du
Québec. Pour les mêmes raisons, quel avantage pourrait retirer,
par exemple le Michigan d'un tel traité de réciprocité
sinon de protéger la Nouvelle-Angleterre plutôt que son propre
territoire?
Cet article a belle apparence, mais c'est presque tout. Ce principe peut
s'appliquer par contre dans le domaine de l'eau, de l'eau de ruissellement,
mais ne semble pas facilement applicable dans le cas de l'air. Si on voulait
associer le domaine de l'eau à cela, si on tient compte que la
rivière Outaouais touche à la fois au Québec et à
l'Ontario, il pourrait être intéressant de parler de
réciprocité au sujet de l'eau et peut-être même
à la fois parler de l'air avec l'eau, ce qui ouvrirait la
possibilité de parler du Saint-Laurent dans sa section en amont du
Québec. Le lac Champlain, par exemple, pourrait être aussi
considéré dans les discussions avec les États-Unis tout
comme la rivière Saint-Jean. (18 h 30)
La rivière Restigouche, qui sépare le Québec du
Nouveau-Brunswick sur une bonne distance, pourrait faire aussi partie de
l'accord de réciprocité, tout comme les rivières de la
Basse-Côte-Nord dont la source est au Labrador. Le fait d'inclure l'eau
dans ces ententes de réciprocité rend vraiment réciproque
l'approche des problèmes à régler alors que, dans le cas
de l'air seul, il n'est pas facile d'établir ladite
réciprocité.
Au sujet de l'article 8, ayant été le principal promoteur
de l'idée originale de "responsabilisation" des intervenants dans les
projets, je ne peux qu'appuyer l'ensemble de cet article. Il y a cependant lieu
d'insister sur le principe de "responsabilisation" des promoteurs et des
consultants - des consultants qui peuvent être des ingénieurs -et
des constructeurs.
Depuis des années, il se réalise des projets mal
conçus ou mal construits avec des résultats souvent
désastreux. La procédure actuelle d'autorisation des projets est
fondamentalement vicieuse. Des promoteurs et des concepteurs préparent
des projets avec un minimum de soins et les présentent au
ministère de l'Environnement pour approbation, pour autorisation.
Les fonctionnaires de l'Environnement n'ont pas toujours l'expertise
requise pour faire ce travail. Ils font alors une vérification des
plans, demandent des corrections, dans certains cas font indirectement le
travail des concepteurs et, compte tenu de leur expérience, de leur
expertise et de leur compétence, ils le font avec des résultats
qui laissent souvent à désirer. Dans certains autres cas, ces
mêmes fonctionnaires ne voient pas de lacune, ne peuvent pas en voir ou
encore ne veulent pas en voir; ils approuvent et servent tout simplement de
tampon. Par exemple, quelques fonctionnaires approuvent plusieurs milliers de
porcheries par année ou encore, ailleurs, un finissant
d'université va contrôler un projet préparé tant
bien que mal par des concepteurs qui ont dix, quinze ou vingt ans
d'expérience.
L'autorisation donnée est interprétée comme une
vérification et une approbation de tout ce qui est bien et mal et c'est
sûrement ce qui pousse certains promoteurs et certains concepteurs
à s'en laver les mains et à dire finalement: Nous n'avons rien
à nous reprocher, puisque les plans ont été soumis aux
fonctionnaires de l'Environnement, corrigés pour les satisfaire et
approuvés par eux. Ce sont donc eux les vrais responsables, les vrais
coupables.
En droit, à un privilège ou à un droit
correspond un devoir, par conséquent, une responsabilité.
Le droit de vérifier et d'approuver les plans rend donc l'Environnement
responsable des erreurs de conception.
Je vais quitter mon texte pour quinze secondes pour vous dire que,
telles que les procédures et la loi se font actuellement, si j'avais une
poursuite importante à faire contre mon bureau, je serais tenté
d'amener le ministère de l'Environnement en garantie pour l'erreur que
j'ai faite.
M. Léger: Non pas avec la loi.
M. Asselin: Non, avec les procédures d'attestation, c'est
différent.
Le présent article vise donc à laisser aux intervenants,
soit les promoteurs, les concepteurs et les constructeurs, la
responsabilité de la qualité et du rendement de leurs projets.
Les concepteurs auront alors avantage à ne concevoir que des projets
pour lesquels ils sont compétents, ce qui en plus sera un stimulant pour
le recyclage et le perfectionnement des spécialistes. Il va sans dire
que cette recommandation devra se faire au fur et à mesure que la
normalisation se fera - il faut que cela se fasse le plus vite possible - ce
qui a été amplement discuté au comité de
prévention, tout comme les schémas de procédure qui ont
été mis à l'épreuve.
Cette discussion nous amène au sujet brûlant de la
protection contre les fausses représentations d'une attestation de
conformité fallacieuse et même frauduleuse. Donc, à
l'article 13, toutes fausses représentations devraient être
sévèrement punies et les législateurs que vous êtes,
vous avez la compétence de les rendre suffisamment
sévères.
Toutefois, il pourrait arriver que de telles fausses
représentations soient le résultat d'un arrangement ou d'un
complot entre les intervenants que sont les promoteurs, les concepteurs et
même les constructeurs.
Or, il peut arriver, dans un tel scénario, que le promoteur ne
soit pas intéressé à dénoncer son concepteur,
surtout si celui-ci était son complice, avec le résultat que le
concepteur coupable puisse ne jamais être dénoncé
formellement. Le ministre ou ses fonctionnaires seront nécessairement au
courant de telles fausses représentations, mais, pour toutes sortes de
raisons, et le ministre et les fonctionnaires peuvent décider de ne pas
dénoncer le concepteur fautif autrement que dans le but de régler
des problèmes d'application pure et simple de la présente loi.
Dans le cas de simple amende, ces personnes peu scrupuleuses pourront continuer
ou récidiver. Il pourra arriver que le ministre ne voudra pas ou
plutôt ne pourra pas faire la dénonciation pour des motifs dits
humanitaires ou encore pour des motifs politiques. Le meilleur moyen de
protéger la société serait à mon avis de
prévoir dans la loi, pour ce cas spécifique de fausse
représentation, l'obligation pour le ministre de dénoncer cet
acte dérogatoire à l'ordre ou à la corporation
professionnelle qui régit le droit de pratique de ce concepteur. Le
comité de discipline de ces ordres ou corporations - au besoin l'Office
des professions - devra voir à imposer la discipline et les sanctions
professionnelles adéquates. Cette procédure aura pour effet de
protéger le public, la profession et la réputation des membres de
ladite profession.
J'aurais aussi un nouvel article à proposer. La loi actuelle et
même la nouvelle loi confèrent au ministre le pouvoir d'approuver
des plans et des projets et d'autoriser leur réalisation; la loi permet
aussi au ministre de ne pas approuver et de ne pas autoriser la
réalisation d'un projet qui n'est pas conforme au règlement, aux
normes, aux politiques du ministère ou aux dispositions de la loi.
Cependant, il peut arriver qu'un projet, bien que conforme techniquement, ne
soit pas désirable et ne soit pas d'intérêt public. Il est
arrivé dans les dernières années que le ministre de
l'Environnement ait dû autoriser des projets importants tout simplement
parce qu'ils étaient techniquement conformes et que le ministre, au
courant de leur inutilité, de leur incongruité, de leur fardeau
fiscal désastreux, n'ait pu bloquer ces projets. Un projet inutile,
même s'il est conforme techniquement, devrait pouvoir être
bloqué et la loi devrait accorder ce pouvoir au ministre. Il peut
arriver que d'autres ministères aient le pouvoir de bloquer de tels
projets, mais, là encore, l'autorisation forcée par le ministre
de l'Environnement, dans ces conditions, peut être
interprétée par un autre ministère comme une
bénédiction, un feu vert et une confirmation de
nécessité alors qu'il n'en est rien et que l'autorisation n'a de
valeur que sur le plan technique.
Même l'article 95.3 ne prévoit la dénégation
que sous l'aspect technique. Je me sens obligé de spécifier qu'il
ne faudrait pas rejeter cette suggestion du revers de la main en disant que
personne n'est assez irresponsable pour réaliser un projet inutile et
non nécessaire, parce que c'est déjà arrivé et cela
arrive encore.
Maintenant, un dernier point au sujet de la dénégation. Il
peut y avoir une procédure qui... ça peut être une
procédure lourde de conséquences si on ne définit pas qui
aura le fardeau de la preuve dans un cas de dénégation.
Je vous remercie, M. le ministre et messieurs les membres de cette
commission, pour l'attention apportée à mes commentaires.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre
M. Léger: M. le Président, rapidement, parce qu'on
avait convenu d'une dizaine de minutes, mais M. Asselin a parlé de
choses tellement intéressantes que je dois quand même apporter
certaines réponses à ça. Concernant la pollution
transfrontalière, l'article que nous avons mis là vise à
faciliter l'application de l'article 115 de la loi américaine de
l'assainissement de l'air. Donc, l'article que nous avons permettra de
régler des problèmes de pollution à longue portée
ou à courte portée, où la question des vents
prédominants a moins d'importance. Concernant l'eau, je pense que
l'idée est très intéressante, mais c'est peut-être
un peu prématuré pour nous de l'inclure immédiatement dans
le projet de loi parce que cet article dans le domaine de l'eau va soulever des
problèmes de droit constitutionnel et de droit international public qui
n'ont pas encore tous été évalués. Je sais que M.
Asselin a toujours eu des idées pas mal avant-gardistes et qui souvent
se sont soldées par des choses intéressantes que le gouvernement
a suivies par la suite. Je veux dire que je suis très frappé par
cette analyse qu'il fait. Je ne pense pas que je puisse le mettre tout de suite
dans le projet de loi, mais c'est une chose qu'il faut analyser en profondeur,
peut-être pour la rajouter par la suite après qu'on aura
évalué les problèmes de droit constitutionnel et de droit
international.
Concernant la référence aux dossiers de fausse attestation
et remis au syndic de l'ordre, je pense que c'est une idée très
intéressante qu'on doit examiner attentivement. Je veux savoir
maintenant, si je suis désireux de l'inclure dans la loi, si je suis
obligé de retourner au Conseil des ministres, cela implique du temps et
des possibilités, mais c'est quand même une autre idée
intéressante que je veux examiner attentivement.
L'autre aspect que vous avez soulevé concerne les
pénalités importantes pour des fausses déclarations. On
est d'accord là-dessus. Entre autres, lors de poursuites pénales,
des individus peuvent encourir des amendes de 200 $ à 30 000 $; c'est
donc dire le sérieux d'une fausse déclaration ou attestation de
conformité. Pour les compagnies, c'est de 600 $ à 60 000 $. Des
poursuites civiles de la part du client peuvent également être
entreprises; il y a des poursuites disciplinaires par le syndic de l'ordre et
il y a aussi la réputation professionnelle et toute la carrière
du professionnel qui seront mises en cause. Je pense que quand un professionnel
s'engage à donner une attestation de conformité, c'est
sérieux et les points que vous avez soulevés nous
démontrent jusqu'à quel point on ne doit pas minimiser les
avantages du projet de loi.
Vous avez également fait valoir un autre point assez important,
la question de la poursuite dans la situation actuelle d'avant la loi,
concernant une sorte de caution que le ministère donne à des
projets et qui pourrait avoir des conséquences désastreuses,
alors qu'avec le certificat d'attestation, c'est le professionnel qui s'engage
et non pas une caution du ministère de l'Environnement.
Sur la possibilité de refuser un projet conforme aux normes, ne
pensez-vous pas que cela serait plutôt arbitraire de la part d'un
fonctionnaire? Ne faut-il pas laisser aux municipalités le soin
d'évaluer l'opportunité des projets plutôt que ce soit un
fonctionnaire qui le fasse?
M. Asselin: Normalement, ça devrait être ça,
mais quand on sait qu'il y a des projets inutiles qui sont ou qui ont
été réalisés et qu'on s'aperçoit, par
exemple, que le ministre a été obligé d'approuver le
projet, alors qu'il aurait préféré le refuser,
peut-être que si la loi avait prévu que le ministre pouvait le
refuser il l'aurait refusé. Comme ce n'était pas dans l'ancienne
loi, il serait peut-être temps de le mettre dans la loi.
M. Léger: En ce qui me concerne, je vous remercie de cet
éclairage nouveau et des idées nouvelles, vous allez penser
à d'autres d'ici à la prochaine fois, j'en suis sûr, mais
ça aide toujours le gouvernement d'avoir des gens qui
réfléchissent.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Très brièvement, je voudrais remercier
M. Asselin d'avoir pris le temps et d'avoir eu le souci de nous donner le
bénéfice de ses idées là-dessus, surtout sur la
question de la responsabilité professionnelle. Je pense que vous avez
abordé des sujets importants qui vont nous aider dans la poursuite de
l'étude du projet de loi. J'aurais voulu suggérer que vous
puissiez peut-être rendre votre mémoire disponible aux membres de
la commission.
Une voix: II sera transmis demain.
M. Lincoln: On l'aura demain et on pourra l'étudier
à tête reposée. Il y aura certainement beaucoup de
suggestions qui pourront être apportées quand on va étudier
le projet de loi article par article. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Desbiens): Je vous remercie, M. Asselin,
et la commission élue permanente... Oui, M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: La Chambre de commerce de la province de
Québec a écrit une lettre au ministre et un des
représentants m'a écrit pour me demander de voir, avec le
ministre, à ce qu'on dépose cette lettre au dossier de la
commission et qu'on la lise. Peut-être qu'on pourrait faire ça
demain matin.
M. Léger: D'accord. M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente de la protection de l'environnement ajourne ses travaux à
demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 44)