Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la protection de l'environnement commence ses travaux
afin d'étudier les crédits pour l'année 1982-1983.
Sont membres de cette commission: M. Beauséjour (Iberville)
remplacé par Mme Juneau (Johnson); MM. Blouin (Rousseau), Ciaccia
(Mont-Royal), Dupré (Saint-Hyacinthe), Fallu (Groulx) remplacé
par Gravel (Limoilou); Léger (Lafontaine), Lincoln (Nelligan),
O'Gallagher (Robert Baldwin), Paradis (Brome-Missisquoi), Rodrigue (Vimont),
Tremblay (Chambly).
Intervenants: MM. Caron (Verdun), Champagne (Mille-Îles), Desbiens
(Dubuc), Gagnon (Champlain), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Marx (D'Arcy
McGee), Middlemiss (Pontiac), Ouellette (Beauce-Nord).
Il serait bon de suggérer un rapporteur de la commission.
M. Gravel: Oui, M. le Président. Je suggérerais le
député de Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Saint-Hyacinthe, rapporteur. Adopté. M. le ministre.
Exposés généraux M. Marcel
Léger
M. Léger: M. le Président, j'aimerais, à
l'ouverture de ces crédits de l'Environnement, présenter, avant
de parler de contenu, l'équipe qui est présente aujourd'hui et
qui fait partie de ce groupe qui tente dans la mesure de sa
responsabilité de protéger et d'améliorer l'environnement
du Québec.
Alors, j'ai avec moi le sous-ministre en titre, M. André
Caillé. Le sous-ministre aux affaires centrales n'est pas ici, il est en
mission pour le ministère et pour le gouvernement du Québec
à l'étranger, M. Bernard Harvey. J'ai le sous-ministre
responsable de la direction régionale, M. Ghislain Théberge, et
le sous-ministre à l'administration centrale, M. Jean-Yves Babin. Il y a
quatre directions générales; à la Direction
générale de la protection de l'environnement et de la nature, M.
Guy
Audet; à la Direction générale de
l'aménagement et de la restauration du milieu aquatique, M. Gaston
Couillard; à la Direction générale de
l'amélioration et de la restauration des milieux atmosphériques
et terrestres, M. Perrier, et à la Direction générale des
inventaires et de la recherche, M. Jean Roy.
Puisqu'il y a eu beaucoup de questions sur la régionalisation du
ministère, pour répondre à toutes les
préoccupations du député de l'Opposition et des autres
membres de la commission concernant la régionalisation, j'ai ici le
représentant de la Direction régionale du Bas-Saint-Laurent, M.
Jean Vachon; celui de la Direction régionale du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
M. Roger Sirois; celui de la Direction générale de Québec,
M. André Chamberland; celui de la Direction régionale de la
Mauricie-Bois-Franc, M. Jean-Claude Déry; celui de la Direction
régionale de l'Estrie, M. Jean-Pierre Gauthier; celui de la Direction
régionale de Montréal, M. Florent Poirier; celui de la Direction
régionale de l'Outaouais, M. Guy Demers; celui de la Direction
régionale de l'Abitibi-Témiscaningue, M. Antonio Flamand; celui
de la Direction régionale de la Côte-Nord, M. Raymond
Guérin; celui de la Direction régionale du Nouveau-Québec,
M. Alain Gariépy.
Maintenant, les présidents de différents organismes
relevant du ministre: le président du Conseil consultatif de
l'environnement, M. Réal L'Heureux; le président de la
Société québécoise d'assainissement des eaux, M.
Pierre Desjardins; le directeur du contentieux, M. Jean Piette; le
président du Conseil consultatif des réserves écologiques,
M. McNeil. Je vois un M. Bouchard ou un M. Anctil là-bas. Je pense
n'avoir oublié personne. Alors, M. le Président, ce sont des
personnes qui sont présentes dans le but de répondre
spécifiquement à des questions précises que pourraient
avoir les députés de la commission.
Il ne faut pas oublier que l'étude des crédits est une
étape importante du processus démocratique. Je pense qu'il nous
faut analyser le budget pour comprendre comment il est distribué. La
tâche d'un gestionnaire, c'est d'organiser des ressources en fonction de
mandats et de besoins. Il est donc essentiel que l'on demande comment les
ressources sont distribuées et quelles sont les règles du jeu. Il
est également normal que
l'on s'inquiète des dépenses antérieures et qu'on
prévoie vers quelle direction se feront les dépenses à
l'avenir.
Je pense que la commission des crédits est l'occasion de
réfléchir sur les priorités du ministère. Nous
sommes dans une structure complexe qui est celle de l'administration publique.
Notre budget s'exprime en catégories de dépenses. Il est
divisé en programmes. La défense des crédits n'est pas
seulement un exercice administratif. C'est un exercice politique par lequel un
ministre est appelé à expliquer le fondement des choix qu'il
fait. Comment dépense-t-il l'argent? En met-il trop dans tel service,
pas assez dans tel autre? Souvent, l'exercice des crédits dérive
vers l'explication technique de chaque dossier et on se met souvent à
jouer aux fonctionnaires. Ou bien on essaie de reprocher au ministre tout ce
qu'il n'a pas fait et qu'il aurait dû faire, comme si les ressources
étaient sans limites.
L'attribution de l'argent et des ressources traduit essentiellement des
priorités dans un cadre donné. D'une part, il faut comprendre
qu'on ne peut pas tout faire. Il y a le mythe de l'État providence selon
lequel le gouvernement doit toucher à tout et s'occuper de tout. Ceci ne
fait que grossir l'appareil étatique. Au plan de l'environnement,
surtout avec le retard où se trouvent toutes les sociétés
industrialisées, il ne s'agit pas de vouloir tout faire. Il faut choisir
et, donc, tolérer des chantiers qui peuvent être incomplets. Il
faut éveiller la responsabilité des citoyens pour qu'à
tous les niveaux les citoyens et citoyennes, comme consommateurs, comme
producteurs ou comme décideurs, se sachent, chacun dans son milieu,
responsables de leur environnement. D'autre part, il nous faut maintenant
gérer des ressources dans un contexte de récession
économique. On parle beaucoup de gérer la décroissance, de
faire autant avec moins, ou même mieux avec moins. C'est plus facile
à dire qu'à faire et ni la population ni les fonctionnaires ne
comprennent facilement les exigences réelles de la décroissance.
C'est toujours pour les autres. Le "gras" de la fonction publique se trouve
toujours dans le budget de l'autre ministre.
Avant qu'on poursuive l'examen dans le détail, il faudrait
peut-être donner les clés d'ensemble. Pour qu'on s'y retrouve, je
suivrai l'ordre des programmes qui correspond assez bien à la structure
du ministère de l'Environnement. Toutefois, il importe de comprendre que
les programmes sont administrés conjointement au niveau régional
et au niveau central. Le ministère dispose de 1142 postes permanents
dont 340 au niveau régional. À ce niveau, on s'occupe de
l'"opérationnalisation" (contrôle, surveillance, relevés,
permis contacts avec la population), tandis qu'au central on s'occupe de la
programmation, de l'encadrement général, de la normalisation, de
la recherche ou de dossiers hautement spécialisés. Cette
articulation du central et du régional s'avère un des grands
atouts de notre ministère et l'une de ses meilleures réalisations
depuis sa création.
Un député de l'Opposition, lors du minidébat que
nous avons eu à l'Assemblée nationale, avait dit qu'il
était opposé à la régionalisation ainsi qu'aux
méthodes et aux principes que j'ai utilisés pour
régionaliser le ministère de l'Environnement. Je
m'inquiète beaucoup - et j'espère avoir une réponse de son
côté aujourd'hui - qu'un député, qui a une
responsabilité comme critique de l'Opposition en matière
environnementale et qui doit veiller à ce que le gouvernement fasse un
excellent travail dans le domaine de l'environnement, puisse être contre
les principes qui ont justement pour objectif premier et essentiel la
protection de l'environnement, et ceci dans un contexte de prise en charge de
la qualité de l'environnement ou de la vie par les citoyens
eux-mêmes.
Je voudrais ici répéter les objectifs et les principes qui
ont servi à la régionalisation du ministère de
l'Environnement. Premièrement, rendre notre travail au niveau du
ministère plus écologique puisque l'environnement se comprend
d'abord à partir des milieux naturels bien définis et à
partir des regroupements humains précisément
localisés.
Deuxièmement, il nous fallait accélérer nos
interventions et rapprocher les services de la clientèle.
Troisièmement, nous voulions fonder davantage les
décisions que nous prenons au niveau du ministère sur des
situations spécifiques à chaque région et à chaque
problème environnemental qui est différent d'une région
à l'autre.
Quatrièmement, nous avons voulu avoir pour objectif de favoriser
des interactions entre les différents ministères relativement aux
problèmes locaux et régionaux.
Finalement, nous voulions exercer auprès de la population
régionale un rôle d'animation et d'éducation face à
l'environnement. La méthode que nous avons prise pour
régionaliser a été graduelle et non coercitive. Nous avons
procédé à la régionalisation, activité par
activité, tenant compte des besoins au niveau des régions et
tenant compte du volontariat des fonctionnaires. Là où le
volontariat ne s'est pas manifesté, nous avons procédé
à des concours de recrutement auprès du public.
Il faut se rappeler que la régionalisation du ministère de
l'Environnement consiste en un regroupement sous une même autorité
des équipes multidisciplinaires afin de donner un service
en région. Au moment où je vous parle, les dix
régions administratives du Québec sont dotées de personnel
compétent, de biologistes, d'ingénieurs, de personnes
diplômées dans les sciences humaines, ainsi que de bons
techniciens et de spécialistes comme inspecteurs.
M. le Président, je voudrais dire à l'Opposition que,
lorsqu'on connaît le moindrement le Québec, on sait que son
territoire est vaste, que les activités y sont dispersées et que
la densité de la population et des activités varie d'une
région à l'autre. On sait aussi que l'environnement est
diversifié et différemment altéré d'une
région à une autre. On sait également que, pour avoir un
plein impact, les décisions de protection de l'environnement doivent
reposer avant tout sur la connaissance du milieu, ainsi que sur la connaissance
d'un contexte socio-économique. Ceci est également propre
à chacune des régions.
M. le Président, nous avons voulu, au ministère de
l'Environnement, nous rapprocher des citoyens et redonner le pouvoir à
ceux qui sont les plus proches de la réalité. C'est exactement
l'inverse que nous vivons, à Ottawa, avec le projet de loi que nous
allons discuter en Chambre; on veut enlever des pouvoirs à ceux qui sont
proches des gens, comme le Québec, pour les prendre d'une façon
centralisatrice. Nous voulons faire l'inverse au ministère de
l'Environnement et c'est la raison pour laquelle nous nous opposons à
tout projet fédéral qui enlèverait des pouvoirs aux
provinces. C'est dans la même optique que nous sommes logiques avec
nous-mêmes.
Au cours du débat, M. le Président, le
député de Nelligan disait que le partage des
responsabilités entre le régional et le central faisait en sorte
que les services étaient amoindris. Je comprends très mal cette
affirmation du député et je ne comprends pas comment il peut
porter une telle critique. En effet, le partage des responsabilités
entre le central et le régional a été fait de la
façon suivante: premièrement, la conception et la planification
relèvent d'unités centrales qui ont à préparer les
politiques nationales, les réglementations et les programmations dites
nationales. De plus, elles ont à fournir un soutien technique, soit par
les laboratoires, les banques de données, la planification des
réseaux et de mesures, la réalisation de certains programmes
spécifiques. Enfin, elles ont à faire le choix et la mise en
exécution de programmes de recherche pour venir en aide aux
opérations régionales.
Au niveau des opérations régionales, on retrouve
l'application des règlements et des politiques environnementales,
l'approbation de plans et devis spécifiques, des émissions de
permis, ainsi qu'un contrôle des normes et de la surveillance des
autorisations émises par le central. Des directions régionales
ont aussi comme mandat de recueillir des données, d'établir des
inventaires et de jouer un rôle important dans le domaine de
l'information et de la consultation du grand public.
M. le Président, depuis que nous avons fait la
régionalisation, nous avons réduit les délais
administratifs de six à huit mois qu'ils étaient auparavant
à environ trois semaines. Pourquoi s'opposerait-on à cette
urgence environnementale que nous avons mise de l'avant? Quand il y a une
inondation, quand il y a un glissement de terrain, quand il y a un
déversement de produits toxiques, comme un déversement
d'hydrocarbures, est-ce qu'on voudrait que l'on communique à
Québec pour qu'une intervention, qui demande un service immédiat,
soit prise à Québec, aussi loin que cela, alors que nous sommes
maintenant sur les lieux?
Nous avons, par Urgence-
Environnement-Québec, régionalisé et fait en sorte
que des interventions immédiates soient prises et que les
résultats soient nombreux. Pourquoi voudrait-on conserver tous les
pouvoirs au niveau du gouvernement central tandis que l'environnement
appartient à l'ensemble des Québécois et que ce sont eux
qui doivent le prendre en main? Et une façon d'en arriver là,
c'est de mettre le plus près d'eux les fonctionnaires qui pourront les
aider dans le domaine de la protection de l'environnement.
M. le Président, je ne pense pas que le député de
Nelligan savait jusqu'à quel point nous avons donné des services
aux régions et aux citoyens des régions. Prenez l'exemple d'une
région, celle de l'Estrie. Nous avons là 27 personnes
attitrées à la protection de l'environnement dont une
équipe de professionnels, biologistes, chimistes, ingénieurs,
géographes, spécialistes en communications, spécialistes
du domaine hydrique, spécialistes en agriculture, soutenue par une
équipe de techniciens et d'inspecteurs. Nous pourrions prendre les dix
régions administratives du Québec, faire la description des
compétences qui se retrouvent sur le territoire, donner le très
grand nombre de permis qui ont été émis au cours de la
dernière année, et vous verriez, M. le Président, que la
population a besoin de ce service et qu'au niveau de l'assistance technique
nous avons des équipes compétentes. C'est pour cela que, pour
nous, la décentralisation et l'approche du pouvoir des citoyens sont la
façon de permettre aux citoyens de participer à la qualité
de leur milieu de vie.
M. le Président, sur le programme 1, protection du milieu,
j'aimerais donner certains renseignements rapidement. Nous avons adopté
la loi 55 justement pour permettre une meilleure protection du milieu en
permettant que des professionnels puissent assurer, grâce à leurs
compétences, le
respect du règlement de l'environnement.
Concernant les études d'impact, 1981 marquait la première
année d'application du règlement relatif aux études
d'impact. Nous avons reçu cette année-là 99 avis de
projets; 29 directives ont déjà été transmises par
mon ministère et 70 autres sont en préparation. On comprendra
qu'il fallait trouver la méthodologie adéquate et transmettre une
directive à la fois claire, rigoureuse et exhaustive. Pendant la
première année - et je me reporte à une question du
député de Nelligan - nous avons reçu 89 projets de
demandes de soustraction pour des travaux devant commencer le 30
décembre 1981, soit à la fin de la première année
d'entrée en vigueur du règlement. 76 de ces projets ont
été exemptés parce qu'ils avaient commencé
effectivement avant le 30 décembre 1981; 13 n'ont pu l'être et
devront donc suivre la procédure prévue. Maintenant que le
règlement a été implanté, l'exclusion ne peut se
faire que pour des raisons de catastrophe appréhendée.
Concernant le bureau d'audiences publiques, c'est un des instruments
privilégiés que je possède pour entendre la population et
pour m'assurer de l'implication active de la population aux projets
d'envergure. Il n'est pas question d'autoriser des travaux d'importance sans
l'avis de la population, car ce sont les gens qui vivent dans leur
environnement qui doivent en décider. Sous prétexte que leur
approche n'est pas scientifique - j'ai entendu cela dans la région de
l'Outaouais quand j'y suis allé lundi - des représentants des
grosses compagnies disent que ce n'est pas nécessaire de faire entendre
les citoyens; d'abord, ils alarment tout le monde et ne sont pas
compétents. Je n'en revenais pas d'entendre cela de la part de
compagnies qui s'imaginent que le citoyen, parce qu'il n'est pas un
scientifique, n'a pas le droit d'être entendu, que cela va faire perdre
du temps et de l'argent à la compagnie. Nous sommes en 1982 et ce n'est
pas parce qu'un citoyen ou un groupe de citoyens n'est pas un scientifique
qu'on va l'exclure de la procédure de développement de son milieu
de vie. C'est, au contraire, la tâche des promoteurs d'expliquer aux
citoyens tous les aspects de leurs projets. Quant aux citoyens, ils deviennent
alors à même de comprendre les enjeux réels des projets,
au-delà des craintes, parfois mythiques, entretenues par la rumeur
populaire. Et si les citoyens ne sont pas des experts des connaissances
abstraites, ils sont des experts de la vie concrète, champ de
connaissances qui en vaut bien d'autres. J'aime à dire que le BAPE,
c'est l'oreille du ministre et je me réjouis de son rôle capital
au sein de la procédure d'étude et d'examen des impacts.
Dans le domaine de l'éducation, depuis 1978, j'ai mis sur pied un
module d'éducation à l'environnement, groupe modeste,
actuellement formé de quatre spécialistes en sciences de
l'éducation. Trop souvent, on réduit l'éducation à
l'école et aux enfants. Nous refusons de le faire et cette année
nous avons un budget de fonctionnement de 270 000 $. Le secteur de
l'éducation prévoit des interventions auprès des
entreprises et, dans ce domaine seulement, pour nous assurer de bien atteindre
la cible, nous avons formé un comité consultatif regroupant des
spécialistes en éducation. Ce programme se rattache au programme
4 au plan administratif et nous aurons l'occasion d'en parler plus longuement
tantôt.
Concernant l'eau potable, dans le domaine de la prévention, nous
faisons l'analyse bactériologique de l'eau de consommation sur 1 375
réseaux ou institutions représentant une population de 5 700 000.
Nous faisons également les analyses physico-chimiques pour les
municipalités, pour à peu près le même nombre de
personnes. Nous sommes en train de préparer un document pour une
préconsultation d'un règlement sur l'analyse de l'eau potable,
pour la qualité de l'eau potable, qui sera utilisé comme
documentation auprès de l'AQTE, de l'Union des municipalités et
de l'Union des conseils de comté avant de présenter ce projet de
règlement au Conseil des ministres.
Au niveau de l'assainissement des eaux, nous avons actuellement à
la programmation 201 municipalités et trois communautés urbaines
pour des travaux de 1 800 000 000 $. Quatre-vingt-dix conventions sont
actuellement signées et cent quatorze conventions sont en
préparation. En 1982, nous avons signé avec quarante
municipalités pour des investissements de 121 000 000 $. Si nous
regardons les paiements de transfert, nous avons une augmentation de 15 000 000
$ cette année, c'est-à-dire 56 401 000 $ comparativement à
41 000 000 $. L'assainissement des eaux n'est pas une promesse, c'est une
réalité concrète qui se réalise tous les jours. (10
h 30)
Du côté de l'assainissement industriel, nous suivons le
même rythme. 3191 usines ont été
répertoriées, 939 usines ont été
évaluées comme potentiellement ou effectivement polluantes, et
déjà 333 de ces 939 usines font l'objet d'une intervention
systématique de notre part. 93 de ces usines ont déjà
conclu une entente avec nous pour des travaux d'environ 12 000 000 $ de
correction sur la pollution de l'eau. Ceci veut dire que l'assainissement
industriel suit le même rythme que l'assainissement urbain,
c'est-à-dire qu'environ 30% du programme est déjà
enclenché. Tout ceci ne comprend pas le secteur des pâtes et
papiers dont les travaux d'ensemble sont estimés à 850 000 000 $
dont 120 000 000 $ ont été
réalisés en 1981-1982. On espère 150 000 000 $
d'investissements cette année. Ce sont tous des investissements pour la
protection de l'environnement, mais qui créent en même temps de
l'emploi en cette année difficile dans le domaine économique.
Pour l'assainissement agricole, on peut dire que nous sommes intervenus
cette année pour protéger la qualité de l'eau et
spécialement dans trois bassins: entre autres, l'Assomption et Yamaska
où 813 producteurs sur 1412 ont corrigé leurs installations
déficientes, ce qui a amené une absence de pénurie d'eau
potable causée par des déversements inacceptables cette
année.
Cela fait toujours la manchette des journaux, quand il y a une absence
d'eau potable causée par des déversements. Quand on
prévient, quand on corrige, on ne s'attend pas que cela fasse les
manchettes auprès des médias, parce que ce ne sont jamais les
bonnes choses qui paraissent en première page; ce sont les catastrophes,
les problèmes de pollution et les problèmes d'inondations. Mais
il est important de souligner que lorsqu'on prévient, on peut
guérir des choses. Cette année les gens qui n'ont pas
manqué d'eau potable dans la région de l'Assomption et de la
Yamaska, contrairement aux années précédentes, ne l'ont
pas vu dans les journaux. Comme ils sont habitués à avoir de
l'eau potable, ils ne savent pas que les fonctionnaires ont dû travailler
ferme pour prévenir cela et pour prévenir aussi les inondations
que nous n'aurons pas eues cette année sur le plan des embâcles.
Nous n'avons pas eu d'inondations causées par les embâcles, parce
que Urgence-Environnement a fait des travaux de prévention, avec un
système de dynamitage que nous avons essayé le long des cours
d'eau qui, habituellement, étaient bloqués, ce qui amenait des
inondations. Nous avons utilisé aussi un aéroglisseur qui a
prévenu les inondations. Les seules inondations que nous avons eues,
elles étaient catastrophiques, mais elles provenaient d'une pluie
diluvienne de 68 millimètres qui est tombée dans la région
de l'Estrie et de la Beauce. C'est un événement
imprévisible qu'on n'a pas vu depuis 42 ans. C'est le seul cas
d'inondation que nous avons eu cette année. Nous avions pris des mesures
pour qu'il n'y en ait pas. Je suis sûr que cela ne fera pas les
manchettes. Il est important que cela soit dit. Au ministère de
l'Environnement, nous sommes toujours à l'affût des
problèmes qui nous arrivent et il faui apporter des solutions. Quand on
les prévient, on aime bien que les gens qui nous jugent puissent le
savoir.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Sur votre
temps on m'avait demandé de réserver trois minutes au
député de Rousseau.
M. Léqer: Vous avez bien fait de m'arrêter, M. le
Président.
M. René Blouin
M. Blouin: M. le Président, je voudrais juste faire
état d'un exercice auquel se sont livrés les
députés de notre formation politique. C'est bien connu que les
députés du Parti québécois se sont
intéressés à la démarche administrative des
ministères. Cela a été largement diffusé dans les
médias, particulièrement l'automne dernier. À cette
époque, nous avons rencontré les fonctionnaires du
ministère de l'Environnement et nous avons discuté avec eux, avec
les sous-ministres et les hauts fonctionnaires, de l'exercice auquel
s'étaient livrés ces fonctionnaires pour répondre aux
exigences de compressions budgétaires que la situation économique
et la situation budgétaire exigent non seulement du ministère de
l'Environnement, mais de tous les ministères du gouvernement du
Québec.
Pour l'année 1981-1982, nous avons réalisé, en
discutant avec eux, que l'effort de compression qui leur était
demandé était effectivement de 2 500 000 $. Il a
été réparti de la façon suivante: 500 000 $ ont
été compressés dans le programme PIANEAU, 300 000 $ dans
le programme de communication du ministère de l'Environnement et 1 000
000 $ - je crois que c'était un exercice utile, qui a réussi
à briser ce qui était une injustice par rapport aux autres
municipalités du Québec - ont été
épargnés puisque le ministère a cessé de
subventionner le Centre expérimental de Vaudreuil, un centre de
traitement des eaux qui était un boulet que le gouvernement
traînait depuis 1965. C'était, à cette époque, un
programme expérimental et il n'y avait plus de raison logique de
maintenir cette subvention qui constituait, comme je l'ai dit tout à
l'heure, une injustice envers les autres municipalités du Québec.
Le reste des compressions s'est effectué sur les dépenses de
fonctionnement et de capital, tel l'achat de biens, etc.
En 1982-1983, c'est encore plus intéressant, parce qu'à ce
moment-là les fonctionnaires ont adopté l'attitude suivante: le
Conseil du trésor leur demandait une compression de 800 000 $. Ce qu'ils
ont fait, c'est qu'ils ont systématiquement gelé les
augmentations sur les dépenses de fonctionnement. C'est-à-dire
que les fonctionnaires ont consenti eux-mêmes à faire en sorte que
leur administration coûte moins cher. Ils ont également
décidé d'éviter les dépenses de capital, les
dépenses d'achat de biens supplémentaires. Ainsi, ils ont
réussi non seulement à répondre à l'objectif de
compression de 800 000 $, mais la compression qu'ils ont effectuée s'est
soldée par un montant de 1 300 000 $, ce qui veut
dire que, même en période de compressions
budgétaires, les fonctionnaires du ministère de l'Environnement
ont réussi à répondre aux objectifs de compression du
Conseil du trésor et, en plus, à injecter 500 000 $ dans un
nouveau programme qui est celui de la récupération et du
recyclage, enfin un programme qui a été bonifié et qui a
ainsi permis de réaliser un autre des objectifs importants du
ministère de l'Environnement, celui de récupérer les
objets qui ont déjà été utilisés et de les
recycler pour qu'ils deviennent utiles.
Quant à nous, les députés qui avons
étudié avec attention l'exercice auquel s'est livré le
ministère de l'Environnement, nous concluons que les fonctionnaires ont
agi dans le meilleur intérêt des services donnés à
la population et, cette année, non seulement des services à
donner, mais des services à ajouter auprès de la population. En
cela, ils ont fait preuve d'imagination et nous avons été
très satisfaits de la façon dont ils se sont tirés de
cette passe difficile que nous vivons actuellement.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Rousseau.
M. le député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, après avoir
écouté le discours du ministre et les remarques du
député, on dirait qu'il n'y a peut-être pas besoin
d'Opposition, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
L'environnement, c'est le secteur parfait. En fait, c'est un petit peu
ironique, le ministre parlait de grossissement de l'appareil étatique,
il disait: II ne faut pas grossir l'appareil étatique. Il faudrait
peut-être ramener l'environnement aux citoyens. Je dois dire que je n'ai
jamais vu une si grosse batterie de fonctionnaires dans une même salle de
toute ma vie. Je félicite le ministre d'avoir réuni tant de
fonctionnaires; peut-être que cela l'aidera à répondre plus
exactement aux questions que nous posons depuis bien longtemps. Je suis content
qu'il ait réuni tous ces gens des régions. Il y a tellement de
fonctionnaires que nous pourrons peut-être passer un peu plus de temps
sur les questions qui nous préoccupent depuis assez longtemps.
Ce mois-ci, c'est le mois de l'environnement. Ce qui nous a surtout
frappés du mois de l'environnement, c'est que le ministre a fait une
déclaration à la presse pour dire que c'était le mois de
l'environnement. A-t-il parlé de la régionalisation? A-t-il
parlé de son grand programme d'assainissement des eaux de 6 000 000 000
$ qui seront bientôt 15 000 000 000 $? A-t-il parlé des pluies
acides? A-t-il parlé de l'éducation à l'environnement?
Non. Une des premières déclarations que j'ai pu lire dans la
presse -c'est la seule façon de se renseigner - c'est que le ministre
allait se servir du mois de l'environnement pour aller promouvoir dans les
comtés péquistes son option d'une aile fédérale.
Tout récemment, il y a quelques jours, il y avait un second article dans
le journal qui mentionnait que le ministre avait fait sa tournée vapeur.
Dans les dix premiers jours, il avait vu je ne sais combien de comtés;
il ne le raconte pas, mais dans les comtés, on parle beaucoup
d'environnement. Non. La seconde déclaration indiquait que les
comtés qu'il avait visités avaient tendance à être
pour l'aile fédérale. Si le projet qui lui tient à coeur
revenait le 12 juin lors de la conférence nationale de son parti, il
démissionnerait comme ministre de l'Environnement et comme
député. Je devais lui poser la question plus tard à savoir
s'il démissionnerait comme député et ministre de
l'Environnement s'il devenait responsable de l'aile fédérale au
Parti québécois. Qu'est-ce qu'il ferait s'il était battu
au congrès? Est-ce qu'il reprendrait son deuxième travail, celui
de ministre de l'Environnement?
Nous ne reprochons pas au ministre les objectifs qu'il poursuit, ni les
objectifs que son ministère poursuit; je pense qu'on a les mêmes
objectifs: l'environnement est pour nous tous un souci primordial. Du
côté du Parti libéral, les députés
ministériels nous le disent souvent: On a fait beaucoup plus depuis que
le ministre est au pouvoir que ce que vous avez fait avant. Je dois
reconnaître que beaucoup de choses ont été faites en peu de
temps au Québec. Je ne suis pas aveugle, je ne suis pas si subjectif, il
faut le reconnaître en toute franchise. En même temps, aujourd'hui,
le gouvernement est au pouvoir et pour plusieurs années encore. Alors,
il faut voir ce qui va se faire dans les années à venir, il faut
voir ce qu'on fait avec les sommes qu'on dépense au ministère. Je
reproche au ministre - ce n'est pas une question de caractère, à
cet égard, je le dis au ministre, il est un type sympathique, charmant
et très bien - d'un point de vue objectif, de se mêler beaucoup
trop d'autres questions que de celles de l'environnement. C'est pourquoi
peut-être des dossiers d'importance capitale traînent.
Sur les 20 minutes qu'a eues le ministre, il est parti sur son aile
régionale, pour défendre le régional. On va parler du
régional, on l'a cité aujourd'hui. Tout d'abord, je n'ai rien
contre la régionalisation du ministère comme principe et cela, je
l'ai dit au ministre lorsque nous avons eu un débat en commission
plénière en Chambre il y a quelques semaines. Ce contre quoi je
suis, c'est une régionalisation à outrance qui ferait que les
citoyens, les 6 000 000 de citoyens dont le ministre parle tant lui-même,
qui s'impliquent au bénévolat de
l'environnement, toutes les organisations de premier ordre que nous
avons, qui demandent à devenir elles-mêmes les outils de ces
régions, les outils de l'appareil local soient brimés dans ce
travail, ne soient plus incités à faire ce travail, par une
régionalisation justement de l'appareil étatique qui
pénètre partout.
En fait, si je ne m'abuse, je défie le ministre de demander ici
en commission parlementaire à ces groupements environnementaux - parce
que moi, je leur ai demandé ce qu'ils pensent de cela - ce qu'ils
pensent, eux, du programme de régionalisation qui est pratiqué
par le ministre: les dix régions qu'on fait, les 340 fonctionnaires, les
3 000 000 $ qu'on dépense là. On ne dit pas que le principe
lui-même est faux; on dit que le principe appliqué à
outrance est faux. On dit que la région, ça devrait être un
outil d'appui pour les groupements environnementaux de base; et pourquoi
serait-ce le cas?
Le ministre dit: C'est le député de Nelligan qui s'oppose
à cela. Le député de Nelligan c'est seulement une
personne, pas très importante en soi, mais, en fait, ce n'est pas le
député de Nelligan. J'ai parlé à plusieurs
groupements environnementaux et par exemple, je cite STOP, je cite la FAPEL, je
cite les inspecteurs municipaux. Il y a eu des articles de journaux que le
ministre a soulignés lui-même, une déclaration des
inspecteurs municipaux que je veux lui citer s'il l'a oubliée, qui dit:
M. Poirier est d'avis que la régionalisation d'un tel programme
équivaudrait à lui enlever toute sa substance et, par voie de
conséquence, à le rendre inefficace, sans compter, dit-il, qu'il
perdrait l'appui du citoyen. C'est l'élément majeur: sans cet
appui, l'inspecteur municipal de l'environnement ne peut rien faire. (10 h
45)
Tout ce qu'on dit dans l'affaire de régionalisation: Si vous
mettez des appareils gouvernementaux dans les régions, il ne faut pas
aller s'ingérer justement avec ce gros appareil étatique et que
tout le monde se sente brimé; les groupements de citoyens se sentent de
plus en plus "déstabilisés". Et c'est cela qu'ils disent
eux-mêmes: Au lieu de dépenser 3 000 000 $ dans un programme de
régionalisation, dépensez un petit peu plus en donnant un petit
peu plus d'argent à SVP qui en demande un petit peu plus; donnez un
petit peu plus d'argent à la FAPEL qui en demande un petit peu plus;
donnez un petit peu plus d'argent aux inspecteurs municipaux qui en demandent
un petit peu plus et gardez l'appareil technique central qu'il faut pour aller
en région, s'il le faut, appuyer ces groupements. C'est cela que j'ai
dit. Je n'ai pas dit que j'étais contre les régions.
Je pense qu'on pourrait passer 25 minutes à parler de la
régionalisation; je pense qu'il y a des problèmes beaucoup plus
importants. Je ne vais pas les passer en revue, programme par programme pour le
moment. Dans ses remarques préliminaires, j'ai remarqué que le
ministre avait passé avec une vitesse fantastique sur le programme de
l'assainissement des eaux, son grand "flagship", le programme qu'il a
prôné de plus en plus, le programme de 6 000 000 000 $.
En fait, aujourd'hui dans le budget de 1982-1983, les 15 000 000 $
d'augmentation qui sont une augmentation beaucoup plus substantielle que celles
que les autres ministères ont eues se rapportent à
l'intérêt, le service de la dette sur le programme
d'assainissement des eaux, qui vient s'ajouter au programme
d'intérêt initial, pour faire un total, comme le ministre l'a
souligné, de 56 000 000 $. Nous sommes tous pour le programme
d'assainissement des eaux. Ce qu'il faudra vérifier, c'est si ces 56 000
000 $ d'intérêt sont utilisés de la meilleure façon
possible, sont gérés de la meilleure façon possible.
Or, nous avons souligné au ministre, dans le débat que
nous avons eu en Chambre, que le programme d'assainissement des eaux, c'est un
programme qui demande à être revu au complet. C'est le
désastre le plus complet.
L'autre jour, j'ai questionné le ministre en Chambre sur le seul
projet de Granby. À part le projet de Montréal et le projet de
Québec, il y a peut-être le projet de Saint-Hyacinthe qui est plus
gros que celui de Granby. Je lui ai demandé: Comment pouvez-vous avoir
commencé un programme, signé une entente protocolaire pour 19 000
000 $ et que, soudainement, ce soit rendu à 55 000 000 $? La
Société québécoise d'assainissement des eaux dit 55
000 000 $ et je la crois, mais il faudra peut-être questionner le
président tout à l'heure là-dessus. Cependant, Mme Louise
Raymond du ministère dit 45 000 000 $, le ministre a parlé de 32
000 000 $. Qu'est-ce que c'est? Quand j'ai questionné le ministre en
Chambre, il ne savait même pas que le protocole d'entente avait
été signé pour 19 000 000 $. Il a eu à revenir avec
un complément de réponse pour me dire ensuite: Ah oui! vous aviez
raison, le protocole original avait été signé pour 19 000
000 $, mais nous avons eu un protocole supplémentaire de 32 000 000 $.
Alors, ce sera dans les environs de 32 000 000 $, de 10 à 15%. Combien
est-ce que ce sera de 10 à 15%, près de 32 000 000 $? En prenant
une usine qui doit viser un certain objectif pour réduire sa
capacité et son impact? C'est comme cela qu'on va réduire le
coût? Le président de la Société
québécoise d'assainissement des eaux dit que le coût
réel du projet est de 55 000 000 $, appuyé par des études
d'ingénieurs très compétents
en la matière. Le coût du projet va passer de 55 000 000 $
à 32 000 000 $. 55 000 000 $ vont devenir 32 000 000 $!
II faudra discuter avec le ministre, parce que, pour le projet de
Granby, c'est la même chose. C'est peut-être l'exemple le plus
frappant, parce qu'il est tellement ridicule, environ 300% d'augmentation, de
1979 à 1982. Il faudra questionner le ministre et lui demander ce qui va
arriver aux autres projets. C'est très beau de dire: On a signé
90 ententes; 101 ou 140 sont en préparation, mais tout cela, c'est de la
frime, parce que, si on signe des protocoles dont l'évaluation est tout
à fait fausse au départ, si on signe des protocoles dont la
gérance est tout à fait fausse, quelle est la suite, le
contrôle? La Société québécoise
d'assainissement des eaux et le ministère ne s'entendent même pas
quant à la question de la gérance et des coûts. Le ministre
ne savait même pas l'autre jour, quand je l'ai questionné lors de
la commission parlementaire, qu'une grosse partie du travail de la
Société québécoise d'assainissement des eaux
était peut-être sous-traitée par Lavalin et SNC. Je lui ai
posé la question et il ne savait pas. Il a dû se retourner, et
demander à ses fonctionnaires si c'était vrai. Mais c'est le
programme capital, c'est là que tout l'argent est investi!
J'ai demandé au ministre ce qui arriverait à
Saint-Hyacinthe où on avait signé un protocole d'environ 20 000
000 $, si cela aussi allait devenir 45 000 000 $, 55 000 000 $ ou 60 000 000 $
Est-ce qu'on dépense de la façon la plus objective, la plus
précise et la plus effective les 56 000 000 $ d'intérêt
qu'on paie pour le programme d'assainissement des eaux? C'est bien beau de
signer des protocoles où tout est mal évalué, où
tout est mal contrôlé, où tout est mal géré,
mais c'est cela qu'il faut voir, il faut voir là où se place le
ministère. J'ai demandé au ministre l'autre jour: Pourquoi y
a-t-il tellement de contractuels au ministère qui vont s'ingérer
chaque fois qu'il y a un pépin et qui sont, eux, presque les ministres
et les sous-ministres? Je lui ai demandé. Comment se fait-il que, dans
le programme d'assainissement des eaux, il y a tellement de contractuels qui
sont employés à votre ministère? Pourquoi ne
deviennent-ils pas des fonctionnaires s'ils sont là à temps
plein? S'ils ne sont pas là à temps plein, quel est leur
rôle? Quel est le conflit par rapport aux contractuels, à la
Société québécoise d'assainissement des eaux et aux
municipalités? Comment coordonner tout cela? Si nous pouvons utiliser un
terme un peu péjoratif, c'est le bordel à la
Société d'assainissement des eaux. Cela, c'est le programme
clé. Je vais revenir sur cela avec le ministre parce que je pense qu'il
a passé sur cela à la vapeur et c'est la clé de toute
l'affaire vu que c'est là que tout l'argent va se dépenser. C'est
l'argent des contribuables. Je pense maintenant que c'est très mal
dépensé et très mal contrôlé. Il faudra
revenir là-dessus.
On a parlé des pluies acides. Il faudra voir en octobre ce qui va
se passer. Nous avons demandé à Noranda de nous produire en
octobre un projet pour ce qu'elle fera en 1985. Ce n'est pas une ordonnance qui
dit: En 1985, vous devrez faire cela; on vous propose deux solutions, laquelle
allez-vous choisir et donnez-nous un projet. On va revenir là-dessus
pour vous demander ce que vous faites en termes concrets pour insister afin que
Noranda cesse de faire de la pollution et de produire des pluies acides.
Les sites naturels, c'est triste à dire, c'est là que le
ministre a été le plus absent. Je pense, par exemple, aux
battures de Kamouraska. Sur les battures de Kamouraska, on nous raconte: Ce
sont des terrains privés, on ne peut pas intervenir. En fait, si j'ai
bien lu le rapport du Conseil consultatif de l'environnement, depuis deux ans
ou plus, il demande au ministre d'intervenir et de sauver les battures de
Kamouraska; Environnement Canada plaide de sauver les battures; Pêches et
Océans Canada plaide de sauver les battures. Même le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche de notre propre
gouvernement et le ministère de l'Énergie ont dit: Écoutez
l'Environnement, qu'est-ce qu'il fait? Il faudra qu'on s'implique pour sauver
les battures.
Si je peux citer, par exemple, les propos de M. Yergeau, il disait - et
je suis sûr que le ministre ne va pas le contredire: On sait que certains
projets de dragage et d'endiguement des rivières parrainés par
l'Agriculture échappent à l'obligation préalable
d'étudier leurs impacts environmentaux. Ils sont aussi soustraits par le
fait même à la discussion publique. On a pourtant le championnat
nord-américain des battures altérées au Québec.
Parfois, on a l'impression que l'Environnement fait plus d'efforts pour
comprendre les autres ministères qu'il n'en fait pour la protection du
milieu comme si certains se culpabilisaient d'assumer un mandat de protection
de l'environnement.
Comme on l'a dit l'autre jour pendant les débats, quand il a
à se battre contre les forts de son gouvernement, contre le ministre de
l'Agriculture qui est puissant et fort et qui tonitrue, à ce
moment-là, le ministre dit: Les battures, ce n'est pas mon affaire, je
me replie. Qu'est-ce qui l'empêche de faire au moins une
déclaration publique à ce sujet? Qu'est-ce qui l'empêche
d'apporter une loi pour changer la question des battures? On a dit au
ministère de l'Énergie que toute la question de la limite de
mars, c'est farfelu, cela date des temps anciens, parce que, justement, il y a
le gel encore en mars. On a dit: Changez tout
cela, revoyez toute l'affaire!
Ne peut-on pas acheter les terres privées? Les agriculteurs
disent: Nous sommes prêts à vendre nos terres. Environnement
Canada dit: Nous sommes prêts à considérer l'achat de ces
terres. Que dit notre ministre? Notre ministre naturellement, comme il l'a fait
aujourd'hui, en profite pour parler d'Ottawa, du projet 62 et des bêtises
qui lui trottent dans la tête, de ses obsessions perpétuelles. Que
dit-il au sujet des battures de Kamouraska?
M. Blouin: La présence de votre chef vous influence,
là. Vous avez changé de discours.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Léger: Avec la présence de votre chef, vous
montez le ton.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît. Vous avez la parole.
M. Lincoln: Cela ne va pas me changer aucunement, je vous
l'assure. Mon chef ou pas mon chef, je vais dire les mêmes choses au
ministre. Alors, il va m'interrompre.
Ce qui arrive avec les battures de Kamouraska, c'est qu'Environnement
Canada, Océans et Pêches Canada avaient dit: Si vous n'êtes
pas prêts à acheter les agriculteurs privés, nous sommes
prêts à considérer l'achat de ces agriculteurs. Le ministre
a fait une déclaration disant: S'ils ne peuvent pas protéger nos
droits, comment peuvent-ils protéger notre littoral? Maintenant, le
littoral et l'environnement, c'est mêlé à la question
constitutionnelle; tout cela est un méli-mélo comme le ministre
l'a souligné lui-même. C'est ça le problème. Il est
tellement obsédé par toute cette affaire qu'il oublie
qu'entre-temps, s'il faisait un protocole, s'il pouvait causer avec ces gens,
leur faire acheter les battures de Kamouraska, on pourrait sauver les battures
de Kamouraska. Plus tard, quand son projet le plus célèbre serait
arrivé à terme, l'indépendance du Québec, les
battures de Kamouraska reviendraient à son nouveau pays souverain. Il
n'a pas pensé à ça. Il n'a même pas pensé
à se servir de ses chers adversaires pour arriver à son dessein.
Non, non, il n'a pas été assez malin pour ça. Tout ce
qu'il a fait, c'est une grande déclaration: Ottawa, vous touchez
à nos droits, ne touchez pas à notre littoral. Pendant ce temps,
qui touche à notre littoral? C'est son gros collègue, qui est
plus fort que lui, qui touche au littoral, qui endigue l'affaire. Alors, les
battures de Kamouraska, ce sera perdu à jamais, parce que, quand on aura
endigué vingt-six kilomètres de battures, ce sera fini. Le
ministère de l'Environnement ne s'est pas prononcé
là-dessus excepté une déclaration politique. Il n'est
intervenu d'aucune façon pour sauver ces battures de Kamouraska.
Je parlerai encore des sites naturels, le projet "Archipel", le grand
"flagship" du Parti québécois pour l'élection de 1983.
Tout le monde prône ça. C'est le projet qui va faire de
Montréal l'endroit le plus formidable. Ils sont allés à un
club de yacht de mon comté pour leur dire: Les bateaux vont se promener
dans une eau pure, le niveau du lac Saint-Louis va monter, il n'y aura plus de
pollution, ça va disparaître. On ne sait pas trop comment. Mais ce
qu'ils ne disent pas au sujet des rapides de Lachine, les seuls rapides qui
nous restent dans la région de Montréal, un site
célèbre, un habitat pour les oiseaux, pour des milliers de
différents genres de poissons, d'oiseaux, un habitat remarquable, un
site historique qui date du temps de Jacques Cartier et qu'il avait
remarqué, c'est que l'eau des rapides de Lachine va descendre à
un niveau de 10% de son débit, que les rapides de Lachine vont suivre le
sault de Beauharnois et vont disparaître. On a demandé au
ministre, l'autre jour, de s'expliquer. Il a répondu: On va attendre les
études d'impact.
Pendant ce temps, son collègue, le ministre de
l'Aménagement, qui lui aussi est un petit lutteur, c'est un "fighter",
se bat pour son projet, mais je n'ai pas entendu le ministre dire: Moi, je suis
pour l'environnement, je suis contre le gaspillage des rapides de Lachine. Et
je vais lui demander: Qu'est-ce que vous allez faire quand les Indiens de
Caughnawaga, d'un côté, se prononceront contre le gaspillage de la
berge et, de l'autre côté, les trois municipalités
impliquées, Lachine, LaSalle et Verdun, se prononceront également
contre? Qu'allez-vous faire à ce moment? Tôt ou tard, vous devrez
sortir de tout ça, vous devrez faire une déclaration: Je suis
pour ou contre, en principe.
Eh bien! moi, je ne vais pas me cacher, je vais vous dire que je suis
contre. Et nous, les libéraux, on va se battre pour préserver les
rapides de Lachine. Sans les rapides de Lachine, le projet Archipel ne tient
plus. On peut contrôler les inondations, on peut contrôler la
pollution par d'autres méthodes que le gaspillage des rapides de Lachine
pour un projet hydroélectrique complètement farfelu dont
Hydro-Québec ne veut pas.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député.
M. Lincoln: II y a beaucoup de choses à dire et je
regrette de n'avoir que vingt minutes, mais on y reviendra, il y a sept
heures.
Le Président (M. Gagnon): Vous pourrez
y revenir. M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Léger: M. le Président après la
bouillabaisse que nous a servie le député de Nelligan - pendant
qu'il reçoit les félicitations de son chef, je vais attendre un
peu parce qu'il va être ému au moins pendant trente secondes - je
dois quand même rectifier certaines choses. Au départ, au
début de son exposé, le député de Nelligan disait
que ma tournée du mois de l'environnement, qui se fait
spécifiquement dans les régions, c'était pour parler
d'environnement durant toute la journée. Ce que je fais le soir
l'inquiète plus que ce que je fais le jour. Le soir, ce sont des
rencontres que je désire faire, selon une politique à long terme
pour les Québécois. Le jour, c'est la politique administrative du
ministère de l'Environnement. Je voudrais juste lui montrer - le journal
des Débats ne pourra pas reproduire ce que je lui montre là - les
résultats dans les régions, les textes qui sont sortis, les
déclarations que j'ai faites dans les régions, auprès des
groupes de citoyens des municipalités. Il y a des articles de journaux,
justement de la région de Hull où j'ai rencontré les
citoyens des municipalités, il y a eu pages complètes sur les
sujets que nous avons traités concernant le mois de l'environnement.
C'est donc dire que la participation extraordinaire des citoyens et des groupes
dans ces régions est un gage certain d'un éveil de la conscience
québécoise au sujet de la protection du milieu de vie. (11
heures)
Si le député se fie uniquement à ce qu'il lit dans
la presse pour savoir ce que le ministère de l'Environnement fait, je
tiens à lui dire qu'il ne paraît dans les journaux qu'à
peine 1/10 de 1/2 de 1% de ce qui se fait dans l'environnement, parce que,
comme je l'ai déjà dit tantôt, les médias sont
surtout axés sur la dynamique du conflit. Les choses mauvaises, cela
fait de la nouvelle, mais toutes les actions dans les régions,
malgré la bonne volonté de plusieurs journalistes qui se
consacrent à l'environnement, cela ne fait pas l'objet de nouvelles. Si
le député de Nelligan s'imagine qu'il va connaître la
situation exacte de l'état de l'environnement au Québec en lisant
quelques médias, il est très loin de la réalité.
C'est pour cela que je l'invite beaucoup plus à faire le tour du
Québec et à aller voir sur place les gens qui sont responsables
de ce milieu; il verra les progrès qui se font dans le domaine de
l'environnement. Nécessairement, c'est son rôle comme
député de l'Opposition d'essayer de trouver des "booms" qui ne
correspondent pas exactement à la qualité de vie qu'on
espère et de les dénoncer. Je lui en sais gré comme le
démocrate que j'essaie d'être; je comprends puisque que j'ai
déjà été dans l'Opposition, qu'il faut essayer de
voir les choses négatives. Mon rôle, c'est d'essayer, soit de les
corriger quand c'est vrai, soit de les rectifier quand c'est faux. J'ai
beaucoup plus de rectifications à faire que de corrections à
apporter.
D'abord, au sujet de la régionalisation, je dois lui dire qu'on
n'a pas fait une régionalisation en augmentant nos effectifs. Au
contraire, nous avons fait la régionalisation en utilisant les
ressources que nous avions. C'est pour cela que nous avons 323 personnes qui
sont situées en région et qui avaient des postes qui auparavant
étaient au national. Dans sa critique, le député de
Nelligan confond le budget de subventions avec le budget de fonctionnement du
ministère, lesquels sont deux choses complètement
différentes. La totalité des dépenses du ministère
n'a pas été affectée, quant à l'augmentation, par
la régionalisation.
Le député sort souvent des déclarations. Il y a
beaucoup de gens qui aiment parler dans le domaine de l'environnement, c'est
normal, mais il faut vérifier si derrière ces déclarations
tout est exact ou s'il n'y a pas certains intérêts que des gens
défendent. Entre autres, la FAPEL et le groupe des inspecteurs
municipaux sont deux organismes qui sont liés au programme des lacs et
qui ont toujours eu peur d'être régionalisés. Pourtant, je
me suis engagé depuis toujours à leur confirmer qu'ils ne seront
pas régionalisés car les citoyens peuvent avoir des services
quasi analogues; je ne dirai pas analogues parce qu'ils ont une capacité
et une facilité de fonctionner très typiques, spécialement
au niveau de la FAPEL, mais on peut dire tout de même qu'il y a des
services qui peuvent être donnés dans toutes les régions.
Nécessairement lorsqu'ils craignent d'avoir leurs services
régionalisés, ils peuvent faire des affirmations
extérieures politiques qui donnent une certaine impression. Le
député ne doit pas prendre le mot-à-mot de cela mais voir
comment cela s'insère dans la politique globale du ministère.
Le député me dit que j'ai passé très vite
sur l'assainissement des eaux; il fallait bien que je passe vite, il y a
tellement de choses à dire dans l'environnement que, dans les 20 ou 25
minutes que j'ai, je ne peux pas. S'il veut me donner une heure ou deux, je
pourrai parler de l'assainissement des eaux. Je présume que c'est
beaucoup plus la place pour les députés de l'Opposition durant
les crédits de poser des questions que, pour moi, de faire des grandes
déclarations.
Je voudrais quand même apporter certains correctifs. En ce qui a
trait à la question de l'assainissement des eaux, je dois dire qu'au
départ il fallait qu'on ait des
études préparatoires pour évaluer les coûts
de l'assainissement, par exemple, des eaux d'une municipalité. Lorsque
le député dit que telle personne a déclaré que cela
coûtait tel prix et qu'il la croit, il se dit alors que ce n'est pas
possible de ramener 55 000 000 $ à 32 000 000 $. C'est aussi facile de
partir de 55 000 000 $ et de les ramener à 32 000 0000 $ que de partir
de 32 000 000 $ et d'aller à 55 000 000 $. Ce sont toutes des
évaluations, ce sont toutes des questions d'opinion.
Les études préparatoires doivent fixer, au départ,
des objectifs: l'objectif de la qualité de l'environnement et celui des
coûts. Alors, tous les intervenants, aussi bien de mon ministère
que de la Société québécoise d'assainissement des
eaux, sont tenus de respecter l'un et l'autre. Si, après avoir
fixé ces objectifs, on s'aperçoit qu'il y a des erreurs ou des
écarts, il faut retourner au tableau noir, aussi bien au niveau du
ministère qu'à la Société québécoise
d'assainissement des eaux, et essayer de trouver la façon de respecter
et les objectifs et les coûts, tout en tenant compte de l'indexation. Il
n'y a pas d'erreur que, quand on parle d'une somme d'argent en 1980, il faut
ajouter l'inflation pour l'année 1981 ou l'année 1982 ou au
moment où les travaux sont terminés.
Il y a toutes sortes de facteurs qui peuvent prolonger la
réalisation depuis le début d'un projet; il y a une portion
très importante dans le temps qui est celle de l'étude dans les
bureaux des ingénieurs, que ce soit au ministère ou au niveau des
ingénieurs qui sont les promoteurs. Il y a à peu près le
tiers du temps qui doit être consacré à l'analyse et
à l'étude, avant d'être sur le terrain.
Maintenant, le député a demandé: Pour quelle raison
y a-t-il tant de contractuels et pourquoi ces gens ne sont-ils pas des
fonctionnaires? Cette affirmation est complètement illogique, parce
qu'on est en train d'essayer de diminuer le coût administratif de
l'État. Si on est obligé, pour des personnes qui auraient un
contrat pour une tâche donnée, d'en faire des permanents, le
député de Maskinongé va demander: Combien vous en a-t-il
coûté pour vous en débarrasser? Donc, un contractuel n'a
qu'un contrat dans la période de temps où il a un travail
à faire. Il n'est pas permanent. Notre objectif est de ne pas augmenter
la quantité de fonctionnaires permanents, parce que cela coûte
cher à l'État pour longtemps. Donc, M. le Président, c'est
la raison pour laquelle, dans ces dossiers-là, nous avons
préféré engager des contractuels plutôt que de leur
assurer une permanence et en faire des fonctionnaires.
M. le Président, quand le député parle de
Kamouraska, je dois lui dire que si Ottawa avait acheté les battures,
comme il l'a dit si bien, je demanderais peut-être au
député qui relève peut-être plus du Parti
libéral d'Ottawa que de celui de Québec, de s'assurer qu'il lui
parle, pour lui demander qu'on nous donne l'argent et on va l'acheter. Parce
que si cet argent nous revient plus tard, dans la logique du
député, lors de la souveraineté, pour quelle raison ne
nous le donne-t-on pas tout de suite? On ferait les achats nous-mêmes.
Parce que, de fait, la protection des battures de Kamouraska se fait à
l'intérieur des possibilités légales que nous avons et
c'est sûr que, si on les achetait nous-mêmes, il n'y aurait pas de
problème, mais cela va coûter un montant très
élevé. Si Ottawa est réellement intéressé
à les acheter, qu'il nous donne l'argent et on en prendra
nous-mêmes la responsabilité.
Concernant le projet Archipel, j'invite le député à
venir nous faire part de ses avis et de ses craintes à l'occasion de
cette fameuse table de concertation qui aura lieu les 3 et 4 juin. Je peux lui
dire que j'ai l'intention, à cette table de concertation, de
protéger l'environnement dans ce projet, aussi bien la qualité de
l'eau et l'aménagement des berges que l'aspect visuel. Le
ministère de l'Environnement prendra position, quand on connaîtra
tous les impacts possibles de ce projet. Comme je l'ai dit, il n'y a pas encore
- très bientôt on va l'avoir - un projet précis faisant
suite aux études de préfaisabilité et de
faisabilité. Éventuellement on pourra, devant un projet
précis sur la table, avoir les études d'impact sur les
conséquences environnementales. Alors, on pourra se prononcer. Mais, ce
n'est pas le ministère de l'Environnement qui est en train de faire des
études sur le sujet; il s'agit d'un projet interministériel. Sa
portion de responsabilité est d'apporter des renseignements sur les
études. L'ensemble de cela va amener un projet précis sur la
table et, à ce moment-là, nous pourrons y apporter la position
précise du ministère de l'Environnement, comme ministère,
comme gestionnaire unique de l'eau, concernant les possibilités de
protéger l'environnement.
D'un autre côté, le député me dit souvent que
le ministre ne parle pas assez d'environnement; pourtant, je le fais 50 fois
par année. Est-ce que le député trouve que cela n'est pas
assez? À ce jour, on me reproche d'en parler beaucoup; le
député me reproche de ne pas en parler assez. Il faudrait qu'il
se situe de ce côté.
Je voudrais terminer pour laisser la chance à d'autres
députés de la commission de poser des questions sur l'ensemble du
projet. Quand nous serons prêts à passer à l'étude,
le dossier que nous avons remis à l'Opposition est basé sur les
étapes de prévention, donc, plusieurs projets pourraient
être discutés au programme 1; on pourrait parler de la
responsabilisation, des études
d'impact, de l'éducation, de l'eau potable, de
l'empiétement, des berges et des plages et ensuite on passerait
peut-être à toutes les questions qui touchent la restauration,
c'est-à-dire l'assainissement de l'eau, l'industriel et l'agricole, de
l'air, des déchets, de Urgence-Environnement, etc. Donc, on pourrait se
situer à l'intérieur de cela pour des questions précises
des députés de la commission, à l'intérieur de ces
deux projets. Si on pouvait se limiter à ceux de prévention au
départ et ensuite, à ceux de restauration, je pense que cela
serait plus logique. D'ailleurs, le document que nous avons remis à
l'Opposition est divisé par ces deux grandes questions.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rousseau.
Questions préliminaires
M. Blouin: Merci, M. le Président. J'aurais juste une
observation à faire au ministre, qui en même temps est une
inquiétude relative au transfert aux municipalités de
l'application du règlement sur les fosses septiques. Comme on le sait,
en janvier 1983, les municipalités devront s'être dotées
des services d'un inspecteur à temps plein ou à temps partiel ou
encore effectuer des ententes intermunicipales pour se doter d'un pareil
service. Étant donné qu'il y a dans ma région
particulièrement beaucoup de municipalités qui doivent
protéger la qualité des eaux des lacs plus spécifiquement
et qui vivent aussi largement grâce à cette qualité d'eau
qui est la marque de commerce de ces régions touristiques, j'aimerais
que le ministre, si c'est possible, puisse me rassurer sur ce point pour qu'on
n'arrive pas en janvier 1983 devant un retard qui, à mon avis en tout
cas, serait très dommageable pour l'environnement et surtout, je le
répète, dans des régions de villégiature.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, je pense que la question
du député de Rousseau est parfaitement à point. Nous avons
voté un règlement qui, pour la première année,
permettait au ministère de l'Environnement de s'assurer que, dans les
régions où il n'y a pas d'inspecteurs municipaux,
c'étaient les inspecteurs du ministère de l'Environnement qui
remplissaient la fonction via les régions. Dans les régions
où il y avait déjà des inspecteurs municipaux,
c'étaient les inspecteurs municipaux qui faisaient le travail. Nous
avons donné une année aux municipalités pour s'impliquer,
pour découvrir ou se doter d'un inspecteur municipal, soit à
temps plein pour ceux qui ont une population suffisante, soit à temps
partiel en ayant peut-être un inspecteur pour une, deux, trois ou quatre
municipalités, selon la quantité des travaux qu'elles peuvent
avoir à faire. Donc, pour prévenir des problèmes à
la fin de l'année 1982, alors que les municipalités devront
être responsables de cette fonction, nous allons faire un inventaire
dès le début de juin auprès des municipalités pour
s'assurer qu'elles sont bien conscientes qu'elles ont environ six mois pour
trouver une réponse à cette préoccupation et pour
éviter un engorgement vers la fin. Avec cela, nous allons
nécessairement les aider.
Il y a des inspecteurs municipaux qui font partie de l'association dont
le député parlait tantôt et plus il y aura d'inspecteurs
engagés par les municipalités, plus cette association pourra
donner des services adéquats aux inspecteurs. Il n'est absolument pas
question de remplacer l'inspecteur municipal, comme le laissait peut-être
penser le député de Nelligan tantôt. Au contraire,
l'inspecteur municipal garde toutes ses responsabilités, même s'il
peut consulter des directions régionales pour avoir certains avis. Si
c'est l'inspecteur municipal qui a la responsabilité, il n'est
absolument pas question de les remplacer. Au contraire, on veut qu'il y en ait
plus, dans les municipalités. On donne actuellement des cours au
ministère de l'Environnement via un service particulier que nous avons
au central, à Montréal, mais on donne aussi des cours à
l'Université de Sherbrooke. (11 h 15)
Naturellement, ce sont des occasions et je pense que, dans une
période d'emploi difficile, il devrait y avoir des gens qui suivent ces
cours et qui offrent leurs services aux municipalités qui auront besoin,
le 31 décembre 1982, soit d'un inspecteur pour une seule ou d'un
inspecteur pour plusieurs municipalités. C'est un geste qui doit
être fait d'ici six ou sept mois; il est donc important que les
municipalités soient sensibilisées immédiatement à
s'assurer une réponse à cette nouvelle responsabilité
qu'elles auront à la fin de l'année. Pour cela, nous allons les
aider en les sensibilisant en plein milieu de cette année tampon, pour
qu'elles puissent commencer immédiatement à répondre
à cette préoccupation de la loi.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
Maintenant, nous allons aborder l'étude des crédits, programme
par programme. Oui, Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une question préliminaire. Vous
vous souviendrez que l'an dernier, au moment de l'étude des
crédits, j'avais soulevé la question de la représentation
des femmes au sein du ministère de l'Environnement. C'est vrai que
je n'ai pas mes lunettes. Pardon? M. Blouin: Ne les mettez
pas.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Rousseau me dit de ne
pas les mettre. L'an dernier, on avait noté qu'il n'y avait personne de
spécifiquement responsable à l'intérieur du
ministère pour le programme d'égalité des chances en
emploi, en dépit du fait que, dans un débat antérieur, le
ministre Laurin et Mme Payette à ce moment-là m'avaient dit qu'il
y aurait dans chaque ministère un responsable qui s'assure qu'on mette
en place le programme d'égalité des chances.
Je vois, dans le journal des employés du ministère de
l'Environnement du Québec du 6 mars 1982, que cette année on a
désigné quelqu'un particulièrement. Il s'agit de Mme
Gouin, chef du service d'étude du milieu aquatique, qui est
présidente du comité de l'égalité des chances en
emploi. Mais je dois dire que les progrès depuis l'an dernier semblent
assez lamentables en dépit des remarques qu'on avait faites puisqu'on
dit que les résultats d'une analyse des données touchant la
situation de la femme au ministère effectuée en août 1981
indiquent une baisse de 2% des femmes cadres, une faible augmentation de 1% des
professionnelles et une diminution de 1% des techniciennes.
Alors, je veux demander au ministre, au-delà des assurances qu'il
peut nous redonner, quelles sont vraiment les actions concrètes qui vont
être prises à l'intérieur de son ministère. Est-ce
que c'est dû au fait qu'on mette des gens à pied, enfin, qu'on
fasse des mises à pied ou qu'il y ait des gens mis en
disponiblité compte tenu d'une décroissance dans la fonction
publique, bien que je ne croie pas que cela soit le cas au ministère de
l'Environnement. Est-ce qu'il y a une décroissance du personnel au
ministère de l'Environnement? Il y en a une? De toute façon, si
tel est le cas, je me demande comment vous allez arrimer vos politiques
touchant la situation des femmes dans votre ministère avec la politique
qui est mise de l'avant par la ministre de la Fonction publique.
M. Léger: M. le Président, je reconnais la
pertinence de la préoccupation de la députée concernant
l'avancement et la promotion des femmes à des postes importants de la
fonction publique. Je pense que nous avons fait un geste exemplaire au
ministère de l'Environnement cette année puisqu'il y a eu la
formation du comité d'égalité des chances, dont Mme Denise
Gouin est présidente, avec des personnes du ministère comme Mmes
Denise Malo, Diane Paquet, Mariette Plante, MM. Ghislain Théberge,
Jean-Yves Babin et Guy Bergeron pour essayer de trouver des solutions. Nous
avons organisé des sessions de formation des membres du comité de
sélection; nous avons créé une banque de membres de
comités de sélection à la suite des sessions de formation
et nous avons transmis une lettre aux femmes professionnelles pour les inciter
à poser leur candidature au programme de Formacadre dans le but
d'assurer une répartition plus équilibrée dans la
représentation hommes-femmes à tous les niveaux.
Comme vous le savez, ce projet avait pour objectif de permettre d'avoir,
je dirais, de la discrimination positive pour les femmes. Nous avions mis de
l'avant un programme pour améliorer la qualité des personnes qui
voulaient y participer par des cours de perfectionnement pour atteindre des
postes de cadres. C'était un programme qui permettait deux congés
avec solde de un an, uniquement pour des femmes, afin qu'elles puissent
atteindre des postes de cadres, deux autres congés avec solde de six
mois et deux autres congés de deux jours par semaine pour que ces
personnes puissent accéder à des postes de cadres et ceci
uniquement pour des femmes.
Le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec s'est
opposé à cela. Comme ce n'était que pour des femmes, des
hommes ont apporté des objections et ont demandé au Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec de les défendre.
Nécessairement, il y a eu une décision de la cour
là-dessus qui a arrêté le programme que nous avions mis de
l'avant. Nous sommes allés en appel. Je ne peux pas dire beaucoup plus
que cela, parce que ce serait sub judice, mais, par ce que je viens de dire, je
pense que Mme la députée doit réaliser que notre
ministère a quand même posé un geste concret pour
l'avancement des femmes dans la fonction publique. Ceci a coûté 50
000 $ des fonds du ministère.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre peut-il nous dire depuis quand Mme
Gouin est en fonction, c'est-à-dire dans cette responsabilité
particulière?
M. Léger: On me dit que cela fait quatre mois qu'elle est
en fonction à cet endroit.
Mme Lavoie-Roux: Elle est en fonction depuis le mois de janvier
à peu près?
M. Léger: Quatre mois, cela doit faire cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, à peu près depuis le mois de
janvier. Cela veut dire que, depuis l'étude des crédits du mois
de mai l'an dernier au mois de janvier, peu de choses se sont faites. Je
reconnais cet effort
du ministère pour préparer des femmes à assumer des
postes de cadres, mais il reste qu'il y a également une baisse de 1%
chez des femmes techniciennes. De toute façon, dans tous les
ministères, n'y aurait-il pas des femmes qui soient prêtes
à assumer des postes de cadres, ou si elles doivent
nécessairement passer par un programme de formation de cadres?
M. Léger: Je ne pense pas, parce que, s'il y a des femmes
qui postulent des postes, elles ont autant de chances que d'autres et ce
programme avait pour objectif d'en préparer davantage.
Mme Lavoie-Roux: Comment expliquez-vous la baisse de 2% de femmes
cadres dans votre ministère?
M. Léger: Vous me demandez si je l'approuve?
Mme Lavoie-Roux: Non, comment l'expliquez-vous?
M. Léger: Les deux que nous avions à des postes de
cadres ont eu des promotions dans d'autres ministères. C'est la raison
pour laquelle c'est arrivé, à mon grand regret. De toute
façon, je m'attendais, cette année, à voir arriver la
députée avec des félicitations pour ce geste précis
que nous avons fait et qui démontrait une volonté ferme de
réaliser l'avancement des femmes dans notre ministère.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis toujours
prête à distribuer mes félicitations. D'ailleurs, j'ai
reconnu le geste que le ministre avait posé. Ceci ne m'empêche pas
d'observer cette régression chez les femmes cadres et chez des femmes
techniciennes. Je voudrais bien me réjouir, mais vous me demandez quand
même quelque chose d'un peu difficile.
J'aurais deux questions précises, parce qu'on pourrait perdre
beaucoup de temps à faire des commentaires là-dessus. D'abord,
dans quelle mesure le ministre fait-il des pressions auprès de son
collègue du ministère de la Justice pour que soit amendée
la Charte des droits et libertés de la personne dont les recommandations
touchent la discrimination positive, ces recommandations ayant
été faites à une commission parlementaire, où je
suis allée, qui a siégé au mois de septembre ou octobre?
On n'a encore rien dans le paysage quant à une modification de la Charte
des droits et libertés de la personne qui empêcherait, justement,
l'imbroglio dans lequel vous vous trouvez même avec vos bonnes
intentions. C'est une première question. La deuxième question:
Comment explique-t-on la diminution de 1% chez les femmes techniciennes? Est-ce
dû à la politique d'attrition, de diminution du personnel ou
à un autre facteur?
M. Léger: À la première question, M. le
Président, je dois dire que mes collègues, la ministre de la
Fonction publique et la ministre d'État à la Condition
féminine, ont présenté une requête au
ministère de la Justice. C'est actuellement à l'étude pour
s'assurer qu'il y ait des correctifs apportés dans ce domaine à
la charte, tel que vous le demandiez. Je rappelle, entre autres, que des deux
femmes qui étaient dans notre ministère, l'une, Mme Claire
Monette, est passée d'administrateur III qu'elle était chez nous
à administrateur II dans un autre ministère, et l'autre, Mme
Suzanne Beaulieu, est passée d'administrateur IV à administrateur
III. Donc, c'est une promotion dans un autre ministère. Il y avait des
postes ouverts, elles ont postulé les emplois et les ont obtenus. Elles
ont dû être bien traitées chez nous puisque elles ont pu
facilement se classer pour une augmentation. Si cela avait été
possible chez nous, ça aurait été intéressant
aussi.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas pensé à faire du
repêchage, M. le ministre, vous aussi?
M. Léger: C'est cela. C'est le nombre de postes. Il aurait
fallu augmenter le bassin de postes pour être capables de...
Mme Lavoie-Roux: Mais les deux qui sont disparus, votre cadre II
et votre cadre III...
M. Léger: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... qui sont partis, ou qui étaient cadre
IV et cadre III, vous l'avez mentionné, qui sont partis ailleurs, cela a
laissé des postes libres.
M. Léger: II y a eu des concours pour des postes qui
étaient ouverts et il n'est pas arrivé qu'elles ont
été choisies. C'est une question qui ne relève pas d'une
décision du gouvernement ou du ministre. C'est une structure, c'est une
procédure dans laquelle on est quand même pris. Il faut les
favoriser le plus possible, mais il y a des juges, pas des juges mais...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce un comité de sélection
à l'intérieur de votre ministère ou est-ce à
l'intérieur de la fonction publique, ceux qui choississent?
M. Léger: C'est de la fonction publique.
Mme Lavoie-Roux: II y a des femmes, à ce comité de
sélection?
M. Léger: On nous dit que, quand il y a une femme qui est
candidate, il y a toujours une femme au comité.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je trouve un peu
étrange comme règle qu'il va y avoir une femme au comité
de sélection s'il y a une femme comme candidate. Je pense qu'il devrait
toujours y avoir des femmes au comité de sélection.
M. Léger: En réalité, c'est le bassin de
femmes disponibles qui fait défaut. De toute façon, quand il y a
une priorité, quand il y a une femme qui demande un poste, on s'arrange
pour qu'il y ait, parmi le jury, une femme pour avoir au moins cette vision
particulière de la capacité féminine pour les
fonctions.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Léger: Je ne me rappelle pas la deuxième
question que vous avez posée.
Mme Lavoie-Roux: Je vais revenir à la première, la
deuxième s'en vient.
Il y a deux remarques que je voudrais faire. J'aimerais demander au
ministre, M. le Président, qu'il fasse des représentations
à qui de droit, probablement à la fonction publique, afin qu'on
modifie cette règle que des femmes siègent à un
comité de sélection ou qu'on s'assure qu'il y ait une femme au
comité de sélection quand il y aura une femme candidate, pour
bien comprendre les besoins des femmes. Je pense que la règle devrait
être que le comité de sélection comprenne - j'ignore le
nombre des membres d'un comité de sélection, cinq ou six ou trois
ou quatre - une représentation féminine. Je trouve cela
absolument aberrant, et je suis étonnée qu'on me fasse ce genre
de réponse ici.
M. Léger: On me dit qu'à la commission Bisaillon,
entre autres, c'est une des recommandations qui ressort.
Mme Lavoie-Roux: Mais M. Bisaillon a peur que son rapport aille
sur la tablette. Il faudrait peut-être bien que vous vous en
occupiez.
La deuxième chose, c'est que vous tentez de me rassurer en disant
que la ministre de la Fonction publique et la ministre d'État à
la Condition féminine ont fait des représentations auprès
du ministre de la Justice pour que la charte soit modifiée selon le sens
qu'on vient d'indiquer. M. le Président, j'aimerais demander au ministre
s'il ne pourrait pas lui-même faire des représentations
auprès du ministre de la Justice. Si on en juge par le poids que les
femmes semblent avoir à l'intérieur du cabinet, selon le "best
seller" de l'instant, je me dis que cela ne devrait pas être uniquement
une préoccupation des deux femmes ministres à l'intérieur
du cabinet, mais que ça devrait être une préoccupation des
collègues masculins. Puisque le problème se pose grâce
à votre heureuse initiative, que je souligne en passant, M. le ministre,
je pense que vous devriez pousser plus loin vos bonnes dispositions ou enfin
vos bonnes initiatives et faire des représentations vous-même
auprès du ministre de la Justice. Si vous laissez encore le
problème à deux femmes qui, on dit, sont souvent
ignorées... Enfin, je ne veux rien exagérer, mais je pense que
tout le monde sait ce dont je parle. Cela me semble important que, comme
ministre, vous vous impliquiez vous-même. Alors, est-ce votre intention,
M. le ministre, de faire vous-même des resprésentations
auprès du ministre de la Justice pour que soit corrigé ce point
qui vous a même créé des problèmes? (11 h 30)
M. Léger: C'est sûr et certain que je pourrais
répondre rapidement oui. D'ailleurs, la teneur de notre programme
démontre le sens réel de notre intention. Donc, je peux assurer
"la ministre" que je vais faire des représentations auprès du
ministre de la Justice en appui précis avec la ministre de la Fonction
publique et la ministre d'État à la Condition
féminine.
Mme Lavoie-Roux: Merci pour la promotion, mais c'est pour les
femmes de votre ministère pour que j'en veux. Je voudrais avoir
maintenant l'explication sur la diminution des femmes techniciennes. À
quels facteurs est-ce dû?
M. Léger: Je pourrais peut-être répondre plus
tard, parce qu'une diminution de 1%, ce n'est quand même pas
significatif; mais, si ça existe comme tel, on pourrait faire une
analyse pour savoir pourquoi, mais je n'ai pas la réponse aujourd'hui.
Si c'était une diminution de 50%, j'aurais certainement la
réponse, mais 1%, là!
Mme Lavoie-Roux: Cela peut vouloir dire combien de personnes,
1%?
M. Léger: Cela peut vouloir dire cinq ou six
personnes.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a eu une diminution chez les
techniciens?
M. Léger: Je ne le sais pas. Où avez-vous pris
ça, cette diminution de 1%? Votre affirmation, je l'accepte, parce que
je présume que vous avez dû voir ça quelque part.
Mme Lavoie-Roux: Je ne l'ai pas inventé, vous imaginez
bien.
M. Léger: Ah! c'est dans le...
Mme Lavoie-Roux: Cela vient même de bonnes sources! C'est
dans la pochette que vous avez eu la gentillesse de nous adresser!
M. Léger: Parfait. Donc, je vais vérifier et je
ferai peut-être parvenir une réponse aux membres de la commission
et spécialement à la députée. Peut-être qu'on
peut l'avoir au cours de la journée, aussi.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je vous remercie. Il reste encore
beaucoup de travail à faire au ministère de l'Environnement.
M. Léger: Mais vous êtes encouragée par la
direction dans laquelle nous allons.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que j'ai une nature très
positive que je me sens encouragée, mais je vous assure que ce n'est pas
très fort. Il faut bien le reconnaître.
Le Président (M. Gagnon): Nous en sommes rendus à
l'étude des programmes. Je voudrais demander aux membres de cette
commission s'ils préfèrent commencer par l'un ou l'autre des
programmes ou si nous allons tout simplement suivre l'ordre que nous avons dans
notre cahier.
M. Lincoln: Je pense qu'on va suivre l'ordre.
Le Président (M. Gagnon): Alors, le programme 1. Aussi
j'aurais une autre question à vous poser; je vous suggérerais
qu'on étudie programme par programme, plutôt que les
éléments de chacun des programmes. Alors, ce serait les
éléments 1, 2 et 3 ensemble.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Et nous adopterons l'ensemble du
programme.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Programme 1?
M. le ministre.
Protection du milieu
M. Lincoln: Cela ne nous empêchera pas de poser des
questions relativement à un élément ou un autre.
Le Président (M. Gagnon): Absolument. Si vous êtes
d'accord, on étudiera l'ensemble des trois éléments
à l'intérieur du même programme.
M. Lincoln: M. le ministre, afin qu'il n'y ait aucune confusion,
est-ce que vous pouvez nous donner les éléments principaux de ce
programme no 1, Protection du milieu, afin qu'on soit sûr qu'on pose des
questions sur le programme approprié?
M. Léger: La normalisation, le contrôle et la
protection de la nature.
M. Lincoln: Oui, ça, je le sais mais...
M. Léger: Les sujets peuvent être l'étude
d'impact, le domaine de l'éducation, l'eau potable, les berges, les
plages, l'empiétement, les permis, dans le domaine de la
prévention.
M. Lincoln: Les déchets?
M. Léger: Les déchets? Non, ça arrive dans
la correction, dans l'amélioration et de la restauration du milieu.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, si vous avez des
explications à donner.
M. Léger: Je préférerais laisser le
député poser ses questions.
M. Lincoln: J'aurais une ou deux questions
générales, par exemple, dans la catégorie des loyers. Je
m'excuse de revenir sur des articles spécifiques, je n'ai pas envie de
m'arrêter sur chacun, mais celui des loyers m'a frappé.
Le Président (M. Gagnon): Je n'ai pas d'objection si la
commission décide d'étudier d'autres programmes en même
temps; c'est pour cela que je vous le demandais tantôt.
M. Lincoln: Ce ne sont pas d'autres programmes, c'est sur ce
programme.
Le Président (M. Gagnon): C'est sur le programme 1.
M. Lincoln: Oui, oui, c'est sur le programme 1. Si vous regardez
les détails du programme 1 à fonctionnement, pouvez-nous
expliquer comment les loyers sont passés en 1981-1982 de 74 500 $
à 159 000 $ en 1982-1983?
M. Léger: C'est un transfert de place d'un budget à
l'autre. C'est le bateau-passeur qui fait le lien avec l'île
Sainte-Thérèse durant tout l'été.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Léger: Cela a été comptabilisé
dans les services. Alors, c'est le service qui diminue.
M. Lincoln: C'est le bateau-passeur de l'île
Sainte-Thérèse.
M. Léger: C'est cela.
M. Lincoln: Est-ce que c'est le temps de poser des questions - M.
le Président, je vous demande une directive - sur l'île
Sainte-Thérèse?
M. Léger: Allez-y.
M. Lincoln: Quelles sont les dépenses du projet de
l'île Sainte-Thérèse? Est-ce que vous pouvez nous donner
des chiffres?
M. Léger: C'est 260 000 $ dans lesquels il y a la location
du bateau-passeur; puisque c'est une île il faut que les gens puissent
s'y rendre. C'est une des dernières îles qui n'a pas
été touchée qui est accessible à la population.
Alors, c'est la location du bateau-passeur, l'aménagement de pistes
cyclables, à l'intérieur de l'île pour les citoyens qui
veulent faire de la bicyclette dans la nature, et la qualité de l'eau
potable. Ce sont les trois articles principaux du coût pour l'île
Sainte-Thérèse.
M. Lincoln: Cela vient de ce budget du programme 1?
M. Léger: C'est cela. II y a un autre montant de 90 000 $
ailleurs qui n'est pas compris dans cette dépense, mais qui est pour
l'aménagement général, c'est-à-dire les correctifs
à apporter, l'amélioration au point de vue de
l'aménagement de l'île.
M. Lincoln: En tout, si on additionne 260 000 $ et 90 000 $, cela
fait 350 000 $. Est-ce qu'il n'y a pas aussi 200 000 $ de l'Office de
planification et de développement du Québec que vous avez
reçus pour l'île Sainte-Thérèse?
M. Léger: C'était l'année dernière
non pas cette année.
M. Lincoln: Cela n'est pas répété? M.
Léger: Non.
M. Lincoln: Qu'avez-vous comme commodités dans
l'île?
M. Léger: II faut dire que c'est une île où
habitent déjà un peu moins d'une centaine de personnes qui ne
sont pas des résidents avec droits de propriété, mais qui
sont installées là depuis 20 ou 25 ans. Quand nous avons pris
connaissance de cet état de fait, nous avons dit: Nous ne sommes pas
là pour renvoyer des gens, nous allons essayer plutôt de nous
assumer qu'il y ait plusieurs Québécois, plusieurs
Montréalais et d'autres de la rive sud qui puissent y aller. Cela a
demandé une certaine infrastructure. Il y avait la question d'un abri
pour des événements qui peuvent avoir lieu là-bas. Il y a
un réservoir d'eau. Nous avons essayé de faire de la recherche
d'eau potable dans l'île et on n'en a pas trouvé. Il y a un quai
afin que le bateau puisse y accoster. Il y a tout l'accueil pour que les
citoyens puissent y être reçus. Nous avons acheté une
grange pour y ranger tous les aménagements. II y a un sentier de la
nature, une piste cyclable et des abris aussi pour les pique-niqueurs. Il y a
une série de petits détails auxquels on ne pense pas souvent,
mais dont on a besoin et quand c'est une île vierge, il faut les
apporter. Il y a les toilettes. Comment est-ce qu'on les appelle? C'est un
drôle de nom.
Une voix: "Johnny-on-the-spot".
M. Léger: "Johnny-on-the-spot". Il y a une série de
petits services qu'il faut donner, parce que l'année dernière, il
y a près de 50 000 personnes qui sont allées sur l'île
Sainte-Thérèse par bateau. C'est donc dire que des gens de la
ville, avec le prix d'un billet d'autobus, peuvent partir de n'importe
où, même du comté du député de Nelligan qui
peut, par son billet d'autobus, arriver jusqu'à la porte et prendre un
bateau gratuitement pour se rendre sur l'île. C'est à peine un
demi-mille de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: De Lachine et du comté de Nelligan.
M. Léger: Ils sont rapides, les gens de Lachine.
Maintenant, cette année, il y a un bateau-passeur qui va aller à
Varennes pour amener les gens de la rive sud et pour faciliter aussi la
participation des gens.
M. Lincoln: Un autre bateau-passeur. Il va y en avoir deux ou si
c'est le même qui va se multiplier?
M. Léger: C'est-à-dire que, l'année
dernière, nous en avions, je dirais, quasiment un et demi, un qui
faisait la navette et qui avait une deuxième tâche, il faisait
faire le tour des îles aux citoyens qui voulaient le faire. Cette
année, il y aura, avec le même budget, deux bateaux. Nous allons
essayer d'avoir d'autres sources pour nous permettre d'avoir des
possibilités pour les gens de la rive sud et plusieurs croisières
dans la nature.
C'est une première expérience, je pense, sur le plan
environnemental où on développe ce que j'appellerais le camping
léger, la présence de gens qui ne font que jouir d'un milieu
environnemental; on ne veut pas développer cela comme le parc Belmont ou
la Ronde. C'est quelque chose de naturel qui permet à des familles,
à des enfants et
à des personnes âgées d'aller
bénéficier de la nature et de faire un petit tour de bateau quand
ils traversent le fleuve.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez me dire combien de ces
propriétaires de chalet qui sont là depuis 20 ou 25 ans sont
encore là? Sont-ils encore tous là?
M. Léger: II y en a quelques-uns qui sont
réellement propriétaires, je ne sais pas combien il y en a. Il y
en a peut-être deux ou trois qui sont des réels
propriétaires. Les autres sont des gens qui sont installés
là par la force de la nature depuis un bon bout de temps, cela fait de
20 à 25 ans, ce sont des résidents soit de Varennes, de
Pointe-aux-Trembles, de Montréal-Est, parfois de Montréal.
M. Lincoln: Où habitent-ils, ces résidents à
part les deux ou trois propriétaires?
M. Léger: Ils se situent un petit peu tout le tour, mais
ils sont plus concentrés face à Pointe-aux-Trembles, plus
concentrés face à Varennes.
M. Lincoln: Ont-ils des maisons, des chalets?
M. Léger: Pas des chalets. Comme ils n'avaient pas de
moyens de transport faciles, ils se sont bâti cela.
M. Lincoln: Des "shacks".
M. Léger: Je vous laisse le terme.
M. Lincoln: M. le ministre, c'est votre grand triomphe, c'est
votre arc de triomphe, l'île Sainte-Thérèse. Est-ce que
vous pensez, comme ministre de l'Environnement, que c'est symbolique, par
exemple, d'avoir des "Johnny-on-the-spot" et d'avoir des gens qui habitent dans
des "shacks" sans fosses septiques, sans réseau d'égout? Est-ce
que c'est normal? Est-ce que vous pensez que c'est cela qu'on devrait montrer
au public comme exemple de l'environnement?
M. Léger: Non, certainement pas. Mais, je ne veux pas que
le député continue à affirmer des choses. Ils ont des
fosses septiques, même s'il y a un problème d'eau potable que nous
sommes en train de solutionner par un réservoir que nous allons amener
et par une conduite que nous allons amener. Il ne faut pas oublier une chose,
c'est qu'il y a des problèmes, peut-être légaux qu'il faut
analyser, concernant des gens qui sont installés là depuis une
vingtaine d'années. Ce n'est pas tellement pour eux que
l'aménagement de l'île Sainte-Thérèse est fait,
c'est beaucoup plus pour les citoyens de Montréal et de la rive sud qui
peuvent bénéficier d'une île naturelle. Ce sont des
aménagements que nous mettons pour ces gens-là et les gens qui
sont actuellement sur l'île, qui sont ce qu'on appelle des "squatters"
font partie d'un comité de citoyens que nous avons demandé de
former dans le but de préparer une sorte de comité des loisirs
pour permettre aux citoyens d'être bien accueillis. Donc, c'est une sorte
de fraternité qui existe sur l'île où les gens oublient en
laissant la ville de Montréal avec sa pollution, son bruit et cette vie
trépidante. Ils oublient cela et arrivent en dedans de cinq minutes dans
une oasis de fraîcheur et de nature qui leur permet de
bénéficier du calme, de la sérénité et des
avantages de la nature.
Donc, l'objectif que nous voulons avoir, c'est une expérience
pilote qui s'avère un succès, puisque, de 4000 à 5000
personnes la première année, nous sommes rendus à 50 000
personnes qui vont sur cette île jouir de la vie naturelle. (11 h 45)
M. Lincoln: Je suis content de voir, M. le ministre, que vous
jugez la question environnementale par le nombre de gens, par la
quantité plutôt que la qualité de l'environnement. Vous en
êtes à 350 000 $; si vous ajoutez un réservoir et des
conduites d'égout, combien cela va-t-il coûter?
M. Léger: C'est inclus dans le budget. M. Lincoln: C'est
inclus dans le budget.
M. Léger: Êtes-vous pour ou contre un projet comme
cela?
M. Lincoln: Je peux vous dire que je trouve tout à fait
incongru, quand il y a le fameux projet Un fleuve, un parc où on
pourrait récupérer 85 îles, quand il y a des îles
à vendre aujourd'hui dans le fleuve Saint-Laurent et que 75 000 $
pourraient acheter une île, un site naturel écologique, que vous
alliez mettre cet argent dans une île, que vous attiriez des gens sous le
titre même de l'environnement dans un endroit où vous aurez des
"Johnny-on-the-spot" et des abris, dont beaucoup n'ont pas de fosses septiques
ou un système d'égout complet.
M. Léger: Je dois corriger le député, je
viens de dire qu'il y avait des fosses septiques.
M. Lincoln: Vous voulez dire que tous ces gens utilisent les
fosses septiques?
M. Léger: Je peux dire que la grande majorité a des
fosses septiques.
M. Lincoln: Ah!
M. Léger: Je ne les ai pas nécessairement toutes
vues, une à une.
M. Lincoln: Ah! bon.
M. Léger: La grande majorité a des fosses
septiques.
M. Lincoln: Comme exemple d'un site que vous dites naturel, je
veux vous dire qu'au lieu d'amener une foule de gens en bateaux à moteur
dans une île que vous êtes en train de rendre de plus en plus
"civilisée" à coups de 350 000 $, je crois que vous auriez pu
vous pencher plus sur le programme Un fleuve, un parc, peut-être lire ce
programme qui a été, je pense, l'ébauche initiale. C'est
un fonctionnaire de votre ministère qui a pensé à cette
idée. Cela vaudrait la peine de voir si ce serait mieux d'utiliser ces
350 000 $ pour acquérir plusieurs îles à l'état tout
à fait naturel qui pourraient servir de site écologique, etc.,
que de les mettre dans l'île Sainte-Thérèse qui continue et
continuera à absorber les coûts. Est-ce que les deux bateaux sont
compris dans les 350 000 $?
M. Léger: Oui.
M. Lincoln: Quels sont vos projets pour l'île?
M. Léger: Nous, notre objectif, c'est de favoriser la
prise en charge par le milieu des activités qu'il veut avoir. C'est pour
cela que j'ai demandé à des organismes de loisir de
préparer différents sports natures, tels que la pétanque,
le fer à cheval, le ballon volant, la balle-molle, pour permettre aux
gens de s'organiser eux-mêmes dans la mesure où ils auront les
services de base. Je suis d'accord avec le député quand il dit
qu'il faut qu'il y ait le plus possible un modèle de qualité de
l'environnement. Quand on est dans la nature, on n'a pas les mêmes
facilités que quand on est sur la terre ferme. Donc, il faut pallier
à cela. Dès qu'on aura permis le minimum de services
nécessaires dans un milieu naturel comme celui-là et que les gens
de ce milieu auront organisé les activités qu'ils vont faire,
cela va nous permettre de nous lancer dans d'autres projets.
J'ai toujours été d'accord pour le projet Un fleuve, un
parc. Il y a un fonctionnaire de chez nous qui en a parlé. Je lui ai
déjà demandé de s'en occuper; il a eu des
difficultés de ce côté, mais, sur ce point, nous pensons en
commun que le projet Un fleuve, un parc... D'ailleurs, l'île
Sainte-Hélène fait partie des îles du projet Un fleuve, un
parc. On ne peut pas toutes les aménager. D y a des relations avec
différents ministères qui doivent être aplanies mais, au
moins, ce qu'on pouvait faire, on l'a fait. Il y a déjà une
île disponible pour les citoyens.
M. Lincoln: Les 350 000 $ qui seront 500 000 $ demain, j'en suis
sûr, quand on aura ajouté les petites bébelles, est-ce que
vous pensez que c'est une très bonne distribution des fonds par rapport
au projet complet Un fleuve, un parc, qui est statique, à part
l'île Sainte-Thérèse, et qui, par coïncidence, se
trouve dans votre comté?
M. Léger: Je pense que c'est une expérience des
plus enrichissantes et que 350 000 $ pour un parc en milieu urbain, c'est
très peu dispendieux. Quand on divise cela par le nombre de personnes
qui fréquentent ce milieu naturel, c'est à peu près le
parc le moins dispendieux et le plus utilisé pour le prix que cela nous
coûte.
M. Lincoln: Cela, c'est si on accepte la définition d'un
milieu naturel comme un milieu où il y a des "Johnny-on-the-spot" et des
abris qui sont, vous l'avez admis vous-même, des "shacks" dont certains
n'ont pas de fosses septiques.
On va passer à autre chose. Il y a une augmentation de 18,9% dans
les traitements. Cela saute de 6 596 000 $, au programme 1, à environ 8
000 000 $, 7 842 000 $, en 1982-1983; il y a une augmentation de 18,9%.
En 1981-1982, les traitements, à cette catégorie,
représentaient environ 71,8% du programme 1. En 1982-1983, ils
représentent 75%. Il y a une augmentation du pourcentage que les
traitements occupent au sein du programme d'environ 3,2%. Et le programme
lui-même, la totalité de la somme, cela a augmenté
d'environ 19%. Est-ce votre intention d'effectuer de nouveaux travaux au sein
du programme 1 pour justifier cette augmentation? Est-ce que vous pouvez nous
dire comment cela arrive à 18,9%? Est-ce que c'est une augmentation
normale?
M. Léger: La seule explication, c'est que l'accroissement
de cette catégorie de traitements, c'est le résultat de
l'indexation et de l'ajustement des traitements des fonctionnaires, c'est tout.
Convention collective.
M. Lincoln: C'est 18,9%.
Mme Lavoie-Roux: D'augmentation?
M. Lincoln: Si vous prenez 6 596 000 $ moins 7 842 000 $,
ça fait 18,9%. Ou bien les effectifs ont augmenté, ce n'est pas
le cas, le personnel a diminué, si je ne me trompe.
M. Léger: On me dit aussi, je ne sais pas si c'est le
terme exact que c'est le
vieillissement du personnel, c'est-à-dire qu'on monte de
catégorie; selon l'expérience, on monte de catégorie. Il y
a, en plus, les conventions collectives, et le fait qu'on monte de
catégorie selon le nombre d'années de service, c'est cela?
M. Lincoln: Le vieillissement soudain, le vieillissement d'un
an.
M. Léger: Un an.
M. Blouin: Le viellissement soudain d'un an.
M. Léger: Quand votre fête arrive, elle arrive
soudainement.
Mme Lavoie-Roux: Heureusement qu'on vieillit juste d'une
journée.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 1...
M. Lincoln: Non, excusez.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Vous avez demandé - je pense que c'est le sens
du programme - au conseil consultatif de faire une étude sur une
politique de contrôle des pesticides. Ce rapport a été
déposé, vous l'avez rendu public le 22 novembre 1981. Quelle est
votre intention pour suivre ce rapport du conseil consultatif? Qu'est-ce que
vous entendez faire? Est-ce que vous avez des programmes définis qui
vont venir en 1982-1983? Quelle est votre politique par rapport à
cela?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Une chose qui provient de ce rapport du conseil
consultatif, c'est qu'il va y avoir une réglementation qu'on est en
train d'élaborer, en consultation avec le ministère de
l'Agriculture. Mais il y a aussi un programme d'éducation et de
formation des utilisateurs que j'ai annoncé, quand j'ai rencontré
l'Association des exterminateurs. Il y a une possiblité de renseigner
les utilisateurs sur les conséquences de ce geste-là.
Le Président (M. Gagnon): M. le député.
M. Lincoln: Là, il faudra que vous me corrigiez si je me
trompe, je ne suis pas très certain si certaines de ces questions
entrent dans le programme quand vous dites que vous les renvoyez à plus
tard.
Le Président (M. Gagnon): Là-dessus, c'est assez
embêtant pour moi de dire à quel programme exactement on est. On a
une enveloppe globale de temps pour l'étude des crédits; alors,
je présume que les questions que vous posez, ce sont des questions qui
seront déjà posées quand nous serons rendus au
programme.
M. Léger: Pour mettre le député bien
à l'aise, qu'il pose ses questions, même s'il n'est pas au bon
programme, pourvu qu'il ne les repose pas à un autre programme. Ce n'est
pas plus grave que cela.
M. Lincoln: Sur l'assainissement du milieu de travail, il y a eu
un arrêté en conseil en novembre 1979; le ministère de
l'Environnement avait émis une réglementation sur la
qualité du milieu de travail. Pourriez-vous nous dire quelle est la
situation par rapport à ce règlement et nous faire un rapport
très bref sur le nombre d'infractions?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Je vais être bref.
M. Lincoln: Dans quel milieu de travail?
M. Léger: Après que nous l'avons adopté, le
règlement a été transféré, avec du personnel
qui était affecté chez nous là-dessus, à la CSST,
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail. Il faudrait plutôt lui poser la question pour savoir comment
cela va; c'est elle qui l'administre maintenant.
M. Lincoln: Le programme 1 parle ici de la protection de la
nature. Est-ce le programme où se situe toute la politique sur les
espaces verts?
M. Léger: Oui, on peut dire cela.
M. Lincoln: C'est celui-là.
M. Léger: Allez-y allègrement.
M. Lincoln: Oui, je ne vais pas y aller allègrement, mais
très tristement, M. le ministre.
M. Léger: II est allègre quand c'est triste.
M. Lincoln: Non, je ne suis pas allègre quand c'est
triste. Je vais revenir à la question des battures de Kamouraska. On a
commencé à en parler, mais je ne suis toujours pas satisfait de
vos réponses à savoir que vous ne pouvez rien faire. Il y a une
semaine de cela, n'avez-vous pas reçu un rapport du Conseil consultatif
de
l'environnement? Il me semble que la publication était presque
imminente. L'avez-vous reçu? Comptez-vous le rendre public très
bientôt? Quel est l'effet de ce rapport? Quelles sont les recommandations
de ce rapport disant que quelque chose doit se faire tout de suite pour sauver
les battures de Kamouraska?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, c'est parce qu'il y a eu
un règlement d'étude d'impact que cela nous a permis de
protéger 46% des battures. C'est grâce à cette action du
ministère de l'Environnement qu'on a réussi à
protéger cela.
Il y eu une négociation en 1980 entre le ministère de
l'Agriculture, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
et même Canards illimités, pour fixer une ligne d'aboiteaux. Les
projets d'origine ont été améliorés dans le sens
d'une meilleure protection des battures. Il y a maintenant un débat
public important. Je peux dire que le rapport du conseil consultatif est un
dossier de premier ordre. Les membres du conseil ont fait un travail
sérieux pour analyser la situation. Le rapport est à
l'étude chez nous et le conseil pourra le rendre public vers le mois de
juin, soixante jours après sa remise. D'ailleurs, le sous-ministre de
l'Environnement a écrit au sous-ministre de l'Agriculture pour lui
demander une étude d'impact sur les aboiteaux qui peuvent être
construits sur la partie privée des terres. Nous attendons le rapport du
ministère de l'Agriculture là-dessus. Je dois justement en
reparler à mon collègue, le ministre de l'Agriculture, pour qu'il
nous transmette ses études d'impact sur la partie du domaine
privé, parce que le domaine public est protégé.
M. Lincoln: M. le ministre, j'accepte vos chiffres sans preuve du
contraire, mais si 46% sont protégés, cela veut dire que 54% ne
sont pas protégés.
M. Léger: Non, cela veut dire qu'il y a une action
précise pour les 46% et qu'il y a autre chose à faire pour les
54%.
M. Lincoln: Ah bon! Oui, c'est cela, on va y revenir.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole, M. le
député.
M. Lincoln: M. le ministre, vous parlez de beaucoup de rapports.
Vous avez un rapport du conseil consultatif à l'étude. Vous avez
soumis un rapport ou une lettre du sous-ministre au ministre de l'Agriculture.
Vous allez parler au ministre de l'Agriculture. Vous voyez le ministre de
l'Agriculture tous les jours. Moi-même, je le vois tous les jours de
l'autre côté de la Chambre. Si j'ai envie de parler à un
ministre, même comme député de l'Opposition, je le fais, je
lui pose une question. N'avez-vous pas demandé au ministre de
l'Agriculture, en termes bien précis, s'il est prêt à
suspendre tout son fameux projet de digues d'aboiteaux de Kamouraska pour
donner le temps aux pressions de s'exercer afin qu'on puisse vous convaincre de
l'urgence de la chose et que votre action se réalise? (12 heures)
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, il y a eu, comme je le
disais tantôt, une lettre du sous-ministre de l'Environnement au
sous-ministre de l'Agriculture qui lui demandait de nous soumettre des
études d'impact sur les aboiteaux qui pourraient être faits sur le
territoire privé. Il ne faut pas oublier que j'ai juridiction sur le
territoire public. Cependant, c'est sûr qu'une des solutions serait
d'acheter toutes les terres privées. Mais elles s'étendent sur 27
kilomètres. Cela coûterait une fortune. Il y a un principe qui est
clair, on a besoin des aboiteaux. Il faut tenir compte du problème des
agriculteurs et du problème de la qualité de la ressource que
sont ces marais. Des aboiteaux doivent être faits. La question c'est de
savoir où, à quel niveau peut-on les faire. De quelle
façon peuvent-ils être faits? Ce sont là les
conséquences de l'étude d'impact. Le débat est
là-dessus. Donc, la manière dont ce sera fait et où, dans
quelle ligne ce sera fait; on est sûr qu'il y a au moins 46% qui sont
protégés. Les autres 54%, cela ne veut pas dire qu'ils seront
protégés, parce qu'ils sont sur un terrain privé. Cela va
dépendre de la façon dont les aboiteaux vont être
construits et aussi s'il y a possibilité d'éviter les
conséquences sur une partie peut-être plus importante dans la
partie privée. Ce sont tous les résultats des études
d'impact qui vont nous donner cela.
M. Lincoln: C'est ce que vous voulez dire catégoriquement
ici. Il y a toutes sortes d'études d'hommes de science, de
départements sérieux, etc., qui disent que toute cette
affaire-là devrait être reportée pour qu'on puisse
étudier si vraiment même on a besoin d'aboiteaux. Vous me dites:
Oui, on a besoin d'aboiteaux, mais reste à savoir où.
D'abord si c'est une question primordiale de protection des habitats
à Kamouraska, vous parliez de 350 000 $ dans l'île
Sainte-Thérèse, est-ce qu'on a évalué le prix
d'achat de ces terres? Vous dites que cela va coûter une fortune; est-ce
que vous
avez fait une étude pour savoir combien cela va coûter?
Est-ce que vous avez fait une étude pour savoir combien cela va
coûter par rapport aux aboiteaux qu'on va bâtir? Ce sera l'argent
des contribuables, de toute façon. Est-ce qu'on a fait une étude
comparable de l'importance de préserver le milieu, d'un
côté, et de la "bebelle" du ministère de l'Agriculture de
l'autre? Est-ce que le Québec n'est pas assez grand pour qu'on ait
à se servir de ces terres-là pour l'agriculture?
M. Léger: M. le Président, une chose doit
être conçue: les terres privées, cela appartient à
l'agriculteur. De deux choses l'une, ou bien on les achète, et là
cela coûte des sommes très importantes, à moins que le
fédéral ne donne des sommes au Québec pour qu'il les
achète pour qu'il puisse administrer la partie de ses richesses
naturelles; ce n'est pas la direction que cela prend actuellement dans les
relations avec le fédéral. Sur la question du besoin des
aboiteaux, je peux vous dire que des experts disent: Oui, c'est essentiel;
d'autres spécialistes disent non. Vous n'aurez jamais l'unanimité
parmi les spécialistes, parce que chacun voit cela d'un oeil
particulier.
Mais, Canards illimitées, qui doit être une firme de
spécialistes, dit que c'est nécessaire, et à l'endroit
qu'on aurait établi. Même dans les avis du Conseil consultatif de
l'environnement, on dit oui. Mais il s'agit de savoir où et comment on
peut protéger l'environnement en même temps que les aboiteaux sont
faits sur les terres privées. Je comprends l'intérêt du
député, mais il doit comprendre que la question est complexe,
parce qu'il y a des intérêts agricoles, en même temps que
des intérêts de ressources pour une espèce menacée.
Donc, il y a ce débat qui se fait actuellement et je pense que les
études d'impact que le ministère de l'Agriculture peut nous
donner nous éclaireraient là-dessus.
M. Lincoln: M. le ministre, je n'ai pas envie de passer tout le
temps là-dessus, mais je crois que c'est une question fondamentale parce
cela démontre l'exemple qu'on veut situer. Il y a tellement d'exemples.
On pourrait vous parler de beaucoup d'exemples comme Kamouraska, mais cela est
un exemple typique. C'est toute une affaire de principe. Vous parlez comme si
c'était une question qui aurait surgi d'un jour à l'autre. Vous
dites que je lis seulement les études des journaux, d'accord, mais moi,
je lis plus que les journaux. J'ai parlé à beaucoup de gens
impliqués dans ces dossiers. Je peux vous dire, de ce que j'ai lu et pas
seulement de ce que j'ai lu dans les journaux, que depuis 1979, le Conseil
consultatif vous envoie des avis sur Kamouraska.
En fait, il dit: Face à l'empiétement pour des fins
agricoles des marais salants dans la région de Kamouraska, le conseil a
jugé nécessaire de vous transmettre le présent avis
concernant les marais de la baie de Kamouraska où s'effectuaient des
travaux de construction d'aboiteaux - beaucoup de marais ont été
perdus à cause d'aboiteaux -qui doivent être
complétés en 1980. Le conseil recommandait au ministre d'utiliser
les pouvoirs que lui conférait l'article de la Loi sur la qualité
de l'environnement - Vous avez tous les pouvoirs - pour conseiller au
ministère de l'Agriculture d'effectuer des études d'impact.
Même il peut recommander de revoir toute la question, de vous opposer au
ministre de l'Agriculture.
On peut s'esquiver en disant que ce sont des terres privées. S'il
faut considérer l'achat de ces terres pour sauver les marais, a-t-on
pensé au coût que le gouvernement va mettre dans la question des
aboiteaux? Est-ce que vous avez discuté vraiment le coût total
d'une solution ou de l'autre? Vous n'avez même pas parlé au
ministre de l'Agriculture. On me dit que vous en avez parlé maintenant,
mais ça dure depuis 1979, cette affaire.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Mais, je ne vois absolument pas dans toute
l'argumentation du député quelque chose qui change ce que j'ai
dit tantôt. Le Conseil consultatif dit justement qu'une étude
d'impact du ministère de l'Agriculture pourrait nous donner une
réponse à beaucoup de nos préoccupations -c'est ce que je
disais tantôt - que des aboiteaux sont nécessaires. Tout
dépend de l'endroit et de la manière dont c'est fait. Je suis
convaincu d'une chose, c'est qu'il y a une responsabilité double, le
ministère de l'Agriculture envers les agriculteurs, le ministère
de l'Environnement envers la partie publique des choses. Le ministère
doit essayer d'intervenir sur la partie privée avec les moyens que je
peux avoir et nous sommes, comme je le disais tantôt, en train d'analyser
des recommandations du Conseil consultatif de l'environnement. Comme c'est un
dossier de premier ordre, nous allons prendre les décisions
appropriées dès que nous pourrons avoir les réponses aux
préoccupations que nous avons et comme je l'ai dit tantôt, nous
attendons du ministère de l'Agriculture cette étude d'impact.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez nous donner une garantie, une
confirmation quelconque que rien ne se fera relativement aux travaux du
ministère de l'Agriculture, avant que toutes vos négociations
soient terminées? Parce que c'est très beau de faire des
négociations pendant que lui bâtit les digues.
M. Léger: Je suis en période de discussion et je ne
puis pas à ce moment commencer à faire des affirmations tant que
je n'ai pas en main tous les éléments et que je n'ai pas les
études d'impact du ministère de l'Agriculture. À ce
moment, nous serons prêts à prendre nos responsabilités,
à prendre une décision.
M. Lincoln: Mais, n'est-il pas vrai qu'il y a des appels d'offres
qui se font maintenant par le ministère de l'Agriculture?
M. Léger: II se peut qu'il y ait des appels d'offres, mais
rien n'a encore été construit.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez nous donner une date
d'échéance quelconque, nous dire quand vous nous donnerez un
rapport concernant ce que sera la position du ministère de
l'Agriculture?
M. Léger: Tout ce que je peux dire au
député, c'est que je ne peux pas aujourd'hui, tant que je n'ai
pas en main les études d'impact du ministère de l'Agriculture,
répondre à une question hypothétique qui sera basée
sur un jugement que je devrai porter quand j'aurai les éléments
en main.
M. Lincoln: Mais, s'il y a des appels d'offres, ce n'est plus
hypothétique.
M. Léger: C'est-à-dire que le ministère de
l'Agriculture a une vocation, une responsabilité. Il a aussi la
responsabilité de donner les informations voulues pour que l'ensemble du
gouvernement puisse statuer sur un dossier comme celui-là, mais comme je
vous le dis, ce n'est pas par obligation légale comme telle, même
s'il y a des moyens pour le faire. On est rendu à l'étape
d'analyser quels sont les moyens légaux que nous avons, quels sont les
moyens d'intervention qu'on peut avoir et quels sont les renseignements dont
j'ai besoin et je n'ai pas encore en main toutes ces choses,
spécialement concernant l'étude d'impact de l'Agriculture. Je
comprends le désir du député, mais tout ce que je peux lui
dire pour le moment, c'est cela.
M. Lincoln: Bon, moi, tout ce que je peux vous dire, M. le
ministre, c'est qu'on va suivre cela de très près et qu'on va s'y
attacher jusqu'à ce qu'on soit sûr qu'au moins ce qui reste des
battures va être préservé.
Dans le même ordre d'idées, les espaces naturels, on en a
parlé plusieurs fois, vous et moi, par exemple, l'île Rochon;
avant la loi no 55, vous aviez le pouvoir selon la loi et les règlements
d'intervenir là-dessus parce que c'est une zone inondable où il y
a des ententes provinciales - fédérales.
C'est une île où justement vous devriez agir si vous voulez
sauver les sites naturels; si je ne me trompe, c'est dans votre comté.
Comment a-t-on permis à un promoteur d'entrer là et de faire des
travaux à l'encontre des protocoles sur les zones inondables? Comment
est-ce qu'on a laissé le maire de Montréal et la ville de
Montréal se ficher de l'environnement en faisant un règlement qui
détournait la loi, les règlements du ministère de
l'Environnement, pour permettre au promoteur d'aller de l'avant et de
bâtir ces tours et ces fondations, etc., dans un site que tout le monde
réclamait de préserver comme un site naturel? Et là aussi,
vous avez été complètement absent pour défendre le
point de vue de l'environnement. Vous vous réfugiiez, l'autre jour,
quand je vous ai questionné, sur des questions légales, mais, en
fait, vous avez tous les pouvoirs dans la loi d'intervenir, si vous voulez, au
moins publiquement, pour dire: Moi, je considère cela comme un scandale,
il faut que le maire de Montréal sache que l'environnement, je vais le
défendre. Vous avez été tout à fait absent et
beaucoup plus présent dans l'île Sainte-Thérèse qui
est une affaire de "bebelle".
M. Léger: Alors, ça, c'est une question de
jugement, que le député trouve qu'on est en train de
surprotéger une île comme l'île Sainte-Thérèse
et pas assez l'autre. C'est une question de jugement. Je laisse le
député responsable de ce qu'il dit, mais je ne peux absolument
pas accepter les affirmations que le député vient de faire,
puisqu'il ne connaît certainement pas sa loi sur les zones inondables.
L'entente fédérale-provinciale ne fait qu'obliger les deux
gouvernements à ne pas aider ceux qui veulent se construire. Cela ne
nous permet pas de les empêcher de se construire. Tout ce que cela fait,
c'est qu'on ne les aide pas et la preuve, c'est que ce n'est pas construit,
parce que les fonctionnaires du gouvernement du Québec et ceux du
gouvernement fédéral ont convenu qu'on ne pouvait pas soustraire
ce territoire de la zone d'inondation.
Donc, cette partie, c'est la façon dont on peut juger la zone
inondable. Comme c'est décrété zone inondable, ils ne
peuvent pas y être soustraits. Donc, ils ne peuvent pas avoir d'aide.
Mais cela ne me donne pas à moi, le pouvoir de dire: Non, vous ne pouvez
pas construire. C'est le rôle de la municipalité et c'est ce que
la municipalité de Montréal a fait. Je ne sais si le
député a lu tous les journaux, mais j'ai justement affirmé
que c'est la municipalité de Montréal qui avait donné un
permis pour que les entrepreneurs puissent construire dans une île qui
leur appartient. C'est un territoire privé. On leur a donné un
permis dans une zone inondable.
La loi 55 qu'on est en train d'adopter va faire qu'à l'avenir,
pour quelqu'un qui est situé dans une zone d'inondations, la
municipalité ne pourra pas donner un permis de construction sans des
conditions précises pour protéger ce milieu et avec un
règlement qui doit être approuvé au préalable par le
ministère de l'Environnement. Si la loi 55 avait été
adoptée avant que le projet de l'île Rochon dont vous parlez soit
là, nous aurions eu les moyens de le faire. Ce n'est pas le cas ici.
Tout ce que nous avons fait, c'est que nous avons même exigé,
chose que nous ne pouvions faire de façon légale, qu'il y ait une
étude d'impact sur les répercussions environnementales. Les
promoteurs nous ont donné une étude d'impact sur cela afin de
permettre d'avoir des correctifs à la jetée qui n'était
pas tellement de bonne qualité. Quand il y a eu du remblayage, nous
avons arrêté cela. C'est pour cela que, lorsqu'ils se sont
conformés aux règles provinciales, ils ont pu faire certaines
choses. Quand ils n'ont pas respecté les règles de
l'Environnement, nous les avons arrêtés, et plusieurs fois. Au
moins à deux reprises, à ma connaissance, ils ont
été empêchés de faire du remblayage. Donc, nous
n'avions pas de moyens à ce moment, nous en aurons maintenant par la loi
55.
Actuellement, puisque nous n'avons pas fait le geste qui leur aurait
permis de construire, c'est-à-dire les soustraire de cette zone
d'inondations... nous ne l'avons pas fait parce que c'est une entente que nous
avons. Nous respectons notre parole avec le gouvernement fédéral.
On ne fait pas de geste unilatéral. On s'est entendu, le
fédéral et le provincial ensemble, pour ne pas soustraire des
régions qui sont dans une zone d'inondations pour leur permettre d'avoir
des avantages comme tels. Mais si une municipalité comme Montréal
donne un permis, c'est en dehors de la responsabilité du gouvernement du
Québec.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Dans l'île Rochon, on est à
construire les tours, si je ne m'abuse.
M. Léger: Actuellement, non.
Mme Lavoie-Roux: Elles ne sont pas commencées? Non. Elles
vont se construire?
M. Léger: Cela dépend. Il ne semble pas qu'ils en
soient capables puisqu'ils sont dans une zone d'inondations. Cela n'a pas
été soustrait et on ne le soustraira pas. Actuellement, eux, cela
leur cause des problèmes sur le plan financier probablement. La
Société canadienne d'hypothèques et de logement n'aidera
pas si cela n'est pas soustrait. Nous, on ne le soustraira pas. C'est une
façon pour nous, peut-être par une abstention, d'empêcher
une construction comme celle-ci. Je n'ai pas le pouvoir d'empêcher de le
faire, sauf le fait que je ne peux pas le soustraire.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas où, financièrement,
ils seraient capables de construire - je fais une hypothèse - qu'ils
sont dans une zone d'inondations et que des inondations surviendraient, qui
aurait la responsabilité quant aux réparations?
M. Léger: C'est sûr que ce serait eux qui paieraient
pour les conséquences d'avoir construit dans une zone d'inondations.
À la première question, ils peuvent toujours, s'ils le veulent,
construire, s'ils ont les moyens financiers.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je dis.
M. Léger: S'ils n'ont pas les moyens financiers, c'est un
autre problème. Mais, s'ils ont les moyens financiers, ils peuvent
construire, mais s'il y a des conséquences, des dommages à cause
d'inondations, c'est eux seuls qui ont à en subir les
désavantages.
Mme Lavoie-Roux: Il n'y aurait pas de compensation des
gouvernements.
M. Léger: II n'y aurait pas de compensation du
gouvernement du Québec, certain, et je ne pense pas du
fédéral, non plus.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Comme d'habitude, M. le ministre, on se
réfugie dans des hypothèses. On ne va pas les soustraire du
projet. Mais s'ils ont l'aide financière pour bâtir leurs tours
ils vont les bâtir. On n'y peut rien, nous; c'est un règlement
municipal. Pourtant, vous auriez pu faire quelque chose.
M. Léger: J'invoque le règlement. (12 h 15)
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, sur une question
de règlement.
M. Léger: Le député n'est pas correct, M. le
Président, parce que le député ne fait qu'affirmer des
choses absolument contraires à ce que j'ai dit. J'ai fait tout ce que je
pouvais sur le plan environnemental avec les lois que j'ai. Si le
député était responsable des lois, il saurait qu'il ne
peut pas faire d'autre chose que respecter la loi. Donc, de
là à dire qu'ils pourraient peut-être se construire
s'ils ont le financement, cela ne relève pas du ministère de
l'Environnement, le financement. Les gestes que j'ai posés,
c'était de s'assurer qu'il n'y ait pas de remblayage, qu'ils respectent
les lois de l'environnement provincial. Si la municipalité décide
de donner un permis de construction, c'est son problème. Mais, pour
construire, il faut qu'ils aient l'aide financière et ils ont de la
difficulté à l'avoir s'ils sont dans une zone d'inondations. Moi,
je ne peux pas les soustraire de la zone d'inondations. Alors, que voulez-vous
que je dise de plus? Ce sont les moyens légaux que j'ai. C'est facile
à l'Opposition de dire: Vous devriez faire ceci, mais il faut respecter
la loi.
M. Lincoln: M. le ministre, vous avez fait un long discours
où vous n'avez rien dit de nouveau. Je ne vous ai jamais posé de
question sur ce que vous venez de dire. Tout ce que je dis, c'est que je trouve
inconcevable qu'aujourd'hui vous disiez qu'il n'y a rien dans la loi. Pourtant,
le président ou vice-président du bureau des audiences publiques,
M. Yergeau, dit que la moindre chose qu'on aurait pu faire - et je peux citer
ses paroles - c'est d'avoir au moins une audience publique sur l'affaire de
l'île Rochon. Les remblais se faisaient; moi, quand j'ai
été visiter l'île Rochon, les bulldozers marchaient.
J'ai posé une question en Chambre en juin, l'année
dernière; c'est après cela que vous avez fait arrêter les
travaux de remblayage. Les travaux de remblayage se sont faits pendant des
semaines presque sous votre nez, dans votre comté, et vous
n'étiez pas présent. La raison pour laquelle vous avez
arrêté les travaux, c'est une question qu'on a posée en
Chambre - ou deux ou trois - en juin de l'année dernière. Si vous
me dites que vous avez fait tout ce que vous avez pu pour protéger
l'île Rochon, le fait est qu'il y a beaucoup de gens qui pensent que vous
auriez pu, au moins, faire des pressions en faisant des déclarations
officielles sur la question, ce que vous n'avez pas fait du tout. Vous avez
été complètement absent dans ce dossier. Je ne peux pas
croire qu'avec votre prestige de ministre vous n'ayez pas pu faire une
déclaration disant que le promoteur devrait arrêter la chose.
M. Légers M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: ... je ne comprends absolument pas le
député de Nelligan. De toute façon, ce n'est pas nouveau.
Sur des sujets comme celui-là, il n'est pas habitué à
avoir la responsabilité de respecter des lois comme on le fait quand on
est le ministre responsable de cela. Le député m'a dit qu'il
aurait dû y avoir une audience publique. M. le Président, je vais
attendre que le député m'écoute.
M. Lincoln: Je vous écoute.
M. Léger: Parce que, s'il ne m'écoute pas, il va
répéter la même chose.
M. Lincoln: Je vais vous écouter pour que vous ne le
répétiez pas.
M. Léger: II est impensable de faire des audiences
publiques si ce n'est pas dans le but de donner un permis. Comme il n'y a pas
nécessité de donner de permis et que je n'ai pas le pouvoir de
donner un permis, je n'ai pas à faire une audience publique. Qu'est-ce
que cela va donner? Qu'on soit obligé de ne pas les soustraire à
la zone d'inondations? On a décidé de le faire. Donc, en
regardant tous les aspects de la loi sur l'environnement, sauf si la loi no 55
était en vigueur, et, à ce moment-là, c'est la ville de
Montréal qui n'aurait pas eu le pouvoir de donner un permis, il n'y a
pas moyen de faire une audience publique puisque je n'ai pas de permis à
donner. Je n'ai aucun geste positif à faire qui empêcherait de
construire. Je n'ai que des abstentions, entre autres, celle de ne pas
soustraire les zones d'inondations, ce qui crée un problème
financier. C'est la loi qui est comme cela. Je ne peux pas le faire autrement
et la partie financière ne relève pas de l'Environnement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez vous servir de la loi no 55
pour faire quelque chose pour arrêter ce projet?
M. Léger: Le permis a déjà été
donné par la ville de Montréal.
M. Lincoln: Ah, bon! Alors, vous avez...
M. Léger: Si cela avait été adopté
auparavant, la ville de Montréal n'aurait pas pu donner ce permis. Il ne
faut pas oublier qu'il y a trois paliers de gouvernement: il y a le
fédéral, le provincial et le municipal. On ne peut pas intervenir
dans le champ de juridiction d'un autre.
M. Lincoln: On se sert beaucoup des autres pour s'esquiver des
questions de principe fondamental.
M. Léger: Je regrette, le député a plusieurs
blâmes à donner et il n'est pas capable de les donner depuis
tantôt. Il essaie
de les donner quelque part. Il ne peut pas les donner ici, parce qu'on a
fait tout ce qu'il y avait à faire. Gardez votre blâme pour
tantôt. Continuez vos questions, peut-être que vous pourrez nous
blâmer sur quelque chose. Cela ne sert à rien de fouiller
là, il n'y a rien là.
M. Lincoln: D'accord. Il n'y a rien là, M. le ministre,
excepté beaucoup de travail qui se faisait sans que vous fassiez rien,
en juin 1980, quand nous sommes intervenus. Bientôt, des tours vont se
bâtir. Je ne peux pas croire qu'avec tout votre prestige comme ministre
de l'Environnement, vous ne fassiez pas une déclaration pour essayer
d'arrêter le projet. Enfin, on l'accepte. La loi est comme cela et on va
accepter.
Est-ce qu'on peut passer brièvement au projet Un fleuve, un parc,
très brièvement parce que je sais que l'heure est avancée?
Est-ce que vous pouvez me dire, M. le ministre, si vous approuvez ce projet, en
principe, si vous êtes prêt à faire l'impossible pour qu'il
soit réalisé? Est-ce que vous seriez prêt à
considérer, par exemple, s'il y a des groupements
bénévoles qui acceptent de commencer l'achat de ces îles
graduellement, l'acceptation de ces îles?
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le
député. Si vous me le permettez, je pense que votre question
relève directement du programme 2. On pourrait adopter le programme 1,
s'il n'y a plus d'autres questions sur le programme 1. Est-ce que le programme
1 est adopté, éléments 1, 2 et 3?
M. Lincoln: D'accord, adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Le programme 2.
M. le ministre.
Amélioration du milieu ambiant
M. Léger: Rapidement - j'ai été un peu
distrait - la dernière question, c'était pour le projet Un
fleuve, un parc. Oui, d'acccord. Je peux dire au député que je
suis complètement d'accord sur la réalisation du programme Un
fleuve, un parc. Quand le temps est venu de mettre une structure qui pouvait
réaliser le programme Un fleuve, un parc, nous avons
délégué le père de cette idée du programme
Un fleuve, un parc, à un comité. Il avait un autre nom cependant,
c'était le couloir fluvial, mais cela n'a pas abouti, pour
différentes raisons que les gens connaissent, aux objectifs qu'on
voulait. Si n'importe quel organisme nous proposait des interventions, soit
d'achat d'îles ou autres, et s'il favorisait la réalisation du
programme Un fleuve, un parc, je serais l'un des plus grands défenseurs
de cette idée.
M. Lincoln: Est-ce que vous seriez prêt en ce sens à
coopérer avec un ou l'autre -et ce n'est pas bien important de savoir
lequel - des départements du gouvernement fédéral, si eux
voulaient contribuer à la réalisation de ce projet Un fleuve, un
parc, considérant que le fleuve Saint-Laurent, c'est aussi leur
affaire?
M. Léger: On est toujours ouvert pour des transferts
d'argent du fédéral.
M. Lincoln: Je crois que vous esquivez la question. Je ne sais
pas s'il s'agit de transferts d'argent, mais est-ce que vous seriez prêt
à considérer un projet coopératif. Si vous vous ne voulez
pas mettre de l'argent dedans et que le fédéral y serait
disposé, est-ce que vous êtes disposé à
considérer un programme qui accepterait des critères quelconques
pour la protection de ces îles d'accord avec le fédéral? Je
ne sais pas quelle forme cela va prendre - si vous voulez un transfert direct
d'argent, ça, je ne le sais pas, ce n'est pas mon affaire - mais ce
serait quelque chose que les deux gouvernements trouveraient réalisable
dans un aspect tout à fait coopératif, d'accord aussi avec les
promoteurs du projet, les organisations bénévoles et les gens qui
s'intéressent à l'écologie.
M. Léger: M. le Président, je pense que le
transfert d'argent, ça concerne tous les Québécois, ce
sont leurs taxes. Tout ce qu'on veut, ce sont des ententes qui permettront au
gouvernement du Québec de conserver sa juridiction et d'être
responsable de cela. Souvent, sous le couvert d'accords ou de propositions du
fédéral, ce sont des choses absolument inacceptables que le
public ne sait pas. Tôt ou tard on démontrera ce que j'affirme
là.
Si on revient sur l'aspect des îles pour Un fleuve, un parc, non
seulement nous sommes d'accord, mais il y a peut-être même des
possibilités à l'horizon. Le Conseil consultatif des
réserves écologiques a l'intention de créer une fondation
pour les espaces verts et les sites naturels. Cette fondation va voir le jour
sous peu et pourrait éventuellement acheter les terrains. Donc, c'est
possible que, parmi les préoccupations de ce Conseil consultatif des
réserves écologiques et de cette fondation, il y ait
peut-être l'embryon d'un projet qui pourrait permettre l'arrivée
de solutions sur un projet comme celui-là. Pour moi, je trouve que c'est
une chose extraordinairement importance pour les Québécois
d'avoir Un fleuve, un parc et, comme le fleuve appartient aux
Québécois, il faut que cela demeure la propriété
des Québécois. C'est pour cela qu'on n'est absolument pas
opposé à recevoir un transfert d'argent, mais on ne veut pas se
faire conditionner sur la façon de l'organiser, par exemple.
M. Lincoln: Mettons la petite politique de côté,
parce que je pense que ce n'est pas ici l'endroit pour venir faire de la petite
politique. Si on est mal traité par le fédéral ou bien
traité par le fédéral, ça importe très peu
dans cette question. En principe, est-ce que vous êtes d'accord avec
votre ministre des Affaires culturelles qui, l'autre jour, quand, je pense, il
avait une suggestion au sujet de l'archipel de Mingan possédé par
Dome Petroleum en bien des sens - elle a une partie de l'archipel, au moins -
qui disait: On va acheter ces terres, on est prêt à mettre 9 000
000 $ dedans, disait: Ah non! C'est odieux de penser qu'ils vont mettre de
l'argent dans l'archipel de Mingan qui est un archipel québécois.
Avez-vous au moins pensé à aborder la question des îles du
Saint-Laurent, de l'archipel de Mingan, des battures de Kamouraska, de tous les
sites écologiques et naturels, avec vos homologues
fédéraux? Avez-vous discuté de la question sans même
aller plus loin pour savoir si ce serait un transfert d'argent avec ou sans
condition?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: II y a beaucoup de questions dans la même
envolée.
M. Lincoln: Non, je ne pense pas.
M. Léger: Concernant l'archipel de Mingan, je peux vous
dire que c'est déjà considéré comme un
arrondissement naturel et qu'il y a là un projet de réserve
écologique. Le député pourrait-il me répéter
la fin de sa question?
M. Lincoln: Nous sommes tout à fait d'accord, il y a un
projet de réserve écologique, mais la question qui entre toujours
en jeu, ce sont les terres privées et possédées par des
gens qu'il faut exproprier. La même chose se retrouve partout dans les
îles. Autrement, il n'y aurait pas de problème. Là, il faut
de l'argent, il faut des millions de dollars. Tout ce que je vous demande,
c'est si vous avez commencé à discuter de cette question,
même en principe, avec vos homologues fédéraux.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Pour l'archipel de Mingan, en tout cas, il y a
un plan de mise en valeur avec un comité interministériel, le
ministère des Affaires culturelles, le ministère de
l'Éducation, l'OPDQ, le ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche et le ministère de l'Environnement. On devait avoir un
rapport fin mars de ces travaux, mais je pense qu'on devrait l'avoir autour de
juin, parce qu'on ne l'a pas encore eu. Mais, pour l'ensemble de la
préoccupation du député, oui, nous sommes prêts
à des négociations, il n'y a pas d'erreur, dépendant des
conditions.
Le Président (M. Gagnon): M. le député.
M. Lincoln: M. le ministre, ce n'était pas ma question.
D'abord, pour l'archipel de Mingan, je trouve étonnant que vous ne
sachiez même pas combien de ministères coopèrent au
comité interministériel. Peut-être ne savez-vous pas aussi
que la bande de Mingan, les Amérindiens qui sont tout à fait
impliqués dans l'affaire là-bas, n'a même pas pris part
à la table de concertation de ce comité interministériel
qui siège depuis des temps et des temps et qui a fait un rapport en
mars, qui va faire un rapport en juin, qui fera un rapport en août, qui
le fera peut-être en juin l'année prochaine. Ce que je vous ai
demandé, c'est tout à fait simple: Avez-vous déjà
discuté avec vos homologues fédéraux de toute cette
question qui demande beaucoup d'argent? Avec les coupures budgétaires,
peut-être que le Québec ne réalisera pas cela, parce qu'il
n'a pas d'argent maintenant. Est-ce qu'on est prêt à
coopérer? Êtes-vous prêt, vous-même, à
commencer la discussion? Il me semble que chaque fois qu'il y a une ouverture
du côté du fédéral les ministres font une
déclaration politique qui dit: Écoutez, qu'ils ne touchent pas
à nos îles, qu'ils ne touchent pas à notre littoral.
Êtes-vous prêt à discuter, en vous assoyant l'un en face de
l'autre, d'un façon raisonnable, d'un système de
coopération sur toute la question fondamentale pour l'achat de ces sites
naturels, écologiques, ou arrondissement naturel, appelez-le comme vous
voulez?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, le député
ouvre une boîte de Pandore. C'est sûr qu'on pense que le
fédéral, quand il veut discuter de projets comme ceux-là,
devrait le faire avec le gouvernement du Québec et non pas toujours
passer directement aux municipalités. Cela crée toujours des
attentes, des espoirs et des confrontations, ce qui semble être
l'objectif du gouvernement fédéral.
Dans le cas de Havre-Saint-Pierre et de l'archipel de Mingan, le
fédéral a un projet de parcs marins. Il n'a pas encore
daigné en parler au gouvernement du Québec, sauf qu'il a
déjà commencé à discuter avec des gens
là-bas, pour créer des espoirs et, après cela, nous placer
dans des situations difficiles. S'il y avait une bonne volonté, une
bonne foi de la part du gouvernement fédéral, ce serait
peut-être plus facile de le faire. Actuellement, je dois dire que cela
n'existe
pas. Ces choses-là ne sont pas assez connues de la population qui
pense que ces deux gouvernements devraient collaborer. Je suis d'accord qu'il
devrait y avoir une bonne collaboration, mais elle n'existe pas parce que
derrière cela il y a de la mauvaise foi.
M. Lincoln: En d'autres mots, il n'y a rien eu, aucune
consultation, aucune discussion?
M. Léger: Entre le gouvernement du Québec et le
fédéral?
M. Lincoln: Je parle du ministère de l'Environnement.
M. Léger: Le gouvernement du Québec ou le
ministère de l'Environnement, chacun des ministères fait partie
du gouvernement du Québec. Le fédéral a
décidé de parler directement avec les municipalités.
À ce moment-là, M. le Président, ce n'est pas la bonne
façon d'ouvrir un dialogue. J'espère que le député
qui défend souvent les politiques fédérales va
s'apercevoir que ce n'est pas ainsi qu'on va régler les problèmes
avec le Québec.
M. Lincoln: Pouvez-vous me dire avec quelles municipalités
le fédéral négocie sur les battures de Kamouraska et le
projet Un fleuve un parc?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, si vous le
permettez, comme il est 12 h 30, nous aurons la réponse à la
reprise des travaux.
La commission de l'environnement ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise de la séance à 15 h 35)
Le Président (M. Gagnon): La commission de la protection
de l'environnement se réunit aux fins d'étudier le budget
1982-1983.
Sont membres de cette commission, M. Beauséjour (Iberville), M.
Blouin (Rousseau), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Dupré (Saint-Hyacinthe),
M. Fallu (Groulx) remplacé par M. Gravel (Limoilou); M. Léger
(Lafontaine), M. Lincoln (Nelligan), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Rodrigue (Vimont) remplacé par Mme Juneau
(Johnson); M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont M. Caron (Verdun), M. Champagne
(Mille-Îles), M. Desbiens (Dubuc), M. Gagnon (Champlain), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Marx (D'Arcy McGee), M. Middlemiss (Pontiac), M. Ouellette
(Beauce-Nord).
Le rapporteur est toujours le même, c'est le député
de Saint-Hyacinthe, M. Dupré.
Lors de la suspension de nos travaux, nous en étions rendus au
programme 2, éléments 1 et 2. Je ne me souviens pas, je crois que
c'était le ministre qui avait la parole pour des réponses qu'il
avait à donner.
M. Léger: Qui se fera un plaisir de redonner la parole aux
députés de l'Opposition.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: C'est-à-dire que le ministre n'avait pas de
réponse pour ma dernière question.
M. Léger: C'est que le ministre, n'ayant pas en main de
question précise, ne pouvait pas avoir de réponse.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole.
M. Lincoln: J'ai fait ma petite plaisanterie d'usage. On s'est
souri. On va maintenant commencer le travail sérieux, M. le
ministre.
M. Léger: Pour faire suite à ce qui s'est
passé en Chambre.
M. Lincoln: On va poser quelques questions, si vous voulez bien,
sur le gros programme - je pense que c'est le programme clef de votre
ministère, le programme de l'assainissement des eaux. J'ai parlé
ce matin de tous les problèmes que connaît ce programme et je
voudrais peut-être très brièvement citer quelques-unes de
vos déclarations de l'année dernière, quand on a
discuté des crédits de 1981-1982. Entre autres, vous avez dit: Ce
programme, le programme d'assainissement des eaux a débuté
lentement en 1978 et a atteint, en 1980-1981, sa vitesse de croisière.
C'est comme votre bateau passeur. Sur la Société
québécoise d'assainissement des eaux - c'est intéressant
à retenir, parce qu'on reviendra là-dessus - vous avez dit: Le
dialogue avec les municipalités est très bon. On sent que les
municipalités ont trouvé un interlocuteur compétent,
efficace, expérimenté et, en un mot, digne de foi. Il faudra se
rappeler de cela. Ensuite, un peu plus tard, vous disiez, en réponse
à des questions qu'on avait posées: Étant donné
qu'il y a déjà une année de passée, je dois lui
dire - c'est-à-dire à moi - que nous sommes très
optimistes pour la réalisation de ce programme, d'une part, parce qu'il
a maintenant en place les effectifs pour faire le travail. Nous allons
facilement réaliser notre projet en moins de dix ans, puisqu'on
peut dire que près de la moitié du projet a été
enclenché en un an et demi. Le reste va coûter moins cher, parce
qu'il y a tellement de petites municipalités. Le coût des travaux
y sera beaucoup moins élevé que dans de grosses
agglomérations.
Quand nous regardons l'ensemble du programme... Là, je ne vous
donne pas des opinions personnelles, parce que je ne suis vraiment pas un
spécialiste en la matière, mais j'ai parlé à
beaucoup de techniciens en la matière, à beaucoup d'intervenants,
beaucoup de gens qui connaissent le métier, qui connaissent la chose
très bien. J'ai lu pas mal de choses sur cela et il me semble que
l'ensemble du problème, c'est ceci: Vous faites une évaluation de
ces projets dans une municipalité ou une ville et, dès le
départ, on dirait que le projet est mal engagé, parce que
l'évaluation semble tout à fait sommaire par votre
ministère. La façon d'évaluer les coûts semble
sommaire. Ils sont évalués, semble-t-il, un peu à la
légère, pour dire le moins et, ensuite, c'est le
procédé du travail lui-même. C'est passé à
des experts, des ingénieurs, la Société
québécoise d'assainissement des eaux et ensuite, on se
réveille un an après, 18 mois après, deux ans après
et on réalise que le programme est mal bâti, qu'il coûte
beaucoup plus cher, que les coûts ont été mal
évalués, que tout le contrôle du programme a
été mal fait, non pas parce que les gens qui sont intervenus ont
mal fait les choses, mais il y a tellement d'intervenants dans le dossier et il
semble qu'il semble y avoir des conflits d'intérêts entre la
Société québécoise d'assainissement des eaux, votre
ministère et les contractuels de votre ministère. Quoi qu'il en
soit, l'affaire ne marche pas bien.
Vous m'avez dit, l'autre jour, en Chambre que peut-être
j'exagérais la question. En fait, je vais vous demander comment il se
fait que le président sortant de l'ACTE lui-même parle d'une
fausse évaluation des coûts, d'une mauvaise évaluation des
coûts ou d'un manque de bien évaluer les coûts qui provoque
des sous-évaluations d'une marge de parfois 75% en moyenne. Dans des
cas, cela va jusqu'à 300% et 113%. Je peux vous en citer.
On peut parler d'inflation, du taux d'intérêt du
fédéral, de tout ce qu'on veut, mais là on parle d'un
programme qui s'est amorcé, dans certains cas, il y a peut-être un
an, un an et demi. Comment se fait-il que vous ayez des coûts qui sont
complètement débordés? Peut-être pourrait-on
commencer par cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, est-ce que le
député, avant que je lui réponde, peut me dire quel est le
dossier précis où cela coûtera ou où cela a
coûté 75% de plus, 300% de plus et 113% de plus? Cela me fera
plaisir après cela de répondre à sa question. C'est le
dossier de quelle municipalité qui affiche un coût de 75% de
plus?
M. Lincoln: Avec grand plaisir, M. le député... M.
le ministre. M. le député, je disais cela parce que bientôt
vous allez être député au fédéral, vous
comprenez, vous ne serez plus ministre là-bas. À moins que vous
preniez le pouvoir au fédéral.
M. Léger: Je n'ai aucune ambition d'être ministre au
gouvernement fédéral.
M. Lincoln: Excusez-moi. C'est pourquoi j'ai eu ce petit lapsus.
D'abord, je vous citerai le village de Val-David.
M. Léger: Cela a coûté 75% de plus?
M. Lincoln: Cela a coûté 73.3% de plus.
M. Léger: Quels chiffres avez-vous pour dire cela?
M. Lincoln: Cela a commencé le 13 mai 1979 avec un
protocole de 1 500 000 $ et les modifications, le 11 septembre 1980, ont
été de 2 600 000 $. Selon l'ACTE, la facture finale de Val-David
va se chiffrer à 3 200 000 $, soit 113% de plus que le premier protocole
d'entente en mai 1979. Val-Morin, 300 000 $ le 21 juillet 1979, modifications,
579 000 $ le 11 septembre 1980, une augmentation de 93%. On ne parlera pas de
Granby parce que je sais que c'est un sujet un peu épineux. À
Granby, on a commencé avec 19 500 000 $ le 24 janvier 1980 et la facture
finale on pourrait en discuter.
Est-ce qu'on dit que la Société québécoise
d'assainissement des eaux a raison? Est-ce que Mme Louise Raymond, de votre
ministère, a raison? Est-ce que l'autre jour vous aviez raison quand
vous parliez de 32 000 000 $? Alors, là, on va jongler un petit peu avec
les chiffres. Quoi qu'il en soit, Granby ça va...
M. Léger: Lequel est de 300%?
M. Lincoln: 300%, c'est Granby. C'est 55 000 00$, après
avoir commencé a 19 000 000 $.
M. Léger: Granby, c'est 300%. Val-Morin, 113%?
M. Lincoln: Val-Morin, non. Moi, je dis 73.3%. En fait, selon le
discours de l'ACTE que j'ai lu, on dit que cela pourrait finir par être
113%. Le village de Saint-Zacharie: le
12 juin 1980, on signait le protocole, 1 050 428 $, les modifications, 1
897 338 $ le 5 septembre 1981, 44.6%. Quand je dis 75%, c'est en moyenne.
Audet, 228 000 $, le 18 septembre 1980, modifications le 14 octobre 1981, 375
000 $. En fait, M. Léo Rancourt, de PACTE, qui est quelqu'un qui devrait
connaître la matière, mentionne que peut-être, à la
phase I du programme on pourrait avoir un ajout de 170 000 000 $ au lieu de ce
qui était prévu. Je sais qu'on a parlé de 6 000 000 000 $
dans dix ans, mais j'ai lu des chiffres de différents intervenants qui
disent que ces chiffres pourront être de 10 000 000 000 $ ou 11 000 000
000 $ parce que ces évaluations sont tellement erronées dans bien
des cas.
C'est cela que je voudrais demander au ministre. Comment se fait-il
qu'on fasse des évaluations qui, en l'espace d'un an ou deux, semblent
tellement dépassées? Prenez le cas de Granby; à
Saint-Hyacinthe, ce sera la même affaire. On peut parler des taux
d'intérêt, mais ce n'est pas la raison. Il faudrait voir quelles
sont les raisons de cela. (15 h 45)
M. Léger: M. le Président, je remercie le
député de m'avoir donné ces évaluations. Comme
c'est enregistré au journal des Débats, on va pouvoir aller en
profondeur dans chacun de ces cas, pour apporter une réponse qui, si
elle n'est pas complète aujourd'hui, le sera probablement plus tard.
Mais, en ce qui concerne aujourd'hui, je voudrais donner au
député qui, je le sais, est profondément sincère
dans sa recherche de la vérité - ses évaluations peuvent
être différentes, mais c'est une question d'opinion - je dois lui
expliquer comment fonctionne la gestion du programme d'assainissement des eaux
et je lui suggère gentiment de bien écouter parce qu'à
travers ça, il a la réponse à toutes ses questions.
M. Lincoln: Je vais bien écouter.
M. Léger: D'abord, premièrement, avant même
qu'on signe quoi que ce soit avec une municipalité, avant qu'il y ait un
protocole d'entente signé entre le ministère de l'Environnement
et la municipalité, il y a ce qu'on appelle, en première
étape, une étude préparatoire - je répète,
étude préparatoire -faite par le ministère de
l'Environnement qui évalue, de la façon la plus proche possible
de la réalité, mais avec toutes les contraintes de la
connaissance uniquement théorique d'un dossier, puisqu'on ne sait pas
d'avance ce qu'on va retrouver sur le territoire à mesure que les
travaux vont avancer. Il y a donc une étude préparatoire
où on fixe les objectifs environnementaux qu'on veut atteindre en termes
de qualité de cours d'eau. En d'autres mots, récupérer le
maximum d'usage de la rivière ou du cours d'eau, c'est l'objectif de
l'assainissement des eaux. Donc, on fixe ces objectifs sur le plan
environnemental et, deuxièmement, on fixe à cela un coût en
dollars de l'année courante. Supposons qu'on fixe cela à un
million de dollars, c'est le prix pour atteindre un objectif environnemental X.
Ça coûte un million de dollars en dollars de l'année
courante. C'est donc dire que, si les travaux étaient faits et
terminés cette année-là, ça coûterait un
million de dollars avec quand même certaines particularités qui
sont les suivantes: II faut accepter la contrainte de l'indexation, si ce n'est
pas la même année; il faut accepter qu'il puisse y avoir, à
l'intérieur de balises qu'on vient de se donner, depuis peut-être
sept, huit mois, parce que c'est un nouveau programme. On attaque un programme
et, à mesure, on expérimente des choses.
On s'est donné une balise de 20%, on prévoit 20% pour les
imprévus, pour faire la différence entre les études
préparatoires et la réalité; 20% d'imprévus. Donc,
partant de là, nous avons une liste de municipalités avec les
coûts qui ont été fixés pour les objectifs
environnementaux, des coûts en dollars courants, le dollar de cette
année-là. Pour le ministère de l'Environnement, il n'est
pas question de dépasser ce coût, sauf que celui-ci est en dollars
courants et, si les travaux sont réalisés un an après ou
deux ans après ou trois ans après - parce qu'il y a plusieurs
étapes où il peut y avoir des problèmes de délais
s'il y a des délais, quelle qu'en soit la cause, le moment où les
travaux se réalisent, ça ne peut pas être le chiffre exact
de l'année précédente ou des années
précédentes, parce que le coût est fait en dollars
courants. Donc, il se peut fort bien que le coût de 1979 ne soit pas le
même si c'est terminé en 1981 ou 1982. Il y a déjà
des différences de coûts.
Les intervenants, pendant ce temps, dès qu'il y a les
études préparatoires et les coûts attachés à
ça en dollars courants... Quels sont les différents intervenants?
Ce sont des fonctionnaires du ministère de l'Environnement. Ils peuvent
être des fonctionnaires ou des officiers de la Société
québécoise d'assainissement des eaux. Cela peut être des
bureaux d'ingénieurs-conseils, soit engagés par le
ministère de l'Environnement, soit engagés par la
Société québécoise d'assainissement des eaux, ou
même par une municipalité.
Il y en a d'autres aussi qui peuvent intervenir. Il y a bien du monde
qui étudie, qui parle et qui a des opinions là-dedans. Donc, ils
peuvent avoir des discussions au cours de ces études, à partir de
l'étude préparatoire, alors qu'ils sont en train d'établir
les études préliminaires; études préliminaires: ce
sont ceux qui ont le mandat de le faire; étude préparatoire: ce
sont ceux qui analysent les coûts au départ. Donc, il peut y avoir
des discussions au cours de ces
études préliminaires. Il peut aussi y avoir des
discussions et des opinions dans la préparation des plans et devis.
C'est une étape ultérieure. Il y a aussi l'étape des
réalisations, celle qui se fait sur le terrain. Donc, ce sont des
étapes qui amènent des discussions et des analyses de ces sujets.
Toutes ces discussions sont normales, sont nécessaires, sauf que
lorsqu'elles s'en vont dans les journaux, trop de gens, dont les
députés de l'Opposition, peuvent prendre cela comme des
affirmations définitives, finales et officielles alors que ce sont des
opinions de gens qui travaillent à l'intérieur de ces dossiers
à des étapes différentes. Il y en a qui peuvent avoir
donné des chiffres au niveau d'études préparatoires,
d'autres au niveau d'études préliminaires, d'autres au niveau des
plans et devis où continuellement l'enfant se présente
différemment. C'est la fonction normale de réaliser un projet
avec le plus de balises possible pour éviter que cela dépasse ces
normes.
Donc, il est nécessaire de fixer une sorte de cadre pour
s'assurer que ceci va se terminer à l'intérieur d'un cadre qui
est celui du coût des études préparatoires, d'un prix
courant et avec les objectifs qui sont les mêmes. Si un bureau
d'ingénieurs ou la Société québécoise
d'assainissement des eaux ou même des fonctionnaires des
ministères ne tiennent pas compte des mêmes objectifs
environnementaux au départ, si on veut tel degré de DBO et que
les plans par une firme d'ingénieurs qui est engagée, soit par la
municipalité ou la SQAE déterminent un autre objectif de DBO,
c'est sûr qu'il n'y aura pas les mêmes chiffres.
C'est le ministère de l'Environnement qui dit le dernier mot
là-dedans. C'est lui qui va dire: Oui, on accepte tel cadre de DBO ou
tel autre objectif. Mais si c'est le même objectif, ils doivent atteindre
les mêmes prix ou à peu près dans la balise des 20% qu'on
ne peut jamais prévoir en commençant ces travaux. Tous les
chiffres que vous avez énumérés, Val-David a
augmenté de 75%, vous parlez de Granby de 300%... Pour Granby, on n'a
même pas accordé à ce jour l'autorisation finale sur le
prix que le ministère accepte. C'est trop tôt pour dire que cela
va finir à 300%. Le seul qui ait terminé
précisément avec des coûts, c'est celui de Val-David, je
vous donnerai probablement des chiffres tantôt. Le chiffre
préparatoire s'est terminé avec 2,6%. Il faut dire que c'est
parti d'un dossier qui partait à 8 000 000 $; 8 000 000 $ qui avaient
été évalués par les ingénieurs qui avaient
suivi une directive du ministre de l'Environnement du gouvernement
libéral qui m'a précédé. Donc, c'était parti
avec des chiffres de 8 000 000 $; nous, on l'a réduit à 1 500 000
$. Quand on a terminé tous les ajouts nécessaires avec les
contraintes du milieu, cela est arrivé à 2 600 000 $.
La question de Val-Morin, je dois quand même pour clarifier une
affirmation du député... Vous n'êtes peut-être pas au
courant, c'est avant que vous soyez élu comme député. Il y
a eu une directive qui a été donnée par le ministre de
l'Environnement du Parti libéral, le parti du député de
Nelligan, qui m'a précédé, qui a fait exécuter des
études par ordonnance pour obliger la ville de Val-Morin à faire
des études. Ces études préparaient un projet de 8 000 000
$ pour Val-Morin et Val-David ensemble avec deux usines possibles pour les deux
municipalités et, ensuite, une usine pour les deux municipalités.
On a fait exécuter des études par ordonnance. Quand nous sommes
arrivés dans le dossier en 1976, la solution qu'on a trouvée
était une solution de 300 000 $ incluant, et c'est là qu'il y a
eu des problèmes, toutes les factures des amis de cette administration
qui a préparé ces gros dossiers de 8 000 000 $. À ce
moment il a fallu honorer une partie acceptable. Cela a été une
bataille très difficile, parce qu'il y a beaucoup de gens qui avaient
chromé le dossier. C'est pour cela qu'on a été pris
à payer des décisions prises antérieurement par le
gouvernement qui nous a précédés. Pour Val-Morin, cela a
été une solution qui est des champs d'aération beaucoup
moins chers. Les deux ensemble ont coûté 2 600 000 $, à
peine 3 200 000 $ les deux municipalités ensemble, alors que le projet
au début était de 8 000 000 $. On a "déchromé" le
projet.
Je pourrai probablement donner plus de détails sur les autres
aspects. Une chose est certaine, c'est qu'au niveau du Conseil du trésor
pour le cas de Granby, le Conseil du trésor a accepté qu'aux
études... C'est à l'occasion des études de Granby que nous
avons finalisé ce nouveau cadre de gestion où on a établi
le coût final du type de traitement pour atteindre les objectifs
visés, et c'est là que le montant est passé de 19 000 000
$ à 32 900 000 $, et ce sont des chiffres de décembre 1980. Il
n'y a pas eu d'autre acceptation par le ministère de l'Environnement sur
ce sujet. Tout ce que je peux vous dire, c'est que ce sont les chiffres de
décembre 1980, 32 900 000 $. S'il y a des imprévus, ce sera
à l'intérieur des 20% de marge de manoeuvre qui existent et qui
sont acceptés à l'intérieur du cadre de gestion, et qui
représentent aussi l'indexation du coût du projet pour
l'année où ce sera terminé. Donc, c'est 32 900 000 $,
à l'exception d'une marge possible de contrainte de 20% d'erreur, mais
en chiffres de décembre 1980. C'est donc dire qu'en décembre
1982, au moment où ce sera terminé, ce sera les chiffres de
décembre 1980 ajustés à l'année de la
réalisation du projet.
Actuellement, tous les gens qui s'expriment dans les journaux n'ont pas
l'approbation finale du ministère de
l'Environnement, qui n'a pas devant lui le projet final. Granby
finalisera son projet bientôt. Il y a des rencontres entre les gens de la
Société québécoise d'assainissement des eaux, les
ingénieurs-conseils et le ministère de l'Environnement pour
établir exactement si les chiffres correspondent aux objectifs
environnementaux que nous avons établis au début dans les
études préparatoires et si les coûts en dollars courants de
cette année sont réajustés à cela. Quand ce sera
réajusté, un chiffre précis sera rendu public. On pourra
alors dire s'il y a eu une augmentation ou pas à l'intérieur des
contraintes des dollars courants ou des dollars constants et de cette marge de
manoeuvre de 20% de contraintes qui est normale. Il n'y a pas un
ingénieur qui peut finaliser un chiffre sachant fort bien que les
contraintes du terrain sont une chose qu'on ne peut pas évaluer tant
qu'on n'est pas rendu sur le terrain.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, plus je vous écoute, plus je
suis convaincu que c'est une affaire qui demande réellement à
être regardée en profondeur. Tout ce que vous dites, on le savait
déjà. Je sais comment ça se produit votre
évaluation, les ingénieurs, ... les intervenants entrent en jeu.
Tout cela, ce n'est pas nouveau. Vous avez parlé beaucoup de Val-Morin,
mais on va revenir à Granby. Ce qui m'étonne, c'est
qu'aujourd'hui, en 1982, vous puissiez nous dire que la façon
d'évaluer un projet qui va coûter 1 000 000 $, 2 000 000 $, dans
certains cas 20 000 000 $, 30 000 000 $ ou 40 000 000 $, c'est en dollars de
l'année courante. Je vais vous poser une question étant
donné que vous avez beaucoup parlé de Granby; vous avez
parlé aussi des battures. Après deux ou trois ans, le ministre a
parlé des battures de Kamouraska, c'est bon.
J'aurais voulu savoir du ministre... Je vais l'attendre, il sait qu'on a
toujours de bonnes questions. Qu'a-t-il dit? Qu'il allait reporter son
projet?
M. Léger: Non, nous parlions de l'aile
fédérale.
M. Lincoln: Cela prouve ce que je vous ai dit, ça prouve
ce que j'ai dit ce matin. Tout ce que vous avez en tête, c'est l'aile
fédérale. Quant à moi, j'ai en tête l'environnement
au Québec. Voici ce qui arrive. Vous me dites que toutes vos
évaluations sont faites en dollars courants de l'année en cours.
C'est l'aberration la plus capitale. Si c'est comme ça que vous faites
vos évaluations, on comprend que cela ne marche pas. Maintenant, vous
avez fait une révision de votre système, vous prenez une balise
de 20%, et je vous cite, pour que les études préparatoires
coïncident avec la réalité. Ah oui! Vous ajoutez 20%
d'imprévu; pourquoi pas 25%, pourquoi pas 30%, pourquoi pas 40%?
Seulement, ce que je voulais vous demander, c'est: Comment voulez-vous qu'un de
ces projets... il y en a beaucoup qui ont des protocoles d'entente
signés le 5 mai 1980 avec des évaluations, des estimations de 5
500 000 $, 4 460 000 $, 19 500 000 $, 20 500 000 $ et 12 075 000 $ pour Magog.
Est-ce que vous pouvez me dire s'il y a une seule raison dans le monde entier
pour que vous puissiez commencer un projet en août 1980 et commencer en
dollars constants pour une année, sachant que c'est impossible de
terminer le projet en une année? Tous ces projets ont prouvé que
ça prend deux ans, trois ans ou quatre ans et que ce n'est même
pas terminé. Pourquoi? Pourquoi?
M. Léger: M. le Président, est-ce que...
M. Lincoln: J'attendais ça: le taux d'inflation, les taux
d'intérêts du gouvernement fédéral, il faut ajouter
tout ça...
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le ministre. (16 heures)
M. Léger: ... le règlement. Le député
ne peut pas, à moins qu'il ait un don particulier, essayer de
prévoir les réponses que je vais donner. Est-ce qu'il peut en
même temps parler et écouter ce que mes conseillers me disent?
M. Lincoln: Vous m'interrompez. Je peux deviner.
M. Léger: Vous faites deux choses en même temps.
M. Lincoln: C'est la même popote que vous racontez chaque
fois qu'on...
M. Léger: Mais je ne vous l'ai pas dit encore. Laissez-moi
le temps de vous le dire dans mon langage.
M. Lincoln: ...
Le Président (M. Gagnon): Alors, vous avez toujours la
parole, M. le député. Est-ce que vous avez terminé?
M. Lincoln: Non, mais je vais laisser le ministre me raconter sa
petite farandole.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: D'accord. Je dois tout de suite intervenir parce
que vous êtes encore en train de me préparer une bouillabaisse.
Il
faut comparer le comparable. La Palice n'aurait pas dit mieux.
Si on veut être capables de comparer des chiffres sur un projet
d'une municipalité, il faut que les gens qui s'expriment, aussi bien
ceux qui préparent les prix préparatoires que ceux qui fixent le
prix final après avoir fait les évaluations de plans et devis, se
basent sur le comparable. Alors, on dit: Est-ce que c'est le prix courant ou le
prix constant? Si quelqu'un dit: Le prix courant, c'est cela et le prix
constant, c'est cela et qu'il n'a pas les mêmes chiffres, c'est entendu.
Alors, le prix constant, c'est celui qui ne change pas d'année en
année. Donc, c'est le prix du départ. Mais, à la fin, si
cela ne se réalise que dans trois ans, on va parler du prix constant
d'il y a trois ans qui est rendu à un prix courant de tel montant. Il y
a donc des changements qui se sont faits par année.
Est-ce que le député peut essayer de me dire que c'est
possible de parler d'autre chose que de montants courants quand on sait que le
taux d'inflation, on ne peut pas le prévoir d'une année à
l'autre, que le taux d'intérêt, on ne peut pas le prévoir
d'une année à l'autre et que les coûts de tel type
d'ingrédient qui est utilisé dans les travaux peut varier? Donc,
ce sont des choses qui se calculent uniquement dans l'année même
où on est rendu. C'est pour cette raison qu'il faut prendre le dollar
constant pour être certain qu'en 1980, les travaux pour tel objectif
coûteront tant. Donc, c'est le même montant sur lequel on se base
en disant qu'il faudra, ensuite, ajouter les 9% d'intérêt pour
telle année et les 14% pour l'autre année. Ce sont des choses qui
varient et qu'on ne peut pas prévoir.
Je ne sais pas si le député comprend la différence,
à savoir qu'on ne peut pas comparer des choses qui ne se comparent pas.
Si vous me dites: Vous aviez prévu tel montant et c'est rendu à
tel montant, c'est facile. Un projet de 1 000 000 $, s'il y a un taux
d'inflation de 20%, cela veut dire que, l'année suivante, il
coûterait 1 200 000 $, et c'est le même projet. Vous dites: Oui, il
y a une augmentation de 1 000 000 $; vous aviez prévu 1 000 000 $ et
cela a coûté 1 200 000 $. On a prévu 1 000 000 $ et, en
dollars constants, c'est encore 1 000 000 $. Mais, cette
année-là, comme il y a 20% d'inflation, cela coûte 1 200
000 $. 1 200 000 $ en dollars courants, cela équivaut à 1 000 000
$ en dollars constants. C'est pour cette raison que je vous dis qu'on parle de
la même chose.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, je vais continuer à
exercer mon droit de parole parce que je vois que le ministre va essayer de
revenir à la même chose. Ce n'est pas seulement moi. Avant de
commencer, je vais lui citer un passage d'un discours de l'Union des
municipalités: "Alors que nous assumons la maîtrise de l'oeuvre,
nous ne savons jamais à quoi nous nous engageons financièrement.
Nous connaissons bien le pourcentage que nous avons à payer: 10%, 25%,
33% suivant le cas, mais le pourcentage de quoi? Cela revient à dire que
nous ne connaissons la facture que lorsque nous aurons le deuxième
facteur de la multiplication, les coûts réels des travaux en 1982
ou 1983."
Je trouve inconcevable, dans l'année 1982, quand on a des
ordinateurs, quand on a des techniciens, quand on a des mathématiciens,
quand on a des gens qui savent ajouter, que les projets d'assainissement des
eaux du ministre soient tellement différents de tout autre projet de
construction qui se fait. Si, M. le ministre, vous étiez en affaires et
que vous aviez à construire un gros édifice ou à
réaliser un projet d'usine industrielle ou privée et que vous
arriviez en disant: Bon! Là, on va commencer en dollars constants,
aujourd'hui, c'est 19 000 000 $; on ne va pas tenir compte du taux d'inflation
qui est connu à l'avance; on ne va pas tenir compte du taux
d'intérêt. Après tout, le taux d'intérêt, on
sait ce qu'il est aujourd'hui. Prenons au moins cela. On ne va pas tenir compte
de la dévaluation du dollar. On ne va tenir compte de rien, on ne va pas
tenir compte de l'inflation normale! On va dire, aujourd'hui, que ce projet de
la grosse construction coûtera 20 000 000 $, par une petite
évaluation de votre ministère, assez sommaire. On va ajouter, on
va ajouter, alors si c'est 300%, ce sera 300%. À ce moment-là, on
va tout arrêter. On va appeler la Société
québécoise d'assainissement des eaux. On va appeler les
ingénieurs, on va appeler les gens du ministère, on va faire une
autre étude pour décider si c'est dans le cas de Granby, est-ce
que c'est 32 900 000 $ comme dit le ministre, est-ce que c'est 45 000 000 $
comme dit Mme Louise Raymond, est-ce que c'est 55 000 000 $ comme dit le
président de la Société québécoise
d'assainissement des eaux appuyé par les ingénieurs qui sont en
place dans le projet?
Si c'est comme ça que vous évaluez le projet, si c'est en
dollars à ajouter année par année après que vous
ayez su le taux d'inflation, c'est comme ça que tous les contribuables
se lèvent un matin avec des petites surprises comme il arrive à
Granby de réaliser que le petit projet qui allait coûter 19 500
000 $ qui n'est pas très peu déjà, ça finit entre
janvier 1980 et mai 1982 par coûter maintenant 45 000 000 $ ou 55 000 000
$, même si on avait prévu 32 900 000 $.
Je voudrais vous poser une ou deux questions. Qui prépare les
budgets de ces projets qui servent au protocole d'entente initial? N'est-ce pas
votre ministère ou des fonctionnaires de votre ministère?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, je vais répondre
à cette question; mais avant, je pense qu'on n'avancera jamais tant que
le député n'aura pas compris quelque chose. Il y a un aspect
qu'il doit comprendre. Je ne m'oppose pas à ce qu'on parle de chiffres
comparables. Si on veut parler uniquement de dollars constants ou de dollars
courants, je veux bien, mais on doit choisir un des deux.
Au niveau de notre évaluation, on aime mieux parler de dollars
constants parce que si on parle de dollars courants, ce sont des projections
qui ne sont pas toujours sûres parce qu'on peut prévoir que
l'année prochaine et dans deux ans les taux d'intérêt ou
les taux d'inflation peuvent être de 8%, de 12% ou de 14%. On peut mettre
un chiffre en l'air, mais ce n'est pas sûr. Tandis qu'en parlant de
dollars constants, on est sûr que c'est le prix pour telle année
et quand les travaux se font dans l'année finale, on sait qu'il faut
ajouter le prix de l'inflation qui est déjà vécue. Ce
n'est pas de la projection, c'est du réel, c'est fait.
La deuxième chose que le député devrait comprendre,
c'est que ce serait beaucoup plus facile de le faire selon les voeux du
député si les projets pouvaient se concevoir et se
réaliser dans la même année. Là, on n'aurait pas ce
problème-là, mais ce n'est pas le cas dans l'assainissement des
eaux. C'est un projet gigantesque qui s'étale sur plusieurs
années et qui amène, aussi, comme dans le cas de n'importe quelle
profession, des évaluations qui peuvent être vues
différemment.
Ce que je dis au député, c'est ceci: Même si vous me
citiez ce qu'ont dit sur tel projet, dans les journaux, M. Untel et Mme
Unetelle et un autre ingénieur, ce qui va compter, c'est la
décision finale que le ministère prendra. Le ministère va
dire à un moment donné: Au sujet du projet X, ce qu'on approuve
c'est ça et si ça dépasse nos balises de 20% et si
ça dépasse le taux du dollar courant prévu, on va
retourner les experts à leur tableau noir et ils vont refaire des plans
pour atteindre les objectifs visés aussi bien dans le domaine des
objectifs environnementaux que dans le domaine des coûts en dollars
courants qui se transformeront. C'est aussi simple que ça.
Donc, si le député veut me sortir tous ceux qui aiment
à parler, je sais que beaucoup de gens aiment parler, mais celui qui a
le mot final, c'est le ministère de l'Environnement qui signe un
protocole et qui approuve ou refuse. Je pense qu'il faudra que cela soit clair.
Même si vous dites: Un autre a dit tel chiffre, il y a tout un monde.
Dans le domaine de l'ingénierie on est en pleine effervescence, c'est le
milieu qui est actuellement le plus en activité et je dois
nécessairement tenir un contrôle là-dedans.
C'est le bon jeu du député d'essayer de faire sortir des
contradictions là-dedans, je vous ai donné le cadre de gestion,
c'est là-dedans qu'on va fonctionner et on essaiera de ne pas
dépasser, sans raison valable, le cadre de gestion et les
possibilités qu'on a mises là.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, plus je vous entends plus je pense
que c'est un Disney World, franchement. Que vous veniez nous dire que c'est
tellement compliqué pour vous, que si un projet allait durer un an, vous
auriez pu faire des coûts qui refléteraient les coûts finals
des projets. C'est à se demander, à ce moment-là, ce qui
se passerait avec l'industrie de l'économie du Québec. Je
comprends qu'on ait des déficits comme on en a maintenant si c'est comme
ça qu'on fait des évaluations. Alors, vous allez me dire, quand
vous faites un projet, est-ce qu'il n'y a pas d'abord une façon
d'évaluer la longueur de ce projet si vous avez des experts? Vous avez
la Société québécoise d'assainissement des eaux,
vous avez des experts, vous êtes ingénieur vous-même. Vous
avez des experts en la matière parmi les ingénieurs
privés, les conseils. Est-ce qu'ils ne peuvent pas estimer un projet de
20 000 000 $, de 25 000 000 $ ou de 50 000 000 $? Est-ce qu'il n'y a pas des
expertises déjà faites? Est-ce qu'il n'y a pas des
barèmes? Est-ce qu'il n'y a pas des exemples dans le monde entier?
Est-ce qu'on ne peut pas évaluer le temps que quelque chose va prendre,
qu'un projet va prendre? Deuxièmement, en se basant sur ce temps, est-ce
qu'on ne peut pas faire une évaluation quelconque qui tiendra compte du
coût réel à la fin du projet? Est-ce tellement
extraordinaire? Est-ce que cela ne se fait pas tous les jours? Si vous
étiez constructeur, M. le ministre, et que vous faisiez un appel
d'offres sur la base de votre théorie, vous seriez en banqueroute depuis
longtemps. Et c'est ce qui arrive, malheureusement.
Le point est celui-ci. Vous me dites, par exemple, en parlant de Granby:
Ne lisez pas les journaux, ne citez pas ce que les autres citent. Moi, je vous
ai posé spécifiquement des questions et j'espère que vous
allez me répondre clairement. Je vous ai demandé,
premièrement, qui prépare les budgets d'évaluation. Est-ce
votre ministère? Vous ne m'avez pas répondu. Bon, je vais
vous reposer la question: Qui prépare les budgets
d'évaluation qui servent aux protocoles d'entente initiaux? Est-ce votre
ministère?
Deuxièmement, le président de la Société
québécoise d'assainissement des eaux, appuyé par les
ingénieurs qui travaillent sur le projet de Granby, n'a-t-il pas fait
une évaluation de 55 000 000 $ pour l'usine seulement, ce qui ferait un
projet total de 58 000 000 $? N'est-ce pas vrai que Mme Louise Raymond,
contractuelle de votre ministère, a parlé d'un chiffre de 45 000
000 $? Je ne vous parle pas d'articles de journaux; je vous parle...
M. Léger: Quand elle a dit 45 000 000 $, est-ce qu'elle a
parlé de dollars courants ou constants? Est-ce qu'elle a parlé
d'un projet avec le type de traitement qui a été établi au
début? Quand vous sortez des chiffres comme cela, qu'est-ce qu'il y a
derrière? C'est facile de dire n'importe quoi. Quand vous dites qu'elle
a donné ce chiffre, cela correspondait à quoi?
M. Lincoln: Mme Louise Raymond, du ministère de
l'Environnement, croit également que la réévaluation de la
chose polluante peut être effectuée d'ici un mois, que c'est un
élément d'usine 1982. Mais elle dit que le coût de l'usine,
au lieu d'être 55 000 000 $, comme le disait le président de la
SQAE, est de 45 000 000 $. C'est son estimation. Elle pense que cela va
coûter 45 000 000 $. Je ne sais pas si elle a parlé de dollars
constants ou de dollars courants; je pense qu'elle a parlé de dollars
actuels, quand elle a parlé de 45 000 000 $.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Nous arrivons avec les impondérables de
20% et des coûts constants. Les 32 900 000 $ en dollars constants
équivalent, avec les 20%, à 43 700 000 $; c'est peut-être
ce dont elle parle. Je répète ce que le député
vient de dire; il a lui-même fait une affirmation comique lorsqu'il a dit
que c'était uniquement l'usine qui coûterait 55 000 000 $; ce
n'est pas l'usine, c'est l'ensemble du projet. Il y a une différence.
Même le député fait cette erreur. Alors, un journaliste
peut prendre cela et dire que l'usine coûte 55 000 000 $. Je suis
convaincu que le député voulait parler du projet total.
M. Lincoln: Non, non, non.
M. Léger: Juste l'usine, 55 000 000 $?
M. Lincoln: Oui, l'usine.
M. Léger: Vous affirmez que le président de la
SQAE, de la Société québécoise d'assainissement des
eaux, a dit que l'usine seule coûterait 55 000 000 $?
M. Lincoln: Écoutez, M. le ministre, je ne vais pas faire
une affirmation sur la Bible parce que je peux me tromper. Je pense qu'il a
parlé de l'usine. L'intercepteur est déjà fini et cela a
coûté 3 000 000 $. J'ai pensé qu'il parlait simplement de
l'usine. En tout cas, s'il n'a pas parlé de l'usine, mais du projet
total, donc, c'est 52 000 000 $; 52 000 000 $ ou 55 000 000 $, on ne va pas
jouer sur les chiffres. Peut-être qu'on pourrait le demander au
président de la Société québécoise
d'assainissement des eaux s'il était ici; s'il avait été
ici, vous auriez pu lui poser la question. Il pourrait répondre. Est-ce
qu'il n'a pas parlé de 52 000 000 $? Je vous concède 52 000 000
$.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Ce sont des déclarations. Entre autres,
on vient de me dire que le président de la Société
québécoise d'assainissement des eaux parlait de la
possibilité totale du projet de 55 000 000 $, mais cela n'avait pas
encore été approuvé par le ministère et cela n'a
pas été approuvé par le ministère. Les chiffres
dont vous parliez tantôt... En dollars constants, 32 900 000 $, cela
équivaut, si c'était terminé cette année, à
43 700 000 $ avec la balise d'imprévus de 20% et les dollars courants.
Donc, pour avoir un chiffre comparable, on ne parle que de dollars constants,
c'est-à-dire qui demeurent les mêmes, à moins que le projet
ne soit fini et qu'on y ajoute la valeur de l'inflation par année. Si
quelqu'un parle de dollars constants, ce sont les dollars du départ; si
un autre parle de dollars courants, ce n'est pas la même chose, cela ne
se compare pas. Les deux pourraient dire la même chose. Cela coûte
32 900 000 $ en décembre 1980, c'est le dollar constant, et l'autre dit
non, cela coûte 43 700 000 $ si c'est terminé en 1982 et c'est le
dollar courant. Les deux disent la même chose. (16 h 15)
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce que vous vivez dans un monde
spécial, vous? Est-ce que vous ne pouvez pas faire un projet
d'évaluation qui va dire ce que cela va coûter quand le projet
sera fini selon l'estimation des ingénieurs et selon la date où
le projet sera terminé? Pourquoi votre ministère est-il vraiment
spécial et est-il en train de parler de dollars courants et de dollars
constants, des bêtises pareilles? Pourquoi ne pouvez-vous pas
évaluer un projet d'après la longueur estimée du projet,
d'après tous les barèmes dont se servent les gens, tous les
constructeurs, tous les
ingénieurs du monde entier? Est-ce que vous allez me dire que
quand on a commencé des projets de grande envergure comme James Bay et
Manic, on disait: On va commencer en 1970 à 1 000 000 000 $?
Après ça, on se retrouve avec une espèce de petite
surprise, c'est 10 000 000 000 $ dans deux ans. Est-ce qu'on ne pense pas
à ce qui va se passer dans les deux ans ou trois ans ou dix ans que
ça va prendre?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, avec les
phénomènes de l'indexation, la valeur ne change pas. C'est le
chiffre qui change à la fin parce qu'il y a une indexation d'un mois
à l'autre. Je comprends. Un ministre doit être dans la
réalité. L'Opposition peut rester dans le rêve parce
qu'elle n'a pas la responsabilité de le réaliser. Je voudrais
quand même lui dire que c'est absolument imprévisible, le taux
d'inflation d'une année à l'autre. On peut penser à
quelques-uns et, encore là, on se trompera.
Une autre chose que je peux vous dire, M. le Président,
j'espère que le député peut comprendre cela, c'est qu'il y
a une série d'événements qui arrivent tout le long de
l'histoire d'un projet. Il intervient, dans une même année, des
situations qui sont des problèmes, d'abord, de moment propice pour faire
le travail. Il y a des problèmes de saisons. Il y a des problèmes
de règlements d'emprunts des municipalités qui peuvent prolonger
la date de réalisation d'un projet. Supposons qu'un règlement
d'emprunt prend un mois de plus que prévu et que ça tombe dans
une période où, à cause de la température, telle ou
telle partie des travaux ne peut pas être faite, est retardée.
Après cela, il y a une période d'approbation par la Commission
municipale. Par la suite, il y a aussi des problèmes techniques qui
peuvent survenir. Il peut y avoir une approbation du ministère qui fait
que le ministère n'acceptant pas les chiffres du bureau des
ingénieurs, on est obligé de retourner les ingénieurs
à leurs tables de dessins pour recommencer les travaux qu'on ne juge pas
satisfaisants selon les objectifs du début.
Tout cela, c'est des impondérables. J'espère que le
député comprend qu'on n'est pas en train de travailler sur des
choses fixes à l'intérieur d'une date fixe et des choses qui
n'ont pas de contraintes. C'est un projet qui doit faire face à toute
une série de contraintes, de difficultés. En plus de cela, dans
le monde de l'ingénierie comme dans le monde des avocats, il y a des
opinions différentes. C'est un monde spécial. Depuis un bout de
temps, les gens font toutes sortes de déclarations en n'ayant pas les
critères pour évaluer si on parle de la même chose. Si le
député veut faire une bouillabaisse avec ça et tourner
tout ça, je lui dis: Ou bien on prend le dollar constant pour dire que
les travaux vont coûter tel prix en dollars constants, et quand il sera
terminé, on saura, si c'est fait en deux ans, que cela va être un
chiffre différent que si c'est fait en trois ans. Le
député comprend ça. En trois ans, il y aurait une
augmentation, une indexation supplémentaire. Si on reste au dollar
constant, ce sera toujours le chiffre qu'on a mis au départ, et quand ce
sera terminé, on ajoutera les coûts normaux et on dira: Cela va
coûter cela. Mais si on compare du dollar courant avec du dollar constant
et si on ne tient pas compte que cela se fait en plusieurs années et
qu'il y a plusieurs contraintes, je pense que c'est une tour de Babel. On ne se
comprendra pas. Je ne suis pas sûr que le député veuille
comprendre. J'ai l'impression qu'il n'a pas compris que c'est un domaine
mouvant, un domaine qui ne peut pas se situer précisément dans le
temps, mais plus il parle, plus il est émouvant.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Hyacinthe, après je reviendrai à vous, M. le
député de Nelligan.
M. Dupré: Dans tous ces millions qui sont
dépensés pour l'assainissement des eaux, en ce qui concerne
l'assainissement agricole, M. le Président, je trouve que les sommes
mises à la disposition de la recherche sont nettement insuffisantes.
Nonobstant tous ces travaux et conduits d'usines d'épuration et d'usines
de filtration, je crois que les petits 225 000 $ qui sont mis à la
disposition des chercheurs, pour moi, c'est un montant ridicule. On aura beau
installer des usines d'épuration à trois, quatre par ville, comme
la ville de Saint-Hyacinthe, cela ne donnera absolument rien si on ne combat
pas à la source le mal qui est évident depuis plusieurs
années. Je pense que là-dedans il n'y a rien qui est fait. En ce
qui concerne Saint-Hyacinthe, une bonne partie de l'épuration des eaux
usées va être faite. On va avoir une usine de filtration toute
neuve, qui va coûter 10 000 000 $ ou 12 000 000 $, payée
entièrement par les contribuables de Saint-Hyacinthe, mais on n'a
absolument rien fait pour la recherche. Quand je dis "rien", c'est parce que je
trouve que le montant de 225 000 000 $ à comparer... Je peux même
parler de milliards qu'on va dépenser durant toutes ces
années.
M. Léger: Le député admettra avec moi que,
si j'avais 225 000 000 $, cela irait mieux. C'est 225 000 $.
M. Dupré: Oui, oui, c'est 225 000 $.
M. Léger: D'accord. J'admets avec le député
que 225 000 $, ce n'est pas beaucoup
et que j'aurais préféré en avoir plus, mais il faut
quand même concevoir que c'est 225 000 $ par année pour trois ans.
C'est donc 675 000 $ dans la recherche qui sont mis de l'avant pour le
traitement des déchets de purin, etc. Je pense que cela va quand
même nous amener des réponses, parce qu'il y aura quelques
groupes... Combien, quatre ou six? J'ai le nombre devant moi ici. Ce sont sept
groupes qui ont bénéficié d'un total d'environ 225 000 $
par année - donc, c'est possible d'en avoir pendant trois ans -et qui
devraient nous donner des résultats. Ce n'est pas suffisant, mais, comme
on le sait, on est en période de contraintes budgétaires. Il faut
ajouter à cela les sommes que d'autres ministères investissent
dans un domaine complémentaire de la recherche; par exemple le
ministère de l'Agriculture. Le ministère de l'Énergie a
aussi des sommes dans son budget pour la recherche. Le procédé
Fuchs, ... qui est un des projets que nous avions expérimentés
avant et pour lequel il y a eu des sommes d'argent engagées, devrait
apporter bientôt des réponses à nos préoccupations.
Je suis d'accord avec le député pour dire que c'est urgent qu'on
ait une réponse à cela, parce qu'on a de plus en plus de
problèmes avec les déchets de ferme. La transformation en une
richesse naturelle réutilisable est l'objectif qu'il faut viser.
M. Dupré: Dans ceux que vous avez mentionnés, dans
les six ou sept, y en a-t-il qui présentent une apparence de solution
quelque part? Vous allez prendre celui de Saint-Hyacinthe. Je pense qu'il y a
eu 5000 $. Je pense que dans la recherche on ne peut pas aller bien loin avec
5000 $. Ne serait-il pas envisagé de ralentir un peu les dépenses
pour construire des usines d'épuration et régler le
problème à la source?
M. Léger: On me dit, entre autres, qu'il y a deux projets
qui vont particulièrement bon train. C'est la firme Pluritec,
spécialisée dans l'application des membranes filtrantes, de
l'osmose inverse et de l'ultrafiltration. Je ne suis pas un spécialiste,
mais cela a l'air d'aller bien de ce côté-là. Cette firme
nous avait initialement proposé des essais pour vérifier les
principes d'application des divers types de membranes, mais on me dit que la
première étape est déjà terminée et que
c'est un bon succès. Ils sont maintenant rendus à la
deuxième étape de ce projet. Il y en a un autre qui va bien
aussi. C'est celui d'Aquatech. Cette firme se spécialise dans le
traitement des eaux et dans la gestion des usines de traitement avec un
traitement complet qui est proposé en quatre étapes:
séparation mécanique par centrifugation, traitement du liquide
dans un lit bactérien, un deuxième traitement par
nutrification-dénutrification à l'aide de tambours
bactériens et un traitement final de type physicochimique. Ce sont
encore des termes très scientifiques, mais je pourrais simplement dire
que, de toute façon, on en brasse beaucoup là-dedans.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Seulement pour en revenir aux questions du
député de Nelligan tantôt, dans les contrats qui sont
octroyés, considérant l'inflation et les changements, doit-il y
avoir des dates limites des contrats? Sans cela, il n'y aura pas moyen d'y
arriver. Y a-t-il des dates limites dans chaque contrat que vous octroyez?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Au niveau des contrats et des entrepreneurs,
c'est sûr qu'il y a des dates déterminées là-dessus
avec eux. Cela ne veut pas dire, nécessairement, que tout le projet est
terminé, parce que chacun des entrepreneurs a une portion de
responsabilités...
M. Dupré: À prix ferme.
M. Léger: C'est cela, à prix ferme, et les contrats
se terminent dans le temps. Le projet comme tel, nécessairement, c'est
un projet qui peut être plus long, selon les contraintes qu'on rencontre
durant le projet.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Johnson. Non, ce sera M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Oui, je veux revenir à mes moutons, parce que
le ministre me fait croire que je suis seul de mon espèce à
croire qu'un projet peut être estimé à l'avance et que ces
projets sont tellement spéciaux. Je suis d'accord avec lui, ils sont
très spéciaux, ils sont uniques en leur genre. Avec toute son
affaire de dollars constants et de dollars courants, avec laquelle il essaie de
nous berner pour les mauvaises évaluations qu'il a faites, dans
tellement de cas, comment maintenant peut-il aller dans le public et dire: Nous
avons un projet d'assainissement des eaux sur dix ans qui va coûter 6 000
000 000 $? Est-ce que 6 000 000 000 $ sont des dollars courants ou des dollars
constants? Après les dix ans, est-ce qu'on va se réveiller et
constater que ce sera 66 000 000 000 $ ou si c'est un petit chiffre qu'il a
pris au début, la première année du projet en 1978 pour 6
000 000 000 $, et qui va faire que, dans dix ans, le contribuable va se lever
avec une
petite surprise? M. le ministre, pourquoi ces 50 000 000 000 $? Vous
voyez, en 1978, on a pensé à 6 000 000 000$, mais après
1979, avec l'inflation, on ne pouvait pas deviner. Avec le rôle
historique de l'inflation au Canada, on peut voir, depuis les quatre
dernières années, ce que c'est, on sait ce que sont les taux
d'intérêt. On peut faire au moins une estimation. Est-ce que vos 6
000 000 000 $ sont des dollars constants, des dollars courants ou des dollars
du ministère de l'Environnement? Quel genre de dollars est-ce?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, quand le Parti
libéral a décidé le faire le projet de la baie James,
c'était un projet de 2 000 000 000 $ qui va maintenant se solder autour
de 16 000 000 000 $. À ce moment, c'est normal qu'à cause de
l'inflation les prix changent. Est-ce que je vais vous donner un chiffre
précis aujourd'hui de ce que pourraient être les
conséquences de tout projet qu'on peut faire au Québec avec les
impondérables des taux d'intérêt qui changent chaque
année? Je pense que ce serait impensable de ma part. Il y a une chose
que le député devrait comprendre, c'est l'estimation qu'un
ministère peut faire d'un projet. C'est basé, après des
discussions avec plusieurs intervenants qui visent souvent des objectifs
différents. Par exemple, si on fait l'assainissement des eaux d'une
municipalité, c'est basé sur les besoins de la
municipalité, sur les objectifs à atteindre au niveau de la
qualité de l'eau et aussi sur les techniques à employer. Les
techniques peuvent être différentes d'un endroit à l'autre,
selon le type de traitement qu'on doit faire. Chaque intervenant, que ce soit
la municipalité, que ce soit le bureau d'ingénieurs, que ce soit
le ministère lui-même, a des objectifs qui peuvent être
différents. Exemple: la municipalité veut-elle en faire une
occasion de développement? Veut-elle avoir des tuyaux plus longs et une
usine plus considérable dans le but de desservir peut-être un
territoire qui n'est pas encore développé? Elle peut nous
présenter des projets qui sont bien plus élevés que ce que
nous avons évalués, parce qu'on s'est dit: L'assainissement des
eaux n'a pas pour objectif de permettre le développement de la
municipalité au niveau de la construction. Elle n'est là que pour
donner l'assainissement des eaux à ceux qui sont déjà
construits ou à l'intérieur de programmes déjà
définis. Donc, déjà là, il y a des discussions et
des négociations à faire et des corrections à apporter
à des chiffres qu'une municipalité peut lancer en voulant y
ajouter une augmentation de son territoire.
La firme d'ingénieurs a un intérêt à demander
beaucoup. Il faut être capables d'éviter des projets
chromés. Il faut donc s'assurer que les évaluations que la firme
va nous présenter vont être basées sur les deux objectifs
du début, soit d'obtenir un objectif environnemental de tant de DBO ou
de tant de retour et amener le bureau d'ingénieurs à nous donner
non pas un projet qui amènera une situation paradisiaque, mais ce qu'on
veut, c'est-à-dire des résultats précis comme on a dit au
début. Peut-être que pour atteindre cet objectif, ce n'est pas
nécessaire de mettre des équipements de ce prix. Vous voyez qu'on
est en terrain mouvant continuellement. Le contrôle se fait en mettant -
c'est pour cela que j'avais demandé au député de bien
écouter - le style de gestion du programme qui nous obligeait, chacun
des intervenants, à respecter et ces objectifs et les coûts qui
sont mis là en dollars constants.
Quant au reste, il peut y avoir des fluctuations, mais même si le
député voulait qu'on lui dise d'avance que le prix X va
coûter le prix Y quand il se fait trois ans après, c'est
absolument impensable de le faire, à moins qu'on parle en dollars
constants. S'il y a des interlocuteurs qui sortent des chiffres en dollars
courants, on n'a pas les mêmes chiffres, mais souvent, on a les
mêmes projets. (16 h 30)
M. Lincoln: Les styles de gestion, c'est quelque chose qu'on
pourrait discuter. Justement, je crois que c'est le problème, votre
style de gestion. Pour revenir à la question, on va prendre Granby comme
projet typique, parce que c'est la même chose et c'est la même
mauvaise administration pour tous les autres. J'ai envie de vous poser des
questions précises, mais chaque fois que je pose des questions
précises, vous vous lancez dans un grand discours et vous ne
répondez pas aux questions. Je vous ai demandé si c'est le
ministère qui prépare le budget de tous les projets. Est-ce que
ce sont les fonctionnaires de votre ministère qui préparent le
budget d'évaluation qui mène au protocole d'entente initial?
Première question.
M. Léger: La réponse est oui.
M. Lincoln: Oui. C'est ce que je pensais.
Deuxième question, passer de 52 000 000 $ à 55 000 000 $,
ce n'est pas trop important, mais, en fait, c'est beaucoup plus que le
protocole initial. Est-ce que je peux vous demander spécifiquement si,
dans le projet de Granby, les ingénieurs Vézina et Fortier, qui
sont réputés dans la question, et le président de la
Société québécoise d'assainissement des eaux, qui
est un homme qui a une réputation dans la matière, se trompent
tout à fait? Est-ce qu'ils parlent
d'un ouvrage chromé? Les 32 900 000 $ que vous citez, vous,
est-ce exactement pour le même projet? Est-ce que vous pouvez me donner
l'assurance que vous et eux parlez exactement de la même usine, du
même projet, du même débit, de la même chose que les
plans ont prévus au départ?
M. Léger: C'est une bonne question du
député, précise. C'est que les évaluations de
chiffres qui diffèrent ne sont pas basées sur les mêmes
débits, les mêmes solutions et les mêmes objectifs qu'il y
avait au début. C'est pour cela que nous avons mis un groupe de
travailleurs de la Société québécoise
d'assainissement des eaux et du ministère pour qu'on ait, à
l'intérieur, ce corps de gestion, et je l'ai dit tantôt. C'est
à l'expérience du cas de Granby que nous avons établi
cette gestion du programme.
Je vais vous donner une réponse supplémentaire, M. le
député. On me dit que, dans le cas de Granby, le premier projet
était de 26 000 kilogrammes DBO par jour et qu'il a été
ramené à 14 000 kilogrammes par jour. Donc, on ne parlait pas de
la même chose. C'est entendu que, si un spécialiste, une
compétence peut déterminer que, selon lui, la réponse
à l'objectif qu'on veut atteindre, doit coûter tel montant parce
que c'est telle méthode technologique qu'il utilise et que le
ministère calcule qu'on peut arriver à la même fin et au
même objectif avec un autre type de réponse technologique, c'est
là qu'il faut qu'il y ait une discussion. Mais si les deux parlent dans
les journaux en disant: Cela va coûter tant, c'est parce qu'on ne parle
pas de la même solution technique pour atteindre le même
objectif.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: N'est-ce pas un peu extraordinaire, M. le ministre,
que, dans toute cette affaire, tout le temps il y a eu des plans, tout le temps
vous avez su, depuis 1980, on a signé un protocole d'entente sur une
base de... et c'est maintenant, en 1982, que soudainement vous vous levez et
vous réalisez que vos évaluations du départ étaient
tout à fait fausses? Vous réalisez maintenant qu'on n'a pas
besoin d'une usine aussi grande et aussi efficace qu'il avait été
projeté. À ce moment-là, vous réduisez le
débit de l'usine pour satisfaire aux coûts, maintenant que vous
êtes collé avec vos 32 000 000 $. Est-ce que ce n'est pas une
façon d'arranger...
M. Léger: M. le Président, c'est simple, je pense
qu'on commence à discuter intelligemment tous les deux.
M. Lincoln: Moi, je discute toujours intelligemment, M. le
ministre.
M. Léger: Deux personnes intelligentes sur deux sujets
différents ne se comprendront jamais. Le cas précis que le
député vient de mettre de l'avant, cela touche exactement le
problème. C'est que, depuis le début, le ministère de
l'Environnement avait mis comme objectif un débit à traiter de 14
000 kilogrammes par jour. Les solutions présentées par les
bureaux d'ingénieurs étaient des solutions pour régler un
débit de 26 000 kilogrammes par jour; c'est un exemple. Il y a des
études qui ont été refaites par la suite et cela a
ramené le débit à traiter à 14 000. Donc, les prix
qui peuvent être lancés un moment donné peuvent être
faits sur un débit plus gros qu'il n'était peut-être pas
nécessaire d'avoir. Donc, des experts compétents, qui ont chacun
une vision des solutions à apporter, peuvent parler de solutions
à un débit différent. C'est pour cela que, devant deux
compétences, ils ont accepté tous les deux de dire: On va
analyser cela exactement par une étude spécifique et
scientifique, le débit à traiter. C'est là qu'on a vu que,
comme c'est 14 000 qu'on a à traiter et non pas 26 000,
l'équipement qu'il faudra mettre en place n'est pas aussi dispendieux
que l'autre.
M. Lincoln: Ah, bon!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, je vais vous laisser un peu...
M. Léger: Excusez, je dois vous quitter, on me dit que
c'est à mon tour de parler en Chambre, que le leader du gouvernement qui
parle avant moi est en train de terminer son discours. Comme je ne veux pas
qu'il le prolonge en m'attendant trop longtemps...
M. Lincoln: Oui, je comprends qu'on a bien besoin de vous sur la
question du fédéral et tout... D'accord.
M. Léger: Je n'ai que 20 minutes environ.
Le Président (M. Gagnon): Alors, nous allons suspendre nos
travaux pour une vingtaine de minutes.
M. Léger: Je convie donc le député à
venir m'écouter en Chambre.
M. Lincoln: Peut-être que le président de la
Société québécoise d'assainissement de l'eau
pourrait nous donner des réponses factuelles sur toute cette
affaire.
Le Président (M. Gagnon): De toute façon, c'est
la...
M. Léger: II y a toutes sortes d'occasions autres que
celle de la commission parlementaire pour le faire. Je peux vous dire que c'est
le ministre qui, malheureusement, est responsable devant la Chambre.
Le Président (M. Gagnon): C'est cela. C'est le ministre
qui doit répondre à cette commission. Les travaux de cette
commission sont suspendus pour un vingtaine de minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 37)
(Reprise de la séance à 17 h 15)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! À la suspension de nos travaux il y a environ 20 minutes,
la parole était au député de Nelligan. M. le
député.
M. Lincoln: M. le ministre, on va laisser vos fameux calculs
constants et courants parce que je pense qu'on a fait le point et les gens
pourront tirer les conclusions eux-mêmes.
Ce que je voulais vous demander, c'est ceci: Est-ce que vous êtes
au courant...
M. Léger: Au courant ou constant?
M. Lincoln: ... avec la constance habituelle de vos chiffres,
qu'il y aurait d'autres projets, par exemple... Est-ce que ce n'est pas vrai
que dans le cas du projet de Saint-Hyacinthe, qui avait été
prévu pour 20 000 000 $, que dans ce cas aussi, par rapport au dollar
actuel, ça va coûter beaucoup plus cher que prévu?
Où est-ce que l'on se retrouve dedans?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Cela dépend. Quel chiffre avez-vous cette
fois-ci, M. le Président?
M. Lincoln: Non, dites-moi un peu les chiffres que vous avez
maintenant, vous, ce que ça va coûter?
M. Léger: Un instant!
M. Lincoln: Ce n'est pas moi qui fais vos chiffres.
M. Léger: Ils s'en viennent.
M. Lincoln: En attendant que vous sachiez les chiffres...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Pouvez-vous me renseigner sur le projet qu'on
discutait un petit peu avant, le projet de Granby qui a été
stoppé lors des appels d'offres; on a découvert que cela allait
coûter beaucoup trop cher. Est-ce bien vrai que c'est votre grand copain,
votre grand ami, Claude Vallée, le contractuel du ministère, qui
est en charge du projet maintenant?
M. Léger: De Granby? M. Lincoln: De Granby.
M. Léger: Un instant, je vais vérifier. On me dit
que non.
M. Lincoln: D'accord, on vous dit que non. Alors, quelle est sa
participation dans ce projet, est-ce qu'il est impliqué?
M. Léger: M. Vallée n'a pas de
responsabilité dans le dossier de Granby comme tel, c'est un conseiller
technique du ministère qui peut aussi bien regarder tous les dossiers,
tous les aspects particuliers de différentes municipalités, mais
il n'est pas impliqué; je ne pense même pas qu'il ait
touché au projet de Granby.
M. Lincoln: Est-ce que vous me dites qu'il n'est pas
impliqué dans le dossier de Granby comme tel?
M. Léger: On me dit que non.
M. Lincoln: Ah bon! on vous dit que non.
Dans le programme d'assainissement urbain...
M. Léger: II faut que je vous présente une bonne
fois M. Vallée. Ce serait intéressant, vous en parlez
souvent.
M. Lincoln: Comme vous le disiez tout à l'heure à
la commission parlementaire, on attrendra plus tard. Vous m'avez dit cela quand
je vous ai suggéré d'amener le président de la SQAE ici.
Pour les mêmes raisons, je vais observer...
M. Léger: Parlez-vous du président de la SQAE ou de
Claude Vallée? Je parlais de Claude Vallée.
M. Lincoln: Mais Claude Vallée est président de la
SQAE, M. le ministre de l'Environnement, il est un peu partout dans toutes les
sauces.
Le Président (M. Gagnon): Dois-je rappeler, M. le
ministre, que le député de Nelligan avait la parole?
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
M. Léger: Mais il est en train de dire que Claude
Vallée est président de la SQAE, il y a là quelque chose
qui ne marche plus.
M. Lincoln: Non, mais il est président effectif de la
SQAE, il est ministre de l'Environnement. Il est dans toutes les sauces.
Si je vous donne quelques noms de votre service d'assainissement urbain,
pourrez-vous me dire si ce sont des contractuels ou des employés
permanents? Vous avez le directeur qui, si je ne m'abuse, s'appelle Gilles
Pineault, c'est bien cela.
M. Léger: Gilles Pineault.
M. Léger: Un permanent du ministère.
M. Léger: Gilles Pineault est un permanent du
ministère.
M. Lincoln: Je suis d'accord oui, on le connaît.
M. Léger: Voulez-vous la liste des contractuels?
M. Lincoln: Non, je vais vous demander un ou deux noms.
Peut-être que vous pourriez me dire cela. M. Claude Vallée est-il
contractuel?
M. Léger: Oui.
M. Lincoln: M. Jacques Simon est-il contractuel?
M. Léger: Non.
M. Lincoln: Est-il permanent?
M. Léger: Permanent.
M. Lincoln: Mme Louise Raymond est-elle contractuelle?
M. Léger: Non.
M. Lincoln: Permanente?
M. Léger: Oui.
M. Lincoln: Vous n'êtes pas trop sûr si elle est
permanente ou contractuelle?
M. Léger: De qui parlez-vous?
M. Lincoln: Je parlais de Louise Raymond et de Jacques Simon.
Sont-ils contractuels ou permanents?
M. Léger: Je vais vous donner les noms des contractuels.
Ce sont Yvon Béland, Robert Bélanger, Rémy Bodineau,
André Boucher, Richard Latraverse, François
Payette, Marcel Saint-Louis et Claude Vallée. M. Lincoln:
II y en a.
M. Léger: À l'assainissement industriel, il y a
Yves Dansereau, Gabriel Dionne et Raymond Mayer.
M. Lincoln: Non, non, non...
M. Léger: Là je vous ai donné tous les
noms.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
Le Président (M. Gagnon): Essayez de parler seulement un
à la fois parce que cela peut être difficile pour la transcription
au journal des Débats.
M. Lincoln: Pardon. Alors ça fait combien de noms?
M. Léger: Contractuels, huit noms, dans l'assainissement
urbain.
M. Lincoln: Huit noms, dans l'assainissement urbain.
M. Léger: C'est ça.
M. Lincoln: D'accord. D'après ce que vous m'aviez dit
avant, M. le ministre, l'idée de vous servir des contractuels... c'est
une petite diversion.
M. Léger: Non, non.
M. Lincoln: L'idée de vous servir des contractuels
c'était justement, d'après vous, ce matin, dans le but
d'économiser des salaires.
M. Léger: C'est-à-dire qu'à la longue, le
fait qu'une personne soit devenue fonctionnaire, lui procure tous les avantages
sociaux, et elle a la sécurité d'emploi, ce qui fait que le
nombre de fonctionnaires augmente. C'est un des problèmes qu'on a dans
le gouvernement. Il y a, actuellement, dans certains ministères trop de
fonctionnaires. C'est pour éviter cela que le Conseil du trésor a
préféré que ce soient des contractuels qui fassent le
travail de façon que tant que la mission n'est pas remplie, ils sont
réengagés par période, selon les contrats, mais par la
suite, on n'est pas obligés de les garder comme salariés de la
fonction publique.
M. Lincoln: J'espère que cette armée de
fonctionnaires vous écoute bien. Alors là, la politique...
M. Léger: II y en a un grand nombre qu'on ne voudrait
jamais perdre.
M. Lincoln: J'en suis sûr. Mais alors, les contractuels, M.
le ministre, est-ce que vous pouvez me donner une idée... Si vous ne
pouvez pas me donner une réponse aujourd'hui, peut-être
pourriez-vous nous donner cela plus tard. Ces contractuels, disons qu'on parle
de ceux qui ont été là un peu longtemps. En fait, on peut
prendre M. Vallée comme exemple; il y a combien de temps qu'il travaille
comme contractuel à votre ministère?
M. Léger: Devant moi, je n'ai que le dernier contrat d'un
an.
M. Lincoln: Oui, je sais.
M. Léger: Cela fait quatre ans.
M. Lincoln: Quatre ans. Est-ce que vous pouvez me donner un
barème, un ordre de grandeur des honoraires de ces contractuels. Par
exemple, je me souviens que je vous avais posé des questions en Chambre
sur le cas de M. Vallée quand on a parlé de Stablex. Il avait eu
deux années de contrats. Le total, c'était 160 000 $. Il avait un
contrat de 93 000 $, un autre contrat de 58 000 $ et il y avait d'autres
honoraires de 5000 $. Est-ce que vous pouvez me donner un ordre de
grandeur?
M. Léger: Je vais vous donner les chiffres exacts, des
contrats actuels. Je vais vous les donner par ordre décroissant,
c'est-à-dire le plus bas en partant. Richard Latraverse, 43 872 $...
M. Lincoln: C'est en ordre croissant, alors.
M. Léger: ... François Payette, 43 872 $; ceci
inclut 2500 $ de frais de voyage. Après cela, par ordre d'importance
financière: Rémi Bodineau, 55 246 $, Marcel Saint-Louis, 55 820
$, ensuite Claude Vallée 55 837 $, Robert Bélanger, 64 693 $ et
André Boucher, 64 693 $. Je ne sais pas si j'en oublie un. Yvon
Béland, 50 531 $. Je l'avais oublié. Cela varie entre 43 800 $ et
64 600 $.
M. Lincoln: Alors, cela, c'est pour du travail qui n'est pas de
tous les jours. Ce n'est pas cinq jours par semaine, 52 semaines par an. Est-ce
que vous pouvez me dire que vous n'auriez pas pu trouver parmi les
fonctionnaires des techniciens de premier ordre, disons un ingénieur de
première qualité, un chimiste, un biologiste ou quoi que ce soit,
un spécialiste en assainissement des eaux, pour des barèmes
équivalents incluant les bénéfices marginaux? Quelle est
la raison pour laquelle des contractuels sont employés? Est-ce qu'on a
besoin de huit contractuels dans le seul département de l'assainissement
urbain? Est-ce que c'est une politique à long terme ou est-ce une
politique à court terme qui va être changée plus tard?
Est-ce une politique que votre ministère compte garder pour
toujours?
M. Léger: M. le Président, les normes suivies pour
les tarifs sont des normes du Conseil du trésor pour des
ingénieurs seniors. La liste des salaires versés a
été déjà fournie à l'Opposition; donc, vous
l'aviez déjà. C'est à l'avantage du contractuel qui
parfois le désire comme cela et c'est à l'avantage de la
politique du gouvernement qui ne veut pas augmenter d'une façon
indéfinie le nombre de ses fonctionnaires. C'est une entente, un
contrat. On me dit que les deux sont satisfaits de cela et cela satisfait les
normes gouvernementales de même que les personnes qui sont là.
M. Lincoln: Sans parler de cas précis, je veux que ce soit
bien clair que je ne cherche pas à faire des affaires; je demande cela
par principe. Je ne cite personne. Je ne parle d'aucune personne en particulier
d'aucun des contractuels qui sont des professionnels dans cette matière.
C'est une question de principe. Parmi les contractuels que vous avez
cités, vous en aviez un qui l'a été pendant quatre ans; il
y en a sans doute qui ont fait trois ans, d'autres deux ans, sur une base
régulière. Est-ce que certains de ces contractuels ou plusieurs
ou tous, peut-être, ne font pas du travail en dehors comme
ingénieurs, comme contractuels au sein de firmes quelconques, pour leur
propre compte? Vous ne trouvez pas qu'il y a un danger à la longue,
s'ils sont en pratique des fonctionnaires permanents, qu'il y ait une
possibilité de conflit d'intérêts?
M. Léger: On me dit que personne des huit noms que je
viens de mentionner n'a de contrat extérieur; il n'y a qu'un qui en a,
c'est Marcel Saint-Louis. Les autres n'ont aucun contrat extérieur.
Maintenant, dans le contrat qui est signé avec le Conseil du
trésor, il y a des conditions qui font qu'ils n'ont pas le droit d'avoir
de contrat dans le domaine où ils sont affectés par le
ministère, pour ne pas qu'il y ait de conflit d'intérêts.
Effectivement, il n'y en a qu'un qui a des contrats, Marcel Saint-Louis, et ce
n'est pas dans un domaine où il est directement impliqué au
ministère.
M. Lincoln: Est-ce que c'est contractuel? Quand ils agissent sur
un projet quelconque, est-ce qu'ils ont le droit, est-ce qu'ils peuvent parler
au nom du ministère ou s'ils sont purement des techniciens, qui ne
parlent pas pour le ministère?
M. Léger: II n'y a que le ministre et le sous-ministre qui
peuvent parler au nom du
ministère, mais chacun joue le rôle, dans ce domaine, comme
s'il était fonctionnaire.
M. Lincoln: M. le ministre, on a parlé, dans les
débats que nous avons eus déjà, du conflit qui existe.
À moins que vous me disiez qu'il n'y a pas de conflit. Mais enfin,
d'après tous les renseignements que j'ai obtenus, un conflit existe
entre les fonctionnaires ou les contractuels du ministère ou les gens
qui sont impliqués dans le ministère et la Société
québécoise de l'assainissement des eaux. N'est-ce pas là
un des problèmes que nous avons, avec toute la question de
l'assainissement des eaux, et la raison pour laquelle vous avez ces conflits,
par exemple, ces différences d'opinions quant aux expertises, quant
à l'évaluation des projets, quant au contrôle des projets?
En fait, n'est-ce pas là une des questions qui rendent tout le programme
de l'assainissement des eaux si difficile en ce moment?
M. Léger: M. le Président, conflit, non. Qu'il y
ait eu des différences de vues normales avec une société
qui naît, une crise de croissance normale, de maturité d'une
société qui prend tout à coup de l'ampleur, ça,
oui. C'est la raison pour laquelle nous avons dû établir un cadre
de gestion qui permettait d'avoir, aussi bien pour les fonctionnaires du
ministère que ceux de la société, un cadre de
référence pour qu'on parle du même sujet et qu'on puisse
évaluer le fonctionnement selon des critères qui soient les
mêmes comme base.
Donc, c'est vrai qu'il y a eu des divergences de vues. Mais n'oubliez
jamais que c'est le ministre qui est responsable, à la fin, et que le
chiffre final, c'est le ministre qui va le donner via le personnel qu'il peut
avoir avec lui. Quels que soient les chiffres qui peuvent être mis de
l'avant par des fonctionnaires du ministère ou de la
société d'Etat, ce sont des étapes de discussion. De plus
en plus, il commence à y avoir une façon uniforme
d'évaluer des chiffres, et vous allez voir de moins en moins de chiffres
sur la place publique puisque le cadre de gestion donne aux deux organismes, le
ministère et la société, un outil idéal pour avoir
la même évaluation des coûts des projets.
M. Lincoln: Alors, vous me dites que tous les conflits ou tous
les différends, c'est chose du passé. Maintenant, c'est le
paradis terrestre. Les évaluations sont des évaluations
conjointes et uniformes...
M. Léger: Je n'irais pas jusque-là.
M. Lincoln: Non, non mais une façon de dire...
M. Léger: Entre vous et moi, les spécialistes ont
encore le droit d'avoir leur évaluation. C'est sûr qu'il va y
avoir encore des discussions et, d'ailleurs, c'est ce qui fait le plaisir et
l'agrément de ce travail.
M. Lincoln: Excepté pour le contribuable qui paie la
différence.
M. Léger: C'est-à-dire que le ministre est
là pour s'assurer qu'on ne dépasse pas les normes.
M. Lincoln: L'autre jour, quand je vous ai posé une
question sur le contrat passé entre la SQAE et SNC-Lavalin, je pense que
vous avez été pris un peu par surprise. Vous ne sembliez pas
savoir ce qui existait là. Je suppose que, comme ministre, vous
n'êtes pas trop au courant de ce qui se passe dans la SQAE. Mais
pouvez-vous me donner les petits détails là-dessus, parce que la
dernière fois, c'était vers la fin du débat, je ne pense
pas avoir eu les réponses exactes. Est-ce que c'était un contrat
de sous-traitance ou un contrat d'achat de ces services de SNC-Lavalin pour la
gestion et le contrôle? (17 h 30)
M. Léger: Je pense que Lavalin, d'abord, n'est pas
là. Donc, c'est un faux renseignement que le député a.
À un moment donné, la SNC a permis à deux employés
d'aller à la Société québécoise
d'assainissement des eaux pour expliquer le système informatique qu'on a
installé; ils ne sont plus là et maintenant le système
informatique est installé pour permettre d'évaluer la progression
des coûts, c'est-à-dire pour suivre le coût des projets
d'une façon informatique. Le système est installé
maintenant. C'est le système de SNC qui permet de faire le
contrôle des coûts des projets.
Le contrat, de toute façon, est suspendu avec SNC et on a dit
tout cela pour rien.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Mille-Îles.
M. Lincoln: Dites cela encore une fois, M. le ministre.
M. Léger: Jamais je n'oserais dire cela deux fois! J'ai
dit qu'on a tous parlé pour rien parce que le contrat actuel est
suspendu avec SNC.
M. Lincoln: Je suis bien content de vous poser toutes ces
questions, au moins cela vous met un petit peu à jour sur ce qui se
passe dans votre dossier.
M. Léger: S'il fallait que le ministre s'occupe des
millions de détails du ministère, il ne pourrait pas avoir le
temps d'analyser
en profondeur toute la chose.
Région de Montréal
M. Lincoln: De voir la question de l'aile fédérale
à Ottawa. Le programme de la CUM, est-ce que vous pouvez me dire
où on en est? On a un programme formidable à Montréal,
comme vous le savez, on a un système d'intercepteurs sur la berge nord
de l'île de Montréal et une usine qui va résoudre plusieurs
problèmes dans votre région. Seulement dans le secteur sud de
l'île de Montréal, il n'y a aucun intercepteur. On en parle
toujours. Vu que j'habite du côté sud de l'île de
Montréal, il y a plusieurs personnes qui me disent: C'est une affaire
bien extraordinaire, on a un intercepteur au nord qui va aller à
l'usine, au sud on a rien. On parle tellement de cette chose que les plans sont
en train de devenir jaunes. Il y a des ingénieurs, il y a des gens qui
me disent qu'ils ont suivi le dossier de très près, que si
c'était commencé demain ce projet coûterait environ 700 000
000 $, incluant l'ajout de l'agrandissement de l'usine. Est-ce que ce sont des
chiffres réalistes?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Est-ce que la question est si cela
coûterait 700 000 000 $ pour le sud?
M. Lincoln: Pour le sud, incluant l'agrandissement de
l'usine.
M. Léger: C'est possible, mais ce n'est pas
définitif parce que nous avons terminé l'intercepteur nord et
l'usine est en train d'être construite. Il y a un émissaire vers
le fleuve. Nous venons de donner la commande de l'étude pour le secteur
sud; quand on dit sud, cela veut dire de l'est vers l'ouest de façon
qu'on puisse raccorder chaque mille de tuyau directement à l'usine pour
ne pas perdre trop de temps avant le traitement de ce qui va passer dans ces
tuyaux. Il se peut que ce soit dans cet ordre de grandeur, mais c'est
l'étude qui va nous donner les chiffres finaux. Cependant, nous ne
craignons pas tellement, parce que, jusqu'à ce jour, la performance de
la Communauté urbaine de Montréal est exemplaire et
l'échéancier, la plupart du temps, est très très
respecté et les coûts aussi.
M. Lincoln: Les coûts sont bien respectés, seulement
les travaux de l'intercepteur sud ne commencent pas. Si on respecte les
coûts d'après vos chiffres constants et courants, bientôt on
trouve un ajout; par exemple, en 1977, en 1978 et 1979 le budget capital de la
CUM pour toute l'île, c'était 1 200 000 000 $. Déjà
en 1981, ce fut révisé à 1 500 000 000 $. C'est
déjà une...
M. Léger: En dollars constants ou courants? Ne nous
mêlons pas.
M. Lincoln: Ce que je vous dis, c'est que c'est cela votre
affaire, vous parlez de dollars constants et courants. Tout ce que je vous dis,
c'est qu'en 1977, en 1978 et 1979, sur un budget capital qui était une
projection d'un projet qui allait prendre des années pour se construire,
on disait 1 200 000 000 $ et déjà en 1981 on parle de 1 500 000
000 $. On n'a même pas encore commencé l'intercepteur sud.
Qu'est-ce que vous faites pour essayer d'accélérer ce projet de
façon que ce projet démarre avant que les coûts grimpent
encore et qu'on ne puisse plus jamais le commencer?
M. Léger: M. le Président, nous avons fait de nos
pieds et de nos mains pour nous assurer une cohérence entre la
capacité financière de la CUM, sa capacité technique de
réaliser des projets, en même temps, de métro et
d'assainissement des eaux. Donc, tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a
une capacité financière, pour la quantité de travaux qui
peuvent être faits, d'emprunter sur le marché. Donc, on y va le
plus possible. En ce qui me concerne, le plus tôt on commencera, mieux
ça sera. C'est pour ça qu'on a déjà donné le
feu vert pour les études du versant sud. Dès qu'on aura les
résultats de ça, il y aura une autre étape, celle de
commencer les travaux de plans et devis d'abord et les travaux de chantier par
la suite.
M. Lincoln: Mais dans la première étape du projet,
celle qui a été terminée, le gouvernement du Canada y
avait mis 19% selon le programme d'aide à la construction de
réseaux d'égout, soit 145 000 000 $. En fait ce qui va
arriver...
M. Léger: Qu'est ce que vous affirmez là?
M. Lincoln: Écoutez, ce que je vous dis, ce sont les
chiffres que je pourrais prouver, je pourrais vous envoyer ça.
M. Léger: Le gouvernement du Canada a donné 145 000
000 $ dans le...
M. Lincoln: Sur 768 000 000 $, je pourrais vous donner les
chiffres. La CUM, 169 000 000 $, 22%. Le gouvernement du Québec, 454 000
000 $, 59%. Le gouvernement du Canada, 145 000 000 $ par la
Société d'hypothèques du Canada et par DREE, 66 000 000 $
et le reste par les sociétés d'hypothèques, 72 000 000 $.
Alors, ce que je veux vous dire, c'est que c'est
19% du coût. Seulement, avec l'intercepteur sud, parce qu'on a
tellement manqué notre coup, on a tellement attendu, on va perdre comme
vous le savez pour le programme des égouts parce que l'aide
fédérale est terminée. C'est-à-dire que ça
va être une affaire du gouvernement du Québec et de la CUM
entièrement.
M. Léger: M. le Président, c'est incroyable ce que
je viens d'entendre.
M. Lincoln: Oui.
M. Léger: Là, c'est rendu l'inverse. Depuis quelque
temps, le Parti libéral provincial passe son temps à dire: Le
Québec met toujours la faute sur le fédéral. Là,
quand le fédéral ne fait pas son job, c'est la faute du
Québec. C'est le comble. Il y a toujours une limite. Le gouvernement
fédéral, le parti qui dirige le parti provincial libéral -
parce que c'est la même affaire - a décidé tout à
coup d'enlever sa participation financière à l'assainissement des
eaux du Québec. Le député de Nelligan devrait s'opposer
à ça. Quand il est allé fêter la reine à
Ottawa, il aurait dû dire ça en même temps, à ces
gens; ils ont arrêté d'aider le Québec dans
l'assainissement des eaux alors qu'ils ont aidé l'Ontario. Ils ont
continuellement et complètement contribué au programme
d'assainissement des eaux de tout l'Ontario et, pour le Québec, ils
n'ont aucune somme d'argent pour l'usine d'épuration. Vous essayez de
dire que si ça prend du temps à faire l'intercepteur sud, on va
perdre les sommes du fédéral. Le fédéral n'a jamais
eu l'intention... J'ai envoyé trois lettres au ministre
fédéral de l'Environnement pour lui dire de s'engager dans les
dossiers de l'assainissement des eaux en fournissant sa part, jamais il n'a
répondu. La dernière fois qu'il m'a donné une
réponse, c'était pour me dire qu'il ne pouvait pas le faire, mais
qu'il restait un petit 66 0Û0 000 $ pour aider l'assainissement des
Grands Lacs, dans la province de l'Ontario. Le programme est fini depuis bien
longtemps. Il a donné un petit 66 000 000 $. Il n'y a pas un cent pour
le Québec.
M. le Président, je sais bien que c'est le même parti, mais
il faut faire preuve d'objectivité. Je ne peux pas comprendre que le
député de Nelligan essaie de mettre sur le dos du Québec
le fait que le fédéral ne veuille pas contribuer dans le domaine
de l'assainissement des eaux. Cela fait trois ans qu'on le réclame.
M. Lincoln: M. le ministre...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: S'il vous plaît, ne faites pas de la petite
politique. Vous avez mal compris ce que j'ai dit. D'abord, vous
détournez tout ce qu'on dit. Premièrement, comme vous l'avez dit,
j'ai cru au ministre Roberts. Voilà sa réponse du 26
février, si vous voulez la voir. Il m'a donné une réponse
plus étendue, protestant avec la plus grande véhémence
possible au point de vue de la cessation des subsides pour le programme
d'assainissement des eaux et des égouts. Alors ne me dites pas que parce
que c'est le gouvernement fédéral, ça ne me fait rien. Au
contraire, je suis aussi intéressé que vous dans cette question.
Tout ce que j'ai voulu vous dire, c'est que si on avait commencé
l'intercepteur sud il y a quelques années... Ce que j'ai voulu vous
dire, c'est qu'en Ontario, ils ont commencé le programme des
égouts pendant que les subsides fédéraux étaient
là. Maintenant, ils ont terminé leur programme avec l'aide du
fédéral. Tandis que nous, on a tellement tardé, surtout
dans le programme de la CUM, que maintenant pour l'intercepteur sud on va
être collés avec tous les coûts nous-mêmes. Je
n'approuve pas du tout la question du fédéral. Le fait est que
maintenant, cela a été stoppé. Malheureusement, cela a
été stoppé. Ce que je veux vous dire, c'est que si on
avait pris le départ il y a quelques années, on aurait
bénéficié des subsides. On aurait eu 20% des subsides.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Est-ce que le député accepterait
de lire la lettre du fédéral qui est du ministre Roberts qui dit
qu'il ne peut pas contribuer à l'intercepteur sud parce qu'on commence
trop tard? Est-ce qu'il peut la lire?
M. Lincoln: M. le ministre, je vais vous envoyer toutes les
copies de la correspondance. Je n'ai pas écrit principalement pour
l'intercepteur sud. J'ai écrit une lettre générale au
ministre Roberts, lui disant que nous trouvions inacceptable le stoppage -
excusez, l'arrêt...
M. Léger: Arrêt, oui.
M. Lincoln: ... maintenant, au Québec c'est un
péché de dire stop, je m'excuse -l'arrêt de tout programme
de subside pour la question de l'assainissement des eaux et des égouts.
C'est la première lettre à laquelle il a répondu.
M. Léger: Qu'est-ce qu'il dit?
M. Lincoln: J'ai reçu une autre lettre beaucoup plus
longue depuis. Je vais vous envoyer toute la correspondance, incluant la lettre
que j'ai envoyée au ministre moi-
même. C'est une de ses assistantes politiques qui répond:
"On behalf of the Honourable John Roberts, I wish to acknowledge receipt of
your letter of February 26 regarding the termination of federal subsidies. The
minister is aware of your concern over this issue and will be pleased to
respond in a forthcoming communication." J'ai reçu une longue lettre
depuis.
M. Léger: C'est un accusé de réception.
M. Lincoln: D'accord.
M. Léger: J'en ai reçu beaucoup de ça du
fédéral.
M. Lincoln: Je sais, M. le ministre. Écoutez, si vous
voulez que je fasse l'apologie du fédéral, vous cherchez de
mauvaises raisons. Si le fédéral a raison, je le dirai; si le
fédéral a tort, je le dirai aussi. Je suis tout à fait
d'accord avec vous; sans quoi, je n'aurais pas pris la peine de lui
écrire. J'ai écrit aussi sur Kamouraska et sur beaucoup d'autres
choses. Je préfère qu'il intervienne qu'il n'intervienne pas. Je
pourrais vous dire que j'ai eu une longue réponse de lui et ce n'est pas
satisfaisant. Le point que je voulais vous dire, c'est qu'on a tellement
tardé avec toute cette affaire au point de vue de l'intercepteur sud; si
on avait commencé à temps, on aurait profité des 20% de
l'assistance fédérale. C'est ce que je veux vous dire.
Maintenant, ça va nous coûter beaucoup plus cher, ça va
nous coûter 700 000 000 $. Je pose la question: Est-ce que maintenant
ça va être une affaire du gouvernement du Québec et de la
CUM simplement?
M. Léger: M. le Président, d'abord, cela n'a jamais
été 20%. Quand nous sommes arrivés au pouvoir en 1976, il
y avait une contribution de 16 2/3% seulement. Il y avait nécessairement
le prêt de la "Central Mortgage", mais qu'on devait rembourser totalement
avec intérêt. Mais la renonciation était de 16 2/3%. Donc,
cela a été uniquement 16 2/3% sur le début des travaux et
ils ont arrêté unilatéralement à peu près
dans les années 1978. À ce moment-là, nous étions
en plein milieu des travaux de la CUM et en plein milieu des travaux de
Valleyfield, de Châteauguay, les premières municipalités
avec lesquelles nous avons signé. D'eux-mêmes ils ont
arrêté totalement et il a fallu continuer tout seuls. Alors, que
le ministre Roberts - j'ai hâte de voir sa lettre, j'espère avoir
cette copie, comme vous me l'avez promis, comme vous vous y êtes
engagé - dise qu'il a décidé d'arrêter parce qu'on
n'allait pas assez vite, ça fait longtemps qu'il est
arrêté. On m'a dit 1978; ça veut dire que ça fait
quatre ans qu'il est arrêté. Pendant ce temps-là, nous
avons ajouté un ensemble de projets qui sont rendus à 1 800 000
000 $ dont 600 000 000 $ sont déjà faits, tuyaux dans le sol avec
des usines. On en a pour 1 800 000 000 $ de signés et qui font partie du
décor.
M. le Président, je suis très heureux, de toute
façon, que le député me dise qu'il le réclame du
ministre de l'Environnement fédéral. Je le félicite
là-dessus, mais je ne peux absolument pas accepter l'idée que,
parce que nous y allons graduellement dans notre programme d'assainissement des
eaux, le fédéral n'embarque pas; c'est un faux-fuyant. Je ne suis
absolument pas d'accord et que le député ne se laisse pas leurrer
par mon homologue fédéral.
M. Lincoln: Je n'ai jamais dit tout ça, M. le ministre.
Enfin, en tout cas, le journal des Débats dira ce que j'ai dit. Je crois
que reprendre toute cette petite discussion-là ne vous aiderait pas.
C'est tout à fait le contraire. J'ai dit que j'avais écrit sur le
principe du stoppage des subventions. Il m'a répondu par une lettre. Je
vais vous envoyer toute la correspondance incluant sa réponse, incluant
toutes les lettres que j'ai envoyées et que j'ai reçues. Je vais
vous envoyer ça. Deuxièmement, ce que j'ai voulu vous dire, c'est
qu'en Ontario, ayant commencé quelques années en avance, ils ont
déjà récolté le fruit de tous les subsides
fédéraux. Là, vous allez me dire: Peut-être que le
gouvernement libéral d'avant aurait dû l'avoir fait.
M. Léger: Voilà ce que je n'ose pas dire.
M. Lincoln: Oui, je le conçois avec vous. Mais, depuis
1976, le gouvernement libéral est parti. S'il faut blâmer le
gouvernement libéral, eh bien, faisons-le. Ce n'est pas une histoire de
faire une apologie du gouvernement fédéral ou du gouvernement
libéral d'avant. Vous me dites qu'il n'y a pas eu de subsides du
gouvernement fédéral. Sur le programme de la CUM, je vous donne
les chiffres. La moitié du programme qui sera terminé en 1984
montera à 768 000 000 $. (17 h 45)
Je vais vous donner des chiffres et, si c'est faux, je suis prêt
à accepter que c'est faux. Moi, les chiffres qu'on m'a donnés,
c'est que la CUM a mis 169 000 000 $, soit 22%; le Québec, 454 000 000
$, soit 59% -la partie la plus importante, nous sommes d'accord - le Canada,
145 000 000 $ soit 19%. Il y a eu un subside du MEER, le ministère de
l'Expansion économique régionale, de 66 000 000 $, et le reste
est venu des programmes de la SCHL, la société
d'hypothèques du gouvernement fédéral. Cela inclut les
programmes de services communautaires de 7 000 000 $, etc.
79 000 000 $. Alors, si ces chiffres sont faux, qu'on me le dise. Moi je
veux vous dire que peut-être qu'on aurait dû commencer
l'intercepteur sud un petit peu avant pour profiter de ces subsides. C'est
malheureux qu'on n'ait pas commencé. Là, on a un programme avec
une jambe, et quand on va commencer, les coûts vont être beaucoup
plus élevés. C'est ça que je voulais dire.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, je dois corriger
certaines choses. L'intercepteur sud ne pouvait pas commencer tant que nous
n'avions pas terminé l'intercepteur nord, parce que la capacité
de la CUM ne lui permettait pas, et sur le plan technique et sur le plan des
emprunts financiers, d'en faire plus que ça dans ce temps-là. Une
chose qu'il ne faut pas oublier, si le Québec a du retard - sans parler
du gouvernement libéral antérieur qui aurait pu commencer les
travaux avant, en arrivant, nous autres, en 1976 nous avons commencé -
c'est que le Québec, dans le temps, que ce soit le Parti libéral
ou l'Union nationale qui était là avant, avait d'autres
priorités que celles que le fédéral avait. Le
fédéral a mis sa participation calquée sur le rythme des
besoins de l'Ontario. C'est ça le fédéralisme canadien.
C'est l'Ontario qui a les priorités. Le gouvernement
fédéral calque ses programmes sur l'Ontario, et le Québec,
quand il y a d'autres priorités, on ne l'aide pas. Quand ça
devient la priorité du Québec, le fédéral
disparaît.
Dans les chiffres qu'il vient de me donner, M. le Président, je
dois dire qu'il semble un peu mêler les montants d'argent que le
fédéral a donnés sur une dette que le
fédéral avait au Québec dans le domaine de
l'éducation. Le fédéral devait remettre un montant
d'argent pour le secondaire et il a cherché un canal pour le remettre.
11 s'est servi de l'assainissement des eaux. Donc, c'est là qu'il peut
avoir donné un montant, mais c'étaient des sommes d'argent qui
étaient dues au Québec pour l'éducation. Nous, on l'a mis
pour l'assainissement des eaux, mais ce n'est pas une contribution du
fédéral pour l'assainissement des eaux. Tout ce qu'il a
donné pour l'assainissement des eaux, M. le Président, c'est les
16 2/3% sur les premiers 300 000 000 $ ou 400 000 000 $, peut-être 70 000
000 $, sur le programme comme tel de la CUM. Le reste du montant dont je
parlais tantôt pour la dette au niveau du secondaire, c'est une somme
d'argent qui a été appliquée pour d'autres
municipalités autour. Il fallait qu'elles aient des factures dans la
période des deux premières années. Donc, c'est toujours
des contraintes et des complications.
Mais ces chiffres-là, pour la CUM, ne sont pas exacts. Ce n'est
pas 145 000 000 $ précis que le fédéral a donnés
là-dedans. On pourrait peut-être le faire réévaluer
précisément, mais c'est 16 2/3% sur les premiers 300 000 000
$.
M. Lincoln: M. le ministre, on va laisser ça là
parce que là vous allez m'embarquer dans toutes vos affaires. Ce
n'était pas pour l'assainissement des eaux. Ils ont donné
ça pour l'assainissement des eaux, mais c'était pour
l'éducation. C'est très très compliqué. Alors, oui,
je comprends. On va laisser ça.
M. Léger: C'est ça, le fédéralisme
canadien. C'est un mélange de tous les programmes.
M. Lincoln: Oui, oui, justement. Alors là, on va vous
laisser me donner des chiffres précis. Moi aussi j'ai ici des chiffres
précis. Ils ne viennent pas du fédéral. Ils viennent des
organisations québécoises de l'environnement. Alors moi aussi je
vais vérifier les chiffres et on verra qui a raison. Peut-être que
ce sera comme les chiffres que vous m'avez avancés en Chambre, l'autre
jour, et que vous avez eu à corriger. Là on va laisser la
parole...
M. Léger: Je peux peut-être demander au
député de l'Opposition, quand il veut me poser une question en
Chambre qui demande de la vérification de chiffres, qu'il m'avise
d'avance et ça me fera plaisir d'aller chercher les chiffres.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Léger: Mais si vous me demandez des chiffres par coeur,
je trouve que ce n'est pas tellement brillant de dire que le ministre ne
connaît pas ses chiffres. S'il fallait que je connaisse tous les chiffres
qu'il y a dans mon ministère, je n'aurais pas besoin de 1200
fonctionnaires.
M. Lincoln: Enfin, on va laisser ça.
Le Président (M. Gagnon): Merci, rendu à ce
moment-ci, le député de Saint-Hyacinthe me dit qu'il n'a pas de
question à poser. Alors, ça me tente de vous demander si le
programme 2 est adopté. Cela fait un bon bout de temps qu'on en
discute.
M. Lincoln: Écoutez, oui. M. le Président, moi
ça m'est égal d'adopter le programme 2 ou le programme 1 pourvu
que les questions restent. C'est le programme...
M. Léger: On peut adopter tous les crédits, et
continuez à poser des questions.
M. Lincoln: Non, vraiment, moi, ce que j'ai envie de souligner,
c'est que le gros de ce programme 2, c'est l'intérêt sur la dette.
Je pense qu'on a fait un débat sur la question de l'intérêt
sur la dette, mais moi j'ai envie d'y revenir. Je ne sais pas si c'est à
l'intérieur du programme 1 ou 2. Le ministre va me le dire. J'ai envie
de revenir sur la question des déchets toxiques, des pluies acides,
M. Lincoln: ... j'ai envie de revenir sur la question des
déchets toxiques, des pluies acides, du projet Archipel, le programme
des lacs. C'est le programme 1.
M. Léger: Je pense que vous pouvez y aller dans les
questions.
Le Président (M. Gagnon): Continuez vos questions sur le
programme 2. Il m'apparaît que les questions que vous avez à poser
sont encore sur le programme 2.
M. Léger: On aurait pu adopter les trois programmes et
ensuite poser les questions toute la journée, cela aurait fait
pareil.
Le Président (M. Gagnon): II y a quatre programmes, M. le
ministre.
M. Lincoln: Vous voyez, c'est comme ça que vous vous
occupez des chiffres, M. le ministre.
M. Léger: Non, M. le Président, ce qu'il faut c'est
la réponse que le député veut avoir. Je ne suis pas
toujours sûr que la réponse que je lui donne c'est celle qu'il
veut parce qu'il cherche, à un moment donné...
M. Lincoln: Cela, c'est sûr.
M. Léger: ... dans quelle occasion il va pouvoir
blâmer le gouvernement et il ne l'a pas trouvée encore.
M. Lincoln: Vous...
M. Léger: Mais continuez à chercher, il vous reste
deux heures.
M. Lincoln: Vous l'avez dit.
Le Président (M. Gagnon): Ce que je voulais justement
souligner, c'est qu'il vous reste deux heures et dix minutes sur le temps qu'on
a négocié pour l'étude des crédits de
l'Environnement. Quel que soit le programme que vous voulez discuter, il faut
savoir qu'il reste une enveloppe d'environ deux heures et dix minutes.
M. Lincoln: Moi, je suis disposé à passer toutes
les questions qu'on voudra. Après ça on peut adopter ces
programmes un après l'autre.
M. Léger: D'accord. M. Dupré: ...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: M. le Président, si vous retournez en
arrière comme le député de Nelligan, là je voudrais
poser ma question.
Le Président (M. Gagnon): Allez, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: À savoir, des usines d'épuration
qui seront construites comme celles de Saint-Hyacinthe et Granby, est-ce qu'il
en existe présentement? Est-ce qu'on pourrait avoir un peu de
détails sur ce genre d'usines d'épuration? Est-ce qu'il en existe
présentement au Québec de ces types d'usines qui seront
installées à Saint-Hyacinthe et à Granby, parce que c'est
à peu près la même grosseur? De quelle sorte s'agit-il?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Pendant qu'on cherche la réponse, au
moins je peux vous dire qu'il n'existe pas d'usine exactement comme celles qui
se construisent. C'est un peu comme des habits faits sur mesures; il y en a
pour le type de DBO qu'on doit épurer, pour le type de cours d'eau qui
doit recevoir tel type de déversement, aussi tel type de matière
polluante de tel ou tel degré. Donc, c'est un peu des habits faits sur
mesures pour les municipalités, mais avec une technologie qui peut
être la même. C'est une technologie connue qui est courante et
conventionnelle.
M. Dupré: Est-ce qu'on peut en visiter quelque part au
Québec? Est-ce qu'il en existe présentement de similaires?
M. Léger: Comme celles de Granby et de Saint-Hyacinthe, je
ne le pense pas.
M. Dupré: Est-ce qu'il en existe ailleurs, dans d'autres
pays?
M. Léger: II doit y en avoir, mais comme je vous le dis,
comme c'est toujours fait en fonction de tel... Si vous pouviez voir l'usine de
la CUM, c'est un type de traitement considérable; c'est pour 2 000 000
d'habitants. Si vous allez voir à Val-David, vous allez voir un bassin
de traitement...
M. Dupré: Si je me renseigne là-dessus c'est pour
savoir si c'est une usine ouverte ou si c'est une usine fermée,
d'où peut dépendre le site où on va installer ladite
usine.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: On pourrait peut-être regarder, aux
États-Unis, qui a le style le plus proche possible de celle-là
pour l'identifier.
M. Dupré: Parce que je pense que ce serait très
important de savoir s'il se dégage des odeurs ou des choses semblables
quand il s'agit de décider du site sur lequel on va l'installer.
M. Léger: II y a un rayon de protection, quand même,
qui est prévu pour la question des odeurs. Là peut-être
que...
M. Dupré: C'est toujours facile de...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse. M. le
député de Saint-Hyacinthe, il faudrait demander la parole parce
que là ça peut être difficile. Si vous parlez tous les deux
en même temps ça peut être difficile d'enregistrer les
débats. La parole est au ministre, après je vous redonnerai la
parole.
M. Léger: De toute façon, il y aura
possibilité de vous donner des endroits où il peut en exister de
semblables.
M. Dupré: J'espère qu'on aura l'occasion d'aller
les visiter ensemble.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan, est-ce que vous avez d'autres questions?
Les canettes d'aluminium
M. Lincoln: M. le ministre, si vous voulez, on va faire une
petite diversion avant de passer à d'autres sujets. C'est seulement pour
savoir quelque chose avant que j'oublie. Je sais que ce n'est peut-être
pas dans l'ordre, vous allez me pardonner. Mais dans l'affaire de ces canettes
d'aluminiun et des embouteilleurs, d'après ce que j'entends dire, les
informations que nous avons eues, cette affaire-là était
très près d'être discutée. Est-ce que vous avez
gagné la partie ou si vous avez perdu?
M. Léger: Une chose est certaine, c'est que
l'environnement a gagné.
M. Lincoln: L'environnement a gagné. M. Léger:
Mais le ministère de l'Industrie et Commerce n'a pas perdu.
M. Lincoln: C'est bon. Est-ce que vous pourriez me donner des
détails sur les compromis?
M. Léger: Malheureusement, M. le Président,
j'aimerais bien satisfaire le député. Je peux lui dire que toutes
les recommandations qu'il m'avait faites se réalisent.
Nécessairement, comme la proposition est en train de se faire aux
industries, pour ne pas nuire à cette présentation ou qu'elle
soit mal perçue, je ne peux pas lui donner le renseignement tout de
suite. Probablement que d'ici une semaine à dix jours, j'aurai quelque
chose à annoncer.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: C'est-à-dire qu'il y a un compromis quelconque
que vous jugez satisfaisant.
M. Léger: C'est-à-dire qu'il n'y a eu aucune
compromission, mais il y a eu une amélioration de la situation sur le
plan environnemental.
M. Lincoln: Sur le plan environnemental. Alors les gens que vous
appuyez, les embouteilleurs, sont satisfaits.
M. Léger: Ils sont des plus heureux. Ils sont en train de
préparer une fête.
M. Lincoln: Ah oui! Cela ça doit vous réjouir. Vous
aurez beaucoup de fêtes à...
M. Léger: II va y avoir des bouteilles là.
Déchets toxiques
M. Lincoln: On va aborder un autre sujet. J'aurais voulu parler
un peu des déchets toxiques. Je lisais votre rapport annuel de
1980-1981. On y parle, à la page 62, d'une étude
réalisée par Hydrogéo Canada et financée par le
service. On a démontré que le front de contamination,
résultant du déversement d'environ 45 000 000 de litres de
déchets liquides dans une lagune, il y a une dizaine d'années, a
progressé à un rythme de 450 mètres par an. "Des mesures
appropriées seront prises en 1981-1982 afin d'en arriver à une
saine gestion des eaux souterraines."
Vous disiez qu'en 1981-1982 vous alliez prendre des mesures. On a
déjà discuté de ça. Je voudrais vous poser quelques
questions additionnelles. En fait, comme on le sait, en 1981-1982, quand vous
avez eu le rapport de Hydrogéo Canada, qui était daté de
novembre 1981, rien ne s'est passé. Vous
avez fait une conférence de presse ici et là, dont une en
juillet 1981. On a sans doute laissé passer les élections. Ces
affaires ne se disaient pas pendant les élections. Après les
élections, on s'y est mis. En 1981, on a fait une conférence de
presse. Bref, ce n'est qu'en 1982, après le rapport - il y a eu une
fuite du rapport - que soudainement votre ministère a mis le travail en
oeuvre en catastrophe pour annoncer un programme, je pense, de 1 200 000 $ pour
installer des tuyaux pour apporter de l'eau potable, parce que l'eau avait
été contaminée, et que des gens, d'après le rapport
de Hydrogéo Canada - je sais que vous avez contesté la chose
-buvaient de l'eau avec des degrés de phénol inacceptables,
pendant plusieurs mois sans doute. En fait, j'ai un rapport très
récent qui montre que tout récemment il y avait sept familles,
dans différentes régions, qui buvaient toujours de l'eau avec des
taux de phénol inacceptables.
M. Léger: Quel rapport avez-vous? Le nôtre ou celui
d'une firme privée.
M. Lincoln: Non, j'ai un rapport qui vient d'une firme
privée, je pense.
M. Léger: D'accord.
M. Lincoln: Non, je ne veux pas le déposer. E m'a
été remis confidentiellement. En tout cas, d'après ce que
je comprends, selon beaucoup d'intervenants, dont un ingénieur, ce
programme que vous avez fait, a été fait en régie, sans
soumissions. Vous avez acheté des tuyaux de la Société
nationale de l'amiante ou une de ses filiales, et on a employé des
entrepreneurs incompétents. Est-ce vrai que ce projet, à un
moment donné, était tellement en retard qu'on se demandait si
votre échancier de juin-juillet...
M. Léger: Je vais corriger tout de suite une
affirmation...
M. Lincoln: Oui.
M. Léger: ... pour le journal des Débats: il y a eu
soumissions.
M. Lincoln: Sur quoi y a-t-il eu soumissions?
M. Léger: Oui, oui.
M. Lincoln: Sur quoi y a-t-il eu soumissions?
M. Léger: Pour les tuyaux.
M. Lincoln: II y a eu soumissions pour les tuyaux.
M. Léger: Oui, ça a été fait pas le
Service général des achats.
M. Lincoln: Pouvez-vous me dire combien de firmes ont...
M. Léger: ... soumissionné.
M. Lincoln: Est-ce que cela a été une soumission
par invitation ou une demande de soumissions publique?
M. Léger: II y en a eu au moins deux. M. Lincoln:
Au moins deux. M. Léger: Oui.
M. Lincoln: Est-ce à la suite d'une invitation?
M. Léger: Sur invitation. (18 heures)
M. Lincoln: Ah bon! Moi, je connais des sociétés
qui sont très impliquées dans ce domaine et qui disent qu'elles
n'ont jamais vu aucune demande de soumissions publique. Je comprends, cela a
été une soumission sur invitation de deux firmes.
M. Léger: C'est ça. M. le Président, on
pourrait peut-être continuer à huit heures. Je
préfère revenir à huit heures pour y aller à fond
là-dedans parce qu'il y a beaucoup de choses qui doivent être
éclaircies. Je suis content que le député ouvre ce
débat-là. J'espère qu'on va le continuer tantôt.
M. Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Sur
ce, la commission de la protection de l'environnement suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures.
(Suspension de la séance à 18 h 01)
(Reprise de la séance à 20 h 14)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre s'il vous
plaît!
Lors de la suspension des travaux, je crois que la parole était
au député de Nelligan.
M. Léger: C'est-à-dire qu'il m'avait posé
une question.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan, c'est vrai, avait posé une question au ministre. Donc, la
parole était à vous.
M. Léger: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne, vous remplacez.
M. Blais: J'aimerais que vous signaliez ma présence, s'il
vous plaît.
Le Président (M. Gagnon): C'est déjà
fait.
M. Blais: Merci beaucoup.
Le Président (M. Gagnon): On vous souhaite la
bienvenue.
M. Blais: Je vous en remercie.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, l'arrivée du
député de Terrebonne soulève des réponses
particulières à la question du député de Nelligan
concernant la ville de Mercier. Je pense que la question était: Pour
quelles raisons sommes-nous intervenus de la façon dont nous l'avons
fait? Je dois dire que dans sa question, il a dit que nous aurions dû
intervenir avant. Je dois dire qu'en février 1981, l'étude
Hydrogéo Canada donnait une progression de 450 mètres par
année. Il s'agissait d'un modèle théorique. Nous avions
donné ce rapport d'Hydrogéo Canada aux citoyens. Donc, ce
n'était pas un rapport caché ou secret, il avait
déjà été remis aux citoyens. C'est en juillet 1981
que nous avions dit, à partir d'analyses faites en juin, qu'il n'y avait
pas de danger et qu'il n'y avait pas de contamination de pluie à ce
moment, même si c'était plus élevé que les normes,
même si c'était plus bas que les normes de santé.
L'Organisation mondiale de la santé fixait les normes à 100 ppb,
et nous, au Québec, nous les avions fixées à 50 ppb, par
mesure de précaution. Nous surveillions la situation. Au mois
d'août, les analyses ont confirmé qu'elles étaient toujours
en bas de 50. Même s'il se peut qu'un laboratoire privé ait
affirmé qu'il aurait pu y avoir du phénol dans l'eau, chaque fois
qu'il y a eu cette question ou cette déclaration, nous sommes
allés faire nos propres analyses, et nous n'avons jamais trouvé
de phénol, selon les analyses du gouvernement.
Cependant, nous avons régulièrement fait les analyses aux
mois d'août, septembre, et novembre. Il n'y avait rien à signaler.
En janvier 1982, nous avons découvert des analyses inquiétantes:
il y avait du phénol à Sainte-Martine. Nous avons à ce
moment analysé ces rapports, et il y avait interférence dans ces
analyses, c'est-à-dire qu'il y avait d'autres facteurs qui pouvaient
produire les mêmes conséquences que le phénol comme
possibilités; cela pouvait être autre chose aussi. Nous avions,
à ce moment-là, rencontré depuis quelques mois
déjà les maires et nous leur avions demandé de
préparer des plans et devis, parce que tôt ou tard la nappe allait
être atteinte; il fallait des plans et devis pour une solution
permanente. Comme je l'avais dit, la responsabilité de donner de l'eau
aux citoyens relève des municipalités et ne relève pas en
premier ressort du gouvernement.
C'est une responsabilité des municipalités, c'était
donc à elles de préparer leurs plans et devis pour donner de
l'aide aux citoyens. Il est entendu que l'aide du ministère était
toujours acquise et c'est pour cela que, quand nous avons vu les
résultats du 24 mars, on a interdit la consommation et on a
appliqué un plan d'urgence. À ce moment-là, nous avons
décidé d'y aller nous-mêmes et, depuis ce temps, on peut
dire que nous avons fait une intensification des relevés, par le
ministère, nous avons installé des conduites temporaires en date
du 29 mars et nous avons même facilité le transport de l'eau
potable comme mesure d'urgence temporaire.
Il y avait, pendant ce temps-là, un dialogue constant avec les
maires qui nous ont demandé de leur donner les résultats pour
qu'ils les communiquent à la population. On n'interdisait pas l'eau,
mais nous recommandions d'être très prudents à cette
époque. Une étude épidémiologique était en
préparation. Des gens ont fait faire des analyses par des laboratoires
privés; les résultats diffèrent des nôtres et on est
en train d'analyser pourquoi il y a une différence entre les analyses du
gouvernement et celles des laboratoires privés.
Nous avons donc choisi une solution permanente, comme ce n'était
plus le temps de tergiverser sur le plan de grandes discussions. Les gens
avaient besoin d'eau, ils avaient un problème d'urgence avec
Géant vert, ils avaient un problème d'urgence auprès des
citoyens de la ville de Sainte-Martine. C'est pour cela que nous avons
immédiatement acheté des tuyaux pour 250 000 $ par appel d'offres
sur invitation, et tout cela par le service général des achats
selon les procédures en vigueur au ministère. Les plans et devis
ont été faits par la firme Drummond, Scott, Tremblay et Mercier,
de Granby, selon le fichier central, donc par notre système qu'on
appelle communément Rosalie. Il y a eu location de machinerie selon la
liste des fournisseurs, selon les prix et les districts et engagement
d'occasionnels par l'entremise du centre de main-d'oeuvre, autant pour les
employés réguliers que les étudiants. Il y a eu, à
un moment donné, une crainte de la municipalité de
Châteauguay suite à une étude du balancement de la chute de
pression, mais ce dossier est à l'étude pour l'approvisionnement
en eau potable.
Pour nous, la priorité d'alimentation c'est Géant vert,
Sainte-Martine, Saint-Paul, Mercier et aussi le rang Saint-Jean-Baptiste.
Selon les derniers rapports que j'ai eus, on peut dire que le
résultat devrait être selon les prévisions et que les
délais prévus seront respectés. On peut dire que, le 1er
juin, il devrait y avoir une bonne proportion de la municipalité qui
aura de l'eau potable.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Avant de
vous laisser la parole, M. le député de Nelligan, j'ai le
goût de vous suggérer une façon de procéder. Il me
semble que les questions viennent surtout au programme 2. Alors, je voulais
vous demander s'il y a des questions pour les programmes 3 et 4? Sinon, on
pourrait adopter ces deux programmes immédiatement et continuer de
discuter sur le programme 2 jusqu'à la limite de notre temps.
M. Lincoln: Oui, je suis tout à fait d'accord avec
cela.
Connaissance
Le Président (M. Gagnon): Vous êtes d'accord. Ce qui
veut dire que le programme 3, éléments 1 et 2, sera
adopté?
M. Lincoln: Le programme 1 serait adopté.
Le Président (M. Gagnon): Les programmes 1, 3 et 4.
M. Lincoln: Peut-être que nous poserons des questions sur
le programme 3; ensuite, on l'adoptera. Il n'y a pas de longues questions sur
4.
Le Président (M. Gagnon): Alors, on pourrait revenir tout
de suite aux programmes 3 et 4.
M. Lincoln: Oui, les programmes 3 et 4.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Sur le programme 3, vous montrez un transfert de 335
000 $ concernant les laboratoires et la recherche. L'an dernier, vous n'aviez
aucun montant inscrit sous cette rubrique. Est-ce que vous pouvez nous donner
de précisions là-dessus: où cela va, comment c'est
distribué, selon quels critères?
M. Léger: À quelle catégorie du programme
3?
M. Lincoln: C'est à transfert, sous la rubrique 10 du
programme 3.
M. Léger: 335 000 $ vis-à-vis de zéro,
est-ce que c'est cela?
M. Lincoln: Je pense que cela touche les laboratoires de
recherche. Je me demandais pourquoi, en 1981-1982, il y avait eu zéro
et, soudainement, il y a 335 000 $.
M. Léger: L'accroissement des crédits
affectés à la supercatégorie transfert pourrait
s'expliquer de la façon suivante: il y a un 225 000 $ de crédits
additionnels obtenus dans le cadre de l'inventaire de l'assainissement agricole
pour des recherches sur le traitement des fumiers - je réponds à
la question du député de Saint-Hyacinthe en même temps - et
110 000 $ qui est un virement de crédits de la supercatégorie
fonctionnement. 10 000 $ pour une étude de l'aquifère au
Cap-de-la-Madeleine, 25 000 $ pour le transfert des polluants INRS-Eau, 16 000
$ pour l'étude d'impact des pluies acides, 15 000 $ pour un livre
d'hydrologie, 42 000 $ pour divers projets de recherche, ce qui fait 110 000 $,
donc, 335 000 $ cette année.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Excusez-moi, j'étais distrait. En 1981-1982,
vous n'aviez pas les mêmes besoins?
M. Léger: Non, c'était nouveau. C'est un
crédit additionnel de 225 000 $ pour les études sur la
transformation du fumier de porc qui sont des subventions; donc, cela a
été placé là; pour l'autre, comme j'ai dit, c'est
un virement de crédits pour des subventions à des projets
d'étude, une sur l'aquifère, l'autre sur le transfert des
polluants; l'autre, c'est une étude d'impact sur les pluies acides,
etc.
M. Lincoln: Est-ce que ce sont des projets ponctuels qui vont
d'année en année et que, peut-être, l'année
prochaine, en 1983-1984, vous pourriez ne pas en avoir ou si c'est nouveau?
M. Léger: II n'y en a pas eu l'année
dernière, il y en a cette année. Certains vont se poursuivre,
certainement; les 225 000 $, cela couvre trois ans, il restera deux ans.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Sur la question de l'échantillonnage de
l'eau, les citoyens, auparavant, pouvaient aller au laboratoire de la ville de
Laval faire échantillonner leur eau; je pense que maintenant ce
programme a été arrêté. On a évoqué la
raison, d'après mes informations, qu'il est difficile pour le
laboratoire de garder les services, vu que l'orientation du laboratoire
changeait. Il me
semble que ce programme, d'après les informations que nous avons
eues, existait depuis 1973. Ne considérez-vous pas ce programme
essentiel par rapport à votre politique de faire des 6 000 000 de
Québécois des protecteurs de l'environnement?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: La seule raison, c'est qu'on veut de plus en
plus spécialiser nos laboratoires, mais il y a eu à un moment
donné des abus et c'était l'État qui était
obligé de payer beaucoup trop dans les périodes difficiles. C'est
pour cela qu'il y a eu une plus grande sévérité de ce
côté.
M. Lincoln: Est-ce qu'on n'aurait pas pu garder le service de
laboratoire, quitte à demander un montant quelconque aux gens qui
voulaient s'en prévaloir?
M. Léger: Le ministère comme tel ne peut pas
facturer. Les coûts seraient équivalents, de toute façon,
à ceux de l'entreprise privée, mais on n'est pas, comme
ministère de l'Environnement, capable d'aller retirer de l'argent;
ça va au fonds consolidé.
M. Lincoln: Est-ce que ce laboratoire a cessé
complètement ses activités, est-ce qu'il a été
fermé ou...
M. Léger: Non. C'est juste ce programme-là qui est
touché, les laboratoires ne sont pas fermés.
Il faut dire que de plus en plus, pour ce qui est de la
responsabilité de la qualité de l'eau, qui relève des
municipalités, trop souvent les municipalités s'attendent que le
gouvernement du Québec s'en charge. Le fait qu'on doive donner beaucoup
de services actuellement nous empêche de spécialiser nos
laboratoires et d'aller vers une recherche plus approfondie, des analyses plus
spécialisées de la qualité des eaux. Nous étudions
la possiblité d'avoir un règlement sur la qualité de l'eau
potable qui pourrait amener des changements dans ce fonctionnement, avec des
procédures d'accréditation de certains laboratoires où les
municipalités pourraient aller... prendre une bonne partie de nos
effectifs avec les revenus qu'a le gouvernement et les affecter à aller
plus en profondeur dans l'analyse de laboratoire.
M. Lincoln: Je pense qu'il y a deux ans de cela, dans les
crédits - c'était un de mes collègues qui était
là à ce moment-là, je n'étais pas
député - vous avez parlé de recherches qui étaient
en cours concernant le transport du fluor, la question de la fluoration de
l'eau. Est-ce que vous pouvez me dire si ces recherches continuent? Est-ce
qu'elles se poursuivent ou bien si elles ont été
abandonnées ou quoi? Surtout dans la région de Montréal,
c'est une question importante parce que, comme vous le savez, la ville de
Montréal par principe a décidé autrement, alors...
M. Léger: Les études se continuent, mais on aboutit
quand même toujours à la même conclusion, en ce sens qu'il y
a une sorte de moratoire qui existe avec le ministère des Affaires
sociales pour ne pas obliger les municipalités à se servir de la
loi qui a été adoptée. S'il y a une municipalité
qui veut fluorer ses eaux, elle peut le faire; nous, on a fait des
études pour connaître la quantité de fluor que les citoyens
peuvent absorber dans leur fonctionnement quotidien.
Il y a d'autres sources de consommation de fluor que l'eau potable, et
l'ensemble de ces sources, c'est là-dessus qu'on nous envoie des
analyses pour voir si le degré de capacité d'absorption de fluor
par le citoyen peut être dépassé. Si on crée
l'obligation de prendre de l'eau potable qui a continuellement du fluor,
certaines personnes qui n'en prennent pas dans leurs habitudes de consommation
quotidiennes, soit dans la nourriture ou le milieu de travail, etc., ça
n'aura pas pour elles de conséquences graves. Pour nous, on trouve que
c'est quand même un risque - c'est le point de vue du ministère de
l'Environnement - d'obliger certaines personnes dont on ne connaît pas la
quantité de fluor qu'elles absorbent à prendre du fluor de
façon uniforme. C'est pour cela qu'on trouvait que c'était un
mauvais véhicule pour absorber le fluor.
M. Lincoln: Est-ce que ces études ont été
rendues publiques, où est-ce qu'on en est? Est-ce que ce sont des
analyses internes ou bien est-ce que...
M. Léger: Ce sont plutôt des analyses internes. Tout
ce que je peux dire, c'est que presque tous les pays qui avaient cette loi de
fluoration des eaux municipales l'ont abandonnée. C'est pour cela qu'on
va plutôt dans cette direction-là et qu'il n'y a pas beaucoup plus
de résultat.
M. Lincoln: Quelle est l'attitude de votre ministère? Par
exemple, vous savez qu'à Montréal c'est un sujet important pour
les citoyens, parce que la ville de Montréal a pris l'attitude de ne pas
mettre de fluor dans l'eau potable, tandis que certaines municipalités
alentour voulaient le faire ou le font. Est-ce que vous pourriez nous dire
quelle est l'attitude de votre ministère sur cette question? (20 h
30)
M. Léger: L'attitude du ministère est celle du
gouvernement. Deux ministères en
sont responsables, le ministère des Affaires sociales est
responsable de la loi et le ministère de l'Environnement s'occupe des
conséquences du fluor dans l'environnement. Selon nous, de par le fait
que tout retourne tôt ou tard à l'eau, que les eaux
reçoivent toujours des résidus de fluor, notre politique est la
suivante: Une municipalité qui désire se prévaloir de la
loi pour être aidée par le ministère des Affaires sociales
peut le faire, mais on n'obligera pas les citoyens ni les municipalités
à le faire. Là-dessus, le maire Drapeau et le ministère de
l'Environnement sont sur la même longueur d'ondes.
M. Lincoln: Comptez-vous rendre vos études publiques?
Est-ce que cela n'en vaudrait pas la peine sur cette question?
M. Léger: Je pense que la principale étude du Dr
Bundock, qui était un conseiller spécial chez nous, a
été rendue publique. Si le député veut en avoir une
copie, on pourrait peut-être la lui donner.
M. Lincoln: Oui, avec plaisir.
M. Léger: II faudrait peut-être prendre cela en
note.
M. O'Gallagher: J'aurais une question à poser
là-dessus.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, c'est parce que Mme
la députée de Johnson avait demandé la parole depuis un
bout de temps. Après, je vous reconnaîtrai, M. le
député.
M. O'Gallagher: C'est seulement sur le fluor.
Le Président (M. Gagnon): Sur la même question, M.
le député O'Gallagher.
M. O'Gallagher: Y a-t-il des études ou des rapports disant
que l'addition du fluor dans l'eau a un effet bénéfique sur la
qualité des dents de la population?
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, je vous ai
appelé par votre nom, M. le député. C'est M. le
député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: C'est d'accord, M. le Président, je vous
en prie.
M. Léger: C'est un peu un domaine comme celui des avocats,
des ingénieurs, des scientifiques ensemble qui ont tous des
compétences, mais qui n'ont pas toujours les mêmes conclusions.
Aux États-Unis, il semble que les études de certains
scientifiques disent - c'est la même chose en politique -qu'il y a un
avantage pour les dents et que d'autres disent qu'il n'y en a pas. Ces grands
débats entre scientifiques, les politiciens sont bien mal pris avec
cela. Ce n'est pas tranché au couteau. Il y a en a qui se servent de
telle étude pour dire que la vérité est là et
d'autres se servent de l'étude d'une autre compétence qui donne
des conclusions complètement contraires.
M. O'Gallagher: Un autre mot. Ici au Québec, le
gouvernement n'a pas pris position pour ou contre la fluoration des eaux
potables. Nous sommes encore un peu dans la vapeur, à savoir si c'est
bénéfique pour la population ou non. Est-ce la conclusion?
M. Léger: C'est sûr qu'il y a beaucoup de
scientifiques qui disent que c'est bénéfique pour la santé
comme d'autres disent le contraire. Nous, nous sommes pris avec une loi qui a
été votée par le gouvernement qui nous a
précédés. On a mis un moratoire sur cette loi qui fait
qu'on laisse les municipalités libres de le faire. Quand j'étais
dans l'Opposition, assis au siège du député de Nelligan,
la position de notre parti, c'était de demander que ce soit fait par
référendum dans les municipalités, sauf que la loi a
été adoptée, on est pris avec elle. On a pris une
décision qui peut se résumer ainsi: ce n'est pas à nous de
dire: Nous sommes des scientifiques, c'est bon, alors que les scientifiques ne
s'entendent pas. On a simplement dit qu'il devait y avoir un moratoire. Les
municipalités qui ne le veulent pas ne sont pas obligées de
l'utiliser et celles qui le veulent pourront bénéficier de ce que
la loi leur donne.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Je ne vous apprendrai
pas que mon comté est aux trois quarts agricole.
Le Président (M. Gagnon): Voulez-vous approcher un peu
votre micro?
Mme Juneau: Oui, merci.
Ma question va porter sur un aspect de l'environnement touchant
l'agriculture. De nos fermes artisanales qu'on avait il n'y a pas très
longtemps, juste avant que le Parti québécois prenne le pouvoir,
on a donné tellement de subventions et créé tellement de
programmes qu'on en a fait de vraies industries. L'environnement en a souffert,
parce que cela a été trop vite, je pense, cela a grossi trop
vite. Je voudrais savoir si vous avez réglé le problème de
la pollution agricole, dans un premier temps.
Ma question est celle-ci: Qu'avez-vous l'intention de faire pour
répondre aux inquiétudes de l'UPA? Quand elle est venue
manifester ici, elle avait des inquiétudes à ce sujet.
J'aimerais savoir si vous avez pensé à quelque chose du point de
vue agricole pour l'environnement.
M. Léger: Oui, nous avons rencontré l'UPA ici, tel
que je m'y étais engagé quand elle est venue manifester. Je
pensais que c'était préférable de discuter dans un climat
un peu plus détendu et serein que de le faire dans une situation
survoltée quand les gens viennent manifester leurs appréhensions
devant les différents aspects de l'administration. Dans cette rencontre,
ce qu'on nous a fait surtout remarquer, c'était que l'UPA avait plus de
craintes pour les éleveurs de bovins que pour les éleveurs de
porcs. Elle trouvait que notre réglementation sur le porc était
juste, que le moratoire était juste, mais qu'il y avait des
problèmes d'application par nos inspecteurs dans les régions.
À ce moment-là, nous avons pris entente sur la façon
d'appliquer dorénavant la réglementation au niveau du porc et du
bovin ainsi que sur la façon de contacter les agriculteurs qui souvent
mêlaient une simple visite à un geste juridique, à un
aspect légal ou un simple avis de correction à une poursuite
judiciaire, alors que ce sont toutes des étapes différentes.
On a proposé quatre étapes pour les inventaires des
équipements dans les fermes. La première étape, c'est une
étape d'information. On se dit qu'il est important, si on choisit un
bassin comme la Yamaska, l'Assomption ou la Chaudière, que les gens qui
vivent dans ces bassins sachent que ce ne sont pas uniquement les agriculteurs
qui sont visités, mais aussi tous les pollueurs, l'industriel, le
municipal, le pollueur individuel, avec sa fosse septique, et le pollueur
agricole. Pour cela, on a prévu un article dans le journal "La terre de
chez nous", qui expliquerait le plan d'intervention.
Deuxièmement, sur le plan local, on a proposé qu'il y ait
des dépliants distribués à tous les agriculteurs des
régions du bassin à dépolluer et aussi des bulletins
régionaux, donc, une étape d'information où les gens
sauraient que nous allons faire une intervention à l'endroit de tous les
pollueurs. Ce n'est donc pas uniquement l'éleveur de porcs ou
l'éleveur de bovins. Quant à l'inventaire dans les bassins
cibles, nous allons envoyer une lettre à l'agriculteur pour lui dire: On
s'en va voir comment votre équipement fonctionne; une visite suivra, et
uniquement une visite d'un technicien qui vient voir l'agriculteur.
Troisième étape, l'étape de la négociation.
Lors de cette visite, il se peut qu'on vérifie si l'équipement
est conforme ou pas conforme. S'il n'est pas conforme, peut-être cela
demande-t-il seulement une petite correction. Donc, on envoie une lettre-bilan
à l'agriculteur qui a besoin de certaines corrections, en lui disant:
Comme il faut que vous fassiez une ou des corrections, on vous demande de
regarder vous-même de quelle façon vous êtes capable de
respecter le règlement et de nous indiquer une façon de corriger
la situation et d'apporter des améliorations pour assurer le respect du
règlement. Il a trente jours pour nous proposer quelque chose. Ce n'est
pas nous qui lui dirons: Vous allez faire cela. Le règlement lui dit
qu'il doit avoir une fosse étanche; comment la rendre étanche?
Cela peut différer selon les lieux. Il y a des endroits où cela
peut coûter 10 000 $, d'autres 20 000 $ et d'autres où cela ne
coûtera rien. Il y a des façons de répondre à la
réglementation qui sont très artisanales et souvent très
efficaces. Après trente jours, il y a une visite. Si c'est
corrigé, tout est parfait. Si ce n'est pas corrigé, cela devient
un peu plus sérieux. Il y a eu la période d'information, il y a
eu la période pour apporter des solutions. Si on ne les a pas
apportées, nous posons un geste qui s'appelle un avis de correction. Il
n'y a rien de légal là-dedans. C'est seulement un avis officiel
du ministère qui dit: II faut que vous corrigiez votre système,
parce qu'il pollue actuellement le cours d'eau.
La quatrième étape, c'est la procédure judiciaire.
Cela veut dire que, lorsqu'il y a eu un avis de correction, qu'il ne s'est pas
exprimé, qu'on n'a rien corrigé, rien fait, à ce
moment-là, après toutes ces étapes, quand c'est tout
simplement de l'entêtement, Il y a un avis d'infraction, donc une mise en
demeure qui peut passer par une injonction et une poursuite par la suite.
Comme vous voyez, il y a toute une série de procédures qui
permettent à quelqu'un de bonne volonté de corriger la situation
en tenant compte des conditions. On sait aussi que, du côté du
porc, nous allons être sévères. Nous allons donc d'abord
nous occuper de régler le problème du porc, qui est plus
sérieux. On verra ensuite au problème des bovins. C'est pour cela
qu'il y a un peu plus de tolérance du côté des bovins. On
ne peut pas tout faire en même temps, on va commencer par le porc.
Mme Juneau: Est-ce que c'est commencé, M. le ministre?
M. Léger: Oui. Je peux même ajouter que les gens de
l'UPA sont repartis heureux et contents. S'il y a encore des agriculteurs qui
peuvent penser à l'aspect négatif de la situation, souvent
encore, ce sont des gens qui n'ont pas été contactés par
leur union, leur UPA régionale et qui ont l'image de ce qui
s'était passé il y a quatre, cinq ou six mois, alors que nous
avions été très sévères parce qu'il y avait
de grands problèmes d'approvisionnement d'eau sur la rivière
l'Achigan, sur l'Assomption et sur la
Yamaska.
Mme Juneau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Gagnon): Sur le même sujet, M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: C'est surtout pour mon ami, le député de
Jacques-Cartier, qui a de nombreux porcs dans son comté que je voudrais
poser cette question.
M. O'Gallagher: II n'est pas ici, le député de
Jacques-Cartier.
M. Blais: Pardon?
M. O'Gallagher: II n'est pas ici, le député de
Jacques-Cartier.
M. Blais: Baldwin.
M. O'Gallagher: Robert Baldwin.
M. Blais: Robert Baldwin. Je vous remercie. Le
député de Robert Baldwin a beaucoup de porcs dans son
comté et on sait qu'il y a un problème environnemental qui existe
dès que le marché du porc fluctue. Actuellement, le marché
du porc est à 93 $ les cent livres, c'est un des niveaux les plus hauts
depuis très longtemps.
M. Houde: M. le Président, est-ce que je peux corriger
immédiatement? Il n'est pas au Québec pour avoir 93 $...
Le Président (M. Gagnon): Sur une question de
règlement, M. le député de Berthier.
M. Houde: II n'est pas au Québec pour avoir 93 $ les cent
livres. Je regrette, le porc n'est pas à 93 $ les cent livres, il est
à 88,50 $ les cent livres. En Ontario, il est à 92 $ les cent
livres mais pas au Québec, à moins que vous ne viviez dans une
autre province que la nôtre.
Le Président (M. Gagnon): Alors, ceci étant dit...
M. le député de Terrebonne.
M. Houde: Cela, c'est ce matin.
M. Blais: Je remercie beaucoup le ... Non, mais je vous remercie
beaucoup; j'avais entendu ce matin qu'il était à 93 $, mais, vu
que l'auto de l'autre côté a ouvert son capot pour me renseigner
de façon un peu plus précise, je le remercie beaucoup.
M. Houde: Vous êtes trop gentil.
M. Blais: Je vous remercie. Cependant, dans des moments, disons,
où il est à un des plus hauts niveaux... On s'entend
là-dessus,
M. le député de Berthier?
M. Houde: Mais ce n'est pas de votre faute, toujours!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier, vous n'avez même pas demandé la parole...
M. Houde: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): ... alors, si vous demandez la
parole, ça me fera plaisir de vous l'accorder.
M. Blais: Mais je peux la lui laisser; il ne dira rien de toute
façon. Alors, dans des moments comme celui-là où, surtout
dans le comté de Robert Baldwin, il a beaucoup de porcs, vu le prix
excessif actuellement ou presque excessif pour le consommateur, c'est sûr
que les cultivateurs ont tendance à augmenter le nombre...
M. O'Gallagher: Tous les porcs de mon comté sont dans les
congélateurs!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne, vous avez toujours la parole.
M. Blais: Je vous remercie, M. le Président. C'est curieux
qu'il y en a plusieurs qui semblent avoir voté quand même! Dans
ces moments, comme ministre de l'Environnement, vous avez certainement des
problèmes plus cuisants que dans d'autres périodes. Alors, est-ce
que vous avez des règlements très sévères dans ces
périodes où les cultivateurs sont très heureux? On a eu un
problème il y a six ou sept mois...
M. le député de Berthier, si vous voulez faire des
commentaires sur ce que je dis, j'aimerais que vous les fassiez
après.
M. Houde: Je n'ai pas parlé.
M. Blais: Je pensais que vous aviez parlé. Non,
mais...
Le Président (M. Gagnon): Vous vous adressez au
président.
M. Blais: Non, non, je m'excuse. M. le Président,
voulez-vous dire au député de Berthier que, s'il veut parler, il
parlera après, s'il vous plaît?
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît, ça allait bien.
M. Houde: Je n'ai pas parlé du tout. Je ne veux pas me
faire accuser d'un péché que je n'ai même pas commis.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne, vous vous adressez au
président et, par le président, vous vous adressez au
ministre.
M. Léger: Le président ne peut prendre la part de
personne.
M. Blais: Ceci mis à part, je vais parler au
président pour que nous gagnions du temps. Alors, dans des
périodes comme celles-ci, où le marché du porc au
Québec est en très bonne posture, est-ce que vous avez des
règlements spéciaux, est-ce que vous avez des pouvoirs
spéciaux pour que les troupeaux ne grossissent pas et qu'on n'ait pas
plus de purin, qu'on n'ait pas plus de problèmes avec l'environnement et
que la production de purin ne dépasse pas la production des fosses qui
le reçoivent? Ai-je dit quelque chose de pas correct?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Malheureusement, notre règlement ne peut
pas fluctuer selon le prix. Le règlement est le même et
l'ardeur des inspecteurs est la même; qu'il y en ait plus ou moins, c'est
le même règlement qui est appliqué et une chose est
certaine, c'est que plus le marché augmente, plus il y a de l'argent
à faire. Nécessairement, quand on sait que, pour chaque livre de
viande, il y a dix-sept livres de merde, ça veut dire que, plus il y a
de porcs, plus il y a de purin. Nécessairement, plus il y a de purin,
plus c'est difficile de l'épandre parce qu'il n'y a pas suffisamment de
terre, la plupart du temps, pour épandre le purin. Donc, c'est un
problème d'augmentation de purin dans les fosses et le règlement
est le même, il ne peut pas fluctuer. Tout ce que je peux dire, c'est
qu'il y a eu une période où le prix du porc était beaucoup
plus bas, donc il y avait des difficultés dans ce temps-là. C'est
peut-être le bon temps, quand le prix est meilleur, il y a
peut-être une chance de faire plus de profits, d'investir un peu plus
dans la protection de l'environnement. (20 h 45)
M. Blais: Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Merci, M. le Président. M. le ministre,
en février 1981, il y a eu des journées de concertation sur les
projets de recyclage auxquels ont participé plusieurs groupes
populaires. Vous avez, à ce moment-là, promis tout un train de
mesures. J'aimerais savoir où vous en êtes rendu dans votre projet
de recyclage. Est-ce que vous pouvez nous faire un éventail de ce qui a
été fait dans ce domaine?
M. Léger: M. le Président, concernant le projet de
récupération et de recyclage, nous avons choisi douze groupes de
récupération à qui nous avons confié la tâche
d'expérimenter, pendant l'année actuelle, toutes les
étapes de cueillette sélective à domicile, de cueillette
sélective dans des endroits où on peut recueillir le papier, le
verre, la guenille, le carton, le papier fin et d'expérimenter aussi le
tri à la source, au centre régional de transformation, et
s'assurer qu'ils aient une entente avec la municipalité pour que le
gestionnaire des déchets qu'est la municipalité permette
l'activité la plus adéquate et facilite la possibilité de
vente de ces déchets, qu'on appelle maintenant des ressources
secondaires, parce qu'ils peuvent être réutilisés par les
compagnies de papier, par les compagnies de verre, tous les recycleurs.
Nous avons donné une subvention non pas sur le salaire, mais sur
l'équipement et ceci va nous permettre, au cours de l'année, de
préparer une politique générale pour tout le Québec
parce que nous aurons devant nous une expérience vécue, pratique,
réaliste de toutes les régions du Québec, aussi bien dans
une petite municipalité rurale que dans une municipalité de la
Communauté urbaine de Montréal, ou de tout autre coin du
Québec. Ceci nous permettra d'avoir un projet où on pourra
investir plusieurs millions dans une entreprise qui ne sera pas vouée
à la faillite, mais qui aura beaucoup plus de chances de succès
puisqu'elle aura été expérimentée. Les
expériences que les groupes vont vivre serviront de base à cette
politique générale.
Je pense que c'est une des rares fois où, au lieu d'avoir une
politique écrite entre quatre murs par des technocrates, ce sera
écrit par des gens qui vivent l'expérience sur le terrain, nous
permettant de donner des solutions pratiques à une future équipe
de récupérateurs dans tout le Québec pour
réellement aider à cette transformation d'une
société de consommation vers une société de
conservation.
Des groupes en ont bénéficié dans
différentes régions. Il y a Récupération
Bois-Francs, Recyclage Québec, ici à Québec, le Centre de
récupération Les Feuillus, le Centre d'animation en
écologie, Récupération Laval, Recyclo-Lac, dans le
Lac-Saint-Jean, Ateliers populaires de Sept-Îles, Groupe Hochelaga,
à Maisonneuve, et Eco-ressources de l'Estrie, Regroupement des
assistés sociaux des Îles-de-la-Madeleine, qui a un projet
particulier, et Groupe communautaire de l'Est de Montréal. Ce sont des
groupes qui vivent actuellement cette expérience et qui sont suivis.
Nous avons nommé un directeur uniquement pour la
récupération et le recyclage; il est en contact continuel avec
les groupes et il suit leur évolution, répond à leurs
aspirations, leur donne de l'aide technique en plus de l'aide financière
qu'ils
ont eue.
M. Dupré: Est-ce que ce sont des groupes à but
lucratif?
M. Léger: Ce sont des groupes sans but lucratif. Des
salaires peuvent être payés, mais le groupe comme tel est un
groupe sans but lucratif.
M. Dupré: Concernant le recyclage du papier, j'ai vu dans
les journaux, dernièrement, qu'il y avait un surplus et quelques-uns
d'entre eux avaient de la difficulté à le recycler.
M. Léger: Vous parlez de quel groupe? M. Dupré:
Pour le papier.
M. Léger: Oui. Je me préparais à vous
répondre autre chose, mais j'ai entendu tantôt, à la
télévision, que la compagnie de désencrage venait de
signer une entente pour bâtir son usine. J'ai entendu cela à la
radio tantôt. Donc, les difficultés qui semblaient
insurmontables... C'est un peu drôle ce que je vous dis parce que, ce
midi, j'accordais une interview à un journaliste de Radio-Canada qui m'a
dit que cela allait mal, que l'usine de désencrage ne serait pas
construite avant deux ans. J'ai été surpris de cela parce que je
lui disais que tout allait bien, mais que je n'étais pas au courant de
la situation. J'apprends ce soir, au contraire, que l'entente a
été signée. Je pense que cela va très bien de ce
côté-là. Je l'apprends même à mes
fonctionnaires.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 3,
éléments 1 et 2, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Est-ce que le
programme 4 est adopté?
Gestion interne et soutien
M. Lincoln: Non, on a quelques questions au programme 4.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Léger: C'est sur les pluies acides?
M. Lincoln: Excusez-moi, un instant, M. le ministre.
Des voix: ...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! C'est
enregistré. M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Au programme 4, élément 2,
Administration régionale, le programme augmente de 21,2% par rapport
à 1981-1982. Pourriez-vous nous expliquer les 21,2% d'augmentation quand
vous dites que les effectifs n'ont pas augmenté et que c'est le
même personnel? Est-ce que cela veut dire les transferts?
M. Léger: Les traitements?
M. Lincoln: Oui, les traitements.
M. Léger: 8 000 000 $ au lieu de 7 000 000 $.
M. Lincoln: Un instant! À Administration régionale,
il y a 1 951 900 $ comparativement à 2 375 900 $; c'est une augmentation
de 21,2%.
M. Léger: 1 171 000 $ comparativement à 7 251 000
$, ici: on me dit que c'est l'indexation des traitements. Il n'y a pas eu plus
de personnel sauf que peut-être, au cours de l'année, l'image
finale du transfert du personnel en région... Comme chacune des
régions avait un objectif de personnel, il y a des régions qui
ont obtenu le personnel qui venait soit du central ou d'ailleurs. Cela comprend
l'administration centrale et régionale en même temps.
Une chose est certaine. C'est qu'à mesure que la région
atteignait son objectif final de personnes prévues, cela lui permettait
de fonctionner avec ce que j'appelais cette polyvalence d'expérience
dans les milieux. Il y avait parfois des régions où il manquait
tel spécialiste ou tel fonctionnaire dans telle discipline.
Aujourd'hui, on peut dire que c'est pas mal complet dans à peu
près toutes les régions, sauf pour quelques endroits à
ajuster. Je voudrais en profiter pour dire que j'ai énormément
apprécié, au cours de mes visites dans toutes les régions,
la qualité des services qu'on y trouve et la façon dont les
citoyens des régions apprécient la présence de
fonctionnaires qui sont beaucoup plus près d'eux. Cela amène
beaucoup plus de demandes de la part des citoyens parce que, quand on
était à Québec, les citoyens disaient: C'est trop loin
pour écrire, à Québec, et une lettre, ce n'est pas...
Tandis que quand ils savent que c'est dans leur milieu, dans leur
région, cela augmente le nombre de demandes de services de la part des
citoyens. Cela permet beaucoup plus aux responsables régionaux de
répondre aux besoins en étant dans le milieu réel et en
ayant le client face à face dans leur bureau plutôt que d'avoir
une lettre du central qui ne correspond souvent pas à la
réalité. En réalité, c'est une augmentation de 12%,
finalement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
de Nelligan.
M. Lincoln: Enfin, M. le ministre, malheureusement, le temps va
manquer. On a beaucoup de choses à vous demander. J'aurais
été bien content de passer une heure à discuter de la
régionalisation avec vous. Si vous voulez accepter de revenir un autre
jour en commission parlementaire pour discuter de la chose, je serai
enchanté de vous démontrer par certains témoignages qu'il
y a des citoyens qui pensent autrement.
M. Léger: Vous pouvez commencer.
M. Lincoln: Non, je n'ai malheureusement pas le temps. J'ai
beaucoup de choses à vous demander et je n'ai pas envie de vous laisser
échapper. Je vous attraperai une autre fois.
À la catégorie qui traite des autres
rémunérations, il y a un chiffre qui est monté de 348 000
$ à 525 000 $. C'est une augmentation de 50%.
M. Léger: Voici ce qu'on me donne comme explication.
L'accroissement des crédits de cette catégorie est
expliqué par l'indexation et l'ajustement du budget en fonction du
coût réel des occasionnels. Le financement de cet ajustement s'est
fait à partir des autres catégories de dépenses sans pour
autant affecter le niveau des activités du programme. C'est clair?
M. Lincoln: Qu'est-ce que ça veut dire?
M. Léger: Je n'ai rien compris non plus, mais c'est la
note technique qui se trouve en bas. Maintenant, on va essayer d'expliquer ce
que ça veut dire. Je pensais que vous alliez comprendre du premier coup
comme moi.
M. Lincoln: Je comprends difficilement, 50%...
M. Léger: Ce n'est pas plus clair, mais on me dit que la
moyenne gouvernementale pour les occasionnels, c'était 11 000 $ alors
que chez nous, à la vérité, c'est 20 000 $. Pourquoi? Ah!
voici! C'est à cause de la haute performance du ministère de
l'Environnement qui engage plus rapidement les gens dont il a besoin parce
qu'il y a une motivation pour venir travailler au ministère de
l'Environnement et, au lieu de prendre plus de temps, comme dans d'autres
ministères, les gens viennent rapidement. Donc, on a aussi des gens
supérieurs, ce qui fait que la moyenne est de 20 000 $.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, c'est bien amusant, je vous avoue que
vos jeux d'esprit sont formidables, mais, malheureusement, c'est le
contribuable qui paie les 50% d'augmentation. De 348 000 $ à 520 000 $,
c'est presque 200 000 $ d'augmentation sur un programme qui était
à la base de 348 000 $. Je ne crois pas votre explication valable,
à savoir que, dans les autres ministères, les occasionnels
coûtent 11 000 $ alors que, dans le vôtre, ils coûtent
presque le double, soit 20 000 $.
M. Léger: Je vais recommencer en étant plus
sérieux, M. le Président.
M. Lincoln: Non, mais recommencez avec plus de
précision.
M. Léger: Avec humour, j'ai essayé de l'expliquer
au député, mais je vais le faire d'une façon plus
sérieuse. Quand nous avons des postes à combler, ça veut
dire une chaise et personne d'assis dessus, on a le droit d'avoir du personnel
pour le nombre de chaises qu'on a. C'est aussi clair que ça.
M. Lincoln: C'est ça qui est malheureux.
M. Léger: À ce moment-là, pour les personnes
qui sont engagées dans le recrutement, il y a une attitude de certains
ministères qui est de dire: Si j'ai droit à 23 personnes, le
temps de faire le concours, les interviews et tant que la personne n'est pas
installée sur sa chaise, ça prend un certain temps; ce qui fait
que, dans une année, quand on accorde 23 postes - je donne ça
comme exemple - à un ministère, il se peut que les 23 postes ne
soient remplis au complet qu'au bout de neuf ou dix mois et qu'on n'aura
à payer que cinq ou six mois ou quatre mois pour l'occasionnel, parce
qu'il a été engagé plus tard. Quelques-uns ont
été engagés au début, mais, avant d'avoir rempli
les 23 postes, il se peut qu'il y en ait qui n'ont, dans la même
année, que neuf mois de facturation dans les salaires inscrits au
budget; d'autres, c'est pour six mois; d'autres, pour trois mois.
Chez nous, durant la régionalisation, beaucoup de gens voulaient
aller dans les régions et la performance du recrutement, de la
période des concours a fait que les gens ont embarqué plus vite.
Comme la moyenne des coûts était de 11 000 $ pour une année
dans les autres ministères, chez nous, pour cette année, cela a
été comme l'année dernière, les gens sont
engagés plus tôt, donc c'est une plus longue période
d'occasionnels qu'on facture dans la même année. C'est une
question de comptabilité par le fait qu'ils sont plus vite sur la liste
de paie que, peut-être, dans d'autres ministères.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
de Nelligan.
M. Lincoln: Cela m'est égal ce que le député
dit. Je crois que les gens demandent des explications. On n'est pas ici pour
faire des "jokes". Je pense que, quand on parle d'une augmentation de 50%,
surtout dans une époque de compression budgétaire... Est-ce que
vous croyez que c'est normal, malgré toutes les explications que vous
donnez, que des gens veuillent aller trop vite en région et que
ça dure un petit peu plus longtemps pour les remplacer? Il me semble...
Oui? (21 heures)
M. Léger: M. le Président, je regrette.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: La première fois, je le lui ai dit avec
humour, la deuxième fois, je le lui ai dit sérieusement. Je ne
sais pas si le député a mal digéré son souper, mais
j'ai essayé de lui expliquer...
M. Lincoln: II y a de quoi mal digérer un souper, oui!
M. Léger: ... que, quand on nous donne 23 postes à
combler, il y a 23 chaises et 23 fonctions qui attendent 23 personnes.
M. Lincoln: Vous aviez cela en 1981-1982.
M. Léger: Ces 23 personnes, il faut les engager. Cela
prend du temps à engager certains; c'est sûr que, pendant ce
temps-là, il n'y a pas de travail qui se fait. Ce n'est pas une
augmentation de coût par rapport aux autres ministères. Ce n'est
pas ce qu'on dit. On a eu une performance de recrutement plus rapide pour les
mêmes autorisations que dans d'autres ministères. Supposons que le
ministère aurait eu 23 personnes à engager, on les a
engagées plus tôt dans la période de recrutement de
concours, etc. C'est seulement cela. À la fin de l'année, sur le
plan comptable, cela donne ces chiffres, et c'était pareil
l'année dernière.
Quand le député essaie de dire que cela coûte plus
cher aux contribuables, je pense qu'il n'a pas saisi le sens de cette
démarche.
M. Lincoln: Mais, l'année dernière, les
critères...
M. Léger: On a puisé à même nos
ressources.
M. Lincoln: Les critères qui s'appliquent en 1982-1983,
par rapport au remplacement, pourquoi ne s'appliquaient-ils pas l'année
dernière de la même façon? Ce que je vous dis, c'est par
rapport à l'année dernière.
C'est ce que je vous demande. Je ne vous demande pas si le coût de
525 000 $ est raisonnable, je vous en parle par rapport à l'année
dernière. C'est ce que je vous demande.
M. Léger: L'an dernier, nous avions utilisé la
moyenne gouvernementale, cette année, on a pris la moyenne réelle
chez nous. C'est un rajustement en conséquence des chiffres.
M. Lincoln: Et ces chiffres se traduisent en argent que quelqu'un
doit payer, n'est-ce pas?
M. Léger: C'est à l'intérieur de l'enveloppe
budgétaire que nous avions au début de l'année et c'est la
façon dont on utilise ces fonds, la façon dont c'est
réparti en termes de comptabilité, c'est une question
comptable.
M. Lincoln: Bon, alors, répondez à cette question.
Comment, dans les communications, à l'article 3, juste après, le
montant en est-il augmenté de 42,8% d'une année à l'autre?
Là aussi, c'est une question comptable?
M. Léger: Un instant! Je vais vous dire cela.
M. Lincoln: Bien oui, cela passe de 563 000 $ à 794 000 $,
soit 42%.
M. Léger: On cherche pour me donner la réponse.
Vous pouvez remarquer que nous communiquons très bien au niveau de
l'Environnement.
M. Lincoln: Oui!
M. Léger: La réponse s'en vient
précisément sur les 231 000 $ de plus. Ce n'est pas plus clair,
M. le député, vous ne serez pas plus content, 100 000 $
proviennent de la catégorie 5. Il faut maintenant aller voir à la
catégorie 5, c'est une autre catégorie. Cela vient de la
catégorie de l'entretien. Vous remarquerez qu'on est passé de 218
000 $ à 58 000 $; il y a une baisse. Donc, cela provient de là.
Il y a encore 100 000 $ en provenance de la catégorie 4. Encore
là, vous verrez qu'il y a une baisse de 750 000 $ à 573 000 $ et
100 000 $ en provenance de la catégorie 4, c'est ce que je viens de
dire. C'est tout. C'est clair. Donc, cela provient du transfert d'autres
catégories et c'est une question de comptabilité, encore.
M. Lincoln: Mais, ce matin, quand je vous ai parlé de ces
catégories, vous m'avez dit que les loyers avaient augmenté de
76%.
M. Léger: Mais pas au programme 4.
M. Lincoln: C'est au programme 1 que je vous l'ai demandé.
Vous m'avez dit: Regardez la correspondance au programme 4. Là, vous
êtes en train de me dire que la correspondance se fait au programme 4
pour les communications. Je vous ai parlé du programme 1 pour les
loyers, ce matin.
M. Léger: La question que vous m'avez posée ce
matin était au programme 1 et je vous ai référé au
programme 4; c'est ce que vous dites?
M. Lincoln: Je vais la retrouver.
M. Léger: Ce matin, M. le député, on me dit
qu'il était question du bateau-passeur; ce n'était pas la
même chose.
Le Président (M. Gagnon): Le loyer, oui, c'était au
sujet du bateau-passeur.
M. Léger: Le loyer, ce matin, c'était au sujet du
bateau-passeur, M. le député. D'accord?
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 4,
élément 1...
M. Lincoln: Un instant! Juste une question d'ordre
général sur le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.
J'aurais voulu savoir du ministre quelle est sa position sur la requête
des groupes environnementaux qui disent que c'est parfois presque impossible
pour eux de présenter des mémoires ou de se présenter
devant le Bureau d'audiences publiques par manque de fonds, etc. Ils ont
déclaré que cela pouvait être le vice-président du
BAPE qui avait, je pense, lui-même suggéré la question.
Peut-être que je me trompe, peut-être que non, mais, en tout cas,
je pense que ce sont les groupes environnementaux qui avaient demandé,
ou des organisations de groupes bénévoles, ou des associations,
une aide technique pour préparer leurs dossiers pour paraître
devant le Bureau d'audiences publiques.
M. Léger: C'est une question qui a soulevé un
intérêt particulier à mon ministère et nous sommes
en train d'établir une politique concernant les subventions, pour qu'il
y ait des critères qui permettent d'y mettre une partie des fonds. Dans
cette proposition, qui n'est pas encore adoptée, mais qui est une
suggestion, j'étudie la possibilité qu'il y ait 60 000 $ dans mon
budget pour aider les groupes qui veulent aller s'exprimer devant le Bureau
d'audiences publiques pour faciliter peut-être la présentation un
peu plus technique de dossiers, pour être capable de se défendre
devant un promoteur qui a tous les moyens à sa disposition. Donc, c'est
une suggestion que je suis en train d'analyser. Ce n'est pas adopté,
mais il y a de grosses chances qu'on aille dans cette direction si le programme
de subventions est adopté au niveau du Conseil du trésor.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 4,
éléments 1, 2 et 3, est adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. On revient au
programme 2. M. le député de Nelligan.
Amélioration du milieu ambiant (suite)
M. Lincoln: M. le ministre, c'est pour vous demander une
précision. Si vous vous souvenez, on était à l'affaire de
la ville de Mercier. Je pense que vous avez dit que le rapport Hydrogéo
Canada avait été rendu public aux citoyens. C'est ça que
vous avez dit? En fait, tout ce que je sais du dossier que j'ai
étudié, c'est que vous avez eu une conférence de presse
où vous avez minimisé complètement les données de
ce rapport en faisant croire qu'il n'y avait aucun problème.
M. Léger: M. le Président, on me dit que le
sous-ministre adjoint en avait envoyé une copie, entre autres, au
vice-président de SVP, M. Daniel Green, que vous connaissez bien, je
pense.
M. Lincoln: Oui.
M. Léger: Très bien même. Et, nous lui avions
donné le document.
M. Lincoln: Cela est peu important d'envoyer une copie
confidentielle ou quoi que ce soit; je ne sais pas quel est votre rapport avec
M. Green à ce point de vue, mais de là à dire que cela a
été connu par les citoyens. Ce n'est pas le rôle de M.
Green; c'est celui du ministre de l'Environnement de faire connaître aux
citoyens le contenu de ce rapport. En fait, le point que j'ai voulu soulever,
c'est qu'en juillet, quand vous avez fait votre conférence de presse sur
le rapport que vous aviez déjà en novembre 1981, vous avez
minimisé les données de ce rapport qui montraient le degré
de phénol qui était en dessus de la norme. Mais là n'est
pas le point. On pourrait revenir à cela, si vous voulez, mais la
question que j'ai, c'est ceci.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole.
M. Léger: M. le Président...
M. Lincoln: La question que j'ai, c'est celle-ci. On pourra y
revenir et discuter de ce rapport en détail, si vous voulez. On peut
passer du temps dessus. Cela m'aidera beaucoup à faire le point. En tout
cas, maintenant, on se trouve dans une position où il faut faire ce
travail en catastrophe, dépenser 1 300 000 $ et faire un travail
à toute vitesse. Est-ce que vous pouvez nous assurer d'abord, comme vous
nous l'avez dit en Chambre, que les coûts que vous avez estimés
qui étaient de 1 300 000 $ ne seront pas dépassés?
Deuxièmement, est-ce que vous pouvez nous donner l'assurance que ce sera
terminé en juin ou en juillet comme vous l'avez dit?
Troisièmement, pouvez-vous me donner une précision quant au
raccordement des tuyaux des résidences, des fermes, etc., avec le tuyau
principal que vous allez installer ou que vous avez installé en partie?
Est-ce que cette question de raccordement est faite avec les utilisateurs dans
les différentes villes?
M. Léger: Les travaux progressent normalement. Je ne pense
pas qu'on puisse dire qu'actuellement ils sont déjà
branchés, qu'ils peuvent avoir de l'eau; on est en train de le faire.
Mais, jusqu'à maintenant, ça semble à peu près dans
les coûts. On est en pleine période de réalisation. Je ne
peux pas avoir toutes les factures pour évaluer si tout va marcher. On
me dit que ça va être terminé pour juin. Il y a
déjà 50% du travail de fait.
Maintenant, concernant cette fameuse conférence de presse, je
tiens à vous dire que le rapport d'Hydrogéo Canada Inc., est
basé sur les échantillons qui ont été pris en
octobre et qui ont été rendus publics dans un rapport de
février. C'est en février, quand nous avons eu le rapport, que
nous avons fait une conférence de presse pour expliquer aux citoyens la
situation. Nous avions nous-mêmes fait nos propres analyses par la suite
qui ne confirmaient pas les dires de ce rapport. Comme les maires qui sont
responsables de la qualité de l'eau potable pour leur milieu nous
avaient demandé d'être les premiers informés, c'est la
raison pour laquelle nous avions vu les maires. M. le député
disait tantôt qu'un rapport technique rendu public n'est pas un rapport
confidentiel. Ce n'était pas un rapport confidentiel, mais comme je l'ai
dit, ce n'était pas un rapport facile à comprendre par le commun
des mortels. C'est pour cela qu'à la conférence de presse j'avais
avec moi des spécialistes qui expliquaient aux gens le contenu technique
d'une façon vulgarisée de la situation de la région. C'est
pour cela qu'on ne peut pas dire qu'on donne un rapport technique comme cela
à la population. Ce n'était pas un rapport secret, mais
c'était un rapport très difficile à comprendre.
M. Lincoln: Laissons la question de vos tests, etc. Je pourrai
vous donner pas mal de données aussi. On a eu des gens très
compétents en la matière qui maintiennent que ce que vous dites
n'est pas tout à fait exact, mais nous vous donnons le
bénéfice du doute. Disons que le commun des mortels ne peut pas
lire un rapport pareil. Moi, je suis le commun des mortels et je l'ai lu. Il me
semble qu'il y a des questions qu'on peut très facilement étudier
comme la contamination, etc., surtout la question critique qui disait au sujet
de la contamination - en fait, vous le citez vous-même, je pense, dans
votre rapport de l'Environnement pour 1981-1982 - que la vitesse moyenne
apparente de propagation du front de quinze microgrammes de phénol par
litre est de 450 mètres par année et atteindra Sainte-Martine au
début de 1982. Cela va atteindre Sainte-Martine au début de 1982.
Vous attendez tout ce temps, au lieu de faire quelque chose de préventif
et de faire, en 1981, le même travail que vous auriez fait en 1982 quand
vous saviez que cette possibilité était là. Vous avez
attendu jusqu'à 1982 pour faire ce travail qui a d'abord
coûté beaucoup trop cher, qui a retardé la chose de presque
un an, même s'il y avait une possibilité que ces gens boivent de
l'eau contaminée. Ils ont attendu un an ce même travail qui va
être terminé en juin ou juillet. J'espère qu'il sera
terminé en juin ou juillet au coût que vous avez prévu. Il
aurait pu être terminé une année à l'avance.
M. Léger: M. le Président, je voulais seulement au
début - parce que je ne voulais pas interrompre le député
- lui dire à quel point il venait de démontrer que j'avais raison
de ne pas le rendre public. On peut le donner à des personnes, on peut
l'expliquer, mais lui-même, le député, a lu le rapport et
il a vu le mot "contamination". Là, ses yeux sont devenus très
grands. Il a conclu qu'il y avait de la contamination, alors que nous avons
envoyé nos spécialistes pour faire les analyses et nous n'avions
absolument pas les mêmes conclusions. Est-ce que ce serait responsable de
la part du ministère de l'Environnement de faire circuler un volume qui
n'est pas conforme même si c'est une analyse faite par une firme
privée? C'est notre ministère qui a la responsabilité. Ce
n'est pas la firme privée. Donc, le fait de donner un document
semblable, de le distribuer par milliers de copies à des citoyens aurait
pu faire que chacun prenne panique, alors que c'est nous qui avons la
responsabilité de cela, de même que les municipalités.
C'est la raison pour laquelle les municipalités ont été
mises au courant et le ministère a fait les travaux et il a pris
ses responsabilités. Le danger, c'est ce qui arrive. Le
député a conclu tout de suite. Il a vu le mot "contamination" et
il a dit: Cela y est, c'est grave, alors que nous avons fait des
vérifications et que ce n'était pas le cas.
M. Lincoln: M. le ministre, il ne faut pas prendre les gens pour
réellement bien bêtes. Peut-être ai-je l'air bête,
mais je ne suis pas trop bête, je peux vous l'assurer. Je suis sûr
que M. Alain, M. Dufresne, M. Béland que vous avez nommé aussi,
je pense, comme un contractuel au ministère, M. Nielson, et tous ceux
qui ont écrit ce rapport d'Hydrogéo Canada Inc., vont être
contents de savoir que c'est un rapport qui n'était pas plus
sérieux que cela. J'ai oublié les termes dont vous vous
êtes servi, mais le rapport n'était pas approprié ou je ne
sais trop quoi. En fait, j'ai lu ce rapport et à plusieurs endroits, je
trouve que c'est tout à fait clair. Si je vous réfère
à l'article de Jean-Pierre Rogel, de Québec Science, qui a
écrit tout un article à ce sujet, je crois que c'est une personne
très fiable et il arrive aux mêmes conclusions. Vous avez
parlé de SVP. Il a écrit pas mal de choses à ce sujet lui
aussi. Peut-être que ces gens-là ne sont pas sérieux, mais
enfin... (21 h 15)
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement. Le député interprète très mal ce
que j'ai dit. Je ne mets absolument pas la compétence de ces personnes
en doute, mais des analyses comme celles-là, c'est complexe. Nous avons
fait d'autres tests dont les résultats contredisaient les premiers. Ce
n'est rien cela. Vous allez voir votre médecin qui va vous trouver une
maladie; vous allez en voir un autre qui va vous en trouver une autre. Ce sont
deux compétences, sauf qu'à l'analyse de la situation il se peut
que les symptômes, la première fois, donnent telle conclusion et
les symptômes, la deuxième fois, apportent une autre conclusion.
De là à conclure que ce ne sont pas des personnes
compétentes, c'est un domaine trop complexe. On ne peut jamais calculer
qu'une personne n'est pas compétente parce qu'elle arrive avec une
conclusion différente de l'autre. Celui qui est responsable de s'assurer
du résultat là-dessus doit se fier à ses propres analyses
aussi. Comme le résultat était différent, on s'est
fié aux analyses que nous avions.
M. Lincoln: Tout ce que je veux vous souligner, M. le ministre,
si vous allez voir votre médecin vous-même, c'est votre peau
à vous. Quand il s'agit de la peau des autres, qu'ils boivent de l'eau,
est-ce que vous auriez bu l'eau, même s'il y avait une petite chance que
ce rapport soit véridique?
M. Blais: Démagogie!
M. Lincoln: II a lu le rapport au complet. Tout ce que je peux
vous dire, c'est que vous auriez dû agir en 1981-1982 comme votre propre
rapport de l'Environnement le préconisait. C'est sur cela que je veux
faire le point. Aujourd'hui, on fait le travail en catastrophe. Avant de parler
de la même région, je vais vous poser une question sur Tricil.
Tricil, comme vous le savez, il y a pas mal de choses, la pollution de l'air,
et il y a eu des lettres de groupes de citoyens.
M. Blais: Mme la Présidente, s'il vous plaît,
question de règlement.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Je ne voudrais pas que les gens aient l'impression que
le ministre de l'Environnement a eu un test de contamination et a fait
vérifier si cela n'en était pas, et qu'on dise après que
c'est parce qu'il y a un manque de responsabilité, qu'il s'agissait de
sa propre peau, alors que quand il s'agissait de la peau des autres, il ne s'en
est pas occupé. Je m'empresse de relever cela. C'est de la
démagogie pure que le député de Nelligan passe son
temps... C'est un démagogue de premier ordre, je le félicite de
l'être, mais ce n'est pas bon pour la population.
M. Lincoln: On laissera la population juger qui est le
démagogue. Si M. le ministre n'est pas content, il n'a qu'à aller
"challenger" l'article de Rogel dans Québec Science que j'invite le
député non démagogue à lire. Je l'invite aussi
à consulter des groupes comme SVP, etc., pour le savoir. Je l'invite
aussi à lire le document. Comme cela, il le saura pour lui-même.
Si je suis démagogue, le public jugera. Moi, je ne le pense pas. Je
continuerai à faire mon devoir, je continuerai à dire ce que je
voudrai. Si vous ne l'aimez pas, "just too bad". Si le ministre ne l'aime pas,
il a toutes les prérogatives pour me dire que je me trompe, et il a
toute la latitude pour le faire. J'espère que le ministre peut
très bien se défendre sans votre aide, M. le
député.
M. Blais: Je m'excuse, monsieur. Ici, du côté
ministériel, nous sommes plusieurs députés à nous
occuper d'environnement. De votre côté, cela semble un "ego trip",
mais puisque nous sommes plusieurs de ce côté à nous en
occuper, il ne faudrait pas qu'on nous en fasse le reproche. Si l'Opposition a
seulement un député qui s'occupe de l'environnement, sachez que,
de ce côté-ci, nous sommes plusieurs. Cela nous tient à
coeur, l'environnement, mais pas seulement à un seul
député.
M. Lincoln: Qu'est-ce que cela vient faire avec l'affaire de
Tricil?
M. Blais: Vous venez de dire que le ministre est capable de se
défendre tout seul. Je le sais. Mais nous sommes plusieurs à nous
occuper d'environnement. Je ne voulais pas que vos paroles, qui sont
faussées à la base par une démagogie et par une
façon excessivement sinueuse d'amener de l'argumentation, passent ainsi.
Je ne pouvais pas, en toute décence, les laisser passer.
M. Lincoln: Votre décence me fait bien peur et, vraiment,
je suis tremblant de peur.
M. Blais: Cela se voit.
M. Lincoln: Je suis tremblant de peur. En tout cas, je vais vous
dire, Mme la Présidente, que j'ai droit à sept heures pour ces
crédits. Je veux bien écouter toutes les péroraisons du
député. Si je n'ai pas mes sept heures, je vais demander qu'on
continue ce soir jusqu'à 22 h 30; autrement, qu'on revienne demain
matin. Je suis prêt à écouter toutes les interventions du
député, toutes ses questions de privilège pour
défendre le ministre.
La Présidente (Mme Juneau): M. le député,
s'il vous plaît! M. le député de Terrebonne, s'il vous
plaît, on va continuer. M. le ministre va être capable de
répondre.
M. Léger: Mme la Présidente, question de
règlement. Je pense que le député de Nelligan confond sept
heures pour l'Opposition et sept heures pour la commission. Je pense que ce
n'est pas tout à fait la même chose.
M. Lincoln: Sept heures pour la commission.
M. Léger: C'est pour la commission, mais pas sept heures
pour le député.
M. Lincoln: Nous sommes entièrement d'accord. Il y a sept
heures pour la commission. La commission n'a pas siégé sept
heures. Ce que je veux dire, c'est que j'ai demandé à la
commission de siéger sept heures, c'est tout.
M. Léger: C'est-à-dire que même si vous avez
tant d'heures pour fonctionner, c'est quand même limité de 10
heures à 22 heures comme maximum. Il ne faut quand même pas...
M. Lincoln: Oui, oui, mais...
M. Léger: Je veux bien lui donner toute l'occasion...
M. Lincoln: Ah non!
M. Léger: ... de s'exprimer, mais je voudrais corriger des
affirmations qu'il a faites tantôt.
M. Lincoln: M. le ministre, vous avez pris une demi-heure pour
faire un speech, qui était fat, tout le monde était d'accord
là-dessus. Si, par exemple, on est interrompu par ces petits discours de
votre collègue pour vous défendre, moi je parle d'une question de
jugement. Je ne vous attaque pas personnellement du tout. J'ai fait cela au
début. S'il faut que chaque député vienne vous
défendre à toutes les minutes, à ce moment on
siégera sept heures, quitte à ce que tout le monde parle; on
siégera sept heures parce que la commission demande sept heures. J'ai
envie de continuer mon travail, c'est tout.
M. Léger: Est-ce que je pourrais tout de même
répondre?
M. Lincoln: Oui.
M. Léger: Parce qu'on perd du temps actuellement.
M. Lincoln: Oui, je crois.
M. Léger: Je voudrais simplement répondre à
l'affirmation que vous dites reprendre de celui qui a écrit l'article
dans Québec Science. Je remarque souvent que le député a
par hasard ou normalement un rapport en main et, quand, le moindrement, il se
peut que ce soit un rapport secret ou confidentiel ou très peu connu,
cela devient la Bible. À ce moment, toutes les affirmations partent de
ce document secret qui est extraordinaire et là, la vérité
est dans cela. L'article de M. Rogel était très bien fait.
Cependant, il est basé sur des données de laboratoire qui
n'étaient pas les bonnes. C'est cela que nous avons
vérifié. On ne peut pas faire autrement que de dire que M. Rogel
a fait un bon article, mais qu'il s'est basé sur des données de
laboratoire qui ont été par la suite jugées non conformes
puisque nous avons fait nos propres données après. Si vous basez
toute votre argumentation sur une perception d'un journaliste qui écrit
en se basant sur des données qui ne sont pas les bonnes, je trouve que
votre argumentation n'est pas solide et que vous êtes en terrain mouvant.
C'est juste cela que je veux dire: Ne pas prendre tel ou tel dossier comme
étant la Bible de sorte que, par la suite, il n'y ait aucune
vérité qui peut remplacer celle que vous avez découverte
dans un document secret.
M. Lincoln: Maintenant, vous admettez que c'est un document
secret alors que, tout
à l'heure, c'était public.
M. Léger: Je m'excuse. Quand je dis "secret", je veux dire
un document qui est très peu distribué.
M. Lincoln: Ah! Je vois.
M. Léger: Parce que vous lui donnez beaucoup de valeur
quand vous savez que vous êtes un des rares qui l'avez.
M. Lincoln: Je lui donne beaucoup de valeur, parce que je vois,
dans votre rapport - je vais le reciter, puisque sans doute cela ne vous a pas
frappé; peut-être que vous n'avez pas lu votre propre rapport -
que vous dites: "Une étude réalisée par Hydrogéo
Canada et financée par le service - votre service - a
démontré que le front de contamination, résultant du
déversement d'environ 45 millions de litres de déchets toxiques
dans la lagune il y a une dizaine d'années, a progressé à
un rythme de 450 mètres par an. Des mesures appropriées seront
prises en 1981-1982 afin d'en arriver à une saine gestion des eaux
souterraines." C'est vous-même qui l'avez dit dans votre rapport de
1980-1981. Maintenant, vous me dites que je cherche midi à quatorze
heures. Vous avez pris le rapport au sérieux, puisque vous avez mis dans
votre rapport annuel que vous alliez faire quelque chose en 1981-1982. Tout ce
que je viens vous dire, c'est: Ce que vous faites en 1982 et qui va finir en
juillet, pourquoi cela n'a-t-il pas été fait en 1981? Cela aurait
réglé le problème. C'est tout ce que je dis. Je ne dis
rien d'autre.
M. Léger: Je pense que cela pourrait peut-être clore
cette partie du dossier pour que le député comprenne bien ce que
je veux dire quand je dis que les données sur lesquelles M. Rogel se
basait n'étaient plus d'actualité, qu'elles étaient
basées sur une période antérieure et que des
vérifications ont été faites après. Les
données d'Hydrogéo Canada correspondaient à une analyse
qui lui faisait conclure qu'il pouvait y avoir une contamination à
l'automne 1980, quand ce rapport a été écrit; c'est en
février qu'il a été publié. Là, le
ministère est allé vérifier sur place, il a pris ses
propres échantillons à plusieurs périodes de suite. Ces
échantillons ont démontré que la situation était
normale. Est-ce que la situation était redevenue normale ou est-ce que
les données auparavant étaient fausses? Cela, on ne pourra jamais
le savoir. Mais une chose est certaine - et c'est sous notre
responsabilité à nous - c'est que, quand nous sommes allés
faire les échantillons au moment de la publication du rapport, les
échantillons démontraient que la situation était normale.
Que l'article de M. Rogel soit basé sur un rapport écrit en
février sur des données d'octobre, c'était en dehors de
l'actualité. Quand nous y allions, la situation était normale.
Que voulez-vous qu'on conclue?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, on va laisser cela de même. Les
gens que cela intéressera, maintenant que le dossier est connu, le
liront pour eux-mêmes et ils tireront leurs conclusions. On va parler, de
Tricil, de l'échantillonnage des sources fixes. En 1979, vous aviez un
rapport sur Tricil montrant des taux moyens d'émissions de
matières particulières qui étaient dix fois les normes
d'émissions normales. Les émissions normales étaient de 9
kilogrammes l'heure, tandis que le taux d'émissions de matières
particulières, c'était 94,9. En 1980, il y a un rapport de M.
Mathieu, de votre ministère, qui dit avoir visité Tricil et qui
déclare: "Les gaz de combustion sont émis dans
l'atmosphère via une cheminée commune d'environ 150 pieds de
hauteur; il n'y a aucun épurateur d'air, les cendres sont enfouies sur
le terrain de l'usine. Il dit aussi que les produits qui viennent là,
proviennent des États-Unis, de l'usine Alcan d'Oswego, et probablement
de l'Ontario. Il y a des gens du public qui écrivent au
ministère. Tout d'abord ils écrivent le 1er octobre 1981; il n'y
a pas de réponse jusqu'au 2 novembre. Le 2 novembre, ils
reçoivent une lettre qui disait: S'ils vous tracassent, ne venez pas
vous plaindre à nous. C'est le département régional, M.
Jules Raireau, et vous m'avez dit qu'il n'était plus à votre
ministère, il a été débarqué.
M. Léger: Il n'est plus là. M. Lincoln: II
n'est plus là.
M. Léger: C'est vous qui concluez
"débarqué".
M. Lincoln: Non, je m'excuse. Enfin, il n'est plus là.
Alors, ils vous écrivent encore, le 21 novembre, pour se plaindre que
votre préposé n'est pas très poli et qu'il n'a rien fait.
Le 28 janvier, il y a un avis de M. Poirier à Tricil pour dire qu'il
leur donne quinze jours pour agir.
M. Léger: Lui, il est là.
M. Lincoln: "Vous devez nous présenter d'ici quinze jours
un échéancier à cette fin qui tiendra aussi compte des
mesures que vous mettrez immédiatement en application, afin de
réduire le plus possible la pollution atmosphérique."
C'était le 28 janvier. Quinze jours, cela nous mène en
février. Est-ce que vous pouvez me dire si tous les correctifs ont
été apportés par Tricil? J'ai reçu, la
semaine dernière, une lettre qui m'a été
envoyée - je pense que c'est la copie d'une lettre qui vous a
déjà été envoyée - par le même
groupement de citoyens qui se plaint que tout continue comme dans le
passé, que Tricil n'a rien fait. Le regroupement pour la protection de
l'environnement et de la santé de Mercier, qui se plaint que toute la
popote continue comme avant, m'a envoyé une copie de lettre. Alors,
quelle est la situation aujourd'hui?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: Le député a bien commencé
sa présentation, c'est exactement ce que j'étais pour lui
expliquer. Il y a eu, à un moment donné, un avis de correction
à la compagnie Tricil. Par la suite, nous avons demandé des
mesures de correction et des échantillonnages de Tricil.
Nous-mêmes, nous avons pris nos propres mesures et nous attendons les
rapports de laboratoire, et pour les nôtres et pour celles de Tricil. On
attend que ces deux mesures puissent être comparées avec nos
résultats et, après cela, nous allons agir en
conséquence.
Dans les problèmes que nous vivons, c'est sûr que ce n'est
pas n'importe quel type de produit que Tricil peut brûler, et selon le
type de produit qu'elle brûle, cela amène une pollution de l'air
différente. C'est pour cette raison que nous avons demandé
à Tricil de préparer son plan, ses études d'impact, ainsi
que ses choix de location pour l'usine réellement capable de traiter
selon des normes acceptables, qui ne sont pas celles qu'elle a actuellement.
Les équipements qu'ils ont actuellement ne sont pas conformes à
nos besoins, mais ils sont en train - parce qu'ils ont une technologie nouvelle
- d'avoir une solution au problème. Cela ne veut pas dire
nécessairement que ce sera installé à Mercier, cela peut
être ailleurs. Ils ont besoin d'un type de four rotatif qui est la
méthode nécessaire pour régler le problème des
déchets organiques.
En ce qui concerne la situation actuelle, on attend les mesures aussi
bien de nos échantillons que de ceux de Tricil. Pour l'avenir, c'est
sûr qu'il faut un nouvel équipement, complètement moderne,
qui devrait être installé là ou ailleurs.
M. Lincoln: La lettre de M. Poirier, du 28 janvier, disait: "Cet
échantillonnage à la source devrait être fait sous la
supervision du ministère de l'Environnement. Vous devez, à cet
effet, nous aviser du moment de cette prise d'échantillon." Est-ce que
vous pouvez me donner une date approximative quand cela a été
fait? Est-ce que cela a été fait pour de bon?
M. Léger: La compagnie Tricil a communiqué avec le
ministère et doit nous aviser au moment précis où elle
fera des échantillonnages, pour qu'il y ait une présence d'un
membre du ministère de l'Environnement.
M. Lincoln: M. le ministre, je ne veux pas charrier, mais cette
lettre est datée du 28 janvier, aujourd'hui, on est le 18 mai. (21 h
30)
M. Léger: On me dit que ce sont des échantillons
très complexes, il y a très peu de laboratoires qui peuvent faire
ces échantillonnages. Alors, ils sont allés en soumissions et ils
le feront nécessairement, mais c'est une sorte d'échantillonnage
très complexe et très peu de laboratoires sont disponibles pour
ce genre d'échantillonnage et d'analyse.
M. Lincoln: Dans quinze jours, ils devaient vous présenter
un échéancier des mesures qu'ils allaient prendre pour
réduire la pollution atmosphérique; est-ce que vous avez un
échéancier?
M. Léger: C'est pour cela qu'on a fait notre propre
échantillonnage.
M. Lincoln: Ce n'est pas la question.
M. Léger: C'est parce que cela traînait de la part
de Tricil qu'on a fait notre propre échantillonnage.
M. Lincoln: Non, mais c'est tout à fait différent.
Vous avez fait votre propre échantillonnage, cela va. Mais vous demandez
à Tricil un échéancier pour qu'elle prenne les mesures
pour réduire la pollution atmosphérique.
L'échantillonnage, c'est une autre affaire. Vous me dites qu'ils ne
l'ont pas encore fait parce que c'est très complexe en laboratoire, mais
vous pouvez le faire.
M. Léger: IIs ne m'ont pas encore soumis le programme,
c'est sûr, mais ils sont en retard là-dessus. Des mesures de
correction devront être apportées dans cette usine qui est
désuète; il faut admettre qu'elle est désuète et
qu'elle ne correspond pas à la réalité de l'avenir. Ces
mesures doivent être prises après qu'on aura les résultats
de l'échantillonnage. C'est sûr que vous avez raison, je pense
qu'il y a un petit peu de taponnage de ce côté-là, mais
nous avons pris nos propres mesures pour nous assurer qu'on aura une
capacité de comparaison entre leurs mesures et les nôtres.
M. Lincoln: M. le ministre, la lettre... M. Léger:
Sinon, on agira nous-mêmes.
M. Lincoln: ... de M. Poirier est bien claire, il y a
l'échantillonnage qu'on demande à Tricil, mais en même
temps on demande de fournir un échéancier dans quinze jours sur
ce qu'ils vont faire. Sûrement que Tricil peut dire: Écoutez,
d'ici juillet, on fera telle chose, d'ici décembre, on fera telle chose,
d'ici 1985, on fera telle chose. On ne dit pas qu'ils vont faire les travaux
eux-mêmes, on demande un échéancier; sûrement que ce
n'est pas une grosse affaire pour eux de le présenter.
M. Léger: L'action peut être très courte par
la suite. La partie de l'échéancier, c'est qu'on a
décidé d'aller en appel d'offres parce qu'il n'y avait pas de
facilité d'avoir des laboratoires pour faire ce travail, je l'ai dit
tantôt. Le député a raison aussi d'être impatient
là-dessus, mais l'échéancier par la suite peut être
très court. La seule solution à ce type désuet de
brûlage de déchets organiques, c'est que certains produits ne
devraient pas être brûlés là. Les
propriétaires de ces déchets qui sont nuisibles, après
qu'ils les auront brûlés, devront les stocker tant qu'ils n'auront
pas installé ce que nous avons comme projet no 2 dans les déchets
toxiques, c'est-à-dire une usine à four rotatif, moderne, qui
correspond aux besoins de l'élimination de déchets
organiques.
M. Lincoln: Nous sommes d'accord, M. le ministre, c'est un projet
à long terme, une usine comme celle-là avec un four rotatif ne va
pas s'installer demain matin; il faut des plans, des devis et des études
etc. Mais est-ce qu'il n'y a pas de mesures intérimaires? M. Mathieu, de
votre ministère, disait qu'il n'y a aucun épurateur d'air; je ne
suis pas un technicien, mais est-ce qu'il y a une façon pour que Tricil
puisse mettre un épurateur d'air?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, tout ce que je peux dire
au député - je comprends son impatience - c'est que ce qu'il
propose comme solution, c'est impossible là-bas. Les équipements
sont trop désuets pour correspondre à la solution; la solution,
c'est une industrie neuve que Tricil nous a proposée avec une
étude d'impact. Nous allons avoir beaucoup plus de résultats avec
la nouvelle usine qu'avec l'ancienne, sauf que, pour l'ancienne, la solution la
plus rapide, c'est celle d'éviter des déchets particuliers qui
polluent plus que d'autres. Comme vous le savez, c'est un problème qu'on
a dans tout le Québec, les déchets organiques doivent être
éliminés et la solution, c'est une solution que Tricil nous a
proposée, pas avec le type d'équipement qu'ils ont, mais avec de
l'équipement neuf.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, l'heure avance. J'aurais voulu
soulever un problème de déchets, si vous me le permettez; c'est
un problème local qu'un de mes collègues m'a demandé de
soulever pour lui.
M. Léger: C'est dans quelle région?
M. Lincoln: C'est dans la région de Portneuf, la
Régie intermunicipale de l'est de Portneuf. En fait, le
député en question vous a écrit le 15 mars 1982. Je ne
sais pas s'il a reçu une réponse ou un accusé de
réception à la façon fédérale, ou s'il y a
eu action. J'attends le ministre.
M. Léger: Je suis en train d'obtenir des réponses,
parce que vous arrivez avec un problème précis des
régions.
M. Lincoln: Oui.
M. Léger: Le directeur général est en train
de m'expliquer cela.
M. Lincoln: Alors, d'après ce que je comprends, il y a
comme une espèce de petite bagarre entre la Commission de protection du
territoire agricole qui a offert le lot 133 pour les déchets, et le
ministère de l'Environnement qui a offert un autre lot; alors ils ne
peuvent pas s'accorder; entre-temps, on ne sait où déposer les
déchets. C'est un problème qui devient de plus en plus
sérieux parce qu'il dure et rien ne se fait. Est-ce que vous pouvez nous
dire pourquoi les deux organismes ne peuvent pas s'accorder?
M. Léger: La situation est complexe. À Portneuf, il
semble qu'un permis aurait été donné à une personne
en particulier parce que c'était conforme aux normes du ministère
de l'Environnement, mais la corporation intermunicipale n'est pas d'accord
d'aller là, elle veut aller ailleurs, et la Commission de protection du
territoire agricole n'a pas voulu débloquer le deuxième terrain.
Alors, c'est un problème de choix d'emplacement: un qui a un permis,
mais qui n'a pas de client; l'autre qui a un client et qui n'a pas de place
où aller. Alors, ce sont des difficultés d'harmonisation à
l'intérieur de la légalité. Une des solutions serait que
la corporation - on me dit que c'est un dossier qui évolue - exproprie
celui qui a son permis actuel.
M. Lincoln: Qu'est-ce qui arrive entre-temps? Cela dure depuis
six mois, je pense, ce problème. Même une injonction a
été
prise de la part de votre ministère.
M. Léger: En ce qui concerne le ministère de
l'Environnement, on est obligé d'y aller selon la loi. Comme la
première personne qui m'a demandé un permis, était
conforme aux règles, je suis obligé de lui donner un permis.
Donc, elle a eu son permis. Je pense que la solution ultime, c'est que la
corporation intermunicipale, qui a tous les déchets et qui veut les
envoyer quelque part, aille à sa place là, mais comme elle ne
veut pas y aller, elle devra nécessairement exproprier; mais, pendant ce
temps-là, je pense que les gens devraient aller là où il y
a un permis.
M. Lincoln: Je vous demande si vous ne pouvez pas intervenir et
arriver à une entente quelconque beaucoup plus directe en parlant aux
responsables de la Commission de protection du territoire agricole.
M. Léger: Cela a déjà été
fait, M. le député. On en a parlé à tout le monde
qui était concerné; maintenant, dans des régions parfois,
les intervenants ont différentes façons de se comprendre entre
eux, ce qui fait que ça n'aboutit pas à grand-chose parce que
chacun a raison dans son domaine. Tous les gestes à ce jour ont
été légaux. Maintenant, le problème est devant la
cour depuis au moins un an et on attend le jugement. C'est sûr que si les
intervenants étaient capables de s'entendre entre eux, il y aurait une
solution rapide, mais ils ne s'entendent pas; alors, le ministère de
l'Environnement ne peut pas faire autrement que de faire respecter ses lois, il
y a un permis qui a été donné et c'est là qu'on
doit aller.
M. Lincoln: Mais ce sont deux organismes du ministère.
Maintenant, ce sont deux commissions, mais enfin ce sont deux organismes
dépendant du ministère.
M. Léger: Non. La Commission de protection du territoire
agricole ne relève pas du même ministère.
M. Lincoln: Pas du même ministère; de deux
ministères distincts?
M. Léger: C'est-à-dire que la Commission de
protection du territoire agricole est un organisme indépendant qui a
été créé par le ministère de
l'Agriculture.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Léger: C'est lui qui "dézone".
M. Lincoln: Oui.
M. Léger: Alors, il a "dézoné" un terrain
sur lequel il a un permis et il n'a pas "dézoné" l'autre. Ce sont
des gens qui prennent une décision à l'intérieur de leur
propre liberté; il n'y a pas un ministre qui peut intervenir là.
Les fonctionnaires peuvent se parler pour apporter des arguments qui
permettraient à l'organisme de "dézoner", peut-être, mais
ce n'est pas plus que cela. C'est eux autres qui ont le mot de la fin. C'est
certain que ce n'est pas plaisant de voir que chacun fonctionne selon la loi et
qu'on ne s'entende pas. Un vieux proverbe dit: Pourquoi simplifier quand c'est
si facile à compliquer. C'est ce qui se passe là.
M. Lincoln: Oui, d'accord. Est-ce que je peux vous
suggérer de simplifier en parlant personnellement au ministère de
l'Agriculture? Peut-être qu'il n'est pas au courant de cette situation,
il pourrait donner un coup de téléphone au type et régler
la situation entre vous.
M. Léger: M. le Président, le député
me demande d'intervenir auprès de gens qui ont un mandat du calibre de
juges. Ils ont un pouvoir quasi judiciaire. Cela ne peut pas se faire comme
cela. Il ne peut y avoir que des interventions de fonctionnaires qui apportent
des éléments d'information permettant à cet organisme de
porter un jugement là-dessus.
M. Lincoln: On pourrait peut-être demander à vos
fonctionnaires de se remettre ensemble et d'essayer de régler cela
à l'amiable.
M. Léger: Chose certaine, c'est que le
député de l'Opposition et moi-même, nous sommes d'accord
pour que cela se règle, mais cela demande la bonne volonté des
intervenants. Tout le monde respecte la loi et cela fonctionne à
l'intérieur des lois existantes, mais le problème est
là.
M. Lincoln: M. le ministre, sur les pluies acides, j'ai une
question. Je pense que vous avez par un décret ou un avis demandé
à Noranda de produire des projets pilotes, deux projets alternatifs, en
octobre 1982, si je ne m'abuse, ce qui aurait pour effet de réduire la
pollution de SO. de 40% d'ici 1985. Pourriez-vous me dire ce qui se passerait
si, arrivé en octobre, Noranda vous disait qu'elle produit un projet
d'étude qui demande plus de temps? Je pense qu'il y a eu deux
intervenants récemment, la FAPEL et l'INRS. C'est surtout le
deuxième qui a dit que le problème était urgent, qu'il
fallait passer à l'action et cesser de demander des études.
Pouvez-vous me dire quelle serait la situation si, en octobre, on en arrivait
au stade où Noranda dirait: On n'a pas encore fini de faire nos
études, etc. On va demander encore six mois, et rien ne va se faire?
Est-ce qu'à ce moment-là, en octobre,
vous allez faire accepter un décret qui va lui demander
coûte que coûte de réduire la pollution, que c'est son
affaire, que c'est son fardeau et de trouver une solution à 40%, 30% ou
45%?
M. Léger: M. le Président, c'est une ordonnance que
nous avons mise de l'avant dans laquelle il est inclus qu'elle devra avoir
diminué au minimum de 40% avant le 31 décembre 1985 et qu'elle
devra choisir entre une usine d'acide sulfurique et la solution de la SNA.
M. Lincoln: SNA, oui.
M. Léger: En ce qui nous concerne, nous sommes convaincus
qu'avant octobre la compagnie Noranda, qui a déjà une entente
avec la SNA pour faire une expérience, cet été, qui va
durer à peu près trois mois, va accepter. En ce qui nous
concerne, nous ne reculerons pas. Je réaffirme ici qu'en octobre nous
devrons avoir la proposition ferme sur la table, surtout devant le fait que les
solutions sont là et que, pour nous, c'est un engagement que nous avons.
La compagnie devra le respecter.
M. Lincoln: Si la proposition n'est pas ferme de son
côté et qu'elle demande un délai au point de vue des
études ou quoi que ce soit, est-ce que votre ordonnance dit
catégoriquement qu'en 1985 coûte que coûte, qu'elle se serve
du projet SNA ou d'une usine pour réduire la pollution, il faudra que le
débit de pollution soit réduit de 40%?
M. Léger: Oui, M. le Président, elle devra la
respecter et, si elle ne la respecte pas, ni en octobre ni au 31
décembre 1985, elle sera passible de poursuites et de payer des montants
assez importants. Je suis convaincu qu'elle sait que le ministère est
sérieux, puisque nous avons déjà eu une entente avec les
autres provinces. Nous espérons que l'Ontario sera plus sérieux
qu'il l'a été jusqu'ici, mais les ententes que nous avons eues
avec les autres ministres de l'Environnement, c'est un projet global, c'est un
projet qui a même des répercussions internationales. Nous ne
reculerons pas là-dessus, car le problème des pluies acides est
un des plus importants de l'heure et nous allons nous assurer qu'elle respecte
cela, sinon il y aura des poursuites. Je le répète aujourd'hui
pour que la Noranda sache bien qu'il n'y aura pas de recul là-dessus.
(21 h 45)
Je pourrais peut-être en profiter pour ajouter rapidement quelque
chose qui n'était pas connu; c'est que nous avons préparé
une proposition pour le Conseil des ministres relativement aux pluies acides.
Il y aura un programme d'études qualitatives et quantitatives des
dépôts atmosphériques au
Québec, des études de modifications physicochimiques dues
à l'acidification des plans d'eau, des effets de retombées acides
sur les poissons et les crustacés. Il y a aussi un programme de
surveillance de l'évolution du problème, restauration de lacs
acidifiés et d'études socio-économiques. Le total pour le
ministère de l'Environnement plus le programme d'évaluation de
l'impact sur les forêts par le ministère de l'Énergie, plus
le programme d'étude par le ministère de l'Agriculture sur la
dégradation des sols et les dommages engendrés par les pluies
acides sur les cultures; tout cela, c'est un programme de 8 000 000 $
d'études que le ministère fera avec les deux autres
ministères. Je pense que cela va nous permettre d'avoir une vision
précise des correctifs qu'on doit apporter sur les conséquences
que nous vivons au point de vue des lacs. Tout à l'heure nous parlions
des causes; je viens de donner une information qui touche les
conséquences.
M. Lincoln: Quel est l'échéancier de ces
études?
M. Léger: C'est un programme de cinq ans. Les 8 000 000 $
sont répartis sur cinq années. Seulement pour le ministère
de l'Environnement, c'est 750 000 $, pour cinq ans et, quant au reste, je n'ai
pas les chiffres. C'est un projet que nous présenterons au Conseil des
ministres bientôt. Ce ne sont pas des sommes nouvelles, c'est une
répartition des sommes actuellement dans les ministères.
M. Lincoln: Je pense que c'est le biologiste Pierre Vincent qui
écrivait récemment que selon les déclarations que vous
faites, il semble que l'on ait inventé le problème des pluies
acides ces années-ci où l'année dernière, alors que
la question dure depuis des années. Des études ont
déjà été faites, par exemple, aux États-Unis
et dans les autres provinces. Je sais que vous avez boycotté la
Conférence sur les pluies acides, sur les eaux sournoises...
M. Léger: À quelle date ai-je boycotté une
conférence?
M. Lincoln: Enfin, la Conférence sur les eaux sournoises.
Je vais vous donner la date. Ce n'est pas bien important.
Je veux vous demander si en plus des 8 000 000 $ que vous allez...
M. Léger: M. le Président, je pense que ce n'est
pas tout à fait correct de la part du député de dire cela.
La seule conférence à laquelle je n'ai pas assisté sur les
pluies acides, c'est la conférence pour laquelle j'ai été
avisé la veille, ou deux jours avant, par le ministre de l'Environnement
du fédéral qui
voulait, de fait, y aller tout seul. Quand on avise un ministre, avec un
calendrier chargé comme le mien, deux jours avant, c'est parce qu'on ne
veut pas qu'il vienne. C'est la seule conférence que j'ai
manquée. De là à dire qu'on essaie de mettre de l'avant le
problème des pluies acides, de vanter le problème des pluies
acides, comme le disait le député tout à l'heure, je pense
qu'il n'a pas pris le bon moyen. On a pris en main notre portion de
responsabilités, aussi bien au Québec que dans nos relations avec
les États frontaliers. Je pense que le gouvernement du Québec est
un de ceux qui supportent le comité interministériel pas mal sur
ses épaules.
M. Lincoln: M. le ministre, en plus des 8 000 000 $ que vous
allez dépenser en études pour les cinq prochaines années,
est-ce que vous allez vous servir de toutes les données, de tous les
échanges de coopération interprovinciale,
fédérale-provinciale, avec les États américains?
Les États américains, ceux-là, vous les aimez bien, c'est
plus facile d'aller aux États-Unis que chez nous. Est-ce que vous allez
profiter de tout ce qui a déjà été fait dans les
autres provinces, au Canada, des études qui sont déjà
là pour, justement, compléter ce que vous allez faire
vous-même? Je suis sûr qu'il y a beaucoup de ces choses-là
qui ont déjà été étudiées.
M. Léger: M. le Président, je sais que le
député n'est pas là pour nous vanter, je le comprends,
mais depuis ce matin, il essaie de trouver une façon de nous
blâmer et il n'a pas encore réussi.
M. le Président, les ententes interprovinciales et les ententes
fédérales-provinciales sur les pluies acides - c'est un dossier
sur lequel nous sommes un peu, disons donc, l'appui des autres provinces -que
nous avons signées, nous les avons respectées. On ne peut pas
dire la même chose de cette entente par laquelle le gouvernement de
l'Ontario devait diminuer de 63% ses émissions de pluies acides. Il
devait le faire parce que c'était le résultat du comité
Ontario-Québec-Nouveau-Brunswick et fédéral où les
spécialistes avaient évalué que, pour atteindre un
degré X de retombées par acre, de 20 ppm par acre, il fallait que
le Québec diminue de 20% et que l'Ontario diminue de 63% parce que le
plus gros pollueur en a plus à couper. Pour atteindre 63%, l'Ontario a
reculé et, de plus, il vient de se voir octroyer par l'ONE, l'Office
national de l'énergie, la possibilité de trois centrales
thermiques en Ontario qui vont polluer davantage le Québec parce que
ça va être au charbon.
Donc, on reproche aux États-Unis, au niveau des pluies acides, de
vouloir rendre le règlement des pays américains moins
sévère en permettant plus de pollution atmosphérique aux
États-Unis. Quand les quatre ministres de l'Environnement des provinces
et du fédéral s'entendent pour dénoncer cela, l'Ontario le
fait de lui-même. Et, pendant ce temps-là, le ministre
fédéral de l'Environnement, qui fait de la publicité sur
la défense des pluies acides, ne défend pas cet aspect qui va
polluer davantage le Québec. Je pense que le député est
très mal placé pour dire que le Québec n'a pas fait sa
part là-dedans. C'est nous qui portons ce comité sur nos
épaules actuellement et qui sommes continuellement obligés de
demander aux autres de respecter leur engagement. Alors qu'on nous demandait
une diminution de 20%, nous avons déjà accepté de diminuer
de 27% chez nous et ces 27% correspondent aux 40% de Noranda et le reste, dans
les autres endroits du Québec. Je pense que notre rôle a
été rempli de ce côté. Nous jouons un rôle de
leader et je ne pense pas que le député puisse trouver quoi que
ce soit de ce côté qu'on puisse reprocher au gouvernement du
Québec. Au contraire.
M. Lincoln: M. le ministre, je suis bien impressionné par
votre discours. Je n'ai pas la moindre intention de défendre l'Ontario
et ses centrales thermiques. Je les déplore autant que vous. Moi, je
n'ai rien à faire avec le ministère de l'Environnement de
l'Ontario ni avec celui du fédéral. Tout ce que je vous ai
demandé, c'est si dans l'avenir, vous allez coopérer à
100% avec les autres provinces, que ce soit avec l'Ontario ou le reste, pour
vous servir des études qui ont déjà été
faites dans le milieu sur les pluies acides. Il faut l'admettre, ces gens ont
commencé à travailler là-dessus bien avant nous,
d'après tout ce que j'ai pu relever et tout ce que les experts disent.
Ils ont commencé, par exemple, avec l'INCO bien longtemps avant que
Noranda ait commencé à diminuer son taux de pollution. Mais
enfin, je ne suis pas ici pour défendre l'Ontario, je déplore le
fait autant que vous. Ma question n'était pas du tout dans ce sens.
J'ai envie de toucher brièvement le programme des lacs, parce
qu'il nous reste encore un peu de temps. Le programme des lacs. Je pense que
c'est au congrès du FAPEL récemment que l'on avait parlé
du programme des lacs qui donnent des retombées économiques -
qu'on pense à tout l'aspect de la villégiature - de quelque chose
comme 1 250 000 000 $. Et je vois qu'on alloue au programme des lacs,
totalement, quelque chose de l'ordre de 1 000 000 $.
M. Léger: Vous dites 1 000 000 $. M. Lincoln: C'est
1 000 000 $, oui.
M. Léger: Le budget du programme des lacs?
M. Lincoln: Non, non, je pense que pour le programme des lacs...
Oui, le budget est d'environ 1 000 000 $.
M. Léger: 1 300 000 $ de contrats. Le budget total est 2
250 000 $.
M. Lincoln: Mais, 1 350 000 $ de contrats pour un programme qui,
justement, donne des retombées économiques immenses, qui sert
à des milliers de villégiateurs, un programme, en fait, qui
était un exemple de la participation des citoyens au niveau de
l'environnement. Est-ce que, peut-être, on aurait pu mettre plus d'argent
dedans, quand vous prenez cela relativement à votre affaire de
l'île Sainte-Thérèse ce matin, où on parlait de 350
000 $? Là, même si vous mettez 2 000 000 $ en tout, même si
vous dites: On a 2 000 000 $ ou 2 500 000 $, ce matin, pour une seule
île, vous me disiez 350 000 $. Est-ce que vous pensez que c'est assez
pour un programme de cette magnitude qui incorpore... C'est un travail
formidable qui se fait à l'échelle des citoyens, c'est le
programme typique où les citoyens s'ingèrent dans l'environnement
sur une base tout à fait vaste, où ils demandent le moins d'appui
possible. Est-ce qu'on n'aurait pas pu mettre plus d'argent dedans pour
peut-être accélérer ce programme?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, je suis sûr que le
député qui défend ce programme est d'accord avec moi pour
dire que c'est un programme qui est des plus importants et que
nécessairement, il faut donner toutes les occasions voulues pour que les
gens puissent continuer à faire le travail qu'ils font. C'est tellement
ma préoccupation qu'alors que depuis trois ans nous devons couper au
ministère dans tous les autres éléments, dans tous les
autres programmes, pendant deux années de suite, il n'y a eu aucune
coupure dans ce programme. Mais à un moment donné, quand
ça fait trois fois qu'on demande des coupures, la troisième fois,
il va falloir couper un peu. Donc, c'est la première année, sur
les trois années, alors que cela a été coupé
partout, qu'il y a eu une coupure de 200 000 $ et cela a été
coupé dans les contrats. Il y a possibilité que cela puisse se
faire par le ministère. Mais 200 000 $ de coupés sur 2 250 000 $,
c'est à peine 10%, alors que cela a été coupé
beaucoup plus que cela ailleurs. Cela démontre jusqu'à quel point
nous sommes conscients de l'importance de ce programme.
Il ne faut pas oublier aussi que ce n'est pas uniquement par ce
programme des lacs qu'on peut aider sur le plan budgétaire des groupes
de citoyens. Nous avons 21 000 000 $ à l'intérieur du grand
programme d'assainissement des eaux qui sont pour l'assainissement des
municipalités qui déversent leurs eaux usées en amont des
lacs de ces citoyens. Ce n'est pas parce que c'est marqué 1 300 000 $ ou
2 250 000 $ à tel article que c'est uniquement cela qui sert à
aider le lac autour duquel il y a des groupes de citoyens. C'est à ce
budget d'un groupe qui tient à sa façon de fonctionner et qui
fonctionne bien que l'on peut voir ce chiffre. Pour les lacs autour desquels il
y a des citoyens, même des groupes de la FAPEL, il y a des sommes
d'argent qui sont dépensées par un autre programme qui aide
justement à l'amélioration des lacs. Les 21 000 000 $, c'est
uniquement, à l'intérieur du grand budget de l'assainissement des
eaux, des sommes d'argent qui sont dépensées pour
l'assainissement des municipalités qui déversent leurs eaux
usées dans des lacs ou une rivière qui pollue un lac qui touche
les citoyens de la FAPEL.
M. Lincoln: Parlant des 21 000 000 $ et des 2 250 000 $, quand on
parle de millions, est-ce qu'on en vient à la question des subventions
aux groupements bénévoles qui se plaignent que chaque
année c'est toute une affaire pour avoir des subventions du
ministère? En fait, l'année dernière, il y a eu plusieurs
articles sur ce sujet. Il y a STOP, SVP qui ont demandé des subventions
additionnelles. La FAPEL s'était plainte que les subventions
n'étaient pas adéquates. Je pense qu'un groupement comme la FAPEL
avait des subventions de l'ordre de 30 000 $, 35 000 $ ou 40 000 $, qui
étaient des sommes tout à fait ridicules comparées
à toutes les sommes que vous dépensez pour la protection des
lacs. Ici, vous parlez de 21 000 000 $ et de 2 000 000 $. Quelle sera votre
politique à l'endroit des groupements bénévoles? Quelles
seraient les subventions de ces groupements à l'avenir? Auront-ils
à attendre ou à faire des pressions, etc., ou automatiquement
allez-vous avoir un programme avec des critères selon lesquels ils vont
être admis? Ces organisations seront-elles aidées, parce qu'elles
seront essentielles à l'environnement?
M. Léger: Oui, je suis d'accord avec le
député. C'est ce que je disais tantôt, il y a environ une
demi-heure ou trois quarts d'heure, quand je parlais d'une politique qui est en
train d'être préparée dans le but d'établir des
critères pour permettre un soutien permanent à certaines
associations, parce qu'il y a tellement de groupes qui veulent des subventions.
Aujourd'hui, avec la quantité de gens qui demandent des subventions, le
budget actuel ne permet pas de satisfaire tout le monde. Comme il faut faire
des choix, on va établir des critères qui permettront d'avoir une
objectivité dans ces choix. Je suis d'accord avec le
député
pour dire qu'avec des critères il y aura possibilité de
corriger cela.
M. Lincoln: J'espère qu'on aura cela bientôt. M. le
ministre, deux dernières questions; après, j'aurai fini. Il y a
d'abord votre projet de loi sur l'usage du tabac sur lequel vous avez fait
beaucoup de publicité, vous avez eu beaucoup de photos dans les
journaux. Il y a des gens qui nous écrivent. M. Blank, le
député de Saint-Louis de mon parti, pendant trois ans a
déposé des projets. Cela meurt au feuilleton parce que personne
ne pense que cela pourra aller de l'avant.
Une voix: Cela reste sur les tablettes.
M. Lincoln: Alors, cela reste sur les tablettes. L'année
dernière, vous m'avez dit: Ah oui, l'usage du tabac, on pense à
cela, on va mettre cela de l'avant, mais jamais cela n'arrive. Où est-ce
que vous vous situez par rapport à cela? Ou alors, c'est une affaire
publicitaire, et tous les ans on va passer un petit slogan, mais jamais cela
n'arrivera. Est-ce que vous êtes disposé, cette année, si
le député de Saint-Louis présente son projet, à
l'appuyer?
M. Léger: Le député de Saint-Louis
démontre une bonne volonté en présentant un projet qui
n'est pas appuyé par une possibilité de réalisation. Quand
on est dans l'Opposition, on n'a pas cette possibilité. Je le comprends,
mais cela démontre sa bonne volonté, je présume, d'appuyer
le projet de loi quand il va être présenté. Je peux vous
dire que le projet de loi que nous avons mis de l'avant n'est pas un projet de
loi contre les fumeurs; c'est un projet de loi pour protéger les droits
des non-fumeurs. Ce projet de loi a déjà passé une
étape. Je vous annonce cela en primeur aujourd'hui. (22 heures)
M. Lincoln: Oui?
M. Léger: II a passé l'étape du
Comité ministériel permanent du développement social
où il a été accepté par les ministres membres de ce
comité. Il doit être soumis au Conseil des ministres. Ma
suggestion est d'avoir par la suite des commissions parlementaires pour qu'on
puisse avoir le point de vue du public, de tous les groupes. Jusqu'à
maintenant, il y a beaucoup de gens qui ont charrié, autant les fumeurs
que les non-fumeurs. Je pense qu'il est important, à une commission
parlementaire, d'avoir la possibilité de l'étudier.
Donc, je dois aller au Conseil des ministres; c'est là que les
ministres auront à s'exprimer d'une façon définitive. En
ce qui me concerne, j'ai transporté le ballon jusqu'au Conseil des
ministres et c'est là que cela se décidera. Je pense que s'il
passe, cela va satisfaire une grande proportion de la population.
Nécessairement, il aura besoin d'un élément
éducatif, de renseignements et d'informations. On a eu une
émission là-dessus, à Droit de parole. On peut dire que
deux Québécois sur trois étaient en faveur de ce projet de
loi. Il y en avait quand même un sur trois qui ne l'était pas.
J'aimerais bien, si jamais on va de l'avant, si le Conseil des ministres me
donne le feu vert, que ceux qui ont des objections viennent le dire, comme ceux
qui ont des réponses là-dessus, puisqu'il y a une majorité
de gens qui ne fument pas.
Le Président (M. Gagnon): Juste avant de vous remettre la
parole...
M. Lincoln: Une dernière question, ensuite j'ai fini.
Le Président (M. Gagnon): Ce qui veut dire qu'on va
dépasser un peu 10 heures.
M. Lincoln: Oui, j'ai une dernière question à
poser.
Le Président (M. Gagnon): II faut que la commission soit
d'accord avec cela, parce que, de mon chef, je serais obligé
d'arrêter les travaux à 10 heures.
M. le député de Nelligan.
M. Léger: Est-ce qu'on s'entend pour une question du
député et une explication du député de Terrebonne,
si on est d'accord sur ce dernier point-là?
Le Président (M. Gagnon): D'accord.
M. Lincoln: Sur la question du convertisseur catalytique, je
pense que vous avez dit, en décembre 1981, que votre future loi allait
permettre aux policiers de punir les automobilistes qui enlèvent ou
neutralisent le système d'antipollution. Est-ce que vous avez
l'intention de présenter un projet de loi et quand?
J'ai un dernier sujet, M. le ministre, après cela j'ai fini. Je
pense que STOP vous avait suggéré de donner des pouvoirs aux
grandes agglomérations métropolitaines. Il avait
suggéré de commencer par Montréal, de donner des pouvoirs
à Montréal qui pourrait régir ce programme, qui pourrait,
par sa police, suivre ce programme. Ce sont mes questions sur deux choses: le
projet de loi et ensuite la suggestion de STOP sur la CUM.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, c'est oui. Cela fait
partie de la loi 46 actuelle. Je ne sais pas si le député l'a
vue. Nous voulons donner, par la loi 46, à la grande
agglomération de la CUM le pouvoir de réglementer cela et
de donner à sa police la possibilité de faire respecter cette loi
sur les convertisseurs catalytiques. Donc, on commence par Montréal, qui
est la grosse agglomération. Suivant l'expérience que cela va
donner, on verra si on peut aller plus loin ailleurs.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, une très courte question en
terminant, si vous me le permettez, M. le Président, qui s'exprimerait
sous forme de voeu. Avec le consensus de mes confrères qui sont venus
ici pour étudier les crédits de l'Environnement, vu que la ronde
a été menée un peu à côté des
crédits, mais de façon un peu plus partisane, est-ce que nous, de
notre côté, on pourrait avoir une rencontre avec les
fonctionnaires, afin de connaître vraiment le contenu des
crédits?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léger: C'est une bonne question, M. le
Président. C'est sûr que, si les députés en font la
demande, il y aurait toujours la possibilité d'aller plus loin dans
l'analyse des crédits par la participation de certains fonctionnaires
qui, je pense, sont toujours au service de la population. Je profite de cette
proposition et de ce voeu très intéressant et très
significatif pour remercier tous les fonctionnaires qui ont bien voulu passer
une journée avec nous pour donner les éléments de
réponses. Comme vous l'avez remarqué, M. le député
de Nelligan, il y avait beaucoup de gens à votre service. Ils
étaient suspendus à vos lèvres.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léger: Je voudrais en profiter, en terminant, M. le
Président, pour remercier le député de Nelligan. Comme il
a comme objectif de trouver une occasion de blâmer le ministre de
l'Environnement, je veux lui dire: Meilleure chance la prochaine fois, et le
remercier du travail sérieux qu'il a fait. Je remercie aussi tous mes
fonctionnaires, et spécialement tous ceux de toutes les régions.
Je me disais: Probablement que le député a ramassé les
préoccupations des députés du parti de l'Opposition dans
les régions. J'avais donc des gens de toutes les régions pour
répondre à ces questions. Il y en a plusieurs qui s'en retournent
un peu déçus de voir qu'il n'y avait pas d'autres
députés qui avaient donné des mandats au
député de Nelligan et qui n'ont pu donner des réponses aux
préoccupations environnementales du parti de l'Opposition, mais au moins
le député de Nelligan a fait cet effort.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Avant de
remettre la parole au député de Nelligan, je voudrais savoir si
le programme 2, éléments 1 et 2, est adopté.
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Les
crédits du ministère de l'Environnement, qui comprennent les
quatre programmes, sont adoptés. M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je veux remercier le ministre de ses remarques.
J'espère que, l'année prochaine, on aura plus de temps pour
questionner les fonctionnaires des régions. Je ne savais pas que le
ministre allait se présenter avec toute une armée; je croyais
presque que c'était l'invasion des îles Malouines. L'année
prochaine, on sera plus prêt; alors, on amènera toute une batterie
de gens qui vont poser des questions. Déjà, on a
dépassé sept heures; alors on va demander quatorze heures. Je
vais pouvoir passer en revue chaque région et je promets au ministre,
s'il revient avec ses 600 fonctionnaires, des questions pour deux jours
d'affilée.
M. Léger: M. le Président, juste pour terminer,
c'est sûr que cela prenait une armée parce qu'on était
là pour la "défense" des crédits et, deuxièmement,
ils étaient prêts pour l'Afrique du Sud et non pas pour
l'Amérique du Sud.
Le Président (M. Gagnon): Merci beaucoup, M. le
député de Nelligan. Merci, M. le ministre. La commission de la
protection de l'environnement a adopté les crédits pour
l'année 1982-1983. Je prierais le rapporteur, le député de
Saint-Hyacinthe, d'en faire rapport à l'Assemblée nationale. La
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 07)